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REVUE
HISTORIQUE
DE L'OUEST
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Vannes. — Imp. E. Lapolye, plage des Liges, 2
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DE L'OUEST
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BUREAUX DE LA REVUE
VANNES i PARIS
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LE BIENHEUREUX RUAUD
PREMIER ABBË DE UNVAUX
ÉVÊQUE DE VANNES
BIEN que Tabbaye de Lan vaux soit située en plein pays bre-
ton; je ne m'avancerai pas trop en disant de nos compa-
triotes qu'ils ignorent presque complètement^ non pas le
nom du fondateur de Lanvaux, cité dans tous les recueils hagio-
graphiques, du moins les titres sérieux qu'il possède à leur
vénération. Aussi les auteurs du nouveau Propre de Vannes,
malgré l'érudition dont ils ont fourni la preuve, ont-ils omis
d'insérer, parmi les autres saints mentionnés au deuxième
dimanche de juillet, le nom du bienheureux Ruaud. C'est
pour tirer de Toubli sa mémoire et lui faire rendre dans la
mesure de mes forces, les honneurs qui lui sont dûs^, que
paraît au jour la présente étude. Le lecteur, à défaut d'autre
mérite, y notera celui de l'actualité, en raison de la récente
découverte des reliques du Bienheureux.
I
Introduction de V ordre de Cîteaux en Bretagne,
En H30, quatre religieux de l'abbaye de l'Aumône, au
diocèse de Blois* vinrent, par ordre de leur abbé, en Bretagne
pour y fonder une maison de leur ordre, qui était une réforme
« Diocèse de Chartres, alors fille de Clteaux.
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6 LE BIENHEUREUX RUAUD
de celui de Saint-Benoît. Baldric, archevêque de Dol, à qui
les religieux firent d'abord visite, les envoya .vers Geoffroi
Boterel, comte de Lamballe, fils d'Etienne, comte de Pen-
thièvre. Geoffroi les retint quelque temps auprès de lui ;
puis, ayant réfléchi que le titre de fondateur d'une abbaye
serait de nature à flatter la piété de son père, il prit le parti
de lui adresser ses hôtes. Le comte Etienne les accueillit avec
honneur et leur laissa toute liberté pour le choix d'un empla-
cement. L'évoque de Tréguier, qui témoignait une vive joie
de leur arrivée, fit un appel à la charité de ses diocésains :
avec les secours qui affluèrent de toutes parts, les moines
bâtirent en peu de temps, dans la solitude de Plus-Goat, un
monastère qu'ils appelèrent Béffard,hca,\ise d'un ermite qu^iis
y avaient trouvé. Non que ce fût le véritable nom de l'er-
mite, mais parce qu'en ces temps-là les ermites portaient le
nom de Bégard qui signifie en anglo-saxon mendiant. Le ca-
lendrier de Bégard met cette fondation, au 10 novembre de
Tan 1130. C'est le premier établissement de Tordre en Bre- '
tagne.
II
Fondation de V abbaye de Lanvaux^ , fille de Bégard.
Au fond d'une vallée arrosée par le Loc et sur les limites
d'un véritable désert, une noble famille, issue des ducs de
Bretagne, avait, aux temps passés, fixé le siège d'une fa-
meuse seigneurie, que l'histoire désigne sous le nom de
Lanvaux. Dans le courant du XII* siècle, la maison était re-
présentée par Alain, baron de Lanvaux, comte de Quintin,
> Landavallis, Lanvaux, B. Maria Landavallensis, Landevallum, de Lan*
davalle, de Lavancus, Lavantia, de Lanuanciis, Januarius, de Labanciis,
Layanx, Lanvoz, de Lavans, Lanans, Labans, Louvaz, Lawans, Lanvaus,
Lauans, (in chron. Brit.), de Lavaris, de Lavanis, Lamias Lamiaus, Lamnas
(ap. Mart.) Laniaus, Lamiaus, Lamauz, Lanax. Origines eistern- de Léopold
Janauschek.
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PREMIER ABBÉ DE LANVAUX 7
qui conçut le pieux dessein d'établir, sur les terres de sa ba-
ronnie, une communauté religieuse. Etienne, comte de Pen-
thièvre, son parent, lui en avait donné l'exemple, en fondant
Tabbaye de Bégard. C'est à Etienne sans doute qu'Alain s'a-
dressa pour obtenir des religieux de cette abbaye, alors dans
toute sa ferveur.
Au mois de juillet 1138*, le père Ruaud', portant une croix
de bois et accompagné de trois religieux, sortait de Bégard,
dont Tabbaye de Lanvaux est la fllle, disent les Annales, filia
Beyarrfî. Le jeune essaim se rendait à Tappel du puissant
baron' qui lui destinait un de ses manoirs situé sur les bords
du Loc, et à distance à peu près égale des deux castels de
Bihuy et de Lanvaux*. Par malheur, le manoir s'élevait aussi
presque au sein d'un marais, formé par les débordements
continuels du ruisseau, et dont les exhalaisons malsaines
firent dans la suite des temps beaucoup de victimes parmi
les religieux. Les bons moines, pour le momentané songèrent
qu'à se réjouir. Leur «èle actif aplanit rapidement les pre-
mières difficultés inhérentes à toute fondation, et le 11
septembre de la même année, eut lieu l'inauguration de la
nouvelle abbaye, la 129», par rang de date, des abbayes cis-
terciennes, la huitième de l'ordre en Bretagne*.
Le domaine abbatial avec toutes ses dépendances, prés,
bois, prairies, métairies, était séparé de Tenclos des barons
par un ruisseau qui faisait tourner le moulin du monastère.
Alain de Lanvaux renonça à toute juridiction sur ces biens,
comme sur le fief dit de Lanvaux, au bourg de Pluvigner,
* Archives de Vabbaye,
> Kaaudas, Raandas, Robaldus, Rotaldus, Rozandus.
* « Alanus, castri de Lanvaax dominas, fundavit atque monachos Bégardo
de lineâ Cistercii accersitos, mense Julii 1138, illic institui curavit. » JanauS"
thek et antre«.
^ Archives de l'abbaye. Le castel de Bihuy appartenait également au baron
•Abbaye de Bégard, 1130, — du Relec, 1132, — de Buzay, 1135, — de
Langonet, 1136, — de Boquen, 1137,^ de Saint-Aubin-Kles-Bois, 1137, —-de
la VieuriUe, il37.
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8 LE BIENHEUREUX RUÂUD
dont il dota rétablissement.Les droits seigneuriaux passèrent
aux moines, sans aucune redevance féodale, à charge unique
de prières et d'oraisons*. C'est ainsi que grâce aux libéralités
du seigneur fondateur et de plijsieurs autres seigneurs du
voisinage, Tabbaye de Lanvaux fondée pour huit religieux,
acquit, au point de vue matériel, une suffisante prospérité.
On peut croire, en ce qui concerne le spirituel, que le père
abbé n'y épargnait pas ses soins. Et ce devait être, pour la
population d'alentour, un grand sujet d'édification que le
spectacle de ces austères religieux, pratiquant dans son
intégi'ité la règle de saint Benoît, telle que le patriarche
Tavait établie à Subiaco et au Mont-Cassin. Poissons, œufs,
lait, fromage, tout cela était exclu de leur alimentation
ordinaire. On pouvait en user , seulement dans les cas
extraordinaires, et par charité. Les religieux de chœur
couchaient sur des paillasses, vêtus de leur tunique
blanche% et de leur cuculle , se levaient vers minuit pour
chanter jusqu'au jour* ; et après avoir célébré la sainte
messe et accusé leurs coulpes au chapitre, occupaient toute la
journée au travail et à l'oraison, observant partout le plus
rigoureux silence.
Le vénérable Ruaud donnait naturellement en tout le bon
exemple. Ses lumières et ses vertus le rendirent, en peu de
temps, si célèbre, que, lorsque l'évêque de Vannes Even ou
Yvon, vint à mourir, le chapitre élut, pour lui succéder, le pre-
mier abbé de Lanvaux (1143).
* Arch, de Vabh. ^ Les moines de Lanvaux exerçaient sur leurs vassaux
de ce bourg la triple juridiction, comme on le verra dans l'histoire de Fab-
baje ou dans une étude prochaine sur Brandivj.
> Une tunique blanche, innovation sur les ordres de la sainte Vierge,
« dame et mal tresse de Clteauz. »
> Les frères convers admis dans l'ordre de Glteaux et employés au dehors
au gouvernement des granges, moulins, travaux agricoles, pratiquaient les
mêmes exercices.
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PREMIER ABBÉ DE LAN VAUX
Ilï
Le bienheureux Ruaud, évêque de Vannes.
Pour raconter la vie du nouvel évoque, il ne reste qu'à
glaner, dans les divers ouvrages qui s'en occupent, le peu
que Ton sait de ses bonnes œuvres ; elles se réduisent presque
toutes à des œuvres de restitution.
Le vicomte Alain de Rohan, avec le consentement de son flls
et le conseil de ses barons, avait donné à perpétuité aux
moines de Marmoutiers, la dîme de Credin. Ayant appris que
cette dîme ne se payait pas intégralement, et ne voulant pas
qu'une question d'argent devienne une occasion de perte
pour les âmes de ses chers diocésains, l'évoque ordonne au
chapelain de Rohan, au chapelain de Credin et aux autres
prêtres voisins, d'excommunier sansre tard les coupables, tous
les dimanches et tous les jours de fête à neuf leçons, à moins
qu'ils ne viennent à résipiscence*.
Le bienheureux se rendit ensuite à Buzay, où se trouvait
saint Bernard en cours de visite. Cette maison avait été
fondée, en 1136, par le duc Conan III et sa mère Hermengarde.
Mais le duc, loin de remplir la promesse qu'il avait faite aux
religieux, leur avait môme retiré une partie des fonds qu'il
leur avait donnés'. Les bâtiments demeuraient inachevés et
l'abbaye paraissait si pauvre que saint Bernard ordonna à
ses moines de retourner à Clairvaux. Le duc reconnut sa
faute et dota l'abbaye pour l'entretien de plusieurs religieux.
L'évoque de Vannes, témoin du repentir du duc, souscrivit au
nouvel acte de fondation et prit sous sa protection l'abbaye,
* D*aiilres renToient cette affaire vers 1175.
* Par exemple, 50 sols de rente sur le marché de Nantes.
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10 LE BIENHEUREUX RUAUD
placée également sous la protection du pape et de révoque de
Nantes.
Après avoir assisté à la dédicace de saint Julien du Mans,
le bienheureux évêque retourna dans son diocèse, où il fut
mêlé, en 1158, aune nouvelle affaire de restitution.
Eudon de la Roche-Bernard avait encouru l'excommunica-
tion pour avoir vexé les moines de Redon et leur avoir enlevé
trois navires avec leurs hommes et leur chargement. Le
châtiment lui ouvrit les yeux, et il s'adressa aux deux évêques
de Nantes et de Vannes pour obtenir son pardon*. Fort bien !
A tout péché, miséricorde ! Mais un péché contre la justice
ne saurait être remis sans restitution. Le coupable dut
commencer par restituer les navires et leur chargement;
puis, pour réparer le dommage qu'il avait causé, il donna
à Tabbaye une somme de cent livres à prendre sur ses reve-
nus et ajouta la franchise de tout droit dans son port pour
un navire du monastère*. Alors seulement l'évoque de
Vannes lui donna l'absolution. Le seigneur de Pontchâteau
signala son retour à de bons sentiments par une autre dona-
tion qu'il fît, vers 1160, à l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois et
dont le bienheureux fut encore témoin.
Ce sont sans doute ces divers traits et d'autres semblables
qui lui ont mérité, dans l'inscription placée sur sa tombe en
1740, l'honneur d'avoir été appelé le justicier, « virrigidœjus-
titiœ, » homme d'une rigide justice.
On ne sait si, en acceptant l'évêché de Vannes, il se démit
du gouvernement de son abbaye, toujours est-il qu'il con-
tinua de lui faire du bien et qu'il lui donna le village de Ker-
auguen, situé aux portes mômes du monastère*.
* Les deux évèqaes étaient intéressés, la Roche-Bernard étant alors du
diocèse de Nantes, et Saint-Sauveur de Redon, du diocèse de Vannes.
• Le Mené. Sist, dioc. de Vannes,
s Village appartenant au seigneur de Grand-Champ ; donation confirmée
en ilVl par Pierre de Grand-Champ, seigneur du Garo ; plus tard par le che-
valier de Lisse son gendre, et en 12io, pardameStephaine, veuve du chevalier
de Lisse. (Arch, Abb.)
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PREMIER ABBÉ OB LANVAUX 11
Le bienheureux évoque occupa le siège de Vannes pendant
vingt ans (1157-11T7), suivant certains historiens, Bucelin,
Jean Chenu, Longueval ; pendant trente-quatre ans, s'il faut
en croire nos Annales diocésaines, depuis 1143 jusqu'à 1177, oii
il rendit son âme à Dieu. Le chronologiste de Cîteaux lui donne
57 ans, au moment de son élévation à Tépiscopat. « Anno quin-
quagesimo septimo ad episcopalem dignitatem ascendit. » Il
serait donc mort, au rapport des écrivains bretons, à l'âge de
91 ans, c'est-à-dire, en ne tenant compte que dupassé,le doyen
des évoques de Vannes, et aussi le dernier saint ou bien-
heureux qui ait illustré ce siège antique.
IV
Le premier abbé de Lanvaux, évéque de Vannes,
est bienheureux.
Ce n'est pas aux œuvres de l'abbé de Lanvaux, devenu
évoque de Vannes, qu'il faut avoir recours pour établir le
haut degré de sainteté auquel il est parvenu. Ce qui précède
fait voir assez que sa vie est fort peu connue; et pourtant,
1 n'est guère possible d'en savoir davantage, attendu que
ses actes, ignorés de Manrique* et des anciens Bollandistes,
le sont encore des historiens de nos jours.
La sainteté du bienheureux fondateur se révèle heureuse-
ment par les témoignages éclatants qu'en ont rendus ceux
qui ont eu à traiter ce sujet. Ils sont tous unanimes à recon-
naître l'excellence de son mérite, malgré leur désaccord sur
Je jour de sa mort. Les auteurs ont fixé ce jour à trois dates
différentes : au 23 mars, au 26 juin et au 22 octobre.
Voici d'abord le témoignage des grands Bollandistes qui
i c Aeia yiri Ruandi igaota.»
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12 LE BIENHEUREUX RUAUD
ont adopté le 22 octobre : « Ruandus, Ruaudus, virum, inquit
Manrique, sanctis cistercien sibus annumerant quotquot de
eis scripserunt. Ruaud est mis au rang des saints de Gîteaux*
par tous ceux qili ont entrepris de raconter l'histoire des
saints de l'ordre, » c'est-à-dire par Vion dans son livre in-
titulé : Lignum vitœ, par Rusca, dans son ouvrage sur les
saints éveques de Citeaux, et par d'autres encore. Hugues
Ménard et Gastellan le citent aussi en ce jour avec le titre
de bienheureux. C'est la même qualification employée par les
petits Bollandistes au martyrologe de France; par Robert dans
le Gallia christianâprimœva (Paris 1656).
Collin de Plancy, conformément au nécrologe de Lanvaux,
a placé sa mort au 26 juin et lui donne également le titre de
bienheureux. Il l'appelle un prélat d'une grande sainteté et
d'une régularité exemplaire. Ce sont d'ailleurs les termes de
l'épitaphe posée sur sa tombe, en 1740, lorsqu'on refit le par-
quet de l'église :
Hic jacet
Beatus in Christo pater
Domnus Rotaldus. vir summse sanctitatis
et rigidiB justitise,
Hujus cœnobis primus abbas et rector
episcopus tum Venetensis
Qui post multa virtutum monumenta
laudabiliter édita,
Anno Domini 1 177, die vero 26 junii
Obdormivit in Domino
Et in hâc quam condiderat ecclesifi
sepeliri voluit.
« Ci-gît le bienheureux père en Dieu, le seigneur Ruaud,
hommed'une grande sainteté et d'une sévère justice, premier
abbé de ce monastère et aussi évêque de Vannes, qui, après
* D'après ce texte et quelques autres témoignages, je pourrais dire saint
Ruaud. Je me contente du titre de bienheureux, pour éviter l'ombre il'une
exagération.
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PREMIER ABBÉ DE LANVAUX 13
avoir laissé des preuves éclatantes de ses vertus, s'endormit
dans le Seigneur, l'an 1177, le 26 juin, et voulut être inhumé
dans cette église qu'il avait bâtie. »
L'inscription primitiven'est pas moins remarquable :
Hàc sunt in fossà Rozandi prœsulis ossa
Dum vixit gentîs curam Yenetensis habentis,
Fratribus in parte vixit, hîc iliius arte
Quando Ghristum laudat, cœlica conclo iaudat.
« Danscecaveau sont les ossements deRuaud, de son vivant
évoque deVannes. Il vécut en partie pour ses frères, ici, grâce à
lui, quand on loue le Christ, c'est le ciel lui-môme qui chante
ses louanges. » N'oublions pas Garaby* qui le désigne encore
en ce jour sous le nom de bienheureux.
Passons au 23 mars, où Henriquez lui décerne sans hésiter
le même honneur. Le martyrologe de France, publié par
Andréde Saussay, sur Tordre deLouis XIII, s'en occupedans les
termes qui suivent. « Obiit beatee memoriœ Rotaldus, ex mo-
nacho episcopus venetensis, cuî religiosa vita quam in epis-
copatu intention studio coluit, resque eo in munere divinâ
gratiâ confectœ, magnam sanctitatis existimationem et vivo
et defunctopepererunt.» « Le 23 mars, mourut Ruaud de bien-
heureuse mémoire^ de moine qu'il était, devenu évoque de
Vannes, à qui une vie pleine de piété et de zèle qu'il mena
sur le siège épiscopal, et des œuvres merveilleuses accom-
plies avec la grâce divine, valiirent de son vivant et après sa
mort, une grande réputation de sainteté. » On ne saurait
mieux dire d'aucun saint. Le bouquet en la matière nous est
naturellement fourni par les écrivains de l'ordre. Voici
comment, au môme jour, 23 mars, le ménologe de Gîteaux
exalte les vertus de notre bienheureux :
« In Gailiâ, beatus Ruandus, venetensis episcopus, ex sacro
ordinecisterciensi assumptus, qui pietatem quam in solitu-
> Vie des Saints et des Bienheureux de Bretagne, Saint Brieuc» 1830
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14 LE BIENHEUREUX RUAUD
dinibus Gistertii didicerat, usque ad tlnem vitae sanctissime
colens, ineredibili sanctitatis fulgore radiatur. »
« En France, le bienheureux Ruaud, évêque de Vannes, de
Tordre de Cîteaux, qui pratiquant jusqu'à la fin de sa sainte
vie la piété qu*il avait puisée dans la solitude de Cîteaux,
brilla d'une incroyable splendeur de sainteté. » Bucelin, dans
le Martyrologe bénédictin (Augsbourg, 1656) produit le
môme texte, sauf quelques variantes insignifiantes*. Cette
mention identique du ménologe de Cîteaux et de Bucelin n>
pas seulement le mérite d'être d'une importance capitale au
point de vue qui nous occupe, elle paraît contenir en outre
un renseignement historique du plus haut intérêt, sur les
débuts dans la vie religieuse du bienheureux Ruaud. Où
donc a-t-il puisé cette piété vive qui Ta fait briller d'une
splendeur incroyable, et lui a valu, d'après tous les auteurs,
le titre de bienheureux ? In solitudinibus Cistertii, dans les
solitudes de Cîteaux, c'est-à-dire à la source môme de la vie
cistercienne, au berceau de l'ordre. Si cette interprétation
est exacte, il faut en conclure que le fondateur de Lanvaux
n'a pas été seulement moine de Cîteaux ou moine cistercien,
mais qu'il a été aussi moine à Cîteaux, qu'il aurait fait pro-
fession à Cîteaux même. Certainement, d'après la pratique
ordinaire, le bienheureux Ruaud a été religieux de Bégard,
mais rien n'empêche, comme le fait remarquer le biblio-
thécaire de la grande Trappe, qu'après avoir fait profession
à Cîteaux, il n'ait été d'abord envoyé à l'abbaye de l'Aumône,
au diocèse de Blois, fondée en 1121, par une colonie de Cîteaux;
puis à l'abbaye de Bégard, fondée, en 1130, par quatre reli-
gieux de l'Aumône ; de Bégard à Lanvaux, en 1138, pour fon-
der la nouvelle abbaye.
Pour ne rien omettre de ce qui peut servir à la gloire de
notre saint, je signalerai en dernier lieu l'hommage qui lui
est rendu par le jésuite Longueval dans son Histoire de
l'Eglise gallicane. Cet auteur marque l'année de sa mort en
< Bacelin dit : Quam in ilU) monasterio didicerat.
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PREMIER ABBÉ DE LANVAUX 15
1177, sans en indiquer le jour : « deux autres évoques du
même pays avaient jeté un grand éclat de vertu dans la
province*... Le second, appelé Ruànd ou Ruaud, a été vingt
ans évoque de Venues, et quoique peu célèbre pour le détail
de ses actions, il a égalé, quant à Tessentiel, les plus belles
vies, remportant avec lui, lorsqu'il mourut en 1177, la véné-
ration de ses diocésains et la réputation d'un saint- •
On comprend aisément, à la lecture de ces textes, la
grande dispute qui, au dire de dom Morice, s'éleva entre le
chapitre de Vannes et les moines de Lanvaux, relativement
à la possession du corps du bienheureux évoque. « Pro quo
seditio magna inter canonicos et monachos de Lanvaux orta
est. » Les chanoines, à qui il avait donné la moitié de l'église
de Saint-Patern*, auraient bien voulu, par reconnaissance,
et aussi pour honorer ses vertus, le faire inhumer dans leur
cathédrale. Les religieux de Lanvaux ne Tentendaient pas
ainsi, et se basant sur la volonté du défunt, finirent par
avoir gain de cause, comme on le verra ci -après.
Il suffit d'exposer ces témoignages. Ils parlent assez d'eux-
mêmes, sans qu*il soit besoin d'un commentaire pour en
faire ressortir la valeur. Qu'il me soit permis à mon tour
d'y ajouter le mien.
On sait que la loi du V brumaire, an IV (26 octobre 1795),
a constitué les archives départementales, en centralisant au
chef-lieu de chaque département, avec les registres des
diverses administrations et les chartriers de la noblesse
émigrée, les titres des établissements religieux. C'est ainsi
que les épaves des archives de Lanvaux, échappées au nau-
frage de la Révolution, ont été transférées à la préfecture
de Vannes, oii il m*a été donné, pendant des semaines entières,
de les feuilleter à loisir. Or j'affirme qu'il est peu de manus-
crits qui fassent mention du fondateur de Lanvaux, sans
accompagner son nom des mots vénérable ou bienheureux.
Tout cela prouve que le bienheureux Ruaud a laissé une
* Le premier, c'est saint Jean de la Grille, évêque de Saint-Halo.
> BollandxsUs, au 22 octobre.
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13 LE BIENHEUREUX RUAUD
mémoire extrêmement bénie, et qu'il ne lui manque rien
qtioad formant sanclitatis. Mais a-t-il été honoré d'un culte
dans Tordre de Cîteaux ou dans son abbaye ? Ni les Bollan-
landistes, ni les autres auteurs n'ont tranché cette grave
question. Parce qu'ils n'ont pu la résoudre, les Bollandistes
lui ont refusé une place dans le corps de leur ouvrage, « quia
veronon constabatde cultu, prœtermissusanobis tune est. »
Le vieux missel d'Auray, imprimé en 1530, est également
muet sur ce point, et pour ma part, j'avoue franchement
n'en avoir pas trouvé trace dans les archives. Peu d'archives
d'ailleurs ont été autant bouleversées que celles de Lanvaux^
par la raison que peu d'abbayes ont subi autant d'épreuves.
A diverses reprises, des gens cupides, abbés commenda-
taires, fermiers, partisans plus ou moins sincères de la Ligue,
l'ont impitoyablement mise au pillage. Pour les malheureux
moines qui tentaient de s'opposer à ces violences, ils étaient
ou massacrés, ou contraints de vider la place*. Lors de la
nomination de l'abbé Auffray en 1614, un diplôme royal
atteste en particulier que « l'abbaye était depuis vingt ans
sans habitants, sans fenêtres, ouverte à touô venans. » Quoi
d'étonnant que, parmi tant de désastres, le culte du bien-
heureux fondateur ait d'abord été délaissé, puis totalement
oublié?
Si le culte public de notre bienheureux demeure enseveli
dans la nuit de l'histoire, il en est autrement du culte privé
qui ne lui a jamais fait défaut. Nos vieilles gens se sou-
viennent encore des jours de leur enfance, où ils allaient,
sous la conduite de leurs parents, prier sur la tombe de
celui que les anciens appelaient le sai?it de Lanvatix, er
sant a Lanvaux, Il y a cinquante ans à peine, les pèlerins
accouraient fréquemment des paroisses environnantes,
parmi les ruines de la chapelle, pour y implorer son secours ;
et il y a des raisons d'espérer, depuis la découverte du
* Arctdvea de l'abbaye.
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PREMIER ABBÉ DE LANVAUX 17
saint de Lan vaux, que cet antique pèlerinage, tant au lieu
primitif de son inhumation que sur sa tombe nouvelle, peu
à peu refleurira comme par le passé.
Le bienheureux Ruaud a été inhumé dans le sanctuaire '
de Lanvaux.
Ce saint personnage que les populations voisines hono-
raient sans le connaître, nous, le connaissons, nous. Nous
savons qu'il n'est autre que le bienheureux Ruaud, inhumé
conformément à ses désirs^ par les moines de Lanvaux, dans
l'église qu'il avait bâtie : « et in hâc, quam condiderat, eccle-
siâ, sepeliri voluit. » Il n'en fallait pas moins que sa volonté
clairement exprimée pour triompher de l'opposition des
chanoines.
Les archives de l'abbaye sont pleinement d'accord avec
l'assertion émise par l'épitaphe.
Nous savons en outre^ à n'en pas douter, que sa tombe
n'a pas été creusée dans un endroit quelconque de l'église,
mais dans le sanctuaire môme. Manrique, Tannaliste de Cî-
teaux^ le déclare expressément : in sanctuario, dans le sanc-
tuaire. Les Bollandistes répètent avec lui : in sanctuario.
Collin de Plancy n'est pas moins formel : t il fut inhumé, dit-
il, dans le sanctuaire de l'église qu'il avait bâtie. » L'abbé
Tresvaux et tous les autres auteurs reproduisent la même
affirmation.
Et avantde passer plus loin, je ferai remarquer, pour ré-
pondre à certaines objections, que l'église bâtie parle bien-
heureux évoque et qui reçut son corps, existait encore au
.XVIIPsîècle. Il n'yapas moyen d'aller contre les termes de
l'épitaphe : et in hàc, quam condiderat, ecclesid, et dans cette
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, l»* UV. 2
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18 LE BIENHEUREUX RUAUD
église même^ dans cette église-ci, dans Téglise actuelle. » Le
chœur* de la chapelle a été rebâti en 1488, par l'abbé Olivier
Mello ; il a été en môme temps allongé et passablement
élargi, comme il est facile d'en juger par les fondations de
l'ancien sanctuaire que j*ai retrouvées et mises au jour. Quant
à la nef de l'église, les archives ne mentionnent nulle part, à
ma connaissance du moins, qu'elle ait été rebâtie. Un procès-
verbal de 1661 atteste qu'elle est « caduque et ruineuse. » Elle
a donc subi bien des réparations, mais de reconstruction,
point. Et en admettant à la rigueur cette supposition, on ne
peut soutenir qu'elle a changé de place, sans faire mentir
l'inscription de 1740 : et in hàc ecclesiâ; c'est dans cette
église-ci qu'il a été inhumé. »
, On ne saurait soutenir davantage que le corps du bien-
heureux a été exhumé d'un premier tombeau pour être, dans
la suite des temps, transféré dans un tombeau du sanctuaire.
Ce serait donner gratuitement un démenti à tous les auteurs
que nous avons cités. Et si l'on ne peut sagement rejeter des
textes aussi formels, on est forcé d'avouer du môme coup
que les caveaux (je suis obligé d'en parler ici par anticipa-
tion) ont dû ôtre construits dans le temps où se creusaient
les fondations du sanctuaire. Ce raisonnement est devenu
sans réplique, depuis une dernière fouille que j'ai fait pra-
tiquer au mois décembre 1889. Cette fouille démontre, ou
plutôt montre à qui a des yeux pour voir, que le côté sud du
2" caveau, loin d'ôtre adossé aux fondations du sanctuaire
primitif, comme je l'avais pensé tout d'abord, constitue ses
fondations mômes. Comme ce dernier remonte au XIP siècle,
à plus forte raison les caveaux qui lui servirent de base
remontent-ils jusqu'à cette époque. D'où il suit que le bien-
heureux Ruàud, inhumé dès le principe dans le sanctuaire,
conforûiément à tous les textes, a été dès le principe déposé
« Par le mot chœur^ on doit ontendre aussi et peut-être uniquement !•
sanctuaire.
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PREMIER ABBÉ OB LANVAUX Id
dans les caveaux, et que l'hypothèse d'une translation, dans
les siècles postérieurs, est absolument inadmissible.
Et alors même que pour résoudre plus aisément certaines
difficultés^ on s'obstinerait contre toute raison dans cette hy-
pothèse, ilb'en reste pas moins certain que son corps reposait
dans le sanctuaire au XVIP siècle, puisque les principaux té-
moignages relatifs à son inhumation datent de ce temps; quMl
y reposait en 1740, où les religieux ont remplacé Tinscription
primitive :
Hftc sunt in fossàRozandi prœsulis ossa.
Dans cette fosse sont les ossements de Tévéque Ruaud.
Par cette autre.
Hic jacet beatus Rotaldus
Ci-git le bienheureux Ruaud.
Comme il y reposait en 1789, quand éclata la Révolution
française. Le 21 mars 1791, un arrêté du directoire départe-
mental prononça la clôture de l'abbaye de Lanvaux et assigna
le couvent de Prières aux religieux de Lanvaux, de Saint-
^Gildas, de Sarzeau et de Eieux qui voudraient continuer la
vie commune. S'ils préféraient rester dans le monde, TEtat
se chargeait de pourvoir à leur entretien. Quel que soit le parti
auquel ils s'arrêtent, encore les moines de Lanvaux sont-ils
obligés de sortir, et d'abandonner avec Tabbaye tout ce
qu'elle renferme. Les bâtiments de Tabbaye eux-mêmes,
vendus comme bien national en 1792, passent en des mains
étrangères.
Que sont devenues, depuis ces temps douloureux, les
reliques du sanctuaire? Ont-elles été préservées, plus
heureuses que tant d'autres, des fureurs de l'impiété ? voilà
la question î voilà ce qu'il importe d'éclaircir et de vérifier I
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20 LE BIENHEUREUX RUAUD
VI.
Invention des restes du bienheureux Ruaud.
En 1837, M. Carado, recteur de Brandivy, sur l'avis d'un
vieillard confirmé par la voix publique, que trois tombes
de religieux, entr'autres celle du Saint de Lanvaux, res-
taient enfouies sous les décombres du chœur, se rendit le
30 juillet avec des ouvriers à l'endroit indiqué, pour y opérer
des fouilles. Il y trouva effectivement des reliques; et bien
qu'elles fussent éparses en terre sans le lïioindre signe carac-
téristique, tel que caveau, sarcophage, inscription, il n'en fit
pas moins faire, le 26 septembre suivant, une cérémonie so-
lennelle, comme si ces restes avaient véritablement appar-
tenu au fondateur de l'abbaye. Mais le vague du procès-
verbal inséré dans les archives de la fabrique, les conversa-
tions privées de M. Carado qui donnaient un démenti cons-
tant àla réalité de sa découverte, Tamertume de ses plaintes
contre le directeur des forges qui s'opposa sottement à la con-
tinuation des fouilles, l'examen attentif des lieux qui. attes-
tait qu'elles avaient été mal conduites, l'absence totale enfin
de la plus légère marque distinctive, tout imprima dans mon
esprit la ferme conviction que le corps du bienheureux Ruaud,
en dépit de la croyance générale, attendait encore son in-
vention. Et comme les travaux auxquels je me suis livré
sur Tabbaye de Lanvaux appelaient comme un couron-
nement naturel la découverte du fondateur, je résolus de
reprendre les fouilles, non plus indifféremment dans telle
ou telle partie du chœur, comme le fit M. Carado sur des don-
nées inexactes, mais dans le sanctuaire proprement dit, in
sanctuario, où tous les documents proclament qu'il a été in-
humé.
L'opération d'ailleurs ne présentait pas de grandes difïl-
cultés. Tandis que les arbres, parmi lesquels il s'en trouve de
magnifiques, remplissent la nef de l'église qu'ils ont envahie
jusqu'au chœur, aucun n'a poussé dans le sanctuaire^ et à
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PBEMIER ABBÉ DE LANVAUX 21
Vexception de quelques méchantes ronces et de deux ou trois
arbustes rabougris,' rien n'est venu profaner ce lieu sacré-
Les fouilles ont commencé, le Id juin 1888, par une tranchée
de deux mètres de large sur un mètre de profondeur; partant
du chœur pour aboutir au sanctuaire, elle devait atteindre, en
ce dernier endroit, une profondeur de deux mètres. C'est là,
dans le sanctuaire, du côté de l'évangile, que mes hommes ont
découvert, dès le lendemain matin, deux squelettes emboîtés
pour ainsi dire l'un dans l'autre, et composés, en majeure
partie, des têtes et des os principaux des jambes et des bras
dans leur situation naturelle, avec une rangée de gros clous
toutautour. Les têtes étaient tournées vers la nef. Mais rien de
caractéristique : ni caveau, ni sarcophage, ni inscription.
Sans m'y arrêter davantage, je fais enlever les reliques et
élargir la fosse. Après quelques minutes de travail, un mur
en granit attire nos regards, mur à moitié démoli et enseveli
parmi des débris de toute sorte ; pierre, chaux pulvérisée,
tuile, charbon et môme quelques restes humains. Sous cette
masse informe, en plein sanctuaire cette fois, à deux ou trois
pieds au-<lessous du premier^ se dégage, au fond de la fosse,
un second lot d'ossements, avec les gros os plus ou moins
collés aux dalles et une tête tournée vers l'autel. Je déplace
les reliques pour sonder la cavité dans tous les sens, et le
terrain déblayé laisse voir les bases d'un caveau solidement
construit en granit, et dont la voûte malheureusement s'était
effondrée.
Fermement persuadé que je me trouve en présence des
restes du bienheureux Ruaud, ma joie est mêlée d^un bien
vif regret. Pour procéder suivant les règles, il eût fallu,
avant d'y toucher, provoquer une enquête. Mais l'avouerai-
je?Je cherchais un caveau; et ce caveau, malgré des son-
dages répétés, je ne l'ai pressenti, qu'après avoir enlevé les
reliques. C'est que la fouille, au lieu d'être conduite de front*,
* Si mes ordres avaient été suivis en mon absence, cela n'eût pas en beu.
L'enqadte d'aiUenrs ne pouvait avancer à rien, en raison du mélange dont il
sera parlé ci-après.
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22 LE BIGNHBURBUX RUAUD
s'est faite, en cet endroit comme dans un puits, à travers un
terrain tourmenté qui, m'induisant en ei'reur jusqu'au bout,
me faisait croire encore à unr sépulture ordinaire.
Les reloues enlevées, il ne restait qu'à poursuivre le déga-
genient du caveauv
. Une dalle en ardoise qui s'enfonçait sous terre, en excitant
ma curiosité, me réservait une nouvelle surprise. Quelques
coups de pioche' donnés à droite révèlent l'existence d'un
second caveau juxtaposé et renfermant un troisième lot
d'ossements, avec une tête tournée vers la nef*. Ce second
caveau est également tout entier en granit, sauf le fond,
foraiéau chevet de deux-larges ardoises. Pour cette fois, il eût
été possible d'avoir une enquête sur place. Mais je n'attAchais
à cette découverte qu'un intérêt secondaire, lequel d'ailleurs
a cédé bien vite à'ia nécessité de mettre les caveaux à l'abri
d'un tîoup de- main ; '
Le bruit que parmi les ruines de la chapelle je cherchais
de l'or et de l'arguent s'étant peu à peu répandu, y avait attiré
uTie grande foule, où Ton remarquait certains visages qui
respiraient visiblement la maudite soif de For. Je tremblais
qu'on ne vînt dans la nuit ravager les tombes. Dans ces con-
dition«i mielixvalait enlever les reliques, en évitant soigneu-
sement de les» confondre avec les autres. C'est le parti que je
crus devoir prendre, non sans avoir eu soin d'expédier préa-
lablement au ^président de la Société polymathique qui s'é-
tait chargée des dépenses, la nouvelle delà découverte, en le
priant de serendre à Lanvaux au plusstôt pour en dresser pro-
cès-verbal. Il y vint quelques jours après. Dans l'intervalle
et dès que les fouilles avaient touché à leur fin, les tombes
avaient été violées. Des chercheurs de trésor étaient venus,
vers minuit, soulever les dalles des caveaux, et, si le chien
du gfirde, par ses aboiements furieux, n'avait heureuse-
* La situation des tôtes en sens inverse avait vjvement frappé et intrigué
les ouvriers.
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PREMIER AB^É DE LANVAUX 23
mtini réveillé .son maître, ces imbéciles n'y auraient pas *
laissé pierre sur pierre. En supposant que les reliques fussent
restées en place, tout était profané, dispersé, brisé.
Les reliques, Dieu merci, sont sous clefs. Les ossements
des trois tombes forment trois lots distincts ; et chacun d'eux,
en vue d'une vérification scientifique, est déposé dans une
caisse spéciale- Aucune tombe par ailleurs n'existe dans le
sanctuaire ni même dans le chœur. Des tranchées et des
sondages largement pratiqués jusqu'au sol dur, les 3, 4 et 8
octobre suivant, sont de nature à dissiper tous les doutes.
Va-t-on m'accuser d'avoir fait erreur dans la désignation
des restes du fondateur de Lanvaux ?
Voici trois lots d'ossements avec trois tombes dont la
tradition a conservé le souvenir, mis au jour dans le sanc-
tuaire de Fabbaye, un sans caveau et deux dans des caveaux
particuliers. Comme ni le chœur, ni le sanctuaire ne renfer-
ment aucune autre sépulture, Tun des trois est nécessaire-
ment celui que nous cherchons. A Textérieur, il est vrai, la
pierre tombale ayatit disparu, pas de marque qui puisse faire
reconnaître le tombeau; à l'intérieur, nulle pièce indicative.
Il n'importe. Rappelons-nous qu'en vertu des règles qui pré-
sident aux inhumations dans les églises, tout prêtre y est
enterré la tête tournée vers l'autel, et ceux qui ne sont pas
prêtres, en sens opposé. Or sur les trois lots d'ossements,
un seul, celui du milieu, qui occupe en même temps le milieu
du sanctuaire, présente une tête tournée vers l'autel. Donc ce
personnage seul était prêtre, et les autres ne Tétaient pas.
Mais quel peut être ce prêtre qui repose à la plgice d'honneur
du sanctuaire, dans un caveau de granit si finement travaillé,
sinon le bienheureux abbé de Lanvaux, évoque de Vannes,
que les documents et la tradition assurent avoir été inhumé
dans le sanctuaire de l'église qu'il avait bâtie ? Il ne semble
pas, devant cet accord évident des faits avec la tradition et
les documents, qu'un doute sérieux puisse s'élever, dans
un esprit droit, sur l'authenticité des reliques qu'il m'a été
réservé de découvrir.
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24 LE BIENHEUREUX RUAUÛ
VII
Les caveaux ne renfermaient pas de cercueils*
En môme temps qu'un caveau, je cherchais un sarcophage;
et ce n'est pas,, à vrai dire, un caveau que j'espérais tout
d'abord mettre au jour, mais bien un sarcophage soit en
pierre^ soit en plomb.
Qu'il y ait eu dans notre Bretagne des saints déposés après
leur mort dans des cercueils en pierre, cela n'est pus douteux.
Il suffit de nommer, parmi tant d'autres, saint Martin de
Vertou, saint Mériadech, saint Méen, saint Benoit de Ma-
cerac, les saints Léry, Héliaud, Herbaud... Ça été, pendant
plusieurs siècles, le mode de sépulture principalement usité
pour les personnages de marque*. Je sais bien, qu'au rapport
de M. de Préminville, cet usage a cessé, vers l'an 900, en
Armorique. Je sais aussi qu'il s'est maintenu, dans les pays
voisins, certainement jusqu'au XIV* siècle*. N'est-ce pas un
cercueil en pierre qui reçut les corps, en 914, de saint Loup,
évoque d'Angers ; en 1122, deSerlon, évêque deSéez ; en 1157,
de saint Lambert, évoque de Vence ; en 1260, du bienheureux
Thomas Hélyes, diocésain de Coutances ? N'est-ce pas dans
un cercueil de pierre que le cadavrede Tempereurexcommunié
Henri IV, après avoir été exhumé de Téglise de Saint-Lambert
de Liège où il avait été enseveli en 1106, demeura cinq ans
sans sépulture? Rien donc n'interdisait de penser que les
fouilles aboutiraient à la découverte d'un sarcophage de ce
genre.
* Les détails qui suivent sur les oeroaeUs, les insignes, les mélanges de
reliques sont tirés des Bollandistes, Viet des Saints ^ ouvrages spéciaux.
s En certaines localités, pour tous ceux qui avaient quelques ressources.
s Môme jusqu*auXVII* (de Caumont), mais mon intention n*est pas de faire
un cours archéologique.
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PREMIER ABBÉ DE LANVAUX 25
A défaut d'un cercueil en pierre, il y avait de fortes raisons
de compter sur un cercueil en plomb, les cercueils ea plomb,
ditKerdanet, ayant remplacé pour la sépulture des grands
hommes les cercueils en pierre. Il est en outre vrai de dire
que les cercueils de plomb ont été employés à toutes les
époques, et pour me bornera quelques exemples pris à tra-
vers les âges, c'est dans un cercueil semblable que fut dé-
posé au premier siècle de l'église, saint Front, apôtre de Péri-
gueux ; au IV«, l'empereur Maximien-Hercule' ; au IX', saint
Léonard' ; au XV% Simon de Gramand, cardinal-évôque de
Poiliers et sainte Françoise d'Amboise. Cet usage n'était pas
inconnu à Lanvaux, où les travaux nécessités par le perce-
ment du canal destiné au service des forges, en coupant le
cimetière de l'abbaye en deux, ont mis à découvert plusieurs
cercueils de plomb.
Mais non ! *au lieu de ces indestructibles sarcophages qui
eussent conservé intact le corps du bienheureux Ruaud, les
religieux de Lanvaux, à Timitation de ce qui avait été fait
pour saint Gilduin* et pour plusieurs autres, construisent
tout exprès dans le sanctuaire un caveau en pierres, où ils
déposent, dans un cercueil de bois, les restes de leur vénéré
fondateur. La présence de gros clous parmi les décombres
autorise là supposition d'un cercueil en bois, et il est aisé
de concevoir, qu'après avoir passé plus de sept cents ans
sous terre, il n'en soit pas resté de traces.
Et ce cercueil n'a pas de quoi nous étonner, si Ton réfléchit
que ce n'est pas le seul exemple que nous présente le
XII* siècle. Le bienheureux Robert d'Arbrissel, lorsqu'il
tomba malade, en 1117, disait aux personnes qui l'assistaient :
« Je vais mourir, préparez pour ma sépulture, un cercueil de
* n se pendit à MarseiUe, et fut mis par Constantin dans un cercueil de
plomb, enveloppé d'un autre cercueil de marbre.
> En vériflant ses reliques au XV> siècle, ou trouva trois cercueils, Fun en
plomb pour les cendres ; le second en terre cuite pour le chef et les osse-
meota;le troisième en bois presque pulvérisé.
s Mort en 1077.
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26 .^ LE BIENHEUREUX AUAUD
bois. » Au siècle suivant, en 1280, le fameux Albert.lç Grand
fui également inhumé dans un cercueil de ce gepre. Outre
que ce mode de sépulture contenait à l'humilité du saint
évêque, il n*éiaitdonc pas le moins du monde en opposition
aveq les mœurs de l'époque.
, VUI
Les caveaux ne renfennaient aucune pièce indicative.
Ce qui ne les contredit pas davantage, c'est l'absence de
toute pièce indicative, inscription, crosse, anneau parmi les
reliques des caveaux. Car pour tirer dç là un argument
sérieux, il faudrait prouver que tous les prélats ont été in-
humés avec la crosse, l'anneau ou une inscription quelconque.
On n'y réussira jamais.
On n'y réussira certainement pas pour Tinscription.
L'inscription se met au-dessus des tombes et non au dedans.
Lorsqu'on lève un corps de terre, qu'on le dépose dans une
châsse, lorsqu'on cherche à vérifier les reliques d'unç châsse
ou d'une tombe, c'est en ce moment qu'il est dressé géné-
ralement de la cérémonie un acte authentique destiné à être
enfermé avec les ossements. Gela eut lieu, par exemple, en
1052, pour rouverture de la châsse contenant les restes pré-
cieux de saint Denys l'Aréopagite. Or, il n'est pas question
ici de translation ; et si les reliques ont jamais été l'objet d'une
vérification, comme elles n'étaient pas destinées à sortir du
caveau pour être exposées à la vénération de;» fidèles, la
pierre tombale qui recouvrait le môme caveau tenait suffi-
samment lieu d'authentique.
Il est fâcheux assurément que la pierre ait disparu. Qu'y
faire ? Je soupçonnerais môme les moines de l'avoir déplacée
au moment de leur dispersion, d'autant que c'était le vrai
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PRBMIBR ABBÉ Dl£ LAN VAUX 27
moyen de soustraire les restes de leur vénéré f ond^t^ur à
une profanation possible. Est-elle entrée dans la suite, >avec
les matériaux de Tég^lisie et des bâtiments claustraux, dans
la coostmction de la verrerie ou des forges? A-t-elle. été
portée au bourg, lors des premières fouilles de 1837, puis
brisée sur le chemin pour y servir d'empierrement, comme
d'aucuns Tosent affirmer^? Il est malaisé de le savoir
au juste. J'ajoute que mes ouvriers ont trouvé^ parmi
les décombres , quelques fragments de pierre tombale , à
caractères gothiques , si je ne me trompe. Quelqu'un
pourra-t-il'y trouver un sens? c'est possible. Toujours esttil
que disséminés ça et là parmi les ruines, ils ne sont pas en
état de fournir une indication, à ce point de vue, décisive.
Sera-t-on 0lus heureux avec la crosse et l'anneau? Si
l'on rencontre beaucoup de prélats inhumés avec ces in-
signes, on en voit d'autres ^ussi ensevelis sans eux. Saint
Godefroi, évoque d'Amiens, racheta l'anneau pastoral de saint
Honoré, que son prédécesseur avait vendu, et il le rapporta
à son église. Puisque cet anneau a pu être vendu et racheté,
il n'a pu être enseveli avec saint Honoré. Gervais, mort ar-
chevêque de Reiins, en 1067, avait une crosse d'or du poids
de trois livres et demie. Il eri Bt présent aux moines de saint
Rémi pour les Indemniser de quelques dommages qu'il leur
avait causés. Saint Robert, abbé de la Chaise-Dieu^ déposa en
mourant son bâton pastoral entre les mains de la statue de
l'KnfahWésus,commé pour lui résigner à perpétuité la supério-
rité deson abbaye. L'abbaye de Gormeri ayant voulu se sous-
traire à la dépendance de Marmoutiers, le papeordonna qu'à la
mort de I*abbé de Coî*meri, son bâton pastoral serait apporté
sur le tombeau de saint Martin, où celui qui serait élu en sa
* n parait que cette pierre représentait un personnage avec une crosse .
19e «erait-ce pas la pierre tombale primitive? En ce cas, rien de plus déplo-
rable qoa la perte de cette i pierre qui nous aurait fourni vraisemblablement
un spécimen des monuments funéraires du XU^ sièclo, où il était, ordinaire
J*Jiooorer, par des épitaphes en vers, les personnai^es marquants.
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28 LE BIENHEUREUX RUAUD
place, viendrait le prendre par ordre du doyen et du chapitre.
Donc, ces prélats n'étaient pas inhumés avec leurs insignes.
Il y a plus : sous prétexte que les dépendances des évéchés
et des abbayes constituaient des flefs, certains princes de la
terre, enlevant au clergé, aux fidèles et aux religieux leur
droit d'élection, exigeaient qu'à la mort du prélat on leur
remît sa crosse et son anneau, qu'ils donnaient ensuite à
celui qu'ils choisissaient pour lui succéder. C'est à cette
pratique que saint Annon dut sa nomination à l'archevêché
de Cologne (1055). « L'empereur Henri était à Coblentz,
lorsque les députés de Cologne vinrent lui apprendre la mort
d'Heriman, leur archevêque, et lui présenter son bâton pas-
toral, le priant de leur donner un digne prélat. L'empereur
ne crut pas pouvoir faire un meilleur choix, que de nommer
Annon à ce grand siège, et il lui donna aussitôt le bâton pas-
toral qu'on lui avait apporté*. »
Les terribles guerres de l'investiture n'ont pas €fu d'autre
motif que la nécessité où se sont vus les souverains pontifes,
pour sauvegarder les dignités ecclésiastiques, de dépouiller
les monarques d'un prétendu droit qu'ils avaient usurpé.
Il ne sera pas inutile d'ajouter, en ce qui concerne notre
bienheureux évoque, que sa crosse pouvait fort bien être
en bois. Comment ce saint prélat, qui était en môme temps
de Tordre de Ctteaux, eût-il osé la porter d'or et d'argent, à
une époque où les croix d'or et d'argent étaient rem-
placées à Cîteaux par des croix de bois, où les chandeliers des
autels étaient en fer, et les ornements sacerdotaux eux-
mêmes, dépouillés de leur riche broderie? Une croix de bois
devait suffire à la simplicité du bienheureux Ruaud. Or, en
supposant que cette crosse de bois fut déposée dans sa
tombe', il va sans dire, que longtemps avant l'invention de
* LongueTal» Ut. XXI.
• * Saint Papon, archcréque de Trêves, avait été inhumé avec un bÀton
pastoral en bois (1047). Le bâton des évéques, dit Déric, n*a été d^abordque
de bois.
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PREMIER ABBÉ DE LAN VAUX 29
nos reliques, elle était tombée en poussière. En tout cas,
Vobjection tirée de l'absence d'insignes, c'est-à-dire de la
crosse et de Tanneau ne vaut rien : il n*a pas été possible de
les trouver dans le caveau, si on ne les y a pas mis*.
Si par insignes, on voulait entendre les habits pontificaux,
d'accord. € Chaque mort, dit M. de Caumont% conservait les
insignes' de sa dignité. Ainsi Tévôque était enseveli avec ses
ornements pontificaux. A l'exemple des évoques qu'on
qu'on inhumait avec leurs habits pontificaux, les prêtres et
les autres membres du clergé jouissaient de l'honneur d'être
ensevelis avec les insignes de leur ordre'. »
H est clair qu'on a suivi, à l'égard du premier abbé de
Lanvaux, évoque de Vannes, l'usage général. II a dû. être
inhumé dans son .habit de moine, recouvert des ornements
pontificaux. Mais, de même que la crosse en bois, tout cela
s]en était allé en poussière depuis longtemps, et Ton ne
pouvait sérieusement compter sur les fouilles pour en
exhumer le moindre débris.
' n me Tient à Tidée qae la crosse et l'anneau sont restés à Vannes : con-
traint de céder le corps du prélat, le chapitre s'est rejeté sur ses insignes
qu'il a dû retenir à titre de compensation.
» De Caumont, 6» partie, Cours d'antiquités monumentales,
^ Gomme les membres du clergé, les laïques étaient inhumés sous les
Tétements de leur condition; les empereurs avec leurs ornements impériaux.
Par exemple, Constantin lut déposé dans un cercueil d*or, sur lequel on plaça
la pourpre impériale et le diadème ; ^^ les rois avec les insignes de la royauté ;
comme Guillaume le Conquérant. Cependant lorsque les Huguenots ouvrirent
êon cercueil dans l'espoir d^y trouver de l'or, ils n'y trouvèrent que les
ossements du prince. Gela confirme ca que j'ai dit touchant les évêques, qu'ils
étaient inhumés aTec leurs insignes, c'estr2i-dire, avec leurs habits pontificaux,
fias toujours avec la crosse et l'anneau.
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30 LE BIENHEUREUX RUAUD
IX
Les caveaux renfermaient un mélange^»
Ce qui est plus grave, c'est un mélange d'ossements cons-
taté, après un minutieux examen, par le docteur de Glosma-
deuc dont la compétence en ces matières est indéniable. Et
c'est sur ce mélange qu'il s'est basé pour émettre l'opinion
qu'à une époque qu'il lui est impossible de préciser, les
caveaux ont été ouverts pour y introduire des ossements
étrangers. Cette opinion a pris le caractère d'une conviction
absolue, lorsqu'il s'est trouvé en face d'un tibia, enfoncé par
son extrémité supérieure dans un mortier très dur, qui
remplit le crâne du caveau de droite. Ce qui n'a pu arriver
naturellement ni à l'occasion de la fouille, mais par le fait
d'un homme qui a jeté le tibia dans le caveau où déjà se
trouvait le crâne. Ce cas ne serait pas particulier à Lanvaux ;
il s'étendrait, au rapport du môme docteur, à presque toutes
les tombes du même genre qu'il pst fort rare de rencontrer
.'ntactes.
Il faut avouer, d'ailleurs, que pour une raison ou pour une
autre, les mélanges d'ossemenis sont de tous les temps. Les
reliques de saint Goueznou, évêque de Léon, déposées pôle-
môle parmi les autres dans la sacristie, ne purent être re-
connues que par un miracle. Que les exemples d'un pareil
sans-gêne soient rares, on le conçoit. Ce qui ne Test pas,
c'est de voir les mélanges se produire dans les châsses
par suite d'un dérangement accidentel des reliques, ou
d'une confusion survenue parmi les étiquettes, ou du peu
de soin apporté à renouveler ces étiquettes, lorsque le temps
les a usées. A Saint-Magloire de Paris, dit Dé rie, des rou-
leaux de parchemins qui indiquaient les 'noms de plusieurs
saints sont effacés ; d'autres ne sont plus lisibles. Le trésor
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PREMIER ABBÉ DE LANVAUX 31
de Locmîné renferme quelques têtes de saints, dont une cer-
lainemeat de saint Colomban. Laquelle? on ne sait pas. Et
pourtant les authentiques, paraît-il, sont en règle. Qu'importe ?
On est fondé à dire des reliques qu'elles sont mélangées, du
moment que les étiquettes ne servent plus à les discerner.
Les mélanges furent surtout nombreux sous la Réforme et
sous la Révolution française, où les fidèles souvent n'avaient
pas d'autre moyen pour sauver les reliques de valeur. C'est
l'exemple qu'ont dû suivre, à Tune de ces époques troublées,
les religieux dé Lanvaûx. S'il fallait choisir entre les deux,
j'opinerais volontiers pour la Révolution. Dans le cas où le
mélange eût été produit au temps de la Ligue, est-ce que l'ins-
cription de 1740 n'y aurait pas fait une allusion quelconque?
Pourtant, cette inscription est très précise etse rapporte à un
seul personnage. Ce serait donc à la veille de la fermeture de
l'abbaye par le igbuvernement révolutionnaire, que les moines
se sont vus obligés, pour abriter ce qu'ils avaient de plus
précieux, de recourir à l'ouverture des caveaux.
Pour ouvrir les oeveaux, ils ont dû fracturer la voûte, et
sans se donner la peine de la relever, pressés sans doute
qu'ils étaient par le temps, ils ont trouvé plus expéditif de
combler les tombeaux, après avoir pris au préalable la pré-
caution, dans le but de garantir les ossements, de les couvrir
d'une couche de chaux éteinte. La couche de chaux dont ils
sont presque tous empâtés, autorise cette supposition*.
Il n'est pas vrai de dire, dans cette hypothèse, que la
voûte, après avoir été relevée, se soit d'elle-même effondrée.
Par le fait, un pareil ébranlement ne pouvait avoir lieu sans
amener à la surface du sol des crevasses plus ou moins
sensibles. Or,aucun affaissement ne s'est offert à mes regards.
lundis que la nef a été complètement bouleversée soit par
r
< fl j ? d'autres exemples. Jean de Montluc, évêque de Die, Ût au temps
de la Ligue renfermer dans sa tombe et couvrir de chaux lés reliques de
saint Etienne. — Dans le caveau de drmte. citait un nwjrtier d'arpile.
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32 LE BIENHEUREUX RUAUD
des chercheurs dfe trésor, soit par des expériences d*obus que
le directeur des forges y faisait sans scrupule, le sol du sanc-
tuaire est demeuré intact jusqu'aux fouilles de Tan passé.
X
Le mélange renferme les reliques du bienheureux Ruaud.
Cela est de toute évidence, à moins de supposer qu'en
introduisant dans les caveaux des ossements étrangers, les
religieux ont enlevé, dispersé ou détruit les ossements pri-
mitifs. Ce qui est absurde.
Qu'à une époque troublée, je le répète, la pensée soit
venue aux religieux d'ouvrir les caveaux du sanctuaire pour
y abriter des reliques, rien de plus sensé. J'ai rapporté que
l'évoque de Die avait espéré, par ce moyen, garantir de la
fureur des huguenots les reliques de saint Etienne.
Qu'après avoir ouvert les caveaux, ils^ aient succombé à
la tentation d'emporter, comme souvenir, des parcelles du
corps de leur fondateur, cela se conçoit de môme et explique,
jusqu'à un certain point, la présence d'ossement^ dépareillés
constatée par l'examinateur. Mais de prétendre qu'au mo-
ment d'y jeter des reliques pour les préserver de la destruc-
tion, ils aient du môme coup emporté ou dispersé le corps
out entier du bienheureux, cela est contradictoire. Ils ne
l'ont certainement pas emporté au temps de la Ligue, puisque
l'épitaphe de 1740 dit en termes formels :
Hic jacet beatus Rotaldus,
Ci-gît le bienheureux Ruaud.
Ils ne l'ont pas fait davantage au moment de leur expul-
sion, en 1790 ou 91. Pour quel motif l'enlever? Tout en pro-
fessant pour leur fondateur une vénération particulière, ils
ne lui rendaient pas de culte. Quand bien môme il eût été
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PREMIER ABBÉ DE LAN VAUX 33
Vobjet d'un culte, mieux valait encore le laisser sous terre.
On était à une époque où Ton enfouissait les trésors : on ne
les dél errait pas. Ç*eût été volontairement, sciemment, Tex^
poser à une profanation inévitable. Ils ne pouvaient agir de
la sorte, sous peine d*étre insensés. Et quelle raison avons-
nous de croire les moines plus insensés que les autres ? Non.
Ils ont introduit des ossements dans les caveaux du sanc-
tuaire pour assurer leur conservation; et ces ossements ont
été si bien conservés qu'on les a retrouvés : voilà la vérité.
Et comme d'autre part, il faut tenir pour certains les trois
points qui suivent :
Premièrement, que le corps du bienheureux Ruaud a été
inhiuné dans le sanctuaire de Tabbaye qu'il avait fondée ;
Deuxièmement, que les restes du bienheureux Ruaud y
reposaient au XVII* siècle, en 1740, et au moment de la Révo-
lution ;
Troisièmement, que le sanctuaire de Lan vaux ne renferme
aucune autre tombe ;
Cette conclusion s'impose :
Les restes du bienheureux Ruaud se trouvent en tout ou
en majeure partie parmi les ossements extraits des caveaux
de Lanvaux, et pour préciser davantage, parmi les ossements
du caveau central qui présentaient, seuls, la disposition li-
turgique que nous avons ci-dessus mentionnée.
Conclusion rigoureuse s*il en fut. Il n*en est pas moins
vrai qu'elle laisse subsister le mélange, et que ce mélange
est on ne peut plus malencontreux. Il est venu gâter une
belle découverte qui eût sans cela produit à nos yeux, qui
sdit? peut-être avec les restes authentiques du bienheureux
fondateur ecclésiastique, les restes du fondateur laïque, je
veux dire, du baron Alain de Lanvaux, probablement inhumé
dans le caveau de droite, d'un pied plus long que le caveau
central*.
* Le carean du bienheurdox est long d'environ 1*»94 et large de Om,78 ; le
2« caTeaa est long de 2*,25 et large de 0",90. Les eaveanx sont creusés à
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, !'• LIV. 3
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34 LE BIENHEUREUX RUAUD
XI
Inhumation au cimetière de Drandivy des reliques de Lanvaux.
Devant rimpossibilité matérielle de distinguer les reliques
recherchées, il ne restait plus qu'à procéder de nouveau à
rinhumation des ossements extraits du sanctuaire de Lan-
yaux. Mais pour réserver l'avenir, et dans Tespoir qu'un
document inédit viendra taire un jour la lumière sur ce
mélange, je les ai déposés séparément dans trois petits cer-
cueils et fait dresser de leur inhumation le procès-verbal
que voici :
Nous^ soussignés, certifions avoir assisté à l'inhumation
dans le cimetière de Brandivy, près du mur situé au levant,
des reliques extraites du sanctuaire de Lanvaux, et nous
rapportant aux déclarations de M. Tabbé Guilloux^ vicaire à
Brandivy, sur la provenance de ces reliques, avons enfermé
dans le cercueil contenant les ossements du caveau central,
une lame de zinc avec ces mots : ossa partim beati Ruaudi* ;
dans le cercueil contenant les ossements du caveau de
droite', une lame de zinc avec ces mots : ossements du caveau
de droite ; dans le cercueil contenant les ossements trouvés
à gauche du caveau central, une lame de zinc avec ces mots :
ossements hors caveau. Nous constatons, en outre, que ces
trois cercueils en chêne occupent au cimetière de Brandivy
rentrée du sanctuaire primitif, celui du bienheureux, au centre, en face
du maltre-autel. A la vue des restes de ce sanctuaire, vieux de tant de
siècles, abritant encore les caveaux, on se dit : « qu'un oratoire ferait bon
effet sur ces antiques et sacrées fondations !..«..>
^ Ossements en partie du bienheureux Ruaud.
* La droite d^in homme 'qui regarde vers TBSst.
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PREMIER ABBÉ OE LAN VAUX 35
les mêmes positions que les différentes sépultures occupaient
au sanctuaire de Lanvaux. »
Brandi vy, 3 décembre 1888.
Suivent les signatures de plusieurs ecclésiastiques.
La fosse commune a été surmontée d'une inscription dont
le critique le plus méticuleux ne saurait contester la justesse
et la légitimité. Voici cette inscription.
Ici reposent
Parmi d'autres ossements
Les précieux restes du bienheureux
Ruaud,
Fondateur de Tabbaye de Lanvaux, Tan 1138
Elu évoque de Vannes, Fan 1143,
Mort Tan 1177
Et
Inhumé
Selon sa volonté
Dans le sanctuaire de son abbaye.
Ces reliques
Découvertes le 12 juin 1888
Ont été transférées
En ce lieu
Le 3 décembre de la même année.
La môme inscription, à part quelques modifications néces-
saires surmonte les caveaux de Lanvaux. Les nombreux
étrangers qui viennent les visiter, pour peu qu'ils sachent
lire, apprennent de la sorte, par quelques mots placés sous
leurs yeux, quand et par qui a été fondée l'abbaye, et ce que
sont devenues ^es reliques du vénéré fondateur.
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36 LE BIENHEUREUX BUAUD, PREMIER ABBÉ DB LAN VAUX
XII
CONCLUSION
Et maintenant, la parole est au bienheureux Ruaud.
Exhumé contre toute attente après tant de siècles écoulés,
c'est à lui qu'il appartient désormais de plaider sa cause et
de confirmer par des signes sensibles son identité. Plusieurs
offrandes, certains faits sont propres à inspirer confiance.
Que du haut du ciel il daigne jeter sur tous ses invocateurs
un regard favorable! C'est mon vœu, c'est toute la récom-
pense que je souhaite de mes efforts.
Abbé GuiLLOux.
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NOTES D'ICONOGRAPHIE
Les thèses bretonnes illustrées, aux XV II" et XVIII* siècles,
(Suite.)
I. — Thèse dédiée au Chapitre et Doyen de Nantes,
IL ne reste de cette thèse que l'écoason dn Chapitre. Une clef et une
épée en saatoir ; le tout entouré de branches de laurier. — La gra-
vore n'est pas, signée mais peut être attribuée à l'époque de Léonard
Gautier, et a dû être gravée au commencement du XVI^' siècle.
(Bibliothèque national, P. G. 2.)
II. — D'AndPHERNBT, premier Président de Bennes.
Telle est la note manuscrite que le collectionneur a mise au bas d'un
énorme ôcusson soutenu par deux lions, qui porte : Ecartelé au 4
et 4 d'hermines et cPargent, au 9 et S de sable à V aigle éployée (Targent,
becquée et menibrée Sor^ armes de la famille d'Amphernet. Le tout
entouré du collier de Saint- Michel avec la devise : Sunt for lia fortibus
opta. Cette devise n'est point signalée par M. de Courcy. — M. de Carné
ne cite non plus aucun d'Amphernet parmi les chevaliers bretons de
l'ordre de Saint -Michel. Il est à remarquer aussi que René d'Amphernet,
président à mortier au Parlement de Bretagne en 1620, ne fut pas
premier président. — Non signé.
{Bibliothèque nationale, P. C. 1.)
m. — Gabriel Constantin, doyen de l'église d'Angers.
[Annot. man,)
Il est très possible que cette thèse soit plutôt angevine que bretonne.
Cependant Tabbé Constantin mourut doyen du Parlement de Bretagne.
Baaacoop des livres du château de la Lorie, vendus à Rennes en 1887,
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38 NOTES d'iconographie
portent sa signature. Cette famille s'était fondue par les Marmier, dans
le Fitz-James, derniers possesseurs de cette terre.
Ecusson entouré de génies ou d'anges qui se termîDent par une riche
gaine de fleurn et de fruits, et portant tes armes de la famille Constantin :
D^azur au rocher d'or mouvant d^une mer d'argent, — Signé : Roussel.
{IHblxothhque nationale, P. C. 2.)
IV. — SÉBASTIEN DE RosMADEG, évêque de Vannes [Annot,
man.) nommé en 4624, mort en 4646,
Une très grosse femm 3 revêtue du manteau d'hermines, qui doit symbo-
liser la Bretagne, présente à une autre très grosse femme, qui tient une
croix et doit figurer la Religion, un grand écusson, très beau comme
déploiement d'armoirie?, mais déplorable comme gravure. On n*a même
pas respecté le sens traditionnel dans lequel les hachures doivent être
exécutées pour représenter les couleurs, et tous les fonds semblent
être de sinople, tant les lignes sont de biais. Nous rectifions d'après
Farmorial de M. de Courcy :
Sur le tout : Paie d^nzur et d^argenty qui est Rosmadec, avt 4 d*axur
à quatre mâcles d'argent qui est Molac (les armes véritables sont :
De gueules à sept mâcles d'argent) ; au 2«. d!azur à une tour d'or qui est
Tyvarlen ; au 3«, d'azur à trois coquilles d'or qui est Plessis-Josso ; au
4«, d^hermines à trois chevrons de gueules qui est Plœuc (le graveur les
a chargés de m&cles) ; au b^ de gueules h la fasce d'hemines qui est la
Chapelle ; au 6*, d'azur au lion d'argent qui est Pont-Croix ; au7«, d'azur
à trois jumelles d'or qui est Lesperver (dont les vraies armes soni de
sable) ; enfin le 8« quartier porte une bordure de ituîcles, plus une figure
impossible à déterminer, tant le graveur y a mis délaisser aller La
devise porte : Hoc non viduata quid optem : — qu'on peut traduire ainsi
en l'appliquant àPévêque de Vannos : tant que je le posséderai, qu'ai-je
à désirer ! Souhait flatteur pour le personnage, qui mourut en effet sur le
siège de Vannes.
L'auteur de ce bel ouvrage a signé : G. Ladamb, inve. et fecit.
(Bibliothèque nationale, P.C. i.)
y, — Le même {vers 4 640),
Le fragment d'une seconde thèse dédiée au même prélat, porte
récusson décrit au numéro précédent, entouré de lourds ornements et
d'une draperie soutenue par deux anges. Signé : Fjrbnb.
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NOTES D*IGONOaRAPHIE 39
Firens était un assez médiocre graveur qai florissait à cette époqae
et ne s^eet pas dîstingaé dans ce travail.
(Biblioihèque nationale, P. G. 1.)
VI. — Christophe Budes. (Annot, mon.)
Ëcnsson des Bades. * D'argent au pin de sinople^ accosté de deux
fleurs de lys de gueules. Mais dans ce morceaa de thèse il porte une va-
riante : les deux fleurs de lys sont reléguées an canton senestre, et au
coin dextre sont juxtaposés un croissant et une merlette.
Tout ceci nous indique qu'il s'agit bien de Christophe Budes, époux en
1625 de Renée Bouilly. Il fut conseiller au Parlement en 1624 et garde
des sceaux de la chancellerie de Bretagne. La branche du Tertre-Jouan
à laquelle il appartenait, chargeait en effet ses armes au canton, dextre
d'un croissant de gueules. On y a ajouté une merlette, en souvenir de sa
grand'mère maternelle, Isabeau de Galiac. ou d*Annè de Gallac, grand-
mère de son père qui portaient cet oiseau dans leurs armes.
L'écu est entouré du collier de Saint-Michel, quoique M. de Camé ne
nomme pas Christophe dans ses biographies des chevaliers de cet ordre.
Il est peu probable qu'il s'agisse ici de son père Jean, capitaine de l'arrière-
ban de Saint-Brieuc, chevalier de l'Ordre en 1617, et, par la nature de
ses fonctions, moins apte à recevoir la dédicace d'une thèse, que son fils,
le conseiller au Parlement. On peut donc croire que Christophe a été dé-
coré lui-même de l'Ordre du Roy, ou qu'il a entouré son écusson de cet
insigne, en mémoire de son père — usurpation, qui, je crois, a été assez
en usage à partir de cette époque, et dont j'ai vu beaucoup d'exemples.
— Il faut dire que le collier est très décoratif et, soit en sculpture, soit
en peinture, accompagnait très bien un écusson.
(Bibliothèque nationale. P. C. 1).
VIL — Pierre Cornulier, évêque de Rennes (Ann. man.Jy
de 1619 à 1639.
Il ne reste de cette thèse qu'un écusson très simple aux armes de la
maison de Cornulier, surmonté de la crosse, de la mitre et du chapeau,
et entouré de simples enroulements de feuilles de laurier formant des
médaillons, dans chacun desquels se trouve une lettre de la dédicace sui-
vante : Pêlro CornuHero,
Cette gravure, d'un style plus ancien que l'époque où elle fut gravée
doit être du commencement de l'épiscopat de Pierre Cornulier, et lap-
pelleraic plutôt la fin duXVI* siècle ; elle est signée : Fiibms.
(Bibliothèque nationale. P, L. 2.)
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40 NOTES D'ICONOGRAPHIS
VIII. — Pauoon db Ris, premier président de Rennes.
(Ann, man.)
Même ornemtntatioa que la précédeiue; enroalemento réguliers de
palmes et d'olivier, formant des médaillons» dans chacun desquels est
une lettre de la dédicace: Jiexandro^atoofitd. Au centre, écusson de
premier président surmonté du mortier : au 1 et 4 d^argenl à la serre
de' faucon de guêuUs ; au 2 et 3 d'argent au taureau de saHe — En bas.
un antre écusson portait d^azur à deux léopards d'argent^ probablement
celui du personnage qui a soutenu la thèse, et qu'on ne peut déterminer
d*une manière certaine. I^a note manuscrite fait une erreur : Alexandre
Faucon de Ris n'est pas le premier président au Parlement de Bretagne,
qui s'appelait Glande. Il fût conseiller le 11 mars 1592, et quitta la
Bretagne pour devenir premier Président i Rouen de 1608 à 1626. Il
est évident que cette thèse lui fut dédiée pendant qu'il siégeait dans
cette dernière ville. — Signé : Fiebns.
(Bibliothèque nationale. P.C. l.)
IX. — GiLLis HucHBT DB LA BÉDOYÈRB, procureur général
au Parlement de Rennes. (Annot. man.J
Ecusson énorme, entouré de lourds lambrequins, surmonté d'qn casque.
Au dessus un lion en cimier. Supports : deux lions Sur le tout : d^argent
à trois huekets de sable, écartelé aux 4 et 4 d*azur à six biUettes percées
dPargent qui est La Bédoyère, aux 2 et 3 d^argent à trois coqs de sable
qui est du Gleuz de Redillac, dont était l'ayeule de Gilles. Le tout en-
touré du collier de Saint-Michel .
M. de Garné ne cite qu'un membre de cette famille qui ait été décoré
de l'ordre du Roi. Il était arrière-cousin de Gilles ; il n'est guère probable
que le procureur général ait voulu se parer des plumes du paon. On
peut donc supposer que l'annotation manuscrite est fausse, et qu'il
b'agttici de Briand Huchet, chevalier de l'ordre en 1648, bu que Gilles
Huchet l'a été lui-même ; ce que nous ignorions.
Briand épousa en 1623 Louise Rabinard du Piessix-Gintré, et fut le.
premier auteur de la branche de ce nom. Il mourut après 1668.
Gilles Huchet de La Bédoyère procureur général en 1 63 1 , épousa en 1 622
Louise Barrin et eut postérité, d'où est sortie la branche de La Bédoyère.
Cette gravure est signée : Noblit, f.
{Bibliothèque nationale. P. G. 1.)
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NOTBS d'iconographie 41
X. — Thèse de Vabbé de Bruc.
Noos sortons enfin des simples écussons, si sottement matllés par
Tamateor anonyme dont la Bibliothèque natioaale a hérité, et nous
abordons nne rare et saperbe pièce, mais dont il faut cependant chercher
les membres épars (dtsjecta membra I) dans plusieurs recueils.
La collection des portraits de la Bibliothèque nationale, classée par
ordre alphabétique, contient celui de Tabbé de Bruc découpé absolument
comme une image faite pour amuser les enfants ! 11 e«t cité dans le P.
Lelong. Le personnage est de profil, dirigé à droite, agenouillé, la main
éloYée en l'air, et en bas cette note manuscrite : c tiré d'une thèse de
théologie soutenue et dédiée le 6 février 1634 au cardinal dj Richelieu.
Gravée par Laskb. »
Noos avons retrouvé, non pas» hélas ! le reste de la thèse, mais de no-
tables fragments dans le volume de la Bibliothèque, côté P. G. 1. Elle
devût étr<) magnifique, mais elle est tellement mutilée que Ton ne peut
guère dire tout d'abord, si la planche était unique. Cependant la signa-
tare M. Lasne fMitet exeudit qu'on lit dans la partie supérieure, et D. A.
G. inv. M. Lasne ex aux.., (le reste contenant Tadresse est coupé), que
Ton voit dans la partie inférieure, nous fait supposer qu'elle se composait
deux morceaux.
Le fragment supérieur représente dans de très graLdes proportions,
Hercule soutenant le monde de concert avec le roi Atlas. C'est une gra-
Tore vigoureuse et d*un très bel effet : elle signifie évidemment que
Richelieu était l'Hercule aidant le roi de France à supporter le poids de
ronirers.
Au-dessoas de cette belle page se trouve la dédicace à Richelieu, avec
ses armes des deux côtés soutenues par des génies. Elle est signée : Hbnri
DB BauG.
Puis venaient les propositions de la thèse encadrées, tout autour par
douze jolis médaillons ovales représentant les travaux d*Hercule. On a
enlevé ce texte, et si bien découpé les deux colonnes de médaillons, qu'il
n'en reste plus que huit. Par ceux qui ont échapp)§ au naufrage, on
voit que les travaux du demi-dieu étaient habilement môles à ceux du
grand ministre. Ces médaillons représentent : 1<* Albion Nepiunius ewn
fraire repressus. Le triomphe d'Hercule sur Albion fils de Neptune, qui
n'est pas on de ses plus célèbres exploits, semble bien vouloir re-
présenter le triomphe de Richelieu sur les Anghiis par la prise de la
Rochelle ; ^ Le taureau de l'ile de Crète ; 3» La lutte avec Antée ; 4* Les
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42 NOTES d'iconographie
I
colonnes d'Hercule ; 5* Stemit rebelles. Qe qui, sans autre désignation,
s'applique encore plus à Richelieu qu'à son modèle ; 7^ Des captifs
chargés de chaînes accompagnés de cette devise : Amant sua vincula ;
Enfin, 8® le Dieu dans un petit temple circulaire et au-dessous l'inscription
rfiueageies, qui s'applique fort peu à Hercule, et beaucoup à Richelieu
soi-disant poète, fondateur de l'Académie française et auteur de Mirame.
Enfin tout en bas, à gauche, se retrouve le portrait de Tobbê de Bruc
déjà cité, à genoux et levant les bras vers son protecteur.
Cet abbé était fils de Jean II de Bruc, 8'' de la Guerche et Monfplaisir,
procureui; général syndic des Etats, et de Marie Venier.II fut aumônier du
Roi, et abbé de Saint^Gildas-de-Rhuys, dit M. de Gourcy ; l'abbé Tres-
vaux dit qu'il assista aux Etats de 1632, comme abbé de Saint-Gildas-des-
Bois. — Il mourut peu après avoir passé sa thèse, en 1635. Une généalogie
delà famille de Bruc «ajoute à ces titres, celui de Conseiller d'état, d'abbé de
Bellefontaine, au diocèse de laRochelle, et d'Orbay, danscelui de Soissons.
— Une aussi belle thèse méritait bien ces multiples récompenses.
XI. — Philippe Cospean, évêque de Nantes, (Annot. man,)
Ëcusson soutenu par deux anges dont l'un tient la mitre, l'autre la
crosse. Un ange voltige sous le chapeau qull soutient avec grâce. Des lis
poussenttout autour, et sont accompagnés de la devise: Paseiiur inter lilia,
Ecarlelé au 4 et 4 d'azur à trois bouierolUs dor , au i et S d'or à la
croix alésée de gueules.
Cette gravure n'est pas signée. — Philippe Cospean fut évéque de
Nantes de 1621 à 1635, puis de Lisi^ux, jusqu'à sa mort, en 1646.
(Bibliothèque nationale. P. C. 2.)
XII. — Daniel Hay, abbé de Chambon, [Ann. man.)
Ecusson ovale, entouré de cartouches portant le lion d'argent des
Hay sur fond de sable, surmonté d'un lambel d'argent, l'écusson est
accompagné de la mitre et de la crosse. La prudence et la justice le sou-
tiennent. — FiRBNs, excudit.
Daniel Hay, né en 1596, académicien en 1635, mort en 1671, fut abbé de
Chambon, on ne sait trop à quelle époque. Il est Hkcheux que ce fragment
ne soit pas daté et qu'il ne soit pas plus complet, car on sait si peu de
chose sur cet obscur immortel, comme l'appelle M. Eerviler, que ce
serait au moins un détail de plus à ajouter à sa biographie.
(Bibliothèque nationale P. C. 2.)
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NOTES d'IGONOGRAPHIK 43
X[II. — Thèse cTYves Philippe.
Cette pièce est conserTée à la Biblîothèqne nationale, dans rœuyre de
Rousselet. Elle est dMiée an Parlement de Bretagne. Son ornementation
très nche et tr^s compliquée, en fait un morceau intéressant, et prouve
qa*elle fat sontenue avec une grande solennité an collège des Jésuites de
Rennes.
C'est une planche grand in-folio. A la partie supérieure, la Justice
préside, la Sagesse et la Religion sont à ses côtés. Au-dessous de ce groupe
se Ut cette devise : Justitia prœsidety adjutrice pietate, comité sjpientid,
La France siège auprès de la Religion ; la Bretagne auprès de la Sagesse.
Elle est reconnaissable à son manteau d'hermine, et porte le collier de
Tordre national de TEpi. ^ En haut, à gauche, sont les armes de la France,
et à droite, sur la même ligne, celles de Richelieu leur font pendant.
Sons les pieds de la Justice est un petit médaillon avec Tinscription
Rhedones, où Ton distingue une vue de Rennes. Malgré les proportions
restreintes, on peut y reconnaître notre ancienne tour de Thorloge,
accompagnée de bien des clochers I
La partie inférieure de la thèse se compose d'abord de la dédicace :
Augustitsimo sanctissimoque Britannix aremoricarum Senatui, addic-
iissimi Philosophi Colleçii Sanlhomani Rhedonensis Soc. Jesu. » — Yves
Philippe était probablement Télève le plus distingué de la classe, et
quoique sa personnalité soit aciùellement fort oubliée, il fut évidemment
choisi pour représenter ses condisciples et donner à l'auguste et très
saint Parlement de Bretagne, une haute idée de leur savoir, et le dernier
écho de ce jour de gloire conservé dans cette intéressante pièce, a porté
jusqu'à nous le nom d'Yves Philippe de Tréguier.
Cette partie inférieure est encadrée de huit médainons ovales repré-
sentant les huit autres évèchés de Bretagne, à gauche : Nannetes, Curio-
sopites, Dolenses (où l'on reconnaît bien les tours de la Cathédrale,)
Leonenses ; à droite : Veneti, Maclovienses, Briocenses, Trécorenses. —
Au-dessous de ces médaillons et encadrant avec eux le texte de la thèse,
on voit à gauche l'Abondance et à droite. Neptune avec cette inscrip*
tion : ' PoicU partem opère in ianlo soloque saloque — Solo se trouve
sous TAbondance, Sologne sous Neptune Cette énigme Intine est assez
inoompréhensible. Tout en bas enfin, le nom du répondant : Yvo Phi-
Hppus Trecorensis, in logico Rhedonensis lycœo, anno 1635, mense Julio,
die XV horis solitis. — Pais : Armorici patres dont jura, et au coin
gauche un génie supportant les armes de Bretagne — Un autre à droite,
supporte celles de Rennes.
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44 NOTES d'iconographie
On voit cpi'il y a bien des choses dans cette thèse — et qa'en outre,
elle a pour nous le mérite d'être bien spécialement rennaise. Malheureu-
sement le dessin est peu gracieux, la gravure très lourdement exécutée. —
Rousselet qui l'a signée ne s*est pas signalé dans cette grande composi-
tion GBoiD. R0U8SELBT9 sculp.
{Bibliothèque nationale. Ed. 40)
XIV. — Robert Gupip, évêgue de Léon, (Annon, man.) Cet
évêque occupa le siège de Léon de i65 7 à 1648, et celui
de Dolde i64.S à sa mort en 1657.
Grand écusson soutenu par deux anges debout, portant mi-parti cPa"
sur au lion éPargent tenant une crosse, ce qui est probablement le blason
du chapitre de Léon , mi-parti ft'axur à trois trèfles émargent. M. de
CiOurcy donne pour armes à Robert Gupif : cPargent à trois trèfles de n-
nople. Mais la gravure est si mal faite, que toutes les erreurs peuvent s*y
rencontrer. De plus, les deux anges sont aussi disgracieux que possible.
Signé : Roussel.
(Bibliothèque nationale. P. G. 2).
XV. -— Le maréchal de Guébrund.
Il ne r^ste de cette thèse que la partie supérieure. C'est un magnifique
portrait du héros à cheval, revêtu de la cuirasse. Un génie le couronne
de lauriers. Deux tutres soutiennent dans les airs un écusson où le bla-
son des Budes est au premier quartier, et sur le tout celui de la famille
de Gouvran (d'or à sept mâcUs d^azur) dont le maréchal descendait par
les femmes.
Au fond est une bataille où il est au premier plan, et naturellement
dans de très petites proportions. Mais Tartiste pour le rendre bien re-
connaissable, a eu soin de figurer même à cette distance Templàtre noire
qu'une ancienne blessure le força de porter à demeure sur la joue. Cette
gravure est tellement rognée,qu*iln'y a pas de signatures. M.de Snrgères,
dans son Iconographie bretonne, cite deux portraits équestres du maréchal.
L'un de Greg. Huret, l'autre de Moncomet. Je n*ai pu les comparer
entre eux, mais je ne crois pas que ce soit un de ceux la.
{Bibliothèque nationale. P. C. 1.)
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NOTES d'iconographie 45
XVI — François de Kergroaoèz, chevalier breton[Ann,man,
ËCQsaon mi-parti foicé émargent et de gueules, mi-partI échigueté
éTargent et d^azur entouré du collier de Saint-Michel. Âutoar de Técn
sont groupées la Force, la Paix, la Science, la Renommée Celle-ci em-
boache comme toujours ses trompettes, d*où sortent sur nin ruban
flottant ces mots : Légitime c^tantihus sic sperare lieet. Signé : Firbub.
François de Kergoradès épousa en 1621 Claude de Kerhœnt dont les
armes sont accolées aux siennes dan» cet écusson. M de Carné le cite
parmi les chevaliers de Saint^Michel qui paraissent douteux, puisqu'il
n^est mentionné avec ce titre dans aucun document contemporain. Ce
frontispice de thèse prouverait la réalité de sa nomination dans l'ordre. -—
A moins qnMl n*ait, aussi lui, conservé autour de son écusson le collier
que reçut son père en 1598. La devise Légitime certintihus, etc. ... si
elle ne s'applique pas aux légitimes et scientifiques combats du répondant
à la thèse, pouvait bien faire allusioa aux services du père de François de
Kergroadès qui combattit vaillamment pendant la Ligue pour le parti du
Roi. Au reste il existe un assez beau portrait de ce second François
gravé par Michel Lasne vers 1646, qui prouve que ce seigneur avait
continué lanotoriété paternelle. Il est représenté en cuirasse,avec Técharpe
blanche. — Malgré sa vie toute militaire, il était parait -il, assez lettré
pour qu'on lui dédiât des thèses.
(Bibliothèque nationale. P. C. 1.)
XVn. —Gabriel de Beavweav yEvéque de Nantes.(Ann.man.)
Il n'existe plus de cette thèse que Técusson de Tévèque: d'azur à quatre
lions cantonnés de gueules, armés de couronnes d^or. - Il est de très
grande dimension, et signé : Humbblot, sculp M. de Beauveau occupa
le siège de Nantes de 1635 à 1668.
{Bibliothèque nationale. P. G. 2.
XVIII.— Achille de RAKLAY^évéquede Saint'Malo.{Ann.man.)
Simple écusson sans signature aux armes de l'évèque : d'aryen/ h deua
pals de sable.
(Bibliothèque nationale. P. C. 2.)
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46 NOTES d'iconographie
XIX. —Jean Glé, S^ de la Costardaye, Vicomte de Médréac,
[arm. man.) —Fragments de deux thèses.
1^ Ecusson d*asuf à cinq glés ^u s<mris d'argent, (Les véritables armes
sont d'o» à einq glés de gueules,) Sur un vitrail de l'église de Pleomeleuc
où les Glé possédaient la seigneurie de la Besneraye, il n'y en a que
trois.
Pour supports : Mars et Minerve. — Hdmbblot, fecit.
2* Même écusson écartelé. Au i^"^ d'azur à cinq glés d'argent^ au 2«
mi- parti d'argent et de gueules à deux léopards d'argent de Vun en Vautre
qui est la Gostardaye, famille fondue dans Glé ; au 3* A'azur à 7 Hllettes
d'argent^ une bande d'hermine brochant sur le tout, qui est Perron —
au 4" émargent à trois hameçons de gueules qui est Jarnouen, s' de Viilartay
et de Beaurocher en Guenroc. Ges deux derniers quartier indiquant des
alliances que nous n'avons pu retrouver.
Nous pensons que ce vicomte de Médréac doit être Jean Glé. seigneur
de la Gostardaye, mort avant 1650, époux de Marie- Anne de Montigny,
et père de Gabrielle Glé, dame du palais de la Reine, qui épousa le frère
de la duchesse de la Vallière. Le graveur a pris si peu de soin d'indiquer
exactement les émaux qu'il a mis partout des fonds de siaople, sans
s'inquiéter delà véritable couleur des armoiries.
[Bibliothèque nationale. P. G. 1.)
XX. — Henri du Refuge. « Abba^ Maurigniacensis et Sancti
Eparchi. » (Morigny au diocèse de Toul et Sàint-Cybard
dans celui dAngoulême).
Henri dd Refuge était Qls d'Bastache, ambassadeur ^n Scisse et en
Hollande, et petit-ûls de Jean, conseiller au parlement de Bre-
tagne — 11 fut conseiller à celui de Paris, et mourut en 1667. Gette
thèse, dont la partie héraldique subsiste seule à la Bibliothèque
nationale, est conservée tout entière à la bibliothèque Sainte-Geneviève.
L'écusson de la famille du Refuge qui portait : d'argent h deux fasces de
gueules^ deux bisses affrontées d*azur en pal, a pour supports les deux
bisses, guivres ou couleuvres démesurément grandies et ressemblant à
d'horribles pieuvres. Elles accompagnent aussi une foule de choses, un
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NOTES d'iconographie 47
ûambean» un faisceaa» un calice, une balance — et sur le tout les insignes
d'abbé, la mitre et la crosse. —La thèse est dédiée à l'abbé du Refage
par un personnage étranger à la Bretagne.
{Bibliothèque nationale. P. G. 2. — Bibliothèque sainte-Geneviève,
recueil de thèses,)
XXI'. — Thèse dviauguration du Palais du Parlement •
à Rennes.
Cette belle thèse est un morceau capital pour l'iconographie bretonne.
— - Ce n'est point un raccord de deux gravures banales préparées d'à-
Tance et applicables à tous sujets. La planche est d*unseul morceau, et
ht circonstance pour laquelle elle fut exécutée était trop importante pour
que les Jésuites, si soigneux d'embellir leurs solennités, n*aient pas em-
ployé toutes les ressources de l'art pour en conserTer la mémoire.
£n haut de la plancha et au-dessous de l'écusson de France se trouve
la dédicace : Augustissimo Armoricœ senatui, Logici Rhedonenses P. P.
1654. — Le fond de la partie supérieure de la gravure est occupé par les
soubassements du Palais de Rennes, avec le perron tel qu'il existait
autrefois.
La Justice, l'Abondance et la Paix descendent du ciel, portées sur des
nuages, et au pied de ce perron, le premier président accompagné de deux
autres magistrats, invite poliment les déesses à y monter et s'apprête lui-
même à les suivre, ou peut-être à les précéder pour leur faire les
honneurs du sanctuaire.
Au premier plan, la Bretagne en manteau d'hermines et ornée du col-
lier de l'épi, s'incline avec respect, et s'apprôte aussi à prendre possession
de rédifice. Deux femmes la suivent, Tune montrant Técusson d'hermines,
l'autre portant les clefs du monument. Cette ornementation symbolique,
tous ces personnages s'apprôtant à entrer au palais, nous prouvent que
c'est au moment de son inauguration et pour célébrer la prochaine prise
de possession, que ces exercices scientifiques ont eu lieu. C'était un di-
vertissement sérieux et très approprié à l'événement qu'il s'agissait de
fêter. Le parlement fut définitivement installé le 8 janvier 1655, et les
joutes philosophiques sont datées du i*' juillet précédent'.
* En effet, on lit dans les registres des délibérations du corps municipal de
Rennes pour 1654, et à la date du 15 août : « Le syndic représente que le
père Préfet assisté d'an antre père Jésuite étaient en la grande salle et de-
mandaient à être oiiis, a requis qu'on les eust fait entrer» Ce qui faict a
eaté. Le P. Préfet a dict que Mercredy prochain se fera les jeux publics aux
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48 ' NOTES d'iconographie
Tout autour de cette grande planche sont, disposés, avec beaucoup de
goût, les 105 écussons de tous les mngistrats de la cour suprôme vivant à
cette époque. Cet ornementation d*un grand intérêt héraldique, est très
riche et curieuse. — Deux renommées, qui ont un peu Tair de faire des
exercices de trapèze, soutiennent cette guirlande en haut, et deux autres
âgures de femmes les accompagnent dans le bas. Un élégant génie letient
dans ses mains tous les rubansqui relient les écussons.
Tout au bas on lit : Has thèses propugnabunt in aula coUeg. rhed. soc.
Jesu ai»n. 1654 die I et Jul.
ŒoiD. PiNczoN Rhed. Guido. Esme Brioc,
Car. db la Boubxière Dol, Guido. Pinel Macl.
Franc, db Bblouan Venet, GutL. db la Nob Brioc.
Franc. Pinczon Bhed, Guil. de la Noub Andeg,
Guido. de la Villéon BtHoc. Guil. Maudbt Rhed.
Guil. Nicolas Treoor. Joan. Stbnou Trecorensis,
HiLAR. DE FoRSANz Macl. JuL. BucHÉ Costrobrietisis.
Jacobus. Gallays Brioc, Jul. Couppbl Rhedonensis.
Jac. Gutardet Venet. Lud. Gentil Rhedonensis,
Joan. db la Noë Brioc. Mauric. de Kbrmoyban Trecorensis.
Joan. de Kerboulart Venet. Mich. Gosnbllb Nannetensis,
Joan. Dbsclaux Tolos. Mica. Rouillé Dinanensis.
Joan. Dbsmarchix Mcu;l. Oli. Charpentier Nanti.
Joan. Feudé RTied. Petrus. Aubréb Rhed.
Joan. le Drouzbc Trec. Pe. le Bez Rhed.
Joan. Lottaux Castrob. Pe. Pommeret Rfisd.
Pe. Terrien Brioc.
Tuss. DU Moustbrou Trec.
Vinc. Furet Brioc.
Yvo. Coroller Trec.
Yvo. EvENOu Trec.
Ala. Guyart Macl.
Pb. DR LA Lande Rhed.
Jésuites de la manière accoustumée et est venu de la part de leur compagnie
prier MM. de la C*« de vouloir assister comme étant leurs fondateurs, et ont
représenté les plasquarts : Lesquels ont été remerciés par M. de la Hurlaie
président de la dite assemblée, et arrêté que Thuissier de la ville, et officier
porte-casaques, iront mercredy avec leur hallebardes garder la place de
MM. de cette C*« qui s'y voudront trouver. »
Ce passage s'applique évidemment à notre thèse, quoiqu*elle porte une date
antérieure Cl«r juillet). Il est évident que la cérémonie aura été retardée par
quelque circonstance rarticulière, sans qu'on ait cru nécessaire de changer
Jri date sur les placards déjà imprimés.
J*ai été heureux de pouvoir signaler cette curieuse pièce à M. de Surgères
pour son excellAite Iconographie bretonne ainsi qu'une autre thèse aussi
ti^lJe, soutenue par les élèves du Collège de Vannes et dont nous verrons plus
loin la description détaillée (n» 31). Après de nouvelles recherches, j'ai
riécouvert à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, un second exemplaire de
celle-ci, mais en moins bon état.
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NOTES d'iconographie 49
Cette thèse est signée : G. Lbbrun fecit. Lebrun en a gravé asse^ peu,
et cet exemplaire, qui fait partie de ma collection est une première
épreave. On voit les essais du burin qui n'ont pas encore été efiRiu^és sur
les marges. La gravure, assez lâchée dans les figures allégoriques, est
plus soignée dans le reste.
Mais ce qui lait l'intérêt principal de cette pièce, c'est qu'elle nous
donne un portrait inconnu du premier président de Gucé et le premier
en date. Le seul qui ait été décrit jusqu'ici est une charmante et rare
gravure de Landry datée de 1661 après la mort du personnage. Celui-ci
a été fait pendant sa vie. Mais comme il est probable qu'il n'a pas été
poser à Paris, il est certain que les deux estampes ont été faites d'après
la même peinture. Le premier est moins soigné que le second, mais
tous les plus petits détails des cheveux et de la coiffure se trouvent repro-
duite dans les deux pièces, et indiquent leur origine commune.
Lw deax autres présidents qui accompagnent Henri deBourgneuf Gacé
sont évidemment Christophe Fouquet et Claude de Marbœuf, présidents
à mortier à la même époque et dont la ressemblance est assez conforme
atu deux portraits gravés qui existent d'eux pour qu'on puisse être certain
de cette attribution. Ce sont aussi deux portraits inédits jusqu'à présent.
(A suivre.)
O* BB Palys.
^ ^,| ^ NOTICES. — VI* ANNEE, l'* LIV.
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r
RECHERCHES
SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
DE L'ANCIENNE PROVINCE DE BRETAGNE
l/a _ xh Siècle
§ 3. — Septième siècle.
LE septième siècle de Tère chrétienne, qui fut un siècle de
merveilleux épanouissement pour la sainteté et pour les
ordres monastiques, n'a point été non plus sans gloire,
sous le rapport littéraire. La Bretagne,en particulier, lui doit,
si je ne me trompe, sept écrits tous hagiographiques d'un réel
mérite : ce sont les Vies originales des saints Samson, Paul
, de Léon, Patern, Malo et Judicael avec celles des saints Brieuc
et Gildas. Pourquoi suis-je obligé d'ajouter que quelques-
unes d'entre elles paraissent perdues sçins retour. Deux aussi
ont reçu récemment les honneurs de l'impression ; ce sont
celles des saints Brieuc et Samson, avec un fragment de
celle de saint Judicaôl*. Je vais néanmoins m'appliquer à
* La Vie de saint Brieuc a para dans les Analecta Bollandiana, t. ii,
pp. 161-190.
Celle de saint Samson, id. t. vi, pp. 76-96.
Le fragment de ceUe de saint Judicaël, id. t. lu, p. 158.
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RE0HERGHE8 SUR LES ORIGINES UTTÉRAIRE8 51
faire connaître brièvement les unes et les autres, dans la
mesure de ce qui sera possible à ma faiblesse, en commen-
çant, comme il est juste, par celle de saint Samson, le
plus illustre des thaumarturges de la Bretagne.
1. — Première vie de saint Samson, évêque de Dol
(28 juillet 560-580.)
La vie de saint Samson, dont je veux parler ici, n'est pas
celle que Mabillon et les Bollandistes ont donnée au public
en la déclarant originale, car sans vouloir diminuer en rien la
valeur et le mérite incontesté de l'écrit, qui a obtenu la pré-
férence de ces savants, il me semble cependant qu'on Ta
surfait en le présentant comme- primigenius. L'auteur lui
même, en effet, est le premier à avouer qu'il n'est qu'un
écrivain de seconde maiii et un abréviateur*. Quant aux
passages qui passent pour originaux aux yeux des critiques,
auxquels je fais allusion, ils ne sont tout simplement, j'en
suis convaincu, qu'un extrait presque textuel de Tanonyme,
sur lequel j'appelle en ce moment l'attention. Celui-ci était
véritablement contemporain. Il est possible qu'il n'ait pas
été disciple du saint mais il avait au moins conversé avec ceux
qui avaient eu cet honneur, et leur devait la connaissance de
presque tout ce qu'il raconte. Son récit, déjà plus étendu que
celui du second biographe, offre en outre beaucoup plus
d'intérêt pour les Bretons d'Armorique, car l'auteur a
consacré la moitié de son travail à raconter les actions
et les miracles de Samson sur le continent, tandis que son
abréviateur n'en parle qu'en passant obiter, et ne s'étend
guère que sur la première période de la vie de son héros.
Ce qui expiique, d'ailleurs, pourquoi cette vie originale
n'a pas obtenu plus de faveur jusqu'à présent, c'est qu'elle
« Voir le double prologue des livres 1 et 2, no 9 du livre secondi etc.
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52 RECHERCHES SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
n'avait été étudiée que sur des manuscrits à la fois interpolés
et incomplets*. Une meilleure fortune m'était réservée. J'ai
eu, en effet, l'avantage d'en retrouver plusieurs exemplaires,
exempts de lacunes et d'interpolations*. Il y a plus, j'ai pu
avoir entre Ifes mains la copie littérale qu'en transcrivit au
douzième siècle, pour son propre usage, le célèbre Baudry .
de Dol, l'un des successeurs du saint, en se contentant de
l'orner d'une préface et de quelques annotations*. Je revien-
drai sur ce sujet au paragraphe suivant, quand il s'agira de
préciser l'âge de la vie (imprimée) de saint Samson. Mais on
devine déjà sans peine, combien il était important de publier
intégralement le document, dont je m'occupe en ce moment.
Le style, à part quelques néologismes et quelques longueurs
ne manquent de correction, ni de clarté et d'élégance.
II. — Premières vies de S. Paul de Léon et de S. Malo.
IjCS premières vies de ces deux saints ne sont point arri-
vées jusqu'à nous, mais nous savons par Wrimonoc et par
Bili qu'elles n'étaient pas sans prix. Le premier nous apprend
en effet que les faits et gestes de l'apôtre breton du Léon
avaient été retracés, avant lui, par^un ancien auteur, peut-
être par un contemporain ou un disciple du saint. Cet écrit
original, n'était plus de mode à son jugement, au neuvième
siècle, et c'est pourquoi il essaya de le rajeunir en lui don-
nant, n est vrai, une nouvelle forme*, mais aussi en lui em-
pruntant et à lui seul toute la substance des faits. Ce qui
prouve assez combien ce document avait de valeur réelle.
« V. Biblioth. Plopiac, p. 464. Acta SS. Bolland., t. vi, Julii. p. &7d, etc.
> V. Biblioth. Nationale. Codic. latini, n»« 5323, 10,87?, 12,600, 14.651 ;
français, 22,3Z1 ; bibl. d^Angers, n* 719.
* Ibid. (Paris), latini n* 5350. Ce manuscrit ne renferme absolument que
le texte de Baudry.
* « Paul! Aureliani gesta primitus veteri constructione depicta sunt, sed.
aucta TÎdeantur nostro floruisse labore. » Vie de saint Paul, prolog. Analecta
J?oZtefwf.,t. I, p. 212.
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DC; l'ancienne province de BRETAGNE 53
Btli, qui retraça également au neuvième siècle la vie de
saint Malo, affirme à son tour que le premier biographe de
ce saint évoque vivait longtemps avant lui, et était entré
dans de grands détails sur la naissance et les pérégrinations
de son héros» grâce aux renseignements qu'il tenait de té-
moins oculaires. Mais il ajoute aussi avec douleur que plu-
sieurs, après ce premier biographe, reprirent le même thème
et ne craignirent pas d'interpoler et de corrompre l'écrit en
question*. Deux conclusions importantes ressortent de là :
ia première, que l'anonyme en question était très rapproché
du temps de saint Malo; la seconde, que les lettrés ne man-
quaient pas au pays, puisque Malotrouvait tant de biographes.
III. — Première vie de S. Gildas.
(29 janvier 570?)
L*a première vie (d'origine armoricaine), aujourd'hui perdue
de saint Oildas-le-Sage, remonte-t-elle à la môme date du
septième siècle ? C'est une question, mais je me sens porté à la
résoudre affirmativement. Une sorte de certitude morale ré-
sulte pour moi des détails parfois minutieux qui sont con-
signés dans l'anonyme du onzième siècle, auquel nous de-
vons une seconde vie du môme saint. Car cet anonyme, de
l'aveu de tous les critiques, étai^ un homme embrasé du zèle
de la vérité, incapable de feindre et de tromper, et d'autre
part^ il est impossible que de tels détails, tant de noms de
lieux et de personnes aient été conservés par la seule tra-
dition orale. Cet anonyme a donc eu entre les mains des mé-
moires écrits, c'est-à-dire, une vie antérieure, et nous se-
« Loago tempore, antequam nos orti fuissemus, aliua seqaens viiam, pere-
gTÎDationem, atque in multis locis habitationem S. Machutis, episcopi in libro
Adeater atqoe fideliter, sicut ab aliis sapientibus audivit et didicit, scribere
cttraTÎt. Sed postea muitis eam scribere tantantibus, eam nos esse vitiatam
▼îdemos, etc. (Vie de saint Malo, par Bill. Prologue). Rennes, Plihon,
«884. in-8*.
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54 RECHERCHES SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
rions sans doute pleinement renseignés par lui-même à cet
égard, si le Prologue de la vie en question de saint Gildas
ne nous avait point été ravi par les injures du temps.
L'auteur y renvoie d'ailleurs formellement^ au moins une
fois,lorsqu'il affirme qu'il a pour garant de ses assertions une
relation véridique*. Car, dans la cirtjonstance, il ne peut être
question que d'un document écrit.
Ce qui vient d*être dit de saint Paul et de saint Malo avait
trait à des écrits inédits ou perdus du septième siècle.
Revenons maintenant à ceux, qui ont reçu les honneurs
de l'impression, savoir : les Vies des SS. Brieuc, Patern et
Judicaël.
IV. — Vie de saint Brieuc
On a vu plus haut que saint Cieux a droit d'être regardé
comme le premier biographe de saintBrieuc,mais que son écrit
ne nous est point parvenu. Le travail fut heureusement repris
de bonne heure en sous œuvre par un anonyme, qui, sans
être très circonstancié, est entré cependant dans certains
détails du plus haut intérêt sur la naissance du saint, sur les
années qu'il f»assa auprès de saint Germain d'Auxerre, sur
son double et fécond apostolat en Irlande et en Armorique.
Si cet écrit ne porte point avec lui de date précise, on peut
cependant affirmer avec certitude à son sujet qu'il est anté-
rieure la translation à saint Serge d'Angers (v 850) du corps
de saint Brieuc*. De plus, la simplicité et la correction du
style jointes à une certaine élégance, toutes qualités assez
rares au huitième siècle, m'ont amené à penser que cet ano-
nyme pouvait appartenir aux dernières années du septième
siècle.
* Sicut Teridicâ relatione didicimus. {Vie de saint Gildos^ n® !9).
» Vie de saint Brieuc, n. 58.
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DE l'ancienne province DE BRETAGNE 55
V. — Vie de S. Patern, évT:que de Vannes
[16 avril 550-560).
La Vie de saint Patern, de Vannes, publiée d'abord par les
Bollandisies d'après d'anciens légendaires, vient de l'être
tout récemment d'une manière bien plus correcte sur les
manuscrits par Rice Rees*. Elle a pour auteur un anonyme,
dont la date est assez incertaine, et dont la patrie est môme
douteuse, en sorte qu'on ignore s'il est originaire du pays
de Galles ou de notre Bretagne. Sans prétendre ici résoudre
cette double question, je me contenterai de faire remarquer
que cet anonyme est relativement bien sobre sur l'article des
prodiges et des miracles, si on le compare aux autres hagio-
graphes gallois et irlandais : c'est pour cela que je le crois
armoricain.
En second lieu, la simplicité au moins relative du style de
cet auteur, semble également annoncer le septième siècle.
Quoi qu'il en soit d'ailleurs de cette double question, ce qui
n'est guère contesté, c'est que cet auteur paraît digne de faire
autorité, c'est que son écrit est l'unique source où sont venus
puiser et où devront puiser tous les biographes passés et
futiu-s de saint Patern. Sans lui, nous n'aurions jamais su que
saint Patern était né à Vannes même, bien que sa vie monas-
tique et ses premières années d'épiscopat aient eu pour
théâtre le pays de Galles. Ce ne fut en effet que dans la der-
nière moitié de sa vie que Patern, appelé par le comte
Guéroch, revint sur le continent, et continua à Vannes son
ministère épiscopal, qu'il avait inauguré dans l'île de Breta-
gne.
I 4cta SS. t. 2 april. — Life of the Gambro-British saint.
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50 RBGHBRCHBS SUR LES ORIQINEft LITTERAIRES
VI. — VlE^DE SAINT JUDIGAEL
(i7 décembre 660),
La Vie de saint Judicaôl, qui abandonna les honneurs et la
dignité royale, pour embrasser Thumble profession de moine,
doit appartenir à la fln du septième siècle. Car bien qu'écrite à
une époque où le saint était déjà l'objet d'une fête annuelle au
jour de sa déposition, elle a néanmoins pour auteur un con-
temporain, qui avait manifestement vécu dans la familiarité
de son héros, depuis son entrée dans le cloître de saint Méen.
Les détails qu'il donne sur les derniers moments, sur la mort
et la sépulture du Père vénéré (Patris nostri) annoncent
en effet un témoin oculaire. Cette vie est d'ailleurs écrite avec
autant de piété que d'élégance, de simplicité et de correc-
tion, à part quelques passages un peu obscurs, ou qui sentent
l'enflure ou l'amplification. L'auteur n'a malheureusement
exquissé que quelques épisodes d'une vie qui aurait pour nous
tant d'intérêt. Combien il est à regretter par exemple qu'il
n'ait pas raconté avec détail la vie royale de Judicaôl. Or, il ne
lui consacre qu'un petit nombre de lignes, et encore unique-
ment pour prouver combien était vif et profond l'esprit de foi
et de religion qui animait le fils aîné de Juthaôl et de Pritelle.
L'auteur était théologien et se plaît à le montrer ; il connaissait
à fond l'Ecriture sainte et la cite souvent en la paraphrasant.
Cet écrit, dont un court fragment a été récemment édité comme
Appendice, à la Vie de saint Méen* fait donc honneur à la
Bretagne, et suffirait à lui seul, au besoin, à prouver que ce
pays comptait^ au septième siècle, des écrivains d'un vrai
talent. En preuve, j'en citerai le passage suivant, où la délica-
tesse du sentiment se trouve jointe, si je ne me fais illusion,
à la sublimité de la pensée et aux grâces du style. Il s'agit de
la mort du saint.
* Analeeta Bolland, t. 3, p. 160.
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DE L' ANCIENNE PROVINCE OB BRETAGNE 57
u La bienheureuse âme de Judicaël, nous dit Thagiographe,
» quittant l'enveloppe du corps, s'envola paciflquement vers
» Dieu, qu'elle avait toujours cherché et désiré. Il y eut alors
o deuil et joie à cette occasion, mais dans des lieux différents.
B Les anges, en effet, tressaillaient d'allégresse dans le ciel
« en voyant leur troupe bienheureuse s'augmenter. Sur la
• terre, au contraire, les hommes ressentaient de la tristesse
»> en songeant qu'ils n'auraient plus désormais cet homme
*• vertueux au milieu d'eux et dans leur compagnie. Cepen-
r^ dant, pour ceux d'entre eux, dont l'intelligence était plus
>. élevée, leur douleur était mêlée de joie : car ils se disaient
* qu'après tout c'était un patron, un avocat qu'ils avaient
» envoyé devant eux adn de plaider leur cause auprès du
» Seigneur*. »
L'auteur de cette vie était religieux de l'abbaye de Saint-
Méen, la chose est indubitable, et on conclura naturellement
de ce fait que le fondateur de cette abbaye ne s'était pas
borné à former ses disciples à la piété et à la vertu. Il avait
apporté un zèle analogue à leur apprendre les lettres divines
et humaines et n'y avait pas trop mal réussi, témoin l'ano-
nyme dont il est ici question, témoin aussi les saints Lery,
Blocau, Maêlmon, Garoth, qui, après avoir été disciples de
saint Méen, s'empressèrent à leur tour de fonder de nou-
velles écoles afin d'étendre l'œuvre, d'évangélisation et de
civilisation inaugurée par leur maître.
DoM François Plaine.
('A suivre. J
• « Beata illa anima exiyii de corpore, et ivit ad Deum, quem semper opta-
▼erat et qaœsiverat^ emigravit in paca Mox uno eodemque tempore luctus et
gaudinm agebatar, sed diversis locis, diversisque partibus. Cives namquo
angelici in boni gregis augmentatione gaudebant, in terris vero homines
pro tanti viri solatio aibi perdito condolebant. Hii autem, quibus altior
ijteiat sensas, non utique sine gaudio congemebant, quoniam intellectu
auûon ridebani se prœmisisse tantam patronam, qui proipsis valeret inter-
eedere ad Dominum. » (Vie ir^dite de saint Judicaël, vers la fin).
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L'ABBAYE
DE
BOIS-GROLLAND
EN POITOU
(Suites)
xm
Liste des Abbés.
I. — Pierre Pilate, 1109, signe la charte de fondation, avec
le titre d'abbé de Bois-Grolland.
II. — GiRAUD achète de Vital de la Chaume remplacement sur
lequel fut construit le monastère, locum in quo domici-
lium monachorum mdificatur. — Comme les religieux n*ont
pu s'établir à Bois-Grolland avant d'y posséder une habi-
tation, Jean Besly avait raison d'écrire à André Duchesne :
Vous savez que Bois-Grolland a été fondé en il 44. Cette
affirmation n'empêche pas Aimery de Beuil d'avoir été le
fondateur de l'abbaye, lorsque^ en 1109, il accorda aux bé-
nédictins d'importants domaines et les revenus qui devaient
assurer leur existence.
III. -'- André, cité dans une charte particulière,
« Voir la livraison d'août 1889.
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l'abbaye de B0I8-0R0LLAND 59
IV. — AiMBEY !•' qui reçut un don de Guillaume de la Mothe.
V. - Bbwoit I". Pendant son abbatiat, Aimery de Beuil fit à
l'abba^'e plusieurs donations importantes, lesquelles furent
confirmées par Guillaume de Chantemerle, gendre d'Ai-
mery de Beuil.
VI. — RoBHRT. Guillaume de Chantemerle, seigneur de Poi-
roux, et Maxence, son épouse, obtiennent par leurs ins-
tances et par leurs libéralités que les religieux, jusqu'alors
soumis à la règle de saint Benoit, adoptent celle de saint
Bernard.
Vil. — PiBRBB II, 1206, transige avec Tabbé et les moines de
rOrbestier.
VIII. — GoillaumbI»', 1210-1243^ reçoit des dons de Guillaume
d'Apremont, de Savary de Mauléon, de Pierre de Luçon, et
une fondation de messes d' Aimery de Thouars.
IX. — AmHBY II, 1249.
X. — Maubicb I»' 1249, cité dans une charte de Pontenelles.
XL — Bbnoit II, 1266, cité dans une charte de la Grainetière.
XII. — Goilladmb II, 1290.
XIIL — PiBBRB III, 1327.
XIV. — Louis, 1385.
XV. — PiBBBB IV, 1402-1421..
XVL — Maurice II, Bricet, 1421-1461 .
XVII. — Thomas, 1462-1467.
XVUI. — PiBmRB IV, 1467-1485.
XIX. - Mahti5, 1485-1491.
XX. — Jeah Babbarin, 1511-1513, appa^t^nait à une famille
itaiienne connue en Poitou et en Angoumois depuis
plusieurs siècles et alliée à un grand nombre de familles
nobles de la Vendée.
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60 l'abbaye de bois-grolland
Mathieu Barbarin de la Resnière était maire de Poitiers
en 1608. Isaac Barbarin du Bost, conseiller au Présidial en
1645, avait pour devise : Mediis tranquillus in undis. Pierre
Barbarin de Joussé était Président au Présidial de Poitiers
en 1658*. 1
En J787^ Barbarin de la Martinière, membre du Tiers-
Etat> faisait partie de la commission intermédiaire- de
TElection de Confolens'.
Barbarin des Couteaux, capitaine de cavalerie, signe au
mois de mai 1814. avec les officiers des armées catholiques,
une adresse au Roi Louis XVIII*.
Blason : dazur à 3 barbeaux d'argent ^ celui du milieu
regardant à, senestre et les deux autres à dextre.
XXI. — Ambroise des Hbbbiers, abbé de la Réau en 1525, et de
Bois-Grolland, en 1535, était fils de François des Herbiers,
seigneur de TEstenduère, Vauvert etc. et de Marguerite
Bodin, fille de Nicolas Bodin, seigneur de la Rollandière et
de demoiselle Louise Boucher.
Blason : de gueules à 3 fasces d'or.
XXII. — François Richblbt, 1539-1547.
Dans la biographie du grammairien César Pierre Richelet,
né en 1631, on trouve que son père était procureur et son
grand père avocat au parlement de Paris. Il est probable
que Tabbé de Bois-Grolland appartenait à cette famille.
XXIII. — Guillaume Cathus, 1550-1561, était fils de Jean
Cathus, seigneur des Granges, capitaine de Talmond et de
Marie de Nuchèze, veuve d'Antoine du Fouilloux. La
branche des Granges s'éteignit en 1660. Elle avait été fondée
par Charles Cathus, qui devint seigneur des Granges par
son mariage avec Marie Maynard, fille de Jean, chevalier,
seigneur de la Cornetière et de Jeanne Ancelon. Devenu
* Histoire du Poitou^ par Thibaudeau, tome m.
« Id. id. id.
* Echos du Bocage vendéen^ 5* année, N* 11, page 46.
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L ABBAYE DE B0I9-GR0LLAND 61
veuf, il épousa en 1470, Jeanne Ghasteigner» dame de Gui-
ncfoUes paroisse de Saint- Vincent sur Jard. De ce mariage
naquit Louis Cathus, seigneur de Lassy, capitaine de
Talmond.
La famille de Cathus a donné en 1185^ un sénéchal à la
Gamache, en la personne de Maurice ; un de ses membres,
Hugues, figure au combat des Trente avec le titre d'écuyer ;
Jean, capitaine de Talmond, accompagna François !•' en
Italie et fit la campagne du Milanais. Il avait épousé Marie
du Vergier, fille de Guy, seigneur de la Rochejacquelein,
Blason : de gueules fretté de vair de 6 pièces.
XXIV. — Christophe du Roossbau^ 1564-1598, appartenait à une
famille noble de TAngoumois.
Thibeaudeau mentionne M. du Rousseau, marquis de
Payolle, président de Télection de Niort.
Blason : de gueules au chevron d argent accompagnés de
5 besans de même, au chef d argent chargé de 3 losanges de
gueules.
XXV. — RbnéPidoox, 1609-1640, conseiller au Parlement, abbé
deBreuil-Herbaud et ne Valence, descendait d'une ancienne
famille de Poitiers, originaire de Châtellerault, qui compte
parmi ses membres des médecins célèbres et des échevins
de la ville de Poitiers.
François Pidoux fut médecin d'Henri II et de François II
qui Tanoblit. Il exerça les mêmes fonctions auprès de Ca-
therine de Médicis , de Charles IX et de sa princesse,
Marguerite. Il avait épousé Catherine Lemaître, remar-
quable par sa beauté. Son fils Jean, sieur de la Maduère et
du/ Tillou, fut médecin des rois Henri III et Henri IV. De
son mariage avec Françoise Bobé, il eut cinq enfants, dont
une fille mariée à Charles de La Fontaine, ancêtre du célèbre
fabuliste. Malebranche descendait par sa mère de la famille
Pidoux.
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62 l'abbaye de bois-grolland
Pierre Pidoux, trésorier de France, maire de Poitiers,
1575. Devise : Virgo et spes nostra fac videatur in gloria.
Jeaii Pidoux, conseiller assesseur civil, maire en 1618.
Son fils fut lieutenant général au siège de Ghâtellerault.
François Pidoux, médecin, maire de Poitiers. Devise ;
Hoc ligno servata salus.
Blason : d'argent à 3 losanges frettés de sable 2 et 1 .
XXVI. — PiERBB DB Bertrie se démit en 1657, entre les mains
du Roi de ses fonctions d'abbé de Bois-Grolland et de
Belleval.
XXVII. — PiBRBB VI i)B Barribhb , 1657. Les auteurs de la
Gallia Christiana lui donnent le titre de coadjuteur de
TEvôque de Montauban.
Comme les biographies ne me fournissaient aucun ren-
seignement sur cet abbé, j'écrivis au secrétaire de Tévôché
de Montauban et voici la lettre que je reçus de M. Tabbé
Daux , missionnaire apostolique et historiographe dio-
césain :
« Mon frère, secrétaire-général de l'Evêché, me commu-
» nique votre demande relative à Tabbé Pierre de Barrière
» (1657).
» Je viens de terminer le 2* volume de THistoire de notre
» diocèse, et je n'ai jamais trouvé ce nom attaché à quelque
*» coadjuteur de nos Evoques.
» A la date ci-dessus^ nous avions sur le siège épiscopal
» le grand Pierre de Bertier, qui d'abord coadjuteur de
» M»' de Muriel, lui succéda mais n'eut jamais de coad-
» juteur. »
« .... Dans le cas où vous tiendriez le renseignement
» dont vous me parlez du Gallia, méfiez-vous ; cet ouvrage
» est très fautif, surtout dans ce treizième volume nous
» concernant et fait à la hâte au moment de la révolution.
» J'en ai publié une rectification avec compléments en ce
, » qui nous concerne, et chaque jour je trouve à y retoucher. »
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l'abbaye UE BOIS-GROLLAND 03
XXVIII. — Jban db LiNOBNDBs — 1657-1665 — né à Moulins, en
1596, fut d'abord précepteur du comfe de Morat, fils naturel
du roi Henri IV. Son talent oratoire lui valut la place d'au-
mônier de Louis XIII qui le nomma, en 1642, à l'évêché de
Sarlat. Devenu, en 1650, évoque de Mâcon, il montra beau-
coup de zèle pour l'administration de son diocèse, publia
des statuts synodaux et signala son épisoopat par plusieurs
fondations pieuses. Il obtint l'abbaye de Bois-Grolland en
1657 et mourut à Mâcon, après avoir été député de l'assem-
blée du clergé.
En 1627, Jean de Lingendes avait prononcé Toraison
funèbre de Victor-Amédée, duc de Savoie et, en 1643, il fut
chargé de prononcer celle du roi Louis XIII.
A cette époque, la famille de Lingendes ^tait dignement
représentée. L'abbé de Bois-Grolland avait deux frères :
Nicolas, maître d'hôtel du roi, qui alla en Espagne pour y
négocier le mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche ;
Emmanuel-Prançois-Philippe^ conseiller du roi et son pré-
dicateur ordinaire, qui était doué d'un talent oratoire fort
distingué et que l'on a souvent confondu avec l'évoque
de Mâcon.
Deux de leurs cousins furent aussi des hommes remar-
quables. Jean de Lingendes, ami de d'Urfé, hôte habituel
de l'hôtel de Scudéry, fut placé par Titon du Tillet sur le
Parnasse Français ; son frère Claude, membre de la société
de Jésus, fut recteur du collège de Moulins et l'édition des
Orateurs chrétiens a publié un grand nombre de ses dis-
cours.
Blason : d'azur au chevron dCor acconipagné de trois glands
de même.
La famille de Lingendes possédait les seigneuries de
Ctoauveau, deChezelle, de la Pouge, de Cindré, deBouterot,
de Ghîllot, cte Vaumas, ainsi que les châtellenies de Cha-
veroche, de Moulins.
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64 l'abbaye DK BOIS-GROLLAND
XXIX. — Jacques dbGbavbllb — 1655-1679,— appartenait aune
famille de Normandie qui compta, en 1556, Tun de ses
membres parmi les conseillers au Parlement.
Blason : d'azur au chevron d* or accompagné de trois crois*
sanis d'argent,
XXX. — Gabriel Le Obis, 1679-1703, chapelain du Roi, tréso-
rier de Téglise de Sens, était originaire de la Normanjdie.
Sa famille possédait les seigneuries du Clos, du Val, de
Lanrinou (près Landerneau).
Plusieurs contrôleurs des deniers et miseurs de Lander-
neau appartiennent à cette famille, ainsi qu'un docteur en
médecine, Guillaume, sieur du Clos, 1696. Elle a fourni un
célèbre chef de chouans, lieutenant, puis successeur de
Boishardy, en 1793, et un courageux ecclésiastique qui sol-
licita Thonneur d'assister le Roi martyr, au moment de son
supplice. Devenu prédicateur ordinaire du roi Louis XVIII,
il mourut en 1819. .
Blason : d argent à la bisse d'azur ^ mise en pal ^ surmontée
dune colombe de sable (Armoriai de 1696).
XXXI. — François Boutard, 1703-1728^ naquit à Troyes, en
Champagne, au mois de novembre 1664. D'après les conseils
de Montausier et de Pléchier, il entreprit la traduction des
écrivains de l'histoire auguste, mais il se borna à une dis-
sertation sur le caractère de ces écrivains. Incertain de la
voie qu'il devait suivre, il accepta d'être gouverneur de
M. Villepreux, fils de M. Francine. Vers cette époque, il
composa, à la louange de M"* de Maintenon, une ode qui
eut peu de succès. Il se livra ensuite à la poésie latine où il
réussit mieux. Les louanges '^qu'il reçut enflèrent son or-
gueil, il se crut un nouvel Horace. Sa prétention était de
ressembler à son modèle, non-seulement par le style et les
sentiments, mais encore par la taille, la tournure et les
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l'abbaye db bois-grolland 05
traits du Arisage. Il s'intitulait Venusini pectinis hceres —
vaies Boroodinvm
Une circonstance contribua à la fortune de Boutard. Tous
lesans,M"* deMauléon envoyait à Bossuet, le jour de sa
fête, un certain nombre des plus beaux pigeons qu'elle se
plaisait à élever. Le futur abbé de Bois-Grolland eut l'heu-
reuse inspiration d'ajouter à renvoi des pigeons une ode
latine pour révoque de Meaux. Celui-ci désira faire con-
naissance avec l'auteur, il le reçut à Germiny où, à peine
arrivé, Théritier du poôte de Tibur se mit à chanter les
beautés et les charmes de Germiny, de Marly et de Trianoii.
Pour l'en récompenser, Bossuet lui fit obtenir du Roi une
gratification de 1 000 livres, puis une pensioi> de pareille
somme quand Boutard eut recules ordres sacrés ; enfin, en
1703, il lui procura l'abbaye de Bois-Grolland et une pl^ce
à l'académie des inscriptions e^ belles lettres. Dans sa recon-
naissance, l'abbé académicien célébra par des odes tous les
événements glorieux du règne de Louis XIV, mais il n'ou-
blia pas son bienfaiteur et il traduisit en latin la relation
sur le Quiétismff, ainsi que VHistoire des variations,
Boutard mourut le 0 mars 1729.
XXXIl. — Gabriel de Conioah d'AhceKay, 1728. — Sa famille,
originaire d'Ecosse, possédait les seigneuries deLermiteau,
de Cangé, la baronnie de Riz-Chauveron, dans la basse -
marche: les seigneuries de la Clartière. paroisse de Pres-
nay; de la Rousselière, paroisse de Frossay ; de Ja^sson,
paroisse du Port-Saint-Père, — de la Ville-Orion, paroisse
de Carantoir. Sept générations dans le ressort de Nantes.
Ancienne extraction de chevalerie, réf. 1669.
La famille de Conigan a produit, Jean, capitaine de
Melle en Poitou, chevalier, de la retenue de Jean Chandos,
en 1365 ; Robert, capitaine des gardes-écossaisses, tué au
sièg-e de Liège, en 1468; Jean, chambellan du Roi et bailli
de Chartres, en 1487, tué au siège de Navarre ; Marguerite,
j.^ Vj. _ NOTICES. — Vl« ANNÉÇ, 1" LIV. O
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66 l'abbaye DE BOIS-GRÔLLAND
damô d'honneur de la reine, en 1581; Pierre, gouverneur
de Tours, gentiliiomme ordinaire du duc d'Alençon,
frère du Roi, en 1581 ; Antoine, gouverneur d'Amiens, en
1591; Roger, abbé de Pornit, mort en 1648; Louis, curé-
prieur de Siint-Germain-en-Laye. frère et héritier de
l'abbé de Bois-Grolland.
Blason : (Targer^t, empairlé de sable, éca^telé dCazur^ à
3 fermauxd or. (Sceau de iSôS.)
XXXIII. — Mathiko Gaoiron de la Bâte*, 1729, — prêtre, doc-
teur en théologie, prieur commendataire de Saint-Thomas
de Château-Thébaud, reçut, en 1729, Tabbaye de Bois-
Grolland
Les registres de Tévôché de Nantes font mention de
M. Gautron de la Bâte pendant trente-six ans, de 1702
S 1738.
Il fut successivement chanoine de l*in signe église de
Nantes, vicaire-général et officiai des illustrissimes et ré-
vérendissimes Gilles de Beauveau , Louis Tressan de la
Vergue et Ghristophe-Louis-Turpin Crissé de Sanzay. Pen-
dant deux vacances du siège épiscopal, il remplit les fonc-
tions de vicaire capitulaire, et plus tard celle de trésorier
de la cathédrale'.
XXXIV. — Loois-Emèrite du Baillbol, 1742, — prêtre, abbé
commendataire de Barette (diocèse de Bourges), vicaire-
général de Rhodez.
II était fils de Pierre-Louis du Bailleul, chevalier, seigneur
et niarquis dudit lieu, baron du Goron, qui servit dans les
mousquetaires, et reçut 50,000 livres de sa marraine, Eli-
sabeth Le Peron, duchesse de Chaulnes. Sa mère, Cathe-
rine Barin, était fllle de Jacques Barin, chevalier, marquis
^ Ces renseignements sont dus à Tobligeance de M. Tabbé F. -M. Briand,
secrétaire de Tévôché.
> Cet abbé était tantôt désigné sous le nom de N. de Basle, par les auteurs
de la Gallia Christiana, tant<^t sous le nom de N. de la Raste (abbé H. du
Tems).
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l'abbaye de BOIS-GROLLAND 67
de la Galissonnière et d'Ëléonore Bidé, dame de la
Grand ville.
L'abbé du Bailleul, né le 20 janvier 1709, embrassa l'état
ecclésiastique, à Paris, en 1734, et, en 1736, fut nommé
vicaire-général de Tévôché de Limoges. En 1737, il était
président et député de la chambre ecclésiastique de ce dio-
cèse, et il reçut Tabbaye royale du Beuil en 1738. L'année
suivante, il devint grand vicaire de Tarchevôché de Tours,
et passa, en 1740, avec les mêmes fonctions, à Embrun, où
il devint archidiacre et chanoine de cette église. En 1742,
il fut nommé abbé de Bois-Grolland.
Pendant son séjour à Embrun, M. du Bailleul organisa
un hôpital militaire qui reçut plus de 500 malades ou
blessés, tant Français qu'Espagnols, du mois de septembre
1743 au mois de février 1745. Il ouvrit sa maison aux offi-
ciers, exemple qui fut suivi par plusieurs habitants. Grâce à
son Initiative, aucun militaire ne manqua de secours.
En l'absence de Tarchevôque, il présida l'assemblée pro-
vinciale d'Embrun, et fut élu député de l'assemblée du
clergé qui se tint à Paris en 1745.
Trois ans plus tard, il était nommé abbé commendalaire
de fabbaye royale de Barzelle en Berry.
Pendant qu'il était grand vicaire à Rodez, il fut pourvu
du canonicat et de l'archidiaconé de Milhau.
Il mourut à Paris, le 18 septembre 1769, et fut inhumé
dans le caveau de l'Eglise paroissiale de Saint-Paul. Il était
le dernier représentant masculin de sa fanille originaire
du Maine, qui possédait la seigneurie de Boismaqueau
(paroisse de Teille) ; celles de la Rigaudière, du Boisnou-
veaùetdeJa Goudraye ^paroisse des Touches) évêché de
Nantes.
Blason : d'argent à 3 têtes de loup de sable,
XXXV. — ANioiNh-RKN^ Serjn dlla Cobdinièbe, — remplaça, en
1748, M. du Bailleul comme abbé de Bois-Grolland et
conserva cette abbaye jusqu'en 1774.
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6S L*ABBAYE DE BOIS-GROLLÀND
Il était prêtre, chanoine et doyen de l'Eglise de Luçon et
il mourut le 24 mai 1778, « emportant Tamitié de ses con-
» frères, l'estime des gens de bien et le respect de tous*. »
Blason : d'argent au sautoir de gueules.
XXXVI. — PiBRRE-PaAifçois Ganbau, 1774-1784, — qui était
syndic du clergé au mois d'avril 1768 et qui conserva cette
fonctions jusqu'au 24 février 1783. Un procès-verbal de
Tassembléedu Bureau et Chambre ecclésiastique du diocèse
de Luçon, tenue le 26 mars 1783, le remplaça en cette qua-
lité par M. Jean-Claude Rozand, chanoine de TEglise de
Luçon*.
XXXVII. — jAcuuBs-ANDaÉ Embry, — dernier abbé de Bois-
Grolland, 1774-1791.
XIV
Un couvent dlJrsulines est établi à BoiA-Orolland. — La Mère
Sainte-Angèle. (M^^ liouise de Lézardière).
Onze ans à peine s'étaient écoulés, depuis la dispersion des
moines, quand, de nouveau, on célébra le Saint-Sacrifice
dans la vieille chapelle romane où la voix fraîche des pen-
sionnaires d'un couvent d'Ursulines remplaçait la grave
psalmodie des Religieux de Tétroite observance.
Ainsi se trouvait vérifiée, comme elle le sera toujours, la
promesse de perpétuelle durée faite à TEglise par son chef
invisible qui est en môme temps son invincible protecteur.
A son retour de l'exil, la Mère sainte Angèle avait eu la
pieuse inspiration de réunir en communauté les Religieuses
que la révolution avait dispersées et qui regrettaient la vie
du cloître. Pour atteindre ce but désirable, il fallait trouver
* Citation d'un journal de Tépoque.
> Renseignements dus à Toblifreance de M. l'abbé Ch. Giraud, vicaire-gé-
néral de Msr Catteau, évèque de Luçon.
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l'abbayb de bois-qrolland 09
un local convenable et, ce qui était plus difficile, surtout à
cette époque, réaliser les ressources nécessaires pour en
faire l'acquisition.
Le local, inutile de le chercher au loin, Mademoiselle de
Lézardière le voyait de la Proutière-Bois-GroUand offrait de
vastes logements et c'était une sorte de réparation que rendre
cette antique abbaye à sa destination première. Quant aux
voies et moyens, elle eut recours à une souscription, et
bientôt, grâce à ses actives démarches et à de généreuses
libéralités, elle trouva la somme de 18.000 francs, moyennant
laquelle, elle signa le contrat d'acquisition, le 26 ventôse,
an XII, avec le vendeur qui était Taide-de-camp Venant
Pichard.
Pille de M. Louis-Jacques-Gilbert Robert de Lézardière,
baron de Poiroux, ancien capitaine au régiment Dauphin-
Infanterie, plus tard syndic de la noblesse à l'assemblée de
Poitiers, en r*88, gentilhomme à qui son mérite personnel,
non moins que sa naissance, avait créé une situation prépon-
dérante, Mademoiselle Louise de Lézardière avait connu le
charme des relations choisies et des joies intimes de lafamille.
Le baron de Poiroux avait de bonne heure quitté le service
militaire, aân de se consacrer à Téducation de ses nombreux
enfants qui, intelligents et laborieux, avaient à merveille
répondu à ses soins. Les jeunes filles partageaient les leçons
données à leurs frères et c'est ainsi qu'elles apprirent la
langue latine.
Quatre des fils du baron de Lézardière entrèrent dans
les rangs de l'armée; un autre alla à Paris, étudier la théo-
logie au séminaire Saint-Sulpice ; le plus jeune, à qui Made-
moiselle Louise devait sauver la vie, se trouvait au château
de laProutière, quand la proscription révolutionnaire vint
fondre sur tous les membres de cette famille.
Mademoiselle Louise avait deux sœurs : Mademoiselle
Charlotte, le célèbre auteur de la Théorie des lois politi-
ques de la Monarchie française dont Téloge n'est plus à
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*
t
70 l'abbaye de bois-grolland
faire, et Mademoiselle Gilberte. la fidèle compagne de sa
sœur Charlotte auprès de qui, malgré un réel talent pour
la poésie, elle remplissait modestement la fonction de secré-
taire. La baronne de Lézardière (née Babaudde la Chaussade)
et le maréchal de camp de la Salle, frère puîné du baron,
complétaient les hôtes habituels du château de la Proutière.
Animé de sentiments généreux, doué d'une imagination
ardente, lié avec les économistes alors en vogue, le baron de
Poiroux aurait voulu supprimer tous les abus et doter la
France d'un gouvernement libéral, analogue à la constitution
anglaise ; mais quand il vit son but dépassé et la royauté en
péril, bien vite désabusé de ses r^ves de réformateur, il fut
le premier, en Vendée, à organiser la résistance et son habi-
tation devint le rendez-vous des contre-révolutionnaire.
f^ complot fut découvert et, pendant qu'on brûlait son
château, M. de Lézardière était arrêté et conduit aux Sables
avec toute sa famille. Il allait subir un jugement, c'est-à-
dire une condamnation à mort, lorsque, fort à propos pour
lui et pour les siens, survint une amnistie, après l'accepta-
tion par Louis XVI de la Constitution de 1791.
N'ayant plus de domicile, le baron se réfugia à Choisy-le-
Roi chez un ecclésiastique de ses amis. C'est de là, que son
plus jeune* fils, le vicomte Charles, âgé de 15 ans, se rendait
à Paris pour avoir des nouvelles qu'il transmettait aux con-
seillers du roi ainsi qu'à ses deux frères, officiers de marine
démissionnaires, alors cachés dans la capitale où ils restaient
dans l'espoir de servir la cause de l'infortuné descendant de
saint Louis.
i/extrait suivant des Mémoires secrets du comte d'AUon-
ville présente d'intéressants détails sur les généreuses
tentatives essayées par MM. de Lézardière pour sauver
Louis XVI et l'infortunée Marie-Antoinette.
< J'avais vu, dans la matinée du 20 janvier, les chefs des
» fédérés qui me protestèrent qu'on attendrait le général
< Dumouriez, déjà annoncé, déjà prévenu, et qu'aussitôt son
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\
L ABBAYE DE B0I8-G ROLLAND 71
« arrivée à la caserne, le corps entier le suivrait. Paul de
€ Lézardière alla trouver, ce même jour, le général et en
« recul la promesse positive et sa parole d'honneur qu'il
« irait prendre le commandement de ces fédérés à qui il fit
« dire d'attendre ses ordre^ et de demeurer tranquilles jus-
« qu'à l'instant où il se rendrait parmi eux ; mais Lézardière
« était à peine sorti de chez lui quMl partait pour la cam-
« pagne, rendant ainsi toute tentative de salut en faveur
« du roi totalement impossible. »
Le baron de Batz était l'un des promoteurs de la conju-
ration. Plus tard, le môme baron, le comte de Mercy-Argen-
teau, Lamark, M. de Jarjayes, un gardien de la reine nommé
Toulan essayèrent inutilement de sauver l'infortunée com-
pagne du roi martyr.
« Ce qu'il y a de certain, c'est que le brave, ardent et loyal
« Paul de Lézardière, ancien lieutenant de vaisseau, attendit
•c la reine durant toute une nuit, à la grille de l'égoût du
«« Palais-de-Justice; qu'il était muni de passe-ports en règle
•« pour la faire, sous un déguisement préparé, traverser
« rapidement la France ; que son frère Sylvestre, autre offl-
« cier de marine, gardait, hors de la barrière de Villejuif,
« la voiture que j'avais fournie, ainsi que mille écus en or,
« unique somme dont je pusse disposer. Je ne sais que leur
« désappointement, leur désespoir, leur fuite. »
Cette tentative infructueuse fut le dernier acte de dévoue-
ment de ces braves officiers de marine à la cause monar-
chique; car ces deux intrépides athlètes du royalisme ,
éloignés d*abord de la capitale» ayant su que leur père était
arrêté et qu'on promettait de le relâcher à l'instant où ils se
préseiiteraienl^ arrivèrent dans l'espoir de le délivrer, ce
qu'ils ne purent obtenir ; ils furent eux-mêmes emprisonnés
et montèrent plus tard sut l'échafaud : « honorables victimes
de Ja piété filiale. »
« Madame de Lézardière, privée, par le massacre des
« Carmes, de l'un de ses flls, à qui cette excellente mère avait
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72 l'abbaye de B0I8-OR0LLAND
« pu survivre, fut frappéo de mort subite à la nouvelle de
« l'assassinat de Louis XVI, et c'est là, c'est àChdisy que je
« retrouvai Edgeworlh, cherchant à procurer des consolations
a à Tamitié, après avoir rempli le plus pénible de tous les
« devoirs. » f Mémoires du comte d'Allonville).
Depuis longtemps suspecte et, comme telle, activement
surveillée, la demeure de Choisy-le-Roi fut à la fin envahie.
Saisis, emmenés à Paris, le baron de Lézardière et ses en-
fants restèrent prisonniers jusqu'au moment où ils furent
délivrés par le généreux dévouement des officiers de marine.
De nouveau fugitif, M. de Lézardière alla, avec ses filles,
chercher un refuge auprès de Bayeux, dans une retraite où
l'abbé Edgeworth se tenait caché. Pendant ce temps, le vicomte
Charles combattait dans la Vendée. Aide-de-camp de Cha-
rette , à l'âge de 17 ans; fait prisonnier à la suite d'un
combat où il avait été blessé, on le traînait de prison en
prison, lorsqu'on l'accusa d'avoir émigré. Sons cette incul-
pation, qui équivalait à un arrêt de mort, le vicomte fut
envoyé à Fontenay.
Instruite du nouveau danger qui menaçait son frère.
Mademoiselle Louise court chez le ministre, force sa porte,
lui donne la preuve que l'accusé n'a point quitté la France,
en obtient une déclaration conforme et munie de cette pièce,
sans perdre un instant, elle prend des chevaux de poste et
arrive à Nantes. Mais, là, impossibilité de sortir de la ville
sans une permission du commandant de la place : Made-
moiselle Louise va le trouver et le décide, non sans peine, à
force de supplications, à accorder l'autorisation indispensable.
Accablée de fatigue, dévorée d'inquiétude, elle arrive enfin à
Fontenay la veille du jour où la commission militaire allait
se réunir. Elle put remercier Dieu : son frère était sauvé !...
L'existence si éprouvée de Mademoiselle de Lézardière
n'était pas encore à l'abri de cruelles angoisses. De Bayeux,
son père, toujours menacé, fut contraint de passer à l'étran-
ger où il vécut quatre années, dans l'incertitude du sort des
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l'abbayï de bois-grolland 73
deux flls qui lai résilient et qui étaient entrés dans rapm.3o
deCondé. Le 18 brumaire rouvrit les portes de la France aux
exilés; le baron voulut en profiter, mais il n'eut pas la con-
solation de revoir ses propriétés, car la mort Tarrdta à son
arrivée à Nantes.
Mademoiselle Louise avait assisté à bien des catastrophes :
instruite par l'adversité, atteinte dans ses aflfections les plus
chères^ elle renonça à la vie du monde dont, à ses dépens,
elle avait éprouvé les déceptions et l'instabilité. Elle choisit
la meilleure part qui, désormais, ne pouvait plus lui être
enlevée, en embrassant la vie religieuse et c'est pourquoi, à
son retour en France, elle voulut réunir dans une commu-
nauté celles qui, à son exemple, avaient consacré leur vie à
la prière et au service de Dieu.
Bois-Grolland , une fois acheté, la More sainte Angèle
(Mademoiselle Louise), songea à employer de la façon la plus
utile le dévouement des religieuses qui avaient répondu à son
appel. Durant les années qui venaient *de passer, temps de
trouble et de guerre civile, Tinstruction avait été fort négligée.
En fermant les établissements religieux, la Révolution
avait porté un coup fatal à Tinstruction publique qui partout
se trouva désorganisée. Les jeunes filles eurent particulière-
ment à souffrir de cette situation. Ce fut pour y porter remède
que la Mère sainte Angèle ouvrit à Bois-Grolland un pension-
nat oh les jeunes filles du pays trouvèrent des moyens
d'instruction.
Sous son habile direction, la vieille abbaye devint le chef-
lieu d'une congrégation dite des Urmlines de Bois-Grolland
que le gouvernement de TËmpire s'empressa d'autoriser.
Cette congrégation avait une maison à Napoléon, dite de
Saint-Gabriel; d'autres au Poiré, à Aizenay, aux Sables
d'Olonne, ^ Tififauges. La mission des Ursulines était Tins-
truclion de la jeunesse et le soin des malades pauvres*.
i Fouillé de l'Evéehéde Luçon, par E. ÂîUery, prêtre, 18C0.
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74 L*ABBAYB DE BOIS-GROLLAND
Mademoiselle Charlotte de Tiézardière, qui habitait la
Proutière, venait souvent visiter les pensionnaires de sa
sœur. Alors, c'était un jour de fête, car les jeunes élèves
étaient autant édifiées de Téminente piété de l'illustre écrivain
que charmées de la simplicité de ses manières et du gracieux
abandon avec lequel cette femme distinguée prenait part à
leurs jeux.
Quand la Mère Saint-Benoit, première Supérieure des
Ursulines de Chavagnes eut cédé au Père Baudouin la maison
qu'elle habitait, la Communauté se trouva fort à l'étroit.
Désireuse de s'adjoindre de pareilles auxiliaires, la Mère
Saint- Angèle vint à Chavagnes proposer aux Ursulines de se
réunir aux religieuses de divers ordres qu el!e avait re-
cueillies et qui vivaient sous une règle provisoire tracée par
Monseigneur l'Evoque de la Rochelle.
La Mère Saint-Benoit se rendit à Bois-Grolland avec
quelques-unes de ses filles. Elle voulait juger par elle-môme
des avantages qu'offrait l'ancienne demeure des Bénédictins.
Mais, à cette époque, pour arriver au vieux monastère, il
fallait suivre d'affreux chemins pleins de casses et de perfides
moUières ; le couvent était toujours entouré de grands bois
et de tristes bruyères, fabulosa loca, comme dit la Gallia
Christiana, La Mèr« Saint-Benoit et ses compagnes, saisies
de tristesse et d'effroi, se hâtèrent de retourner à Chavagnes' .
Bientôt, dans l'intérêt de son établissement, la Mère Sainte-
Angèle crut devoir transférer son pensionnat à Luçon où il
existe toujours, et où l'ancienne Supérieure de Bois-Grol-
land a laissé la mémoire d'une personne aussi remarquable
par son esprit que par ses vertus. Ce fut sans doute pour
aider à cet arrangement, car, bien entendu, il avait l'appro-
bation de l'autorité ecclésiastique, que, le 6 août 1806,
M. Henry Herbert, vicaire-général de la Rochelle*, se rendit
acquéreur de la terre de Bois-Grolland qui ne lui coûta
que 16,000 francs.
« Notice Fur la Mère Saint-Benoit (MademoîseUe Charlotte-Gabrielle Rau-
fray), pa^^. 20 et 21.
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L*ABBAYS DE BOI8-OROLLAND 75
l-ta fondatrice des Ursiilines de Bois-Grolland était supé-
rieure de la communauté de Luçon, quand M»' Soyer, vou-
lant modifier la constitution établie pnr le P. Baudouin, con-
voqua en Chapitre les supérieures locales. Les Ursulines de
Chavagnes s'unirent à celles de Luçon et acceptèrent les
changements proposés.
I « La mère Sainte-Angèle (mademoiselle Louise de Lézar-
I • dière) qui joignait à beaucoup d'esprit naturel l'avantage
i • d'une brillante éducation, fut maintenue dans sa charge.
1 B Le P. Baudouin lui disant un jour combien les personnes
. n qui savaient le latin étaient heureuses de pouvoir lire la
I » Sainte-Ecriture dans la langue mère de TEglise, elle répon-
o dit que c'était là une de ses plus douces jouissances: elle
» était, en effet, très versée dans la langue latine. Son mérite
« éminent était rehaussé par une grande modestie. Elle s'ap-
: - plîquait à la pratique de toutes les vertus, mais ce qui frap-
- pait le plus en elle, c'était sa dévotion envers l'auguste
♦ Sticrement de l'Autel. — « Rien ne lui manquaitrdisait-
r elle, quand elle était devant le Saint-Tabernacle. »
• Eprouvée dans les dernières années de sa vie par de
■^ longues et cruelles souffrances, privée môme de l'ouïe et
f • de la vue, elle conserva toujours un calme, une sérénité,
'» une gaieté qui avaient leur source dans son excellent ca-
- ractère et bien plus encore dans son union continuelle avec
\ • le Seigneur.
\ « Mon Dieu, disait-elle, vous voulez mes yeux, je vous les
» donne ; je suis toute à vous^ »
f Le couvent des Ursulines existait encore en 1810, puisque,
\ en cel/e année, M. Imbert, desservant de Poiroux, aumônier
', d^ Bois -GroU and, procéda à l'inhumation de la sœur Elisa-
ihëth-GabrieUe de la Barbelais, religieuse de cette maison,
en présence de foutes les religieuses de la communauté.
^4 suivre J- Constant Verger.
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L'ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE ECCLESIASTIQUE
DANS LE DIOCËSe DE NANTES
APRÈS LA RÉVOLUTION
fiSOO-iSiÔj
DEUXIEME PARTIE
LES ÉCOLES PRESBYTERALES
JI
DERVAL
LE premier nom qui se présente sous notre plume est celui
de M. Orain, déjà professeur, en môme temps que
vicaire, avant la Révolution. Ce digne prêtre, vicaire de
Fégréac, où il passa tout le temps de la persécution, puis curé
de Derval (1803-1829), est trop connu pour que nous donnions
môme un résumé de sa vie et de ses œuvres. Aucun nom, parmi
ceux des saints prôtres que notre diocèse a vus à Tœuvre
depuis un siècle, particulièrement pendant la période révo-
lutionnaire, n'est resté aussi populaire que le sien. Sa vie
d'ailleurs a été écrite, et nous n'aurions rien à dire qui pût
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DAjqS LE DIOCÈSB DE NANTES APRÈS LA REVOLUTION 77
augmenter le respect et l'admiration qu'elle inspire*. Nous
nous bornerons donc à quelques lignes sur Técole qu'il fonda
ou plutôt sur les élèves qu'il forma, car on ne peut dire qu'il
ait jamais songé à fonder une école.
On l'a écrit* du curé d'Arzanno, le premier maître de Bri-
zeux : « Traqué de ville en ville, contraint de se cacher dans
les bourgs de Cornouaille, il devint paysan avec les paysans ;
et, ne pouvant sans péril exercer le saint ministère, il se
consolait en donnant des leçons aux enfants de ses hôtes. »
M Orain avait, de inôme^ été traqué de village en village, et,
pendant plusieurs années, n'avait eu pour abri que les toits
hospitaliers des paysans de Pégréac, ou souvent les halliers
et les bois. Malgré tous les périls, ce prêtre zélé continua
son ministère ; et, pour se délasser de ses fatigues, pour ou-
blier pendant quelques instants les terreurs de la veille et
les dangers du lendemain, aussi bien que les tristesses de
V heure présente, mais surtout pour parer aux menaces d'un
avenir qui s'offrait à sa pensée sans églises et sans prêtres,
s'entoura de jeunes gens et travailla à former des clercs.
L«es élèves dont les études avaient été commencées avant
la Révolution, mais n'étaient point encore achevées conti-
riuèrent de suivre ses leçons. Ce n'était point assez : M. Orain
fit de nouveaux choix dans la paroisse qui se montrait si hé-
roïquement fidèle; et ceux dont l'iu iruction était plus
avancée lui vinrent en aide dans la formation des jeunes.
Il n'était pas toujours facile de se réunir et de se livrer à
ces occupations tranquilles. Maintes fois des alertes dis-
persèrent maître et disciples ; mais lé calme revenu, on se
réunissait de nouveau et les études recommençaient'.
Une pareille vie devait former des hommes d'une trempe
vigoureuse et des prêtres dignes de leur maître. Dès cette
époque, les élèves de M. Orain montrèrent ce dont ils
» Vie de M. Orain^ par M. Tabbé Cahour. Cet ouvrage a eu deuxéditioni.
• Koiiee sur Briseux, par Saint-René-TaiUandier.
* Cahour, ùp. cit.
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78 l'enseignement SECONDAIRe ECjKSLÉSIASTIQUS
étaient capables et firent pour lui de précieux auxiliaire
Seul, et dans Timpossibilité de réunir les fidèles, et surtout
les enfants, pour les instruire do la doctrine chrétienne, le zélé
vicaire envoyait ses jeunes gens dans les villages, les trans
formant en catéchistes. Lorsqu'il célébrait la sainte messe,
il s'en servait aussi, comme de sentinelles sûres et vig-ilantes
chargées de signaler l'arrivée des Bleus.
C'est ainsi que furent formés : MM. Rozier, mort vicaire à
Pégréac; Guihot, mort curé de Guémené-Penfao; Joseph
Sérot, mort curé de Pierric; Riallain, mort curé d'Issé:
Motreul, mort curé de Louisfert; Ménagé, mort curé de
Mouais; Plormel, mort curé de Saint-Jean-de-Corcoué ; Mar-
chand, curé de Saffré, puis retiré à Fégréac*.
En 1803, M. Orain devint curé dô Derva!. Les occupations,
multipliées encore par l'ardeur de sdn zèle, ne lui manquèren !
pas dans cette grande paroisse, à laquelle le petit nombre des
prêtres Tobligea d'unir, pendant de longues années, celles
de Mouais et de Luzanger'. Mais elles n'avaient pas manqué,
non plus que les périls, durant les jours néfastes de la
Révolution ; et pourtant, à cette époque M Orain eut des
élèves. A la Restauration du culte, il était urgent de former
des prêtres. Le jeune curé n'était pas homme à s'efifrayer de
la besogne : il se mit à l'œuvre.
Derval n'avait pas même de maître d'école' : le recteur en
tint lieu pendant 25 ans. Mais le plus important n'était pas
d'apprendre à lire aux enfants de la paroisse. Le nouvel
écolàtre savait distinguer avec un grand tact ceux d'entre ses
élèves* en qui la Providence avait déposé des germes de
» Gahour. Vie de M, Orain.
' Outre Derval, il desservait plusieurs autres paroisses. Ce furent d*abor\i
Luzanger et Mouais, qui ne purent ôtre pourvues de pasteurs à la première
organisation du clergé, puis Pierric, Conquereuil, Jans, Saint- Vincent-des-
Landes, et Louisfert, qui furent tour-à-tour privées des leurs par la maladie
ou la mort. Vie de M. Orain, ^« édit, page 296.
s Les paroisses voisines n'étaient pas mieux partagées : ainsi, vers 1820,
le seul maître d'école de Pierric était un forgeron, qui remplissait encore
les fonctions de médecin. — Vie de M. Vabbé Malary^ page 13.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 79
vocation ecclésiastique, et il n'hésitait pas à entreprendre
leur éducation complète. Il accueillait mémo ceux des pa-
roisses plus éloignées qui, poussés par l'inspiration divine
vers le môme but, venaient le prier de les admettre à ses
classes. 11 eut toujours, près de lui, plusieurs de ces pieux
jeunes gens auxquels il faisait faire leurs humanités, sou-
vent leur philosophie, et quelquefois leur théologie*.
La modestie était chez lui à la hauteur du dévouement. Se
défiant de sa science de la théologie, à l'enseignement de
laquelle ses études ne l'avaient pas préparé, et que d'innom-
brables travaux Tempôchaient d'approfondir, il s'adressa à
son émule, le curé de Maisdon^ et lui emprunta ses cours de
philosophie et de théologie' : preuve remarquable de la
science du second, comme de l'humilité du premier.
Nous l'avons dit, les exercices, dans ces écoles primitives,
étaientloin d'être réguliers : le ministère s'y opposait souvent.
Celait vrai surtout chez M. Orain, seul desservant de
plusieurs paroisses. Il étaitobligé à de très fréquents voyages ;
« ses élèves l'accompagnaient. On récitait les leçons, on cor-
rigeait les devoirs en marchant. De temps en temps, les
cours étaient interrompus par la récitation du chapelet et
quelquefois par des entretiens sur les hommes et les faits de
K Révolution. C'étaient pour les élèves les plus beaux
moments de la journée ; malheureusement ils étaient courts,
et ne duraient qu'un quart d'heure au plus chaque fois'. » '
A l'époque des examens, les écoliers de Derval partaient
pour Nantes; mais ils ne s'y rendaient pas seuls : le vénérable
curé les y conduisait lui-môme, et, en deux jours, à la tête de
sa bande joyeuse, il parcourait à pied, à l'aller et au retour,
les 51 kilomètres qui séparent Derval du chef lieu.
M. Orain, comme il l'avait fait durant la Révolution, deman-
dait à ses enfants quelques services, que ceux-ci s'empres-
• Gahour, op. cU., page 262.
» M. Cahour, op. cU-
M Vie de M. Malary.
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80 L'enSEIGNEMBNT BECONOAIRE EGGLÉBIASTIQUE
saient de lui rendre. Leur présence rehaussait à l'église les
divers exercices religieux : souvent ils remplacèrent leur
maître dans la récitation du chapelet^ qui se faisait chaque
soir ; et parfois, revêtus de Thabit de chœur, ils lui présen-
tèrent les objections dans les conférences que ce pasteur
modèle donnait à son peuple.
Rempli pour ces jeunes gens d'une tendresse paternelle,
M. Orain ne se bornait pas à leur donner Tinstructien ; « il
leur prodiguait ses soins les plus assiduset les plus dévoués.»
La médiocrité de sa fortune ne lempèchait pas d'être géné-
reux à leur égard : plusieurs logeaient au presbytère, et n'a-
vaient pas d'autre table que la sienne. Lorsqu'ils le quittaient
pour entrer au séminaire, sa charité les y suivait avec son
affection : plus d'une fois, la pension, trop forte pour les res-
sources de leur parents, fut payée de sa bourse*.
Il procura de la sorte beaucoup de prêtres à l'Eglise
de Nantes : Voici les noms des principaux : MM. Massicot,
mort curé de Gétigné ; Orain , mort curé de Noyai ;
Hamon, mort curé de Petit-Mars; Hamon, mort curé
de Rougé ; Chaussée , curé de Luzanger , mort retiré
à Pégréac ; Érard , mort curé de la Chapelle-des-Marais ;
Brégé, mort curé de Sion ; Brangeon, mort curé du Cellier ;
Morel, mort curé de Héric ; Bocquel, curé de Vay ; Etienvre,
d'Erbray; Biochard, curé de Ruffigné, puis trappiste au
monastère de Gethsémani, aux Etats-Unis ; Allain, curé de
Crossac; Daniel, chan. hon., ancien curé de Guémené-Penfao,
mort à Nantes ; Bizeul, mort curé de Belligné ; Plantard. de
Chantenay ; Julien Malary, ancien curé de Saint-Malo-de-
Guersac, mort à Pierric; Pinard, curé de la Planche,
Chailleux, curé de Mésanger ; plusieurs prêtres de Rennes,
et M. Jans, de la congrégation de Picpus, en Océanie.
Tous ces prêtres, au nombre de plus de trente, sont entrés
daas leur éternité; mais le souvenir de leurs vertus et du'bien
M. Cahour, Op. cU.
I
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 81
qu'ils ont fait redit encore Téloge au maître qui les a formés ;
aussi la mémoire de ce saint prêtre restera-t-elle vivante,
noD-seulement dans les paroisses qu*il a évangélisées ; mais
dans le diocèse de Nantes tout entier*.
III
LA CHAPELLE-DES-MARAÎS
Le petit collège de Ja Chapelle-des-Marais a eu sans doute
un rôle plus modeste que les autres, car nous n'en trouvons
aucune mention, sauf dans la lettre déjà citée de M«'Duvoi-
sin ; et nous avouons, pour notre part, que sans cette lettre
nous aurions longtemps^ et peut-être toujours, ignoré son
existence. Il nous rappelle deux noms inégalement connus,
le nom de Le Guen et celui de Mcdenfant.
M. Yves Le Guen, naquit en Tannée 1755, dans la paroisse
de Saint'Molf. Après avoir terminé brillamment ses huma-
nités au collège de Vannes, il vint faire sa théologie à Nantes
et fut ordonné prêtre en 1782. L'autorité diocésaine l'envoya
d'abord en qualité de vicaire danslaparoissed'Assérac, puis,
après quelques mois, dans celle de Batz. La Révolution le
trouva remplissant encore cette fonction. Sa conduite fut
alors celle d'un prêtre courageux et fidèle : il rçfusa le ser-
ment schismatique et résolut de rester dans le pays. La foi
des populations voisines de Guérande lui procura des re-
* « Dans le but de procurer des prêtres au diocèse. M. Grain a donné Té-
Auetition à nn grand nombre d'enfants. Tous n'avaient pas la vocation ecclé-
siastique ou Ji'j ont pas répondu. Ils ont pris dans le monde des positions et
àen opinions diverses ; mais il riNn (^t pas qui ne rendent hommage à. la
vertu de ieur maître et qui ne publient ses louanges. »
M. Cahotir, Vi^ ^^ ^' Orain. — Pour composer cette courte notice, nous
n'avons truère fait que glaner dans cet ouvrage. Nous n'avions, en effet, rien
de nouveau à dire après le biographe de M. Orain, et, si nous en avons parlé,
* Et nuiauement pour ne pas laisser une lacune dans notre travail.
^ yi NOTICES. — Vl° ANNÉE, 1" LIV. 0
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82 l'enseignement secondaire ecclésiastique
traites assurées : il résida principalement au village de
Quéniqtien, exerçant le saint ministère avec tout le dévoue-
ment qu'exigeaient les dangers de cette triste époque. C'est
là qu'il rencontra M. Malenfant, dont nous devons dire ici
quelques mots.
François Malenfant était né à Quéniquen, le 14 juin 1784.
« Son père était mort depuis deux mois, lorsqu'il vit le jour :
sa mère était sans ressources. Plus d'une fois, dans ses
premières années, le jeune François connut les dernières
extrémités de la misère*; mais sa pieuse mère relevait bien.
Son bonheur était d'aller prier à la chapelle des Jacobins* et,
comme le jeune pâtre de Bugloz, il offrait à Dieu, son cœur
et sa peine... »
« Dieu veillait sur lui ; il avait mis dans cette âme d'enfant
une flamme de foi qui ne devait pas faiblir. La grande Révo-
lution arrive ; la tourmente gronde et, comme une tempête
affreuse, elle renverse les églises, les autels, les lieux sacrés.
Semblables aux naufragés des côtes, les prêtres sont con-
traints de se disperser, de s'enfoncer d^ns les bois ou dans
les réduits ignorés' »
Un de ces prêtres confesseurs, l'abbé Le Guen, dont nous
venons de parler, connut le jeune Malenfant, et devina sans
doute, dès l'abord, les trésors renfermés dans cette âme
d'enfant « Veux-tu venir avec moi? » lui dit-il, un soir qu'il
s'apprêtait à partir pour remplir les devoirs alors si périlleux
de son ministère. — Non, répondit l'enfant — Et pourquoi ?
— J'aurais peur des morts, ajouta-t-il, avec la naïveté de son
âge — Eh bien ! si tu veux me garder des vivants, je te gar-
derai des morts ; je t'assure qu'ils ne te feront jamais de
mal. » Ce fut comme un contrat : François suivit le prêtre,
« II fut réduit à mendier son pain.
s Les Jacobins de Guérande, couyent fondé en 1408, par le duc Jean V. Ce
couvent dont on voit encore Tenclos et quelques restes, à Textrémité du fan*
bourg Biziennôt était peu éloigné du viUage de Quéniquen .
* Notice sur Af. MalenfatU^ par M. F. Fournier» curé de Saini»Nioolat.
Semaine Religieuse du 18 novembre 1866.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 83
et durant tous les mauvais jours lui servit d'enfant de
chœur*. Avec lui, M. Le Guen « court la campagne, se glisse
furtivement dans les villages, pour administrer quelques
mourants ; avec lui il se cache dans les bois, et, confiant
dans sa précoce discrétion, le rend témoin et complice de la
célébration des saints mystères^ puisqu'il assistait et servait
le prêtre, crime irrémissible en ces jours effroyables qui
rappellent les catacombes et les proconsuls. »
« Quelles impressions, ajoute le biographe que nous citons,
durent laisser dans l'âme du jeune François ces scènes in-
comparables : ces allocutions toutes brûlantes de foi, ces
serments de fidélité, ces embrassements fraternels au pied
de l'autel improvisé, ces messes nocturnes recherchées au
péril de ses jours, ces communions à la veille de mourir, in-
terrompues souvent par les pas des Bleus et les arrives des
^ persécuteurs* 1 »
Après la Révolution, M. Le Guen se retira à Trescallan, où
il continua son ministère. François Malenfant l'y suivit, et y
reçut quelques leçons, en compagnie de Joseph Lemeignen,
de la Chapelle-des-Marais : ce furent les deux premiers élèves
de M. Le Guen.
Nous croyons que c'est après avoir reçu à Trescallan les
« Notes manuscritea de M. Jul. Bertho.
» Notice de M. Foarnier. — M. Le Guen n'était pas le seul prôtre caché à
Q^émqaen. U. Giiénel, qitelsL Révolution trouva simple clerc tonsuré aller-
bignac, son pays natal, et qui, pour partager les travaux et les périls des
confesseurs de la foi, alla se faire ordonner à Paris, se cachait aussi dans ce
quartier D trouvait un refuge dans la maison d'un fervent chrétien, appelé
Yriqueiy et quand il pouvait célébrer la sainte messe, le petit François
Maienfant la lui servait Une nuit, on vint frapper à la porte d'Yviquel et
demaDdir on prôtre. C'était un des plus fougueux révolutionnaires du Croisic,
qui savait M. Guénel présent, et l'appelait au lit de mort de son fils. Craignant,
an pi^e, les gens de la maison répondirent que le prêtre n'était pas là. Mais
le inaiheareux insista, et la charité sacerdotale l'emportant sur la prudence
humaine, M. Guénel se confia à son persécuteur. Celui-ci, jurant de le ra-
mener fldéiemen t, le guida sur sa bai'que à travers le Traict, et, quand le
prêtre proscrit eut rempli son sublime ministère, le reconduisit k sa cachette.
— Hécit de M- l'abbé J. Malenfant, curé de Saint-Jean-de-Corcoué, né à
Qnénjquen,
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xi l'enseignement SECONDAIRE ECCLÉSIASTIQUE
premiers éléments de la science, que François Malenfant,
grâce à la charité d'une pieuse dame, qui se chargea des frais
de son éducation^ fut envoyé au collège de Vannes. Mais sa
bienfaitrice étant 'morte, le jeune homme désolé dut revenir
au pays, sans autre perspective que d'apprendre un métier
pour gagner sa vie. Il frappa à la porte d'un de ses parents',
chargé déjà d'une nombreuse famille, et lui exposa son dé-
nûment et sa douleur. Celui-ci était un chrétien de la vieille
roche : « Je ne suis pas riche, lui dit-il, et j'ai des enfants ;
mais tu seras prêtre, puisque Dieu le veut. Retourne au
séminaire, je me charge de toi. «Le jeune homn^e devint
prêtre et fut reconnaissant. Durant le cours de sa longue
carrière, il procura à l'Eglise de Nantes plus de cinquante
prêtres, et, parmi eux, le ^ fils de son bienfaiteur.
Le séminaire de Nantes n'était pas encore rétabli, et M. Le
Gueh, le premier instituteur de M. Malenfant, venait d'être
nommé' à la cure de la Chapelle-des-Marais ; le jeune
homme l'y suivit* ainsi que Joseph Lemeignen, son ancien
compagnon de Trescallan.
M. Malenfant ne fut pas seulement élève à la Chapelle-des-
Marais, il fut surtout professeur. Son intelligence était
connue ; son savoir-faire ne tarda pas à l'être : bientôt les
élèves accoururent de toutes parts. Il en vint de Guérande et
de la Roche-Bernard ; leur nombre s'éleva promptementà
vingt ou trente. Leur genre de vie était celui que nous avons
< Le père de M. le curé de 8aînt-Jean-de-Corcoué, de qui nous tenons ces
détails
* Au commencement de l'année 1805.
' Nous savons certainement par la noticft de M. Fournier et le récit de M.
le curé de Sdinl-Jean de Corcoué, que M. Malenfant étudia à Vannes ; d^un
autre côté nous avons appris d^une manière très certaine qu'il séjourna h la
Chapelle-des-ilarais. Mais nous ne pouvons que conjecturer Tépoque, appuyé
sur la date de son ordination et celle de son entrée au séminaire ; et nous
tachons d*tiarmoniser les deux récits qui, d'ailleurs, ne sont nullement con-
tradictoires.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 85
décrit déjà : eux aussi logeaient dans le bourg, du z des par-
ticuliers* et se servaient mutuellement de maîtres.
Non content de remplacer le bon recteur dans sa chaire de
professeur, M. Malenfant le suppléait même à léglise, dans
quelques-unes de ses fonctions ; et il préludait à son futur
mii^istère pastoral en faisant le catéchisme aux petites filles^
qui se préparaient à la première communion'.
L'école presbytérale de la Ghapelle-des-Marais fut ainsi
florissante pendant deux années et elle rendit au diocèse des
services assez éclatants pour que M»' Duvoisin la signalât au
nainistre, et fit Téloge de celui qui l'avait fondée. Mais cet
éclat ne devait pas être de longue durée.
Le séminaire de Nantes ayant été ouvert, le 17 novembre
1807, M. Malenfant qui était âgé de vingt-trois ans, et dont
les études littéraires étaient aussi complètes qu'il était alors
possible de les faire, y entra pour suivre les cours de théolo-
gie et se préparer à recevoir les saints ordres.
Ce fut un coup terrible pour La Chapelle-des-Marais : elle
était vTSiimeni décapitée. Le zélé pasteur continua cependant,
dans la mesure de ses forces, l'œuvre commencée, que l'ou-
verture du séminaire n'avait point rendue inutile, et les
élèves, quoique moins nombreux, ne cessèrent de suivre ses
leçons'. Toutefois, M. Le Guen, aussi modeste que dévoué,
ne se croyait pas capable de les diriger dans tout le cours de
leurs études, et, après leur avoir enseigné les premiers prin-
cipes de la langue latine, il envoyait ordinairement ses jeunes
gens compléter leurs humanités et faire leur philosophie
chez son savant voisin, le recteur de Saint-André-des-Eaux.
• Tradition recueillie par M. Tabbé E. Lehuio, vicaire à La Chapelle-des
Marais.
* Notes manuscrites de M. l'abbé Bertho.
» Nous en avons 3a preuve dans la lettre de Uv Duvoisin au ministre, qui
e»t du. 28 février 1809. A cette époque, il y avait à La Chapelle huit élèves,
deux en seconde et les autres en troisième. En 1811 et 1812, on trouve
encore quelques élèves ; îi paitir de 1813, il n'y a plus rien aux reKÏstres de
révéc Jié.
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86 l'enseignement segondaikis ecclésiastique
Bientôt môme il dut renoncer complètement à cet exercice
de zèle. Le départ de M. Malenfant ; les persécutions diri-
gées contre Pie VII, par Napoléon, qui firent craindre pour
les catholiques et surtout les prêtres, le retour des jours
mauvais; les fatigues endurées pendant la TVrr^wr, et dont
Teffet se faisait sentir avec la vieillesse ; toutes ces causes
réunies avaient altéré la santé de M. Le Guen, et rompu
l'équilibre de ses facultés. Il se plongea, avec une ardeur
irréfléchie, dans Y éUxde de VApoaali/se;i\ voulut en scruter
les profondeurs et crut en comprendre les mystères.
Vers 1810 ou 1812, il se mit à prophétiser pour son propre
compte. Le pauvre visionnaire apercevait partout, dans les
vêtements de ses paroissiens, dans les objets de toilette les
plus ordinaires et les plus simples, le signe de la Bête. Il en
vint bientôt jusqu'à frapper ceux qui les portaient et à leur
refuser les sacrements*. .
Une telle manie cessait d'être inofifensive, et rendait tout
ministère impossible : M. Le Guen dut quitter sa paroisse,
vers la fin de 1820. Il se retira à Guérande où il mourut, le
27 janvier 1822.
Ces excentricités qui amènent le sourire sur les lèvres ne
doivent pas nous faire oublier que M. Le Guen, en formant
plusieurs bons prêtres, a rendu de grands services à l'Eglise.
Parmi les élèves de La Chapelle-des-Marais, plusieurs,
séduits par les cris de guerre et les éclairs de gloire, qui
remplissent l'époque du premier Empire, abandonnèrent
l'étude pour devenir soldats ; mais un certain nombre d'autres
gravirent les degrés du sanctuaire, et nous devons les
nommer.
Cfest d'abord M. Malenfant, le plus célèbre d'entre eux.
Ordonné prêtre, le 16 juin 1810, il fut immédiatement envoyé
à Paimbœuf, en qualité de vicaire. Cinq ans après*, il était
*• La tradition ra])porte qu'il annonçait que la fin du monde ne viendrait
pas ayant que les terrains vagues du pays eussent été partagés, et que Ton
dût vu les vaisseaux aller sans voiles, et les charrettes sans bœufs ni chevaux.
» Le 7 décembre 1815.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 87
nommé curé d'Herbignac, où il resta vingt ans. En 1835, il
fut transféré à la cure de Saint-Similien de Nantes ; et, après
vingt autres années employées au ministère le plus fécond
et le plus honoré, il entra au chapitre de la cathédrale. Il
mourut doyen et vicaire général le' 19 octobre 1866. Une no-
tice sur sa vie a été publiée dans la Semaine Religieuse, par
M. F. Fournier, alors curé de Saint-Nicolas, depuis évéque
de Nantes; nous lui avons emprunté plus d'un trait.
Les autres disciples de M. Le Guen n'ont pas fourni une si
brillante carrière ; mais eux aussi ont travaillé dans le champ
du Seigneur, et font sans doute aujourd'hui une belle cou-
ronne à celui qui les a formés.
Ce sont : MM. Joseph Lemeignen, mort curé de la Chapelle-
Heulin ; Joseph Hervy, mort vicaire à Sainte-Reine ; Etienne
Mahé, mort curé de la Rouxière ; Marc Delalande^ mort
vicaire de Saint-Lumine^ de Clisson ; Philippe Perrigaud,
mort curé du Temple ; Pierre Hervy, curé du Grand-Auverné ;
René Bodet, mort curé de Puceul : tous ces prêtres nés dans
la paroisse de La Chapelle-des-Marais ; MM. Tholye, de
Missillac, mort dans sa paroisse natale, et Bercegeay, d'As-
sérac, ancien curé de Mouzeil, mort à Nantes.
Abbé RiGORDEL.
^A suivre. J
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L'ÉPISQOÎPATgNANTAlS
A TRAVERS LES STÈCLES
f Suite.*)
62. — GAUTIER III
1264
Gautier III. Cet évoque n'est point entré jusqu'ici dans les
catalogues, sauf dans Travers, d'où nous extrayons ce qui a
trait à son court épiscopat. Gautier fut sacré en février ou
mars 1264. Il eut quelques démêlés avec Guillaume de
Thouaré, sur le droit de galoi, autrement d'épave et l'arrêt
du larron. Cette affaire n'eut pas de suite, les intéressés ayant,
le jeudi après la fête de saint Barnabe (12 juin) 1264, choisit
Alain de la Forôt et Guillaume Le Clerc pour informer
par témoins touchant ces droits et vérifier si Tévêque en
avait prélevé sur les flefs de son vassaP.
En cette année, un concile tenu par Vincent, archevêque de
Tours, fut célébré à Nantes. Nous en avons douze canons. Ils
défendent de promettre un bénéfice avant sa vacance, de
diminuer dans un prieuré le nombre ordinaire des religieux,
d'établir des vicaires perpétuels hors le cas de droit, de
présenter plus de deux plats à l'évoque dans ses visites, à
moins qu'il ne permette de lui en servir davantage. Ils
ordonnent de résider sur le bénéfice dont on est pourvu et de
le servir en personne et défendent de tenir en môme temps
• Voir la V» année, 6^ livraison.
' Martêne, thés, anecd., t. m. —Titres de TéTÔché.
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JACQUES DE OUÉRANDE 89
deux bénéfices, qui obligent à la résidence, sauf en toutes
choses la puissance de l'évoque, Salvâ tamen in omnibus
diœcesani potestate. Ces paroles du reste insinuent que
l'évoque pouvait permettre de tenir ensemble deux bénéfices,
mais le quatrième canon du concile de Saumur, tenu en 1276,
c'est-à-dire douze ans après celui de Nantes , prouve que
le concile de 1264 n'a point dit une chose semblable et
que les mots : scUva tamen.., sont une scolie qui, de la
marge est passée dans le texte. Le môme concile défend,
sous peine d'excommunication, de faire payer des droits
de trait ou de passage aux clercs pour ce qu'ils trans-
portent d'un lieu à un autre, quand ces choses sont de leur
crû ou pour leur usage. Il défend enfin d'assigner dans un
lieu où il n'y a point d'avocats, ni garde qui ne puisse prendre
conseil, et de tenir en saisie les biens des clercs quand ils
en demandent la délivrance sous caution de les représenter.
Grautier mourut sur la fin de 1264, année même de sa nomi-
nation, ou passa à un autre siège.
63. — JACQUES DE GUÉRANDE
1265 - 1267
Jacques de Guérande^ né en la petite ville de ce nom, au
diocèse de Nantes, avait été chanoine de Paris et était doyen
de Tours, comme son avant prédécesseur lorsqu'il succéda
à Gautier. Il fut sacré dans les derniers jours de janvier
1284 (c'est-à-dire 126B N.-S.), comme nous l'apprend une lettre
adressée à l'archevêque de Tours, par laquelle Tofficial de
Saint-Brieuc excuse son évêque de ne pouvoir assister au
sacre du nouvel élu de Nantes*. C'était sous le pontifficat de
C/émentIVet le règne de Jean I*% en Bretagne. Jacques de
Guérande trouva, à son avènement la régale entre les mains
« Dom UoTice. F' I, col. 990.
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90 L'iPISCOPAT NANTAIS A TRAVERS LES SIÈCLES
du duc, disposé du reste à exercer tous les droits que
ses prédécesseurs avaient prétendus à la mort des évoques
antérieurs, et que le Saint-Siège avait prononcé plus d'une
fois ne point leur appartenir. L'évoque Jacques pria d*abord
par des monitions le duc de se dessaisir. Il donna ensuite, aa
mois de décembre, un mandement aux abbés de Geneston et
de Pornit pour sommer le duc, de rendre ce qu'il détenait, sous
peine des censures ecclésiastiques et un autre mandement
le samedi avant la Saint-Nicolas*, à Tabbé de Geneston et aux
doyens des climats de Nantes et de Retz, pour avertir juridi-
quement Jean I" de restituer le vin des vendanges faites de-
puis la mort de Gautier, et sur le refus qu'en fit le duc, l'é-
voque l'excommunia, lui et ses principaux officiers'.
L'évoque de Nantes avait eu précédemment un différend
avec Gilles, abbé de Buzay, au sujet d'une prairie. Cette affaire
n'eut pas de suite, les deux parties ayant transigé sur leurs
droits, le samedi avant le dimanche Lxtare, quatrième de Ca-
rême 1265'.
Jacques de Guérande, sur lequel nous n'avons aucun détail
sigillographique^ mourut le lundi avant la septuagésime,
6 février, de l'an 1267, et fut inhumé à la cathédrale,
près des saintes reliques. Par délibération capitulaire du
17 juillet 1622, son corps fut levé, lorsqu'on bâtit le grand-
autel, changé de place lui-même vers 1750. Il fut porté dans
la chapelle Saint-Lazare en la même église\
Gaignères* nous a conservé le dessin de la tombe, en cuivre
émaillé, qui fut placé sur cette sépulture. Jacques, revêtu de
ses ornements épiscopaux, repose la tête, coiffée de sa mitre,
« 12 décembre 1265.
* Titres du Mont-Célesta dans le Oallia Christiana de Sainte-liarthe. —
Maan, in Vinc. de Pilenis. — Titres du Chapitre. — Histoire de Bretagne,
t. II, p. 423. — Titres de Tévôché.
s 14 mars.
^ Archives du Chapitre, Répertoire de l'Eglise cathédrale de Nantes*
1568-1786.
» Archevêchés et évéchés de France, t. cxli, fol. 177. Bibliothèque nationale
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JACQUES DE GUÉRANOB
91
sur un riche coussin, orné de petits carrés, au centre de
chacun desquels est une rose. Ses mains sont gantées, la
droite bénit, la gauche soutient la crosse, dont la voNte est
tournée en dehors et Textrémité inférieure appuyée sur un
dragon placé sous les pieds de Vévôque. Le champ, semé
d'hermines, est encadré par deux colonnes soutenant une
arcature ogivale trilobée ; au haut, deux anges tiennent des
encensoires*. La légende est celle-ci :
Bis sexcentenus annus, decies qaoque senas
Septimu&est Ghrigti, cum migrât funere tristi
Hic Jacobus, sanus sensu, Turonisque decanus,
Divine legis doctor devotus, et segis
FortiSt canonicns, benedignus Parisiensis,
Demiim Nânnetensis prsesul, probitatis amicns.
Septima febrilis mensis lux est requiei.
Rex pius ac humilis^ Ghristus opem det ei'.
Son portrait se voyait autrefois (1750) sur une des vitres
principales de la cathédrale de Tours, par reconnaissance peut-
être de quelque legs considérable par lui fait pour la
construction de cette église, à laquelle on travaillait alors,
ou parce qu'il en resta doyen, quoique évoque*.
* M. de la Nicollière en a donné le dessin dans un frontispice de son Arm.
dbss érs. de Nantes.
* La copie faite par Gaignières doit être fautive, comme l*indique saffi
samment le manque de mesure et de rime. Dans l'impossibilité' de rectifier
entièrement cette épitaphe, composée de sept hexamètres et d*un penta-
'jnëire, M. de la Nicollière propose les corrections suivantes:
Annnâ bis sexcen tenus
Septixnus est Christi,
Hic Jacobus sanus
Doctor divinae legis,
Fortis, canonicus,
Denum XannetCDsis
Septima febrilis mensis
ftex pi as ac humilis,
« 3faan, In Vinc. de Pilenis.
Decies quoque senus
Cum migrât funere tristi
Sensu, Turonisque decanus
Devotus. et segis
Bene dignus Parisiensis
Prssul. probitatis amicus.
Lux est requiei.
Ghristus opem det ei.
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•92 l'épi?copat nantais a travers les siècles
Jacques de Guérande légua au chapitre de Nantes soixante
sols de rente, et au bas-chœur vingt sols, pour sa mémoiro.
que le Livre des Anniversaires a marquée au 16 janvier. Il
nomma pour son exécuteur testamentaire, VincentdePilènes,
archevêque de Tours, qui, étant venu à Nantes à ce sujet, y
fut très mal reçu par Tagentdu duc*.
64. — GUILLAUME DE VERNE
1267-1277.
Guillaume de Verne appartenait à une famille noble du
pays de Rays ; cependant aucun auteur héraldique à notre
connaissance ne Ta mentionné , quoique plusieurs actes
du quatorzième siècle, au cartulaire de Rays lui attribuent
une bonne et ancienne extraction. A la date du 13 août 1344,
ledit cartulaire mentionne un Guillaume de Verne, chevalier,
comme ayant acquis de Louis de Machecoul et de Jeanne
de Beauçay, sa femme, tout ce qu'ils possédaient dans la
chatellenie de Benez, plus une rente sur un hébergement
situé près de Dompierre, en Aunis. Les mômes concluent,
en 1347, un nouvel arrangement relatif h cette vente'. En
1348, messire Guillaume de Verne, chevalier, parait encore
darus sa charte par laquelle Jeanne d*Eu affranchit les habi-
tants de Bournezeau du droit de chasse et de garenne*.
En 1325, Henri de Verne, de Venerio, représentait le cha-
pitre dans une discussion contre Tévêque Daniel Vigier,
« La similitude du nom nous a porté, ajoute M. de la Nicol-"
« Hère (p. 49), d'oii nous extrayons ce qui précède, à mention-
« ner ici ces deux personnages, vraisemblablement de la
* Liv. des Ann. Reg. du Chap. Titres de VEgL de Nantes dans VHist. de
Bret. t. II, p. 422.
> Cartul. de Rays, par M. P. Marchegay, Revue des Pror de VOuesi^ t. m,
p. 693.
» Ibid. t. IV, p. 748 t^t uiv.
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(iUIIJ.AUMR DK VKRNK 93
•f famille de l^évêqae, mais si cette parenté paraît à peu près
« certaine pour Henri, chanoine de Nantes, nous ne pou-
• vons émettre qu'une possibilité pour Guillaume. » Elu
dans les premiers mois de 1267, sous le pontificat du pape
ClémentlV et le règne du duc Jean le Roux, Guillaume commit
aussitôt son officiai pour intervenir contre ce dernier,
C[ui avait encore usurpé la régale pendant la vacance
et pour lui faire des monitions canoniques. En l'absence
du duc, ces monitions devaient être publiées sur les places
publiques et à la cathédrale, afin qu'elles pussent parvenir
à sa connaissance*. Le nouveau différend ayant été encore^
une fois porté à Rome, Sa Sainteté, par bref daté de Viterbe,
t25 novembre 1267, donna commission au doyen, à Tofflcial
et à un chanoine de Tours, Guillaume Jourdain, de vidimer
les pièces du procès. La commission fut notifiée au duc le
jeudi avant l'Ascension, 10 mai 1268, avec avis qu'il serait
procédé aux vidimes à Tours, le 20 juin suivant, mercredi
a.vant la Saint-Jean-Baptiste. L'Evêque se rendit à Tours au
jour indiqué, accompagné de l'archidiacre de la ville et des
doyens de Clisson et de la Roche-Bernard. Personne ne se
présenta pour le duc qui trouva plus expédient de venir à un
arbitrage. Il fut convenu, sous peine de mille livres tournois,
de s'en rapporter au jugement de Robert, évoque d'Albano,
légat du Saint-Siège en France et d'Henri de Viziliac, archi-
diacre de Bayeux. Après examen des pièces, ces deux ar-
bitres se rendirent à Paris, le 5 des Ides de décembre 1268,
le siège de Rome étant vacant, une sentence portant que le
duc/ pendant la vacance, n'a d'autre droit que celui de garde,
et lui adjugeant pour cet effet une rente de 10 1.'
Ensuite le légat, du consentement de l'évoque, donna au
duc Jean P' l'absolution de l'excommunication par lui en-
courue en 1264. En conséquence de cet accord, révoque
Gu///aume, qui s'intitulait' :
I Titres du chajp. dans THist. de Bret. t. ii, p. 42!.
• Arcii départ Titres deVév. série G. i.
ID. MÔr. p'i' ^<>^' *^^^-
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04 l'épiscopat nantais a travers les siècles
Guillelmiis, miseratione divina electus ecclesiœ nannetensis
confirmatuSy prêta serment au duc le 21 mars jeudi saint, de
Tan 1269 (N.-S.) : » promettant et jurant, la main sur la poy-
» trine, estre bon et loyal subjet de mondit seigneur, de
» son successeur, tant que je vivroy et lui estre obeis-
» sant et à sa justice. » A cet acte était apposé son signe en
cire verte, sur lequel on voyait la tête d'un évoque mitre*.
Guillaume est le premier évoque de Nantes qui ait con-
senti à faire ce serment. Jusqu'à lui, ses prédécesseurs
avaient soutenu qu'ils tenaient leurs fiefs et domaines en
#ranc aleu, et voulaient partager les droits souverains de la
ville avec les comtes de Nantes. Le prélat espérait par cette
concession et cette soumission clore Tère de difficultés qui
avaient rempli les règnes précédents. *"
L'an 1275, le samedi 5 octobre, avant la Saint-Clair, le duc
Jean le Roux fit sa fameuse ordonnance qui chance le bail
des nobles en rachat, mais il laissa ^aux seigneurs la liberté
de la suivre à regard de leurs vassaux nobles ou de se tenir
à l'ancien usage. Les principaux seigneurs du diocèse l'ac-
ceptèrent en janvier 1270, L'évéque n'en voulut point, et ses
successeurs, pendant plus de trois cents ans, ne l'ont pas
suivie*.
Suivant le nécrologe de Geneston, Guillaume de Verne
mourut le 2 des Ides d'octobre 1277, léguant à son chapitre
quatre livres, quatre sols de rente pour sa mémoire, que
l'ancien Livre des Anniversaires a fixée au 26 octobre.
t Ârcii. départ , Arm. N., case 6, no 26. Travers taxe cet acte de faux,
mais la présence dans le trésor des dues d*une copie authentique, permet de
répéter cette erreur. La seule différence qui puisse exister entre Toriginal et
le "oidimus, c'est que celui-ci est en français, tandis que le premier était en
latin. (Note de M. de la NicoUière, pp. 48 et 49.)
* Nosseigneurs du Bec et Gospéan en demandèrent l'exécution au roi, à la
in du seizième et au commencement du dix-septième siècle et Tobtinrent, à
la condition d'acceptation par le Chapitre, c'est-à-dire si celui-ci trouvait plus
avantageux pour l'évi^que d'avoir une année du revenu du fief noble (en cela
consistait le rachat), que d'avoir la garde du pupille noble, la jouissaïkce de
ses biens et le soin de son éducation.
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GUILLAUIOS DE Y^RNE
95
Lie grand sceau de ce prélat, en cire verte, forme ogivale,
ap pendu sur lacs de parchemin au bas d'une pièce de 1274,
le représente vôtu des ornements épiscopaux, tenant la crosse
tournée en dehors, de la main gauche et bénissant de la
droite. Légende : 6\ GûUlelmiy Dei grcUia^ nannetensis
Apiseopi.
J. DE KeESAUSON.
fLa suite prochainement,)
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CASSARD
CAPITAINE DE VAISSEAU
1679-1740
(Suite et fin*).
PIÈCES JUSTIFICATIVES
Campagne aux îles d'Amérique. Dispositions et condi-
tions pour l'armement en course de la frégate du Ro7j
/'Argonaute.
Cette frégate, jointe à deux autres armées par des parti-
culiers^ doit aller aux îles de V Amérique, sous les ordres
de Cassardf faire la course contre les forbans. — Arch.
duMinist. de la Marine. Campagnes. N* 37. 1716-1720.
MÉMOIRE du Roy, pour servir d'instruction au sieur
Cassard, capitaine de vaisseau, dans le voyage qu'il
va faire aux Iles de TAmérique, pour faire la course
contre les forbans.
* Voir la livraison préc<^dente.
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GASSARD 97
Sa Majbsté» ayant agréé les propositions qui lui ont été faites par
le sieur Gassard, d'armer contre les forbans qui font la course sur
les costes des lies de l'Amérique; elle luy a accordé la fi^gate l'Ar-
gonaute, pour joindre à deux autres dont il fait l'armement.
Elle s*est déterminée à charger le dit sieur Cassard de cette entre-
prise, p&T la bonne opinion qu'elle a de sa valeur, capacité, expérience
ei at^tachement pour son service. Elle luy recommande de mettre
tout en usage pour détruire les pirates qui courent ces mers, et qui
interrompent entièrement la navigation.
Par les dernières lettres qui sont arrivées de Saint-Domingue, Sa
MiÛ^sté a été informée qu'il y avait quatre forbans sur les costes de
cette isle, contre lesquels le sieur de Blenac avait fait armer deux
b&timents commandés par le sieur de la Sausaye, enseigne de vaisseau .
£lle donne ordre aux sieurs de la Varenne et Ricouart, gouverneur
et intendant des lies du Vent, aux sieurs de Ghateaumorant et ^
Mithon, gouverneur et commissaire ordonnateur à Saint-Domingue,
de luy donner les avis et les secours de troupes et de milices qu'ils
croiront luy estre nécessaires, et dont il estimera avoir besoin pour
pouvoir réussir dans son entreprise.
Sa Majesté ne peut donner au sieur Cassard, des ordres précis sur
la proposition qu'il luy a faite d'aller enlever les nègres marrons qui
sont à Tisle Saint- Vincent, parce qu'elle n'est point informée de la
situation présent-e de c^s nègres avec les sauvages qui habitent cette
même isle\- et, elle donne ordre aux sieurs de la Varenne et Ricouart
d'examiner s'il convient, par rapport à l'intérêt des Isles du Vent,
de faire cette entreprise; et, elle souhaite que le sieur Cassard ne
l'entreprenne point sans leur consentement.
Elle leur flaiit observer que quoi qu'il fut avantageux aux Isles |lu
Vent de détruire ces nègres, il paroi stroit nécessaire auparavant de
s'y déterminer, d'engager les sauvages à favoriser cette entreprise,
parce que si elle se fait sans eux, il y a tout lieu de craindre qu'ils ne
prennent le parti des nègres avec qui ils sont alliés, et que se décla-
rant contre nous, nous ne tombions dans une guerre qu'il faut éviter^
et qui seroit cause de la destruction des habitations des bords de la
mer de ces isles. Ainsi, on ne doit rien entreprendre sur cela qu'après
mures délibérations.
En cas qu'il soit jugé convenable que le sieur Cassard aille contre
ces nôgres. Sa Majesté souhaite qu'il ne vende aux Isres du Vent que
les femmes et les enfants au dessous de douze ans, parce qu'il seroit
T. VI. NOTICES. — VI« ANNÉE, 1" LIV. 7*
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W CASSARD
dangeureuK de mettre dans cette isle ces nègres* qui sont aguerris,
et qui peurroient aisément retourner de là à Saint-Vincent, li en
pourra vendre quelques-uns à Saint-Domingue. Cependant, il seroit
à souhaiter qu'il put s'en deffiB^re ailleurs que dans les colonies fran-
çoises ; et Sa Majesté marque aux sieurs de la Yarenne, Ricouart, de
Ghateaumorant et Mithon de hiy indiquer les moyens d'y panrenir,
si la chose est possible.
Sa Majesté luy fera observer que l'entreprise contre les nègres de
Saint-Vincent doit être secrette, et luy recommande de n'en point
parler, soit qu'il la fasse ou non.
Si le sieur Cassard trouve des navires anglois ou holiandois faisant
le commerce sur les costes des isles flrançoises de l'Amérique, Sa
Majesté souhaite qu'il les arreste, et qu'il les remette au gouverneur
et intendant de la colonie où il arrivera, auxquels Elle mande d*en
Mre Instruire les procédures, et de tenir la main k ce qu'ils soient
confisqués, s'ils se trouvent dans le cas. Sa Majesté luy recommande
de n'arrester que les vaisseaux contre lesquels on pourra prouver
le commerce étranger, afin de ne point donner de justes sujets de
plaintes aux nations étrangères.
Il leur remettra aussi les forbans qu'il prendra ; et ils ont ordre
d'en Oirire bonne et briefve justice.
Sa M«0^té ne prescrit rien au sieur Gassard, sur sa navigation et
le séjour qu'il fera dans chaque colonie. Elle s'en rapporte à la ma-
nière dont il croira devoir se conduire à cet égard, tant pour détruire
les forbans> que pour l'intérêt de ses armateurs.
Elle luy recommande d'informer le Conseil de marine des opérations
de sa campagne, par toutes les occasions qu'il trouvera.
Fait à Paris, le cinquiesme janvier 1717
Signé : Louis.
Approuvé : Philippe d'Orléans.
Mémoire polir le S' Cassard, capi'ame de vaisseau du fîoy,
et les intéressez en son armement, — Arch du Minist. de
la Marine Dossier Gassard.
Ils supplient très humblement Nos Seigneurs du Conseil de
marine qu'il soit pourvu à leur remboursement d'une somme
^ Las nègres marons qai sont à Tisle Saint* Vincent ; et qui ont déserté
prtfqae tous des isles fran^oises de T Amérique.
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GAS8ARD 99
de 732.769 liv. 10 sols 2 deniers, conformément à l'arrest du
Conseil d'Elat, rendu, Sa Majesté y estant, le 12 août 1715.
Fait
Le 2 dn mois de décembre 171 Me sieur Cassard fit un traité avec
leKoy pour armer en course une escadre de six vaisseaux de S. M.
contre les ennemis de FEtat ; afin de trouver les fonds nécessaires
à rexécuUon d'un projet de cette importance, il engagea cinq négo-
ciants de la ville de Marseille de se charger de cet armement.
Par l'article 10 de son traité^ le Roy luy laisse, et aux directeurs de
son Armement, l'entière disposition des vaisseaux et autres bâti-
ments de l'escadre.
St par le premier et dernier article du même traité, il est dit que
cette campagne ne doit être que de huit mois.
L'objet de l'armement du Cassard, était, suivant son traité, de
faire la course sur les ennemis de l'Ëtat, et de ne la faire que pendant
hnit mois : ses fonds étoient proportionnés & son objet, et ses vues ne
s'étendoient pas plus loin.
Peu de temps avant le départ de cette escadre, le S' Cassard reçut
une lettre particulière du secrétaire d'Ëtat, ayant le département de
la marine, en date du 10 Février 1712, par laquelle il luy marque que
cette lettre est pour luy seul, et que l'intention du Roy est qu'il exerce
par représailles tous les actes d'hostilités possibles sur les colonies
ennemies ; qu'il en fasse sauter avec des mines les travaux et forti-
fications, maisons, magasins, et tous autres bâtiments sans exception ;
qu'il brûle les cannes de sucre et autres plantes en campagne ; qu'il
fasse généralement tous les dégâts praticables dans une terre que
Ton veut dévaster.
A la lecture de cettre lettre, le S' Cassard connut tout l'embarras de
sa situation ; comme capitaine de vaisseau du Roy, l'ordre et la
gloire de son prince sont préférables à toutes autres veues ; comme
armateur, le bien de l'armemeàt doit estre son premier objet : s'il suit
ce qui lui est prescrit par le ministre, il prévoit bien qu'il ne pourra
tirer aucune utilité pour ses armateurs dans les Colonies où il descen-
dra, parce qu'il les doit brûler et dévaster, et que ce n'est qu'à titre
de, conservation qu'on leur fait payer ordinairement des rançons ;
/^
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100 CASSARD
s'il les ménage à prix d'argent, il n'exerce plus les représailles qui lui
sont ordonnées»
Il ne peut pas faire part des ordres qu'il a receuz aux intéressés
dans son armement : la lettre n'est que pour lui seul. Et quoiqu'il
connaisse qu'il va employer les fonds qu'ils luy donnent, différem-
ment de leur propre intention, il ne s'occupe point des justes repro-
ches qu'ils auront à luy faire et regardant l'obéissance qu'il doit à
son Roy comme le premier de tous ses devoirs, il n'est plus rempli
que des moyens qu'il pourra mettre en usage pour détruire les Colo-
nies ennemyes.
Il part ; il arrive aux Iles du Cap Vert, appartenantes aux Portugais ;
il les attaque et prend la ville principale et le châiteau à discrétion ;
et les fait ensuite sauter avec les autres fortifications ; il brûle les
maisons, crève plus de 150 pièces de canon, et ruine entièrement la
campagne.
Il remet & la voile, et va attaquer & mille lieues de là la colonie de
Surinam, appartenante aux HoUandois. Les pluies continuelles l'obli-
gent de se retirer, et de remettre cette entreprise à une autre saison.
Il fait route pour l'Isle de Montsera, distante de 500 lieues ; il la
prend, la détruit, fait sauter les fortifications et brûle entièrement
la campagne.
Cette exécution faite, il retourne à Surinam, et après cinquante-cinq
jours de navigation, il y arrive et ruine cette Colonie.
11 attaque ensuite celle de Barbiche et celle de Saint-Eustache,tou-
tes deux hollandoises, qu'il traite avec la même rigueur.
Instruit que les Hollandois tirent des sommes considérables du
commerce qui se fait de l'isle de Carassol avec les Indes d'Espagne,
il va l'attaquer, oblige la ville à une contribution, et dévaste toute
la campagne voisine.
Dans toutes ces différentes exécutions, qui l'ont tenu vingt-sept
mois à la mer, il agit partout en officier, et nulle part en armateur.
Aussi la perte qu'il cause aux Colonies ennemis a été estimée à plus
de trente millions, et n'en a produit à l'armement que deux millions,
deux cent quatre-vingt-onze mille, six cent quatre vingt treize livres,
dixsols, onze deniers.
Le sieur Cassard, estant de retour en France, fut fort applaudy de
la Cour, et fort peu de ses armateurs, qui ne s'appaisèrent qu'après
avoir vu la lettre du 10 février 1712 : en son particulier, il trouvait
son dédommagement dans les blessures honorables qu'il avoit reça
en servant son Roy ;mais pour eux, il n'y rencontroient qu'une ruine
assurée, s'ils estoient obligés de payer les dépenses excessives d'une
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GASSARD 101
•si longue campagne, si fort au dessus de leurs forces et du fond
destinée pour le projet d'un armement de huit mois seulement.
Les officiers et les équipages de cette escadre demandèrent d*estre
payés au désarmement ; les armateurs inquiétés par eux, et hors
d'état de les satisfaire, représentèrent très humblement au feu Roy,
que le sieur Cassard ayant préféré la gloire de ses armes et Texécu-
tion des projets essentiels qui luy avoient esté confiés pour Thonneur
et le bien de FEtat, à leur utilité particulière, il étoit Juste que Sa
Majesté se cbarge&t des prises, rançons et contributions faites, dont
ils rendroient compte de clerc àmaistre, en les remboursant de leurs
avances.
Sa Majesté eut égard à leurs remontrances, et commit, par arrêt
du Conseil, du 4 mars 1715, M. de Vanvré pour connoistre l'état au
▼ray des^recettes et dépenses de l'armement du sieur Cassard, faire
du tout une juste balance, et ensuite donner son avis.
C'est sur le compte général arrestépar M. de Vauvré, et affirmé
par le receveur des droits de son Altesse Sérénissime, qu'est inter-
venu Tarrest du Conseil du 12aoust 1715.
Cet arrest contient plusieurs dispositions.
Par la première, il est justifié que les frais de la campagne du sieur
Cassard, les charges ordinaires des prises et les répartitions faites
aux ilbustiers et aux habitants des Isles Arançoises qui ont aidé à la
dévastation des Colonies ennemies, se montent à la somme de
3,22^7,1^ livres, 19 sols, 7 deniers.
Par la seconde disposition de cet arrest, il est prouvé que les pri-
ses et rançons n'ont produit que 2,291, f393 livres, 10 sols, 11 deniers.
Par conséquent la perte effective faite par cet armement, se monte
à la somme de 935,462 livres, 8 sols, 8 deniers.
Ce même arrest, par une troisième disposition, décharge l'arme-
ment du paiement d'une somme de 30,000 livres prétendue par les
officiers et soldats qui ont été k l'attaque de Carassol.
11 faut savoir que le sieur Cassard, ayant été dangereusement
blessé au commencement de l'attaque de Carassol, fut emporté sur
son bord, d'où il donna ordre de promettre par un ban à la tête des
troQpes,la somme de 30,000 livres ; mais c'était k condition expresse
que l'on prendrait cette place. Au lieu de s'en rendre les maîtres, on
se contenta d'en tirer une contribution de 1 15,000 piastres, qui furent
payées en marchandises et en denrées ; ainsi c'est avec grande raison
que Sa Maijesté en a déchargé l'armement.
Par une quatrième disposition cet arrest déboute les troupes et
éqaipages d'une demandede 30,000 l. pour retranchement des vivres ;
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102 GA88ARD
la raison de cette décision est que pendant la plus grande partie du
temps de ce retranchement, ils ont vécu & discrétion sur le pays
ennemi.
Cinquièmement. Sa Majesté décharge ce môme armement d*ane
somme de 94,61 1 livres, 1 sol, 8 deniers, à laquelle se montoit le
dixième des prises, contributions et rançons appartenant à TEtat-
miOor et aux équipages, parce que S. M. les a gratifiés d'une somme
beaucoup plus considérable, ainsi qu'il sera justifié cy après.
Enfin, il se trouve que Sa Majesté a fait remise à cet armement
d'une somme de 237,001 livres 1 sol 8 deniers, à laquelle se montoit
le cinquième des prises et rançons qui revenoit à S. M.
Les supplians ont l'honneur d'observer au Conseil, que par le trai-
té du 2 décembre 1711, S. M. étoit convenue que les avances que
feroient les armateurs pour agrès, carennes et autres fournitares
spécifiées seroient prélevées sur le cinquième. Or ces avances se sont
trouvées monter à 154,983 1. 9 sols, 11 deniers. Donc, ledit cinquième
se trouvoit réduit à la somme de 82,017, 1. 1 1 sols, 9 deniers, de laquelle
S. M. a exempté l'armement, parce qu'en premier lieu, ayant eu la
bonté de recevoir les armateurs à compter de clerc à maistre, elle
s'est chargée des profits et pertes de l'armement ; et en second lieu,
parce que suivant ce compte général, et comme il va être expliqué,
S. M. a obligé les armateurs à payer des sommes plus considérables
aux lieu et place de cet article.
Total des parties du payement desquelles le Roy décharge
les armateurs j en se chargeant de F armement.
Bon de Carassol 30,0001.
Retranchement des vivres 30,000,
Dixième des prises et contributions . . 94,61 1 , 1 s, 6 d.
Cinquième du Roy 82,017, Ils. 9d.
236,628. 13 s. 5d.
Comme la bonté avec laquelle le Roy est entré dans la triste situa-
tion des armateurs, pourroit donner lieu de croire que c'est aux
dépens des officiers et des équipages, il est à propos de faire remar-
quer à Nosseigneurs du Conseil : 1"* que les exemptions des quatre
articles ci dessus ne sont que desimpies compensations à l'égard des
armateurs.
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GAS8ARD 103
2* que le Roy a pourru d'ailleurs au dédommagement de lUtai-
Mijor et des équipages, en leur faisant payer par les armateurs beau-»
coup an delà de oe qu*ils pouvoient prétendre.
Pour les Armateurs.
Pendant cette campagne, qui fat de vingt sept mois, trois bâti-
ments, firent nauflbuge. Suivant la disposition de TOrdonnanoe du mois
d'août 1661, titre 4, art. 8, les mcUelQ» ne peuvent prétendre auoun
loyer : S. M. a voulu que les armateurs aient payés ces appointe^
ments. qni se sont trouvés monter à la somme de .âl8,âôl^ 16*
Qu'ils aient donné des gratifications à TEt^Major
en compensation, qui se trouvent monter, compris
ce qui n'a pas encore esté payé, suivant les états
certifiés, envoyés au Conseil par M. de Bellefontalne,
qui les a réglés à la somme de 67,490* 12« 6*»
Auisoldats 5,000 » » 77,490M2« 6*
Aux veuves 5,000 > »
*^95,752» 8- 6*»
Toutes les parties que les armateurs sont déchar-
gés de payer, qui regardent le Roy, TEtalr-Major et
les équipages ne montent qu'& la somme de. .... . 236,628* 13' 5<>
59,123* 15' 1*
Ainsi ceqne les armateurs ont payé, excède les sommes qui leur ont
été remises par Tarrest du Conseil, de cinquante neuf mille cent vingt
trois livres, quinze sols, un denier.
Il s'agit présentement de faire voir ce que le Roy a fait payer à
rïtat-MajoE et aux équipages, beaucoup au dessus de ce qui leur
éftoit dû.
Pour VEtai'MaJor
On iuy paie, comme il est justifié cy devant par forme de gratifia*
cation et d'équivalant du dixième , 67,490* 12" 6^
Tout le net produit du dixième des prises
rançons et contributions de la campagne, monte
à 94.61 J* 1*8^, dotttilluyen reviendroit la moitié
quiest - 47,305* 10« lO'*
Reste 20,185* !• 8*
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104 GASSARD
Ainsi, TËtat^Majoraura reçu audessusde son contingent du dixième,
20,185M* 8"^ que les armateurs n*ont consenti de payer qu'après que
M. le Bailli de Bellefontaine Ta réglé de même avec le sieur Casaard .
Pour les Equipages
Le Roy leur a fkit gr&ce de leur faire payer par les armateurs,
contre la disposition de l'ordonnance, les loyers des dégradés qui
se montent à la somme de :il8.26P 16«
Aux soldats et aux veuves 10,000,
228,26P 10«
La moitié du net produit du dixième qui leur
revient pour le contingent monte à 47,305» 10* 10*»
180,956» 5» ti^
Ainsi les équipages ont reçu des armateurs cent quatre mille
neuf cent cinquante six livres, cinq sols, deux deniers au dessus de
leur dixième.
Quoique les sommes que les armateurs ont payées à TEtat-MaJor
et aux équipages, par ordre du Roy, au dessus de ce qui leur estoit deu
montent à deux cens un mille cent quarante une livres, six sols, dix
deniers, il est pourtant vray que les équipages qui ont fait un heu-
reux retour, n'ont rien reçu en équivalant des 47,305» 10« W qui leur
revient du dixième entre eux et les dégradés^ si ce n'est les dix mille
livres qu'on donne aux soldats et aux veuves. Us demandent leur
paiement aux armateurs, mais comme ceux-ci ont rendu compte de
derc à maistre, et que le Roy, par ses arrêts s'est chargé des profits
et pertes de l'armement, S. M. y pourvoira, et aura pour ses équi-
pages tels égards qu'elle jugera à propos.
On a été obligé d'entrer dans ce détail et d'interrompre l'explication
de Tarrest du 12 aoust 1715, afin de faire connaître que les ofilciers
et les équipages ont été traités avec plus de faveur que s'ils avoient
reçu le paiement des trois sommes dont les armateurs ont été dé-
chargés.
Sa Majesté ordonne en outre parce môme arrest que les armateurs
seront payés comptant par le trésorier de la marine de la somme de
98,917»4 sols, il deniers pour le remboursement des vivres par eux
fournis aux équipages dégradés et ramenés des Iles d'Amérique.
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CASSARD 105
Sxeédant des dépenses de la campagrne du sieur
Cassard monte à 9a5,462* 8« 8«»
Si les sommes dont les armateurs sont déchargés
sont évaluées par l'arrêt à rî91,612» 3« 4*
Ainsi les armateurs se trouvent encore en souf-
Irancede 543,a50» 5» 4'»
Sur rindemnité de laquelle le Roy promet de pourvoir incessam*
ment par ledit arrest.
Les choses en cet état, le sieur Cassard et ses armateurs supplient
très humblement Nos Seigneurs du Conseil de Marine de faire ordon-
ner le paiement des 88,919 1. 4 s. 10 d., qui leur doit être fiait par le
Trésorier de la marine, conformément à Tarrest du \2 aoust 1715, et
de leur faire expédier une ordonnance de cinq cent quarante trois
mille huit cent cinquante livres, cinq sols, quatre deniers pour leur
indemnité, et pour les mettre en état de payer ce qui reste du aux
officiers et équipages pour le désarmement.
Il est aisé de connaître, par ce que Ton a expliqué ci-dessus, que
Tobéissance du Sieur Cassard aux ordres du Roy, que sa fidélité à
conserver le dépôt de représailles qui luy étoit confié, et que remploi
qu'il a fait des fonds des intéressés en son armement, sans leur par-
ticipation, et contre leur intention, a réduit ces négociants à la der-
nière extrémité.
One le feu Roy a vu qu'il étoit de sa justice de se charger luy
même des fraits de Tarmement du sieur Cassard, puisqu'il n*avoit
porté le fer et le feu dans les Colonies ennemies que pour la gloire et
la vengeance de la Nation, au lieu qu'en les ménageant il en auroit
tiré des contributions qui auroient fait sa fortune et celle de ses
armateurs*.
Délibération du Conseil de marine sur l'affaire du sieur
Cassard. — Arch. du minist. delà roarine. Dossier Cassard.
Le conseil de marine ayant examiné par ordre de celui de Régence
les prétentions du S' Cassard et de ses armateurs sur les dédomma-
gemrats, qu'ils prétendent leur estre deus par le Roy, et celles des
ofliciers et équipages qui composoient l'armement, contre les arma-
* De nmpniaevî^ de C. L. Thiboust, place de Cambraj; 4 pp. in-folio.
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106 GA88ARD
leurs, il paroist que la demande de ces équipages d'une somme de
30,000 1. qu'on leur avoit promis par un bon en cas de jurise de
Carassol, doit être rejetWè, cette ville s'étant rançonnée, sans pour
ainsi dire qu'il y ait eu d'attaque, et d'ailleurs les armateurs en ayant
été déchargés par Arrest du 12 août 1715.
La seconde demande des mêmes équipages, pour une prétendue
diminution des vivres, ne paroitpas mieux fondée, attendu que pen-
dant la plus grande partie du temps qu'ils prétendent que cela leur
est deu ils ont, été nourris à discrétion dans le pays ennemy, et
beaucoup mieux traittés qu'ils n'auroient estes dans le vaisseau.
La troisième demande des équipages qui regarde le dixième des
prises qui ont été faites, paroist juste. La somme totale x>our ce qui
les regarde dans ce dixième monte à 47,000 1. dont 10,000 1. ont été
payées ; et le S' Cassard doit être tenu coiyointement avec les arma*
teurs à leur ^payer le reste, argent comptant. Quant aux officiers
qui prétendoient leur estre deu pareille somme de 47,000 1. pour le
môme dixième, il paroist que les armateurs y ont satisfait, et môme
au delà, depuis le premier compte qui a été rendu de cette affaire au
Conseil de Régence, Ainsi il n'en feut plus parler.
A l'égard de l'article le plus considérable qui est le dédommage-
ment du par le Roy à ces armateurs, il paroist que dès le commence-
ment de l'armement duRôy a fait agir le sieur Cassard par ses ordree,
et que la campagne qu'il lui a fait faire a été de vingt*sept mois» au
lieu de huit mois, que les armateurs avoient réglé par leur traitté,
fait avec le Roy lorsque S. M. leur prêta ses vaisseaux. Il paroit par
les arrêtés de comptes que M. de Yanvré a fait par ordre de S. M.,
que la dépense excède la recepte de la somme de 543,850 1. 8 s. 4 d.,
de quoy on doit ajouter celle de 88,919 l. 4 s 10 d. qui leur avoit été
donnée comptant sur le trésorier de la marine, pour la subsistance
des équipages dégradés qu'ils ont ramené ; de laquelle somme de
88,919 1. 4 s. 10 d. ils n'ont point été payés. Et celle de 94,6 11 1. 1 s. 8 d.
pour le dixième qu'ils ontpayé ou doivent payer aux équipages, dont
S. M. les avoit déchargés par arrêt du 12 août 1715, et qui paroissant
néanmoins légitimement deue, vient à la charge du Roy. Ces trois
sommes ensemble montant à celle de 727,380 l. U s. 10 d., qui paroit
légitimement deue, et le Conseil de Régence ayant témoigné souhaiter
qu'on en diminuât une partie, à cause de la difficulté du temps, le
Conseil de marine estime qu'on ne peut donner moins que la somme
.de 625,000 1., laquelle estant payée en billets d'Etat, quoique mise
dans la classe la plus favorable, sera réduite à la somme de 500,000 1.,
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GA8SARD 107.
sur laqaelle on doit observer que les armateurs seront obligés de
faire plasieors paiements argent comptant.
Fait et &rresté par le Conseil de Marine, tenu au Louvre, le
I5juinl716.
L. A. BB Bourbon.
Le Maréchal d'Estrébb.
Par le Conseil : Lachapblle.
Atrest qui réduit les prétentions du S' Gassard, capitaine
de tjaisseau, pour raison de l'armement fait d'une
Escadre de six vaisseaux en 1712 ^ à là somme de
625^000 l. — Àrch. Nationales : minutes d'Arrest du Conseil
d'Estaldu Roy, registre, avril, may, juin 1716. Coté E' 1985.
A Paris^ le 16* juin 1716.
Ym PAR LE Rot, estant en son Conseil, la Requeste présentée à
Sa Majesté par le S' Gassard, capitaine entretenu dans la marine, le
vingt neuf octobre mil sept cent quinze, contenant que par arrest
rendu en iceluy le quatre mars précédent, le S' de Yanvré conseiller
en ses conseils, intendant de la marine du Levant, auroit été commis
à Texamen du compte de la recette et dépense de Tarmement d'une
escadre de six: vaisseaux ou frégattes, que Sa Majesté luy a confié
en mil sept cent douze, pour faire la course sur les ennemis de TEs-
tat, par la balance duquel, arrestée par ledit S'^ de Yanvré le trente
juin dudit an, les dépenses de l'armement se trouvent excéder le
produit net des prises, contributions et rançons, faites par ladite
Escadre, de la somme de neuf cent trente cinq mille quatre cent
soixante deux livres, huit sois, huit deniers, et que Sa Majesté ayant
reconnu qu'il estoit de la justice de prendre ledit armement et les
événements d'iceluy pour son compte, attendu qu'il avoit esté uni-
quement employé, suivant ses ordres, pour le service de l'Estat, et
à la destruction des colonies ennemies,seroit intervenu autre arrest,
du douze aoust audit an, par lequel Sa Majesté, en att.endant le
par/ait remboursement de l'exédant des dites dépenses, auroit
déchargé le dit S** Gassard et ses armateurs du payement de trois
eei]tquatrevin£rtonzemillesixcentdouzeliv.troissols,quatredeniers;
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lOS GAS8ARD
sçavoir : deux cent trente sept mille une livres, un sol, six deniers, à
quoy montoit le cinquième qu'elle auroit pu prétendre sur les pri-
ses faites par un armement de course ordinaire ; quatre vin^
quatorze mille six cent onze livres, un sol, six deniers qui auroient
appartenu pourdixième aux officiers et équiqages ; trente mille livres
& quoy les dits équipages faisoient monter leurs prétentions, sous
prétexte de rations retranchées pendant la campagne, et pareille
somme de trente mille livres que demanderoient les soldats, pour
gratiffication à eux promise par un ban lors de la descente à Caras-
sol, en cas que la place fust emportée de vive force ; et que par le
mesme arrest dudit jour douze aoust mil sept cent quinze, Sa Majes-
té auroit encore ordonné qu'il fust remboursé audit sieur Gassard
par le Trésorier de la marine, la somme de quatre vingt huit mille
neuf cent dix neuf livres, huit sols, six deniers, pour le montant des
vivres pariuy fournis aux officiers majors et équipages des vais-
seaux nauSragés en Amérique pendant la campagne, jusqu'à leur
arrivée dans les ports de France. Pour la validation duquel arrest.
Sa Majesté vouloit qu'il fust expédié touttes lettres nécessaires ;
seconde requeste dudit S' Cassard, du douze février mil sept cent
seize, tendante à ce qu'il pleust à Sa Majesté ordonner son payement
des deux sommes adjugées à luy et à ses armateurs par ledit arrest
du douze aoust dernier, montant ensemble à six cent trente deux
mille sept cent soifxante neuf livres, quatorze sols,deux deniers ; sça-
voir : cinq cent quarante trois mille huit cent cinquante livres, cinq
sols quatre deniers, pour l'excédent des dépenses au delà du produit
net des prises et rançons faites par ladite escadre ; et quatre vingt
huit mille neuf cent dix neuf livres, huit sols, six deniers, pour la sub-
sistance des officiers et matelots dégradés, depuis la perte des Vais-
seaux, jusqu'à leur retour dans les ports de France. — Veu aussy
la requeste du dix mars dernier — au nom des officiers majors et gens
des équipages, tendante à estre rétablis et reçus, nonobstant le dit
arrest du douze aoust, à toucher leur part du dixième des prises et
rançons de la campagne, montant à quatre vingt quatorze mille six
cent onze livres, deux sols, six deniers. — Troisiesme requeste dudit
S"" Cassard, du deux avril dix sept cent seize, portant qu'au lieu de
quarante sept mille trois cent cinq livres, dix sols, neuf deniers, reve-
nant aux officiers majors pour leur part au dixièsme, il leur auroit
fait compter en gratiffications ou autrement, jusqu'à la somme de
soixante douze mille quatre cent quatre vingt neuf livres, «iix huit
sols dix deniers, suivant l'Estat cer*iffié le neuf mars dernier pare
S'*Catelin, commissaire préposé au bureau des armements à Toulon,
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GABSARD 100
et que s'il luy estoit ordonné de payer pareille somme, de quarante
sept mille trois cent cinq livres, dix sols neuf deniers, aux officiers-
msOors, matelots et soldats, pour prétendue part au dixiesme des
prises ; il suppliait Sa Mijesté de considérer qu'il seroit pour lors
en avance de la somme de sept cent vingt sept mille trois centquatre
vingt livres, quinze sois huit deniers ; au lieu de celle de six cent
trente deux mille sept cent soixante neuf livres, quatorze sols, deux
deniers, à quoy son dédommagement auroit esté liquidé par le dit
arrest du douze aoust mil sept cent quinze, dont il requéroit qu'il
pleuste au Roy ordonner le remboursement, et le décharger de touttes
prétentions de la part des dits officiers majors et Équipages.
Yen les dits arrests des quatre mars et douze aoust mil sept cent
quinze, la balance arrestée par le S. de Vanvré le trente Juin audit
an, les requestes respectives cy dessus et autres pièces, ouy le
rapport, et tout considéré.
Sa Majesté estant en son conseil, de Tavis de M. le duc d'Orléans,
Régent, ayant esgard à la requeste du dix mars dernier, pour ce qui
concerne les officiers-mariniers, matelots et soldats, a ordonné et
ordonne qu*il leur sera incessamment payé par le sieur Cassard, en
deniers comptantoiiquittances, la somme de quarante sept mille trois
cent cinq livres dix sols neuf deniers, qui leur revient pour leur
part au dixiesme des prises et rançons faites par ladite escadre ; que le
Roy veut estre distribuée entre eux en la manière prescrite par l'ordon-
nance de mil six cent quatre vingt douze ; et attendu qu'il a paru à
Sa Majesté que le dit sieur Gassard a satisfait au payement de tout
ce qui estoit deu aux aux o fflciers majors» elle Ta déchargé et décharge
de tonte recherche en cet esgard. Veut au surplus. Sa Majesté, que
Tarrestdu douze aoust mU sept cent quinze soit exécuté selon sa
forme en teneur, sans néant moins que le dit S** Cassard puisse, en
faveur dudit arrest, revenir contre ie payement par luy fait, aus dits
officiers ms^ors. Ordonne en outre Sa Majesté que pour parfait rem-
boarsement aud. S' Gassard, des sommes dont ses armateurs et luy
sont en avance, suivant le résultat cy dessus, montant à sept cent
vingt sept mille trois centquatre vingt livres quinze sols huit deniers,
il lui sera expédié une ordonnance sur le S»- Deselle, trésorier géné-
rai de la marine, de la somme de six cent vingt cinq mille, livres, paya-
ble les fonds faits ou à faire pour les huit premiers mois de son exer-
cice de mil sept cent quinze, à laquelle Sa Majesté a réduit et liquide
toutes les prétentions du lit 8' (:..hi:;.rd au sujet du dit armement.
Moyennant quoy ledit S. Cassard, ses armateurs et tous autres se
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110 GAS8ÀRD
tiendront contents et satisfaits.St pour l'exécution du présentarrest.
Sa Majesté ordonne que touttes les lettres nécessaires soient ex-
pédiées.
VOTSIN. L. A. DE BOURBON.
Lb Maréchal d*Estbébs.
Arrêt qui renvoie devant les juges ordinsiires les
demandes et contestations restantes à juger entre le sieur
Cassabd, et les direcletirs et intéressés à ses armements en
course. — Ârch. du Minist. de la Marine; Dossier Gassard.
Reg. mat. 387, /• 171. ^
13 juillet 1726.
Veu par le Roy, estant en son Conseil, la requeste présentée par le
sieur Cassard, capitaine entretenu dans la marine, et contenant
qu'ayant armé plusieurs vaisseaux de Sa Majesté, en 171 1 et 1712,
pour fkire la course sur les ennemis de l'État, il se réserva les trois
quarts d'intérêts, et confia l'administration des dépenses et du pro-
duit de ses prises et des contributions à cinq négociants de Marseille,
lesquels ne lui rendant point compte, il les fit assigner à l'Amirauté
de cette ville, d'où l'affaire portée ensuite au Parlement d'Aix, dans
la crainte qu'il eust d'essuyer des longueurs et des frais en y procé-
dant, il obtint un arrêt de Sa majesté, du 13 septembre 1717, qui ren-
voya toutes les demandes et contestations formées et à former entre le
suppliant et ses associés pour raison desdits armements, tant devant
les juges de la dite Amirauté qu'audit Parlement d'Aix, et en toutes
autres juridictions, circonstances et dépendances, audit le Bret,
Intendant de justice, police et finances en Provence, et premier Pré-
sident au Parlement d'Aix, quelle commit pour, conjointement avec
le lieutenant général et le procureur du Roy au dit siège de l'Amirauté
de Marseille, et les autres gradués en nombre compétantqu'ilpourroit
choisir, entendre les parties et les juger en dernier ressort, avec
deffenses & tous juges d'en plus connoitre, et aux parties d'en con-
tinuer les procédures devant tous autres que lesdrts sieur Le Bret
et ses adjoints. Que depuis ce temps, plusieurs chefs de contestations
ont été instruits etjugés ; mais, qu'en restant encore à juger la plus
considérable partie, il ne peut en poursuivre la décision devant les
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CA^SAftD 111
mtoes Juges de la commission, non-seulement par les longueurs
qti*il 4 été obligé d'essoyer, les fms et les dépenses qui en sont les
suites, mais encore parce que quelques-uns de ces mêmes juges ont
marqué tant de présentions contre lui, qu'il a été obligé de les
recaser. Par ces raisons, il supplioit Sa Majesté de renvoyer en jus-
tice réglée tout ce qui reste à Juger des contestations d'entre lui et
les directeurs et intéressés en ses armements, cy-devant renvoyés
par ledit arrêt du conseil du 13 septembre 1717, par devant le Bret
et autres commissaires, pour y procéder suivant les derniers erre-
ments. Vu ledit arrêt, ravis dudit le Bret sur Testât des contesta-
tions dont il s'agit, ouy le' rapport du sieur comte de Maurepas.
secrétaire d'Ëstat, ayant le département de la Marine, et tout
considéré.
Sa Majesté estant en son Conseil, a renvoyé et renvoyé devant les
jages ordinaires les demandes et contestations restantes à juger
entre le sieur Gassardetles directeurs et intéressés en ses arme-
ments de course, cy-devant renvoyés par Tarrest du 13 septembre
1717 par devant le sieur Le Bret et autres commissaires, dont Texé-
cution cessera du jour de la signification du présent arrest, pour être
procédé devant lesdits juges ordinaires et lesdites demandes et con-
testations, suivant les derniers errements. Fait deffense aux parties
de se pourvoir ailleurs,^ peine de nullité et de tous dépens, dommages
et intérêts
États de services de M. de Bandeville de Saint-Perrier^
capitaine de vaisseau. — Arch. du minist. de la Marine.
AwNi Henry de Bandeville Saint-Perrier, originaire de Paris.
Nommé Garde marine '— Toulon — le — 24 décembre 1683
— Enseigne de vaisseau — id. — le — 2 avril 1687
— Lieutenant de vaisseau— id. — le — l*' Janvier 1692
— Capitaine de frégate — id. — le — 9 septembre 1706
— Capitaine de vaisseau — id. — le — 17 mars 1727
Mort Commandant le Solide — id. — le — 22 novembre 1740
Cheyalier de Saint Louis, le 5 septembre 1706
Sur leFleuron, en février 1690 ; —Sur le Hardi,en septembre 1691 ;
- Sur lePrécteuoffj de mars 1692 à août 1602 ; — Sur VÂrrogant, de
JMfier 1693 à juillet 1693 ; —Sur le Neptune, de mai, 1697 à septembre
1697; -Sur Je Trident, de mai 1698 à décembre 1698 -, — Sur leXy«,
deaTra llQl à octobre 1701 ;— Sur le Fleuron, de mars 1702 à no-
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112 CASSARD
wmbrel702 ;r-S\xrïeConquérarU,de août 1703.àdéd«iibre 1703; -^Sur
la Fortune^ de janvier 1704 à avril 1704 ; — Sur lé Monarç[ue, de inai
1704 à octobre 1704 ; — Sur le Nepùtme d'octobre 1710 à mars 171 1 ;
-^ Sur le Téméraire^ de mars 171;:^ à mars 1714 ; -^ Sur le Toulouse^
d'avril 1724 à octobre 1724 et de mai 1727 à août 1727 ; — Sur le
Saint-Esprit^ de juin 1728 & septembre 1728 ; — Commandant le
iTép/itr,: (Croisière devant Tripoli et mission à Tunis), de janvier
1729 à juillet 1729; — Commandant le Solide, de mai 1734 à octobre
1734 ; — Commandant le Solide (Escadre de M. de la Rochalar), du 20
août 1740 au 22 novembre 1740, jour de son décès.
Etats de ëervices de M. J. Cassard, capitaine de vaisseau
Arch. du Minist. de la Marine.
Cassàrd Jacques, capitaine armateur.
capitaine de brûlot, 24 juin 1709.
capitaine de frégate, 20 janvier 1710.
capitaine de vaisseau, 25 novembre 1712.
Retiré avec 2,400 livres 1" décembre 1731.
Tombé en démence et renfermé à Notre-Dame-des-Vertu3, le
7 février 1735.
Mort à Ham, le 21 janvier 1740.
Chevalier de Saint-Louis, le 28 juin 1718.
Une note du môme dépôt complète ainsi ces renseignements:
Sur le Parfait : février 1710, (course) au l*' août 1711.
Sur le I^eptune : novembre 1712, au mai 1711.
A a Cour : juin 1714.
Présent : juin 1714
Absent à Toulon : mai 1715.
1717, absent du port.
1718, id.
Présent à Toulon, 1719.
A Marseille, septembre 1720.
A Toulon, 1721.
A Paris, décembre 1722.
1723, 1724.
Absent 1725, 1726, 1727.
1728, 1727, 1730.
S. DE LA NiCOLUÈRE-TeIJEIRO.
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NOTES HISTORIQUES
8UK
PRIGNY ET LES MOUTIERS'
CHAPITRE Vn.
-^\* cent se faire que la plus ancienne église de Prignyail
\ élé celle dédiée à Saint-Pierre. Prigny ou, probablement,
*- MiWac, était un fort, un oppidum. Les premiers chrétiens
qa\ ne se hasardaient guère à célébrer leur culte dans l'enceinte
des grandes villes, ne pouvaient pas môme en avoir la ten-
tation dans les simples Vici, et encore moins dans les. forte-
resseç, où tout était consacré aux exigences militaires.
k Nantes, le berceau du christianisme doit être recherché
à Saint-Similien et du côté de Saint-Donatien, tout à fait en
dehors de l'ancienne cité nantaise, comme à Angers, il est
connu que les premiers fidèles s'assemblaient en dehors de
la cité des Andes, dans le cœmeterium transformé en place
da Balliemeni, et dans le lieu de la Doutre, où se trouvait la
tb9péile Notre-Dame, devenue leRonceray.
On peut affirmer qu'à Prigny Téglise Saint-Jean-Baptiste,
dans l'enceinte même de la citadelle, a beaucoup moins lieu de
réclamer la primogéniture, que celle de Saint-Pierre qui n'é-
tait que dans le faubourg. Cette dernière avait été rendue
au culte aussitôt que les Normands permirent de recommencer
i habiter ce pays, et, vers Tan 1050, elle était desservie par
Vdr b IrnaiiOB dt nov«mbre IM9. ^
t. VI. — nancmu^ — vi^ année, !»• uv. « .
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114 . PRIGNY BT LES MÔÙTIIfiâé
Even qui y vivait avec ses enfants. Son épouse était-elle
morte ? était-elle entrée dans un couvent f C'est ce que nous
ignorons» mais aucun document venu à notre connaissance
ne la signale comme existante.
Ses fils ^e, nopimaiçnt : HélioUjj Tanneguy et Haton. Il est
très probable que, suivant l'usage, Even appartenait à quelque
famille noble du pays ; c'est peut être lui qui signe en 1048
la donation, faite à Saint-Serge, du prieuré de Chéméré avec
Judicaël le Viguier, mari d'Adénor. Il signe 'avec Tévêque
Budic parce que, sans doute, il était un des intéressés. La
facilité avec laquelle ce prêtre s'entendit avec le môme Judicaël
seigneur de Prigny, au sujet de la chapelle Notre-Dame, et
celle que nous allons lui voir montrer par rapport à Saint-
Pierre, nous porte à croire qu'il avait d'autres ressources
pour vivre, que sa cure. Il est peu probable qu'il ait dû à la
science sa nomination à la cure de Saint-Pierre. Le bon Even
nous apparaît avec toute la naïveté de son temps, peu cha-
touilleux au sujet de ses droits, encore moins pour les droits
de son évoque.
Disons d'abord qu'en 1062 les ipoines de Redon ne possé-
daient rien à Prigny. Ce ne fut môme que cette année qu'ils
reçurent leurs premières dépendances dans le pays d'Outre-
Loire, à Prossay, Marne etc. (Voir cartulaire de Redon,
N charte 285). Quiriac signa cette charte avec ses archidiacres
Auvé et Guillaume et le comte Hoôl. L'indiction i& de cet
acte court du !•' septembre 1061 au 1" septembre 1062 ; comme
il est écrit le 25 octobre (8« Kl. novembre), il s'ensuit que, pour
nous, cette pièce est de l'an 1061, ce qui confirme ce que nous
avons dit plus haut au sujet de l'ordination de Quiriac. Ce pré-
lat saisissait cette occasion de se rendre favorable, les moines
de Redon, jusqu'à ce moment très prononcés contre lui.
Malheureusement le diplôme sur lequel nous allons établir
la donation de saint Pierre à l'abbaye de Redon est incomplet.
Nous l'avons extrait du petit cartulaire de cet abbaye et M. de
Courson l'a placé 63* dans son appendice, Il commence par ces
mots... <t Concessit quod inmonasterio Sancti Salvatoris^ ipie
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' PKIGNY ET LE» M0ÛTISR8 41E>
et Hato âlius suus, habitum - Sancti Benedicti suçcipierin. »
n concéda (sans doute Tabbé de Redon) que lut et son flls
Haton, recevraient l'habit de saint Benoit. » (Lm.est Even,
puisque nous le savons père d'Haton). Voici à quelles con-
ditions cette gracieuseté était faite. « Après qu'il aurait
donné et concédé, à perpétuité, à Téglise et aux moines de
Saint-Sauveur, tout pouvoir sur sa personne, et qu'il se serait
fait leur sujet, ainsi que ses flls Helion, Tanneguy et Haton,
lequel par l'inspiration divine, quoique le plus jeune, précéda
ses frères et son père, et devint un de nos moines, en rece-
vant le saint habit religieux. »
Ce fragment de charte ne permettrait pas d'avancer qu'il
s'agit ici d'une démarche d'Even, curé de Saint-Pierre, s'il
n'avait une suite que nous allons traduire.
<« Le susdit Even et ses flls réitérèrent leur donation, et
concédèrent à perpétuité à notre église la possession d'une
église dans le territoire de Pru«:ny (in territorio pruniacensi),
fondée en l'honneur de saint Pierre, en môme temps que
leur propre maison, qui était dans le cimetière, et le jardin
attenant à cette maison, et en plus cent aires de salines avec
leurs bossis. Ces ai.es s'étendent du cimetière à la mer\ Les
susdits personnages nous donnèrent en outre une chapelle
dans la ville môme de Prugny, fondée en l'honneur de
saini Jean l'Évangéliste. Les témoins de cet acte furent entre
autres : Harscuide, notre maire et Tudual de la Gressière. »
Ici le maire (Major), c'est le seigneur, et ce seigneur, c'est
celui de Sainte-Ooix ou de Machecoul, pour prendre le terme
employé depuis. C'est ce môme Âscoide (aliàs : Harscoat) que
nous avons déjà vii. li semble qu'il faut en conclure que
Saint-Pierre ne relevait pas du seigneur de Prigny, mais di-
reclement de celui de Retz. La famille de Judicaël et de
Gueffier ne parait aucunement dans cette transaction, à la-
quelle se trouve plutôt. môle le seigneur de la Gressière ; ce
* € QntB ùre» incipiunt à cimiterio et persévérant usque ad mare. » Ce
texte nous prouva qa*&u onzième siècle la mer n'était pas éloignée de Téglise,
rar tnt tares de salines, même aree lenrs bossis, ne Tont pas loin.
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!!• PRIONY ST LS8.1iOÛ99Bll8
qui semble indiquer l'intention bien arrdtée de laisser en
dehors la famille de Prigny, qui, peut-être, eut facilement
élevé quelques prétentions sur Saint-Pierre, comme nous
verrons en effet les abbesses de Ronceray qui succédèrent &
ces ch&telains, en mettre en avant.
Un habitant du bourg des Moutiers qui lirait ce diplôme le
croirait volontiers de date récente, avec ces noms d'aires, de
salines et de bossis.
Les salines sont connues de tout le monde, avec leurs
compartiments qui sont ici nommés des aires, et souvent,
depuis quelque temps, des œillets, mais les bossis le sont
moins . Il faut en avoir vu pour s'en rendre compte. Que l'on
se figure des marais coupés très irrégulièrement par de
larges fossés. Les bossis en sont les talus, mais avec des
proportions qui s'étendent & huit ou dix mètres et plus,
formant des carrés ou des ellipses plus ou moins corrects.
Chaque année le curage des fossés rejeté sur le bossis le
hausse et l'élargit. On sème sur ce monticule; du blé, des
fèves et autres récoltes qui peuvent supporter les brises de
rOcéan et les rayons d'un soleil sans écran, et le sol imprégné
d'eau de mer, récoltes moins exigeantes que les arbres, car
ce pays n'en admet pas. Pour obtenir un peu de verdure, on
la demande, de nos jours, au tamarin et autres arbustes à
feuilles persistantes .
Puisque nous avons parlé de salines, et que le texte .repro-
duit par nous fait voir que l'industrie et le commerce An sel
était un des principaux moyen de vivre du pays des Moutiers,
nous allons dire ce que nous savons sur sa fabrication. L'eau
de la mer, avant d'être reçue dans les œillets, a besoin de
chauffer; on IdiTeçoii donc dans un premier espace nommé
méiière, et on l'y relient au moyen de digues, pour qu'elle ne
suive pas la marée basse, et aussi que la marée haute ne
vienne pas rafraîchir Teau de la métière, par xm nouveau
contingent prématuré. Cette eau de la métière, lorsqu'elle est
dans les conditions voulue, est introduite dans un bassin
nommé préxinte, qui entoure le marais salant. C'est delà
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naoNT «T LtS MOfiniAS 117
préxinte qu'elle entre dans les œillets, où en s*éyaporant, elle
dépose des cmianx de sel. Le droit d'alimentation des
métières auxétiers, par des canaux, se nomme vivre$. Le sel
est entassé dans un espace spécial dit : le iesselier ou Uuselier.
Les moines de Redon ne s'en tinrent pas à l'accord que .
nous venons de rapporter. « Il arriva, nous apprennent-ils,
que les fils du prêtre Even; Héïîon et Tanneguy, pris d'un
zèle divin, vinrent trouver le susdit abbé dans la ville de
Nantes^ au logis de Main, fils d'Almol, et, comme l'avait fait
leur p&re, de leur propre gré, ils se donnèrent, avec
leurs biens, à l'abbé Almode de Saint-Sauveur. > Cet abbé
gouverna l'abbaye de Redon de 1062 à 1074, et nous voyons
que c'est au môme Almode qu'Even avait fait sa donation.
Le curé des Mouti^^rs avait déjà suivi son jeune flis Haton,
au monastère de Saint-Sauveur, et l'aîné, Hélion, lui avait
succédé comme curé de St-Pierre. Ce nouveau titulaire était,
comme son père, pourvu d'une progfoiture. Il destinait le
plus jeune de ses fils, Simon, à la vie monastique et le
présenta à l'abbé Almode. II eut pour témoin de cette
démarche : le vicomte Judicaôl, fils de DroalloI ; le moine
Gamier ; Justin , alors laïc, mais plus tard élu abbé de Redon
« et notre maire Hàrcuid, » dit le moine rédacteur.
Ce DroalloI, dont il est ici fait mention, était fils de Frédor,
vicomte du Migron. Le moine Qarnier est probablement le
premier prieur des Moutiers. Justin qui devint abbé de Redon
était peut-être de la famille de Retz, où son nom, qui est le
méoie que Gestio, était très fréquent.
Le curé Hélion eut, à son tour, le goût de se faire
moine, Jes religieux de Redon ne pouvaient voir ce des**
sein d'un mauvais œil. Voici comment ils nous racontent
ce fait : « Quelque temps après, Hélion reçut l'habit de moine
dans notre abbaye, et remplit ainsi sa promesse, tandis que
Tanneguy persévéra encore quelque temps dans sa malice.
Bufln, après des avances de fonds, à lui faites par les moines
de Saint-Sauveur il se livra lui-même, son épouse et son fils, à
Qoas. Cela ne l'empêcha pas, dans la suite, malgré nos récla-
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mations, d'apostasier furtiTement. Il fut alors tonsuré par
les moines de Vertou. » On voit que Tapostasie n'était que
relative; les moines de Vertou trouvaient au contraire
qu'il était dans le giron de leur religion; mais le rédacteur
ne ménage pas les termes, il fallait, d'après lui être bien
pervers pour préférer le couvent de Vertou à celui de Saint-
Sauveur. « Cependant, ajoute le narrateur, plus tard, Tan-
neguy se rappela qu'il avait foulé aux pieds sa première
profession à Saint-Sauveur, et, touché de repentir, il revint
à notre église et s'y donna de nouveau, avec tous ses biens,
à l'abbé Justin et à nous, près desquels, il finit ses jours et
reposa dans le Christ.... témoins, entre beaucoup d'autres;
Bernard fils d'Harcuîd et Roger fils de Dermonne. »
. Cette notice curieuse se termine par un passage dont il
ne nous reste ^^ue quelques mots sans suite. « Après qu'il se
fut écoulé bien du temps. . . pendant que Simon filsd'Hélion,
son frère Harvoide et Judicaël.fils de Tanneguy. . • Les sus-
dittes choses... > Malheureusement, le reste manque et ces
quelques mots n'ont guère que l'avantage de nous révéler le
nom du frère de Simon, Harvoide fut peuûôtre curé deSaintr
Pierre après son père Hélion.
Nous venons de voir un exemple de ce- qup nous avons
avancé, comme explication, de ces successions de curés, de
père-en fils. Lorsque Tanneguy voulut entrer en religion, il
mit sa femme au couvent. Quant au jeune Judicaël, élevé à
'Redon, sans doute, on le dirigea vers la vie religieuse; mais,
quoiqu'en aient dit les moines de cette époque, il était bien
libre d'embrasser cette voie ou d'en prendre une autre, H
avait sur ce point des modèles très nombreux.
Ce qui appuie notre opinion qu'Harvoide fut curé de Saint-
Pierre, c'est que, lors du passage de révoque Benoit (de
i079àlll4j au monastère de Notre-Dame de Prigny, il se
trouvait parmi les assistants un prêtre de ce nom.
Harvoide profitait du passage àe Tévêque de Nantes pour
irestituer à l'abbaye de Redon des biens situés à Frossay,
Châùvé et' Arthon.- Le prélat était entouré d'un nombreux
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PRIGNY ET LES MOÛTIEïlS 110
cortège d'ecclésiastiques et de laïcs. Parmi les premiers :
Varchidiacre Rivallon ; les doyens Mainfride et Thibaud ;
Justin, abbé de Redon (1092-1104). Parmi les seconds: Guef-
fier de Prigny et ses chevaliers, Bocell et Karbonell le Vi-
guier; en outre, les religieuses Adénor, Amabile et Ameline.
La date est du 17 juillet 1104. — Lune 10% férié 5% épacte 11%
indiction 3^, sous le pape Pascal, leroi Philippe, les comtes
de Bretagne Alain et Mathias. — Or, Tindiction 3* va du 1"
septembre 1094 au 1^' septembre 1096. L'an. 1104 correspond
àî'indiction 12«. Est-ce le quantième de Tannée qui est faux,
est-ce rindiction? ;
Comme le pape Pascal II, ici nomméPascase, ne fut nommé
qu'en 1099, qu^ nous savons d*un autre côté que Tabbé Jus-
tin et le comte Mathias moururent en 1104 ; il faut chercher
la vraie date entre 1099 et 1104, probablement il faut môme
retenir l'année 1104, un copiste a pu changer XII en III.
Il résulte de tout ce qui précède que le curé de Saint-Pierre
du ftitubourg de Prigny, aujourd'hui connu sous le nom de
Bourg des Moutiers, en se donnant & l'abbaye de Redon,
crut aussi pouvoir donner à ce monastère l'église de Saint-
Pierre qu'il desservait. Comme cet ecclésiastique était riche
et possédait dans les environs d'assez vastes dépendances,
il les donna toutes à Saint-Sauveur., Sies OU on firent autant,
et ce sont les biens de cette famille, qui ont. formé le gros du
temporel du Prieuré des moines de Redoq, aux Moutiers.
Nous sommes convaincu que le bon Even o'avait pas hésité
à confondre la cure et ses biens, avec son propre patrimoine,
et que révoque Quiriac, eut au sujet de Saint-Pierre des ré-
damations à faire dans le genre de celles qu'il fit^pour le
prieuré de Notre-Dame. Mais il dut être beaucoup plus em-
barrassé alors, grâce aux égards qu*il jugeait à propos d'avoir
pour les moines de Saint-Sauveur de Redon. Nous essaierons
plus tard de démêler ce q\ii dut se passer pour cette affaire,
Vouten établissant qu'il y eut, dès ce moment, une cure Saint-
Pierre et un prieuréde Saint-Pierre, les deux desservis dans la
môffle•^Jisa,^ peut-être môme, dans las premiers temps, les
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120 PRIONY ET LES MOÛTUSRS
moines du prieuré furent-ils les desservants de la cure? En
tout cas, ce partage ne dut pas plaire aux moines de Redon,
qui n*entretinrent pas longtemps des religieux au bourg des
Mouliers. Cependant, il y en eut pendant un certain temps,
et ce fut ce rapprochement des deux prieurés, de Notre-Dame
et de Saint-Pierre qui fit donner au faubourg de Prigny le
nom de Bourg des Moutiers, sous lequel il fut connu depuis.
Resterait bien une question, celle que nous avons laissé en-
trevoir! Le domaine affecté aux moines de Redon ne relevait
pas des seigneurs de Prigny, il pourrait s'ensuivre que le
fief de Prigny, et par conséquent le faubourg de ce nom, se
terminait à Tenceinte du prieuré de Notre-Dame, autrement
dit h la rue principale actuelle, celle qui passe devant la
grande porte de Saint-Pierre. Alors, il faudrait prendre le
prieuré, et surtout ses dépendances, dans la direction de
la Sennetière. Les Prés des Bosses, ainsi que la Traite des
Bosses^ noms qui se sont conservés jusqu'ici, et rappelleraient
les bossis données par le curé Even aux moines de Redon.
Gela ne nous étonnerait pas ; l'antiquité se respire à pleins
poumons à Prigny et aux Moutiers^ pour quiconque en a le
flair. Cela nous rappelle que, la première fois que nous al-
lâmes aux Moutiers, mort de faim, après une excursion qui
avait été notre but principal, il fallut bien songer aux condi-
tions ordinaires de l'humanité, et chercher une réfection
chez les indigènes. Un peu au-dessus de l'église, pendait une
enseigne ; nous entrons. Que fut le dîner? Dieu le sait, mais
le maître d'hôtel fut surtout de notre goût. Il est mort depuis,
mais quel plaisir il nous fit. Enthousiaste de son pays^ il ne
parlait de Prigny qu'avec la conviction la plus entière, on
sentait qu'il résumait toutes ses antiques grandeurs dans ces
mots : « Prigny était autrefois une grande ville. » Toutes les
veillées des chaumières depuis le dixième siècle étaient là.
Que n'a-t-on laissé ces braves gens à leurs légendes, au-
jourd'hui la vérité s'en échapperait beaucoup plus facilement
que des fables de l'Egypte et de la Orèce.
(Là iuUe prôùhmnêmeni.J Abb^ ÀLi«Àmo.
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LES VITREENS
ET
LE COMMERCE INTERNATIONAL
(SuiUJ
APRÈS force labeurs virilement entrepris et prudemment
conduits à bonne fin, toujours confiants en leur étoile,
Stella duce, nos Vitréens reprenaient le chemin de Bre-
tagne. Avec quelle joie ils étaient accueillis ! Sitôt que les na-
vires bretons entraient en rade de Sainl-Malo, un exprès
courait àVitré porter l'heureuse nouvelle. Pour récompenser sa
promptitude, le prévost de TAnnonciation tirait de son coiTre
quelque bonne monnaie et notait sur son registre un retour si
intéressant pour la cité et le pays environnant*; car enfin, avec
les ducats de Flandre, on achèterait de nouvelles toiles, les la-
boureurs écouleraient leurs chanvres et le tisserand sûr de ne
pas chômer, lancerait joyeusement sa navette. De leur côté,
nos marchands, accommodés de beaux profits, vont faire
construire de solides et curieuses demeures, si solides qu'au
bout de quatre siècles elles auront encore la vie dure : cu-
rieuses, par leur variété, leur relief et, comme telles, destinées
à faire les délices des archéologues et des artistes de tous les
pays.
Ces gens du quinzième et du seizième siècle savent s'unir.
Nous l'avons prouvé ; mais comme ils sont, en même temps,
* Extrait du compte d'André Le ttoyer, prévost pour rannée 1476-77.
T. VX. NOTICBS. — VI* ANNÉE, 1" UV. 9
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122 LES VITRÊENS
libres d'allures et jaloux d'accuser fortement leur individua-
lité. Regardez leurs logis. Ici, vous trouverez les porches, les
auvents, les encorbellements à moulures profondes, les
pignons aigus ; là, les tourelles rondes ou carrées, ou poly-
gonales, coiffées en pyramides ou en poivrières. Voici ailleurs
les épais montants de bois et autres pièces d'assemblagre tout
couverts d'imbrications et terminées par des figures humaines
pleines de mouvement et d'expression*. Celui-ci a fait sculpter
sur les poutres d'une façade ce souhait de bonheur : « Pcuc
huic domui et habitantibus in eê? ; » celui-là a voulu, sur le
linteau de sa porte, sa marque de marchand d'outre-mer ; cet
autre placera dans un gracieux abri la statue de sa dame et
constante protectrice, la douce Vierge Marie*.
Donc, quand fleurit le commerce international^ tout prospère
à Vitré. Si c'est chose avérée, demandez-le aux plombiers qui
martèlent et soudent ces élégants épis pour couronner lucarnes
et tourelles, ces fantastiques gargouilles pour terminer les
larges cheneaux*. Interrogez encore ces ymaigiers* évidant
* Maison située rue Baudrairie, portant le n® 23.
> Maison sise dans la me de la Porte-d*en-bas.
s Voir dans la rue Saint^Louis, autrefois, rue du Vieil-Bourg, Phdtel portant
le n* 29. Il était, en 1850, la propriété de Charles Hardy de Beauvais, ancien
maire de la ville de Vitré.
* Ces gargouilles sont citées et dessinées dans le Dictionnaire d'architecture
de VioUet-le-Duc. L*hôtel qu'elles décorent se volt rue Notre-Dame, n» 13. U
était également, la propriété des Hardy et fut vendu par eux à. leur parente
M^is du Velaer, qui le donna aux sœurs de Charité.
' Plusieurs de ces artistes sont nommés dans les registres p. ^.ssiaux.
Entre tous, nous distinguerons les Bonnecamp, vraie dynastie de sculpteurs
et de peintres. André Bonnecamp, ymagier, décédé à Vitré en 1615. H eut
de Jacquine Coullon : André — Mathurin — Nicolas — Gillette — Anne —
Jeanne — Jacquinne— Jean— Perrine— Guyonne — Thiennette Hs ont, pour
parrains et marraines, les Guillaudeu, Becheu,le Moyne.de Gennes,Chevallerie.
L*un deux, Mathurin, né le 22 juin 1590, fut employé à la décoration du
grand autel de Notre-Dame dont la première pierre fut placée Tan 1625, par
noble Isaac Hay, seigneur de la Goderie. Le même Mathurin fut mandé à
Nantes pour faire le portrait d'André Dubot, maire de cette ville. (Livre doré
de la ville de Nantes.) Bonnecamp quitta Vitré pour Le Mans, où il peignit
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ET LE COMMERCE INTERNATIONAL 123
avec tant d'art portes, bahuts, dressoirs, et ceux qui décou-
pent, fleuronnent et cisèlent le fer. Ils y mettent le temps,
mais en revanche, quels travaux soldés ! Jugez-en par cette
description ; Elle n'est pas de nous et n'en vaut que mieux :
« Dans la rue Poterie, celle de tout Vitré où la physionomie
dumuyen-âge s'accuse davantage, la maison n° 30 recelait
naguère un vrai trésor : une admirable cheminée en pierre
finement sculptée. Au centre du vaste manteau, un écusson
entouré d'une guirlande de feuillages soutenue par deux
femmes ou plutôt par deux génies ailés. De chaque côté, deux
bustes en haut relief représentant le maître du logis, Lucas
Royeret sa femme, Françoise Gouverneur dont les noms sont
écrits au-dessous de chaque médaillon ; au-dessus, une cor-
niche puis une frise portée par des cariatides. Au milieu de
la corniche, cette inscription : « Pax huic domui. »
Cette cheminée ornait une grande salle très haute d'étage
et éclairée au levant par deux larges fenêtres garnies de pan-
neaux en verre blanc, au milieu desquels se détachaient de
petits compartiments coloriés, véritables miniatures repré-
sentant de fraîches perspectives.
Lucas Royer, et Françoise Gouverneur appartenaient à de
vieilles et notables familles vitréennes qui, durant les quin-
zième et seizième siècles, avaient fourni plusieurs prévosts à
°^nts tableaux. (Rev, Arch, du Maine, t. xviii, p. 70), art. signé : Trioir)
« Le sieur Bonnecamps s'auctorise
Dédire que Dieu faTorîse
Notre humanité fragile,
Et qu'il veut en Part de peinture
Et le sieur Oyau par sculpture
Crayonner son humanité. »
. 3onnecamp, médecin à Vannes, publia à Vannes, chez OuiUaume Le
imprimeur des RR. PP. Jésuites, un livre de sonnets sur les princi-
mvstères de la naissance, de la vie, de la mort et de la résurrection
r Fils de Dieu* (Voir Rev, de Bret, aifnée 1885, art. signé : A. db la
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124 LES VITRÉKNS
la confrérie des marchands d'outre-mer*. A voir cette façon
d'orner leur intérieur, on peut présumer qu'eux aussi avaient
dans leurs bahuts historiés, joyaux, fourrures, robes de
velours, pourpoincts de toiles d'or et d'argent, et Ton songe
tout naturellement au plaisant propos prêté au bon Henri
entrant à Notre-Dame le 16 may 1598, escorté d'une foule de
ces Vitréens superbement accoustrés et de mine quelque peu
glorieuse : « Ventre-saint-Gris^ si je n'étais Roi de France, je
voudrais être bourgeois de Vitré. »
Mais ce sont là choses et gens du seizième siècle, entrons
chez un marchand du quinzième. 11 a, près notre-Dame',
pignon sur rue Le rez-de-chaussée de sa demeure comprend
uniquement l'appartement où il trafique et une porte ouverte
sur un sombre corridor que nous enfilerons, s'il vous plaît. A
son extrémité, nous passons sous un escalier de bois déve-
loppé en spirale et nous voici en pleine lumière, dans une
sorte d'atrium où s'entassent, d'une part, les toiles destinées
à l'exportation ; d'autre part, les retours de Flandre ou
d'Espagne : c'est l'entrepôt. Il est compris entre les apparte-
ments donnant au nord sur la rue et un corps de logis dont
vous admirerez les grès soigneusement échantillonnés ; la
porte aux montants garnis de nervures, à l'arc Tudor, orné de
feuillages habilement découpés et contournés'. Avant d'en
franchir le seuil, faites volte-face : l'escalier sous lequel nous
passions tout-à-l'heure vous apparaîtra avec ses courbes
« Cinq Le Royer furent prévosts de la confrérie des marchands d*outre-mer
savoir : André dont nous avons cité le compte , Jehan, autre André,
Jehan lesOurmeaulx, autre Jean ; ce dernier avait succédé à Gilles Besnardai
BiUonnière (1635) et eut pour successeur Alphonse Le Corvaisier des Echelles,
^ehan Le Gouverneur pour Tannée 1523, Pierre Le Gouverneur pour 1543.
Richard Le Gouverneur pour 1553, furent également prévosts de ladite con-
frérie. La belle cheminée des Le Royer et Gouverneur ne se voit plus à Vitré,
elle est la propriété d*un amateur de Laval. M. de la Broise, croyons-nous.
3 EUe porte le n* 7. La façade de cette maison a été reconstruite et n*offre
plus d*intérét.
t On peut encore admirer cette beUe porte. Son archivolte, dit M. Tabbé
Paris-Jallobert, offre la tentation d'Adam et d'Eve. (Excursion archéologique
du Congrès dans le ville de Vitré, 1876.
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ET LE COMMERCE INTERNATIONAL 125
élégantes, sa rampe à pans coupés, ses sveltes supports, son
emmarchement dissimulé par des panneaux fouillés où les
ceps de vignes chargés de leurs grappes^ les feuilles de
chardon s*enrouIent, s^étalent et accompagnent Técusson qui
porte la marque du maître*. Montant ou descendant cet
escalier, celui-ci pouvait, d'un coup d'œil, embrasser tout ce
qui se passait dans l'entrepôt et donner des ordres en consé-
quence. Il pouvait encore mieux exercer sa surveillance du
haut des paliers établis le long des parois est et ouest, véri-
tables galeries dont les appuis-main portaient soit sur des
balustres, soit sur des panneaux couverts par le sculpteur
d'étoffes gracieusement pliées et repliées*. N'est-ce pas le lieu
ou jamais de répondre à ces deux questions : Aux époques de
prospérité quelles quantités de toiles pouvaient, chaque année,
sortir d'un pareil entrepôt ? A quel chiffre s'élevait annuelle-
ment le total de l'exportation vitréenne?Il doit vous souvenir,
lecteur, que les prévostsde la confrérie des marchands
d'outre-mer percevaient, sur chaque fardeau de toile expédié
en pays étranger, certaine somme de deniers. Partant, pour
opérer leur recette, ils se trouvaient obligés de noter exacte-
ment les charges exportées par chacun des confrères. Ouvrons
donc leur livre de comptes, assurés que nous sommes d'y
puiser les renseignements qui nous intéressent. Pour un
motif personnel parfaitement avouable, nous choisirons le
compte d'un marchand entré dans la confrérie l'an 1573. Ils
étaient nombreux les aggrégés de cette année ; voici leurs
noms. C'est une longue nomenclature qu'il faut subir pour se
figurer l'empressement des Vitréens à devenir membres delà
dévote association. Vous mettrez à l'écouter, lecteur, votre
coutumière bonne grâce.
f Les débris de cet escalier se Toient au musée archéologique de la ville de
Vitré. Il a été dessiné à diverses reprises et reproduit dans plusieurs Revues.
> Ces panneaux sont en partie conservés au musée archéologique de Vitré.
L'entrepôt dont nous parlons a disparu. l\ est remplacé par une cour inté-
îienre.
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126 LES VITRÉENS
Jean Nouail, étant prévost, furent reçus et enregistrés au
dit an 1573 : Guy Geffrard* — René Morel — Pierre Guillandeu
— Michel Nouail — René Marays — Guillaume de Gennes*
— Jean Le Moyne Breardière — Michel Le Moyne — Ploridas
Le Moyne — Jean Geffrard — Jacques Guy — Marceau Ron-
ceray — Pierre Clyneau* — Jean Le Royer — Pierre Prain et
femme* — Etienne Lambaré et femme* — Joachim Le Gocq et
femme — ■ Jeati Herauldière et femme — Georges Seré* et
femme -- François Billon et femme' — Guion Le Couvreulx
et femme — Jiilian de Gennes et femme — Mathurin Ronce-
ray et femme — Julian Le Gocq et femme — Pierre Ribretière -
et femme — Jacques Jolais et femme.
* Guy Geffrard de LentiUere, Tun des principaux ligueurs de Vitré ran-
çonnés par Montmartin en 1574 (voir dans le Jowmal historique de VUré^
p. 35. Prise de Vitré par les huguenots).
* Guillaume de Gennes de la Cordionnais, fils de Guillaume et de Gilette
Le Gouverneur. Il avait épousé Jeanne Nouail. U est actuellement repré-
senté par M. Félix de Gennes, maire de la Chapelle-Erbrée, près Vitré.
« Pierre Clyneau, sieur de Droigné.fut Prévost de la confrérie pour Tannée
1598 et député aux Etats de Bretagne tenus à Rennes en 1595. Sa fille Mathu-
rine Clyneau, épousa Estienne Frain de la Poultière.
* Pierre Frain de la Poultière, mari de Julienne Lambaré etpèred*Etienne«
fut chassé de Vitré par les huguenots en 1589, s'en fut à Rennes demander du
secours, et obtint une sauvegarde du duc de Mercœur en 1597. Il est de nos
jours représenté h Vitré par M. Edouard-Paul-Joseph Frain de la Gaulayrie.
* Etienne Lambaré, beau-frère de Pierre Frain, fit société de commerce avec
son gendre Michel Le Bigot de Montlevrier. Il compte, parmi ses petites*
filles, Jeanne-Marie Guillaudeu de laLouvelais, mariée au Président de Langle
représenté de nos jours par le comte Augustin et le vicomte Alphonse de
Langle. (Voir Mémoire généalogique, p. 40 et dans nos tableaux généalogi-
ques en cours de publication, le tableau VI.)
* Marié à Jeanne Le Clavier; de lui descendent les Seré de Lorviniere, du
Mesnil et de la Fleuryais, de la Pasquerie, de la Villemartere et de Rieux.
La branche de Lorviniere s'est fondue dans de Robien, de Guehenneuc de
Boishue, Le Noir de Garlan. La branche de la Fleuryais, du Mesnil et du Teil
8*est alliée aux Charil, Frain, de Gennes, Malherbe, Langle de la Gail-
lardière, de la Porte, etc. Elle est représentée dans le Finistère par M. Vin-
cent Seré, arrière petit-fils de Gilles-Joseph Seré, marié èi d»« de Crec'herault.
Les Pasquerie de la Villemarterre et de Rieux se fixèrent à St-Malo et ont
produit J. Seré, maître aux Comptes, des secrétaires du Roi, un Conseiller au
Parlement de Paris, un lieutenant aux gardes françaises, un mestre de camp
de cavalerie, un chevalier de St-Louis, etc.
' François Billon avait épousé Etiennette Séré, sœur de Georges.
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150 fardeaux
45.000
id.
62 id.
18.600
id.
50 id.
15.000
id.
90 id.
27.000
id.
120 id.
Ses
36.000
156.400 a
id.
innei
KT LE COMMERCE INTERNATIONAL 127
Eh bien,ran de ces dévots et entreprenants expédie, en 1575,
quarante-six fardeaux, à trois cents aunes le fardeau,
soit 13.800 aunes.
En 1577
En 1578
En 1579
En 1580
En 1586
Soit une moyenne annuelle de vingt-cinq mille neuf cents
aunes.
Du particulier, passons au général, et cédons la parole à qui
de droit. De 1570 à 1575, écrit M. de la Borderie, la moyenne
annuelle de l'exportation vilréenne est de sept cent vingt-trois
xnillesix cent soixante-deux aunes; de 1575 à 1580, elle monte
A un million cent cinquante-deux mille huit cent quatre-vingt-
dix aunes. Pour l'année 1586 seulement, elle atteint un million
cinq cent quarante-cinq mille quatre cents aunes* .
Il s^agirait maintenant de savoir le prix de Taune à Vitré.
Là-dessus, faute de documents, nous serons muet ; mais à
l'aide d'un compte rédigé en langue espagnole vers la fin du
XVI' siècle, nous essaierons de déterminer le prix de vente
en pays étranger.
« Diesy seis varasde Vitré, a 60 maravedis la vara monta
28 reaies. »
Cinq pieds cinq pouces, six lignes faisaient la vare. L'aune
de Bretagne étant de 50 pouces ; 16 vares représentaient vingt
aunes et quelques lignes. Les vingt-huit réaux comptés pour
prix des 16 vares de Vitré sont réaux de vellon*.
* Le Calritu'sme à Vitré, chapitre X. Influence du mouvement calviniste
sur la prospérité de ]a ville de Vitré.
* Reale de vellon. Ce n'est en Espagne qu'une monnaie de compte comme
en France ia livre ou le franc. Il faut quinze réaies de vellon pour faire la
piutre de Plata ou d'argent, en sorte que la piastre étant à soixante sols de
France ia rëaJe de vellon ne vaut que quatre sols de la môme monnaie.
(dietiûnnaire universel de commerce, par Jacques Savary).
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128 LES VITRÉENS
Il en faut quinze pour faire la piastre; laquelle vaut soixante
sols de monnaie française; nos vingl-huit réaux représentent
donc cinq livres 12 sols. Cette somme divisée par vingt donne
le prix de l'aune savoir: cinq sous, cinq deniers*. Admettez que
le total de l'exportation, en 1586, se soit vendu sur ce pied,
vous obtenez pour 1,445,400 aunes, quatre cent vingt-quatre
mille neuf cent quatre-vingt-cinq livres; or, la livre en 1586,
valait trois francs quatre vingt-trois centimes', ce qui donne,
comme valeur inirinsèque de l'exportation, wn million six cent
vingt-sept mille six cent quatre-vingt-douze francs. Désirez-
vous connaître la valeur comparative? — Quadruplez, c'est le
moins que vous devrez faire.
Ces beaux calculs sont probants pour cannevas de Vitré.
Remarquez toutefois que l'entrepôt d'unVitréen contient bien
d'autres toiles: ballots de Laval, de Rouen, de Navalles.
« Iten ciento y noventa varas de naval non batido a dos
reaies y très quartillos vara, monta 523 reaies' » qui font trente
quatre piastres ou, en monnaie de France : cent quatre livres
douze sous. 190 vares représentant 247 aunes de Bretagne,
Taune de navales se vendait en Espagne de huit à neuf sous,
le double à peu près des toiles de Vitré
Assez de chiffres pour l'heure ; et gagnons, s'il vous plaît,
cette belle porte que nous avons remarquée dès l'abord.
Mystérieusement et à la reculée, comme disaient nos pères,
elle ouvre en un magnifique appartement digne d'une demeure
seigneuriale. Dans l'entrepôt, nous étions au centre de
l'activité du marchand vitréen. Ici, nous sommes dans le lieu
de son repos. Aussi s'est-il appliqué à l'orner au gré de son
humeur. La cheminée est solide, de proportions heureuses,
mais sans luxe d'ornementation. C'est au-dessus de vos têtes
* A saToir si ces 16 vares de Vitré se sont vendues à une époque de hausse
ou de baisse 7 ^ En 1636, 40 ans environ après Tarrôté de compte ci-dessus,
Taune de canevas était estimée dix sols. (Inventaire de Jean le Fort).
» Voir Cheruel Dictionnaire des Institutions de France,
» Extrait d*un compte de la fin du XVI* siècle, signé : Estbvan Frain,
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ET LE COMIffKHCE INTEBNATIONAL 1?9
cfu'îl faut admirer : chaque poutre, chaque soliveau du plafond
est de main d'ouvrier. Sous des moulures profondes et va-
riées, Taspect massif et anguleux de ces pièces de bois
dispai^tt. Ainsi parées et allégées comme carènes de navire,
elles témoignent et de l'habileté du constructeur et de Texcel-
lence des matériaux employésV Au lieu du badigeon qui les
recouvre, supposez-les polychromées avec art ; imaginez les
liantes lisses appendues aux murailles ; autour de Tàpparte-
xnetit, les meubles à grand effet : lits à colonnes, dressoirs,
cofli'es garnis à profusion de clous en cuivre formant entrelacs,
45ou.roûnes, corbeilles et fleurs de lys*. Jetez et embrasez dans
Vâtre un faix de bois de hôtre et, avec nous, vous jugerez que
là, entre amis, femmes et enfants,aprL'S avoir besogné tout le
jour, il faitbon deviser touchant les diverses fortunes courues
sur terre et sur mer.
Prain.
(La suite prochainement.)
s Cette salle a conserTé son YÎeil aspect.
* L'inreotaire de Jean Li Port des Longrais marié en premières noces à
Julienne de Montalembert, en secondes noces à Gilette Le Faucheur, men-
tionne plusieurs de ces coffres dits : « garde-robes de Flandres couvertes de
cuir doré arec leurs soubassements de noyer à godrons. » Le même inven-
taire nous montre entassés dans ces coffres, pourpoincts de satin, noir, de
satin blanc, haut de chausses de velours à fleurs noires : manteaux de drap
d'Espagne, etc., puis pour garnir les lits : ciels brodés avec les rideaux
d'ëtamine verte à grands luissans et crespine de soie verte.
Ce Jean Le Fort fut le père du Jésuite Pierre Le Fort recteur du collège
Heari IV à La Flèche de 1079 à 1683. mort à Paris en 1718 âgé de 90 ans.
(Ze Collège Henri IV ^ par de Rochemonteix t. i, p. 212.)
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*J ^ ëjfjPMWfr^^^ ^Jm^^HLei''f ^^^«ï^^^SâKw'* «t^
UN ABBÉ DE SAINT-AUBK - D'ANGERS
(LE CARDINAL DE DENONVILLE)
(1493-1 540')
Nous touchons à Theure où Charles de Hémart parvient
au point culminant de sa destinée.
Le roi François I", dont Testime et Taffection pour
son ambassadeur, n'avait fait que s'accroître en raison des
services qu'il rendait à sa politique en Italie, avait déjà
récompensé Charles par une pension payée sur la cassette
royale : nous ignorons à combien se montait cette pension,
mais les gratifications de cette nature étaient ordinaire-
ment de 2 ou 3,000 livres par an.
De plus, le Roi avait autorisé l'évôqiie de Mâcon à vendre sa
charge de conseiller au Grand-Conseil, devenue inutiledepuis
que le prélat, séjournant à Rome, ne siégeait plus dans ce
tribunal de haute magistrature. Elle fut acquise en décembre
1536 par Messire Charles de la Rue', au prix de 7,000 Iv.
* Voir la liTraison de décembre 1889.
* Prieur de MondouviUe.
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TJN ABBÉ DE SAINT- AUBIN d' ANGERS 131
I^'évfique de Mâcon se plairgnart souvent que les émolu-
ments de sa charge d'ambassadeur, — montant à 7,300 livres
par an — lui suffisaient à peine à représenter dignement la
France à Rome^ oh la dépense était grande alors, car Rome
était à cette époque le centre de la civilisation européenne^
le milieu où convergeait tout ce qu'il y avait de riche et de
g-ran*' ians le vieux monde. Dans une de ses' lettres à Mont-
morency, il lui démontrait qu'il jouissait à peine de 10,000
livres de revenu et qu'il, avait des dettes. Il avouait quelque-
fois confidentiellemeLt/ au Gcrand-Maitre qu'on le laissait
mourir de faim, — les annuités de son traitement étant tou-
jours six mois en retard, — et qu'il ne trouvait plus de crédit
chez les marchands d'^ Rome. Il le suppliait, en conséquence,
de ne rien négliger à . on proJ9t auprès du Roi pour obtenir
quelques nouveaux bénéfices. C'est alors que, sur la propo-
sition du gouvernement français, Tévêque fut nommé dans
Tété de 1535, comme nous l'avons dit, abbé de Saint* Aubin
d'Angers, maison dont la manse abbatiale pouvait bien valoir
de S à 10,000 francs de rente. Peu après, une autre abbaye de
moindre valeur, celle de Blanche-Couronne, près Savenay,
au diocèse de Nantes, lui avait été donnée. Enfin des lettres
de collation du pape Paul III, en date du 24 octobre 1537, con-
féreront h, Charles de Hémart. l'abbaye de Notre-Dame de
Caumont, au diocèse de Mirepoix, laissée vacante par le décès
de Philibert de Lanjeu, évoque de Mirepoix, dernier titulaire
de ce monastère*. Les revenus de ces divers bénéfices étaient
évidemment destinés à un entretien plus large de l'ambassa-
deur du roi de France à Rome.
Mais le Roi désirait voir parvenir son ambassadeur à la di-
gnité cardinalice. C'était surtout le chapeau, que ce prince en-
visageait comme la plus juste 'et la plus digne récompense
qu'eût méritée M. de Denon ville, par lo dévoûment, les vertus
et les capacités dont il avait fait maintes fois la preuve, pen-
* Prieur de MondouviUe.
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132 UN ABBÉ DK SAINT-AUBIN d' ANGERS
dant la durée de sa mission auprès du Pape. Il écrivait au
Souverain Pontife à ce sujet :
<* Très-Saint-Père, Votre Sainteté a pu clairement juger
jusqu'ici tant par lettres que je lui ai écrites, que par les pa-
roles que je lui ai fait porter, combien je désire que l'évoque
de Maçon, mon ambassadeur devers Elle, parvienne à la di-
gnité cardinalle, et ne fais nul doute qu'Elle n*aie très bonne
souvenance de Tespérance qu'Blle m'en a continuellement
baillée. Et combien que ce soit chose que j'ai toujours tenue
et tiens pourasseurée, néantmoins, Très-Saint-Père, j'ai bien
voulu de rechef écrire ce mot de lettre à Votre Sainteté pour
la supplier et requérir tant qu'il mest possible, qu'Elle veuille
bien avoir telle et si bonne souvenance dudit évoque de Ma-
çon^ à la première création de cardinaux qu'Elle fera, que la
chose puisse sortir son effet, ainsi que singulièrement je dé-
sire. En quoi faisant outre l'obligation qu'en aura perpétuel-
lement ledit évoque de Mâcon envers vous, vous ferez chose
que tiendra et réputera en très grande grâce.
Votre humble et dévot fils,
François'. »
Antérieurement déjà, au dire de Ribier, le prince dans une
lettre au cardinal du Bellay s'était « exprimé en paroles ex-
presses du désir qu'il avait de la promotion dudit évoque au
cardinalat plus que nulle autre*. » L'exaltation de Charles
Hémart,déjà décidée par le Saint-Père, in petto, devait passer
à l'état de fait accompli et promulgué avant la fin de cette
même année.
Par son courrier du 22 décembre 1536, envoyé en France
sous la protection du duc de Faenza — parce que Tarabas-
sadeurdela cour de Vienne, n'avait voulu lui délivrer un
ft Bibl. NMuss. Fonds franc, n* 5145. p. 105.
* Mém, d'Etat de Ribier, tome I. Ces mémoires ont été composés d*après
les papiers du connétable Anne de Montmorencj.
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UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN d'aNGERS 133
sauf-conduit pour passer en Lombardie — M. de Denon-
ville faisait parvenir au Roi la liste des onze cardinaux nom-
més par Paul in dans le consistoire des Quatre-Temps, tenu
le jour môme à Rome, et parmi les noms de ces nouveaux
cardinaux se trouvait celui de M. l'évoque de Mâcon.
« La présente sera seulement pour vous dire, informait-il
le grand maître Anne de Montmorency, que ce jour d'huy
Notre-Sainct Père a faict et créé onze cardinaulx du nombre
desquels, à Tinstance du Roy, il m'a faict cet honneur me
compter, dont je vous ay bien voulu advertir, comme mon
ancien seigneur et patron, me tenant pour asseuré qu'en
serez très aise, comimede l'exaltation de celui qui sera tant
qu'il vivra desdyé à vous faire service. »
Les bulles de nomination de M. de Denonville à la su-
prême dignité ecclésiastique se trouvent annexées à la
correspondance du prélat. Elles sont rédigées en termes
flatteurs. Le Saint Père y parle de la façon très louable dont
le titulaire a géré jusqu'alors le diocèse de Mâcon ; mais il
s'étend surtout sur la doctrine éclairée, l'intelligence supé-
rieure, l'intégrité parfaite, la prudence, la diligence et la
circonspection, non moins que sur la grandeur et la dignité
avec lesquelles ramba,ssadeur a conduit les affaires souvent
ardues de la France, vis-à-vis le Saint-Siège, depuis que le
Roi l'a accrédité auprès de la Cour de Rome. Il fait allusion
aussi à la fidélité inébranlable du prélat, dans ce temps de
persécution contre la foi orthodoxe où le Pape n'avait pas
de plus grand désir, affirmait-il, que d'offrir aux dissidents
de justes moyens de rentrer dans le devoir, comptant sur
les lumières de ses cardinaux pour l'aider à y parvenir.
De plus ces bulles autorisent le titulaire à conserver tous
ses titres et privilèges antérieurs, Tévéché de Mâcon^ Tabbaye
de Saint-Aubin d'Angers, l'archidioconat de Coutances, le
prieuré de Montdésir, au diocèse d'Amiens, et toutes les places,
fous Jes bénéfices^ toutes les prébendes, toutes les dignités
à revenus lucratifs qu'il possédait au jour de son élévation à
Ja pourpre romaine.
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134 UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN d'aNGEHS
Vingt prélats signèrent ces bulles sur lesquelles le chan-
celier^ cardinal Farnèse, apposa le sceau pontifical avec la
formule aussi humble que grandiose :
Paulus Episcopus servus servorum Deù
Revenons à notre résumé des lettres de l'ambassadeur. Il
annonce ainsi au chancelier du Bourg sa promotion au car-
dinalat
XL— Rome, 22 décembre 1530. — «Est survenu une nouvelle
dont je ne veux faillir vous avertir, estimant qu'en serez très
aise comme mon bon seigneur. C'est qu'il a plu à notre Saint
Père, contrôle vouloir et empêchement des Impériaux, créer
cardinaux Messeigneurs l'archevêque Cispontin, l'archc-
vôque Théatyne, les évêques de Payence, de Carpentras, le
fils du duc de Candie et deux qu'il a réservés in pectore^ Tun
desquels on dit devoir être à la dévotion de l'Empereur, et
Tautre de Sa Sainteté, du nombre desquels Elle m'a fait
l'honneur Je me mettre. — Dieu me fera, s'il lui plait, la grâce
et me donnera le moyen de vous pouvoir, en ce degré, faire
service selon la volonté que je vous ai portée et porterai
toute ma vie.
Chahles, cardinal, évoque de Mâcon. »
La dignité dont venait d'être revêtu le cardinal de Denon-
ville paraissait rendre difficile son maintien à l'Ambassade
de Rome. Une fonction, qui le maintenait sous la dépendance
du souverain, semblait incompatible avec la haute mission
pouvant incomber au membre d'un Conclave, dont la réunion
devait avoir lieu d'un moment à l'autre. Il était inadmissible
qu'un agent officiel du roi de France pût, le cas échéant,
exprimer un vote indépendant sur le choix extrêmement
grave d'un nouveau Pape, alors que la question romaine
prenait une prépondérance si grande sur les intérêts du roi
et de l'empereur rivaux. La Cour dç Paris, qui comprit de
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UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN d'ANGERS 135
suite cette situation, proposa donc, par déférence pour le
cardinal, d'envoyer un nouvel ambassadeur à Rome. Mais
révoque de Mâcon témoigna d'un si grand chagrin à quitter
son poste, qu'il fut différé pendant quelques mois à lui
nommer un successeur. On se contenta d'adjoindre à l'am-
bassadeur un coadjuteur avec pleins pouvoirs de le remplacer,
en cas d'urgence, et promesse deJui succéder ultérieurement
lorsque le Roi en déciderait à son gré.
XII. — Rome, 16 février 1537. — Le prélat proteste de son
entier dévoûmentauRoi et aux affaires de son pays, qu'il veut
continuer à servir, nonobstant sa promotion au cardinalat.
€ Quant à mon retour à la Cour, ajoute-t-il, ce sera quand il
plaira au Roy me rappeler. » Mais il demande une augmenta-
tion de son traitement d'ambassadeur, et le maintien de sa
pension sur la cassette royale, « car cette nouvelle dignité où
il a pieu à Dieu m'appeler, assure-t-il, m'a faict endepter de
quatre à cinq mil escuz ; » et s'il n'est pas secouru de fonds,
s'il ne reçoit pas le remboursement des avances qu'il a faites,
et de son année de traitement non encore parvenue> il lui sera
difficile de faire honneur k son maître dans la nouvelle posi-
tion qui lui est créée.
Xin. — Rome 18 février 1537. — Le Pape a créé cardinal le
légat Paul, anglais de naissance, et l'envoie à Cambrai, puis
en Angleterre pour tâcher de catéchiser le roi Henri, et le ra-
mener, si possible, à l'obéissance papale. lUui adjoint l'évoque
de Vivonne, Jean Matheo. Le cardinal de Garpi et le sénateur
romain Charles de Nable ont été désignés pour être envoyés
comme Légats auprès du roi François.
Il résulte jusqu'ici de la correspondance du cardinal, que
Paul m ne s'était pas éloigné de la voie que lui traçait ses
hons sentiments pour la France ; mais la Cour de Rome allait
se voir dans la nécessité d'inaugurer une politique nouvelle
dès le commencement de l'année 1537. La rivalité aiguë des
deux maisons de France et d'Autriche permettait aux Turcs
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136 UN ABBE DE SÂINT-ÂUBIN d'aNGERS
d'accroître leur puissance en Europe, d'une manière inquié-
tante, car les armées chrétiennes, occupées à s*entre-déchirer,
n'opposaient pas une efficace résistance aux plus audacieuses
entreprises des Barbares : au contraire, ceux-ci se croyaient
soutenus par la bienveillance tacite du plus occidental, c'est-
à-dire du moins exposé des deux souverains. Aussi, leur
flotte ravageait-elle de plus en plus les côtes du bassin mé-
diterranéen. En 1536, elle avait déjà abordé en Calabre, et dès
le mois de janvier de 15:37, elle menaçait directement Rome
et Venise, ce qui jetait toute lltalie dans une terrible anxiété.
Paul III prenait donc des mesures pour mettre les Etats-Pon-
tiflcaux sur le pied de la défense, et pour protéger Rome. Il
songeait surtout à former, sous sa direction suprême, une
ligue dans laquelle entreraient avec Venise les deux grands
Etats en lutte, la France et TEmpire. Préalablement, il s'effor-
çait de réconcilier François et Charles, quitte, s'il n'y pouvait
réussir,. à se jetter dans les bras du plus puissant et surtout
du plus intéressés des deux à rabaissement de la puissance
ottomane.
XIV. — Rome il janvier 1537. — Le cardinal disait : « Je ne
laisseray à vous advertir par la présente de ce que je puis
vous escripre sans chiffre, et premièrement que Nostre-Sainct
Pèrç et toute sa court est en grande peur du Turcq, voire
telle qu'ilz pensent qu'ilz seront contrainctz d'habandonner
cette ville, et pour y obvyer, sa dicte Saincteté a arresté
d'envoyer deux prélatz, l'ung au Roy, et l'autre à l'Empereur
pour les exhorter encores plus estroitement qu'il n'a point
faict de faire paix ensemble, et davantaige a conclud mettre
sur le clergé de toute l'Italie deux décimes, et sur chascun
feu du temporel du siège apostolique ung escu, faisant
compte que le tout reviendra à quatre ou cinq cens mil escuz ;
délibéré aussi d'envoyer par tous les royaulmes chrestiens
indulgences et plénières rémissions pour faire prier Dieu
pour ladicte paix.
» Les dernières nouvelles que Messieurs les Vénitiens ont
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UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN d'aNGBRS 137
icy publiées dudictTurcq sont d'Adrianopoli, du vingt-huic-
tiesmo de novembre, disans que Barberousse estoit allé à
Constantinople pour advancer larmée, laquelle nesepourroit
monter plas de cent cinquante gallëres, et deux cens navires»
dont les ceux ne serviront que porter les chevaulx ; et que
ledict Turcq estoit en délibération de faire la plus cruelle
guerre qu'il flst oncques par mer et par terre à l'Empereur,
et ne cesser qu'il ne l'eust chassé d'Italie. Aussi qu'il debvoit
envoyer un sien interprète nommé Jannet-Bey vers lesdictz
Vénitiens à ce qu'ils eussent à eulx déclarer amys de ses
amys et ennemys de ses ennemys, et que autrement il leur
feroit la guerre de toute sa puissance. Geulx de Naples sont
en une merveilleuse peur, et faict le Viroy fortiffler la ville
et forteresses maritimes. »
XV. — Rome, 24 janvier 1537. —La terreur du Pape est à l'ex-
trême, il fait préparer ses logements à Bologne pour aller y
passer le carême, dans la crainte de n'être pas en sûreté à
Rome, du fait de l'invasion des Turcs. Le Saint-Père se fait
vieux, « le bonhomme se porte- bien, mais il est septuagé-
naire et plus, et ne faultespérer avec luy davantage que d'ung
homme vieil et caduc; » il est donc très prudent de se faire
des amis en Italie en prévision d'un conclave. L'Empereur ne
néglige rien pour se faire des partisans en Cour de Rome, il
va jusqu'à donner des pensions aux domestiques du Pape.
Le roi de France ne fait rien, ne distribue aucune largesse,
ne rend aucun service, et le goût du lucre rejette beaucoup
de ces gens-ci dans le parti opposé. Il y a même des mécon-
tents : le cardinal Prani se plaint de n'avoir rien touché en-
core de l'abbaye que le Roi lui a donnée. C'est un homme
puissant, il faut le ménager et, conséquemment, lui servir ses
revenus. Dans le Piémont, les troupes françaises se livrent
au désordre et au pillage ; cela est du plus déplorable effet.
L'évoque de Porli, partisan déclaré de l'Empereur, est passé
en Espagne pour négocier le mariage de la fille naturelle de
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNEE, 1'* LIV. 10
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138 I?N ÂBBÉ DE SAINT-AUBIN d' ANGERS
Gharles-Quirit avec Corne de Médicis. Enfin, à Taurore de la
nouvelle année, Tastre de la faveur semble se tourner en
Italie vers l'Empereur, sans garder un rayon pour la France.
XVI. — Rome, 9 février 1537. — Le bruit court que les Turcs
en grande force remontent le Danube, et vont mettre le siège
devant Vienne. Les Vénitiens arment une grande flotte pour
les combattre sur mer. Le Pape, dont la terreur ne s'apaise,
compte aller séjourner après Pâques à Mantoue dans l'espoir
d'y réunir le Concile. Le Souverain-Pontife a toujours à cœur
les intérêts de la France en Italie. Son amitié pour le Roi lui
a suggéré la pensée d'un mariage entre une princesse fran-
çaise et le duc Gôme de Médicis. Si ce projet, aboutissait, ce
serait un grand succès pour le Roi et une arme puissante
contre l'Empereur ; le duché de Florence serait acquis à la
cause française. Le Pape est d'avis que le Roi envoie des
troupes en Lombardie afin que Florence se déclare pour lui,
ce qu'elle est prête à faire. Il en serait de môme des Suisses
dont les cantons catholiques sont nos amis et qu'il faut savoir
entretenir par quelques largesses. Quant aux cantons luthé-
is, il n'y a rien à en attendre.
XVII. —Rome, 6 avril 1537.— L'Empereur intrigue beaucoup
pour gagner l'amitié du Souverain-Pontife, non pas à cause
de l'estime qu'il lui porte, mais bien pour obtenir de lui l'au-
torisation de prélever des impôts sur les biens du clergé dans
ses Etats. Aussi vient-il d'offrir Novarre à Pierre-Louis Far-
nèse (fils du Pape, né avant l'entrée de son père dans les
ordres et créé par le S. -P. duc de Parme), et celui-ci désire-
rait l'accepter à moins que le Roi ne lui offrît une plus belle
position en France. Le Pape^ indécis, ne sait quel conseil don-
ner à son fils. Il a cependant déclaré à l'ambassadeur que
Pierre n'accepterait rien des Impériaux sans l'autorisation du
Roi. € Bien me semblerait, appuie le cardinal, cousidérant
le désir qu'a S. S. de l'élévation de sa maison et prospérUé,
qu'il n'y aurait pas grand mal lui offrir quelque bon état en
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UN ABBÉ DE SALNT-AUBIN d' ANGERS 139
France, car après sa mort on trouverait bien occasion d'en
échapper» et cependant qu'il vivra, on pourrait par ce moyen
divertir S. S. de ne se précipiter aux offres que lui fait l'Em-
pereur. »
On voit par ce conseil que l'excellent prélat, à force de vivre
dans le pays de Machiavel, commençait à en épouser la doc-
trine. Mais il redevient tout à fait Français, lorsqu'il se félicite
de la mort du marquis de Saluées, traître à la France^ tué par
un coup d'arquebuse à l'assaut de Garmignol.
Et il ne dissimule pas son indifférence pour tes mœurs
italiennes lorsqu'en quatre lignes et sans commentaire et il
raconte que « en ung festin qui fust faict à Florence fut tué
le duc Alexandre par ung sien parent nommé Laurens de Mé-
dicis, qui estoit le plus favorit qu'il eust. »
XVII. — Rome i4avril 1537. —L'influence de l'Empereur se
faisait sentir de plus en plus dans l'entourage du Pape, et la
versatilité de la Cour de Rome commençait à inquiéter le
cardinal ; il disait môme que le Pape se serait déjà ouver-
tement prononcé pour l'Empereur, s'il ne craignait de voir la
France secouer l'obéissance papale, et son prince l'entraîrit ^
comme l'avait fait le roi Henri VIII en Angleterre, dans le
gouffre de l'hérésie. Son Eminence Révérendissime avait-
elle eût vent de quelque parole imprudente, quelque menace
ambiguë à son égard ? On le pourrait supposer, lorsqu'Elle se
dit prête à se mettre en route, recommandant à la Cour de
Paris de ne point laisser partir le légat, cardinal Carpi, avant
qu'il n'ait lui-même regagné la France, rappelant le procédé
un peu trop italien, employé envers un de ses prédécesseurs,
qui fut enfermé pendant un an au cliâteau Saint-Ange, sous
le pontificat de Jules II, cet adversaire du roi Louis XII.
Pq^ le Pape a consenti à contribuer pour 20,000 écus par
js, pendant 4 mois, pour les besoins de l'Empereur, et main-
^/^nt il paraît favorable au projet d'union de la fllle de
^*i*les avec Côme, le nouveau duc de Florence.
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140 UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN d'aNGERS
Cette légère panique de Tambassadeur non moins qu'une
assez longue et grave maladie dont il venait d'être atteint, et
qui l'avait tenu au lit depuis rentrée du carême jusqu'à
Pâques, décidèrent François I"à nommer le coadjuteur pro-
jeté, lequel eut Tordre d*agir conjointement, pour la gestion
de TAmbassade, avec son Eminence, et de prendre conseil
d'Elle en toutes choses. Le choix du monarque était tombé
sur messire Georges de Selve, évêque de Lavaur et son am-
bassadeur déjà, depuis quelques années, auprès de la Répu-
blique de Venise, où il fut alors remplacé par Tévêque de
Rodez, Georges d'Armagnac.
Marquis de Brisay.
("A suivre.)
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L'ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE ECCLÉSIASTIQUE
DANS LE DIOCÈSE DE NANTES
APRÈS LA RÉVOLUTION
f1800'1815'J
DEUXIÈME PARTIE
Les Écoles presbytérales
m
SAINT-ANDRÉ-DES-EAUX
L'humble bourgade dont nous inscrivons le nom en tôte
de ce chapitre devra à l'un de ses pasteurs l'honneur
d*iine page glorieuse dans les fastes du diocèse de
Nantes. On comprendra donc facilement que nous commen-
cions cette courte notice consacrée à l'école de Saint-André,
par quelques détails biographiques sur Thomme qui la créa.
A Voir la livraison précédente.
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142 l'enseignement secondaire ecclésiastique
M. Joseph Moyon naquit dans la paroisse de Montoir
au village du Pin, le 11 mars 1739*. Il entra dans Tétai
ecclésiastiQue, et fut pourvu d*un bénéfice simple, le légat
Jean Martin^ situé dans sa paroisse natale'. Ordonné prêtre
en 1763, il devint vicaire de Saint-Nazaire.
La cure de Saint-André-des-Eaux, voisine de St-Nazaire, et
peu éloignée de Montoir, étant devenue vacante, M. Moyon
se présenta au concours. D'après Tabbé Tresvaux^ Tabbé
Moyon choisit cette paroisse « de préférence à plusieurs
autres qui vaquaient également et qu'il pouvait avoir. » Il fut
installé dans son bénéfice le 13 juin 1774*, « en présence de
' « L'onzième jour de mars mil sept cent trente-neuf, a été baptisé pa.
nous, Recteur soussigné, Joseph, né de ce jour, fils de Luc Moyon et de
Perrine Ollivaud. Sont parrain, Joseph Ollivaud et marraine, Marie Jonaud
sous le seing de la dite marraine, le parrain a déclaré ne sçavoir signer.
Signé : Moreau, recteur.
(Extrait des registres paroissianx de Montoir.)
Trois ans auparavant, était né, dans le même village Etienne, Chaillou
qui devait être, comme Joseph Moyon, député à la Constitiiante,
> Le revenu de ce bénéfice était de 70 liv. ; il était chargé d'une messe par
semaine, ce qui, d'après une note de M. Moyon, réduisait son produit à 31 liv.
'^Arch. dép. District de Guérande, fonds de Saint-André-des-BIaux.
' Hist. de la persécution en Bretagne, II, 493.
^ « L'an 1774, le 13« jour de juin, environ les onze heures du matin, en
présence de nous Alexis-Augustin Gorgette, notaire royal et apostolique de
la cour et diocèse de Nantes, soussigné, et des témoins cy-après nommés,
Missire Joseph Moyon, prêtre, cy-devant vicaire de la paroisse de Saint-Nazaire,
de présent à la cure de Saint-André-des-Eaux, près Guerrande, lequel, en
vertu des provisions lui accordées par notre saint Père le Pape, en datte du
six des ides de mai dernier, et du visa lui donné par Illustrissime et Rêvé-
rendissime Pierre Mauclerc de la Muzanchère, seigneur évêque de Nantes, le
six présent mois de juin, signé Brunet, chanoine secrétaire, dans lequel visa
il est fait mention que ledit sieur Moyon a signé le formulaire d'Alexandre
VII, suivant l'intention du Roy, a pris et appréhendé en personne la .réelle,
actuelle et corporelle possession de ladite cure de Saint-André-des-Eaux,
près Guerrande, de ses dépendances avec tous ses droits, profits, rentes, re-
venus etémolumens y attribués, pour nous être de sa compagnie et sur son
réquisitoire transportés dans l'église dudit lieu de Saint-André-des-Eaux. où
étant et y entrant, ledit sieur Moyon, revêtu d'un surpely et d'une étoile, a
pris eau-bénite, sonné une des cloches, s'est rendu au grand et principal
autel de ladite église, s'est mis à genoux, y a fait prières et oraison, chanté
le Ve ni Creator, icelui autel baisé, ouvert le tabernacle, donné la bénédiction
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 143
Missire Sébastien Bureau du Fiefheulin, prêtre, recteur de la
paroisse de Saint-Nazaire, et Pierre Terrien, prêtre, recteur
de la paroisse de Montoir, témoins à ce requis et appelés. »
L'assistance était nombreuse et installation tçès solen-
nelle, à en juger par les signatures du procès-verbal. On y
trouve, avec les deux témoins cités plus haut, MM. « Lom-
meau, ancien recteur d'Escoublac ; Audrain, recteur de Batz;
Leborgne, procureur-fiscal de Saint-André ; Etienne Godard,
prêtre vicaire ; J. Masson, J. Claverie, Aoustin, vicaire de
Montoir; J. Halgan, prêtre; C. Thuaud, prêtre; P. Ollivaud,
diacre ; Lorieux, Hardouin de la Bernardière ; P. Monfort,
prêtre, vicaire de Batz ; J. Rouaud, vicaire de Céans ; Luc
Moyon et Gorgette conseillé. »
M. Moyon s'occupait de gouverner sa paroisse, méritant
par son zèle et son intelligence, l'estime de ses confrères,
quand furent convoqués les Etats généraux. Il fut Tun des
lô commissaires, élus le 2 avril 1789, pour la rédaction des
cahiers ; le 20 du même mois, les quarante électeurs, choisis
par le clergé, l'envoyaient à l'assemblée de Versailles, avec
M. Chevalier, recteur de Saint-Lumine-de-Coutais, et M. Mai-
sonneuve, recteur de Saint-Etienne-de-Montluc*.
avec le saint ciboire, fait aspersion d^eau bénite, visité les fonts baptismaux*
entré dans an des confessionnaux, monté en chaire et pris place au chœur,
ensnittê transporté à la maison presbitérale dudit Saint- André-dep-Eaux
dans laquelle ledit sieur Moyon est librement entré, ouvert et fermé porte
et fenêtres, bu et mangé, fait feu et fumée, entré dans le jardin et y a mar-
ché, arraché herbes, coupé branches d'arbres, fait émotion déterre, ainsi
qae sur les antres domaines de ladite cure, et générallement fait tous actes
reqnis et nécessaires pour acquérir bonne et vallable possession de tout, tant
an spirituel, qu'au temporel, dans laquelle nous l'avons mis et induit, sans
aucuns troubles ni oppositions de personne, venues à notre connaissance, de
toQtqnoy avons donné lecture à haute et intelligible voix, au peuple assem-
blé, avis la principale porte et entrée de ladite église, le tout fait en pré-
sence de Missire Sébastien Bureau du Fiefheulin, prêtre, recteur de la paroisse
de Saint-Nazaire, et Pierre Terrien, prêtre, recteur de la paroisse dé Mon-
toir, témoins à ce requis et appelles... » — Arch, de ?Vr. Registres des
Insintiations.
' A Versailles, il logeait avec M. Chevalier, et le député suppléant Lebreton
de Ganbert. recteur de Sain t-Si milieu de Nantes. —M. Kerviler, Notice sur
M. C^aWer, dans la Revue historique de VOuestj mars I8864-
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144 . l'enseignement secondaire EGGLÉSIâSTIQUE
On connaît les débuts de cette assemblée, et les malheu-
reuses divisions qui éclatèrent entre les trois ordres.
M. Moyon, d'accord avec la plupart de ses collègues bretons',
crut devoir se réunir au tiers-état. Mais bientôt son âme
droite et sacerdotale fut effrayée par la tournure que prenaient
les événements. Le pillage de la communauté de Saint-Lazare
(nuit du 12 au 13 juillet) ; la sanglante révolte qui eut pour
dénouement la destruction de la Bastille; la révolution opérée
dans la nuit du 4 août ; les nouvelles des provinces annonçant
chaque jour des émeutes et des incendies ; la crise religieuse
que faisaient prévoir les cris séditieux de la rue, les déclama-
tions des philosophes et les motions de l'assemblée : tous ces
signes avant^coureurs d'un bouleversement social dégoûtè-
rent nos députés, et, vers la fin du mois d'août, MM. Moyen,
Chevalier et Maisonneuve donnaient leur démission, ainsi
que leurs collègues de Rennes, MM. Hunault et Guillou*.
M. Moyon rentra dans sa paroisse et y reprit son humble
ministère*. Mais la Révolution marchait vite.
Les défenseurs de la Religion, n'ayant pu se faire entendre
dans l'assemblée, publient la déclaration du 19 avril 1790.
Les catholiques des provinces s'en émeuvent, et plusieurs
envoient leur adhésion à la Déclaration. Une adresse à l'As-
semblée nationale fut signée par une partie du clergé rennais,
* S«ize, sur yingt-deux curés de Bretagne, votèrent, le 24 juin, pour la
Térification des pouvoirs en commun.
' R. Kerviler. Notice sur M, Chev alier, d&ns la Revue historiqtie de V Ouest,
n« de mars 1886.
« Le 4 janvier 1790, M. Moyon présidait la dernière assemblée du général
de la paroisse, où Ton arrêta :
10 Que rassemblée générale des citoyens actifs de Tendroit se tiendrait le 3
février suivant, à 8 heures du matin, dans la chapelle qui est à rextrémité
du bourg ;
2* Que la valeur locale des journaliers étant de dix sous, ceux qui en
paient 30 d*imposition sont, dans la paroisse, citoyens actifs, s'ils réunissent
les autres conditions ;
30 Que le nombre des paroissiens étant de 1213, les officiers municipaux
seront au nombre de 6, y compris le maire. — Notes de M, Vabbé Gallard.
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DàNS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA HÉVOLUTION 145
une àatre par cent cinq ecclésiastiques du diocèse de Nantes\
Parmi les signataires, nous trouvons M. Moyon, recteur de
Saint-André-des-Eauy, ancien député de l'assemblée natio-
nale, et Tun de ses voisins, M. Lévesque, recteur d'Assérac.
La Constitution civile est votée, et Louis XVI, égaré par ses
conseils, sanctionne le décret. Le 25 janvier 1791, les muriici-
palitës sont chargées, dans chaque commune, de veiller à son
exécution. Aussitôt,les révolutionnaires mettent les ecclésias-
tiques en demeure d'obéir à la loi, convoquent les électeurs
pour donner des successeurs aux prêtres fidèles, et installent
des iTitrus partout où il leur est possible d'en établir. Ces dif-
férentes mesures prirent toute la première moitié de cette
année 1791, et il est facile de comprendre k quel point elles
troublèrent le pays.
M. Moyon refusa le serment. Il n'en fallait pas davantage
pour attirer sur sa'tôte la persécution, d'autant que sa valeur
personnelle et son influence donnaient beaucoup d'éclat k ce
refus.
Comme il est facile de le concevoir, il n'était bruit alors,
dans le clergé, que du serment exigé et de la conduite à tenir
en d'aussi graves circonstances. Dans toutes les réunions^ la
question était soulevée, et les raisons pour ou contre savam-
ment discutées. Ceux mêmes qui s'abordaient pour la première
fois plaçaient tout naturellement la conversation sur ce ter-
rain ; et quand arrivait un ecclésiastique en voyage, on s'em-
pressaitautour de lui pour connaître l'opinion des confrères'.
Le recteur do Saint-André ne manqua pas d'être consulté.
Sa piété, ses lumières, Texpérience que lui avaient donné
vingt-huit années de ministère ; le choix honorable que ses
collègues avaient fait de lui pour l'envoyer à Versailles ; son
séjour dans cette ville, au milieu de tout ce que le clergé de
* « Oa remarque avec surprise qu*aucun prêtre de la viUe de Nantes n'y
figure, si ce n^est le vénérable M. Alno, supérieur de la communauté de Saint-
Clénient, et M. Monnier, aumônier de rHôtel-Dieu.»(Tresvaux,op cit. tomei7l.
' Voir, à ce propos, les Mémoires déjà cités de M. Aguefsse.
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146 l'enseignement secondaire ecglésiàstiqtte
France comptait de plus distingué par la naissance, la science
et les dignités; sa connaissance des projets et des arrière-
pensées^des meneurs de la Constituante : tous ces motifs
avaient augmenté son influence dans le district de Gqérande,
et Ton venait de toutes parts solliciter ses conseils, M. Moyen,
qui n'avait pas prêté le serment, n^ pouvait le conseiller aux
autres. Il mit toute l'ardeur de son âme sacerdotale à en
détourner ses confrères.
Les révolutionnaires s'en émurent. La lutte dut être d'au-
tant plus vive, sur ce point du diocèse, que l'un des curés
voisins, et non des moindres, M. Charles Le Masle, recteur
d'Herbignac, était l'un des tenants du schisme. Après avoir
lui-môme prêté le serment, il y détermina ses vicaires, et ce
n'est pas le calomnier que de croire qu'il voulut y porter les
prêtres du voisinage : on sait en effet que, malgré son âge
avancé, il eut l'ambition de devenir évêque et accepta le
siège constitutionnel du Morbihan. Il est certain que dans le
district de Guérande plusieurs se laissèrent d'abord sé.duire;
et qui s'en étonnera, s'il réfléchit à l'hésitation de plusieurs
prêtres éclairés et à la pression exercée? A Guérande, on alla
jusqu'à offrir de l'argent à certains ecclésiastiques peu fortu-
nés, et nous savons d'une source qui paraît sérieuse*, que
l'un d'eux reçut 75^ pour prix d'un serment, qu'il rétracta
d'ailleurs en rendant le denier de Judas.
M. Moyon s'efforça de ramener dans le droit chemin ceux
•qui s'en étaient écartés. Ses efforts ne furent pas sans effet.
Les deux vicaires d*Herbignac,en particulier, rétractèrent leur
serment : l'un, M. Gabriel-Armand Boulo, passa en Espagne,
et nous le trouvons sur la liste de M. Guénichon ; l'autre,
M. Durand, resta dans le pays et répara son erreur d'un moment
par le courage qu'il déploya dans l'exercice du saint ministère.
* Pierre Guihéneuf, maire de Crossac, mort en 1844, et qui, & Tépoqae da
serment, était âgé de 21 ans et venait de terminer ses études au coUège de
Vannes. U entendit cet aveu de la bouche d^un ecclésiastique, dans le pres-
bytère de Crossac, en présence du recteur, M. Perraud (Notes de M. Bertho).
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DÀM& US DI0G2:SE de hantes APRiS LA RÉVOLUTION ^i47
Cette influence, désastreuse pour le parti schismatique, dé-
solait Vadministraiion Guérandaise,. qui résolut d'y mettre un
terme.
Déjà, sous prétexte que . leurs démarches, ou leur « pré-
sence » occasionnait des troubles, . le Département avait dé-
crété l'arrestation de plusieurs ecclésiastiques et un certain
nombre de prêtres fldèles avaient franchi les portes du châ-
teau de Nantes. Le Directoire de Guérande crut qu'il pouvait
oser rincarcératioa du recteur de Saint-André.
Le2i août 1791, it se réunit, à cet effet, en séance extraor>
dinaire*. Nous citons le procès-verbal :
a Sur les représentations multipliées' qui ont été faites, que
le sieur Moyen, recteur de Saint- André, s'occupait journelle-
ment de susciter des ennemis à la Constitution décrétée par
l'Assemblée nationale, et sur la nécessité prouvée d'écarter
cet homme dangereux de sa paroisse et de plusieurs autres
ou il a de riûfluence. ^
« Le Directoire, ouï le procureur-syndic, arrête qu'à l'ins-
tant il serafaii une réquisition au commandant de la Garde
nationale de cette ville de commander vingt-cinq hommes de
sa troupe pour partir, ce soir, à neuf heures, et se rendre à
Saint-André-des-Eaux pour se saisir de la personne du sieur
Moyen, rectetfr audit lieu, et le conduire ès-prisons de Guer-
rande, pour enstritte le faire transférer au Château de Nantes
ou telle autre maison d'arrêt qu'il plaira au Département de
la Loire-Inférieure lui assigner*. »
L'audace du Directoire de Guérande n'allait pas jusqu'à opé-
rer au grand jour : on craignait sans doutje l'influence du rec-
teur, et l'on préférait ne pas risquer bataille.
* M. Cailîo présidait, assisté de Af ^. Janet Retél, Le procureur-syndic
était If. Chottard.
s Parmi les dénonciateurs de M. Moyon, il faut citer le vicaire d'Escoublac,
PhelippeS'Beauregard^ qui avait porté ses accusations contre le plus ter-
riUe de ses adoer5atre;,jusqu*à T Assemblée nationale (Notes de M. Gallard^.
* Areh. dép. — Dist. de Guerrande, fonds de Saint-André-des-Eaux, dos-
sier de M. Moyon.
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.!
148 l'enseignement secondaire ecclésiastique
A neuf heures donc, la troupe se mit en marche vers Saint-
André. Elle arriva au milieu de la nuit dans cette paisible
bourgade, et se saisissant du pasteur qui, sans songera
conspirer, prenait tranquillement son repos, elle l'entraîna
« ès-prisons de Guerrande. »
)-*a joie fut vive au sein de la coterie révclutionnaire de
Tendroit ; elle perce à chaque ligne de la lettre adressée par
le Directoire au Département. La pièce est trop curieuse et
montre trop l'arbitraire qui dirigeait déjà les actes de Tadmi-
nistration, pour que nous ne la citions pas textuellement.
«.Messieurs,
. « Nous vous envoyons un ci-devant inviolable, la perle des
curés de notre district, M. Moyon, recteur de Saint-André-
des-Eaux.
« Il y a très longtemps que nous eussions désiré vous faire
ce présent ; mais la crainte que son absence n'eût excité dans
sa paroisse des mouvements désastreux, nous a fait tempo-
riser jusqu'à rinstant où il ne nous a plus été possible de to-
lérer le désordre qu'il occasionnait dans toutes les paroisses
voisines, et qui font craindre une insurrection totale. Nous
avons cru qu'en éloignant le flambeau nous pouvions plus
facilejient apaiser l'incendie. Nous avons reçu maintes fois,
au sujet de ces désordres, des avis qui tous nous faisaient
connaître que ce lâche déserteur du poste où l'avait élevé la
confiance de ses confrères, ne cherchait qu'à contrarier dans
nos contrées les sages vues de nos législateurs. Il a môme
porté la mauvaise volonté au point qu'il a essayé de détour-
ner plusieurs électeurs* de se transporter à Nantes, et dont
l'un, (Gliarles Blanchot), nous a fait sa déclaration à ce sujet.
Il a aussi constamment refusé de publier les lois.
a Si la séduction dont il fait depuis si longtemps usage,
n'avait pas réussi au gré de ses désirs, nous aurions sans
* Les électeurs du département devaient se réunir à Nantes le 25 août,
, \ pour l'élection des députés à rassemblée législative.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRES LA RÉVOLUTION 149
doute les preuves les plus completles du danger de la pré-
sence de cet hypocrite. Mais il a subjugué les esprits et a dis-
simulé ses démarches à un tel point, qu il ne nous a pas été
possiblede rien savoir^de constaté. Au surplus, la voie publique
raccuse constaDtiment, et les plaintes que nous avons reçues
de tous côtés nous ont paru suffisantes pour le faire arrêter.
« Plusieurs membres du Directoire qui vont à Nantes en
qualité d'électeurs vous donneront un état plus détaillé des
motifs qui nous ont fait agir*. »
M. Moyon fut dirigé sur Nantes et y arriva probablement le
23. Il fut immédiatement écroué au château. Son arrestation
èlaitabsolument illégale. Le refus de serment avec sédition
ou coalition, l'immixtion dans des fonctions supprimées, la
continuation d'un service ayant pris fin étaient bien dos dé-
lits prévus par la loi et punissables ; mais, outre que M. Moyon
n'avait rien de tout cela à se reprocher, les tribunaux seuls
a\aient le droit d'instruire et l'administration ne pouvait
prendre sur elle d'opérer une arrestation*. Mais qu'importait
la légalité?
Arrivé au château. M. Moyon s'attendait à comparaître de-
vant des juges et à subir un interrogatoire ; n'entendant
parler de rien, il écrivit le 26 août aux administrateurs du dé-
partement :
I Je suis détenu au château par vos ordres, depuis plus de
quarante heures. Je demande, Messieurs, que conformément
à la loi, vous ordonniez qu'on procède à mon inten'ogatoire.
Sijeréclamecette justice, ce n'est pas tant parce que la loi
m'yaulorisey que parce qu'il me tarde de me justifier, en vous
prouvant la légalité de ma conduite.
» Signé : J, Moyon, recteur de Saint- André-des-Eaux. »
Un ne donna pas de juges à M. Moyon; car il eût fallu
* Arth. dép. — Même fonds. Lettre du 22 août 1790.
'A.U]lié : JHstrici de Mathecoul^ pag. 168.
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150 l'enseignement SÉGONDAIHE ECCLESIASTIQUE
l'absoudre. On lui envoya une condamnation* Il reçut Tordre
ou de ne pas quitter Nantes, ou de sortir du département. Ce
dernier parti lui sembla préférable, et il écrivit aussitôt ce
billet : « Je soussigné, recteur de 8aint-André-des-Eaux^
déclare aux administrateurs du département de la Loire-
Inférieure qu'en conséquence de Foption qui m'a été donnée,
je me retirerai dans le district de la Roche-Bernard ; je les
supplie de me donner un sauf-conduit pour m'y rendre.
» A Nantes, ce !•' septembre 1791.
» Signé : J. Moyon, recteur de Saint-André-des-Eaux. »
En faisant ce choix, M. Moyon n'avait pas d'autre but que
de se rapprocher de son troupeau. Le district de la Roche-
Bernard, en dépit des décrets de l'assemblée, faisait toujours
partie du diocèse de Nantes, et M. Moyon était assuré d'y
trouver des amis ; de plus, quelques paroisses, comme Férel,
n'étaient qu'à une petite distance de Saint-André.
Ce premier exil d'ailleurs ne dura pas longtemps, car nous
retrouvons M. Moyon dans sa paroisse, le 19 novembre
suivant».
Comme desservant non remplacé, M. Moyon avait droit à
un traitement. A la date du 25 juillet, le Directoire de Nantes,
toujours empressé de vexer les prêtres insermentés^ lui adres-
sait un compte notablement réduit. A peine de retour parmi
« Le Directoire, ouï le procureur-syndic, arrête que les portes du château
de cette yiUe seront oavertes au sieur Moyon, auquel il est ordonné, pour les
considérants résultant des pièces susdatées, émanant du district de Guerrande,
de rester dans cette ville de Nantes où de sortir du département, à son choix.
s Dans sa notice sur M. Moyon, Tabbé Tresr>aux a écrit : « IL..' 6*attir&
ainsi la haine des autorités constituées, qui le firent arrêter et le gardèrent
assez longtemps en prison à Nantes. La municipalité dé sa paroisse le récla^
ma plusieurs fois sans pouvoir <)btenirsa liberté On le relâcha eafin....» On
voit qu'il y a du vrai dans ces lignes ; mais il y a du faux. M. Moyon ne
fut que onze jours en prison ; mais il fut peut-être deux mois exilé. Si les
démarches de sa paroisse sont réelles, elles ont eu pour résultat d'abréger cet
exil, mais non sa détention. 11 est certain que le 19 novembre 1791, la pr^
gence de M. Moyon était tolérée dans sa paroisse, puisqu'il ^rit aux Autori-
tés et date sa lettre de Saint-André. ,
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DÂNS.IiB DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA REVOLUTION 151
ses paroissiens, M. Moyon, qui trouvait déjà suffisante la
réduction opérée sur son traitement par la contribution
paifiQt%que\ ftt parvenir ses réclamations aux Directoires
de Guerrande et de Nantes.
A cette réclamation qui nous intéresserait médiocrement,
s'en joignait une seconde d'un tout autre intérêt. M. Moyon
écrivait:
a k cesdemandes j'en joins d'autres, Messieurs, que vous
ne trouverez pas moins justes et sur lesquelles je vous prie
aussi de faire droit.
« Au milieu de la nuit du vingt-deux août, je fus saisi
dans mon lit, et conduit le lendemain au château de Nantes ;
le Directoire du district de Guerrande me demande 88 livres
>our avances faites pour ma saisie et mon transport à Nan-
tes*. Ce serait une injustice, Messieurs, dont vous n'êtes pas
eapables de me faire supporter les frais.
^ Dailg^nez jeiter les yeux. Messieurs, sur les plaintes de
quelques électeurs de Guerrande et sur les* dépositions de
cinq ou six de mes paroissiens, faites devant vous le vingt-
six août dernier, et vous verrez que loin d'avoir été convaincu
d'aucun délit, mes accusateurs furent confondus. lisse virent
réduits à une accusation vague, à dire que j'étais dangereux
poiff la chose publique dans mon canton. De ma prison, je
* Son traitement annuel montait k 1^70 br. et le 25 juillet, en Tautorisant à
toncher ce q^ui lui était dû pour le commencement de Tannée^ on le prévenait
qa*il faudrait déduire « les deux premiers termes de la contribution patriotique,
aatroir : 71 1t. 50 pour le premier, et 95 Iv. pour le second, sauf la déduc-
tion de ce qu'il justifiera avoir pajfc ii y valoir, et sans préjudice de ce qu'il
peut devoir pour cause de ses retenus patrimoniaux.» — ^Irc^. dép, — C'était
bien la peine de suppnmer la dlme et les corvées.
9 Arrêté du directoire du dép. du Cher, du 3 aoftt 1792.
Art. 8. — < Le» frais d arrestation et de noarriture des ecclésiastiques qui
contreviendraient au présent arrêté en ce qui les concerne seront acquittés
sur leur pension, 8*iLs en ont une, ou à. défaut sur les fonds affectés aux
dépendes du culte. » Cité par M. Louis Au(fiat : JJn déporté éûéguede Saint*
Brieue. Revue Aist, de l'Ouest, janvier 1887. On le voit, à Bourges comme à
Guérande, on s'entendait k faire des économies. La Nation n'avait-elle pas
doaoé Vexemple en «poliant le clergé!
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152 l'enseignement secondaire ecclésiastique
vous demandai inutilement à être interrogé, pour connaître
ensuitte etmes dénonciateurs etles plaintes portées contremoi.
Ma justification eût bientôt été complette si on avait daigné
m'entendre et observer les formes. Après onze jours de déten-
tion un officier de la garde nationale, en m^ouvrant les portes de
la prison, me dit que j'étais condamné à demeurer dans la
ville de Nantes ou à sortir du département. Tout illégal,
injuste et nul en lui-môme que me parût un tel jugement, je
m'y soumis : je crus, à cause de la fermentation -du moment,
devoir respecter jusqu'à la défiance des chefs de l'adminis-
tration, quelque rigoureuses que fussent les mesures que
semblait leur dicter contre moi l'intérest delà chose publique. »
« Je n'ai été convaincu d'aucun délict et je ne pouvais l'être,
puisque je n'ai rien fait contre la loi. Etant innocent à ses
yeux, je ne dois pas être puni.
€ Je demande 4**, Messieurs, que conformément à la loi, mon
traitement me soit payé jusqu'à mon remplacement, sans
aucune retenue, ni pour les frais de ma saisie et de mon
transport à Nantes, ni pour le temps de mon absence de ma
paroisse*. »
Nous devons penser que le directoire de Guérande» qui
avait mis tant d'acharnement à poursuivre M. Moyon, ne vit
pas d'un très bon œil son retour à Saint- André, et qu'il le sur-
veilla de près. Il n'y manqua point, et les moindres incidents
lui furent un prétexte à de nouvelles poursuites. L'occasion
désirée ne se fit pas attendre longtemps, et le 9 janvier 1792,
le directoire de Guérande se réunissait encore à propos du
recteurde Saint-André. M. Gh. Jan présidait la séance et parmi
les membres présents, nous trouvons un M. Leborgne. Nous
aimons à croire que ce n'est pas le même qui signait, en qua-
lité de procureur fiscal, la prise de possession de la cure de
Saint-André par M. Moyon. Mais qui sait? Le temps avait
marché depuis lors, et 1774 était si loin I
* Arch, dép.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 153
Quoi qu'il en soit, le procureur syndic, Chottard, fait son ré-
qursitoire.Le bruit public lui a fait coundlire quePierre Griffé,
fi\Sj capitaine de navire, au Croisic, et Marie-Madeleine
Raphaël, lieBatz, ont été mariés le 21 novembre dernier, par
M. Jean (Joseph) Moyoq, recteur de Saint-André-des-Eaux.
Ému de cette irrégularité, il a fait consulter le registre de
cette paroisse où l'acte de mariage parle de formalités remplies,
mais non spécifiées. De plus, la permission de bénir le
mariage a été donnée par François Monfort, prêtre sans qua-
lité pour la donner, puisque c'est Jacques Thébaud qui est
curé de Batz. Enfin on donne, dans l'acte, la qualité de noble
homme « à des hommes à qui Tancien régime lui-môme Tau-
rait refusée*.» L'ordre public a été troublé, la loi transgressée,
le procureur syndic demande que Ton surveille le recteur
incriminé, que l'on délibère à ce sujet, et dépose un extrait
du registre de Saint- André, signé Lescard, vicaire.
Cette fois, le directoire avait beau jeu, car, sauf la compé-
tence', la loi était pour lui, M. Monfort en effet, le curé légi-
time de Batz, avait été remplacé par V'mirwsThébautyÇii il exis-
tait des peines contre la co/4/mwâ://on d un service ayant pris
^rt;en outre, tous les /«VreA- étaient supprimés. L'assemblée
doime acte au procureur-Syndic et promet de faire toutes les
démarches nécessaires, demandant à qui de droit « de faire
un exemple en faisant annuller ce mariage avec ^clat, et en
faisant punir les sieuçs Moyon et Monfort suivant les ri-
gueurs de la loi. Ce dernier pour avoir continué ses fonctions
quoique remplacé, et le premier pour avoir eu égard à la per-
mission dudit Monfort et donné des qualités aux parties*.
^ < L'expression noble homme, inscrite dans un acte de Tétat civil, est
tout justement un certificat authentique de roture. Avant 1789, dans les con-
trats et les actes de l'état civil, les gentilshommes prenaient les titres dVcwj/er
ou de »)emre. Noble fiomme était le titre que prenaient les bourgeois de
quelque importance ; honorable homme celui que prenaient les petits bour
geoia, les marchands, les artisans. » Ed. Biré. Correspondant y livraison du
10 août, 188 7, pag. 562.
'Les tribunaux seuls étaient chargés de poursuivre.
^ Ar(h.dép, — Dossier Mojon. Lettre du directoire de Guérande, du 15
janTicr 1792 . -^
T. VI. — NOTICES, — VI* ANNÉE, 1" LIV. H
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154 ju'ensàignement secondaire ecclésiastique
Los délibérations du directoire de Guérande n'étaient pas
seules à menacer la libertci de M. Moyon. L'assemblée légis-
lative avait porté, le 29 novembre 1791, un décret ordonnant
la surveillance des prêtres vtsermentésy et le Département
avait encore renchéri sur cette sévérité. Le 9 décembre sui-
vant, U publiait un arrêté dont le troisième article était ainsi
conçu ; « Que tous les ecclésiastiques non sermentés, quels
qu'ils soient, qui, par leur conduite, leurs discours ou leur
présence, inspireraient la désobéissance aux lois, Téloigne-
ment du culte salarié par la nation, et l'esprit de sédition et
de révolte^ et qui abuseraient des choses les plus sacrées pour
égarer les esprits, seront conduits au chef-lieu du déparle-
ment, pour y résider et constater leur présence comme ci-
dessus (tous les jours àmidi)V
M, Moyon, adversaire résolu et inlluent de la Constitution
civile, était dans ce cas ; il dut se cacher. Nous ne le suivrons
pas dans ces nouvelles traverses d'une vie qui semblait devoir
être si paisible ; car la tradition ne nous en apprend que fort
peu de chose. Nous pensons toutefois que, dès l'abord, les
poursuites furent assez vives, et nous en trouvons une preuve
dans ce fait que M. Moyon et son vicaire, M. Lescard, se ca-
chèrent pendu.nt quelques temps, à une assez grande distance
de Saint- And ré. Le recteur trouvait alors un refuge soit au
château dii la Bt'etesche, en Missillac, soit à celui de la Baronie
en Saint-Dolay, mais à un kilomètre seulement du bourg de
Missillac. Il y employa ses loisirs forcés à composer un Cfl-
téchmne pour prémunir les fidèles contre les dangers du
schisme»
M. Moyon demeura une année dans cette situation ; mais
les poursuites devenant de plus en plus ardentes, et sa noto-
* Cité par M. A» LaUié, op. cit. page 202.
1 Not«s de M. Qaîlard et de M. Bertho, Cet ouvrage fut imprimé et répandu.
Ne aérai t-ce point ce Catéchisme à Vusage des fidèles de la campagiie^ dont
parla M. Lalli^ dans le District deMacftecoul (pag.204), et que Tadministra-
tîûii signalai t ii toutes les municipalités comme un écrit séditieux f Mais dans
ce cafi, M. Moyoû l^aurait composé durant les d^ux mois de son premier exil»
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 155
riélé lui rendant sans cloute \ incognito très difficile, ii résolut
de passer en Espagne, où la plupart des prCtres du voi-
sinage avaient été déportés.
Vivement traqué partout, il se dirigea vers le Croisic, pour
s'y embarquer. On l'attendait pour lui faire un mauvais parti.
Grâce à uq déguisp^ment, il monta, sans être reconnu, sur le
bâtiment qui devait le transporter en Espagne. Une fois au
large, il entonna le Venicreator, auquel s'unirent les gens du
bord, au grand ébahissement des patriotes^ spectateurs déçus \
de l'embarquement*. ' !
Le vie de M. Moyon en Espagne fut celle de tous ses con-
frères, vie de privations, de tristesse et d'espérance. Dès que
le calme fut rétabli et la persécution apaisée, il rentra en
France et revint à Saint-André'. Le 27 janvier 1803, il prêtait
serment dans la cathédrale, au gouvernement établi .
Comme toutes les autres paroisses, Saint-André-des-Eaux
avait beaucoup; souffert pendant son absence. L'église avait
été complètement « dégradée » par les troupes, et le pres-
bytère, abandonné pendant de longues années, était inha-
bitable. Au point de vue spirituel, la paroisse avait aussi
souffert ; moins que d'autres cependant : trois prêtres* en
effet y avaient passé à peu près tout le temps de la Révolution,
y exerçant le saint ministère. Depuis 1795, les cérémonies du
culte avaient même été accomplies publiquement, dans des
maisons particulières, ou dans de vastes prairies.
M. Moyon, malgré son âge et les fatigues endurées, se mit
avec ardeur à la réparation de toutes ces ruines. Il voulut en
même temps réparer les ruines du sacerdoce.
* Notes de M. Gallard, On lit dans TresTauz, op. cit. : < U était .déjà
embarqué lorsque des gendarmes vinrent pour Tarrôter à bord du navire sur
lequel il était monté Prévenu à temps, M. Moyon se sauva dans un canot et
échappa ainsi à leurs poursuites. Il put ensuite se rembarquer, et se mettre
en sûreté, en partant pour TEspagne. »
' A la fin de 1800, d'après Tresvaux,
' Mellmet, op. cit. XI, 156.
^ ^* Lescard, vicaire, de Saint- André ; M. Rouaud, originaire de cette
"^tte paroisse, et M. Lévêque. — Arch. dép.
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156 l'enseignement secondaire ecclésiastique
Au chevet de Téglise paroissiale, s'élevait un vaste bâti-
ment. C'était Tancien auditoire*. En attendant que le pres-
bytère fût restauré , ce local fût cédé au desservant, et
M. Moyon s'y installa avec plusieurs élèves qu'il groupa
autour de lui.
Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit ailleurs.
Ajoutons seulement quelques traits particuliers à cette école.
L'objet de l'enseignement était plus étendu que dans les
autrtes petits collèges (sauf Maisdon). Aux études classiques
s'ajoutèrent des éléments de philosophie et des notions théo-
logiques préparatoires aux cours du grand séminaire*. Nous
pouvons môme ajouter que si M. Moyon comptait, parmi ses
écoliers, plusieurs commentants, il donnait surtout ses soins
à des jeunes gens plus avancés. Ce que nous avons dit de
M. Le Guen, ce que nous dirons plus bas d'un autre curé
voisin montre que la plupart des jeunes gens, étrangers à la
paroisse de Saint-André, qui allaient suivre les leçons de son
pasteur, avaient déjà fait quelques études sous la conduite de
celui de leur propre paroisse. D'ailleurs, en parcourant les
listes des séminaristes conservées aux archives de Tévêché de
Nantes, seuls documents officiels, et encore incomplets, qui
puissent nous guider, nous constatons que le plus grand
nombre des élèves de M. Moyon étaient étudipnts en
philosophie. ^
Le règlement était celui que nous avons exposé, et laissait
aux élèves beaucoup de liberté. Le lever avait lieu à cinq
heures. Les élèves de M. Moyon étant tous destinés à la clé-
ricature, et, pour la plupart, des jeunes gens, leur journée
commençait, comme dans les grands séminaires, par une
demi-heure d'oraison. Cet exercice se faisait en commun
* On appelait auditoire le lieu où le seigneur de la paroisse rendait ou faisait
rendre la justice. L^ancienne église de Saint-André a été démolie vers 1880,
et il ne reste plus de Tauditoire que quelques pans de murs, dont on s^est
servi pour établir une remise et une écurie, joignant la mairie et Técole
communale des garçons. Note de M. Gallard,
> Notes de M, Gallard.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 157
dans une des chambres du presbytère ; Monsieur le curé le
présidait; et les sœurs tertiaires de la paroisse y étaient
admises : toutefois ces dernières se tenaient un peu à Técart,
en dehors de la chambre. Quelle pieuse simplicité ! Et pour-
tant ces souvenirs ne manquent pas de poésie. Ne semble-Mi
pas que Brizeux, une des gloires de ces humbles écoles près-
bytérales, ait pénétré jadis dans la demeure du curé de Saint-
André et qu*il ait peint au naturel le simple tableau que nous
venons de décrire ?
Cependant la nuit tombe. Enfants et domestiques.
Quelques voisins, amis des pieuses pratiques,
S'assemblent dans la salle, et leur humble oraison.
Encens du cœur, s*élève et remplit la maison ;
Et la journée ainsi, pieuse et régulière,
Comme elle a commencé finit dans la prière*.
Comme partout, la classe du matin se faisait au presbytère^
à dix heures ; et celle du soir, souvent par les chemins. *
« On a peine à comprendre, remarque celui qui nous a
transmis ces détails, comment le vénérable curé pouvait faire
face à tant d'obligations qui lui incombaient dans son pres-
bytère, à Téglise, dans l'étendue d'une paroisse marécageuse/
et môme dans les paroisses voisines avec lesquelles, la répu-
tation de ses lumières et de ses vertus lui créait de nom-
breuses relations*. » Mais de quoi n'e*st pas capable le zèle
d'un saint prôtre,stimulé par les besoins pressants des âmes ?
Il est difficile de connaître exactement le nombre des éco-
liers qui suivirent les leçons de M. Moyon. Une note, que
nous avons sous les yeux', prétend qu'il n'en eut que sept.
Mais c'est une erreur manifeste. On s'expliquerait difflcile-
< Mariât édition Lemerre, p. 84.
» Notes de M. Gallard*
9 Ceti3 note nous a été fournie par M Gallard, d*ordinaire pourtant très
exact ; mais il avait été lui-même induit en erreur par des élèves qui n'avaient
eonnn que les darnières anné3s de Técole, ot dont les souvenirs sur ce point
étaisnt nécessairement incomplets.
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i58 l'enseignement secondaire ecclésiastique
ment la célébrité relative dont a joui Técole de Saint-André
et !e cas qu'en faisait M«' Duvoisin, si elle n'avait eu qu'une,
action aussilimitée. Dans les registres de révôehé, dont nous
avons déjà parlé, on trouve, à Saint-André, quatorze élèves
pour l'année 1806, et pour Tannée 1811, un chiffre à peu près
égal : ce qui nous donne à penser que tel était, en moyenne,
le nombre des élèves de M. Moyon. Si nous ajoutons que ce
respectable pasteur remplit les fonctions de professeur de-
puis son retour d'Espagne jusqu'en 1813, on aura une idée des
services qu'il rendit au diocèse de Nantes.
Voici, parmi les élèves de Saint- André-des-Eaux, qui furent
prêtres, ceux dont les noms sont parvenus h notre connais-
sance :
MM* François Delalande, mort curé de Marsac, et son
frère Marc, mort vicaire de Saint-Lumine-de-Clîsson ; Pierre
Fourré, curéde Jans; Etienne Mahé, mort curé de la Rouxière;
Gilles Moyen, mort curé de Cordemais ; Philippe Perrigaud,
ancien curé de Saint- Joachim, puis, pour cause de santé, curé
du Temple ; François Pelaud, mort curé de Donges ; Joseph
Hervy,mortà Sainte-Reine; rabbéGouray,curédePontchâteau
et restaurateur vénéré du calvaire élevé par le bienheureux
P. Montfort, mort dans sa paroisse, en 1857 ;tous ces prêtres
avaient déjà commencé leurs études, soit à la Chapelle-des-
Marais, soit à Saint-Joachim, soit à Sainte-Reine, lorsqu'ils
allèrent à Saint-André. La plupart d'entre eux firent, dans
cette dernière paroisse, leur rhétorique et leur philosophie,
et de là entrèrent directement au grand séminaire,
Nous devons ajouter d'autres noms encore : MM. Julien
Mahé, mort curé de Couôron ; Jean-Marie Mouchet ; Christien ,
curé de Missillac, mort à Nantes ; Jean-Marie Bertho, mort
curé de Plessé ; Deniaud, curé de Mouzeil ; Faugaret, curé de
Dûulon ; Geoffroy, curé de Saint-Lyphard, ces trois derniers
nés à Saint-André, et morts dans leur paroisse natale ; Peltieo
mort curé de Savenay ; Henri Orillard, chanoine honoraire
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DANS LS DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 159
directeur du petit collège de Ctiauvé, mort dans cejte maison ;
Bigaré, également chanoine honoraire, mort curé du Croisic.
Il y aurait sans doute beaucoup d'autres noms à citer,
surtout si nous ajoutions les noms de ceux qui n'embrassèrent
pas Tétat ecclésiastique* nous croyons toutefois cette liste
suffisante pour faire apprécier le bien qu'opéra M. Moyen,
et pour justifier cette notice, un peu longue peut-ôtre, mais
qui nous paraît méritée.
En 1811, M. Lebastard, dont nous parlerons plus bas,
ayant pris la direction du collège de Guérande, le recteur de
Saint-André songea h fermer son école. Cependant il attendit
encore un an avant de prendre une résolution définitive.
Lorsqu'il vitTabbé Macé succéder à M. Lebastard, il n'hésita
plus^ Le maître ne devait pas survivre longtemps à son
école.
Très actif, malgré son grand &ge, il donnait, pendant les
vacances de ses élèves, des retraites ou missions dans les
paroisses voisines. Il revenait du Croisic, après avoir accompli
cette œuvre de zèle, quand son cheval s'abattit sur la butte
•de Saint'Servais* ; sa santé en fut gravement ébranlée. Il
mourut à Saint-André, le 31 octobre 1813, et fut inhumé, deux
jours après, dans Thumble cimetière où si souvent il avait
prié*.
Il nous reste peu de choses à dire, pour compléter ce por-
trait. Aussi sincèrement modeste qu'il était profondément ins-
* L*aii d'eax, nommé Deniaud, deYint soldat et eut une jambe emportée par
le premier boulet lancé par Tennemi k la bataiUe de Wagram. Il mourut à
Saint- André.
' Notes de M.GaUard. —Nous devons toutefois ajouter que les registres de
l'évèché, pour Tannée 1813, font encore mention de quelques écoliers résidant
à Saint-André.
* Entre Escoublac et Guérande.
* « I4 2 novembre 1813, tu le certificat de décès, a été inhumé le corps de
M. Joseph Moyen, curé-dessenrant de cette paroisse, fils de Luc Moyon et de
Perrine OUÎTaud, son épouse, en présence de MM. Crossais, de Saint-Nazaire,
Ouénel, desservant d'Escoublac, Orseau, de Saint-Sébastien, Durand, curé
d'Herbignac, et Christien, vicaire de Guérande. >— Extrait des registres
^ la paroisse de Saint- André-des-Eaux .
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160
L ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ECCLESIASTIQUE
ruit, M. Moyoa refusa, dit-oa, plusieurs fois, d'échanger
pjurdes p53itioa3 plus brillantes sa chère petite paroisse de
Sairtt-Anlréi et. après Tavoir évangélisée avec amour, il vou-
lut y mourir.
Sachante n'était pas moins remarquable : on le vit, durant
des années de disette, mendier de porte en porte, pour les
pauvres, des secours qu'il faisait ensuite distribuer avec ordre
et discernement à son presûytère. Aussi, était-il devenu Tar-
bître et le conseiller de ses paroissiens dans la plupart des
difficultés qui s'élevaient entre eux ; et, plus d'une fois, ses
décisions, toujours marquées au coin de la justice et du bon
sens^ furent confirmées par les hommes de la loi ou les tri-
bunaux.
Ce que nous avons dit du recteur de Saint-André montre,
avec ses lumières, la grandeur de son zèle et de sa charité
Un trait le peindra mieux encore.
Dans la paroisse natale de M. Moyon, un malheureux
prêtre avait donné, durant les jours mauvais, les plus afifreux
scandales. Après avoir prêté le serment schismatique, accepté
sans institution canonique, la cure de Crossae, attristé les
âmes fidèles par le spectacle de ses orgies, et pris part à
toutes les violences, exercées dans ce pays, par une bour-
geoisie profondément révolutionnaire, Guillaume Sambron
avait mis le comble à ses crimes et à son déshonneur
en contractant une union sacrilège. La mort de la mal-
heureuse* qui n'avait pas rougi d'accepter sa main et le réta-
blissement du culte catholique semblèrent ouvrir les yeux à
ce misérable.
M. Moyon, qui était trop éclairé, trop charitable et qui avait
trop souffert pour ne pas être indulgent, Taccueillit avec bonté
et s'cfTorf^a de le faire rentrer dans la voie du devoir. Il eut
avec lui de nombreux entretiens', lui fît faire une retraite, au
* Saoubron rengagea, au lit de mort, à se repentir de sa faute,
s C'ét[iit le jeudi, jour où M. Moyon donnait congé à ses étudiantsi, que
Sanihroh venait à Saint-André. Les entretiens avaient lieu souvent à la
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 161
presbytère de Guérande, sous la direction de M. de Bruc, de-
puis évoque de Vannes, et le conduisit lui-même à Montoir,
faire amende honorable devant les témoins de ses scandales.
Tel était M. Joseph Moyen, recteur de Saint-André-
des-Eaux. Une si belle figure ne devrait pas être vouée à
l'oubli; et pourtant dans ce diocèse de Nantes, est-il beau-
coup de fidèles, estril beaucoup de prêtres qui: savent même
son nom ? Il est dédommagé, nous n'en doutons pas, dans le
sein de Dieu, qui récompense les humbles. Mais de plus la
modeste paroisse, dont il a été le curé pendant près de qua-
rante ans, est rtstée fidèle à son souvenir. « Les gens du pays
ont tant de respect pour sa mémoire, qu'ils vont prier sur sa
tombe et l'invoquent comme un bienheureux* . •
Avant de terminer le chapitre de Saint-André-des-Eaux,
nous devons ajouter un mot.
Dans beaucoup de paroisses, les membies du clergé, se fai-
sant tout à tous, se transformèrent en simples maures (T école,
enseignant à lire aux petits paysans. C'est ce qui arriva à
Saint-André. M. Lescard*, vicaire de M. Moyen, vaillant con-
lacristie, et retardaient parfois le catéchisme. Un jour que la séance avait été
plas longue et Vimpatience des enfants plus vive, M. Moyon dit à Cis derniers
que c'était un malheureux prêtre égaré pendant la Héfolution ; mais qu*il
fallait bénir Dieu parce que sa grâce Tavait touché et le ramenait dans le bon .
chemin. Il leur fit easuite une grande et belle instruction qui resta profon-
dément gravée dans Fesprit de ces enfants. » U parait que ce prêtre, un jour,
se présenta à la cure demandant M. Moyon. Celui-ci était à dîner, en compa-
gnie de plusieurs confrères.' On lui annonce Sambron : « Prépare un couvert,!
dit-il à son domestique. L'assemblée fut surprise et le manifesta. Biais le
recteur imposa silence, et tous se turent, pendant qu'il priait avec instance le
nouTeau venu de prendre part au dîner. — Notes de M. Vabbé Geoffroy,
» Tresvaux, op, ciL p. 494. — M. Moyon a laissé deux ouvrages. Nous avons
cité le premier; le second n'est qu*un recueil de traits édifiants compilés
pendant l'émigration. Ces deux opuscules ont été déposés èi l'évéché par
M. rabbé Deniaud. — Notes de M Gallard,
^ M. Lescard, né au village de Sav>ines^ dans la paroisse de Montêir
(aujourd'hui de celle de Méans, bien que toujours de la commune de Montolr),
fot d'abord marin et commença ses études à 18 ou *20 ans. Nommé vicaire à
^Qt-Ândré, il y resta jusqu'à sa mort qui arriva le 12 mars 1820. A la mort
de M. Moyon, il avait refusé d'être son successeur. U n'exerça jamais le saint
ministère ailleurs qu'à Saint- André ; lorsqu'il mourut, il y était vicaire depuis
«0 ans. Ce fut seulementcinq ans avant sa mort qu'il cessa défaire la classe.
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162 l'enseignement secone^aire. ecclésiastiquk
fesseiir de la foi et prêtre aussi dévoué que modeste, se fit
instituteur, et notre Université^
Si parva licet componere magnis,
donna bientôt Tinstruction secondaire et l'instruction pri-
maire.
M. Moyon, à défaut de presbytère, s'était logé dans Taudi-
toirô ; M, Lescard, lui aussi, chercha un gîte où il put. Les
misères de la Révolution, pendant laquelle il avait souvent
dormi à la é/^//^^/oî7^, l'avaient habitué à ne pas se montrer
difficile. Il fit réparer une chaumière à ses frais et s*y logea.
Tous les ans, depuis la Toussaint jusqu'au mois dô juillet
(époque des première^ communions), il faisait la classe à une
quarantaine de garçons. L'exercice commençait entre huit et
neuf heures, et durait deux heures.
Ceux qui tenaient à une instruction un peu plus complète
revenaient dans l'après-midi. M. Lescard leur consacrait
encore deux heures, puis faisait avec eux une promenade
dans la campagne, récitant son bréviaire ou faisant une lec-
ture, pendant qu'ils étudiaient leurs leçons.
L'instruction qu'il distribuait était surtout religieuse. On
savait l'apprécier : aussi, avait-il des élèves de Guérande
[même de la ville)^ de Montoir, de Saint-Nazaire et de Saint-
Lyphard,
L'école de M. Moyon s'alimentait surtout de celle de son
vicaire, et c'est ainsi que tous deux concouraient à la même
œuvre de eMg et de réparation .
Abbé Rigordel.
(A suivre.)
(S/S4^ê/S
^ Tout ce qui concerne M. Lescard est dû aux soufenirs de M. Oeoffrof-
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L'ABBAYE
DE
BOIS-GROLLAND
EN POITOU
(Suite et fin').
PIÈCES JUSTIFICATIVES
I
Reçus qui témoignent des sacrifices que s'imposaient les
Religieux pour Ventretien de leur chapelle.
Par devant les Gon*" du Roy, Notaires de Sa Majesté au Cbâtelêt de
Paris soubsignez furent preseus les sieurs Pierre Labbé, marcbani
tapissier de cuir doré, demeurant rue Saint Ânthoine paroisse Saint-
Panl. Et sieur Laurent Hurlot, m^ peintre à Paris demeurant sur le
quay Pelletier parroisse Saint-Geryais. Lesquels ont reconnu et con-
fessé airoir reçu cbacun d'eux en leur particulier du Révérend père
prienr de l'abbaye de nostre Dame de Bois Grosland par les mains de
noble homme M. Pierre Ollivcau, advocat en Parlement Senescbal de
la Tille et principauté deTalmond,à ce présent logé rue Serpente, à
la Boze Blarche, parr"' Saint-Seyerin. C'est à fçavoir ledit Hurlot la
somme flf* quarante sis li\res pour la vente de doux tableaux l'un de
i Voir la lirraison de janvier 1890.
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. I
164 l'abbaye de bois-grolland
saint Fiacre, et Vautre de saiate Luce de sa façon, pour Tusage de
l'Eglise de ladite abbaye de Bois Grosland, ordre de Gisteaux et Gler-
Taux en bas Poistou^ qu*il luy a aujourd'huy livré ensemble la somme
de quarante sols pour les frais qu'il a convenu faire pour rouler lesdits
tableaux affin de les envoyer en ladite saint Enetz, et ledit sieur Pierre
Labbé, marchand tapissier en cuir doré, cçlle de douze livres dix sols
pour la vente dellivrance de deux devans d'hostel de cuir doré drappé
façon de Brocatel pour ladite Eglise dont ils ont quitté et quittent
ledit sieur Prieur et promettent garantir envers et contre tous. Et a
ledit sieur Senesçhal déclaré que ledit sieur Prieur a fait achepter
lesdits tableaux et devans d'bostel pour d*autant satisfaire à Tarest de
Nosseigneurs du grand conseil. Et transaction faite en conséquence
entre ses autheurs Prieur et Relligieux de ladite abbaye. Et feu
Monsieur l'abbé Gravel, abbé de ladite abbaye ayant succédé à feu
Monsieur Tabbé de Lingendes aussy abbé de ladite abbaye. Et pour
ladite garantie lesdits Hurlot et Labbé esUsent leurs domicilies en leurs
demeures, promettant obligeant renonçant. Fait et passé à Paris ea l'es-
tudedudit notaire soubsigné. L'an mil six cent quatre-vingt-sept le dou-
zième jour dudit mois de mars et ont signé fors ledit Labbé, qui a dé-
claré de sçavoir escrire ny signer de ce enquis en la minute des
demeurée à Taboue Vun desdits notaires soubsignez. Pour coppie.
4 nov, iê86. — Par devant les notaires gard'" du Roy au châtelôt
de Paris sous®* furent présents les sieurs Jean-Bap»* Loir m* orfèvre à
Paris, dem* sur le Pont au Change à l'Image S'-André, parroisse S<-
Jacques de la Boucherie ; Jacques Brou, m^ brodeur, et m^ chazublier
à Paris, dem* à Paris rue de la Barillerie, parroisse susdite 8»-Jacques
de la Boucherie ; Pierre Greneau, m^ fondeur en cuivre et laton, dem'
rue de la Ferronnerie à l'enseigne du Grand Cornet, parroisse des S"-
Innocents, Louis-Charles Duhin pegaeur tabletier à Paris, dem' rue des
Ârcis parroisse S'-Médard, Mathieu Le Blond, m^ en taille douce dem,
rue S'- Jacques en la maison de Teaseigne de la Cloche d'argent par-
roisse S'-Benoist. Lesquels ont reconnu et confessé avoir chacun eu
leur particulier du R. P. Dom Pierre Jan, prieur de l'abbaye de
Nostre-Dame de Boisgrolaml, ordre de Citeaux, filiation de ClermoDt
les sommes cy après pour les marchandises cy après spécifûées que
ledit sieur prieur pour ce présent dem' ordinairement à ladite abbaye
estant de présent à Paris, logé rue du B>ut de Brie, parroisse S*-8erDin
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l'abbaye de bois-grolland 165
a déclaré avoir achepté des sieurs susnommez pour servir à l'ornement
de réglise de lad. en exécution de Tarrest de nosseigneurs du grand
Conseil de sa Majesté, rendu le vingt septième février 16' quatre-vingt-un
entre les prieurs et religieux de ladite abbaye et les héritiers de feu
H** Jacques Gravel, abbé commandataire de ladite abbaye; c'est assavoir
ledit sieur Loir la somme de deux cens quatre-vingt-huit livres pour
Tentes délivrances par luy £aite audit prieur d'un calice^ un bassin et
canettes le tout d'argent blanc cizelé ; ledit sieur Braud celles de quatre
cens quatorze livres cinq sols six deniers pour vente et délivrance par
luy faite d'une chasuble devant d'austel et chappe à fonds blanc
semée de ilenrs de diverses couleurs le tout de soye. Plus une autre
chazoble avec son devant d'austel à chappe de satin noir dont les
Offrais sont de satin blanc, plus une chazuble et devant d'autel de mo-
hère verte. Plus une autre chazuble avec son devant d'autel et chappe
violette de soye façon de damas. Plus une autre chazuble à devant
d'autel de brocard rouge, à fleurs blanche^ le tout garny à l'exception
de reniement noir de galon et parrement d'argent faux. Plus un devant
d'autel d'oripeau vulgairement appelé cuir doré le tout généralement et
rendu fait etfoumy comme dit est audit sieur prieur avec un estuy de
cuir pour mettre lesdits calice bassin et canettes d'argent. Ledit sieur
Greneau la somme de quatre-vingt-douze livres pour une grande croix
avec six grands chandeliers et le tout de cuivre généralement a
anssy fourny vendu et livré audit sieur Prieur. Ledit Dubin, ébéniste, la
somme de quatorze livres quinze sols pour deux crucifix d'y voire dont les
croix sont d'ébène avec six chandeliers de bois vernys de rouge avec
anBsyuQ crucifix d*yvoire sur une croix de bois verny de rouge aussi par
luy fonmy vendu et livré audit sieur Prieur. Et ledit Le Blond la somme
de six livres dix sols pour vente et délivrance par luy faite audit sieur
Prieur a trois canons, trois évangiles et trois lavabos, le tout par lesdits
siears sus-nommez, fourny et livré comme dit est audit sieur prieur à
plasienrs et diverses fois, depuis un mois en ça. Desquelles sommes par
eux reçues ils acquittent et descharges chacun en leur particulier ledit
sieur Prieur et tout autorisent et promettent l'en faire tenir quitte
«nvers et contre tous.
Reçu fait et passé à Paris en l'estude.
L'an 46* quatre-vingt-dix, le quatrième jour de novembre avant
iiiidy et ont signé la minute du présent demeurée à Baglan, notaire.
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L
166 l'abbaye de bois-grolland
II
Résumé des Papiers Cerisier et Rentier en argent et en
grains deûs à Vabaye Royale de Boisgrolland commen •
çant en Vannée i729, complété parles renseignements
trouvés dans le Papier Terrier, des seigneuries de la
même abbaye.
Paroisse de Poyroux.
Mon^"" le curé de Poiroux doit sur ses dix jouraaux de vigaes franches
dans notre fief de Rémartia ea S^-Hilaire de Talmoad, par chaque
année deux sols de rente. — 2 s.
Les Coudres.
M. de U Salle, doit sur une noué de son village dea Goudres. — 2 s.
La Proutière.
Le dit S% doit sur sa maison de la Proutière (rente quéritive.) —
12 boisseaux de seigle.
Le Village du Bois.
Doit le terragedont toutes les terres sont sujettes, au sixte des fruits
y croissant par labour. — 12 sols àNoël^ 13 b, 1/2 avoine, 4 livres
cire, i chapon.
TensLucien : M. Buor de laGoupperie, tenancier en 1748^ confirmé
par plusieurs déclarations ; — en mai 4620, Josué Bodin, S' du Pontet
Louis Gaudin et autres coteneurs ; — juillet 1698, Claude Caudin ; —
S juilkt 1658, Bodin, chevalier, sieur des Gousteaux ; — le 19 avril
16'ï8 ; — JacqueBeleau, écuyer ; en 1667, arrentement à Pierre Jons-
set, ^^ en 1680, transaction du 15 septembre passée pardevant Robin
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l'abbaye de bois-grolland 167
et Gaadin, n*** de Poiroux, eatre Oliveaa et la commaaauté aux coq-
dîtions d-dessns éaoacées, parce que les teaeurs, n'emblavaient plus
que lesgîtes des Goudres, autrefois déchaînés du terrage.
Brétomeliève.
Ce Tillage est sujet à la sixte partie des fruits. Les propriétaires sont
teaas de fournir à l'abbaye deux hommes de Bien par semaine et sujets
au gaet et reguet. — i2 s. 6 d., iO 8., 25 s., 4 b.\de froment.
Bq août 1753, le s' Angibaudière rendaveu de sa maison audityillage.
Jain 1755, Pierre de Bien, s' de la Conr rend aveu à sa maison audit
TiUage.
Mai 1738, Charles Gheyris, s^de la Cour, rend aveu de sa maison
andit village. — 22 sacs avoine, 2 chapons,
G«cy est soutenu par une déclaration du 13 avril 1550, de J. B.
Garcireau, et Nicolas et J. F. Martin et leurs parsoniers en fief des Reli-
^eax et abbé de Breïl-GroUand. Ledit village est sujet au pascrel des
GoroTisei Bestesbelines à raison de 1 denier depacrage par chacune et doit
par chacune deux, toutes les semennes, un homme de bian à la soumission
des religieux et abbé. Tiennent toutes les dites terres dudit village et
landes de M'^des Gregs, et autres terres du S*' de Garnauld et d'autres
es- terres de la Jarrière*.
Village de la Perochère.
Il doit outre le terrage des terres qui sont dans le fief de Tabbaye, qui
est de iiix gerbes une, la rente de. — 9 b. de seigle.
Le 17 may 1749 M"" Lidie de Kerveno, rend aveu de ses terres de la
Perochère, et reconnaît ôtre sujette audit devoir. — 3 chapons, i poule^
5 sols.
Déclaration de Pierre Serin (26 avril 1750). _
9 Louis Gantet (21 may, 1748) qui exploite le moulin et
reconnaît devoir — 4 6. de seigle,
« Ce fief a été concédé par la dame Péronnelle vicomtesse de Thoars,
comtesse de Beaon^ dame de Talmond.
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168
L ABBAYE DE BOIS-GROLLAND
La Maison neuve.
Ce TÎllage exempt du terrage, doit une rente annuelle et rendable
par transaction du i 9 juin 1688. — 3 b, de seigle, i b, avoine.
M. Vincent, chirurgien deTalmond. — 6 deniers,
M"'* Bignonneau, veuve G uinoizeau, rend aveu par une déclaration
ûu 5 mars 1760 la lande appelée Prise des Bignonnoaux, aujourd'hui
Maisonneuve, — 3 sols, i/2 livre cirCy 8 sols^ 2 deniers,
Luc Brbac (décl*»" duH juillet 1760). — 2 chapons, 8 sols, 4 den.
Pierre Bigaonneau rend le Rondet(7^may 4755). — 8 sols, 4 den.
Le Pay.
Ce village, outre le teriage de plusieurs jardins et pièces de terre,
doit en argent par an. (Les héritiers de M. de Bou rehaussée). — ^ s.
6 den., b den,, i chapon, ,
24 juillft 1754. M'^ Claude Paris possède des terres dans les
MalteSf le marais de la Gerbaudière, à Jousse, à Bourtroussé [6ef de
de Rémartin- Vignes) à la Mullenîère. — îd, par journal, 3 b, seigle.
Déclarations de 1620, 1645 et 1658 par Jean Boursequin, N^' qui
avait acheté le 6 mars 1633, d'Isaac, marchand, tous les droits, parts
%t portions, noms, raisons, actions, domaines et héritages et hiens
mcublea du dit village du Pay, sujet à plusieurs cens et devoirs qu'Isaac
n'a pu déclarer.
La Noûheries.
Ce \illage ne doit pas le terrage^ mais seulement sur un certain
canton de terre appelé le Rondet de Bois-Grolland ; il doit en argent.
— 2 s. 0 den., 2 chapons, 24 b, seigle, 24 b, avoine,
BîHaud etparsoniers^ Pierre Giraudeau et parsoniers 4751 , Pierre
GiraudeaUj du Gué-Châtenay, Magdelaine Brianceau, possédaient une
partie du village. En 1749, Marie Le Geay, figure pour une pièce de
terre. — Déclaration de 1602, rendue par Renée Ghartier, tutrice de
Pierre Giraud, S' delà Clerye, et par Nicolas Gouchaud, Thomas
Joacbim Crié, René Maussion, Jacques et Vincent Mathé, Laurence
Etienne Âviars. — Déclarât^'" de 1658, par Jean et Catherine Maussion,
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l'abbaye de BOIS-GROLLAND 169
et lears cotenears qui sont le S*' de Lézardière, André Miogaet,,8' de
la Gariière, Pierre Giraud, 8' de la Glerye^ les héritiers de feu N.
Crié. — En 1751 , le S' Jaunastre de la Bataillière rend sa déclar*" pour
le Rondet.
Jousse.
Dans ce village, une pièce de terre (rOnche du Châtaignier) doit
une rente annuelle de — i sol, 8 den., i chapon.
Les héritiers de M. de Bourchaussée. — 3 deniers.
Déclarations, en 1620, parN. et Denis Bignonnean;
» en 1 633, par Fçou Sorin et Michel Berton ;
» en 1658, par P'* Bernard, 8' de la Maison-Neuve, et
» par Nicolas et Catherine Bignonneau ;
» en 1754^ par le S' Paris.
Les Mattes.
Sont plusieurs prés joignant la rivière de Poiroux sur quoy est dû
par an. Modo Brizard, charpentier à Poiroux, Raphaël Pothier, Bignon-
neanx et autres {rOye blanche apprétiée à dix sois). — ^ 3 ch&ponSf
1 oye blanchSf 2 sols.
Déclarations : par Marie Le Geay (1749), Jacque Guillet (môme date),
M** de Ktrveno (môme date), M'^^ Claude Paris (1754), Luc Brizac
(1750). Dans ia déclaration de M* Le Geay figurent le 8^' de Poiroux
et René Bignonneau.
La Mauvaisinière»
Ce village, outre le terrage, doit par an. — 12 b. avoine, 3 sois,
2 chapons.
Modo M»' La Vergne Grefifau, M"' Berton, V de M. Berton, p' de
Taimont. Modo, Mademoiselle Perenne, V* Pépin.
Item le Paquier des Ouailles qui est de 1 3 brebis avec uno ou un
mouton, mais nous ne les prenons que de deux ans en deux ans, M. le
Baron de Poyroux, prenant le reste. La pièce de terre dite La Longeay
esi terragée avec le baron. Déclaration : Louise Perrayne (19 may 1738).
T. VI. NOTICES. — Vl« ANNÉE, 1" LIV. 12
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170 l'abbaye de bois-grolland
La Brethomellière.
Ce village doit, outre le terrage, — 3 Z. 7 sols.
On prétead aassi le paquier de toutes bettes bellines à 1 dealer par
chacune. Modo faimichaud de Talmont, Martin greffier deTaimont,
Ruchau (de Grosbreûil). -^ 2 chapons, 22 bodj avoine, 4 d, from>,
2 hommes de bien par semaine, guet et regnet.
Ce yiUage, sujet au terrage de la sixte partie des fruits, doit ^^Î3 8.6 d.
Pour une charretée de bûches, — ÎO s. 6 d.
Plus, — 25 s., 6 d., kb.from^, 22 r. avoine, 2 chappons^ 2
hommes de bien.
1753, le S' Angibaudière. — 1755, Pierre de Bien, 8' de la Cour ;
en 1738, Charles Ghevris.
Le village du Bois.
Possédé par les héritiers de M. Dhilleret^ lequel avec ses parsoniers,
doit par transaction de septembre 1680, le terrage, plus. — Î3 b. î/2
avoine, i2 sote, 4 livres cire, i chapon.
M. de la Boucherie doit par an, -^ 3 b. avoine.
Les héritiers de M. Dbilleret, ^6b. î/2.
Les Goudres (Jacques Soret), — 2 6.
La Rouillière, — i b. i\2.
Jousse (Pierre Genteau), — i b. 1/2 d.
Rentes en argent.
M. de la Boucherie. — 6 sols.
Les Goudres. •» 4 sols.
La Rouillière. i sol, 6 den.
Jousse. — i sol, 6 den., i chapon.
Cire.
M. de la Boucherie et les héritiers Dhilleret, chacun — 2 Ztures.
Les héritiers Dhilleret, — f chapon.
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l'abbaye de bois-grolland 171
Les Coudres.
Outre les 3' de rente noble et partie de la rente da village du Bois,
comme possédants partie des terres, doit de pins, le terrage sur une
pièce des Gendres ; il y a longtemps qn*elle n'a été ensemencée, aussi
le terrage se perd.
Nota : La Rouillière possède partie des terres du village du Bois et
ainsi et doit partie des terrages et des renttes, de plus une pièce de
terre nommée le Rondet sur quoy on doit le terrage.
La Menullièi^e.
Cette métairie doit par an, mesure de Poyronz, queritif. Déclaration :
héritiers de M. Bou rehaussée, modo, M. Brice; modo, M. Paris (4854.
La Bataillière.
Gettemétairiedoitpar an, queritif mes. de Poyroux modo. Le sieur
Jonatrepar ses enfants. —-3 6. seigle.
M. de la Bataillère, a donné, le 1*' septembre 476i, un nouveau
titre de cette rente par devant M* Paistre, notaire.
LaGodelliàre.
Métairie qui doit par an. — 7 sols.
Modo la veuve Bitaudde Talmond. — i/2 liv. cire
Modo Jean Grelaud et Pierre Guilbaud.
La Mercerie.
Ce petit téoement situé près La Nouherie, est sujet à 3 den, par an.
Déclaration du 8' Paris, 24 juillet 4754.
Paroisse de Grosbreûil.
Le seig^ d^ '^ Boucherie, outre ses parts et portions de rentes du
l
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172 L ABBAYE DE BOIS-GROLLAND
TillageduBois, derEmerière. de la Gaborinière, de la Pavriniêre, etc,
doit âO sous de realte sur le jardin appelle de la Géoffralière et le
lerrage d'une pièce de terre appelée l'Écu-de-Cor, vis àTis le chemin
entre deux, — * 1 L
La Caillière.
Ce village, outre le terrage de touttes ses terres, la dîirae des agneaux
et des pourceaux plus de deux botes bélines, ua denier ; d'un vaù, un
denier ; d une veîle, demi denier, doit en argent quinze sous deux
deniers. — i>^ sols 2 b.
Déclaration de ûomique Guilbaud (4 juin 1764).
> Nicolas Le Roy (14 juillet 1748).
iÊ Les teneurs, de la Gailletière (16 juin 4620).
En 1631, Jean-Armand de la Gailletière donne aux religieux la loge
au Roy contenant 16 boisselées ; en échange il reçoit 17 boisselées si-
tuées daiiR la gaîgnerie de labour de la mélairie de la Geoiïralière et
et sujettes au sixte du terrage et à 12 den. de cens.
En 169Q, le 16 mars, fut fait le gaulement et arpentage de la Caille*
tière qui contenait 90 boisselées à la mesure de Poîroux la boisselée
étant de 124 gaulées et la gaulée de 12 pieds de longueur, les Religieux
avaient, au tiers, la gite des Palain'de 196 gaulées, le jardin du grand
pré(fiO g^} et b giste du grand pré, (68 g*') en tout 4 B^" Tenanciers :
P. Guilbaud, P, Godet^ Guillanteau, Etienne Poiroui, Maussion,
Arnault, etc. , ,
Echange fait par acte du 15 octobre 1643, avec le S' MeygneUj
S^ de Garnaud, et les Religieux au sujet des droits respectifs.
René Auberl, 3^ de Garnaud, a rente à Ch. Bodiu, S^ de la Bou-
cherie, ea maison et deppendances sise à la Géoffralière , tout ainsi que
Tavait le S' Gobard, maréchal à titre, le tout sis dans le fief de Fi. G. at
de la Boucherie à certains cens et devoirs.
IS août 1658. Déclaration non signée par laquelle Charles Bodin
advoûe tenir le ténement du cul de l'or et le jardin joigoant le jardin de
la Geofl'ralière que possédait le S^ de Garnaud, dans notre fief avec un
ténement de landes situé d'un côté es landes de la Favrelière et d^^ua
côté et d'un bout un chemin qui conduit de la GoufTralière aux Gara-
duères lerrageabte au sixte.
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l'abbaye DK dOlS-GROLLAND 173
Les Jarries Noires.
Oatre le terrage, les tenears doivent par aas. — iO sous.
Modo René Massé Maréchal.
Item une livre de cire dont on ne paie qne les 2/3.
Item. 12 n chapon dont on ne paie que les 3/3.
Partie c^ne le ténement a été réduit au domaine de la maison. L'arren-
temeat <io ce domaine, qui est de 7 septrées, a été fait, le 7 juin i561,
parGoillaumeabbéde Bois-Grolland, en l'absence des Religieux qui
ne ToQ^ I>oint ratifié.
Le ^d juillet 1760, René Massé, maréchal, et Louis Massé se
plaigaeTZfct; au sénéchal de Fontenay de ce que Catherine Izembart, V* de
Dominicivie Guilbaud, marchand, et Louis Reuchaud, demeurant à la
Gaille^i^r^, ont clos une portion de laudes dont depuis plus de 30 ans
les plu^ixants avaient la jouissance en commun.
L'Émérière.
^ "^îll^e doit par an deux rentes : une quéritive de douze boisseaux
seigle XEtoins un quart, combles, et de 6 boisseaux ràz, mesure de Poy-
ronx. j[2 5 seigle, 6 b, seigle, 15 6. i/4 auoine, 2 chapons, 2
bécasses vives, il, 8 s., 8 den,
Teixariciers : M. de la Boucherie, la veuve Leveque de Talmond,
Bnancea.\xj[, Mercier, Ruchaux et les Arnauds du môme village. Le
8' JoUy ^^g Sables, le S' de S'-Bry (un Bodin).
La Foresterie.
^'^niage doit par an. — î b. seigle, i b, avoine, 4 sols.
^^^aiste en maisons, airaux, vergers, bois, prés, avec un autre
^•ûiine étant en bois, landes, auquel il y a un autre appelé la
onctie- Oorin. — i chapon.
^^'^^'Uts : M. des PreteiièrejB, Michel Martin, Jean Prouteau.
*^ ^"^65, Thomas, abbé de B. G. arrenta ce ténement à Etienne
^^ ^^ec un autre domaine consistant en bois et landes où il y a
^^Uche appelée la Nouche^Dorin, tenant d'une pirt à la Brosse
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174
L ABBAYE DE BOIS-GROLLAKD
Gourioti, de l'autre à la Forest de rEmérièrR, d^autre au Pief-Chalott^
d'autre au Fief-Philypon-Beraud, du prieure de N.-D* de S* Cire,
La Primaiidzère*
Ce village doit, de cens, 5 sole, et de rente, 5 sols. — f (3 sois, Î2 fa.
awine.
Teneurs : Bucbaud et la V* Ruchaud (de p' h''* la Forent).
La Proiitellière .
11 est dû dix sous de devoir noble sur une pièce de terre« le ClâUSis^
dêpeudantde cette métairie — JM^*' de la Prautellière qui doît le terrag^
de lapièce des Cotîsteaux, et de celle des Moines , modo. M"* niémenceaTi.
Coppie d'un aveu fourny par le sieur de la Beuatonnière eu 1473, à
Philippe de Co mines » prince et seigneur de TaliuOEid :
a Itom, tienneiit de moy sous le dit hommage oeui qui ^'ensuivent :
({ i"" L*abbé de Breil f^rolland a foy et hommage plain et trois sols
« de service par chacun an, en chaque feste de S^ Jean-Baptiste et à
a Rachat, quand le cas y advient à eause des cens, droits, devoir et
c terrages qu'il a et prend par chacun an sur le» teneurs de la Boutière
m et Proutelière, à cause de la Roussel ière pour raison des teneurs
> dyceui. >
Aireu rendu, en 1481, par Pierre, abbé de B. G,- 1 Alain Bastard,
ieîg^ de la Benastonière.
Eo janrier 1 587*011 les Prouteau vend la Rousselière à Pierre Prou teau*
NùÎB : Selon toute apparence, la Proutelière, quoique membre delà
Bousseiière, doit son nom aux Prou team qui en étaient possesseurs.
24 avril 4602, — Déclaration de M^* Perrayne, S' de la Housselière.
12 may 16?Û. — Aveu de André Raviron, pour la pièce des Clouais,
13 juillet 165 S. — Jacques Clemenceau, B' delà Clémencière, avoue
tenir dans la dite Rousselière tout ce que Raviron y possédait.
La Dorinière.
Ce village doit, à No?l — 2 chapons.
Modo Jacques Guitlebnud, la \* Brossa rd, Cla^jde Brossa rd, Jo5«»
Plom-Modo Rocher.
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^T^r-'-
L'ABBAYE DE BOIS-GROLLANO 175
La Favrelière.
Qe yillage, outre le terrage, dont nous en avons de deux sortes, l'un
airec M. de Salle, qui de 12 gerbes terragées en prend 7 et nous
en lusse 5 ; l'antre que nous levons seuls. Doit de rentte en argent par
année. — i4 sols 4 den.
Item. — 2 chapons 2/3.
Item. — ib. 2/3 seigle.
6 juillet 4750. Déclarat^B de M. Gh. Bodin deSaint-Brîs pour une
métairie et plusieurs pièces de terre. Môme année, décl** de René
Godet, — Charles Masson, — André Gabanne, Jacques Vrenou, Jacques
Rocard. Déclar<»« du 23 juin 4645, et du 22 juillet 4658, de Jacque et
de Gharles Bodin, écuyers. S" des Couteaux, et de la Boucherie rela-
tÎTement à 20 septrées de terre du ténem^ de la Favrelière — 1552
et 1602. 4 S contrats sur parchemin constatant que les rivières sont au
fief de.Boîfr-Grolland.
Aveu, rendu par André Aadoyer, S' de la Benatonière au baron de
Poyroux dans lequel est cet article : et tient sous mon dit hommage,
D^* Jeanne Âmaury de la Boucherie la 3* partie des terrages des bleds^
chanvras, lins et potager des villages de la Gaborinière, et Favrelière,
partant le 8*' de la Maronière, modo fief Chalon^ lequel prend le résidu^
lem deux parts déduit et réserve un huitaîn que prend Tabbé de Bois-
Grolland.
La Gaborinière.
Doit outre le terrage qui est de deux sortes^ comme à la Favrelière,
15 sols de devoir noble, un chapon, et partie de la rente du village du
Bois, paroisse de Poiroux. — Le seig' de la Boucherie, Jean Roquart
et consorts. — 15 sols, i chapon.
Aveu de 1750 par Gh. Bodin de Saint-Bris. — Déclar*^ de 1620-
4645-1658 par le seig' de la Boucherie, de 4602, par les Rocards et
antres parsoniers.
Paroisse de Sainie-Flaive.
Le seigneur baron du Gué de Bainte-Flaive, doit par an 12 livres six
sons en argent, y compris le« dix livres seize sous p' notre portion du
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176
l'abbaye de B0I8-GR0LLAND
terrage de^ lias et pour le paquier des bétes bellines sur le fief commun
pour s'exempter de nous les mettre ea maias^ compris 8 sous d'une
parti 3 poules, trois pains et 5 deniers chacun. La baronie est sujette à
rachat par mutation de Seig' abonné à 10 fr. sans préjudice des autres
renttes.
Dans le papier censier de 1729, les religieux réclamaient des articles
autrefois payés, savoir. — 68 b. seigle, 160 b. avoine, 12 s, 6 dL 3 d,
3 i. de rente pour la Brosse-Jamon-Maltière ;
33 3. pour Vmanyer Yairant, à cause de L^Aumondière, qui payait 8 s.
M^^' Laurence Richard, femme René Thomasset, écuyer, s' de la Con-
tenière ; la Parrîe Ghevaudière, 8 sous (R* et P. Pérusseau, Jacques
Gâteau s' du Verger, le sieur des Essards La Rebourgère, 8 s.
(Vincente et Claude Potiers et autres) La Gbauyière-Guibert (8 s.)
Jacques Brochard, et ses enfants.
Déclaratiou du 21 août 4563, par Joachim B'ouchier ; s' du Gué,
signée par M. Tyradeau. — Antre de 1602, par Jean Fouchier, écuyer
s' de Loges ; — de i633, par Jacques Fouchier, de 1658, par dame Ma-
rie Dorin, comme tutrice de Monsieur Galixte Fouchier. —M. et M"« de
laRarotière transigent avec l'abbé de B. G. qui s'opposait à la vente de
la Baronnie du Gué faite après saisie par le duc de la Vieuville.
.»,
Bourdigale.
Ce téuBment doit ensemble avec le seig^ B^° du Gué — 6(ib seigle.
Teneurs ; M. Ranfray, n'« et procureur de Luçon, M. Laliére, M. de
Lecure, Biguonneau, mercier, Becherol François Segnon, écuyer, s' de
la Gautonnerie pour le domaine de Bouchereaux. — 58, b. seigle,
Guillaume Cathus, abbé de Bois-Grolland, transigea, le 13 avril 1 561 ;
&i un accord avec les teneurs de Bourdigalle ; mais cet accord ne fut
. pas Boumisaaz Religieux, et fut cassé par sentence du %\ mars 1611.
La Gourdière.
Cs village doit par an.. — 8 b, seigle.
Teneurs : Laurent et Nicolas Bessy, Louis Guibert et leurs parson-
niers plus tard : D*^* Catherine Payneau, V J" Maigneau, Pierre
Jolain - Paquereau .
En 1710/ sentence rendue au siège delà Principauté-Pairie delà
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l'abbaye de bois-gholland 177
Roclie««ur-Yon, en faveur des Religienz contre M'* Ménard, chevalier,
S»' Baron du Gué de 8**-Plaive.
Paroisse de Giroûard.
II est dû sur U maison noble du Vieux-Ghaon — 20 b. seigle.
£n 1625, Claude Robert, écayer, S' de Gaon, refusa de payer cette
rente^ mais il y fut condamné par la cour de Paris, le 5 septembre 1625.
Paroisse de la Chapelle- Achar t.
L«' abbaye y possédait le fief de la Pouêssière qui payait la rente de
30 sous. — 30 sous.
Déclaration de Girandeau, Giraudin, Marchand, Penisson.
f 633, M'* Jacques Foucher, Biron du Gué de 9<* Plaive.
1753, M** Louis, îhevalier de f^escare, tuteur de M»* Louis-Marie-
Joseph, marquis de Lescure, rend foy et hommage en la personne de
Pierre Mercier, sénéchal de la B"'' de S^ Ftaive, par procuration spéciale.
Paroisse de Beaulieu.
Le fief Brebion est à foy et hommage plain et à 5 den. de service.
A 40 sons d'abonny pour rachapt.
Charles Gay Demianne rend aveu ce fief, le 9 mars 1750. Avmi du 7
juin 1503 par Joachim Girard, sieur de la Gues>8ière.
Ba 4658, par dame Marie de Saligné.
Paroisse d'Avrillers.
La métairie desGhamps» dépendant de la maison noble de Boisseau,
doit sa rente noble de. — 8 b. seigle.
Pour le grand et le petit Auzinière, qui sont deux pièces de terre,
contenant ensemble 20 boisselées, (P. Marin de la Guîgnardière) M. du
Chaffanlt.
Déclaration de Nicolas Garendeau, Antoine Ramband. J. Villen-
caa, Etienne Pineau, M^^* de Boisseau, les Morats.
Le téoement des Terres Blanches, (près la Levraudière) contenant
22 boisselées (René Joly, 8» de Levraudière). — 16 b. froment.
En avril 1748, Charles Dardeten fait Taveu.
Louis Guérin. M. de la Martinière.
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' 178 L'ABBAYE DE BOIS-GROLLAND
Fief de Bois-Grolland (paroisse de Givre, et autres adjacentes).
Eq avrîH 2 81, Guillaume d'Apremont, pour terminer des, contes-
tations pendantes entre lui et les Religieux de Bois-Grolland, 'donne à
ceux-ci dans le fief du Bois-Guichet, iout droit, toute justice petite et
grande jusqu'à 60 sols seulement, sauve la haute justice et le pur
empire et le pouvoir du glaive qu'il s'est réservé.
En mars 1300, Raoul d'Apremont confirme cette donation.
4 7 may 4 478. Acte en parchemin^ constatant que le sénéchal de
Poirout, tenant ses assisses dans un airaud situé au bourg de Saint-
Benoît, le prieur de Bois-Grolland, Nicolas Couchaudj s'y opposa
parceque le lieu dépendait de la seigneurie di^ Bois-Guichet, ce que le
sénéchal reconnut et il n'acheva les assises que par emprunt et avec }c
consentement du prieur.
Fief du Pont-Vien.
En 1620, Georges Goiiin, Nicolas Caradu, Pierre Hillairet, Jean du
Parcq (1737-4748)^ François Romillé, François Commailtaud (I65B).
18 sols, i l. cire, 1/îO agneaux, 2 sols 1 den.
Paroisse dOlonne.
L*abbaye a plusieurs droits de cens, -rente et diïme ^ur diËTérêat^
marais^ bossis, terres labourables dans, la paroisse d'Oloane et h^^
d*Olonne.
Les marais Coquaz (42 aires) dixme entière. — 5, d. cêns.
Teneurs : Jean Petiot, S' de la Poitevinière (17 may ilÂO) 1609 et
1658. — Perrine de la Chaume et de la Vigne.
Possèdent des terres dépendantes des marais Coquas :
^' Les S" Louis Thilandeau, Louis Guignardeau, V" Breigneau,
*: Meunier.
> i
J
^*« Tempes sujettes au terrage.
S]
Le Grand-Bossie ; — un au»re Bossie.
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l'abbaye de bois-qrolland 179
Marais de Laurière (80 aires de marais salants).
1633. François Veillon, — D'^* de Brettée de l'Erière, Dame Lorteau
des Sables, — Jeanne Henriot, — M. de la Bourdelière, prôtre, —
Gabriel Bandry d'Asson (1751) Louis Thilandeau. «^ i/2 dixième,
7 den. de cens.
Pour Ias terres labourables (Garât, Pruhôme, Tilandière et autres)
1 bois l/â from' sur le pré des Noues (8' Jeannet de la Jarie des
Sablos) i livre cire.
Le Petit'Ronsin (100 aires de marais salants) .
L,a Touche-Boivin, Les terres sujettes au terrage à la sixte partie
qui se partage avec la chapelleniede 8^*-Gatherine deBeaulien.
Terteurs : Pierre Guigaard ; la fille de défunt Ghamproux des
Sables, héritière de Dame Habillé, en t750; Pierre Bouhier
Bourlabé.
Le Grand'Ronsin (200 aires de marais).
Dame Morisseau — M. de la Gaudinière — M""" Joulin, V* de
Breîgaeau.
Marais Moizan (96 aires de marais).
André Boubieu de Bergerie. '■— Les Sœurs de l'hôpital des Sables.
— 2 s. 6, d. i/4 de livre de cire.
Marais Parèro.
Marais de la Chère foisière (S' h' de Talmond).
Il doit S bois fèves rendables à Bois-Grolland. M. Jacques Gaudin
' (des Sablée) Jean Grudé, M. delà Tigerie^ procureur de Talmond,
^ M* Marchais,
\
I Paroisse de St-Hilaire de Talmond.
Le ûef de Bois-Grolland (vigne), aliks : la Gitière, complantable au
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i80
l'abbaye de bois-grolland
:-J
1
I
trois et tous les teneurs sont sujets à un denier par jour et ga^nerie
Le village des Courpes, près la Gistière [dixme des agneaux -:
gorons). — 31., 8 sols rente.
Le marais de la Gherfroisière. ^ 8 b. de fèves.
Le ténem^ des Grands violiers. — 2 6. de from^,
» de la Grenonne ou Lausac. — 2 &. ^ sols de /'romV
» de Gatebonrse; — i/2 b from}.
Le fief de S** Hermine. — 2 den.
Le fief de Vigne des Bardonnes. — 2 den, .
» de Rémartin. — i/4 de fruits
Le Trail de la Sornière — /2 «., 6 den,
Mairais de la Gerbaudière. — 2 den.
L'aumônerie, (de voir noble) etc. — i t sols.
Le pré Simon. «- îî sols, 5 den.
» de la Rivière des Gervois. — 2 soZs, i den.
» Bruneau. -> 2 sols, 6 den.
» des Grillières. — 2 soU^ 5 den.
» la Maslonne. — 20 sols.
Teneurs: Jacques Ferré, 4747.— Nicolas Bonet, Pierre Donc,
Jean Garât, Jacques Herbert, Georges Nourrisson, Mathurîn Ârsaul,
Jean Magneau, Nicolas Bignonneau, Thomas MaroiHeau, Pierrt
Boizard, Jacques Mousnier, Marguerite Mornei, Jean MouilleroQ, Jeac
Mouilleron, Jean Benatier, Pierre Martineau, Renéo Jarry, Marie
Gharriau, Louise Guilbaud, François Joily, Yalentin Boizard. Msrif
Guiet, André Gueneau, Pierre Davy, Ructiaud, Frappier, Marctiay,
Louis Gandin, Pierre Massé, Joseph du Bois, M^ Joi^eph Bodin, Sou-
lard Louis (1749).
La Sornière, La Noue-Aymon. — 17 s. 6 den.
M. le curé de Poiroux, p' la vigne de Bémartia, Cens. — 2 &•
Les pépins de Talmond (pré de la Sornièrfi), modo M, des Beft«-
lières, 12 sols^ 6 den.
Le s' de la Roblinière (terres de Maslonne). — 20.
Les héritiers de Bourchaussée (M'* des Sources, Gaudin et aulf«^ 1
M"« de la Collotière de Talmond, modo M. Massé. — 2 s. 6 den.
Ville de Talinond.
Dans la ville de Talmond, les religieux possèdent un fief qaî consU^
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1
i
1
L* ABBAYE DE BOIS-GROLLAND 181
sn plusieurs maisons sajettes à des devoirs en argent dont plusieurs
«ont en bonne possession et d'autres dont on n'a pas fait la recherche.
Champ-Bouchard .
Le f S maylGIS^ Magdelaine Peletier, déclare aux religieux tenir
plosiexirs boisselées de terre dans un fief appelé le Champ-Bouchard où
' les dits religieux, ont le droit de prendre la quarte partie dans le ter-
rage, les 3 autres parties revenant au Prieur des Eaux qui est seigneur
da fief.
4 737. Déclaration de Jean du Parc, relativement à TErahbaye
I d'Hillairet 1752 art. du Pont-Vien.
Paroisse des Clouzeaux.
Ténement des Yergnes tenu à la rente de. — 40 sols.
M. des Salines, p' la métairie de l'Embertière et M. Beauregard-
Motirin, pour le village des Laveaux — 2 chapons.
Longeville .
Par sentence rendue aux requêtes du palais de Paris, 26 avril 1623,
et transaction du 14* de juillet, môme année, François Gourdeau, s' de
la Fleirière, s'engage à payer aux religieux pour la maison nohle de la
Baugerie, une rente annuelle de — 5 Iv.
En I753,J"*-M^* Marchand, dame du Brandeau,M"« de laGarrellière,
M' du Brandean.
Pont Méthayer.
lies teneurs du champ Guillard doivent par an — 13 b, froment.
Les tenenrs du Glavelot, (avec maison) par an — 2 ^ 2 chapons.
* Plus le foin pour nourrir les bœufs et chevaux qui vont chercher la
rente en froment. — M. de la Moricière. -* M. de la Gorbinière. —
^ M. de la drernière. — Jug*du 14 juillet 1729 contre Anne Leroux,
ép^deM' Charles Reignon.
< Pirmiles taaeurs du champ Guillard, figure André B. S' de Lan-
> iirëèr0(23ocl^'* 1738).
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182
L AH BAYE DE BOÎS-G ROLLAND
La Caroiière.
Sise dans le fief du Doyen du Bernard, doit — 2'b. frome
La seigneur de la Roehette, Jacques Jamon. et Tonâsaînt
Bont assignés par ïes religieux^ p^ payer La rente noble* et i
foncière, du© sur la dite terre,
Teneurs de ta. C3.rouère : hL Jacques Briuaceauda Bemurd
Garnier« — M. Buor à Angles.
Le FrancAei, (10 journaux de vig^ne)*
Veuve Buchetde Lonj^evittê. — Vincent Garnier. — 3 I.
M» Jean Elie Buor, pour la moitié du Franch*ït» — 5 L Cil
Fief du Sable,
I
Donné à l'abbaye, en i382, 9 nov" par Pierre Bouchet^ éc
Davaud par un tire sur parchemin.
Le fîef du Sable fut arrenté au 3r de la Baugerie — 5 Iv,
Autres revenus - — 13 au.
Le 8' de la Plorencière a partie en commun d'un comptant. -
LsL ChûpeUe'Achstrd*
Le fief de la Fouessière, Rliàg; de la Fokerie, [maisons»
terres), — î t. fù s.
Claude Jacquert, Jean Cbevratix (des Sables) .
Ce ténement confronte aux landes de la Noue (Fief de la Mottt
aux terres de la commanderie de Bourgneuf, et au:c terres di
dîèr«.
Teneurs de 1750 : pier ^ Giraudin, Gh, Pénisson, M. Mi
auparavanl : Giles Cha""^s> Pierre Bnrcîer, Gilles VrignoQp
Martin^ Jacques Ghanvea i, Michel Ghsbot.
Chaillé,
La Ravonnière, teneur de M' de la Lardîère, Jamet» Gi
Jean Baron, et autres parsonniera* — 30 smiê,
Jean Bouron. — René Henaudin, M' Bemitr, — ^ 6, BBigU,
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^ - - -^ *
L ABBAYE DE B0I8-GR0LLAND 183
En juia 1750, Nicolas Gatteroa^ Philippe Ghausoa, et leurs co-hé-
ritiers, propriétaires en partie du village et tellement de la Rayonnière^
reconnaissent devoir ladite rente.
Saint' Vincent-sur- Jard.
La Minée (4boi88elée8). — i b, froment.
Déclaration de Magdeleine Leveque. — Les héritiers Pépias de
Talmont.
La même Mag' Leveque, déclare une boisselée au fief de la Gre-
nonne. — 5 sols.
Le fief de Brenusson, sujet à rachapt, doit par ans — ÎO sous»
Mon' de laGarcellière (des Sables) Louise Perroteau, (1751).
En 1516, François Gosen, écuyer, 8' de Brelesayre.
En 1602» Tabbé Pidoux, poursuit Jacob Pierre, et Jean des Forges,
écuyers, sieurs de la Gabinière et St-Vincent-de-Jard, pour en obtenir
le paiement de leur cens et devoir noble sur la Minée près le village de
laTigerie.
Le 20 octobre 1535, Àmbroise des Herbiers, abbé de Bois-Grolland,
baille des terres auprès de la seigneurie de la Brunière.
Saint'Hil&ire de la Forest. ,
L'abbaye possédait dans cette paroisse, outre la ferme de Biard, le
fief et seigneurie de TErablaye qui est de son annexe et divisée en
plusieurs ténements nommé les Elays, le champ d'Àvans, les Encloses,
le Ghauzeau, le Ghamp-Ghamp, etc. — 6 d., i patn blanct plus le
terrage. Teneurs : 1749, M* Hidien André Joussemet. -^ 6 chapons,
W saz d'avoine.
Anne Butaud, Buet, de Gaumont (1750), Michel JoUy, Robert de
Gré, Louis Biailleet Louis Gaudin (1750) Catherine Birotheau, René
Baritaud etc.
La maison presbytérale doit — 20 s.
La maison de Tlsleau, près l'aumônerie ou les religieux recevaient
leurs rentes, héritiers des Pépins, M. des Bertelières. — î l. 6 d.
Maison Foulard. — 18 s.
Maison Benatier. — 3 s.
Maison Mathaiin Martin, située en la basse ville, au canton des
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1S4 l'ABBAYË Dïi BOIS-G ROLLAND
Forgêg, tenaat da côté à la grande rue qu^ coudait du caoton des
Forges au Vignaud en 4620, Pierre Perraioe, chiruiTgien. — 3 s. ôd.
Jardin Tailliard (héritiers Guyet), —* 2 s. 3 d.
Les héritiers Nicolas Girard, p' la maison Toaroois [Tavermerj. —
3B-9d,
MaieoQ occupée par Michel G^iiet. — 2 s. 6 den,
7 décembre 4 J51, Jean Drceau, read 2 chambres basses avec un ^
autre chambre servant de boutique avec jardia et deppendances, —
20 solSj pLuB le marais Gerbaudière. — 2 sols.
MaiiOD Diuot^ tenant an chemin par lequel on va et vient de Gadoret
à k halle (Uinot, Biaise Morilleau, M"'*' Boizard. — 8 s.
Maison Cherberotte et Le Qnay Gherberotte (R. Dinot) 6 a.
Maison de Grudé (Benjamin) S' de la Doubletière. — 5 «.
V* B^rton, Raclet, fille du S** Martin pour une maison. — Sa. 3 d.
Racletdcla Sauvagëre, le S'' de Puimicb au, propriétaire près du
fief de S'* Hermine,
Le B' des Roullin (maison du Gué de Gherberotte). — 6 a.
L'abbaye de Bois-Grolland possède un fief près le village Briliouet
dans les paroisses de 8*- Aubin et de S*-Etienne, consistant en terrage,
cbampars, droit de ventes, honneurs et autres émoluments de fief.
■
Prèz des Nouches, près (VOlonne. — 1 liv. cire.
Teneurs : OUveau, François Le Pelletier, Bignoaneau, Boivin, les
darnes du Lis Babarin, le S' de la Gharmerie, de la Jarrie, Jeannet,
M*°' Langevinière.
Champ-Chardon, près Olonne. Teneurs : Jean Bourjard et Bouli'
neau de la Ch;iume; Proteau et du Puy des Sables.
Terres des Glorif ttes. — Ténement du four aban. du village de la
Roulière — les cheminez de la Rouslière. Teneurs : Garats, Pru-
dome Tibaudière, Jean Gourcier de la Banduère, Bonhier de la
Berge ire*
Titres prouvant que les religieux sont propriétaires des marais de
Laurière. — Déclaration de Jean Buchet et de Jacques Richard (1620)
— Martin, abbé de B.-G. en 1485, arrente à Marc Gourcier 6 boissa-
lées de terre en Olonne.
Nous sommes propriétaires d'un marais salant situé en l'Isle
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L*ABBAYe DE BOIS-GROLLAND 1S5
d'Olonne, appelé le marais de Bois-Grollaad coalenant 94 aires.
Bq oatre, 12 aires ea marais Macé, proche et daas le fief et seigneurie
de Bresauire, aliitê : Tlsle d'Olonae, desquels marais René PidoTix,abbé
de Bois-GroUand, rendit aveu, à d*^* Marie Maîstre, mère et tutrice de
Loaie Roussay, S** de la Fretière, et du fief de Bressnire, en date du
94 juin 4604, et signé R. Pidoux, J. Gharlin et J. Serin, ik la requête
dadii abbé et couvani par lequel il déclare que ledit marais, est sujet
au fief de Bressuire à sixte partie des fruits croissants sur les bossis et
la dixme du sel au prieur de Vendôme.
Nota, : qae nous avons 42 aires de marais salants dans le mirais de
la Jallotière proche le village de Laurière dont nous sommes propriétaires .
Paroisse de L&iroux.
L'abbaye possède dans cette paroisse la Maison ^no5Ze du Poiré
dans la haute justice de Poiroux, d'où dépendent plusieurs ténements
ou fief qui sont le ténement de Bnchenois, sujet à la sixte partie des
fruits y croissant comme bleds, chanvres de potage plus la dixme des
aigneauz et gorets et des laines, savoir : de 13 toisons, une par an, et
de 8 deniers de cens à Noêl.^
Oéclaration : En 1651,Gharle de la Boucherie^ 3r du Guy ; — 1637,
Gabriel de la Gantinière, tuteur du 8*' du Guy; 1676, — Jeanne
Ricbmrd, y* de Jacques Coutochoau, sieur de la Milletière ; — 1737,
Maihurin Baradeau et Jean GuilUon*
Ténement de Villeneuve (sixte partie de fruits et à 2 1. de cens).
Tellement de Juchegrolle (sixte partie des fruits, dixme des porcs et
agneaux, 4 chapons et 5 sols de cens) 1750. Décl<^ de Marie-Jacqueline
Mesnard, V* de M'* François Duchesne, Qi' du Mesnil.
Le prieur de Lairoux, doit un chapon à cause d*un pré.
Le 8<'' de la Touché an blanc. — ^ chapons.
Le 8' François Gitoys {k 749) Gharle Rouillé des Sables — / chapon.
Marais de Champagne.
Matbarm David , Marie Amaudet.
Marie et Suzanne Clavier, femme de Jacques Bernard, 8' de la Mé-
r. vr. — NOTICES. — vi» année, 2* liv. 13
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18(5 l'abbaye de BOIS-G ROLLAND
raadière (1678). uq boisseau de froineai : Jean Perron, M' de Gousize a
été condamoé à payer la rente.
Dit des Assis. — dépendant du Poiré, près le Marais Sauvage, entre
le chenal de la maison de la Nonnerie tenant à TEtrier du bois, et au
marais des paroissiens — Â.ndré Bretin doit par an 9 1 .
^En 1469, les religieux, appelés aux grandes assises de Champagne,
prouvent que leur marais est franc et non sujet au rachat.
En 1536^ Ambroise des Herbiers, abbé de B. 6. arrenta ce marais à
Thomas Gallois.
Les religieux ont le droit de faire faucher dans un pré qui relève de
la métairie du Poiré une journée de trois faucheurs.
Titre en parchemin de 1316, d'un don fait à frère Symon du Poiré. —
Donat"*" à l'abbaye de B. G. de la moitié d.'une te«*re contenant 7 b^>,
proche la maison du Poiré — et le frère a acheté l'autre moitié.
En 1405, Jean Gueffard, vallet, 8<' de la Joussenière, donne aux
religieux. 4 journtftix de pré.
En 1445, Jean de Ghateaubriant au lieu d'un septrée de froment,
donne plusieurs morceaux de terre avec des droits seigneuriaux pour
affranchir sa rente.
En 16 79, le roi de France ayant imposé la commune de Gurzon à
une imposition de 1500 fr. Les habitants de Gurzon voulurent imposer
les religieux et prétendirent qu'ils avaient usurpé un marais.
Les religieux ne refusèrent pas de contribuer à l'imposition, mais
ils réclamèrent contre l'accusation mal fondée et dirigée contre eux
d'avoir usurpé des terres, et ii ce sujet ils firent preuve de leur légitime
possession en produisant les titres de donation faite par Aimery de
Béni I, par son serviteur Renodus, par Gilbert de Mauvergne, Guy de
la Poçonnerie et sa femme Alix — par la femme de Jean de Jard,
Elizabeth, etc.. .
Guillaume de Mauléon a donné le 5* du marais de Gurzon aux Reli-
gieux, qui en ont toujours joui et la preuve qu'il leur a toujours appar-
tenu, c'est que lorsque les habitants de Gurzon firent une tranchée
pour l'écoulement des eaux, ils demandèrent l'autorisation de travailler
à l'abbé de Gravelle qui la leur accorda.
Les droits de l'abbaye furent reconnus dans l'accord fait entre les
habitants manants de la paroisse de Gurzon, et ceux de Lairoux, au
sujet de contestations qu'ils avaient pour le marais commun de Gurzon,
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L*ABBAYE DE BOIS-GROLLAND 187
coQtestalioQ OÙ pararent les Religieux (4 & septembre 1693). L*iinpo-
sitioQ fat répartie de la façon suivante :
Les habitants de Lairouz payèrent. — 5)0 U
Ceux de Garzon. — 206 1-^5 sols.
Et les religieux. ^ 120 L ^ Total : H6G L, 5 sols,
9
Ryé.
Le fief que possède Tabbaye dans cette paroisse leur est devenu par
le décès de dame Liesse, femme de Pierre Morand, cheval'.
Dans Taveu fait au Roy, Tabbé de fi. G. déclare que l'abbaye pos-
sède dans la paroisse de Notre-Dame de Ryé, une petite maison Bou-
rine appelée la Ligence des Ri' do B. G. avec 4 sols de rente et 5
boisseaux tant oignons qu'ails.
Titres en parchemin de 1244, 1245, 4246, ~ donation de Guillaume
d'Âpremont (voir au cartulaire).
Bn 1535, Âmbroisedes Herbiers, abbé de B. G., dQnne à ferme per-
pétuelle à Goutony, paroissien de 8' h»' de Ryé 4 journaux de pré
étant landes, sis en la paroisse de Ryé pour en payer par an la somme
de 5 sols rendable à la maison appelée ligence des religieux et pour
payer la sixte partie des fruits y croissant.
La Rouillière.
Faisant partie des terres du village du Boi?, est sujette au devoir et
terrage.
Fief de la F redonnière .
Dans l'aveu rendu aux commissaires du Roy, l'an 1521, l'abbé de
B. G. avoue tenir l'hostel qaétairie et Borderie de la Frédonnière et des
appartenances de jardins et garennes situés dans la p- de Saint-Martin
de la Jonchère, qui peuvent valoir par an 90 septiers de bled, 28 s. en
deniers, 4 chapons par pré et pâturage contenant 25 arpents sajets à
être inondés des eaux douces et salées 5 ; par terrage de bled, un
septier ; par comptant de vigne, 5 pipes de vin.
1385 Louis, abbé de B. G. donne à Jean Gaillard, une maison située
en la ville de la Jonchère p' la somme de 40 s. de rente annuelle.
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-ri'.^,.
188 l'abbaye de bois-grollawd *
En 1397, Jean Grignon, valet, 8f' de la SigoïgQe, doane à l'abbaye
une pièce de terre sise dans son fief proche de la Fredonnière.
4320, René Chabot, donne une pièce de terre moyennant 2 s. de
service par an et rachapt selon la coutume du pays.
1402, Pierre, abbé de B. G. donne à noble homme Pierre Bochet,
président en la cour de Parlement, le bois des Pommeries^ tenant au
bois*de la Boucbetière et au bois de LaHer, pour 25 s. de rente
seulement, et de terrage lorsque ledit bien sera mis en terre labourable.
Par contre échange, le dit Bochet, donne au dit abbé et religieux toutes
les terres biens et meubles qu'il possédait à la Maugardière, à la Voisi-
nière et à la Buotière.
1448, Maurice Bricot, donne à Laurent Bruet, une pièce de terre
près du Port de l'abbaye et de la terre à la confrérie de sainte Catherine
de la Jonchère Le même abbé donne à Brethomé Landais, une pièce
de vigne sise dans le fief à la Dame^ 6 boisselées dans le fief arrondea,
la vigne sujette à 5* partie des fruits par droit de terrage et dizme
seulement. En retour : Landois donne au couvent tout ce qui lui
appartenait dans la paroisse de Poiroux, maisons^ vergers, terres^ préz
bois, landes, rentes en deniers et autres choses quelconques.
1470, 4471, 1481, 4466 et 4453, Pierre etOlivier Poictevins,
advouent tenir à' foy et hommage, plus à 5 sols de rachapt abandonné
deux petits fiefs, dépendant de la Prédonnière, les grandes et les petites
chafifaudères, sises près la Jonchère. Il constepar Tadveu que le fief
dépend de la seigneurie de la Sigoigne.
En 4491, Martin, abbé de B. G., donne à Thomas Barrinel, le
ténement des rois moyennant 2 raz d'avoine et la 17"^* partie des fruits.
En 1513, Jean est abbé de B. G., en 1550, Louis Begaud (sans
titre] donne des terres sujettes à la dizme et au terrage.
En 4579, Nicollas Fruncheteau, vend à Claude Hillaret, seigneur
de la Bailliere, 13 journaux de vigne, dans le fief de Bariteau, près le
village de Fontaine sujet à la 4 partie des fruits y croissant.
1^14. Accord, diaprés lequel le prieur de Bois-Golland, près Pouzauges,
s'engage à payer annuellement au couvent deB.-G. 3 mines de froment
pour le ténement de Marchieil,
Fief du Boisguichet (paroisse du Giver.)
Transaction de 1281, par laquelle Guillaume d'Apremont, chevalier,
5g' de Poîroux, donne à Tabbé et aux RI* de B. G. tout droit, justice
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l'abbaye de bois-grolland 189
petit» et grande jusqu'à 60 sols, seulemeat, dans le fief du Bois Guichet,
sauve la haute justice et le pur empire et pouvoir du glaive qu'il se
réserTB.
iSOO^GoufirmatioQ de ce qui précède par Raoul d'Apremont. /
Le sénéchal de Poiroux, reconnaît en 1475 qu'il ne peut tenir ses
assises sur la terre de la juridiction des religieux de B. G.
1438, Maurice, abbé de B. G., arrente à Nicolas Martineau la maison
de la Dutière et ses appartenances.
1511, Jean Barbarin, abbé de B. G., donne à M* Etienne Robet,
une maison au bourg de 8* Martin de la Jonchère.
1391, Contrat par lequell? journaux devigne sis à la Bouchardière,
près le fief du S^'^jde Dissay, sont sujettis à ladime.
1463, Thomas, abbé de B. G. donne une pièce de terre à Thomas
Vrignaudy par'* de Saint-Syre, et dans le fief du Hois-Guichet, mo-
yennant 1 b. froment, une poule et le terrage au huit.
1592, Michel Boursegu in, fait aveu pour 12 boisselées de terre.
Aveu de Jean Ghanay en 1 524^ pour une sabline, etc.
Aveu de Jean Bourreau en 1538, maisons à la Mainbourgère , par*
de 8*-Martin du Gyvre.
Aveux de Mathurin Roy, Jean Yerry, Pierre Gouïlleaud, Guillaume
Remans, Lotis Rousseau^ Clément Piccorit, Guillaume Yrignaud,
Jean Boursequin, André Porcher, Clément Sarrasin, Nicolas Bre-
iinean Jean Hervé, Pierre Jarry, Menoteau, Nicollas Folliot, Vincent
Roy, Pierre Chanelou, etc.
En 1438, l'abbé Maurice donne à ferme la terre de la Dorin, et
antres parcelles à Jean Hillaret et Morisset.
1512, Jean Barbarin, abbé de B. G. arrente des terres à M* Etienne
Robet.
Fief de laSigoigne.
Titre en parchemin datte de Tan 1360 contenant le don du fief de la
Sigoîgne fait par noble dame Jeanne de Broussay, dame du Mauberon,
aux RI' de B. G,
Advenx dudit fief vendu au Seigneur de S' Sornin duquel il relève
depuis l'an 1441, jusqu'en l'an 1594,
Les Reli* déclarent lui devoir : primo : le dit fief à foy et hommage
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190 l'abbaye de bois-grolland
plaÎQ et à rachapt quand le cas y advient ; une paire d'éperons blancs,
et 2 sols de service.
Dans ce fief (p** de la Jonchère], le dit abbé a droit de terrage à
raison de la moitié de la dix et septième des fruits y croissants par
labour, terrage qui peut valoir par an dix septiers de blés, plus le
droit de complanter les fruits de certains fiefs de vigne.
Le dit abbé possède à domaine dans le fief des morettes une pièce
de vignes les deux pars blanches et Tautre chauchée.
Les teneurs du village de la Sigoigne doivent 29 s. et 25 b. de
froment, plus doivent les Roupelins 2 sept, bled moitié froment moitié
meture^ plus 4 3 chapons trois quarts et une poule — plus une mine
de meture et 6 deniers de service que doivent par chacun an, les
RI*, abbé, et couvent, d'Angles à cause du fief Loubet — plus le tiers
des profits de la foire de S^ Gyre qui peuvent valoir par an 2 sols —
plus il a le droit dans ladite seigneurie de bailler jnstage et mesure
à ceux qui vendent vin audit lieu de S' Gyre ledit jour de la foire et
droit en la 3* partie dudit justage.
Olivier Poictevin, S«^ de la Florentière tient à foy et hommage
plain, un fief sous ledit abbé, les Grandes et Petites Chaffaudières,
sujettes à une paire d'éperons blancs de service et à rachat aboné
qu^r-i le cas y advient à 25 sols.
Sur toutes lesquelles choses ledit abbé a droit d'assises et juridiction
basse pour tous les droits qui en dépendent.
1455. Maurice, abbé de B. G. donne à jamais à Maurice et à
Laurent Buxchris et à Etienne Ferré, certaines maisons et terres
siluées dans le village de la Sigoigne moyennant par an, la rente de
4 septier de froment, 4 septier meture, 4 raz avoine et une poule.
Goncession à Guillaume Normant, par l'abbé Pierre, en 1409.
Déclaration de Jean Frontenet, Guillaume Gabouin, Pierre Bouchage^
Jacque Bréchet, Pierre Ghaillé, André Booiin, Joachim Garache, Louis
Fèvre, Pierre Ferron, etc...
Le Seigneur de S*-Sornin devait sur la terre des Fossés un chapon.
-- Sur d'autres terres, uu autre chapon — 8 raz avoine, un quart
froment et la poche — 4 bois* froment et sur des prez étant de la
Chenellie, 6 deniers, etc. . .
Fèves.
8 boisseaux de fèves étaient dus par les teneurs des marais de^ la
Cherfoisière paroisse de S^-Hilaiie de Talmond.
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• l'abbaye de bois-grolland 191
Teneurs: Jacques Gaudia des Sables, M* Jean Grpdé, M. de la
Tigerie, proca/ear de Talmond, Modo, ses héritiers. Modo, maître
Marchais.
Pré Simon (par, de St-Hilaire de Talmond).
Rente noble^ féodale et solidaire, à Noël. — 5 soUf
Modo, Jeanae Magaeau, V* Bigaonneau, Mathurin Arnou.
Fief Sainte-Hermine.
Vigae sur laquelle est dû par an, devoir ooble à Noël. — 2 sols.
Modo Pierre Boisard, laboureur, Jacque (ruyet.
Pré des Grillères.
Jean Maroilleau. — 5 sols,
La pièce des Closaux et Drossails.
Veuve Guigaaiseau et Luc Brisard, solidaires. -* 8 sols, 'à den.
La Vricjnolle.
V Guimoizeau. — 8 solSy 8 den.
Pré de la Fontaine.
Il est dû la rente solidaire de — 2 sols^ 2 d.
Luc Brisard et veuve Guimoizeau. — i chapon.
La Vigne.
Luc Brisard, cens. — 8 den.
Le CloS'Robert.
M. Gueffier, dem* à Paris. — 60 l.
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192 l'abbaye de bois-grolland
M. l'abbé Mandret, paie cette reate. — - M. Donat, de la Rochelle, a
acheté ce bien de M. Gaeffier.
Le Clos à l'abbé.
M^^* Lamotte-Corju, M. da Gherpreau, mari de la susdite, 24 8., d.,
plas une livre de cire.
Le Fief Gàhan .
Rente féodale de — 221.
M. de Bergerion M"* de la Dive, solidaires, àlaGrassière et i
Sainte- Foy.
Champagne.
M. de Selinès. — 9 1.
Ck)NSTANT Verger.
PIN.
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L'EPISCOPAT NANTAIS
A TRAVERS LES SIÈCLES
( Suiie'J
65. — DURANDUS
1278-la9a
♦ ♦♦
DuranduSfDurannus, Durand,— dit de Rennes, du lieu de sa
naissance, était trésorier, c'est-à-dire sacriste de l'église de
Nantes et celui môme que Guillaume de Verne commit en 1269
pour faire des monitions au duc, lorsqu'il fut élu évoque
de Nantes en 1278. Il n'eut pas, comme ses prédécesseurs, le
chagrin de se voir brouillé avec le duc à son avènement au
siège ; il eut au contraire, la consolation de recevoir à abso-
« Voir la VI* année, l'» livraison.
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194 l']épiscopat nantais a travebs les siècles
lution le jeudi saint (30 mars) de Tan 1279, Olivier de Clissou, .
Gérard de Ciiabot et Guillaume de Rochefort, vicomte
de Donges, excommuniés par son prédécesseur. La cérémo-
nie se fit suivant la coutume alors observée à Nantes pour
les pécheurs publics*. En mars 1285, Durand baptisa à Saint-
Plorent-le-Vieil% Jean fils d'Arthur de Bretagne et de la
vicomtesse Marie de Limoges^ Le jeune prince qui fut plus
tard le duc Jean III, né à Chasteauceaux le jeudi de la pre-
mière semaine de carême, 8 février, ou le lendemain, d'après
la Chronique de Meillerai, fut tenu sur les fonts de baptôme
en qualité de parrain, par Jean de Bocat, ou Boxât, abbé de
Paimpont.
Quatre ans après, l'évoque de Nantes autorisa avec plusieurs
autres prélats de la province, Charles II, roi de Jérusalem
et de Sicile, à chasser entièrement les Juifs, les Lombards,
les Caourcins et les autres usuriers des provinces de l'Anjou
et du Maine, et, en raison des pertes que lui causait cette
expulsion, ils lui cédèrent, pour un an seulement, la levée de
six deniers sur tous les gens des deux provinces servant à
gage, et trois deniers sur chaque marché*.
Durand s'excusa en 1291, on ne sait pourquoi, d'assister
à la consécration de Guillaume Le Maire, évoque d'Angers.
L'année suivante, en janvier, il assistaau concile de cette ville,
qui ne flgiire pas entré dans la collection des conciles et où,
sur l'ordre du Pape, il fut délibéré du recouvrement
de la Terre sainte. Il mourut, d'après l'obituaire de la
* Cet usage a continué jusqu^à Antoine de Créqui, premier du nom, Tan
1562, époque à laquelle cette coutume cessa, le chapitre voulant faire la
cérémonie en l'absence de l'évêque, au préjudice de Gilles de Qand, évêque
de Roufînne. son grand vicaire. (Titres du chap. dans VHist. de Bret. t. xi,
p. 424, — OrdUu Nannet., 1263.) Extrait de Traven».
s Saint-Florent-le- Vieil n'était alors d'aucun diocèse, après avoir appar-
tenu longtemps à celui de Poitiers, et ensuite à celui d'Angers.
s n était arrière-petit-fllt de Jean Le Roux, dont son père, Arthur, était le
petit-fils.
« Chambre des comptes de Paris. — Hist, de Sablé, p. 411.
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DURANDUS 195
cathédrale.leinardi6mai 1292. Le nécrologe de Géneston, place
samort en 1288 ; Du Paz et les Frères Sainte-Marthe la reculent
jusqu'en 1294. Dom Morice et l'abbé Travers s'en réfèrent à
Tobitoaire de Nantes. Selon Albert de Morlaix, Durand mourut
à Fougeray (alors du diocèse de Nantes et aujourd'hui de
Rennes), oii Ton a conservé, écrit le chanoine Guillotin
de Corson, une vague tradition de sa mort; son corps rap-
porté à Nantes, reçut la sépulture près du grand autel. Ses
ossements, découverts en 1618, furent déposés derrière le
grand autel^ vis-à-vis du lieu où ils étaient auparavant.
Cet évoque n'eut aucun démêlé avec les ducs. Les grosses
sommes qui lui furent payées pour dédommagements stipulés
à ses prédécesseurs lui permirent d'augmenter les revenus
de TEvêché. Il acquit le jeudi avant la Toussaint 1281
(30 octobre), pour la somme de soixante-dix livres, les
dîmes de blé, vin^ lin, agneaux, chanvre, etc., que Jean
Gaffln possédait à Valiez dans le canton d'Escoublac.
Il réunit à son domaine, en 1283, quelques dîmes de la pa-
roisse de Treillières et à l'évêché^ au mois de septembre
1291, quelques petits fonds qu'il acquit de Guillaume de
Perrière, variété et de sa femme, du consentement de leur fils
aîné, dans la paroisse de Cbefsail, (Ste-Luce)* ; il augmenta
les domaines de l'ancienne maison de plaisance des évéques
de Nantes' de petits fonds d'une valeur de trente-sept livres,
soit quatorze à quinze marcs d'argent. Le même évêque, et
ce fut son plus riche acquêt, acheta pour lui et ses suces-
seurs, de Jehan, seigneur de Machecoul, trente livres de
rente sur les dîmes de Saint-Cyr.
Durand de Rennes fit usage d'un sceau sur lequel était re-
présenté un évêque bénissant, tenant la crosse tournée en
dehors. Légende : t S, Durand i, Dei gracia Episcopi nanne-
tensis. Le contre-sceau représente dans le champ une mitre
* Titres de TEvêché.
s Chefsail, ou platdt, Le Chassais, était situé en la paroisse de Sainte-
Lttce, autrefois appelée elle-même Chefsail.
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196 l'épiscopat nantais a travers lks siècles
de profil, cantonné de quatre roses. Légende : contra 5. Du-
randi Epi nannet. Ce sceau est en cire verte et est apposé sur
queue de parchemin à un acte de 1283*.
Chez les anciens, la rose était (c'pst M. de la NicoUière qui
parle) le symbole du secret ; de là Torigine du proverbe : Sub
rosây par aljuaion à une chose devant être tenue secrète*. Il
faut donc voir dans les quatre roses de ce contre-sceau, la
consécration de cette particularité, plutôt qu^un ornement de
fantaisie.
Une famille Durand, maintenue d'ancienne extraction en
1668, et assez richement possessionnée dans les paroisses
d'Ercéen la Mée etThourie (évêché de Rennes), de Rougé (évô-
ché de Nantes), qui donna à Villeneuve un abbé mort en 1407,
pourrait bien être celle de notre évoque. Suivant M. deCourcy,
elle portait: d argent à neuf losanges de sable, 3. 3. 5. Le
procès-verbal des églises rurales de la baronnie de Château-
briant en 1663, donne à un sieur Durand, seigneur de la
Minière et du Rouvre, un écusson losange (Tor et de gueules,
comme il a été reproduit sur les vitraux de l'église de Rougé'.
66. — HENRI II DE CALESTRIE
1-293-1297
Henri II de Calestrie, — originaire de Tréguier, fut élu en
1292 et sacré Tannée suivante à Tours, par l'archevêque
Regnaud de Montbason. C'était pendant la vacance du siège
à Rome. Tous les évoques suffragants de la métropole hono-
rèrent de leur présence cette cérémonie*, Thibaud de Pouancé,
révoque de Dol excepté.
« Archevêchés et Evéchés de France. Collection Qaignières, t. cxxi. Biblio-
thèque nationale.
* La recherche du blason par Ménestrier, Paris, 1673, p. 2&7.
s Bulletin de la Société archéologique de Nantes^ pp. 77-78 et suivantes.
^ Ces évéques étaient, pour la Bretagne : Guillaume de la Roche-Tangui,
de Rennes, — Quillaume de Kersauson, de Léon, — Robert du Pont^ de
Saint-Malo, — Geoffroy de Tournemine, de Tréguier, — Alain Morel, de
Gomouaille, — Guillaume Guéguin, de Saint-Brieuc, — et Henri Tors, de
Vannes.
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HfiNRi ni 197
Les renseignements généalogiques et sigillographiques
font complètement défaut sur ce prélat. Il fut, en i295, témoin
de la fondation faite le lundi 15 août, à Morlaix, de la collé-
giale de Notre-Dame-du-Mûr^ par le duc Jean II, en présence
de Geoffroy de Tournemine, évoque de Tréguier (et dans le
diocèse duquel se trouvait le nouveau chapitre), de Guillaume
de la Roche-Tangui, évoque de Rennes, Thibaud de Pouancé,
évèque de Dol et Guillaume de Kersauson, évoque de Léon.
Henri de Calestrie mourut à la fin de 1297. Le duc Jean II
tenait cette année-là, les revenus de Tévôché en son pouvoir,
par droit de régale, ce siège étantvacant. Henri a donné
quatre livres de rente au chapitre pour faire sa mémoire, qui
fut fixée au 15 mai, d'après le Livre des Anniversaires.
Nous ne pouvons ici adopter la thèse de M. de la NicoUière,
qui. refuse de placer un autre Henri, après celui dont nous
parlons; rejetant Travers et tous les auteurs qui ont admis
Henri III, il trouve que la similitude de date, sinon de nom
pour la mémoire des deux prélats, dans le Livre des Anni-
versaires, prouve une identité de personnage. S'il n'y avait,
en effet, que cette raison, nous serions, nous aussi, disposé à
ne pas admettre Henri III, mais ce n'est pas sur cet argu-
ment que s'appuie Travers,mais bien sur la tenue en régie des
revenus de Tévôché par le duc Jean II en 1298, ce siège étant
vacant. Or, de fait est cité aux archives du château de Nantes,
arm. 5, B, n." 17, Hist. de Bret., t. u, p. 1225. C'est aussi la rai-
son qui nous décide à insérer le suivant dans le catalogue.
67. — HENRI m
1298-1304
Henri 111 — fut élu en 1238 sous le pontificat de Boniface VIII
et le règne en Bretagne du duc Jean IL Sacré en janvier 1299,
il assista aussitôt après au concile tenu à Ghâteaugontier par
Tare hevôque deRouen en présence des évôquesde la province.
Il eut une contestation à ce concile, avec Tévêque de Saint-
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198 l'épiscopat nantais a travers les siècles
Malo pour la troisième place à la droite de l'archevêque : elle
fut occupée par Robert dePont-fAbbé, qui en était alors titu-
laire, Henri se contenta de protester pour ne pas troubler l'as-
semblée et aussi pour réserver ses droits. L'évêque de Nantes
se trouvait à Paris en 1301, et y souscrivit avec les suffragants
de Tours, le dimanche de la Passion (19 mars), la réponse que
le clergé donna au roi Philippe le Bel, qui l'avait consulté
sur la conduite à tenir envers Boniface VIII et de la ma-
nière dont il pouvait défendre les droites du royaume contre
les entreprises de ce pape\
Henri approuva la bulle Unam Sanctam^ en 1302 et mourut
deux ans après, le 15 octobre, d'ieiprès Tobituaire de Gènes-
ton. Sa mémoire était fondée à ce jour au livre des anniver-
saires. En 1304, on trouve un décret de Tévôque Henri rappelant
qu'il a élevé un autel dans la cathédrale, en l'honneur de
sainte Anne et assignant une rente de 20 livres au titulaire de ce
bénéfice, à la condition qu'il sera prAtre et sera résidant {Arch,
départ, série G. I.)
Nous avons de cet évoque plusieurs statuts synodaux : 11 y
accorde entre autres 10 jours d'indulgence à ceux qui, véri-
tablement contrits et confessés (il n'ajoute pas absous et
communies), assistent les dimanches et fêtes, à la cathédrale
ou aux paroisses, à la messe depuis le commencement
jusqu'à la fin, et se tiennent dévotement à genoux, depuis l'élé-
vation de l'hostie jusqu'à celle du calice': Le successeur
d'Henri renouvela ses statuts.
* Gest. Guill. Le Maire, spicil. areher>,, t. x.
* Dapaa, Hist. du différend de Philippe^le-Bel avec Boniface VIII, p. 86.
s Cette élévation ne «^entend point de ceUe qui se fait aujourd'hui après
consécration, mais de celle qui se fait avant le Pater, à ces paroles : Omnis
honor et gUnia, élévation autrefois plus sensible et la seule élévation du
calice qu*on fit alors.
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68. — DANIEL VIGIER
1305-1337
Daniel Vigier. — Ce prélat, qui appartenait au chapitre de
Nantes, lorsqu'il fut élu évoque, était né en la paroisse de
Guémené-Penfao, dans le diocèse, d'où le nom de Guémené a
souvent été ajouté à son propre nom patronymique le
Vayer, Veyer ou Vigier.
Tout porte à croire qu'il appartenait à la famille Le Vayer,
possessionnée dans les évôchés de Rennes, Vannes et Saint-
Brieuc et d'ancienne extraction, qui portait : de gueules, à la
bande accostée en chef de 2 étoiles et en pointe dun croissant,
le tout dot,
La branche aînée de cette maison s'est fondue dans Budes
en 1507*. La généalogie de Bruc nous apprend que Philippe
Le Vayer, sœur de révoque de Nantes, ayant épousé Pierre
de Callac, maria sa flUe Adelice à Guillaume de Bruc'. En
1261, Pierre Vigier, chevalier, avec Théophanie, sa femme et
Guillaume, son fils, fit un accord avec Tabbaye de Melleray,
au sujet de certains droits'. Ces trois personnes devaient être
* Arm. de Bret., par P. de Courcy, t. ii, p. 475.
* GénéaL de Bruc, Nov, unw. de France, par Saint- Allais, t. x, p. 335.
« Biblioth. nsftion. Blancs^Manteaux, vol. xxz^i.
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200 L*KPISCOPAT NANTAIS A TRAVERS LES SIÈCLES
I
de la famille de Tévèque, Daniel, Tun des évêques les plus
remarquables qui gouvernèrent ce diocèse, fut élu et sacré en
1304, sous le pontificat de Benoit XI et le règne de Jean II en
Bretagne. Il dut nécessairement faire travailler à sa cathé-
drale pendant son long épiscopat. Aussi, M. de la Nicollière
pense-t-il pouvoir, sans cependant rien décider, lui attribuer
un des^écussons de la tour absidale de la cathédrale, élevée,
on se le rappelle, en 1208, par Geoffroi Pantin. Cet écusson,
dont les émaux sont frustes, porte sur fond de — une fasce
de,., accompagnée en chef de 2 étoiles ou molettes dC éperons,
et en pointe d!un croissant surmontant une étoile ou une mo-
lette de,.., pièces héraldiques qui se rapprochent beaucoup,
on le voit, de celles de la famille Le Vayer, citée par Courcy.
Le mercredi après la quadragésime, 23 février 1306, Daniel
érigea le canonicat de Pierre d'Esvignéi, en dignité de doyen
du chapitre, érection qui rendit le doyen, curé du bas chœur
pour tous sacrements.
La çrande affaire agitée depuis près d'un siècle entre le
clergé et les ducs Pierre Mauclerc, Jean I, Jean II et Arthur II, -
au sujet du past nviptial, ou tierçage, que Ton appelait le
jugement des morts, qui donnait au clergé le tiers des
meubles d*un homme et d'une femme à leur mort, ainsi qu'à
l'occasion de quelques autres droits ecclésiastiques et de
dîmes inféodées, se poursuivait vivement alors, et prit fin
vers l'an 1308. Le clergé de Bretagne députa à cet effet
l'évéque Daniel et Nicolas de Guémené, curé de Saint-Mars-
de-Coutais, dans le diocèse, vers le pape Clément V, qui, du
au consentement des députés du clergé et de ceux du duc
Arthur II, de la noblesse et du peuple, fixa le past nuptial à
trois sols pour les personnes aisées et à deux sols pour les
autres. 11 réduisit le tierçage au neuvième des meubles ; c'est
le droit curial appelé neume, réduit lui-môme par les arrêts
du Parlement, de 1562, 1602, etc., au neuvième d'un tiers, ou
à la vingt-septième partie des biens meubles des seuls rotu-
riers pour les lieux où les curés n'ont point de dîmes, e^
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DANIEL VIGIER 201
lorsque le tiers des meubles restants, les frais funéraires et
les dettes mobilières payés, se monte à quarante sols monnaie
ou quarante-huit sols tournois, selon qu'il fut arrêté entre les
parties.
Après son retour d'Avignon, Vévôque de Nantes unit en
1311 les deux doyennés de Nantes et de la Chrétienté q ui com-
prenaient toutes les paroisses du diocèse entre FErdre et la
Loire, et allaient de la ville jusqu'à TErdre.Il obtint également
du pape Clément V, un rescrit qui partageait les 21 pré-
bendes du chapitre en sept sacerdotales, sept diaconales et
sept subdiaconales. Peu après ce règlement, il se rendit au
concile de Vienne, en Dauphiné, où il fut traité de Tabolition
des Templiers.
Après la conclusion du concile, Daniel revint à Nantes eh
1312, muni de quatre brefs du Souverain-Pontife. Le !•% du
23 juin, donnait à l'évêque de Nantes le pouvoir de commettre,
durant trois années, quelque ecclésiastique pour récon-
cilier les églises polluées*. Les trois autres, du 29 juin
suivant, lui accordaient les droits : 1* d'avoir près de lui, pen-
dant 3 ans, trois chapelains dispensés de résider à leurs béné-
fices, prébendes, cures, etc., tout en en percevant les fruits ;
V de choisir, à partir du jour de la date du but, un confesseur
séculier ou régulier, jusqu'à Noël inclusivement; 3* de créer
deux notaires apostoliques dans le diocèse'.
De deux autres bulles du 3 et du 13 juillet 1312, et datées de
Vaison, la première unissait les revenus de la paroisse de
Saint-Cyr-en-Rays à la mense épiscopale, qui, selon l'assu-
rance de révoque, ne passait pas la somme de millq quarante
livres petits tournois de revenu annuel' ; la seconde confir-
mait le partage des prébendes.
Il existe aux archives départementales, titres de Tévêché,
« Labbé Concil, t. x, part. 2, p. 1544. ^
3 Titres de TETÔché.
T. VI. — NOTICES. — VI» ANNÉE, 2« LIV. 13 *
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202 l'épiscopat nantais a travers les siècles
série G I, une sentence du commissaire apostolique Bertrand
deSentio et datée d'Avignon, le 6 juillet 1320, annulant une
citation irrégulière du prieur de Saint-Géréon, Pierre de
Girouard, qui disputait à Daniel certains droits de juridiction^
déclarant que révoque de Nantes ne peut être cité que devant
le métropolitain ou le pape^ et que Téglise de Nantes ne
relève que d'eux.
Le !•' août 1321, le pape Jean XXII renouvela et confirma
la bulle de Clément Y\ Deux ans auparavant, les Carmes
s'étaient établis à Nantes. En 1325, révoque Daniel forma la,
collégiale de Nantes par l'érection de plusieurs chapellenies
de réglise Notre-Dame en canonicats. L'évoque et les officiers
du duc eurent, dans les mêmes temps, plusieurs altercations
pour les droits et prééminences de fief.
« Du lendemain de la Saint-Michel 1336, on trouve la cession
» d'une maison sur la chaussée de Barbin, faite au sieur évoque
» de Nantes, pour 300 Iv. à lui deues pour la ferme des moulins
» de Barbin. » (Archives départementales, iiiTes de l'évôché, série
G I.) Daniel Vigier fit avec le duc Jean III un arrêté de police,
pour chacun ses hommes et vassaux, le samedi après la Puri-
flcation (3 février) de l'an 1336 ; on en a un collationné
authentique du 30 septembre 1438, parmi les papiers de la
ville> sac A, bis.
L'évêque Daniel mourut le 12 février 1337, après avoir gou-
vwné l'église de Nantes pendant trente-deux ans. Il fut
inhumé dans sa cathédrale contre le second pilier de la nef,
à gauche en entrant, près de la chapelle paroissiale de Saint-
Jean-Baptiste. Son tombeau, construit en pierre, était recou-
vert d'une table de marbre noir, sur laquelle « autour de
sa représentation, gravée au trait, » se lisait Tépitaphe
suivante :
1 Le pape Clément V, mort le 20 avril 1314 fonda dans l'église de Nantat^
son anniversaire, pour l'entretien duquel il donna 40 sols de rente au cha-
pitre et 40 sols idem au bas-chœur. Le livre des anniversaires Taûzé au 28 mai.
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^ïr
DANIEL YIOIEA 203
Anno Domini MCCCXXXVII, die veneris XII mensis fe-
bruarii, obiit reverendus pater et dominus Daniel Vigerii de
Guimeneio, Nannetensis diocesis orundus, qui pet trigenta et
duos cum dimidio, rexit laudabiliter ecclesiam Nannetensem ;
cujus anima in pace cum sanctis angelis requiescat. Amen*.
Il a fondé à la cathédrale un anniversaire avec vigile des
morts, tous les lundis du mois, à six cierges aux vigiles et à
huit cierges à la messe, un mémoire pour ses parents le 7
août et un anniversaire solennel à douze cierges devant
Tautel et deux dans les chandeliers. Il a donné pour ce ser<-
vice dix livrés monnaie de rente annuelle et trente-neuf
livres aussi monnaie pour les trois autres anniversaires'.
D*après le registre du chapitre de Saint-Pierre, ces anni-
versaires étaient flxés aux premiers lundis de février, mars,
avril, mai et juin.
Nous avons de Vévêque Daniel des statuts donnés par dom
Martène, dans son Trésor des Anecdotes, t. m, publiés depuis
par dom Morice, 1. 1, p. 1382. Ils sont du commencement de
Tépiscopat de Daniel, avant le concile général de Vienne, en
1311.
fLa suite prochainement. J J. de Kersauson.
• Archevêchés et Évéchés de France, coUect Gaignières, p. 180, Bibî. nat.
? Livre xnannscrit des anniyersaires.
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LE MARIAGE DU PÈRE DE LE SAGE
20 Septembre 1665
. . A l'heure où sur l'initiative du zélé directeur de la Revue
illustrée de Bretagne et d'Anjou, l'on s'apprête à élever sur
Tune des places publiques de la ville de Vannes, une statue
il Alain-René Le Sage, Tune des gloires littéraires de la Bre-
tagne au XVIP siècle , nous croyons être agréables aux
lecteurs de la Revue historique de r Ouest en rapportant idi
Tacte de mariage du père de l'illustre écrivain, que npup
avons eu la bonne fortune de rencontrer dernièrement dans
les anciens registres paroissiaux de Notre-Dame de Redon.et
que nous avons tout lieu de croire complètement inédit.
« Je, Gilles Mancel, prêtre, curé de la paroisse Notre-Dame de
Kedon, certifie, que ce vingtième septembre mil six cent soixante-
cinq, Noble homme Claude Le Sage, s' ^e Kerbistoul, avocat en la
court;, greffier de la juridiction royale de Rhuis et damoiselle Jeanne
Brenugat, de cette paroisse, après les fiances et la première publi-
cation de leur futur mariage canoniquement faite sans opposition et
empêchement, et au moyen de la dispense de deux autres bans de
leur dit mariage, de Monsieur le vicaire général de Vannes, du 16
dudit mois, signé : Le Gallois, et plus bas : Par mondit sieur vicaire
Général : iVicoto^ro, secr.; — et qu'Honorable homme yanL'OWmtff,
marchant et damoiselle Françoise Brenugat, sœur germaine de la
dite Jeanne, tous deux de cette paroisse, après les fiances et la pu-
bUcation des trois bans de leur futur mariage, canoniquement faite
sans opposition ni empêchement, ont été les uns et les autres, à
même jour et heure espousez en Téglise parochiale Notre-Dame de
Redon, par moi susdit curé, présent, qui les ai conjoints en mariage,
ayant au préalable reçu leurs mutuels consentements auxdits ma-
riages par parole et de présent. Témoins les soussignés ; Et ai donné
aux mariés susdits la Bénédiction nuptiale devant le saint sacrifice de
la Messe, suivant Tordre prescrit paiynotre Mère la sainte église. En
foy de tout quoi, j'ai signé lesdits jours et an que devant. Mancel;
— Claude Le Sage ; — Jeanne Brenugat; — /. Ollivier; — ^rançoise
Brenugal; ^ Renée Brenugat ; -- Suzanne Le Sage; -^ Bouscailhou ;
— Brenugat; — Fouscher; — Authueil; — Boue Graincou; Legoff^. »
C'est de ce mariage que devait naître à Sarzeau, trois ans
après, le 8 mai 1668, Alain-René Le Sage, ondoyé dans cette
paroisse le lendemain 9 mai, y baptisé le 13 décembre de
ladite année et mort à Boulogne-sur-Mer le 1"' novembre 1747.
C** Régis de l'Estourbeillon.
» Ane. reg. par. de Notre-Dame de Redon,
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CHARTES INÉDITES
TIRÉES DES ARCHIVES DE PAMPELUNE ET DE SOjMA
Relatives à Du Guesclin et à ses compagnons d'armes
(texte et commentaire)
LES États de Navarre chargèrent, au siècle dernier,
Liciniano Saez, moine bénédictin de ]*abbaye de Saiiit^
Dominique de Silos, de dresser un inventaire des
documents conservés dans les archives de Pampelune.
Ce religieux, qui remplissait dans son monastère la
charge d'archiviste, ne fut pas effrayé par la grandeur de
l'entreprise, et sut la mener à bonne fin dans l'espace de
quelques années. Tout en inventoriant les chartes de l'an-
cien royaume de Navarre, réduit depuis 1512 à l'état de
simple province espagnole, il faisait transcrire, par des
copistes placés sous ses ordres , les documents qui lui
paraissaient le rIus intéressants, et propres à servir à l'his-
toire du pays. Il composa ainsi une dizaine de volumes
grand in-4'', de pièces de toute sorte, depuis les traités
d'alliance, lettres, mandats, diplômes royaux, ordonnances,
T. VI. — NOTICES. — Vl** ANN4b, 3« UY. 14
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2 GBAHTS8 tNÉOITFS
jusqu'aux simples montres d'hommes d'armes, comptes «de
recettes ou de dépenses, etc., et il en enrichit la bibliothèque
de son monastère*.
En i835| les bénédictins de Silos durent se disperser, au
moment de la supprQssion de tous les ordres religieux en
Espagne, ^et devant la menace d'une expulsion à main
armée. Les précieux manuscrits, dont nous venons de
faire mention, restèrent sous la garde du dernier abbé,
dom Rodrigue Echavarria y Briones, qui fut alors pourvu
de la cure de Silos. Il remplit ces modestes fonctions,
qui lui permettaient de veiller sur sa chère abbaye,
jusqu'en 1854, époque à laquelle il fut nommé évêque de
Ségovie. Ce digne prélat, voulant mettre à l'abri une partie
des richesses amassées par ses prédécesseurs, emporta avec
lui les volumes relatifs à Thistoire de la Navarre ; il les fit
renfermer dans un certain nombre de caisses cadenassées,
qui depuis lors furent gardées en dépôt dans le palais épis-
copal dh Ségovie.
Nous n'avons pas à raconter ici comment, en 1880, une
expulsion vint repeupler l'antique abbaye qu'une expulsion
avait rendue déserte un demi-siècle auparavant, ni comment
les fils de Saint-Benoit, chassés de France> reprirent posses-
sion ^'i monastère de Silos. Il nous suffira de dire qu'aucun
effort n' • été épargné pour reconstituer l'ancien patrimoine
de la famille monastique. Il y a des pertes qui n'ont pu se
réparer, il est vrai, comme celle de cotte Bible incunable,
vendue peu avant l'arrivée des expulsés français, et ra-
chetée tout récemment par un bibliophile anglais au prix de
93.000 fr. Le précieux dépôt gardé à Ségovie aurait pu subir
le même sort, ou du moins ne pas faire retour à Silos, surtout
depuis la mort de M»' Echavarria, survenue en 1876. Mais
' On doit à ce religieax différents ouvrages ; 1^ Tratado de las Monedas del
Hey Enrique III, — Madrid, 17^6^ in-fol.— 2« Tratado de las M(ynedas del
Hey Knriqtie IVjun correspoadeoQÎa con las del Rej Carlos V.— Madrid, 180&,
in-fol. •» 3« Apendice à U Cronica del Hej Juan II,
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A
RELATIVSÔ A DU QUB9GUN 3
les intealions du pieux Prélat, bien connues de son entou-
rage, furent respectées ; et, à la suite de négociations, dans le
détail desquelles nous ne croyons pas utile d'entrer, les
volumes copiés il y a plus d'un siècle, par les soins de dom
Liciniano Saez, à Pampelune, furent réintégrés au monastère
de Saint-Dominique de Silos. Le R. P. Dom Marins Férotin,
qui a succédé à dom Saez dans la charge d'archiviste, a bien
voulu nous signaler daps cette importante collection cinq
chartes concernant le séjour de Du Guesclin et de ses com-
pagnons d'armes en Espagne. Les trois premières sont rédi-
gées, en espagnol et les deux autres en français. Nous avons
pensé que tout ce qui touche au vaillant Godnétable doit avoir
de Tintérôt pour les lecteurs de la Revue historique de tOuest^
que la scène se passe d'un côté ou de l'autre des Pyrénées*.
Nous donnerons les chartes qui nous occupent dans l'ordro
chronologique, en les accompagnant d'un sommaire étendu,
et de commentaires destinés à les rattacher à l'histoire gêné-
raie de cette époque. Il nous a semblé que le sommaire offre
cet avantage sur une traduction littérale, d'éviter au lecteur
l'ennui résultant des longueurs, des répétitions etde la rédac-
tion parfois incorrecte et monotcjtie de certaines de ces pièces.
Nous y joindrons une ordonnance royale de beaucoup pos-
térieure (20 juil. 1384), extraite des archives de Soria, ^^^ il est
fait mention de Du Guesclin. y>
* Nous profitons de cette occasion pour leur apprendre que M. Siméon
Luce, que nous avions choisi comme arbitre entre Froissart et Pedro de
Ayala, dans notre dissertation sur du Guesclin et le drame du château de
Montie],a eu Tamabilité de nous écrire pour nous faire savoir qu'il approuve
nos conclusions tendant à justifier Bertrand du Guesclin de tout reproche
de trahison. Nous sommes heureux d*avoir reçu cette approbation de
la part du juge le plus compétent que nous pussions choisir. C'est un peu-
& son instigation que nous publions les documents suivants, que nous croyons
pouvoir donner comme inédits. Cette fois encore, nous soumettons à sa bien-
veillante appréciation les conjectures que nous aurons lieu d'émettre au
cours de notre étude, son titre incontesté d'historien du connétable et ses
travaux antérieurs lui donnant toute autorité pour rendre un arrêt définitif
en celle matière, «
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CHARTES INÉDITES
!•• CHARTE
Le premier document que nous reproduisons est une lettre
datée du 8 mars, et que nous croyons devoir rapporter à
Tannée 1366. Dom Saez ajoute une note constatant que la
copie est faite d'après Toriginal. L'auteur ne signe pas ; il
écrit de Tudela, ville du royaume de Navarre, sur l'Èbre,
et s'adresse à un ami dont nous ne connaissons pas davan-
tage le nom.
Sommaire : L'auteur de la lettre annonce que les Anglais
viennent de passer (par la Navarre), pour entrer en Caslille,
non sans beaucoup d'honneur et de profit pour le Roi (de
Navarre). Le jour même où il écrit, dimanche ^ 8 mars,
Bertrand du Guesclin s'est présenté aux portes de Tudela, et,
dès qu'il sut que le Roi n'y était pas, il s'éloigna dans la
direction de Gascante, pour y camper. Ses partisans se sont
déjà emparés de vive force de celte place, d'Ablitas, de Mar-
chante, de Monfeagudo; ils les ont ruinées à tout jamais ainsi
que les localités des environ?, à l'exception de Corella. G est
pourquoi il (l'auteur de la lettre) se propose de partir le len-
demain matin , avec Messire Euslache-Jean Testador et
d'autres compagnons, pour joindre Bertrand du Guesçlin et
le comte de la Marche à Gascante, dans le but de les y rete-
nir, si possible, jusqu'à la venue du Roi. Il charge le destina-
taire, de faire parvenir en toute hâte au Roi la lettre incluse ; il
confie le tout à un jeune homme au service de Pierre Ezquerra,
Il lui recommande encore de trouver un bon nlessager, qui
marche jour et nuit, pour rejoindre D. Garlos, car il convient
que celui-ci soit à Tudela le jeudi suivant (11 mars). Enfin il
le prie de demander à Barthélémy Darre qu'il veuille bien
donner à Pierre .Ezquerra l'argent qui lui revient, de peur
d*6tre puni par le Roi\
* C%\U dernière phrase ne laiiae pal d*étre un peu obicitre*
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to
UELATIVKS A DU OUESOLIN 5
€ Caro et buen amigo. Sabet que abemos dellTrado coq Iob An«
gleses à grant hpnrra et proveoho del Seyanor Rey et se pasan todos
ÇQta (en la) Gastieylla assi sabes que oy dia domingo maynana Tinp
mosen bertran claquih a las puertas de Tudela de que toda gent abia
k saz que flBLzer et luego que sopo que el Seynnor Rey no era en
tudela fue aloiarse à Gascante, maguera antes abfan tomado otroB
por fuerza Cascante ablitas murcbant montagut et todos los otros
logares de la alyala salvando coreylla los quoales son gastailos et
èstruitos à perpetuo et por esto cras dia lunes maynana 3rmos al
dicto monsen bertran et al comte de la marcha et à otros por faaser
los retener ata (hasta) la venida del Seynnor Rey si podemos
Mosen Eustaces Johan Testador et yo con mas compaynàs.
Et por esto le ymviamos esta letra al Seynnor Rey la coal traye el
mozo de peru Ezquerra que es muyt apresurada. Por que vos
ruego si nunca abedes à fazer por mi que ayades un buen man-
dadero que vaya a mas andar dia et noche al dicto Seynnor Rey con
la dicta letra car conviene que eill sea en tudela en este Jueyea
primero veniente. Otro si vos ruego que de mis partes le man*
dedes à bartholomeo darre que à peru Ezquerra li quera pagar de
su asser que eill à en eill car si el Rey lo 7aylla en Pomplona por
mengoa de la dicta asser podria ser malament represo dios sea
goarda de vos. Scripta en tudela domingo VIII dia de Marzo. >
Commentaire : Nous croyons devoir faire remonter cette
lettre à Tannée 1366^ où le 8 mars coïncide en effet avec un
dimanche. De plus, nous savons que le comte delà Marche
(Jean de Bourbon) accompagna du Guesclin dans sa pre-
mière expédition au-delà des Pyrénées, qu'il retourna en
France dès le mois d'avril, et qu'il ne repassa plus les monts.
Quant à la. mention qui est faite au début de la charte des
troupes anglaises, nous pensons qu'il faut entendre cette ex-
pression des compagnies anglo-gasconnes , qui formaient
environ les deux cinquièmes des contingents, auxquels com-
mandait Bertrand.
Mais ici, nous nous heurtons à quelques difficultés, qui
peuvent se formuler ainsi : Comment du Guesclin fut-il
obligé de traverser, dans cette circonstance, le territoire de
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6 CHARTES INÉDITES
la Navarre? et comment, d'autre part,admettpe qu'une partie
de son armée ait effectué ce passage sans être entravée, alors
que nous le trouvons lui-môme obligé de se frayer un chemin
les armes à la main 7 Quels furent en un mot les motifs d'une
pareille agression dirigée contre les États d'un prince, allié
du roi d'Aragon ?
La lettre qui nous occupe fait allusion à un épisode, dont
on ne retrouve pas la trace, croyons-nous, dans les chro-
niques contemporaines. Mais avec ce que nous apprend
l'histoire, et ce que nous savons du caractère et des habitudes
de Charles le Mauvais, il nous semble facile de tenter une
explication du message en question et des circonstances qui
s'y rapportent.
Les grandes compagnies, pour se rendre d'Aragon en
Castille, devaient remonter le cours de l'Èbre, qui leur offrait
un débouché tout naturel. Mais en suivant cette route, la plus
directe et la plus facile, il leur fallait traverser la ville de Tu-
dela et une enclave de la Navarre. Arrivé près de la frontière,
du Guesclin dût obtenir de Charles le Mauvais le droit de
passage par ses États, moyennant une forte indemnité, que
semblent viser ces mots du début de la lettre « à grant
hourra et provecho del Seynnor Rey. » Obligé de s'arrêter
sans doute pour prendre possession du château de Borja,
que le roi d'Aragon Pierre IV venait de lui donner, il
laissa les bandes anglo-gasconnes prendre les devants, et
celles-ci s'écoulèrent en Castille, sans rencontrer la moindre
résistance. Mais quand il se présenta à son tour devant
Tudela, les choses avaient changé d'aspect : la ville lui ferma
ses portes et les Navarrais le traitèrent en ennemi.* Alors le
vaillant capitaine voulut leur apprendre qu'on ne se jouait
pas impunément de lui, et il s'ouvrit un passage à main
armée en ravageant tout le pays environnant. N'oublions pas
que nous avons affaire, dans la personne de Charles le Mau-
vais, à un prince, qui appliquait un siècle à l'avance les prin-
cipes de Machiavel ; qui faisait traité sur traité, ne se croyant
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;•
RELATIVES A DU GUCAGLIN 7
jamais lié et cherchant avant tout son intérêt; nch trompant
d'ailleurs personne^ malgré toutes ses habiletés ; incorrigible'
cependant, et exposant jusqu'au dernier jour ses États et sa
personne môme à de terribles représailles. Si le lecteur ac-
ceple jusqu'à présent nos conjectures, il est probable que le
roi de Navarre, après avoir trouvé son profit dans Tindemnité
payée par les grandes Compagnies, aura craint de se com*
promettre davantage aux yeux de Pierre le Cruel, pour le cas
où la cause de celui-ci viendrait à triompher. Afin de donner
à ce prince une preuve de sa bonne volonté, il aura voulu
tenter tout au moins d'arrêter la marche de Tarrière-garde
de Tarmée de du Guesclin. Une pareille tactique est tout à
fait conforme à celle qu'il employa Tannée suivante, à la veille
de la bataille de Navarrette, lorsqu'il vendit au prince de
Galles le passage au travers de ses Élats, et se fit enlever en-
suite par Olivier deMauny, pour n'être pas obligé de prendre
part à la lutte entre les deux frères*.
Le ton de la lettre qu*on vient de lire est tout-à^fait conforme
à l'interprétation que nous donnons, en l'absence d'autres
documents sur ce curieux épisode. L'auteur, qui semble être
le gouverneur de Tudela, n'accuse point du Guesclin de
a'ôlre livré à une agression injuste,ou d'avoir manqué à la pa-
role donnée ; il constate seulement que celui-ci vient de ruiner
plusieurs places des environs. La lettre est d'ailleurs rédigée
avec circonspection, de manière à ne compromettre personne,
si elle venait à être interceptée par l'ennemi. On peut croire
que Charles le Mauvais avait primitivement donné rendez-
> Peut-être aussi Charles le Mauvais Toulut-il, dans cette circonstance, tirer
▼engeance des déprédations commises par les compagnies bretonnes, lors de
leur passage par Montpellier. Il ne faut pas oublier en effet que, en vertu du
traité conclu le 6 mars 1365, le roi de Navarre cédait à Charles V, Mantes,
Meulan et le comté de Longueville, en échange de la seigneurie de Mont-
pellier. Or, le nouveau comte de Longueville n*était autre que Bertrand du
Guesclin, à qui le Roi de France était redevable de la victoire de Cocherel,
et de la prise de Mantes et de Meulan. On s*explique facileipent les griefs
que le roi de Navarre pouvait avoir contre le chef des Compagnies, d*après
ce qui précède. ,
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8 CHAKTES INEDITES
VOUS le 8 mars à Bertrand, à Tudela môme, puisque celui-
ci se présente à cette date devant les portes de la ville, dans
l'espoir d'y rencontrer le roi de Navarre, et qu'il se dirige
vers Gascante, aussitôt qu'il apprend l'absence du prince.
D'autre part, nous voyons que le rédacteur du message
projette d'aller trouver le lendemain Bertrand, et qu'il veut
ménager une entrevue, le jeudi suivant, entre son maître et
le chef des compagnies blanches à Tudela, dans la crainte
sans doute de voir les hostilités se prolonger. Il est plus
probable que cette conférence n'eut pas lieu : Charles le
Mauvais ne devait point ôtre pressé de se trouver en présence
de du Guesclin. De son côté, Bertrand, après avoir donné une
verte leçon aux Navarrois et à leur Roi, se préoccupa sans
doute de rejoindre au plus tôt son avant-garde. Quelques
jours après, c'est-à-dire le samedi 14 mars, nous le retrou-
vons en Castille à Calahorra, auprès d'Henri de'Transtamare*.
Barthélémy Darre, dont il fait mention ici, est cité dans une
autre charte du 17 septembre 1366, avec le titre de receveur
delà sénéchaussée et bailliage de Pampelune : «Recebidor
de la merindat et bayllia de Pomplona. »
Complétons ces détails par quelques notions sur les lieux
dictés dans la carte : Tudela est à une distance de 26 lieues
au sud de Pampelune ; c'est de beaucoup la plus importante
hes places mentionnées'. Nous voyons que du Guesclin ne
s'attarda pas à la prendre de vive force.
Cascante est un bourg de la Navarre, qui comptait au
quatorzième siècle environ 4C0 habitants. Il faisait partie du
domaine royal, depuis la vente faite en 1271 par don Pedro
* MariaDa lui fait prononcer dans cette circonstance un lon^r discour»,
pour engager don Enrique h prendre le titre de roi, contre Tavis de
plusieurs de ses conseillers. La harangue est reproduite in extenso et a
une vraie forme oratoire. Nous craindrions d'allonger indéfiniment ce
commentaire, en donnant la traduction du discours en question , qui
rappelle ceux de Tite-Live.
> Le roi Sançhe Vil, qui y mourut en 123*. IVntouva de remparts et en fit
une véritable forteresse. Cette ville est devenue passagèrement le siège d*un
évéché, kla findu siècle dernier : sa population es^t aujourd'hui d«i 9000 Amp^.
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1^
HGLATIVeS A DU GUBSGLIN 9
Sanchez de Monteagut au roi don Eatique. Cette localité est
située à deux lieues au sud-ouest de Tudela, dans la direction
de Borja.
Ablitas, village tout proche |du précédent ; Charles le
Mauvais en avait disposé, quelques années auparavant, en
faveur de Martin Knriquez de Loarra (1349), Tan de ses
principaux officiers.
Murchante (ou Marchante) et Monteagudo (Montagut)
étaient deux localités peu importantes, faisant partie du
territoire dépendant de Tudela.
Corella, bourg de la Navarre^ à 4 lieues nord-est de Tudela,
compte actuellement 400 habitants.
L'auteur de la lettre, en parlant de Cascante, Âblitas, Mur-
chante et Monteagudo, dit que ces localités viennent d'être
ruinées à tout jamais ; mais il exagère beaucoup, puisqu'elles
existeat toutes encore à l'heure actuelle, et que> dès 1378,
Charles le Mauvais fit don de la première de ces places à
Bernard de Foix.
2* CHARTE.
Sommaire : La seconde charte est datée du 28 octobre 1366
(Eslella*, à trente-cinq kilomètres S. 0. de Pampelune, sur la
route, qui mène à Logrono). Charles le Mauvais, roi de Navarre
et comte d'Ëvreux, enjoint aux employés chargés de ses finances
de tenir compte à son trésorier, don Garcia Michel Delcart,
des sommes que celui-ci vient de payer par son ordre,à savoir :
1* Onze cent quarante florins d'or, donnés & messire Ber-
trand du Guesclin, chevalier, comme avance sur une somme
plus considérable qu'il doit recevoir du Roi, soit les deux
tiers de la somme promise.
29 Cinq cents florins d'or à messire Rémon, seigneur d'Al-
balierra, chevalier.
* Ccftte ville oompte aujourd'hui 0000 habitante, et est le chef-lieu d*un
partido judiciaire.
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10 CHARTES INÉDITES
3* Cinquante florins au môme, pour couvrir les dépenses
du voyage qu'il doit entreprendre pour aller trouver le roi
don Henry, de la pari du roi de Navarre.
4'' Six florins d'or à Dominique de Santa-Gara^ messager à
pied, envoyé au môme pour rapporter sa réponse.
La charte est scellée du sceau royal et porte la signature
de « Peralta » pour le roi*.
c Karlos par la gracia de dios Rey de Navarra et conte devreui
(d'Evreux). A nuestros bien amados et ûelles Gehtes de nuestros
comptes salut. Nos vos mandamos que à nuestro bien amado et fiel
thesorero don. Garcia Miguel Delcart recibades en compte et rebatades
de sus Receptas sin diflcultat nin contradicho alguno las sumas et
quantias ynfrascriptas que eill de nuestro mandamiento à eill fecbo
de boca ha dados et delivrados à los que se siguen; Primo à Monsen
Bertran de Claquin Cabayllero en rebatimiento de mayor suma que
debe recebir de nos por el dono et retenida que tiene de nos : onze-
zientos et quoaranta âorines doro por dos partldas, ytem à Monsen
Remon Seynnor da Albatierra Caballero por el dono et retenida que
tiene de nos : cinco cientos florines doro. Ytem al dito Seynnor de
Albatierra por ftizer sus ezpensas en yr de part nos en mesageria a
Rey don Henrric cinquoanta donnes. Ytem à domingo de Santa
Kara mandadero à pié inviado por nos al dicto Rey por retornarnos
la respuesta de la dicta mesageria seis florines doro. Por testimonio
desta nuestra carta sieyllada con nuestro sieyllo. Dat. en Esteylla
XXVII dia de octubre layno de gracia mil trecientos sisanta et seis.
For el seynor Rey.
Peralta.
Commentaire : Huit mois environ se sont écoulés depuis le
passage des grandes compagnies par la Navarre, et les évé-
nements ont quelque peu modifié les dispositions de Charles
le Mauvais à Tendroit de du Guesclin. Dans cet intervalle, en
effet, Henri de Transtamare a été couronné roi de Castille
(5 avril), tandis que Pierre le Cruel après s'être enfui de
* Une note indiqne que la copie a été faite sur la charte originale, où le
▼oit encore Tempreinte du sceau.
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Il
(
RELATIVES A DU OUBSCLIN 11
Burgos à Séville, et avoir vainement sollicité Tappui du roi
de Portugal, a flni par se réfugier auprès du prince de
Galles. La lutte, un instant suspendue entre les deux frères,
est sur le point de s'engager de nouveau. Le 23 septembre, lo
Prince Noir, don Pedro et Charles le Mauvais ont signé à
Libourne un traité, en vertu duquel le roi de Navarre permet
au premier de traverser ses États, moyennant le paiement
de 200000 florins d'or et d'autres avantages.
De son côté, Henri de Transtamare cherche à se procurer
des renforts, et il envoie à cet effet Bertrand du Guesclin
auprès du roi d'Aragon et du duc d'Anjou.
Le document que nous publions nous fait voir clairement
que Charles le Mauvais, fidèle à sa politique de bascule et de
neutralité apparente, veut ménager les deux partis en pré-^
sence, dans l'incertitude où il est du résultat de la lutte.
Quelques semaines après les négociations commencées à
Bayonne, nous le voyons entrer en rapport avec les chefs des
Compagnies : les sommes qu'il leur alloue indiquent assez
qu'il attend d'eux quelque service, car il n'a pas l'habitude
de faire des libéralités qui ne lui rapporteront rien. Sans
nul doute, ayant appris le voyage projeté par du Guesclin, il
le charge de faire des ouvertures de sa part soit au roi
d'Aragon, Pierre IV, soit au duc d'Anjou, ou enfin de l'ex-
cuser auprès de Charles V, de la nécessité où il se trouve
de livrer passage aux troupes anglaises. Et de fait, sa posi-
tion est assez critique, placé qu'il est entre deux feux : il
ne peut guère refuser le service que lui demande le flls du
roi d'Angleterre ; mais il craint^ d'autre part, de mécontenter
le roi de France et ses alliés, en prenant trop ostensiblemonl
parti pour Pierre le Cruel.
C'est pourquoi, en môme temps qu'il donne une mission
confidentielle à Bertrand du Guesclin, il députe le sire Rémon
d'Albatierra vers Henri de Transmatare. Ce seigneur n'est
autre apparemment que Guardia Reymond, chevalier sei-
gneur d'Aubeterre. l'un des ch^fs des compagnies anglo-
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12 CHARTES INÉDITES
gasconnes, dont M. Siméon Luce a si heureusement retrouvé
le nom dans ses recherches aux Archives .nationales. (Voir
Chroniques de Froissart, t. vi, p. LXXXI^ note 3). Il ne tarda
pas & suivre en Aquitaine les Compagnies rappelées par le
prince de Galles, et il combattit sous Tétendard de celui-ci
à Navaretle.^ Charles le Mauvais ne put du moins l'accuser
de trahison, puisqu'en passant d'un camp dans l'autre, il
demeurait toujours son allié. Une charte du 12 mai 1866 fait
allusion à un autre messager envoyé par Charles le Mauvais
àdon Enrique (Archives de Silos. Manuscrit 16). --Ces négo*
ciations préliminaires devaient aboutir au traité de Santa-
Cruz de Campezo, conclu au début de Tannée 1367. (Voir
Zurita, Mariana, Ferreras^ etc.)
3* CHARTE.
Sommaire : Ordonnance de Charles le Mauvais, roi de Na-
varre, comte d*Evreux, datée de SangUesa* le 10 février 1367,
par laquelle ce prince charge son trésorier, don Garcia Miguel
Delcart, de rembourser à Lope Ochoa, gouverneur du château
de Caparroso, les frais occasionnés par Tinternement d'Olivier
du Guesclin dans ledit chiteau, durant Tespace de trois mois
et treize jours.
Ces frais comprennent les dépenses extraordinaires faites
à cette occasion, la nourriture du prisonnier et des deux
gardes chargés de veiller sur lui nuit et jour, à raison de
deux doubles pour le premier et de trois mesures de froment
pour les gardes. Il est fait mention également de la construc-
tion d'un poste fortifié, pour compléter la défense de la place,
à la requête de Martin Xemeniz, capitaine du château de
Caparroso ; cette construction s'élève à la somme de 136 sous
et sept deniers. Ces dépenses, engagées à la requête du tréso-
* Sangiiesa, petite ville de 2000 àmet» k 9 lieaeSf S. E. de Pampelune, proche
delà ffoatière d'Aragon.
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r\\
KÎSLATIVE3 A DU GUESCUN 13
•
rier royal, ont été examinées et vérifiées par les auditeurs de
ta Chambre des comptes. Les frais d'entretien sus-indiqués, à
raison de deux doubles et de trois mesures de froment,
s'élèvent à la somme de quarante livres, treize sous, trois
deniers. II est dit de plus que la coutume met à la charge du
trésor les réparations des châteaux du Roi, jusqu'à concur-
rence de cent sous ; que . l'architecte royal a approuvé la
construction du fortin et la dépense ainsi motivée. Le gouver*
neur de Caparroso avait d'ailleurs reçu de la bouche du Roi
Tordrede pourvoir à Tentretiendu prisonnier; il a juré queles
frais étaient tels qu'il le disait. Bp conséquence, ordre est
donné de payer à Lope Ochoa la somme de quarante livres,
treize sous, trois deniers, et de plus cent trente-six sous et
sept deniers. Pour toucher cette dernière somme, le gouver-
neur devra produire Tordre donné par le capitaine du château
de procéder à la construction du fortin, et l'approbation de
l'architecte royal, tant au point de vue de la dépense ainsi
engagée, que pour le coût des travaux exécutés. Les auditeurs
de la Chambre des comptes auront donc soin de porter ces
frais à titre de dépenses, et de les déduire du montant des
recettes du trésorier royal La charte est scellée du sceau
royal, et signée au nom du roi, par un de ses officiers ou se-
crétaires, appelé Miranda.
La pièce suivante est un mandat par lequel Nicolas Le
Lièvre, suppléant du trésorier royal, ordonne à don Mathieu
Le Soterel, receveur de la sénéchaussée et bailliage de Tu-
dela, de payer àLope Ochoa, gouverneur du château de Capar-
roso, la somme de quarante livres, treize sous, trois deniers
plus six livres'trois deniers* pour couvrir les dépenses dé-
crites dans la charte précédente. Le ' receveur susdit devra
porter les frais de construction sur son compte ordinaire, et
faire mention de l'avis conforme de l'architecte royal et du
* Cette dernière somme a'est pas tout à fait conforme à la dépente signal a
poar le même objet dans la charte précédente : il 7 a un écart en moins de
|f«is souf et d*an denier.
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14 V CHARTES INÉDITBS
mandatdu capitaine deCaparroso.Pourlui (Nicolas Le Lièvre),
il se charge de faire inscrire ces dépenses, en les appuyant
de son propre mandat^ et du reçu que donnera le gouverneur.
Pampelune, le 28 février 1367.
Dans la troisième pièce,Martin Xemeuiz de Beortegui, capi-
taine de Caparroso, donne ordre àLope Ochoade Lerga, gou-
verneur de la môme ville, de faire construire un poste fortifié
pour la défense du château et pour suppléer à Tabsence de
mur d'enceinte. En foi de quoi, il appose sur ledit mandat le
sceau de son neveu Ferrand, à défaut du sien propre. (Cette
dernière pièce de comptabilité est Tune des deux requises
par Tordônnance de Charles le Mauvais. La date manque). '
« Karlos por la gracia de Dios Rey de Navarra conte deureux
(d'Bvreux). A nuestro bien amado Thesorero Don Garcia Miguel
Delcart Salut. Como ante dagora. Lope Ochoa Alcayt del nuestro
Castieillo de Caparroso nos ovies suplicado que eyll por nuef^^ '
mandamiento fecbo à eyll de boca recibio et tovo preso en goarda à
Mosen Oliver Claquin, por espacio de très meses et trece dias el quoal
abia proveido de corner et beber et de lo que necesario li era et por
causa deyll abria tenido mas de compaynaset fecho mayores ezpensas
de lo que facer non debia et asi bien aber dado al dicbo mosen
Oliver dos doblas et à dos compaynones que continuadamente lo
guardaban, très Kaflces de Trigo segunt que por las partidas de la9
expensas dadas por eyll parecia. Otro si obies dicho et suplicado
que eyll por mandamiento de Martin Xemeniz capitan por tiempo en
la dicha villa de Caparroso fezo facer una garita et combatiment en
el dicho castieillo la quoal era muy necesaria. La expensa de la
quoal le abia costado cien trenta seis sueldos et siete dineros de
Karlines prietos las quoales dichas partidas et coantias obiese supli-
cado ser ly mandadas pagar et nos obiesemos ynviado mandar à
nuestros bien amados et ûeles oydores de nuestros comptos que
visto el ténor de la dicha suplicacion et las partidas de las expensas
dadas por eyll nos ynviasen dicir por su carta lo que lis semeyaba
et si lo que el dicho alcayt demandaba era justo et deira pasar o no
âûn que nos proveyesemos sobre aqueilio de remédie. Et los dichos
maestros de comptes vlsto et considerado todo lo que el dioho Alcayt
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tlBtAtlVES A DU GUESGUN 15
%
demandaba et las expensas por eill fechas è^ cauâa del dicho Mosen
Oliver las quoales montaban con dos doblas dadas al dicho Mosen
Oliver et con très Kaûces de trigo dados à ios dichos dos hombres
qui de dia et de noche guardaron al dicho Moden Oliver ultra lur
provision en Ios dichos très meses et trece dias quoaranta libras
trece sueidos très dineros las quales dichas quantias digan à eillos
semeyiiar sy de nuestro mandamiento las fezo aber seydo fechas à
saz razonablement et eran de pasar maguer las dos doblas et très
Caûces de Trigo dadas por eyi sen (sin) nuestro especial manda-
miento que no eran pasaderas de rigor et quanto à la ezpensa de la
dicta garita que era uso et costumbre de todos tiempos en la theso-
reria que Ios Alcaytes qui facian reparaciones en nuestros castieil-
los eran creydos ata (hasta) cient sueidos, et que mostrando relacion
del maestro de nuestras obras la dicha Garita ser necessaria et que
tanto costo o podia costarcomo eill dice que podia pasar las dichas
expensas segunt que por la relacion ynviada à nos por Ios dichos
maestros de comptes parecze. Nos seyendo eierto que el dicho Alcayt
'*• yo en el dicho tiempo al dicho Mosen Oliver et lo proveyo de lo que li
era necessario por nuestro mandamiento à eyil focho de boca et asi
bien por su sagrament aya dicho et deciarado eyll aber dado las dichas
dos doblas al dicho Mosen Olivei* et Ios dichos très Kafices de Trigo
à Ios dichos dos hombres que io guardaban. Mandâmes nos que ai
dicho Lope Ochoa Alcayt dedes et paguedes las dichas quoaranta
libras trece sueidos très dineros de Karlines prietos de expensas
fechas à causa del dicho Mosen Oliver o le assignedes en lugar do
brevementpueda ser pagado et asi bien vos mandâmes que les dichos
cient trenta seis sueidos et siete dineros de mesiones por eill fe-
chas en la dicha Garita paguedes o asignedes pagar aqueillos al
dicho Alcayt mostrando mandamiento del dichô Capitan como li fue
mandada lacer et certificacion del maestro de las obras como era
necesaria facer en el dicho logar et costo tanto. Et à nuestros bien
amados et fleles oydores de nuestros comptes que las dichas par-
tidas et quantias de dineros vos reciban en compte et dedugan de
nuestra recepta por testimonio desta nuestra carta seyllada con
nuestro sieyllo et del recognoscimiento que del dicho Lope Ochoa
pareztra. Datum en Sanguesa V* dià de febrero layno de gracia Mil
CCCLX siete : Por el Seynor Rey èi nuestra relaci\)n et de Don Martin
Miguel de Sangnesa fd. Miranda, >
^^1
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^
16 CHARTES INCITES
0
< Nicolas le Lièvre Thenient del Thesorero de Navarra. A dou
Matheo le Soterel recebidorde la Merindat et Baillia de Tudela salut.
Mando tos que de los dineros de qualquiere Recepta dedes et pa-
guedes à L(^e Ochoa alcayt del Castillo de Caparroso los quoales ei
Seynor Rey le manda pagar por ciertas expensas que eill fezo por
espacio de très meses et trece dias que eill tovo preso en goarda a
Monser Olirer Claquin en el dicho castieillo quoaranta libras treze
sueldos très dineros de Karlines prietos. Item II dedes et paguedes
por los expensas que eill fezo en el dicho castillo por mandado de
Martin Xemeniz Capitan del dicho logar en fa.ce runa garita et com-
batiment en el disho castieillo et seis libras et trece sueldos seis
dineros et vos poniendo en nuestro compte ordinario las expensas
de las dichas obras et en reportant relacion del Maestro de las
obras del Seynor Rey con las partidas et mandamiento del
dicho Capitan yo las fare recebir en compte las sobredichas quan-
tias por testimonio desta mi carta et del recognbscimiento que del
dicho Alcayt recibredes. Dat. en Pomplona XXVIIJ* dia de febrero
Ano Domini M* CCC« LX**septimo.
Martin Xemeniz do Beortegui Capitan por el Seynor Rey en la villa
de Caparroso. A Lope Ochoa de Lerga Alcayt de Caparroso de part
de la Seynoria vos mando ei de mis partes vos requiero que vos
fagades letra vista vreu ment eii el Castieillo de la dicha villa una
garita por razon quy obies defension en el dicho castieillo este por
razon que no ay muros que puedan andar aderredor et portesli
monio desto pusi en este mandamiento el sieillo de mi sobrino
ferrando à falta que no ténia el mio conmigo. >
D'après ces pièces, Olivier du Guesclin aurait été prison-
nier du roi de Navarre durant un espace de trois mois et treize
jours. Nous nous trouvons ainsi ramenés àladute même de la
charte précédente, dans laquelle Charles le Mauvais fait allu-
sion à la somme de onze cents florins d'or donnés comme
à-compte à Bertrand du Guesclin. Nous pouvons croire,d*après
cela, que le roi de Navarre jugeant des autres d'après lui-
môme^ et se déflant de ceux avec lesquels il traitait, voulut
prendre des sûretés, et qu'il garda Olivier du Guesclin comme
otage, tandis que le frère de celui-ci se rendait auprès du roi
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RELATIVES A DU GUESCLIN 221
d*Âragon etdu duc d'Anjou, pour leur demander des secours.
La mise en liberté du premier dut probablement coïncider
avec le retour de Bertrand en Espagne. Un mois plus tard, le
13 mars 1367, Charles le Mauvais, d'accord avec Olivier de
Mauny, capitaine de Borja pour le compte de B. du Ouesclin,
se faisait arrêter et interner dans ledit château, afin de
pouvoir attendre la Ru de la campagne sans se déclarer
pour l'un ou l'autre des deux adversaires en présence.
Faut-il établir un lien entre ce stratagème et la négociation
qui semble avoir précédé ? C'est fort possible, mais nous en
sommes réduit sur ce point à de simples conjectures.
Le château de Caparroso est situé sur la route qui conduit
de Pampelune à Saragosse à 60 kilomètres de la première de
ces villes et à 44 kilomètres de Tudela. Le bourg, qui compte
actuellement 1 800 habitants, est dominé par une colline,
au sommet de laquelle on aperçoit le vieux château féodal
de San Martin. C'est là, très probablement, que fut interné
Olivier du Guesclin.
Nous voyons par l'analyse de ces documents le soin avec
lequel était tenue la comptabilité du roi de Navarre, et com-
ment il savait exiger des pièces justificatives de toute sorte à
Tappui des dépenses concernant le trésor royal. Notre Cour
des comptes actuelle n'a rien inventé sous ce rapport.
Nous avons remarqué, en passant^ que Nicolas Le Lièvre,
suppléant du trésorier royal, ne compte plus que six livres,
treize sous et six deniers pour la construction jugée néces-
saire à la défense du château de Caparroso;il réduit ainsi la dé-
pense de trois sous et d'un denier. Nous avons là une nouvelle
preuve du contrôle sérieux, exercé en matière de finances, à
la cour de Charles le Mauvais. Il est probable que cette
diminution est conforme à l'estimation que devait donner
l'architecte royal, et qui ne nous est point parvenue.
fA suivre J. Dom du Coctlosquet.
T. VI. — notices. — Vl» ANNÉE, 3*^ LIV. 15
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NOTES D'ICONOGRAPHIE
Les thèses bretonnes illustrées, aux XVI h et XVII h siècles,
!
(Suite.)
XXII. — M'* de La Meilleraye.
Thèse dédiée à Armand de la Porte, M'* de La Meilleraye,
Grand'Maitre de Vartillerie de France.
Le personnage est en pied, de 3/4 dirigé à droite, en costume romain,
sous un portique à colonnes. Au-dessus, sont disposés des trophées et
un bouclier sur lequel sont ses armoiries : De gueules au croissant d'her-
mines. Elle est dédiée au Grand-Maitre par Charles Armand de Maupas
du Tour, sans nom de graveur ni date.
(BibL nat. vol. de Thèses entières).
XXII (bis). — Thèse dédiée à André Hughet de la Bédoyère.
Cette pièce de dédicace est sur satin blanc. Elle porte pour tout orne-
ment dans la partie supérieure, un très grand écusson, surmonté de la.
couronne du comte et entouré de palmes. Il porte au i*" et 4« : dfaxur à
6 Miettes persées d^ argent ^ 3, 2. 1, qui est la Bédoyère -, au 2* et 3* : d'ar-
gent à S bandes jumelles de gueules, armoiries que je ne sais à quelle
famille attribuer ; et sur le tout : mi-parti d'azur à S huchets de sable qui
oMt Huchet, et d^or à 5 molettes de gueules qui est Le Duc du Petit bois. —
En effet André Huchet de la Bédoyère, vicomte de Loyat, né en 1623»
conseiller au Parlement en I6i8, et procureur-général en 1650, avait
épousé Marie Le Duc du Petit bois.
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NOTES d'iconographie 223
La dédicace est ainsi conçae : lUustrissimo nobilissimoque viro
Domino D. Andre<B Huchet. vice comiti de Loyat, Gastelanol de la
Bédoyëre. Domino des Croix, equiti torquato, régi a secretioribus çon-
siliis et in tota Aremorica vindici publico ac cognitori generaii régie.
Après quoi se lit un petit discours latin à Téminent magistrat, et ces
mots : Obseqnentissimus et addictissimus cliens Petrus Oresve Monti-
fortensis. — Gomme signature à gauche : Babré F. et à droite un chiffre
entrelacé A. H. qui doit ôtre celui du graveur.
On remarquera que André Huchet est qualifié < eques torquatas »
Gependantonn*a pas mis le collier de l*ordre autour de son écusson.— Nous
avons déjà au numéro IX, en décrivant la thèse dédiée à Gilles Huchet,
père d'André, signalé le collier de Saint-Michel qui entoure ses armoiries.
Ge sont donc deux nouveaux chevaliers de cette famille à ajouter au seul
dont parle M. de Game.
Nous n'avons aucun détail sur ce P. Oresve de Montfort ; c'était un
protégé de la famille de la Bédoyère, seigneur de Talensac, où les Oresve
étaient très nombreux. lis ont donné leur nom dans cette paroisse au
village de la Ghapelle-ès-Oresve.
Les conclusions de la thèse remplissent la partie inférieure de la pièce
et sont entourées simplement d'une maigre petite dentelle de relieur.
Puis tout en bas : Harum conclusionum ventatem propugnabit Petrus
Oresve Montifortensis, in lycœo Collegii Rhedonensis societatis Jesu.
(La date est effacée). Formis Dyonisianis. (Jacques ou Matburin Denys,
imprimeurs rennais de 1637 à 1692).
(Cette thèse est conservée chez Madame la vicomtesse de Farcy, née de la
Bédoyère, à Rennes)
(Bibl. nationale. Vol. de thèses entières).
XXIIL — Thèse de Joseph Geffrard.
(Musée archéol, de Rennes.)
Certe thèse sur satin blanc, très fraîche, est conservée parmi les es-
tampes du Musée archéologique de Rennes. Elle se compose, dans sa par-
tie supérieure, d'une jolie gravure signée : J. Boulanger fecit^ dont le
sujet est la Vierge tenant l'Enfant- Jésus qui la couronne.
L'autre partie contient les « Gonclusiones philosophie» >. En Las : Bas
thèses Deo duce, tueri conabitur Jcsephus Geffrard, Aremoricus, die domi-
nicaS* Augusti, ann. Dom. 1664. Arbiter erit Franciscus Le Barbier
licenciatus theologus et emeritus philosophie professer. Pro actu publico
et laurea artium, in Marchiano. (Au collège de la Marche.)
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224 NOTES d'iconographie
Ce Geffrard doit être Joseph Geffrard du Plessix, époux en 1674 de Renée
Bilion, fiU de Mathurin GefiTrard» maître aux Comptes et devenu lui-
même auditeur aux Comptes en 1686. Cette famille porta plus tard les
titres de Geffrard de la Motte, comtes de Sanois, et produisit des officiers
de mérite qui ont fait parler d'eux à la fin du dix-huitième siècle. (Frain
de la Gaulayrie : les Familles de Vitré, p. 124.)
XXIV. — Thèae de Jan Mehaignerye.
Il ne reste plus de ce placard que les armoiries de François d'Argouges»
premier président au Parlement de Bretagne auquel la thèse est dédiée.
— C'est un énorme écusson très lourd et très laid tenant une demi- page
et portant : Ecarlelé d'or et d'azur à trois quintefeuilles de giteules bro-
chant. — Le graveur n*a pas signé et il a bien fait. Au bas, les noms de
Jan Mehaignerye, aremoricus, et la date du 24 juillet 1667. C'est évidem-
ment Jean- Baptiste Mehaignerye, sieur de la Fosse, bachelier en théo-
logie, devenu prêtre de Rennes et présenté par Tabbé de Baint-Melaine
pour la cure de Pocé, dont il fut Jpourvu le 28 mars 1672. Il occupa jus-
qu'en 1679, ce bénéfice, qui nous semble bien modeste pour un homme si
savant. — {Pouillé de Rennes, I. V. p. 504).
{BibL Sainte Geneviève^ recueil de thèses.)
XXV. — Thèses dédiées à M^' de la Barde, évêque de
Saint'Brieuc, de i641 à1675.
1* Il ne reste de cette pièce que Técusson très simple du prélat, sommé
du chapeau et entouré des fiocchi ; coupé d'or et daiur, F azur chargé dune
molette dor et Tor deS coquilles de sable, — Jollains incidit.
2° Le môme écusson. — La Religion et la Force, figures de très grandes
proportions, soutiennent des deux côtés les glands du chapeau épiscopalet
ont Pair de tirer un cordon de sonnette. Deux anges apportent des ra-
meaux d*olivier et des palmes. Mêmes armoiries que le précédent numéro.
Pièce non signée.
3® La France, couronne en tète et revêtue du manteau royal, pré-
sente à la Religion un médaillon ovale soutenu par deux petits anges
éveillés, dans lequel se trouve un portrait : est-ce celui de Tévêque de
Saint-Brieuc ? Ce serait alors un portrait complètement inédit, car
jusqu'ici on ne connaissait de Mf de la Barde que le beau portrait de
Nanteuil. Mais il ressemble tellement peu à ce dernier que je n*ai pas osé
le signaler à M. de Sorgères pour l* Iconographie bretonne, La thèse est
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NOTES d'iconographie 225
signée assez iliisiblement, 1668 ou 1648 : Jollun. Gomme le portrait de
Nanteail est de 1657» si celai-ci est dé 1648 et plus jeune de dix ans, les
traits de réVèqae ont pa changer pendant cette période. Mais j'avoue que-
je n*ai pu l'y reconnaître.
La Religion a une tournure peu heureuse. Deux anges soutiennent
aussi Pôcusson de la Barde, écartelô cette fois des armes de sa mère qui
était Bouthillier [cTaxur à trois losanges d'or posés en fasce). Deux autres
apportent dans les airs assez gracieusement le chapeau et la crosse. Il est
malheureux que le reste de la thèse ait disparu. Le portrait présumé
de révéque en faisait une pièce importante, c*est justement dans
l'espoir que ces lignes pourront tomber sous les yeux d*uu collectionneur
possédant l'estampe tout entière, que nous décrivons ces fragments et
tous les autres de ce genre conservés à Paris.
{Bibl. nationale. P. G. 2.}
XXVP. — Thèse dédiée à Armand du Cambout, duc de Coislin.
Ecusson portant : de gueules à trois fasceséckiquelées émargent et d'azur —,
ayant pour supports deux levrettes d'hermine. — Au bas, règne une ba-
lustrade dont les deux extrémités sont terminées par un écusson d'azur
au croissant d'or surmonté de deux étoiles de même. Ge sont évidemment
les armoiries du candidat. Les émaux sont désignés si inexactement dans
ces gravures, qu'on ne sait trop à qui attribuer ces insignes ; ils peuvent
appartenir aux familles bretonnes Gabard ou Arthur de la Gibonnais. Je
pense qu'il s'agit ici plutôt d'Alain Arthur, conseiller au parlement en
1695 : Jacques Gabard le fut dès 1665, et la premièredate s'accorde mieux
avec la vie du duc de Goislin duc et pair en 1663, mort en 1702. Il avait
épousé Madeleine du Halgouët.
(Bih. nationale. P. L. 2.)
XXVn. — Thèse de François Lohéac.
Gette belle thèse in-8^ est encadrée à la bibliothèque Sainte-Geneviève-,
sa partie supérieure représente un groupe très mouvementé que, d'après
la singulière et laconique dédicace c Rapto. » nous pensons être le ravis-
sement de saint Paul.
Elle a été soutenue au collège de la Marche le 97 juillet 1681, par
< PrancisGus Lohéac, clericus Quimperliensis. » Nous n'avons aucun détail
sur ce personnage.
Sans nom de graveur.
(Bibl, Sainte-^Geneviève).
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226 NOTES d'iconographie
XXVIII. — Thèse de René Moreau.
La partie supérieare de ce placard est une belle gravare de Gantrel,
d'après Seb. Boardon. Elle représente la Sainte-Famille, groupée assez
agréablement. Le paysage da fond est bien traité, et, sur lepremier plan,
une fontaîT^ ou barbottent de petits canards et où une femme lave
quelques liages, forme un gracieux tableau : — Seb, Bourbon pinx
Sieph, G'inlrel exe. Le milieu de la thèse a été coupé. On a conservé et
recollé seulement les noms du répondant : Renatus Moreau Maclovientis.
die sec. mensis Aug. 1681. Je pense que ce René Moreau pourrait bien
être le propre père du fameux Pierre-Louis Moreau de Maupertuis. Il
fut chevalier de Tordre de Saint-Michel, député de Saint-Malo au conseil
royal du coiim3rce,et.devint. vers 1717, un des premiers directeurs de la
compagnie des Indes Son fils, qui devait illustrer son nom, naquit en
1698 ; on voit que les dates se prêtent parfaitement à nos suppositions.
{BibL Sainte-Geneviève, Recueil de thèses.)
XXIX. — Thèse cT Antoine Marteau.
Voilà encore un bel exemple d*une feuille de grand effet, composée
d'une gravure de maître, à laquelle on accolait un texte imprimé pour la
ciconstance.
La dédicace est Ftr^mt matri. C'est en efifet la Vierge et TËnfant-Jésus
d'après Le Poussin. — N. Poussin Andêïiensis pinxit ; — Malbour£ ex-
Cour d'Albret : Venetiis divis. — J. Pksnb delineavit.
Le répondant est de Vannes : Antonius Marteau, natus Venetiis. Le
jour de U solennité est le 29 juin 1681 , « qui divis Petro et Paulo sacer
est. > Mais on a trouvé que cette tournure latine n'était peut-être pas assez
élégante, et on a biffé ces derniers mots pour les remplacer par ceux-ci :
c Divis Petro et Paulo sacra. »
In prellœo Bellovaco (Au collège de Beauvais.)
L'absence de tables di)n 3m 5 propres djins le PouilU de Vannes de
M. Tabbé Luco, nous a empêché dd nous assurer si cet Antoine Marteau
avait continué avec quelqu'éclat sa carrière ecclésiastique dans le diocèse
de Vannes.
{Bibl, Sainte-Geneviève^ Recueil de thèses).
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NOTES d'iconographie 227
XX?Ç. — Thèse de M*' de Coislin.
Henri-Charles du Gambout de Goislin c parisinns, » quoique breton
d'origine, était né en 1663. Il était premier aumônier du Roi, quand il
soutint cette tbèse au collège de Navarre, le 26 juillet 1682. Cest une
énorme pièce non signée, représentant N.-S. prononçant les paroles :
Rendez à César ce qui est à César. — C'est à ce personnage qu'est adressé
le discours latin dont nous avons donné plus haut un frigment. Toute la
Cour assista à cette thèse : c'était, du reste, Tusage de faire cette politesse
aux personnes qualifiées. Heureusement qu'il y avait des intervalles de
repos, et à chaque argument, les personnes que ce divertissement sérieux
n'intéressait plus, pouvaient sortir. On s*y faisait des politesses, et aussi
des impertinences. M. Kerviler dans ses excellentes études sur les aca-
démiciens bretons et spécialement dans celles consacrées aux Coislin, a
fort heureusement rappelle les anecdotes de Saintp-Simon qui donnent bien
la physionomie de ces assemblées. Henri-Charles de Coislin devint
évoque de Metz, où il se distingua par sa splendeur et son intelligente
générosité, puis membre de TAcadémie française, et c'est en sa personne
que s'éteignit le duché de Coislin.
{Bibl. Sainie^eneviève. Recueil de thèses).
XXXI. — Thèse du Collège de Vannes.
L'ornementation remarquable de cette thèse, soutenue & l'occasion des
exercices annuels des philosophes du collège) a été inspirée par celle dé*
ente au n* XXI. Le Parlement était exilé à Vannes à cette époque, et
les Jésuites de cette ville, imitant leurs confrères de Rennes, furent
heureux de dédier ce magnifique hommage à l'illustre Compagnie qu'ils
avaient le bonheur de posséder dans leurs murs. Ces thèses sont les deux
pièces les plus importantes que nous ayons rencontrées et celle-ci, comme
la première, nous donne trois portraits complètement inédits. C'est un
placard grand in-folio : tout en haut l'écusson royal ; au-dessous, le
tr6ne de la France où elle est assise en manteau fleurdelisé avec le
soleil de Louis XIV comme fermoir. — A sa gauche, la Bretagne
agenouillée porte le manteau d*hermine, la couronne et le collier
de répi. — Derrière elle, deux femmes tiennent l'une l'écusson
d*hermiBe, l'autre une clef, celle de la science probablement. Ce groupe
est imité de la thèse n* 21. — De l'autre côté sont trois magistrats en
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22S NOTES d'iconographie
pied: la gravure des tôles est beaucoup plus fine et plus soignée que
celle du reste de l'estampe, et la ressemblance est évidemment cherchée.
— Le premier est Louis Phelypeaux de Pont-Ghartrain, premier prési-
dent en 1667. Gela est absolument certain par la comparaison avec les
autres portraits qu*on possède de lui. En signalant cette pièce à M. de
Surgères, nous n'avons pu malheureusement lui donner la môme cer-
titude pour les deux autres magistrats, et nous ne voyons aucunement
quels noms on peut mettre sur ces visages. Gelui de Pontchartrain n'avait
été décrit nulle part.
Sur des pilastres, autour de ces personnages sont disposés, comme dans
le n° 21 , une centaine d'écussons» qui représentent les armoiries des membres
du Parlement vivant à cette époque. Malheureusement le dernier rang de
droite est entièrement rogné. Les procureurs généraux et gens du roi sont
au bas.
Partie inférieure : On lit d'abord la dédicace : Augtutissimo Aremo-
ricm Senatui; Logici Venetenses PP. anno 16S5 ; puis un pbtit discours latin
adressé aux magistrats ; aux deux coins du bas sont deux figures
debout, qui ne sont pas très bien caractérisées par leurs attributs : un
empereur tenant dansisa main une victoire, et une femme tenant un glaive ;
la signature rognée porte.... lin. Et., Gantrel, c. privilégie Régis.
Viennent ensuite les noms des répondants :
Caro de la Bobssièrb, Calacensis. Joseph, de Trévegat, Venetus.
Christophe Feus GARNiBR,2^0donffn«ù Jull. Jh. Primaîoua, Rhoton.
Feu* CouAisNON. Nannetensis. Lud. Vincent du Vbrobr, Venetus.
GuiLLBLnu de Nourquer, Ploer^- Nicolaus Pbzron, Guemenensis,
mellensis^. Olivarius Bdsson, Bhedonensie.
Jacobus. Oillo, Venetus, Oliy. Gibon da Grbsso (sic.) Venetus,
J0ANKX8 Gabon, Leonensis. Rbnatos. F. Lb Doyen. Rhotanensis,
JoAN. Gbrvasius Furet, Briocensis, Yvo Loudeac, MacUmensis.
JoAN. Hya. de Valleauz. Rhedo, Joannbs Lb Gubnnb. Brecencis,
JoAN. Jul. Chevicar, Venetus,
(BibL Sainte-Gen, Recueil de thèses.)
XXXl.fbis) — Thèse dédiée au Parlement de Bretagne par les
physiciens du collège de Bennes de la Compagnie de
Jésus. 1690.
Nous ne connaissons malheureusement cette thèse, qui doit être fort
belle et curieuse, que par un imprimé conservé aux archives départemen-
tales dllle-et- Vilaine. (B. I.) G*est une plaquette in-4* intitulée : < Expli-
* Ce Guillaume de Nourquer disputa le prieuré de Maxent à dom Jean dee
Pierres et en prit possession en 16S8. Ouillotin de Corson. Fouillé de Rennes.
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NOTES d'iconographie 229
cation deTapparail pour la thèse dédiée an Parlement de ' Bretagne par
les physiciens du collège de Rennes de la Compagnie de Jésus. A Rennes,
chez M^ Denys. imp. et lib. 1690. »
Ije Parlement de Bretagne, après la révolte dn papier timbré, avait été
eiilé à Vannes en 1675, et lorsqu'on 1690, le Roi, cédant aux supplications
da pays, le rétablit à Rennes, les Jésuites voulurent montrer par plusieurs
belles cérémonies la joie qu'ils éprouvaient de cet heureux retour.
D'abord,il fut prononcé une harangue sur ce sujet à l'ouverture des classes,
puis on joua une tragédie, et la P. Provost, professeur de philosophie,
dédia au Parlement la thèse dont voici l'appareil : € Action de gr&ces au
« Roi pour le retour du Parlement à Rennes : le fond de la thèse offre
< aux yeux la face du beau palais que la ville de Rennes a fait bâtir au
€ Parlement. On voit d*un côté le Roy accompagné de Monseigneur et de
c Monsieur. DeTautre côté, la Justice avec les Vertus,ses compagnes, qui
« représentent le corps du Parlement. En dessous, le Génie de la ville
< supplie le Roy de faire retourner la Justice dans son palais, ce que le
c monarque lui accorde avec un air plein de bonté.
« Le bas de la thèse est un ordre d'architecture soutenu de quatre
< grands pilastres, et enrichi des écussons de M. le premier Président,
« de MM. les Présidents et Conseillers, et de MM. les gens du Roy. »
On voit que l'ordonnance de cette thèse est imitée de celles des n^ 21 et
31. — Elle est moins intéressante pour riconograohie bretonne, puisqu'elle
ne contient pas de portraits inédits, mais elle donne aussi la vue du
Palais, le tableau héraldique complet des membres du Parlement vivant
alors, et enfin le Génie de la ville de Rennes. Nous regrettons de ne pas
savoir quels signes caractéristiques Tauteur avait donnés à ce dernier petit
personnage.
Quoiqu'il nes'agisse plus de gravure, nous ne pouvons passer sous si-
lence, la description de la grande salle du palais de Justice décorée pour
la cérémonie, et les inscriptions latines tirées de l'Ëcriture sainte où se
trouvent les allusions les plus frappantes à Theureux événement qu'il
s'agissait de fêter.
« La salle où la thèse a été soutenue esc une des plus belles du
c royaume. Elle a plus de cent pieds de long... et était tendue de belles
c tapisseries qui servaient de fonda tout l'appareil.
c Le thé&tre au fond de la salle pour les soutenans, représentait la
€ grande façade du Palais telle qu'on la voit gravée danfi la thèse, flanquée
4 de ses deux pavillons. — Au fond de la salle, comme au lieu le plus au-
< guste. la corniche était surmontée d'un attique avec, sous un dais royal,
• le portrait de Louis le Grand ; d'un côté, la Justice, de l'autre, la Force.
< Au-dessos, les armes du prunier Président et des Présidents. Tout
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230 NOTES d'iconographie
c autour, celles de MM. du Parlement. » Le tout accompagné d'une foule
d'inscriptions élogieuses, et de devises ingénieuses exprimant la joie du
retour du Parlement, entr'autres celles-ci :
Restituam judices tuos ut fUerunt prius êi eonsiliaros tuos sicut anHqui-
tiu. Post hœe vocaberis urbs fidelis, (Isaîe» c. 10.) -^ Je rétablirai tes juges
comme ils étaient auparavant^ et tes conseillers comme ils ont été autrefois ,
et tu seras désormais nommée la ville fidèle :
Et erit opasjustitix pax et securitas usque in sempitemum et sedebit po-
pulus meus in tabernaculis fidueiœ in requie opulentâ. (Is., cap. 32 )
U ouvrage dé la justice sera une paix et une assurance éternelle, pendant
laquelle mon peuple^ sans crainte^ jouira dans ses maisons de Vheureuse
abondance du repos.
Il est bien malheureux qu'on ne connaisse plus un seul exemplaire de
celte belle pièce. La longue description conservée aux archives ne donne
môme pas le nom du graveur dans l'œuvre duquel elle est peut-être en-
fouie à la Bibliothèque nationale. — Avis aux chercheurs !
XXXII. — Thèse présidée par Sébastibn de Guemadeug^
évêquede Saint-Malade i670 à 170ê.
Nous citerons seulement cette thèse présidée par ce pauvre évéque que
M"** de Sévigné appelait si irrévérencietisement une « linotte mitrée, >
pour donner au moins une bonne idée de sa science théologique, et aussi
parce que les enroulements de feuillage et d'architecture qui entourent le
sujet principal sont vraiment magnifiques. Ce sujet est le mariage de la
Vierge, par Gantrel ; mais le répondant, Balthazar de Fourcy, abbé de
Saint-Wandrille^ au diocèse de Rouen, en l690,n'appartientpasànotrepays.
{BibL Sainte-Geneviève.) ,
XXXIIl. — Thèse de Jean-Prangois-Paul Le Febvre de
Gaumartin.
L'abbé de Gaumartin « Parisinus, » était alors abbé de Notre-Dame de
Buzay en Bretagne, depuis 1679. Il manqua même d'y être exilé, raconte
Saint-Simon, pour la mystification qu'il fit éprouver en 1695, étant di-
recteur de l'Académie, à M. de Glermont-Tonnerre, évêque de Noyon. —
Louis XIV lui en garda rancune, et l'abbé de Gaumartin ne put être
évéque qu*en 1718, où il obtint le siège de Vannes. Il fut sacré à Dinan,
pendant la tenue des fameux États de 1718, et, au bout d'un an, passa au
siège de Blois.
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NOTES D IGONOORAPHIK
231
Le sujet da tableaa principal de sa thèse est une grande et belle gra-
vure de Gantrel à nombreux personnages ; elle représente N.-8. pronon-
çant ces paroles : c Si vous ne devenez semblable à un petit enfant, voi^
n'entrerez point dans le royaume des cîeux. »
Gantrel, se , Guilbbau, pinx.
(Bihl. Samtê'Genêviève. Recueil de thèses.)
XXXIV. — Thèse dédiée d M" de Kervilio par les élèves du
Collège de Tréguier.
L'exemplaire de cette pièce que j'ai pu voir est sur satin blanc, et
destiné à être offert à lëvôque qui présidait Tacte* . Elle se compose du
grand portrait in-folio du prélat gravé par Montbard, au-dessous duquel
est un élégant cartouche portant la dédicace, un discours en latin, et les
c positions » de la thèse. Cette dernière partie est encadrée de dejjx
belles consoles très ornementées se rattachant gracieusement au cartouche
supérieur.
Viennent ensuite les noms des répondants :
EgiJias TiLLY.
Carolui Floch.
Claudias Lb Carf.
Enflamus Lb Bidbau.
Feus BONABBS.
Feut Calvbz.
Fcw GuTOZi.
Feui Hbnry.
F Lboubrn.
FcM Lbprovost.
Guillelmus Dbribn.
Guill. Lbmbblb.
Qaill. ScoLAN.
Henricus Lucas.
Jaeobut Garec.
Joannes Lbpa&quiro.
Leogestln Daoorxb.
LudoTic. Lb Calbnnbt
Ludovic. Lbpappb.
Trecorenset.
Ludovic. TouLLBLAN, Trecorentis.
Ifatheus Lbprbsts, Trecotinus.
M.-Maaritia8 DA00RN,Clerieu8 Trecor.
Manritius Le Bihan. i „
{Trecorens.
Maantius Nicol. S
Oliyarius âdblin, Dolensis.
Oliyarias Lediouron.
Oliyarius Lbtibg.
Petras Cavan.
Petrus GovBT.
PhilippuS SCARAZIN.
Kenatus Nourt.
Thomas Priobnt.
YVO BOSGAJOU
Yto db TRooorv.
Yvo Lb Guiribc.
Yto Lb Mo al.
Yto Lbpbstrb.
Yvo Savidan.
l
. Trecorenset.
« Cette pièce est conservée dans la belle bibliothèque de M. le comte I^
Gonidec de Traissan, héritier de Tévéqae de Trégaier, et heureux possesseur
de plusieurs autres belles thèses qu'il a bien voulu me confier et que je dé-
crirai plus bas.
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232 NOTES d'iconographie
Respondebont cam Deo duce ^diebos tb, 26, et 21 Junii, anno 1699.
vespere et mane.
Urbiter J. Houabnay, presbyter pbilosophie, professer in collegio
Trecorensî.
Noas ferons remarquer, à Fhonnenr du collège de celte petite Tille de
Tréguier, qu*il y avait en 1699, trente-buit répondants capables de discuter
en public et en latin. Gela suppose des études remarquablement fortes,
une classe bien nombreuse et l'absence de cette queue d'élèves ignorants
qui ne sert qu'à faire nombre, et que le professeur n'interroge pas, parce
qu'on ne lui répond jamais.
XXXV. — Ihèse des élèves du collège de Rennes fi 699),
Cette thèse, en la possession de M. Le Gonidec de Traissan, est malheu-
reusement collée à rintérieur d'une armoire. L'armoire, il est vrai,
est fort belle. — Elle est d'un intérêt spécial pour Rennes puisqu'on y
trouve la signature de l'imprimeur Yatar; malheureusement si les
gravures sont presque intégralement conservées, ce sont justement les
noms des jeunes répondants rennais qui ont été coupés. £lle se com-
pose de deux parties ; la partie supérieure deûm.56 sur Om.90c. représente
Tadoration des Mages, d'après Raphaël : Pictum a Raphaële urbineto
Romœ, in Palatio Vaticano. — Paris, chez Vallbt. graveur du Roy, rue
Saint-Jacques : au buste de Louis XIV, avec privilège.
La partie inférieure de ffm.46 sur Om.56, collée sur la marge du bas de
cette gravure, contient la draperie accoutumée ou plutôt une sorte de pa-
villon soulevé par deux anges, et encadré de deux pilastres ornés sur
l'un desquels se retrouve la signature : Guillblmus Vallbt. Sur le haut
de cette draperie est la dédicace qui se rapporte au sujet supérieur : Régi
Regum. — Et au-dessous le texte de la thèse en 28 articles. Tout an bas :
Uas conclnsiones, Deo duce, et auspice Deiparâ, propugnabunt physici
Rhedonenses, in aul& Gollegii Rhedonensis, Societatis Jesu, die (la date
en blanc) Julii 1699, serotinis horis. — Rhedonis apud Franciscnm
Vatar, Régis et collegii typographum.
Sur la môme armoire est une autre moitié de thèse dont il ne reste
plus que la partie supérieure représentant Tagonie de N.-S. — Seb.
Bourdon pinxit : Paris, chez Vallet, graveur du Roy, me Saint-Jacques,
an buste de Louis XIV. G. P. R.
(Château de la Baratière. Vilré).
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NOTES D'iCONOGRAPniE 233
XXXVI. — Thèse de Scipion Jérôme Béoon, évèque de
Toul. 1703.
Placard grand in-folio dont la partie supérieure représente la sainte
Vierge, Tenfant Jésus, saint Joseph et saint Jean en adoration : le texte
qui remplit tout le bas de la pièce est encadré par deux anges dont le corps
se termine en consolés. Cette ornementation plus large que la gravure du
haut, a été rapportée et recollée par les marges. En dessous, Jérôme Begon
a fait graver ses propres armoiries : D'azur au chevron d'or aceompagné en
chef de deux roses et en pointe d^un liondargent. - La thèse est présidée
par François de la Roque, docteur en théologie de la faculté de Paris,
chanoine de Meaux. Tout en bas sont les noms du répondant : 8cipio
Hieronymus Begon, Brestœns, clericus Leonensis. 1762. » L'acte fut
passé en Sorbonne. — Cette pièce n'est pas signée.
Scipion- Jérôme Bégon, fils de Michel, commissaire général de la marine
à Brest, naquit dans cette ville le 30 septembre 1681 . Il devint évèque et
prince de Toul en 1721 et mourut en 1747, laissant une grande répu-
tation de savoir, de générosité et de vertu.
. (Bib. nationale. Thèses entières, 2« vol )
XXXVIL — Thèse de René Le Sauvage. 1708.
Voilà encore un personnage très inconnu qui s'est donné le luxe d'une
bien belle thèse : Elle est dédiée : € Vesuntinorum Ârchiepiscopo. » Â
Tarchevèque de Besançon qui se trouvait être alors François-Joseph de
Grammont, 1697*1717. — Je ne vois pas quels rapports pouvaient exister
entre le puissant prélat et le jeune clerc Rennais qui lui dédiait cet acte, et
signait Renatus Le Sauvage^ acolythus Rhedonensis II y a bien une
famille Le Sauvage, citée par M. de Gourcy, mais elle semble éteinte à
l'époque dont nous nous occupons. — 11 est vrai qu'il y avait deux jeunes
gens réunis pour rendre cet hommage à Tarchevôque : le 28 juillet 1708,
la thèse devait être soutenue aussi par c Michael Granger de la Borde,
Blesensis. Tous deux étudiaient chez les Jésuites au collège Louis le
Grand. La gravure représente un sujet assez difficile à déterminer. C*est
un évèque en mitre, chape et crosse, bénissant un enfant agenouillé devant
lui sur les marches d*un autel. L*enfant est trop jeune pour représenter
un des deux étudiants, il faut croire à quelque symbolisme local et
bisontin dont nous n*avons pas le secret.
Cette pièce est signée : Jos LcporaE inv. rue Saint-Jacques à l'image
saint Maur. {Bib, nationale. Thèses, entières 2« vol )
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234 NOTES d'iconographie
XXXVIII. — Thèse ^'Olivier Joseph Le Gonïdec.
Cette pièce de 0 m. 95 sur 0 m. 60, représente dans sa partie supérieure
Nôtre-Seigneur chassant les vendeurs du Temple ; la dédicace qui se rap-
porte à cette scène est : « Vindicanti gloriam domus Dei. > Les signatures
ont été à moitié recouvertes par la gravure inférieure ; on lit encore cepen-
dant : GoiLBAULD pinxil : chez I. F... (pas de nom de graveur.)
La partie inférieure est encadrée de deux colonnes torses, entourées de
feuilles de vigne, du modèle dit du Temple de Jérusalem. La draperie
qui porte le texte est suspendue par trois nœuds sur Fun desquels, celui
du milieu, est la dédicace citée plus haut, en bas de cette draperie est
un cartouche destiné à recevoir des armoiries et où on a collé postérieu-
rement celles de la famille Le Gonidec de Traissan.
Tout au bas on lit : Has thèses Deo duce, auspice Deipara et prœsidi
S. M. N. F. Franciscus Brûlé, sacre facultatis Parisiensis doctore theologo
et coUegii prœmonstratensis priore, tueri conabitur OUvarius-Josephus
Le Gonidec, clericus Trecorensis, nec non ejusdem Ëcclesiœ Trecorensis
canonicus. Die lunas vigesimâ tertiâ mensis Octobris, anno Domini 1724
a septimâ ad meridiem. In collegio prasmonstratensi. Pro tentativa.
Cet Olivier Le Gonidec quitta son bénéfice et la théologie, pour épouser
1® Catherine de Lezildry, dame de Trecesson, 2° Madeleine de la Bigo-
tière de Perchambault, dame de la Baratière en 1757, et mourut conseiller
au Parlement de Bretagne.
[Bihl, du châUaude la Baratière],
XXXVIII (bis). — Thèse dédiée à M»' de la Fruglaye.
Cette thèse de dédicace sur satin blanc, bruni par le temps, mesure
1*08 de hauteur sur 0,73 de large. La partie supérieure est remplie toute
entière par le beau et très rare portrait de Mf de la Fruglaye* (Evéque de
Tréguier de 1732 à 1745), gravé par Gabs et peint par Roussel. — Au-
dessous se trouve Técuseon du prélat : d'argent au lion de sabUy armé
et lampassé de gueules, — Au-dessous est la dédicace : Illustrissime ac
Reverendissimo Domino D. Francisco Hyacintho de la Fruglaye de Ker-
vers, episcopoet comité Trecorensi, régi ab omnibus consiliis, etc..
Reliés très habilement aui ornements du portrait se trouvent plus bas
* Depuis trente ans, ie ne Tai va passer en vente publique qu'une
seule fois I
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NOTES d'iconographie 235
les encadrements desc Questions » de la thèse; c'est ane élégante draperie
relevée à droite par la mitre surmontée de la croix pastorale, et à gauche
par le chapeaa i glands surmonté de la crosse. Le tout est entouré de
feailles d*acanthe et d'enroulements d'ane élégance extrême. On prendrait
dans toutes ces gravures de bien beaux motifs d'ornementation. An reste,
le tout est signé comme le portrait, pir un artiste de valeur : Gars, à
Paris, rue Saint-Jacques, au nom de Jésus,
Aubas on lit : Has thèses Deo duce et auspice Deipara, et prcBside,
Petro Derrien, presbytère Trecorensis, baccalaureo Sorbonico et théologie
professore, tueri conabuntur.
LuDovicaB-MAiUA-EifMANUBL«HYPOLiTCs DB BizuN DQ Lbzart, PlcsUnensis
clericus.
Yvo Oanbl, Quimperviensis clâricus.
JoAjfNBs Plobn, Kermerchensis elerieus.
Mathcbus Mallbdaxt, Plancoensis clericus.
GuTDo lb LAGADsCf Kcrmerchensis clericus.
Laurbntuis Briand, Logu\fvxencis clericus.
JoANNBs Daoorn, Plougueilctisis clericus.
Frakciscos Hbrp, Loguyvienvis,
GuiLLEbMos Carn, Plougatiovensis . *"
Yvo Bbuzit, Plouganovensis .
In schûla theologica Tregorensis diebus... septembris anno 17 34. Tre-
goriSt ex iypis Pétri Le Viel, typographiœ nec non bibliopolœ diocoueos et
collegii.
On a déjà vu {n<» 34) pjir la thèse dédiée à Mi' de Kervilio, que le collège,
de Tréguier avait Thabitude de ces joutes brillantes, et que dans cette
petite ville, sous l'inspiration de révè|ue qui en était la vie, on avait le
soin d'en laisser pour la postérité de remarquables monuments.
Cette belle thèse est conservée chez Madanie la comtesse de la Fruglaye, arrière
petite»nièce de tévêque de Tréguier et m'a été communitiuée par Vobligeance
de Madame la marquise de Sécillony sa fille,
XXXIX. — Thèse de J. B^ Houée du Breil.
Cette pièce est magnifique et remirqaible.nent conservée. Chose rare
elle a encore toutes ses marges Elle se compose de deux morceaux. La
paitie supérieure représente la mort de saint Louis. C'est une belle scène
pleine de mouvement et d'éclat ; malheureusement l'épreuve n'est pas
très bien venue ou bien elle a été fatiguée par un lavage mal fait. — Le
nom du graveur a disparu : on voit seulement le reste de l'adresse
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236 NOTES d'iconographie
nie Saint-Jacques à Paris. — I-a thèse est jdédiée : Régi Patri herot
ehristianissimo,
La partie la plus remarquable est c^lle du bas. Ui^ manteau royal fleur-
delisé encadre le texte, et rejoint un riche entourage de palmes où se
jouent des anges portant les insignes royaux. Tout au bas, et entourée de
bannières, de turbans et de trophées turcs est représentée la Sainte Cou-
ronne d'épines, et au-dessous les noms du répondant. Joan.*Baptiste
Houée du Breii, Dolensis, in aulâ col. Rhed. Jetu, die Mercurii, 10, Aug
1735, a secundacum medioad ves peras. Rhedonis, apud Jos. Vatar ejusdem
collegii typographum. — Ces derniers mots imprimés après coup, sont
entre deux aigles de beau style.
CSette estampe, où Jos. Vatar n'a eu qu'à ajouter son nom, est une des
plus remarquables de celles que j'aie vues, par la grâce et la richesse des
ornements de la partie inférieure, Jean-Baptiste Houée qui soutint cette
thèse, fut pourvu en cour de Rome de la cure du Lou du Lac, en prit
possession le 2 mai 1753, et y mourut en 1771. Une aussi belle thèse, ,
eût mérité à notre avis, un bénéfice plus considérable !
(Oontervée chez M, Jugtuly maire de Mont fort ypetit-nêvêu de J.^B. Houée
du Breil.)
f
XL. — Thèst de J^ du Bois. i75S,
Je note ici cette thèse qui n'est qu'un simple placard grossièrement
imprimé sans gravure, et par conséquent ne rentre pas dans mon sujet,
parce qu'elle fut présidée par Charles Richard de la Pivredière, professeur
de droit civil et soutenue devant la faculté de Rennes par Joseph du
Bois « Nannetensis ». — Je la cite donc comme spécimen et pour montrer
la différence des thèses de droit en province et des belles thèses de
théologie de Paris ou des grands collèges provinciaux. — Toutes les
magnificences étaient réservées pour ces deux dernières , et je n*ai guère
vu à Paris que celles-là.
Celle de Joseph du Bois porte en haut, pour tout ornement, un horrible
frontispice gravé sur bois, représentant les armes de Rennes, surmontées
d'une main tenant un livre et autour : Insignia Facultatum juris Rhedo-
nensium.
En dessous : D. 0. M. — et Id texte sur deux colonnes. Si les questions
de droit civil c de emptione et venditione > n'ont rien d'extraordinaire,
en revanche celles de droit canon sont au nombre de dix, et toutes conf-
érées à développer Tétat de la doctrine sur l'autorité et Vusage du Pal'
itiim.De auctoritate et usu pallii. Je doute que les séminaristes actuels
puissent répondre aussi pertinemment sur ce sujet religieux que les étu-
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NOTES d'iconographie 237
(liants du XVIII^ siècle. Cet acte fut passé à Rennes à sia; heures du matin
en 1738 (il est vrai qud c'était le 9 août, époque où il fait chaud, et où les
journées sont longues.) — Pro baccalaureatu Rbedonis in publias ju-
rium schoiis. Et en bas : Typis mandavit GaiLLBLMUs Vatar, régis, su-
premiB curiad consul tissimarumque Facultatum typographus.
(De ma coliectlon).
XLfbisJ, — Thèse de Jean-Baptiste Chanïpion de Cicé.
Nous n*avons vu de cette thè^e que la partie inférieure : le rideau qai
contient les questions théologiques est soutenu par deux anges ou génies
de grande taille, assez lourdement gravés, et peu gracieux. Au bas, eutre
deux troncs d'arbres et massifs de feuillage sur lesquels ils ont Pair d'être
grimpés, on a réservé la place de TécussoiLde la famille de Gicé : D'azur
à trois écussons bandés d!' argent et de gueules, et deux sauvages pour
supports. — La dédicace de la thèse, en tète des propositions, est « Divi-
nitus vocato > : Â celui qui a été divinement appelé. Elle se rapporte au
sujet supérieur qui a malheureusement disparu. Est-ce saint Paul converti
par un coup de foudre, est-ce plutôt saint Jean-Baptiste, patron du
candidat ? Les mots peuvent s'appliquer à une foule de Saints.
Au bas du texte on lit : Has thèses, Deo duce auspice Deiparâ et prœside
S M. N. Illustrissimo et Reverendissimo Ëcclesiœ principe Bemardino
Francisco Foucquet, sacisB facultatis Parisiensis doctore theologo, socio
Sorbonico, Ârchiepiscopo principe Ebredunensii (Embrun), sancti Romani
Imperii Tiicamerario et principe, lueri conabitur Joannes-Baptista
Maria Champion de Gicé, clericus Rhœdoneus, die Martis decimâ septimâ
mensis Novembris, anno Domini 1744, a prima ad sextam. In Sorbona. —
Pro tentativa. Â Paris, chez Hecquet, graveur, rue Saint-Jacques.
Ce placard, dans son entier, devait avoir près d'un mètre sur 0,75. Il
fait un certain effet, mais le dessin est médiocre.
J.-B. Champion de Gicé,né en 1725, sur Saint- Aubin du Rennes, devint
évèque de Troyes en 1758, puis d'Auxerre ; député aux Etats- Généraux en
1780, il mourut en émigiation en 1805. Il existe de lui pans la suite de
Le \achez un portrait gravé qui est extrêmement rare. Cette thèse appar-
tient à M. le vicomte A. Le Mintler de Saint-André.
XLI. -7* Thèse du Collège des Jésuites deQuimper, i752.
Je renvoie à la description détaillée de cette thèse par M. Trévédy,
dans le « Bulletin de la Société archéologique du Finistère. »
On n'avait pas fait tant d'efforts d'imagination à Quimper qu'à Vannes
T. VL — NOTICES. — • VI' ANNÉE, 3* LIV. 16
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238 NOTES d'iconographie
et Rennes (numéros 21 «t 31,) et nous retrouvons ici encore le placard en
deux morceaux recollés.
La partie supérieure, -sans nom de graveur, représente le groupe de la
Sainte Famille. — La partie du bas est uu tableau encadré, nous dit
M.Trévédy, sans plus de détails. 11 est regrettable, aussi qu'il ne nous
ait pas donné les noms des trente répondants qui participèrent i cette
joute brillante.
Ce n'était pas à. proprement parler une thèse soutenue pour obtenir
quelque grade. C'était évidemment un de ces exercices publics établis à
la fin de Tannée scolaire pour contrôler la force des études. — M. Trévédy
ajoute avec raison qu'il serait tout aussi difficile actuellement de réunir
trente répondants parlant latin, que de leur procurer trente auditeurs.
J'ai toujours pensé en lisant le récit des représentations d'Eschyle et de
Sophocle faites en grec au collège de la chapelle Saint-Mesmin, et où
toutes les autorités, préfet, général et magistrats, suivaient le texte sur
la brochure, qu'il n'y avait aucun d'eux qui pût le comprendre, sauf
Mr Dupanloup, les professeurs du collège, et peut-être les acteurs.
In aula Corisopitensi Societatis Jesu, diebus % 4, 7, 9. et il Augusti.
horâ tertia serotina. Anno, 1752,
(Thèse illustrée du collège des Jésuites à Quimper 1752), par M. Trévédy
Bulletin de la Soc. archéoL de Quimper, juin 1886.
XLI fbisj, — Thèse de J. B. du Boisbasset.
Voilà une de ces pièces que j'ai appelées les ordinaires et qu'on pour-
rait appel 1er économiques. C'est ainsi qu'elles se transforment à la fin du
dix-huitième siècle et qu'elles s'éloignent de plus en plus de la majestueuse
ritiiesse de celles du grand siècle.
C'est un modeste placard in-8<* ordinaire, avec une petite gravure de
saint Jean-Baptiste, non signée, une simple image de livre de piété. La
dédicace est c Patrono suo. » — Elle est présidée par Jacques de l'Ecluse
curé de Saint-Nicolas-des-Champs et soutenue par J.-B. Robinault
du Bois-Basset, diacre de Saint-Brieuc, « diaconus san. Briocensis. t En
Sorbonne, le 20 janvier 1753.
Ce jeune diacre était probablement fils d'autre J.-B. Robinault du Bois-
basset, qui bâtit en 1724, la chapelle de ce manoir en la paroisse de Saint-
Onen*. — Les Robinault portaient : de sable à V aigle éployée d'argent
*■ Cette pièce ne mérite guère ane description. Mais enfin puisqu'elle est
conservée à la Bibliothèque Sainte-Qeneviève, nous ne pouvons être plus
difficile qu*elle ^ (Abbé G. de Corson. Fouillé de Rennes).
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NOTES d'iconographie 239
becquée et membrée (for. Une des branches de cette famille, celle des sel-
gnetirs de Saint-Régeant a produit le fameux compagnon de Gadoudal
dans l'affaire de la Machine infernale.
XLII — Thèse du Musée de Rennes.
Nous ne citons cette thèse que pour mémoire^ car elle ne rentre pas
dans notre sujet, n'étant pas bretonne. Mais elle est conservée au musée
de Rennes : elle devient donc un peu des nôtres.
Elle est imprimée sur satin blanc et la partie supérieure représente
Joseph nourrissant l'Egypte. — Goypbl inv. Elle est dédiée à Louis Mo-
reau de Beaumont, maître de requêtes au Ck>nseil d'Etat — Déballes
consoles enguirlandées encadrent le texte. — Au bas, sont les armoiries
de Louis Moreau : d'argent au chevron éTazur accompagné en chef de deux
roses de gueules, en pointe d^une tête de nègre. Le répondajit était Nicolas
Fleuriot Jusseensis. — (Oe Jussey près Vesoul). Elle fut soutenue le
23 août 1753 au collège des Jésuites de Besançon,
Les Moreau de Beaumont et les Fleuriot n'ont rien de commun avec
les familles qui portent ce nom en Bretagne.
(Musée de Rennes.)
XLIII. — Thèse de Lug-Olivibr Seré.
•
Premier état. — La partie supérieure de cette estampe représente la
Visitation de la sainte Vierge. Elle monte les degrés qui conduisent à la
demeure de sainte* Elisabeth. Celle-ci lui tend les bras. Zacharie
parait an dernier plan. De petits anges volent gracieusement au-dessus
de la Vierge. De chaque côté des « Gonclusiones philosopha. ,.
ex iogicâ, ex morali, ex metaphysica, » s'élèvent deux pilastres can-
nelés qui encadrent le texte. Enûn, en bas, on lit les noms de Lucas-
Olivarius Seré, sodalis Viiriacœus, in aulâ collegii Rhedonensis Soc,
Jesu, die mercariis 25 Julii. ann. Domini 1753, hora post meridiem ses-
quisecunda. Pro actu publico — et la mention : Rhedonis apud Jose-
phum Vatar. ejusdem collegii typographum. — Ce nom et celte adresse
imprimés sur le cadre à ce destiné, et envoyé tout préparé de Paris,
comme bien on pense.
Luc-Olivier Seré, fils d'autre Luc Seré du Mesnil et de Françoise de la
Porte, était élève distingué, paraît-il. Ce titre de § Sodalis » d'après
M. Trévedy, veut dire qu'il était membre de la Congrégation établie au
Collège ; de plus en 1755, il était au nombre des danseurs du ballet allé-
gorique, la Patrie, donné sur le théâtre du collège, et dédié aux Etats de
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240 NOTES d'iconographie
Bretagne. — Il remplit aaési le rôle de Tempereur Septitne dans la tra-
gédie de Maxime, martyr, représentée aa même collège le 23 août de la
mémo année ; puis, il devint contrôleur des domaines et épousa en 1776
mademoiselle Hardy, veuve de I. B. Frain de la Qaularie.
Deuxième état, — Un élève qui avait eu tant de succès au collège, ne
pouvait se contenter d*un seul tirage pour sa thèse. Aussi Luc-Olivier Seré,
se donna le luxe que je n'ai rencontré che£ aucun autre, de la faire im-
primer en deux états différents.
Cette seconde estampe est semblable à la première pour le texte et les
ornements, et n*a de différence que dans la gravure supérieure qui
représente Notre-Seigneur chez Marthe et Marie. Celle-ci est aux pieds de
Jésus, Marthe est debout présentant sa requête ; au fond des serviteurs
montent et descendent un escalier monumental. Cette pièce à Tavantage
d'être signée :. à Paris, chez CàRs, rue Saint- Jacques au nom de Jésus.
Je tiens ces détails de Tinépuisable complaisance de M. E. Frain de la
Gaulayrie, heureux possesseur de ces thèses et de deux autres aussi belles
que nous décrirons plus bas.
XLIV. — Thèse de Vabbé de Montigny.
Placard in-f? très simple. — La partie supérieure est ornée seulement
d'une .petite gravure représentant sainte Anne avec : à Paris chez
Crépy, rue Saint- Jacques à Saint-Pierre. Cette gravure est d'un style
plus ancien que l'année 1754 où Tabbé de Montigny faisait imprimer cette
thèse. Grépy, en effet, était né plus de cent ans auparavant, et cette planche
avait dû servir depuis longtemps pour les paroissiens ou missels.
La dédicace à sainte Anne porte : Auroram illnminanti. Puis, viennent
les questions théologiques et en bas : Bas thèses Deo duce, auspice
Deiparâ et prœside 8. M. N. Jacobo Duany augustiniano sacrœ Facultatis
Pariensis doctore theologo, tueri conabitur Fidelis-Franciscus-Suzanna
Le Mercier de Montigny, acolythus Rbedonensis, die veneris vigesima
secunda niensis Februarii, anno Domino 1754, a septimà ad meridiem, in
regiis sancti Augustini schoLis. Pro tentativa.
Les quatre ordres mendiants avaient chacun un collège à Paris pour
les étudiants de toutes nations. Celui des Augustins en était un.
Ce François de Montigny posséda, en 1756, le petit bénéfice de Sainte-
Anne de la Bosserie', célèbre lieu de pèlerinage en la paroisse de
Romagné. Il était du pays, habitait le village de Bonnefontaine, et
* Abbé G. de Corson, tome v, p. 695.
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NOTES d'iconographie 241
c'est pourqaoi, sans aacua doate, il dédia sa thèse à la patronne du pays.
Il devint chanoine et vicaire-général de Gahors dont était alors évèque
un breton d'illustre origine, Bertrand du Guesclin.
(De ma colteetion).
XLV - Thèse de M»' Le Mintier.
Cette thèse soutenue le lendemain de celle de M. de Montigny est
toutà&itdu môme genre, et peut être rangée, comme elle, parmi les
très modestes. Elle ne mériterait pas ces quelques lignes de description,
n'était le nom du répondant.
In-folio ordinaire, en haut une petite gravure, signée aussi : Grbspy
ex. CUTI privilegio Regio : Sancta Maria, Mater Dei ; dédicace : Virgini
Matri; en bas, après le texte et sans aucun ornement : lias thèses Deo
duoe, auspice Deiparâ et pneside S. M. N. Petro Varé, sacrœ facultatis
Parisiensis doctor theologo socio Sorbonico, nec non Régi a concionlbus
ordinario tueri conabitur Âugustinus-Renatus-Ludovicus . Le Mintier,
presbyter Sancti-Macloviensis, die sabbati vigesima tertia mensis fe-
bruarii, anno Domini, 1751, inSorbonâ, — Pro tentativa.
Augustin-René Le Mintier, né en 1729 àSevignac, fut reçu docteur en
1757. Après avoir été vicaire-général de Mgr. de Girac, à Saint-Brieuc et
Rennes, il devint évoque de Tréguier en 1780, et mourut en émigration à
Londres, le 21 avril 1801, laissant le souvenir d'uner haute vertu.
{De ma collection).
XLVI. — Thèse de Pierre de Gennes.
La partie supérieure représente N.-8. au puits de Samarie, entouré
d'une foule de peuple amenée parla Samaritaine. (Pas de nom de graveur.)
— Quatre anges tiennent gracieusement soulevée la draperie sur laquelle
est imprimé le texte : Thesed Pbilosophicae ex logica, ex morali, ex me-
taphysica ; en bas : Harum conclusion um ad veritatem Deo duce et
auspice Deipara propugnabit Petrus-Maria de Gennes de la Vieuville
Vitriocens eodalié, convictor, regiae academiae assessor, in Henricœo
Flexienti collegio societatis Jesu, die mercurii 4 Augusti 1756, hora ses-
qui secunda serotina — Pro actu puhlico. — Flexiœ apud viduam Lu-
dovici flovius urbis et Henricœi collegii societatis Jesu typographi et
bibliopoIaB. (Pas de nom de graveur.)
Ce Pierre de Gennes était d'une famille considérable de Vitré qui a
produit nombre d'hommes distingués. Celui-ci est désigné sous le titre
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242 NOTES d'iconographie
de « sodalis, » c'est-À-dire comme noasTavons vu, membre de la Congré-
gation établie au collège, et de « Reglae academise assessor.» C'est-à-dire
membre de T Académie, composée des plus brillants élèves. Pierre-Ignace
de Gennes de la Vieuvllle, fils de Félix et de Gaillemette Charil, épousa
Anne Hardy, soeur de Marguerite, mariée en premières noces à J -B.
Frain de la Gaulayrie et en secondes à Luc-Olivier Seré du Mesnil, dont
nous avons décrit la thèse au numéro 42.
Remarquons aussi qu'elle est signée de la veuve de Louis Uovius.
(Cette thèse appartient à M. E. Ftain de la Gaulayrie.)
XLVn. — Thèse de Bonaventure Appervé.
Ce personnage dont le nom nous est parf itement inconnu, dit qu'il
est de Rennes, il faut donc Tea croire, et en considération de sa ville
natale, décrire son modeste placard .
In-folio- — E)n haut une très mauvaise gravure de petites dimensions
signée : Maldourê, exe. à Paris, chez Malbouré, rue Saint-Jacques, à
rimprimerie de taille-douce.
Cette gravure représente saint Thomas d*Aquin au moment où N.-S.
lui adresse ces paroles : « Thomas, vous avez bien parié de moi. > La
thèse lui est dédiée : Ooctori seraphico ; puis vient le texte et le nom
du répondant : F. Andrœas-Bonaventura Appervé, minorita Rhedonœus.
Il a dû soutenircette thèse le 22 juillet 1758, de sept heures du msttin à
midi, in scholis Ooctoris subtiiis. — « Pro minore ordinaria. » Elle était
présidée par Nicolas Soucelier, religieux augustin, docteur de la Faculté
de Paris.
Nous n'avons aucun renseignement sur cet Appervé qui était proba-
blement religieux du même ordre, et nous pensons que le collège du
docteur subtil, (Duns Scott) devait être celui des Augustins.
XLVII {bis). — Thèse de Benjamin de Cornulier-Luginière.
Ce placard, en deux morceaux, haut de 0,84 et .arge de 0,54. porte en
tète une gravure représentant la sainte Vierge, debout les yeux baissés,
les bras croisés, la tôle penchôe à droite, foulant aux pieds le dragon, et
soutenue d'un énorme croissant. — L'exécution du s. jet est assez ordi-
naire, et le nom du graveur est absent, caché peut-être par la partie infé-
rieure de la thèie recollée sur la marge de tableau.
La dédicace est : Cast£ Kedemptoris mairi.
Puis viennent sur trois colonnes les « Thxses philosophicœ : ex proie -
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NOTES D ICONOGRAPHIE ^ 243
gomenis^ex logicâ^ cxmetaphysicâ et ex pneumatohgiâ^ entourées d'une
bordure ornementée.
On lit à la suite : Has thèses, Oeo duce, et auspice Deii>ar& prœside
Jeanne- Baptisfca Arnauld, oratorii Domini Jesu philosophi» professore
nec non Artium Doctore ; tneri conabitur Benjaminns Ck>rnulier de
Lucinière, Nannetœus. Die mercurii 26 mensis Julii, ab horâ secundâ
promeridianâ ad vesperam. Anno Domini 1758.
In aula collegii Nannetensis prœsbyterorum Oratorii Domini Jesu.
Pro actu publiée.
£n dehors da cadre ; Nannetis, ex typographia AndresB Querro, jurato
academise et collegii typographi.
Jean-Baptiste Benjamin de Gomuller- Lucinière né en 1740 après avoir
fait ses études à l'Oratoire de Nantes, devint conseiller au Parlement de
Bretagne en 1863, puis président en 1784. — Son petit-fils, M. le comte
£. de Gomulier, possebseur de cette thèse, a fait dans la généalogie de sa
maison, publiée en 1889, un sympathique portrait de ce magistrat émi«
nent aussi remarquable par son intelligence que par ses hautes vertus.
Cette thèse passée à l'Oratoire de Nantes, nous fait désirer vivement
que Ton puisse retrouver celle qu'à dû soutenir Fouché quelques années
après. — Ce placard, qui, vu l'époqud où il a été mis au jour (vers 1780)
devait être trèâ vulgaire, tirerait un grand intérêt du nom du répondant
et de sa destinée !
XLVIII. — Th^se de F abbé de La Frbslonnière
Voici un nom plus connu que le précédent, très connu même en Bre-
tagne ; mais la thèse n*en est pas plus belle, et c'est aussi un simple
placard in-^P, au haut duquel se trouve une petite et mauvaise gravure de
paroissien signée : à Paris chez Malbouré, rue Saint- Jacques. Elle
représente N.^S. et la Samaritiûne, avec cette dédicace se rapportant au
sujet de l'image : Aquam vit» gratis danti. — Puis vient le texte sans
aucun ornement, et en bas les noms du répondant qui sont la seule chose
intéressante de la pièce : Louis^François de Freslon de la Freslonnière,
presbyter Nannetensis,^et la date 9 novembre 1759. — La thèse présente
cette particularité qu'on ne dit même plus le nom du président. Mais le
malheureux candidat doit être sur la sellette a sexta matutinâ ad sex-
tam vespertinam. On voit bien que nous sommes enSorbonne et pour
la Sorbonnique.
Louis-François de Freslon, né en 1730. fat ordonné prêtre en 1755
dans la maison de Sorbonne dont il était docteur, et devint grand-vicaire
et prévôt de réglise de Reims, sous l'épiscopat d'Armand de Rohan-
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244 NOTES d'iconographie
Guémené. Député de cette Aglise à rassemblé^ générale du clergé, il fut à
la fin de la réunion le 4 juillet 1762, pourvu des abbayes de Sainte-Croix
de Guinguamp et de Saint-Nicolas-de- Verdun. — Il avait même été dési-
gné pour révêché de la Rochelle. — Mais ayant|fait aux Ëtats de Bretagne
quelque opposition qui déplut à la Cour, sa nomination n'eut pas de suite.
Il mourut en 1812.
(Cette thèse et la précédente font partie de ma collectiùn),
XLIX. — Thèses de quatre prêtres Bretons.
Quatre pièces sur lesquelles je n'ai pas d*autres détails que cette note
prise dans un catalogue de la librairie Voisin, du mois d'avril 18d8 —
« Ces thèses furent soutenues en Sorbonne par Jean Floch, du diocèse de
Léon, Guillaume Goroller et Goerges Girault de Keroudou, de celui de
Quimper : elles sont ornées en tête de sujets religieux gravés. — Ce
doivent être des placards tout simples comme celui de l'abbé de la Fres-
lonnière et autres décrits ci-dessus.
L. — Thèse de Mathurin- René Séré.
Malgré les progrès du dix-huitième qui abandonnait les traditions du
passé, nous revenons pour un instant aux belles thèses et aux magni-
fiques gravures C'est encore ces bonnes et vieilles familles de Vitré
immuables dans les anciennes coutumes, qui vont nous en fournir des
spécimens. Et c'est encore M E. Frain de la Gaulayrie qui est l'heureux
possesseur de celle-ci. Elle représente dans sa partie supérieure l'adora-
tion des Mages, d'après Rubens. et est signée : à Paris, chez Cars, graveur
du roi, rue Saint-Jacques. — C'est une superbe pièce r le nom du peintre
et celui du graveur suffisent au rnste pour montrer ce qu'elle doit être et
le choix intelligent qu'a pu faire Mathurin Séré. Il n'avait pas voulu
déchoir des habitudes de sa famille. — Car il était fils de Luc-Olivier Séré
du Mesnil et de Françoise de La Porte, et frère d'un autre Luc Séré dont
nous avons décrit plus haut (numéro 43) les remarquables thèses.
Au-dessous de l'Adoration des Mages, le texte des « conclusiones ex
universà philosophià, » est encadré à droite par la Foi, portée sur un
nuage et tenant un calice au dessus duquel rayonne l'hostie ; à ses
pieds, le dragon renversé, vomit des fiammes; à gauche, la Philosophie ap-
puyant sa tête sur sa main droite, a les yeux fixés sur l'hostie où elle
doit prendre ses inspirations et ses lumières ; l'idée de cette très belle
ornementation est aussi remarquable que l'exécution; en bas, on lit : Has
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NOTES d'iconographie 245
thèses, Deodace et auaptce Deiparâ, propugnabit Mathurinos Renatus Séré
daMesnil, Vitriacœus sodalis convictor in regio Henricœo Flexiensi
collegio Societatis Jesu, die veneris 1 7 jalîi, anno Domini 1761, hora sesqui
oetava matatiaa — Pro acia pabbco. Fiexiœ apad Lodoricam de La
Fosse, solam régis, urbis et Henricœi collegii Societatis Jesn, typ. et
bibliop.
On voit que depuis 1756 date de la tnèse de Pierre de Gennes (n^ 46),
la veave de Louis Hovins n'était pins imprimeur libraire du collège et
de la Tille de La Flèche, puisque Louis de la Fosse revendique ces titres
pour lui seul. (Solum régis urbis, etc..) — Que voulait dire le titre de
c Sodalis convictor > porté par le répondant ? Nous pensons que ce de-
vait être quelque charge d*honnear dans la congrégation, convictor veut
dire commensal. Je pense que c sodalis convictor > devait être le premier
degré dans Tafisociation, comme qui dirait approbaniste.
Mathurin Séré avait été admis au collège de La Flèche comme petit ne-
veu de Sébastien de La Porte, conseiller du roi, doyen du collège des
médecind de Rennes, lequel, par testament, avait donné aux Jésuites ses
presiers maîtres, sa seigneurie de Bonnes «à charge de nourrir et d'ins-
truire deux pensionnaires de .sa famille. (E. Frain de Gaulayrie. Mém.
généal. général, p. 200. etc.) Mathurin Séré s'embarqua comme enseigne
et mourut à la côte d'Angola.
(Cabinet de M. E, Frain de la Ckiulayrie,)
LL — Thèse rf^ M»' de La Laurengie.
Nous ne citons cette pièce que pour mémoire et parce que le répondao t
devint évêque de Nantes en 1784. Mais elle n'appartient pas à la Bretagne,
La gravure représente Moïse sauvé des eaux. Elle fut passée en 1762
par Gh. Eutrops de la Laurencie de Villeneuve, acolythus Saut onensis, —
(^Btbl. nationale, vol. des thèses.)
LIL — Thèse de Robert lb Gonideg.
Voici lechantdu cygne et, pour terminer cette longaeénumérati on, Tune
des thèses les mieux conservées que nous ayons pu voir. Elle a encore ses
marges à toute grandeur et absolument intactes, elle se compose de deux
morceaux recollées, et le tout forme un énorme placard double in-folio, de
1-20 suri".
La gravure supérieure représente, comme la précédente. Moïse sauvé
des çaux. G'estune fort belle gravure sans nom d'auteur ni de libraire. Gcs
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246 NOTES d'iconographie
indications sont peut-ôti'e cachées par le bord supérieur de la gravure du
bas.
La planche inférieure un peu plus large, est d*une exécution moins
soignée. Elle représente une draperie tombant d'un cartouche sur lequel
se trouve la dédicace se rapportant comme toujours au tableau supérieur :
f ex aquis salutis > Le texte est encadré de deux pilastres très ornés.
C'est une thèse de philosophie dont les « positioties t sonTlmprimées sur
trois colonnes, en bas est rindication : Has thèses, Deo duce et auspice
Deiparâtueri conabitur Robertus-Joannes Le Gonidec, ciericus Treco*
rencis, die lunœ vigesima quarta mensis Julii, anno Domini 1780, ab horâ
sesquisecunda ad vesperam Ëxorcitatîonem aperiet selectissimus condis-
cipulus Jacobus-Maria Ferrand de la Banquière, subdiaconus Monspessu-
lanus, in prœclara artium Facultate magister Ârbitei*erit Thomas Maria
Royou, e Régla societate licentiatus, theologus et philosophi» professer.
In aulâ collegii Ludovici magni. Piro actn publico.
C'était, comme l'on voit, un exercice littéraire et scientifique, soutenu
par un des brillants élèves du collège. — Ce Robt^rt Le Gohidèc mourut
prêtre, après avoir refusé l'évôché de Tréguier. Sa thèse présente cette autre
particularité bretonne, c'est qu'elle fat présidée par Thomas Royou, frère
du fameux publiciste Gotentiu Royou, gendre de Fréron, et professeur de
philosophie au collège Louis le Grand où il dut compter parmi ses élèves,
Robespierre et Camille Desmoulins, en même temps que Robert lie
Gonidec.
Au dos de cette thèse est écrit : Â Madame la comtesse de Traissan,
à Vitré; dont les descendants la possèdent encore.
(Château de la Baratière. Près Vitré.)
LIIL — Thèse de M«' de Poulpiquet:
Je prends la description de cette dernière pièce dans la brochure déjà
citée de M. Trévédy : c'est une pancarte de 1 m. de haut sur 67 cent, de
largeur, plus les marges Elle est divisée en deux parties égales, en haut:
est une gravure reproduisant le tableau du Poussin, les apôtres Pierre
et Jean guérissant le paralytique à la porte du temple. Elle est sismée :
Raymond, sculp. — Malbour* excudit, rue Saint-Jacques, au-dessus de la
fontaine Saint-Benott.
Au-dessus, est un tableau encadré de môme dimension, au milieu
duquel est figuré un voile. Au bord supérieur dans un élégant cartouche,
on lit les mots « Petro sananti, » dédicace à l'apôtre représenté dans la
gravure au-dessus. Sur le voile, sont imprimées les propositions de la
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NOTES d'iconographie 247
thèse de théologie qui a pour sujet les sept sacrements. Au bas est écrit ;
Ua^ thèses. Deo duce, et auspice Oeipara. taerl conabitor Joanaes Oomi-
nicus Poulpiqaet de BrescanyeU presbyter Leonensis. decembris 178%.
C'est le futur évoque de Quimper de 1823 à 1840.
Telles sont les piècjs brolonnes que nous avons pu d«i-
couvrirV II est clair qu'il en existe baaucoup d'autres dans les
archives et bibliothèques particulières. Nous serions très
heureux, si ce petit travail pouvait donner à d'autres la
pensée d'augmenter le catalogue, et s'il faisait apprécier da-
vantage ces souvenirs du passé. — Après une trop longue
éclipse, on verra qu'ils sont, comme le disait Toinette, très
propres à parer une chambre, voire même une galerie, et on
les y conservera avec soin.
Lb Comte de Palys.
* On nous a signalé une importante collection de neuf thèses bretonnes ;
toutes, sauf une seule, soutenues à Vannes et signées des imprimeurs, de
cette ville. Elles sont conservées parmi les remarquables trésors de tout
genre de M. Tresvaux du Fraval, à Laval. -^ A notre regret, et malgré de
bienveillantes instances, nous n'avons pu aller les examiner, et nous ne
pouvons malheureusement en ajouter la 'description ^ celles que nous
venons d'énumércr.
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NOTES HISTORIQUES
SUR
PRIGNY ET LES MÔUTIERS^
CHAPITRE VIII.
Saint Jean Baptiste de Prigny.
Nous venons de raconter ce qui se passa au sujet de
Saint-Pierre-des-MoûtiQrs, qui était une église déjà
vieille quand Judicaôl et Adénor firent leur première
fondation vers 1050. — A quelJe époque remontait l'église de
la ville même de Prigny ? C'est ce que rien, à notre connais-
sance, ne peut faire conjecturer. Nous la supposons postérieure
à Saint-Pierre, parce qu'elle était dans Tencein te mêmede cette
ville. Comme il nous semble certain que les premières églises
furent établies dans les faubourgs^ Saint-Jean dut venir
après Saint-Pierre. Que ce sanctuaire ait précédé les Normands
ou qu'il n'ait été bâti que depuis leurs ravages, son but
évident fut de servir de chapelle au gouverneur du château.
Il est peu douteux qu'il y ait eu un château, avant l'invasion
« Voir la livraison de janvier 1890.
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PRIGNY £T LES M0ÛT1£R8 249
normande, mais ce château possédait-il une église ? Nous
l'ignorons; ce qui est certain, c'est que, lors de sa restauration,
les châtelains ne négligèrent pas de se donner, et un lieu de
prière, et un prêtre pour y exercer le saint ministère. On
voit aussi par les quelques documents qui nous restent, que
ce lieu de prière avait les privilèges attachés aux églises
paroissiales.
La juridiction de cette église ne s'étendait pas loin, et ce
détail est pour nous la preuve que les murs de Prigny furent
postérieurement construits sur une petite section d'une
paroisse préexistante. Si cette paroisse reçut le nom du
nouveau castel, c'est que ce manoir concentra, dès son
origine, toute l'importance de ce petit territoire, importance
qui s'est depuis déplacée au profit du faubourg des Moutiers,
supplanté à son tour par Boùrgneuf, lequel doit de nos jours,
comme les Moutiers, admettre la vogue d'une simple fillette
qui, sous le nom de la Bernerie, laisse loin derrière elle ses
deux devancières. Nous venons de nommer Boùrgneuf ; il a
dans son temps infligé de vrais affronts à ce pauvre Prigny
dont Tenceinte avait vu ses moellons employés à ses roturières
constructions. Bien plus, il se peut que le village des Sables,
qui a bien son cachet d'ancienneté, ne soit grossi que des
ruines de son suzerain et nous ne voudrions pas certifier que
les Moutiers eux-mêmes n'en profitèrent pas.
Au onzième siècle, il n'en était pas encore ainsi. Tout au
contraire, une noble famille était installée dans le donjon qui
dominait l'antique Millac, famille puissante par la bienveil-
lance des comtes de Nantes, et par ses illustres alliances. Le
chef de cette famille se nommait Barbotin h l'époque où
nous allons nous placer. C'est assez dire que cette époque est
postérieure aux premières démarches faites en faveur de
Notre-Dame, mais antérieure au voyage de l'évêque Quiriac.
Il y avait alors à Saint-Jean-Baptiste un curé nommé Hélye;
probablement, il avait vieilli au service de la paroisse, qui se
composait des châtelains,de leurs chevaliers,écuyers et autres
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250 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
servants, ou varlets, et des corps d'état indispensables dans
une agglomération quelconque et, en plus de ceux que récla-
mait une place fermée, exposée à se voir investie. Nous ver-
rons'tous ces artisans signalés dans un document de cette
date reculée.
On était alors peu flatté d'être spirituellement desservi par
un prêtre séculier. De tous côtés, les églises étaient conférées
aux réguliers ; les évêques le voyaient avec peine, mais sans
pouvoir s'opposer au torrent. Les restes de science ecclésias-
tique et de zèle sacerdotal s'étaient réfugiés dans les couvents.
Le seigneur de Prigny, sans doute, manifesta son désir de
voir le service divin exercé par des religieux près de son
manoir,et le curé de Saint-Jean se prêta aux vœux du Seigneur,
comme le curé de Saint-Pierre le fit de son côté. Mais, nous
lavons déjà remarqué au sujet de Saint-Pierre, le Seigneur
de cette dernière église n'était point le sire de Prigny. Les
barons de Retz préféraient les moines de Redon auxquels ils
avaient déjà donné Notre-Dame-de-la-Chaume, tandis que les
seigneurs de Prigny s'étaient tournés du côté de l'abbaye do
Saint-Jouin-de-Marne. Il est bien probable qu'en cela, ces
nobles personnages étaient déterminés par quelques anté-
cédents et que Saint-Jouin, à quelque titre que soit^ pouvait
mettre en avant des droits que la tradition avait conser-
vés, mais dont nous ne retrouvons pas tracé.
Nous devons le titre sur lequel nous nous appuierons pour
établir la donation de Saint-Jean- Baptiste à Saint-Jouin, au
prêtre Gilles Audebert, « bachelier et discret recteur de
l'église paroissiale de Lusesgne^ es Thouars, chanoine pré-
bende en l'église collégiale de Saint-Pierre-de-Thouars » Cet
ecclésiastique déclare avoir transcrit en français « Certains
vieux titres des églises de Prugné. »
Nous en extrayons ce qui suit :
« Hélye, prêtre de l'église de Prugny . a as.socié avec
* Nous Be savons quel lieu désigne ce moi.
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS 251
/
luy les moines de Saint-Jouin-de-Marnes en les dîxmes et
aultres revenus de la dite paroisse de Prugny, mais à cette
condition que, si la nécessité le requérait, fust admis audit
monastère, nourry avecq eux et il pust être dudict Saint-
Jouin.
En reconnaissance donc de ce bienfait ledict Helye a donné
et délaissé aux Moynes les deux parts de la chapelle de
Prugny dédiée et nommée du confesseur saint Jean-Baptiste,
avec deux parts semblablement de dixme du pain et du vin
qui se recueille au dict lieu, au manoir de Prugny. Et quant à
Tautre tierce partye de la dicte chapelle et dixme dudict lieu,
la réserve pour luy môme ; mais a voulu que tous les moynes
puissent prendre audict lieu toutes les dixmes des veaux,
agneaux, pourceaux, layne, lin et aultres choses semblables
et aussi les deux parts de la dixme du sel aux salines de Bar-
botin, dépendantes dudict lieu et château propres dudict Sei-
gneur, toutes choses qu'il en tenait oultre le sein de la dicte
église. Et davantage a voulu que les parts et possessions
qu'avaient en propriété les dicts moynes, du pourraient advoir
après eux aux environs de Prugny, en tant que luy tous-
chant, demeureraient exemptes de toutes dixmes. L'accord de
cette fraternité fust arresté audict lieu et château avec Bar-
botin, ses frères Garsire, Babuin, Mandeguerre en la maison
duquel le tout fust passé. Tous les aultres frères témoings,
desquels les noms sont après : Gobin, Guerry de Saint-
Etienne, Girard de Saint-Philbert, Prezeau d'Oultre-Loyre,
Tudual de Pornic. »
On voit qu'Hélye avait soin de ne disposer que des biens
qu'il tenait du seigneur de Prigny. Il ne lui appartenait pas,
en effet, d'aliéner le propre de l'église. C'est donc un temporel
de prieuré qui se constitue ici, comme nous l'avons vu pour
Saint-Piebre, mais bien distinct de celui de*la cure.
Gueffier n'est pas nommé dans cette pièce où l'on donne
cependant le nom de deux frères de Barbotin que nous ne.
lui connaissions pas : Garsire et Babuin, mais ce dernier doit
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252 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
être le môme que Babin. Peut-être, Garsire est-il le même que
Gueffier dont le chanoine Audebert aurait mal lu le nom.
Mandeguerre est également nommé dans la Charte de
Gueffier à Tabbesae Richilde. C'est dans sa maison que fut
rédigé l'acte en question. Son nom semble indiquer un
héraut d'armes. Il peut se faire qu'en temps de paix ce genre
d'offlcier servît parfois de greffier, greffier fortement épe-
ronné, ne sentant pas le pédagogue. Le document que nous
donne Audebert est une notice qui comprend tout le temps de
l'établissement du prieuré de Saint-Jouin à Prigny. Les
moines firent bâtir en ce lieu où s'y accommodèrent une
maison qu'habitèrent les religieux envoyés pour former cette
nouvelle obédience, sous l'autorité de Rivalon leur premier
prieur.
« Et, continue la notice^ advint quelque temps après, que
le dict Hélye tomba en maladie et, touchant le bénéfice qu il
s'était réservé, donna et délaissa en propriété aux moyncs
Tautre tierce partye qu'il s'était réservée en ladite chapelle et
dixmes, ainsi qu'il avait donné au temps précédent les deux
àultres partyes. Et depuis toutes ces choses furent recencées,
estant alors Symon* abbé de Saint-Jouin, au iyeu et chasteau
de Prigny en la maison desdicts moynes et présence du
prestre Hélye et de Rivalon, moyne qui estait pour lors prieur
du Iyeu. Symon, parent du prestre Hélye, accorda. les mômes
choses que Hélye avait faicles,à la vue de plusieurs témoings
qui là estoient présents au dict Iyeu, la'ics et moynes. Parmi
ces témoins au moins une trentaine de noms, on remarque
Testard et Debec, prestres.
Et afBn que ceste accord fust valable par l'autorité de
l'Evesque, ledict Rivallon, moyne, en pria Quiriac, evesquede
Nantes qui donna pouvoir et permission de continuer l'église
que ledictRivallon avait commencé de faire édifier en l'honneur
* On trouTe un Simon, abbé de Saint-Jouin, qui succéda en 1037 à Tabbé
Géraud et gouverna jusqu^en 1086, où il eut pour successeur Alaric (Gai-
Christ., t. II. col. 1275.
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PMONY ET LES M0ÛTÏER8 253
de saint Nicolas, et bénit le cymetière et les alentours de la
dicle église oyant et voyant plusieurs témoings : Rivallon,
moyne ; Manard ; Guillaume, archidiacre ; Barbotin, Garsire
son frère, Alduin, Symon, Baudry, Alain et plusieurs
aullres'.»
Ainsi la chapelle ou plutôt Téglise Saint-Jean-Baptiste,
vieux sanctuaire avec titre paroissial, donné aux moines de
Saint-Jouin et situé dans Tenceinte môme de la ville avait de
suite paru insuffisante à ces religieux qui en construisirent
une autre dédiée à saint Nicolas, en dehors des murs.
Les anciens lexles donnent ordinairement le nom de cas-
trum ou ^'oppidum aux agglomérations entourées de mu-
railles. Aujourd'hui, nous distinguons le chlltean de la ville;
il n'en fut pas toujours de môme et Prignyest désigné tantôt
comme un château {castrum), tantôt comme une ville (oppi-
dum). Ce que nous nommons château était alors le Donjon^
et possédait- une enceinte spéciale plus resserrée. Saint-
Jean était dans Tenceinte la plus vaste, Saint-Nicolas se
trouvait en pleine campagne et les religieux pouvaient
s'y adjoindre tout un domaine. Il est probible que c'était
mômî le vrai but de ces moines de Saint-Jouin, en se
construisant une nouvelle chapelle, car si petite que fut celle
de Saint-Jean, elle de vailsufflre amplement pour la population
de Prigny, si Ton en juge par le pourtour de ses anciens rem-
parts et par ce fait que Prigny n'avait, pour ainsi dire, pas
de caîapagne. En outre, les moines n'étaient pas complètement
les maîtres à Saint-Jean-Bapliste. Nous l'avons vu, Hélie
n'avait donné que ce qu'il tenait de Barbotin qui y consentait,
ou môme, peut-être, le lui demandait; il n'avait pas donné,
et n'en avait pas le droit, le temporel de la cure, qui restait
bénéfice distinct.
Quiriac, qui avait heureusement limité les droits de Redon
et du Ronceray semble avoir agi dans le môme ^ns à l'égard
Voir aux archives de Nantes, Prigny.
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, 3* LIV 17
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254 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
de Saint-Jouin et réussi à sauvegarder la distinction entre la
cure et le prieuré.
Les moines eurent-ils dès lors une arrière-pensée? Toujours
est-il que, nous venons de le voir, ils étaient àpeine installés,
à Prigny, qu'ils se bâtissaient une église privée. Quiriac ne
semble pas avoir mis d'obstacle à ce que ce fût un moine de
Saînt-Jouin qui fût recteur de Prigny, mais il retint la colla-
tion de la cure. Quant à la présentation, elle appartenait
sûrement au seigneur de Prigny qui s'en était dessaisi en
faveur de Saint-Jouin. On comprend que l'abbé de Saint-
Jouin dut faire porter son choix sur un de ses moines, tandis
que son abbaye eut assez de sujets pour remplir tous les
postes à sa disposition.
Pour mieux différencier leur prieuré de la cure, on donna
au premier un autre patron, ce qui n*avait pas lieu quand le
prieuré était desservi dans l'église paroissiale. Le nouveau
sanctuaire ne pouvait manquer, vu les goûts du temps, qui
sont encore uii peu en vogue, de faire le vide dans l'église de
la paroisse. Comme complication en faveur des moines, le
curé de Saint-Jean leur était entièrement dévoué. Peut-être
sentait-il qu'il était un peu trop le chapelain du Seigneur ? Et
c'était souvent le cas des curés de cette époque. Quiriac, au-
quel cette servitude ne plaisait point, alla jusqu'à permettre
que le service de la paroisse se fît à Saint-Nicolas, de sorte
que Saint-Jean, tout en restant de droit l'église-mère, et en
continuant à conserver son titulaire comme le patron de la
paroisse, ne voyait plus guère son recteur célébrer l'office.
Quelque temps, sans doiite, on continua de dire la messe à
Saint-Jean pour les châtelains, mais, en somme, cette église
n'était plus que la chapelle du château, tout en gardant ses
droits. Nous verrons que cet éfat de choses ne fut pas très
durable et que Saint-Jean récupéra ses droits ; seulement tant
que Prigny demeura place de guerre, l'évoque ne vit pas de
mal à ce que le culte fut célébré à Saint-Nicolas: On laissa»
du reste, le bon vieux rei^teur aller à Saint-Jean-Baptiste bu à
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PRIGNY BT LKS MOÛTIERS 255
Saint-Nicolas, comme il rentendait; c'était une transaction.
Lorsque Hélie fut mort, Quiriac alla plus loin, il permit aux
moines de Saint-Nicolas de bénir un nouveau cimetière, en
dehors des murs. L'ancien entourait Téglise Saint-Jean
comme on le voit encore aujourd'hui.
Barbotin avait eu quelque zèle pour son église Saint-Jean,
mais son frère et successeur GuefBer, tout entier à la fonda-
tion faite par sa mère au faubourg de Prigny, dit Les Moû-
tiers, semble s'être bien peu préoccupé de l'église du château.
Les moines en profitèrent, forts de Tapprôbation épiscopale :
tant qu*à Prigny personne ne réclama ; tout le service
divin se fit à Saint-Nicolas ; aussi, voit-on plusieurs titres où
il n'est question que de Saint-Nicolas de Prigny, sans aucune
mention de Saint-Jean. Ce transfert se fit tout naturellement,
révoque conférant la cure au prieur, les choses pouvaient
du reste marcher ainsi tant qu'il y aurait des moines à Saint-
Nicolas, mais s'ils avaient voulu se donner un vicaire perpé-
tuel, il était peu douteux que l'évoque aurait objecté qu'il lui
appartenait de nommer le recteur de Saint-Jean qui conservait
son privilège d'église paroissiale.
CHAPITRE IX.
Premiers temps du prieuré de Notre-Dame.
Adénor, fille de Judicaël, le fondateur du prieuré de Notre-
Dame, gouvernait ce petit monastère avec bienveillance. Elle
étaiteafamille,sesvassaux étaient ses compatriotes, et,on peut
croire que parmi ses religieuses, elle avait plusieurs parentes.
Il y en avait au moins une, sa nièce la fille de Giraud de St-
Philbert, que l'on trouve nommée Adénor, comme sa tante et
son aïeule. Adénor de Saint-Philbert alla faire son noviciat à
Angers, mais il est peu doutouxqu'elle revint aux Moûtiersoù
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256 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
elle succéda peut-ôtre à sa tante. Ces bonnes prieures n'étaient
pas dures pour leurs fermiers, et les sœurs de Tabbaye du
Ronceray trouvèrent, à la fln, que grâce à cette faiblesse, il
s'établissait des abus. C'est ce qui provoqua des réclamations
de leur part, comme on le voit constaté par la suite d'une
notice dont nous avons donné le commencement au chapitre
cinquième. Ce titre, après avoir rapporté la donation de Jean-
Grosse -tôte, ajoute : « Mais bien que le nombre des habitants
du bourg et le bourg lui-môme, autour de la susdite église
s*accrussent, quelques-uns des meilleurs manants (mansio-
nariit) avec la connivence des religieuses de Tobédience, ne
payaient point leurs redevances au temps convenu. Nous
avonsdonc voulu faire savoir à tous, que, dans le bourg, il
n'y a pals une maison qui ne soit usagère de ladite église, si les
dames du lieu veulent l'exiger, si ce n'est la maison du chape-
lain (recteur) de Saint-Pierre, Even et les prêtres ses succes-
seurs, tantqu'ils habiteront cette môme maison ; mais s'ils ve-
naient à placer dans cette maison un autre locataire, ce dernier
serait usager entièrement comme les autres, parce que c'est
ainsi que Judicaël^ Nihel et les autres, propriétaires de cette
terre l'ont donnée, à perpétuité, à Notre-Dame et tout ce qui est
consigné dans cette charte, avec les dites coutumes, comme
eu^-mômes la possédaient, sans réclamations, et, comme
nous l'avons touché brièvement, ils ont bâti, dans le lieu sus-
dit, une église en l'honneur de la Vierge Marie, mère de Dieu
et l'ont donnée à perpétuité au monastère d'Angers, consa-
cré à la Bienheureuse Marie, mère de Notre-Seigneur, pour
le sakt de leurs parents, et ont mérité d'ôtre placés dans le
sein d'Abraham, Isaac et Jacob. Per eum qui venturus est
Amen. »
Ce titre et ceux que nous avons donnés au chapitre V pour
début de cette notice, se trouvent au Cartulaire du Ronceray,
rôle III, charte 20, et rôle IV, charte 83. — Edition Marchegay,
charte 430*.
Nous le répétons, tout le fond de ce récit est vrai, mais le
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS 257
narrateur ne s*est pas contenté d*inscrire les actes tels qu*ils
étaient, il a intercalé des explications fâcheuses et changé les
noms selon qu'il croyait devoir lire une écriture avec laquelle
il n'était pas familier. Ainsi, comme nous l'ayons signalé,
quand il parle plus haut de Juhel, flls de Juhel, il faut lire
Nihel. Ce dernier est celui que nous venons de revoir à
rinstant.
Les religieuses du Ronceray' connaissaient leur époque;
elles avaient eu soin de mettre leurs titres en règle. Nous
venons de voir que les donations de Nihel avaient été plu-
sieurs fois répétées. Le 3* rôle (charte 21«) y revient d'une
façon solennelle (V. Marchegay, 431). — « In nomine Domini...
Moi, Nihel. j'ai fixé dans ma mémoire ces paroles: Donnez et
il vous sera donné ; c'est pourquoi, en vue du salut de mon
âme et de celle de mes parents, j'ai concédé et donné à
l'église Notre-Dame de Prugny, soumise à l'église Notre-Dame
d'Angers, tout ce que Ij'avais dans le terrage* du Masier' de
Prigny près de la mer. J'ai donné aussi à la susdite église
la dtme des vignes de la terre que j'avais en ce lieu ainsi que
celle des fruits des moissons en un mot, de toutes choses,
au vu et au su des prêtres Hervé' et Even, Geoffroy Bocell ;
Odelin de Bonnié ; Pépin^ flls de Glamier ; Gamier, fils de
Dorin et Even, son frère ; Tréhoret ; Rainauld*, fournier et
Chrétien, son frère ; les religieuses Adonorie, Mabilie et
Ameline de Baugé. »
* Le terrage était un droit plus ou moins considérable prélevé sur les fruits
et grains d*un terrain déterminé. Ce droit est quelquefois nommé c?uimpart
(Campi pars) ; celui qui levait cet impôt se nommait terragier (terragiator).
s « In terragio Maserii Prugniaci ». On nommait maseria (masière^ une
maison avec quelques terres : nous dirions une borderie ou une closerie ; nous
pensons que le masier est ici pris dans ce sens et signifierait une sorte do
métairie de Prigny.
* Hervé était aumônier des sœurs du prieuré.
* Nous ne pensons pas qu*il iaiUe confondre le fournier (furnerius) avec
le boulanger (pUtor). Ce dernier faisait cuire le pain, tandis que le premier
n'était qu*an préposé au four banal où cliacun venait faire cuire son pain
et payait un droit à cet officier.
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258 PRIGNY ET LES M0ÛTIER8
Ces trois religieuses étaient sans doute le personnel du
prieuré de Notre-Dame des Moûtiers, au moins en tant que
dames de chœur, Adonorie n'est autre qu'Adénor ; Mabilie est
peut-être la religieuse de ce nom qui succéda en 1119 à
Tabbesse Tiburge et fut peu de temps à la tète de sa commu-
nauté. Dos lors, cette obédience du bourg des Moûtiers avait
\me grande valeur aux yeux des religieuses de la Charité
d'Angers et jouissait aussi d'une grande faveur dans le pays.
Une noble jeune fille de la famille de «Retz fit profession
dans l'abbaye angevine. Sous Tabbesse Tiburge, elle avait la
charge (ÏAumônière, Anne de Retz était en même temps
prieure de Seiches, line des plus belles dépendances du
Ronceray. Les nombreuses chartes où nous la voyons figurer
témoignent de son zèle pour la prospérité de la maison.
Le prieuré des Moûtiers n'était pas sans avoir ses diffi-
cultés ; nous les trouvons mentionnées dans la charte 432* du
cartulaire de M. Marchegay. Malgré tout .ce que avons déjà
faitconnaItre,ce document estencore utile.Lorsqu'on Taoralu,
il semble, qu3 la physionomie des débuts du prieuré de N.-D.
des Moûtiers sera suffisamment connue. Il nous révèle toute
une chicane suscitée par Niel, fils de Niel, aux religieuses
que ses parents avaient protégées, et pour des biens dont il
avait approuvé la donation. Voici cette pièce.
« Lorsque Adénor, fille de Judicaôl l'ancien, de Prugny, con-
sacrée religieuse, eût tenu pendant un grand nombre d'an-
nées le monastère de Notre-Dame de Prugny, comme son
père et sa mère, d'accord avec son frère, Niel l'avait con-
cédé en toute tranquillité', pendant leur vie et après, certains
de ses frères se prirent à chicaner (subclamare) et à réclamer
les biens de ce monastère comme faisant partie de leur héri-
* « Gum Âdenor ! fiUa JudiqueUi vetuli de Prugniaco,Deo yidelicet dicaU
3anctimoniali8, monasterium Sanctse Mariœ Prugniacensis per multos annos
ut pater ejus et mater sua eum flratre suo, illad ei coDcesseraot. » Ce
texte nous montre que le premier Nihel était frère de la première Adénor et
non de son mari Judicaf^l.
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PRIONY fn LB8 MOÛTIBRS 259
tage patrimonial. Ils s'efforçaient de réduire en propriété
séculière ce que leur père et leur mère avaient donné en toute
charité* à Téglise pour le salut de leurs âmes.
A leur malveillante suggestion, Niel, leur neveu, fils du
susdit Niel, envahit une partie des biens, due à la donation de
son père et adjacente au monastère. Ce jeune homme finit
par s'entendre avec sa tante Adénor*. Il fut prouvé que
cette part qui était venue de Niel, père de ce Niel, resterait,
après la mort d'Adénor à Notre-Dame d'Angers et aux sœurs
résidante Prugny.
Quant à certaine autre portion qui, bien que donnée par Ju-
dicaël et son épouse, avait été quelque temps distraite, elle
resta aux mains d'Adénor comme elle y avait étÀ précédem-
ment. Cependant, de peur que quelque parcelle du domaine,
désormais acquis par une tranquille possession, ne soit arra-
chée par Terreur de la postérité, nous avons jugé à propos
de remettre ea mémoire ce qui regarde chaque portion. Que
nos descendants sachent donc <iue Judicaël, père dAdénor, et
Niel, père de Niel, avaient en commun ce monastère de Notre-
Dame et le faubourg qui est aatour de ce monastère, avec la
prévoté de ce môme faubourg, les autres coutumes, les reve-
nus et le péage des foires. L'en et^ l'autre concéda, avec le
susdit monastère, tous'^es biens, libres, comme eux-mômes
les possédaient, à Adénor. Judicaôl donna en outre, de son
propre, à sa fille, la pièce de terre dans laquelle le monas-
tère lui-môme est bâti, libre du ban (bidenno) et de toute
réclamation, avec un quartier de la terre d'Hubert Le Roux
d'Avare, libre comme les autres biens excepté un septième et
la moitié du district prévôtal.
• « In eleemosynam. » Le droit connaissait alors ce qne Ton nommait
franche aumône. Un bien donné & Téglise ou à quelque couyent en franche
aumône était exempt de toute redevance (Dicf, de Durand de Maillane aux
mots « tenure » et « aumône ».
* Le chroniqueur parsiste dans sa confusion des deux Adénor. Puisque
Niel père était frère de la mèrn d* Adénor, Niel le jeune ne pouvait être que
le cousin-germain de cette dernière.
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200 PRIGNY ET LEB M0ÛTIER8
De môme, Niel fit donation à sa sœur de deux parts de la
dîme des trois pièces de terre de Guérin de la Gressière, qiii
faisaient partie de son bien propre, ainsi qu'une borderie de
la terre de Guillerme, gendre d^Arembert, qu'il donna libre
de tous devoirs, si ce n'est la dîme qui est en entier
accordée à Saint-Pierre, afin que les autres biens sus-énoncés
restent libres et quittes de toutes coutumes vis-à-vis Saint-
Pierre. Le même Niel donna de nouveau à sa sœur, pour
Thonneur de Notre-Dame, la moitié d'une saline, libre, et
toute sa part de la dîme maritime et des poissons ou oiseaux
de mer qu'il avait aussi avec Judicaôl. Après qu'Adénor eut
possédé longtemps ces biens, dus à la charité des susdits per-
sonnages, tout en ayant à supporter des tracasseries de la
perversité de ses frères, elle fit enfin sa paix comme nbus
venons de le dire, par l'accord qui précède avec son neveu
NieU au sujet de la part qui avait été à lui.
Toutefois, Niel ne fît pas ces concessions gratuitement et
avec les mains vides. Il fallut lui compter trente-cinq livres de
deniers, un cheval et une coupe d'argent, plus deux onces d'or
pour son épouse Pélronille avec la promesse de recevoir la
mère de ce Niel, comme religieuse, dans le monasière de
Notre-Dame d'Angers. Cette transaction fut ratifiée dans le
couvent de Notre-Dame de Prigny, où Niel posa sur l'autel, en
gage de sa concession, le couteau d'HervtS l'aumônier de ce
couvent; en présence de ce môme Hervé et d'Adénor, ainsi
que de sa nièce, l'autre Adénor fille de Giraud de Saint-
Philbert, laquelle prit sur l'autel ce couteau qu elle emporta
pour l'utiliser à Noire-Dame d'Angers où elle était religieuse.
Les témoins de cette affaire furent : Geoffroy, Mandeguerre
et Judicàël, fils d'Aufred, qui étaient présents lors de la pre-
mière donation faite par JudioafJI i'anciea et Niel, père de Niel.
En outre, furent présents ; Rabeàu, fils de Péréné ; Odelin de
Bugno (du Bijnon): Albouin et Pépin, fils de Glamaok ;
David, fils d'^ Barbotin ; Ivan,pr6tre ; Jarnosuen,flls de Goslen
de Frossay ; Simon, fils de Bernon et ses frères, Pohard et
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PRIONY ET LES MOÛTIERS 261
Jean ; le vicomte Aufred et son frère, Jarnoguen ; Geoffroy fils
de Judicaôl ; Péan, servant des dames, surnommé Puceur
(puceola): Sarrazin, soldat ; Tannegui et Habon, flls du prfttre,
Ivan (Even) ; Benoit Chaudmorceau ; Ivan' flls de Dorin ; Ivan,
flls d'Oncbauld et son frère Leferme ; Chrétien, flls de la four-
nière; Haimeric Bouchereau ; Jean Touchefaîte' ; Guérin, flls
de Pincel)ouche.
Avec Niel se trouvaient : Péan, flls de Rodald ; Gautier, flls
de Bérengaire ; Rodald, flls de Choallon ; Girand Malpelit, du
château nommé Touvoie {Tollens Viam), »
Telles furent les dernières réclamations de la famille de
Prigny. Dans la suite, les Dames du prieuré furent les véri-
tables seigneurs de tout le petit territoire connu sous le nom
de Bourg des Moûtiers, sans préjudice toutefois de la suze-
raineté des seigneurs de Retz, suzeraineté indiquée par la
redevance nommée Diner cTAscoide,
Ces réclamations de la famille Niel ont pour nous un avan-
tage : elles nous font savoir que c'était du chef de son épouse
Adénor que Judicaôl possédait Prigny, puisque nous voyons
le frère d*Adénor investi de tout un domaine dans cette
paroisse, domaine sur lequel il avait même le droit de Justice.
Cela nous expliquera la disparition complète de cette contrée
des descendants de Judicaôl, après Gueffier. Sans doute ils
* Ce surnom rappeUe un très vilain droit des Ducs de Bretagne, le « droit
de Pecoy » qui se prélevait sur le^ épaves des navires brisés surlaV^cUe. Cétait
une bonne aubaine pour les riverains qui considéraient comme leur appar-
tenant tout ce que la Providence leur envoyait ainsi. Le Duc de Bretagne se
donnait de garde dâ l.iisâer passer un tsl bienfait, sans y prendre la pirtdu
lion. Ot abus en amena un autre, là où les instincts sauvages étaient plus
prononcés. Loi'sque au milieu des épaves U se rencontrait un survivant de
l'équipage ou des passagers, on lui faisait parfois un triste sort, c'était un
maudit de Dieu, disait-on.
s Une preuve de plus que ce chroniqueur met souvent du sien, c'est qu'il
se permet dp réformer à chaque instant les noms propres ; ainsi tous les Even
deviennent pour lui des Ivan. On voit que de son temps les Moscovites
commençaient à se faire connaître. Philippe-Auguste épousa une princess*
russe.
' Un tel hoxame ilerait être ua géant.
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262 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
allèrent tenir d'autres fiefs, à moins que la guerre n'ait suffi à
les anéantir. Le territoire se trouva ainsi féodalement divi-
sé entre le prieuré de Notre-Dame qui exerça son droit de
Justice et posséda les droits seigneuriaux sur la paroisse
des Moûtiers, et la famille de Retz, qui, grâce peut-être à
quelque nouvelle alliance avec celle* de Prigny, fut, après
Gueffler, directement Seigneuriale dans la paroisse du château
de ce nom. et suzeraine d*après des droits plus anciens
dans celle des Moûliers dont les Dames lui faisaient hom-
mage.
Outre ces difiQcultés que Ton peut dire intestines, les reli-
gieuses du Ronceray en virent surgir d'autres tout à fait
inattendues. Ces Dames croyaient avoir reçu un bénéfice
abandonné ; elles avaient fini par obtenir l'autorisation de
TEvêque de Nantes et pouvaient compter sur une possession
paisible. Leur espoir fut déçu.
Un diplôme du Cartulaire du Ronceray nous révèle tout un
différend avec les moines de Luçon (Ed'*" Marchegay, Chartes
433-438). Ces moines de Luçon avaient porté plainte à Rome
dès le temps duTape Alexandre II qui gouverna l'Église de
Tan 1061 à l'an 1073. Ils attaquaient les Sœurs de lâchante
d'Angers parce que, disaient-ils, elles détenaient un prieuré
qui appartenait au monastère de Luçon, à Prigny. Le Pape
prit en considération les réclamations de l'abbaye de Luçon.
On lit dans le précepte qui fut rédigé à ce sujet : « Nos chers
fils, l'Abbé et les Moines de Luçon. nous ont adressé une
plainte dans laquelle ils nous font savoir que vous détenez un
prieuré qu'ils affirment leur appartenir. » Ce document était
envoyé aux religieuses de Notre-Dame d'Angers. Le Pape
leur disait en outre. « Comme il ne convient pas que votre
religion usurpe illicitementce qui ne vous appartient pas,
nous faisons savoir à toute votre communauté, par nos res-
crits apostoliques, et lui ordonnonsde restituer, sans délai,
auxdits abbé et frères, le susdit prieuré, pour qu ils le possè-
dent en paix, à moins que, devant nos vénérables frères les
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PRIGNY ST LES MOÛTIERS 263
évêques de Poitiers et de Nantes, ou Vun d*eux seulement^
si Tautre est absent, vous ne prouviez pleinement la justice
de votre possession. Nous avons en effet donné ordre à ces
mêmes évoques, si vous ne voulez accepter ni Tun ni Tautre
d'eux, de mettre la partie adverse en possession du susdit
prieuré, sans tenir compte d*aucun appel.
Tusculum le XI* de Kl. de Mai »w (Rôle VI. c. 55).
Nous croyons que la charte suivante donnera mieux la
suite de cette affaire que tout ce que nous pourrions chercher
à établir, c'est la 434* de M. Marchegay; «... Moi Gueffier
flls du Viguier Judicaél, j*ai cru devoir rappeler comment
Téglise de Prugny fut jadis ruinée^ puis retrouvée^ et
restaurée et ensuite donnée & des religieuses, ce que nous
affirmons contre les moines de Luçon qui le dénient
injustement.
Que nos contemporains et leurs successeurs sachent donc
que la dite église, comme les gens du pays le racontaient,
bâtie dans l'antiquité en Thonneur de la sainte Mère de Dieu,
fut détruite dans les incursions des Gentils, mais, de notre
temps rétablie par mes parents, le Viguier Judicaêl et son
épouse, Âdénor, et cédée, ainsi que toutes ses dépendances,
avec une de leurs filles nommée Adénor, qu'ils avaient
consacrée à Dieu dans le monastère de Noire-Dame d'Angers.
Or, Notre-Dame d'Angers a possédé longtemps cette église
sans réclamations, du consentement de Quiriac, alors évoque
de Nantes, jusqu'au jour oh Benoît, évêque de la môme ville,
(1070-1111) se rendant au concile de Saintes, fut hébergé chez
les moines susdits qui en profitèrent pour émettre une pre*
mière fois leurs prétentions (1096 ou 1097).
Lorsque le prélat fut de retour, les religieuses furent citées
en justice. Je parus avec ces Dames dont l'église fut confiée à
ma protection par mes parents.
* « Posteà verô r^f)erta et rdstanrata » Ce mot reporta semble indiquer
que cette chapelle fat retrouvée au milieu d'un amas de décombres, ce qui
prouve que le faubourg de Prigny, dit : les Moûtiers^ était une agglomération
considérable quand jes Normands y Tinrent.
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264 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
Bien que nous n'ayons jamais décliné le jugement et qu*aui
contraire nous nous soyons rendus à plusieurs synodes:Oa
assemblées ecclésiastiques, les moines insistant, Tévèque a,
de nouveau, donné jour à chaque partie pour terminer ce
différend ; mais ne voulant pas trancher seul une cause de
cette importance, ce pontife a résolu de la porter à Tours, où
Tarchevéque, les abbés et autres personnages décideraient
la question. L'évêque en prévint les moines et de vive voix
et par lettres, mais par lettres comme de vive voix, les
moines répondirent qu'ils n'iraient pas à Tours. Quant aux
religieuses et à moi, quoique cela nous fût pénible, nous,
avons accepté le terme fixé par Tévêque. Si donc cette
querelle qui devrait être terminée, venait à se renouveller
avec les moines qui attendent ma mort, j'ordonne à tous
ceux de ma famille qui existeront alors et aux religieuses,,
d'afilrmer que les choses sont telles que je le dis par les
présentes et de donner à l'appui tous les témoignages que
demandera la justice Taïque ou ecclésiastique, savoir que les
religieuses ont possédé sans réclamations ladite église
pendant plus de trente années. J'atteste en outre la fausseté
du témoignage que les moines mettent en avant, que deux
d'entre eux, Renaud et Gilbert, ont habité cette église, par
suite d'une donation de mes parents. » Cette charte finit
ainsi d'une façon abrupte. Nous ne ferons aucune réflexion
à son sujet avant d'avoir pris connaissance du jugement
porté sur cette cause par différents légats et évoques. Nous
le trouvons dans un diplôme du Ronceray.
0 Par ordre de monseigneur Richard, évoque d'Albe et
légat de l'église romaine, dom Rainaud, abbé de Luçon et
et Thiburge, abbesse de Notre-Dame-de-la-Charité d'Angers
vinrent dans la cour de l'évôché de Nantes. En face des juges
siégeant, l'abbé de Luçon se plaignit de cette sorte : — Nous
demandons justice canonique au sujet d'une église de Prigny
que nos prédécesseurs ont eue, dont ils ont été investis, qu'ils
ont tenue et dont ils ont été dépouillés sans jugement cano-
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PR16NY £T LES M0ÛTIER8 265
nique. — A cela Tabbesse répondit. — Nous ne savons rien de
voire investiture et de cette spoliation dont vous parlez ; ces
chosesont-eiles jamais eu lieu?... Ce quenous savons, c'estque
nous possédons celte église du chef des évèques de ce diocèse,
que nous possédons également les biens que les seigneurs de
ce territoire nous ont donnés en aumône et que chaque année
nous en payons le cens^^ c'est-à-dire un besant d'or. Pour ce
qui tient à ces points, nous avons nos privilèges ; et nous
tenons par une possession tranquille et sans réclamations
ces biens depuis trente années et davantage. — L'abbé de
Luçon interrogé, par qui et dans quel temps, à quelle époque
il avait été dépouillé, ne connaissant ni. le temps de l'inves-
titure, ni celui de la spoliation, ni les personnes ayant pris part
à ces actes, la sentence fut rendue devant toutes les personnes
présentes et promulguée d'après le sentiment du pape
Gélase qui dit : — « Il convient aussi d'ajouter pour le cas où
celapourrait se présenter, quesilesbiensd'uneégliseou môme
d-un diocèse tombaient en mains étrangères, on devra consi-
dérer comme droit perpétuel un état de choses qui a duré
trente années^ parce que, au-delà de trente ans il n*est permis
à personne d'appeler au sujet de ce que la légalité exclut. »
Gomme les moines avaient la présomption de s'élever contre
cette autorité et prétendaient que les sœurs n'avaient point
tenuce prieuré pendant trente années sans réclamations légi-
times et souvent répétées, mais ne pouvaient faire connaître
ni le temps, ni le lieu^ ni les auteurs de ces légitimes récla-
mations, on définit que Tabbesse aurait à prouver sa posses-
sion trentenaire par trois témoins compétents. Ces trois
témoins se levèrent, hommes nobles, personnes honnêtes
dont voici les noms : Laibodede Saint-Philbert, Rodald, son
frère, Rainaud l'Agnelet et beaucoup d'autres honorables
habitants de ce territoire, prôts à prouver canoniquement la
tranquille possession des religieuses pendant trente années.
Cette sentence fut rendue le 15* des kl. de mars (15 février),
dans la ville de Nantes, au chapitre de saint Pierre, Philippe
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266 PRIGNY ET LES M0ÛT1ER8
étant roi de France (1060-1108), Alain, comte de Bretagne
(démissionnaire en 1112), la 2* férié de la semaine de la Septua-
gésime (ce qui désigne Tan 1104). En présence de Marbode,
évêque de Rennes (1096-1123), Justin abbé du monastère de
Redon, Gautier abbé de Saint-Serge (lf02-1114), Brice abbé
de Vertou et les archidiacres de Nantes Rivallon et Geoffroy
avec tout le chapitre de Saint-Pierre ; puis les laïcs : Priol du
Migron et Giraud de Bégon, Rivallon de llghariaco, Herbert
de Ghantocé, Rainaud TAgnelet^ Geoffroy Bonnier, Mainard de
Derval,Mauvoisin de Nort (de Enort), Ascoide de Saint-Pierre,
Guido de Daon et plusieurs autres qu'il serait trop k>ng
d'énumérer. » {Ronc : V. 61.)
Le tonde cette notice est loin de déceler dans les juges et
surtout dans le rédacteur de ce procès-verbal des partisans
de Tabbaye de Luçon, car les religieuses du Ronceray furent,
très heureuses de pouvoir invoquer la prescription. Les récla-
mations des moines de Luçon remontaient au temps du pape
Alexandre II qui mourut en 1073 II est très probable que si les
lettres émanées de lui n'eurent pas leur effets c'est que la mort
l'empêcha de tenir à leur exécution. Les moines de Luçon
n'ignoraient pas que la famille de Prigny et celle de Retz, son
alliée, étaient entièrement dévouées aux religieuses du Ron-
ceray. En outre, s'attaquer à cette abbaye, c'était provoquer le
comte d'Anjou qui était en môme temps comte de Touraine.
Ces moines avaient refusé d'aller se faire juger à Tours, peut-
ôtre par qu'ils craignaient l'influence du comte. D'un autre
côté, Gu .Der nous apprend que Ton attendait sa mort. Ge ne
fut sans doute que, déconcertés par sa longévité, que les reli-
gieux Poitevins se décidèrent à produire leur attaque. Il était
trop tard en 1104. La prescription trentenaire existait contre
la bulle d'Alexandre II qui, du reste, n'avait fait qu'ordonner
une enquête. Les moines de Luçon furent joués par les bonnes
Sœurs. Quant à croire que jamais ils n'avaient possédé Notre-
Dame de Prigny, c'ôst difficile, et les juges ne le crurent peut-
être point» c'est pour cela qu'ils se renfermèrent strictement
dans la prescription.
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PRIONY ET LES MOÛTUERS ^ 267
Luçon, fondé jadis par des moines de Noirmoutier, peut-
être même par saint Philibert, avait été un monastère frère
de celui de Déas (Saint-Philibert de Grandlieu] etcette dernière
abbaye posséda au neuvième siècle de nombreuses dépen-
dances dans le pays de Retz^ les moines de Luçon durent se
regarder comme les successeurs deSaint-Philibert-de-6rand-
lieu. Mais les Normands avaient brisé tous les liens dans une
ruine universellei L'abbé Rainaud est un des premiers abbés
que Ton connaisse depuis que Luçon avait repris quelque
importance.
Quoi qu^il en soit, le jugement rendu à Nantes fut expédié à
Rome par Tévèque Brice qui succéda en 1112 à Robert. On
voit qu'il s'était écoulé du temps avant que l'on prit cette
décision. Le pape Paschal II le notifia à l'abbesse Thiburge
(qui mourut en 1120). Sa lettre rappelle le débat de l'an 1104
(Marchegay 436). D'après le Pape, c'est la vigueur de labbesse
qui a fait rendre la sentence précédente : « ex cujus judicii
executione strenuitas tua iricennalem ejusdem Prugniacensis
ecclesiœpossessionemquietam,absquereclamatione légitima,
vestro monasterio permansisse tribu legilimis testibus
approbavit. » Le Souverain Pontife ne fait que ratifier le
jugement en question et décrète que « la susdite église de
Prigny reste au monastère de Notre-Dame d'Angers, sauf
toutefois la révérence due à l'église de Nantes, dans le diocèse
de laquelle ce sanctuaire est construit. » Les moines de
Luçon tinrent à réparer par leur obstination^ la le^our qu'ils
avaient mise à réclamer. Le pape Lucius III {iiii ;fll85) eut
de nouveau à s'occuper de leurs prétentions sur le prieuré de
Notre-Dame, et sa bulle nous fait voir qu'Eugène III (1145-
11&3) et avant lui Urbain II (1188-1199) en avaient également
été saisis par les sœurs du Ronceray qui obtinrent chaque fois^
confirmation du verdict rendu. L'évoque de Nantes était
alors Robert 11(1170-1185) qui, lui aussi^traite ce vieux procès
qui lui semble suranné. « Moi Robert^ par la grâce de Dieu
évêque de Nantes, à tous ceux qui liront cet écrite je veux
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268 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
faire savoir que l'abbaye de Notre-Dame de la Charité
d'Angers possède une maison conventuelle à Prugny, comme
je Tai appris des lettres de Quiriac, évoque de Nantes, depuis
une centaine d'années et plus, d'après la supputation des
temps. J'ai su de môme par les lettres de monseigneur Brice,
d'heureuse mémoire, troisième successeur de Quiriac, et
dont je suis le quatrième, que, lorsque en sa présence, la
possession du susdit monastère fut débattue entre l'abbé de
Luçon et Tabbesse de Notre-Dame, celle-ci prouva par de
légitimes témoins qu'elle avait reçu l'investiture de ce
monastère et .l'avait tenu, sans réclamation aucune, en paix
et tranquillement, pendant trente années, et que lui-môme,
après avoir pris Tavis d'un grand nombre de personnages
prudents et discrets, en avait adjugé la possession aux
susdites sœurs. C'est pourquoi j'ai trouvé convenable de
ralifler par l'autorité de mon sceau, ce qui, dans les temps
reculés, a été sanctionné par des hommes sages et discrets.
(Marchegay, 438.)
Travers pense que Kobert accorda cette lettre aux reli-
gieuses du Ronceray lorsqu'il alla assister à Angers au sacre
du nouvel évoque, Raoul de Beaumont. (1178.) C3 document
peut être considéré comme la clôture de ce différend. Il ne
nous enlève pas plus que les précédents, la conviction que
l'abbaye de Luçon était en réalité fondée dans ses prétentions
d'avoir jadis, au moins par des moines de son ordre, c'est-
à-dire, fllsde saint Philbert, possédé Notre-Dame de Prigny.
L'abbé Rainaud, qui tut un homme très recommandable, ne
s'imagina point un beau matin, sans nulle raison, d'affirmer
que sa congrégation avait possédé cette chapelle et ses
successeurs se fussent arrêtés plus tôt dans leurs poursuites
s'ils n'avaient pas eu quelques titres. Malheureusement, ces
titres étaient périmés et nous ne rappelons ce fait qu'au point
de vue historique, parce que, pour nous, il indique que les
moines de Saint-Philbert desservirent Notre-Dame de Prigny
avant l'arrivée des Normands. Si ces moines avaient profité
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS 269
delà bulle d'Alexandre II, la sentence n*eât sans douté pas
été la môme, car en 1073, les Sœurs n'avaient pas trente années
de possession. Il- faut convenir ici que- là prescription ne
manqua pas de justice. Les moines de Luçon n'avaient point
réclamé la chapelle pendant qu'elle était en ruine : ce fut
quand elle avait, été reconstruit^ dans de^plus belles propor-
tions, lorsqu'elle était richement dotée, qu'ils se mirent à le
regretter. Encore une fois, il était trop tard.
(A suivre.)
Abl?é Allard.
T. VI* — NOTICES. — Vl* ANNÉE, 3" LlV. 18
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LES VITREENS
LE COMMERCE INTERNATIONAL
(Suite).
DE l*entrepôt vitréen, les canevas partaient pour Nantes
et Saint-Malo chargés sur chevaux et mulets ou bien
encore sur de lourdes charrettes ; le tout restait sou-
vent empêtré en quelques bas fonds. Fort heureusement, Ton
marchait en troupe et sur le parcours, Taide ne faisait pas
défaut. Ici et là se trouvaient en efifet de riches campagnards*
adonnés à la culture et au commerce^ tout disposés à prêter
main forte à leurs confrères tf»i marchandie. Il arrivait aussi
que sur le tard, au détour dtf chemin, au milieu d'un bois,
• Les GaUays de Livre, les da Feu, S*" du Rochdr-Pailet, les Chénevière
d^Yté. les Boavier de SWean-sur-Vilaine faisaient le commerce maritime
aux XVI* et XVII* siècles. Dans son testament daté de 1581 GoiUaume Gai-
lajs charge ses exécuteurs testamentaires de mettre Targent de ses enfants
à profit arec de bons marchands, qui vous répondront toujours de la princi-
pale somme, en TOUS baiUant une moytié du profit. {Mœurs et coutumes des
fàmiUes bretoiuiss^ U ii p. €1.) — Un acte de Tente daté du f S octobre 1675
constate que Jean CheacTiére, sieur de la Heuserie et Philippe BouTior, sieur
de la Paignière étaient en Espaigne Ters 1674 ; le premier confesse devoir à
BoBTier la somme de douze cents livres qu*il lui avait empruntée an pajs
d*Bspaigne. Le 3 janvier 1679, André Séquar faisant et agissant ponr
11* P. BoBTier, S^ de la Paignière estant à présent au pays d*Bspaigne, prit
possession de maisons à lui vendues par GheneTÎère. (Gommnniqué par
M. Tabbé Porgei, vie. de S^ean-sur- Vilaine). Les Bouvier de SMean-s<ir>
Vilaine ont produit deux procureurs fiscaux du marquisat d*Espinay, un au-
mônier de Mr de Vaurèal, êv. de Rennes, un a\ociit.
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LES VITRËENS ET LE COMMERCE INTERNATIONAL ,271
des larrons opérant en bande et au dire de quelques-uns
étrangement protégés, tombaient à rimproviste sur le .con-
voi ; alors, il fallait livrer bataille. Comme il convient de mé-
nager nos moyens^ n'insistons pas présentement sur ce genre
d'aventures. Voilà nos gens rendus à bon port et heureux,
assurés qu'ils sont de goûter bon gîte et le reste ; car à Saint-
Malo et à Nantes toute une colonie vitréenne se met à leurs
ordres, soit pour entreposer les canevas, soit pour indi-
quer sur la rade un navire bien construit, habilement
commandé, sur lequel, si le cœur leur en dit, ils iront en
Flandre ou en Espagne. — Véritable voyage d*agrément
direz-vous ; on s'en allait bellement le long des côtes, atterris-
sant tantôt pour décharger une partie de la cargaison, tantôt
pour renouveler les vivres. Matelots et passagers étant nom-
breux sur les navires de ce temps, une agréable animation
régnait constamment à bord. La mer, à la vérité, se livrait à de
brusques et terribles soubresauts ; mais, le Maître après Dieu
du navire la connaissait si bien ! Il avait suivi tant de fois la
môme route ! A défaut de cartes imprimées, voyez comme son
Portulan est net, exact, agréablement dessiné. Pour le tracer
sur velin, le géographe mit en œuvre l'or, le carmin, Tazur,
le noir et le vert émeraude ; à Taide de Tor et des deux pre-
mières couleurs, il peignit ces roses des vents fleurdelisées
intentionnellement disséminées sur la carte. De ces divers
centres, il fit rayonner mille lignes qui se croisant, couvrent
la terre et les mers de figures géométriques. Au sud de l'Ir-
lande, dans le golfe de Bristol et à l'ouest des côtes de France,
le long des terres flamandes, picardes, normandes, bre-
tonnes et poitevines, ces triangles, ces trapèzes portent des
numéros dont le sens nous échappe. Au travers du réseau géo-
métrique, treize serpenteaux d'or et d'azur courent vers les
points géographiques précédemment indiqués. Chacun d'eux,
à son point de départ occidental, est distingué par une lettre
que nous retrouvons à l'angle du Portulan, suivie d'indica-
tions précieuses dont voici quelques spécimens :
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272 LES VITRÉBNS
D. Courant d'azur allant vers le cap Land*s end : fond ver-
meil et pièces de coquilles épaisses.
R. Gourant d*azur dirigé vers Audierne : fond plus doux,
grandes coquilles rompues et à terre vase.
L. Courant d'or vers Belle-Isle ; sable gros et à terre branches
comme courait.
Une bordure de vert émeraude rehaussée d'or, dessine
le contour des rivages dont les approches sont ainsi étudiées.
Le long du littoral, le géographe écrivit à Tencre noire les
moindres «riques distinguant au carmin les h&vres de
quelque importance. Il couvrit d'or ou d'azur les lies dont la
mer est constellée. Il fit en un mot, œuvre de savant et
d'artiste.
Sur la foi d'un tel guide, on pouvait, pensez-vous, tendre
ses voiles et voguer en paix. Les gens du quinzième et du
seizième siècle, n'y allaient pas avec tant d'assurance. S'ils
partaient en nombre, c'est qu'ils savaient que de ces criques
profondes figurées sur leur carte manuscrite', des pirates
pouvaient s'élancer sur eux à l'improviste. Ce cas échéant,
tout marchand devenait ou matelot pour aider à la manœuvre,
ou soldat pour défendre ses intérêts et sa vie. N'a-t-on pas
écrit avec autorité : « Le célèbre axiome la force prime le
droit avait largement cours aux quinzième et seizième siècles.
L'impunité semblait assurée aux nombreux forbans qui fon-
daient tout à coup, comme de voraces vautours sur les
marchands, heureux quand les ravisseurs n'attentaient pas
à la vie de leurs victimes, afin de couper court aux poursuites
ultérieures. » Nos Vitréens ne furent pas exempts de pa-
reilles.mésaventures. On en donnait dernièrement la preuve,
en exhibant à la Société archéologique d'IUe-et- Vilaine une
procuration signée en 1573 par les marchands de Vitré, pour
' Nous avoni trou/é dans TiiiTeii taire des meubles et papiers da Vitréen
Jean Le Fort, cette intéressante mention : « Une carte marine montée
•t quatre tableaux. -^ Trois actes en langue espagnole. — Facture de quatre
ballots de toile de Laval contenant ensemble 3630 rerges d'Espagne.
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ET LE COMMERCE INTERNATIONAL 273
rechercher des toiles que des corsaires leur avaient enlevées
dans les eaux du Portugal.
1573, c'est l'année où le huguenot Montgommery s'empare
de Belle-Isle ; Tannée, où de l'aveu du gouverneur de Nantes,
les hérétiques de La Rochelle entravent la liberté commerciale.
A braver des croiseurs aussi bien intentionnés , les
marchands catholiques s'exposent à tout perdre. Qu'importe?
plus de périls à courir, plus d'honneur à gagner ! et aban-
donnant peu à peu les brumeuses régions, nos Vitréens vont,
de plus en plus nombreux, cueillir des fruits d'or au jardin
des Hespérides.
Dès le commencement du quatorzième siècle, les Espagnols
fréquentaient les havres de Bretagne. Vous platt-il de vérifier
l'exactitude de cette assertion, prenez Tenquôte sur la Vie et
les miracles de saint Yves ; le 120* témoin vous dira la triste
aventure d'un certain Ibérien, nommé Michael de Ponte-Ra-
bie. Dans cette revue môme, on vous a montré, textes en
main, qu'en 1566, les biens et denrées des marchands espagnols
estant à Nantes, valaient 30.000 escus. Si vous ouvrez le Livre
doré de cette même ville il vous livrera les noms d'une
tribu de naturalisés appliqués à honorer leur. patrie d'adop-
tion. Des ports bretons, les . Espagnols pénétraient dans l'in-
térieur des terres. En sa chronique rimée. Le Doyen affirme
les avoir vus acheter à Laval force toiles
Dont il demeurait grand argent
Qui soutenait beaucoup de gens.
et d'autre part les Magon se chargent de nous apprendre
qu'originaires d'Espagne, ils se fixèrent tout d'abord à
Vitré au XIV* siècle, pour aller ensuite édifier à Saint-Malo
la belle fortune que vous savez.
Ainsi renseignés sur les établissements espagnols en
Bretagne, il nous serait agréable de nommer les Vitréens
qui les premiers osèrent s'aventurer vers la péninsule et y
foniji^r (}es comptoirs ; mais pour ce faire, les documents
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274 LBS VITRÉENS
nous font absolument défaut. Dans le livre de la Confrérie»
nous trouvons bien- qu'en l'année «519, André Gholet, négo*
ciait en Espagne. Rien de plus ; pour le reste» nous sommes
réduits aux conjectures. Voici, à notre avis, les plus ration-
nelles. Au quinzième siècle, et aux débuts du Xyi% quel-
ques Vitréens seulement négocient et passent en Espagne,
Nantes, Blavet semblent être alors leurs principaux ports
d'expédition. La majorité se porte en Flandre par Saint-Malo.-
Vers 1560, c'est l'inverse. Les protestants vitréens, c'est-à-
dire la minorité de nos négociants, continuent les rela-
tions commerciales avec la Hollande et l'Angleterre ; nos
négociants catholiques, montés sur les navires de Saint-Malo,
de Nantes, de Morlaix, voguent vers les rivages Andalous et
fixent leurs résidences, les uns à Cadix, et à Puerto-Santa-
Maria ; les autres à l'embouchure du Guadalquivir, en San-
Lucar de Barrameda.
A San Lucar, les palmiers balancent leurs gracieux rameaux;
non loin, de grands bois de pins pignons fournissent d*épais
ombrages. De là àSéville l'enchanteresse, les navires d'un
fort tonnage peuvent aisément remonter le fleuve.'; il est donc
loisible à Olivier Malherbe, à Richard Le Gouverneur, à
Etienne Prain, à Morel et autres Vitréens de ne pas encourir
ce reproche
Quien no ha visto Sevilla
No ha visto maravilla.
A Puerto-Santa-Maria, la senteur parfumée des orangers
embaume les jardins, et dans les bodegas, le Jere^, abonde î
Placée à l'extrémité d'une langue de terre, enserrant dans
une ceinture de murailles de hautes constructions revêtues
d'enduits blancs ou roses, la ville de Cadix, au dire des
Espagnols, resplendit sous les feux du soleil comme un pla-
teau d'argent posé sur une mer de Saphir. Bref, en toutes
ces cités andalouses, la vie apparaît aux Vitréens bruyante
et joyeuse.
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ET LE COMMERCE INTERNATIONAL 275
A ce séduisant tableau, il est pourtant quelques ombres.
L*Espagnol entend conserver le monopole du eommaree dos
Indes. On le trouve là dessus d'une sueceptibUili^ d'une
jalousie oppressives. De plus, entre te Roi tote cbf^Uen et le
RxH très catholique, les relations diplosuatiqiftea sont parfois
terriblement twdues et nos traflcants eu souffrent au point
d'entretNiir Tambassadeur de France dans un état d'irritation
perpétvrifeb « Dans tous tts ports écrit-il^ ce sont quotidien-
nement des arrestafticNOts arbitraires et des vols flagrants. A
Valence^ de pauvres gens munis d'un sauf-conduit de Phi-
Hppe II> sont cependant arrêtés. On accepte les sept mille
ducats qu'ils offrent en garantie» mais on les chaîne de
chaînes, on les jette dans une affreuse prison où^ exténués de
faim, ils attendent la mort dans l'impossibilité de trouver un
écrivain qui leur ose ou veuille dépêcher un ordre de justice
pour la défense de leur cause. A Garthagène, procédés ana-
logues. Près de Gibraltar» um navire français appartenant au
oonsul d'Henri III et qui faisait la négoce avec le Maroc, est
capturé par te eapitaiue don Francisco de Vargas et par l'au-
diteur desrGiialères» don Juan de Mendoza. Ils mettent tous les
hommes à la cale et à la chaîne, sans leur vouloir donner un
morceau à manger des victuailles qui estoient en leur vais-
seau; àBilbao» on intercepte, et vole la correspondance de nos
marchands, on lès maltraite, on les condamne à périr et ces
brutalités ne s'accomplissent pas brusquement dans un coup
de colère ou de convoitise, elles durent des années'.»
Pour affronter un pareil régime, vous connaissez les res-
sources des Vitréens: leur ténacité bretonne, leur nombre,
leurs liens de parenté et de confraternité religieuses, t Puisqu'il
faut endurer misères, se disent-ils, mieux vaut pour nous
peiner en un pays où notre sainte religion est universelle-
ment Tespectée, où nous pouvons suivre ses belles cérémo-
^ Voir : Xe père dé madame de Rambouillet. Jean de Viveonne, sa vie
et ses ambassades près de Philippe ÎI et à la cour de Borne, par 1« Vicomte
Guy de Bremont d'Ara. P P 120. 111.
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276 LES VITRÉENS
nies, où, pendant nos veilles laborieuses, nous entendons El
Sereno lancer à Notre-Dame cette gracieuse salutation, Ave^
Maria purissimûl Là du moins, à notre lit de souffrance ou de
mort, nous recevrons, avec le pardon de nos fautes, les su*
prômes consolations qui en découlent. » Et sur ce pieux rai-
sonnement, ils restentdix, quinze ans en Espagne; quelques-
uns y meurent courageusement, après avoir donné à leurs
hôtes un témoignage de leur ferme foi, un dernier souvenir à
leur petit Vitré, une dernière marque de confiance à leurs
compatriotes.
De Timagination, du sentiment, tout cela ! Souvenons-nous
que nous sommes de Técole documentaire et ouvrons aux
' lecteurs les archives de Notre-Dame.
Elles témoignent qu'en Tannée 1575, un Vitréen, Jean Les-
caubert, fils de Guillaume et d'Armelle Hubert* se livrait à
San-Lucar de Barrameda à de fructueuses opérations corn-
merciales» il avait la bourse bien garnie, ses créances étaient
sûres. Le trente octobre de la dite année, par prévoyance ou
se sentant mortellement atteint, il mandait près de lui Jérôme
Sanchez Le Noir et lui dictait en langue espagnole ses der-
nières volontés. Emportées à Vitré, elles furent traduites en
langue française par Guillaume Mazurais, sieur de Chalet.
Jean Lescaubert y disait donner à Guy Ronceray, S' du Tilleul,
pleins pouvoirs pour recevoir de Pierre Orout, de Saint-Malo^
250 escus d'or à douze réaux Tun, afin d'acheter un fonds de
terre lequel serait baillé au chapelain chargé de célébrer trois
messes chaque semaine en Téglise Notre-Dame, à l'autel de
VEcce homo. Ldipretniëre de ces messes devait être dite au
• N'était-ce point une nièce de Pierre Habert» chanoine de la Madeleine
doyen de Vitré, recteur de la GhapeUe-Erbrée, dont la statue et le tombeau
se voient au bas côté nord de notre yieille église, en la chapelle de Notre-
Dame de Pitié. Cet ecclésiastique avait fondé en 1488 « une chaifellenie
pour estre à perpétuité et il toujours desservie en la dite église Notre-Dame
eji la chapelle ou sera mins et assis une image de Monsieur S^ Hubert et upe
de Notre-Dame de Pitié. » (Voir le rapport sur les Excursions arch, du Congrès
de Vassociation bretonne tenu à Vitré en 1876 par Tabbé Paris-Jallobert.)
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ET LE COMMBBCK INTERNATIONAL 2Ï7 ,
Jour de mercredy pour les âmes du purgatoire en générai ;
la seconde, au jour de vendredy, à Tintention des âmes des
parents et bienfaiteurs du testateur ; la troisième, le dimanche
à son intention. Pour chapelain, le prêtre le plus proche et le
plus docte de son lignage serait préféré ; à défaut d un parent,
le clergé de Notre-Dame, les trésoriers et les principaux
catholiques de la paroisse devaient choisir le plus vertueux
et le plus capable.
Guy Ronceray accomplit fidèlement son mandat et avec les
beaux escus soleil qu'il bailla à Robert Ringues et à Jean de
Montalembert, trésoriers de Notre-Dame, ceux-ci achetèrent
la closerie de Ghampcour qui leur fut cédée par Pierre Gly-
neau, sieur de Droigné.
Traducteur, exécuteur testamentaire, acquéreur, vendeur,
débiteur, tous étaient marchands d*outre-mer. Mazurais fut
en son temps procureur syndic des bourgeois, député aux
Etats de Bretagne. Guy Ronceray devint miseur de Vitré; Jean
de Montalembert et Pierre Glyneau présidèrent la confrérie
de rAnnoncitition. Ge dernier représenta ses concitoyens aux
Etats tenus à Rennes en 1505. Les Grout, enfin, comptaient à
Saint-Malo parmi les plus enfreprenants et les plu3 braves.
Donc, malgré son aridité, ses formes vieillies, vive le docu-
ment ! puisqu'il nous permet 4e peindre au vif les Vitréené,
d'apprécier leurs relations, et d'admirer une fois de plus la
vivacité de leur foi^
Prain.
{La suite prochainement,)
■/'TV"
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^mB
RECHERCHES
SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
DE vkmimm province m Bretagne
/« — A'/* ^/éc/e
§ 4. — HuiTIÈ3k{£ SIÈCLE.
LE' huitième siècle, époque de transition et sans
caractère tranché, n'a jamais passé pour un siècle de
gloire, soit au point de vue de la sainteté, soit au
point de vue des lettres et des arts. Personne ne sera donc
surpris de voir qu'il ne fournit pas au présent travail un
appoint considérable.; Je ne trouve, en effet, à mentionner que
la seconde Vie de saint Samson avec la première Vie de
saint Martin de Vertou et les Vies (uniques) des saints
Hervé, Méen et Hermeland, et encore la date de plusieurs
de ces écrits pourrait-elle être contestée.
11 y a lieu de croire cependant que Tétude des lettres con-
tinua d'être en honneur sur toute l'étendue du territoire
armoricain, et [que de nouvelles écoles furent fondées en
divers lieux.
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RECHERCHES SUR LES ORIGINES UTTÉRAIRRS 271)
I Ainsi; les débuts de^ ce siècle nous montrent au centre de
!âe la Bretagne les disciples de saint Méen : Garoth,Maëlmon,
•Elocau, Léry, etc., fondant à Caro, à Talensac, à Sajint-Léry
et ailleurs des prieurés-écoles y où la jeunesse du pays
venait se former et recevoir éducation et instruction. Par
malheur, tout cela n*est connu que par la tradition, à part les
détails fort curieux, mais trop incomplets, qu'on trouve
dans la vie (en partie inédite) de saint Léry' .
Les qualités, qui distinguent la vie de saint Hervé, nous
sont également une preuve que Tétude des lettres n'était
nullement négligée alors dans le Léon et la' Gornouaille.
Pour récole de Dol, elle n'était pas moins florissante que
celle de Saint-Méen, témoins saint Thurial et le second
biographe de saint Samson, qui s'y formaient à cette date.
Les études n'étaient pas cultivées avec moins de succès dans
le pays de Nantes. Nous en avons pour garant le mérite
littéraire si incontestable des deux anonymes qui ont écrit
les vies de saint Hermeland, abbé d'Aindre (25 mars 720) et
de saint Martin de Vertou (24 octobre 581)? Je puis en
dire autant du pays de Vannes appuyé sur les rensei-
gnements que nous fournit à cet égard le biographe con-
temporain de saint Convoyon et de ses disciples, Tauteur
des Gtsta sanctorum Rotonensium^ . Cet auteur ne nous laisse
point ignorer, en effet, que le fondateur de Tabbaye de Redon,
et ceux qui se rangèrent les premiers sous sa houlette
appartenaient presque tous au clergé diocésain de Vannds,
mais en ajoutant qu'ils n'y étaient point entrés sans avoir
fait préalablement des études sérieuses, et sans avoir acquis
une connaissance étendue des lettrés divines et humaines.
II mentionnait en particulier un religieux, nommé Doethgen,
* V. BoUand, de Sancto LaurOj 30 septembre, et les actes manuscrits de
saint Léry, dans le fonds des Blancs-Manteaux.
'Cet écrit a été inséré dans lenAeta Sanctorum, O. S. Benedicti ; IV* sec u-
lum parte secunda. Ce document a reparu dans les Preuves de Bretagne^
t. I, pages 234 ei suivantes.
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280 RECHERCHES SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
qu'on surnommait scriptor (écrivain), évidemment parce
qu'il avait composé différents ouvragesV Lui-môme nous
affirma que Virgile, Homère et Cicéron étaient pour lui des
auteurs familiers', et sans doute il n'était pas seul dans cette
catégorie.
Tels sont les renseignements, qu'il m'a paru bon de donner
sur rétat de Finstruction et des lettres en Armorique au
huitième siècle, avant d'aborder l'étude des trop rares docu-
ments écrits d'origine armoricaine, que cette même époque
nous a légués. J'en viens maintenant à cette partie de mon
étude, et le premier auteur, qui se présente à moi dans l'ordre
des temps, n'est autre que l'anonyme, auquel nous devons
la seconde vie de saint Samson.
Seconde vie de saint Samson.
J'ai déjà dit pourquoi j'appelle seconde vie du premier
évàque de Dol, celle que Mabillon et les Bollandistes ont pris
pour un écrit original (Vita primigenia). Mais il sera peut-
être à iiropos de déduire ici un peu plus au long les raisons,
qui militent en faveur de cette opinion.
En voici quelques-unes. En premier lieu, cet écrit est
dédié à un évêque, nommé Tiarmaôl (Tigernomaglus); on a
supposé contre toute vraisemblance qu'il s'agissait là d'un
disciple de saint Paul de Léon, disciple qui n'eut qu'un épisco-
pat éphémère de quelques mois^. Mais c'était chercher midi à
quatorze heures, comme on dit vulgairement, car en réalité,
Tiarmaël ou Armahel a occupé le siège même de Dol ; il n'est
autre que le précepteur de saint Thurial (v. 710-721).
En second lieu, ce biographe mentionne un autre successeur
de saint Samson, saint Leucher*, et bien que nous manquions
« Gesia, SS. Rotonens. lib. 2, n* ô.
• Ibid*^ proL du livre 2.
ï Mabillon ; Acta SS. 0. S. B. t. i, p. 151.
* lùid., n*i&, p. 173.
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DE l'ancienne province DE BRETAGNE 281
de tout autre renseignement sur ce personnage^ il est cer-
tain cependant par les anciens catalogues qu'il n'a pu gou-
verner Téglise de Dol que dans le courant du septième siècle,
c'est-à-dire, après la mort du prétendu évêque de Léon :
Tigernomaglus.
En troisième lieu, si on relit attentivement le prologue de
cet anonyme^ on acquerra la preuve manifeste qu'il n*est
qu'un écrivain de seconde main, et un abréviateur.Car il en fait
l'aveu lui-môme', etsi,allant plus avant, on confronte son texte
avec celui de Tautre anonyme, que j*ai appelé le premier bio-
graphe de saint Samson, on demeurera convaincu que c'est
récrit de ce dernier qui a servi de base à Tautre anonyme, et
auquel il a emprunté parfois textuellement toute la subs-
tance de ses récits.
Ceci soit dit uniquement dans Tinteniion de rendre à
TunetàTautre anonyme ce qui lui appartient en propre.
Car, d'ailleurs, mon but n'est nullement de nier le talent et
les qualités du second biographe de saint Samson. Tout au
contraire, je me plais à reconnaître qu'il écrit le latin avec
autant de simplicité que de clarté et de correction. Il entre
môme sur la vie et les miracles de son héros dans beau-
coup de particularités, que l'on aime à rencontrer chez les
hagiographes, et son travail serait du plus grand prix, si
nous n'avions rien de plus circonstancié et de plus capable
de faire autorité sur un thaumaturge aussi renommé que
Samson de Dol. Somme toute cependant ce qui a fait jusqu'ici
la principale valeur de cet anonyme c'est que l'écrit de son
devancier était méconnu ou ignoré, mais désormais il ne
doit plus ôtre ainsi, ce dernier ayant obtenu récemment les
honneurs de l'impression.
* Pro sedalis ac pulcherrimis litteris, qaas cathoUcè et iiidubitaiiter....
conscriptas reperi, hœc paucissima admodam varba m^moriatis Uttsris tra-
dere conatui soin Pauca de multis coUigens (ProL in libr. primum) ;
V. aussi le Prologae du lib. 2 et Id n« 8 de ce second livre.
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282 RECHERGHBS SUR LES ORIGINES LIITÉRAIHES
§ 2. — Vie de saint Méen (21 juin 640).
Saint Méen (MevennusJ, parent et disciple de saint Samson,
a été à la fois Tun des pères de Tordre monastique en Bre-
tagne et Tun des pionniers les plus actifs de la civilisation
chrétienne dans la partie centrale de cette province.
On a publié tout récemment une vie ancienne de ce saint
abbé*. Bien qu'il soit difficile de donner une date précise à
cet écrit, il paraît cependant sans nul doute antérieur aux
invasions normandes et à la translation du corps du saint.
On la conclut avec certitude de ce que Tauteur ne fait aucune
allusion à ce double événement. Il y a plus : il garde le même
silence sur un grand incendie, qui dévora (vers 800) les ai*-
chives de son monastère', et Tàurâit mis selon toute appa-
rence dans l'impuissance de rédiger sa biographie; s*il avait
écrit après ce sinistre déplorable. Enfin un passage (n^ 13)
rappelle manifestement les jours de Charles Martel et Ten-
vahissement des biens d'église par les courtisans et les
hommes d'armes : c'est celui dans lequel Tauteur proteste
avec une rare véhémence coptro cet abus sacrilège de la force
et de la puissance. Tels sont les motifs qui me portent à placer
au huitième siècle la composition de cet écrit. Mais on ne
saurait non plus le faire remonter plus haut, car rien ne
donne à entendre que Tauteur fut contemporain ou disciple
du saint : bien au contraire, un passage (n* J9) paraît
emprunté à la vie de Judicael, disciple du Saint.
Au point de vue littéraire, le biographe de saint Méen n'est
nullement dépourvu des qualités, qui donnent du prix à un
écrit hagiographique. Il manie la langue latine avec facilité,
et son style, à part quelques néologismes et deux ou trois
' Analecta Bolland^ t. m, p. 141, tirage à part chez MM. Plihon etUerré
à Renne».
' Preuves de Bretagne, t. i, p. 3v5.
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^•f??^''
D£ L^ANGIËNNE PROVINCE DE BRETAGNE 283
passages un peu obscurs, ne manque ni de simplicité et de
concision, ni d'élégance et de clarté. Ge qu'on regrette le
plus en le lisant, c'est qu'il ne soit pas entré dans plus de
détails sur la jeunesse de son héros, sur la fondation de
l'abbaye de saint Méen, et sur les nombreux travaux apos*
toliques dont elle fut accompagnée. Tel que, cet écrit ren-
ferme néanmoins tout ce qu'on sait authentiquement sur
un thaumaturge dont le culte a été des plus, étendu dans
les âges de foi.
S^. — Vie de saint Hervé (16 juin 620).
' Hervé, fleur de sainteté d'un rare éclat, et d'un parfum
exquis^ est d'autant plus vénéré en Léon et en Goi'nouaille,
que, bien qu'issu d'un père qui appartenait par sa naissance
à la Bretagne insulaire, il a lui-môme reçu le jour dans les
environs de Saint-Pol-de-Léon, et n'a peut-être jamais dépassé
ce pays et la Gornouaille pendant tout le cours de son
existence.
La vie admirable de ce saint fut retracée de bonne heure
par un anonyme, qui possédait assez bien la langue latine et
récrivait avec pureté. Get auteur était du pays et paraît ne
rien avancer qu'en connaissance de cause. Gependant rien
ne prouve qu'il fut contemporain ou plutôt il ne dit pas avoir
vécu avant le huitième siècle, puisque de son temps la fête de
tous les saints était déjà honorée d'une vigile*. Mais, d'autre
paurt, vouloir le rejeter jusqu'au dixième siècle, semblerait
peu logique : car sa relation ne renferme pas un seul mot qui
ait trait aux invasions normandes et à la translation du corps
du saint. Bien au contraire, il donne à entendre que de son
vivant le pays breton était divisé en plusieurs principautés
indépendantes les unes des autres (Léon, Gornouaille, etc.)>
' ayant chacune un comte à sa tète : ce qui était effectivement
' Vie iivédUe de saint Berve^ n» 3.
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284 RECHERCHES SUR LES ORIGINES LITTERAIRES
Tétat du pays au huitième siècle et depuis Tabdication d2
saint Judicaël,tandi3 que du temps de Nominoé et de ses
successeurs immédiats, tout le pays obéissait à un seul chef,
à un roi.
Si on m'objectait que le biographe y parle du comie Evcn,
le fondateur de Lesneven, qui d'après D. Lobineau n'a vécu
qu'au dixième siècle, je répondrai que Terreur est id, du côté
de notre savant historien. Je reviendrai bientôt sur ce per-
sonnage à propos de la vie de saint Goulven.
La vie de saint Hervé est restée jusqu'à présent inédite,
mais on a lieu d'espérer qu*elle ne tardera pas à figu-
rer dans les Analecta Bollandiana. On en trouve d'ailleurs,
des fragments textuels assez étendus tant dans l'ancien
Sanctoral de Quimper, déjà plusieurs fois cité ici que dans
les bréviaires imprimés de Nantes, de Léon et de Rennes des
premières années du seizième siècle.
§ 4. — Premiers vie de saint Martin de Vertou
(24 octobre 580).
Saint Martin de Vertou n'est pas un nom sans gloire dans
l'hagiographie, bien qu'il ait des homonymes plus illustres
que lui. La plus ancienne vie de ce saint ne paraît pas cepen-
dant l'œuvre d'un disciple et d'un contemporain, au moins
rien dans son contexte ne l'indique, mais elle est indubita-
blement antérieure à l'année 843 et aux invasions normandes,
l'auteur nous affirmant que de son temps le corps du saint
reposait encore à Vertou, tandis qu'à la date indiquée il fut
porté à Saint-Jouin-de-Marne.
Le style de cet écrit, bien que correct et parfois élégant,
manque cependant de simplicité et de concision ; puis l'au-
teur ne nous a laissé qu'une esquisse au lieu d'une biogra-
phie détaillée, dont le fondateur de Vertou était si digne.
Cette vie a été donnée au public par Mabillon ; pour les
nouveaux BoUandîstes', ils lui ont préféré, bien à tort, si je
« Acta SS. 0, S. Benedictii 1. 1, p. 35i. Acta Bolland , t. x*oct. p. 800, etc.
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RECHERCHES SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES 285
ne me trompe, un texte, qu'ils intitulent : Vita aniiquissima
et qui n*est autre chose qu'un extrait, assez informe, de la
seconde vie du même saint (neuvième siècle], extrait destiné
à servir de légende liturgique pour la fête du saint.
§ 5. — Anon. de Nantes : Vie de saint Hermeland*
(25 mars 720).
J*arrive maintenant à la vie de saint Hermeland (25 mars
720). Celle-ci est l'œuvre d'un contemporain et appartient
sans conteste possible au huitième siècle^ car ello fut écrite
vers l'époque (740) de la translation du saint, et les Bollan-
distes l'ont imprimée sur un. manuscrit de l'année 767.
Hermeland, issu d'une noble famille de Noyon, puis moine
de Fontenelle en Normandie, enfin fondateur d'un monastère
dans les environs de Nantes, a trouvé un biographe, digne
de lui, dans la personne de cet anonyme, qui appartenait, selon
toute apparence, au clergé nantais. Rien n'indique, en effet,
qu'il fut disciple du saint, ni môme moine de l'abbaye
d'Aindre; et cependant il est manifeste qu'il n'écrit qu'en
pleine connaissance de cause, après avoir interrogé avec soin
les familiers du saint et compulsé les archives de l'abbaye*.
Sans cela il n'eût pas été à mâme de connaître soit les
incidents qui signalèrent la fondation d'Aindre, soit surtout
ce qui concerne la naissance du saint, sa jeunesse et
sa vie monastique à Fontenelle, etc. Le style de cette vie,
bien que parfois un peu diffus, se fait cependant remarquer
par l'élégance et la correction. Quant à l'esprit de piété, dont
Tauteur était animé, il éclate à chaque page, principalement
dans celles qui sont consacrées à raconter la mort du saint,
et les premiers hommages religieux, dont il devint l'objet au
lendemain de son bienheureux trépas.
(il suivre). Dom Fr. Plaine.
* Vie de saint Hermeland^ prolegom., n* 17 et passim.
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, 3* LIV.
19
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UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN D'ANGERS
(LE CARDINAL DE DEN ON VILLE)
(1493-1 B40')
VI
XIX. -^ Rome, 24 mai 1537. — Monsieur de Lavaur arriva ici
mercredi au soir et vendredi fut baiser les pieds de Notre-
Saînt-Pèrc_ où je l'accompagnai. Ce m'est un grand secours
pour ayder à conduyre les affaires du Maître, car il est bon et
notable personnage, et bien expert aux affaires. »
XX. — Rome, mai -*- juillet 1537. — Les beaux jours ont
ramené la terreur des Turcs. Pendant qu'on fortifie les places
des côtes, \ ndant que le Pape exerce ses troupes, rassemble
une armée de 20,000 hommes, fait sien tout le revenu du
Chapeau et impose encore les Cardinaux pour subvenir aux
frais de la défense de Rome, la flotte turque tient la mer dans
les eaux de Gallipoli et n'attend que le moment favorable pour
lever l'ancre. André Doria est descendu jusqu'à Messine à sa
rencontre, mais il ne peut lutter contre elle, étant beaucoup
plus faible. L'Empereur lève aussi des troupes et en garnit les
« Voir la livraison de mars 1890.
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CN ABBÉ DE SAINT-AUBIN D ANGERS 287
côtes d'Espagne pour s opposer à Hn'vasion des Turcs. Entre
temps le cardinal Borghèse est mort, tout aussi bien que
Pierre Francisque de Viterbe, ce dont le Roi n'aura rien à
perdre, car « ils ne luy portaient guère bonne dévotion. »
XXI. — Lettre du Cardiaal-Evique de Màcon au roi Frari"
cois /•';
« Sire, par le secrétaire de Monsieur de Monl pesât, qui partit
dlciavant-hier^nousvous avons écrit bien atnplement de toutes
occurrences de deçà, et par la présente que nous envoyons à
Monsieur de Rhodez, à Venise, pour vous la faire tenir, il vous
plaira entendre ce qui est depuis survenu. Sa Sainteté a repré-
senté au consistoire que la tenue du concile qu'elle a convoqué
est traversée par la guerre qui est entre Vous et l'Empereur,
et qu'à ceste cause il est besoin pour ôter cet empêchement
qu'elle s'efforce encore, comme jusqu'ici elle a fait tout ce
qu'elle a pu pour vous accorder, ou bien de vous y faire venir
par admonitions et nouvelles exhortations^ ou bien faisant
office de juge comme Elle était délibérée de faire par excom-
munications et censures contre celui qui ne vo'^drait se sou-
mettre à la raison ; voire môme, si Elle le trouvait obstiné, de
se déclarer pour celuy qui serait le plus raisonnable, lui
aydant non seulement de ses forces spirituelles, mais aussi
des temporelles, après avoir toutefois tenté non seulement la
voie d'accord, mais la suspension des armes, ce qu'il lui sem-
blait devoiret pouvoirfaireattendreTéminentp .il où se trouve
la Chrétienté, et voulant au cas où le dit accord ne pourrait
en suivre vous contraindre l'un et l'autre, non seulement à la
dite suspension d'armes, mais à vous convertyr contre les
infidèles, surquoy Sa Sainteté voulait bien avoir l'opinion de
MM. Révérendissimes les Cardinaux; la plupart desquels ont
été d'avis qu'attendu la déclaration faite par les Luthériens,
en la dernière diette qu'ils ont tenue, de ne vouloir assister
audit concile s'il se célébrait en Italie, et les déclarations faites
par vous et l'Empereur, Sa Sainteté devait user du temps.
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\
388 UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN D^ANGBRS
C'est-à-dire différer encore d'assigner le lieu du concile jus-
qu'aux calendes de septembre, et qu'entre càet là, possible? le
temps apporterait l'expédient que l'esprit humain ne pouvait
pour cette heure comprendre, et tous ont convenu que le con-
cile pour toutes les difficultés susdites cependant ne s'étendra
ni prorogera. Et quant au fait de l'accord et suspension
d'arm(îs, Sa Sainteté devait attendre la réponse que l'un çt
l'autre feriez parce qu Elle vous a fait requérir d'envoyer
chacun devers Elle deux hommes d'autorité pour traiter le dit
accord, et que cependant Sa Sainteté pourrait concerter le
moyen de procéder en cette affaire avec cinq ou six de Mes-
seigneurs Révérendissimes les Cardinaux, soit par douceur
ou par rigueur, combien qu'il leur semblait qu'encore qu'Elle
connut le tort de l'un de vous deiix. Elle ne devrait pourtant
user d'armes et de forces temporelles à rencontre d'icelluy,
rencontrant les inconvénients jadis advenus non seulement
au Saint-Siège, ains à toute la Chrétienté, des partialités des
feus papes Léon, Adrien et Clément.
€ Surquoy Sa Sainteté a arrêté et conclu d'user du bénéfice
du temps, et différer l'assignation du lieu pour tenir le Con-
cile jusques aux Calendes de septembre, auquel temps, si
autre chose ne survient, elle a délibéré de se mettre en che-
min pour aller à Bologne, et se gouverner quant au fait du
dit concile ainsi que Dieu l'inspirera et selon l'avis et opi-
nion desdits Sieurs Révérendissimes, sans toutefois donner à,
penser à Vous ni dit Empereur, où Elle différerait et proro-
gerait le dit concile, que ce fut pour adhérer à vos passions
et volontés.
« Et quant au dit accord, Sa Sainteté a répété ce que plu-
sieurs fois Elle en a dit, à savoir que non seulement Elle. avait
délibéré de contraindre Vous et l'Empereur à la suspension
d'armes, mais aussi à les convertyr contre les pires ennemis
de la Foi, disant toutefois quant à se déclarer contre celui qui
lui paraîtra déraisonnable, que ce sera la dernière chose
qu'Elle fera, car Elle veut comme Elle a fait ci-devant, -obser-
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UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN DANGERS 289
ver sa neutralité sans y déroger en aucune manière, bien
qu'Elle veuille faire son office sans avoir respect aux passions
désordonnées de Vous et de l'Empereur. Puis a dit Sa Sain-
teté que son Général sera ici demain avec partie de ses gens
de guerre, et qu*Elle espérait que les forces s'élèveraient à
deux légions pour le moins.
« Sire, nous supplions Nostre Seigneur qu'il vous donne
en parfaite santé et prospérité très longue et bonne vie. De
Rome, ce 12' jour de juillet 1537*
« Vos très humbles et très obéissants sujets et serviteurs,
Chakles, Cardinal, Evoque de Mâcoa.
Georges de Selve, Evéque de LavaurV»
C'est à la plume de Ribier que nous devons la conservation
de cette importante dépêche. Il Ta transcrite au premier
volume de ses Mémoires d'Etat, afin de faire voir la part que
prenait à cette époque le Saint Siège, dans la gestion môme
des affaires des plus grandes Puissances du monde. Cette
lettre n'est pas, pour nous, intéressante seulement à ce point
de vue. Elle révèle dans Tâme et dans la conscience de
l'homme, qui en est l'auteur, et dont nous écrivons l'histoire,
un sentiment supérieur à celui qui jusqu'alors avait été le
mobile dominant de toutes ses actions. C'est moins en effet
l'ambassadeur qui parle en fidèle serviteur du Roi, prenant
avec soumission les ordres du Monarque, décidé à employer
tous les moyens pour en assurer l'exécution, c'est le Prince
de l'Eglise, c'est le futur membre du Concile, c'est le Cardinal
qui défend la cause de la Catholicité inquiète, mise en péril
par la dissension des princes, ses plus fermes soutiens.
L'Eglise Catholique traverse en effet, à ce moment difficile,
un temps d'épreuves. Pendant qu'au sud elle est menacée
directement par la matérielle et sanguinaire violence des
* Mémoires d*Etat de Ribier, tome I.
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200 UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN d'aNGERS
Musulmans, au nord elle a besoin de se défendre moralement
contre les fauteurs de Thérésie dont la doctrine fait de rapides
progrès et cherche à la frapper au cœur. Il lui faut dans un
concile général combattre cette doctrine funeste, la condam-
ner avec toute la majesté dont elle peut s'entourer ; ou, par
une discussion habile et des concessions possibles faites aux
dissidents, parvenir à un apaisement souhaité par tous les
fidèles, et faire ainsi rentrer dans son giron maternel les
âmes égarées d'un très grand nombre de ses enfants. Déjà ce
concile a été convoqué à Bologne, puis à Mantoue, et les
guerres incessantes dont l'Italie a été le théâtre en ont empê-
ché la réunion. Le Pontife Roi cesse d'être libre dans la
gestion de son Eglise Universelle, et l'entrave qu*il subit lui
vient des deux Princes qu'une orgueilleuse rivalité met sans
cesse en contact, se refusant à toute réconciliation. — Ce
n'est plus entre les deux rivaux que le Cardinal se place, son
rôle n'est pas ici de chercher à influencer la politique du Saint
Père, c'est au nom des intérêts les plus sacrés de la Catholicité
toute entière qu'il plaide la plus noble cause auprès du Fils
aîné de TEglise.
Mais que faire avec les puissants du siècle ? Les exhorta-
tions des Cardinaux, les menaces non dissimulées de Paul III,
ne produisirent que plus tard leur effet, et bien que la paix fut
signée à Nice entre l'Empereur et le Roi, en 1538, ce ne fut
qu'en 1545 que le Concile put-se réunira Trente pour juger les
Luthériens,
Et les Turcs menaçaient toujours Tltalie comme on va le
voir par les lettres suivantes.
XXII. — Rome 6 août 1537. — La flotte turque tient la
mer aux alentours de Malte, André Doria n'est pas
assez fort pour l'attaquer, il se contente de la harceler,
non sans succès. Dans le courant de juillet il s'est empa-
ré de deux galères et trois galiotes turques. Les der-
nières nouvelles annonçaient qu'il avait capturé cinq galères
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UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN D*ANGER8 291
portant des vivres à la suite d'un combat meurtrier où beau-
coup périrent de part et d'autre. André Doria fut grièvement
blessé au genou. Il a dû se retirer à Messine pour guérir ses
blessés et réparer ses vaisseaux. Barberousse, amiral turc, y
poursuivit le Génois avec trois cent voiles, mais* sans l'attein-
dre, et vint faire une démonstration menaçante dans le golfe
de Tarante et jusque devant Otrante, où il tira nombreux coups
de canon. — « Le vice-Roy partit de Naples le vingt huictièsme
dudit mois passé avec six ou sept mil hommes a pied, et le
plus de chevaux qu'il a peu mettre ensemble, et leur a fait
prendre le chemin de Brindisy, estimant que le Turcq y doib-
ve faire son plus grant effort, pour n'estre le port du dit lieu
bien fortiffié. Nostre Sainct Père est après à s'armer, et a
ensemble en ceste ville jusques au nombre de six mil hommes,
et a délibéré d'en faire lever quinze pour fournir Parme,
Plaisance, Ancosne, Civitavesche, Hostie et Tarraccine, et
cherche argent de tous côtés par nouvelles impositions, oultre
les impositions nouvelles qui sont mises sur les victuailles ».
XXIII. — Rome 10 août 1537, — « Monseigneur je ne veulx
vous taire une nouvelle des choses de Florence, encores
qu'elle soit fâcheuse et de mauvaise digestion pour les
affaires du Roy. C'est que le premier de ce mois Philippe
Strozzi, Bartholomée Valory et autres ayant mis ensemble
troys mil hommes et iceulx renforcez de troys autres mil qui
les debvoient suivre, avoient faict si bonne diligence qu'en
quatre jours ils estoient venuz de Bolongne à treize milles
près de Florence entre Prato et Monte Murlo, délibérez de
faire quelque bon exploict. Mais la fortune leur fusl tant con-
tï îire que ayant divisé leur avant garde de l'arrière garde, et
s'estans esloignez l'un de l'autre de plus de dix milles, ilz
furent descouverts par ung espye, qui soudain en advertit
Alexandre Vitelle, Pierre Colonne et autres de dedans, les-
quelz sortirent incontinent de Florence avec mil hommes de
pied, et cent cinquante chevaulx, et appelèrent quinze cents
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292 UN ABBÉ DE SATNT-AUBIN D'ANQERS
Espaignolzéstans au dict Prato, et se délibérèrent donner la
bataille a la dicte avant garde où estoient peu d'hommes avec
les ditz Strozzy, Valory et quelques de leurs enfans, ce qu'ilz
feirent, et la rompirent et fracassèrent. Et s'estans retirez les
dictz Stro2zy et Valory avec quelques gens à Montemurlo,
après avoir repoussé troys assaulx des dictz Vitelle et Co-
lonne, avant le quatriesme se rendirent à composition, et
furent menez prisonniers au chasteau de Florence. Il est dit
que le dict Strozzi en sera quitte en payant ; mais- que Valory
est pour y laisser la teste ».
Marquis de Brisay.
(A suivre,)
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DEUX BULLES INEDITES
Du XVI' Siècle
LB R. p. Roy, professeur darchéologie au grand Sémi-
naire de Poitiers, a bien voulu me communiquer
deux bulles inédites, qui intéressent notre région
et qui lui ont été remises par un curé du diocèse de
Poitiers. Après avoir transcrit leur teneurje décrirai et com-
menterai les sceaux de plomb qui les authentiquent. Il m'a
semblé qu'une étude sur ce sujet, qui n'a pas été abordé
parmi nous, a sa place naturelle dans une Revue destinée &
l'histoire locale.
Fréter don* Raphaël GotOQer*^, Dei gratia sacrœ Domas hospitalis'
sancti Joannis Hierosolymitani et Mîlitaris Ordinis SaQCti Sepulchri
Dominici' Magister hamilis pauperamque Jesa Xpi custos, Religioso in
^ Du latin domnuSi qualificatif qui est resté dans tout Tordre monas*
tique, mais qui ici a encore une signification nobiliaire {Gtornals araldico,
t. xvis p. 16).
* bis, Raphaël Gotoner fut le 58« grand maître de 1660 à 1663.
s Cette dénomination subsiste dans certains lieux dits du Poitou, où dei
terres possédées par l'ordre se nomment encore l'Hâpitau.
> L'ordre militaire du Saint-Sépulcre arait été uni & Tordre hospitalier de
Saint- Jean- de-Jérusalem. •
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294 DEUX BULLES INÉDITES
Xpo nobis cfaarissimo fratri Ëmerico de la Sausay*, nostr» dict» Domiis
Yenerabilis* Prioratus Aquitanis'^ armorum sarvienti ac militi ma-
gistrali, salatem in Domino eempiternam. Yirtutam tuanim mérita
multiplicesque animi tui dotes necnon laudabilia obsequia per te
Religioni' nostrœ pnestita et quœ in dicta sedulo prsstare non desinis,
promerentor ut ea tibi libéra liter concedamns quœ tnif comoditatibas
fore conspicimus opportuna. Gum igitur in yim praeeminentis nostrœ
magistralis contulerimus et concesserimus Religioso in Xpo nobis
charissimo fratri Guido de la Brunettière Duplessis'^» commendam
nostram de Gueillant'^ dicti Prioratus Aquitani», retenta ac reservata
super fructibus et redditibus dictœ commendœ de Gueillant summa
seu pensione annua librarum trecentarum et octoginta Turon. in
supplementum quintœ partis yaloris einsde^m commendas uni Tel
pluribus fratribus nostris nostro arbitrio danda, constituenda et
assignanda : Hinc est quod pnemissorum meritornm tuorum intuitu et
contemplatione suasi, ex pnedicta summa librarum trecentarum et
octoginta per nos, ut praefertur, retenta, summam seu pensionna
annuam librarum ducentarum et triginta Turon. super fructibus et
proventibus prœdictsB commendœ de Gueillant, de nostra certa scientia
et speciali gratia, tenore prœsentium, tibi^ tua yita durante, concedi-
mus, donamus et assignamus. Teque pensionarium perpetuum eiusdem
Gommendas in dicta summa facimus, crtamus^et esse Tolumus. Prœci-
pientes dicto fratri Guido de la Brunettière Duplessis, moderne hujus-
modi Gommendœ de Gueillant commendatario et suis in eadem succès-
1 Le nom est écrit de trois manier»! différentes : de la Sattsay, qui fait
présumer la forme moderne de la SaiMsaie ; Sauzay et Santay.
3 Vénérable est le qualificatif ecclésiastique des lieux pies.
^ bis. L'ordre de Malte, en France, comprenait trois langtAes : la langue
de Provence, subdivisée en prieurés de saint Gilles et de TotUouse ; la langtêe
l'Auvergne et la langue de France^ qui comprenait les prieurés de France^
de Champagne et d'Aquitaine, Les autres langues pour les autres nations
étaient Italie, Aragon, Casiille, Allemagne et Anjleterre (Guélon, Hist, de
la SauvetcUt p. 9).
' Religion se dit encore à Rome d*un ordre religieux.
3 bis. M. Genesteix, qui prépare une histoire du prieuré d* Aquitaine, me dit
que .Guy de la Brunetière du Plessis Geté, fut commandeur du Quéleant
de lt>64 à 1694.
^ ter 1a nom de cette commanderie s'orthographie Le Quéleant^ paroisse
de Moitron (Sarthe).
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DU XVI* SIÈCLE 295
ftoribas, in yirtute sanctse obediantiae ac sab pœaa cootra eos inllicta
qui jura nostri commaais sBrarij coatuooiacîter soWera récusant, ut
siogalis annis in capitulo proviaciali dicti Prioratuft vt\, .eo non celé»
brato, in festo Nativitatie sancU Joannk Baptîst», patroni nostri^
dictam pensionem librarnm ducentarum et triginta Turon^ ut prie*
mitcitur, infallibiliter^ Omni ezcnsatione^ mora, dilatione et oppositione
cessante et postposita, tibi vel quibus légitime commiseris realiter et cum
efTectu ezolvant et numorent. Mandantes in Tim dictas obedientie uni-
versis et singalis dictâe Domus nostrœ frtitribus, quacamque auctoritate,
digaitate officioque fttngentibus, prœsentibus etfutoris^ ne contra prœ-
sentes nostras liiteras atiquatenus facere vel venire pr8e8nniaiit> sed eas
studeant inidolabiliter observare. In cnjns rei testimonium buUa nostra
magtstralis plùmbea prseaentibus est appensa. Datum Melits in Gon-
ventu nostro die quarta mensis decembris roillesimo sexcentesimo
sexagesimo primo.
Sceau de plomb.
Sî/r le repli : Reg** in Cancell». Fr. D. Emmanuel Arias vice
cancell*.
Au dos ;Pensio magistralis ducentarum et triginta Turonen:
super fructibus comm<*« de Guelllant pro fratre Emerico de
Sanzay.
Au-dessous, d'une autre main : Pantion de deux cent Iran te
livres.
II
Frater don Nicolaus Gotoner^ Dei gratia Sacrœ Domus hos-
pitalis Saacti Joannis Hierosolymitani et militaris Ordinis Sancti
Sepulchri Dominici Magister humilis pauperumque Jesu Xpi custos et
Nosconventus Domus eiusdem, Religiosoin Xpo nobis charissimo fratri
< Nicolas Cotoner, frère de Raphaël, fut le 59* grand maître de 1663 h 1680
{VArt devénfter les dates, éiit. de iSlS, t. ii, p. IIG.)
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296 DEUX BULLES INÉDITES
Emerico de Sauzay, uostr» dictœ Domus Venerabilis Prioratus
AquitaniaB annoram servienti ac Militi Magistral!, salutem in Domino
sempiternam. Yirtatam' . • . .' praestita et qu» in futurum te prœsti-
turum confidimney promerentur ut. • Gam alias Religiosus in
Xpo Nobis charissimos frater Lancellottus de Ghouppes, Gommendae
nostrœ de Blisson *^, dicti Prioratus Aquitaniœ Gommendatarius *'^y
tibi dedisset binas annuas pensiones, aliam nempe scutorum octoginta
quinque, ^acatam per obitam quondam fratris Glandij de Herbier la
Standure et alteram scutorum quadraginta quinque, vacatam per
obitam quondam^ iratris Leonis de la Motta Gheuvron, super fructibus
prflBdicts commendœ de Blisson, quam ex gratia Magistrali possidet,
prout in pablicis instrumentis pênes regios notariés Bertgonneau et
Montenay, sub die XXIX decembris et mente maio 1662 respective
rogatis fusius continetur. Gumque nuper idem Gommendatarius frater
Lancellottus de Gouppes', memoratas binas annuas pensiones, constitu-
tiones et donationes, ratificaverit et confirmayerit, illasque denovo tibi
dederit, constituent et assignayerit super fructibus eè redditibus praedict»
Gommendœ de Blisson, prout de hujusmodi confirmatione et nupera
donatione, constitutione et assignatione, per publicum instrumentum
pênes acta dicti regij notarij Bertgonneau in civitate de Poictiers
sub die secunda decembris anni proxime elapsi 1663 rogatum^
latius constat et apparet Nobisque propterea bumiliter supplicari
fecerit ut pro majori rerum prœmissarum robore, buUas de huju^
modi pensione in forma solita et consueta expediri mandaremus. Hinc
est quod prsemissorum meritorum intuitu et contemplatione suasi,
invicem maturo et deliberato consilio^ de nostra certa scientia prsBdictas
binas summas seu pensiones annuas ad scuta centum et triginla in
totum, ut picfertur, ascendentes, super fructibus et proventibus
prsedicts Gomm^ndœ de Blisson tibi modis et formis ac conditionibus
corn quibus illae cibi de novo constitutœ et reassignatœ fuerunt, tenore
prsBsentium conceclimus, donamus et assignamus. Teque pensionarium
* Jeiupprime les passages répétés de la bulle de 1661.
* bis. Le Blizon est situé dans l'Indre, paroisse de Saint-Michel-en-Brenne.
* 1er, M. Genesteix, que j*ai consulté pour Tidentiflcation des noms de lieux
et de personnes, m'assure que la liste des commandeurs du Blizon n'existe pas.
s Quondam répond k feu,
\Sic. De Chouppes doit être la vraie orthographe.
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DU XVI* SIÈCLE 297
perpetaum dicts Gommendae ia prsfata summa scutonim centum et
triginta lacimas, creamus et egse volamaft. PrœcipienteB dicto fratri
Lancellctto de Ghouppes, moderoo commendœ de BHbsoq commenda-
tario et suis paxoQÎ noUri, dictas binas annnas pensiones
scutoruni centum et triginta, nt prœmittitur. . . . Datnm Melitc, in
Tonvertu nostro die qniita mensis maij millesirao sezcentesimo
sezagesimo quarlo.
£1 lugar^ : de Gran Ganciller.
Fr. don fran. de Torre Pac^heco et Gardenas c.
Sceau de plomb.
Sur le repli : Reg" in Cancell*. Pr. D. Emmanuel Arias Vice-
cane.
Au dos: Pensio scutorum centum et triginta super fruc-
tibus CommendaB de Blisson pro fratre Emerico de Sauzay.
Au dessous, dune autre main : Pension de cent trante
(éçus) de l'an mille six cent soixante et deux.
III
Ces deux bulles sont absolument identiques, quant à la
rédaction : elles ne le sont pas moins pour la forme et le
scellement.
Elles sont écrites sur le côté doux* d'un parchemin reetan-
gulaire^ rayé et piqueté aux bords, car le calligraphe Ta
tendu préalablement sur un châssis, comme il se pratique
encore à la chancellerie apostolique.
'Gomme les bulles pontificales.
» Haut. : 0,M; larg. : 0,36.
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298 DFUX BULLES INÉDITES
La rédaction, conforme à un formulaire qui servait dans
les circonstances analogues, est en latin, peu intelligible peut-
être pour l'intéressé, puisqu^au dos on a répété la rubrique
en français, probablement après la réception du diplôme
<^ magistraL >
L'eri-lôtc, désignant le grand-maître, est en fausse gothique:
le re3te de l'écriture est celle du temps, un peu haute, ferme
et très listtile, pour les lettres du moins, car les mots sont
surchargés d'abrévialions qui en rendent la lecture pénible
pour qui n'est pas familiarisé avec le style de* la chancellerie.
On y trouve indifréremment la diphthongue *iî ou Ve cédille.
La ponctuation est fidèlement observée.
La seconde pièce seule portti la signature du grand chan-
celier, sans préjudice descelle du vice-chancelier, qui fait l'ex-
pédltion.
La première bulle, datée de Malte, le 4 décembre 1661,
accorde k frère Émeric de la Saussaie, « servant d'armes »
et < chevalifsr mrt^stral, -^ une'« pension de 230 livres tour-
nois, » à prendre sur la « comaianderie de Gueillant, » dont
le titulaire est Guy de la Brinietière du Plessis, et payable
chaque année lors du chapitre provincial ou, à son défaut,
an jour de la Nativité de saint Jean- Baptiste, patron de Tordre
(2i juin). Gomme cetlc réserve sur les a fruits et revenus »
pouvait molester le commandeur chargé de servir la pension,
Injonction lui es 1 faite « en vertu de la sainte obéissance, »
sous les* peiiie^ w portées contre les « cutitumaces. »
La seconde bulle, datée également de Malte, le 5 mai 1664,
est adressée au même commandeur, à qui est c assignée »
et « constituée » une ^t double pension, » montant en total à
w cent trente écus, * Elle est prélevée sur la commanderie
de Blisson et provient de frère Lancelot de Chouppes, qui
tenait, l'ur.e, de frère Claude de Herbier la Standure et l'autre,
de frère Léon de la Motte Chevron, comme il résulte des
actes notariés passés à Poitiers en 1662 et 1663.
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DU Xvi* SIÈCLE 299
r
Le sceau de plomb ou bulle proprement dite* , de trois
centimètres de diamètre, pend, au milieu du rebord infé-
rieur de la bulle, par une cordelette de chanvre. Il est plat,
circulaire, effigie et inscrit.
Sur la face, on voit le Christ, étendu sur un sarcophage,
dont la table est perlée et le devant décoré d'arcades. Il
croise ses mains au-dessous de sa poitrine. Sa tête, placée
à gauche', est entourée d'un nimbe crucifère et derrière se
dresse une croix processionnelle, à branches ancrées. Aux
pieds se balance un encensoir en boule, soutenu par trois
chaînes* . Au-dessus s'aligne une construction, avec cou-
pole centrale, fenêtres et arcades, qui figure le Saint Sépulcre.
De la coupole pend, à trois chaînes, une lampe ou pot à
feu, de la forme dite gabaia^ *".
En exergue et en gothique ronde : f HOSPITALIS HIERV-
SALEM.
Le style de la face en reporte l'exécution au XIII* siècle ;
le revers, au contraire, est contemporain de la bulle* .
Sur la bulle de 1661, le grand maître, fiârbu et tête nue,
f bis, M. VaUier cite Tusage des bulles, au moyen-àge, pour les archevêques
d'EmbruD, les évoques de Gap, de Die, de Valence et de Saint-Paul-troi8-Ch&-
teaux, les seigneurs de Montélimar et les dauphins eux-mêmes. » (Le bras de
saint Amoul et les bulles des évéques de Gap, p. 7).
^ La gauche du sceau^ à Tinverse de celle du spectateur.
' n suppose, en haut, la main d'un ange pour le tenir. L'encensoir est un
honneur, k la fois funèbre et divin.
' bis Cette lampe pourrait aussi rappeler le feu sacrV. « Pendant de longs
siècles, le Samedi saint, en présence du clergé et du peuple, une des lampes
qui surmontait le Saint-Sépulcre à, Jérusalem, s'allumait miraculeusement.
Après avoir allumé les lampes de Téglise, on communiquait ce feu nouveau
aux fidèles pour leurs maisons. Ce prodige se manifesta la première fois après
la conquête de cette ville par les Sarrasins, et on vit un signe de la divinité
de la religion aux yeux des infidèles. Attesté par les historiens contempo-
rains, il a été raconté par Urbain II, lorsqu'il vint en France prêcher la
croisade. Ce miracle cessa seulement lorsque la ville retomba aux mains des
infidèles. Le clergé grec, tous les ans, cherche k reproduire ce miracle^ par
une supercherie odieuse (Dom Quéranger, Année liturgique. Passion,
599-600).
La façon dont a été frappée la Bulle, indique qu'elle se compose de deux
rondelles, obtenues séparément, puis rapprochées .
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300 DEUX BULLES INÉDITES
est agenouillé sur le sol inégal du Calvaire. Il porte un man-
teau sur sa tunique talaire et tient, des deux mains jointes,
un dizain, dont on n'aperçoit que trois grains et la houppe
terminale* . Il prie devant une croix à double croisillon' ,
plantée sur la colline et accompagnée des deux lettres alpha
et oméga. On lit autour en majuscules romaines : RAPHAËL
COTONER. M. M ' DOM.
Le revers varie à la bulle de 1664. La croix est la mème^
mais avec V alpha seulement. Le grand maître, agenouillé,
tient un dizain à deux grains et une houppe : il est suivi de
cinq religieux, dont la présence est justifiée par le texte
Nos conventus et la légende dont il ne reste que le com-
mencement et la fin : f BVL [la magistri) ET CONVENTVS et
qui se développe entre deux rangs de grènetis. Le revers de
la bulle variait donc, suivant qu'elle était donnée par le
grand maître seul ou par celui-ci et son couvent.
IV.
Les bulles des grands maîtres ont été étudiées plusieurs
fois' ***. Il ne sera pas inutile de comparer celles du moyen-
âge avec les deux relçitives au prieuré d'Aquitaine.
* JLes cheyalien de Malte ayaient remplacé la récitation de Toffice divin
par ceUe, beaucoup plus courte, du chapelet.
' Cette croix, qui figure la vraie Croix conservée à Jérusalem, est derenue
l'insigne du patriarcat.
> La bulle a souffert en cet endroit, mais il est facile de suppléer arec le
début du diplôme : Magnus magister sacr» damtts hospitaXis,
^ bis. Parmi les ouvrages récents, il importe de citer le suivant : Les Sceaux
des archives de Vùrdre de SairU-Jean de Jérusalem à Malte, par Delaville-
Le Roulx/ 1887, in-8*.
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DU xvi* SIÈCLE ;301
• Les plus anciennes remontent aux XII* et XIII* siècles. Là
Jtevue archéologique, t. xxxi, p. 55-57, en donne deux de cette
époque. La bulle de frère Jean porte sur la face, non pas
€ un malade couché dans un lit de Thôpital saint Jean, »
comme Taffirme Tauteur de Tarticle, mais bien le Christ lui-
môme dans son tombeau. Au revers, la croix à double croi-
sillon est accostée des lettres « et w et surmonte un M go-
thique, qui n'est pas expliqué* .
Sur le contre sceau du patriarche de Jérusalem, Guillaume,
en 1265 (Douet d'Arcq, Collect, de sceaux, t. u, p. 454). la
légende permet de reconnaître sûrement le Saint Sépulcre' :
PVf SELCRVM XPI VIVENTIS .
Les Mélanges de numismatique, t. ii, contiennent un article
de MM. de Vogué et Lambros, qui, planche IX, n" 21, figurent
le plomb du grand maître Gaufridus Lerat (1195-1206), où
Ton observe la croix double, flanquée à droite de Voméga^ et
' Pour M. Schlamberger (Rex>, arch.^ t. xzxi, p. t50), ce que Ton a pris
€ pour un M gothique » serait « la représentation du crâne dWdam. » Je ne
puis admettre cette interprétation que la forme même du signe contredit. La
lettre existe réellement, elle n'est donc point une erreur d'interprétation ;
mais elle est la dégénérescence d'un type primordial, que les artistes avaient
cessé de comprendre et qu'ils reproduisaient en conséquence d'une manière
fantaisiste.
' Les Templiers (Douet d'Arcq, t. m, p. 242) faisaient usage, en 1255,
d'un sceau où la coupole désignait le Saint-Sépulcre :
t SIGILLVM TVMBE TEMPLI XPI.
Chassant {Dict, de paléographie pratique) donne ces deux variantes :
S. MIUTVM XPI
S. MILITIB TEMPLI
' En Afrique, h, Thévedte, fut découvert dan.s une basilique le sarcophage
de Palladius, évéque d'Idicra, qui mourut b. Constantine en 484. « L'iscrizione
e sormontata da una oroce avente all'angolo destro inferiore la lettera
oméga. E ourioso d'osservare che l'altro corrispondente a mano sinistra non
contiene Valfa, corne generalmente s'osserva. Fu detto che cio dériva dal
fatto essere morto il vescovo lontano dalla sua diocesi. » {Bullet. di arche
Dalmata, 1889, p. 17). La croix n'a donc que Vomega sans alpha et cet oméga
est ù. droite, La raison alléguée ici, quel'évéque est mort hors de son diocèse,
ne me semble guère plausible.
T. VI. — NOTICES. — VI' ANNÉE, 3" LIV. 19*
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302 DEUX BULLES INÉDITES
au-dessous est une espèce de tête de mort. Planche X, n» 27,
la croix s'élève entre A [alpha) et M, qui n'est qu'un oméga
renversé. Planche VI, n' 59, A disparaît et M seule subsiste
du côlé gauche, sur la bulle Orsini ; au n» 6, M prendla forme
gothique bouclée. Sur le sceau de Foulques de Villaret (1307
1359), la croix double surmonte une M fermée, avec deux
pointes qui ressemblent aux deux yeux du crâne (n** 22).
Douet d'Arcq écrit (t. m, p. 243-244), à propos de deux
bulles des « hospitaliers de Jérusalem, » qui scellent un di-
plôme donné à Rhodes en 1356 : « A droite, une foule de
chevaliers Csept têtes *), agenouillés devant une croix pa-
triarcale, accompagnée des lettres « w. Sous le pied de la
croix, un M couché, f BVLLA MAGISTRI ET CONVENTVS.
— Revers. Sous un toit d'architecture gothique, d*où pend
une lampe, un personnage nimbé' , couché sur un tombeau,
au chevet duquel est une croix pattée' , ayant à ses pieds un
encensoir, f HOSPITALIS HIERVSALEM. »
La bulle de Philbert de Naillac (1396-1421) est figurée aux
* yj compte huit têtes, dont trois en queue.
> L'auteur hésite \\ tort, car le nimbe aurait dû le renseigner suffisam-
ment et surtout s'il avait constaté sur de bonnes empreintes qu'il est timbré
d'une croix. M. de Vogué, p. 184, se contente de dire « personnage couché, »
ce qui est bien vague, quand, en iconographie, une plus grande précision
est possible.
' La croix est une coutume liturgique, qui a subsisté jusqu'à ces der-
niers temps, dans le rite gallican. Le baron de Guilhermyen a cité un exemple
dans ses Inscriptions du diocèse de Paris, t. ii, p. 366. En 1677, Etienne
Le Qoust, marchand, est inhumé dans Téglise de Saint-Ouen-l'Aumône.
Entre autres recommandations faites par lui, son épitaphe rapporte celle-ci :
il avait fondé un' salut, le jour de saint Jean -Baptiste et,
A LA FIN DVDIT SALVT DE PRO
FVNDIS ET ORAISONS DANS LA CHAPELLE DE LA VIERGE
OV EST ENTERRÉ LEDIT DEFFVNCT LE GOVST OR SERA
MIS LA BELLE CROIX AV feOVT DE LA REPRÉSENTATION
DES MORTS ET DEVX CIERGES ARDENS... .
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DU XVI* SiftCLlî 303
n" 29, 47, 49, •ISO. La croix double est accompagnée de la
lettre A à gauche, une seule fois et, trois autres fois, de M
sous la croix et, aux n»» 30 et 51, de la lettre G, sur la bulle
d'Antoine.
Au n" 45 de la planche V, A est à gauche de la croix, sans
pendant, sur la bulle de Philippe. Enfin, sur les monnaies
des XIV« et XV siècles, les lettres sont A, B, G, M, P., indif-
féremment.
Tout cela est évidemment fort compliqué et il faudrait
peut-être d'autres éléments encore pour pouvoir se prononcer
librement.
Raisonnons sur ce que nous avons sous les yeux. II y a
plusieurs variantes : d'abord alpha et oméga, dont la signi-
Qcation est incontestable et bien connue en iconographie.
Mais il s'y opère deux changements: A esta droite ou à
gauche ; à gauche, il n*a pas son pendant (pi. V, n* 45 ; pi. X,
n" 29). Puis w se retourne et devient M (pi. X, n° 27 ; pi. VI,
n^fiO). Est-ce cet am^g'a mal fait ou renversé qui aurait donné
ridée de M sous la croix, laquelle alors n'a plus l'initiale ou
la finale del'alphabet grec? C'est possible (pi. V, n" 47, 49,50).
Mais une autre version s'impose et elle a pour garant
l'autorité de M. Schlumberger. Planche IX, n** 21, la croix a,
adroite, Y oméga, à gauche V alpha a disparu, mais son exis-
tence n'est pas douteuse ; enfin, au dessous, un crâne qui ne
peut être que celui d'Adam*. Ce crâne (n* 22) devient M bouclée
au quatorzième siècle, mais avec deux points rappelant ses
deux yeux : à la fin du même siècle, M subsiste seule (n** 47,
45, 50). Qu'en conclure? Que nous avons là le point de départ
et les deux transformations successives. L'acheminement
à la déformation est très apparent de 1307 à 1319 rotez les
deux points, il n'y a plus qu'une lettre inintelligible au lieu
d'un crâne.
* X. Barbier de Montault, Œuvres complètes, t. ii, p. 494, au mot Adam
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1
304 DKUX BULLlîS INÉDITES
Mais, à gauche de la croix, voici d'autres lè*trés,B,.G, P.
M. de Vogué interprète GGenisalemme, Pourquoi cette forme
italienne? G^roso/êma serait encore plus plausible.
L'initiale donnerait-elle alors le lieu de la frappe ? B pourrait
donc devenir Bethléem, P Palestina. J'avoue toutefois que je
n*ose m'aventurer sur un terrain si peu solide.
X. Barbier de Montault,
Prélat delà Maison de Sa Sainteté,
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t
\a Rerue hUioriqv^ de t Ouest a été le moi» Her-
Tiier fia juin), hîen criidlement éprouvée par la
raorU aussi subite qu" imprévue, de M. Joseph ér,
MUNTl DE KEZÉ, âgé de i8 ans, fils aîoé de notre
f her ooïi frère M. Claude (ie Monti de Resté, archiviste
de la lle}*ae, el l'un di* ses foûdateurs. A peine au
sruil de la vie, et alors que l'existence la plus
heureuse semblait lui sourire, il a été enlevé en
quelques heures a l'alîeilîoii des siens. Dans cea
tristes drconsUnif^es, la Pevae historique de f Ouest
tient à assurer de nouveau M. (ïlaude de IVlonti 'de
Rezé et sa famille de toulf la vive pari qu'elle a j»rise
à leur profonde douleur.
Quelques jourfi après, le â!i juin, un nouveau
deuil, ausHÏ cruel qu'inattendu, venait attrister Ions
nos coeurs ; notre sympalhique et zélé eonfnVre,
M, Raoul LE QUEN uEN TREMEUSE, était emporté
presque subitement par une méningite. Aussi
profondément dévoué à toutes les œuvres littéraires
et scieutifiques qu'aux œuvres sociales et rclig'ieuses,
il avait été Tun des premiers fondateurs et des
bienfaiteurs fie la Ueime historique de F Ouest, h
laquelle il n'avait cessé de témoigner le plus vif
intérêt. Elle ne saurait donc oublier ce caractère si
noble, ce cœur si généreux et si loyal» et c'est avec
une profonde tristesse qu'elle s^associe aujourd*hui
à l'immense douleur de sa famille et de ses nom-
breux amis.
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LES 136 NANTAIS
RELATION INÉDITE DE LEUR Y0TA6E A PARIS EN 1794
Par 1« Comte Bernardin-Marie de la GUÈRE
AVEC INTRODUCTION. NOTES & NOTICES
Par le oomte Alphonse de la GUÈRE
AVEC LE CONCOURS DE MM. RENÉ KERVILER^ COMTE RÉGIS
DE l'bSTOURBBILLON , HENRI LE MEIGNEN. •
INTRODUCTION
LE voyage à Paris des 132' Nantais envoyés par Carrier au
tribunal révolutionnaire de Paris est Tun des épisodes
les plus importants et les plus dramatiques de Tbistoire
de la Terreur à Nantes. Il est pourtant mal connu, sinon dans les
faits matériels de ses cruelles péripéties, du moins dans ses
causes et dans Tappréciation de la situation politique de ses prin-
cipales victimes.
Une relation^de cette lamentable odyssée fut imprimée à Paris
presque aussitôt après l'acquittement des prisonniers restants. Elle
a pour titre : Relation du voyage des cent trente-deux
Nantais envoyés à Paris par le Comité révolutionnaire
* Us partirent 132, mais à Angers on en relâcha 4 qui furent remplacés par
4 antres. Total 13«.
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, 4* LIV. 20
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306 INTRODUCTION
de Nantes (Paris, sans Dom d'imprimeur, an II, in-8*, 45 p.) ;
elle est signée de dix noms seulement parmi lesquels ceux de
'\nilenave, de Dorvo et de Pineau du Pavillon', et datée de Paris
<K maison BeIhomme,rue Charonne, faubourg Antoine, le l**" mes-
sidor an II de la République française, une et indivisible. »
Bien qu'un grand nombre d'éditions en .aient été tirées aussitôt
après sa première publication, elle est devenue assez rare, et
Verger l'a reproduite dans ses Archives curierÀses de la ville
de Nantes. Elle est précédée d'un avertissement ainsi conçu :
« Cette relation n'était point destinée à Timpression. Quelques-
uns d'entre nous l'avaieut rédigée comme on rédige des notes
sur les événements les plus remarquables de sa vie, c'est-à-dire
sans soin et sans prétention. Tant que le Comité révolutionnaire de
Nan^s a exercé, dans cette commuae et dans le département de
la Loire-Inférieure, la pui&sance la plus arbitraire, la crainte bien
légitime d'exposer à sa fureur nos familles entières nous a imposé
la loi du plus rigoureux silence. Pleins de confiance dans la
justice nationale, nous avons dû étouffer nos plaintes, mais au-
jourd'hui qu'il est bien prouvé que le comité de Nantes a épuisé
sur nous tous ses moyens de nuire, nous devons à la vérité, à la
justice et à l'humanité, de déclarer toutes les persécutions aux-
quelles nous avons été en butte. »
Cette relation empreinte d'un assez vif esprit républicain est
généralement attribuée à Villenave. Il est, en effet, fort probable
qu'il en fut le principal rédacteur et qu'il eut pour collaborateur
Phélippes de Coëtgoureden de Tronjolly, cet ancien substitut du
procureur du Roi près le présidial de Rennes, qui, devenu pré-
sident du tribunal révolutionnaire de Nantes, avait d'abord exé-
cuté, sans mot dire, les ordres de Carrier et s'était fait ensuite
« Sur tous ces personnages, nous donnerons ci*dessoù8 des notices
détaillées.
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INTRODUCTION 307
l'accusateur de son ancien patron*. Phélippes n'avait pointt
fait partie du voyage des 132, mais lorsqu'il se décida à se faire
raccnsateur de Garrieri c'est-à-dire quelques mois plus tard, il se
constitua prisonnier, fut expédié seul à Paris et joint pour le
procès aux 133 Nantais. Or l'œuvre de ces deux transfuges de
l'ancien régime a été jusqu'à présent la seule base des appréciations
des historiens. Il en est résulté des erreurs capitales. Je n'en veux
pour preuve que ce passage d'un compte-rendu de M. Anatole
de Earthéïemf , un des érudits parisiens qui connaissent le mieux
la Bretagne et ses annales les plus intimes, présentant aux lec-
tears de la Revue de Bretagne et de Vendée^ en 1862, le
livre de H;. Gampardon, un historien lui aussi fort consciencieux,
archiviste aux archives de l'Empire, sur VHistoire du tribunal
rétolutionnaire de Paris :
c J'ai rarement vu, dit M. de Barthélémy d'après M. Gam-
pardon, quelque chose de plus navrant que le récit du voyage de
Nantes à Paris des malheureux Nantais que le Comité révolution-
naire expédia le 27 novembre 1793. C'étaient cependant des
républicains qui avaient fait leurs preuves^ qui avaient
même obéi à quelques-uns des ordres de Carrier. Un beau
jour^ celui-ci ne les avait plus trouvés ni assez purs^ ni
assez zélée. Leur voyage dura quarante jours, au milieu des
souffrances de la faim, de la soif, du froid, exposés aux insultes
et à la mort violente, enfermés à leurs longues étapes dans des
* François-Anne-Louls Phélippes de TronjoU^ appartenait à une ancienne
famiUe qui figure aux réformations et montres du XV* siècle, en Bourgbriac
et Plésidy, et qui portait « de gueules à la croix endentée éC argent », mais
qui ne comparut pas à. la ré formation de 1669. Petit-fils d'un échevin de
Rennes, il fnt juge-garde de la monnaie de Rennes en 1775, avocat du roi
au présidial en 1778, lieutenant^colonel de la milice bourgeoise, député de
Rennes aux États de 1784, et son zèle révolutionnaire lui valut en 179S la
présidence^ du tribunal révolutionnaire de Nantes, Il mourut en 1818.
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308 INTRODUCTION
locaux insalubres où une simple paillasse était payée jusqu'à dix
livres par nuit. Ils n'étaient plus que 97 à leur arrivée : la dé^
magogie leur faisait payer durement le concours dévoué
quelle leur avait prêté. A leur tête était Phélippes de Tron-
jolly qui, après avoir invectivé les aristocrates à la fin du dix-
huitième siècle, se vantait en 1808 d'être d'extraction noble.
Il ent la chance d'être oublié avec ses compagnons d'infortune
jusqu'à la réaction de thermidor et, après la chute des terroristes,
il futTun des plus ardents à dénoncer ce même Carrier, à qui le
15 germinal an II, il écrivait : « Personne ne te rend plus justice
que moi qui suis patriote et répablicain. . • Je ne me consolerais
pas d'avoir perdu la confiance d'un représentant tel que toi. »
C'est le courage du roquet devant le loup enchaîné. — li. Cam-
pardon donne les noms des malheureux républicains nantais qui
auraient fait une fournée^ si Robespierre eût encore régné ; il
entre dans des détails complets sur leurs interrogatoires. Le grand
crime qui leur était imputé était d'appartenir à la faction scélérate
du fédéralisme. Grâce à l'éloquence de Tronson-Ducoudray, les
Nantais furent acquittés, et le comité révolutionnaire de Nantes
dut à son tour venir rendre compte de sa conduite au tribunal'. >
A ce compte, il faudrait considérer les 136 Nantais comme un
groupe de Girondins au petit pied, parallèle à celui des 36 admi-
nistrateurs du Finistère, reconnaissant pour chef Phélippes de
TronjoUy, et assez peu récompensés de leur zèle à se faire
pardonner leurs tentatives de fédéralisme, même en sacrifiant à
Carrier, pour avoir été jugés dignes des dernières vengeances de
la Montagne. Le malheur, — où plutôt les malheurs, car cette
théorie rencontre beaucoup d'obstacles insurmontables, — c'est
d'abord que Phélippes de Tronjolly n'a jamais fait partie du voyage
* Rêvue de Bretagne et de Vendée^ 1862, 1, p. 300.
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INTRODUCTION 309
des 132 Nantais commencé le 27 novembre 1793 et continué
pendant tout le mois de décembre, attendu qu'un mois après ce
départ, il fonctionnait encore comme président du tribunal lévolu-
tionnaire de Nantes ; — c'est ensuite : qu'il ne fut jamais le chef
politique de ce groupe fort hétérogène, dont il avait fait incarcérer
un grand nombre de titulaires^ comme suspects, longtemps avant
^u'on songeât à les adresser au tribunal révolutionnaire de Paris ;
— c'est enfin que, loin de former un groupe politique, ces mal-
heureux ne se connaissaient même pa&et que plusieurs d'entre eux,
fort éloignés des opinions républicaines, n'étaient que de simples
< aristocrates ou contre-révolutionnaires. Au moment de partir,
tous ces malheureux se regardent et constatant qu'ils sont pour
la plupart étrangers les uns aux autres : « Nous nous examinions,
dit Villenave : notre surprise était extrême : nous ne nous con-
naissions point : nulles relations, d'aucune espèce, n'avaient existé
entre presque tous. » Il est certain que ni les Bodin des Plantes,
ni les de Biré, ni les Bruneau de la Souchais, ni les Charette de
Boisfoucauld, ni les de l'Estourbeillon, ni les Onfroy de Bréville,
ni les Espivent de la Villeboisnet, ni les de la Guère, ni les
Luette de la Pilorgerie, ni les Sarrebourse, ni les de Monti,
ni les de Menou, pour n'en citer à la volée qu'une douzaine, ne
pouvaient être soupçonnés de complicité avec les Dorvo et les
Sotin. Pas davantage ne pouvait Terre Tex-constituant Pel-
lerin, qui jadis, à la déclaration des droits de l'homme, avait
opposé la déclaration de ses devoirs, qui avait donné sa démis-
sion de cléputé pour ne pas voter la constitution civile du clergé,
et qui depuis avait été enfermé au ch&teau de Nantes parce qu'on
l'accusait d'avoir mal parlé de la garde nationale en défendant
les religieuses des Couëts ... Et Bernède, arrêté 4 mois avant
l'arrivée de Carrier à Nantes pour avoir donné asile à un prêtre !
Et Duchesne, et les deux Pichelin, et tant d'autres I
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310 INTRODUCTION
La vérité, c'est que ce procès historique est à réviser. M. de
la Pilorgérie ayant présenté quelques unes des considérations qui
précèdent, dans IzRevUe de Bretagne et de Vendée^ quelques
semaines après le compte-rendu de M. de Barthélémy, celui-ci
reconnut avec franchise que ses paroles avaient dépassé sa pensée
lorsqu'il avait écrit : « C'étaient cependant des républicains : » il
déclara qu'il aurait dû écrire : « il y avait cependant ps^rmi eux des
républicains^ > Cela ne nous suffit pas ; et bien que M. Wallon,
dans sa récente Histoire du Tribunal révolutionnaire de
Paris^ ait mieux apprécié les choses que M: Campardon, en
disant : « On imagina une conspiratioi^ : royalistes, fédéralistes,
patriotes tièdes et riches surtout, étaient de droit conspirateurs :
on en dressa une liste à l'aide d'un almanach et des registres de la
municipalité^. • . >, nous pensons qu'il importe d'examiner de près
le dossier de chacun des 182 Nantais.
L'occasion nous en est fournie par une relation jusqu'ici inédite,
qui émane du comte Bernardin-Marie Pantin de la Guère, un des
aristocrates que nous mentionnions tout à l'heure et qui nous a été
communiquée par un de ses descendants. Il est intéressant de la
comparer avec la relation de Villenave : nous allons donc la
publier tout d'abord pour bien établir les faits entre le départ et
le jugement ; puis nous tâcherons de reconstituer la Biographie
des 132 : nous ferons suivre cette Revue de la publication des
audiences du tribunal révolutionnaire de Paris, et nous conclurons.
Mais il est bon dç ne pas terminer cette courte préface sans
dire quelques mots de ce que nous croyons d'ores et déjà être
Fexpression de la vérité. Carrier arriva à Nantes le 8 octobre
1793 ; les prisons contenaient déjà beaucoup de suspects ; il les
' Revtie de Bretagne et de Vendée^ 1862, 1, 492.
• WaUofli, Bist. du Tnb. révoluU, V, 329.
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INTRODUCTION ^H
en fit bienU^t regorger et la question se posa alors de savoir
comment on s'en débarrasserait. La première noyade eut lieu le
17 novembre 1793, la seconde le 7 décembre ; l'envoi des 132
Nantais à Paris, le 27 novembre, juste à égale distance entre ces
deux monstrueuses opérations; fait donc partie du système gé-
néral : se défaire des prisonniers en masse ; car pour les 132
Nantais, il parait bien prouvé qu*ordre avait été donné au citoj'Bn
Boussard, commandant le bataillon d'esoorte, de les fusiller en
route. Aucun d'eux ne devait arriver à Paris ; sept jours après
leur départ, Goullin s'exprimait sur leur compte comme s'ils
n'existaient déjà plus. « Une citoyenne, dit une note de la rela-
tion Yillenave, s'étant rendue à la municipalité pour y demander
quelques pièces justificatives pour l'un de nous, il lui fut ré-
pondu : « Vous prenez un soin désormais inutile : ce sont des
hommes qu'on a sacrifiés : ils ne sont plus. »
Or les propos antérieurs de Carrier sont bien connus : Tous les
riches, s'ècriait-il à la Société populaire de Nantes^ tous les
marchands sont des contre-révolutionnaires ; dénoncez-Les moi et je
ferai rouler leurs têtes sous le rasoir national. Il est des fanatiques
•qui ferment leurs boutiques le dimanche; dénoncez-moi cette
espèce de controrrévolutionnaires et je la ferai guillotiner. . . »
Et à celle d'Ancenis : <k Je vois partout des gueux en guenilles :
vous êtes ici aussi bétes qu'à Nantes ; l'abondance est près de
vous et vous manquez de tout ; ignorez-vous donc que les ri-
chesses de ces gros négociants vous appartiennent, et la rivière
n'est-elle pas là* î »
Ecoutez encore cette déclaration de Yillenave : « Quelques
jours avant le départ des Nantais pour Paris, Nau, d'abord né-
gociant, bientôt banqueroutier, ensuite commissaire bienveillant
Berriat Saint-Prix, la Justice révolutionnaire^ p. 36.
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312 INTRODUCTION
du Comité, se rendit à la maison d'arrêt de TEsperonnière, fit
appeler dans le jardin sept à huit d'entre nous, et là, en présence
de l'olBcier de poste et d'un capitaine des grenadiers de la légion
nantaise, il leur parle en ces termes : Cest maintenant ici la
guerre des gueux contre ceux qui ont qvslque chose. Je
vous conseille de vous exécuter : faites des sacrifices ; le
temps presse. Il est question d'un voyage de Paris ; et
d'ailleurs l'aventure des 90 prêtres qui viennent d^être
noyés est unmotif suffisant pour vous déterminer promp^
tement. — Nos camarades surent braver la mort, plutôt que de
consentir à racheter leur liberté ou leur vie par une l&cheté, et,
jusque dans les fers, ils montrèrent un orgueil républicain. »
Tout cela est caractéristique : arrestation en masse des suspects,
et parmi les suspects les principaux sont les riches et les négo-
ciants : puis proscription, noyades et fusillades, aussi en masse,
pour se partager les dépouilles des victimes. C'est bien la guerre
des gueux contre ceux qui ont quelque chose.
Pour multiplier les arrestations et se donner des apparences
de châtiment légitime. Carrier et le Comité répandirent, peu de
jours avant l'expédition, le bruit d'une conspiration contre les re-
présentants du peuple et contre les autorités constituées. Le
22 brumaire, la générale fut battue, la garde nationale rassem-
blée; des canons furent braqués sur plusieurs places; un grand
nombre d'arrestations eurent lieu. Un témoin* dut en opérer,
sans motifs, à l'égard de parents et d'amis. Cette expédition était
ainsi racontée dans une note insérée au Moniteur^ :
* Bulletin du tribunal révolutionnaire^ déposition de Sarradin,
n® 78. p. 3. Et tout cela parce que quelques prisonniers avaient Jeté
le riz qu'ils ne pouvaient avaler.
> MoniteuXi 1*' frimaire an II, p. 245.
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INTRODUCTION 313
I
c Ce matin oa a battu la générale pour prévenir un complot
qu'on a découvert ; il ne s'agissait rien moins que d'égoi^er les
représentants du peuple qui sont ici et toutes les autorités cons>-
tituées ; mais gr&ce aux b^s patriotes qui dominent toujours dans
notre ville, ce complot a été déjoué. »
Le surlendemain, le Comité révolutionnaire de Nantes prenait
l'arrêté suivant :
« Liberté, Indivisibilité, Egalité. »
• Le Comité révolutionnaire instruit, par divers rapports una-
nimes, qu'un grand complot se tramait dans le sein de cette
ville ; que les jours des administrateurs, des représentants du
peuple, de tous les républicains même étaient menacés ; convaincu
par des écrits saisis sur les brigands, que plusieurs ennemis inté-
rieurs et opulents avaient alimenté et alimentaient encore de leur
or et de leur correspondance la rébellion de la Vendée.
« Considérant que pour couper le fil de communications aussi
funestes, et faire avorter les projets liberticides, il était indispen-
sable de frapper des coups prompts et révolutionnaires ;• . •
c Considérant qu'il ne suffirait pas de se saisir des conspirateurs ;..
que leur présence plus longue dans cette cité pourrait entretenir
l'espoir des malveillants, etc.
« Arrête,
« Article P'. Il sera dressé une liste exacte de toutes les per-
sonnes suspectées d'avoir trempé dans ce complot.
« Art. Ily III. — (Arrestation de ces personnes par les
M&rat etc. .., scellés sur leurs appartements).
« Art. IV, V, VI. — (Dépôt à rEsperonnière et puis translation
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314 INTRODUCTION
à Paris, à t' Abbaye, (cela fait songer aux massacres de TÀbbaye) !
des persODùes arrêtées, sous la conduite de deux commissaires
civils).
« Art. VII. — n est déclaré aux^ersonnes arrêtées que si
elles font le moindre mouvement pour s'enfuir, elles seront
fusillées Bt leu*^ biens confisqués. Cet ordre sera exécuté irrémis-
siblement ; à cet effet l'appel sera fait deux fois par jour.
« Art. VIII. — Ceux qui se seront soustraits à l'arrestation et
ne se constitueront pas prisonniers dans les trois jours, seront
réputés émigrés et traités comme tels.
• Art. IX. — (Relatif à la sanction du représentant du peuple),
c Nantes, 24 brumaire an II.
€ M. Grandmaison^ Goullirif Richelot.
« Nous, représentants du peuple près l'armée de l'Ouest, sanc-
tionnons la mesure ci-dessus. Nantes, 6 frimaire an II.
Carrier et plus bas : Goullin\ i
Le 6 frimaire, par deux arrêtés, le comité nomma, pour com-
missaires civils près le convoi, Bologniel un 4e ses membres,
et Nau, de la trop célèbre compagnie Marat ; et comme inspec*
teur général,avec les pouvoirs lès plus étendus, Etienne Dardare.
Et le convoi partit. J'ai dit que l'on comptait bien qu'il n'arri-
verait pas à destination. Voici en effet ce qu'on peut lire à la fin
du mémoire de Tronjolly, adressé à la Convention nationale pour
l'accusation de Carrier et de ses complices :
• Je reçois à l'instant, écrivait-il, la pièce suivante ; je me b&te
delà livrer à l'impression. Elle aurait seule suffi pour justifier
' La Justice révolutionnaire (Berriat Saint-Prix, p. 49.
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INTRODUCTION 316
mes poursuites contre le comité, dans mes fonctions d'accusateur
public près le tribunal criminel du département de la Ltàn*
Inférieure.
< J'ai été dénoncé, incarcéré, mis au secret pendant cinq jours,
lié, garotté, couvert de fers et traduit au tribunal révolutionnaire,
de cachots en cachots, etc.
« Quel est mon crime? J'ai poursuivi des assassins, des con-
cussionnaires, des inl&mes agents de Biobespierre, j'ai vengé la
Nation et la nature.
« Par qui ai-je été dénoncé ? par les monstres que je poursuivais .
« Je demande à être interrogé, jugé. J'ai des révélations imp6r«
tantes à faire. Depuis trois mois, je n'ai pu me faire entendre ; il
est temps que la loi prononce sur le comité révolutionnaire de
Nantes et sur toutes ses victimes.
> J'ai étaibli ma justification, et j'ai fait connaître une pérWe des
crimes du Comité révolutionnaire, dans les mémoires que j'ai
adressés à la Convention nationale, aux Comités de salut public
et de sûreté générale, à la Commission des tribunaux, à celle des
revenus de là République et au Tribunal révolutionnaire/ Ce
mémoire est sous presse. — PnâLiPPSs. ■
Et il ajoute cette pièce :
« Au nom du Comité révolutionnaire de Nantes :
€ Le commandant temporaire de Nantes est requis de fournir
de suite 300 hommes de troupes soldées ; pour une moitié se
transporter à la maison du Bouffay, se saisir des prisonniers dé-
signés dans la liste ci-jointe, leur lier les mains deux à deux, et
se transporter au poste de TEsperonnière ; l'autre moitié se porter
aux Saintes-Claires, et conduire, de cette maison à celle de TEs-
peronnière, tous les individus indiqués dans la liste également
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316 INTRODUCTION
ci-Joiûte ; eafia, pour le tout, arrivé à rEsperoonière, prendre en
route ceux détenus à cette maison d'arrêt, et les fusiller tous
indistinctement^ de la manière que le commandant jugera
convenable. .
. » Nantes, le 5 frimaire, Tan deuxième de la République fran*
çaise, une et indivisible.
« Sig'né : J.-J. Goullin, M.Grandmaison et J.-B.Maingust.
» Cet ordre est revêtu du cachet du Comité révolutionnaire
de Nantes.
» Ce Ms^inguet et autres exécrables agents du Comité révo-
lutionnaire de Nantes sont. . . libres! plusieurs sont mes dénon-
ciateurs ! — Phéuppbs. «
Boussard, le commandant du détachement, n'exécuta point ces
ordres sanguinaires, et fut incarcéré à Angers pour y avoir déso-
béi. Arrivés à Saumur, les prisonniers durent y séjourner quelque
temps, parce qu'on était persuadé qu'ils ne devaient pas aller
plus loin, et qu'on dût aller demander d'autres ordres à Nantes.
Nous en savons assez maintenant pour'entamer la ReUtion du
comte de la Guère : je ne donnerai pas ici une longue notice
sur ce personnage : je la réserve à son rang dans la galerie
des 136. Qu'il me suffise de dire que Bernardirt'M&rie de
Pantin^ comte, puis marquis de la Guère^ appartenait à
une ancienne famille originaire de Pantin près Paris, dont une
branche, fixée en Bretagne, fut déclarée noble d'ancienne ex-
traction par arrêt des commissaires de la Réformation, en date
du 19 août 1669, et possédait la seigneurie de la Guère démem-
brée de celle d'Ancenis. Né à Ancenis le 5 juin 1747, il avait
.été sous-liêutenant au régiment de Penthièvre-infanterie en 176^
lieutenant en 1771, capitaine en second en 1779, capitaine
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INTRODUCTION 317
commandant en 1787, et lorsquîl donna sa démissioD, le
15 septembre 1791, il était, depuis le 13 février^ chevalier de
Saint-Louis. II avait épousé à Orléans, en 1790, Thérè.^e-Del-
phine-Alix de Brouville, et il n'émigra point ; mais il dut subir
souvent des visites domiciliaires au château de la Guère, où lui
naquit une fille le S décembre 1792 : on rapporte même que, lors
de Tune de ces expéditions, les patriotes coupèrent le cou à un
malheureux perroquet qui s'obstinait à crier : Vive le Roi ! Membre
du comité royaliste qui s'organisa à Ancenis en juin 1793, pendant
l'occupation de la ville par l'armée Vendéenne, il devait être na-*
turellement désigné aux vengeances de la Montagne. Nous
allons en voir les conséquences.
René Kervileb.
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VOYAGE DES 136 NANTAIS
Dl
NANTES A PARIS PAR ANGERS & ORLÉANS
Du 2Û septembre 1793 au 5 avril i79U
PAI LE COiTE BERIAIIII-iARIE lE LA BUIRE
Ex-noble et cbevalier de Saint-L.oui8. •
LE 20 septembre, vieux style» j'étais chez mon frère* à la
Guère^, depuis le / 7 août; environ midi, arrive un
détachement d'infanterie et de cavalerie pour fouiller
un bois dans lequel on présumait qu'il pouvait y avoir des
« * Philippe-André Paatin, marquis de la Guère, capitaine dans le
régiment Royal-Dragons^ marié le 7 décembre 1774, avec Hyacinthe-
Geneviève Thierry de l& PrévaUye, fille de messire Pierre-Bernardin
Thierry, marquis de la Prévalaye, commandeur de Tordre de St- Louis»
chef d'escadre, commandant le port de Brest (frère du chevalier de la
Prévalaye, maréchal de camp), et de dame Jeanne-GenevièTe de Ro-
bien • ; — Le marquis de la Guère né le 13 février 1746, est décédé le
7 mai 1813, ayant eu pour fille unique : Marie- Adélaïde de la Guère, ma-
riée en 1790 à son cousin Lonis-François-Jean Pantin, comte de Lan-
demont, colonel, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, auquel elle ap-
porta la terre de la Guère. Le titre de marquis passa ainsi directement
et légitimement à son frère et à ses petits neveux. (Laine, Histoire des
Chevaliers de Saint-Louis, ^ Mazas. Etats militaires, p. 92.
— Les Familles françaises à Jersey pendant la RévoliUion, par le
comte R. de TEstourbeillon).
^ « La Guère (anciennement la Guyére — terre de Guy — d'après
les vieux titres du chartrier}» démembrement de la baronnie d'Ancenis
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VOYAQB DES 136 NANTAIS DE NANTES A PARIS 319
malveillants* de cachés. On ne trouve personne,îon vient
à la maison. J'étais à table avec ma femme% un|de mes
avec les prééminences de la paroisse d'Âncenis et la terre des Salles en
la paroisse de Mesanger et le fief des Salles en Saint-Géréon, qui vin-
rent dans la famille Pantin parle mariage de Marie des Salles, héritière
de sa maison, dame desdits lieux^ femme vers 1460 de Jacques Pantin^
fils puisné de Pierre» seigneur de la Hamelinière, etc., capitaine et
gouverneur pour le roy Louis XI, du chasteau de Saint"Florent-*le-
Vieil, et de Catherine de Savonniôres, tige des seigneurs de la Guère
jusqu'à présent. {Mémoires du président des Etats de Vitré. Laine,
Saint-Âllais, d'Hozier, etc.) Une partie de ces terres étaient déjà Tenues
dans la famille par le mariage de Jean P. de la Hamelière, vers 4378,
avec Jeanne d'Ancenis*6arbotin, dame de Barhotin, la forôt du parc
Laudémont, etc.
* Il est inutile de remarquer que, pendant tout le cours du mémoire,
le style n^est pas tout à fait conforme aux idées personnelles ou aux opi^
nions du comte de la Guère, mais qu'il se ressent du peu de liberté que
rauteuravait, lors de la rédactionide ces notes. La plus vulgaire prudence
obligeait à voiler les sentiments et à dissimuler les moindres indications
afin que ces confidences ne pussent enfantér.de nouveaux malheurs.
* Bernardin- Marie de la Guère avait épousé, le 16 août i 790, Thérèse-
Delphine Alix de Brouville, fille de messire Pierre-Simon-Etienne^
Toussaint Alix de la Picardière, sieur d'Outreville, de Menainville, etc.
en Beauce. La famille Alix parait remonter à Claude Alix, convoqué à
l'arrière ban des nobles du baillage d'Aval de Salins ea 1451 et 1561.
Pierre Alix, chanoine de Besançon, ' prieur de Sainte-Madeleine de
Salins, nommé par le pape à l'abbaye de Saint-Paul de Besançon en
4632, mourut l'an 1677, laissant une histoire manuscrite de son abbaye,
qu'il avait gouvernée pendant 44 ans. Une branche vint s'établir à
Orléans. M""^ la comtesse Brossaud de Juigné, née de Trimont,
possède un beau portrait de François Alix dont le Journal de
VOrléanais du 7 mai 4784 a publié un fort curieux articjLe nécrolo-
gique dans le style ampoulé de l'époque. François Alix, écuyer, doyen
du présidial, mort le 24 avril 1784 dans sa 86' année, était né en 1698«
Les armoiries delà famille Alix étaient d'azur au chevron d'or accom*
pagnéde trois alerionsde même, mais en 1756, le duc d'Orléans lui
donna en souvenir de son estime : d'azur au grand A d'or, de même
accompagné de 3 fleurs de lys d'or. M** de la Guère était la sœur de
M'^'.da Juigné quieutponr enfants le comte François Brossaud de
Juigné, marié à W^* Alsacie de Trimont, et Caroline, mariée au comte
de Bmc-Livemière.
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320 VOYAGE DES 136 NANTAIS
neveuxS et le citoyen Pionneau marchand de vin d'Ancenis
qui était venu me payer du vin que je lui avais vendu'. On
me dit qu'il fallait allef à Ancenis; je m'y rendis escorté de
la troupe. En y arrivant, je priai le commandant de me
laisser aller chez mes sœurs', où je descendis avec un gen-
* Uae des sœurs de Tantenr, Marie-Aimée- Adélaïde Pantin de la
Ouère,néele 9mars 1 7 53, avait épousé messire Henri-François Aousseau,
cheralier, seigneur de i'Orchère et de la Meilleraye, âls de M'* Jacques R.
cheTalier, seigneur de TOrcbére, marquis de la Meilleraye, qui portait
d'azur àlafasce d'or, accompagnée en chef de deux tètes de lion et
en pointe de 3 besants de même 2. i., et de dame Rose Simon de Vou-
vantes qui portait : de sadZe au lion d'argent, armé et lampassé de
gueules (Notes de Bernardin- Jean, comte et marquis de la Guère, filsde
Tauteur). Elle eut 7 garçons, qui tous moururent à l'âge d'homme sans
avoir été mariés. Le plus jeune, Ozée, fut noyé vers 1828, en allant de
Niort à Nantes par un bateau à vapeur qui sombra malheureusement.
C'est un des fils de Madame de la Meilleraye dont il est ici question.
' A cette époque la terre de la Guère était composée par tiers de
bois, de terres et de vignes.
' Outre la marquise de la Meilleraye^ l'auteur avait pour sœurs
I* Jeanne- Angélique delà Guère, née le 10 novembre 1743, morte
sans alliance ; 2^ Julie-Françoise de la Guère, née le 4 novembre
1744^ morte sans alliance ; et 3* Marie*Renée-Hyaciatbe de la Guère,
née le 8 novembre 1748, morte aussi sans alliance. Elles habi-
taient ensemble une maison d'Ancenis dans les environs de la Davraie
qui leur rappelaient les souvenirs de leur enfance et ceux de leur
famille. Biles avaient été élevées aux Ursulines d* Ancenis où leur
grande tante Marie-Angélique Pantin de la Guère était morte re-
ligieuse ursuline en 1755, avec une grande réputation de vertu,
tandis qu'au i V siècle Jacques Pantin de la Guère, chapelain des
châteaux d^Ancenis et de Varades en avait été l'aumônier. Ogée
dans son Dictionnaire de Bretagne donne la description de la fon-
dation de ce couvent en 1642, et raconte la visite qu'y fit c Sébastien-
Philippe Pantin, seigneur de la Guère, gouverneur des ville et château
d'Ancenis, avec les plus distingués de la ville d mais il fait une légère
confusion : Sébastien-Philippe Pantin, officier de dragons, tué en
Allemagne au mois de septembre 1693, par un capitaine de hussards
qu'il avait fait prisonnier et auquel il avait laissé ses armes, était
marquis de la Hamelinière et c'est sous son frère Charles, qui fut garde^i
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DE NANTES A PARIS 321
4arine. J'y restai un moment,- après lequel je priai ledit gen-
darme de me conduire au district pour connaître le motif de
mon arrestation. On ne m'en donna aucuns'. On me dit
marine sous le titre de chevalier de la Hamelinière, que cette terre fut
Tendue après être restée dans sa famille depuis 700 aps. Le personnage
dont il est question doit être Gilles Pantin, seigneur de la Guère, du
Verger, de l'Isle Valin etc., qui, né en 1589, porta les armes pendant
40 ans^ sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV. Le 24 mai
1621, il eut commission du premier de ces princes pour lever une com-
pagnie de cent hommes de pied français dans le régiment du baron de
Kerveno. Il eut une semblable commission, le 18 mars 1622, pour
lever et commander une compagnie de cent hommes de pied français
dans le régiment de Martignes. Il commanda une antre compagnie d'in-
fanterie qu'il eut aussi charge* de lever par commission du duc de Yen*
dème^ gouverneur de Bretagne, du 20 janvier 1625. Les Etats généraux
de Hollande lui donnèrent une commission, le 9 avril 1631, pour com-
mander une compagnie de cent cinquante hommes de pied français sous
la charge du prince de Martignes, dans la guerre que le Stathouder,
allié de la France, soutenait contre les Espagnols des Pays-Bas. Il fut
fait capitaine et gouverneur des ville, château et territoire d'Ancenis,
par provisions du 12 février 1636. Le roi, pour récompenser ses ser-
vices, lui fit don, pour en jouir pendant dix ans, de son droit de dixième
sur les mines de Bretagne, par lettres du 22 mai 1646. Il Qt aveu et
dénombrement des fiefs et seigneuries de la Guère, le 9 mai 1648, à
César, duc de Vendôme, baron d'Ancenis. Il avait épousé par contrat
du 36 mars 1625, Françoise Laurens, dame de la Noê-Laurens, de
Passay et de Léraudière, morte en 1681 (Laine). Il contribua beaucoup
4 la fondation du couvent des Ursulines d'Ancenis, quelques uns le
regardeat môme comme son principal fondateur. On conserve au
château de la Guère deux gros volumes de ses mémoires et comptes de
sa campagne de Hollande. L'endroit connu sotts le nom de l'Esplanade,
est le champ de manœuvre où il exerçait, devant le château de la Guère
les volontaires Bretons. M. E. Maillard a répété l'erreur d'Ogée dans
•on Histoire d'Anctnis, et confond Sébastien-Philippe avec Gilles de
la Guère.
* Il estprésnmable que Bf. de La Guère dût son arrestation âla haute
t^osition qu'il avait dans le pays, â sa naissance, â sa fortune mais
aussi à la capture par les représentants du peuple de papiers compro^
mettants. (Voir plus loin la Notice biographique de M. Papirl de la
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, 4* LIV. 21 ■
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322 VOYAGE DES 136 NANTAIS
seulement que c'était par mesure de sûreté générale, que ça
ne serait pas long et que dans quinze jours je pourrais pré-
senter une requête pour mon élargissement.
Ne pouvant obtenir d'autres réponses, je mè retirai avec
le gendarme chez mes sœurs, chez lesquelles le citoyen
Maussion, lieutenant de gendarmerie, vint me dire de me
rendre chez Gautron, aubergiste d'Ancenis. J'y fus; en arri-
vant je demandai une chambre. On me dit que je ne pouvais
pas en avoir de séparée ; qu'il fallait entrer dans celle où il
y avait plusieurs détenus gardés par un caporal et quatre
hommes. J'y entrai, je trouvai les citoyens Lebec, Papin',
Clergerie.) Berriat de Saiat-Prix a publié p. 36. [Justice révolu*
tionnaire) les excitations de Carrier à la Société populaire d'Ancenîs :
(( Je vois partout des gueux en guenilles, tous êtes aussi botes qu'à
Nantes ; Tabondance est près de vous et vous manquez de tout ;
ignorez-vous donc que les richesses de ces gros négociaats vous appar-
tiennent et la rivière n'est-elle pas là ! »
Le peuple fui révolté, dit-il, deTentendre prêcher une telle morale.
Le pillage, voilà le motif de bien des arrestations à cette époque.
* Pa'*tn de la Clergerie (Louis-François), — né à Ancenis,
le 14 novembre 1738, était fils d'un procureur fiscal du marquisat
d' Ancenis, dont quatre frères avaient été tués à la bataille de Fonte-
noy. 8*étant fait recevoir avocat au Parlement, il devint sénéchal du
comté de Sérent et de la baronnie de Montrelais, sur les marches
d'Anjou, et fut choisi par la communauté d' Ancenis pour son député
aux Etats de Bretagne en 1788, et son délégué à l'Assemblée de
la sénéchaussée de Nantes, en 1789» pour les élections aux États-
Généraux. Secrétaire de la Grande Assemblée électorale de la Loire-
Inférieure en avril 1790, pour l'organisation des administrations
départementales, il rédigea l'adresse de cette assemblée au Roi et fut
élu membre du directoire du département. Il fut encore secrétaire de
l'assemblée de mars 1791^ réunie pour l'élection de l'évéque constitu-'
tionnel ; et le 28 août, il fut élu député de la Loire-Inférieure à
l'Assemblée législative par 143 voix sur 179. Il y fit partie du Comité
des assignats et monnaies, siégea parmi les modérés, et présenta à ses
collègues^ en février 1792, un ouvrage sur les banques de secours.
Non réélu à la Convention, bien que les élections départementales
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DE NANTES A PARIS 323
Rouainé, Coi net prestre, Cornet huissier, Gorrichon bou-
cher, Blanchet commerçant de bestiaux, Bregeon principal
du collège, Pleuriot d'Omblepied\ les citoyennes Barbot,
Feuillet, Brochet et la femme du citoyen Legrand aîné ; nous
passâmes la nuit tous dans la môme chambre, fort gônés et
sans pouvoir dormir. Le jour étant venu, on nous prévint
que nous allions ôtre envoyés à Nantes^. En conséquence,
chacun flt ses petits arrangements pour partir. Nous nous
eussent lien à Ancenis, il fut m«mbre, au mois de juillet 179?» comme
le comte de la Guère, du Qomité organisé sons lé patronne de l'armée
royalisto, pendant Toccupation vendéenne, pour aviser aux mesures de
prudence et pour approvisionner Tarmée : le registre des délibérations
da ce comité ayant été saisi par les représentants Gillet et Gavaignac,
après la reprise d'Ancenis, Papin fut arrêté et condamné k mort. Mais
il était en ce moment dangereusement malade, son exécution fut
ajournée et ce sursis le sauva, pendant que sa malheureuse femme»
réfugiée en Anjou, était arrêtée par une colonne républicaine, conduite
à Angers et fusillée le 15 février 1794. L'ordre rétabli, Papin fut nommé
président du tribunal de première instance d' Ancenis, fonctions dans
lesquellps il mourut à soixante-quatorze ans, le 25 mars 1814.
Il ne faut pas le confondre avec un de ses cousins^ Jacques, Papin de
la Glergerie, qui fut aussi avocat et qui devint, en 1794, président du
tribunal criminel de Tarmée de Hoche, séant à Nantes, puis, en 181 1,
juge au tribunal cifil d'Ancenis, et enfin juge de paix dant cette ville
où il mourut, en 1829, laissant un fils, président du tribunal civil de
Nantes, qui donna sa démission en 1830, pour ne pas prêter serment
au gouvernement de juillet. (René Kerviler, Cent arts de repréêen-
tation bretonne, 2* série, Assemblée législative p. 88, 89).
' Flbubiot d'OMBLBPiBD était Tami intime de M. de la Guère, c'est
lui qui est ainsi mentionné dans la relation de Villenave : « Le citoyen
Fleuriot, natif d'Oudon, passa la nuit, couché sur la tombe de son
père. » p. 3.
' Si l'on veut savoir de quelle façon les prisonniers étaient traités à
Nantes voici quelques détails que j'emprunte è la Revue historique de
VOuest (3* livr. %• année, septembre 1886.)
« Un habitant de Rouans affirmait à celui qui a recueilli ces notes,
que, se trouvant à la même époque dans une prison de Nantes^ il ne
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324 VOYAGE DES 136 NANTAIS
.mîmes en route à onze heures du matin, escortés par cinq
gendarmes, jusqu'à Oudon, qui furent relevés par huit autres
qui nous conduisirent au département, dans la salle du comité
de surveillance où nous trouvâmes le citoyen Prancheteau,
président, et deux autres membres qui nous demandèrent
nos noms et les motifs de notre arrestation. Nous donnâmes
nos noms ; mais nous ne pûmes déduire aucuns motifs,
parce que nous n'en avions pas, et nous ne connaissions pas
même de raison qui put nous détenir. Quand on eut pris nos
noms^ on dit qu'il fallait nous conduire aux Saintes Claires
je suis resté jusqu'au 6 frimaire ou 26 novembre, vieux style
recevait chaque jour, ainsi que tous les autres prisonniers, qu'un mor-
ceau de pain, grand à peu près, comme lapadme de la main. »
€ L'un des prisonniers (enfermés au Bouffay), Jean Halgan, a raconté
plusieurs fois le régime qu'il subit au Bouffay^ et ce récit fait frémir.
Le lit se composait de quelques bottes de paille ; mais le temps et la
malpropreté avaient broyé cette paillasse et l'avaient remplie de ver- .
mine. < Elle était si brisée, disait notre témoin, qu'on la rouablait avec
les poux. » Une fois tous les vingt -quatre heures, un chaudron rempli
de riz était apporté aux prisonniers. Chacun d'eux était muni, non d'une
écuelle, ni d'une cuillère, mais d'un morceau d'ardoise, large comme
une pièce de six francs ; et ils ne pouvaient, sous peine de mort, plonger
qu'une seule fois ce morceau d'ardoise dans le chaudron. Une telle exis-
tence était pire que la mort. Un jour, un fort vigoureux breton
venait de prendre sa maigre ration, qui disparut en un clin d'oeil : dé«*
voré par la faim et fou de désespoir, il s'écria : € Mourir pour mourir !
J'en prends une seconde fois. » Au moment où il retirait son ardoise
chargée de riz, un des surveillants lui asséna sur la tète un coup de
massue qui fit jaillir sa cervelle de tous côtés, et le malheureux tomba
roida mort au milieu de ses compagnons d'infortune. Un autre détail,
contre lequel la délicatesse se révolte mais qu'il est cependant boa
d'exposer, montre mieux encore les souffrances des prisonniers. Le
geôlier de la prison nourrissait un porc dans une des cours. A peine la
personne qui lui apportait sa pitance avait-elle tourné le dos que les
prisonniers se précipitaient, en se la disputant, sur cette vile et dégoû-
tante nourriture. On s'en aperçut au dépérissement de l'animal, et les
prisonniers n'eurent plus, du moins à certaines heures, la permission
de descendre dans cette cour. » {Une famille de paysans sous la Ter^
reur, par M. E. R.)
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DE NANTES A PARIS 325
époque à laquelle je fus transféré, moi quarante-sixième, à
la maison del'Eperonnière^, sans vivres, ni effets ; je man-
geai un peu de pain que j'avais mis dans ma poche, et m'é-
tendit la nuit sur le matelas d'un de mes compagnons d'in-
fortune, M. Caillaud de Beaumont.
Le 7 frimaire^ ou mercredi 27 novembre ^ 793 vieux style,
le sergent ou un caporal de garde vint, avant la pointe du
jour% nous avertir de nous lever tous et de nous habiller
promptement, que partie de nous allaient être transférés.
Aussitôt que nous fûmes levés, nous apperçûmes ce jour des
voitures à la porte de TEperonnière et dans la cour de cette
maison d'arrest un détachement de gendarmerie rangé en ,
bataille. Nous descendîmes environ^ sept heures et demie
dans le jardin ; on nous ordonna d'entrer. Là, le citoyen
Boussard, commandant un des bataillons de parisiens destiné
à nous servir d'escorte nous lut une liste composée de cent
trente-huit citoyens qui devaient partir, il ne s'en trouva que
cent trente-et-un' qui furent en état de le faire. Leurs noms
se trouvent à la suite de ce récit, les sept qui restèrent savoir :
les six premiers pour cause de maladie sont les citoyens
Plammingue, Bertrand de Cœuvres, Laflton, Tourgouillet,
LincheetPleury, et le septième, qui eut le bonheur de rester,
* Ainsi commence la relation de Villenave : « L'an deuxième de la
République Française une et indivisible, le 7 frimaire, (27 novembre
1793, vieux style,) nous sommes partis de la maison de l'Ëperonnière,
située à Textrémité de la ville de Nantes, sur le chemin de Paris^ au
nombre de cent trente deux, conduits par un détachement du onzième
bataillon de Paris, que commandait le citoyen Boussard. » — Cette mai-
son de TBperonnière qui tire peut-être son nom du fief de TEsperon-*
nière sis en la paroisse de Belligné, à 4 lieues d'Ancenis, est située sur
la route de Paris, à la hauteur de Saint-Donatien dans le 2* arron-
dissementy et actuellement occupée par le couvent des dames du Sacré-
Cœur : [Plan de Nantes par E. Robert.)
' Réveillés dès cinq heures du matin^ dit la Relation Villenave.
' Pantin de la Guère doit faire erreur. Ils partirent au nombre
de 132.
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326 VOYAGE DES 136 NANTAIS
parce que la veille il avait été transféré de TEperonnière,
maison surlaroutede Paris, aux Saintes-Glaires, estle nommé
Gérard, perruquier. La liste une fois connue, on enjoignit à
ceux qui devaient partir de faire .leurs préparatifs de voyage
et de descendre promptement dans la cour, ce qui, ayant été
exécuté^ sur ce que plusieurs déclarèrent que n*ayant pas de
souliers, parce qu'ils n'avaient pas été prévenus du voyage
que Ton se proposait de leur faire faire assez à temps pour
pouvoir en faire venir de chez eux^ ils ne pouvaient entre-
prendre la moindre route en sabots, le commandant donna
sur le champ ordre d'aller chercher des souliers*.
Pendant les entrefaîtes, il nous fit ranger sur deux lignes,
et après nous avoir comptés et s'ôtre assuré que nous étions
tous présents, c'est-à-dire ceux qui devaient partir, il nous
avertit de prendre garde de nous écarter de nos rangs, sans
quoy nous serions attachés ; et que si quelqu'un de nous pa-
raissait vouloir ou cherchait à s'échapper, il serait à l'instant
fusillé'. Il nous enjoignit ensuite de nous défaire de nos
rasoirs, couteaux et ciseaux. J'ai remis deux rasoirs et un
couteau. II nous dit que quand nous serions arrivés à notre
destination, ils nous seraient remis ; plusieurs tirèrent les
* La consigne nous défendant de rentrer dans les chambres, ceux qui
restaient nous jettèrent par les fenêtres nos couyertures ; c'est tout ce
que nous pûmes emporter ; quelques-uns avaient eu la pr.^aution de
descendre leurs paquets. Toute communication, ayant le départ fat
refusée ; on repoussait nos femmes éplorées, nos parents consternés.
Pour la première fois les tyrans furent, sans le Touloir, humains par
l'excès môme de leur barbarie ; ils nous épargnèrent l'horreur des
adieux. Une épouse ne pouvant voir son mari, lui écrivit sur un chiffon,
au dos d'un très court mémoire de blanchissage : Tofficier de garde
porta le scrupule jusqu'à refuser de remettre ce billet^ dans la crainte
que les chiffres ne fussent des caractères secrets, (p. 2. Ae^ah'on de
Villen&ve)
' On voit que les prescriptions du Comité étaient exécutées à la lettre
car M. de la Guère se sert des propres termes de l'arrêté qu'il ne pou-
vait connaître.
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DE NANTES A PARIS . 327
instruments de leur poche^ et les portèrent eux-mêmes au
commandant ; d'autres tel que moi les remirent aux volon-
taires qui les mirent dans un sac à ce destiné. Depuis nous
n'avons pas entendu parler de ces ustensiles*.
Les souliers apportés et distribués à ceux qui en voulurent
• prendre, on appela ceux que leur âge ou leur infirmité mettait
dans rimpossibilité d'aller à pied et on les fit monter dans
les voitures que Ton avait fait venir à cet effet. Je fus du
nombre jusqu'à Angers. On nous donna ensuite l'ordre de
nous mettre en marche. Il était alors onze heures', et, dans le
trajet de la maison de l'Esperonnière à la barrière de Paris,
nous eûmes le déchirant spectacle de voir que Ton refusait
à nos femmes et à nos familles la consolation de nous dire
adieu et de nous embrasser. N'étant pas de Nantes, je fus
seulement témoin des tendres adieux qui se firent de la part
des personnes qu'on voulut bien laisser approcher. Le fils
Poydras fut du nombre ; il m'attendrit à un tel (point) ainsi
que son infortuné père, que les larmes m'en virirentplusieurs
fois aux yeux. Nous arrivâmes le môme soir à Oudon, environ
huit heures' ; nous fûmes déposés de suite dans l'église où
nous étions destinés à passer la nuit sur la paille. Là, après'
nous avoir distribués du lard pourri* que nous fûmes obligés
de jçtter, du pain fort noir et très dur et d'assez mauvais vin,
on nous donna à chacun une botte de paille sur laquelle nous
nous couchâmes ; avant de me coucher, j'écrivis à ma femme
pour l'instruire de mon sort et lui demander quelques se-
^Goaforme à la relation de Villeaive.
' Midi d'après Villenave.
' « Vers les neuf heures du soir, au milieu de l'obscurité la plus
profonde, en marchant dans la boue, et n'ayant pris, depuis le matin^
ni repos ni nourritare. Relation Villenave. »
* On nous distribua du vin^ du pain noir et du lard rance, si mauvais
que les volontaires s'en servaient pour graisser leurs souliers, fîe/a-
iion Villenave).
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328 VOYAGE DES 130 NANTAIS
cours, et la prévenir que le citoyen Conrad gendarme, était
chargé de ma lettre ; et de lui remettre un porte-manteau plein
d'effets ; il remit bien la lettre, mais le porte-manteau a été
perdu. On avait eu soin auparavant de faire un appel nomi-
nal pendant lequel il se débita entre nous que le citoyen
Hernaud, l*un de nous, était absent, et qu'il avait trouvé
moyen de s'échapper*.
Comte de la Guère.
(A suivre )
* La relation VilleDave ne donne pas son nom que M. de la Guère
nous révèle mais cite celui qui s'égara et revint parmi les prisonniers ;
« à la descente d'Oudon, Tun de nous disparaît, il était également facile
à tous les autres dé séchapper. Le chemin était si mauvais et la nuit
si noire que soldats et citoyens tombaient pôle-méle dans les fosGfés et
s'entraidaient à se relever, Tiger l'un de nous s'égara; une vieille femme
lui offrit un azylesûr ; il refusa cette offre et se fit conduire à Oudon. »
(p. 3).
'^^iÇÏ^^
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LIS GRANDS ÉCUÏiRS HEREDITAIRES
DE BRETAGNE
LE titre de Grand Ecuyer est donné pour la première fois
par le P. Anselme à un Breton, Alain de Gouyon,
nommé par Louis XI après 1461*. Mais^ si ce titre appa-
raît seulement alors dans la langue officielle^ il semble qu'il
existât auparavant dans le langage usuel. Ainsi Tanneguy du
Châtel, vicomte de la Bellière, dont Alain de Gouyon fut le
troisième successeur, prenait ce titre en 1455' ; et Monstrelet
le donne à Jean Poton, seigneur de Xaintrailles, prédéces-
seur de du Châtel, nommé par lettres du 27 juillet 1429\ ,
Du reste, depuis longtemps, depuis 1294 d'après le P. An-
selme, il y avait auprès du Roi un officier remplissant les
fonctions que nous voyons depuis dévolues au Grand Ecuyer.
Le P. Anselme nomme cet officier premier ecuyer de corps,
et lui donne le titre d'abord de maître, puis, à partir du
quinzième siècle, de grand maître de l'écurie.
* Les Grands Officiers de la Couronne, T. ii, p. 1281.
• M. Chsrubl. t. I, p. 332. — n s'agit du second Tanneguy, neyeu du
premier, grand préTÔt de Paris ; on les confond trop souTent. Exemple : De
Thoax dit que Tannegay (ronde) présida aux obsèques de Charles VII, en
juillet 1461 : or Tanneguy était mort sénéclLal de Provence, en 1449. C'est le
neveu, mort seulement en 1477, qui fit TaTance des frais des funérailles
royales*
1 M. CuRUBL. (T. iM*, p. 332) rapporte le récit de Monstrelet à 1415. La
date est erronée puisque Xaintrailles ne fut grand ecuyer qu'en 1429.
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330 LBa GRANDS ÉGUY£R»^ÉR*DITAIRES
L'auteur compte dix-sept maîtres ou grands matfares de
récurie avant Alain de Gouyon.
Mais lisez leurs noms, obscurs d'abord, puis appartenant
à la haute noblesse, et vous serez convaincus que Toffice,
humble au début, a été progressivement relevé, agrandi,
anobli. Roger, le premier de la liste, en 1204, et du nom de
son office surnommé^ Lécuyer, était assurément un mince
personnage auprès du seigneur de Xaintrailles et du vicomte
de la Bellière*.
La différence des noms marque la transformation accom-
plie en ces deux ^ëcles. Toutefois il restait aux grands
mattres de l'écurie devenus grands écuyers un degré à
franchir.
Cent ans après Alain de Gouyon^ les grands écuyers
faisaient encore partie de la Maison du Roi^, Henri IV les fit
monter au rang des grands officiers de la Couronne ; et, à
partir de ce moment, le grand écuyef ou, comme on disait,
Monsieur Le Grande fut un des premiers officiers de TEtat.
Voici quelles furent à différentes époques les principales
prérogatives du grand écuyer.
11 accompagne partout le roi : dans les cérémonies, il le
précède immédiatement, portant Tépée royale dans un four-
reau de velours azuré et fleurdelysé. De même aux entrées du
roi dans les villes. Quand le roi tient un lit de justice, le grand
écuyer siège à droite, sur un tabouret, au bas des degrés du
trône, tenant Tépée de parement. Enfin aux pompes funèbres
des rois, il porte encore leur épée.
Le grand écuyer a la disposition des charges de la grande
et de la petite écurie, et de tous les officiers qui en dépendent.
Il règle et ordonne les dépenses de Técurie. Autrefois môme
* Cette transformation dans la dignité se voit dans d*autres institations.
Ex. Les sergenteries féodées du duc de Bretagne considérées d*itbord « comme
basses et serviles » furent, avec le temps, ambitionnées par des gentils-
hommes. Lobineau dit qu'elles n'appartenaient plus qu'à diS gentilshommes,
▼ers 146t, p. 680, 853. HiiviN : Questions féodales, p. 259.
' Qn le voit par un règlement de Henri IH, de 1582.
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DB BRETAGNE 331
« SOUS sa charge étaient les rois et hérautv d'armes. » Phis
tard a nul ne peut sans sa permission établir un manège ou
une académie*» » Anciennement le grand touyer avait les
postes et relais ; mais Henri IV, en augmentant les honneurs
du grand écuyer, diminua ses émoluments ; et, depuis lor^ ,
le privilège des postes et relais passa au contrôleur des
finances. Le grand écuyer garda son ancien privilège d'avoir
à la mort du roi « tous les chevaux et harnais de toute sorte. »'
Enfin le grand écuyer prétendait « aux dais ou poêles sous
lesquels avait marché le roi aux entrées dans les villes ; »
mais ce droit était contesté.
Si nous sommes entré dans ces détails, *c*est que nous
allons trouver le grand écuyer en Bretagne avec des hon-
neurs et des droits analogues. Chose singulière ! Ce nom de
grand écuyer c'est un breton, Tanneguy du Chastel, qui
semble l'avoir importé en France ; et il a pris place dans la
langue officielle ^n Bretagne avant d'apparaître dans les lettres
patentes des rois. Nous trouvons le nom en usage chez nous
dès 1442. Mais, en Bretagne, la charge de grand écuyer n'est
pas, comme en France^ à la nomination du souverain. Un de
nos ducs en créant le titre, Ta attaché à une seigneurie ; et
le titre passe comme un attribut de cette terre à ses pos-
sesseurs successifs. C'est ce qu'expriment les mots souvent
répétés : Grand Écuyer hirédital ou héréditaire.
L'époque à laquelle a été créé le titre de grand écuyer héré-
ditaire, la seigneurie qui en fut pourvue, lés possesseurs
successifs de cette seigneurie — voilà ce que nous allons
rechercher.
• Académie..,. Se dit aussi des maisons, logements, et manèges des écnyers,
où la noblesse apprend à monter à cheval et les autres exercises qui lui
conyiennent.... T«ivouz.
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332 LES GRANDS ÉCUYBRS HÉRÉDITAIRES
II
• S'il fallait en croire d'Argentré, les grands écuyers de
Bretagne dateraient au moins d'Alain Fergent. Notre vieil
historien expose l'organisation judiciaire qu'il attribue au duc
Alain, et il décrit comme suit l'ouverture d'un parlement
général sous le règne de ce prince, c'est-à-dire encre 1084
et 1112*.
« L'assiette et ordre f ust que le duc s'assist en son estât
royal; à sa dextrè, un peu plus bas, le comte de Nantes, Geof-
froy, comte de Penthièvre, celui qui fust tué depuis à Dol ;
Estienne son frère; aux pieds du duc le chancelier; ducosté
du chancelier, le sieur de Guémené tenant un coissin et sur
icelui une couronne à hauts fleurons d'or ; de l'autre costé
du chancelier, le sieur de Blossac, grand escuyer portant
Tespée ; après les seigneurs du sang, l'archevesque de Dol
qui estoit Baldrîc, vivant pour lors. . . à la senestre les neuf
barons d'Avaugour, de Léon, de Vitré, de Fougères, de
Gbasteaubriant, de Raiz, d'Ancenis, etc. »
M. Daru, que M. Guizot a nommé l'historien le plus judi-
cieux de la Bretagne', a reproduit sans observation « la pa-
tente » que d'Argentré avait « transumptée »; il Ta sans hé-
sitation acceptée pour authentique'. — Est-ce que l'anachro-
nisme ne saute pas aux yeux?— Le cérémonial décrit par
< D*ARoiNTRi. Livre III, ckap. 107. C'est par erreur que M. Daru, Jlist,
de Bretagne (I, 317) renroie au livre IV, chap. 45.
■ Hist, de France, racontée âmes petits enfants, II, p. 84.
' En deux endroits : T. 1^^ page 45 en note. M. Daru Tinvoque comme
preuve de Texistence de Conan Mériadec; et il la donne t. 1*' p. 317. L'il-
lustre auteur est tombé en quelques autres méprises. T. 1^ p. 66 et 67 note
2, il dit : « Le dominicain Albert, qu'on a surnommé Le Grand... » T. II p.
307, il répète la même erreur. — T. II, p. 109 ; il écrit : « Les Bretons nom-
maient les Anglais ar Saox, Vennemi, » Or Saoz au singulier, saozon au
pluriel, veut dire anglais^ saxon* Marohanot, 'Tristan le Voyageur, t. II,
p. il4), a transformé le mot de Saoson en celui de lesJausons (!)
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' DE BRETAGNE 333
d*Argentré ne semble-t-il pas bien solennel pour le onzième
siècle? N*est-il pas emprunté à une époque très postérieure?...
Voici des objections contre l'authenticité de cette pièce.
Le texte nomme parmi les seigneurs présents aux Etats
Gsffroy, comte de Penthièvre, qui fut depuis tué à Dol, et
Baldric, évoque de Dol. Or GefTroy était mort quinze années
avant que Baidric fut évoque. Geffroy périt en 1003* et Baldric
ne devint évoque de Dol qu'en 1108*.
L'acte donné par d'Argentré mentionne « les neuf, barons
de Bretagne. » Or les neuf barons sont une invention du duc
Jean IV, à la fin du quatorzième siècle'.
EnQn, à supposer que le nom de Guémené-Guingamp
existât au temps d'Alain Fergent, le sire de Guémené n'au-
rait pas porté le cercle royal du duc; ce droit ne lui fut
accordé que par le duc Jean V, le 16 septembre 1420*.
Une seule de ces objections ne suffit-elle pas ? N'est-il pas
démontré que la pièce donnée par d'Argentré et acceptée
de confiance par Daru comme authentique et contemporaine
d'Alain Fergent a été fabriquée après le 16 septembre 1420,
et qu'elle est, comme dit Hévin, « une marchandise de contre-
bande*. »
Depuis le temps d'Alain Fergent jusqu'au quinzième siècle,
nous ne rencontrons dans l'histoire aucune mention du
grand écuyer : Il semble bien, en effet, que c'est de Jean IV
et surtout de Jean V que date la création des charges de
cour en Bretagne.
Après la mort du comte de Montfort, Jeanne de Flandre
partit pour l'Angleterre avec son fils, depuis Jean IV (1345*).
* LOBINBAU, p. 10^.
*GàlliaChrisiiana,\lV,p.\ùiS.
s Hbyin. Questions féodales p. 330, n* 6.
^LoBunBA.n, p. 352.
' Questions féodales, p. 330 n* 6. — Voir aussi p. 21, no 27.
* Un ouTrage destiné à l'instruction de la jeunesse et couronné deux fois
par r Académie française ^le Littoral de la France) t vient de révéler que
« la célèbre comtesse de Montfort » est morte au chitean de Plaisance
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334 LES GRANDS ÉGUYERS IIBBÉDITAIRBS
Ctelui-ci fut élevé à la cour d'Angleterre, calquée sur Je
modèle de la coiir de France. Le roi Edouard s'était déclaré
tuteur du jeune comte de Monlfort; il le retint longtemps
auprès de lui : et c'est seulement quand il eut vingt-cinq ans
que le futur duc eut la permission de rentrer pour un temps
en Bretagne, avec la très humble titre de gouverneur pour le
roi d'Angleterre*.
A sa mort, le 2 novembre 1399, Jean IV laissait quatre
enfants mineurs. Deux ans après^sa veuve, Jeanne de Navarre^
donnait sa main au roi d'Angleterre Henri IV ; elle emmenait
ses filles*à la cour d'Angleterre et confiait le gouvernement
de ses Ris au duc de Bourgogne qui les conduisait à Paris.
Jean V resta à la cour de France jusqu'à sa majorité de
quinze ailsqui survint aux premiers jours de 1404.
Ce séjour des ducs Jean IV et Jean V dans les cours
d'Angleterre et de France a pu leur donner l'idée de se former
une maison sur le modèle de ces cours. D'ailleurs, avant de
mettre so ipille en possession de son duché, le duc de Bour-
gogne non-seulement avait pris soin de lui nommer un conseil
pour aider son inexpérience, mais il avait organisé sa maison.
. Cet état de la maison de Jean V nous a été conservé*. La
cour de Bretagne semble une réduction de la cour de la France.
Tous les officiers qui occupent une charge auprès du roi se
retrouvent auprès du duc de Bretagne, depuis les chambel-
lans qui tiennent le premier rang, jusqu'aux valets des
lévriers et les fauconniers.
près de Vannes, le 17 juillet 1440 » (11, p. i&Oj. C'est nous dire qu'elle est
morte cent onze ans après son mariage, en 1329. •— La comtesse de Montfort
morte k Plaisance k cette date était la première femme de François !•*,
duc de Bretagne, alors comte de Montfort.
« LOIINBAU» p. 33t.
* Le duc de Bourgogne a omia le fou et l'astrologue ; mais ila Tont Tenir
sans tarder, et ce jour-là la maison sera complète. Lobiniait, Pr. peur Vas^
trologien, col. 1261-12S4 (années 1461*liQ2). —Pour le fol. coK 929 (année
1419) 1184 etc. — Le vicomte de Rohan avait aussi un fou en U54. Col. it93
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DE BRETAGNE 335
Or dans la longue liste des officiers de la cour de Bretagne,
nous ne voyons pas figurer le grand écuyer. . . Et la raison
en est simple : nous avons vu que, à cette époque, le titre de
grand écuyer n'existait pas à la cour de France'.
J. Trévédy.
Ancien président du tribunal de Quimper.
(A suivre).
> Le grand chambeUan n*est pas non plus nommément désigné, bien que
messire Armel de Chàteau-Oiron, an des chambellans, semble avoir en, dài
cette époque, une sorte de primauté. — Lobinxau* Pt. col. 814.
il«'.
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L'ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE ECCLESIASTIQUE
DANS LE DIOCÈSE DE NANTES
APRÈS LA RÉVOLUTION
fiSOO-iSiô'J
MUXIÈME PARTIE
Les Écoles pnesbytérales
MAISDON
LE petit collège dont nous allons parler a jeté plus d'éclat
que tous les autres ; il n'est sans doute pas de prêtre
au diocèse de Nantes qui ne connaisse son existence
et qui n'ait entendu louer, par les anciens du clergé, le digne
Monsieur de Maisdon.
La célébrité relative de cette maison s'explique par sa
* Voir la livraison prâcédente.
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lënseionemënt secondaire egclésiastiqub 337
durée assez prolongée, puisqu'elle a fourni des prêtres pen-
dant vingt-sept ou vingt-huit ans ; par le grand nombre de
ceux qui y ont commencé leurs études ; surtout par la valeur
de celui qui Ta fondée et dirigée.
Nous n^avons point Tintention de faire ici la biographie
complète de ce prêtre remarquable autant que modeste; car
pour être complet sur ce sujet, il faudrait être long. Nous
ne renonçons pas à ce travail ; mais le cadre de la présente
étude exige que nous nous bornions à faire Thistoire de son
école.
Toutefois, quelques détails biographiques sont nécessaires.
Joseph Courtais naquit en Tannée 1751, dans la paroisse
de Tilliers'. A dix ans, il perdit son père, à quinze, il était
orphelin. Sa famille était honnête et chrétienne, mais plus
riche de vertus que de biens', et Joseph dut connaître dès sa
jeunesse, avec les souffrances et les larmes, les privations et
la gêne.
Tilliers avait alors pour pasteur M. Fonteneau^^ prêtre
vénérable, dont le souvenir^ était encore vivant dans sa pa-
roisse, un siècle après sa mort. C'est lui qui dirigea le jeune
Courtaié vers le sacerdoce, et, comme il appartenait à une
famille aisée, c'est lui sans doute qui lui procura les moyens
de poursuivre et d'atteindre le but qu'il lui avait montré.
La ville de Beaupreau possédait dès lors un collège qui
jouissait d'une grande réputation et attirait des jeunes gens
de plusieurs diocèses, prinqipalement de celui de Nantes^.
Joseph Courtais, après quelques études préliminaires faites
dans sa paroisse natale, y fut envoyé, et y poursuivit le cours
* Alors du diocèse de Nantes, actuellement de celui d^Angers.
> Joseph Courtais avait trois frères et trois sœurs. Des papiers de famille
nous apprennent que, en 1785, le curé de Maisdon vendit sa part d'héritage
à l'un de ses frères, pour la modique rente de 9 dont la Teuve Courtais se
libéra, en 1825, pour la somme de i80 francs.
> Mr Angebault, mort évêque d'Angers, était neveu de M. Fonteneau.
^ Lettre de M. Darondeau, supérieur du collège, en data de 1762.
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, 4* LIV. 22
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338 L£NSEIGNEMENT SECONDAIRE! ECCLÉSIASTIQUE
de ses humanités, en compagnie des deux Bouyer, ses com-
patriotes^ bien connus dans la paroisse de Saint-Clément de
Nantes, qu'ils gouvernèrent longtemps.
De Beaupreau il partit pour Angers, où il Ot sa philosophie ;
puis il vint à Nantes étudier la théologie. Sa tournure rus-
tique, ses longs cheveux, son air simple et modeste, son at-
titude silencieuse le firent mal juger de ses émules qui se
promirent, en le voyant, une facile victoire ; et déjà les
malins s'égayaient à ses dépens. L'erreur ne dura pas long-
temps, et la première fois qu'il prit la parole pour répondre
aux interrogations du professeur, il s'annonça comme un
maître.
Après un court préceptorat il fut ordonné prêtre et nommé
vicaire à Aigrefeuiile ; mais au bout de quelques mois, il fut
transféré à Sainte-Croix dé Nantes, où il remplit les mômes
fonctions durant six années. Les devoirs de son ministère
ne rempôchaiffnt pas de poursuivre ses études, et c'est à cette
époque qu'il'^outint, devant la faculté de théologie, sa thèse
de doctorat.
Pe ll^^mpa après (1784), il obtint au concours la cure de
M . .u.^.. ''^' tait une des paroisses les plus importantes et
les plus riches du diocèse de Nantes ; elle était en môme
temps l'une des plus chrétiennes : avec son intelligence et
ses forces, M. Courtais lui donna pour jamais son cœur.
Bien que la Révolution en eût diminué l'importance, il ne
consentit pointa la quitter; et il devait y mourir, après l'avoir
gouvernée pendant quarante- trois ans. On sut du rerte l'ap-
précier, et le seul nom de Monsieur de Maisdon, qu'on lui
donna dès lors et qu'il conserva jusqu'à sa mort, parmi le
clergé et le peuple, nous dit assez la considération dont il
jouit, depuis son arrivée dans cette paroisse jusqu'à son der-
nier jour.
Les occupations pourtant nombreuses qu'impose la direc-
tion d'une paroisse étendue et chrétienne, ne suffisaient pas
à contenter le zèle de cette âme sacerdotale. Bientôt, M. Cour-
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 339
tais, que la Providence avait également bien doué pour les
travaux du ministère et ceux de l'enseignement, établit un
cours de sciences dans son presbytère, de concert avec
M. Bouyer, sou ancien condisciple devenu son vicaire, qui
enseignait la philosophie^ Cet établissement n'était pas dû à
la seule initiative du recteur de Maisdon : les principes hardis,
téméraires, pour ne pas dire plus^ des Pères de TOratoiré
inspiraient depuis longtemps des craintes h tous les esprits
sérieux, et le nouveau collège, destiné à prémunir la jeunesse
cléricale de Nantes contre des tendances dangereuses^ devait
être une succursale du Séminaire, dirigé par les Sulpiciens.
Tout en professant^ M. Bouyer travaillait pour son propre
compte, et c'est à cette époque qu'il soutint sa thèse de doc-
teur. Le président de cette séance solennelle était au choix
du candidat ; M. Bou/er n'alla pas chercher bien loin, et c'est
sous la présidence de son recteur que le vicaire de Miaisdon'
subit les dernières épreuves du doctorat. Heureux temps que
celui où les études théologiques étaient en tel honneur, et où
un simple presbytère de campagne pouvait offrir ce spectacle!
C'est au milieu de l'ébranlement général cauq^ par les
débats de l'Assemblée Constituante que M. Co* . .. "yrait
à ces travaux (1789-1790). Les événements, en se précipitant,
n'allaient pas tarder à les interrompre et à disperser les
écoliers de Maisdon.
M. Courtais et ses deux vicaires refusèrent avec écl^t de
prêter le serment schismatique. Ces derniers, avec un très
grand nombre de prêtres nantais, passèrent en Espagne les
années terribles ; quant au recteur, ne voulant point aban-
donner le troupeau confié à ses soins, il resta à son poste et
brava tous les dangers de la persécution.
Comme toutes celles de la Vendée, la paroisse de Maisdon
fut parcourue dans tous les sens par les armées révolution-
* Notice sUUistiquô et historique sur la commune de Maisdon^»» par
M. Petit dM Roehettes, maire de Maisdon, première pvUe, note V,
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340 l'enseignement secondaire ECGLisiASTIQUE
naîres ; le plus grand nombre des maisons, furent brûlées,:
ainsi que le presbytère et Téglise*; beaucoup d'habitants furent
massacrés, et nous savons une famille qui perdit Irente de
ses membres pendant la guerre civile*.
M. Courtais n'en remplit pas moins, à cette époque^ tous
les devoirs du ministère, s'exposant presque continuellement
àlâmort pour soutenir ses paroissiens dans la foi et la vertu,
surtout pour baptiser les nouveau-nés et assister les mou
yants. Le récit de tous les travaux qu'il accomplit et de tous
lés. périls qu'il courut sérail sans doute intéressant; mais,
nous l'avons dit déjà, ce serait dépasser le cadre de ce travail,
et nous aimons mieux ne pas l'entreprendre que de l'effleurer.
Les périls passés et le calme revenu, M. Courtais rentra
dans, sa.dçmeure* et reprit, d'une manière régulière, , ses
occupati.ons pastorales. Il ne devait pas tarder à rouvrir, et
plus grande que jamais, sa porte aux écoliers,
r Les dangers mômes de la persécution n'avaient pas em-
péché,M. de Maisdon de jeter un regard attristé sur l'avenir
de la religion en France, et de songer aux moyens de combler
les vides du sacerdoce. Il voulut dès lors procurer des mi-
nistres à cette Eglise désolée, et se mit aussitôt à l'œuvre. Il
réussit à former quelques étudiants en théologie, et dès que
le calme fut un peu revenu,^ avant le Concordat, il put en
envoyer plusieurs à Tordination. « J'ai connu, écrit un de
ses anciens professeurs, un curé de DongeSy M. Procourt qui,
après avoir servi dans Tarmée vendéenne, avait été instruit
par lui, et fut ordonné à Paris avant le Concordat. » Ce ne fut
pas le seul sans doute, car le zèle de M. Courtais donna des
inquiétudes au Directoire exécutif de Clisson qui le signalait*
* Le 4 avril 1794.
* La faxniUe Pineau, — Mémoires manuscrits de M. Tabbé Pineau, élève
de. M. ConrUtis, mort curé-prieur de Saint-Etienne-de-Gorcoué. M. Pineau est
bien connu par son rôle politique en 1832.
* Comme locataire, car le presbytère avait été vendu et ne fut racheté
qu'en 1800.
^ Lettre du & messidor, an V.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA flÉVOLUTION 341
' au département « comme endoctrinant les jeunes gens pour
les disposer à se faire prêtres. >»
Nous comprenons quel redoublement de zèle il dut
apporter à cette œuvre capitale, quand la pacification reli-
gieuse lui en facilita les moyens, et lorsqu'il lui fut possible,
en comptant les prêtres qui avaient disparu, de mieux con-
naître les bejsoins de l'Eglise. Il rechercha alors de tous côtés
et réunit dans son presbytère des étudiants, leur enseignant
les éléments de la langue latine.
Les besoins de TEglise étaient pressants, en effet, et il
fallait aller vite. Aussi les premiers élèves de M. Courtais
n'étaient-ils pas des enfants, mais des jeunes gens déjà un
peu âgés, de bonne famille^ pieux, raisonnables, d'un jugement
droit, et décidés à n'étudier que poiir l'état ecclésiastique.
Quelques mois suffisaient pour leur apprendre un peu de
latin, et, au bout de cinq ou six ans, plusieurs de ces jeunes
gens étaient prêtres, non pas remarquables sans doute par
leur science, assez instruits cependant pour remplir les
devoirs du saint ministère. Un certain nombre de paroisses
furent ainsi pourvues de sujets uniquement formés par
notre bon curé.
En effet, M. Courtais donnait un enseignement plus com-
plet que celui du recteur de Saint- André ; et, pendant quelques
années, sa maison comprit les cours du grand comme du
petit séminaire. On vit môme des jeunes gens déjà ordonnés
prêtres, mais*dont les études théologiques n'étaient pas ter-
minées, suivre ses leçons ; et, parmi les élèves de Maisdon,
en 1809, nous trouvons quatre prêtres et un diacre*.
Les mêmes besoins faisaient naître partout les mêmes
désirs, et les prêtres survivants de la Révolution n'avaient
pas de plus grande préoccupation que de se préparer des
collaborateurs et des successeurs. Mais tous n'avaient pas
* MM. Yves Dupuis, Michel Durand t Pierre-René-Léon FanteTieau, Jean
Bonnet, prêtres ; François-Marie Bercegeay, diacre. — Archives de VévécKé.
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342 l'enseignement secondaire ecclésiastique
les ressources de M. Gourtais ; et point de collèges ni 'de sé-
minaires encore ! aussi quelle bonne fortune quand un curé
mettait sa science et son dévouement au service de la jeu-
nesse cléricale ! On voyait aussitôt les élèves accourir de
toutes parts. C'est ce que Ton vit à Maisdon.
Les curés qui avaient découvert des vocations et qui déjà
avaient donné quelques leçons de latin aux jeunes gens
choisis, les envoyaient à Maisdon pour étudier la philosophie
et la théologie. Les confrères voisins surtout^ plus à même
d'apprécier )e mérite du charitable maître, lui envoyèrent
des étudiants pris parmi les plus vertueux de leurs pa-
roissiens.
Mais la réputation de M. Gourtais attira bientôt sur son
collège l'attention des plus éloignés. La Vendée, naturelle-
ment, Maisdon et les paroisses environnantes, Aigrefeuille,
le Loroux-Bottereau, la Chapelle-Heulin, Saint-Fiacre, Château-
Thébaud et Vertou lui fournissaient beaucoup d'élèves ; peu
de temps après Touverture de la maison, ils arrivèrent de
l'Anjou, de plusieurs points éloignés de la Bretagne, du
Poitou, et môme de la Saintonge. Dès 1802, le presbytère de
Maisdon était devenu un véritable séminaire , et le bon
pasteur voyait , réunis autour de lui, une cinquantaine de
jeunes gens de différents âges, partagés en plusieurs classes,
depuis la huitième jusqu'à la théologie inclusivement.
Il ne faudrait pas cependant, pour se faire une idée de la
vie qu'on menait à Maisdon, se reporter à «los séminaires
actuels. Rien ne leur ressemblait moins que ce séminaire
improvisé.
On observait cependant, autant que possible, les règles de
ces saintes maisons. Voici quel était à peu près l'ordre de la
journée.
Le lever avait lieu à 5 heures, et tout le monde, la toilette
terminée, se réunissait dans une salle commune. Un des
élèves récitait à haute voix la prière, qui était suivie d'un
quart d'heure de méditation. On assistait à la sainte messe,
puis venait le déjeuner, suivi de Tétude.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 343
Chacun étudiait en son particulier, apprenait ses leçons et
faisait ses devoirs, soit dans le dortoir, soit dans les jardins.
Pendant ce temps, le curé s'occupait du soin de la paroisse,
confessant les fidèles et prolongeant sa méditation au pied
des saints autels.
Il est évident que la classe ne pouvait être à heure fixe.
Quand M. le curé revenait de l'église, il appelait ou sonnait
la cloche, et l'essaim de se rassembler aussitôt au réfectoire
qui servait en même temps de classe. Il était ordinairement
neuf heures du matin, et, depuis ce moment jusqu'à la fin de
la journée, le maître dévoué était à ses élèves. Tout à son
devoir et à la charité, il ne prenait pas même le temps de
déjeûner : un morceau de pain et un fruit à la main, il com-
mençait par les classes inférieures, puis il parcourait les
autres jusqu'à midi. « Ainsi, remarque l'auteur d'une notice
manuscrite, après avoir le matin professé la huitième, avant
dîner, il terminait par la classe de rhétorique.
Bientôt, seul chargé de quarante à cinquante élèves,
M. Courtais, malgré sa bonne volonté, ne put suffire à tout,
comme nous l'avons dit déjà de toutes les écoles pres-
bytérales, il adopta le système d'enseignement mutuel. Les
étudiants en philosophie et en théologie faisaient la classe
aux commençants ; mais c'était toujours sous l'inspection du
curé qui examinait et corrigeait lui-môme, plusieurs fois la
semaine, les devoirs de tous ses écoliers.
A 11 h. 3/4 avait lieu, comme au séminaire, l'examen par-
ticulier. C'était un élève qui le présidait.
A midi, le dîner, suivi de la récréation toujours partagée
par le maître.
L'après-midi était consacrée à la philosophie et à la
théologie. Si des malades appelaient M. Courtais à leur
chevet, les classes en souffraient peu. On voyait le bon
M. de Maisdon, monté sur un cheval*, escorté d'une partie
' De bonne heure, ses jambes infirmes lui rendirent la marche difficile.
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3 44 l'enseignement secondaire ecclésiastique
de ses élèves, faire, tout en voyageant, réciter les leçons,
expliquer les auteurs, ou bien discuter une question de phi-
losophie ou de théologie. Rien ne ravissait les paroissiens
de Maisdon comme de le rencontrer ainsi entouré de ses
enfants.
A la fin de la journée, après la récréation qui suivait le
souper, lecture spirituelle, faite ordinairement dans, la vie
d'un saint ; puis, la prière du soir récitée par le curé lui- môme.
On le voit, le règlement n'était pas trop compliqué ; c'est
qu'à Maisdon les règles sévères n'étaient pas plus néces-
saires que les sanctions rigoureuses. M. Court ais avait une
grande autorité sur ses élèves, et sa parole, ou plutôt le seul
désir qu'avaient tous ses enfants de le satisfaire et de devenir
des hommes de Dieu comme lui, suffisait à maintenir partout
un ordre parfait, a II ne punissait jamais, écrit l'un d'eux*,
il grondait rarement, mais quand il le faisait, c'était avec
une très grande sévérité. On le respectait beaucoup, on
l'aimait singulièrement : il était au milieu de nous comme
un père au milieu de ses enfants. » Et un autre : € C'é-
tait sans doute grâce aux prières du saint homme que
toute cette petite famille de jeunes gens se conduisait si
bien. On ne manquait jamais d'aller tous et tous les jours à
la sainte messe, quoique personne ne vous y forçât; on s'en-
gageait les uns les autres à aller à confesse, et personne
ne manquait à ce devoir. Il en était de môme pour les
études, on étudiait par religion et par raison. Jamais on
n'entendit personne dire un mot qui put ofïenser la mo-
destie, et il était rare qu'il y eût quelque dispute sérieuse
entre les clercs. »
Nous le répétons, pour juger l'école de Maisdon et
toutes nos écoles presbytérales, il ne faut les comparer à
aucune autre : personnel, règlement, méthode, tout est
spécial. L'objet de l'enseignement l'était aussi, en ce sens
**M. Bouyer, mort ruré de Saint-Donatien de Nantes.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 345
qu'il était très restreint. Chez M. Gourtais, on se bornait au
latin, au français, à quelques notions de littérature et de
philosophie : c'était tout. Les circonstances l'exigeaient : le
temps manquait pour faire davantage.
De plus, comme nous l'avons dit, beaucoup de nos écoliers
arrivaient à Maisdon pour étudier la philosophie et la théo-
logie, après avoir fait leurs humanités dans les presbytères.
Hélas ! souvent le bon vieux prêtre qui les avait formés était,
les ans en sont la cause ^ un peu brouillé avec ses classiques ;
en outre, nos pauvres écoliers, choisis parmi des jeunes
hommes de vingt ans appliqués depuis plusieurs années aux
travaux de la campagne et dopt l'instruction avait été fort
négligée pendant la Révolution, n'étaient guère préparés à
ces nouvelles occupations, et leur intelligence s'ouvrait moins
facilement à l'étude ; enfin les leçons rapides et intermittentes
qu'ils avaient reçues d'un pasteur absorbé par les soins du mi-
nistère étaient le plus souvent insuffisantes : aussi la plupart
ne possédaient-ils qu'une légère teinture du latin.
Ce devait être une peine profonde pour le savant curé, ce
lui fut aussi une occasion de montrer son dévouement : après
avoir donné la journée aux occupations du ministère et du
professorat, il consacrait ses nuits à rédiger en français des
traités de théologie morale'.
Nous avons ces traités, écrits en classe sous la dictée de
l'auteur, par M. Fonteneau, qui étudiait la théologie à Maisdon
en 1805 et 1806 et qui est mort curé du Loroux-Bottereau ;
il y en a dix-neuf : les traités des Actes humains — des Lois
— du Péché — du Décalogue — de la Justice — des Contrats
— des Sacrements en général — du Baptême — de la Confir-
mation — de l'Eucharistie — du saint Sacrifice de la messe —
de la Pénitence (auquel il faut joindre un petit traité en latin
• Denzda c«s traités, s*il tant en croire un ancien professenr de Maisdon,
la Justice et les Contrats^ sont de Mf DuYoisin ; tons les autres sont dus à
M. Courtais.
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\
\
L
34(5 l'enseignement secondaire ecclésiastique
de Absolutiom) --de rExtrôme-Onction — de TOrdre — du
Mariage — des Censures — des Irrégularités*.
Ces différents Irailés sont courts, mais ils renferment tous
les vrais principes et sont remarquables par leur lucidité.
Les écoliers de Maisdon, ainsi formés, pouvaient bien, pour
la plupart, n'être pas des savants, mais ils possédaient une
science iliéologique très suffisante, et comme ils étaient
humbles, pieux et ordinairement d'un jugement très droit,
ils ont rendu de grands services au diocèse'.
Le docte évoque de Nantes savait les apprécier, et le trait
suivant nous montre quel cas il faisait du mérite et des ser-
vices de M. Courtais. Un jour que celui-ci dînait à l'évêché,
le prélat lui demanda s'il aurait quelques jeunes gens à lui
envoyer pour la prochaine ordination. — Oui, Monseigneur,
répondit le bon curé, j'en aurai encore quelques-uns, je Tes-
père. -^ Alors, élevant les yeux au ciel, révoque prononça
ces paroles : « Quand je présente à Dieu des sujets formés
par vos mains, mon cher curé, ma conscience est tranquille,
etje bénis la Providence qui dirige une œuvre aussi sainte
et aus^i charitable. »
Il ne faudrait pas croire cependant que tous les étudiants
' M. deMa^i^^don dictait, en latin, à ceux d*entre ses écoliers qui avaient
oommf^ncé leurs études chez lai, et qui étaient généralement plus instruits
[les imités dogmatiques et des cahiers de philosophie. Nous ignorons s'il les
uvait rédigA;^lLLi*méme. On signale, dans sa bibliothèque, une théologie dog-
laatique f*n k folumes, composée, dit-on, et dictée par M. d*Auchemouillé,
flulpicien, autrefois professeur renommé du Séminaire de Nantes. Peut-être
faisiit-elle 1g fond des cours de M. de Maisdon, bien que celui qui signale
cfltoUTra^^e oe le dise pas. Cependant nous avons sous les yeux le traité de
verâ Reii§iùne, dicté par M. Courtais, et nous le croyons son œuvre. C'est
qu'on y rcconnait, sinon la main, du moins l'inspiration de Mv** Duvoisin. Le
cours pubHét sur le même sujet, par le savant professeur de Sorbonne, est
îis^ez souvent copié pour que nous comprenions que l'auteur l'avait sous les
yeoï, le suivait pas à pas, et ne s'en écartait guère que par la nécessité
d*iitre pluK précis.
> Ce nV^t pas à Maisdon seulement qu'on était réduit à ces expédients. Les
écoïier* de Derval et d'ailleurs se trouvaient dans les mêmes conditions, et
nû-is avons vu plus haut que M. Orain, aussi confiant dans la science de
M. Courtais que défiant de ses propres lumières, lui avait emprunté ses
eahi^ri de philosophie et de théologie.
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DANS LE DtOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 347
de Maisdon fussent des élèves médiocres. Plusieurs, au con-
traire, étaient fort remarquables et occupèrent, dans la
suite, des positions très importatites. C'était un bonheur
pour le savant maître quand il voyait autour de lui de ces
:ntelligences d'élite, et il les cultivait avec amour. Il disait
parfois que pour faire un prêtre il faut trois choses : saijiteté,
science et santé. S'il s'appliquait, par ses exemples et ses leçon?,
à former ses jeunes gens dans la sainteté, s'il veillait à leur
conserver les forces qu'ils devaient mettre au service de
Dieu, il ne négligeait pas la science.
C'est pour encourager les efforts de ses enfants, et sans
doute aussi en souvenir de ce temps déjà lointain pu lui-
même se livrait à ces joutes théologiques, qu'il voulut faire
soutenir une thèse publique.
Le 28 août 180r7, c'était fête au presbytère de iMaisdon et
jour de grande joie pour le vieux docteur. M^ Paillon, évoque
de la Rochelle et de Luçon, faisait une tournée pastorale
dans les environs ; il se rencontra avec l'évêque de Nantes
dansla modeste enceinte de notre petit collège. Cette ren-
contre n'était pas imprévue ; les prêtres voisins, môme ceux
de la ville, en avaient été informés ; aussi se pressaient-ils
nombreux autour des deux prélats.
Un élève, M. Michel Bouyer, depuis curé de Saint-Donatien,
adressa aux pontifes quelques paroles de bienvenue. « Quoi-
que nous ressentions vivement, dit-il, la joie qui pénètre ici
tous les cœurs, noiis ne pouvons nous défendre d'une cer-
taine frayeur respectueuse qui nous saisit malgré nous. Et
quel autre sentiment pourrions-nous éprouver, en voyant
siéger dans cette auguste assemblée, ce qu'il y a de plus dis-
tingué dans tous les ordres ? Nos premiers regards tombent
sur deux princep de l'Eglise qui rendent à leur dignité tout
l'honneur qu'ils en reçoivent. Avoir à louer des prélats uni-
versellement révérés, en qui les talents, l'érudition et les
vertus se réunissent; avoir à parler de l'art oratoire de-
vant ces maîtres de l'éloquence qui ont fleuri dans la pre-
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348 l'enseignement secondaire egcli^siastique
mière école du inonde, dont la plume nous a donné tant de
savants ouvrages : c'est une tâche bien supérieure à nod
forces. Nous ne sommes devant vous. Nos Seigneurs, que des
enfants ; à peine savons-nous bégayer. Ce qui nous rassure,
c'est que Thumanité, la douceur et la bonté qui vous caraé-
térisent vous font accueillir les petits comme les grands ;
vous nous en donnez aujourd'hui une preuve éclatante, en
paraissant au milieu de nous pour encourager nos premiers
essais- Nous n'avons à vous offrir, avec l'hommage de nos
profonds respects, que le désir de mériter par de nouveaux
efforts votre protection et vos suffrages.
« Nous vous devons ici un tribut particulier de gratitude et
d'amour, illustre et vénérable Pontife, à qui nous avons le
bonheur d'appartenir par des liens si étroits et si précieux.
Aimé de Dieu et des hommes, votre mémoire est partout en
bénédiction et votre nom retentit dans tous les cœurs. Vous
êtes notre père, et que de fois Votre Grandeur a jeté ici sur
nous ses regards ! Qu'il nous est doux de répéter que nous
sommes vos enfants ! Daigne le Ciel, propice à nos vœux, con-
server à l'église de Nantes un pasteur qui en fait la gloire
et Tornement. »
M. Grégoire, mort curé de Machecoul, soutint ensuite une
thèse sur le traité de l'Eglise. « C'était chose inconnue pour
le nouveau clergé, écrit quelqu'un* qui recueillit plus tard les
échos de cette fôte, aussi une foule nombreuse de prêtres ac-
coururent-ils à Maisdon pour être témoins des efforts du
candidat. Les exercices furent présidés par M«' Duvoisin lui-
môme, dont la science, tempérée par la bonté, souriait à ces
joutes qui lui rappelaient, bien faiblement sans doute, les
grandes et fortes études de cette Sorbonne dont il avait été
autrefois la gloire ; mais le bon pasteur encourageait de sa
• M«f An^^ebault. — Lettre da 3! octobre 1858.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APFtÈS LA RÉVOLUTION 349
voix bienveillante ces essais timides encore qu'on applau-
dissait comme une espérance*. »
* Nous croyons bon de reproduire ici Targument de la thèse, composée
ppni*être par M. Courtais lui-même :
Oratio de Ecclesid Dei.
Ëcclesiam divinitus institutam potentissimo Dei prsesidio conservari argu-
mento est constans ejus et inconcussa stabilitas. Variée variis temporibus a
tartareis faucibus in orbem emersernnt alternantes sectœ; eas, postquam
plus minusve celebritatis obtinuerunt., extinctas tandem vidimus et obli-
vione consepultas. Cur non easdem vices experta fuit Christi Ëcclesiaf Hoc
sane tam splendidum, tam singulare beneficium non débet, nisi summse
Dei potentiœ, quàcincta semper ac munita superbas inferi portas vicit ac
contrivit. A Domino facium est istud^ et est mirabile in oculis nostris.
Re etenim verà, longe plaribus, quam ceterœ omnes simul institutiones^
▼exationibus conflicta est sola Christi Ecclesia. A mille et octingentis annis,
quot pericula subiit! quot certamina sustinuit! quoties àprimis incunabulis
ferro persecutorum appetita ! quoties haeresibus et schismatibus discissa !
quoties ftliornm suorum scandalis oppressa doluit ac ingemnit ! Ëam tamen
quibuslibet erroribus ac tempestatibus superstitem intuemur. In ter huma-
narum rerum vicissitudines, inter populorum ruinas, inter innumeras im-
periorum conversiones, stat immota rupes. Hanc. nec conjurata principum
potentia, nec obstinata dœmonis improbitas, nec impiœ novatorum moli-
tiones» nec hœreticorum fraudes, nec fldelium corruptela, nec temporis diu-
turnitas, evertere valuerunt. Quemadmodum aquœ dilûvii super orbem
effusœ arcam non obruerunt, sed in sublimiori loco posuere, ita etprocellœ
tôt atque tempestas, quibus agitata fuit fidissima Relîgionis christianise custos
Ecclesia, ad illud unum profecerunt, ut noTos ipsi triumphos novamque ma-
jestatem adderent. Flax>erunt ventU et irruerunt in domum illam, et non
eecidit : fundata enim erat super flrmampetram.
Quis, delectam hanc Christi sponsam semper lacessitam, nunquam autem
▼ictam inspiciens, in perpetuis ipsius victoriis divinam opem et juge mira-
culum non agnoscat? Quis cum Judœorum sapientissimo non fateatur divi-
num opus illud esse, cujus in excidium omni molimine incubuerunt hostes
christiani nominis infensissimif Hoc scilicet proprium est, ut tune vincat
eum lœdetur,., non eradieahiiur, nec cadet quibuslibet tentaiionibus,
donec veniat consummatio»
Nihil ergo nobîs optabilius contingere poterat, quam ut causam Ecclesiie
coràm Ecclesise prindipibus defendere liceret ; ad id movet nos potenter et
excitât exemplum vestrum, illustrissimi prœsules : vos Ëcclesiam ut ministri
virtutibus ornastis, doctrinâ defendistis, zelo propagastis, ipsius decori ac
ornamento ingenium, labores, aliasque tum natnrse, tum grati œdotes vovistis,
consecrastis ; vos Hilarii œmulatores Ecclesise causa sarumnas et exilium
perpessi : vos, totâ plandente Gallià, positi k Spiritu Sancto epitcopi regere
Ëcclesiam Dei, factis et scriptis illibatum fidei depositum cnstodistis : vos
Ecclesise gallican» decus, eam tôt ictibus dilaceratam Cathedna Pétri
religastis: vos sanandis ejusdem vulneribus indefessâ. virgilantiâ allaborastis.
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350 l'eNSBIONEMBNT SEGOXQAiRE RGGLÉ8I ASTIQUE
La plupart des étudiants de Maisdan étaieat externes ; plu-
sieurs prenaient leur pension dans le bourg, chez des parti-
culiers. Cependant un certain nombre , venus de loin ,
logeaient au presbytère. La maison fut bientôt trop étroite :
on eut recours à un bâtiment voisin, l'ancien prieuré, pour
y placer les plus raisonnables.
Il en fut ainsi pendant les six premières années à peu près ;
mais lorsque le séminaire de Nantes fut complètement orga-
nisé, M. Courtais dut modifier son collège. Il cessa d'enseigner
la théologie, la philosophie et môme les humanités, se bor-
nant désormais aux classes élémentaires. Il accueillit alors,
avec ses séminaristes, quelques étudiants qui ne se desti-
naient point à l'état ecclésiastique, et que leurs parents, de
familles honnêtes mais de fortune médiocre, ne pouvaient
placer dans les pensions de la ville.
Les écoliers de Maisdon, sauf de rares exceptions, n'étaient
plus alors que des enfants ; le système de liberté presque
complète, suivi jusque-là sans inconvénients avec des jeunes
gens raisonnables, devenait impossible. Il fallut exercer une
surveillance plus étroite et arlopter la discipline des collèges
ordinaires. Quelques dépendances de la maison curiale furent
disposées en dortoir; une salle d'étude fut construite en 1813;
Te, prœsul illuitrisBime, cujus atispiciis actas iste noster inchoatur, te
meriio patronuiu Ecclesiœ concélébrant Kapellenses ; quantum enim Ecole-
sia tibi debeat, facta clamant et monumenta. Liceat igitur et nostras de
Ëcclesiâ thèses et corda noatra devovere.
Nec te hic ingrate patiar siientio prsetermissum, lUustrissime prœsul et
pater, cujus in fronte nitet, spirat in moribus, Yivit imis infixa Religio.
Unum erat quod ardentius optabam, ut mihi filiis tuis annumerari contin-
^eret; vota mea simul ac cognoYisti, simul et beneficus implevisti. Debitis
tibi pro tanto beneiicio gratiis imparem me fateor, publicum tamen me-
nions animi monimentum, Telim, accipere non dedignerit. Te utinanoi
gaudere diu fruique possit Ecclesia Nannetensis.
Hanc habuit orationem Ilenatus Grégoire^ auditor Josephi Courtais^ Ec
clesise succursalis de Maisdon prœpositi, in conspectu DD. Joannis-Baptistse
Duvoisin, Nannetensis Ëpiscopi, et DD. Gabrielis-Laurentii PailloUy Rupel-
lensis Episcopi ; anno Ghristi millesimo octingentesimo septimo, die vero
vigesim octavà mensis augusti.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 351
enfin un professeur fut désormais attaché à rétablissement,
et chargé de suivre partout du regard cette turbulente jeu-
nesse.
A ce moment, suivant l'expression dont se servait le véné-
rable pasteur lui-même, les écoliers de Maisdon étaient pour
ainsi dire à Tessai. On pouvait ainsi juger à peu de frais de
leurs dispositions, et, après deux ou trois ans, s'ils parais-
saient vraiment appelés au sacerdoce, on les faisait entrer
en quatrième au petit séminaire. Le professeur faisait à ces
enfants les classes inférieures ; quant à M. Courtais, il se ré-
serva toujours celle de cinquième.
Nous n'avons rien à ajouter sur le collège de Maisdon à
cette époque : il ressemblait à tous les autres, pour Tordre
des exercices et la méthode d'enseignement. Toutefois, on
comprendra, sans que nous en donnions des preuves, qu'on
y vivait, plus que partout ailleurs, de la vie de famille, ce qui
n'est certes point un défaut et nous explique, avec d'autres
raisons, le souvenir persévérant que tous les élèves en ont
gardé.
« J'ai passé deux ans chez le bon et respectable curé de
Maisdon, écrivait un de ces derniers*, trente ans après la
mort de son vieux maître, et, quoique j'aie connu, depuis,
plusieurs établissements bien mieux organisés et beaucoup
plus brillants, soûs tous les rapports, j'ai toujours conservé
un précieux souvenir de cette maison, qui a été pour moi
comme une transition de la vie de famille à la vie véritable
du collège. Les excellents condisciples que j'y ai rencontrés
me l'ont rendue bien chère ; mais rien n'a tant contribué à
lui donner une place si distinguée dans me3 affections, que
la douce image de ce saint vieillard, qui est restée dans ma
mémoire comme un des plus* beaux types de la vertu sacër-
* M. l'abbé Gouraud, mort chanoine et vicaire général de Luçon. —Lettre
du 10 novembre 1857.
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a52 L ENSEIGNEMENT SECONDAIRE EGCLÉSIASflQUE
dotale. En vérité, parmi tous les prêtres si distingués avec
lesquels j'ai eu le bonheur d'avoir quelques rapports, à peine
erl est-il un ou deux qui aient su m'inspirer un sentiftient
aussi inaltérable de profonde vénération. »
Le presbytère de Maisdon était devenu un véritable petit
séminaire, réunissant de 40 à 50 élèves. Pour entretenir un
personnel si nombreux, i' fallait des ressources. Où les
prendre? Nous avons dit la pauvreté des écoliers et le prix
dérisoire de la pension. D'ailleurs la question pécuniaire
n'était qu'accessoire et ne faisait jamais obstacle à l'admis-
sion d'an élève qui avait du goût, et qui paraissait avoir des
dispositions pour l'état ecclésiastique.
Que pouvez-vous me donner ? disait l'excellent homme, en
s'adressant aux parents, ou môme aux enfants. - Un setier
de grains, répondaient les uns,— unebarrique de vin, disaient
les autres, — plusieurs : un peu d'argent. — C'est bien, vous
viendrez, ou vous m'amènerez votre enfant. —Souvent même
les parents ne pouvaient remplir les modestes obligations
qu'ils avaient contractées ; mais ce n'était jamais un motif
d'exclusion. Lui-môme n*a-t-il pas souvent, le premier, dimi-
nué cette maigre rétribution trop forte encore poar des
paysans dans la gêne ? — Tiens, reprends ceci, disait-il
parfois, lorsqu'on lui versait le prix convenu, ton père n'est
guère à Taise. » Nous pouvons ajouter, hélas ! que plus d'une
fois des parents sans délicatesse abusèrent de la générosité
du maître : leurs enfants n'en recevaient pas moins la nour-
riture et l'instruction. /
 ces premières dépenses s'en ajoutaient d'autres : de tous
côtés on accourait chez le bon curé ; les parents des élèves,
lorsqu'ils venaient voir leurs enfants étaient toujours hébergés
gratuitement ; les prêtres voisins et, pendant les vacances,
les séminaristes aflluaient au presbytère : la table de M. Gour-
tais, pourtant très large, était toujours complètement garnie.
Nous avons dit où la charité de ces vénérables instituteurs
trouvait des ressources ; nous ne le redirons pas. Un mot
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DANS LE DIOCÈSE DB NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 353
cependant à l'éloge des paroissiens* de M. Courtais. Pleins
de respect et de vénération pour un tel pasteur, les habitants
do Maisdon lui venaient en aide, et, suivant Texpression d*un
témoin, remplissaient généreusement sa cave et son grenier,
La Révolution avait supprimé la dime ; ils la payaient quand
môme ; tant que vécut M. Courtais, il reçut du vin en abon-
dance, età peu près régulièrement, le /r^n/î^me pour les grains.
L'étable et la basse-cour fournissaient le lait, le beurre et
la viande ; le jardin, les légumes et les fruits ; et le modeste
traitement du desservant, grossi des quelques écus apportés
par les élèves plus aisés, venant s'ajouter à ces faibles res-
sources, M^^ Courtais faisait marcher la maison et nourrissait
tant bien que mal ses quarante ou cinquante convives'.
C'est M"' Courtais^ en effet, vertueuse, intelligente et
dévouée comme son frère, qui remplissait les fonctions d'éco-
nome. On avait pour elle presque autant de respect que pour
le pasteur, et, au dire de ceux qui l'ont connue, son nom mé-
rite d'être associé à celui du frère vénérable qu'elle a toujours
encouragé et soutenu dans l'exercice de sa charité.
M. Courtais poursuivit son œuvre pendant près de trente
années, tout en travaillant avec zèle et succès au bien spiri-
* Nous doTons mentionner, parmi les principaux bienfaiteurs de notre
école, M. le chanoine Goguet de Boisfiéraud, Quand on demandait au bon
curé comment il faisait marcher sa maison. « La Providence de Dieu est
bien grande, répondait-il ; puis» quand je n'aurai plus d'argent, je suis sûr
d'en trouver, si M. Tabbé de Boishéraud en a dans sa bourse. » Nous lisons
dans les notes d*un ancien élève de M. Courtais : « Il était lié d*une étroite
amitié avec M. Tabbé de Boishéraud, chanoine de Nantes, et propriétaire de
la Guérivière^ aux portes de Maisdon, avec lequel il vivait dans la plus
aimable communauté de goûts et de pensées. M. Qoguet de Boishéraud,
ancien émigré et chevalier de Saint-Louis, avait, avant d*étre revêtu du sacer-
doce,'vécu avec l'élite de la société. U avait épousé M^i* du Bois de la Fer'"
ronnière, fille de l'ancien et dernier seigneur du Lorouz. Rien n'égalait la
bonté de son cœur, son affabilité, la haute distinction de ses manières, le
charme et la variété de sa conversation. Prêtre, il savait aUier à la sainteté
des devoirs le ton et l'urbanité de l'homme de bonne compagnie. La mort
seule sépara les deux amis qui reposent à côté l'un de l'autre, sous deux
modestes tombes, dans le cimetière de Maisdon. »
* Plus tard, le professeur lut entretenu aux frais de l'évéché.
T. VI. — NOTICES. — VI" ANNÉE, i* LIV. 24
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354 l'enseiqnbmbnt bbgondâire ecclésiastique
tuel de sa chère paroisse. L'âge ne ralentit pas ses travaux,;
et sa vieillesse^ qui fut longue, ne connut pas le repos. Au
mois d'octobre 1829, il fut atteint d'une paralysie ; après de
cruelles souffrances, supportées avec une résignation admi-
rable, il mourut saintement, le 7 décembre suivant.
Le vénérable curé de Maisdon est assurément un des types
les plus parfaits du prêtre affable et poli, simple et digne,
instruit et pieux, légué par l'ancien régime aux premières
années de ce siècle. Telle est du moins l'idée que nous en
donnent ceux qui l'ont connu. « Il est, écrit' M. Péret, ancien
supérieur du Séminaire, de ces quatre bu cinq prôtres
qui m'ont donné par leur vue et leur commerce une impres-
sion de religion d'une nature particulière : le premier, feu
mon vieux et vénérable curé, revenant de l'exil pour la foi,
et m 'apparaissant pour la première fois à l'âge de cinq ans ;
le second, M. Duclaux, supérieur du séminaire de Saint-
Sulpice; le troisième, M. Gourtais, et le dernier, M. Mongazon.
« Je n'entreprendrai pas d'analyser le détail des cir-
constances qui me donnaient cette impression de religion. Il
y avait dans la physionomie et la conversation de M. Gourtais,
je ne sais quoi de grave, de digne, de bon, de sage, de doux,
de modeste, et qui ravissait, en mettant entièrement à Taise,
et laissant un parfum de grâce très sensible. Saint Jean, dans
sa vieillesse, devait avoir beaucoup de ce type. »
Son vieil ami, M. Agaisse^ curé de Ghâteau-Thébaud, le
peignait en trois mots : il disait que, dans le cours de sa
longue carrière, il avait trouvé des hommes également ver-
tueux , d'autres également savants , d'autres également
aimables, mais qu'il n'avait jamais rencontré personne qui
réunit au môme degré toutes ces heureuses qualités.
Avec sa belle taille, son port majestueux, le sourire gra-
cieux qui errait toujours sur ses lèvres, sa figure radieuse,
couronnée de cheveux blancs dès sa jeunesse sacerdotale, sa
^ Lettre du 12 décembre 1857.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA EÉVOLUTION 335
voix sonore, son vôtement simple et pauvre^ mais propre et
décent, sa politesse exquise, son abord accueillant, quoi-
qu'une timidité excessive gênât le bon curé dans son expan-
sion, il inspirait à tous un sentiment profond et durable, mé-
lange indéfinissable de respect, de confiance et d'admiration.
Pourtant, cet homme si grave et si digne savait, dans son
amour pour Tenfance, s'abaisser jusqu'aux plus petits et
prendre part à leurs jeux. Il n'ignorait pas qu'il faut des jeux
à la jeunesse, et qu'il n'est rien de plus nuisible à la disci-
pline d'un collège que ces enfants philosophes qui dédaignent
les plaisirs de leur ftge, et, dès quinze ans, ne savent plus
s'amuser. Tant que ses jambes le lui permirent, il était le
premier à engager une partie de barres^ et les anciens ont ra-
conté souvent qu'il ne le cédait à personne pour courir et sau-
ter sur les landes de Maisdon. Ils aimaient à rappeler surtout
les joyeuses pipées dans les bois, aux jours des grands con-
gés, et les pèches miraculeuses dans la Moyne,
Nous l'avons dit, cet humble curé de campagne était un
savant : il possédait à fond toutes les matières qui faisaient
l'objet de son enseignement; et telle était la puissance de sa
mémoire', qu'il pouvait expliquer tous les auteurs sans le
secours d'un livre. Nous avons pu juger nous-méme, par ses
écrits, de sa cbnnaissance des sciences sacrées, en particulier
de l'Ecriture sainte ; il possédait également les auteurs pro-
fanes et savait par cœur toutes les odes d'Horace. Les sciences
ne lui étaient pas étrangères, etTun de ses professeurs n kyant
point étudié la physique, il se proposa pour lui en donner des
legons.
M. de Maisdon ne laissait pas cependant d'étudier encore,
et nous pouvons nous faire une idée de son ardeur et de son
dévouement à l'éducation de la jeunesse cléricale, quand
' U avouait lai-même ii*a?oir jamais oublié ce qa'ii avait appris une fois.
Qu*on juge de ce que» aprèa avoir étudié toute sa vie, il devait savoir
soizaBte«dix-huit ans !
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'; rzj
356 l'enseignement secondaire ecclésiastique
nous le voyons, à Tâge de soixante-douze ans, apprendre le
grec pour l'enseigner aux autres*.
A tous ces travaux intellectuels s'en joignaient d'autres
non moins accablants. Chaque dimanche à la grand'messe,
le recteur faisait un prône court mais substantiel ; en carôme
il donnait à son peuple, avec son vicaire qui posait les ques-
tions^ des conférences dialoguées. Or M. de Maisdon ne
prêchait jamais sans avoir écrit ses instructions et les avoir
apprises. Bien plus, au sortir de la Révolution^ dès que les
paroisses furent réorganisées, il forma avec ses confrères
une sorte de compagnie de missionnaires. Maisdon et les pa-
roisses voisines furent évangélisées successivement : C'est
M. Gourtais qui toujours était Tâme de ces travaux ; c'est lui
seul que Ton chargeait des conférences.
Ces conférences nous restent, en partie du moins, et elles
démontrent, avec la science du bon curé, son amour du
travail et de Tordre. Nous avons en ce moment sous les yeux
quatre volumineux manuscrits contenant soixante-deux ins-
tructions dont quelques-unes, fort longues, devaient néces-
sairement être partagées en plusieurs discours. L'un deux
porte une date sur son premier feuillet, 1794. La vue de cette
date nous a ému ; mais, en tournant le feuillet^ nous avons
éprouvé une émotion plus vive encore. La première confé-
rence porte pour titre : le Credo, la foi et Tobligation de con-
fessQf^ publiquement sa foi. L'obligation de confesser sa foi,
môme au prix de son sang : quel sujet, en 1794 1
Pour juger du caractère de M. Courtais, il suffirait presque
de parcourir ces recueils. Toua les discours qui les composent
sont écrits de sa main, et tout y répond à l'idée que nous
nous étions faite de leur auteur. Ces jurandes marges blanches,
* M. de Courson, changé par Monseigneur des écoles ecclésiastiques, avait
ordonné de renseigner aux élèves de cinquième et M. Courtais, qui s'était
réservé cette classe, se mit aussitôt à l'œuvre. En très peu de temps il fit
assez de progrès pour dire à son professeur : « Je suis dans l'admiration de
cettte belle langue ; j'en saisis bien le génie, je regrette que mes occupations
ne me permettent pas de l'étudier à fond. »
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 357
cette écriture soignée qui fait penser aux vieux manuscrits
copiés par les moines, ces alinéas bien marqués et numé-
rotés, ces divisions et subdivisions, ces questions précises,
ces réponses claires, ce style sobre, didactique, simple sans
être bas, qui néglige les ornements de la rhétorique pour se
borner à Texposition des vérités dogmatiques ou morales ;
ces objections pratiques, quelquefois piquantes, mais jamais
sceptiques ni railleuses^ tout, dans ces manuscrits, nous
révèle le savant théologien^ le moraliste un peu sévère^ sans
cesser d'être exact, le pasteur expert dans Tart d'instruire les
simples. On sent le docteur sous Thumble curé de campagne,
car il y a là vraiment plus qu'un catéchisme solidement
expliqué : c*est un cours de théologie mis à la portée des
ignorants, et dont le ton, quelque abaissé qu'il soit, pour être
au niveau des auditeurs, ne laisse pas de convenir toujours
au sujet qui est traité et à l'orateur qui l'expose.
Il semble qu'avec toutes ces qualités, qui sont plutôt celles
du théologien que du prédicateur et qui ne laissent guère de
place à réioquence, ces discours n'étaient pas de nature à
passionner le peuple. Nous savons cependant que leur auteur
obtenait de véritables succès, et que, durant le carême, oxx
accourait de toutes les paroisses voisines aux conférences de
M. de Maisdon. Preuve que les questions les plus ardues de
la théologie intéressent le peuple chrétien, quand elles sont
clairement exposées*.
Cette science, unie à une vertu éprouvée, ainsi qu'au sou-
venir de ses héroïques travaux durant la persécution, avait
donné une grande influence à M. Courtais. Non-seulement
ses anciens élèves continuaient de le consulter et de lui sou-
mettre leurs difficultés ; mais tous ses confrères allaient à lui
* Noas devons signaler deux antres ouTrages mannsorits' de M.' Gonrtais,
qui sont entre nos mains : !• Considérations utiles et nécessaires att»
prêtres, et spécialement à ceux qui sont chargés de la conduite des àmes^
œuvre de zèle et d'éraçlition composée en 1800 ; 2^ Amour et tendresse de
N,'S, JésuS'Christ pour les hommes , et ingratitude des hommes pour
N.'S, Jésus'Chrtstj au très saint Seulement de l'autel.
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358 l'enseignement secondaire ecclésiastique
pour recevoir lumière et conseils. Son humilité donnait encore
plus de valeur à cette science. Il gardait ordinairement le
silence dans lès réunions, à tel point qu'on Teût pris pour un
homme de médiocre intelligence. Il ne se mêlait pas môme
aux discussions théologiques. Mais quand on lui demandait
son avis sur le cas proposé, il Texposait clairement, et chacun
s'inclinait devant sa décision*.
Le mérite de M. Courtais était connu de ses supérieurs qui
lui offrirent plusieurs fois des postes importants; mais le
vénérable recteur les refusa toujours. L'autorité diocésaine
voulut alors, d'une autre manière, reconnaître ses services et
mettre ses talents en relief ; des pouvoirs plus étendus con-
sacrèrent l'influence que M. de Maisdon avait déjà conquise.
Dès 1815, pendant la vacance du siège, il reçut, avec plusieurs
autres, la charge de vîiiaire capitulaire ; et, à son arrivée,
M«' d'Andigné , son condisciple de Beaupreau , le nomma
chanoine honoraire et vicaire général.
Prêtre zélé, M. Courtais se fit encore remarquer par sa foi
royaliste. En 1815, les généraux vendéens, en lutte contre
Napoléon, avaient établi leur quartier général à la cure de
Maisdon ; et chaque matin, MM. Bascher et de Kersabiec
servaient, en uniforme, la messe du bon curé.
Bientôt, le comte de Suzannet tomba mortellement blessé
à la bataille de Rocheservière. Le général étant mort des
suites de sa blessure, fut inhumé après le retour des Bour-
bons, dans réglise de Maisdon. Ses compagnons d'armes,
officiers et soldats, et un immense concours de fidèles se
pressaient à ses funéirailles. M. de Maisdon, gravissant les
* Un ancien confrère de M. Courtais à Sainte-Croix, qui avait embrassé et
soutenu plus qn*aucnn autre le schisme, et à qui le Concordat n*aTait pas
enlsTé toutes ses préventions contre les prôtres fidèles, Guibert, premier curé
de Saint'^iioqueSt reconnaît les qualités de M. de Maisdon, et, dans des notes
manuscrites, conservées à la bibliothèque de Nantes» il dit que M. Courtais,
rentré dans sa cure» en 1802, après s'être tenu caché pendant toute la guerre
de la Vendée, « y jonit à juite titre de la réputation d'un saint prêtre et
d'un savant théologien. »
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 359
degrés de sa modeste chaire, prononça, au milieu de #'émo-
lion, réloge funèbre du généreux Vendéen* •
L'attachement de M. Gourtais à la légitimité et les services
qu'il avait rendus aux officiers vendéens lui méritèrent
l'honneur de recevoir, peu de temps avant sa mort, la duchesse
de Berry. Dans son voyage en Vendée, la princesse passa en
effet par Maisdon ; elle assista à un service célébré par le
pasteur pour l'ftme du comte de Suzannet, et daigna s'asseoir
à sa table, dans le réfectoire et sous les yeux étonnés des
écoliers de Maisdon.
Le temps est la pierre de touche qui sert d^épreuve aux
réputations ; le temps n'a pas nui à celle de M. Gourtais.
Mieux que l'estime de ses supérieurs, que la confiance
de ses confrères^ que le respect et l'affection de ses enfants
et de ses paroissiens, le souvenir persévérant que l'on
garde de lui nous dit ce qu'il a été et la place quil a
occupée, non seulement à Maisdon» mais dans le diocèse tout
entier. Le clergé nantais ne prononce son nom qu*avec res-
pect; ceux qui l'ont connu ne sciassent pas de redire son
éloge, et à voir l'ardeur et lefeu qu'ils y mettent, on comprend
que c'est le cœur qui parle. La génération qu'il a formée
' « Nons nous rappellerons toute notre tie le service que nous y avons en-
tendu pour le repos de son âme ; Toraison funèbre prononcée par un Tieux
prôtre de la Vendéev-'ami et confident du général; sa veuTe abîmée de
douleur, prosternée près de son tombeau ; les paysans soldats appuyés sur
leurs armes et répandant des pleurs : toutes ces choses ne sortiront jamais
de ma mémoire. » — • Vicomte Walsh. Lettres Vendéennes^ tome II. A Tissue
de la cérémonie, le yicomte Walsh insista auprès de M. Gourtais pour avoir
son manuscrit ; mais Phumilité du bon curé ne put jamais se résoudre à
affronter la publicité. Quelques jours après, un journal de Paris publiait la
pièce presque in extenso, et rapportait à llaisdon. M. Walsh, doué d*une
mémoire prodigieuse, avait pu reproduire à peu près textueUement le dis-
cours. La désolation du pauvre curé, à cette nouvelle, était amusante à voir
Quelques années plus tard, ce même discours fut publié en brochure ; nous
en avons un exemplaire. Voici le titre : Eloge fUnèbre de Monsieur le
comte de Suzannet prononpé dans Véglise de Maisdon, par M. Cour--
tais, euré de cette paroisse et vicaire général de Nantes, le 3 septembre
i8i5, — Paris, Adrien Egron, imprimeur de S. A. R. Monseigneur le Dau«
phin, rue des Noyers, n*27, 1825.
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360 L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ECCLÉSIASTIQUE
aura bientôt complètement disparu ; mais son nom vivra
dans la mé moire de son peuple, et elle sera vraie longtemps
encore Tinscription gravée sur son tombeau : In omni ore
quasi mel edulcabitur ejus memoria.
M. Courbais, dans les trente dernières années de sa vie, a
travaillé, dit-on, à la formation de plus de cent prêtres. On.
n'attend pas de nous que nous les énumérions tous ; il serait
difrtciled'en connaître les noms. Et pourtant ne serait-il pas
à désirer qu'on pût les réunir tous et les conserver, comme
un livre d'or, dans ce vieux presbytère de Maisdon, qui
« transmettra aux générations futures de nombreux sou-
venirs, parmi lesquels le plus précieux sera celui du collège
GourtaîSj qa'il a abrité dans sa modeste enceinte^ ».
Nous pouvons cependant nommer quelques-uns de ces
prêtres; ce sont : MM. Sécher, curé de Maumusson ; Pineau,
curé-prieur de Saint-Etienne-de-Corcoué ; François Gorme-
, rais, curé de Vertou; Baudeloche, Leroy, Rabaud et Poisson,
prêtres dans le diocèse de la Rochelle; Arnaud, curé de
Prossay ; Baron, Duranceau, Brillouet ; Chiron, curé de Saint-
Père-en-Retz ; Grelier, curé de Saint-Mars-la-Jaille ; Richard,
curé de Vallet ; Maillard, curé de Rezé; Ponteneau, curé du
Loroax-Bottereau ; Ponteneau, curé de Remouillé ; Grégoire,
curé de Machecoul ; Bouyer, curé de Saint-Donatien ; Leray
et Caillé, missionnaires diocésains de Saint-François-de-
Sales; Caillé, prêtre de Saint-Sulpice; Leto\irneux, curé de
Saint-Hilaire-du-Bois r Bérué, curé de Grand-Champ; Galon,
prêtre à Sain È-3i mi II en; Perdriau, curé de Couffé; Grasset,
curé de Sautron ; François Courtais, curé de Maisdon, après
son oncle; Fierabras, curé du Clion ; Héry, curé de Doùlon ;
Métaireau, curé de Couffé ; OUive ; Arlais, curé du Pin ;
Delalande, professeur au petit-séminaire de Nantes ; Perraud,
curé de Campbon; Thuaud, aumônier à Saint-Gildas-des-Bois ;
Perrion, petit neveu de M. Courtais, curé de la Bernerie ;
* Nùtic€,i . pur M. PetJi des Rochettes.
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^J*'
DANS LB DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 361
Leroy, mort diacre; Lefi*ère, fondateur de r œuvre des ramo-
neurs^ à Nantes ; Gandouin, ancien vicaire de Grossac ;
Hillereau^ curé de Nozay, précédemment vicaire général de
son cousin M<' Hillereau, à Gonstantinople; Guihal, chanoine
honoraire, directeur du collège et curé de la paroisse de
Chauve ; Gouraud, chanoine et vicaire général de Luçon ;
Blanchard, chanoine honoraire, supérieur du collège de *
Machecoul, puis de celui de N.-D. des Gouëts ; Allard, doyen
du chapitre de Nantes ;
Tous les prêtres que nous venons de nommer sont allés
rejoindre dans l'éternité le vénérable curé de Maisdon. Parmi
ceux qui vivent encore, nous pouvons nommer un de ses
paroissiens, M. Guibert, chanoine honoraire^ ancien curé de
Vieillevigne, et deux de ses petits-neveux, M. CoUrtais, ancien
curé de Gouêron, rentré dans le diocèse d'Angers d'où il est
originaire, et M. Merlaud, curé du Pallet'.
Abbé Rigordel.
{A suivre).
* Par ses grandes qualités et les immenses services qu'il a rendus au dio-
cèse de Nantes, M. Goortais a mérité mieux que cette simple et courte notice.
Un de ses anciens élèves, M. Tabbé AUard, doyen du chapitre, l'avait com-
pris, et guidé par son cœur reconnaissant autant que par ses souvenirs et
les notes quUl avait recueiUies, il allait sans doute tracer un portrait res-
semblant de son premier mattre. La mort ne lui a pas permis d^acbever son
œuvre. Plusieurs personnes ont déjà exprimé l'espoir que ce travail serait
complété et mis au jour. Malheureusement, il ne s*agit pas d'un travail à
compléter, mais d'un travail à faire, M. AUard n'en ayant pas commencé la
rédaction. C'est surtout à l'aide des documents transmis au vénérable cha
noine que nous avons esquissé cette étude ; toutefois, nous comprenons que
cette ébauche ne suffit pas & payer la dette que le diocèse de Nantes a con-
tractée envers ce bon et digne serviteur. Peut-être essaierons-nous un jour
de faire mieux, et c'est dans cette intention que nous prions les personnes
qui liront ces lignes et qui posséderaient quelques documents sur le respec-
table curé de Maisdon, de vouloir bien nous les communiquer. — Depuis que .
ces lignes ont été écrites^ Dieu a rappelé h. lui MM. Guibert et Merlaud.
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HISTOIRE DE CINQ TABLEAUX
DE JEAN COUSIN
Habent sua faia picturœ.
LE Cinquantenaire de la Société archéologique de Tou-
raine est une véritable fête régionale^ qui vaut aux
provinces limitrophes les avantages d'une exposition
rétrospective d'art. Rien n'a été épargné pour donner à celle-
ci un vif intérêt, et nous engageons fortement les amateurs
àf visiter cette exposition, qui se distingue par la méthode
rigoureuse de son organisation et par un choix d'objets de
premier ordre. L'art tourangeau^ auquel il a été fait une large
place — nous ne saurions nous en plaindre, — est représenté
notamment par les œuvres de calligraphie, si remarquables
à l'époque de Charlemagnc, et par les tapisseries et soieries,
qui ont fait de Tours la rivale de Lyon, et forment ici comme
le cadre d'une belle collection de tableaux. Laissant à d'autres
la tâche délicate de présenter au public les trésors que ren-
ferme cette exposition, nous allons droit à cinq petits ta-
bleaux de Jean Cousin, peu entourés de la foule, mais goûtés
des délicats ; nous voulons esquisser leur histoire commu-
nément ignorée, d'après les papiers de famille de leur pro-
priétaire, M. 0. Bouvyer, qui est un descendant du grand
Mattre français.
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HISTOIRE HE CINQ TABLEAUX DE JEAN COUSIN 363
Lltalie^ le pays privilégié du soleil et des arts, avait eu ses
Raphaël, ses Michel-Ange et ses Léonard de Vinci, et la
France, le sol où se rencontrent et s'harmonisent le plus par-
faitement les manifestations diverses du génie humain, vivait
encore sur les traditions de Tart gothique. Les miniatures
de Jean Fouquet avaient éclairé d'un rayon, inconnu jusque
là, la pensée et la palette de nos artistes, mais le grand art
n'avait pas chez nous de lettres de naturalisation. Des
peintres italiens avaient apporté avec eux des tendances
f&cheuses et, sur les pas du Rosso, Técole de Fontainebleau
allait mettre en vogue le goût brillant, mais factice, qui
manque de la naïve simplicité, cachet propre des grandes
œuvres. Il était réservé à Jean Cousin de s'approprier Télan
donné par la Renaissance italienne et de le diriger au profit
de l'école française, en le maintenant dans les traditions na-
tionales, de toute la puissance de son génie lucide, mâle et
résolu.
Le nom de Jean Cousin remplit le seizième siècle, de l'au-
rore au couchant. Le célèbre artiste naquit au village de
Soucy, près de Sens, vers l'an 1500*. De bonne heure, sous
' On ii'«st paa d'accord sur l'époque de la naissance et de la mort de Jean
Cousin. Quelques-uns prétendent qu'il est né en 1492; d'autres le font naître
en 1500 ou 1601.
Cette opinion, qui est confirmée par les titres de famille, nous parait dcToir
être admise. Pour ce qui est du décès, la divergence n'est pas moins grande.
Un certain nombre d'auteurs ont écrit que l'artiste mourut en 1560, entre
autres Balthazar Tayeau, l'auteur de V Histoire de Sens, dont le manuscrit
copié et revu par Maulmirey, échevin de cette Tille en 1572, et possédé na-
guère par M. Quan^, archiviste de l'Yonne, rapporte qu'il mourut le
jour de MDLX, « aussi riche de nom que de bien. » — Mais il faut re-
marquer que cette mention tout à fait yague est en contradiction formelle
avec des pièces authentiques. Les comptes de Fontainebleau, de 1563, men-
tionnent « une pierre de marbre > à Jean Cousin ; on sait que le maître ma-
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364 HISTOIRE DE CINQ TABLEAUX
le toit paternel, qui était modeste, il montra d*étonnantes
dispositions pour le dessin ; bientôt les divers genres par
lesquels la main de Thomme traduit l'expression de la pensée,
du sentiment et du beau, lui furent également familiers. A
Tinstar des Michel- Ange et des Léonard de Vinci, auxquels
on Ta comparé, Cousin dépassa tous ses contemporains dans
la peinture, la gravure et la statuaire ; comme ces mattres,
joignant la théorie à la pratique, il écrivit de remarquables
traités sur le dessin et la perspective. Son génie lui valut
l'honneur de succéder en France à Léonard de Vinci, et d'oc-
cuper la charge de peintre royal, près de François P' et des
rois qui suivirent.
Le talent de J. Cousin lui assura en outre de brillantes al-
liances. Il épousa Marie Richer, dont le père était en faveur
auprès de François I*' et fut ambassadeur en Danemarck.
L'artiste, ayant eu la douleur de perdre sa femme, se remaria
à Christine Rousseau, fille du lieutenant-général au baillage
. de Sens. La mort lui ravit encore cette seconde compagne et,
vers 1537f Cousin épousa Marie Bouvyer.
La famille Bouwyer (comme on écrivait d'abord) est
originaire d'Outre-Manche où elle a encore de nobles repré-
sentants. Un de ses membres, nommé Jean, vint en France
sous Charles VIII, entre les années 1420 et 1430, c'est-à-dire
à l'époque décisive de la lutte qui durait depuis plus de
cent ans. Il se fixa en Bourgogne, dans le voisinage de Sens,
niait égaleiii«nt bien le eiseaa et le pinceau. La même année, J. Cousin
exécuta, moyennant 720 liTres, les décorations pour l'entrée de Charles IX à
Sens. Enfin un des tableaux du Maître que nous nous proposons d'étudier, et
qui offre toutes les garanties d'authenticité, porte la date 15S2, de la main de
Tartiste. Ces preuves trouvent une confirmation éclatante dans les papiers
de famille et les Mémoires laissés par les descendants môme de Jean Cousin,
dont les premiers avaient bien connu la fille du peintre. Félibien a écrit
a?ec discrétion : « U m'a été impossible de savoir en quelle année il est
mort, seulement qu'il vivait en 1589, véritablement fort &gé. » D'après les
papiers de famiUe, il mourut en 1590, à Paris, dans une « maison sise en la
rue Desmarets. » Un auteur a prétendu que Cousin fut inhumé dans la salle
basse de la SAtNTB-CHAPXLLs, près de laquelle se serait trouvé son atelier.
C'est aux registres paroissiaux qu'il appartient de résoudre cette question.
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UB JEAN COUSIN 365
et acquit la propriété de Monthard, au village de Soucy. A sa
mort^ en 1470^ Jean laissa son domaine à son fils Henri qui
se maria deux fois. De son premier mariage, Henri Bouvyer
eut deux garçons, Etienne et Henri, deuxième du nom ; ce
dernier, qui épousa Marguerite de la Hache*, avait cessé de
vivre en 1542, et c'est Talné qui hérita du fief patrimonial
lors du décès du père, arrivé en Tannée 1525. Disons de
suite que Etienne P% seigneur de Monthard eut lui aussi
deux fils, Simon I*', mort en 1590 au siège de Sens conduit
par le roi de Navarre, et Etienne U qui s'alliera avec la âlle
de Cousin et auquel nous reviendrons. De son second
mariage, Henri P' eut un garçon et une âlle ; le fils, Jean II,
devint curé de Coucy, chanoine de Sens, et mourut le
15 avril 1585; la fille, appelée Marie, est précisément celle
qui donna sa main à Jean Cousin.
Les visites fréquentes et sans doute aussi le séjour de
l'artiste au manoir de Monthard, ont porté les biographes à
penser que Cousin naquit au cl^âteau de Monthard'. Il est
certain qu'il vint plus d'une fois au castel et même le décora
de vitraux, après que l'édifice eut été rebâti sur un plan plus
* Dans sa vie des peintres, Félibien dit que Jean Cousin fit, sur vélin, le
portrait de Marguerite de la Hache, femme d'Henri Bouvyer. La famiUe le
conserva longtemps avec un culte jaloux et, à ce propos, Tun de ses membre.
M. Charles-Octave Bouvyer, a écrit:
« Je possédais aussi ce portrait, en miniature, de forme ovale et de gran-
deur de bracelet on de médaillon de cou. \l était extrêmement curieux pour
le costume et surtout admirable par la fraîcheur et la vie de la figure, e^
pour la conservation et la vivacité étonnante depuis un temps si considérables
Au-dessous du nom de Marguerite de la Hache écrit derrière sur le vélin, on
lit qu'eUe décéda le 1*' décembre 1S64. La coiffure et Thabillement annonçaient
Topulence, mais Tétat de son mari m*est absolument inconnu. Il a malheu-
reusement été perdu ou plutôt volé lors de l'apposition du séquestre, en 1792,
dans mon cabinet, à Tépoque de mon émigration, et j*ai eu le chagrin de ne
plus le retrouver à mon retour en France, en 1819. Je Tavais fait mettre dans
un petit cadre de bois doré ovale, soutenu dans sa partie supérieure par un
nœad de même ; il était attaché dans ma bibliothèque. » — Papiers de
famille communiqués par M. Octave Bouvyer, receveur principal des contri-
butions en retraite, à Tours.
* Ce. Blanc, Histoire des Peintres, — Horsin Déon, De la conservation
des tableaux, p. 133. — Misl. Galerie des grands hommes, Jean Cousin, p. 7.
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366 HISTOIRE DE CINQ TABLEAUX
vaste. Mais il est probable que ses parents habitaient dans
une ferme attenant au flef de Monthard et que Jean Cousin y
vit le jour, et non pas dans le bâtiment qui, depuis plus d'un
demi-siècle, appartenait à la famille Bouvyer.
Cousin eût-il des enfants de sa première femme, Marie
Ri cher, et de sa troisième épouse, Marie Bouvyer? Peut-être ;
mais on ne lui connaît pas de rejetons de cette souche, et
nous n*avons point à étudier ici cette question qui est étran-
gère à notre sujet. Un fait incontestable, c'est que sa seconde
femme, Christine Rousseau, réjouit le cœur de l'artiste en lui
donnant une fille qui reçut au baptême le nom de Marie. Sans
doute le grand peintre eût préféré un garçon auquel il pût
passer sa riche palette et qui eût continué la gloire de son
nom et de ses œuvres^ mais du moins il légua à sa fille le
patrimoine le plus enviable, celui d'une existence toute de
génie et d'honneur, car selon le témoignage d'un contempo-
rain, le maître c mourut plus riclue de nom que de biens*. »
Ce patrimoine ne devait j^s sortir du cercle de la famille ; *
le 5 septembre 1552, Cousin avait la joie de marier sa fille
bien-aimée à son neveu, Etienne Bouvyer II. Six enfants
vinrent égayer ce foyer domestique et apporter un rayon de
soleil au front du grand-père qui se chargeait de rides vé-
nérables^ A son tour l'aîné des fils, Jean III, demanda et obtint
la main de Saviniennede Bornes que nous ne tarderons pas à
retrouver aux côtés de son mstri. Savinienne était fille de Guy
« B. Taveau, UisL de Sens, ms.
> Etienne Bouvyer II, avec lequel Cousin fut toujours très lié, s'était laissé
séduire par les doctrines de la Réforme ; sa demeure fut saccagée et lui-
même courut quelque danger, lors des représailles exercées contre les
huguenots de Sens par les catholiques de cette viUe, en 1562. Etienne
mourut le 2 décembre 1612, non sans.revenir au catholicisme, que ses six
enfants et leurs descendants n'abandonnèrent jamais. Ajoutons que le pro-
testantisme fut aussi ombrasse par une petite nièce de Cousin, Rachel, fille
de Simon Bouvyer, qui fut tué le l*^ mai 1590 en combattant contre Henri IV,
qui assiégeait Sens. Sa femme, Jeanne Ferrand, se fit huguenote ainsi que sa
fille, Rachel ; après la mort de son père, Rachel épousa le protestant Ezéchiel
Boucher, alliance qui amena la ruine d'Etienne II et la vente du domaine
de Monthard.
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DE JEAN COUSIN 367
de Bornes, écuyer, seigneur de la Basiie et gouverneur du
château de Villeneuve-r Archevêque ; elle était proche pa-
rente de Pierre de Bornes, Tunpdes quatorze notables tués, le
!•' mai 1590, au siège de Sens ; vers 1760, il existait encore
deuK personnes de ce nom etde cette descendance. Nous avons
hâte de quitter ces détails généalogiques^ d'ailleurs néces-
saires à Tintelligence de ce qui va suivre, pour arriver aux
tableaux de Jean Cousin.
II
L*Œuvre du maître se compose en grande partie de sujets
peints sur verre, et Ton sait si, dans ce genre, il a conquis le
premier rang. La Bourgogne montrait jadis avec fierté les
belles verrières, dans lesquelles la puissance du dessin riva-
lise avec Téclat du coloris. Beaucoup d'entre elle? ont été
détruites, et ce n'est point ici le lieu de reprendre le groupe:
ment des œuvres de l'artiste, fait par M. Ambroise'Didotdans
son Etude sur Jean Cousin. Qu'il nous suffise de signaler,
parmi les verrières qui sont certainement de la main de Cou-
sin, celles de la chapelle de Vincennes où sont figurées V Ap-
proche du Jugement dernier et Y Annonciation de la Vierge.
Peut-être faut-il reconnaître que le travail des vitraux n'a
pas été favorable au développement de notre école de pein-
ture au seizième siècle : Téclat métallique et diaphane que
l'artiste était obligé de donner à ses personnages, remplaça
lestons de chair et la morbidesse de la vie, tandis que le
dessin cessait d'être fouillé et que l'intention allait se substi-
tuer à Tobservation et à la franchise du modèle. Mais Jean
Clousin sut préserver son vigoureux talent des atteintes fâ-
cheuses qui se font sentir chez presque tous les peintres, ses
contemporains : le génie n'a-t-il pas des ailes qui relèvent
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368 HISTOIRE pK CINQ TABLEAUX
dans la sphère supérieure et le maintiennent en dehors du
courant des idées et des préjugés, des vues et des travers de
la foule? Sans parler de ses antres œuvres, il suffit, pour s'en
convaincre, de rappeler les deux tableaux le 'Jugement der-
nier et Eva Pandora, peints le premier sur toile et le second
sur bois : dans celui-là, que de puissance et d'originalité de
conception, quelle hardiesse et quelle science d'exécution!
dans celui-ci, quelle merveilleuse alliance de la grâce la plus
achevée et de la simplicité la plus aimable ! Le Jugement
composé pour Téglise des Minimes de Versailles^ est aujour-
d'hui au musée du Louvre ; VEva, qui a dû orner tout d'abord
le château de Monthard, est actuellement la propriété de M.
Ghaulay, à Sens. Nous inclinerions à voir dans Eva le portrait
de Marie Bouvyer, de môme que l'artiste s'est représenté
dans un personnage du Jugement.
Au témoignage des contemporains^ le maître peignit un
bon nombre d'autres portraits ; malheureusement la plupart
ne sont pas parvenus jusqu'à nous. Du moins en est-il encore
cinq qui jouissent d'une parfaite authenticité ; exposés naguère
à Âgen et à Paris, ils forment en ce moment une des princi-
pales attractions — et elles sont nombreuses — de l'Expo*
sition rétrospective de Tours. Les artistes ne peuvent nous en
vouloir d'attirer leur attention sur ces portraits de famille, et
les critiques d'art ne nous sauront sans doute pas mauvais
gré d'avoir raconté, d'après des notes sûres et inédites, la
fortune et les hasards courus par ces chefs-d'œuvre. Un chant
du Tasse ou de Milton trouve des commentateurs empressés
qui s'évertuent à ne rien perdre de ce qui concerne le maître:
pourquoi l'œuvre de Jean Cousin, le prince de la palette fran-
çaise au XVI* siècle, ne jouirait-elle pas, j'allais dire du môme
privilège, si ce n'était un droit du génie d'attirer tout à lui ?
Ces portraits figurent le beau-frère de tiousin, le chanoine
Jean Bouvyer, sa fille Marie, son neveu et gendre Etienne
Bouvyer II, son petit-fils Jean Bouvyer III, avec la femme de
ce dernier, Savinienne de Bornes ; ils sont peints à mi- corps
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DE JEAN COUSIN 369
sur bois et à l'huile ; leur dimension, presque carrée, est de
cinquante centimètres de haut sur quarante centimètres de
large. Jehan Bouvyer II, curé de Soucy et chanoine de Sens,
beau-frère et ami de Jean Cousin, est vêtu d'une soutane noire,
la tête couverte d*un bonnet carré, aplati sur le sommet, et le
menton rasé ; la main droite tient un livre rouge, sur lequel
la gauche est appuyée. Ce portrait^ cité par Félibien dans sa
Vie des peintres, est le plus remarquable pour la vérité et la
perfection du dessin.' Etienne Bouvyer porte une sorte de
soutanelle noire, avec co^ blanc et serré ; une petite toque
noire, penchée du côté droit, recouvre des cheveux noirs et
courts, il a les moustaches et la barbe en pointe, dans la
main droite il garde une branche d'arbuste qui ressemble à
rdivier. Marie Cousin, flUe de Jean Cousin et femme d'Es-
tienne II, est habillée de noir, la tète entourée d'une sorte da
coiffe d'étoffe de même couleur qui, aplatie et rabattue sur le
front et les tempes, pend par derrière en forme de voile ;
elle aies cheveux blonds, la poitrine couverted'un fichu blanc
plissé et froncé autour du cou ; elle tient dans la main droite,
par une anse passée dans l'index, un petit panier à ouvrage
d'osier ou de paille ; elle porte au doigt une bague et deux
anneaux d'or, dont un rehaussé d'une petite pierre.
Le fils d'Etienne et de Marie Cousin, Jean Bouvyer III, a
la tête nue, le front large et élevé, les cheveux châtains, la
• Saivant les Mémoires de M. Octave Bouvyer, « il y avait autrefois, dans la
sacristie de l'église de Soucy, une croisée sur laquelle J. Cousin avait peint le
portrait de Jehan Bouvyer II, d'abord curé de Soucy, puis chanoine de la
cathédrale de Sens. Ce pieux ecclésiastique avait fait à ces deux églises
plusieurs fondations et dons, selon les titres des années 1576 à 1594, notam-
ment à la cathédrale, d'une grande chasse d'argent, sur laquelle il était re^
présenté en relief, dans la même position que sur le vitrail, avec seê armes
et une inscription indicative ; elle a été la proie des révolu tioQnaires, lors de
la spoliation du riche et précieux trésor de cette antique métropole. J*avais^
ajoute-t-il, plusieurs fois vu cevitraUdans ma jeunesse. Ce bienfaisant pas-
teur y était peint presque de grandeur naturelle, en surplis, les mains jointes
et k genoux, aux pieds de Jésus-Christ sur la croix, son bonnet carré et Té''
«usson de ses armes posés à terre. Je suis retourné exprès à Soucy en 1821.
pour revoir ce vitrail; )'ai eu le chagrin de n'en plus retrouver aucun vestige. »
T. IV- — NOTICES. — VI' ANNÉE, 4* LIV. 25
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370 HISTOIRE DE CINQ TABLEAUX
barbe blonde et rase, les yeux bleus et légèrement bordés de
rouge, Cl comme d'une personne qui avait la vue tendre. » Il est
vêtu d'une sorte de soubreveste noire, à manches larges,
plissées et tailladées à la partie supérieure, avec deux collets
de toile blanche d'inégale finesse, rabattus en pointe sur le
hautdela poitrine. A la différence des autres portraits, ce ta-
bleau a les angles décorés de fleurons en grisaille, semblables
à ceux dont J. Cousin faisait un si fréquent usage dans ses
vitraux; en outre, à la droite de la tête, paraissent les
armoiries de Jean III, telles qu'elles étaient au vitrail de
Soucy, au bas du portrait de Jehan, son grand oncle, et sur
la châsse donnée par lui; enfin au-dessus du cartouche est
peinte la date 1582. Quant à Savinienne de Bornes, femme de
Jehan III, elle est coiffée en cheveux blancs fort touffus,
€ crêpés sur la face », rabattus sur le haut du front et sur-
montés d'un ruban noir qui descend en pointe sur le milieu
de la tête ; elle porte au cou un collier et une petite croix de
jais ; sa robe noire est à manches tailladées dans le haut du
bras, et coupée carrément sur la poitrine, qui est couverte d'un
fichu blanc. Ses armes particulières sont également peintes,
mais du côté gauche, dans un écu losange ; la cordelière qui
entoure le blason, aura été ajoutée après la mort de son mari
auquel elle a survécu. Ce tableau est entouré d'une sorte
d'ovale, formé par un contour grisâtre mais sans fleurons.
Il ne faut pas s'attendre à trouver dans ces portraits les
tons veloutés du chef de l'école vénitienne, ni la grâce enjouée
d« Paul Véronèse. Us se distinguent par le caractère général
que l'on remarque dans le Jugement dernier. Une grande
sobriété dans le dessin et le coloris, des contours nettement
accusés au point de paraître un peu secs, des carnations sans
recherche d'effet de façon même à sembler un peu mono-
chromes, en un mot de la vérité et de la simplicité, telles sont
les qualités qui brillentdans ces portraits de famille. Pour ne
pas avoir su faire la part des retouches et pour s'en être
rapporté à des photographies prises, non sur leâ originaux
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DE JEAN COUSIN 371
mais sur de mauvais dessins, /nuelqu'un a pu mettre en doute
rauthentici té dès tableaux ; mais le doute s'évanouit en face
des œuvres mûrement étudiées. Un critique, justement
apprécié, a écrit que ces portraits « fermes, naïfs et vrais
comme ceux de Glouet, révèlent les qualités de l'ancien açt
français ; ils nous montrent Jean Cousin correct et scrupu-
leusement copiste de la nature, ennemi de toute convention
et fort éloigné de ce sentiment noble et élevé, mais devenu
banal, qui caractérise Tart uUramontain'.
Le lecteur connaît maintenant le sujet et le caractère des
tableaux de Jean Cousin : il nous reste à les suivre, de Tate-
lier de l'artiste jusqu'à la demeure de leur propriétaire actuel,
M. Octave Bouvyer, rue de la Psallette, à Tours.
m
 la mort de Jean Bouvyer, curé de Soucy, en 1555, son
portrait passa naturellement aux mains de son neveu ,
Etienne Bouvyer II, époux de Marie Cousin. Lorsque la fllle
de Jean Cousin décéda en 162ô,son portrait, avec ceux de son
mari et de son oncle, devinrent la propriété du fils aîné, Jean
Bouvyer III^ou tout au moins de sa femme, Savinienne de
Bornes; car il paraît que le mari mourut plusieurs années
avant elle. Ce précieux patrimoine, enrichi des portraits de
Jean et de Savinienne, fut ensuite recueilli par leur fils,
Etienne Bouvyer III (1600-1090) qui épousa, en 1628, Edmée
Luyson. Claude Bouvyer, né de cette dernière union, se plut
. à réuniret à rédiger les souvenirs de sa famille, au premier
rang desquels il plaçait tout ce qui avait rapport au grand
artiste. La tdche était d'autant plus facile et offrait d'autant
' Gazette des Beaux» Arts i décembre \B^6.
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I
p
373 HISTOIRE DE CINQ TABLEAUX.
plus de garantie de vérité que son père avait intimement
connu Marie Cousin, et que lui-même ne vint au monde que
douze ans après la mort de la fllle du Maître. Ce sont ces
notes , transmises de génération en génération en même
temps que les portraits, qui servirent de documents certains
i l'un des petits-neveux pour la rédaction des Mémoires,
Notes et portraits, se prêtant une mutuelle garantie de
propriété et d'authenticité, furent transmis à Claude-Octave
Bouvyer (1689-1776), fils de Cosme Bouvyer et d'Elisabeth
Poney. Claude se maria deux fois, mais nous n'avons à nous
occuper ici que de son premier mariage, contracté en 1713
avec Marguerite Le Riche. Celle-ci lui donna un fils, Claude-
|*i Charles Bouvyer, écuyer (1723-1785), qui s'unit, en 1754, à
^ Madeleine-Simone de Saint-Pierre. De Claude-Octave les
•v' portraits vinrent à Claude-Charles qui les légua à son fils,
^' Charles-Octave Bouvyer. Né en 1755, Charles épousa, à l'âge
^ de vingt-trois ans, Noôl-Marie Blanchet et occupa à Sens, où
; ses ancêtres avaient continué de résider, un poste de rece-
> veur général des gabelles. Héritier vigilant des traditions et
des objets de famille, Charles-Octave consigna ses souvenirs
sur un registre considérable, et c'est à ce volume demeuré
aux mains de son petit-fils Louis-Octave Bouvyer, que nous
devons les détails précis et rigoureusement exacts, qui pré-
cèdent et suivent, sur l'odyssée des tableaux, en particulier
depuis le commencement de la période révolutionnaire jus-
qu'au moment présent.
Les descendants de Jean Cousin, avons-nous dit, se trans-
mirent ces trésors avec un respect d'autant plus profond que
c'étaient des œuvres du maître vénéré et des portraits de
famille. Les critiques d'ailleurs ne perdirent pas ces œuvres
de vue, et au dix-septième siècle, Félibien, pour lequel l'his-
toire des arts n'avait presque pas de secrets, écrivait : « On
voit encore dans la ville de Sens plusieurs tableaux de sa
main (J. Cousin) et quantité de portraits, entre autres celui
de Marie Cousin et celui d'un chanoine nommé JeanBou-
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DB JEAN COUSIN 373
vier ». A son tour, quelque trente ans plus tard, de Piles en
eut connaissance et c*est d^eux qu'il disait en 1699 : « On
voit dans la ville de Sens quelques tableaux de sa façon (de
J. Cousin) et plusieurs po^traits^ »
Au dix-huitième siècle, les tableaux sont encore à Sens
dans la famille Bouvyer dont Tun des membres va nous ren-
seigner avec certitude. « Mon grand père Claude-Octave qui
vécut quatre-vingt-sept, ans et neuf mois, dit l'auteur des
Mémoires, les avait reçus de ses ancêtres et toujours religieu-
sement conservés. A sa mort, en 1T76, ces cinq portraits
étaient passés à mon père, Talné et le chef de la famille, mort
en 1785^ et enfin de lui à moi son fils unique. Leur authenticité
est donc bien réelle. Ils ne sont jamais sortis de la famille,
môme pendant la tourmente révolutionnaire. > Mais com*
ment ont-ils traversé cette période houleuse sans disparaître,
au milieu du naufrage de tant de choses précieuses ? C'est
un point qu'il est d'autant plus à propos d'établir qu'on ne
tarda pas à perdre la piste des tableaux dans le monde artis-
tique ; quelques-uns allèrent môme jusqu'à écrire qu'ils avaient
passé la Manche'. Mais heureusement il n'en est rien : ils
n'ont pas quitté le sol qui leur a donné le jour, et font le plus
bel ornement du salon d'un descendant de Jean Cousin, dont
nous avons déjà mentionné le nom. Voilà les points de départ
et d'arrivée; il importe de renouer les deux extrémités delà
chaîne, car, indépendamment de l'examen des tableaux qui
suffit à établir leur authenticité, il est intéressant de les suivre
dans leurs pérégrinations. Nous y trouverons une preuve de
plus que le chancelier Bacon avait bien raison de dire que
si les œuvres de peu d^importance disparaissent dans le cours
des âges, les travaux considérables surnagent et finissent
par échapper au naufrage.
Charles-Octave Bouvyer avait reçu de ses ancêtres et nour-
• Félibien, Histoire des Peintres, — De Fï\ea, Abrégé de la vie des Peintres.
> Clément de Ris, t. ii, p. 35.
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374 HISTOIRE DE CINQ TABLEAUX
rîssait fidèlement le culte de tout ce qui est noble et beau,
râmôur de la Religion, de la Patrie et de la Famille. Il vivait
à Sens, partageant ses loisirs entre les soins du foyer do-
mestique et les relations d'amilié. La conservation des la-
b'ieaux de J. Cousin ne tenait pas la place la moins large
dans sa vie, toute d'honneur et de fidélité. — « Signalé, dit-il
dans ses Mémoires, comme aristocrate par mon vote à l'as-
semblée de la noblesse du bailliage de Sens au mois de mars
1789; m'étant ensuite déclaré otage de Louis XVI et de sa
famille, au mois de juillet 1791, ce nouvel acte de dévouement
me mit bientôt ea butte aux persécutions des Jacobins de
ma ville natale. Pour m'y soustraire, j'émigrai au mois d'oc-
tobre suivant; le séquestre fut mis sur mes biens et dans ma
maison de Sens, dès le commencement de 1792 ; leur vente
totale s'ensuivit promptement ei opéra ma ruine entière et
celle de ma famille. »
IV
Que vont devenir les portraits au sein de l'anarchie qui
menace de tout envsihir? — Rassurons-nous : M"' Bouvyer
ne quittera ni la ville de Sens, ni sa maison. <* Lorsque le
District, continue l'auteur des Mémoires, fit l'inventaire de
mon cabinet et de ma bibliothèque, ma mère et ma femme
eurent l'adresse de /aire observer que ces cinq tableaux,
étant de vieux portraits de famille, ne produiraient aucun
profit à la nation et les réclamèrent. Le bonheur voulut que
les membres heureusement fort ignares et incapables d'ap-
précier ces tableaux, obtempérèrent à leur demande. » En
1799, ils étaient encore à Sens, en la possession de la femme
de Charles-Octave Bouvyer, au témoignage de M. Tarbé, le
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DE JEAN COUSIN 375
maire, qui écrivait : « On voit dans la ville de Sens plusieurs
.tableaux et quantité de portraits.... Nous en connaissons
trois qui sont chez la citoyenne Bouvyer : le portrait de Jean
Cousin exécuté par lui-même, celui du chanoine Jehan Bou-
vyer, et enfin celui de Marie Cousin, safllle unique'. » Tarbé
aura pris pour le portrait de J. Cousin, celui de son gendre,
Etienne Bouvyer. Après avoir cité ce passage, Larousse* a
.donc tort d'ajouter que « ces portraits ont disparu. »
Le danger ouvre l'œil et rend prudent ; les tableaux de
J. Cousin avaient couru un trop grand péril pour que
M"* Charles Bouvyer ne les mit pas en lieu sûr. Aussitôt le
départ des commissaires, elle les détacha du cabinet de son
mari et les renferma dans une caisse de façon que personne
ne put en avoir connaissance. Dans la suite, jugeant qu'ils
seraient mieux gardés chez ses enfants, elle demanda à sa
fille Anne et à son gendre Jean Duclos, installés à Paris, de
les recevoir chez eux. La maison avait changé, mais le culte
pour les portraits du Maître demeura le môme.
Cependant le calme était revenu dans notre pays ; Charles
Bouvyer, qui avait vécu en Allemagne, au prix de lourds
sacrifices dont il a confié le curieux récit à ses Mémoires,
rentra en France au mois de mai 1819. Un de ses premiers
soins fut de s'informer de ses tableaux ; quelle douce joie
pour lui de les retrouver chez son gendre sans qu'ils aient eu
à subir la moindre avarie ! Cependant sa femme avait reçu
en héritage un domaine situé sur les bords de la Loire, com-
mune de Vouvray, près de Tours, et appelé le Petit-Bois.
Charles Bouvyer vint s'y fixer dans la solitude, emportant
avec lui le trésor dont il avait été trop longtemps privé.
Au Petit-Bois, comme à Sens, et cette fois sans redouter la
perspective d'une saisie ou d'une spoliation, il installa dans
son cabinet les portraits de ses aïeux, faits par le plus illustre
d'entre tous. C'est dans cette retraite qu'il rédigea les
< Almanachde S^n* (1799), p. 193.
» Dictionnaire^ éàit. 1869.
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376 HISTOIRE DE CINQ TABLEAUX
Mémoires auxquels nous avons fait plusieurs emprunts, et
qui contiennent d'intéressants détails sur la période révolu-»
tionnaire et la vie des émigrés^ aussi bien que sur Tétat des
esprits sous la Restauration. Au soir de sa vie, faisant un
retour sur la fortune des portraits, Charles Bouvyer se plut
à dire et à écrire, comme résumé absolument sincère de leur
histoire tour à tour pacifique et tourmentée : « Leur authen*
ticité est donc bien réelle. Elle était en outre constatée par
d'anciennes notes, collées derrière les tableaux et indicatives
des noms de chaque portrait. Vu leur état de vétusté et de
détérioration, j'y en ai substitué de nouvelles plus détaillées
après les avoir fait nettoyer et placer dans des cadres de bois
brun, semblables à ceux dans lesquels ils étaient autrefois et
qu'on avait enlevés pour pouvoir les cacher et emballer plus
facilement*. »
Outre sa fille Anne, dont il a été question, M. Bouvyer
avait encore deux autres enfants : Eloïse, née en 1780 et
mariée à M. François Grégoire, et Jean-Baptiste-Octave
Bouvyer» né en 1782 et qui avait épousé en 1809 Louise-
Sophie Mulet. Tout naturellement, d'après les traditions
domestiques, c'est à ce dernier que devaient revenir les
tableaux. Sentant ses forces s*affaiblir, ^ il avait soixante-
dix-huit ans, — M. Charles Bouvyer fit, le 13 décembre 1833,
son testament dans lequel on lit :
<c Je lègue à mon fils tous les portraits de famille peints
sur bois ou au pastel, celui de Jean Cousin gravé (estampe
d'Edelinck) et la vue de la maison de Soucy qui nous a
appartenu et qui a été bâtie par lui, et les deux portraits
de saint Pierre et de saint Paul à cadre octogone ; tous objets
transmis depuis plusieurs générations à Tatné de la famille' •>.
« M. A. Didot a donc eu tort d'écrire : « cet portraits sont coniervéi d&nt
leurs anciens cadres en bois simple ; derrière chacun 4*euz est écrit, par
Cosme Bouvyer, né en 1652, les noms et qualités du personnage peint par
Jean Cousin. » — Etude sur Jean Cousin^ p. 59.
s Papiers communiqués par la famille Bouvyer.
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DB JEAN COUSIN 377
Enfin dans ses Mémoires il jugea à propos de mentionner
de nouveau sa volonté expresse, en ces termes : « On
remettra à mon fils (Jean-Baptist^-Octave) mes portraits
peints ou gravés, tous autres portraits de famille peints sur
bois ou au pastel.... transmis depuis plusieurs générations à
Talné de la famille. »
Jean-Baptiste Bouvyer, qui occupa une charge importante
dans le service des contributions indirectes, eut huit enfants
dont quelques-uns moururent en bas 4ge. L'aîné, Louis-
Octave, né en 1810 épousa, en 1843, Zoô-Léonie Herpin, d'une
très honorable famille de Touraine, qui lui donna quatorze
enfants. Après avoir exercé les fonctions de receveur prin-
cipal des contributions indirectes à Agen, M. Louis-Octave
Bouvyer occupa le môme poste à Tours. Et maintenant sem-
blable aux patriarches de la Bible, il a la joie de voir sa vieil-
lesse entourée de l'amour de sa digne compagne, de la cou-
ronne d'honneur de ses nombreux enfants et petits enfants,
et des sympathies universelles. Mais aussi^ fidèle à donner
l'exemple du respect pour les ancêtres, le dernier des héri-
tiers de Jean G«)usin enveloppe les œuvres du maître d'un
culte que les années n'ont fait qu'accroître ; il n'a d'égal
que la religion qu'il a su inspirer à ses enfants vis-à-vis de
ces portraits de famille, car il ne m'appartient pas de soulever
ici le voile discret qui recouvre les autres vertus domestiques
de ce charmant intérieur. Gomment d'ailleurs accorder
trop de vénération au génie qui, au dire d'un contemporain et
d'un compatriote, « peintre fort gentil et excellent d'esprit,
a montré par les belles peintures qu'il a délaissées à la pos-
térité la subtilité de sa main, et a fait cognoistre que la France
se peut vanter qu'elle ne le cède en rien aux gentils esprits
qui ont été es aultres pays* ? »
L.-A. BOSSBBOBUF.
Secrétaire général de la Société archéologique de Touraine.
* Taveau, Histoire de la ville de Seiis^Us.
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LE CLERGE
DU
DIOCÈSE DE NANTES
t
EN 1791
000%000— ^
CHAPITRE r^
Etat des esprits en 1790. — La Constitution civile du clergé. — Illusions
et tendances de ses auteurs. — Son succès dans les classes moyennes
dévouées à la Révolution. — Elle reste inappliquée pendant
plusieurs mois ^Premières mesures de T Administration départe-
mentale de la Loîrè-Inférieure contre les prêtres soupçonnés d*hos-
tilité aux innovations* religieuses. — Décret du 27 novembre 1790
sur le serment. — Lettre du département au Comité ecclésiastique
sur les difficultés entrevues. — Premières adhésions à la Constitution
civile du clergé, — Brochures favorables et contraires. — Saisie du
mandement de M. de la Laurencie, évêque de Nantes. — Proclama-
tion du Département relative à la prestation de serment. — Les
prêtres non remplacés autorisés à rester en fonctions par TAssemblée
constituante. — Démarche de l'Université de Nantes. — Prestation
de «serment à Nantes. — Discours de M. le curé de Sainte-Croix. —
Nombreux refus de serment dans les campagnes. — Inquiétudes des
administrations sur le maintien de Tordre. — De l'état des esprits
dans le parti opposé à la Constitution civile.
En faisant table rase de toutes les institutions de Tancienne
France, il était impossij^le que la Révolution ne rencontrât
pas des adversaires parmi ceux dont elle blessait les intérêts.
A moins de méconnaître les conditions de la nature humaine,
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LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES EN 1791 879
il faut convenir que le clergé et la noblesse avaient parfai-:
tement lé droit de regretter les privilèges qui contribuaient à
leur bien-être et à leur considération. Tel était pourtant Ten-
thousiasme, qui soulevait alors les esprits et les C(!Burs, que
l'on pouvait enti*evoir le marnent prochain où, sur le terrain
de rintérôt public, s'opérerait la réconciliation des intérêts
privés. Dans l'ordre dé la noblesse, les plus mécontents s'é-
taient bornés à protester par Témigration ; et l'attitude pai-
sible du clergé séculier et régulier montrait assez qu'il se
résignerait au dommage apporté à ses intérêts temporelsk»
quand l'Assemblée nationale vota la Constitution civile du
clergé, destinée à devenir peu après le brandon de discorde
le plus funeste qui ait jamais été jeté au milieu d'une société
occupée à se reconstituer.
On dit quelquefois que les opinions transigent plus aisé-
ment que lesintérêts; cela n'est pas vrai des opinions reli-r
gieuses, et la guerre aux consciences ne profite jamais à ceux
qui la font. Malgré ses rigueurs, la persécution commencée
pour établir le culte constitutionnel, et continuée pour
anéantir tous les autres cultesF, sans même en excepter
celui-là, ne réussit pas. C'est l'honneur de la vieille France
catholique, que les victimes aient lassé leurs bourreaux.
Mais, comme si le crime de la persécution était de ceux qui
ne peuvent s'expier, on a vu, depuis cette époque, la Révo-
lution en porter la peine, et il ne lui est pas plutôt donné de
triompher un instant dans notre pays, qu'elle se trouve fa-
talement amenée a reprendre contre les catholiques les erre-
ments qui ont causé sa première défaite.
Il n'est pas étonnant que, dans une assemblée composée
en grande paftie d'hommes de robe, bercés dans les idées
d'un gallicanisme exagéré, il se soit trouvé une majorité
pour rêver l'établissement d'utie église nationale. La manie
de. tout refaire» l'idolâtrie de la souveraineté populaire, la
chimère de la symétrie, purent aussi n'être pas étrangères
au succès d'un système où les ministres du culte recevaient
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380 LE GLBHGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
leur investiture du corps électoral, de la môme façon que les
autres représentants de l'autorité civile. On espérait, disait-
on, introduire ainsi l'harmonie dans les diverses parties du
corps social. C'était une des nombreuses illusions de ce
temps-là, mais la pire de toutes consista à s'imaginer que le
clergé et les fidèles de France accepteraient sans difficulté
la rupture des liens qui les unissaient au Saint-Siège.
Il est plus difficile de s'expliquer comment tant de gens
éclairés, sceptiques pour la plupart, se passionnèrent pour
l^tablissement du culte constitutionnel, à ce point que, pendant
près de deux ans, il ne fut guère question d'autre chose dans
les Sociétés populaires et les Administrations. La prétendue
réforme n'avait rien pourtant qui fut de nature à séduire les
flmes; les dogmes, et la morale catholique étaient conservés,
et les changements ne portaient que sur certains points de la
discipline ecclésiastique relatifs à l'institution des évoques et
des prêtres. Comment les patriotes, — c'est le nom que se
donnaient les partisans des réformes — arrivèrent-ils à se
figurer que l'existence du nouvel ordre de choses pouvait être
compromise, parce que les fidèles s'obstinaient à ne donner
leur confiance qu'à leurs anciens pasteurs ? Sans doute, il y
avait chez eux une foi superstitieuse en l'infaillibilité de l'As^
semblée constituante, et la Constitution civile du clergé leur
parut une chose excellente, par la raison qu'elle émanait de
législateurs qui avaient détruit l'Ancien Régime, mais il semble
que Topposition qu'ils rencontrèrent aurait dû éclairer des
gens intelligents sur les dangers de l'innovation, et ce fut tout
le contraire qui arriva, ainsi qu'on le verra dans le cours de
ce travail.
L'espérance de ceux qui avaient cru que la Constitution ci-
vile serait aisément acceptée ne devait pas durer longtemps.
La discussion qui avait eu lieu à l'Assemblée constituante
avait déjà éclairé bien des gens, quand* le Roi manifesta sa
répugnance, en faisant attendre sa sanction qu'il ne donna
que le 24 août 1790, plusieurs semaines après le vote définitif.
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EN 1791 381
De toutes parts aussi Ja loi avait soulevé des protestations, et
c'est alors que. l'on commença à s'apercevoir que, rédigée en
vue d'une adhésion paisible du clergé et des fidèles, ses
dispositions les plus importantes n'avaient pas le caractère
impératif nécessaire pour s'imposer à tous, et quô, pour la
mettre en pratique, des articles additionnels étaient absolu*
ment nécessaires. G^est ainsi que pendant plusieurs mois la
Constitution civile du clergé, bien qu'elle eûtété promulguée,
demeura à l'état de lettre morte.
Cette situation ne pouvait se prolonger indéfiniment et,
dans la séance de l'Assemblée constituante du 5 novembre 1790,
un membre mettait le comité ecclésiastique en demeure
d'appliquer la loi ; il lui fut répondu qu'il ne tarderait pas
à obtenir satisfaction.
Les administrateurs de la Loire-Inférieure, animés d'un
zèle patriotique très ardent pour entreprendre sur le clergé,
n'avaient, durant Tannée 1790, pu trouver que deux
occasions de le faire : ils avaient privé de traitements les
prêtres qui avaient adhéré à une Adresse à VAssemblée
nationale^ rédigée par le curé deSainte-Lumine, etils avaient
détruit le chapitre de la Cathédrale et ceux des Collégiales ;
de plus, irrités des résistances opposées par l'Evêque de
Nantes à la suppression des paroisses voisines de la cathé-
drale, ils Tavaient dénoncé à l'Assemblée nationale, en la
priant d'ordonner des poursuites contre lui.
Le décret qui donnait satisfaction à ceux qui demandaient
la mise en pratique de la Constitution civile, fut voté le 27
novembre. 1790*. Il assignait divers délais dans lesquels les
ecclésiastiques fonctionnaires publics, devaient prêter le
serment sous peine d'être déchus de leurs fonctions, I^e Roi
ayant, après ime certaine résistance, consenti le 26 décembre
à sanctionner ce décret, il devenait exécutoire, dans le
département de 4a Loire-Inférieure^ au milieu du mois de
* Duvergier» Collection de lois, ii 59.
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382 LR CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
janvier 1791. Ajoutons qu'aux termes d*un autre décret,
en daté du 4 janvier*, le serment devait être prêté purement
et Simplement, sans préambules, explications ni restrictions.
' La crise de la prestation, ou plutôt du refus du serment,
commença donc, dans la Loire-Inférieure, avec Tannée 1791 ;
elle devait durer longtemps, parce que l'obligation du
serment, imposée d'abord aux seuls prêtres ayant charge
d'âmes, fut étendue successivement à d'autres catégories
d'ecclésiastiques, et môme aux religieuses, et, aussi, parce
qu'il ne fut jamais possible de pourvoir de prôtres asser-
mentés toutes les paroisses du nouveau diocèse réduit exac-
tement aux limites du Département.
Si Tes riiembres des diverses aidmînistrajtions avaient, à un
certain moment, partagé les illusions des députés sur la faci-
cilitô d'établir le nouveau régime ecclésiastique^ ce moment
était passé, et ils apercevaient clairement les difficultés de
toutes sortes qui allaient se produire. Comme s'il eût dépendu
du Comité ecclésiastique de l'Assembfêe nationale d'aplanir
ces difficultés, le procureur syndic du Département lui
écrivait le 11 janvier 1791 ':
« Le délai de huit jours pour le serment prescrit, va
s'ouvrir et devenir fatal contre les présents ; or, leà vicaires
•généraux et les supérieurs du séminaire sont présents ; et,
malheureusement, nous avons presque la certitude de leur
refus de se conformer à la loi ; ils encourront donc la peine
qu'elle a prononcée, c'est-à-dirè la déchéance de leurs
fonctions-; mais alors s'opérera une suspension totale de
l'octroi des dispenses et des autres actes journaliers delà
juridiction ecclésiastique. Le séminaire se trouvera sans
chefs. . ; Mais ce n'est rien encore. Si les curés s'obstinent
pareillement à refuser le serinent; si leurs vicaires, trop
doéiles au mauvais exemple, les imitent ; si, pour les sacre-
ments, leis secours sont suspendus, si de^ moribonds.. ^ J®
n'ose achever ; tant d'horreurs ne doivent pas être supposées,
<£od. II. 142.
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EN 1791 383
mais les choses sont possibles ; le remède sera de procéder
à Télection de nouveaux curés ; les nouveaux curés auront
besoin d'une mission, et de qui la recevront-ils ?I1 n y aurait
point de vicaires-généraux ; enfin, il n'y aura point d'évôque...
déjà son nom et ses dispositions vous sont connues. . . On le
dit à Pampelune. » Il y a lieu, ajoutait le procureur-syndic, de
se demander si cette absence doit lui procurer le bénéfice du
délai de deux mois que le décret accorde aux ecclésiastiques
absents du royaume, ce qui reculerait d'autant Tépoque de
sa déchéance, et, par conséquent celle de la nomination de
Son succes.seur\
On lisait bien, dans certains journaux, que Tabbé de Bernis,
ambassadeur à Rome, avait écrit que le Pape ne tarderait
point à approuver la Constitution civile du clergé' mais l'atti-
tude des évoques ne permettait guère d'accréditer sérieu-
sement un pareil bruit. On louait aussi très haut le patriotisme
de quatre bernardins de l'abbaye de Buzay venus au dépar-
tement protester contre « la rébellion des ennemis de la patrie
et le refus inconcevable âes évoques de prêter serment et
offrir de remplir les fonctions curiales et vicariales, dans tous
les lieux où le pouvoir civil... voudrait les leur confier'. »
On répandait partout une brochure intitulée Lettre à mes
concitoyens des campagneSy dans laquelle Pierre Mourain,
l'un des administrateurs du département, exposait que
révoque de Rome était un évoque comme les autres, et où il
faisait ressortir les avantages temporels que curés et vicaires
retireraient d'une répartition plus égale des traitements, qui
atteindraient, pour les curés, le chiffre d'environ deux mille
Jivres*. Tout cela était peine perdue et ne réussissait point à
augmenter le nombre des partisans du schisme.
* Corresp. du procureur-syndic. du Dép. {• 64 {Arch. dép.).
* Journal de la Correspondance de Nantes du 16 janvief 1791 p. 518.
'Dép. 15 janvier 1791 f» 3 {Archives départementales). Ces bernardins
étaient Baudoin, Bresdon, Bourgoinjj^ et Lenseigne.
* Petit in-8o de 15 pages daté du 11 janvier 1791, s^gné M. Nantes A. J.
Mallasais. Mourain devint député de la LégislatiFe en 1791.
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384 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
Prêtres et fidèles, au contraire, lisaient avec avidité, et se
passaient sous le manteau^ les brochures imprimés à Paris
chez Crossart et chez Guerbart, et surtout le Mandement de
JW revécue de Nantes, portant adoption de l'Instruction
pastorale de M^ fEvêque de Boulogne sur l'autorité spirituelle
de V église. « Nous vous présentons cet ouvrage, y disait M. de
la Laurencie,avec d'autant plus d'autorité qu'il a été adopté par
un grand nombre de nos confrères de Tépiscopat. » L'évéque
de Boulogne, M. Asseline, avait en effet épuisé le sujet, et il
était difficile de faire plus net et plus complet. Cet écrit de
36 pages in-4'*, sorti des presses de Guerbart, imprimeur-
libraire à Paris, se terminait ainsi : « Donné au Lude, où des
circontances particulières nous ont obligé de nous retirer, le
25 novembre 1790. » Il était signé : Ch. Eutrope,év. de Nantes.
11 avait circulé pendant plusieurs semaines, échappant à
tout regard profane, quand, le 14 janvier, il tomba aux mains
d'un membre de la Société des Amis de la Constitution qui
courut aussitôt le dénoncer à la Municipalité comme un
libelle dangereux. Deux officiers municipaux^ Lemeignen et
Beaufranchet, se rendirent à Tévôché pour fai^^e une perqui-
sition qui amena la saisie de seize exemplaires. MM. Lemarié
ôtd« Billorgues, chanoines, et M. Langevin, secrétaire de
révèché, durent subir un interrogatoire, duquel il résulta que
M. de la Laurencie était bien l'auteur du mandement*. Le
Conseil général de la Commune délibéra, ôt^ « pénétré d'in-
dignation contre ceux des ministres de la religion catholique
qui se permettent de l'outrager, en répandant des maximes
séditieuses, qui tendent à tromper et à égarer les fidèles»,
décida que les deux écrits, (le Mandement et l'Instruction)
seraient dénoncés à MM. les juges du tribunal de District,
faisant défense à tous curés, vicaires, religieux, de les pro-
pager^ sous peine d'être poursuivis comme perturbateurs
* Pièce originale {Arehine du greffe).
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EN 1791 385
du repos public*. » Presque au même moment ce mandement
était dénoncé à Paris au Comité des recherches', et saisi à
Paimbœur, à la suite d*une perquisition chez le curé de la
paroissn 8aint<*LouiSt M. Donatien Delaville, devenu suspect
aux yeu^ de la Municipalité^ pour avoir, le dimanche
précédent^ fait connaître du haut de la chaire sa résolution
de ne pas prêter le serment'.
Une procédure fut commencée par le tribunal du District
de Nantes ; des curés , des supérieurs de couvents furent
mandés au greffe pour y être interrogés : M. Goat^ curé de
Saint-Donatien, M. Lesourd de l'Isle, curé de Sàinte-*Rade-
gonde^ M"* Marie de la Bourdonnaye, supérieure de la
communauté de Saint-Charles, le frère Josaphat, supérieur
des Frères de la Doctrine chrétienne, et même le père
Sauveur (René Baudouin], gardien des Récoilets, et M. An-
drieux, curé de la Madeleine de Clisson, que leurs sympathies
bien connues pour les idées nouvelles auraient dû mettre à
Tabri du soupçon. L'évèque et son secrétaire, M. Langevin,
furent décrétés de prise de corps pour ne s'ôtre pas rendus
à l'assignation. Toute cette procédure fut simplement commi-
natoire* car je n*ai point retrouvé de jugement qui ait statué
sur le délit^.
Le 15 janvier, on afficha une longue proclamation de Tad-
ministration du Département relative au serment qui allait
être demandé à tous les prôtres exerçant des fonctions pa^
roissiales. Les auteurs affectaient une confiance qu*ils étaient
loin d'avoir.. . ; on y lisait : « Quelques personnes^ alarmées
de Tabsence de T Evoque de Nantes, ont pu remarquer avec
inquiétude les menées sourdes et la distribution furtive
* Ordre du 14 janfier 1791. Signé dtt maire Kenrégan. Journal de la
Correspondance de Nantes. T. vu p. 515.
. > Le 15 janvier. Eéimpression du Moniteur^ vii-13S
> Journal de la Correspondance y]i-518.
« Papiera de procédures du tribunal de Diitrict de Nantes {Archives dU
greffé). Comparutions '21 janvier 1791. — Décrets de prise de corps 9 février 179L
T. VI. — NOTICES. — Vl* ANNÉE, 4* LIV. 26
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386 LE CLERGE DU DIOCESE DE NANTES
d*écrits incendiaires décorés du titre de mandements, mats
une juste confiance doit nous ranimer et dissiper ces
frayeurs, qui seraient injurieuses à la saine partie du clergé.
On doit éloigner jusqu*à Tidée d'un soupçon qui tend à com-
promettre les sentiments connus et le zèle patriotique de nos
respectables curés Nous pensons qu'il leur tarde de
faire, au pied des autels, en présence des fidèles et du Dieu
de vérité, cet acte vraiment religieux et digne de la divinité,
puisque c'est un hommage à la Patrie... croiront^ils que leurs
consciences le réprouvent, comme un crime ? La conscience !
la religion ! prétextes, sacrés qu'on voudrait placer entre la
toi et la désobéissance! Mais c'est un abus sacrilège de mots,
et cette excuse ne peut appartenir qu'à Ja mauvaise foi et à
l'ignorance. »
Après une discussion sur la formule du serment, la procla-
mation continuait ainsi : « La religion n^est point en danger ;
le peuple, prêt à mourir pour sa défônse, né s'armera pas
poilr la querelle de quelques hommes .qui, .dérobant le voile
dé cette vierge pure et céleste, voudraient en couVrîr les
visions, les faux scrupules de leur conscience^: et: peut-être
les inspirations d'une honteuse cupidité. » ,
Toutefois, comme on ne pouvait espérer que tous les
prêtres, sans exception, se conformeraient à la loi, les admi-
nistrateurs rappelaient^ en terminant, aux officiers muni-
cipaux qu'il était de leur devoir « d'empêcher qu'il fut dit ou
fait aucune injure ou violence, même aux ecclésiastiques
dissidents*. »
. Cette proclamation était à la fois mensongère et hypocrite :
mensongère, car la lettre^ qui a été citée tout à l'heure^
démontre que Ton savait très bien que les dispositions du
clergé étaient très différentes de celles qu'on lui prêtait ;
hypocrite, puisqu*en affectant de prêcher la modération
envers les prêtres, qui feraient usage de leur liberté en
• Départ. L. 15 janv. 179! (• 18.
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EN 1791 387
refusant le serment, on les dénonçait à l'opinion publique
comme de mauvais citoyens dont la résistance était inexcu-
sable.
Le district deClisson, effrayé des conséquences du mécon-
tentementque la cessation de l'exercice du culte allait exciter
parmi les populations qui Tentouraient, demanda à ce mo-
ment au Département « d'enjoindre auit recteurs et autres
fonctionnaires >' qui refuseraient le serment, de continuer
leurs fonctions jusqu'à leur remplacement. Un pareil ordre
devant certainement encourager les refus de serment, il était
naturel que le département blâmât le district de Clisson de
ravoir sollicité, mais il était si évident qu'en fait les choses
se passeraient ainsi, que cette administration, en déférant
Tarrôlédu dislrictde Clisson à l'Assemblée nationale, déclara
que, malgré leur apparente nécessité^ il ne pouvait approuver
de pareilles mesuresV •
L'Assemblée constituante fut plus libérale; elle comprit
que l'exercice du culte ne pouvait être interrompu sans de
graves inconvénients, et V Instruction sur la Constitution civile
du clergé^ promulguée en forme de décrut lu 20 janvier 1791',
décida qu'il ne fallait regarder comme perturbateurs du
repos public que « ceux des prêtres qui, élevant autel contre
autel, ne céderaient pas leurs fondions à leurs successeurs.
G'estcette dernière résistance que la loi bl conde^mnée, jusqu'au
remplacement rex^cice des fonc^tions est censé avoir dii et te
continué. » Aux termes de Y Instruction, tous les prêtres non
remplacés étaient donc autorisés à demeurer en fonctions,
et comme c'est à peine si, dans la Loire-Inférieure, on pourra
réussir à remplacer la moitié d'entr'eux^ les autres seront
fondés à se prévaloir de ce texte pour continuer l'adminis-
tration de leurs paroisses.
La première, et l'on pourrait dire la seule adhésion col-
lective à la doctrine du serment, fut celle de l'Université de
• Départ. L. 18 janvier 1791 f. 24.
' Duver^'. Collection de loùsU^ 176.
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388 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
Nantes. Le 21 janvier 1791, les membres des Facultés de
théologie, de médecine, et des arts, ayant à leur tôte le doc-
teur Lefebvre, se présentaient à THôtel-de- Ville, et étaient
accueillis par un nolabte, remplaçant le maire absent.
(( LTJniversité, dit le recteur, vient reinercier publique-
ment l'Assemblée nationale de ses importants travaux sur
la Constitution civile du clergé, et reconnaître que le régime,
qui lui est prescrit, est littéralement celui que le divin fon-
dateur du Christianisme lui avait assigné, et dont Tesprit
d'ambition et d'intérêt TaVait détourné. . . »
« ... Ce n'est qu'avec la plus vive indignation que l'Uni-
versité a appris les déclamations insensées et furieuses que
se permettent des prêtres égarés par les regrets de la perte
de leur^ biens et de leurs privilèges, et elle se hâte de mani-
fester son improbation . . . L'Université vient jurer d'être
fidèle à la Constitution... »
Le serment des médecins importait peu, mais ce qui don-
nait à la démarche des membres de l'Université une grande
importance, c'est que, dans le cortège du recteur, figuraient
plusieurs prêtres, qui étaient, pour la faculté de théologie :
MM. Delaville, curé de Sainte-Croix , et Lebreton de Gaubert,
curé de Saint-âimilien ; pour la faculté des arts : Lenoble,
préfet de l'Oratoire, Desperel, professeur de logique. La-
chaud, professeur de rhétorique, appartenant tous les trois
à cette lîiême congrégation. Le procès-verbal mentionne
plusieurs autres professeurs de l'Oratoire, qu'il est inutile
de nommer ici, parce que la question de savoir s'ils étaient
engagés dans les ordres sacrés me semble fort douteuse.
Le notable donna lecture d'une lettre de M. Lefeuvre, curé
de Saint-Nicolas, dans laquelle il annonçait que, le dimanche
suivant, 23 janvier, il prêterait le serment prescrit par le
décret du 27 novembre, en compagnie de ses quatre vicaires
et de huit prêtres de chœur, de son église.
Le procureur de la Commune lut à son tour une liste de
prêtres, dès à présent disposés à.prêter le serment, et com-
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EN 1791 389
prenant deux carmes, un trinitaire, un bernardin et les trois
maires-chapelains de la cathédrale'. t
Le dimanche, 23 janvier 1791, expiraient les délais dans
lesquels les prêtres devaient se prononcer sur l'acceptation
ou le refus de serment.
A Nantes, M. Lebreton de Gaubert, curé de Saint-Simi-
lien, et plusieurs de ses vicaires ; le curé de Saint-Nicolas et
tout le clergé de sa paroisse ; M; Delaville, curé de Sainte-
Croix et plusieurs de ses vicaires et Vôtres habitués, prô*
tèrent le serment.
Ce dernier prononça môme à cette occasion un long
discours dans lequel il reprit et développa tous les arguments
que Ton pouvait donner en faveur de Torthodoxie du serment.
Ce discours mérite d*ôtre lu, car il est, à cause du caractère
respectable de son auteur, qui ne fît à vrai dire que traverser
le schisme sans s'y arrêter, Tun des signes les plus remar-
quables du trouble des esprits à cette époque. M. Delaville ad-
mettait comme un principe que l'Assemblée nationale n'avait
pas prétendu toucher au spirituel, alors que le contraire résul-
tait avec évidence d'une foule de faits, sans parler des dispo-
sitions elles-mêmes de la Constitution civile. Vainement
M. do Bonnal, évêque de Clermont, avait demandé à la tribune,
de prêter son serment, « en exceptant formellement les objets
qui dépendent essentiellement de Tautorité spirituelle, » sa
demande avait excité un véritable tumulte dans l'Assemblée,
et il avait élé sommé de prêter le serment pur et simple,
en portant adhésion, non seulement à la constitution poli-
tique, mais aussi à la constitution civile du clergé'. M. Dela-
ville allait fort loin dans sa démonstration, car il admettait
aisément lé remplacement des évoques institués par dos
évêques élus, et traitait de propos ridicules les dires de ceux
qui prétendaient que, dans le nouvel ordre de choses, les
^ Broch, in-8% Nantes^ Malassis, 1791. Journal delà Correspondance^
t. vm, 2« suppl. au n* 35, p. 571 .
* Séance du 2 janvier 1791, Joum, des Débats, n* 508 . 3.
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390 LK CLERGÉ DU DIOCÈBE DE NANTES
prêtres assermentés n'auraient plus de pouvoirs. Ce discours,
de même que ceux prononcés par quelques autres curés, fut
publié par le Journal de la Correspondance de Nantes ; il
fut, en outre, imprimé en brochure pour être distribué*.
Le dimanche 23 janvier, et les deux dimanches suivants,
le serment ne fut prélé que par des curés et des vicaires
fonctionnaires publics. Les reUgieux, qui avaient quitlé le
cloître et qui étaient disposés à se rallier à l'église constitu-
tionnelle, attendaient généralement pour apostasier qu*on
leur offrit les cures vacantes, ce qui ne pouvait tarder bien
longtemps. Sauf d'ans deux ou trois paroisses,, à Vieillevigne,
où il y eut une véritable émeute, contre laquelle on déploya
le drapeau rouge', et à Basse-Goulaine', où, le maire somma,
publiquement dans l'église, le curé et le vicaire de prêter le
serment, la journée du 23 janvier se passa sans incidents
graves. Quelques prêtres, malgré les termes très nets du
décret du 4 janvier, jurèrent avec restriction, et n'en furent
pas moins considérés par leurs municipalités comme ayant
satisfait à la loi, décisions, qui ne furent pas ratifiées par le
Département, et contre lesquelles protestèrent les prêtres
eux-mêmes. Un journal osa prétendre que, les délais expirés,
des prêtres disposés à se soumettre, le curé de Chantenay,
et celui de la Ghapelle-sur-Erdre notamment, n'avaient point
été admis le faire*, mais le nombre des assermentés était trop
petit pour que le département élevât une pareille prétention,
^ Brochure in-8« d« 29 p. Nantes, Malassis, et Journal de la Correspondance
n«*G(u 26 janvier 1791, p. 586 et 30 janvier 1791 p. 31. On trouve aussi dans
«ce journalles discours prononcés dans la même circonstance par Breny,
recteur de Saint-Père-en-Retz, n* du 4 février 1791, p'. 55; par Denghin,
curé de Saint-Jean-de-Boiseau, n* du H février p. 12S;par Samson, curé
d*Ancenis, n*du 11 février ; parMaupan, recteur de Moatrelais, n» du 23 fé-
vrier 1791 p. 189. — Mentionnons aussi, pour mémoire, les lettres en faveur
du serment, de Méchin,et les discours de Mabille et du curé de Saint-Nicolas
n** 2G février, p. 176, 2 et 4 mars, p. 235 et 250 ; et le discours de Pichon, curé
de Drefféac. (Catalogtie de la Bibliothèqtte de Nantes n* 37,961).
* Département L. 25 janvier 1791, f». 43.
' District de Nantes, 24 janvier 1791.
* Chronique de la Loire^Inférieure du 9 février 1791, n» 15.
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m 1791 :^i
D'ailleurs ces deux curés protestèrent, eux aussi, dès qu'ils
purent le faire, contré Tintention qu^on leur avait prêté de se
soumettre à la loi. Les délais furent d*ailleurs prorogés
par un décret*.
Dès le 25 janvier, le département constatait Tinsuccès de sa
proclamation, et attribuait cet insuccès à Tabsence de
révoque « et à l'incertitude, ou plutôt à la crainte qu'il ne
voulut pas se soumettre au serment* » et il écrivait, peu
après, au ministre de Tintérieur : « Nous avions e3péré
jusqu'ici pouvoir maintenir la tranquillité, mais nous voyons
que le serment à prêter par les prêtres^ et le refus de plu-
sieurs d'entr'eux de s'y conformer, agitent les habitants des
campagnes ; quoiqu'il ne se soit pas encore commis d'excès,
on remarque des attroupements qui pourraient devenir in-
quiétants, si nous ne disposions d'une force capable d'en
imposer. Nous vous prions de nous expédier, le plus tôt
possible, un régiment de troupes de ligne, persuadés que ce
nombre suffira pour le moment'. » Ces craintes étaient
prématurées, car l'immense majoi<ité des curés et des vicaires
étaient restés dans leurs paroisses, et les attroupements ne
deviendront inquiétants que lorsqu'il s'agira de chasser les
anciens prêtres et de les remplacer par des intrus.
Quelques-uns cependant ayant cru devoir quitter leurs
églises après le 23 janvier, le Département s'occupa de les
faire remplacer, et, le 31 janvier, le lendemain du dimanche
où la messe paroissiale avait manqué, à Ghantenay, à Saint-
Colombin, à la Chevrolière, à la Chapelle-sur-Erdre, pluaieurs
lettres furent adressées aux pères gardiens des Carmes et des
Capucins pour les prier d'envoyer des religieux dans ces
paroisses. Un certain père Martin, carme, ayant été désigné
pour Saint-Colombin, on écrivit à M. de laTullaye, vicaire-gé-
néral, pour le prier de lui accorder les pouvoirs nécessaires*.
■ Déecet du 18 mars 1791. DuTer^. ColL de lois, II, 263.
• Départ. L. ^5 janvier 1791.
> Registre Comptabilité et gnerre, 3 février 1791 f. 23.
* Direct, de départ. Correspond. Si>crétariat, f* 29.
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392 LE cle.;gé du diocèse de nantes
A en juger par le nombre assez considérable de lettres^
qui se trouvent encore dans les dossiers, pour avoir été
saisies lors des arrestations de prêtres, la correspondance
des membres du clergé entr'eux dut être fort active durant
cette période de la crise du serment. Ceà lettres ne présentent
qu'un très médiocre intérêt; elles témoignent seulement de
la vivacité des sentiments qui animaient les esprits départ
et d'autre. Le goût de la chanson est passé, mais il était alors
très répandu, et j*en ai trouvé une fort longue d'une versifi-
cation très incorrecte, sur l'air : 0 ma tendre musette^ où les
prôlrés les plus connus du diocèse, apostats et fidèles, avaient
chacun leur couplet.
En voici quelques-uns :
Monsieur Lescan* bien sûr.
Ne prêtera pas serment,
11 préfère, on assure,
Verser jusqu'à son sang.
Monsieur Lepré', bon prêtre,
Ne veut non plus jurer.
Il préfèr' reconnaître
Celui qui Ta créé.
En priant sainte Ursule,
D'intercéder pour lui,
Il est dans sa cellule,
Au pied, du crucifix.
Un maudit apostat
Pour exhaler sa bile.
Envoyé des Etats,
Prêcherait révangile !
Sans pouvoir de l'Eglise,
Ck>mment agirait-il?
Inf&me marchandise
C'est le père LatyP !
' Dmçtear da Séminaire de Saint-Clément.
• AnmAnier des Ursulines.
• Oratoritn, député aux Etats généraux. — Papiers saisis à Mauves le 21
août i79t par le commandant Schiitt. {Arch. dép,).
•
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EN 1791 393
En définitive, si l'on se reporte à un état officiel envoyé au
comité ecclésiastique le 20 mai 1791» et comprenant les prêtres
fonctionnaires publics du département, moins ceux du district
de Nantes, que j'ai comptés moi-môme, il y eut 153 prestations
de serment, dont une quinzaine au moins avec des restric-
tions qui en changeaient le caractère, et des rétractations,
plus ou moins promptes^ dont le nombre augmentait tous
les jours.
l"" District de Nantes^ sur 171 prêtres, 45 assermentée.
2»
—
d'Ancenis,
66
—
20
3»
—
Blain,
38
—
5
4»
—
Chftteaubriant,
40
—
8
5«
—
Giisson,
72
—
10
e»
—
Guérande,
60
—
25
7»
—
Machecoul,
58
—
8
8*
—
Paimbœaf,
48
—
20
9»
—
Saivenay,
43
614
—
12
153
En envoyant ces résultats au Comité ecclésiastique, le
procureur^syndic écrivait : « L'administration désirerait que
ce tableau présentât des résultats plus consolants pour les
vrais amis de la patvie et de la religion ; heureusement les
autres départements ne sont pas dans une situation aussi
afflgeante, et il est notoire que la plupart offrent, dans un
tableau inverse, le nombre des bons dominant sur le nombre
des méchants. x>
Des prêtres et des religieux des diocèses voisins, et des re-
ligieux du diocèse de Nantes, augmenteront dans une pro-
portion assez notable le personnel de TÉglise constitu-
tionnelle, mais jamais, comme on le verra, on ne réussira à
trouver assez de sujets pour pourvoir, de curés seulement,
sans parler des vicaires, la moitié des paroisses rurales.
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394 I.E CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
CHAPITRE II
La suppression des chapitres et le remaniement des circonscriptions p V-
roissiales demandés à M. de la Laurencie — Son refus — NouTeik
* sommation adressée à ce prélat — La Société des Amis de la Cons-
titution ou club des Capucins-— vOéoret rektif à des érections et à
dea aappTeisioni4ej[iaioÎMe8 «-Ikuterras des administrations pour
r^rganisAtioo de la paroisse cathédrale ^ l^e Département décide
qu'on nommera un snccessear à M. de la Laurencie — Premières
électiona des curés constitutionnels — Rareté des sujets — Dé-
chéance de M. da la Laurencie proaoncée par le Déparlement —
BleetioQ 4e Minée 61 son arrivée à Nantes — Sa demande de reculer
Tépoque de sa pnsa do possession — Difficultés que présentent
l*in9tallalÎQQ et le eaaintiea des curés élus dans les paroisses ^ La
persécution, cansèqtteaoe inévitable de l'introduction du cul.e cons-
titutionnel dans la Loire-Inférieure.
L'administration du Département n'avait pas attendu la
promulgation du décret sur le serment, pour e:ltiger le con-
cours de M. de la Laurencie à l'application de certaines
dispositions de la Constitution civile du clergé. Dès la fin de
novembre, elle Tavait mis en demeure de prononcer la sup-
pression des chapitres et celle de plusieurs petites paroisses
avoisinant Saint-Pierre, dont les territoires devaient, dans le
nouveau plan, former la paroisse cathédrale.
Les chapitres avaient été supprimés malgré les protesta-
tions de révoque, mais on n'avait pu réussir à former la
circonscription cathédrale, à raison de certaines formes de
procédure qui exigeaient le concours du prélat. M. de la
Laurencie était parti de Nantes, peu de jours €iprès cette pre-
mière mise en demeure, et Ton pensait, qu*aux termes de la
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EN 1791 395
loi, i\ y avait Heu de la renouveler ; mais alors il n'y aurait
plusd'obstacles à la réussitederopération,undéeret addition-
nel à la Constitution civile,* ayant, en prévision du refus de
concours de révoque, autorisé à passer outre, après que ce
refus aurait été formellement constatéV La suppression de
de ces petites paroisses apparaissait d'ailleurs comme d'autant
plus urgente, qu'aucun de leurs curés n'ayant prêté serment,
il n'y avait, provisoiremerit, aucun moyen légal de fermer
leurs églises ou d'y introduire l'exercice du nouveau culte.
Déplus, la loi disait positivement que la paroisse épiscopale
devait être organisée avanttoutes les autres.
Le procureur syndic invita le District, par lettre du 30 jan-
vier, à préparer sans délai le travail, et, dès le 3 février, cette
administration, par exploit de l'huissier Ruelle, requérait
le concours de l'évoque pour l'étude de la nouvelle circons-
cription, et lui notifiait, le lendemain, que ses membres se
transporteraient, le 7 février, à Tévéché, à 10 h. du tnatih,
pour travailler avec lui*. Ce n'était que pour la forme qu'on
agissait ainsi, car on savait parfaitement que l'évêque ne
se trouverait pas au rendez-vous. Au môme moment, un
membre du club des amis de la Constitution séant aux Capu-
cins dénonçait bien haut « la conspiration des ministres
d'un Dieu de paix, qui voudraient faire tomber les patriotes
sous le couteau du fanatisme, à la lueur de l'embrasement
de nos cités*. » Le 24 février, le Déparlement enregistrait
le travail du District, et l'envoyait à l'Assemblée nationale
pour qu'il fut converti en loi. Cinq des anciennes paroisses
de la ville étaient conservées : Sainte-Croix, Saint-Nicolas,
Saint-Similien, Saint-Clément et Saint-Donatien. Trois nou-
velles étaient formées : !• La paroisse épiscopale de Saint-
Pierre comprenait le territoire de huit paroisses supprimées :
Saint -Jean, Notre-Dame, la Collégiale, Saint-Laurent, y
^ Duvergier Collect. de loUt n* ^••«
'Pièces originales. Délib.du Districtde Nantesdu 4 février 17U1 (Arch, Dép,),
' Journal de la Correspondauce de Nantesdu G février 1791, p. 77,
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396 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
Saint-Dénis, Saint-Vincent, Saint-Léonard, Sainte-Radegonde,
Saint-Saturnin ; 2° Notre-Dame, formée d'un démembrement
des paroisses de Chantenay et de Saint-Nicolas, avec siège
provisoire à Téglise du Sanitat et succursale à Téglise des
Capucins de THermitage ; 3* Saint-Jacques, avec siège à
l'église des bénédictins de Pirmil et succursale à la chapelle
de Toussaints. Les paroisses de Glisson étaient également
remaniées et réduites à une seule*.
Les églises des paroisses supprimées furent fermées ; toute-
fois,pour organiser la paroisse épiscopale, il fallait un nouvel
évoque, et, avant de le nommer, il fallait déposséder de son
siège celui qui l'occupait. Déjà les électeurs des districts de
Nantes et de Paimbœuf avaient été convoqués pour le 20
février, à Teffet d'élire des curés à la place de ceux qui avaient
refusé le serment. Mais la désignation des prôtres asser-
mentés, c'était l'histoire dû tonneau des Danaïdes, la liste
n'était jamais romplie ; on avait beau faire des élections
elles étaient toujours à refaire, et à la fin de 1792, il y aura
encore des paroisses que les électeurs n'auront pu réussir
à pourvoir. Tantôt le môme prêtre était nommé dans plu-
sieursparoisses par différents districts, tantôt celui qui était
nommé ne voulait pas de la paroisse pour laquelle on
l'avait désigné ; souvent aussi celui qui avait pris posses-
sion de sa paroisse demandait à la quitter, et, telle était la
mobilité de ce personnel assermenté, qu'il serait facile de
démontrer, en dépouillant les trente procès-verbaux d'élec-
tions qui ont échappé à la destruction, qu'à l'exception des
anciens curés qui furent maintenus dans leurs paroisses après
leur serment et des curés de la ville de Nantes, on ne trou-
verait pas dix des nouveaux élus qui aient séjourné six mois
mois dans les paroisses où ils avaient été envoyés.
' Département 24 fémor 1791. Décret du 3 mars Journal des Débats et des
décHtSt N» 637, p. U. Voir aussi pour plus de détails : M. Tabbé Grégoire,
Etat du diocèse de Nantes^ et Semait^ religieuse du diocèse de Nantei,n* du
5 fémer 1887. Département Q. arrêté du 29 avril 1791.
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BN 1791 397
La certitude morale que M. de la Laurencie ne consentirait
jamais à prâter le serment résultait de son attitude, et de la
publication de son mandement saisi le 14 janvier, mais
comme il continuait à ne pas donner de ses nouvelles, et
qu*il était possible que la promulgation du décret relatif au
serment fut postérieure à son établissement à l'étranger, ce
qui eut augmenté beaucoup les délais, les administrateurs
hésitaient à prononcer officiellement sa déchéance pour
cause de refus de serment.
Le 19 février, le procureur-syndic du Département se
décida à exposer que, depuis trois mois, le diocèse, privé de
son chef, était dans un état de désorganisation effrayante. Il
ajouta que la terreur et Tularme étaient dans les campagnes,
et qu'il était à peu près certain que M. de la Laurencie était au
Lude et non en Espagne, comme le bruit en avait couru ; que,
par conséquent, son refus de serment était certain, et qu'il
y avait lieu de convoquer les électeurs pour lui donner un
remplaçant.
Le Département admit ces conclusions, et, le 21 février,
décida en principe que les électeurs seraient convoqués pour
le 20 mars, date qui fut peu après avancée d'une semaine ;
afin aussi d'avoir des renseignements précis sur le séjour de
M. de la Laurencie au Lude, un membre du Département
reçu t la mission de se rendre dans la Sarthe'. Il résulta de
Tenquête que M. de la Laurencie avait séjourné environ
six semaines au Lude, et, qu*au milieu de janvier, un di-
manche, il était sorti en voiture du parc du château du Lude
et avait pris la direction de Tours.
Une lettre du 28 février, adressée aux neuf districts, en-
joignit de convoquer les électeurs ^ui devraient se trouver
réunis, le 13 mars, dans la cathédrale, afin d'assister à la
messe, et procéder ensuite à l'élection d'un évêque.
Minée, élu le 13 mars, sacré à Paris le 10 avril, arriva à
* Département. Délibération du 24 février 1791, folios 130 et 142..
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398 LE CLERGÉ DU DIOCESE DE NANTES
Nantes le 15 du môme mois et vint demander lui*mômo au
Département que la cérémonie de son installation fut reculée
au dimanche de la Quasimodo, i* mai, c< afin, dit-il^ que les
prêtres réfractaires ne prissent pis prétexte de son instal-
lation pour abandonner Leurs fonctions, ce qui, dans la quin-
zaine de Pâques, gênerait extrêmement le peuple et pourrait
porter les âmes faibles et séduites à des excès et compro-
mettre la tranquillité publiqueV »
Cette demande fut accueillie favorablement par le Direc-
toire, sur la proposition du procureur-syndic, qui fit con-
naître en même temps que M. Minée, aussitôt après cette
cérémonie, s'occuperait de la formation de sa paroisse épis-
copale, de Torganisation des paroisses nouvelles à établir
à Nantes^ et conférerait Tinstitution canonique aux curés
élus. Alors^ ajouta-t-il, il n'y aura plus de raison pour que
les municipalités tardent à installer les curés qui leur ont
été attribués par les électeurs, et, « si le clergé était assez
téméraire pour méditer une coupable résistance, la loi dé-
ploierait alors toute sa rigueur*. »
Les dépositaires de Tautorité croient volontiers que la force
triomphe de toutes les résistances. Parce qu'ils avaient aisé-
ment dépossédé M. de la Laurencie de son siège^ et l'avaient
remplacé par Minée, les administrateurs de la Loire-Infé-
rieure s'imaginaient qu'ils réussiraient à imposer aux pa-
roisses rurales des prêtres constitutionnels à la place de
leurs anciens curés. La situation pourtant était bien diffé-
rente : M. de la Laurencie avait quitté volontairement son
diocèse, et Minée avait été reçu et intronisé dans une grande
ville où les partisans des idées révolutionnaires étaient nom-
breux et puissants ; dans les campagnes, au contraire, il
faudrait déposséder des prêtres aimés et estimés, qu'aucune
loi n'avait privés du droit d'habiter leurs anciennes paroisses,
' Département. L. 17 avril 1791, f« 65
> Eod., 27 avril 17»l. (• 86.
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EN 1791 399
et ceux, qu'on devait bientôt nommer des intrus, y arri-
veraientdéconsidérés d'avance aux yeux de populations sin-
cèrement catholiques, et, par conséquent, hostiles aux
nouveaux arrivants.
Il est évident que les administrateurs ne se doutaient pas
à ce moment des difficultés qui allaient surgir de tous les
côtés. Ce sera d'abord la pénurie des assermentés, parfois
leur indignité manifeste, souvent la résistance des parois-
siens à les recevoir et à les conserver au milieu d*eux, mais
ce sera surtout la nécessité à laquelle on sera amené d'in-
terdire Texorcice du culte aux prêtres réfractaires. Dans la
voie de la persécution la pente est rapide^ il est rare que les
lois suffisent aux besoins du moment, l'arbitraire intervient
toujours, et il marche devant les lois> que Ton fait de plus en
plus sévères, pour consacrer ses premiers actes. On croira
suffisant d'éloigner les prôtres de leurs anciennes paroisses,
et Ton s'apercevra que, partout où ils vont, ils sont respectés,
entourés et sollicités d'exercer leur ministère. Les mesures
deviendront progressivement plus restrictives de leur liberté,
jusqu'au moment où la loi de la déportation n'ayant pas
réussi à débarrasser complètement, comme on Tespérait, le
territoire français de tous les prôtres non assermentés^ on les
fera mourir sur Téchafaud.
Comme on le verra, dans les chapitres qui vont suivn\
l'histoire du diocèse de Nantes à partir du mois de mai 1791.
n'est pas autre chose que Thistoire de la persécution exercée
contre les prêtres fidèles et soufferte par eux avec un admi-
rable courage.
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400 LE CLEIIOÉ DU DIOGKSE DE NANTES
* CHAPITRE III
GoQtinuatioa de rezercice da culte par les prêtres non assermentés* —
Des suppressions de traitements — Opinion de Mirabeau. — Pour-
suites exercées contre les prêtres depuis le commencement de l'année
479i« — • Affaire du curé de Gasson, — Interdiction aux prêtres non
assermentés de desservir les chapelles et prieurés. -^ Le serment
imposé arbitrairement aux prêtres de chœur de Sainte-Groix. —
Attaques violentes^ haineuses^ etinconyenantes du journal La Chro-
nique de la Lçire-Inférieure contre le clergé fidèle. — Saisie
dans le couvent des Saintes-Glaires de brochures contraires à la Gong-
titution civile. — De la conduite tenue en cette occasion parles diverses
administrations.
Jusqu'aux premiers Jours de mai, les prêtres de la Loire-
Inférieure, qu'ils eussent ou non prêté le serment, avaient
continué, comme par le passé, rexercice du culte, mais
cette période de tolérance provisoire n'avait pas été exempte
de tracasseries pour ceux qui étaient .soupçonnés d'hostilité
à l'église constitutionnelle. Le Département avait continué
de refuser arbitrairement le traitement à ceux qui avaient
signé V Adresse à F Assemblée nationale, et des poursuites sans
raisons sérieuses avaient été exercées contre certains autres.
La suppression du traitement de ces prêtres n'avait pas
grande importance, parce que les traitements en argent, ou
plutôt en assignats, ne devaient commencer à courir que du
1»' janvier 1791, et surtout parce que l'on éleva la prétention,
un peu plus lard, de cesser de rétribuer tous les prêtres qui
n'avaient pas prêté serment. Le décret du 8 février 1791* qui
' Duvergier, Coll. de fois, II. 197.
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EN 1791 401
avait attribué une pension de cinq cents livres aux prôlres
remp^acés ne fut jamais qu'un leurre. « Déduction faite du
quart pour le tion patriotique, du prorata des contributions
et répartions, cette pension se réduisait à rien, ce qui fit que
le plus grand nombre ne daigna pas môme en faire la de-
mande'. » Aussi Mirabeau disait-ii avec beaucoup de raison :
« Nous nous occupons prodigieusement trop du clergé, nous
ne devrions nous occuper d'autre chose dans ce moment que
de lui faire payer ses pensions et de le laisser dormir en
paix*. »
Dos poursuites avaient été exercées contre le curé de Saint-
Donatien et M. Gely, diacre de Saint-Léonard, pour avoir
catéchisé des enfants « dans un sens oppposé à l'exécution
des décrets (6 janv. 1791); contre MM. Ollivier frères, Tun
curé, l'autre vicaire de Sautron ; sur le bruit qu'ils avaient
déclaré, le 16 janvier, qu'ils ne prêteraient pas serment, la cure'
fut, le 21, envahie par un piquet de gardes nationales ; une
visite domiciliaire eut lieu, et ils furent décrétés de prise de
Corps ; an long mémoire signé d'un homme de loi fut rédigé
pour démontrer l'absurdité et l'illégalité de cette arrestation;
contre MM. Fournier et Cassard, curé et vicaire de Basse-
Goulaine. Le District avait donné tort au maire, qui les avait
sans raison sommés en public de prêter le serment', et
Ton n'en instruisit pas moins contre eux. MM. Bertho, curé
du Pont-Saint-Martin, et son vicaire M. Crabil, M. Léaulé,
vieaire de Saint-Aignan» furent aussi l'objet de poursuites
pour des faits toalogues. Il est probable que si les dossiers
des huit autres tribunaux du département avaient été con-
servés, comme l'ont été ceux du district de Nantes, on trouve-
rait les traces de beaucoup de poursuites semblables\ Ces
* Manuscrit d« M. Chevalier, caré de Sainte-Lamiiie, sar la Bévolulioné
s Journal du Débats du 2 mars 4791.
, ' Dist. de Nantes, 14 janT. I79J .
^ Dossiers du trib. de district de Nantes (Arch. du greâe.)
X. IV. — NOTICES. — IV* ANNÉE, 4« UV. 27
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402 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
instructions, n'aboutirent pas faute de preuves, ou plutôt
faute de textes de lois qui s'appliquassent aux faits in-
criminés.
Le curé de Casson, M. Fremont, au contraire, eut l'honneur
d'être deux fois jugé pour un double délit. Il était accusé :
l^'d'avoircaloraniéla municipalité de sa commune en publiant
une lettre dans taqaelle il disait que cette municipalité avait
inexactement enregistré un prétendu serment qu'il n'avait
pas prêté; S^" d'avoir, coaim[i électeur, refusé de se rendre au
scrutin pour le choix de Minée, en disant que personne
n'avaitle droit de donner un successeuràM. de la Laurencie.
De nombreux témoins furent entendus ; la procédure est très
volumineuse, elle tribunal donna deux fois raison à Taccusé'.
Il y avait encore un certain respect de la loi dans le fait
de renvoyer ces prêtres devant les tribunaux; la magistra-
ture, quand elle conserve le respect de ses fonctions, est la
meilleure garantie des libertés civiles, mais les administra-
teurs, dont la mission était d*exécuter les lois, prétondaient
les interprétera leur guise, et môme, au besoin, en édicter
de nouvelles. C'est ainsi que par deux arrêtés du Départe-
ment, Tun du 1" février et Tautre du 3 mars, ils ordonnèrent
aux prêtres et desservants de cesser le service des chapelles
et prieurés, et enjoignirent au Général de la paroisse.
Sainte-Croix de congédier les prêtres de chœur qui étaient
dissidents à raison du serment. « Considérant, porte
l'arrêté, que quoiqu'on ne puisse pas strictement regarder
les prêtres de chœur comme fonctionnaires publics, le fait
par quelques uns d'entr'eux, de refuser le serment que les
autres prêtres de cette paroisse ont prêté, ne peut qu*ôtre
suspect et pris en maiivaise part et devenir une source dan-.
gereusede divisions et de scandale*. ?» La loi du 7 mai démon-
* Dép&rt, L. 1 «t 21 mars 1791, n*« ti4 «t 193 — JQgemeaU d6J 112 et 28
avrïL Présid. Dâ]avill«»
' DâpartâmeDt L. 3 mars 17*1 P» Ui* — Ordre dVïécutîoa par le nistricl.
9
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EN 179t '' 403
trera, peu après, rillégalilé de ces arrêtés, car elle dira, en
propres termes, que le défaut de prestation de serment ne
peut ôtre opposé à aucun prôlro se présentant dans une
église, seulement pour y dire la messe, et que les édifices,
consacrés à un culte par des sociétés particulières, ne seront
fermés que lorsqu'il y aura été fait quelques discours conte-
nant des provocations directes contre la Constitution civile
du clergé.
Malgré le caractère ouvertement hostile de ces mesures, il
faut reconnaître cependant que les gens du Département
étaient fort en retard sur Topinion des Sociétés populaires,
où couvaient, contre l'ancien clergé, ou pour mieux dire
contre le catholicisme lui-même, des haines et des fureurs
qui imposeront aux administrations la longue série des
mesures violentes qui vont se succéder.
La Chronique delà Loire'Inférieure,orgQ,ne delà Société des
amis dn la Constitution, séant aux Capucins, disait le Ôavril (n«
31). « Les prêtres prêchent la désobéissance à la loi... déjà ils
ont fait couler le sang, témoin les malheureuses affaires de
Nlmes^ du Morbihan etc .... étonne les a pas ôtés du
milieu de la patrie à laquelle ils font la guerre. Justice,
justice.... la conservation de Tétat est incompatible avec
la leur ; il faut qu'un des des deux périsse. » Dans ce môme
numéro les patriotes étaient invités à surveiller la maison
de M"* Pournier, la sœur du curé de Basse-Goulaine, où se
réunissaient chaque jour plusieurs prêtres désignés par
leurs noms ; et de môme que Marat donnait toujours l'a-
dresse des gens qu'il dénonçait, afln, disait-il, qu'on pût aller
les assommer, la Chronique indiquait, dans le numéro suivant
du 9 avril, que M"* Pournier demeurait vis-à-vis de Saint-
Saturnin.
Plus inconvenanC, et non moins méchant, était YAvis
suivant : « Nous croyons devoir prévenir, les petites bonnes
* Duyerg. Collection de lois. II. 353.
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404 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
vieilles et déterminées bigotes, que quarante à cinquante
jeunes gens, bien forts et bien vigoureux doivent, munis
de verges bénites ou non bénites, se disperser dans tous
les quartiers de la ville, le jour de l'arrivée du nouvel évoque
et de celui de son installation, pour administrer le fouet à
celles qui auraient l'imprudence de faire des sorties, que
pourrait leur suggérer leur imbécile hypocrisie. Si vous avez
le malheur de mépriser notre avertissement et de vous laisser
trousser le cotillon, vous pouvez être certaines de notre
aptitude àrendrecomptedelajoupnéedestfw/5/bw^^^^5. » Etplus
loin : « Quand le peuple voit que ceux qu'il a commis pour
rendre justice en son nom, restent inactifs, il se fait, justice
lui môme: gare les derrières (ici quelques lignes que je ne
veux pas transcrire) — ils auront le fouet, et nous nous
moquerons d'eux, et ça ira*! » Ces menaces, 'au moment où
on les publiait, pouvaient n être qu'une vilaine plaisanterie,
inais elles servaient à envenimer la querelle des partis.
Un autre jour, c'était le récit d'une prétendue réunion de
prêtres respectables dans laquelle on faisait jouer un rôle, à
la fois lâche et ridicule, à M, Guenichon, vicaire de Saint-
Nicolas et chapelain du Commerce, qui, après avoir prêté
serment, avait écrit le 28 mars à la Municipalité, une lettre
qu'il avait fait imprimer, et dans laquelle il se rétractait en
termes qui montraient que l'humilité et le repentir pouvaient
avoir leur dignité*.
Toute licence était donc laissée à la presse patriote, mais il
s'en fallait que la tolérance fut égale pour le parti opposé, et
les tenants des anciennes institutions religieuses et politiques
' Chronique de la Loire-Inférieure 13 avril 1791 n« 33 p. 329.
s N* 34, 16 avril 1791. — L*aumônerie du Commerce avait son siège à la
Chapelle Saint-Jalien, située sar la Fosse. Une assemblée, composée de
«oixante-quinze négociants, prononça la déchéance de M. Guenichon de ses
fonctions, à la suite de sa rétractation. Une autre assemblée générale du
Commerce, tenue le 9 mai 1791^ sous la présidence de M. Paimparay^ et
composée de cinquante-neuf personnes, élut, le 9 mai, pour le remplacer, un
bénédictin dePirmil, nommé Bonnard. Département, 14 avril 1791.— Procès-
verbal d'élection original.
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EN 1791 405
n'avaient que le droit de se taire ; de leur part^ la discussion
la plus modérée était un outrage, et la critique un acte sédi-
tieux. C'est ainsi que les autorités menèrent du bruit autour
d'une saisie de brochures dont ils firent à dessein une grosse
affaire, afin, sans doute, de regagner les bonnes grâces de la
Société populaire, en soulevant l'opinion contre Tancien élergé.
Le 19 avril, la nouvelle se répand en ville qu'il y a au couvent
des Saintes-Claires, une imprimerie clandestine, et que c'est
de celte imprimerie que sortent les brochures hostiles' au
clergé constitutionnel. Deux offlciers municipaux, le substitut
du procureur de la commune, et un commissaire de police,
font aussitôt une descente dans la partie extérieure du cou-
vent réservée aux religieux directeurs. Ils trouvent à table
quatre récollet-, les PP. Basile Lyonnet. Archange Dodet,
Jean-Baptiste Menière, et Philippe Debrest, dit frère Nicolas,
frère lai, et deman lent s'il n'y a point dans le couvent des
brochures délictueuses. Les pères répondent qu'en effet, une
dame bien mi.<e leur a apporté, dans lajournée, un paquet de
brochures, et qu'elles sont dans la bibliothèque. Le nombre des
brochures trouvées n'est point indiqué au procès-verbal ;
voici leur titre : Lettre de MM, les recteurs des divers cantons
du diocèse de Nantes y au sieur Julien Minée ; Les provinces au
Roi, Le procès-verbal mentionne, en outre, la découverte,
chez le frère Nicolas, d'une Ordonnance de M. de la Laurencie
donnée à Gand, le 28 mars, et relative à l'élection de Mmée.
L'abbesse, mandée, assure de manière à se faire croire, qu'il
n'y a dans la maison aucune imprimerie, et signe : sœur
Adélaïde de Saint-François. Rien de plus dans le procès-
verbal* .
Le bureau municipal délibère, et constate « combien il est
douloureu.x que pareille découverte ait été faite dans un mo-
nastère qui ne vit que des bienfaits de la piété, dont Jusqu'ici
' Pièce originale. (Archives du greffe.)
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406 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
il avait paru le plus grand elle plus pur modèle » et prononce
l'expulsion de la ville dés quatre récollets*.
Le lendemain, c'est le District qui s'occupe de Taffaire. On
lit dans le registre de celte administration : <c Les brochures
incendiaires trouvées chez les trois religieux, qui n'ont point
craint de trahir la vérilé, en assurant n'en point avoir, sont
la preuve la plus complète de leur incivisme et de leur désir
de provoquer une contre-révolution, etc.,etc.» et il ordonne l'é-
loi^nement des Récoliets de l'étendue du district de Nantes.
Mais Téloignement ne doit pas ôlre leur seule peine : « On ne
peut considérer l'assemblée, trouvée dans le logement des
trois religieux, que comme une coalition formée pour s'op-
poser à l'exécution des décrets... les différentes brochures
saisies ne permettent pas de s'y méprendre et forcent de les
qualifier de perturbateurs.... ils doivent, en conséquence,
être assignés devant le tribunal du district.... quand M. Minée
sera installé, il nommera un prôtre pour la desserte du
couvent^ »
Le Département enchérit sur le District : « à l'heure ou la
Municipalité a envoyé ses deux commissaires visiter la
demeure des quatre religieux desservant la communauté de
filles de Saintes-Claires, la réunion de sept personnes, dont
trois absolument étrangères à cette maison, était déjà fort
suspecte ; leur embarras, à l'asl^ect des commissaires de la
Municipalité, et, par dessus tout, la découverte d'un tas de
libelles tous plus dangereux les uns que les autres, encore
tout humides de la presse^, qui venait de les enfanter, ont
manifesté que ce lieu ne révélaitqu'un foyer d'aristocratie, et
' District de Nantes 21 avril 1791.
a Bureau municipal de Nantes, 20 avril. {Archives municipales).
^ Les trois personnes étrangères, et l'humidité des exemplaires sont de
pures inventions du département ^ on prétendait aussi qu'il y avait une
imprimerie chez les Carmélites des Goiiets ; le procès-verbal de l'inspection
du couvent constate que les commissaires n*ont trouvé aucun ustensile qui
put servir h imprimer. Dossier des Couets^ bibliothèque de Nantes, n«
37, 970,
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EN 1791 407
peut-être la fabrique obscure d où émanent les écrits fana-
tiques' ». Les écrits furent déclarés calomnieux par le tribunal
qui autorisa en môme temps l'accusateur public à informer
contre leurs auteurs, imprimeurs et distributeurs*, mais cette
poursuite fut abandonnée. Quant aux récollets, ils étaient
partis de Nantes le vendredi saint à quatre heures du matin,
assez péniblement, car le père Basile avait la goutte ; à la
Seilleraye ils avaient rencontré, M. Tabbé Rivière, qui les
conduisit chez M*** de Bourmont, à une propriété qu'elle
possédait au delà d'Ancenis'. Plus tard, le procureur syndic
du District, Julien Lefebvre écrira : «.les diflférentes visites
et descentes qui ont été faites chez les dames Saintes-Glaires
ont déjà répandu sur cette affaire plus de bruit qu'elle n'en
méritait*. »
A en croire la Chronique de la Loire-Inférieure, sa corres-
pondance^ à ce moment, ne contenait que des dénonciations.
« Dans tous les coins du département, disait-elle, re;iragée
bande des réfractaires s'agite en tous sens pour troubler la
paix;... à Thouaré, ce sont les quatre coquins, qu'on a
chassés des Saintes-Claires, qui colportent des libelles incen-
diaires... citoyens, prenez garde à vous, au nom de la patrie
au nom de la liberté, redoublez de courage et de zèle*, a
C'est sous l'empire de cette surexcitation de l'opinion que
l'on allait procéder à l'installation des nouveaux curés.
» Dép. L. 22 ayrU 1791 f*. 85.
s Jugement du b mai 1791 (Arch. du greffe).
s InteTrogatoire subi par TabbéRiTière à la Municipal. 9 mai 1791 (Arch.
municip.)
4 Lettre origin. du 21 août 1791. Corresp. du Dict. de Nantes.
*No 38, 30 avrU 179^1 .
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408 LE CLERGÉ DU DIDCÈSE DE NANTES
CHAPITRE IV
Prise de possession du diocèse par Minée. — Répugnance des carés
élus à se rendre dans leurs paroisses. — Le clijb des capucins de-
mande qu'il soit interdit aux prôtres non assermentés de continuer
de résider dans les paroisses qu'ils desservaient. — Installation du
curé de Carquefou. — Résistance violente des habitants. — Lettre
du Département au Ministre de la guerre pour lui demaoder des
troupes devenues nécessaires pour Tinstallation des curés. — Saisie
de pièces relatives à la prétondue conspiration des prêtres réfractaires.
— Installation de <^uré8 dans diverses paroisses. — On continue de
déplorer la rareté des assermentés. — Réunion des Sociétés popu-*
laires^ dans Téglise Saint^Denis. — Elles demandent la fermeture
des chapelles, l'obligation du serment pour tous les religieux qu
enseignent, l'expulsion du département de tous les prêtres réfrac-
taires. — Arrêtés ordonnant le remplacement des religieuses de
Saint-Gharlts et l'évacuation du Séminaire de Saint-Clément.
Minée avait été installé solennellement le premier mai,
jour de la Quasimodo ; le moment qu'il avait indiqué, comme
étant celui où il serait en mesure de transmettre des pouvoirs
aux curés élus, était donc arrivé. Le personnel de son clergé
n'avait point augmenté; le nombre des rétractations égalait,
s'il ne dépassait, celui des nouveaux serments prêtés par des
mQines désireux de devenir curés. Rien que pour le district
de Guér^nde, une lettre, adressée le 18 avril 1791, à M. Mo-
nier, prêtre de THôtel-Dieu, nous apprend que sept prêtres
de la région, dont le curé de Guérande, ses deux vicaires, et
le vicaire de Lavau, verraient de se rétracter.
Les curés élus, commençant à comprendre combien leur
situation serait fausse et gênée, dans des paroisses où les
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EN 1791 409
anciens prêtres pouvaient prétendre maintenir leur résidence,
ne montraient aucun empressement à prendre possession
de leurs fonctions. Les meneurs de la Société populaire des
(Capucins, qui étaient c3rtainoment les dévots les plus zélés
du troupeau constitutionnel, s'en émurent, et, soit, qu'ils
eussent été instruits de celte répugnance par les curés eux-
mômes, soit qu'ils l'eussent étë par Tintermédiaire de
révoque, ils résolurent d'y apporter remède.
Le 7 mai, cette société mettait en discussion les mesures à
prendre pour faciliter l'exercice de la mission des nouveaux
pasteurs, et, à la suite de cette discussion, une pétition qui
la résumait était adressée au Département pour lui faire con-
naître « que l'insurrection des campagnes voisines ajoute in-
finiment à la douleur des prêtres nommés par le peuple^ et
que la plupart d'entr eux, sans effroi, dans une si belle cause
qui produit partout l'héroïsme, témoignent une répugnance
insurmontable à parvenir à l'exercice de leurs fonctions
curiales par l'appareil des forces publiques, toujours contras-
trant avec l'esprit de bienfaisance qui les anime », et que le
seul remède à cette situation est d'écarter de leurs paroisses
les prêtres réfractaires. Il est vrai, pousuit la pétition, qu'un
membre a prétendu que l'application de ce remède pouvait
difficilement se concilier avec la loi ; mais, « la première de
toutes les lois, le salut du peuple, et surtout d'un peuple
fanatique, commande cet acte de prévoyance,» et le Dépar-
tement sera invité ?i; rédiger une proclamation « pour obliger
les prêtres réfractaires à se retirer dans les villes, ou au moins
à cinq lieues de leurs résidences, afin de leur ôter l'ascendant
qu'ils ont sur nos frères des campagnes*. »
Aucune mesure ne pouvait, mieux que celle là servira
démontrer l'impopularité générale du nouveau culte, et Tim-
puissance où l'on était de l'imposer autrement que par la
force. Aussi le Procureur-général-syndic, dans son réquisi-
* Pièce originale. (Archives départementales).
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410 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
toire sur cette pétition,. n'engagea point le Département à y
adhérer, « nous ne pouvons dit-il, faire ce que le législateur
n'a pas fait, » et l'on devrait selon lui se borner à exhorter
les prôtres à s'éloigner. Constatons, pour une fois, car nous
n 'aurons guère occasion d'en rencontrer de nouveaux exemples,
ce scrupule de légalité, dont la portée fut atténuée par l'envoi
delà pétition à l'Assemblée nationale. Cette assemblée était
en môme temps, suppliée « de prendre en très grande consi-
dération les motifs de sûreté et de tranquillité publiques, qui
sollicitent une loi prompte et générale, pour l'éloignement
des curés, et autres fonctionnairespublics, de tous les lieux
où ils devront être remplacés, comme le seul moyen de
prévenir l'effusion du sang, et, les horreurs d'une guerre
civile et religieuse. » Il était dit, en outre, dans la délibération
que « s'il y avait des troubles, le salut du peuple et Tintérôt
commun, commanderaientde s'assurer de la personne, des
prôtres, pour otages de la tranquillité publique et du rétablis-
sement de Tordre*. »
Il y avait du reste une autre raison pour que l'Administra-
tion départementale hésitât à s'engager dans la voie où
prétendait la pousser la Société populaire, c'est qu'elle
n'avait pas, sur le fait allégué de la répugnance des curés
à se faire installer, d'autres renseignements que ceux donnés
par la pétition. Voici en effet ce qu'elle écrivait à l'évoque
le lendemain de sa délibération, et ce qu'elle aurait, ce
semble mieux fait de lui écrire la veille : « Messieurs de la
Société populaire nous annoncent que MM. les curés nouvel-
lement élus refusent de se rendre dans leurs paroisses, pen-
dant que les curés qu'ils remplacent y resteront, et que ce
refus est Tun des obstacles à l'installation des nouveaux
fonctionnaires dont plusieurs s'en sont ouverts à vous. Nous
vous prions de vouloir bien vous assurer par vous-môme de
la façon dont ils se sont expliqués*. »
* Rag. du Direct, de Dép. 9 mai f791. Cette délibération est reproduite
dans le Jownal de la Correspondance de Paris à Nantes^ t. xx pp. 175 et 190.
» Correspond. Dép. Secrétariat, 10 mai 1791, f© 03.
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KN 1791 411
Le premier curé installé dans le dislriôt de Nantes fut tin
ancien prêtre de chœur de Sainte-Croix, nommé Julien
Nicolas, qui avait été*élu curé de Carquefou le 20 février, et qui
avait, dès le lendemain, fait connaître son acceptation. L'ins-
tallation eut lieu le 8 mai, et fut accompagnée de violences
qui fournirent un ample sujet aux déclamations des patriotes.
Dès le 6 mai, le Département avait ordonné renvoi d'un déta-
chement à Carquefou, et les gardes nationales avaient été
reçues à coup de pierres lancées par les hommes et surtout par
les femmes. Les troupes avaient riposté par des coups de
fusil, et une fille avait été blessée*. Quoique rien n'eut semblé
de nature à établir la complicité du curé et du vicaire, MM.Héry
et Bonnet qui furent poursuivis seulement un mois après
pour propos séditieux', le rédacteur de la Chronique jeta feu
et flamme contre eux et leurs pareils : « Vous seuls, prêtres
réfractaires, êtes des scélérats, le sang des malheureux que
vous avez séduits et trompés, que vous ave^z sacrifiés à la
rage du fanatisme le plus abominable, demande vengeance
à TEtre suprême'.
On n'étaitqu*au début, etlesadministrations reconnaissaient
que l'intervention des troupes serait indispensable pour les
installations Le District de Nantes prenait l'arrêté, suivant
pour fixer la solde qui leur serait allouée : « considérant que
le placement des nouveaux curés ne peut s'effectuer qu'avec
la force armée ; que cette sage précaution est nécessaire...
Qu'il est d'ailleurs de la véritable justice de pourvoir à la
nourriture des gardes nationaux qui se déplacent.: etc*. »
Le Département écrivait au Ministre de la guerre Dupor-
tail :« Nous avons eu, dimanche, une insurrection dans la pa-
roisse de Carquefou^à l'occasion de Tinslallation du curé cons-
' Dép. ô mai, 8 août 1791. — Chronique de la Loire^Inf. du 11 mai n« 41.
3 Assignation du 9 juin 1791, à comparaître devant le tribunal de District»
à la requête de Oorvo.
» N<»41, p. 390.
♦District de Nantes, 9 mai 1891.
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412 LE CLERGÉ DU DIOGÈSB DE NANTES
titulionnel. Les autres curés craignent le moment de leur
installation et ne s'y prêtent qu'à la condition d'être soutenus
d'une force respectable. Ceux mômes qui ont été installés,
s'apercevant de la fermentation de leurs paroisses demandent
à y être soutenus* » Les administrations des autres districts
ne trouvaient pas que la situation fut meilleure dans leurs
régions. Celle du District d'Ancenis, exprimait la- crainte
que les municipalités ne donnassent leur démission plutôt
que de prêter leur concours aux installations. Le nombre
considérable de pétitions, adressées aux administrations par
les municipalités, pour demander le maintien des anciens
prêtres, rendait cette crainte assez vraisemblable.
Le bruit courut alors à Nantes, que les pièces de conviction
de la conspiration des prêtres réfraclaires étaient enfin
trouvées. Le club des Amis de la Constitution des Cordeliers
avait été avisé de l'arrivé d'un ballot pesant vingt-deux
livres, à l'adresse d'un imprimeur nommé Louis, demeurant
à l'entrée de la rue de la Fosse et très suspect d'aristocratie.
Un commissaire de la Municipalité, averti par des membres
du club se transporta au bureau de la messagerie, y trouva
le paquet qui fut décrit et scellé, et qu'on ouvrit le lendemain
après avoir donné défaut contre Louis, appelé. Ce paquet
contenait plusieurs exemplaires des Actes des apôtres^ jour-
nal fort ardent dans ses attaques contre la Révolution^ ainsi
que plusieurs exemplaires du bref du pape du 13 avril 1791 :
Charitas quœ, docente Paulo Apostolo,patiens et benigna et
quelques autres brochures, parmi lesquelles une lettre de
Burke. Delà, le commissaire se rendit à l'imprimerie de Louis
qui était située rue de Gorges ; on posa des sentinelles à la
porte, et, comme la porte était fermée, on pénétra au moyen
d'une clef que procura un employé des Devoirs. On trouva
une demi feuille d'épreuve de Y Instruction donnée par Mon-
seigneur Vévêque de Langres aux curés et vicaires, imprimée
* Correspondance : Comptabilité et Guerre f* ôO.
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EN 1791 413
à Paris chez Guerbart, et lo bref da Pape du 10 mars 1791'.
Ce bref du 10 mars, comme celui du 13 avril, portait con-
damnation de la Constitution civile du clergé, mais il était
plus spécialement destiné aux évoques et prêtres, membres
de l'Assemblée nationale, tandis que Tautre élait adressé
« aux cardinaux, archevêques, évoques, au clergé. et au
peuple de France". » La saisie de ces pièces ne pouvait servir
à démontrer l'existence d'une conspiration.
II serait à peu près impossible de déterminer le nombre des
curés qui, à la fln du mois de mai, avaient pris possession de
leurs paroisses, mais on peut affirmer que ce nombre était
encore très petit. Dans le district de Nantes, on avait pourvu
Carquefou et Saint-Aignan, (8 mai), Basse-Indre et Héric (15
mai), Saint-Herblain, (22 mai) Clisson, la Chapelle-sur-Erdre,
Pont-Saint-Martin (29 mai). La paroisse de Saint-Clément de
Nantes conservait encore M. Fontréaux, faute d'un rempla-
çant. L*oratorien Latyl, élu le 28 février, avait refusé cette cure
de môme que le bénédictin Soulastre, élu le 15 mai. Minée
pressé par une pétition, en date du 30 mai, du Général de la
paroisse,dans laquelleles marguilliers reprochaient à M. Font-
réaux de n'avoir pas fait la procession des Rogations, ni
donné lecture de son mandement', se décida, le 1" juin, à
nommer deux prêtres constitutionnels pour desservir cette
cette église, en attendant qu'on trouvât un curé*. Dans les
autres districts on n'était pas plus avancé ; d'Ancenis, on
écrivait à Minée : « Nous sommes cruellement tourmentés de
l'impossibilité de remplacer les curés réfractaires faute de
' Procès-verbaux origin, 9, 10 et 11 mai 1791. (Arch. du greffe.) La dénon-
ciation du club des Corieliers est signée : Perochaud^ Bureau, Pérou ty et
Pompon.
^ Voir Histoire de V église de France pendant la Révolution par Jager, t.
Il, p. 200 — J'ai eu entre les mains un exemplaire du second bref, annoté
par Bercegea^:, curé constitutionnel de la Chapelle-Launay ; il était in-8« de
28 p. et sortait de Vimprimerie de VAmi du Roij rue Saint-André-des-Àrts.
' Pièce originale.
Département Q. 91 mai et 2 juin 1791.
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GoQgle
1
414 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
sujets.... VOUS voudrez bien nous indiquer incessamment
ceux des prôtres de votre diocèse qui ont fait le serment, et
dont on puisse faire, en sûreté de conscience, le choix pour
les remplacements. Nous attendons vçtre réponse avec im-
patience pour convoquer les électeurs.» La môme adminis-
tration, se tournant vers révoque de Maine-et-Loire, lui
écrivait peu après : « Sur vingt-quatre recteurs, et autant de
vicaires que nous avons sur retendue de notre district, trois
seulement ont accepté* »>. Le curé de Chauve, district de Paim-
bœuf, M. Barbier, écrivait le 26 mai qu'il n'y avait pas encore
eu de remplacement dans son district^. Il se trompait, car
le 22 on avait installé le vicaire du Pellerin Valton, dans les
fonctions de curé de cette paroisse.
Près de trois semaines s'étaient écoulées depuis que le Dé-
partement avait demandé à l'Assemblée nationale de voter
une loi autorisant les administrations à éloigner de leurs pa-
roisses les prôtres réfractaires et l'Assemblée nationale
n'avait eu aucun égard à cette demande. Nullement décou-
ragé par cet insuccès, le club des Capucins députa, le 24
mai, plusieurs de ses membres pour obtenir du Département
un arrôté ordonnant définitivement la fermeture des cha-
pelles; et, n'ayant pas été exaucé, il organisa une manifesta-
tion, qu'on s'efforçade rendre assez imposante pour que, cette
fois, le département ne put se soustraire à la pression exercée.
Le 27 mai, une réunion importante de patriotes, compre-
nant des membres des autres sociétés populaires probable-
ment, avait lieu, avec l'agrément de la Municipalité, dans l'é-
glise Saint-Denis, et trois cent vingt citoyens y signaient une
pétition adressée au Département et k Tinvitant à arrôter les
progrès du fanatisme. »
Cette pétition constate Téloignement général des habitants
de la campagne, et des femmes de la ville « des lieux saints
entretenus par la nation » ; on y déplore que, seules les
' District d'Ancenis, Correspondance *27 mai et 4 juin 1791 f** 25 et 29.
* Lettre originale saisie.
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EN 1791 415
chapelles particulières et les maisons religieuses attirent
la foule. « C'est de ces antres terribles que partent les
libelles, les brefs du Pape, les mandements du ci-devant
évêque... Les curés constitutionnels se dégoûtent de leurs
positions, et les ecclésiastiques, que le civisme appellerait
à les seconder, découragés par l'appareil menaçant des ré-
voltes impunies, refusent d'accepter, et laissent encore aux
rebelles Texercice de leurs fonctions, auxquelles ils se- se-
raient livrés, s'ils eussent été appuyés par des moyens fermes
et sévères Toutes les sectes connues jouiront, et doivent
jouir parmi nous, de toute liberté d'exercice ; mais souffrir
que, dans notre sein, une poignée d'insolents et de conspira-
teurs déchirent, par un abus condamnable de la liberté, Tunité
de notre sainte religion et méditent, sans relâche, sous le
mônne prétexte, les projets de ruiner notre constitution, c*est
manquer au serment de fidélité que nous avons fait à Tune et
à l'autre*. »
Dans une chanson du temps» intitulée La Constitution en
vers, il y avait un couplet, qui traduisait si bien ce dernier
passage de la pétition, qu'on me pardonnera de le citer :
Tous les cultes seront permis.
Et même celui de Moïse ;
De Mahomet le paradis
Sera vanté dans mainte église.
Gomme à présent dans nos cantons,
D'ôtre conséquent on" se pique.
De toutes les religions
Nous exceptons la catholique.
Les pétionnaires concluaient en demandant :
1« Que le serment fût exigé de toutes les personnes vouées à
renseignement,et, qu'à défaut de le prôter,elles fussent obligées
de renoncer à l'enseignement de la jeunesse et leurs établisse-
* Pièce originale.
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416 LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE NANTES
menls fermés, parce que « toute congrégation, qui nese soumet
pas aux supérieurs reconnus par la loi, c'est-à-dire au clergé
des paroisses, est une coalition dedissidentsauxquels la nation
doit refuser tout établissement. »
2* La fermeture de toutes les chapelles particulières et de
celles des maisons religieuses.
3* Le retrait, par Tévéque, de tous les pouvoirs aux ecclé-
siastiques non assermentés.
4** L'expulsion du département de tous les prêtres
réfrac taires.
Il y eut sans doute plusieurs rédactions, de cette pétition, car
le texte de la Chronique est un peu différent de celui-ci, et
ce journal mentionne que, dans la rédaction primitive, on
avait ajouté au paragraphe relatif à l'expulsion des . prêtres
« qu'il soit permis de courrir dessus comme sur Tennemi*. »
Le Département, loin de blâmer Tillégalité de ces vœux, et,
avant même d'avoir délibéré sur la pétition, y adhéra deux fois
en ordonnant que les dames de Saint-Charles qui, depuis
deux cents ans, donnaient Tinstruction gratuite à deux cents
jeunes filles pauvres seraient remplacées, à cause de leur
refus de serment, par des dames que M. Minée nommerait
pour le service des écoles', et en transformant en caserne le
séminaire de Saint-Clément.
Les dames de Saint-Charles avaient, la veille, refusé de
sonner leur cloche au passage de la procession des Rogations
présidée par Tévôque' constitutionnel, mais on ne pouvait
même pas relever un grief semblable contre les membres de
• Chronique de la Loire-Inférieure, l»' juin 1791, p. 436 et 44u.
s Département ^ 31 mai 1791. ^ Les dames deSt'iint-Charles formaient une
congrégation dont les membres ne faisaient pas de vœux, et dont rétablisse-
ment était situé en face des croix des saints Donatien et Kogatien. Abbé
Grégoire, État du diocèse de Nantes en i 790, p. 69.
' I^ettre de M. Bûché, curé de Juigné, à une religieuse de Pouancé, cette
lettre ayant été saisie, Tauteur fut poursuivi devant le tribunal de Château-
briant et acquitté le 7 juillet 1791. (Ârch. du greffe). Il avait même été em-
prisonné. (Goudé, Hist. de Chàteaubriant, p. 253).
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EN 1791 417
la communauté de Saiat-Clément. Leur maison spécialement
affectée aux retraites ecclésiastiques, était, depuis plus d'un
siècle, dirigée par des prêtres de Saint-Sulpice, qui ne pou-
vaient ainsi être considérés comme chargés d'une fonction
publique. En informant le Ministre de Tenvoi de militaires
dans cette maison^ le Département reconnaissait qu'il avait
hésité, avant de prononcer, pour refus de serment, la dé-
chéance des prêtres qui l'habitaient, mais* que « le cri public
de la ville lui faisait un devoir de les écarter, parce qu'ils
étaient attachés à des maximes très opposées à la Constitu-
tion, et qu'ils étaient fortement suspectés de les propager*. »
Ce que le département appelait le « cri public de la ville »
et regardait comme une force avec laquelle il croyait devoir
compter^ n'était pourtant encore que l'opinion de quelques
meneurs de clubs ; à plus forte raison sera-t-il intimidé,quand
il entendra une poignée de misérables, excitéscontre des reli-
gieuses, pousser contre elles de véritables cris.
Alfred Lalué.
• Corresp. du Dép. Comptabilité et Querref i^'juin 1791, fbB,
T. VI. — NOTICas. — VI* ÀNNÉK, A* UV. 2»
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RECHERCHES
SURLES ORIGINES LITTÉRAIRES
DE L'ANCIENNE PROVINCE DE BRETAGNE
/e _ xh Siècle
§ 5. — Neuvième siècle.
LE siècle de 'Gharlemagne fut, on le sait, une époque
glorieuse à tous égards et en particulier, une époque de
grande efflorescence littéraire et artistique. La Bre-
tagne môme bretonnante ne resta point en dehors du mou-
vement général, bien au contraire, elle paraît y avoir participé
dans une large mesure.
Et d'abord les écoles publiques, môme primaires, y devaient
être répandues ; témoin ce passage où Wrdisten affirme que
les enfants y étaient envoyés dès le plus bas âge' .
En second lieu, la magnifique bible, dite A'Anau-Warethy
qui fait aujourd'hui l'un des joyaux archéologiques de notre
Bibliothèque nationale de Paris, (sous le numéro Latini 82),
et passe pour un merveilleux spécimen de calligraphie, nous
prouve aussi que la culture artistique portait alors des fruits
* Quidam parrulorum soient tœdere... Cum in scholamix parentibuscongre-
gati mittuntur, etc. Vie de saint Ouénolé, liv. 1, oh. 5.
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RECHERCHES SUll LES ORIGINES LITTÉRAIRES 419
en Bretagne, car elle fut entreprise (vers 840) aux frais et sous
ladirection dudit Anau-Waretli (nom assurément breton), sei-
gneur d'Anast (Maure), qui voulait en faire don à l'abbaye
de Glanfeuil.
J'en appellerai en troisième lieu au témoignage de Bili, le
biographe de saint Malo. Cet auteur nous assure, en effet,
que de son temps Técole épiscopale d'Alet avait à sa tête le
vénérable Grégoire, littérateur du plus rare mérite et peintre
dun talent sans égal\
Bili lui-môme, sorti de cette école, nous a laissé une
œuvre qui lui assigne un certain rang d'honneur parmi les
hagiographes du neuvième siècle. Enumérer maintenant les
autres hagiographes bretons de l'époque, ce sera montrer par
des faits que sur toute l'étendue de la presqu'île armoricaine
il devait y avoir des écoles fréquentées et de puissants foyers
d'instruction. Ces écrivains, en effet, se cetrouvent aussi nom-
breux ou plutôt plus nombreux au fond de la Bretagne, dans
le Léon et la Cornouaille, qu'à Nantes, à Vannes, ou dans
toute autre partie du pays. De là, l'idée d'adopter un certain
ordre local dans cette énumération, en prenant pour point
de départ Dol et les bords de la Rance.
§ 1", — Vie DE SAINT Magloire (24 octobre 590) et trans-
lation DE SON corps a Léhon (v. 840).
Je regarde comme Dolois d'origine l'anonyme auquel
nous devons la seule vie étendue de saint Magloire qui aitvu le
jour jusqu'à présent'. On conjecture que cet écrivain appar-
tient aux premières années de ce siècle par ce qu'il ne fait au-
cune allusion à la translation du corps du saint (830-850) de
Sœrk à Léhon. Mais on ne saurait non plus la placer plus
haut, puisqu'il fait un emprunt textuel à l'hymne de Paul
diacre (780-820) en l'honneur de saint Jean-Baptiste'.
* Vie de saint Malo par Bili, déjà citée, dédicace 'i
* Mabillon : Acia S. S. S.13. t. i; — Acta SiS. Bollandiana, t, x. (octobre.
* Vie de saint Magloire n» 32.
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420 RECHERCHES SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
Cet anonyme avait de l'érudition et il n'ignorait môme
pas la langue grecque. Les anciens poètes lui étaient égale-
ment familiers (n** 13, 26, etc). Cependant il a commis une
bévue assez peujustiflable, lorsqu'il a supposé que saint Sam-
son jouissait du titre de métropolitain dans Tîle de Bretagne,
avant de traverser l'Océan (n. 1). Cet écrit est d'ailleurs
très incomplet comme biographie. Deux ou trois miracles
de saint Magloire, devenu abbé après avoir abdiqué la dignité
épiscopale, en font presque tous les frais. Cela tient sans
doute à ce que les documents originaux lui faisaient défaut.
Il avoue lui-môme qu'il raconte ex relatu religiosorum homi-
num, ce qui indique une simple tradition orale*. Je ne puis
séparer du biographe de saint Magloire, l'anonyme, moine
de Léhon selon toute apparence, qui a raconté la trans-
lation du corps du môme saint de l'île de Sœrck au monastère
de Léhon, récemment fondé par Nominoé. Ce récit, publié ré- ■
cemment offre un grand intérêt comiLc» peinture de mœurs et
ne peut appartenir qu'à un contemporain et à un témoin
oculaire. Il ne nous était parvenu que mutilé dans la Chronicon
Briocense, heureusement on a pu le reconstituer à peu près
dans son intégrité, et tel quel, il a reçu les honneurs de l'im-
pression'. De Dol à Alet la distance n'est pas grande, je puis
donc la franchir sans difficulté et y retrouver l'hagiographe
Bili, que le lecteur connaît déjà à moitié, mais le moment est
venu de le mettre encore mieux en lumière.
§ 2. — Bili : Vie de saint Malo.
Bili, auquel appartient la meilleure vie de saint Malo que
Ton connaisse, était diacre de /'-Bj^/wed'/l/e/' lorsqu'il entreprit
cet ouvrage. Ces fonctions le tenaient attaché de très près à
la personne des évoques de cette ville* et l'avaient mis à
« Vie de saint Magloire, n* 2.
> Analecu Bolland, t. tiu, p. 370-381.
s Vie de saint Malo, dédicace.
4 Ibid. Lib. 2. c. 18.
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DE L'ANCIENNE PROVINCE DE BRETAGNE 421
môme non-seulement de compulser à loisir tous les docu-
ments relatifs à la vie et aux miracles du saint, mais encore
de se transporter sur divers points du pays, et de recueillir
un nombre plus ou moins grand de renseignements vrais
et traditionnels. Or, s'il fut heureux de rencontrer sur sa
route une vie étendae du thaumaturge relatant en détail
toutes les pérégrinations du saint Evoque et écrite par un
homme d'un sens profond*, il constata aussi avec douleur
que plusieurs biographes postérieurs l'avaient ensuite altérée
et corrompue'. Ce fut précisément pour réparer les dom-
mages qu'avaient dû faire de telles interpolations à la
mémoire du saint Confesseur, que Bili résolut de prendre la
plume et de rédiger un abrégé fidèle et suffisamment com-
plet de la Vie modèle qu'il avait sous les yeux*. De là les
deux livres sur la vie et les miracles de saint Malo, où l'au-
teur embrasse à la fois et retrace assez au long la nais-
sance du saint (vers 510), Téducation religieuse (520-535), les
pérégrinations en compagnie de saint Brandan, le passage
en Armorique (vers 550) et les fondations monastiques autour
d'Alet, avec Tépiscopal de quarante années (570-610), le séjour
à Saintes, la mort et la sépulture, enfin les miracles posthumes
tant à Saintes qu'à Alet, y compris ceux dont Bili a été
témoin oculaire.
Ce simple aperçu dit assez quel intérôt hors ligne doit
offrir un document hagiographique de cette nature. Le
côté littéraire, sans être la partie brillante de l'hagio-
graphe, n'a point cependant non plus été négligé par lui.
A part, en effet, quelques passages obscurs , certaines
fautes de grammaire, peut-être deux ou trois répétitions
* Longo tempore, antequam orti faissemus, alius sapiens yitam pere-
grinationum, in multis locis habitationum sancti Machutis scribere caravit
(Prol. de la vie de saint Malo).
> Postea multis hano Titam scribere conantibus, in multis vitiatam^esse
Tidemus.
* Nos seeundum exemplar illius prioris scribentes. .. emendare cnpientes
...ibid.
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422 RKCHERCnKP RL'R LES ORîr.ïNES LITTÉRAIRES
fastidieuses, cette vie se lit avec autant dHntérôt que de
profit et le style de Bili est ordinairement clair et concis,
correct et élégant.
Sans sortir du diocèse d'Alet, nous allons nous diriger vers
l'abbaye deSaint-Méen, pour y chercher Tauleur (probable)
d'une pelile vie de saint Léry.
§ 3. — Vie de saint Léry (30 septembre 700).
Saint Léry (Laurus), qu'on croit être le prêtre Laumorinus
qui administra les derniers sacrements à saint Judicaël, son
protecteur ef son ami*, avait fondé, sous la dépendance de
Tabbaye de Sainl-Méen et à une petite distance, un prieuré
auquel il annexa une école, selon l'usage des disciples de
saint Méen. Cet homme de Dieu mourut, selon toute appa-
rence, dans les premières années du huitième siècle et laissa
une mémoire entourée d'une telle vénération que son tom-
beau devint l'objet d'un pèlerinage fréquenté et le saint
l'objet d'une fête annuelle ; rest à l'occasion de cette fête que
fut prononcé le sermon panégyrique qui me fournit l'occasion
de cette notice, car c'est grâce à lui que nous avons sur ce
saint quelques renseignements authentiques, malheureuse-
ment bien peu circonst'inciés. L'auteur de ce panégyrique se
contente en effet de résumer en quelques lignes la vie et la
mort de Léry, sans doute parce qu'il parlait à des auditeurs
pour qui tout cela était connu. Il ne s'applique qu'à mettre en
relief un miracle qui, arrivé tout récemment, offrait alors le
plus haut intérêt. Aujourd'hui les choses ont changé ; ce
prodige nous laisse froids, tandis que nos vœux seraient
comblés, si nous avions une biographie un peu étendue de
saint Léry. Une conclusion assez importante ressort néan-
moins de cet écrit. On y voit, en effet, que l'école fondée par
le saint dans une infime localité continuait alors à subsister et
comptait même de 30 à 40 élèves, chiffre considérable pour la
• Vie inédite de saint Judicftël, vers la fin.
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DE l'ancienne province DE BRETAGNE 423
population. On en conclura sans peine que Tinstruction était
alors beaucoup plus répandue dans nos campagnes que ne
se le figurent ceux qui s'imaginent qu'elle est un bienfait de
1789.
Quant à la date du sermon panégyrique en l'honneur de
saint Léry, elle ne saurait être reportée au delà de Tannée
878 et des invasions normandes, qui amenèrent la translation
à Tours du corps du saint : mais, d'autre part, cet écrit ne
peut ôtre non plus antérieur aux (Iremières années du neu-
vième siècle, l'auteur y faisant allusion à l'introduction de la
liturgie romaine en Bretagne. Le style de ce panégyrique ne
manque pas d'élégance, mais cette qualité n'exclut non plus
ni Tenflure, ni la redondance des épithètes, ni une recherche
trop sensible de l'effet. La vie de saint Léry n'a été éditée que
partiellement par les Bollandistes. Heureusement on en re-
trouve un texte meilleur et plus complet dans les CoUectanea
de dora Lobineau et de ses confrères*.
{4. — Martyre de saint Gohard (24 juin 843).
De l'abbaye de Saint-Méen, je traverse Rennes sans arrêt
pour arriver d'un seul trait à Nantes, et encore ici la moisson
est bien maigre. Elle se borne en effet à la relation du mar-
tyre de saint Gohard. Ce document n'est qu'une sorte de
procès-verbal, il est sec et laconique comme tous les docu-
ments de ce genre, mais aussi, comme eux, il inspire pleine
confiance et mérite de faire autorité. Il a été publié récemment
dans les mémoires de l'Association bretonne*, et la Chronique
de Nantes, dont il sera question bientôt, en a fait usage con-
jointement avec les vies de saint Philibert et de saint Martin
de Vertou pour raconter le môme martyre.
• Biblioihèque ncUionale, Blss. franc, n- 22, 321. Selon Du Gange (V« OerUes
cet anonyme serait le premier à avoir donné au mot gantes le sens actuel de
réunion d'hommes ou de gens.
* Année 1881, session de Ch&teaubriant.
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424 RECHERCHES SUR LES ORTGINES LITTÉRAIRES
§ 5. — Ecole de Redon.
De Nantes, poursuivant notre course à travers la Bretagne
à la recherche des hagiographes bretons du neuvième siècle,
je n*ai plus guère désormais qu'à longer le littoral jusqu'à
Tréguier. Notre première station sera Tabbaye de Redon.
Elle paraît avoir été à cette date l'école la plus florissante
de toute la péninsule» celle qui compta le plus grand nombre
d'hommes versés dans les lettres, bien qu'un seul fruit de
cette culture littéraire soit arrivé jusqu'à nous, à savoir les
Gesta SS. Rotonensiuniy déik mentionnés en passant, mais
sur lesquels il nous faut maintenant entrer dans plus de
détails. Ce document est dû à un anonyme dont la contem-
poranéité est indiscutable, car on le voit à diverses reprises
acteur et témoin occulaire dans les faits qu'il raconte*.
Cet anonyme écrit avec jutant de simplicité que d'élégance.
Bien que profondément nourri de la lecture des anciens
poètes et des orateurs romains, il ne cite guère que l'Ecriture
Sainte, mais pour celle-ci, il se plaît à en enchâsser de très
nombreux passages dans son récit.
Les Gesta SS. Rotonensium sont divisés en trois livre s
nettement distincts. Le premier contenant d*abord une des-
cription des lieux, offre ensuite un résumé assez étendu des
faits qui ont accompagné la fondation de Saint-Sauveur de
Redon (823), des persécutions que le B. Convoïon et ses dis-
ciples eurent à subir, des démarches auxquelles ils durent se
livrer pour obtenir protection contre l'injustice. Ce livre ne
nous est parvenu que mutilé, le début et Içs premiers cha-
pitres nous font défaut.
Le second livre nous offre une suite de notices détachées,
consacrées chacune à retracer à grands traits les vertus et
• Ho8 lanctos Yiros bene novi, qui me a pueritia nutrierant et in scientia
Dei edacaverunt (Prologue du lirre second) ! Qure vidi et audivi non debeo
reticere, ibid.
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DK l'ancienne province DR BRETAGNE 425
les miracles des premiers moines de Redon. Rien de pieux
et de touchant comme ces relations courtes et concises, mais
pleines de moîHIe et de substance. Le livre se termine parle
récit de là translation à Redon des corps des saints Marcellin
et Hypothême, et de la déposition assez pou légitima par
Nominoô des évêques bretons accusés de simonie.
Le troisième a trait aux miracles qu'opéraient, au neuvième
siëole^ àRedon, les reliques des saints Marcellin, pape et
martyr, et Hypotliôme, évoque d'Angers, dont la translaticm
avait été racontée dans le livre précédent. On y rencontre
plus d'un détail qui touche à Thistoire générale de l'époque.
En outre, ce qu'il importe de remarquer, c'est que la biogra-
phie du saint pape Marcellin y est mieux esquissée qu'elle ne
l'est nulle part ailleurs, sans excepter les Acta Sunctorum,
les Bollandistes n'ayant pas eu connaissance de l'écrit dont
nous nous occupons ici.
Ce troisième livre ne devait pas se terminer sans nous offrir
le récit des derniers moments et de la mort de saint Gonvoîon
(28 décembre 868*). Malheureusement cette partie n'est point
arrivée jusqu'à nous, mais on peut y suppléer sans trop d'in-
convénients, grâce à la relation postérieure du même évé-
nement que nous en a laissée un autre anonyme, qui vivait,
croit-on, ^u onzième siècle' et dont je dirai quelques mots en
son temps.
Après ces détails sur le premier anonyme de Redon, il est
tempsde reprendre ma course pour me transporter à Vannes
où s'offre à moi le biographe de saint Guenaël, qui devait
appartenir, selon toute probabilité, au clergé vannetais du
neuvième siècle.
§ 5. — Vie de saint Guenael (3 novembre 600).
La vie et les miracles de saint Guenaël, disciple et succes-
seur immédiat du premier abbé de Landévennec, puis fon-
* Préface du IWre 9.
> Preuves de Bretagne t. I, c. 23*2 et 233.
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426 RECHERCHES SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
dateur de plusieurs monastères tant dans la grande que dans
la Petite Bretagne, n'ont pas du être recueillis avant le
neuvième siècle, puisque l'auteur termine sa relation en
mentionnant ce que fit Nominoé pour relever le culte de ce
grand saint. Maison ne saurait non plus reculer au-delà des
années 850-870 la date de rédaction de cet écrit, car l'auteur
n'y fait pas la moindre allusion aux ravages des Normands
et à la double translation à Lehon (vers 880) et à Corbeil (vers
Ô30) des reliques du saint abbé. Quant à l'auteur, il est resté
anonyme, mais il y a lieu de croire qu'il était vannetais
d'origine, car c'est dans ce pays que saint Guenaôl passa ses
dernières années et reçut une honorable sépulture, c'est là
aussi que Nominoé se plut à l'entourer des marques de véné-
ration dont je viens de dire un mot. Cet auteur écrit le latin
avec une simplicité et une clarté qui n'excluent nullement
l'élégance de la diction. Son air de candeur et do bonne foi
nous est en outre un sûr garant qu'il n'avance rien sans bonne
preuve, mais comme son écrit manque de prologue nous
ignorons cependant à quelles sources il a puisé ses rensei-
gnements. Cette vie était connue depuis longtemps des hagio-
graphes, témoin la mention qui en est faite au 3 novembre
dans Muneratus et les autres compilateurs d'Usuard, mais
elle n'avait jusqu'à présent été livrée à l'impression que
par D. Hugues Ménard*.
Les Bollandistes viennent tout réceniment de lui
donner place dans leur tome I de novembre, avec des addi-
tions et des compléments qui ne seront pas inutiles, car ce
document laissait à désirer sous le rapport de l'étendue, il
était trop incomplet.
De Vannes et de saint Guenaôl, j'arrive à Quimper et à
saint Corentin.
(A suivre), Dom Fr. Plaine.
* Martyrol. Benedictinum addit. ad. 9 novembre.
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ÉTUDES SUR UNE PAROISSE BRETONNE
BRANDIVY
INTRODUCTION
EN publiant ce travail sur Brandivy, je le propose sans vanité à
l'imitation de mes confrères.
Que le prêtre fasse de l'exercice du saint ministère et de
rétude des matières ecclésiastiques sa principale occupation, on le
conçoit ; arracher les ftmes au démon pour les conduire à Dieu,
c'est son devoir et son unique raison d'être.
Mais si, en vue de donner à son esprit une détente, il met à profit
quelques loisirs pour s'appliquer, dans la mesure de ses moyens, à
la recherche des antiquités de sa paroisse et du voisinage.qui songera
à l'en bl&mer ? On est curieux de savoir ce qui s'est passé à l'étranger,
serait-il criminel ou malséant de savoir ce qui s'est passé chez soi ?
Notez qu'en se livrant à ces investigations locales, le prêtre ne court
guère le risque de déserter le domaine qui lui est propre. Les anti-
quités ecclésiastiques côtoient toujours et pénètrent même les
antiquités profanes. Tant la vie de l'Église était débordante avant
89 ! Tant le sentiment religieux dominait ou absorbait toute vie
publique ou privée, populaire ou féodale.
Et qu'on ne s'avise pas, pour couvrir à cet égard son indifférence
ou son inaction, de se forger mal à propos des difficultés insurmon-
tables ! Les sources de renseignements sont plus nombreuses et
plus faciles à exploiter qu'on ne s'imagine.
En premier lieu, les archives communales. — Le clergé tenait avant
89, ces vieux registres, il les a parsemés de notes historiques d'un
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428 BRANDIVY
grand intérêt. G*est à nous,prôtres,qu'il convient principalement d'en
extraire ces trésors. Mais le temps presse ! les mites sans pitié dé-*
vorent les feuilles, et l'on peut prévoir l'époque où des pages
entières deviendront illisibles.
Puis les archives des familles. — Chaque maison possède comme
un dépôt sacré, oit sont enfermés avec soin une foule de documents
précieux. C'est dans ces sacs, caisses, boites, tiroirs qu'il n'est pas
rare de mettre la main sur des titres de famille, des baux de ferme,
des inventaires de ménage, des déclarations de tenue avec « tenans
et aboutissans », sur un tas de petits papiers qui vous rejettent à
plusieurs siècles en arrière.
Encore ici que les amateurs se dépêchent. Plus redoutable que la
mite, un agent destructeur de la pire espèce commence à pulluler
dans les campagnes : le petit savant. Rien de terrible pour les vieux
papiers comme un pareil homme. D'un air suffisant autant que
dédaigneux, il semble scruter les manuscrits ; il ne voit rien et ne
veut rien voir, en dehors des pièces qui intéressent directement
le sol. Sans égard pour l'axiome populaire : < ne zaibrant quel ba/ra^
ces papiers ne mangent pas de pain, » il porte une sentence qui ne
souffre pas d'appel. Sur cette sentence, un triage est opéré, le
froment est remis dans le sac et la paille prétendue jetée au feu.
Que de pièces anéanties de la sorte ?
En troisième lieu les légendes. — Les légendes toutes seules ne
peuvent faire l'histoire, mais elles aident à en éclairer les côtés
obscurs. Leur antique ft'aicheur n'a pas été jusqu'ici sérieusement
entamée. Comme de graves altérations ne peuvent tarder à s'y
produire en face de la politique de plus en plus envahissante, le mo-
ment semble venu d'en composer des recueils. Or, pourcett-é besogne,
nul n'est plus apte que le prêtre. Le prêtre est en général sorti du
peuple et ses légendes ont bercé son enfance ; par le fait de son mi-
nistère^, il vit en contact journalier avec le peuple et il possède sa
confiance.
Cette triple source épuisée, il faut que le chercheur intrépide aille
fouiller une quatrième : les archives de la Préfecture. C'est là
qu'il peut donner à ses recherches une extension extrême. Il y peut
en particulier, si le but qu'il s'est proposé Ty convie, compléter ou
rectifier, à l'aide des manuscrits de M. Galles, ce qui se rapporte
aux seigneuries ; à l'aide des travaux de Rosenz weig, ce qui con-
cerne la vie civile et ecclésiastique ; à l'aide des registres des Direc-
toires, les récits traditionnels sur l'époque révolutionnaire.
Ce n'est pas que de la sorte on obtienne, à proprement parler, une
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BRANDIVY 429
histoire. Une histoire comprend un récit unique ou une suite de
récits où domine un principe d'unité. Or quel principe d'unité ren-;-
coAtrera^t-on parmi les faits d'une seule localité ? Ce qu'on obtient,
ce sont tout simplement des études historiques. Outre qu'elles sont
fort intéressantes au point de vue local, ces études forment la base
nécessaire d'une histoire générale. L'histoire générale, voilà le but !
L'étude locale, voilà le moyen! J'apporte une petite pierre à la
construction de l'édiâce. Que mes confrères en fassent autant. Je les
engage à entrer dans cette voie, résolument, chacun à sa façon et
suivant la tournure de son esprit. Les études locales sont à l'ordre
du jour. Ne laissons pas aux laïques toute la gloire de ces travaux,
d'autant plus que ces travaux, s'ils se font sans nous, se feront
quelquefois contre nous. Qu'on se garde de mépriser le moindre
détail ! Un détail insignifiant pour une localité peut avoir sa valeur
pour les localités voisines. Si la raison secrète de certains faits nous
échappe, tâchons de les éclaircir par de bonnes hypothèses. Peut-être
quelques-unes paraîtront-elles tout d'abord haidies ou singulières,
qu'importe ? il suffit qu'elles servent de jalons aux chercheurs de
l'avenir. Lorsque les matériaux seront au complet sur les divers
points du diocèse, le Dieu des sciences ne manquera pas, pour les
rassembler de toutes parts, de susciter un esprit d'élite. Cet ouvrier
prédestiné taillera ces divers matériaux à loisir; il les disposera
d'une main discrète et savante ; il en fera sortir un ouvrage qui
n'aura peut-être pas son semblable dans les autres contrées.
Telle est la pensée qui a inspiré la composition de ces études. Elles
sont divisées en cinq parties qui traiteront successivement de
Brandivy au point de vue ecclésiastique et seigneurial, de Brandivy
sous la Révolution, des voies anciennes à Brandivy et aux alentours,
de quelques mœurs et usages bretons. Ces diverses parties n'ont
d'autre lien entre elles que le titre général,en sorte que chacune d'elles
forme un tout distinct et complet. Non que je me fasse la moindre
illusion sur le peu d'importance que peut offrir cet essai ; pris à part,
cet essai est un détail. Pour l'apprécier à sa juste valeur, c'est l'en-
semble de l'édifice à construire qu'il faut considérer. Aussi j'affirme
en toute franchise que s'il devait rester isolé, ce travail particulier
ne verrait jamais le jour.
J.-M. GUILLOUX,
Vicaire.
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PREMIÈRE PARTIE
BRANDIVY ECCLÉSIASTIQUE
Tous les faits, toutes les légendes qui de près ou de loin se
rapportent à cette partie peuvent aisément se grouper sous un des
titres qui suivent : patron de Brandivy, trêve ou paroisse, cha-
pelles et croix, clergé.
PATRON*
BHANDivY se compose de Bran et de Divy% ce qui veut
dire : colline de Divy.
En fait d'étymologie, rien ne semble plus correct.
Bran, Bren, au rapport de tous les auteurs, signifie colline,
montagne. Or, non-seulemeiit le bourg de Brandivy s'élève
sur une hauteur, mais encore toute la paroisse forme un
terrain montagneux.
Pour ce qui est de Divy, Tinterprétation n'est pas moins
évidente. Un titre de 1634 désigne le patron de la localité sous
le nom de saint Davi. Or, Davy et Divy sont un seul et môme
personnage, évoque de Ménévie, mort vers Tan 544. « Les
lieux qu'on appelle Saint-Divy, proche Landerneau, et Pol-
Davy auprès de Douarnenez nous rappellent, dit Déric, la
mémoire de ce saint prélat. » Il est permis d'ajouter que la
« Titulaire serait le terme exact, mais le mot patron, est plus de la langue
courante.
B D'après la légende, il se compose de Ber, deu ui. Un enfant cherchait des
nids, arrivé à une brousse, il entend un oiseau qui s*enTole et il s*éciie
Berrr. deu ui. c'est-k-dire berrr, deux œufs. D*où Ton a fait Berdevy.
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BRANDI V Y 431
ville épiscopale de Ménévie porte depuis longtemps le nom
de Saint-Davy, du nom de son fondateur* .
Si l'on objecte que Brandivy s'écrivait en 1447, Brandevi,
qu'à cela ne tienne. Devy est une des formes du nom de
notre saint. Ce qui le prouve, c'est que l'église, bâtie au lieu
où fut célébré un concile qui vit briller sa science et sa 3ain-
teté, fut nommée en son honneur Lan-Devy-Brewi, et que
saint Lily, son disciple chéri, fut nommé Gwas-Dewy.
Une difflculté sérieuse reste à résoudre, relativement à
saint Ivy qui paraît avoir, à une époque que j'ignore, sup-
planté saint Divy. Le nom de saint Ivy est écrit en gros ca-
ractères sur la croix paroissiale ; rabt)é Cillard, de son côté,
le reconnaît comme patron de la localité. Mais c'est une er-
reur, et cette erreur orovient d'une confusion qu'il était si
facile, à défaut de documents, d'établir entre les deux noms.
Si saint Ivy avait été, dès le principe, le vrai patron, pour-
quoi n'eût-on pas écrit et prononcé Branivy? Le besoin d'eu-
phonie n'obligeait pas, en la circonstance, à intercaler le d.
Alors môme que cette raison ne vaudrait rien, nous pouvons
invoquer le titre de 1634 qui désigne le patron sous le nom
de saint Davi^ qui est le môme que Devy et Divy, comme
nous l'avons ci-dessus prouvé. Ce titre est antérieur d'un
siècle à l'affirmation de Cillart; or, pour connaître la vérité
sur ces sortes de questions, ce sont les vieux titres qu'il faut
consulter, ce sont aux plus anciennes orthographes qu'il est
nécessaire de se rapporter.
Ce qui confirme cette opinion, c'est que l'abbé Cillart lui-
même, en parlant de saint Ivy, le qualifie d'évôque inconnu.
Ainsi Cillar conserve au patron son titre d'évôque. Mais
évoque de quel siège et de quelle époque? Il n'en sait rien.
Il connaît un saint Ivy, moine du septième siècle ; mais il ne
rencontre nulle part un saint Ivy, évoque. Voilà l'auteur du
' Un Yillage de Brandivy s'appeUe Méné-Dayj quia exactement le même
aexkB que Bran-Divy. — A signaler Ker-Davy en Pluvigner, sur les limitea de
Braadiyy.
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432 BRANDIVY
fouillé ddiiis l'embarras ! La difficulté se serait évanouie, s'il
avait connu le titre de 1634. Ce titre lui eût fait voir que le
vrai patron de Brandivy portait le nom de Davy ou DIvy, ou
Devy, et que ce saint avait, au sixième siècle, illustré le siège
de Ménévie dans la Grande-Bretagne.
D'où il résulte que saint Divy a été le patron primitif de
Bran-Divy et qu'il a imposé à la localité son nom*.
Une question fort intéressante serait de savoir à quelle
époque une chapelle sous le vocablo de Saint-Divy, serait
venue couronner ces hauteurs. En Tabsence d'un texte, d'un
document, il est impossible de rien préciser. Tout ce qu'il
est permis d'avancer, c'est qu'elle doit remonter au-delà du
douzième siècle. C'est avant le douzième siècle effectivement
qu'il était de mode d'accoler un terme celtique, comme Bran,
Ran, Plou, Guic, Landt, Loc ou Lot... au patron d'une
chapelle, d'une localité, d'un canton de terre, d'un monastère.
Non pas que cet oratoire primitif fût en pierres, les cons-
tructions lapidaires, au moins dans les campagnes armori-
caines, au rapportde la notice de Jublains, datent seulement
des dixième et onzième siècles ;ce ne devait être qu'un humble
bâtiment fermé par des claies et construit avec de la terre et
du chaume, d'après la méthode suivie à la môme époque pour
les maisons en Armorique, en Bretagne et dans d'autres
contrées.
' Cela n*eijt pas toujours vrai, uiors môme qu*eii décomposaut le nom d'une
localité, on y retrouve celui du patron. Le nom des terres en effet, quand il
Devient pas d*un événement marquant, est ordinairement t'ré de la si-
tuation des lieux, du voisinage d*une forêt, d'un cours d*eau de quelque
accident caractéristique. Or, on est aisément porté adonner pour patron à
un lieu le saint dont le nom offre quelque ressemblance avec le nom de
ce lieu. C'est pour cette raison que saint Melaine a pu être choisi pour
patron dePlouguelen, saint Corneille de Carnac,sainte Agathe de Plumergat,
saint Jean d'une chapelle bâtie au village de Lésurgant en Plescop.... C'est
d'après le même principe qu'on invoque N.-D. de la Vérole à Brech, saint
Corneille pour les bestiaux, saint Clair pour les yeux, saint Abibon (en breton
Diboen) pour la délivrance des Ames du Purgatoire et des femmes en travail
d'enfant ; sainte Avoie pour les enfants enviés. Les enfants qu'on jalouse
sèchent sur pied ; on ne peut les guérir qu'en promettant une poule blanche
à saiités Avie et en envoyant Tenfant iniei « voiei » en pèlerinage k sa chapelle...
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^w^
BRANUIVY 433
Suivant Tusage presque constant à cette époque, la cha-
pelle s'élevait au bord d'une voie ancienne, le hent Conan,
qui traversait tout le Broroérec de la Vilaine au Blavet et dont
on retrouve encore par-ci par-là quelques vestiges.
On croirait volontiers qu'elle a été dans le principe, affectée
au service d'un hospice. D existe au bourg de Brandivy, un
champ dit n parc en hospUal », où les laboureurs prétendent
avoir retrouvé des vestiges de maisons, des ardoises. Cette
dénomination indique d'ailleurs dans les autres paroisses un
établissement hospitalier; pourquoi n'en serait-il pas de
môme chez nous ? Que ce fût un hospice, ou un prieuré, ou
un poste de moines sur le hent Conan^, son existence serait
une raison de plus pour croire à la haute antiquité de la cha-
pelle de Brandivy.
Si une chapelle n'a pas cessé, depuis une lointaine époque,
de se dresser sur cette colline, saint Divy a cessé malheureu-
sement de la protéger. Troublés par la fâcheuse confusion
survenue entre saint Divy et saint Ivy, nos gens ont voulu
se donner un patron connu et ils ont pris saint Aubin.
Ce qu'il y a d'étrange, c'est que le changement , ne peut
remonter au-delà de cinq quarts de siècle et que les habitants
n'en ont conservé aucun souvenir. Tous sont persuadés que
saint Aubin, le patron actuel, a été de tout temps le patron
de la localité. Est-ce que cette tradition ne porte pas à croire
' On remarque sur la même voie, le Moustoir en Pluvigner, le Moustoiric
en Plumergat, Lomenec et le Moustoir des Fleurs en Orand-Champ : tous
établissements avec « le parc en Jwspital, » échelonnés sur un espace de 20
kilomètres. Lorsque dans une de leurs courses du neuvième siècle, les Nor-
mands ravagèrent la Bretagne jusqu'au Blavet, ils durent suivre ce chemin,
en ruinant tout sur leur passage. Que le sol de la Bretagne ait été avant le
neuvième siècle couvert de moustoirs, d'hospices, on le conçoit facilement
d'après ce que Albert le Grand rapporte de saint Tugdual : « le Saint alla faire
nn tour par la province, préchant et édifiant les monastères, lesquels il peuplait
de religieux de son monastère de Saint-Pabu qui ét^t comme le chef et le
principal de Tordre, lequel en peu de temps se dilata et amplifia de telle
sorte qu'il n'y avait guère de paroisse où il n'y eut quelque monastère ou au
moins quelque hospice de son ordre. » C'est le cas de dire : « Ab uno di^ce
omnes. »
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE 4* LIV. 29
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131 BRANDIYY
qu'il y a constamment, à un titre quelconque, joui d'un culte
spécial et que par suite la substitution s'est d'elle-même opérée?
Toujours est-il que le choix du nouveau patron ne s'est pas
fait sans motif. Ce motif quel peut-il être? S'il était permis
da se livrer à cet égard à quelques conjectures, voici ce qu'on
pourrait hasarder :
Saint Tugdual est de temps immémorial le patron de Grand-
Champ. Grand-Champ môme s'appelle vulgairement Guergam-
TiiaVy qu'on prononce simplement Grand-Champy Guergam,
par Thabitudo qu'ont les Celtes de tout abréger. Tant de vil-
lages par ailleurs portent son nom, comme Tol-Goôt ou Tual-
Goët dans les vieux titres, Ker-Dual, Ca-Dual, Loc-Pabu...
que ce canton peut être considéré comme le domaine de
saint TugduaL
Or Tugdual et Aubin étaient contemporains. Une amitié
étroite les unissait, depuis que Tugdual, se rendant à Paris,
fil à Angers une visite à saint Aubin, évoque de cette ville :
saint Aubin l'accompagna le reste de la route, et lui servit
d'introducteur auprès de Childebert... Voilà ce qui explique
dans une certaine mesure le choix du nouveau patron de
Brandivy. Le souvenir de cette antique liaison s'est offert à la
pensée ; en se mettant sous le patronage d'Aubin', on a eu le
dessein de lui ménager une petite place sur le territoire de
son ami Tugdual.
L'explication, si elle n est vraie, est du moins vraisemblable.
4 n ut curÎGUx d'obseryer que deux tumulus de Plumergat s'appellent
Scarradur^Botteu Guergam^TuaU que les menhirs de Plumergat, Brandivy,
Grand-Champ, Plaudren, sont dénommés : Men fall Guergiiam^Tual c'est à
parier, dit CiUard, que Rabelais a emprunté à ce pays le titre de son insipide
roman. — Lu lé^^ende de Qargantua est fort répandue dans nos campagnes.
t La fontaine dn bourg n'est pas dédiée au patron, mais à Notre-Dame des
Neiges, d^vëaue pour nos gens Notre-Dame de la Force, parce que les mots
bretons qui slgniAent neige et force se prononcent de la même manière. On
j lave les pUda des enfants, dans quel but, le yocable le dit assez. La statue
de Kotre-Daïuâ décore le rétable du sanctuaire.
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BRANDIVY 435
IL — TRÊVE.
Brandi vy n'était pas paroisse avant la Révolution, mais une
simple trêve taillée dans la paroisse de Grand-Champ.
Les chapelles tréviales ou succursales sont aussi an-
ciennes que Téglise elle-même; et Ton peut affirmer que
dans le principe, chaque diocèse n'était ou n'avait qu*une
paroisse , la paroisse de Téglise mère ou matrice ou
cathédrale, dont les autres églises étaient des dépendances,
des succursales^ des trêves. C'est ainsi que nos peuples de
Plumergat et de Baden ont conservé le souvenir des moines
ou prêtres Bruno et Talyert dét^hés de Vannes pour faire
le service religieux dans ces localités. Peu à pendes paroisses
se formèrent au sein du diocèse et eurent des titulaires
flxes^ età mesure que les besoins du culte augpientaient, des
trêves s'établirent dans les paroisses trop vastes pour la
commodité des habitants. La chapelle tréviale n'est donc pas
une paroisse proprement dite : parrochia distincta non est;
mais une chapelle de secours auxiliatrix tantum. >» Les trêves
étaient jadisdesservies par un vicaire ordinairement amovible,
que le recteiir choisissait et faisait agréer à Tévêque qui lui
donnait des lettres de vicariat. Telle était la doctrine
d'Alexandre III rplative à l'érection des trêves : Mandamus
ut ecclesiam ibi œdifices, et in ea sacerdotem, ad prœsenta-
tionem rectoris ecclesUs matrkis, instituas. »
D'où il résulte que les curés deBrandivy étaient à la nomi-
nation du recteur de Grand-Champ.
Si le recteur de Grand-Champ choisissait les curés de Bran-
divy, il les payait aussi, non plus en sa qualité de recteur,
mais à titre de gros décimateur*. La portion congrue de chaque
* Le rectearde Grand-Champ dlm&it à la 33* gerbe sur toute Fétendue de
sa paroisse. Uabbaye de LaoTaux percevait aussi un trait de dime sur
quelques terres de Brandiyy, comme on le yerra ailleurs.
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436 BRANDIVY
curé avait été fixée par la déclaration du roi de 1686 à la
somme de 150 livres. L'article 3 de Tédit du 13 mai 1768 porta
cette somme à 250 livres. Voilà le traitement que recevaient
les curés en France et par conséquent les curés de Bandivy,
il n'avait rien d'excessif; l'administration savait pourtant
le réduire encore en le frappant d'un impôt de 22 livres*.
Bien que le recteur de Grand-Champ désignât et soldât les
curés deBrandivy, il n'a pas érigé la trêve même. Il était en
son pouvoir de sotlliciter cette érection ; le droit de l'opérer,
suivant le décret précité, appartenait à l'évoque. Or^ à quelle
époque précise remonte la trêve de Brandivy? M. Luco
dans son Fouillé, la signale dès le quinzième siècle. Certains
passages des archives portent que l'abbaye de Lan vaux était
fondée dans la trêve de Brandivy, paroisse de Grand-Champ.
A-t-on le droit absolu d'en conclure que la trêve était érigée
dès le douzième siècle qui vit naître l'établissement de Lan-
vaux?Non, car en disant que l'abbaye était fondée dans la
trêve, les auteurs ont peut-être voulu indiquer simplement
qu'elle était située dans la trêve, au moment où ils traçaient
ces lignes : or les manuscrits sont du dix-septième ou du
dix-huitième siècle.
Quant aux archives tréviales, elles ne vont pas, du moins
à ma connaissance, au-delà de 1618, et elles témoignent
qu'à partir de cette époque, la trêve était à peu près cons-
tamn\ent desservie par un curé et par d'autres prêtres se- ,
condairfes qui signent indifféremment, prêtre auxiliaire,
prêtre de Brandivy, prêtre de l'église ou de la trêve de Bran-
divy. La présence de plus d'un prêtre, pour le service de
la trêve, ne saurait étonner ; une note du 1" septembre 1779
mentionne 536 communiables qui représentent bien une popu-
lation de 800 âmes.
Les baptêmes, les mariages, les inhumations s'y faisaient
comme dans une paroisse ordinaire. Il n'existe pas de traces
1 Taine.
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'VF^
%;
BHANDIVY 437
d'une visite épiscopale ou archidiaconale i Brandivy même.
L'autorité ecclésiastique trouvait plus simple de. donner
ordre au curé de se rendre avec ses registres tel jour, soit
à Plumergat, soit à Piuneret, soit à Pluvigner, Grand-Champ,
Plaudren, Plescop, Kerango, lorsque les archidiacres s'y trou-
vaient en cours de visite ou les évoques en tournée de con-
firmation. A partir du 30 mai- 1601, date de la première
approbation', l'examen en était rigoureux et régulier : il le
fallait bien, puisque le prêtre était officier de l'état-civil.
M. Le Guelnout, en 1701, reçut injonction de se conformer,
pour Tenregistrement des décès, aux modèles contenus dans
les ordonnances synodales du diocèse ; Julien Oliviéro, en
1712, de suivre exactement les modèles des statuts synodaux.
En 1762, une note ordonne au curé Mathurin Le Gorvic d'en-
registrer ponctuellement les enfant morts-nés ; et ailleurs :
« enjoignons au sieur curé de faire mention des fiançailles,
dans les actes des mariages. »
On ne procédait pas à la célébration du mariage, avant
d'avoir fait les trois publications, dûment constaté qu'il n'y
avait aucun empêchement civil et canonique. Une disposition
spéciale concernait les mineurs. Le prêtre ne pouvait les
unir que sur le vu d'un décret de mariage rendu par la juri-
diction compétente. C'était, pour la justice seigneuriale dontle
mineur relevait, une petite source de revenus. Un permis de
se marier, délivré en 1735 par la seigneurie de Largouët, popte :
(( vacations à M. le Sénéchal : 3 livres : ; vacations à M. le pro-
cureur : 3 livres; au greffe, pareille somme; le papier
outre payé. »
Les visiteurs n'ont jamais hasardé la moindre observation
relativement au lieu des inhumations, elles se faisaient ordi-
nairement dans le « cœur ))fiicj ou la «nèfle» f5ec^ de la chapelle,
et presque jamais dans le « simetière » fsicj jusqu'en 1719. A
cette époque la peste s'étant déclaré dans la province, le Par-
> La première visite de paroisse dont on a trouvé la trace est de juillet 1540,
à Ménéac par le grand vicaire de Saint-Malo (Archives d^partementnlesi).
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438 BRANDIVY
lement défendit la sépulture dans les églises, sauf pour les
seigneurs ayant un droit d'enfeu bien établi. L'édit eut à
lutter avec l'usage à Brandivy jusqu'en 1733, où il l'emporta
d'une manière définitive*.
A propos d'inhumations, il convient aussi de mentionner
un enterrement solennel de reliques qui eut lieu le 2 août
1701 : « Ont été enterrés les ossements trouvés dans le
reliquier del'église trévialede Brandivy, au nord de la susdite
chapelle, messire François-Georges' célébrant en présence de
messire Yves Morgant, recteur de Grand-Champ, prêchant, »
Cette note nous apprend pourquoi les ouvriers ont mis au
jour un si grand nombre de reliques, lorsqu'ils ont creusé au
nord les fondations de la nouvelle église.
Les registres rapportent le décès des prêtres, comme le
décès des siniples fidèles, en exceptant toutefois Christophe
Lp Boulaire qui mourut en décembre 1743 dans la fleur de son
âge, à 33 ans. Par son testament olographe, en date du
21 octobre 1743, il nomma Jean Le Turnier, curé de Grand-
Champ, son exécuteur testamentaire. Outre de nombreux
legs dont Tun de 20 écus à l'église de Brandivy, et un autre
d^an tonneau de seigle aux pauvres de la trêve, il fit une
t L*u8age d*enterrer dans les églises était général. A I^anguidic, il cessa dès la
Un de février 1716— En 1733, plusieurs furent encore inhumés dans Téglise
de Saint-Nolf, «tous par violence » disent les registres — Même année 1733,
maître François le Thieis, sénéchal de la juridiction de la Chesnaye en
Oraq^-Champ est inhumé, selon son désir, dans le cimetière. Les fils y con-
sentent pour le bien de la paix, sans préjudice pour leur droit d*enfeu. — A
Plumergat, on inhume dans Téglise paroissiale jusqu'en 1740; dans la
chapelle de la Tri ni té jusqu'en 1762. — A Pluvigner, inhumations dans Téglise
lie Notre-Dame des Orties et dans celle de Saint-Guigner jusqu'au milieu
de 1762.
(]et usage, opposé peut-être à une bonne hygiène, n'avait rien de contraire
aux principes de la religion chrétienne. C'est le pape Saint-Grégoire qui ouvrit
les églises aux corps de tous les fidèles en général. Le pape Saint-Nicolas, au
no uvième siècle, rendit une décision semblable. Cet usage cependantne se
Ij^én^ralisa pas en Bretagne avant le onzième siècle. Jusqu'à cette époque, si
Ton en croit dom Morice^ on enterrait dans les cimetières.
' François-Georges, originaire de Plougoumelen, alors curé de Grand-
Chiimp, plus tard, de 1763 à 1767, recteur de sa paroisse natale. 11 y avait
defl familles de ce nom à Brandi vv.
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BRANDI\r\" 439
fondation de messes, à 12 sols la messe, dont les honoraires
devaient être fournis par deux perrées de bled à prélever sur
un héritage qu'il avait au Tolgoët. Le nombre des messes,
dont les honoraires restaient invariables, devait être déter-
miné suivant l'appréciation du bled. On serait mai venu à
s'exclamer sur la maigreur de cette fondation que je trouve
pour ma part relativement généreuse. Car, à en juger par
divers exemples^ le taux des honoraires à cette époque, ne
dépassait pas une moyenne de six à sept sols*. Trop heureux
les prêtres, lorsque la fortune venait ajouter quelques six
sols à la modicité de leurs ressources ; et Ton ne saurait trop
louer l'introduction des honoraires, puisque cet usage qui
s est glissé dans les mœurs vers le XIP siècle, a contribué
dans une large mesure, à atténuer la misère du clergé
des campagnes*.
Une autre fondation qu'il faut signaler encore, c'est la
chapellenie que François Lamour, curé de Brandivy (1676-
1681), fonda dans l'église de Bihuy.JIl la dota des édifices d'une
tenue à domaine congéable qu'il possédait au village môme
deBihuy sous le monastère de Lanvaux, propriétaire foncier.
Les registres n'en disent mot; et cette omission est assez
naturelle, la trêve n'en ayant pas eu le bénéfice.
Les baptêmes se faisaient, comme partout, aussitôt après
la naissance ; et on ne voit guère que les seigneurs de la
Grandville qui aient eu recours aux ondoiements. Il n'était
pas rare, particulièrement au XVIP siècle, de voir les prêtres
A ce sujet on rapporte qae des gens de ce pays se rendirent en pèlerinage
à ane chapeUe dont ils tronvèrent le prêtre sur nne aire à battre, les manches
retroussées, en train de gagner sa subsistance. Étant^encore à jeun, il con-
sentit volontiers h, dire la messe, et lorsque les pèlerins lui présentèrent
l'honoraire d'usage : Hélas, s'écria-t-il, à la vue des six sols, pour une journée
passée à battre ici sous un soleil brûlant, c*est k peine si j'aurais cela. »
> Les recteurs de Grand-Champ passent pour ayoir été durs, aune certaine
époque, envers leurs prêtres. On raconte dans le peuple que quand la soupe
était prête, on déposait leur écuellée sur un billot à la cuisine. A eux de la
prendre ou de la laisser. Le rectenr mangeait dans la salle avec ses amis de
la noblesse.
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440 BRANDÎVY
servir de parrains aux enfants de leurs paroissiens. C'est un
trait de mœurs qui distingue les deux époques. Autant la
chose semblait naturelle alors, autant elle paraîtrait extraor-
dinaire aujourd'hui'.
En 1729, un grand malheur vint frapper la trêve. Un in-
cendie qui dévora tout le bourg le quatrième jour de juillet,
à l'exception de la résidence vicariale, consuma entièrement
réglise elle-même qui ne put être relevée de ses ruines qu'au
bout de trois ans. Les baptêmes se faisaient depuis lors dans
réglise paroissiale de Grand-Champ « jusqu'au troisième de
septembre que la sacristie de Brandivy fut bénie pour y dire
la mess© et baptiser. *> Malgré la violence de l'incendie, il y
n lieu d'être surpris que la chapelle, assez éloignée des autres
habïLaUons, fût devenue la proie des flammes, alors que
suivant la tradition la maison des prêtres • était épargnée.
Est-ce que par hasard une partie de la chapelle était en bois ?
■Aussitôt après la reconstruction de l'église, on procéda à la
bénédiction d'une première cloche dont le parrain fut
Franr^oisLe Dréau, recteur de Grand-Champ et la marraine
Bonne-Paule d'Espinose, petite fille de Marie Descartes, douai-
rière de la Grandville. Une seconde cloche, bénite deux ans
après (1734) eut pour parrain Alexis de la Chapelle, fils d'un
conseiller au parlement de Rennes, et pour marraine Made-
moiselle Guymart d'Auzon. Parmi les signatures apposées à
cette occasion, on remarque celle du P. Descartes jésuite, le
môme probablement qui dirigea h Rennes dans la voie de la
vertu, les premiers pas du B. Grignon de Montfort. Cette
cloche, appelée Jeanne-Constantiney pesait 161 livres.
Après le fléau du feu, le fléau de Torage, à 50 ans il est vrai
d'intervalle. « Le 1" septembre 1781, Plaudren, Locmaria,
Grand-Champ et autres lieux jusqu'à Brandivy ont été abymés
1 l^uîa Lamour aété parrain trois fois en 1665, en toat cinq à six fois
François Lamoar, trois fois en 1678, en tout 5 à 6 fois aussi. Jean Guillard,
GîLléfl RjOf JeanPerrin, Olirier Jehan no ont également tenu des enfants
sur 1^8 fonts baptismaux.
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BRANDIV^' 441
par une pluie de grêle. La grêle était si forte qu'elle a cassé
les vitres des églises de LocmariéE et du Burgo et du presby-
tère. Les blés noirs et mil et chanvre sont tellement hachés
qu'ils n'ont été bons à rien ; les pommes et poires ont été
trouées et mortifiées; quantité d*oiseaux ont été trouvés
morts ; pies, geais, mauvis, lapins, lièvres et des loups ont
été tellement blessés qu'ils sont restés sur le carreau. Le 15
du même mois nous avons eu le môme grain, mais il ne nous >
a pas fait tant de mal. » {Arch.* par.)
En 1789, survint un troisième fléau, pire que les deux pre-
miers, je veux dire la Révolution. Dès 1790, les tréviens de
Brandivy, persuadés qu'une ère de liberté s'était levée sur le
monde, adressaient au Directoire, en vue de s'affranchir de
Grand-Champ, une demande d'érection en commune. La péti-
tion fut repoussée. L'année suivante ils furent plus heureux
dans une démarche qu'ils firent pour être autorisés à s'em-
parer d'une cloche de Lan vaux. Le 21 mars 1791, un arrêté
du directoire départemental avait prononcé la clôture de
l'abbaye. Les cloches étant devenues sans objet après le
départ des religieux, « vu la requête du général de la trêve
de Brandivy, par laquelle il propose d'échanger une cloche
fendue de la dite trêve avec une de celles de l'abbaye de
Lanvaux, le Directoire est d'avis de consentir à l'échange
proposé. » 25 octobre 1791.
Elle ne devait pas servir longtemps. L'exercice public du
culte cessa bientôt en Brandivy comme ailleurs. Les inhu-
mations, m'a dit un vieillard', avaient lieu de nuit dans la
chapelle de Brenedan ; le cathéchisme se faisait dans la cha-
pelle de Saint-Laurent ou dans une carrière qu'il n'a pu me
* Un orage éclata en 1889 sar des paysans piémontais occupés aux travaux
dw champs. Plusieurs sont blessés et le sang coule sur leur visage. Une
fillette de onie ans et un garçon de quinze ont eu le cr&ne brisé et sont morts
peu d'heures après. Les arbres ont été brisés, les récoltes détruites, les vitres
des maisons cassées et les toitures fort endommagées. Certains gréions
pesaient un kilogramme. {Univers.)
'Joseph Bertho dont le srrand'père Aubin Bertho était trésorier de Brenedan.
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442 BHANDIVY
désigner. Le trésor de Téglise était en môme temps dispersé.
La grande croix en argent de saint Ivy fut ensevelie dans le
Loc*h, en face de Eerberhuel ; elle y perdit les glands des bras,
brisés non par la force du courant, mai & par la rapacité de
quelques ignobles individus qui l'avaient découverte. C'est
probablement à la suite de ce crime que Josselin', le dévoué
sacristain, la retira de la rivière et la dissimula soUs un
rocher, au-dessus de Tétang du Scouëc. L'ostensoir fut caché
dans les flancs de la montagne de la Grandville, du côté
tourné vers le bourg. On le vit dans la suite dit la tradition,
briller pendant plusieurs jours, comme un beau soleil. Mais
on ne sait pas si c'était l'ostensoir lui-môme qui brillait de
la sorte ou son image, car on croit qu'il avait été volé.
Lors de la réorganisation du culte, M^ de Pancemont trans-
forma la trêve en paroisse. Content d'avoir un pasteur, Bran-
divy renonça en l'an XII à la prétention d'y ajouter un maire.
La mairie d'ailleurs ne pouvait manquer d'arriver à son
tour. Sur les instances de la population, un décret daté du
4 juin 1862 érigeait la paroisse en commune. Le môme décret
détachait de Grand-Champ pour les annexer à la nouvelle
commune, outre le grand village de laForôt avec ses dépen-
dances', les villages du Cordier, du Boterf, de Kerbignon et de
Saint-Laurent.
Avant les annexions de 1862, le territoire de Brandivy, par
rapport à l'étendue, n'avait pas dû varier depuis des siècles.
La tradition signale cependant quelques modifications du
côté de Plumergat.La terre de Coetroz, manoir isolé et formant
comme une pointe au cœur de Brandivy, avait jadis appartenu
à la trêve. Comment la séparation s'est-elle faite, la légende
^ n se noya plus tard dans le Loc*h,en yoalant noyer son poulain. Les pou-
lains, à cette époque, n*avaient pas de râleur.
* La trêve de Locmaria a passé par les mêmes phases que Brandivy, en
1790, 1802, en l'an XII. Seulement son érection en commune n*aeu lieu qu'en
1889. Locmaria possédait avant 89 une confrérie de saint Isidore.
s Annexion très utile en raison des comi» dont la vente qui a eu lieu
peu après a rapporté près 25000 fr.
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BRANDIVY 4^3
va nous le dire. Le châtelain tombe un jour malade et réclame
naturellement le curé local. Celui-ci refuse d'assister une
sorte de pestiféré. Le serviteur court à Plumergat dont le
clergé se montre moins récalcitrant. Les sacrements reçus,
le châtelain dit au prêtre : c Je ne sais ce qu'il adviendra de
moi, mais quoiqu'il arrive, j'entends désormais que mon ma-
noir avec ses dépendances cesse d'appartenir à Brandivy et
relève entièrement de Plumergat. » Ainsi fut fait. Le
peuple ne se doute nullement que le hent Conan qui passe
derrière le Coetroz, formait et forme encore une limite natu-
relle entre Plumergat et ce côté de la paroisse de Grand-
Champ. — Par contre la trêve aurait acquis les villages dp
Kerhézo et de Kerméliard. Ce qui donne à cette tradition
quelque apparence de fondement, c'est que le Goh Ilis qui
passe pour avoir été le berceau de Plumergat, est situé sur
les terres de Kerhézo et dépend actuellement de Brandivy.
Quant à l'intérieur même du pays, il a dû subir, dans le
cours des siècles, une profonde transformation. A en juger
par les noms de nos villages, on dirait qu'une vaste forêt
l'aurait jadis enveloppé : Tels sont : Coë1>-uhan, Tual-Coôt,
Viol-Coôt, Coët-queneah, Coôt-el-Gon, la Forêt de Lan vaux'.
A mesure que les éclaircies se produisaient, on fondait
des villages; ceux-là vraisemblablement peuvent compter
parmi les plus anciens'. On n'en connait qu'un dont les ori-
Remarquez que la Forêt de Lanvaux (Lanyas saltus au XIl^ siècle)
joignait celle de Fleuranges et de Camors, que suirant la tradition générale
une grande forêt a occupé l'emplacement actuel du bourg de Grand-Champ,
comme tonteales landes qui Tenvironnent, que le nom de Plumergat revient à
celui de VATgoé%{bois). 11 en est de même des landes des autres pays, soit que
ces Tastes forêts remontent au temps des druides, soit qu'elles datent seule-
ment du onzième siècle où les hauts barons, ditGirault, détruisirent les habi-
tations et les cultures dans les campagnes pour établir des territoires de
chasse.
s Pour montrer combien Forthographe des noms change je citerai le village
de Kerican qu'on écrivait en 1447 : Keriezcant, c'est-à-dire viUage de Jescant,
nom d'homme dont !a forme en vieux breton était Incant. Ainsi on a dû
dire d'abord Ketindcant {Chrestomathie bretonne] — Plunian s'écrivait en
Pulunyan; le Scouëc en 1445 : ScltAsensouch,
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444 BRANDIVY
gines liuiôsent être fixées d'une manière approximative : le
village noble des Granges qui doit remonter au douzième
siècle. C'est sous ce nom du moins qu'on désignait à cette
époque les grandes fermes établies par les moines de Cîteaux
pour leurs exploitations agricoles. Le plus ancien village
connu est celui de Kerauguen, donné par le B. Ruaud à son
abbaye de Lanvaux.
Par contre, quelques-uns ont disparu. On peut citer no-
tamment Brenedan sur lequel Tabbaye de Lanvaux percevait
des rentes en 1527* ; Lestrenic dont les ruines se dressent encore
près du Peuntenio, aux bords de la voie ancienne de Loc-
miné à Auray ; le Cholec, maisonnette avec quelques pièces
de terre, donnée à une fille-mère coupable d'assassinat sur
son enfant et qu'un seigneur de Kergal, dit la tradition, réussit
à arracher à la mort ; on peut ajouter le moulin de Tabbaye de
Lanvaux. Je laisse de côté les ruines de quelques manoirs et
enclos extraordinaires, par exemple, le Castel-Guen; il en
sera question dans une étude spéciale.
m. — CHAPELLES
L'église de Saint-Divy n'était pas isolée. Çà et là s'élevaient
au sein de la trêve des chapelles privées ou seigneuriales
qui semblaient former à la chapelle patronale comme une
couronne d'honneur. C'est à leur étude que nous allons con-
sacrer le premier paragraphe de cet article, le second para-
graphe traitera de la chapelle frairiale de Saint-Laurent, an-
nexée à Brandivy en 1862'.
Chapelles seigneuriales, — Les chapelles seigneuriales re-
montent aux premiers siècles de l'Eglise, a Si quelqu'un, dit
le concile d'Agde, tenu en 506, veut avoir un oratoire particu-
« U existait encore en 1724.
> Je laisse de cdté Tabbaye de Lanvaux, réAenrée pour un travail spécial.
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^^r
BRANDIVY 445
lier dans sa terre^ on lui permet de dire la messe pour la
commodité de sa famille sauf à Pâques, Noël, Epiphanie,
Ascension et Pentecôte et autres jours solennels qu'il faut
célébrer dans les villes ou dans les paroisses. » C'est un
canon qui a été reproduit par beaucoup d'autres conciles*.
Celui de Ciermont tenu en 535 ajoute qu'aux jours solennels,
les prêtres et diacres non attachés au service de la ville ou
des paroisses et qui demeurent dans des maisons de cam-
pagne se rendront auprès de Tévôque pour célébrer avec lui
ces solennités. Mais ne sont-ce pas là de vraies chapelles
seigneuriales desservies par un chapelain au service du
seigneur? Or lisons-nous dans lo concile de Ciermont de 1095,
(Canon XVIII) « un seigneur ne pourra avoir pour chapelain
que celui que son évéque ou Tarchidiacre lui auront donné
pour directeur de son âme. »
Ces oratoires particuliers, si communs autrefois, portaient
le nom de saintes chapelles. Cette remarque a été faite par
les petits Bollandistes, à l'occasion delà construction de la
Sainte-Chapelle de Paris, destinée à recevoir la couronne
d'épines. Elle est qualiliée de sainte, disent-ils, non précisé-
ment à cause de sa destination particulière, mais parce que
dans les siècles de foi les grands seigneurs, à l'exemple des
rois de France, avaient toujours dans leurs demeures ou aux
environs une chapelle dite sainte^ et pour le service de la cha-
pelle, un chapelain. C'est conformément à ces habitudes chré-
tiennes que nos seigneurs de Brandivy se faisaient construire
une sainte chapelle, où de temps en temps un prêtre célébrait
le service divin.
La chapelle de Kergal avait un service régulier, assuré
par une fondation seigneuriale. Elle se trouvait à l'angle
sud-ouest du jardin, situé lui-môme au midi du manoir. Un
. chemin couvert, dont on voit encore des vestiges à l'ouest
* Par exemple, premier d*0rléans en 511; deuxième d*0rléans en 533 ; con*
cile de Ciermont en 535 ; dans la réponse du pape aux qjiestions de Pépin
• le Bref, en 745...
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446 BRANDIVY
du jardin, y conduisait. Comme elle tombait en ruines vers
le milieu du dix-huitième siècle, son mobilier avec sa cloche
fut transporté au château, et son service, depuis lors, se
faisait à Téglise paroissiale. Le chapelain était présenté par
le seigneur et nommé par Tévôque. Jusqu'à la translation du
service au bourg de Grand-Champ, un des prêtres de Bran-
divy devait en était probablement le titulaire*.
A un petit kilomètre deKergal, sur les hauteurs qui do-
minent le Loc'h, s'élevait jusqu'à ces derniers temps la cha-
pelle de Notre-Dame de Brenedan que des ifs protégeaient
contre les vents d'ouest, et dont les matériaux ont été em-
ployés à la construction du presbytère.
C'était, paraît-il, la chapelle domestique du manoir de Ker-
david qui se dressait en face, sur le territoire de Pluvigner'.
Du moins le terrain sur lequel elle était située relevait de
cette seigneurie. Pour s'y rendre, les seigneurs avaient à
passer le Loc'h sur un pont dit « Pont er Gai », soit que le
pont ait été construit pour le service de la chapelle, soit
qu'il remonte à des temps antérieurs. Nos chouans et nos
déserteurs connaissaient ce passage et l'ont utilisé en bien
des circonstances pour échapper à leurs ennemis. La cha-
pelle était dédiée à la sainte Vierge : on l'y honorait sous le
vocable de Notre-Dame de Brenedan et sa protection était
invoquée contre le feu. Saint-Gildas y jouissait aussi d'un
culte ; il tenait un livre en main et des larmes inondaient
son visage. Le livre et les larmes s'expliquent par l'ouvrage
en forme de plainte que le suint a écrit sur la désolation de
sa patrie.
Au sujet de la Vierge de Brenedan, deux légendes mé-
ritent l'attention.
*■ Jean Le Gai, minoré du diocèse, avait obtenu ce bénéfice en 1778 (Luco).
— La cloche de la okapelle dont il est question ci «dessus fut cachée, pen-
dant la Révolution dans un pré à Touest du manoir ; au retour de l'ordre,
elle fut tirée de sa cachette et portée au bourg ; dans la suite une dM
chapelles de Pluvigner en fit Tacquisition. (Tradition).
> Dans le courant du dix-septième siècle, les seigaeurs de Kerdavld s'ap-»
pelaient de Lessard {^Archioes de Brandivy),
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BRANDIVY 447
Des soldats républicains, faisant patrouille à l'époque de
la grande Révolution, arrivent à la chapelle de Brenedan. Ils
y entrent, et, remarquant la statue en bois de la sainte Vierge,
décident qu'elle servira de cible. Ils la portent en dehors,
Tassujettissentà un arbre, et un soldat tire. On ne tira pas
deux fois. Une apparition effrayante mit en fuite tous ces
gredins qui ne se crurent en sûreté que rendus à la ville
d'Auray.
Une autre fois, ce fut un berger de Kerdavid qui s'avisa de
prendre la statue et de la poser en long sur le Pont er Gai,
pour lui servir de passerelle, une pierre tombée ayant fait
le vide en cet endroit. L*enfant rentra au logis, en proie à
une fièvre ardente, et cette fièvre ne voulut lâcher prise, que
lorsque, sur Taveu de son crime, les parents de Tenfant se
dépêchèrent de remettre la statue en sa place.
Une fontaine qui coule aux flancs de la montagne est ornée
d'une multitude de croix. L'eau est bonne contre la fièvre,
par l'intercession de Notre-Dame dont la statue est encore
là^ rongée il est vrai, par le temps.
Cette chapelle, dans le style de la chapelle de Miséricorde,
à en croire ceux qui l'ont vue debout, lui est néanmoins de
beaucoup antérieure. Miséricorde a été commencée enl600,
tandis que les archives de Lanvaux font mention de Notre-
Dame de Brannadan, dès Tan 1447.
Je né terminerai pas sans rappeler que le 27 avril 1774,
eut lieu dans l'église de la Trêve, la bénédiction, par le rec-
teur de Grand-Champ, de la cloche de Brenedan nommée
Yves et Jacquette. Le parrain était Yves Pouliguen et la
marraine Jacquette Le Ray.
Le 2 septembre 1782, une autre cloche fut bénite dans l'é-
glise de la Trêve pour la mémo chapelle, par le curé Claude
Plaissix, par permission et commission de l'évêque. Elle fut
appelée : Josephe-Marie-HélènCy des noms du parrain Joseph
Le Mentec, de Plunian, et de la marraine, Marie-Hélène
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448 BRANDIVY
Cheviller, du Troguern. Aubin Bertho, procureur de la cha-
pelle était présent*.
La troisième chapelle domestique de Brandivy était celle
de la Grandville ; elle est encore debout et contiguë au châ-
teau. Des réparations sérieuses vont bientôt la mettre en
état d'abriter les célèbres stalles de Lanvaux. Transférées
au bourg après la destruction du monastère, ces stalles sont
devenues, depuis une quinzaine d'années, la propriété des
châtelains de la Grandville. La sculpture en est fort remar-
quable et le sujet représenté vraiment original. Dans un
premier tableau, un renard en chaire prêche un auditoire de
poules qui l'écoutent attentivement; dans un second tableau,
le renard cède à la nature, prend une poule et s'enfuit ; un
dernier tableau représente le renard poursuivi par les poules,
atteint et mis par elles à la broche. Le feu est allumé, une
poule apporte du bois, un coq tient dans ses pattes un souf-
flet, un autre tourne la broche. Cayot-Delandre voit, dans
ces diverses scènes, une réminiscence de la fôte des fous,
pour ne pas dire une satire contre le clergé qui finit par
Luther et la Révolution.
Une quatrième chapelle seigneuriale est celle de Saint--
Nerven, démolie en 1783. On en voit encore les ruines.
Avant de clore ce paragraphe, il ne sera pas inutile ae
rappeler l'attention sur une chapelle dite de Saint-Gildas et
Saint-Nicolas^ en Pluvigner, vendue le 25 avril 1254 aux
religieux de Lanvaux par l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois.
L'auteur du Pouillé ne sait où placer cet édilSce. Tâchons de
venir à son secours. A proximité de l'abbaye de Lanvaux, se
trouvait et se trouve encore une belle fontaine en pierres de
taille, dite Fontaine de Saint-Nicolas ; au-dessus de la fontaine,
deux prés, dont l'un est appelé le Petit-Pré de Saint-Nicolas,
et l'autre le Grand-Pré de Saint-Nicolas. N'est-on pas fondé
à conclure que la chapelle de Saint-Nicolas s'élevait dans le
* Le fils d^Aubin f'appelait Ivy : Aubin et Uy furent patrons , à différentes
époques, de la localité : très rares dont les Brandifjens qui ont porté ces noms.
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BRANDIVY 449
voisinage? Ajoutons que le filet d'eau qui forme la limite de
Brandivy et de Pluvigner, traverse les deux prés et arrive à
la fontaine située dans Pluvigner. Donc la chapelle pouvait
également se trouver sur le territoire de cette paroisse. A
cela, il n*y a qu'une objection, c'est que les moines avaient
établi dans l'église môme de l'abbaye, une confrérie de Saint-
Nicolas. On peut y répondre : les moines avaient transféré
la confrérie dans l'église abbatiale, après la démolition de la
chapelle qui lui servait de siège. S'il en est ainsi^ la chapelle
de Saint-Nicolas ne devait pas ôtre une chapelle seigneuriale,
à moins qu'elle ne fût dans le principe la chapelle des barons
de Lanvaux.
Ce serait peut-être le lieu de dire un mot du Goh IliSy que la
tradition assure avoir été l'église primitive de Plumergat,
b&tie en remplacement d'un temple païen et dédiée à sainte
Agathe. Une sorte de terrasse couverte de trois ou quatre
tumulus, la présence de deux grosses pierres, celtiques ou
non, sur la plus importantede ces buttes, le nom même de Goh
llis, tout annonce évidemment que quelque chose d'extraor-
dinaire s'est passé en cet endroit. Mais on ne le saura jamais
au juste, à moins que des fouilles n'obligent ces monticules
à livrer leur secret. En attendant qu'un amateur fournisse les
fonds nécessaires, occupons-nous de Saint-Laurent.
Chapelle frairiale de Saint- Laurent. — Ainsi qu'on l'a déjà
dit, la chapelle de Saint-Laurent faisait^ jusqu'en, 186?,
partie de la paroisse de Grand-Champ. Son annexion à
Brandivy ne laisse pas d'être assez naturelle. La localité
a, de temps immémorial, rendu un culte au saint martyr.
Nous en avons pour garant d'abord le témoignage de l'abbé
Ciiiard, qui dit : Brandivy, hameau; patrons : saint Yvy^
saint Laurent', puis l'établissement très ancien au bourg de
Brandivy, d'une foire en son honneur. Cette chapelle était et
est encore frairiale. « Les frairies forment comme une division
territoriale, basée sur un sentiment religieux, des traditions
de famille et des usages locaux ; elles ne se. retrouvent que
T. VI. — NOTICES. — Vl« ANNÉE, 4* LIV. 30
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450 BRANDIVY
dans les pays qui parlent breton ou qui le parlaient avant le
neuvième siècle. » Partant de ce double fait, M. le comte de
l'Estourbeillon ne craint pas d'affirmer leur identité avec les
anciens clans bretons. Mon dessein n'est pas d'approfondir
ce sujet, une autre digression m'attire, elle n'est pas moins
propre à piquer la curiosité du lecteur.
C'est en effet le seul village de Grand-Champ qui ait pris
le nom du patron de la frairie en le faisant précéder du terme
saint : Sant, Les autres villages qui ont pris le nom du pa-
tron, l'ont fait avec un qualificatif celtique, par exemple :
Bran-Divy, Loc-Berhet, Loc-Pabu, Loc-Miquel, Loc-Maria,
Loc-Meren, et pour donner un exemple de plus, bien qu'il
soit situé en dehors mais à proximité des limites de l'an-
cienne paroisse de Grand-Champ, Loc-Gueltas.
Or à quelle époque a-t-on commencé à négliger la termi-
nologie celtique pour adopter le terme sant ? Voici l'explication
qu'il est possible de donner à cet égard.
Dans les dix premiers siècles de l'Église^ les fidèles
appelaient les saints par leurs noms, sans qualificatif; le
terme saint, seuit, n'était pas à la mode : on disait : Laurent^
Julien^ Rémi ; et non : saint Julien^ saint Laurent, saint Rémi.
A partir du X* siècle^ la mode paraît changer. C'est que
sur la fin de la seconde race des rois de France, commence à
s'établir la coutume de donner au baptême des noms de saints*.
C'était sûrement un moyen d'attirer sur les enfants leur
protection ; c'était un moyen non moins sûr d'exposer souvent
au mépris des noms vénérés : grave inconvénient auquel il
importait d'obvier. Le sens chrétien et populaire ne demeura
pas à court ; pour distinguer les bienheureux entrés dans la
gloire de ceux qui, sur la terre, portaient leurs noms sans
toujours imiter leurs vertus, il imagina de leur appliquer,
dans le langage ordinaire, le terme révérentiel sai7it. Telle
me paraît être la vraie raison, l'origine réelle de l'usage qui
nous occupe.
* Longue val.
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BRANDIVY 451
Deux causes ont contribué au XIP siècle à le généraliser.
D'abord, une certaine douceur de mœurs qui s'est répandue
à cette époque de restauration civile et religieuse, dans toutes
les classes de la société : on comprend en effet qu'un peuple
poli aime à se servir de termes polis pour désigner les
personnes qu'il juge dignes de sa vénération.
Ensuite, la défense portée par Alepcandre IH d'accorder ù
personne les hoaneurs d'un culte public, sans l'autorisation du
Saint-Siège; au Pape est réservé le droit exclusif de déclarer
bienheureux ou saint un serviteur de Dieu. Ces termes
acquièrent de la sorte une signiticàiion plus précise: ils
deviennent inséparables du nom du chrétien que le Pape a
placé sur les autels et propose pour modèle au monde.
Voilà pour la France et pour la chrétienté en général.
Pour ce qui est de l'Armorique, certaines observations sont
nécessaires. Comme ailleurs, on disait Tuai et non saint Tuai.
Une légère différence concernait les vocables. Tantôt le nom
du patron d'une localité s'employait sans qualificatif comme
Guénin, Guettas... tantôt on l'accompagnait d*un de ces
termes celtiques : Plou, Guic, Land, Ran, Bran, Loc ou Lot,
Ker, comme Plou-Guigner, Land-Pabu, Mel-Ran . . De plus
l'ancien usage s'est prolongé jusqu'au XII® siècle. Du moins
la terminologie celtique paraît s'être maintenue jusqu'alors.
On s'accorde à reconnaître que c'est vers cette époque que
le mot Plou a cédé la place au moi paroisse et que la plupart
des autres termes tombent en défaveur. La disparition de la
terminologie celtique paraît un indice d*un changement
parallèle qui s'opère dans le langage. Outre les raisons géné-
rales que nous avons signalées tout-à-l'heure, ce changement
s'explique en Bretagne par des raisons spéciales.
Avant le XII*' siècle, les saints prolecteurs de la Bretagne
élâient en général d'origine bretonne ou armoricaine. Tant
qu'ils s'en tenaient aux vieux saints du pays, nos pères ne
se pressaient pas de leur appliquer le terme sant\ on était de
la famille et on ne se gênait pas pour appeler chacun par
son nom.
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452 BRANDIVY
A partir du Xll* siècle, ce sont les saints d'origine étran-
gère qui remportent\ La plupart des chapelles qui s'élèvent
depuis lors empruntent leur vocable à Téglise grecque ou
latine. Ces saints nous arrivent escortés du qualificatif 5a?i/.
A mesure que des chapelles se fondent en leur honneur, il
est tout naturel de conformerle vocable à l'usage régnant. Cet
usage aurait donc commencé chez nous par les saints
étrangers; on Ta peu à peu étendu aux saints d'origine bre-
, tonne ou honorés d'un vieux culte dans le pays. C'est ainsi
que non-seulement l'emploi des termes celtiques a cessé en
Bretagne, mais encore qu'ils ont été maintefois transformés
en faveur du nouveau qualificatif^ par exemple Loc-Goual en
Pluvigner est devenu 6«m/-Goî/a/; Ker-Arfna, Satités-Annay
Lot-Yvyj Sainte- Avùk\
Mais le breton a la tôle dure, et il ne renonce pas aisément
à ses vieilles habitudes. Pendant que de nombreuses chapelles
se construisent sous le vocable de Saint-Colomban, Saint-
Laurent — . quelques autres conservent certains qualificatifs
celtiques. 11 suffit de mentionner, outre les nombreuses cha-
pelles de Loc-Maria et de Loc-Miquel répandues un peu
partout, Lûc-Jean en Ker^ignac et en Moréac, Loc-Adour ou
Amadour en Kervignac, Loc-Perrech en Locmariaquer, Loc-
Perhet en Grand-Champ, Ker-Goual en Plœmel. Cela prouve
que le terme tant est loin d'avoir remporté une victoire
absolue, que le peuple s'obstine dans son antique simplicité.
Ce qui le prouve encore mieux, ce sont deux chapelles cons-
truites en PluvJgner, au XVI* siècle, sous le vocable de
sainte Brigitte et de saint Mériadec le peuple ne laissa pas
de les désigner par le nom des titulaires, de dire simplement
comme par le passô : Berhet, Mériadec.
Cet usage avait des racines si profondes qu'il s'est conservé
jusqu*ànos jours. Est-ce qu'on ne dit pas encore couramment
* LtBcau««s «n soût : L'affaiblissement graduel de la natonalité bretonne,
rinvaiiion progrt^ssive des mœurs françaises, rinfluence des Croisades, la
fiÂcesmtâ di> remplacer les reliques que les Normands avaient détruites ou
dïsporsées.*'*
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BRANDI V Y 453
en breton : Damb de Verhet, allons à Brigitte? Damb de
Veriadec, allons à Mériadec? Damb de Vihuy, de Verthé-
lamy, de Viquel ? Est-ce qu'on a cessé de prononcer i7w Patern,
ilis Pierre ha Paul (en Brech) ! On voit qu'à Tégard des saints
dupays, Tomission du terme en question se pratique aisé-
ment. Pour ce qui est des saints étrangers, il y en a peut-
être dont Iç peuple prononce le nom avec une telle familiarité :
Je ne les connais pas. Et à l'exception des saints apôtres Pierre,
Paul et Barthélémy qui appartiennent d'ailleurs à l'église
universelle plutôt qu'à une église particulière, du glorieux
saint Michel qui s'est pour ainsi dire brelonisé par son
apparition sur le mont Tumba, de la Vierge Marie qui est
notre Mère, de Magdeleine dont le nom est devenu synonyme
de certains établissements de salubrité publique, il parait
avoir«été de mode depuis longtemps de faire précéder le nom
d'un saint étranger du terme exprimant sa sainteté.
D'après ces principes, il est tout naturel que la vieille
église érigée à Brandivy en l'honneur de saint Laurent^
soit désignée sous le nom de « sant Laurence. » Je ne sais
pas la date de sa construction. Peut-être serait-il facile^ en
se basant sur des renseignements généraux, de la fixer
d'une manière approximative. J'y renonce, et je préfère
mettre au jour les circonstances qui en ont accompagné la
fondation : elles entrent de plain pied dans le domaine de
la légende. On rapporte qu'à Kerbignon s'élevait d'abord
la chapelle du saint, les habitants résolurent un jour de la
démolir pour en bâtir une neuve sur une éminence voisine.
Mais ils comptaient sans leurs bœufs devenus indociles aux
ordres de leurs maîtres, ces braves animaux prirent d'eux-
mêmes le chemin qui conduit à la chapelle actuelle et déchar-
gèrent en ce lieu les matériaux. La vérité est que la charrette
versa; et c'eût été un vrai miracle qu'elle ne versât pas dans
un casse-cou pareil. Môme histoire pour Saint-Servais en
Plumergat, bâti dans im bourbier. Gomme la charrette
s'embourbait toujours, le paysan pensa que le saint
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•iOi URANDIVY
voulait y avoir sa chapelle; et pourtant, peut-on faire autre
chose dans un bourbier que de s'y embourber? Il serait aisé
d'ailleurs de produire des exemples sérieux en faveur de
l'instinct de? animaux qui ont joué un grand rôle, non seule-
ment dans Téreclion des chapelles, mais encore dans l'inven-
tion des reliques ou des statues des Saints. Pour Thonneur
de son nom et la gloire de ses serviteurs, le bon Dieu a bien
le droit de se servir de tous les instruments.
IV. — CROIX
Concurremment avec ces nombreuses chapelles, sept" croix
en pierre et une en bois érigées sur divers points du terri-
toire, attestaient avant 1789 la prise de possession du sol de
Brandivy par le christianisme. Quatre autres ont été cons-
truites postérieurement à la Révolution.
La plus importante, sans contredit, de ces dernières est la
croix de mission érigée au cimetière de Brandivy, le 2 juillet
1837, par les soins de M. Carado. '
La croix qui se dresse à la bifurcation du chemin qui mène
au moulin de Scoôc, porte la date de 1818. Elle est due à un
meunier de la Grandville, désireux de témoigner à Dieu sa
reconnaissance d'avoir échappé à un danger qui menaçait
sa vie. On prétend qu'à l'endroit où elle s'élève, le meunier
qui s'attardait quelquefois dans l'unique auberge du bourg,
rencontrait un lutin qui lui faisait régulièrement la conduite,
jusqu'au pont dit Pont erLan où il s'efforçait de le précipiter
dans l'eau. Une fois môme, le lutin eut la complaisance de
le conduire jusqu'au moulin pour y faire un vacarme épou-
vantable. Dans sa détresse, le malheureux meunier eut re-
cours à M. Chanio qui lui conseilla sans doute la plantation
de la croix.
C'est également pour se délivrer de bruits et do tapages
nocturnes, qu'il y a une cinquantaine d'années, on a érigé
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BRANDÎVY 455
la croix du Tolgoët. Un homme y menait une vie si scanda-
leuse que le démon se mit de la partie ; et c'est par la croix
seule, qui a la vertu de mettre en fuite l'esprit malin, que
Ton parvint à débarrasser le village de cet hôte désagréable.
La croix du Cordier^ qui s'élève entre trois chênes, m'avait
paru dans le principe plantée contre le druidîsme et en rem-
placement de quelque monument celtique : idée suggérée
par le souvenir d'un magnifique dolmen que j'ai remarqué
sur le chemin de Plaudren à Saint-Jean-Brévelay, entouré
de trois chênes. Informations prises, il'a fallu en rabattre de
ces prétentions et lui attribuer une origine plus modeste. Un
paysan du Cordier, vers 1830, trouva une pièce de cinq francs,
et s'engagea à ériger avec cette somme une croix. La chose
devint aisée , puisqu'il fit lui-môme le travail , et comme
le champ voisin s'appelait le champ des trois chênes, il planta
autour de la croix trois chênes qui lui ont donné son nom.
La croix dite de Landévant se dresse dans la lande de Mou-
quinio. En ce qui concerne l'emplacement et une partie des
matériaux, cette croix est antérieure à la Révolution ; elle
lui est postérieure dans sa forme actuelle. C'est qu'elle a été
abattue pendant cette période néfaste et reconstruite au re-
tour dfe l'ordre. La croix proprement dite, fut posée sur une
haie, un peu au-delà de l'entrée du bois de châtaigners qui
forme l'avenue de Kergal ; elle y est encore*.
Sur les sept autres croix antérieures à la Révolution, trois ont
réussi à dépasser le centenaire de 1789 : une d'elles s'élève dans
les terres de Kerhézo ; une autre, sous le nom de croix de Deul-
laderiy à l'est du Foliorch'; la troisième, sur une haie voisine
de la motte féodale de Bihuy. Quatre croix ont disparu dans
le courant du siècle. M. Douillard, mort l'an passé, a emporté
* Quelques ans attribuent la croix de Landévant à un jeune homme de la
paroisse de Landévant, qui faillit être assassiné en cet endroit. Faut-il les
en croire? On sait que le peuple cherche et trouve atout une explication.
Au village du Foliorch est une vaste carrière d'où la tradition assure
qu^ontété extrait en partie les matériaux de la .tour de Sainte-Anne.
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456 BRANDIVY
en 1885 celle du cimetière. Architecte de Tég^lise paroissiale,
il l'avait demandée et facilement obtenue pour prix de ses
travaux. Elle orne en ce moment l'entrée de l'avenue de
son château de Beauregard, en Saint-Avé. Une autre se voyait
sur le chemin charretier de Kerican au bourg, elle était
en bois ; la troisième, au nord de Kergal sur la butte du Tout-
Du; la quatrième auprès du taillis de Rohu. Il reste encore
de cette dernière la pierre de recouvrement dans laquelle
était planté l'arbre de la croix ; et cette pierre que les pillards
ont épargnée, portée dans la haie voisine, est transformée en
passerelle. Je ne sais rien de la date ni des circonstances de
leur érection.
De toutes ces croix qui précèdent la Révolution, une seule,
la croix de Rohu, se dressait dans le voisinage d'une voie
ancienne, la voie de Locminé à Auray.
Faut-il conclure de ce voisinage d'une voie ancienne à la
haute antiquité de la croix dont il s*agitP Le fait est qu'au
moyen-âge, l'érection des croix avait lieu généralement sur
les grands chemins, et que cette règle, en raison de leur
salutaire destination, offrait peu ou point d'exception au
douzième siècle : c Si quelqu'un, dit le concile de Clermont
en 1095, poursuivi par ses ennemis se réfugie auprès de
quelque croix sur les chemins, il doit y trouver un asile as-
suré comme dans une église'.» C'est pour ménager de ces
asiles aux voyageurs, observe Longueval, qu'on avait érigé
d'espace en espace des croix sur les grands chemins.
Me sera-t-il permis d'ajouter que certaines croix marquaient
môme des cimetières, comme il résulte d'une ordonnance
rendue en 1116 par Jean, évoque de Saint-Brieuc, pour pres-
crire aux paroisses de faire des cimetières, et pour interdire
les inhumations auprès des croix placées sur les grands
chemins ?
* Réminiscence des temps paTens de Rome, où Tesclave menacé par son
maître trouvait un refuge assuré dès qu*il pouvait se placer derrière la statue
de remi)ereur.
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BRANDIVY 457
Toujours est-il que la disposition du concile de Clermont
ne contribua pas peu à les multiplier à une époque où les
guerres locales, si meurtrières, étaient à Tordre du jour.
La grande peste qui décima TÀrmorique et surtout la Basse-
Bretagne en 1598, a poussé également à Térection de croix
nombreuses. Celles-ci furent appelées (Croez er vocen) parce
qu'elles firent reculer le fléau. Mais on aurait tort de pré-
tendre, avec un auteur, que toutes les croix qui ornaient jadis
les carrefours datent de celte époque. La vérité est qu'on a
planté bien des croix avant les ravages causés par cette
peste* comme on en a planté depuis. Est-ce que Térection
des croix ne tient pas à la nature môme du ciiristianisme,
fondé sur la croix du Calvaire ?
Si rien ne prouve que la croix de Rohu est due à cette peste,
rien ne s oppose cependant à ce qu'elle remonte au dix-sep-
tième siècle. Elle s'élève en effet au bord d'une bifurcation
de la voie ancienne qui passait à Test de Ménétavid. Or cette
voie nouvelle, manifestement creusée pour tourner la côte,
des titres nous la montrent pratiquée dès 1673*.
Quoiqu'il en soit, il est étrange que sur les trois grandes
voies qui traversaient anciennement Brandivy, on ne puisse
signaler que la croix de Rohu^ Les autres s'élevaient au bord
de sentiers ou de chemins particuliers, à part celle de Ker-
hézo, dressée en plein champ.
Parmi les vieilles croix qui restent, celle deKerhézo seule,
est à peu près intacte ; celle de Folioreh est passablement
mutilée, et celle de Bihuy sans pied. Les restaurations de
croix. Dieu merci, sont à l'ordre du jour. Les zélés recteurs
s'occupent avec un soin pieux, dans leurs paroisses respec-
' Saint Budoc érigeait des croix par les boargs et chemins. Saint Brieuc,
de retour en Grande-Bretagne, en plaça une à Tendroit où saint Judoc
rendit la vue à un aveugle
* Peut-être lors du transport de pierres qui s*est fait, si la tradition est
exacte, du Folioreh k Ker-Anna.
s Je n'y comprends pas celle du bourg, qui faisait partie du cimetière situé
à proximité du hent Conan,
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458 BRANDI V Y
ti ves^ non-seulement à ériger des croix nouvelles, mais encore
à relever celles que la malice des hommes ou les ravages
du temps ont renversées. Cette dernière œuvre n'est pas la
moins méritoire. Ces vieilles croix en ruines datent souvent
de tant de siècles î Tant de souvenirs intéressants peuvent s'y
rattacher I
V. — CLERGÉ
Ce qui précède fait assez voir que rien n'a manqué à Bran-
divy de ce qui est nécessaire pour donner à une localité une
physionomie religieuse. Mais Tâme, le principe inspirateur
. du culte, le clergé en un mot, nous n'en avons pas encore
parlé. Il est temps d'aborder cette étude qui doit terminer la
première partie : Brandivy ecclésiastique. Mon dessein est
d'accorder à chaque prêtre une petite notice, ou à défaut de
notice, une mention particulière*. Tous ont été à la peine, il
convient que tous soient à l'honneur. Comme en outre la
Trêve est une dépendance de la paroisse et que les curés de
Brandivy n'ont exercé le ministère dans la localité que sous
la direction des Recteurs de Grand-Champ, ce ne sera pas un
hors d'œuvre de citer, au moins dans une note au bas
de la page, les noms de ces derniers, ni même d'orner cette
sèche nomenclature de quelques faits remarquables qui ont
signalé leur administration. Tel est l'objet de cet article. Le
lecteur voudra même me pardonner si quelques erreurs iné-
vitables se glissent dans cette énumération.
Martyr anonyme des Sept- Trous
Un prêtre de Brandivy portait le viatique au village des
Granges. Au moment de quitter le Parc-au-Duc pour entrer
* Les détails qui vont suivre sur les curés de Brandivy ont été . tirés ou
des archives tréviales^ ou des arcJiives départementales^ ou du Fouillé de
M. Luco, ou sont dus à rextrême obligeance de l'auteur du Fouillé.
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BRANDIVY 459
dans le bois des moines, deux hommes s'élançani d*un coin
où ils étaient embusqués, lui barrent le passage et réclament
la sainte hostie. Avant de tomber entre leurs mains, le prêtre
par bonheur a le tempsdelaconsommer. Furieux de cette action
et dans l'espérance impie de commettre encore la profanation,
les barbares se hâtentde couper la tôte du prêtre , laquelle sau-
tant sept fois fait sept trous où Therbe ne poussa jamais. Un
bourgeois incrédule de Vannes, pour mettre la légende à
répreuve, a fait bêcher le sol : le lendemain les sept trous
reparurent aux regards étonnés. Comme la surface de la
terre présente l'apparence d'une tombe, j'ai dirigé des fouilles
en cet endroit dans l'espoir de retrouver quelques restes du
martyr. Les fouilles n'ont pas donné de résultat.
Si son corps ne s'y trouve pas, sa bienfaisante influence
ne laisse pas de s'y faire sentir. Les malades, les fiévreux en
particulier, accourent de toutes parts au lieu de la sanglante
immolation. Les nombreuses croix de bois plantées en terre
en guise d'ex-vo/o^ ainsi que la voix publique, attestent que
le saint prêtre, martyr du devoir et de l'Eucharistie, n'est pas
invoqué en vain.
La tradition est unanime sur ces divers détails. Où git la
difficulté, c'est de préciser l'époque à laquelle remonte le
cruel événement. Le peuple assure d'une commune voix que
c'est sous la Révolution. Mais laquelle ? Il ne peut être
question de celle de 89, puisque le prêtre qui desservait Bran-
divy à cette époque est mort en 1821. Il s'agirait d'une Révo-
lution antérieure à celle-là, comme me l'ont insinué deux
vieillards, dont les parents sont nés et ont vécu dans le voi-
sinage des Sept-Trous. Les circonstances du crime font
penser au seizième siècle, fameux par les attentats sacrilèges
des huguenots, qu'une haine satanique semblait animer
contre la divine Eucharistie. C'est pour cette raison que la
série des prêtres de Brandivy s'ouvre par le martyr des
Sept-Trous.
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460 BRANUIVY
1618-1626. — Rolland AuBBRT, curé. Diacre à Vannes le
20 décembre 1614 Dimissoire du 15 décembre 1615, pour
recevoir la prêtrise.
1626 1639. — LouYS Le Cheviller, curé. — Lacune dans les
registres de 1639 à 1653.
1653-1662. - Jean Guillart. De. 1614 à 1618, un Jean Guil-
lart était prêtre à Brech. J'ignore si c'est le même person-
sage. 11 cesse d'être curé en 1662 pour devenir prêtre
demeurant à Brandivy. La Trêve comptait de son temps deux
autres prêtres : Jean Perrin, originaire de la paroisse de
Rieux et résidant à Brandivy, et Gilles Ryo, originaire de
Grand-Champ et prêtre de la Trêve. Le bon Gilles Ryo ! il
enregistre souvent ses baptêmes de la sorte : « flls légitime et
naturel ». Il ne se doutait peut-être pas que quand un flls est
légitime, il est aussi naturel, mais non vice versa. Il devait
être chapelain de Kergal. Louys Lamour qui apparaît en 1660^
lorsque disparaît Tabbé Ryo, remplaça Jean Guillart comme
curé*.
1662-1667. • Louys Lamour, curé. Originaire de Naizin,
chapelain de Kergal. Je crois qu'il passa de Brandivy à
Grand-Champ pour devenir, de 1690 à 1695, recteur de Saint-
Vincent. Brandivy avait toujours ses trois prêtres, le curé
Lamour, Jean Perrin et Jean Guillart, auxquels venait se
joindre de temps en temps François Perrel, originaire de
Plumergat et « prêtre de la communauté de cette paroisse ».
Il y avait des Perrel en Brandivy.
1667. Yves Papillon, curé. — De 1668-1674, nouvelle lacune
dans les registres.
• Hecteup de Grand-Champ : 1589-1622 ; — Bertrand Ctuymarho ; 1622-
Î624 ; — Bertrand Gujmarho neveu du précédent : 1624-1625 ; — Claude de
Kerméno : 16n«1625 ; — Julien le Mordant : 1646-1669 : Michel de Moissac :
« le premier jour de juin 1669, fust posée la première pierre en la tour de
réalise paroissi.ile de Grand-Champ, et béniste par Michelle de Moissac, coii-
8?iller, aumônier du roy, chanoine d'honneur de l'église cathédrale de Vannes
et recteur de Grand-Champ. {Archives départementales).
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'W^
BRANDIVY 461
1674-1675. — C'estQuillaume Audo qui fait tous les baptêmes
Il soussigné : prôtre de Brandi vy et curé de Grand-Champ. *
1675-1676. — Julien Nicolazo. Il signe indifféremment
prêtre de Brandivy et curé de Brandivy. — Je ne sais pas
trop si c'est à titre de curés ou de simples prêtres délégués
que ces deux derniers ont exercé le saint ministère.
1676-1681. — François Lamour, curé. C'est le môme qui
s'était servi des édifices d'une tenue qu'il possédait à Bihuy
en 1680, pour y fonder une chapellenie. — Pendant ce temps,
Olivier Le Cam et Nicolas Raguenez se disent prêtres dé la-
dite Trêve.
1681-1687. Olivier Jéhanno, docteur de Sorbonne. Julien
Jéhanno, son frère, également docteur de Sorbonne fait de
son temps plusieurs baptêmes à Brandivy. Julien devint rec-
teur de Lanvaudan en 1689 et y mourut en mai 1700'. Olivier
Baniel exerçait aussi le ministère sous Olivier Jéhanno. On
retrouve plus tard Olivier Baniel, curé de TIle-aux-Moines,
puis de 1699 à 1707, recteur de Sulniac. C'était un des mis-
sionnaires du diocèse.
1687-1688. —Joseph Maillart, curé. Après la disparition
de Joseph Maillart (avril i688), François Riguidel, Julien
Oliviéro et Michel Séveno font successivement le service de la
Trêve, jusqu'à la fin d'avril ou au commencement du mois de
juin où arrive René Fablet comme curé.
' Charles le Bel, recteur de Grand-Champ. 1669-1688.
« Le 17 juillet 1683, fut enterré le corps de Julienne Pan, femme de Marc
Brien, meusnier des moulins de Kerrio, laquelle étant morte subitement
ayant cependant fait une confession générale, autant que le temps le peut
permettre et receu rextréme-onction, fut ouverte en notre présence pour lui
tirer deux enfants, pas plus longs qu'une paume de main, qui receurent le
saint baptême ; les ayant vu remuer et en vie : lesquels ont été inhumes sé-
parément du corps de leur mère et placés parmi les enfants que nous croions
dans la gloire, parce qu'ils sont morts avant Tusage de raison^ après la ré-
ception du saint baptême. »
Signé : Charles le Bel, recteur de Grand-Champ. (Arc/iice*' départementales).
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462 BHAN'DIYY
1688-1700. — René Fablet, curé. 11 y avait des familles de
ce nom en Brandivy. Je ne sais pourtant pas s'il y est né. Nous
trouvons encore sous ce curé, Olivier Le Cam, puis Vincent
Fravalo dont il sera bientôt question.
1700. — Victor Gargasson, curé. — Mort à 37 ans le 27
juillet 1700, et enterré le lendemain près de l'autel.
1700-1701. — Vincent le Guelnout, curé; devenu en (1703-
1704) curé de Mouterblanc.
1701-1702. — Guillaume Pommeraye, curé.
1702-1710. — Henri Le Coustumer, curé. Dimissoire du 18
septembre 1696 pour recevoir le sous-diaconat à Saint-Malo:
prêtre au Mené le 6 mars 1700; chanoine de la collégiale
de Guémené, pourvu par l'ordinaire le 16 mai 1714.
1710-1719. — Julien Oliviéro, curé. En 1719, il devint curé
de Grand-Chaiiip, où il mourut à 71 ans le 18 septembr^e 1755 ;
il fut enterré le lendemain au cimetière « très digne prêtre et
ancien curé. »
1710-1730. — Vincent Fravalo, curé. Ordonné prêtre au
séminaire le 19 septembre 1693. 11 mourut à 71 ans le 3 janvier
1631 et fut enterré le lendemain au cimetière*.
Sous Vincent Fravalo, Pierre Le Roy signe prêtre de Bran-
divy ou de Téglise de Brandivy.
ilôi'ilSS, — Pierre Le Roy, cure, fils de Louis et de
Louise Le Douarin, de Naîzin, tonsuré et minoré au Mené
le 24 septembre 1718; au Mené encore, sous-diacre le
3 juin i719; diacre le 25 mai 1720; prêtre le 21 septembre
* Recteurs de Grand-Champ : 1G88-1696, Charles Geduin de la Doblaye.
— 1696-1715 : Hyacinthe Morice Thierry de la Prévalaye. « On ne saurait
assez pleurer la perte d'un si grand homme n'étant guère avancé en ù,ge.
Dieu, a voulu récompenser ses grandes charités à Tégard des pauvres. Etant
allé le voir en 1705, sa gouvernante meditqu^ily avait quelquefois à. sa porte
plus de 500 pauvres » {Note du rect, de iSaint^Vincent). — 1713-1737 : François
Le Dré&u,' originaire de la paroisse.
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BHANDIYY 463
1720. On le retrouve curé de Moustoir-Remungol en 1744.
Prieur commendataire de Saint-Nicolas-du-Blavet, il mourut
à Naizin et y fut enterré le 18 août 1756. De son temps, et
sous le curé suivant, Jean Brient, prêtre auxiliaire. Il y avait
beaucoup de Brient à Brandivy; j'ignore pourtant si Jean
Brient en est originaire.
1733-1740. — François Le Dréau, flls d'Yves Le Dréau,
notaire des Regaires et de Largouôt, et de Françoise Le
Thieis, de Grand-Champ, tonsuré et minoré au Séminaire le
23 septembre 1719; là, sous-diacre le 7 juin 1720 ; diacre au
Vincen le 19 septembre 1*722 ; prêtre au séminaire le 13 sep-
tembre 1723. Il fut plus tard chapelain des dames de la Re-
traite à Vannes, recteur de Landévant et de Carnac où il
mr.urut le 7 avril 1756. — Manquent les années 1730 et 1740.
1740-1743. — Jagqubs-Alexis Le Tallec, fils de François et
de Louise Pichodon, né dans la partie du bourg de Quim-
perlé qui appartenait au diocèse de Vannes, reçut tous ses
ordres au Mené, tonsuré et minoré le 19 septembre 1733,
sous-diacre le 18 septembre 1734 ; diacre le 24 septembre 1735;
victorieux au concours du 28 mars 1743, il devint recteur de
Plumelin où il mourut âgé de 3V ans, le 16 août 1750. II fut
inhumé le lendemain au cimetière de sa paroisse. De son
temps, Ch. Le Boulaire, prêtre auxiliaire.
1743. — Chrystophe Le Boulaire, flls de JuKen et d'Y-
vonne Ferel, né au Feuntenio (Brandivy), le 9 février 1710 ;
tonsuré et minoré et sous-diacre au Mené, le 26 mars 1735 ;
au Mené encore, diacre le 17 mars 1736, et prêtre le 21 sep-
tembre 1737. Il mourut à Brandivy le 8 septembre 1743 et fut
enterré le 10 près de la croix du cimetière {voir plus haut),
La croix dont il s'agit orne actuellement l'entrée de l'avenue
de Beauregard, en Saint-Avé, comme on Ta déjà indiqué.
1744-1749. — François Thomazic, flls de Charles et d'Yvonne
Conan de Locmaria Grand-Champ; tonsuré et minoré au
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4fU BRANDIVY
Mené le 23 septembre 1730; au Mené aussi sous-diacre le
17 mai 1781, diacre le 7 juin 1732, et prêtre le 24 avril 1734.
11 fut curé de Locmariade 1736 à 1744. En octobre 1748, Alain
Pouliiiuen apparaît comme prêtre de la Trêve*.
1749-1750. — Alain Pouliquen, curé. Il mourut au manoir
de Kergal (Brandivy) où les Pouliguen étaient fermiers, le
21 août 1750, à Tâge de 38 ans. Le lendemain il fut inhumé
au cimetière.
1750-1754. — Thébaud René-Duvau, curé, fils de Jean-Jo-
seph et de Marguerite Charpentier de Saint-Salomon (Vannes);
minoré au Mené, 30 mars 1748; au Mené, sous-diacre le 21 sep-
tembre 1748, diacre le 15 avril 1749, prêtre le 20 septembre
1749. Il était simple prêtre à Theixen 1764, lorsque, le 13 août
de celte année, Tévêque le pourvut de la chapellenie de Saint-
Julien en Berric.
1754-1759. — P. M. Prigent, curé.
1759-1761. — Augustin Barday, fils de Marc et de Françoise
Le Métayer, de Bubry, et neveu d'Augustin le Métayer, rec-
' « Recteur de Grand-Champ (1782-1749) : Claude Vincent CiUard de
Kerampoul, fils de François, sénéchal de Rhuys, né le 10 août 1686. « L*an
de grâce 1747, le 30 novembre, fut faite par nous messire J. F. Henri de
Jumel, abbé de Belle-Perche, grand-chantre de la cathédrale et vicaire général
du diocèse, la bénédiction et nomination solennelles, premièrement de la
grosse cloche de la paroisse, pesant environ 1442 livres, nommée Angélique
fie Saint^TugdtAal ; secondement de celle de la chapelle de Burgos, pesant
environ 340 livres, nommée Rose de SairUe^Marie du Burgos ; troisièmement
de celle de la chapelle domestique frairienne du château de Kerleguein,
presbytère de cette paroisse, nommée Marie de Saint-Gobrien : Toutes trois
sans compères ni commères, ayant habilement prétexté qu*on en avait dté
leurs armes, qui n*y avaient point été mises ; les dites bénédictions et nomi-
nations en présence et aux acclamations de tous les paroissiens et des
soussignants.
Signé. Joseph Evain, curé ; P. Jocet-Kervilers ; Claude- Vincent Cillard de
Kerampou), recteur de Grand-Champ.
Le 29 avril 1749, inhumation dans le cimetière de Grand-Champ, de messire
Claude-Vincent AUart, décédé le 27 au presbytère de Locminé, la levée du
corps ayant été faite et le renvoi dudit Locminé jusqu^au presbytère
Grand-Champ, par le sieur Evain, curé de ladite paroisse, et le sieur du Tay,
prêtre de la même paroisse. (Archives départementales).
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BRANDIVY 466
teur du Plélauff, tonsuré à la retraite des hommes, le 2 fé-
vrier 1755 ; minoré à Tévéché, le 16 mars 1755; sous-diacre
au Mené, le 20 septembre 1755 ; au Mené diacre, le 3 avril 1756;
prôlrc à la retraite des hommes, le 18 septembre 1756, rec-
teur de Meirand, où il mourut, âgé de 60 ans, en 1790.
1761*1764. — Mathurin Le Gorvig, curé. Dis de Jean et de
Jeanne Margarin^ de Saint-Jean-Brévelay ; tonsuré à la re-
traite des hommes, 14 janvier 1753 ; minoré et sous-diacre
au Men'é, 21 septembre 1754, diacre à Tévôché, le 16 mars
1766; prêtre au Mené, le 20 septembre 1755. En 1774, il
devint recteur de Merlevenez. Ayant refusé da prêter ser-
ment en 1791, un arrêté du directoire départemental lui
donna trois jours ainsi qu'à son curé Guillemot pour quitter
Merlevenez et se rendre à Lorient où il fut interné. Le dis-
trict d'Hennebont le qualifle : « fanatique imbécile mais point
caché; il dit à qui veut l'entendre que t#ut patriote est
damné*. »
1764-1784. — Claude Plaissix, curé, fils de Guillaume et de
Françoise Le Ray, de Noyal-Muzillac, tonsuré à la retraite
des hommes, le 4 septembre 1758 ; prêtre au Mené le 19 sep-
tembre 1761. En janvier 1797, il vivait caché en Noyal-Mu-
zillac, se défendant par écrits, affiches, contre les accusa-
tions de violences portées contre lui, par exemple d*avoir
frappé du bâton ceux qui payaient Timpôt, les prêtres
soumis à la loi... En 1802, il devint recteur d'Houat et prêta
serment le 21 octobre de la même année.
Je relève sur le registre cette note du curé Plaissix en
présence d'un enfant à baptiser « les uns écrivent Le Ray,
les autres Le Roy ; choisissez : le père ne sçait lequel
prendre » Ce père n'avait pas d'idée. L'embarras se pourrait
à la rigueur concevoir de nos jours ; mais en ce bon vieux
* François Dréano, recteur de Qrand-Ghamp de 1749 à 1760 ; Yres Morgan,
recteur de 1760 à 1763.
T. VI. — NOTICES. — VI® ANNÉE, 4« LIV. 31
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466 BRANDIVY
temps, tout autre à sa place eût d'emblée et sans la moindre
hésitation choisi d'être : le Roy.
1783-1786. — Guillaume Briendo, originaire de Grand-
Chamip, fils de François, laboureur, et de Magdeleine Esnery
(alias Mathurine Hémery), ordonné prêtre en septembre 1774.
Du temps de Briendo et sous le curé précédent, la Trêve
comptait un autre prêtre, Michel Pouliquen ; né au manoir
do Kergal le 7 mai 1746, il décéda le 15 novembre 1785, chez
son père au village de Troguern et fut inhumé le 17 au
cimetière* .
1786-1802. '— François Udoux ou Udou ou Turudoux ou
Uroudoux, né à Plumelin le 26 mars 1741. L'enregistrement
des décès et des naissances cesse avec 1790.
On sait cependant d'une façon certaine qu'il desservait la
Trêve l'année suivante. Des ordonnances de paiement déli-
vrées par le directoire en 1791 « au profit du sieur Udoux,
vicaire de la Trêve de laBrandivy »ne laissent aucun doute à
cet égard*. Il la desservait encore en 1792, comme le prouve un
* Louis-Raoul, sb Pluicbliau recteur de Grand-Champ de 1763 à 1794. —
22 avril 1764, Bénédiction par messire Louis Raoul de la cloche de la cha-
pelle de Saint-Michel, nommée Françoisê-Yvonne de Saint^Miehel ; — 9 mai
1769^ bénédiction par le même de la seconde cloche de iravail deLocmaria; •»
12 octobre 1777, bénédiction par le même de la seconde cloche paroissiale de
Qrand-Ghamp.
Sous Tadministration de Tabbé Raoul, de nombreux forfaits furent commis
dans la paroisse de Grand-Champ: — 1775, poursuite contre les assassins
de Marc Robinot en la paroisse de Grand-Champ ; — 1776, poursuite contre
les meurtriers de Jean le Gleuher; — en 1783, contre Julien Le Turnier du
Bourg de Grand-Champ accusé du meurtre de Jacque le Treste, en 1785 ;
enquête relative à un vol commis dans Téglise paroissiale. Le recteur Raoul
crut devoir lui-même écrire une lettre en faveur d*un prétendu Iraudeur.
Brandi vy n*en fut pas exempt* Une petite fille fut exposée dans la nuit du
19 au 20 juin 1774 et baptisée le 24 juillet sous condition. Jamais on n*a pu
découvrir ses coupables parents. ^ Tugdual Robino fut trouvé mort le 4
octobre 1785. Il fut enterré le lendemain avec la permission des juges de
Largouëi. On crut à un assassinat.
' A propos des mandats de paiement^ il est curieux de signaler les pro-
cédés dont usait le directoire à. Tégard des chefs de paroisse. Après la spolia-
tion du clergé, il était accordé à chaque recteur un traitement fixe de 1200
livres. Comme Tancien système des dîmes et impôts continuait en 1790,
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BRANDIVY 467
recours en décharge d'iippôts non justifiés qu'il adressa le 4
février au directoire du district. Voici la réponse qui lui fut
faite : « Vu la lettre du sieur Udoux, curé de la Trêve de
Brandivy , du 4 février dernier, par laquelle il se plaint d'avoir
été imposé à la municipalité de Grand-Champ à la somme de
30 livres pour capitation ; attendu qu'il a été imposé 3 livres
au rôle de Brandivy et qu'il a payé suivant la quittance ci-
jointe; vu les observations de la municipalité de Grand-
Champ du 13 de ce mois... le directoire a déchargé Udoux
de la somme de trois livres à laquelle il a été imposé au rôle
supplétif des fouagesde Brandivy, arrêta au surplus qu'Udoux
paiera les sommes de 10 livres et de 18 livres auxquelles il se
trouve imposé au rôle supplétif de la capitation pour les six
derniers mois de 1789 et au rôle de la capitation de 1790 » 14
avril 1792.
le directoire dans le courant de Tannée suivante, calculait du fond de son
cabinet les dépenses et les recettes de chaque titulaire, et d'an trait de
plume ramenait le traitement au taux légal.
En Toici deux exemples.
Comptes du Heur Plaissix, curé de Plouhamel.
Recettes : 1579 liyres. ^ Dépenses : frais de récoltes fto Ut.
— Portion congrue du Ticaire. . 350
— Vingtièmes et fouages. . . 72
Total : . 442 Hv.
L'Etat lui reste rederable de 163 livres nécessah'es pour compléter le trai-
tement.
Comptes du sieur ' QuériCy recteur de Plumergat,
Recettes : 2964 livres. — Dépenses : frais de récoltes 200 liv.
^ Portion congrue de 2 vicaires. . 700
— Vingtièmes. ....... 49
Total 949 liv.
Le sieur Quério reste reliquataire à TEtat de 8ib livres, laquelle somme il
lui est ordonné de payer de jour à Fautre entre les mains du receveur du
district.
Les simples auront peut-être envie de s*extasier devant ces beaux scrupules
d'égalité. Qu'ils répriment leur envie ! On sait que ces mêmes administrateurs,
alors qu'ils réservaient toutes leurs faveurs aux intrus, menaient
contre Dieu, ses temples et ses fidèles ministres, une Traie guerre de sauvages :
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468 BRANDIVY
Il n'en pouvait être autrement. Il s'agissait d'un prêtre
dénoncé dès 1791 pour ses sermons contre la constitution
civile du clergé, et condamné de ce chef à plusieurs reprises,
avant septembre 1792, par le tribunal civil de Vannes. Quelle
idée aussi avait l'abbé Udoux, prôtre insermenté et réputé
hostile aux institutions républicaines, de se plaindre d'un
déni de justice ! A l'époque pu nous sommes, ses pareils ne
pouvaient plus se considérer comme citoyens français : ils
étaient tout simplement matière à déportation ; et parce que
le peuple, blessé dans tous ses sentiments religieux et
patriotiques prenait naturellement parti pour les proscrits
contre les proscripteurs, voilà que le clergé non assermenté
est rendu responsable de tous les troubles qui agitaient le
département. Messieurs, dit le 7 février 1792 un adminis-
trateur devant le Directoire,il n'est plus temps de se dissimuler
que la tranquillité publique est menacée... Les prêtres seuls
sèment la division... ils trouvent et égarent le peuple. » Le
procureur syndic s'écrie à son tour dans la séance du 16 mars
1793 :« La journée d'hier .nous a prouvé que le fanatisme
était le mobile des gens de la campagne, égarés par les
prêtres non assermentés et non déportés. Quelles grâces le
district de Vannes n'a-t-il pas à rendre aux citoyens qui sont
parvenus à arrêter quelqu'un de ces prêtres pernicieux!
de ces êtres, la cause des troubles qui nous agitent!
Cependant ces citoyens demeurent sans récompense, no-
tamment ceux qui ont arrêté, dans Séné et presque au
moment de l'insurrection, un prêtre et un sous-diacre...
Le décret du 14 février accorde cent livres d'indemnité
à ceux qui arrêteront des prêtres qui doivent être dé-
déportés. » Conclusion ! Il requiert qu'on accorde 100 livres
au détachement qui a opéré ces arrestations.
Les menaces n'avaient pas le don d'émouvoir l'abbé Udoux.
Il resta vaillamment à son poste, se bornant pour remplir
plus aisément les devoirs de son ministère à user de certaines
précautions que nous avons ailleurs indiquées. Sa fière atti
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BRANDIVY 469
tude, à moins qu'il ne faille attribuer ce sobriquet à des habi-
tudes de langage que je ne connais pas, lui valut d'être sur-
nommé Er meut. Je ne sais pourquoi, lors de la réouverture
des églises^ il ne fut pas maintenu en place, ni ce qu*il devint
après le Concordat. Il mourut simple prêtre en 1821.
1802-1806. — Claude Plaissix, premier recteur de Brandivy*
Claude Plaissix, fils de Guillaume, couvreur, et de Jeanne
Le Barillec, originaire de Noyal-Muzillac'. Curé de Baud et
victorieux au concours, il prit possession, le 20 février 1781,
de la cure de Plouhamel qu'il administrait encore au moment
de la révolution. Le 13 février 1791, le maire de Plouhamel
annonce au procureur syndic d'Auray que le recteur et Joseph
Le Borgne, son curé, ont refusé le serment à eux demandé en
ce jour dans la sacristie par la municipalité. La dénoncia-
tion n'eut pas. de suites graves pour le moment. Le 19 juillet
suivant, deux commis des douanes nationales l'accusent
« dans une agression par lui faite au sieur Le Pèvre, tambour
des grenadiers du neuvième régiment, d'avoir traité de
canailles et de scélérats les membres de l'administration dé-
partementale... » Là-dessus le directoire qui n'aimait pas foute
vérité, prend la mouche « arrête qu'il sera intimé à Plaissix
de quitter dans les vingt-quatre heures sa paroisse, pour se
retirer dans trois jours en la ville de Lorient, faute de quoi il
sera conduit hors du département par la force...; arrête :
a que les électeurs du district seront convoqués pour pro-
céder à son remplacement. » L'assemblée électorale fut con-'
voquée en effet, le 20octobre, dans l'église Saint-Gildas -d'An-
ray. Son choix se porta sur le même M. Plaissix ; il refusa
d'ôtrerecteur constitutionnel. Transféré à Brandivy, lors de
l'organisation ofBcielle du culte dans le diocèse, il bénit, le
1" avril 1804, sous le nom de Jeanne-Françoise, la grande
cloche paroissiale, dont le parrain était François Bodic, du
Pavision, et la marraine Jeanne Le Ray, du manoir de Kergal.
' Différent de Claude Plaissix^ fiU de Gaillaame et de Françoise Le Ra>
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470 BRANDIVY
— M. Plaissix ne cessait de tonner en chaire contre le vice
capital des bretons, et une force physique peu commune lui
fournissait, au dehors, le moyen de mettre ses actes en har-
monie avec ses paroles. A la vue des ivrognes, il ne se con-
tenait pas, il tombait sur eux à coups de canne, à coups de
fouet, ou à défaut de ces armes, à bras raccourcis, en criant :
« Fitrej Fitrela ! C'est ainsi que vous vous ravalez au-dessous
« des brutes? » (J'ignore ce que valaient les sermons de
Claude Plaissix, quel effet ils produisaient sur les coupables
en question. Il m'est avis, du moins, que pour opérer ce
genre de conversion, son autre argument n'avait pas une
moindre efficacité. Le 2 mars 1806, Jean-Claude Chanio, vi-
caire à Pluvigner, prend sa place. Il exhibe à son prédéces-
seur^ Tacte de son institution canonique et l'acte de prestation
du serment de fidélité, prescrit,par la loi du 18 germinal an X,
et le requiert, en vertu de la délégation épiscopale de le
mettre en possession. Claude Plaissix dresse de la cérémonie
un procès-verbal qu'il signe ex-recteur de Plouharnel. Plou-
harnel lui tenait toujours au cœur.
1806-1828. — Jean-Claude-Chanio. Originaire de Pluvigner,
M. Chanio était allé en Portugal pendant la Révolution. II
est devenu légendaire sous le nom de Dom YeharCy et sa mé-
moire est restée parmi nous aussi bien qu'aux alentours en
grande vénération. Il ne pouvait pas prêcher; sitôt qu'il
ouvrait la bouche pour instruire son peuple, les sanglots lui
coupaient la parole, il se contentait de dire à peu près comme
saint Jean sur le déclin de ses jours: c Mes enfants, aimez-
vous bien ; ne faites pas le mal, soyez fidèles à vos devoirs...»
La maison des prêtres de la Trêve n'était qu'une pauvre
masure^ semblable à la plupart des maisons habitées par
les curés ou vicaires perpétuels, pendant que les titulaires
* Ds.ni les temps antérieurs à la révolution, le mot dom était accolé au
nom de baptême des prêtres sortis du temple tandis que les prêtres issus de
la bourgeoisie et de la noblesse recevaient le titre de Monsieur, comme si
les deux noms en définitive n*avaient pas le même sens.
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BRANDIVY • 471
des paroisses se prélassaient à Tabri de leurs beaux manoirs
dans un doux farniente. Le lierre lui servait de toit et la pluie
y pénétrait de toutes parts. « Mais, dom Yehan, vous ne pouvez
demeurer dans une maison sans toit. Laissez-nous la recou-
vrir. — Er mod ce (c'était, paraît-il, son propos) un jeune me
succédera, et il bâtira un nouveau presbytère; pour moi, ce
lierre me platt ; le merle y fait son nid et me recrée de son
doux citant. » — La solitude lui allait bien, et il vivait en véri-
table ermite. G*est lui qui balayait sa maison, si elle était
parfois balayée ; c*est lui qui faisait sa cuisine et se donnait
la peine d'aller dans les maisons voisines, un vieux sabot à
la main, mendier un peu de feu. Ni cuisinier, ni cuisinière.
Pourquoi cet embarras de ménage ? — Ce qu'on raconte de
ses austérités paraîtra incroyable. Point d'oreiller sur sa
pauvre couchette : uue grosse pierre en tenait la place ; sous
ses vêtements un cilice, ur rochet ran^ disent nos paysans, et
quel cilice, grand Dieu 1 un objet d'horreur ; à peine Teût-on
osé toucher avec des pinces. M. Ghanio avait en effet ce trait
de ressemblance avec saint Benoît Labre et d'autres per-
sonnages religieux, plus communs qu'on ne croit ^ : Je veux
dire qu'il s'était constitué le pasteur et le berger de sa ver-
mine. Dès qu'une de ces affreuses petites bêtes paraissait
au bout de ses manches, il s'empressait de lui faire rebrousser
chemin : « er mod-cé^ disait-il, rentrez là-dedans, vous êtes
bien là. » Non qu'il eût pour cela le culte de la vermine. Ce
qui l'eût rendu sectateur du boudhisme qui défend à ses
adeptes de mettre à mort les insectes acharnés sur eux. Dom
Yehan les souflrait, les cultivait par esprit de pénitence, pour
mortifier sa chair : et personne ne niera, je suppose, que
ce ne soit là un genre terrible de mortification. Comme si
les rigueurs ne lui eussent pas suffi, il s'appliquait à les aug-
menter encore par le régime alimentaire le plus insipide qui
se pusse concevoir. Du moment qu'un prêtre se charge de sa
, Ck)mme ce Cordelier du quatorzième siècle dont la statue se dresse
encore dans la cathédrale de Quimper, et plus récemment Tabbé Le Gloahec
prêtre à Locmariaqner et, sous la réTolntion, fameux chef de chouans.
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472 BRANDIVY
cuisine, c*est une nécessité qu'elle soit médiocre. La cuisine
de dom Yehan dépassait les bornes de la simplicité. Un
seul, trait en donnera Tidée. Le fond du régime consistait
en un hideux pain noir,, où grouillaient souvent les vers.
Pour jBibsorber une aussi répugnante nourriture ce n'était
pas trop en vérité de Testomac d'un dom Yehan. Il a donc
bien raison de se passer de domestiques. Où rencontrer un
personnel, pour arriéré qu'on le suppose, qui s'accommode'
d'habitudes si peu humaines ?
Pour y faire diversion, Dom Yehan aimait de temps à autre
à s'asseoir à la table de ses paroissiens ; on cite telle et telle
maison qui lui fournissait à peu près régulièrement un repas
par semaine ; ou encore^ il couï^ait la campagne à la recherche
des enfants, bergers et bergères, auxquels il apprenait à lire,
refusant de les admettre à la première communion, si leurs
progrès dans la lecture laissaient à désirer. En ce cas, il ne
rentrait pas non plus pour manger ; il se rendait à la ferme
voisine pour prendre part au maigre repas de la famille, quel
qu'il fût. Il ne songeait pas à se montrer exigeant, encore
qu'une bonne bouillie de mil obtint ses préférences. Tout ce
qu'on lui servait d'ailleurs, sans ôtre somptueux, constituait
manifestement un régal auprès de ce qu'il mangeait à domi-
cile. — De telles excentricités aiguisaient la verve des con-
frères ; les railleries en toute rencontre pleuvaient drû sur le
malheureux: Pourquoi se singulariser de la sorte. Vit-on
jamais un si horrible chrétien ?. . • Notre homme laissait dire
et rire , et il ne continuait pas moins, en dépit des moque-
ries, de servir son Dieu à sa manière. — Dieii avait béni le
saint prêtre, en lui accordant, dit la tradition, le pouvoir de
chasser les démons.
Dom Yehan était devenu vieux. Quelques individus grin*
cheux ayant porté plainte contre le vénérable pasteur, il dut
donner sa démission Au désespoir de ses paroissiens, il se
retira dans son pays natal, à Pluvigner,où il mourut le !•' sep-
tembre 1829, à l'âge de 68 ans.
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BRANDIVY 473
iSZ^iSBS. — Julien Gàrado, natif de Qùénin, fut élu rec-
teur en sa place. Il a bftli le presbytère de Brandivy avec les
matériaux de la chapelle de Brenedan, tombée en ruines. Le
2 juillet 1837, il procédait à Térection de la croix de mission,
et le 17 septembre des stations du Chemin de la Croix.
Le 17 septembre encore il exposait à la Vénération des fidèles
une parcelle de la Vraie Croix avec un morceau du manteau
de saint François d'Assise ; ces précieuses reliques lui avaient
été données par M. Deshaies, ancien curé d*Âuray^ supérieur
des Sœurs de la Sagesse. Démissionnaire en 1868, après avoir
dignement administré sa paroisse quarante années durant,
il est mort à Brandivy le 1*' mai 1872, âgé de 84 ans et a été
inhumé au cimetière. Le souvenir de M. Carado est demeuré
inséparable d*un long bâton, presque aussi long que sa per-
sonne, qu'il portait au cours de ses voyages et promenades ;
il s*en servait pour mesurer la taille des petits enfants. La
plupart de nos gens se souviennent d'avoir été mesurés par
lui.
M. le Bouar qui succéda à M. Carado, délaissa bientôt
Brandivy pour Landaul. Ce qui équivaut à troquer cinq centi-
mes contre un sou. — M. Ehanno, à qui revient le mérite
d'avoir, à travers une hostilité sourde ou déclarée, agrandi
le presbytère et construit le jardin, fut nommé recteur en 1869;
il mourut à Brandivy et fut inhumé à Plaudren, son pays
d'origine. — Bn 1876, M. Le Fischer, mort et inhumé à
Brandivy^ lui succéda. En 1884, M. Guidou, dont le zèle actif
a rebâti Téglise paroissiale et approprié la chapelle de Saint-
Laurent devint recteur de Brandivy. Une noble châtelaine
qui a tant contribué par ses largesses à la reconstruction
de l'édifice paroissial, a voulu couronner ses bonnes œuvres
en fondant au bourg une communauté religieuse. Des filles
de Kermaria viennent de prendre possession, le 11 avril 1890,
de la maison qu'elle leur a destinée. Dès que les obstacles
seront aplanis, elles ouvriront une école libre.
L'insuffisance d'un seul prêtre pour le service de la paroisse
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474
BRANDIVY
ayant été constatée, on résolut de créer un vicariat. En 1846,
est arrivé comme vicaire Tabbé Chapelain, mort recteur de
Saint-Géran ; en 1848, l'abbé Paul, aujourd'hui recteur de
Theix;ea 1854, Tabbé Hervé, recteur actuel de Noyalo; en
1871, Tabbé Tanguy, encore vicaire à Moréac ; le 20 septembre
1874, l'auteur du présent travail.
Abbé GuiLLOU
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UN ABBl DE SAINT-AUBIN D'ANGERS
(LE CARDINAL DE DENONVILLE)
(1493-1 B40') •
VII
XXIV. — Rome, 28 septembre 1537. — L'évolution du Pape
est un fait accompli. La menace continuelle des Turcs a
obligé Paul III à se réconcilier entièrement avec l'Empereur,
età signer une alliance défensive avec lui. On a célébré en
grande pompe une messe papale, pour remercier Dieu de cet
événement qui ramène un pea de sécurité dans Rome, et
Ton fait des prières publiques pour obtenir la défaite et la
dispersion de la flotte ennemie. Donc les Cardinaux ont pris
part à cette manifestation religieuse, dans Saint-Pierre^ et,
en sortant de l'église, est arrivée la nouvelle que les Turcs
avaient été repoussés à Tassant de Gorfou, et que, s'étant
rembarques précipitamment, ils retournaient àConslantinople.
De son côté, Doria et ses vaisseaux, maltraités par la tempête,
remontent vers Gônes.
I Voir la livraison de mai 1890.
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478 . . UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN D^ANGERS..
XXV. — Rome, 3 octobre 1537. — Le Saint Père se sentant
débarrassé des Turcs, veut faire tourner son alliance avec
TEmpereur au profit de la paix. Il veut la négocier lui-m6me
entre Vienne et Paris, et quand il sera parvenu à réconcilier
les deux monarques, il pourra enfin ouvrir le concile où
l'urgence se fait sentir de traiter les affaires des Luthériens.
Le Pape se rendra prochainement à Vicence, que la Répu-
blique de Venise lui a offerte, et dont il va prendre posses-
sion ; les Cardinaux raccompagnent et M. de Denonville est
prié d'être du voyage.
XXVL — Rome, 19 octobre 1537. « Le vingt-quatriesmedu
mois passé tomba de nuit tant de foudre et tempête à Milan,
qu'il n'est de mémoire d'homme d'en avoyr veu de semblable.
Dieu veuille que ce soit un tel présage contre les Impériaux
que ce fust contre nous, quand pareille tempeste tomba sur
le château de Milan ! » Mais cet orage apporterait-il au con-
traire la paix dans ses nuages menaçants ? On se prend à
l'espérer, car les symptômes les plus sérieux commencent à
se manifester dans ce sens. C'est Venise, d'abord, qui a
rejeté les offres d'alliance de la Sublime Porte, et reste étroi-
tement unie avec le Saint Père pour ménager les négocia-
tions à suivre entre le Roi et l'Empereur. Elle a fait connaître
à l'ambassadeur de France, M. de Rodez, ses intentions à ce
sujet. Elle s'en est ouverte également à l'ambassadeur autri-
chien. On en parle jusqu'à Vienne, où la reine Marie a de-
mandé la mission d'aller en faire la proposition elle-môme à
la reine de France, en Flandres. L'Empereur paraît disposé
à la paix; épuisé d'argent et de soldats^ il voudrait pouvoir
consacrer ce qui lui reste à la défense commune de la chré-
tienté, contre les Turcs. Il chargera le Saint Père, une fois le
principe de la paix accepté, de régler les conditions d'un ar-
rangement, confiant en Paul III plus qu'en tout autre pour
lever toute difficulté entre les parties ennemies. Voilà donc
le Souveraiif Pontife devenu l'arbitre de la situation entre
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UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN D'ANGERS 477
TEmpire et le Royaume de France. — Le bruit s'est répandu,
dans les hautes sphères politiques, que Gharles-Quint ne
serait pas éloigné de rendre le Milanais à François l*'. Mais
cette parole n'a été dite qu'à la légère, c est un jalon jeté pour
guider les négociations^ il ne faut pas y ajouter plus d'im-
portance, et si le Roy veut parvenir à un traité avantageux
il ne lui faut pas diminuer ses forces; qu'il les augmente
plutôt et qu'il envoie de nouvelles troupes en Piémont, « car
il n'y aura chose qui fasse venir l'Empereur plustot à la
raison. » — Si la paix est faite, le concile sera convoqué à
Vienne au mois de mai prochain.
XXVII. — Rome, 23 octobre 1537. — l.es Vénitiens hésitent
à faire la paix avec les Turcs ; ils attendent, pour accepter ou
rejeter les propositions du Sultan, que la paix soit décidée ou
la guerre reprise entre le Roi et l'Empereur. Si la paix se fait,
ils continueront à faire partie de l'alliance du Pape et de l'Em-
pereur contre les Turcs, mais à condition que le roi de France
y entrerait. Dans le cas contraire, ils se tiendront sur la ré-
serve, et ils ont fait connaître leurs sentiments à cet égard
à Sa Majesté impériale. Gharles-Quinj; a répondu qu'il n'avait
rien tant à cœur que la paix, et que pour l'obtenir plus aisé-
ment, il irait, s'il le fallait, jusqu'à rétrocéder le Milanais à la
France^ moyennant que le Roi rétablisse le duc de Savoie
dans ses Etats. Le Souverain Pontife serait chargé de traiter
de la paix dans ces conditions. Un événement récent et inat-
tendu va précipiter les négociations, et peser plus activement
encore sur les décisions du Pape et de la République. Le gé-
néral des Vénitiens a été battu par les Turcs en Dalmatie, ce
qui fait craindre plus vivement que jamais une formidable
descente de Musulmans en Italie. — Le cardinal Gamberlin
est mort après une maladie de sept jours, laissant cinquante
mille ducats au Saint Père.
XXVIII. — Rome, 17 novembre 1537. — La défaite des Vé-
nitiens en Dalmatie a produit, comme on le craignait, une
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478 UN ABBÉ DB SAINT-AUBIN D*ANGEHS
démonstration offensive de la flotte turque dans l'Adriatique,
Par bonheur les mauvais temps Tont obligée i quitter ces eaux
peu sûres, et on la dit en marche sur Gonstantinople. C'est
encore une panique de passée. Mais la Cour de Rome retombe
dans son indécision, et la ligue contre les infidèles traîne en
longueur. — « Cette ligue est en danger de s'en aller en fumée,
parce que l'Empereur y vient fort froidement, demandant au
Pape contribution de la tierce partie de la dépense. Sa Sainteté
est toutefois contente de contribuer la dicte tierce partie,
moyennant que l'Empereur et la seigneurie de Venise con-
sentent que Sa Sainteté loue tel subside qu'il luy plaira sur
le clergé de leurs pays. » Quoiqu'il en soit, l'Empereur ravi-
taille ses armées e^t paie la solde. Il a fait passer d'Espagne,
en grand secret, 150.000 ducats qui sont destinés à être remis
au marquis de Quastfpour l'entretien des forces impériales. Le
Pape, qui en a confié la nouvelle à l'Ambassadeur, ne dit pas
si c'est contre le Turc et contre le Français que l'Empereur se
prépare.
XXIX. — Lettre du cardinal de Denonville à Monsieur le
cardinal de Tournon, conseiller intime du roi François I".
<c Monseigneur, nous avons esté tous consolez entendans
par vos dernières lettres la bonne diligence qui se faisoit à
préparer les forces du Roy pour faire passer de deçà, consi-
dérant la nécessité de Pignerol et de Thurin, lesquelles
places, ainsi que Ton nous dict par deçà, ne pourroient
guères plus se soustenir ; et ayant communiqué à Sa Sainteté
ce que vous nous en escryvez et ce que nous avons eu par
lettres du Roy, touchant la qualité des forces et grandeur
d'appareil. Elle nous a monstre de s'en réjouir estimant,
comme elle dict, que cela puisse plus servir à conclure la
paix que autre chose.
c Et si Sa Sainteté, par le passé, nous a toujours monstre
avoir désir de la dicte paix, maintenant elle en a monstre
et monstre plus de semblant que jamais, se fondant princi-
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UN ABBÉ DK SAINT-AUBIN D' ANGERS 470
paiement sur l'occasion qui se présente de l'entreprise du
Turcq ; et ne fainct point de dire que celuy à qui il tiendra que
la paix ne se face, vouldra estre cause de faire perdre ceste
belle occasion à la chrestienté, et n'évitera que ung cfaascun
se tourne contre luy ; et de f'aict, de sa part^ Elle se monstre
délibérée en tel cas d'employer toutes ses forces spirituelles
et temporelles contre le récusant la dicte paix, et tient que la
seigneurie de Venise soit pour faire semblable déclaration ;
et de faict, il est assez vraysemblable que icelle seigneurie
ayant à continuer la guerre contre le Turcq, se trouvant en
ceste nécessité, si elle ne peult avoir les deux princes en
compaignie contre le Turcq, s'attachera de toutz pointz à celuy
qui lui donnera son ayde et condescendra du tout à sa volonté.
« Et voulant Sa Sainteté tout esclaircir duquel des deux
vient Tempeschement de la dite paix, Elle désire s'abboucher
et venir à parlement avec Tung et avec Vautre, dont Elle les
envoyé rechercher par Messire Baltazar de Florence et
Messire Fabio Mignarello, qui partirent d'ici le vingtième du
présent mois pour s'en aller tout droict vers le Roy, et de là
doibt passer le dict Messire Fabio en Espaigne, avec sauf-
conduit du dict Seigneur Roy.
« Et semble à nous, serviteurs du Roy, Monseigneur, que
voulant entendre à la paix, le moyen du Pape et de la sei-
gneurie de Venise ne luy peult estre meilleur, car il est
croyable qu'ilz la vouldront à son advantaige, et jàdéclairent
en disant et l'un et l'autre qu'ils voullent et entendent pro-
curer que Testât de Milan soit effectuellement restitué au
Roy.
€ D'autre part, est grandement à considérer de quelle im-
portance seroit la déclaration que S. S. et la seigneurie de
Venise pourroient faire à rencontre du Roy, de laquelle
pourroit en suyvre une aperte imputation de l'intelligence
turcquesque, avec telle lésion de la bonne renommée du dict
Seigneur que vous pouvez considérer ; et d'autre part pouvez
estimer quel obstacle ce seroit au Roy> à l'exécution de ses en-
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480 UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN D'ANGERS
treprisesd'Italie, d'avoir les forces du Pape et des Vénitiens
allencdntre de luy ; au moyen de quoy jugent les dictz servi-
teurs du Roy que le dict seigneur, ou doibt en effet se disposer à
la paix et accepter le moyen du Pape et des Vénitiens, au cas
que la dicte paix lui semble expédiente pour luy, ou pour le
moins doit monstrer tout le meilleur semblant qu'il luy sera
possible de vouloir la paix et monstrer son désir conforme à
eeluy du Pape et des Vénitiens, les tenant en bonne espé-
rance des choses qui luy seront proposées, car en ce faisant,
il les entretiendra et empeschera, ou pour le moins retardera
la dicte déclaration, et né leur laissera prétexte de se pouvoir
justement tourner contre luy, ce qui ne portera cependant
aucun préjudice au dict Seigneur qui pourra tousjours faire
ses affaires ainsy qu'il luy viendra le mieulx à propos. »
Toute la politique ambiguë de François I" en 1536-37 res-
sort clairement de cette lettre, aux termes de laquelle il ne
semble plus demeurer dans l'esprit du cardinal la moindre
illusion, touchant l'assentiment secret que le roi de France
accordait aux agissements des Turcs, en Europe. La situa-
tion du prince y est parfaitement dessinée : il ne veut pas
perdre l'amitié de Rome en refusant la paix qu'elle demande,
pour tourner la force de la chrétienté toute entière contre
les Turcs, et en môme temps il ne peut accepter les propo-
sitions pacifiques qui auraient pour résultat l'anéantissement
de la puissance du Sultan, — son allié de cœur, sinon de fait
contre leur ennemi, commun le terrible Charles-Quint.
Sa position est d'autant plus pénible, qu'il ne peut se
déclarer dans un sens ni dans l'autre. S'il refuse la paix il
avoue ses affinités ottomanes, et du coup voit se déclarer
toute l'Italie contre lui. S'il se dit prêt à la signer, il perd
l'appui et le concours que les Turcs portent à la défense de
son royaume, en. attaquant l'empire sur l'un de ses flancs.
Mais cet état de choses ne peut plus durer longtemps, et,
dans le courant de l'année 1538, les instances réitérées de
Paul m parviendront à réconcilier, momentanément au moins,
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UN ABBÉ DB SAINT-AUBIN D* ANGERS 481
Charles et François ; elles amèneront l'entrevue et la trêve
de Nice, tentative sérieuse en faveur de la paix, à laquelle
la mauvaise foi de Charles -Quint ne permit pas de produire
les bons résultats qu*on était en droit d'en attendre*
« Monseigneur, continue le cardinal, les Impériaulx qui
jusques icy avoient nyé que le Roy fust en estât de faire
passer nouvelle armée de deçà, maintenant le confessent en
disant mesme qu*elle pourra arriver à irente-quatre mille
hommes de pied,et font compte de luy donner empeschement,
ou pour le moins retardement et destourbier au passaige,
et encores qu'ilz bravent de vouloir le combat, si estime-
t'on par deçà qu'ils soient plustot pour se retirer aux villes,
et de faict s'entend qu'ilz ont faict pourveoir de grande quan-
tité de vivres les villes de Guier et d'Ust, et qu'ilz font brus-
ter et gaster tout ce qui se trouve au plat pays, et se confyent
fort en ce qu'ilz pensent arrester le dict seigneur sur le Pié-
mont, là où ilz estiment que la faulte des vivres luy donnera
assez affaire, et d'autre part sont délibérez de faire venir les
Espaignols de Nyce, qu'ils disent estre plus de deux mil, et
ceux de la Toscane qui sont quinze cents, et ceulx de Naples
qui sont quatre mil, pour renforcer le marquis du Guast.
« Et ne voulons vous taire, Monseigneur, qu'il y en a qui
disent que le Pape et la seigneurie de Venise, confortent
l'Empereur à passer en Italie, tant pour le faict de l'abou-
chement que SI S. monstre désirer grandement, comme pour
pourveoir aux préparatifs de l'entreprise contre le Turcq.
« Monseigneur, par les derniers adviz qui sont venuz des
Recteurs de la seigneurie de Janto^ du vingt hultiesme du
passé, et de Corfou, du troysies du présent, il a esté escript
que au dit Janto n'estoit abordé que vingt-six voiles de
l'armée turquesque, lesquels n'y ont faict autre dommaige
que de cinquante ou soixante âmes qu'elles ont enlevées» et
estoit allée une partie de la dicte armée turquesque à Chia-
reazOy et feit voile le tout ensemble vers Modon au reste de
douze galères qui prindrent la roulte de Ponant, et disent les
T. YI. — NOTUUCB. — VC« ANNÉE, 4^ LIV. 31*
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482 UN ABBE DK SAINT-AUBIN d'ANGERS
dictes lettres que Ton estîmoit que ce fussent les galères
françoises, et par autres advlzde Naples se dîct qu'il esinit
venu advertîssetnent que toute la dicte armée Lurquesque se
retiroit en Constantinople.
fi Au dernier cunsîsloîre, qui fust hindy, le pouve Cardinal
Salviati fust destitué de sa légation dû Parme et Plaisance,
se fondant le Pape sur ce qu'il estait suspect aux Tmpérîaulx
pour la dernière entreprise de Florence, et a S. S. donné la
dicle légation à Monseigneur le cardinal de Monte ; et com-
bien qu'il nous déplaise du domniaîge que a encest endroicl
le dit Seigneur Révérandissime Salviati, une chose nous
conforte que le dict de Monte est homme de bien, plus enclin
au service du Roy selon la démonstration qu'il nous en a
été faicte jusques icy que auH rement.
<i Monseigneur, après nous estre très humblement recom-
mander à voslre bonne grâ'ce, nous supplyons le Créateur
vous donner en santé longue vie- A Rome^ le 24" jour de
novembre 1530.
a Vos très humbles et très obéissants serviteurs-
Charles, cardmnî^ évesque de Mmcon-
Gedegës de Selve, évesque de Lavaur\ » ,
Cette lettre est le dernier fragment parvenu jusqu'à nous
de la correspondance de M. de Mâcon. Il est fâcheux que
cette correspondance se trouve inopinément arrêtée avant la
fin de celte année 1537, fertile en péripéties politiques et mi-
lîtaireSp et l'on doit surtout regretter qu'aucun document,
émanant de la plume sagace du cardinal, ne nou3 ait fait con^
naître les préliminaires de la fameuse entrevue de Nice pré-
parée par le pape Paul III, et dans laquelle le Souverain-
Pontife joua, & Thonneur de rÉglise, un rôle prépondérant
pour la paix de l'Europe. , ^ ,^ ^
< BibLNat. &1m fonda français M 45, j>. ïes.
* À » j **
L.
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UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN d'anQERS 48:f
' Cette entreyue, que plusieurs historiens ont mal comprise,
et qu'ils ont pfStëndue entravée et rendue inutile par des qiif-
ficultésde préséance, ayant empoché VEmpereur et le Roi de
France de communiquer entre eux, est racontée en quelques
lignes par Martin du Bellay^ auteur contemporain, gentil-
homme très bien en cour, qui y assista.
« Au mois de may, qu'on comptoit 1538, dit-il, le pape Paule,
tiers dé ce nom, voyant la misère estre universelle par toute
ht chrestienté, à l'occasion des guerres, désirant mettre en
'patience l'Empereur et le Roy, pratiqua de faire une assem-
blée de ces deux princes au lieu de Nice, à laquelle il se trou-
veroit, pour estre moyen de faire une paix générale. Les
deux princes s'y condescendfrent, et le jour prins de s'y
trouver, le Pape s'y trouva au dit jour ; aussi feircnt leurs
deux Majestés. Et en ceste assemblée la sainteté du Pape
travailla merveilleusement, pensant guider tous leurs diffé-
rends; mais voyant n'y avoir moyen d'y trouver une paix
finale de dix ans, espérant que durant le dit temps, les inimi-
tiez enracinées dedans leurs cueurs se pourroient mitiger ;
flnablement, la ditle trefve de dix ans, fut conclutte, mar-
chande et communicative entre les païs etsubjectz de leurs
dittes Majestés, et toutes hostilitez d'armes suspendues. Les
choses ainsi confirmées et posées par Leurs Majestés entre
le3 mains de Sa Saincteté, chacun print le chemin de la re-
traitte :1e Pape print lavolte de Rome, l'Empereur celle de
Barcelonne, et le Roy print le chemin par Avignon, pour re-
tourner en France*. »
Le cardinal de Denonville assista aussi à l'entrevue de
Nice. Le compte rendu de la gestion des finances du prélat,
dressé peu de temps après sa mort par Nicolas Davy, son
secrétaire, fait voir que l'ambassadeur accompagna le Saint
Père dans son voyage à Nice, où le Pontife devait se rencon-
trer avec les deux souverains qu'il cherchait à réconcilier. Ce
< Col. Michaad. Mém. p. serv. à Thist. de France, t. V. 407.
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484 UN ABBÉ DE SAINT-AUBIN D*ANGERS
fut le dernier acte de la mission de Charles de Hémart auprès
du Saint Siège : le Roi reprit Tévôque de Mâcon à sa suite
lorsqu'il quitta Nice, se rendant à Avignon, selon l'itinéraire
tracé par du Bellay, et l'évoque de Lavaur resta seul à Rome,
où devait le remplacer peu après le cardinal de Tournon,
l'un des négociateurs les plus zélés —avec Montmorency — de
la trêve consentie par le monarque français et Charles-Quint.
Le 31 mai^ le cardinal de Denonville se sépara du Saint
Père, et ce ne dut pas être pour lui sans un vif sentiment de
regret à l'égard de l'auguste vieillard, auprès duquel il avait
représenté la France pendant quatre ans, qui l'avait gra-
tifié de si nombreuses largesses en bénéfice et en honneurs,
Pontife auquel il devait l'insigne honneur de porter la
pourpre romaine.
Le Cardinal fit son entrée dans sa cathédrale de Mftcon le
16 j uillet suivant. Il séjourna pendant quelque temps dans
son diocèse.
Par une bulle datée de Rome apud Sancium Petrum, le
22 avril 1539, Paul III donna au cardinal une nouvelle preuve
de sa paternelle affection. Il l'investit de la belle abbaye de
Saint-Père-en-Vallée de Chartres, — d'un revenu annuel de
de 15,000 livres, laissée vacante par la résignation de Claude
de Brillac, chanoine de la cathédrale de Tours, qui fut désin-
téressé par l'abandon que lui fit Charles de Hémart de son
doyenné de Nogent-le-Rotrou. Possession de la dite abbaye
fut prise au nom du titulaire par Jehan Dor, le 14 mai 1540'.
Marquis DE BmsAY.
fA suivre).
< Mém. du prieur de MondonviUe. Vol. J.
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VOYAGE DES 136 NANTAIS
DE
NANTES A PARIS PAR ANGERS & ORLÉANS
Du 20 septembre 1793 au 5 avril 179^1
PAR LE COMTE BERNARDIR-MARIE DE LA GUÈRE
Ex-noble et chevalier de Saint-Louis.
(suite).
LE lendemain S frimaire^ on battit un rappel à la pointe
du jour et nous nous mîmes en route ; avant de parlir,
je vis le citoyen Commel* et lui donnai ma montre et
dix louis que j'avais pour remettre à ma femme.
Environ trois heures de l'après-midi, nous arrivâmes à W
rades^, sans nous arrêtera iinccnw où je ne pus voir ma femme
qu'auprès de sa porte, qui me fit donner par Dugar une couver-
ture de laine. Onnousdéposa également dans Téglise où nous
fûmes traités de la môme manière qu'à Oudon, à cela près
qu'on distribua du bœuf bouilli froid assez bon, en place du
mauvais lard de la veille, et qu'au lieu de pailIe,nous n'eûmes
* Ou Connuel (?).
' A Varades, notre entrée fut très inquiétante. Nous y entencîmr?
des injures et des menaces plus fortes et plus multipliées qu'à Âncenis.
On nous logea dans l'église sur du foin mouillé. (Re^ah'on Vi//enaue).
T. VI.— NOTICES. — Vl* ANNÉE, 5« UV. 32
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486 VOYAGE DES 136 NANTAIS
que du mauvais fo'm tout mouillé. Trois heures après notre
arrivée, ma femme et ma sœur La Guère, la citoyenne Pieu- .
riot, et La Perrière vinrent nous voir. J'eus un sensible plaisir
'à la voir. Fleuriot et moi, obtinrent de notre commandant
que nous irions avec elles, escortés de deux fusilllers, souper
chez la citoyenne Rezé^ qui nous reçut on ne peut mieux. Ren-
dus là, j'ai changé de tout et ma femme me donna de l'argent;
avec ce qui me restait, cela me fit une somme d'environ
1400liv.
Le 9 du même mois de frimaire, après un rappel éga-
lement à la pointe du jour, nous ne nous mtmcs en route
qu'à près de neuf heures. Je fus en voiture ; nous ne devions
aller, suivant ce que nous avait dit le commandant, que jus-
qu'à Saint-Georges ; mais sur un avis qu'il reçut que l'on
craignait les brigands', il se décida à nous faire continuer
noire route jusqu'à Angers; en conséquence lorsque nous
eûmes passé Saint-Georgès, entre ce dernier endroit et
Serrant, il nous fit faire halte sur la route, et nous fit distri-
buer du bœuf bouilli et du biscuit qu'il fit tirer du chariot de
vivres qui nous avait suivis, et une barrique de vin qu'il fit
prendre à Saint-Georges. Cette halte fut d'environ trois quarts
d'heure, après laquelle nous continuâmes notre marche sur
Angers où nous arrivâmes environ sept heures du soir*. Nous
fûmes déposés de suite au grand séminaire où plusieurs pas-
. * Villenave ne parle pas de ces tolérances du commandant en
cours de route.
' (( Le 9 frimaire nous nous mimes en route àhuithenres. Nous de-
vions coucher à Saint-Georges Mais nos conducteurs y furent informés
que les brigands se disposaient à a'taquer Angers ; ce qui leur fît
craindre d'être coupés de leur route, et les détermina à la poursuivre.
Après une halte d'une demi-heure à deux cents pas au-delà du bourg,
on nous distribua le reste des provisions de Varades avec du vin blanc
qui ne ressemblait pas mal à de l'eau de lessive. Il faisait un froid
rigoureux ; nous fûmes obligés d*allumer du feu d'épines séchées sur le
grand chemin. Un grand nombre d'entre nous fut chargé sur des cha-
rettes et porté de la eorte à Angers/ où nous fûmes déposés au Sémi-
naire. Il était dix heures du spir. w. (Relation ViUe^nav^),
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DB NANTES A PARI? 487
sërent la nuit sans se coucher, faute de paille. Je fus assez
heureux pour avoir une place sur un matelas, que nous
mtmes au travers d'une cheminée où il y avait bon feu,
quelques-uns trouvèrent des lits complets dont ils profi-
tèrent. Le lendemain matin, nous apprîmes par quelques
citoyens d'Angers qui étaient détenus dans ce séminaire,
que peu avant notre arrivée on avait fait sortir plus d'un cent
de citoyens détenus pour nous faire place; que les chambres,
que Ton avait trouvées meublées, étaient occupées par une
partie de ces mêmes citoyens ; et qu'après les avoir déposés
dans la ci-devant église cathédrale, on les avait fait partir à
4 heures du matin sans qu'on sût alors leur destination. J'o-
mettais que le commandant Boussard, après nous avoir, au
moment de notre arrivée, fait entrer dans une grande salle,
et avoir fait un appel de noms, nous félicitai en quelque
' L'auteur de ces notes faillit être massacré par uq patriote qui le
reconnut, se précipita snr lui en le qualifiant de brigand et voulut le
frapper. Quatre Tolontairea s'oppofèrent à cette violence. Villenave
rapporte le fait sans donner le nom du prisonnier. M. B.-M. de la Guère
était fort connu à Angers où il avait de nombreux parents. Il avait fait
beaucoup de bien à cet homme qui lui devait de l'argent et il n'aurait
pas dû craindre de sa part les mauvais traitements qu'il en éprouva.
Plus tard, le fils fut menacé comme le père. Lorpqu'en 4848 les têtes
s'exaltaient, Le comte Bernardin- Jean de la Guère, fils de l'auteur de
ces mémoires, retint une lettre anonyme ainsi conçue : c Ce
n'est pas la messe que tu entends toufi les jours, ce n* est pas
le cierge que tu portes k la procession (il était vice-président de la
fabrique delà cathédrale de Bourges] qui te préserveront. Tu auras beau
te renfermer dans ton fortin de Dames (cette habitation affecte les
apparences d'un petit manoir avec ses tourelles et ses fossés pleins
d'eau) nous saurons t'y retrouver, on a été assez bête pour Vépar-
gner en 1193, mais toi, ta louve et tes louveteaux, vo^is y passerez
tous e,t nous ne t'épargnerons pas. » Le comte de la Guère sut par une
enquête restée secrète, qne l'auteur était un individu qu'il avait fait élever
de ses deniers et qu'il avait comblé de ses bienfaits. Cela ne le découragea
pas dans sa manto de faire le bien. Il empêcha toute poursuite et il fut
universellement regretté. Le dernier des louveteaux a bien voulu nous
communiquer ce trait de grandeur d'âme de son vénérable père.
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488 VOYAGE DES 136 NANTAIS
sorte sur la manière dont nous nous étions conduits ; mais il
ne nous laissa pas ignorer qu'il était instruit de l'évasion du •
citoyen Hernaud, et qu'il avait donné des ordres et mis des
gens en campagne pour qu'il fut arresté de suite.
Le 10 frimaire, nous passâmes une partie de la journée au
dit séminaire ; mais environ 2 heures et demie à 3 heures,
plusieurs de nous étaient môme à dîner, on nous fit avertir de
descendre dans la cour. Là on nous avertit que nous allions
être transférés à la prison nationale, sous le prétexte que la
maison où nous étions logés était destinée à recevoir des
troupes qui devaient arriver dans le jour pour protéger la
ville qui était menacée d'une prochaine attaque de la part des
brigands*. Avant de nous faire sortir on nous attacha deux à
deux, d'autres une trentaine ensemble ; je le fus seul avec le
citoyen Fteuriot. Cette occupation achevée, nous quittâmes
le séminaire environ quatre ou cinq heures du soir, et après
nous avoir fait faire un tour bien plus grand que nous ne de-
vions, nous arrivâmes à la prison'. On nous fît entrer dans
' Il est curieux de comparer le style de Villenaye : « Lorsqu'au
séminaire il eut fait l'appel nominal, qu'il nous eut tous comptés
les uns après les autres, et vérifié qu'il n'en manquait aucun, hors
celui dont il avait appris la fuite à Oudon, sa joie fut telle qu'il nous
témoigna hautement que nous paraissions dignes de toute la confiance
des républicains, puisque nous n'avions pas trahi la sienne, lorsque
mille circonstances inévitables nous en avaient fourni l'occasion. »
Et plus loin : a Quelques expressions du citoyen Boussart, lors de
l'appel nominal fait à Angers, nous laissèrent beaucoup dq doutes sur
la réalité du voyage de Paris, et ces doutes furent accrus par une scène
violente qui eut lien au séminaire, en notre présence, entre Boussart
et un membre du comité révolutionnaire d'Angers. » A la suite de
cette scène, Boussart fut mis lui-même en état d'arrestation.
' C'est-à-dire des Vendéens. Le comte de la Guère n'emploie que
l'expression consacrée en ce temps- là par mesure de prudence. Son
style se ressent du temps de la persécution et du lieu qu'il habite. Soit
dit une fois pour toutes.
' Les Nantais devaient y rester vingt jours. « Là^ditVillenave, nous ne
cessâmes d'être sous la surveillance de quatre citoyens (Naud,Bologniel,
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»* - -
DE NANTES A PARIS 489
une cour d'environ soixante à quatre-vingts pieds de long
sur environ quarante-cinq pieds de large, fort mal propre, et
dans laquelle il y avait un fort tas de fumier qui répandait
une exhalaison très infecte ; nous restâmes plus d'une demi
heure dans cette cour, sans qu'il y parût personne ; nous
gardions tous le plus morne silence : une sorte d'effroi sem-
blait nous glacer tous*. La terreur s'était môme emparée de
plusieurs qui l'ont avoué depuis. Nous vîmes enfin paraître
le concierge, nommé Pricard, avec un garçon de geôle. L'un
d'eux ouvrit une porte qui était au fond de la cour ; c'était
celle de la chapelle ; elle me parut alors être la seule ; mais
il y en avait une plus basse qui était cachée par quelques-uns
de nos camarades dont 81 entrèrent dans cette chapelle, qui
n'avait environ que 24 pieds de long sur 14 de large, et il
donna aux autres deux petits cachots et deux chambres hautes,
nommées la collecte et le civil. Dans cette dernière il y avait
deux cabinets, je me logeai dansï'unavec le citoyen Fleuriot,
Nous eûmes un lit qui avait une paillasse et une couverture
avec un traversin. Dans les deux cabinets et dans la
chambre, nous étions 40, les uns sur la paille^ et les autres
sur quelques matelas restés dans la dite chambre, nous avions
à la porte un seillot pour faire. nos plus pressants besoins. On
nous enferma sur le champ jusqu'à 9 heures.
Joly et Dardare) dont l'un était membre et les antres commissaires du
comité révolationnaîre de Nantes. Ils étaient chargés de nous préparer
des logements et de pourvoira notre subsistance. Ils connaissaient
assez particulièrement plusieurs d'entre nous (Villenave et Dorvo en
particulier, j'imagine) ; aussi notre snrprise fut quelquefois extrême.
Nand, l'un d'eux, était dans la cour du Séminaire lorsqu'on nous lia
de cordes. Il nous accompagna jusqu'aux prisons et ses collègues
s'étaient placés dans la me pour nous voir passer. »
* Il est à croire que l'intention de Carrier était de les faire massacrer
en sortant de cette prison. On verra plus loin quels avaient été les
ordres secrets donnés au sieur Boussart commandant de l'escorte. Son
refus de donner les mains & une telle boucherie fut probablement la
cause de son arrestation.
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490 VOYAGE DES 130 NANTAIS
Le lendemain / / frimaire, on ouvrit les portes environ
les 9 heures, et nous nous vîmes entourés aussitôt de plus de
cent prisonniers de toutes espèces, insurgés pris les armes
à la main, militaires punis pour faits graves, gens soupçon-
nés de vol et autres crimes, d'autres enfin condamnés à
garder prison plus ou moins de temps. Leur surprise à tous
fut extrême de nous voir confondus avec eux; mais ils se
familiarisèrent bientôt avec nous. Il n'y avait qu'un misérable
guichet pour demander nos besoins, Les gens nous repous-
saient en disant qu'étant plus anciens que nous, ils devaient
être servis les premiers. Confondus d'ailleurs parmi eux,
nous nous aperçûmes que plusieurs étaient couverts de poux,
et, craignant d'en attraper, nous n'osions nous approcher
d'eux, ce qui me faisait prendre mes repas à la geôle ; il
m'en coûtait à peu près 3 1. pour mon dîner. Il eut été à sou-
haiter pour moi que je me fusse borné à ce repas, sans
chercher à faire rien apporter par le guichet ; je n'aurais pas
perdu un portefeuille dans lequel il y avait treize ce»t livres,
environ dix heures du môme jour. Sur ce qu'on s'était aperçu
que mes compagnons d'infortune étaient trop gesnés dans la
chapelle*, on en fit appeler une quinzaine que Ton fit monter
dans nos chambres où il y avait un peu plus d'espace, et on
distribuai peu près pareil nombre dans deux cachots voisins
de la chapelle. Nous apprîmes à peu près en môme temps que
la veille il était arrivé en la môme prison que nous, cinq de
nos concitoyens qui étaient partis de la maison de l'Esperon-
nîèrele lendemain de notre départ. Leurs noms sont: Chardot,
Poton, rEstourbeillon, Devay, aîné, et Chauchy^. On nous
* Voir dans VilUnsive le récit épouvantable de la situation des
prisonniers de la chapelle.
* « Ces cinq nouToauz prisonniers sont destinés à remplacer quatre
des premiers dont rélargissement avait été décidé et qui a été eflectué
quelques jours plus tard et un autre qui s'était évadé en route, mais
qui a eu le malheur d'être repris plus tard et ramené à Angers. »
(Note d'un fragment du Journal de Pellerin publié par Verger .*iuz
Archîveii curif^ttfies de Nantes, II, 434).
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De NANTES A PARIS 401
parla dans le cours de la journée, mais vaguement, de rap-
proche des brigands. Le lendemain mardi, î3 frimaire ou
3 novembre, nous entendions du canon, c'étaient les brigands
qui attaquaient la ville pour entrer*. La prison n'est pas
éloignée de la porte Saint-Michel ; une de leur principale
attaque était dirigée vers cette porte. Les boulets passaient
par-dessus la cour de notre prison. Il tomba même plusieurs
balleS; un biscayen, et plusieurs morceaux de mitraille, un
entre autres de la largeur d'un pouce tomba aux pieds du ci-
toyen Bascher qui le ramassa de suite; ils continuèrent leurs
attaques dans la journée et le lendemain ; ce fut en vain, ils
se retirèrent environ dix heures du soir. Le soir du môme
jour, i4 frimaire, le citoyen Charette-Boisfoucaud mourut
d'une révolution de goutte'.
Lfi iS frimaire, nous vîmes . entrer parmi nous le citoyen
Hernaud qui avait été ramené de Nantes. Il compléta le
nombre des 136 Nantais détenus.
Le i S frimaire ou 8 décembrey les mômes détenus nantais
proposèrent entre eux une quôte en faveur des blessés au
* Oa lit dans l'abbé Denian : « Ea passant à Angers, Ips patriotes qui
sont dans la bande (des 132 Nantais) demandent à défendre la ville,
qai était sur le point d*étre attaquée par les Vendéens ; on repousse
leur sollicitation. » Hifit. de la guerre de Vendée, ([II, p 509.) Cette
demande est confirmée par la relation Villenave II faut remarquer
que Tabbé Oeniau, p. 50S, commet une erreur en parlant des 132
Nantais II dit qu'ils furent embarqués sur la Loire à Nantes pour
remonter le fleuve et qu'on devait les noyer en passant aux Ponts-de Gé.
Le voyage s'effectua par terre. Il confirme cependant Topinion générale
où Ton était de leur massacre et le mélange de citoyens de toutes opi-
nions. Leur arrestation était donc plus tAt motivée par des convoitises
particulières, ou des rancunes personnelles que par des raisons pure-
ment politiques.
' Villenave dit qu'on avait affecté ie mettre son nom en tête de la
liste des prisonniers, pour faire croire que tous « étaient des scélérats
de la Vendée et pour attirer sur eux l'indignation des républicains. •
Il lui fallut des vésicatoires ; < à la demande qui en fut faite, on
répondit : s'il enlsL besoin, qu'il aille les chercher \, »
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492 VOYAGE DES 136 NANTAIS
siège ; e^le s'éleva à 2400 fr. qui furent envoyés à la munici-
palité*. Le seul citoyen BiV/arrf , un des nôtres, y contribua
pour 1000 francs.
Le 19, le citoyen Rousseau étant tombé malade fut trans-
féré de la prison nationale à Thôpital Saint-Jean Dans la
nuit du 20 au 2i frimaire^ le cXio^Bn Gauthier (Gautier)
mourut d'une maladie de poitrine meslée de chagrin.
Le 21 frimaire^ les citoyens Dubeme^ Fleurenceau Descos-
Hères, Geslin et Bonvalet furent élargis et déclarés libres*.
Le 26 frimwe, le citoyen Joseph de Monti paya le tribut
à la nature, au bout de quelques jours de maladie.
Le 27 frimaire ou i 7 décembre, le citoyen Castellan fils eut
le môme sort; il était déclaré pulmonique dès en partant de
TËsperonnière et même longtemps auparavant. Il décédaenvi-
ron les quatre heures de Taprës-midi dans la chapelle où nous
avions été déposés en arrivant, c'est-à-dire la majeure partie.
Dans le cours de la môme journée, nous eûmes le chagrin
de voir un jeune prisonnier qui était sorti le matin d'un ca-
chot étant très-malade ; son état ayant empiré, il donnait
encore signe de vie, on le jetta néanmoins sur trois cadavres
qui étaient ensevelis et qui mis au bas de Tescalier en atten-
dant le moment de les inhumer reçurent ses derniers soupirs.
Le môme jour, il tomba presque mort à nos yeux un autre
prisonnier en satisfaisant à ses besoins. Le malheureux était
blessé dangereusement et on ne s'inquiétait aucunement de
le faire soigner. Dans la môme soirée, un ancien prisonnier
se jeta dans le puits qui était très profond. Il en fut aussitôt
retiré par un de ses camarades* qui se précipita, pour ainsi
* Ce sont les quatre prisoniiers d6nt^;iV a été question ci-dessus, et
pour le remplacement, de qui on en avait envoyé quatre autres.
' Confirmé par Villenave qui ne cite pas la générosité du citoyen
Billard, N. S. priait pour ses bourreauk; les Bretons prisonniers réu-
liifîFaienl de quji soigner leurs meurtriers. Admirables sentimenvs
chrétiens I
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DE NANTES A PARIS 493
dire après lui, en s'tidant néanmoins de la chaîne ; nous lui
donnâmes environ 50 fr. pour sa bonne action.
J'omettais de relater ici que depuis l'instant de notre arrivée
on nous distribuait à peu près trois livres de pain pour deux
jours à chacun. Cette distribution se faisait quelques fois tous
les jours, d'autres fois tous les deux jours ; mais ce pain était
si mauvais, si noir et si mal cuit, qu'il était presque im-
possible d'en manger. Il fallait cependant bien en faire sa
subsistance, et malgré que nous en distribuions beaucoup
aux prisonniers, il y en avait beaucoup de perdu. D'un autre
côté, nous eûmes une peine infinie à nous procurer des vivres
au dehors ; plusieurs traiteurs de la ville refusaient de nous
en fournir ; il n'y eut que celui qui tient la Boule cTor qui voulut
y consentir ; mais ayant plusieurs fois été dans l'impossibilité
de le faire, nous étions dans ce cas obligés d'en faire de-
mander au concierge par l'entremise de nos concitoyens qui
étaient dans les chambres hautes ; alors on nous envoyait
pour huit, et cela est arrivé plusieurs fois, une mauvaise
soupe, environ une livre de bœuf, un quarteron de lard, que
l'on nous faisait payer dix liv. Le vin d'ailleurs était fort dur,
très vert, on ne peut plus épais ; en le buvant, on pouvait
dire je bois et je mange tout à la fois. Il était tel enfin, que'
le concierge nous le donnait, car il ne souffrait pas que l'on
s'en procurât du dehors. Nous le lui payions cependant 15 fr.
la bouteille.
J*ai également oublié de relater que dans les jours qui
suivirent l'attaque d'Angers ou, pour mieux dire, la retraite
des brigands, on amena beaucoup de prisonniers faits sur eux
et pris en partie les armes à la main. Un, entre autres, avait
reçu un coup de feu dans la joue qui lui avait passé derrière
la tête. Un autre qui nous déclara qu'il était prestre, et ne
resta pas, ainsi que le premier, plus de deux heures en prison.
On les retira avec plusieurs autres, pour aller au supplice.
Le J28 frimaire, ou mercredi 18 décembre^ un des garçons
guichetiers vint nous avertir, de la part des officiers muni-
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494 VOYAGB DES 136 NANTAIS
cipaux» que nous eussions à nous tenir prdts à partir pour le.
lendemain matin à cinq heures. II était alors neuf heures du
soir. Il nous parla à travers la porte de Tun de nos cachots
dont j'ai pareillement omis de donner les dimensions; celui
de rentrée avait onze pieds de largeur sur^environ quatorze
pieds de longueur, six pieds et demi de hauteur. Il était d'en-
viron un pied plus bas que la cour. La porte était fort petite,
et il fallait se. baisser pour la passer, ce cachot n*était éclairé^
quand la porte était fermée, que par une ouverture de trois
pouces quarrés qui était pratiquée à cette porte. Devant ce
cachot à environ trois pieds de distance était un égoût, en
majeure partie ouvert, par où passaient toutes les immon-
dices de la cour des femmes et de celle des hommes. Cet
égoût répandait souvent une odeur très infecte et fort incom-
mode. L'autre cachot, auquel le nôtre servait de communica-
tion, était à peu près de la mdme dimension et n'était éclairé
que par une petite ouverture pratiquée dans le mur. Nous
étions dix détenus dans chaque, dont quatre étrangers. On
nous renfermait tous les jours régulièrement à quatre heures
du soir et même souvent dès trois heures et demie, et on ne
nous ouvrait qu*après huit heures du matin ; nous n'eûmes
de paille fraîche que la veille de notre départ^ quoiqu'il nous
en fût dû tous les quinze jours*.
Le lendemain, 29 frimaire ou 19 décembre, les garçons de
geôle vinrent nous prévenir de nous préparer à partir. Ils nous
donnèrent de la lumière, et, après nous être habillés, nous
ftmes nos paquets et attendions que Ton nous donnât l'ordre du
départ. Environ 7 heures, tous nos camarades des chambres
hautes , à l'exception des malades , étant descendus dans
la cour, nous y vîmes entrer des gendarmes qui avaient de
grosses peiottes de corJe avec lesqueUesils nous attachèrent
six par six. Sortis d? la prison, on nous fît mettre sur deux
* L'ancien cipitaîne au régiment de Penthièvre en était encore
aux anciens règtements et à la discipline militaire qu'il connaissait
si bien.
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DE NANTES A PARIS 495
lignes devant les halles, et après avoir fait choix des plus
&gés et des infirmes, on les fit monter dans des voitures et
ctiarettes préparées à cet effet. J'ai dit plus haut que nos
camarades étaient descendus dans la cour, excepté les ma-
lades. Il s'en trouva 17 qui restèrent, sça voir : les citoyens
Rousseau, Lepot, Crespin, Lami-Fleury, Pilorgerie\ Du Pont
de la Roussière, Hamon Thébaudiire, Du Fou, Bemêde, du
Rocher, Garet du Chatelief, Ballais. Cotel, Pisançon, Marie,
Colas de Malmusùe ut Chevalier. Les préparatifs du départ
achevés^ nous nous ratmesen marche au nombre de 111, et
pour sortir de la ville on nous fit faire encore un tour beaucoup
plus long qu'il nt fallait. Nous étions toujours liés six à
six, c'est-à«>dire qui allaient à pied : nous étions sur deux
lignes au milieu d'un détachement de volontaires au nombre
de quarante et sept gendarmes ; nous nous aperçûmes que
le peuple nous regardait avec beaucoup d'intérêt, et semblait
partager la peine que nous ressentions*. A une lieue de la
ville le commandant nous permit ou du moins ne s*opposa
pas à ce que nous eussions quitté nos cordes. Il nous laissa
même toute liberté d'aller comme bon nous semblait, en
* On Ut dans la Relation Villenave : « Oq ne pouvait voir pans at-
tendrissement des Tieillards, des goutteux, des iofiroies. des convales-
cents emprunter le bras des gendarmes pour se soutenir. Le vieux
Filorgerie snrtont, blessé dangereusemen' par une chute sur une
bouteiUe brisée au fond de Tescalier le plus noir, et dont la plaie
s'ouvrant au plus léger mouvement, le mettait.à chaque instant en péril
de la vie, qn'il a perdue depuis, fut arraché de son lit, amené presque
nud, le bras en écharpe et la culotte sur les talons. La pitié que mani-
festèrent quelques hommes sensibles, attirés par la curiosité, détermina
à le faire rester. »
* Villenave dit au contraire : « On nous fit traverser presque toute
la ville : nous ne savons si cette traversée était nécessaire, mais une ou
deux fois^ «ans la fermeté des militaires qui nous accompagnaient, elle
nous eût été fatale. Nous arrivâmes au milieu deê eris et des me-
naces à l'extrémité du faubourg que l'approche des brigands a ait fait
incendier dans presque toute sa longueur. »
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496 VOYAGE DES 136 NANTAIS
nous recommandant cependant de ne pas nous écarter du
chemin*. Nous arrivâmes de fort bonne heure à Saint-
Mathurin. Je m'y rendis à pied ; et après qu'on nous eût fait
entrer dans Téglise; nous nous procurâmes des vivres, et
pendant que nous mangions nous apprîmes qu'il arrivait de
Saumur 1.500 hommes de troupe pour coucher audit lieu de
Saint-Mathurin. Le commandant, qui nous confirma cette
nouvelle, nous prévint que, pour des raisons particulières, il
avait décidé que nous nous rendrions le soir aux Rosiers, et
de suite, nous ayant fait sortir de l'église, nous nous mîmes
en marche et arrivâmes aux Rosiers environ 8 heures du
soir*. Je m'y rendis encore à pied ; nous couchâmes, la ma-
jeure partie, dans une écurie; les autres furent assez heu-
reux pour aller coucher chez des habitants, où ils furent
parfaitement bien reçus.
Le vendredi 3 (?/rîmatVtf ou 20 décembre, nous partîmes
pour Sai/mz/r, nous y arrivâmes environ 8 heures, jour de
décade, au milieu des huées et des menaces du peuple et sur-
tout de beaucoup de militaires*. Ces menaces causèrent bien
' Ce commandant n*était plus Bous^ard. Nous regrettons, dit
VillenaTe qui confirmé sa bienveillance, de ne pouvoir faire connaître
son nom. Il était originaire de Mayence.
* D*aprèBce qui a été dit plan haut et les paroles de Naux à Boussard,
on comprend que le commandant voulait ainsi éviter un massacre
qu*il avait trop lieu de craindre s*il avait laissé les 111 Nantais en face
des 1500 hommes de troupe envoyés pour couchera leur place et com»
battre ensuite les brigands. Yillenave est persuadé que le voyage
d'Angers à Saumur avait été combiné pour ce massacre. L'officier mu*
nicipal qui pourvut au logement des prisonniers aux Rosiers « s'étonna
de nous voir encore en vie et nous assura que nous avions été fusillés
aux Ponts^de-Cél •
' A Saumur, dit Tabbé Deniau, on les place dans une cour où trente-
six prisonniers de Tarmée royale attendent la mort ; le bourreau leur
offre comme spectacle de faire, devant eux, « cracher au bassinet »
tous ces infortunés en moins d*une heure. • (III, p. 500). — Villenave
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DE NANTES A PARIS 497
de rinquiétude à la majeure parlie de nos concitoyens. Ils
craignaient fort que Ton ne se fut poHé à quelques extrémités
fâcheuses contre nous, d'autant qu'au bout du Pont-Neuf, un
militaire, homme à moustache, apostropha le citoyen Gau-
tier, l'un de nos camarades, en disant qu'il était un brigand,
qu'il le reconnaissait pour lui avoir coupé les cheveux et
qu'il avait envie de lui couper le cou.
Nous fûmes déposés dans la prison nationale, où en arri-
vant, nous aperçûmes cinq ou six cadavres étendus sur le
pavé d'une espèce de remise ou de hangard ; plusieurs, nus,
semblaient y avoir être mis depuis plusieurs jours, car ils
répandaient une odeur infecte. Le lieu que l'on nous pré-
parait était une grande salle basse vis-à-vis de cette remise.
Elle était séparée en deux; mais de beaucoup trop petite
pour pouvoir nous contenir tous ; puisqu'on fat obligé de
faire sortir d'un très grand grenier lambrissé des femmes
couchées sur la paille, et dont plusieurs étaient bien malades.
Il y monta environ vingt-cinq des nôtres. Le lendemain de
notre arrivée, nous eûmes la visite du • commandant de la
place qui, après nous avoir écoutés avec assez d'intérêt, cher-
cha à nous consoler en nous assurant qu'il ferait tout ce qui
serait en lui pour adoucir notxe sort et la rigueur de notre
position , que déjà on avait, dès la veille, cherché à détrom-
per la Société populaire sur notre compte, et que môme il
avait fait punir celui qui avait menacé un de nos camarades
de son sabre ; comme de fait le xôme particulier fut amené
racoate ainsi la chose : « L'exécuteur étaat un jour à la geôle avec
plusieurs de nos camarades, s'informa de notre nombre, et nous re-
gardant déjà comme une proie assurée. « Savez-vous bien, di(-t/, que
je suis capable de vous expédier tous en moins d'une heure ? » Tout
ce que nous voyions, tout ce que nous entendions semait dans nos cœui
répouvante et l'horreur.
Après cinq jours de résidence dans les affreuses prisons de Saumur,
le citoyen Foliie, adjudant de la place, qui vint nous annoncer notre
départ se servit de ces paroles remarquables : RéjouUsez^vous, mes
amts, demain vous partez pour Paris. »
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4'<^8
VOYAGE DES t3t NASTAJS^
dans la même prison que naus. Et sur la prière que nous
nmes à ce commandant* de donner des ordres pour faire
enlever les cadavres dont il est parlé plus haut, et qui conti-
nuaient de nous infecter, il les fit enlever sur le champ et
défendit qu'on en mît davantage dans cet endroit. Le malin
daJDatoi^ jour on nous avait distribué du pain en même
quantité qu'à Angers, mats infiniment meilleur; nous eûmes
toute facilité pour faire venir des vivres de la ville et les
autres objets dont nous pouvions avoir besoin ; nous étions
obligés de nous servir des volontaires qui étaient de garde ;
ils nous rançonnaient beaucoup, mais c'était une nécessité à
laquelle il fallait céder. Dans le cours de la journée» nous
eûmes occasion de nous assurer qu'à la prison où nous étions
détenus il n'y avait que des gens arrêtés pour cause de la
Révolution. La commission militaire et le tribunal révolu-
tionnaire paraissaient fort occupés à juger des détenus ; car
to tirait de cette prison plusieurs citoyens et citoyennes pour
être conduits au supplice'. Z>^3 décembre ou 3 nivôse, nous
vîmes une trentaine de ces citoyens que Ton garottait pour
les conduire hors la ville et pour les fusiller. Le même jour,
les citoyens Z)w Fow, Pwawfo/i, Ballan, Chevalier ^i Hamon-
' La relation Villenaye attribue cet acte d'humanité à plusieurs
^ officiers de l'Etat major (p. 28),
\ ' ' <c L'atant-veille de notre départ de Saumur, nous eûmes sous l^s
V ^ yeux le triste spectacle de trente-six individus liés et garottés, qui
restèrent dans la cour depuis la pointe du jour jusqu'à dix heures du
matin, et qui durent être fusillés le jour même à une demie-lieue de la
▼i.ie. » CRelatioa Villenave p. 28). C'est à quoi elle faisait allusion lors-
qu'eil* dit ! € l> commandant temporaire de Saumur vint aussi nous
prévenir que nous partirions le lendemain pour Paris ; que nous ne
devions plus conc voir aucune inquiétude; qu*il était arrivé un événe-
ment sinistre à un convoi de détenus dont plusieurs avaient été victimes,
mais que nous n'aurions point à craindre un' semblable événement ;
que nous serions escortés par un bon détachement, et qu'il marcherait
lui-mAme à notre tétejnsqu'à la sortie de la ville. »
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DE NANTES A PARIS 499
Thibaudière qui étaient restés malades à Angers, nous rejoi-
gnirent et nous apprirent la mort du citoyen Garet du Cha-
telier.
Le 4 nivôse ou 24 décembre^ le citoyen Gomer, commandant
de la force armée, chef de division, maréchal de camp et
commandant de la place qui était en état de siège lors de notre
passage, vint nous prévenir que le lendemain nous partirions
pour aller à notre destination, mais que nous ne devions ôtre
nullement inquiets, que nous serions bien escortés par un
détachement de volontaires dont nous pouvions ôtre sûrs,
et que, pour prévenir ce que nous avions éprouvé à Saumur
en entrant, il marcherait lui-môme à notre tôte jusqu'à la
sortie de la ville*. Ce fut le commandant temporaire qui
nous tint ce langage qu'il effectua. Le général Gomer nous
mit entre les mains d'un officier de gendarmerie* auquel il
dit qu'il répondait de nous sur sa tôte jusqu'à Paris. Le len-
demain 5 nivôse ou 25 décembre, nous partîmes de Saumur
escortés de la manière que le commandant temporaire de
la ville nous avait promis et sous la conduite du citoyen
Bcauvilliers, officier de gendarmerie, homme très borné et
fort dur. Nous arrivâmes d*assez bonne heure à la Chn-
pelle-Blanche^ ; on nous déposa dans un grand magasin ; on
* On croirait d'après ce passage que Vrllenave a dû se servir du ma*
nuFcrii de M. de la Guère dont il a peut-être eu communication
pendant leur commun séjour en prison.
^ « L*officîer de gendarmerie qui devait nous conduire commença
par Jurer qu'il ferait fusiller le premier qui s'écarterait d*nn pouce. 11
fut mis en réquisition un nombre de charettes et de chariots tel qi^e
presque aucun de nous ne fut forcé d^aller à pied. La municipalité fit
défense de nous invectiver à notre passage. Un des principaux officiers
nous accompagna jusqu'aux barrières afin de protéger notre sortie. »
(Relsition Villenave),
' ((Nous Hmes tranquillement notre route jusqu'à la Chapelle-Blanche,
où nous couchâmes sur la paille, dans un grenier à bled. Un malade
8*y procura un matelas pour \ 8 francs. Le commandant ayant requis
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500 VOYAGE DUS 136 NANTAIS
nous y distribua du pain et nous nous procurâmes des
vivres que nous payâmes excessivcuient cher : la livre
de pain, on nous la faisait 28 sols et la pinte de lait 20 sols.
Ensuite de quoy on nous donna de la paille pour nous coucher
que nous payâmes 1 1. la boite ; quelques-uns cepenlant qui
étaient dans une pièce particulière furent obligés de se cou-
cher sur les planches parce que vraisemblablement ils ne
purent se procurer de la paille.
Le lendemain 6 nivôse ou 26 décembre nous arrivâmes à
Langeais*, et nous couchâmes dans une maison particulière
proche le château, où les officiers municipaux vinrent nous
visiter. Ils nous rendirent tous les services possibles dans
les circonstances, en nous apportant eux-mêmes de la soupe
et nous faisant procurer des matelas qui nous firent d'au-
tant plus de bien, qu'il y avait longtemps que nous nous
étions couchés autrement que sur la paille.
Le vendredi 7 nivôse ou 28 décembre, nous couchâmes sur
la levée, dans une auberge à l'extrémité du faubourg de Tours^.
de la paille, on protesta qu'il n'y en avait point ; il ne 8*en trouva que
lorsque chacun de nous eut consenti à U payer. {Relation Villen&oe) . »
* A Langeais, dit l'abbé Deniau, ils sont bien accueillis. (III, p. 509).
LareUtion Villenave donne plus de détails, p. 31 : u à Langpais, la
municipalité nous fit un accueil favorable. Elle nous logea dans une
maison particulière ; nous eûmes la faculté de louer des matelas. Le
maire donna tous ceux qu'il avait chez lui . Il apporta lui-môme la
soupe aux malades; nous écrivîmes sur une des cheminées de la maison :
Les Nantais reconnaissants aux habitants de Langeais. »
' « Auprès du pont de Tours s'élevèrent des clameurs non moins vio-
lentes qu*à Saumur ; heureusement nous n'entr&mes pas dans la ville.
On nous parqua dans une auberge dont le propriétaire était mort
depuis trois jours, et sur les effets duquel le scellé était apposé. Les
chambres ne suffisant pas i la moitié de nous, quoique nous occupas-
sions toute leur superficie, il fallut bien que Tautre moitié couchât
dans récurie. On alluma dans la cour un grand feu ; nous étions
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DE NANTES A PARIS 501
Plusieurs se procurèrent des lits ; comme je ne pus pas en
avoir, je passai une partie de la nuit à faire cuire du bœuf ,
qu'on nous avait distribué, et le reste du temps, je le passai
dans un fauteuil, et le lendemain matin, je m'en dédom-
mag^eaiiCn prenant un bon bouillon de ma façon ; mais la
majeure partie qui n'avait point eu de lit fut obligée de
coucher dans l'écurie et même d'acheter de la paille pour
se coucher; ils la payèrent i 1. la botte. On nous donna
rétape en pain et en viande ; plusieurs refusèrent la viande
ne sachant qu'en faire, mais il y en eut qui prirent le parti
d'en faire de la soupe pour le lendemain, avant de se mettre
en marche.
Le samedi 8 nivôse ou 28 décembre, nous arrivâmes à Am-
boise\ Le commandant nous fît entrer de suite dans une cha-
pelle dédiée à Notre-Dame de la Garde et servant de succur-
sale. Tout ce qui était dans la dite chapelle était brisé et
sens dessus-dessous. Le citoyen Fleuriot y perdit son porte-
feuille dans lequel il y avait à peu près 160 fr. Nous la trou-
vâmes remplie de décombres , de statues de saints qui
avaient été^nous dit-on, brisées la veille de Noël par 5 hommes
de la ville, au moment où le prestre commençait l'offlQe de
fatigués; nous avions plusieurs malades ; nos santés commençaient à
s'altérer ; nous comptions sur un séjour, il nous fut refusé. Dès le
matin l'on nous mit en route. Nos malades ne purent obtenir d'être
déposés à l'hôpital. » (p. 31. Relation Villensim],
' « Nous couchâmes à Âmboise dans la chapelle du Bout-des-Ponts.
Elle était dépavée ; l'air en était putride. Nous comptions n'y être que
par entrepôt. Il y avait des auberges, on ne pouvait nous y loger,
mais Ton nous apporta de la pailFe ; les débris de l'autel et les statues
brisées nous servirent d'oreillers. En effet, quelques jours auparavant,
la fête de la Raison avait été célébrée dans cette église. Pour purifier
l'air quelques-uns s'avisèrent d'allumer du feu. Le remède fut pire que
le mal et pendant plus de trois heures nous fûmes fatigués par une
fumée épaisse que nous n'avions pas de moyens de dissiper. » [Relation
VilienaL'oe).
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE^ 5" LIV. 3.S
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502 VOYAGB DES 136 NANTAIS
Noël. Ils avaient en outre chassé le prestre, déchiré et brûlé
tous les livres, ornements, linge, etc.... dépendants de cette
chapelleV Le commandant/ en nous y faisant entrer, nous dit
que nous n'y resterions pas, qu'il allait de suite nous chercher
un autre guide ; mais nous ne tardâmes pas à éprouver qu'il
ne fallait pas compter sur cette promesse, car au bout d'une
demi-heure, on vint nous apporter de la paille, j'eus aussi
un matelas, présage assuré que nous devions passer la nuit
dans cette chapelle, qui, outre l'état de délabrement dans
lequel elle était, se trouvait décarrelée dans presque tous les
endroits et très humide; c'était une pure mauvaise volonté de
ce commandant qui se refusa absolument à ce que nous
fussions couchés dans les auberges qui avoisinaient cette
chapelle, ef dans lesquelles il était très possible de le faire.
Nous y eûmes également l'étape en pain et en viande. Nous
fîmes également faire de la soupe pour le lendemain avant de
partir.
Le 9 nivôse ou 29 décembre^ un dimanche, nous arrivâmes
à Blois. Deux' officiers municipaux, accompagnés de notre
commandant qui avait pris les devants, vinrent au devant de
nous. Ils nous accompagnèrent jusqu'au couvent des
* Carmélites, où on nous déposa pour y passer la nuit. On- nous
y distribua du pain. Nous fîmes venir des vivres du dehors.
Ensuite de quoy on nous donna à partie de nous des matelas
et de la paille aux autres, parce qu'il n'y avait pas assez de
matelas.
' C'est ce que la relation Yilleoaye appelle célébrer la fête de {a
Raison 1
* « Deux of&ciers municipaux de Blois vinrent au devant de nous, lors
de notre entrée dans cette ville. Leur présence fit cesser les injures et
les menaces dont nous ne manqoîons jamais d'être assaillis ; nous
fûmes logés à la maîson de» ex«Garmélites ; nous reçûmes à Blois des
parales de consolation^ nous y trouvâmes de l'humanité ; nous y vîmes
des Républicains sensibles à nos malheurs.» (Relation VittenaiTe, p. 32).
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DE NANTES A PARIS 503
Le lendemain 10 nivôse ou 30 décembre^ après avoir laissé
malades, à Blois\ les citoyens VUlenave, Saint' Brancard y
Aubty^ jeune, et Desbouchaud. Nous partîmes au nombre de
112, nous arrivâmes à Beaugency^, où le citoyen Cornet, notre
concitoyen^ établi au dit lieu, nous procura dos logements
dans trois auberges ; nous y fûmes fort bien traités, mais il
nous en coûta fort cher.
Le- ii nivôse ou 31 décembre, nous fûmes coucher à
Orléans" y dans le séminaire, où les habitants de la ville nous
envoyèrent des draps pour tous ceux que nous étions. J'en
profitai et me déshabillai pour la première fois depuis mon
départ de Nantes. Dans ce lieu nous apprîmes la mort du
citoyen Le Pot que nous avions laissé malade à Angers. Nous
nous attendions à avoir séjour dans cette ville ; nous avions
mjème intéressé la municipalité à Teffet de solliciter auprès
' n Nous eûmes le bonheur do laîi<ser à Blois nos malades : ils étaient
quatre ; deux sont morts. Nous partîmes au milieu des clameurs,
escortés par la réquisition de Afer. :k {Relation Villenavé),
^ « Nous fûmes bien reçus à Beaugency. On nous répartit dans trois
auji)erges, deux par lit ou par matelas. C'était le premier repas que
nous faisions à table et la première nuit que nous passions entre les
draps aucun de nous ne s'était déshabillé depuis trente-quatre jours.
Nous avions été conduits de cachots en cachots, d'églises en églisee,
d'écuries en écuries, couchant toujours sur la paille souvent pourrie. »
{Relation Villenave),
^ Cornet, qui était en effet de Nantes, fut sénateur sous TEmpire.
^ < Nous étions accablés de fatigues quand nous arrivâmes à Orléans.
Depuis notre départ de Saumur, nous avions fait chaque jour, sans
discontinuer^ six, sept, huit et môme neuf lieues. Ceux qui étaient
montés sur des charettes ne souffraient pas moins que les piétons.
Nous avions encore plusieurs malades ; nous demandions un séjour f
l'humanité et la justice le réclamaient. Les trois agens nationaux, après
s'ôtre bien informés de notre qualité, étaient d'avis qu'on nous Taccordât;
le commandant de notre escorte s*y refusa opiniâtrement. On nous a dit
que l'un des deux malades que nous -avons laissé à Orléans y est mort. »
(RelaJtion VillenaveJ,
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504 VOYAGE DES 136 NANTAIS
du commandant Beauvilliers ; mais il se refusa à toutes
espèces de sollicitation. Il fallut bien se soumettre au désir
qu'il avait d'arriver à Paris.
Le lendemBÀn i 2 nivôse ou 1*' janvier i794, vieux style,
après avoir laissé malades, à Orléans, les citoyens De la Ville
du Fou, nous en partîmes pour nous rendre k Arthenay*;
avant de sortir d'Orléans, ma belle mère et ma belle sœur',
me firent passer chacune 300 livres que je leur avait fait de-
mander en arrivant. Le commandant nous fît entrer dans les
écuries de l'auberge et nous refusa la permission de prendre
des lits. Il faisait très-grand froid, nous fûmes obligés de cou-
cher sur le fumier qui n'était pas relevé et sur lequel néan-
moins nous étendîmes une botte de paille que l'on donna à
chacun de nous; nous y reçûmes l'étape.
Le 15 nivôse ou le 2 janvier ^ nous B,Tn\SLmes h Angerville*
où nous couchâmes dans une auberge. J'eus un lit. Je me des-
' a Nous ne pouvons que nous louer du traitement que nous
aVons reçu dans cette ville (Orléans). Il n'en est pas ainsi d'Âr-
thenay. On nous logea dans des écuries fétides, sur une litière
qui n'était autre chose que du fumier. Les consignes les plus
sévères nous interdirent d'abord l'entrée de la maison et toute commu-
' nication extérieure. Le froid était excessif, et l'on nous défendit
d'allumer du feu dans la cour, mais ce qui est vraiment étrange, nous
avions faim, il nous fut défendu de faire du feu, et Ton nous apporta
de la viande crue. On nous donna i peine moitié de la paille qui devait
nous être distribuée. Noub nous plalgnimes, mais l'aubergiste, qui était
notable, nous menaça du cachot ; ce ne fut qu'avec beaucoup de peine
que nous obtînmes qu'on nous vendît de la paille. Sur le soir, ce-
pendant, quelques malades et infirmes purent pénétrer dans la maison
et se procurèrent des lits moyennant dhc livres, le très grand nombre
ne sortit pas des écuries. » (Relation Villenave, p. 34.)
' M"* Alix de la Picardière et »£"• de Juigné.
' Nous devions çncore loger dans les écuries, à Angerville : on
nous avait destiné celles de l'auberge que tenait le procureur de la
Commune ; mais elles étaient plus malsaines encore que celles
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DE NANTES A PARIS 505
habillai et me mis entre des draps ; nous y payâmes tout fort
cher. Un matelas mis dans la place avec des draps et une cou-
verture pour deux personnes fut payé 10 francs.
Le lendemain i4 nivôse ou 3 janvier, nous arrivâmes à
EtampeSf où nous couchâmes encore à l'auberge qui s'appelle
les Trois Maures, où tout le monde se plaignit en sortant de
cette auberge d'avoir payé fort cher. J'eus des draps, nous
en profitâmes, le citoyen Fleuriot et moi, ayant toujours été
compagnons de lit toute la route et pendant les séjours. Ef-
fectivement, nous les payâmes fort cher; mais nous fûmes
bien chauffés.
Le lendemain 4 janvier ou 15 nivôse, nous arrivâmes à
Arpajon^. Nous fûmes logés dans une auberge, on fit payer
un lit entier, sçavoir le lit de plume, les draps, une cou-
* d'Arthenay, et d'ailleurs, étant ouvertes de toutes parts, il eût fallu
tripler la garde. Cela fit changer les premières dispositions ; mais les
dernières furent si mal prises que, quoi qu'on nous eût mis dans deux
auberges, cinq ou six ne purent esquiver Técurie, malgré leurs récla«
^ mations. Plus nous approchions, plus, nos fatigues croissaient. Le froid
était vif; nous allumons, dans la cheminée d'une des chambres, un
assez petit fagot ; l'aubergiste entre, dit que nous voulons incendier
sa maison ; il éteint le feu, culbute le bois, nous accable d'injures, et
finit par menacer de nous assommer à coup de triques. Il semblait que
presque tous les lieux de notre passage dussent être signalés par
quelque déplaisir. » (Relation Villenave, p. 35).
' a Etampes nous consola d'Ângerville ; nous y fûmes traités comme
à Beaugency. Le maire et le commandant de la garde nationale nous
visitèrent, et voulurent bien nous donner quelques marques d'intérêt.
c II est impossible d'ôtre plus mal logés et plus audacieusement pillés
qu'à Arpajon. Nous avons jugé inutile d'observer que tous les auber-
gistes nous ont écorchés ; mais l'hôte d' Arpajon passait les bornes. Au
lieu de paille, il nous donna des paillasses détestables pour chacune
desquelles il demanda un prix disproportionné, ainsi que pour son souper,
qui n'était pas moins détestable que ses paillasses. Gela provenait de ce
que les autorités constituées n'étaient pas instruites de notre ^passage
sur leur territoire ; on nous jetait à discrétion au premier venu ; le
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506 VOYAGE* DES 136 NANTAIS
verture, 10 1., et le matelas de ce même lit mis dans la
place sur une botte de paille, 8 1. Ceux qui se firent servir à
souper payèrent en proportion. Quelques-uns de nos cama-
rades furent tellement rançonnés, que, ne pouvant s*accorder
avec l'hôtesse, ils partirent feans vouloir payer, en disant
néanmoins qu'ils ne payeraient que d'après le règlement de
la municipalité. J'ignore si depuis ils ont payé ; ce qu'il y a
de certain encore une fois, c'est qu'ils partirent sans payer,
parce que le commandant pressait trop pour le départ.
Le i 6 nivôse^ ou dimanche 5 janvier , nous prîmes la route
de Paris. On nous fit arrêter au Bourg VEgalité, ci-devant la
Reine, pour faire monter en voiture ceux qui étaient à pied ou
commandant menaça ceux qui se plaignaient de les attacher s'ils ne
payaient pas. » [Relation Villena.\ye).
L'abbé Oeniau confirme le fait ainsi : « A Langeais ils sont bien ac-
cueillis mais à Angerville, et à Ârpajon la foule vomît contre eux les
plus cruelles imprécations et les dépouille de leurs vêtements. En arri-
vant à Paris, ils étaient morts de misère et de mauvais traitements. . .
Ils restèrent oubliés à la Conciergerie, dans les cachots de la tour de
Montgomery. Ils ne périrent pas. Le 9 thermidor étant survenu ils furent f
mis en liberté. » Non pas de suite mais longtemps après, comme on le
verra.
' a Enfin le 16 nivôse, vers quatre heures du soir, nous arrivâmes à
Paris. Nous y avions été précédés par la même erreur qui nous accom-
pagnait sur la route ; on nous annonçait comme des rebelles de la
Vendée ; on disait que nous étions l'état-major de l'armée catholique.
Ce fut sans doute par l'effet de manœuvres qui seront un jour connues
que, le lendemain de notre arrivée, tout Paris retentit de la nouvelle
que cent dix brigands, venus de Nantes, allaient être fusillés dans la
plaine des Sablons ; les journaux l'annoncèrent, les colporteurs crièrent
nos noms dans les rues ; et le peuple trompé se porta sur les Champs-
Elysées pour nous voir défiler. Chargés de cette inculpation, il n'est
pas étonnant qu'on nous ait placés, à la mairie, dans un ci-devant
grenier ; le pavé y était chargé de deux pouces de poussière de plâtre,
dont l'aspiration n'a pas peu contribué aux maladies qui nous ont si
cruellement affectés. Le concierge nous fit payer pour 50 francs de pots
de chambre qu'il ne nous fournit point [Relation Villenaive p. 36-37).
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DE NANTBS A PARIS 507
dans des charettes ; de sorte que nous étions tous en voiture
fermée.
A un quart de lieu de Paris, on envoya un détachement
de 30 ou 40 gendarmes, pour renforcer notre escorte qui
n'était composée que des volontaires de la première réquisi-
tion de Blois, dont la plupart étaient mal armés ; enfin nous
traversâmes tout Paris, c'est-à-dire depuis la barrière d'Enfer
jusqu'à la mairie où nous arrivâmes à quatre heures de
raprès-midi ; nous fûmes hués par le peuple, qui d'après les
impressions qu'on lui avait donné de nous, nous prenait,
comme dans presque toute la route» pour des brigands de la
Vendée ; ils disaient même que nous étions de l'Etat-Major
de l'armée catholique ; nous avons même appris depuis que
beaucoup de personnes avaient été au bois de Boulogne où
elles avaient même loué des places pour nous y voir fusiller.
On nous déposa à la mairie dans un grenier auquel on était
à faire des réparations. Il y avait plus de quatre pouces
d'épaisseur de plâtre très-humide répandu sur toute la place.
Ce fut sur ce plâtre que nous étendîmes une botte de paille
que l'on nous distribua à chacun à plus de dix heures du
soir, que nous fûmes obligés de nous coucher ; quelques
malades eurent des matelas.
Nous arrivâmes 110 à Pari$\ c'est-à-dire le môme nombre
' Barthélémy Maarice, éldvo de rancienne Ecole normale^ dans son
Histoire politique et àtiecdotique desprUorude la Seine (1840) nous
dit que : « au fur et à mtfsure du besoin, on avait pris en France d'an-
ciennes forteresses et d'anciens couvents pour garder les condamnés ou
les préyenus ; et nous n*avions pas un seul bâtiment qui eût été cons-
truit spécialement pour cette importante destination. » Louis XIV et
Louis XV eurent bien autre chose à faire qu'à s'occuper des prisons.
€ Louis XVI qui venait d'abolir la question, tourna une pensée pieuse
irers ces séjours du crime et de Tinfortune. Il fit, de ses deniers, des
changements pleins d'humanité à la Conciergerie, puis le 23 août 1780,
il acheta Thûtel du duc de la Force pour y renfermer les détenus du
Fort TEvéque et du Petit<Ghâtelet qu'il avait fait abattre. Ainsi, le pre-
mier de ùos rois qui s'occupa de prisons devait être prisonnier, et cette
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508 VOYAGE DES 13G NANTAIS '
qui était parti d'Orléans. Il n'en eut cependantque 109 qui en-
trèrent à la mairie*. Le citoyen Çocaud de la Villeauduc était
tellement malade qu'on le conduisit de suite dans la maison
de santé du citoyen Mahay, rue du Chemin-Vert, faubourg
Saint- Antoine, où il mourut le lendemain, 7 7 mud^e ou 6
/anvi^ / 7^4^, vieux style.
Le iS 7iivûse ou le 7 janvier, à 11 heures du soir, nous
fûmes transférés à la Conciergerie^ ; avant de sortir de la
Goaciergerie, qti*il assainissait devait être pour la reine sa femme, et
pour sa sœur le vestibule de i'échafaud. /
Sous l'ancienne dynastie les prisons de la Seine étaient :
La Bastille et Vincennes, prisons d'Etat.
Le Fort-l'Ëvôque, maison de détention pour les dettiers ainsi que pour
les comédiens réfractaires ou incivils :
La Conciergerie, la Tournelle, le Grand et le Petit-Ghàtelet, prisons
proprement dites.
Bicêtre, Gharenton, Saint-Lazare, la Salpôtrière, maisons de force
et de correction, nioitié hôpitaux, moitié prisons, également déplorables
sous l'un f*. Tautre rapport.
En 4840, les prisons de la Seine étaient :
Le Dépôt de la préfecture de police.
La maison de justice (Gonciergerie).
La maison d'arrêt de la Force.
Le dépôt des condamnés (Roquette).
Saint-Lazare, maison d'arrêt, de détention et de correction pour les
femmes.
Les Jeunes Détenus (correction et détention].
Sainte-Pélagie, maison d'arrêt et de détention.
Glichy, maison d'arrêt pour dettes.
Les Madelonnettes (prévenus mâles).
Saint-Denis, maison de répression, maison d'arrêt.
Et Villers-Gotterets, dépôt de mendicité.
' • La Relation Villen&ve dit: « Nous étions partis de Nantes au nombre
de 432 ; nous ne sommes aujourd'hui que quatre-vingt-dix-sept. » Mais
cela est écrit au moment du procès. Le comte de la Guère n'est pas
tout à fait d'accord pour les chiffres.
^ Le 1 8 nivôse, nous fûmes transférés à la Gonciergerie, où nous
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DE NANTES A PARIS 509
mairie, j'avais donné trofs mouchoirs à laver, que je n'ai ja-
mais pu revoir. Dans notre translation, nous fûmes escortés
par la gendarmerie, la majeure partie de nous attachés deux
à deux, et on en faisait descendre dix à la fois. Arrivé dans
habitions, pour la plupart, las cachots de la tour MontgomAry ; nos
malades remplissaient rînfîrmerie. (^Relation Villenave, p. 39).
Le p' ilanthrope anglais Howard dit de la Conciergerie dans son ezcel-
lentlivredes Prisonsde France :€ Les cachotsy sont obscnrs et infects.»
Mais transcrivons ce passage de la brochure de Sirey sur le Tribunal
révolutionnaire, an IIL c Entrée à la Conciergerie. — Descends i la
Conciergerie, et sache tout à la fois baisser la tète, lever le pied,
pour pénétrer dans ce séjour de détresse et de douleurs (on cffirme que
cette espèce de porte de forme si bizarre avait été faite pour forcer la
reine Marie- Antoinette à baisser la tôte, ce qu'elle sut ne pas faire tant
elle était digne ; c'est par cette porte que dut passer aussi M. de la Guère
qui OQCupa quelque temps le propre cachot de Marie- Antoinette).
« Entre, mais ferme les yeux pour traverser ces corridors lugubres :
des murs encore teints de sang rappelleraient à ton cœur les massacres
de septembre I (M. de la Guère le constate dans son mémoire) Rassure
tes sens contre la voix rauque et sépulcrale d'un guichetier, contre le
regard eCTroyable de son dogue, le seul être caressé, gras et heureux
dans les prisons.
« Entre. Tes forces épuisées ont besoin de nourriture : Eh ! bien,
tu recevras du pain et de l'eau que tu. pourras assaisonner de tes
larmes ; tes membres harassés appellent le repos, eh bien, le cachot
de Bombée t'offrira une de se& trente-six bières ; de la paille pourrie,
un séjour infect, 'éloigneront peut-être le sommeil de tes paupières :
tant mieux, car les rats, pendant que tu dormirais, pourraient bien te
dévorer, tant mieux encore, car dans les nuits d'été tu risquerais
d'étouHer, si tu n'allais huit ou dix fois ouvrir ta bouche et rafraîchir
tes poumons à l'air du soupirail. » (La Démagogie à Paris p. 416j.
Ces cachots infects ne servaient môme pas de prisons sous la mo-
narchie. C'étaient les substructions anciennes du Palais, aban-
données depuis longtemps. On connaît toutes les mesures prises
par rinfortuné Louis XVI pour adoucir le sort des prisonniers et ses
ordonnances spécialement bienveillantes pour les habitants de la con-
ciergerie. Ce fut au nom de la Liberté de VEgalité et de la Fraternité
que la République entassa dans ces bouges les malheureux dont la
plupart ignoraient les crimes qu'on leur reprochait I
c Mais n'oublions pas le rapidement : lecteur, ce mot nouveau ne dit
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510 VOYAGE DES 130 NANTAIS
une cour, un grand cocher, à la porte de sa remise, vint à moi%
ouvrit sa tabatière et me dit: « Tiens, prends une prise deta-
bac,c'est moi quiait conduit leci-devant roi à la guillotine » ; je
répondis que cela ne m'occupait pas et on nous fit prendre la
route de notre nouveau gîte qui est peu éloigné de la mairie.
J'y arrivai portant mon porte-manteau, ma couverture, et un
petit sac sur le dos que j'avais fait faire exprès. Dans toute la
route, je portais toujours mes petites affaires. Nous arrivâmes
à la Conciergerie^, environ le» minuit; nous fûmes distribués
dans différents cachots, sur la paille.
rien à tes oreilles ? Appreads que ce nouveau terme signifie une atrocité
nouvelle ; que pourrait-il signifier déplus, inventé sous le règne de la
tyrannie, de la terreur, pendant le silence mortel des droits derh<»mme I
Sache donc qu'aussitôt descendu de ton chariot, tu es empoigné par
quatre goujats qui, de la tète aux pieds, dans la tresse de tes cheveux,
dans les replis de ta culotte et jusqu'entre les semelles de tes souliers,
furètent insolemment pour trouver des bijoux, des effets précieux;
l'or, l'argent, les assignats, les doux billets de ta femme, jusqu'aux
productions de ton génie, tout est soumis à leur investigation, à leur
extorsion. Les femmes y sont sujettes comme les hommes ; pour ellen
on double de zèle, et chacun devine la délicatesse, le tendre souris, le
mot plaisant dont un guichetier accompagne cette cérémonie. J'ai ^ vu
des femmes vertueuses, pudiques, s'évanouir à Taspect, au sentiment
de ces manipulations indécentes. (La Démagogie à Paris, par G: A.
Dauban, p. 416).
* Le comte de la Guère avait la prestance et même la corpulence
des membres de la famille de Bourbon. Son port de téta pouvaient
lui donner une certaine ressemblance avec le roi Louis XVI ou avec
W^ le comte de Provence.
' Le palais de Justice, V édifice de no9 lois comme disent les
guides, le capitole de la France, comme disait de Thou, ce monument
le plus curieux et le plus ancien de la cité est le plus riche à coup
sûr de grands souvenirs. Le comte Eudes y soutint et y repoussa un
siège de deux années par les Normands : c'était alors une forteresse.
Le fils de Hugues Gapet, Robert le Pieux, en fit un château et saint
Louis un palais, que Philippe Le Bel agrandit et où Louis le Gros
se maria. Louis IX y promulgua les établissements et la pragma-
tique-sanction. Résidence officielle de nos rois de la première et de la
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DE NANTES A PARIS 511
Je fus mis avec une quarantaine de mes camarades dans
une ancienne chapelle à rentrée du cachot nommé le Grand
César\ Fleuriot et moi étions à la porte, où on nous avait mis
un seillot pour faire nos besoins; c'était une infection, et pour
comble d'agréments, nous avions sous les yeux les traces
du sang qui avait coulé dans les prisons les 2 et 3 septembre.
Plusieurs de nos compagnons, logés dans la tour de Monl-
gomery furent oubliés, lorsqu'on ouvrit les portes des ca-
chots où nous étions, dç sorte qu'ils restèrent jusqu'à plus
de deux heures après-midi sans que Ton s'aperçut de cet
oubli. Il y avait dans cette tour plusieurs des nôtres malades
qui furent transférés à Tinfirmerie*, entre autres le citoyen
seconde race, ce palais même devint Tasile de la justice, la salle des
fêtes ou des assemblées populaires, quand^ pour aller habiter Thôtel
Saint- Paul et le Louvre, la royauté l'abandonna.
En 1518, uq des ancêtres maternels de Bernardin-Marie, Pantin
de la Guère, qui était un des plus grands capitaines du parti armagnac,
Raymonet ou Œonnet des Salles, seigneur de la Guère, fut pris par les
Bourguignons et massacré avec M'^ d'Armagnac, le connétable et le
président de Marie. Son corps mis à nu et exposé sur la table de marbre
de ce même palais pendant vingt-quatre heures, fut traîné sur une claye
dans tout Paris et abandonné dans les cultures Sainte-Gatberine après
qu*on lui eût levé plusieurs bandes de chair sur le corps, pour y tracer
d'une façon sanglante Técu de ses armes devant leqael avait souvent
tremblé la populace parisienne qu'il ne ménageait guère (V. de Ba-
rante,Monstrelet), le Journal d'un Bourgeois de Paris, Histoire de
Bourgogne, et tous les historiens de cette époque et les chroniqueurs
de l'un ou l'autre de ces partis.) Sa réhabilitation fut proclamée ensuite
parle roi Charles VII et divers bien octroyés à ses enfants en compen-
sation des tourments subis par leur père pour la cause du Roi, c'était
alors dire pour la France.
* La dernière tour, moins haute que toutes les autres, est encastrée
dans les murs. C'est la seule qui porte une couronne de créneaux et
elle a pris le nom de Tour de César, de ce qu'elle fut élevée sur les
fondations d*un fort bâti par ce conquérant.
• Pour se faire une idée nette de ce qu'était la Conciergerie, ouvrons
encore l'ouvrage de Barthélémy Maurice qui certes ne peut être accusé
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512 VOYAGE DES 130 NANTAIS
Rogier qui mourut dans la nuit du 24 au 35 nivôse. Le méde-
cin de la Conciergerie, qui était le citoyen Thierry, jugea qu'il
était nécessaire de transférer à Belhomme, maison de santé
de partialité : « Bien que nous ayons appelé, dit-il, la Conciergerie le
vestibule du tribunal révolutionnaire, quelques accusés, en moindre
nombre, sont allés au Luxembourg, aux Carmes, à Saint-Lazare et à la
maison de la Bourbe, que par une amère anti-phrase on nommait alors
Port^libre. Dans le fort de la Terreur, la Conciergerie eut une sorte de
maison d'attente dans les collèges du Plessis et Louis lé Grand (prison
de TEgalité); 4800 à 4900 détenus y attendaient des places vacantes à
la Conciergerie. Nous avons vu qu'en 1785, au témoignage de Hoiyard
cette prisoix renfermait 182 détenus civils. Lé voisinage du tribunal
révolutionnaire^ qui siégeait dans le local de la Coor de cassation, y
fit affluer les justiciables de ce tribunal redouté, et on les y enferma,
d'abord péle-môle avec les voleurs, puis, exclusivement, jusqu'au
nombre effrayant de 1 100 à 1 200. Le local, moins bien distribué qu'au-
jourd'hui, était loin de suffire; aussi entassait^on jusqu'à 50 malheureux
dans un espace de vingt pieds carrés. Nulle distinction de position, d'âge
ou de texe; la seule que Ton connaissait consistait en pistoliers, enpail-
leuxeten gens au cachot. On mettait dans chaque chambre autant de lits
qu'elle en pouvait contenir ; chacun de ceux qui les occupaient, môme
quand il n'en avait que la moitié, payait d'abord 27 livres 12 sous pour
le premier mois et 25 livres dix sous pour les autres Dans les derniers
temps de Robespierre 40 à 50 lits étaient chaque nuit occupés par de
nouveaux hôtes, de sorte que ce seul article donnait par mois au con-
cierge. (Baule et ensuite Richard) un produit net de 20 à 32000 livres.
Les pailleux, c'est-à-dire tous ceux qui n'avaient pas pu louer un lit,
couchaient sur une paille moisie et pleine de vermine. Les rats y
étaient en tel nombre que plusieurs prisonniers eurent leur culotte
rongée en une seul nuit, et qu'il leur fallait se couvrir la figure de leurs
mains pour préserver leur nez et leurs oreilles. On mettait au cachot
les secrets et ceux qui étaient plus particulièrement recommandés.
Parmi ces cachots, pour la plupart situés au dessous du lit de la rivière
et dans lesquels on ne pénètre plus, les plus affreux se nommaient
Grand-César, Bombée, Saint Vincent et Bel-Air. » (p. 199J. Ainsi donc
la Révolution avait réouvert pour les Nantais les cachots que
Louis XVI avait fait fermer et interdire pour les malfaiteurs. On sait
en effet que ce bon prince avait, de ses deniers privés, condamné les
cachots qui étaient au-dessous de la Seine et tous ceux trop sombres ou
trop malsains, tels que Bombée et le Grand-César.
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DE NANTES A PARIS 513
rue. de Charonne, faubourg Saint-Antoine, n" 70', les plus
malades, 26 de nos camarades furent envoyés chez le dit ci-
toyen Belhomme le 25 nivôse. Le lendemain 26 et 28 nivôse,
37 autres furent aussi transférés chez le dit Belhomme, ce
qui porte le nombre à 63. Onze autres ont été transférés, à peu
près dans le même temps, à Thôtelde la Force, et depuis trans-
férés dans des maisons de santé. Le surplus a été retransféré
au petit Bercy, chez le citoyen Piquenot, près Paris, n^ 48, et
dans différentes maisons de santé et à différentes époques.
Je restai plusieurs jours dans ladite ancienne chapelle, et
j'habitai après un autre endroit nommé Saint- Vincent', jus-
' L'Hist. d'AncenU de M. Maillard noas apprend que le marquis
de la Guère (Philippe André), le frère aîné de l'auteur de ces mémoires),
ancien officier de dragons avait été encore détenu dans cette maison de
•anté qui servait dé prison et renfermait presque en même temps
Madame la duchesse d'Orléans et plusieurs autres prisonniers de dis-
tinction. Ce fut sans doute à cette heureuse circonstance que le marquis
de la . Guère dut de ne mourir que fort longtemps après cette triste
époque de notre histoire.
Le 31 août 1794, Belhomme n'avait plus que 19 prisonniers. > Il est
vrai que c'était 35 jours après la chute de Robespierre. Constatons
que le 3 messidor (20 juinj^ 36 jours avant cet événement, la liste
de présence dans les 28 prisons de Paris s'élevait à 7465 indi-
vidus de tout âge et de tout sexe, tandis que, 37 jours après la mort
de Robespierre^le môme inventaire donnait un total de 5106 prisonniers
d*après Olivier et Mercy. Les maisons de santé étaient des sortes
d'infirmerie où Ton était plus facilement oublié^ la surveillance y était
moindre, le secret moins rigoureux. Quoique bien malade lorsqu'on
y était envoyé, les prisonniers désiraient tous y être détenus.
^ L'Alm&nach des prisons dit à la page l32 : c Rien de si terrible
que les cachots de la Conciergerie. Dans celui, appelé Bombée, des
cadavres vivants étaient couchés entre des planches, dont la forme
représentait des bîerres, et d'où l'on voyait sortir tous les matins des
vapeurs méphitiques qui pendant longtemps en bouchaient l'entrée.
Dans celui appelé Saint- Vincent, les prisonniers étaient si pressés
rhiver dernier, et l'on y respirait un air si corrompu que sur 36 mal*
heureux qui y étaient renfermés, 29 en ont été rétirés morts successivement.
Au-dessus de ce cacbot on voyait souvent Fouquier-Tinville, à travers
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514 VOYAGK DES 136 NANTAIS
qu'au 6 pluviôse, qu'on me transféra avec Fleuriot et six
autres chez le citoyen Picquenot. Nous y fûmes conduits par
un huissier et un gendarme. Il nous en coûta 15 1. à chacun.
Pendant mon séjour à la Conciergerie', il m'en coûtait par
les barreaux d'une fenôtre, plonger be tuo sur les victimes errantes
dans la cour et sembler indiquer, désigner celles que l'on immolerait
le lendemain.
* En 4840, le tarif des prisons était de 15 centimes par jour, soit
2 fr. 25 par mois, d'après Barthélémy Maurice, p. 24. Qu'on juge de
la différence I...
VAlmanachet le tableau cjes prisons (p. 56) dit: .< J'ai resté six
mois à la Conciergerie en proie aux plus horribles anxiétés, j'y ai vu
le tableau mouvant des nobles, des prêtres, des marchands, des ban-
quiers, d'hommes de lettres, d'artisans, de cultivateurs et de sans-
culottes. La faulx du temps en a moissonné les 99 centièmes. . . J'ai
vu des curés respectables qui disaient leur bréviaire en se couchant,
qui ont exercé dans leurs villages des actes de vertu et de bienfaisance,
ils me parlaient des miracles du Christ «.. J'ai vu des marchands et
des banquiers qui avaient reçu leur acte d'accusation, et qui, avant de
se mettre au lit, faisaient le relevé de leurs capitaux, compulsaient
Barréme et faisaient des règles de compagnie. J'ai vu des sans-culottes
sacrifiés à des haines obscures. J'ai vu des cultivateurs dire leurs
prières matin et soir, se recommander à la bonne Vierge Marie,
faire le signe de la croix lorsqu'il tonnait, détester les brigandages de
leur seigneur émigré, bénir la Révolution, mais ne vouloir pas en-
tendre parler du curé intrus, regrettant les messes^ les sermons et les
prônes du réfractaire.,.
Je m'arrête... ici finit mon travail. Cœurs sensibles, n'approchez pas
de la Conciergerie. Magistrats du peuple, parcourez ces lugubres en-
ceintes ; ce ne sont pas des animaux qui les habitent, ce sont des
hommes »
Les plus anciens registres d'écrous de la Conciergerie datent de
1500, 1506, 1532, 4564, puis la suite continue avec quelques lacunes et
forme ainsi une collection peut-être unique au monde mais dans un
pitoyable état de dégradation, malgré la dissolution mercurielle dans
laquelle on les a plongés sur l'ordre de M. Delessert. Ils sont depuis
renfermés dans des cartons faits exprès. La période révolutionnaire com-
prend deux registres spéciaux, le premier entièrement plein et le second
aux trois quarts seulement. Ils contiennent les noms des prisonniers de
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DE NANTEvS A PARIS
515
jour environ 4 1., sans pain, parce qu'on nous en donnait
tous les jours qui était fort bon. Chez le citoyen Picquenot
il nous en coûte pour un seul repas' et une demie bouteille
de vin, pour notre garde, le feu et la chandelle, par jour 51.
8' 6<» nous y sommes passablement bien , jusqu'à ce qu'il
plaise au gouvernement de nous élargir. Nous sommes dans
cette maison24Nantais,oulre le citoyen La Vilette, imprimeur,
la citoyenne et le citoyen Auriolle, ci-devant à la Monnaie
dont il était un des juges, et sa femme, négociants en bijoux,
le citoyen et la citoyenne Vermont, ci-devant accoucheur dé
la Reine, la citoyenne Desparbès et plusieurs autres pension-
naires libres et d'autres qui y sont pour folie, tels que la cito-
yenne Saint-Chamanfe de Canonville, normande, et 5 autres
La citoyenne Vermont est morte aujourd'hui, le 16 germinal
ou 15 avril 1794, vieux style.
En arrivant chez Belhomme* le citoyen Sarrebourse, négo-
ciant de Nantes, mourut, ce fut le 25 nivôse ou 14 janvier
1794, vieux style.
la Conciergerie jugés par le tribunal extraordinaire qui prit depuis le
titre plus franc de tribunal ré»oJu«onnaire.car il porte à la première
page : c Regiitre contenant 328 feuillets cotés et paraphés par nous Jean-
Antome Larau, président de la seconde section du tribunal criminel
extraordmaire, le premier noTembre 1792. » Mais bientôt on nense
que ce premier tribunal ne foncUonne que mollement etan5« feuillet
se trouve un nouvel en tête : « Registre contenant 315 feuillets pour
servir au concierge de la Conciergerie à l'effet d'y enregistrer les pri!
sonmers qu, doivent être jugés par le tribunal criminel .xtr«,rdinLe
et revolatiomiaire établi par la loi du <0 mars 1793, «n II* de la Ré
pubUque ton. lesquels feuillets ont de cotés été paraphés par nous'
Jacques-Bemard-Marie Montané. président, fait en la Chambre dû
con^il. au Palais à Paris, le 18 mars 1793, l'an deuxième Sri Ré-
publique ; dès ce moment le tribunal révoluUonnaire n'a plus «nie
ÎsuisT"'" '' ^'"'^"''*"°'°' '' ^^ """^ (Barthélémy Maurice p.
'C'est de chez Bejhommo que l^ Relation Ki«e„a«e est datée •
.Paris, maison Belhomme, rue Charo'hne. faux bounr Antoine le
J« messidor, an deuxième de la République française, un^et inSi!
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516 VOYAGE DES 136 NANTAIS
Jje lendemain 26 nivôse ou le 15 janvier, vieux style, 17Ô4,
le citoyen Prebois mourut également dans la môme maison*.
Les autres citoyens qui sont morts dans la même maison
sont :
Devai/y aîné, mort le 28 nivôse ou le 17 janvier 1794.
f:- Beco?inais, mort le 26 — ou le 15 —
I Borgiiier, mort le 29 — ou le 18 —
I Garreau, moT\. le 3pluv. oule22 —
|- . Montréal, mort le 5 — ou le 24 —
l' Aubnj V'àXné, mort le 10 — ou le 29 —
't. Landais Dupé, mori le 11 — ou le 30 —
Ballais, mort le 11 — ou le 30. —
Chevalier, movi le 27 — ouïe 8 février.
Noms de ceux qui sont morts à la Conciergerie.
Bidet y mort le 3 pluviôse ou le 24 janvier.
Watin, movl le 6 — ou le 25 —
Noms de ceux qui sont morts à la Force,
Cherriére, mort le 25 nivôse ou le 14 janvier.
De Menou, père, mort le 3 pluv. ou le 22 —
De Menou,ti\SymoTl le 5 — ou le 24 —
Ilugiiet, aîné, mort le 2 vent, ou le 20 février.
De Coutancesj mort le 6 pluv. ou le 25 janvier.
On lui trouva 50 louis d'or en deux bourses.
* On lit dans la Relation Villenave (p. 38) : a Nous étions partis de
Nantes au nombre de cent-trente-deux ; nous ne sommes aujourd'hui
que quatre-vingt-dix-sept. Trente*six étaient déjà morts de misère.
Depuis notre translation air ci-devant collège du Plessis, le citoyen
Abraham, juge de paix à Nantes, vient encore de mourir, et plusieurs
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Dlfi NANTES A PARIS 517
Noms de ceux qui sont morts à Bercy.
Fourra/ de Salembenis, mort le 12 pluviôse ou 31 janvier.
Pisafîçon y mort le 13 — ou !•' février.
Noms de ceux qui sont morts à Angers,
ChareUe-Boisfoucattd, mort, le 14 frimaire ou i décembre.
Gautier, Ris, mort le 21 — ou 11 —
Joseph de Monti, mort dans le mois de pluviôse.
Garet du Chatelier^ mort. . . . dans le mois --
Du Pont la Roussière, mort, dans le mois —
Le Poif mort , dans le mois de pluviôse.
Luette la Fillorgerie, mort. . le 27 frimaire ou 14 décembre.
Colel, mort dans le mois de pluviôse.
Noms de ceux qui sont morts àBlois»
Saint'Bla)uardy mort dans le mois pluviôse.
Aubry, jeune, mort' dans le —
Total des morts
A Paris 22
A Angers 9
A Blois 2
Total général 33
d'entre nous sont menacés d'une rechute funeste. » « P, 8. fies nantais
sont restés détenus rue Gharonne, faubourg Antoine, an petit Bercy^ à
la Polie-Renaud et ailleurs, jusqu'au 5 thermidor, époque remarquable
à laquelle ils ont été réunis maison de TEgalité, ci-deyant collège du
Plessis, rue Jacques. »
T. Vï. — NOTICES. — VI» ANNKK, 5* ClV. 3i
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518 VOYAGE DES 136 NANTAIS
Les citoyens Villenave et des Bouchauds laissés à Blois ont
été conduits il Paris et mis de suite à la Conciergerie. D'où le
citoyen Villenave a été transféré à Belhomme et de là au
ci-devant archevêché^ dans lequel lieu le citoyen Des Bouchauds
est aussi ayant été transféré.
Le 9 pluviôse ou 28 janvier, le maire deParis avec plusieurs
administrateurs, étant allés faire leur visite à la maison de
santé tenue par le citoyen Belhomme, rue de Gharonne,
questionnèrent beaucoup les Nantais sur la manière* dont ils
étaient traités, sur le prix qu'ils payaient, et, d'après leur
rapport qu'ils vérifièrent^ ayant fait beaucoup de reproches
au dit Belhomme, ils jugèrent à propos de verbaliser contre
lui, et, en se retirant, de le faire arrester et constituer prison-
nier, ainsi que la nommée N... qui était attachée à cette
maison ; mais celle-ci rentra le lendemain, et on plaça
pourrégisseur,en lieu et place du citoyen Belhomme,le citoyen
Hervieux.
Le 26 pluviôse, ou le jeudi 44 février, nous apprîmes que
la veille, environ sept heures du soir, la citoyenne Borgnier\
qui était accourue de Nantes pour donner des soins à son
mari, n'ayant pu survivre à sa mort, s'était jetée par la
fenêtre d'un second étage de l'Hôtel del'Europe, rue du Temple,
et s\ ait tuée. J'ai omis de dire qu'à notre arrivée à Paris,
les femmes d'une partie de nos compatriotes, s'empressèrent
de venir joindre leur mari pour leur procurer les secours
dont ils avaient besoin. Pour moi j'ai eu le plaisir d'embrasser
la mienne et mon enfant, les premiers jours de ventôse';
' Nous lisons dans la relatioa Villenaye à la 1* page : c Le dtoyen
Borgnier, qui est mort à Paris, et dont l'épouse s'est de désespoir
jetée par une fenêtre de la rue du Temple (hôtel de l'Europe) réclama
contre son envoi à Paris et prqiesta qu'il n'était point inscrit sur la
liste ; mais bien un nommé Borgnis auquel on le substituait. »
' Cette époque correspond au 20 au 25 février. Or, voici que nous
trouvons dans YAlm&nach et tableau des prisons le tableau suivant
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DE NANTES A PARIS 519
depuis ce moment je suis toujours à Bercy où nous ne pou-
vons avoir de correspondance avec personne du dehors.
Depuis le 25 ventôse à cause d'une conspiration, qui a été
découverte et qui nous est on ne peut pas plus étrangère,
enfin pour sécurité générale, on a pris cette précaution. Les
auteurs de cette conspiration sont : Hébert, autrement le Père
Duchesne, Ronsin, Momoro, Vincent et autres qui ont été
guillotinés*.
Depuis il s'est découvert que Danton, Camille Desmoulins»
Fabre d'Eglantinet Philippeaux et autres étaient complices
de cette infernale machination. Ces derniers ont subi le
même sort, hier 15 germinal ou 4 avril ; puissions-nous après
tout ceci avoir la paix.
.5 avril i754,— Quand tu écriras à la citoyenne Bonvoi-
(p. 20. Paris, chex Michel, rue des ProuTaires n« 54, aa III de la
République.) c Après avoir franchi la première grille, (j'ai déjà dit
qu'il y eu a quatre), voua vous trouvez dans une enceinte formée toute
de barreaux de fer. Lorsque les communications avec Textérieur snbsii*
talent, c'était là que les prisonniers de ce côté voyaient leurs con«
naissances. Lee fimmes dont la sensibilité est plus grande, le courage
plus résolu, raine plus compatissante, plus portée à secourir, à par-
tager le malheur, les femmes étaient presque les seules qui osassent y
pénétrer, et, il faut le dire, c^était surtout elUs qu on aimait i y
recevoir. Là les maris redevenaient amans, et les amans redon>)laient
de tendresso ; il semblait qu'on fut convenu de se dépouillei de cette
pudeur grimacière, très bonne quand on peut attendre des momentaplus
favorables ou chercher des lieux plus commodes. Les plus tendres baisers
étaient sans cesse pris et rendus sans résistance comme sans scrupule. Il
y avait de quoi, faire enrager ces figures blêmes, qui, toujours jalouses
du bonheur des autres, ne jouissent que par les tourmens dont ilà sont
les auteurs ou les complices ; il est vrai que ces plaisirs étaieût quel-
quefois troubles par l'aspect des malheureux condammés à mort, qu'on
descendait du tribunal et qui traversaient Tenceinte dont je parle.
Alors il se faisait un moment de sUence, on se regardait avec crainte,
' puis on s'embrassait avec un tendre intérêt et les choses reprenaient
insensiblement leur cours. »
* Tous ces personnages sont trop connus pour qu'il soit utile de
rappeler ici leur biographie.
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5î20 VOYAGE DES 130 NANTAIS
sie', prie-la de l'envoyer à l'adresse de ta sœur Olympe
les malles que tu as faites et ce qu'elle pourra, si la chose se
peut sans se compromettre ; je te prie aussi de lui dire com-
bien je suis sensible aux soins qu'elle prend pour ma chère
Delphine et pour son mari. J'en serai reconnaissant toute
ma vie. Marque-lui aussi que je prie François' de prendre
en son nom le quartier de vigne que j'avais pris à la Guère
pour m'amuser', il peut prendre aussi celui qui était réservé
pour la maison. Dans son nom dis-lui mille choses et à sa
famille de ma part. Son parent se porte bien. Adieu. Voici Ta-
dresse dont le citoyen Picquenot nous avait parlé pour con-
^ Son mari n'aurait->il pas été ce courageux jardinier qui est mort sur
les marches du perron du château de là Guère ea^sau.vant la vie de
M™* de la Guè4*e et de sa fille ?... Je le croirais volontiers. J'en verrais
presque l'aveu dans cette expression naïve de reconnaissance.
Cependant, ayant prié M. l'abbé Pasquier de faire une enquête à ce
sujet, ce digne ecclésiastique me répond : « J'ai fait prendre des «
informations au sujet du jardinier de la Guère en 1793. Le seul
témoin qu'on ait pu trouver est un vieillard de 96 ans nommé Caillât,
qui se souvient avoir connu plusieurs jardiniers à la Guère dans son
enfance et avoir souvent joué avec eux. Celui qui lui paraissait le
principal, et dont il a le souvenir plus présent se nommait Raimbert.
J'ai prié de se renseigner, si on le pouvait auprès d'autres personnes.
Bi on trouvait des données plus précises je vous les ferais connaître. »
Lettre du Î5 septembre 1886. (Note du C^ de la Guère.)
' François était probablement le fils de la femme Beauvoisie qui
recevait déjà le prélude des récompenses que lui avaient méritées
la mort courageuse de son père et son superbe dévouement,
' Bernardin Marie, quoique n*étant pas propriétaire du château de la
Guère, administrait la propriété depuis que son frère le marquis avait
été détenu, et il l'avait été avant lui. Du reste, comme autrefois c'était
l'usage, la terre de famile resta longtemps indivise. L'ainé abritait
dans ce nid de famille tous ses cadets, ses sœurs non mariées, qui
prélevaient sur le revenu total leur entretien, leurs pensions, leurs
dots en laissant le fond qui faisait après leur mort retour à l'atné, à la
famille. Et cela durait depuis les assises du comte Geoffroy en 1 200
sans susciter de réclamations.
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. DE NANTES A PARIS 521
sulter raffairedes biens de monfrèreMl s'appelle Pochet, de-
meurant Vieille rue du Temple,vis-à-vis le cul-de-sac d'Argen-
pon. Tu as aussi une lettre pour le citoyen Legris, avec lequel
tu conféreras sur tout ce que je lui marque ; tu lui parleras
du citoyen Pochet comme d'un honnête homme qu'on nous
a indiqué, et très en état de nous donner des conseils pour
faire lever le séquestre.
Prison de Bercy, 5 avril 1794'.
Comte B.-M. de la Guère.
(A sîiirrr.J
* Il s'agissait de faire lever le équestre mis sur les biens da marquis
de la Guère depuis son incarcératioa. Les démarches réassirent et le
séquestre fut levé peu après.
' La libération n'eut lieu qu'en septembre 1794.
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LA VÉRITÉ SUR LA PATERNITÉ
DES PEINTURES DE LA COUPOLE
ET DU VIEUX CHŒUR ROMAN
DE LA CATHÉDRALE DE NANTES
L'année dernière, nous avons cra devoir redresser
quelques-unes des graves erreurs qui s'étaient glis-
sées dans une publication de « Documents pour 5er*
vir à rhistoire de la cathédrale de Nantes. » Nos
observations déplurent à quelques-uns des amis de l'auteur.
L'opinion de quelques-uns de ceux-ci n'était peut-être pas
mieux établie que celle exprimée par Bridoison. « Mon avis
sur ce que je vois, Monseigneur? Ma foi, je ne sais trop
que dire : voilà ma façon de penser, »
Pour nous, sans nous mettre en peine des blâmes ou des
approbations, nous étions désireux de jeter de la lumière sur
quelques points obscurs ; et c'est encore ce que nous allons
essayer de faire à Tégard des peintures de la coupole et du
vieux chœur roman de la cathédrale de Nantes ; nous allons
en établir la véritable paternité, en donnant leurs actes de
naissance authentiques. Disons d'abord comment nous avons
été conduit à constater l'étonnante méprise qui jusqu'à pré-
sent a été acceptée, sur ce sujet, par les archéologues et les
érudits.
Quand, vers 1865, on démolit les deux murs qui séparaient
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LA VÉRITÉ SUR LA PATERNITÉ DES PEINTURES 523
le centredu transept et les bras-de-croix, on crut que quelques
mouvements s*étaient produits dans les arcades débouchées
par cette opération, ainsi que dans la coupole romane, qui
existe encore» mais qui doit disparaître tout prochainement,
et Ton eut quelques craintes relativement à la stabilité de ces
anciennes constructions.
Des échafaudages, établis pour permettre de voir de plus
près Tétat de cette portion du vieil édifice, nous fournirent
l'occasion d'examiner les peintures de la coupole et celles de
la voûte de la partie du chœur qui lui était contigûe, et qui a
été démolie il y a quelques années, avec ce qui restait de
Tabside romane.
Sur cette voûte du chœur, on reconnaissait, malgré des dé-
tériorations, un Christ debout et resplendissant de lumière,
ayant à ses côtés Moyse et Elie, puis trois autres personnages
prosternés. Evidemment le sujet traité dans cette partie était
la Transfiguration.
Il n'y a pas à hésiter non plus sur le sujet des peintures
moins endommagées de la coupole et qui est la Descente du
Saint-Esprit sur tes Apôtres. Des arcades, figurées à la base
de la coupole et dans tout son pourtour, forment une enceinte
dans laquelle la Vierge et les Apôtres sont assis en cercle. La
Vierge occupe la pleice centrale du côté du chœur ; c'est-à-dîre
que, en se plaçant dans la nef, on la voit de face. Au-dessus
des arcades est peint un ciel semé de langues de feu ; au
sommet, plane une colombe entourée de rayons lumineux.
Ces peintures de la coupole, comme celles du chœur, avaient
été couvertes d'un badigeon à l'époque de la Révolution. La
municipalité publiait, le 19 juillet 1794, un arrêté qui prescri-
vait de faire disparaître toutes les représentations rappelant
les idées anciennes. Il fallait môme, pour se conformer com-
plètement à cet arrêté, qu'une teinte c rembrunie rendit
uniforme la couleur des murs >.
Ce badigeon fut gratté en 1834.
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r»2i LA VÉRITÉ SUR LA PATERNITÉ DES PEINTURER
Mais quel est l'auteur de ces peintures? Telle est l'intéres-
sante question que nous voulons résoudre.
Jusqu'ici, tous les écrivains qui se sont occupés des décora-
tions de la coupole, les ont attribuées à Charles Erard, peintre,
architecte et graveur, né à Nantes dans les premières années
du XVII* siècle , et cette opinion avancée une première fois
sans examen et sans preuve, acceptée depuis par tous ceux
qui ont écrit sur ce sujet, n'a jamais été contredite; cepen-
dant elle est complètement erronée.
Rappelons d'abord les principales opinions émises.
Dans son c Dictionnaire géographique^ historique et poli-
tique des Gaules et de la France' » publié de 1762 à 1760 et qui
contient beaucoup de documents très intéressants, Tabbé
J. Joseph Expilly donne cette indication pour laquelle
malheureusement il n'était pas sufOsamment renseigné :
« Charles Krard, peintre et architecte, né à Nantes en 1606,
mort à Paris en 1689, commença par essayer dans sa patrie
ses talents supérieurs pour la peinture. Il peignit à fresque
la coupole en dôme du chœur de l'églis^e cathédrale de Saint-
Pierre de Nantes. Cette peinture représente la Descente du
Saint Esprit sur les Apôtres. Dans la sacristie de la môme
église, est un grand tableau de chevalet représentant Notre-
Seigneur qui donne les clefs à saint Pierre, etc. C'est une
tradition commune parmi les artistes qu'il fut le premier
directeur de l'Académie de peinture et sculpture établie en
1665, par Louis XIV, dans la capitale du monde chrétien. »
Guimar dans ses Annales nantaises, édition de l'an III de
la République, reproduisit ce renseignement en lui donnant le
costume de l'époque : « Charles Erard, peintre et architecte,
né en 1606, peignit à fresque la coupole du chœur de la ci-
devant cathédrale de Nantes. Dans la sacristie de la môme
église, on voyait un tableau : Jésus-Christ présentant les clefs
* e Tolumes in-fol. Paris, Desaint et SaiUant. Lês matériaux de rarticle
sur la Tille de Nantes furent lournis à l'abbé Expilly par le» Nan-
tais Pierre Grelan, Jean-Mathurin Hubelot et D**'.
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DE LA CATIlI^UnALE DK N'ANTKH 5'^.")
à saint Pierre... On prétend qu'il fut le premier directeur de
TÂcadémie française de peinture à Rome*. »
Dans son Histoire de Nantes^ Guépin écrivit à son tour :
« Pendant la durée du XVII* siècle, notre ville ne produisit
qu'un artiste, Charles Erard,'peintre et architecte, mort à
Rome en 1689. Il peignit à fresque la coupole du chœur de
notre cathédrale ; mais le vandalisme de 1793 a détruit son
ouvrage... Il a été déplus directeur de l'Académie française
de peinture*. »
Dans une brochure anonyme sur la cathédrale publiée, en
1846, chez Sébire, libraire à Nantes, on lit : « Le chœur, que
la restauration complète de TédiSce doit faire disparaître,
avait sa coupole peinte par Erard, directeur de TAcadémie
française de peinture & Rome, mort en 1689. Cette coupole
fut badigeonnée à la colle, par ordre du proconsul de 1793,
Carrier. En 1836, on chercha à découvrir cette peinture assez
remarquable ; mais elle était bien endommagée, et c*est à
peine si Ton put reconnaître le sujet qu'elle représente :
c'est la Descente du Saint Esprit sur les Apôtres, Une autre
peinture d'Erard, également recouverte à cette déplorable
époque, se voit maintenant à demi-effacée au petit plafond
après la coupole, elle représentait la Transfiguration. »
Enfin Levot,dans l'article de sa Btog^rapAïc bretonne con-
sacré à Erard, nous dit : « Charles Erard, peintre et archi-
tecte, auquel ses contemporains donnaient complaisamment
le titre de fameux, naquit en 1606 à Nantes. Il exécuta pour
sa ville natale les peintures à fresque de la coupole de la ca-
thédrale, rem placées plus tard par d'autres peintures ; le beau
tableau de Jésus* Christ présentant les clefs à saint Pierre
qui existait avant la Révolution dans la sacristie de la même
cathédrale, etc... Il fut choisi, en 1666, pour aller diriger à
Rome l'Académie de France, que Colbert venait de fonder à
l'instigation de Lebrun. »
* Page 68Î.
3 Page 3'i6 de rédition de 1839.
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526 LA VÉRITÉ SUR LA PATERNITÉ DES PEINTURES
Comme on vient de le voir, tous attribuent au peintre
Nantais Erard; né en 1606, les peintures de la coupole et le
tableau : Jésus-Christ donnant les clefs à saint Pierre.
Or, voici ce que nous fit découvrir l'examen de ces peintures,
en 1865.
Premièrement, nous nous aperçûmes que celles de la cou-
pole, dont les écrivains cités précédemment se sont princi-
palement occupés, n'ont aucune analogie de style, ni d'exécu-
tion avec letableausignéErard. Ce dernier, placé actuellement
dansune chapelle latérale du côté nord de lacathédrale, est de
beaucoup supérieur aux dites peintures, et traité dans un
goût fort différent.
Secondement, il nous parut évident que les peintures de la
coupole que nous avions devant les yeux étaient bien celles
<iui furent exécutées dans le premier quart du XVIP siècle,
et que conséquemment l'assertion de la Biographie bretonne,
d'après laquelle ces peintures auraient été remplacées par des
peintures plus modernes, n'était pas fondée. Les documents,
confrontés depuis par nous et publiés dans les pages qui
suivent, montreront que nous ne nous trompions pas. En
effet, on y trouvera décrites dans un acte authentique les
peintures qui furent exécutées tout d'abord, et ce sont bien
celles qui existent encore.
Knfln nous ne reconnûmes pas dans les peintures de la
coupole, ni dans celle de la voûte du chœur, la palette des
fresquistes, qui emploient l'eau pour manipuler les cou-
leurs et les fixer sur l'enduit frais. Assurément celle dont
avaient fait usage, à Paris, Bertholet Plemalle, Romanelli
et Mignard, pour les fresques de la voûte des Carmes de
la rue de Vaugirard, du grand plafond de la galerie du palais
Mazarin' et de la coupole du Val-de-Grâce était plus res-
treinte.
Il nous sembla d'ailleurs que les couleurs n'avaient pas
* Ce plafond fut peint en 1641, et la coupole du Val-de-Grice en 1664.
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DE LA CATHÉDRALE DK NANTES 527
pénétré dans Tenduit, ce qui nous fit conclure qu'elles
n'avaient pas été appliquées lorsque Tenduit était humide,
fTe%co disent les Italiens, d'où le nom de peinture à fresque.
En résumé, elles nous parurent ne pas être des fresques
mais simplement des peintures à Thuile.
Nous crûmes donc pouvoir dire, mais avec l'embarras d'un
écolier qui élève un doute sur une opinion regardée jusqu'a-
lors comme certaine par ses maîtres : Tque l'attribution des
peintures de la coupole à Vauteiir du tableau signé Erard
n'était pas confirmée par l'examen de ces œuvres, lesquelles
sont exécutées dans des manières très différentes, 2* que
Ton reconnaissait plutôt dans les peintures de la coupole les
caractères de la peinture à l'huile que ceux de la fresque.
Nous n'avions d'ailleurs, alors, d'autre prétention que de
présenter Ift bout du fil à quelque habile qui débrouillerait
Técheveau.
Nous ne réussîmes qu'à nous faire accuser de rêverie irré-
vérentieuse au préjudice d'une tradition séculaire et, avec
raison, constamment respectée.
Alors, nous l'avouons, en dépit d'affirmations que l'on pré*
tendait infaillibles, la tradition historique, immobilisée comme
un dogme, nous parut un système inacceptable, et nous
fûmes pris du désir de renverser ce'que nous n'avions pu
ébranler.
Il ne nous fallut pas de longues recherches pour acquérir
la certitude que nos remarques étaient parfaitement motivées.
Des expéditions notariées des procès-verbaux des adjudi-
cations dont les peintures de la coupole et celles de l'ancien
chœur furent l'objet sont conservées dans lés archives du
chapitre de la cathédrale, et une expédition, de pareille sorte,
du marché concernant l'exécution du tableau de Jésus-Christ
donnant les clefs à saint Pierre existe au dépôt des archives
départementales. Nos annalistes auraient pu, sans grande
peine, consulter ces documents qui ne laissent aucun doute
sur rinexactitude des assertions émises jusqu^à ce jour.
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r)2«^ LA VKniTK SUR LA PATEHNITÉ DKS PEÎNTURP.S
Rappelons, avant de donner ces textes, qu'il y eut deux
peintres du nom d'Erard, le père elle fils, et que Tun et l'autre
ont porté le prénom de Charles: puis, établissons la date
de naissance de chacun d'eux.
Au bas d'un portrait d'Erard le père, dessiné et gravé par
Erard le fils, on lit cette inscription que nous transcrivons
en conservant son orthographe : • Charle Errard de Bressuire,
pintre ordinaire du roy, aagé de cincquante huict ans, 1628. »
' Ce Charles Erard, âgé de cinquante-huit ans en 1628^ était
donc né en 1570, et il n'était pas nantais d'origine.
Or les biographes du Charles Erard, qui fut directeur de
TAcadémie de France à Rome de 1673 à 1683, sont d'accord
sur l'année de sa naissance ; 1606 ; et d'après Guillet de
Saint-Georges, le premier historiographe de l'ancienne
Académie de peinture et de sculpture, cet artiste mourut en
1689, âgé de quatre-vingt-deux ans.
Donc Charles Erard le père était ué à Bressuire en 1570 et
nous allons voir qu'il travaillait à Nantes en 1619 ; et Charles
Erard, son flls, le directeur de l'École de Rome, vécut de 1606
à 1689.
Avec ces indications, avec les textes des marchés, et les
renseignements donnés par les œuvres elles-mêmes, il nous
sera facile maintenant de reconnaître exactement à quel
peintre chacune des peintures doit être attribuée.
D'abord, le tableau de Jésus-Christ donnant les clefs à
saint Pierre a été peint par Charles Erard le père, celui de
Bressuire, ainsi qu'on le voit par le marché passé entre l'ar-
tiste et ceux qui le chargèrent de ce travail, marché dont
voici le texte :
« Par devant Messieurs les Trésoriers de France et generaulx
des finances en Bretaigne commissaires députez par le Roy
pour le bastiment construction et réparations de leglize de
Saint-Pierre de ceste ville de Nantes, estant au devant de
la grande porte de ladicte église, où se seroient trouvez noble
et discretz Estienne Louytre, doien de ladicte eglize, Jan
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De la GÂTHÉDRALK de NANTES 529
Fourché grand archidiacre, Jan Giraud abbe de MeUeray el
René Vallin chanoines, faisans pour le chapitre de ladicte
eglizc et nobles gens Victor Binet sieur de Montiferay con-
seiller-du Roy et présidant en la Chambre des Comptes de
ce pais de Bretaigne, Pien'e Menardeau sieur de la Bouche-
tière aussy conseiller de ladicte Mageste et maistre
ordinaire, en ladicte Chambre des dicts Comptes, Jan
Blanchard aussi conseiller de la dicte Majesté et son
procureur gênerai en la dicte Chambre desdits Comptes
de Bretaigne, André Morin aussy conseiller du Roy et
lieutenant civil et criminel du dict Nantes^ et Guillaume
Lefeure sieur de Malvoisine députez pour messieurs de la
dicte Chambre des dicts Comptes et pour messieurs de la vilje
du dict Nantes. Sur ce qui auroict remonstre que ayant na-
gueres este faict plussieurs marchez tant de masonne que
d'architecture et sculpture pour la construction et enrichisr
sèment du grand autel et sacrayre du chœur de la dicte eglize
de saint Pierre qui méritent estre suiviz de quelque embel-
lissement de peinture et dorure a quoy il seraict requis de
travailler promptement afin d'y célébrer le service ce qui
pourroit daultant plus commodément a présent faire qu'il
peut y avoir des peintres en cèste ville capable d'entreprandre
la dicte besogne et particulièrement maistre Charles Erard
peintre ordinaire du Roy lequel ayant este mande pour cest
effect auroict presante divers desseings eldevys qu'il juge
estre apropos se devoir faire sur la dicte architecture et sculp-
ture entre autres a scavoir que Tautel du dict chœur compose
de Colonnes pilastres frizes corniches architraves et bor-
dures soit enrichi dor de ducat dazure vermillon blanc
de plomb et autres coulleurs requises le tout a huille et le
sacrayre le plus à propos que faire ce pourra et qu'il soit y
fait ung tableau au dict autel dans lequel sera represante
nostre Seigneur qui baillera les clefs à S* Pierre en presance
des apQstres ce que les dicts sieurs commissaires et députez
ayant* trouve fort à propos et sur ce que ayant demande
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530 I,A VÈWTÉ SUn hK PATERNITÉ DES PEINTURES
au dict lïrard sil voulloict enlreprandre la dicte besogne A
quoi il auro|t coudesandu moyennant quil lui fust baille
quelque lieu propre pour travailler luy et les gens qui)
employra et des esehaffaux requis pour le dicL œuvre qui
commansera des le moys de mars prochain mil six cens di:ç
neuf sy tant est que la sculpture soict parfaicte et continuer
jusques au parachèvement d'icelluy et oultre la somme de
trois mille livres synon quil plaises aux dicts sieurs fournir
jde touttes matières et depance il se contantera pour son
labeur et de ceulx quil employera de ce qui leur plaira or-
donner et pour plus encorejs leur faire paroistre la sincère
affection quil a de randre service à Thonneur delà dicte
eglize qu'il advancera partie des frais et depance du dict
xBuvre qui sera prise et extime par gens expertz. Après que
les dictes offres ont çste entre nous considérées et trouvées
^n peu excessives. Sur ce que le dict Ërard auroit este convya
de faire meilleure condition. Enfin après avoir longuement
atandu a este par les dicts sieurs fait marche avecq le diet
Erard du dict œuvr^.cy dessus déclare de peintures dorures
et enrichissement du dict autel et sacrayre du chœur de la
dicte egiize de S' Pierre de cesle ville de Nantes pour fournir
de touttes étoffes et matières requises au tableau d'autel et
enrichiasemppt et le tout estre bien et deuement faict et
parfaict a huille en bonne simettrye pour la feste de
Toussainclz prochainne ou plustost sy faire se peut moiennant
la somme de deulx mille quattre cens livres qui luy sera
payée scavoir six cens livres dans ung moys prochain et le
surplus a pezure que la besogne sadvancera et parachèvera
sera aussy fourny des cbafaux lorsque besoing sera et oultre
luy sera pourveu par Messieurs du Chapitre de la dicte église
de logement convenable pour se retirer et travailler avecq
ses gens pendant le dict œuvre A tout quoy faire et accomplyr
est le dict Erard oblige pour y estre contrainct par les voies
acoustumees pour les deniers et affaires du Roy. Faict au
. devant de la grand porte principalle entrée, de la dicle egliz^
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DE LA GATHÉORitLU DE NANTES 531
de S^ Pierre du dict Nantes le cinquiesme jour de novembre
mil six cens dix huitainsy signe au registre Victor Binett
Cornulierde Lescouet, Louytre, J. Fourché, J. Giraud, abbe
de Melleray, R. Vallin, A. Morin^ maire, P. Menardeau, J.
Blanchard, Lefeure^ Charles Brard et Guillet, notaire royal et
adjoinct des dicts sieurs sus nommés prins par eulx et appelez
d*oflice qui a le dict registre signe
Guillet, notaire royal.
En marge. « Délivrez aux dicts sieurs du Chapitre. »
Le tableau de Jésus-Christ donnant les clefs à saint Pierre
fut donc peint par Charles Erard le père, c'est-à-dire par
Erard, de Bressuire, en 1619 ou 1620, conséquemment dans
la quarante-neuvième anpée de Tâge de cet artiste^ et alors
que le futur directeur de l'Académie de France i Rome
n'avait que treize ans. Il était fait pour orner le grand autel
du chœur de la cathédrale et l'artiste, en môme temps qu'il
faisait ce tableau, devait décorer de peintures et de dorures
l'architecture qui l'entourait avec le sacraire. Cette archi*
tecture, c'est-à-dire ce retable, orna sans doute le fond de
l'abside romane, jusqu'à ce que l'autel fut détaché du fond
et mis en avant, sous la coupole, en 1733, à la place où notre
génération a pu le voir; et quand l'autel fut ainsi déplacé
ou plutôt renouvelé, le tableau fut transporté à la sacristie oii
on le voyait en 1762, ainsi que le dit l'abbé Expiily.
II. A quel artiste faut-il attribuer les peintures exécutées
dans la partie antérieure de la vieille abside romane et qui
représentaient la transfiguration ? Elles étaient également de
Charles Erard^ de Bressuire, d'Erard le père, ainsi qu'on peut
le voir clairement par le marché qui suit :
Par devant Messieurs les trésoriers de France et generaulx
des finances en Bretaigne depatez par le Roy pour le bas-
timent et réparation de leglize cathedralle de Saint-Pierre
de Nantes par lettres patentes de sa Mageste du deulxieme
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o32 LA VÉRITÉ SUR LA PAtERNITÉ DES PEINTURES
de septembre mil six cens douze estant au devant de la
grand porte de la dicte eglize cathedralle du dict Nantes ou
aussy se seroient semblablement trouver nobles etdiscrelz
missires Estienne Louytre doien de la dicte eglize, Jan
Fourché grand archidiacre du dict Nantes, Jan Giraud abbe
de Melleray et René Vallin faisans pour le chapitre de la
dicte eglize et nobles gens Victor Binet sieur de Montiferay
conseiller du Roy en ses conseils dcstat et prive et prési-
dant en sa Chambre des Comptes de ce pais de Bretaigne
Pierre Menardeau sieur de la Bouchetiere aussy conseiller
du Roy et maistre ordinaire des dicts comptes de Bretaigne
Jan Blanchard sieur de Lessongere et Michel Loriot sieur de
la Noe senechal des regaires députez pour Messieurs de la
dicte Chambre des dicts Comptes et de la ville de Nantes se
seroient presanter plusieurs maistres peintres et architectes
tant du dedans de ceste dicte ville de Nantes que hors
dicelle lesquelz ayant sceu les assignations publiées a son de
trompe par les carefours de ceste dicte ville faux bourgz et
aultres lieulx acoutumez a faire bannyes a tous ceulz qui
youderoient entreprandre de faire les peintures et estoffes
iqu*il convient faire a huille tant a la voulte du cœur du dict
Saint-Pierre de Nantes que a larchitecture qui a este adjoustee
depuis le premier marché cy devant adjugé au sieur Erard
peintre.
Premièrement pour les trois sections qui contiennent les
trois vitraulx estant audessus lautel faut y faire en celle du
millieu ung Dieu le père et sa gloire aultour de laquelle doict
y avoir force chérubins et séraphins et aulx deulx aultres
qui sont a coste y represanter des anges qui recevront leur
lumière de sa divine mageste dorer et azurer les arcs qui
séparent les dictes sections et qui les environnent. Faut pa*
reillement peindre et estoffer les coulionnes et pilastres qui
sont entre les trois vitraulx de marbre jaspe serpentine et
porphire et au corps et a coste des dictes coulionnes faut
feindre des cncastremens de marbres de plusieurs voHumes
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DE LA OÀTHÉDRALE DE NANTES 533
et formes selon la commodité du lieu et le troisième arc qui
contienl loutfc la circonferance de la voulto et enclos tout ce
que dessus sera apoze au millieu du dict arc des fleurs de
lys dorées a demy relief et les demy ronds dorez ou seront
represantez des oves comme sy elles estoient sculptées dor
massif et pour ce qui est des coullonnes qui soustiennent le
dict arc avecq son arrière corps il les faut enrichyr à la fasson
des aultres cy-dessus. Quant au quattrieme et dernier arc
sera pareillement apoze des fleurs de lys de demy relief
avecq fonds dazur desmail a huille et ung ornement dor au
dict arc et aulx espaisseurs et arrière corps des hermines et
les coullonnes qui soustienncnt le dict arc a la fasson des
aultres susdictes. Pour le regard des deulx entienons qui
sont entre les deulx arcs y sera represante a chascun des
dicts entienons ung tableau peint sur le plat fond dans le
premier la figure seulle de Nostre-Seigneur montant au ciel
dans le second la transfiguration de Nostre-Seigneur avecq
Moyse et Helye. Pour le regard de l'adjonction et de lache-
vement de la sculpture de laulel qui commance depuis la
troisième coullonne de chasque coste avecq son architrave
frize et corniche et la balustrade daudessus avecq les entre
coullonnes niches pilastre et fronton le tout jusques au socle
seront pareillement enrichis dor de ducat et dazur desmail a
huille et aultres couleurs y requises pour lembellissement
du dict œuvre. Quant aulx portiques qui viennent aussy
jusques sur le premier degré et qui finissent le bornement
deTœuvre nouveau seront pareillement estoffez azurez et
dorez a huille suy vant la simetterie de larchileclure avecq
les festons de fruictz glacez sur argent ainsy que les feilles
dacanthe qui sont aulx chapiteaux corinttes du pourtour
de lautel et quant a lare qui sépare la voulte de lautel
davecq le cœur ou a pressant messieurs les chanoines
font loffice divin sera enrichy et estoffede la mesme fasson
que les aultres dont il est parle cy dessus. En ce qui regarde
la dicte voulte de lautel et tout au moins la moictye de la
T. VI. — NOTICES. — VI' ANNÉE^ 5* LIV. 35
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634 LA VÉRITÉ SUR LA PATERNITÉ DES PEINTURES
superficie du diet are faut faire dans les cadres des dicts
portiques la saincte Vierge dun coste et langue Gabriel de
laultre et faire le tout suy vaut et au dezir du deseign et devis
quipresantement en a este leu et monstre. Après laquelle
lecture Ion auroit demande aulx dicts maîtres peintres a qui
moins voudroit entreprendre les dictes peintures pour icelles
faire promptement et randre le tout parfaict suy vant les tfe • is
et deseign dans dhui en deulx ans prochains venant ou
plustot sy faire ce peult et la chandelle allumée a lendroit le
sieur Charles Erard maistre peintre a offert faire les dictes
peintures et les estoffes ainsy quil est cy devant dîct pour la
somme de six mil livres tzetla chandelle morte et reallumee
Charles Petit aussy maistre peintre à cinq mil cinq cens livres
et encore la dicte chandelle morte et reallumee beguyn Van
Dellan aussy maistre peintre a cinq mil cinq cens livres tz et
et encore la dicte chandelle morte et reallumee le dict Petit a
qualtre mil huit cens livres tz et derechef, la chandelle morte
auroict leste dict quelle seroict une fois pour touttes reaU
lumee et icelle reallumee le dict beguyn Van Dellan et Petit
a quattre mil trois cens livres tz et le dict Erard a quattre
mil livres tz et ayant este demande par plusieurs fois sil y
avoict personne qui vouleusl mettre moins et la chandelle
morte et aussy quil ne cest trouve moins doffre partant de
ladvis de tous les dicts sieurs le marche de touttes les choses
cy devant devises et insérées auroict este adjuge au dict sieur
Erard pour icelle besogne faire et parfaire bien et deument
suy vant le dict devys et sellon le deseign qui en a este faict
et chiffre du notaire royal qui a rapporte les presantes devant
nous et mis es mains de mes dicts sieurs du chapitre
pour y avoir recours quant le besoign sera et oultre a la
charge que le dict Erard sera tenu faire de sa propre main
touttes les histoires et figures mentionnées au dict marche
sans qu'il puisse commetre aulcun aultre moiennant la dicte
somme de quatre mil livres tz pour toutte chose parce que
ledict Erard fournira de loutte sorte de peintures huille et
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DB LA CATHÉDRALE DE NANTES 535
argent pour faire la dicte besogne de laquelle somme en
sera paye au diclErard la somme de mil livres tz dans quinze
jours prochains venans et le surplus luy sera paye à mesure
qu'il travaillera et après que la besogne aura este jugée avoir
este bien faicte. Commansera le dict Erard a travailler aulx
. idiotes peintures dans deulx moys prochains venans avecq*
nombre d'hommes sufAzans et capabables a cest effect et
ayant commanse atravailier ne pourra discontinuer jusqu'à la
perfection de la dite besogne et a touLce que dessus faire et
accomplir ainsy quil est cy devant dict. C'est le dict Erard
oblige et soblige avecq tous et chalcuns ses biens meubles et
immeubles presantz et futurz en cas de deffaud comme pour
deniers royaulx et cest le dict Erard submis et se submet sa
personne et ses biens a la court de Nantes et y a proroge de
juridiction. Fait au dict Nantes au devant du portai de la dicte
église de Saint-Pierre le cinquiesme jour d'octobre mil six
cens vingt. Ainsi signé au registre : Cornulier, Victor Binet,
J. Blanchard, Et. Louytre, J. Fourche, J. Giraud abbe de
Melleray. R. Vallin, P. Menardeau, M. Loriot. Ch. Erard et
Guillet notaire royal et adjoinct des dicts sieurs susnommez
et par eulx prins et appelle qui a le dict regestre.
Signé : Guillet, notaire royal.
On voit par les détails de ce marché que Charles Erard
avait non-seulement peint la Transfiguration dont nous avons
pu voir les restes, mais qu'il avait traité d'autres/ sujets et
que toute la voûte de Tabside était décorée de peintures.
III. — Enfin quel fut l'auteur des peintures de la coupole ?
Le marché suivant nous montre clairement qu'elles furent
exécutées par trois peintres Vincent Béquin, Charles Mousset*
et Louis Alexandre, tous les trois associés pour ce travail
qu'ils entreprirent pour la somme de 4850 livres tournois.
* Charles Mouiset exerça Tarchitectare à Nantes, et il 7 mourut en 1642.
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636 LA VÉRITÉ SUH LA PATERNITÉ DES PEJJ^TURBS
Ces trois artistes étaient domiciiiés à Nantes lors de l'ad-
judication, les deux premiers dans la paroisse de Sainte-
Croix et le dernier dans la paroisse do Saint-Saturnin. Il est
présumable qu'ils étaient Nantais d'origine-
L'an mil six cent vingt-quatre, le mardi 11 jour de juin
environ les deux heures de Tapres midy audevatit de la
grande porte et principale entrée de Fégiise cathédrale de
Nantes, etc., et il a été donné adjudication a tous ceux qui
voudront entreprendre de faire a qui pour le moins les pein-
tures et enrichissements a ia voûte en coupe du chœur de
la dite église et autres choses comme ensuit. A savoir, pour
ce qui regarde la coupe du dit chœur, y sera représenté dans
le fond de la coupe en une clarté un Saint-Esprit environné
de rayons et nuages et du fond où sera peint le Saint-Esprit
sortiront flammes et langues de feu qui tomberont sur les
apôtres représentés plus bas selon les actions requises au
subjet, et derrière les dites figures se pourra faire quelques
perspectives convenables et au devant des dits apôtres pour
environner la dite coupe y sera peint une balustrade pour
faire la circonférence et au-dessous de la dite balustrade
dans les quatre coins seront représentés les qaalre évan-
gélistes ou docteurs dans quelques perspectives ou orne-
ments à Tentour. Et pour ce qui est des quatre arcs qui sou-
' tiennent ladite coupe ensemble les colonnes et pilastres
seront peints de diverses sortes de marbres avecques les
chapiteaux suivant le premier ordre et les dessous desdits
arcs seront azurés et ornés de fleurs de lis d'or et les mou-
lui es d'alentour enrichies d'or avec des oves et les côtières
des dits arcs seront peintes et semées d*hermines. Et pour
les deux chapelles seront azurées et semées d'étoiles d'or, et
les faces des deux chapelles où sont les vitraux aux deux
côtés ou dessus les vitraux sur les tympans seront aussi
deux anges tenant des palmes en main peintes en couleur de
bronze et à côté des deux vitraux se pourront peindre aussi
quelques figures selon qu'il plaira à Messieurs et le reste
I
DE LA CATHÉDRALB DE NANTES 537
peint de marbre porphire varié enrichi de filets etmotilures.
d'or. Et pour ce qui est des balustres au-dessus des chaires,
seront aussi peints et étoffés selon Tordre des aultres et
au-dessous des dits balustres venant jusques aux dites
chaires en la frise on y pourra faire des cartouches pour
écrire ce que on jugera à propos. Et pour le regard delà
face au-dessous de la porte du chœur où sont gravées les
armes du roi seront peintes dorées et étoffées avec des en-
richissements et a Tentour filets et moulures d'or. Et dans les
tables y seront quelques camaïeux et histoires telles qu'il
plaira à Messieurs, plus sera peint l'arc qui est fait de neuf
jusqu'au pilastre à la perpendicule de la porte du dedans du
chœur qui sera d'azur semé d'étoiles. Et pour l'embassc au
tambour sous les colonnes sera fait des consoles de même
série qui seront aussi peintes et étoffées selon l'ordre. Et
outre sera fait enduire et cimenter la dite voûte en coupe
selon qu'il est requjs, etc. Le tout à la charge des preneurs
de rendre ladite besogne bien faite à la fête de Noël prochaine
en un an. Le travail a été adjugé à Vincent Bequin, maître
peintre, Charles Mousset et Louis-Alexandre, demeurant tous
trois à Nantes, les deux premiers en la paroisse Sainte-Croix,
le 3* en Saint-Saturnin, lesquels ont accepté ensemble la be-
sogne au prix de 4850 livres tz. Signé : Cornulier de Lescouet,
J. Fourché archidiacre de Nantes, J. Giraud, J. Fourché, sieur
du Bezon, M. Loriot sénéchal des régaires,Viau, sergent, royal
V. Bequin, Ch. Mousset et L. Alexandre Desmortiers notaire
royal.
Bonnet, notaire royal.
Ces divers marchés ne permettent aucun doute sur les
noms des artistes qui exécutèrent les peintures de notre
vieille cathédrale romane. On voit que Charles Erard, le di-
recteur de l'Académie de France à Rome, n'y était pour rien ;
et bientôt il ne restera plus de ces œuvres, que le tableau de
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538 LA VÉRITÉ SUR LA PATERNITÉ DES PEINTURES
Notré'Seigneur donnant les clefs à saint Pierre, tableau qui
décorail autrefois le maître-autel et qui fut exécuté par Charles
Erard, de Bressuire. .
Nous sommes heureux d'ajouter que Tun de nos conci-
toyens, peintre-décorateur très estimé dans les années qui
viennent de s'écouler, a pris une copie des peintures de la
coupole, et sans doute quelque jour il mettra les Nantais à
même de contempler cer intéressant souvenir de notre vieille
cathédrale.
E. BOISMEN.
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LES GRANDS ÉCUYERS HÉRÉDITAIRES
DE BRETAGNE*.
III
C'est seulement trente-huit ans plus tard, en 1442, le
jour de l'entrée solennelle du duc François !•' à
Rennes, que le grand écuyer héréditaire fait son
apparition,
« Le duc, dit Lobineau, marchait sous un dais dont les quatre
bâtons étaient portés par les quatre premiers bacheliers de
Bretagne, et le sire de Blossac, grand écuyer de Bretagne,
portait répée ducale dans un fourreau garni de pierreries'... »
Quel était le nom patronymique de ce seigneur de Blossac?
L'historien ne nous le dit pas : mais voici des indicutinns plus
explicites.
Au mois de mai 1451, le duc François ouvre les Etats de
Vannes. Aux pieds du duc s'assied le président de Bretagne :
c et à la dextre du président était assis Thomas de Québriac,
chevalier, seigneur de Beloczac (Blossac) grand et premier
* Voir la précédente livraison,
* LOBXNKA.tr p. 6?î.
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écuyer d'écurie, de son héritage à cause desaterredeBreczé'..» .
Ainsi ce n'est pas comme seigneur de Québriac ou de'
Blossac que le possesseur de ces deux seigneuries porte
l'épée ducale, c'est comme seigneur de Brécé^ .
Aux Elats tenus à Vannes par Pierre II, en 1455, Thomas
de Québriac tient la môme place d'honneur et porte Tépée et
le chapeau d'armes du duc*.
Enfin, le 10 juin 1462, François II sort en grand apparat du
château de l'Hermine à Vannes, pour aller ouvrir les Etats
« dans la grande salle des Halles bien et richement parée
comme au cas appartenait. » Dans le cortège figure « Thomas
de Québriac, seigneur de Bresse, . premier écuyer d'écurie,
par privilège hérédital concédé d'autrefois à ses prédéces-
seurs, à cause de la dite seigneurie et terre de Bresse, par les
prédécesseurs du duc, lequel portait le chapeau de parement
de l'écurie et l'épée du duc bien et richement garnie d'or et de
pierreries- » '
Le duc prend séance, et « le sire de Brécé, grand écuyer
hérédital, s'assied à la droite du président de Bretagne por-
tant le chapeau de parement et l'épée du duc\ ^>
C'est dans ce même Parlement général que François II fit
'»-
' I^Bj?<iAi. Pr. Col !infl.
J*&t déjà fait rem arij lier que le nom s'écrit dana l«a anckiM Utrei Breczi
puis Bresse, rorthographe Brév,' a pré Ta lu. et je Tais m'y confonoer,
■On peut juger combien 0|^ée, «at inexact quami %\ émt aii mot Québriac i
m. Soua les ducs de Bretagne, le possesseur de cette seigneurie {de Québriac)
araitle titre hérédilaire de premier éc^uyer du prince... » Oui, peudantun
temps, mais co-m-mê seigneur de Brecé.
Mai« ce n'est pas lotit :
Au mot Go^^en^ il écrit : < En 1450, la terre de Bloasac appartenait à ThLomâi
de Guémadetic, grand écuvorhéréditair* et cKevalierd**» ordres du Roy. *
Au mot Fl^neuf, il répète la même date et \^e ra^^mes renseignement*.
La date est erront^e de plus de cent ans : pn UîfOil n*étaU pas question des
ordres du Roi^ L'ordre de Ssiint-Midhel a été créé dii-huit îina plus tard, et
l'ordre du Saint-Esprit» cent vin^'1-^epi an» aprè^_
Voilà commentO/>É* éorit lliiitoîrc, ¥oilii ce que l'on rééJiïe aujourd'hui.
» LoBiNEAr Pr, Col, linz.
^ LoiiivmÀi-, pr. CoL Ii3û-3L
DE BRBTAGNR 541
faire appel de ses sergents féortés. Thomas de Québriac
répondit à l'appel comme « seigneur de Bresse, sergent
féodé sous Rennes o et se soumit au service personnel requis
par le duc' .
Enfin le môme répondit à Tappel comme banneret, en
qualité de sieur de Blossac'.
Gomme oh le voit, les deux seigneuries de Blossac et de
Brécé étaient réunies dans la môme main ; et c'est pourquoi
Lo5ineaa, moins exact que les procès-verbaux des Etats, a
pu dire que, lors de l'entrée du duc François I*' à Rennes, le
sire de Blossac, grand écuyer, portait Tépée ducale. Plus
loin, dans son récit des Etats de 1451, il prend soin d'expliquer
que Thomas de Québriac, seigneur de Blossac, est grand
écuyer à raison de sa terre de Dressé ; et, cette remarque une
fois faite, il nomme ce seigneur Québriac ou Blossac indtffé-
ren\ment'.
La terre de Brécé unie à la seigneurie de Blossac n'en a
été séparée que deux siècles plus tard. Les seigneurs de
Blossac ont pris sans conteste le titre de grands écuyers héré-
ditaires pendant la fin du XV* et tout le XVI» siècle ; et, chose
assez singulière, ils négtigenf de rappeler leur titre de sei- ^
gneurs deBréeé, mais il n'omettent pas dans les aveux qu'ils
rendent à propos de Brécé, de faire état du titre de Grand
fevyer.
On lit dans un aveu de Brécé de 1678*.
€ Au seigneur de Brécé appartient rofïice de grand écuyer
d'écurie des ducs de Bretagne ; il doit, à l'entrée du duc
à Rennes, porter l'épée et chapeau (d'armes) devant le dit
prince, et prendre et avoir les coursier et haquenée que
montent ce jour-là le duc et la duchesse. »
En effet, nous venons de voir le grand écuyer portant
* LoBiNiAU, Col. 1232.
» Id. Col. «235.
> Id., p. 658 et 680.
^Archives ^nationales 171,'.
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542 LES GRANDS ÉGUYERS HÉRÉDITAIRES
Tépée devant le duc FrançoisI*'" venant prendre la couronne
à Rennes, en 1442.
Mais là ne se borne pas le devoir du grand écuyer, et de
Taveuque je viens de citer il faut rapprocher une déclara^
lion plus complote et plus explicite de 1680\
« A raison des âefs de Brécé, est et appartient au dit
Seigneur Testât et office de grand écuyer des ducs et princes,
et lorsqu*il y avoit changement de duc ou prince, ou qu'ils
prenaient leurs intersignes ducaux en la ville de Rennes, les
seigneurs de Brécé portaient les épée et chapeau devant le^
dits seigneurs ducs qui leur faisoient don de leur haquenée
ou aultre monture ; en oultre comme grands écuyers avoient
droit de servir les dits seigneurs ducs toutes fois qu'ils se
trouvoienten cour chez eux et ailleurs» et même. lorsqu'ils
entroieat et prenoient place dans leur pari^nent de ce pays,
ils (les grands écuyers) portoient leur épée et chapeau (dés
ducs). »
En effet nous avons vu aux Etats de 1462 que le grand
écuyer marchait dans le cortège portant le chapeau de
parement et Tépée ducale dans le fourreau; et/ quand le
duc a pris séance entre deux des plus hauts seigneurs bre-
tons, et que le président de Bretagne, sénéchal de Rennes
s'est assis aux pieds du duc, le grand écuyer s'est assis à la
droite du président. C'est-à-dire qu'il occupe la cinquième ou
sixième place'.
Faut-il supposer que le grand écuyer devait avoir, en
Bretagne comme en France, quelque supérintendance sur
récurie du duc?.. Nous ne trouvons sur ce point aucune indi-
cation : il se peut que Tofflce n'imposât d'autre devoir que
de porter l'épée ducale dans les cérémonies ; et ne conférât
* Archives d^Ille^ei- Vilaine E. 293.
* Attz Etat! de ce temps U place d'honneur était, à ce qu'il semble, à
franche; comme aujourd'hui encore à l'église le cAté g^auche (côXé deTéTan-
^ile) est la place d'honneur.
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DE BRETAGNE 543*
d^autre émolument que le don du coursier du duc et de la
haquenée de la duchesse au jour du couronnement du duc\
Chose étrange que cette attribution de la charge' à une
seigneurie ! Il s'ensuit que celui de nos ducs , qui a créé la
charge, a, par avance^ enlevé à ses successeurs, je ne dis
pas le soin, mais la faculté de choisir leurs grands écuyers.
Mais cette attribution faite à perpétuité n'était pas une ano-
malie. Nous allons voir bientôt le duc Jean V attacher à une
terre le titre héréditaire de Grand Chambellan ; à une autre
le privilège de porter la couronne ducale dans les cérémonies;
à une troisième le droit de porterie manteau ducal quand
le duc n*en est pas revêtu ; en sorte que les successeurs de
Jean V siégeant aux Etats étaient entourés d'officiers qu'ils
n'avaient pas choisis.
Mais qu'est-ce que cette seigneurie de Brécé et où la
trouver?
Je l'ai cherchée (cela semblait indiqué) dans la commune de
Brécé, voisine de Rennes, etjenel'y ai pas trouvée. La carte de
l^Etat-major m'indique dans la commune de NoyaKsur-Seiche,
non loin de Rennes, un lieu nommé Lande-de-Bré ce. C'est un
premier indice ; et un patient et heureux chercheur chaiige
mon doute en certitude*. Survient une étude intéressante
publiée récemment, — et fort à propos pour moi — sur la
seigneurie de Brécé'.
L'auteur m'apprend que le chef-lieu de la seigneurie de
Brécé était un château ou forteresse élevée, vers 1050, sur le
bord de la Seiche, par Geffroy, fils de Salomon, avec Tautori-
sation de Eudon, comte de Rennes et de sa sœur Adèle^
abbesse de Saint-Georges de Rennes. — Le château fut de
* C«« gages en nature, usités en France, comme nous venons de le voir»
étaient, comme nous le verrons, de fréquent usage en Bretafrne.
> M, rabbé Paris Jallobert.
* La seigneurie de Brécé. {Journal de Rennes 3 janvier 1890) par M l'abbé
Guillotin deCorson.
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544 LES GRANDS ÉCUYER8 HÉRÉDITAIRES
bonne heure détruit par la guerre, et la réformation de la
noblesse en 1440 n*en fait pas mention.
Non loin de la vieille forteresse était une métairie nommée
les Carreaux mentionnée aux réformations des fouages de 1427,
1440 et 1513, C'est là que les seigneurs de Çrécé construi-
sirent un manoir avec chapelle,colombier,bois de décoration,
toutes les dépendances d'une demeure seigneuriale. C'est là
sans doute que résidait Thibaud deBlossac, chevalier, nommé
dans l'enquête de Charles de Blois comme étant de la pa-
roisse de Noyal-sur-Seiche. (1378*.)
La seigneurie de Brécé avait, semble-t-il, plus d'honneurs
que de domaines et de droits utiles. Bile n'avait pas la ban-
nière; mais comme gage d'une des sergenteries ducales au
bailliage de Rennes, elle avait haute justice% et môme des
patibulaires « à trois pots » élevées dans le champ qui porte
encore le nom de justice.
Le seigneur de Brécé avait le titre de fondateur et la supé-
riorité dans l'église de Noyai, avec un enfeu prohibitif à tous
autres dans le chanceau ; enfin il avait le droit de tenir foire
au bourg le jour Saint-Denis.
La seigneurie s'étendait sur les communes actuelles de
Noyai et de Châtillon, et môme sur quelques points de la
commune de Brutz, séparée des deux premières par la com-
mune de Chartres.
L'aveu de 1680 distribue en cinq bailliages les terres su-
jettes de la seigneurie et les cheffrentes. Le grand bailliage
aux deniers rapportant 38 livres, 3 sous et 8 deniers. Le
• LoBiNKAU, Pi*. 552-567.
• Cf. HiviN. Questions féodales, p. 259.
Brécé était très ancienn "ornent gage de sergenterie. En 1395, les sergents
de Brécé furent chargés de conduire au delà du Couosnon, un habitant de
Brutz condamné comme faux monnayeur à éire bouilli (chap. CXII. T. A. C.)
et que le duc Jean IV bannissait, en lui faisant grâce de la vie. — Lobinkau.
Pr. 789. — Depuis, selon Tusage de France, le bannissement s*exécuta autre
ment : on laissait le condamné libre à la porte de la prison 1... et il ne
passait pas souvent la limite de la province.
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DK BRETAGNE 545
grand bailliage sur avoine rapportai! 1264 boisseaux d'avoine,
63 poules et 63 corvées, — enfin les bailliages des tnétairies,
des bois et de la Chaussairie.
L'attribution à la seigneurie de Brécé du titre de grand
écuyer étant ainsi établie, il n'est besoin pour dresser la
liste des grands écuyers, que de rechercher par quelles
mains a passé Brécé depuis la création de Tofflce; mais il
faut s*en tenir rigoureusement à cette indication.
Un auteur, reconnaît « que la dignité de grand écuyer éfait
attachée à la possession de Brécé ; o puis il ajoute aussitôt :
« Malgré les privilèges attachés à la terre de Brécé, les ducs
néanmoins accordèrent à d'autres seigneurs qu'à ceux de
cette terre le titre de grand écuyer*. »
La méprise est certaine.
Oui, on trouve en plusieurs registres de la Chancellerie
le titre de frand écuyer donné à des gentilshommes qui n'ont
pas possédé Brécé. Peut-être est-il permis d'induire de ce
titre une primauté d'honneur et de fonctions sur les autres
écuyers du duc; mais il est hors de doute que ces premiers
écuyers n'avaient ni le titre ni le privilège des grands
écuyers héréditaires de Bretagne. Gomment en effet admettre
deux grands écuyers en concurrence : celui qui tient son
titre ancien de la possession de Brécé, l'autre qui le tient de
la volonté du duc ? Il n'y a qu'une épée à porter : lequel des
deux la portera?
Or l'auteur que j'étudie dresse une liste de quatorze
écuyers jusqu'à 1532; et parmi ces personnages deux seule-
ment, trois tout au plus ont été seigneurs de Brécé. Nous ne
sommes donc pas d'accord sur les noms et la succession des
grands écuyers de Bretagne. Nous ne sommes pas non plus
d'accord sur la date de la création du titre, puisque l'auteur,
* M. ConrroN de Kirobllsch. Recherches sur la Chevalerie en Bretagne
, p. 449 a 455. II. P. 337.
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LES GRANDS ÉGUYEKS HÉRÉDITAIRES
après avoir fixé cette date au quinzième siècle, met eu tête
de sa liste un certain Cadoret qui aurait exercé sa charge en
1073, avant Alain Fergent*.
IV.
Il y aurait quelque intérêt à savoir en faveur de quelle
maison le titre de grand écuyer fut originairement attaché à
la seigneurie de Brécé... Il peut y avoir quelque doute,
parce que, de 1427 à 1451, la seigneurie a passé des Blossac
aux Montbourcher et de ceux-ci aux Québriac.
Il semble bien que plusieurs charges de cour furent créées
vers Tannée 1420. C'est la date de lemprisonnement du duc
Jean V par les Penthièvre. Les seigneurs bretons * restèreat
pour la plupart fidèles ; mais ils firent payer leur fidétitô,
d abord par la duchesse qui « rehaussa leurs appointements»
pour les déterminera assiéger Chantoceaux^, puis, après sa
délivrance^ par le duc lui-môme. Non-seulement celui-ci
distribua à plusieurs les dépouilles des Penthièvre' , mais
il accorda des honneurs de cour qui ne lui coûtaient guère.
C*est ainsi que Charles de Rohan, sire de Guémené-Guin-
gamp\ fut investi le 16 septembre 1420^ du droit de porter
dans les cérémonies le cercle royal du duc. C*est dans
le mftme temps que Ton voit le seigneur du Juch portant le
manteau royal du duc, quand celui-ci n'en est pas revêtu* ;
enfin c'est à cette époque que le titre de grand chambellan
* Otk trouTera la lista dressée par M. Couflfon en regard de celle que noas
proposons. Appendice I.
* LOBINBAU, p. 547.
* Voir sur ce point d'Argentré livre X chapitre 3til, p. 841, 1** édition.
^ Fils de Jean l«r, V** de Rohan, né de son second mariage avec Jeanne
de Navarre, tige des seigneurs de Rohan-Guémené. Lobinbau, p. 552. Morice
Pr. II. col. 1040.
« LoBfNB\u p. 679 et %l2. i<-« col. 12:)1. Procèe«verbal des EUU de 146%, se
réfère au «don hérédital par grâce fait à ses prédécesseurs. »
i^jji..
, :^ DE BRETAG'ÎP 547
devint héréditaire dans la seigneurie de Château-Giron\ li y
a bien quelque apparence que la création de la charge de
grand écuyer héréditaire fut contemporaine de la création
de ces autres charges.
Si le titre de grand écuyer a été créé vers 1420^ ce serait
en faveur de J^ean, encore seigneur de Blossac en 1427.
En 1378, la métairie roturière des Carreaux et la maison
noble de Brécé étaient aux mains de c Thib^ud de Blossac,
chevalier, demeurant en la paroisse de Noyal-sur-Seiche, »
témoin dans l'enquête de canonisation de Charles de Blois*.
Au siècle suivant, les Carreaux et Brécé sont réunis à la sei-
gneurie de Blossac. La métairie est portée aux fouages comme
appartenant, en 1427, au seigneur de Blossac, en 1440 au
seigneur de Brécé (seigneur de Blossac). Au siècle suivant,
en 1513, nous la trouvons aux mains de la douairière de
Québriac (et de Blossac). Mais, me dit-on, on ne voit pas que
le seigneur de Blossac réclame le titre de grand écuyer : ne
peut-on pas conclure de là que ce titre a été concédé à Ber-
trand de Montbourcl^er, sire du Bordage, auquelJean de
Blossac va marier sa fllle ?
Les Montbourcher, quand ils produisirent à la réformatiou
de 1668^ attribuèrent le titre de grand écuyer à Simon, père
de Bertrand, et à Bertrand lui-môme*. Mais quelle preuve
de cette prétention se produisant après deux siècles et demi t
— Aucune I et nos historiens fournissent des indices con-
traires à cette prétention*.
* Ce titre avait auparavant appartenu à. Patri et à Armel de ChàteaugU
ron ; maie iln*était pçia encore héréditaire, puisque, en Ut 3, il appartenait
à Henri du Parc.
On peut remarquer que les sires de Ouémené-Quîngamp, du Juch 'et de
Châteaugiron sont nommés parmi ceux 4ont la .duchesse eut besoin d'en-
courager la fidélité.
» LoBiNEAU, Pr. 552-567.
* Simon, marié en 1392 à Tiphaine Raguenel, Bertrand son fils marié à
Jeanne de Blossac 1« mariage.
*M. Couffon de KerdeUech leur donne place sur sa liste ; mais il doute
de leur qualité et regrette de ne pas prouver d'antre preuve de leur litre que
la généalogie de 1671.
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548 LES GRANDS ÉGUYERS IIÉRÉDITAIBES
En i404| Simon est nommé avec Allain Lescoff comme
« écuyer d'écuries à servir par quartier chacun d'eux aura
bouche en cour et deux chevaux à livrée, et recevra 6 livres
10 sols par mois*. » Ainsi la situation des deux écuyers est
égale : d'où suit que Sijnon n'est pas joremi^r et grand écuyer.
Et Bertrand ? — Il est des fidèles du duc Jean V. En 1419,
le duc le retient « pour chevaucher avec lui et garder sa per-
sonne >j ; il est des premiers armés contre les Penthièvre
en 1420 ; en 1425, il est chargé de l'armement des communes
dans le pays de Rennes ; en 1434, il est capitaine de Saint-
Aubin du Cormier, une des clefs de la Bretagne du côté de
la France. Mais, en 1426, un compte du trésorier lui donne
le titre de chambellan'. Donc à cette époque, il n'était pas
écuyer, encore moins grand écuyer. — Depuis, a-t-il possédé ce
litre? J'en doute... Bertrand a été marié deux fois ; sa première
union avec la demoiselle de Blossac ne fut pas de longue
durée^, il en eut une fille, Jeanne, dame de Blossac et de Brécé
mariée, avant 1451, à Thomas de Québriac. En tout cas, si
Bertrand a possédé le titre de grand écuyer, n'est ce pas du
chef de sa femme, ou comme tuteur de sa fille héritière de
sa mère ? Quelle apparence que Bertrand, s'il eût obtenu la
création en son nom de la charge héréditaire de grand
écuyer, l'eût fait attacher à une seigneurie qui ne lui appar-
tenait pas et que le mariage de sa fille allait faire passer dans
une maison étrangère?
Enfin ie titre aurait-il été créé en faveur de Thomas de
Québriac, époux de la fille de Bertrand, dame de Blossac èl
de Brécé? Non : en ce cas celui-ci n'aurait pas manqué de
faire attacher le titre à sa seigneurie de Québriac et non à
une seigneurie appartenant à sa femme.
* LoiiNE4U, pr. col, 814.
* LoBiHEi^u, pr. col. 964 et passim.
■ Il épouia an seconde noce Jeanne de Québriac, dont le flli, qui a con-*
tinué U deicsndance, eitmort en 1477.
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LES ORAl^US ÉGUYERS HÉRÉDITAIRES DS BRETAGNE 549
Il semble donc très vraisemblable, sinon démontré, que le
titre de grand écuyer a été créé pour Jean, seigneur de Blossac
et de Brécé. Ainsi s'explique tout naturellement que le titre
ait été issis sur la seigneurie de Brécé.
De Jean de Blossac le titre a passé peut-être à sa fille,
femme de Bertrand de Montbouroher, et sans aucun doute
à sa petite-fille, Jeanne de Montboarcher, qui le porta dans la
maison de Québriac.
Les textes, notamment celui de Lobineai\ contrarient-ils
cette conclusion? Au contraire. En 1442, Lobineau nous
montre le seigneur de Blossac, exerçant l'office de grand
écuyer. Quel était ce seigneur î Très vraisemblablement
Jean de Blossac. Autrement, l'exact historien aurait pris
soin de nous le présenter comme il fera un peu plus loin,
quand, aux Etats de 1451, il exposera les titres de Thomas de
Québriac.
J'ajoute que le procès-verbal des Etats de Vannes de 1462
nous apprend que le titre de grand écuyer a été concédé à
un des prédécesseurs de Thomas de Québriac. Or, Thomas
exerce la charge depuis au moins 1451. Il n'est pas question
du grand écuyer avant 1442. Donc, à cette époque, la charge
n'était pas aux mains de Thomas de Québriac ; mais en celles
d'un de ses prédécesseurs, soit Bertrand de Moutbourcher,
comme mari ou comme tuteur, soit plus vraiscmblablen-ent
Jean de Blossac, seigneur de Brôcé.
J. Tré\édy,
Ancien président du tribunal de Quimper.
(A suivre.)
T. VI. — NOTICES. — Vr ANNEE, 0« LIV.
36
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LES VITREENS
ET
LE COMMERCE INTERNATIONAL
C Suite.)
M.
LE « mardi 21* mars 1589, la ville de Vitré fut prinse
par les Huguenots. »> Cet extrait du Journal historique
de Vitré ne suffit pas pour mettre au point la situation
des catholiques marchands d*outre-mer, durant cette année
et les dix suivantes. Cherchons ailleurs. Un procès verbal de
la communauté de Rennes, daté du 27 mars 1589, nous ren-
seigne en ces termes :
(( Présentement par Guillaume de Gennes La Grange\
Pierre Prain' et Pierre du Boys, bourgeois de Vitré a esté
' Filg de Gilles de Qennes de la Rossignolais et d'Antoinette Le Bigot,
petit-fils de Jean de Gennes ^t de Tugalle Peluan. 11 époasa Andrine Burel
dont sont issas 1* N. de Gennes, mort recteur de Saint-Menré, 2^ Andrine de
Gennes, mariée à Jean de Couasnon sieur de Trèlan, 3* Jeanne de Gennes,
mariée à Jean Guillaudeuc» sieur de la Vieuville.
s Fils de Guillaume Frain et de Perrine Mazurais. Reçu dans la confrérie
de TAnnonciation en 1573, il épousa Julienne Lambaré, fille de Jean Lambaré
et de Jacquine Godart^ sieur et dame du Plessix, et eut pour enfants : 1*
Etienne, 2« Paul, 3* Guillemette, 4» Jeanne-Marie, mariée à Michel Guérin de la
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LES VITRÉENS ET LE COMMERCE INTERNATIONAL 551
supplié que messieurs de la communauté de cette ville
fassent ce bien à messieurs de Vitré catholiques, de les vouloir
accommoder de deux petites pièces d'artillerie pour s'aider
contre les huguenots qui se sont emparés de la ville et
château de Vitré où ils tiennent les catholiques en subjection
et les persécutent et ont mis grande partie d'iceux et leurs
femmes hors*. »
La sujétion, la persécution, ou l'exil, voilà donc le sort
des catholiques Vitréens. C'est déjà fort engageant ; mais
peut-être les légistes seront-ils plus tendres que les sou-
darts?Dans cet espoir, ouvrons l'ordonnance de Guy Le
Meneust, sieur de Bréquigny,sénéchal de Rennes. Le dernier
jour d'avril 1590, ce zélé fonctionnaire assure à ses parents
et alliés vitréens* la prison pour logement, il ordonne la
confiscation de leurs biens meubles et immeubles, défend à
Salmandière de la Tille de Laval, (de la maison dee Quérin, lise rae de la Tri-
nité k Laval, Monsieur J. M. Richard, correspondant du ministère des beaux-
arts, a donné ane intéressante monographie. Voir : Bulletin de la commission
hist, de la Mayenne 1889), 5» Andrine Frain, mariée à, Georges Brouessin,
sieur des Burons.
* Voir Journal des barricades et la Ligue à Rennes par S. Roparts pp.
92 et 93.
s Jacques Lambaré, marjr de Jeanne Meneust, cousine-germaine du séné-
chal de Rennes et tuteur de Jean et de Marye Meneust, demeurant en la ville
de Vitré, de Pol Meneust, résidant en la ville de Rennes, figure sur la lista
des Ligueurs traqués par Guy Le Meneust (Voir : Dom Morice, Tome III des
Preuves. Col. 1508 et dans Une terre et ses Possesseur s, La généalogie des Me-
neust, p. 189-190.) Voici le début d'un acte en date du 12 juiUet 1588, rela-
tant la tutelle des prédits : « Par nostre Court de Vitré, devant nous nottaires
d'iceUe, ont comparu honnestes personnes Jean de Qennes, sieur delaBroce,
Amory de Gennes, sieur de la Gasnerje, résidant à Vitré et Jacques Lambaré
espouz de Jeanne Meneust, faisant potr luy et pour Gilles Meneust. Ledit
Lambaré comme tuteur et garde de Jean et Marye Meneust demeurant audit
Vitré, de Pol Meneust résidant en la ville de Rennes, entre lesquelles parties
a esté cogneu que dès le 17* jour de juin de l'an 1585, lesdits Jean de Gennes
et deffunct honorable homme Pierre Meneust, sieur de la Vieu ville, père des
dits Gilles, Pol, Jeanne, Jean et Marye Meneust, auraient pris k titre de
ferme de noble homme Jean de la Porte, sieur du Val, conseiller du Roy en
la Court du Parlement de ce pays et duché de Bretaigne, procureur du sieur
Prieur du Prieuré de Sainte-Croix, les dixmes et blasteries. eto.. (Tiré de
nos Archives).
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552 LES VITRÉFNS
toutes personnes, quelles que soient leurs qualités, de les rete-
niren leurs maisons ; et^ pourmieuxassurerrex^cutiondeces
excellentes mesures.il fait dresser, publier et afficher la liste
de tous ces misérables' assez entêtés pour garder leur foi au-
dessus de toute atteinte et réclamer un roi qui la professe ;
assez mal inspirés pour ne pas se confier absolument en ces
grands patriotes qui, le jour où sera levé le siège de Vitré,
s'en iront piller, incendier, violer femmes et filles, battre
les prêtres et profaner les églises*.
Oh le bon temps pour n égocier et se hasarder par les
cheminsi De tous côtés, bataille! Au nord de Vitré, on
lutte à Châtillon, à Champeaux, au pont Jousselin. A l'est,
le manoir d'André Morel des Bretonniàres' est mis à sac et
en ruines. Au midi, c'est l'église d'Etrelles qui flambe, le
château de la Roberie qui s'écroule sous les coups de l'artil-
lerie. C'est La Guerche dont Montmartin fait le siège. ACha-
teaubourg, à Saint-Jean-sur-Vilaine, Mercœur et ses fidèles
culbutent Anglais et huguenots vitréens*. Mais, pensez-vous,
* Cette liste comprend les rebelles de la yiUe de Vitré — da bourg Saint-
Martin dudit Vitré, de Balazé, de Saint-Merré, de Montevert. du Pertre, d*Ar-
gentré, d'Etrelles, de Torré, Vergeal, Saint-Aubin des Landes, Cornillé, Cham-
peauz, Marpiré, Montreuil sous Pérouse-, Taillis, Izé, Dourdain, Saint-Didier,
Chastillon, Javené, Bille, Combourtillé. Montreuil-des-Landes, Parce, Dom-
pierre du Chemin, Luitré et la Selle, Prince, Mecé, Chasné, Vendel, Saint-
Christophe-des-Bois.
* Voir : Journal historique de Vitré p. 43.
* André Morel des Bretonnières, fils de N. Morel et de Jeanne Hardy. Il
avait épousé Jacquine Nouail. On le fit prevost des marchands d*outre-
mer Tan 1602. Sa fille Jeanne Morel épousa Sébastien du Plessix de Grénedan,
conseiller au Parlement ; sa pjtite, fille Renée du Plessix, fut mariée à René
de Pontual, fils aîné de Jean et de Françoise du Breil. (Voir pour la suite
HisL gén. de la maison du Breil pp. 96-99. et 103). A cette dernière page,
TOUS lirez que Charles du I reil, marquis de Rajs, capitaine au régiment de
Noailles caTalerie, compromis dans la conspiration de Pontcallec, fut baptisé
enTéglise Notre-Dame de Vitré, le i\ août 1683. 11 était petit-fils de Jeanne de
Pontual, fille de René et de Renée du Plessix. - André Morel reconstruisit
son manoir «t édifia la chapelle des Bretonnières. (Voir : Dict, d*Ogée, — Une
terre et ses poss. P. 88, et le Fouillé de Rennes,
4 La relation de ce combat a été publiée par M. de la Borderie dam la
Revue de Bretagne, liv. d'octobre 1889.
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(TiT
ET LE COMMERCE INTERNATIONAL 553
]a fortune aide aux audacieux, et vous voilà aux champs ! Eh
bien, on vous ramassera en quelque coin» roué de coups ou
atteint d'une arquebusade. Le moindre accident qui puisse
vous arriver est de tomber aux mains des soudarts de Vitré
et de leur compter pour rançon vos beaux écus sonnants*.
Après cela, s*étonnera-t-on de voir figurer au registre des
marchands d'outre-mer cette triste mention : Jadis la con-
frérie s'entretenait « par deniers levés sur les fardeaux
sortant de cette ville pour envoyer es pays étrangers qui mon-
taient grand nombre d'argent ; et à présent, à cause des
guerres et l'injure du temps qui a passé et est encore pour
le présent, la plus grande partie des marchands et frères ont
été réfugiés ailleurs qu'en cette ville'. » Partant, bourse vide
ou peu s'en faut !
S'intéresserauxexilés,aux méconnus, n'est-ce pas toujours,
malgré l'injure du temps, la tradition bretonne et française ?
Nous suivrons donc les réfugiés vitréens, d'autant qu'ils ont
du ressort et ne sont pas d'humeur à pousser des gémisse-
ments, à répandre des torrents de larmes. Tandis qu'autour
de Vitré leurs demeures brûlent et que des malveillants
usurpent leurs biens ; à Fougères', chez leurs bons amis les
* Ce fut la mauTaise fortune de JeanBéziel. (Voir mœurs et cotUumesdes
Fam. bret. T. ii, p. 1».)
• Le 21 mars 1589, date de la prise de Vitré par les huguenots, Jean Le
Rojer desOrmeaulx élu préyost de la confrérie en 1588, TOjait expirer son
mandat. En 1589 et 90, il n'y eut point d'élection. François Billon fut élu
pour 1591-92 et René de Gennes pour Tannée suivante. En 1593, nouTelle
interruption. La série ne reprend qu'en 1597, et c'est Jean Geffrard des
Beansses qui tient la tête.
s C'est à Fougères que se réfugia MacéBonnieu. On sait ses démêlés avec
les de la GheTallerie, ardents huguenots vitréens, à propos de l'acquisition
de la terre noble de la Mathelais en Etrelles et de la saisie opérée par
Bonnien sur le lieu de la Robannerie, ferme située en Notre-Dame-de-
Vitré, (Voir: Une Terre et ses Possesseurs catholique» et protestants, (p. 99
et suivantes). Macé Bonnieu maria Jeanne Bonnieu, sa fille aînée à Jean
de Bregel, lieutenant de Fougères, d'où, comme arrière-petite-ftlle, Perrine de
Bregel, mariée à Sébastien Frain delà Villegonthier. —Perrine Bonnieu, autre
fille de Macé, épousa Jean Le Gorvaisier de la Gourgelée d'où Françoise Le
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554 LES VITRÉENS
maloumSi en Normandie, à Tlslede Ré*, en Espagne, ils tra-
vaillent comme si l*heure présente était sans trouble, l'heure
à venir sans incertiLude. Vous savez : ils sont non-seulement
hommes de commerce mais encore soldats au besoin. Prenez
en effet leurs inventaires du dix-septième siècle, vous y trou-
verrez à côté de Tépée, du fusil, des pistolets, l'arbalète, l'ar-
quebuse à m6chB, [^arquebuse à rouet': et tout cela n'était
pas pour la montre. Là-dftssus^ Montmartin. Vauborel et
compagnie, les voleurs de grands chemins et les forbans
savaient à quoi s'en tenir.
A la An du XVI' siècle ^ il fallait négocier les armes à la
main. En voulez vous un exemple? — Le voilà, typique, sai-
sissant, de nature à prouver tous nos dires.
En septembre 1596, un navire jaugeant trente-cinq ton-
neaux*, solidement construit, bien armé, fin voilier, disait-on'
CorTa[et«r mariée à FrançoU Le Bescha de Champsavin. Tous les de Champsavin
aotUfsla en de8ct*ndent. — Françoise Bonnieu, troisième fiUe de Macé fut
mariéfl à GaiUaume d« Gennes des Noé$.
* Poûrmiti comme ligueur^ Jean Frain est, en 1589. réfugié en Hle-de-Ré
Le il juiUet de la dite année, étant au bourg de Saint-Martin de cette île. en
présence de Jean Hfrpin notaire^ et assisté de Jehan Minault et de Jehan
Jamoj} marcHandi, notre Vitrécn signe avec QuiUaume Alexandre, marchand
mariûier Jt?m^nriirit en rUlp de Q^rzp-y, maître après Dieu du navire Le
Voilant, les oonventiona Buit^^^rxtea. Alexandre conduira à Saint-Malo une
quantité de sel estimée cent quatre-Tingt escus d*or soleil, laquelle somme
sera versée à Jean Frain quînie jours après que le Voilant sera arrivé au lieu
de Saint-Malo, (1^ texte de cette oblLg:ation est imprimé dans Nos tableaux
généalogiques. Not. et doc. itiéditi, p. 4).
* Dans rinven taire des meubles tîe deff. Jean Le Fort, sieur de La Longrais,
nous avons trouvé une arquebuse à mèche, un pistolet, une espée, une
petite arbalète d'acier, (Î3 août lonfi). — L'inventaire d'Antoine Laval, 22
mars 1654, mentionne une arquebuse à rouet, une petite carabine, une autre
TieiUe arquebuse, une espèe avec gard^ apasdane (t). — Une espée à garde
d'argents une paire de pistolets s^nt cotés dans l'inventaire des meubles de
J. Le Fauche a r 24 octobre 1694*
« On entendait alors par tonneau de mer un poids de 2000 livres à 16 onces
la livre poids de marc. Comme mesure de compte employée pour indiquer la
capacité d*ua vaisseau, il représentait un espace de 42 pieds cubes {Documents
relatif^ à la marine normands fiu.^ XVI^ et XVIl^ siècles, par Ch. et P.
Bréard. L. ^.)
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ET LE GOMMBRCE INTERNATIONAL 555
se balançait gracieusement dans le hftvre de Honfleur. II
avait pour nom la Lauriers et pour maître Jacques Paroult
dit PlacidaSj capitaine pour le Roy en sa marine du Ponant.
Ce brave et habile homme a obtenu de Monseigneur T Amiral
de France congé et permission de faire la guerre aux Espa-
gnols et autres ennemis de Sa Majesté, ceuxquiles favorisent
et, notez bien, ceux qui trafiquent pour eux et font écarts de
quelque nature qu'ils soient. Ce congé est parfaitement en
règle, daté du cinquième jour de septembre 1596, signé par
Tamiral, scellé de ses armes et vérifié en la juridiction de
l'amirauté de France, audit Honfleur. Ainsi muni, Jacques
Paroult tend sa voile au premier vent favorable, sort du port
et va courir en pleine merles bonnes aventures. Elle tardent
bien à s'offrir. Dans la Manche, rien I dans l'Atlantique jus-
qu'au cap Finistère, rien ! de là, à la hauteur des Açores et du
cap Saint-Vincent, pas davantage ! décidément la chance est
maigre. Enfin, vis à vis les lies Canaries, notre Normand
rencontre un beau navire de cinquante tonneaux qu'il juge,
à son tirant d'eau, pourvu d'une belle cargaison. Cette fois,
l'affaire est bonne. Les Canaries sont un repaire des enne-
mis de Sa Majesté. Quiconque en sort ainsi lesté doit être de
bonne prise. — Oh eh du navire ! de par le ïloy et Monsei-
gneur l'Amiral, montrez à Jacques Faroult dit Plaeidas^ vos
congés, acquits, charte et le reste, sinon il pourra vouç en
cuire. — L'autre n'en tient cure et file vent arrière. Paroult
le serre de près et réitère son commandement. Cette fois on
lui répond dédaigneusement et en Français : — Venez à
bord, si le cœur vous en dit, vous y serez bien reçu. —Faroult
bondissant sous l'injure, force de voiles, reçoit il est vrai
dans sa coque, dans son gréement, coups de canons et d'arque-
buses, voit tomber autour de lui trois de ses matelots ; mais
en revanche, il aborde son ennemi, lui jette ses grappins et
devient maître du navire qui s'appelle, ô fortune / la Bonne
Adventure. En route vers Honfleur! Auquel lieu arrivé,
Jacques Faroult court eiï toute hâte faire son rapport à
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b7)(S ' LES VITRÉENS
monsieur le lieutenant de ramiraùté pour la justification de
sa prise et avec le plus vif désir de se faire adjuger les mar-
chandises dont elle est remplie.
Mais la chose ne marche pas toute seule. Voilà qu'en face
de ses prétentions de justes protestations s'élèvent. Elles
émanent de noble homme Rolland Hérault, sieur de Glatigny
et du sieur de Boissent Christophe Moreau. Le premier se dit
procureur de noble Jacques de Sainte- Marye d'Aigneaux* et
de la Haye, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy,
capitaine de Grand ville et des îles Chausey, bourgeois proprié-
taire d'une moitié de la Bonne Adventure, tant pour le corps
que pour les marchandises et toutes choses en dépendant.
Porte partie, comme vous voyez. Le sieur de Boi^^sent, de son
côté, dit agir en son nom et comme procureur de Claude du
Verger, sîeur de Gaillon et de Floridas Le Moyne, sieur de la
Bréardière, tous les trois propriétaires de l'autre moitié de la
Bonne Adventure.
Du Verger et le Moyne sont bourgeois de Vitré et des
meilleurs. Nous sommes avec eux de cœur et nous désirons
leur triomphe. D'accord avec Jacques do Saints- Marye, ils
maintiennent énergiquement leur droit à la délivrance de la
Bonne Adventure, agrès, munitions, marchandises y con-
tenues, et cela, attendu que sa navigation n'avait eu lieu qu'en
vertu d'une permission du Roy et d'un congé de M. l'Amiral.
Paroult resterait alors avec le bel avantage d'avoir fait une
promenade aux Canaries, d'y avoir perdu trois de ses ma-
telots et d'en rapporter de sérieuses avaries. Comment lui
infliger pareil mécompte? Aussi le 18 avril 1597, l'amirauté de
Honfleurdonne-t-elle gain de cause au corsaire Normand. De
ce jugement, les Vitréens et leurs associés portent appel, puis
peu après se désistent pour accepter la transaction suivante :
* Voir sur ce noble armateur, rintéressante étude du comte dePaljs sur le
Capitaine Breil de Bretagtie, baron des Hommeaux, gouverneur de Grande
ville. Saint-Marye était le lieutenant du capitaine breton. Voir dans le texte du
comte de Palys p. 102 et dans les pièces Justificatives p. IJI, la lettre signée
Siinte-Marye. *
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ET LE COMMERCE INTERNATIONAL 55/
« Sçavoir est que pour demeurer quitte par ledit Moreau
pourluy et comme procureur de Claude du Verger et de Plo-
ridas Le Moyne et par ledit Hérault de Glatigny, procureur
du sieur de Sainte-Marye, tant du corps de la dite navire
nommée la Bonne Adventure, agrès, munitions, ustensiles
que même de quatre- vingt casses et demye de sucre et des
neuf cent quatre-vingts écus sol qui avaient été inventoriés,
le dit Faroult a quitté tout ce que dessus pour en faire leur
profit, ainsy quMls verront bien, renonçant pour luy et ses
associés à jamais y rien prendre, au moyen de la somme de
deux mille cinq cents écus sol, laquelle il a confessé avoir
eue et reçue et dont quittance*. »
Claude du Verger a été mis hors Vitré et par les hugue-
nots et par ordonnance du sénéchal de Rennes. Il appartient
à une famille considérable qui saura, à diverses époques,
fournir des sénéchaux à la bàronnie de Vitré, des procureurs-
syndics à notre communauté de Ville, maints députés aux
Etats de Bretagne'.
' D*après le chap. VL p. 29 de Touvrage de MM. Ch. et Paul Brédard,
Documents relatifs à la Marine normande, ouTrage pablié par la Soc. de Thig-
toire de Normandie et à nous pracieusemeat communiqué par M. Joseph Tardil.
* René du Verger, sieur du Boislebanlt, fut sénéchal de Vitré de 1619 à
1626.— Mathurin du Verger, sieur de Pont-Davy, fut procureur syndic en
1614,-15-16. —Pierre du Verger de la Morandière eut la même charge en
1626-27-28. — Michel du Verger delà Richardais fut élu pour 1641-42-43.
— Micheldu Verger de la Morandière pour 1668-69-70. — Joachim du Verger,
sieur de Clerheux, administra en 1683-84-85-86. — René-Olivier du Verger,
sieur de la Gravelle, procureur syndic en 1738 et 39, devint maire le 11 juin
1748. — Etienne du Verger, sieur de la Gravelle, avait été maire perpétuel et
héréditaire de 1691 à 1703. — Olivier du Verger en 1597, — Gilles du Verger de
Gaillon en 1601,— Claude du Verger s' de Gaillon en 1606, — Claude du Verger
en 1609, ^Mathurin du VergardePont-Oavy.ea 161 4 et 1616 ; — Claude du Verger
sieur de Gaillony en 1611 ; — J. du Verger, sieur de Lepinay, en 1625 ; — M. du
Verger, sieur de la Richardais, en 1840; — M. duVerger.sieur de la Morandière,
en 1655; —Joachim du Verger, sieur de Clerheux, en 1671 et 1697 ; — Etienne
du Verger, en 1699 ; —René du Verger, en 1748-49-50-52 51, représentèrent
leurs concitoyens aux Etats de Bretagne.
De Pierre du Verger et d'Elisabeth Lecoq, sont issus entre autres enfants :
Marguerite du Verger, mariée à écuyer François Lyais d'où : 1* Henri Liays ;
— 2» Marie Lyais, mariée h. Jacques du Vauborel; — 3* Briande Lyais, mariée
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558 LES VITRÉEN8
Nous avons dit ailleurç ce que valent les Le Moyne, con-
tentons-nous dénoter que les sieurs de la Bréardière figurent
aussi parmi les ligueurs poursuivis à outrance'.
Nous sommes donc bien en présence de deux exilés vitréens
brusquement séparés de leurs parents, de leurs amis, de
leurs confrères, du centre de leurs opérations commerciales;
menacés en outre de la prison, de la confiscation de leurs
biens meubles et immeubles. Voyez s'ils perdent courage!
Agir comme ils le font quand tout semble conjuré contre
à J.-B. Farcj de Kerlo et de Saint-Laurent, capitaine de la TÎUe et ehâteas d«
Vitré ; — 4* Olive Lyais restée fille. Elle 0e livra au commerce maritime.
Le partage entre aea héritiers : Ljais, Vanborel et Parcj, parle des inté^
rôts qu'elle avait dans la» armements et emplettes des narires Le ChanGélier
et le Jean-Baptitie,
René du Verger, de la Gravelle épousa demoiseUe Le Moyne, d*où Thérèse
du Verger mariée à Charles de Girard de Chateaurienz.
Le 8 may 1890, en Téglise Notre-Dame de Vitré, en présence de dame Biarîe
Laval, dame des Vergers, de demoiselle Olive Leclavier demoiselle de la Mo-
randière, de noble Etienne du Verger et de demoiselle Marie Lucas, sieur et
demoiselle de laGravelle ; de messire François Pinczon, seigneur du Sel et de
demoiselle Elisabeth du Verger sa compagne, d*Anne Laval dame de la Rivière
Ravenel, et de demoiselle Marie Ravenel, épousèrent : m-ïssire Olivier-Joseph
de France, chevalier seigneur de France et de la Bleruais, paroisse de Saint-
Armel de Bleruais et demoiselle Marie du Verger demoiselle de la Chauvinière.
De ce mariage issurent : 1^ demoiselle de France, mariée à M. de Chamballan ;
2* le chevalier de France n. h. ; — 3« Louis-Olivier de France, comte de
Landal, marié à Anne-Modeste Gaultier de la Palissade d'où : Olivier-Joseph
de France, marié à Marie Foucquer de Kersalio d'où : Marie-Françoise Gene-
viève de France, mariée à Louis-Malo-Jean Roland du Breil du Chalonge
(Voir la suite des du Breil de Landal : Histoire généalogique des du Breil,
page 56 et suivantes.)
* Un René Le Moyne de la Bréardière épousa le 28 juin 1620 Perrine le
Clavier ; de leur mariage vint une fille unique Louise Le Moyne, mariée à.
Olivier Seré, sieur de Lorviniôre : D'Olivier Seré de Lorvinière et de Louise
Le Moyne de la Bréardière issurent : 1» Charlotte Seré, mariée à messire
Henri Guihenneuc, de Boishue d'où Henri François de Guehenneuc marié le
!•' avril 1720 à Madeleine du Breil du Plessix-Chalonge, d'où J.-B. Gue-
henneuc, comte de Boishue, marié à Sylvie de Bruc. (Voir : Généalogie des du
Breil); 2* Françoise Seré mariée à messire Le Noir de Carlan.
Floridas Le Moyne, l'armateur de la Bonr^'Aventm'e avait épousé Margue-
rite Le Gouverneur; un de leur fils Pierre Le Moyne, né en janvier 1585, fut
chapelain du Plessiz de la Bazillais et de la Pétillais, doyen de Champeauz*
doyen de Vitré et chanoine de la Madeleine (/. hist. de l*abbé Paris
Jallobert, page 573).
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ET LE COMMERCE lïïTtRNATIONAL
559
eux, n'est-ce pas montrer fermeté, vaillance et noblesse de
cœur?
Supposez maintenant de pareilles énergies récompensées
par le retour de la paix, la conversion d'Henri IV. Donnez à
tous ces exilés quelque temps pour reconstruire leurs foyers,
reformer, resserrer leurs rangs aux pieds de la Vierge Marie
et attendez-vous encore à de belles aventures vitréennes que
nous vous conterons bientôt, locteur, s'il plaît à Dieu
{La suite prochainement).
Frain.
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L'ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE ECCLÉSIASTIQUE
DANS LE DIOCÈSE DE NANTES
APRÈS LA RÉVOLUTION
(fsoo-isiâ*)
DEUXIEME PARTIE
Les Écoles presbytérales
n
Un dernier mot aur les écoles presbytérales
Nous serions incomplet et injuste, si nous ne faisions con-
naître les eiïorts plus modesles de quelques autres
pasteurs, La plupart des curés du diocèse de Nantes
fravaillèrent, dans la mesure de leurs rorces, à recruter des
prêtres; et. appuyés sur le décret déjà cité qui leur permettait
d'avoir auprès d'eux trois élèves, beaucoup donnèrent des
leçons élémentaires de latin à quelques enfants de leur
paroisse. En 1809, nous Ta von s dit déjà, les écoles presbyté-
rales comptaient lii élèves, répartis dans 23 paroisses, et
> Voir la livi^ison précédptito.
DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APAÈS LA RÉVOLUTION 561
jusqu'à la parfaite organisation du séminaire et des collèges,
ce nombre resta à peu près le môme.
Nous ne pouvons citer tous les prêtres qui s'acquittèrent de
ce pieux devoir ; il convient' cependant d'en^ nommer
quelques-uns.
C'est d'abord M. Mathurin Souffrand, curé de Maumusson,
célèbre par son dévouement et ses vertus, en môme temps
que par ses prophéties. La biographie de ce vénérable prêtre
a été écrite en 1872 ; nous n'avons rien à dire de sa vie.
Lui aussi travailla pour le sacerdoce. Au milieu môme de la
Révolution, il porta sa sollicitude sur ce point et forma trois
jeunes clercs : MM. Peuriot et Durand qui, bravant tous les
dangers, passèrent en Angleterre pour recevoir les maints
ordres' et revinrent en France les exercer au péril de leur
vie ; et M. Jean Robert, dont nous avons raconté plus haut la
rapide promotion.
La tempôte apaisée, M. Souffrand continu i de faire la
classe ; toutefois il n'enseigna plus la théologie, et se contenta
d'instruire ses élèves dans les premiers éléments des lettres,
pour les envoyer ensuite achever leurs études soit à Maisdon,
soit au séminaire.
Il commença de la sorte l'éducation de MM. Mathurin
Aubry, qui entra dans la compagnie de Saint-Sulpice et mou-
rut, en 1865, supérieur du grand séminaire de Reims et
vicaire général de sonEminence le cardinal Gousset; Thomas,
curé de la Marne; Mérel, mort curé de Boussay ; Cornuaille,
curé de Noyai ; Duteil, ancien curé de Saint- Vincent des
' D*aatrefl prétrei, au fort de la Révolu tioa, travaillèrent à combler les
Tides que la hache du bourreau faisait chaque jour dans les rangs du clergés
De ce nombre est M. Gilles Garnier, d'abord curé de Teille, depuis vicaire
général. Le curé de Teille, qui avait prêté pais, huit jours après, retracté If
serment, s'était réfugié à Nantes, et c'est là que, tout en remplissant les de-
voirs du ministère, il enseignait la théologie. La Semaine religieuse a ra-
conté naguère l'intéressant mais périlleux voyage que trois de ses élèves en-
treprirent pour aller se faire ordonner, jusque dans les Cévennes, par
Ms'D'Aviau du Bois de Sanzay. (Semaine religieuse n* du 27 mars 1886).
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562 L'ENSfilONEMENT SfiGONDAIRB ECCLÉSIASTIQUE
Landes ; et enfin M. Leray, son petit neveu, ancien curé de
Saint-Philbert de Grandlieu, chanoine honoraire*.
Après M. Souffrarid, il faut nommer le curé de Ghàteauthé-
baud, M. Aguesse. Vicaire de Trans avant la Révolution, il
avait courageusement refusé le serment et passé tout le temps
de la persécution dans l'exercice des fonctions sacerdotales.
Il a raconté lui-même, en des pages simples mais émouvantes,
sa vie durant ces jours ; nous ne pouvons qu'y renvoyer*, et
faire encore remarquer, à ce propos, l'influence de tels
hommes pour former les âmes et tremper les caractères.
AumUieudela persécution, il avait, comme Saint-Paul,
son Timothé», qui s'était attaché à lui et qui devait être
ensuite son vicaire. « Je raconterai maintenant, écrit-il dans
ses Mémoires, un fait qui touche M. Vie, oncle du curé actuel
(1843) de Samt-Jacques. M. Vie n'étant point encore prêtre,
m'accompagnait partout dans mes périls et mes déroutes.
Tout à coup il est arrêté et emprisonné à Nantes. Je reste
seul et désolé. Le croirait-on ? Une dame P...» fameuse sous
Carrier, laquelle avait demeuré quelque temps à Château-
thébaud, où elle assistait aux offices et entendait mes prédi-
cations, le fit mettre en liberté. Elle était toute puissante sur
l'esprit de cet homme qui a fait noyer tant de prêtres. Le
bon jeune homme vint me rejoindre. Je l'envoyai à Paris
recevoir les saints ordres qui lui furent tous donnés en
quelques jours, par Monseigneur l'évêque de Saint-Papoul,
et il devint mon vicaire'.
Lorsque les beaux jours reparurent, M. Aguesse se livra
avec plus d'ardeur encore à la formation des prêtres. De 1809
à 1814, les registres de l'évêché* mentionnent chaque année
« Vie de Af . Souffrand.
s Les Mémoires de M. Âguesse ont été pabliés en partie par la Revue de
Bretagne et de Vendée, numéros d'août et septembre 1865.
s Reûue de Bretagne et de Vendée. — M. Joseph Vie mourut à Nantes,
anmdnier des Ursulines, le 13 janyier 1820; son neveu, M. Joseph Vie, curé
de Saint-Jacques, mourut le 28 novembre 18&1.
* Ces registres ne mentionnent les élèves des écoles presbjtérales qan
pour cette période.
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DANS LS DIOGÈSB DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 563
plusieurs élèves de Gh&teauthébaud, et si nous devons croire
que quelques-uns fréquentaient en qualité d'externes Técole
de Maisdon, il est certnin que d'autres suivaient les leçons
de leur propre curé. En effet dans une notice sur M. Laine,
curé de Basse-Goulaine, Idi Semaine religieuse* a recueilli ce
précieux souvenir: « Le vénérable M. Aguesse... s'appliquait,
comme plusieurs autres bons prfttres, à réparer les vides que
la Révolution avait faits dans le sanctuaire ; sa cure était
comme une pépinière où s'élevaient des rejetons du sacer-
doce. »
D'autres cures aussi étaient des pépinières : celles de
Saint-Phiibert de Grandlieu, où M. Léauté était curé; de
Saint-Etienne de Montluc, qui était occupée par M. Paty ;
de Saint-Aubin des Châteaux, qui compta jusqu'à huit élèves;
de Saint-Joachim, puis de Sainte-Reine, où M. Vaillant, en-
core un généreux confesseur de la foi, employait ses rares
loisirs à former quelques jeunes enfants' qu'il envoyait
d'abord à Saint-André, puis à Guérande^ ou môme quelquefois
à Maisdon et au petit séminaire de Nantes.
Honneur donc à ces vétérans des grands combats de la
Révolution qui, non contents d'avoir affronté la persécution
et sauvegardé la foi de nos pères, songeaient encore à l'ave-
nir et travaillaient à former une race sacerdotale digne de
celle qui l'avait précédée !
Nous terminerons ici ces détails sur nos anciennes écoles
presbytérales, en regrettant une fois encore que l'absence de
documents nous ait empêché d'en donner la physionomie
complète.
Nous joindrons une pièce officielle qui fait bien comprendre
la façon dont s'organisèrent ces petites écoles. Sa date et les
« N* du 3 juin 1866.
* M. Vaillant ont l'honneur de discerner et de guider dans leurs premières
études M. OUiveau, né à, Saint-Joachim, mort chanoine honoraire et supé-
rieur du petit séminaire de Guérande, et M. Oouray, que nous arons déjà
nommé.
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l
56i LlïlNSËlONEMËNT SECONDAIRE ECCLÉSIASTIQUE
deux collèges dont elle parle n'entrent pas dans le plan que
nous nous sommes tracé ; «n nous pardonnera cependant de
la reproduire.
Le procureur du Roi à Châteaubriant avait invité' deux
desservants du diocèse, MM. Bizeul, deSaint-Mars-du-déserf,
et Barbier, de Vay, à se soumettre aux lois régissant TUni-
versité ou à fermer leurs écoles ; M. Bodinier, alors vicaire
capitulairej adressa au Grand-Maître la lettre suivante' :
MUNSËIUNEUR.
d Nous venons de recevoir la réponse dont vous nous avez
honorés ; nous sommes bien aises que vous ayez lu avec satis-
faction notre lettre pastorale pour l'installation des Frères
des Ecoles clirétiennes, nous sommes jaloux de mériter les
suffrages de Votre Excellence, et nous recevons avec recon-
naissance la promesse que vous voulez bien nous faire de les
aider et de les protéger.
« Puisque vous nous témoignez un si grand désir pour
rinstruction et l'éducation de la jeunesse ; nous oserons avec
confiance réclamer votre protection dans une alTaire que nous
soumettons à votre décision.
a Voici l'exposé naïf des faits. « M. Bizeul, curé de Saint-
Mars-du-Désert, en ce diocèse, a retiré chez lui, aux vacances
dernières, un jeune ecclésiastique qui aflni ses cours de théo-
logie et qui craignait d'être à charge à ses parents indigents.
M Barbier, curé de Vay, avait un jeune vicaire qui donnait
des leçons de lecture et de plain-chant aux enfants qui ser-
vaient à l'autol ; il y joignit ceux des enfants du catéchisme
qui paraissaient avoir le plus de dispositions. Aux leçons de
lecture succédèrent celles d'écriture, puis enfin il donnait à
quelques-uns d'eux les premières notions du latin.
Ce jeune homme ayant été nommé curé, nous avons envoyé
' Lêllrs du 14 janvier 1818. Arch. de Vêt.
* Arch^ de Vév. — Lettre du V8 janvier 1818.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 565
à Vay un jeune ecclésiastique pour aider M. le Curé aux caté-
chismes, dans cette paroisse très populeuse, jusqu'à ce que
nous puissions y nommer un vicaire, et^ pour se désennuyer,
dans une campagne où il se trouvait le plus souvent désœuvré,
il donnait aussi quelques leçons aux jeunes enfants que M. le
Vicaire avait réunis. A Vay, ils sont à peu près quinze à
vingt, et sept ou neuf à Saint-Mars*. Ces deux jeunes ecclésias-
tiques se livraient paisiblement à ces délassements innocetits
lorsque, par ordre du procureur général, M. le procureur
du Roi à Ghâteaubriant leur a intimé Tordre foudroyant
de fermer, dans le délai d'un mois, ce qu'il veut bien décorer
du nom de pension.
« Or il faut noter. Monseigneur, qu'à Vay comme à Saint-
Mars, les enfants qui reçoivent les leçons de M. le Curé et,
à son défaut, du jeune ecclésiastique; ne sont que des enfants
des environs, indigents pour la plupart, qui ne donnent à
M. le Curé ni traitement, ni pension, et qu'il faut au con-
traire soulager le plus souvenir par des charités et des
aumônes.
c II faut observer en outre qu'une partie ne reçoivent que
des leçons de lecture et de plain-chant, quelques-uns d'écri-
ture, et que les plus savants sont ceux qui font des déclinai-
sons et conjugaisons ou commencent à expliquer VEpi^
tome, car voilà les bornes de leurs connaissances. Ceux dont
les père et mère sont trop éloignés se logent dans le bourg,
chez leurs parents, et vivent pendant la semaine avec le pain,
plus souvent encore avec le bled noir et les pommes de
terre que leurs pères leur apportent. Ils sont donc tous
gratuits et très gratuits.
« Or, Monseigneur, de bonne foi, peut-on regarder comme
formant une pension quelques malheureux petits paysans
* n y avait en effet huit élèves à Saint-Mars-du-Désert ; les deux premiers
capables de huitième, et les six autres écrivant et lisant imparfaitement.
Cinq d'entre eux logeaient dans les dépendances de la cure, leurs parents n e
pouvant payer une pension dans le bourg. Cinq autres venaient apprendre
la lecture et le plain-chant. Arch. de Vév.
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, 5* LIV. 37
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566 l'enseignement secondaire ecclésiastique
épars qui viennent à la hâte prendre une leçon dans les mo-
ments qu'ils dérobent à leurs travaux ? Car une pension est
une réunion d'enfants payant une rétribution à celui qui les
instruit; or, Monseigneur, le désir d'être utile et la recon-
naissance de leurs élèves sont le seul salaire auquel nos
bons curés puissent prétendre.
« En 1809, M. le curé de la Chevaleraye avait réuni plu-
sieurs élèves dont quelques-uns étaient capables môme de
quatrième. M. de Pontanes demanda des renseignements
à M. l'Evoque qui lui exposa naïvement la chose, comme je
viens de la soumettre à Votre Excellence, et M. le Curé ne
fut pas inquiété. (Lettres des 4 et 13 mars 1809'.)
« M. le Recteur a fait proposer à ces Messieurs de prendre
des diplômes de directonrs ; mais cette mesure a deux in-
convénients : le premier^ c'est que la bourse modeste d'un
desservant pourrait à peine suffire à ces dépenses extraor-
dinaires et qu'il faudrait retrancher aux élèves les secours
absorbés par l'Université ; le second, c'est qu'il serait impos-
sible 1 des enfants indigents de payer la rétribution uni-
V .. 'e. Il est donc inconvenantde demander cette rétri-
bution et à un pauvre desservant que sa charité réduit à une
médiocrité voisine de l'indigence, et à des enfants à qui
plutôt il faudrait donner du pain.
u D*après des considérations si puissantes, nous supphons
Votre Excellence de donner de suite les ordres nécessaires
pour qu'on cesse d'inquiéter ces bons curés dont le zèle
mériterait bien plutôt des éloges que des reproches ; et si,
ce que nous ne pouvons pas nous persuader, Votre Excel-
lence croyait devoir leur défendre de donner des leçons à
leurs petits paroissiens indigents, nous vous demandons du
moins qu'ils puissent continuer jusqu'aux vacances pro-
chaines, époque à laquelle ils pourront faire recevoir au
* On eût mieux lait de citer Saint-André, Maiidon et les lettres de
1810, que nous avons citées nous«mdme.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA REVOLUTION 567
petit séminaire ceux de leurs enfants qui annoncent le plus
de dispositions. »
€ Car, Monseigneur, et c'est une observation dont Votre
Excellence sentira toute la justesse, si ces Messieurs veulent
bien leur donner quelques leçons, c'est beaucoup moins pour
les instruire que pour juger de leurs dispositions, et ne pas
grever notre petit séminaire par des élèves ineptes qu'il
faudrait ensuite renvoyer. Ainsi donc, c'est plutôt un examen
qu'une leçon, et un concours qu'une école véritable. »
« Nous attendons avec impatience la réponse de Votre
Excellence, persuadés qu'elle donnera au plus tôt les ordres
nécessaires pour empêcher qu'on ne trouble dans l'exercice
de leur zèle des ecclésiastiques si respectables. >
Signé : BoûiNiBR, vie. général.
Le recteur de l'académie de Rennes, l'abbé Le Priol, montra
d'abord quelque tolérance ; mais bientôt ;il suscita de nou-
velles difficultés. En vain des négociations furent engagées ;
en vain l'un des curés incriminés en appela au caran >3
sacerdotal du recteur, pour l'émouvoir en faveur d»i xj^'ï'
pauvres aspirants au sacerdoce : tout fut inutile, et les deux
écoles ne furent maintenues qu'à condition de se soumettre
aux lois de l'Université*.
1 retire du 9 juillet 1819. — Arch. de Vév. — Nous nous bornon» à cette
citation pour les écoles de Saint-Mars et de Vay. Plut tard, si Dieu bénU
ce premier tra?ail et nous donne des loisirs, nous pourrons entreprendre
ane nouTelle étude sur VEnseignemerU ecclésiastique, dans le diocèse, de-
ail 1815 jusqu'à la loi de 1850 : des détails plus étendus sur ces deux mai-
tons y trouveront leur place.
•
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5(38 l'enseignement secondaire ecclésiastique
vil
LA CHEVALLERAIS
■ C'était, il y a lûiigtemps, bien longtemps, sur les bords
de Vhac. Des bois s'étendaient, entre SaflrO et Bla in Jusqu'à
ceux du Gâvrej avec lesquels ils ne formaient sans doute
qu'une seule et immense forêt. Un jour, un puuvre bûcheron
qui Irav ai liait dans les halliers, apert^mt une beile dame,
auprès d'une souree d'tiau vive \ et, comble de bonheur 1 la
belle Dame se fit connaître -i^t dit qu'elle voulait en ces lieux
une chapelle dédiée à son nom. Le lendemain, revenant au
même endroit, il trouva une statuette de l^^ainie Vierge^
cachée dans les broussailles. »
« Le bûcheron était paus're, et, par consf^quent^ incapable
d'élever, à lui seul, un superbe édilice : il mit sa cognée au
service de la belle Dame, fit disparaître les broussailles, taîUa
des poutres dans ïa forêt, et bientôt la madone eut sa cha-
pelle, bien humble sans doute avec ses cloisons et son toit
de feuillage, mais monument touchant de foi et d'amour.
Puis, quand \b. statuette eut été placée dans son sanctuaire,
le dévot serviteur de Marie se prosterna devant elle, et les
foules vinrent après lui prier devant Timage miraculeuse et
boire à la source bénie. ^
* Or, les seigneurs du voisinage, pour se délasser de leurs
chevauchées guerrières, venaient souvent chasser dans la
forêt, aux environs du modeste oratoire. Un jour, l'un deux,
croyant frapper une béte fauve, atteignit ot blessa griève-
ment un de ses compagnons. Dans sa désolation, le cheva-
lier (de là le nom de Chevallerais) promît d'élever une église
à la Vierge si te blessé guérissait. Quelque temps après,
i
DANS LE DIOCftSE DE NANTES APRÈS LA RéVOLUTION 509
informé de cette bonne nouvelle, le noble seigneur accomplit
sa promesse, et une chapelle convenable remplaça, avec le
titre de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle y la hutte du pauvre
bûcheron*. »
C'est à l'ombre de ce vénérable sanctuaire, et sous la pro-
tection de Marie, 'que M. l'abbé Le Bastard résolut d'établir
un petit séminaire.
Jacques Le Bastard naquit dans la paroisse de Héric. Il
remplissait les fonctions de vicaire à Saint-Père en Retz,
lorsqu'il fut nommé curé de Cugand^, le 3 octobre 1788. Il
passa en France tout le temps de la Révolution jet obtint, au
rétablissement du culte, de rester dans sa paroisse. Cagand
faisait alors partie du diocèse de la Rochelle : cette circons-
tance contribua-t-elle à en détacher son pasteur? nous l'igno-
rons. Mais la chapellenie de laChevallerais, en Puceul, étant
venue à vaquer, M. Le Bastard s'offrit pour la desservir.
Il y trouvait un double avantage : le voisinage de sa famille,
qui habitait un village très rapproché, et le moyen de réaliser
un prejet qu'il avait conçu, v Après avoir exercé, dit-il lui-
môme', l'espace de trente ans, tant en qualité de vicaire que
comme curé, je me déterminai,' il y a trois ans (1806), de
Tagrément de Monseigneur notre évêque, à venir habiter la
la Chevallerais, pour m'y occuper presque uniquement du
travail de l'éducation d'élèves ecclésiastiques. »
Les débuts furent modestes, les bâtiments môme man-
quaient : il fallait louer un local et implorer la charité qui ne
fît pas défaut là plus qu'ailleurs, car un propriétaire généreux
laissa au vénérable prêtre Tusage gratuit d'une maison et
d'un jardin. Bientôt il fallut songer à remplacer ce provisoire
* Voir rarticle sur Notre-Dame de Bonne-NouveUe, que nous ayons publié
dang la Semainereligieuse^ n* du 20 mars 1886.
* Gugand, antrefois du diocèse de Nantes, maintenant de eelai de Laçon.
' Circulaire à MM. les curés de Tarrondissement de Chftteaubriant, du
4 mars 1800.
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570 l'enseignement secondaire ecclésiastique
et à créer un établissement stable*. Mais laissons le fonda-
teur nous raconter lui-même, en môme temps qu'à son évoque,
l'origine et les développements de son œuvre.
0 Monseigneur,
« Depuis le jcur où je fus destiné par Votre Grandeur à
habiter le hameau de la Chevallerais, en Puceul, dans voire
diocèse, pour y établir une maison d'éducation de jeunes gens
destinés à Tétat ecclésiastique, je n'ai pas perdu un instant
de vue l'objet de cette importante mission.
< c< L*an mil huit cent sept, le vingt-huit juin, le conseil municipal de la
commune d» Puceul, assemblé en la chambre commune dudit lieu, par lettre
de convocation du maire de ladite commune, du vingt-deux de ce mois, a pris
en observation les propositions suivantes, faites par M. Lebastard, prêtre,
supérieur du petit séminaire de la Chevallerais, en cette commune, lequel
étant entré au conseil, a dit : Messieurs, vous savez que depuis que Monsieur
notre évéque m*a chargé delà conduit;^ de son petit séminaire de la Cheval-
lerais, en cette commune» j*ai été obligé de me servir de maisons et jardins,
partie de louage, partie de libéralités de propriétaires honnêtes, qui m^ont
accordé à. titre gratuit la jouissance précaire de leurs logement et jardin ;
lesquelles mesures sont insuffisantes, vu le nombre d*élèves que j'ai, et de
ceux qui se présentent tous les jours. Plusieurs particuliers, touchés de ma
position et du besoin urgent d'assurer un fonds propre à élever des édifices
et former des jardins adjacents, offrent de céder une propriété de quarante-
deux ares, soixante-dix centiares. Une partie de ces propriétaires offrent de
céder à titre gratuit un jardin et une maison quMs possèdent indivis, con-
tenant dix-sept ares, huit centiares ; d*autres propriétaires offrent de céder
un jardin en culture et rapport, joignant l'article ci-dessus, îi condition qu'il
leur sera accordé une indemnité sur les terrains vagues et incultes do la
commune de Puceul, contenant un hectare vingt-deux ares. Je vous prie.
Messieurs, de donner votre avis et votre consentement, soit sur l'utilité de
l'établissement du petit séminaire de la Chevallerais en cette commune : soit
sur la demande qui sera faite au gouvernement de l'indemnité susdite, snr
le terrain vague et inculte de cette <;ommune ; soit enfin sur l'autorisation
que je vous demande pour présenter une pétition tendant à solliciter pour
qui de dr^it le pouvoir d'accepter les offres de donations de terrain pour
b&timents et jardins nécessaires pour le petit séminaire de la Chevallerais,
soit à. titre gratuit, soit à titre d'indemnité. » Et a ledit sieur Lebastard signé.
Signé : Le Bastard, prêtre.
Sur ce, le Conseil délibérant a approuvé l'établissement du petit sémi-
naire de la Chevallerais en cette commune, sous la direction de M. Lebastard
prêtre, commis par M. l'Evoque pour cet effet, et oe voit dans cet établisse-
ment qu'une .... {Cœtera desiderantur). — Extrait du registre des délibé~
rations du Conseil municipal de PuceuL
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DANS LE DIOCftSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 571
« Toutes les vraisemblances se réunissaient à faire regar-
der mon projet comme impossible dans l'exécution, ou ne
devant produire que de faibles résultats. En effet, arrivé à
laChevallerais, je tr'^uvai une habitation appartenant à la
vérité aux habitants et attachée à la chapelle, mais si mo-
dique et si pauvre, qu'entre toutes les chaumières qui l'envi-
ronnaient, elle ne pouvait prétendre qu'au titre modeste de
pri7na inter p ires. Vous avez daigné, Monseigneur, l'honorer
de votre présence, toute disproportionnée qu'elle était à la
visite d'un tel hôte, et vous vous êtes assuré par vous-même
de l'insuffisance d'un pareil logement pour un établissement
et un pensionnat. »
« La chapelle rurale de la Chevallerais, dont la desserte
m'était confiée en qualité de chapelain, suffisait à peine à
l'usage du peuple nombreux qui la fréquente, et ne m'offrait
aucune aisance pour y placer des élèves et y célébrer dé-
cemment les divins offices ; elle n'avait pas môme de sacristie.
D'un autre côté, le peuple déjà épuisé par les frais consi-
dérables que lui avait causés assez récemment la recons-
truction totale delà charpente de cette chapelle, incendiée
pendant la Révolution^ ne paraissait guère dans le cas de
faire de nouvelles dépenses'.
« Enfin, et ce point m'occupait encore plus q^e les deux
précédents, je n'avais pas un élève d'assuré, et j'ignorais
absolument d'où et comment j'aurais pu m'en procurer.
« Telle fut ma position, Monseigneur, en entrant, il y
aura bientôt trois ans, dans ce petit désert que je voulais
peupler d'élèves ecclésiastiques, et qui, au premier coup
d'œil, semblait plutôt me promettre de l'ennui et du chagrin
à dévorer par la suite, que des travaux utiles à entreprendre
et des fruits consolants à cueillir. .
* Les patriotes de Blain, irrités contre les habitants de la Chevallerais,
qui étaient peu sympathiques aux idées nouvelles, brûlèrent leur chapelle,
mais elle fut rétablie dès 1795. En 1804, on fut obligé d*en restaurer la toi-
ture, ainsi que ceUe de l'église de Puceul. Comme paiement de son travail,
le couvreur fut autorisé à taire la quête une fois par an, pendant sept ans
— Registres paroissiaux de Puceul.
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572 l'enseignement secondaire ecclésiastique
« Persuadé cependant, Monseigneur, que mes vues étaient
conformes à la volonté de Dieu, dès là qu'elles étaient agrréées
de Votre Grandeur, je me disais à moi-môme : si cette œuvre
vient de Dieu, j*espère qu'il daignera la bénir. Plein de con-
fiance dans le secours d'En Haut et dans Tappui de votre
protection paternelle, je ne vis les obstacles et les difficultés
que pour travailler courageusement à les vaincre.
« Comme je ne pouvais faire tout à la fois, je crus devoir
m'attacher d'abord à me procurerdes sujets pour en faire des
élèves, persuadé que ce point étant rempli, tous les autres
éprouveraient bien moins de difficultés. Pour y réussir, je
commençai, dès mon entrée ici, par déclarer publiquement
mon intention, à la chapelle, en présence d'un peuple nom-
breux qui venait de différentes paroisses y entendre la sainte
messe. Je ne tardai pas à faire visite à Messieurs les curés de
mon circonvoisinage et les engageai tous à me procurer des
élèves. Je fus entendu, et votre Grandeur voudra bien me
permettre de consigner ici le juste tribut de ma gratitude
envers tous ces Messieurs, qui se sont empressés de seconder
mes intentions en m'adressant de bons sujets à élever pour
l'état ecclésiastique. Il y avait à peine deux mois que je
résidais à la Chevallerais, lorsque je me vis en état d'ouvrir
une classe de commençans, composée de neuf étudians.
Vous savez. Monseigneur, que ce nombre s'est accru succes-
sivement et qu'il s'élève aujourd'hui à quarante*, qui tous
se prononcent pour Tétat ecclésiastique.
« Votre Grandeur, en me procurant, cette année, pour
aide, deu5c professeurs dont j'ai tout lieu d'être content, m'a
donné une marque signalée de protection et de bienveillance
que je la prie d'avance de me continuer pour les années
suivantes.
* « J*ai actueUement... quarante étudians distribués en cinq classes, savoir :
seconde, quatrième, cinquième, sixième ot septième. » — Circulaire Jointe
au compte rendu.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 573
« Parmi les étudians de votre séminaire de laGhevallerais,
il s'en trouve un certain nombre qui n'étant pas nés de pa-
rents fortunés, sont hors d'état, ainsi que leurs familles, de
faire face aux frais de leur éducation quelque modiques
qu'ils soient ici. Votre Grandeur les connaît, et cette connais-
sance est un sûr garant de votre bienveillance à leur égard.
« Assuré d'un nombre d'élèves suffisant pour m'occuper
avec utilité, je tournai mes regards vers le sanctuaire, et
m'occupai à me procurer ce qui était nécessaire pour faire
loffice divin avec la bienséance convenable. Le détail des
moyens que j'employai pour y parvenir serait sans doute ici
superflu et déplacé. Il mo suffira donc de vous dire. Mon-
seigneur, que là où existait un simple autel sans décoration
ni rétable; là où était un sanctuaire si étroit, que le prêtre,
en commençant la sainte messe, touchait la balustrade avec
sa chasuble, le tout sans lambris, se voit aujourd'hui un
chœur assez spacieux pour placer cinquante élèves, nouvel-
lement carrelé et lambrissé, avec des sièges et des tabourets
tout neufs, un Graduel et un Vespéral in-folio. Le fond de
l'autel est garni par un tableau avec son rétable ; quatre ri-
deaux sont placés aux quatre fenêtres du chœur. Nous avons
un encensoir et un ostensoir; ce dernier article est le fruit
de la libéralité de la fabrique et paroisse de Héric, dont je
leur sais, en mon particulier, tout le gré possible. Une sa-
cristie fut construite et achevée l'an passé. J'ai traité derniè-
rement à Nantes, pour trois chapes et deux dalmatiques ;
on nous garantit ces objets pour Pâques prochain. A cette
époque. Monseigneur, nous pourrons célébrer ici l'office
divin avec la dignité, la décence et la régularité convenables
à un séminaire.
« Nous venons de faire l'acquisition d'une horloge qui est
en activité depuis quelques jours. Je l'ai fait placera la cha-
pelle, dont la cloche lui sort de timbre. Ce régulateur con-
tribuera beaucoup à l'exactitude de nos. exercices. J'ai com-
mencé rétablissement d'une bibliothèque de lecture pour nos
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574 L^ENSETGNEMENT SECONDAIRE ECCLÉSIASTIQUE
étudiants. Ello est composée en grande partie de livres
d'histoire et de littérature. Chaque étudiant, qui veut s'y
agréger, paye chaque année trois francs en entrant. Je crois
cette ressource d'autant plus utile, qu'il n'est pas rare de
trouver des étudiants qui, faute de lecture, sontaussi embar-
rassés sur leur langue maternelle que sur le latin môme.
« Tous ces détails, Monseigneur, pourront paraître longs
et minutieux ; je mêles suis cependant permis, convaincu
que je suis que les moindres choses, dès là qu'elles tendent
au bien de la religion et du diocèse^ ainsi qu'aux progrès des
études, sont loin de vous être indifférentes.
« Reste l'article du logement, Alonseigneur, qui a toujours
été et qui est encore en souffrance. Votre Grandeur m'accorda
il y a deux ans, une autorisation pour faire des quêtes dans
les églises des paroisses circon voisines, j'ai employé le mo-
dique produit de ces pieuses libéralités à acheter des maté-
riaux, et principalement du bois de charpente que j'ai fait
travailler. J'ai construit autour de ma petite maison quelques
appartements provisoires, qui m'ont fourni deux classes et
un dortoir; mais ces sortes d'appartements, dont leamurs ne
sont que de terre mêlée avec de la paille, n'ont ni solidité, ni
commodité réelles. D'ailleurs la maison est trop ilo:f;née de
la chapelle, ce qui nuit véritablement aux exercices spirituels.
Toutes ces considérations, Monseigneur, m'ont toujours fait
sentir la nécessité de construire près de la chapelle un bâti-
ment convenable à une maison d'éducation ecclésiastique et
à la tenue d'un pensionnat. Depuis longtemps les propriétaires
du terrain qui doit servir d'emplacement à cet édifice en ont
fait l'abandon à Votre Grandeur, il est vacant, et je pourrai
bâtir sans aifflculté, quand il vous plaira. Monseigneur, m'y
autoriser et m'en procurer les moyens. »
Signé : Le Bastard^ prêtre, 18 février 1809*.
* Compte rendu à Monseigneur VEvéque de Nantes, du commencement ,
décrétât actuel et des besoins de son petit séminaire de la Cher^llerais, en
Puceuh par M. Le Bastard, prêtre, supérieur diidit séminaire.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 575
A ce Compte rendUi Q^i ^^t adressé à tous las curés de Tar-
rondissement de Chftteaubriant, M. le Bastard joignit une cir-
culaire également instructive sur plusd*un point. Elle nous fait
connaître le prix de la pension, qui était d0 trois cents francs,
^ans aucun faux frais, ai Ton en excepte l'abonnement, libre
d'ailleurs^ à la bibliothèque, et une somme égale, destinée à
l'entretien et à l'ornementatian de la chapelle. Les parents à
qui la modicité de leur fortune ne permettait pas une pareille
dépense, avaient uneautre ressource. Comme dans les écoles
presbytérales, on recevait des externes prenant leur pension
dans le village de la Chevallerais ou dans la campagne envi-
ronnante, et, remarque le bon supérieur, a leur pension ne
coûte pas, à chacun, plus de cinquante écus par an. »
Il va de soi que, parmi les élèves de la Chevallerais, tous
ne fournissaient pas la somme que nous avons indiquée, et
M«' Duvoisin pouvait écrire* au Grand Maître de l'Université,
en sollicitant l'exemption du vingtième pour ses sémina-
ristes : « Il existe dans le village de la Chevalleraye, arron-
dissement de Châteaubriant, un second petit séminaire,
dirigé par un prêtre nommé M. Le Bastard. On n'y enseigne
que lesg rammaires française et latine. Il est composé de
trente à quarante enfants, presque tous fils de paysans des
environs. L'enseignement est gratuit. Plusieurs des élèves
sont logés et nourris chez les paysans de la Chevallerais, les
autres payent à M. Le Bastard une pension extrêmement
modique, et la plupart ne la paient que des fonds de la charité
publique dont je suis le distributeur. ».
Dans sa circulaire, M. Le Bastard rappelait que Tunique
but de ses efforts était le bien de l'Eglise et la formation des
clers. « Je vous pré^Tiens, disait-il, que, comme ce n'est ni
le besoin pour vivre, ni moins encore le désir de m'enrichir,
mais le seul motifdu besoin de la religion et le désir d'aider à
perpétuer le sacerdoce, qui m'ont déterminé à échanger les
* Arch. de Yév. — Lettre du 4 mars 1809,
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575 l'enseignement secondaire ecclésiastique
fonctions pastorales contre les occupations que demande
l'éducation, je ne puis accepter de sujets que pour Tétat
ecclésiastique. »
En présence du monopole tyrannique exercé par TUniver-
sité impériale, beaucoup de parents, qui ne voulaient, à aucun
prix, d'une éducation opposée à tous leurs principes, pro-
fitaient du peu de liberté qui était encore laissé à l'Eglise, et
conflaient leurs enfants aux professeurs ecclésiastiques du
petit séminaire de Nantes. Ce fait, qui avait certainement de
très grands avantages, pouvait présenter quelques inconvé-
nients. Aussi, à côté de cette école que Ton peut appeler
Ti^ixte et de plusieurs autres, comme le collège d'Ancenis,
oui s'organisait alors, M«' Duvoisin tenait-il à ouvrir quelques
établissements exclusivement destinés aux étudiants ecclé-
siastiques. C'était le cas des écoles presbytérales, spéciale-
mentde Maisdon, qu'on pouvait dès lors regarder comme un
petit séminaire. Ce fut aussi laraison d'être de la Chevallerais.
Aussi le prélat pouvait-il encore écrire au Grand Maître* :
« Cette école n*est ouverte qu'aux jeunes gens qui se croyent
et qu'on jugé appelés à l'état ecclésiastique. D'après mes
ordres, le directeur n'en reçoit aucun autre, môme avec offre
de payer une pension entière : et il renverrait sur-le-champ
celui en qui il ne reconnaîtrait pas les talents et les vertus
qui promettent un bon prêtre. »
Enfin^ dans cette même circulaire, M. Le Bastard faisait
connaître quelques-uns de ses principes sur l'étude du latin :
tt Quoique ce soient des commerçants que je désire le
plus pour l'année prochaine ; cependant, comme nous avons
plusieurs classes, je ne refuserais pas d'admettre des sujets
qui auraient quelque commencement de latinité; mais je
vous préviens. Monsieur, qu'il serait bien à propos qu'on ne
négligeât pas à leur égard, la partie des thèmes, qui marchent
ici de pair avec les deux autres facultés : je veux dire les
■ ' Arch. de Vér, — Lettre du 4 mars 1809, déjîi citée.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 577
versions et les explications. A peu près tous ceux qui
viennent d'ailleurs, après quelque temps d'étude, se trouvent
toujours plus faib'es en thème que la classe pour laquelle
ils demandent un audiat. »
« Je vois clairement que les méthodes modernes d'ensei-
gnement ont gagné les esprits; mais je ne sais si on gagnera
beaucoup pour la science, en s'écartant d*une méthode qui
vous a rendu vous-même, ainsi que vos contemporains, ca-
pable d'entendre parfaitement le latin, de le parler avec ai-
sance et exactitude, et môme de l'enseigner par principes.
N'est-il pas entièrement à désirer que les sujets que Ton
forme aujourd'hui, soient dans le cas de rendre par la suite à
d'autres le même service que nous leur rendons? »
Nous avons vu, par ce qui précède, les espérances que
M«' Duvoisin fondait sur Técole de la Chevallerais, et la sol-
licitude qu'il mettait à la favoriser. Il en donna bientôt une
preuve plus manifeste, en adressant la lettre suivante' à
Messieurs les curés et desservans de r arrondissement de ChcU
teaubriant : « Vous recevrez. Monsieur et digne pasteur, de
M. Le Bastard, supérieur de mon petit séminaire de la Che-
vallerais, en Puceul, un exemplaire du compte qu'il m'a
rendu des travaux qu'il a entrepris, par mon ordre, pour
préparer aux classes supérieures, et à moins de frais, un
grand nombre d'élèves qu'il n'était pas possible de placer
dans mon séminaire diocésain à Nantes.
M. Le Bastard parle modestement de ses succès ; mais je
dois lui rendre la justice qu'il a parfaitement rempli mon
attente ; le diocèse lui est déjà redevable de plusieurs sujets
qui promettent d'excellents prêtres, et que l'infortune et le
défaut d'une première éducation aurait écartés du sanctuaire.
« Pour soutenir et encourager cet établissement auquel j'at-
tache un grand intérêt, j'ai autorisé, provisoirement et en atten-
dantde plusgrands secours,M.leBastardàrecueillir le produit
' Nantes, le 8 mars 1809.
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578 l'enseignement secondaire ecclésiastique
des quêtes qui devront se faire pour le Séminaire, conformé
ment à mon ordonnance» aux quatre fôtes annuelles, dans
toutes les églises de l'arrondissement de Ghàteaubriant. »
« Je Tautorise aussi à recevoir les dons et les aumônes que
les personnes ecclésiastiques ou laïques seraient dans l'inten-
tion de faire à ce petit séminaire^ môme l'honoraire des
messes que les prôtres dudit arrondissement auraient ac-
quittées ou acquitteront pour le Séminaire*. Je regarderai
comme fait en faveur de mon Séminaire diocésain, tout le
bien qui se fera à celui de la Chevallerais, qui en est une
annexe et une dépendance, et lorsque le temps sera arrivé de
transférer à Nantes les élèves préparés àla Chevallerais, dans
la distribution des secours à donner aux étudians peu for-
tunés, j*aurai une attention particulière pour ceux des pa-
roisses qui se seront portées à favoriser cet établissement
avec plus de zèle et de libéralité.
c J'ai enjoint expressément à M. le Bastard de tenir un re-
gistre exact, date par date; de toutes les sommes qui lui se-
ront versées, ainsi que des lieux et des personnes ^d'où elles
proviendront ; de n'accorder de secours à aucun de ses étu-
dians, sans avoir préalablement obtenu mon consentement,
et de ne faire aucun emploi des fonds qui n'ait été approuvé '
par moi.
« Après avoir pourvu de cette ma^nièreaux besoins les plus
urgents de cette section de mon Séminaire^ j'ai permis à
M. Le Bastard de vous adresser une lettre par laquelle il
vous priera de verser, entre ses mains, le produit des quêtes
et des offrandes qu'il doit percevoir. Je vous invite. Monsieur,
à faire entrer vos paroissiens dans la connaissance la plus
intime des motifs qui m'ont déterminé à cette mesure, et, au
prône des dimanches qui précéderont les quatre fôtes an-
nuelles, à leur faire sentir Timportance et la nécessité de
l'œuvre à laquelle elles sont destinées, et môme l'utilité par-
Voir la laitre pastorale pour rétablissement d'un Séminaire diocésain,
au 18 aars 1806.
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DANS LE DIOCÈSE DE NANTES APRÈS LA RÉVOLUTION 579
ticulière à rarrondissement de Châteaubriant, d'une maison
d'éducation ecclésiastique établie dans son enclave et dirigée
avec tant de zèle et de désintéressement. »
« Recevez, Monsieur et digne pasteur, l'assurance de toute
mon estime et de toute mon affection.
Signé : j J.-B., évêque de Nantes.
Il semble, après tout ce qui précède, que le petit séminaire
delà Chevallerais dut prospérer et fournir, pendant de longues
années, des prêtres au diocèse. Cependant cette œuvre ne
devait compter que cinq années d'existence et disparaître dès
1811.
Une lettre du Grand Maître déclare formellement, le 13
juin 1810, a qu'il ne peut y avoir dans chaque diocèse qu'un
seul séminaire et que tous les autres établissements, même
les petits séminaires, doivent être soumis à l'Université et
régis par un de ses membres*. »
C'est à cette même lettre que M" Duvoisin répondait
lorsqu'il arracha, pour un temps, les écoles presbytérales
aux serres de l'Université' : fut-il moins heureux pour la Che-
vallerais et obligé d'en fermer à jamais les portes ? Jugea-t-
il que M. Le Bastard ferait plus de bien dans une autre
maison ? qu'un établissement d'éducation serait mieux placé
dans une localité importante et d'un accès plus facile ? nous
rignorons absolument. Ce qui est certain, c'est que deux ans
après la rédaction du compte rendu que nous avons cité et qui
laissait entrevoir de si belles espérances, la Chevallerais
perdait à la fois séminaire et chapelain et rentrait pour
longtemps dans son obscurité.
Le collège communal de Guérande venait d'être fondé ; le
4 novembre 1811, le sous-préfet de Savenay, au nom du Con-
' Correspondance de VUniversitét rétumée par M. Angebaalt. Archives
de Vévéché.
s Voir plus haut : coup d*0Bil général sur les écoles presbytérales.
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580 l'enseignement secondaire ecclésiastique
seil municipal de Guérande, proposa pour directeur M. l'abbé
Le Bastard, qui fut agréé par TUniversité.
Nous l'avons dit ailleurs, M. Le Bastard n'occupa qu'un
an cette charge où il fut remplacé parM. Tabbé Macé. L'ad-
ministration diocésaine le nomina à la cure de Sainle-Luce
(1" juillet 1813;. Ce vénérable prêtre, toujours ami de la jeu-
nesse et plein de zèle pour les vocations sacerdotales, réunit
encore aiutour de lui quelques élèves ecclésiastiques ; mais
en trop petit nombre pour former un collège. Il mourut, plein
de jours et de mérites, le 17 décembre 1827.
M. Le Bastard n'a pas travaillé longtemps à Tœuvre des
séminaires ; mais il y a mis toute son âme, et il a mérité par
là que nous lui payions le tribut du respect et de la recon-
naissance. Il a d'ailleurs contribué à la formation de plusieurs
prêtres, puisque pendant quatre ou cinq ans, il compta jus-
qu'à quarante élèves.
Parmi eux, nous pouvons citer :
MM. Brodu, mort chanoine titulaire de la cathédrale de
Nantes ; Sotin, curé de Teille ; Surget, curé de Bouvron ;
David, curé de Saint-Nazaire ; Moisan, curé de Sion ; Cornu,
curé de Treffleuc; Rouzioux, ancien curé de Sainl-Herblain,
chanoine honoraire ; Leroux, curé-prieur de Bonnœuvre ;
Rialland, curé de Vue; Davy, curé de la Chapelle-Launay ;
Brosseau, curé de Montrelais; Rousseau, ancien curé de
Lavau; Lefort, ancien curé de Bouguenais; Guillard, du Bi-
gnon ; Leroux, d'Oudon*.
fA suivre.)
Abbé Ricokdel.
VTV"
* Nous avons tiré cette liste de notes consignées par M. Tabbé Foulon
dans les registres de la Chevallerais.
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L'ÉPISCOPAT NANTAIS
A TRAVERS LES SIÈCLES
f Suite*).
69. — BARNABE DE ROCHEFORT
(1338).
[¥1^
Ay
Barnabe de Roche fort^ Barnabe ou Bonabes (Bonus abbas) de
Rocheforiy de la maison de ce nom, des vicomtes de Donnes,
s" dudit lieu, de Bodelio , de Quéhillac, etc., cousin de
Thibaut, l'un des héros du combat des Trente, était, croit-on,
flis puîné d'autre Thibaut et d'Anne de la Rochediré, et
grand-oncle de Bonabes II, du nom, évoque de Nantes en
• Voir la 0« année, 2^ livraison.
T. VI. — NOTICES. — VI* ANNÉE, .V LIV.
38
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582
L'ÉPISGOPAT nantais a TRAVBPIS LES SIÈCLES
1802, dont le père était Bonabes de Rochefort^ chevalier, fils
lui-même de Guillaume, frère aîné de Tévôque Bonabes I"
deRochefort*.
' Barnabe ou Bonabes P' fit sa soumission à la chambre
apostolique le vendredi 17 juillet 1338, sous le pontificat de
Benoît XII et le règne en Bretagne du duc Jean III. Il portait,
comme sa maison : Vairé dCor et d'azur.
A son avènement, il donna mainlevée aux héritiers des
évoques Daniel, dont les biens patrimoniaux étaient en saisie
pour Texécution de son testament*.Barnabé de Rochefort mou-
rut ou résigna son siège quelques mois après son élection.
70. — OLIVIER SALAHADIN
(1339-1354.)
Olivier Salahadin, Saiadin, Salhasin, Saltchasin, d'une
noble maison du pays de Léon^ des seigneurs de Kermadec
en Ploudiry, fut, nous dit dom Morice, d'après leChronicon
Briocensœ^ la fleur des prélats de son'temps: 0/îveriw5 SalaJia-
* Voir M. de la Nicollière, Arm.p. 53 et Du Paz, Généalogie deBreiagnr,
p. 1165. GS5, 687, etc.
' Titrei du" chapitre.
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OLIVIER SALAIIADIN 583
dini episcopuSjprœsulumque ioiius orbis iempore quo vivebat,
flos\ La branche atnée de cette famille s*est fondue en 1307
dans Huon, qui, de celte alliance, a retenu le nom deKer-
madec. Saladin portait : d'or, à trois annelets (fazur*.
Olivier fut recteur de l'Université de Paris en 1318 et y
reçut dans la suite le bonnet de docteur en théologie. 11 était
duyen de Paris depuis 1336, lorsqu'en 1339, il fut appelé au
siège de Nantes : c'était sous le pontificat du Pape Benoît XII
et le règne du duc Jean III. Son sceau se trouvait au bas d'un
acte de 1341, déposé à la Chambre des Comptes, de Paris; en
tête de cet acte il s'intitule : Olivier, par la grâce de Dieu et du
Saint-Siège de Rotne, évoque de Nantes'. II est le premier de
nos prélats qui ait usé de cette formule, comme aussi le
premier que Ton trouve avoir été porté à son entrée dans sa
ville épiâcopale par les barons d'Ancenis, de Ch&teaubriant,
de Rays et de Pontchâteau. Oii ignore quand ce cérémonial
pompeux a commencé à Nantes. Philippe du Bec (1566),
ayant fait son entrée à pied le fit cesser.
Geffroy, baron d'Ancenis, qui avec les 3 autres déjà nommés,
avait porté l'évoque depuis l'amônerie de Saint-Clément, ou
hôpital de Notre-Dame, hors les murs, jusqu'à sa cathédrale,
voulut pour ce service avoir quelques écuelles d'étain, un
mortier et d'autres vils ustensiles de cuisine*. Olivier s'op-
posa à cet enlief, et par jugement rendu en 1340, le baron
d'Ancenis dut restituer le tout à Rémond Saladin , frère
de l'ôvôque.
Pendant les troubles causés parla successiondu duc Jean III,
Olivier, en bon pasteur, ne quitta point son diocèse et ne
parut point incliner pour l'un plus que pour l'autre des pré-
tendants. Il se trouva à la canonisation de saint Yves à Avi-
' D. Morice, Preuves I, col. 40.
* Les Huoa, ont conservé le blason de Salahadin, auquel ils ont ajouté
seulement trois croisettes, recroisettées aussi d*azur.
< D. Morice, Preuves I, col, 1429.
* Titres du chapitre.
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584 l'épisgopat nantais a travers le siècles
gnon, le 19 mai 1347 et y fil, en troisième lieu, le panégyrique
du saint. Il prit pour texte ces paroles du psaume XVII :
« je louerai le Seigneur et je l'invoquerai ; et pour division :
« celui qui prie doit éviter de demander ce qu'il ne doit pas
« demander et de s'adresser à qui il ne doit pas s'adresser*. »
Depuis ce temps, le diocèse de Nantes fait l'office de saint
Yves avec les leçons extraites du sermon d'Olivier Salahadin
à Avignon.
Le prélat n'était pas de retour d'Avignon en mai 1348,
puisque le 11 de ce mois, Philippe du Château, doyen de Nantes
et vicaire général, expédiait les affaires en son absence*.
Olivier mourut, d'après les Frères sainte Marthe et D.Morice
le 17 août 1354. Il reçut la sépulture dans la chapelle de la
Madeleine, à la cathédrale, sans qu'aucune épitaphe vint
désigner son tombeau.
A sa mort, Hugues de Montrelais, successivement doyen de
Nantes, archidiacre de la Mée et enfin chantre, fut élu pour
le remplacer. Hugues^ appelé Hue dans le traité de Guérande
en 1365 appartenait à la noble et ancienne maison de Mon-
trelais, et était fils de Chenauld, du nom, et de Marie, fille de
Geffroi, baron d'Ancenis. Mais, à la prière de Charles de Blois,
Je pape Innocent VI le transféra le 19 septembre 1755, avant
qu'il eut été sacré, à Tréguier, dont le titulaire vint le rem-
placer à Nantes. Hugues de Montrelais passa à Saint-Brieuc
en 1358. En 1371, il se retira à Avignon. Le pape Grégoire XI
le nomma en 1375 cardinal et évèque de Sabine. Il prit alors
le titre de cardinal de Bretagne et mourut le 16 février -1390.
* D. Lobineau. Vie de saint Yves.
* Titres de la Trinité de Rieux.
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74. — ROBERT IV, PAYNEL
(l355-i366.)
Robert Paynel, Pacinely PeyehneL Pacinellu/i, issu d'une
famille d'ancienne chevalerie, des barons d'Hambie et de
Briquebec, s" de Briqueville, en Normandie, et qui por-
tait : (for à deux fasces dazur, à l'orle de neuf merlettes
de gueules, eut un de ses ancêtres, Guillaume, qui accom-
pagna le duc de Normandie à la conquête de l'Angleterre
en 106G, où il donna naissance aux comtes de Huntley.
Guillaume Paynel, sire de Hambie, avait épousé en 1296
Marguerite d'Avaugour,et ce nom se trouve souvent dans This-
toirede Bretagne. Les sires d'Hambie et de Briqueville se sont
éteints au quinzième et au seizième siècle, dans Estouvîlle,
Vieux-Pont, Le Voyer de Trégomeurt et de Guer-Pont-
callec'. Robert, flls de Foulques, Paynel et d'Agnès de Chan-
telou, et religieux de Tordre de Saint-Dominique, était Tami
intime et le confesseur de Charles de Blois. D abord évêque
de Tréguier, de 1351 à 1354, il fut transféré sur le siège de
Nantes par le pape Innocent VI, tandis que Hugues de Mon-
' Voir M. de la Nicollière. pp. 54-5:), et Armoriai Courcy^ t. ir, p. 238.
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586 L*ÉPISCOPAT NANTAIS A TRAVERS LES SIÈCLES
Irelais, nommé par le chapitre de Nantes, venait le remplacer
à Tréguier.
r
Le 12 mars 1357, Robert convint avec Gérard Chaboz, s
de Rays, de douze cents florins d*or en rachat de soixante
livres de rente annuelle, que son père Gérard Chaboz avait
vendues sur son domaine, à révoque Durand, en 1281). En la
môme année, le roi Jean prit en sa protection et sauvegarde
révoque Robert, ses domestiques et ses biens, et le flt notifler,
le 27 juillet, aux deux prétendanls de Bretagne par son lieu-
tenant d'Anjou, Guillaume des Bans*. L'union de la cure de
Notre-Dame de Nantes au chapitre fut arrôlée par Robert
le 17 mai 1359*'*; le motif de cet acte fut de grossir les distri-
butions aux chanoines, qui ne recevaient aupairavant par
jour, que huit deniers d'assistance.
Le droit A'estance, que révoque Maurice de Blason avait,
vers 1190, défendu contre la duchesse Constance, et dans
la perception duquel l'évéque Robert avait été maintenu,
lui fut contesté par Charles de Blois en 1763', mais il
se rassura par une enquête qu'il fit de sa possession plus
que centenaire. Robert Paynel était en juillet 1364, à Paris,
où il fut témoin de la concession de plusieurs privilèges que
le roi Charles V accorda à l'Université d'Angers. Il éprouva
une si grande douleur de la mort de Charles de Blois, tué à
la bataille d'Auray, le 29 novembre suivant, qu'il en mourut
de chagrin le lundi de la Quadragésime, 23 février 1366, sui-
vant les obituaires de Nantes et du Roncerai ; il fut inhumé
dans la cathédrale devant l'autel de saint Eutrope.
Le blason de Robert Pagnel diffère de celui de sa maison,
donné par Courcy, en ce qu'il ne porte que six merlettcs 3, f ,
1 , au lieu de neuf y avec une crosse tournée à gauche et placée
sur Vécu. Telles sont les armes gravées sur le contre-sceau
' Titres de TEglise de Nantis.
> Titres de la Collégiale,
î Titres de rErêché,
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SIMON DE LANGREa 587
de la juridiction des régaires, avec la légende circulaire :
S. P. {ar) vum cur (ie) Regaliu (m). Le sceau représente la
tête du prélat vue de profil et coiffée de la mitre ; il ne reste
que quelques lettres delà légende*. G*est le premier prélat
qui ait timbré son sceau de ses armes en 1357.
72. — SIMON DE LANGBES
(1366-I38I )
Simon de Langres, ainsi désigné du nom de sa ville na-
tale , était de Tordre des Frères prêcheurs et fut un des
hommes les plus éminents du quatorzième siècle. Docteur en
théologie, provincial de France, puis général de son ordre en
1352, recteur de TUniversité de Paris, il eut une grande part,
comme légat du pape Innocent IV, à la paix de Bretigny
conclue le 24 octobre 1360 entre la France et l'Angleterre'.
Il joua aussi un très grand rôle sous les rois Charles V et
' Vente de l'hébergement du Plessis-Tison, par Guyon de Ploôrmel à
Guillaume Jandome,1357. Arch. du Plessis-Tison, communiquées par M.Alfred
de la Tullaye. (Note de M. de la NicoUière. Ârm. des Ev. de Nantes, p. 54).
> Inter bas calamitates, Carolus (Johannis régis filius) multo prospiciens,
cancellarium Guillermum de Monto Acuto, abbatem prœterea Cluniacensem
et Simonem Lingonenssem, ordinis prsedicatorum primarium rectorem ex
Anlicorum concilio ad Ederardum légat, sed nec sic'pacis conditio processit.
(Robert Gaguinus, liy. ix, fol. 57, édit. 1497).
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588 l'épisgopat nantais a travers les SIKCr.ES
Charles VI. Prédicateur remarquable et éminent théologien,
il mérita de ses contemporains le surnom de pécheur
d'hommes*. Le pape Innocent VI voulut le faire évoque de
Nevers, mais son humilité refusa cet honneur. Urbain V le
nomma en 1366 à Tévôché de Nantes, avec commandement
d'accepter. Simon se soumit et fut sacré à Tours, le 5 juillet
1366, dimanche dans Toctave des saints Apôtres.
Dans une lettre écrite au duc de Bretagne» Jean V, le
Souverain-Pontife le traite d'homme savant et d'ami*,
Simon de Langres qui, dès 1367, s'était démis du généralat
de son ordre, et s'intitulait : « Frère [Simon par la permis-
sion divine évesque de Nantes », prêta serment le vendredi
30 novembre 1369 au duc Jean IV. Celui-ci gratifia l'évoque
de Nantes de cent marcs d'argent sur les fruits échus depuis
le 25 février 1364 jusqu'à ce jour, et retint le surplus, pou-
vant monter à cinq ou six cents marcs d'argent*.
L'écusson de Simon de Langres est sculpté sur le côté sud
de la tour absidale deJa cathédrale de Nantes; il porte : de...
à la fasce de. . . chargé de trois roses de. . /.
Le sceau de ce prélat, apposé à l'acte de serment dont
nous venons de parler, est ogival et mesure 0,055" sur
0,035" Dans le champ est représenté l'évêque en habits
pontificaux, bénissant; la légende, presqueillisible, ne laisse
paraître que quelques lettres*.
Le sceau employé pendant son épiscopat, pour la juri-
diction des régaires, est orbiculaire et mesure 0,035" de
diamètre. Danslechamp, une tôte d'évêque, coiffé d'une mitre
basse, tournée à gauche ; au-dessus de la mitre, est une
• Le P. Echard : Scriptores ordinis prxdicaUn'um. T. i, pp. 336-337.
« Haluie : Vitœ 2^aparum Avenion, t. i, p. 943.
s Froissdrt. liv. i, chap. 211. Bernard Guido: Titre dn magisU ord. prx-
(hcat; — Martène : CoU. nov. t. vi. Hist, brev. ord. prxdicat. — Titres de
Tomsaints de Nantes. -^ Areh. du chapitre de Nantes, arm. K. cass 4
(i. Arm. F. c. B n* 18. Arra. E. c. G. Arm. S. ci S.
♦ lies émaux sont trop frustres pour être vérifiés.
* Archives df'partempntalps. Trésor des chnrtes. Arm. K. C n* 1"2.
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SIMON DE LANGRES 589
étoile et de chaque côté de la têtoi des roses. Le contre-sceau
orbiculaire, mesurant environ 0,019", offre dans le champ
récusson de Simon avec une crosse tournée à droite,
placée dans l'écu, derrière la fasce : f S(igillum) F(ratris)
Sf/{mo7iis) Epi Nannetensis\ La matrice de ce monument
sigillographique a dû servir à plusieurs évoques. En effet,
elle ne porte pas de prénom particulier, et M. de la Nicollière
la croit identique à celle du sceau de la juridiction des ré-
gaires de Robert Paynet. Le même évoque a encore fait
usage d'un troisième sceau, de forme ogivale, mesurant
0.009" sur 0,044". Le champ est occupé par un édicule
composé de deux arcatures ogivales formant niches dans
lesquelles se trouvent les statues de saint Pierre et saint
Paul. Au-dessus, une arcature contient la Vierge assise,
portant l'Enfant Jésus sur ses genoux, et, de chaque côté,
une petite niche renferme un angelot, à genoux. Sous les
deux grandes arcatures est un autre compartiment, où, entre
deux écussons à ses armes, est placé l'évêque à genoux,
mitre et crosse. Légende : 5. Fris S\jmonis Dei gratia Epi
Nanneten^.
D'après l'abbé Travers, Simon de Langres, que ses liaisons
avec la cour de Franc»î dont il était né sujet, rendaient suspect
aux Anglais et aux Bretons, n'aurait pas fait un long séjour
à Nantes après le serment prêté au duc. Selon le même auteur,
il ressort de litres du chapitre de la cathédrale, de la collé-
giale et de Tarchidiaconé de Nantes, qu'en Tan 1372, il était
absent ; que 'Jean, frère prêcheur et archevêquede Nazareth,
gouvernait le diocc'se en qualité de vicaire général, et qu'en
octobre 1373, Simon n'était plus évoque de Nantes.
Nous sommes peu disposés à admettre cet évêque Jean
dont Travers est le seul à avoir parlé, croyons-nous, sur
' Ce sceau est appendu à un acte de vente conseatl par l'évêque de
Nantes, k Olivier de Clisson, en 1380, d*une maison située rue de THuis
de Fer, paroisse Saint-Denis. Fonds Bizeul. Bibliothèque prMique de Nantes.
• Archives départementales. Trésor des Chartes. Arm. M. c, C. n«»7 et 8.
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590 L'ÉPiaCOPAT NANTAIS A TRAVERS LES SIÈCLES
)a foi du docteur de Laiyios dans son histoire du col-
lège de Navarre. On ne le trouve du reste dans aucune
fonction à Nantes, et nous sommes très porté à croire,
qu'évoque lui-même, ce Jean exerça pendant une absence
de Simon, les fonctions épiscopales à Nantes. Ce qu'il y a de
certain, c'est qu'eir IdTôon retrouve ledit Simon, évéque de
Nantes dans un monitoire, et dans un accord passé trois ans
plus tard avec Jeanne de Rays ; enfin dans une fondation
faite k Treillières en décembre 1381'.
Simon permuta en 1382 avec Jean de Montretais^ évéque
de Vannes. Thomas, archevêque de Naples, légat de Clément
VII, dont on suivait Tobédience, à Nantes, en Bretagne, en
France, etc., contre Urbain VF, résidant à Rome, reçut,
étant à Nantes, la permutation des deux évêques. Il expédia
leurs bulles à Laval, le 3 août 1382. Simon était alors dans
une vieillesse avancée, accablé d'infirmités, ne sortant plus
de sa chambre et demeurait au difttean de Sucé, une des
maisons de plaisance des évêques de Nantes. Aussi, à peine
eût-il reçu sa bulle pour Vannes, qu'il résigna ce siège à
Tabbé de Prières, Henri le Barbu et revint mourir en 1384,
à Nantes, parmi ses frères, les Jacobins. Dans le martyrologe
de cet ordre, sa mort est marquée au 7 j.uin^ sans désignation
d'année.
« Simon fut inhumé dans Téglise des Frères dominicains
• de Nantes, sous la seconde marche de Tautel, du côté de
« l'évangile. Son tombeau, nous dit Albert le Grand, était
« couvert d'une lame de franc cuivre, burinée de son effigie
' Titres de rErêché.
* Od luÎTit à Nantes et en Bretagne, du temps de TévAque Simon et de ses
successeurs, Tobédience de Clément VII, élu le 20 septembre 1378 (siégeant à
ATignon) et ensuite de Pierre de Lune, dit Benoit XIII, contre Urbain VI
(siégeant à Rome), Boniface IX, Innocent VII, et Grégoire XII. On a aux
archiTes du ch&teau de Nantes, plusieurs bulles des papes Clément VU et
Benoit XIII, et aucune d*Urbain VI ; cela n*appuie pas le sentiment de Biain-
bourg (liv. 1, du Schisme d*0ccident), que la Bretagne avait suiri Tobédience
de Urbain VI (Note de Travers, t. I, p. 444).
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SIMON DR LANQRE8 591
« et armes. » Cette lame fut foDdue en 1410, lors de l'in-
cendie de Téglise.
Parmi les ouvrages de Simon de Langres, nous citerons :
1* Aeta legationum quas pro summis pontifieibus et regibus
Franciœplures egit, qui, suivant l'auteur .des Scrip. ord.
prœd. doivent sans nul doute se trouver i^uxarchives du Vati-
can et dans celles des rois de France et d'Angleterre ; 2* Ser-
mones et orationes publicœpliires, etc., etc.
Simon recevait les permutations et les résignations m fa-
vorem, ou avec désignation que les évêques ren-voyèrank
plus tard à Rome et il observait, après avoir accordé cm
sortes de provisions, d'en commettre Texécution à l'archi-
diacre ou à Tofficial de cette dignité, dans le climat où le
bénéfice était situé, et aussi au doyen rural ou à son ofâcial :
ces derniers commettaient le premier prôtre ou notaire au
choix du pourvu, pour le mettre en possession\
Nous avons de l'évoque Simon des statuts dont les copistes
avaient omis la date* Ils défendent aux prêtres de confesser
dans les paroisses, sous peine de suspense, lorsque le curé n'y
réside pas, s'ils n'ont permission de l'évoque; —aux laïques,
sous peine d'excommunation, de se tenir dans le sanctuaire
pendant la célébration de l'office divin ; — aux femmes nou-
vellement accouchées d'entrer (sous peine d'amende de
20 sais) dans l'église^ avant les relevailles'. Ils ordonnent,
sous peine d'excommunication et le paiement d'une demi-livre
de cire, d'assister, une personne de chaque maison, dimanche
et fêtes principales, à la messe de paroisse. Enfin ils excom-
munient tous ceux qui se marient clandestinement, leurs
complices, et les prêtres qui bénissent de tels mariages, et
de môme tous ceux qui troublent la juridiction ecclésiastique
de l'église dans la perception de ses droits.
> Titres de Tarchidiaconé de Nant^'s.
« Martêne, Th. anecd. t. iv.
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73. — JEAN DE MONTRELAIS
(1382-1392).
Jean de Moritrelais était fils de Renaud, sire de Montre-
lais, de Chdteauthébaud, du Gué-au-Voyer et de la Séné-
chaldière, en Saint-Julien de Concelles, et de Marie
d'Ancenis, tous deux appartenant aux plus anciennes
etaux plus nobles maisons du Comté nantais. De ce mariage
issurent six enfants : 1* Jean ; 2» Philibert ; > Hugues
doyen de Nantes, élu par le chapitre, évoque de cette ville à la
mort d'Olivier Salahadin, en 1355, transféré à Tréguier, puis
en 1358, à Saint-Brieuc, où il mourut cardinal en 1390;
4" Jenn dont il s'agit; 5» Maurice, archidiacre de Nantes;
6" Marthe, épouse de Jean de Chateaubriant.
Jean de Monlrelais portait : dor à cmq cotice$ d'azur.
Bien que sa famille portât six cotices sur son écusson, les
monuments sigillographiques qui nous restent de l'évêque
de Nantes n'en portent que cinq'. Les sceaux de Jean, appen-
dus à son serment de fidélité et au bas du testament de la
* Courcy donne à la maison de Montrelais : d'or à trois jumelles d*azur en
bande.
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JEAN DE MONTRELAIS 593
duchesse Jeanne de Navarre* diffèrent seulement dé dimen-
sion. Le premier, en cire rouge, mesure 0,035* de diamètre,
le second, à peine 0,030". Dans le champ, dessiné par un tri-
lobe, un ange debout, posé de fasce, servant en quelque
sorte de cimier, porte l'écu aux cinq cotices, sur lequel est
placé le bâton d'une crosse tournée à gauche, deux anges
agenouillés de profil, servant de tenants. Légende. S. Johan-
nis Epi Nannetensis, Le sceau de son offlcialité porte l'écu
aux cinq cotices avec la crosse tourilée à gauche, passée dans
la mitre entre les deux lettres L 0. Johannis officialis. Ce
sceau, en ogive, très détérioré, ne porte plus que quelques
lettres de la légende : 5 [igilhim officialatus (w) an {netensisy,
Jean de Montrelais, doyen du chapitre de Tours,était évêque
de Vannes depuis 1377. Le 4 avril 1381, il signa le traité de
Guérande passé entre le roi de France et le duc de Bretagne
et permuta l'année suivante avec Simon deLangres, le 3 août
1382. Dès le mois de janvier suivant, il établit un officiai et
prit en mars, possession du temporel. Le 4 avril 1384, il fit
son entrée solennelle en sa ville épiscopale, porté par les
quatre barons de Pontchftteau, de Retz, d'Ancenis et de Cha-
teaubriand. Dans son mandement du 29 mars précédent,
adressé au duc Jean V, dit \^ Conquérant et le Bon, \\ lui
enjoint de se trouver en qualité de baron de Retz, à Nantes,
le lundi d'après le dimanche des Rameaux,pour assister à son
entrée et aider à le porter, ainsi qu'il a été observé au temps
passé. Jean de Montrelais se qualifie d'évêque de Nantes par
la grâce de Dieu et du Saint^Siégf. de Rome. C'est le second de
nos évoques qui ait usé de cette formule.
Le duc se trouva donc à Nantes le 4 avril, et oomme baron
de Retz, il aida à porter l'évoque depuis l'hôpital de Notre-
Dame, hors les murs, dit dans la suite de Saint-Clément, à
cause de sa situation dans cette paroisse, jusqu'à l'église cathé-
drale. Le duc dtna avec l'évoque^ et enleva tout le linge de la
* Archives départementales, E. C. 18 et F. A. 13.
* Archives départementales. F. A. 13.
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594 l'ÉPISGOPAT nantais a travers les 3iÈGLE8
table : c'était le droit du baron de Retz. Il eut aussi le cheval
de révoque, pour représentation du baron de Châteaubriant,
dont la terre était cette année en rachat dans la main du duc
et sans héritier capable de faire le service; il fut suppléé
par un seigneur que le duc désigna. L'acte de cette entrée
ne nous apprend point quels étaient les droits du premier
baron (de Pontchâteau) et du troisième (d'Ancenis).
Jean de Montrelais prôta serment le 13 mai 1384, et rendit
aveu de son temporel au duc*. Celui-ci nomma peu après
révoque de Nantes Tun des arbitres du différent qu'il avait
avec révêque, le chapitre et les habitants de Saint-Malo, pour
les droits souverains de cette ville et ne lui donna pas tort
d'en décider'.
Le môme prélat et six autres évoques de Bretagne furent
présents, le mercredi 7 juin 1385, à la ratification que le duc
fit cette année du don qu'il avait octroyé, en 1381^ à Jean du
Fou. Il assista à Rennes, le 4 mai 1386, au Parlement général
de Bretagne, où il tint la troisième place à la droite du duc.
Jean de Montrelais n'avait pas moins de revenus que les
évoques ses prédécesseurs, mais, regardant les biens de
Téglise comme les biens des pauvres, il en fut un économe
fidèle. Il mourut le 12 septembre 1392, si pauvre^ disent Al-
bert de Morlaix et Augustin du Paz, que le chapitre dut
payer les frais de ses funéi*ailles. Il y avait pourvu par
avance, en donnant de son vivant au chapitre, pour faire sa
mémoire, six livres de rente'. Son corps fut inhumé dans la
cathédrale, chapelle saint Quillaume, sans épitaphe, ni enfeu.
Cet évéque fut actif, plein de zèle, et aima le bon ordre comme
il le paraît par les statuts synodaux qui nous restent sous son
nom et qui furent publiés dans les synodes de 1385,
1387 et 1388.
* Archives du château de Nantes, Arm. S. c. B. noi7. Lobineau, t. ii,
p. 1226.
* Titres de Téglise de Saint-Halo. — Lobineau, t. ii, p. 654.
* Livra des anniversaires.
1
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JEAN UE M0NTELAI8 395
Par ceux de 1385, il défend aux religieux, sous peine d'ex-
communication réservée au Pape, de solliciter les fidèles à se
faire enterrer dans leur église; il veut que lès curés, sous
peine de vingt sols ou un franc d'or, écrivent à la fin de leurs
missels ses statuts et ceux de ses prédécesseurs*. Il défend
de célébrer des mariages dans les chapelles, de dire, les
dimanches et fêtes, aucune messe avant la grande, qui est
fixée à neuf heures; de recevoir qui que ce soit, excepté les
voyageurs» à entendre la messe dans d'autres églises que leur
paroisse. Il ordonne d'assister à la grand'messe tous les di-
manches, de chaque maison au moins une personne capable
de faire attention aux annonces ; d'entendre une messe basse
à la paroisse, si Ton n'a pas entendu la grande.
Les statuts de 1387 furent arrêtés en présence des abbés de
Saint-Gildas-des7Bois et de Géneston, de Bonabes de Roche-
fort (futur évoque de Nantes), archidiacre de la Mée, du
trésorier, de quatre chanoines et de beaucoup d'autres ecclé-
siastiques. Ces statuts ordonnent d'acquitter les fondations»
selon les intentions des fondateurs ; aux curés, de desservir
eux-mêmes leurs bénéfices ou de les faire desservir, s'ils ne
résident pas, par des prêtres à ce approuvés. On y remarque
aussi que la succession des ecclésiastiques, riches des seuls
biens d'église, ne retombait point à leurs héritiers, mais que
l'évêque marquait l'emploi qu'on en devait faire.
Le synode de 1389, après la Pentecôte, prescrit aux abbés
d'assister aux assemblées en chape de soie et avec la crosse,
et aux autres en surplis TA^/o/e (sic) pendante; aux curés de
renouveler tous les huit jours la sainte Euchal*istie ; aux ar-
chidiacres et doyens ruraux, qui exercent leur juridiction en
plusieurs lieux, d'assigner les parties au lieu le plus proche de
leur domicile, sous peine de nullité. Ce synode défend aux
curés, sous peine d'excommunication, et 40 sols d'amende, de
s'absenter de leur paroisse plus d'un Jour, de dire la messe
• Murtène, Thés, anecd., t. iv.
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xr^-^^^^rp*]
'ir:
590 l'épiscopat nantais a travers les siècles
avantîdes*ôtreconfessés,demangeretde lx)ire aussitôt la messe
dite, d'être vicaires d'un autre curé, et, quand ils ne résident
pas sur leurs cures, d'y tenir des vicaires non approuvés ;
il défend aux prêtres d'être vicaires sur deux paroisses, de
dire deux messes par jour, hors le cas de droit, de faire des
mariages et d'admettre des femmes à la purification ,
ailleurs qu'à la paroisse, sans la permission de l'évoque
Tous ces statuts et quelques autres sur la conduite des clercs
et des personnes mariées; ainsi que sur l'immunité et la
juridiction ecclésiastique et la publication des excommu-
niés, furent arrêtés par le conseil, on ne] dit pas par le
chapitre, parce qu'il n'avait pas d'influence sur le résulut
des synodes, mais de l'avis des gens sages et expérimentés,
tels qu'on en trouve toujours et en grand nombre dans les
assemblées synodales.
Jean d'André et Ange do Clavasio nous l'ont connaître
la différence qui existait entre les statuts synodaux et les
ordonnances épiscopales. Les premiers obligeaient après la
mort de Tévêqiie, tandis que les secondes n'obligeaient que
durant la vie de Tévêque.
On observait du temps de Jean de Montrelais de jeûner
la vigile de la Nativité de la Sainte Vierge, ce que l'on a con-
tinuéà faire dans tout le diocèse, jusqu'à l'épiscopat de M. du
B3C (1506) ou de M. de Bourgneuf (15ÎJ8*.)
(La suite prochainement]. J. de Kehsauson.
^K^ât^f
* Anciens breviaireB ou imprimés.
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CHARTES INÉDITES
TIRÉES DES ARCHIVES DE PAMPELUNE ET DE SORIA
Relatives à Du Guesclin et à ses compagnons d'armes
(TEXTE ET COMMENTAIRE)
(Suite',)
4- CHARTE
SOMMAIRE. — Charte du 4 février 1368, datée de Borja, par
laquelle Olivier de Mauny se réfère à une convenlion
passée entre le Roi de Navarre, Bertrand du Guesclin
et lui même*. En vertu de cet accord, le roi lui donne un
château et mille livres de terres à l'en tour, à prendre dans
ses domaines de France et de Normandie, conformément
à la teneur de lettres plus explicites délivrées à ce sujet.
En conséquence, il s'engage, lui et ses successeurs, à faire
hommage-lige des dits fiefs au roi de Navarre et à ses héri-
tiers, et à le servir envers et contre tous, excepté le roi de
France, ses frères, le duc de Bretagne et le duc d'Orléans,
• Voir la livraison de mai 1890.
* Cette charte et la suivante étant rédigées en français, on ne sera pat
surpris d*y rencontrer de nombreuses incorrections, dont la plupart doivent
être imputées sans doute aux copistes espagnols.
T. VI. — NOTICES. — VI' ANNÉE. — 6« LIV. 30
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598 CHARTES INÉDITES
Le roi de Navarre lui ayant fait précédemment diverses
donations et promesses par lettres authentiques, il s'en-
gage à rendre dans le plus bref délai les titres en question .
au Roi ou à ses gens ; il les tient dès à présent pour nuls et
non avenus, et renonce également à toute action en justice,
pour faire valoir les dites stipulations. Pour se lier d'une
façon plus étroite* il a juré, la main sur la croix et les saints
Evangiles, d'accomplir la présente convention. Il s'oblige en
outre par devant notaire, sur tous ses biens, à tenir fidèle-
ment son engagement. En foi de quoi, il appose son sceau
sur ledit acte, et le fait signer par le notaire présent. Donné
à Bourge (Borja) le 4 février 1368, en présence des nobles
hommes, les seigneurs Boson de la Chèse^ Jean de Yrel, Eus-
tache de Mauny, convoqués d'une façon spéciale pour servir
de témoins.
(La dernière phrase de la charte est en latin).
Olivier de Manuy chlr (chevalier) . A touz ceulz qui ces letres
verront salut. Comme mon tresredoubte Seigneur le Roy de Navarre
par vertu de certain tractie fait entre lui Monsen Bertran de Gues-
clin et moy mon ditSeigneur mait donne un chastel et mil livres de
terre les queles yl me doH faire asseoir en et sur ses terres de
France et de Normendie au plus prez du chastel que faire se pourra
se Ion ce que plus aplain est contenu es letres que jen ay de iuy sur
ce savoir vous foiz que du dit chastel et des dictes mil livres de terre
moy et mes hoirs et successeurs devons faire foy et homage lige et
estre homme lige du dit Roy de Navarre et de ses hoirs et succes-
seurs et de le servir et obéir corne Seigneur lige environs et contre
touz Rois princeps et autres de qùalque estât que il soient inssy
lavons promis et prometons exepte contre lo Roy de France et ses
frères et le duc de Bretaigne et le duc dorliens. El come en temps
passe entre mon dit Seigneur le Roy de Navarre et moi ait eus
aucuns tractemens pour les quelx le dit Roy de Navarre me fit
donation de certaines rentes et villes et autres promeses et obliga-
tiones daiger et d'autres choses. Et sur ce mait baille ou fait baillier
aucuns letres scelles de son scell je promet et me oblige par ces pre«
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RELATIVES A DU GUESCUN 509
sentes de rendre au dit Roy ou a ses genz les dictes letres et toutes
autres letres de obligationes qui soient faites jusques au jour duy par
luy de qualque manere et condition que il soient le plus toât que je
pourreetveul que ycelles dotes en avant (dorénavant) soient nulles et
de nulle vàlleur etque jamez par vertu des dictes letres moy ne autre
par moy ne poussions faire accion ne demande aucune audit Roy de
Navarre ne a ses hoirs et successeurs en moy à accomplissant les
choses de sus dictes. £t des maitenant renonse expresement à
toutes les dictes letres et obligatons et & toutes autres querelles
acciones et demandes que jusques au jour delà date de ces pré-
sentes je puis avoir ou amoy présent apertenir pour les causes de
sus dictes et pour autres quelconques. Et pour ce que les choses de
sus dictes et chascune dicelles soient plus fermes et estables j'ay jure
sur la crux et saintes evvangiles tochez par moy manuelment de
tenir garder et accomplir bien et loyalement sanz fraude ne engaing'
toutes les choses de sus dictes et chascune dicelles. Et en oultre me
oblige et promes sur firme stipulacion a vous notaire de ins script
omsin (ainsi) come à publique et autentique perssone sur Tobli-
gacion de tous mes bienes de tenir accomplir et exécuter toutes
les choses de sus dictes et chascun dicelles en testimogn de ce
jay mis mon seel à ces présentes et requis au notaire de ins script
quil mist son sign à ces présentes agregneur (sic) conûrmacion
donne en Bourge le IIIj jour de feurier lan mil CCCLXVllI. Presen-
tibus nobiHbus viris dominis Bosono de la Chesa Johanne de Yrel
Ëustacio de manui testibus ad premisa vocatis specialiter et rogatis.
Nous croyons devoir rapprocher de cette charte la lettre
royale relatant le don fait par Charles le Mauvais à Olivier
de Mauny, et à laquelle celui-ci semble faire allusion, bien
qu'elle ne soit en réalité guère plus « explicite ». Ce dernier
document porte la date du 29 Janvier 1368; il a été repro-
duit par dom Morice, dans ses « Mémoires pour set^ir de
preuves à V histoire de Bretagne. » (T. i, col. 1623).
Charles, par la grâce de Dieu roy de Navarre, comte d'Evreui^ à
tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Scavoir faisons
* Dérivation du mot espagnol « engaûo » (ruse}.
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600 CHARTES INÉDITES
que pour certain traité qui a esté fait entre nous et nostre amé et
féal Monsieur Bertrant du Ouesclin, duc de Transtamare et comte de
Longueville, nous avons donné et donnons par ces présentes à
notre amé et féal Monsieur Olivier de Mauny, afin que mieux soit
ten» de nous servir au temps advenir» un chastel et mille livres
de rente par an ; lesquelles nous lui assignerons et ferons asseoir
et assigner en et sur nos rentes et revenus de nos terres de France
et de Normandie, atenant et au plus près dudit chastel, que nous
lui baillerons et ferons bailler en nos dites terres ; et voulons que
ledit Castel avec les mille livres de rente ledit messire Olivier et ses
hoirs ayent et tiennent de nous héréditabiement et perpétuelle-
ment ; pour lesquels il et ses hoirs et successeurs seront nos hommes
liges et nous en feront foy et hommage, et les tiendront de' nous
ainsi et par la manière que tiennent les barons de Normandie les
autres chasteaux et rentes qu'ils tiennent de nous et sous nous en
nosdites terres ; et ledit messire Olivier et ses hoirs et successeurs
seront tenus de faire hommage lige à nous et à nos hoirs et succes-
seurs pour lesdits chatel et terres. Pour ce que à présent nous
sommes en nostre royaume et absent de nos dites terres nous pro-
mettons audit Monsieur Olivier, comme roy et en bonne foy, bailler
et faire bailler à lui ou à ses procureurs pour luy La possession audit
chastel dedans quatre mois prochains venans et asseoir ou faire
asseoir les mille livres de rente atenant et au plus près dudit
chastel dedans six mois prochains venans après la date de ces pré-
sentes. En tesmoing de ce nous avons fait sceler ces lettres de
nostre scel. Donné à Olu le vingt-neuvième jour de Janvier Tan de
grâce mil trois cent soixante-huit. — Sur une copie.
Commentaire. Ces deux chartes, écrites à six jours de dis-
tance (29 janv. — 4 févr. 1368), sont à peu près identiques,
quanta la teneur. Notons toutefois que Tacte de donation
du 29 janvier parle d'une rente de mille livres qui sera
assignée sur certaines terres, tandis que notre titre semble
plutôt indiquer une somme de mille livres dont le capital
sera payé en terres. De plus le premier document donne
au roi de Navarre un délai de quatre mois pour la mise en
possession du château, indiqué d'une façon indéterminée, et
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I
RELATIVES A DU GUESCLIN 601
de six mois pour rallocatîon de la rente de mille livres.
Mais comme Olivier de Mauny se réfère aux Lettres royales,
ces différences n*ont pas grande importance. Il est plus
explicite que Charles le Mauvais, quand il énumôre les
princes qu'il ne sera pas tenu de combattre pour remplir le
devoir de vassal envers son nouveau suzerain, et lorsqu'il
déclare nulles et non avenues toutes donations antérieures.
Remarquons encore que Tacte royal publié par dom
Morice est daté d'O/w. Nous ne trouvons pas de localité de
ce nom en Navarre. Peut-ôtre Terreur provient-elle du copiste
qui aura mis Olu pour Olite*.
D'après l'acte du 29 janvier Charles le Mauvais fait cette
donation à Olivier de Mauny « afin, dit-il, que mieux soit
« tenu de nous servir au temps advenir. » Cette expression,
aous la plume du secrétaire du roi de Navarre, nous paraît
quelque peu ironique. Pour mieux en saisir la valeur, il est
utile que nous disions deux mots des rapports antérieurs du
donateur avec le cousin de du Guesclin. Olivier de Mauny
avait eu plus d'une fois l'occasion de se mesurer avec les
troupes navarraises, en Normandie, avant le traité de paix de
1365. Bertrand l'avait nommé capitaine de Carentan, et c'est
là qu'il alla le chercher, dès 1366^ pour lui confier la garde du
château de Borja en Aragon. En se rendant à son nouveau
poste, Olivier ravagea les environs de Montpellier, bien
que cette ville eût été cédée, l'année précédente, au roi de
Navarre. Ce dernier après avoir accordé, moyennant fi-
nances, le passage au travers de ses Etats au prince de Galles,
et mis des troupes à la disposition de dom Pedro, cher-
cha quelque stragème pour éviter de prendre part en per-
sonne à la lutte, qui était sur le point de s'engager. Dans
ce but, il manda secrètement Olivier de Mauny à Tudela.
Quelques jours après, la nouvelle se répandit que Charles
^Petite ville de 2.600 habitants, à 4$ kilomètres de Pampelt;ine,'9Ur la
route de Savagosse.
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602 CHARTES INÉDITES
}e Mauvais avait été surpris dans une partie de chasse par
le capitaine de Borja, et était devenu son prisonnier. Per-
sonne de ceux qui connaissaient le caractère astucieux du
prince ne se laissa tromper par cette comédie, et sa ruse
fut bientôt percée à jour. Après la bataille de Navarrette,
le royal captif, n*ayant plus aucun intérêt à demeurer enfermé,
voulut recouvrer sa liberté ; mais Olivier qui était la dupe
de son hôte lui demanda une rançon, sans doute en vertu
des stipulations antérieures de Tudela, auxquelles il ajouti^it
foi. Ayaladit enefTet dans sa Chronique (Edition 1875, t. i,
p. 550) que Charles le Mauvais avait eu soin de gagner le
capitaine breton, en lui promettant le château et la ville de
Gavray en Normandie, plus une rente de 3000 francs d'or.
Ces offres et promesses* nous paraissent fort vraisemblables,
car tout service rendu mérite une récompense ; mais là où
Ayala peut bien se tromper et nous induire en erreur, c'est
quand il précise les termes de la convention elle-même.
Sans parier de cette rente de 3000 fr. d'or, qui est très élevée
et hors de proportion avec le service dont elle était le prix^
nous verrons dans la charte suivante que le château de Ga-
vray fut donné à Bertrand Du Guesclin lui-même.
Quoiqu'il en soit de la sincérité des promesses du roi de
Navarre et de leur importance, ce prince n'ayant plus rien à
craindre d'Henri de Transtamare et de ses alliés, après la
journée de Najéra, pensa qu'il était plus simple et plus
digne de rentrer dans ses Etats, sans en aliéner la moindre
parcelle, et sans grever son trésor d'une charge annuelle. Il
dissimula donc avec son geôlier, lui laissa l'Infant dom Pedro
en otage, et se fit conduire par lui à Tudela, sous prétexte
de payer la rançon convenue. Mais à peine arrivé dans la
ville, il en fit fermer les portes, obligea le roi , d'Aragon à
intervenir pour obtenir la mise en liberté de l'Infant, et ne
permit au capitaine de Borja de retourner auprès des siens,
* OliTÎdr de Mauny parait y faire allusion, dans la obarU que noua
publions.
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RELATIVES A DU GUESCLIN ' .603
que lorsque celui-ci eut renoncé à ses prétentions. D'après
Ferreras et d'autres auteurs, la comédie aurait tourné au
tragique pour Olivier ;> ils racontent que ce dernier avait
emmené avec lui son frèr3, qui fut tué dans les murs de
Tudela, pour avoir tenté de s'échapper .Nous ne croyons pas que
ce fait soit exact, car si Alain et Eustache de Mauny accom-
pagnèrent Du Guesclin en Espagne, nous les retrouvons en
Normandie, dans une montre faite à Pontorson le 1 mai
1371*, c'est-à-dire plus de trois ans après l'événement qui
nous occupe.
Dès la fin de Tannée 1367 la situation était bien modifiée,
•par suite de la mise en liberté de Bertrand du Guesclin (27
décembre) et du retour de Henri de Transtamare en Castille,
Ainsi que M. Siméon Luce le fait justement remarquer pour
la première fois (Proissart t, VII, p. xxiv, note 2.) le 13 août
1367, par acte daté d'Aigues-Morles, don Enrique et le duc
d'Anjou contractèrent une alliance défensive et offensive
contre le roi d'Angleterre, le roi de Navarre et don Pedro.
Dans ces conditions, on comprend tout l'intérêt que Charles
le Mauvais avait à regagner les bonnes grâces de Henri de
Transtamare et de ses alliés, pour le cas où le succès, comme
il arriva, viendrait à couronner leurs efforts. Nous ne sommes
donc pas étonnés de le voir, dès le début du mois de février
1368, se réconcilier avec le gouverneur de Borja, au prix
d'une libéralité qui ne lui coûtait rien pour le moment, et qui
lui valait, le cas échéant, un auxiliaire sûr et valeureux,
tant contre le prince de Galles que contre don Pedro.
Mais ici encore nous le retrouvons fidèle à lui-même,
et cherchant avant tout son intérêt : il profite de. l'occa-
sion pour obtenir d'Olivier de Mauny une renonciation
expresse et authentique à toutes les conventions antérieures ;
de plus en promettant d'une façon indéterminée la dona-
i Dam Moriee. Mémoires pour servir de preuves à l'histoire de Bretagne
t. 1 coL 1649.
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604 GHAHTES INÉDITES
tion d*ua château quelconque situé dans ses terres de
Normandie, il semble avoir voulu se réserver une exception,
pour éluder Texécution de sapronj^sse à l'expiration dii
délai fixé. Une seconde fois le cousin de Bertrand du Guesclin
se laisse prendre au piège, et l'on peut dire qu'il lâche la
proie pour l'ombre. Il est assez curieux de l'entendre parler
de son « très redouté seigneur, le roi de Navarre, » et de voir
le ton solennel qu'il prend, pour apprendre à tous venants
:ia générosité sans bornes du dit roi, qui lui retire d'une main
bien plus qu'il ne lui donne de l'autre.
, Que dire de ce suzerain qui laisse son futur vassal s'en-
gager par devant notaire sur tous les biens qu'il possède,
J;andis qu'il ne lui donne de son côté de garanties d'aucune
sorte ? Nous aimons à croire que Charles le Mauvais fut
fidèle à sa parole ; mais nous n'en avons pas la preuve. S'il
réalisa .sa promesse, nous sommes sûrs d'avance qu'il y fut
contraint par les événements, et qu'il ne dépendit pas de lui
d'apprendre à Olivier de Mauny qu'un château en Normandie
pouvait bien avoir dans sa pensée quelque ressemblance
avec ce que nous appelons vulgairement : « un château en
Espagne.» 11 y a dans toute cette histoire une^ étude de
mœurs très curiefuse à faire, et l'on aimerait à voir ce ca-
ractère de Charles le Mauvais, si semblable sous certains
rapports à celui de Louis XI, représenté sur la scène.
On peut se demander quel est le traité passé entre le roi
de Navarre, Du Guesclin et Olivier de Mauny, auquel ce
dernier se réfère ainsi que Charles le Mauvais lui-môme. Il
est probable^qu'il s'agit toujours de la convention de Tudela,
dans laquelle le gouverneur de Borja, tout en traitant en son
propre nom, agissait également comme représentant de
son cousin.
Les frères du roi Charles V, contre lesquels le capitaine de
Borja refusait de servir, malgré son hommage au roi de
Navarre, étaient: Louis, duc d'Anjou; Jean, duc de Berry,
et Philippe, duc de Bourgogne. Le duc d'Orléâps, . qui se
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RELATIVES A DU GUESCLIN '005
trouvait égafement excepté, n'était^ au ti'e que Philippe de
Praneé, frère du roi Jean le Bon et oncle de Charles V. Il
est presque inutile dé rappeler que le duc de Bretagne était
alors le comte de Montfort.
Le nom de Borja a été évidemment fi<ancisé par Olivier de
' Mauny\ suivant une coutume qui régnait déjà à cette époque
et qui expose quelquefois le lecteur è faire d'étranges con*
^fusions. Les Italiens, dont la langue se rapproche plus de
' l'espagnol que la nôtre, en ont fait à leur totf i" <c Borgia. »
*' Olivier de Mauny cite, en deï*nier lieu, les témoins qu'il a
^riés d'assister à la rédaction de l'acte de donation. Le nom
d'Eustache de Mauny, qui figure le troisième, était connu
depuis longtemps, mais nous ne croyons pas qu'il soit fait
mention ailleurs des deux autres compagnons d*armes de
Du Guesclio* Bosbn de la Chèse et Jean de Yrel, sur le
compte desquels nous ne possédons pas d'autres renseigne-
ments.
5* CHARTE
Sommaire ; Charte du 4 fév. 1369', datée de Borja. Bertrand
Du Guesclin, duc de Transtamare, comte de Longuèville;
déclare faire hommage lige, tant pour lui que pour ses suc-
cesseurs, au roi de Navarre et à ses héritiers, en retour de la
donation du château de Rocabrun et de deux mille livres de
rente, suivant ce qui est dit plus explicitement dans d'autres
lettres. En conséquence, il promet de le servir envers et
contre tous, à l'exception du Roi de France, des princes ses
frères, du roi Henri de Castille, du duc de Bretagne et du
'* n transforme ce nom en celai de « Bourge. »
* Du moins parmi ceux qui le suivirent en Espagne.
' La copie que nous possédons porte à quelques ligkies de distance/la
date du 4 (éy, 1368, et celle du 4 fév. 1869. Nous donnerons dans le com-
mentaire les raisons qui nous font choisir de préférence Tannée 1969.
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608 CHARTES INÉDITES
duc d*Orléans. Mais dans le cas. dû le roi Henri refuserait de
reftdre au roi de Navarre les domaines", que celui-ci reven-
dique du chef de ses prédécesseurs, et lui déclarerait la guerre,
il s'engage, lui Bertrand, à ne pas venir en aide au roi de
' Càstille. Que si lé roi dé Navarre venait à être en guerre avec
le roi de France, il s'oblige encore à ne pas tirer parti de la
' donation sus mentionnée pour causer quelque dommage au
premier. Il promet, tant qu'il restera en Espagne, de ne pas
' permettre '^u*aucun préjudice soit causé au donateur, ni par
lui, ni par aucun autre ; il s'opposera de tout son pouvoir
à de pareilles entreprises ; il n'entrera pas en Navarre et ne
laissera pas de troupes y entrer ou y séjourner, contre la
volonté du Roi, pour lutter contre lui. Dans le cas où ce
dernier serait en guerre avec don Enrique, et où, lui Bertrand
serait obligé de prendre parti pour celui-ci, il s*engage avant
le début des hostilités : 1* à restituer le susdit château et la
rente dont il est fait mention plus haut ; 2* à rendre les quinze
mille florins , qu'il reconnaît avoir reçus du roi de Navarre
en pur don. Ji promet encore par les présentes de procurer
l'avantage du royaume, autant qu'il dépendra de lui, et d'em-
pôcher qu'il lui arrive quelque dommage, en particulier par
suite du passage des Coiûpagnies. Reconnaissant avoir reçu
antérieurement du roi le château de Gavray et des promesses
d'argent, il s'oblige à rendre le plus tôt possible les lettres
de donation, les déclare nulles, et renonce tant pour lui que
pour ses héritiers aux actions pouvant en résulter. Afin de
donner plus de poids à ces promesses, il déclare avoir étendu
la main sur la croix et les saints Evangiles, et juré par eux
d'observer fidèlement toutes les clauses de la présente con-
vention. De plus i! s'oblige, par devant notaire, sur tous ses
biens, à exécuter le dit contrat. En foi de quoi, il a apposé
son sceau sur les présentes et a enjoint à un notaire de les
signer. Borja (« Bourge ») le 4 février 1368. Avant de ter-
miner il revient encore sur la réserve formulée au début, en
affirmant que ladite stipulation ne pourra être interprétée
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RELATIVES A DU GUESCUN 607
daas un sens défavorable au roi de France, à ses frères, ou
à ceux qu*il a exceptés plus haut. Acte a été dressé de tout
ce qui précède dans la ville sus«lite le 4 février 1369, en
présence de nobles hommes et seigneurs Alain de la Hous-
saye, Olivier de Mauny, Maurice de Trezeguidî, Renaud
dû Treleves, Gérard de Rais, et Jean de Beaumont, cheva-
liers, tout spécialement convoqués^ pour servir de témoins^
(Les deux dernières phrases sont en latin).
4 février 1368 (1369).
Bertran de Guesclin duc de Trastamarà conte de Longueville. A
toux celx qui ces présentes letres verrent salut corne mon très re-
doubte seynneur le roy de Navarre de sa pùra et agradable volonté
me ait donne deux mille livres de rente per an avec le chastel de
Rocabrun selon ce que plus à plain est contenu es tis que nous en
avons de lui sur ce savoir taisons que dudit chastel et deux mille
livres de rente de sus diz nous nos succesores de nous faire foi et
bornage lige et estre home lige du die rey de Navarre et de ses hoirs
successours en lur servit et ober come seigneur lige et emsi lavons
promis et prometons de le servir envers et contre toutz de tout
nostre povoir excepte le roy de France Monseigneur ses ft'eres le
roy Enrric de Casteie le duc de Bretagne et le duc de Aurliens contess
en cas que ledit rey Enrrique ne nous lit fayre rauser au dit roy de
Navarre des terres que il doit avoir qui furen de ses predece-
sours les roys de Navarre et lui voulist fayre guerre et domage sur
ce cas nous ne serons tenus ne ne ferons ayde aucun audit roy
Enrric contre le dit roy de Navarre ne ne ferons mal nin domage
pour nous ne pour nos gens nin par nostre conseill audit roy de
Navarre & ses hoirs ne a ses subjet. Et se il avenoit ledit roy dé
Navarre eust guerre audit roy de France Monseigneur ce que dieux
ne vôuUiê nous prometons et nous obligons que durant la dicte
guerre dudit chastel et rente que nous tenons dudit roy de Navarre
nous ne ferons guerre mal nin domage aucun ne ne sofï^eirons estre
fait en aucune manere à notre povoir. Autre si' prometons et nous
obligons en bone foy que tant que nous demourirons en Espaigne
nous ne ferons ne consentirons estre fait mal ne domage ne injure
au dit roy de Navarre pour nous ne par autres. Et se nul Ion voulût
flEiire le contresterons de tout nostre povoir ne ne entrerons
I Corruption da mot cattiHan « otroal », (en outre).
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008 CHARTES INÉDITES
audit royaume de Navarre daloe ne de rotorner ne nin feront
entier ni démord de nos igrenz ne dautres contra le volonté du
dit roy de Navarre pour 1^1 fare guerre et se il avenoit ce que
Dieux ne vouUie que entre ledit roy de Navarre et ledit roy
Enrric eust .guerre et nous feussions tenuz d*ayder audit roy
Knrric contre lo dit roy de Navarre nous prometons et nous obligons
que avant que nous nous armons ne que nous ne noz genz comencies
a faire guerre au dit roy de Navarre pour le dit roy Henrric de
rendre audit roi de Navarre de fait entrement et en sa puisance lesdiz
chastel et rente que nous tenons de luy et en eultre faire délivrer et
conter reaiment et de fait les quince mil florines que ledit roy de
Navarre nous a donezen pur don une fois les quienes nous confesons
et coignosons auoir euz et retenus de lui per ces présentes ensemble
nous prometons et nous obligons de procurer et perchaser au dit
roy de Navarre et & son royaume tout le profit et honeur que nous
procurons et destourberons et empescharons de tout nostre povoir
tout deshonour et domage dudit roy et son royaume de ses hoirs et
sucesors et par spécial que nulles compaynnes (compagnies) ne
entrent en son dit royaume tierres et seignieries. Autre si corne au
temps passe entre le roy de Navarre et mon très redoubté seigneur et
nous ait en aucuns tractemens pour les qualz ledit roy nous fist
donacion du chastel de Gauray et autres promeses et obliga'd'arges et
dautres cnoses et sur ce nous ait baylle aucunes letres scelladas de
son seeli nous prometons de rendre audit roy de Navarre les dicte
letres et tout autres letres de obligacones qui soyent faites Jusques
ou jour dui par lui de qualque nature etcondicion que 111 soient le
plus tost que nous procurons et voulons que ycelles dores en avant
soient nulles et de nulle valeur et que yamez per vertu (des) dictes
letres ne nous ne autre pour nous ne puise faire accion ne demande
audit roy de Navarre ne a ses hoirs nous accomplirons les choses de
susdictes etrenonsons ezpresement à tout les dreches (droits), letres
etobligatons et à tout altres querelles acciones et demandes que
jusques à la data de ces présentes nous povons avoir ou avons pu ôt
appartenir pour les causes desus dictes et pour autres quelconques
et por ce que les choses dicte et chascun dicells soyent plus fermes
et stables nous avons jure sur la cruz et santés évangiles touches per
nous manualment de tenir goarder de tenir bien et loyalment sans
fraude ne engain toutes les choses de sus dites et chascun et dicells et
en eultre nous obligons et promelons sur firme stipuUacion a vous no-
taire de ins script aysi come a publique et autentique persone sur
la obligacion de tous nos bienes de tenir acomplir et exécuter toutes
les choses dessus et chascun dieelis et en testimoigne nous avons fait
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RELATIVES A DU GUESCLIN 609
mètre notre scel & cesprésentes et requis ati notaire delns scriptqu-il
mist son signe a ces présentes pour greigveur (sic) conârmacion.
Datum en nostre ville de Bourge le IIII jour de février Tan de grâce
MCGGLXVIII toutefoix quelquez chose qui scripte soyt de sus nostre
entencîon nest pas que condicion ne convenantes de sos dictes
soyenten sens contre le roy de France Monseigneur sa magesta real
messeignes ses ft*ères ne les autres seigneurs et condiciones por -
nous exceptes plus aplayn done corne de seigneur. Acta luerunt'
hec villa qua supra die quoarta fevrari Anno a nativitate domini
MCCCLXIX Presentibus nobilibus viris dominis Alano de la Ursayâ
Olivero de Manuj Mauricio de Trezeguidi Reynaldo de Treleves
Gerardo de Raysa et Johane de Beaumont, militibus testibus ad
premisa vocatis specialiter et rogatis.
Commtf/i/rtire. — Le premier point à éclaircir est la date
exacte de cette charte ; en effet nous rencontrons successi*
vement rindication de l'année 1338, puis celle de Tannée
1369. Il est probable que la faute est imputable au copiste, et
ciu'elle UQ se trouve pas dans la charte originale; mais en
l'absence de ce document, il faut que nous options entre les
deux dates, en apportant des raisons à Tappui de notre choix.
- Il semblerait tout d'abord plus naturel de placer la rédac-
tion de notre charte au même jour que la précédente, c'est-
à-dire au 4 février 1388. Le roi de Navarre en faisant una
donation au gouverneur du château de Borja, ne pouvait
oublier celui-là môme au service duquel était attaché le capi-
taine breton. Du Guesclin avait été mis en liberté le 27 dé-
cembre 1367^ et cet événement suffit à expliquer en partie
le revirement qui se produisit dans Tesprit de Charles Le
Mauvais, Pourquoi ce dernier aurait-il tardé plus d'un an à
agir conformément à ce que son propre intérêt semblait lui
commander? Nous répondrons à' cette objection que Ber-
trand, dans la charte que nous étudions, fait allusion à des
libéralités antérieures^ particulièrement à la donation d'une
somme de 15.000 florins'. Le. roi de Navarre n'était donc
^ Noas ne parlons pas delà donation du ch&teau de Qavray, qui ne dut
probablement pas se réaliser, si nous la' faisons remonter à Tépoquede
rentreyue de Charles le Mauvais et d'Olivier de Mauny h, Tudela.
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610 CHARTES INÉDITES
pas en retard envers lui, au début de 1369. Mais la prin-
cipale raison qui nous fait reculer d*un an la donation
du château de Rocabrun, c'est que le 7 févier 1368, trois jours
par conséquent après la date que nous rejetons, Bertrand
Du Guesclin était de passage à Montpellier, accompagné du
maréchal d'Audrehem, et se dirigeait vers Nîmes où
l'attendait le duc d'Anjou. (Voir Thalamus parvus p. 382. —
S. Luce : Froissart, t. vu, p. 23, note 3).
Comment admettre qu'il ait pu franchir, dans un si court
espace de temps, ladistance qui sépare Borja de Montpellier?
Il ne rentra d'ailleurs en Espagne, à la suite de sa captivité
et de la prise de Tarascon (22 mai 1368), que vers la fin de
4368. Le 20 novembre de celte année, fut signé devant To-
\èàt un traité d'alliance entre D. Enrîque et Charles V.
Les ambassadeurs du roi de France, suivant le récit de
Pedro de Ayala, promirent au roi de Castille de lui envoyer
du Guesclin de cinq cents lances (Ayala, 1369, G. 1).
On s'explique donc tout naturellement la présence de celui-
ci au château àe Borja, à la date du 4 février 1369. Il venait
de traverser l'Aragon , avec un corps de deux mille ca-
valiers, et se disposait à conduire ce renfort sous les
murs de Tolède. Il ne tarda pas à y arriver : le 14 mars, en
effet il prenait part à la bataille de Montiel, qui précéda de
quelques jours la mort de don Pedro (23 mars). Charles le
Mauvais aurait donc attendu le retour de Bertrand en Ara-
gon, pour revenir avec lui sur la convention de Tudela, et
lui faire oublier tout ce qui s'était passé alors, au moyen
de nouvelles libéralités. Quand il recule l'effet de sa donation
à Olivier de Mauny, c'est qu'il supposait,. suivant toute
apparence, devoir être fixé sur les projets de Bertrand
dans un délai de quatre à six mois.
Quel est maintenant ce château de Rocabrun dont le roî
de Navarre dispose en faveur de Du Guesclin ? Nous avons
vainement cherché ce nom dans la partie de la Navarre,
au sud des Pyrénées. Mais nous savons qu'à la fin du dou-
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RELATIVES A DU GUES CLIN Wi
zième siècle^ Sanche VI dit le Sage, roi de Navarre (1150-
1194), donna en dot à sa fl4le Bérengère les château de Roque-
brune et de Saint-Jean Pied-de-Port, lorsqu'elle épousa
Richard Cœur de Lion (12 mai 1191). Peut-être le château de
Rocabrun, donné à Du Guesclin est-il le môme que celui
de Roquebrune qui constituait, deux siècles auparavant, une
partie de la dot de la reine d'Angleterre* Cette princesse
mourut sans postérité (décembre 1230) après avoir reçu de
Philippe- Auguste la ville du Mans et d'autres places de la
province,và titre de douaire. On peut se demander si elle
entra jamais en possession de sa dot, car Richard Cœur
de Lion, plus de cinq ans après san mariage, dut réclamer
à Sanche VII les châteaux promis à Bérengère, et prier Je
pape Innocent Ifl de lui faire rendre justice*.
Il est permis de soulever les mêmes doutes relativement
à la donation dont nous nous occupons et aux effets qu'elle
produisit Nous ne voyons. nulle part Du Guesclin prendre le
titre de seigneur de Rocabrun ; mais^ si cette mention ne
figure pas dans les documents qui nous sont parvenus^ son
absence ne suffirait pas à elle seule pour prouver que Ber-
trand ne put obtenir rexécution du contrat. En se ménageant
l'alliance de Du Guesclin, Charles le Mauvais avait sans
doute en vue le prince de Galles et surtout le roi don Pedro,
avec lesquels il pouvait par la suite se trouver en oppo-
sition d'intérêts. De son côté, Bertrand acceptait pour su-
zerain le roi de Navarre^ mais avec certaines restrictions.
Durant combien d'années fut-il lié par ses engagements vis-
à-vis de Charles le Mauvais? Nous ne pouvons le dire, mais
aux termes mêmes du contrat, il n'était tenu de renoncei à
* Histoire de la reine Bérengère/ femme de Richard Cœur de Zion et \
douarUre du Mans, diaprés des documents inédits sur son séjour en France, .
Par M. Henri Chardon. Le Mans 1866, in-8s de 94 p.
Bérengère reine d* Angleterre^ dame du Mans'{\ 19 M 330). Par dfom Piolin.
Revue des questions historiques i^ juiUet 1890, p. 177.
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612, ^ CHARTES INÉDITES
la don^Uou que dan$ Thypothèse :où, une guerre ^survenant
entre le roi de Navarre et son voisin . de G?istille, il se serait
vu dans rot)li'gation; de tirer Tépée en faveur de celui-ci. Or
cette hypothèse ne se réalisa pas dans la suite. Toutefois
il est bien possible que Du Guesclin ait cédé Rocabrun à
prix d^argent à Charles le Mauvais, à Tépoque où il vendit
ses possessions en Espagne.
Le lecteur aura pu remarquer déjà que Du Guesclin ne
cite point le roi d'Aragon, parmi les princes contre lesquels
il s*engage à ne point porter les armes, au service du roi de
Navarre. Il était cependant le vassal de Pierre IV pour le
comté deBorja, avant de devenir celui de Charles le Mauvais.
Par contre, il s'oblige à ne pas marcher contre D. Enrique
roi de Castille ; mais il ne lui viendra pas en aide non plus,
s'il refuse de rendre les domaines qu'il a usurpés sur le roi .
de Navarre et déclare la guerre de ce chef. Pour mieux
comprendre le sens de ce passage, il nous semble. utile d'ex-
poser brièvement les rapports antérieurs des deux princes,
et la situation créée entre eux par les derniers traités.
Lorsque don Enrique apprit que Charles le Mauvais per-
mettait à Tarmée anglaise de passer au travers de ses Etats,
il fit proposer à ce prince une entrevue, et s'aboucha avec lui
dans la petite ville de Santa Cruzde Gampezo. Il signa alors
un traité d'alliance, par lequel le roi de Navarre s'obligeait
à refuser passage au prince de Galles, et donnait à son atiié
le droit d'occuper les châteaux de la Guardia et de San
Vicente, pour sûreté . de cet accord. Le roi de Castille pro-
mettait de son côté de céder en toute propriété la ville de .
Logrono, comme prix du service rendu. Zurita ajoute môme
qu'il donna au Navarrais soixante mille pistoles^ à cette oc-
casion. Mariana, quî place ce traité au début de Tannée 1367
(t en el principio »), cite parmi les témoins Bertrand Du
Guesclin ; mais nous avons peine à croire que ce dernier
fût déjà de retour de son voyage en Aragon et en Languedoc,
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RELATIVES A DU GUE8CUN ClS
dans les premiers. jours de janvier*. Don Pèdre ayant appris
cet accord qui dérangeait tous ses plans, fit offrir au roi de
Navarre Logrono et Vitoria, s'il voulait donner suite aux
arrangements pris à Libourne. Ce dernier qui cherchait
avant tout à tirer le meilleur parti possible de la situation^
sauf à ne pas tenir les engagements contractés la veille, se
retourna du côté du plus ofTrant et permit finalement au
prince de Galles de traverser son royaume. Il est vrai que
celui-ci ayant eu vent de ce qui se tramait contre lui, avait
.pris ses précautions en faisant occuper mititairement Mi-
randa de Arga et Puente la Reina', dès le mois de jan-
vier, avant de faire passer les Pyrénées par son armée.
Charles le Mauvais fut obligé de se rendre devant de pareils
arguments, dans Tentrevue de Peyrehorade, mais il sut se
tirer de ce mauvais pas à .son avantage, en obtenant de don
Pèdre Vitoria en sus de Logrono.
Dans le courant do l'ahnée suivante (1368), ces deux villes,
qui étaient demeurées fidèles à D. Pèdre et se trouvaient
inquiétées par les troupes de Don Enrique et celles du roi de
Navarre, se livrèrent à celui-ci, qui y mit aussitôt de fortes
garnisons.
A la date du 4 février 1369, la situation était donc la sui-
;Vante : Charles le Mauvais .avait violé la parole donnée à
.Don Enrique lors de Tentrevue de Sancta Cruz de Campezo,
et n*en détenait pas moins les deux villes de Logrono et
' Si noat acceptions cetta donnée, nous pourrions conclure de là qae Du
G uesclin était alors dans la disposition de se mettre au serWce du roi de
Nararre avec les troupes qu*il amenait avec lui, afin de disputée aux Anglais
•t à don Pedro le passage des Pyrénées. Il aurait dû peu après renoncer à
ce dessein, par suite de Toffensive hardie prise pt^r les Anglais et du refi-
rement qu'elle produisit dans l'esprit de Charles le Mauvais. Mais comment
admettre qu*au moment même où se signait le traité de Sancta Cruz de
Campezo, Olivier Du Guesclin fût encore gardé à titre d'otage ou de prisou-
ni<>rf U ne sortit de Caparroso, on se le rappelle, que le 10 février, après
Tiiitrevud de Peyrehorade et quatre jours avant que Tarmée anglaise
passât la frontière de Navarre.
* Cette petite forteresse également située sur l*Arga, est à quatre kilo-
. mètres au S. 0. de Pampelune.
. T. YI. — NOTICES. — YI" ANNÉB, 6» LIV. 40
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614 CHARTES INÉDITES
de Vitoria. On conçoit qu*il fut assez inqtuiet sur les suites
dé sa conquête, au moment même où la fortune favorisait
les armes du âdëie allié de Charles V et de Du Guesclin ; et
Ton s'explique les réserves qu'il formule en prévision d'un
conflit qui peut surgir incessamment. Il n*a garde d^ailleurs
de s'en référer au traité de Santa Cruz, qu'il a déchiré lui-
môme ; mais il prétend tenir ses droits sur Logrono et Vi-
toria,.du chef de ses prédécesseurs les rois de Navarre. Cette
prétention pouvait se justifier, hâtons-nous de le dire. Aussi
Bertrand ne manquait en rien à son devoir envers Don En-
rique* en s'engageant à ne pas le soutenir dans le cas où il
aurait revendiqué les dites places.
Il est un passage de la charte, où il est difficile de ne pas
voir une allusion au début des opérations de Du Guesclin,
dans sa première campagne (1366). C'est quand il promet de
ne point traverser la Navarre avec c les Compagnies » et à
ne pas y entrer avec des troupes contre la volonté du roi.
Evidemment Charles le Mauvais ne pouvait oublier facile-
ment le sac des environs de Tudela par le donataire, et Ton
conviendra qu'il rappelle aussi discrètement que possible ce
pénible souvenir.
Nous ne voyons plus rien de bien intéressant à noter dans
la charte que nous étudions. Cependant la mention des
témoins qui assistent à la rédaction de l'acte nous fait con-
naître trois nouveaux compagnons de Du Guesclin dans ses
expéditions en Espagne, à savoir : Maurice de Trezeguidi* (ou
Tressiguidi), Renaud de Treleves^ et Gérard de Raysa (Rais
ou Rays).
fA suivre,)
DoM Edouard du CoëTLOSQUBT*
* Ce cheyalier fut chargé, quelques années plus tard (1379), d'une mission
en Espagne par le roi de France. (Voir Dom Marice. Mémoires pour servir
de preuves ^ Thistoire do Bretagne, t. ii, col. 283.
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NOTES HISTORIQUES
SUR
PRIGNY ET LES MOUTIERS'
CHAPITRE XI.
§ 1. — Prigny et les Moutiers.
LES moines de Redon s'étaient constitué un prieuré dans
le faubourg de Prigny, connu peu de temps après sous
le nom de Bourç des Moutiers ; mais Tévêque de Nantes
avait su les empêcher de devenir, de droit, recteurs de la
paroisse de Saint-Pierre.
De leur côté, les moines de Saint-Jouin s'étaient établis
sur de larges bases à Prigny. Le droit curial y était cependant
resté au patronage de l'évoque, mais dans des conditions
telles que ce prélat consentait h investir, préférableraent à
tout autre, le prieur môme de Saint-Nicolas.
Un conflit ne tarda pas à s'élever entre les deux abbayes.
Saint-Sauveur de Redon n'avait pas seulement reçu l'église
Saint-Pierre, que le curé partageait avec le prieur, mais
' Voir la livraison de mai 1800.
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616 PRIGNY ET LES MOÛTIEUS
aussi une chapelle dédiée à saint Jean TEvangéliste et située
dans la ville même de Prigny^ (V. chapitre VII).
Cette chapelle avait un petit temporel. Les moines de
Saint-Jouin, en qualité de recteurs de Prigny, voulurent sans
doute étendre leurs droits sur toute la paroisse, tandis que
ceux de Redon objectaient, de leur côté, d'autres droits. La
76' charte de V Appendice au cartulaire de Redon^ raconte ce
démôlé qui fut débattu au concile de Nantes, tenu par Hilde-
bert, archevêque de Tours depuis 1125. Ce concile est de
Tannée 1127.
L'abbé et les moines de Redon prétendaient que ceux de
Saint-Jouin levaient des dîmes dans les limites d'une église
mère (ctijusdam matris ecclesiœ) qui leur avait été concédée
par les évoques Quiriac, Benoît et Brice.
L'abbé de Saint-Jouin et ses moines répondaient qu'ils
possédaient, comme droit paroissial, tranquillement et sans
réclamations, ces dîmes depuis le temps qui avait précédé le
concile de Cler mont (1095). Ce qui leur donnait une prescrip-
tion de plus de trente ans.
Ceux de Redon répliquaient : « Après le concile de Cler-
mont, un certain Guodin étant tombé malade nous donna une
vigne, dont nous avions eu jusqu'à ce moment la dîme, et
c'est cette dîme que vous avez violemment enlevée. Nous
avons d'abord réclamé devant Gueffler, seigneur du château.
Après sa mort, nous ne pûmes que nous en prendre à nos
ânes'? pour demander justice'. Nous réclamâmes ensuite au
concile de Nant2S, tenu sous l'archevêque Raoul (prédécesseur
d'Hildebert), presque* douze ans après celui de Clermont.
A Si ces mots n'existaient pas nous eussions été tenté de placer cette église
à la Rairie.
* « Déficiente eo, asinos nostros nomine calumpniœ cœpimus. »
* Peut-être, pour aller chercher ces dîmes, c'était le moyen le plus sîlr
pour s'en procurer la possession.
* On donne ce concile comme tenu en 1105 dans Téglise Saint-Laurent de
Nantes.
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PRIfiNY ET LES MOÛTIERS 617
Lorsque vous vous êtes plaint de nous au sujet de Téglise
de Prigny ; Rivallon, très illustre archidiacre de l'église de
Nantes, prit directement la parole et déclara que Benoît,
l'évoque même de ce diocèse, avait assigné un jour pour ce
débat, et à vous et à nous, et que vous deviez attendre ce jour :
or, le terme arrivé, nous nous présentâmes : quant à vous,
l'église de Nantes en est témoin, vous avez fait défaut. Il en
résulta que Ton nous adjugea tant l'église môme que les dîmes
qui .en dépendent par droit paroissial. Dans ces sept dernières
années, un nommé Gosbert, en mourant, vous légua une
vigne dont nous possédions précédemment la dîme. Malgré
cela vous l'avez de suite saisie. Voilà ce que nous avons à
répondre, pour que vous sachiez que la possession tranquille
que vous objectez a été interrompue » Les moines de
Saint-Jouin insistèrent. «Nous avons possédé tranquillement
la vigne de Guodin depuis plus de quarante ans et c'est elle
que nous avions affermée, pour un temps, à Gosbert, parce
qu'il était notre client. Lorsqu'il fut mort, nous avons repris
ce qui nous appartenait, dans son entier. En toute conscience,
nous ignorons si pendant qu'il vécut il vous a servi la dîme
qu'il nous devait. » Là dessus, les juges demandèrent s'il
existait des écrits établissant les droits d'un côté comme de
l'autre. Alors les moines' de Redon exhibèrent un diplôme
des évoques Benoît et Brice,munide son sceau,leur attribuant
et confiant à leurs soins cette église avec ses dépendances.
Ce diplôme fut lu à l'audience. Comme il n'était pas écrit
au nom des évêques et que leurs souscriptions n'y étaient
pas, les moines de Saint-Jouin dirent qu'il n'était pas authen-
tique. Ceux de Redon assurèrent qu'ils avaient des témoins
encore vivants qui attesteraient que cet acte avait été écrit
et muni de sa biille en présence et sur Tordre des évoques. »
Malheureusement cette pièce intéressante est fort in-
complète. Nous ne pouvons que reproduire les quelques mots
latins que le zélé rédacteur du cartulaire de Redon a pu dé-
chiffrer sur l'original.
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018 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
Si Ton en croit M. de Courson, ce rédacteur était certaine-
ment du douzième siècle, et vivait peu de temps après la
composition de cet original qui avait été assez mal traité
pour être déjà illisible.
Voici ces quelques mots :
<* Super...;. Si monachi Rothonenses, testibus datis, car-
lam illos quee ad ecclesiam jure parochiali perti-
nebant mscu {sic) judices ideo necessarium esse dixe-
runt stipulationes haberet. De hoc sinodali judicio
am audientîam appel laverunt. »
Ces derniers mots font supposer que les moines de Redon
n'eurent pas gain de cause, et le peu de cas qu'il firent du
procès-verbal de ce jugement appuie cette opinion. Nous
voyons qu'il y eut appel, mais nous n'en connaissons pas la
suite. Il nous semble, comme nous le disions plus haut, que
cette église dont il est ici question était celle de Saint- Jean
rÉvangéliste qui, en effet, avait été donnée à Redon. Peut-
être les moines de cette abbaye exagéraient-ils en la donnant
comme paroissiale tandis qu'elle n'était que simple chapelle.
Il est probable que cette affaire se termina par une tran-
saction qui livra Saint-Jean TÉvangéliste aux moines de Saint-
Jouin.Tel fut probablement le signal de sa ruine. Aucun
texte n'en parle depuis cette époque. Il est clair que l'église
en question n'était ni celle de Saint-Pierre des Moûtiers sur
laquelle Saint-Jouin n'avait rien à revoir, ni Saint-Jean-
Baptiste dont les titres étaient trop évidents.
§ II. — Saint-Etienne du Clion.
Les moines de Redon avaient reçu du recteur Even et de
ses flls de vasies possessions sur la paroisse du Clion. Ils y
bâtirent une chapelle, qui n'y existait pas sans doute précé-
demment. Cette chapelle fut dédiéeàsaint Etienne et se trouve
mentionnée sous le nom de Saint-Etienne du Clion. Nous
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PRIGNY ET LES AfOllTIERS 610
sommes porté à croire que les moines de Redon préférèrent
bientôt y célébrer la sainte messe quand ils venaient dans
ce pays plutôt que de la dire dans l'église de saint Pierre où
leurs droits étaient trop partagés. Ce qui est surtout très
probable, c'est que ce petit sanctuaire fut construit quand
le prieuré des Moûtiers cessa d'être conventuel.
§ IIL — Saint Jacques.
Saint-Jouin, Saint-Sauveur de Redon et Notre-Dame de la
Charité ne sont pas les seules abbayes qui aient possédé
des bénéfices ecclésiastiques à Prigny et aux Moûtiers. Nous
signalerons en outre Saint-Nicolas d'Angers, qui avait à
Prigny un petit prieuré dédié à saint Jacques. M. Marchegay,
dans les Archives d'Anjou, tome ii, sous le titre : « Trésor
des Chartes » donne une bulle du pape Urbain II, datée du
22 février 1096. Voici à quelle occasion.
L'an 1120, le comte Foulques Nerra avait fondé une abbaye
de Bénédictins sur un coteau qui se trouve sur la rive droite
de la Maine à Angers. Son fils, Geoffroy Martel, avait montré
plus de zèle encore que son père en faveur de la nouvelle
communauté. Foulques Réchin continua cette bienveillance,
et l'an 1096, les moines avaient achevé une belle église qu'ils
proposèrent au pape Urbain II de venir consacrer. Le pon-
tife accepta cette invitation, qui devait lui fournir une excel-
lente occasion de continuer l'œuvre qu'il avait entreprise à
Clermont. A la parole du pape et sous le coup de la mâle et
pathétique éloquence de Pierre l'Ermite, une grande partie
des barons et chevaliers présents avaient pris la croix. A
Angers, la scène se renouvela aux accents de la voix de
Robert d'Arbrissel. Grand nombre de seigneurs s'enrôlèrent
pour la croisade. Le succès de Robert fut tel que le Souve-
rain Pontife lui imposa l'obligation de se consacrer désor-
mais au ministère delà prédication. C'était h Saint-Nicolas
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620 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
^ue ce grand événement avait eu lieu. Le lendemain, Robert
t)rofttàît de la présence du pape, pour faire ratifier par
Renaud de' Craon la portion de la forêt de Oraon qu'il avait
donnée au^ ermites de la Roë. L'occasion était trop favorable :
les moines de Saint-Nicolas la saisirent pour' se faire déli-
vrer par le pape un privilège confirmant toutes leurs dé-
pendances.
Aucun acte notarié ne valait, à cette époque, une* ratifica-
tion papale. Dans la charte obtenue par les religieux de Saint-
Nicolas on lut, pour ce qui regarde le diocèse de Nantes,
cette énumération des dépendances de Saint-Nicolas.
!• Cordimen, — Nous pensons qu'il s'agit de Cordemaîs
où se trouvait encore au dernier siècle, une chapelle Saint-
Nicolas, dans ia vallée.
M. Tabbé Grégoire dit à son sujet qu'on y voit une « fon-
taine où Ton lave les enfants pour les faire marcher. » Cela
vient sans doute de ce que l'on représente Saint-Nicolas avec
des enfants dans un cuvier. Probablement cette chapelle est
due à Tabbaye d'Angers.
2^ Denran, —C'était une île de la Loire, à Nantes môme*.
3* Prugné.
A? Saint-Lambert, Dans tout le pays nantais, nous ne
trouvons que Le Pin qui ait saint Lambert pour patron ; mais
Le Pin dépendait de l'abbaye de Toussaint. A côté, Saint-Mars-
la-Jaille relevait de Saint-Nicolas. Peut-être se fit -il jadis un
échange. Le Pin convenait aux chanoines de Toussaint déjà
* On lit dans le Cartulaire de Sain^-Nicolas : (t. t, ch. 82), que « Tan de
la Passion 1079 », Tabbé Uamon reçut dans la ville de Nantes, l'Ile de Denran,
située en Loire, des mains du comte Hoël et de son flls Alain, a du consen-
tement de l'évéque Quiriac, et d*Alain, flls de Rivalon, prévôt de Nantes.
Témoins : Bandrj de Clisson (Clischum) ; Jarnogon de Saint-Donatien ; Evain
de Reis ; Christophe de Coiron ; Gievion le Diable et Pontel, Bouffondu
comte. » Nous ne voyons pas où, au onzième siècle; la Loire formait une lie
dans là ville de Nantes, si ce n'est dans ce large confluent formé par TErdre
se jetant dans, ce flouvc. Or, Téglise Saint-Nicolas était Pt est encore bâtie
dans cette anciennelle.
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PRIGNY OT LES MOÛTTËRS- 021
possesseurs ' âè Rochetnenira qui en est très rapproché; Si
Saint-Mars fut donné à l'abbaye de Touèsâîht, îl fat tout
naturel que ce monastère le cédât volontiers à Saint-Nicolas
pour en obtenir Saint-Lambert du Pin.Mais il nous semble plus
simple encore de supposer une erreur de copiste qui aura
pris le nom du prieur pour celui de la chapelle du prieuré .Le
premier prieur de Saint-Mars la Jaille se nommait en effet
Lambert'. C'est à' lui qu'Olivier de Vritz livra lé don de'
l'église Saint-Médard et de son cimetière, avec là moitié
d'une pièce de terre. (Saint-Nic. I, 286). '
Le titre de l'obédience de Prugné (Prigny) n'est pas donné,
mais nous verrons plus tard que ce petit prieuré avait pour
vocable saint Jacques. Faut-il rapprocher ce nom d'un apôtre
de ceux de saint Pierre, saint Jean l'Evangéliste,. saint Jean-
Baptiste et sainte Marie, tous vocables des plus anciens et
généralement donnés aux sanctuaires des temps primitifs dû*
christianisme, et en conclure, une fois de plus, la très antique
date de l'introduction de la foi chrétienne dans ce pays ?•
§ IV. — Possessions de! Satnt-Serge aux Moûtiers.
Il semble que ce petit territoire des Mbûlîers est appelé à
nous faire passer en revue toutes les anciennes abbayes de.
notre pays. Luçon y a probablement succédé à Saint-Philber.t
de Grandlieu, Sainl-Jouin est installé à Saint-Jeart-Bapliste/
Saîat-Sauveur de Redon à Saiot-Pierre des Moûtiers, Saint-
Nicolas à Saint-Jacques, Notre-Dame de la Charité à Notre-
Dame des Moûtiers, et voici que nous trouvons encore Saint-
Serge d'Angers recevant une petite portion de ce môme
territoire, et ce ne sera pas la dernière abbaye que nous y.
verrons apparaître comme propriétaire.
• Au dix-septième siècle; Roger, moine de Saînt-Nicolaa, n'attribuait déjà
à. cette abba je, dans le Nantais, que Saint-Mars la Jaille, cura' et prieuré.
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^22 pmr.XY CT LES MOriTlRRS
L'évoque de Nantes, Brice, et le duc de Bretagne, Conan,
avaient reconnu et confirmé aux moines de Saint-Serge une.
écluse en la paroisse du bourg des Moû tiers « dit une copie »,
malheureusement nous n'avons pas vu le texte latin.
On reconnaît aussi à cette abbaye : « Le pressouerage de
tout le vin qui est pressouré au pressoir du château de
Premgué. » Ces biens et droits étaient rattachés au prieuré
de Chémeré qui dépendait de Saint-Serge, et les titres con-
cernant cette obédience continuèrent à s'en occuper jusqu'au
dix-huitième siècle.
§ V. DÉPENDANCES DE BUZAY A PrIONY ET AUX MoÛTIERS.
Une autre abbaye» plus jeune, mais qui était s^ssez rapi-
dement arrivée à la prospérité, ne tarda pas à s'étendre
jusque sur les Moûtiers et Prigny. Cette dernière était nan-
taise, et située non loin de la Loire, dans la paroisse de
Rouans, c'est celle de Buzay,
Sa fondation remontait à saint Bernard de Clairvaux, dont
la vigoureuse intervention hâta son développement. Si ce
grand et saint abbé avait, dans le principe, jugé insufRsantes
les ressources de la nouvelle fillette, il sut faire cesser cet
état précaire, et l'élan, une fois donné, continua assez long-
temps. Dans ses ramifications, la nouvelle fondation finit par
s'allonger jusque sur la paroisse des Moûtiers qui fut abor-
dée du côté de Saint-Cyr-en-Retz, où. dès l'an 1152, on la voit
possesseur de biens. Un certain Aimeric donnai taux moines
des salines et des marais. On les trouve encore à Chémeré
en 1187 où le seigneur de ce lieu faisait des largesses à l'abbaye.
Il se nommait Raoul, et nous le croyons de la famille de Retz.
Un autre membre de cotte famille, Arcoide, se montrait
également très généreux pour Buzay, en 1172, et son acte
fut rédigé dans le château de Prigny « Jn veteri aulâ
Prugniaci, »
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS C23
En 1222, le chevalier Pierre de Laval (une copie dit du Val)
donnait aux religieux de Buzay la saline Harcouët. En 1236,
Raoul, sire de Retz, leur faisait cession d*un éral (aire%
arodium) avec ses fossés. Le domaine de Buzay s'étendait
aussi sur Prigny. En 1257, on trouve un arrentement de deux
marais situés, Tun au pied du château de Prigny, Tautre
entre Prigny et les Moûtiers, lesquels furent acceptés par
Maître Guillaume dit le Médecin^ avec six- hommées de pré
dont il avait cédé la nue-propriété aux religieux. Puis c'est un
autre arrentement du marais dit : le Hemault et du pré des
Billiots. Puis encore en 1260 des obligations et reconnais-
sances de rentes souscrites par les frères Cailleteau, Robert
Davy, G. Leray et consorts.
Quoique nous ayons déjà, dépassé, pour ce qui regarde
Buzay, Tépoque à laquelle nous sommes rendus, nous ajoute-
rons, pour ne point revenir sur ce sujet, que l'abbaye en
question posséda plus tard des rentes sur le marais Dagon*,
provenant d'une donation de Renaud du Collet, sur une vigne
du flef de la Rairie, nommée alors Roerie, et sur une autre
vigne dite GuUelle.
Il y avait dans le bourg même des Moûtiers une maison
pour laquelle en 1566 on achetait 50 sous de rente, à prendre
sur le marais Pénu.
Lorsque l'on a défalqué du territoire des Moûtiers tout ce
que les différentes abbayes que nous venons d'énumérer y
possédaient, on est forcé de convenir que les biens laïcs y
étaient bien restreints et qu'il n'y a pas lieu de s'étonner
que le faubourg de Prigny ait été nommé : Bourg des Moûtiers.
Nous devons cependant remarquer qu'une notable portion
des biens du prieuré de Redon se trouvait sur le Clion.
* Vaire est un carré ou se cristallise le sel. Une saline renferme un grand
nombre d*airet, Vœillct est une petite aire.
s Vraiment ce nom est fait pour tenter ceux qui veulent trouver des ori-
gines phéniciennes sur ces rives de TOc^an. Dagon était un des dieux les
plu« révérés dei Phéniciens, on le représentait demi-homme, demi-poissoo.
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624 PHIGNY KT LES MOÛTIERS
§• VI. — Premières prieures de Notre-Dame.
Pendant la période de temps que nous venons de parcourir,
le prieuré de Notre-Dame des Moûtiers avait eu plusieurs
prieures. Nous croyons qu'Adénor, fille de Giraud de Saint-
Philbert, succéda dans celte charge à sa tante Adénor de
Prîgny, parce que ce prieuré avait été fondé autant pour
donner une situatioB aux demoiselles de la famille des fon-
dateurs qui auraient des goûts religieux que pour enrichir
le Ronceray. La jeune Adénor n'apparaît pas une seule fois
âansles chartes du Ronceray concernant l'Anjou, dans aucune
des obédiences de cette abbaye, non plus que dans la com-
munauté d'Aveniferes, près Laval, qui avait presque les pro-
portions d'une abbaye. Très probablement, aussitôt après
son noviciat, elle fut renvoyée au bourg des Moûtiers. 11
est bien certain que la fonction de prieure des Moûtiers
resta dans la famille des fondateurs au moins jusqu'au mi-
lieu du douzième siècle. Nous avons déjà nommé Jeanne
Talvaz, sœur de Màiie Talvaz, dame de Retz. C'est cette,
prieure qui obtint de son beau-frère un pied-à-terre àMache-
c'oul. Ce fut peut-être Texemple de Jeanne qui détermina
là fllle de Geoffroy Menguî à entrer au Ronceray. Et cela*
prouve que cette famille Mengui était une des maisons nobles
du jmys, puisque Ton n'admettait au Ronceray que des
demoiselles nobles. Plus tard, on y voit même établi l'usage
d'exiger des postulantes la preuve de quatre quartiers de
noblesse.
Sur ce point Jeanne ne dérogeait pas, loin de là : sa famille
possédait le comté du Perche, et Guillaume Talvaz, proba-
blement son frère , pour s'être montré hostile au roi d'An-
gleterre Henri I, perdit Alençon et Séez; mais en 1135, Geof-
froy Plantagenet, comte d'Anjou, les lui rendit. Guillaume
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS 625
avait épousé Agnès de Ponthieu qui lui donna deux fils, Jean
et Guy, et deux filles. Il mourut en 1171'.
Jeanne Talvaz était prieure en 1150, mais lorsque la Tille de
GeofTroy Mengui fit ses vœux, la prieure se nommait Agiies.
On voit cette dernière apparaître dans le difTércnd des
sœurs avec le recteur de Saint-Hilaire de Chaléons, vers
l'an 1180. Il est à remarquer que la charte concet*nant ce
procès, conservée aux Archives de Nantes (Ronceray, 11*
liasse), donne quelques noms de témoins difTérents de ceux
que nous avons relatés dans la charte donnée* par M: Mar-
chegay. Ces témoins sont : Tarchidifiicre GeofTroy ; Rolland^
doyen ; Bernard de Pornît; Bernard Bilî; Foucher, prêtre;
Thomas de Frossay, et un noble que celte copié nomme On-
nier de Vitré ; mais nous'pensons qu'il devait y avoir, dans
Vovig'mdA, André de Vi7/*^, nom très connu dans les chartes,
souvent avec titre de vicomte. Le prêtre Foucher était déjà
témbin d'une charte de 1163. ^ ^
La prieurfe Agnès nous amène- jusqu'au commencement
du treizième siècle, et nous supposons que c'est d'elle tin*H
est question dans un titre de Tan 1200, où elle est noEûnrée
Agnès de Baie. On y constate qu!elle avait droit de septièniié
sur les landes de Saint-Hilaire. L'abbesse du Ronteray était
alors Hersende de Sablé, qui gouverna ce monastère jus*
qu'en 1220. Agnès fut contetnporaiùe de Gestin dePrigny;
frère de Bernard de Machecoul. •■ \ ,.\
' ^ Les relations des Talvaz avec les comte* d'AnJoa se brouillèrent -quand
ceux-ci furent devenus souverains d'Angleterre. Jean Talvaz qui tenait a)i
nom de son père le château de Nue (de Nube), le livra au parti françai^t.
Geoffroy Plantagenet vint le reprendre et alla brûler le château de Séei. A
-son tour» le roi de France. Louis préparait une expédition pour aller en, tirer
.vengeance, mais il tomba malade et l'affaire s'arrangea par traité.
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026 PRIGNY ET LES M CUTI EUS
§ VIL — Ensemble des bénéfices ecclésiastiques de Peigny
ET DES MOÛTIEES.
Avant de quitter le pays des Moûliers pour retourner à
Nantes, où se produisirent^ dans ces temps, des événements
qui donnèrent tout d*un coup un immense développement
au prieuré de Notre-Dame, nous allons extraire une page du
Pouillé composé par M. de Gourion à Taide de documents
du treizième siècle. On y énumère parmi les paroisses du
pays de Retz : —
Le Bourg des Moûtiers et sa trêve' Saint-Etienne du Glion,
relevant de révoque et taxés 8 livres.
Ensuite, parmi les cures et prieurés dépendant de Redon,
ce Pouillé ne donne rien à cette at)baye dans la paroisse des
Moûtiers. Nous verrons plus tard ce qu'il faut penser de
cette omission.
Au nombre des dépendances du Ronceray on cite : le
le Bourg des Moûtiers avec titre de prieuré, puis les chapelles
Saint-Hervé et Saint-Thomas. Ceci nous porte à croire que
dès ce temps Saint-Thomas,qui se trouvait sur Machecoul, était
desservi ailleurs que dans sa chapelle même qui semble
n'avoir jamais été qu'un triste oratoire. Nous reviendrons sur
Saint-Hervé.
Au nombre des possessions de Saint-Jouin. M. de Gourson
cite « le prieuré-cure de Saint-Nicolas de Prigné. »
Saint-Jean n'est pas môme mentionné; mais il ne tarda pas
à s'opérer une réaction qui ramena le culte dans cette der-
nière église, qu'alors les moines essayaient de faire oublier
afin de réaliser définitivement ce qui n'existait que par tolé-
rance^ c'est-à-dire l'union de la cure et du prieuré.
* La cure de Glion est sous le vocable de la chaire de Saint-Pierre ; il
6'ag^it donc bien de la chapeUe Sainl-Etienne située entre la Bernerie et Fornic.
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l'RlGNV ET LES MOÛTlfc.nS 021"
Il est très probable qu'à celle époque, non-seulement
l'église Saint-Jean, mais le manoir lui-même de Prigny
étaient délaissés des seigneurs de ce lieu. Ces seigneurs
étaient les barons de Retz qui n'y faisaient que quelques rares
apparitions. Leur intendant ou prévôt y tenait ses assises,
mais le temps de ce castel était passé. Son utilité avait été la
défense des côtes, désormais il ne pouvait être employé que
contre les contrebandiers.
Si Ton en croyait le Fouillé en question, la cure de Saint-
Cyr en Retz et sa Irève Bourgneuf auraient été à la présen-
tation de l'abbesse de Ronceray, mais nous devons dire que
cette prétention n'est appuyée sur aucun texte des six
rouleaux qui composent le beau cartulaire de celle abbaye.
Nous les avons étudiés avec soin et, depuis, M. Marchegay
les a fait imprimer, mais dans un autre ordre.
Ce qui a donné lieu à cette erreur, c'est que, peu de temps
après l'époque à laquelle nous sommes rendus, le prieuré dé
Saint-Cyr de Nantes fut annexé à celui de N.-D. des Moû tiers,
comme nous allons le voir par les chapitres suivants.
CHAPITRE XIL
Etat du prieuré de Saint-Cyr et Sainte-Julitte de Nantes.
Pour comprendre la suite de l'histoire du prieuré de Notro-
Dame des Moûtiers, il faut que nous ayons une idée de ce
que fut celui de Saint-Cyr de Nantes avant qu'il devînt un
membre important du beau prieuré des Moûtiers.
Nous avons dît^ au chapitre I, que le comte Mathîas l" ne
s*élait pas contenté de ratifier les fondations et donations de
son père en faveur de Notre-Dame du Ronceray; il avait
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6?8 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
ajouté à ses preuves de bienveillance en faveur des Béné-
dictines d*Âng^ers ; de sorte que, grâce à Budic et à son fils»
ces religieuses se trouvaient investies de Téglise Saint-Cyr
et Sainte-Julitte hors les murs, des églises de Notre-Dame et
Saint-Vincent, dans l'enceinte de la ville, et, comme tem-
porel, du domaine de Bois-Qarand, en Sautron, et de la dîme
du marché de Nantes.
Il est difficile, de nos jours, de se rendre compte des discus-
sions qui pouvaient surgir à cette époque au sujet des dona-
tions qui semblaient les plus régulières. Nous en avons vu
plusieurs exemples dans le pays de Retz, nous en retrou-
verons à Nantes..
Il est indispensable que nous remontions un peu plus
haut que les temps que nous venons de parcourir, si nous
voulons nous rendre compte de la situation. Les luttes d'Alain
Barbetorte et ses succès sont connus, rhistoire de Bretagne
est là pour affirmer le beau rôle de ce héros, digne descendant
d'Alain le Grand, qui avait remué ciel et terre pour rendre
un peu de vie à la cité nantaise.
Il était breton, et ses relations se trouvaient dans le'fond de
la Gornouaille, où il débarqua lorsqu'il revint d'Angleterre.
Dans ce pays existait une antique abbaye nommée Lande-
venec. Les Normands l'avaient réduite au plus triste état,
mais ses pauvres débris ne demandaient qu'à se rejoindre.
Les moines, échappés au désastre, étaient pleins de bonne
volonté, mais sans doute en nombre insuffisant et la plupart
âgés et fatigués.
Leur abbé, nommé Jean, était un de ces patriotes dévoués
qui étaient passés à la cour d'Angleterre pour y redemander
,leur j-eune Duc Alain ne pouvait être ingrat à son égard ; au
reste, rien ne résulte davantage de son histoire que le beau
caractère de ce prince. Ce fut donc à l'abbé de Landevenec
^que l0 libérateur de Nantes s'adressa lorsqu'il voulut rétablir
,1e culte dans un certain nombre de sanctuaires de cette ville.
.11 ne suffis,ait pas de , restaurer les églises, il fallait leur
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PRIGNY ET LES MOllTIERS 620
affecter un temporel. Ce résultat s'obtenait facilement et
valait à l'abbaye, que Ton chargeait de relever le culte dans
une église, un domaine plus ou moins vaste dans lacampagne,
domaine en général abandonné, à peu près inculte, sur lequel
végétaient quelques manants passant avec indifférence d'un
seigneur à l'autre. Ce domaine cédé aux moines n'était qu'une
compensation des avances qu'on leur demandait pour rebâtir
l'église, la fournir des vases et ornements indispensables et
aussi pour édifier un presbytère ou des maisons conventuelles^
Ce n'était pas encore le plus difficile : il fallait trouver, après
un tel cataclysme, des ecclésiastiques pour remplir le saint
ministère dans les sanctuaires restaurés.
L'abbaye de Landevenec était dédiée à saint Guingalois,
autrement ; saint Gwénolé. Alain avait confié à ce monastère
la restauration de notre église Saint-Cyr et Sainte-Julitte. On
peut s'en convaincre par la lecture d'une charte publiée par
dom Lobineau (t. ii, col. 79-80). On y voit que le duc Alain fit
donation aux moines do Landevenec « d'un monastère dé-
dié à saint Médard, avec son domaine long de quatre milles,
sur deux de large, avec ses forêts, eaux et prés, ses terres,
cultivées ou non, et toutes ses 'dépendances ; plus l'église
Sainte-Croix dans la ville, avec ses dépendances, et Téglisô
Saint-Cyr hors la ville. En outre, l'église dédiée à saint Guin-
galois môme, avec toute l'île nommée Bathweran et toutes
ses dépendances, plus la moitié d'une viguerie nommée Sulce
(Sucé), sise dans le pays Nantais, éloignée de cinq milles de
la ville, avec la moitié de son église et toutes ses dépen-
dances... « (Archives de Nantes, H. 112)... Les témoins furent:
le duc Alain : Judhaol, comte ; Guérech ; Nuvenoô ; l'évoque
Salvator ; Gestin, vicomte (de Retz) ; Dites, vicomte ; Pri-
gent; Guethenoc, comte ; Amalgod; Amredy; Chenmarchoc;
Nuthuon ; Moyse, etc. »
- Cette charte fut visée après la mort d'Alain par ceux qui
exercèrent le pouvoir après lui à Nantes, comme suit ; « Moi,
Thibaud, comte par la volonté divine, j'affirme ce qui pré-
T. VI. — NOTICES. — Vl* ANNÉE. — 6* LIV. 41
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630 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
cède: moi, Joseph, évoque de Tours, j'affirme également;
moi, Foulques, comte par la grâce de Dieu, je rafflrire de
même, en tant que cela me regarde. Le duc Alain a fait ré-
diger cette charte par Tévéque Hédren et Ta remise à saint
Guingalois et à son abbé Jean »
Dom Lobineau ne regarde pas cette pièce comme revêtue
de tous les caractères de saine critique que l'on pourrait dé-
sirer. Cependant, il ajoute qu'il n'est pas croyable que le fond
en soit faux.
Thibaud, comte de Blois, était beau-frère d'Alain et oncle
du jeune Drogon, son fils. Foulques le Bon, comte d'Anjou,
avait épousé la veuve d'Alain, dans Tannée même du deuil.
Quant à l'évêque Hedren (al. Hesden), on le voit en qualité
d'évêque de Nantes avec le vicomte Gestin à l'assemblée de
Verrou* en 978. Joseph était devenu archevêque de Tours
l'année même de la mort d'Alain, d'après certains catalogues,
bien que d'autres fassent succéder immédiatement Frottier
à Théoton sans tenir compte de Joseph. C'est sans doute
pour cela que dom Lobineau avait des scrupules au sujet de
ce diplôme tandis qu'il aurait dû s*en servir pour confirmer
la réalité de Tépiscopatde Joseph. Evidemment, le rédacteur
de la charte n'était pas tourangeau ; la ville de Tours est
nommée « Toronensis urbs ». L'écrivain ne s'est préoccupé
que de la prononciation, qui est du reste bien marquée par
le vieux mot tournois.
De tous les dons d'Alain Barbetorte, le prieuré de Bath
seul est resté à Landevenec (Archives de Nantes, série H,
liasse lll'). Les titres de cette abbaye disent que le duc Alain,
par ces générosités, se proposait de récompenser l'abbé Jean
pour diverses missions chez les Barbares (peut-être les Da-
nois qui essayaient déjà de se fixer en Neustrie, appelée
depuis Normandie].
Il est probable que l'abbaye de Landevenec ne put suffire
* Bn Touraina.
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS 631
à fournir des titulaires pour les églises dont on lui faisait
la cession et peut-étro aussi qu'elle n'eut pas les res-
sources suffisantes pour les réparer. En 1101, Alain Fergent
et son épouse Ermengarde d'Anjou regardaient parfaitement
comme leur appartenant les églises de Sainte-Croix et de
Saint-Saturnin, qu ils donnaient à Tabbaye de Marmoutiers.
Ermengarde ratifia ce don dans une chapelle près duBouffay.
On voit parmi les témoins un Papapin qui fait lui-même un
don, et Laurent, chanoine de Saint-Médard. Ce saint Médard
n'est autre que Doulon. L'évoque de Nantes Benoît y avait
établi des chanoines ,* mais, peu de temps après, il changea
d'avis et demanda des moines à Guillaume, abbé de Mar-
moutiers. L'abbé Guillaume succéda en 1104 àllgode, et Té-
véquo Benoît gouverna de 1079 à 1111 ; notre charte fut donc
rédigée pendant la courte apparition des chanoines à Boulon,
et nous prouve que Landevenec n'avait pas pris possession
de Saint-Médard ou l'aydit abandonné.
Garnier, chapelain de Sainte-Croix, n'est pas simple té-
moin : il ratifie comme intéressé. Suivent les noms des
moines desservant ces paroisses : Le prieur Guillaume,
André de Gommez, Amelin des Moûtiers, et Guérin, prieur
de la Forêt.
Il est probable que l'église Sainte-Croix, Boulon et Sainte
Cyr furent perdus pour Saint-Gwénolé par suite dure tour
offensif des Normands. Après la mort d'Alain Barbetorte,
Sainte-Croix devint l'église du Bouffay et le comte Alain crut
pouvoir en disposer en faveur de Marmoutiers.
Saint-Cyr était déjà confié aux religieuses du Ronceray, et
nous ne voyons pas que Landevenec ait réclamé. Be leur
côté, ces mêmes sœurs de étaient également évincées de
Notre-Bame de Nantes et de Saint-Vincent.
L'historien Travers, embarrassé de ce don des églises de
Saint- Vincent et de Notre-Bame aux sœurs de la Charité
d'Angers, s'en est tiré en attaquant la charte de Mathias qui
cependant n'a aucun caractère de fausseté. L'histoire serait
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632 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
trop aisée si l'on pouvait récuser oinsi les documents qui ne
cadrent pas avec les idées préconçues.
D'un autre côté, si Ton en croyait Nantes et la Loire-Infé-
Heure, Téglise Saint-Vincent aurait d'abord eu Saint-Aubin
pour patron et remonterait à Tan 404. M. Tabbé Grégoire dit
434. Sur quoi s'appuient ces dates ? — Ce n'est pas notre
affaire, mais saint Aubin étant mort vers Tan 550, il s'ensuit
que l'on ne put choisir ce saint évoque d'Angers pour titu-
laire de l'église en question dès son origine. Nous allons
nous laisser entraîner à raconter un épisode qui a certaine-
ment servi à consolider, si ce n'est à établir, cette opinion
qui a le malheur de constituer un anachronisme trop violent.
Saint Félix avait une nièce ; or, comme cet évoque de
Nantes était de grande famille et qu'il relevait encore le
renom de ses ancêtres par son propre mérite, sa nièce était
un bon parti, surtout si le prétendant avait l'ambition de
posséder une grande influence dans le pays. C'était le cas d'un
personnage que Grégoire de Tours nomme Papolène. On
prétend que ce Papolène n'est autre que le fameux Beppolène,
qui possédait à cette époque même un vaste gouvernement
militaire s'étendant de Rennes à Angers, en englobant le pays
nantais et tout ce qu'il pouvait défendre contre les Bretons,
qui ne faisaient encore dans ce temps que pousser périodi-
quement des pointes sur Vannes et même plus loin.
La grande puissance de ce duc n'y fit rien. Il était loin de
jouir d'une réputation sans reproche, il fut refusé. Les
anciennes chroniques d'Anjou mettent Beppolène au nombre
des comtes de cette province, mais sans avoir à s'en féliciter,
bien qu'il gouvernât au nom du débonnaire roi Contran. C'était
un transfuge de la reine Prédégonde ; mais en la quittant il
n'avait pas abandonné ses principes. Quoiqu'il en soit, ce per-
sonnage avait à Angers une grande autorité. Or, Angers
possédait une basilique et des chanoines qui la desservaient.
Cette basilique avait été bâtie du temps du roi Childebert
qui envoya dans ce but, à Angers^ Saint-Germain de Paris.
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS 633
Le nouveau sanctuaire fut placé sous le vocable de Saint-
Germain d'Auxerre, saint Aubin y fut enterré, des miracles
se firent à son tombeau; il s'ensuivit un pèlerinage et peu
après le nom de saint Germain fut presque oublié; son
église prit, de par la multitude, le nom de Saint-Aubin.
Le trait de la nièce de saint Félix se rapporte à Tan 570
environ, c'était le moment de la grande vogue de Saint-
Aubin à Angers, mais il faut avouer que, sa mort ne remon-
tant qu'à vingt ans, il est peu probable que les Nantais se
soient ainsi hâtés de construire une basilique, car le terme y
est, en l'honneur d'un évéque d'Angers ; même dans cette
dernière ville, ce titre n'était qu'une pieuse usurpation sur les
droits de Saint-Germain. 11 arriva donc que Beppolène ne
pouvant avoir régulièrement la nièce de l'évéque de Nantes,
l'enleva. Lors môme que Nantes eut possédé une église
Saint-Aubin, ce qui ne se peut, Beppolène, comte d'Anjou,
eût été par trop naïf d'y déposer sa conquête. Malgré le droit
de refuge, le lieu eût été mal choisi. Saint Félix était maître
absolu des églises de sa ville. Sans en chasser sa nièce ni son
ravisseur et sans les inquiéter plus que l'usage ne le per-
mettait, il pouvait, au seul point de vue des convenances, leur
imposer un régime auquel ils ne s'étaient assurément point
destinés. Beppolène était beaucoup plus libre à Angers où il
n'avait point à compter avec l'immense autorité de l'évoque
de Nantes. Mais ce qui domine tout raisonnement, c'est que
Grégoire de Tours, contemporain de ces faits, dit que la
nièce fut mise en sûreté dans la basilique de St-Aubin qui,
nous venons de le voir, n'existait qu'à Angers. Or c'est ce
dire de l'évéque de Tours qui a déterminé les historiens
nantais à attribuer l'église Saint- Vincent à Saint-Aubin, dans
son origine. Cette erreur, pour celui qui parcourt l'histoire
pour ainsi dire en touriste, avait son côté spécieux, nous
Talions voir.
On peut se demander pourquoi ce vocable de Saint-Aubin
a été attribué à Saint-Vincent plutôt qu'à Sainte-Croix, à
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634 PRIGNY ET LES M0ÛTIEH8
Saint-Saturnin ou autre église de Nantes ? Il est certain qu'en
1135 le pape Innocent II, sur l'appel de Brice, dvôque de
Nantes, cassa la donation faite à Tabbaye de Redon, par
Conan, des églises de Saint-Aubin, Sainte-Croix, Saint-Sa-
turnin et Notre-Dame. Brice alla même à Ronie avec le cha-
pelain Guy, et le Souverain Pontife confirma la propriété de
ces églises à Tévêque de Nantes. Donc, à cette date, il y avait
à Nantes une église dite de Saint-Aubin.
Or, nous venons de voir Saint-Vincent nommé encore sous
ce vocable en 1038 ; cependant on ne peut douter que Téglise
désignée en 1135 sous le nom de Saint-Aubin ne soit Tancien
Saint-Vincent. D'où venait cette nouvelle appellation de cette
même église ? Très probablement de la possession de quelque
relique insigne du saint évêque d'Angers donnée à l'église
Saint- Vincent dans le but de ramener vers elle la dévotion.
Cette église était tombée dans un état désolant ; donnée aux
religieuses de Saint-Cyr par le comte Mathias I", elle était peu
de temps après perdue pour elles, peut-être parce qu'elles
s'étaient contentées de restaurer leur église Saint-Cyr et
Sainte-Julitte, près de laquelle était bâti leur monastère.
C'était pour relever cette paroisse que Conan le Gros et
surtout samôre Ermengarde l'avaient donnée à Marmoutiers.
Quelque temps auparavant, Tévêque Brice avait accompagné
le légat Gérard d'Angoulême avec quelques autres prélats à
la translation des reliques de saint Aubin dans une châsse
plus précieuse. On peut présumer que les évoques assistants
obtinrent quelques fragments de ces reliques avant que Ton
eût scellé le nouveau reliquaire d'argent.
Le corps devait être à peu près entier, car il se trouvait,
jusqu'à ce moment, dans un cercueil de pierre qui devait
être le monument primitif. Brice dut être fortement appuyé
dans sa demande par la pieuse Ermengarde, sœur du comte
d'Anjou. Ce comte était Foulques V qui devint roi de Jéru-
salem ; il était présent à la cérémonie avec son fils Geoffroy
Plantagenet.
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PRIGNY ET LES M0ÛTIER8 635
On était alors à l'an 1128 et lors de la bulle du pape, en
1135, les reliques étaient de fraîche date dans Tancienne
église Saint- Vincent que le peuple se prenait à nommer
Saint-Aubin. Il n*est point étonnant que les Nantais aient en
vénération saint Aubin, né sur leurs confins, si ce n*est point
dans cette partie môme du Nantais que Ton dit avoir jadis
dépendu de Tévôché de Vannes, mais qui au moins fut peuplé
par les Vénètes. La duchesse Ermengarde essaya peut-être
de faire prévaloir le vocable de Saint- Aubin et devant ce désir
les notaires d'alors ne pouvaient que plier ; peut-être quelques
miracles du bon saint vinrenl-ils seconder la noble Ange-
vine ; mais, après elle, comme les moines de l'abbaye de
Tours n'avaient pour saint Aubin qu'un zèle ordinaire, l'an-
cien nom reprit le dessus. Au reste ces moines eux-mêmes,
eussent-ils tenu au vocable de Saint-Aubin, n'y pouvaient que
peu de chose^ car ils ne firent guère que passer dans cette
église.
L'église Saint-Vincent a laissé son nom à une rue actuelle
et à une place de Nantes.
Les religieuses du Ronceray ne se préoccupèrent point de
ces révolutions qui se produisaient à Saint-Vincent, quoique
cette église leur eût été donnée un siècle auparavant ; de
même qu'elles ne semblent pas avoir fait opposition à ce que
Notre-Dame passât à d'autres mains quoiqu'elle leur eût
également été confiée. A plusieurs points de vue, ces bonnes
sœurs avaient raison : c'était bien assez de les voir possé-
dant à Nantes, comme à Angers, un vrai bénéfice paroissial,
à tel point que le recteur de Saint-Cyr et Sainte- Julitte n'était
que le vicaire perpétuel de Madame l'abbesse de Notre-Dame
de la Charité. C'était presque plus fort à Angers où il n'y
avait pas même pour l'église de la Trinité un vicaire perpé-
tuel, mais quatre chapelains de l'abbesse. Il y avait bien une
autre raison dans le dédain des chères sœurs, c'était la
pénurie des ecclésiastiques. Avec un moine on pouvait par-
fois se procurer un prêtre; les religieuses n'étaient pas dans
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633 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
le même cas. Cette église Notre-Dame, que le comte Malhîas
avait accordée aux religieuses de Saint-Cyr eu môme temps
que Saint-Vincent, avait été donnée, peu de temps aupara-
vant, aux moines de Quimperlé par Judith^ épouse d'Alain
Cagnard et sœur de Budic, qui se plaisait à se considérer
comme comtesse de Nantes, parce que son frère était bâtard.
Il est peu probable que Mathias, fils de Budic, ait accepté,
môme un instant, Tintroduction des moines ainsi favorisés
par sa tante, du chef de laquelle le comte de Cornouaille était
son compétiteur.
Le don que le comte de Nantes fit de Notre-Dame aux
sœurs établies à Saint-Cyr fut une protestation contre la dé-
marche de Judith. Ce n*est qu'après la mort de Mathias, sous
Hoël, flls de cette Judith, qu'un prêtre nommé Poitevin, ap-
paraît comme tenancier d'une maison et d'une vigne, près
Notre-Dame, appartenant à l'abbaye de Quimperlé, ce qui
permet de supposer que le comte de Cornouaille, devenu comte
de Nantes, fit prévaloir la donation de sa mère sur celle de
Mathias. Ce prêtre exerçait le service divin à Notre-Dame au
nom de la susdite abbaye.
Les titres de ce temps nous apprennent que les moines de
Redon avaient fini par obtenir cette église du duc Conan;
mais, comme nous venons de le voir, en 1135, l'évoque Brice
la leur fit enlever par le pape Innocent. Les moines de Quim-
perlé, en effet, y exercèrent le saint ministère depuis cette
époque et cependant il n'est pas douteux que ceux de Redon
s'y retrouvèrent plus tard. Travers (I, 383) dit que les
moines de Redon se plaignaient des entreprises des Ducs sur
le fief du prieuré de Notre-Dame de Nantes. Cette installation
des moines de Redon à Notre-Dame tenait à ce que l'abbaye
de Quimperlé avait été aux prises avec Redon sur un autre
point, dans l'île de Belle-Ile, et, pour avoir la paix dans ce
dernier lieu, avait renoncé à son prieuré de Nantes.
Nous avons cru devoir donner ces détails parce que nous
retrouverons plus tard les moines de Redon dans ce quartier
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PRIGNY ET LES MOÛTIEM 037
de Noire-Dame et il était bon de savoir comment ils y étaient
venus.
La sagesse des religieuses du Ronceray, qui les détermina à
se tenir à Técart des conflits au sujet de Notre-Dame, ne dé-
tourna pas les difficultés, môme à l'occasion de saint Cyr ;
mais ces difficultés furent précédées d*un moment de calme
dû à la bienveillance de Mathias. Un des témoins de la charte,
que ce comte avait octroyée à Tabbesse Liburge, se nommait
Jarnogon. Il voulut se mettre au nombre des bienfaiteurs du
prieuré des Bénédictines. Daniel, son père^ avait également
signé l'acte du comte.
C'était Ansgor, femme de Jarnogon, qui avait été Tinspira-
trice de la bonne œuvre de son mari, et le but que la notice
de ces faits met en avant, c'est la restauration de Saint-Cyr.
« Pro monasterio sanctorum . martyrum Cirici et Jullittee
matris ejus restaurando , prope mœnia urbis Nanneticse,
constituto, ac ancillis ibidem Deo servientibus depascendis. »
Cette donation faite « pour la restauration du monastère de
saint Cyr et de sainte Julitte, sa mère, martyrs, établi près
des murs de la ville de Nantes, et pour l'entretien des ser-
vantes de Dieu qui s'y trouvaient », consistait dans la moitié
des moulins et de l'écluse qui étaient sous le monastère
même, dans le cours d'eau nommé Erdade (Erdre), avec la
moitié de la pêche.
• C'était la dot d'une des filles d'Ansgor et du donateur, qui
entrait en religion chez les sœurs du Ronceray. Celte jeune
personne se nommait Eusébie. Elle devint plus tard une des
dignitaires de sa communauté. En 1073, elle est nommée
parmi les religieuses qui élurent Tabbessc Richilde. Elle de-
vint prieure de la belle obédience d'Avenières et enfin celle-
rière à la Maison-Mère sous l'abbesse Tiburge, vers 1104.
L'acte de donation de Jarnogon fut signé par le comte
Mathias, Le Viguier Judicaôl' ; Glavihenne', Dernier et
I Fondateur du prieuré des Moû tiers.
» C'est lui qui donna Chémeré à Saint-Serge.
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638 PRIGNY ET LES MOÛTIBRS .
Daniel. On était alors sous Tévâque Budic» par conséquent,
en 1048 ou 1049 (Marchegay. 424). Nous voyons qu'il se
trouvait alors une écluse et des moulins un peu en aval de
la passerelle actuelle^ devant la préfecture. Le tenancier de
ces moulins se nommait Constant et sa femme Léjarde. Us
se prirent du désir de s'assurer une place dans le cimetière
de Saint-Cyr. Outre cela, Léjarde ambitionnait de prendre
rhabit de religieuse. Coustant ne paraît pas avoir fait de
difficultés quoiqu'il ne fût pas fort âgé, puisque son père
vivait encore.
Pour la dot, le prieuré de Saint-Cyr reçut deux quartiers
de vigne qui appartenaient à Coustant. Dans la suite, nous
aurons la preuve que ces prés se trouvaient au-dessous de
la Motte-Saint- André, en descendant TErdre.
Les meuniers Coustant abandonnaient la jouissance de
leurs moulins; ils travailleront désormais pour le prieuré de
Saint-Cyr; mais aussi ce prieuré est par là-môme leur
ressource, ils en sont les gens (homines). Non-seulement les
moulins, mais une vigne qui se trouvait auprès entraient
dans le domaine des religieuses.
Ces braves gens n'avaient pas d'héritiers directs, et ils
s'assuraient une heureuse vieillesse. Léjarde fut bénite par
le prêtre Aubin, alors curé de Saint-Cyr, et dans son
église môme. Constant, heureux de cet arrangement, voulut
faire le voyage d'Angers, il y fut bien reçu. Il fut introduit
au chapitre de l'abbaye, car les religieuses du Ronceray
bien qu'elles aient toujours été remarquables par leur régu-
larité^ n'étaient pas cloîtrées. Là, sur l'autel môme, le do-
nateur ratifia les dispositions que nous venons de faire con-
naître. Le prôtre Aubin qui l'avait accompagné fut témoin
avec Tarchidiacre Guillerme ; Robelin Mazon, Odelin Mazon,
Durand, et plusieurs autres (Ronc. II, 96, Ed. March. 426).
Cette famille Coustant a laissé très longtemps son nom aux
moulins de l'Erdre, en amont du Port-Communeau. Nous la
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] PRIGNY ET LES MOÛTIERS 639
retrouvons sous le comte Hoël, époux d'Adoïs (fils d'Alain
Gagnard).
Les choses étaient alors bien changées pour les sœurs de
Saint-Gyr. Hoël tenait de sa mère une grande animosité
contre tout ce qu'avaient favorisé Budic et Mathias ; aussi
les Constant ne traitent plus avec le Ronceray, mais avec
labbaye de Redon, ce qui prouve que ce fut après 1055, car,
jusqu'à cette date, les moines de Redon n'acceptèrent point
Hoël deCornouaille comme comte de Nantes (V. suprà ch. vi).
Il est probable que le Constant de cette nouvelle transac-
tion était le frère du précédent, tenant sans doute une égale
valeur en moulins et peut-être en terres, sa femme se nom-
mait Jédéar. D'accord, ils donnent leur part des moulins de
l'Erdre et celle du droit de pèche qu'ils possédaient sur les
poissons sortant des moulins.
Ils y ajoutent leur part d'un four, leur part aussi de vignes
et de prés, enfin de toutes leurs possessions. Le comte Hoël,
son épouse Haduis (la même qu'Adoïs ci-dessus), Alain,
Mathias et Eudes, leurs fils, furent témoins. Le moine Justin
reçut cette donation. Les autres témoins furent Ivan, clerc ;
Inisan, fils d'Hurvoide ; Albalt, fils de Mérian ; Urvoide, flls
de Roallon ; Escomar, flls de Rodalde ; Guerrif , prêtre ; Gra-
delon et Bili, flls de^ Gerlon ; Normant, flls de Froger ; Nor-
mant, hôte d'inisan ; Rafrid ; Durand et son flls Judicaël ;
Dernier et Gislene, voisins de Constant ; Clarice, sœur du
môme Constant, et Dernier. (Redon, ch. 333).
Ainsi l'abbaye de Redon recevait une partie des moulins
Cousfant. Nous verrons qu'elle était différente de celle donnée
au Ronceray, car cette abbaye conserva jusqu'aux derniers
siècles des droits sur quelques uns des moulins Constant. Ce
voisinage ne pouvait manquer d'amener des conflits et des
procès. Mais remercions tous ces procès, sans eux l'histoire
locale serait impossible. Nous pensons que la portion des
moulins Constant appartenant à Redon était au-dessous du
pont Morand actuel, tandis que les moulins du Ronceray
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640 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
étaient au-dessus, mais tous sur la rive gauche. Ce qui noua
fait penser ainsi, c'est que, près de ces moulins, il y avait
des vignes qui furent données à Redon et que nous savons,
comme nous le dirons plus loin, que le cellier des moines de
Redon se trouvait où Ton pouvait encore voir il y a quelques
mois Téglise Saint-Léonard, au point de jonction de la rue
Garde-Dieu et de la rue Saint-Léonard.
CHAPITRE XIII.
Hême sujet depuis Ahtin Fergent.
Nous venons de nommer les fils d^Hoël de Cornouaille.
L*aîné, connu sous le nom de Fergent, hérita du titre de duc
et s'en alla résider à Rennes. Mathias, son frère, reçut le
comté de Nantes. Alain avait épousé Constance, fille de Guil-
laume le Conquérant. Lorsqu'elle mourut, en 1070, il se re-
maria avec Ermengarde, fille de Foulques IV d'Anjou, que le
duc Guillaume d'Aquitaine venait de répudier. Mathias II,
qui tint le comté de Nantes de 1084 à 11(34, fut pour le clergé
un persécuteur. Sous lui les principales églises de Nantes
étaient données à des prêtres indignes, au mépris de tous les
droits acquis. Cet état de choses peut nous surprendre
puisque nous avons signalé le zèle de l'évéque Quiriac ; mais
sans doute le prélat avait plus d'action dans la campagne que
dans la ville, sous les yeux du comte.
Saint-Cyr était une des églises les plus maltraitées sous ce
rapport. Elle avait été enlevée aux religieuses de la Charité
d'Angers, déjà privées de Notre-Dame et de Saint-Vincent.
Cet état déplorable dura jusqu'après Alain Fergent, qui avait
succédé, à Nantes, à son frère Mathias. mort sans enfants.
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS 6il
Alain était un homme d'une foi vive ; il se retira en 1112 à
Tabbaye de Redon ; c'est assez dire 'que cette abbaye fut en
vogue de son temps. Conan, son fils aîné, avait alors seize
ans ; il est connu sous le nom de Conan le Gros et tint le
duché de Bretagne et le comté de Nantes jusqu'en 1148. Pen-
dant ce temps, le siège épiscopal avait été occupé à Nantes,
après Qui riac, par son frère Benoît jusqu'en 1111; puis par
Robert, précédemment archidiacre de Nantes, frère d'Alain
et de Mathias et neveu de Benoît. Robert fat, l'année sui-
vante, transféré à Quimper ; ce qui signifie assez que cette
famille tout à îa.\t bretomiante à' AlB.in Cagnart s'implantait
difficilement à Nantes qui conservait de plus en plus ses
attaches, non pas françaises, mais gauloises, comme l'Anjou
et le Poitou. Môme à cette époque on est forcé de reconnaître
qu'il avait existé une sorte d'état armoricain.- comme une
confédération spontanée due à la similitude de la situation,
au mutuel abandon dans lequel ce pays s'était trouvé, sous les
derniers empereurs romains, sous les rois Francs et du temps
des Normands. Dans la pointe de la presqu'île, les Bretons
attaquèrent cette fédération inavouée, mais ils n'entamèrent
que très peu, et comme à la dérobée, le midi de la presqu'île.
Le successeur de Robert fut Brice, dont nous avons déjà
parlé. Il tint le siège de Nantes jusqu'en 1141. Ce fut de son
temps que les religieuses du Ronceray obtinrent enfin
quelque dédommagement de leurs importantes pertes. Quand
nous appelons pertes importantes celles de bénéfices ecclé-
siastiques, nous nous plaçons au point de vue de cette époque,
car il nous semble peu regrettable que des paroisses aient
échappé au patronage, môme des bonnes sœurs, pour relever
directement de l'ordinaire du lieu. Aux onzième et douzième
siècles, il pouvait quelquefois en être autrement, et le fait de
saint Cyr le prouve. Le patronage du Ronceray valait mieux
que celui de l'évoque qui n'était que fictif. JNous allons donner
une charte de Conan III qui nous fera connaître la situation
du prieuré de Saint-Cyr avant ce document.
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6i2 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
« Moi, Conan, duc des Bretons, et ma mère, la comtesse
Ermengarde; nous avons ordonné de consigner par écrit,
comment et dans quel temps nous avons restitué, comme la
justice Texigeait, et donné de nouveau la chapellenie du mo-
nastère de Saint-Cyr et Sainte-Julitte, sa mère, à Uldeburge
(Hildeburge), vénérable abbesse de Notre-Dame de la Charité
d'Angers, et aux religieuses de ce lieu. »
Le comte Budic et son épouse, la comtesse Adoïs, avaient
construit ce monastère sur leur propre terre, l'avaient
enrichi de leurs revenus et Tavaient, d'accord en cela avec
leur fils Mathias, donné pour l'entretien des sœurs; mais
comme, l'impiété croissant, la charité se refroidit chez un
grand nombre; plusieurs de mes prédécesseurs permirent
que la susdite chapellenie fut administrée d'une façon désas-
treuse. Ils l'avaient donnée en hommage* à des prêtres
mariés avec l'hérédité pour leurs enfants'.
Lorsque Léon, Tun d'eux, fut mort, l'héritier de cette suc-
cession sacerdotale, effrayé par la crainte de la mort, s'en
dessaisit. Moi-môme, réfléchissant au péril de mon âme et
reconnaissant le droit déjà aucien des religieuses ; en vue
du salut de mon âme et de celles de mon père Alain, de ma
mère Ermengarde et de mes autres àncôires et aussi de mes
successeurs, je leur ai rendu ladite chapellenie, de sorte
qu'elles aient la liberté d'en choisir le prêtre et de le pré-
senter à l'évoque. Si quelqu'un, par une inspiration diabo-
lique, osait violer ces conventions, que Dieu l'efface du livre
de vie et que ses efforts restent sans effet.
Fait à Nantes, aux Ides de mars (15 mars) Tan de l'Incar-
nation du Seigneur, 1128, sous Louis, roi des Français, Conan,
fils du comte' Conan, comte des Nantais; Brice, leurévêque.
* Comme un fief ordinaire.
■ C*e8t à cette époque que Robert d'Arbrissel s'élevait avec tant de force
en Bretagne contre ce désordre, ce qui lui occasionnait des désagréments
de toutes sortes.
s Erreur évidente, même diaprés cette charte où il dit que Conan était fils
d'Alain et d*£rmeDgarde.
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PRIGNY ET LES M'OÛTIERS 643
En présence et à la vue de : Ildebert, archevêque de Tours ;
Ulger, évoque d'Angers; Hamelin, évoque de Rennes ; Galon,
évoque de Léon ; Guy, évoque du Mans ; Conan et sa mère
Ermengarde ratifiant. — Pour les clercs : Auverede, archi-
diacre de Tours ; Geoffroy d'Angrie (de Ingreia), doyen de
Saint-Maurice d'Angers ; Guibert, chanoine du môme Saint-
Maurice; Pierre Abélard, abbé de Saint-Gildas ; Raoul,
sacriste de Notre-Dame de la Charité. « (Ronc. VI, 20. Ed.
Marchegay, 423).
On voit, par ce grand nombre d'évêques qui sont présents,
en même temps que le fameux Pierre Abélard, que Ton pro-
fita, pour ce ï*ésultat, d'un concile de Nantes, et cela fixe la
date de ce concile, que Ton trouve assigné à Tan 1127 quand
il fut tenu en 1129, car les Ides de mars 1128 de ce temps
correspondent à Tan 1129. Dans cette assemblée, pour
remédier au mal signalé par cette charte, on défendit d'élever
au sacerdoce les enfants des prêtres, à moins qu'ils n'eussent
été auparavant chanoines réguliers ; et afin d'ôter toute idée
de succession aux bénéfices et dignités ecclésiastiques, les
Pères du Cioncile ajoutèrent que les sujets déjà ordonnés ne
seraient point aptes à servir dans les églises qui auraient été
desservies par leurs pères. Le pape Honorius II confirma
ces décrets*.
Le prieuré de Saint-Cyr avait continué d'exister, mais il
avait été frustré du droit de patronage dans sa chapelle et
c'est ce droit que lui rendait le duc Gonan.
A cette époque, la prieure se nommait Adélaïde, comme
on le voit par la charte 426 du cartulaire Marchegay. Un
certain Jean Petit avait acheté un clos de vigne {curtillum
vineœ) des sœurs de la Charité. Ce clos s'étendait depuis
^ * Ce fut aussi dans ce concile que Ton supprima un usage Traiment
barbare. Lorsqu'un mari ou une femme était mort, on confisquait au profit
du prince tous les meubles du défunt. Les épaves des naufrages avaient le
môme sort. On défendit cet abus sous peine d'excommunication, du con-
sentement de Ck)nan, — Sans doute, sa religieuse mère contribua beaucoup
à ce désistement d*ttn droit détestable.
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ou PRIGNY ET LES MOÛTIERS
la maison de Guérin, fils d'Aufred, jusqu'à TErdre. La mai-
son du viguier Blandin s'y trouvait comprise.
La vente fut opérée par Tabbesse Hildeburge et ses reli-
gieuses (1125-1136). Jean Petit versa de suite cinquante sous,
puis il s'engagea à payer en plus une rente annuelle de
douze deniers, à la fête de saint Gyr et sainte Julitte. L'ac-
quéreur devait être soumis à la corvée alors nommée tienne
(bidennum) et à la façon du foin; en outre à fournir une
journée de vendangeur. S'il s'avisait de revendre cette vigne,
les sœurs devaient avoir la préférence ; entons cas il était
strictement défendu de l'aliénera quelqu'autre congrégation*
Chaque dame présente avec l'abbesse reçut de Jean, pour
son consentement, autant de deniers qu'il lui plut d'en donner.
Voici les noms de ces dames : Hisilie, alors cellerière ; Adé-
laïde, prieure dé Saint-Cyp, Plaisance, Vigolende, et Agnès
fille de Gautier. Ces quatre dernières étaient probablement^;
en fait de dames de chœur, le personnel du monastère de
Saint-Cyr.
Au nombre des témoins, on cite plusieurs clercs de l'ab-
besse : le sacriste Raoul ; maître Guibert ; Hugues, alors
chapelain de'Saint-Laurent\ En outre plusieurs des clients
(vassaux) de celte abbesse, comme Guérin de Loudun et
Boselin ; puis quelques Nantais, entr'autres Lambert, fils de
Josbert, Aistoin, etc. . .
Jjorsque Jean fut près de mourir, il disposa, en faveur de
sa femme Angor, d'une partie de l'enclos et d'une maison
qu'il y avait bâtie. Une autre portion fut donnée à ses fils
Pctrule et Rainier, qui, après le décès de leur père, vinrent
demander le consentement de l'abbesse, aux mômes con-
ditions que Jean.
Plusieurs religieuses furent présentes à celte investiture.
Béatrix, sœur de l'abbesse, Adélaïde^ Haïe (odio habila)v
' Ce qui prouve que Téglise Saint-Laurent d'Angers, qui appartenait au
Ronceraj, a été livrée au culte, contre Topinion de ceux qui croient qu'elle
n'a jamais été achevée. -
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS Gi5
Pétronille, Marie, Auburge, Hugues, alors archippôtre, fut
aussi témoin avec Ruaud, Robert de Juigné, Philippe et
Renoulf.
Ici finissent les documents fournis par le cartulaire du
Ronceray. Nous retrouverons plus lard des documents qui
nous viendront de cette abbaye, mais ils n*appartiennent
point aux six rôles de ce beau cartulaire. Ils sont pris dans
les registres envoyés d'Angers aux Archives de Nantes et
compris sous le titre Ronceray. Malheureusement, ces re-
gistres commencent à peine à l'époque de l'union de Saint-
Gyr de Nantes avec lé bourg des Moûtîers, union dont nous
allons avoir à nous occuper après que nous aurons exposé
les événements qui occasionnèrent, selon nous, ce change-
ment. Pour les comprendre, il faut que nous jetions un coup-
d'œil sur les faits politiques de la province.
Le duc Conan III mourait en 1148. Effrayé, peut-être, du
peu de capacité de son fils Hoôl, il ne craignit pas de ternir
son épouse Malhilde en reniant son fils. Il légua donc à sa
fille Berthe ses droits sur le duché de Bretagne. Cette prin-
cesse avait épousé Alain le Noir, fils d*Ebienne, comte de
Penthièvre. Alain possédait en Angleterre le comté de Riche-
mont et laissa veuve Berthe qui se remaria avec Eudes de
Porhoôt. Malgré les efforts de Conan, Hoôl avait été reconnu
à Nantes et à Quimper. mais battu par Eudes en 1154, il fut
chassé par les Nantais qui se donnèrent à Geoffroy d'Anjou,
frère du roi d'Angleterre Henri IL En 1156, survenait une
nouvelle complication. Alain le Noir avait eu de Berthe un
fils nommé Conan, qui, lui aussi se posa en prétendant. Heu-
reusement Hoôl disparut. Geoffroy, de son côté, mourut
en 1158. Eudes réussit à battre Conan qui s'enfuit en Angle-
terre d'où il revint avec quelques troupes que lui fournit
Henri. Eudes est fait prisonnier, s'échappe, vient à la cour
de France qui ne le protégeait probablement que parce que
le roi d'Angleterre soutenait son compétiteur. Pendant ce
temps, Conan IV, fils d'Alain le Noir, était proclamé en
T. VI. — NOTICES. — Vl* ANNÉE, 6» UV. 42
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640 PRIGNY ET LES MOÛTIERS
Bretagne, mais les barons de ce pays se liguaient contre lui.
Henri II amena une armée qui défit les confédérés, mais
Conan n'y gagna rien, car Henri se posa lui-môme en pré-
tendant du Dhef de son frère Geoffroy. Conan est obligé de
lui faire cession du comté de Nantes et de celui de Richemont.
A peine Henri a-t-il quitté la Bretagne que reparaît Eudes
qui prend Vannes et la Cornouaille. Le duc de Bretagne est
réduit au pays de Rennes, ayant en plus, comme complica-
tion, la malveillance du roi de France qui était pour Eudes.
Fatigué de la lutte, Conan se jette de nouveau dans les bras
du roi d'Angleterre. Eudes est chassé, Constance, fille de
Conan, âgée de cinq ans, est fiancée à Geoffroy, fils d'Henri II,
et quelque temps après le duc de Bretagne consentait à se
réduire au comté de Guingamp. La Bretagne passait aux
Anglais. Il est vrai que TAngleterre venait de passer deux
fois aux Français, d'abord par la conquête de Guillaume le
Conquérant, ensuite par celle d'Henri, comte d'Anjou, qui
n'est autre qu'Henri II dont nous parlons.
Raoul de Fougères, qui descendait des anciennes races du
pays, par Juhel Bérenger, fut seul à protester, ce qui valut à
sa ville d'être rasée. Cela ne l'empêcha pas de lutter glorieu-
sement, mais il était }rop faible.
Après une guerre de plus de dix années, Geoffroy, fils
d'Henri II Piantagenet, fut couronné à Rennes l'an 1169. Il
n'était pas encore marié à Constance et ne le fut qu'en 1182,
à rage de 19 ans. Les Bretons aimèrent en elle le vieux sang
de leurs ducs, mais il fallait cela pour leur faire supporter
Geoffroy, arrivant de cette Angleterre pour laquelle, jusque-là,
ils avaient eu un faible , mais qu'ils se prirent depuis ce
temps à détester d'autant mieux, qu'ils avaient été plus
longtemps trompés par sa perfidie. Il se rencontrait toutefois
que leur jeune duc Geoffroy, quoique fils du roi d'Angle-
terre, se rappelait plutôt son origine française que sa natu-
ralisation anglaise et ne supportait qu'en maugréant le joug
de la marâtre. C'est lui qui fut le père de cet Arthur de Bre-
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PRIGNY ET LES MOÛTIERS 647
tagne sur lequel se concentra Tallection des Angevins et des'
Bretonsl Geoffroy mourut en 1188 à la cour de France et la
Bretagne continua de subir la prédominance anglaise j usqu'au
moment où le roi Philippe-Auguste cita Jean-sans-Tcrre à sa
barre, en 1203, comme meurtrier du jeune Arthur. Jean,
tout roi d'Angleterre qu'il était, fut condamné à mort
et sfs possessions françaises confisquées. Le premier
point était laissé à la vengeance divine, quant au second
le roi de France était, cette fois, de taille à le faire exé-
cuter. Guy de Thouars, avec lequel Constance s'était re-
mariée, se faisait appeler lantôt comte, tantôt duc de Bretagne,
comme tuteur de sa fille Alix qu'il avait eue de la duchesse
Constance. Lorsque Constance fut morte, Guy de Thouars
eut la bassesse de vouloir traiter avec le roi d'Angleterre,
l'assassin du fils de sa femme ; mais il n'en eut pas Is temps^
Philippe arrivait à Nantes. Le sire de Thouars n'avait point
compté sur ^etle rapidité, il dut changer de batterie et faire
les honneurs de sa bonne ville au roi de France qui lui laissa
le titre de gouverneur de sa fille Alix, que le monarque
nommait, sous sa suz3raineté, duchesse de Bretagne, sans
tenir compte d'Eléonore, fille atnée de Constance, née de
Geoffroy. Celte circonstance pouvait plus tard créer des com-
pétitions, mais Eléonore mourut jeune, comme une personne
encombrante, faible au milieu de personnages puissants.
Alix épousn, en 1212, Pierre de Dreux, du sang royal de
Fraace, connu sous le nom de Pierre Mauclerc. Nous
verrons que ce personnage joua un grand rôle dans les*
destinées de 1 église Sainl-Cyr et, par contre coup, du prieuré
de Notre-Dame des Moûtiers.
Pendant l'intervalle de temps que nous venons de par-
courir, si ces luttes épuisèrent la Bretagn3, le prieuré de
Saint-Cyr ne put que recevoir sa part des malheurs publics
dont les seigneurs ne profilaient que trop pour exiger des
religieux les secours dont ils avaient si grand besoin pour
soutenir leurs intermin?,b!es querelles.
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648 PRIGNY ET LES MOÛTIEHS
Celte fois la paix fut encore plus funeste que la guerre
pour les sœurs de Saint-Cyr. La ville de Nantes avait joué
un rôle peu prépondérant dans les derniers événements. Le
mauvais état de ses fortifications y fut-il pour quelque chose?
Nous rignorons ; toujours est-il que Guy de Thouars, peut-
être à rinstigation du roi de France, résolut d'augmenter les
moyens de défense de leurs ouvrages avancés et commença
du côté des dépendances du chapitre, qui se trouvaient dans
le quartier où s'élève aujourd'hui le château. Cela regar-
dait peu les bonnes sœurs, mais Guy supprima deux
portes donnant sortie dans la partie de la muraille qui
longeait les terrains devenus les cours Saint-Pierre et Saint-
André, et les remplaça par l'unique porte Saint-Pierre. L'une
des portes disparues était la porte du Trépied qui faisait com-
muniquer Saint-Cyr avec la ville. C'était un premier boule-
versement,mais ce ne fut pas le plus grand.
Arriva Pierre de Dreux qui semble s'être proposé un autre
but que son prédécesseur. Ce n'était plus au nom des intérêts
français qu'il agissait. Tout prince du sang qu'il était, dans
ses relations extérieures, il n'était préoccupé que de son am-
bition privée. En Bretagne, on pouvait le trouver trop peu
breton, mais à la Cour de France on le trouva bientôt trop
peu français. Ce qui paraît certain, c'est qu'il comprit l'im-
portance que pouvait avoir Nantes et qu'il résolut d'en faire
une ville qui ne serait plus à la merci du premier qui se pré-
senterait devant son enceinte. Au reste, ses façons d'agfr ont
prouvé qu'il n'était pas le moins ardent des grands vassaux
de la couronne pour viser à secouer le joug royal.
Avant tout, Pierre Mauclerc voulait mettre Nantes en état
de soutenir un siège et dès lors il se donna tout entier au re-
nouvellement des fortifications que Guy de Thouars avait
seulement ébauché. C'est de son temps que datait l'enceinte
de murailles qui a subsisté jusqu'au siècle dernier. Elle
avait sans doute subi des augmentations à différentes
époques, mais son circuit resta sensiblement le même, si
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PRIONY ET LES MOÛTIERS
Ton en excepte le bastion plus tard construit dans le quartier
de Sainl-Similien par Mercœup. Pour exécuter ce grand
travail, le duc s'y prit violemment afin de briser les résis-
tances des particuliers ou des établissements qu'il devait
sacrifier ou endommager.
Nous n'entreprendrons pas de raconter les protestations
des parties lésées, les excommunications fulminées par l'or-
dinaire et môme par la Cour de Rome, ni les emprisonne-
ments et autres rigueurs par lesquelles le duc répondit, sans
compter^les avances qu'il avait prises dans ce mAme sens.
Cependant nous ne pouvons taire que l'église Saint-Cyr et
Sainte-Julitte fut abattue par suite dos exigences du nouveau
plan des remparts.
CA suivre).
Abbé Allard.
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1^^^^
^
i^M
Hj
LES GRANDS ÉCUYERS HÉRÉDITAIRES
DE BlRETAGNE*
-csSJSs^
Quoiqu'il en soit, ces deux mariages unirent trois
familles dont lès noms se trouvent à chaque page
de notife histoire des quatorzième, quinzième et
seizième siècles.
Le nom de Blossac, écrit originairement Beloçzac, apparaît
pour la première fois lors de la guerre de la succession. Jean
de Blossac servait sous la bannière de Charles de Blois, de
même que Thibaud, chevalier^ demeurant paroisse deNoyal-
sur-Sciche, qui jura le traité de Guérande, en 1365, et fut ap-
pelé comme témoin dans l'enquête de canonisation de Charles
de Blois. Dix ans plus tard, René et Balthazar de Blossac
signent la paix avec la France (1381). — En 1406, René de
Blossac (le même que ci-dessus ou son héritier de même
nom) est capitaine de Rennes. En 1419, le duc Jean V retient
« Voir la précédente livraison.
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LES GRANDS ÉGUYERS HÉRÉDITAIRES 651
a Olivier de Beloczac pour chevaucher avec lui. » Enfin on
1427, Jean, seigneur de Blossac, signait le traité de Troyes.
Il est permis de croire que Blossac avait alors le titre de
bannière ; du moins ne voyons-nous pas le seigneur de Blos-
sac créé banneret postérieurement; et cependant, eu 1462,
il est appelé en cette qualité aux Etats de Vannes.
C'est, comme nous Tavons dit, Théritiôre de Jean de Blossac
qui porta la seigneurie de Blossac dans la maison de Mont-
bourcher.
La notoriété de la maison de Blossac (^tait de fraîche date
auprès de Tillustration des Montbourcher.
Le nom de Montbourcher se trouve dès le onzième siècle.
Il désignait une terre dont le duc Geffroy donna la dîme à
Tabbaye Saint-Georges de Rennes, quand sa fille y prit le
voile. Un siècle plus tard, Simon de Montbourcher était té-
moin d'une donation du duc Conan en 1163.
En 1233, Guillaume de Montboucher était chargé avec
Normand de Québriac de tirer vengeance de Tévêque de
Dol resté fidèle au roî contre Pierre Mauclerc*.
En 1271, Geoffroy de Montbourcher partait pour la croi-
sade avec Jean Le Roux.
Pendant les guerres de la succession Jehan, Guillaume,
Auffroy, Louis servaient sous Charles de Blôis.- Guillaume
faisait partie de Tambassade qui allait en Angleterre en 1352,
réclamer la mise en liberté de Charles ; Auffroy est nommé
dans l'Enquête de canonisation'.
Après la fuite de Jean IV en Angleterre, et quand le roi de
* II a été entandu deux fols : Sur la vie et sur les miracles de Charles.
(LoBiNEAU, Pr, col. 552 et 567).
* LoBiNEAU, Hist. 232 et Pr. col. .'88.
s LoBiNBAU, Pr, col. 558 (XXV» témoin). C*est Au ffr^jT qui, pendant que
Charges de Blois faisait dire la messe en pleine campagnâ^ni dit : « Seigneur,
rennôxni est proche, tous êtes en telle position qu*il pourrait tous prendre, »
et qui obtint cette réponse : « Monsieur Auffroy, nous aurons toujours des
Tilles et des châteaux ; et s'ils sont pris, nous les reprendrons avec Taide de
Dieu ; mais, si nous manquons d'ent3udre une messe, roccasion en sera
perdue k jamais. »
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652 LES GRANDS ECU YERS HÉRÉDITAIRES
France s'empare de la Bretagne sous prétexte qu'elle est
sans maître; Alain, Bertrand et Simon de Montbourcher
sont an nombre des seigneurs qui rappellent le duc (1379).
En 1388, le duc Jean IV avait accepté le roi pour arbitre
entre lui et Clisson.Puis,chang6antd'avis^cette espèce de fou*,
semble disposé à se soustraire à l'arbitrage, risquant d'at-
tirer sur lui une armée française, au moment môme où une
flotte anglaise ravage les côtes de Bretagne. Il faut lire dans
d'Argentré les observations qu'osa faire le sire de Mont-
bourcher, et qui heureusement furent écoutées par le duc*.
Dix ans plus tard, nous trouvons deux frères, Alain et
Simon,tous deux chevaliers, et successivement seigneurs du
Bordage'. Tous deux s'engagent à garder Saint-Brieuc au duc*.
En 1404, Simon faisait, comme nous l'avons vu, partie de la
maison du duc, en qualité d'écuyer, mais au môme litre que
Alain Lescoff.
Enfin, son fils Bertrand, seigneur du Bordage, était de la
garde du duc en 1419 ; il figure comme chambellan en 1428 ;
et il était capitaine de Saint-Aubin du Cormier en 1434.
De son mariage avec l'héritière de Blossac, ce vaillant
homme ne laissa pas de fils, et sa fllle Jeanne, dame de Blossac
et Brécé, donna sa main et porta ses seigneuries à Thomas
de Québriac,
Les Québriac ne le cédaient ni en ancienneté, ni en illus-
tration aux Montbourcher.
Nous voyons des Québriac témoins de fondations pieuses
* Daru, II, 137.
* D'Arointré, liv. X Ch. V. Lobineau, p. 466.
* Alain et Simon descendaient au 3* degré de Renaud ou Raoul, fils cadet
de Geoffroy ; Raoul fut garde des sceaux du duc et fonda la branche des
J93igneurs du Bordage.
* LociNEAU Pr. col. 6S9 a imprimé ce curieux serment par deyant
notaire. Il s'agit d*une ville ouverte. Quelles étaient donc les obligation*
imposées au capitaine d*une place forte comme Nantes, Rennes, Brest,
Vannes on Dinan ?
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DE BRETAGNE 653
dès les premières années du douzième siècle. Moins d'un
siècle après, ils sont parvenus aux honneurs.
Un Québriac a, le premier, porté en Bretagne le titre de
maréchal; en même temps il est sénéchal*. C'est Normand
de Québriac, que Pierre Mauclerc charge d'assurer sa ven-
geance sur révoque de Dol. Assisté de Guillaume de Mont-
bourcher, il s'acquitte de sa mission avec une fureur bar-
bare : il met à sac le manoir épiscopal et le couvent de Vieuxvy
dont il rançonne les moines ; et, en pleine paix, il empri-
sonne des français qu'il oblige à racheter leur liberté.
Ses descendants feront plus noble usage de leur épée. De
proche en proche, nous les trouvons chevaliers, écuyers,
hommes d'armes auprès des ducs. Ainsi Thomas de Québriac,
chevalier, est à la cour ducale en 1311, il est témoin de la
délivrance que fait le duc Jean III des biens donnés par son
père aux enfants de son second mariage, entr'autres Jean de
Montfort.
Lorsque celui-ci, après avoir accepté le jugement du roi,
proteste par les armes contre Tarrêt de Conflans, les Québriac
se rangent-ils sous la bannière de Charles de- Blois, et,
quoi qu'on dise aujourd'hui,du vieux droit breton? Auraient-
ils pu d'ailleurs combattre pour Montfort'? •
En ce dernier cas, ils se seraient donné comme un démenti
à eux-mêmes. Ils avaient à l'avnnce fourni un argument à
Jeanne de Penthièvre. Trois frères Québriac vivaient en-
semble au treizième ou quatorzième siècle, Alain, Gilles et
Jean. Gilles mourut laissant des enfants; Alain mourut
après lui sans enfants, et les enfants de Gilles recueillirent
rhéritage par représentation de leur père et à l'exclusion de
leur oncle Jean. Cet exemple était invoqué avec plusieurs
autres par Charles de Blois. Plût à Dieu que Tambitieux
« LoBiNEAU. Pr. .col. 388, appeUe rattenlion sur le double titre de Nor-
mand de Québriac.
* LoBiNBAU ne les nomme pas parmi les tenants de Charles de Blois ; mais
son énumération est loin d'être complète.
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054 LES GRANDS ÉGUYERS HÉRÉDITAIHES
Monlforl eût été aussi sage que Jean de Québriac ! Que de
ruines et de carnages il eût épargnés à noire malheureux
pays !
La paix faite, après vingt années de guerre, les Québriac
servirent loyalement le duc Jean IV, comme ils avaient servi
ses ancêtres. On peut même le dire : ils poussèrent trop loin
la fidélité. En 1370, Jean IV, qui ne sait rien refuser aux
Anglais, leur livre passage pour aller enPoitou : puis il s'effraie
de cette audacieuse maladresse, et cherche des appuis contre
la résistance des Bretons qu'il prévoit trop tard. Six Québriac
s'engagent envers le duc ; mais ils n'empêcheront pas les
seigneurs bretons de tenir, quelques années plus tard, la
parole qu'ils onit donnée au duc par la bouche de Glisson :
« Si vous prenez parti pour le roi d'Angleterre, nous vous
mettrons hors de Bretagne (1373). »
D'autres Québriac suivent du Guesclin dans toutes ses
guerres depuis 1359 ; et nous les retrouvons auprès de lui
jusqu'à la veille de sa mort (1380).
La paix faite avec la France, les Québriac se retrou-
vent auprès du duc en 1434 ; et ils servent sous le comte de
Richemont, en 1428
La famille est nombreuse, et dix Québriac prêtent serment
au duc François II dans les évêchés de Saint-Brieuc, Dol et
Saint-Malo (1487). Parmi eux est Thomas, que la duchesse
Anne donnera en otage des engagements onéreux qu'elle
prendra (en 1489) envers le roi d'Angleterre.
Ce prénom de Thomas que nous avons écrit plusieurs fois
et que nous écrirons encore, nous allons le voir passer de
génération en génération dans la maison de Québriac".
< Un ThoJias de Québriac est nommé comma chevalier en 1306 : il est té-
moin djs dispositions prises par Jean, fils aîné d*Ârthar lU, en faveur des
enfants du second mariage de son père. 1310. Nous trouvons en 1391 an autre
Thomas de Québriac. Le mari de Jeanne dd Montbonrcher avait pour père
Thomas : il hérite de ce nom et le transmet à son fils et au fils de celui-ci,
tour à tour seigneurs de Québriac, Blossac et Brécé, et grands écujers.
Quand ce dernier mariera sa fille, béritièra de Québriac, le premier enfant
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DE DTIETACXE 655
VI
Le premier Québriac quî ait eu le litre de grand écuyer,
Thomas, élait nis de Thomas et de Marie de Parthenay. Il
ne semble pas qu'il fût déjà seigneur de Québriacen 1433,
lorsqu'il figure au nombre des officiers du duc qui reçoivent
t'es étrennes*.
On peut admettre que c'est ce même Thomas qui remplit
l'office de grand écuyer en 1451, 1455 et 1462; maia les faits
suivants se rapportent-ils au même ou à son fils de même
prénom?...
En 1488, Thomas, sire de Québriac, était un des trente
gentilshommes que le maréchal de Rieux avait laissés à la
garde de Dinan sous le commandement d'Amaury de la
né du mariage ]>ortera le nom de Thomas ; trente ans plus tard, cet en-
fant devenant père à son tour imposera à Tun de ses fils le nom de (Thomas,
et quand celui-ci mourra en bas-âge, un frère né après sa mort reprendra
ce nom.
Les Québriac avaient à saint Thomas une dévotion particulière, qui passa
comme un héritage avec la seigneurie. Il y avait dans le fossé du château
de Québriac une chapelle dédiée à saint Thomas. Le petit-fils du dernier
Thomas de Québriac, Thomas de Guémadeuc avait endommagé la chapelle
en augmentant les fortifications : et, en mourant, il recommanda par son
testament d'élever une chapelle à la place de Tancienne. U n*en reste aucune
trace. v
Pour le dire en passant, cette perpétuité des prénoms n*est pas une mince
difficulté pour les généalogistes. Elle était à la mode, du XII* au XVI« siècles.
De 1418 â 15S8,j*ai compté sept Rolland de Lezongar, successeurs Vnn de
Tautre à Pratanras (Penhars) ; de 1300 à 1500, je trouve huit Rolland de
suite dans les seigneurs de Ouémadeuc (Pléneui). Dans la maison du Juch de
Pratanrouz (Penhars), pendant un siècle et demi tous se nomment alterna-
tivement Hervé et Henri. Dans la maison de Nevei, le prénom de Hervé est
aussi très habitael.
t Du moins le titre de Sire de Québriac ne lui est-il pas donné. Lobxnbàu,
Pr. Col. 103^.
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656 LES GRANDS ÉGUYER3 HÉRÉDITAIRES
Moussaye. Au lendemain de la bataille de Saint-Aubin, la
ville est sommée par le vicomte de Rohan. -Que pouvait-elle
contre l'armée du roi victorieuse? Elle se rend bagues
sauves. Thomas de Québriac redevenu libre reste fidèle à la
duchesse ; et, Tannée suivante, il est un des gentilshommes
que la duchesse doit remettre au roi d'Angleterre comme ga-
rants des promesses qu'elle lui a faites pour obtenir son
secours.
Il y a toute apparence que ces faits se rapportent non à
Thomas marié avant 1451, puisqu'il remplit cette année
l'office de grand écuyer du chef de sa femme , mais à son fils
de même nom.
Est-ce ce fils, otage en 1488, qui eut pour femme Renée
d'Espinay, auquel naquit un fils en 1507', et qui était mort
avant 1513' ? Faut-il supposer uu intermédiaire entre eux, et
croire que le Thomas de Québriac né en 1507 était seule-
ment le. petit-fils de Thomas, nommé sire de Québriac en
1488?
Quoiqu'il en soit, Thomas sire de Québriac, né en 1507,
paraît avoir eu pour femme Marguerite ou Claude de Guibé'.
Il avait onze ans lorsque, le 9 octobre 1518, François 1", roi
de France, fit son entrée à Rennes comme duc de Bretagne
du chef de la reine Claude. Le grand écuyer ne pouvait, à
raison de son âge, exercer son office ; mais François de Saint-
Amadour, son tuteur, eut grand soin de réserver les droits
de son pupille. François I*', en reconnaissant ce droit ancien
confirma au seigneur de Brécé le privilège de porter l'épée
ducale devant le duc à son entrée à Rennes et de retenir
pour lui le cheval monté par le duc dans cette solennité*. Nous
« Sépultures de Québriac. L*acte, dressé en 1553, le dit âgé de 46 ans.
> Réformation des fouages de Goven, 1513. Renée d'Espinay est dénommée
douairière de Blossac, alors uni à Brécé. ,
s Le Ladourbur. Généalogie des Budes,
* M. Coutfon de KerdellecU.
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DE BRETAGNE 657
allons voir comment, quelques années plus lard, la parole du
roi de France sera tenue.
Nous sommes en 1532. François, dauphin de France et duc
de Bretagne, entre à Rennes. Thomas de Québriac a vingt-
cinq ans^ et, dit Fauteur que j*ai plusieurs fois cité, il remplit
son office de grand écuyer*. »
Sur ce point il faut lire le procès-verbal authentique dressé
par M* Michel Champion, sieur de Chartres, licencié ès-droits
procureur des nobles, bourgeois, manants et habitants de
Rennes*.
A peine le daCuphin est-il arrivé à Tabbaye Saint-Mélaine,
qu'il lient, le 12 août, une «audience à laquelle se représentent
ceux qui doivent assistance et service au couronnement. » .
Louis de Rohan, sire de Guémené, se présente le premier'.
Il réclame « son droit ancien de tenir et garder la couronne
ducale » quand elle ne sera pas sur la tôte du duc. Informa-
tion faite, le droit du sire de Guémené est reconnu; mais
comment va-t-il l'exercer? — Le droit de mettre et d*ôter la
couronne du duc est commis au marquis de Pont, fils aîné
du duc de Lorraine, pour cette fois seulement « voulant le
duc gratifier ainsi le marquis. » Le sire do Guémené n'est
pas seulement Rohan, il est neveu par alliance de Jacques
vicomte de Rohan, qui, plus que personne, a travaillé à faire
de la Bretagne une province française. Il aurait mauvaise
grâce à essayer d'une protestation inutile. Il se soumet, et
il se contentera de porter le carreau de velours sur lequel le
marquis de Pont déposera la couronne.
Après « se présente pour grand écuyer, à cause de sa terre
de Brécé», Thomas, seigneur de Québriac. Il revendique le
* M Couffon de KerdeUech.
> DomMoricb, Pr. m. Col. 100 MOI 0. ~ Le procureur a eu bien soin de
copier au long la harangue qu*il adressa au nouveau duc. Elle est curieuse
il lire.
* Louis de Rohan V« du nom, comte de Montbazon, marié en 1529 à Mar-
guerite, fille de Quy VI, comte de La^al, mort en 1557.
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658 LES GRANDS ÉCUYERS HÉRÉDITAIRES
droit de porter Tépée dacale : son droit, confirmé en 1518, est
incontestable et est reconnu.
Le lendemain, le duc entre en ville par le pont aux Fou-
lons, Québriac montant « un coursier noir » précède le duc
et porte Tépée en bandoulière. Dans le cortège marche Fran-
çois, flls naturel du duc François II, baron d'Avaugour, por-
tant sur l'épaule le bâton de maréchal de Bretagne. On arrive
au manoir épiscopal près de Téglise Saint-Pierre, et le duc
met pied à terre. A ce moment, 'e grand écuyer réclame,
selon son droit ancien, c le coursierdu duc, » et il veut lefaire
prendre par un de ses gens ; mais « il en est empoché par un
écuyer du duc, qui s'en saisit. » Québriac proteste : « et sont
les controverses remises pour en passer par le conseil du
seigneur duc. »
Le duc entre à la cathédrale pour entendre vêpres, et se
retire au manoir épiscopal, Québriac portant l'épée.
La cérémonie du couronnement a lieu le iQjndemain, 14 ;
mais Québriac n'apparatt plus et Tépée ducale sera tenue par
le baron d'Avaugour*.
Comment expliquer ce changement de personne? Le pro-
cureur Champion le mentionne sans nous en donner la cause,
Ne serait-ce pas que le conseil du duc a repoussé la réclama-
tion de Québriac ? Celui-ci a-t-il tenu à jouir de sa vieille pré-
rogative; ou bien, moins souple que le sire de Guémené, a-t-il
refusé de remplir son office ? Serait-ce que le duc en donnant
répée au baron d'Avaugour, son grand oncle naturel, a jugé
bon de le « gratifier pour cette fois » au préjudice du sei-
gneur de Brécé, comme il a gratifié le marquis de Pont au
préjudice du sire de Guémené?
< Ceci est con Armé, s'il en était basoin, par Textrait des actes capitulaires
de Téglise de ileanes qae ne donne pas dom Morice, mais que dom Lobineau
a publié. Pr. col. 1602. — Cette pièce énonce que Québriac portait an des
bâtons du dais ; mais Lobineau démontra Terreur : au lieu de QuébnaCt il
faut lir3 Blossao, ~ Lobineau, p. 843«t
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DE BRETAGNE 659
Quoiqu'il en soit, à la cérémonie du couronnement, Thomas
de Québriac ne remplit pas Toffice de grand écuyer.
La vérité est que la fantaisie du nouveau duc remplaçait
l'ancienne possession des seigneurs bretons; et pendant que
de bruyantes acclamations saluaient le dauphin de France
comme duc de Bretagne, plus d'un vieux Breton devait
murmurer : « Fifiis Britannim ! »
A 43ette année 1532, date de la réunion définitive de la
Bretagne à la France, M. Gouffon de Kerdellech interrompt
les listes des Grands Officiers du duché de Bretagne. Pourquoi
ne pas les continuer plus loin? Les titres des grands officiers
restèrent au moins comme titres honorifiques, et en 1614, le
roi Louis XIII, dans une occasion solennelle, ne dénia pas au
baron de Châteaugiron son titre de grand chambellan*.
C'est pourquoi nous allons suivre les grands écuyers héré-
ditaires jusqu'à la Révolution.
J. Trévédy,
Ancien président du tribunal de Quimper.
(À suivre,)
* Le t9 août 1614, le roi Louis XUI, duc de Bretagne, et la reine mère
ouvrirent les Etats de Nantes. Le baron de Châteaugiron, grand chambellan,
était alors Charles II de Cossé, comte et bientôt dac de Brissac, grand panne-
tier et maréchal de France, lieutenant général du Roi en Br^ttagne (a). 11
se présenta deraandant à faire son service de grand chambellan et il fut
dressé de son offre un procès^verbal qui fut publié aux Etats (b^.
(a) Il tenait CbàteaugiroQ da chef de sa femme Judith d'Acigaè décédée en 1698.
(b) La GbesDaye«de8-BoIs, /)<c/. gén„ T. xv, suppL, p. 441. Ed. de 1761.
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SOUVENIRS DOMICAINS
DANS LE DIOCÈSE DE SAINT-BRIEUC
DEUXIÈME PARTIE*
CHAPITRE VI.
Notre-Dame de Nazareth de Plancoèt,
LE souvenir des pieuses filles de saint Dominique vit
encore à Dinan, dans leup beau monastère transformé
en Hôtel-Dieu et dominant la vieille cité bretonne
comme la forteresse de la charité, dans les fresques du
chœur de leur église, dans les quelques registres, débris de
leurs archives, où, môme après la ruine de la communauté.
Ton a continué d'inscrire le nom des religieuses qui, bannies
de ces murs aimés, mouraient fidèles à leur vocation et aux
engagements" sacrés de leur jeunesse. Mais ni le sanctuaire
de Notre-Dame de Nazareth, ni les pèlerins qui le visitent,
ne se souviennent plus qu'à la blanche phalange des Frères-
Prêcheurs furent confiées, pondant un siècle et demi, la garde
* Voir la livraison 5« année, 5^ livraison.
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SOUVENIRS DOMINICAINS 661
de la sfaluo miraculeuse et la propagation du culte qu'à ses
pieds on rendait à la Mère de Dieu.
Presqu*en môme temps qu'ils étaient mis en possession de
ce double honneur, l'un d'entre eux, qui nous est déjà connu,
le Père Richard Guillouzou, pour répondre aussitôt à la con-
fiance de révoque de Saint-Malo et pour satisfaire sa propre
dévotion, écrivait l'histoire de Tirnage vénérée et des prodiges
obtenus à Nazareth : œuvre naïve, qui n'était pas sans valeur,
mais dont on a oublié jusqu'au titre. Qui se souvient, en
effet d'avoir jamais vu le Nouveau jardin à fleurs de la T. 5,
Vierge au terroir de Bretagne^ dans la dévotion florissante de
la sainte Chapelle de Nazareth à Plancoët, dans VEvesché de
Saint'Malo ? C'est un petit in-12 de 312 pages, publié à Rouen
en 1655.
Il y a plus de cinquante ans, le livre du Père Guillouzou
était déjà à peu près introuvable. La dévotion des pèlerins
réclamant sur Torigine et sur le passé du sanctuaire des
notions précises, le libraire Prudhomme, de Saint-Brieuc,
résolut d'en donner au public une édition nouvelle. Elle fut
si nouvelle, eh effet, que le titre môme de l'édition originale
y a disparu, pour faire place à celui-ci : Histoire de la décou-
verte de la sainte image de Notre-Dame de Nazareth^ copiée
sur V ancien original du Père Guillouzou^ avec une courte rela-
tion des grâces accordées d ceux qui se sont adressés à elle
dans leurs nécessités.
C'est un tout petit volume in-18, de xxviii, 152 pp., divisé
en deux parties, la première avec sept chapitres, la seconde
avec trois. Un Avant-Propos avertit le lecteur que ^a publi-
cation de 1655 était dédiée à madame la Marquise d'Assérac
« qui avait beaucoup contribué à la fondation du Monastère
de Nazareth '>, et qu'on a supprimé « comme inutiles et de
mauvais goût, les longues épitres en prose et en vers placées
à cet effet en tôte du volume. On a d'ailleurs, ajoute-t-on,
corrigé les expressions qui ne sont plus en usage, retranché
certaines idées singulières et quelques réflexions ennuyeuses
T. VI. — NOTICES. — Vl* ANNÉE, 6** LIV. 43
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662 SOUVENIRS DOMINICAINS
par leur longueur » ; enfin, dans un sentiment de prudence
très appréciable, on rejette « les incorrections » de la nou-
velle édition sur « Tattention que Ton a mise à se rapprocher
autant que possible de la première ». C'est le procès le plus
complet de l'oeuvre de 1843, devenue^à son tour extrêmement
rare^ pour ne pas dire introuvable aujourd'hui.
Ces préliminaires terminés, nous arrivons au fait. Sur les
limites des deux diocèses de Saint-Malo et de Saint-Brieuc,
à trois lieiics de Dinan, non loin de Plancoôt et près de la
route, une fontaine avait été anciennement creusée. Large
et profonde de quatre pieds, elle était surmontée d'un groupe
sculpté, d'un art très primitif, représentant la Vierge Marie
et son divin Enfant sur un lourd piédestal, le tout en pierre.
Le temps détériora ce modeste monument et, à une époque
qu'on ne saurait préciser, il tomba dans la fontaine et finit
par disparaître, absolument oublié, sous les herbes et le
limon.
En 1621, un habitant du pays nommé Champ-Rond faisait
bâtir une maison rue de l'Abbaye; l'eau manquait pour détrem-
per la chaux. Alors deux manœuvres, Jean et Bertrand Marel,
eurent la pensée d'amener jusqu'au bâtiment en construction
les eaux de la fontaine Ruelle, ou Ruellan ; car ainsi la nom-
mait-on dans le pays. En essayant de retrouver, pour les
déboucher, les anciens canaux de la fontaine, depuis tant
d'années obstrués par la vase, à leur grande surprise ils trou-
vèrent au fond de l'eau la statue, en trois morceaux : les deux
têtes de l'Enfant Jésus et de la Sainte Vierge, toutes deux
couronnées, le corps, et enfin le piédestal. Dans un sentiment
de pieux respect, il rajustèrent ces débris et les dressèrent
sur le bord de la fontaine.
Aussitôt, et comme par enchantement, le habitants des
paroisses voisines accoururent, et pendant trois semaines ce
fut autour de la sainte image une aflluence considérable de
visiteurs et de pèlerins. Mais un jour, un pauvre fou, Gilles
Portier, dans un accès de fureur, renversa la statue dans Teau,
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DANS LE DIOCÈSE DE SAINT-BRIEUG ' 663
et Ton put croire que le mouvement de dévotion produit par
sa réapparition inopinée disparaîtrait avec elle.
Cependant, un mystérieux sentiment de terreur semblait
désormais attaché à la fontaine Ruellan. Plusieurs personnes,
pourtant sérieuses, avouaient qu'elles ne pouvaient s'en dé-
fendre quand elles venaient y boire ou y puiser de Teau. Les
uns racontaient qu'étant venus y couper des joncs, ils avaient
entendu à trois ou quatre reprises des voix tout à fait claires
et gémissantes, d'autres qu'elles avaient vu des lumières sur
la fontaine. Depuis vingt-trois ans que lastatue avait disparu,
ces récits se répétaient, entretenant dans les esprits une sorte
de frayeur religieuse, quand un jour, au mois de novembre
1642, un bourgeois de Dinan, Pierre Le Marchand, qui reve-
• nait de la foire de Matignon, s'arrôta pour faire boire son che-
val à la fontaine ; mais ce fut en vain qu'il essaya de l'ame-
ner ius^qu'au bord de Teau ; frappé rudement, ranimai se
laissa tomber sur ses genoux, pendant que son maître, stu-
péfait, épouvanlé,entendait sortir de l'eau des voix plaintives.
L'année suivante, le jour de Sainte- Anne, 26 juillet, la
même chose arriva à François Billy, de Plancoct. Alors ce
fut dans tout le pays un grand émoi, et l'on se prit à citer
d'anciennes prophéties rimées, où l'on crut voir l'annonce
assez claire des événements qui allaient amener Téraclion
du sanctuaire de Nazareth.
Tous ces dires, oa les opinions les plus contradictoires ne
pouvaient manquer de se heurter, excitèrent si bien la
curiosité, qu'un jeune homme de vingt-et-un ans, Allain
Faguet, fils d'un marchand quincaillerde la rue de l'Abbaye,
voulut avoir le cœur net de tout ce qui se racontait delà
statue soi-disant retrouvée, puis retombée dans la fontaine
merveilleuse. Il fit partager son désir à ses deux frères,
Jacques et Jean Faguet, et le lendemain de la fôte du Rosaire,
lundi 3 octobre 1644, ils se mirent tous trois en devoir de
fouiller la fontaine Ruellan. Leurs premières recherches
eurent si peu de succès que l'aîné renonça bientôt à l'en-
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664 SOUVENIRS DOMINICAINS
Ireprise ; mais le second ayant enfin découvert le corps de la
statue, ils -reprirent ensemble leurs fouilles, et ne tardèrent
pas à retirer du fond des eaux et de la vase les deux têtes de
l'Enfant-Jésus et de la Vierge. Restait le piédestal, dont ils
constatèrent bientôt la présence ; seulement, il était si pesant,
la fontaine si étroite, que Textraction leur parut trop
difficile. Pour ce jour-là du moins ils y renoncèrent, et se
contentèrent de replacer Tun sur Tautre, tant bien que mal,
les deux premiers débris, en les appuyant à la tige d'un
chêne.
Le résultat obtenu était trop encourageant, pour qu'ils
n'eussent pas le désir de pousser jusqu'au bout l'entreprise .
Le mercredi, 5 octol3re, ils retournèrent à la fontaine, et ayant
cette fois réussi à en retirer le piédestal, ils rétablirent enfin
les trois précieux débris sous un berceau de feuillage.
Trois hommes les avaient aidés dans cette double opération,
un marchand et un laboureur, qui passaient par là, et surtout
Guillaume Huet, marchand de la rue de TAbbaye. Il faut dire
que Guillaume Huet avait eu, pour seconder les efforts des
trois frères Paguet, une raison très particulière. Six mois au-
paravant, subitement atteint d'un mal étrange et douloureux,
enflé des pieds à la tête, condamné par les médecins les plus
habiles du pays, et notamment par un homme de l'art qui
jouissait à Dinan et dans toute la contrée d'une renommée
sans rivale, il avait fait vœu d'aller prier la Sainte-Vierge à
la fontaine Ruellan, et s'était, trois heures après, à la stupé-
faction de tous les siens, trouvé en état d'accomplir son vœu.
Comment aurait-il pu rester indifférent à la pieuse tAche
entreprise par les trois jeunes gens, surtout après le premier
résultat qui était venu encourager leurs recherches? La
découverte et le rétablissement tel quel de la statue tout
entière, accrut encore sa dévotion et sa gratitude envers la
Mère du Sauveur, il lui sembla qu'il se devait absolument à
celle qui lui avait rendu la santé et la vie. Il abandonna donc
sa maison, s'organisa en face de la sëiinte image une sorte de
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DANS LE DIOCÈSE DE SAINT-BIUEUG 605
loge OÙ il pût passer les nuits et, dans sa reconnaissance^ se
constitua lui-même le gardien de sa bienfaitrice. Le recteur
de la paroisse, touché de la dévotion de cet excellent homme,
le chargea de recueillir et de garder les offrandes des pèlerins.
C*est qu'en effet les pèlerins accouraient en foule, et Guil-
laume Huet, jaloux de leur montrer dans un appareil moins
misérable la. vénérable image de celle qui était devenue sa
damo et maîtresse, s'entendit avec les habitants de Plancoët^
pour élever une chapelle en bois, avec un autel pour la statue.
En moins de quinze jours tout fut terminé, et dès lors
l'affluence des pèlerins devint telle, qu'un jour on en compta
jusqu'à deux mille.
Merveilleux étaient les récits de toutes ces bonnes gens.
Non-seulement ils racontaient de nombreuses guérisons ,
accordées par la Mère de Dieu dans ce modeste sanctuaire,
mais plusieurs avaient vu des lumières, partant du ciel
comme des rayons splendides, s'arrêter longuement sur la
fontaine et sur la chapelle. D'autres avaient vu la Sainte-
Vierge elle-même. Les affirmations de quelques-uns parurent
si précises, si bien prouvées, qu'on en dressa procès-verbal.
Le fait suivant, par exemple, fut authentiquement enregistré.
C'était le 18 octobre 1644, par conséquent quelques jours
après que la statue extraite de la fontaine eut été installée
dans la chapelle;. trois hommes étaient partis la nuit en pèle-
rins, ainsi que trois autres personnes du même village, avec
la pieuse ambition d'être les premiers à saluer, ce jour-là, la
Mère de Dieu dans son sanctuaire. Quand ils arrivèrent en
vue de la chapelle, le jour commençait. Mais ils virent devant
eux, sur le chemin, une dame de haute taille, vêtue de blanc,
et ils se reprochaient d'avoir été devancés par une femme.
Or, au moment où ils allaient l'atteindre, elle disparut sou-
dain, et vainement ils essayèrent de raperccvoir dans la
campagne. Quand ils arrivèrent à la chapelle, ils la trouvèrent
fermée : Guillaume Huet et son compagnon étaient encore
. endormis.
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606 SOUVENIRS DOMINICAINS
En face de ces faits extraordinaires, de leur multitude, de
l'émotion qu'ils causaient dans la contrée, Taulorité ecclé-
siastique ne pouvait rester indifférente. La population de
Plancoôt provoqua elle-même une enquête régalière, et sur
ses instances, secondées par celle du promoteur du diocèse de
Saint-Malo, messire Charles Duruau, vicaire-général de
révérendissime seigneur Charles de Harlay de Sancy ,
évoque de Saint-Malo, se transporta sur les lieux. Le 13 no-
vembre 1644, il dressait à Plancoët Pacte suivant :
« A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Charles
Duruau, prêtre de l'Oratoire, conseiller du Roi, vicaire-
général de Monseigneur rillustrissime et Révérendissime
évêque de Saint-Malo, officiai et juge en la Cour ecclésias-
tique du môme lieu, salut en Notre-Seigneur Jésus-Christ.
« Faisons savoir que, sur Tavis qui nous a été donné par le
vénérable promoteur, que le bruit est très grand des mira-
cles qui se font chaque jour en la paroisse de Corseul, près
du Bas-Plancoôt, que Ton a trouvé dans une fontaine une
image de pierre en forme de croix, portant d'un côté la
figure du Crucifiement et de l'autre celle de la Sainte-Vierge
portant son Fils entre ses bras ; que la dite fontaine appelée
Fontaine Ituellan est un lieu de concours pour les pèlerins,
dont une partie sont guéris, et qu'il s'y opère plusieurs
miracles ; nous nous y sommes transportés pour en infor-
mer et connaître la vérité des prodiges que Ton dit s'y opérer.
Sur quoi nous avons mandé aux recteurs des paroisses voisines,
de ce diocèse et autres, qu'ils eussent à avertir leurs parois-
siens qui auraient reçu quelque secours en leurs maladies
par les pèlerinages qu'ils auraient promis, que nous nous
trouverons au Bas-PlancoGt les 14, 15 et 16 du courant, et
autres jours suivants s'il était nécessaire, pour recevoir leurs
déclarations. A cette fin, d'après la requête et à l'instante
prière que nous en ont faite les habitants de Plancoôt, nous
sommes partis ce jour, 13 novembre 1644, de la ville de Saint-
Malo , assisté du vénérable promoteur et de Guillaume
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DANS LE DIOCÈSE DE SAINT-BRIEUG 007
Guyhommats, notaire et greffier ordinaire en la Cour ecclé-
siastique, et nous sommes venus coucher au Bas-Plancoët,
dans rhôtellerie de Pierre Merdrignac. Là nous avons signé
le présent acte. Charles Duruau, vicaire-général^ officiai.
Julien AuBRY, promoteur. Guyhommats, greffier. »
Le lendemain, 14 novembre, accompagné du greffier, du
promoteur, des recteurs de Corseul et du Haui-Plancoôt, des
curés du Bas-Plancoot et de Créhen, de trois autres prêtres,
de Claude Tranchant sieur de Vaulgallon, du sieur de la
Ville-Rîeux, du sieur de la Porte, avocat en la cour, le
vîcaire-génénal se rendit à Téglise du prieuré de Saint-Maur,
au BaS'Plancoët, et y célébra la messe en présence d'un
grand nombre d'assistants, accourus des paroisses voisines.
Après quoi, il se transporta à la chapelle, examina la statue
et les objets de dévotion, ex-voto, naïfs témoignages de foi et
de reconnaissance qui Tentouraient, et enfin il reçut les
dépositions de témoins et eut ainsi à constater un grand
nombre de guérisons. Plusieurs jours furent consacrés à
l'examen des faits attestés en sa présence. Enfin la convic-
tion du vicaire-général étant faite,il n'hésita plus, et le diman-
che 27 novembre, il bénit la chapelle et y célébra la première
messe. Du tout procès-verbal fut rédigé en ces termes :
« A tous ceux qui ces présentes verront, Charles Duruau etc.
faisons savoir qu'aujourd'hui premier Dimanche^de l'Avent,
27 novembre 1644, ayant été requis par les habitants du Bas-
Plancoôt, paroisse de Corseul, diocèse de Saint-Malo, de
bénir la petite chappelle dans laquelle est exposée l'image de
la Très-Sainte Vierge Mère de Dieu, et d'y célébrer la
première messe, nous sommes parti processionellement,
bannières levées, de l'église de l'abbaye du Bas-Plancoôt,
assisté des recteurs de Corseul, du Haut-Planco(3t et de leurs
prêtres, et nous nous sommes rendu, suivi d'une grande quan-
tité de peuple de toute condition, jusqu'au lieu de la chapelle.
-Yétantarrivé, nous l'avons bénite,ainsiquelesornemens pour
la desservir, puis nous avons chanté la messe, à laquelle
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608 SOUVENIRB DOMINICAINS
assistait une grande aOluence de peuple. En foi de quoi nous
avons délivré le présent procès-verbal les dits jour et an que
dessus. Charles Duruau, vicaire-général et officiai. Julien
AuBRY, promoteur, François Merdrignac, pr^/r^. Jean Brard,
prêtre. François Gonicquet, sénéchal des baronnies de la
Uiinaudaye^ Monta filant et Plancoè't. »
L'évoque Achille du Harîay, après avoir lui-môme examiné
Taffaire et s'être entouré des plus sages conseils, confirma
tout ce qui avait été fait par son grand vicaire, approuva le
culte rendu à la Sainte Vierge dans le nouveau sanctuaire et
confia le soin de la desservir aux Pères de l'Oratoire, ses
anciens confrères.
Dans de telles mains, le pèlerinage de Notre-Dame de
Nazareth ne pouvait manquer de s'accroître, et il fallut songer
à jeter les fondements d'un édifice qui fût, par son étendue et
par sa structure même, plus en rapport que la pauvre chapelle
de Guillaume Huet avec la dévotion des pèlerins et avec le
culte que leur piété entendait y rendre à la Mère de Dieu.
Mais là on se heurla à une résistance imprévue. Gomment
croire que ce qui se passait autour de la fontaine Ruelian,
dans la pauvre petite chapelle de bois élevée à la hâte près de
ses eaux, pouvait être du goût de tout le monde ? Des esprits
chagrins ne manquèrent pas de prévenir contre cette sou-
daine explosion de foi populaire et de culte enthousiaste, la
comtesse de Châteauneuf, dame du lieu.Dès le début, on s'était
cru suffisamment autorisé par l'assentiment de son sénéchal,
dont nous venons en effet de voir la signature au bas du
procès-verbal de la bénédiction de la chapelle ; mais cette
dame se montra blesâée de ce qu on ne lavait pas personnel-
lement avertie de ce qui s'était déjà fait, et surtout de ce qui
se préparait sur le sol de sa baronnie de la Hunaudaye, où
elle demeurait, elle déclara faire opposition au projet, qui
était si évidemment dans les vœux de tous. En face de
cette opposition formelle, les Oratoriens ne se sentirent pas
le goût d'entreprendre un procès, et ils se retirèrent empor-
tant avec eux les regrets universels.
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DANS LE DIOCÈSE DE SAINT-BRIEUQ 609
Monsieur de Harlay se tourna alors vers les pieiïx disciples
desaint Vincent de Paul,mais les prêtres delaMission ne firent
que passera Notre-Dame de Nazareth. Pour répondre à Tem-
pressement des pèlerins, il eût fallu renoncer aux courses
incessantes que Tévangélisation des campagnes, œuvre
capitale des zélés missionnaires, leur imposait ; surtout il
fallait se jeter dans des constructions, de plus en plus indis-
pensables : ils reculèrent.
Dans l'intervalle, Ferdinand de Neufville avait succédé à
Achille de Harlay, son oncle, sur le siège épiscopal de Saint-
Malo. Le nouvel évoque jeta les yeux sur le couvent des
Dominicains deDinan, qui depuis plus de quatre siècles édi-
fiait son diocèse, et qui, à cette heure, même possédait des
hommes si remarquables au triple point de vue de la science
théologique, de la piété et du zèle apostolique. D'ailleurs les
Dominicains n'avaient-ils pas toujours considéré le culte delà
Mère de Dieu comme une part sacrée du patrimoine de leur
ordre ?
Quand le R. P." Dorgeville vint, au nom et comme grand
vicaire d3 l'évoque Saint-Malo, leur offrir la garde du nou-
veau sanctuaire, on ne pouvait douter du succès de la négo-
ciation. Tout fut conclu le 15 février 1047.
En même temps, les guérisons obtenues par les prières
des pèlerins se multipliaient si incontestables, si nombreuses,
si éclatantes, que Madame de Châteauneuf s'avoua vaincue
par l'évidence, et qu'elle entra pleinement dans les vues de
révoque de Saint-Malo. La cérémonie de l'installation des
Dominicains ayant été fixée au 17 mars 1647, elle déclara
qu'elle y assisterait avec son fils. La noblesse des environs y
accourut. Le prieur de Dinan avait député pour prendre
possession du sanctuaire et pour former le noyau de la com-
munauté naissante les Pères Jean Nolan, docteur en théo-
logie, Augustin de Sainte-Catherine et Jean Godineau, avec
frère Jérôme de Sainte-Agnès, convers. Ils exhibèrent leur
délégation en présence de Tofflcial de Saint-Malo et de
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670 SOUVENIRS DOMINICAINS
son greffier, et aussitôt on se rendit à Notre-Dame de
Nazareth.
C'est du prieuré de Saint-Maur que partit la procession.
Après la croix et les bannières venaient les religieux, les
prêtres et une grande multitude. L'official célébra la messe,
puis il entonna le Veni Creator, et ensuite, se tournant vers
le peuple, il dit à haute voix ; c De l'autorité de Monseigneur
rillustrissime et Révérendissime Messire Ferdinand de Neuf-
ville, évoque de Saint-Malo. Je, Officiai du Diocèse, mets les
Religieux Dominicains du couvent de Dinan en possession de
ce saint lieu, pour Tadministrei: et lé diriger à la plus grande
gloire de Dieu et de la Sainte Vierge, et pour la plus grande
utilité du peuple. »
Après quoi il remit au Père Jean Nolan, vicaire de Noire-
Dame de Nazareth, la clef de la chapelle et celle du tabernacle.
L'évêque de Saint-Malo crut devoir, quelques mois plus tard,
confirmer par un acte ofïiciel, signé de sa main, ce que son
vicaire-général venait de faire en son nom. C'est à Dinan
qu'il le dressa, dans les termes qui suivent :
« Nous, Ferdinand de Neufville, par la grâce de Dieu et du
Saint Siège Apostolique, évoque de Saint-Malo, conseiller du
Roi en ses conseils, abbé du monastère de Saint- Wandrégésille,
de Saint-Méen et de Sainte-Marie de Belleville, faisons savoir
que, poussé par le seul désir d'accroître le culte divin, nous
avons approuvé Téglise ou chapelle dédiée à la sainte Vierge
sous le nom de Nazareth, appartenant à notre diocèse, et
située dans la paroisse deCorseul près de l'abbaye de Plancoôt.
« Considérant que cette église, illustre à plus d'un titre, est
toujours honorée par un prodigieux concours de fidèles, nous
avons voulu la rendre plus illustre encore par l'assistance de
pieux mmistres destinés à la desservir. Ayant donc invoqué
le saint Nom de Dieu et de la sainte Vierge, après en avoir
mûrement délibéré , nous avons résolu , de notre pleine
volonté et sans céder à aucune requête, de donner à perpé-
tuité et irrévocablement cette église ou chapelle à desservir
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DANE LE DIOCÈSE DE SAINT-BRIKUG 671
aux Frères Prêcheurs de TÉtroitç Observance de la Congré-
gation dePretagne. Et comme déjà, d'après notre permission,
le R. P. Louis d'Orgeville, Docteur de Sorbonne, prêtre de
rOratoire, chanoine et pénitencier de notre église, vicaire-
général de notre diocèse, en avait investi les susdits Pères le
4 mars 1647, puis les avait mis en possession actueUe le 17 du
même mois, nous les maintenons dans cette possession, et
autant qu'il est nécessaire nous la leur conférons, sous l'obli-
gation de garder la règle de leur Institut.
« Donné à Dinan le !•' septembre 1647. Ferdinand de
Neupville, évêque de Saint-Malo, — Par mandement du
susdit Illustrissime et Révérendissimc évoque de Saint-Malo,
Du Ray, secrétaire, »
De son côté, la comtesse de Châteauneuf déclara officielle-
ment qu'elle consentait à rétablissement des Dominicains
sur son domaine, à Notre-Dame de Nazareth, qu'elle les pre-
nait sous sa protection et qu'elle acceptait le titre de fonda-
trice du nouvel établissement religieux, avec les charges et
prérogatives y attachées. Cette déclaration de la noble dame
ne fut point une vaine parole. Le 4 août suivant, elle arrêta
les conditions de la fondation, et le 27 le contrat' en fut signé
< Arch. de TOrdr^, Rome, : « Coram nobis Taballionibus regiis Curiœ
Rhedonensis ia Lambalis consiitutis, et baroniaram de la Hanaudays, Mon-
tafilant et Plancoaôt, prsesans adfuit 111°^'^ et Potent™^ Domina Catharina de
Rosmadec, vidua ni^ï Potent"^' que D6mini Guidonis de Rieux, Equitis .Tor-
quati, Comitis de Chasteauaenf, Vicacomitls de Donges, Baronis de la Roche
et de Savenay, Damini du Marz, du Mesnil, du Plessix-Bertrand, Cancalles,
le Guesclln, Regl a sanctlorlbus et secretioribus consiliis, centum cataphrac-
torum duels, prselictarum ditionum domina atque légitima Baroniarum de
de la Hunaudays, Montaftlant et Plancouet, vicecomitatuum de la Guerche,
le Chemin Chaussé et de Pleherel, du Vauclé et le Vauclere, Hac, Carmerot,
la Houssays, le Gué de Tlsle, Queruran, etc. etc. Residens nunc in suo
castello de la Hunaudays, parochiœ de Pledeliac diocesis Briocensis ; Quœ
recolens singularia benefilcia divînse misericordise et pietatis erga se ditlo-
nesque ejus de Montafilant et Plancouet, in quibus placuit misericordiarum
et totius consolationis Matri eligere sibi domicillum, prœviis tôt potentis et
miraculis, ut publie^ fam& et multorum relatione cognitum est, quse
authoritate lll«t Episcopi Macloviensis, Achillis du Harlay, sunt approbata,
quseque manus Altissimi suae virtutis brachio confirmât quotidie, ad laudem
et gloriam suam, ad exaltationsm nominis Beatissimse Virginia Marise et
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672 SOUVENIRS DOMINICAINS
incrementam sanctœ fidei catholicœ ; Nolens igitar toi gratîaram ac bene«
ficiorum immemor esse, et percuplens tanto boao cooperari, ex quo incre-
dibilem sperat fructam pro salute animarum carissimi et honora tissimi
mariti sui, antecessorum, liberorum, succeisorum et propinquoram atque
8u» ; ex singulari eliam devotione quam ejus majores ipsaque S^^ Domiaice
complectitur Ordinem, cui magno honori ducit sangaine et afftaitate
conjungi, de?oto pioque mentis affecta concessit conceditque his litte-
ris, p'aro munere ac liberali animo, in honorém Beatissimsa Yirginis
Manad atque sancti Dominici, Fratribus Prsedicatoribus congrégation is
Britannicse in striction observantiâ, viventibus, sub immediatà cur& R<ii
PatriR Vicarii Substituti conventaum strictions observantias Provincise
Parisiensis ab ipsis Fratribus strictioris observantiseelecti aut instituti
immédiate a R^^* Magistro totius prœfati Ordinis, qnem enixè depre-
catur Domina prœdicta, ejusque successores, ut in l6co ibi erigendo
pro habitatione Fratrum , cui nomen erit Tulgo Nra Dna de Naza-
reth, statuât et ordinet ut Fratres hune conventum incolentes sint de
strictiori observantiâ, nec alii possint institui superiores aut officiales quàm
de strictiori observantiâ prœfatà. Pro quibus supradictis Prsedicatorum
Fratribus prœsentes fuere et acceptavere Rev<u Patres Joannes Nolano, in
Sacrœ Theologise Facultate doctor, et frater Augustinus h Stà Gatharinâ,
freti procuratione Religio^orum prsedicti Ordinis et Observantiee, quam
ostenderiyit scriptam die sexto mensis augusti anno 1647, relictam subscripto
tabellionl relatori prsesentium litteratum, ut tradantur exemplaria quibus
oadam quœ prototypis fides habeatur, scilicet terras vulgo nominatas les
Grandes Rochettes septem jugera continentes, cum altero ferè jugere quod
Yulgo les Petites Rochettes, adjacencia altéra ex parte publica; vise quœ
ducit Plancuno Dinanum, alterique viœ ducenti Plessem Balissenum, aliâ.
ex parte agro pertinenti Petro Le Roux et Franciscœ Merdrignac ejus uxori;
ut autem çontigui sunt prsedicti agri, poterunt ex arbitratu locum eligere
in quo Templum in honorem Sanctissimse Yirginis Mariœ Nazarethœ, œdes
conventumque habitationi idoneum tôt Religiosorum quot ibi constituendi
sunt, eà lege et conditione ut Illustrissima Domina ejusque successores sint
maneantque in perpetuum fundatores, cum omnibus honoribus, gratiis et
privilegiis quibus huju«modi fundatores gaudere et potiri soient, cum
exclusione cujuscumque fundatoris quovis prsetextu et colore ementito,
in iisdem templo conventuque ipsa Ul'^^ Domina ejusque successores sua
insculpant insignia atque incidant in lapide polito aut marmore aliàve
materià ad fores ecclesise et conventûs, in locis publicis et patentibus, suis
coloribus, si ita visum sit, delineata, cum inscriptione exprimente nomen
fundatricis. annum et mensem eroctionis ; in vitro principali capellae
majoris sanctissimse Dei Matris, nulla alia erigantur insignia nisi de
licentià inclytse Dominse aut ejus successorum, licet ipsa possit'oum
iisdem successoribus apponere cingulum et scuta intra et extra ecclesiam
et quibuscumque voluerit locis ejusdem conventûs. Relinquatur eliam
quâdam in parte templi locus amplus et spatiosus in quo prœdicta Domina
yel ejus successores possint, suis impensis, aulam superiorem et inferiorem
cum oratorio respicientâ sacellum et pulpitum, undô possit audiri sacrum
et prœJiicatio, cum tribunali construere. Kt statim atque conventûs fuerît
ere.:lU8, teneantur Religiosi triginta vicibus in anno celebrare totum
integrum ofÛcium deffunctorum cum Vesperis^ Matutinis et Laudibus et
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DANS LE DIOCÈSE DE S^INT-BRIEUC 673
au château de la Huhaudayé par la fondatrice, par noble che-
valier Jean de Vorilhon, seigneur de Saint-Germain et de
Polierne, au nom de René-François de Rieux, comte de Châ-
processione ad claustrum, quœ terminabitar ad locum in qno tumulum
elegerit erexeritque prsedicta Domina, et ornaverit pro libito, nemoque
posait habare aut tumulum aut scamnum intrà canceUos ejusdem capellse
nisi permittat prœfata Domina, aut ejus successores. Prsetereà die animarum
celebretur singulis annis solemne offlcium deffucctorum cum missâ majori
pro animabus nini% Dominse, ejus antecessorum et successorum, cui
aliquis de familià aderit cum offertorio.et processio fiât ut suprà adsepul-
turam, quam singuli Religiosi aspergant. Singulis sabathi in c^nno diebus,
cantetur solemnis litania Beatms Virginia pro salute, prosperitate, conser'-
vatione et œterna felicîtate animarum Ulmm Dominœ ejusque inclytae
familiœ et successorum. Quœ omnia et singula conflrmabuntur et compro-
babuntur expressis litteris à Rev™o Magistro Ordinis Prœdicatorum, qui
recipiet ni™^"^ Dominam ejusque successores et familiam ad participationem
omnium missarum, orationum, vigiliarum, jejuniorum ac quorumcumque
bonorum operum quœ in toto Ordine flunt, Unde spondebit lU™» Domina
pro se suÎFque successoribus quod tuitura et protectura sit suam fun-
dationem , Religiosos , bona Deiparse Matris sacelli et conventùs , sua
authoritate et potestate, contra quoscumque injuste divexantes et moles-
tantes. Quamobrem prœdicta Domina prsefatis terris se exuit coneessitque
ipsis Sti Dominici Religiosis, ut eas in perpetuum tanquam legitimi Domini
possideant et fruantur. El incljta Domina generalem et specialem instituit
procuratorem Dnum Julianum Lorans cum omni potestate ut, quando opus
fuerit, omnia rata ac fixa habeat, nunquam revocet et Religiosos atque eorum
successores in placidam prœdictarum terrarum possessionem intromittat et
conservet absque omni contentione, tumultu et perturbatione.
Quibtts literis présentes fuerunt nimas et potentissimus Dominus Rejiatus
Franciscus de Rieux, ccmes de Cbasteauneuf, 111"^^ et potentissima Domina
Joanna de Rieux, eorum liberi, Jllustrissimusque et potentissimus Dominus
Joannes Emmanuel de Rieux Marchio d'Asserac, cornes dj Largouet,Dominus
de Ville Dieu aliarumque terrarum et ditionum, régi à consiliis secretioribus
ac sanctloribus, centum cataphractorum militum dux, Mari tus Joannse
prsedictœ de Rieux, quod mutuo proviàerunt, voluerunt et consenserunt
perpetuo servandum prsedicta domina et prsedicti Religiosi ; ad quod ietam
nos subsignati libelliones condemnavimus et condamnamus authoritate
nostrarum curiarum sub sigillo alterius cum submissione et prorogationr
jurisdictionis, quam juravimus sine uUa exceptione cum omnibus renuncia-
tionibus ibi requisitis, sub signo prœdictde dominse et Dominorum ejus
liberorum, prseter Illmum Dominum Comitem de €hasteauneuf non subscn-
bere valentem ob cascitatem à nativitate, qui nobilem equitem Joannem de
Vorilhon Dominum de Sainct Germain et de Poulierne, supremum judicem
Buœ ditionis terrseque de Chasteauneuf, roga^it ut pro se subscriberet.
Datum apud castellum de la Ilunaudays, die yigesimâ septimâ, augusti, anno
millesimo sexcentesimo quadragesimo septimo. »
A tergo : « Pro Sanctà Capellà de Nazareth in Britannia Minori contractas
fundatricis ».
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674 SOUVENIRS DOMINICAINS
teauneuf, fils de la fondatrice, qui, aveugle de naissance, ne
pouvait signer lui-même, par sa sœur Jeanne de Rieux, mar-
quise d'Assérac, et par Jean Emmanuel de Rieux, marquis
d'Assérac^ comte de Largouet, Seigneur de TIsIe-Dieu» gendre
de la comtesse de Ghâteauneuf.
Les termes de cet acte sont remarquables à plus d'un titre.
Non-seulement Catherine de Rosmadec y constate la multi-
tude des prodiges accomplis à Nazareth et enregistrés officiel-
lement par Tautorité ecclésiastique, exprimant sa reconnais-
sance de ce que la Mère de Dieu a choisi son domaine pour y
faire éclater sa puissance et s'y fixer elle-môme une demeure,
mais elle aime, en accueillant les fils de saint Dominique,
à rappeler les liens de parenté qui unissent sa raee à celle du
Patriarche de^s Frères Prêcheurs, et rattachement tradition-
nel de sa famille à la famille dominicaine. En donnant àM'Or-
dre, pour la construction d'une église et d'un couvent, les deux
domaines des Grandes et des Petites Rackettes, d'une conte-
nance totale de huit arpents, elle réclame, dans la future
église, pour elle et les siens à perpétuité, une chapelle avec
droit de sépulture, et trente fois par an l'office des morts, la
messe et la procession des religieux dans le cloître et jusqu'au
tombeau de sa famille. Diverses autres prières seront faites à
des époques déterminées pour elle et les siens, et surtout le
Général de l'Ordre, à qui elle demande de confirmer lui-même
toutes ces conventions, l'admettra elle et toute sa fainille à
perpétuité à participer à toutes les messes, prières, veilles,
jeûnes et autres bonnes œuvres de la famille dominicaine.
• La fondatrice prenait soin de donner procuration absolue
à Julien Lorans, à l'efTet de maintenir les conventions de
l'acte et de mettre, quand il serait temps, les religieux en
possession des terres qu'elle leur abandonnait.
Elle croyait qu'il lui serait donné de voir ici-bas s'élever
les murailles de l'église et du couvent, mais au bout de six
semaines elle mourut, laissant à sa fille Jeanne Pélagie de
Rieux de Ghâteauneuf, marquise d'Assérac, le soin d'achever
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DANS LE DIOCÈSE DE SAINT-BRIEUC 675
l'œuvre qu'elle avait eu à peine le temps d'ébaucher. L'Evoque
de Saint-BrieiTc, Denis de la Barre, présida aux obsèques do
la fondatrice, dont le corps fut déposé dans la chapelle de
Nazareth, près de l'autel, en attendant qu'on pût le placer
dans l'église qu'elle avait rôvé de construire elle-même en
l'honneur de Notre-Dame et dans la chapelle qu'elle voulait
s'y réserver. Dès ce jour-là, le marquis d'Assérac, son gen-
dre, donna l'autorisation de prendre au château de Monlafl-
lant les matériaux de la nouvelle construction, et il promit de
venir lui-môme avec sa femme en poser la première pierre
au mois de Juin suivant, 1648.
Mais on comptait sans des oppositions* nouvelles, qu'il
serait trop long, et d'ailleurs peu intéressant, de raconter ici.
Le parlement de Bretagne les réduisit à néant, et l'on put
enfin arrêter des plans et creuser des fondations.
La pose de la première pierre fut fixée au 2 mai 1049. La
veille Ferdinand de Neufville, évêque de Saint-Malo, planta
lui-môme la croix à la^ place que devait occuper le maître-
autel. Le 2, le vicaire-général de la Congrégation de BretagnCi
le prieur de Dinan, le prieur de Morlai!x^ Vincent de Saint
François, prieur de Guingamp, étant arrivés, ainsi que le
prieur des Carmes du Guildo et un grand nombre d'ecclé-
siastiques et de religieux, l'évoque célébra la messe devant la
statue miraculeuse, puis revêtu de ses ornements pontificaux
et tenant en main, ainsi que la marquise d'Assérac, la truelle
et le marteau, il se rendit avec elle au lieu ou étaient creusés
les fondements de la future église^ et ils posèrent ensemble
la première pierre, près de laquelle ils placèrent une plaque
de cuivre, gravée aux armes de Bretagne et aux armes des
fondateurs et portant cette inscription :
« A la plus grande gloire de Dieu, de la Très-Sainte-Vierge
Marie sa mère, de saint Dominique et de tous les Saints.
Sous le pontificat d'Innocent X, sous le règne de Louis XIV
roi de France, durant l'épiscQpat de Ferdinand de Neufville,
évoque de Saint-Malo, Frère Thomas Turco étant Général
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676 SOUVENIRS DOMINICAINS
de rOrdre des Frères Prêcheurs, Frère Antoine Mallet, pro-
vincial de Paris : Très Puissante Catherine de Rosmadec,
fllle de Très Illustre marquis de Molac etc. etc., baronne de
la Hunaudaye, Montafllant, etc., épouse de puissant Guy de
Rieux de Chfiteauneuf, descendant des nobles races des rois,
des ducs et des héros bretons, a fait bâtir pour les Frères
Prêcheurs cette église sous l'invocation de Notre-Dame de
Nazareth. Puissant Jean Emmanuel de Rieux, marquis
d'Assérac. etc, et son épouse Très Haute Dame Jeanne
Pélagie de Rieux, fille de Très Hauts et Très Puissants Guy
et Catherine, issue elle-même de Haut et Puissant Seigneur
René de Rieux, comte de Châteauneuf, en ont posé la pre-
mière pierre. MDC.XLIX. »
L'évêque parcourut ensuite les fondations en les asper-
geant, puis il bénit la multitude. Une seconde messe suivit,
présidée par l'évêque et célébrée par un de ses aumôniers.
Quelques instants après, la foule se pressait pour entendre
un éloquent discpurs de Jacques Lorent, recteur de Plu-
duno, qui conduisit ensuite ses paroissiens, ainsi que les
recteurs de Pledeliac, de Ruca et de Saint-Potan, à la troi-
sième messe, célébrée par le Provincial de Paris. A trois
heures, le Te Deiim, les vêpres et la procession du Rosaire
terminèrent cette pieuse et belle fête.
Les guérisons miraculeuses obtenues dès le premier jour
par la foi des populations bretonnes, ne pouvaient décroître
ni en nombre ni en éclat, quand le culte de Mère de Dieu était
confié, dans le nouveau sanctuaire, à des religieux 'voués par
état à le promouvoir. Nous ne pouvons raconter ici ni celles
qu'enregistra la première enquête officielle de 1644, ni tous
les autres faits merveilleux qui provoquèrent enfin la cons-
truction de Téglise de Notre-Dame de Nazareth, et qui vinrent
ensuite y entretenir la conflance et y perpétuer l'action de
grâces populaire. Voici du moins les noms inscrits dans le
cours des premières années au livre d'or du sanctuaire de
Nazareth.
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DANS LB DIOCÈSE DE SAINT-BRIEUC 077
D'abord, le retour à la santé de personnes réduites à l'ex-
trémité^ et condamnées par la science. Indépendamment de
deux enfants mort-nés, de Saint-Aaron et de Viviers, à qui
l'on put administrer le baptême pendant les courts instants
où rintercession delà Sainte Vierge leur rendit la vie, de 1647
à 1653, Jean Bailleul, de la paroisse Saint-Georges de Rennes,
Anne Bridel, de Miniac, Julien Robiou, de Saint-Domineuc,
Jean Denisot, deTréfumel, Jean Chollet, de Quédillac, Julie le
Marchand, de Plumaudan, Julien Filaud, de Cardroc, Ollivier
Bedel, de Baguer-Morvan, Françoise le Maistre, de Rennes,
Perrine le Breton, de Melesse, Gilles Trubert, de Mezières.
Le 16 février 1646, le Père Antoine du Bost, franciscain, vicaire
de Grandville, atteste avec signatures de témoins qu'il vient
en action de grâces à Nazareth, parce que, réduit à l'extrémité,
il a été subitement guéri. En 1648, le recteur de Combourg
atteste authentiquement la guérison subite de Julienne Blan-
din, entrée en agonie le 15 février et rappelée tout à coup à la
vie par un vœu de sa famille à Notre-Dame de Nazareth. En
juillet 1660, il rend le même témoignage pour la guérison de
la femme François Bénis, qui avait été administrée et tenue
pour morte. Anne Faisan, de Plouasne, reprend subitement
connaissance, demande du pain, mange, et peu de temps
après peut accomplir à Nazareth le vœu fait pour elle. Un
enfant de 13 ans, Thomas le Mordant, de Saint-Malo, avait un
os enfoncé dans la gorge ; après quinze jours d'angoisses et
de soins inutiles, réduit à un état désespéré, on lui donne
l'Extrême- Onction, et le seizième jour, après un vœu à Notre-
Dame, il rejette l'os et se trouve guéri. Gilles David, de Loc-
Maria, malade depuis deux ans, accablé par la fièvre, avait
fini par perdre la parole, l'ouïe et la vue ; les médecins ne
conservant plus d'espo^ir, on Tavait administré. Il gardait
néanmoins assez de conscience de lui-môme pour prier inté-
rieurement. Il fait vœu d'aller à Nazareth, et au bout d'une
demi-heure il recouvre ses sens; au bout de huit jours il est
guéri, et le 22 mai 1651, il fait son pèlerinage d'action grâces,
T. VI. — NOTICES. — VI' ANNÉE, &* LIV. 44
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078 SOUVENIRS DOMINICAINS
sur ravis du Père Le Grande jésuite, son confesseur. M. du
Louest, évêque de Corr.ouaille, informé de ce prodige, prescrit
une enquête ; lePèr'e Le Grand est des premiers à attester le
caractère miraculeux de la guérison, et le 2 mai 1652, Tévôque
ctiarge son grand- vicaire de publier officiellement le miracle.
En juin 1647, un enfant de 16 mois, Jean Richard, de Dinan,
tombe à l'eau et revient à la vie au bout de (rois quarts d'heure,
comme rattestent plusieurs témoins, qui signent au procès-
verbal. De même une autre enfant, Julienne Cohare de Pleur-
tuitt tombée dans un puits le 19 juin 1648. De même encore
le 29 août 1649, un enfant Geouffre, de Saint-Méloir, tombé
dans une fontaine ; Louis Bourde, de Plédéliac; Louise Blan-
chard, de Maroué;Yves le Métayer, de Mégrit ; Jacquette
Guerlaven, de Saint-Juvat, âgée de neuf ans, tombée sous la
roue d'un moulin, dont la délivrance miraculeuse fut attestée
au promoteur du diocèse par un procès-verbal portant la signa-
ture du recteur de la paroisse.
Des accidents moins graves provoquent aussi la foi^ et se
dénouent par des merveilles que la reconnaissance a enregis-
trées avec soin. Nicolas Régnier, couvreur, tombé du haut
d'un toit, pendant deux mois impuissant à tout travail, est
guéri subitement et vient lui-môme l'attester à Tof/lcial. Pierre
Souquet^ matelot, gravement blessé au bras à Terre-Neuve,
est aussi subitement guéri et en rend témoignage le 22 avril
10r)0. Une voiture passe sur les reins d'une enfant de trois
anâj Guillemette Galliot, de Plouasne ; sa mère fait un vœu à
Notre-Dame de Nazareth : aussitôt Tenfant parle, mange, et
deux jours après sa guérison est complète. Des grices sem-
blables sont accordées en 1647 à une flUe de M. Dutertre-Gin-
guis, de Saint-Malo, à Alain Bodin, de Saint-Domineuc ; en
1G59 à Jacquemine Jégu, de Mégrit ; en juillet 1651 à François
Langlais, de Matignon, qui avait été empoisonné; au mois
suivant, à Julien Lorans, de Pluduno ; en 1652 à Jeanne
Penmard,. de la Bouillie^ et à Jules Busson, de Saint-Georges,
au diocèse de Dol.
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DANS LE DIOCÈSE DE SAINT-BRIEUG 679
On devine que les Bretons eurent plus d'une fois à remer-
cier la Vierge de Plancoôt, de les avoir assistés dans des
accidents de mer :
Le 29 avril 1647, Yves Séguin, de la Vallée, après avoir été
en danger de périr en route de Saint-Lucie à Saint-Malo ;
le i6 décembre, Jean-Baptiste des Mares et Pierre Hervouet;
qui^ montant une barque de Granville près la Chambre de
Bréhart, avaient vu plusieurs navires submergés sous leurs
yeux, et avaient pu échapper ; le 20 avril 1648, Jean Bourget,
matelot de Saint-Malo , le 27 octobre 1653, Pierre Leclerc, aussi
de Saint-Malo, qui avait pensé périr à bord de la Trinité, vien-
nent attester leur reconnaissance envers celle quiles a sauvés.
Le 2 mars 1652, Isaacle Prieur et Thomas Blanche, de Saint-
Malo, poursuivis près de Terre-Neuve par plusieurs navires
ennemis, avaient invoqué Notre-Dame de Nazareth, et sou-
dain le vent avait changé etilsavaientpuéchapper. Un petit
navire suspendu à la voûte de Téglise portait celte inscription :
c Le 17 décembre 1647, Capitaine 0. Aubry, sieur du Terte-
Blot, de Saint-Malo, étant à travers des rochers nommés les
Casquets, fut surpris d'une tourmente qui le chassait à la
côte sans pouvoir porter aucune voile, et entre deux eaux, se
voua à la Vierge de Nazareth, et incontinent la tourmente cessa,
et il arriva heureusement à Saint-Malo deux jours après. »
Le 3 avril 1651, le Grand Armand, de Nantes, se brisait con-
tre les rocher^d'Armontier, quatre ou cinq hommes seulement
échappaient à la mort par la protection de Notre-Dame de
Nazareth, et le 30 mai Henry Bourget, Tun d'entr*eux, venait
au sanctuaire en déposer officiellement sous la foi de sa signa-
ture.
Comment taire les femmes heureusement délivrées ? En
1647, Madame de la Guyomaraye, de Saint-Denoual, après huit
jours d'atroces souffrances, comme en fait foi une déposition
officielle, signée Gouyon de la Boè'tardaj/e ; la femme Alibran,
de Romillé ; Marguerite Legrand, femme Rolland Gautier, de
Saint-Martin de Lamballe ; le 9 août 1648, Guillemette AUair,
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680 SOUVENIRS DOMINICAINS
de Saint-Malo ; au mois de juillet 1651, Rolande Gourlay. Le
2 août 1649, arrivait en pèlerinage d'action de grâces la femme
Hamon, de Saint-Brieuc, qui, restée pendant douze heures
sans connaissance à la suite de couches, reconnaissait devoir
la vie à Notre-Dame de Plancoët.
Les infirmités les plus inguérissables cèdent à sa puis-
sance. Pierre de Merdrignac, sieur du Boisroullé, de Plancoôt,
est, à son troisième pèlerinage à la statue miraculeuse, guéri
d'une surdité obstinée ; Julienne Hardi, de Tréguihé en Cor-
seul, l'est au second, et en dépose devant l'official. Dès le
premier pèlerinage Georges du Noday, de Plélan-le-Petit,
avocat, juge de plusieurs juridictions, avait été guéri d'une
surdité tellement complète qu'il fallait écrire pour se faire
comprendre de lui ; il avait promis un second' pèlerinage
d'action de grâces, l'avait oublié, était retombé, puis, se sou-
venant de sa promesse, était allé à Nazareth ; il fut guéri
d'une façon qu'il appela lui-môme foudroyante.
Au mois de juillet 16i7*, Julienne le Tourour, d'Elables,
demeurant à Binic, Gilles Cotentin, d'Ingreville, au diocèse
de Coutances^Jacques Nicole, du môme pays, âgé de 40 ans et
aveugle depuis deux ans, déposent qu'ils doivent à la Vierge
de Plancoôt le bienfait de la lumière. Le 22 mai 1648, déposi-
tion semblable de Jean Balue, de Landujan, de Jeanne de la
Motte et de François Even, de Saint-Malo. Le 29 juillet 1652,
Françoise Bertou, du faubourg Saint-Michel de Rennes,
dépose qu'elle est née aveugle et qu'elle voit. Françoise
Thomas, de Dinard, réduite à un tel état de faiblesse, malgré
deux ans de soins prodigués par les meilleurs médecins de
Saint-Malo, qu'elle se traîne avec des béquilles et qu'elle est
souvent deux ou trois semaines privée de la vue, va à Naza-
reth et revient guérie. Pierre Bazire, de Pleudihen, après
avoir perdu la vue, ne l'avait à force de soins recouvrée
qu'imparfaitement, et au bout de cinq ou six ans il la retrouve
à Nazareth. Après le bienfait de l'ouïe et de la vue, on y
reçoit celui de la parole ; témoin une enfant née à Corseul,
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DANS LE DIOCÈSE DE SAINT-BRIEUC 681
Thomase Hervé, qui avait la lèvre supérieure fendue et qui,
à quatre ans, n'avait pu encore articuler aucun son : au retour
d'un pèlerinage à Nazareth, elle parle, et tout le voisinage,
ému de cette merveille, s'empresse d'en signer une attesta-
tion authentique.
On comprend que toutes les infirmités se pressent dans le
sanctuaire miraculeux. Sans parler de François de la Ville-
Péan, en Henan-fiihen, de Jacques Roland, de Corseul, de
Jacqueline de la Boissifere, de Trégon, qui y sont guéris de la
fièvre, de Louis Guérin, de Créhen, de Guillaume Léger, de
Dol, débarrassés des écrouelles,"de Mathurin Even, de Plan-
co(5t, de François de la Chapelle sieur de la Ville Plate, et de
Josselin Denyau, de Gnildo, guéris tous trois de la gravelle,
celui-ci à la suite de l'extraction d'un calcul de la grosseur
d'un œuf de pigeon, bientôt suivie de la formation d'un
autre calcul, qui disparut subitement^ comme sa famille
l'attesta sur le fait et de nouveau le 27 novembre 1654, c'est-
à-dire dix ans après la guérison, comment énumérer les para-
lytiques et les estropiés dont la confiance fut récompensée
par la guérison ? Peu de jours après le rétablissement des
débris de la statue sur le bord de la fontaine, c'est une enfant
de quatre ans, fille de Jeanne Trotel, de Saint-Germain, que
l'on approche de la statue et qui marche aussitôt, bien qu'elle
n'ait jamais pu auparavant se soutenir sur ses jambes. En
1645, c'est la femme Jean du Rocher, de Saint-Mhervé près
Vitré, laquelle en dépose officiellement quatre ans plus tard.
En 1647, c'est Etienne Gouen, de Cancale, Perrine Sébille, de
Broons, une fille de Rolland Souasnier et de Guillemette
Galeran, de Combourg, guérie le 11 juillet, qui en dépose au
bout de sept ans, Jacquemine Baudet, de Paramé, guérie le
10 juin, et Pétronille Le Texier quelques semaines auparavant.
Eh 1649, Jean Le Marchand, prêtre de Médréac. Le 4 avril
1659, déposition officielle de la guérison de Françoise, de la
Ville-Nonne, domestique chez Madame de Saint-Aubin,
paroisse de Quessoy^ signée par elle et par les dames de la
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682 SOUVENIRS DOMINICAINS
Nouô. En juillet 1651, c'est Renée Hay, douairière du Plessis-
au-Chat, de Dingé, en 1652, Hélène Gautier, de Saint-Malo,
et Louis Le Pugneix, de la Bouillie, qui obtiennent leur
guérison. Dès les premiers jours qui suivirent la découverte
de la statue au fond des eaux de la fontaine Ruellan, la gué-
rison d'un jeune paralytique de dix ans avait singulièrement
ému l'opinion. Jean Barbanson, de Pléneuf, paralysé d'une
jambe, souffrait de si atroces douleurs, que dix ou quinze
fois par jour il tombait en défaillance. Il ne pouvait prendre
aucune nourriture. Ses parents firent un vœu à la Vierge de
la fontaine ; Tenfant s'y unit, et aussitôt il sent qu'on le tire
de son lit, haut de cinq à six pieds ; il se trouve debout. Il lui
semble qu'une voix lui élit ; lève-toi, mon flls, tu es guéri, et
il va dans la pièce voisine se montrer à son père, occupé à
son métier de cordonnier. Quatre jours après, ils faisaient
ensemble un pèlerinage d'action de grâces. Plus tard, la
paralysie revint et envahit tous les membres, ne laissant au
jeune martyr, avec une foi et une résignation admirable, que
l'usage de la parole, pour glorifier jusqu'à sa mort Notre-
Dame de Nazareth.
Après tous ces noms, nous pourrions mentionner encore
ici Gilles Ravard, sieur de la Noe-Tressolier, de Pluduno,
guéri en 1646, Julien Guillemot sieur de Houssemaine, de
Matignon, Julien Guedon sieur des Cormiers, deBonnemain,
Robert Landal sieur du Puis, de Saint-Suliac, Jacques Gouin
sieur de la Ville-Denyau, de Saint-Malo, Louise Le Doux de
la même ville, guéris l'année suivante, Jean Menier, de Samt-
Méloir des Bois, et Thérèse Le Borgne de Pleyber-Christ, qui
le furent aussi en 1648 ; qu'il suffise pour clore cette longue
liste, de dire que le mal horrible de Tépilepsie attira aussi à
Nazareth la puissante compassion de la Mère de Dieu, et
qu'on y vit éclater la reconnaissance de François Harel, de
Corseul, qui fut, après cinq ans de souffrances, guéri mirar
culeusement dès le début du pèlerinage, de François Ari-
bart, de Tinténiac, et de Guillaume Bâilet, délivrés en 1646 :
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DANS LE DIOCÈSE DE 8AINT-BHIEUG 083
ce dernier était un prêtre de Saint-Suliac, et son mal était
devenu si violent que depuis quatre ans il ne pouvait plus
célébrer la messe.
En face d'un si grand mouvement de foi, encouragé,
récompensé par des faveurs si merveilleuses, Tépiscopat
breton s'ébranle. Nous avons vu, le 2 mai 1652, M. duLouest,
évoque de Quimper, chargeant officiellement son grand-'
vicaire de publier un miracle obtenu Tannée précédente par
Gilles David, de Loc-Maria. D'autres évoques n'avaient pas
attendu jusque-là pour manifester leur admiration et pour
encourager le pèlerinage. Le 7 août 1649, l'évoque de Rennes
publie la lettre qu'on va lire, mais dont l'original nous
manque :
« Henri de La Mothe Houdancour, par la grâce de Dieu et
l'autorité du Saint-Siège apostolique, évêque de Rennes.
Cédant aux prières de nos pieux fils en J.-G. les frères Prê-
cheurs directeurs delà Sainte-Chapelle de Notre-Dame de
Nazareth, paroisse de Gorseul, diocèse de Saint-Malo ; sachant
combien ce lieu est devenu illustre, et connaissant par des
relations dignes de foi combien de miracles Dieu y a opérés et
y opère chaque jour et qui sont reconnus par l'évêque diocé-
sain ; voulant de notre côté augmenter de tout notre pou-
voir celte dévotion, afin de procurer la plus grande gloire de
Dieu, l'exaltation du nom de la Sainte Vierge, le culte des
saintes images, la dévotion des pèlerinages, et fortifier de plus
en plus la dévotion des fidèles ; ayant reconnu qu'il résulte
d'admirables fruits de salut de cette dévotion que nous sou-
haitons établir ; afin que le feu envoyé sur la terre s'allume
aussi dans le cœur de ceux qui nous sont confiés : Nous
accordons à tous et à chacun des fidèles de notre diocèse, en
vertu de l'autorité divine et-de la nôtre, une indulgence de
40 jours, toutes les fois que, s'étant confessés et ayant com-
munié, ils visiteront la susdite chapelle et y prieront pour
l'exaltation de la Sainte Eglise catholique, l'extirpation des
hérésies, l'union et la concorde des princes chrétiens. Par une
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684 SOUVENIRS DOMINICAINS
faveur spéciale, aux confesseurs de la susdite chapelle
approuvés par leur évoque et à ceux que le supérieur joro
tempore de la maison aura choisis, nous accordons la permis-
sion et le pouvoir d'absoudre les pèlerins de notre diocèse et
tous ceux, qui iront visiter ce sanctuaire, des cas réservés,
sauf les restrictions du droit et des canons. Au nom du Père
et du Fils et du Saint-Esprit. Donné à Rennes etc.
L'année suivante, le 30 juin, c'est l'évêqûe et comte de Léon,
René de Rieux, de la famille des fondateurs, qui accorde
également des indulgences aux pèlerins de son diocèse qui
vont h. Notre-Dame de Nazareth, à la condition qu'ils y réci-
tent le chapelet devant la sainte image.
Enfin révoque de Saint-Brieuc, Denys de la Barde, aime à
témoigner sa dévotion au pieux sanctuaire, sa sympathie aux
religieux, en venant souvent célébrer la messe dans la sainte
chapelle de Nazareth.
Ces bienfaits du ciel, ces témoignages éclatants de la faveur
de Tépiscopat breton, en multipliant les pèlerins dans la nou-
velle église de Notre-Dame de Nazareth, encourageaient
aussi la petite communauté dominicaine à qui on l'avait
• donnée, à y faire fleurir le culte de la sainte Vierge ! Nous ne
savons d'ailleurs rien de particulier des religieux qui y tra-
vaillaient pour la gloire de Marie et pour le salut des pèlerins,
sinon qu'ils furent d'abord en très petit nombre. Ce n'était pas
un couvent proprement dit, se gouvernant lui-même sous
l'autorité du vicaire général de Bretagne, et représenté dans
les chpipîtres de la Congrégation et de la Province par son
prieur et par son député élu, mais un simple vicariat relevant
deSaint-Jacques de Dinan.Aucommencement de 1687,1e temps
parut venu au vicaire général de Bretagne, d'obtenirdu Géné-
ral de l'Ordre l'érection canonique de Notre-Dame de Nazareth
en couvent. Le Général s'y refusa d'abord, parce que la maison
ne lui semblait pas répondre, comme importance et comme
ressources, aux conditions prescrites par les lois dominicaines.
Il n'était pas assez sûr non plus, à la distance où les défiances
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DANS LE DIOCÈSE DE SAUrr-BRlEUC 685
du gouvernement royal le tenaient des maisons de France,
que cette institution sauvegarderait pour le présent et pour
l'avenir les traditions et les observances de l'Ordre. Rassuré
rainée suivante par le bon témoignage d'un homme qui
jouissait de toute sa confiance, et qui avait été récemment élu
vicaire général de Bretagne, Jacques Quenouard, suffisam-
ment édifié sur le caractère, les talents et les services du supé-
rieur qui gouvernait depuis plusieurs années la maison, et
dont tous les efforts avaient tendu à l'amener à une situation
matérielle et morale telle que son érection canonique en
prieuré s'imposât, pressé enfin par les demandes formelles
du chapitre provincial d'Argentan, le Général Cloche n'hésita
plus. Le 6 juillet 1688, il expédia de Rome la patente
d'érection\ en l'accompagnant d'une lettre, on ne peut plus
« Arch. de TOrdre» Rome, Regist. : Francis Provinciœ 1688-1692, Lilt.
patentes, f* 143 : « Nos f rater Antonio us Cloche etc. Cumab ultimi Capital!
Provincialis Provinciœ Parisiensis, habiti Argentomii die 21 mail labentis
anni 1688, deiinitoribus omnibus existimatum fuerit Vicariatnm Do»
NrsB de Nazareth satis magnum numerum fratrum alere posse, ut à nobis
in prioratum possit erigi, harum série et nostri authoritate officii prœdic-
tum Vicariatum Dnae Nœ de Nazareth in Britania in Prioratum erigimus,
ipsumque Congrégation! nostrse Britanniese incorporamus, cum omnibus
gratiis ac privilegiis quibus cœteri omnes Prioratiu frui et gaudere cousue-
▼erunt in Ordine, volumusque in eb conventu perfectam omnibusque parti-
bus absolutam observantiam stabilire ac constituere. Cumque te Reveren-
dum Patrem Georgium Simon, Prsedicatorem Generalem, his dotibus
ezornatum esse noverimus, tenore prsesentium nos trique authoritate officii,
te prsenominatum Référendum Patrem Georgium Simon absolventes prius
ab omni excommunicationis TÎnculo aut alio quocumque ecclesiastico
impedimento, si quo forte innodatus esses, ad effectum dum taxât prœsen-
tium consequendum, damus, facimus et instituimus Priorem, caput et
pastorem prœdicti conventûs nostri Daae N» de Nazareth Congrégation is
nostrse Britannicse, cum omni authoritate et potestate in temporalibus et
spiritualibus, juribus et privilegiis quibus Priores omnes in Ordine ac in
eâ Congregatione de jure vel approbatâ consuetudine uti et frui consue-
▼erunt : Mandantes tibi in virtute Spiritûs Sancti et Sanctœ ObedientisB
necnon sub formai! prœcepto^ ut prsedictum Priorat&s Officium infrà
quatuor horas à notiti prsesentium suscipias, cœaterisque omnibus ad
dietum Conyentum quocumque modo pertinentibus mandantes, etiam sub
formai! prsecepto, ut te tanquam verum et legitimum Priorem à nobis rite
et légitimé institutum habeant et agnoscant, tibique in omnibus subsint et
pareant. In Nomine Patrie et Fil!! et Spiritûs Sancti. Non obstantibus in
contrarium quibuscumque. Datum Romœ in conventu nostro Sanctse
Marise suprà Minervam, die 6» mensis Julii anno D*^ 1688. »
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686 SOUVENIRS DOMINICAINS
flatteuse pour le Père Georges Simon, vicaire de Notre-Dame
de Nazareth, qui en devenait ainsi le premier prieur*.
Le temps démontra au Général, un moment hésitant, que
la résolution à laquelle on l'avait amené était heureuse et
pour Notre-Dame de Nazareth et pour l'honneur de l'Ordre.
Le nouveau prieur, qui s'était dévoué sans réserve à
l'accroissement de la fondation commencée trente-neuf ans
auparavant par la comtesse de Cbâteauneuf, se crut obligé,
par la dignité même dont il se trouvait revêtu, à redoubler
de zèle, et quand arriva le terme de son office, le Général
Cloche s'empressa de lui écrire», ainsi qu'au vicaire-génëral
de Bretagne», qu'il, tenait à rendre ui;i témoignage public
à son dévouement, en permettant aux électeurs du couvent
de Notre-Dame de Nazareth de porter immédiatement leurs
voix sur son nom pour un nouveau priorat. C'était lui
permettre à lui-même d'achever Toeuvre.
R. P. Chapotin, •
de l'Ordre des Frères Prêcheurs.
* Ibid, « Ereotionem domûs Da Nœ de Nazareth in prioratum, tul-
qne in Priorem instltutionem mittimus, rati te omnia ità dispositurum, ut
non aliud quàm à te relictum exemp^m alii deinde sequî debeant. Expedit
enim quàm maxime ut initio omnia rectè constituantur, cùm modicns
etiam error in principio ingentia in progressu detrimenta et incommoda
afferat, nec nisi maximo labore corrigi posait. »
* Ibid, « R. P. Prior, salutem. Pergratum nobis fuit ea quœ à te
de conventu Nazareno scripta sunt addiscere ; magnum Religioni ob-
sequium à te exhibitum est, atque in hujus aliquam compensationem,
dum major apud Deum tibi merces reposita est, eligibilem te pro altero
triennio reddimus.... Perge ut cœpisti, eoque jam labornm hactenùs in eo
conventu construendo, aut in meliorem formam redigendo, dulciores te
abundantiores fructus percipis. Vale. »
s Ibid. « Accepimus P. Georgium Simon, Priorem Nazareni conventûs,
magnis laboribus assiduâque soUicitudine plurima huic conventui bona
contulisse ; œquum videtur, ut jam cœpta perficere possit, qu6d diutiùs
conventum regat. Quare et per prœsentes illum eligibilem reddimus, si
conventûs eligendi jure potiatur, aut, si eo careat, licentiam et potestatem
tibi facimus ut eum iterum ad alterum triennium eidem conventui prœÛcere
posais. »
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RECHERCHES
SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
DE L'ANCIENNE PROVINCE DE BRETAGNE
y^ — Vh Siècle
f Suite J.
VI. — ViB DE SAINT CoRKNTiN (18 décembre 520 î).
Corentin, la gloire de la Gornouaille et Tun des thauma-
turges les plus renommés de toute la France, parait
avoir, lui aussi^ attendu jusqu'au neuvième siècle pour
trouver son premier biographe, mais on ne saurait non plus
refuser au clerc de Quimper* qui entreprit (820-850) d'écrire
cette belle vie une érudition étendue, une simplicité de style
et un air de bonne foi, qui lui concilient tous les suffrages et
portent à donner pleine créance à la plupart de ses affirmations.
Ce qui ne permet guère d'attribuer à cet hagiographe une anti-
quité plus reculée, c'est que, loin d'être contemporain de son
héros, il n'écrivait manifestement que longtemps après la
* Vie de saint Corenltn, éditée par dom Plaine. Quimper. DiTerhès 1886.
n« t, 34 etc.
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688 RECHERCHES SUR LES ORIGINES LITTÉRAIRES
mort du saint, et même après la dédicace d'une basilique
élevée en son honneur à la suite de nombreux miracles*, et
que de plus il vivait à une époque où le clergé des Gaules avait
la douleur de voir plusieurs de ses hauts dignitaires fré-
quenter trop assidûment les cours séculières et en imiter les
vices' ; ce qui annonce assez clairement l'époque des premiers
Carloyingiens. En outre, si les Francs avaient alors un César
à leur tôte', comme semble Taffirmer cet auteur, il ne peut
s'agir que du règne de Charlemagne, ou de quelqu'un de ses
successeurs.
Mais il serait peu logique, d'autre part, de prétendre que
cet écrit est postérieur au règne de Salomon de Bretagne,
puisque du temps de l'auteur, le corps du saint évêque
continuait à se conserver à Quimper entouré de la vénération
publique*, et que, deux ou trois années après la mort du
prince dont nous parlons, ce précieux corps fut emporté
hors de Gornouaille afin de le soustraire à la profanation
des Normands*.
De cet état de choses, on conclura sans peine que cet
anonyme vivait à une époque où les traditions anciennes
n'avaient subi que peu d'altération, pour ne rien dire encore
dd certains documents primitifs, aujourd'hui perdus sans
retour, qui ont pu se trouver à sa disposition. Si Ton joint
à cela qu'il est très sobre de détails biographiques etqu*il
n'appelle guère l'attention que sur neuf ou dix points d'un
intérêt plus saillant, on acquerra de nouveau la preuve que
cette relation paraît mériter de faire autorité, au moins
quant à la substance des faits.
Cet anonyme de Quimper était d'ailleurs d'une rare
instruction, et il avait quelque teinture du grec*. Très
* Ibid., •&• 39.
» Ibid,, nt 2.
* Ibid.
^ Vie de saint Corentin^ n* 12 et aiUeura.
» Preuves de Bretagne^ 1. 1, c. 3i2.
* Vie de saint Corentin, déjà citée n» 34 et passîm.
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DE l'ancienne province DE BRETAGNE 689
versé dans les saintes Ecritures, il aime à en fondre les
textes dans son propre récit. La chronologie lui était peut-
être moins familière. C'est pour cela qu'il a commis un ana-
chronisme des mieux caractérisés, en supposant que saint
Corentin a pu ôtre à la fois contemporain de saint Martin
(An du quatrième siècle) et du roi Grallon (commencement
du sixième). Quant à son style , il est presque toujours
clair, correct et môme élégant. Cet écrivain n*a pas su
cependant se mettre toujours en garde contre un ton, qui
est parfois déclamatoire, mais ce défaut de forme est léger, si
on le compare aux défauts du môme genre et bien autrement
graves qui caractérisent les hagiographes de l'école de Lan-
dévennec, auxquels j'arrive maintenant sans sortir de la
Cornouaille.
VII. — Ecole de Landévenneg.
L'école monastique de Lande vennec, qui remontait sans
doute à saint Gwennolé*, mais sur laquelle nous manquons
de tout renseignement pendant les VI*, VII* et VIII* siècles,
jeta un grand éclat au IX*, et produisit alors au moins trois
écrivains dont les œuvres (prose et vers) sont partiellement
arrivées jusqu'à nous^ savoir, le poète Clément, l'abbé Wrdis-
ten et le moine Wrmonoc.
I* Le poète Clément.
Le premier vivait sous le règne du roi Salomon (857-874) et
le gouvernement de l'abbé iElam. Il avait un certain talent
poétique, mais, aussi pieux que modeste^ il ne cherchait
guère à en faire parade. Aussi fallut-il un ordre formel de son
supérieur pour le décider à composer soit un poème lyrique,
soit au moins quelques hymnes sur la vie et les miracles du
premier abbé et du fondateur de Landévennec. Il y avait là
plutôt un essai qu'autre chose : la versification du poète est
» Voir plus haut V« siècle.
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âSÔ BECHERCHES 5Ul\ LES ORIGINES LITTÉRAIRES
loin d'être irréprochable- Les chevilles n'y font pas plus dé-
faut que les fautes de prosodie proprement dites. Mais les
confrères du poète n'étaient pas difficiles. Ils firent le meilleur
accueil aux poésies en question, et comme Tintroduction ré-
cente da la Règle de saint Benoit et du Bréviaire monastique
à Landévennec rendait nécessaire la rédaction d'hymnes
propres en Thonneur du fondateur de cette abbaye, on accepta
avec empressement celles du nouveau poète. C'est grâce à
cette circonstance que quelques fragments de cette œuvre du
poète Clément nous ont été conservés sans cependant rece-
voir les honneurs, de Timpression. Ces fragments ne se com-
posent que d'un prologue en six distiques et de quatre-vingt-
cinq iambes- On les trouve à la suite du cartulaire de Landé-
vennec et de la vie de saint QwennoléS dont je vais mainte-
nant ra'occuper*
II' WamsTENj abbé de Landévennec.
•
Wrdistenou Gurdisten, qui succéda à ^Elam comme abbé
de Landévennec, jouissait, de son temps, d'une haute répu-
tation littéraire' et il en était digne à plus d'un titre, princi-
palement pour rétendue de sa science scripluraire et
IhéoIogiquCp mais la vie de saint Guennolé, que nous lui
devons et qui ne manque pas d'importance sous le côté
historique et hagiographique, laisse trop à désirer littérai-
rement parlant pour que les critiques modernes se plient à
ratifier les éloges décernés à l'auteur par son disciple et son
imitateur. C'est qu'en effetp à cette date, en certains pays et
particulièrement au fond de la Cornouaille,le bon goût et l'art
du littérateur consistaient à entremêler la prose et les vers,
ou encore à amplifler son discours, à prolonger indéfiniment
Ceci était écrit araat la pablication dudit cartulaire par M. A. delà
Borderia où lei vera dti moîne Clément sont insérés, p. 124-128.
* Vie de saint Paul de Léon^ éditée par dom Plaine, Rennes, 188Î, Plihon,
prologue*
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DE L'ANCIENNE PROVINCB DB BRETAGNE Q^i
les périodes, à en enchevêtrer le plus possible les divers
membres de phrase et les phrases incidentes. C*est du moins
à cela que visaient manifestement le biographe de saint Gwen-
nolé et son disciple Wrmonoc» dont le latin, sans cela, ne
manquerait ni d'élégance, ni de correction. Or, ce but, ils ne
l'ont que trop bien atteint. Mais par bonheur le goût a tota-
lement changé depuis lors. Si au X* siècle, quand au sortir
des invasions des Normands et des Sarrasins les hommes
retrouvèrent assez de calme et de sécurité pour s'adonner au
culte des lettres, on vit encore se renouveler çà et là quelques
essais de composition plus ou moins analogues à ceux de nos
moines bretons*, ce fâcheux engouement dura peu; le bon
goût ne tarda pas à reprendre le dessus et on en vint à aimer
de préférence la clarté et la simplicité du style; on n'eut plus
que de la répulsion pour ce dédale de phrases incidentes, qui
rend les textes obscurs et parfois inintelligibles. Ainsi s'ex*
plique la défaveur dans laquelle est tombé Wrdisten auprès
des critiques, pour qui la forme littéraire prime tout dans un
écrit. Mais pour ceux qui, sans négliger la forme, sont plus
soucieux encore du fond et de la substance, le biographe de
saint Gwennolé n*a pas cessé et ne cessera pas d^être un ha«
giographe d'un grand mérite. C'est à lui, à lui seul, au résumé
fidèle qu'il nous donne d^anciens documents, que nous de-<
vons deux des chapitres les plus importants de l'histoire
ancienne de la Bretagne, celui du règne du roi Grallon, qui
sans cet auteur ne serait guère qu'un personnage légendaire,
et celui des origines de l'abbaye de Landévennec, pour ne
rien dire encore de cent autres renseignements de divers
genre, que l'on chercherait vainement ailleurs que dans l'un
des trois livres de la vie de saint Gwennolé. Aussi suis-je heu-
reux de savoir que ce document, dont les anciens Bollandistes
n'avaient publié que quelques fragments, vient d'ôtre édité
inté^lement et simultanément à Quimper^ par les soins de
f^P&itprand (de Crémone) et le moine Benoit (de Rome) en offrent
^utlques exemples.
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602 FECHKRCHES SUR LES ORIGINES LÎTTÉRAIRES
M. de la Borderie, et à Bruxelles, par le R, P* de Saiedt,
bollandiste.
IIP Wrmonoc : Vie de Saint Paul de Léon.
WrmonoCi disciple de Wrdisten et moino de Landéven-
n€c, fut entraîné par Texemple de son mtilLre à consacrer
deux livres d'une bonne longueur à retracer la vie et les
miracles de saint Paul Aurélien, et par là il a rendu un ser-
vice des plus signalés à Thagiographie, puisque sans ïui cette
vie, qui intéresse à un si haut point la grande comme la
petite Bretagne, serait deoieurée pournous lettre absolument
close. Les autres hagiographes, et en particulier ranonyme
de Fleury, édité par les Bollandistes, n'auraient rien su de
ce saint : ce qu1ls ont pu nous en rapporter avait été em-
prunté originairement au moine de Landévennec. Mais
d'autre part, tout ce qui vient d'être dit du désordre des
phrases que Ton remarque dans Wrdisten, de leur enche-
vêtrement inextricable, de la multiplicité des qualificatifs^
delà longueur démesurée des périodes convient trait pour
trait à son disciple, et n'est pas de nature à lui concilier les
suffrages de tous les lecteurs. Je me plais toutefois à ajouter
que l'écrit de Wrmonoc n'en oiïre pas moins un véritable
intérêt non-seulement comme biographie d'un illustre thau-
maturge, mais aussi en raison des renseignements de tout
genre, principalement sur les personnes et les localités, dont
il est rempli. L'anonyme de Fleury avait fait à cet égard
'bien des suppressions fâcheuses, pour ne rien dire en outre,
du manque d'autorité, qui s'attachait naturellement à un
travail û'aôréuiaieur. Aussi celui qui écrit ces lignes a-t-il
été heureux de faire jouir le public du texte même de Wr-
monoc dans sa saveur et son intégralité primitive en Tinsé-
rant dans les Anaîeeta Bollandmia^ *
' Ànalecta BoUandiarm, t. l, p. 208 et suÎTantea. Depuia, M, Cuiawrt Ta
publié une lecondo foU dam la Eevu^ ccHi^uef Tome Y.
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DE l'ancienne province DE BRETAGNE 693
Le Léon, dont je viens de m'occuper àToccasion de saint
Paul Aurélien, était la patrie de Wrmonoc, mais il a donné
naissance à un second écrivain du neuvième siècle dans la
personne du biographe de saint Goulven. Je vais consacrer
quelques lignes à cet auteur.
Vin. — Vie de saint Gqulven (1" juillet 610).
Saint Goulven, Tun des premiers successeurs de saint Paul
de Léon, a vécu partie au sixième, partie au septième siècle.
La chose est incontestable, et c'est tout à fait à tort que dom
Lobineauet plusieurs autres critiques* ont rejeté le saint
évoque au dixième siècle avec son protecteur le comte Even.
J'ai dit plus haut un mot de ce malentendu, à propos de
saint Hervé, mais, il ne sera pas inutile d'y revenir. Cette
erreur doit avoir pour cause la biographie môme de saint
Goulven, celle dont je m'occupe en ce moment, car l'auteur,
en parlant des hordes de barbares Saxons, Frisons ou
autres, contre lesquels ledit comte eut à combattre, les
désigna par les expressions Daci et Normanni. Or la
chose s'explique d'elle-même, si on vient à réfléchir que
cet anonyme, vivant au neuvième siècle, comme je le
suppose, c'est-à-dire au moment où les Normands envahis-
saient le pays, il devait trouver tout simple d'appeler du
même nom les Barbares, contre lesquels le comte Even
avait eu à lutter au VI* siècle. De pareils anaçhronismes
d'expression n'ont jamais été rares au moyen-âge, mais on
aurait tort d'en tirer des conséquences analogues à celles
qu'ont mises en avant dom Lobineau et ses confrères. Mainte-
nant, ce qui donne à penser que l'anonyme en question appar-
tient réellement au neuvième siècle, c'est que, pour désigner
la Bretagne, il se sert indifféremment des termes Britannia
minoi\ Letavia, Armorica. Ces expressions en effet ne
' Biitoire littéraire de la France t. 6 p. bl8.
T. VI. — NOTICES. — Vl* ANNÉE. — 0* LIV. 45
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69i RECHERCHES SUR LES OKIGINES UTTÉRAIRES
s'emploient plus communément après les règnes de Nominoé
el cïô Salomon, si je ne me fais illusion.
La vie de saint Goulven est d'ailleurs aussi pieuse que cor-
rectement rédig^ie. L'auteur avait une connaissance particu-
lière des localités dont il a à parler, et s'appuyait pour les
renseignements biographiques sur des écrits antérieurs, qui
existaient encore de son temps. Arrivé, en effet, à Tépiscopat
du saint, il s'abstient, dit-il, d'entrer dans les détails parce
qu'il n'a plus à cet égard ni relation, ni écrit aulhenlique*.
Conclusion : il avait à sa disposition des documents de ce
genre pour les périodes antérieures Cette vie restée inédile
jusqu'en ISOO', à part les fragments textuels qui avaient été
insérés dans les anciens bréviaires de Léon, n'en a pas
moins servi de thème aux proses et aux gwerz, qui ont été
composées en l'honneur du saint évéque. Elle renferme
beaucoup de détails sur l'enfance, la vie érémitique et les
premiers miracles de Vm\ des patrons du Léon, mais pres-
que rien sur son épiscopat*
J'arrive maintenant à^Tréguier où trois anonymes récla-
meront un moment notre attention. C'est par eux que je
termuierai ce que j'avais à dire des écrivains bretons du
neuvième siècle.
IX^ TROIS ANONYMES DE TrÉGUIER.
A tout seigneur tout tionneur, dit l'adage. C'est pourquoi
je débuterai ici par le second biographe de saint Tudual,
l'apôtre breton du Trécor.
• Vie de saint Gouiven^ vei^ la fin.
1 L'auteur de cea lignes vient de la publier en français avec éclaircisse-
m«iita dam lei Mémoires de ta Société archéologique du Finistère, t. XVII,
p. i%-\\l et 7;i*99. V. à PariUf le tpxte latin du Légendaire breton déjà tant
d« IbiE cité.
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1
DE L^AKCIEN'NE t^ROVlSCE DE BRETAGNE 605
!• Second biourapuê de saint Tudual.
On a vu plus haut que saint Loévan iivait écrit le premior
la biographie de son maître vénéré. Un anonyme reprit le
travail en sous-œuvre, et se plut à en tirer certains dévelop-
pements que so[i devancier btvait négliijés. IMe tit, en s'ap-
puyant tant sur les anciens titres conservés dans les archives
(a* 26) que sur une première vie du saint écrite selon lui en
langue scotique* maig qui n'est autre selon toute apparence
que celle môme de saint Loévan, Ce qui tend à prouver que
cet auteur appartient aux premières années du neuvième
siècle, c'est qu'il ne fait aucune allusion soit aux invasions
normandes qui dépouiUtirent la Bretagne du précieux corps
de saint Tudual, soit au transfert à Tréguier du siège épis-
copal, qu'avait occupé ce même saint, transfert qui est an-
térieur à Tannée 850, Récrit le latin avec une clarté et une
simplicité qui étaient assez rares de son temps, mais il est
demeura inédit jusqu'à nos jours'.
2» Vie DE saint Me loir (1" octobre 700).
La vie et le martyre si touchant de saint Méloir ou Melar,
égorgé à rage de 15 ans par les ordres d'un oncle aussi cruel
qu'ambitieux, ont été racontés avec un vif intérêt par un ano-
nyme, qui selon toute apparence, appartenaitjpar la naissance
à Tancien diocèse deTréguier, et par la date de son existence,
au neuvième siècle* Cette dernière assertion ressort avec
clarté de ce que cet auteur, sans être contemporain de son
* In vita tancii àarbarica scoti^enarum Unguâ desûripia reperitt4r
(Prolog.).
> M. de la Borderie ik publié, à Saint-Bneuc, en ISSa^ la tezta de ^ ào-
rumen t avec celai de deux £ïi;tres Ties de Saint TaduaU
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héros, il s'en faut de beaucoup, écrivait cependant avant les
invasions normandes et avant toute translation des reliques
du saint soil à Redon (849), soit à Lehon (880)^ et enfin à Paris-
Quant au lieu de naissance, il paraît assez bien déterminé par
celte double circonstance que Tanonyu^e en question con-
naissait à fond Lanmeur et les autres localités où a vécu saint
Méloir, et qu'il se montre animé des pîus grands sentiments
de vénération à t'égard de saint Milliau^ le père du jeune
martyr : car ce bie^iheureux n'a jamais été lobjet que d'un
culte local très restreint. C'est assez dire qua le biographe
de saint Métoir était particulièrement bien placé pour con-
naître les faits dont il nous a laissé la relation, 11 écrit d*ail-
leurs avec clarté et élégance ; les néologismes et les mots
barbares sout rares sous sa pïume. Par mallieur cette vie Je
saint Méloir ayant été portée de Bretagne en Angleterre au di-
zième siècle» y devint Tobjetd'une ititerpolation déplorable que
Cupgrave et après lui IcsBoUandistes' n'ont paa peu contribué
à répandre et à accréditer ensuite. Quant au texte auttien*
tique et intégral il était encore inédit avant 1880, mais celui
qui écrit ces lignes a pu alors en faire jouir le pubfic en îe
publiant dans le tome V des Anakcta Botlandiana.
3. — Vie dk S. Ké-^flamm (3 novembre 600).
La^iede saint ErOamm forme Tun des plus touchants
épisodes de tonte l'hagiographie bretonne.
Kfnamm, fils d'un roi d'lr)indc% avait été fiancé contre son
gré à la fiîie d'un autre roi du môme pays^ afin d'éteindre par
cette union des haines invétérées qui menaçaient la paix des
deux royaumes. Mais à cela il y avait un obstacle ; le jeune
prince prévenu d'une grâce particulière avait fait vœu de
virginité. Toutefois, pour ne pas irriter son père, pour ne pas
donner occasion à une guerre sanglante^ il fit semblant de
» Acu s. s, Januarii, 1. 1^ |». 38.
DE l'AXGINNE province DE BRETAGNE
se prêter à ce qu'on demandait de lui et consentit à recevoir la
bénédiction nuptiale; seulement, le soir m(^mede!a cérémonie,
quand il se trouva seul avec Azénor, c'était le nom de la prin-
cesse, il s*em[>ressa de lui faire connaître la promesse qui l'en*
chaînait à Dieu. Après quoi, pour arrt^ ter tout dang^erde man-
quer à sa promesse, il profita de la null pour descendre au port
voisin avec quelques confidents et monter suf un navire
qui faisait voile pour un pays lointain. La Providence le fit
aborder sur la côte septentrionale de TArmorlque, non îoin
de Tembouchure du Léguer et de Lannion, Le saint signala
son arrivée dans le pays en Taisant périr un dragon qui ré-
pandait partout la terreur. Après quoi il bâtit quelques cellules
pour lut et ses compagnons et commença à y mener une vie
moitié érômitique, moitié cénobitique. Survint alors Azénor,
qui avait traversé TOcéan pour retrouver son fiancé, et ne de-
mandait qu'à vivre auprès de lui, mais dans une cellule sé-
parée et d'une vie plus angélique qu'humaine. Efflamm accéda
à un vœu si légitime. Joignez à cela l'épisode de saint Gestin,
et vous aurez en substance la merveilleuse légende de saint
Efflamm. Si quelques détails en sont fabuleux, elle n'en ren-
ferme pas moins, sans nul doute, un fonds considérable de
vérité. L'auteur a négligé de fixer les dates. Pour moi, je ne
crois pas me tromper beaucoup en faisant de saint Effiamm,
un contemporain et un disciple de saint Tudual. Or celui-ci,
dont les ancêtres étaient irlandais, avait du être amené
sur les côtes de Trécor par la présence en ces lieux
de son parent saint Brieuc qui, comme lui, était né en
Irlande.
Quant au rédacteur de la légende, il est assez difficile de lui
assigner une date. Cependant, une première chose parait
certaine, c est qu'il est antérieur à Tannée 1080 : car cet ano*
nyme termine sa relation en disant ce qu'étaient devenus
jusqu*à son temps les lieux sanctifiés par la présence d'Ef-
flamm. Or, en l'année susdite, le rocher du saint, ûiiHyrglaSt
avec tout ce qui Tentoure, devint la propriété de Tabbaye du
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Mont St'MicheV, et cependant notre auteur se tait sur un fait
de cette importance. Mais il y a plus ; Tanonyme en question
doit avoir écrit même avant les invaeions normandes : car il
garde également le silence à cet égard. En outre, s'il affirme
que la tombe de saint Efflamm, après avoir été entourée
pendant un temps plus ou moins long des hommages delà
piété publique, tomba ensuite dans un certain oubli, il n'in-
dique d'autre cause de cet oubli que le lapa de temps écoulé :
or, de 600 à S7S il y a un espace d'années plus que suffisant
pour tout expliquer. Enfin, s'il ajoute que l'invention des
saintes reliques donna lieu à renouveler îa mémoire même
du saint* J! ajoute aussi que cette invention arriva à une
époque où îa Bretagne obéissait à un seul chef, qui portait le
tîlre dw roi?. Or, il n'en fut plus ainsi après Tannée 907, date
de la mort d'Alain le Grand. Tels sont les motifs qui nous
portent à placer au neuvième siècle la rédaction de celte
merveilleuse légende. Elle est d'ailleurs écrite avec assez
d'élégance et de correction, bien que le ton y soit parfois celui
de la recherche, et les allures, celles de l'ampliflcation**
Avec le biographe d'Kfflamm, se termine l'excursion que
j'avais entreprise à travers la péninsule armoricaine à la
recherche des écrivains bretons du neuvième siècle. Cette
excursion, on le voit, n'a pas été sans fruit : et le nombre
des auteurs, dont les noms et les titres à la reconnaissance
de la postérité viennent d'être recueillis, n'est pas à dé-
daigner : mais, par malheur, le dixième siècîe,qu*il est temps
d'aborder, sera loin" d'être aussi fécond, et ne fournira nulle-
ment une moisson aussi abondante en renseignements et en
documents.
(A suivre.) Dom Fa, Piaine:.
Preuves de Bret., t. i, p, 4G0,
■ Voir U fin do cette légende.
' La U'-gendô dd saint î*";fflamm est (encore médite et se conaerTa à Paria
dans le Légendaire Orefon déjà bion des fois citd ; mais j*a[ appris avec
bonheur q^ue M^ Tabbé Luuas se propoie de l'vdjter proclLainemenl.
»T^
, LEPISCOPAT NANTAIS
A TRAVERS LES SIÈCLES
rSmie'J
IL — BONABES 11 DE BOCUEFORf
1392 — 1398.
Bonabes de Hochf'forf, second fils de Marfe d'Ancenis^ mariée
en deuxièmes noces à autre Bonabes de Rochcfort, sieur
* Voir Iê. 6* année. ^^ livraiion.
> De docïim(!nt8 m la tlernièrem^ot sous non yeux par notre bon confrÈre et
ami, M. S. de la NicolUèrËf archiviâtâ munieipal & NfinVes, à l'obligeance
duqiiél nous devons déjà, tous !ês monuments sigillogi^aphiqui-a de nos Evéqueft
documents dont nous n'avons inallieureusement pu nvoir cornmunioiUion en
Unjpg utile^ il résulte que Tuddition par nous fy^it© de Tépiscopat de
Henri 111, intercalé entre Henri de Cales trie et Daniel Vigier f^"^ faKricuîe de
l4t Eeruê, 6* année, pp. Iîi7-198) est h rt^ trancher-
Nous laisserons h. M, de la NicolJière lui-mame, dans La prochaine livraison
de la Retue^ leaoin de reproduire les pièce* prcbîiïilas et l'erreur bien iûv<^-
Ion taire cginmite 30U« Tautorité de Travers.
k
d'Henleix', succéda en 1392 a son frère utérin, Jean de
Montre! ai s.
La maison de Rochefort, qui, avec les deux évêques de
Nantes, a donné à Téglise de Bretagne un évoque de Léon en
1349 est une des plus anciennes et des plus illustres de la
province. Originaire du diocèse de Vannes, elle eut un re-
présentaîità la première croisade*, elle paraît au treizième
siècle dans le comté Nantais où elle posséda la vicomte de
DongeSj la baronnîed'Ancenis, les belles ferres et seigneu-
ries d*Assérac, de Henlelx, de Rochefort, etc. La branche
atnée se fondit dans Rieux et la brancliedeHealeix, à laquelle
appartenait Bonat}es TIj dans Rohan.
Ainsi que son grand oncle Bonabes I, Bonabes II por-
tait : Vairê d'or et d'azur. Un acte des archives dépar-
tementales', daté de 1394, conserve l'empreinte du seeau de
la cour de Tévêque de Nantes, La matrice qui servait à
apposer au bas des pièces la marque du visa épiscopal de
Bonabes de Rochefort, pourrait avoir servi à plusieurs
év&ques, et remonter peut-être à une cinqnanlaine d'années,
attendu qu*elle ne porte aucun nom. Dans le champ de ce
sceau orbiculaire, mesurant 0, 033™ de diamètre, est repré-
senté révoque bénissant, à côté de son diacre. Légende :
f S{igilîum) curie epfiicopjî Nannefenisis).
Au même acte est apposé le sceau de rofficialité, de forme
ogivale, mesupantO,033 surO,021 ; dans le champ est Técu aux
armes de Rochefort, attaché au bâton d'une crosse passée
dans une mîlre, de chaque côté de laquelle sont les lettres
* Dd *oii second mariage, Marie d'Ancenia enl Guy, qui coniinua la lignée
des seigneurs du H^nlelx, Bonabes, évâqae dfï Nanua, et au tooms tieuï
Autres flUe«. Bile eut ainsi k satiâraclion de voir qti;Ure de :$ea enfants em-
brasser la carrière eccléti asti quej parmi lesqueli trois furent âvé^ufs et Tuit
cardinal.
* Mm* de Bnjeux, p. îfl.
* Arcb, dép. Arm. D, c»as. A iï« S J ,\rmorial de M. de la NIcolrftrcT p. SO).
B, 0. ûfficialis. Légende; Sitjillum curie officialaim
Nan [netensis]* 1 Armoriai p. 60,
Bonabfïs II de RocheTort prit possession du siège de Nantes
en 1392, les trésoriers dti duc ayant compté celte année les
fruits de sa vacance, close et arrêtée depuis la mainlevée
obtenue par Bonabes quelque temps auparavant. Bonabes II
de Rochefort fit sa soumission à la chambre apostolique le
mercredi 4 septembre 1392. lî Ht au duc aveu et serment le
9 mars, second dimanche de carême de l'année suivante et le
renouvela de nouveau trois ans après^ le mercredi 2 mars,
après Remwhcere^ de l'an i39Ô\
Le pape Clément Vïl, dont on suivaitTobédience en Bretagne,
mourut en 13fM, Le cardinal Jean de Lune lui succéda le
28 septembre sous le nom de Benoît XIII- Le roi Charles VI,
voyant avec peine le schisme se perpétuer, assembla à
Paris, le 2 février 1395, les évoques et députés de toutes les
Universités du royaume, afin de délibérer sur les moyens de
réteindre. Notre évêque fut de rassemblée avec les titulaires
de Tours, du Mans, d* Angers et de Rennes. On reconnut dans
cette assemblée le nouveau pape Benoît XIIL La Bretagne,
la France et TEspagne adhérèrent à celte délibération. Les
archives du château de Nantes possèdent en original quan-
tité de bulles de ce pape, de 1394 a liÛ6, et il ne paraît pas
qu'on se soit séparé de lui à Nantes avant 14i)t), épot[ue où
Ton suivit l'obédience d'Alexandre Vj élu par le concile de
Pise contre Benoit Xlll d'Avignon et Grégoire Xll de Rome*.
De retour de Paris à Nantes, Bonabes de Rochefort ratifia,
* Dom Morïce 3 pirblié le mfttti- sceau Pr. 11. planche TX, n« CLXVII, mais
dans il-?:a proportions henunoup plus g^ran des que celles d^ roriglnal, car il lui
donni 0, Oh^ sur 0,035 (îCxtrait de M. de h\ Ni colliers p. &a).
» Du Paz, ffist. généaL des Maisons de BrêL — Ârch. du château de
Nantes, arm. S. casa. B. n' 17. D. Lobineau, Hist. de BreL T. ii, p. 1225. —
Arcb, du chàtaau de Nantes^ &vm. E. cii^. C.
* Labb. Couc.T. xi, p, 251 L — FAcherj : Spicil. T. vi, p. 7L — Martène,
T, vu, p. iSù.^^HUt. de rUnireriUédt Paris, T, iv, 732,
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7ftj L'ÉPrSCOPAT NAXTAIS A THAVERS LES STÈCLÏS
le 16 ayril 1395, Térection de la sacristie de la cathédrale en
titre de bénéfice'.
Le 25 février 139G [alids 1397), il Tut présent et consentant
avec les seigneurs et les évoques de la province à la ratifica-
tion que le duc Jean IV, étant à Ploërmel, fit de la fondation
de sa collégiale de Notre-Dame du Champ, à Anray, et le len-
demain, à 1 acte d*assignation, sur les revenus du comté
de Nantes, du douaire de Jeanne de Navarre, sa dernière et
troisième femme'.
Bonabes de Rochefort mourut le jeudi 8 août 1398 et fut
inhumé dans sa cathédrale. Dans un acte du 2 novembre
suivant, on lit ces paroles : « Monsour Bonabes de Rochefort,
« naguères évoque de Nantes, qui eut pour hoirs Marie d'An-
« cenis sa mère et Gerion de Rochefort, son frère, n
L'évêque Bonabes a donné au chapitre cinq cents sols de
rente annuelle pour son anniversaire à perpétuité\
Le pape Clémpnt Vil avait, en 1392, nommé à Tévôché de
Nantes Gui de Lescours, mais à celui-ci le chapitre préféra
Bonabes de Rochefort qui l'emporta sur son compétiteur.
tJn acte de 1391^ lui donne le titre d'éludé Nantes*, Après la
mort de Bonabes de Rochefort, Benoit Xïll le remplaça par
un certain Pierre, auquel le duc accorda mainlevée des fruits
le 1" janvier 1398. 11 était docteur de tliéologrie. Le pape lui
commit Tadministralion, au spirituel, des îles de Jersey
et de Guernesey, au diocèse de Coutances, et dépendant de
l'Angleterre, Pierre fut évoque peu de temps. Il mourut*
ou le pape le transféra à un autre siè^e, Tan 1399. Cet évoque
n'est point entré dans les catalogues*,
* Tltr«fl du chapitre.
» Lobinêau, t, ii, p. Oiû, — Reg. de la Cb. d^* Comptes de Bi*et — Dom
Lobincftti, t II, p. ftGI,
* Livre des Anniversaires.
* Lenfant, Uist. dit Cône, de Pise^ piiPt. it, p. 177.
' Hîmer, t, vm, p. 131 ; dom Mor. t, ii» p, 707*
Diqitized b\
gqôsL
75. — BERNARD DU PEYRON
Ï3§9 — 1404,
Bernard II du Peyron, originaire de Gascogne et aumô-
nier de la duchesse Jeanne de Navarre^ portait : âfe...,,
à la colonne de cantonné de quatre roses, — 11 fut élu^
confirmé et sacré évoque de Nantes en Tan de grâce 1399*
C'étaïtsousle pontificat du pape d'Avignon Benoit Xlll, etle
règne du duc Jean IV, qui mourut peu après, Bernard prêta,
la même annéCi à Avignoa et en la cour du pape Be-
noît XIII, le jour de la saint Grégoire, son serment de fidé-
lité au duc, dans lequel il s'intitule : a Bernard, par perniis-
« sion divine et du Saint-Siège apostolique, évoque pacifique
de Nantes^ en Bretagne*, etc.. » Il fit son entrée solennelle à
Nantes, ie 20 juillet suivant. Son sceau orbiculaire en cire
brune, d'environ 0,032, est apposé sur queue de parchemin à
une quittance de 100 florins d'or, donnée pour la ferme des
fruits appartenant à l'évAché dans la paroisse de Saint-Cyr
en Rays, Dans le champ, un ange soutient Técu placé devant
* Arcli* départ. Arm. E, ca«. C, n* I&. L^ aû^aii de Bernard, appendu à
cette pièce, a été «nlevé par une personne qui a coupé les cordons lur
l«it|uels jl étaitappoJié (Note de M, de la NicoUière).
lui et timbré d'une crosse tournée à gauche. De la légende
circulaire, it ne reste qun les lettres BERNA, Au-dessus se
trouve, sur cire rouge, rempreinte de l'anneau épiscopa!,
représentant, dans un octOErone allongé, un écn très fruste,
sommé d'une crosse tournée à gauche. L'acte, daté du 5 dé-
cembre 1400, se termine ainsi : Suù siffillo et passame?iio ma-
nuaïe. Il est signe de B{3rnard : Id^m B. Epiisver esi\ (Armo-
riai p. 01),
Le 3 janvier 1400, Tévfique de Nantes avait donné, ainsi
que les autres évêqucs de Bretagne et les seigneurs, son
consentement à un accord passé entre la veuve de Jean IV
et Jean de Bretagne, fils de Charles de Blois, Olivier de
Clisson et Alain deRohnn, pour la sûreté du jeune duc Jean V»
qui était dans la onzième année de son Ôge*
Le S février suivant, Bernard se trouva au concile
d'Angers'; il était encore dans cette ville le 15 du mÔme
mois, et y admit ïa permutation que deux bénéflciers du
diocèse de Nantes firent de leurs bénéfices entre ses mains'.
Cet acte est daté d'Angers, Tan VI de l*électîon de Benoist,
dernier étu pape.
Notre é vêque se rendit de là à Avignon, près de Benoit XIII,
avec une commission écrite de la duchesse Jeanne de Na-
varre, Il s'agissait de solliciter du pape une bulle de dis-
pense lui permettant de se marier avec qui elle voudrait de
ses parents jusqu'à un certain degré, et une autre bulle, pour
elle et ses gens, portant permission de fréquenter les excom*
munies, La duchesse avait dessein de passer en Angleterre
et d'y épouser le roi, son parent, qui suivait avec son ro-
yaume Tobédience de Boniface tX* Etant à Avignon, Bernard
fit serment le 12 mars 1400, au jeune duc Jean V, pour le tem-
porel de l'évôchéde Nantes\ On ne sait d'autre raison do ce
* Ârch. départ Arm. Q. casa. FI, n* 4ft,
' Keg, de l'êgUie d'Anprera,
> Titres de rarcliidîacoaé flu Nantes,
* Chut, de fiantes, Armi R, casi, C\
r BEHNARD DU PEYRON Î05
serment prêté à Avignon au duc absent, plutôt qu'à Nantes,
au duc présent, si ce n'est que Benoît XIII voulait, d'un
évoque de Bretagne ou de cette province, un acte daté de
l'année de son pontificat. Il craignait probablement que l'on
nt> s'y conformât à l'édît de soustraction donné par le roî
Charles VI le 28 juillet 1398, et k un autre édit du même jour
qui défendait d'obéir à Benoît Xïll, de recourir à lui pour
les affaïres ecclésiastiques, et qui mettait en commande les
J>énéfices tenus par les partisans de Boni face IX comme par
ceux de Benoît XUL ^
L'évoque de Nantes lit un long séjour à Avignon ; toutefois
il revînt avant la Pentecôte 14ôi , car le vendredi suivant
27 mai, il se trouvait au pays de Rays, où il passait une ferme
des droits et revenus de Tévéché dans celte partie du dtocèse'-
Bernard accompagna à Rennes le duc Jean V, qui s'y fit
couronner le 22 mars 1401. A son retour, il trouva son diocèse
infesté par une maladie contagieuse qui le dévasta depuis
Pâques jusqu'à la Toussaint suivante- 11 passa, à Nantes, en
1402, un accord avec Tabbé et les religieux de Blanche^Gou-
ronne', Le3 avril de cette année, la duchesse Jeanne de Na-
varre, mère du duc régnant Jean V, épousa à Nantes le roi
d'Angleterre, Henri de Lancastre, son cousin, avec dispense
de Benoit XIIL Le roi d'Angleterre épousa la veuve de Jean
IV, par procureur, avec dispense de Boniface IX, la Bretagne et
l'Angleterre ne reconnaissant pas le môme pape^,
Bernard fut présent, fe 7 janvier 140U, àPariSj à Thommage
que le duc Jean V fit au roi Charles VI, et le 2S mai suivant,
il assista à rassemblée oii le roi révoqua la soustraction d'o-
béissance à Benoît XIU*.
Toujours opposé, dans les délibérations, au retour à To-
Tobéissance an pape d'Avignon, qui Tavait pourtant élu à
«
* la. Arm. Q, ca««, E.
* Titre* de BJanche-Couronne»
. 1 CUron, de Saint-Brieuiî. D. Lob. t. u. p. 877. D, BîoHce, t. ^ p, R5 etse,
* Cbài. de Nantes, Arm. G^cass. C, n* i. Lob..t, n, p, ëlf.
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706 l'épisgopat nantais a travers les siècles
Nantes, Bernard du Peyron fut, en 1404, transféré par Benoît
XIII au siège de Tréguièr et remplacé à Nantes par Henri Le
Barbu, évêque de Vannes, entièrement dévoué et attaché au
parti français*.
A cette occasion, maître Jehan Jouvenel, avocat du roi,
proposait et disait, dans l'assemblée des princes, des prélats
et des députés des universités que le roi ordonna de tenir à
Paris, en décembre 1406 : « Je treuve de Tévêque de Nantes
a en Bretaigne, M® Bernard du Pérou, qui a esté esleu, con-
« Armé et consacré et goy et usé paisiblement par quatre
t ans et pour ce que ce fut fait durant la sustraxion, Mon-
a sieur Benédict (Benoit XIII) lui a osté son evesqué en a fait
« provision à un autre (à Henri le Barbu) et ly a baillé Tré-
« guier, là où il n'entendoit ^aie au mot du langage du pais.
« Or voies comment il y a bien pourveu des preschéours ;
« et le reputoit par sa bulle indigne de Tévesqué de Nantes
ti poiu* ce qu'il s'estoit consenti à sa sustraxion. Je m'en croy,
«c je les ay viies, etc. . .' »
Bernard ne fit que paraître à Tréguièr, on ne sait même
s*il y alla, Benoit XIII l'ayant aussitôt transféré à Tarbes sur
ce motif que ne sachant pas la langue du pays, il n*y pouvait
prêcher, et par conséquent était un pasteur inutile et inca-
pable de paître ses brebis.
Bernard revint en Bretagne en 1408 et y plaida contre
Henri le Barbu, pour rester à Nantes, regardant sa transla-
tion comme absolument nulle par défaut d'autorité dans
Benoit XIII, qui n'avait pu, à sa seule volonté, contre les
saints canons et les règles de TÉglise, le tirer malgré lui de
son siège et le faire passer à un autre. Bernard fut contraint
de céder ; le duc obéissait à Benoit XIII et favorisait Henri le
Barbu. Les deux évoques en vinrent à un accord, le 22 octobre
1411. Henri s'obligea à payer à Bernard deux mille écus d'dr
* D. Morice, t. ii, p. 705. Arch. du ch&t. de Nantes, arm. G, cass. C, n» I.
« Pr, de VHist. du Conc, de Constance^ par du Chattenet, p. 148, etc.
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HSHRl LK BARBU
1fl(?
au titre de vingt-quatre karats, à ïa taille de 62 ati marc, et à
vingt-deux sols six deniers de cours en France. Bernard se
déclara satisfait et retourna à Tréguier^ oii il resta jusqu'à sa
mort, et malgré Benoit XIII, sans avoir pris de bulies-
n. — HENRI LE BAltllU
1104— 1419,
Henri II Le Barbu. Le Barbu, en breton Le Barvel, sieur du
QuiUou en Plougastel-Saint-Germain, de Trevehy en Ploue-
nan, de Tromenec en Landeda, de Kerenez, paroisse de Ker-
louan, de Coetansal en Ploudiry, appartenait à une vieille
famille. Cette maison assista aux montres et réformations
de 1-426 à 1503, dites paroisses, évêchés de Cornouailles
et Léon. Elle portait : d'or au sautoir flenronné d'azur, aliàs ;
accompagné d*an croissant en chef ^ aliàs ; une tête d'homme
barbu (Sceau de 1381),
Elle a produit, outre Tévêque Guy^ son frère, évêque
de Luçon en 1385, mort en 1410, Jean, père du précédent,
écuyer du duc en 1300, et ratifiant le traité de Guérande en
1381 ; — Alice et Marguerite, abbesses de la Joie de 1391 à
1451 ; — Une branche puînée de la maison le Barbu, passée
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708 l'épiscopat nantais a travers les siècles
en Gaienne, subsiste mainteriant en Allemagne, sous le nom
de Trevey'. (Armoriai p. 62).
Henri le Barbu était fllsde Jean, premier du nom. Il est
nommé avec son père dans le testament d'Hervé de Léon en
1463. L'écu de ses aï^mes, surmonté d'une crosse tournée à
droite, se trouve sur le côté ouest de la tour absidale de la
cathédrale de Nantes, près de celui de révoque suivant, Jean
de Malestroit, entre ceux de Geoffroy Pantin et d'un autre
prélat, ce dernier écu trop fruste pour être reconnu.
Aux archives départementales existe le sceau en cire verte
d'Henri le Barbu, évoque de Vannes. 11 est ogival, en très
mauvais état de conservation, plus du tiers de la partie supé-
rieure a disparu. Dans le champ sont trois niches, les deux
des côtés ornées des statues de saint Pierre et de saint Paul,
celle du milieu occupée par un personnage dont les attributs
ne peuvent être déterminés. Au-dessous est Tévêque age-
nouillé, la mitre sur la tôte, la crosse entre les mains ; de
chaque côté de ce compartiment, un écu aux armes du
prélat, avec une crosse tournée à droite, entièrement ren-
fermée dans le champ. Légende : (sig) il flumj (H) enrici Dei
gratia veneten (epi). Lacs de parchemin*. {Armoriai, p. 62).
Henri le Barbu était religieux de Citeaux, docteur en théo-
logie, et avait été abbé de Prières. En cette qualité,il assistait
le 4 avril, jeudi de la semaine de la Passion 1381, au ser-
ment solennel que le duc Jean lY fit dans Téglise collégiale de
Guérande d'observer le traité conclu avec le roi de France le
15 janvier précédent*.
Simon deLangres, lui résigna Tévêché de Vannes en 1383*,
il était alors conseiller du duc, dont il devint le chancelier en
1394. Deux ans après, il donna solennellement,le 2 décembrCi
dans la maison de Jean IV à Paris, le sacrement de conflrma-
• V. GourceUes, Hist. des Pairs de Fratice^ t. ui. Trevey. (Armoriai, p. 62).
• * Arch. départ, de la Loire-Inf. (Armoriai p. 62).
* Arch. du Chat, de Nantes, arm. T. cass. G. n« 29.Lobineau T. ii, p. 623.
^ * Histoire des pqpes d'Avignon, par Baluxe, T, ii. p. U46, etc.
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HUNRI LE BARBU TOI)
tioii, au prince héritier, Pierre, qui à celle (jccasion clianj^ea
de nom, pour prendre celui de Jean, qu'il a toujours porté
depuis*.
Au commencement de 1404 Benoit XIII transféra Henri Le
Barbu de Vannes à Nantes et par un bref du 10 mai le re-
recommanda au duc*. La même année, le 5 des Ides de sep-
tembre, il fut reconnu avec l'évêque de Quiniiper Thibault
de Malestroit, par le pontife d'Avignon, pour recevoir le
serment de fidélité du duc au pape. Il fit hommage du tem-
porel de son évêché au duc Jean V,le 25 avril 1405, en présence
et du consentement du chapitre, et Tacte en fut signé de sa
main, scellé de son sceau, du sceau du chapitre et des sceaux
du sire de Montfort et de maître Jean du Pont'.
Pour corriger les abus qui s'étaient glissés dans son
diocèse, à la faveur du schisme, il renouvela les statuts
synodaux de ses prédécesseurs et en publia de nouveaux. Le
premier synode qu'il tint est du 4 juin 1405, jeudi avant la
Pentecôte, où il défend, sous-peine d'excommunication et de
cent sols d'amende, toutes sortes de spectacles, de jeux et de
danses dans les églises et les cimetières*.
Dans le synode suivant, du mois d'octobre, nous relevons
cette première phrase. « Révérend père en Dieu, Monseigneur
a de Nantes, de l'autorité des statuts provinciaulx de la
« Senne, déclare excommuniez tous ceux qui troublent
« l'Eglise dans ses libertés et juridictions. t> Voilà donc
l'évoque distingué de la Senne (c'est ainsi qu'on appelait
le synode), dont la juridiction lui est supérieure. Les statuts
de 1408 et 1409 nous donnent une preuve semblable.
Les ordonnances de 1406 arrêtent la tenue, dans les
paroisses,- de registres de baptêmes, avec les noms des
parrains et marraines. Chaque année, le registre devait
* Chron. de Saint-BHeuc, dans Dom. Morice, T. i, pp. 17, 7'», 70, 77
« Arch. du chat, de Nantes, arm. F. casa. B, no 18.
> Chat, de Nantes, arm. 5, cass. B. n© 17. Lobineau, T. ii p. 1227.
* Martène, Thés, anced. T. IV.
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710 l'épiscopat nantais a travers les siècles
être préseiilé à Tévêque, en visite, ou à ses commissaires'.
Le synode règle encore que les curés auraient par écrit
les cas que le droit réserve au pape et à l'évêque, et qu'ils
n'absoudraient point sans permission les cas réservés. Enfin,
les curés devaient résider à leurs bénéfices, sauf ceux qui,
étudiant dans les Universités, pouvaient continuer leurs
éludes, toutefois avec permission de 1 évoque.
La France, à ce moment, penchait à se séparer de l'obé-
dience de Pierre de Lune (Benoit XIII). Ameil de Broglio,
archevêqure de Tours, le défendit, le 4 décembre 1406, dans
l'Assemblée des princes, des prélats et des députés des
Universités, à Paris. Il dit en s'adressant au Roi : « Quand
« autrefois vous la conclûtes (la soustraction est 398), vous
« aviez moult grigneur, nombre de prélats que vous n'avez
« maintenant, et des princes de ce royaume une grande
« partie qui ne sont pas présents. Le faire maintenant en leur
« absence, je cuide que ce ne serait pas cose bien convenable.
»* De toute ma province, il n'y a cy que un, l'Evoque de
« Nantes, encore est-il en plaid; et, comme j'ai entendu, le
0 duc de Bretagne ne souffera point aux prélats de son duché
« faire sustraxion : orvoïez quelle division ce seroit, etc*. »
Le concile de Paris se sépara néanmoins du pape d'Avignon
et déclara rester neutre entre Grégoire XII et Benoit XIIP.
L'évéque de Nantes demeura dans son ancien attachement à
ce dernier. Ce ne fut qu'au concile de Pise, en 1409, (auquel
assista Henri le Barbu) que la Bretagne entière reconnut
l'autorité d'Alexandre V. On possède à Nantes, aux archive$
du château, plusieurs bulles de ce pontif'e et de son successeur
Jean XXIII.
• Mariône, id. ibid. T. iv. —Nous n^avons rien de plus ancien à citer à ce
égard. Mais le statut ne fut pas bien observé, car il n*y a, au moins à notre
connaissance, aucune paroisse, dans le diocèse, qui ait des registres de
1406. Tout au plus, peut-être, quelques feuillets volants épars.
« Bourgeois du Chastenet. P. de Vhist. du conc. de Constance^ p. 148.
» Preuves des libertés de V Eglise gallicane^ édit. 1651, p. 365. Martène, t. ii,
p. 1307.
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HENRI LK BARBU 711
Le jeudi de la Pentecôte, 19 mai 1407, Henri le Barbu tint à
Nantes un synode dont les statuts sont restés manuscrits*.
11 s'y dit « évoque péfc^la grâce de Dieu et du Saint-Siège apos-
tolique », ratifie et approuve tous les précédents statuts, ceux
de ses prédécesseurs, défendant entre autres aux laïques
de laisser mettre au rang des images, dans Téglise, le por-
trait de qui que ce soit, à moins que la représentation ne soit
d'un homme à genoux qui prie*.
Le synode ordonne encore aux curés d'avertir les fidèles
d'éviter ce qui peut pousser à Tidolâtrie, de dénoncer et ex-
communier les sorciers et sorcières ; d'avertir les fidèles de
ne point mettre leurs petits enfants à coucher avec eux avant
Vàge,
Le dimanche 26 juin de la même année 1407, noire évêque
reçut, dans la chapelle du château de Nantes, les promesses
de mariage de Madame Blanche de Bretagne avec le jeune
comte d'Armagnac, et de Madame Marguerite, sœur puînée
de Blanche avec le vicomte de Rohan'.
L'an 1401, Henri, étant h la Roche-Bernard, le 6 juin, donna
défense, sous peine d'excommunication et de cent mares
d'argent, à tous ceux qui ont des pièces expectatives de bé-
néfices, de se saisir des églises et des maisons du bénéficier,
lorsqu'ils le voient malade et près de la mort*. Cette ordon-
nance adressée aux doyens, prévôté, archidiacres, trésoriers,
chantres, scolastiques, recteurs, chapelains, curés et non
curés, clercs notaires, et à tous les fidèles du diocèse, est
rendue hors synode, parce qu'elle n'enjoint rien de nouveau.
Les vicaires généraux de révoque de Nantes, avec son con-
« Arthur de la Gibonais. Recueil de la Chambre, t. i, p, 10.
> Ce que la duchesae Jeanne de Navarre avait fait en 1401 en mettant jus-
que, sur les autels Tirnage du duc Jean IV, lorsqu'elle en fit le service, peut
avoir donné lieu h ce statut.
' Chron. de Bret. D. Lobineau, t. ii, p. :3()6. — Biblioth. de Sf-Jacf/ues
de PirmiL
* Martène, Trésor des anecdotes, t. iv.
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712 l/ÉPISCOPAT NANTAIS A TRAVERS LES SIÈCLES
senleiuent, et de son autorité, tinrent en son absence un
synode le 24 octobre 1408, confirmant tous les précédents.
Henri assista aux Etats de Bretagne en décembre 1408. Il
tint synode à la cathédrale le jeudi après la Pentecôte, 30 mai
1409. Entre autres décrets, on y voit celui qui défend aux
hommes, sous peine de dix livres d'amende et d'excommu-
nication, de reposer de jour et de nuit avec des femmes, à
l'église, dans le temps de neuvaines et dans d'autres temps,
quoique mari et femme*.
L'année où se tint le concile de Pise, auquel Henri le Barbu
assista par procureur, ce prélat se trouvait, le lundi 14 oc-
tobre 1409, au château d'Elven, diocèse de Vannes, où
il assista à Tacte de procure que le duc donna à Armel de
Châteaugiron^ pour en son nom faire hommage du comté
de Richement au roid'Angleterre^
Le 15 mai 1410, l'évoque de Nantes tint un synode, et un
autre le 23 octobre suivant, ou furent renouvelés les anciens
statuts. Pour assurer son droit d'étanche sur les vins (ap-
pelé banc de révêque) qui lui donnait droit de faire vendre
le vin au détail pendant quinze jours par exclusion de tous
autres, il informa de sa possession par enquête avec la per-
mission du duc*.
Le 4 juin 1411, nouveau synode dans lequel furent publiés
de nouveaux statuts.
En 1413, le 30 novembre, s'ouvrit à Paris une assemblée
ou l'évoque de Nantes refusa les théories subversives du
cordelier Jean Petit, qui s'était fait l'apologiste de l'assassinat
du duc d'Orléans par le duc de Bourgogne. Jean Gerson fut
du môme sentiment. C'est à l'opinion d'Henri le Barbu que
le fougueux religieux dut sa condamnation.
Ce fut aussi à la sollicitation d'Henri Le Barbu que le pape
• Bcf/ist. (fe fa ChambrCj cotte v?78. Dom Lobineau, t. ii, p. 828.
" D. Lobineau ï. ii. p. 87:5.
» TiU'es (le Tévéché.
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HENRI LE BARBU t^o
Jean XXIII approuva en 1414 Térection de l'Université de
Nantes.
Kn 1418, le pape Martin V, à la prière du duc, renouvela
les bulles de Jean XXIII à cet efîet,mais la faculté de théologie
ne les ayant pas admises, les bulles restèrent sans effet*. Cet
affaire dormit jusqu'à l'an 1460, époque où elle fut réprise et
achevée.
Henri assista par procureur, en 1415, au concile de Cons-
tance, où il opina par la bouche d'Alain, évoque de Léon, de
différer à traiter de la matière des annales que le Souverain
Pontife prenait alors de tous les bénéfices vacants, gros et
petits, par des collecteurs qu'il avait dans tous les diocèseâ*.
Pendant l'absence de l'évoque de Nantes, ses vicaires géné-
raux tinrent en octobre un synode rectifiant et approuvant
les précédents. Apres son retour, le prélat tint lui-même
les synodes de la Pentecôte et du mois d'octobre 1416, où il
renouvela le statut de l'évêque Daniel au sujet de la visite de
la cathédrale par le peuple, une fois l'an ; des indulgences
étaient aussi accordées aux jours de très nombreuses fêtes
pour la môme visite. L'évoque défend dans les mêmes statuts,
sous peine d'excommunication et de 10 fr. d'amende, les
chelevali (aujourd'hui charivari] en dérision des femmes
qui passent en secondes noces.
Saint Vincent Fcrrier, de Tordre des Frères prêcheurs,
invité par le duc Jean V à faire une mission en Bretagne, se
rendit a Nantes au commencement du carême 1417. Henri, le
clergé et le peuple le reçurent comme un homme envoyé de
Dieu. Le saint ne fit, cette fois, que passer à Nantes^ mais il
y revint Tannée suivante et prêcha à la cathédrale pendant
les Avenls.
Henri le Barbu mourut le 17 avril 1419, dans un âge avancé,
ayant été près de quarante-six ans évéque, tant à Vannes
* Arch. du chat, de Nantes, arm. 14, cass. H, n»» 17, t4. — D. Lobineau.
t. II, p. 901 et 1217.
* Marlène, Thés, anect. t. ii, p. 1543.
(1383-1404) qu'à Nantes (1404-1419), et, avant d'ôire évoque,
abbé de Prières durant plusieurs années. Il fut inhumé dans
sa cathédrale, dans la chapelle de sainlPierre, depuis de saint
Félix, où Ton voyait encore son tombeau dans la première
nxoitié du dix-huitième siècle*. Il a fondé un anniversaire
^olçnnul tous les premiers mercredis de chaque mois, à six
cier^[es aux vigiles, huit à la messe et quatre à la tombe^
pour lesquels il a donné soixante livres de rente et cent
BOUS pour chaffiie service*. La Psallette le reconnaît pour son
fondateur. Elle lui devait tous les jjeûdis une messe de Re-
qiiiem, et les enfants de chœur, tous les jours après vêpres.
Un De Profundis avec les oraisons. . . La musique de l'église
cathédrale doit son origine à cette fondation.
J. DE Kersauson.
(La mite prochainement.)
* Cette chapelle n'existe plus; eUe est entrée dans le nouveau chœur de
réglisc,en 1T33.
» Li\:re des Anniversaires,
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REVUE
HISTORIQUE
DE L'OUEST
T. VI. — DOCUMENTS. — VI* ANNÉE, 1" UV. 1
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Vannes. — Im
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REVUE
HISTORIQUE
DE L'OUEST
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
DIRSCTBUR :
GASTON DE CARNÉ
SECRÉTAIRE DE LA. RÉDACTION :
COMTE RÉGIS DE L'ESTOURBEILLON
TRÉSORIER :
J. DE KERSAUSON
6""" Année. — Documents.
BUREAUX DE LA REVUE
l, Bue A'A.rgea.tré, NANTBS
va.:al:s •'^ paris
^ mpriuierie ci Librairie Libraf-ie hUtoriqtie des profiiret
EUGÈNE LAFOLYE EMILE LECHEVALIEF
i, place des Licen. v! ^ Quai dct Grands- Augustin». 'j9
1890
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CATALOGUE DES GENTILSHOMMES D'ANJOU
LORS DE LÀ RECHERCHE DE LA NOBLESSE
DE teee
PAR M. Voisin db la Noirays, intendant de Tours
f Suite*. J
H
Claude Hamelin, Ecuyer, S' de Mare, demeurant paroisse de Vitry,
El. de Saumur, eut acte de la représentation de ses titres^Ie 29 maj
1667.
Charles du Hardaz, Chevalier, S' de Hauteville, demeurant pa-
roisse de Gharsigné, pays du Maine,
Thomas du Sardas, S' du Fresnay, demeurant paroisse d'Auvers
le Hamon, El. de la Flèche eurent acte de la représentation de leurs
titres le 17 octobre 1666.
Philippe^Emmmnuel Hardouin, Ecuyer, S' de la Girouardière,
demeurant paroisse de Peuton, El. de Châteaugontier, eut acte de
la représentation de ses titres le 17 août 1668.
Gilbert de la Haye, Ecuyer, s' de Montgazon, demeurant paroisse
de Bouére,El. de La Flëche, eut acte de la représentation de ses titres
le 14 août 1667.
René-Jean de la Haj/e, chevalier, S' de la Vacherie, demeurant
paroisse du Puy-Notre-Dame. El. de Saumur, eut acte de lareprésen-
* Voir la livraison de décembre 1889.
)gle
tation de ses titres le 6 mars 4670, tant pour luy que j^our Pierre de
la Haye, Ecuyer, S^ de la Verdonnière, demeurant paroisse de Lassay,
pays du Maine,
François de la Haye, Ecuyer, S' de Montbault et du Coudray,
demeurant paroisse de St-Hilaire-du-Bois,
Antoine de la Haye, S' des Hommes, son frère, demeurant audit
lieu des Hommes, paroisse de Coron, El. de Montreuil-Bellay, au
nombre des maintenus par M. Voisin de laNoyrais.
Marc des Hayes, Ecuyer, S' de Cric, demeurant en son château de
Périgne, paroisse d'Avoise, El. de la Flèche, eut acte de la représen-
tation de ses titres le 7 février 1667.
Louis Hector, de Tirpoil et de la Rémonnière, demeurant à Tirpoil,
paroisse de Montillé, El. de Montreuil-Bellay, au nombre des main-
tenus par M. Voisin de la Noyrais.
René Héuand, Ecuyer. S' d*Ampoigné, y demeurant, El. de Chàteau-
gontier, eut acte de la représentation de ses titres et maintenu
par arrêt du 7 novembre 1668.
François de Hellaud, Ecuyer, S' de Vallière, demeurant paroisse
de Loire. El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres le
16 mars 1668.
Charles Henry, Ecuyer, S' du Champ, demeurant à Restigny, El.
de Saumur, eut acte de la représentation de ses titres le 1 7 avril 1667.
René de Houdan, Ecuyer, S' de Lépinay, demeurant à Mayert, El.
de La Flèche, eut acte de la représentation de ses titres tant pour
luy que pour son frère le 28 mars 1668.
Georges Hulin, Ecuyer, S' de la Selle, y demeurant, El. de Chà-
teaugontier, eut acte de la représentation de ses titres tant pour
luy que pour Maihurin et René, ses cousins, le 28 mai 1677.
Claude Hunault, Ecuyer, S' de Marcillé, demeurant paroisse de
Ja MembroUe, El. d'Angers.
tiermain HunauU, Ecuyer, S' de la Chevallerie, son fîrère, demeu-
rant paroisse d'Etriché, El. de la Flèche, eut acte de la représenta-
tion de ses titres le 23 mav 1667.
DES GENTILSHOMMES D*ANJOU 7
Pierre de la Hmns, S** de la Noô, demearant paroisse de Saint-
Georges-Sept-Voies, El. de Saumur, eut acte de la représentation
de ses titres le 19 septembre 1669.
/Vanpow Jacques, Ecuyer, S' de la Hurelière, demeurant en sa mal-
son de la Grisserie, paroisse de Lusse, £1. de Baugé^ eut acte de la
représentation de ses titres le 7 may 1669.
Marie Eardian, ¥• d* André Jacques^ Ecuyer, s' de la Borde, comme
mère et tutrice de ses enfans et dudit demeurant en la ville du
Lude^ £1. de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres le 7
may 1669.
Xoww Jamineau, S' de la Couldraye, demeurant p»^ de S*-Hillaire
de Gléray, £1. de Montreuil-Bellay au nombre des maintenus par
M. Voisin de la Noirays.
XowwJarret, Ecuyer, S' des Terres-Noires, demeurant paroisse de
SWust, de Verché, El. de Montreuil-Bellay, eut acte de la représenta-
tion de ses titres tant pour luy que pour son fîpère le dernier
février 1668.
Charles Jarret*, Ecuyer, S' du Baril, demeurant p»^ de S*-Martin
duLimet, El. de Chateaugontier, eut acte de la représentation de ses
titres le 18 septembre 1668.
Louis Jarret, Ecuyer, S' de Roches, demeurant paroisse de Braye-
sur-Maulne, El. de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres
le 19 septembre 1668.
Mathurin de Jarzé, Ecuyer, S' de Mille, les Loges, y demeurant
paroisse de Chavagnes, El. d'Angers, eut acte de la représentation
de ses titres tant pour luy que pour Gabrielle Mauberty sa tante, le
12 mars 1668.
René de Jarzé, S' de Varennes, demeurant paroisse de Martigné-
Briand, El. de Saumur, au nombre des maintenus par M. Voisin.
i Les grosses originales des maintenues de Charles et de Louis Jarret sont
dans les archives de cette famille.
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Pierre Le jROîfE, Ecuyer, S' de la Fupgonnière demeurant en sa
maison du Plessis-^reffier paroisse de Huillé El. de la Flèche.
Gilles Le Jeune, cliQTàXïeT, S' de Bsaumont. sdn nevdu, demeurant
p"" de la Trinité d'Angers, eurent acte de la représentation de leurs
titres, le 8 juin 1667.
Au^ti^/6 JouBBaT,Ecuyer, S** des Arsonnières, El. d* Angers, eut acte
de la représentation de ses titres tant pour luy que pour Frcmeois
Jouberl, Ecuyer, s"^ du Puy-Rocher, son frère, le 14 janvier 1668.
JcLcquea Jaubert, Ecuyer, S» de Montigné.
Charles, Jacques, Louis Joubert, ses en fans, demeurant paroisse
de Montigné, El. de Montreuil-Bellay, au nombre des maintenus par
M. Voisin de la Noirays.
Gabriel Jouet, Ecuyer, S** de la Saulaie, demeurant à Angers, eut
acte de la représentation de ses titres le 19 mars 1669.
Nicolas JoussB, Ecuyer, S' de Villeguiers, demeurant au Viel-Baugé,
eut acte de la représentation de ses titres, tant pour luy que pour
sa mère et ses sœurs, le 21 aoust 1667.
Mc^Z JoussEÀUSfE, Chevalier, S'' de la Gi;^e, demeurant à Qonord.
El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres.
René Jousseaume, Ecuyer, S' du Colombier et du Coudray, y
demeurant, El. de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres,
tant pour luy que pour Guy, Pierre et André, sesenfans, le 18 janvier
. 1669.
Françow dî? Juglard; chevalier, S''de Forgeay et de Chanteloup
dem. aud. For^eays, paroisse de Chenu El. de Baugé, eut acte de la
réprésentation de ses titres le 9 janvier 1670.
Jacques dô Juigné, Ecuyer, S' du Parvis, épousa Françoise Cherbon^
nier, V» dud. Juigné, demeurant paroisse de S'-Saturnin du Limet,
El. de Chateaugontier, eut acte de représentation de ses titres tant
pour elle que pour Claude de Juigné, son beau-frère, le 3 mars 1669.
Toussaint Le Jum3a.u, Ecuyer, S' des Perrière», demeurant paroisse
de Blou, El. de Saumur, eut acte de la représentation de ses titres
tant pour luy que pour :
DES GENTILSHOMMES D ANJOU 9
Michel Le Jumeau^ Ecuyer, S' de Salvert, son oncle, demeurant,
paroisse de Neuillé, El. de Saumur, le 2 may 1667.
Adrien Le Jumeau^ Ecuyer, S' de Layman (?) demearint paroisse
de S*-Pîerre de Chemillé, El. d'Angers, eut acte de la représentation
de ses titres le 17 juin 1667.
Charleê de Lambert, Ecuyer, S' de la Frôdonnièrp, demeurant pa-
roisse de Juigné-sur-Sarthe, El. de la Flèche, eut acte de la repré-
sentation de ces titres tant pour luy que pour son pèra, le 20 sep-
tembre 1667..
Anne de Yatigirault, V« de Lancelot de Lancrau, Ecuyer, S' de
Piard, demeurant p«« du Loroux-Béconnais, El. d'Angars, comme
mère et tutrice de ses enflains, eut acte de la représentation de ses
titres tant pour elle que pour ses enfans le 22 may 1667.
Eustache de la Lande, Ecuyer, S» de S*-Martin y demeurant,
Urbain de laLande, Ecuyer, S' dud. lieu, y demeurant en sa mai-
son duMargat, El. de Chateaugontier, eurent acte de la représentation
de leurs titres, le 21 may 1668.
René de Langlée, Ecuyer, S' de la Barre-Ménardière, demeura nt
en sa maison du Perray, paroisse du Viel-Baugé, El. dud. lieu, eut
acte de la représentation de ses titres le \" aoust 1667.
Pierre de Lantivy, Ecuyer, demeurant à... El. de Chateaugontier,
eut acte de la représentation de ses titres, le !•' aoust 1667.
Guy Lasnder, Ecuyer, S' de Contignô, demeurant à Angers, pa-
roisse de S* Denis, maintenu par arrêt du conseil du 2 décembre 1669.
Laurent Lasnier, Ecuyer, S' de la Guerche, premier président au
présidial d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres, le 28
mars 1668 et par arrêt du 2 décembre 1669.
Hercule (^ôLaunat, S' de la Brosse-Maldemeure, demeurant p»««de
Champigné, El. d'Angers, au nombre des maintenus par M. Voisin
de la Noirays.
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10 CATALOGUE
Pierre Laurent, Ecuyer, s' de Bourjoly, El. d'Angers.
Guillaume Laurent, Ecuyer, S* de la Chauvannière, demeurant
paroisse de S'-Lambert de la Potterie, El. d'Angers, eurentactede la
réprésentation de leurs titres le 4 juillet 1667.
Urbain}DV Laurent, Ecuyer, S' du Joreau, demeurant paroisse de
S* Vétérin de Gennes, El. de Saumur, eut acte de la représentation do
ses titres le 20 mars 1669.
Gédèon Lenfant, Ecuyer, ^' de Boismoreau, demeurant paroisse do
.... El. de la Flèche, eut acte de la réprésentation de ses titres le 21)
mars 1667.
Jacques Lenfant, chevalier. S' de laPatrière et Despeaux, demeu-
rant paroisse de Durtal, El. de la Flèche, eut acte de la représentation
de ses titres le 29 mars 1667.
Isaac Lenfant, Ecuyer, S' du Bordage, demeurant paroisse de
Barrasse, El. de la Flèche,
Henry Lenfant, Ecuyer S' de la Gurrelière. dem* p*"« de Barassé,
eurent acte de la représentation de leurs titres le 29 mars 1667.
Louise Le Gouz,V^ de Magdelon Lenfant, Ecuyer, S' des Essards,
demeurant paroisse du Loroux-Béconnais, El. d'Angers, eut acte de
la représentation de ses titres, tant pour elle que pour ses enfans, le
8 janvier 1669.
Jean de Lescrivain, Ecuyer, S' du Boisnoblet et du Chesne, de-
meurant au Boisnoblet, p'** de Loire, El. de Saumur, eut acte de la
représentation de ses titres le 14 may 1667.
René DE Lesrat, Ecuyer, S' des Briottières, demeurant à* Angers,
eut acte de la représentation de ses titres le 9 avril 1668.
Charles db Lestenon, Ecuyer, S' de la Chaubuère, y demeurant
paroisse de Gizeux, El. de Saumur, a produit ses titres le 28 janvier
1669.
René DE Leviston, Ecuyer, S' de la Hulinière, demeurant paroisse
de Niaûe, El. de Ch&teaugontier, eut acte de la représentation de ses
titres le 20 janvier 1669.
Louis DE LiMELLB, Ecuvcr, S' de la Bouveraie, demeurant paroisse
d'Ingrande, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres
le 26 octobre 1667.
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DBS OENTILSHOMMES DE l' ANJOU 11
Amàroise de Loré, S» du Terrier, demeurant paroisse de S*-Laurent-
du-Liu, El. de Baugé, eut acte dé la représentation de ses titres, le
5 octobre 1668.
Jean de la LouAiRiE,Ecuyer, S" de Grandbois, demeurant paroisse de
Brain, El. d*Angers, a été renvoyé comme gentilhomme par ordon-
nance contradictoire du 28 may 1667.
Jean de Loubes, Chevalier, S' de Lambroise, demeurant paroisse
de S*-Sulpice-sur-Loire, El. d'Angers eut acte de la représentation
de ses titres le, 12 aoust 1667.
René LoTJET, Ecuyer, S' de la Porte, demeurant paroisse de Fer-
maise, El. de Baupé, eut acte de la représentation de ses titres, le 16
février 1669.
M
Claude Mabille, Ecuyer, s' de la Paumellière, demeurant au Bois-
Gilbert paroisse de Bessé, EL de Saumur, eut acte de la représenta-
tion de ses titres le 25 janvier 1667.
Philippe de Madaillan, Chevalier, s' de Chauvigny , demeurant p'"«
de. . , . El. d*Angers, eut acte de la représentation de ses titres le 8
octobre 1668.
Claude Le Maignan, s' du Marais, paroisse de Voide, El. de Mon-
treuil-Bellay, a\j nombre des maintenus par M. Voisin de laNoirays.
Charlotte de la Barre^ V« ^'Hercule de Maillé, Chevalier S' de la
Guéritaude, demeurant paroisse deSioute (?), El. deBaugéeut acte de
la représentation de ses titres le 28 septembre 1668.
René de Maillé, Chevalier, S' Marquis de Besnehard, demeurant
avec ses enfans au château de Besnehard paroisse de la Hagre El.
de la Flèche, eut acte de la représentation de ses titres, tant pour luy
que pour son frère le 5 janvier 1668.
Alexandre Le Maire, Ecuyer, S' de la Rochejacquelin, demeurant
avec son père en la paroisse de Domeray, EL de la Flèche, eut acte
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12 CATALOGUE
de la représentation de ses titres, tant pour luy que pour son père,
le 25 mars 1667.
Pierre Le Maïstre, Chevalier, S' de Montmort, demeurant p"« de
Cuon, El. de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres le 24
janvier 1668.
Claude Malinbau, Ecuyer, S' du Plessis-Malineau, demeurant p^««
de Ghanzeaux, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres le 5 octobre 1666.
François Malineau, Ecuyer, S' de la Brissonnière. demeurant p"« de
Touarcé, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres le
29 avril 1667.
Urbin de Maliverné, Ecuyer, S' de Vignolle, demeurant paroisse
de Cisay, El. de Saumur. eut acte de la représentation de ses titres
le 29 avril 1667.
Roland de Marge, Ecuyer, S' de la Rousselière, demeurant avec sa
sœur, paroisse du Gué-Deniau, El. de Baugé, eut acte de la repré-
sentation de ses titres, tant pour luy que pour sa sœur, le 21
septembre 1669.
Pierre de la Marqueraye, Ecuyer, S' de la Chaussée, assesseur
en la maréchaussée d'Angers et
Georges de la Marqueraye^ Ecuyer, S' de Chanteloup et du Barzeau,
son neveu, demeurant paroisse de SWean-des-Mauvrets, El. d'An-
gers, ont eu acte delà représentation de leurs titres le 23 mars 1668.
Monoré de Martigné, Ecuyer, S' de Villenoble, demeurant en sa
maison de Martigné, paroisse de S^-Denis en Anjou, El. de Chateau-
gontier, eut acte de la représentation de ses titres tant pour luy,
que ^our JacqTies et Martin, ses enfants, le
PTiiWiô^^ É^e Martineau, Ecuyer, S' dud. lieu, demeurant en sa
maison de la Galonniëre, paroisse de Joué, El. d'Angers, eut acte de
la représentation de ses titres le 8 mars 1668.
Eenri de Masseille, Ecuyer, S' de la Fontaine-Milon. demeurant
paroisse de S'-Georges-du-Bois, El. de Baugé, eut acte de la repré-
sentation de ses titres, tant pour luy que pour ses frères, pour son
père et ses oncles, le 26 aoust 1667.
Diqitized b\
^ooçlc
DES GENTILSHOMMES DE l' ANJOU 13
Jacques Mathieu, Ecuyer, S' de Baulène et de Lestang, demeurant
paroisse de Vislene au Bonnin, El. de Baugé, eut^icte de la repré-
sentation de ses titres le dernier juillet 1670.
Jacques Maudbt, Ecuyer, S' du Verger, maréchal général des
logis du camp et armées du Roy et
Thomas Maitdety Ecuyer, son frère^ demeurant paroisse de Vallet,
El. de la Flèche, au nombre des maintenus par M. Voisin ' de la
Noirays.
René Maudet, Ecuyer, S' de Bessac, demeurant paroisse de Neuillé,
El. de Saumur, eut acte de la représentation de ses titres le 21 may
1669.
RenèdeUAVQkKS, Ecuyer,' S' de Sermaise et du demeurant
paroisse de S^-Germain, près Daumeray, El. de la Flèche, maintenu
par arrêt du 11 juin 1667.
Jacques de Maumbschin, Chevalier, S' du Lac, demeurant en sa
maison des Perrières, paroisse du Lac, El. d'Angers, eut acte de la
représentation de ses titres le 2 septembre 1668.
Jacques de Maynière, Ecuyer, S' du Plessis-Bérard, demeurant
p*** de Tillières, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres, tant pour luy que pour son frère, le 19 mars 1667.
René de Meaulne, Ecuyer, S' de Pommaillau, demeurant p"* de
la VaUièreEl de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres le
18 décembre 1668.
Gabriel de Meaulne, Ecuyer S' de la Mestairie, demeurant au lieu
d'Hunon, paroisse de Noyan, El. de..., eut acte delà représentation
de ses titres le 23 septembre 1666.
Charles de Mellay, S' de S*«- Vierge paroisse du Puy-Notre-Dame,
El. de Montreuil-Bellay, au nombre des maintenus par M. Voisin de
la Noirays.
Pierre Ménage. S*^ de Lancrie, avocat du Roy en la Cour d'An-
gers, eut acte de la représentation de ses titres le 27 mars 1668.
Louis du Mesnil, Ecuyer, S'' de la Beausseraye, demeurant en la
ville du Lude,El. de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres
le 21 juin 1667.
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Etienne du Mbsiol. Ëcuyer, S*" des Brosses d'Aussigné, avocat du
Roy au présidial d* Angers et petit-flls d*un échevin de laditte ville,
au nombre des maintenus par M. Voisin.
Jean Midor&e, Ecuyer, receveur des tailles de Téiection d* Angers,
demeurant à Angers, eut acte de la représentation de ses titres le
4 juillet 1667.
René Minault, Ecuyer, S' de la Maison-Neuve, demeurant paroisse
de S^-Aignan, El. de Chàteaugontier, eut acte de la représentation de
ses titres, tant pour lui que pour ses enfans et René et autre Renè^ ses
cousins le 12 septembre 1668.
François de Mondières. Ecuyer, S' de Chastilion, demeurant pa-
roisse de Livré, £1. de Chàteaugontier eut acte de la représentation
dd ses titres le21 1669.
René de Montplacé, Ecuyer, S' dud. lieu et la Motte-Lizard, y de-
meurant paroisse N.-D. du Pré, El. de la Flèche, eutsbcte de la repré-
sentation de ses titres le 29 janvier 1667.
François de Montplacé, Ecuyer, S' dud. lieu demeurant paroisse
du Bourg, £1. d* Angers, eut acte de la représentation de ses titres le
29 mars 1668.
Guillaume Moeeau, Ëcuyer, S' de la Morinière, El. de Saumur, de-
meurant ordinairement à Paris paroisse S^-Roch, eui acte de la re-
présentation de ses titres tant pour lui que pour son frère le 16 may
1668.
Antoins MoBEL, Chevalier, comte d'Aubigny et de Neuf-Villette,
demeurant p»"« de Villelune, El. de la Flèche, au nombre des main-
tenus par M. Voisin.
Jacques MoBissoN, Ecuyer, S' de la Fay, demeurant paroisse de S*-
Germain près Montfaucon, El. d'Angers, eut acte de la réprésenta-
tion de ses titres le 6 septembre 1666.
René du Mortier, Ecuyer, S' deThuré, demeurant paroisse de Brus-
Ion, El. de La Flèche, au nombre des maintenus par M. Voisin de la
Noirays. /
Eonoré du Mortier^ Ecuyer S' du Pin, demeurant paroisse de Ju-
vardeil El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres le 23
avril 1667.
DES GENTILSHOMMES DE l' ANJOU 15
Jean de Mortault, Ëcayer, S^'de la Bajottière et de la Laurière,
demeurant paroisse deRestigné, El. de Saumar eut acte de la repré-
sentation de ses titres le 20 décembre 1666.
François de la Motte, Ecuyer, S' de la Motte-Barassé, demeurant
p*'^ de Senones, EL. d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres le 6 juillet 1667.
Abraham de la Hotte, Ecuyer, S»" de la Braliannière, y demeurant,
p»»«deParcay, El. deBaugé, eut acte de la représentation de ses titres,
tant pour luy que pour René de la Motte, son âls, le 19 septembre
1668.
René du Moustur, Ecuyer, S' de la Fontaine, demeurant, en
sa maison de la Saulaye, paroisse de Brullon, El. de la Flècbe, eut
acte de la représentation de ses titjres le 9 octobre 1666.
François Mullbt, Ecuyer, S' de la Girousière, demeurant paroisse
de Bouzillé, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres
le 20 may 1667.
René du Mur, Ecuyer, S' de Blandouet, demeurant paroisse de
Vern, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres pour
luy et pour Claude et Louis du Mur, Ecuyers, étant tous les deux
au service du Roy le 16 septembre 1670.
N
René Neau, Ecuyer, S' de Cîordais, demeurant en sa maison de la
Hardaudière paroisse de Longue, El. d'Angers, eut acte de. la repré-
sentation de ses titres le 16 août 1667.
Louise de Meaulne, V* de Pierre Neau» Ecuyer, S"^ de la Goupillère,
demeurant paroisse de Milon, El. de Baugé, eut acte de la représen-
tation de ses titres tant pour luy que pour son frère le 6 aoust 1667.
Thomas Nbpvbu, Ecuyer, S^ de Pouancé, demeurant paroisse
d'Antoigné, El. de Montreuil-Bellay eut acte de la représentation de
ses titres le 5 avril 1667.
Françoise Elisabeth le Noir, demeurant paroisse de la Séguinière,
El. de Montreuil-Bellay au nombre des maintenus par M. Voisin
de la Noirays.
/-
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16 CATALOGUE
0
Pierre dVDE&rma, Ecuyer, S' de la Méchinière, épousa àlarie
Voilage, \* dud. S' Pierre, demeurant à... El. d*Angers, eut acte de
la représentation de ses titres le !•• février 1669.
René c^'Orvaux, Ecuyer, S' de la Bennerie, demeurant paroisse de
GrezneufTille EL d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres» tant pour luy que pour ses ftrëres le 5 juin 1667.
Samuel Pantin, Ecuyer, S' de la Hameliniëre, demeurant p*** de
Ghantooeau, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres
le 18 may 1669.
René de Pauvsrt, Ecuyer, S' du Poil viré (?), demeurant paroisse dud .
lieu, El. de Chateaugontier eut acte de la représentation de ses
titres^ tant pour luy que pour son ft^ère et ses cousins le 22 aoust
1669.
Benè PfiLAUD, Ecuyer, S' du Ck>lombier, demeurant en sa maison
du Porquier, paroisse de S*-Nicolas de Bourgueil, El. d# Saumur, eut
acte de la représentation de ses titres le 19 mars 1668.
René de Perrhcrs, Ecuyer, S' de la GrafUnière, demeurant en son
château de la Flèche, paroisse de S'-Georges-du-Bois, EL de Baugé eut
acte de la représentation de ses titres le 13 janvier 1669.
Pierre Petit, Ecuyer, S' de Piedfélon, demeurant p»»' de Martigné-
Briand, El. de Saumur, eut acte de la représentation de ses titres,
tant pour lui que pour ses fils, pour la V« Raoul de son tils aisné,
le 27 avril 1667.
Préjenù le Petit, Ecuyer, S» de la Pommeraie, demeurant p»** de
Tiercé» El. d* Angers, eut acte de la représentation de ses titres les 18
et 19 avril 1667.
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Antoine Petit-Jean, Ecuyer, S' des HomÈ^eaux, demeurant p"« de
Linière Bouton, El. deBaugé, eut acte de là représentation de ses
titres le 10 juin 1667.
Antovie-Jodchim Petit-Jean^ Ecuyer, S' de Linière, demeurant p^
de Meigné-le- Vicomte, El. de Baugé, eut acte de la représentation
de ses titres le 8 octobre 1668.
Amaury Pidallkt (?), Ecuyer, S' du Boisclosier et des Vaux, de-
meurant p»*« de Noyant-sur-Sarthe, El. de la Flèche, au nombre des
maintenus par M. Voisin.
René Pierre, Ecuyer, S' de Chazé, demeurant à Angers, eut acte de
la représentation de ses.titres le 20 avril 1667.
Daniel de Pilloins ou Pillois, Ecuyer, S' de Montigny, et de
Basantel, dem^paroisse dud. lieu,El. de laFlèche, eut acte de la repré-
sentation de ses titres tant pour luy que pour son père le.. .
Renée de Portebize, V» de René de Pillois^ Ecuyer, S' de la
Coquemillière, dem^ paroisse de Craon, El. de Chateaugontier, eut
acte de la représentation de ses titres, tant pour elle que pour Gédéon
Pillois, son fils dud. défunt, le 15 décembre 1669.
René PiLLOT, Ecuyer, S' de la Gimonnière, demeurant p»^ de
Longiron, El. de Montreuil-Bellay, au nombre des maintenus par
M. Voisin de la Noiray.
Christophe du Pineau, Ecuyer, S' de Montergon, demeurant à
Angers, eut acte de la représentation de ses titres le 17 aoust 1768.
René de la Planche, Ecuyer, demeurant p»« de RulUé, El. de Cha-
teaugontier, eut acte de la représentation de ses titres le 20 avril
1668.
Urbain Charles du Plbssis, Chevalier des ordres du Roy, S' Mar-
quis de Jarzé, demeurant en son château, p»« de Jarzé, El. de Baugé,
eut acte de la représentation de ses titres le 10 octobre 1668.
Pierre Poisson, S' de Gastines, secrétaire du Roy, demeurant à
Angers, au nombre des maintenus par M. Voisin de la Noirays.
Gaspart Le Poitevin, Ecuyer, S' des Poiiies, receveur secrétaire en
sa maison de ville d'Angers, y demS eut acte de la représentation de
ses titres le 27 septembre 1668.
T. VI. — DOCUMENTS. — Vl% ANNÉE, !'• LIV. 2
18 * CATALOQUB
René de la Poizs, Ecayer, S' de la Golaisière, dem^ paroisse de S^-
Sauveur, El. d* Angers, eut acte dejla représentation de ses titres le
21 may 1767.
Antoine du PoNT,Ecuyer, S' de la Chiquetière et de la Perroussaye,
paroisse de Loire, demeurant paroisse de Montigny, El. de Baugé,
eut acte de la représentation de ses titres, tant pour luy que pour
son frère le 25 avril 1667.
Claude du Pont, Ecuyer, S' du Ruau, demeurant à Angers, eut
acte de la représentation de ses titres le 24 avril 1668.
(7éjartfôPoNToiss, S'de Gommer, demeurant paroisse de Chery,
El. de la Flèche, au nombre des maintenus par M. Voisin.
Jacques Poroheron. Ecuyer, S' d*Aussigné, près Loudun, demeu-
rant p»^ de Loire, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres tant pour luy que poarPhilbeH et Pierre^ ses frères, le 9 mai
16
Charles Poullain, S' de la Godinière, secrétaire du Roy, demeu-
rant à Angers au nombre des mainntenus par M. Voisin.
Jacques PoYBT, Ecuyer, S' du Cerisier, y demeurant paroisse de
Bouille, El. d* Angers, eut acte de la représentation de ses titres,
talit pour luy que pour Toi^saint Toyet, son frère, le 19 aoust 1667.
Philippe du PR% Eeuyer, S^'de la Carte, demeurant paroisse de
S^'Laurent-du-Lin, £1. de Baugé, eut acte de la représentation de
ses titres le 12 décembre 1666.
Charles Prâvost, Ecuyer, S* de Bonnezeaux, demeurant paroisse de
Touarcé, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres le
11 avril 1667.
Gabriel Prezbau, Ecuyer, S'' de laGuiltière, demeurant paroisse de
S^-Sauveur, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres le 18 may 1667.
Raoul de Prince ou Pincé, Ecuyer, ci-devant lieutenant de la
Sénéchaussée de Baugé, y demeurant, eut acte de la représentation
de ses titres le 27 septembre 1668.
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D£8 GENTIL8H0MHES D'ANJOU
19
Antoine Provost, Ecuyer, S' de la Rigaudière, épousa Charlotie
de Prud*komme^ v'» dudit Antoine, demeurant paroisse de Vernoil-
le-Fourier, El. de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres
tant pour elle que pour Victor, son fils et pour ses filles, le 25 sep-
tembre 1668.
YveS'Antoine du Pur, Ecuyer, S' de Froidefond, demeurant pa-
roisse de la Trinité d'Angers^ eut acte de la représentation de ses
titres, tant pour luy que pour son père, le 27 décembre 1667.
P. M FAilOT.
(A suivre,)
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Documents inédits sur la Normandie, le Maine et i' Anjou.
JUGEMENT
DE MAINTENUE DE NOBLESSE
PRONONCE EN 1667
PAR L'INTENDANT DE LA GÉNÉRALITÉ D'ORLÉANS
En faveur de la famille de Vauloger S'.
ANNOTÉ
Par René du LYS
INVENTAIRE des pièccs et tiltres que mectent par devant
nous Monseigneur de Machault, conseiller du Roy en
sesConseils d'Estat et privé, maislre des requestes ordi-
naires de son hoslel, Commissaire despurly pour Texécution
de SES ordres en la génércililé d'OHoons :
Nobles René de Vaulogkr, v^cuter, sieur de Lisic et du
Guast, Françoysde Vauloger, e^cuït^r, Fii*ur de la Borde et
de la Martiaiôre, frères, deraeurans en reslection de Van-
* D'après la copie conservée par la fiîniille- — Oa a eu soin tlo rc&pecter
Tonhugraphe de ce (locumcnt, quitte à la rpcuBer tsn note lorsque les
roots ou noms fiont devenus méconnaissîuljlû^ de ce fait, mais on
a dû fiouvenl éclaircir, par une ponctuution absente du manuscrit
des phrases qui, sans cette précaulion, n'olTriraient qu'un sens coufuB
ou ambigu.
^ Vauloger et mieux un YAULoaER (fornies latines : de Valleogcrii;
de fàlogeri; de Vaite Logerî ; de Vulla Logsirt'e ou Logarie ou
JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE 21
dosme, et Jean de Vauloger, escuîer^ sieur de la Ribochère,
antien officier danz les gardes de feue la Reyne mère, autre
frère demeurant à Paris.
Lesquelz, pour satisfaire aux assignations à eux posées
par devant Monseigneur d'Aubray, cy-devant commissaire
desparty en cplte généralité, le XII° jour d'octobre 1666, par
Bonnet, sergent, à la requeste de maistre Mathurin Delorme,
chargé par Sa Majesté de la recherche des usurpateurs du
tiltre de noblesse, et faire veoir, par les tiltres cy-aprez pro-
môme Logtarîi, etc., principales variantes françaises : Vaulloger;
Vaulogier; Vologer ; Vaulogé; Vologé; Volegier; Valoger ;
Valeger ; Valloger ; Walloger ; Walleger; Valauger; Valanger;
Valenger, môme ; Dauloger ; etc., Ptc). Ce nom, qui est un irom de
terre, a été porté en premier lieu par la seigneurie de Vauloger à
Sentilli (Orne — voir ci-après), berceau de cette famille. Il a une
origine composée et vient des deux mots Vdllis et Ogerii et signifie
donc te Val d^Oger, Oger lui -môme est un prénoni d'origine Scandi-
nave, formé 4es deux mots Danois Ode et ger, qui signifient heureux
guerrier. Si Ton songe que Sentilli est situé dans Tancienne région du
Hiesmois, c'est-à-dire dans une des parties de la Basse-Normandie
où les compagnons de Rollon se fixèrent en plus grand nombre
après la conquête du duché et le traité de St-Olair-sur-Epte (^\i), on
en arrive à penser. co3[ime plusieurs savants étymologlstes normands,
qu'un de ces pirates conquérants, appelé Oger, imposa son prénom. à la
vallée qu'il reçut en partage et dans laquelle il fixa sa résidence.
Lorsque les familles commencèrent à se distinguer par des noms héré-
ditaires, (début du X[« siècle), celle-ci, qui possédait déjà, le domaine
de Vduloger&t était, dès lors, probablement issue de ce lointain Oger,
en adopta l'appellation. Elle ne l'a jamais quittée depuis et reste la seule
famille de la noblesse qui la possède d'une manière patronymique.
Mais, dans les diverses provinces^ qu'elle a successivemeat habitées,
elle Ta imposée à plusieurs seigneuries qui lui ont appartenu et qui,
achetées plus tard par d'autres familles, leur ont permis de joindre ce
nom au leur, selon un usage répandu (citons : les Guyon de Vauloger,
en Normandie, ^et les vicomte Picot de Vaulogé^ au Maine, etc.).
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22 JUGEMENT BE MAINTENUE DE NOBLESSE
duicts, qu'ils sont d'antienne extraction noble, naiant jamais
ny leurs autheurs desrogé à leur noblesse, et conservez en
leur dicte -. . . ; ; . . . .
Folio 1, recto. Signé: dbMachault.
noblesse, aux honneurs^ droicts et privilèges qui sont ac-
cordez par Sa Majesté aux véritables nobles, à cause de leur
dicte noblesse^ produisent leurs armes^ généalogie et tiltres
justificatifs de leur dicte noblesse, en la forme et manière
qui ensuit.
Premièrement, produisent les armes et blazon de leur
maison, qui porte d'argent à deux chevrons jumeliez de sable
accompagnez de cinq merlettes du mesme, sçavoir deux en
front, deux en fasse et une en la pointe*, L'escu timbré d'un
heaulme de chevallier avecq ses lambrequins des émaidx des-
subz dictz^ et suporté par deux gryphons d'or couronnez^.
Cotté par. . . A.
Item, pour justif fier leur noblesse, employent leur généa-
' Variantes : d'or à deux c/ieurons jumelés de sable,., etc., et
d'&rgsnt à deux chevrons jumelés degueules,., etc.; on sait qu'un
chevron jumelé se compose d'une paire de chevrons ; dans le cas pré-
sent, il y en a donc quatre accouplés deux à deux.
' Ce casque a été remplacé, à partir du siècle dernier, par une cou'^
ronne de marquis
* Variante : Deux lévriers d'argent colletés de gueules.
Enfin ce blason est actuellement complété : i® par une devise [Sur-
sum corda) ; 2* par un cimier {une fleur de lys d'or naissante entre
deux pennons blancs fleurdelysés et frangés d'or, avec la figure
d'un ange qui présente une fleur de lys à l'Enfant Jésus^ porté par
la Vierge sa mère, assise sur un arc-en-cieZ au mtheu des nuées).
Ce cimier est celui que le roi Louis XIII accorda, par lettres patentes
du 25 octobre 1612, aux petits-neveux de Jeanne d'Arc. MM. de
Yauloger de Beaupré ayant Thonneur d'être, par plusieurs côtés,
petits-neveux de la Pucelle d'Orléans, ont adopté ce cimier pour rappeler
cette glorieuse consanguinité.
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DE LA FAMILLE DE YAULOaBR 23
logie tirée de leurs encestres^ laquelle commence par Mon
seigneur Rigiïard db Vaullooer et flnist en leurs personnes,
comme il se recognoistra par les tiltres cy aprez produicts.
Cotté par,.. B.
Item^ pour faire veoir, par lesdicts sieurs de Vaulloger^
leur noblesse et notamment celle desdictz Richard et Jehan
DE Vauloger, leurs neufviesme et huictiesme ayetils^ desquelz
ils la tirent, produisent troiz pièces, touttes cottées par... C.
Folio 1, verso.
La première est un contract en parchemin, du vingt sep-
tiesme jour de may 1381, passé devant Robert de Monfort,
tabellion roïal à Palloizp*, d'une vente à flef par Monseigneur
Richard de Valloqer, chevallier*, seigneur de Vallo-
' Lire : à Falaise (GaWados). On voit, par la date de ce premier
acte auquel remonte la filiation établie en 1667, qne les VauZoyer
auTàient pu faire, au siècle dernier, s'ils s'étaient alors trouvés en
état de fortune suffisant, leurs preuves pour être admis à U cour,
puisqu'il fallait prouver une filiation jusqu'à 1399, sans anoblissement
antérieur connu.
' Voici sur les ancêtres et les prédécesseurs de Richard de Vauloger
quelques détails puisés aux sources suivantes : Fac simile du rôle de
l'abbaye de la bataille d'Hastings^ Ibibliothèque de Gaen) ; Catalogue
des gentilshommes en 1789, par MM. de la Roque et de Barthélémy
(province de Normandie, page 124) : MagniRotuli scaccarii Norman-
nisB sub regibus Angliœ (grands rôles de TEchiquier de Normandie sous
les rois d'Angleterre), publiés dans les Mémoires de la Société des anti-
quaires de Normandie, tomes xv et xvi) ; Traité du ban et arriére-ban
par de la Roque, page 83 ; le Recueil des tiistoriens des Gaules et de
la France^ t. xxiii ; le Recueil des Jugements de V Echiquier db Nor-
mandie au treizième siècle, publiée par M. Léopold Delisle ; le Gallia
Christiana, t. xi; V Histoire généalogique de la maison d'Harcourf par
de la Roque, 1. 1, p. 84, t. m, 62, t. iv, p. 1967 et2025,etc. ; Histoire de
Charles VI et son règne, par Jean Le Laboureur, livre X^ p. 191 ;
— une nombreuse collection de chartes et quelques aveux déposés aux
archives départementales du Calvados (fonds des abbayes de Saint-
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André en Gouffern, de Barbery, d'Annay eldu prieuré de 8ainte-Barbe
en Auge) , à celles de l'Orne (fonds divers et des abbayes dfi Sainte-Marie
ou de Silly en GoufTem et de Sainte-Marie ou Gerisy Belle-Étoile),
et aux Arcbiyes Nationales (cartons S. 3222, 6. .3223 contenant des
chartes des abbayes de Saint- André et de Silly en Gouffern, et cote
p. 275^1, Gcxrii^ aveux du comté d'Alençon) ; Inventaire des archives
du Calvados par Léchaudé d*Anisy (ouvrage mal fait où beaucoup de
noms sont absolument défigurés, t. ii. p. 389) : Notes et papiers de
famille^ etc , etc.
I. — Le plus ancien auteur connu de la maison est N,, , sire de
Vauloobr, qui prit part, en 4066, à la conquête d'Angleterre et h la
bataille d'Hastiags. Il fut l'auteur probable des Waledger de Grande
Bretagne (éteints), et peut-être le père de :
IL — RoDBBT I DB Vauloqbr, chevalier. S»' de Vauloger. seigneur
patron et haut justicier de Sentilli, vivant vers 4iOO ; il eut pour fils :
III. — Dreux ou Orocon db Vauloobr, Gh*' S'' de Vauloger, Sen-
tilliy Raveton, Prulay (Orne), bienfaiteur de l'abbaye de Saint-André
en Goufifern vers 1140. Marié avec N... de Bailleul, il en eut : 1^ Ro-
b^rt II de V. qui suit ; 2* (?) Lucas de V. écuyer, cité, en 1180, dans
les comptes de l'Echiquier de Normandie ; 3** [? j Guillaume de V,
chevalier, qui siégeait, en Tan 1200, au môme Echiquier, parmi les
hauts barons et les plus illustres chevaliers du duché.
IV — RoBBRT II DE Vauloger, chevalier- (m£/e«), 8»' de Vauloger,
Sentilli, Raveton et Montgaroult (Orne, arrondissement d'Argentan)
en partie, etc., est cité dans divers actes et comptes de l'échiquier de
Normandie, des années 1176, 1180, H 84 et 1198. De 1180 à 1200 à
peu près, il eut avec l'abbaye de Saint- André de Gouffern (dont il se
montra ensuite le bienfaiteur) et au sujet des libéralités de sa famille,
de vifs démêlés, qui aboutirent à une charte par laquelle il confir-
ma à ce monastère les donations que lui avaient faites Dreux, fils de
Robertde Vauloger, sonpèrey dans la paroisse de Sentilli, mais en
réservant son droit de haute justice sur ce lieu, et Richard de
Bailleul, son aïeul maternel, dans la paroisse de Beaumais (Orne)
(sic). — Robert II de V. ép. Aéliz de Montoaroult, fille de Guillaume
de M., Gh', et d'Emma, qui, après la mort de son époux, eut à son
tour avec l'abbaye de Saint- André de Gouffern de graves différends,
dans lesquels elle parait avec ses quatre file, savoir : l^^/ean de F. qui
suit ; 2* Richard de V. , ch", 8«' de Pretteville sur Laize (Calvados)
en partie^ bienfaiteur de l'abbaye de Barbery, mort avant 1251, sans
enfants de Pétronille de la Ckièvre, qui lui survécut ; 3° Guillaume
de V.; 4** Pierre de V., dont on ne connaît pas le sort.
V. — Jean I db Vaulogbh, cb«', 8«' de Vauloger, de Sentilli, de
Raveton et de Montgaroult en partie, fut un personnage très pieux,
bienfaiteur de l'abbaye de Saint-André de Gouffern vers 4225. En
août 4248, il prit part à la septième croisade; au mois de mai 4249,
il se trouvait à Nymocium (LimissoT), dans l'île de Chypre^ et y assis-
tait, avec son fils Richard, et plusieurs autres gentilshommes nor-
mands, à une reconnaissance d'un emprunt fait par Bernard 4e Sainte-
Marie, chevalier, à un marchand Pisan (Charte des archives de TOroe).
D*une alliance inconnue, il laissa : 4* Richard de V., qui suit ; 2* (?)
AsceHn de V., £•', qui, l'an 4262, vendit à l'abbaye d'Aunay une
rente à prendre dans son fief des paroisses du Mesnil au Grain et de
Longviller8(Calvados).Ilparaîtavoir eu des enfants, qu'on neconnaîtpas.
.VI. — Monseigneur (Dominus) Richard I de Vauloger, ch^', S" de
Vauloger, Sentilli, Raveton et Montgaroult en partie, prit part, on l'a
vu, à la septième croisade. Rentré en France en 4250^ à la suite du duc
de Bretagne, il siégea parmi les juges souverains de TBohiquier de
Normandie en 1252 et en 4 268 ; au mois de mars 4263, il fut choisi
comme arbitre d'un démêlé pendant entre les abbayes d'Almenesches
et de Saint-André de Gouffern. Mort vers \^1%, il contracta une union
ignorée, dont naquirent : 4* Guillaume de V. , qui suit ; 2" M^ Richard
de y., dft de Sentilli, du lieu de sa naissance ; il était chanoine de
Séez, en 4290, année où il fit une donation à l'abbaye de Silly ou
Sainte-Marie deGoufifern, du consentement de Guillaume, fils de Ri*
chardde Vauloger, chevalier, son frère et seigneur [sic, — Archives
de rOrne). Nommé prieur de Séez avant 4 295, il en devint évéque en 43 1 5
et mourut en novembre 4319 ; 3** Mabile de V., femme de Guillaume
de Vieuxpont, ch", morte avant 4 280 ; 4** Adélidade F., femme de
Pierre Le Prévost, ch*', avec lequel elle fit don, en 4280, à l'abbaye
de Saint-André de Gouf, d'un herbage sis en la paroisse de Vieuxpont
(Orne, arr. d'Argentan), pour le repos de Vàme de sa sœur Mabile,
autre fois épouse de Guillaume de Vieuxpont, ch'^(sic).
VII. — Monseigneur (Magister) Guillaume de VAULoeER, Ch" S** de
Sentilli, Montgaroult et Loucé (Orne, arr. d'Argentan) en partie, était un
26 V JU0EMENT DE MAINTENUS DE NOBLESSE
des chevaliers de la vicomte de Falaise qui se trouvaieût réunis à Tour»
dans la quinzaine de Pâques 127^» pour prendre part à la gaerre de
Phîlîppe-le*Hardi contre le cointe de Poix, Il contracta avec le monas-
tère de Saint-André de GoufTern, le 1*^ août \ÎH\, et fit une libéralité
à ceiui de Silly, en décembre !^89. Décédé vers f^99, iE avait épou?é
[voir ci-après) M^ais Malet de ÛRA^saMt, de l'illustre maison de Gra-
ville, qui lui donna : i° Jean II de V. qui suit ; 2" Mane de F., dame
du champ de Saint-Barthelemy à Montgarôult, mariée (voir ci aprèp)
à Michel de Falâi%e, ch", et morte avant 1328 ; 3* (?) Robert de V.,
E", qui, en mai 1317, vendit au prieuré de Sainte- Barbe en Auge,
une rente A percevoir sur son fîef de (a paroisse de Pontfol (aujourd'hui
Victot-Ponlfol, Galvados) ; on croit qu'il laissa postérité.
YIIL — Pfoble seigneur (nobilis vir) Jean II ob VAULOOBii, ch'^ 6"
de Van loger. Senti lli, Loucé, Mofitgaroult, et Joué du Plain (Orne
arr. d'Argentan] en partie^ ûi, au mois de juin 1209, conjointement
atiec MariedeCr:gmesnil,sa.mèrey veum de Monseigneur Guillaume
de YsLulogêv [sic), une donation aai molnee de Saint- An dré-de-Gouf*
Ce fut au niAme monastère qu'il vendit, en janvier 1 3'28 , le champ do
saint Rarthélemy à Mcntgaroult, que possédait jadis Marie de F , sa
sœur, jadis épouse de Michel de Falaise, chevalier {sic); il y joignait'
une donation. Il en ht une autre, au mois de septembre i 33 l,à l'abbaye
de Silly. Devenu chambellan du comte d'Alençonjil fut tué en guerre,
l'an 1346, et r^>rt probablement à la bataille de Crécy où son prince perdit
la vie (voir ci-après). Marié» vers 1320, à Philtppa de là Bivièbe (v, ci-
après), il en eut : \* Richard II de V. qui suit ; 2* Jean de V,, ài**
8*^ de Joué du Plain e^^ partie, vivant en 1346 et père de Jeanne de V.
laquelle était dame de la Vavassorie aux Prévôts, à Cuigny, en 1387 ;
3^ Osrnond de V.^ chanoine a Tabbaye de Sainte- Nfarie de Belle-Etoile,
d'après une charte de 1380, dont il va être parlé,
IX. — Monseigneur RicBAan II de VAULooEn, ch*' S»' de Vauloger,
Sentilli, Cuigny, Plainville, etc., est celui auquel remonlent les
présentes preuves de noblesse. Kn décembre 1346, il 8e joignit à
son frère Jean a tin de faire une donation à l'abbaye de Silly, pour le
repos des âmes de Jean de Vaulogerj chevalier, son père^ naguère
chambellan du seigneur comte d'Alençon, tué dans Varméedu
seigneur Roi, et de Philippa* samète (sic) ; la donation portait sur
un herbage, sis dans la paroisse de Joué du Plain, près du fief de
DE LA FAMILLE DE VAUL06BR 27
ger, de Cenlilly et de Pellainville*, capitaine du chasteau
Guillaume de la. Rivière, frère de ladite Philippa [sic), — En
février 1380, on le voit faisant^ avec GATHBRinB db Plainvillb, son
épouse [sic] y une donation à Sainte-Marie de Belle-Etoile, afin que les
chanoines du lieu disent des roesses pour les donateurs, pour leurs ancê-
tres, et pour leurs enfants dénommés tous les cinq, savoir; {"^Charles
de y, ch", mort peu après ; ?• Jean III de V,, qui continue la filia-
tion; 3<» Denys de V., E', qui prit part, en 1384, avec Raoul de
Meullent, à la guerre de Charles VI contre les Flamands. En 1390 il
suivit le duc Louis de Bourbon dans sa croisade contre les puissances
Barbaresques, et fut tué au siège de Tunis ; 4^ Marie de V. femme
à!Enguerrand de Pierrefitte, écuyer ; 5* Jeanne de V., marié à
Roger de Sacy, E'.
Nota. — L'annotateur du présent jugement de maintenue de noblesse
se propose de publier, un jour ou l'autre, dans la Het;ue historique
de VOuest, le texte des documents sur lesquels s'établit la filiation qui
précède.
* Lire : Vauloger, Sentilli et Plainville.
Vauloger était un quart de fief de Haubert, tenu du Roi sous la
vicomte d'Ëxmes ou Hiesmes (Orne), avec château, colombier, b&ti-
menlp de service et estrage, fournils, granges, étables, cours, jardins
plantés, terres labourables, herbages, bruyères et bois, joints à une
garenne et à une cbasse. Il passa^ à la fin du quatorzième siècle, chez les
Guyon (voir ci-après), qui le conservèrent jusque vers ^540, époque
où ils le transmirent par alliance aux Gaignon ; il passa, successivement
et toujours par alliance, aux de Sainte-Marie et aux Le Chevalier de
Venoix, et rentra de môme, en 1626, chez les Guyon, dits à partir du
siècle dernier, Guyon de Vauloger, M"* Louise G. de V. Ta porté, en
1830, à son mari M. Révérend du Mesnil^ dont la famille le possède
encore aujourd'hui. — De Vauloger dépendaient les deux arrière-fiefs
Dreux et le Broillart. ''Lire dans l'ouvrage intitulé Sévigné, par M. des
Diguères, — Paris, Dumoulin, 1865, aux pages 180etl81, unedescrip- i
tiou du manoir de Vauloger dans son état actuel, bien déchu). 1
Sentilliy dont on a vu que les Vauloger avaient la haute justice,
comprenait encore le tiers de fief de Sentilli, tenu de ^a baronnie
de Guy et possédé par les Vauloger ainsi que les deux arrière-fiefs
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28 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Dessey* et par Madame Katerine de Pelletn ville', son
espouse, au proffict de Monsietir Jehan de Volloger, aussy
chevalier, leur puisné filz, de dyvers immeubles scis au lieu
de Guignie*, par lequel contract appert tant de la qualité de
chevallier dudict Jehan de Vauloger que de celle dudict
Richard de Vauloger son père.
La seconde est une grosse en parchemin d'un contract des
donations des rentes y conttenties par messire Guillaume
de Champaifjné\ chevallier, seigneur dudict lieu' et de
(huiti(Sme de fief) de Prulay et de /{aueton,dumoia3àrorigiae,etc.^ etc.
Les autres terres de cette paroisse ne paraissent pas avoir appartenu à
cette famille. Sentilli est actuellement une commune du département
de rOrne, dans Tarrondissement et à deux lieues et demie d'Argentan.
PZaint7t//e, quart de fief de chevalier, tenu du Roi sous Exmeset
sis dans la paroisse de Cuigny> Les Vauloger possédaient aussi un fief
de Plainville dans la paroisse de ce nom (Eure).
* Lire : d'Essay (et mieux Essai, — Orne, arrond' d'Alençon).Le titre
de capitaine équivalait à celui de gouverneur.
' Lire : dé Plainville. Cette dame appartenait à une maison originaire
de Plainville (Eure) et éteinte depuis longtemps, dont les membres sié-
geaient au treizième siècle, à l'Echiquier de Normandie. Armes introu-
vables.
' Lire : Cuigny (aiias Quigny). Cette ancienne paroisse, — dont le
principal fief, possédé par les Vauloger, était un quart de fief de Hau-
bert relevant du roi sous Exmes, forme aujourd'hui une seule commune
avec la paroisse de Moulins-sur-Orne (Orne arr. d'Argentan).
* Lire : de Champagne : Il ne faut pas confondre cette vieille famille
du Maine avec la maison des marquis de Champagne do la Motte-
Ferchaut, originaire des environs d(* Reoncs et répandue ensuite ou
Anjou, à laquelle les Vaiiloger se sont également alliés plus tard,
comme on le verra cî-aprèF, Les de Champagne en queatioa, originaires
de la paroisse de ce nom (Sarthe), pt corinu3 depuis Jacfjuelin, Arnoalt
et Hunault de Gh,, vivants en I09G, porlaient : de.... à trois moleUes
d^éparon de.... — Famille éteinte dès longtemps.
* Lire : Champagne : Cette paroisse, dont on va lire le nom ortho-
grnpliîf de plu^i^ur^ façong dîiïérenLes» était un plein Befde Haubert
Fercé* pour le mariage de la damoyselle Margueritte, sa fille,
à la personne de Monsieur Jean de \ kim^logi^^, chevalier , sire
de Cuigny*, au proffict de laditte damoyselle etdudictsire, passé
devant les tabellions jurez du Manz, le troysiesme jour de
febvrier 1398, par lequel est justifflé ledict Jean de Vauloger
avoir encores pris ladicte qualité de chevalier.
Le troysiesme est un contract en parchemin, du dix-neuf
de juin 1417,
Folio 2i recto. Signé : de Machault.
d'admortissement par ledict Jehan de Vologier, chevallier,
seigneur de Champaigné, et par laditte dame Marguerite,
avec château important, aujourd'hui disparu, relevant de la baronnie
de Pirmil et donnant droit de patronage et de haute justice. C'est ac-
tuellement une commune du département de la Sarthe (arrondissement
du Mans).
' Fercé ': seigneurie importante et chef-lieu de paroisse, tenue aussi
de la baronnie de Pirmil, avec château et droit de patronage. C'est ac-
tuellement une commune du département de la Sarthe (arrondissement
de La Flèche).
^ Jean de Vauloger qui, à la suite de ce mariage, se fixa au Maine,
n'était pourtant plus en réalité seigneur de Cuigny. Ruiné par la guerre
anglaise, il avait vendu cette seigneurie avec celle de Plainville, pour
la somme de mille livres d'argent et par contrat du 4 ou 11 mars 1383,
à Jean 4e Carrouges, chevalier. Le comte d'Alençon ayant cassé ce
contrat à droit féodal, peu de jours après, fit l'acquisition de Plainville ;
Cuigny revint à Jean de Y., qui en rendit hommage au comte, le
24 avril 1387, et finit par le lui revendre (Fief passé depuis aux Guyon).
En 1386^ lors du fameux duel judiciaire du sire de Carrouges et de
Jacques de Grix, barou d'Aunou, duel dont il faut lire le récit émou-
vant dans Froissart, Jean de V. fut un des tenants du baron. — Enfin,
en 1393, il dut se défaire des domaines de Vauloger et de Sentilli qu'il
céda à Robert Guyon, écuyer, s' de Sausseaux (Voir Sévigni, par
M. des Diguères, p. 102,158,186, etc. ; les « Questiones Johannis Galli
per arrestà Parlamenti decisœ ; » où l'on a imprimé Coigny au lieu
de Cuigny ; un titre des Archives nationales, cote P. 2751 (c im"xx), etc.
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30 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
son espouse', d'une rente de vingt-cinq livres tournoys detie
sur leur seigneurie de Champeigné à noble homme Amaury
de Vrigné, esciiier, seigneur de la Merserie, par où Ton veoit
que ledict Jean de Vauloger couttinue à estre qualliflé che-
vallier.
Item, pour justiffler par lesdicts sieurs de Vauloger, es-
cuïers, de la continuation de leur noblesse prise par Thibault
DE Vauloqer, leur septiesme ayeul, enfant dudict Jean de
Vaulloger, leur huictiesme ayeul, produisent quatre pièces,
toutes cottées par D.
La première est un adveu en parchemin, du neuf d'octobre
1433, rendu à noble homme messire TmsAUo de Vauloger,
seigneur de .Champaigné et de Percé, Escuîer cTescurie du
Roy*, par ses vassaux y desnomez, à cause et pour raison
des hérittages par eux tenus de sa dicte seigneurie de Percé
et des rentes seigneuriales indicquées audlct adveu, où Ton
veoit que ledict Thibaut de Vaulogier reçoit les tiltres de
noblesse.
La deuxyesme est une grosse en parchemin du contract. • .
Folio 2^ verso.
t
du mariage passé, le septiesme jour d'aoust 1434, devant
Jehan Barbier, nottaire à Saumur, d'entre messire Thibault
DE Vaulloger, escuîer d'escurie du Roy, seigneur de Cham-
peignet, fllz de feu messire Jehan de Vauloger et hautte et
noble damoiselle Jbhanne de Ghampaigne', veufve de feu
* Cette dame fut inhumée daus la chapelle des Seigaeurs ou de
l'Evangile, en l'église de Champagne ; un écusson écartelé aux i et k
de y., aicjc 2 et 3 de Champagne, se voit encore i la clef de voûte de
cette chapelle.
^ Personnage de la maison du Roi, choisi parmi les gentilshommes
d'ancienne race et chargé de la surveillance des chevaux de guerre,
des armures, etc.
' Lire : de Champagne*
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noble homme Bertrand de Montjehan\ escaïer, et fllle da
hault et puiçant seigneur Jehan de Champaigne^ mareschal
d'Anjou'.
La troisiesme est une transaction en parchemin, du dix-
huict de janvier 1438, accordée devant Bernard Myetteet
Jean Godin, notaires à Paris, entre messire Thibault de
Vauloger, chevallier du païs du Mayne, Esctiîer de Vescurie
du Roy, et messire Pierre Hériçon', chevallier^ seigneur de
Rouzé au mesme païs, espoux de dame Ysabeau de Vaul-
LOGER, sœur dudict Thibault, au subject de Thérittage de feu
messire Jehan de Vauloger et de feue dame Margueritte,
espouze d'y celuy, leurs père et mère, de laquelle transac-
tion appert Testât de noblesse desdictz sieur et dame de
Vauloger.
La quattriesme est un contract en parchemin passé, le
^ Lire : de Montejean. — Le. nobiliaire universel de Saint-Âllais, ne
mentionne que ce premier mari de Jehanne de Champagne, auquel
il donne le prénom d'Hardouin (voir tome xiv, p. 380). — D'autre
part, le P. Anselme, dans sa généalogie des Montejean (V, t. vh,
p. 475), ne parle pas de Bertrand, mais d'un Hardouin, auquel il ne
donne pas d'alliance ??.
' Marié i Ambroisie de Crenon^ fille de Baudouin de Grenon,
bailli de Touraine, et de» Marie d& Bueil, de l'illustre maison des
comtes de Sancerre. — Jean de Champagne était premier baron du
Maine et duc de Bari au royaume de Naples.
La maison de Champagne a tenu et tient u a rang trop considérable
dans la haute noblesse française par son origine (comtes d'Anjou),
par ses services et ses alliances, pour qu'il soit nécessaire de s'y arrêter.
Rappelons seulement ses armas : de sable fretté d'argent, au chef
de même chargé d'un lion issant de gueules,
' Lire : Hérisson ; — vieille famille à la fois Bretonne et Mancelle qui
portait : d'argent à trois hérissons de sable, — Thibault de V., eut
encore au moins une soeur, if"* de Maridor, dont il sera porté plus loin.
(V. d apr. un acte du 4« juillet 1477).
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ÔZ JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
deuxiesme d'avril 1445, devant les tabellions jurez du Manz,
de la
Folio 3, recto Signé : de Mâcha ult.
vente des biens y mentionnez, sois en la parroisse de Maillet',
par noble Robert de Vendosmoys^ escuïer, seigneur de
Chourses, au proffict de messirc Thibaut de Vaulloger, che-
vailier^ seigneur du lieu' et de Champaigné, danz lequel
contract ledict Thibaut de Vauloger continue à estre qualliflé
chevallier'.
Item, pour, par lesdictz sieurs de Vauloger, justiffler de la
continuation de leur noblesse prise par Pierre de Vauloger,
leur sixiesme ayeul^ lequel estait filz puisné dudict Thibault
de Vauloger, leur septiesme ûfyet//, produisent aussy quatre
pièces, cottées parmesme lettre E.
La pr^m/ère est une grosse en parchemin du contract du
mariage de noble homme Pierre de Vaulloger, escuïer, sei-
gneur de Vilclair*, filz de feu messire Thibault de Vauloger
et de dame Jehanne de Champaigné, sa veufve, avecque
' Lire : Mayet (Sarthe, arrondissement de La Flèche). Les Vauloger
y donnèrent <leur nom à un fief, transmis ensuite (voir ci-après) et par
mariage dans la maison de Vezins.
^ 11 faut se garder de confondre cette seigneurie de Vauloger avec
celle de ïa paroisse de SentilU: il s'agit ici purement et simplement du
âef dominant de Fercé auquel les Vauloger imposèrent de bonne heure
leur appellation patronymique, conservée de nos jours sou» la forme
Va,ulogé (hameau de 25 à 30 habitants).
* Le 14 décembre 1458, Thibault de V., et son épouse assistèrent
à une donation faite par Jeanne de Tacé, femme de Baudouin deTucé^
à fierre de Tucéj de la métairie de la Ghauvinière, en la paroisse de N'eu*
vîllelte {ATchive9dela Sarihe, série E, iîÈ).
* LîTù : 'Villccîerc; fief sis en la paroisse de Fercé et tenu de U
baronnie de Pirmil.
^mm
noble damoiselle Margueritte de la Roussardière*, fille de
messire J^Aan de la Roussardière, escuïer, seigneur du Moul-
lin-Vieulx^ et de dame Yolande rfe Coss^', son espouse, du-
quel contract, passé, le 14 de marz 1471, par Guillaume Grif-
fatou, nottaire de la cour du Bourgnouvel*, appert la quallité
d'escuïer dudict Pierre de Vaulloger.
Le deuxiesme est un contract en parchemin, du premier. . .
Folio 5, verso,
jour de juillet 1477, des lots et partages accordez entre messire
Jehan de Vauloger, chevalier, seigneur du lieu et de Cham-
paigné*, noble Pierre de Vauloger, escuïer , seigneur de
* D'une famille ancienne d'Anjou, sans doute éteinte, qui parait s'être
appelée primitivement Roussard (XÏV* siècle) et n'avoir pris le nom
de la Roussardière qu'après l'avoir imposé à une seigneurie en sa pos-
session. Armes : De gueules à trois p&ls d'or chargés en chef de
trois roses d'azur,
' Le Moullin-Vieux (ah'às, les Moulins Vieux, et mieux Moulin-
vieux] : seigneurie importante, sise en la paroisse d' A sni ères (Sarthe,
arrondissement de La Flèche), et tenue à foi et hommage simple des
chanoines du chapitre de Saint- Julien du Mans, seigneurs de ce lieu.
Des Vauloger, elle passa aux Gibot (voir ci-après), puis, au déhut du
dix-huitième siècle, aux de Scepeaux, enfin, peu après 1800, aux Le
monnier de Lorière qui en sont les propriétaires actuels. C'est une
des plus helles propriétés de la région ; le parc surtout, arrosé par la
Vègre, est magnifique.
' De la maison des ducs deBrissac, connue depuis Réginald de Gossé,
prieur de l'abhaye de Fontevrault eu H 50. Armes : de sable à trois
fasces d'or dentelées par le bas.
* Un des grands sièges royaux du Maine, dont le chef-lieu se trouvait
à Mayenne.
* Jean IV de Vauloger, homme d'armes des ordonnances de Sa
Majesté 30us le maréchal de Lohéac en 4469 (dom Villevieille, trésor
généalogique, t. xix, n* 165), épousa par contrat du 12 avril 1462^
Anne (alias Isabeau) de Maimbier, qui le rendit cousin germain des
Montmorency Laval, et lui donna : 1® Jean V, de V. (voir ci-après,
T. VI. — DOCUMENTS. — VI* ANNÉE, 1" LIV. 3
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34 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Villeclerc, noble et vénérable maistre René de Vauloger,
escuïery sieur de la Halounnière*, prebslre, curé de Cham-
^ paigné', dame Marie de Vauloger, espouze de messire Pierre
DoRENGE, chevallier, seigneur de la Pueillée' et damoyselle
Yolande de Vauloger, espouze de noble homme Jules de
Vesin, escuïer^ seigneur du lieu*, touts enffans issus de feu
messire Thibault de Vauloger et de feue dame Jehanne de
Champagne, leurz père et mère, des biens de la succession de
laditte dame et aussy de celle de la deffuncte damoyselle Gè-
ne viefve Vauloger,* veufve de deffunct Jean de Maridort%
escuïer^ seigneur de la Marre, leur tantte, lequel partage,
traitté devant Macé Bouchard, nottaire en la cour de Bour-
gnouvel, prouve plainement de la noblesse des encestres des
produisans.
une note à un acte du 3 mai 1518 ; — 2<» Gérard de V., E% S»» de
Menuau, à Vallon (Sarthe, arrondissement du Mans), marié, par
contrat du 18 avril' 1498, à Antoinette de Ronsard^ fille d'Amaury
de H. 8*' de la Bourdinière, et de Catherine de Malherbe, dont
Gabrielle de V. qui épousa, en 1521, Jacques Barat, P7; — Z** René
de F., prieur de Fercé en 1499 ; — 4* Claude de F., E% vivant eni525 ;
— 5* Isabeau de V., mariée, avant 1499, k Louis d'Averton, Ch',
8'' du Perray, d'une des grandes maisons du Maine.
* Métairie sise en la paroisse de Fercé et tenue delà terre de Vauloger.
' On retrouvera plus loin ce personnage dans un titre de l'an 1514.
^ Lire : d'Orenges, et la Fouillée ; famille Bretonne dont le plus
ancieti auteur connu prit part à la première croisade (1096) ; encore
subsistante. — Armes très diverses. Cette branche ci portait : Paie
d'argent et de gueules de six pièces, à la bordure de sable chargée
en orle de huit oranges d'or,
* Et mieux : de Vézins, d'une famille représentée aux Croisades en
1248. Armes : de gueules à trois clefs d'argent, deux et une.
* Fille de Jean III de Vauloger et de Marguerite de Champagne.
' Et mieux : de Maridor ; ancienne famille du Maine, éteinte, à
laquelle appartenait la dame de Montsoreau (de Chambes), héroïne d'un
célèbre roman d'Alexandre Dumas. — Armes : d'azur à trots gerbes
d*or.
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Le troysiesme est un contract en parchemin, en datte du
seiziesme jour de septembre 1480, de l'acquisition faicte par
noble homme Pierre de Vauloger, escuîer, seigneur de Vil-
clair et du Moullin-Vieux, et par damoy selle Marguerite de
LA ROUSSARDIÈRE, .;....
Folio 4, recio. Signé : de Machault.
son espouse, sur noble messire Jbhan db Vaullooeh, seigneur
du lieu et de Champaigné, et sur la dame Anwb db Maimbieh*,
son espouse, d'une rente de soixante livres tournoys^ assise
sur la seigneurie de Bonne Estable', et proventie des hérit-
tages des feues dames Anne de Troussiauville^, veufve de
deffunct Monsieur Bené de Maimbier, vivant seigneur de
Layée*, et Jehanne de Harecourt, dame de Troussiauville^ ,
lesdictes mère et ayeulle de laditte dame de Champaigné, la-
quelle acquisition, passée devant ledict Massé Bouchard ,
* D'une famille da Maine, aussi répandue en Bretagne, et éteinte.
Armes : d'&zur à trois poignards d'argent mis en bande.
' Lire : Bonnétable ; ville du département de la Sarthe, arrondisse-
ment de Mamers, où se trouve un magnifique château construit par les
d'Harcourt et aujourd'hui possédé par le duc de la Rochefoucault-
Doudean ville.
' Lire : de Trousseauville, maison normande, représentée à la pre-
mière croisade (1096). Armes : de sable à la croix anilUe d'or.
* Allas : Laiilée.
•
' Lire : Jeanne d'Harcourt. Cette dame, issue de la maison ducale de
ce nom, connue depuis le X" siècle et féconde en grands hommes
(Armes.: de gueules à deux fasces d'or), épousa : 1° Guillaume de
Braquemont ; 2** Guillaume de Trousseauville, chevalier, s*' du lieu.
— Jeanne d'Harcourt descendait en ligne féminine du roi saint Louis,
par suite du mariage de son grand-père, le comte Jean V d'Harcourt,
avec la princesse Blanche de Castille-Ponthieu, petite-fille par sa mère,
Catherine d'Artois, de la princesse Jeanne de France- Valois, sœur du
roi Philippe VI de Valois. (V. le P. Anselme, t. i, p. 386 à 388 ; t. m,
p. 305; t. V, p. 132, 139, 140, etc.)
à
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aB JUGEMENT DE MAÎNT£KtJE DE NOBLESSE
notaire de Bourgnouvel^ montre encores ledict Pierre de
Vaulloger avec les ti lires de noble et d'escuïer.
La qurfitriesme est uri contracL de vente en parchemin,
passé, le vingt-un de janvier, fan 1492, devant PichauU le
Ronge» notaire de la cour de Bourgnouvel, par noble homme
messire Pierre de VitiLLoeen, seigneur des Moullins-Vieulx, au
proCfïct du sieur de la Bezyguère*, des fiel" et seigneurie de
Viilcclairj assis en la paroisse de Fercé et- aux anvirons,
avecq touttes ses appendances, tant en domaynes, manoir,
terres labourables, pasturcs que communes, rentes et ser-
vicesj danss lequel contract , . ,
ledict Pierre de Vaulloger continue àestrequallifié noblement.
Itb^ï, pour justif fier par iesdictz sieurs esciiî^ra de Vauloger
de la continuation de leur noblesse par Jeam de YAULLoaaa,
leur qmnlmjetdj filz dudiet PiEnas de VAULooEfl, leur sixiesme
aycul, produisent cinq pièces, touttes cottées soubz la lettre F.
La première est une grosse en parchemin du contract de
mariage d'entre la personne de Jiobte Jbhan de VAULLooEa, es-
cmer du païs d'Anjou', filz desdicts Pib«re de Vauloger et
MAaûDBRriTE DE LA RounsARDiÈHE, et la» pcrsonue de hautie et
noble damoyselle Mabib db RABaDiNauEa^, fiUe du hault et noble
Sans doute de !a famille »< de Fay. ■
^Od dc voit pas ce qui a pu dooner iiea à celte qualification, car
tous les bieoR de Jean de Vauloger se trouvaient au Maine; il est vrai
que Mouliavieut est sur les confins de l'Anjou.
' Lire : de Rabodanges. Ce nom est celui d'une des plus considé-
rables familles de h Picardie et du Rourbonoais, issue, vers 120Û, de la
puissante maison de Bernieulles, transplantée, vers î 450, en Basse-
Normandie où la seigneurie de Culay^Bur-Ome (Calvados) fut érigée
pour elle en marquisat de Rabodanges, au XVLI» siècle, et éteinte au
début de celui-ci ou à la fin du dernier. Armes : Ecarteîè aux i et k :
d'or à la croix ancrée de gueules (BernieuUes),aujc 5 et 3: degueuleë
à trois coquilles d'or.
UK LiA FAMIL.L1K UK VAUl^UUKll Ol
seigneur messire Alardde Rabodangues^chevàWicr, seigneur
du lieu, conseiller et chambellan du Roy, chevallier de son
ordre, et de feue dame Ysabeau bailly^, lequel contract,
accordé, le neuf d'octobre 1497, devant Jacques Coste et Guil-
laume Perrot, nott aires royaulx au Chastellet de Paris, faict
veoir Testât de noblesse dudict Jean de Vauloger.
Le second est un adveu rendu, le neufviesme de septembre
1503, à M* Lazare Vérité, procureur de noé/tf Jehan DBVAOLLcxiiEB,
chevallier^ seigneur des Moulins- Vieux, capitaine dune com-
paignie de cinquante hommes d'armes des ordonnances du Rot/,
estant lorz en Italie pour le service de Sa Majesté
Folio 5, recto. Signé : de Maohault.
par ses tenanciers de ladicte seigneurie des Moulinsvieulx,
* Al&rd de Rabodanges, qui fut aussi bailli et gouverneur de Saint-
Omer, était ûls de Guillaume de R. et de Jacqueline de Rubempré
et frère de Jean de R. s'' de Boncourt, capitaine de Gravelines et
maître d'bôtel de Marie de Glèves, ducuesse douairière d'Orléans et
mère du roi Louis XII. Devenue veuve, cette princesse s'éprit pour
son maître d'bôtél d'une si vive passion qu'elle l'épousa. Elle fît faire
des tapisseries sur lesquelles on voyait des rabots et des anges avec ces
mots : « Encore n'est-il que rabots d'anges » (V. V Etude historique
de G. Lecoq, sur Marie de Clèves, Saint-Quentin, 1875, page 15).
' Lire : d'Âilly : Une des grandes maisons de Picardie, qui jporte :
de gueules au chef échiqueté d*argent et d*azur de trois traits.
Troisième fille de Raoul d' Ailly,baron de Piquigny et vidame d'Amiens,
et de Jacqueline de Béthune (des ducs de Sully), Isabeau d'A. avait
pour sœur Jacqueline d' A., mariée, en 1435,àJeande France-Bourgogne,
comte de Nevers, de Rethel etd*£u. Ses descendants et descendantes,
cousins et cousines aux 4', 6% 8*, 10* et 12* degrés des sires de Vaulo-
ger , contribuèrent à former les maisons de Glèves- la-Marck ; de
Juliers ; de Saxe ; d'Angleterre (Tudor) ; de Brandebourg-Prusse ; de
Bavière-Neubourg et Deux-Ponts ; de Bade ; d'Autriche-Burgaw ; de
Gonzague; de Lorraine- Guise, et de Bourbon-Gondé, etc. — De ce
fait, la famille de Vauloger se trouva donc apparentée, au XVI* siècle,
à la plupart des grandes races souveraines d'Europe.
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38 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
pour les biens et rentes y conttenus, lequel adveu montre
ledict Jehao de Vauloger encores aveq la qualité de chevallier.
La troizies me est une grosse en parchemin d'un contract de
vente faict, par devant Le Flotte, nottaire au Mans, le dix-sept
de septembre 1504, par damoyselle Marqueritte de Vaullooer,
veufve de feu noble Avthoyjxe Lesirier', vivant escuîer, seigneur
de Cemur, audict messire Jehan de Vauloobr, chevallier , son
frère, de tout et tel droit successif, tant mobilier qu'immobi-
lier, qui luy pouroit compéter et appartenir à cause des suc-
cessions, morts et trespaz desdicts deffuncts nobles Pierre de
Yaulogbr et Marguerite de la RoossARDiàRB^ leurs père et mère, 'et
de deffuncte dame Jehanne de Vauloqer, leur sœur aisnée, tres-
passée sanz enffans, ny de feu Thomas Devatob', escuîer, sei-
gneur du Plessys, son premier mary, ny de messire avoues de
MoNTALLAYs*, scigucur du Bourg et de Chambellé, qu'elle avoit
secondement espousé, et aussy d*ANNB ob Vaullooer, autre
sœur, religieuse au monastère de Bonlieu, 4 et 5 aux charges
des droictz seigneuriaux, moïennant la somme de douze
cents escus d*or sols pour laquelle ledict messire Jehan de.. .
Folio 5, verso.
Vaulloger, seigneur des Moullinsvieux, luy en constitua la
* Lire : Le Girier, famille distinguée du Perche, qui a donné notam-
ment : deux évoques d'Avranches et trois chevaliers de Malte. Armes :
d'argçnt à trois étoiles de gueules accompagnées de quatre mon-
chetures d'hermine cantonnées.
* Lire : de Vayge, famille originaire de la paroisse de ce nom
(Mayenne), où Gaudin de V., chevalier, vivait en 1118. Armes:
d'argent à trois chevrons de gueules,
' Lire : de Montalais ; une des grandes familles de l'Anjou, éteinte.
Armes : d[or à trois chevrons degueules^ k la fasce d* azur brochante.
* Lire : de Bonlieu, abbaye de l'ordre de Citeaux fondée en 1219,
dans la paroisse de Bannes, près de Gh&teau-du-Loir (Sarthe).
' De Pierre de Vauloger et de Marguerite de la Roussardière, vint
encore un fils : Pierre de F., E•^ S«' de Neufmanoir et de Saint-Pierre
des Bois, marié à Guyorine de Montécler et mort avant 1541, dont
il sera parlé plus loin à cette date là. (Y. ci-apr. un acte du 10 mai 1 541).
y
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somme de cent escus de rente par chacun an, ledict contract,
équipoUanl à un partage, signé : La Flotte, faict veoir entière-
ment de la noblesse dudict Jean de Vauloger et, par ainsy,
de sesdescendans, qui sont les produisans.
La quatriesme est une grosse en parchemin du contract de
mariage d'entre messire Jean de Voloqbr, chevalier, seigneur
du Moulinvieux, de Chereperrine et de Marsilly*, homme
veuf, et noble damoyselle MARouERrrE Lbmayrb*, dame du lieu
d'Avrolles', fille de messire Jehan Lemayre, chevallier, sei-
gneur de la Roche- Jacquelin, et de dame Ysabeau Quatre-
barbes", duquel contract, accordé devant Salmon, notaire dô
Bourgnouvel, le dix de janvier 1506, appert de la qualité de
chevallier dudict Jean de Vauloger.
La cinqviesme est un contract d'eschange en parchemin, du
dix-huict de décembre 1509, entre messire Jehan de Vauloobb,
chevalier, seigneur de Moullinvieux et de Chereperine ,
* Lire : Gherperriae et Marcilly ; ces deux seigneuries, sises au
Perche, aTaient été achetées, suivant contrat du 2 mars 4505, par
Jean de V. à Olivier de Baraton et à Françoise de Surgères, son épouse.
(Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, t. iv,
p. 161). Cherperrine, aujourd'hui possédé par M. le vicomte de Lévis-
Mirepoix, se trouve sur la paroisse d'Origny-le-Roux (Orne, arrondis-
sement de Mortagne) ; Marcilly est un hameau de 60 habitants de la
paroisse d'Igé (Id. id.).
' Lire : Le Maire^ famille représentée en 1191 à la troisième croi-
sade ; on la croit éteinte. Armes : d'azur au lion couronné d'or,
Aliàg : de »able au savtoir d'argent,
' Terre voisine de celle de Moulinvieux, mais moins importante, et
à partir de ce moment là incorporée à elle.
* De la maison, si considérable en Anjou et provinces environnantes,
des marquis de Quatrebarbes de la Rongère, représentés aux croisades
et admis aux honneurs de la cour. Aimes : de sable à la bande d'ar-
gent côtoyée de deux cotices de même.
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40 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
seigneur et patron de MarsillyS et honorable homme Jehan
Quelque] eu, bourgeoys de Mamerz, au subject des biens y
mentionnez, scis en ladicte parroissedeMarsilly, lequel con-
tract, signé Lunel, montre ledict Jehan de Vauloger tous
jours aVeq la quallité de chevalier.
Folio 6, recto. Signé : de Machault.
Item, pour, par lesdicts sieurs de Vauloger, escaliers, jus-
tiffier de la continuatioti de leur noblesse de par Rem*, dict
aussy Jean, de Vaullooeb, letir quartayeul^ filz dudict Jean de
Vaullooeé, lPurcinquiesmeayeul,pToàmsonid\K. pièces, touttes
cottées par G.
La première est une transaction en parchemin entre véné-
rable et discret messire René de Vauloger, escmer, sieur de la
Halounnière, docteur en théollogie, chanoine du chapistre
du Manz', agissant comme aïant le bail et garde noble de
noble René de Vauloqbr, son arrière nepveu, filz des deffuncts
messire Jean de Vauloger et dame Marie de Rabodanghes, sa
première espoùse, et noble dame Marguerite Le Mayre, veufve
du mesme deffunct Jean de Vaulloger, qui l'avoit espousée
en secondes nopces, agissant comme gardienne noble* de
Pierre* et Anthoinettb de Vauloger*, enfîans mineurs nais d'elle
et dudict seigneur, au subject des succession et hérittage
* Marcilly était effectivement, avant 4789, le chef-lieu d'une paroisse
depuis réunie à Igé, comme il a été^dit. On trouve aussi Tabbé de saint
Vincent du Mans avec cette qualification du patron de Marcilly.
' Fils de Thibault de Vaul6ger et de Jeanne de Champagne.
' Marguerite Le Maire paraît encore, avec* la même qualité, dans
une sentence que prononça à son profit, le 23 octobre 1514, le Bailli
de la juridiction temporelle du chapitre du Mans contre noble Jacques
de Ségusson, au sujet de droits seigneuriaux appartenant au domaine
de Moulinvieux (Archives de Maine-et-Loire E, 2616). Cette dame se
remaria à Jacques de la Beccane, écuyer.
* Pierre de Vauloger était devenu prêtre et curé d*Avoise (Sarthe,
arrondissement de la Flèche) en 1543^ époque où il rendit aveu aux
chanoines du chapitre du Mans pour la seigneurie du Moulinvieux
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DE LA FAMILLE DE VAULOOER 41
d'icelluy, d où appert que ledîct René de Vaulloger garda en
sa part les seigneuries de Cherperrine, de Marcilly, de la
Girouardiôre* et aultres lieux, avec les diverses sommes et
biens mobiliers y conttenus, et que laditte dame Le Mayre,
tant pour ses reprises que pour la
Folio 6t verso^
part de sesdictz enfans garda les^terres du Moullinvieulx et
d'Avrolles, oultre dyverB biens mobiliers y mentionnez, à la
charge de servir audict René de Vaulloger les rentes contte-
niies en ladicte transaction, laquelle, passée, le huictiesme
jour de febvrier 1514, par devant Louys Barbe, notaire de la
cour laye au Manz, prouve de Testât et quallité de noblesse
desdictz sieur et dame de Vaulloger*.
{Chartrierdu chàteaude Juignè, près de Sablé,— Sarthe). Il vendit ce
domaine, ainsi que le bien d'AyroUes, — avec tons les acquêts et con-
quôts faits par sa mère, et pour en jouir comme son beau père Jacques
de la Beccane, usufruitier, en avait joui — à François Gibot 8" de la
Perrinière. Cette vente eut lieu par contrat passé au Mans, le 8 décembre
43i63, en présence d'Antoinette de Vauloger, sœur du vendeur, et du
mari de celle-ci (Archives de Maine-et-Loire E, 261 6). Pierre de Vau-
loger avait dès lors hérité de son cousin Louis de Vauloger, 8^' de
Neufmanoir et de Saint-Pierre des Bois [voir ci-après les actes des
10 mai 1541 et 14 juillet 1565), et habitait à Danzé en Vendômois
(Loir-et-Cher, arrondissement de Vendôme). Il transigea ainsi que sa
sœur, au sujet de cette succession, avec Suzanne de Beau manoir^
veuve de Louis de V. , le 9 décembre 1 565 {Dictionnaire de l& Sarthe,
par Pesche^ t. v^ p. 543). La même année, le 14 juillet, il avait fait
son testament, qu'on trouvera plus loin.
* Mariée à noble homme MelchisédechLe Bariller, S*' d'Outrebourg,
(d'après la transaction de 1565), dont elle n'eut pas d'enfants. Il appar-
tenait aune famille connue avantageusement en Vendômois, dès le début
du quatorzième siècle. Armes : D'argent au chevron d'azur^ accom-
pagné de trois trèfles de sinople.
* On n'a pu découvrir la situation géographique exacte de cette terre
qu'on croit se trouver au Perche.
' Cette transaction dut être précédée d'une sentence judiciaire
autorisant les tuteurs et tutricesà traiter du partage pour leurs pupilles.
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42 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Le second est un adveu en parchemin, du trois de may de
l'an 1518, rendu par noble homme René de Vaulloqbh, escuïer^
seigneur de Chereperine et de Marsilly, à messire Jehan de Vaul-
LOQBR*, chevallier, seigneur du lieu et de Ghampaigné, cheval-
lier de lordre du Roy, son oncle, et à madame Catherine Oodard',
espouze d'ycelluy, sa tantte, à cause du lieu de la Paucherie,
deppendant de leur seigneurie de la Petite Bussonnière, ès-
* Jean V de Vauloger, Gh"', S»' de Vanloger, Champagne, Bier,
Mirsou, la Petite-Bussonnière, etc., un des cent gentilshommes de
la maison du /toi (i486-f499), chevalier de son ordre (1492), ép.,
par contrat du 16 mai i486, Catherine Odart deCursay^ dont il eat :
1" Louis de V., Gh*»", S«' de V., Champagne, et<î., mort en 1550, sans
alliance, ou du moins sans postérité; — 2** Jean IV de V., dont il sera
parlé (voir cî-après une note mise à l'acte du 10 mai 1541 ; — 3*
Béatrix de V. , mariée : A à noble homme Guillaume de Cham-
pagne, de ta puissante maison de Champagne de la Motte- Ferchaut
(d'hermine au chef de gueules), B, en 1519, à Jacques d'Auray,
baron de St-PoiSy dont notamment, Louise dM., de S.^P,, qui épousa
Louis Turgot, Ch«% S»' de la Ruaudière; — \* Catherine de V.,
qui épousa, en 1527, André de la Chapelle, Ch", S»' de la Troussière ;
— h"" Charlotte de V., femme de Pierre de Tucé, Ch", S»' de Bouer;
6^ Louise de V. , religieuse à Saint-Julien-du-Pré (au Mans).
' Lire : Catherine Odart. Cette dame, dame de la Petite-Bussonnière ,
appartenait à une illustre maison de Londunois représentée aux Croi-
sades (d'or à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'argent).
Elle était fille de Jacques Odart, baron de Cursay, grand panetier et
grand fauconier de France, chambellan du Roi, gouverneur de Civray
et de Montarçis, Ch**f de l'ordre du Croissant, etc., et de Charlotte de
Preuilly^ des premiers barons de Touraine (M. le G** Odart de Rilly
prépare actuellement sur sa maison un ouvrage généalogique où sera
rapportée, avec preuves et détails, l'alliance de Jean Y de V. , et de
Catherine Odart). — Leurs armes^ écartelées avec celles d'autres familles,
furent peintes, au XVI* siècle, dans la chapelle de l'Evangile en l'église
de Champagne. Cette peinture, à présent en fort mauvais état, est
recouverte par un retable en bois, mais fut mise à jour, il y a quelques
années, lors de la réparation de ce retable.
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DE LA FAMILLE DE VAULOGBR 43
parroisses de Percé et anvironnanles, duquel adveu appert
la quallité d'escuïer prise par ledict René de Vauloger.
Le troisiesme est un adveu en parchemin, du.cjouze de may
aussy en 1518, rendu par noble homme Rbhé de Vaitlo^bb,
escuïeVy seigneur de Chereperine et Marsilly, à trez hault et
trèz puiçant prince Monseigneur Charles, duc d'Allançon ,
comte du Perche, per* de France, pour raison de ses terres et
seigneuries de Chereperine et de Marsilly, tenues à foy et
hommage
Folio 7, recto. Signé : he Màchault.
de la chastellenie de Bellesme, au comté du Perche, duquel
adveu appert le tiltre d'escuïer, pris encores par ledict René
de Vauloger.
Le quattriesme est le contract du mariage d'entre noble
messireRETnÈ db Vaulooer, chevallier, seigneur de Cherperrine,
Marsilly, la Girouardière, la Halounnière et aultres lieux,
premier esckanson de trèz hault et trèz puiçant prince Mgr le
Duc dAllançon, fllz desdictz deffuncts nobles Jehan de Vaul-
LooER et Marie de RabodanqhbS; et hautte et puiçante damoiselle
Jbhanne Dachby', damoiselle de trèz hautte et trez puiçante
princesse Madame la Duchesse Dalençon^^ fllle de hault et
noble messire Jehan Dachey", chevallier de Tordre du Roy,
* Lire : pair de France. ,
' Lire : d'Aché; une des premières maisons de Normandie, repré-'
sentée à la conquête d'Angleterre et aux Croisades, et éteinte vers
1800. — Armes ; de gueules à trois chevrons d'or.
' La célèbre Marguerite de Valois, sœur de François I", mariée
lo au duc de Charles FV d'Alençon, 2» à Henri d'Albret, roi de
Navarre et dite la plus savante des belles et la plus belle des savantes.
* Fils de Simon d'Aché. Ch«', S«* de Serquigny, etc., marié, en
4466, à Catherine de Courtenay, princesse du sang royal de France^
comme descendante en ligne directe de Pierre de France, seigneur de
Courtenay, septième et dernier fils du rei Louis Le Gros. Armes :
Ecartelé, auxl et 4 d'or à ^rois tourteaux de gueules, aux 2 et 3 de
France à la bordure engrèléede gueules.
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44 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
seigneur de Cerquigny, Beaumesny*, Marbeuf et aultres lieux,
et de hautte et noble dame Loyse de Dreux^ ; ledict contract,
qui est une grosse en parchemin, passé devant Jehan Aubert
et Robin Mare, tabellions jurez de la chastellenie d'Essay,
le quatorze de febvrier 1524, montre entièrement de la no-
blesse dudict René de Vauloger.
La cinquiesme est un contract aussy en parchemin, passé, le
trentiesme de juin 1525, devant Barbé, nottaire en la Cour
laye du Manz
Folio 7 y verso»
d*où appert que noble dame Jbhannb JDachby engageoit lors à
Pierre Liger, bourgeoys du Manz, pour subvenir à la déli-
vrance de messire Jehan fsicj de Vaullogeb, chevallier^ son es-
poux, faict prisonier parles Espaignols en la guerre dlttalie',
et moïennant la somme de onze cents escus d'or sols la
seigneurie de Marsilly, au païs du Percl\.e, aveq faculté de
réméré au bout de Tan*.
La sixiesme est une grosse en parchemin du contract de
mariage d'entre messire René de Vauloobb, chevalier^ seigneur
* Lire : Serquigny, Beaamesnil.
' Louise de Dreux était aussi une princesse du sang royal de France,
comme descendante en ligne directe de Robert de France, comte de
Dreux, du Perche et de Draine, cinquième fils de Louis Le Gros et
d^Âdélaîs de Savoie. On sait que, de cette maison de Dreux, était issue la
dernière lignée des ducs de Rretagne. — Armes Ec&rtelé aux i et k
échiqueté d*or et d'azur à la bordure de gueules, aux 2 et 3 de
France à la bordure de gueules. — Par son alliance avec les d'Aché,
la famille de Vauloger s'est donc trouvée alliée deux fois à la maison
de France.
' Cette année 4525 est celle de la défaite de Pavie (24 février) où
«e trouvait le duc d'Alençon, dont le sire de Vauloger était premier
échanson.
* Hené-Jean de Vauloger usa de cette faculté, comme on va le voir.
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DE LA. FAMILLE DE VAULOGBR 45
de Chereperine, de Marsilly et de Ponlenay*, veuf de dame
Jehanne Daché, et noUe damoy selle Georobttb Lespbrvibb*, fille
de noble Raoul Lespervier, escuïer', seigneur de la Bouvan-
dière*, et de dame Guillaumine de Sévigné*, accordé, le trente
de juin 1532, devant les tabellions de Fougiëres, au duché de
Bretagne, danz lequel ledictRené de Vaulloger reçoit encores
la qualité de chevallier.
La septiesme esi un contract des renonciations faittespar
messire Rbrâ db Vaullooeb, seigneur de Cherperine et Fonte-
noy*, et par dame Gbobqbttb Lbspbrvibb, son espouse, au prof-
fict des sires de Lespervier, sur la succession de la feue noble
dame Margueritte de Montauban\ autrefoys dame de Lesper-
viery leur ayeuUe, lequel contract, passé, le douze de marz
* Les terres de ce nom «ont nombreuses au Maine et au Perche ; on
croit qu'il s'agit ici de « Fontenay au Perche, )> hameau de la commune
d'Illiers (Eure-et-Loir, arr. de Chartres), qui fut détruit en 1568.
* Alias et mieux : L'EdperTÎer ; ancienne famille Bretonne^ aussi
répandue au Maine^ qui a tenu un rang fort distingué dans les deux
proTinces. Armes : d'azur au sautoir engréU d*or et accompagné de
quatre besants de même.
' Fils de Georges de TEsperyier, chevalier, Ss' de la Bouvardière,
Briortet la Ghapelie«sur-Erdre, et de Marguerite de Rohan-Montauban .
* Lire : la Bouvardière.
* Pille de Guillaume de Sévigné, chevalier, Ss' de 8., d*01ivet et des
Rochers,, et de Jacqueline de Montmorency.
L'illustre maison de Sévigné^ au nom désormais immortel, a pris part
aux croisades et s'est éteinte au siècle dernier. Armes : écartelé de
sable et dargent.
* Lire : Fontenay.
' Marguerite de Montauban appartenait à un rameau de la princière
maison de Rohan, détaché de la branche mère au treizième siècle, et
éteint au seizième siècle, après avoir brillé du plus vif éclat. Armes :
de Rohan (de gueules à neuf màcles d'or en bannière) brisé d*un
lambel d'argent de quatre pièces.
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46 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
.1533, par Ânthoinë Cousin, nottaire au Manz, prouve delà
noblesse dudict René de Vauloger et de. son espouse*.
La huictiesme est un acte dressé par le sieur de Courbe-
fosse, eslu au
Folio 8^ reeto. Signé : db BIacbault.
Mayne, commissaire du Roy pour la représentation des
tiltres de noblesse, establissant que messirehour» de Vaullogeb,
chevallier, seigneur du lieu et de Champaigné, et messire
Jbhan db Vablogbr», seigneur de Miresou et de Fromantiniè-
* En 1539, René Jean de V. vendit Gherperrine el Marcîlly aux
Roban, princes de Léon.
* Jean VI de Vauloger, chevalier S«' de Vauloger, Champagne, la
petite BusFonnière, la Pierre, Bier, Mirson, Fromantiniëres, S*' ch&te-
lain deTennie, capitaine d'une compagnie de 50 hommes de pied,
gouverneur des places et château fort de Tennie (1516-1573), épouse
d'abord, en 1516, Jacqueline de Vendomois, fille de Jean de V.,
ch% S'' du Rocher, et dlsabeau Fresneau, (née d'une Maillé), et
ensuite Françoise Morin de Loudon, par contrat du 26 octobre 1524^
passé au Mans, — Du premier lit naquirent : 1*^ Louis de F., guidon
d'une compagnie de 100 hommes d'armes des ordonnances du Roi, tué
en 1554 à la bataille de Renty, sans alliance ; 2° Jeanne de V,
mariée en 1541, à Macé de Làunay, E', 8»' de la Boissière; 3* Lu-
crèce de F., religieuse au monastère de Bonlieu. — Du second lit
naquirent : 1^ René I du Vauloger, ch*% Ss' de toutes les seigneuries
possédées par son père, un des quatre gentilshommes élus pour défendre
Le Mans en 1587, mort en 1 603 et marié l'an 1557, avec Margueritedu
Authier, fille d'Antoine II du A. et de Françoise de Bruchard, petite-
fille, par sa mère, d'une de Saint-Ghamans, et issue d'une maison de
Limousin, représentée aux croisades et admise aux honneurs de la cour,
dont il eut : A. Jacques I de V. dont il sera parlé (voir ci-après
une note mise à l'acte du 2 septembre 1607) B. Marguerite de F.,
dame de Ghansort en Longue, femme de Louis Le Clerc de Coulaines*
Juigné, baron de CouL, ch** de Saint-Michel; G. Jeanve de V., reli-
gieuse à Bonlieu ; 2" Jacques de V., E', S** de la Pierre, chanoine
de Saint-Julien du Mans en 1589 ; et 3* Françoise de F., mariée à
Antoine de Chourses, ch«% Ss' de Prainville, de la puissante maison
de Malioorne.
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DE LA FAMILLE DE VAULOGBR 47
re^^ , capitaine de cinquante hommes de pied^ frères, et messire
RENé OB Vaulloobr, aussy chevalier, seigneur de Pontenay, la
Halounière et Lyonné,' cousin remué de germain desdictz
Louys et Jehan, et nobles Pibrrb' et Looys db Vauloqbr*, aultres
frères, et cousins germains dudict René, représentez par
dame Guyonnb db Montbglbrc', veufve'de deffunct messire Pibrrb
DB Vaullooeh', vivant seigneur de Sainct-Pierre' et du Neuf-
manoir', leur mère et gardienne noble, ont exhibé leurs tiltres
^ Miresou ou Mirsou, seigaeurie sise à Saint-Mars de la Briôre
(Sarthe, arr. du Mans). — On ne connaît pas la situation géographique
précise de Fromantières.
' On pencherait à croire qu'il s'agit ici de la terre de Lonné, au
Perche, dans la commune d'Igé.
' Mort avant 1554, sans alliance ou du moins sans postérité.
* Le,20mars 1554, Louis de V. transigea avec l'abbé de Vendôme,
Charles de Bourbon» cardinal de Meudon, au sujet de son domaine de
Neufmanoir ; ce titre le mentionne aussi comme fils de Pierre. (Archives
du Loir-et-Cher, prieuré de Danzé). Devenu maître d* hôtel du roi
(voir ci-apràsy l'acte du 14 juillet 1565), il ép., vers 1555, Suzanne de
Beaumanoir Lavardin, dont il n'eut pas d'enfants (Id.) et mourut
vers 1563, laissant la plupart de ses biens à son cousin Pierre de Y. ,
curé d'Âvoise, comme il a été dit.
* Lire : Montécler ; cette dame, fort probablement fille de Jean de
M. Si' de Neufmanoir, et de Marie d'Assé, dame en 1490, de ce lieu qu^
passa ensuite aux Vauloger, était issue d'une des premières familles
du Maine et de l'Anjou, qui a été admise aux honneurs de la cour. —
Armes : de gueules au lion d*or.
* Fils de Pierre de V. et de Marguerite de la Roussardière, comme
il a été dit.
' Saint- Pierre-des-Bois (Sarthe, arrondissement de La Flèche). On y
voit une terre de Moulinvieux, avec château, aujourd'hui converti en
ferme, à laquelle ce nom pourrait bien avoir été donné par ce Pierre
de Vauloger, en souvenir de la seigaeurie homonyme possédée par ses
père et mère en la paroisse d'Asnières.
' Et mieux : Neufmanoir, sans l'article le. Ce domaine, sis. dans la
paroisse de Danzé en Vendômois, appartint dans les temps féodeaux^
à la maison de Vendôme, et notamment à Simon de V, fils du comte.
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48 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
par lesquelz ils ont bien et deûement prouvé estre cTune mai-
son NOBLE DE TOUTTE ANTiENNETÉ, lesdlcts scigneuTS de Champai-
gné et de Miresou aïant faict veoir, par lesdicts tiltres, qu'ils
estoient filz de feu messire Jsajh de Vadlloqer, seigneur deCham-
paignéy filz de Jehan, filz de Thibaud et de Jbhanne de Ghampaiqne,
ledict Thibaud /îte de Jehan, yf/^ c/e Richard; — et a ledict sei-
gneur de Pontenay faict veoir qu*il estoit filz de feu messire
Jehan de Vadllmer, seigneur de Moullinsvieux, filz de Pierre,
filz desdictz Thibaud et Jeanne de Champaigne ; et, finallement, a
laditte de Montéclerc faict veoir que ledict feu Pierre de Vad-
LOQER, son deffunct espouz, estoit fils puisné dudict Pierre de
Vadloqer, ayeul du seigneur de Fontenay cy produisant. Et
Bouchard YI de Vendôme et d'Alix de Bretagne. Sa veuve^ Jeanne de
Montbazon, se remaria à Guillaume II de Graon, vicomte de Chàteaudun.
Après avoir partagé la terre de Neufmanoir avec le comte de Vendôme,
celui-ci acheta l'importante seigneurie de Lessart, paroisse de Danzé,
dans la châtellenie de Lisle, puis il en acquit la haute justice de
Renaud de Lisie, chevalier, seigneur de cette terre, en 1371. Après y
avoir fait bfttir un château (aujourd'hui détruit), il donna à ce nouveau
domaine le nom de Neufmanoir, pour le tirer de la juridiction des
comtes de Vendôme, en la mettant dans celle de Perche-Gouêt, dont
relevait Lessart, tandis que l'ancien Neufmanoir dépendait de Mondou-
bleau, qui appartenait alors au comte de Vendôme. De là vint qu'il y
eut un grand et un petit Neufmanoir tous deux possédés, au quinzième
siècle, par les Montècler, au seizième par les Vauloger, et enfin au dix*
septième^ par suite d'un retrait lignager probablement, aux de Vaussé et
aux de Tascher (des ducs de la Pagerie) alliés aux Vauloger (voir ci-
après). Neufmanoir fut ensuite réuni à la seigneurie de la Viile-aux-
Glercs (Loir-et-Gber), successivement possédée au dix-huitième siècle
par les familles Grisou, de Mallet, et Ghapt de Kastignac. Le marquis
de Rastignac la vendit, en 1777, à Louis Fournier de la Ghâtaigneraye,
dont la fille épousa le marquis de Saumery qui, en 1832, céda Neuf-
manoir à M. le vicomte do Salvert ; sa veuve, Adélaïde Laurans des
Ondes, et sa sœur, mariée à M. de la Barre, l'ont vendu à leur tour,
en 1867, à M. Renault^ ancien négociant à Vendôme, qui en est actuel-
lement le propriétaire.
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DE LA FAMILLE DK VAULOGER 49
ledict acte, datte du dixiesme jour de may Tan 1541, et signé
Bouciriu^ault, establit entièrement l'extraction et estât de no-
blesse des encestresdes produisansV
La neufviesme est un contract en parchemin des donna-
tions y contenues faictes par
Folio 8, verso. '
messire René de Vaulloqer, seigneur de Fontenay, à honorable
homme Mathdrin de Volloq«-r, son filz bastardP^ duquel contract,
passé le vingt-quattriesme jour de décembre 1548, devant les
tabellions de la cour de Saonnoys', appert que ledict René de
Vauloger estoit toujours tiltré noblement.
La dixiesme et dernière est un aultre contract des donna-
tions y contenues faictes par messire René de Vaullogbr, che-
vallier^ seigneur de Lyonne, le Girouardière, la Halounière
et Fontenoy, à dame Margoerhe de Vaulloqer, sa flile, veufve de
feu messire Bertrand ob la Voue*, vivant chevallier ^ seigneur
de Seton% en considération du mariage de laditte veufve
aveq messire in^M de Saintré* chevallier ^^ei^nenT de l'Isle, des
Tilleuls, lequel contract, passé, le trentiesme d'octobre 1555,
• devant les tabellions de la cour de Sonnoys, montre ledict
seigneur aïant la quallité de chevallier.
* Pierre de Vauloger, curé d'Avoise, n'est pas cité daas ce jugement
parce que sa qualité d'ecclésiastique l'exemptait de toute recherche.
> Auteur d'une famille Vauloger ou de Vauloger qui subsistait
encore parmi lahaute bourgeoisie deMamers (Sarthe)^en 1700 àpeu près.
' Lire : Sonnois ou Sonôis, partie du Perche, qui avait Mamers
pour chef- lieu.
* Lire : de la Vove, ancienne famille, brillamment alliée au Maine
et en Bretagne. Armes : de sable à 6 besants d'argent, 3, 2 et 1.
? Lire : Ceton.
* D'une famille représentée aux croisades, à laquelle appartenait le
célèbre « petit Jehan de Saintré, » héros d'un roman du moyen-àge
remis en lumière par le comte de Tressan. Armes : de gueules ùl la
bande d'or^ au lambel de 3 pendants de même,
T. VI. — DOCUMENTS. — VI* ANNÉE, 1" LIV. 4
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50 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Item, pour justiffler par lesdicts sieurs de Vauloger, escuîers
de la continuation de leur noblesse prise par Louys de Vadl-
LOOER, leurtrisayeuly filz dudict René ou Jehan de Vadllooeb, leur
qùartayeul, produisent neuf pièces touttes rangées soubz la
mesme cotte. H.
La première est une grosse en parchemin du contrai de
mariage d'entre noble homme Louys de Vaulloger, escuïer,
seigneur de Fonttenay, fllz desditz messire René de Vaulloqeb
et feue dame Jeanne Dachby^ ■.
Folio Çt recto Signe ; de Maohault.
et noble damoyselle Radboonde de Saingt Bebtevain^ fille de
messire Ijouys de sainct Derievain\ chevallier de Tordre du
Roy, seigneur du Pontus' et de Sainct-Germain, et de dame
Jehanne Descarbout*, son espouse, danz lequel contrat passé
devant Challange, tabellion juré à Chasteauneuf en Thyme-
roys*, le quatorziesme jour de janvier, Tan 1553, les dits
seigneurs de Vauloger sont appeliez noblement.
Le second est un congé et ordonance de payement en papier,
de Tannée 1557, duquel la datte ne se peut déchifrer, délivré
par Monseigneur le duc de Nivernoys* et de luy signé, pour
* Lire : de Saint Berthevin, famille originaire de la paroisse de ce
nom (Mayenne), où elle parait dès le débul du douzième siècle, repré-
sentée aux Croisades, transplantée depuis au Perche, et éteinte. Armes :
d'azur à trois canettes d*or.
' Fils de Françoise de 8aint-B. et de Radegonde de Mathefelon,
d'une illustre maison issue des anciens comtes d*Anjou[d'orà six écus-
sons de gueules y 3 , 2 et 4 ) .
» Z.irc : de Ponthus.
^ Lire : de Kœrbout, fort ancienne famille, originaire de Bretagne,
répandue au Perche et éteinte en ce siècle^ chez les du Plessis d'Argentré.
— Armes : de gueules à trois ferm&ux d'argent,
* Lire : Châteauneuf en Thimerais (Eure-et-Loire).
* François de Clèves, premier duc de Nevers. marié à Marguerite de
Bourbon Vendôme, et cousin au dixième degré de Louis de Vauloger,
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DE LA FAMILLE DE VAULOGER 51
ce que noble Louys ub Vaullooeb^ chevallier, avoit pris part au
baon et arrière badn* de Ja noblesse du Mayne, danz lequel
congé ledict Louys de Vauloger est dict chevallier.
La iroiziesme est une grosse en parchemin du partage faict
entre noble dame GeoRaBirB Lesprivibb, veufve de feu messir^
Rbné ob Vaulloobr, chevallier, d'une part, et nobles hommes
LouTs OB Vaulloobr, chevallier, seigneur delà Haloniëre, Lonné
et Fontenay et Oqbr db Vaullcobr', seigneur de la Girouar-
dière^ et encores dame Marqubrittb db YAULLoaBR, espouze de
messire Jbham db SiMctRAv, •seigneur de Lisle» chevallier de
Pordre du Roy, touts enffans dudict
Folio g, verso.
deffunct seigneur et de dame Jbhaniib Dacuby, sa première
espouse, d'autre part, des biens composant la succession
dudict René de Vaulloger, lequel partage a esté faict en
présence de René Tantoust, nottaire en la cour du Manz, le
vingt-cinquiesme de janvier 1568, duquel appert la noblesse
des produisans.
Le quattriesme est le contract d'une vente faitte par messire
Louys ub Vauloobb, chevallier, seigneur de la Haulounière,
Lionne et Fontenay, Conseiller et Maistre cTHosiel du Roy de
Navarre au profflct de messire Jehjlv iv db Vaulogbb, son oncle,
chevalier, seigneur du lieu et de Champaigné, capitaine et
* Lire : Baa et arrière ban.
' Le choix de ce prénom Oger semble indiquer que la famille de Vau-
loger conserrait alors la tradition d'avoir pour premier auteur un per-
sonnage ainsi appelé. Peut être môme, comme il était alors du bel air
de se découvrir une origine fabuleuse, mythologique ou tout au moins
royale, peut ôtre môme prétendait-on que ce n'était ni plus ni ntoias
qu'Ogîer le Danois, le patladin de célèbre mémoire, lequel, par paren-
thèse, ne s'appelait pas Oger, mais Aukcaire, et n'était pas Danois,
mais natif di Montferrat.
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52 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
chastellain de Tennye^ et de noble dame Françoise Morin^,
espouze d'icelluy, d'une rente de quaratnte livres tournoys
constitue à feu messire René db Vacloser, père dudict sieur de
Fon;teriay par feu messire Jehan Morin, chevallier, seigneur
de Loudon et de Tennye^ lequel contrat dressé,* le onze du
moys de juin 1559, devant Bouglars, notaire au Manz prouve
de la noblesse desdiclz sieurs et dame de Vauloger.
La cinqitiesme est un contract d'eschange en parchemin
des hérittages y indicquez entre messire Looys de Vaulloger,
seigneur de Fontenay etaultres lieux, conseiller et maistre
d'hostel ordynaire du Roy de Navarre^, et noble homme Oobr
DP Yaullooer, escuïer, seigneur de la Giraudière^ par lequel
eschange accordé le deux de novembre
Folio iO^ recto Signé : de Machault.
Tan 1560, devant Giboult, notaire de Chasteauneuf, on veoit
que lesdictz sieurs de Vauloger prenoient les tiltres et qualités
de noblesse.
Le septiesme et le testament de noble et discret messire Pierre
DB Vaulloger, prebstre, prieur de Danjé^ et seigneur de Neuf-
* Lire : Tennîe (Sarthe, arroadissement du Mans) ; il y avait en cette
paroisse une forteresse importante, une des clefs du Maine.
' Fille de Jean Morin, Ch*', S»' châtelain de Loudon, du Tronchet
et de Tennie^ et de Marie de Brie, de la puissante maison de Serrant,
cette dame appartenait à une des premières familles du Maine, repré-
sentée à la première croisade (1096) et dont la seule branche subsis-
tante, celle des marquis dç Banneville, est fixée en Normandie. —
Armes : d'ork trois fasces de sinople.
' Antoine de Bourbon, Tépoux de Jeanne d'Albret et le père de
Henri IV, à la maison duquel on verra plus loin les Vauloger attachés,
pendant les troubles de la Ligue.
* Lire sans doute ; la Qirouardière.
' Lira : Daazé> Il est probable qu'il y a ici une erreur ; Pierre de
Vauloger deyait être prieur-curé de Danzê, car à cette époque l'of^ce
DE LA FAMILLE DE YAULO0ER 53
manoir duquel appert que ledict instituoit lorz son hérittîer
pour touts ses biens tant meubles qu'immeubles messire Lodys
DE Vaulloqbr, chevallier, son nepveu, aux charges des rentes
délies à dame Sosane de Bbaumanoir\ jadis espouse de deCTunct
messire Locys de Vaulloqbr, Maistre cThostel du Roy^^ seigneur
dudict Neufmanoir et de Sainct-Pierre' et lorz espouse de
messire Jehan rfw Aftf.çwiV*, lequel testament dressé, le quator-
ziesme de juillet 1565 devant Hellier, notaire à Manz, montre
encores de la noblesse dudict Louys de Vauloger.
de prieur proprement dit était uni à celai de cellerier de Tabbaye de
la Trinité de Vendôme (dont dépendait le prieuré de Danzé), et ainsi
possédé par Fr. Jehan Gallois.
* Fille de François de Beaumanoir, cheyalier, seigneur de Lavardin
et de Jeanne de Tucé (veuve en premières noces c|e Claude d*Aumont,
des ducs d'Aumont et de Villequier)^ et tante du célèbre maréchal
marquis de Lavardin ; cette dame appartenait à une des plus illustres
maisons de France, originaire de Bretagne, et répandue aussi au Maine,
et éleinte au début du XVIIP siècle. Armes : d'àzur k il billet te8 -
d'argent 4, 3, 4. — On trouvera la généalogie des Beaumanoir dans
le ton^e vu de l'Histoire des grands officiers de la Couronne, par le
P. Anselme (p. 379-390). Toutefois, ce savant auteur n'a eu connais-
sance que d une seule des trois alliances contractées par Suzanne de
Beaumanoir et ce n'est du reste pas la seule omission que l'on re-
marque dans sa notice sur cette maison. Il dit simplement que cette
dame était séparée de biens en 1552, de Jacques dé la Becatre, son
mari. (Erreur : il n'y a jamais eu de famille de ce nom au Maine, il
faut lire la^eccane). On trouve ici la preuve des deux unions postérieures.
^ Ne pas le confondre avec son cousin, héritier de Pierre de Vauloger.
' Cette seigneurie demeura à Suzanne de Beaumanoir qui en entra
en possession le 10 décembre 1565, après transaction datée de la veille,
avec Pierre et Antoinette de Vauloger, ses cohéritiers de son mari
(Diction, de la Sarthe, par Pesche, voir tome v, p. 543).
^ D'après la môme source, ce personnage était conseiller du Roi au
siège présidial d'Alençon ; il fut donc le troisième mari de Suzanne
deB.
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ij4 jugement de maintenue de noblesse
La septiesmfi est une grosse en parchemin d'une sentence
rendue au Présidial de Chartres entre messire Louys db Volooer,
chevallier, seigneur de Neufmanoir, Danzé, Lionne et Pon-
lenoy et noble dame Magdelaine de Bracqne\ veuve de feu
messire Jacques de Salnct Cler^y seigneur de FaveroUes,
comme aïant la garde noble des damoiselles Jkhannb, Awhe et
nswÉE DE VAULootR, fllles miueurcs issues du mariage d'entre
feu noble homme Oqebrs db Vauloqbii, seigneur de la Giroudière,
et de feu damoiselle Jacqurlimb db Saint-Clbr, sa fille, le
XX* décembre 1567, signé : Martin, a costé de laquelle
est mis Tadmortissement d'une rente de cinquante livres
tournoys portée et adjugée par laditte
Folio iOt verso,
sentence audict seigneur de Neufmanoir, par laquelle laditte
qualité de noblesse a passé incontestablement audict pré-
sidial;
(i4 suim-e). René du Lys.
' Mère d'une dame de Vauloger, comme on va le voir, Madeleine
de Braque (telle est la meillenre orthographe de ce nom), appartenait à
une famille considérable de Tlle de France, éteinte à la fin du dernier
siècle. (Armes : d'azur à une gerbe d*or liée de gueules). Elle était
Ûlle de Philippe de Braque, ss' de la Motte et du Luat, conseiller et
maître d*hôtel du roi Louis Xll, capitaine de Montivilliers et d'Harfleur,
marié, vers 1500, à Guyonne Stuart dAubigny, cousine éloignée de
k reine Marie Stuart et issue comme elle de Walter II Stuart, roi
d'Ecosse en 1370 par suite de son alliance avec Marie Bruce. — t'ar
ce mariage, la famille de Vauloger s*est donc alliée indirectement à la
maison royale d'Ecosse (Armes : dor au lion de gueules enfermé
dans un double trescheur fleurdelisé de même).
' AliàH : de Saint-Glair ; famille de la Basse-Normandie représentée
aux Croisades ; on la croit éteinte. Armes : de gueules à la fasce dor
chargée à senestre d'un croissant du champ, et surmontée à dextre
d'une fleur de lys du second émail.
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FONDATION
DE LA CONFRÉRIE DU ROSAIRE
A PLOUGRESCANT
(4 Août 1669)
Au moment où le grand pape Léon XIII exhorte tout Tuni-
vers catholique à prier Marie par la récitation du saint
Rosaire, rien n'est plus opportun, plus agréable au
Saint-Père, que de rechercher dans nos archives paroissiales
tout ce qui se rapporte à cette ancienne confrérie. La Revue a
déjà contribué à celte œuvre de foi et de piélé en publiant l'ou-
vrage très remarquable du R. P. Chapolin sur les origines de
Tordre dominicain dans les anciens diocèses de Saint-
Brieuc et de Tréguier. Le document qui Va suivre est la
charte de fondation de là confrérie du Saint-Rosaire dans
une vieille paroisse de Tévôché de Tréguer, la paroisse fondée
par saint Gonéri, Plougrescant. La pièce est signée d'un
nom vénérable par ses œuvres et sa sainteté : Balthazar
Grangier, le grand évoque successeur de Noël Deslandes,
l'illustre fils spirituel de saint Dominique, le promoteur du
Rosaire au pays de Tréguer.
£d lendroit da Prosne de la grand-Messe, dite et célébrée en L'Eglise
paroichiale de Plougescant, par vénérable et discret Missire Jacques
Olibr prêtre 'sieur recteur de ladite paroisse, assisté de Missires Tho-
mas Ollivier, Pierre Pbrrot et Guillaume La Gayou, aussi prôtres de la
dite paroisse, le dimanche quatrième jour d'aoust mil six cent soixante-
neuf, ou estoient assemblés et congrpgés la pluspart des paroissiens
d*ycelle paroisse, pour ouïr et entendre roffice divin et délibérer des
affaires de leur communauté en forme de corps politique, entre autres
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56 FOND. DE LA CONFRÉRIE DU ROSAIRE A PLOU0RESGANT
Maître Nicolas Le Pocquet, sieur de Kerbezre, maître Guiilaame Lanier,
Jean Gonrioa, Pierre Sadcu, Claude Le Goadou ûls Rolland, Yves
Lhorset, Bertrand Le Timen, Gaillaame Ollivier, Louis ligdual. Jean
Lhostis, Yves Rivoalan, Henry Le Hay, François Le P c^.rt, Yves Mo-
reau, Pierre Le Gonidec. Yves Perrot, Allain Le T îwurs, François Le
Maoult, Yves- Jean Le Vieil, Prigent Le Maout, Julien LeSquéreo, Yves
Ollivier et plusieurs autres faisant la plas maire voir de ladite paroisse.
A esté de la part dudit vénérable et discret Missire Jacques Olier, sieur
recteur, dit et remontré auzdits jgaroissiens que damoiftUe Marguerite
de Launaye, dame douarière de Gourébloué, veuve feu maître GatU
laume Prigent, vivant sieur dudit lieu, lai a mis entre mains un contrat,
par lequel afin d'obtenir des Révérants pères de l'ordre de Saint-Domi-
nique et de Guîngamp la permission de fonder la confrérie du saint Ro-
saire en ladite Eglise paroissiale de Plougrescant, pour Taugmentation
de la foy et des prières et pour l'entretien et desservir par un prestre,
ladite confrérie, elle a légué et testé la somme de trente livres de
rente payables pour chacun an, partant requiert sur ce Tavis des parois-
siens. Lesquels délibérans ont unanimement loué le bon vouloir et in-
tention de ladite dame de Gourébloué, et que pour Taugmentation des
prières, suplyent Monseigneur rillustrissime et Revereadissime Ëvéque
et Ck)mte de Tréguier, et lesdits Révérands Pères dominiquains de leur
octroyer la fondation de ladite confrérie du saint Rosaire. De quoi le sieur
Recteur a requis le présent acte, lui estre rapporté pour être présenté
tant audit seigneur Evoque et Comte de Tréguier, qu'auxdits Révérends
Pères. Ce que fait a esté par nous nottatres de la cour de Plouguiel et
Plougrescant, fief amorty soubz le signe dudit sieur Recteur, et pour le gé-
néral de ladite paroisse, signé à leur requête et nommination honnorable,
homme Yves Lhorsetet fils Yves avec ceux de nousdits nottairesqui faite
et rédigé avons ceste lesdits jour, et an que devant. L'original demeure au
soussignant Guy .Le Gall no^° est signé Jacques Olier recteur de Plou-
grescant, Thomas Ollivier prêtre, Guillaume Le Cavou prêtre, P. Perrot
prêtre, Pierre Sadou, P. Le Gonnidec, François Le Maout, G. Lanier,
0. Le Squéren, F. Le Picard, Yvon Lhorset, F. Pezron nottaire et
Le Gall nottaire. Signé en la grosse, sur papier, Le Gall, nottaire.
Plus bas.
i8 septembre 4669,
APPROBA.TION DE MONSEIONBUR L'ËvÊQDB.
Baltazar par la miséricorde de Dieu et grâce du saint siège Apostolique
Evêque et Comte de Tréguier, conseiller du Roy en sesconseils. Veu Tactil
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FOND. D£ LA CONFRERIE DU ROSAIRE A PLOUORESGANT 5/
prosnal cy-deasos et le contrat de fondation de ladite confrérie du Ro-
saire, faite par damoiselle Margaerite de Laanay, dame de Goorébloue,
en datte du 18 mai 1669, rapporté par Le Barre et Prado, nottalres. Nous
consentons qa'elle y soit établie par les formes ordinaires sur l'autel où
e3t> présent l'Image de Notre-Dame de Pitié, du côté de l'Evangile, à
rentrée du chœur de ladite Bglise paroissiale, sans attribution à aucune
personne, d*aucun nouveau droit à l'occasion dadit établissement ; et à la
charge qu'il y aura un gouverneur nommé tous les ans ou tous les trois
ans, par le Recteur et générai de^dits paroissiens, choisi d'entre ceux du
Tiers estât pour régir et gouverner les biens et aumônes de ladite con-
frérie, qui sera tenu de se présenter à nos visites pour prester le
serment et rendre compte de son administration, lors et quand il
lui sera ordonné. Et enjoignons au premier gouverneur qui y sera es-
tably de s'approprier par les formes de justice des biens et rentes men-
tionnés audit contrat, au nom de ladite confrérie, et de ceux qui pour-
ront e'stre donnés à l'advenir ; comme aussi de nous délivrer copie signée
SUT vellin, de tous les actes qui ont été ou pourront estre expédié à l'oc-
casion de la fondation de ladit^e confrérie pour estre conservez en notre
< secrétariat. Donné à Tréguier, en nostre palais épiscopal, soubz nostre
seign et celui de nostre secrétaire ordinaire le vingt huitième septembre
mil six cent soixante neuf. Signé : Baltazar Ë. et G. de Tréguier.
Par Monseigneur :
Bbûrbt, sec^ et no'« apostolique.
Fidellement coUationné par nous nottairesdelajarisdiction de Pouguiel et
Plougrescant, fief amorty du chapitre de Triguier, à une grosse en papier,
nous sépara par Jean Garel et Yves Le Gac, fabriques et marguilliers de la
paroisse de Plougrescant eux le requérant. Ladite grosse leur remise sous
leurs seigns et les nostres. A Plougrescant, ce jourdix-haît octobre mil sept
cent quatre-vingt-sept. J. Qarel, Y. Le Gac.
G. Adam, G. Nédblleç,
nottaire, not taire,
ControUé à Tréguier le îô octobre 1787.
Reçu sept sols six deniers.
Bloîiet.
Pris sur une copie du 18 octobre 1787, faite lors' de la transcription des
anciens titres de Plougrescant. — Communiqué par Tabbé Y. -M. Lucas,
vicaire il Plouézec.
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CHRONIQUE
HISTOIRE ET BIBLIOGRAPHIE
MALGRÉ les nombreuses préoccupations de fin d'année
et l'épidémie fâcheuse qui est venue sigùaler les
débuts de l'année nouvelle, d'importantes publica-
tions sont venues, ces temps derniers, affirmer les incessants
labeurs des travailleurs de nos provinces de TOuest.
BRETAGNE.
Lettres et Mandements de Jean V, duc de Bretagne. —
Li Société des Bibliophiles bretons vient de faire paraître le tome
IV* de sa précieuse collection des Archives de Bretagne, G« volume*,
dû à la plume de notre confrère M. René Blanchard, renferme le com-
mencement des Lettres et Mandements de Jean V, duc de Bretagne
de 1402 à 1406 et forme Tune des publications capitales éditées ces
dernières années par les Bibliophiles bretons. Ce qui constitue surtout
l'intérêt hors ligne de cet ouvrage, imprimé d'ailleurs, comme ses pré-
décesseurs, avec un soin tout particulier^ par M. Emile Grimaud, c'es^
« Un vol. gr. in-4* carré de CXXXVI. IMp. et planches de sceaux. Nantes,
imp. Rmih» Grimaud, 1889,
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GHRONIQUK 59
la trèsl^marqnable Introduction de notre confrère M.René Blanchard,
qni a réussi à présenter an public érudit, une étude hors de pair de
plus do i 30 pages sur la Chancellerie de Jean V et des ducs de Bretagne.
Aucun des côtés de cette importante question n'a échappé à Tauteur
qui n'a pas dédaigné de lai consacrer plus de dix années de longues et
patientes recherches. — Après un examen approfondi des archives du
pouvoir central, du trésor des chartes de Bretagne, des archives de la
Chambre des comptes, des archives ecclésiastiques, municipales et
particulières de Bretagne et des archives étrangères à la Bretagne^
renfermant des actes dncaux, puis des collections factices et des collec-
tions bénédictines, manuscrites et imprimées, M.Blanchard étudie avec
une compétence toute spéciale le caractère des actes de Jean V, les
formules et objets des actes solennels ou scellés sur lacs, qui s'ap-
pliquent d'ordinaire aux baux et échanges, aux concessions, donations,
apanages, fondations, privilèges, anohlissements et affranchissements,
amortissements, renonciations et aholitions, lettres de sûreté ; puis
ceux des actes semi-solennels concernant les contrats de mariage, traités
d'alliances, traités de paix et de commerce, trêves, contre-lettres ; enfin
les caractères et formules des Mandements ou nctes scellés sur simple
queue et ayant pour objet : les lettres de justice,, d'offices, de finances,
d'attestations, les dons et concessions, les ordonnances et constitutions.
Enfin, ne voulant rien omettre. M, Blanchard examine les caractères
des différentes lettres ou mi8sive8,les signatures sceaux el contre-sceaux,
l'état des trois registres de chancellerie, et termine par un aperçu fort
curieux sur les fonctionnaires de la Chancellerie de Jean V et un Itiné-
raire du duc pendant son long règne de quarante ans (1402-1442) qui
ne laisse pas que d'offrir un très grand intérêt et servira à fixer bien des
points historiques douteux. M. René Blanchard mérite donc, à coup sûr,
les plus grands éloges pour cet œuvre de premier ordre et nous Le pou-
vons que faire des vœux pour voir ce travail si sérieux et si méritoire,
obtenir dans nos prochains concours des récompenses qui lui sont fort
légitimement dues.
Al«AIN DE BOTMBLaS.
Livres et ouvrages divers. — Nous devons signaler encore en
Bretagne : la Vie de saint Gwennolé, abbé. Mystère breton en une jour-
née et six actes. Texte breton et traduction française en regard, par F. M . ^
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60 CHRONIQUE
Luzel. Qaimper, imp. Cotoanec, 1889. — La compagnie des Oadets
gentilshommes et les Ecoles militaires, par Léon Hennet, sous-chef
aux Archives du Ministère de la guerre. Ia-8*, Paris, Baudouin, édi-
teur. — Recherches récentes sur la Religion de l'ancienne Egypte.
Le Culte, par Félix Robiou, correspondant de Tlnstitut. Gr. in-8',
Paris. Emik Bouillon, éditeur. — Les trente premiers fascicules du
Dictionnaire des Parlementaires français, comprenant tous les
membres des Assemblées françaises et tous les ministres français depuis
le !•' mai 1789, au !«' mai 1889, avec leurs noms, états-civils, actes
politiques, votes parlementaires, publié sous la direction de
MM. Adolphe Robert et Gaston Cougny. In-8'*, Paris. Bourloton, édi-
teur.—L'ilrmëô royale en i 7 ^9, par A. Duruy avec Introduction
biographique, par Georges Duruy. In-8", LXXX-286 p. Paris, Cal-
man-Lévy, éditeur. — Liste des membres de la Noblesse impériale,
dressée d'après les Registres et Lettres patentes, conservées aux Ar-
chives nationales, par Emile Campardon. In-8°, 190 p. Paris, Gharavay,
éditeur. — Etude sur V Argot français, par Marcel Schwob et Georges
Guyesse. Brochure, gr. in-8**, Paris, Bouillon, éditeur. — Pièces iné-
dites relatives à la Bretagne {dix-septième et dix-huitième siècles),
par A. Joubert. In-8», Vannes, imp. Lafoiye. — Heuriou bihan 6rc-
zonnec ha latin, pe abrège eus al levr ar Briz, etc. In-32, 288 p.
Landerneau, imp. Desmoulins. — Contes du pays d'Armor, par
Marie Delorme. Un vol. Paris, Armand Colin et G**, éditeurs. — Dans
V Espérance du Peuple des 2 et 3 décembre 1889: De Vemplace^
ment de Grannonâ, et des Origines de Guérande, par M.Léon Maître.
Extraits. — Le Glaneur breton. Bulletin périodique, illustré de
bibliographie et d*iconographie bretonne, paraissant tous les mois,
r* année. Rennes, H. Gaillière, éditeur. — Dans le Bulletin de la '
Société Polymathique duMor!)iAande4889, (Vannes, imp. Galles):
Documents pour servir kV Histoire de la bibliothèque de Vannes,
par le docteur Mauricet. — Dans les livraisons de novembre et décembre
1889 et janvier 1890 delà Revue illustrée de Bretc^gne et d'Anjou,
la suite de l'important Nobiliaire de Bretagne, publié par notre con-
frère M. le comte Régis 'de L*Ëstourbeillpn, et donnant les Notices
des familles : de Bellouan, Le Douarain, du Beynt^ du Bezyl, de
Salarun^ de Tesson, — Dans le 4* fascicule du tome viii des Ana-
lecta Bollandiana, (Bruxelles, Société belge de librairie, 8, rueTreu-
renberg), Sancti Maglorii Dolensis episcopi prima translatio, cum
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CHRONIQUE 61
Appendice de Sancto Sulino, abbate, par dom Franc. Plaine. 0.
S. B. — Dans la livraison de décembre de la Revue de Bretagne et
de Vendée : Documents inédits pour servir d Vhistoire de la
Révolution dans la Loire^' Inférieure, par A. Joubert, — Le\Collège
de Dol en 1731 f par A. de la Borderie. — Mariondu Faouét, (suite)
par J. Trevédy. — Dans la i'° livraison du tome v des Annales de
Bretagne, la suite de V Administration municipale en Bretagne,
par A. Dupuy et la fin de la Chrestomathie bretonne, de J. Loth et
Boue ar Romani, de M. Lu^el. — Dans la 2" livraison du Tome v des
mômes Annales.' La Piraterie sur V Atlantique au dix-huitième
siècle. — Proverbes, dictons, réflexions et formules médicales de
Vabbé Cillart de Kerampoul ; — Gouspero ar Raned, par M. Luzel.
— Le budget du duché de Bretagne sous le règne de François II,
par Léon Maitre. — Simon de Langres, évéque de NanteSy par 8.
de la Nicolière-Teijeiro. — Dans le dernier numéro de la Revue des
Etudes juives la fin du curieux travail de notre compatriote Léon
Brunsvicg sur les Juifs de Nantes et du Comité Nantais.
MAINE ET ANJOU.
Dans le Maine et FAnjou, nous signalerons spécialement à l'attention
de nos lecteurs les publications suivantes : Documents inédits pour
servir à Vhistoire de la guerre de Cent ans dans le Maine de 1424
à 14S2, d'après les archives du British Muséum et du Lambeth- Palace
de Londres, par notre infatigable confrère M. André Joubert. In-8®,
48 p. Mamers, imp. Fleury et Dangin. — Origines de VEcole de
cavalerie de Saumur et de ses traditions équestres, par le capitaine
Pinard, professeur à l'Ecole. Deux vol. Gr. in-S*», carré, avec de nom-
breuses et superbes gravures, Saumur, S. Milon, libraire-éditeur. —
Un essai d'exposition en 1470, par M. de Maulde. In-S*, 7 p. Paris,
imp. Nationale. ^ Les faux monnayeurs dans le Bas-Maine, parle
comte de Marsy, directeur de la Société Française d'archéologie. In-S*»
40 p. Extrait de la Revue belge de numismatique, 4 890 . Bruxelles,
imp. Francis Goblants. — Histoire du i^'' régiment de Pontonniers,
en garnison à Angers, par le capitaine Caziot. In-8', raisin, 304 p. Li-
moges, imp. H. Lavauzelle, — La conduite des prêtres internés au
Grand-Séminaire d'Angers à Nantes par les gardes nationaux
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62 CHRONIQUE
angevins, (septembre 4792), par A. Joabert. Ia-8*, 7 p. Vannes, imp.
r^afolye. — Dans les 3* et 4* livraisons du tome xix* de la Revue
d^ Anjou : Voyage de saint Hugues, évéque de Saint-Nicolas, à
travers l'Anjou et le Maine en H99, par dom Paul Pioïin. —
Lettre d'xm conscrit angevin en 18 12 y par Albert Bruas. — Elude
sur les comptes des Macé Darne, maître des œuvres de Louis I*',
duc d'Anjou et du Maine (1367-1376^ (suite), par A. Joubert. —
Le Portefeuille d'un Curieux (suite) par J. Denais. •*- Dans V Auto-
rité du 21 janvier 1890, un très resiarquable article signé : Un Lorrain.
V.B. et ayant pour titre : Pierre Cauchon, évéque temporel de Beau-
vais et de Lisieux»
POITOU.
Dictionnaire historique des familles du Poitou. — L'un
des priucipaux événements bibliographiques de la saison est sans con-
tredit, l'apparition en Poitou du 1*' fascicule do la nouvelle édition du
Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou\
par MM. H. et P. Beauchet-Filleau. Il n'est pas un travailleur de nos
provinces de l'Ouest qui ne connaisse et n'ait souvent consulté cet ou-
vrage si remarquable, véritable encyclopédie de nos familles poitevines
et ne lui ait demandé de nombreux renseignements. Depuis longtemps
déjà, les nombreuses modiGcatîons survenues dans une foule de familles,
la rareté de cet ouvrage devenu presque introuvable et le prix fort
élevé qu'il atteignait dans les ventes, rendaient iûdispensable une nou-
velle édition dont chacun sollicitait à l'envie de M. Beauchet-Filleau,
la prompte publication. Or les savants auteurs s'étaient mis courageu-
sement à l'œuvre et à quarante-neuf ans de distance, se faisant un
pieux devoir de réaliser jusqu'au bout le vœu de son ayeul, ancien
procureur du roi au présidial, qui avait commencé à recueillir ces nom-
breux documents, M. Beaucbet-Filleau, aidé de ses fils et de M. Mau-
* Dict. hisU et gén, des familles du Poitou, par H. Beauchet-Filleau et
feu M. Ch. de Chergé. Deuxième édition entièrement refandue, considérable-
ment augmentée et publiée par MM. H. et P. Beauchet-Filleau avec le
concours des PP. H. et J. Beaucbet-Filleau et la collaboration pour la par-
tie héraldique de M» M. de Gouttepagnon. l'* fascicule de A. à AuB. Gr.
iii-8*, 164. p. Poitiers, imp. Oudin.
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CHRONIQUE 63
rice de Gonttepagnoa» vien^ de donner le i*' fascicule de la 2* édition
de cette œavre immense, dont il ayait publié avec tant de succès la
première édition en 1840 avec le concours du regretté M. de Gbergé. '
Bien qu'il ne comprenne que 164 pages» ce premier fascicule qui ne
s'étend que de A. à Aub. est on peut le dire, une transformation com-
plète de la première édition et renferme pour cette seule partie plus de
100 noms nouveaux et 64 généalogies avec de nombreux écussons en
regards du texte. Peu de sources ont échappé aux diligentes recherches
de nos savants confrères ; il n*est guère . de familles poitevines qui ne
soit certaine d*y rencontrer de nombreux détails sur ses ancêtres et sur
quelques-uns parfois, des renseignements aussi intéressants qu'inatten-
dus. Par ailleurs la multiplicité des détails, aussi bien que la sûreté
des renseignem'^nts de cet ouvrage, fort souvent appuyés par l'indication
des sources, en font un recueil d'une incontestable autorité» et ce qui
à nos yeux vient encore augmenter le réel intérêt de ce travail, c'est
l'absence de cette préoccupation de constituer à certaines familles par-
venues, des titres de noblesse quand même, qui perce dans un trop
grand nombre d'ouvrages héraldiques, quand elle ne s'y affiche pas
effrontément. Tel n'est point à coup sûr le défaut du Dictionnaire his-
torique des familles du Poitou. Mfti. Beauchet-Filleau s'appliquent
surtout à présenter des faits et un ensemble de renseignements dont ils
tiennent presque toujours à indiquer les sources. Que s'il nous était
permis cependant d'exprimer quelques vœux relativement à ce remar-
quable travail, nous serions heureux de voir nos savants confrères,
d'abord serrer d'un peu plus près, l'orthographe véritable de certains
noms de lieux et de familles, quitte à s'insurger parfois^ coatre leur
orthographe, aujourd'hui usuelle peut-être, mais à coup sûr fautive et
susceptible de les rendre méconnaissables ; puis, de ne jamais omettre
autant que possible, le nom patronymique des familles qui chez cer-
taines, tend de plus en plus i disparaître sous le voile d'un nom de
terre, ajouté à une époque réceaie. Ces légères réserves faites, nous ne
saurions trop recommander ce précieux ouvrage, indispensable à toute
bibliothèque sérieuse et qui pourra être regardé à son achèvement
comme l'un des plus beaux monuments qu on puisse élever à l'Histoire
des familles d'une Province.
G^' RéoIS DB L'ESTOUKBBILLON.
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64 CHRONIQUE
Livres et ouvrages divers. — Pais, nous signalerons encore
en Poitou : Recherohes pour servir à V histoire des arts en Poitov,
par notre confrère M. J. Berthelé. In-S"* 500 p. Melle, imp. Lacuve. Ce
très remarquable ouvrage a été honoré d'une Médaille de vermeil par
la Société française d'archéologie lors de son dernier congrès. —
Inventaire sommaire des Archives départementales de la Haute»
Vienne antérieures à i790, par M. A Richard. Série £. supplément
aux archive? communales. Tome I. Villes de Saint-Junien, Roche-
chouart et Limoges (complément), Eymoutiers, Le Dorât ei Bellac.
In-4*XLX 308 p. Limoges, imp. Plaineson. — Inventaire sommaire
des Archives communales antérieures à 1790 de Civray et du
Greffe de la sénéchaussée de cette ville, par Bricauid de Verneuil,
attaché aux archives de la Vienne. Ouvrage terminé sous la surveillance
de M. Alfred Richard. In-4» VIII — 13« p. Poitiers, imp. Biais. —
Aventures d*un gentilhomme poitevin, par Jean Grange. In-12, Paris
Haton, éditeur. — Paysages et Monuments du Poitou de Jules
Robuchon, membre de la Société des Antiquaires de l'Ouest/ imprimés
en héliogravure Dujardin avec Notices de divers auteurs. Livraisons
443-144. Poitiers (partie monumentale) : Saint-Nicolas, Sàint-Por^
chaire, Saint-Hilaire-de-la-Celle^ Montiemeuf, Sainte- Radegonde,
Notices par J. Berthelé, A. BonvaIlet,X. Barbier de Montault. In-folio,
p. 95-110 et 3 planches. Paris, imp. Mottéroz. — Dans la livraison de
novembre de la Revue Poitevine et Saintongeaise : Une étude très
curieuse de M. Henri de la Rochebrochard sur quelques Commanderies
des templiers d'Aquitaine et notamment la Commanderie de Cou^
drie, en la paroisse de Sallertaine (Vendée) : — Dans la 4* livraison .
de la 2^ année de la Revue du Bas-Poitou, Le Lieu de naissance du
Cardinal de Richelieu , par M. 0. de Rochebrune. — Lettres
inédites de Benjamin Fillon, par le comte L. de la Rochebrochard.
— Les seigneurs de la Flocellière [16^2-1661), par le Vicomte Paul
de Chabot ; — La restauration de l'Eglise de la Caillière, par L.
Libaudière ; — La très intéressante Chronique de R. deThivercay. —
La 3* série des Archives du diocèse cfeLuçon, publiées sous la direc-
tion de M. Tabbé Pondevie et du R. P. Ingold, qui renferme, une in-
téressante étude sur Les visites canoniques dans les anciens diocèces
de Luçon et de Mouillezais, Luçon, imp. Rideaux. -* Enfin, dans la
i livraison du tome IX de la Revue de Sàintonge et d'Aunis : Une
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CHRONIQUE 6S
étude fort curieuse sur les Chesnier du Chesne, p. 381*489 et des
Notefi très complètes sur les Beaup&il de Saint- Aulaire. (Branchea
de Brie ot delà Dixmerie, p. 409-413).
VARIA
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. — Un
BÉNÉDICTIN laïque. — Le 13 décembre dernier, rAcadémie
des Inscriptions et Belles-Lettres avait à procéder à la nomi-
nation d*un académicien libre en remplacement de M. Charles
Nisard, décédé. Par 24 voix contre 16 sur 42 votants, elle a
élu et choisi notre savant compatriote, M. Arthur de la Bor-
derie. C'est là un grand honneur pour la Bretagne et aussi
pour la Revue historique de f Ouest qui a l'avantage de compter
notre éminent confrère parmi ses collaborateurs. Chacun
sait rérudition profonde de M. Arthur de la Borderie et
nous ne saurions mieux faire connaître à nos lecteurs, la
satisfaction avec laquelle cette nomination a été accueillie
dans le monde savant, qu'en rapportant ici l'appréciation si
vraie et si compétente de M. Léon de la Briëre dans le Soleil
du 22 décembre dernier.
« L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres vient de
s'adjoindre un savant de premier ordre : M. Arthur de la
Borderie. Son élection comme membre libre de l'Institut a
surpris beaucoup de gens, en leur apprenant qu'il n'en a pas
fait partie jusqu'à ce jour.
M. de la Borderie c'est la Bretagne incarnée, c'est le type
du Breton avec sa foi profonde, avec sa ténacité acharnée,
avec son esprit libre et frondeur qui s'unit au respect in-
vétéré des chqses respectables : c'est le culte personnifié de
la vieille Armorique, le répertoire vivant de son histoire et
de toutes ses grandeurs, j'allais dire le prêtre de cette reli-
gion du pays, si ardente et si raisonnée, au cœur de tous les
Bretons.
Passé breton et présent breton, histoire bretonne, tradi-
tions bretonnes, légendes bretonnes^ souvenirs sacrés, sou-
T. VI. — documents. — VI* ANNÉE, i'* UV. 5
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66 CHRONIQUE
venirs profanes, livres bretons, manuscrits bretons, monu-
ments bretons, M. de la Borderie a tout fouillé, tout appris,
tout retenu.
Son vieil hôtel patrimonial, à Vitré, est un laborieux sanc-
tuaire où ce Bénédictin moderne s'absorbe sans trêve dans
sa passion bretonne. Cet hôtel n'est pas éloigné de la Tour
de Sévigné, c'est-à-dire du logis qu'habitait la célèbre mar-
quise, quand elle quittait son manoir voisin, les Rochers,
pour assister aux fêtes de la vieille ville, aux- Etats provin-
ciaux, aux réceptions princières de la famille delaTrémoïlle.
M. Arthur de la Borderie a quitté cette studieuse retraite
où s'empilent les livres, pour représenter son pays à l'As-
semblée nationale ; mais là encore le souci spécial des inté-
rêts bretons Ta obstinément suivi; car en coopérant au
volumineux dossier parlementaire sur les actes de la Défense
nationale, il a, pièces en mains, éclairé d'un jour sinistre la
conduite du gouvernement de 1871 à Tégard des mobilisés
de Conlie, c'est-à-dire de cette vaillante milice bretonne, in-
justement suspectée et misérablement parquée dans la boue,
sans souliers, sans armes et sans pain. Mais, après son
incursion dans le domaine de la politique, le savant est rentré
dans sa chère bibliothèque, abandonnant sans regret à son
frère, M. Waldeck de la Borderie l'action militante, le rôle
public, les fonctions électives. Celui-ci exerce non seulement
dans l'arrondissement de Vitré, mais au conseil général, une
influence qui va croissant, pour le plus grand bien du dé-
partement d'Ille-et- Vilaine.
M. Arthur de la Borderie a écrit beaucoup sur la Bretagne
On lui a reproché d'avoir disséminé son immense savoir,
de n'en avoir pas encore usé pour élever à sa province bien-
aimée un monument complet; plus que personne, il serait
compétent, pour fixer définitivement l'histoire générale de
Bretagne. Ce travail d'ensemble le tentera quelque jour,
Jusqu'à cette heure, il a surtout abordé les points de détail,
les questions controversées : mais la variété et l'étendue de
ces études disséminées attestent précisément l'universalité
de ses connaissances bretonnes, et le désignent comme le
futur historien de son pays.
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CHRONIQUE 67
Ces travaux, volumes, articles, brochures, je n'entrepren-
drai pas de les énumérer ici ; car il a le don de la fécondité
et de l'ubiquité. Son nom se môle à toutes les époques et à
toutes les questions ; et, partout, son savoir précis, net,
ennemi de la fable, de Ta peu près, des suppositions, désarme
la critique. S*agit-il des débuts de l'histoire armoricaine,
M.- de la Borderie les aborde de front, creuse obstinément,
dégage le certain de la légende, combat les erreurs, rétablit
le vrai sur Tinvasien du sol par les peuplades de la Grande-
Bretagne, non pas groupées,comme on l'avait cru jusqu'alors,
sous le sceptre d'une dynastie unique, sous l'hypothétique
commandement du fameux Conan Mériadec, mais indépen-
dantes et séparées, sans lien commun d'obéissance.
Au treizième siècle, il recueille les vestiges du saint popu-
laire, aussi populaire en Bretagne aujourd'hui qu'autrefois,
saint Yves de Tréguer ; il groupe des documents précis ; il
surveille l'exécution d'un ouvrage magistral dont il écrit lui-
môme la savante introduction. Au quinzième siècle, c'est l'art
de l'imprimerie en Bretagne, ce sont les incunables^ les pre-
miers livres de Bretagne qu'il révèle, nous apprenant que
dans le duché, on publiait déjà des ouvrages laïques, alors
que les autres provinces n'usaient encore de la presse que
pour vulgariser la Bible et le Psautier. Au dix-septième siècle,
il sait tout, il dit tout sur M""» de Sévigné, sur les Etats-Géné-
raux de la Bretagne et sur les révoltes populaires. Au dix-
huitième, Taffaira des jésuites devant le parlement de Rennes
n^a pas de secrets pour lui.
Et ces publications ne sont pas les seuls services qu'ait
rendus à l'histoire de la Bretagne cet infatigable fureteur.
Il a dépensé des sommes considérables pour collectionner,
en original ou en copie, tous les documents qui se trouvent
dispersés dans les bibliothèques publiques ou privées rela-
tifs à la Bretagne, amoncelant ainsi un trésor unique, inesti-
mable, qui garantit, contre les destructions de l'avenir, les
pièces éparses que tous les vents pourraient emporter. Il à,
en m$jiie.temps,donné tout son zèle aux Recueils périodiques
et aux Sociétés spéciales qui travaillent à réveiller, à ré-
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68 CHRONIQUE
chauffer, à maintenir, d'un bout à l'autre de la province,
TESPRIT BRETON.
Telles sont les revues locales de rOuest, si nourries et si
savantes. Telle V Association bretonne^ qui transporte chaque
année ses assises, portant d'une ville à l'autre le feu sacré,
multipliant les foyers de culture agricole, littéraire, scienti-
fique et artistique. Telle la Société des Bibliophiles bretons,
qui ne vise pas, comme certaines de ses sœurs d'autres ré-
gions, à la satisfaction de quelques amateurs fortunés, mais
bien à la diffusion large des livres, à la recherche, à la resti-
tution, à la réimpression des anciennes chroniques locales,
et qui a déjà amplement atteint son but.
Je n'exagère pas, on le voit, en appelant un Bénédictin, le
nouveau membre libre de l'Académie des inscriptions et
Belles-lettres,
Mais ne vous figurez pas au moins un vieux savant tout
endormi dans ses paisibles lectures. Ne vous fiez pas à cette
placidité. J'ai dit Bénédictin, mais Bénédictin breton, c'est-à-
dire pourvu d'une ténacité solide et d'une pointe ^qui Test
aussi.
, L. DE LA Brière.
Le Cloître de Saint Wandrille. — Le magnifique cloître
qui a inspiré le décor du célèbre ballet de Robert le Diable
sera mis prochainement aux enchères.
L'abbaye de Saint-Wandrille dans la Seine-Inférieure^
remarquable par ses grandes arcades ogivales portées sur
des piliers massifs, à travers desquels la lumière joue d'une
façon si fantastique, fut vendue en 1792 comme bien national.
C'est dans cette historique demeureque se trouvent le mag-
nifique lavabo, construit au commencement du seizième
siècle, peut-être par Jacques Hommet, l'artiste gouailleur ;
les ruines de l'église, le réfectoire, l'ermitage de Saint-Satur-
nin où vint s'éteindre au huitième siècle la race mérovin-
gienne.
Depuis 1883, l'abbaye appartenait à la famille anglaise des
ducs de Stackpoole, qui en avaient entrepris la restauration.
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CHRONIQUK 69
Puissent ces notules souvenirs de la France chrétienne
retomber en des mains soucieuses des vestiges et des gloires
du passé.
Distinctions honorifiques : — Nos lecteurs' apprendront
avec plaisir les nominations suivantes qui ont été faites à
l'occasion du !•' janvier.
Ont été nommés :
Officier de la Légion d honneur :
M. Patart ob la Vieuxvillb, attaché à TEtat-Major du XI* corps
d'armée.
Chevaliers de la Légion d honneur :
M. Paul-Marie Bodin de Galbhbbrt, chef de bureau au minis-
tère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.
Notre confrère, M. A. Luzbl, archiviste départemental du
Finistère.
Ont été nommés :
Officiers de l'Instruction publique :
M. DE MoNTikLEMBEBT DE Gbrs, Capitaine au 3* régiment de
dragons.
M. Georges Allotte de la Foye, lieutenant-colonel de cava-
lerie, sous-chef d'état-major du XP corps d'armée, à Nantes.
M. de la Bbllièrb, conseiller général, maire de Brehal
(Manche).
M. Camille Brisset, chef de bataillon en retraite, commis-
saire du gouvernement, près le Conseil de guerre du
XP corps d'armée.
M. le docteur Brousmichb, médecin principal en retraite,
commandeur de la Légion d'honneur, conservateur des col-
lections scientifiques au Musée de l'hôpital maritime à Brest.
M. le capitaine de vaisseau Barrera, ancien commandant du
vaisseau-école, le Borda.
M. Arthur Loth, professeur de langue celtique à la Faculté
des lettres de Rennes.
M. Ed. Avril, président du tribunal civil de Vannes.
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70 CHRONIQUE
M. le docteur Neîs, médecin de la marine, auteur de très
intéressantes Explorations scientifiques au Cambodge.
M. Adrien du Bouats de la Bboassièbb, colonel, commandant
TEcole d'artillerie de Versailles.
Ont été nommés :
Officiers d'Académie :
Notre sympathique confrère, M. Henri Le Meionen, prési-
dent de la Société archéologique de Nantes, vice-président de
la Société des Bibliophiles bretons.
M. Georges Bastabd, homme de lettres.
M. Le Mené, inspecteur des pêches à Auray (Morbihan).
M. S. MiLON, libraire-éditeur à Saumur.
Etc. Etc. Ect.
Noces d or d'un journaliste breton. — Notre compa-
triote, M. Ernest Merson, directeur de VUnion bretonne, vient
de célébrer ses noces d'or « de journaliste. »
M. Ernest Merson est entré dans la politique militante, le
2 décembre 1839, à Nantes ; et, depuis cinquante ans, il com-
bat dans le même journal.
MARIAGES
BRETAGNE. — Mariage célébré lé 26 novembre au château de Trenon
près Guémené-Penfào (Loire- Inférieure) de M. le yicomte Alain de
PlOOBR,
Avec :
Mademoiselle Julie de Baint-Germaîn, fille du comte de Saint-Germain
et de la comtesse, née de Ghappedelaine.
Mariage célébré à Laval le 28 novembre de M. le comte Horric dk
Bbaucaire, Rédacteur à la direction politique du ministère des Affaires
étrangères,
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CHRONIQUE 71
Avec ;
Mademoiselle Le Goribbc bb Tressan, fille dn comte Le Gonidec»
frère da député royaliste de Vitré.
Mariage célébré à Laval le 28 novembre de M. le vicomte de Gouaisnon»
Avec :
Mademoiselle Lb Gonidbg db Trbssan, fille du comte Le Gonidec de
*Tres8an, frère du député royaliste de Vitré.
Mariage célébré le 17 décembre eu Téglise Notre-Dame de Mayenne
de M. le comte Jules du Plbssis de GatoéDAN, lieutenant au 24* régi-
ment de dragons, fils da marquis du Plessis de Grénédan, vice président
du Conseil général du Morbihan,
Avec :
Mademoiselle Nelly des Valbttes.
Mariage célébré à Vannes vers la mi-décembre de M. Jean-Romain-
Paul-Emile Caillot, Inspecteur départemental, des enfants assistés du
Morbihan, décoré de la médaille militaire.
Avec :
MademoiseHe Catherine Dimbarre.
I
Mariage célébré en l'église du Bourg-sous-la-Roche, le 27 novembre de
M . Yves de la Biliais,
Avec :
Mademoiselle Blanche de Tardt de Rossy.
NORMANDIE, MAINE et ANJOU. — Mariage célébré le il décembre
en réglise Sainte-Clotilde à Paris, de M. le comte Georges de Thibullot,
lieutenant au 1(4* régiment de chasseurs,
Avec :
Mademoiselle Yvonne de Lbstaîi ville.
Mariage célébré le 2 janvier en Téglise cathédrale de Bayeux par S. G.
Mgr Hugonin, de M. Henry Gaultier de la Rjcherie, capitaine d'artil-
lerie de marine à Lorlent, fils de l'ancien gouverneur de la Nouvelle
Calédouie,
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72 CHRONIQUE
Avec :
Mademoiselle Jeanne Pay>in, fille de notre coafrère M Octave Pay&n,
directeur de TIndigateub de Ba.ybux.
Mariage célébré à Angers le 27 novembrede M. £mbrigc Dkun db Saint-
Mabtin, fils de Madame Déan de 8aint-Martin,
Avec ;
Mademoiselle Marie de Mieqllb, fille de M. Gustave de Mieulle.
Mariage célébré le 28 novembre en Téglise Saint-Honoré-d'Eylau,
à Paris, par S. G. Mgr Freppel, évoque d'Angers, de M. le vicomte de
StelZAY,
Avec ;
Mademoiselle Duran-Borrbro .
Mariage célébré le 28 décembre en l'église Saint-Philippe-du-Ronle
à Paris, de M. le comte de Mascurbaq, lieutenant au 4« régiment de
chasseurs»
Avec :
Mademoiselle de Bbaughamps ob MoNTHÊàRo, fille du baron de Beau-
champs de Monthéard et de la baronne, née Le Barrols de Laumery.
Mariage célébré le 1^' octobre de M. le baron Maurice Pinotbiu, in-
génieur civil, fils de M. le baron Pinoteau» chef d^escadron d'Etat-
major en retraite, officier de la Légion d'honneur,
Avec :
Mademoiselle Thérèse Dblaunay.
IVËCROLOGIE
BRETAGNE
Bien des deuils cruels sont venus ces derniers mois frapper nos pro-
vinces de l'Ouest. En Bretagne, nous avons à enregistrer la mort de M. le
baron Arthur d'HARSMBBBT, mort au château de Saint-Gorentin (Seine*et
Oise), le 11 novembre à l'âge de 57 ans. «— Madame Méli te -Caroline -
Marie Txxibr Damas db Saimt-prix, marquise de Brizay, femme de notre
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CHRONIQUE 73
sympathique confrère M. le marquis de Brisay, d'Auray, morte le 14 no-
vembre au château de Goëtserho, près Morlaix. — M. Etienne Gustave
Lb Qukn d'ENTREMBDSE, vcuf de Madame Marie-Emilie de Monti, mort à
Guérande le 20 novembre dans sa 84* année. Il laisse deux fils M. Paul
Le Quen d'Ëntremeuse, conseiller général du canton de Guérande,
et notre dévoué confrère M. Raoul Le Quen d'Ëntremeuse, con-
seiller d'arrondissement. — M le comte François de Pbrribn db Grb-
NAN, maire de Landévant, conseiller géaéral du canton de Pluvigner et
ancien député du Morbihan, mort le 27 novembre. Membre du Conseil
général depuis 1871, il avait siégé aux deux chambres du 20 février 1876
et du 24 octobre 1877. 8a mort est une perte irréparable pour sa famille,
pour ses amis et son pays auquel il sut rendre les plus signalés services.
* — M. le vicomte Charles-Louis Le Gouvello db la Porte, mort le 28
novembre en son château de Keremeighan, près Auray, dans sa 81* année.
Il avait épousé Mademoiselle de La MoussAYE, dont il eut six enfants
parmi lesquels deux fils actuellement oficiers : M. Arthur Le Gouvello,
lieutenant au 153» régiment d'infanterie et M. François Le Gouvello,
lieutenant au 89» régiment. — M. le vicomte Marie-Adolphe db Poulpequet
DU Halgoubt, décédé en son château de Trégranteur, près Josselin, le 29
novembre après une longue et cruelle maladie. Né en 1811, Marie-
Adolphe de Poulpiquet du Hal^ouêt avait reçu au collège de Sainte-
Anne alors dirigé par le Pères Jésuites la chrétienne et solide éducation
d^n breton de race. 11 y contracta parmi l'élite de notre pays des amitiés
qui lui furent toujours précieuses. Lors des événements de 1830, étant
élève de l'Ecole royale militaire de 8aint-Gyr, il prit part à la défense
du Pont de Sèvres lorsque le roi Charles X, menacé par Témeute, ût appel
en toute hâte au loyalisme du bataillon de Tficole. Il brisa ensuite son
épée et rentra en Bretagne où il se consacra aux améliorations agricoles
et successivement à l'embellissement de sa propriété du Brossay en Renac
(Ille- et- Vilaine) et de sa terre patrimoniale de Trégranteur en Guégon.
Conseiller d'arrondissement^ le canton de Josselin l'avait choisi depuis
plusieurs années pour Président de son comice agricole. — Le R. P. Mai-
ONAN, missionnaire du Sacré-Cœur de Redon, si connu dans nos cam-
pagnes bretonnes qu'il évangélisait avec un zèle infatigable depuis 35
années, mort à Redon le 30 novembre. — M. Yalentin-Camille Gruyz^rd
colonel d'état-major en retraite, commandeur de la Légion d'honneur '
mort à Vannes vers le !•' décembre à l'âge de 68 ans. — Mademoiselle
Marie- Joséphine-Jeanne MouOsan de la Villiroubt, morte à Rennes
le 3 décembre dans sa 64« année. — M. LoaisElonard de Brossaro,
.mort à Vannes le 4 décembre à l'âge de 80 ans. — Madame la marquise
Lb Richb db Brbuilpont, née Clotilde-Olympe Lb Saiob db la Villbs-
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74 CHRONIQUE
BRUxNE, morte à Rennes le 5 décembre dans sa 7^^ année. Elle était fille
de M. lo vicomte de la Yillesbrune, député sous la Restauration et de
mademoiselle de Goatharel. Son beau-père, le général marquis de BreuiU
pont commandait en 1792 à l'armée des Princes le régiment des Chas-
seurs de Breuilpont, et elle tenait en Bretagne une place considérable
par ses vertus chrétiennes, sa charité, son aménité et son esprit supérieur.
Madame la marquise de Breuilpont laisse trois enfants. M. le marquis
de Breuilpont, notre compatriote. Madame la comtesse de Legge et Ma-
dame de Goniac.
Le R.-F. Etienne, né Dbnibl, de Tlnstruction chrétienne, mort le
6 décembre à Iffendic (Ille-et- Vilaine) après plus de 50 années d'ensei-
gnements dans cette paroisse — M. Tabbé Guillouard, curé du Bignon
(Loire-Inf.), mort le 11 décembre à Tâge de 77 ans. — M. Tabbé Hdmphry,
ancien aumônier de la Reine d^Espagne, chevalier de la Légion
d^honneur et décoré de plusieurs ordres étrangers, mort à Vannes le
12 décembre, âgé de 84 ans. — M. Boisvibl, né à Ghâteaulin en 1846,
ancien procureur à Guimgamp, démissionnaire à la suite des décrets
portés contre les ordres religieux, retiré à Rennes et mort vers la mi^
décembre à Paris où il était allé pour faiire soigner sa femme malade.
M. Tabbé Bbrnabd, ancien curé de Saint-Mars-la-Jaille. (Loire-Inf.)
mort le 14 décembre. — M. Tabbé Lannou, ancien curé de Baye (Finis-
tère), mort à Pontcroiz vers la mi>décembre àl'âge de 81 ans. — Madame
Marie Durand, en religion sœur Louise, de Tordre de 8aint-Vincent-de
Paul, attachée à Thospice militaire de Vannes, morte le 18 décembre et
inhumée au milieu d'un grand concours de fidèles et de tous les officiers
et soldats de la garnison. — M. Tabbé Yvbivat, chanoine honoraire, curé
doyen dePontcroix (Finistère), mort le 18 décembre. Né à Brest en 1811,
il avait ordonné prêtre en 1835, nommé aussitôt professeur au Petit-Sé-
minaire de Pontcroix, puis était devenu recteur d'Ëdern et en 1860 curé-
doyen dePontcroix. — Madame Léocadie Hersent, née au château de Ke-
roiyirtz, près Lannilis (Finistère), en 1827, morte le 12 décembre, mariée
au docteur S alaun-Pe:;qubr, ancien maire de Brest, ancien président du
conseil général du Finistère. On lui doit plusieurs volumes de charmantes
poésies, telles que : Les chants du Foger^ Velléda, poème, Révélations poé-
tiques , etc. — M. le commandant Turin, capitaine de vaisseau en re-
traite, mort à Brest le 19 décembre. Descendant d'une vieille famille ita-
lienne venue dans cette ville en 1590, un de ses ancêtres avait été maire
de Brest vers 1700 et un autre en avait commandé le château au début
du XVII« ; — Madame Nathalie- Perrine-Louise L'Ecuyer de Villkrs,
néeBRUNET de Baynes, morte à Vannes le 23 décembre à Tâge de 85 ans..
— M. Ëugène-Louis-Marie Pocard-Kervilbr, lieutenant de vaisseau en
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GHBONIQUE 75
retraite, cnevalier de la Légion d*boDnetir, mort à Vannes le 24 décembre
Tâge de 54 ans. — M. fienr>' Alston Stackelpord, consul des Etats-Unis
d'Amérique à Nantes, mort dans cette ville le 27 décembre à Page de
74 ans. — M. Emile Lbfiuvri, ancien magistrat, mort à Nantes le 28
décembre. — Madame Joseph Jossb, née Louise Jambt, morte an château
du Boisbardy près Ghantenay- sur- Loire, le 29 décembre à l'âge de 39 ans.
— M. Théodore-René Maupon, médecin-major de l'* classe, conseiller
municipal de Nantes, officier de la Légion d'honneur, mort à Nantes le
30 décembre à l'âge de 72 ans. — M. Halloy db la MéTAiniE, conseiller
référenJaire honoraire à Gourdes Comptes, officier de la Légion d'honneur
beau-père de M. de Lamarzelle, le vaillant député du Morbihan, mort à
Paris le 30 décembre à Tâge de 68 ans. — Madame Elizabeth Stakhblford
née Campbell, veuve de M. Stackhelford, consul des Etats-Unis d'Amé-
rique a Nantes, décédé le 27 décembre, morte le 31 du même mois à
Tàge de 74 ans. — M. Tabbé Poopon, ancien vicaire de Commana (Finis-
tère), curéde Nailly, au diocèse de Sens, mort dans les premiers jours de
janvier. — M. Frédéric de Boussinbau, notaire à Carquefou depuis 1842,
mort dans cette paroisse le !•' janvier 1890. — M. Tabbé Laot, prêtre ha-
bitué à Kernilis (Pinistère), mort dans les premiers jours de janvier. —
M. Louis BoaxBT, préposé des Domaines en retraite mort à Nantes le
2 janvier à Tâge de 54 ans. — Mademoiselle Berthe de Saint Pern, morte
dans les premiers jours de janvier à son chalet de Saint-Jean-du-Maril-
lais (Maine-et-Loire) à rage de 69 ans. — M. Delécluse, receveur de
r Enregistrement en retraite, membre du Conseil de fabrique de Saint-
Louis de Brest, mort dans cette ville le 5 janvier à l'âge de 75 ans. —
M. Gabriel Dctrup de BALEYNs/mort à Nantes le 6 janvier àTâge de 1 1 ans.
— M. Tabbé Roudaut, recteur de Kerlouan (Finistère), mort le 6 janvier.
Né à Ploudalmezeau, l'abbé Roudaut avait été d'abord quinze années vi-
caire à Ouessant, puis recteur du Landuvez avant d'être nommé à Kerlouan.
— M. Eugène RouxBL, commissaire de la marine en retraite, chevalier
de la Légion d'honneur, mort à Nantes le 7 janvier. M. Calixte-Marie-
Auguste AuBRY DE Maraumont, mort à Nantes le 7 janvier à l'âge de
48 ans ; — Madame Aimé de Mabcieu, née Marie Eléonore de Brach,
morte à Nantes le 7 janvier à l'âge de 52 ans.
M. Henry Nadault deBopfon, mort à Rennes le 8 janvier à l'âge de 58
ans. Il avait débuté dans la magistrature dont il suivit toute la hiérarchie
jusqu'à sa nomination d'avocat général à la cour d^appel de Rennes.
Frappé subitement d'une cécité complète en 1872, il n'en continua pas
moins à exercer ses fonctions jusqu'en 1878. M. Nadault de BufTon s'est
fait connaître comme homme de lettres par de nombreuses publications
qni se rapportent pour la plupart à la vie et aux œuvres du grand natu-
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:'^''-
•tt.
76
CHRONIQUE
!C^i^.
raliste dont il était l'arrière-petit-neveu. Parmi celles-ci, il faut citer :
Monthard et Baffon^ La Correspondance inédite de Buffon^ Buffon et
Frédéric II, traduit en allemand II avait fondé en 1873, à Rennes, la
société des Hospitaliers sauveteurs bretons dont il dirigea jasqa'à la fin
de sa vie les travaax. Il dirigeait également depuis 1875 le recueil men-
suel des Annales du Bien.
M. Pierre-Claude Nantier, inspecteur principal du chemin de fer
d'Orléans, mort à Nantes le 9 janvier à Tâge de 55 ans. — Madame
Lansibr DELA Marguesière, née Marlo- JuUe Léocadie de Maublanc, morte
à Nantes le 9 janvier à Page de 74 ans. — M. Jobit, lieutenant colonel
du 83* régiment d'infanterie territorial à Lorient, mort à Bergerac le 10
janvier. —'Madame la baronne de la Barbée, née Rose -Caroline do
Yerdier de la Sorinièrb, morte à la Mahaudière en Doulon, près Nantes,
le 1 1 janvier. — M. Tabbé Sevezbn, recteur de Saint- Mélaine de Morlaix
depuis 18 ans, mort le il janvier d'une fluiion de poitrine à Tâge de 73
ans. — M.Jules-Charles Pinel, chef d'escadron d'état-major on retraite
chevalier de la légion d'honneur, mort à Nantes le 11 janvier à l'âge de
85 ans. — M. l'abbé Boocharé, vicaire à Plomeur ( Finis tère),mort le 14
janvier. — M Victor Bourel delà RoiNcière, directeur des postes et té-
légraphes en retraite, conseiller municipal de Nantes, mort dans cette
ville le 14 janvier à Vàge de 57 ans. — LeR. F. Louis, dans le monde
M. Louis-Augustin Gaillaud, directeur de l'Ecole départementale des
sourds -muets de la Persagotlère, près Nantes, mort le 15 janvier à l'âge de
68 ans. Entré dans la vie religieuse en 1837, et dirigeait l'institution des
sourds-muets depuis 1846. — M. Loshouarn, médecin de la marine en
retraite, mort à Brest le 18 janvier d'une pneumonie aigiii. — M, l'abbé
Gandon, ancien curé de Bougé, décédé le 20 janvier au Grand-Auverné
(Loire- Inférieure), àrâgede84 ans. — M. François-Jean-Marie-Etienne
Mafllard, maire du Leroux-Bothereau, mort à Nantes, le 20 janvier, à
l'âge de 54 ans. — M. Eugène Ghaumel, lieutenant de vaisseau en re-
traite, chevalier de la Légion d'honneur, mort à Vannes, le 20 janvier, à
l'âge de 68 ans.— M. Arsène de la Villéon. mort à Saint-Brieuc, le 19
janvier. — Le peintre Michel Bouquet, né à Lorient, le 17 octobre 1807,
mort, à Paris, le 20 janvier, à l'âge de 82 ans. — M. le comte de Coëi-
logon, mort vers le i7janvier, au château de Liancourt. — M"» Achille
JuBiER, femme de M. Achille Jubier, ancien conseiller municipal de
Vannes, morte à Vannes, le 21 janvier, à l'âge de 46 ans. - M"« Yseult-
Ernestine-Marie de Sècillov, décédée à Vannes, le 21 janvier, à l'âge de
27 ans. — M. le comte Charles de Troooff de Coôtalio, ancien sous-
ofûcieraux zouaves pontificaux, décédé au château de Coëtalio, près
Fouesnant, (Finistère), le 22 janvier.
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CHRONIQUE 77
MAINE ET NORMANDIE
Dans le Maine, nous avons à enregistrer les pertes de Madame de
Pbrrochkl, née Marie- Joséphine-Françoise Richard d'ABNouR, femme de
M. de Perrochel, inspecteur des chemins de fer daMidi, morte à Car-
cassonne, le 25 septembre à Tâge de 31 ans. — M. l'abbé OzANé, aa Breil
le 21 janvier 1803, d'abord vicaire à Mamers, puis curé de Nouans, mort le
7 novembre. —M Mioorkt Lamberdierb, mort à Laval dans les derniers
jours de novembre. — M. Tabbé Hachet, curé d'Hardanges, né en I8t2à
Belgéard, mort en novembre. — Madame Joseph LET0URNËURs,née Elizabelh
MoRiN DE LA Beauluèrb, morte au château de Montaigu le 13 liécembre à
rage de62 ans. —M. Tabbé Louis GARBRY,né à Laval enl856. mort dans
cette ville le 27 décembre. D'abord vicaire à Saint-Pierre-sur-Orlhe puis à
8aint-Denis d'Anjou, il était depuis peu de temps professeur à la Maîtrise
de la cathédrale de Laval. — M. Tabbé Grouillbbois. né à Ghàteaugontier
le 23 mars 817, successivement vicaire à Segré, Goulans, Marcillé et
Aubigné, puis curé de Marolles, Ghalles, Moitron, René et Garés, mort en
décembre à Nantes où il s'était retiré. — M, Lelonq, ancien député et
ancien conseiller général de laSarthe, ancien maire de Château-du-Loir^
mort dans cette ville le .30 décembre à l'âge de 95 ans. — M. Tabbé
LELA.IR, aumônier du Garmel duMans, mort en décembre ; — M. Tabbé
Davoust, curé de Grissé, mort le !•' janvier. Né à Villaines-la-Juhel, le
28 mars 1828, il avait été d'abord vicaire à Sablé.
En Normandie, M. l'abbé Jbannb, missionnaire apostolique, chevalier
du Saint-Sépulcre, mort le 30 décembre à Valognes dans sa 39* année,
— M. Gharles Thomas-Gaston Le Blanc, baron de Gloys, mort au château
de Bigards près Nassandrea (Eure), le 9 novembre dans sa 75 année ; ^
Mademoiselle Renée de laFERRiÈRB, fille de M. le baron Albert de la
Ferrière et de Madame, née de Beauplan, morte à Paris le 18 décembre à
l'âge de 22 ans ; elle était nièce de M. Lucien de la Ferrière, ancien
député de l'Eure. — M. le comte Jean-Polydor Le Marols, ancien dé-
puté de la Manche, mort à Paris le 28 décembre; — Madame Marguerite
Blanc, néeRAULiNB, fille de M. Gustave Rauline, le sympathique député
de la Manche, morte le 18 janvier 1890 à l'âge de 30 ans. — M. l'abbé
Jules HuGONiN, chanoine honoraire, secrétaire général de l'évêché de
Bayeux, frère de S. G. Me' Hugonin, évêque de Bayeux. mort le
19 janvier. — M. Alfred Hcvet, avocat, ancien arbitre rapporteur près
le Tribunal de la Seine, décédé à Paris, le 21 janvier.
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78 CHRONIQCE
ANJOU
La province d'Anjoa a vu disparaître : M. Emile Gazeau, mort le 22
novembre au château de TËcho» près Chemillé, à Tâge de 68 ans ; —
M. l'abbé Ghoybr, mort à Angers le 29 novembre dans sa 76* année ; —
M. Tabbé Marcel Hulin, mort en novembre à Saint-Brice (Mayenne),
à l'âge de 75 ans. Ancien professeur aux collèges de Beaupréau et de
Montgazon, il avait été vicaire à Longue. — M. le comted'ANoioNB, mort
dans son château du Grip près Durtal le 15 décembre. Ancien élève de
récole militaire, ancien attaché aux ambassades de Rome et de Gons-
tantinople, il avait gardé de ses séjours en Orient le germe de la maladie
qui, malgré les soins de la plus dévouée des compagnes, Ta ravi à rafféc-
tion de tous. Il avait renoncé à la brillante carrière politique qui s'ouvrait
devant lui pour se consacrer aux soins que réclamait le grand âge de son
père, le glorieux général vendéen, Frère cadet du général marquis d*An-
digne, sénateur, il avait épousé en 1862, Mlle de Groix, fille du marquis de
Groix, sénateur et laisse de ce mariage, un fils, le comte Jean d'Andigné
et quatre filles dont l'ainée à épousé récemment le comte de Kérouartz ; —
M. de LàisTRE, mort en son château près Mon treuil -Bellay vers la mi-
décembre. — M. Raoul-Alexandre, baron Millin de GRANDMAisoN,^ortau
château de Montreuil-Bellay le 21 décembre dans sa 41* année. —
M. Tabbé Maillet, né aux Gardes 1848, aumônier des servantes du Saint-
Sacrement à Angers, mort dans celte ville le 31 décembre.— M. Tabbé
RmEAU, tié à Ghaudron en 1835, mort en décembre curé de Saint-Martin
de Beaupréau. Il avait été d'abord professeur à Saint-Urbain, puis vicaire
à Louvaines et à Montjean. — M. Tabbé Boobt, curé de Saint-Paul du
Bois, mort en décembre. — R. Mère Catherine dk Jésus, fondatrice et
première prieuré des Dominicaines de Ghaudron, morte le 5 janvier à
Tâgede 61 ans. — Madame Dcmest, née Virglne Debmé de la Foye,
morte à Saumur le 16 janvier dans sa 82« année.
POITOU ET SAINTONGE
En Poitou et Saintonge, nous devons signaler les pertes de Madame
Marie-Amélie Jarïio dis Poxtjarno, comtesse de Brbmo.nd morte à Poi-
tiers le 17 septembre à Page de 83 ans. — Madame Françoise- Aimée
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CHRONIQUE 79
Parbnteau de la BiRONNiBAB, veuv6 de M. Alexis Jousseaume, morte à
l'Herménault, (Vendée) le 3 octobre à l'âge de 82 ans. — M le chanoine
François-ÂugasteCuAUVCAU, mort à Lucon le 10 octobre à l'âge de 69 ans.
Ancien curé de Saint Florent-des-Bois et aumônier volontaire des mo-
biles de la Vendée en 1870. il était frère de M^r Ghauveau, mort en
1877, évôqaede Sébastopolis et vicaire apostolique du Thibet. -* Madame
Jeanne-Marie- Louise- Eulalie de Ferré db Peyroux, née Hugukteau de
Gaultrbt, morte au château de Peyroux, le 27 octobre dans sa 63*
année. •— Madame la baronne Lbjbunb, morte au château de la Motte-
Ghaudenier, le 6 novembre. — M. le comte ErnestGeorges-René de
Sapinaud-de-Bois-Uogukt, chevalier de Malte, mort au château de la
Barbinière en Saint-Laurent-sur Sèvre, le 6 novembre à l'âge de 88 ans,
— Le R. P. Antoine Salzgkbert, de la compagnie de Marie, mort à Saint-
Laurent- sur-Sèvre le 7 octobre à l'âge de 30 ans. — Madame la com-
tesse de Meynard, née Julie-Emilie d'Esc offres de Ronesqub, pieuse-
ment décédée ^ Niort le 23 novembre à Tâge de 70 ans. — Madame
Marie-Locise Jeanne des Brosses, veuve de M. Gbarles-Antoine Bigen,
capitaine-commandant au 8« régiment de dragons, morte à Poitiers le
24 novembre à l'âge de 61 ans. — Mademoiselle Louise- Anaïs Gubn y
VEAU DB LA Raye, morte à Poitiers le 28 novembre à l'âge de 79 ans. —
Le R.P. Ambroise, dans le monde, M. Auguste Potier, de l'ordre des
Gapucins, né à Girières^ massacré en novembre sur le territoire des
Gallas, non loin d'Obok. — M. Blampain, maire de Sigournais (Vendée),
membre fondateur du Comité royaliste de ce département, mort le 30
novembre. — M. Alfred Jauassê, avocat à la (Jour d'appel de Poitiers,
mort en novembre à Terrefort près Vouillé (Vienne). — M. Tabbé Au-
guste Doperron, mort le 5 décembre à Saint Léger-Montbrillan. Né à
Vivonne en 1828, il fut professeur à Montmorillon, puis curé d'Antigny
et doyen de Lezay. — Mademoiselle Marle-Gbarlotte-Joséphine- Adèle An-
GiBR DE Grbmibrs, morto à Poitiers, le 12 décembre à l'âge de 35 ans. —
M. PicHOT, ancien imprimeur-lithographe à Poitiers, mort à Paris le 16
décembre. — M. Gustave de Vallois, conservateur des hypothèques en
retraite, mort à Poitiers le l'J do.;}rnbredans sa71« année. — Mademoi-
selle Bandeau, sœur de Jules Bandeau, le célèbre auteur de Mademoiselle
de laSeiglière, morte le 21 décembre dans la maison de retraite de Bevret
où elle vivait retirée depuis la mort de son frère. — M. l'abbé Ferdinand
Mouillé, aumônier depuis 27 ans des Frères de Saint-Gabriel, à Saint-
Laurent-sur-Sèvre , mort dans les derniers jours de décembre. —
M. Ferdinand Ricu'ault, ancien receveur des douanes, mort à Parthenay
le 28 décembre à l'âge de 40 ans. — Le T. G. F. Ghrysanthien, de
Tordre des Frères de Saint* André de Niort» mort subitement en décembre
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80 CHRONIQUE
à Tâge de 56 ans. — M. Philippe Rondeau, ancien conseiller à la Cour
d'appel de Poitiers, ancien président delà Société des antiquaires deV Ouest,
mort à Paris en décembre. — Le R. P. Ernest Rabin, 8. J.né à Poitiers en
en 1838, mort à Tours ea décembre ; M. le général Guignard, né à Jaul-
nay près Poitiers, pieusement décédé à Chartres en décembre dans
sa 75» année. — R. Mère Marie de Saint-Henry, née Gélestine-Marie
Gouois, sœur de M, Gougis, colonel d'artillerie en retraite, officier delà
Légion d'honneur, ancien commandant du 20* régiment d'artillerie à
Poitiers, morte le 2 janvier au Monastère des Ursulines de Blois. —
M. Régis de Brbm, lieutenant de vaisseau, chevalier de la Légion d'hon-
neur, mort à Rochefort le 7 janvier dans sa 43® année. Fils du trop mo-
deste auteur de V Histoire populaire dt ta Vendée, du Bonhomme Quatorze,
da Moulin de Landerose et de beaucoup d'autres nouvelles vendéennes.
M. Régis de Brem était un officier de grande valeur qui s'était tout par-
ticulièrement distingué par son héroïque conduite à la prise de Sfax. —
M. FoRTouL, ancien député des Basses- Alpes, Président honoraire à la
Cour d'appel de Poitiers, mort le 18 janvier. — M«»« Isabelle- Marie-Louise
Jehanne de Lastic Saint-Jul, épouse de M. Gesbron-Lavau, lieutenant au
7« régiment de hussards, morte subitement à Tours le 21 janvier à Page
de 21 ans. — M. le colonel Vadon du 1Û7« régiment d'infanterie, offi-
cier de la Légion d'honneur, mort à Ângoulème le 14 décembre des
suites d'une fluxion de poitrine contractée peu de jours avant, en condui-
sant son régiment aux Ghaumes-du-Grage.
Jehan de la Savinayb.
Vannes. — Imprimerie Eugène Lafolye.
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AUTOBIOGRAPHIE
DU PASTEUR PROTESTANT BRETON
PHILIPPE LE NOIR
(16B6)
DANS un article de la Bévue littéraire de Nantes (mai 1887), j'ai
résumé ce que les biographes bretons savent de Philippe Le Noir,
sieur de Grevain, pasteur de l'église réformée de Blain, et ce
que j'ai dit moi-même de Fauteur du beau poème évangélique,
Emanuel^ dans V Anthologie des poètes bretons du IVIh siècle.
Je mentionnais* dans cet article, deux gros volumes manuscrits, en-
tièrement autographes, qui furent retrouvés en Hollande, lieu d'exil de
Le Noir, par M. le pasteur Vaurigaud, et j'analysais sommairement les
réflexions, quelque peu auto-biographiques, qui servent de préface à cet
indigeste résumé des lectures du >1eux huguenot.
Il m'a paru que ces réflexions, naïves, vertueuses, touchantes même,
avec une pointe de pédantisme qui rappelle Théodore de Bèze, et annonce
Jurieu, méritaient d'être mises, in-extensoy sous les yeux des lecteurs de
la partie documentaire de la Revue historique de l'Ouest. On regrettera
qu'elles ne ressemblent pas plus à des Confessions et ne donnent qu*un
fligitif aperçu de la vie intime du bonhomme ; telles quelles, elles ont
un accent de sincérité qui plaît, elles trouyeront grâce, à cause de leur
brièveté d'abord, puis pour cette phrase ingénue « quand je fais -réflexion
« sur mes ouvrages, je vois bien quelle est leur faiblesse. C'est aux grands
T. VI. — DOCUMENTS. — VI® ANNÉE, 2° LIV. 6
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^^
3,V •
^- :•
^ OZ AUTOBIOGRAPHIE
« hommes à beaucoup écrire ; les autres ne font que perdre du papier,
€ qui bien souvent vaut autant que leur temps et leur peine. »
J'avais pu prendre copie du seul fragment intéressant des deux mas-
sifs manuscrits, avant que ceux-ci, vendus par la famille Vaurigaud, de-
vinsent la propriété de M. Bordier, conservateur honoraire de la Biblio-
thèque nationale. Les manuscrits sont revenus sur Teau tout récemment,
à la vente après décès que M. Glaudin a faite des livres de M. Bordier ;
ils ont été adjugés cinquante et un francs, un assez bon prix.
Réflexions ou remarques sur la lecture de quelques-uns -de mes
livres ou de ceux qu'on m'a prestez, commencées en novembre
i656.
Dieu qui m'a mis au monde m'y engagea quatre sortes d'occupations ;
Fune regarde la vie présente, l'autre la vie à venir, la troisième Texercice
de ma charge, et la dernière mes honnestes divertissements. Quant aux
affaires de cette vie et de sa subsistance, c'est ce qui m'occupe le moins,
p . car encore qu'après le décès de ma chère femme que Dieu a retirée
p. - d'entre mes bras, il y a six mois, je suis nécessairement obligé de penser
J^ à la conduite de mon ménage et à la subsistance de mes enfans, lorsque
^].^ le Père des Esprits aura recueilli le mien dans le sein de sa gloire ; si
^^> est ce que je ne m'en acquitte que comme en passant, sans m'inquiéter,
ni sans perdre de \ue le flambeau de la Providence de Dieu, qui dis-
posera de mes affaires selon qu'il sera à propos, en déchargeant tous mes
soucis sur luy, et sachant qu'il a soin de ce qui me concerne.
Pour ce qui.regarde le salut de mon âme et la vie à venir, qui est ma
seule consolation, c'est à quoi je devrois le plus m'occuper ; mon Créateur
et mon Sauveur me laisse sur la terre afin qu'acquérant de plus en plus
la conoissance de sa divinité, de ses grands ouvrages et de sa vérité, je sois
convié et amené à la repentance qui soit suivie d'une foy en ses divines
promesses, et accompagnée des œuvres de charité et de piété qui
scellent en ma conscience mon adoption et me soient un arrhe du sou-
verain bien que le ciel me réserve. Mais il faut avouer que je ne m'attache
pas à ces choses assez sérieusement ni assez fréquemment, et que pour
l'ordinaire l'accessoire est préféré au principal, ce qui n'empêche pas
que je rie sache mon devoir et que je ne m'efforce de m'en acquitter, et
c'est pourquoi en ce lieu, je trace sur ce papier et rafl^aichia en ma mé-
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moire ce divin précepte de mon rédempteur ; Cherchez premièrement le
règne de Dieu et sa justice et toutes les autres choses vous seront ajoutées
par-dessus ; Seigneur fais en-moi ce que tu commandes, ensuitte com-
mande ce que tu voudras.
La troisième de mes occupations consiste dans l'exercice de ma charge,
tant pour la visite des afQigcz que pour la prédication de FÉvangile
que Dieu /m'a commis, ce qui emporte les lectures, les méditations et
les écritures absolument nécessaires pour un employ si pénible et si
glorieux. Et c*est à quoi je m'employe avec zèle, avec soin et avec plaisir,
selon le peu de talents que Dieu m*a donnez. La corruption de ce
siècle, la petitesse de mon église, la faiblesse de ma complexion et le peu
de succez avec lequel je travaille, n'estant point capables de me décou-
rager, au contraire, me servent comme d*aiguillons, et redoiiblent mes
soins, dans la passion puissante que j*ay de me rendre approuvé au
divin Maistre que je sers, si je ne puis me rendre agréable aux hommes.
Il reste les occupations de mes honnestes divertissements. Les jeux,
de quelque nature qu'ils soient, n'y ont pas de part, je ne trouve pas
qu'ils s'accordent avec une vie sans reproches, ny qu'ils compatissent
avec le repos de l'esprit que je tasche de me procurer. Les compagnies
ne sont point mon élément, je n'y suis pas propre, n'ayant point les
talents nécessaires pour la conversation ; et c'est pourquoi je ne m'y
trouve que pour ne manquer à la civilité, et pour visiter les familles de
mon église, comme j'y suis obligé. Les voyages m'occupent aussi le
moins que je puis, parce qu'ils sont ennemis de ma santé, et que la
station où Jésus-Christ m'a placé ne le requiert pas. Et pour les voluptez
du corps. Dieu m'a fait la grâce d'y estre s^ peu sensible et de les
regarder avec tant de mépris, qu'au lieu de m'occuper à les poursuivre
ou à les gouster, je fais consister ma gloire /et ma joye à m'en priver :
où je ne trouve point la volupté des mondains, là je trouve ma volupté.
Tout ce que j'ai d'agréables divertissements se rapporte à la lecture ou
à la composition des livres. La composition est celle qui me fait passer
le temps le plus insensiblement et aussi le plus doucement. Elle a pour
moi des charmes qu'on ne se peut imaginer, et, quoiqu'elle ne me
réussisse pas, si est ce que je puis en détacher mon inclination. Estant
dans l'Académie, outre mes écrits de philosophie, je fis un gros recueil
des leçons de théologie dont j'étois auditeur et je composay un abrégé
de l'histoire universelle en françois, d'une grosseur assez considérable.
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84 AUTOBIOGRAPHIE
Depuis que je suis en charge, j'ay fait en latin une rhétorique civile et
ecclésiastique, en françois un catéchisme de controverses, et une arith-
métique par les gettons. En vers j'ay traduit toute la liturgie chrétienne
et composé VEmanuel, qui est un poème héroïque de Nostre Seigneur,
comprenant les quatre Evangiles ; j*ay mesme commancé la refformation
des Pseaumes, de Marot et de Bèze, dont on me vient de décourager ; et
depuis que je suis privé de ma compagne bien aimée, la mémoire à
toute heure renaissante de sa vertu, ma douleur sans pareille et le devoir
de mon amitié ont obtenu de ma plume unépitaphe en prose à qui j*ay
donné le titre de lAirmes Chrétiennes.
Mais quand je fais réflexion sur mes propres ouvrages, je ne suis point
si aveuglé de Tamour de moi-mesme que je ne voye bien qu'elle est
leur faiblesse ; c*est aux grands hommes à beaucoup écrire, les autres, ne
font que perdre du papier qui bien souvent vaut autant que leur temps
et leur peine. J'ay donc résolu d'abandonner la composition, quelque
divertissement qu'elle m'apporte, et parce que je n'ay pas de fonds
suffisant, d'en aller puiser dans les livres des au très. Je sçai bien que la
lecture ne peut m'apporter beaucoup de fruit, non plus que la compo-
sition. J'ay fort peu délivres et mes facultez ne me permettent pas d'en
avoir beaucoup : la vie que je mène, plutost active que contemplative,
m'interrompt à toute heure quand je pense m'attacher à quelque lec-
ture, et ce qui me fasche le plus est que je lis sans fruit, ma méAioire
ne dérobant rien aux autheurs qui me tombent en main, comme si elle
vouloit introduire un cas de conscience, ou les autres n'y ont jamais fait.
De là vient la répugnance que j'ay de me jetter dans les mers ou de
l'histoire ou de la philosophie ou de la théologie, quoique jamais je n'y
nage qu'avec beaucoup de plaisir, parce que, comme j'ay dit, n'ayant
point de mémoire, je n'ay ppint de quoi puiser dans ces grandes eaux et
que je suis stérile dans la plus grande fertilité.
Sij'abandonnois la lecture aussi bien que la composition, je me dé-
feroisde tous mes plaisirs, je me plongerois dans l'oisiveté qui est mon
antipathie, je deviendrois en charge à moî-mesme. Je ne puis répudier
l'une et l'autre, je ne puis aussi en épouser une et m'y donner tout en-
tier, pour les raisons que je viens de dire, il faut donc les marier en-
semble^ et me lier inclination d'amitié avec les deux, afin qu'il en
naisse des fruits qui se puissent conserver longtemps.
Pour parler en termes plus clairs, voici mon dessein, remettant à la
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AUTOBIOGRAPHIE «5
volonté de Dieu d'en disposer comme il jugera nécessaire. Je me pro-
pose de lire ce que je pourray de livres, et en mesme temps en dire mon
jugement, et y faire quelques remarques, afin que repassant puis après
par dessus mes réfleiions, en un quart d'I^eure plus ou moins, je puisse
retracer en mon esprit l'idée générale d'un autheur qui aura passé par
mes mains. Par ce moyen, je liray en con^posant et je composeray en
lisant, essayant d'augmenter mon divertissement par la diversité et par
l'assemblage des deux occupations qui conviennent parfaitement bien,
à ma profession et à mon humeur. Ma satisfaction n'est pas le seul but
que je me propose ; outre cela, j'ay devant les yeux la gloire de Dieu,
à quoi j'espère contribuer quelque chose par une occupation de cette
nature, car en m attachant ainsi par les yeux et par la main, je me
détache de l'oisiveté et des occupations vitieuses qui préjudicieroient à
mon salut et à l'étude de la vraye vertu. En consultant à toute heure
les bons esprits et prenant leur ad vis par escrit, il ne se peut que je
n'apprenne quelque chose ou du moins que je ne ménage le peu de
talents que Dieu m'a donnez, d'où il arrivera (s'il plaît à sa grâce), que
j'exerceray plus dignement la charge dont il m'a honoré en son église
pour l'édification de ses enfans.
L'ordre que je me propose de tenir est ^e n'en tenir point, car,* ne
travaillant proprement que pour moi et pour ma seule satisfaction, je
ne veux point gesner mes estudes ni m'assugettir. Je Uray tantost un
livre, tantost un autre, cherchant moins la suitte des matières que la
diversité. Peut estre mesme, ne liray-je pas toujours un autheur entier,
mais seulement un volume, remettant les autres à un autre temps,
parce qu'empruntant un livre qu'il faut rendre, c'est force de
quitter toute autre lecture, quand mesme on ne chercheroit, pas à se
recréer par la diversité.
Gomme je ne m'assugettis pas à l'ordre ni à la suitte. aussi ne prétends
je pas m'assugettir à toute sorte de sujets. Je ne feray pas des remarques
sur tous les livres que je parcourray : U y en a beaucoup qui n'en valent
pas la peines et il s'en trouve qui ont trop de prix, de sorte qu'il faudroit
tout copier pour remarquer ce qui en est digne. En cela, mon choix con-
sultera le loisir ou l'humeur où je me trouveray ; je rompray, je suivray
ou j'inter-rompray ce dessein, selon que l'occasion se présentera'; telle-
ment que si Dieu me donne quelque vie et quelque santé, je peindray ici
le libertinage d'un homme d'estude qui ne perd point le temps, mais qui
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86 AUTOBIOGRAPHIE
l'employé comme il peut sans aucun dessein de composer de livre, ni
sans rechercher le beau st;rle <ïui ne convient ni à mon peu de politesse,
ni à ces sortes de recueils.
Au reste, je vay laisser deux pages en blanc, afin d*y écrire le catalogue
des autheurs à mesure que je les liray, et que je puisse par ce catalogue
avoir recours aux remarques dont j'auray besoin ou que j*auray désir de
relire, pour contenter ma curiosité.
Quod felix faustumque sit.
La langue de Le Noir, dans ces quelques pages, est fort claire et n'a
que très peu vieilli ; j*ai jugé inutile de faire des renyois pour un petit
nombre d*expression^ hors d'usage, « contribuer, » dans le sens actif,
« puis après, » pour ensuite, » « libertinage. » pour a liberté d'esprit, »
etc. Notons que le mot libertin, n*a pas ici le sens d* esprit fort qu'il a dans
Molière, par exemple.
L'orthographe est un peu capricieuse, nous l'avons respectée. On sait
que le dix-septième siècle, dans les imprimés, poussa l'orthographique
fantaisie jusqu'à ses dernières limites.
Un passage est intéressant, celui où Le Noir parle de ses nombreux
ouvrages en prose ou en vers, tous perdus, sauf le poème d*Emanuel ,
qui d'ailleurs ne fut imprimé pour la première fois qu'en 1657, un après
la rédaction des Remarques. On sait que M. le pasteur Vaurigaud a
retrouvé et publié, de Philippe Le Noir, une Histoire de la Héformation
en Bretagne^ qui était en manuscrit à la bibliothèque publique de
Rennes (i85i).
Olivier de Gouecuff.
^
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CATALOCUE DES GENTILSHOMMES D'MJOD
LORS DE LA RECHERCHE DE LA NOBLESSE
DE leee
PAR M. Voisin de la Noirays, intendant de Tours
(Suite\)
Éliede Quatrebarbbs, Ecuyer.s' de laRoussardière, épousa Marie de
lieair, veuve dudit Elie demeurant en sa maison la Roussardière, pa-
roisse de Quelaines, El. de Chfiiteaugontier, eut acte de la représentation
de ses titres, tant pour luy que pour René et Lancelot de Quatrebarhes^
cousins au 3 et 4» degré, le 14 septembre 1668.
R
Benry de Rabbstan, Ecuyer, S' de Sourches, demeurant paroisse
de Précigné, El. de la Flèche, eut acte de la représentation de ses
titres le 27 mars 1667.
Michel de R\capé, Chevallier, S«^ de Menil et de Brée, y demeurant
paroisse de Menil, El. de tlhâteaugontier eut acte delà représentation
de ses titres, tant pour luyque pour son père et frères le 9 juillet 1668.
« Voir la livraison de janvier 1890.
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88 CATALOGUE
Samuel Radulphe, Ecuyér. S' de Fontenelle, demeurant paroisse de
Mazières, pays d* Anjou, évôché de la Rochelle, eut acte de la repré-
sentation de ses titres, le 11 août 1670.
Antoine de Rancher, Chevallier, S' de Verneuil, demeurant paroisse
de Fay-sous-Gourcillon, El. de la Flèche, eut acte de la représen-
tation de ses titres, tant pour luy que pour ses frères, le 21 juin 1667.
' Urbanne Ghiilloteau, veuve de René du Rastbau, Ecuyer, S' de la
Gémeraye, demeurant paroisse d*Aviré, El. de Ghftteaugontier, comme
mère et tutrice de ses enfants, eut acte de la représentation de ses
titres le 17 avril 1667.
François Ravballard (?), S' de la Brèche, Alexandre son frère,
demeurant à Ch&teaugontier, au nombre des maintenus par M. Voisin
de la Noirays.
Gilles de la Ratnaie, Ecuyer, S' des Croix,
François de la Raynaie, Ecuyer, S' de Beauvais, demeurant
paroisse de N. D. de Durtal, El. de la Flèche, eut acte de la repré-
sentation de ses titres le 25 janvier 1668.
Pierre Rbonihsi, S' de Cour^aret, demeurant paroisse du Puy-
Notre-Dame, El. de Montreuil-Bellay, au nombre des maintenus
par M. Voisin de la Noirays.
François Renard. S' des Roches et de la Baudelis, demeurant
paroisse de St-James de Brion, El. de Baugé, eut acte delà repré-
sentation de ses titres le 21 may 1667.
François Le Restre, Escuyer, s"* de Laubinière, demeurant
paroisse de S^-James, près Segré, El. d* Angers, eut acte de la
représentation de ses titres le 21 mai 1667.
Philippe Reverdy, Ecuyer, S»" du Petit-Marcé, demeurant paroisse
de Chalain, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres
le 22 avril 1667.
Louis RiBCBR, Ecuyer, S' de Bousay, demeurant paroisse de
Meigné, El. de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres le
6 octobre 1668.
Cruy Richard, S' de Segré, échevin de la ville d'Angers, y demeu-
rant au nombre des maintenus, par M. Voisin de la Noirays.
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UtLn (JBIN TlLiSUURIHI
r
Rolland RicHER, Ecuyer, baron du I
paroisse de Saint-Thomas» eut acte
titres, le 20 août 1667.
Jacques Ridouetf, Ecuyer, S' de Buro
paroisse de Saint-Martin de Sancé» El.
présentation de ses titres, le 21 septem
Renée Cambon^ veuve de François
Boishérault, demeurant paroisse de B]
de la représentation de ses titres, le 11
Jttdith de la Roche, demeurant paroi
acte de la représentation de ses titres, 1
Charles de la Rofi, Ecuyer, S' du Vs
paroisse de Chémiré, El. de Baugé, eut
ses titres, le 27 décembre 1669.
François des Romans, Ecuyer, S' du
demeurant aux Noyers, paroisse de Ma
eut acte de la représentation de ses titr
Pierre de Rougé, Ecuyer, S' des Rues
El. d* Angers, eut acte de la repifésenta
luy que pour son frère, le 21 may 1667.
Charles de Rougé, Ecuyer, S' de Ck)urt
Noyant-sur-le-Loir, El. de la Flèche, eut
ses titres, le 17 juin 1667.
Grilles de Rougé, Ecuyer, S' de la Perd
de Neuillé, EL de Saumur, eut acte d(
titres, le 27 janvier 1669.
François de la Roussardtére, Ecuyer,
paroisse de Villevôque, El. d'Angers, eu
de ses titres, le 30 juillet 1667.
René RoDssBAu, Ecuyer, S' du Chardo
de Chalain. El. d* Angers, eut acte de la r
le 7 may 1667.
François Rousseau, Ecuyer, S' de h
paroisse de Ghalain, El. d'Angers, eut ac
ses titres,tant pour luy que pour François
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90
CATALOGUE
Jean Rousseau, S' de la Boucherie, demeurant paroisse de Mau-
lévrier. El. de Mon treuil-Bellay, au nombre des maintenus par
M. VoisUi.
Guillaume Rousseau, conseiller du Roy, contrôleur au grenier à
sel d'Angers, Echevin de la ville, au nombre des maintenus par
M. Voisin.
Charles Le Roux, Ecuyer, S' de Ruchesnes, demeurant paroisse
de Vernantes, El. de Baugé, eut acte de la représentation de ses
titres le 27 septembre 1667.
Louis Le Eloux, Chevalier et S' de la Roche des Aubiers et de la...
demeurant en son château de Noizé paroisse de Soulaire, El. d'An-
gers, eut acte de la représentation de ses titres, tant pour luy que
pour Jean et Philippe ses frères, le 4 juin 1667.
Quillaume Le Rqy, Ecuyer, S' de la Roche- Véroullière, demeurant
à Saint-Denis d'Ai^ou, El. de Ch&teaugontier eut acte de la repré-
sentation de ses titres, le 7 juin 1667.
Claude de Rote, Ecuyer, S' de la Brunetière, demeurant à Angers,
fut reçu chevalier en 1659, eut acte de la représentation de ses titres,
à la charge de payer la taxe pour être confirmé dans sa noblesse, le
27 avril 1668.
Louis Le Rotbr, S' de la Roche d'Artezay, El. de la Flèche, de-
meurant ordinairement à Paris, au nombre des maintenus par
M. Voisin comme étant secrétaire du Roy.
François de Busson, Ecuyer, S' de la Grée, y demeurant paroisse
de Montreuil-sur-Mayenne, El. d* Angers eut acte de la représen-
tation de ses titres le 24 janvier 1668.
Jean (îô Saint-Blin, Ecuyer, S' du Ponceau, El. d'Angers, eut acte
de la représentation de ses titres le 21 juin 1667.
Joachim de Saint-Elan et Louise de Saint^Elan^ sa sœur, enfants
de Joachim de Saint-Elan, vivant commandant dans le chftteau de
VjA
DBS GENTILSHOMMES d' ANJOU 91
Saumur, maintenus par M. Voisin de la Noirays par arrêt du conseil
le 12 janvier 1668.
Olivier de S.vint-Gbrmain, Ecuyer, S' des Coutures et du Plessis
demeurant en sa maison des Coutures, paroisse de Vivy, El. de
Saumur, eut acte de la représentation de ses titres le 28 juillet 1667^
Claude de Saint-Jouin, Ecuyer, S' de Vauléard, demeurant pa-
roisse de Saint-Denis, El. d'Angers, eut acte de la représentation de
ses titres le 14 may 1667.
Philippe de Sajnt-Offânge, Chevallier, S» de la Poôze, demeurant
paroisse du Pin-en-Mauges, El. d'Angers,
Artur-Charles de Saint-Offange^ Ecuyer, S' des ChastelMers, de-
meurant paroisse de Grézillé,
François de Saint-Offange, Ecuyer, S' de la Jaille, enfe.ns dudit
Philippe, demeurant paroisse de Saint-Maur, El. de Saumur, eurent
acte de la représentation de leurs titres le dernier juillet 1667.
Gallois de Saint-Ouen, Ecuyer, S' de la Maillarzerie, demeurant
paroisse de Moranne, El. de la Flèche, eut acte de la représentation
de ses titres, le 3 septembre 1666.
Jean Sapinault, S' de la Renouillère, demeurant paroisse de la
Séguinnière.
Honoré SapihauU, S' d'Aubert.
Charles SapinauU^ S' de la Louassière, demeurant paroisse de
Chambrogne, El. de Montreuil-Bellay, au nombre des maintenus
par M. Voisin.
Charles Sarazin, Ecuyer, S' de Vezins, demeurant paroisse de
Mayet, El. de La Flèche, eut acte de la représentation de ses titres
le 29 mars 1667.
Paul de la Saugèrb, Ecuyer, S' de la Roussardière, demeurant
paroisse de Saint-Martin-du-Limet, El. de Chàteaugontier, eut acte
de la représentation de ses titres le 3 aoust 1667, tant pour luyque
pour la veuve de Charles^ son frère, et pour Alexandre^ son cousin.
Nicolas Savaut, gentilhomme servant la Reine, demeurant à
Saumur, renvoyé comme ét^nt couché sur l'Etat par jugement du...
Martin de SavonniAres, Chevalier, S' de la Bretesche, demeurant
paroisse de Chantoceaux, El. d'Angers, eut acte de la représentation
de ses titres le 18 may 1667.
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vjix X n u\j\juM:t
Nicolas de Savonnières, Ecuyer, S*" de Bruslon, demeurant paroisse
de Bouère, El. de Bau^é, eut acte de la représentation de ses titres,
tant pour luy que pour sa mère, le 20 may 1669.
Ayine'François de Seuxons, Ecuyer, S' de la Barie de Grugé, de-
meurant audit lieu, El. d'Angers, eu^ acte de la représentation de
ses titres le 8 juin 1667.
Jacques de SâR\ziN, Ecuyer, S** de la Saulaye, sénéchal de Gba-
lonnes, y demeurant paroisse de Saint-Maurille.
Gabriel de Sérazin, Ecuyer, S' de la Bouillerie, demeurant pa-
roisse de Bescon, El. d'Angers, eurent acte de îa représentation de
leurs titres le 5 novembre 1668.
Hilaire Sbrin, Ecuyer, S** de la Motte, demeurant en sa maison des
Noyers, paroisse de Loire, El. d'Angers eut acte de la représentation
de ses titres, tant pour luy que pour son père, le 16 avril 1668.
René de Serpillon. Ecuyer, S"" de la Brosse-Boissette, demeurant
paroisse de S*-Hilaire d'Echaubroigne, El. de Montreuil-Bellay,
au nombre des maintenus par M. Voisin.
Charles Sibillb, Ecuyer, S*" de la Buronnière, demeurant paroisse
de Juvardeil, El. de Chateaugontier, eut acte de la représentation de
ses titres le 18 avril 1667.
Honorai- Sigonneau, Kcuyer, S"^ de ïa Perdrillère y demeurant
paroisse de Fougère, El. de Bau^é produisit ses titres et renvoyé
au Conseil avec avis de le maintenir le 'i février 16fi7. Arrêt du
conseil du 5 décembre 1*307 qui maintient eu sa noblesse ledit
Honnorat Sigonneau.
Fmnçùh de Seras a r. Ecuyer, S*" de la Guîchardière, demeurant
paroisse de St-Hîlaire d'Echaubroigne. EL de MontpeuiL-Bellay, au
nombre des maintenus par M, Voisin.
Philippe fie Tautoo (?), Ecujor, S"* df^ la Gou^eonnière, demeurant
paroisse Je BIou, EL de Bauj^é, eut acte de la représentation de ses
titres le 21) septembre 1668-
René du Tertrb, Ecuyer, S' dudit lieu et de Mée, El. de Gliàteau-
gontier,eut acte de la représentation de ses titres le 21 août 1Ô68.
Pierre Tbstu, Ecuyer, S' de Pierre Basse demeurant à là Gallaisière
paroisse de Lue, El. de Baugé eut acte de la représentation de ses
titres tant pour luy que pour Alexandre son frère le 4 septembre 1668.
Charles Thisrrt, Ecuyer, S' de Launay Baulieu, demeurant paroisse
de Fontaine-Guérin, El. d'Angers eut acte de la représentation de
ses titres, tant pour luy que pour son frère et la veuve d'Urbdin^
son frère, et pour ses sœurs, le 8 mars 1668.
Claude de Thyeslin, Ecuyer, S' de Montfrou, demeurant paroisse
d'Auvers-le-Hamon, El. de la Flèche, eut acte de la représentation
de ses titres, tant pour luy que pour son cousin, le 21 novembre 1666.
Louise et Marie^Anne de ToRCHiLRD, ÛUes, demeurant paroisse
dudit Auvers-le-Hamon, El. de la Flèche, au nombre des maintenus
par M. Voiâin.
René de Tournbton, Ecuyer, S' de la Voye, demeurant paroisse de
Mazé, El. de Baugé, eut acte de la représentation de ses titres, tant
pour luy que pour son père le 22 septembre 1667.
René de Tourrié (?), Ecuyer, S' dudit lieu, demeurant paroisse de
Chambroigne, El. de Montreuil-Bellay, produisit ses titres et ren-
voyé au Conseil avec avis de le décharger des poursuittes du
traitant, sans dépens, et de le maintenir dans sa noblesse le
20 avril 1667.
àharles de Trbmblibr, conseiller bonnoraire au présidial d*Angers,
y demeurant, fut reçu Echevin en 1662, au nombre des maintenus
par M. Voisin, le 14 juin 1668 et chargé de payer la taxe.
CUiitde de la Tribouille, Ecuyer, S' de Beauchesne, demeurant
paroisse de Saint-Grespin, El. d* Angers, eut acte de la représenta-
tion de ses titres, tant pour luy que pour sa mère et Anêhoine^ son
oncle, le 17 juin 1667.
Henri Le Vacher, Ecuyer, S' de la Chaise, demeurant paroisse de
Saint-Germain d'Alancé, El. de Baugé, eut acte de la représentation
de ses titres^ le 21 septembre 1666.
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04 CATALOGUE
René Vallet, Ecuyer, S' de la Brosse, demeurant paroisse de
Saint-Laurent de Gée (?), El. de Baugô, eut acte de la représentation
de ses titres, le 2 may 1667.
François.deVALUJ, Ecuyer, S' de la Rouzelaye, demeurant paroisse
du Geneteil» EL. de Baugé, eut acte de là représentation de ses titres
le 4 octobre 1668.
Gaspard Varicb, Ecuyer, S' de Juigné, demeurant à Angers, eut
acte de la représentation de se$ titres le 2S may 1667.
Georges de Vaugirault, Ecuyer, S^ de Guérinière, épousa CharloUe
de Channèy veuve dudit Georges, demeurant paroisse de Saint-Flo-
rent-le-Viel^ El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres le 22 février 1668.
Jacques de Vaugirault^ Ecuyer, S^* de Rochebonne, demeurant au
Gué-Aussant, paroisse de la Poiteviniëre en les Mauges, El. d'Angers.
HiUaire de Batissocielle^ veuve de René de Vaugirault^ comme
mère et tutrice d'elle et dudit deffunt René, demeurant en sa maison
de la Richardière, eurent acte de la représentation de leurs titres
le 16 février 1667.
Louis de Vaujoybux, Ecuyer, S^ de la Planche, demeurant en sa
maison de la Grande-Fraise, paroisse de Saint-Sauveur de Lande-
mont, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres le
21 may 1667.
Mené de Vauronnièrb, Ecuyer, S' de la Pernaneraye demeurant
paroisse de Dissay-sous-Courcillon, El. de La Flèche, eut acte de la
représentation de ses titres tant pour luy que pour son flls. le 18
may 1667.
Simon de Vaux, Ecuyer, S' de la Blandolière, y demeurant par
Tille de Juigné, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres le 7 avril 1668.
René Vkillon, Ecuyer, S' de la Basse-Rivière, y demeurant paroisse
de Sainte-Jamme, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses
titres le 16 avril 1668.
Elizdbeth Maran^ veuve de Claude de Vert, Ecuyer, S' des Pa-
dures et de Fontenelle demeurant en sa maison noble du Chapeau,
paroisse de Saint-Eusèbe de Gennes, £1, de Saumur, eut acte de
DES OENTILSHOMMKS d'aNJOU 95
la représentation de ses titres, tant pour luy que pour ses enfants
et pour elle le 11 may 1667.
/eon Vkrdier, conseillerau présidial d'Angers, y demeurant, éche-
vin de ladite ville en 1648. au nombre des maintenus par M. Voisin
de la Noirays.
Louiit-Augtutin «s Vii.lï!neove, S' de la Renaudière, demeurant
paroisse d'Ekjàambroigne, Françoù de Villeneuve, S' de Cazeau, son
père,demeurant paroisse du May, El. de Montreuii-Bellay, au nombre
des maintenus par M. Voisin de la Noirays.
Qafrriel de Vilubrs, Ecuyer. S' de Fourmillay, demeurant paroisse
deChallain, El. d'Angers, eut acte de la représentation de ses titres,
tant pour luy que pour son frère, le 14 janvier 1668.
GabrieOeP^U, reave de François de ViUiers, chevalier. S' de
Lauberdière ayant la garde noble de ses enfants, le 29 janvier 1669.
Rôle des taxes que le Roy étant en son conseil d'Etat des finances
a ordonné ôtre payées par les maires etéchevins de l'hôtel-de-ville
d'Angers et les descendants de ceux qui ont exercé lesdites charges
depuis l'année 1600. En conséquence de l'édit du mois de mars 1^7
registre où Ijesoin a esté, et des arrêts dudit conseil donnés en
exécution d'icelluy, pour être maintenus en leur noblesse sans être
obligés de prendre des lettres de confirmation dont ils seront dis-
pensés L^uelles taxes seroient payées sur les dénommés au
présent rôle sur la quittance du S' Jehannot Berthelot. garde du
résor royal, en deux payements de deux mois en deux mois à Dein«
d^tre déchus ledit temps passé, du privilège de nobieZ LuVZ
édit et arrêt de cejourd'huy et autres précédents.
Premièrement :
M* Pierre Audootn, S' de la Blanchardière. conseiller au présidial
qui a été échevin en 1649, pour jouir de la conservation de sa noi
blesse, suivant ledit édit du mois de mars 1667 et arrêt du conseil
payera la somme de ... . '
M» Jacques Audouin, S' de Lorme, cy-devant conseiller et asses-
seur en la prévosté d'Angers et qui a été échevin en 1649, pour jouir
comme dessus, la somme de. . . .
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96 CATALOGUE
Les enfants de François Audouin^ S' des Ghastelliers, qui fut
échevin en 1646, pour jouir comme dessus, la somme de. . . .
W Mené Aveline, cy-devant trésorier de France à Tours, demeu-
rant à Paris, fils puisnô de René Aveline, S' de la Garenne, qui a
exercé la charge d^échevin en 1624, i)our jouir. ....
N. Aveline, trésorier de France à Tours et N. Aveline, S' de Blou,
fils dudit Aveline cy-devant, trésorier de France audit Tours, de-
meurant audit Tours, pour. . . .
Laurent Aveline^ S' de Narcé, qui fut échevin en 1639 et JV. Aveline^
son fils, conseiller au présidial d* Angers, pour
M* Aàel Avril, S' de Louzil, conseiller au présidial, échevin en
1666, pour jouir
M^ Jacques Bblot, S' de Marthou, qui a été échevin en 1656 et
Jacques Beiot, son fils, pour jouir. . . .
if • N. Bernard et N. Bernard, fils de If • Gabriel Bernard, S' de la
Hussaudière^ avocat au Parlement de Bretagn'), qui fut échevin en
1638, demeurant à Vannes, payeront pour Jouir comme dessus^ la
somme de. . . •
M^ N. Bernard^ demeurant en la paroisse de Montejan, El. d* An-
gers, fils dudit Bernard de la Hussaudière, pour. . . .
if« René Berthelot, qui a été échevin en 16(j4, pour, , * ,
Gabriel Blouin, S' de la Vionnière, qui fût échevin en 1650, pour. . + .
M\JRenè Blouin, S" des Coteaux, t;on s ei lier du Ho>% intendant et
commissaire général de la marine, qui a été échevin en 10€2, pouTi...
René Bluineau, S' de la Lande, demeurant hk Saumur, fils de Rmè
Bluineau, vivant conseiller au présidial d'Angers et qui fut échevin
en 1633, pour....
Jean et Anthoine Bourceau, fils de N. Boureeau, S^ de la Daumerle,
vivant conseiller à la prévosté d'Angers ot qui fut esche vin en 1654
pour ....
François Boylesvb, S' de Goismard, conseiller audit présidial, fils
de M» René Boylesve, aussi S' de Goismard et conseiller audit
présidial qui exerça la charge de maire en Itlis comme un des
anciens échevins pour
\
\
DES GENTILSHOMMES d'aNJOU 97
M» Pierre Brechier, conseiller au présidial d'Angers qui a été
échevinen 1654, pour
M« Gilles Le Camus qui a été échevin en 1525 pour —
N. Le Camus^ fils dudit Gilles pour
M^ N. Cercault, S"^ de la Dusserie, demeurant à St-Germain-des-
Prés, El. d'Angers, fils de M* Philippe Cercault, vivant avocat au
présidiab d'Angers et qui a été échevin en 1642, paiera pour jouir
comme dessus la somme de
Jean Chantei.ou, S"" de Pontebize, qui fut échevin en 1660 pour
M* Joax^him de Chénédé, S' de la Plaine, conseiller au présidial
d'Angers, qui lut maire en 1660, pour
Louis Ghéreau, fils de Louis Chereau, qui fut aussi échevin en
1613 pour ^
iV. Chbsnaye et N, Chesnaye, frères, fils de Maurice Chesnaye^ qui
fut échevin en 1610 pour
M^ Pierre Chévrier, S' de Noyers, receveur des consignations du
présidial d'Angers et qui a été échevin en 1651, pour
!£• N. ChoTARD, avocat au présidial d'Angers, fils de Jean Chotard^
S» du Pin, qui fut échevin en 1604 pour
Jean Chotard, S' de la Hardière, qui fut échevin en 1661. pour .....
N, et N, Collas et iV^. Collas, fils de M* Claude Collas^ S' de la Cointerie,
vivant conseiller à la prévosté d'Angers et Echevin en 1660 pour
Hiérosme CossÉ, S' des Grois qui fut échevin en 1660 pour
Claude Courvy, S' de Monac, exempt des gardes du corps du Roy
qui a été maire de la ville en 1657 pour
IP Jacques Davy, S*" de Chiroz, avocat au présidial d'Angers et
échevin en 1652 pour
Nicolas CupiF, S' de Treildray, conseiller au présidial d'Angers et
assesseur en la maréchaussée, petit-fils de M* Nicolas Cupif, S' des
Hommeaux, vivant président en l'élection d'Angers et échevin en
1614 pour
M« Simon CupiU avocat, fils de M« François Cupif pour
T. VI. — DOCUMENTS. — VI* ANNÉE, 2* LIV. 7
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98 CATALOGUE
M» Jean Eslib, S' des Roches, conseiller au siège de la prévosté
d'Angers, qui a été maire delà ville en 1659 pour
M« François Eveillard, président à la prévosté d'Angers, fils de
M» François Eveillard^ S' de Pignerolle, auisi président à la prévosté
qui fut maire en 1641, pour
M« Pierre Frain, S' du Planty, assesseur de l'élection d'Ajigers,
qui fut échevin en 1636, pour
Jean Frain du Tremblay, aussi échevin en 1663 pour
M. N, Frogier, S'' de Pontlevoy, juge des traites, fils de M« Jean
Frogier^ S' de Pontevoy, enson vivant juge des traittes et échevin en
1625 pour
M» N. Ganches, conseiller à la prévosté d'Angers fils fils
de fils aîné de Hyerosme Ganches^ S*" de la Jubaudière, qui fut
échevin en 1633 pour Pierre Ganches^ S' de la Fourerie et Denis
Oanc?ieSfS' du Hossay fils puîné de Hièrorme Cranches, S' de la Jubau-
dière qui fut échevin en 1633 pour
M» Laiirent Gault, S' de la Saulnerie, avocat au présidial d'Angers
qui a été échevin en 1645, payera avoc Laurent &% JeanQault^es
enfants pour.....
Louis GiRAULT, S^ du Flessis, demeurant paroisse de NolUet, KU
d'Ani^ers, qui a été échevin en 1647^ payera pour *
M« -Y. GounjiAU, cy dtivaot conseiller au présidial d'Anj^ers fils de
Jacques Goureau^ S' de la Blanchardièrc, aussi conseiller audit prési-
dial, qui fut échevin de ta ville d^Anj^^rs en 16(X> pour» . - .
M^ X du GiiAT, maître des eaui et ioréts d^Angers, fils de Pierre
du Grai qui fut échevin en 1625, pour
M" N, et y. Orudé, fils de M* Guy G rude vivant. S" de la Chesnaye
assesseur en la prévosté d'Angers et échevin en 1615 pour. - . , ,
Jacques GuiLBAULT, S' de la Grande-Maison qui a été échevin
en 1(J58 pour.., . .
M* X Hameun, substitut du procureur du Koy audit présidial.flle
de M' Pien^ Hamelin, S'' de Kichebour^^ vivant avocat au présidiet.1
d'Ancrer s et échevin en UJ2:J pour
Mauriile Hamelîn, aussi fils dudit S^ de Richcbourg. peur...
DES GENTILSHOMMES d' ANJOU 99
M« François Héard, S' de Boissimon, procureur du Roy en Té-
lection et grenier & sel d'Angers, qui a été échevin en 1652, et René
Séard, Bl. de Boissimon, son fils, conseiller au présidial d'Angers
pour...
M^ Noël Herberau, S' des Ghemineaux, président au grenier à sel
d'Angers, qui a été échevin en 1695 pour. . .
N. Serberau, fils du S' Herberau de Beauvais, vivant, valet de
chambre du" Roy et qui ftit échevin en 1654 pour. . .
Ni Herberau, fils de Jacques Herberau^ S' des Rousse, qui a été
échevin en 1655 pour. . .
Les deux fils de Yves Hivbrt, S' de la Yallinière, qui fut échevin
en 1623 pour...
W Gabriel Jouet, fils de Gabriel Jouet ^ S' de la Saulaye, procureur
du Roy au siège présidial d'Angers, qui ftit conseiller et maire en
1629 pour...
Jacques Lasnier, S' de Contigné, fils de M« Jacques Lasnier^ S' de
Saint-Lambert, vivant, président et lieutenant général audit prési-
dial, et maire en 1639 pour. . .
M® N. Marchand, petit-fils de Pierre Marchand^ vivant, avocat
et échevin en 1606 pour. . .
M* Philippe Le Marié, Sénéchal et Gouverneur de Beaufort, fils
de PierreLe Marié, S' delà Noyraie, qui fût échevin en 1611 pour...
N, Le Marié, cy-devant lieutenant d»^ l'élection d'Angers, aussi
fils dudit feu PierreLe Marié, S' de la Noirays pour. . .
M« Nicolas Martineau, qui ftit maire de laditte ville d'Angers en
1617 pour. . .
François Martineau, S' de Prince, aussi fils dudit Nicolas Marti-
neau, pour...
François, de Méouyon, S' de la Houssaye, qui a été maire de ville
en 1663 pour...
Les enfants de M* Guillaume Mbsnage, vivant, lieutenant parti-
culier au présidial d* Angers et maire de cette ville en 1650 pour. . .
M« Pierre Mesnage, avocat du Roy au siège présidial d'Angers,- fils
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puisné de M* Guillaume Mesnage, S' de la Neonnaye, vivant, con-
seiller au présidial et échevin en 1619 pour. . .
M* Estienne du Mesnil, conseiller et avocat du Roy au présidial
d*Angers, fils de M. du Mesnil qui fut échevin en 1609 por. . .
François de Moncblet, S' de Beauchesne, qui a été échevin en
1657 pour...
René Morbau, S' du Piessis-Raymoni, qui ftit échevin en 1659 et
à présent conseiller de ville pour. . .
M« Thomas Neveu, S' de Pouancé, fils de Thomas Nepveu, S' de
Gaigné, qui exerça la charge de maire en 1628 pour. . .
Les enfants de M* François PavunKEL, vivant avocat et fils de
M' René Paulmiâr^ S* de la... qui fat échevin en 16E9 pour. . -
M» Pierre Pai'KEaxj, S' de Pégon, conseiller au présidial d'Angers
cpii fut écbevin en 1664, pour, , ,
Henè PÈCHERAL, S' de la Roche de Gennes qui a été échevin en
1665 pour. p.
Eenè PérTEiLNiAU, avocat au présidial d'Angers qui a été échevin
en 1665 pour, <<
Christophe du Pineau, flLs do M* Gabriel du Pineau^ conseiller au
présidial J 'Angers qui fut maire en I63:i pour* . .
François Pioldj, S* de la Groye qui a été ébevin en 1666 pour. • .
M* François PorssoN, S' de la Chabossaye, avocat au présidial
d'Angers qui f\ii écbevin en 166] pour- . .
M* Jean Quetin^ avocat au présidial d'Angers, fils de Jacques
Queiin, S' de la Plaine, qui fut échevin en 1633 pour
M' Nicolas Rabier ou RuBiou, S^ du Pasty, conseiller à la prévosté
d'Angers qui a été échevin en 1664 pour., • . .
Jacques Richard, S' de Segré, qui a été échevin en 1650 pour.
M< Sèàostien Roï^sseau, controlleur au grenier à sel d'Angers, fils
ie M* Sébastien I^usseau, vivant controlleur audit grenier, qui fut
éehêvin en 1630 pour
DBS GENTILSHOMMES d' ANJOU 101
CUmde de Rote, S' de la Brunetière, qui a été échevin en 1659
pour
M* Sébastien Sérézin, président en Télection d'Angers, qui a été
maire de ville en 1665 pour
W Mathieu TmmÂS^ S' de Jonchères, avocat au présidial d'Angers
qui fut échevin en 1646 pour
Charles du Tabsiblibr, S' de la Yarenne et de Ghauvigné, con-
seiller au présidial, et qui fut échevin en 1662 pour
Jf* N. Yaltêrb, S' de Fendonnet, avocat, fils de Sébasùien VaUère^
qui fut échevin en 1640, pour. . ...
M^ Jean Verdibr, conseiller au présidial d* Angers, qui a été
échevin en 1648, pour. . . .
Arresté au conseil royal des finances, le 12 avril 1668, signé : Louis,
et plus bas : Vilîeroy^ d'Aîigre^ de Seîve et Colbert,
(Fm) P. DR Farot.
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Documents inédits sur la Normandie, le Maine et l'Anjou
JUGEMENT
DE MAINTENUE DE NOBLESSE
PRONONCÉ EN 1667 ^
PAR L'INTENDANT DE LA GÉNÉRALITÉ D'ORLÉANS
En faveur de la famille de Vauloger
ANNOTÉ
Par René du LYS
La huictiesme est une grosse en parchemin d'un exécutoire
de despens décerné audict présidial de Chartres, au proffict
de damoiselle Jbhannb db Vaullooer, espouse de noble Hbnrt
Abot*, escuîer^ seigneur de la Me^elière, de dame Annb db
VAOLoeEi^ espouse de messire Gilles db Blavelle*, chevalier,
seigneur du lieu, et de damoiselle Bbnée dr Vauloger, espouse
* D*uDe des meilleures familles du Perche, dont une branche a
donné des pages du Roi. Armes : Ecartelé aux î et A : d'azur à une
coquille d'argent, aux 2 et 3 : d'argent^ à un arbre arraché de st-
nople posé en bande.
' Lire : de Blavette ; ancienne famille du Perche, où elle possédait
la baronnie de Gorron ; éteinte depuis longtemps, elle portait : dor au
eautoir dazur.
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JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE 103
de messire Jacques db Thibsun% escuïer, seigneur de Villiers^
contre la dame RadAgondb de Saingt Bbrthbyin, veufve dudict
messire Louys de Vadlloqbr, vivant chambellan du feu Roy
de Navarre, en la quallité de gardienne noble de Jehan,
Jacques, René, Loutsb et Frauçotse, les Vauloqbb^ enffans mi-
neurs nays d'elle et dudict seigneur, datte du treiziesme
avril 1573, signé : Noël, au dos duquel est la quittance du
payement faict auxdicts sieurs et dames de la Meselière, de
Blavelle et de Villiers.
La neufviesme est une grosse en parchemin d'une tran-
saction passée, le dix de may 1576, entre laditte dame Rad6-
gondb de Saingt Bbrtbyin, comme aîant la garde noble de ses
enffans mineurs, et lesdittes Annb et Renée de Vaullooer,
dames de Blavettb et db Thieslin, tant en leur nom propre
Folio ii, recto . Signé : de Maohault.
qu'en celluy de dame Jehanme de Vaullooer, leur sœur aisnée,
veufve du sieur de la Mezelière, et du présent relligieuse au
monastère de VAve Maria d'Alençon*, au subject de Thérittage
de feu RBNé de Vaullooer, leur commun ayeul, de laquelle tran-
saction, passée devant Martin André, clerc tabellion juré soubz
le scel de la viconté de Chasteauneuf, appert la noblesse des
encestres des produisans.
Item, pour j ustiffîer, par les dicts sieurs de Vauloger, de la
continuation de leur noblesse de par Jehan de Vauloger, leur
bizayeul, filz dudict Louys db Vauloger, leur trizayeul, pro-
duisent dix pièces, touttes cottées par I.
La première est un contract d'une vente faitte par noble
* Aliàs : de Thieulin ; famille noble, d'ancienne extraction, répandue
en Basse-Normandie, au Maine et au Perche. Armes : d'azur ou de
sable à six gerbes de blé d'or, 3, 2 «f i.
' Monastère fondé, au début du XVP siècle, par Marguerite de
Lorraine, duchesse d'Alençon.
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104 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
homme Louys Thibergeau, escu^er, seigneur de la Motte, au
profflct de noble homme Jean de Vauloobr, escuïer, seigneur de
Neufmanoir, la Corbière*, Lyonné et aultres lieux, des biens
de terre y contenus, sois en la parroisse de Danjé', lequel
contract dressé par les nottaires de la chastellenie de Lisle',
le quatriesme jour de juillet 1577, montre du tiltre d'escuïer
pris par ledict Jean de Vauloger.
La seconde est une grosse en parchemin des donnations y
indicquées faittes par messire Jehan de Vologeb, escuïer^ sei-
gneur des Neufmanoir et
Folio ii, verso,
aultres lieux, à honorable homme Jehan de Vauloqer*, sieur de
la Merrouzière*, son frère bastard, naydedamoiselle Julienne
* Seigneurie sise en la paroisse de Moussonvilliers (Orae, arrondisse-
ment de Mortagne) ; possédée ensuite et successivement par les familles
du Pontavice, de Ghanu, de Houffigny, de Janzé etc. ; elle appartient
actuellement au baron de Boissieu.
' Lire : Danzé.
' Dans le département de Loir-et-Cher.
^ Ce Jean de Y. , auteur d'une famille Vauloger ou Vaulogé^ issue
en ligne naturelle de l'ancienne maison de Vauloger, se fit protestant
et alla se fixera Gondé-8ur-Noireau(Galvado8]yalorsun des principaux
centresdela religion prétendue réformée en Normandie. Sa postérité parai t
avoir formé un assez grand nombre de rameaux dans des situations di "
verses ; la plupart cependant ont figuré avec avantage dans la haute bour-
geoisie de Gondé ; beaucoup de ces Vaulogé sont rentrés dans le sein de
l'Église catholique au dix-septième siècle. On dit qu'il subsiste encore
des représentants de cette honorable famille, qui a compté un certain
nombre d'alliances aristocratiques, notamment avec les Turgot, de
•Brossard, du Fay, de Grimoult, Thomas, de Prépetit, etc^ On verra
plus loin une branche légitime des sires de Vauloger aller à son tour
se fixer à Gondé-sur-Noireau, où elle entretint quelques relalione avec
&es parents naturels plusieurs fois apparentés à elle aiors en ligne fémi*
nine (notamment par les Prépetît).
' Terre située dans la châtellenie de Gondé^fiur-Noireau.
m
DE LA P'AMILLE DE VAULOGKR 105
de Pilloys\ habittant lorz en la vicomte de Vire, es païs de
Normandie, aveq Marqubritb Dofay', son espouse, danz les-
quelles, passées devant Leballeur, nottaireau Manz, le vingt-
deux de janvier 1580, on veoit ledict sieur de Neuf manoir
prendre encores la qualité d'escuïer.
La troiziesme est une grosse en parchemin du contract du
mariage d'entre noble messire Jean de Yolloger, chevallier,
seigneur de Danzé, Neufmanoir', Lyonné, la Corbière, et
aultres fsicjy ftlz desdicts feu mes.nre Louyb de Vaulooer, che-
vallier^ et dame Radèqonob ub Saingt-Bbrtevin et noble damoi-
selle Gabrcellb de Gouvrs*, fille de feu haut et noble seigneur
messire Jacques de Gouvis^, vivant seigneur du Plessys
Vannier*, gentilhomme de la maison du Roy, et de noble
Famille noble du Maine, depuis longtemps éteinte.
' Lire : du Fay; il s'agit très probablement de l'a famille des
seigneurs de la Sauvagère et de la Paumerie, anoblie en 1567, mais
dont les membres, antérieurement à cette date^ viTaient noblement et
servaient dans des compagnies de gentilshommes. — Armes : d'ar-
gent à Vaigle éployée de gueules {ou de sable), au chef d'azur
chargé de trois besants d'or.
* On se rappelle que le seigneur de Neufmanoir jouissait du droit
de haute justice; il eemble que cette seigneurie ait encore donné à son
possesseur le titre de patron de Danzé, car on voit les Yauloger plusieurs
fois qualifiés seigneurs de cette paroisse.
* Aliàs : de Gouvix, de Gouis, de Gouy, etc. ; antique maison de
Normandie, originaire de la paroisse de ce nom(Galvados),et représentée
aux Croisades. Elle semble éteinte à présent. Armes : de vair plein.
* Marié i** à Louise Martel ; 2"* en novembre 1555^ à Mademoiselle
de Canon ville, ce gentilhomme était fils de Jean de Gouvix, seigneur
de la Mare et du Plessis-Vernîer, qui épousa, en 1188, Marie de
Roncherolles, baronne de Gretot, née de Pierre III, baron de
Roncherolles, d'une des plus grandes maisons de Normandie f d'argent à
deux fasces de gueules) et de Marguerite de Gnàtillon, d'une des plus
grandes maisons de France {de gueules à trois pals de vair, au chef
d'or).
* Lire : du Plessis-Vernier.
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106 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
dame Jeanne de Canouville\ ledict contract accordé, lo neuf-
viesme de décembre 1581, devant Cavelier et Lepetit, tabel-
lions en la vicomte d'Hottot, proche Lizieux en Normandie*.
La quattriesme est une recognoissance passée audict Jean
DE Vadloser, escuïer seigneur de Neufmanoir^ par Claude Bou-
racé, laboureur à Danzé, y nommez présens les tabellions de
la chastellenie de Lisle
Folio iS, recio , . Signé ihe Machaui.t.
le treize de marz 1584, de la quantité de cinq muids de grain
de rente par an, et de dix deniers et troiz poulies de cens par
an, par lequel justiffie ledict Jean de Vauloger avoir pris en-
cores laditte quallité d'escuïer.
Le cinquiesme est un contract en parchemin, du dix-neuf
de septembre 1588 , contenant les Ihots et partages faîcts
entre noble messire Jean de Vauloger, chevallier, seigneur de
Neufmanoir ; noble homme Jacques de VAULoaBR, escuïer^ sei-
gneur de Fontenoy ; noble et discrette personne maistre René
DE Vauloger, prestre ; noble damoiselle Louyse de Vaullooer, es-
pouze de noble Claude de Vaucé', escuïer, seigneur de la Gau-
^ Aliàs : de Canonville; famille fort distinguée en Normandie, à
laquelle appartenaient les comtes de Rafifetot, et dont est issue la
maison de, Maleville; — les de Canonville ont été représentés aux
croisades et admis aux honneurs de la cour. Armes : de gueules à trois
molpftes déperon dor.
' Lire : Hotot-en-Auge (Calvados, arrondissement de Pon?-
TEvèque).
' Aliks : de Vaussé; cette maison distinguée tirait(car elle est éteinte)
son nom et son origine dé la paroisse de Vaucé (Mayenne), dont
Philippe de Vaucé était seigneur à la fin du XII* siècle et en 1205. —
Armes : de gueules à Vépée d'argent en pal accostée de deux fleurs
de lys de même, au chef dor chargé de trois annelets d'azur, —
Mathurine de Vaucé, dame de V. et de Marcilly, fille de Claude de V.,
et de Louise de Vauloger, épousa, en 1608, Louis de Tascher^ écuyer,
seigneur de la Hallière et de Boisgontier (de la famille des ducs de la
Pagerieà laquelle appartenait l'impératrice Joséphine)^ et lui porta,
sans doute à la suite d'un retrait lignager, la terre de Neufmanoir
^ont il était possesseur en 1638.
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DK LA FAMILLE DE VAULOGRR 107
drière ; noble dame Prawçotsb de Vauloobr, espouze de messire
André db Bonvou8t\ seigneur de la Mestrie, chevallier de f ordre
du Roy y et noble damoiselle Marie Guyot', espouse de noble
homme Pierre Boyer', escuter, seigneur de Saincte Gene-
viefve, et fille unicque et hérittière de feue [on feux) dame
Radboonde bb YAULLoaBR,sœur aisnée des dessubzdîcts, espouse
de messire Claude Guyot*, seigneur des Charmaulx, conseiller
* D'une famille anciemie et bien alliée en BasAe-Normandie, an
Maine et au Perche. — Armes : d'argent à deux fasces d'azur accom-
pagnée de six merlettes de sable, 3,2 et 1.
^ Famille originaire du Berry, représentée ans Croisades et admise
aux honneurs de la cour : sa filiation est établie depuis Pierre Guyot,
vivant en 4 333^ dont la postérité forma les branches d'Asnières^ du
Repaire de Charmeaux (distinguée dans la magistrature Parisienne) et
du Dognon. Elle subsiste encore. Armes : d'or à trois perroquets de
sinople^ armés et becqués de gueules.
^ Famille originaire de la ville de Carcassonne^ où elle était im-
portante dès le XY* siècle, et venue dans TIle-de-France à la suite
d'une alliance avec la vieille maison parlementaire des de Saint- André.
LesBoyerse sont éteints au dix- septième siècle. — Armes : Ecartelé, aux
let kl d'or au bœuf passant de gueules,\qm est Boyer ; atcx 2 et 3:
d'azur à la tour d'argent surmontée de trois étoiles d'or, qui est
de Saint- André.
* Veuf en premières noces de Marie Fraguier de Vaulday, de famille
parlementaire.
L'arrière-petite-fille de Claude Guyot de Charmeaux et de Radegonde
de Vauloger, Louise Boyer, dame de Ste-Geneviève et dame d'atours
d'Anne d'Autriche, ayant épousé, en 4645, Anne, duc de Noailles,
pair de France, lieutenant-général des armées du roi, Ch' de ses ordres,
etc., fut ainsi Taïeule de la séduisante Sophie de Noailles, laquelle,
veuve du marquis de Pardaillan de Gondrin, se r*emaria, l'an 1723,
avec Loui^'Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, duc de
Penthièvre, etc., fils naturel de Louis XÏV, prince légitimé de France.
Leur fils fut le vertueux et charitable duc de Penthièvre, et leur petite-
fille, Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon Penthièvre^ héritière des
biens de sa maison, par la mort de son frère le prince de Lamballe,
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108 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
du Roy et son Président en sa cour des comptes^ de la suc-
cession de deflfuncte dame Radegonde de Sainct-Bertevin, veufve
de feu messire Louys de Vaulooer, leurs père el mère, ayeul et
ayeulle, signé : Passe [ou Vasse), tabellion en la cour de
Sonnoys.
La sixiesme est une lettre escrite sur papier, du lieu
d'Arqués en Normandie, par Sa Majesté Henry IV% roy de
France et de Navarre, à M. de Neufmanoir, le huict de sep-
tambre 1589, luy mandant de se rendre à Arques au plus tost
dans le mesme moys et d'inviter touts les gentilshommes ses
parents et ses voysins à s'y rendre aveq luy pour combaltre
les ennemys de l'Estat; signé ; Hen^y^
Folio ilSt 'ûer^o.
Les sepliesme et huictiesme sont deux con tracts en parche-
min des renonciations fait tes par damoyselle Cathebïwb Lb
B£AUYoi8iEf4^p veulVe de feu Jacques de Vaullooeb, escufer, sei-
devint, ea 1769 Ja femme de Louis- Philippe- Jo^eph^ duc d'OrléRV\s.
père du roi Louise-Philippe^ Ainsi, par là, toute In maison de Franc*-
Orléans et divers mernbreB des maiaons de Dragance-Porlugal:
Danemarcît ; Saxe-Belgique ; Autriche ; Wurtemberg ; Brésil ; Saie-
Cobourg-Goiha ; Bavière et Bourbon -Espagne se trouvent issus en ligaê
féminine de la familte de Vauloger, en remontant au seizième siècle.
* La célèbre bataille d 'Arques se composa d'une suite de combaii.
livrés du 15 au 27 septembre 1539 ; il est donc probable que le aire de
Neufmanoir arriva assez à temps pour prendre part à quelques-an»
d'entre eux,
^ Et mieux : Le Beauvoisinp d'une famille de Basse" Normandie qui*
depuis Tan 1300^ n'a cessé de tenir un rang distingué dans cette prù-
\ince. Armes ; de sable fretté d'argent. — Catherine Le BeauToisin
était Elle de Guillaume Le B., baron de Courtoraer, marié à Cathenne
do Montbron, laquelle était issue d'une puissante maisond'ADgoumQif
éteinte depuis le dii -huitième siècle [Ecartelé aux J ef 4, fascé d'ar-
gent et d'azur au.v 2 et 3 de gueules}^ et avait pour père et pourtnè"
RenédeMontbroD, baron d'Avoir et de Ghampeaux, et Louise de â&iate-
Maure-Jonxac, des ducs de Montausier (d'ar^enf A la f&tce de çueulti)
gneur de Pontenoy, laditte dame [sic) aïant donné procura-
tion à hault et noble Françoys Le Beauvoisien, baron de
Courtaumer*, son frère, et aussy par vénérable et circonspect
messire René de Vjlvlloqevl, prebstre, curé de Marsilly, de leufs
droictz sur la succession dudict defTnnct seigneur de Font-
tenoy, leur espoux et frère, au profflct de messire Jehaw de
Vaullooer, chevallier, seigneur de Neufmanoir^ Lyonne, la
Corbière, frère aisné ; lesdicts contracts passez, le cinq de
novambre 1597, devant Macé Chauvin, nottaire à la Perte
Arnauld dict le Vidasme', faict (sic) veoir ledict Jehan de
Vauloger encores aveq la qualité de chevallier.
La neufviesme est une ordonance en papier, en datte du
quatre demarzdel'an 1599^ rendue par MM. Boucher d'Orçay,
Blanchard et Regnault, commissaires députez par le Roy
pour le régalement des tailles en la généralité d'Orléans, en
faveur de noble Jehan de Vaulloobr, chevallier, seigneur de
Neufmanoir et aultres lieux, sur preuves de noblesse par lut/
faictes depuiz Thibault de Vaulloobb, vivant quallifié cheval-
lier fan 1445, par laquelle ordonance, signée Lemoyne,
greffier, se trouve
Folio 12 y recto. Signé : db SIachault.
complètement establie la noblesse des produisans (sic),
La dixiesme est une lettre missive en papier,dattée de Paris,
du dix-septiesme jour de juin .1602, par laquelle Sa Majesté
Henry IV', roy de France et de Navarre, mande à M. de Neuf-
manoir, gentilhomme )yrdj/naire de sa chambre, qu'il l'avoit
choisi et eslu pour estre associé de tordre de Sainct Michel,
pour ses vertus, vaillance et mérites et pour les services qu'il
lut/ avoit rendus au faict de ses guerres, et mesmement, en
la pénultiesme année, au faict de sa guerre contre le duc
de Savoye. Signé : Henry, et plus bas : de Laubespine.
* Lire : Gourtomer (Orne).
* Lire : la Ferté-Vidame (Eure-eULoir).
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110 JUGEMENT DE MAINTENUS DE NOBLESSE
IiBM, pour justiffler par lesdicts sieurs de Vaulloger, es-
cuîerSy de la continuation de leur noblesse prise par feu
Jacques de Yaullooeb, leur ayeul, filz dudict Jehan db Vaulloger^
leur bizayeul^ produisent onze pièces, touttes cottées par K . . .
Lapremière est une grosse en parchemin du contract de
mariage d*entre messire Jacques de Vaulooeb, esctdery seigneur
de Ponttenoy, filz de feu haûlt et puiçant seigneur Jbai»
DE Vaulooeb, seigneur chastelain de Champrond*, Neuf manoir,
* Ghamproad en Gatine (Eure-et-Loir, arrondissement de Nogent^le«
Rotrou). Voici comment Jean do Vauloger devint seigneur de cet im-
portant domaine : le 20 octobre 1575, Henri, roi de Navarre, le futur
Henri IV, avait constitué au profit de Marie de Saint-Clair, veuve d'O-
ger de la Rose, une rente de 252 ecus, moyennant une somme de
3,000 écus à lui prêtés par ladite dame. Le 5 février 1578, il constitua
à la même une nouvelle rente de 55 écus, 3 sols, 4 deniers, moyennant
un prêt de 666 écus 2/3. Les arrérages furent payés à Marie de Saint-
Clair jusqu'en 1586, mais, à partir de cette époque, elle ne reçut plas
rien. Le 12 juin 1 595, elle abandonna tous ses àfo\t& à : 1* Jean de Fau>
loger et à Gabrielle de Gouvis, sa femme; 2* Isaac, Abraham, Phi-
lippe, Jeanne et Elisabeth de Bouju, enfants du sieur de Marigny ;
3** Marie Leseq, veuve de Pierre de la Maugère, sieur de Saint-Jacques;
4* Pierre de Saint-Clair, s' du Verger ; 5* Ancelot de Régnier, s' de la
Rose ; 6^ Gilles de Maillet, s' de Bias et à Anne du Bois^ sa femme;
7^ Marguerite du Bois, veuve de René de Caladieu,s' de Montauban. —
Jean de Vauloger acquit les droits d' Ancelot de Régnier, le 5 août 1597,
de Gilles de Maillet, le 2 avril 1598, de Marguerite du Bois, le 3 mars
1600. Il se fit aussi nommer procureur des autres, et alors il se pré-
senta devant les membres du conseil privé de Henri IV, demandant que
pour le remboursement des deux rentes et des arrérages s'élevant depuis
quinze ans à 4086 écus, 45 sols, 3 deniers, on lui abandonn&t la terre
de Champrond en Gàline. Le conseil accéda à cette demande, et Tacte
d'abandon en fut passé à Paris, le 47 mai 1600. Le 20 mai suivant.
Henri IV, par lettres patentes, confirma cet abandon. Enfin, le l** avril
1608, par acte passé à Paris, le Roi remboursa à François de Châlons
écuyer, seigneur de Bue, comme ayant, épousé en secondes noces (voir
ci après) Gabrielle de Gouvis, ireuve de Jean de Vauloger, le prix de
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,DE LA. FAMILLE DE VAULOGER 111
Danzié, la Corbière et Ponttenoy, gentilhomme ordynaire de
la Chambre du Roy, chevalier de son ordre et de hautte et
puiçante dame Gabribllb de Ctouyy^ et hautte et puiçante da-
moyselle Marthe de Vauloqer, sa cousine ^ fille de feu haut et
noble seigneur Jacques de
Folio i3, verso.
Vauloqer*, chevalier^ seigneur du lieu, de Ghampaigné,
Taliénatioa de la seigneurie de Ghamprond, prix payé des deniers de
cette dame. Ce fut ainsi que Ghamprond revint à la couronne (ce qui
précède est analysé dans Tacte du 1*' avril 1608, déposé aux Archives
d'Eure-et-Loir, série E, n*» 19).
^ Fils de René I de V. et de Hai^uerite du Authier, comme il a
été dit précédemment, Jacques I de Vauloger, Gh'', S*' de V., Gham-
pagné^ Bier^ Mirsou, Fromantinières, la Pierre, la Petite-Bussonnière,
etc. y eut une vie assez courte. Il épousa, par contrat du 8 septembre
4584, Charlotte de Lavardin, dont il eut : i^ Jacques II de V., Gh«',
, S*' des mômes lieux, qui vendit Champagne aux de Daillon du Lude,
vers 1612, et mourut sans alliance, vers 1617 ; avec lui s'éteignit la
branche aînée de sa maison ; 2^ Françoise de V., mariée par contrat
du 24 août 1604, à haut et puissant seigneur François II de Jussac,
Gh*', Si' de la Morinière, Moncorps, Lestang, Ris, RiUy, etc. , Gh*' de
l'ordre du Roi, capitaine d'une compagnie de 100 hommes d'armes de
ses ordonnances, auquel elle apporta, en 1617^ outre la Petite Busson-
nière, Fromantinières, la Pierre, etc., le domaine de Vauloger. Ce
domaine passa, vers 1643, à la famille de Vahais on Vahaye (d'azur
au soleil d'or de douze rayons), bonne noblesse, dite depuis de Yau-
logé-Yahais, qui a donné un page du Roi au siècle dernier et qui
conserva ce lieu jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, époque où elle
s éteignis L'héritière de Vaulogé (orthographe actuelle) fut M"* de la
Corbière, mariée, en 1777, à M. Picot dePontaubrayj gentilhomme
d'ancienne extraction, d'origine bretonne (d'or au chevron d'azur ac-
compagné de trois falots d'argent allumés de gueules, au chef de
même), dont le fils a été créé vicomte de Vaulogé, par ordonnance du
22 mars 4 827, établissant un majorât sur la terre de ce nom (voir dans le
Dictionnaire delà Barthe, par Pesche, tome n, p. 288, 289, une descrip-
tion du château de Vaulogé en Fercé); — 3* Marthe de V, , mariée, comme
il est dit plus haut/ à son cousin Jacques de V. de la branche cadette.
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112 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Bier', Mirsou et Promantinières, et de hautteet puiçante dame
GhablottedbLaverdin', lequel con tract. dressé, aprez dispenses
de Rome', le deux de septembre 1607, devant Batiste Roullet,
. nottaire au Manz, prouve de la quallité d'escuïer prise par
ledict feu Jacques de Vauloger.
Le deuxiesme est un con tract en parchemin de la vente
faitte par messire Françoys Salmon, seigneur de Marson et
de la Pertière, au profflct de messire Jacqdbs de Vaulloqer, sei-
* On n'a pu déoouvrir la situation géographique exacte du fief ainsi
appelé.
^Lire : Lavardin. — Charlotte de Lavardin, — qui s'était remariée,
en Ih93, à Gilbert de Préaulx, Gh*' de l'ordre du Roi, conseiller en
ses conseils, gentilhomme ordinaire de sa chambre, sous-gouverneur
de Louis XIII, gouverneur du duc d*Orléans, etc., — était fille de haut et
puissant S'' Antoine Hector de Lavardin Gh*',Sgi'deL., Ranay, Bouessé,
et de beaucoup d'autres lieux, gentilhomme ordinaire de la chambre du
Roi, Gh'' de son ordre, et de Marthe de Souvré, sœur de Gilles de
Souvré, marquis de Gourtanvaux, maréchal de France, Gh*' des ordres
du Roi, gouverneur de Touraine^ etc. Elle appartenait à une illustre
maison de Yendômois, éteinte en sa personne (du moins dans la branche
aînée), qu'il ne faut pas confondre avec lesBeaumanoir-Lavardin. Ceux
dont il est question ici étaient issus en lign<^ directe et masculine des
anciens comtes souverains de Vendôme, ce que le P. Anselme a com-
plètement ignoré. Armes : de gueules à trois fleurs de lys d'or (voir
une généalogie de cette maison publiée dans le Bulletin de la, Société
archéologique du Vendômois, année <888).
' La parenté entre les deux époux existait effectivement des deux côtés.
Du côté paternel, ils étaient cousins au 12* degré au point de vue civil
et au 6* au point de vue canonique ; du côté maternel, ils l'étaient au
4 0* degré ou au 5* ; en effet, on se rappelle que Gabrielle de Goavis
avait pour grand'môre une demoiselle de Roncherolles, or Charlotte de
Lavardin était arrière-petite-fille de Louis II de Lavardin, commis-
saire général de la gendarmerie de France, marié à Charlotte du
Bec de Vardes, fille d'une autre demoiselle de Roncherolles, sœur de
la dame de Gouvis.
DE LA FAMILLE DE VAULOGER 1I3
gneur de Fonttenay et de Mirson, gentilhomme ordynaire de
M** Cœsar^ duc de Vandosme^ des biens de Maucouveil et de
Moquprolle, scis en la paroisse de Marson*, danz lequel con-
tract, accordé devant Thomas Roger, nottaire au Manz, le
le vingt-et-un de may 1613, ledict feu Jacques de Vauloger
paroist encores tiltré^noblement.
La troyziesme est une grosse en parchemin du partage
accordé entre messire Jacqjes de Vauloqbr, chevallier^ seigneur
de Pontenay, Bies' et Mirsou, gentilhomme ordynaire de
M^ le duc de Vendosmoys ; noble Henry de Vaulooeb, escmer,
sieur de la Corbière ; noble dame Jacqueline db Vauloqer, es-
pouse de messire Todssaincts
Folio 14^ recto. Signé : os Maghault.
de Sabrevoys', chevallier, seigneur de Sermouville, et noble
damoiselle JEBKtitkE de Vaulogbr, espouse de noble homme Jbhan
de Beauvays*, escuïer, sieur de la Chapelle, eux portans forts
des damoiselles Gabriellb Er Renée de Yaulooer, Tune et l'aultre
religieuses de Tordre des Ursulines, deshéritlagesprovenans
de la succession de feue haulte et noble dame Oabrielle de Gouvis,
leur mère, veufve de feu haut et piiiçant Jehan de Vaulloqer,
leur père, espouse en secondes nopces du sieur de Bue, lequel
partage, passé en présence de Lallier, notaire de la cour de
' Lite : Marçon (Sarthe, arrondissement de Saint-Galais).
' Lire : Bier; cette terre et celle de Mirsou, apportées par Marthe de
Vaologer à son époux, ne restèrent pas très longtemps en sa possession.
' Lire : de Babrevois : famille qui tenait un rang distingué en
Beauce dès le milieu du treizième siècle ; elle a formé de nombreux
rameaux répandus en Basse-Normandie, au Perche, en Orléanais, dans
l'Ile-de-France, etc. Armes : d'argent à la fasce de gueules accom-
pagné de six roses de même, trois en chef et trois en pointe,
^ Lire : de Beau vais. Il y a eu plusieurs familles de ce nom en Basse-
Normandie, au Maine et au Perche, mais il est à peu près certain que
le sieur de la Ghapelle appartenait à la maison de Beauvais de Sdnt-
Paul,connue depuis les temps féodaux. — Armes : d'azur h trois fasces
d'or.
T. VI. — DOCUMENTS. — VI* ANNÉE, 2* LIV. 8
114 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Sonnoys, le trente de novambre 1616 et de luy signé, appert
de la noblesse des sieurs de Vaulloger.
La quatriesme est une grosse en parchemin d'un contract
dressé, le vingt-quatre de novambre 1618, parles tabellions
de Bèlesme*, pour le mariage de messire Hbnby db Vauloobr,
chevallier^ seigneur de Lysle en Vendosmoys', aveq hautte
et noble damoyselle Françoysb de VALL6B^ fille de haut et pui-
sant [sic) seigneur messire Pierre de Vallée''^ baron de Pé-
cheré*, chevallier de l'ordre du Roy et de hautte et puiçanle
* Lire : Bcllême (Orne).
' Lire : L'isle ou Lisle. Les terres aiasi déaonimées étant assez
nombreuses en Veudômois, on ne peut actuellement préciser de laquelle
il s'agit. Peut-être est-ce de celle que possédait Jean de Saintré,
époux de Marguerite de Yauloger, en 1558 (??}. Entre toutes les sei-
gneuries de ce nom qu'on remarquait dans la région de Vendéme, la
plus importante était la châtellenie de Lisle (aujourd'hui commune du
département de Loir-ei-Gher, arrondissement de Vendéme» canton de
Morée) avec haute, moyenne et basse justice. Au dire de M. l'abbé
Métais, curé de Saint-Rimay (Loir-et-Cher), un des membres les plus
érudits de la Société archéologique du Vendômois, cette ch&tellenie
fut achetée, au quatorzième siècle, par les abbés de Vendôme, qui y
possédaient un prieuré ; on a un certain nombre de baux de ce domaine
à différentes familles, mais avec de grandes lacunes ; il ne serait donc
pas impossible que les Vauloger eussent affermé celui-là môme.
' De Vallée: famille ancienne au Maine et fort probablement éteinte,
qui compte plusieurs alliances avec les Montmorency. Armes : d'azur
au lion d'argent^ armé de sable et lampassé de gueules. On doit
sans doute rattacher à la môme souche la famille des marquis de Vallée
qui paraît dès le seizième siècle en Saintonge, où elle subsiste encore
Armes : de sable au lian dor^ couronné de ynéme, armé et lampassé
de gueules,
* Baron de Pescheray, S«' de Pacé et de Saint-Hilaire, châtelain du
Goudray et du Breil, capitaine de la ville de Chartres, fils de Jean,
QP de Pace et de Marie Le Vayer.
" Lire : Pescheray.
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dame Louyse de Montmonmcy\ lequel contract fust passé en
présence dudict me5S2>tf Jacques db Vaulooeb, y mentionné c/ie-
vallier, seigneur de Fontenay, Mirsou, le Maucouveil et
aultres lieux, gentilhomme ordinaire de ; . .
Folio i4, verso.
M^' le duc de Vendosme et officier aux r/ardes françoises^,
frère aisné de Tespoux.
Le cinquiesme est un contract en parchemin de la vente
faitte par noble Jacques de Mylesan', esouïer, seigneur
d'Ourthes et de la Ribochère, au profflctUe messire Jacques db
V^LrooER, chevalier^ seigneur de Fontenay et de Mirson,
officier dans les gardes françoyses et gentilhomme de A/«' de
Vendosme, du fief de laMartinière aveq touttes ses apparte-
nances et deppendances es parroisses de La Ghartre*et Mar-
son, duquel contract, passé, le quatorze d'avril 1623, devant
Martin Genetay^ nottaire à La Chartre, appert la qualité de
chevalier encores prise par ledict feu Jacques de Vauloger.
' Fille de Pierre de Montmoreacy , marquis de Thury , comte de
GhâleauTillain, baroa de Fosseux, chevalier de l'ordre da Hoi, geatil-
homme ordinaire de sa Chambre, capitaine de cinquante hommes
d'armes de ses ordonnances, el de Jacqueline d'Avaugour (d'une des
grandes maisons de Bretagne, d'argent au chef de gueules), — On
sait que, sous l'ancienne monarchie, les Rohan étaient considérés
comme la première maison de la noblesse de France pour la grandeur
de leur origine (ducs de Bretagne) et les Montmorency comme la pre-
mière pour l'éclat des services. Henri IV disait : « Si je n'étais
Bourbon, je voudrais ôtre Montmorency. » ~ Armes : d'or à la croix
de gueules cantonnées de seize alérions d'azur. — On verra plus
loin, par des actes des 12 décembre 1642 et 5 février 1656, qu'il naquit
deux enfants de l'alliance Vauloger- Vallée.
' Ce régiment, célèbre par sa valeur, fut créé par Charles IX en
1^63 ; il recrutait ses officiers dans \t[ meilleure noblesse.
' Aliks : Millessan ; famille qui semble éteinte depuis plus de deux
siècles.
* La€hartre'8ur-le-Loir^ chef-lieu de canton de l'arrondissement de
Baint'Galais (Sarthe),
116 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Le sixiesme est un brevet en papier en datte du douze
d'aoust 1625, selon lequel i/. de Fonttenay Vauloqer fust faict
capitaine au régiment des gardes françoiseSy signé : Lodys et
par le Roy : le duc d'Espernon, signé : Richelieu.
Laseph'csmeestune quittance en papier consentie^ le vingt-
neuf de décembre 1631, ^^t noble Pierre de Barvillb*, escuïer,
sieur du Moullin, en faveur de messire Jacques de Vaulloger,
chevalier, capitaine aux gardes françaises pour la dot consti-
tuée par ledict Jacques à la damoiselle Anne de VAULoaER, sa
fllle, espouse dudict sieur du Moullin.
La huictiesme est une autre quittance en papier consentie,
le cinq
Folio '15, recto. Signé: de Machault.
de may 1634, par M. de la Fresdonnière de Goustancbs', escuïer,
en faveur de me55ir^ Jacques DE Vaulooer, chevallier, seigneur
de Ponttenoy, de la Martinière et de la Borde', capitaine
aux gardes Françaises, pour la somme composant la dol ac-
cordée par ledict seigneur de Fontenoy à noble damoiselle
Françoysb de Vaulogbr, sa fille, mariée, l'an précédent, audict
Ml y a eu au Perche deux familles de ce nom, Tune et l'autre d'an-
cienne extraction et issues d'une souche commune. La première, des
sires de Nocey, portait : d'or au sautoir de gueula, accompagné de
quatre lionceaux de sable, — La deuxième, des sires de Saint-Ger-
main, portait : d'argent à deux bandes de gueules» — On né sait
à laquelle appartenait Pierre de Barville.
' Lire : de Goutances ou de Goutasce ; famille fort distinguée, ré-
pandue au Maiue, en Touraine, eu. Veudômois et en Bretagne, connue
depuis Tan 1230, et représentée aux Groisades. — On la croit éteinte.
— Armes : d'azur à deux fasces d'argent bordées de sable et accom-
pagnées de trois besants d'or, 2 et î.
' Les terres du nom de la Borde ne manquant pas dans cette
région, on ne peut rien préciser au sujet de celle-ci, qu'on croit toute-
fois être celle de la commune de Beaumont-la-Ghartre (8arthe, arron-
dissement de Saint*Galais).
DE LA FAMILLE DE VAULOOER li7
seigneur de la Fresdonnière, par où Ton veoit la noblesse
dudict feu Jacques de Vauloger*.
Le neufviesme est un acte en papier accordé à messire
Jacques de Vaulloqbb, chevallier y seigneur de Fontenoy, et à ses
enffans, de la représentation de leurs tiltres de noblesse, par or-
donance de messire Jean d'Estampes, chevallier, seigneur
de Valençey, conseiller d'Estat, intendant de Touraine, et
Hierosme de Bragelongne, conseiller de la Cour des Aydes
de Paris, commissaires généraulx députez pour le Roy pour
le régalement des tailles en la généralité de Tours', en datte
du vingt de marz 1635, par où s'establit entièrement la no-
blesse desdicts produisans.
La dixiesme est un certifflcat en papier en date du dix-
neuf d'octobre 1640, délivré par le comte de Grammont,
colonel du régiment des gardes françoyses, et de luy signé, à
M. de Fontenoy Vaulooer, gentilhomme du ! Mat/ne^ portant
qu'il se distingua par sa valeur au siège
Folio i5, verso.
de la Rochelle, dans les guerres du Mantouan, de Flandres
et aultres, par lequel tiltre de gentilhomme paroist la no-
blesse dudict feu Jacques de Vauloger.
Vonziesme est une grosse en parchemin du contract de
* Du mariage de Jacques et de Marthe de Vauloger paraissent eûcor®
être provenus les deux personnages suivants appartenant à cette
maison : l* Jean de Vauloger^ 8*' de Fontenay, chanoine de Chartres,
prieur de la Bourdinière et de Hosny, aumônier du Roi, protonotaire
du Saint-Siège apostolique, fait chevalier de Saint-Michel en 1657 et
confirmé en 1665 (Statuts de l'ordre de Saint-Michel, imprimerie
Royale, 1735, p. 304 et 33!); — 2* Madeleine de V., marraine à
Saint-Symphorien (Sarthe), le 30 juin 1645, de René d*Ândigné ; dé-
cédée à Marçon, le 21 décembre 1649, sans alliance.
L'acte du partage de la succession de Jacques de V., n'existaat pas,
on ne sait quel fut, au juste, le nombre de ses enfants.
* Cette généralité comprenait l'Anjou et le Maine, c'est pourquoi
les Vauloger en ressortaient.
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118 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
mariage d'entre rioble homme Louys de Coubsillon* escuïer, sei-
gneur de Debout, et noble damoyselle Jeanne de Vadlloqeb,
fille de feu messire Henry de Vaulloqeh, chevallier j seigneur de
Lisle, et de dame Fbançoyîb de Vallée, lequel contract fus!
passé, le douze de décembre 1642, par Julien Couette, not-
taire au Chasteau du Loir', en présence dudict feu messire
Jacques de Vaulogbr, y qualliffîé chevallier, seigneur de Fon-
tenoy, la Martinière et aultres lieux.
Item^ pour par lesdictz sieurs de Vauloger justiffler de la
qualité d'escuïer de feu Tocssaîncts de Vauloqer, leur père,
escuîer, sieur de Lisle, la Martinière, le Guast, la Ribochère
et aultres lieux, qui esioit enfant dudict feu Jacques de Vauloger,
leurayeuly produisent huict pièces touttes cottées parmesme
lettre L...
La première est une grosse en parchemin du contract de
mariage de noble Toussaints de Vaullooer, escuîer, sieur de
Maucouviel , fllz desdicts messire Jacques de Vaulloûbr ,
chevalier, et îeuedame Marte de Vauloqer, et noble damoyselle
Mathurine de Villeroy', fllle de feu noble seigneur Ambroise de.
Folio iôj recto Signé : db Macbault.
VUleroy, chevallier, vivant baron de Brizemont* et de feue
* Lire : de Gourcilloa, de la famille du célèbre Philippe de Cour- .
cillon^ marquis de Dangeau, auteur d*uQ journal curieux et membre de
r Académie française, marié à une princesse de Bavière, — laquelle
famille était,quoi qu'en ait prétendu Saint-Simon, une des plus anciennes
et des mieux alliées de l'Anjou. — Armes: d*argent à la bande
fuselée de gueules au lion d'azur à senestre.
' Chef-lieu de canton du département de la Sarthe.
' Lire : de Villeray, famille originaire du Perche (seigneurie de
Villeray à Gondeau, Orne), où elle était puissante dès Tan 1050 ; elle a
donné plusieurs chevaliers croisés et parait éteinte depuis le siècle
dernier. Armes : d*argent à neuf merlettes de sable 3, 3 el 3,
" Lire : Brigemont ; cette terre ne paraît pas avoir été réellement
une baronnie. Ambroise de Villeray était fils de Jean de Vileray et
d' Avoye de Nollent, d'une fort ancienne maison normande (d'argent k
une fleur de lys accompagnée de 3 roses de même).
DE LA FAMILLE DE VAULOOER 119
noble dame Geneviefve Masquerel* représentez par messire
Anthoyne Masquerez chevallier, seigneur d'Hermauville',
oncle et gardien noble de laditet, duquel contract, passé, le
vingt-deux d'avril 1630, par devant Percheron, nottaire, et de
luy signé, appert la qualité d'escuïer prise par ledict feu
Toussainct de Vauloger.
La seconde est un contract en parchemin passé, le neuf-
viesme jour de may 1633, devant Martin Genetay, notaire
à La Chartre, de l'acquisition faitte par noble Toussaint de
Vauloqbr, escuïer, sieur du Haucouveil et de Moquerolle, sur
messire Jacques de Malherbe, escuïer, seigneur de Poillé,
d*un bien dict le Pré Hardy, scis en la parroisse de Marson,
danz lequel ledict Toussaincts de Vauloger prend encores la
qualité d'escuïer.
Le troysiesme est un adveu en parchemin rendu à noble da-
moyselle Mathlrine de Vilieev, espouse de messire Toossaiwts
DE Vauloger, escuïer, siêur de Maucouveil et de la Martinière,
comme aïant pour ce procuration de Monsieur son mary,
rettenu par Sa Majesté pour le service du ban et arrière
ban, par ses vassaulx y desnommez de la parroisse de la
Chartre, pour les rentes y mentionnées, duquel adveu signé :
Cornier et datte du dix-sept d*aoust 1635 appert la qualité. . .
Folio 16, verso,
d'escuïer donnée audict feu Toussaint de Vauloger.
* Et miauz : de Masquerel (a,lik% Makarel); cette famille^ qui se pré-
tendait originaire d'Angleterre, apparaît en Normandie dès le onzième
siècle ; elle a donné aussi des chevaliers croisés. Elle semble avoir pris
fin avant 1759. — Armes : d'argent à la fasce d'azur diaprée d'or
accompagnée de 3 roses de gueules^ ^ et 1 .
' Frère delà dame de Villeray, et fils d'Antoine III de Masquerel,
Ch*', S*' d'Hermanville, marié, en 157 1 . à Marguerite de Ghabannes la
Palice (de gueules au lion d'hermines couronné d'or], laquelle avait
pour mère Catherine de la Rochefoucauld [burelé d'argent et d'azur
à trois chevrons de gueules brochants, le premier écimé.)
' Lire : Hermanville.
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120 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Le quatriesme est un contracl de lavante l'aitte par messire
de Vabres, escuïer, seigneur de la Ville et de Moncontour, au
proffict de noble Toussaints di Vauloobr, escuïer j seigneur de la
Martinière et de Maucouveil, du flef du Guast, scis en la
parroisse de Ruilly sur le Loir*, avoq touttes ses appendances
etdeppendances, lequel contract passé, le dix-neufviesme de
juin i639, devant Boudet, notaire au Ghasteau du Loir,prouve
de la qualité d'escuïer tousjours prise par ledict feu Tous-
sainct de Vaulloger.
La cinquiesme est une grosse en parchemin d'un adveu
rendu, le trente de novambre 1643,à messire Tous^Aifm^B Vaol-
LoaE», escuïer, seigneur de la Martinière, du Guast, de la
Borde, de Maucouveil et aultres lieux, par ses tenanciers y
desnommez, pour cause des biens y mentionnez deppendans
de laditte seigneurie de la Martinière, signé : Cornebuix.
Le sixiesme est un aultre adveu aussy en parchemin, datte
du vingt-deuxiesme jour de may 1649, rendu à messire Tous-
SAiifCT DE Vauloobr, escuïer, seigneur de la Martinière, du Guast
et de la Borde, comme hérittier de feu messire Jacques de
Millessan, vivant escuïer, seigneur de la Ribochère, parles...
Folio i7, recto. Signé : db Maceuult.
personnes y desnommées pour raison des biens dépendans
de laditte seigneurie de la Ribochère, en la parroisse de La
Chartre, signé : Lebert, par lesquels adveux paroist la no-
blesse dudict feu Toussainct de Vaulloger.
La septiesme est une grosse en parchemin d'une transac-
tion accordée, le cinq de febvrier 1656, entre noble homme
TousiAiNTs DE Vauloqbr, escuïcr, seigneur du Guast et de La
Martinière, et messire Louys db Goursillon, veuf de damoyselle
* Lire : Raillé sur Loir (Sarthe, arr. de Saint-Calais.) Cette paroisse,
où les Vauloger 8'étaieat fixés ea 1667, dépendait du Veadômois, et
de la généralité d'Orléans, c'est pourquoi le présent jugement de
maintenue fut rendu par l'intendant de cette généralité et non par
celui de Tours.
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Gôôgk
Jbhannb de Vaulooer, au subject des biens composant la succes-
sion de laditte damoyselle ainsy que celle de feu noble Oqbr de
Vaulooer, son frère, vivant esciiïery sieur de Liste, mousquet-
taire du Roy y laquelle transaction, passée devant René Ro-
chebouôt, notfaire royal à La Chartre,et de luy signée^montre
de la noblesse dudict feu Toussaint de Vauloger.
La huktiesme et dernière est le testament en parchemin
dudict feu messire Toussaints de Vaulooer, escuïer^ seigneur de
Lisle, la Ribochère, le Guast, la Martinière, Maucouveil, Mo-
querolle et aultres lieux, lequel, dressé le trente d'avril 1661,
devant ledict Rochebouôt, notaire, prouve de la qualité d'es-
cuïer tousjours prise par ledict feu seigneur*.
Item, pjur pareillement faire cognoistre de la qualité
Folio i 7, terso.
descuters prise par lesdicts sieurs de Lisle ^ de la Borde et de la
Ribochère^ filz dudict feu Tgussaints de Vaulooer, produisanSj
laquelle ils peuvent valablement continuer et les en/fans issus
d'eux, produisent neuf pièces cottées ensemble par mesme
lettre... M.
La première est le contract de mariage d'entre ledict René de
Vaulooer', du présent sieur de Liste, escuïer, mousquettaire de
Sa Majesté, fllz desdicts messire Toussaihts de Vaulooer et feue
Mathurine de Vilroy, et noble damoiselle Maodelaine de Gaultier' ,
• Décédé le 2 avril 1662.
' Baptisé à laChartre, le 15 juin 1634.
' Aliàs : sans la particule de ; cette famille de Basse-Normandie et
du Maine, coQQue depuis Guillaume Gautier et Philippe Gautier,écuyers,
vivants en 1419 et 1452, ayant, par suite de revers de fortune, dérogé
à la noblesse; y fut rétablie en 1553. Ses deux branches les plus
brillantes, celles des S«" de Ghiffreville et celle des 88" du Tilleul, ont
contracté des alliances avec les du Plessis-Ghâtillon, de Vauquelin de
la Fresnaye, Le Tonnelier de Breteuil-Charmeauz, O'Brien de Thomoad,
de Proulay-Tessé, de Ghoiseul-Praslin, de Léttoncourt, de Fumel, etc.
Celle des Si" de Saint Basile subsiste encore. — Armes : de gueules à
2a crotx ancrée d'argent f reliée en cœur de sable el cantonnée au
i*' canlon d'un croissant d'argenL
122 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
fille de messire Charles Gaultier\ escuïer, seigneur
de Montréal et de Cheffreville^, et de dame Magdelaine Du-
plessys de Chastillon^, passé devant Pavet. tabellion juré à
Presney-le-Viconte*, le quatorze de janvier 1659, signé du-
dict notaire enffln de la grosse estant en parchemin, par le-
quel il a pris la qualité d'escuier*.
Le $eco7id est un extraict battistaire en papier des registres
de la paroisse de Chahagnes", signé du sieur curé dudict
lieu, du batesme de noble René Vauloqbr', fllz de messire René
* Fils de Jacques G., vicomte d'Argentan, et de Marie de Cordouan,
dont la mère était une Beaumanoir, Charles de 6. fut gentilhomme
ordinaire de la chambre du duc d'Orléans, frère de Louis XIII.
' Lire : Montreuil et Ghiffreyille.
' Lire : du Plessis-Gh&tillon. On trouve, dans le dictionnaire de
la Ghesnaye des Bois (t. XI), la généalogie de cette illustre maison,
connue en Touraine dès le début du onzième siècle, représentée aux
croisades, admise aux honneurs de la cour et récemment éteinte dans
celle de Durfprt. — Armes : d-argent à trois qxnnte feuilles de
gueules,
* Lire : Presnay-le-Vicomte, aujourd'hui Fresnay-sur-Sarthe, chef-
lieu de canton de Tarrondissement de Mamers (Sarthe).
* René de Vauloger, 3* du nom, chevalier, s'' de Lisle, et de la Mar-
tinière, puis du Guast (voir ci-après), dit le comte de Lisle, mourut
le 24 août 1685.
* Lire : Ghahaignes (Barthe, arrondissement de Saint-Galais).
^René IV de Vauloger, Gh«', S«' de Lisle, Le Guast, Maucouveil,
etc., comte de Vauloger de Lisle, suivit la carrière militaire. Il était
officier au régiment de Normandie (infanterie), le i*' février 1694, jour
où il fut fait chevalier de l'ordre royal etmilitairede Saint- Louis (Hist,
de Vordre de Saint-Louis, par Mazas, tome i, p. 130). Sorti du ser-
vice à la paix de 1697, il y rentra lors de la reprise de la guerre et ser-
vait comme capitaine-commandant au régiment de Flandre (infanterie),
lorsqu'il fut tué à l'attaque de Guerbignano,en 17U5 (ff ts^ de rancienne
infanterie française, par Suzane, tomeiv, p. 24). Il avait épousé, par
contrat du 12 juin 1686, devant Jean Gouhier, notaire à Sceaux (Sarthe,
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DE LÀ FAMILLE DE VAULOGBR 123
DB Vaulooer, escuHer, mousquettaire du Roy, et de damoiselle
Maqdblbine de Gaultier, en •datte de l'onziesme jour de^no-
vambre 1659.
Le troyziesme est un autre extraict battistaire, aussy en pa-
pier, tiré de l'église parroissiale de Marson, et signé du sieur
curé de laditte église,
Folio Î8y recto Signé : db S^chault.
en datte du cinq de septembre 1661, de Mathorine db Vadloobr ,
flUe née du mariage de noble Rewé Vaulocbr, escuîer, sieur de
la Martinière, et de dame Macdeleine Gaultier, danz lesquels
actes ledict René de Vauloger a continué à prendre laditte
qualité d'escuïer*.
arrondissement' de Marnera), Françoise-Marie-Marthe de Jupilles,
fille de Christophe de J.^ Ch*% (famille représentée aux Croisades :
parti emmanché d'hermines et de gueules), et de Marie de Goué (fa-
mille aussi représentée aux Croisades : d'or au lion de gueules^ sur-
monté d'une fleur de lys d'azur). De ce mariage, vint une fille unique
Jeanne-Marguerite de Vauloger de Lisle, mariée, par contrat du
!•' octobre 1715, devant Marin Ghaillou, notaire à Montreuil-le-Henri
(Sarthe, arrondissement de Mamers), à Louis ou Léon, comte d7ii£ers,
officier au régiment de Flandre, d'une des plus illustres maisons de la
Beauce {d*or à six annelets de gueules, 3, 2 et i), — Ainsi s éteignit
la seconde branche de la famille de Vauloger.
* Mariée, par contrat du 30 juin 1683, devant Vie; notaire à Sougé,
à messire Guillaume deBerziau, écuyer. S»"" de la Haye, d'une noble
famille d'origine normande, qui porte : d'azur à trois trèfles d'or,
2 eti.
* René III de Vauloger et Madeleine de Gautier, paraissent avoir eu
une autre fille, savoir : Genemève-Anne de Vauloger, femme de
René Peschard, £% S' des Rouaudières, (famille d'ancienne extraction,
originaire de Bretagne : de gueules à une bande d*or, chargée de 4
roses d'azur et accompagnée de 4 chats-huants d'argent), avec lequel
elle fonda, vers le début du dix-huitième siè:^le, les collèges de Che-
miré-le-Gaudin et de Maigné (Sarthe). (Voir la Géographie ancienne
du diocèse du Mans, par Cauvin, p. 239 et 240).
L'acte de partage de la succession de René III de Vauloger n'exis-
tant pas, on ne sait pas quel fut, au juste, le nombre de ses enfants
124 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
La quatriesme est un acte en papier des arrangemens pris
au subject du partage faict soub^ signatures privées entre
lui/ ; noble Françoys de Vauloqbr, escuier ; damoiselle Jacqueline
DE Vauloqbr, espouse de noble René Desghellbs*, escuîer, sieur
du Pastis ; damoiselle Masdelbinb de Vaulo«eh, espouse de noble
Robert de Goortoux', escuïer, sieur de la Gaignerie, et damoi-
selle SusANB DE Vadlogkr*, SCS frère et sœurs, comme se faisans
forts de Jean de Vaulooer, escuïer, autre frère, officier danz le^
gardes de la Reyne mère de Sa Majesté^ et de Looyse de Val-
LOQER, autre sœur, religieuse à Bloys*, datte du vingt-troiz
d'avril 1662, de touts les biens et effects délaissez par ledicl
T0D8SAINCT DE Vaulooer, escuïer^ leur père, et de (sic) laditte
A^ftxxnci^ damoiselle Mathurinr de Villeray, leur, mère, danz
lequel acte •
Folio i8, verso,
ils onttoutç continué à prendre les tiltres de noblesse.
* Aliks : d'Eschelles : famille du Vendômois, représentée aux Croi-
sades et sans doute éteinte. — Armes : de gueules k 3 fasces d* argent.
^ Une des bonnes noblesses du Mainn et du Vendômois, qui semble
éteinte. — Armes : d'argent à la fasce d'or, à la bordure dentelée de
sable, accompagnée de 3 roses de gueules, 2 et i.
' Mariée, fort peu après, à Abraham Fourré ou Fourrey, E', s' de
Beaupré, geutilbomme normand, de famille anoblie en 1494, qui fut
parrain d'Abraham de Vauloger, son neveu, et qui portait : écartelé
aux 1 et 4 d'or k Vaigle éployée de gueules ; aux 2 et 3 dfi gueules
à 3 chevrons renversés d'argent. (Voir la ^ecAerc/ie de la noblesse
faite en Î666 et années suivantes, dans la généralité de Caen, par
l'intendant Ghamillart. Appendice complémentaire et rectificatif,
Caen, Delesques, 1889, pages 21, 56, etc.)
* De Toussaint de Vauloger et de Mathurine de Villeray, était
encore née ; Françoise de Vauloger, morte avant 1662, sans en-
fants de Louis Couvey, E', S*" de Glatigny, gentilhomme de vieille
race normande établi au Maine, qu'elle avait épousé avant 1658, et qui
portait : d'azur au chevron d'or accompagné de 3 quintefeuilles de
même. (Môme ouvrage, même Appendice, p. 10).
DE LA FAMILLE DE TAULOGER 125
Le cinqtiiesme est un eschange en parchemin entre noble
Rbnê de Vaulocibr, escuïer, sieur de Lisle et de la Martinière,
et noble Françoyi» ob Vaulogeb, escuier, sieur de la Borde et du
Guast, frères, du bien de la Martinière, en la parroisse de La
Chartre, contre le bien du Gast^ scis en la parroisse de Ruil-
ly, par lequel eschange, accordé, le quatorze de may 1662,
devant Guestier, notaire à Sougé\ lesdicts sieurs de Lisle et
de la Borde ont encores pris la quallité d*escuïers.
La sixiesfne esl un extraict en papier des registres des ba-
tesmes de la parroisse de Ruilly sur le Loyr, du batesme d*A-
BRAHAM Vauloqer^ fllz duàict noble René, escuier^ sieur de Lille i
* Sougé (Loir-et-Cher^ arrondissement de Vendôme).
^ Abraham de Vauloger (4662-1743) fut l'autear de deux branches,
dont la seule qui subsiste est l'unique représentante de la maison de Vau-
loger. Voici sur ce personnage et sur sa descendance quelques détails
empruntés aux sources suivantes : d^abord trois documents qui vont être
cités plus loin; puis, les anciens registres paroissiaux de Gondé-sur-Noi-
reau (Calvados) et de quelques communes endronnantes, notamment :
Saint-Pierre du Regard^Berjou,Fres'nes(Orne),8aint-Oermain-du-Crioult
(Calvados) etc. ; — de nombreux papiers, titres, contrats et notes de
famille, et en particulier un grand jugement de maintenue de nobleeee
et de rectification d'actes de Tétat-civil, prononcé, le 29 décembre 1887,
par le tribunal de première instance de Vire pour la rectification
du nom de la famille de Vauloger altéré et tronqué pendant la Ré-
volution, etc., etc. — Abrahann de VsLuloger^ écuyer, s' du; Hamel
et de Beaupré, passa en Basse- Normandie, vers 1685 ou 1686, pour
recueillir i'béritage de Suzanne de V., sa tante, veuve et héritière pour
partie d'Abraham Fourré, S** de Beaupré, décédée le 14 mars 1686.
Cette dame laissait, par testament du 2 mars précédent, tous ses biens,
et notamment le fief de Beaupré, à son neveu, qui, inconnu dans
la région où il venait habiter, fut taxé pour payer le droit de
francs fiefs dû par les bourgeois possesseurs de terres nobles. Mais il
produisit ses titres établissant sa qualité de gentilhomme^ spécialement
le présent jugement de 1 667, et obtint dès lors un arrêt de reconnais-
sance de sa qualité de noble d'ancienne race et extraction^ le
déchargeant de toute taxe, que les commissaires des francs fiefs du
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126 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
et du Guat, et de damoiselle Maqoelaine de Gautier, son espouse,
duché de Normandie randireat à Rouen, le 23 novembre 4686 (Voir le
texte de cet arrôt dans V Appendice déjà indiqué de la. Recherche de
2a noblesse dé la généralité de C&en, p. 55 à 57). Puis, pour couper
court à toute autre contestation de ce genre, il se fit délivrer, le 17 août
1687, par M. de Gourgue, intendant à li généralité de Gaen, un certi-
ficat contenant l'analyse sommaire (filiation seulement) du jugement de
4 667, et où il est déclaré gentilhomme de bon lignage et de très
ancienne extraction (voir le texte de ce certificat dans V Appendice
à laRec/ierc/ie de la noblesse de la généralité de Caen, p. 57 à 60. —
On y a seulement imprimé par erreur la date de \ 697 qui est fausse
au lieu de celle de 1687 qui est exacte). Abraham do Y. habitait alors
le comté de Mortain et prit part, en 1688, comme brigadier dans la
compagnie de M. de Barenton, au service du ban et arrière-ban de la
noblesse de cette région [Annuaire de TOrne pour 1869; partie histo-
rique, page 35 et 36). Il se fixa peu à près à Condé-sur-Noireau (où
Ton se rappelle qu'habitait une branche illégitime de sa famille ; — -
Voir ci-avant la note mise en tête de l'acte du 22 janvier 1580) —
par suite de son mariage contracté, le 9 octobre 1692, avec Anne^
Jeanne de Prépetit, fille de Pierre de Pr, E', 8«' de Saint-Pierre,
lieutenant-général au bailliage de Gondé-sur-Noireau fde sinople à la
fasce d'or accompagnée de 3 merlettes de même 2 et î), et d'Anne
d'Amphernet, d'une des premières familles de la province (de sable à
Vaigle d'argent), — Après la mort de cette dame, il se remaria, par con-
trat du 40 janvier 1695, avec Marie Boutry duParc {d'azur à la croix
d'argent cantonnée de 12 étoiles de même, 3 dans chaque canton),
fille de noble Phiilippe B. du P. et de dame Marie Jouvin des Logos,
d'une ancienne noblesse tombée en dérogeance, à la fin du XVI* siècle,
et ranobiie par charges au XVII*. — Dupremier lit, vinrent 1 * Jean VII
de V. de B., qui suit ; 2* Renée de Vauloger, qui épousa, par contrat
du 3 janvier 1 71 2, Louis de Clinchamp d*Anisy, E', monsqueUire du
Roi; veuve en 1715, elle se remaria, par contrat du 13 août 4718, à
Jacques du Rozel de la Grésilière, E', aussi mousquetaire du Roi, et
mourut sans enfants en 1737. — Du second lit naquirent notamment :
4® Nicolas de Vauloger, E', S' du Manoir, garde du corps du Roi,
marié, en 1725, à Marie Leconte de Grandval; son fils, Louts de V.,
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en datte du huict de septembre 1662, et signé du sieur curé
dudict Ruilly,
dit M. du Manoir yota^ en 1789^ ayec la noblesse de Gaen (catalogue
des gentilshommes en f789, province* de Normandie, p. 19). — Marié,
en 1754 , avec Anne Le Clerc de Grandpré, il en avait eu : a. Nicolas-
François de F., E', 8' du Gerbier, né en 1763, émigré à Saint-
Domingue en 1780, votant en 1789 avec les gentilshommes de cette
colonie (CataL des gentils. — Colonies, p. 9),où il fut massacré lors de la
révolte — 1791,— ainsi que sa femme, Andrée de iSiars^ et leurs enfants ;
b. Louis-Sébastien de F., (4769-1841) capitaine d'infanterie, Gh' de la
Légion d'honneur, qui fit les principales campagnes du 4*' Empire. Sans
alliance. — 2** Jean de Vauloger de Beaupré, Gh", dit M, de la
Grange, qui devint mousquetaire du Roi, compagnie grise, capitaine de
cavalerie (1745), et chevalier de St- Louis (1747) et mourut en 4 T84,
sans enfants de Marie-Anne de Malfillàtre, de vieille maison nor-
mande ; — 3' René de F., Ch*', dit M, de Beaupré, qui devint briga-
dier des mousquaires du Roi, môme compagnie, lieutenant-colonel de
cavalerie (4 740-4 764), Gh*' de Saint-Louis (1761) et mourut sans al-
liance, en 1770. (Voir sur ces deux officiers, TStat militaire de
la France, de Roussel etMontendre, et THist. de Tordre de Saint-Louis,
par Mazas, t. i, p. 389) ; — 4» Michel de V., dit M. des Costils, et
du Boulay^ marié, par contrat du 9 mai 1747, à Renée de la Bigne,
fille de Guillaume-Jacques de la B., S^ de Beuville, gentilhomme d'une
des meilleures familles de la Basse-Normandie^ et de Renée de Bour-
don, petite-nièce de Jeanne d'Arc par les Ribault du Mesnil, Patrix,
Le Fournier deTournebu,de Villebresmeet du Lys;... sans enfants, etc.
yean VII de Vauloger de Beaupré, E', S«'de Beaupré, Plainville, le
Glos-Montbray, la Grière, leslles, etc., (1693-4781) ruiné par la ban-
queroute de Law (1721), se résigna à s'occuper d'industrie et monta de
grandes filatnres, bientôt extrêmement prospères, ce qui n'enlevait plus
la noblesse depuis les ordonnances de Louis XIV (on en aura bientôt la
preuve pour les Vauloger), et ce que faisaient beaucoup de gentils-
hommes (notamment les Patry, Bacon de Précourt, Guyon de Gorday,
de Golombel, de Livet, de Signard, de Montbray, Morin de Banne-
ville , Turgot , etc. , etc. , tous d'excellentes maisons normandes.)
Il épousa 4* par contrat du 27 août 4728, sa cousine germaine Louise^
128 JUGEMENT DE MAINTENUE SE NOBLESSE
La septiesme est un contract soubz seings privez, du neuf
Marie de Saint-Germain, fille d'une demoiselle de Prépetit et issue
d'une maison remontant à l'époque féodale (de gueules au chevron
d'argent accompagné de trois* besants de même), dont il n'eut
pas d'enfants ; %^ par contrat du 7 septembre 1731, Anne^Renée
Robline des Rivières (d'argent à àeux cotices de gueules accom-
pagnées de deux coquilles de sable), fille de noble Jacques R. des
R.^ ancien garde du corps du Roi, d'une Jamille anoblie le 45 juin
4699 el éteinte, et de Renée Brizolier de la Brizolière [d'argent à
trois flammes de gueules au chef d'azur chargé de trois étoiles
d'or), et petite-nièce de Jeanne d'Arc par les Robline, Halbout, de
Foret, de Radulph et Le Fournier de Tournebu , — dont il eut
notamment : 1"* Cfiar les- Louis de V. , E' , dit M. de la Grange ,
né en 1732 ; il devint, en 1768, capitaine au régiment de Normandie
infanterie, puis, en 1776, capitaine-commandant à celui de Neustrie
et Gh*' de Saint- Louis, et se retira du service en 1786. Il vota, en
1789, avec la noblesse de la généralité de Rouen (CataL des gentils-
hommes, province de Normandie, p. 92) et mourut, avant 1792,
sans enfants à' Antoinette Auber du Mesnil; — 2* Louis-Aymar II
de V. de B, qui suit; — 3» Pierre de V., E', dit M. de PlainvilU
(1739-1820), votant, en 1789, avec la noblesse de l'élection de Bernay
pour son fief de Plainville (Catal. des gentilshommes, province de
Normandie, p. 84), et marié, en 1775, Marie-Louise-Catherine de
Bourdon du Lys (fille d'une demoiselle d'Aigneaux et petite-nièce
de Jeanne d'Arc), d*où une fille unique : I.ouise-Catherine de
V. de PI , mariée à M. Malon de Morietix (depuis la Révolution :
Demorieux : d'azur à trois canettes d'or) ; — 4» Jacques-Gabriel-
Antoine de V. de Beaupré^ dit M. de la Cressonnière, né en 1754,
admis, le 3 février 1779, aux Ecoles militaires, sur preuves de noblesse
remontant à Toussaint de Vauloger et à Mathurine de Villeray
(Voir le Bulletin héraldique de France, année 1889, colonne 534),
nommé sous-lieutenant au régiment d'Aquitaine (infanterie), le 18
septembre 1781 [Tableau de la noblesse militaircy par de Warro-
quier de Combles, t. i, p. 20), et mort aux Indes en 1783.
Louis-Aymar II de Vauloger de Beaupré (1736-1828), E', 8^
de Beaupré, la Grière, le Glos-Montbray, les Isles, etc., en Normandie,
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DE LA FAHILLS DE VÀULOGER 129
d'aoust 1663, reconnu, devant les tabellions d'Argentan en
Normandie, le vingt huict d*aoust suivant, du mariage de
et de la Borde (acquise le 3 décembre 1781, revendae le 2 mai 1789)
ea Champagne, province où il se trouvait en raison de ses affaires
en Tannée 1789i et où il vota alors^ à cause de son fief de la Borde
avec les gentilshommes du bailliage du Montereau [C&t, des Gent,,
province de Champagne, p. 37). LorsquW créa les tribunaux de
commerce, il eut Thonneur d'être, le premier, nommé président de
celui de Gondé-sur-Noireau et il remplit ces fonctions de 1792 à 1796,
époque où il cessa de s'occuper de filatures. Vers le même temps, la
banqueroute des assignats lui fit perdre la plus grande partie de sa
fortune, qui s'élevait à un chiffre considérable. Il avait épousé, le
4 juin 1771, Marie-Adrîenne Dorenlot de la Carterée^ fille de noble
Jean D. de la G. conseiller et secrétaire du Roi, d'une famille anoblie
le 21 novembre H 3 2, et éteinte (d'azur à Vagnus Dei d* argent accom-
pagné de trois étoiles d'or — puis les armes de J. d'Arc), et de Marie
Boutry du Manoir, dont la mère était Anne de Bourdon, petite nièce
de Jeanne d'Arc. De ce mariage naquirent : un fils, JuUs-^Louis III
de V. deB. (1779-1840)^ marié, en 1804, à FrançoiseLe Fauconnier
de Cussy (d'argent à 6 màcles de gueules 3, 2 et i), petite nièce de
Malherbe, et père d'un fils unique ; — et trois filles : M"** de Givel
de la Grivellière ; Scelles de Grainville ; et de Guéroult.
Le chef de nom et d'armes de la famille, petit-fils de Julos-Louis III
de B. de V,, et fils de Léon Jules de V. de B. de conseiller à la cour
de Caen, etGh"' de la Légion d'honneur (1805-1864) est Paul Léon^dr
Vauloger de Beaupré (vingt«cinquième degré de la filiation), ne en 1832.
Entré dans la magistrature en 1858, et devenu dans la suite procureur
général à Limoges (1873), puis à Toulouse (1875), puisa Rouen (1875),
destitué en 1879, chevalier delà légion d'honneur (1875), dignitaire de
plusieurs autres ordres^ il a épousé le 3 septembre 1861, D^^* Ma-
THiLDE Marie Ghbnel ou Ghesnel (petite-fille de Philippe René Ches-
nel, E', vice-président du tribunal civil d'Alençon, votant en 1789, avec
la noblesse de cette ville (CafaL des Gent., prov. de Normandie', p. 6),
et incarcéré pendant la Terreur ; il était issu de la famille. des Ghesnel,
8s" de la Ghaperonnaye, connue en Bretagne dès Tan 1163, repésen^tée
à la 7* croisade et dont deux branches, celle de la Houssaye et celle des
T. VI. — DOCUMENTS. — Vl** ANNÉE, 2* LIV. 9
130 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
noble Jean de Vaulloqer, escuïer, seigneur de la Rebu chère ,
officier dans les gardes de la Reyne mère du Roy, fllz desdicts
feux messire Toussaints de Vauloobr et dame Mathdrine de Vujlat
avec kautte et noble damoiselle Gabrielle de Moittoomert*, fille
de feux haut et puiçant seigneur
Folio i9f recto. signé de Machault
messire Gàbriely comte de Montgommery, et de hautte et pui-
çante [dame Aymée de Chastenet^, duquel mariage appert
Testât de noblesse dudict Jean de Vauloger.
La huictiesme est un adveu en parchemin, en datte du trente
de juin 1664, rendu knob!e Françoys hb Vadlogbr, escuïer, sieur
de la Borde et de la Martinière*, par ses vassaulx y desnom-
Noaettes,OQt habité la Normandie. — Armes: de sable à la bande fuselée
de six pièces d'or, (Le président Chesnel avait épousé Anne-Jeanne-
Flore de Launay des Isles^ petite nièce de Jeanne d'Arc, par les Le
MaigneA de Bretheville, de Marguerite etLeFournier de Tournebu.) De
M. de Vauloger et de M^^* Chesnel sont issus une fille et deux fils,
seuls représentants en ligne masculine, avec leur père de Tancienne
maison de Y. — L'aîné est lieutenant au 144* régiment de ligne.
Les autres alliances directes de la famille de Vauloger ont été prises
avec les ; Hesnard de la Londe ; de Groisilles-Mutrécy ; Le Bastard
de Mallemont ; de Montbray ; Boutry du Manoir ; Hobey des Granges ;
Garel ; de la Roque ; Robline du Buisson ; Poret de la Villette ; Le
Harivel d*Harville et du Bois de Bellegarde.
* Lire : la Ribochère.
' Lire : de Montgommery ; une des familles les plus connues de la
haute noblesse française issue des anciens vicomtes d'Exmes. H"* de
Vauloger avait pour sœurs les dames du Four de Guy et Lambert
d'Herbigny. — Armes : Ecartelé aux i et k d'azur à 3 fleurs de lys
d'or, aux 2 et 3 de gueules k 3 coquilles d'or.
' Lire : de Ghastenay, de la maison des comtes de Ghastenay de
Lanty, en Lorraine et Ghampagne^ qui a été admise aux honneurs de
la cour et a pris part aux croisades. Armes : d'argent au coq de
sinople, becqué, creté et barbé et couronné de gueules.
^ La terre de la Martinière fut vendue, avant 1669, à Jean Rottier, de
Marçon, qui en portait le surnom le 10 février de cette anoée-là.
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DE LA FAMILLE DE VAULOGER 131
mez de la parroisse de La Chartre, pour raison des biens
deppendans de laditte seigneurie de la Martiniôre, danz
lequel ledict sieur reçoit le tiltre d*escuïer.
— François de Vauloger ne demeura pas en Vendômois. Dit plus tard
le marquis de FauZo^er, il épousa par contrat du trois juin 1668,
devant Bouquerat, notaire à Souvigny (Allier), D"« Louise^Csitherine
Htuse ou Heuzé {de sable à la fasce alaisée et nébulée d* argent^
et mieux, de sable au bâton noueux d'argent mis en fasce), dame
de Bonnay, à Toulon-sur- Allier (Allier), fille et. héritière de Laurent
H.^ E', grand trésorier de France à Moulins, et de Louise de Marguerie.
Le marquis de Vauloger se fixa à Paris où il mourut en 1690, laissant:
l*> Zaureni-François, qui suit ; 2** Louise H. de V., mariée, en
1695, à Jacques-Pierre de la Roque, comte de Gravelines. —
Laurent-François Heusé, marquis de Vauloger, né en 1669, con-
seiller du Roi eu ses conseils, premier président des grands trésoriers de
France au bureau des finances d'Alençon vers 1710, décédé à Paris,
en son hôtel de la place Louis-le- Grand, le 11 septembre 1742,
épousa, en 1690^ Louise-Françoise de Bouteros (Ecartelé en sau»
toir, au i d'argent à trois fasces de gueules, aux 2 et 3 d'or au pin
desinople, au ^d'argent à deux marmites de sable l'une sur
Vautre, Vécu entouré d'une bordure de gueules semée de huit
besants d'or, trois^ deux et trois), fille de Louis Martinez, comte de
Routeros et de Cécile de Galvimont d'Hermanville ; il en eut : 1^ Louise
Françoise Heu^é de Vauloger, née en 1691, morte le 21 août 1764,
mariée ; (a) à Louis- Joseph de Vâtboy du Metz, marquis de Ferrières,
dont elle eut le marquis de Ferrières, le comte du Metz, père de la
marquise de Nettancourt Vaubecourt, et la vicomtesse Gaignat de
Longny, mère des marquises de Gustine et de Louvois ; (&) à Christian
Dagoberlj comte de Waldner de Freundstein, lieutenant-général des
armées du Roi^ grand croix du mérite militaire, dont elle n'eut pas
d'enfants (contrat du !«' avril 1748) ; — 2* Cécile-Marie Heusé de
Vauloger, morte en 1 700; — 3» Anne-Françoise Heusé de Vauloger,
née en 1596, mariée, le 8 août 1715, à Jean-Charles, comte de Bar,
lieutenant pour le Roi en Rerry, dont elle était veuve en 1942 ; —
4* Marie-Catherine Heusé de Vauloger, fille de Saint-Thomas de Ville-
neuve (consulter, sur la branche des marquis de Vauloger, le Bulletin
héraldique de France, année 1889, colonnes 14 à 16).
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132 JUGEMENT DE MAINTENUE DE NOBLESSE
Et la neufviesme et dernière est un extraict des registres
de la parroisse de Ghahagnes, signé du sieur curé de laditte,
et datte du treize de may 1666, du trespaz de noble dame
GABtIBLLB DK MONQOMMBRY, eSpOUSS de flOblc JSAN DE VaULOOEM,
y mentionné escuïer, seigneur de laRibochère, antien officier
danz les gardes de la feue Reyne mère\
Et flnallement, produisent lesdictz produisans, pour la
conservation de leurs armes, généalogie et tiltres, le présent
inventaire dressé par maistre Pierre Parent, leur procureur,
et de luy signé, cotté par. . . N.
Signé : Parent, Pr. des produisans, N.
Folio i9j verso,
Veu par nous Louis de Machault, chevalier, conseiller du
Roy en tous ses conseils, maistre des Requestes ordynaire
de son hostel^ commissaire desparty par Sa Majesté pour
l'exécution de ses ordres en la générallité d'Orléans^ les
pièces et tiltres mentionez danz Tinven taire cy joint, à nous
représentez par Rbmé de Vauloqbr, escuïer, sieur de Lisle et
du Guat, par Françoys de Vaulooer, escuïer^ sieur delà Borde et
de la Martinière, et par Jean de Vauloqbr, escuïer sieur de la Ri-
bochère, ses frères, pour satisfaire à l'arrest du XXII
marz 1666, et aux ordonnances rendues en exécution d'yce-
luy; veu le désistement de M* Mathurin Delorme, commis
par Sa Majesté pour la recherche des usurpateurs de no-
* Demeuré veuf et sans enfants, Jean de Valoger parait 8*ôtre retiré
sur les confins de la Normandie et de rile-de-France, pays où il avait
peut-être contracté une seconde alliance. Du moins, me semble-t-il
guère possible d'hésiter sur son identification avec le personnage que,
par un nouvel effet de son imagination, d'Hozier a afflublé des nom et
armes suivants, dans V Armoriai général de France de 4696 (fit&ho-
thèque nationale. Cabinet des titres, Registre de la généralité de
Rouen^ pages 1124 et 1125) ; — N... de Yaurooer^ officier de feue la
Reyne mère : « d'argent à un rosier de sinople fleuri de gueules,
mouvant sur un mont de coupeaux (sic) aussi de sinople. »
blesse en ladicte généralité, ensemble les conclusions du
Procureur du Roy, auquel a esté communiqué, et tout con-
sidéré ;
NouSy commissaire susdict, avons donné acte atixdictz db
Vauloqbr de la représentation de leurs tiltres et pièces justif fi-»
catives de leur noblesse d*antienne extraction et gheyallerib, pour
jouir par eux de touz les privilèges accordez aux nobles suivant
les ordonnances et règlemens, tant et sy longuement qu'ils ne
feront acte dérogeant, et pour estre à cet effect inscripts et
compris dans l'estat et cathalogue desdîctz nobles qui sera faict
et dressé conformément audict arrest du XXll de marz i 666,
et ont lesdictz pièces et tiltres esté rendus auxdictz Vau-
loger, aprez
avoir esté paraphez par le greffier de nostre Commission.
Et un double dudict Inventaire demeure au Greffe annexé
au présent jugement avecq les armes et blazon de la maison
et famille desdicts sieurs de Vauloger.
Faict à Orléans, ce troiziesme avril mil six cent soixante-sept.
Signé : se Machault.
Par môndict seigneur;
Folio 20,\verso.
Signé : Chbnxtdxau.
René du LYS.
PIN.
NOTES HISTORIQUES
SUR LA
PAROISSE DE CAMPBON
L ^ÉGLISE de Campbon, ecclesia sancti Pétri et sancti Martini
de Campobono était autrefois placée sous l'invocation
de saint Pierre, et de saint Martin, abbé de Vert ou ;
elle est aujourd'hui sous le patronage de saint Victor,
Cette paroisse est très ancienne et, d'après la tradition, elle
existait dès le cinquième siècle*.
Ses anciennes limites étaient : au nord, Sain t-Gildas des Bois
etDrefféac : àTest, Gueurouët, Quilly,etBouvron ; au sud, Sa-
venay, la Chapelle Launay et Prinquiau ; à Touest, Besné et
Pontchâteau.
La population, d'après Ogée, s'élevait à 3000 communiants
ce qui représente un chiffre total d'environ 4,500 habitants.
La superficie du territoire de l'ancien Campbon était de
7,564 hectares. On prétend, qu'autrefois, les villages de la
Barre, la Touche, la Galernais, la Salle, etc., situés au midi de
la route de Vannes et dépendant actuellement de la Chapelle-
Launay, appartenaient à Campbon.
En 1832, la frairie du Grand-Seuvre avec le village du Parc,
fut annexée à la paroisse de Quilly ; le curé de Campbon
* M. Phelippes-Beaulieu, dans son Essai historique de la commune de
Santrou, cite la date de 560 pour Campbon,
NOTES HISTORIQUES SUR LA PAROISSE DE CAMPBON 135
s'efforça inutilement de conserver ses droits sur la chapelle de
N.-D. de Planté qui dépendait de cette frairie.
Enfin, en 1842, Sainte-Anne fui érigée en paroisse avec les
• frairies du Nubie, de la Grande ville ^ de Saint-Lomer, de
Cautret, et une partie de la frairie de Saintes-Barbe.
Cette monographie devant s'arrêter à 1803, nous aurons
à faire l'historique du vieux Campbon, tel qu'il existait à cette ,
époque.
La cure de Campbon était une vicairie perpétuelle à la pré-
sentation du chapitre de la cathédrale ; on croit que ce droit
remontait à 980, époque où l'Eglise, détruite en 878» fut re-
bâtie par les soins de Guérech, comte de Nantes.
Non-seulement les chanoines, curés primitifs, avaient le
droit de présentation, mais encore ils percevaient les dîmes
et jouissaient des oblations qui se faisaient tant dans Téglise
que dans les chapelles. A eux aussi appartenait le droit de
célébrer l'office divin aux fêtes de Noël, de Pâques, de la
Pentecôte, de la Toussaint et le jour de la fête Patronale.
En outre, les dits chanoines se réservaient^ aux termes
d'un acte daté de 1567, trois pièces dans la cure, dont ilsgar--
daient les clefs, une partie dti jardin, la place de leurs che-
vaux dans les écuries et enfin les deux tiers de la dtme.
Nous verrons plus tard comment ces abus furent réformés,
grâce à l'énergie et à l'obstination d'un vicaire perpétuel
de Campbon.
D'après l'article 21 de l'édit de 1605, les chanoines de
Nantes étaient tenus à entrenir et réparer conjointement avec
le curé et dans la proportion des deux tiers contre un tiers,
le tabernacle du maître autel, le carrelage, le vitrage et la
couverture de l'église.
Enfin, à la mort du curé, ils subvenaient aux réparations de
la cure dans les mêmes proportions, et les héritiers du défunt
pour leur tiers.
L'Église de Campbon, bâtie vers la fin du V* siècle et dédiée
à saint Pierre, fut détruite en 878 par les Normands, et ce ne
136 NOTES HISTORIQUES
fut qu'en 980 qu'elle fut relevée et dédiée alors k saint Martin
de Vertôu, Elle fut reconstruite, dans le XIII* siècle, par les
soins d'un seigneur de Coislin et peu à peu elle fut agrandie
et complétée.
Un grand nombre de chapelles s'élevaient sur le territoire
de cette religieuse paroisse, en voici les noms : Saint-Anne,
fondée en 1608, rebâtie en 1679, aujourd'hui paroisse;
Sainte-Barbe; Bessac^ ; Saint-Jean, dans le bourg; 5ain/-
• Voir Quilly.
Jacques ; Saint-Lomer ; Saint-Martin ; Saint-Michel ; le Quinyo ;
Notre-Dame-de- Planté ; SainUVictor, et enfin la chapelle do-
mestique et seigneuriale de Coislin, qui était déjà tombée en
en ruines avant la Révolution.
A toutes ces chapelles étaient attachés des bénéfices qui
servaient à l'entretien des chapelains ; ils furent tous vendus
à vil prix pendant la Révolution, et toutes les chapelles
furent brûlées, sauf celle Aq Saint-Victor qui fut achetée et
convertie en écurie pour les chevaux.
' Saint-Victor dont nous avons déjà prononcé le nom, fut
une des gloires les plus pures de Campbon, et Thonneur d^^nt
il jouit dans cette paroisse n'a jamais été plus grand que de
nos jours.
Sur un registre de paroisse assez complet, nous trouvons
cette phrase remarquable que nous reproduisons en entier :
« Heureuses les paroisses qui jadis furent embaumées par
les vertus des saints; le parfum ne s'en perd jamais et du
haut du ciel où ils régnent dans la gloire, leurs regards
s'arrêtent avec amour sur les lieux bénis où ils moissonnèrent
leur couronne ; de préférence, par leur puissante interces-
sion, ils y attirent les bénédictions du Très-Haut et y appellent
ses signalés bienfaits ! »
Qu'il nous soit permis d'ajouter que, de nos jours, ces béné-
dictions ont été plus évidentes que jamais dans cette paroisse
si fidèle à Dieu et à toutes les grandes causes ; la preuve nous
en a été donnée dans la lutte si ferme et si généreuse sou-
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préoccupant a
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Bénéfices,
Le bénéfice ecclésiastique était un droit permanent, per-
pétuel et légitime qu'un clerc avait, de percevoir les fruits
de certains biens consacrés à Dieu, en raison d'un office spi-
rituel qu'il exerçait dans l'église, suivant Vétablissement qui
en avait été fait par l'autorité du Pape ou de l'Evoque.
par tant de miracles, et Dieu permit qu'il ne lui arrivât pas le plas léger
dommage. Actuellement, la belle pierre en granit qui le recouvre et prend
toute Tépaisseur du mur, est celle sur laquelle, dans la suite des âges, tant
de lèvres chrétiennes se sont collées avec amour.
Lorsque les ouvriers furent arrivés à l'oSO de profondeur, je passai presque
mes journéefs arec eux. Je fis enlever une quantité de terre rapportée pour
l'exhaussement du chœur et je trouvai Tautel primitif, bâti en terre battue,
recouvert presqu'en totalité d*une pierre de granit assez mince. Sous cette
pierre, je trouvai des fragments d^ossements qui me firent penser que c^était
bien l'ancienne pierre sacrée.
Je ramassai soigneusement ces fragments vénérés et mis à part cette pierre,
longue d*un mètre et large de 0n»,50 qui touchait le mur du fond de Fan-
cienne chapelle. Je fis continuer les recherches, si désireux que j'étais de
trouver quelque chose qui touchât dé plus près encore à notre saint bien-
aimé. A quarante centimètres avant d'atteindre le roc, j*aperçois ua sarco-
' phage formé de quatre pierres longues et plates, une à droite et Tautre à
gauche, dans toute la longueur, la troisième aux pieds et la quatrième, posée
sur les deux longues, mais seulement au-dessus de la tête. Je venais de trou-
ver Tau tel où probablement le pieux solitaire avait célébré les saints mystères,
allais-je voir ses précieux ossements I Mon cœur battait et je me disais : On
a bien dit que ses reliques avaient été perdues, mais de pieuses mains ne les
auraient-elles pas enfouies ici dans la crainte de les voir profanées par les
huguenots.
Je savais du reste qu^au moyen-âge, au XI® ou XIII* s. à, de pieux fidèles
étaient chargés de porter en Bretagne, en Poitou, en Normandie,dan8 Peau de
laquelle on avait trempé ces ossements et que cette eau opérait des miracles.
Je pris donc avec respect ces os encore bien conservés et surtout la tête, re-
marquant parfois qu'ils n*o cgpaient pas tous leur place naturelle, d*où je
conclus qu*ls avaient été déposés là après coup, chose qui fortifiait encor
mon espoir.
Ayant renfermé le tout dans un linge blanc, je cherchai encore longtemps
dans le sarcophage pour voir si je n*y trouverais pas une pièce de monnaie
ou quelqu*autre objet qui me mit sur la piste. Vain espoir ! Lassé de palper
et de regarder, j^emportai les ossements que je renfermai dans le tombeau
du saint avec ceux que j*avais trouvés sous la pierre de Tau tel primitif.
{Histoire de la reconstruction de la chapelle de Saint-Victor^ par M. Halgan,
curé de.Campbon. — Registre de la paroisse,)
SUR LA PAROISSE DE OAMPBON 18^
Les bénéfices avaient été établis pour obliger ceux qui en
étaient pourvus, à honorer Dieu et ses saints par leurs prières,
à servir de médiateurs entre Dieu et les peuples, en priant
pour eux et en expiant leurs péchés par des sacrifices, et
pour les attacher au service d'une église, en les débarras-
sant des soins et des sollicitudes que causent les besoins de
la vie.
Un grand nombre de bénéfices existaient dans cette pa-
roisse et Ton prétend qu'il en fut vendu pendant la Révolu-
tion pour une valeur de 400.000 francs.
Le plus considérable était le bénéfice de Maumarchéy fondé
par Hervé de Moayre, prêtre de Campbon ; il consistait en
une maison au bourg avec jardins, prés, champs et bois, et
de plus une métairie au village du Broussais.
Le bénéfice de Saint-Victor, fondé par Pierre Demoyre,
également prêtre et neveu du précédent.
Le bénéfice de VAumôneriey fondé en 1526 pour Olivier
Boudet, prêtre, mort vicaire à Campbon.
Le bénéfice de Craincouët^ fondé par Jean Guiton, prêtre
originaire de Campbon et recteur de la paroisse Saint-Denys
de Nantes.
Le bénéfice de TV^j'OWé'/, fondé par Jean Charpentier, prêtre
de Campbon.
Le bénéfice du Pont-Guérin et de la Herviais, fondé par
Jacques Bécigneul, égalehient prêtre de la paroisse.
. Le bénéfice Caillon, fondé par Pierre Caillou, prêtre de
Campbon.
Le bénéfice de la Pélauderie, très considérable, fondé par
Jean Guyschon, vicaire perpétuel de Campbon.
Le bénéfice Boussardy fondé, par Roland Boussard, prêtre.
Le bénéfice David, fondé par Pierre et Michel David, prêtres
de Campbon.
Le bénéfice de la Feustrarderie, fondé par Trystan Feus-
trard et augmenté plus tard par Vincent,* son neveu, tous
deux prêtres de Campbon.
140 NOTES HISTORIQUBS
Le bénéfice de la Charpenterie^ fondé par Jean Charpentier,
neveu du fondateur du bénéfice de Tregouè't.
Le bénéfice de Robert Paillard, prêtre deCampbon.
Le bénéfice de la Préverie.
La fabrique de Campbon comptait, en 1790, 104 contrats de
constitution dont le revenu montait à 947 livres.
Les charges pouvaient s'élever à 200 livres par an, plus
200 autres pour le maître d'école et cent livres pour la
mission décennale.
La paroisse.de Campbon se divisait en douze frairies,
1® La frairie de Mons.
2® La frairie de Saint-Victor.
3* La frairie de la Fouaye.
4' La frairie de Bessac.
5» La frairie de Grand-Seuvre.
&* La frairie de Sainte-Barbe,
7° La frairie de Nubie.
8* La frairie de la Grande ville.
9° La frairie de Saint-Lomer.
10** La frairie de Cautret.
11° La frairie de Saint- Jacques.
12* La frairie de Sainte-Anne. .
En 1580, on érigea dans Téglise l'autel du Rosaire^ mais
la Confrérie du Saint-Rosaire ne fut établie, paraît-il, que le
19 août 1683, par les Dominicains de Nantes.
Seigneurie de la Paroisse.
La seigneurie dont le château de Coislin était en dernier
lieu le siège, appartenait à la maison du Cambout, origi-
naire du comté de Porhoët, et dont Tantiquité se perd dans
les siècles les plus reculés* .
• Alain /•% tire du Cambout, Tirait en 1300 ; Gilbert, 8oa flU, épouM
Marguerite de Goyon de Matignon, dont il eut cinq enfanta.
Cette seigneurie, devenue successivement marquisat et
duché-pairie, n'était, dans Torigine» qu'une simple tenure
féodale relevant de la baronnie de Pontch&teau, sous la chas-
tellenie de Gampbon. Elle appartenait au quinzième siècle à
la maison de la Muce ainsi que nous allons le voir.
Le marquisat de Coislin, réuni aux baronnies de Ponlchâ-
teau et de la Roche-Bernard, et à la terre et seigneurie de
Brignan, en Pontchâteau,fut érigé au mois de décembre 1663
en un duché-pairie qui s'étendait sur les paroisses de
Campbon, Quilly, Chapelle-Launay, Besné, Guenrouët^ Dref"
féac^ Pontchâteau, Crossuc, Missillac, Saint-Gildas, Saint-
Dolay, Sévérac, Nivillac, Herbignac, Assérac et Camoël.
Les terres et seigneuries de Champbon étaient les sui-
vantes : Bastine, Bessacy Bocguehan^ Bois de la Lande, Bosse-
Marion, la Bramblaye, Campbon, le Chastellier, Coislin, la
Girelais, le Guignot, laHirtais, Lauréat, la Morandais, la Pi-
ratais, le Serric, la Sublaire, Trevecar et Villehouin. (De
Cornulier, Dict. des terres du Comté Nantais).
Bastine. — Terre. — 1681, Ecuyer Pierre de Couesnon. —
1700, Jane Guyton, dame de Kerlien.
Bessac. — Ancien château et chapelle. — 1200, Marie d'Ar-
dennes, femme de Geoffroy du Sériç. — 1681, Armand du
Cambout.
Bocquehan. — Terre. — 1415, Jean Le Voyer. -— 1431, Pierre
Eder. — 1670, René Bertho. — 1681, Jean Michel. — 1700,
Roland Gérard, sieur de Saint-Germain.
Alain II, échanson du duc en 1372, épousa 1* Jeanne de Tournemine, dont
il eut trois enfants ; 2* Orable Piquet, dont il n'eut pas d*enfants.
Etienne^ capitaine de Moncontour, la Hunaudaye, Chatel-Audren, épousa,
le 16 août 1412, Catherine de la Motte dont il eut cinq enfants.
Jean J, sire du Cambout, épousa en 1444 Jeanne de Quélen^ dont il eut
quatre enfants.
Jean II, épousa en 1480 Robine Âvalèye, dont il eut quatre enfants ; il
mourut en 1534.
Alain III, épousa Jacquemine de Guémadeuc et en eut trois enfants, dont
René^ l'alné, grand Teneur et grand maître des eaux et forêts, épousa
Française Baye, dame de Coislin et de Mérionec, fille de François Baye
•t de Jeanne ChauTin (Voir Coiilin.)
142 NOTES HISTORIQUES
Le Bois de la Lande.— Terre. —1681, René Poureau. — 1691,
Françoise Edenin, fille de Pierre et de Renée Poureau, épouse
d'Ecuyer Honorât Baye. — 1725, Honorât Baye, époux de
Jane Orain.
La Bosse-Manon. — Terre. — 1681, Armand de Cambout.
La Bramblaye. — Terre. — Anoblie en 1466, en faveur de
JeanBouvier, dit Rivière, valet de chambre du duc.
Camion.— Châtellenie.-— 1449, vendue par Alain, vicomte de
Rohan à Arthur de Montauban, sieur de Crespon. — 1565,
vendue par Charles de Chambes^ baron de Pontchâteau, à
François du Cambout*.
Le Chastellier. — Terre. —1469-1492, Guillaume Gififard. —
1594, Jan Giffard. — 1681, Jacques Godelle, sieur du Verger
et N. de Moayre, sa femme. — 1767, de Moayre.
Coislin. — Terre. — 1442, Jacques de la Mure. — 1466, Guy
de la Muce. — 1472-1480, Jean de la Muce. — 1496, Gilette de
la Mu(fc, femme d'Alain Lé Guennec. — 1525^ Charlotte Le
Guennec, femme de Pierre Baye. — 1537, Françoise Baye,
femme de René du Cambout.
— 1577, François du Cambout, époux de Françoise du
Plessis-Richelieu.
— 1625, Charles du Cambout, marquis de Coislin en 1634,
époux de Philippe de Bourges et de Lucrèce de Quinquempoîx.
— 1648, Armand du Cambout, marquis, puis duc de Coislin
en 1663, époux de Marie du Halgoët ;
— 1702, Pierre du Cambout, duc de Coislin, époux de
Marie d'Aligre.
— 1710, Henri-Charles du Cambout, duc de Coislin, frère
du précédent, évoque de Metz, pair de France.
Le duché-pairie s'est éteint en 1732 avec la branche aînée
de la maison du Cambout, mais le marquisat a subsisté avec
la branche cadette.
— 1732, Pierre-Armand du Cambout, vicomte de Carheil,
* Oe Cornolier.
puis mai
Talhouët
— 1738 I
Goislin, -v
Adélaïde < i
— 1771.
Pierre-Lo
Colasseau
La Gire
Le Guig
de la Poi
de Saint-i
Pierre Le i
— Gene\ i
Françoise
La Hirti \
Marie de '.
Renée Le
Jan Alexa
Lauréat
La Mora i
1567, Jeha
1580, Pien
1630, Guy (
épouse de '
Loysel. —
LaPiroti
Jean de £
Bonaventu i
la Pirotais,
Le Série,
d'Alain de
Aubin, fem ;
Besné. — 1 i
Glemens. -
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144 NOTES HISTORIQUES
de Saint-Aubin. — 1649, Jaan de Saint-Aubin, époux de
Marthe Loysel. — 1665, René de Saint-Aubin, époux de
Julienne de l'Estourbeillon. •— Jean de Saint-Aubin. —
1680, Jean Provin. — 1795. — Jean Dubeing. — 1782,
Loui^ Dubeing. — 1759, Marie-François Dubeing, veuve
d'écuyer René de Martel.
Le Sublaire. — Terre.
Trevecar. — Terre et Juridiction. — Bâtine était la maison.
Ki7/tfAom.-- Terre et Seigneurie avec haute justice, en Bou-
vron, Campbon, Fay. — 1538, Jean Le Bel. — 1585, Guil
jaumede Cadaran, époux de Françoise du Ghastelier. — 1637,
François de Cadaran. — 1679, Jacob Pineau, époux de Jeanne
Le Roy. — 1730, Alexandre Pineau, époux de Claude Galet.
— 1750, Pierre Pineau, époux de Jeanne Meignen. — Pierre
Fourché de Quéhillac.
Il existait, en outre, àCampbon, d'après le registre de la pa-
roisse, d'autres maisons nobles et châteaux :
La Bodinais, à la famille Loysel, devait dépendre du Qui-
nyo. La Bergerie^ à la famille de Cramezel de Kerhué, de Gué-
rande. — Le château de Coustable, situé dans la partie nord
dudit village et dont les débris ont servi pour la cons-
truction des maisons. La tradition rapporte que son der-
nier seigneur portait le titre de châtelain du Verger ;
les habitants du village de la Juhelais devaient lui rendre
hommage le dimanche après la Saint-Jean, envoyant un
des leurs qui devait se présenter à genoux devant le sei-
gneur, la figure et la tête à moitié rasées, tenant en main
une pièce d'argent où était figuré un homme à genoux.
On croit que le plus ancien château deCampbon était celui de
Bessac^ détruit depuis des siècles, et à la place ducjuel on voit
les ruines d'une chapelle brûlée pendant la Révolution*.
< Missire Jaa Fouré^ recteur de la paroisse de QuiUy (1598-1634), fit re^
bastir à neuf la chapelle de Notre-Dame^e-Toutes- Aides ^ au yillage de
BessaCt en Gampbon, laquelle chapelle dépend de la cure de Quillj, et ont
droit de tout temps !ei recteurs de Quilly de jouir àm offrandes et an très
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T. VI. —
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CHRONIQUE
HISTOIRE ET BIBLlOGRAPfflE
Les longues veillées d'hiver sont venues depuis trois mois
permettre à nos collègues d'achever un certain nombre
de travaux, depuis longtemps attendus avec impatience
par les chercheurs et les érudits. D'importants ouvrages, des
publications de premier ordre, que la vie d'un homme n'est
parfois pas trop longue pour mener à bien, sont venus aug-
menter les trésors de nos bibliothèques et nous serions
heureux de pouvoir faire ici connaître les sources nouvelles
aussi intéressantes que fécondes où pourront désormais
venir puiser tous nos chercheurs. Trop restreint, hélas ! est
notre cadre ; nous nous ferons néanmoins un devoir de
signaler ici les principaux travaux.
BRETAGNE
Essai sur la qéographie de la Bretagne avec la carte
DES FIEPS ET SEIGNEURIES DE CETTE PROVINCE. — L'un des
principaux ouvrages récemment parus en Bretagne est sans contredit :
L'Essai sur la géographie féod&lede la Bretagne avec la carte des
fiefs et seigneuries de cette province (gr. in-8*, de <95 p. Rennes,
Plihon et Hervé, éditeur). Suivons l'intéressant compte-rendu, qu'a
bien voulu en faire pour la Revu^ historique de l'Ouest, notre sympa-
thique confrère, li« Albert Macé :
c Sous le titre trop modeste d'Essai, Témineat historien breton,
M. Arthur de la Borderie^ vient de publier un important mémoire sur
la Géographie féodale de la Bretagne. Déjà des études d'une réelle
valeur avaient été consacrées à certains ^eîs, à certaines seigneuries.
Aucun travail d'ensemble n'avait été exécuté, bien que le besoin d'une
œuvre complète fût connu depuis de longues années par tous ceux qui
s'occupent de l'histoire de notre province. « Si Ton ne sait pas ce que
c'est que le Porhoêt, les baronnies de Fougères, de Gombourg, de Dinan,
de Bécherel, dit fort justement l'auteur, comment comprendre, au
douzième siècle, la lutte d^Henri II Plantagenet contre Eudon de
Porhoët et ses alliés ? Si Ton ne connaît les comtés de Penthièvre et
de Tréguier, comment se rendre compte de la guerre de Bretagne au
quatorzième siècle, où le premier rôle est tenu par Jeanne de Pen-
thièvre ? Si l'on ignore la force et la situation des diverses seigneuries
réunies vers 4480 dans la main du maréchal de Rieux, comment
s'expliquer le rôle prépondérant de ce personnage dans les événements
du règne d'Anne de Bretagne ? » Et si Ton veut étudier l'organisation
judiciaire de la province, après l'union de la Bretagne à la France, la
composition du ressort des différentes juridictions parait due à une
fantaisie dont les motifs nous échappent, si l'on n'a pas appris les causes
de la formation et de l'étendue des fiefs compris dans telle ou telle
sénéchaussée.
Mais pour mener à bonne fin une pareille entreprise, pour faire con-
naître Torigine historique des principales seigneuries, pour fixer net-
tement leurs limites, pour indiquer les arrière-fiefs qui en relevaient,
pour ressusciter en un mot l'organisation domaniale, judiciaire et
féodale de la Bretagne au moyea-àge, les difficultés étaient graves
et les obstaôles nombreux. Il fallait avoir longtemps étudié les actes
publiés par les Bénédictins bretons, avoir patiemment fouillé l'immense
collection des Aveux et Déclarations des seigneuries de Bretagne.
M. de la Borderie était tout désigné pour cette œuvre ; seul il pouvait
l'entreprendre, seul il pouvait l'accomplir.
Les invasions normandes avaient fait table rase de l'ancienne orga*
nisation de la Bretagne. Les comtés et les machtiemats avaient dis-^
paru. Le lien qui unisait la tribu émigrée à la famille de son chef
était brisé : désormais, le patronage ne dérive plus que de la recom"
mandations c^est-à-dire de la convention entre le faible qui re-
cherche l'appui du puissant^ ou entre le pauvre qui accepte la dépen-«
148 CHRONIQUE
dance yis-à-Tis du riche en échange de certains biens ou de certains
ayantages concédés par ce dernier. Tout d'abord, il s'agit de protéger
la frontière^ soit du côté du Poitou par \% création du territoire neutre
des Marches, soit du côté de l'Anjou par rétablissement des ch&tellenies
du Pallet, de Goulaine, du Loroux-Bothereau, soit, pour le Maine et
la Normandie^ pour la formation de l'importante baronnie de Vitré
et de labaronnie de Combourg. En môme temps, on remarque que
pour parer aux dangers pouvant résulter du relâchement des biens du
sentiment national, à la suite des ravages des Normands, les comtes
de Nantes et de Rennes ont eu soin de confier les fiefs -frontières à des
hommes de pur sang breton. Les noms des premiers seigneurs et de
leurs principaux vassaux appartenant presque tous à la Basse -Bretagne.
Mais s'il était nécessaire de constituer de fortes défenses sur les fron-
tières, les comtes de Nantes et de Rennes n'oublièrent pas de prendre
leurs précautions contre toute tentative d'indépendance des possesseurs
de grands fiefs. Dans la baronnie de Vitré, les comtes de Rennes ont
edlevé les huits paroisses de la baronnie de la Guerche. Entre ReU
et Glisson, les comtes de Nantes se réservent la Benaste, puis le do-
maine de Touffou entre Retz et Vertou, trois fiefs directs dans le corps
môme de la baronnie de Retz, Montrelais à l'est d'Ancenis, le Gàvre
entre Blain, Plessé et Pontchàteau, etc. « Ge système de contrepoids,
écrit M. de la Borderie> est trop régulièrement appliqué pour qu'on
n'y doive pas reconnaître l'un des principes suivis par ^ nos comtes et
ducs bretons dans l'organisation féodale de leur pays. » Il en est de
môme, en effet sur tous les points de la Bretagne, sauf dans la partie
occidentale du Poutrécoêt, pays désert et inculte, où fut établi l'im-
mense fief de Porhoêt, et dans le vaste apanage de la maison de Pen-
thièvre. La constitution de ce puissant domaine fut une faute dont les
conséquences pesèrent sur la Bretagne dès le onzième siècle^ et se
firent sentir jusqu^à l'époque de l'union de notre province à la France.
La deuxième partie du travail de M. de la Borderie comprend le
commentaire de la carte féodale jointe au livre. Le Lit;re des Ostz,
c'est-à-dire des devoirs et services militaires dus au duc de Bretagne ,
par ses principaux feudataires, et qui furent offerts au duc Jean II, à :
Ploêrmel, en août 1294, lui a fourni de précieux renseignements, bien |
que les réserves formelles du duc établissent qu'on ne saurait y voir |
un dénombrement complet de l'armée féodale de la Bretagne à la fin i
du treizième siècle. Mais aux détails fournis par le Livre des Ostz |
jigiTizea
CHRONIQUE 149
sur les hnît baillies de Bretagne et les flefs qui en relèvent, il a joint
soit cenx que donnent les actes du onzième au treizième siècle recueillis
par dom Lobineau et dom Morice, les suppléments résultant des pu-
blications récentes, ceux qu'il a recueillis directement et surtout ceux
provenant des fonds presque inépuisables de la Chambre des Comptes
de Nantes, qu'il a, pendant tant .d'années, si minutieusement et si
judicieusement explorés.
En terminant cette remarquable étude où s'affirment à chaque page
aon respect filial, son ardent amour pour la Bretagne, M. de la Borderie
rend un juste hommage au vieil esprit breton, si franc, si fier, si
libre, qui, malgré l'absorption de notre province par la grande monar-
chie capétienne, a survécu à toutes les épreuves^ jusqu'à l'henre de la
Révolution. Nous ne pouvons que joindre nos remerciements et nos
éloges à ceux qui lui ont été adressés par des voix plus autorisées, et
souhaiter qu'il continue et achève l'œuvre si bien commencée, le mo-
nument qu'il élève, au nom de la vérité et de l'histoire, à la gloire
do la Bretagne.
Albert Mag6.
Le Livre doré de l'Hôtel-de- Ville de Nantes. — Une
autre publication que nous ne saurions passer sous silence est le Sup-
plément du Livre Doré de V Hôtel-de-Ville de Nantes. (In-S* Nantes,
imp. Emile Grimaud) que viennent de publier MM. Â. Perthuis et
S. de la Nicollière-Teijero. La première édition du Livre Doré de
l'Hôtel-de- Ville de Nantes, publiée en i873, était épuisée depuis long-
temps, nos savants confrères, en ont donné au mois de décembre, une
seconde édition impatiemment attendue et ornée de trois eaux-fortes,
dix-sept planches de jetons et armoiries, et cent cinq bois dans le texte.
Mais de plus^ un intéressant Suppl6mbiit, contenant l'historique de nos
municipalités nantaises jusqu'en 4 889 a été tiré à part pour les pre-
miers souscripteurs. Il est orné d'une planche de jetons et d'une eau-
forte de la médaille représentant le buste de François de Valois, fils
aine du roi François I*' et de la reine Claude, couronné à Rennes
sous le nom de François III, duc de Bretagne et terminé par une table
alphabétique de tous les noms de personnes, cités dans l'ouvrage.
150 GHROKIQUE
ANNUAIRE DU GON SE! L HÉRALDIQUE DR FrANGE. — 3* année.
— La noblesse de nos jours est trop souvent usurpée ou méconnue.
Pour sauvegarder son prestige contre les assauts de la démocratie, et la
défendre aussi contre les parvenus qui se parent de ses augustes dé-
pouilles, ce n'est pas trop de l'action des hommes de bonne foi et de
bonne volonté, unis dans le culte des ancêtres et le respect du passé.
Pour arriver à une telle cohésion, il faut autant de tact et de mesure, qme
de science et de zèle ; toutes ces qualités sont l'heureux apanage de notre
très sympathique confrère M. le vicomte Oscar de Poli, qui préside de-
puis six ans aux destinées du Conseil héraldique de France, fondé, on
peut même dire^ créé par lui. Un peu critiquée et battue en brèche, au
début, cette société a fait aujourd'hui ses preuves, elle avait deux cents
adhérents, à peine à la fin de 1887, elle en compte trois cents cin-
quante, au commencement de 1890, elle a groupé des historiens, des
archéologues c6te à c6te avec des hommes du monde occupés de ques-
tions nobiliaires^ car les uns et les autres ont pu bientôt juger des mé*
rites de l'œuvre et de la féconde initiative de M. le vicomte de Poli,
par la publication d*un Annuaire, unique en son genre qui vient de
pardtre pour la troisième fois.
Le plan général de V Annuaire a été, dès le principe, si bien conçu
et si bien exécuté, qu'il n'y a plus été apporté par la suite que des
changements et des améliorations de détail. Entre la liste des membres
du Conseil héraldique, et la très utile bibliographie de leurs ouvrages,
récemment publiés, se lisent de petits mémoires, de claires et ingénues
dissertations, où l'histoire côtoie l'art héraldique, où l'éruditioa
s'affirme sans pédantisme^ où la poésie, consacrée à chanter une noble
cause, à pleurer une grande infortune, se glisse entre deux de ces frag-
ments. Parfois aussi des planches d'armoiries ou de sceaux, des portraits
finement rendus deviennent le commentaire vivant d'un document ou
d'une biographie, enfin, et c'est là un des plus sûrs éléments d'instru-
ments d'intérêt, une Chronique^ puisée aux meilleures sources d'infor-
mation, semée d'aperçus critiques d'une bienveillance qui n'exclut pas la
justesse, relate minutieusement presque au jour le jour, les événements
survenus dans la noblesse française, spécialement dans les familles des
sociétaires, et la part que ceux-ci ont prise pendant l'année, au mouve-
ment intellectuel. Coupée en petits paragraphes, pleine de menus faits
dont chacun a sa portée, cette chronique a recueilli bien des renseigne-?)
GHRONIQUB l&l
méats épars qui seraient restés enfouis dans des catalogues ou des pé-
riodiques, elle sera souvent consultée, toujours avec fruit.
En indiquant la méthode constitutive des Annuaires du Conseil
héraldique, nous venons de faire l'éloge du dernier d'entre eux. Le
Tolume de 4889 (in-18, 362 p. Saint- Arnaud (Cher, imp. Destenay),
est encore en progrès sur ses aînés, il accuse chez M. le vicomte de Poli,
qui est T&me de l'œuvre, et dont le souffle généreux se communique à
ses collaborateurs, un perpétuel souci de mieux faire. Ce livre de 360
pages (le précédent n'en comptait que 260), renferme des notices, des
communications dues aux plumes disertes de Mgr Barbier de Montault,
de MM. Tamizey de Larroque, Louis Audiat, Alfred de Martone, etc.
M. le vicomte Poli y a inséré lui-même une Monographie du ch&teau
de Chanteloup et des Notes sur la famille de Jeanne d*Arc qui
servent de préface à un poème de M. le baron de Barglion de Fart-
Riou et offrent sur l'origine noble de l'héroïne, aujourd'hui plus que
jamais célèbre, des révolutions inattendues.
Nous voulons mentionner à part un remarquable extrait du Devisaire
breton que va publier M. Emmanuel de Boceret et d'un article où
l'éminent auteur de la Légende de saint Yves M. le vicomte de la
Yillerabel a lumineusement résumé les Sources du nobiliaire de
Bretagne. M, de Poli a toujours fait l'hospitalité très large à notre
chère province, il insérait l'an passé un bien intéressant travail de
M. 8. de la Nicollière, Petits-neveux de Jeanne d'Arc au Comté
Nantais. Nous terminerons ce court article par un vœu, en souhaitant
de tout notre cœur qu'il se réalise. Puisse la lecture de ce charmant An»
nuaire augmenter le succès du Conseil Héraldique de France, amener
beaucoup de fidèles autour de cette bannière, où nous distinguons
mêlées aux lys les hermines de Bretagne. Puisse le fondateur, qui s'ac-
quitte à merveille de sa tâche, s'appliquer ces vers du Cid. :
Nous partîmes trois cents, mais par un prompt renfort,
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.
Olivier di Gourcuff.
Les Prélébanaires de la Révolution. — Un ouvrage que
nous ne saurions trop encore recommander à nos lecteurs, c'est les
152 CHRONIQUE
Préléminaires de la Révolution par notre sayant et sympathique
confrère M. Marias Sepet^ conservateur adjoint à la Bibliothèque N^*
(un beau vol. In-18, jésus, 356 p. Paris, Bray et Retaux, éditeurs).
Il est impossible, nous dit avec juste raison Tauteur, en annonçant son
livre, de bien comprendre l'histoire de la' Révolution française, si Ton
n'a pas une idée nette et exacte de Tétat de choses immédiatement anté-
rieur. D Aussi M. Sepet, ^'est-il précisément proposé dans cet ouvrage
de mettre en relief le caractère des dernières années de la Monarchie.
Le volume comprend deux* parties : la première a pour sujet : La
Société française à la veille de la Révolution. L'auteur y trace un
tableau clair et attachant de l'ancienne France, telle qu'elle était
au moment de l'ouverture des États généraux. Il passe successivement
en revue les mœurs, les idées, les institutions, et décrit le mécanisme
complexe du gouvernement et de l'administration, en l'expliquant par
l'histoire. Il montre Torigine et le jeu des diverses influences dont
l'action combinée prépara la ruine des vieilles institutions françaises.
Le tableau a un complément nécessaire dans la seconde partie où
sont racontés les événements, trop oubliés, des Dbricièrbs annêss
DB l'anctbn rêoimb. L'autour s'est attaché à présenter un récit
fidèle et impartial des tentatives, des luttes, des péripéties qui mar-
quèrent successivement la fin du ministère de Galonné, celui de Lo*
ménie de Brienne et le second ministère de Necker. Les délibéra-
tions des Notables, les conflits avec le Parlement, les troubles de
Bretagne et de Dauphiné, le mouvement électoral de 4789, offrent ane
suite de scènes émouvantes et curieuses.
L'auteur s'est efforcé, en exposant les faits avec exactitude et en
les appréciant avec équité, de leur conserver dans le récit leur valeur
dramatique et pittoresque. Il n'a pas négligé non plus, dans la mesure
de ses forces, de faire ressortir les portraits, les caractères des per-
sonnages qui y figurent, et dont plusieurs : Necker, Mirabeau, Moanier,
La Fayette, Sieyès, devaient bientôt jouer un rôle si considérable dans
la Révolution elle-même.
Il a fait, en un mot, tout ce qui lui était possible pour que ces évé-
nements, qui nous touchent encore de si près, joignissent dans son
livre, comme ils le font en eux-mômes, aux graves leçons de l'histoire,
quelque chose de l'intérêt que Ton cherche et que l'on ne trouve pas
toujours dans les compositions romanesques.
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Paris pendant la tbrreur. — Continuant la série de ses in-
téressantes publications sur la période révolutionnaire, notre zélé com-
patriote M. Edmond Biré, vient de faire paraître Paris pendant la
Terreur (Perrin et €*• éditeurs). C'est un témoin imaginaire plutôt
que réel, qui raconte ses propres impressions et aussi celles que pro-
duisent, sur l'esprit public, tant de mesures et d'actes sanglants et
terribles. Ce livre n'embrasse pas un grand espace de temps, cinq
moistotttjuste, dejuinà la fin d'octobre 1793 : mais que d'événements,
pendant ces cinq mois, et que de tableaux navrants, rendus avec une
réalité saisissante, par M. Edmoifd Biré I C'est une série de drames
sanglants qui se déroulent, l'un après l'autre, avec une logique impas-
sible, et qui montrent que^ pendant ces heures terribles, on vivait
quand moue. N'en fut-il pas ainsi, d'ailleurs, à toutes les heures
sinistres .de l'histoire ?
Livres et Ouvrages divers ; En première ligne des autres
travaux intéressant la Bretagne, nous devons signaler la remarquable
Généalogie historique de la Maison de Cornulier, autrefois de Cor-
nillé, en Bretagne. (In-8®, 35S p. et 12 portraits, Orléans, imp. Her-
luison, éditeur.) Nous reviendrons longuement dans notre prochaine
livraison sur ce livre d'un intérêt capital^ dont la très curieuse Intro^
duction peut être citée à bon droit comme un modèle du genre. Que
si nous avons le regret de voir le défaut d'espacp, nous empocher
aujourd'hui de lui consacrer le compte-rendu détaillé qu'il mérite,
nous dirons du moins dès à présent, tout le charm<* que nous a causé
la lecture de cet ouvrage, qui fait le plus grand honneur à son érudit
auteur, M. le comte Ernest de Cornulier. ^ Puis c'est : Richelieu et
la Monarchie absolue, t. iv. Administration générale, justice
(suite et fin). — Administration provinciale et communale^ par le
vicomte G. d'Avenel. In-8^ Paris. Pion et Nourrit, éditeurs ; — Les
Sources d'un nobiliaire de Bretagne, parle vicomte A. de la Ville-
rabel. In-8% 31 p. Saint- Amand, imp. Destenay ; — Un Corsaire
malouin : — Robert Surcouf , d'après des documents authentiques, par
Robert 8urcouf, ancien sous-préfet. In-8", Paris, Pion et Nourrit, édi-
teurs : — Les anciennes Facultés de droit de Rennes (1 735-1 792),par
Emile Chenon, professeur agrégé de la Faculté de droit de Rennes. In-
8*. n, 267 p. Rennes, imp. Le Roy, lib. Caillière ; -^ Histoire du
154 CHRONIQUS
général de Sortis, par Jean de la Foye. In-8*, orné de 8 portraits et
gravures hors texte. Paris, Bloud et Barrai, éditeurs ; — Vie de
M. V&bbé Huchet, curé-archiprètre de la cathédrale de Saint^Malo,
vicaire général de Rennes, par le P. Marie- Joseph Ollivier, des Frères
Prêcheurs. In-i2, 313 p. Paris, imp. des Chemins de fer ; — La Rë-
pùblique de Sam^-Afarin, par le commandant Léon Dieu. Paris, Per-
rin, éditeur ; — Daniel de Ker forts, par Ernest Daudet. In-18, 3* édi-
tion, Paris, Pion et Nourrit, éditeurs ; — La Vertu morale et sociale
du Christianisme, parle comte Guy de Brémond d'Ars. In-16, Paris,
Perrin, éditeur ; — Le Surmenage intellectuel à V Ecole rtavale et
VIrtstruction des officiers de vaisseau, par Ed. Dubois, ancien
examinateur de la Marine. In-8^, 40 p. Brest, imp. Dumont. Paris,
lib. Ghallamel ; ^ Rapport sur les travaux de la Société acadé"
mique de Nantes et de la Loire^Inférieure^ pendant Vannée 1888'
89, par J. Gahier, secrétaire général. In-8°, 28 p. Ndintes, imp. Mel-
linet ; — Compte^rendu de la réunion générale de V Association
catholique des anciens élèves du collège Saint-Sauveur de Redon,
1d-8*, 108 p. Redon, imp. L. Chesnais; — Saint Mélairte, évéqxfe de
Rennes, Son rôle dans la fondation de la Monarchie française,
par M, A. de la Borderie. Curieuse étude publiée par Tauteur dans
le Journal de Renrtes ; — Beaubois en Bourseul, et ses seigneurs,
par M. Alfred de Tesson, capitaine de frégate en retraite. In-8*, 20 p.
Avranches, imp. H. Gibert; — Documents inédits pour servir à
r Histoire de la Révolution darts la Loire^Inférieure, par A. Joû-
bert. In-8*, 18 p. Vannes, imp. Lafolye; — Julienrte du Guesclin à
/'oniorson, par Olivier de Gourcuff. In-1 8, 8 p. Paris, Lemerre, édi-
teur ; — Pour la Bretagne, Drame historique en quatre actes, par
Louis Tiercelin, représenté pour la première fois à la Guerche de Bre-
tagne, le dimanche 23 mars. Jn-8**, 100 p. Vannes, imp. Lafolye,
Bennes, lib Caillière ; — Voyage d^un gentilhomme breton, aux
eaux de Bourbon-l'Archambault dans la première moitié du dix-
huitième siècle (mss. inédit), par le docteur de Closmadeuc. In-8*,
43 p. Vannes, imp. Galles; — Nominoë, roi de Bretagne^ vain-
queur des Francs à la bataille de Ballon, par René de Laigue, dans
le Redonnais du 22 mars 1890 ; — Let^ers d'étoiles, par Dominique
Caillé, Nantes, 1889 ; — Notice, Portrait, de M. A. Guibourd, séna-
teur, maire de Nantes, dans le Korrigan, du 19 février 1890 ; — Lat
Chanson du Biniou, charmante nouvelle, publiée depuis le 8 février,
dans le Monde illustréy par Gilbert Doré. — l.a famille Cadio de
Kerloguenet la chapelle de Sainte- Anne de Kermalvezin en Camac,
dans le Courrier des campagnes dn 22 mars 1890 ; «^Le Prieuré de
Saint-Martin O.S. B. membre de Marmoutiers, d'après le» chartes
existant aux archives du Morbihan et celles données par Dom Morice^
par L. Galles, dans V Annuaire du Morbihan de 1890 publié par
A. Lallemand ; — Le Conscrit de France, poésie, par A. Leroux,
dans VEspérance du Peuple, du 20 février, le Redonnais, du 4 •'
mars et le Petit Breton, du 25 mars; puis : la Princesse Marguerite
d'Orléans, poésie, par le môme, dans VEspérance du 22 mars ; —
dans la 5* livraison (février 1890), de V Hermine, nous signalerons ;
Choses de Bretagne, par Louis Tiercelin ; — Tante Laure, par
GarolusBrio; — Ceux de chez nous : Villiers de Vlsle-Adam, par
R. dn Pontavice de Heussey ; — Le Combat de Kerguidu, par A.
Inizan ; — Les Lettres en Bretagne, par lan al Lener ; — Les Arts
en Bre^gne, par Sullian Collin; — puis enfin la très vaillante Croix
Bretonne et Vendéenne dont les deux premiers numéros ont paru les
22 et 29 mars et qui formera désormais l'un, des meilleurs organes de
la Presse catholique de TOuest.
NORMANDIE.
Livres et Ouvrages divers. — Nous devons signaler dans cette
laborieuse province : — Le Diocèiie d'Avranches, sa topographie,
ses origines y sesévèques, sa cathédrale, ses églises, ses comtes et
ses châteaux, par Vahhè Pigeon, 2 volumes in-8*, 322 et 399 p.
Goutances, imp. Salettes ; — Souvenirs du 12* régiment de
chasseurs [1199-1815), par \e capitaine Aubry. In-S**, écu, 220 p.
Paris, Quantin, éditeur ; — Les Insurrections populaires, en
Basse-NormanJdie, au quinzième siècle, pendant Voccupation
anglaise et la question d'Olivier Basselin, par Armand Gasté, pro-
fesseur à la Faculté des Lettres de Caen. In-8% 82 p. et fac-similé,
Gaen, imp. Delesques; — Histoire générale des Emigrés. Les
Emigrés et la Société française sous Napoléon /•', par H. Forneron,
avec une Introduction, par M. le Trr^sor de la Rocque, t. m. In-8*,
Paris, Pion et Nourrit ; — Notice sur Saint-Léger du Bourg-^Denis,
156 CHRONIQUE
par M. Roussignol. Id-8% 240 p. Rouen, imp. Megard ; *-* Une
Paroisse normande. Notice sur Saint'Denis-le'Vêtu, par Tabbé
QuÎDette. In-8*, 144 p. Avranches, imp. Gibert ; — Histoire du
département de l'Orne, par l'abbé Th. Prozier. In-12, 44 p. Lagny,
imp. Golia ; — Notes sur la seigneurie et le château de Nagel, par
Geoffroy de Grandmaison, membre de l'Association normande. In-8'^,
82 p. Gaen, imp. Delesques ; — /.es Normands dans les Deux-
MondeSf par G. B. de Lagréze. In-8*, Paris, Firmin Didot, éditeur ; —
Les Normands dans les Deux-Siciles. Esquisse historique. In-46,
IV, 48 p. Alençon, imp. Renaut de Broise ; — Notes manuscrites
d*un conseiller au Parlement de Normandie (i769'i789)y (M. de
Gressent), par le vicomte d'Estaintot^ in-8°, 65 p. Rouen, imp.
Cagniard ; — Entrée du duc d*Epernon à Rouen (3 mai 1588),
comme gouverneur de Normandie, par M. de Beaurepaire, président
de la Société des Bibliophiles Normands. In-4**, 20 p. Rouen, imp.
Cagniard ; — Un Rouennais oublié, Jacques Mesnard chirurgien et
accouc/ieur {i555-i74(5), par le docteur Panel, in-S**, 58 p. Rouen,
imp. Lestringant ; — Notice sur Saint-Martin du Tremblay (Eure),
par l'abbé Guery, in-8**, 39 p. Eyreux, imp. de l'Eure ; — Le Château
de Çhantelou près Rouen et ses propriétaires depuis le dix^hui-
tième siècle, par M. Gustave Prévost, in-8*, 35 p. Caen, imp.
Delesques ; ^ Raoul Le Frouty poète normand du temps de
François /•', par le vicomte Rioult de Neuville, iTi-8% 25 p. Caen,
imp. Delesques ; — L'Ermitage du bois de Fiers, par MM. J. Appert
W. Challemel, in-8^ Fiers, imp. A. Levesque; — Jacques-Guillaume
Thouret, député de la ville de Bouen aux Etats^Généraux de 1789,
sa vie et ses œuvres, par MM. Ernest Carette et Armand Samson ;
Anecdotes, souvenirs et faits historiques de la première Révolution,
relatifs à, la guerre civile et à la Chouannerie dans les cantons de
Brecey et Tirepied (Manche), rédigés et écrits en 1849, par M. Des-
faux, in-8®, 58 p. Saint-LÔ, imp. Tuai. (Extrait de V Annuaire du
département de la Manche) ; — Le Clocher du Mont^aux-Malades
et la Cérémonie de la bénédiction des cloches^ par M. l'abbé Tougard,
in-8*, 40 p. Rouen, imp. Leprôtre ; — Pages inédites de VHistoire de
Thiberville. La Saint-Louis en 1790. Le curé Liénard, par B.
Veuclin, in-8*, 13 p. Bernay, imp. Veuclin ; — Ze Pèlerinage de
N.'D, de la Couture de Bernay, par E. Veuclin, in-8*, 16 p. Bernay,
imp. Veuclin ; — Les Remarques de curés normands (1590'1687),
\^ A A A V\y Â^ A ^ V^ Ali
par E. Veuclin, iii-8», 14 p. Bernay, imp. Veuclin ; — Blason popU"
laire de Villedieu les Poètes près Avranches, Légendes traditions,
dictons, comparés àxeux des autres parties de la France, par le
compère Jean de la Cloche^ batteur sur caivre, ia S^, 80 p. Vire, imp.
Guérin.
MAINE
Parmi les derniers trayaux intéressants de Maine, nous indiquerons à
nos lecteurs : Le Marquisat àe Cfiàteaugontier de i68k à 1690^
d'après un document inédit par notre infatigable confrère, M. André
Joubert, in-8° vergé, 29 p. Titre rouge et noir : Laval, imp, L. Moreau ;
— Gesta domini Aldrici cenomanicae urbis episQopi a discipulis
SUIS. Texte publié et annoté par l'abbé R. Charles et Tabbé L. Triger
in-4* XXXVI-224 p. Mamers, imp. Fleury et Dangin ; — Vie de
M«' J. B. Bouvier évéque du Mans, par M»' Alexandre Sebaux,
évoque d'Angoulôme. In-i2. viii-420 p. et portrait. Paris, Bray et
Retaux, éditeurs ; — Vie de Af«' C. Wicart premier évéque de
Laval, Histoire de V érection de cet évéché, par Tabbé E. L. Gou-
anier de Launay, chanoine honoraire. Io-8^ xi-652 p. et portrait
Paris, Bray et Retaux, éditeurs ; — La 5* livraison du Bulletin de la
commission historique et archéologique de la Mayenne dont
nous voudrions pouvoir analyser tous les intéressants travaux et
parmi lesquels nous signalerons du moins ; Laval et la Place
de la Chiffolière, aujourd'hui : de VHÔteUde-Ville (1798-1688),
par l'abbé Gouanier de Launay ; le ChAteau de Lassay à travers les
siècles, par le comte de Beauchesne ; — Les Archives de la Mayenne.
Série A , par de Martone ; Pièces concernant la fondation de Vancien
couvent des capucins de Mayenne, par J. Raulin et l'intéressant fac-
similé du Programme d'une représentation donnée en 1727 au
Collège de Laval, ^ziraii du curieux travail de M. Queruau-Lamerie ; —
V Instruction publique à Laval avant le dix-neuvièm^ siècle. —
Enfin, le remarquable ouvrage publié à Laval chçz M. Ghailland, éditeur,
par Mk' Sauvé : Le Pape. Son autorité suprême, son Magistère in^
faillible et le Concile du Vatican.
ANJOU
L'Anjou a va paraître : Histoire descriptive des tapi$fs&ries de la
caf/iédraie d'Angers par M, Louis de Farcy. Iii-4' carré avec figures
deBsinéespar l'amaur eo noir et bq couleurs. Lillej imprimerie Desdée,
de Broweret G''* ; — La Comtesse d^E^montf fille du maréchal de Ri-
chelieu (ilkQ~Lll^), d'après ses lettres inédites à Gustave lîL
parla comteBse d'Armaillé^DéedeSégur* In-i6, Paris^ Perrin,édît€ur. —
Coutumes et Institutions de V Anjou et du Maine» antérieures au
seizième siècle, par M. C.-J, Beau temps- Beau pré, docteur en droit,
conieillarà 1b cour d'appel de Paris. U- partie : Reckerches sur les
juridictions de V Anjou et du Maine pendant la période féodale.
TomftL in-S* A. Durand et Pedooe^Lauriel, éditeurs ; — Le Comte
d'Orsay ^ Physiologie d'unroi de la Mode parle comte de Gontades ;
In-1:2«â00p, avec portraittiréau taille douce^ Paris, Quautln, éditeur. —
Notice sur la ville de Segré et de son arrondissement par E. Milon»
jugedepaixdu cautoû de Segré, ofâcier d'Académie. In-18, 16â p.
Saumur, imp. Milon 1889; — Dans les ciuquièmeet sixième livraisons
du lome XIX de ta Revue d'Anjou : Les vitraux, statues et tableaux
de V église de Beau fort-en' Vallée f par J, Denais, et la suite du travail
de M, André Joùbert, sur les Comptes de Macé Darne , Maître des
œuvres de Louis i*% duc d'Anjou et comte du Maine (/567-i^7f]>
POITOU ET SAINTONQE
Histoire de Richelieu kt de se3 environs, — En publiant cet
ouvrage, M, l'abbé L. A. Bossebœuf vient d'élever à rHistoire du
Poitou un véritable monument. Ce volume (gr. in-8* 504-XXII p^ et
pL Tours p L. Péricai, éditeur) eât appelé à rendre de précieux services
aux chercheurs et fait connaître pendant dix siècles dans ud style aussi
élégant que clair et précis, Tétat et les péripéties de celte régiou qui a
possédé son histoire à elle et dont le rôle, local en apparence j a été
prépondérant dans la vie civile, politique et religieuse de la France.
Remontant aux origines, M. Tabbé BossebœuT, après un tableau très
exact dei possessions des comtes de Poitou et Anjou dans la vallée du
CHRONIQUE 159
Mable, où est situé Richelieu, nous montre les premiers seigaeurs de
cette terre, les antiques viguiers de Braye et les seigneurs de Mausson
faisant construire à la fin du douxième siècle vers 1198 le vieux castel
de Richeloc. Puis, le domaine de Richelieu passe des Mausson aax Gle-
rembault qui bientôt s'allient aux du Plessis de Richelieu. C'est l'in-
fluence exercée dans la contrée par cette illustre et puissante maison^
qui a surtout attiré l'attention de M. Tabbé Bossebœuf ; aussi lui con-
sacre-t-il avec raison tous ses soins. — Le rôle des seigneurs de Riche-
lieu fut considérable dans les guerres de la Réforme, et ne contribua pas
peu à mettre la famille en évidence. François et Antoine du Plessis
devinrent deux des plus célèbres capitaines de Tépoque et quand quelques
années après naquit le grand Cardinal^ ses deux grands-oncles et leurs
ascendants avaient déjà acquis à leur maison une somme d'illustration
des plus honorables. Il faut lire ensuite les détails si curieux et intéres-
nants que nous donne l'auteur sur la naissance et la jeunesse
d'Armand du Plessis, celle de ses frères et sœurs, le dévouement de sa
mère Suzanne de la Porte et leur vie de famille dans ce château de
Richelieu, que bientôt Armand transforme en un somptueux palais
avec Taide des plus célèbres architectes, peintres et sculpteurs du temps,
les Le Mercier, les Barbet, les Tiriot, les Lespagnandelle, les Poussin,
les Le Lorrain, les Freminèt, les Philippe de Champagne. — M. Bosse-
bœuf nous y conduit lui-môme et nous fait admirer avec autant de
savoir que de judicieuse critique, toutes les merveilles de cette splen-
dide demeure où Ton sentait à chaque pas passer en quelque sorte l'âme
de Richelieu, c'est-à-dire, à cette époque, l'âme et le génie de la
France. Enfin, après nous avoir fait assister à la création et organisa-
tion de la ville, du duché et de Télection de Richelieu, à la fondation de
la paroisse N.-Dame, à l'étitblissement des Sœurs de Charité, amenées
par saint Vincent de Paul. M. Bossebœuf nous fait parcourir l'histoire
de la ville et du duché, jusqu*à la période révolutionnaire,non sans avoir
su nous consoler de ces heures néfastes, par les aimables souvenirs de la
vie Richelaise au dix-septième siècle, des somptueuses réceptions du
Roi et de la Reine-mère, du séjour à Richelieu de Tabbé de Marolles
et du bon La Fontaine, aux temps heureux où l'hospitalité merveilleuse
des seigneurs du lieu, inspirait à Jacques du Garroy, s' de Grammont;
les Passe- remps de mes joyeuses heures.
Une carte fort bien faite du duché vient encore ajouter à la clarté
des nomJbreux détails de TouTrage, complété déjà par un curieux Appert-
100 CHRONIQUE
diçe et une bonne table alphabétique de noms de personnes et de lieu
cités dans Fouvrage. Nous ne saunons donc trop recomnaander à dos
lecteurs cette œuvre remarquable qui fait le plus grand honneur à son
auteur. G^ Régis de l'ëstocrbeillon.
Livres et Ouvrages divers : Nous appellerons en outre Fatten-
tion de nos lecteurs sur : 17nven^atre des Archives de Saifite^Croix
de Parthenay, dressé àlafin du XVIIP siècle, et publié par M. Be-
lisaire Ledain. In-S**, 54 p. 8aint«Maixent, imp, RoTersé ; — Cata-
logue des manuscrits du fonds La Trcmoille, par Léopold Delisle,
conservateur de la Bibliothèque nationale. In-8* 51p. Nogent^Ie-Ro-
trou, Imp. Daupeley-Gouverneur ; — Henri de la Rochejacquelein el
la guerre de la Vendée d'après des documents inédits, Niort, imp.
Glouzot ; — N. D. de la Blanche. Monasterium beatse Marix de
insula Dei, par le docteur Viaud- Grand-Marais. Luçon, Rideaux, édi-
teur ; — Les Abbés du monastère de la Blanche à Noirmoutiers,
par le môme, In-8* 24 p. imp. Rideaux ; — Fouilles de Véglise abba-
tiale des Châtelliers, par W X. Barbier du Montault. In-S^" 66 p. et
planches. Melle, imp. Lacuve ; — La Duchesse de Berry et la Vendée
par Imbert de Saint-Âmand. In-18^ 352 p. 4* édition, Paris Dento,
éditeur ; — Au Maroc, par Pierre Loti, in- 18*. Paris Galmaun-Lé-
vy, éditeur. — Dans la deuxième livraison du tome X (1*^ mars 1890]
de la Revue de Saintonge et d'Aunis : Une très curieuse et substan*
tielie Etude toute pleine de renseignements historiques et généalogiques,
de M. A. Duplais-Destouches, sur le Château du Treuil-Bussac, près
Fouras et les Chudeaude la Clocheterie {p. H 3-123). — La Sei-
gneurie de Soumard et les Seigneurs du Treuil en Fouras, par le
môme (p. 142-144). — Un Bénédictin de Saint-^Jean^d^Angely,
(Dom Martin). — V Histoire de Saint-Jean d'Angely et de la Sain-
tonge, par L. C, Soudan; — puis enfin : Epigraphie romaine duPoilov,
et de la Saintonge^ par le lieutenant Espérandieu, gr in-8*', 41( p. et
Atlas de 60 planches. Paris, Ernest Thorin, éditeur.
VARIA
Sacres d*Évêques.— Le 16 février dernier, a été sacré dans
l'église _ de Saint-Lô (Manche), Sa Grandeur Mr Cleret, le
nouvel évoque de Laval. "La consécration a été faite par
CHRONIQUE
Sa Gr. M«' Germain, évoque de (
Hugonin, évêque de Bayeux et de M^
Lenouvel évoque qui a fait son entr
porte pour armes : Coupée au !•' ; <
ondée ce trois pièces^ surmontée de
rayonnante à cinq branches avec chij
sable au centre; au 2* : de gueules à Vc
cru^cifère dor portant une croix de
orné de la croix de la Légion d'honne
essematrem. Devise ; Animam pro o
Le 23 février a été sacré à Pons (C
S.G.M»' Ardin, évêquede la Rochelle,
évêque de Limoges et de M«' Cœun
S. G. M«' Falliôres, nouvel évoque d
Hères a pris pour arme : D'azur au ce
sacerdos in âsternum. Devise : Zelo ze
La Statue de Le Sage, a Vannes.
a eu lieu avec un plein succès à la sa
culture à Paris, la matinée organisée
et d'AnjoUy en faveur du monument q
dans la ville de Vannes.
Au programme^ MM. Got et S^
M"' Dudlay, de la Comédie-França
Colombey, du Palais-Royal, qui ont i
applaudissements. La partie artistiq
mieux.
Parmi les personnes présentes : M"
MM. de Kerdrel et de la Monneraye;
Lanjuinais, prince de Léon, de Lamai
Un très beau buste de l'auteur de G
de la Rochette a été couronné par M'
en bretonne, a dit merveilleusement
pour la circonstancd par M. Léon Séch
de Bretagne et d'Anjou.
T. VI. — documents. — vie ANNÉE
/Google
Une allocution patriotique. — Notre vaillant compatriote,
le contre-amiral C. de Cuverville, le nouveau commandant en
chef de la division navale de T Atlantique nord, a prononcé,
le 24 mars, en prenant possession de son commandement à
bord de la Naïade, une allocution dont nous extrayons le
passage suivant :
« Mes amis, en arborant mon pavillon sur \^ Naïade, je con-
fie mon honneur même à votre valeur et à votre dévouement.
Ayez confiance dans le commandement, et si, au cours de
la campagne que nous allons entreprendre, vous rencontrez
des heures difficiles, jetez les yeux sur cette devise que j'ai
fait placer à Tavant du navire, écrite dans notre vieille langue
bretonne : « Evit Doué hag ar Vrô. — Pour Dieu et pour la
Patrie! » Depuis quarante ans elle fait ma force ; elle sera la
vôtre ! »
MARIAGES
BRETAGNE. — Mariage célébré à Brest, le 5 février, par S. G.
Ms' Trégaro, évèque de Séez, de M. Lavions, aide- commissaire de
marine,
Avec :
Mademoiselle Bérard.
Mariage célébré à Paris^ dans les premiers jours de février, de M. db
LA ViLLBSBRBT» sous-Ueutenânt an 48* régiment de ligne à Guîmgamp,
Avec :
Mademoiselle Framcia.
Mariage célébré les premiers jours de février, de M. Henri-Eugène
DB Ghampeaux,
Avec :
Mademoiselle Hyacinthe-Lucie de Sodltrait, fille du feu comte
Richard de SouUrait.
CHRONIQUE 163
Mariage célébré à Vannes, vers la mi-février, de M. Antoine-Joseph
Lavbrome, capitaine d'infanterie en retraite, chevalier de la Légion
d'honneur,
Avec :
Mademoiselle Marguerite Dréano.
Mariage célébré à Lorient, vers la mi-mars de M. le baron ub Nays-
Cadan, chef d'escadron d'artillerie,
Avec :
Mademoiselle Marie de Morgan,
Mariage célébré en la cathédrale de Nantes^ le 36 mars^ par S. G.
M«' Laborde, évoque de Blois, de :
4o M. Louis-Ernest-Marie-Georges de Belnet, heutenant au 7* ré-
giment de chasseurs, à Vendôme,
Avec :
Mademoiselle Jeanne-Marie- Berthe de Saiiit-Pern , fille de feu
M. Bertrand-Glaude-Paul-Josselin de Saint-Pern, et de Madame, née
Hue de Montaigu.
2^ M. Georges-Marie-Henri de Rpmangb, lieutenant au 139* régi-
ment d'infanterie, fils de M. Paul de Romance^ et de Madame, née
Adrienne-Marie- Pauline de Gottrcy.
Avec :
Mademoiselle Armelle-Marie-Gamille os SAiNT^PBaïf, sœar de la
précédente.
ANJOU ET POITOU. — Mariage célébré à Nice, le 15 janvier,
de M. Camille Gbndron^ fils de M. Gendron, ancien magistrat, et de
Madame, née Dûmes t.
Avec : •
Mademoiselle Yvonne Germain.
164 CHRONIQUE
Mariage célébré le 12 février, à Paris, à Saint-Thomas d'Aquia,par
S. G. Mr Freppel» évoque d'Angers, de M. Cbsbron-Layau, Bous-Iieu-
tenant au 7« hussards,
Avec :
Mademoiselle Laurence Dard, fille du général de division Dard,
commandant en chef l'artillerie de marine.
Mariage célébré vers la mi-février, de M. Robert Bassac, lieutenant
au 35* régiment d'artillerie.
Avec:
Mademoiselle Berthe-Marie Peiqnot, de Marcilly-sur^Seine (Marne].
Mariage célébré à Montauban de Bretagne, vers le 20 février, di
M. René-Jules-Marie de Kebouallan, propriétaire au château de Ee-
rouallan en Pluvigner (Morbihan),
Avec :
Mademoiselle Fanny-Marie-Josèphe Chauvin des OaiÈRBs, fille de
M. Chauvin des Orières et de Madame, née de Bilguy.
Mariage célébré le 4 mars, à Saint-Malo de Dinan, de M. Paul
Parize, lieutenant au 11* régiment de dragons, à Tarascon,
Avec :
Mademoiselle Berthe Blaise, fille de feu M. Hyacinthe Biaise, ancien
maire de Saint-Pierre de Plesguen.
Mariage célébré à Paris le 13 février en l'église Saint-Philippe-da-
Roulede M. le comte René de Galaro de Brassag de Béarit, sous-
lieutenant au 20* chasseurs.
Avec:
Mademoiselle Martine de Bbhaoue.
Mariage célébré le 7 janvier en Téglise de Yeillens (Loir-et-Cher),
de M. François-Xavier-Louis-Marie de Ghastei6ner, lieutenant au 3'
régiment de cuirassiers, fils aine d'Alphonse, comte de Chasteigner
et de Victoire de Roquefeuil.
Avec S
Mademoiselle d'Espinay Baiht-Luc^ fille du comte Ernest d'Espinay-
Saint-Luc et de la comtesse, née Louise d'Espaigne.
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CHRONIQUE 165
NECROLOGIE
Bien nombreuses sont les pertes éprouvées ces trois derniers mois
par nos provinces de l'Ouest, et si nous avons le regret de ne
pouvoir toutes les signaler ici, du moins nous nous faisons un
devoir de mentionner les principales.
BRETAGNE.
En Bretagne, nous signalerons les décès de M. l'abbé Jean-Marie de la
RoGHB AU Lion, décédé à Sacre en Bolivie, le 19 novembre 1889. Né à
Tréfumel (Gôtes-du-Nord) le 25 mars 1833, il fut d'abord professeur au
Petit-Séminaire de Dinan, pais transféré à Técole Saint-Charles à Saint-
Brieac en 1859. Autorisé le 17 avril 1861 à passer deux ans dans le
diocèse de Bayonne, il avait occupé différents postes de précepteur
depuis cette époque. — M™* Alphonse Gu&rin, née de PotftfCRBUL. veuve
de M. le baron Hîppolyte de Montguit, et épouse de M. A. Guérin,
membre de l'Académie de Médecine, chirurgien honoraire des hôpitaux,
commandeur de la Légion d*honneur, mort au château du Fresne
près Mauron (Morbihan), le 6 janvier 1890. — M. Francis-Jean-
Marie-Etienne Maillard, maire du Loroux-Bothareau (Loire-Inf.) mort
le 20 janvier à Tâge de 54 ans. — M. l'abbé [Gandon, ancien curé de
Rougé, mort au Grand- Auverné, le 21 janvier à l'âge de 84 ans. -*
M. Mathurin GutaiN, maire de Paiinpont (Ille-et- Vilaine), conseiller
d'arrondissement, mort le 25 janvier à l'âge de 49 ans. — Le T. G. F.
ToBtB Habasqub , de la Doctrine chrétienne, mort à Vannes le 26
janvier à l'âge de 53 ans. — M. l'abbé Calvez, recteur de Treguennec
(Finistère), mort dans les derniers jours de janvier. — Le R. P. Ghsvalibr,
né en 1846, missionnaire au Nyanza, mort en janvier. — M. Albert de
la Brièrb, frère du comte Natalis de la Brière et de la vicomtesse de
Gouêssin, et cousin-germain de notre confrère, M. Léon de la Brière,
ancien maire de Bièvres près Paris, mort dans cette ville le 2 février,
chez son oncle M. Salentin, conseiller à la cour de cassation. — Le
T. G. F. GoRÈBB, de la Doctrine chrétienne, mort à Quimper le 2 février.
— Sœur Briot db Loyal, religieuse ursuline, morte le 4 février à
Ploêrmel, à l'âge de 52 ans. — M»* Félix Lbmoine, née Léontine Chb-
VBRBAU, morte à Nantes le 4 février. — M. Tabbé Lb Guillou, chanoine
du Chapitre de Notre-Dame de Paris, chanoine honoraire du diocèse
166 CHRONIQUE
deQaimper, ancien aumônier de Thôpitaldela Charité, et ancien curéd^
Levallois-Perret, mort à Paris le 5 février, à Tâge de 86 ans. — M. Jean
Mazimîiien-Léopoid Nourry, ancien vîce-présideixt da tribunal c'mi
de Vannes, mort dans cette ville le 6 février, à Tàge de 70 ans. Né à
Saintes le 1*' novembre 1819. il était fils de René-Maximilien Noarry,
professeur au collège de cette ville et -de Marie-^Estelle Merveilleux il
avait été substitut à Jonzac et à la Rochelle, puis procureur à Mootfort
avant d'être président à Vannes. — > M. Jules du Bouàys de la BÉG/issiisi.
ancien administrateur des eaux et forêts, ancien maire de Plœuc
(Gôtes-du-Nord), officier de la Légion d'honneur, père du colonel Adrien da
Bouays de la BégasQière, co jnnandant de TËcole d'artillerie de Versailles,
mortà Piorec le 6 février. — M"«Gdépratte, née Gourdan, femme da lieu-
tenant de vaisseau Guépratte, morteà Brest le 8 février.à Tâge de 25 ans.-
M. Gabriel de Fbrrb dk Peyrouz, ancien officier de marine, chevalier de
la L^on d'honneur, mort à Brest le 8 février à Tâge de 71 ans. ~ Soeur
BtiennetteJeanne Mabit, religieuse de saint Vincent de Paul à Vannes,
morte dans cette ville le 10 février à Tâge de 49 ans. — M. Tabbé Daniel,
recteur de Melrand, le 1 1 février. — M«« Henri Bon du Val, née Claire
Marie-Euphosie-Garoline Sarzeaud, morte à Nantes le 12 février à Tâge
de 59 ans. — M. Auguste -Gabriel Haas, assureur maritime mortà
Nantes, le 12 février à Page de 55 ans. — M. Pabbé Tenaco, professeur
de rhétorique au Petit-Séminaire des Gouêts, né à Saint-Malo-de-Guersac
en 1851, mort le 12 janvier, des suites d*un anthrax. — M. Henri
Naintrâ, ancien magistrat, mort à Nantes le 12 février, à l'âge de 58 ans.
— Mère saints Aurélie, ancienne supérieure de la communauté des
Ursulines de Ploêrmel, morte en cette ville le 12 février. — M. £dmond
de Baruère, officier de la Légion d'honneur, ancien consul à Tiflis,
Ërzeroum et Jérusalem, puis consul général à Smyrne, mort à Paris le
14 février. Né à Morlaix, le 14 octobre 1812,11 était fils de M. de Barrère,
ancien sous-préfet de Pontivy et de Madame, née Le Dissez de Penannin
— M. Henri -Edouard-Auguste Bernard de la Turmblièrb de Là Pbccau-
DiÈRB, mort à Nantes le 14 février, à Tâge de 71 ans. — M. Paul-Jolien-
Marie Tort, lieutenant de vaisseau, mort presque subitement le 14 février
à Villefranche où il était embarqué sur V Amiral- Duperré, comme officier
commandant la compagnie de débarquement. Lieutenant de vaisseau
depuis 1888, M. Tort n'avait pas encore 28 ans et avait épousé M"'
Maignan, fille de l'ancien maire de Lorient.
M. Georges-Auguste-Jean-Marie Nicolas de Râmond du Gha^xas,
mortà Quimper le 15 février à Tâge de 30 ans. — M. Emile Lb Provost,
frère de M. Le Provost, vicaire général de Saint-Brleuc. décédé ie 16'
février à Plouguenast. — M»« la vicomtesse de T^nouarn, née Marie-
CHRONIQUE 167
Adèle de Lbybr, morte à RenDes le 16 février à l'âge» de 20 ans. —
M. Félix RonoiER-LAGAiTE, petit-fils du général baron Fririon, grand-
officier de la Légion d*honneur et de la baronne Fririon, mort à Vannes
le 16 février, à Tâge de lî ans, au collège Saint-François-Xavier. — *M™«
Clarisse Oobé-Graslin, veuve de M. Henri Mâgnikr de Maisdnniuvb,
morte à Nantes le 17 février. — M. Yves Hbrnot, le sculpteur bien
connu en Normandie et en Bretagne, chevalier de 8aint-Grégoire-le-
Grand, mort à Lannion le 17 février. — H^* de .Vaultenet, morte vers
le 18 février, âgée de 79 ans, à l'hôpital de Meillac (Ille-et-Vilaine).
qu'elle avait fondé. — M«* Modeste-Julienne Monnibr, religieuse du Sacré-
Coeur, morte à Qaimper le 19 février, à l'âge de 81 ans. — Sœur Julie-
Amicie Racine, religieuse de la Visitation à Rennes, morte le 19 février
à l'âge de 47 ans. — M. Auguste-Toussaint Pelaud, ingénieur en chef
des ponts-et-chaussées en retraite^ inspecteur général'jhonoraire dudit .
corps, chevalier de la Légion d'honneur, mort à Saint-Brieuc, le 21
février àTâge de 71 ans. -— M"« Benédict-Henry Lbfort, née Marthe
Co ville, épouse de M. Benédict Lefort, ancien officier au 116* régiment
d'Infanterie, à Vannes, lieutenant au 107« régiment à Angoulôme,^efc
fille de M. Alphonse Goville, lieutenant-colonel, commandant le 21* régi*
ment territorial, directeur de la Colonie du Val-d'Yèvre, près Bourges,
morte à Angoulêmele 21 février, dans sa 21* année. —
S. G. Mgr Billion, évoque du Cap-Haïtien (Océanie), mort dans son
diocèse le 21 février. Le vénéré prélat, originaire de Mauron (Morbihan)
fit ses études au collège de Redon et sa théologie au Grand-Séminaire de
Vannes, son diocèse d'origine. Nommé professeur au collège de Saint-
Stanislas de Ploêrmel,il devint supérieur du Petit^Séminaire de Sainte-
Anne qu'il dirigea plusieurs années. Appelé par Mgr Guilloax, archevêque
de Port-au-Prince, il o£fritson dévouement et sa vie à la mission d'Haïti.
Vicaire-général de l'archldiocèse de Port-au-Prince, il fut nommé en
1873 évoque du Cap-Haïtien et sacré ^n la Basilique de Sainte-Anne
d'Auray par Mgr Bécel, assisté de NN. SS. les évoques de Nantes et de
Quimper.
De 1873 à 1885, année de la mort de Mgr Guilloux, Mgr Billion admi-
nistra le diocèse du Cap-Hutien, acquit un immense ascendant sur la
population et s'attacha tous les cœurs. Aussi ce fut avec de profonds
regrets que les habitants du Cap le virent s'éloigner d'eux, en 1886, pour
succéder à Mgr Guilouz, au titre d'Archevêque de Port-au-Prince.
Premier évêque du Gap^Haïtien, Mgr Billion avait tout à créer dans
cette église naissante ; il n'accepta la haute dignité de Tépiscopat qu'après
bien des hésitations et lorsqu'il fut convaincu que son acceptation était
le seul moyen d'affermir, en Haïti, la hiérarchie ecclésiastique et lui
donnait l'espoir fondé d'étendre en ce pays, le règne de Dieu.
168 CHRONIQUE
II meurt au milieu de ses enfants d'adoption, mais bien loin de sa
véritable patrie, de la France, de la Bretagne, du pays où se trouYent sa
famille et «es affections.
M. Gustave de Sàllibr-Dopin, lieutenant d'artillerie de marine, em-
porté en quelques heures par le choléra, à Hué en Anqam, le 22 février à
r&ge de 29 ans. Il était fils de M. de Ballier-Dupin, le sympathique
conseiller général du canton d'Argentré (Ille-et- Vilaine). — M. Arthur
QuYOT DE Salins, contrôleur des douanes à Lorient, mort dans cette
ville le 24 février à T&ge de 55 ans. — Le R. P. François Bon, succes-
seur duR. P. Pinas, comme supérieur du Juvénat de Saint-Louis fondé
à Plancoêt par les Ëudistes, mort le 26 février à Elven où il était allé
voir une de ses sœurs dangeureusement malade, à l'âge de 52 ans. —
M*^* Fanny Lomguècand, sœur de M. Longuécand, le poète charmant et
• modeste dont le nom a franchi depuis longtemps les limites de la Bretagne,
morte le 26 février à Saint-Malo dons sa 70» année. — M. l'abbé Pierre-
Ange-Joseph Dany, mort à Nantes le 27 février, à l'âge de 75 ans. —
M. le contre-amiral Bigrbl, major général de la marine à Rochefort,
né à Loudéac (Gôtes-du-Nord) et mort à Paris le 27 février à Tàge de
62an8. — M. l'abbé Jaunet, curé de Touvois (Loire-Inf.) depnis 1873.
né à Sainte-Pazanne en 1826, mort le 27 février. — M. Philippe Lb Merbr,
sculpteur distingué, mort à Lannion en février. — Le T. G. F. Cons-
tantin Galbron, de Plougastel-Daoulas, mort à Saint-Brieuc le 2 mars
à l'âge de 23 ans. — M. Athanase HiMox-DapLBSsis, avoué, ancien
maire de Pontivy, ancien conseiller général du Morbihan, mort à
Pontivy le 2 mars. — M. l'abbé Jean-Baptiste Gauthibr, ancien curé de
Ghemeré, né à Moisdon en 1823, mort le 2 mars.
M««veuveGLAiZB, mère du regretté M. Paul G laize, ancien préfet de
la Loire-Inférieure, à présent Gonsul de France à Monaco, morte à
Monlipellier le 2 mars à l'âge de 82 ans. — M. l'abbé Bbilvbrt, vicaire
à Saint-Etienne de Montluc, né à Donges en 1851, mort le 2 mars. -
M. Emmanuel-François -Marie Guevrol\is, ancien avoué, mort à Rennes
le 3 mars, à l'âge de 55 ans. — M. db la Blanghardièrb, beau-frère de
M. de Gadaran, décédé dans les premiers jours de mars à Bazouges-la-
Pérouse, (lUe et- Vilaine). Longtemps adjoint de la commune de Saint-
Samson, M. de la Blanchardière était aimé et vénéré des paysans qui
le trouvaient toujours prêt à leur rendre service. — M. Aristide
Letodrnbux, conseiller honoraire à la Gour d'appel d'Alger et ancien
vice -président à la Gour internationale d'Alexandrie de 1876 à 1881, mort
Alger le 3 mars. Né à Rennes en 1820, M. Letourneux appartenait à
une très ancienne famille de Nantes, dans laquelle se perpétuaient
depuis le XV1« siècle les fonctions de sénéchal de Goulaine. Son grand-
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CHRONIQUE 168
père avait été procnrear-général-syndic à Nantes, pendant la Révolution,
avait pris part en juin 1793 à la défense de Nantes contre les Vendéens
et était devenu ministre de Tintérieur sous le Directoire. Son père avait
débuté comme avocat général à Rennes, et était devenu président de
Chambre à. la Cour de Rouen. Quant à lui, il avait parcouru de 1884 à
1881 tons les degrés de la hiérar^ie judiciaire. C'était de pilus un
linguiste de premier ordre et un naturaliste des plus distingués. En
botanique, en entomologie, en malacologie, il rivalisait de pair avec
les premiers spécialistes de notre temps. Il n'est guère de points d*Europe,
d*Asie-Mineure, d'Egypte, d'Algérie, 4e Tunisie qn*il n*ait visiter pour en
étudier la faune et la flore. Peu d'Européens connaissent mieux
que lui nos possessions africaines. Dans ces dernières années, il avait
été chargé de missions en Tunisie, sous la direction de M. Cosson,
membre de l'Institut. Les travaux de linguistique de M. Letourneux
sont plus importants que ceux d'histoire naturelle.
M. Letourneux est mort à Saint-Eugène (Alger), des suites d'une chute
de cheval, faite l'an passé dans une exploration qu'il accomplissait à
r&ge de soixante-neuf ans. Il était cousin-germain de notre honorable
concitoyen M. Letourneux, ancien chef de bataillon au 64* de ligne,
membre de la Société de Géographie, Commerciale de Nantes.
M. Gustave Cholbt, avoué honoraire, mort à Nantes le 3 mars. —
Mn* Thibault db la Guichardièrb qui vient de s'éteindre chez son fils,
M. Fernand Thibault de la Guichardière, ancien juge de paix révoqué du
canton de Plancoêt^ dans les premiers jours de mars. Elle était veuve du
vaillant chrétien qui rédigea longtemps à Saint*Brieuc la Foi Bretonne. —
Le vicomte Louis Qubhpbr db Lanasgol. mort à Nantes le 3 mars à
l'âge de 56 ans. — M. Edmond Arnous-Rivièrb, publiciste, chevalier de
la Légion d'honneur, mort le 4 mars, à l'âge de cinquante-huit ans. Il
avait collaboré à de nombreux journaux de Paris et de province, entre
autres au Journal des Débats et comme correspondant en Tunisie, à la
Francôy etc. Il a ét^ directeur politique du Progrès de Lyon ; rédacteur en
chef de V Indépendant de V Ouest , de V Impartial de Saône-et-Loirey de
V Indépendant de Constantine. Il est auteur d'une Méprise du cceur, roman
autobiographique, édité chez Dentu et publié au Figaro. Il en avait tiré,
en collaboration avec M. Greorges Richard» une pièce qui a été jouée au
Ghàteau-d'Eau.
Officierau3*dragons, il s'était distingué pendant la guerre sous les
ordres des généraux Michel et d^Aurelles de Paladine.
Le général Boërio écrivait de lui que c'était un officier d'une trempe
peu ordinaire qui lui avait rendu d'éclatants services. Plusieurs fois,
déguisé, il n'avait pas craint de franchir les lignes prussiennes, au risque
170 CHRONIQUE '"'
d'être pendu, et]ses rapports^ avaient été fort appréciés. iM. Edmond
Arnoos-Rivière laisse une veuve et deux enfants.
M. Tabbé Jean-François Nicol, missionnaire à Haïti, mort à Ques-
tembert le 5 mars à l'âge de 32 ans/— M. l'abbé Louis Courtois, vicaire
à Saint-Servais, décédé dans cette paroisse le mercredi 5 mars après une
longue maladie. Né à Duault en 1854, il fut d'aboi^ vicaire à Pluzunetet
à Pleumeur-Bodou et devint 'vicaire à Saint-Servais le 4 août 1888. —
M<*« Hbrnot, veuve de M. Hernot, Taimable poète et distingué sculpteur
breton, mortejà Lannion le 6 mars. M. Hernot et sa femme étaient deux
âmes d'élite qui se complétaient merveilleusenient et savaient s'apprécier
à leur juste valeur. Aussi quand |M. Hernot, poète de mérite chantait
ces vers bretons :
Vikel-vrae an Escop'zo deuz a Loguivy
Ma groeg a zo ive : n^eus parons bet evellhi,
il rendait joyeusement un juste tribut d'hommages à sa dévouée com-
pagne. Mn« Uemot était réellement douée en effet des plus grandes qua*
litéft du cœur et le poète Ta dit : € C'est le cœur qui fait tout. » En
perdant la meilleure des mères, les pauvres de Lannion ressentiront
longtemps le contre-coup de cette mort aussi cruelle qu'inattendue. —
M. l'abbé Jouanmic, ancien recteur de Monterrin*(Morbihan), mort le 5
mars à l'âge de 84 ans. — M. Paul Timothée de Ma^ionamt, mort à Rennes
le 5 mars à l'âge de .54 ans. ~ M. Jules de Bbll/lbrb, maire de Seven-
Lebart (Côtes-du-Nord), mort le 6 mars à l'âge de 75 ans. En récom-
pense de ses services et la cause catholique. Pie IX l'avait nommé che-
valier de Saint-Grégoire- le-Grand. — M*^*' Françoise-Marie Magon de la
ViLLBHuoHBT, mortc à Saint-Malo le 6 mars dans sa 86* année, alliée aux
familles de la Mettrie, de Cheffontaines, dePorcaro, de Bregerac, etc.,
M"* de la Yillehuchet était associée à toutes les bonnes œuvres et laisse
une mémoire bénie de tous ceux qui l'ont connue. — Sœur Mélanie
CoBBEL, supérieure des religieuses du Bon-Sauveur de Bennes, morte le 7
mars dans sa 68* année, après 47 ans et 10 mois de profession religieuse.
— M. l'abbé Charles Goujon, recteur de Laignolet, ancien aumônier de l'hos-
pice Saint-Mélaine à Rennes, mort le 7 mars à l'âge de 69 ans. M. l'abbé
Goujon administrait la paroisse de] Laignelet, depuis 21 ans et y laisse
d'unanimes regrets. — Sœur Saint-Albbrt Loot, religieuse du Saint-
Esprit, à Saini-firieuc, morte le 7 mars à l'âge de 69 ans, après 48 ans
passées dans la congrégation. — M™* Marinier, née Marie Renée -Phi-
lippine de Golbeby, morte â Rennes Je 18 . mars à l'âge de 47 ans. —
M. l'abbé Félix Faisant, chanoine honoraire, ancien recteur du Quiou
(Côtes-du-Nord), mort le 8 mars à Plouasne où il était né. — M. l'abbé
UigitizeJbyGUU^U
CHRONIQUE 171
Louis GoRUERAis, chanoine honoraire, anc'cn curé de Notre-Dame de
Clisson, mort àNantes le 9 mars à Vkge de 72 ans. — L*éminent scnlpteur
Adolphe Léopanti, mort tristement à Rennes le 10 mars à Page de 59 ans.
H laisse une œuvre assez considérable. Originaire de Rennes, il suivit
les conseils de Picot et de Lanno. Il avait obtenu une mention honorable
au salon de 1882 avec un haut-relief Pro patria mori. Il avait envoyé à
l'Exposition universelle le Christ au tombeau^ qui appartient au musée de
Riom. Signalons parmi les autres œuvres de ce sculpteur : Joachim du
Bellay^ le Pêcheur de pieuvres, VEnfanUJésus et Us Sainte Vierge, Portrait
du Père de Lamennais et un groupe important, Œdipe devinant Pénigme du
Sphinx. Il avait envoyé au dernier Salon lé buste de M. Jules Simon. On
lui doit également la statue du docteur Guépin à Pontivy et de nombreuses
et de remarquables illustrations, notamment dans la Revue illustrât de
Bretagne et cC Anjou.
M. Pabbé Pierre Lbquillibg, curé de Garquefou, mort dans cette
paroisse le 10 mars. Né à Nantes en 1823, il était curé de Garquefou
depuis 1862. — M^^* Le Goroller de la Yibdx ville, de Tréguier,
morte à Paris le 10 mars à Tâge de 20 ans. — M. Jèoou, juge
de paix du 2* canton de Lorient, né à Guémené-sur-Scorff, le 20
septembre 1825, mort sobitement à Lorient dans sa 65* année. li débuta
dans cette ville comme commis de marine, devint greffier du tribunal
civil vers 1856 et fut ensuite nommé aux fonctions de juge de paix à
Guérande, puis à Lorient.
Magistrat intègre et indépendant, M. Jégou, avait l'estime de tout le
monde. Ecrivain consciencieux, il a publié deux ouvrages remarquables
sur rhistoire de Lorient depuis ses origines. Histoire de la fondation de
Lorient, paru en 1890 et VHistoire de Lorient, port de guerre (1690-1720;
paru en 1887. M. Jégou, se proposait de faire paraître un 3« volume :
Lorient pendant la période révolutionnaire. Il avait accumulé une foule
de matériaux, de notes, d'anecdotes fort intéressantes qu'il n'avait plus
qu'à réunir et à coordonner.
Travailleur infatigable, M. Jégou avait relevé avec un soin scrupuleux
les anciens registres de Tétat civil de l'arrondissement de Lorient et
formé un catalogue manuscrit d'une très grande valeur, mine précieuse
de renseignements sur les anciennes familles du comté f de Vannes ; il
était un des collaborateurs de M. de Kerviler pour l'important ouvrage
en cours de publication, le Bépertoire de Bio-Bibliographie bretonne.
M. Augustin Gazet du Ghatelier, mort à Nantes le 13 mars, à l'âge
de 76 ans. — M. le général Archibald Hugh Hopb, ancien major-géné-
ral de la cavalerie à Madras, époux de Miss Garoline Ëlizabeth Jones,
mort à Dinan le 14 mars, à Tâge de 70 ans. — M. Jules-Ernest Pellu du
wÊÊ'
F
Ghamprenou, contrôler I
archéologique de Nan 3
Nanteâ le 14 mars â
M. le docteur Pastol I
M. Alfred Baschbr, »
lanterie, chevalier r i
Nantes le 15 mars
été nommé sous-^ i
taine en 1855, ch 1
de la Loire-Inféi
Albert de RéM(
retraite, cheval'
à l'âge de 71
neveu de M.
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mars à Page de 81 ans. — M. l'abbé Bxrnard, ancien recteur de Rospor-
den, mort le 21 itiars à Brest, à rftgede66 ans. — M. le capitaine
GciLLOuz, da 11* régiment territorial d'artillerie, Chevalier de la Légion
d'honneur, mort à Cannes yers la mi-Mars, à l'âge de 43 ans. — Mlle
Looise-Marie-Jeanne Mondain, sœur de notre compatriote, M. Mondain,
lieutenant au 65* régiment d'in&nterie,morte à Nantes le 25 mars, à l'âge
de 23 ans. — M"« Marguerite Nllliag, religieuse de l'Espérance, morte
à Rennes le 17 xhars à l'âge de 71 ans. — M^"* Lanolois, née Henriette-
Mari») GouoEON DB LA THBBAUoiiRB, morto à Rennes le 17 mars,à l'âge de
68 ans. — M»« Louise-Hélène Lajarthb db Saint- âiianb, née Lb Cou-
turier, décédée à Nantes le 24 mars, à l'âge de 68 ans.
NORMANDIE
En Normandie, nous devons signaler les pertes de M"« Âdrienne
Danobr, épouse de M. Adolphe- Victor-Honoré de Gairon, morte au
château d'Amblie (Calvados), le 7 décembre à l'âge de 82 ans, laissant
une fille unique M^* Marie-Philomène de Cairon, mariée à M. Marie-
Robert Â^chard, vicomte de Bonvouloir, dont il eut plusieurs enfants ;
— M"« Marie-Esther de Carbonnbl db Ganlst, marquise de Saintb-
Marib d'Aionbaux, dame de TOrdre royal de Marie-Thérèse de Bavière,
morte à Paris le 25 janvier à l'âge de 75 ans. Elle avait épousé le 23
novembre 1840, Théobald-René, marquis de Sainte-Marie d'Aigneaux
dont elle a eu deux fils : Georges-Ulrich, marié à M^^e Gigauld de Belle-
fonds et Robert-Hervé ; — M** Manobvjlle db Mariony, fille M. Claw-
BORNE, premier gouverneur de la Louisiane après la réunion de cet Etat
aux Etats-Unis d'Amérique, morte vers la mi-février ; — M. le comte de
Hbdou ville, ancien président de la Société d'encouragement au bien,
mort à Paris le 5 mars ; — M. Jean-Baptiste-Louis de La Londb du Thil,
mort à Rouen le 8 mars à Tâge de 76 ans ; — M. Raphaël Gonu, con-
seiller à la Cour de Cassation, ancien directeur des affidres civiles au
Ministère de la justice, officier de la Légion d'honneur mort le 15 mars ;
— M. Léopold Godard, cousin-germain de Tancien président du tribunal
de Bayeux, mort le 17 mars ; — M. Garnibr-Mouton, médecin-major au
74* régiment d'infanterie à Rouen,mort dans cette ville le 18 mars à l'âge
de 35 ans, victime de son dévouement à soigner un soldat atteint de
maladie contagieuse ; — M. l'abbé Dupont, curé de Sainte-Anne de Vire,
chanoine honoraire de Nantes, mort vers la mi-mars à l'âge de 86 ans.
174 CHRONIQUE
MAINE ET ANJOU
Dans ces deux provinces, nous avons à déplorer les décès : da R. P.
ândrouàrd, s. J. né à Javron en 1850, mort à Lille le 27 janvier ; —
M. l'abbé Brâjouin, né à Saint-Michel de la Raë en 1804, mort caré de
Simple le 28 janvier ; — M. Le Châtelain, ancien député de la Mayenne
à l'Assemblée Nationale de 1871, mort à Bf ayentie vers la mi- février
à Tâge de G4 ans ; — M. Singher, chevalier do la Légion] d*honnear, com-
mandeur de l'Ordre d'Isabelle la catholique, ancien maire de la ville du
Mans, ancien censeur de la Banque de France, fondateur et directenr,
honoraire de la Société d'Assurances mutuelles mobilières du Mans,
mort dans cette ville le 14 février ; — M. l'abbé Hippolyte Baqot, né on
1826, successivement vicaire à Saint-Clément de Graon, Laigné, Soulgé-
le-Bruant, Le Horps, puis curé de Chérancé, mort à Saint-Christophe le
23 février ;— M"» la comtesse d'EL va, morte en février au ch&teau de
Changé près Laval ; — M. le colonel Chevreul, ancien commandant de la
garde nationale en 1870, officier de la Légion d'honneur mort à Laval le
18 mars ; M»« la marquise de Quatrebarbes, morte le 19 mars au château
de la Sionnière ;
M. de RiGHBGouR, professeur de droit administratif à la Faculté Catho-
lique d'Angers, enlevé à l'affection des siens après une courte maladie
le 25 jaavier ; — M. François de Miomanore ob Saint- Pardoux, né en
1806, mort à Angers le 30 janvier. Il était le troisième fils de M. Jacques
de Miomandre et avait épousé M'** de Mergey. dont il n'a eu qu'une fille,
ses quatre frères moururent sans postérité, mais une branche de cette
famille originaire de la Creuse, subsiste encore à Volvic (Puy-de-Dôme);
— M. Adolphe Boutillibr de Saint-Amorâ, banquier à Cholet, mort
dans cette ville le 3 février à Tâge de 48 ans ;
Mb* Marie-Augustine Nivelot, baronne Millin de Grandmaison, morte
au château de Velor le lO février dans sa 81« année — M. l'abbé Merit,
chanoine honoraire curé de Saint-Pierre de Saumur, mort dans cette ville
le 15 février dans sa 59® année. Né à la Jumellière, M. Tabbé Mérit avait
été successivement vicaire à Martigné, professeur de rhétorique au Petit-
Séminaire de Montgazon, curé de Saint-Lambert du Lattay et devint
curé de Saint-Pierre de Saumur le 21 mai 1876. D'une intelligence supé-
rieure, l'abbé Mérit était en outre un écrivain des plus distingués et ses
nombreux ouvrages aussi bien que ses remarquables instructions, Tavaient
classé depuis longtemps parmi les 'écrivains les plus estimés et les plus
brillants, tout en lui faisant un nom justement célèbre dans la belle lit-
UigitizedbyGuU- ^'^ '^^^''^
térature. On lui doit entre autres travaux : Lettres sur le Beau en titté^
rature ; — Un traité sur la foi ; Divers opuscules sur Dieu et la Religion ; —
Histoire de iV.-5.-/.-^. diaprés les 4 évangiles; — Histoire des premiers temps
de l'Église ; — Epîtres de Saint-Paul, (Traduction et étude sur saint Paul
comme orateur et comme écrivain.) —M«« Julie-Marie Millassbau, née à
Ghôlet, veuve de M. Jacques deFLEuaiAN. décédée à Saintes le 17 février,
à Tâge de 73 ans. Elle était cousine de M. dé Fleurian, capitaine au 6® ré-
giment de ligne et grand'mèré de M. Florentin, imprimeur à Ma*
rennes ; ~ M»* Sboris, née Ëlisa Avenant, veuve de M. Segris, ancien
ministre de TËmpire dans le cabinet OUivier, morte à Angers le 12 mars.
— M»« la comtesse Eugène dôTsavES, née de la Gharlonib de la Blotais,
décédée àGresté (Maine-et-Loire) vers la mi-mars.
POITOU *ET SAINTONGE.
En Poitou et Saintonge, nous avons à déplorer les pertes de M. Pabbé
Jacques-Elie Gaullikb, ancien curé de Geay , mort à Poitiers le 3 1 dé-
cembre. — M. l'abbé Guillaume Fauqas, né en 1810^ ordonné prêtre en
1834, curé de Talmont depuis 1880. mort dans cette localité le 15 janvier ;
— M. Henry-Joseph de Bonnbgbns oes Ubrmitans, chevalier de la
Légion d'honneur, président honoraire du tribunal de SaintrJean d'An-
gely, mort au château des Hermitans, commune de Venansaalt près la
Roche-sur-Yon (Vendée) le 21 janvier à Tâge de 84 ans. — Né à Saint-
Jean-d'Angely le 23 janvier 1806, il était fils de Jean- Joseph Bonne-
gens, 8s' des Hermitans lieutenant en la sénéchaussée de Saint- Jean -
d*Angely, député du Tiers aux Etats généraux de 1789, puis président
du tribunal civil de cette ville et d'Anne Torchebœuf-Lecomte. Les
Bonnegens des Hermitans ont été anoblis, par lettres patentes du 4
février 1815; — Le R. P. Bonin de la Compagnie de Marie, décédé
à la communauté du Saint-Esprit à Saint-Laorent-sur-Sèvre vers le 24
janvier. —M. Tabbé Auguste Simoneau, curé de l'Ille d'EUe (Vendée) l'un
de nos premiers collaborateurs et l'un des fondateurs de cette Revue en
1885, décédé vers le 25 janvier. On lui doit divers travaux publiés dans
les journaux et les Revues de notre région et notamment dans la Revue
historique de VOuest ; — M. Lonis-Gharles-Emmanuei Pasqueraye, comte
du RouzAY, élève de Saint-Gyr en 1830, fils d'un chevalier de saint Louis,
neveu de M. de la Bourdonnaye, ministre de Gharles X, ancien maire de
Saint- Jean des Mauvrets, dont le fils fut tué à l'ennemi en 1871 , mort
dans les premiers jours de février ; — M. Morin o'Yvonmièrk, ancien con-
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seiller général de la Vendée, mort dans les premiers j'onrs de février j —
Le R'. P. Adolphe Brazille, missionnaire de Ghavagnes, décédé an no-
viciat de Ghavagnes en Paillers le 13 février. -— M"« Marie-Azélie
AuBiNEAU dInsay, veuve de M. Richabd des Forges, morte à Poitiers le
21 février à Page de 77 ans. — M. le chanoine Bourbon, décédé à Loçon
(Vendée) le 24 février. Né le 2 janvier 1816, au Boistissandeaa, commune
d'Ardelay, d'une famille très honorable, M. Louis-Edmond Bourbon fat
nommé en 1839 professeur de philosophie au Grand-Séminaire de Luçon
et publia un Cours de philosophie qui devint classique. Il quitta
sa chaire en 1863. et fut nommé chanoine titulaire de Luçon.
Le colonel d'artillerie en retraite db Montréal, mort à La Groisiile
(Haute- Vienne) veri) la Mi-Mars. — M. le capitaine de gendarmerie en
retraite Dassy, chevalier de la Légion d*bonneur. ancien commissaire de
surveillance administrative au chemin de fer d'Orléans, mort à Poitiers
]e 17 mars à l'âge de 80 ans. — M«« la comtesse d'Aviau de Piox^hT,
née de la Roullière, décédée en son h6tel à Poitiers, vers la mi-
Mars à l'âge de 76 ans. — M. Marie- Adolphe Duport. ancien député
de la Ghar^nte, né à Saint-Jean-d'Angely le 26 janvier 1862, mort
à Paris de l'influenza le 5 février, à l'âge de 28 ans. Docteur en droit,
avocat à Paris, il était fils de M. Jean-Aubin Duport, banquier et
demoiselle Marie Druet, son épouse, neveu par alliance du Maréchal
Regnault de Saint-Jean-d*Angely, du baron Davilliers et du colonel
comte de Briey. Il avait épousé en 1889 M^^* Verrier, belle-fille de
M. Gunéo-d'Omano, capitaine de cavalerie en retraite, frère de M. Gonéo-
d*Omano, député de la Gharente. — M. Pierre Fontreaux de Jallais,
ancien garde du corps, né à Gonfolens en 1799 mort à Saintes
le 14 février dans sa 91e année. Il était fils, de Jean-Baptiste
Fontreaux de Jallais et de Marie- Marguerite Ghampville et avait été
conseiller municipal de Saintes en 1821' — Le contre-amiral
Léopold-Augustin-Gharles Pallu de la Barrière, né à Saintes le 27 août
1828, fils de Charles Pallu, professeur de rhétorique au collège de Saintes
et de Victoire-Hélène Gonstantin, mort le 18 février.
Jehan de la Savu^ayb.
Vannes. — Imprimerie Eugène LÂFOLYË.
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DEVISAIRE DE BRETAGNE
TOUS les étymologistes sont d'accord sur la langue d'où
nous vient le mot Devise, C'est au latin que nous
sommes redevables de la plupart de nos vocables
usuels, et celui-là a franchi les Alpes, comme bien d'autres,
avec les soldais de Jules César. Du reste, nous ne trouvons
dans les anciens idiomes gaulois ou celtique, aucune racine
dont nous puissions le faire dériver.
Il faut rejeter de prime-abord une opinion qui consisterait
à faire venir devisum, devisa, de videre voir. 11 est vrai
que les devises emblématiques ou autres, ont été généra-
lement placées très en vue, soit sur des bannières, soit sur
des monuments ; mais laissant décote cette remarque qui
peut paraître spécieuse, nous préférons, avec Litiré, tirer le
mol devise de dividere. Sans nous arrêter aux transforma-
lions que le temps et les copistes ont fait* subir à ce verbe
pour qu'il devienne notre mot français devise, conslatons
simplement un fait principal : Ses dérivés ont toujours im-
pliqué un sens de division, de détail ; Le substantif féminin
devise ne fait pas exception à cette règle générale. Il a très
T. VI. — DOCUMENTS. — ► VI* ANNÉE, 3« LIV. 12
ancieimement deux, significations, en apparence très éloi-
gnées de celle que nous lui donnons aujourd'hui; il veut
dire: Testament ou robe bigarrée Le testament n'est à pro-
prement parler que la division ou le partage des biens du
testateur entre ses héritiers. Les robes bigarrées', données
par les rois ou les grands seigneurs à leurs officiers les jours
de fête, devinrent bientôt la marque distinctive d'un emploi
ou d'un parti. Disons en passant qu'elles étaient composées
de bandes d'étofTe de diverses couleurs cousues ensemble,
sur lesquelles des broderies ou des applications simulaient
des figures. Une certaine étiquette présidait à la disposition
de ces ornements; plusieurs auteurs croient y retrouver
l'origine des pièces les plus honorables de l'écu, telles que la
fasce, la bandei le pal, le chevron, etc. De diviser on passe
facilement à l'idée d'indiquer cotte division par le dessin. ,
D'après cette étymologie, la devise est donc une figure, un
emblème. Cette définition concorde d'ailleurs avec la logique
des faits et les enseignements de l'histoire et, sans préjuger
des règles posées plus tard par les Bouhours ^l les Mènes-
trier, si Ton trouve presque toujours à côté du dessin
quelques mots plus ou moins explicatifs, il faut les prendre
comme un enjolivement, quelquefois nécessaire; et, si les
mots se prés<întent seuls, ils doivent être regardés comme
une exception consacrée par l'usage. Cependant, à notre
époque, on confond sous un môme nom, tout proverbe, tout
dicton, toute sentence, qu'ils aient été ou non choisis par une
collectivité ou par un individu. Sous cette forme, les devises
sont innombrables : « L'antiquité, écrit Adrien d'Amboise,
nous fournit de cette marchandise de prix à pleins maga-
sins. » Pas un poëte, pas un prosateur dont les ouvrages
n'en soient remplis : la Bible en est pleine, les sages de la
Grèce en abusent, et les druides en confiaient à la mémoire
« Ces robes données on disait: livrées^ aux gens de leur cour, par nos rois
de la première race, ont donn*^ leurs noms aux livrées que portent actneN
leraent les domestiques.
DEVISAIRE DE BRETAGNE 1(9.
de leurs jeunes adeptes, dans les" forôts de rArmorique ; ce
sont de simples traits de morale ou d'esprit, à ce titre elles
n'ont pas d'histoire, ou plutôt leur histoire se confond avec
celle de l'esprit humain. Nous suivrons donc le précepte de
Boileau^ et nous nous bornerons aux devises adoptées par
les princes, les gentilshommes, les communautés, les villes
et les corporations.
Il n*est peut-ôtre pas impossit»le de suivre les devises à la
trace qu'elles ont laissée- dans les fastes des peuples. Presque
toujours elles sont Timage fidèle du siècle qui les a vues
naître et des passions de ceuK qui se les sont appropriées.
Au moyen flge, et môme encore aujourd'hui, elles sont le
complément des armoiries ; elles échappent à la sécheresse
didactique du blason, elles en sont la partie la moins aride.
Après avoir rallié les guerriers autour de leurs chefs, dans
de vraies batailles, elles ont embelli les tournois ; et, fixées
par le piûceau, le burin ou Taiguille, elles ont plu à l'esprit,
de même qu'aux yeux, a Noblesse oblige, » a-t-on dit. Com-
bien de preux n'ont-ils pas indiqué à leurs descendants, par
une devise^ la vertu primordiale dont il> ne devaient plus
s'écarter ? La foi, la charité, l'honneur, le courage, l'humilité
chrétienne, l'orgueil légitime de race, toutes les vertus, tous
les nobles sentiments se rencontrent tour à tour dans un
Devisaire, et se confondent avec les aspirations et les sou-
venirs les pîus glorieux. Si nous y trouvons par hasard
quelque folle vanité ou quelque tyrannique vouloir, souve-
nons-nous que d'autres temps les ont vu naître, que le
seigneur avait beaucoup fait pour le vassal et que nous ne
pouvons juger sainement de faits trop éloignés de nous.
Eloigné, certes le moyen-âge l'est déjà bien ; et cependant
nous devrons remonter bien au-delà dans le cours des siècles
pour trouver l'origine de la devise.
Nous n'avons pas Tintention de donner, comme Ségoing,
des armoiries aux enfants du pi emier homme ; nous ne
songeons pas à appeler Noé : Messire, et à lui faire porter
une df vise en latin; mais qu'il nous soit pernais, contre l'o-
pinion de plusieurs héraldistes, de la chercher au-delà des
croisades, et même de l'ère chrétienne. Ne nous attendons
pas à l'y rencontrer parée de toutes les grâces maniérées
du dix-septième siècle; elle sera simple, voire m6m(B gros-
sière ; une longue suite d'années a seule pu la polir et l'amener
au point où voudraient la trouver, pour la reconnaître, les
auteurs dont nous parlons. « La devise, disent-ils, est un pro-
duit du moyen-âge. Voyez les règles posées par les bons
connaisseurs : pas une devise de Tantiquilé n'y répond, donc
l'anliquité ne connaissait pas la devise. » C'est là une pétition
de principes : assurer qu'une chose n'exisie pas, parce qu'elle
n'existe pas d'après des règles formulées, revient à nier la
langue française, avant l'apparition de la première gram-
maire? ou la fondation de l'Académie.
Nous passerons sous silence les hiéroglyphes égyptiens
dont parlent cependant quelques auteurs, entre autres Claude
Paradin ; nous doutons qu'ils puissent rentrer dans noire
sujet. Laissons donc de côté l'histoire égyptienne et arrivons*
à celle delà Grèce ; nous trouverons dans ses annales et dans
ses monuments littéraires de curiouses et abondantes preuves
de notre opinion. Dans le principe, chaque chef de tribu,
chaque capitaine, dans un temps où la guerre dispersait les
combatlants plus que de nos jours, au sein de !a mêlée,
éprouva le besoin d'avoir un signe, conna seulement de ses
fidèles, pour les rassembler autour de lui. Pour l'un, ce fut
le premier objet venu : témoin : la botte de foin portée au
bout d'une lance par quelques peuplades ; pour l'autre plus
judicieux, ce fut l'image d'un animal, d'une plante, d'un être
réel ou fabuleux, mais ayant rapport, soit à une qualité per-
sonnelle, soit à un événement passé, heureux ou triste, glo-
rieux ou ordinaire, soit à une conquête entrevue et désirée.
Maintes fois l'obscurité, la poussière, les accidentsdu sol furent
tels qu'ils empêchèrent les guerriers de s3 rallier à la ban-
nière. En c^s moments difficiles,, leur chef fit usage delà
DEVISAIRE DE BRETAGNE 181
voix : ses cris les arrachèrent à l'ardeur du combat, ils les
guidèrent à la victoire ou leur firent opérer la retraite.
Parole enthousiaste, héroïque, invocation aux dieux du pa-
ganisme, entendue et retenue par la multitude, prédiction fan-
faronne, telles furent les premières inscriptions qui figurèrent,
à côté des emblèmes, sur les étendards et les boucliers. De
ce genre sont les devises que nous ont conservées les anciens
poëtes grecs, entre autres Eschyle et Euripide, le premier
dans les Phéniciennes, le second dans les Sept Chefs devant
Thèbes. Ces deux tragédies nous peignent la guerre allumée
par l'ambition entre Etéocle et Polynice. Le prix de la vic-
toire était le trône de Béotie que se disputaient ces deux
frères. Polynice était représenté sur son bouclier la main
dans celle de la déesse de la Justice, avec ces mots : « Je te ré-
tablirai. » Tydée, l'un des sept chefs portait sur son bou-
clier l'ime^e de la Nuit ; le fond était noir, semé d'étoiles d'or ;
au milieu paraissait Prométhée, la torche à la main, avec
ces mots : « Je réduirai la ville en cendres. » L'Etéocle d'Es-
chyle avait sur son bouclier un soldat montant à Tassant,
avec cette légende : « Mars lui-même ne m'arrêterait pas. »
On voyait sur celui d'Hyperbius un Jupiter armé de sa foudre,
avec ces mois : « A Jupiter victorieux » et, sur celui de Parthé-
nopée, un sphinx écrasant unThébain sou? ses pieds. Dans les
Phéniciennes, Parthénopée n'a aucune sentence gravée sur
ses armes ; mais écoutons le messager qui raconte Tassaut :
« Et d'abord s'avance contre sa cohorte hérissée de boucliers
le fils de l'intrépide chasseresse,Parthénopée,portant pourem-
blêmede sa famille, au milieu de son bouclier, l'image d'Ata-
lante perçant de ses flèches rapides le sanglier d'Etolie. » —
« Emblème de sa famille», ce détail est caractéristique.
Comment M. de Magny peut-il dire que la devise est un
fruit de la civilisation des races latines ? Virgile, il est vrai, à
la fin du VU" livre de l Enéide, donne des emblèmes aux
compagnons d'Enée et à ses adversaires, mais il s'est inspiré
des Grecs.
D'après Staces et Pindarc, le devin Amsîaras, portait un
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182 DEVI8AIRE DE BRETAGNE
dragon pour devise ; pendant la guerre de Thëbes^ Ulysse
devant Troie portait un dauphin.
Si Ton regarde les personnages des anciennes tragédies
grecques comme créés par l'imagination des poètes, on
peut trouver ailleurs des faits tirés de rhistoire. Ainsi
Xénophonnous a conservé les devises deCyrus, de Darius, de
Gambyse, de Xerxës ; « Marins, dit Valère Maxime, fut le
premier qui fit porter un aigle devant lui. » Pompée avait
adopté d'un lion armé d'un glaive. Alexandre le Grand ,
antérieurement à eux, avait pris le serpent comme emblème.
Les légions romaines avaient peintes sur leurs enseignes,
tantôt un cheval, tantôt un lion, tantôt le minotaure. II n'est
pas jusqu'aux médailles et aux monnaies antiques qui ne four-
nissent des exemples de devises. Celle d'Auguste représente
une ancre entortillée d'un dauphin, avec ce mot : Festina lenUy
celle de Vespasien, un papillon et une écrevisse avec, le mot
Matura. Nous pourrions remonter plus haut dans la fable et
dans rhistoire, citer les devises des conquérants de la
Toison d'Or; mais nous croyons avoir suffisamment dé-
montré que si la devise, telle qu'on la concevait au seizième
siècle, n'était pas connue des anciens, on en voit au moins
poindre le germe dans leur esprit.
Après les Grecs, après les Romains nous trouvons dans
l'Histoire de la devise une lacune regrettable. Les chroni-
queurs de la conquôte romaine dans les Gaules et ceux qui
les suivent ne nous ont pas conservé une seule devise au-
thentique. Il nous paraît cependant difficile que des peuples
aussi valeureux et dans l'esprit desquels la profession des
armes était tenue pour si glorieuse, n'aient eu aucun emblème
guerrier. Si nous n'en retrouvons pas sur leurs armures,
c'est que, probablement moins artistes et plus simples que
les nations du midi, ils n'avaient pas su les fixer par la
peinture et la gravure. Du reste la faucille d'or et le gui sacré,
la pierre sainte et la baguette de coudrier n'auraient fait
qu'une apparition bien courte sur la large poitrine de nos
ancêtres s'ils avaient pu ou voulu les y peindre.
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vécu. Les dî'
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184 DBVISÂlRE DE BRETAGNE
paraissent avoir été composées, d'après Torclre de Louis XIV,
par un père de la compagnie de Jésus pour en orner le pont
Notre-Dame. Citons cependant celles de Mérovée : c Nobis
ferox Attila cesstt, » de Ciovis !•' : « Salus mihi conjuge porta
est », de Ciiarlemagne : « Concilio major, qui maffnus in
armis, » II est néanmoins certain que les rois de France ont
eu fort anciennement des devises. Sous Charles VII, et avant
lui, dit Adrien d'Amboise, ils faisaient graver, sur les hoque»
tons de leurs orfevrisez, des emblèmes et des sentences. Ces
orfevrisez tiraient leur nom de leur armure : elle était faite
d*écailles argentées ou dorées, et embellies par le travail de
l'orfèvre. Les rois en mettaient aussi dès cette époque sur
leurs palais t et j*en trouve la raison très juste, dit encore
l'auteur que nous venons de citer,car,soit qu'ils entreprennent
quelques ouvrages publics et forteresses, soit qu'ils fassent
bastir quelque chasteau ou maison de plaisance, l'une et
Tautre de ces marques y sont njiises sur les frontispices et
en tous les lieux plus éminens, afin que la mémoire de Tau-
ttieur en soit perpétuée; autrement, s'il n'y avoit que les
seules fleurs de lis, on ne pourroit discerner au vray en quel
tems et sous quel roy l'ouvrage, auroit esté commencé ou
parachevé. >^ Paul Jove mentionne celles des douze Praladins
et c'est la première fois que noua rencontrons sur notre
chemin une devise bretonne ; c'est celle de Salomon de Bre-
tagne qui porte un échiquier. Il passe ensuite aux chevaliers
de la Table ronde ; mais les données que nous avons sur la
vie de ces personnages, si môme ils ont tous vécu, sont trop
incertaines et trop incomplètes pour que nous puissions dé-
mêler le fond de vérité qui inspirales auteurs . de nos pre-
miers romans de chevalerie.
En Orient, l'histoire nous a seulement transmis les devises
des lieutenants de Mahomet. Ali après avoir vaincu Osman
fit graver sur son sceau : a Dun cœur sincère f adore Dieu >
mais il n'y ajouta aucun dessin. Alhacème prit pour devise :
« Dieu seul est tout-puissant » ; — Muavias : « Dieu^ par-
donne moi ; » — Jesède son flls : « Dieu est mon Seigneur. •
DEVISAmS DB BRETAGNE 185
Il faut arriver ensuite à ceux qui- combattirent leurs des-
cendants et leurs prosélytes» aux Croisés, pour retrouver la
devise dans les Gaules. Elle n'a pas changé de caractère, et
c'est au milieu des camps que nous devons la chercher. C'est
la langue des héros, comme Ta si bien dit un auteur italien,
e\f plus que jamais,*la langue des héros chrétiens. Nous avons
vu qu'aux temps barbares, les guerriers prenaient une devise
pourôtre reconnus des leurs r les seigneurs se seraient de
môme trouvés bientôt séparés de leurs hommes d'armes, si,
en plus de la croix que les croisés avaient reçue des mains
de Pierre l'Ermife, ils n'avaient en un signe de ralliement
simple et facile à reconnaître qui permit à leur suite de les
retrouver promptement au milieu de l'immense multitude
lancée sur l'Asie. Beaucoup y ajoutèrent quelques mots
ayant rapport à leur grande et sainte entreprise. Les Bretons
partirent nombreux sous la conduite d'Alain Forgent ; ils
criaient déjà : « Malo au riche duc. » Nous savons aussi qu'à
cette époque les Montmorency priaient Dieu d'aider au pre-
mier baron chrétien, tandis que Ooulaine réconciliait deux
rois que leurs querelles empêchaient de partir pour la Pales-
tine, et en recevait la glorieuse devise portée encore par sa
maison. Plus tard, saint Louis permettait aux Chateaubriand
de graver sur leur sceau : « Mon sang teint les bannières de
France. •
Souvent aussi dans ces temps de troubles et au milieu de
guerres féodales, les chevaliers avaient besoin de cacher leur
nom et leur présence. A l'abri de tout regard indiscret sous
leur armure ils marchaient, casque en tête et visière baissée :
un signe convenu les faisait reconnaître de leurs seuls amis
etdéfler les indiscrets et les hostiles. Les romans de chevalerie
nous peignent à chaque instant des chevaliers ténébreux qui
cachent sous une armure noire un nom célèbre, un éclatant
passé, pour mener plus sûrement à bien quelque glorieuse *
entreprise. C'est ainsi que la légende, sinon l'histoire, proie
à Richard Cœur de Lion /row/^rmawoc pour toutes armoiries,
186 DEVISÂ1R£ DE BRETAGNE
lorsque après s'être évadé des prisoDs d'Allemagne, il revint
en Angleterre pour recoaquèrir son royaume. Si le malheur
poursuivait Richard jusqu'à le priver de sa liberté dans le
temps o£i ses Etats auraient eu le plus grand besoin de la
présence d'un roi tel que lui^ d'antres au moins révenaieni
heureusement dans leur patrie ; ou s'ils restaient sur le champ
de bataille d'outre-mer, acquéraient une telle gloire qu'elle
réjaillissait sur toute leur race. Harry avantX crient lesDinans,
après le fameux Rivallon, leur ancêtre^ compagnon de Geof-
froy de Bretagne. N'est-ce pas aussi un glorieux héritage que
la devise dès Byron d'Angleterre, que Ton retrouve sur un
acte authentique de 1292 : « CredeBeronii » (Vrpis en Biron).
que l'on peut rapprocher de celle de Bréhan. Foi Ue Brékan
vaut mieux qu'argent. On sait (Jue beaucoup de haut barons
furent obligés, pour se procurer l'argent nécessaire aux dé-
penses de l'expédition, d'engager leurs châteaux et leurs
terres, rî'est-il pas permis de croire que Byron et Bréhant
outrés de voir un misérable juif leur demander des garanties,
s'écrièrent dans un élan d'indignation. « Ma parole ne vaut-ell^
pas mieux qu*un grimoire ? »
Remarquons ici un fait important.
Pendant toute la période des Croisades la devise se mo-
difie et se complique. Le cri de guerre, qui de simple onoma-
topée était devenu mot, devient phrase. Les emblèmes se mul-
tiplient. Naguère une couleur, un chiffre. Une lettre, suffi-
saient. Maintenant elle emprunte toutes les formes, et de
l'emblème naît le blason. L'usage en devient aussi plus fré-
quent; les bannerets d'abord, puis môme de simples bache-
liers prennent une devise. Les communautés, les associations
civiles ou religieuses s'approprient des passages de la Sainte
Ecriture ; enfin les tournois en développent la coutume, et
nous dirions presque l'abus.
Les noms de familles se forment et les devises équivoques
à ces noms se produisent et naissent à leur tour. Quelquefois
môme le nom et le cri sont engendrés çn môme temps par
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Googîe"
DEVISAIRE DE BRETAGNE 187
ua événement unique. Vers 950 un comte de Rennes voit
s'élancer un de ses soldats dans la mêlée comme un estour-
beillon, il en fait la remarque et le soldat laisse à ses
descendants le nom d'Estourbeillon qu^ils conservent et
le cri : Crains le Tourbillon.
Mais déjà le christianisme a produit son cBUvre féconde. Les
disputes de la scolastique, souvent stérileSt ont du moins
aiguisé les esprits. Les victoires pacifiques des Abailard et'
des Albert Le Grand sont aussi célèbres que les exploits des
plus grands capitaines ; et si, comme à Tapogée de la civili?*a-
tion romaine, les armes ne le cèdent pas à la toge, la science
du moins va de pair avec la valeur. Les monastères, répandus
en grand nombre sur toute la surface du territoire, sont
remplis d'érudits, et les saints religieux n*ont pas peu con-
tribué à polir le rude langage des Francs. Les gentilshommes
instruits par eux, et beaucoup moins illettrés que certains
auteurs modernes voudraient nous le faire croire, prennent
goût aux choses de l'esprit. Virgile, Horace, Ovide sont peut
être lus avec plus d'activité et plus de fruit que de nos jours,
et souvent on leur emprunte un hémistiche ou même un
vers tout entier pour en parer ses armes ou ses vêtements.
« Pacere subjectis, debellare superbos, » écrivent les. du Breil
sur leur liste; Superis Victoria faustis », disent les Budes
de Guébriant.
Le goût des muses grecques et romaines déplaça un peu
le sentiment qui jusqu'alors avait présidé au choix des de-
vises. On voit poindre de temps à autre des allégories où les
dieux de la fable jouent le principal rôle. «D'un autre côté,
nous sommes en plein moyen-âge, et nous ne devons pas
trop nous étonner, après tant de grandes choses' accomplies,
de voir l'orgueil se faire souvent une large place au milieu
des plus respectables sentiments. Empressons-nous d'ajouter
que la Bretagne échappe à cette fâcheuse tendance. Nous
trouvons bien : « Malo au riche duc. » Richesse de Kermavan
et la fameuse devise de Rohan : « Roi ne puis, prince ne daigne.
Rohan suis », mais cet orgueil est légitime et n'a rien de bles-
sant pour la fierté d autrui. Du reste, dans toute la France
comme en Bretagne, c'est le sentiment guerrier qui domine,
et il n'en peut guère être autrement. On ne passe plus la mer
pour combattre, il est vrai; mais hélas! trop nombreuses
sont les victimes que la guerre fait en Bretagne, et nos preux
chevaliers peuvent à loisir éprouver la force de leurs
'bras. Pendant les courtes journées qui séparent les batailles,
anglais, français, brelons se provoquent en combats sin-
guliers. Geoffroy duBois s écrie : « Bois ton sang Beaumanoir, »
sous le chêne de Mi- Voie, et du Guesclin pousse son cri
de guerre en sélançantcontreThomasde Cantorbéry. A peine
une trêve, un armistice est-il conclu ; sous les murs de la ville
assiégée, sur le champ de bataille delà veille s'organise un
tournois ; les armes courtoises s'entrechoquent, et les enne-
mis de la veille, ceux du lendemain, combattent sous la
sauvegarde des lois de la chevalerie. Les tenants arborent
sur leurs tentes les devises qu'ils ont choisies, les hérauts
d'armes les crient avec leurs noms. Malheureusement nos
historiens nous ont conservé trop peu de détails sur ces fêtes,
et nous regrettons de ne pas trouver plus de devises en langue
bretonne, dans les descriptions de tournois qu'ont laissées
les chroniqueurs. Sauf Alain Fergent dont nous avons cité
le cri, aucun duc de Bretagne ne paraît en avoir. Célèbres
pour la plupart à cause de leur bravoure ou de leur caractère,
ils auraient pu cependant se peindre en quelques mots. On a
bi. n retrouvé sur un bas-relief de la cathédrale de Nantes une
df'vise attribuée à Jean IV : Comment qu'ils sont, mais on
manque de certitude et nous n'osons prendre sur nous de tran-
cher la question. Jean V, le premier, affirme magnifiquement
sa loyauté par ces mots qui sont devenus la règle de ses suc-
cesseurs et de son peuple : « lotius mort quam fœdari. Plu-
tôt mourir que ^e souiller. » Il les fait graver en 1363 sur le
collier de l'ordre de l'hermine; si la blanche fourrure du
gracieux animal s'est quelquefois tachée de sang, jamais du
moins elle na été effleurée par la boue. Le porc-épic de
Louis XI na pas toujours été aussi délicat; plusieurs des
dards qu'il lançait : Comintis et emintia, (De près comme de
loin), n'étaient pas nets de fange. Siluons néanmoins cette
grande figure historique, et si, comme breton, nous pou-
vons lui en vouloir d'avoir préparé l'annexion de notre patrie,
bouvenons-nous qu'il a fait la France grande et puissante.
Cène fut pas sans beaucoup de peine qu'il arriva au cou-
ronnement de son œuvre et la dissimulation qu'il prêchait
aux rois le servait peut-être moins que son opiniâtreté. Non
seulement les grands vassaux ne se laissèrent pas mettre
à la raison sans résistance, mais des têtes moins hautes ne
se courbèrent pas facilement devant lui. Si les C 'équy chan-
gèrent leur devise : « Nul ne s'y frotte, »> par déférence pour
le monarque qui en avait entouré son porc-épic, les de
Chambre écrivaient dans le même temps : « Altissimus nos
fundavit. » Le Très Haut a fondé notre maison, orgueil-
leuse réponse aux prétentions exorbitantes pour l'époque,
da seigneur de Plessis-les-Tours.
Loin de se plaindre comme la noblesse, le tiers-état, favorisé
par la sage politique de Louis XI, accepta avec joie les pri-
vilèges qui lui étaient accordés. Les communes affranchies
s'empressèrent de choisir des armoiries et des devises.
Quelques-unes sont un hommage de reconnaissance à
l'adresse de l'émancipaleur. Les échevins firent pour eux-
mêmes, en particulier, ce qu'ils avaient fait poui* leur cité.;
bientôt ils eurent leurs livres d'or et leurs armoriaux. Les
corps d'état, dès qu'ils furent constitués, ne tardèrent pas à
suivre cet exemple. Les marchands, les ouvriers, tirèrent de
leurs professions des devises souvent bien tournées Celles
des imprimeurs et des libraires sont particulièrement inté-
ressantes. Contraints par la loi à se choisir une marque, ils
furent naturel!em?nt amenés à l'accompagner d'une sen-
tence. Quelques années à peine après Guttemberg, en 1488,
Geoffroy de Marnef imprimait en têtQ de ses éditions l'image
190 DEVISAIRE DE BRETAGNE
d'un pélican, et au-dessous : « Principium ex fide finis, ^
Baillet, dans ses Jugements des savants, Jacques Brunei
dans son Manuel des libraires si connu, et plusieurs autres
auteurs ont recueilli celles des maîtres célèbres. Les plus an-
ciennes sont empreintes d*un sentiment de religion et de foi
profonde. François Régnault prit pour devise (1481) : c En
Dieu est mon espérance. » Guy Marchand (1487) : a Sola fidrs
sufficit, » La foi seule suffit. » Durand Gerbier (1489) ; Deum
time, paitperes sustine, mémento finis Jésus, c Crains Diett,
secours les pauvres, souviens-toi de la mort de Jésus-Christ,
Jean Maurand ;14Ô3) : « Dieu soit en mon commencement et à
ma fin. » L'appât du gain n*av<'iit pas encore prostitué les
presses, et les premiers livres qui sortirent des nouveaux
ateliers furent la Bible et TEvangile. Cependant, quelques
imprimeurs se montrèrent plus marchands qu'apôtres, au
moins dans leur devise. Denis Roce, en 1490, et Jean de Gour-
mond, en 1508, ne paraissent sûrs ni de la réussite de leur
commerce, ni du genre d'ouvrages qu'ils livrent au public :
« A Vaventure », dit lun ; « Vogue la galère » dit Tautre. Con-
tent air contraire de la marche des choses et jouant sur son
nom, Jean Petit 1493, répète gaillardement : « Petit à petit. «
Terminons par la célèbre devise du courageux Henri Estienne
(1502), « Fortuna opes auferre^ non animum potest ■ La for-
tune peut nous ravir nos richesses, mais non notre courage » ;
et celle, plus récente, des Elzévir (1592), « Corwordia res
parvœ crescuntr>, Par l'union les petites choses grandissent.
Sous Charles VIII se continua l'œuvre commencée par
Louis XI ; mais nous ne pouvons qu'effleurer bien légèrement
cette grande page d'histoire. C'est sous le règne de ce mo-
narque que la devise commença à sortir décidément du cri
de guerre et à être employée à profusion par les architectes
et les artistes pour l'ornementation de leurs travaux. Nous
l'avons vue exclusivement guerrière dans l'antiquité, très
chrétienne sous les croisades, puis redevenue guerrière au
quatorzième siècle; nous allons maintenant lavoir se prêter
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àunautre génie, moins noble il est vrai, mais cependant en-
core digne d'elle, lorsque des esprits, fins et délicats savent Ty
plier. Sous Charles VIII, les armées françaises vont à la
conquête du royaume de Naples. Dans cette expédition se
trouvent plusieurs Bretons, et, de l'aveu môme de Paul Jove,
les barons français apprennentaux Italiens à porter les devises
et à en composer. Mais le génie des deux peuples est différent,
les Italiens modèlent Tidée qu'ils ont reçue, et bientôt les
maîtres imitent leurs élèves. C'est à ce temps qu'il faut
faire remonter toutes ces devises galantes, le plus souvent
un peu fades, que nous voyons citées comme des modèles
par les auteurs contemporains. Nos guerriers, revenus
en France, ont apporté la mode italienne, la régence de Cathe-
rine de Médicis ne contribua pas peu à perpétuer le goût
d'une langue et d'un esprit qui étaient ceux de la Souveraine.
En Bretagne s'accomplissent les événements qui nous ont
enlevé notre indépendance. Le noble peuple a lutté jusqu'à
l'épuisement de ses forces, jusqu'à l'épuisement du sang
généreux de cetfe famille qui présidait depuis longtemps à
ses destinées. Lasse de ^repousser d'un côté les Anglais dé-
vastant ses côtes, d'un autre côté les Français qui sous le
moindre prétexte ravagent son territoire, la Bretagne, mise
en lambeaux par ses deux ennemis héréditaires, croit re-
trouver le calme et la prospérité, en s'abandonnant à la
France, sous l'égide de la flUe de ses ducs. Les guerres
coûteuses de François P% les troubles sanglants de la Ligue,
les exactions de Louis XIV, les folles prodigalités de Louis
XV, les cruelles exécutions dp Carripr et des autres massa-
creurs républicains, les charges fiscales attirées par ses
tendances royalistes et qui pèsent encore sur plusieurs de
ses départements devaient lui démontrer, mais trop tard,
que la chaîne rivée par ses propres mains, était lourde» et
tiue le plus grand malheur pour une nation, est la perte de
son autonomie. La pieuse femme de Charles V|II et de Louis
XII eut-elle à regretter d'avoir entraîné son pays dans de
192 DEViSAIRË UE BaUTAGNË .
nouveaux malheurs. Sa devise le ferait croire. A la mort de
son premier mari, elle fonde Tordre de la Cordelière ; le cri
qu'elle pousse et qu'elle prend pour devisai est comme un
soupir de soylagement de se sentir libre : Tai te corps délié.
Mais que faire contre un fait accompli. Elle aime Louis Xll,
réponse, et la Bretagne devient décidément française. Les
fêtes données à cette occasion furent brillantes ; mais le luxe
de la cour de Louis XII fut éclipsé par les magnificences du
règne suivant. François !•', le généreux protecteur des lettres
et des arts, ayant comme rival un Charles-Quint, voulut lutter
de goût, de somptuosité avec un si digne adversaire. Les
tournois se succèdent à la cour et dans les province?. On ne
s'y contente plus, comme autrefois^ de rompre des lances sur
une place ou dans un champ entouré de tentes et d*estrades :
toutes les ressources de Tart compliqué des machinistes y
sont mises à profit. On imite le labyrinthe de Crète, lecheval
de Troie, le palais de Cyrcée. Les draps d*or et d'argent» la
soie et le velours brillent sur les cavaliers et sur les chevaux,
les gentilshommes luttent d'élésrance et d'entrain sous les
yeux des plus belles femmes de la cour. A chaque réunion
nouvelle, une nouvelle devise s'impose, et les plus applaudies
sont celles qui parlent d'amour. Il est à la mode de gémir et
de souffrir pour une belle inconnue, dont tout le monde, du
reste, croit savoir le nom. On use plus que jamais de la
langue italienne, et quelques cavaliers empruntent aux Es-
pagnols qu'ils ont combattus, leur idiome et leurs emblèmes.
La devise a du reste conquis droit de cité partout. En
France, en Italie, en Espagne, dit M. Chassant, non seule-
ment elle se montre dans les réjouissances publiques, mais
aussi dans les sacres dos rois, dans les cérémonies funèbres.
Elles ornent les édifices publics, les arcs de triomphe, Tinté-
rieur des temples. On les voit briller sur les guidons, les éten-
dards et les drapeaux, sur la poupe des navires. Elles se
lisent encore sur les tourelles, les frises des châteaux, même
dans les villes, sur la façade des hôtels et de quelques
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j[94 OEVISAIRB DE BRETAGNE
qui s'appelait Jean). Son adversaire, instruit par ses espions,
et fort incrédule à l'endroit de sa mission divine, fit écrire
sur ses bannières ces paroles du môme évangile : « Et non
receperunt eum » fEt ils ?ie le reçurent point J, La pointe n'est
pas toujours aussi fine Le calembour et le jeu de mots enva
hissent l'esprit français, et le joyeux curé de Meudon se
moque agréablement des devises ainsi faites, dans un cha-
pitre de Gargantua. Citons en quelques lignes : « En pareilles
ténèbres sont comprins ces glorieux de court, et transpor-
teurs de noms, lesquels voulant en leurs devises signifier
espoir, font pourtraire une sphère ; des pennes d'oiseaulx
pour poines ; de l'ancholie pour mélancholie ; la lune bicorne
pour vivre en croissant ; un banc rompu pour banqueroupte :
non, et un halcret pour non dur habit ; un lit sans ciel pour
un licentié. Qui sont homonymies tant ineptes, tant fades,
tant rustiques et barbares que Ton debvroit attacher une
queue de regnard au collet et faire une masque d'une bouse
de vache à un chacun d*iceulx qui en vouldrait doresnavant
user en France, après larestitutioudes bonnes lettres.
Par mesmes raisons (si raisons les doils nommer et non
resveries), ferais-je peindre un panier dénotant qu'on me
fait pener. Et un pot à moustarde, que c'est mon cœur à qui
moult tarde. Et le fond de mes chausses c'est un vaisseau
de peds.
Bien autrement faisaient, en temps jadis» les sages
d'Egypte, etc. •
Il nous est actuellement difficile de comprendre l'impor-
tance que l'on attache aux devises durant le seizième siècle.
Quelque auteur que l'on consulte, il parle avec enthousiasme
de lu noblesse d'un art si charmant et si utile ; l'un y voit ren-
fermée toute la philosophie, l'autre seulement la morale^ mais
tous s'extasient sur la facilité de renfermer une vérité pri-
mordiale dans un petit dessin accompagné de quelques mots
brefs et expressifs. C'est, disent-ils^ une symbolique auprès
de laquelle les hiéroglyphes égyptiens et les caractères chi-
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nois ne soni
quelquefois u I
récit. Voici la
sauvé des flan i
et n'était poin •
« une grand'sî
A force de voui i
et la charade.
Les devises i
fort belles et f( .
une pleine lun i
f Quand elle est !
contre un crois i
il ne renonça p
pleine lune, pu i
pleat orbem. » (, i
IX portait deux ;
et justitia » (P
sur son bouelie
K; au moyen '
Henri III se coo ;
plus élevée, ac ;
cœlo » (La troU \
présentait un Hi i
cription : k Inv \
d* obstacles J, On
remplie de com :
pas à dédaigner, !
qu'il eut à terrai
farouches liguei
{Liberté). Le ma
trop la tournure
s'étonner que pli
devises. Une des
servée par la fac:
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196 DEVI8A1RB DB BRETAGNE
donnons dans le cours de cet ouvrage. Beaucoup d^autres du
môme genre lui ont été attribuées ; mais s'il est vrai qu on
ne prête qu'aux riches, il faut se mettre en garde contre les
prêteurs. Nombre de bons mots que Ton a dit sortis d'une
bouche royale, sont soï^lis de celles des courtisans ou des
panégyristes. Tel trait d'esprit, telle noble réponse a été
inspirée à Thistorien par le caractère de son héros, quelque-
fois même par les circonstances.
Après Henri IV, il n'est peut-être pas un souverain que
Ton ait fait autant parler que Louis XIV, mais combien est
différente leur manière de s'exprimer. Les peuples Jeur ont
donné à tous deux le surnom de Grand, mais ils ont aussi
appelé Henri IV, le^on. L'un se montre père et ami; il se
mêle volontiers à ses sujets, il parle quelquefois la langue
de la dame de la Halle quMl a embrassée; Tautre, jaloux de
son prestige, est toujours roi, môme chez mademoiselle de
la Vallière* il ne descend jamais des hauteurs où Ta placé
la Providence. Il a choisi le soleil comme emblème, et comme
cet astre : a Nec pluribus impar. » Il se sent capable d'é-
clairer tous les mondes. Louis XIV, il est vrai, suffit à la
tâche qu'il s'est imposée. Sous son règne, partent du Louvre
et de Versailles, les rayons bienfaisants qui hâtèrent Té-
closion de tant de génies et illuminèrent tant de grandes
choses. Quelle idée malheureuse eut donc Fouquet de blesser
la susceptibilité de Louis-le-Grand, et de prétendre à de
trop hautes destinées? Il eut dû rester le Mécène d'un tel
Auguste, et arrêter son écureuil d'un coup d'arquebuse,
lorsqu'il voulut s'élancer plus haut que les girouettes de
Vaux ou les rochers de Belle-Isle. La devise du surinten-
dant n'est pas la seule qui ait été mise en opposition avec
celle de Louis XIV. « J*ai réglé qui nous règle, » disait le
maréchal de Villeroy ; mais son allusion n'avait rien de
blessant. Il avait été le précepteur de Louis XIV, et c'est
avec une bonhomie quasi paternelle qu'il rappelait aux
courtisans inclinés dans les antichambres de Versailles, Tau-
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DEVISAIRE DE BRETAGNE 197
tori té exercée jadis parle maître sur ce roi, maintenant si
grand et si impérieux. Les murs de l'OEil de Bœuf n'étaient
pas habitués aux libertés de langage ; comme on leur savait
des yeux et des oreilles, on s'était fait à la cour une règle
de prudence. De tous les coins de la province étaient arrivés
les gentilshommes soucieux de leur fortune. A la source des
faveurs, des bénéfices, des grandes alliances, ils n'auraient
pas voulu compromettre l'avenir par une parole inconsidé-
rée : mieux valait tâcher d'être agréable. Aussi le môme vent
semble-tril avoir soufflé sur toutes les devises de l'époque.
En aucun temps on a fait un aussi grand abus des mots
d'amour et de fidélité. Pour le prouver il suffit de lire les
pages 109, 110, 460, 461, 462, du Dictionnaire des Devises de
M. Chassant; on y trouvera rangées par ordre alphabétique
toutes celles qui commencent par ces mots ou leurs dérivés.
Dans le nombre il s*en trouve d'anciennes, mais c'est la mino-
rité. Certes, Thomme, le roi, méritait bien une fidélité héroïque;
maison peut ici douter du mobile. Il faut, pour ôtre noble, que
•la fidélité ne soit pas dictée par Tintérôt, que son expression
ne soit pas uniquement une flatterie. Or, malgré toutes les
qualités du roi, malgré l'attachement qu'a toujours montré la
noblesse française pour ses princes, nous avons peine à croire
à tant de dévouements désintéressés et simultanés.
Un autre fait est frappant. L'étiquette la plus stricte pré-
side aux moindres actions^ le roi veut que tout dans son
entourage soit réglé avec le plus grand soin. Les juges
d'armes formés à cette école voient avec déplaisir lès écus-
sons qu'on leur soumet, soit pour entrer aux pages, soit
pour être admis aux emplois de la cour, manquer d'une
devise : lorsque le cas se présente, ils en conseillent une
officieusement, puis, une fois prise, la mentionnent d'une
manière officielle. C'est à cela , pensons-nous , qu'il faut
attribuer le nombre considérable de devises coulées dans
le môme moule, et se rapportant toutes aux figures des
armoiries. Elles sont d'ailleurs très bien faites. Le P. Le-
198 DÊVISAIRE DE BRETAGNE
moine, le P. Meneslrier en ont formulé les règles savantes
et en ont composé des milliers. Il n'y a qu'à puiser dans
leurs livres, et Ton ne s'en fait pas faute. Tout le monde, du
reste, s'applique à les bien faire. Les femmes elles-mêmes,
en cherchent pour leurs parents et leurs amis. M"* de Sé-
vigné, dans une de ses lettres, nous montre quelle impor-
tance on attachait {> faire un bon choix. Consultée par sa fille
sur une devise que voulait prendre M. de Grignon dans un
carrousel, elle part plus vite encore que la fusée dont elle
parle. Trois ou quatre devises lui paraissent bonnes à choisir,
mais sont-elles neuves? L'une : « Qu'elle périsse, pourvu
quelle s'élève », a déjà figuré sur les armes de M. X. . . ; qui
a^'ait écrit : « Que je dure peu, pourvu que je me lève. » L'autre
€ DaVardoreylardirp » (De mon ardeur ma hardiesse)^ s'étale
sur récusson de M. Z. Si bien que la chère caqueteuse, forcée
d'emprunter à quelqu'un, ne trouve rien de mieux à faire
que de s'adresser à la Clorinde de la Jérusalem délivrée du
Tasse ; elle propose : « Alla non timeo t . [Je ne crains pas les
hauteurs). On cite d'elle plusieurs devises. D'abord une
hirondelle avec : « Le froid me chasse ^t^ puis celle qui lui
plaisait si fort : Un arbre sec et l'inscription : « Fin che-
ritomi » {Jusqu'à ce que le soleil revienne). Cette dernière, où
s'épanche tout son amour maternel, est une allusion à la ten-
dresse de sa fille, M"'^ de Grignon.
On le voit, hors des devises héréditaires de la famille, les de-
vises personnelles étaient fort nombreuses: plusieurs d'entre
elles devaient d'ailleurs devenir héréditaires àleur tour. Cela
se fit aisément. Bien avant les seizième et dix-septième siècles,
co.-nme nous l'avons prouvé, les grands lignages chevale-
resques avaient leur cri et souvent leur devise. Vers ce
temps, les familles nobles de second rang et même de la bour-
geoisie (quelquefois issue de bon lieu) voulurent imiter la
première noblesse, les devises se transmirent, comme tout
ce qui, flattant un très légitime orgueil familial, sert à per-
pétuer le souvenir d'un aïeul éminent ou d'un trait hono-
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D&VISAIRE DK BBETAONS XW
rablQ pour la race, ne fût*ce qu'un trait d'esprit. Les anoblis-
sements fiscaux et les réformations» en les mentionnant
dans les lettres patentes et les arrêts de maintenue^ contri^-
buèrent à les fixer irrévocablement.
8ous Louis XV, sous Louis XVI, la devise n'a pas de carac-
tère spécial. M"* de Genlis continue les traditions fades en
instituant l'ordre du sentiment. Chacun des chevaliers a une
devise amoureuse et la passion s'y peint. Style précieux et
ampoulé. Citons par contraste celle du comte d'Estaing : Une
corbeille de lys et de roses, avec Tinscription : « Toui pour
eux, tout pour ellps », gracieuse aHusiôiià son amour pour
la jeune reine Marie-Anloinetteet à irôn dévouement pour le
malheureux Louis XVL Citons encore le mauvais jeu de
mots de l'un des tristes philosophes qui préparèrent la
Révolution, le marquis Carilat de Condorcet:« Charitas i»
(Charité), devise menteuse dans sa bouche, comme le fut
celle des terroristes : « Liberté. Egalité, Fraternité !» On a
trop de fois prouvé l'affreuse ironie de tels mots dans un
pareil temps, les jacobins en ont eux-mômes trop déflguré
le sens en y ajoutant la finale : «( Ou la mort », pour que
nous insistions davaniage! Passons donc bien vite sur ces
temps les plus néfastes de notre histoire .
Le grand mouvement social oommencé sous les auspices
de Louis XVI et arrêté dans son développement normal par
les ambitions jacobines, fut du moins fécond en traits de
courage et de vertu. Les uns meurent en chantant des can-
tiques, sous le couperet de la guillotine ; les autres livrés à
toutes les angoisses, à l'exil, dénués des choses les plus néces-
saires à la vie, entourent leurs princes, combattetit vaillam-
ment pour eux et sous leurs ordres, ou bien grossissent les
rangs de ces armées vendéennes et bretonnes qui forcèrent
l'admiration de leurs ennemis eux-mêmes. Tous ces braves,
comme naguère les croisés n'ont qu'une seule et môme
devise : « Fidèle à Dieu et au Roi î » Peut-être les mots
varient-ils, mais l'idée reste la même, et cette idée est gravéfe
200 DEYI8AIRE DS BRETAGNS
au fond des cœurs. Il n'est plus ici question comme à la cour
cle Louis XIV et de Louis XV, de flatter un monarque dont on
espère obtenir des honneurs ou la fortune. Louis XVI n*est
plus, et son tlls, enfant prisonnier, ne peut rien pour ses su-
jets Il faut donner sa vie gratuitement pour sa cause. Aussi les
devises, concédées à cette époque ou depuis aux com paginons
des Charette, des Lescure et des la Rochejacqueleiil, et dans
lesquelles entre le mot « Fidélité ! » ont-elles un bien autre
prix que leurs similaires du siècle précédent. Certaines pa-
roles mémorables des chefs leur servent de devises etsont
restées à leurs familles. • Si f avance^ suivez-moi. Si je recule
tuez-moi. Si Je meurs^ vengez-moi » a dit M. Henri à ses gars;
ces héroïques paroles accompagnent aujourd'hui l'écussondes
la Rochejacquelein.
Dans le camp opposé, Tamour de la patrie a suscité quel-
ques grands courages. N'est-ce pas une belle devise de général
que celle de Hoche, appelé, à tort ou à raison, le pacificateur:
« Res non verba » [De^ actes et non des paroles) ? Pendant que
le vieux sang de l'aristocratie coule à flots, ou se régénère
dans le malheur et dans les combats multipliés d'une guerre
de partisans, une jeune noblesse est à la veille de se former
et de venir remplir des vides, hélas ! trop nombreux. Napo-
léon d'abord nous apparaît grand par Uii-môme, mais non
moins grand peut être par la pléiade illustre d'hommes
remarquables dont il sait s'entourer. Monté sur le trône impé-
rial, il comprend qu'une aristocratie puissante et honorée
était une force vive qu'il eut été dangereux de laisser dispa-
raître. Aussi ^ comme jadis César aux vétérans romains,
accorde-t-il des honneurs et des privilèges à ses compagnons
d'armes. Ney, Murât, Davoust, Augereau, etc, portent le nom
des glorieuses batailles qu'ils ont gagnées ; ils ont des armes
et des devises. Peut-être dix ans auparavant auraient-ils, en
style du temps» traité ces insignes d'inutiles hochets du des-
potisme et de la vanité ; mais à cette h^ure ils en sont fiers,
et Junot s'écrie avec raison : « Nos descendants se glorifleront
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toujours de m
assez de gloir
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vieux gentilsh
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Dieu ! » dit-il.
moins lorsqu'à
* La Mon nais aur
« Il rompt, mais il
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202 DBVISAIRB DE BRBTAGNB
mieux et des Leâra-BoUm, Le duc de Persigny, converti à
l'idée napoléonienne, devait, un i>eu plus tard, être comblé
des faveurs du Prince Président, qu'il aida tant à faire
nommer empereur. Sa devise est : « Je sers. » S'il changea
plusieurs fois d'opinion, du moins ne servit-il, et n'aima-t-il
que Napoléon III. Nous voudrions nous arrêter ici et finir
avec la belle devise du maréchal Bugeaud, conquérant, coloni-
sateur et pacificateur de l'Algérie : « Ense et aratro ». Par
Vépée et la charrue; mais notre histoire ne compte malheu-
reusement pas que des succès, et les revers sont parfois ins-
tructifs. Après un règne où le luxe" de la cour des Tuileries
étonna l'Europe, mais où malheureusement le niveau moral
n'atteignit pas à la hauteur du niveau littéraire et scientifique,
nous devions tomber du haut de notre opulence factice entre
les mains de nos rivaux d'Outre-Rhin. N'est-ce pas un temps
gros d'orages que celui où les actrices, comme M*"* Brohan,
parodiant la devise des grands seigneurs, osaient dire :
Reine ne puis,
Pille ne daigne
Brohan suis.
que celui où les hommes d'état prennent un cabri pour
emblème? Il est vrai que celui dont nous parlons se nommait
Chevreau, et que, pensons-nous, la méchanceté seule des
ennemis de l'Empire, transforma le chevreau en cabri.
Toutefois ce n'est pas en sautant, mais bien en s'àppuyant
sur des ailes que l'on arrive Ad alta, per aita.
Bitn autrement puissante et sérieuse est l'inspiration des
trois hommes qui nous ont été si funeste^ ; bien autrement
grande et caractéristique est cette trinité redoutable de la foi,
de l'intelligence et de la force, empreinte dans la devise du
roi Guillaume : « Gott mit uns » Ùieu avec nous ; du feld
maréchal de Molkte ; • Erst Wœgen dann Wagen » D'abord
peser,puis oser; enfin du chancelier Bismarck : « In trinitate
robur n, (La force dçtns la trinité!)
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Que dire des devises d'aujourd'hui I
elles le sont probablement restées i
moins qu'elles ne soient devenues c;
n'en pouvons parler en connaissan
nages n'en ont pas. Cela ne nous ét<
devise c'est se tracer une ligne de
comme point de départ et comme bu i
grand sentiment. Toutes ces choses i
hommes tels que nous les connaissons
pour s'en embarrasser. Et peut-être
gagnant chaque jour du terrai n , fera- 1
de nos contemporains leurs emblème
se cdmplatt la littérature actuelle. Nou ,
pas sur la pente, Monseigneur le côn: ;
à son fidèle serviteur M. le comt
d'ajouter à ses armes le mot. « Inéb i
restons ferme ; espérons qu'an jour \
nous/espérons que la France pourra I
un glorieux triomphe, et jetons ave
du marin breton pris récemment poui i
par M. René Kerviler, un des plus ii
de ce temps.
A Dieuvat!
E. Pr!
Membre du Conseil
(A suivre).
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CHRONIQUE
HISTOIRE ET BIBLIOGRAPHIE
BIEN nombreuses sont les publications nouvelles élabo-
rées ces mois derniers par les travailleurs de nos
provinces de l'Ouest. Nous serions heureux de pou-
voir les signaler toutes. Nous accorderons du moins une
mention spéciale à toutes celles d'eûtre elles qui méritent
d'être signalées ou dont les titres sont parvenus à notre
connaissance.
BRETAGNE
En Bretagne, l'un des plus remarquables ouvrages publiés ces temps
derniers est, sans contredit, la très intéressante Généalogie de la mai-
son de Cornulier que nous annoncions dans notre dernière livraison,
nous nous serions fait un devoir d'en parler encore aujourd'hui plus
longuement, si une plume plus autorisée que la nôtre, celle de notre
érudit confrère, M. P. de Lisle du Dréneuc, ne nous en avait gracieu-
sement envoyé pour la Ravue^ un compte-rendu, qui, nous n'en doutons
pas, sera fort goûté de ses lecteurs. *
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CHRONIQUE 205
GÉNÉALOGIE HISTORIQUE DIS LA MAISON DE CORNUUER. *- Il
eut bien rare qu'on lise une généalogie, à moins que ce ne soit celle de
sa famille, ou bien que l'on ait en vue des recherches spéciales. Il n'en
est pas ainsi de la Généalogie de la maison de Cornulier, elle se lit
au contraire fort bien. C'est que, en dehors même de l'intérêt histo-
rique que présentent bon nombre de personnages mêlés aux grands
événements de notre pays, elle nous donne une suite de biographies
traitées avec une délicatesse de touche et une sincérité bien rare en
pareil cas. Certes, l'auteur aurait pu prendre pour épigraphe le mot de
Montaigne : Cest icy un livre de bonne foy.
En même temps que les hautes qualités^ les sentiments dlionneur et
de patriotisme, qui ont tant de fois illustré les membres de cette famille,
on y voit les causes qui ont parfois amené l'aftaiblissement de telle ou
telle branche. Ces défaillances sont indiquées avec cette réserve pleine
de tact qui sied en parlant des ancêtres, mais aussi avec une fermeté
de jugement d'où ressort un réel enseignement. C'est donc un véri-
table livre de famille, dans toute la haute et forte acception du mot.
Du reste, pour bien comprendre la portée morale de Touvrage, il suffit
dA voir les admirables pensées formulées dans V Introduction.
i L'homme ne germe pas comme une de ces graines égarées que le
c vent disperse au hasard. Le fils est une partie détachée de son père,
« un drageon de même nature que lui, et qui pendant longtemps doit
puiser sa sève à la souche-mère, dont il ne peut être séparé qu''à la
i< suite d'un sevrage graduellement ménagé. Parvenu à la possession
« de la force et du discernement, il Iqi man'^ue pendant longtemps
« l'expérience pour en régler Tusqge ; n'étant p%s doué de l'instinct
u des animaux, il a besoin d'être dirigé, façonné, en sorte que le sujet,
« arrivé à son complet développement, se trouve être Tœuvre des
» parents et des instituteurs qui lui ont imprimé leur cachet. C'est là
<( ce qui faisait dire à Leibnitz : « Le présent résulte . du passé et
« est gros de l'avenir. »
« Si l'histoire générale est une école nécessaire aux hommes poli-
u tiques qui pré ident aux destinées des nations, l'histoire dome.stique
« n'est pas moins utile au chef de famille pour le gouvernement de ses
« affaires privées, car les vicissitudes de la fortune sont les mêmes
f dans les deux ordres, il est également nécessaire d'y être prépaie à
« supporter dignement les coups du sort.
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206 CHRONIQUE
€ Quelle leçon plas directe, pour des deecendantê qui en ressentent
« les effets,' que l'exposé des actes et comportements de leurs ancétrei.
(( L'impression est immédiate, c'est de Teipérience émancipée. »
Une série de portraits de famille, reproduits dans douze belles gra-
vures, ajoute encore à l'intérêt de ce volume. Pour être absolument
complet^ il aurait fallu y joindre les vues des cb&teauz les plus inté-
ressants de la famille de Gornulier, avec les procédés actuels ce serait
une lâche fiscile. Je regrette aussi Tabsence de tableau généalogique, de
table générale. Les familles alliées, dont la filiation est donnée atec
détail dans une précédente édition, sont indiquées ici d'une façon som-
maire. Il est vrai que ces lacunes disparaissent lorsqu'on a tout l'en-
semble des études publiées sur la maisoa de Gornulier, mais c'est là un
privilège assez rare et je ne sais aucune bibliothèque où se trouvent
réunies les éditions saccessives de ce magnifique travail.
P. DJI LiSLB DO DaÉNBUC.
Livres bt ouvrages divers. ^ Il est en outre des travaux
remarquables ou intéressant spécialement notre province qne noua ne
saurions passer sous silence. Nous citerons : Un maître du Roman
contemporain. Etude historique et anecdotique sur VŒuvre de
Charles Dickens par M. Robert du Pontavice, de Heussey. I11-8*
VIII-400 p. et portraits. Paris, Quantin, éditeur; — Causeries litté-
raires par Edmond Biré. In-8^ 416 p. Lyon, Vitte et PerruMel,
éditeurs ; — Nouveau Manuel de Numismatique ancianTta par A.
de Barthélémy. Nouvelle édition In-18, 484 p. et atlas de it planches.
Paris, Boret 1890. — - Marbode, évéque de Rennes. Sa vie et ses
œuvres (1035-1124). Ouvrage posthume du docteur Léon Bmault avec
une Préface et des Notes de son frère M. Emile Emault, profes&eor
à la Faculté des Lettres de Poitiers et Félix Robiou, correspondant de
rinstitut, professeur honoraire à la Faculté des Lettres de Rennes. H.
Gaillière^ éditeur ; — Le formulaire de Tréguier et les Ecoliers bretons
des écoles d'Orléans au commencement du XI V* stéde, analysé par
M. Léopold Delisle, conservateur de la Bibliothèque nationale, as
tome XX VU de la Société archéologique et historique de rOrléanais
grand in-8« 26 p. Orléans, imp. Herluison. La vie militaire sous
l'ancien régime par Albert Babeau, correspondant de l'Institot. Les
officiers, un Tolume in-8* Paris, Firmin-Didot, éditeur.— Les obsèqusé
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CHRONIQUE 207
d'un évéque de S&int-Malo (Jean du Bec) à Saint'Malo de Beignon
en i6î9 par l'abbé Guillotia de Gorson dans la Semaine religieuse
du diocèse de Vannes du 1 5mai ; — Figures bretonnes et angevines,
Paul Sébillot. Notice biographique et bibliographique par Léon Séché.
In-S"^ 35 p. Gravures et portrait. In-8^ Vannes, imp. Lafolye; — La
seigneurie de la Musse en Baulon et V établissement d*une garnison
dans le chAteau de ce nom en 1589 par l'abbé Guillotin de Gorson.
In-8' 16 p. Vannes, imp. Lafolye. — Les Romanciers d'aujourd*hui
par Gharles Le Goffic, 1 vol. 360 p. Paris, Léon Vanier, éditeur ; —
L'Armée du Crime par Ignotus. In-18 jésus, Paris, Victor Havard,.
éditeur ; — Sacre de Af«' Fallières, évéque de Saint-Brieuc et Tré-
guier, célébré dans la chapelle de V Institution diocésaine de Pons,
le dimanche 28 février 1 890 par M*' Ardia, évoque de la Rochelle et
Saintes. In-8' 24 p. La Rochelle.impr. Texier ; — Une Religion secrète
par Louis Baume. Un vol. in-i2 Rennes, Plihon et Hervé.
Les monstres dans la Légende et dans la nature par Henri
Gordier. In-8* 23 p. et pi. Vannes, impr. Lafolye ; — A propos d'un
vieux c/oc/ier (Sainte- Lumine de Goûtais), par Tabbé L. Hubineau.
In-48, Nantes, impr. Bourgeois; — Cuba et et PuertO'Rico. Confé-
rence faite à Koubaiz le 15 février 1889 par H. Gastonnet des Fosses,
membre de la section de géographie. In-8<> 24 p. Lille, impr. Danel ; —
A la mémoire du cher Frère Louis, de Nantes, et k ses chers sourds
muets par un ami. In-8^ Carrière, impr. de TEcole des sourds-muets;
— Récits bretons par Tabbé Blanlœil. In-12 Paris, Delhomme et
Briguet ; — Portraits et Souvenirs littéraires par Hippolyte Lucas.
Paris, Pion et Nourrit^ éditeurs ; — Le Rêve et la Vie, charmantes
poésies dues à la plume de notre confrère Olivier de Gourcufif avec
Préface de Monsieur Jules Simon. In-8** 92 p. Paris, Jonanst, éditeur ;
— Jeanne d'Arc, charmant poème par notre confrère Raoul de la
Grasserie. In-8* 48 p, Paris, Lemerre, éditeur; — Les Chrysan^
thèmes, poésies par Edouard Beaufils. 4 vol. In-8* de 244 p.
Rennes, H Gaillière, éditeur ; — Le Trésor de Saint-Pabu ( Finistère)
par P. du Ghàtellier. [Extrait de la Revue archéologique) ; — Odyssée
d'une piscine Gallo-^Romaine. La piscine des Clèons par S. de la
NicoU'ère-Teijeiro, dans V Espérance du Peuple du 10 avril 1890 ; —
Dans la Bruyère, poésies (1*' prix au concours des Muses Santones)
par Ludovic Jan; — Le proscrit de Jersey; Etat actuel de la
France, Impression de cet état en Europe, suivi de la Biographie de
*^ Digitizedby Google
:iOS CHRONIQUE
M'* la duchesse dCUzès par André Magné. Petit in-S"* 26 p. Neuilly-
8ur-Seiue, imp. Marceau ; — La Colonie bretonne à, Angers par un
ami des Bretons dans V Anjou du 4 avril ; — Etudes sur l* Argot
français par Marcel Schwob et Geoi^es Guieysse In-8* Paris, 1889:
— Avril, poésie par François de Plancoêt dans le Phare de Bretagne
du 4 avril ; — Le Vendredi Saint à Jérusalem par notre confrère Alcide
Leroux, dans V Espérance du Peuple des 5 et 6 avril 1890 ; — Voyaçt
d* Alain Desprez, recteur de Saint-Julien de Vouvantes à Brioude
en il 10, In-8«» 43 p. Brioude, imp. A. Watel ; — Dans le Tome V.
numéro 3 des Annales de Bretagne (avril 1890) : La, Piraterie
sur VAtlantique par Léon Vignols ; — Journal d'un curé de
campagne (1 7 l?-t 765) ; — Les Tanneguy du Chastel par H. Le
Jaunir de Kervizal ; — Guerziou ha sôniou par F. M. Luzel ; —
Dans le Bulletin du 2* semestre (1889) de la Société polymathique
du Morbihan. (In-8* p. 16f-284 et 42 p. de procès-verbaux, Vannes,
imp. Galles); — Etudes de MM. Tabbé Le Mené et Gayot-Jomard
sur les Chambres de saint Vincent Ferrier à Vannes ; — L'expé^
dition de Corse en il 68 par I^éon Lallement ; — Les écrivains du
pays de Vannes par l'abbé Max. Nicol ; — Un recueil manuscrit
du dix-huitième siècle ; — Le P. Pierre de Vannes, capixctn-poète
par le docteur de Glo.smadeuc T — La fin des résidences ducales,
tours, forteresses f manoirs et châteaux par M. Guyot-Jomard ; —
Dans la 4* livraison du tome III de la Revue de Bretagne et Vendée,
la très remarquable étude de notre confrère M. de la Borderie w
saint Melaine, évéque de Rennes ; — Les sou})enirs d*un vieux
capitaine de frégate par M. J.-M.-V. Kerviler; — Marion du
Faouët par J Trévédy et le Départ de l'âme, poésie par M. Le Roni:
— Dans la première livraison du Tome II de VHermine : Choses de
Bretagne par Louis Tiercelin ; — Etude biographique et littéraire: U
comte de la Touraille par le vicomte Xavier de Bellevue ; — Trii'
tesse du soir par Ludovic Jan ; — Notations artistiques. Stochlom
en /itverpar J. G. Ropartz; — Le Cœur sanglant (suite) par L. Tie^
celin ; — Le combat de Kerguidu par A. Inizan. — Dans la î*
livraison du tome JII des Mémoire de la société archéologique et
historique des Côtes-du-Nord. (In-8° 386 p. Saint-Brieuc, iœp
Prudhomme), La ceiriture de la sainte Vierge conservée k Quintin.
Documents inédits publiés et commentés par M. A. de )a Bordem
et Le clergé du diocèse de Saint^Brieuc, avant, pendant et après k
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CHRONIQUE 209
Révolution. — Enfin le numéro 1 du tome I de la 5* année de la
très intéressante Revue des provinces de l'Ouest, ancienne JRet>ue
illustrée de Bretagne et Anjou qui sous ce nouveau titre vient de
prendre une extension nouvelle et contient entre autres travaux dignes
de remarque : Charles Dovalle par G. Ballu ; — Chaumont par L. de
la Sicotière ; — Contes dé Basse^Normandie par Victor Brunet ; -—
Adolphe Léofanti souvenirs personnels par Léon Séché ; — Le petit
oiseaUy conte de Haute-Bretagne par Paul Sébillot ; -* Le Nobiliaire
&re/on (suite) de M. lecomtedeTEstourbeillon (Familles de Bazvalany
Perrin de la Courbejollière, de Bodéan) ; — Jules Sandeau à Viort.
Lettre inédite par Eugène Delacroix ; — - L'Eglise d*Airvault par
Jos. Berthelé ; — Le panier à deux anses et le bien d*autrui
poésies par â. Joubert ; — La -vie mondaine au Mans à la fin du
dix-huitième siècle par Robert Triger ; — Les histoires de Mathurin
Conec : Lhom me Sang par Maxime Audouin ; — Mon premier
voyage à Paris *par Léon Séché. Ajoatons que ce fa8cicule'(In-4*,
96 p. Vannes, imp. Lafolye) renferme en entre on grand nombre de
fort belles illustrations qui ajoutent encore au charme de ce recueil.
NORMANDIE.
Parmi les ouvrages intéressant la Normandie, nous signalerons :
Etudes historiques sur les provinces dominicaines de France ; —
Le couvent royal de Saint^Louis d*Evreux ; — Un curé domini-
cain de Gisors ; — La guerre de Cent ans ; — Jeanne d'Arc et les
dominicains par le P. M. D. Ghapotin. In-8° Paris, LecofTre, éditeur;
— Le département de Gisors (1787-1789) par P. Duchemin. Gr. in-12,
141 p. Gisorsyimp. de VEcho républicain; — La rencontre de Richard
Cœur de Lion auec Roger d'Argentan et ies sarrazins de Domfront
par M. Duval. In-8**, 11 p. Argentan, imp. de l'Orne; — Vie de
saint Saëns, abbé au diocèse de Rouen, traduite et publiée pour la
première fois d'après les livres d'office de l'abbaye par Tabbé Tougard.
In-8^ 16 p. Paris, Dumont éditeur; — Les capucins de Rouen
pendant la peste du dix-huitième siècle, d'après divers documents
pour la plupart inédits, par le père Edouard d'Alençon capucin.
Iu-8*, 64 p. et gr. Paris, imp. Mersh ; — La confrérie de saint Sebas-
tien dans l'église de N.-D du HAvre par H, Murât. In-8* 16 p.
T. VI. — DOCUMENTS. — Vl* ANNÉE, 3* LIV. 14
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210 GHRONIQ^B
Le Havre, imp. Tostey ; — Quelques lettres d'un soldat de la grande
i^rmëe (Gharlee-BfplisCeGastel, de Bernay), par P. Yeuclin ; Souvenin
de il 89. Deux lettres inédites de Thomas Lindet curé de Sainte-
Cfoix de Bemay, député du clergé aux Etats généraux par E. Yen-
olin, In-8', 8 p. Bernay, imp. Veuclin ; — Enfia : Julien Traven,
Notice biographique et littéraire par Engène de Beaurepaire. Ia-8*
118 p« Caen, imp. H. Delesques.
MAINE.
Dans la province du Maine, nous appellerons rattention de nos
lecteurs sur : La Broderie du onzième siècle jusqu^à nos, jours,
par M. Louis de Farcy, 1 vol. orné de 80 planches en phototypie.
Angers, imp. Burdin et G** ; — * Notes historiques sur Vancienne
paroisse de Saint-Nicolas du Mans, par F. Legeay. In-8*, 80 p. Le
Mans, impr. Leguicheuz ; — Le château de Lassay à travers les
siècles, par le comte de Beauchesne. In-8^, 42 p. avec gravures et
planches. Laval, impr. Moreau ; — Louis de Frotté, par le comte
d'Avenel, dans le Journal de Rennes du 3 avril 1890 ; — Notice
historique sur les hôpitaux de Laval, par M. Léon Maître^ ancien
archiviste de la Mayenne, et archiviste actuel de la Loire-Inférieure.
2* édition. In-8», 01 p. Laval, impr. Moreau; — Notice sur Pabbé
Lelair, chanoine honoraire, aumônier du Garmel du Mans, par Tabbé
F. Pichon, chanoine^ secrétaire de l'évéché. In-8*, 16 p. Le Maoi,
imp, Leguicheux et tf*.; — Journal de Noël Janvier {i709'i716),
par M. J. Planté, dans le Loir-et-Cher historique et scientifique ; —
Simon Hayeneuve et la ch^lle de l'ancien évéché du Mans, par
Henri Ghardon, dans le Nouvelliste de la Sarthe des 7 et S février
1890 ; — Le bon Pasteur. A la mémoire de M. H. Lemonnier,
Guré-archiprétre de Saint-Ménérand de Laval, par Gharles Tresvaux
du Fraval. Laval, impr. Ghailland; — enfin dans le tome II (1890) du
Bulletin de la Commission historique et archéologique de Is
Mayenne, toujours si intéressant et si remarquablement rédigé :
L'Instruction publique à Laval avant le dix-neuvième siècle, par
M* Queruau-Lamerie ; -^ La famille Bouchet de Sourches , par
l'abbé Ambroise Ledru ; — La démolition, du ch&teau de Fiée en
1373, par Jean Clerambault, gouverneur de Chùteau^Gontier, ptr
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CHHONIQUE 211
André JiMibert ; — Les comptes de VHùteUDieu de Saini-^Julien
de L&vaI, par L. àb la Beaulaère ; — Les châteaux et chAteliers
dans la Mayenne, par Tabbé Angot ; — Esprit-Aimé Libour, par
M. F. Cornée. CSe même BiUletin ronferme en outre de fort belles
gravures, entre antres : Le Donjon de Fî^atiM8-Za-Ju/ieI, dessin de
Tabbé Ledm ; — Le buste de Libour, par Rnde et son portrait peint
par Ini-môme. In«8*, p. 197-332. Laval, impr. Moreau.
ANJOU.
Une famille de grands prévôts d'Anjou aux xvii* et
xvm* siÈGLBB. Les Constantin, seigneurs de Varennes et de
LA LoRiB. — Il est dans nos provinces de TOuest, de ces cherchears
émérites et infatigables, dignes émules des savants bénédictins, qui se
sont donné pour mission de reconstituer pièces à pièces les divers
chapitres de notre histoire nationale et avec un zèle au-dessus de tout
éloge, ne craignent pas de consacrer à cette œuvre une bonne partie de
leur existence. A l'instar des la Borderie'et des Kerviler en Bretagne,
notre excellent ami, M. André Jonbert, tient assurément en Anjou, le
premier rang parmi «ceux-là. Après tant d'œuvres multiples, aussi
consciencieuses que variées, il vient encore de doter sa province, d'un
travail magistral qui pourrait sembler à beaucoup devoir réclamer
toute une vie de recherches et d'investigations. Ce nouvel ouvrage
qui a pour objectifles'Gonstantin, seigneurs de Varennes et de la Lorie,
pendant près de deux cents ans granda prévôts de la province d'Anjou,
est une étude toute remplie d'aperçus nouveaux et de curieux détails
sur la noblesse angevine aux dix-septième et dix-huitième siècles, sur
les mœurs de la province, et la manière dont la police s'exerçait à
cette époque. Peu de livres ont su mieux dépeindre l'existence d'un
grand seigneur de province, sous le règne de Louis XIV et de Louis XV.
Les fonctions de prévôt général d'Anjou exercées pendant de longues
années par les divers membres de la famille Constantin, avaient mis
celle-ci complètement en relief, et an milieu du dix-huitième siècle le
superbe château de la Lorie, situé paroisse de la Chapelle-sur-Oudon,
près Segré, admirablement restauré par Gharles-François-Emile Cous
tantin, épouse d'Elisabeth-Jeanne Lefebrvre, et deuxième fils de Gabriel-
Félix Constantin et de Loaise«Charlotte-Sophie de Boylesve de 8ou«
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212 CHRONIQUE
celles, était devenu le rendez-Vous favori de l'élite de la noblesse ange-
vine. Suivons quelques instants l'intéressante description que nous eo
fait l'auteur M. André Joubert :
« Autour dn château seigneurial, se groupaient un haras modèle,
garni d'étalons de différents pays et de vastes étables où se rangeaient
des hôtes à cornes choisies parmi les espèces les plus remarquables. On
admirait dans les larges écuries, des types variés de chevaux issus des
:aces les plus justement renommées. De longues allées de chênes sécu-
laires à la puissante ramure, bordaient les avenues de ce superbe do-
maine. Des serres chaudes, magnifiquement installées, où on cultivait
l'ananas et d'autres raretés, avaient été placées sous l'habile dlrecûoa
d'un jardinier hollandais qui avait aussi la surveillance générale des ser-
viteurs employés à l'entretien du potager et du parc où les plantes pré-
cieuses alternaient avec les arbres rares. La pomme de terre peu connae
encore était Tobjet de soins spéciaux. De belles plantations entouraient
les jardins et un bois taillis conduisait aux bords de l'Oudon. Des ter-
rasses splendideSy reliées aux parterres par des escaliers et décorées de
statues dominaient un radieux horizon de verdure. Une cour d'honneur
donnait accès au château. Au-dessous de la Minerve, debout dans une
niche, et surmontant la porte principale de l'habitation, on lisait cette
cjurte inscription : P&cifere Minervœ. L'intérieur était meublé avec
un luxe de bon goût. Des tableaux de maîtres, des tapisseries de hante
lice, des meubles élégants et des pendules de boule embellissaient les
nombreux appartements. L'escalier était orné de statues allégoriques.
On conservait une collection de portraits de famille parmi lesquels celui
d'Anne Lepelletier, dame de la Lorie, femme de Gabriel Constantin,
dont nous avons parlé. La salle de bal avec sa coupole, sa tribune, ses
marbres, ses trumeaux, ses glaces, avait très grand air. La chapelle
avait été nouvellement restaurée. La bibliothèque anglaise pouvait être
citée comme un modèle du genre, car tous les ouvrages utiles et ins-
tructifs y étaient rassemblés.
Chaque invité à la Lorie avait un domestique personnel à la chambre
et à la table Les voisins affluaient au château, parmi lesquels, les
d' Andigné de Sainte-Gemmes, du manoir de la Blancheraye, les Dieasie
et d'autres. Les étrangers de passage et en particulier les Anglais de
l'Académie d'équitation, aimaient à se joindre aux officiers supérieon
des Carabiniers de Saumur et de la Cavalerie en garnison à Angers,
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CHRONIQUE 213
pour visiter cette superbe résidence où ils étaieat accueillis avec une
faveur particulière. MM. les comtes de Damas, Bozon, de Surgères,
colonel du régiment Dauphin- Dragons, de Marmier, colonel en second
du Royal-Lorraîne-Gavalerie, etc, se pressaient dans ces salons hospi-
taliers. Mademoiselle de la Lorie, musicienne distinguée, « pinçait de
la harpe en s*accompagnant de la voix, et c^la d*une manière ravis-
sante » on lisait la Gazettey le Mercure de France, quelques articles
de l'Encyclopédie ou d'antres livres savants. On faisait aussi de la ta-
pisserie, et les officiers eux^-mômes s'occupaient à l'exemple du ministre
Ghoiseul € à prendre l'aiguille » et à « se braquer sur un métier ».
M. de la Lorie amenait souvent la conversation sur le terrain des sujets
sérieux et instructifs. Quelques invités composaient des charades et des
jeux d'esprits; Les calambours amusaient aussi la société. Pe leur côté,
les jeunes officiers se plaisaient parfois à mystifier les hôtes du château.
C'est ainsi que M. de Damas, racontait un jour, « comme quoi ayant
résolu de passer l'hiver précédent hors de France» mais incertain si ce
serait à Berlin où à Londres, il avait placé son chapeau sur le bout de
sa candeavec résolution de se décider pour celle de ces deux villes» vers
laquelle s'arrêterait la corne de devant et que s'étant fixée sur la direc-
tion de Londres, c'était là qu'il était allé dépenser ses 500 louis ». Il
prétendait aussi, qu'excepté les pièces où se tenait la famille royale^
toutes les autres n'étaient éclairées qu'avec des chandelles, et quelque
fois réduites au nombre de deux » tant était grande la mesquinerie de
la Gour.
On menait donc une joyeuse vie à la Lorie, on y dansait on y soupait
on s'y distrayait do mille manières et on y jouissait de « cette douceur de
vivre, » tant regrettée depuis par ceux qui l'avaient connue. Tout dans
cette opulente demeure respirait la félicité^ on y savourait l'élégance
le charme et les raffinements d'un luxe de bon aloi. G'était la grande
vie^ digne de vrais seigneurs habitués aux plaisirs délicats et aux nobles
délassements. La Révolution allait disperser les brillants élémento de
cette Société d'élite qui perpétuait en Anjou les saines traditions du
passé et le culte des mœurs policées. »
Après un aussi attrayant tableau, tous nos lecteurs voudront comme
nous savourer ce beau livre, par lequel M. André Joubert a su si bien
acquérir de nouveaux titres à notre reconnaissance. Ajoutons que ce
magnifique ouvrage (In 8° 363, p.) avec tables et nombreuses pièces
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214 CHRONIQUE
justificatives), sorti des pressés de MM. Germain et Grassin, éditeurs à
Angers est orné de 24 héliogravures Dujardin, d*une rare beauté, qui
en font un véritable ouvrage de luxe et d'une réelle valeur.
GOMTB RéOIS DE L'ESTOURBBILLON.
Livres et ouvrages divers. — Par ailleurs, nous signalerons
pour la province d'Anjou : Les poésies de Germain Colin Bûcher
angevin, secrétaire du grand maître de Malte, publiées pour la pre«
raière fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque nationale avec
Introduction, Biographie, Notes^ Glossaire et Tables, par J. De-
nais. In-8^ carré de 332 p. — Croquis angemns par Paul Yiriot.
Ouvrage dédié à M. le comte de Romain et orné d'un joli dessin de
Femand Lutscher; — La Vie Sportive. A propos de Saumur et de
Sdint-Cyr. Curieuse et très intéressante étude sur les Origines
de nos Ecoles militaires de cavalerie par le baron de Vaux, dans le
Gil Blas du 20 mai 1890 ; — Les familles du nom de la Porte aux
Croisades, par le vicomte O. de Poli, président du Conseil héraldique de
France. In-8<^ 30 p. Nevers, imp. Mazeron ; — La charité à Angers,
par Léon Gosnier, tome ii. In-f8, Angers. Lachèxe et Dolbeaa, édi«
teurs ; — Essais de critique musicale, par L. de Romain. Paris, A.
Lemerre, éditeur ; — La Sagesse des Nations, par Maxime Juillet,
dans l'Anjou du 7 avriH890 ; — LesNoëllet, par René Bazin. In-i8.
Paris, Galmann-Lévy, éditeur ; — Htmes panachées, par Léon Destor.
Saumur, imp. Godet. Paris, Léon Vanier, éditeur ; — * Dans les l^et
2* livraison du tome xx de la Bévue d* Anjou : Jean Bodin, sa vie
et ses œuvres^ par M. Gastonnet des Fosses ; — La guerre entre Louis
XIII et Marie de Médicis (1619-1620), par Eusèbe Pavie ; — Des^
criptionarchitectonique de V église de Bocé^ projet de restauration,
par le comte de Galembert ; — Etude sur les comptes de Macé
Dame, maître des œuvres de Louis /*% duc d'Anjou et comte du
Maine (1361-1316), par A. Joubert ; — Uns victime de la Woo-
lution. L^abbéHuau de la Besnardrie, curé de Saint-Clément de
Craon, par M. Queniau-Lamerie ; — Dans les 3* et 4* livraisons de
la môme Revue ; — Un angevin d*autrefois. René Thibault-Cham^
bault, échevin d'Angers et conseiller perpétuel ^i777-i7P5); —
Documents inédits sur la guerre de cent ans. Négociations rela*
tives à rechange de Charles, duc d'Orléans et de Jean, comte
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CHRONIQUE 215
d*Angoulém»^ OÊpHfê ait At^Merre contre les seigneurs anglais
faits prisonniers à 1» Maritk ite Bàugé fik2ij, par A. Joubert ; —
Jean Bodin, sa vie et ses aswofm (suite), par M. Gastonnet des
Fosses ; — La guerre entre Louis XIII et Marie de Médicis, par
Eusèbe Pavie.
POITOU.
Parmi les derniers travaux intéressant le Poitou nous indiquerons :
Essai sur V Art campanaire en Poitou du XIW au X/X* siècle, par
M. J. Bertbelé. (Extrait du Bulletin archéologique du Comité des
travaux historiques) ; — Traité d'iconographie chrétienne, par
Mi' X. Barbier de Montault. Dessins de Henri Nodet Tome i. Petit
in-4* 417 p. Saint- Amand (Gber), imp. Destenay. — Œuvres com-
plètes de Msr Barbier de Montault. In-8^, Poitiers, imp. Biais,
Roy et G»*. Tome f Rome I Inventaires eccléf^iastiques, 580 p. —
Tome 2« Rome II. Le Vatican, 532 p. ; — Lettres inédites de Ben-
jamin Fillon, publiées par le comte de la Rochebrocbard. In-8®,
Vannes, imp. Lafolye ; — Un chevalier apôtre. Célestin^Godefroy
Chicard, missionnaire du Yun-Nan, par le R. P. Jean- Emmanuel
Drocbon, des. Augastins de l'Assomption. Un vol. in-i2. — Mois de
Marie, par Tabbé Léon Verdon, dont la première édition a été épuisée
en quelques jours. Un vol. in-i2. Nantes, imp. Emile Grimaud ; —
Les très intéressantes Chroniques paroissiales de Vabbé Billery,
contenant des Notices sur La Chèze-le''Vicomte, Les Clouzeaux,
Saint-Florent des Bois, Thorigny, Venansault, Chantonnay, etc.,
— Promenades historiques à ^rat;crs FontenayAe-Comte, par
M. Braud dans le journal La Vendée du mois de mars ; — Une ex--
cursion archéologique dans les cantons de VHermenault et Sainte^
Hermine^ par René Vallette dans le même journal du mois de mai. —
Une fonte de cloches au temps jadis, par M. J. Bertbelé dans le N""
du 6 avril de la Semaine religieuse de Poitiers ; — Enfin dans la
i'* livraison de la 3" année de la Revue du Bas-Poitou: La vieille
église de Chalais, près Maillezais, par Louis Brochet; — - Biogra-
phies inédites des Vendéens et des Choxians, par La Fonteneile de
Vaudoré ; — Les paroisses occidentales de la Vendée, par TabJ^é
Tillet. — Une excursion archéologique au Langon, par René Val-
lette, etc.
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216 CHRONIQUE
VARIA
Le tombeau de saint Yves. — Notre confrère, Henri de
Trémaudan, analyse en ces termes dans Vlndépendatice àre-
/onw^, la causerie de M. Arthur de la Borderie, relative au
Tombeau de saint Yves^ à la dernière séance de la Société
archéologique des Côtes du-Nord, qui a eu lieu quelques jours
après Pâques.
« M. de la Borderie a pris ensuite la parole.
« Dans une causerie d'une bonhomie charmante, où çà et
là des traits d'esprits délicats appellent le sourire, le savant
membre de rinstitut nous a promené à travers toute This-
toire héroïque et légendaire de la Bretagne. Il s'agissait des
sculptures du tombeau de saint Yves, édifié dans la cathé-
drale de Tréguier, et/ à propos de chacune de ces sculptures,
c'étaient des souvenirs et des souvenirs encore, quelquefois
de la critique historique en passant, et aussi des élans de
patriotisme breton et de foi, qui sont deux choses inséparables
dans rame de M. de la Borderie, comme elles Tétaient chez
les saints patrons dont il restaure la gloire,
« Le tombeau de saint Yves, comme on le sait, consiste
en un sarcophage surmonté d'un édicule dans le style fleuri
du quinzième siècle. Sur le sarcophage est couchée la statue
du saint, dans le costume que nous fait connaître Alain
Bouchart; la figure est à la fois ascétique et tendre ; le bon-
net de docteur, invention du seizième siècle, est supprimé.
Autour du sarcophage, la famille de saint Yves est repré-
sentée par son père, Haëlori de Kermartin, et dame Azou,
sa mère, puis une sœur, Catherine, la seule dont l'histoire
ait conservé le nom ; — comme pauvres, on a choisi les
figures poétiques du ménestrel Riwallon et de sa femme
Cathowada, dont la touchante histoire a inspiré de si beaux
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CHaONIQUE 217
vers à M. Tiercelin dans Les Jongleurs de Kermartin ; — les
miraculés sont là, sous la figure d'une jeune fille qui força
la main au bienheureux par sa constance ; — le duc Jean V,
édiflcateur du premier tombeau, payé de son pesant d'ar-
gent ; -* Monseigneur Bouché, restaurateur de la gloire de
saint Yves. Et d'autres peut-être que j'oublie.
• Aux piliers de Tédicule, l'Eglise universelle est repré-
sentée par la Sainte Vierge et le Bon-Pasteur ; l'Eglise de
Bretagne, par lés fondateurs de ses neuf évéchés et cinq
autres sairits que l'on a choisis après un minutieux et em-
barrassant classement de gloire. Je me perdrais à expliquer
les attributs qui diversifient les neuf figurés d'évôques : le
clou de saint Clair, les loups de saint Brieuc, la clochette
de saint Pol, le poisson de saint Corentin, l'église de saint
Patern, la nef de saint Malo, le lion dé saint Samson, la tour
brisée de saint Melaine. Tous ces attributs ont été empruntés
à l'histoire^ ou du moins aux traditions les plus respectables,
et choisis de tella sorte qu'ils pussent prendre une forme
sculpturale digne du monument. Quant aux cinq autres saints
de Bretagne, je me rappelle seulement saint Donatien et
et saint Rogatien, martyrs des grandes persécutions, et saint
Gildas.
« En terminant, M. de la Borderie a appelé de ses vœux
le jour où M»' Fallières présidera solennellement à la mag-
nifique cérémonie que M'' Bouché avait déjà réglée et qui
devait être le congrès de saint Yves.
« Sa Grandeur a répondu qu'elle y pense et a remercié M. le
curé de Saint-Sauveur de Dinan, M. de la Borderie et M. le
curé de Lannion,- de lui avoir appris, dans cette réunion,
tant de choses bretonnes. «>
Un Rennais au Salon. — La Dépêche bretonne décrit ainsi
dans l'un de ses derniers numéros, l'œuvre nouvelle de notre
compatriote, M. Dolivet dont la réputation comme statuaire
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218 GHRaNIQUE
ne fait que grandir chaque jour, c M. Dolîvet a exposé cette
année au Salon, une œuvre magistrale : La Nuit.
« Cette déçsse aux formes splendides dort, la tête ceinte
d'un croissant, un hibou sous les pieds et dans la main droite
un bouquet de pavots.
C'est d'uneconception grandiose et d'une exécution parfaite.
Le journal VEvénemeni l'explique ainsi, dans sa Revue du
Salon.
« M. Dolivet a su faire une Nuit qui ne soit pas banale. Sur
le hibou, aux ailes étendues, la Nuit, belle et abandonnée,
la tôte appuyée au croissant de la lune, sommeille ; sa main
droite tient encore les fleurs du pavot, dont elle a semé les
graines ; sa main gauche écarte de son front le Oot soyeux
des tresses bruneç. Du nuage qui la porte et la promène dans
le ciel, des rêves s'échappent en des sourires d'enfant;
œuvre composée avec infiniment de talent, et qui a sa place
marquée dans un des squares publics de Paris. Il est du de*
voir de l'Etat de ne pas laisser échapper, quand il le peut
des envois d'une valeur pareille à ce groupe très heureux
de M. Dolivet.
Titres pontificaux. — « Par deux brefs en date du 28 mars
1890, S. S. le Pape Léon XIII, voulant récompeneer les ser-
vices rendus à l'Église et à la cause catholique par M. Le-
coîntre-Dupont, de Poitiers, a daigné conférer le titre de
comte héréditaire à ses flls MM. Arsène, Louis, Pierre et
Adrien Lecointre, et à son gendre M. Albin Pruchard. »
RÉCOMPENSE Académique. — Nous apprenons avec la plus
grande satisfaction que l'Académie française vient d'accorder
un prix de 1500 fr. [Prix Thérouanne) à notre excellent con-
frère M. L. de laSicotière pour son très remarquable ouvrage.
Louis de Frotté et les Insurrections Normandes (1793-1832).
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CHRONIQUE 219
MARIAGES.
BRETTAGNE. BCftriage célébré à Lorieat, le 9 aTrîl, de M. Edouard
LoNouBvrLLB, garde général des forêts à Grenoble,
Avec :
Mademoiaelle Jeanne Lb YaiOBR, fille de M. Le Verger, greffier en
chef du tribunal de Lorient.
Mariage célébré vers la mi-avril, de M. le vicomte Léonard de
Droubt db MoBQBBifoiiT, fils do M. de Montgermont, maire de Sainte
Méen, conseiller général de ce canton,
Avec :
Mademoiselle Lbqbaiu) db la Diriays, fille de M. Legeard de la
Dîriays, conseiller à la Cour d'appel de Paris.
Mariage célébré à Lamballe vers la mi-avril, de M. Alain de la
MonE-ROTJGB.
Avec :
Mademoiselle Zoé db Laubay.
^ Mariage célébré à Lorient vers la mi-avril, de M. Ghau^l, capi-
taine d'artillerie de marine, chevalier de la légion d'honneur.
Avec :
MademoiselLi Alice Pudallu, veuve de M. Auguste Chevallier.
Mariage célébré, vers la mi-avril, de M. le capitaine de la Motte-
RonoB,
Avec :
Mademoiselle Louise de BsufOMT.
^ Mariage célébré à Lorient, vers la mi-avril, de M, Eugène Fourgadb,
capitaine d'artillerie de marine.
Avec :
Mademoiselle Caroline Guichabd*
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220 OHRONIQUi:
Mariage célébré à Paris, en Téglise de Saint-Pierre-de-Cbaillot, vers
la mi-avril^ de M. Maurice Lb Gobbbiller,
Avec :
Mademoiselle Marguerite Dbbux, fille de M. Ernest Dreux, ancien
agent de change.
Mariage célébré vers la mi-avril , de M. Henri d'ÂBTAUD, capitaine
d'artillerie de marine à Lorient,
Avec :
Mademoiselle Henriette Toursibb.
Mariage célébré à Paris^ le 22 avril, en Téglise de Saint- Pierre*de-
Gbaillot, du vicomte • Gustave de' GoBifULiBB-LuciniÈBE, capitaine nu 3*
réginient de cuirassiers, fils de feu Tamiral de Gornulier-Lucinière et
de la comtesse, née de la Tour-du-Pin-Ghambly,
Avec :
Mademoiselle Garmen Thibby, fille de M. Raoul Thiery, ancien
officier de marine et petite-fille du général Thiery, qui fut aide-de-
camp du duc de Montpensier.
Mariage célébré à Lorient, vers la mi-avril, de M. Auguste Mbrcibb,
médecin de i'* classe de la marine,
Avec :
. Mademoiselle Gosmao-Dumanoib.
Mariage célébré le 25 avril, en l'église Saint-Glément de Nantes, de
M. Raymond Bazin,
Avec :
Mademoiselle Tnérèse Pantin, fille du colonel en retraite Dantin,
qui fut longtemps chef d'état-major du XP corps d'armée à Nantes.
Mariage célébré dans les premiers jours de mai, de M. Augustin*
Joseph-Marie Filatrb-Lomoghamp, «tvocat, docteur en droit.
Avec.:
Mademoiselle Alphonsine-Marie-Garoline Jagobsbn.
Mariage célébré à Saint-Brieuc, dans les premiers jours de mai, de
M. Jean-Baptiste Brindbjong, lieutenant de vaisseau, chevalier de la
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GtiRpNIQUE 221.
légion d'honneur, soub aide-major à la Majorité générale à Brest, fils
de M. Brindejonc, maire de Plenrtuit,
Avec :
Mademoiselle Marie-Anne Bourel ob la Jonghèbb.
Mariage célébré à Nantes, le 6 mai, daas la chapelle de la Visitation,
de M. Henri-Marie- Pierre- Arthur Libauli db la Ghbyasnbrib, fils de
feu M. Libanltde la Gheyasperie et de Madame, née Ghomart de Kerdayy,
Avec : , . '
Mademoiselle Bathilde-Marie-Géline-Juliette-Nathalie Lb Maiqnan
DB l'Ecorcb.
Mariage célébré à Paris le 7 mai», en l'église de Saint-Pierre-de-
Ghaillot, de M. Emmanuel-Marie-GIément de GoBRaïF db Launat, sous-
lieutenant au 5* régiment de chasseurs, fils de M. Glément- Marie de
Guerrif de Launay, ancien capitaine d'infanterie, décédé en .1886 et de
Madame née Adèle- Renée Stellaye de Baigneux de Gourcival.
Avec :
Mademoiselle Jeanne de Sommervooel, fille de.M. Mortimer de
Sommervogel et de Madame, née Clémentine Ghevalier.
Mariage célébré le 8 mai à Téglise N.-D. de l'Assomption de
Qnimperlé, de M. Walter-André Dbstaillbue, élève dé TEcole des
Beaux- Arts,
Avec :
Mademoiselle Marie-Louise-Virginie Tuault db la Bouvrib.
MAINE, NORMANDIE, ANJOU ET POITOU. — Mariage
célébré à Paris le 20 mars, en l'église Saint-Philippe du Roule, par
W révoque deGhâlons, de M. Odon, marquis de Saint-Chamans, fils
de feu Henri, marquis de Saint-Ghamans et de Yvonne de Rougé,
Avec :
Mademoiselle Jeanne La Glbbg db Juiumâ, fille de M. Henri Le
Glerc, marquis de Juigné, conseiller général de la Sarthe, chevalier de
la légion d'honneur et d'Hélène de Talhduët-Roy.
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222 CHRONIQUE
Mariage célébré vers la mi-anil de H. le Ticomte dk Fàillt, eapi-
laine de cavalerie détaebé i l'Bcole sopérieore de guerre^ fiUdii général
de division, comte de Paillj et de la comtesse, née de BMsals,
Avec :
Mademoiselle Marie-'Marifuerite Doynbl db SAunvQuBMTiN, fille du
da comte et de la comtessef née Doynel de Qaincey.
Mariage célébré à Paris le 84 avril en Téglise de la Mag4eleîae, de
M. Le Jambtel, docttnr 9Q droit, avocat à la Cour de Gaen, maire de
TelIy-sor-Senilles (Calvados).
Avec :
Madearoiselto Gauran, fille de M. Gruyer, membre de Tlostitut^
conservateur honoraire da Musée du Louvre.
Mariage célébré 4 Paris le %9 avril en Téglise Saint-Pierre de
Ghailloty de M* U comte de Saiau-Marib d'Aianbauz, lieutenant
au 11* cuirassiers,
Avec :
Mademoiselle du Vai« D'fispaÂMssiuL.
Mariage célébré à Bordeaux le 4 mars de M. Jules-Marie de Vivie de
Rboib^ avocat.
Avec :
Mademoiselle Anne Ghinier de la Sauzay, d'une vieille famille
poitevine remontant à Baptiste Grenier, escuyer, seigneur de Listrac
en 1548.
Mariage célébré à la fin de mars de M. de Moetabby,
Avec :
Mademoiselle de FBaa:ft.
Mariage célébré à Poitiers vers la mi-avril de M. Charles de Sdtbot,
fils de M. Charles de Suyrot et de Madame^ née de Surineau,
Avec :
Mademoiselle Anne de Clogk.
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\
\
CHRONIQUE 223
Mariage célébré à Poitiers, le 6 mai de M. Jean db VBiLLBCBizi de
LA Mardiërb, avocat à la cour d'appel,
Avec :
Mademoiselle Marguerite Sauvbstrb ub la Bouraliârb, fille de notre
sympathique confrère M. A. de la Bouralière.
Mariage célébré le iO mai en l'église Saint-Philippe du Roule, de
M. le comte de GuoifAO, lieutenant au 18* rég. de chasseurs à cheval.
Avec :
Mademoiselle Marie-Louise db Taucui.
NECROLOGIE
Impitoyable et craelle, la mort est encore venue frapper de toutes
parts dans nos provinces de l'Ouest, et nombreux sont les deuils que
nous devons enregistrer aujourd'hui.
BRETAGNE.
En Bretagije, nous signalerons en particulier les décès de M*' Mélanie^
Louise-Marie Lb Oor6, en religion : sœur Marib do Galvairb, religieuse
hospitalière, de la Miséricorde de Jésus, sœur du R. P. Le Doré, supérieur
général de la Congrégation des Eudistes, morte à l'Hôtel-Oieu d*Auray le
12 mars à l'âge de 54 ans. — M. Tabbé Galbois, recteur de Saint-Martin-
sur-Oodty mort vers la mi-mars. ~ M. le docteur Ambroise Gaillbt,
mort le 16 mal*B à l'âge de 80 ans. — M. l'abbé Hbdzê, chanoine hono-
raire, ancien recteur de Quessoy, mort le 21 mars à l'âge de 59 ans. —
Sœur Maaib-Arsènb, supérieure généra des Filles du Saint-Esprit,
morte à Saint-Brieuc» le 22 mars à Tâge de 75 ans, après 44 ans de vie
religieuse et 35 ans de supériorat général. — M»* Ëulalie-Soline Tbbms de
GouRBBSAC, veuve de notre compatriote le poète Hippolyte Lucas, moxte
à Parisle 23 mars. — M. l'abbé Le Qoinyo, recteur de Kerpert (G. du N.)^
mort le 23 mars à Tâge de 74 ans. — M. Glaus, père, fondateur d'une
des plus importantes maisons établies en Bretagne pour la fabrication des
orgues d'église, mort à Rennes le 24 mars D*origine belge, il était venu
à Paris en 1841 et fut d'abord employé chez Pape et Pleyel, les grands
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•>0A
CHRONIQUE
facteurs de pianos qa'il quitta en 1848, puis chez Debain jusqa*ea
1859. Après la guerre de i870, il entra chez le fameux facteur
d'orgues Aristide GaTaillé Coll, qui lui confia la pose du grand orgue de
la cathédrale de Rennes où il se fixa définitivement alors, sur la demande
de Mr Saint-Marc. On lui doit en outre les orgues de Notre-Dame de
Rennes, (10 juin) construits en 1879, de Saint-ËpTre à Nancy qui lui
valut une médaille à Texposition universelle de 1867, Saint-Hélier et
llmmaculéei-Gonception à Rennes, Plouescat, Roscoff, Landivisiau et
NoCre-Dame *de Vitré. — ^ M. Joseph Desmbr, receveur principal des
douanes en retraite^ mort à Nantes le 28 mars à Tàge de 66 ans. —
M. LBBLàNQ, sous-bibliothéçaire de la ville de Rennes, depuis 22 ans,
mort subitement dans cette ville le 22 mars à Tâge de 69 ans. — M. liéon
Garbonnit, capitaine de gendarmerie en retraite, chevalier de la légion
d*honneur, mort à Douarnenez le 27 mars à Tâge de 59 ans. — M. Tabbé
HuBL, professeur au collège Saint-François de Sales à Evreux, décédé à
Goarec ("Gôtes du-Nord), à la fin de mars. — M. Joseph Le Goff, sculpteur
breton distingué, mort à Paris le 27 mars, à Tâge de 58 ans M. Le Goff,
qui venût de terminer la dorure de la statue de Sainte-Anne d'Auray,
se trouvant souffrant, était parti de Bretagne pour Paris le samedi 22
mars.
1 M. Le Goff, fils d*un menuisier de Pontivv, était à ses débuts, un
simple tailleur de pierres. Il se rendit à Nantes, où il s'adonna longtemps
aux études de dessin. Ge qui le fit connaître d'abord, ce furent les travaux
qu'il accomplit dans l'église de Pontivy. Il travaîllaaussi à la cathédrale
d'Albi.
1 Plus tard, appuyé par M. dePerthes^ il eut Tentreprise des travaux
de la Basilique de Sainte-Anne d'Auray ; la statue qui clomine la tour est
due à son ciseau.
» Depuis il fit de nombreuses sculptures à THôtel-de- Ville de Paris,
et notamment une partie des boiseries.
y^ La statue colossale du pape Urbain II, inaugurée l'an dernier à
Ghâtillon-sur-Seine, est son œuvre-, il travaillait toujours, et dans ces
dernières années, il a exécuté les sculptures de la chapelle de Tile de
Berder.
» M. Le Goff faisait partie des Sociétés la Pom^m, le Dinet' Ceîligue, etc.
M. Mathurin-Aimé-Ange Prbssaed, architecte-voyer de la ville de
VanneSy mort le 28 mars à Tâge de 50 ans : — M. Hyacinthe Méaulls
fils du conventionnel de ce nom, mort au château das Rouxières près
Ghâtillon en Vendelient, dans les derniers jours de mars, ancien député
d'Ille-et- Vilaine en 1848, il était marié depuis 1820, à M^*« Constance
Divelqui vit encore aujourd'hui. Les deux époux constituant au mo-
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CHRONIQUE 225
méat de la mort de M. MéauUe, Le plus vieux ménage de France. Il y a
dix ans qu^iU avaient célébré leurs noces de diamant et M* Méaulle
avait été ciéé chevalier de la légion d'honneur à Tâge de 93 ans. Il fut
plusieurs fois bâtonnier de Tordre des avocats à Rennes. — M. Joseph
AuBRY contrôleur des contributions indirectes en retraite, mort à Lorient
dans les premiers jours d'avril à T&ge de 66 ans. — M. Bchoit, ancien
maire du Pouliguen, président de la Chambre de commerce de 8aint-
Nazaire,mort à Tâge de 81 ans dans les premiers jours d'avril. *— W^* Lb
Flo» sœur du regretté général, décédée à Lesneven dans les premiers
jours d'avril à l'âge de 87 ans. Sa vie fut entièrement consacrée aux
œuvres de charité ; elle était depuis de longues années la bienfaitrice de
sa région. — M«* Paul de Ghalus, fille du regretté docteur Bedel, pre-
mier maître de Tillustre chimiste Jobert, morte à Lamballe dans les pre-
miers jours d'avril. — M*« veuve Pierre PBRTHuif>, née Marguerite-
Arsène VisoNNBAU, mère de notre confrère M. Alexandre Pertuls-Laurent
décédée à Nantes le 3 avril à l'âge de 85 ans, — M. Jean-Fntnçols
LoNouécANo, le poète breton et chrétien bien connu, mort à Saint-Malo,
le 3 avril à l'âge de 68 ans, — M. Longuécand s'était fait remarquer sur-
tout par ses Fables dont le Parnasse breton nous a offert dernièrement un
très joli spécimen. — M"* veuve Boed, mère de notre confrère,
M.Gustave Bord, décédée au Pellerin, le 5 avril.
Le R. P. Victor Albt, 8. J. aumônier de l'œuvre des Cercles catho-
liques d'ouvriers, bien connu de tous les Nantais, mort à Paris le 5 avril à
Tâge de 64 ans. — M** Théodore de LiissÊauBs db Hozavbn, née Laure-
Barthélemy-Anne de Frbsnb, morte â Quimper le 6 avril à l'âge de 71
ans. — M. l'abbé Pierre Robig, ancien recteur de Maêl- Pestivien
(G6te-du-Nord) mort subitement le jour de Pâques, 6 avril, né à Perret,
lel<t'mai 1805, M. l'abbé Robic d'abord vicaire à Duault et â Gamoêt,
puis recteur de Pabu fut transféré en 1844 à Maêi-Pestivien où il est
resté jusque sa mort. Démissionnaire depuis 1890, Mr David l'avait
nommé chanoine honoraire le 19 août 1878. — M. l'abbé Savin, recteur
de Carantec» (Finistère), décédé le 8 avril. Né en 1832, il occupait la
cure de Garantec depuis 1884 et avait été précédemment recteur de l'Ile
Molènes. — M, Guillaume-Désiré de QuBNBc'uQmviLLY, époux de
demoiselle Françoise Lb Vbuzit, mort à Lannion le 8 avril à l'âge de 70
ans. -^ Mb* fidouard Rathouis, née Marie Bbkoist, morte à Nantes le 9
avril. — M. Charles Nayl db la Ville Aubby, mort à Vannes, le 10 avril
à l'âge de 46 ans.
M. Henri Gboct ob Bbauvais du Mburtbl, mort le 8 avril au château
du Meurte,)^ en Plevenon (Gôtes-du-Nordj, à l'âge de 78 ans. Ancien
maire de Saint-Thual et maire actuel de Plevenon, M. Henri Gront de
T. VI. — DOCUMENTS. — VI* ANNÉE, 3« UV. 15
t
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226 CHRONIQUE
Beativais appartenait à i'ane des plas aaclenaes familles de réyéché de
Saint'Malo. L*an de ses ancêtres fat gouverneur de cette ville, un antre
eat pour parrain le roi François I^r. Par ailleurs, M. Gront de Sainte
Georges, chef d*escadre a son portrait à THôtel-de- Ville de Saint-Malo
et est considéré conme Tan dès plus illustres enfants de la vieille cité
maritime : enfin, le grand-père et le bisaïeul du maire de Plévénon,
s^étaient tous les denu distingués à la bataille de Saint-Cast en 1758. —
M. Désiré André, ancien maire, ancien conseiller général du canton de
Plélan (IlleetYilatne), membre de la chambre de Commerce de Rennes,
baau-frère de notre sympathique co.lôgue M. Albert Macé, mort à
^Plélan le 14 a7ril à Tâge de 59 ans.— La plupart d3s habitants de
Plélan et un grand nombre d'habitants de Baint-Péran, Paimpont,
Montfort ont tenu à suivre le convoi de cet homme de bien, profondément
regretté de tous. — M. rabbé Louis Gbndron, né à Gouêron en 18iC,
mort à Nantes le 13 avril à Tâge de 73 ans. — M. Alfred Véron, frère du
vaillant amiral Véron, sénateur dlUe-et- Vilaine et décédé à Paris le 14
avril à Tftge de 73 ans.
M. Ënguerrand Patrice de BaTLER, ancien officier de marine, percep-
teur des Contributions directes en retraite, chevalier de la Légion d'hon-
neur, mort à Nantes le 16 avil à Tftge de 62 ans. Il était cousin de M"»* la
comtesse de Butler, dame d'honneur de Madame la comtesse de Paris.
Sa mort met aussi en deuil notre confrère M. le comte Emmanuel de
Rorthays et sa fanille et les familles de Verteuil et d'Espinols. Le jour
môme où mourait M Patrice de Butler, un de ses frères était nommé
colonel du 5* chasseurs d'Afrique à Alger. La famille de Butler est une
des plus anciennes et une des plus illustres familles d'Irlande, dont une
branche, fidèle à Jacques II; le suivit en France et s'y établit. Les
B nier restés en Angleterre, sont pairs d'Irlande et d'Angleterre et ont.
entre a itres tiires, ceux de marquis et duc d'OnkiOMOE. -— M>i« Elisabeth
ViRNor, décé'lêe à Tarbes le 16 avril — M. l'abbé Le Bbrre, ancien rec-
teur de Plogonnec, mort dans cette paroisse vers la mi-avril ; — M. Louis-
Jules de Bonnecarrèrë. baron de MoNTLàUR, mort à Vannes le 18 avril
dans sa 81« année. Ancien élève du Prytanée militaire de la Flèche et de
l'Ecole militaire de 6aint-Cyr, M. le baron de Montlaur avait donné sa
démission étant capitaine d'infanterie. Il avait épousé M"* Céline de
' CuMONT, sœur de l'ancien mini^stre- de rinstruction publique. Fixé à
Vannes depuis une trentained'années, il s'était fait remarquer par Paflk-
bilité de son caractère et son inépuisable charité. — M. Thomas de
Kercado, père, chevalier de la légion d'honneur . ancien député du
Morbihan et ancien conseiller général du canton dé la Roche-Bernard,
mort au château du Plessis en Nivillac, le 18 avril à Page de 81 ans. —
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CHRONIQUE 227
M. Tabbé Podeur, curé de Riec (PinistèFe), mort le 19 avril .à Tâgede
55 ans. Né au Ck)nquet en 1835, il avait été d*abord vicaire àQoimperlé,
pois recteur à Rosnoên avant d*étre nommé à Riec. — Sœur 8àiNT-FEa-
ouSy supérieure de Tasiie des Petites-Sœurs des Pauvres à Nantes, morte
dans cette ville le 19 avril à Tâge de 48 ans, dont 25 ans de profession
religieuse.
M. Louis Thbvbn ob GuâLSRAN, oncle de M. Theven de Guéloran, chef
d'escadron au 35« d'artillerie, mort à Quimperlé le 19 avril, à Tâge de
75 ans.— M. l'abbé Joseph-Marie Plormbl, né à Fégréac en fStt,
ordonné prôtre en i846, professeur, pois économe et enfin supérieur du
Petit- Séminaire de Guérandeen 1849, curé de Guérande en 1861, prévôt
de la nouvelle coUégvile de Saint- Aubin, reconstituée en 1889, décédé le
19 avril après une courte maladle.L'un des ecclésiastiques les plus éminents
du diocèse de Nantes, la ville et le pays de Guérande font en lui une perte
irréparable» et son souvenir demeurera impérissable dans cette superbe
basilique de Saint-Âubin qui lui doit sa magnifique et intelligente restau-
ration. — M. Tabbé Jacques Maurice Le Bbller, recteur de Locmalo(Mor-
bihan), qui a succombé le 19 avril aune longue et cruelle maladie. Né à
Stival le 30 septembre 1823, M. Tabbé Le Bélier fut ordonné prêtre le 23
septembre 1848 et nommé quelques mois plus tard, vicaire à Baud. Trans-
féré à HenneboQt le 2l décembre 1863, il était dévenu recteur de Saint-
Gilles en 1869, et de Locmalo le 6 février 1871. — M. Tabbé Henri Miard.
ancien vicaire de Redon, mort dans sa famille à Pleugueneuc, le 20 avril,
à Tâge de 46 ans. — M^^^ Le Samt de la Santièbb, nièce de M. Joiy de
Rosgrand, pair de France et dernier sénéchal de Quimperié, mort dans
cette ville le 26 avril, à Tâge de 87 ans. — M. Léon Courras, secrétaire
général de là G^* d'Orléans, ancien vice-président de la Société des Ingé-
nieurs civils, chevalier de la Légion d^honneur, mort à Paris, le 20 avrils
i l'âge de 59 ans. — M"** Marie-Françoise de Carrières, mort à Nantes
le 21 avril, à l'âge de 43 ans.
M">« Charmer, née Le Coz, veuve^ de Tamiral Chamer, décédée à Paris
le 2 1 avril, à l'âge de 7 1 ans. — M. Louis-Olivier Sahson, mort à Nantes
le 23 avril, à l'âge de 74 ans. — M. Félix- Alexandre Chrétien, décédé
à Nantes le 23 avril, à l'âge de 74 ans. — M"»* Marie-Pauline-Juliette
OIS Merliers de Lomoueville, morte à Nantes le 2*3 avril, à l'âge de 56
ans. — M"* Marie-Françoise Tessibr, épouse de M. Fouillolb de la
Genoronnière, morte à Nantes le 23 avril, à l'âge de 60 ans. — M. Henri
Rolland, décédé au château de la Baraudière en Sucé, le 23 avril. —
M. l'abbé Paulin-Pierre Teulé» directeur de Textemat des enfisuits Nan-
tais, ordonné prôtre en 1862, mort le 23 avril, à l'âge de 62 ans. — M*^' la
marquise douairière de Bizien du Lézard, née Lucie-Marie-Rose de la
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228 CHRONIQUE
Motte- Vauvbrt. décédée à Rennes le 23 avril, à Page de 73 ans. —
M. l'abbé Rew, cbapelain de la cathé irale de Nantes, ancien vicaire de
Saint- Paal, ancien curé de la Ghapelle-^HeuUn, né à Paimbœuf en 1811,
mort à Nantes le 24 avril. — M. François -Exapère Bragbr db Ville-
MOYSAN, mort subitement à Rennes le 24 avril. Né à Montfort, le 13 no-
vembre 1815, M. Brager de Viilemoysan entra dans la magistrature en
1842. An moment de sa révocation, lors de l'exécution des décrets, il
comptait 40 ans de service dans la magistrature, dont 17 comme con-
seiller à la Gour d*appel de Rennes, — M. Tabbé Le Guwx, cbanoine
honoraî)re, supérieur de la maison Saint-Josepb à Saint-Pol de Léon,
depuis I886t mort le 25 avril, à Tâge de 58 ans. Il avait été précédem*
ment vicaire à Pieyben, puis économe du Petit-Séminaire de Pontcroix
pendant 26 ans. — M. Pabbé Jean-Marie Guillôme, né à Malguénac le
5 août I845p ordonné prêtre le 22 décembre 1866, successivement vicaire
à Kerfourn» Loçmalo, La Tour du Parc et Bieuzy, décédé dans les pre-
miers jours de mai. — M. Tabbé Louis-François Hdbbrt, chanoine hono-
nûre, ancien custode et ancien maitre des cérémonies de la cathédrale de
Nantes, mort dans cette ville le 3 mai, à Tftge de 66 ans. — M"* Anne
GoLLiN, née de Brossard, décédée à Vannes le 3 mai, à Tâge de 68 ans. -^
M. Maurice Ellbu de Léglisb, mort subitement à Nantes le 6 mai, à Vkge
de 53 ans. — M. le comte db Moulins de Rochbfort, depuis dix-sept ans
président du cercle Louis XVI à Nantes, où il laisse d'unanimes regrets,
décédé au château de la Grandville, près du Port-Baint-<Père (Loire-Infê-
rieure), le 7 mû. — M. Faugbyroux, juge honoraire au tribunal de
Quimper, conseiller municipal de cette ville, décédé le 7 mai, à Page de
70 ans. — M"* Marie-Georgette Gamdbau, née Simon, femme de not,re
ami M. Auguste Gandeau, lieutenant au 10« d'artillerie à Rennes, décédée
à Nantes le 9 mai, à Tâge de 26 ans. *— M. Grosnier, lieutenant au
41* régiment d*infanterie, décédé chez son père, jage de paix à Lamballe,
le 1 1 mai dernier. — M. Tabbé Gaboriau, curé de llmmaculée-Goncep-
tion, près Saint-Nazaire, depuis 13'kns, décédé le 8 mai, à Tâge de 84
ans. ^ M-* la comtesse db Poli, née Héiibrt, veuve depuis 1848, de
M Philippe, comte de Poli, chevalier de la Légion d*honneur, chef de
bataillon au 2t* de ligne, mort de ses blessures en réprimant l'insurrec-
tion à Orléans, qui éleva depuis un monument à sa mémoire, et mère de
notre dévoué confrère M. le vicomte 0. de Poli, président du Conseil
héraldique de France, décédée à Paris le 8 mai, dans sa 82* année, après
une vie toute de charité et d'héroïque dévouement. — M"* la baronne
DB Ghamborant de Pbr'ssat, mère de M. le baron de Ghamborant de
Perissat, notre sympathique confrère de la Société bibliographiquey décédée
à Paris le 12 mai, à l'âge de 72 ans. — M Tabbé Peracs, curé de Gorde-
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CHRONIQUE 229
mais depuis i876, décédé le i 1 mai, à Tâge de 71 ans. *— M. l'abbé Joseph-
Mathurin Mskaoeb, né à Vallet le 6 janvier 4866, ordonné le 29 juin
dernier, décédé à Nantes le 12 mai. — M"»*» Marie-Thérèse HiiRANGHiPY,
veuve PfiLThsR» décédée à Nantes le 16 mai, à Page de 72 ans. — M. Tabbé
Mathurin Gariou, chanoine titulaire, ancien directeur du collègo Saint-
Stanislas à Nantes, né à Saint-Philbert de Grandlieu en 1812, ordonné
prêtre en 1808, mort à Paimbœuf le 16 mai.
NORMANDIE.
Parmi les principales pertes de cette province, nous devons indiquer
les décès de : M. Ëdouard-Eugène-Amédé Moisson de Vaux, décédé à
Bayeux, le 8 février à Page de 48 ans. Marié à Mademoisselle Corot-
Saguiente, dont il laisse deux enfants, il était le 2* fils du feu baron de
Vaux et de la baronne, née Goralie de Gabanzs, et frère du baron de
Albert de Vaux, consul général de France à Gènes et de la comtesse de
Marguerye. -*M"* la comtesse Lb Clerc de Lbssbvillb, née Esther-
Marie-Caroline DE Poudreux, morte le 23 février au château d'Aulnay
(Marne) à Tâge de 36 ans. — M. le baron de Mbsnil-Durand, mort vers
laimi-mars au château deBalthasar (Calvados). —M. Armand Bureau,
chevalier de la Légion d'honneur, ancien porte-fanion de Tamiral Jaurre-
quiberry pendant la campaorne de 1871 où il avait accompli plusieurs
actions d^éclat, décédé à Vire dans les derniers jours de mars. —
}iti9 Pascaline Delaunb de Paluel, décédée à Rouen le 2 avril à Page de
18 ans. — M. Achille-Louis Courtier, directeur du Journal de BolbeCj
mort le 2 avril. — M*"^ Grollbau, évoque d*£vreux, mort le 2 avril à Tâge
de 62 ans. Né à Chavagnes-les-Eaux au diocèse d'Angers, il était curé de
Saint-Pierre de Saumur. quand il fut nommé évéque d'Ëvreux le 17 mai
1870, et sacré le 8 septembre de la même année. Durant son épiscopat de
20 ans, fécond en œuvres de toutes sortes, M>' GroUeau a publié plus de
180 lettres pastorales, circulaires et mandements. Nous donnons les
sujets traités parle prélat dans ses instructions pastorales pour le carême :
La Souffrance chrétienne y 2 février 1871 ; P Education sa nature et son but^
2 février 1872 ; Obligation de la charge pastorale ^ 18 février 1873 ; Devoirs
de la vie chrétienne, 2 février 1874 ;
Publication du Jubilé, 29 janvier 1875 ; le Repos du Dimanche, 18 février
1876; la Messe du Dimanche, 2 février 1877; les Offices du Dimanche ^
22 février 1878.
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230 CHRONTQUK
Encyclique Qdod âpostoligi MUHERig« 14 février 1879 ; la Vocation àViiai
ecclésiastique, 20 janvier 1890 ; la Propagation de la fbi, 29 janvier 1881 ;
dès Devoirs des parents envers leurs enfants^ spécialement en ce qui concerne
l'éducation religieuse, 29 janvier 1 882 ;
De la connaissance de la Religion, 29 janvier 1882 ; des épreuves de la
Religim, 29 janvier 1884 ; de la franc^maçonncrie, à l'occasion de l'Ency-
clique UuMANUM OBNUs, 25 janvier 1885 ;
lu Encyclique Imuortalb Obi sur la Constitution chrétienne des Etats,
2 février 1886 ; V Œuvre des Catéchistes, 29 janvier 1887 ; Nécessité de pra-
tiquer la religion^ 2 février 1888.
V Encyclique Exbuntb jam anmo,2 février 1889; VEncyclique BkPiwRtiM
Ghristian^, publiée en 1890, termine la série des instructions quadra*
gésimales de Mr Grolleau qui s'est occupé avec un soin particuliac des
conférences ecclésiastiques dans son diocèse et a publié un nouveau
catéchisme en 1883, etc., etc.
M"* la maréchale Rbonault db Saiat-Jean d'Angblyv décédée en son
ch&teau de Serville, le ô avril à l'âge de 82 ans. Elle était veuve du ma-
réchal Regnault de Saint-J'ean d'Ângely, qui avait été ' offider. d'ordon-
nance de Napoléon 1®' pendant les Cent-Jours et ministre de la guerre
en 1851. On se souvient que ce fut lui qui organisa en 1854 la Garde Im«
périale qu'il conduisit au feu en Grimée et en Italie. Il avait été promu
maréchal de France à la bataille de Magenta en même temps que le gé-
néral de Mac-Mahon. — M. Louis- Marie-Raymond de SAlNT-FfiLix,
mort à Rouen le 6 avril à T&ge de 28 ans. — M. Louis-Charles db Boul-
LBMBR db Thivillb, Ueuteuant aux zouaves pontificaux, décédé au château
de la Louisière, près Séez, le 21 avril dans sa 58* année ; —M. Hippolyte
BossBLBT, qui collabora à la Réforme^ au Temps, au Parti National^ décédé
le 22 avril. Il avait été candidat de l'opposition libérale sous l'Empire,
dans le département d'Eure-et-Loir. On lui doit divers ouvrages. —
M"** Sarbazim de Maraisb, née Sarah Jones, morte à Rouen le 22 avril à
l'âge de 83 ans. — M. Victor-Henri-Maurice d'fiAiLLBCouRT , décédé à
Rouen, le 6 mai à l'âge dé 18 ans. — M»« Le BRyMEMT» née Gécile Lb«
BRUN, veuve de M. Le Brament, l'éditeur Rouepnais bien connu, morte
le 8 mai à l'âge de 68 ans,
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CHRONIQUE 231
MAINE.
Nous signaleronâ dans le Maine, le décès de M«« Marie-Thérèâe-Bene-
dicte-Heary de Bbauxhostes, marquise de Quatrbbarbbs, morte au châ-
teau de la Sioanière, près Berné (Mayenne), ài*Age de 27 ans. — M«* d*ËN-
TRSMONT, née Ânne-Nelly JBoaRom, morte le 26 mars à Tâge de 62 ans.
— M«^ GoHBBRT DB LA Tbssbrib, née Pauline de Ph&limbs, morte à Laval
le 25 mars à l'âge de 78 ans. — M. Adolphe Aç Kbbhann, ancien trésorier
général du Nord et régent de la Banque de France, mort le 28 mars à son
château de Coulante, près Bahay. — M. Tabbé Michel Guahtblodp, né à
Gherancey, en 1824, d*abord vicaire à Beaufay et à Marçon, puis curé de
Gogners, décédé le 30 mars. — M. Tabbé £ugène Roullbàu, né le 7 mars
1852 à Montmirail, d'abord vicaire à Malicorne, puis à Mayet, décédé le
7 avril. — M. l'abbé Théophile Robin , né à la Suze en 1850, décédé à
Paris le 8 avril à l'école de rimmaculèe^onception où il était professeur.
— M. Joseph-Gabriel Hardy db la GiiiRBONNBRiB, décédé à Nice, le 12
avril à l'âge de 27 ans. -— M. Tabbé Augustin Huiomabd, né à Saint- Aignan
de Gouptrain, en 1831, successivement vieaire à Saint-Samson, à Lan-
nay-Villiers et à Juvigné, puis curé de la Bigottière, décédé curé de Ghan-
trigné le 13 avril ; — M. l'abbé Sylvain de Marbbul. décédé à Paris, le
20 avril. Né i Fougerolles, il était directeur des études à llnstitution de
Sainte-Marie de la rue Bonaparte, à Paris, et directeur de la Revue l'i-
beille. Il lègue au Muséum de riches collections d'insectes de la plus
grande valeur. — M. l'abbé- Lbmonnibr, archiprôtre de Saint- Vénérand à
Laval, mort le 22 avril à l'âge de 50 ans. — Né à Goron, le 28 octobre
1840, il avait été précédemment curâ-doyen de la Boë. — La T. G. S.
Saint-Hbmri, dans le monde M^^* db Saint-Guxlubm, supérieure de Thospice
de Janville (Eure-et-Loir), morte le 24 avril à l'âge de 74 ans. G'est elle
qui, pendant la guerre de 1870, arrêta un convoi de blessés français, ex-
ténués de fatigue, à bout de forces, s'opposant en véritable héroïne à la
mise en marche ordonnée par un officier prussien sans pitié.
< Monsieur, dit-elle, ces blessés sont à moi^ je ne veux pas qu'on les
traîne plus loin. > L'officier protestant, la Sœur continua d'un ton impé-
rieux : « Faire souffrir inutilement des blessés est le fait d'un misérable !
Gharretier, dételez... »
L'officier n'osa passer outre et les blessés restèrent à Janville où lA
sœur Saint-Henri se trouvait déjà à cette époque: — M. Tabbé Félix Bbt-
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232 CHRONIQUE
TON né à Mayenne en 1840, successivement vicaire à Saict-Georges-snr-
Ërrvé, à Âlexain, à 8aint Germaln-de Coalamer. et à la Grolxille, puis caié
de Rennes-en-Grenoaille et de 8alnt->Gharles-la- Forêt, mort curé de St-
Isle le 6 avril — M. Tabbé Alexandre Raoot, né à Grannes, en Cham-
pagne, en 1828, d'abord vicaire à Ampoigné, puis curé de Molière où il est
mort le 5 mai.
ANJOU.
En Anjou, nous avons à enregistrer les pertes de : M. Lb Joly, ancien
substitut à Angers, prçcureur de la République à Uzel, décédé dans celte
ville le 6 février. — M. René-Eugène-Henri-Marie, comte bb Brobsard,
second fils de feu Henri-Charles-Sébastien, marquis de Brossard, et de
Cécile- Joséphine- Adélaïde Le Métayer, mort à Paris, le 13 mars à Tâge
de 31 ans. — M. l'abbé André-Elie Ballu, ancien professeur au collège
de Baugé, auteur des Excursions en Anjou, publiées dans la Revue d* Anjou
sous le pseudonyme : Un Touriste, décédé à Saint-Lambert-du-Lattay,
dans les derniers jours de mars — M«« la vicomtesse de Romain, décédée
à la fin de mars. — M. Tabbé Morbl, ancien collaborateur de ÏUniv0rs,
mort à la Maison de retraite de la Porôt, près Angers, le 31 mars à Tâge
de 83 ans. — M. le comte Albert db Buissbrbt, décédé à Arcachon dans
les premiers jours d'avril, après une longue maladie. — M. Bresson, ad-
judant au 6* régiment de cuirassiers, élève-officier à Técole de cavalerie de
Saumur, tué malheureusement d^une chute de cheval, aux courses de la
Saint-Georges à Saumur, le 20 avril. — M. le comte Artns CossA-Bribbac,
frère cadet du défunt, duc de Brissac, ancien secrétaire d'ambassade, cham-
bellan de Timpératrice Eugénie et ancien député de TCnseau moment du 16
mai, à Tftge de 61 ans, à la suite d*une longue et douloureuse maladie. De
son mariage avec la fille du marquis de Walsh-Serrant, duc de La Mothe-
Houdancourt, il laisse deux filles, dont la cadette est mariée au comte
Renaud de Moustier. Sa mort met en deuil les familles de Moustier, de
Bonneval, de Pieumartin, de la Tour d'Auvergne, etc. — M. le comte
Eugène de Monti, chef de la branche cadette de cette famille, décédé le
30 avril au château des Mines, paroisse de Saint-Georges de Chàtelaison
dans sa 75* année.
POITOU.
Bien nombreuses sont les pertes éprouvées par le Poitou entre autres,
celles de M. Tabbé Jaobneau, ancien curé de la Merlatière, mort le 26
janvier ; — M. Emile Guarriot, docteur en médecine, mort à Chaillé-
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CHRONIQUE â3d
les-Marais le 29 jaavier dans sa 53^ année. — M*** Unal, femme de
Pancien Tic^^-piéaident du tiibonai d'Angers, actnellement conseiller à
laCk>arde Poitiers, déeédée dans cette ville la 5 février ; -^ M*** Marie*
Hyacinthe Postairb, veuve de M. Pierre- Victor du Garibau ds lk Mit*
cHKMis, morte aux Sables-d'Olonne le 16 février, à l'âge de 58 ans ; ^-<Le
R. P. Le JBossit eadiste, ancien professeur de l'InstitatAon Ricbelien,
mort le 20 février ao séminaire de la Roche •dorTbeii près Redon ; —
M"^ la baronne PAFiSR ns Sooville, née Frottibs ns la MsssKLiàas,
décédée à Aix, le 26 février à Tége de 87 ans. £lie laisse, deux enfants,
le baron de Soaville et M">« de Meyronoet de Saint-Marc ; *r* M. Al-
béric*Henri4e WARivïQVi^L db Mbsoalano, inspecteur en cheCde la ma*
rine en retraite, officier de !a légion d'honneur, mqirt à Fonteuaji^le-
Comte en février à Tdge de 6^ ans ; — M«^ Antoinette -Gbarlptt^- Eugénie*
Victoj^ine GnaBBOU na la Rouuàaa, comtesse douairière d'Avuy de Pjo-
LANT,, dont nous n'avions pu qu'indiquer le décès dans notre dernière
Chronique, morte à Poitiers, le 21 mars. Elle était fille de Jean- Victor-
Magdeleine Ghebrou de la Roulière, ancien maire de Niort, ancien dé-
puté et président du Conseil général des Deux-Sèvres, sous les règnes
de Louis XV 111 et Gbarles X et de Suzanne-Esther Bourasseau de la
Renolière, fille de M. Bourasseau de la Renuiière, dernier du nom,
conseiller-mai tre à la Chambre des comptes de Bretagne et membre du
Conseil supérieur des armées vendéennes sous la Révolution ; —
M. Jules-Josepb-Léopold Gandeau, père de notre ami M. Auguste Can-
deau, lieutenant au 10* régiment d'artillerie à Rennes, mort à Montaigu
le 21 mars, à l'âge de 75 ans ; — M^i« Marie-Magdeleine Jacobbt de Nom-
BiL, morte à Fontenay-le^Comte le 2 avril à i^âge de 29 ans. — M. Louis-
Evariste d'HuooNNBAU, ancien officier de Cbartes X, ancien maire de
Brigueil, décédé au château de Lavérioç, près* Brigueil le 10 avril dans
sa 85* année ; — M. Ferdinand Guyot^ ancien ingéniear en chef de la
Vendée, mort à la Roche-sur- Yon, vers la mi-avril ; — M. l'abbé Jacques
Fauchbrom, décédé à Fontenay-le-Comte le 22 avril dans sa 70* année.
D'abord vicaire & llle-d'Yeu, puis vicaire à Beaufou où son zèle sacer-
dotal se dépensa pendant 36 ans, ses infirmités l'avaient obligé à dé-
missionner en 1888, époque à laquelle il s'était retiré à Fontenay-le-
Comte ; — M. l'abbé Jean-Marie Milgbxt, curé de Saint-Paul-en-Pareds,
décédé le 26 avril des suites d*nne congestion pulmonaire. Né à Notre-
Dame-de-Riez en 1832 et ordonné prêtre le 19 novembre 1857. il fut suc-
cessivement vicaire à Bretignolles et à Challans, puis devint curé de
Saint-Pau-len-Pareds le 25 beptembre 1865; — M. Tabbé Bibaro, curé-
doyen de Ghantonnay, mort le 30 avril dans sa 53« année, victime de
son dévouement, saccoxnbaut aux suites d'une fièvre typhoikle, contractée
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234 GHRONIQUE
au chevet d'un malade auquel il portait les derniers sacrements. ~
Né aux Epesses, le 12 septembre 1836, M. Tabbé Pierre Bibard fat
ordonné prêtre le 20 décembre 1862. Après ayoir été cinq ans professeur
au petit*séminaire des Sables, il fut nommé yicaire de Notre-Dame de
Fontenay. Le 11 janvier 1871, il suivait en qualité d*aamônier volontaire
la première légion des mobilisés de la Vendée et fut nommé coré de
8ainte-Gécile en 1872, aumônier du lycée de la Roche en 1876 et curé-
doyen de Ghantonnay le 23 mars 1879 ; — M»* Blanche de Ck>iLUc,
veuve du comte Henri-Léopold Potier db Pommeray, officier supérieur
de eavalerie en retraite, décédée à Saintes le 7 avril ; — M. Tabbé Louis
BuRD, curé de Saint- Jean Liversay décédé le 7 avril dans sa 72* année.
-» M. Je baron Charles Lepic, le collectionneur bien connu, décédé à
Poitiers, le 12 mai. Fils du général du premier Empire, le baron Lepic
avait été préfet et s'était retiré à Poitiers où il était receveur général
en 1871. — M Tabbé Barthélémy Robiou, décédé à la Chaume; le 12 mai.
JSHAN DE LA SaVINAYB.
Vannes. — Imprimerie Eugène LAFOLYE.
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NOTES HISTORIQUES
SUH LA
PAROISSE DE CAMPBON
AVANT de commencer le dépouillement des anciens
registres qui contiennent les actes de la paroisse, nous
devons dire combien nous avons été surpris en cons-
tatant le grand nombre de prêtres qui Thabitaient dès les
temps les plus reculés et jusqu'à l'époque de la Révolution.
Nous trouvons, en effet, jusqu'à seize prêtres habitant en
môme temps Campbon et tous originaires de la paroisse où
ils se faisaient un honneur de rester pour desservir quelque-
fois une simple chapelle. Ce grand nombre de prêtres, la
plupart sans fortune, nous fait connaître à lui seul l'esprit
religieux d*une population qui, par ses sacrifices, avait su
leur assurer, si ce n'est le bien-être, du moins Texistence.
En comptant ces pieux lévites dont quelques-uns n'attei-
gnaient même pas dans un âge avancé la dignité du sacer-
doce ; en retrouvant la légion bénie des tertiaires de Saint-
François; en lisant avec émotion la vie si sainte et si
admirable du pieux ermite de Planté, ces hommes d'un autre
ftge qui n'ont point été démentis par la génération moderne
des prêtres campbonais, ni par leurs frères, les braves
défenseurs de la papauté, nous nous rappelions cette belle
T. VI. — DOCUMENTS. — VI* ANNÉE, 4* LIV. 16
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236 ' NOTES HISTORIQUES
Ipénsée du pasteur : c Heureuses les paroisses qui furent
.embaumées par les vertus des saints I »
• Les registres de Campbon remontent à 1526 et le premier
que nous ayons parcouru, est un registre de Baptêmes qni
contient les actes rédigés depuis cette époque jusqu'à 1560.
1526. — Voici les noms des prôtres que nous trouYons, en tôte de
ce registre qui est entièrement écrit en latin : MM Jelian Caiilon,
Mathurin Legrand, Jelian Belain, Yves Becigneul, Jan Robin^ René
Château, M. Boudet, Jan Gérard, Jacques Raoul, J. Mesnagier.
Le premier baptême à noter est celui de Anne Paraiau. fille
de noble Pierre Paraiau, s' du Guynio, et de noble demoiselle Ber-
tranne de la Rivière, son épouse ; compère : Noble Gilles Cybouault,
8' de Trégaret ; commères, noble demoiselle Anne de Guémadenc
épouse de noble Olivier de Lanvauz, et noble demoiselle Françoise
Baye, flUe de noble Pierre Baye, seigneur de Ck)islin. — Signé : J.
Robin prôtre.
1528. — Le dernier jour de mars, fut baptisé Jan de Saint-Aubin,
flls de noble Rolland de Saint- Aubin, s' de la Morandays et de noble
demoiselle Marguerite Desbouchaux, son épouse.
MM. V. Chomet et J. Lesiour, prôtres.
1529. — Le 12 novembre, fut baptisée Marie de Saint-Aubin, fille
de Roland et de Marguerite des Bouchauz ; compère, noble François
Giflr'rd et conunères : Marie Jouan, épouse de noble Pierre de
Louédays et Jane Giffard, non mariée. — Signé : J. Robin, prêtre.
M. J. Gergaud, prôtre.
1532. --« Le 26 novembre, fut baptisé Pierre Paraiau, fils de noble
Pierre Paraiau, s' du Guynio et noble demoiselle Bertranne de la
Rivière, son épouse; compères, noble Merri du Boisgueheneuc, s' de
la Babinays et François de la Grée ; commère, noble demoiselle
Françoise de Beauboays. — Signé : Gérard, prôtre.
M. J. Gérard, prôtre.
1533. — M. G. Lemarié, prôtre.
1534. ^ MM. Rouaud, Jelian Feustrard, prôtres.
1549. — De 1534 nous passons à 1549 et nous retrouvons les
mômes prôtres, et de plus, MM. François Bourdin et P. Trégueret.
Le 25 février, fût baptisé Roland de Saint- Aubin, flls de noble
Pierre de Saint-Aubin, s' de la Morandays et de Françoise Giflfard, son
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SUR LA PAROISSES DE CAMPBON* 237
épouse ; FuerurU compcUres, noble Jan de la L... et Jan de Lan vaux ;
commère, Marquise de Moyres. — Signé : Bourdin prêtre.
1554. — MM. J. Garnier et Pierre Legentilhomme, préires.
1557. — MM. Rigaud et P. Cran, prêtres.
Le W registre desTnario^^conunence en 1566.
1566. >» L'auteur de l'intéressant Registre de la paroisse de
Campbon prétend que Missire François Boudet, du village de la
Gergaudais, en Campbon, fut nommé vicaire perpétuel de cette
paroisse en 1566, qu'il passa un acte de transaction avec le chapitre
de Nantes et qu'il mourut en 1572.
Ayant constaté que le dit auteur avait commis quelques erreurs
de noms, nous donnons ce renseignement sous toutes réserves.
1569. — Ce qui est certain, c'est qu'en 1569, dom Pierre Bordier
portait le titre de vicayre.
1573. ^ Missire Jehan Gérard porte également ce titre ; l'auteur
du lto^û/r« rappelle René Gérard, il prétend qu'il était du village
de la Turpinais et qu'il mourut au mois de septembre 1576 ; c'est
une erreur.
1576. — Le lundi 6 août, furent espousés en l'église de Frossay^
nobles gens, Jan de Saint-Aubin, s' de la Tremoussays et demoiselle
Françoise de Boayspéan. -*- Signé : J. Gérard, vicaire.
Missire Jehan Quyschon remplaça M. Gérard comme Vicaire
perpéttiel; il était du village du Verger, en Campbon, lequel
village, situé sur une hauteur près celui de la Baguais^ n'était pas
celui qui porte actuellement ce nom. M. Jehan Gérard se retira et ne
mourut qu'en 1584.
M. Samson Davy, prêtre.
1580. -r Un autre Jehan Gérard signe comme Vun des vicaires^ ce
qui prouve simplement que le vicaire perpétuel était assimilé au
recteur et avait des vicaires.
Le dernier jour de mai, fut enterré en l'église de Campbon, près
l'autel saint Uicheh dom Denys de Moayre, prêtre, et fit l'enterre«
ment Missire Jehan Gérard.
1581. — Le 24 juin, fût enterré en l'église, près l'autel saint Michel,
noble homme. Maître Pierre de Saint-Aubin, s' de la Morandays, et
fit l'enterrement Missire Jehan Guyschon, vicaire.
lA^ZI octobre, fut ensépulturé en l'égUse de céans, Missire Robert
Morice, prêtre, et fit l'enterrement dom Jehan Guyschon, vicaire.
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238 * NOTES HISTORIQUES
1582. — Dom Pierre Gaboret, prêtre. — Rolland Guyschon, prêtre.
Le 10 ayril, fût enterré en Téglise, le corps de Missire Pierre Le
Gasnier, et fit l'enterrement Missire Jehan Guyschon, vicaire.
Nous constatons qu'à l'église de Campbon il existait dès cette
époque, une coutume bien touchante : chaque jeune prêtre de la
paroisse, et ils étaient nombreux, tenait à célébrer dans l'église de
son baptême et de sa première communion la première de ses
messes ;
Le clergé de la paroisse lui faisait honneur en lui réservant
presque toujours la messe paroissiale du dimanche et en l'assistant
comme diacre et sous-diacre.
Le 29 octobre, célébra sa première messe en l'église de Campbon,
Missire Jean Davy, prêtre, du village du Brùais. Signé : Guyschon.
prêtre.
Le 20 novembre, célébra sa première messe en l'église de Campbon,
Missire Martin Audren, de la flrairie de la Fouays^ audit Campbon.
Le pénultième de décembre, fut enterrée en l'église, chapelle
Sainte-Marguerite^ Andrée de Saint-Aubin, fille de noble homme
Jacques de Saint-Aubin et demoiselle Julienne de la Noue» sa com-
pagne, et fit l'enterrement le vicaire Gérard.
1584. — Dom Jan Guyschard, dom Jehan Halgan, prêtres.
Le dernier jour de février, fut enterré en la chapelle de Notre-
Dame, au bout de Tautel, Missire Robert Gérard, en son vivant
prêtre, et fit l'enterrement Missire Jehan Guyschon, vicaire.
Le 17 avril, fUt enterré en l'église de Notre^-Dame, au devant de
l'autel, Missire Jehan Gérard, vivant vicaire de Campbon, décédé le
dit, environ les dix heures du matin et fut enterré environ les trois
heures du soir, et fit l'enterrement Missire Jehan Guyschon vicaire.
1585. » Dom Jehan Landays, prêtre.
Bn juillet, nous voyons le mot peste écrit en marge, et, vis-à-vis,
quelques actes d'inhumation.
1586. — Le 21 octobre, fut enterré en l'église, près l'autel Saint-
Michel , Jane de Saint-Aubin, fille de nobles gens, Jehan de Saint-
Aubin et Françoise du Boispéan, sa compagne, et fit l'enterrement
dom Jehan Guischard prêtre.
1587. ^ Le pénultième jour d'août, fut enterrée en l'église, près
l'autel de Saint-Michel, demoiselle Françoise du Boispéan, vivant
espouse dé noble homme Jan de Saint-Aubin, s** de la Morandays.
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SUR LA PAROISSE DE CAMPBON 239
1588. ~ Le 13 juillet, fut inhumé en Téglise, près Tautel de Sainte
Sébastien^ dom Michel Davy, prôtre, du village de Brizaia, et Ht
Tenterrement Missire Jehan Guyschon, vicaire.
1589. — Le 9 janvier, furent espousez en Téglise de Gampbon. par
Missire Jehan Guyschon, vicaire, noble homme Jehan de Saint*
Aubin, s** de la Morandays, et demoiselle Michelle Michel, dame de
de la Pyrotais, en deuxièmes noces.
1590. — Nous voyons de nouveaux prêtres :
Dom OUivier Gérard. — Dom François Poullart. — Dom Vincent
Paviot. — Dom Morice Gérard. — Dom Pierre Trégret.
1591. -— Dom Marc Davy. — Dom François Jamet. — Dom Julien
Cornu. — Dom Jan Oheix. ^ Dom Pierre Legentilhomme. — Dom
Robert Gaillon.
Le 20 janvier, furent espousez en l'église de Gampbon, par Mis*
sire Jehan Guyschon, vicaire, noble homme Abel Ghomard, s' de
Bodiau, et honnête ÛUe, Jehanhe Halgan, paroissiens de Pontch&tean,
et en premières noces.
A rencontre de ceux-ci qui, de Pontchàteau viennent se marier à
Gampbon, nous verrons plus tard, en nous occupant de cette
première paroisse, que beaucoup d*habitants de Gampbon et
notamment des villages du nord-ouest, tels que le Serry et
la Hirtays^ se mariaient, faisaient baptiser leurs enfants et se
faisaient inhumer dans l'église de Pontch&teau.
1592. — Dom Jehan Boudet. — Dom Guillaume Davy, prêtres.
Le 24 octobre fut enterré en l'église, devant l'autel Saint^Michel,
Jehan de Saint-Aubin, fils de noble homme Jehan de Saint Aubin, et
de Michelle Michel, sa compagne, et fit l'enterrement dom Marc Davy.
Le 27 octobre, fut enterré au même lieu, Rolland de Saint-Aubin
fils des mêmes.
Le 8 novembre, fut enterré en l'église, Gilles de Saint-Aubin, fils
de nobles gens, Jacques de Saint-Aubin et Julienne Michel, sa com-
pagne.
1593. — Le dimanche, 24 janvier, Missire René Le Bonnier célébra
i^premièTe messe en l'église parochiaile de Gampbon, à l'autel de
Notre^-Bame.
Le dimanche 5 septembre, Missire Guillaume Mahaud célébra sa
vremière messe en l'église de Gampbon.
Le dimanche 10 octobre, Missire François Gaillon célébra sa pre-
mière messe en la dite église.
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240 NOTES HISTORIQUES
15W. — Dom Vincent Feustrard, prôtre.
1596. —Le dimanche !•» septembre, jour de Saint Victor^ Missire
Denys Bécigneul célébra sdk première messe en Téglise de Campbon.
Le dimanche 22 septembre,ftirent espousés en la chapelle du chasteau
de Coislin, en Campbon, par permission du grand vicaire de Mr* rs-
TÔque de Nantes, escuyer Claude de Kermeno, s' de Brebet et de la
Pepelays, et demoiselle Perronnelle du Gambout, dame de la Haye,
niepce de M<' du Gambout ; le dit Claude, paroissien de Notre-Dame
de Guérande, et la dite Perronnelle, paroissienne dé Mauron, tous
deux en premières nopces, par missire Jehan Ouyschon, rie. de
Campbon.
Le 27 octobre, missire Denys Davy, prôtre, du village de la Téri"
nais, célébra sdk première messe en l'église de Campbon.
1597. — Le 31 mars^ fut enterré en l'église, chapelle de Monsieur
saint Jean, missire Jan Landays, prêtre, et ût l'enterrement dom
Jehan Ouyschon , vicaire.
Dom Guillaume Mahaud, prêtre.
1598. — Dom Nicolas Turpin, prêtre.
Missire Nicolas Turpin célébra sa première messe en l'église de
Campbon, le dimanche sixième jour de septembre.
Missire Jean Foureau célébra sa première messe en l'église de
Campbon, le- dimanche 13 septembre ; l'assistèrent comme diacre
et sous-diacre, Missire René Gasnier, religieux et gardien da
couvent de Saint François de Savenay, et Jehan Guyschon, vicaire
de Campbou.
Le dimanche 20 septembre. Missire Denys Sourget célébra sa pre-
mière messe en l'église de Campbon.
Le dimanche 4 octobre, Missire Jacques Orain célébra sa première
messe en l'église de Campbon.
1600. — Le jeudi gras, 10 février, furent espcusez en l'église de
Campbon, par missire Jan Guyschon, vicaire^ noble homme René de
Saint-Aubin,' et demoiselle Jehanne de la Pouôze» dame du Guynio ;
le dit Saint-Aubin en premières noces et la dite de la Poudze, en
deuxièmes.
Le 14 novembre, fut enterré en l'église, devant l'autel de Saint
Michel, demoiselle Bertranne de Saint*Aubin, fille de noble écuyer
René de Saint- Aubin et demoiselle Jehanne de la Poudze ; et fitTen-
terrement dom Jehan Boudet.
1603. » Au mois de septembre, nous voyons en marge du registre
des enterrements cette note sinistre : peste.
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SUR LA PAROISSE DE CAMPBON 241
Le 27 noyembre, fut enterrée en Téglise, devant Tautel de Saint
Michel, Françoise de Saint-Aubin, flUe de noble homme René de
Saint-Aubin, s' dp Guynio; et fit Fenterrement dom Rolland
Guyschon.
1604. — Le 11 mai, fut enterré Philippe de Saint-Aubin, s' delà
Tremoussaye, mari de demoiselle Roberte Qamier.
1605. — Le l** juin, fiit enterré en l'église, chapelle Saint'^ean,
Missire Georges Moriceau, prêtre, et fit Fenterrement dpm Jehan
Guyschon, vicaire.
Le dernier jour de novembre, jour de fôte de Monsieur Htint
André, fût enterré en Téglise, chapelle de Notre-Dame, Missire Pierre
Tregueret, et fit l'enterrement dom Rolland Guyschon.
Le 22 décembre, fut enterré en l'église, chapelle Notre-Dame^
Missire François Poullard, prêtre, et fit l'enterrement dom Rolland
Guyschon.
1607. — Le 22 août, fut enterré près l'autel de Saint-Michel, noble
homme Jan de Saint-Aubin, s' de la Morandays, et fit Tenterrement
dom Rolland Guyschon.
Le dernier jour de septembre, fût enterré au même lieu noble
homme René de Saint-Aubin.
1608. — Dom Jacques Orain, prêtre depuis dix années, signe au
registre de la paroisse.
Le 26 avril, fut enterrée en l'église, demoiselle Jane de la Pouôze,'
dame du Guynio, et fit l'enterrement dom Rolland Guyschon.
1611. * Dom Denys Sourget, prêtre, signe au registre.
Dom François Leduc, prêtre.
1612. — Le 14 avril, fut inhumé en l'église de céans, près l'autel
de Saint'Jacques, Missire Jan Halgan prêtre, et fit l'enterrement
Missire Jan Guyschon vicaire.
1613. — Le dimanche 27 octobre, Missire Robert Caillon dit et célé-
bra sa première messe en l'église de GamphoUi
1614. ^ Le dimanche 14 septembre, Missire Robert Nourisson célé-
bra sa i?r«mtéremM«6 en l'église de Gampbon,
1616. — Le dimanche 21 août, Missire Jan Guyschon le jeune,
nepveu de Missire Jan Guyschon. vicaire de Campbon, célébra sa
première messe en l'église de Campbon. St fit diacre, Missire Jan
Fouré, rectenr de Quilly et subdiacre, Missire Rolland Guyton,
8' de BoIsjoUy. Et assistait à la messe vénérable et discret Missire
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242 NOTES HISTORIQUES
Julien Pageot, chanoine de l'église de Saint-Pierre de Nantes,
lequel était revêtu d^une chappe pour assister ledit Guysehon^ .
* Metsire Julien Pageot était un ancien acteur de Téglise de Savenay.
Le même Jour, Ait représentée une célèbre histoire morale intitulée :
Le Monde^khnït personnes âgées, et fut jouée àd^nslaprée de la
prieutée^ a a pignon du presbytère du dit Gampbon. Signé : Jean
Guyschon. vicaire.
Le Jeudi 24 novembre, furent espousez en la chapelle du Guynio,
paroisse de Gampbon, par Missire Pierre de Saint-Aubin, fiscuyer
Charles de Saint Aubin, s' du Serric et demoiselle Françoise de Saint-
Aiibin. dame de la N... en Pontch&teau, tous deux en premières
noces. Signé : Pierre de Saint-Aubin.
1619. * Les dimanches 25 août, l** septembre et 15 septembre,
Missires Louis Meignen, Julien le Painturier, etRolland Charpentier,
célébrèrent leurs premières messes en l'église de Gampbon.
1023. — A cette époque, Missire Jehan Guyschon, neveu, est
recteur de Sèvèrac et Missire Rolland Guyschon, frère du vicaire,
est recteur de Qitenrouêt.
Le dimanche2 Juillet, Missire Jean Guyschon (autre neveu peut-
être?) célébra à haute voix sa première m^se en Téglise de Gampbon.
1629. — M. J. Gorgat, vicaire.
1630. — Le 12 juillet, nos trouvons Missire Pierre Souvraye,
vicaire perpétuel de la paroisse de Campbon,
Missire Pierre Rouvraye était originaire de la paroisse de
Moranrîes, au diocèse d*Angers. ~ Ce nouveau vicaire ayant pris
rhabitude, que conservèrent plusieurs de ses successeurs, de signer
tous les actes, il nous sera assez difQcile de connaître pendant ce
temps les noms des prêtres de la paroisse.
Le 17 novembre, furent espousez en la chapelle de Guinyo, par
dom Rolland Charpentier, escuyer Guy de Saint-Aubin, s' de la
Morandays, et demoiselle Guyenne Gouôre. de la paroisse de
Pontchàteau. Signé ; R Charpentier, Rouvraye, vicaire perpétuel.
1634. — Le 27 août, furent appliquées par moi soussigné, en lacha-
pelle du ch&teau de Coislin, les cérémonies du sacrement de baptême
à un enfant masle, ûls de Messire Charles du Cambout, chevalier des
ordres du fLoy^ gouverneur pour Sa Majesté des ville et ch&teau de
Brest et i9on lieutenant en Baçse-Bretagne, seigneur du Gambout
et Campbon, baron de Pontchasteau, et dame Philippe de Bourges,
son espôuse, lequel enfant naquit le 20 janvier dernier ; a été
no m in- j au: pùrJTio.iiGS 'le ce jo\xv, Sébaslien^Joseph^ par Messire
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Sébastien de Rosmadec, chevalier de i*ordre du Roy, seigneur du
Plestô9-4o8seau« riQspinay, etc. et par dame Marie de Carheil, espouse
de Moisire Hiérosiiie du Cambout, clievalier de Tordre du Roy, sei-
gneur du Gambout et de Carbeil^
Signé : Sébastien de Rosmadec : Marie de Garheil ; Charles du
Gambout ; René de la Noue, abbé de Saint-Gildas ; Philippe de Burge
(sic) ; Hiérosme de Gambout ; François du Gambout ; Marguerite du
Gambout ; Rouvraye. vicaire perpétuel de Gambon.
1635. — Le 29 mars, furent par moi, vicaire perpétuel de Campbon,
soussigné, espousez en la chapelle àQ^aint'^Yictor de Gamp-
bon, noble homme Michel Provins, sieur de FEspine, de la paroisse
Saint-Léonard de Nantes, et demoiselle Jane de Moayre, dame des
Mestayries, de la paroisse de Gampbon ; en présence de Missire Jan
Feustrard, prêtre, et Messire Jan Bécigneul, notaire. Signé : Rouvraye •
1636. — Le 12 octobre, Missire Guillaume Sourget célébra sa
vi^^mière messe.
Le 19 décembra, Missire Aubin Griaud célébra sa première messe
en la chapelle de Saint^MicheL
1637. — Les 19 avril et 21 mai, Missires René Davy, du Champ--
Robert et François Gaillon^ célébrèrent leur première messe.
1638. —Le 25 juin, au baptême de François Guyschon, fils de
Robert Guyschon, procureur fiscal de Gampbon, le parrain fut»
illustrissime Messire François du Gambout, abbé de Pont-Ghasteau*
de la Yieuville, de Saini-Gildas-des-Bois, etc'. et la marraine,
demoiselle Marie de Saint-Aubin, non mariée.
1639. ~ Le registre des enterrements signale une af&euse épidé-
mie à partir du mois de septembre. Pendant le mois d'octobre nous
comptons cent quarante enterrements et Jusqu'à sept dans un jour.
En novembre, le chiffre des décès tombe à cinquante-trois.
Le 27 novembre, fut enterré en Téglise, Missire Guillaume Davy,
prêtre.
1640i — Voici les noms des prêtres que nous trouvons alors à
Gampbon. *
Pourvu dès son bas âge de Tabbaye de Saini-Gildas-des-Bois et de celui
de Geneston, il mourut le 27 juin 1690. Sa mort fut comme sa vie, celle
d'un janséniste. (Dugast-Matifeux, Nantes ancien et le pays nantais,)
' François du Gambout, fils de Charles et de Philippe de Beurges, abbé de
la Yieuville et de Saint-Gildas-des-Bois, renonça h Tétat ecclésiastique auquel
on Pavait destiné dans sa jeunesse et devint baron de Pontchàteau.
(Abbé GuiLLOTiN DE CoRsox, Pouillé historique de Varcheioêehéde Rennes,
Mlf. Julien Robin. — Guillaume Sourgret. — Robert Caillon. —
Mare Davy. — Jean Feustrard. — Jean Obeiz. — François Caillon.
Le 2 juillet. Misaire Ytes Mabilais célébra sa première messe et
Messieurs les Recteurs de Saint-Etienne-de-Mont-Luc et de la Cha-
pelle-Launay firent diacre et sous-diacré*.
1641. — Le l^^août^ au baptdme de Sébastien Grésil, le parrain
Alt illustre Messire Sébastien du Gambout^ abbé de Pontehasteau,
fils de haut et puisssant Messîre Charles du Gambout» baron de
Pontehasteau, chevalier des ordres du Roy^ gouyem^ir pour Sa
Majesté des rille et château de Brest et son lieuima&t eo Basse-
Bretagne, et la marraine demoiselle Marquise de Saint-Anhifi» fille
d*Escuyer Guy de Saint-Aubin, s' de la Morandaye. — Signé : Sé-
bastien du Cambout, Marquise de Saint-Aubin, Rouvraye.
1643. — Le 2 novembre, fût enterré en la chapelle de ^otre-ïkime^
le corps de déAint Missire Robert Nourrisson, prêtre, du village de
la Richardais. — Signé : Rouvraye.
1644. — Le 15 mars, fût baptisé César, fils de Messire Michel
Provins, s** de TEspine, et demoiselle Jane de Moayre, son espouse.
Le lundi 25 avril, Missire Marc Davy, prôtre, né et baptisé à pareil
Jour, en 1559, lequel avait célébré sa première messe le 24 novembre
1585, âgé de 84 ans, célébra encore à haute voix la messe paroissiale
à Campbon.
Le 18 mai, fût enterré en la chapelle de Notre-Dame, le corps de
Messire Pierre Meignen, s' de la Plumetays, notaire.
Le 30 Juin, fat baptisé par Missire Jean Feustrard, prêtre, Julien,
fils d'escuyer Louis de TEspinay, s'de la Pâtissière et demoiselle Marie
de Saint-Aubin, son espouse ; parrain, Messire Julien Le Gallègre,
S' du Bois-Guignardais, et marraine, demoiselle Julienne Rogon,
espouse d'escuyer Claude de Lesquen, s' du Pessis-Cabeno. -- Signé :
Julien Le Gallègre, Julienne Rogon, Claude de Lesquen^ Pierre Le
Guennec, Jande Saint-Aubin, Guy de Saint-Aubin, Jan Rogon, Louis
de FEspinay, Rouvraye, etc.
Les 5 mai et 3 juillet, Missires Jean Guillier et Yves Dallibert
célébrèrent leur première messe en Téglise de Campbon.
Missire Yves Dallibert exerce les fonctions de vicaire.
1645. — Le 25 Juillet, fût enterré dans la chapelle de Notre-Dame,
le corps de défunt Missire Marc Davy, prêtre, âgé de 85 ans, par
Missire Pierre Yver, prôtre.
* MM. Pierre Loujtre et Pierre Bellain.
1646. — Le 22 novembre, Missire Pierre Morand, de Bondée, célé-
bra sa première mesae en la ebapelle de aaint^Lomer, paroisse de
Campbon, en prôsenœ de Missires Pierre Rouvraye, Guillaume
Sourget, Yves Mabilais, etc.
Le 8 décembre, fat enterré dans l'église de Gampbon, chapelle de
Notre-'Dame, près Fautel de Saint-Michel, le corps de dame Cathe-
rine Giffard, veuve de Messire Louis de Gonigan, chevalier de Tordre
du Roy^ seigneur de Redon» laquelle décéda à la maison de la
Clartière, près Machecoul. Signé : Rouvraye.
M. Jacques Guischard, prêtre.
1647. — Le 20 octobre, Missire Jean Tregret célébra sa première
messe en l'église de Campbon.
1648. — Le 4 mars, sur les deux heures après minuit, décéda au
ch&teau de la Bretesche*, haut et puissant Missire Charles du Cambout,
baron de Pontchftteau et de la Roche*Bernard, marquis de Coislin,
seigneur du Cambout, etc., chevalier des ordres du Roy, gouverneur
pour Sa Majesté des villes et château de Brest et son lieutenant en
Basse-Bretagne, &gé de 71 ans. Le corps fut ensépulturé le lende-
main en l'église de Missillac, parochiale du ch&teau de la Bretesche.
par le s' Recteur de Guer, évôché de Saint-Malo, oh assista le
soussigné avec MM. les prêtres de Campbon. — Signé : Rouvraye.
1648. ~ Le 12 mai, ftirent conjoints au mariage, par moi sous-
signé, escuyer Jean de Saint-Aubin, s' de la Marandays, dew
paroisse de Crossac, et demoiselle Perronnelle de Saint-Aubin, dame
de la Pinsonnière. de cette paroisse. Signé : Rouvraye, curé.
1649. — Le 20 novembre, furent conjoints au mariage en la
chapelle de Guinyo, en Campbon, par moi recteur de Campbon,
escuyer Pierre Loysel (où Loaisel), seigneur de Crossac, et |demoi-
jselle Marquise de Saint-Aubin, fille d'escuyer Guy de Saint-Aubin
et dame Guyenne Gouére, sa femme ; en présence de M. le
marquis d*Assérac, de Madame la marquise, son épouse, de M. de
Cadouzan, conseiller au Parlement de Bretagne, de M. de Goagnet, etc.
Signé : Rouvraye.
1650. — Le 7 avril, Missire Robert Guyschon célébra sa première
messe en l'église de Campbon, étant pourvu de la cure de Saint-
Gildas-des-Bois ; y assistaient : Missire Yves Mabilais, prêtre, cousin
* En Missillac, c*était le château de la baronnie de la Roche-Bernard.
(De Cornalier, dictionnaire des terres et seigneuries de Vancien comté
nantais.)
germain du dit, prieur de la Bouvre en Saint-Pierre de Bouguenais
et de Taumônerie de Campbon. Signé : Rouvraye.
Le 5 septembre, furent reçus à la bénédiction nuptiale, par Missire
René Giotin, prôtre vicaire de Sarenay , en la chapelle de SainUArmel^
escuyer René de Saint-Aubin, s' du dit lieu, et demoiselle Julienne
de l'Estourbeillon, fille d*escuyer Bertrand de rEstourbeillon, s' de
la Hunaudière, paroissien de Savenay.
Le 5 octobre, fût enterré dans Téglise. devant l'autel de SairU^
Michel^ le corps de défunt escuyer François de Saint-Aubin, s' de la
Trémoussaye, de la paroisse de Montoir, décédé au lieu noble de la
Chaussée^ en la paroisse de Lavau, le jour précédent.
Le 7 novembre, furent conjoints en mariage en Téglise paroissiale
de Campbon, par moi recteur soussigné, écuyer François de Saint-
Aubin, s' de la Chataignerais, fils de feu écuyer Charles de Saint-
Aubin, s*" du Serry et demoiselle Françoise de Saint- Aubin, paroissien
de Campbon, et demoiselle Antoinette Qouôre, fille des défunts, es-
cuyer Qeorges Qouôre, s** de Béac et demoiselle Renée Danisy, pa-
roissienne de Montoir ; en présence d'escuyer Quy de Saint-Aubin ;
escuyer René de Saint-Aubin, s*" du dit lieu ; demoiselle Olive Loysel,
veuve d'escuyer François de saint Aubin, y de la Trémoussaye, etc.
1651. —Le dernier jour de janvier, décéda Missire Pierre Morand,
prêtre, du village de itomîée, né le 14 janvier 1620, et célébra sa
première messe le 22 novembre 1646, et son corps fut ensépuituré le
1* février en la chapelle de Notre-Dame, à côté de l'autel. Signé :
Rouvraye.
(A suivre).
Dubois de la Patellière.
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Cour de Paris, pubi
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248 DEUX LETTRES INÉDITES
xiliaire ridicule, le général Sabatier-Libre, que François Piet,
nous a fait connaltre^ « Le général Sabatier (de Técoie des
Léchelle^ des Rossignol, des Ronsinjétait un ancien guichetier
des prisons de Nevers, dit : Mutius-Scevola^ dit : Sabatier'
Libre, plus connu sous le nom de général Là où Là, Ce sobri-
quet lui était venu de son cachet où Ton voyait gravés : La
Liberté et la Mort et entre ces deux figures, ces mots : Là où
Là, Il portait en outre le portrait de Robespiere en miniature
et le baisait en discourant à la tribune du Club. Sur la grande
place de Noirmoutiers, il fit élever une montagne en face de
sa demeure; tous les habitants y travaillèrent et jusqu'aux
femmes. — Mais la nouvelle du 9 thermidor arriva et aussitôt
Là où Là se rendit au Club déclamer contre Robespierre et
publiquement brisa son portrait. »
Ces quelques lignes suffiront à peindre Thomme et les
deux lettres inédites que nous transcrivons ici, ne pourront
que fbiire ressortir encore le caractère grotesque de ce sin-
gulier général.
G^'' Régis oe L'Estourbeillon.
> Recherches historiques sur Vlsle de Noirmoutiers, par François Piet,
1863.
uigitizea Dy
Goo^
DU GÉNÉRAL SGÉVOLA 8ABAT1ER
249
I.
Aux officiers municipaux de tlsle la Montagne à Vlsle la
Montagne.
RÉPUBLIQUE
Soyons unis
Liberté
Française
* Nous SERONS
Egalité
—
Invincibles
'.^
ARMÉE DES COTES DE BREST
Ail quartier général de Vhle de la Montagne, le septième jour
du mois de fructidor, Van deuxième de la République fran-
çaise, Une et Indivisible.
Le gtaAral Sabatier aux officiera municipaux de l'Isle la
Montagne.
Citoyens»
Je viens de recevoir votre lettre dans laquelle vous m'instruisez
des abus qui se commettent Journellement. Je vous préviens que
je vais de concert avec le commandant de place, faire arrôter les
délinquans de quelques grades qu'ils soient. Vous pouvez compter
sur mon républicanisme et mon zkle à seconder vos vues qui sont
les miennes et celles de tout bon républicain. Dès aujourd'hui, les
officiers de mon Btat-Major vont faire leur ronde pour le maintien
du bon ordre et pour trouver les fautifs.
Salut et Fraternité,
Le général commandant la force armée^
SCÉVOLA Sabatibr,
Libre.
250 DEUX LETTRES INÉDITES OU GÉtiÉhAL SCÉVOLA SABATIER
n.
RÉPUBLIQUE
Soyons unis
Liberté
Française
Nous SERONS
Egalité
—
Invincibles
....
ARMÉE DES COTE& DE BREST
Au quartier général de Vlsle la Montagne y le quinzième jour
de fructidor, Van deuxième de la République française.
Une et Indivisible.
CrroTENS,
La femme du directeur des Postes aux lettres, connu (sic) de
vous comme de tous les bons citoyens, se permit de dire à la senti-
nelle, en réi>once (sic) d'une lettre que j'avais écrite & son mary,
qu'elle ce foutoit (sic) du général comme de lui. Je demande,
citoyens, qu'elle soH incarcérée pour huit jours et qu'il soit enjoint à
son mary de n'avoir d'autre commerce sur la barque de poste que
celui des lettrçs. J'ose espérer que vous voudrez bien réformer sur
le champ de semblables insubordinations et que vous daignerez me
le prouver par une prompte reponce (sic) et me vitter (sic) de
prendre d'autres mesures.
Salut et Union,
Le général de brigade commandant ta force armée.
SCÉVOLA SABATISR.
Libre.
i
CHRONIQUE
BRETAGNE.
Le progùs de Jehanne la pugblle. ^ Un des plus intéressants
ouvrages que nous ayons à signaler à nos lecteurs parmi les publications
récemment parues est sans c ontredit : Le Procès de Jehanne la.
Puce^Ze, \olame de documents inédits des plus corieux^ qae vient de
publier à Saint-Brieuc, cbez l'éditeur L. Prndhomme, M.Tabbé du Bois
de la Villérabel, secrétaire de l'Evéché. C*e<%ten Italie que notre savant
compatriote a eu la bonne fortune dp découvrir ce manuscrit qui a
successivement appartenu au pape caaoniste Clément XIV et à l'uni-
versité de Bologne.
Ecrit en vieux français, il porte la date de 1569 et lut copié à cette
époque pour le cardinal d'Armagnac, par un de ses scribes. Avant la
Révolution, la France possédait deux manuscrits à peu près» semblables,
Tun appartenant à la bibliothèque de Soubise, l'autre à celle de M, de
Paulmy. Ces deux documents, qui disparurent pendant le pillage ré<
volutionnaire, avaient été lus peu de temps avant par M. de TAverdy,
conservateur de la bibliothèque du roi, et il les jugea d'une telle im-
portance pour l'histoire de Jeanne d'Arc, qu'il en publia une partie dans
son ouvrage : Manuscrits de la Bibliothèque du Roi,
' In-8« 6-2ti p. caractères elzéviriens. Saint-Brieuc, imp. Prud'homme.
T. VI. — DOCUMENTS. — Vl« ANNÉE 4* LIV. 17
HffiS-- CHRONIQUE
I
La partie do^mentaire de l*oavrage qui vient de paraître est divisée
-' ainsi : La^GtOffr^d^ /e/ianne, sorte dVntrocTucf tan originale^ d'allare
i très renaiss&nce ; Ùfief récit de sa vie^ biographie rapide de Jeanne
' d'Arc ; — Procès de condempnation, résumé de riastromeot latin
de la Bibliothèque nationale, publié par Qnicherat en 1840 ; — Ven-
quête de Guillaume Bouille, qui fut le premier essai de réhabilitation
de notre sainte ; — L'opinion de Messire Paul du Pont, savant jn-
ricoûsulte italien, venu à la suite du cardinal d'Estouteville, lors de sa
légation ea France ; — L'opinion de Messire Théodore de Lellis,
dee Audit^rs de la Rote, consultation d'un membre éminent du tri-
bunal de la Rote venu en France également à la suite du cardinal
d'Estouteville ; — Uopinion de MeBsire Pierre L'Hermite abrégé
d'une consultation du doyen du chapitre de Saint-Martin de Tours ;
enfin, La sentence de réhabilitation, traduction en vieux français de
l'instrument latin de la Bibliothèque nationale publié par Quicherat.
Le tout sous le titre très curieux que voici :
Transompt du procès de JehannelaPucelle.
qui esta le siège des Anglais de devant Orléans ; fit couronner et sacrer
Gharles/Hoy de France, et puis, prinse par les Anglais, la firent brasier
injustement à Roan. Et depuis, par les commissaires apostoliques, dé-
clarée fille de bien et innocente des hérésies à elle injustement im-
nropérées.
A commencé d'extraire d'un livre vieulx escrit en parchemin et bêle
lettre à la main, et bien illuminé avec images At figures adaptées as
fkict, et couvert de velours bleu semé de fleurs de lys de soye janloe,
qui fut donné à Monsieur le cardinal d'Armagnac ces jours passés, le
jour de Notre-Dame XXV"« de mars M.D.LXIX.
Le Château de Fougères et ses seigneurs. — Les Anglais
.voyagent beaucoup plus volontiers que nous, c'est une vérité que doqs
ne pouvons nous dissimuler, et, de plus, ils profitent souvent mieox
que nous de leurs voyages. On croit souvent qu'ils se bornent à pointer
leur guide et à vérifier s'ils ont vu toutes les curiosités qu'il indiqua*
Pour beaucoup,il n'en est pas ainsi et, chaque année,un certain nombra
d'entré eux viennent passer quelques semaines en France, en Alle-
magne, en Italie, étudiant tantôt une province, tantôt une petite ville
et ses environs. Au retour ils rédigent et lisent à une société savante
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CimONiQ
unpaper, ou ce que nous appellerions
connaître à leurs concitoyens le résulta
môme de leurs recherches. M. Roach S
ont^ depuis plus de quarante ans, doni
antiquay d'excellentes notices sur les
de nos ailles ; le Réyôrend Bunnel Le\
année sans nous donner une brochure
pays. Aujourd'hui nous trouvons dam
j>ubiié par l'Institut royal archéoloj
d'Irlande (1889, p. 120-128), une disse
Château de Fougères et ses seigneurs
Bibliographie bretonne et que nous som
litre aux lecteurs de la Rex>ue hisioriqx
Livres et ouvrages divers. — '
gnaler à nos lecteurs : Les Souvenirs d
tificaux (1861-1862) recueillis par M. i
hennec, ancien zouave pontifical, orné i
dus à la plume de M. le vicomte de Lan i
au régiment. Un vol. in-12, Poitiers, it |
de la Comtesse de la Bouère, La gue
mémoires inédits publiés par la comtet
l'auteur, avec Préface du marquis Gosi
368 p. Paris, Pion et Nourrit, édite i
charmant volume de vers que vient de faii !
des bibliophiles, notre sympathique com{ i
— Mémoires historiques de B» L. Mai
verneur des îles de France et de la i'
par son pebit<fils, M. A . Mahé de la Bc i
et portrait, Paris, imp. Imbert ; -* /
Vannes par l'abbé Max. Nicol. In-8'* 10 i
Les Chrysanthèmes, le délicieux volum
blié à Rennes par notre compatriote li
papier de Hollande, ^38 p. et table. Rem
Les petites Antilles françaises par H. Gai
Angers, imp. Lachaize et Dolbean ; — .
Trébuchet, un vol. in-i6 avec illustrations
/Google
'^0\ CHRONIQUE
imprimeur-éditeur. — Observations sur Vouvrage intitulé : Le
Littoral de la France (ArondiBsemeot de Quimper), par J. Trévédy.
Ia-8* 36 p. Vaunes, imp. Lafolye ; Rennes, lib. H. Gaillière ; Quimper,
libr. Salaùn ; — La fausse Jeanne dCArc, Claude des Armoises. Du
degré de confiance à accorder aux découvertes de Jérôme Viguier-
Lettre àM.de la Chanonie, rédacteur en chef de VEcho de VOise, par
la Gomtesee de Maray. Iû-8** M p. Compiègne, Imp. Lefebire ; — Les
temps préhi&ioriques. Etude sur les ouvrages des écrivains qui
m'ont précédé, par M. du Rusquec- Ie-8", 6â p> Quimper, imp, Co-
tonnec. — M. Delarue'Beaumarckais contre M, Sascher de Beau-
marchais. Flaidoyrie du M, Cléry, In-S"* 20 p. Nantee, imp. Emik
Grimaud ï — Recherchés sur les origines et le développement
merveilleux du culte de la mainte Vierge, publié par le R. P. Dom
Plaine dans le n" du I 7 avril du Prêtre, Parts, Delhomme et Brrguet^
éiiteurs ; — L'Hôpital de Chantenay -sur- Loire (livre d'or), ptr
Firmia Cohu, maire de Ghaotenay- sur- Loire, ln-4'' 16 p. Nantes, imp.
E. Grimaud ; — Bibliographie des travaux historiques et archéolo^
giques publiés par les sociétés sai>antes de France, dressée sous les
auEplcf^s du MiniaCère de rinatruction publique par Hoberi de La^teyrie
et te. Lcfèvre-Pontalis, tome II, i^' liv In-i° 184 p, Paris, imp.
Nationale ; — Association artistique de Bretagne. 1" Conférence
de la section littéraire par M. J. Duchesue. In 8" 4J p. Rennes, H.
Caillièrei éditeur ; — L'Ame et son Ange gardien. Entretien sur la
providence, par Tabbé Lohan, aumônier de la Visitation de Nantes,
Pari 5^ P* Lethielleui, éditeur ; — Noire- Dame du bourg d'en bas^
en Saint- A vé* Intéressante étude historique publiée par Tabbé Ûuillotia
de GoFËon dans le Journal de Rennes du t3 juin 18âû ; — Catalogue
des travaux du bulletin de la société archéologique de la Loire-
Inférieure (1859-1886), par A. Legeodre, membre correspondant de
la âociété des antiquaires de France. Xn-S"^ 28 p, Autobiographie
Joub{?rt ; — Un homme de Lettres, Paul Féval par A, Delaigue. In-
18, Paris, Pion et Nourrit j — Loch Maria, drame en trois actes et eu
vers par K. V. Delaporte, S J. 2' édition. Jn-18, Jésu&, 131 p. Lagny
imp* Colin. — les jeux populaires de l*enfance à Rennes par Louis
Ësquieu, Rennes, H. Gai l lier e^ édittur ; — Les monuments mégalî'
ihiques et romains de V arrondissement de Morîaix par M. J. de
HuâunaOy dans le (•' fascicule du Bulletin de la société d'études
stnentifiqueB du Finistère ; — Les vieilles foires de y&ntes. par V.
CHRONIQUE 255
de Barbin, dans V Espérance du peuple du i 3 jnia ; -«• Intermezzo
d'après le poème d'Henri Heine par J. Guy Ropartz et P. R. Hirsch.
In-f8 Jésus, 115 p, Paris, .imp. et lib. Lemerre ; '— Modes mineurs,
poésies par le môme, Paris, A. Lemerre, éditeur, — L*ondine de
Rhuys, par Pierre Mael. In-i8^ Paris, lib. Dentu; — Dans la T* li-
vraison du Tome II de VHermine : Choses de Bretagne par Louis
Tiercelin ; Le comte de la Touraille par le vicomte X. de Bellevue ;
Notations artif^tiques de J. 6. Ropartz ; Villiers de Vlsle iidampar
B. du Pontavice, etc. — Dans la 6* livraison du tome ni de la Revue
de Bretagne et Vendée : Episodes de la Terreur à Nantes, par
A. Lallié ; Un gentilhomme breton au XVII* siècle par M. dv
Boishamon ; Marion du Faouët (suite), par Trévédy ; Souvenirs
d*un vieux capitaine de frégate^ par J. M. V. Kerviler ; Achille
Guibourg (Nécrologie) par L. de la Sicotière : — Dans le Bulletin
du i*' trimestre 1890 de \a Société polymatique du Morbihan:
A llocution de M. le docteur Mauricet, président ; Renseignements
précis sur le parcours de la voie romaine de Vannes à Angers
entre la Croix de la Hillaye en Allaire et le passage de la Vilaine
à Rieux par le comte René de Laigue ; Autobiographie d'un ancien
procureur au Présidial de Vannes, devenu plus tard, représentant
au Conseil des Cinq Cents [lacques Glaif) par le docteur de
Glosmadeuc. La ville de Vannes à la fin du XVlW siècle par
M. Guyot-Jomard. In-8* 60 p. Vannes, imprimerie Galles ; — Dans
la livraison de juin de la Revue illustrée des Provinces de VOuest,
la suite du Nobiliaire breton de M. le comte Régis de TEstourbeillon,
donnant les Notices relatives aux familles Josso du Plessis^Josso,
Le Meilleur^ Oulf, de Cosquat, de Luzanger, Hudelor, Ermar du
Lieuzel, Le Trèpézec ; — Enfin dans la 5" livraison du tome ni de la
Revue de Bretagne et Vendée : La fin du Journal d'un Bourgeois
de Vannes pendant la Révolution par Albert Macé; Les Souvenirs
d'un vieux capitaine de frégate par J. M. V. Kerviler : Les Elégies
canadiennes du Père Lebrun, j^uite Nantais, par notre confrère O.
de Gourcuft.
NORMANDIE.
Nous avons à signaler pour cette province : Le Cartulaire de
l'abbaye de N. D. de la Trappe, publié d'après le manuscrit de la
Bibliothèque nationale par la Société historique et archéologique de
:fâ6 CHRONIQUE
rOrne,gr. in-S^V 11-470 p. Alençon, imprimerie Renaut de Broise ; —
Comptes rendus des échevins de Rouen, avec des documents relatifs
à leur élection {ikOd-ilOl), Extraits de registres des délibératioDs
de la. yille^ publiés pour la première fois par J. Félix. 2 vol. gr. in-S*".
Tomei (4409-4601) XXXlX-228*p. ; tome ii (1620-4 TOI), 302 p.
Rouen, imprimerie Cagoiard ; — Bernay et son arrondissement.
Notice artistique et historique par Lottiu de Laval. Ia-8^ Bernay,
imprimerie Lefèvre ; — Notice généSLÏogique sur lafamiUeLe Doulx
de Melleville par Charles Molle ancien magistrat. (Additions et
justifi'^tions) In-4» 173 p. et planches. Evreux, imp Hérissey ; —
Notice sur Gisors, Trie, Ch&umont en Vexin et ReiUy^ illustrée
d'une vue de Pontoise au XVr siècle, d'uie vue générale de Gisors et
deux vues de Trie. In-S"* 14 p. Pontoise, imprimerie Amédie Paris,
4890; — Résumé de V historique du 36* Régiment d'infanterie par
le lieutenant V. Fanet. In-Sî» 128 p. avec musique Limoges^ imp.
Charles Lavauzelle ; — Visite au Mont-Saint-MicheL Charmant
petit volume in-1 8 Jésus illustré de ^8 eaux fortes de H. Voisin, publié
G. Toreg et H. Voisin. Vincennes, Albert Lévy et frère, éditeurs; *-
Saint'Vincent de Paul en Nonnandie par Veuclin. In-8*> 12 p.
Bernay, imprimerie Veuclin ; — Les Ecoles chrétiennes de Lisieux
au siècle dernier par E. Veuclin. In-8° 42 p. Bernay, imprimerie
Veuclin ;—' La paroisse de Pierre-Ronde au siècle dernier par
E. Veuclin. In-8*» 46 p. Bernay, imprimerie Veuclin.
MAINE ET ANJOU.
Parmi les ouvrages récents intéressants ces deux provinces^ nous
devons signaler : Le testament de Jean de Craon, seigneur de la
Suzeetde Chantocé avant ik32 par notre zélé confrère M. André
Joubert. In-8® vergé il p. Mamers, imp. Fleury et Dangin ; — Les ca-
hiers de il 89 dam le bailliage d' Alençon par le vicomte de Broc.
In-8. Alençon, imp. Renaut de Broise ; — Vannée 1739 au Mans et
dans le Haut-^Maine par Robert Triger ; — Henri IV. — Le Roi, —
U Amoureux^ par le comte H. de la Perrière ; — Domfront aux XII'
et XI Ih siècle par M. Louis Duval, archiviste de l'Orne. In-8^ Alençon,
imp. Renaut de Broise ; Amhroise Paré, estait mort catholique .par
notre infatigable confrère M. J. Trévédy, ancien président du tribunal
de Quimper. Extrait de l'Indépendant de VOuest. In-8* 33 p. Laval,
CHRONIQUE 257
imp. Ghailhuid ; — Dans le tome XXVIIl ^ Il Revue historique et
archéologique du Maine : Statuts du Chapitre de Saint-Michel du
Cloître au Mans, promulgués en 1519, Doouments inédite accom-
pagnéB d'une Histoire de cê chapitre par dom Piolin ; — Le budget
d'une fabrique au XV* siècle par l'abbé Louis Froger ; — Monogra*
phies de la Chapelle Rainsouin (Mayenne) par P. Moulard. — La
nuit de la saint Julien à la cathédrale du Mans en 1527 par Tabbé
Âmbroise Ledru ; — Guerre de Vendée. Notes bibliographiques sur
le général d'Autichamps [1770-1859) d'après ses documents inédits
par Gh. d'Availles. OoTrage orné d'un portrait du général par Emile
Lassalle. In-8* Niort, imp. Glouzot ; — Croquis angevins par Paul
Yiriot. ln-18 Jésus, 209 p. Angers, imp. fiurdin et Gie ; — Dans les
livraisons V« et VI* du tome XX de la Revue d'Anjou* Un anget)in
d'autrefois. René Thibauld-Chambault^ échevin d'Angers et con-
seiller au Présidial ; Hec/ierc/ies sur la paroisse de Chaze-Henry,
par notre confrère l'abbé G. Hautreux ; iVotîce sur la ville d'An--
gers. Manuscrit, inéidlt de Thorode publié par L. (Suite Abbayes) ;.
Le portefeuille d*un curieux par J. Denais et la très intéressante
Chronique de notre confrère M. André Joubert.
POITOU ET SAINTONGE
En Poitou et Saintonge, nous appellerons l'attention: de nos lecteurs
sur : Le clergé du Poitou en 1789 par Beauchet-Filleau. In-S*^ 300
p. Fontenay-le-Gomte, imp. Gouraud ; La vertu morale et sociale
du Christianisme par le c^* Guy de Bremond d'Ars. In-i8-jésus^ III
443 p. Poitiers,imp. Biais et Roy ; Paris, lib. Perrin et G^* ; — Contes
et légendes au houblon par G. Rouzé. Illustrations de Brossé le Taî-*
gneur. In-8® 192 p. Poitiers, imp. Lecène et Vudin ; — Cahiers de
1189, Assemblée provinciale du Poitou. Procès-verbal publié par
lessoins du Gomitéd'organisation.ln-18-jésusXLII. 389 p. Polders imp.
Dudin ; -^ Richelieu à Luçon, sa jeunesse, son épiscopatpsx l'abbé
L. Lacroix du clergé de Paris. In-8 404 p. Poitiers, imp. Biais, Royal
G^* ; ^ Dans la IIP lirraison du X* volume de la Revue de Saintonge
et d'Ancenis : Charles de la MottC'Fouqué et Suzanne de RobiU
lard (p. 481-189). Très intéressante notice sur plusieurs membres de
cette famille cbassée de France par la Révocation de VEdit de Nantes
avec le Journal de Suzanne de Robillard et une notice de M. Louis
(Audiat sur la môme famille 208-211) ; Madame de Coigny (Amélie
258 CHRONIQUE
de Boufîlers) et M. Lauzun''Biron, (p. 189-196). Rédtietwn de l'étude
si curieuse de M. Victor du Bled dans U Remis des Deux Mondes,
du 1*' octobre 1889, publiée sous ce titre : Un amour platonique àu
XVIII* siècle Madame de Coigny et Lavzun.
VARIA
Congrès de sainte-anne d*auray. — Le Congrès de TUnion
des associations ouvrières catholiques doit se tenir cette
année, du 15 au i9 septembre, à Sainte-Anne d'Auray.
Cette assemblée, selon la coutume constante de l'Union, sera
présidée par l'évéque diocésain, c'est-à-dire par Mgr Bécel,
évoque de Vannes.
Les vastes locaux du Petit-Séminaire de Sainte-Anne, ont
été mis à la disposition du Bureau central de l'Union qui,
d'après les renseignements déjà parvenus, augure très bien
de ce prochain Congrès.
La Bretagne a Paris. — V Académie des Inxcripiions et
Belles-Lettres, dans sa séance du 27 juin dernier, a décerné
une médaille de mille francs à M. A. Loth, professeur de
langue celtique à la Faculté de Rennes, pour son remarqua-
ble ouvrage intitulé : Chresiomathie bretonne.
M. Aimé Puech, maître de conférences à la Faculté de
Rennes, a obtenu un prix de 2,000 fr., pour son mémoire sur
le sujet suivant : Exposer, diaprés les œuvres de Saint-Jean
C/rrj/sostàpie, quelles étaient les mœurs de son temps ^et discuter,
au point de vue morale la manière dont, il les juge, »
Enfin, notre sympathique confrère, M. René Blanchard, a
obtenu une 2^ médaille au Coru:ours général des Antiquités de
la France, pour son remarquable Recueil des Actes du duc
Jean V publiés par la Société des Bibliophiles bretons.
Un botaniste qui fait honneur a la Bretagne. — Nous
lisons dans VÉtoile du Sud, de Rio-de-Janeiro :
(' Le D' A. Glaziou, qui avait été chargé d'une mission
scientifique en Europe, est arrivé à Rio-de-Janeiro le 8 courant,
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Googlç^_,
CHHONIQUE 259
par YEquateur, des Messageries maritimes. Tous savent
les immenses services rendus par l'éminent botaniste.
Le gouvernement français les a appréciés à leur juste
valeur ; il vient de nommer M. Glaziou offlcier de la Légion
d'honneur. Français et Brésiliens se féliciteront de cette
distinction aussi honorable que méritée.
M. A. Glaziou, directeur des jardins publics de la capitale
du Brésil est de Lannion et est venu récemment passer
quelques jours dans cette ville.
DÉCORATIONS PONTIFICALES. — N. T. 8. Père le Pape Léon
XIII vient, sur le désir exprimé par Son Em. le cardinal
archevêque, de nommer Chevaliers de FOrdre pontifical de
Saint-Grégoire le Grand :
M. Marie, professeur à la faculté de droit de Rennes, qui
met si généreusement au service de la cause religieuse et de la
classe ouvrière sa science juridique, son activité et sa parole.
M. Jenouvrier, bâtonnier de Tordre des avocats de Rennes,
qui a consacré son remarquable talent oratoire à la défense
du clergé et des congrégations religieuses.
M. Paillard, Tinfatigable et très zélé président de Tœuvre
de saint François-Régis, à Rennes.
M. Le Gentilhomme, directeur de la maîtrise de Saint-
Servan. Il a consacré sa vie à la musique religieuse ; son
talent et son dévouenent désintéressé ont conduit la maîtrise
de Saint-Servan à un rare degré de perfection et en ont fait
en même temps une véritable œuvre de jeunesse.
MARIAGES.
Mariage célébré à Reanes, le 22 avril de M. Gustave de Plage, rous-
inspecteur de l'enregistrement et des domaines au Mans,
Avec ;
Mademoiselle Àngèle Pingzon ou Sel, fille de Madame Adrien
Pinczon du Sel, née de Castel,
Mariage célébré le 40 mai de M. Bertrand Maurice, yicomtede
Satnt-Pbrn, lieutenant de vaisseau, chevalier de la Légion d^onneur,
fils aîné de feu Bertrand-Glaude-Josselin, vicomte de Saint-Pern etd«
Christine Hiie de Montaigu,
Avec :
Mademoiselle Mélanie-Marie-Garoline-Alexandrine de Ploboc, fille
de feu Alexandre-Marie-Sébastien, marquis de Plœuc, commandeur de
la Légion d'honneur, de Baint-Grégoire le Grand et da Medjidié de
Turquie, sous-gouverneur de la Banque de France et de Emile- Agathe-
Marie de Mauduit du Plessis.
Mariage célébré le 20 mai en l'église de la Magdeleine à Paris, de M. le
Comte Fernand dd Brbil de Pontskiand, député de la Loire-Inférieure,
Avec :
Mademoiselle Carolus, fille de Tancien ambassadeur de Belgique à
Rome.
Mariage célébré à Nantes, le 22 mai on la basilique Sainl-Donaiien
de M. GuYON, docteur en médecine,
Avec :
Mademoiselle Eyssbmdbck, fille de M. Eyssendeck, dont personne n'a
oublié la courageuse conduite à Nantes, lors de l'exécution des Décrets.
Mariage célébré dans les derniers jours de mai de M. Alexandre-
Emmanuel de GouYOM de Poxtouroudb,
Avec :
Mademoiselle Eugénie Bonamy.
Mariage célébré dans les premiers jours de juin, au château du
Chêne, près Moncontour, de M. Yves Raison du Cleuziou,
Avec :
Mademoiselle Julie Cbamezbl de Kerhué.
Mariage célébré dans les premiers jours de juin, de M. Etienne-
Alexandre Boduouin, capitaine au 61' régiment d'infanterie, che?alicf
de la Légion d'honneur,
Avec :
Mademoiselle Edith Duwight Santord, de Tokio (Japon).
Mariage célébré le 7 juin, en l'église de Villaines-la-Gosnaie (Sartbe), .
de M. Hugues-Marie- Joseph- Antoine de MiuDaiT, propriétaire de
Kerfoligaen en Qaimperié (Finistère), fils de feu Hippolyte-Antoine-
Jules-Gabriel de Mauduit, dbef d'escadron de cavalerie, officier de la
Légion d'honneur et de Anne de Mauduit, sa Teuye,
Avec :
Mademoiselle Marie-'Mathilde-Noémi-Joséphine-Golette de Richbr
DB Bbauch vMPd-MoNTHÉ^RD, fille aiaée de M. EmmanueloAlezandre-
Augustin de Richer, baron de Bsauchamps*Monihéard et de feu
Noémi-Marie-Athénaïs Le Barrois de Lemmery, sa première, femme
Mariage célébré le 44 juin de M. le comte André de Robibn, fils de
Madame Frédéric de Robien,
Avec :
Mademoiselle Denion-Dupin, sœur et belle-sœur du comte et de la
comtesse H. de Bourmont et du vicomte et de la vicomtesse de Semallé.
Mariage célébré vers la mi-juin de M. Guy- Ange- Marie de Pbagontal,
Avec :
Mademoiselle Paulioe-Marie-Thérèse Paris de Momdonvillb.
Mariage célébré le 23 juin en Téglise Sainte-Glotilde à Paris, de M. le
comte Humbert de Marcibu, avocat à la Cour d*appel,
Avec :
Mademoiselle Ghislaine de Bbiufort, fille du comte et de la com-
tesse Henri de Beaufort.
Mariage célébré le It juillet en l'église de Saint-François-Xavier à
Paris, de M. le vicomte Jean-Charles>René Fr^uRioi de Lanqle^ lieu<
tenant au S"* régiment de dragons, fils de l'amiral comte Fleuriot
de Langle.
Avec :
Mademoiselle Marie- Joseph-Hélène Morgan de Rinery.
Mariage célébré dans les premiers jours de juillet, de M. Charles-
Aimé Bastard,
Avec :
Mademoiselle Adélaïde des Nbiobs Avinat.
262 CHRONIQUE
Mariige célébré dans les premiers jours de juillet d« M. Perdinaod-
AoselmeJorAU, médecin de 2* classe de la Marine,
Avec :
Mademoiselle Pauline-Anastasie-Marie-Ânne Chamusst,
Mariage célébré dans les premiers jours de juillet, de M. Jean de
GoDELSwsKi, rédacteur de la Gazette de France^
Avec :
Mademoiselle d'Huoonnbau db Boyat.
NECROLOGIE.
BRETAGNE.
Pendant ces derniers mois, la province de Bretagne a été éproofée
d*ttne façoù particulièrement cruelle. Nous devons y signaler les pertes
de M. Angélique-Joseph-Gbarles-LaurentHucHBT, comte db la Bédoyèms
décédé à Genève sans alliance^ le 17 avril, à Tàge de 40 ans. Il était 61,
aîné de Georges-Gésar Raphaël Huchet, comte de la Bédoyère, sénateor
sous le Second Empire, et de Glotilde db la Roghblambert, remariée à
Edgard Ney, prince de la Moskowa. Son second frère, le comte Jeaa de
la Bédoyèrea épousé en 1883, M^>« Bartboloni, fille du directeur de U
compagnie d*Orléans. — M. Eugène db GRBc'HQuftRAULT, décédé à Morlaiz
vers la mi*avril. ^ M. Lb Bévèrb, trésorier de la Société d*études scien-
tifiques du Finistère, mort en avril dernier. ^ M«* Amélie-Hortens«
Rat d*Amblbmont, veuve de M. Amédée db Maublang, inspecteur prin-
cipal de la compagnie d'Orléans, décédé à Périgueux le 13 mai, à l'âge
de 80 ans. — M. Tabbé Laouénan, vicaire de Saint-Goaxec (Finistère),
décédé à Brest, dans sa famille, le 13 mai, à i*âge de 40 ans. M. Tabbé
Etienne Laouénan était vicaire de Saint-Goazec depuis 1878. — > M. Nar-
cisse-Adolphe Gaillï^, ancien administrateur des hospices de la rUle de
Nantes, mort dans cette ville le 24 mai, à l'âge de 89 ans. — M. Tabbé
GuBGUBN, ancien recteur de Treflevenez (Finistère), mort dans les derniers
jours de mai, à la maison de retraite de Saint-Pol-de-Léon, à Tâge de
81 ans. — > M. Achille Guiboubo, né à Gh&teaubriaut le 10 septembre 1799,
mort à Salnt-Malo, à Tilge de 91 ans. Ancien magistrat, présidant du
conseil de fabrique de Saint-Servan, M. Guibourg se trouvait aux cotée de
la duchesse de Berry, lorsqu'elle fut arrêtée à Nantes en 1832,etjooa
un grand rôle dans les affaires politiques de cette époque. Il avait ^pooee
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en 1S34, M^<* Paaline Surcoof, la plus jeune des iiiies de Tillttstre marin,
Tune des gloires de Saint-Malo .
M. FrMéric-Barthélemy-Hyacinthe Disjabs, veuf de M-* Marie -Garo«
line-Françoiso Bassit-Villéon, banquier à Gningamp, mort dans cette
ville le 27 mai, à l'âge dé 58 ans. — M"« veuve Doou», née Zoé^Laure
Nepvsu, religieuse de chœur du monastère de la Visitation i Rennes,
morte dans cette ville le 28 mai, à l'âge de 60 ans. -- M. Jacques-Marie
HsBUDO, peintre-décorateur, auquel on doit de nombreuses peintures déco-
ratives dans les églises des Gôtes-du-Nord et du Finistère» lieotÉaant de
la compagnie des sapeurs- pompiers de Guingamp, vice-président de la
Société des hospitaliers-sauveteurs bretons, mort à Guingamp le 29 mai,
à Tâge de 50 ans. ^ M. Tabbé Mathurin-Jean-Marie Houé, chanoine titu-
laire de la cathédrale de Rennes, mort dans cette ville le 30 mai, à l'âge
de 83 ans. — M. Alexandre-Ferdinand Favbbis, capitaine de frégate en
retraite, chevalier de la Légion d'honneur, mort à Gulnfamp le 30 mai,
à l'âge de 64 ans. — M l'abbé Ls Roux, recteur de f^lozevet (Finistère),
décédé le 31 mai, né à la Forest-Landerneau en i822, ordonné prêtre en
1854, il était recteur de Plozevet depuis 1879. ^ M. l'abbé René Mobbau,
ancien professeur au collège des Eudistes à Redon, ordonné prêtre à
Bennes et mort dans sa familb à Ancenis, dans les premiers jours de
juin. — M. Saigna, ancien notaire, adjoint an maire de f^hivtgner, mort
le 3 juin, à la suite d'une courte maladie. - M. Georges-Augustin Bouybr,
avocat à Nantes, mort dans cette ville le 4 juin, dans sa 30« année. —
M«« Charles GoiGNASD oa Saint-Ours, née Marie Julie La Pèss, décédée
à Nantes le 4 juin, à l'âge de 38 ans. — M<>* Emilie db lu Gbandièiib,
niorte à Nantes le 5 juin, à l'âge de 79 ans. -^ M. l'abbé Gouêzou, supé-
rieur du Petit-Séminidre de Tréguier, décédé dans cette ville le 6 juin, à
l'âge de 57 ans. — M. Tabbé Goarnisson, ancien professeur d'histoire au
Petit-Séminaire de Pont-Croix, chanoine honoraire de Quimper, décédé
le 5 juin, à l'âge de 85 ans.
M"^ la baronne de Turgy, née Hélène-Gabrielle Chassinat, morte à
Saint-Brieuc le 8 juinàTà^e de 47 ans. — M. Achille- Auguste Lbbuo.hd,
capitaine en retraite, chevalier de la Légion d*bonneur, décédé à Vannes
le 8 juin à l'âge de 58 ans. «— M^i* Clémentine Tréourbt ob Krrstbat,
décédée à Quimper le 9 juin, à l'âge de 74 ans. — M. Charles Eloy, direc-
teur des mines de Pontpéan (lUo-et- Vilaine), mort à Rennes le 9 juin. —
M. Tabbé Mazéas, recteur de Meilars, ancien économe du petit séminaire
de Pontcroîx, décédé le 9 juin, né en 1824, il avait été nommé recteur
de Meilars en 1863 —M. le comte Amédée*Louis db Framghbvillb,
décédé le 9 juin, au château de Kergeorget-Vras près Sarzeau à l'âge de
89 ans. — Sœur Marie Yvonne Kbbgoat, religieuse hospitalière morte à
Guingamp vers le 10 juin, à l'âge de 28 ans. — M** Lb Maiqnan db
264 CHRONIQUE
l'Ecorci, née Félicité de la Ville de Lbrollbs bes^ Doridbs, décédée à
Nantes le Ai juin, à Page de 61 ans. — M. i*abbé KsRNiLSLEauBN, Yîcaire
à Sainte-Croix de Qoimperlé depuis 10 ans, mort dans cette paroisse le
11 juin, à Page. de 36 ans. — M«* Degombe, femme de M. Lucien
Decombe, ancien chef de' bureau de la mairie de Rennes, directeur dB
Musée archéologique de la ville, décédée à Saint- HéUer de Rennes, le
12 juin à Page de 58 ans. — M. Jdseph-Marie-Pierre-Xavier de Movti
DK RRZki fils de notre dévoué collègue M^ Claude de Moali de Rezè,
décédé à Nantes le 12 juin à l'âge de 18 ans. — M. Robert-François-
Josepl^ GuiBOURG 08 LuziNAis, licencié en droit, fils de M. Guihoniig de
Luzinai's, sénateur, maire de Nantes, mort dans cette ville le 14 juin à
Page de 22 ans. — M. Charles-Désiré-Josepb Duius, capitaine d'artillerie
en retraite, chevalier de la Légion d'honneur, mort à Rennes le 15 juin à
Page de 63 ans. — M«« la (>•*• de Botuerbl, née Thérèse-Marie-Jacquette
Cardin de la Bourdonnayb, morte à Rennes le 15 juin, dans sa 66* année.
M«* la comtesse flARScoêT de Kerinoant, douairière, décédée le 17 juin.
Née le 11 avril 1806 à Saint- Pierre-de-Port, île (ruemesey (Angleterre) où
safamille avait émigré, M^^« Félicité -Caroline de VossBY.perdit, toute jeune
encore sa mère, M^^* de la Bourdonnaye. Son père, Pamiral comte de
Vossey, ce type du gentilhomme dont Saint- Brieuc se rappelle la bonté
etta courtoisie, lui avait transmis avec toutes les traditions d*une foi
vive; Phonneur chevaleresque et les charmes, maintenant si rares, da
vieil esprit français. — M. Pierre-Raoul Le Qubn d^Entreheusb ancien
élève de lE*cole des chartes, ancien conseiller de préfecture de la Sarthe,
conseiller d'arrondissement, mort à Nantes le 22 juin, à Page de 38 ans.
La mort de Raoul Le Quen n*est pas seulement pour sa famille une perte
cruelle *, c'en est une bien grande pour ses amis, qui aimaient souvent à
chercher en lui un guide sûr et éclairé ; pour le pays aussi, qui pouvait
compter sur son dévouement. Homme d'intelligence et de coeur, membre
actif de toutes les œuvres de la ville de Nantes, il laisse partout des
regrets et le souvenir des multiples services qu'il a rendus — Homme
d'étude, travaillant sans cesse et aimant les recherches historiques, il i'y
adonnait avec ardeur, comprenant tout le profit que Pon pôut tirer des
levons du passé et ne restait étranger à aucune des questions que sou-
lèvent aujourd'hui les intérêts de la classe ouvrière. C'était en un mot an
esprit sérieux, ramenant tout à la vraie science, à celle que Pon puisse
dans la foi et les exercices d'une piété fervente et raisonnée. — M*^* Sté-
phanie Caeoiv, trésorière de Pœuvre de Saint- François de Sales, pour le
diocèse de Nantes, morte dans cette ville le 22 juin à P&ge de 75 ans. —
M'^* Marie Jêoou d'Herbelinb, morte à Nantes le 26 juin à Vège de 76 ans.
M. Gharles-Marie-Joseph Champion, colonel en retraite, of cier de la
Légion d'honiieur, chevalier de l'ordre du Mérite militaire de Savoie et
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dîi Medjidié de Turquie, décoré de la médaille militaire de Grimée,
mort le 26 juin à Rennes à Tàge de 71 ana. — M. Tabbé Mohtfort,
ancien rectenr de Telgrac (Finistère), de 1S65 à 1889, décédé dans
les derniers jours de juin. — M. de LiNOLB, ancien percepteur; mort
noyé le 1*' juillet dans le naufrage du oateau de pèche la Jeeaine cPAre,
en vue de Saint-Malo. — M. le docteur Houruis, conseiller général du
canton du Faou (Finistère), décédé dans les premiers jours de juillet. —
M. Louis-Marie-Joseph SiaNTB-GLàiRiE-DfiviLLE , décédé à Rennes le
i*' juillet à l'âge de 47 ans. — M. Tabbé Yves Le Guen, néàMilizac
en 1836, ancien vicaire de Beuzec-Gap-Sizun, puis vecteur des Iles Gle-
nansetde Penhars, enfin recteur de Lanildut depuis 'tM3, décédé le
3 juillet. — M,^^ Parent de Gorzon, née Ladocie-Marie-Caroline du
Babil Lb Breton, décédée à Rennes le 5 juillet à Tâge de 31 ans. —
M. Louis Gousset inspecteur honoraire de TAcadémie de Rennes, offi-
cier de rinstruction publique, chevalier de la Légion d'honneur, décédé à
Nantes le 7 juillet à l'âge de 65 ans. — M. André Loyamt, notre jeune
et sympathique conft'ère de la Société archéologique de Nantes, enlevé
le 12 juillet à ra£fection de sa famille et de ses nombreux amis.
NORMANDIK, MAINE, ANJOU.
Nous avons à déplorer ,dans ces trois provinces, les pertes de ii^^ Gène-
viève-Thérèse-Ëmilie-Isaure deBLocQusL ob Groix db Wismbs, comtesse
Louis du Parg, morte à Valognes le 30 avril dans sa 72* année. -—M. le
marquis de Vbrdum db la Grenab, marié à M^^* Marie de SAiKT-GuiLis,
décédé dans les derniers jours de mai en son château près' d'Avratoches.
— M. le colonel de Boorroulon, ancien commandant du &7* régiment
d'infanterie à Baint-Quentin, mort à Laval dans- les premiers jours de
juin. Sorti de Saint-Gyr en 1856, le colonel de Bourboulon avait de beaux
états de service, et était l'un des officiers les plus distingués de l'armée
française. - M. du Làc de Feugères, mort au Lude le 4 juin, à l'âge de
87 ans, ancien conseiller à la cour des comptes, officier de la I^égion
d'honneur et médaillé militaire, M. du Lac était le père du R. P. da
Lac, « rector of Sant-Mary*s Goliege » à Gantorbéry (Angleterre).
Après une carrière des plus honorables ; après avoir vécu au milieu de
ce que l'on est convenu d'appeler « le grand monde » api es avoir pris une
part active aux événements de 1830 et de 1848 ; avoir payé sa dette à la
patrie en revêtant l'habit de simple soldat pendant le siège de f^aris en
1870-1871 (0 avait alors plus de 67ans !) ; M: du Lac avait voulu con-
sacrer ses dernières années à se préparer à la mort dans une solitude
aussi complète que possible, près d'une famille quHl aifectionnait d*aDS
flacon toute particulière. — M. Gombis aide-vétérioaire à l'école de can-
lerie de Saumur, stagiaire à l'école, mort le 3 juin des suites d'une choie
de cheval.
POITOU ET SAINTONGE.
Dans ces deux provinces, nous signalerons les décès de M. Veillon de
BoisMARTiR, décédé au Havre les derniers jours de mai. — M. Tabbé
Auguste PAVAQBàU, décédé le 8 juih. Né à.Mortagoe le 29 décembre
1834, il fut ordonné prêtre le 17 décembre 1859, successivement profes-
seur au collège Richelieu, vicaire à Olonne, à l'Ile d'Elbe et à Foossaif,
puis curé de Xanton, il était retiré au diocèse de Versailles depuis i881.
— M. Alfred Monnbt, ancien député, ancien sénateur des Denx-Sè vrac,
mort subitement à Paris le 8 juin. — Le R. P. Alexis Vezirb, endistedc
la inaison d'Abbeville, ancien professeur à Tinstitution Richelieu, mort
vers la mi juin. — M»** Blanche-Louise- Sdmée db GoRLisa, veuve de
M. flenri-Léopold Potiir db Pomm^roy, ofticier de la Légion d'houneur.
ancien chef d'escairon de hussards, mort à Saintes le 6 avril, à Tâge de
66 ans. Fille de M. Charles de Corlieu et de Mt^* Joséphine de Gorltea, sa
cousine, et descendante des de Gorlieu de l* Angoumois , dont plusieurs
ont marqué dans les lettres et Téchevlnage d'Angoulême. Elle était Déeà
Nantes en 1824 — M. Eugène M\RiOGHBiU db Bonnsmobt, ancien adjoint
an maire de la Rochelle, mort le 6 avril, à l'âge de 84 ans. — M Thomas-
Félix GrAY DB LA GEi\RTiiiB, dostour OU médeclue, décédé à Cognac le ?^
. mai, à Tâge de 77 ans. —- M. Eloy-JeanVictor La Bbrqb, officier de la
Légion d*honneur, capitaine d'artillerie de marine retraité, venf de
Mil* Marie-Ëlisa Friocourt, décédé à Rochefort le 5 juin, à Page de 70 ans.
— M Charles-Julien Rohibux, consul de Belgique à La Rochelle, décédé
dans cette ville le 13 juin, à Tâge de 52 ans.
Jehan de la Savinaye.
Vannes. — Imprimerie Eugène LAFOLYK.
DIVISAIRE DE BRETAGNE
LES RÈGLES DE LA DEVISE
NOUS l'avons dit, dans notre avant-propos^ la devise
est chose surannée, personne n'en fait pllis ; en
donner les règles semble donc un anachronisme
inutile, nous allons cependant essayer de résumer les lois
posées, par les meilleurs auteurs, tant italiens que français.
Il est nécessaire de les connaître pour bien comprendre les
devises déjà faites, et peut-être seront-elles utiles à quelques-
uns de nos lecteurs, si l'envie leur prend de ressuciter des
usuî^es oulîllés 6t perdus. . ♦
La variété de formes sous lesquelles nous apparaît ladevise
larenil difficile àd^nnir. Cependant le P. Bouhours y aréussf,
et nous lui laissons la parole : « La devise, dit-il, est une
métaphore et une métaphore rfc proportion^ qn\ représente
un objet par un autre avec lequel \\ a de la ressemblance. <»
Toute devise implique donc une comparaison, et c'est à cdle
condition qu'elle est bonne, La devise do lleuri 111, par
T. VI. -- DOCUMENTS. — VI' ANNÉE, 5* UV. IS
^268 DEVISAI RE DE BRETAGNE
exemple : deux couronnes à terre et une en l'air, avec ces
'mots : Manet ultima cœlo, (la troisième m'attend au ciel),
n'est pas régulière, car il n'existe aucun point de comparai-
son entre Henri III et ses couronnes. Au contraire, la fameuse
devise de Louis XIV : un soleil avec ces mots : Nec pluribus
impar, est excellente, car le roi y est comparé au soleil, et sa
sagesse à la lumière de cet astre.
Sur la définition qui précède, reposent les règles données
par les maîtres. Presque toutes ont pour but d'assurer la
justesse delà métaphore et de la rendre irréprochable. On
peut les réduire à cinq propositions principales, et l'évoque
italien Paul Jove les formulait ainsi, vers la fln du XV'
siècle
Règle de PaulJove.
!• Qu'il y ait juste proportion de corps et d'âme, c'est-à-
dire, entre les figures et les paroles.
2* Que la devise ne soit ni si obscure qu'elle ait besoin
d'une sibylle pour l'interpréter, ni si claire, que chacun la
puisse aisément concevoir.
3<» Qu'elle soit agréable à voir, les corps étant pris des
astres, des éléments, des animaux, des ouvrages, des
instruments et des arts.
A? Qu'il n'y ait point de figure humaine.
5"* Que le mot soit court, sans être obscur, et qu'il soit
dans une autre langue que celle de la personne qui porte
cette devise.
Après lui ce nombre a été diminué jusqu'à deux seulement
et augmenté jusqu'à douze et plus, mais sa division nous
parait suffire et nous l'adoptons dans ce qui va suivre.
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Pour faire une bonne devise, il faut donc une figure et des
paroles, et que les termes employés pour les désigner, soient
d'un heureux choix : la figure ou emblème, s'appelle corps, les
mots, âme. On a voulu ainsi exprimer le rapport intime qui ^
doit exister entrç les deux éléments de la devise, comme
entre les deux parties constitutives de Thomme. De plus,
Temblèmeest saisi par le sens et la pensée qui s'en dégage,
plus immatérielle, si nous pouvons nous exprimer ainsi,
n'est que traduite par les signes alphabétiques. Mais aucun
de ces deux éléments ne doit empiéter sur l'autre ou le di-
minuer, et rester seul en lumière pour le cacher- aux yeux
ou à la pensée ; à plus forte raison, ne peuvent-ils se produire
séparément. Voici Jeux devises, où la porportion de corps
et d'âme est gardée, et qui peuvent servir de modèle. Elles
ont été composées par des panégyristes d'Olivier de Clisson et
de Bertrand du Guesclin. L'une a pour corps une tour de
laquelle sort une^gerbe de flammes, avec ces mots : Nescit
vis ista /eweri, (cette force ne peut être contenue), par allusion
à l'activité que le connétable déploya du fond de la prfson
où l'avait enfermé le duc de Bretagne. Les flammes de sa
puissante intelligence forcèrent les murailles de son cachot,
comme le feu d'un violent incendie force les. murailles les
plus solides. L'autre a pour corps un flambeau près de s'é-
teindre, et pour âme ces mots : Etiam moriendo coruscat. (Il
brille môme en mourant.) Du Guesclin assiégeait le château
de Randon, lorsque sa dernière maladie le surprit, et le der-
nier jour de sa vie fut une dernière victoire; on lui apporta
les clefs du château quelques minutes seulement après son
dernier soupir. Dans ces deux devises, Tidée qu'indique
remblème, est bien traduite par les paroles, et la proportion
bien gardée; l'un ne se présente pas à Tesprit aux dépens
deTautre ; maisils se complètent mutuellement et harnao-
nieusement, à tel point que si Ton essayait de les 'séparer,
ils n'auraient plus aucune signiflcation Tun sans Tautre. Il
y a même entre le dessin et les mots une certaine harmonie
agréable aux yeux comme à la pensée, et ce n'est pas le
moindre charme de ces deux devises et de celles qui leur
ressemblent. Mais hélas! bien peu peuvent leur être com-
*
parées. Tantôt un emblème énorme et compliqué est accom-
pagné d'un seul mot qui l'explique à peine ; tantôt un dessin
minuscule a pour âme une phrase entière ; ainsi la devise
de Coëtanlem, où se voit sous un lys ce verset dlsaïe : Ger-
minavit sicut lilium et florebit in œternum ante Dominum.
(Il a germé comme le lis et il fleurira éternellement devant
le Seigneur). Bien mieux, il en est qui n'ont point de corps.
et ce sont, disent les vieux auteurs, des âmes errantes, de
vrais feux follets voltigeant sans se fixer nulle part et dont on
entend la voix sans les apercevoir. Ce défaut était très com-
mun, surtout dans l'antiquité. On retrouve de ces devises
fausses en exergue autour des pièces de monnaie, gravées
sur les sceaux, inscrites sur les murs et les tapisseries, pla-
cées au-dessous de certaines armoiries ; telles sont : Le veni^
vidi, vici, de Jules César; le : Pour ce qu'il me plaît d'Olivier
de Clisson ; Vaultre riauray, de Tournemine ; et enfin la de-
vise de l'illustre maison de Bourbon : Espérance, que Ton
voyait encore en iôOO, brodée sur les tentures de la salle du
Conseil d'Etat.
. Aussi mauvaises sont les devises sans âmes. En voici
quelques-unes : le cheval et Vaigle des légions romaines, le
griffon d'Ollivier, V échiquier de Salomon de Bretagne, puis
celles que nous retrouvons dans les chroniqueurs : Proissard,
Monchelet, Olivier de la Marche et les autres historiens : le
fusil des ducs de Bourgogne, le chardon des ducs de
Bourbon, les roses blanches et rouges d'York et de Lamarck
Elles sont certainement incorrectes, mais il faut le dire, elles
sont, pour la plupart, antérieures à la bonne époque, ou
appartiennent à des capitaines se souciant fort peu des règles
et des professeurs ; peut-être aussi ont-elles perdu ce qui
leur manque en traversant les âges pour venir jusqu'à nous
et onVelIes été complètes autrefois. Leur grand défaut est
d'abord de ne point contenir de comparaison suffisante, et
ensuite d'offrir plusieurs interprétations différentes à l'esprit;
en uti mot elles manquent de précision et de clarté.
II.
La devise ne doit pas être trop obscure. Les choses trop
difficiles excitent d'abord l'esprit, mais elles ne tardent pas
à le fatiguer, il se rebute et les abandonne. Saint Jérôme,
raconte-t-on, pâlissait depuis plusieurs jours sur les satyres
de Perse. Désespérant de parvenir à comprendre les obcu-
rités dont elles sont pleines, il jeta le livre au feu, en disant :
Tu neveux pas être entendu, aussi ne te veux-je entendre.
Il fit bien et cependant Perse est un auteur renommé, et
saint Jérôme, on nous l'accordera, était une intelligence peu
ordinaire. Que serait-ce donc si les- auteurs de devises
adressaient à la foule des énigmes dignes du sphinx. Si
l'emblème est énigmatique, les paroles doivent en être la clef.
Tout le monde n'a pas lu le livre d'Erasme : obscura claritas
et lesdipe OEsont rares. Déplus, souvent ces sortes de rébus
sont de mauvais goût, et nous ne croyons pas qu'il faille
beaucoup imiter l'ancienne devise des Medicis; c'était un
diamant entouré de plumes, avec ces paroles : semper
or damas in pœnis , jouant ainsi sur la consonnance
des mots peine et penne. Au temps des carrousels, des
tournois et des joutes on prohibait la multiplicité des
figures. Il fallait que la devise puisse se saisir d'un
272 DEVISAIRE DE BRETAGNE
seul coup d'œil, autrement il eut été difficile d'en conce-
voir le sens général et à fortiori de se rendre compte
des détails, pendant le court intervalle qu'exigeaient une
ou deux panades. Pour le môme motif, on ne pouvait employer
que» des animaux, des plantes et des objets ordinaires et
communs, et encore dans leur véritable signification. Sans
cette précaution, il eut fallu supposer aux spectateurs une
science approfondie de Thisloire naturelle. Le mot et la
figure devaient donc être assez simples et assez frappants
pour se graver dans la m«!^moire. La réflexion permettait
ensuite aux esprits les plus lourds, de deviner et d'ajouter
leurs critiques ou leurs applaudissements à ceux de leurs
voisins, qui, plus subtils avaient compris tout d'abord.
L'unité dans les figures est, on le voit, nécessaire. Sont-
elles cependant réduites à la représentation d'un seul objet?
Non certes, mais il doit y avoir une figure principale, très
voyante, autour de laquelle viennent se grouper les autres.
Ainsi il est permis de représenter une lune entourée d'étoiles,
une enclume accompagnée du marteau et des tenailles, etc,
Si plusieurs figures forment un tout, elles sont admises aussi:
un firmament constellé d'étoiles, une palette chargée de
couleurs, un rocher battu par les flots, la pluie et les vents
sont de bons corps de devises, pourvu que l'exécution ne
nuise pas à l'idée et que le pinceau de l'artiste la rende clai-
rement. Si la devise ne doit pas être obscure, il faut se garder
de la composer uniquement pour las cerveaux épais dont
nous parlions tout à l'heure. Il ne faut pas que le premier
rustre venu puisse la comprendre, et si le voile ne peut pas
être trop sombre, on doit éviter une transparence complète.
Ce n'est pas une devise que le mot : Roma mis au bas d'une
statue représentant la République romaine ; c'est une simple
inscription : Una hirundo non facit ver (une seule hirondelle
ne fait pas le printemps), n'en est pas une non plus; c'est la
simple constatation d'un fait. Trop claire encore la devise
des Le Chauff : Pretiumnec vile laborum (noble prix de nos
labeurs) placée au-dessous de leurs armoiries. 11 faut un peu
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DE VIS AIRE DE BRETAGNE 273
plus de difTiculté pour piquer la curiosité, et d'ailleurs Tâme
de la devise n'en étant que la moitié^ il ne faut pas qu'elle
adiève le sens à elle seule ; il est nécessaire qu'elle lai9se
quelque chose à faire à remblème. « La peinture, dit Adrien
d'Amboise, doit s'entendre par la lettre et la lettre par la
peinture. » Un phénix, à demi-hrûlé sur un brasier, avec ces
mots : Ut vivaty est un assez bon modèle ; il faut pour l'ex-
pliquer savoir» que le phénix renaît de ses cendres, et l'âme :
Ut vivat, n'a seule aucun sens.
m
Che soprà susso babia bella vista (que sur toute chose la
devise ait belle apparence), dit Paul Jove. En effet, la devise
rappelle presque toujours un dessein ou une action héroïque,
et les êtres laids et difformes ne sauraient lui convenir. De
plus, c'est, avons-nDus dit, une métaphore, une comparaison,
et l'on ne peut comparer les vilaines choses aux belles, ni
s'en servir pour les exprimer. Cherchons donc ailleurs. Rien
n'est plus facile. Les sujets nobles, agréables et piquants,
abondent. Le champ de la devise est vaste, et pour ainsi
dire, sans limites. La nature toute entière, avec ses mille
ressources, la métaphysique et l'infinité des êtres moraux
et imaginaires, sont là, tentant l'œil et Tesprit. Cherchez- vous
, un corps pour votre devise ? vous pouvez puiser à pleines
mains dans les trésors de la nature, ou dans ceux de votre
imagination, vous contenter de ceux-ci ou de ceux-là, ou
bien encore en faire un heureux mélange. Vous pouvez
prendre pour emblème : le soleil, la lune, les étoiles, un
oiseau, un poisson, un lion, un serpent, un arbre, une fleur,
un diamant, un bloc de marbre, etc., peindre un dragon, un
sphinx, un hippogriffe, une hydre, les monstres du zodiaque ;
réunir le serpent à l'arbre, placer le diamant dans le bec de
l'oiseau, lesphinxsous un ciel étoile, le dragon sur des fleurs.
A peine les maîtres ont-ils restreint votre essor par cer-
274 DEVISAIRE DE BRETAGNE
taines prohibitions, et tentent-ils de guider votre choix
et votre goût par quelques conseils. Le corps de la devise,
disent-ils, doit être réel ou fabuleux : réel, s'il se trouve
dans la nature, fabuleux s'il adopte les formes que la fable a
consacrées, mais il ne doit jamais être chimérique, contre
nature et représenter, par exemple, un astre hors du firma-
ment ou un animal hybride et invraisemblable. Un croissant
avec une colonne entre ses deux pointes qu'elle empêche de
se joindre, est donc une devise défectueuse. Défectueuse
aussi, celle où l'on voit une statue ailée. Le premier de ces
deux emblèmes fut cependant choisi après la bataille de
Tiépante, par le prince Colonna, il y ajouta ces mots : Netotum
impleat orbem, pour montrer qu'il avait empêché, par sa
victoire, les Turcs d'envahir le monde. Le second est du prince
de Salerne : Amor addidit, (L'amour les a ajoutées), disait-il.
Les allégories ne sont pas non plus permises : une bêche de
fossoyeur ne peut représenter la mort, ni un laurier la vic-
toire. La devise de Beschard, avec ces mots : Memorare
novissima tua. (So\iwienS'io\ delà dernière fin), n'est donc
pas régulière. Cependant, on psut excuser ici ce léger défaut,
parce que les bêches ont été pour ainsi dire imposées par le
nom. Il faut surtout se garder, soit que l'on s'adresse à la
fable, soit qu'on fasse son choix dans la nature, d'offrir aux
yeux une peinture repoussante, horrible ou même seulement
difforme, comme les crapauds, les araignées, les vers de
terre, Cerbère et ses trois gueules, les Harpies, les instru-»
ments des métiers les plus vils, comme le tire-pied des cor-
donniers, le racloir des lanneurs, les crochets- du commis-
sionnaire, la hotte du chiffonnier. Le serpent fait presque
toujours horreur et ne devrait pas entrer dans la devise, mais
lé P. Bouhours lui fait grâce par plusieurs raisons. D'abord il
a, dit-il, un caractère symbolique, ensuite certaines espèces,
le basilic entre autres, sont ornées de vives couleurs, et
présentent un agréable aspect.
{A suivre). E. de Bocerkt.
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■ffr/J
NOTES HISTORIQUES
SUR LA
PAROISSE DE CAMPBON
(Suite).
1652. — Le 17 avril, fut enterré en la chapelle de iVo/r^-*
Dame, le corps de missire Roland Charpentier, du village
de la Magouais, âgé de 62 ans. Signé : Rouvraye.
1653. — Le 23 janvier, fut ensépulturé en l'église de
Campbon, devant lautel Saint-Nicolas, missire Julien
Lemarié, prêlre.
Le 30 septembre, fut baptisée Claude, fille de Jean Michiel,
escuyer, sieur de la Verrie, et demoiselle Renée de Saint-
Aubin, sa compagne ; fut parrain, haut et puissant messire
François de Cambout, seigneur marquis de Pontchâteau, et
marraine, demoiselle Claude Guesille, espouse de messire
François du Mourier, seigneur de la Brosse, Saint-Rémy.
Signé : François du Cambout, marquis de Pontchâteau ;
Claude Guesille ; Jan Michiel ; Achille-Ferdinand de Porcaro ;
Frère Charles de Saint-Ange, religieux de la Mercy et pro-
cureur général pour les comptes de Bretagne ; Charles de
Moayre ; J. Bourdays et J. Dallibert.
276 NOTES fflSTORIQUES
1654. — Le 13 avril, fut enterré par moi soussigné, recteur
de Campbon, en l'église de Drefiféac, le corps de défunt
escuyer Pierre Le Guennec, sieur de la Hirtays, en Campbon
et y décédé. Le dit sieur mourut pour avoir été mordu d'un
petit chien enragé, cinq mois et demi après la morsure,
signé : Rouvraye.
1655. — Le 18 mars, missire Jean Orain, du village de la
Rivière, célébra ssipremière messe en la chapelle du château de
Coislin, en présence de messire François de Cambout, mar-
quis de Pontchâteau, et autres.
Le 9 mai, missire Robert Orain célébra sa première messe
en l'église de Campbon.
1656. — Le 20 mars, furent conjoints au mariage, en l'église
de Campbon, par vénérable et discret missire François
Couynet, recteur de Bouvron, noble homme Jacques Petit,
sieur delà Louytais, de la paroisse de Doulon et honorable
femme Perrine Blondeau, nièce du recteur, de la paroisse de
Morannes, en Anjou. Signé : Rouvraye.
1657. — Le 1*' janvier, missire René Glotin, prôtre de la Gau-
bretière, célébra sa première messe à haute voix ; missires
Guillaume Sourget et François Caillou, prêtres de la frairie
de Morts remplissant l'office de diacre et de sous-diacre.
Signé : Rouvraye.
Le 23 janvier, fut ensépulturé en l'église de (ïampbon, près
l'autel de Saint-Michel, le corps de défunte demoiselle
Guyonne Gout»re, femme de Guy de Saint-Aubin, escuyer,
sieur de la Morandays, par moi seul. Signé : Rouvraye.
Le 10 avril, furent par moi soussigné, recteur de Campbon,
appliquées les cérémonies du baptême à une fille de Jean
Michiel, escuyer, sieur de la Verrye et demoiselle Renée de
Saint-Aubin, son espouse, née le 30 janvier 1654, nommée
Jeanne, par noble homme Ambroise Chauvel, sieur du
Bois et dame Jeanne Rangeard, femme de Denys Michiel,
escuyer, sieur de la Prévostaye.
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SUR LA PAROISSE DE CAMPBON 277
Signé : Chauvel", Jane Rangeard. H. Le Brun, Moulnîer,
Guyschon, de Tremaudan, RouVraye, recteur, etc.
Le môme jour, fut baptisée Olive, fille des mômes, et fut
parrain , noble et discret missire Pierre Chomart, prêtre,
recteur de Pontchâteau, et marraine, dame Olive de France,
femme de François de Besné, escuyer, sieur de la Haye de
Besné ; la dite fille née le 11 février dernier.
Signé : P. Chomart, H. Le Brun, P. Couaisnon, Guyschon,
Meignen, de Tremauden, Rouvraye, recteur.
1658. — Le 4 novembre, furent appliquées les cérémonies
du baptême à un enfant baptisé au logis, par nécessité, fils
d'escuyer François Foureau et demoiselle Bonaventure
Joiian, sa femme, sieur et dame de la Pirotaye, et l'enfant
nommé par escuyer Jean de Marbré, sieur du Fresne, parrain,
et marraine, Jeanne Jouan, veuve d'escuyer Charles de
Kercabuz, sieur de la Pommeraye.
Signé : Jan de Marbré, Jane Joîian, Guy dô Saint- Aubin,
Jan Michiel, Olive Loysel, Marie de Champeaux, Anne de
Marbré, P. Foureau, et Rouvraye, recteur.
Le 25 novembre, fut enterré devant l'autel de Saint-Michel,
en l'église de Campbon, le corps de défunt escuyer Guy de
Saint- Aubin, sieur delà Morandays, mari en secondes noces
de demoiselle Olive Loysel, décédé en la maison noble du
Guygnio, le 24 du dit mois, et fut fait l'enterrement par moi
soussigné, recteur de Campbon. Signé : Rouvraye.
1659. — Le Mercredi des Cendres, 26 février, sur les sept
heures du soir, décéda au château de Coislin, messire Fran-
çois du Cambout, marquis de Pontchâteau, maître de camp
dans les armées de Sa Majesté, non marié, flls de feu messire
Charles du Cambout, baron de Pontchâteau, chevalier des
ordres du roi, gouverneur des ville et chasteau de Brest et
lieutenant de Sa Majesté en Basse-Bretagne, et le lendemain
27 du mois, son corps fut inhumé dans le chœur de l'église
de Campbon par moi soussigné, curé de C4ampbon. Signé:
Rouvraye.
Le 6 mars, sur les sept heures du soir, décéda en la maison
paternelle, au bourg, missire Yves Mabilais, prêtre^ ci-devant
recteur de Malleville, prieur de la Bouvre en Saint-Pierre de
Bouguenais, chapelain de Vaumônerie de Campbon, et le
lendemain, son corps fut ensépulturé au côté et proche l'autel
de Notre-Dame, par moi soussigné. Signé : Rouvraye.
Le 8 avril, fut enterré dans le chœiir de Téglise de Camp-
bon, par moi soussigné, le corps de Jean de Quélo, fils de
messire René de Quélo, sieur de Cadouzan, conseiller au
Parlement de Bretagne, de la paroisse de Saint-Dolay, petit
pensionnaire au presbytère de Campbon^ âgé de huit ans.
Signé : Rouvraye.
1660. — Le 26 octobre, fut baptisée Renée, fille d'escuyer
François Foureau et demoiselle BonaventureJouan,sa femme,
sieur et dame de la Pirotaye ; et fut parrain , escuyer Hié-
rosme Jouan, flls de M. de Kercassier, et marraine, demoi-
selle Renée de Kercabuz, fllle de défunt M. de la Pommeraye,
de Guérande. Si^né : Hiérosme Joùan, Renée de Kercabuz,
Ch. Foureau, Philippe de Marbré, Jane Joiian, Rouvraye, etc.
1661. — Le 26 mars, sur les sept heures du matin, décéda
missiro Robert Guischon, prêtre, ci-devant recteur de Saint-
Gildas-deS'Bois, chapelain du Bois-Jolt/y en Quilly, de la Gau-
traie, en IJouée, et le lendemain après la grand-messe, son
corps fut inhumé en Téglise, devant Tautel de Notre-Dame,
par moi soussigné. — Signé : Rouvraye.
Le dimanche 29 mai, missire Julien Verger^ prêtre, du
village de Coustable, célébra sa première messe à haute voix
dans Téglise de Gampbon. Signé : Rouvraye.
1662. — Le 10 octobre, fut baptisée une fllle de messire
François Foureau, nommée Jeanne ; parrain, escuyer Michel
Le Boteuc, flls de M. de Coëssale, et marraine, demoiselle
Jane Joiian, fllle de M. de Ifercassier.
SUR LA PAROISSE DE GAMPBQN 279
1663. — A la fin du mois de novembre, -missire Yves
Dallibert signe les actes.
Le 6 décembre, vénérable et discret missire Pierre Rou-
vraye, recteur de Campboti^ décéda dans sa maison presby-
térale, environ midi, et le lendemain sur les onze heures du
matin, son corps fut ensépulturé dans le chœur de Téglise,
proche la marche du grand autel, du côté de l'Evangile, par
vénérable et discret missire François Busson, recteur de
Prinquiau. îSigné : Dallibert.
Le 18 décembre, Missire Jacques Bourdays, prêtre, natif de
Moraivies^ en Anjou, fut mis en possession par missire
Jean Peustrard, prêtre, du diocèse de Nantes, demeurant en
la paroisse de Campbon, du vicariat perpétuel de Campbon,
vacant par la mort de feu missire Pierre Rouvraye, son oncle.
De môme que son oncle, le nouveau vicaire perpétuel
signe tous les actes.
1664. — Le 20 avril, missire Nicolas Bellaire^ prêtre, du
village du Champ-Blanc, célébra sa première messe à
haute voix en l'église de Gambon.
1667. — Les 20 mars, 11 avril et 17 avril, MM, François
Bommale^ Roland Tregret et Aubin Criaud, prêtres, célé-
brèrent leur première messe en l'église de Campbon. Signé :
J. Bourdays.
1668. — Le 12 janvier, fut inhumé le corps de feu missire
René Glotin, prêtre, âgé de 50 ans, chapelain de la Moinerie^
en Savenay, natif de Campbon et du village de la Crohonais,
signé : J. Bourdays.
1671. —Le dernier jour de novembre, fut inhumé en l'é-
glise de céans, le corps de feu missire Jean Peustrard,
prêtre, âgé de 81 ans, demeurant à la Baye-Mériais, proche
le bourg de Campbon, en présence ^es seize prêtres natifs et
habitués en la paroisse et autres. Signé : J. Bourdays.
1672. — M. Robert Dallibert, prêtre.
280 NOTES HISTORIQUES
1674. — Lar cure de Saint'Sébastieri'CVAigne'lez-Nantes,
Sanctus Sebastianus de Aqiiis , et non Saint-Sébastien en
Biscaye, comme le prétend Tauteur du registre de la paroisse
de Campbon, ayant été offerte à missire Jacques Bourdays,
il donna sa démission de vicaire perpétuel à Gampbon^ et
le 25 avril, missire Robert Dalliberty son vicaire , ayant été
désigné par le chapitre de Nantes pour le remplacer, il revint
te 22 juin pour son installation.
Missire Jacques Bourdays avait fait exécuter des travaux
importants à l'église, en 1671 et 1672. A peine ces travaux
étaient-ils terminés que le tonnerre tomba sur le clocher
qu'il découvrit et entra dans l'église dont il détruisit les nou-
veaux lambris.
Le général de la paroisse dut se faire autoriser par le Par-
lement de Bretagne à lever sur les paroissiens la somme
nécessaire pour ces réparations.
Nous suivons le dépouillement de nos registres en produi-
sant deux actes différents de prise de possession de la cure,
signés de M. Robert Dallibert :
Le dimanche 24 juin, j'ai pris possession de la cure de
Campbon et y fut mis en possession par noble et discret
missire Jacques Bourdays, doyen, recteur de Saint-Sébastien-
d' AigneS'lèS' Nantes , mon prédécesseur, de la paroisse de
Marannes, en Anjou. Signé : R. Dallibert.
Le dimanche 24 juin 1674, fôtej de saint Jean Baptiste,
missire Robert Dallibert, prêtre, recteur de cette paroisse, fils
d'honorables personnes, Denys Dallibert et Françoise Legen-
til homme sa femme et compagne, du village de la Croletais,
fut mis en posi jiôion de la cure de Campbon, par noble çt
discret missire Jacques Bourdays, prêtre, doyen, recteur de
Saint-Sébastien-d'Aignes-lez-Nantes, natif de la paroisse de
Marannes, en Anjou et ci-devant recteur de cette paroisse, à
la mort de feu missire Pierre Rouvraye son oncle, en 1663,
ledit Dallibert âgé de 29 ans. Signé : R. Dallibert, recteur de
Campbon. »
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SUR LA PAROISSE DE GAMPBON 281
1675. — Le 10 avril, fut inhumé par moi soussig-né, recteur,
le corps de défunt missire François Cailion, prêtre et chape-
lain, du village de la Caillonais, âgé de 62 ans. Signé : R.
Dallibert. #
1676. — Le 5 janvier, fut inhumé en l'église de Vhle de
Bouin, le corps de missire Julien Verger, prêtre^ originaire
de cette paroisse, âgé de 46 ans.
Le 9 avril, fut inhumé par moi soussigné, recteur, le corps
de défunt Julien Tregret. prêtre, du village de la Turcûudais^
âgé de 70 ans, en la chapelle de Notre-Dame. Signé : R.
Dallitîert.
Le 13 juillet, fut baptisé Georges-César Provins, fils de
nobles gens. César Provins et Françoise Polligné, sieur et
dame de la Haye Mériais ; Parrain, noble homme Georges
Urvoy, sieur du Coudray, et marr^aine, Françoise Davy. Et a
été baptisé par moi, recteur de Malleville.
Signé : Françoise Davy, Urvoy, Perrine Poligné, César
Provins, Dallibert, P. Meignen, recteur de Malleville, etc.
Le 18 octobre, fut inhumé le corps de noble homme Michel
Provins, sieur de l'Espine, époux de demoiselle Jane de
Moayre, âgé de 75 ans. Signé : Dallibert,'recteur.
1679. — Le 20 janvier, fut inhumé le corps de défunt Jacques
Guischard, prêtre, du village de la Gouè'rie, âgé de 70 ans.
Signé : R. Dallibert, recteur.
Le 3 novembre, fut inhumé le corps de défunte demoiselle
Renée de Saint-Aubin, veuve de messire René Bertho de
Bocquehan, âgée de 52 ans. Signé : R. Dallibert, recteur.
1680. — Le 27 décembre, fut inhumé par moi soussigné,
recteur, en l'église de céans, le corps de défunt missire Julien
Robin, prêtre de cette paroisse, natif du village de Magouet,
âgé de 76 ans. Signé : Dallibert, recteur.
1681. — Le 19 août, furent reçus à la bénédiction nuptiale
282 NOTES HISTORIQUES
en l'église de céans, messire Honorât Baye, fllsde feu messire
Claude Baye, vivant chevalier, seigneur de la Gohardière et
dame Renée Méries sa veuve, de la paroisse de Savenay,
et demoiselle Jane-Françoise Edenin, fille d'escuyer Pierre
Edenin et demoiselle Renée Poureau, sieur et dame de la
Bigraisière.
Signé : Honorât Baye ; P. de Saint-Aubin ; R. Dallibert,
recteur; J. Garnier, recteur de Savenay.
1685 — Le 1" mai, fut bénite par moi soussigné, recteur
de Campbon, par la permission de Monseigneur Tillustris-
sime et révérendissime missire Gilles de Beauveau, évoque
de Nantes, la chapelle de Sainte-Anne de Brivé, construite
«
dans cette paroisse aux frais des habitants de la dite f raine,
où assista processionnellement missire Pierre Meignen,
recteur de Savenay et du peuple de toute partie.
Signé : P. Briand, Robondin, R. Dallibert, recteur de
Campbon, Meignen.
Le 30 mars, furent bénites par moi soussigné, recteur de
Campbon, deux cloches dans notre église : la plus grosse de
1500 et la plus petite de 250, lesquelles ont été fondues en la
chapelle de Saint-Victor, par honorable homme Pierre Aubry,
de Lorraine, à deux sols par livre.
La grosse cloche a été nommée Armande^ par noble homme
Henri Le Brun, sénéchal du Duché de Coislin et par demoi-
selle Perrine Guy ton, veuve de noble homme Henri Le Brun,
sénéchal du Duché, père du dit sénéchal d'aujourd'hui.
La petite a été nommée Magdeleine, par messire François
Moulnier, greffier de céans et demoiselle Françoise Guihard,
femme et compagne de messire François Guyschon, procu-
reur fiscal au siège du Duché.
Signé : Henry Le Brun, Moulnier, Perrine Guyschon,
R. Dallibert, recteur.
1686. — En septembre et octobre il y a une grande morta-
lité et nous voyons environ 150 enterrements.
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SUR LA PAROISSE DE CAMPBON 283
16^8. — Le 16 septembre, fut baptisée Jeanne, fille d'es-
cuyer Honorât Baye, sieur de la Gohardière et dame Jane-
Françoise Edenin, sa compagne ; fut parrain, noble, véné-
rable et discret Alexis Baye, prêtre, dudit lieu de la Gohar-
dière, et marraine, demoiselle Jeanne Foureau, fille de M. de
laPirotaye, oncle paternel de la dite dame de la Gohardière.
Signé : A. Baye, Jeanne Fourreau, R. Tregret, prôlre,
Paviot, prêtre, François Fourreau, Honorât Baye^ Dallibert,
recteur.
1689. — Le 9 novembre, fut inhumé le corps de noble
homme César Provins, sieur de laHaye-Meriais, veuf de Fran-
çoise Poligné, époux de Françoise Mabilais, âgé de 45 ans.
Le 28 décembre, fut inhumé le corps de Missire Roland
Tregret, prêtre, âgé de 47 ans. Signé : R. Dallibert, recteur.
M. R. Tramblay, prêtre.
1691. — Le 3 janvier, fut baptisé Jean-François, fils d*é-
cuyer Honorât Baye, sieur de la Gohardière «t dame
Jeanne-Françoise Edenin, son épouse, demeurant à leur
maison du Bois de la Lande; parrain, messire Joseph Ro-
gon, époux de dame Marguerite du Goudray, damedeBesné.
Signé : Joseph Rogon, Marguerite du Goudray, François
de Besné, François Fourreau, Honorât Baye, R. Dallibert,
recteur.
1692. — Le 23 mai, fut faite par moi soussigné, recteur de
Campbon, la bénédiction de la petite cloche de cette église,
sur laquelle est Timage de Saint Martin, abbé de Vertou,
patron de cette paroisse, laquelle a été refondue en la cha-
pelle de Saint-Victor, par les sieurs Pierre et Nicolas Aubry,
de Lorraine.
Signé : R. Dallibert, recteur.
1693. — Le 8 mai, fut inhumé le corps d'écuyer Honorât
Baye, mari de Jeanne-Françoise Edenin, sieur et dame de la
Gohardière, âgé de 47 ans.
Signé : Dallibert, recteur.
T. VI. — DOCUMENTS, VI* ANNÉE, 5% UV. 19
284 NOTES HISTORIQUES
•
A cette époque^ les prêtres de Gampbon étaient : MM.
René Fondin, Jan Tregret, Jan Paviot, Guillaume Sauva^et,
Guillaume Caillon, Pierre Dallibert, Robert Cran, Pierre
Briand, François Gérard, Julien Daufray, Henri-Gabriel de
TEscorce.
1698. — Le 20 janvier, fut inhumé dans le cimetière de
céans, à la grande porte de Téglise, le corps de missire Pierre
Briand, prêtre, du village de la Villalée, âgé de 43 ans.
Le 16 juillet, fut inhumé dans le cimetière de cette église,
proche la croix, le corps de feu noble homme René Loysel,
sieur du Guynio, fils de noble homme Pierre Loysel et de-
moiselle Marquise de Saint-Aubin, seigneur et dame de
Grossac, âgé de 40 ans, demeurant au lieu noble de la Ho-
randays, trouvé noyé dans le marais de Brivé, proche Cois-
labo, allant à la pêche. Signé : J. Méries, J. Paviot, prêtre,
R. Dallibert, recteur.
Le 11 décembre, fut inhumé le corps de vénérable et dis-
cret Missire Pierre Dallibert, prêtre, chapeiain de la chapel-
lenie fondée par feue Marie Gérard, demeurant au village de
la Crolleiais, et âgé de 78 ans. Il fut enterré dans le cime-
tière, proche les marches de la croix.
Signé : Dallibert, recteur.
1699. — Le 10 mai, Monseigneur Hllustrissime et Révé-
rendissime Evoque de Nantes fit sa visite et donna la con-
firmation à tous ceux qui se présentaient, en compagnie de
M. le doyen de Nantes. Il a reçu le compte de la fabrique que
lui présentèrent Roland Gérard, Pierre Davy et Jacques Ni-
colas, fabriqueurs sortants, et entrant en charge : Robert
Bellain, Jacques Boudazain et Pierre Bécigneul.
Signé : R. DAlliJDert, recteur.
1701. — Le 17 février, fut inhumé dans le cimetière, à la
grande porte de Téglise, à main gauche en sortant, le corps
de Missire Robert Cran, prêtre de cette paroisse, âgé de 74
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SUR LA PAROISSE DE GAMPBON 285
ans, premier chapelain de la chapelle SaintC'Anne de Brivé,
du village de la Turcaudais.
Le 6 avril, furent reçus à la bénédiction nuptiale par moi
soussigné; recteur, écuyer Jan Alexandre du Maz, sieur de
Limur, fils de défunt écuyer Claude du Maz et dame Char-
lotte de Vaugiraud, sieur et dame du Glen, ses père et mère,
de la paroisse de Glénac, évèché de Vannes;
Bt demoiselle Louise de l'Escorce, dame de la Hirtays»
fille de défunt écuyer Gabriel de l'Escorce, sieur du Rocher,
et dame Renée Le Guennec, ses père et mère, de cette pa-
roisse.
Signé : Jan Alexandre du Maz, Denyse de l'Escorce, Marie-
Anne Bertrand, Jean Pelage du Maz, Jan-Prançois des Forges,
R. Dallibert, recteur.
Le 7 octobre, fut inhumé le corps de vénérable et discret
missire René Fondin, prôtre de cette paroisse, âgé de 49
ans. Signé : R. Dallibert.
1702. — MM. Gilles Moriceau , Mathurin Peustard , Jan
Peillet, Guy Lesiour, Pierre Charpentier, R. Gérard, Fran-
çois Abin, prêtres.
1704. — Le 11 juin, missire Robert Dallibert signe pour la
dernière fois.
Le 23 juin, fut inhumé dans le cimetière de céans, proche
la croix, le corps de vénérable et discret missire Robert
Dallibert, vivant recteur de cette paroisse, âgé de 60 ans.
Signé : J. David, prôtre ; J. Paviot, prôtre ; M. Feustard,
prôtre; M. Bourneuf, recteur.
La cure de Campbon était alors placée dans un pré qui dé-
borne la chapelle de Saint- Victor dont les murailles servaient
de clôture à une partie de la cour.
Cette maison se composait de sept pièces, dont trois en
bas et quatre en haut.
En mourant, le recteur Dallibert, la laissait, ainsi que l'é-
glise, dans le plus pitoyable état : ni lui, ni le général de la
286 NOTES HISTORIQUES
paroisse, ni les chanoines de la cathédrale, curés primitifs,
n'en avaient prjs souci, aussi tout s'écroulait. Nous allons
voir ce qu'il en advint.
he 27 îum, mtssire Alexandre floyon fut présenté bm vica-
riat perpétuel de Campbon et le 6 juillet, nous voyons sa
signature sur le registre, mais elle n'y reparaît plus. Le sieur
Rogon ne voulut accepter les logements ni l'église avant
qu'on eût fait les réparations nécessaires, et quand il vit qu'il
ne pouvait rien obtenir, il donna sa démission et obtint la
cure de Savenay où nous l'avons déjà rencontré.
1705. — Le 23 mars, missire Joseph de Marques, originaire
de Nantes, obtint la place de vicaire perpétuel de Campbon et,
à partir du 11 avril, nous trouvons sa signature sur les Re-
gistres avec celles des autres prêtres de la paroisse.
Le nouveau recteur de Campbon n'était point un homme
ordinaire, et Messieurs les chanoines de Nantes durent
bientôt reconnaître que celui-ci du moins, ne laisserait point
péricliter entre ses mains, les droits qu'il tenait de l'édit
de 1695.
M. de Marquas ne se déconcerta pas comme son pré-
décesseur devant le mauvais état de la cure : Il commença
par affermer dans le bourg une maison, puis il assigna le
général de la paroisse pour le contraindre à faire au pres-
bytère toutes les réparations nécessaires.
Celui-ci refusa et s'en prit aux héritiers de missire Robert
Dallibert. .
Ces derniers déclarèrent qu'ils n'étaient pas tenus à
faire toutes les réparations et ils obtinrent gain de cause
devant la justice.
Alors, le général se retourna vers les chanoines de la
cathédrale de Nantes, curés primitifs, qui percevaient les
deux tiers des dîmes de la paroisse.
De son côté, missire de Marques demanda que ces
Messieurs fussent dépossédés de la partie qu'ils occupaient
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SUR LA PABOISSE DE GAMPBON 287
dans la cure, dans le jardin et dans les écuries, il voulait
enfin rester le maître chez lyi, le jour où il lui serait donné
d'y rentrer.
Le procès s'engagea et chacun fit valoir ses raisons, nous
verrons plus tard quel en fut le résultat.
1705. — MM. G. Moriceau et M. Meignen, prêtres.
1706. — Le 2 février, fut inhumé dans le cimetière, le corps
de missire Guy Toiles, prêtre de cette paroisse^ décédé hier
au village de la Douettée, âgé de 67 ans. Signé : de Marques
recteur deCampbon.
1707. - M. J. Ruai, prêtre. •
1709. — Le 13 mai, furent reçus à la bénédiction nuptiale,
écuyer Michel de Saint -Aubin, flls d'écuyer Pierre et
dame Françoise du Coudray ses père et mère, de la paroisse
de Lavau, et demoiselle Marie Hébert, fllle d'écuyer Jacques,
et dame Catherine de la Guerche, ses père et mère, delà
paroisse de la Ghâtaignerais, évêché de Luçon et demeurant
depuis dix mois dans cette paroisse.
Signé : Michel de Saint-Aubin, Marie Hébert, Guyenne
Meignen, Françoise Loysel, Honorât Baye, Méries, J. Ruai»
R. Gérard, de Marques, recteur.
1710. — MM, J. Lebeau, prêtre, Jean Dréal, vicaire.
1711. — Le 12 janvier, a été baptisé Pierre, né ce jour, flls
d'écuyer Michel de Saint-Aubin, sieur du Vigneau et dame
Marie Hébert sa compagne ; parrain, écuyer Pierre de Saint-
Aubin, seigneur de la Chaussée, chef de nom et d'armes, et
marraine, demoiselle Françoise Loysel , compagne d'hono-
rable homme Jan Méries, sieur de la Ville Fouere.
Signé : Françoise Loysel, Pierre de Saint- Aubin, J. Méries,
Michel de Saint-Aubin, De Marques, recteur.
MM. J. Bourgeois et P. Ertaud, prêtres.
Sur les dernières feuilles du registre de 1711 nous
288 NOTES HISTORIQUES
trouvons copié d'un long arrêt de la cour de Rennes, rendu le
27 juin dé la dite année, à la requôte de missire Joseph de
Marques, recteur de Campbon, contre le général des parois-
siens dudit Campbon, leâ héritiers de feu missire Robert
Dallibert, en son vivant vicaire perpétuel de celte paroisse,
les nobles et discrets doyen, chanoines et chapitre de la
cathédrale de Nantes.
Nous en extrayons ce qui suit :
« Faisant droit à la dite requête, condamnant le grénéral
de la paroisse a réparer et rétablir les logements du près*
bytère, les mettre en état d'habitation pour le sieur de
Marques, vicaire perpétuel ; condamnant les doyen, chanoines
et chapitre, d'abandonner pour le logement du dit de Mar-
ques, la portion par eux prétendue, jardin, écurie, étables, et
à les mettre en état de réparations dans un délai de trois
mois ; Néanmoins le dit de Marques donnerait une chambre
et un lit pour un chanoine lorsqu'il viendrait faire les
fonctions curiales aux quatre fêtes de Tannée ;
Condamnant les héritiers de Robert Dallibert à réparer
également dans les trois mois, la portion dont ledit Dallibert
avait joui comme vicaire perpétuel ;
Les grosses réparations restant à la charge du général et
les menues, à celle des héritiers Dallibert ;
Condamnant le dit général a payer 70 livres par an pour le
logement pris à ferme au bourg de Campbon, de David du
Gasset, du jour de la prise de possession du recteur ;
Condamnant le chapitre à libérer et indemniser qui de
droitdes frais de la procédure qui amena cette condamnation.
Le jugement ordonne en outre que par devant l'Alloué de
Savenay*, les Lebrun frères, Pierre Doceul, Gilles et François
Meignen, Jean et Michel Méries et Louis Nicolas, qui sans
doute avaient dû tenir contre recteur des propos déshonnôtes,
' V Alloua eBi un juge, c'est ie lieutenant du Sénéchal, ce n*e8t doncpv
un nom d'homme comme récrit l'auteur du registre de la paroisse de
Campbon qui l'appelle le nommé V Alloué de Savenay*
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J
SUR LA PAROISSE DE GAMPBON
289
reconnaissent de Marques pour homme d'honneur, non noté
des injures mentionnées dans leurs requêtes, et ce, en pré-
sence de six notables paroiSiSiens au choix du demandeur;
les condamne aux dépens; ordonne que le présent arrêt
sera lu en chaire au prône de la grand'messe, un dimanche,
par le premier prêtre requis ;
Ordonne que les titres de la paroisse seront* remis aux
archives sous trois clefs qui seront données, Tune à de
Marques, l'autre au procureur fiscal de la juridiction et la
troisième, aux marguilliers en charge. »
Ensuite est écrit : «Cet arrêt fut rendu le 27 juin 17H,
après six ans de procédure, et a coûté 18000 livres de frais et
des peines incroyables à toutes les parties.
€ Priez Dieu pour celui qui l'a fait rendre ! »
(A suivre), de la Pateluère.
DMISAIRE DE BRETAGNE
-«OH
LES RÈGLES DE LA DEVISE
IV
LB corps humain est ce qu'il y a de plus noble dans la
nalure, et si Dieu l'a pétri d'argile
€ Os homini subliqie dédit, cœlumque tueri.
Jussit, et tendere ad sidcra vultus. #
il permit à l'homme de porter haut la lôle et de tourner
son visage vers les astres) Ovide.
A ce titre il rentrerait dans le cadrQ de la devise et en
serait un des plus beaux ornements. Cependant tous les
bons auteurs l'en ont exclu, sauf Ruscelli.Aresi et Tesauro, et
la raison qu'ils donnent de celte exclusion est péremptoire.
Ne l'oublions pas, la devise est essentiellement une compa-
raison métaphorique entre elle-même et celui qui la porte.
« Elle a pour but, de montrer la proportion qui existe entre
f. VI. — DOCUMENTS. -«- VI* ANNÉE, 6" LIV. 20
292 JDBVISAIKE UE UllETA.GXE _ .
l'homme cl la figure, 3ur quoi la similitude est fondée*. » II est
impossible de comparer une chose àeîle-môme: le corps hu-
main à Ihomme. ELirouverail-on quelques sujets de compa-
raison en tiC un homme et un aulro, celte comparaison ne serait
pas métaphorique. « Le propre de la métaphore, dit encore le
P. Bouhours, est de transporter une signification de son lieu
propre à un sujet étranger, coquine se peut faire à l'égard- de
laction d'un homme et de celle d'un autre homme, étant tous
deux de la môme essence et dans le môme ordre. » Ainsi les
devises de plusieurs rois,capilaines et savantsdu dix-septième
siècle, sont fausses, malgré la pensée souvent ingénieuse
qui les a inspirées. Lancelot de Taille, capitaine et auteur
dramatique, portait un homme foulant un monde aux pieds»
et serrant à la main une pique sur la banderolle de laquelle
était écrit cet hémistiche de Virgile : Non inferiora seciitus,
(N'a pas fourni une carrière moins glorieuse). On peignit
pour Philippe II. après l'abdication de Charles-Quint, un
.Hercule portant le ciel, avec ces mots : Ut quiescat Atlas.
(i-uur qu'Atlas se repose).
A propos de la réforme de la monnaie d'Henri III, en 1577,
Adrien d'Amboise proposa de frapper des jetons sur lesquels
on verrait le Dieu des richesses assis sur un cube, les ailes
ployées, les yeux bandés, et garolté de grosses chaînes d'or
avec ces mots écrils sur le cube : Sedet œtcrnitmque sedcbii.
Celte image bizarre, trouvée alors très belle et très signifi-
cative, voulait dire, paraît-il, que l'on espérait ta fixation dé-
finitive de la valeur et de l'alliage des monnaies. Malgré les
figures humaines d Hercule et de Plutus, ces deux dernières
devises ne furent pas universellement blâmées. Certains
maîtres acceptaient volontiers les dieux de la fable. Ils ou-
bliaient que toute la religion des Grées et des Latins était
fondée sur l'antropomorphisme, et que les attributs dont ces
prétendus dieux étaient munis, les costumes extravagants
» Entretiens d'Ariste et d'fîugèn^.
/Googlie"
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DEVISÂIUB DE BRETÂGNS 203
dont ils étaient parés ne suffisaient pas à leur ôter la forme
humaine. Jupiter et son tonnerre, Hercule avec sa massue
et sa peau de lion, Bacchas avec son thyrse, Silène et son
tonneau, l'Amour et son arc, etc., sont donc prohibés. Il en
est de mémo de Satan, à qui Ton adonné ja figure d'un
homme hideux et convulsé, des fées, des nains et de toutes
les formes sous lesquelles on s'est plu à représenter les
mauvais esprits. On no doit faire grâce aux portraits et aux
statues qu'à une seule condition : c'est qu'ite entrent dans la
devise, non comme portraits et reproductions de la figure
humaine, mais comme œuvres d'art. La comparaison qu'on
en tire n*a alors aucun rapport avec la personne dont les
traits ont été peints ou sculptés, telle cette devise, où l'on
voit une main armée d'un ciseau, achevant la statue d'un
grand homme : Perficitur diim cœditur (En la frappant on la
rend plus parfaite), lit-on sur le socle. En cela, il n'est
ici question d'aucune figure spéciale, et la statue représen-
terait-elle Alexandre ou César que cela n'ajcfuterait rien i
l'idée.
Mais la main tenant un ciseau suffirait à gâter cette devise.
Les différentes parties du corps humain ne sont pas plus
admises que le tout. Il paraît choquant et monstrueux à plu-
sieurs auteurs dje les voir séparées et coupées, comme une
oreille en l'air, un œil au bout d'un sceptre, un cœur au haut
d'une pyramide, une main coupée sur un livre. Il est cepen-
dant permis de figurer une main sortant d'un nuage, parce
qu'alors elle n'est pas coupée et que le reste du corps est
supposé caché par ce nuage. Los maîtres nous semblent ici
bien sévères, et nous passerions outre, au moins pour la
main. C'est du reste le sentiment de plusieurs bons juges
dans la matière, entr'autres celui d'Aresi. « Elle est, dit-il,
d'une nature particulière, et propre à fonder non-seulement
une comparaison, mais aussi une métaphore. » Il en apporte
un exemple tiré de la distinction et de l'inégalité des doigts,
qui rendent la- main plus belle, et pour ''aire une devise, il
294 DEVISAI RE DE BRETAGNE
ajoute ces paroles : Disparitate pulchrioVy (l'inégralité me
rend plus belle). Il préfend exprimer par là que la diversité
des esprits et des humeurs rend la société des hommes plus
agréable.
Le mot de la devise est, pour ainsi dire, son nom, dit Adrien
d'Amboise. « C'est un vieil proverbe, puisqu'un beau nom
ne coûte non plus à donner qu'un laid, les pères ne doivent
jamais estre chiches ou négligens d'en procurer un beau à
leurs enfants. Ainsi les autheurs des devises ne doivent leur
espargner quelque beau et délectable subiet, ny aussi quelque
beau mot pour y servir d ayde. » Il n'en est pas toui-à-fail
ainsi. L'âme dte la devise ne la nomme pas, ce serait la rendre
trop claire, et contrevenir à ce que nous avons dit précédem-
ment. Elle doit en faciliter l'interprétation, et cacher le sens
juste assez pour piquer la curiosité et exciter l'esprit La
clarté ne dépend pas du grand nombre de mots, et souvent
un seul en dit plus qu'une douzaine. Mais, là encore est un
juste milieu dépendant de mille circonslances; il fautdu tact
et du goût pour le rencontrer. On convient généralement
qu'un mot employé seul a trop de sécheresse et de dureté, il
est disgracieux à l'œil comme à Toreille. Par exemple, le
Fac (agis), des chanoines de Guérande, WEternitati (A l'éter-
nité) de Pierre Le Marchant, trésorier de France à Caen. Le
premier n'a qu'une syllabe et le second en a cinq et tous deux
sont sans harmonie. Deux ou trois mots valent mieux.
VAtavis et armis des Chasteigner; le Percussus surgo des Cha-
bot, ont du nombre et sont agréables à entendre. En somme,
on peut aller jusqu'à trois mots de trois syllabes, et dire ce
qu'Aristote disait des convives d'un festin bien ordonné :
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DEVISAIRE DE BRETAGNE 295
« Au moins autant que les Grâces, jamais plus que les Muses. »
Ce précepte n'est pas si exclusif qu'il ne souffre une excep-
tion en faveur de la poésie. Le rythme du vers chatouille
Toreille, et les maîtres autorisent quatre ou cinq mots et
plus, surtout dans les vers italiens dont la cadence est si
gracieuse. On peut donc choisir pour sa devise un hémis-
tiche d'un poiite ou môme un vers tout entier, mais c'est là
tout ce qui est accordé et l'emploi, du plus court distique
est, à leur avis, une faute. En outre, ce que Ton recherche
dans le vers c'est l'harmonie, il faut donc bien se garder de
tailler à tort et 'à travers dans Tœuvre des poètes et de la
défigurer. Deux mots pris au milieu d'un vers, enjambant
d'un hémistiche sur l'autre, ne sont plus que de la prose, et
souvent assez mauvaise. Il faut donc chercher avec soin, et
si Ton tient absolument à tirer Tftme de sa devise d'un bon
auteur, il n'en manque pas : la Bible, les sentences des
philosophes anciens et modernes, les proverbes et les dictons
populaires tant de fois recueillis, les poètes grecs et latins
dans l'antiquité, et la multitude des poètes modernes de tous
les pays; voilà, nous semble-t-il, une mine inépuisable. Si
l'on donne aux paroles de l'auteur, un sens différent du sien,
la devise n'en sera que plus spirituelle. Par exemple, Virgile
dit en parlant de la renommée : Mobilitate viget^ viresque
acquirit eundo^ on a appliqué ingénieusement Mobilitate vigei,
à une horloge, et Vires acquirit eundo, à une rivière. Ce
genre dé travestissement n'est pas difficile à opérer et
quelques érudits du bas empire, à qui l'on ne peut refuser,
à défaut de, talent, une mémoire heureuse et une patience à
toute épreuve, l'ont bien prouvé. Ils se sont attachés à écrire
des poèmes uniquement composés d'hémistiches de Virgile
et leurs œuvres, appelées centons, sont un curieux monu-
ment du mauvais goût byzantin. Une de ces pièces, compa-
rables au manteau d'Arlequin, a pour auteur Probo B^alconia
et, composée sous Théodore le Jeune, contient toute l'histoire
du vieux et du nouveau Testament. Un savant du moyen-
296 DEVISÀIHE DE BUBTAANE
âge, rilalien Lœlini a donné clans le même travers; et
presque Ions les faiseurs de devises, le P. Lemoine et le
P. Méneslrier entr'aulres, ont largement puisé dans Virgile
et dans Horace.
Qu*il soit tiré d'un prosateur, d'un poète, ou du cerveau de
celui qui le cherche, que le nombre de ses syllabes soit pair
ou mieux impair, pour se conformer à Tadage : Impari nu-
méro gaudet divinitas, qu'il soit court ou s'allonge en hexa-
mètre, le mot de la devise doit être vrai, c'est-à-dire ne rien
exprimer qui ne soit contenu dans le corps, et ne donner à ce
corps aucune propriété qu'il n'ait en lui-môme , ni aucun
sentiment dont il ne puisse faire preuve. D'après cela, toas
les mots qui expriment une pensée morale, ou qui ont rapport
seulement à la personne, ne sont pas justes, comme :
Domine, probasti me, pour l'or dans le creuset; Ardo y adoro,
pour lencens allumé dans l'encensoir; At lacrymis mea vita
viret , pour lamaranthe dans l'eau; car ces paroles ne
peuvent s'entendre sans fausseté, ni de Tor, ni de l'encens,
ni de Tàmaranthe ; l'or ne parle pas à Dieu, l'encens ne peut
adorer, et personne ne vit jamais pleui*er l'amarantlie. Si le
mot ne convenait quà Ta figure il serait aussi défeYîtueux; il
faut qu'il se rapporte à la figure et à la personne, et soit
cDUçu en termes assez équivoques pour s'appliquer à chacun
en particulier et aux deux ensemble Un exemple le fera
mieux comprendre. Outre son : Que sais-je? Montaigne avait
une autre devise, c'était deux épis,, dont l'un très gros se
penche vers la terre, l'autre très mince, reste droit sur sa
tige :« Plus il est plein, plus il s'abaisse; plus, il est vide,
plus il se relève. » A part la trop grande longueur du mot,
cette devise est excellente. Le sens littéral est que sa pesan-
teur courbe l'épi, mais le sens moral est plus profond : les
sots ont seuls de la jactance, a voulu dire l'auteur des Essais,
et le savant véritable est modeste. Ici les deux sens frappent
d'un seul coup l'esprit qui compare, et se rend en môme
temps compte de la figure et de la chose figurée. De plus.
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DEVISAIRE DE BRETAGNE 267
cette devise confient une antithèse, et cela n'est pas son
moindre agrément. La herse dus Hersart, avec ces mots :
Evertit et arquai ; un miroir et : Omnibus et nulli, sont des
modèles à imiter, surtout si Ton peut rencontrer deux mots
ayant à peu prèi lu même consonnance, sans avoir la môme
signification. Patiarut potiar, a-t-on dit pour un papillon
qu'attire un flambeau. D'ailleurs le mot sera toujours bon.
du moment qu'il sera spirituel et ingénieux.
Afin d'ajouter encore à cette ingéniosité, on a recommandé
le changement de langue, et ce précepte a été suivi assez
scrupuleusement. Les Français, les Italiens, les Espagnols
un peu moins poat-Ôtre, se sont prêté leur langue maternelle,
et le latin, le grec, voir même Thébreu, n'ont pas été oubliés.
Tant que des prélats instruits, de doctes académies et des
hommes d'éludé sont seuls à se servir de ces deux derniers et
savants idiomes, ils se comprennent entre eux et ça leur
suffît, mais si des hommes d'épée comme les Montmorency,
dont la première devise est a7cXavoo(sans errer)avec une étoile
pour corps, si des femmes, comme la reine Catherine de
Médicis, dont la devise est un arc-en-ciel, avec ces mots
^ôi; 9c;oi Y) c; yaAf.vr.v, (qu'il porte la lumière et la tranquillité),
adoptent le grec ou l'hébreu, c'est évidemment une faute de
goût et une erreur de jugement. Ces devises sentent trop
la main du chapelain et deThistoriographe. Il vaudrait mieux
qu'elles fussent plus simples, et que ceux qui les portent,
pussent en être cru des auteurs. Les langues vivantes de
nos pays frontières sont toutes représentées dans les devises.
On les rencontre dans toute la France, mais principalement
italiennes près des Alpes, espagnoles au pied des Pyrénées,
flamandes dans le Nord, allemandes sur les bords du Rhin.
Gependatit, chose digne de remarque, nous n'avons presque
pas de devises anglaises, tandis que les Anglais possèdent
un grand nombre de devises françaises. « Et pourtant, dit
Larrousse, si les Normands du duc Guillaume le Conquérant
ont envahi et subjugué la Grande-Bretagne, par contre nos
238 DKVISAmE IJE BRETAPiNE
A*oisins d'Oûlre-Manché ont occupé assez 4ongtét&^^ne
partie du sol français, notamment la Guyenae. 0^ii qbe la
race anglo-saxonne vient plus facilement à hoiis que nous
n'allons à elle. » Il ne faut pas oublier les langues €t les
patois de l'intérieur de la France. Plus d'un vieux diclon
populaire, plus d'un vers de fabliaux ou de chansons s'est vi
transporter sur le listel d'un écusson fameux, et, Basques
et Picards^ Limousins et Gascons, Bas-Normands et Bretons y
ont fait assaut d'esprit et de fine raillerie. Le Breton surtout
convient merveilleusement à la devise, de sa concision expres-
sive jaillit l'idée avec plus de force, et la singularité bizarre
et heurtée des mots leur donne du piquant et leur kisse
l'attrait mystérieux de tout ce qui louche aux Celles.
E. DE BoeERET.
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NOTES HISTOHIQ'JES
St'R LA
PAROISSE DE CAMPBON
(Suite.)
1712. — Le 24 juillet, a été baptisé Micliel, flls d'écuyér Michel de
Sainir Aubin, sieur du Vigneau, et dame Marie Hébert^ sa compagne,
demeurant en ce bourg; parrain, écuyer François de Besné,
83igneur dudit lieu, et marraine, dams Marie Avril, compagne
d'éciiyer Pierre de Saint-Aubin, sieur de la Chaussée.
Signé : Marie Avril, François de Besné, Françoise Loysel, Michel
de Saint-Aubin, de Marqués, recteur, etc.
1713. — MM. Judic, G. D3spinose, Julien Richard. Jan Tregret,
G. Briand. prêtres et vicaires.
1717. — Le 15 juin, furent reçus à la bénédiction nuptiale, noble
homme Damien Rouyer, sieur de la Pinellière, âls de feu noble
homme Urbain Rouyer, sieur de Varennes, avocat au parlement de
Paris, et demoiselle Marie Delaunay, ses père et mère, de la paroisse
de Yigneux, d'une part ; et demoiselle Marie-Anne Gérard, fille de
noble homme Rolland Gérard et demoiselle Guyenne Meignon, ses
père et mère, d'autre part.
Signé : Rouyer, Anne Gérard, de Marques, recteur, etc.. etc.
Le 29 juin, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse, le
corps de vénérable et discret missire Robert Dallibert, prêtre de
cjtte paroisse, âgé de 40 ans. Signé : Paviot^ piiôtre, M. Meignen.
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300 NOTES HISTORIQUES '
prêtre, G. Moriceau, prêtre, P. Charpentier, prêtre, Yves Davy,
prêtre, G, Briand. prêtre.
1720. » Le 25 novembre^ fut inhumé dan» le cimetière de cette
paroisse, le corps de missire Jan Tregret, prêtre, décédé hier au
village de la Bosse, âgé de 42 ans. Signé : J. Richard, prêtre, vicaire.
M. G. Roger, prêtre.
\TZ2. — Le 5 février, ont été reçus à la bénédiction nuptiale,
écuyer Honorât Baye, sieur de la Gohardiôre, flis d'écuyer Honorât
Baye, aussi sieur de la Gohardière, et dame Jane Edenin, ses père
et mère, et Janne Orain, fille de Yves et Françoise Lcgentilhomme.
Signé : Honorât Baye, Michel de Saint-Aubin, Françoise Bizeul,
la de Marques, Lorieux, do Marques, recteur, etc.
17*23. — MM. Plissonneau et Briand, prêtres.
17:^4. — MM. De Faye et M. Morin, vicairos.
1725. » MM. Bodin, G. Rolland, P. Lebeau et P. Meignen, prêtres.
Joseph, fUs d'écuyer Jacques Loaisel, sieur de la Ricardelays, et
dame Marguerite Gazet, a été baptisé le 7 juin ; parrain, messire
François Gazet, écuyer, sieur du Ghastelier, et marraine, dame
Apolline Le Meneust, vouve d'écuyer Joseph Gazet.
Signé : Apolline U^ Meneust, François Gazet du Ghastelier, Marie
Loyselde Bino, Renée Gazet, François Paul deBino, Jacques Loalsel,
Bodin, prêtre, et M.. Morin. vicaire.
M. P. Meignen, prêtre.
1727. — Le corps de missire Joseph de Marques, recteur de cette
paroisse, &gé de 52 ans, décédé le 3 avril, a été inhumA le cinq du
présent mois dans le cimetière do cette paroisse. La cérémonie faite
par missire Yves Galerne, recteur de la paroisse de Bouvron, en
présence des soussignés.
Signé : J. Paint, Morin, vicaire, P. Lebeau, vicaire, M. Meignen,
prêtre, P. Meignen de la Salle.
Ce fut sous l'administration de M. de Marques, pendant le carême
de 1709, que le R. P. Grignon de Montfort donna à Campbon une
mission qui dura sept semaines et fit beaucoup de bien dans la pa-
roisse. Pendant ce temps, le bon père s'ocîupa non-seulement du
salut des àmos, mais encore il entreprit de restaurer l'église et il y
réussit avec le seul concours de la population.
Sur la fin de cette mission, dit un de ses collègues, M. Desbatières
le R. P. faillit perdre la vie à Campbon : ces deux pères devaieot
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SUR LA PAROISSE DE GAMPBON 301
se rendre k Pontch&ieau, pour visiter les travaux du Calvaire,
lorsque, la veille au soir, une femme vint trouver le P. Desbatières
et lui dit efâ pleurant qu*il fallait bien se donner de garde d'aller à
Pontchàteau avec le P. de Montfort, car cinq hommes devaient s*ap-
poster sur le chemin pour les assassiner, elle les avait entendus
tramer leur complot et se donner rendez-vous à quatre heures du
matin.
La tradition prétend que ces cinq hommes étaient du village de
lUonlmignac et qu'ils s'étaient postés dans le bois de Bâtine,
Le P. de Montfort, prévenu de ce danger ne fit d'abord qu'en
rire, mais il consentit cependant à rester à Campbon et Ton apprit
depuis que les gens, qui avaient sans doute été payés pour l'assas-
siner, l'avaient attendu tout, le jour. On chercha à compromettre
dans cette tentative la personne du recteur de Marques qui se
trouvait alors à Nantes où l'on prétendait qu'il aurait tenu certains
propos qui pouvaient faire supposer qu'il était au courant de l'affaire.
Nous n*en croyons rien, mais cette calomnie ne nous surprend
pas lorsque nous songeons que le fameux procès intenté par le
recteur au général de la paroisse, aux héritiers Dallibert et au
chapitre de la cathédrale était alors en suspens et que dès lors, de
grandes inimitiés s'étaient élevées contre M. de Marques,, non-seule-
ment à Campbon, mais encore à Nantes.
Le 18 mai 1727, nous voyons la signature de MUsire André Godin^
recteur de Campbon.
M. Nourisson, prêtre.
172S. — Le 19 octobre, a reçu la cérémonie du baptême, Jacques,
fils d'écuyer Jacques Loaisel, s' de la Ricardelays, et dame Mar-
guerite Gazet, son épouse ; parrain, noble homme Joseph Bruneau,
s' de l'Aubretière, advocat & la cour, et marraine, demoiselle Mar-
quise Anne Josse, demoiselle de Beausoleil.
Signé : Marquise Anne-Josse de Beausoleil, Marie Hébert de Saint-
Aubin, Guyenne Meignen , Françoise Meignen, Anne Mérot, Pé-
lagie-Yvonne Josse, F. Meignen, Brun: au de l'Aubretière, Jacques
Loaisel,. J. Tregret, vicaire*..
1729. — Le 26 décembre, a été inhumé dans le cimetière de cette
paroisse, le corps de missire Guy Roger, prêtre, âgé de 40 ans, dé-
cédé hier au village de Magouët. — Signé : M. Meignen, prêtre*
Rolland Glotin, P. Meignen, prêtre, A. Godin, recteur.
* Cet enfant devint prêtre et mourut it l'âire de GO ans, le & novembre 1788,
rectear de Saint-Etienne de -Montlue. - > -
/
302 NOTES HISTORIQUES -
1730. — Le 20 juin, a été inhumé dans le cimetière de cette |to-
roisse, le corps de noble et discret missire Pierre Meignen, sieur de
la Salie, prêtre, décédé hier en ce bourg, fi.gé de 64 ans.
Signé : Danard, prêtre ; F Charnacé, religieux de Saint-François ;
R. Girard ; des Hettières de Loréal ; Russon ; Poligné ; M. Meigeen,
prêtre ; G. Moriceau, prêtre ; J. Tregret, prêtre ; A. Godin, rect«Hr.
1732. — Le 30 septembre, a été bénite la petite cloche de cette
paroisse par noble et discret missire André Godin, recteur, sous le
nom de Henry ^Françoise, A été parrain, noble homme Henry
Meigneu, sieur de la Piumétays, sénéchal du duché de Coislin, pairie
de France, au siège de Coislin, en l'absence et au nom de haut et
puissant seigneur, Monseigneur Charles du Cambout, éYéqiie de
Metz, duc de Coislin, pair de iP'rance, \^' aumônier du Roy. oomman*
deur de Tordre du Saint-Esprit, seigneur de cette paroisse , et
marraine, demoiselle Françoise Godin, demoiselle de la Durandlère.
sœur du sieur recteur ; laquelle cloche a été fondue par le sieur
. Emmanuel Michel, fondeur.
Signé : F. Godin, H. Meignen, Rolland, J. Mérot, Roland Glotio,
Duchesne, Lorieux, PoUigné, Rouyer, Michel, fondeur, M. Meignen.
prêtre, G. Moriceau, prêtre, A. Godin, recteur, etc.
1735. » MM. Gilles Briand et Bouvron, prêtres et vicaires.
Le 7 Juin, ont été reçus à la bénédiction nuptiale, écuyer Honorât
Baye, veuf de dame Jane Orain, et dame Marie-Jeanne Merles, âlie de
noble homme Jean et demoiselle Françoise Loyseh les deux de cette
paroisse. Signé : Honorât Baye, Marie J. Mérlès, Perrine Méfiés,
Marquise Mérlès. Marie Rolland, Louise Rolland, J. Tregret, vicaire.
1736. » M. Briand Lambert de Boisjan, vicaire .
1737. — Le2mai, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse,
le corps de Louise de TEscorce, dame de la Hirtais, déeédée hier à sa
terre de la Hirtais, ftgée de 66 ans. Signé : J. Tregret, prêtre,
M. Meignen, prêtre, Bouvron, prêtre, Phi lippe, A. Godin, recteur.
1738-1740. — MM. F. Fauchier, J. Lesongeur, J. F. Glais,
Yauborel, J. Dallibert, vicaires.
Nous voyons également un prédicateur dominicain qui porte le
pom de Beaudeduict.
1742. — Le 30; janvier, ont été admis & la bénédiction nuptîftte,
écuyer Louis Butet, sieur de la Pannetière, flls majeur de feu éciryer
Louis Butet et dane Renée Massiguet, de la paroisse de Oaéraiide,
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et; demoiselle Marguerite Rolland, fille majeure de feu noble homme
«l^'H Rolland, Bieur de la Vallée, et dame Perrine Mérlès, de cette
paroisse ; en présence de messire Honorât Baye, sieur de la Gohar-
dière, demeuriint à saterredu Bois de la Lande, de noble maître
Frapçois Rolland, sieur de Tlsle, avocat au parlement, lieutenant
du marquisat de Blain, de demoiselle Rose Butet de la Pannetière,
sœur de Tépoux, demeurant à sa .maison de Boilabo, paroisse de
Guérande, de demoiselle Jane Marie Baye,parente des deux conjoints,
etc. Signé : F. Glais, vicaire, etc.
1743. — M. J. Legentilhomme, vicaire.
Le. l**" octobre, mariage de messire Charles Oliivier de laBéhinière,
veuf de Françoise Vistet et Thérèse Daviers, fllsdeCharleà Oliivier,
avocat &la cour, et de Catherine Jouneau, ses père et mère, de la
paroisse de Vlgneux, et demoiselle Marie Meignen, fille de messire
François Meignen, sieur de la Chaussée et demoiselle Anne Mérot,
de cette paroisse.
Le 30 octobre, fut inhumé le corps de vénérable et discret mis-
sire Gilles Moriceau, prêtre, décédé hier à Balasson, âgé de 67 ans .
Signé: J. Legentilhomme, prêtre. C* Bouvron, prêtre, A. Godin,
recteur
1744. » Le 13 mai, a été enterré dans le cimetière dé cette pa-
roisse, le corps do Julien Château^ frère tertiaire de Vordre de
SaifU^François^ décédé le 1 1 du courant à V Ermitage de Planté^ âgé
de 46 ans. Ont assisté au convoi : Henry Frère-j«iian, Gilles Frère-
jotîan, et Guy Cbàteau, frère du défunt.
Signé : J. Dallibert, vicaire, G. Frère-joiian, Henry Frère-joUan.
A |a suite est écrit :
« Le susdit frère Julien Château vécut 21 anssous l'habit de religieux,
desquels il en passa sept sans chaussures. Pendant les autres, il porta
des sandales par obéissance, après avoir longtemps résisté. U
demeura six ans dans une petite grotte plus semblable aux refuges
des bétes qu*à un asyle humain, d*où il sortit pour être transféré à
Termitage de Planté, oii il fut jugé plus nécessaire à l'édification
et instruction des fidèles de ces quartiers, que Téloignement de
réglise paroissiale obligeait de demeurer dans Tignorance des prin-
cipaux mystères de notre religion.
Il se soumit à cette translation, oii il vécut Tespace de quipze ans,
de la manière du monde la plus dure, ne mangeant qu'une .fois, le
jour, sur les quatre heures du soir. Il s'était interdit, hors le temps
demaladie, Tusage du vin, des viandes, du poisson et des œufs.
304 NOTÉS laSTORlQUEÔ
éi pendant un temps, le pain blanc, dont il fût cependant obligé
d'user par ordre de ses supérieurs, attendu qu'il s*était fait une loi
de Tivre d*aumônes à lui offertes librement, sans so permettre la
liberté d*en demander, à quels besoins quUl se vit réduit, et s'il eût
refusé le pain blanc, il se fut vu dans une perpétuelle nécessité de
manquer de tout. 11 couchait presque toujours sur io bois, avant
sous la tôte une bûche entaillée qui lui servait de traversier, se
levant à minuit. Toujours vêtu d^étofîe grossière, sans linge, aifliant
la solitude jusqu'à s'interdire toute conversation avec les hommes.
Des carêmes entiers, refusant à toutes femmes l'entrée de sa
grotte, à moins que ce né fût par ordre de ses supérieurs et en
leur présence.
Charitable envers les pauvres, jusqu'au point de distribuer, dans
les cahimités, les aumônes qui lui étaient, faites, avec un si grand
désintéressement qu'il so voyait souvent réduit à manquer du
nécessaire à la vie. Il prenait souvent la discipline et celle dont il
so servait était de fer, armée de pointes et d'éperons. II ne lisait
presque jamais la vie des Saints qu'il ne répandit un torrent de
larmes. Infatigable dans les exercices, on le voyait les dimanches
et fêtes, liuît heures & genoux, et dans certain temps, quinze. Il
vendit son bien peu après sa piise d'habit, dont il employa le prix
en œuvres pies. Il ât, au commencement de sa vie érémitique, un
voyagea Rome; auparavant il en avait fait un au mont Séran. à
Saint-Servais de Matreii et à Saint-Jacques en Galice, sans que la
dissipation, qui paraît inséparable des voyages, ait causé aucune
altéiation à l'intégrité de ses moeurs ni à la solidité de sa piété.
Les treize dernières années de sa vie, il n'en fit aucun. Pendant
quelque temps, il ne reçut que des pommes de terre. Il a passé quel-
quefois depuis le mercredi-saint jusqu'au vendredi au soir, sans
nourriture que l'Eucharistie. On lui a vu faire dix-sept lieues sans
manger. Il allait tous les jours à la messe et ft^équentait les sacre-
ments. > Signé : A. Godln, recteur de Campbon.
Le registre delà paroisse, fait en 1847, prétend qu'on voyait encore
à cette époque, du côté nord de la chapelle de N.-û. de Planté
et tout auprès, quelques traces du petit jardin q^e cultivait Julien
Château.
1745. — M. de la Chapelle, vicaire.
1747. — Le 23 novembre, a été inhumé dans le cimetière de cette
paroisse, le corps de missire Joseph PoUigné, clerc tonêurè^ dis de
messire Pierre PoUigné, procureur fiscal de Derval, et demoiselle
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SUR LA ^AROISSE DE CAMt>BON
Jeanne Gérard, son épouse, décédé hier en ce bourg, âg
— Signé : de la Chapelle, vicaire.
1741). — MM. F. Ohcix, J. Demars, P. Chotard, pr
175(): — Bénédiction de la cloche de St-Michel,
bien que la reconstruction du clocher, par lés soi^
discret Jean Tregret, de la Juhelais^ prêtre, dr
chapelle.
Le li) aoiit< fut faite par nous recteur souss'
de l'ordinaire, la bénédiction de la cloche de
Michel, frairio du 3Ions, en cette paroisse, '
nom cCAnne par messire Cyprien Moysen, p
cureur fiscal du marquisat de Coislin, et d
de messire Henry Meignon, sieur de la
marquisat, parrain et marraine; laquelle
fut élevée et placée dans le clocher
à neuf la présente année. Le tout en^
plusieurs autres assistants que la r
monie y avaient appelés. — Signé :
prêtre, Anne Camus de la Plume*
Plumetays, A. Godin, recteur de (
Le !iO octobre, ont été reçues
d*écuyer Pierre Pineau, sieur
écuyer Alexandre Pineau et r*
de Vilhoin, de la paroisse d
Jeanne Meignen de la Fonc^
Meignen, sieur de la Chaus*
de Coislin, et demoiselle A
d'autre part, par nous '
donné la bénédiction r
dudit sieur de la Char
Meignen, conseiller
Meignen, ses frères,
et procureurs dudf
Cambon, excepté }
Saint-Denys de Nr
Anne Marquise J
la Voirie, Pierr
recteur, etc.
1753. — M
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306 NOTES HISTORIQUE»
1756. » Le 10 juin, a été inhumé dans le cimotiëre do cette pa-
roisse, le corps de noble, vénérable et discret ciîssire André Oodin,
prêtre, recteur de cette paroisse, décédé le 8 du présont à sa mai-
son presbytérlale, kgé de 55 ans. Ont assisté au convoi les sous-
signés : M. Langlois de la Rpussière, recteur do la Chapelle-
Launay ; J. Ouériff, recteur de Besné; Richard, recteur de Quillv;
F. Oheix. prêtre ; P. Caillou, prêtre ; C. Bouvron, prôtro ; Brossaud,
prêtre ; Charpentier, prêtre ; J. Dallibert, prêtre ; Le Marié, prêtre ;
P. -P. Qaborit, recteur de Prinquiau.
Ce fût le 24 juin que missire Gabriel Lecomte^ prêtre de ce diocèse,
précédemment chanoine de Saint'Pierre Moulinais^ en Anjou, et
recteur de J ans, en ce diocèse, prit possession de la cure de Campbon.
MM. P. Caillou et J. Vaillant, prêtres.
1758. — Le 26 septembre. Monseigneur T Illustrissime et Révéren-
dissime Pierre Mauclerc de lA Muzanchère, évêque de Nantes, a
visité cette paroisse, accompagné de M. l'abbé de Hercé, vicaire
général. Signé : <}. Lecomte. recteur.
MM. Le Marie'', vicaire ; G. Gattepaille, prêtre.
1759. — Le 4 juillet, a été bénite par nous, recteur soussigné, la
petite cloche de cette paroisse, laquelle a été nommée Françoise-
Marie, par messire François Cresté de la Neuville, chevalier, officier
du régiment de Royal-Dragons, et par dame Marie-Françoise du
Being, veuve d'écuyer Rejié de Martel, dame du Série, soussignés,
en présence des soussignés et de plusieurs autres.
Signé : Marie-Françoise du Being de Martel ; Cresté de la Neu-
ville ; F.-J. Le Page, cordelier ; F.-J. Le Faucheux, cordelier j G.
Gattepaille, prêtre; G. Le Comte, recteur.
17(S2. — Le 9 novembre, a été inhumé au cimetière, le corps de
Henriette Le Lou de Beaulieu, demoiselle, fille de messire N. Le Ion
et de dame N. de la Roche-Palliëre, décédée hier au Série, âgée de
31 ans. Signé : R. Le Marié, prêtre; J. Vaillant, prêtre ; G. Le Comte,
recteur.
1765. ^ M. A. Bédard. prêtre.
1766. — Cette année, fut supprimée par ordre du Parlement, la
barrique de vin qu'on avait coutume depuis fort longtemps de dis-
tribuer à ceux qui faisaient leur communion pascale le jour des
fêtes de Pâques, en raison des abus quf eh résultaient.
L'usage qui existait également, de distribuer à chacun un petit
pain de la valeur d*un sou, disparut peu à peu.
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SUR LA PARCr^eE DE CAxMPBON 307
1767, - « L€i 11 février, fut faite la clôture de la mission qu'ont
donnée en cette paroisre les Messieurs ie Sainte-Laurent^ aux frais
et coûts de demoiselle Duchesne, veuve du Plessis, et à la faveur
des générosités des paroissiens.
Commencée le 4« jour de janvier, y ont travaillé : MM. Bénard,
supérieur. Durocher, Hacquet, Javelot, Renaud, Hervé^ Le' Cornée,
et un catéchiste sous-diacre, nommé Le Méhauté, .qui étaient avec les
prêtres habitués en cette paroisse : Vénérable et discret Gabriel Le
Comte, recteur, et MM. Vaillant et Bédard, vicaires, Tregret, Dalli-
bert, Legentilhomme, Demars, Charpentier, Crîaud, et un diacre
nommé Bédard.
Le succès avec lequel ont travaillé ces Messieurs, à la faveur du
grand concours du peuple à leurs instructions, les fait exhorter à
choisir ce temps comme le plus propre à faire mission, si jamais on
en demande en la paroisse. »
1768. — Le 8 janvier, miwire Jean Va i7/ah^ originaire de la pa-
roisse de Missillac et vicaire à Campbon, prend le titre de recteur.
Le 25 juillet, a été donnée par nous recteur de la Chapelle-Lau-
nay, la sépulture ecclésiastique, au corps de missiro Gabriel Le
Comte, ancien recteur de cette paroisse, décédé hier au presbytère,
ftgé de 62 ans, après avoir reçu les sacrements de TÉglise. La sépul-
ture à été faite en présence des soussignés. Signé : Richard, recteur
de Qiiilly; Jonic, recteur de Prinquiau; Bertho, vicaire de Besné ;
Ginguené, recteur de Drefféac ; J. Audrain, recteur de Pontchâteau î
Charpentier, prêtre.; J. Desmars, prêtre: J. Vaillant, recteur; A,
Bédard, prêtre, vicaire : P. Lemarié. vicaire ; J. Dallibert, prêtre;
J. Legentilhomme, prêtre ; M, Langlois de la Roussière, recteur de
la Chapelle-Launay.
1770. — « Le 4 février, au chapitre général de la paroisse de Camp-
hon, tenu ledit jour en corps politique, en la sacristie, après le 'son
de la cloche en la manière accoutumée, aux uns de billet de convo-
cation publié dimanche dernier au prône de la grande messe, signé
au certificat : Bédard, vicaire ; sur le réquisitoire de Jan Oheix, et
autres notables délibérants et marguiUiers en charge :
A l'endroit a comparu missire Jean Legentilhomme, prêtre, ori-
ginaire du village de LAubmais et y résidant, qui a représenté qu'il
désirait fonder une Mission, qui se fît de dix en dix ans, au mois de
mai, et fonder également 200 messes de l'office du jour, dites par les
missionnaires à chaque mission et & voix basse, à l'exception de trois,
laquelle mission durera sept ou huit semaines.
T. VL — DOCUMENTS. — VI® AN^ÉE, 6* LIV. 21
»5U» NOTES HISTORIQUES
En conséquence, ledit sieur Legeniilhomme donne et lègue à la fa-
brique de Gampbon deux contrats de constitution qui doivent rap-
porter chaque année cent francs de revenus, pour subvenir aux
frais de lamission^
Sur quoi, la chose mise en délibération, les notables représentant
le général ont déclaré accepter ledit don fait à la fabrique. »
Cette mission n'eût lieu qu*une seule fois, en 1782, puis la Révo-
lution arriva et détruisit toutes les fondations.
1771. — Le 2Î janvier, fut inhumé dans Téglise de la paroisse de
Gu. nrouôt, à l'entrée du chœur, par le recteur de la dite paroisse, le
corps de très haut et très puissant seigneur, messire Charles-Georges-
René du Cambout, chef de nom et d*armes, marquis dudit lieu et de
Coislin, chevalier, seigneur vicomte de Carheii, seigneur de Pont-
corhan, rEpinais-Chafaut, le Boulais et fiefs y annexés, baron de
Coôtrivas, Keravion, etc., maréchal des camps et armées du roy, né
à Carheii, de haut et puissant seigneur. Pierre Armand du Cambout
et dame Renée-Angélique de Talhouét-Keravion, le 15 février 1728,
marié à Paris au mois d'avril 1750, à haute et puissante dame, Ma-
ric-Anne-Mélanie-Françoise-Adélaïde de Mailly, décédé à son château
de Carheii le 20 janvier 1771. Ont assisté au convoi : baut et puis-
sant messire Charette de BriorJ, beau-frère de haut et puissant
messire Pierre du Cambout, frère du seigneur défunt et un nom-
breux concours de ses vassaux et habitants des paroisses voisines,
ainsi que les prêtres ci-après nommés, savoir : MM. Lebeau, rec-
teur de Guenrouêt ; Richard, recteur de Quilly ; Thélot, recteur de
Plossé ; Génouin, recteur de Fégréac ; Ginguené, recteur do Drefléaci
Brossaud, vicaire de Guenrouôt ; Landron, vicaire de Guenrouôt;
Minguet, vicaire de Plessé; Ménager, vicaire de Sévérac, et autres.
Ce jour, 30 de janvier, ditnn.a été célébré dans la dite église,
paroisse de Guenrouôt, un service solennel pour ledit seigneur dé-
funt, auquel ont assisté le dit messire Pierre du Cambout, son frère
unique, plusieurs autres personnes de distinciion, les officiers de
ses juridictions et un nombreux clergé. Signé : Bédard, vicaire de
Campbon.
1775. — Le 5 avril, a été inhumé au cimetière, le .corps de missire
Jean Legentilhomme, fondateur de la mission de cette paroisse, fils
de Michel et de Marguerite Bellain, décédé hier au lieu de la Moire^
trie, âgé de 56 ans, après 31 ans de préti'ise et exercice du ministère
* Les messes basses se payaient alors douze sols.
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SUR LA PAROISSE DE CAMPBON 309
en cette paroisse (il desservait la chapelle de Bessac). Signé : Bédard,
Ticaire, J. Vaillant, recteur.
M. P. Chaussun, prêtre*.
Le 30 juillet, a été inhumé au cimetière, le corps de vénérable et
discret missire Jean Vaillant, recteur de cette paroisse, décédé hier
à son presbytère, âgé de 58 ans, après huit ans de rectorat et vingt
d*exercice du ministère en cette paroisse.
Ont assisté à Tinhumation les soussignés :
Signé : Jonic, recteur de Prinquiau ; M. Langlois do la Roussière,
recteur de la Chapelle Launay ; J. Audrain, recteur de Pontchâtieau ;
Ginguené, recteur de Drefféac ; Maussion, recteur de Malleville ;
Brossaud, vicaire de Guenrouôt; Charpentier, prêtre; J. Demars,
prêtre ; Bertho, vicaire de Besné ; Richard, recteur de Quilly; Bé*
cigneul, prêtre ; J. Dallibert, prêtre ; P. Chaussun, vicaire; Bedard,
vicaire.
Le 28 septembre, nous voyons la signature de missire Charles
Badaud^ recteur^ né à Saint*Saturnin de Nantes et nommé & la cure
de Campbon le 8 août.
1776. — Le 5 février, a été inhumé au cimetière, le corps de missire
Jean Tregret> fils des feus Jean et Denyse Garnier, décédé hier à sa
maison de la Juhelais^ âgé de 78 ans, après douze ans de vicariat
dans la paroisse, 2G ans au service de la chapelle Saint-Michél et dix
ans de paralysie. — Présents, les soussignés et un très grand nombre
de paroissiens.
Signé : Bédard, vicaire; P. Chaussun, vie; C. Badaud, recteur.
1777. — MM. H. Briand et Chambily, prêtres.
1778. — Au baptême de Pierre-Mario Pichot, flls de maître Alain
'Pichot, avocat à la cour et procureur fiscal du marquisat de Coislin,
fut parrain, Pierre-Louis du Cambout, flls de messire Pierre, mar-
quis du dit lieu et de Coislin, baron de Keravion, vicomte de Carheil,
etc., et marraine, demoiselle Sophie du Cambout^ sœur du parrain,
qui ont signé avec d*autres.
Signé : P. L. du Cambout, Sophie du Cambout, Adélaïde du Cam«
bout, A. Pichot, Chambily, vicaire, C. Badaud, recteur, etc.
1779-1781. —MM. J.-B. Macé, Gastepaille, Moysan, J. Bessard,
vicaires.
* Né à Besné, le 9 avril 174b, mort curé de Sainte-Reine le 15 septembre
1815.
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310 NOTES HISTORIQUES
Le 8 aoftt 1779, M«» Frétât de Sarra, évêque de Nantes, visita la
paroisse de Campbon et y donna la confirmation.
Ce fut pendant cette Tisite qu*il fut décidé qne Ton ferait un rè-
glement pour établir les droits de la fabrique sur le luminaire, les
ornements et les sonneries.
1782. — M. V. F. C. Tilly, vicaire.
La mission décennale fondée par M. Legentilhommie eut lieu cette
année. Elle fut donnée par les missionnaires de Saint-Laurent,
MM. Urien, Javelot. Suppiot, Arquet, Renaud et Mequignon.
1783. — M. P. Cran, vicaire.
1784. —■ M. J. M. Couvrand, vicaire.
Le 8 septembre, a été, par nous recteur soussigné, baptisée Adé-
laïde-Emilie, née d'hier en ce bourg du légitime mariage de mes-
sire Barthélémy Huet du Pavillon, procureur fiscal du marquisat
de Coislin, et dame Anne Boutard de TOrgerie; parrain, messire
Louis Godet, chevalier de Ch&tillon, et marraine, demoiselle Adélaïde
du Cambout, fille de haut et puissant seigneur messire Pierre du
Cambout, comte du dit lieu, marquis de Coislin, baron de Keravion,
vicomte de Carheil, etc.
Signé : Adélaïde Coislin du Cambout ; Louis Godet, chevalier de
Chatillon ; Godet de Chatillon ; Huet ; C. Badaud, recteur, etc.
MM. Henri Briand et Plissonneau, vicaires.
1785. — Le 1" janvier, a été inhumé le corps de missire Robert
Charpentier, prêtre, décédé d'hier au lieu de Bocquehan^ âgé de
59 ans, fils de Rolland et de Perrine Bouvron ; en présence de mis-
sire Henri Briand, prêtre, Joseph-Marie Couvrand, vicaire.
Signé : J.-M. Couvrand, H. Briand, C. Bailaud, recteur.
PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE.
1790. — M. Charles Badaud fut un des 103 prêtres nantais qui
Signèrent l'adresse à l'Assemblée nationale, pour protester contre
le serment de fidélité qu'on voulait exiger des ecclésiastiques. H fi*
connaître à ses paroissiens sa manière de voir sur ce point et sa
résolution sincère de ne jamais trahir sa conscience.
Cet acte de fermeté lui valut une dénonciation à l'Assemblée na-
tionale, et à la séance du 26 novembre, il fut désigné en particulier
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par le citoyen Voidel pour avoir osé protester publiquement contP3
le décret du 12 juillet.
1791. — IX^s les premiers jours de janvier, M. Badaud se. vit
poursuivi par Taccusateur public près le tribunal du district pour
avoir prononcé en chaire, le 2 janvier, un discours incendiaire,
engageant ses paroissiens à persister dans leurs sentiments religieux
et à se défier des maximes des nouveaux philosophes, vouant à
Tanathème quiconque usurperait les bien» de TEglise.
Au mois de février, la cure et ses dépendances furent vendues.
Au 21 juillet, nous voyons encore la sig'naturo de M. Badaud &
l'acte de baptême de Louis-Joseph Huet du Pavillon. Le 26,
M. Badaud recevait Tordre de quitter sa cure pour faire place
à Vintrus qui venait d'arriver escorté par 300 cavaliers.
Depuis lors, M. Badaud erra ça et là dans la paroisse et les
paroisses voisines jusqu'au 10 avril 1794, jour où il fut arrêté.
Dénoncé par un de ses paroissiens, du village de Bessac^ il fut
recherché près du village de la Fouays par une troupe républicaine
qui avait déjà traversé le village sans le voir, lorsqu'un homme
du Verger, qui venait après les autres, l'aperçut et le signala à la
troupe qui, revenant sur ses pas, le saisit et le conduisit à Savenay.
Après un interrogatoire sommaire dans lequel il déclara posséder
quelques eflfets chez son frère, rue des Halles, à Nantes, on le con-
duisit dans le cimetière où on le lusilla, le 27 germinal an II,
16 avril 1794, renonçant au projet que l'on avait eu de l'exécuter
sur la place au moment du marché, dans la crainte qu'il ne fut
délivré. 11 était âgé de près de 60 ans. Son corps repose sous la
tour de Téglise actuelle de Savenay.
Le sieur P., dénonciateur de M. Badaud, reçut 300 francs pour ré-
compense de sa trahison, mais il ne jouit pas longtemps du fruit de
son crime : Etant allé quelques jours après, avec sa charrette et ses
bœufs, chArcher des pièces de bois, il s'enivra et étant monté sur sa
charrett j. celle-ci versa et en tombant il fût écrasé par une bille*.
Le prix du sang ne lui avait pas profité plus qu'à Judas.
Au mois de juin 1792, M. Henri Briand, né à Campbon, chapelain
de Saint-Michel, fort avancé en âge, fut arrêté à Savenay et conduit
à Nantes où il périt dans la noyade du 17 novembre, avec un habi-
tant de Campbon nommé David",
* Registre de la paroisse,
s Regpistrè de la paroisse.
312 NOTES HISTORIQUES
A/. Couvrand, Joseph-Marie, né au village de . la Grée, paroisse
d'Ëscoublac, était vicaird à Gampban lorsqu'il refusa le serment;
il se retira d*abord dans sa paroisse natale, puis il revint à
Campbon et se cachait au village de Bécigneul chez deux
vieilles ûlles, lorsqu'il fut dénoncé par un nommé A. B. demeurant
au \ï\\a.ge du Nubie. C'était dit-on un assez bon homme, mais il
exerçait les ionctions de maire et comme tel il était vivement
pressé et on le menaçait de lui enlever la vie, s'il ne faisait con-
naître la retraite de M. Couvrand.
Ce fut donc lui qui conduisit la troupe à la maison où il savait
que se réfugiait le vicaire, mais il n'en fut pas moins arrêté avec
lui et les deux vieilles filles qui le logeaient, le 24 juin 1794, et fusillé
avec Tune d'elles et M. Couvrand, dans le cimetière qui entourait
l'église. Ils furent jetés tous les trois dans la même fosse, en face
de la porte du Rosaire' .
ilf . Robert Plissonneau était né à Campbon et chapelain de Sainte-
Anne; signalé comme particulièrement odieux aux républicains qui
après avoir arrêté M. Couvrand disaient de lui : c Nous avons
cette fois-ci Couvrand, il ne nous reste plus que ce b. de Plisson-
neau que nous aurons avant quinze jours ! »
Malgré cet acharnement, M. Plissonneau échappa à toutes les
poursuites et continua pendant les mauvais jours à exercer secrè-
tement les fonctions du saint ministère dans la paroisse de CampOoo.
Il était aidé dans son travail par M. Charleé David, du village du
Broussais dont nous parlerons plus tard.
Le calme rétabli, M. Plissonneau fut adjoint au curé de Saint-
Nicolas de Redon, pour Tadministraiion de la paroisse, il y mourut
le 21 septembre 1805.
Au chapitre de Bouée, nous avons vu comment finit M. Piene
Cran né à Campbon et arrêté en cette paroisse, au village de Bâline,
le 23 mai 1793.
Le 5 prairial an II, 24 mai 1794, M. Jean Grain, diacre, du village
de la Fouays, fut arrêté au lieu dit le Point-^u-Jour , d'après
le billet envoyé au département, et d'après le registre de la
paroisse, près du village du Grand-Seuvre, par des volontaires du
5^* bataillon de la Manche, sur la dénonciation d'un habitant du
bourg. Conduit à Savenay, il y rencontra M, Judic, originaire de
Prinquiau, qu*on venait d'arrêter dans sa paroisse.
' He^ifltre de la paroisse.
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314 NOTES HISTORIQUES • -
Il arriva à Cam^bon vers neuf heures du matin, au moment od
M. Couvrand ayant dit la pramlèra m:)SS9, M. Bidau 1 S3 disposait à
dire la grande ; il s'empressa de prendre possession de Féglise, ce
que voyant, un certain nombre de personnes charitables allèrent,
prévenir MM. Badaud et Couvrand qui étaient à la, cure et se
hâtèrent de pourvoira leur sûreté par la fuite.
Après avoir célébré la messe devant un petit nombre d'assistants,
Julien Lemûtro se rendit chez un nommé T. M., où il déjeuna,
puis il fit appel à toutes les filles du bourg de se rendre chez le
sieur M , où Ton passa la soirée entière à danser.
Julien Lemaitre fut celui, prétend-t-on, qui s'en tira le mieux. Ce
misérable ne resta à Campbon que deux mois et demi ; on ne sait d'où
il venait ni où il s'en fut' .
Jean Lepuil.
Le 8 octobre de la môme année, un nomma Jean LepuU (le
registre de paroisse dit Jacques Lepuil), né à Mùr, diocèse de
Saint-Brieuc, le 5 janvier 1757, ancien religieux Carme, vint
prendre la place de Julien Lemaitre^ mais il n'y resta qu'un mois à
peine. « Les jours qu*il y passa, dit Tanteur du registre de la pa-
roisse, furent des jours de tristesse et il se reprochait sans ces$e
d'avoir trahi sa conscience et son Dieu. Ne pouvant plus y tenir, il
abandonna Campbon et on assure qu'il rétracta son lierment et
rentra dans le sein de l'Eglise catholique. »
Nous voudrions bien ajouter foi à cette assertion, mais sur le
tableau des pensionnaires ecclésiastiques du département, adressé
au ministre des finances le 15 germinal an IX (5 avril 1801), nous
voyons le nom de Jean Lepuil, résidant à Nantes ; or, pour figurer
sur ce tableau il fallait présenter un acte de prestation de serment
et de non-rétractation. Jean Lepuil fut nommé vicaire à Siint-Pèro-
en-Retzen 1805, il y mourut le 19 décembre 1822.
Le calme qui revint après le départ de Lepuil permit à
M. Brian d, vicaire de Campbon, de reparaître et d'exercer publique-
ment les fonctions du saint ministère, ce qu'il fit jusqu'au 10 avril
1792, époque à laquelle les troubles recommencèrent de nouveau.
Ue^istre de la paroiate.
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François Leduc.
Le registre de la paroisse prétend que le troisième curé constitua
tionnel de Gampbon fut un nommé François Leduc, prôtro créé par
Minée, évéque intrus du diocèse. Il vint à Gampbon dans les der-
niers jours de Tannée 1792 et y resta jusqu'à la fin de la Révolution.
C'était un homme de peu d'instruction qui allait de porte en porte
requérir les gens pour. les conduire à sa messe.
Il est mort à Nantes en 1807, faisant les fonctions de garde-bar-
rière sur la route de Rennes*.
D*un autre c6té,M. Ledoux. dans son histoire de Savenay, prétend
que le troisième curé constitutionnel de Gampbon se nommait
Leduc ou Duc-^acquet, Nicolas^ Achille-Clément, né le 18 août 1765,
religieux carme le 14 novembre 1786, diacre le 19 novembre 1789,
prêtre le 30 mars 1793, vicaire à Saint-Nicolas du 1«' avril au
!•' octobre suivant. Il fut appelé à la cure de Gampbon le !•' no*
vembre 1793.
Il existe une contradiction entre ces deux récits, M. Leduc n'ayant
pu être nommé desservant en 1792 s'il ne fut ordonné prêtre que
le 30 mars 1793.
Toutefois, nous croyons plutôt à Texactitude de la version de
M. Ledoux en lisant sur le tableau dont nous avons déjà parlé à
Tarticle précédent» le nom de Leduc Achille-Glément, né le 10 août
1765, résidant à Gampbon.
De 1800 à 1801, la paroisse de Gampbon lut desservie par M. Ré~
iaillaud, Aimé-Pierre^ né à Gampbon le 18 janvier 1765, et par M. Du-
bourg, François^Juîien^ né également dans la paroisse le 9 sep-
tembre 1763 et qui n'avait pas quitté le pays pendc^nt la Révolution.
En 1802, M, David Charles^ né au villagedu Broussais^ en Gampbon^
le 7 juillet 1761, et qui avait passé le temps de la Révolution caché
dans sa paroisse natale et dans celle de Pontch&teau dont il était
vicaire, fut appolé à la cure de Gampbon où il mourut le 23 janvier
1818.
Il conserva M. Retaillaud comme vicaire jusqu'en 1810, époque à
laquelle ce dernier fut nommé curé à Saint-Hilaire du Dois.
Quant à M. Dubourg, il fut appelé le 25 janvier 1807 à la cure de
Registre de la paroisse.
316 NOTES HT3T0RIQUES
Pontchàteau quMl administra jusqu*en 1818. époque à laquelle
M. David étant mort à Campbon. il demanda et obtint de le rem-
placer dans sa paroisse.
Il y mourut le 17 mars 182?.
Nous ne saurions ajouter aucune réflexion au récit de ces faits qui
disent assez par eux-mêmes que pendant la Révolution comme
auparavant, les prêtres de Campbon, dignes fils de la parois^se,
surent conserver intacte la réputation de fidélité et de fermeté dont
cette population est ûère?
Sur les pieuses reliques des saints d'un autre Age vint alors cou-
ler le sang des martyrs et nous pouvons * dire avec le Pasteur
que nous avons déjà cité. Leur poussière parle plus éloquemmcnt
que les maîtres dans Tart de bien dire, et la lumière qui émerge de
leur tombeau éclaire mieux les Ames que les plus beaux discours. >
Dubois de la Patelliârk.
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CHRONIQUE
FIDÈLES à leur vieille renommée, les travailleurs de nos
provinces do l'Ouest, ont mis largement à profit le
temps des dernières vacances et nombreuses sont les
productions de tous genres, que nos collègues ont mis au
jour pendant les trois derniers mois écoulés. Si notre
cadre, déjà bien chargé, ne nous permet pas de faire ressortir
comme nous le voudrions, les mérites à des titres divers, de
ces œuvres nouvelles, du moins tiendrons-nous à honneur de
signaler toutes celles qui nous sont particulièrement connues.
, BRETAGNE.
Guionvac'h. — Une des plus curieuses publications bretonnes
parues ces temps derniers, est sans contredit : Guijonvach, chro-
nique bretonne, publiée par L. de Kerardven, (Louis DuGlhol] et
rééditée par la Société des Bibliophiles bretons. Ce charmant ou-
vrage, orné d'un frontispice et de nombreuses illustrations de Th.
Busnel, débute par une remarquable introduction de notre confrère,
René Kerviler, et sort des presses de rimprimerie A. Le Roy, à
Kennes, qui lui a donné tou9 ses soins. Nous sommes donc heureux
318 , . ^ dHHONTQUE
de mettre sons les yeux à nos lecteurs Tintéressant compte ren<)a qai
suit, de cet ouvrage in-i<^ de xziv-208 p.^ dû à la plume de notre coa-
frère, M. Albert Macé.
« La Société des Bibliophiles bretons et de THistoire de Bretagne
vient de rééditer ayec Télégance, le soin et le goût qui sont la ca-
ractéristique de ses publications et les font tenir en si hante estime
par les amis du livre, un curieux tableau des mœurs du pays Breton.
Guionvac*h est la simple et haïv« histoire d*un orphelin d'hu-
meur vagabonde et sauvage, recueilli et élevé par les paysans du tK-
lage de la Saudraie, tour à tour matelot^ déserteur par amour do sol
natal, contrebandier^ pilleur d'épaves, dominé par la néfaste influence
de Magdeleine, la folle, qui se venge sur le fils de l'abandon du pè'-e,
ramené au bien par la douce affection de Marivonic, la jolie fille du
meunier Gueanaû. L<) roi lui a fait grâce, le meunier lui donne si
fille. Le jour du mariage, en voulant sauver sa fiancée, sur laquelle se
jette son fidèle chien Minn-dû, devenu enragé, il tombe dans le torreot
de la Saudraie et disparait sous la roue du moulin qui le broie, tandis
que la folle, du haut de son rocher, redit son refrain de vengeance :
« Arroae, arrose ton moulin^ Guennaû, il veut tourner avec du
sang. »
Tandis que se déroule la trame légère de ce roman, l'auteur évoque
et fait revivre les mœurs, les coutumes, les usages de notre province,
les pieuses croyances auxquelles la Bretagne est toujours restée ûâèle,
les légendes gracieuses ou terrifiantes, les t}pes et les chants popn*
laires. C'est la veillée dont les heures fuient rapides, pendant que les
jeunes filles chantent des sonen et que le tailleur, cette éternelle victime
des railleries des bretons, ou la mendiante, conte Th'istoire de la biche
blanchede sainte Ninnoc'h dont le passage annonce un malheur prochain.
C'est la lutte des douaniers et des fraudeurs dans l'anse de Couragan. i^
bénédiction des coureaux de Groix où les barques de Rianiec, sortant
du fond de leur baie, semblent voguer au milieu des pommiers ; c'est
le cabaret des mendiants sous la falaise de Kernitrà, le chant (ia
fiancé, les noces bretonnes, la chapelle de Notre-Dame de Pitié et l'é-
vangétisationde minuit, le cimetière où les morts, sommeillant à l'ombre
du clocher près duquel ils ont vécu, aimé et souffert, soulèvent parfois
la pierre de leur tombeau pour adresser un suprême appel à ceux
qu'ils ont quittés. Tous ces tableaux où le fantastique et le réel, Is
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CHRONIQUE 319
légende et la vérité s^alUent^ s^onissent et se coaroadent, sont brossés
de main de maître : ils charment et sédoisent le lecteur comme le
roman le plus passionnant.
Le livre, dont Texécution typographique est parfaite, sort drs
presses de M. Alphonse Le Roy : l'illustration a été couQée à M. Th.
Busnel dont la plume campe et fait mouvoir avec une merveilleuse
exactitude dallures, de gestes et d'attitudes, les types décrits par
Técrivain. Qui n a rencontré, dans une ferme hre*onne, le gracieux
profil de Marivonicet la silhouette du rude meunier Guennaii ? Dom
RéguideU le vieux recteur, qui prend part à la partie de houles avec
les anciens du pays ,n*est un inconnu pour personne, et les pèlerins qui
Tont prier au sanctuaire de Sainte-Anne d'Auray, la patronne de la
Bretagne, ont tons fait l'aumône à Yan Penforn et à Marie Bernfoên.
Au frontispice du volume, près de la chapelle dont quelques rayons de
lune dessinent les grandes lignes au milieu de la nuit^ Guioovarc'h,
affolé par la danse des lavaidières qui tordent les suaires des morts,
poursuivi par les korrigans, les teuz et les chats noirs, se cramponne
au pied du calvaire et cherche un suprême abri près de Celui « qui a
souffert de nos souffrances et pleuré de nos larmes. »
Une excellente notice due à notre infatigable collègue de la Société
des Bibliophiles breton», M. René Kerviler, fait connaître Tauteur de
Gvcionvac'h : Louis- Antoine Dufilhol, né à Lorient. le 20 mai 1791,
fit de fortes études sous la direction de l'abbé Le Priol et fut reçu le
troisième à l'école polytechnique. Mais pour ne pas imposer à sa
famille, dont les ressources étaient modiques, les frais onéreux de son
entretien, il entra dans TUniversité impériale, devint maître d'études
et simple répétiteur, et conquit, dans l'exercice de ces modestes fonctions,
les grades de licencié ès-lettres, licencié ès-sciences et, docteur en
médecine. M. de Kerdrel, maire de Lorient^ l'appela dans cette ville
pour diriger le collège que Ton venait de créer et qui devint collège
communal, puis lycée. Il dirigea en 1830 le lycée de Nantes, puis fut
appelé à Rennes où il prit une part active au mouvement littéraire très
accentué qui s'y produisait à ce moment, avec Armand de la Durantais,
Boulay-Paty, Charles Boyer, Brizeux,. Hello, Hippolyte Lucas, Bmile
Souvestre, Turquety de la Pilorgerie et M"** Desbordes- Val more. Les
Etudes bretonnes qu'il publiait en 1833 dans la Reviie de Bretagne
et qui ont été jointes & Guionvac*h dans l'édition de 1835 eurent
assez de retentissement pour que Brizeux, qui devait traiter le même
320 CHRONIQUE
sujet dans son poëme des Breton^^ crût nécessaire Je prendre date d'ai-
tériorité. Nommé inspecteur-recteur en Corse, Dufilhol demanda, aa
bout de deux ans, à rentrer sur le continent et fut nommé recteur de
TÂcadémie de Rennes. Mis en congé, puis en retraite anticipée en 1 847,
à la suite de deux conflits avec le mluistère, il dut à rinlerveatîon
active de M Jules Simon uae double compensation bien méritée : il
fut nommé officier de la Légion d'honneur et chargé . du rectorat de
l'Académie de Montpellier.
Quand l'heure du repos eût sonné pour lui, il revint à Reanes où il
consacra ses dernières années à TétU'le et à la charité. Une foule émue
assista à ses obsèques et, sans distinction d*opinions, tous les journaux
de la ville rendirent hommage à la mémoire de cet homme de grande
science, de travail et de devoir.
L'histoire de la publication de GuioYtvac'k est assez piquante.
M. Dufilhol avait envoyé ses études à M. Jules Simon en le chargeant
de les faire imprimer. « — Tu t'arrangeras avec l'éditeur et tu garde-
ras pour toi les bénéfices. — Le rare, écrit M. Jules Simon à M. René
Kerviler, est que je trouvai un éditeur. Ge fut un certain Ëbrard, qui
était douanier et libraire , et qui a édité, outre Guionoac'fi^, un
ouvrage sur Camille Desmoulins. Par exemple, je ne tronvai pas de
bénéfices, et j'eus bien de la peine à acquitter, en plusieurs année? ,
la det'eque je contractai avecËbrard pour la pubHcation du volume. »
Une note bibliographique de M. Arthur de la Bjrderie, membre de
l'Institut, président de la Société des Bibliophiles bretons, signale
comme cause de l'oubli qui étouffa Guionv2C*h, Téclatant succès des
Derniers Bretons d'Emile Souvestre, où le mérite et le talent de
l'auteur furent puissamment servis par l'immense publicité de la Revue
des Deux-Mondes, Quel fut le sort du Guionoac'/i de 1835 et de sa
couverture jaune-clair? Fut-il condamné à recouvrir le poivre et la
cannelle ou dut-il se réfugier dans la hotte du chiffonnier? On Tignore :
on sait seulement qu'il disparut, qu'aujourd'hui les exemplaires en
sont presque introuvables et que la luxueuse publication de la Société
des Bibliophiles bretons venge Thomme et l'œuvre d'un injuste oubli.
ÂLDERT Mage.
Lettres et Mandements du duc Jean V. — A côté de celle
publication charjiante qui ne peut manquer d'intéresser tous nos lec*
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teurs bretoQS, la Société des Bibliophiles a livré au mois d*aoûi à ses
membres le second volume des Lettres et Mandements de Jean V,
duc de Bretagne, comprenant tous les actes de ce souvuraia de 1407 à
V4I9 et formant le tome V des Archives de Bretagne*, Est-il besoin
de dire que dans ce nouvel ouvrage, notre savant confrère M. Bené
Blanchard a .?)oatré la môme érudition profonde des textes et le môme
soin scrupuleux dans Tétude et Texposé de tous les documents qu'il
nous donne? Ce volume qui vient nous apporter le texte ou l'analyse
de 984 nouvelles pièces est un véritable monument élevé à la gloire de
la Bretagne et une sonrce inépuisable de précieux renseignements pour
rhisioirede notre pays et de ses nombreuses familles chevaleresques. Les
travailleurs y trouveront bien des détails ignorés susceptibles de jeter
un jour tout nouveau sur les débuts de ce quinzième siècle encore
ir.complètement connu et bur l'administration de Jean V, l'un des ducs
dont à bon droit s*honore le plus la Bretagne.
Notes historiques sur quelques paroisses du diocèse
DE Nantes^ — Notre zéléconfière, M. H. du Bois de la Patellière,
vient de faire paraître un ouvrage, qui, tout nouveau en son genre,
mériterait d'avoir de nombreux successeurs. Pénétré de l'importance
capitale, qu'a pour l'histoire des familles, l'analyse des anciens registres
paroissiaux, M. de la Patellière, vient, avec une admirable patience, de
dépouiller les anciens registres de huit paroisses des environs de Nantes,
et nous présente aujourd'hui le recueil de tous les actes importants de
baptême, mariage ou sépulture des paroisses de Saint-Etienne de
Mofilluc, CordemaiSy Couëron, Le Temple-Maupertuis^ Vigneux,
Sdutron^ Saint' Herblain et Indre, C'est la première fois, du moins
en Bretagne, qu'est publié, croyons-nous, un recueil de co genre, en
dehors des Inventaires et analyses d'Arclîives municipales, dressés
parles archivistes départementaux. On comprend dès lors tout l'iniérôt
de cet ouvrage, non seulement pour les familles qui ont habité ces
paroisses ou leurs alliés, mais encoie pour tous ceux qui s'intéressent
aux documents généalogique^:. Un grand nombre de familles y trouveront
leur filiation depuis le seizième siècle et presque tous les membres de
la noblesse du comté nantais apparaissent successivement dans ces
• Un vol. in-4* vergé 264 p. Nantes, imp. Vincent Forest et Emile Grimaud.
> Un vol. in-S» 385 pages. Vannes, impr. Eugène Lafolye.
322 CHRONIQUE
actes, soit comme iotéresdés» 8oit comme parrains ou marraines oa à
titre d'amis. — On ne saurait donc trop remercier M. delà Pateîlière
de cette utile publication.
Tableaux généalogiques'. — Une autre publication que nous
ne saurions trop recommander à nos lecteur?, soit comme un mod^Me
du genre^ soit à cause des multiples et Intéressants renseignements
qu'elle fournit^ vient de nous être donnée par notre savant confrère,
M. Edouard Frain de la Gaulayrie. Sous le tirre de Tableaux généR-
logiques. Notices et documents inédits ou soutien du Mémoire où
il est fait mention de plusieurs familles établies k Vitré et pa-
roisses environnantes aux XV^, XV/', XVII et XVII f, siècles,
M. Frain a réuni les nombreux document:» qu'il a recueillis au roan
de ses recherches et donne les très curieuses filiations d'un grand
nombre de familles bretonnes. Véritable historien du paya de Vitré,
notre vaillant confrère vient d'ajouter une nouvelle pierre angulaire à
rédiûce qu'il élève avec tant de compétence et tant de soins.
Livres et ouvrages divers. — Parmi les autres publications
récentes, nous signalerons particulièrement : Le nouveau tombeau de
saint Yves à Tréguier. Description du monument. Explication his-
torique de toutes les statues par notre confrère Arthur de la Borderie.
In-18, 39 p. Vannes, imp. Lafolye. — Saint Yves, aliàs : Saint-Yve^.
Notes et Souvenirs. Mémoire présenté au Congrès de l'Association
bretonne à Dinan en iSOOj par le baron de Wolbock, chevalier de la
Légion d'honneur In-8*, 64 p. Paris imp. Mouillot; — L* Eglise
protestante de Cleusné h Rennes, par Tabbé Paris- Jal lober t. In-$*
25 p« Rennes, Plihon et Hervé, éJiteurs ; — Le Régime reprèsentstil
en France, par M. Gatta; ancien magistrat. In-8*^ Paris, LecofTre,
éditeur ; — Soniou Breiz-lzel. Chansons populaires de Basse-Bre-
tagne, recueillies et traduites par F. M. Luzel avec la collaboration
de A. Le Braz. Soniou, poésies lyriques. Tome !•'. In-8* PsriB,
Emile Bouillon, éditeur ; — Les Noces sanglantes, drame Nantais
j ar notre confrère Olivier de Gourcuff avec Préface de Paul Eudel.
In- 12, Vannes, imp. Lafolye; — La Bretagne armoricaine psf
N. Quellien. Paris J. Maisonneuve, éditeur ; ^Les Bretons à Jeanne
« Un vol. in-40 80 pages (!•' fascicule), Vitré, impr. Lécuyer. frères.
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CHRONIQUE 323
d'ilfc. Iq-16> carré avec iili^tratioQs de Paul GUardla; Gorbeil, iunp.
Greté. Reanes, H. Gaillière, éditeur ; — Listeê épiscop&les de la
province de Tours. Le/t anciens catalogues épiscopatix de la pro^
vince de Tours, par l'abbé Dachesae» membre de l'Iasbitat» gr. iQ-8*
raisin. Paris,. E. Thoria, éditeur; — Histoire du général de Sonis
par J. de la Paye. Un vol. in-8* orné de huit portraits, en gravures hors
texte, 3* édition. Paris, Blond et Barrai; — Mémorial des familles
Bullour de Boishalbran et Joseph Le Sage, par un de leurs des-
cendçints, M.. Joseph Le Bage-Buliour, avocat, ancien maire de Dinan^
gr. in-8® i 43 p. et planches. Dinan, imp. Bazouges. «^ Le comte de
la Touraille, soldat, philosophe et poète au XVI ll^ siècle, par te
vicomte Xavier de Bejlevue. In-S" 15 p. Vannes» imp. Lafolye; —
Les jeux populaires de l'enfance, par Louis Ësqiiien. Petit in- 18, de
76 p. Rennes, H. Gaillière, éditeur ; — Kerduel ou les Missionnaires
du XVIP siècle au pays de L%nnion, par Tabbé France, curé
doyen de Lannion, chanoine honoraire. In-48^ jésus, 296 p.. Saint-
Brieuc, imp. Prudhomme ; — La Bretagne aux temps néolithiques
par le baron Halna du Fretay. In-S** 69 p« Quimper, imp. Gharles
Cotonnec ; — Un hôpital d'enfants à Moscou, par le docteur Paul
Aabry, de Saint-Bcieuc. In-8^ 15 p. Paris, imp. Schlœber ; — Vingt
jours sur les, côtes. de Normandie fit de Bretagne à Vile de Jersey.
Guide- Album du touriste par. Gonstant, de Tours. Format allongé avec
400 p, de texte et 110 dessins, par les principaux artistes. Paris,
Quantin, éditeur; — VOndine. de Rhuis, par Pierre Maêl. In- 18,
Jésus, PariSf E, Dentu, éditeur ; — L'nc fête publique à Vannes k
Voecasion de l'inauguration du cime/îère (27 pluviôse an IX) par
Léon Lallement, secrétaire de la Société polymathique du Morbihan.
In-B"" 9 p. Vanoes, imp. Galles ; — Le siège de Guérande en 1793.
Extrait du registre du Gonseil du district de Guérande et de la muni-
cipalité réunis, le 31 mars 1793, publié avec notes, par E. de Boceret.
In-8^ 18 p. Guérande, imp. Georges Gigant ; — Evolutions. Poésies,
par Pierre Kerlaëc. In-18, jésus. Evreux, imp. Le ^érissey ; — ^ane
de Kerlois par Francis Bazooges in-i2 de 320 p. Paris^Tequi, éditeur.
La chapfille saint Barthélémy en Saint-Julien de ConcelU
(Loire-Inférieure)^ par l'abbé Pétard, missionnaire de l'Imm**
Conception, Nantes, imp. Bourgeois ; — Confessions d'u^
liste, par Ernest Merson, Paris, Savine, éditeur ; -^
dernières distributions de prix dans les écoles ^
T. VI. — DOCUMENTS. — VI* ANNÉE 16 U'
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324 CHRONIQUE
soyez-^n fiers ! Discours prononcé le 9 août 4890, par M le soos-
préfet de P. (Loire-Inférieure). Réflexions dédiées à l'orateur, ptr
Frédéric Ultor. In-S**, 102 p. Vannes, impr. Lafolye ; — Les aven-
tures d* Y oonnic KergoaL Scènes et contes de l'ancien et dunouveau
régime f par L. Arnoulin. In-S», Paris, Bloud et Barrai, éditeur; —
Le Bulletin du 3Î' congrès archéologique de l'Association bretonne
tenu à Saint'Pol de Léon du iO au 15 septembre 188^. Ia-8% ÎOû
p. Saint-Brieuc, imp. Prudhomme ; — Le Bulletin de la Société pa-
lymathique du MorbiJian, deuxième trimestre de 1890. Io-8*, 156
p. Vannes, imp. Galles ; — Dans la première livraison dn tome IV da
Mémoires de la Société archéologique et historique des Côtes-^u-
Nord : Notice sur les paroisses de Tredias, Saini-Urit^lle, i'm-
gnac, Languédias, Vabbaye de Beaulieu, Megrit et Tremeur âux
environs de Broons, par M. Tabbé G. L. S. ; — Dans plusieurs nu-
méros du Journal de Rennes : La réforme des présidiaux au XVIIP
siècle , par Albert Macé ; — Ujie visite à Langonnet (juillet
1890), par l'abbé Guillotin de Gorson dans le Journal de Renntts du
22 août et le Comté de Montmoron en Romazy, par le même dans
le Journal de Rennes du 24 octobre 1890 ; — Annales de la Société
académique de Nantes et de la Loire Inférieure, !•' vol. de la Vil*
série (1890), !•' semestre. In-8% 238 p. Nantes, imp. Mellinet.-
Dansles quatre dernières livraisons (livr. 4, 5, 6 et 7) du tome V'àe
la Revue des provinces de l'Ouest : Les derniers Jansénistes, Un*
juinais diaprés sa correspondance, par Léon Séché ; — Le trésor
de S&int'Cildas de Rhuys, par M«' X. Barbier de Montault ; — Le
ch&teau de L%ngeais^ par Maurice Brincourt î — Le service de Mi-
rabeau et la déclaration des droits de l'homme, par Albert Macé :
— Les camps à trois enceintes, par Bugène Vimont ; — Le petit
Oiseau, conte de Basse-Bretagne, par P. Sébillot ; — Un prisonnier
d'Etat h Belle-Ile-en-mer, par Albert Macé ; — Le Saint-Esprit en
Plédéliac et son dernier prieur, chapelain de du Guesc/in, par le
comte de Ghalus ; — La Normandie monumentale, par Jean de la
Rouxière ; — Notice sur la destruction et la restauration du tom'
beau d'Agnès Sorel k Loches, par Ch. de Grandmaison ; — «nfia 1*
suite de l'important Nobiliaire breton de M. le comte Régis de r£^
tourbeillon donnant les Notices relatives aux familles de la Mortrsyef
de Condest, de la Granelaye, de Laigue, d'Arz, Glect du Breil,
du Gourvinec, de Lambert de Boisjan et de la Havardière, Cw
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tard, de Noyai, Le GM de Cunfiou et de Kerlinou, de Ruys, de
Coëtlagat, de Bellingànt, de Brehier, de Barac'h de Loiidnnec ; •—
Dans la 3* livraison du tome IV de la Revue de Bretagne et de Ven*
dée (septembre 1890). Les Débuts du duc d^ Aiguillon en Bretagne,
par Barthélémy Pocquet ; — Documents inédits pour servir k Vhis^
toire de Noirmoutiers sous Louis XI Vf par A. Joubert ; — Marion
du F&ouët (fin), par J. Trévédy ; — Souvenirs d'un vieux capitaine
de frégate, par J. "M -V. Kerviler ; — Lé congrès breton de Dtnan.
— Les fêtes de Tréguier, par René Lafolye ; — Lettres à l'auteur de
la Géographie historique des CôteS'du-lford, par notre confrère J*
Trevedy, dans l'Indépendance bretonne du mois d'octobre 1890. —
Les Pendus, par P. Sébillot. In-8*, 19 p. Vannes, imp. E. Lafolye,
éditeur. — Il n'est pas bon de trop pleurer les morts, par P.-M.
Lozel. In-S**, 11 p. Vannes, imp. E. Lafolye ; — Jehan Mesehinotj
poète d'Anne de Bretagne^ par J. Trévédy. In-8% 19 p. Vannes» imp.
Lafolye» éditeur.
NORMANDIE.
En Normandie, nous signalerons : Souvenirs de captivité (1870«
1871), par Georges Masron. In-8^, 101 p. Alençon, imp. Renautde
Broise; — Histoire du 74* régiment d'infanterie. In-8*, 207 p. et
gravures. Paris, imp. Baudouin ; -*- Les cris de guerre chez les
différents peuples, par le baron 0. de Watteville. Paris, Lechevalier,
éditeur; — ^ Les Traditions en Chalosse^ par J. de la Porterie. In-8^
11p. — Les ex'libris normands. Ex-libris de M. Serais, avocat.
In-8*, 1 1 p.,— de Dominique^Bamabé Turgot, évéque de Sëcz. In.8%
17 p., — de Jacques- Alexandre^Charles Lallement, évéque de Séer
10-12^ pages, par G. de Gontades. Alençon, imp. Renaut de Broif
'^ Les Noces de Sathan^ par Jules Bois. In-16, 14 p. Evrenx, '
Le Hérissey ; — Le Sabbat des Sorciers^ par Bourneville et E.
turier, 2* édition. In-8**, 38 p. et gravures. Evreux, imp. Le Hi'
^ La Muse à êiimi, par Anatole de Nesselrode. Préface
Levy. Li-18 jésus, II 256 p. Evreux, imp. Le Hérissey ; —
de Normandie, Etretat. Son origine^ ses légendes, f
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326: CHRONIQUE
leurs habitants. OrxYTBgt illustré avec vue générale et plan^parE.
Parmentier, sous-chef de bureau au ministère de l'Instruction publique.
In-18 Jésus, 230 p. Angers, imp. Burdin; — L^Enquête philolû-
gique de 1812 dans les arrondissements d'Alençon et Morts$ne,
par L. DuyaU
MAINE
Nous avons à enregistrer parmi les publications intéressant le
Maine : L'Assemblée provinciale de V Anjou, du Maine et de la
Touraine en 1889, par le vicomte 0. de Rougé. In-48 jésus, 270 p.
Angers» imp. Lachèze et Dolbeau ; — Documents authentiques pour
servir à Vhistoire de la constitution civile du clergé dans le dépar-
tement de la Mayenne, par Frédéric Le Coq ; — Notice sur la vie
et les travaux de M. Eugène Hucher, par Robert Triger. In-8*,
102 p., portrait et planches. Mamers, imp. Fleury et Dangin ; —
Mémoire historique sur ChâteaU'Gontier, rédigé en 1781 par le
marquis d'Autichamps et publié par A. Joubert. In-8*, 15 p.^ Laval,
imp. L. Moreau ; — L'Eglise de Notre-Dame de la Couture au
Mans. La nef et la façade occidentale, par l'abbé Ernest Dubois.
In-8<», 34 p. Mamers, imp. Fleury et Dangin ; — Un exemplaire an-
noté de Vhistoire de Ssblé, par G. Ménage, par. A. Joubert. In-8%
34 p. Mamers, imp. Fleury et Dangin ; — Vie de saint Serené, pro-
tecteur du Maine et de l'Anjou, par dom Piolin ; — Le Pèlerinage
de Siaulges, par le môme ; — Notice historique sur Andouillé, par
O. Gaton. In«8*, Mayenne, imp. Poirier-Bealu ; — La Légende de la
'Cloche (vers), par Elle Frébault.* In-8*, jésus, 7 p. Mayenne, imp.
Nezau ; — Enfin, le tome II de la deuxième série du très intéressant
•Bulletin de la Commission historique et archéologique de la
Mayenne dans lequel nous sigaalerons tout particulièrement : Les
voyages de Daniel Le Hirbec^ de Laval aux Antilles, aux Pays^
Bas et en Italie , texte publié par M. de la Beauluère atec nne
Introduction et des Notes de M. L. Moreau. I. Voyage aux Antilles
et dans les Pays-Bas; — Note sur le bailliage des Templiers de
ChàteaU'-Gontier (XI-XVIII* s.), par André Joubert ; — Lassay, ses
écoles et ses collèges (suite et fin), par l'abbé J. Gillard ; — Aveu du
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CHRONIQUE ' 327
comté de Laml (f552) contenant la réformàtion de celui de 144$,
par Tabbé Gouanier de Launay, chanoiae hoaoraîre ; — Notes sur
Vancien Laval : Le Pavillon de la porte du château de Laval et la
maison voisine, par M. J.-M. Richard ; — Sigillographie des aeû
gneurs de Craon, remarquable travail dû à MM. A. Bertrand de
Broussillon et Paul de Farcy.
ANJOU
En Anjou, nous signalerons à nos lecteurs : Fontevravlt^ son his*
toire et ses monuments, par Tabbé Bossebosuf. In-8*, 114 p. Tours»
imp. et lib. Bouserez ; — Saint-^Aignan ^ Thésée et Montrichard.
In-8', 31 p. Tours, imp. Deslis^ frères ; — L'Instruction primaire
avant il 89 dans les paroisses actuelles du diocèse d^Angers^ par
M. Charles Urseau, licencié en théologie, vicaire à Saint-Jacques
d'Angers. Angers, Henri Briand, éditeur; — Noces d'argent de
M. Vabbé Claude^ chanoine honoraire, supérieur de l'Institution
de Combrée (30 juin T' juillet 1890). In-8% 60 p. Angers, imp.
Burdin et C'" lib. Briaud^ éditeur; -^ Lettres inédites de Vabbé
Bernier, publiées et annotées par A. Joubert. In-à<>, 24 p. Angers,
imp.i Germain et Grassin; — Le surintendant Nicolas Fouquet
(1615-1685), d'après un ouvrage nouveau, par A. Joubert. In-8% 16 p. •
Angers, imp. Germain et Grassin ; — Les Lanternes à Angers sous
V Ancien Régime (XVII'-XVIII« s.), d'après des documents inédits,
par A. Joubert. In«8®, 16 p. ; — Rapport de la Chevardière et Mi^
nier k la Commune de Paris, le 15 mai 1793, publié par notre
confrère, M. André Joubert.
POITOU
Dictionnaire historique et généalogique des familles
DU Poitou. — Parmi les ouvrages les plus intéressants publiés ré«
cemment en Poitou, nous devons signaler d'une façon toute spéciale,
les deuxième et troisième fascicules du Dictionnaire historique et
généalogique des familles du Poitou', publiés.par MM. H. et P,
• ln-8* carré, Poitiers, Ou^o, éditeur*
328 CHRONIQUE
Beauchet-Filleau. Chacun connaît la valeur de cet ouvrage han d«
pair, si goûté et si recherché de tous les travailleurs de nos proirinees
de rOuest. Dans ces deux nouveaux fascicules, les savants auteurs ont
•été comme par le passé, à la hauteur de leur t&che immense et à
rinstar de M. René Kerviler pour la Bretagne, ils nou« donnent pov
le Poitou une véritable Encyclopédie des familles , où ils ont sa
réunir avec une érudition des plus sûres et après de multiples re-
cherches une énorme quantité de documents que chacun peut consulter
avec fruit. Il n'est pas une seule famille marquante en Poitou qni
n'y puisse trouver sur les siens quelque détail jusqu'à présent ignoré oo
quelque précieux renseignement ; et ceux-ci ont toujours d'autant plai
de valeur que les consciencieux auteurs ont eu à cœur de citer géné-
ralement les sources. Au nombre des familles sur lesquelles dans ces
deux fascicules abondent les documents divers, nous citerons les
familles : Audayer, Audeberte, Augier, Augierde Moussac^ Augier
de CremierSy Augier de la Terraudière^ Augron, d'Aunay,
d'Aiwseurc, d'Authon, Auvynet, d'Aux, d*Auzy, d'AvaugouK
d'Àviau, Àvice, Avril, Aymar, Aymé, Aymer, Àymon, Ayrault,
d*Ayron, d*Àzag, Babaud, Babault, Babin, Babin de la Touche-
Bourneuil, Babin de Rouville et de Rancogné, Babin de LignaCj
Babin des Bretinières, Babinet, Badestrand, Badereau, deBaglion,
de Baigneux de Courcival^ Banchereau^ Barachin^ de Barbarin
Barbe, de Barbeyrac, Barbezières, Barbier, de la Barde^ BarloU
Baron, Barraud, Barrault^ de la Barre, Barton, Bascher de
Beaumarchais^ Le Bascle, Bastard, de Beauçay^ de Baudéan,
Baudouin, Baudry d'Asson, Le Bault, de Baye, de Beauchamps,
de Beaucorps, de Beaumont, de Beaupoil^ de Beauregard, de
Beausobre, de Beauvau, de Beauvollier^ de Beckillon, Begaud^ de
Béjarry, Le Bel, Belhoir, du Bellay, de Belleville, Beliiard^
Beranger, de la Beraudière, Beraudin, Berlaud^ Bernard^ Ber-
nardeau, de Brenezay, etc., etc.
G<* R. DE L'ESTOURBBILOOH.
, Livres et ouvrages divers. — Nous signalerons par ailleurs :
Fiefs et justice du Bas-Poitou par A. Bitton. In-8* 1!4 p. ï^
Boche-sur- Yon, imp. Servant; — Historique du iSV régiment d'in*
fanterie par le lieutenant Jacquin* In-S^ 170 p. Fontenay, imp.
Gouraud ; — Niort à travers les rxies, pwr Plock, Ih-8* wû* de
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CHRONIQUE 829
10 planches lithographiques dessinées par Charles Besnard, Niort,
inop. Gravat-Ëschillet et' Lemercier. — Le Donjon de Niort et son
origine anglaise par J. Berthelé. Grand in-S"" 20 p. et plan. Niort.
Anx bureaux de la Revue poitevine ; — Les Amitiés et les Epreuves
de dom Fonteneau d'après une correspondance inédite. In-8* 56 p.
Poitiers, imp. Biais ; •— Rec/ierc/ies sur la famille Levesque, de
Saint'Maixent et ses alliances, In-8° Saint-Maixent, imp. Reversé;
— Deux Loudunois sous la Terreur, Les abbés Dupaty, publié par
Tabbé Leroux dans la Semaine religieuse de Po\tiers ; — Nos frètes
les animaux. L'intelligence des animaux, par Henri Bourgeois. In-
18, La Roche-sur- Yon, imp. Servant; — Guide au Sables d'Olonne
et aux environs avec plan de la ville et carte de la région par
Harry Ia-16, 109 p. avec vignettes. Tours, imp. Arnault ; Les Sables,
lib. Mayeux ; — Documents inédits pour servir à Vhistoire de Nor-
moutiers sous Louis XIV par i. Joubert. In-8° i\ p. Vannes,
LafoK^e; — Une fonte de cloches au temps jadis. In-8*» 11 p.
Poitiers, imp. Biais ; — De quelques populations du Bas^Poitou
par J. Laumonier. Gr. in-8^, 6 p. Fontenay. Aux bureaux de la Revue
du Bas-Poitou ; — Une page de généalogie vendéenne par René
Vallette. Gr. in-8'* M p. Fontenay. Aux bureaux de la Revue du Bas-
Poitou ; — Une excursion archéologique au Langon (Vendée) pa
René Vallette. Vannes, imp. Lafolye ; — Dans la deuxième livraison
de la 3' année de la Revue du Bas-Poitou. Découverte d'une cha»
pelle du XV t siècle dans Véglise du lioumeau (Vendée) par 0. de
Rochebrune ; — Autour du Drapeau blinc. Biographies inédites
des Vendéens et des Chouans par M. de la Fontenelle de Vandoré ;
•— Un dolmen inédit à Xanton^Chasserion (Vendée) par Louis
Brochet ; Chartes concernant la fondation de N.-D. de la Blanche
à Noir moutiers par le docteur Viaud-Grand-Marais ; — Le Synode
de Poiré'^ur-Vie par M. de Gouttepagnon ; — Dans la troisième
livraison d^ la troisième année de la même Revue : Carnet archéo^
logique par 0. de Rochebrune ; — Les pèlerinages de la sainte
Vierge dans le diocèse de Luçon par le R. P. E. Drochon ; — Les
Sièges de Vabbaye de Saint-Michel-en-V Herm (1568-1569) par
L. Brochet ; — Une poignée de documents sur Vabbaye de la Grai-
nefière .par L. Ghappot de la Ghanonie ; — Le journal d'un Fon-
tenaisien pendant la Révolution par A. Bitton ; — Le livre d'or de
Luçon par L. Ballereau ; enfin Tintéressante Chronique de R. de
330 <3HH0NîQUE
•ThîTareay; -^ Journal militaire du chevalier de iMchaêi, ûffisUt au
Pàçitnentde Beauvoisis (17 ^2-1761) publié et saooté i»«?:>SmUe
Biaift, archÎTiste d*An£pouldinei Iq-8<» 36 p. Angoulèoi^» .4P|V ^3i9^
seignac.
VARIA.
Lettre du Cardinal Rampolla a l'auteur ds la .L]^osnde
MoMSEiGNUR SAINT YvES. — M. le vicomte Arthur du Bois
de la Villerabel, auteur de « la Légende Merveilleuse deMonsti.
^gneur Sainci'YveSy » ayant fait hommage de son beau livre
au Souverain Pontife, vient de recevoir de Rome la lettre
.suivante :
« Illustrissime Monsieur^
« Le Saint Père a reçu la lettre qui lui a été adressée par
votre Seigneurie le 15 du mois de juillet, ainsi que lé livre
intitulé Légende de Saint- Yves. Sa Sainteté a daigné agréer
cet acte de filial dévouement de votre Seigneurie, et, en me
chargeant de la remercier en son auguste nom, eîlem'a expri-
mé qu'Elle lui accordait de cœur à elle, à ses jeunes enfants
et à toute sa famille, la bénédiction apostolique.
<( En remplissant ce mandat d'honneur de Sa Sainteté, il
m'est doux de me déclarer, avec des sentiments de considé-
ration distinguée,
« Son très affectionné pour le servir,
« M. Gard. Rampolla,
« Rome, !•' août 1890.
« A Monsieur le vicomte Arthur du Bois de la Villerabel,
Saint-Brieuç (France),
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DÈoauvi^RTE iHJ GBRGUBiL D*UNB Rbligibusb. — En exécutaot
rôcemsientdes travaux dans la cour de la caserne du Colom-
bier à Rennes, des ouvriers n'ont pas été peu surpris de dé-
couvrir un superbe cercueil de religieuse qui n'était autre
que celui de la fondatrice de la Maison de Retraite de Rennes
Anne-Marie de Budes, flUede Jean de Budes, conseiller au
Parlement de Bretagne, et de Jeanne Brandin, était née hn
novembre 1651 et mourut au couvent de la Visitation, au
Colombier qu'elle avait fondé avec sa mère, le vendredi 16
novembre 1674.
Kn dotant le monastère des Filles de la Sainte-Vierge,
appelées si souvent les Dames Budes par les Rennais, Jeanne
Brandin, fille de Roch Brandin, seigneur de Belair, et de
Léonarde Drouet, ne fit qu'accomplir les dernières volontés
de sa fille Anne-Marie Budes.
Les deux Soutairbs de Bbsné. — A propos du touchant
* pèlerinage accompli au mois d'août, par un grand nombre
de paroisses du diocèse de Nantes au sanctuaire des vénérés
solitaires de Besné, saint Friard et saint Secondel, notre
sympathique confrère M. Joseph Rousse a publié dans le
journal Y Espérance du Peuple, les jolis vers suivants que nous
sommes heureux de faire connaître à nos lecteurs.
SAINT FRIARD ET SAINT SECONDEL
Dans leur obscurité, c'était vraiment des sages,
Saint Friard et saint Secondel ;
De leur îlot désert borné de marécages.
Ils ne regardaient que le ciel.
Le maître et le disciple avaient jugé le monde^
Ses honneurs, ses fausses vertus ;
. Et tous d'eux s'étaient fait une règle profonde
De vivre et de mourir inconnus.
Ils creusaient de leurs mains les sillons de la terre.
Des pauvres i^paîsc^ient la faim ;
833 CHRONrQUE
Durs pour eux seulement, ils plaignatent la misère.
Qui tourmente le cœur humain.
Mais leur humilité devait être leur gloire ;
Saint Félix vint prier près d'eux ;
Treize siècles n'ont pu qu'illustrer leur mémoire ;
Oui leurs tombeaux sont glorieux I
Car j'ai vu les Bretons, en multitude immense»
Sous l'azur des cieux rayonnants,
Parmi les étendards que la brise balance,
Ck)urbés devant leurs ossements.
Ils les suivaient joyeux et pressés dans la plaine,
Au bruit des chants et des tambours.
Vers le jardin ombreux et la vieille fontaine
Où s'étaient écoulés leurs jours.
Sur le bords des marais où les roseaux frémissent,
Où règne un silence éternel,
11 est charmant, avec ses lauriers qui fleurissent,
Le jardin de saint Secondel.
Sa fontaine qui dort sous un dôme de pierre.
Au milieu des champs de blé noir.
L'oratoire où son àme exhalait sa prière,
liCs yeux se plaisent à les voir.
Et dans la crypte sombre où les deux saints reposent.
Il est doux de penser qu'aux cieux
Finiront nos douleurs et les maux qui les causent ;
Mais il faudrait vivre comme eux.
Joseph Rousse.
Les Lauréats de la pomme. — Sur la liste des lauréats du
concours littéraire de la Pomme, qui vient, de tenir son
13' congrès, au mois d'août, à Avranches, nous remarquons
les noms suivants :
PoÉsiis : Forêt de Scissy et grande marée de 709,
!•' prix, récompense du Gouvernement, décernée à M. Her-
pin, avocat, 2, rue de T Abbaye-Saint-Jean, à Saint-Malo.
Prose : La Tangue.
!• Médaille de vermeil àM. J. Pillatre, inspecteur de l'En-
registrement et des Domaines i-Quimper (Finistère-
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2* Médaillé d'argent à M. Morin, professeur au collège de
SainUServan.
Mention honorable à M. le D' Henri Bonnel, rue de la Vic-
toire à Saint-Malo.
Les fouilles de l'ancienne cathédrale d'Aleth. — Des
fouilles très intéressantes viennent d'être opérées, à Saint-
Servan, sur les ruines c^e l'ancienne.cathédrale d'Aleth, sous
la direction de M. Tabbé Duchesne, membre de l'Institut. On
a découvert les fondations de l'ancienne église à deux
chœurs, dont l'un, aujourd'hui chapelle de Saint-Pierre, est
demeuré intact. Cette église remonterait, d'après les appré-
ciations du savant professeur, aux environs de l'an 1000.
Elle aurait donc abrité les évoques d'Aleth pendant cent
cinquante ans environ, puisque ce fut vers 1150 que Jean de
Chatillon, vénéré plus tard sous le nom de saint Jean de la
Grille, transféra son siège sur le rocher de Saint-Aaron et
donna ainsi naissance au très illustre diocèse de Saint-Malo.
(Semaine religieuse de rarchidiocèse de Rennes.) i
Sacre d'évêque. — Le 8 septembre a été célébré dans
l'église Sainte-Croix d'Orléans, au milieu d'une aflluence con-
sidérable^ le sacre de M«' Hautin, évoque d'Evreux. Le prélat
consécrateur était M«' CouUié, évoque d'Orléans, assisté de
M»' Lamarche, évoque de Quimper et de Nosseigneurs Re-
nouard, évoque de Limoges. Etaient présents : M«" Hugonin,
évêque de Bayeux, Laborde, de Blois, Goux, de Versailles,
Boyer,de Clermont, Lagrange, de Chartres, d'Hulst, prélat
romain, recteur de Hnstitut catholique de Paris. Les armes du
nouvel évoque d'Evreux sont : d'or à la croix de Jérusalem de
gueules, au chef d'azur, chargé du bras de Jésus-Christ et de
celui de saint François d* Assises, surmontés d'une croix cTor.
Décoration. — Nous apprenonsavec plaisir que M. le comte
Georges d'Aviau de Piol'enc, vient d'être par un bref de Sa
334 C{IRONIQUK
Saiateté Léon XIII promu, commandeur ûe l'Ordre de Pie IX,
en récompense des services rendus par lui à l'église <^fh€^
lique en Orient.
MARIAGES.
BRETAGNE.
Mariage célébré i Paris le 12 juillet en l'église 8aiQt«Fraiiçoi8-Xa-
vier, par M. l'abbé de la Gaibourgère, curé de Saint-Georges de la
Villette, du Y^ Charles FLEoaiOT db Langlb, lieutenant au 8* dragons,
fils du contre-amiral comte Camille-Louis Fleuriot de Langle, et de la
comtesse née de la Monneraye,
Atoc : '
Mademoiselle Hélène db Morgan de Rivry^ fille de M. Paul de
Moigan de RiTry.
-' Mariage célébré le 17 juillet au château de Coëtlan près Saint- Léry
(Gôtes-du-Nord), de M. le Y^ .qb Baqlioh db la Doffbeix,
Avec :
Mademoiselle Anne db Roquefbuil.
Mariage célébré à Paris le 22 juillet en Téglise Saint-Thomas d*A-
quin, de M: Henri-Louis-André Bbbnot db Charbant, sous-lieutenant
au il* régiment de chasseurs, fils du colonel Barnot de Charrant, et
de Madame née Pougin de la MaisonneuTe,
Avec :
Mademoiselle Marie- Anne-Elisabeth Goillo du Bodan , fille de
Fèlix-Bàrthélémy Guillo du Bodan, ancien auditeur au Conseil d'Etat,
et de Caroliue-Christine-Amélie Duvivier.
Mariage célébré le 31 juillet au château d'Allerey (Saône-et Loir^),
de M. Armand LiBAULT db la Chbyasnbrib, capitaine au 12« régiment
de hussards à Dinan,
Avec :
Mademoiselle Béatrix db MAisra^.
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Mtrhige célébré à Paris k 7 août de M. Jules- André-Gharlea-Marie
GoBH«An usa EssAaTs»
Avec :
Mademoiselle Lonise-Mathilde Le Bas, fille du regretté: comman-
dant du génie Le Bas, tué pendant le second siège de Paris» et de
Madame^née Golle.
Mariage célébré le i f août à Aurajr, de M. Faal-François- Marie de
ToaQUAT DE LA GouLBAiB, fils de M. Paul-Marie de Torquat de la Cou-
lerie et de Madame, née Roumain de la Touche.
Avec :
Mademoiselle Victorine-Marie-Emma-Gabrielle Goyot de Salins,
fille de M. Yictor-Marie-Joseph Guyot de Salins et de feue Madame,
née Marie-Antoinette La Vallée de la Gilardrie.
Mariage célébré le 20 août en la chapelle de Tévôché de Vannes, par
Sa Grandeur, Ms' Bécel, évoque de Vannes^ de M. Jacques*Maurice-
Laureot Le Bault de la Morimière^ fils de M. Le Bault de la Mo-
rinière et de Madame, née de la Forest d'Armaiilé,
Avec :
Mademoiselle Marie-Emestine-Maclovie Le Mintiee de' LÂHéLEc ,
fille du vicomte Le Mintier de Lehelec, conseiller municipal de la ville
de Vannes et de Madame, née du Mesnildot.
Mariage célébré le 2 septembre dans la chapelle dn château du
QuoDgOi près Rohan (Morbihan), de M. Joseph Guyot de Salins, lieu-
tenant d'artillerie.
Avec :
Mademoiselle Marie Faneau de la Hqeie, fille de Tancien conseiller
général du Morbihan.
Mariage célébré à Orléans le 4 septembre de M. GEoaoBS-HENaY de
Villeneuve, lieutenant au 30* régiment d'artillerie.
Avec :
Mademoiselle Jeanne de Bissy, fille du V^* et de la V'***' de Bissy,
Mariage célébré vers la mi-septembre de M. Gontran-Anne-Joseph
PoRTiu, avocat, attaché au parquet du procureur général à Rennes,
Avec:
Mademoiselle Marguerite-Marie-Emilie Salmov*
336 CHRONIQUE
Mvriage célébré Tèrs la mi-septémbré dd M. Hearî de Ul Motte-
RouGB, lieutenant au 18* régiment de chasseurs à Spinal^ fils de M. de
la Motte- Rouge^ inspecteur général des Haras.
Avec :
Mademoiselle Alice de Bonkeau.
Mariage célébré à Saumar le 23 septembre, de M. René D'AnaBNCé,
juge au tribunal civil de Vendôme.
Avec :
Mademoiselle Esther Laumohiba.
Mariage célébré vers le 29 septembre de M. Victor-Marie Robiou,
sous-inspecteur de TËnregistrement au Mans, fils de notre excellent
confrère M. Félix Rabiou, professeur honoraire à la faculté des lettres de
Rennes.
Avec :
Mademoiselle Françoise-Bertrande-Marie Dbsnodye.
Mariage célébré dans les derniers jours de septembre de M. Renault,
lieutenant au 2' régiment de chasseurs.
Avec :
Mademoiselle Pâan db Pontfily.
Mariage célébré dans les derniers jours de septembre, de M. Georges
de Rémond du Ghaylas, lieutenant d'artillerie.
Avec :
Mademoiselle Maria de Solhinihag du Hbnant.
Mariage célébré dans les derniers jours de septembre en Téglise
Saint- Philippe du Roule à PariS| de M. Paul G uynbhbr, lieutenant
au 420* régiment d'infanterie à Sedan.
Avec :
Mademoiselle Julie Doynel de SAiNT-QuEimNy d'une vieille famille
de Normandie.
Mariage célébré vers la mi-octobre au château de Gierre (Haute*
Vienne) du V^* Aplhonse de SAinx^MELBuc,
Avec :
Mademoiselle Marie-Thérèse de Boisoeaaud de Lavaublarche,
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CHRONIQUE 337
Mariage célébré vers la mi-jctobre de M. le G^' d'Ai.BYviLLB, d'tne
ancienne famille irlandaise qui ^nt se fixer en Bretagne à la snite de
Jacques II,
Avec :
Madame la V^*'* de Butler^ dame d'honneur de la Comtesse de Paris.
Mariage célébré à Vannes le 45 octobre de M. Emile Û'OiblaUt,
Avec :
Mademoiselle Glaire de Guinebault, fille de M. de GuinebauU et
de M"^*, née Poinçon de la Blanchardière«
Mariage célébré le 16 octobre en la chapelle du château de la VoU
tais» près Ploërmel, de M. René de PsnaoBAN,
Avec :
Madeneiselle Berthe Le PaovosT de la Voltais, fille de fen M. le
G^* Le Provost de la Voltais et de Madame^ née Brunet du Guilliers.
Mariage célébré à Paris le i 6 octobre en Téglise de la Magdeleîne
de M. Leroux, ingénieur des arts et manufactures,
Avec :
Mademoiselle Jeanne David de Pbnanrun, nièce de M. Ollivier,
sénateur des Gôtes-du-Nord.
Mariage célébré à Redon le 22 octobre de M. Gharles-Emile-Marie
Richard de Latodr^ contrôleur des contributions directes à Blois,
Avec :
Mademoiselle Marie-Louise de la Momnerayb.
Mariage célébré dans les derniers jours d'octobre de M. le V^*
Pierre Paultrb de Lamotte, capitaine au 8" régiment de hussards.
Avec :
Mademoiselle Jacqueline de Rodqé, fille du V^* Jacques de Rour '
et petite fille du V* Emmanuel de Rongé, Tillustre égyptoloo*'
Mariage célébré dans ies derniers jours d'octobre ^
Potier de Gourgy, lieutenant au 160' régiment de ^'
Avec :
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338 CHRONIQUE
Mademoiselle Marié ob Maistrb, fille da V<* de Maistra et de It
I V**"*, oëe de Gamatan.
1 Mariage célébré le 27 octobre en Téglise Saint-Clément de Nantes,
par Sa Grandeur Mc' Le Coq, évoque de Nantes^ de M. Edmood-Gbdr-
i Marie db Garheil^
\ i Avec :
Mademoiselle Berthe-Marie de LoaaEaiL.
Muriage célébré à Paris le. 6 novembre,, en l'église de Bainte-GIo-
tilde, de M. le comte ISeoflroy os Vihieo, lieutenant au 6* ré^otentde
cuirassiers,
Avec : '
Mademoiselle Béatrix ob Dubeort oe Givbag, fille da' comte de
Durfort de Givrac, conseiller général de la Loire-Inférieure.
Mariage célébré dans les derniers jours d'octobre de M. de PBiieoBRif,
«ide-commissaire de la marine.
Avec :
Mademoiselle he Kbbouallan.
* Mariage célébré le 14 novembre en la chapelle de Tlmmaculée-
Gonception de Nantes, par M. l'abbé Gabriel, archiprétre de la Cathé-
drale» de M. Gemille Bbillaud db Laujardièbb, avocat à Nantes.
^vec :
Mademoiselle Marie-Henriette Gubrby db Bbaubbgabd. •
MAINE ET NORMANDIE.
Mariage célébré à Paris dans les derniers jours de juillet, en la cha-
pelle des Garmes de la rue de Yaugirard, du comte OUvier-Marie
d'Alinbt d'Elva, troisième fils d'Auguste- Armand d'Aliney d'EIva,
maire de Ghangé (Mayenne), et d'Alix de Quélen,
Avec :
Mademoiselle Julie-Henriette d'Abnois de Gaptot, veare da comte
de Merval. :
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■ MtriagatMlébréà Paris dans les premiers jours d'août, de M. Ma-
rie-Frédérie-LoUis de Messby, lieutenant au 27* régiment de dragons,
, Avec : .
-M«d«mois6lte Angèle-Pélicie-Marie db Sahoodé.
Mariage célébré le I« octobre en l'église de Monthireau (Eure-et-
Loir), par M«^ Potron, évolue de Jéricho, de l'ordre des Franciscains,
commissaire général de Terre-Sa'into, de M. le vicomte os Boissekard'
, Awc :
Madenioiseite Marie d'Anthenaisb.
Mariage célébré à Falaise dans les premiers jour* d'octobre du baron
de Pritzbdbr, fiis de l'amiral baron de Pritzbuër, ancien préfet mari-
time de Rochefort, récemment décédé,
Avec :
Mademoiselle Marie-Andrée db l* Fhbshayb, auj du baron de la
Presnaye, et de la baronne, née de Muy.
Mariage célébré le « octobra au château d'Aigneauï, près Saint-LÔ
par M" Germain, évéqne deCoutances, de M. le vicomte ob U Loyèee
80us.lientenant au 6» régiment de dragons à Evreux, fils du colonel
comte de la Loyère,
Avec •
Mademoiselle os Sainte-Marib d'A.gneaix, fille du comte Georges
de Sainte-Marie d Aigneaui et de la comtesse, née de Bellefonds.
ANJOU
Mviage célébré le 26 juin, de M. le baron Méry de Go«tadbs. fils
du vicomte Gaspard- Edmond-Erasme de Gonudes et de Madame née
Marguerite-CharloUe de Broc, '
Avec ;
Mademoiselle Q.brielle du Bousobla^c, fille du vicomte He.ri du
Bourgblanc et de la vicomtesse, née Amélie de Keridec.
T. VI. — DOCUMENTS. — VI' ANNÉE 10 UV. 23
â40 CHRONIQUE
y
Mariage cclébié à Paris, le 12 août, de M. André Dugamp, liente-
oant au 66* régiment d'infanterie à Tours,
Avec :
Mademoiselle Cécile Legointrb, fille da comte Louis Lecointre,
ancien député de la Vienne.
Mariage célébré à Paris, le 18 août en Téglise Saint-Pierre de
Ghaillot, du comte Maxime de la Bonninièrb ob Beàu&iont, lieutenant
au 14* régiment de chasseurs, fiU du marquis de la Bonninière de
Beaumont et de la marquise, née de la Motle-Baracé de Senonnes,
Avec :
Mademoiselle Jacqueline Sagnieb.
Mariage célébré à Orthez, le 21 août, de M. Louis Gourdon, aTOcat,
fils du grand indiytriel de ce nom, d'une vieille famille d'Anjou,
Avec :
Mademoiselle Louise Guesnelong, fille de M. le sénateur Chesnelong
Mariage célébré au château de Pierrefitte (Indre-et-Loire), vers la
mi-septembre, de M. le baron de Lamothe,
Avec :
Mademoiselle Germaine de la Pierre de Fremeur.
POITOU
Mariage célébré le 23 juillet, en l'église de Mirnay, de M. Antony
Majou de la Débutrie,
Avec :
Mademoiselle Marie-Thérèse de Grbssac, fille de M. de Gressac et de
feue Madame, née de Wacquant.
Mariage célébré lé 4 août, en Téglise de Mignaloux, près Poitiers,
de M. Marie-Joseph-Alphonse-Henri de Lcstrag^ lieutenant au 26* ré-
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CHRONIQUE 341
giment d'artil lerie, fils de Jean-Grescent- Albert de Lnstrac, colonel
d'artillerie en retraite, officier de la Légion d'honnear et de Madame,
née Marie-Blanche- Valérie Lafeuillade,
Avec :
Mademoiselle Anne-Marie de la Corbière, fille d'Ernest^ marqnis
de la Gorbièie et de la marquise, née Cécile- Louise- Camille Guyot
de la Tour.
Mariage célébré le 28 août à Saint- Victurnion (Charente), de M.
Yrieix de Jammes.
Avec :
Mademoiselle Magdeleine d'HuaoMNEAo.
Mariage célébré à Paris le 23 septembre en l'église de Saint- Louis
en risle, de M. Henry Ferey du Couoraye, fils d'an ancien magistrat
à la cour de Paris,
Avec :
Mademoiselle Marianne Pighon, petite fille du baron Plchoa, pré*
sident de la Société des Bibliophiles frauçais et de la marquise douai-
rière de Miramon.
Mariage célébré le 24 septembre eu Téglise de Saint- André de Niort ^
de M. le G^* de Lastig Saint-Jal,
Avec :
Mademoiselle Marie de Clairvadx.
Mariage célébré le 2 octobre en Téglise Saint-François de Sales à
Paris, de M. Félix MAorpREor ob Rodernibr,
Avec :
Mademoiselle Renée de Laiiho3Sb db Varbilhbs-Soxmières,
Mariage célébré dans les premiers jours d'octobre de M. le G^* de
ROFFIONAG.
Avec :
Mademoiselle de Boissibu.
342 CHRONIQUE
NECROLOGIE.
Les pertes éprouvées dans ces quatre derniers mois par
nos provinces de TOuest, ont été aussi nombreuses que
cruelles et plus d'un de nos confrères s'est vu atteint encore,
par des deuils d'autant plus pénibles qu'ils ont été parfois
plus inattendus.
BRETAGNE.
Eq Bretagne nous avons à déplorer les décès : du R. P. Charles
Bathouis, s. J. doctear en médecine, né à Nantes en 1836^ mort en
Chine le 8 juin ; — M"' la comtesse Horric db BBAUOAiaB, morte le
4 juillet des suites d'une maladie de cœur, à Thôtai Terminus à
Aix-les-Bains, à Tàge de 50 ans ; — M"' Marie-Jeanne-Lonlse de
Pasiorbt, marquise de Rouoé du Plessis-Bbllièhe, morte au château
de Moreuil (Somme], le 5 juillet, veuve sans enfants de M. Henri de
Bougé, marquis du Plessîs-Bellière^ ancien ofâcier de cavalerie,
décédé au château de Horeuil, le 26 juin 4888. Elle était fille unique
d'Amédée David, marquis de Pastoret^ ancien gentilhomme de la
Chambre de Charles X, sénateur sons le second Empire en 1859,
et d*Alphonsine de Montfermeîl ; — M. Jules Thirbhy, Tun des doyens
du Conseil municipal de Quintin, mort dans cette ville dans les pre-
miers jours de juillet; — M"^ Marîe-Blanche-Adélaîde Lb Boiobb db u
TouB, vicomtesse Jules Le Cavblieb de Cuvbbvillb, belle-fille da
contre-amiral vicomte Le Cavelier de Cuverville, commandeur de la
Légion d'honneur, commandant la division navale de U Atlantique nord,
et femme de M. Jules Le Cavelier de Cnverville, enseigne de vaisseau,
morte à Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées), le 6 juillet à Tàge de 22 ans;
— M"' DE LA Bione- Villeneuve, née Joubpain db Coutangbs, épouse
de M. de la Bigne- Villeneuve, capitaine commandant au 24* régiment
de dragons à Dinan, morte dans cette ville, le 43 juillet à Tàge de
32 ans ; — M*"* Alain db Bbauvais, née Louise Binaeo, morte â
Rennes, le 1 4 juillet à Tâge de 24 ans ; — M"* Donnabiss^i net
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Marie-Hortense- Adélaïde Galles, morte à Lorient, le 15 juillet à l'Age
de 41 ans ; — M"*^ Stéphanie- Anna Gambaro^ belle-sœar de M. le
général Lemaitre, commandant la 43* brigade d'infanterie à Vannes,
morte à Vannes le 15 juillet.
M. l'abbé Constantin Guérin, curé-doyen de Redon, chanoine hono-
raire de l'église métropolitaine de Rennes, mort le 48 juillet à l'&ge de
63 ans. Né à Gabard, il fut successÎTement ficaire à Monterai et Com-
bourg, recteur de Saint-Jean sur Vilaine et de Romillé^ curé de Saint-
Méen en 1876 et de Redon en 1886 où il remplaça le regretté M. Tho-
mas ; — M*** Magdeleine Marie-Louise Gabrielle de Mbnou, morte
au château de Brequigny près de Rennes, le 18 juillet à l'âge de 26
ans ; — M. l'abbé François Samoel, diacre d'office de l'église Saint-
Etienne de Rennes, mort le 19 juillet à l'âge 41 ans; — M. Paul-
Marie- Vincent Picot ob Plédran, époux de M"* Léontine Boyeldieu,
mort à Redon le 24 juillet à Tâge de 48 ans; — H.Jean-Baptiste
AuBRY, ancien notaire à Nantes, mort dans cette ville le 24 juillet i
l'âge de 70 ans ; — M. l'abbé Rio, recteur de Saint-Gildas de Rhuis,
mort le 27 juillet i l'âge de 65 ans ; — M. l'abbé Balbsmb, aumônier
de l'hospice des Sourds-Muets à Guingamp, mort le 28 juillet, à
l'âge de 53 ans ; — M. l'abbé Guillou, de la paroisse de Saint-Similien
de Nantes, précepteur chez M. le comte de Belleyue, mort le 29
juillet à Penvénan (C.-du-Nord) d'une congestion en prenant un bain ;
— M. Lucien Brisset, capitaine au 105* régiment de ligne, morti
Nantes le 31 juillet à l'âge de 35 ans ; — M. le docteur Pbrquis, mé-
decin à Corseul depuis de longues années et la Providence des pauvres
de cette région, mort dans les derniers jours de juillet. — M, l'abbé
SouLA BAILLE, rcctcur de Saint-Guéno, (G.-du-N.^, âgé de 61 ans; —
M*"* veuve Michel de GaioNÊ, morte à Saint-Brieuc, dans les premiers
jours d'août à l'âge de 69 ans.
M. l'abbé Nayl, vicaire à Mauron depuis 1876, ancien vicaire à
Guilliers, mort dans les premiers jours d'août ; — M. l'abbé Laurent,
recteur de Brec'h, ancien vicaire à Moréac, et recteur de Péaerf, décédé
dans les premiers jours d'août ; — M. l'abbé Gollober, aumônier de
la marine en retraite, chevalier de la Légion d'honneur, mort dans les
premiers jours d'août à Loc'h-Maria-Berrien, sa paroisse natale à l'âge
de 62 ans ; — M, l'abbé Lallemand, aumônier de la marine en retraite,
chevalier de la Légion d'honneur, mort à Brest le 7 août à l'âge de 49
ans; — M. Tabbé Toussaint Boocard, curé de Sainte-Croix de
344 CHRONIQUE
Nantes, chanoine honoraire, mort à Nantes le 8 août. Né à Saint«
Viand en 4821, M. Tabbé Boucard avait été ordonné prêtre en
1846, puis nommé en 4869 curé de Sainte«Groix de Nantes où il
laisse d'unanimes regrets ; «— Le T. G. F. Antonîn Brbuil, de Tins-
truction chrétienne, mort à Nantes le 9 août à l'âge de 83 ans ; — -
Le R. P. Louis, ancien gardien du couvent des Capucins do Nantes,
mort à Lahore le 42 août. Il était parti, il y a quelques années
pour THindonstan pour s'y consacrer au service des lépreux.
— M. l'abbé TauFFAun, aumônier des Dames de Saint-Thomas
de Villeneuve à Marcillé-Robert (Ille-et- Vilaine) , mort le 13
août dans sa 72* année ; — M. Tabbé Autin, recteur de Lanrenan,
mort dans sa famille à Loudéac vers la mi-août ; — M. Louis Davtl
(de son nom Ludovic-Joseph-Gonsalve^Amédée PouPAar), écrivain dis-
tingué auteur de 2a Maîtresse légitime, né le 31 juillet 4830, mort le
48 août. — Le R. P. Dom Benoit (abbé Pierre Berokh), né à Moutoir
en 1820, mort abbé de la Trappe de Gethsemani (Etats-Unis d'Amé-
rique) le 48 août ; —M. le docteur Baume, directeur honoraire des
asiles d'aliénés, chevalier de la légion d'honneur, père de nos con-
frères MM« Louis et Gabriel Baume, mort le 18 août ; — M^** Marie-
Marthe-Garollne de Jaeghbb, morte i Rennes, le 19 août à l'âge de
63 ans ; — M. Alexandre^François Giléb, ancien président de la
Ghambre et du tribunal de commerce de Nantes, chevalier de la
légion d'honneur, mort le 20 août à la Perverie près Nantes à Tàge de
72 ans ; — S. G. M>' Bblodino, évoque in pàrtibus d'Hériopolis,
évoque de Port-au-Prince, chanoine honoraire de 8aint-Brieuc , mort
inopinément le 24 août dans son oratoire d'Hillion près Saint-Brieuc ;
— M. Michel-François de Fbeslon, mort à Rennes, le 27 août à l'âge
de 65 ans ; — M. le vicomte Alban de Frangheville, mort le 27 août
au château de Truscat près Sarzeau, des suites d'un accident de voi-
ture â l'âge de 46 ans ; — » Le T. G. F. Johinien de l'Instruction chré-
tienne chevalier de la légion d'honneur, ofôcier de l'Instruction pu.-
blique, mort à Brest en août à Tâge de 86 ans, après 70 ans de vie
religieuse. Depuis 4829^ il avait été Directeur des écoles communales
de Blaye, Mont-de-Marsan et Sedan et avait été nommé à Brest en
4852. En 4880, les décrets de laïcisation l'ayant chassé de recelé
communale, il se retira i l'école libre Saint-Georges de Brest, où il
vient de mourir ; — Le R. P. Emmanuel (abbé Pierre Lsaoï), né à
Maisdon en 4812, mort à Tabbaye de la Trappe de Gethsemani (Etats-
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Unis d'Amérique) dans les dernierg jours d'août ; -^ M** HonauLt, àée
Cécile RouoBAE» wm CouessoN, morte à Rennes le 1" septembre à Tâge
de 74 ans ; — M. Edouard Gueouillaume, mort à Nantes le 10 sep-
tembre à TÀge de 49 ans ; — M'^* Marie-Elizabeth de Botlbh, morte
à Nantes le 10 septembre à l'âge de 13 ans ; -* M. le capitaine Bar«a
HiÈBB, du 118* régiment d'Infanterie, tué malheureusement dans une
alerte de nuit par un cheval emporté, le vendredi 12 septembre au
soir, à Savenay, au cours des manœuvres du XI* corps ; — M. Gustave
de GooYON deBsaufort, mort vois le 12 septembre à Plerguer près
Saint-Malo à l'âge |^e 78 ans ; — M. Michel* Adrien Gdillbt de la
Brosse, mort à la Jahotière près Nantes le 1 3 septembre.
M. Edouard Quesnet, archiviste du département d'IUe- et- Vilaine,
officier de Tlnstruction publique, correspondant du ministère depuis
1845, mort à Rennes le 12 septembre dans sa 77* année. Né à Gharen-
ton en 1813, il aurait débuté en 1839 comme auxiliaire d'Augustin
Thierry pour la préparation du Recueil des documents inédits
relatifs k l'histoire du Tiers Etat. Chargé en 1846 de classer les ar-
chives judiciaires de Beauvais, il avait été nommé archiviste d'IUe-et'^
Vilaine le 25 avril 1853 ; — M. Tabbé Padiou, aamôûier des sœurs
franciscaines de saint Philbert de Grandlieu, mort le 18 septembre ; -^
M. l'abbé J. B. Bosnel, curé-doyen de Rethiers, mort le 20 septembre
dans sa 8'2« année , — M, Charles-François Loysel, directeur des con*
tributions indirectes à Rennes, chevalier de la Légion d'honneur «
officier d'académie, chevalier de Notre-Dame de li Guadalupe, mort à
Rennes le 23 septembre ; ^- M"^* veuve Renée Rooui, née Sainte-Rose
DiMiON, morte à Nantes le 23 septembre à l'âge de 1 0 1 ans ; — M. l'abbé
Joseph Leglbrg, ancien recteur de Saint-Gonlay ([Ile-et-Vilaine, mort
vers le 22 septembre dans sa 50* année ; — M. Tabbé d'EspiNOSB,
mort vers la mi-septembre à l'âge de 35 ans. Il s'était consacré aux
missions et en avait fondé plusieurs de ses propres deniers. On lui
doit entre autres, la création d'une florissante paroisse sur les bords du
Missisipi dont il était depuis longtemps le pasteur vénéré. La sœur de
l'abbé d'Espinose a épousé le vicomte de Fontaine de Rebescq, ancien
magistrat ; — M'^® Guresiien de Trêvembuc, sœur du comte de Tré«
veneuc, sénateur des Côtes du Nord, morte les premiers jours d'oc-
tobre ; — M. l'dbbé Derribn, ancien vicaire de Cancale où il s'était
retiré depuis une vingtaine d'années^ mort dans cette ville le 2 octobre
à Tàge de 73 ans.
34Sf
CHRONIQUE
M^£!baries du BottaoBsorBuc, capitaine d« vaisseau en retira/
comaaaadeujp de k Légioa d'honneur, mort le 3 octobre Agé de 79 ans ;
— M. :PiNAULT, adjoint au maire de Pleugueneiic (Ilfe-et-'Vilaiaè)
mort le 4 octobre ; — M. Tabbé Bsllec, aumAnier de Tliôpital de
Pontivy, mort le 5 octobre ; — M'*« Ânne*Marie HoMilie HEtrares
KBaaoBT, morte le 7 octobre à Vannes à l'âge de 65 ane ; — M Tabbé
Joseph-Marie GoasL, aumônier de Taction de grâces à Ma«ron depnii
4884, mort le 7 octobre, né à Malestroit le 21 décembre 184*9, il atait
été ordonné prêtre le 28 février 1874, pnis nommé successivement
professeur du collège Stanislas à Ploêrmei, et économe du Petit-
Beminaire de cette ville, avant d'occuper son poste de Mauron ;
— M. Gabriel* Pierre-Marie- Jade Roll^md db Ranqsbyé, mort au
château du Rocher près Guipry (Ule-et- Vilaine) le 7 octobre à l'âge de
55 ans ; — M. l'abbé François Loua y, vicaire à la Bazooges du Désert
mort le 7 octobre à l'âge de 33 ans. Il était vicaire de cette paroisse
depuis six ans.
' M. Armand Rousseau, ancien élève de l'école polytechnique, foas-
lieutenant d'artillerie à l'Ecole d'application de Fontainebleau fils de
M. Rousseau, conseiller d'Etat^ président du conseil général du
Finistère, mort à Kerenun en Treflez, le 9 octobre à l'âge de 22 ans ;
— M. d'AsiEs, général de division en retraite, commandeur de la
Légion d'honneur, qui avait commandé une division à l'armée de TEst
en 1870, mort le 12 octobre à l'âge de 71 ans ; — M^"" Renée-Françoise
deHAUDaEssY, morte â Nantes le 1 2 octobre à Tâge de-76 ans; —» M"^* la
comtesse du Po.'VTAviGB, née Marguerite ûEGASEMPaLde BassBiEux, morte
au château des Renardières paroisse de Landéan, près Fougères , le
14 octobre à l'âge de 56 ans. Femme d'une haute distinction et d'un
rare mérite, elle laisse d'universels regrets ; — M°^* Léonie-Josépbine
Ghabdom, sœur converse de la Charité Saint-Louis, morte â Vannes le
14 octobre â l'âge de 37 ans ; — M. Hervé de SsaÊ, de Saint-Briêuc
mort le 15 octobre à Paris dans sa 1*8* année ; — M^ l'abbé L. J.
Goupil, recteur de Peillac (Morbihan), chanoine honoraire de fiées,
mortle 16 octobre. Né à Bréhand-Loudéac, le 29 juillet 1836, M. Félix-
Julien Goupil fut ordonné prêtre le 20 juillet 1860* et nommé deux
jours après vicaire à Beignon. En 1876, il fut nommé recteur delà
Gacilly d'où il fut transféré â Peillac en 1876 ; — Le capitaine Gabbot
ancien ofQcier au 4 18* régiment de ligne à Qoimper, capitaine^major
au 4' tirailleurs tonkinois, décédé le 15 octobre à rh6pitald'Haï»PhoBg r.
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CHRONIQUE 347
M. BpNAUY, aspirant de marine, noyi dans le Nil près de Ghysseh le 4 5
octobie.; -*- iLugttste Toulmoughb» l'auteur de tant de charmants tableaux
que la gravure . et Ja photographie ont rendue populaires, mort à Paris à
son domicile de la rue Victor Massé le 16 octobre.Né à Nantes^en 1829,
To.ulmouche vint très jeune à Paris pour y étudier la peinture. Il
entra dans Talelier de Gleyre, sous la direction duquel il fit de rapides
progrès et à dix-neuf ans il envoyait son premier portrait au Salon. 11
exposa ensuite toute une série de toiles représentant des scènes intimes
dont il puisa la plupart des motifs dans la vie élégante et mondaine.
Les plus connues sont : Après déjeuner, La, Terrasse, Le premier
chagrin^ Le lendemain du bal, Un mariage de raison. Le Lilas
blano, etc. Le peintre de ces gracieux tableaux, peuplés de femmes si
jolies, si élégantes, si parisiennes, avait obtenu plusieurs médailles
dont une de deuxième classe à l'exposition universelle de 1889. Il
était chevalier de la Légion d'honneur.
M°^* Jeanne-Françoise Delachaise, épouse de M. Ernest Mbbson ,
directeur du journal l'Union bretonne, morte à Nantes le 17 octobre
à r&ge de 73 ans ; -— > M. Tabbé Julien-Clément FoufiAOs, ancien curé
de la Pàquelais, mort à Nantes le 18 octobre à Tàge de 75 ans ; --«
H. Edmond-Marie- Vincent de la Pxnsonnais, mort au château de la
Pinsonnais près Nozay (Loire-Inf.), le 19 octobre à l'âge de 80 ans : —
M. Tabbé Louis Bouri^b, mort à Rennes, le 20 octobre â l'âge de 3 i
ans ; — M. l'abbé Joseph Doaoâ, profesieur au collège de Vitré, mort
le 20 octobre à Rennes, à l'âge de 29 ans ; — M. l'abbé Laurent, su-
périeur des sœurs garde-malades des Pauvres, mort â Nantes le 21
octobre. Né â Herbignac en 1822, il avait été ordonné prêtre en 1847
et successivement professeur au Petit-Séminaire et vicaire, â Notre-
Dame de Bon-Port ; — M. l'abbé Jean-Marie Goppbns, aumônier de
la Heiraite à Lorient, mort le 23 octobre. Né â Auray, le 29 décembre
1851, il fut ordonné prêtre le il mars 1876. Nommé quelques mois
plus tard vicaire â Palais, il devint en 1882, aumônier de la Colonie
agricole et maritime de Belle-Île et fut transféré à la Retraite de
Lorient. le 19 septembre 1885 ; — M""* Stéphanie-Marie Hamon^
religieuse de chœur de la Visitation de Rennes, morte le 24 octobre â
l'âge de 57 ans ; — M. Marie- Armand-Roger db Hillbrin, mort à
Nantes, le 25 octobre à Tâge de 63 ans; — M.Gustave-Pierre-Marie db
Bbchbkbg, mort â Rennes, le 25 octobre â Tâge de 60 ans ; — M. De-
nis, doyen du barreau, de Rennes, ancien conseiller général, mort à
348 CHRONIQUE
BeauYoir, commane de Bazouges sons Hédé, le 56 octobre; «-
M. Hippolytè Ghavahoa, rédacteur ea chef de l'Océan à Brest, mort
i Mautauban de Bretagne^ le 28 octobre à l'âge de 58 ans ; — M"^ P.
Le Jednb db la MAariifAis, née Joséphine- Aimande-Elise Ghescartais,
morte i Nantes^ le 29 octobre à l'âge do 68 ans ; -— M*^ la marquise
DE Brug-Momtplaisir^ décédée au château de Bmc, commune de Gné-
mené-Penfao, le 30 octobre. Elle laisse cinq filles : W^^ de Bruc-
Montplaisir, la baronne de Boisaubin, la yicomtetse de Sapiaaod» la
baronne de Goy et M"* de Sury d'Aspremont; ~ M. Clair» Adrien
Lb Masnb, décédé à Orléans, le 30 octobre ; — M. le général da
Temple, décédé à Paris, le 3 novembre à l'âge de 67 ans. Ancien capi-
taine de frégate, M. du Temple après avoir fait les campagnes de
Grimée et du Mexique, avait pris du service à terre en 1870 et étadt
devenu général à titre auxiliaire à la 2* armée de la Loire, bods les
ordres du général Ghauzy. Après la guerre, élu député d'Ille-et-
Vilaine à TAssemblée nationale de 1874, il siégea à l'extrôme droite
et ne cessa de s'y montrer monarchiste et chrétien. Il fut l'un des
quatre' députés qui refusèrent de ratifier le traité avec l'Allemagne ; —
M. Henri Fbacoq du Leslay, tué malheureusement par son frère
Gaston, dans un accident de chasse, survenu à Gourin le 31 octobre,
à l'âge de 35 ans ; — M. Daliqant, capitaine d'infanterie en retraite che-
valier de la légion d'honneur, mort à Bello-Ile-en-Mer le 31 octobre ;
-^ M. Jacob Baahow, doyen de la Colonie anglaise de Dinan, frère
de M. le major Barrow de l'armée des Indes, décédé à Dinan le î
novembre à l'âge de 81 ans; — M°^* Prosper de Léon i^es OaMBAUZ, née
Millrt de la Turtaudièrb, décédé à Rennes le 3 novembre à l'âge de
64 ans. -^ M"^ Clarisse Michblet de Montrboil, veuve de M. le doc-
teur AussANT, morte à Saint- Grégoire, près Rennes, le 3 novembre à
l'âge de 87 ans ; — M. le général de brigade en retraite Sbbvbl, com-
mandeur de la légion d*honneur, mort le 9 novembre. Né à Etonnes le
3 novembre 1821, le défunt sortait du génie» Il était lieutenant-colonel
en 1870 et fut nommé général de brigade en 1880 ; — M""* de Sotbs»
née DoiYDEL de Kerqonano, mère de M. de Soyer, lieutenant*colonel du
47" régiment d'infanterie à Saint-Malo, morte à Baden, près Vannes,
le 1*' novembre ; — M. l'abbé F. Michel, ancien vicaire de Langro-
lay, né â Mûr (Gôtes-du-Nord en 18G4, mort dans sa famille à Plerin
le 2 novembre ; — M. le docteur Marhec, ex-médecin en chef de la
marine, officier de la légion d'honneur, décédé à Vannes, le 9 novembre.
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Le B. P. Fjbajiçois, dans le inonde M. Ilenri Daniel, gardien du cou-
vent dea Pères RécolleU de Nantes, décédé dans cette ville le 11 no-
vembre. Né à Nantes en 4835, il était frère de M'' Daniel, ancien
aqm&nier des xooaves Pontiflcauz ; le B. P. Pomia, 8. J., décédé à
Nantes, le 12 novembre i l'âge de 71 ans. Né à Saint^Martin de Gonnée
(Mayenne), le 15 juillet 1829, il était entré dans la Compagnie de
Jésus en 1841 et appartenait depuis 30 ans à la Résidence de Nantes.
On loi doit la fondation des Bibliothèques populaires et de l'œuvre des
bons livres, qui fait taut de bien parmi nps classes laborieuses.
NORMANDIE, ^
En Normandie, noua avons à déplorer la perte de : M"* Héliodora
DB Seran , vicomtesse douairière db ViLLENBuvE-BARosMOirr, . morte au
château de Balaison près Douvaines (Haute-Savoie) dans la première
quinzaine d'août. Elle était fille du comte de Seran et de la comtesse née
de Sabran-Pontevez et avait épousé en 1828 Jean-Baptisle, vicomte de
Villeneuve-Bargemont, capitaine de vaisseau, chevalier de saint Louis,
officier de la Légion d'honneur, mort le 6 oclobre 1861. La famille de
Seran en Normandie est connue dans cette province depuis Antoine
Seran, écuyer, conseiller assesseur de Bayeux en 1697 ; ^- M"^* veuve
FizBAUx DB LA Martel, morto au château de Saint- Yaubourg (Seine-
laférieure) le 18 août. — M"** la marquise db Verdun delà CiBinus,
née Âliette-Marie de saimt-Gillbs, morte au château de la Grenue
près Avranches, le SO août à Tàge de 64 ans ; — M. le général L«
Baron, né en 1802, mort dans sa propriété d'Offranville près Dieppe
le 21 août. Ancien élève de l'école polytechnique, ayant construit les
forts d'Issy et du Mont-Valérien, le général Le Baron fut blessé a
Magenta comme chef du génie du corps d'armée de Mac«Mahon. En
1870, il organisa le génie de la défense de Paris et joua un rôle actif
pendant Je siège. Il était commandeur de la Légion d'honneur. — M. le
comte Eugène-Marie d'ANDioNÉ de BEAUREaARD, mort le 5 septembre
au château du Champ de la Pierre près Garrouges (Orne) à l'âge de
83 ans ; -* M. Alexandre db Bonnechose, mort au château de
Montcroix près Bayeux vers la mi-septembre à Tâge de 93 ans ; —
M°** la comtesse douairière de Poisbuz, morte au couvent des dames
du Bon-Sauveur à Gaen vers la mi-septembre. — M. Eugène Toueangin,
fils de l'ancien trésorier payeur-général de l'Orna, et gendre de l'amiral
350 CHRONIQUK
VéroD, «énateardltle-et-Vitaine, mort ao château des MjAsièi^ pr^
Aleoçon le il octobre ; '-* M. Barbcbr du Bdo^OE, mort eabitement le
10 octobre ea son château de Quenet près Goaches (Eure)^à Tége de
56 ans. Membre des 'plas influents de la Société de Géographie,
M. Barbier du Bocage donnait une collaboration très gotrtée i plusieurK
publications scientifiques. Il était Tâmede la Société libre de VEure et
avait donné d'importants travaux à la Société des agriculteurs de France
(section de Sylviculture). Il laissa une fille qui a épousé le marquis dé
Preaulx ; — le H. P. Hobbrt, aacîen supérieur de Tabbaye du Mont*
Saint-Michel où il suscita des fêtes magnifiques et un grand concoars
de pèlerins, mort vers le 12 octobre â Pontiguy ; — M. le Marqaîs
Henri de DAMfANy capitaine au 1"* régiment d'infanterie de marine,
mort le 1 3 octobre à Cherbourg, victime dd ses séjours réitérés en
Annam, au Tonkin et à Madagascar. Eu lui s'éteint la famille des
Damian, seigneur de Vernèque. —M. le baron de Laagb de Bellefaye,
ancien inspecteur principal des douanes â Rouen, ancien directear an
Havre, décédé dans cette dernière ville, le 28 octobre à Tâge de soixante
et onze ans, à la suite d'une longue et douloureuse maladie. M. de Laage
de Bellefaye était entré dans l'administration des douanes le 4*' mai
1836, et avait successivement occupé les fonctions d'inspecteur séden-
taire et d'inspecteur princi[ial à Rouen. Nommé directeur à Perpignan,
le 1^' août iS7^, il avait occupé le môme poste à la Rochelle depuis
le !•' juillet 1875, et avait enfin été nommé, le !•' janvier 4879, en
même qualité au H&vre, où il prit sa retraite le 1*' juillet f88i. I^
était cbevalier de la Légion d'bonneur, chevalier de l'ordre de Saint
6régoire-le-Grand, commandeur de Tordre d'Isabelle-la-Catholique et
officier d'Académie et issu, par sa mère, du baron Ghaptal, l'illnstre
savant dont un lycée de Paris porte le nom. — M. le général de division
DB FoNTANQEs DE CoDZAN, décédé au château de Noyers, près les
Andelys (Eure), le 3 novembre à l'âge de 74 ans.
•
MAINE
La province du Maine a perdu ces temps derniers : M"* Aimée du
Bailly, marquise de Vaujuas-Lanoan, morte au château de Presnay,
le 26 juin dans sa 83» année; — M. le comte Anatole-Charles des
Nos, marquis de Palnard, maire de Chailland (Mayenne), décédé le
13 juillet au château de Clivoy, dans sa 76' année; — LaR. M.
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GHR0NIQU15 351
•
abbesse des Trappistines de Laval, en religion : eoetir MAiu&>EMJCAiraBL»
nor^ le 31 juillet; — M. l'abbé Julien Bouaillon» né en 1835 à
SaîQt-Galais du Dôiert, ^nccessivement vicaire à Saint-Marc sur
Golmoat. à Andonillé et à Saînt-Samson^ naort curé de Laubrières
le i*' août ; «- M. Tabbé Joseph Malassib, aumônier des sœurs de
Ruillé sur Loir, mort le 7 août âgé de 57 ans. D'abord professeur an
Séminaire de Précigné, il fut ensuite vicaire à Saint-Georges du
. Rosay et à Bonnétable, puis curé de Saint-Marc la Bruyère ; -*-
M™*^ Marguerite^^Marie-Louise-Adélaïde Le Pelletiw d:'. Moefontaihb,
marquise douairière de Boisgbslin, morte à Paris le 10 août à Tàge
de 80 ans. Elle était fille de Home- François- Léon Le Pelletier de
Morfontaine et de sa- cousine Suzanne- Louise Le Pelletier de Sain t-
Fargeau. Elle avait épousé M. Edouard-Raymond-Marie, marquis de
Boisgeslin, pair de France, maréchal de camp, chevalier de Malte et
commandeur de Saint-Louis, au château de Saint-Fargeau (Yonne),
le 15 mars 4827. La famille Le Pelletier, originaire du Maine a
pour auteur connu, Julien Le Pelletier^ fils de Pierre,bailli de Tourvoye
au Maine en i508 ; — M. Tabbé Paul GARifiBa, né à Laval en 1811,
décédé dans cette ville le 21 août après avoir été vicaire à Âron,
puis curé de Blandouêt ; — M. Tabbé Auguste GpDBFaoT, né à Sablé
en 1820, mort dans sa ville natale le 21 août. Il avait été vicaire à
Parigaé TEvéque et à la Bazoges, puis curé des Aulneauz, de Sainte-
Gerotte et de Louailles ; — M. le baron Michel de Rsqnier, mort à
Laval le 6 septembre à l'ftge de 64 ans ; — M^^* Elisabeth-Jeanne Lb
MoTHBux ou Plessix, morte au Mans le 10 septembre à l'âge de 22
ans ; — M"'* la vicomtesse de Bastard d'Estaivo, née Alezandrine-
Louîse-Armandine de Leozb, veuve de son cousin le vicomte de
Bastard d'Estang^ procureur général sous Gharles X, ancien président
honoraire à la cour d'appel de Paris, morte le 42 septembre au châ-
teau de Dobert, commune d'Avoise (Sarthe) à l'âge de 77 ans; —
M. l'abbé Glo^is Gouin, né à Segrie en 1852, directeur du grand ^
séminaire du Mans, mort à Gonlié le 20 septembre ; — M™" Lbbrbton, /
née Podpard-Doplbssis, femme du Sénateur de la Mayenne, morte y
le 15 octobre au château de^ Saint-Melaine dans sa 62** année; —
M. Gharles, du Laurbns, mort ifcu château de Montcroix le 23 octobre
à l'âge de 72 ans ; — Le R. P.. Dom Gootubibr, abbé du monastère
Saint- Pierre de Solesmes depuis 15 années, supérieur général '
}>énédictins de la Congrégation de France, consuïteur de ^
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332 CHRONIQUE
GoogrégatioQ de Tlndex, chanoîaa d'honnear des églises da Mans, de
VaDQes et Langres, qui avait saccédé à Tillustre Dom Gaérangrr;
mort le 29 octobre à TAge de 74 ans. C'était un homme émioent et
d'une haute valeur qui sera profondément regretté de tous ceux qui
Tout connu; — M. le marquis de Champaqné» conseiller général du
canton de Graon, mort le 4 novembre à l'âge de 62 ans; -«M. le
marquis oe la Soze, conseiller général du canton de Màlicorne (8arthe),
décédé le 9 novembre.
ANJOU.
En Anjou, nous avons à enregistrer/ la perte de M. l'abbé Obniau,
ancien curé du Voide, auteur de Timportante Histoire des guerres de
la Vendée, mort le 26 juillet à Tâîje de 82 ans-; — M"« la marquise
de Broc, morte chez sa fille, la vicomtesae de Gontades, le 29 Juillet à
Angers; — M. le comte de Sainf-Pbrx, ancien zouave pontiGcal, et
maire de la commune de Bouzillé près Ghantonceaux (M. et L.) mort
lé 29 juillet à l'âge de 47 ans ; — M"* la vicomtesse du Fou, née de
GoNTADBs-GizEux, bellc-âlle du comte du Fou, maire dé Nantes sous
la Restauration, morte au château de la Brulaire paroisse de Geste
dans les premiers jours d'août; — M. Fleury de Fos, fils de M. deFos
ancien officier de marine^ mort à Erigné (M.-et-L.) le 4 août à l'âge de
28 ans : — Le H. P. Vaillant, missionnaire dô la Gompagnie de Maiie
mort le 18 août à Saint Laurent-sur-Sèvre ; — M. Ernest Faligan,
docteur en médecine, licencié ès-lettres, mort à Ostende à la fia
d'août, il <*. a iris pour sujet de sa thèse de licence : La, Légende
de Faust et . .^ssa une monographie intitulée : Sur une origine
satanesque des Plantagenets, in-8** ; — M. Joseph de Crozé db
GlesmeS;, mort le 31 août au château de la Durandière àTâgede
83 ans ; — M"*® Emestine d' Augustin de Bourguisson, en religion :
R. M. Marie-Thérèse de Baint-Joseph, ancienne prieure du Garmel de
Tours, morte en son monastère le 8 septembre dans sa 72* année ; —
M. le comte Xavier de Messey, mort au château de Loncheray le «^
septembre à Tâge de 33 ans; — M'^"" Hélène de Maillé, chanoinesse de
Sainte-Anne de Bavière, fille du feu duc et de la duchesse née d'Os-
mond, morte le 10 octobre dans sa 44* année. Elle était nièce du comte
Armand de Maillé, député de Maine et Loire ; -* M. Tabbé Frooi'^i
aumônier du Bon-Pasteur d'Angers, mort le 30 octobre dans sa 35*
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année ; — M. le comte Tripibh db Lozé> moire de Vern, près Candé ;
(M.-et-L), mort le 4 novembre.
POITOU ET SAINTONGE.
Multiples sont aussi les deuils de ces deux provinces, pour lesquelles
nous signalerons notamment les décès, de M. l'abbé Isle de Beaughbsnb
curé de Mormaison mort le 9 juin à Tâge de 65 ans ; — M. Josepb
Babinbt, décédé à Lusignan (Vienne) le 15 juin à J'âge de 85 ans ; —
M. le vicomte Gbarles-Marie-Georges de Tuoest, mort au château de
Visais, commune de Beruges (Vienne), le 16 juin à Tftge de 43 ans ;
— M, Victor-Auguste Loué, architecte, inspecteur des travaux du
diocèse de Luçon, officier d'académie mort le 30 juillet à l'âge de
54 ans ; — Mme Guillemot de Liniers, née Jenny-Elisa-Césarine de
la Marque, morte au château de Régnier près la Trémouille (Vienne]
le 8 août dans sa 78^ année ; — M. l'abbé Achille Ridouard, né à
Tbenezayen 1844, mort à Thouars le 8 août. D'abord vicaire à la
-Motte Bainte-Heraye, puis à Notre-Dame de Niort, il fut ensuite
aumônier de la prison de Thouars, puis des Dames de la retraite de
cette ville ; - M. le général de brigade en retraite Guiot de la Ro-
chère, qui commandait le 6* régiment de cuirassiers aux fameuses
charges de Reichshoffen, mort le 4 août dans sa 72* année. Né à
A vailles (Vienne) le 18 novembre 1818, il sortait du rang et fut
nommé colonel le 27 février i869 et généiral de brigade en 1880. La
même année il avait été nommé grand officier de la légion d'honneur ;
— M. l'abbé Gamdoin, chanoine titulaire, mort à Lv j/%./fb i^l août à
Tàge de 76 ans ; — M°"* Henriette de Mayicaro, cu Itesse Robert de
Lêzardiérb, morte le 23 août au château de Badiole (Vendée). — Le
R. P. Th. d# Bbauvoys, de la compagnie de Marie^ depuis 1869,
mort le 23 août à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Néâ Andard, il avait été
pendant 30 ans^ professeur au collège de Gômbrée ; — M^^^ Julie Fran-
çoise-Eléonore de Mbsghinbt, morte à Saint-Etienne-la-Gigoigne, le 6
septembre dans sa 75* année ; — M. Henri de Puybbrneau, maire de
Fougerais depuis 1845, ancien conseiller général du canton de la
Roche-sur- Yon^ ancien député de la Vendée en 1871, mort au châ-
teau de Buchignon le 15 septembre à l'âge de 79 ans ; — M"'** la
comtesse du Hamel, née de Maqmb, morte au château de Gastets (Gi-
ronde) le 21 septembre à l'âge de 73 ans ; -* M. Félix-Marie de la
35 i CHRONIQUE
GiiASiDiàRÊ, conseiller géûéral du canton de Rocheservière (Vendée),
mort le 26 septembre au châ'cati de la Source à Tâge de 71 ans ; —
M. le marquis de la Rochetulon, ancien colonel de mobiles, ancien
député à l'Assemblée Nationale de 1871, père du comte de la Rocbe-
tulon, marié à M^^* de Eondy, et élu le 5 ocfobre dernier, conseiller
général de la Vienne, mort le 15 octobre au cbâteau de Baudîmont
près Vouneuil sur Vienne. Né en 1827, il était fils du marquis de la
Rochetulon, capitaine de cuirassiers au régiment de la reine, gentil-
bomme de la chambre de Giiarles X et de Marie de Durfort de Givrac;
— M. du Gâaiieau de la Méguèmie^ mort le 46 octobre à Tâge de 78
ans; — M. Tabbé René Bbssonnbt, chanoine bouoraire de Poitiers,
cbevalier de la légion d'honneur, officier d'académie depuis SO ans
curé de la paroisse Saint- Jean- Baptiste de Gh&tellerault, mort le 16
novembre à l'âge de 88 ans ; — M. Tabbé Emile Bertrand, dirccteaj
et économe du séminaire des Sables-d'OIonne, mort le 22 octobre ; —
M. IsAMBBRT, professeur de la faculté des science de Poitiers, mort le
2 novembre, M. le V^ Jules de Ghabot, père de M. Gérard de Cha-
bot, conseiller général du canton de Ch&tillon, mort à Angers le 8 oo-
vembre; ^ M. de la Foxchardière, auteur de nombreux travaux
insérés dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de VOuest,
décédé i Poitiers le 12 novembre à Tâge de 82 ans. — M. Théophile
Jean-Louis, comte de Brbmond d*Ars, Président de la Société
des Arts et monuments historiques de la Charente-Inférieure,
ami personnel du comte de Ghambord, décédé sans alliances dans
les premiers jours de juillet au château de Vénérand à Tâge de 72
ans. Il était fils du comte Jules-Alexis de Bremond d* Ars, baron de
Saint-Fort, mort en 1838 et de fnue Marie«Eutrope-Mélanie de Sartre,
veuve de Joseph Louis de Gaigneron ; — M. Tabbé Joseph Du*
PEUX, vicaire de Saint-Genys, mort le 30 juillet à Saint-Martin
du Guast à l'âge de 29 ans ; — M. l'abbé Jeaa Renaud, curé de
Lqrignac, mort le 21 août dans sa 79 année; — M. le comte
PouQET, capitaine de frégate en retraite, mort à Rochefort, le 34 août
à l'âge de 82 ans ; — M. Victor de Saint Estèvb, veuf de M"* Omess
DB Saint Marsault de Ghatelaillon, mort au château de Ghaillonnay
le 3 septembre dans sa 81* année.
Jehan de la Savinayk.
Vannes. — Imprimerie Eugène LAFOLYË.
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Vf ANNÉE
TABLE DES MATIÈRES
NOTICES ET MÉMOIRES
Le Bienheureux Ruaud, premier âbbé de LAiiTaax. — Abbé
OniLLoux 1
Notes d'Ieonographie. Les Thèses bretonnes illustrées des XYII*
et XVIII* siècles. — (?• db Palts 37, 282
Recherches sur les Origines littéraires de l'Ancienne Province de
Bretagne (suite). — Dom Plaine 50. 278, 418, 687
L'Abbaye de Bois-GroUand en Poitou {suite et fin), — Constant
VïRGBR 58. 163
L'Enseignement secondaire ecclésiastique dans le diocèse de Nantes,
après la Révolution (suite). — Abbé Ricordbl. . 76« 141, 336, 560
L'Episcopat nantais à travers les siècles (suite). — J. na Kbr-
SAUSON 88, 193, 581, 609
Cassard, capitaine de vaisseau (1679-1740), (lut^a et /In.) — S. db
LA Nicoluérb-Tbuboio 96
Notices historiques sur Prigny et les Moutiers (suite). — Abbé
Allabd. ., • ... 112, 248, 615
Les Vitréens et le Commerce intemationaL (suite). --
FaADsr 121,270,550
Un abbé de Saint-Aubin d'Angers (le cardinal de Denonville)
1493-1540. — IP* DB BRISAT 180,206,474
TABLES DES MATIÈRES
Chartes inédites, tirées des archives de Pampelune et de Soria,
relatives à Du^uesclin et à ses compagnons d'armes. — Dom du
COBTLOOQUBT 205. 597
Deux Bulles inédites du XVI* siècle. — Mr X. Babbier db
MOWTAtJLT 293
Les 130 Nantais. Relation inédite de leur voyage à Paris en
1794.— C^DiLA GuèKl 305,485
Les Grands Scuyers de Bretagne. — J-Trâvâdt. . 329, 539, C^
Histoire de cinq tableaux de Jean Cousin. — L. A. Bossbbœcff. 362
Le Clergé du diocèse de Nantes en 1791. — Alfred LjlljliA. . 378
Btude sur une paroisse bretonne : Brandi vy. — Abbé Quuxoux. 427
La vérité sur la paternité des peintures de la coupole et du vieux
chœur de la cathédrale de Nantes. — E. Boismin SS&
Souvenirs dominicains dans le diocèse de Saini-Brienc. (suite),
— R. P. Chapotim 660
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REVUE HISTORIQUE DE L'OUEST
VI> ANNÉE
TABLE DES MATIÈRES
DOCUMENTS
Catalogue des gentilshommes d'Anjou lors de la Rôformatlon de
la Noblesse de 1666. — Voisin de la Noirays. intendant de Tours.
— P. DB Farot 1, 87
Documents inédits sur la Normandie, le Maine et TAnjou. — Juge-
ment de Maintenue de noblesse.prononcô en 1667, en faveur de la
famille de Vauloger. — René du Lys 20, 102
Fondation de la Gonflrôrie du Rosaire à. Plougrescant. — Abbé
J. M. Lucas 55
Autobiographie du pasteur protestant bi^eton, Philippe Le Noir
1656.— 0. dbGourcuff 81
Notes historiques sur la paroisse de Campbon. — Dubois db la
Patbllikre 134, 245,275, 2W
Divisaire de Bretagne. — E. Priour de Boceret. . 177, 267, 2dl
Deux lettres inédites du général Scevola Sabatier. — C«* R. db
L'Estourbeillon 247
jChronique. — Jbhak db la Savinayb. . . i8. lié, 284, 251, 217
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TABLE DES MATIERES
PAR NOMS D AUTEURS
NOTICES ET MÉMOIRES
Abbé Allard. — Notices historiques sur Prigny et les Montiers
(9uite) ■ 113,248.615
Mf Barbisr di Momtault. » Deux bulles inédites du XVI*
siècle 293
E. BoiSMBN. — La vérité sur la paternité des peintures de la coupole
et du yieuz chœur de la cathédrale de Nantes 525
L. A. BossBBŒtJF. — Histoire de cinq tableaux de Jean Cousin. 362
M^* DB Brisay. ~ Un abbé de Saint-Aubin d'Angers (le cardinal
de Denonville) 1493-1540 130, 286, 474
R. P. Ghapotin. — Souvenirs Dominicains dans le diocèse de
Saint-Brieuc 660
DoM DU CoBn.osQnBT. — Chartes inédites tirées des archives de
Pampelune et de Soria, relatives à Duguesclin et à ses compagnons
d'armes 205, 597
Frain. — Les Vitréens et le commerce international
(suite) 121,270,550
C^* DE LA GuÂRB. — Los 136 Nantais. Reliition inédite de leur voyage
à Paris en 1794 ' 305, 485
Abbé Guilloux. — Le Bienheureux Ruaud, premier abbé de
Lanvaux 1
Etude sur une paroisse bretonne : Brandivy 42"^
J. DB Kbrsauson. ~ L'Ëpiscopat nantais à travers les s^^
(suite) : 88, 193
Alfred Lallié. — Le Clergé du diocèse de Nantep
S. DE LA Nicollière-Teijetro. — Cassard, ca^^'
< 1^79-1740) (suite et fin)
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TABLB DBS MATIÈRES
C** DE Palys. — Notes d'Iconographie. Les Thèses bretonnes illus-
trées des XVII» ^t XYIII» siècles 37,22«
DoM Plaine. — Recherches sur les origines littéraires de Tancienne
province de Bretagne (jwiYe) 50,278,418,687
L'abbé Ricordbl. — L'Enseignement secondaire ecclésiastique
dans le diocèse de Nantes après la Révolution (suite), 76, 141, 336, 560
J. Trévédt. — Les Grands Ecuyers de Bretagne. . 329. 539, 650
Constant Verger. — L'Abbaye de Brois-Grolland en Poitou
(suite et fin) 58, 163
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TABLE DES MATIÈRES
PAR NOMS D AUTEURS
DOCUMENTS
Alain db Botmâlas. — Compte rendu des lettres et mandements
de Jean V, duc de Bretagne, par M.|René Blanchard. . . . 59-60
L. DE LA Brièrs. — Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Un Bénédictin laïque 65-68
Dubois de la Patbllièrb. ~ NoteE historiques sur la paroisse de
Campbon 134,235,275,299
C^ R. DE l*Estourbbillon. — Deux lettres inédites du général
Scevola Sabatier 247
Compte rendu du Dictionnaire historique des familles du Poitou,
par MM. H. et P. Beauchet Filleau 62-63, 327
Une famille de grands prévôts d'Anjou aux XVIP et XYIII* siècles.
Les Constantin, seigneurs de Varennes et de la Lorie. 21 1-214
P. DU Farct. — Catalogue des gentilshommes d'Anjou, lors de la
Réformation de noblesse de 1666. Voisin delà Noirays, intendant
d© Tours 1, 87
0. DE QouaouFF. — Compte rendu du supplément du Livre doré de
THÔtel de Ville de Nantes, par MM. A. Perthuis et S. de la Nicol-
lière-Tegeiro 149-151
P. DB LiSLE DU DRâNEUC. — Compte rendu de la généalogie de la
maison de Cornulier, par le C^ Ernest de Cornu lier. . . 204-206
L'abbé J.-M. Lucas. — Fondation de la confrérie du Rosaire à
Plougrescant 55
René du Lys. ~ Documents inédits sur la Normandie, le Maine, et
TAi^ou. Jugement de maintenue de noblesse prononcé en 1667, en
faveur de la famille de Vauloger 20, 102
TABLE DES MATIÈRES
Albert Macé. — Compte rendu de l'essai sur la OéoArapbie de
Bretagne avec la carte des fiefs et seigneuries de cette province par
M. A. de la Borderie 317-3»
Ck)mpte rendu de Guionyach'. Chronique bretonne publiée par
L. de Kerardven 211-214
C^* DE Marst. --• Etude sur le procès de Jehanne la Puoelle, par
M. l'abbé du Bois de la YiUerabel 251-253
£. Priour de Bocbrbt. — Devisaire de Bretagne. . «177, 207, 291
Joseph Rousse.— Poésie sur saint Friard et saint Seconde! à propos
d'un pèlerinage à Besné (6 août 1890) 331-332
Jehan de la Savikate. — Chronique. . . 58, 146, 204, 251, 317
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