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Full text of "Revue historique de l'Ouest .."

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.'RÏGHTDLfNN 
BEQUEST 

UNIVTLRSITY  orMICHlGAN 

GEN£a\L  LIBRARV 


REVUE 

HISTORIQUE 

DE    L'OUEST 


T.    V!  .    —    NUTlCtlS.    —   VI*   ANNÉE,    i"   LIV. 


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Vannes.  —  Imp.  E.  Lapolye,  plage  des  Liges,  2 


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REVUE 

HISTOKigUK 

DE    L'OUEST 

CpA  nAI^f^AffT    TOCS    LtS    />/:/.\     .1/0/^^ 

t>IREtrTKÎJR   : 

GASTON    UK  CARNB 

SEtTtBTAmK     DR     ÏJi     J«>JUCTÏOS     : 

COMTE   HÉGIS    DK   L  ESTÙURBKlî.LflN 

Tïiisajotiiick  : 
J.  DE  KKHSAUBON 


(^  Année.    —   r*   Livraison. 


BUREAUX   DE   LA   REVUE 

VANNES  i  PARIS 

£Ugeke  lafolye         Emile  lechevâlîep 

liî90 


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LE  BIENHEUREUX  RUAUD 

PREMIER  ABBË  DE  UNVAUX 

ÉVÊQUE       DE       VANNES 


BIEN  que  Tabbaye  de  Lan  vaux  soit  située  en  plein  pays  bre- 
ton; je  ne  m'avancerai  pas  trop  en  disant  de  nos  compa- 
triotes qu'ils  ignorent  presque  complètement^  non  pas  le 
nom  du  fondateur  de  Lanvaux,  cité  dans  tous  les  recueils  hagio- 
graphiques, du  moins  les  titres  sérieux  qu'il  possède  à  leur 
vénération.  Aussi  les  auteurs  du  nouveau  Propre  de  Vannes, 
malgré  l'érudition  dont  ils  ont  fourni  la  preuve,  ont-ils  omis 
d'insérer,  parmi  les  autres  saints  mentionnés  au  deuxième 
dimanche  de  juillet,  le  nom  du  bienheureux  Ruaud.  C'est 
pour  tirer  de  Toubli  sa  mémoire  et  lui  faire  rendre  dans  la 
mesure  de  mes  forces,  les  honneurs  qui  lui   sont  dûs^,  que 
paraît  au  jour  la  présente  étude.  Le  lecteur,  à  défaut  d'autre 
mérite,  y  notera  celui  de  l'actualité,  en  raison  de  la  récente 
découverte  des  reliques  du  Bienheureux. 

I 

Introduction  de  V ordre  de  Cîteaux  en  Bretagne, 

En  H30,  quatre  religieux  de  l'abbaye  de  l'Aumône,  au 
diocèse  de  Blois*  vinrent,  par  ordre  de  leur  abbé,  en  Bretagne 
pour  y  fonder  une  maison  de  leur  ordre,  qui  était  une  réforme 

«  Diocèse  de  Chartres,  alors  fille  de  Clteaux. 


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6  LE  BIENHEUREUX   RUAUD 

de  celui  de  Saint-Benoît.  Baldric,  archevêque  de  Dol,  à  qui 
les  religieux  firent  d'abord  visite,  les  envoya  .vers  Geoffroi 
Boterel,  comte  de  Lamballe,  fils  d'Etienne,  comte  de  Pen- 
thièvre.  Geoffroi  les  retint  quelque  temps  auprès  de  lui  ; 
puis,  ayant  réfléchi  que  le  titre  de  fondateur  d'une  abbaye 
serait  de  nature  à  flatter  la  piété  de  son  père,  il  prit  le  parti 
de  lui  adresser  ses  hôtes.  Le  comte  Etienne  les  accueillit  avec 
honneur  et  leur  laissa  toute  liberté  pour  le  choix  d'un  empla- 
cement. L'évoque  de  Tréguier,  qui  témoignait  une  vive  joie 
de  leur  arrivée,  fit  un  appel  à  la  charité  de  ses  diocésains  : 
avec  les  secours  qui  affluèrent  de  toutes  parts,  les  moines 
bâtirent  en  peu  de  temps,  dans  la  solitude  de  Plus-Goat,  un 
monastère  qu'ils  appelèrent  Béffard,hca,\ise  d'un  ermite  qu^iis 
y  avaient  trouvé.  Non  que  ce  fût  le  véritable  nom  de  l'er- 
mite, mais  parce  qu'en  ces  temps-là  les  ermites  portaient  le 
nom  de  Bégard  qui  signifie  en  anglo-saxon  mendiant.  Le  ca- 
lendrier de  Bégard  met  cette  fondation,  au  10  novembre  de 
Tan  1130.  C'est  le  premier  établissement  de  Tordre  en  Bre-  ' 
tagne. 

II 
Fondation  de  V abbaye  de  Lanvaux^ ,  fille  de  Bégard. 

Au  fond  d'une  vallée  arrosée  par  le  Loc  et  sur  les  limites 
d'un  véritable  désert,  une  noble  famille,  issue  des  ducs  de 
Bretagne,  avait,  aux  temps  passés,  fixé  le  siège  d'une  fa- 
meuse seigneurie,  que  l'histoire  désigne  sous  le  nom  de 
Lanvaux.  Dans  le  courant  du  XII*  siècle,  la  maison  était  re- 
présentée par  Alain,  baron  de  Lanvaux,  comte    de  Quintin, 

>  Landavallis,  Lanvaux,  B.  Maria  Landavallensis,  Landevallum,  de  Lan* 
davalle,  de  Lavancus,  Lavantia,  de  Lanuanciis,  Januarius,  de  Labanciis, 
Layanx,  Lanvoz,  de  Lavans,  Lanans,  Labans,  Louvaz,  Lawans,  Lanvaus, 
Lauans,  (in  chron.  Brit.),  de  Lavaris,  de  Lavanis,  Lamias  Lamiaus,  Lamnas 
(ap.  Mart.)  Laniaus,  Lamiaus,  Lamauz,  Lanax.  Origines  eistern-  de  Léopold 
Janauschek. 


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PREMIER  ABBÉ  DE  LANVAUX  7 

qui  conçut  le  pieux  dessein  d'établir,  sur  les  terres  de  sa  ba- 
ronnie,  une  communauté  religieuse.  Etienne,  comte  de  Pen- 
thièvre,  son  parent,  lui  en  avait  donné  l'exemple,  en  fondant 
Tabbaye  de  Bégard.  C'est  à  Etienne  sans  doute  qu'Alain  s'a- 
dressa pour  obtenir  des  religieux  de  cette  abbaye,  alors  dans 
toute  sa  ferveur. 

Au  mois  de  juillet  1138*,  le  père  Ruaud',  portant  une  croix 
de  bois  et  accompagné  de  trois  religieux,  sortait  de  Bégard, 
dont  Tabbaye  de  Lanvaux  est  la  fllle,  disent  les  Annales,  filia 
Beyarrfî.  Le  jeune  essaim  se  rendait  à  Tappel  du  puissant 
baron'  qui  lui  destinait  un  de  ses  manoirs  situé  sur  les  bords 
du  Loc,  et  à  distance  à  peu  près  égale  des  deux  castels  de 
Bihuy  et  de  Lanvaux*.  Par  malheur,  le  manoir  s'élevait  aussi 
presque  au  sein  d'un  marais,  formé  par  les  débordements 
continuels  du  ruisseau,  et  dont  les  exhalaisons  malsaines 
firent  dans  la  suite  des  temps  beaucoup  de  victimes  parmi 
les  religieux.  Les  bons  moines,  pour  le  momentané  songèrent 
qu'à  se  réjouir.  Leur  «èle  actif  aplanit  rapidement  les  pre- 
mières difficultés  inhérentes  à  toute  fondation,  et  le  11 
septembre  de  la  même  année,  eut  lieu  l'inauguration  de  la 
nouvelle  abbaye,  la  129»,  par  rang  de  date,  des  abbayes  cis- 
terciennes, la  huitième  de  l'ordre  en  Bretagne*. 

Le  domaine  abbatial  avec  toutes  ses  dépendances,  prés, 
bois,  prairies,  métairies,  était  séparé  de  Tenclos  des  barons 
par  un  ruisseau  qui  faisait  tourner  le  moulin  du  monastère. 
Alain  de  Lanvaux  renonça  à  toute  juridiction  sur  ces  biens, 
comme  sur  le   fief  dit  de  Lanvaux,  au  bourg  de  Pluvigner, 


*  Archives  de  Vabbaye, 

>  Kaaudas,  Raandas,  Robaldus,  Rotaldus,  Rozandus. 

*  «  Alanus,  castri  de  Lanvaax  dominas,  fundavit  atque  monachos  Bégardo 
de  lineâ  Cistercii  accersitos,  mense  Julii  1138,  illic  institui  curavit.  »  JanauS" 
thek  et  antre«. 

^  Archives  de  l'abbaye.  Le  castel  de  Bihuy  appartenait  également  au  baron 
•Abbaye  de    Bégard,   1130,  —  du    Relec,    1132,  —  de  Buzay,   1135,  —  de 

Langonet,  1136,  —  de  Boquen,  1137,^  de  Saint-Aubin-Kles-Bois,  1137,  —-de 

la  VieuriUe,  il37. 


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8  LE  BIENHEUREUX   RUÂUD 

dont  il  dota  rétablissement.Les  droits  seigneuriaux  passèrent 
aux  moines,  sans  aucune  redevance  féodale,  à  charge  unique 
de  prières  et  d'oraisons*.  C'est  ainsi  que  grâce  aux  libéralités 
du  seigneur  fondateur  et  de  plijsieurs  autres  seigneurs  du 
voisinage,  Tabbaye  de  Lanvaux  fondée  pour  huit  religieux, 
acquit,  au  point  de  vue  matériel,  une  suffisante  prospérité. 

On  peut  croire,  en  ce  qui  concerne  le  spirituel,  que  le  père 
abbé  n'y  épargnait  pas  ses  soins.  Et  ce  devait  être,  pour  la 
population  d'alentour,  un  grand  sujet  d'édification  que  le 
spectacle  de  ces  austères  religieux,  pratiquant  dans  son 
intégi'ité  la  règle  de  saint  Benoît,  telle  que  le  patriarche 
Tavait  établie  à  Subiaco  et  au  Mont-Cassin.  Poissons,  œufs, 
lait,  fromage,  tout  cela  était  exclu  de  leur  alimentation 
ordinaire.  On  pouvait  en  user  ,  seulement  dans  les  cas 
extraordinaires,  et  par  charité.  Les  religieux  de  chœur 
couchaient  sur  des  paillasses,  vêtus  de  leur  tunique 
blanche%  et  de  leur  cuculle ,  se  levaient  vers  minuit  pour 
chanter  jusqu'au  jour*  ;  et  après  avoir  célébré  la  sainte 
messe  et  accusé  leurs  coulpes  au  chapitre,  occupaient  toute  la 
journée  au  travail  et  à  l'oraison,  observant  partout  le  plus 
rigoureux  silence. 

Le  vénérable  Ruaud  donnait  naturellement  en  tout  le  bon 
exemple.  Ses  lumières  et  ses  vertus  le  rendirent,  en  peu  de 
temps,  si  célèbre,  que,  lorsque  l'évêque  de  Vannes  Even  ou 
Yvon,  vint  à  mourir,  le  chapitre  élut,  pour  lui  succéder,  le  pre- 
mier abbé  de  Lanvaux  (1143). 


*  Arch,  de  Vabh.  ^  Les  moines  de  Lanvaux  exerçaient  sur  leurs  vassaux 
de  ce  bourg  la  triple  juridiction,  comme  on  le  verra  dans  l'histoire  de  Fab- 
baje  ou  dans  une  étude  prochaine  sur  Brandivj. 

>  Une  tunique  blanche,  innovation  sur  les  ordres  de  la  sainte  Vierge, 
«  dame  et  mal  tresse  de  Clteauz.  » 

>  Les  frères  convers  admis  dans  l'ordre  de  Glteaux  et  employés  au  dehors 
au  gouvernement  des  granges,  moulins,  travaux  agricoles,  pratiquaient  les 
mêmes  exercices. 


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PREMIER  ABBÉ   DE   LAN  VAUX 


Ilï 

Le  bienheureux  Ruaud,  évêque  de  Vannes. 

Pour  raconter  la  vie  du  nouvel  évoque,  il  ne  reste  qu'à 
glaner,  dans  les  divers  ouvrages  qui  s'en  occupent,  le  peu 
que  Ton  sait  de  ses  bonnes  œuvres  ;  elles  se  réduisent  presque 
toutes  à  des  œuvres  de  restitution. 

Le  vicomte  Alain  de  Rohan,  avec  le  consentement  de  son  flls 
et  le  conseil  de  ses  barons,  avait  donné  à  perpétuité  aux 
moines  de  Marmoutiers,  la  dîme  de  Credin.  Ayant  appris  que 
cette  dîme  ne  se  payait  pas  intégralement,  et  ne  voulant  pas 
qu'une  question  d'argent  devienne  une  occasion  de  perte 
pour  les  âmes  de  ses  chers  diocésains,  l'évoque  ordonne  au 
chapelain  de  Rohan,  au  chapelain  de  Credin  et  aux  autres 
prêtres  voisins,  d'excommunier  sansre  tard  les  coupables,  tous 
les  dimanches  et  tous  les  jours  de  fête  à  neuf  leçons,  à  moins 
qu'ils  ne  viennent  à  résipiscence*. 

Le  bienheureux  se  rendit  ensuite  à  Buzay,  où  se  trouvait 
saint  Bernard  en  cours  de  visite.  Cette  maison  avait  été 
fondée,  en  1136,  par  le  duc  Conan  III  et  sa  mère  Hermengarde. 
Mais  le  duc,  loin  de  remplir  la  promesse  qu'il  avait  faite  aux 
religieux,  leur  avait  môme  retiré  une  partie  des  fonds  qu'il 
leur  avait  donnés'.  Les  bâtiments  demeuraient  inachevés  et 
l'abbaye  paraissait  si  pauvre  que  saint  Bernard  ordonna  à 
ses  moines  de  retourner  à  Clairvaux.  Le  duc  reconnut  sa 
faute  et  dota  l'abbaye  pour  l'entretien  de  plusieurs  religieux. 
L'évoque  de  Vannes,  témoin  du  repentir  du  duc,  souscrivit  au 
nouvel  acte  de  fondation  et  prit  sous  sa  protection  l'abbaye, 

*  D*aiilres  renToient  cette  affaire  vers  1175. 

*  Par  exemple,  50  sols  de  rente  sur  le  marché   de  Nantes. 


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10  LE  BIENHEUREUX  RUAUD 

placée  également  sous  la  protection  du  pape  et  de  révoque  de 
Nantes. 

Après  avoir  assisté  à  la  dédicace  de  saint  Julien  du  Mans, 
le  bienheureux  évêque  retourna  dans  son  diocèse,  où  il  fut 
mêlé,  en  1158,  aune  nouvelle  affaire  de  restitution. 

Eudon  de  la  Roche-Bernard  avait  encouru  l'excommunica- 
tion pour  avoir  vexé  les  moines  de  Redon  et  leur  avoir  enlevé 
trois  navires  avec  leurs  hommes  et  leur  chargement.  Le 
châtiment  lui  ouvrit  les  yeux,  et  il  s'adressa  aux  deux  évêques 
de  Nantes  et  de  Vannes  pour  obtenir  son  pardon*.  Fort  bien  ! 
A  tout  péché,  miséricorde  !  Mais  un  péché  contre  la  justice 
ne  saurait  être  remis  sans  restitution.  Le  coupable  dut 
commencer  par  restituer  les  navires  et  leur  chargement; 
puis,  pour  réparer  le  dommage  qu'il  avait  causé,  il  donna 
à  Tabbaye  une  somme  de  cent  livres  à  prendre  sur  ses  reve- 
nus et  ajouta  la  franchise  de  tout  droit  dans  son  port  pour 
un  navire  du  monastère*.  Alors  seulement  l'évoque  de 
Vannes  lui  donna  l'absolution.  Le  seigneur  de  Pontchâteau 
signala  son  retour  à  de  bons  sentiments  par  une  autre  dona- 
tion qu'il  fît,  vers  1160,  à  l'abbaye  de  Saint-Gildas-des-Bois  et 
dont  le  bienheureux  fut  encore  témoin. 

Ce  sont  sans  doute  ces  divers  traits  et  d'autres  semblables 
qui  lui  ont  mérité,  dans  l'inscription  placée  sur  sa  tombe  en 
1740,  l'honneur  d'avoir  été  appelé  le  justicier,  «  virrigidœjus- 
titiœ,  »  homme  d'une  rigide  justice. 

On  ne  sait  si,  en  acceptant  l'évêché  de  Vannes,  il  se  démit 
du  gouvernement  de  son  abbaye,  toujours  est-il  qu'il  con- 
tinua de  lui  faire  du  bien  et  qu'il  lui  donna  le  village  de  Ker- 
auguen,  situé  aux  portes  mômes  du  monastère*. 

*  Les  deux  évèqaes  étaient  intéressés,  la  Roche-Bernard  étant  alors  du 
diocèse  de  Nantes,  et  Saint-Sauveur  de  Redon,  du  diocèse  de  Vannes. 

•  Le  Mené.  Sist,  dioc.  de  Vannes, 

s  Village  appartenant  au  seigneur  de  Grand-Champ  ;  donation  confirmée 
en  ilVl  par  Pierre  de  Grand-Champ,  seigneur  du  Garo  ;  plus  tard  par  le  che- 
valier de  Lisse  son  gendre,  et  en  12io,  pardameStephaine,  veuve  du  chevalier 
de  Lisse.  (Arch,  Abb.) 


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PREMIER  ABBÉ  OB  LANVAUX  11 

Le  bienheureux  évoque  occupa  le  siège  de  Vannes  pendant 
vingt  ans  (1157-11T7),  suivant  certains  historiens,  Bucelin, 
Jean  Chenu,  Longueval  ;  pendant  trente-quatre  ans,  s'il  faut 
en  croire  nos  Annales  diocésaines,  depuis  1143  jusqu'à  1177,  oii 
il  rendit  son  âme  à  Dieu.  Le  chronologiste  de  Cîteaux  lui  donne 
57  ans,  au  moment  de  son  élévation  à  Tépiscopat.  «  Anno  quin- 
quagesimo  septimo  ad  episcopalem  dignitatem  ascendit.  »  Il 
serait  donc  mort,  au  rapport  des  écrivains  bretons,  à  l'âge  de 
91  ans,  c'est-à-dire,  en  ne  tenant  compte  que  dupassé,le  doyen 
des  évoques  de  Vannes,  et  aussi  le  dernier  saint  ou  bien- 
heureux qui  ait  illustré  ce  siège  antique. 


IV 


Le  premier  abbé  de  Lanvaux,  évéque  de  Vannes, 
est  bienheureux. 

Ce  n'est  pas  aux  œuvres  de  l'abbé  de  Lanvaux,  devenu 
évoque  de  Vannes,  qu'il  faut  avoir  recours  pour  établir  le 
haut  degré  de  sainteté  auquel  il  est  parvenu.  Ce  qui  précède 
fait  voir  assez  que  sa  vie  est  fort  peu  connue;  et  pourtant, 

1  n'est  guère  possible  d'en  savoir  davantage,  attendu  que 
ses  actes,  ignorés  de  Manrique*  et  des  anciens  Bollandistes, 
le  sont  encore  des  historiens  de  nos  jours. 

La  sainteté  du  bienheureux  fondateur  se  révèle  heureuse- 
ment par  les  témoignages  éclatants  qu'en  ont  rendus  ceux 
qui  ont  eu  à  traiter  ce  sujet.  Ils  sont  tous  unanimes  à  recon- 
naître l'excellence  de  son  mérite,  malgré  leur  désaccord  sur 
Je  jour  de  sa  mort.  Les  auteurs  ont  fixé  ce  jour  à  trois  dates 
différentes  :  au  23  mars,  au  26  juin  et  au  22  octobre. 

Voici  d'abord  le  témoignage  des  grands  Bollandistes  qui 

i  c  Aeia  yiri  Ruandi  igaota.» 


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■ni     1         


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12  LE  BIENHEUREUX  RUAUD 

ont  adopté  le  22  octobre  :  «  Ruandus,  Ruaudus,  virum,  inquit 
Manrique,  sanctis  cistercien sibus  annumerant  quotquot  de 
eis  scripserunt.  Ruaud  est  mis  au  rang  des  saints  de  Gîteaux* 
par  tous  ceux  qili  ont  entrepris  de  raconter  l'histoire  des 
saints  de  l'ordre,  »  c'est-à-dire  par  Vion  dans  son  livre  in- 
titulé :  Lignum  vitœ,  par  Rusca,  dans  son  ouvrage  sur  les 
saints  éveques  de  Citeaux,  et  par  d'autres  encore.  Hugues 
Ménard  et  Gastellan  le  citent  aussi  en  ce  jour  avec  le  titre 
de  bienheureux.  C'est  la  même  qualification  employée  par  les 
petits  Bollandistes  au  martyrologe  de  France;  par  Robert  dans 
le  Gallia  christianâprimœva  (Paris  1656). 

Collin  de  Plancy,  conformément  au  nécrologe  de  Lanvaux, 
a  placé  sa  mort  au 26  juin  et  lui  donne  également  le  titre  de 
bienheureux.  Il  l'appelle  un  prélat  d'une  grande  sainteté  et 
d'une  régularité  exemplaire.  Ce  sont  d'ailleurs  les  termes  de 
l'épitaphe  posée  sur  sa  tombe,  en  1740,  lorsqu'on  refit  le  par- 
quet de  l'église  : 

Hic  jacet 

Beatus  in  Christo    pater 

Domnus  Rotaldus.  vir  summse  sanctitatis 

et  rigidiB  justitise, 

Hujus  cœnobis  primus  abbas  et  rector 

episcopus  tum  Venetensis 

Qui  post  multa  virtutum  monumenta 

laudabiliter  édita, 

Anno  Domini  1 177,  die  vero  26  junii 

Obdormivit  in  Domino 

Et  in  hâc  quam  condiderat  ecclesifi 

sepeliri   voluit. 

«  Ci-gît  le  bienheureux  père  en  Dieu,  le  seigneur  Ruaud, 
hommed'une  grande  sainteté  et  d'une  sévère  justice,  premier 
abbé  de  ce  monastère  et  aussi  évêque  de  Vannes,  qui,  après 

*  D'après  ce  texte  et  quelques  autres  témoignages,  je  pourrais  dire  saint 
Ruaud.  Je  me  contente  du  titre  de  bienheureux,  pour  éviter  l'ombre  il'une 
exagération. 


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PREMIER  ABBÉ  DE  LANVAUX  13 

avoir  laissé  des  preuves  éclatantes  de  ses  vertus,  s'endormit 
dans  le  Seigneur,  l'an  1177,  le  26  juin,  et  voulut  être  inhumé 
dans  cette  église  qu'il  avait  bâtie.  » 

L'inscription  primitiven'est  pas  moins  remarquable  : 

Hàc  sunt  in  fossà  Rozandi  prœsulis  ossa 
Dum  vixit  gentîs  curam  Yenetensis  habentis, 
Fratribus  in  parte  vixit,  hîc  iliius  arte 
Quando  Ghristum  laudat,  cœlica  conclo  iaudat. 

«  Danscecaveau  sont  les  ossements  deRuaud,  de  son  vivant 
évoque  deVannes.  Il  vécut  en  partie  pour  ses  frères,  ici,  grâce  à 
lui,  quand  on  loue  le  Christ,  c'est  le  ciel  lui-môme  qui  chante 
ses  louanges.  »  N'oublions  pas  Garaby*  qui  le  désigne  encore 
en  ce  jour  sous  le  nom  de  bienheureux. 

Passons  au  23  mars,  où  Henriquez  lui  décerne  sans  hésiter 
le  même  honneur.  Le  martyrologe  de  France,  publié  par 
Andréde  Saussay,  sur  Tordre  deLouis  XIII,  s'en occupedans  les 
termes  qui  suivent.  «  Obiit  beatee  memoriœ  Rotaldus,  ex  mo- 
nacho  episcopus  venetensis,  cuî  religiosa  vita  quam  in  epis- 
copatu  intention  studio  coluit,  resque  eo  in  munere  divinâ 
gratiâ  confectœ,  magnam  sanctitatis  existimationem  et  vivo 
et  defunctopepererunt.»  «  Le  23  mars,  mourut  Ruaud  de  bien- 
heureuse mémoire^  de  moine  qu'il  était,  devenu  évoque  de 
Vannes,  à  qui  une  vie  pleine  de  piété  et  de  zèle  qu'il  mena 
sur  le  siège  épiscopal,  et  des  œuvres  merveilleuses  accom- 
plies avec  la  grâce  divine,  valiirent  de  son  vivant  et  après  sa 
mort,  une  grande  réputation  de  sainteté.  »  On  ne  saurait 
mieux  dire  d'aucun  saint.  Le  bouquet  en  la  matière  nous  est 
naturellement  fourni  par  les  écrivains  de  l'ordre.  Voici 
comment,  au  môme  jour,  23  mars,  le  ménologe  de  Gîteaux 
exalte  les  vertus  de  notre  bienheureux  : 

«  In  Gailiâ,  beatus  Ruandus,  venetensis  episcopus,  ex  sacro 
ordinecisterciensi  assumptus,    qui  pietatem  quam  in  solitu- 

>  Vie  des  Saints  et  des  Bienheureux  de  Bretagne,  Saint  Brieuc»  1830 


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14  LE  BIENHEUREUX  RUAUD 

dinibus  Gistertii  didicerat,  usque  ad  tlnem  vitae  sanctissime 
colens,  ineredibili  sanctitatis  fulgore  radiatur.  » 

«  En  France,  le  bienheureux  Ruaud,  évêque  de  Vannes,  de 
Tordre  de  Cîteaux,  qui  pratiquant  jusqu'à  la  fin  de  sa  sainte 
vie  la  piété  qu*il  avait  puisée  dans  la  solitude  de  Cîteaux, 
brilla  d'une  incroyable  splendeur  de  sainteté.  »  Bucelin,  dans 
le  Martyrologe  bénédictin  (Augsbourg,  1656)  produit  le 
môme  texte,  sauf  quelques  variantes  insignifiantes*.  Cette 
mention  identique  du  ménologe  de  Cîteaux  et  de  Bucelin  n> 
pas  seulement  le  mérite  d'être  d'une  importance  capitale  au 
point  de  vue  qui  nous  occupe,  elle  paraît  contenir  en  outre 
un  renseignement  historique  du  plus  haut  intérêt,  sur  les 
débuts  dans  la  vie  religieuse  du  bienheureux  Ruaud.  Où 
donc  a-t-il  puisé  cette  piété  vive  qui  Ta  fait  briller  d'une 
splendeur  incroyable,  et  lui  a  valu,  d'après  tous  les  auteurs, 
le  titre  de  bienheureux  ?  In  solitudinibus  Cistertii,  dans  les 
solitudes  de  Cîteaux,  c'est-à-dire  à  la  source  môme  de  la  vie 
cistercienne,  au  berceau  de  l'ordre.  Si  cette  interprétation 
est  exacte,  il  faut  en  conclure  que  le  fondateur  de  Lanvaux 
n'a  pas  été  seulement  moine  de  Cîteaux  ou  moine  cistercien, 
mais  qu'il  a  été  aussi  moine  à  Cîteaux,  qu'il  aurait  fait  pro- 
fession à  Cîteaux  même.  Certainement,  d'après  la  pratique 
ordinaire,  le  bienheureux  Ruaud  a  été  religieux  de  Bégard, 
mais  rien  n'empêche,  comme  le  fait  remarquer  le  biblio- 
thécaire de  la  grande  Trappe,  qu'après  avoir  fait  profession 
à  Cîteaux,  il  n'ait  été  d'abord  envoyé  à  l'abbaye  de  l'Aumône, 
au  diocèse  de  Blois,  fondée  en  1121, par  une  colonie  de  Cîteaux; 
puis  à  l'abbaye  de  Bégard,  fondée,  en  1130,  par  quatre  reli- 
gieux de  l'Aumône  ;  de  Bégard  à  Lanvaux,  en  1138,  pour  fon- 
der la  nouvelle  abbaye. 

Pour  ne  rien  omettre  de  ce  qui  peut  servir  à  la  gloire  de 
notre  saint,  je  signalerai  en  dernier  lieu  l'hommage  qui  lui 
est  rendu  par  le  jésuite  Longueval  dans  son  Histoire  de 
l'Eglise  gallicane.  Cet  auteur  marque  l'année  de  sa  mort  en 

<  Bacelin  dit  :  Quam  in  ilU)  monasterio  didicerat. 


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PREMIER  ABBÉ  DE  LANVAUX  15 

1177,  sans  en  indiquer  le  jour  :  «  deux  autres  évoques  du 
même  pays  avaient  jeté  un  grand  éclat  de  vertu  dans  la 
province*...  Le  second,  appelé  Ruànd  ou  Ruaud,  a  été  vingt 
ans  évoque  de  Venues,  et  quoique  peu  célèbre  pour  le  détail 
de  ses  actions,  il  a  égalé,  quant  à  Tessentiel,  les  plus  belles 
vies,  remportant  avec  lui,  lorsqu'il  mourut  en  1177,  la  véné- 
ration de  ses  diocésains  et  la  réputation  d'un  saint-  • 

On  comprend  aisément,  à  la  lecture  de  ces  textes,  la 
grande  dispute  qui,  au  dire  de  dom  Morice,  s'éleva  entre  le 
chapitre  de  Vannes  et  les  moines  de  Lanvaux,  relativement 
à  la  possession  du  corps  du  bienheureux  évoque.  «  Pro  quo 
seditio  magna  inter  canonicos  et  monachos  de  Lanvaux  orta 
est.  »  Les  chanoines,  à  qui  il  avait  donné  la  moitié  de  l'église 
de  Saint-Patern*,  auraient  bien  voulu,  par  reconnaissance, 
et  aussi  pour  honorer  ses  vertus,  le  faire  inhumer  dans  leur 
cathédrale.  Les  religieux  de  Lanvaux  ne  Tentendaient  pas 
ainsi,  et  se  basant  sur  la  volonté  du  défunt,  finirent  par 
avoir  gain  de  cause,  comme  on  le  verra  ci -après. 

Il  suffit  d'exposer  ces  témoignages.  Ils  parlent  assez  d'eux- 
mêmes,  sans  qu*il  soit  besoin  d'un  commentaire  pour  en 
faire  ressortir  la  valeur.  Qu'il  me  soit  permis  à  mon  tour 
d'y  ajouter  le  mien. 

On  sait  que  la  loi  du  V  brumaire,  an  IV  (26  octobre  1795), 
a  constitué  les  archives  départementales,  en  centralisant  au 
chef-lieu  de  chaque  département,  avec  les  registres  des 
diverses  administrations  et  les  chartriers  de  la  noblesse 
émigrée,  les  titres  des  établissements  religieux.  C'est  ainsi 
que  les  épaves  des  archives  de  Lanvaux,  échappées  au  nau- 
frage de  la  Révolution,  ont  été  transférées  à  la  préfecture 
de  Vannes,  oii  il  m*a  été  donné,  pendant  des  semaines  entières, 
de  les  feuilleter  à  loisir.  Or  j'affirme  qu'il  est  peu  de  manus- 
crits qui  fassent  mention  du  fondateur  de  Lanvaux,  sans 
accompagner  son  nom  des  mots  vénérable  ou  bienheureux. 
Tout  cela  prouve  que  le  bienheureux  Ruaud  a  laissé  une 

*  Le  premier,  c'est  saint  Jean  de  la  Grille,  évêque  de  Saint-Halo. 
>  BollandxsUs,  au  22  octobre. 


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13  LE   BIENHEUREUX   RUAUD 

mémoire  extrêmement  bénie,  et  qu'il  ne  lui   manque  rien 
qtioad  formant  sanclitatis.  Mais  a-t-il  été  honoré  d'un  culte 
dans  Tordre  de  Cîteaux  ou  dans  son  abbaye  ?  Ni  les  Bollan- 
landistes,  ni  les  autres  auteurs  n'ont  tranché  cette  grave 
question.  Parce  qu'ils  n'ont  pu  la  résoudre,  les  Bollandistes 
lui  ont  refusé  une  place  dans  le  corps  de  leur  ouvrage,  «  quia 
veronon  constabatde  cultu,  prœtermissusanobis  tune  est.  » 
Le  vieux  missel  d'Auray,  imprimé  en  1530,  est  également 
muet  sur  ce  point,  et  pour  ma  part,  j'avoue   franchement 
n'en  avoir  pas  trouvé  trace  dans  les  archives.  Peu  d'archives 
d'ailleurs  ont  été  autant  bouleversées  que  celles  de  Lanvaux^ 
par  la  raison  que  peu  d'abbayes  ont  subi  autant  d'épreuves. 
A  diverses  reprises,  des  gens  cupides,  abbés  commenda- 
taires,  fermiers,  partisans  plus  ou  moins  sincères  de  la  Ligue, 
l'ont  impitoyablement  mise  au  pillage.  Pour  les  malheureux 
moines  qui  tentaient  de  s'opposer  à  ces  violences,  ils  étaient 
ou  massacrés,  ou  contraints  de  vider  la  place*.  Lors  de  la 
nomination  de  l'abbé  Auffray  en  1614,  un  diplôme  royal 
atteste  en  particulier  que  «  l'abbaye  était  depuis  vingt  ans 
sans  habitants,  sans  fenêtres,  ouverte  à  touô  venans.  »  Quoi 
d'étonnant  que,  parmi  tant  de  désastres,  le  culte  du  bien- 
heureux fondateur  ait  d'abord  été  délaissé,  puis  totalement 
oublié? 

Si  le  culte  public  de  notre  bienheureux  demeure  enseveli 
dans  la  nuit  de  l'histoire,  il  en  est  autrement  du  culte  privé 
qui  ne  lui  a  jamais  fait  défaut.  Nos  vieilles  gens  se  sou- 
viennent encore  des  jours  de  leur  enfance,  où  ils  allaient, 
sous  la  conduite  de  leurs  parents,  prier  sur  la  tombe  de 
celui  que  les  anciens  appelaient  le  sai?it  de  Lanvatix,  er 
sant  a  Lanvaux,  Il  y  a  cinquante  ans  à  peine,  les  pèlerins 
accouraient  fréquemment  des  paroisses  environnantes, 
parmi  les  ruines  de  la  chapelle,  pour  y  implorer  son  secours  ; 
et  il  y  a  des  raisons  d'espérer,  depuis   la  découverte  du 

*  Arctdvea  de  l'abbaye. 


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PREMIER  ABBÉ  DE  LANVAUX  17 

saint  de  Lan  vaux,  que  cet  antique  pèlerinage,  tant  au  lieu 
primitif  de  son  inhumation  que  sur  sa  tombe  nouvelle,  peu 
à  peu  refleurira  comme  par  le  passé. 


Le  bienheureux  Ruaud  a  été  inhumé  dans  le  sanctuaire  ' 
de  Lanvaux. 

Ce  saint  personnage  que  les  populations  voisines  hono- 
raient sans  le  connaître,  nous,  le  connaissons,  nous.  Nous 
savons  qu'il  n'est  autre  que  le  bienheureux  Ruaud,  inhumé 
conformément  à  ses  désirs^  par  les  moines  de  Lanvaux,  dans 
l'église  qu'il  avait  bâtie  :  «  et  in  hâc,  quam  condiderat,  eccle- 
siâ,  sepeliri  voluit.  »  Il  n'en  fallait  pas  moins  que  sa  volonté 
clairement  exprimée  pour  triompher  de  l'opposition  des 
chanoines. 

Les  archives  de  l'abbaye  sont  pleinement  d'accord  avec 
l'assertion  émise  par  l'épitaphe. 

Nous  savons  en  outre^  à  n'en  pas  douter,  que  sa  tombe 
n'a  pas  été  creusée  dans  un  endroit  quelconque  de  l'église, 
mais  dans  le  sanctuaire  môme.  Manrique,  Tannaliste  de  Cî- 
teaux^  le  déclare  expressément  :  in  sanctuario,  dans  le  sanc- 
tuaire. Les  Bollandistes  répètent  avec  lui  :  in  sanctuario. 
Collin  de  Plancy  n'est  pas  moins  formel  :  t  il  fut  inhumé,  dit- 
il,  dans  le  sanctuaire  de  l'église  qu'il  avait  bâtie.  »  L'abbé 
Tresvaux  et  tous  les  autres  auteurs  reproduisent  la  même 
affirmation. 

Et  avantde  passer  plus  loin,  je  ferai  remarquer,  pour  ré- 
pondre à  certaines  objections,  que  l'église  bâtie  parle  bien- 
heureux évoque  et  qui  reçut  son  corps,  existait  encore  au 
.XVIIPsîècle.  Il  n'yapas  moyen  d'aller  contre  les  termes  de 
l'épitaphe  :  et  in  hàc,  quam  condiderat,  ecclesid,  et  dans  cette 

T.    VI.    —   NOTICES.   —  VI*  ANNÉE,   l»*  UV.  2 


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18  LE   BIENHEUREUX    RUAUD 

église même^  dans  cette  église-ci,  dans  Téglise  actuelle.  »  Le 
chœur*  de  la  chapelle  a  été  rebâti  en  1488,  par  l'abbé  Olivier 
Mello  ;  il  a  été  en  môme  temps  allongé  et  passablement 
élargi,  comme  il  est  facile  d'en  juger  par  les  fondations  de 
l'ancien  sanctuaire  que  j*ai  retrouvées  et  mises  au  jour.  Quant 
à  la  nef  de  l'église,  les  archives  ne  mentionnent  nulle  part,  à 
ma  connaissance  du  moins,  qu'elle  ait  été  rebâtie.  Un  procès- 
verbal  de  1661  atteste  qu'elle  est  «  caduque  et  ruineuse.  »  Elle 
a  donc  subi  bien  des  réparations,  mais  de  reconstruction, 
point.  Et  en  admettant  à  la  rigueur  cette  supposition,  on  ne 
peut  soutenir  qu'elle  a  changé  de  place,  sans  faire  mentir 
l'inscription  de  1740  :  et  in  hàc  ecclesiâ;  c'est  dans  cette 
église-ci  qu'il  a  été  inhumé.  » 
,  On  ne  saurait  soutenir  davantage  que  le  corps  du  bien- 
heureux a  été  exhumé  d'un  premier  tombeau  pour  être,  dans 
la  suite  des  temps,  transféré  dans  un  tombeau  du  sanctuaire. 
Ce  serait  donner  gratuitement  un  démenti  à  tous  les  auteurs 
que  nous  avons  cités.  Et  si  l'on  ne  peut  sagement  rejeter  des 
textes  aussi  formels,  on  est  forcé  d'avouer  du  môme  coup 
que  les  caveaux  (je  suis  obligé  d'en  parler  ici  par  anticipa- 
tion) ont  dû  ôtre  construits  dans  le  temps  où  se  creusaient 
les  fondations  du  sanctuaire.  Ce  raisonnement  est  devenu 
sans  réplique,  depuis  une  dernière  fouille  que  j'ai  fait  pra- 
tiquer au  mois  décembre  1889.  Cette  fouille  démontre,  ou 
plutôt  montre  à  qui  a  des  yeux  pour  voir,  que  le  côté  sud  du 
2"  caveau,  loin  d'ôtre  adossé  aux  fondations  du  sanctuaire 
primitif,  comme  je  l'avais  pensé  tout  d'abord,  constitue  ses 
fondations  mômes.  Comme  ce  dernier  remonte  au  XIP  siècle, 
à  plus  forte  raison  les  caveaux  qui  lui  servirent  de  base 
remontent-ils  jusqu'à  cette  époque.  D'où  il  suit  que  le  bien- 
heureux Ruàud,  inhumé  dès  le  principe  dans  le  sanctuaire, 
conforûiément  à  tous  les  textes,  a  été  dès  le  principe  déposé 


«  Par  le  mot  chœur^  on   doit   ontendre  aussi  et   peut-être  uniquement  !• 
sanctuaire. 


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PREMIER  ABBÉ  OB  LANVAUX  Id 

dans  les  caveaux,  et  que  l'hypothèse  d'une  translation,  dans 
les  siècles  postérieurs,  est  absolument  inadmissible. 

Et  alors  même  que  pour  résoudre  plus  aisément  certaines 
difficultés^  on  s'obstinerait  contre  toute  raison  dans  cette  hy- 
pothèse, ilb'en  reste  pas  moins  certain  que  son  corps  reposait 
dans  le  sanctuaire  au  XVIP  siècle,  puisque  les  principaux  té- 
moignages relatifs  à  son  inhumation  datent  de  ce  temps;  quMl 
y  reposait  en  1740,  où  les  religieux  ont  remplacé  Tinscription 
primitive  : 

Hftc  sunt  in  fossàRozandi  prœsulis  ossa. 

Dans  cette  fosse  sont  les  ossements  de  Tévéque  Ruaud. 

Par  cette  autre. 

Hic  jacet  beatus  Rotaldus 
Ci-git  le  bienheureux  Ruaud. 

Comme  il  y  reposait  en  1789,  quand  éclata  la  Révolution 
française.  Le  21  mars  1791,  un  arrêté  du  directoire  départe- 
mental prononça  la  clôture  de  l'abbaye  de  Lanvaux  et  assigna 
le  couvent  de  Prières  aux  religieux  de  Lanvaux,  de  Saint- 
^Gildas,  de  Sarzeau  et  de  Eieux  qui  voudraient  continuer  la 
vie  commune.  S'ils  préféraient  rester  dans  le  monde,  TEtat 
se  chargeait  de  pourvoir  à  leur  entretien.  Quel  que  soit  le  parti 
auquel  ils  s'arrêtent,  encore  les  moines  de  Lanvaux  sont-ils 
obligés  de  sortir,  et  d'abandonner  avec  Tabbaye  tout  ce 
qu'elle  renferme.  Les  bâtiments  de  Tabbaye  eux-mêmes, 
vendus  comme  bien  national  en  1792,  passent  en  des  mains 
étrangères. 

Que  sont  devenues,  depuis  ces  temps  douloureux,  les 
reliques  du  sanctuaire?  Ont-elles  été  préservées,  plus 
heureuses  que  tant  d'autres,  des  fureurs  de  l'impiété  ?  voilà 
la  question  î  voilà  ce  qu'il  importe  d'éclaircir  et  de  vérifier  I 


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20  LE  BIENHEUREUX   RUAUD 

VI. 

Invention  des  restes  du  bienheureux  Ruaud. 

En  1837,  M.  Carado,  recteur  de  Brandivy,  sur  l'avis  d'un 
vieillard  confirmé  par  la  voix  publique,  que  trois  tombes 
de  religieux,   entr'autres  celle  du  Saint  de  Lanvaux,  res- 
taient enfouies  sous  les  décombres  du  chœur,  se  rendit  le 
30  juillet  avec  des  ouvriers  à  l'endroit  indiqué,  pour  y  opérer 
des  fouilles.  Il  y  trouva  effectivement   des  reliques;  et  bien 
qu'elles  fussent  éparses  en  terre  sans  le  lïioindre  signe  carac- 
téristique, tel  que  caveau,  sarcophage,  inscription,  il  n'en  fit 
pas  moins  faire,  le  26  septembre  suivant,  une  cérémonie  so- 
lennelle, comme  si  ces  restes  avaient  véritablement  appar- 
tenu au  fondateur  de  l'abbaye.   Mais  le  vague  du  procès- 
verbal  inséré  dans  les  archives  de  la  fabrique,  les  conversa- 
tions privées  de  M.  Carado  qui  donnaient  un  démenti  cons- 
tant àla  réalité  de  sa  découverte,  Tamertume  de  ses  plaintes 
contre  le  directeur  des  forges  qui  s'opposa  sottement  à  la  con- 
tinuation des  fouilles,  l'examen  attentif  des  lieux  qui.  attes- 
tait qu'elles  avaient  été  mal  conduites,  l'absence  totale  enfin 
de  la  plus  légère  marque  distinctive,  tout  imprima  dans  mon 
esprit  la  ferme  conviction  que  le  corps  du  bienheureux  Ruaud, 
en  dépit  de  la  croyance  générale,  attendait  encore  son  in- 
vention. Et  comme  les  travaux  auxquels  je  me  suis  livré 
sur  Tabbaye  de    Lanvaux  appelaient    comme   un   couron- 
nement naturel  la  découverte  du  fondateur,  je  résolus  de 
reprendre  les  fouilles,  non  plus  indifféremment   dans  telle 
ou  telle  partie  du  chœur,  comme  le  fit  M.  Carado  sur  des  don- 
nées inexactes,  mais  dans  le  sanctuaire  proprement  dit,  in 
sanctuario,  où  tous  les  documents  proclament  qu'il  a  été  in- 
humé. 

L'opération  d'ailleurs  ne  présentait  pas  de  grandes  difïl- 
cultés.  Tandis  que  les  arbres,  parmi  lesquels  il  s'en  trouve  de 
magnifiques,  remplissent  la  nef  de  l'église  qu'ils  ont  envahie 
jusqu'au  chœur,  aucun  n'a  poussé  dans  le  sanctuaire^  et  à 


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PBEMIER  ABBÉ  DE  LANVAUX  21 

Vexception  de  quelques  méchantes  ronces  et  de  deux  ou  trois 
arbustes  rabougris,'  rien  n'est  venu  profaner  ce  lieu  sacré- 

Les  fouilles  ont  commencé,  le  Id  juin  1888,  par  une  tranchée 
de  deux  mètres  de  large  sur  un  mètre  de  profondeur;  partant 
du  chœur  pour  aboutir  au  sanctuaire,  elle  devait  atteindre,  en 
ce  dernier  endroit,  une  profondeur  de  deux  mètres.  C'est  là, 
dans  le  sanctuaire,  du  côté  de  l'évangile,  que  mes  hommes  ont 
découvert,  dès  le  lendemain  matin,  deux  squelettes  emboîtés 
pour  ainsi  dire  l'un  dans  l'autre,  et  composés,  en  majeure 
partie,  des  têtes  et  des  os  principaux  des  jambes  et  des  bras 
dans  leur  situation  naturelle,  avec  une  rangée  de  gros  clous 
toutautour.  Les  têtes  étaient  tournées  vers  la  nef.  Mais  rien  de 
caractéristique  :  ni  caveau,  ni  sarcophage,  ni  inscription. 
Sans  m'y  arrêter  davantage,  je  fais  enlever  les  reliques  et 
élargir  la  fosse.  Après  quelques  minutes  de  travail,  un  mur 
en  granit  attire  nos  regards,  mur  à  moitié  démoli  et  enseveli 
parmi  des  débris  de  toute  sorte  ;  pierre,  chaux  pulvérisée, 
tuile,  charbon  et  môme  quelques  restes  humains.  Sous  cette 
masse  informe,  en  plein  sanctuaire  cette  fois,  à  deux  ou  trois 
pieds  au-<lessous  du  premier^  se  dégage,  au  fond  de  la  fosse, 
un  second  lot  d'ossements,  avec  les  gros  os  plus  ou  moins 
collés  aux  dalles  et  une  tête  tournée  vers  l'autel.  Je  déplace 
les  reliques  pour  sonder  la  cavité  dans  tous  les  sens,  et  le 
terrain  déblayé  laisse  voir  les  bases  d'un  caveau  solidement 
construit  en  granit,  et  dont  la  voûte  malheureusement  s'était 
effondrée. 

Fermement  persuadé  que  je  me  trouve  en  présence  des 
restes  du  bienheureux  Ruaud,  ma  joie  est  mêlée  d^un  bien 
vif  regret.  Pour  procéder  suivant  les  règles,  il  eût  fallu, 
avant  d'y  toucher,  provoquer  une  enquête.  Mais  l'avouerai- 
je?Je  cherchais  un  caveau;  et  ce  caveau,  malgré  des  son- 
dages répétés,  je  ne  l'ai  pressenti,  qu'après  avoir  enlevé  les 
reliques.  C'est  que  la  fouille,  au  lieu  d'être  conduite  de  front*, 

*  Si  mes  ordres  avaient  été  suivis  en  mon  absence,  cela  n'eût  pas  en  beu. 
L'enqadte d'aiUenrs  ne  pouvait  avancer  à  rien,  en  raison  du  mélange  dont  il 
sera  parlé  ci-après. 


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22  LE  BIGNHBURBUX   RUAUD 

s'est  faite,  en  cet  endroit  comme  dans  un  puits,  à  travers  un 
terrain  tourmenté  qui,  m'induisant  en  ei'reur  jusqu'au  bout, 
me  faisait  croire  encore  à  unr  sépulture  ordinaire. 

Les  reloues  enlevées,  il  ne  restait  qu'à  poursuivre  le  déga- 
genient  du  caveauv 

.  Une  dalle  en  ardoise  qui  s'enfonçait  sous  terre,  en  excitant 
ma  curiosité,  me  réservait  une  nouvelle  surprise.  Quelques 
coups  de  pioche' donnés  à  droite  révèlent  l'existence  d'un 
second  caveau  juxtaposé  et  renfermant  un  troisième  lot 
d'ossements,  avec  une  tête  tournée  vers  la  nef*.  Ce  second 
caveau  est  également  tout  entier  en  granit,  sauf  le  fond, 
foraiéau  chevet  de  deux-larges  ardoises.  Pour  cette  fois,  il  eût 
été  possible  d'avoir  une  enquête  sur  place.  Mais  je  n'attAchais 
à  cette  découverte  qu'un  intérêt  secondaire,  lequel  d'ailleurs 
a  cédé  bien  vite  à'ia  nécessité  de  mettre  les  caveaux  à  l'abri 
d'un  tîoup  de-  main  ;  ' 

Le  bruit  que  parmi  les  ruines  de  la  chapelle  je  cherchais 
de  l'or  et  de  l'arguent  s'étant  peu  à  peu  répandu,  y  avait  attiré 
uTie  grande  foule,  où  Ton  remarquait  certains  visages  qui 
respiraient  visiblement  la  maudite  soif  de  For.  Je  tremblais 
qu'on  ne  vînt  dans  la  nuit  ravager  les  tombes.  Dans  ces  con- 
dition«i  mielixvalait  enlever  les  reliques,  en  évitant  soigneu- 
sement de  les» confondre  avec  les  autres.  C'est  le  parti  que  je 
crus  devoir  prendre,  non  sans  avoir  eu  soin  d'expédier  préa- 
lablement au  ^président  de  la  Société  polymathique  qui  s'é- 
tait chargée  des  dépenses,  la  nouvelle  delà  découverte,  en  le 
priant  de  serendre  à  Lanvaux  au  plusstôt  pour  en  dresser  pro- 
cès-verbal. Il  y  vint  quelques  jours  après.  Dans  l'intervalle 
et  dès  que  les  fouilles  avaient  touché  à  leur  fin,  les  tombes 
avaient  été  violées.  Des  chercheurs  de  trésor  étaient  venus, 
vers  minuit,  soulever  les  dalles  des  caveaux,  et,  si  le  chien 
du  gfirde,  par  ses  aboiements    furieux,    n'avait  heureuse- 


*  La  situation  des  tôtes  en  sens  inverse  avait  vjvement  frappé  et  intrigué 
les  ouvriers. 


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PREMIER  AB^É    DE  LANVAUX  23 

mtini  réveillé  .son  maître,  ces  imbéciles  n'y   auraient  pas  * 
laissé  pierre  sur  pierre.  En  supposant  que  les  reliques  fussent 
restées  en  place,  tout  était  profané,  dispersé,  brisé. 

Les  reliques,  Dieu  merci,  sont  sous  clefs.  Les  ossements 
des  trois  tombes  forment  trois  lots  distincts  ;  et  chacun  d'eux, 
en  vue  d'une  vérification  scientifique,  est  déposé  dans  une 
caisse  spéciale-  Aucune  tombe  par  ailleurs  n'existe  dans  le 
sanctuaire  ni  même  dans  le  chœur.  Des  tranchées  et  des 
sondages  largement  pratiqués  jusqu'au  sol  dur,  les  3,  4  et  8 
octobre  suivant,  sont  de  nature  à  dissiper  tous  les  doutes. 

Va-t-on  m'accuser  d'avoir  fait  erreur  dans  la  désignation 
des  restes  du  fondateur  de  Lanvaux  ? 

Voici  trois  lots    d'ossements   avec  trois  tombes  dont  la 
tradition  a  conservé  le  souvenir,  mis  au  jour   dans  le  sanc- 
tuaire de  Fabbaye,  un  sans  caveau  et  deux  dans  des  caveaux 
particuliers.  Comme  ni  le  chœur,  ni  le  sanctuaire  ne  renfer- 
ment aucune  autre  sépulture,  Tun  des  trois  est  nécessaire- 
ment celui  que  nous  cherchons.  A  Textérieur,  il  est  vrai,  la 
pierre  tombale  ayatit  disparu,  pas  de  marque  qui  puisse  faire 
reconnaître  le  tombeau;  à  l'intérieur,  nulle  pièce  indicative. 
Il  n'importe.  Rappelons-nous  qu'en  vertu  des  règles  qui  pré- 
sident aux  inhumations  dans  les  églises,  tout  prêtre  y  est 
enterré  la  tête  tournée  vers  l'autel,  et  ceux  qui  ne  sont  pas 
prêtres,  en  sens  opposé.  Or  sur  les  trois  lots  d'ossements, 
un  seul,  celui  du  milieu,  qui  occupe  en  même  temps  le  milieu 
du  sanctuaire,  présente  une  tête  tournée  vers  l'autel.  Donc  ce 
personnage  seul   était  prêtre,  et  les  autres  ne  Tétaient  pas. 
Mais  quel  peut  être  ce  prêtre  qui  repose  à  la  plgice  d'honneur 
du  sanctuaire,  dans  un  caveau  de  granit  si  finement  travaillé, 
sinon  le  bienheureux  abbé  de  Lanvaux,  évoque  de  Vannes, 
que  les  documents  et  la  tradition  assurent  avoir  été  inhumé 
dans  le  sanctuaire  de  l'église  qu'il  avait  bâtie  ?  Il  ne  semble 
pas,  devant  cet  accord  évident  des  faits  avec  la  tradition  et 
les  documents,  qu'un  doute  sérieux  puisse  s'élever,  dans 
un  esprit  droit,  sur  l'authenticité  des  reliques  qu'il  m'a  été 
réservé  de  découvrir. 


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24  LE  BIENHEUREUX  RUAUÛ 

VII 

Les  caveaux  ne  renfermaient  pas  de  cercueils* 

En  môme  temps  qu'un  caveau,  je  cherchais  un  sarcophage; 
et  ce  n'est  pas,,  à  vrai  dire,  un  caveau  que  j'espérais  tout 
d'abord  mettre  au  jour,  mais  bien  un  sarcophage  soit  en 
pierre^  soit  en  plomb. 

Qu'il  y  ait  eu  dans  notre  Bretagne  des  saints  déposés  après 

leur  mort  dans  des  cercueils  en  pierre,  cela  n'est  pus  douteux. 

Il  suffit  de  nommer,  parmi  tant  d'autres,  saint  Martin  de 

Vertou,  saint  Mériadech,  saint  Méen,  saint  Benoit  de  Ma- 

cerac,  les  saints  Léry,  Héliaud,  Herbaud...  Ça  été,   pendant 

plusieurs  siècles,  le  mode  de  sépulture  principalement  usité 

pour  les  personnages  de  marque*.  Je  sais  bien,  qu'au  rapport 

de  M.  de  Préminville,  cet  usage  a  cessé,  vers  l'an  900,  en 

Armorique.  Je  sais  aussi  qu'il  s'est  maintenu,  dans  les  pays 

voisins,  certainement  jusqu'au  XIV*  siècle*.  N'est-ce  pas  un 

cercueil  en  pierre  qui  reçut  les  corps,  en  914,  de  saint  Loup, 

évoque  d'Angers  ;  en  1122,  deSerlon,  évêque  deSéez  ;  en  1157, 

de  saint  Lambert,  évoque  de  Vence  ;  en  1260,  du  bienheureux 

Thomas  Hélyes,  diocésain  de  Coutances  ?  N'est-ce  pas  dans 

un  cercueil  de  pierre  que  le  cadavrede  Tempereurexcommunié 

Henri  IV,  après  avoir  été  exhumé  de  Téglise  de  Saint-Lambert 

de  Liège  où  il  avait  été  enseveli  en  1106,  demeura  cinq  ans 

sans  sépulture?  Rien  donc  n'interdisait  de  penser  que  les 

fouilles  aboutiraient  à  la  découverte  d'un  sarcophage  de  ce 

genre. 

*  Les  détails  qui  suivent  sur  les  oeroaeUs,  les  insignes,  les  mélanges  de 
reliques  sont  tirés  des  Bollandistes,  Viet  des  Saints ^  ouvrages  spéciaux. 

s  En  certaines  localités,  pour  tous  ceux  qui  avaient  quelques  ressources. 

s  Môme  jusqu*auXVII*  (de  Caumont),  mais  mon  intention  n*est  pas  de  faire 
un  cours  archéologique. 


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PREMIER  ABBÉ  DE  LANVAUX  25 

A  défaut  d'un  cercueil  en  pierre,  il  y  avait  de  fortes  raisons 
de  compter  sur  un  cercueil  en  plomb,  les  cercueils  ea  plomb, 
ditKerdanet,  ayant  remplacé  pour  la  sépulture  des  grands 
hommes  les  cercueils  en  pierre.  Il  est  en  outre  vrai  de  dire 
que  les  cercueils  de  plomb  ont  été  employés  à  toutes  les 
époques,  et  pour  me  bornera  quelques  exemples  pris  à  tra- 
vers les  âges,  c'est  dans  un  cercueil  semblable  que  fut  dé- 
posé au  premier  siècle  de  l'église,  saint  Front,  apôtre  de  Péri- 
gueux  ;  au  IV«,  l'empereur  Maximien-Hercule'  ;  au  IX',  saint 
Léonard'  ;  au  XV%  Simon  de  Gramand,  cardinal-évôque  de 
Poiliers  et  sainte  Françoise  d'Amboise.  Cet  usage  n'était  pas 
inconnu  à  Lanvaux,  où  les  travaux  nécessités  par  le  perce- 
ment du  canal  destiné  au  service  des  forges,  en  coupant  le 
cimetière  de  l'abbaye  en  deux,  ont  mis  à  découvert  plusieurs 
cercueils  de  plomb. 

Mais  non  !  *au  lieu  de  ces  indestructibles  sarcophages  qui 
eussent  conservé  intact  le  corps  du  bienheureux  Ruaud,  les 
religieux  de  Lanvaux,  à  Timitation  de  ce  qui  avait  été  fait 
pour  saint  Gilduin*  et  pour  plusieurs  autres,  construisent 
tout  exprès  dans  le  sanctuaire  un  caveau  en  pierres,  où  ils 
déposent,  dans  un  cercueil  de  bois,  les  restes  de  leur  vénéré 
fondateur.  La  présence  de  gros  clous  parmi  les  décombres 
autorise  là  supposition  d'un  cercueil  en  bois,  et  il  est  aisé 
de  concevoir,  qu'après  avoir  passé  plus  de   sept  cents  ans 
sous  terre,  il  n'en  soit  pas  resté  de  traces. 

Et  ce  cercueil  n'a  pas  de  quoi  nous  étonner,  si  Ton  réfléchit 
que  ce  n'est  pas  le  seul  exemple  que  nous  présente  le 
XII*  siècle.  Le  bienheureux  Robert  d'Arbrissel,  lorsqu'il 
tomba  malade,  en  1117,  disait  aux  personnes  qui  l'assistaient  : 
«  Je  vais  mourir,  préparez  pour  ma  sépulture,  un  cercueil  de 

*  n  se  pendit  à  MarseiUe,  et  fut  mis  par  Constantin  dans  un  cercueil  de 
plomb,   enveloppé  d'un   autre  cercueil  de  marbre. 

>  En  vériflant  ses  reliques  au  XV>  siècle,  ou  trouva  trois  cercueils,  Fun  en 
plomb  pour  les  cendres  ;  le  second  en  terre  cuite  pour  le  chef  et  les  osse- 
meota;le  troisième  en  bois  presque  pulvérisé. 

s  Mort  en  1077. 


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26  .^      LE  BIENHEUREUX  AUAUD 

bois.  »  Au  siècle  suivant,  en  1280,  le  fameux  Albert.lç  Grand 
fui  également  inhumé  dans  un  cercueil  de  ce  gepre.  Outre 
que  ce  mode  de  sépulture  contenait  à  l'humilité  du  saint 
évêque,  il  n*éiaitdonc  pas  le  moins  du  monde  en  opposition 
aveq  les  mœurs  de  l'époque. 


,     VUI 
Les  caveaux  ne  renfennaient  aucune  pièce  indicative. 

Ce  qui  ne  les  contredit  pas  davantage,  c'est  l'absence  de 
toute  pièce  indicative,  inscription,  crosse,  anneau  parmi  les 
reliques  des  caveaux.  Car  pour  tirer  dç  là  un  argument 
sérieux,  il  faudrait  prouver  que  tous  les  prélats  ont  été  in- 
humés avec  la  crosse,  l'anneau  ou  une  inscription  quelconque. 

On  n'y  réussira  jamais. 

On  n'y  réussira  certainement  pas  pour  Tinscription. 

L'inscription  se  met  au-dessus  des  tombes  et  non  au  dedans. 
Lorsqu'on  lève  un  corps  de  terre,  qu'on  le  dépose  dans  une 
châsse,  lorsqu'on  cherche  à  vérifier  les  reliques  d'unç  châsse 
ou  d'une  tombe,  c'est  en  ce  moment  qu'il  est  dressé  géné- 
ralement de  la  cérémonie  un  acte  authentique  destiné  à  être 
enfermé  avec  les  ossements.  Gela  eut  lieu,  par  exemple,  en 
1052,  pour  rouverture  de  la  châsse  contenant  les  restes  pré- 
cieux de  saint  Denys  l'Aréopagite.  Or,  il  n'est  pas  question 
ici  de  translation  ;  et  si  les  reliques  ont  jamais  été  l'objet  d'une 
vérification,  comme  elles  n'étaient  pas  destinées  à  sortir  du 
caveau  pour  être  exposées  à  la  vénération  de;»  fidèles,  la 
pierre  tombale  qui  recouvrait  le  môme  caveau  tenait  suffi- 
samment lieu  d'authentique. 

Il  est  fâcheux  assurément  que  la  pierre  ait  disparu.  Qu'y 
faire  ?  Je  soupçonnerais  môme  les  moines  de  l'avoir  déplacée 

au  moment  de  leur  dispersion,   d'autant  que  c'était  le  vrai 


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PRBMIBR  ABBÉ  Dl£  LAN  VAUX  27 

moyen  de  soustraire  les  restes  de  leur  vénéré  f ond^t^ur  à 
une  profanation  possible.  Est-elle  entrée  dans  la  suite,  >avec 
les  matériaux  de  Tég^lisie  et  des  bâtiments  claustraux,  dans 
la  coostmction  de  la  verrerie  ou  des  forges?  A-t-elle.  été 
portée  au  bourg,  lors  des  premières  fouilles  de  1837,  puis 
brisée  sur  le  chemin  pour  y  servir  d'empierrement,  comme 
d'aucuns  Tosent  affirmer^?  Il  est  malaisé  de  le  savoir 
au  juste.  J'ajoute  que  mes  ouvriers  ont  trouvé^  parmi 
les  décombres ,  quelques  fragments  de  pierre  tombale  ,  à 
caractères  gothiques ,  si  je  ne  me  trompe.  Quelqu'un 
pourra-t-il'y  trouver  un  sens?  c'est  possible.  Toujours  esttil 
que  disséminés  ça  et  là  parmi  les  ruines,  ils  ne  sont  pas  en 
état  de  fournir  une  indication,  à  ce  point  de  vue,  décisive. 

Sera-t-on  0lus  heureux  avec  la  crosse  et  l'anneau?  Si 
l'on  rencontre  beaucoup  de  prélats  inhumés  avec  ces  in- 
signes, on  en  voit  d'autres  ^ussi  ensevelis  sans  eux.  Saint 
Godefroi,  évoque  d'Amiens,  racheta  l'anneau  pastoral  de  saint 
Honoré,  que  son  prédécesseur  avait  vendu,  et  il  le  rapporta 
à  son  église.  Puisque  cet  anneau  a  pu  être  vendu  et  racheté, 
il  n'a  pu  être  enseveli  avec  saint  Honoré.  Gervais,  mort  ar- 
chevêque de  Reiins,  en  1067,  avait  une  crosse  d'or  du  poids 
de  trois  livres  et  demie.  Il  eri  Bt  présent  aux  moines  de  saint 
Rémi  pour  les  Indemniser  de  quelques  dommages  qu'il  leur 
avait  causés.  Saint  Robert,  abbé  de  la  Chaise-Dieu^  déposa  en 
mourant  son  bâton  pastoral  entre  les  mains  de  la  statue  de 
l'KnfahWésus,commé  pour  lui  résigner  à  perpétuité  la  supério- 
rité deson  abbaye.  L'abbaye  de  Gormeri  ayant  voulu  se  sous- 
traire à  la  dépendance  de  Marmoutiers, le  papeordonna  qu'à  la 
mort  de  I*abbé  de  Coî*meri,  son  bâton  pastoral  serait  apporté 
sur  le  tombeau  de  saint  Martin,  où  celui  qui  serait  élu  en  sa 


*  n  parait  que  cette  pierre  représentait  un  personnage  avec  une  crosse . 
19e  «erait-ce  pas  la  pierre  tombale  primitive?  En  ce  cas,  rien  de  plus  déplo- 
rable qoa  la  perte  de  cette  i  pierre  qui  nous  aurait  fourni  vraisemblablement 
un  spécimen  des  monuments  funéraires  du  XU^  sièclo,  où  il  était,  ordinaire 
J*Jiooorer,  par  des  épitaphes  en  vers,  les  personnai^es  marquants. 


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28  LE  BIENHEUREUX   RUAUD 

place,  viendrait  le  prendre  par  ordre  du  doyen  et  du  chapitre. 
Donc,  ces  prélats  n'étaient  pas  inhumés  avec  leurs  insignes. 
Il  y  a  plus  :  sous  prétexte  que  les  dépendances  des  évéchés 
et  des  abbayes  constituaient  des  flefs,  certains  princes  de  la 
terre,  enlevant  au  clergé,  aux  fidèles  et  aux  religieux  leur 
droit  d'élection,  exigeaient  qu'à  la  mort  du  prélat  on  leur 
remît  sa  crosse  et  son  anneau,  qu'ils  donnaient  ensuite  à 
celui  qu'ils  choisissaient  pour  lui  succéder.  C'est  à  cette 
pratique  que  saint  Annon  dut  sa  nomination  à  l'archevêché 
de  Cologne  (1055).  «  L'empereur  Henri  était  à  Coblentz, 
lorsque  les  députés  de  Cologne  vinrent  lui  apprendre  la  mort 
d'Heriman,  leur  archevêque,  et  lui  présenter  son  bâton  pas- 
toral, le  priant  de  leur  donner  un  digne  prélat.  L'empereur 
ne  crut  pas  pouvoir  faire  un  meilleur  choix,  que  de  nommer 
Annon  à  ce  grand  siège,  et  il  lui  donna  aussitôt  le  bâton  pas- 
toral qu'on  lui  avait  apporté*.  » 

Les  terribles  guerres  de  l'investiture  n'ont  pas  €fu  d'autre 
motif  que  la  nécessité  où  se  sont  vus  les  souverains  pontifes, 
pour  sauvegarder  les  dignités  ecclésiastiques,  de  dépouiller 
les  monarques  d'un  prétendu  droit  qu'ils  avaient  usurpé. 

Il  ne  sera  pas  inutile  d'ajouter,  en  ce  qui  concerne  notre 
bienheureux  évoque,  que  sa  crosse  pouvait  fort  bien  être 
en  bois.  Comment  ce  saint  prélat,  qui  était  en  môme  temps 
de  Tordre  de  Ctteaux,  eût-il  osé  la  porter  d'or  et  d'argent,  à 
une  époque  où  les  croix  d'or  et  d'argent  étaient  rem- 
placées à  Cîteaux  par  des  croix  de  bois,  où  les  chandeliers  des 
autels  étaient  en  fer,  et  les  ornements  sacerdotaux  eux- 
mêmes,  dépouillés  de  leur  riche  broderie?  Une  croix  de  bois 
devait  suffire  à  la  simplicité  du  bienheureux  Ruaud.  Or,  en 
supposant  que  cette  crosse  de  bois  fut  déposée  dans  sa 
tombe',  il  va  sans  dire,  que  longtemps  avant  l'invention  de 


*  LongueTal»  Ut.  XXI. 
•  *  Saint  Papon,  archcréque  de  Trêves,  avait   été   inhumé  avec  un  bÀton 
pastoral  en  bois  (1047).  Le  bâton  des  évéques,  dit  Déric,  n*a  été  d^abordque 
de  bois. 


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PREMIER  ABBÉ  DE  LAN  VAUX  29 

nos  reliques,  elle  était  tombée  en  poussière.  En  tout  cas, 
Vobjection  tirée  de  l'absence  d'insignes,  c'est-à-dire  de  la 
crosse  et  de  Tanneau  ne  vaut  rien  :  il  n*a  pas  été  possible  de 
les  trouver  dans  le  caveau,  si  on  ne  les  y  a  pas  mis*. 

Si  par  insignes,  on  voulait  entendre  les  habits  pontificaux, 
d'accord.  €  Chaque  mort,  dit  M.  de  Caumont%  conservait  les 
insignes' de  sa  dignité.  Ainsi  Tévôque  était  enseveli  avec  ses 
ornements  pontificaux.  A  l'exemple  des  évoques  qu'on 
qu'on  inhumait  avec  leurs  habits  pontificaux,  les  prêtres  et 
les  autres  membres  du  clergé  jouissaient  de  l'honneur  d'être 
ensevelis  avec  les  insignes  de  leur  ordre'.  » 

H  est  clair  qu'on  a  suivi,  à  l'égard  du  premier  abbé  de 
Lanvaux,  évoque  de  Vannes,  l'usage  général.  II  a  dû. être 
inhumé  dans  son  .habit  de  moine,  recouvert  des  ornements 
pontificaux.  Mais,  de  même  que  la  crosse  en  bois,  tout  cela 
s]en  était  allé  en  poussière  depuis  longtemps,  et  Ton  ne 
pouvait  sérieusement  compter  sur  les  fouilles  pour  en 
exhumer  le  moindre  débris. 


'  n  me  Tient  à  Tidée  qae  la  crosse  et  l'anneau  sont  restés  à  Vannes  :  con- 
traint de  céder  le  corps  du  prélat,  le  chapitre  s'est  rejeté  sur  ses  insignes 
qu'il  a  dû  retenir  à  titre  de  compensation. 

»  De  Caumont,  6»  partie,  Cours  d'antiquités  monumentales, 

^  Gomme  les  membres  du  clergé,    les   laïques    étaient  inhumés    sous   les 

Tétements  de  leur  condition;  les  empereurs  avec  leurs  ornements  impériaux. 

Par  exemple,  Constantin  lut  déposé  dans  un  cercueil  d*or,  sur  lequel  on  plaça 

la  pourpre  impériale  et  le  diadème  ;  ^^  les  rois  avec  les  insignes  de  la  royauté  ; 

comme  Guillaume  le  Conquérant.  Cependant  lorsque  les  Huguenots  ouvrirent 

êon   cercueil  dans  l'espoir  d^y  trouver  de   l'or,  ils   n'y  trouvèrent   que  les 

ossements  du  prince.  Gela  confirme  ca  que  j'ai  dit  touchant  les  évêques,  qu'ils 

étaient  inhumés  aTec  leurs  insignes,  c'estr2i-dire,  avec  leurs  habits  pontificaux, 

fias  toujours  avec  la  crosse  et  l'anneau. 


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30  LE  BIENHEUREUX   RUAUD 

IX 

Les  caveaux  renfermaient  un  mélange^» 

Ce  qui  est  plus  grave,  c'est  un  mélange  d'ossements  cons- 
taté, après  un  minutieux  examen,  par  le  docteur  de  Glosma- 
deuc  dont  la  compétence  en  ces  matières  est  indéniable.  Et 
c'est  sur  ce  mélange  qu'il  s'est  basé  pour  émettre  l'opinion 
qu'à  une  époque  qu'il  lui  est  impossible  de  préciser,  les 
caveaux  ont  été  ouverts  pour  y  introduire  des  ossements 
étrangers.  Cette  opinion  a  pris  le  caractère  d'une  conviction 
absolue,  lorsqu'il  s'est  trouvé  en  face  d'un  tibia,  enfoncé  par 
son  extrémité  supérieure  dans  un  mortier  très  dur,  qui 
remplit  le  crâne  du  caveau  de  droite.  Ce  qui  n'a  pu  arriver 
naturellement  ni  à  l'occasion  de  la  fouille,  mais  par  le  fait 
d'un  homme  qui  a  jeté  le  tibia  dans  le  caveau  où  déjà  se 
trouvait  le  crâne.  Ce  cas  ne  serait  pas  particulier  à  Lanvaux  ; 
il  s'étendrait,  au  rapport  du  môme  docteur,  à  presque  toutes 
les  tombes  du  même  genre  qu'il  pst  fort  rare  de  rencontrer 
.'ntactes. 

Il  faut  avouer,  d'ailleurs,  que  pour  une  raison  ou  pour  une 
autre,  les  mélanges  d'ossemenis  sont  de  tous  les  temps.  Les 
reliques  de  saint  Goueznou,  évêque  de  Léon,  déposées  pôle- 
môle  parmi  les  autres  dans  la  sacristie,  ne  purent  être  re- 
connues que  par  un  miracle.  Que  les  exemples  d'un  pareil 
sans-gêne  soient  rares,  on  le  conçoit.  Ce  qui  ne  Test  pas, 
c'est  de  voir  les  mélanges  se  produire  dans  les  châsses 
par  suite  d'un  dérangement  accidentel  des  reliques,  ou 
d'une  confusion  survenue  parmi  les  étiquettes,  ou  du  peu 
de  soin  apporté  à  renouveler  ces  étiquettes,  lorsque  le  temps 
les  a  usées.  A  Saint-Magloire  de  Paris,  dit  Dé  rie,  des  rou- 
leaux de  parchemins  qui  indiquaient  les  'noms  de  plusieurs 
saints  sont  effacés  ;  d'autres  ne  sont  plus  lisibles.  Le  trésor 


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PREMIER  ABBÉ  DE  LANVAUX  31 

de  Locmîné  renferme  quelques  têtes  de  saints,  dont  une  cer- 
lainemeat  de  saint  Colomban.  Laquelle?  on  ne  sait  pas.  Et 
pourtant  les  authentiques,  paraît-il,  sont  en  règle.  Qu'importe  ? 
On  est  fondé  à  dire  des  reliques  qu'elles  sont  mélangées,  du 
moment  que  les  étiquettes  ne  servent  plus  à  les  discerner. 

Les  mélanges  furent  surtout  nombreux  sous  la  Réforme  et 
sous  la  Révolution  française,  où  les  fidèles  souvent  n'avaient 
pas  d'autre  moyen  pour  sauver  les  reliques  de  valeur.  C'est 
l'exemple  qu'ont  dû  suivre,  à  Tune  de  ces  époques  troublées, 
les  religieux  dé  Lanvaûx.  S'il  fallait  choisir  entre  les  deux, 
j'opinerais  volontiers  pour  la  Révolution.  Dans  le  cas  où  le 
mélange  eût  été  produit  au  temps  de  la  Ligue,  est-ce  que  l'ins- 
cription de  1740  n'y  aurait  pas  fait  une  allusion  quelconque? 
Pourtant,  cette  inscription  est  très  précise  etse  rapporte  à  un 
seul  personnage.  Ce  serait  donc  à  la  veille  de  la  fermeture  de 
l'abbaye  par  le  igbuvernement  révolutionnaire,  que  les  moines 
se  sont  vus  obligés,  pour  abriter  ce  qu'ils  avaient  de  plus 
précieux,  de  recourir  à  l'ouverture  des  caveaux. 

Pour  ouvrir  les  oeveaux,  ils  ont  dû  fracturer  la  voûte,  et 
sans  se  donner  la  peine  de  la  relever,  pressés  sans  doute 
qu'ils  étaient  par  le  temps,  ils  ont  trouvé  plus  expéditif  de 
combler  les  tombeaux,  après  avoir  pris  au  préalable  la  pré- 
caution, dans  le  but  de  garantir  les  ossements,  de  les  couvrir 
d'une  couche  de  chaux  éteinte.  La  couche  de  chaux  dont  ils 
sont  presque  tous  empâtés,  autorise  cette  supposition*. 

Il  n'est  pas  vrai  de  dire,  dans  cette  hypothèse,  que  la 
voûte,  après  avoir  été  relevée,  se  soit  d'elle-même  effondrée. 
Par  le  fait,  un  pareil  ébranlement  ne  pouvait  avoir  lieu  sans 
amener  à  la  surface  du  sol  des  crevasses  plus  ou  moins 
sensibles.  Or,aucun  affaissement  ne  s'est  offert  à  mes  regards. 
lundis  que  la  nef  a  été  complètement  bouleversée  soit  par 
r 

<  fl  j  ?  d'autres  exemples.  Jean  de  Montluc,  évêque  de  Die,  Ût  au  temps 
de  la  Ligue  renfermer  dans  sa  tombe  et  couvrir  de  chaux  lés  reliques  de 
saint  Etienne.  —  Dans  le  caveau  de  drmte.  citait  un  nwjrtier  d'arpile. 


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32  LE  BIENHEUREUX  RUAUD 

des  chercheurs  dfe  trésor,  soit  par  des  expériences  d*obus  que 
le  directeur  des  forges  y  faisait  sans  scrupule,  le  sol  du  sanc- 
tuaire est  demeuré  intact  jusqu'aux  fouilles  de  Tan  passé. 


X 

Le  mélange  renferme  les  reliques  du  bienheureux  Ruaud. 

Cela  est  de  toute  évidence,  à  moins  de  supposer  qu'en 
introduisant  dans  les  caveaux  des  ossements  étrangers,  les 
religieux  ont  enlevé,  dispersé  ou  détruit  les  ossements  pri- 
mitifs. Ce  qui  est  absurde. 

Qu'à  une  époque  troublée,  je  le  répète,  la  pensée  soit 
venue  aux  religieux  d'ouvrir  les  caveaux  du  sanctuaire  pour 
y  abriter  des  reliques,  rien  de  plus  sensé.  J'ai  rapporté  que 
l'évoque  de  Die  avait  espéré,  par  ce  moyen,  garantir  de  la 
fureur  des  huguenots   les  reliques  de  saint  Etienne. 

Qu'après  avoir  ouvert  les  caveaux,  ils^  aient  succombé  à 
la  tentation  d'emporter,  comme  souvenir,  des  parcelles  du 
corps  de  leur  fondateur,  cela  se  conçoit  de  môme  et  explique, 
jusqu'à  un  certain  point,  la  présence  d'ossement^  dépareillés 
constatée  par  l'examinateur.  Mais  de  prétendre  qu'au  mo- 
ment d'y  jeter  des  reliques  pour  les  préserver  de  la  destruc- 
tion, ils  aient  du  môme  coup  emporté  ou  dispersé  le  corps 
out  entier  du  bienheureux,  cela  est  contradictoire.  Ils  ne 
l'ont  certainement  pas  emporté  au  temps  de  la  Ligue,  puisque 
l'épitaphe  de  1740  dit  en  termes  formels  : 

Hic  jacet  beatus  Rotaldus, 
Ci-gît  le  bienheureux  Ruaud. 

Ils  ne  l'ont  pas  fait  davantage  au  moment  de  leur  expul- 
sion, en  1790  ou  91.  Pour  quel  motif  l'enlever?  Tout  en  pro- 
fessant pour  leur  fondateur  une  vénération  particulière,  ils 
ne  lui  rendaient  pas  de  culte.  Quand  bien  môme  il  eût  été 


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PREMIER  ABBÉ  DE   LAN  VAUX  33 

Vobjet  d'un  culte,  mieux  valait  encore  le  laisser  sous  terre. 
On  était  à  une  époque  où  Ton  enfouissait  les  trésors  :  on  ne 
les  dél errait  pas.  Ç*eût  été  volontairement,  sciemment,  Tex^ 
poser  à  une  profanation  inévitable.  Ils  ne  pouvaient  agir  de 
la  sorte,  sous  peine  d*étre  insensés.  Et  quelle  raison  avons- 
nous  de  croire  les  moines  plus  insensés  que  les  autres  ?  Non. 
Ils  ont  introduit  des  ossements  dans  les  caveaux  du  sanc- 
tuaire pour  assurer  leur  conservation;  et  ces  ossements  ont 
été  si  bien  conservés  qu'on  les  a  retrouvés  :  voilà  la  vérité. 

Et  comme  d'autre  part,  il  faut  tenir  pour  certains  les  trois 
points  qui  suivent  : 

Premièrement,  que  le  corps  du  bienheureux  Ruaud  a  été 
inhiuné  dans  le  sanctuaire  de  Tabbaye  qu'il  avait  fondée  ; 

Deuxièmement,  que  les  restes  du  bienheureux  Ruaud  y 
reposaient  au  XVII*  siècle,  en  1740,  et  au  moment  de  la  Révo- 
lution ; 

Troisièmement,  que  le  sanctuaire  de  Lan  vaux  ne  renferme 
aucune  autre  tombe  ; 

Cette  conclusion  s'impose  : 

Les  restes  du  bienheureux  Ruaud  se  trouvent  en  tout  ou 
en  majeure  partie  parmi  les  ossements  extraits  des  caveaux 
de  Lanvaux,  et  pour  préciser  davantage,  parmi  les  ossements 
du  caveau  central  qui  présentaient,  seuls,  la  disposition  li- 
turgique que  nous  avons  ci-dessus  mentionnée. 

Conclusion  rigoureuse  s*il  en  fut.  Il  n*en  est  pas  moins 
vrai  qu'elle  laisse  subsister  le  mélange,  et  que  ce  mélange 
est  on  ne  peut  plus  malencontreux.  Il  est  venu  gâter  une 
belle  découverte  qui  eût  sans  cela  produit  à  nos  yeux,  qui 
sdit?  peut-être  avec  les  restes  authentiques  du  bienheureux 
fondateur  ecclésiastique,  les  restes  du  fondateur  laïque,  je 
veux  dire,  du  baron  Alain  de  Lanvaux,  probablement  inhumé 
dans  le  caveau  de  droite,  d'un  pied  plus  long  que  le  caveau 
central*. 

*  Le  carean  du  bienheurdox  est  long  d'environ  1*»94  et   large  de  Om,78  ;  le 
2«  caTeaa  est  long  de  2*,25  et  large  de   0",90.  Les  eaveanx  sont    creusés  à 
T.  VI.  —  NOTICES.  —  VI*  ANNÉE,  !'•  LIV.  3 


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34  LE   BIENHEUREUX   RUAUD 


XI 

Inhumation  au  cimetière  de  Drandivy  des  reliques  de  Lanvaux. 

Devant  rimpossibilité  matérielle  de  distinguer  les  reliques 
recherchées,  il  ne  restait  plus  qu'à  procéder  de  nouveau  à 
rinhumation  des  ossements  extraits  du  sanctuaire  de  Lan- 
yaux.  Mais  pour  réserver  l'avenir,  et  dans  Tespoir  qu'un 
document  inédit  viendra  taire  un  jour  la  lumière  sur  ce 
mélange,  je  les  ai  déposés  séparément  dans  trois  petits  cer- 
cueils et  fait  dresser  de  leur  inhumation  le  procès-verbal 
que  voici  : 

Nous^  soussignés,  certifions  avoir  assisté  à  l'inhumation 
dans  le  cimetière  de  Brandivy,  près  du  mur  situé  au  levant, 
des  reliques  extraites  du  sanctuaire  de  Lanvaux,  et  nous 
rapportant  aux  déclarations  de  M.  Tabbé  Guilloux^  vicaire  à 
Brandivy,  sur  la  provenance  de  ces  reliques,  avons  enfermé 
dans  le  cercueil  contenant  les  ossements  du  caveau  central, 
une  lame  de  zinc  avec  ces  mots  :  ossa  partim  beati  Ruaudi*  ; 
dans  le  cercueil  contenant  les  ossements  du  caveau  de 
droite',  une  lame  de  zinc  avec  ces  mots  :  ossements  du  caveau 
de  droite  ;  dans  le  cercueil  contenant  les  ossements  trouvés 
à  gauche  du  caveau  central,  une  lame  de  zinc  avec  ces  mots  : 
ossements  hors  caveau.  Nous  constatons,  en  outre,  que  ces 
trois  cercueils  en  chêne  occupent  au  cimetière  de  Brandivy 


rentrée  du  sanctuaire  primitif,  celui  du  bienheureux,  au  centre,  en  face 
du  maltre-autel.  A  la  vue  des  restes  de  ce  sanctuaire,  vieux  de  tant  de 
siècles,  abritant  encore  les  caveaux,  on  se  dit  :  «  qu'un  oratoire  ferait  bon 
effet  sur  ces  antiques  et    sacrées  fondations  !..«..> 

^  Ossements  en  partie  du    bienheureux  Ruaud. 

*  La  droite  d^in  homme 'qui  regarde  vers  TBSst. 


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PREMIER  ABBÉ   OE   LAN  VAUX  35 

les  mêmes  positions  que  les  différentes  sépultures  occupaient 
au  sanctuaire  de  Lanvaux.  » 

Brandi vy,  3  décembre  1888. 

Suivent  les  signatures  de  plusieurs  ecclésiastiques. 

La  fosse  commune  a  été  surmontée  d'une  inscription  dont 
le  critique  le  plus  méticuleux  ne  saurait  contester  la  justesse 
et  la  légitimité.  Voici  cette  inscription. 

Ici  reposent 

Parmi  d'autres  ossements 

Les  précieux  restes  du  bienheureux 

Ruaud, 

Fondateur  de  Tabbaye  de  Lanvaux,  Tan  1138 

Elu  évoque  de  Vannes,  Fan  1143, 

Mort  Tan  1177 

Et 

Inhumé 

Selon  sa  volonté 

Dans  le  sanctuaire  de  son  abbaye. 

Ces  reliques 

Découvertes  le  12  juin  1888 

Ont  été  transférées 

En  ce  lieu 

Le  3  décembre  de  la  même  année. 

La  môme  inscription,  à  part  quelques  modifications  néces- 
saires surmonte  les  caveaux  de  Lanvaux.  Les  nombreux 
étrangers  qui  viennent  les  visiter,  pour  peu  qu'ils  sachent 
lire,  apprennent  de  la  sorte,  par  quelques  mots  placés  sous 
leurs  yeux,  quand  et  par  qui  a  été  fondée  l'abbaye,  et  ce  que 
sont  devenues  ^es  reliques  du  vénéré  fondateur. 


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36        LE  BIENHEUREUX  BUAUD,  PREMIER  ABBÉ  DB  LAN  VAUX 


XII 

CONCLUSION 

Et  maintenant,  la  parole  est  au  bienheureux  Ruaud. 
Exhumé  contre  toute  attente  après  tant  de  siècles  écoulés, 
c'est  à  lui  qu'il  appartient  désormais  de  plaider  sa  cause  et 
de  confirmer  par  des  signes  sensibles  son  identité.  Plusieurs 
offrandes,  certains  faits  sont  propres  à  inspirer   confiance. 

Que  du  haut  du  ciel  il  daigne  jeter  sur  tous  ses  invocateurs 
un  regard  favorable!  C'est  mon  vœu,  c'est  toute  la  récom- 
pense que  je  souhaite  de  mes  efforts. 

Abbé  GuiLLOux. 


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NOTES  D'ICONOGRAPHIE 

Les  thèses  bretonnes  illustrées,  aux  XV II"  et  XVIII*  siècles, 

(Suite.) 


I.  —  Thèse  dédiée  au  Chapitre  et  Doyen  de  Nantes, 

IL  ne  reste  de  cette  thèse  que  l'écoason  dn  Chapitre.  Une  clef  et  une 
épée  en  saatoir  ;  le  tout  entouré  de  branches  de  laurier.  —  La  gra- 
vore  n'est  pas,  signée  mais  peut  être  attribuée  à  l'époque  de  Léonard 
Gautier,  et  a  dû  être  gravée  au  commencement  du  XVI^'  siècle. 

(Bibliothèque  national,  P.  G.  2.) 

II.  —  D'AndPHERNBT,  premier  Président  de  Bennes. 

Telle  est  la  note  manuscrite  que  le  collectionneur  a  mise  au  bas  d'un 
énorme  ôcusson  soutenu  par  deux  lions,  qui  porte  :  Ecartelé  au  4 
et  4  d'hermines  et  cPargent,  au  9  et  S  de  sable  à  V aigle  éployée  (Targent, 
becquée  et  menibrée  Sor^  armes  de  la  famille  d'Amphernet.  Le  tout 
entouré  du  collier  de  Saint- Michel  avec  la  devise  :  Sunt  for  lia  fortibus 
opta.  Cette  devise  n'est  point  signalée  par  M.  de  Courcy.  —  M.  de  Carné 
ne  cite  non  plus  aucun  d'Amphernet  parmi  les  chevaliers  bretons  de 
l'ordre  de  Saint -Michel.  Il  est  à  remarquer  aussi  que  René  d'Amphernet, 
président  à  mortier  au  Parlement  de  Bretagne  en  1620,  ne  fut  pas 
premier  président.  —  Non  signé. 

{Bibliothèque  nationale,  P.  C.  1.) 

m.    —   Gabriel  Constantin,    doyen  de    l'église  d'Angers. 

[Annot.  man,) 

Il  est  très  possible  que  cette  thèse  soit  plutôt  angevine  que  bretonne. 
Cependant  Tabbé  Constantin  mourut  doyen  du  Parlement  de  Bretagne. 
Baaacoop  des  livres  du  château  de  la  Lorie,  vendus  à  Rennes  en  1887, 


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38  NOTES  d'iconographie 

portent  sa  signature.   Cette  famille  s'était  fondue  par  les  Marmier,  dans 
le  Fitz-James,  derniers  possesseurs  de  cette  terre. 

Ecusson  entouré  de  génies  ou  d'anges  qui  se  termîDent  par  une  riche 
gaine  de  fleurn  et  de  fruits,  et  portant  tes  armes  de  la  famille  Constantin  : 
D^azur  au  rocher  d'or  mouvant  d^une  mer  d'argent,  —  Signé  :  Roussel. 

{IHblxothhque  nationale,  P.  C.  2.) 

IV.  —    SÉBASTIEN  DE  RosMADEG,  évêque  de  Vannes  [Annot, 
man.)  nommé  en  4624,  mort  en  4646, 

Une  très  grosse  femm 3  revêtue  du  manteau  d'hermines,  qui  doit  symbo- 
liser la  Bretagne,  présente  à  une  autre  très  grosse  femme,  qui  tient  une 
croix  et  doit  figurer  la  Religion,  un  grand  écusson,  très  beau  comme 
déploiement  d'armoirie?,  mais  déplorable  comme  gravure.  On  n*a  même 
pas  respecté  le  sens  traditionnel  dans  lequel  les  hachures  doivent  être 
exécutées  pour  représenter  les  couleurs,  et  tous  les  fonds  semblent 
être  de  sinople,  tant  les  lignes  sont  de  biais.  Nous  rectifions  d'après 
Farmorial  de  M.  de  Courcy  : 

Sur  le  tout  :  Paie  d^nzur  et  d^argenty  qui  est  Rosmadec,  avt  4  d*axur 
à  quatre  mâcles  d'argent  qui  est  Molac  (les  armes  véritables  sont  : 
De  gueules  à  sept  mâcles  d'argent)  ;  au  2«.  d!azur  à  une  tour  d'or  qui  est 
Tyvarlen  ;  au  3«,  d'azur  à  trois  coquilles  d'or  qui  est  Plessis-Josso  ;  au 
4«,  d^hermines  à  trois  chevrons  de  gueules  qui  est  Plœuc  (le  graveur  les 
a  chargés  de  m&cles)  ;  au  b^  de  gueules  h  la  fasce  d'hemines  qui  est  la 
Chapelle  ;  au  6*,  d'azur  au  lion  d'argent  qui  est  Pont-Croix  ;  au7«,  d'azur 
à  trois  jumelles  d'or  qui  est  Lesperver  (dont  les  vraies  armes  soni  de 
sable)  ;  enfin  le  8«  quartier  porte  une  bordure  de  ituîcles,  plus  une  figure 
impossible  à  déterminer,  tant  le  graveur  y  a  mis  délaisser  aller  La 
devise  porte  :  Hoc  non  viduata  quid  optem  :  —  qu'on  peut  traduire  ainsi 
en  l'appliquant  àPévêque  de  Vannos  :  tant  que  je  le  posséderai,  qu'ai-je 
à  désirer  !  Souhait  flatteur  pour  le  personnage,  qui  mourut  en  effet  sur  le 
siège  de  Vannes. 

L'auteur  de  ce  bel  ouvrage  a  signé  :  G.  Ladamb,  inve.  et  fecit. 

(Bibliothèque nationale,  P.C.  i.) 

y,  —  Le  même  {vers  4  640), 

Le  fragment  d'une  seconde  thèse  dédiée  au  même  prélat,  porte 
récusson  décrit  au  numéro  précédent,  entouré  de  lourds  ornements  et 
d'une  draperie  soutenue  par  deux  anges.  Signé  :  Fjrbnb. 


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NOTES  D*IGONOaRAPHIE  39 

Firens  était  un  assez  médiocre  graveur  qai  florissait  à  cette  époqae 
et  ne  s^eet  pas  dîstingaé  dans  ce  travail. 

(Biblioihèque  nationale,  P.  G.  1.) 

VI.  —  Christophe  Budes.  (Annot,  mon.) 

Ëcnsson  des  Bades.  *  D'argent  au  pin  de  sinople^  accosté  de  deux 
fleurs  de  lys  de  gueules.  Mais  dans  ce  morceaa  de  thèse  il  porte  une  va- 
riante :  les  deux  fleurs  de  lys  sont  reléguées  an  canton  senestre,  et  au 
coin  dextre  sont  juxtaposés  un  croissant  et  une  merlette. 

Tout  ceci  nous  indique  qu'il  s'agit  bien  de  Christophe  Budes,  époux  en 
1625  de  Renée  Bouilly.  Il  fut  conseiller  au  Parlement  en  1624  et  garde 
des  sceaux  de  la  chancellerie  de  Bretagne.  La  branche  du  Tertre-Jouan 
à  laquelle  il  appartenait,  chargeait  en  effet  ses  armes  au  canton,  dextre 
d'un  croissant  de  gueules.  On  y  a  ajouté  une  merlette,  en  souvenir  de  sa 
grand'mère  maternelle,  Isabeau  de  Galiac.  ou  d*Annè  de  Gallac,  grand- 
mère  de  son  père  qui  portaient  cet  oiseau  dans  leurs  armes. 

L'écu  est  entouré  du  collier  de  Saint-Michel,  quoique  M.  de  Camé  ne 
nomme  pas  Christophe  dans  ses  biographies  des  chevaliers  de  cet  ordre. 
Il  est  peu  probable  qu'il  s'agisse  ici  de  son  père  Jean,  capitaine  de  l'arrière- 
ban  de  Saint-Brieuc,  chevalier  de  l'Ordre  en  1617,  et,  par  la  nature  de 
ses  fonctions,  moins  apte  à  recevoir  la  dédicace  d'une  thèse,  que  son  fils, 
le  conseiller  au  Parlement.  On  peut  donc  croire  que  Christophe  a  été  dé- 
coré lui-même  de  l'Ordre  du  Roy,  ou  qu'il  a  entouré  son  écusson  de  cet 
insigne,  en  mémoire  de  son  père  —  usurpation,  qui,  je  crois,  a  été  assez 
en  usage  à  partir  de  cette  époque,  et  dont  j'ai  vu  beaucoup  d'exemples. 
—  Il  faut  dire  que  le  collier  est  très  décoratif  et,  soit  en  sculpture,  soit 
en  peinture,  accompagnait  très  bien  un  écusson. 

(Bibliothèque  nationale.  P.  C.  1). 

VIL  —  Pierre  Cornulier,  évêque  de  Rennes  (Ann.  man.Jy 
de  1619  à  1639. 

Il  ne  reste  de  cette  thèse  qu'un  écusson  très  simple  aux  armes  de  la 
maison  de  Cornulier,  surmonté  de  la  crosse,  de  la  mitre  et  du  chapeau, 
et  entouré  de  simples  enroulements  de  feuilles  de  laurier  formant  des 
médaillons,  dans  chacun  desquels  se  trouve  une  lettre  de  la  dédicace  sui- 
vante :  Pêlro  CornuHero, 

Cette  gravure,  d'un  style  plus  ancien  que  l'époque  où  elle  fut  gravée 
doit  être  du  commencement  de  l'épiscopat  de  Pierre  Cornulier,  et  lap- 
pelleraic  plutôt  la  fin  duXVI*  siècle  ;  elle  est  signée  :  Fiibms. 

(Bibliothèque  nationale.  P,  L.  2.) 


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40  NOTES  D'ICONOGRAPHIS 


VIII.  —  Pauoon    db  Ris,   premier  président    de    Rennes. 

(Ann,  man.) 

Même  ornemtntatioa  que  la  précédeiue;  enroalemento  réguliers  de 
palmes  et  d'olivier,  formant  des  médaillons»  dans  chacun  desquels  est 
une  lettre  de  la  dédicace:  Jiexandro^atoofitd.  Au  centre,  écusson  de 
premier  président  surmonté  du  mortier  :  au  1  et  4  d^argenl  à  la  serre 
de' faucon  de  guêuUs  ;  au  2  et  3  d'argent  au  taureau  de  saHe  —  En  bas. 
un  antre  écusson  portait  d^azur  à  deux  léopards  d'argent^  probablement 
celui  du  personnage  qui  a  soutenu  la  thèse,  et  qu'on  ne  peut  déterminer 
d*une  manière  certaine.  I^a  note  manuscrite  fait  une  erreur  :  Alexandre 
Faucon  de  Ris  n'est  pas  le  premier  président  au  Parlement  de  Bretagne, 
qui  s'appelait  Glande.  Il  fût  conseiller  le  11  mars  1592,  et  quitta  la 
Bretagne  pour  devenir  premier  Président  i  Rouen  de  1608  à  1626.  Il 
est  évident  que  cette  thèse  lui  fut  dédiée  pendant  qu'il  siégeait  dans 
cette  dernière  ville.  —  Signé  :  Fiebns. 

(Bibliothèque  nationale.  P.C.  l.) 

IX.  —  GiLLis  HucHBT  DB  LA  BÉDOYÈRB,  procureur  général 

au  Parlement  de  Rennes.  (Annot.  man.J 

Ecusson  énorme,  entouré  de  lourds  lambrequins,  surmonté d'qn  casque. 
Au  dessus  un  lion  en  cimier.  Supports  :  deux  lions  Sur  le  tout  :  d^argent 
à  trois  huekets  de  sable,  écartelé  aux  4  et  4  d*azur  à  six  biUettes  percées 
dPargent  qui  est  La  Bédoyère,  aux  2  et  3  d^argent  à  trois  coqs  de  sable 
qui  est  du  Gleuz  de  Redillac,  dont  était  l'ayeule  de  Gilles.  Le  tout  en- 
touré du  collier  de  Saint-Michel . 

M.  de  Garné  ne  cite  qu'un  membre  de  cette  famille  qui  ait  été  décoré 
de  l'ordre  du  Roi.  Il  était  arrière-cousin  de  Gilles  ;  il  n'est  guère  probable 
que  le  procureur  général  ait  voulu  se  parer  des  plumes  du  paon.  On 
peut  donc  supposer  que  l'annotation  manuscrite  est  fausse,  et  qu'il 
b'agttici  de  Briand  Huchet,  chevalier  de  l'ordre  en  1648,  bu  que  Gilles 
Huchet  l'a  été  lui-même  ;  ce  que  nous  ignorions. 

Briand  épousa  en  1623  Louise  Rabinard  du  Piessix-Gintré,  et  fut  le. 
premier  auteur  de  la  branche  de  ce  nom.  Il  mourut  après  1668. 

Gilles  Huchet  de  La  Bédoyère  procureur  général  en  1 63 1 ,  épousa  en  1 622 
Louise  Barrin  et  eut  postérité,  d'où  est  sortie  la  branche  de  La  Bédoyère. 

Cette  gravure  est  signée  :  Noblit,  f. 

{Bibliothèque  nationale.  P.  G.  1.) 


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NOTBS  d'iconographie  41 


X.  —  Thèse  de  Vabbé  de  Bruc. 

Noos  sortons  enfin  des  simples  écussons,  si  sottement  matllés  par 
Tamateor  anonyme  dont  la  Bibliothèque  natioaale  a  hérité,  et  nous 
abordons  nne  rare  et  saperbe  pièce,  mais  dont  il  faut  cependant  chercher 
les  membres  épars  (dtsjecta  membra  I)  dans  plusieurs  recueils. 

La  collection  des  portraits  de  la  Bibliothèque  nationale,  classée  par 
ordre  alphabétique,  contient  celui  de  Tabbé  de  Bruc  découpé  absolument 
comme  une  image  faite  pour  amuser  les  enfants  !  11  e«t  cité  dans  le  P. 
Lelong.  Le  personnage  est  de  profil,  dirigé  à  droite,  agenouillé,  la  main 
éloYée  en  l'air,  et  en  bas  cette  note  manuscrite  :  c  tiré  d'une  thèse  de 
théologie  soutenue  et  dédiée  le  6  février  1634  au  cardinal  dj  Richelieu. 
Gravée  par  Laskb.  » 

Noos  avons  retrouvé,  non  pas»  hélas  !  le  reste  de  la  thèse,  mais  de  no- 
tables fragments  dans  le  volume  de  la  Bibliothèque,  côté  P.  G.  1.  Elle 
devût  étr<)  magnifique,  mais  elle  est  tellement  mutilée  que  Ton  ne  peut 
guère  dire  tout  d'abord,  si  la  planche  était  unique.  Cependant  la  signa- 
tare  M.  Lasne  fMitet  exeudit  qu'on  lit  dans  la  partie  supérieure,  et  D.  A. 
G.  inv.  M.  Lasne  ex  aux..,  (le  reste  contenant  Tadresse  est  coupé),  que 
Ton  voit  dans  la  partie  inférieure,  nous  fait  supposer  qu'elle  se  composait 
deux  morceaux. 

Le  fragment  supérieur  représente  dans  de  très  graLdes  proportions, 
Hercule  soutenant  le  monde  de  concert  avec  le  roi  Atlas.  C'est  une  gra- 
Tore  vigoureuse  et  d*un  très  bel  effet  :  elle  signifie  évidemment  que 
Richelieu  était  l'Hercule  aidant  le  roi  de  France  à  supporter  le  poids  de 
ronirers. 

Au-dessoas  de  cette  belle  page  se  trouve  la  dédicace  à  Richelieu,  avec 
ses  armes  des  deux  côtés  soutenues  par  des  génies.  Elle  est  signée  :  Hbnri 
DB  BauG. 

Puis  venaient  les  propositions  de  la  thèse  encadrées,  tout  autour  par 
douze  jolis  médaillons  ovales  représentant  les  travaux  d*Hercule.  On  a 
enlevé  ce  texte,  et  si  bien  découpé  les  deux  colonnes  de  médaillons,  qu'il 
n'en  reste  plus  que  huit.  Par  ceux  qui  ont  échapp)§  au  naufrage,  on 
voit  que  les  travaux  du  demi-dieu  étaient  habilement  môles  à  ceux  du 
grand  ministre.  Ces  médaillons  représentent  :  1<*  Albion  Nepiunius  ewn 
fraire  repressus.  Le  triomphe  d'Hercule  sur  Albion  fils  de  Neptune,  qui 
n'est  pas  on  de  ses  plus  célèbres  exploits,  semble  bien  vouloir  re- 
présenter le  triomphe  de  Richelieu  sur  les  Anghiis  par  la  prise  de  la 
Rochelle  ;  ^  Le  taureau  de  l'ile  de  Crète  ;  3»  La  lutte  avec  Antée  ;  4*  Les 


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42  NOTES   d'iconographie 

I 

colonnes  d'Hercule  ;  5*  Stemit  rebelles.  Qe  qui,  sans  autre  désignation, 
s'applique  encore  plus  à  Richelieu  qu'à  son  modèle  ;  7^  Des  captifs 
chargés  de  chaînes  accompagnés  de  cette  devise  :  Amant  sua  vincula  ; 
Enfin,  8®  le  Dieu  dans  un  petit  temple  circulaire  et  au-dessous  l'inscription 
rfiueageies,  qui  s'applique  fort  peu  à  Hercule,  et  beaucoup  à  Richelieu 
soi-disant  poète,  fondateur  de  l'Académie  française  et  auteur  de  Mirame. 

Enfin  tout  en  bas,  à  gauche,  se  retrouve  le  portrait  de  Tobbê  de  Bruc 
déjà  cité,  à  genoux  et  levant  les  bras  vers  son  protecteur. 

Cet  abbé  était  fils  de  Jean  II  de  Bruc,  8''  de  la  Guerche  et  Monfplaisir, 
procureui;  général  syndic  des  Etats,  et  de  Marie  Venier.II  fut  aumônier  du 
Roi,  et  abbé  de  Saint^Gildas-de-Rhuys,  dit  M.  de  Gourcy  ;  l'abbé  Tres- 
vaux  dit  qu'il  assista  aux  Etats  de  1632,  comme  abbé  de  Saint-Gildas-des- 
Bois.  —  Il  mourut  peu  après  avoir  passé  sa  thèse,  en  1635.  Une  généalogie 
delà  famille  de  Bruc  «ajoute  à  ces  titres,  celui  de  Conseiller  d'état,  d'abbé  de 
Bellefontaine,  au  diocèse  de  laRochelle,  et  d'Orbay,  danscelui  de  Soissons. 
—  Une  aussi  belle  thèse  méritait  bien  ces  multiples  récompenses. 

XI.  —  Philippe  Cospean,  évêque  de  Nantes,  (Annot.  man,) 

Ëcusson  soutenu  par  deux  anges  dont  l'un  tient  la  mitre,  l'autre  la 
crosse.  Un  ange  voltige  sous  le  chapeau  qull  soutient  avec  grâce.  Des  lis 
poussenttout  autour,  et  sont  accompagnés  de  la  devise:  Paseiiur  inter  lilia, 

Ecarlelé  au  4  et  4  d'azur  à  trois  bouierolUs  dor ,  au  i  et  S  d'or  à  la 
croix  alésée  de  gueules. 

Cette  gravure  n'est  pas  signée.  —  Philippe  Cospean  fut  évéque  de 
Nantes  de  1621  à  1635,  puis  de  Lisi^ux,  jusqu'à  sa  mort,  en  1646. 

(Bibliothèque  nationale.  P.  C.  2.) 

XII.  —  Daniel  Hay,  abbé  de  Chambon,  [Ann.  man.) 

Ecusson  ovale,  entouré  de  cartouches  portant  le  lion  d'argent  des 
Hay  sur  fond  de  sable,  surmonté  d'un  lambel  d'argent,  l'écusson  est 
accompagné  de  la  mitre  et  de  la  crosse.  La  prudence  et  la  justice  le  sou- 
tiennent. —  FiRBNs,  excudit. 

Daniel  Hay,  né  en  1596,  académicien  en  1635,  mort  en  1671,  fut  abbé  de 
Chambon,  on  ne  sait  trop  à  quelle  époque.  Il  est  Hkcheux  que  ce  fragment 
ne  soit  pas  daté  et  qu'il  ne  soit  pas  plus  complet,  car  on  sait  si  peu  de 
chose  sur  cet  obscur  immortel,  comme  l'appelle  M.  Eerviler,  que  ce 
serait  au  moins  un  détail  de  plus  à  ajouter  à  sa  biographie. 

(Bibliothèque  nationale   P.  C.  2.) 


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NOTES  d'IGONOGRAPHIK  43 


X[II.  —  Thèse  cTYves   Philippe. 

Cette  pièce  est  conserTée  à  la  Biblîothèqne  nationale,  dans  rœuyre  de 
Rousselet.  Elle  est  dMiée  an  Parlement  de  Bretagne.  Son  ornementation 
très  nche  et  tr^s  compliquée,  en  fait  un  morceau  intéressant,  et  prouve 
qa*elle  fat  sontenue  avec  une  grande  solennité  an  collège  des  Jésuites  de 
Rennes. 

C'est  une  planche  grand  in-folio.  A  la  partie  supérieure,  la  Justice 
préside,  la  Sagesse  et  la  Religion  sont  à  ses  côtés.  Au-dessous  de  ce  groupe 
se  Ut  cette  devise  :  Justitia  prœsidety  adjutrice  pietate,  comité  sjpientid, 
La  France  siège  auprès  de  la  Religion  ;  la  Bretagne  auprès  de  la  Sagesse. 
Elle  est  reconnaissable  à  son  manteau  d'hermine,  et  porte  le  collier  de 
Tordre  national  de  TEpi.  ^  En  haut,  à  gauche,  sont  les  armes  de  la  France, 
et  à  droite,  sur  la  même  ligne,  celles  de  Richelieu  leur  font  pendant. 

Sons  les  pieds  de  la  Justice  est  un  petit  médaillon  avec  Tinscription 
Rhedones,  où  Ton  distingue  une  vue  de  Rennes.  Malgré  les  proportions 
restreintes,  on  peut  y  reconnaître  notre  ancienne  tour  de  Thorloge, 
accompagnée  de  bien  des  clochers  I 

La  partie  inférieure  de  la  thèse  se  compose  d'abord  de  la  dédicace  : 
Augustitsimo  sanctissimoque  Britannix  aremoricarum  Senatui,  addic- 
iissimi  Philosophi  Colleçii  Sanlhomani  Rhedonensis  Soc.  Jesu.  »  —  Yves 
Philippe  était  probablement  Télève  le  plus  distingué  de  la  classe,  et 
quoique  sa  personnalité  soit  aciùellement  fort  oubliée,  il  fut  évidemment 
choisi  pour  représenter  ses  condisciples  et  donner  à  l'auguste  et  très 
saint  Parlement  de  Bretagne,  une  haute  idée  de  leur  savoir,  et  le  dernier 
écho  de  ce  jour  de  gloire  conservé  dans  cette  intéressante  pièce,  a  porté 
jusqu'à  nous  le  nom  d'Yves  Philippe  de  Tréguier. 

Cette  partie  inférieure  est  encadrée  de  huit  médainons  ovales  repré- 
sentant les  huit  autres  évèchés  de  Bretagne,  à  gauche  :  Nannetes,  Curio- 
sopites,  Dolenses  (où  l'on  reconnaît  bien  les  tours  de  la  Cathédrale,) 
Leonenses  ;  à  droite  :  Veneti,  Maclovienses,  Briocenses,  Trécorenses.  — 
Au-dessous  de  ces  médaillons  et  encadrant  avec  eux  le  texte  de  la  thèse, 
on  voit  à  gauche  l'Abondance  et  à  droite.  Neptune  avec  cette  inscrip* 
tion  :  '  PoicU  partem  opère  in  ianlo  soloque  saloque  —  Solo  se  trouve 
sous  TAbondance,  Sologne  sous  Neptune  Cette  énigme  Intine  est  assez 
inoompréhensible.  Tout  en  bas  enfin,  le  nom  du  répondant  :  Yvo  Phi- 
Hppus  Trecorensis,  in  logico  Rhedonensis  lycœo,  anno  1635,  mense  Julio, 
die  XV  horis  solitis.  —  Pais  :  Armorici  patres  dont  jura,  et  au  coin 
gauche  un  génie  supportant  les  armes  de  Bretagne  —  Un  autre  à  droite, 
supporte  celles  de  Rennes. 


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44  NOTES  d'iconographie 

On  voit  cpi'il  y  a  bien  des  choses  dans  cette  thèse  —  et  qa'en  outre, 
elle  a  pour  nous  le  mérite  d'être  bien  spécialement  rennaise.  Malheureu- 
sement le  dessin  est  peu  gracieux,  la  gravure  très  lourdement  exécutée.  — 
Rousselet  qui  l'a  signée  ne  s*est  pas  signalé  dans  cette  grande  composi- 
tion GBoiD.  R0U8SELBT9  sculp. 

{Bibliothèque  nationale.  Ed.  40) 


XIV.  — Robert  Gupip,  évêgue  de  Léon,  (Annon,  man.)  Cet 
évêque  occupa  le  siège  de  Léon  de  i65  7  à  1648,  et  celui 
de  Dolde  i64.S  à  sa  mort  en  1657. 


Grand  écusson  soutenu  par  deux  anges  debout,  portant  mi-parti  cPa" 
sur  au  lion  éPargent  tenant  une  crosse,  ce  qui  est  probablement  le  blason 
du  chapitre  de  Léon ,  mi-parti  ft'axur  à  trois  trèfles  émargent.  M.  de 
CiOurcy  donne  pour  armes  à  Robert  Gupif  :  cPargent  à  trois  trèfles  de  n- 
nople.  Mais  la  gravure  est  si  mal  faite,  que  toutes  les  erreurs  peuvent  s*y 
rencontrer.  De  plus,  les  deux  anges  sont  aussi  disgracieux  que  possible. 
Signé  :  Roussel. 

(Bibliothèque  nationale.  P.  G.  2). 


XV.  -—  Le  maréchal  de  Guébrund. 


Il  ne  r^ste  de  cette  thèse  que  la  partie  supérieure.  C'est  un  magnifique 
portrait  du  héros  à  cheval,  revêtu  de  la  cuirasse.  Un  génie  le  couronne 
de  lauriers.  Deux  tutres  soutiennent  dans  les  airs  un  écusson  où  le  bla- 
son des  Budes  est  au  premier  quartier,  et  sur  le  tout  celui  de  la  famille 
de  Gouvran  (d'or  à  sept  mâcUs  d^azur)  dont  le  maréchal  descendait  par 
les  femmes. 

Au  fond  est  une  bataille  où  il  est  au  premier  plan,  et  naturellement 
dans  de  très  petites  proportions.  Mais  Tartiste  pour  le  rendre  bien  re- 
connaissable,  a  eu  soin  de  figurer  même  à  cette  distance  Templàtre  noire 
qu'une  ancienne  blessure  le  força  de  porter  à  demeure  sur  la  joue.  Cette 
gravure  est  tellement  rognée,qu*iln'y  a  pas  de  signatures.  M.de  Snrgères, 
dans  son  Iconographie  bretonne,  cite  deux  portraits  équestres  du  maréchal. 
L'un  de  Greg.  Huret,  l'autre  de  Moncomet.  Je  n*ai  pu  les  comparer 
entre  eux,  mais  je  ne  crois  pas  que  ce  soit  un  de  ceux  la. 

{Bibliothèque  nationale.  P.  C.  1.) 


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NOTES   d'iconographie  45 


XVI  —  François  de  Kergroaoèz,  chevalier  breton[Ann,man, 

ËCQsaon  mi-parti  foicé  émargent  et  de  gueules,  mi-partI  échigueté 
éTargent  et  d^azur  entouré  du  collier  de  Saint-Michel.  Âutoar  de  Técn 
sont  groupées  la  Force,  la  Paix,  la  Science,  la  Renommée  Celle-ci  em- 
boache  comme  toujours  ses  trompettes,  d*où  sortent  sur  nin  ruban 
flottant  ces  mots  :  Légitime  c^tantihus  sic  sperare  lieet.  Signé  :  Firbub. 
François  de  Kergoradès  épousa  en  1621  Claude  de  Kerhœnt  dont  les 
armes  sont  accolées  aux  siennes  dan»  cet  écusson.  M  de  Carné  le  cite 
parmi  les  chevaliers  de  Saint^Michel  qui  paraissent  douteux,  puisqu'il 
n^est  mentionné  avec  ce  titre  dans  aucun  document  contemporain.  Ce 
frontispice  de  thèse  prouverait  la  réalité  de  sa  nomination  dans  l'ordre.  -— 
A  moins  qnMl  n*ait,  aussi  lui,  conservé  autour  de  son  écusson  le  collier 
que  reçut  son  père  en  1598.  La  devise  Légitime  certintihus,  etc.  ...  si 
elle  ne  s'applique  pas  aux  légitimes  et  scientifiques  combats  du  répondant 
à  la  thèse,  pouvait  bien  faire  allusioa  aux  services  du  père  de  François  de 
Kergroadès  qui  combattit  vaillamment  pendant  la  Ligue  pour  le  parti  du 
Roi.  Au  reste  il  existe  un  assez  beau  portrait  de  ce  second  François 
gravé  par  Michel  Lasne  vers  1646,  qui  prouve  que  ce  seigneur  avait 
continué  lanotoriété  paternelle.  Il  est  représenté  en  cuirasse,avec  Técharpe 
blanche.  —  Malgré  sa  vie  toute  militaire,  il  était  parait -il,  assez  lettré 
pour  qu'on  lui  dédiât  des  thèses. 

(Bibliothèque  nationale.  P.  C.  1.) 

XVn.  —Gabriel  de  Beavweav yEvéque  de Nantes.(Ann.man.) 

Il  n'existe  plus  de  cette  thèse  que  Técusson  de  Tévèque:  d'azur  à  quatre 
lions  cantonnés  de  gueules,  armés  de  couronnes  d^or.  -  Il  est  de  très 
grande  dimension,  et  signé  :  Humbblot,  sculp  M.  de  Beauveau  occupa 
le  siège  de  Nantes  de  1635  à  1668. 

{Bibliothèque  nationale.  P.  G.  2. 

XVIII.— Achille  de  RAKLAY^évéquede  Saint'Malo.{Ann.man.) 

Simple  écusson  sans  signature  aux  armes  de  l'évèque  :  d'aryen/  h  deua 
pals  de  sable. 

(Bibliothèque  nationale.  P.  C.  2.) 


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46  NOTES  d'iconographie 


XIX.  —Jean  Glé,  S^  de  la  Costardaye,  Vicomte  de  Médréac, 
[arm.  man.)  —Fragments  de  deux  thèses. 

1^  Ecusson  d*asuf  à  cinq  glés  ^u  s<mris  d'argent,  (Les  véritables  armes 
sont  d'o»  à  einq  glés  de  gueules,)  Sur  un  vitrail  de  l'église  de  Pleomeleuc 
où  les  Glé  possédaient  la  seigneurie  de  la  Besneraye,  il  n'y  en  a  que 
trois. 

Pour  supports  :  Mars  et  Minerve.  —  Hdmbblot,  fecit. 

2*  Même  écusson  écartelé.  Au  i^"^  d'azur  à  cinq  glés  d'argent^  au  2« 
mi- parti  d'argent  et  de  gueules  à  deux  léopards  d'argent  de  Vun  en  Vautre 
qui  est  la  Gostardaye,  famille  fondue  dans  Glé  ;  au  3*  A'azur  à  7  Hllettes 
d'argent^  une  bande  d'hermine  brochant  sur  le  tout,  qui  est  Perron  — 
au  4"  émargent  à  trois  hameçons  de  gueules  qui  est  Jarnouen,  s'  de  Viilartay 
et  de  Beaurocher  en  Guenroc.  Ges  deux  derniers  quartier  indiquant  des 
alliances  que  nous  n'avons  pu  retrouver. 

Nous  pensons  que  ce  vicomte  de  Médréac  doit  être  Jean  Glé.  seigneur 
de  la  Gostardaye,  mort  avant  1650, époux  de  Marie- Anne  de  Montigny, 
et  père  de  Gabrielle  Glé,  dame  du  palais  de  la  Reine,  qui  épousa  le  frère 
de  la  duchesse  de  la  Vallière.  Le  graveur  a  pris  si  peu  de  soin  d'indiquer 
exactement  les  émaux  qu'il  a  mis  partout  des  fonds  de  siaople,  sans 
s'inquiéter  delà  véritable  couleur  des  armoiries. 

[Bibliothèque  nationale.  P.  G.  1.) 


XX.  —  Henri  du  Refuge.  «  Abba^  Maurigniacensis  et  Sancti 
Eparchi.  »  (Morigny  au  diocèse  de  Toul  et  Sàint-Cybard 
dans  celui  dAngoulême). 


Henri  dd  Refuge  était  Qls  d'Bastache,  ambassadeur  ^n  Scisse  et  en 
Hollande,  et  petit-ûls  de  Jean,  conseiller  au  parlement  de  Bre- 
tagne  —  11  fut  conseiller  à  celui  de  Paris,  et  mourut  en  1667.  Gette 
thèse,  dont  la  partie  héraldique  subsiste  seule  à  la  Bibliothèque 
nationale,  est  conservée  tout  entière  à  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève. 
L'écusson  de  la  famille  du  Refuge  qui  portait  :  d'argent  h  deux  fasces  de 
gueules^  deux  bisses  affrontées  d*azur  en  pal,  a  pour  supports  les  deux 
bisses,  guivres  ou  couleuvres  démesurément  grandies  et  ressemblant  à 
d'horribles  pieuvres.  Elles  accompagnent  aussi  une  foule  de  choses,  un 


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NOTES   d'iconographie  47 

ûambean»  un  faisceaa»  un  calice,  une  balance  —  et  sur  le  tout  les  insignes 
d'abbé,  la  mitre  et  la  crosse. —La  thèse  est  dédiée  à  l'abbé  du  Refage 
par  un  personnage  étranger  à  la  Bretagne. 

{Bibliothèque  nationale.  P.  G.  2.  —  Bibliothèque  sainte-Geneviève, 
recueil  de  thèses,) 


XXI'.  —  Thèse  dviauguration  du  Palais  du  Parlement    • 
à  Rennes. 

Cette  belle  thèse  est  un  morceau  capital  pour  l'iconographie  bretonne. 
— -  Ce  n'est  point  un  raccord  de  deux  gravures  banales  préparées  d'à- 
Tance  et  applicables  à  tous  sujets.  La  planche  est  d*unseul  morceau,  et 
ht  circonstance  pour  laquelle  elle  fut  exécutée  était  trop  importante  pour 
que  les  Jésuites,  si  soigneux  d'embellir  leurs  solennités,  n*aient  pas  em- 
ployé toutes  les  ressources  de  l'art  pour  en  conserTer  la  mémoire. 

£n  haut  de  la  plancha  et  au-dessous  de  l'écusson  de  France  se  trouve 
la  dédicace  :  Augustissimo  Armoricœ  senatui,  Logici  Rhedonenses  P.  P. 
1654.  —  Le  fond  de  la  partie  supérieure  de  la  gravure  est  occupé  par  les 
soubassements  du  Palais  de  Rennes,  avec  le  perron  tel  qu'il  existait 
autrefois. 

La  Justice,  l'Abondance  et  la  Paix  descendent  du  ciel,  portées  sur  des 
nuages,  et  au  pied  de  ce  perron,  le  premier  président  accompagné  de  deux 
autres  magistrats,  invite  poliment  les  déesses  à  y  monter  et  s'apprête  lui- 
même  à  les  suivre,  ou  peut-être  à  les  précéder  pour  leur  faire  les 
honneurs  du  sanctuaire. 

Au  premier  plan,  la  Bretagne  en  manteau  d'hermines  et  ornée  du  col- 
lier de  l'épi,  s'incline  avec  respect,  et  s'apprôte  aussi  à  prendre  possession 
de  rédifice.  Deux  femmes  la  suivent,  Tune  montrant  Técusson  d'hermines, 
l'autre  portant  les  clefs  du  monument.  Cette  ornementation  symbolique, 
tous  ces  personnages  s'apprôtant  à  entrer  au  palais,  nous  prouvent  que 
c'est  au  moment  de  son  inauguration  et  pour  célébrer  la  prochaine  prise 
de  possession,  que  ces  exercices  scientifiques  ont  eu  lieu.  C'était  un  di- 
vertissement sérieux  et  très  approprié  à  l'événement  qu'il  s'agissait  de 
fêter.  Le  parlement  fut  définitivement  installé  le  8  janvier  1655,  et  les 
joutes  philosophiques  sont  datées  du  i*' juillet  précédent'. 

*  En  effet,  on  lit  dans  les  registres  des  délibérations  du  corps  municipal  de 
Rennes  pour  1654,  et  à  la  date  du  15  août  :  «  Le  syndic  représente  que  le 
père  Préfet  assisté  d'an  antre  père  Jésuite  étaient  en  la  grande  salle  et  de- 
mandaient à  être  oiiis,  a  requis  qu'on  les  eust  fait  entrer»  Ce  qui  faict  a 
eaté.  Le  P.  Préfet  a  dict  que  Mercredy  prochain  se  fera  les  jeux  publics  aux 


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48  '     NOTES   d'iconographie 

Tout  autour  de  cette  grande  planche  sont,  disposés,  avec  beaucoup  de 
goût,  les  105  écussons  de  tous  les  mngistrats  de  la  cour  suprôme  vivant  à 
cette  époque.  Cet  ornementation  d*un  grand  intérêt  héraldique,  est  très 
riche  et  curieuse.  —  Deux  renommées,  qui  ont  un  peu  Tair  de  faire  des 
exercices  de  trapèze,  soutiennent  cette  guirlande  en  haut,  et  deux  autres 
âgures  de  femmes  les  accompagnent  dans  le  bas.  Un  élégant  génie  letient 
dans  ses  mains  tous  les  rubansqui  relient  les  écussons. 

Tout  au  bas  on  lit  :  Has  thèses  propugnabunt  in  aula  coUeg.  rhed.  soc. 
Jesu  ai»n.  1654  die  I  et  Jul. 

ŒoiD.   PiNczoN  Rhed.  Guido.  Esme  Brioc, 

Car.  db  la  Boubxière  Dol,  Guido.  Pinel  Macl. 

Franc,  db  Bblouan  Venet,  GutL.  db  la  Nob  Brioc. 

Franc.  Pinczon  Bhed,  Guil.  de  la  Noub  Andeg, 

Guido.  de  la  Villéon  BtHoc.       Guil.  Maudbt  Rhed. 

Guil.  Nicolas  Treoor.  Joan.  Stbnou  Trecorensis, 

HiLAR.  DE  FoRSANz  Macl.  JuL.  BucHÉ  Costrobrietisis. 

Jacobus.  Gallays  Brioc,  Jul.  Couppbl  Rhedonensis. 

Jac.  Gutardet  Venet.  Lud.  Gentil  Rhedonensis, 

Joan.  db  la  Noë  Brioc.  Mauric.  de  Kbrmoyban  Trecorensis. 

Joan.  de  Kerboulart  Venet.        Mich.  Gosnbllb  Nannetensis, 

Joan.  Dbsclaux  Tolos.  Mica.  Rouillé  Dinanensis. 

Joan.  Dbsmarchix  Mcu;l.  Oli.  Charpentier  Nanti. 

Joan.  Feudé  RTied.  Petrus.  Aubréb  Rhed. 

Joan.  le  Drouzbc  Trec.  Pe.  le  Bez  Rhed. 

Joan.  Lottaux  Castrob.  Pe.  Pommeret  Rfisd. 

Pe.  Terrien  Brioc. 

Tuss.  DU  Moustbrou  Trec. 

Vinc.  Furet  Brioc. 

Yvo.  Coroller  Trec. 

Yvo.  EvENOu  Trec. 

Ala.  Guyart  Macl. 

Pb.  DR  LA  Lande  Rhed. 

Jésuites  de  la  manière  accoustumée  et  est  venu  de  la  part  de  leur  compagnie 
prier  MM.  de  la  C*«  de  vouloir  assister  comme  étant  leurs  fondateurs,  et  ont 
représenté  les  plasquarts  :  Lesquels  ont  été  remerciés  par  M.  de  la  Hurlaie 
président  de  la  dite  assemblée,  et  arrêté  que  Thuissier  de  la  ville,  et  officier 
porte-casaques,  iront  mercredy  avec  leur  hallebardes  garder  la  place  de 
MM.  de  cette  C*«  qui  s'y  voudront  trouver.  » 

Ce  passage  s'applique  évidemment  à  notre  thèse,  quoiqu*elle  porte  une  date 
antérieure  Cl«r  juillet).  Il  est  évident  que  la  cérémonie  aura  été  retardée  par 
quelque  circonstance  rarticulière,  sans  qu'on  ait  cru  nécessaire  de  changer 
Jri  date  sur  les  placards  déjà  imprimés. 

J*ai  été  heureux  de  pouvoir  signaler  cette  curieuse  pièce  à  M.  de  Surgères 
pour  son  excellAite  Iconographie  bretonne  ainsi  qu'une  autre  thèse  aussi 
ti^lJe,  soutenue  par  les  élèves  du  Collège  de  Vannes  et  dont  nous  verrons  plus 
loin  la  description  détaillée  (n»  31).  Après  de  nouvelles  recherches,  j'ai 
riécouvert  à  la  Bibliothèque  Sainte-Geneviève,  un  second  exemplaire  de 
celle-ci,  mais  en  moins  bon  état. 


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NOTES  d'iconographie  49 

Cette  thèse  est  signée  :  G.  Lbbrun  fecit.  Lebrun  en  a  gravé  asse^  peu, 
et  cet  exemplaire,  qui  fait  partie  de  ma  collection  est  une  première 
épreave.  On  voit  les  essais  du  burin  qui  n'ont  pas  encore  été  efiRiu^és  sur 
les  marges.  La  gravure,  assez  lâchée  dans  les  figures  allégoriques,  est 
plus  soignée  dans  le  reste. 

Mais  ce  qui  lait  l'intérêt  principal  de  cette  pièce,  c'est  qu'elle  nous 
donne  un  portrait  inconnu  du  premier  président  de  Gucé  et  le  premier 
en  date.  Le  seul  qui  ait  été  décrit  jusqu'ici  est  une  charmante  et  rare 
gravure  de  Landry  datée  de  1661  après  la  mort  du  personnage.  Celui-ci 
a  été  fait  pendant  sa  vie.  Mais  comme  il  est  probable  qu'il  n'a  pas  été 
poser  à  Paris,  il  est  certain  que  les  deux  estampes  ont  été  faites  d'après 
la  même  peinture.  Le  premier  est  moins  soigné  que  le  second,  mais 
tous  les  plus  petits  détails  des  cheveux  et  de  la  coiffure  se  trouvent  repro- 
duite dans  les  deux  pièces,  et  indiquent  leur  origine  commune. 

Lw  deax  autres  présidents  qui  accompagnent  Henri  deBourgneuf  Gacé 

sont  évidemment  Christophe  Fouquet  et  Claude  de  Marbœuf,  présidents 

à  mortier  à  la  même  époque  et  dont  la  ressemblance  est  assez  conforme 

atu  deux  portraits  gravés  qui  existent  d'eux  pour  qu'on  puisse  être  certain 

de  cette  attribution.  Ce  sont  aussi  deux  portraits  inédits  jusqu'à  présent. 

(A  suivre.) 

O*  BB  Palys. 


^       ^,|       ^ NOTICES.    —   VI*  ANNEE,    l'*  LIV. 


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RECHERCHES 

SUR     LES     ORIGINES     LITTÉRAIRES 
DE  L'ANCIENNE  PROVINCE  DE  BRETAGNE 


l/a  _  xh  Siècle 


§  3.  —  Septième  siècle. 

LE  septième  siècle  de  Tère  chrétienne,  qui  fut  un  siècle  de 
merveilleux  épanouissement  pour  la  sainteté  et  pour  les 
ordres  monastiques,  n'a  point  été  non  plus  sans  gloire, 
sous  le  rapport  littéraire.  La  Bretagne,en  particulier,  lui  doit, 
si  je  ne  me  trompe,  sept  écrits  tous  hagiographiques  d'un  réel 
mérite  :  ce  sont  les  Vies  originales  des  saints  Samson,  Paul 
,  de  Léon,  Patern,  Malo  et  Judicael  avec  celles  des  saints  Brieuc 
et  Gildas.  Pourquoi  suis-je  obligé  d'ajouter  que  quelques- 
unes  d'entre  elles  paraissent  perdues  sçins  retour.  Deux  aussi 
ont  reçu  récemment  les  honneurs  de  l'impression  ;  ce  sont 
celles  des  saints  Brieuc  et  Samson,  avec  un  fragment  de 
celle  de  saint  Judicaôl*.   Je  vais  néanmoins  m'appliquer  à 

*  La  Vie  de  saint  Brieuc  a  para  dans  les  Analecta  Bollandiana,  t.  ii, 
pp.  161-190. 

Celle  de  saint  Samson,  id.      t.  vi,  pp.  76-96. 

Le  fragment  de  ceUe  de  saint  Judicaël,  id.       t.  lu,  p.  158. 


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RE0HERGHE8  SUR  LES  ORIGINES  UTTÉRAIRE8  51 

faire  connaître  brièvement  les  unes  et  les  autres,  dans  la 
mesure  de  ce  qui  sera  possible  à  ma  faiblesse,  en  commen- 
çant, comme  il  est  juste,  par  celle  de  saint  Samson,  le 
plus  illustre  des  thaumarturges  de  la  Bretagne. 


1.  —  Première  vie  de  saint  Samson,  évêque  de  Dol 
(28  juillet  560-580.) 

La  vie  de  saint  Samson,  dont  je  veux  parler  ici,  n'est  pas 
celle  que  Mabillon  et  les  Bollandistes  ont  donnée  au  public 
en  la  déclarant  originale,  car  sans  vouloir  diminuer  en  rien  la 
valeur  et  le  mérite  incontesté  de  l'écrit,  qui  a  obtenu  la  pré- 
férence de  ces  savants,  il  me  semble  cependant  qu'on  Ta 
surfait  en  le  présentant  comme- primigenius.  L'auteur  lui 
même,  en  effet,  est  le  premier  à  avouer  qu'il  n'est  qu'un 
écrivain  de  seconde  maiii  et  un  abréviateur*.    Quant  aux 
passages  qui  passent  pour  originaux  aux  yeux  des  critiques, 
auxquels  je  fais  allusion,  ils  ne  sont  tout  simplement,  j'en 
suis  convaincu,  qu'un  extrait  presque  textuel  de  Tanonyme, 
sur  lequel  j'appelle  en  ce  moment  l'attention.  Celui-ci  était 
véritablement  contemporain.  Il   est  possible  qu'il  n'ait  pas 
été  disciple  du  saint  mais  il  avait  au  moins  conversé  avec  ceux 
qui  avaient  eu  cet  honneur,  et  leur  devait  la  connaissance  de 
presque  tout  ce  qu'il  raconte.  Son  récit,  déjà  plus  étendu  que 
celui  du  second  biographe,  offre  en  outre  beaucoup  plus 
d'intérêt    pour   les    Bretons  d'Armorique,    car  l'auteur  a 
consacré  la    moitié  de   son  travail  à  raconter  les  actions 
et  les  miracles  de  Samson  sur  le  continent,  tandis  que  son 
abréviateur  n'en  parle  qu'en  passant  obiter,  et  ne  s'étend 
guère  que  sur  la  première  période  de  la  vie  de  son  héros. 
Ce  qui    expiique,    d'ailleurs,  pourquoi   cette  vie   originale 
n'a  pas  obtenu  plus  de  faveur  jusqu'à  présent,  c'est  qu'elle 

«  Voir  le  double  prologue  des  livres  1  et  2,  no  9  du  livre  secondi  etc. 


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52  RECHERCHES  SUR  LES  ORIGINES  LITTÉRAIRES 

n'avait  été  étudiée  que  sur  des  manuscrits  à  la  fois  interpolés 
et  incomplets*.  Une  meilleure  fortune  m'était  réservée.  J'ai 
eu,  en  effet,  l'avantage  d'en  retrouver  plusieurs  exemplaires, 
exempts  de  lacunes  et  d'interpolations*.  Il  y  a  plus,  j'ai  pu 
avoir  entre  Ifes  mains  la  copie  littérale  qu'en  transcrivit  au 
douzième  siècle,  pour  son  propre  usage,  le  célèbre  Baudry . 
de  Dol,  l'un  des  successeurs  du  saint,  en  se  contentant  de 
l'orner  d'une  préface  et  de  quelques  annotations*.  Je  revien- 
drai sur  ce  sujet  au  paragraphe  suivant,  quand  il  s'agira  de 
préciser  l'âge  de  la  vie  (imprimée)  de  saint  Samson.  Mais  on 
devine  déjà  sans  peine,  combien  il  était  important  de  publier 
intégralement  le  document,  dont  je  m'occupe  en  ce  moment. 
Le  style,  à  part  quelques  néologismes  et  quelques  longueurs 
ne  manquent  de  correction,  ni  de  clarté  et  d'élégance. 

II.  —  Premières  vies  de  S.  Paul  de  Léon  et  de  S.  Malo. 

IjCS  premières  vies  de  ces  deux  saints  ne  sont  point  arri- 
vées jusqu'à  nous,  mais  nous  savons  par  Wrimonoc  et  par 
Bili  qu'elles  n'étaient  pas  sans  prix.  Le  premier  nous  apprend 
en  effet  que  les  faits  et  gestes  de  l'apôtre  breton  du  Léon 
avaient  été  retracés,  avant  lui,  par^un  ancien  auteur,  peut- 
être  par  un  contemporain  ou  un  disciple  du  saint.  Cet  écrit 
original,  n'était  plus  de  mode  à  son  jugement,  au  neuvième 
siècle,  et  c'est  pourquoi  il  essaya  de  le  rajeunir  en  lui  don- 
nant, n  est  vrai,  une  nouvelle  forme*,  mais  aussi  en  lui  em- 
pruntant et  à  lui  seul  toute  la  substance  des  faits.  Ce  qui 
prouve  assez  combien  ce  document  avait  de  valeur  réelle. 

«  V.  Biblioth.  Plopiac,  p.  464.  Acta  SS.  Bolland.,  t.  vi,  Julii.  p.  &7d,  etc. 
>  V.  Biblioth.  Nationale.    Codic.  latini,    n»«  5323,  10,87?,    12,600,    14.651  ; 
français,  22,3Z1  ;  bibl.  d^Angers,  n*  719. 

*  Ibid.  (Paris),  latini  n*  5350.  Ce  manuscrit  ne  renferme  absolument  que 
le  texte  de  Baudry. 

*  «  Paul!  Aureliani  gesta  primitus  veteri  constructione  depicta  sunt,  sed. 
aucta  TÎdeantur  nostro  floruisse  labore.  »  Vie  de  saint  Paul,  prolog.  Analecta 
J?oZtefwf.,t.  I,  p.  212. 


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DC;  l'ancienne  province   de   BRETAGNE  53 

Btli,  qui  retraça  également  au  neuvième  siècle  la  vie  de 
saint  Malo,  affirme  à  son  tour  que  le  premier  biographe  de 
ce  saint  évoque  vivait  longtemps  avant  lui,  et  était  entré 
dans  de  grands  détails  sur  la  naissance  et  les  pérégrinations 
de  son  héros»  grâce  aux  renseignements  qu'il  tenait  de  té- 
moins oculaires.  Mais  il  ajoute  aussi  avec  douleur  que  plu- 
sieurs, après  ce  premier  biographe,  reprirent  le  même  thème 
et  ne  craignirent  pas  d'interpoler  et  de  corrompre  l'écrit  en 
question*.  Deux  conclusions  importantes  ressortent  de  là  : 
ia  première,  que  l'anonyme  en  question  était  très  rapproché 
du  temps  de  saint  Malo;  la  seconde,  que  les  lettrés  ne  man- 
quaient pas  au  pays,  puisque  Malotrouvait tant  de  biographes. 


III.  —  Première  vie  de  S.  Gildas. 
(29  janvier  570?) 

L*a  première  vie  (d'origine  armoricaine),  aujourd'hui  perdue 
de  saint  Oildas-le-Sage,  remonte-t-elle  à  la  môme  date  du 
septième  siècle  ?  C'est  une  question,  mais  je  me  sens  porté  à  la 
résoudre  affirmativement.  Une  sorte  de  certitude  morale  ré- 
sulte pour  moi  des  détails  parfois  minutieux  qui  sont  con- 
signés dans  l'anonyme  du  onzième  siècle,  auquel  nous  de- 
vons une  seconde  vie  du  môme  saint.  Car  cet  anonyme,  de 
l'aveu  de  tous  les  critiques,  étai^  un  homme  embrasé  du  zèle 
de  la  vérité,  incapable  de  feindre  et  de  tromper,  et  d'autre 
part^  il  est  impossible  que  de  tels  détails,  tant  de  noms  de 
lieux  et  de  personnes  aient  été  conservés  par  la  seule  tra- 
dition orale.  Cet  anonyme  a  donc  eu  entre  les  mains  des  mé- 
moires écrits,  c'est-à-dire,  une  vie  antérieure,  et  nous  se- 

«  Loago  tempore,  antequam  nos  orti  fuissemus,  aliua  seqaens  viiam,  pere- 
gTÎDationem,  atque  in  multis  locis  habitationem  S.  Machutis,  episcopi  in  libro 
Adeater  atqoe  fideliter,  sicut  ab  aliis  sapientibus  audivit  et  didicit,  scribere 
cttraTÎt.  Sed  postea  muitis  eam  scribere  tantantibus,  eam  nos  esse  vitiatam 
▼îdemos,  etc.  (Vie  de  saint  Malo,  par  Bill.  Prologue).  Rennes,  Plihon, 
«884.   in-8*. 


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54  RECHERCHES  SUR  LES  ORIGINES  LITTÉRAIRES 

rions  sans  doute  pleinement  renseignés  par  lui-même  à  cet 
égard,  si  le  Prologue  de  la  vie  en  question  de  saint  Gildas 
ne  nous  avait  point  été  ravi  par  les  injures  du  temps. 

L'auteur  y  renvoie  d'ailleurs  formellement^  au  moins  une 
fois,lorsqu'il  affirme  qu'il  a  pour  garant  de  ses  assertions  une 
relation  véridique*.  Car,  dans  la  cirtjonstance,  il  ne  peut  être 
question  que  d'un  document  écrit. 

Ce  qui  vient  d*être  dit  de  saint  Paul  et  de  saint  Malo  avait 
trait  à  des  écrits  inédits  ou  perdus  du  septième  siècle. 
Revenons  maintenant  à  ceux,  qui  ont  reçu  les  honneurs 
de  l'impression,  savoir  :  les  Vies  des  SS.  Brieuc,  Patern  et 
Judicaël. 


IV.  —  Vie  de  saint  Brieuc 

On  a  vu  plus  haut  que  saint  Cieux  a  droit  d'être  regardé 
comme  le  premier  biographe  de  saintBrieuc,mais  que  son  écrit 
ne  nous  est  point  parvenu.  Le  travail  fut  heureusement  repris 
de  bonne  heure  en  sous  œuvre  par  un  anonyme,  qui,  sans 
être  très  circonstancié,  est  entré  cependant  dans  certains 
détails  du  plus  haut  intérêt  sur  la  naissance  du  saint,  sur  les 
années  qu'il  f»assa  auprès  de  saint  Germain  d'Auxerre,  sur 
son  double  et  fécond  apostolat  en  Irlande  et  en  Armorique. 
Si  cet  écrit  ne  porte  point  avec  lui  de  date  précise,  on  peut 
cependant  affirmer  avec  certitude  à  son  sujet  qu'il  est  anté- 
rieure la  translation  à  saint  Serge  d'Angers  (v  850)  du  corps 
de  saint  Brieuc*.  De  plus,  la  simplicité  et  la  correction  du 
style  jointes  à  une  certaine  élégance,  toutes  qualités  assez 
rares  au  huitième  siècle,  m'ont  amené  à  penser  que  cet  ano- 
nyme pouvait  appartenir  aux  dernières  années  du  septième 
siècle. 

*  Sicut  Teridicâ  relatione  didicimus.  {Vie  de  saint  Gildos^  n®  !9). 
»  Vie  de  saint  Brieuc,  n.  58. 


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DE  l'ancienne   province   DE  BRETAGNE  55 

V.  — Vie  de  S.  Patern,  évT:que  de  Vannes 
[16  avril  550-560). 

La  Vie  de  saint  Patern,  de  Vannes,  publiée  d'abord  par  les 
Bollandisies  d'après  d'anciens  légendaires,  vient  de  l'être 
tout  récemment  d'une  manière  bien  plus  correcte  sur  les 
manuscrits  par  Rice  Rees*.  Elle  a  pour  auteur  un  anonyme, 
dont  la  date  est  assez  incertaine,  et  dont  la  patrie  est  môme 
douteuse,  en  sorte  qu'on  ignore  s'il  est  originaire  du  pays 
de  Galles  ou  de  notre  Bretagne.  Sans  prétendre  ici  résoudre 
cette  double  question,  je  me  contenterai  de  faire  remarquer 
que  cet  anonyme  est  relativement  bien  sobre  sur  l'article  des 
prodiges  et  des  miracles,  si  on  le  compare  aux  autres  hagio- 
graphes  gallois  et  irlandais  :  c'est  pour  cela  que  je  le  crois 
armoricain. 

En  second  lieu,  la  simplicité  au  moins  relative  du  style  de 
cet  auteur,  semble  également  annoncer  le  septième  siècle. 
Quoi  qu'il  en  soit  d'ailleurs  de  cette  double  question,  ce  qui 
n'est  guère  contesté,  c'est  que  cet  auteur  paraît  digne  de  faire 
autorité,  c'est  que  son  écrit  est  l'unique  source  où  sont  venus 
puiser  et  où  devront  puiser  tous  les  biographes  passés  et 
futiu-s  de  saint  Patern.  Sans  lui,  nous  n'aurions  jamais  su  que 
saint  Patern  était  né  à  Vannes  même,  bien  que  sa  vie  monas- 
tique et  ses  premières  années  d'épiscopat  aient  eu  pour 
théâtre  le  pays  de  Galles.  Ce  ne  fut  en  effet  que  dans  la  der- 
nière moitié  de  sa  vie  que  Patern,  appelé  par  le  comte 
Guéroch,  revint  sur  le  continent,  et  continua  à  Vannes  son 
ministère  épiscopal,  qu'il  avait  inauguré  dans  l'île  de  Breta- 
gne. 

I  4cta  SS.  t.  2  april.  —  Life  of  the  Gambro-British  saint. 


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50  RBGHBRCHBS  SUR  LES  ORIQINEft   LITTERAIRES 

VI.   — VlE^DE   SAINT  JUDIGAEL 

(i7  décembre  660), 

La  Vie  de  saint  Judicaôl,  qui  abandonna  les  honneurs  et  la 
dignité  royale,  pour  embrasser  Thumble  profession  de  moine, 
doit  appartenir  à  la  fln  du  septième  siècle.  Car  bien  qu'écrite  à 
une  époque  où  le  saint  était  déjà  l'objet  d'une  fête  annuelle  au 
jour  de  sa  déposition,  elle  a  néanmoins  pour  auteur  un  con- 
temporain, qui  avait  manifestement  vécu  dans  la  familiarité 
de  son  héros,  depuis  son  entrée  dans  le  cloître  de  saint  Méen. 
Les  détails  qu'il  donne  sur  les  derniers  moments,  sur  la  mort 
et  la  sépulture  du  Père  vénéré  (Patris  nostri)  annoncent 
en  effet  un  témoin  oculaire.  Cette  vie  est  d'ailleurs  écrite  avec 
autant  de  piété  que  d'élégance,  de  simplicité  et  de  correc- 
tion, à  part  quelques  passages  un  peu  obscurs,  ou  qui  sentent 
l'enflure  ou  l'amplification.  L'auteur  n'a  malheureusement 
exquissé  que  quelques  épisodes  d'une  vie  qui  aurait  pour  nous 
tant  d'intérêt.  Combien  il  est  à  regretter  par  exemple  qu'il 
n'ait  pas  raconté  avec  détail  la  vie  royale  de  Judicaôl.  Or,  il  ne 
lui  consacre  qu'un  petit  nombre  de  lignes,  et  encore  unique- 
ment pour  prouver  combien  était  vif  et  profond  l'esprit  de  foi 
et  de  religion  qui  animait  le  fils  aîné  de  Juthaôl  et  de  Pritelle. 
L'auteur  était  théologien  et  se  plaît  à  le  montrer  ;  il  connaissait 
à  fond  l'Ecriture  sainte  et  la  cite  souvent  en  la  paraphrasant. 
Cet  écrit,  dont  un  court  fragment  a  été  récemment  édité  comme 
Appendice,  à  la  Vie  de  saint  Méen*  fait  donc  honneur  à  la 
Bretagne,  et  suffirait  à  lui  seul,  au  besoin,  à  prouver  que  ce 
pays  comptait^  au  septième  siècle,  des  écrivains  d'un  vrai 
talent.  En  preuve,  j'en  citerai  le  passage  suivant,  où  la  délica- 
tesse du  sentiment  se  trouve  jointe,  si  je  ne  me  fais  illusion, 
à  la  sublimité  de  la  pensée  et  aux  grâces  du  style.  Il  s'agit  de 
la  mort  du  saint. 

*  Analeeta  Bolland,  t.  3,  p.  160. 


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DE  L' ANCIENNE  PROVINCE  OB  BRETAGNE  57 

u  La  bienheureuse  âme  de  Judicaël,  nous  dit  Thagiographe, 
»  quittant  l'enveloppe  du  corps,  s'envola  paciflquement  vers 
»  Dieu,  qu'elle  avait  toujours  cherché  et  désiré.  Il  y  eut  alors 
o  deuil  et  joie  à  cette  occasion,  mais  dans  des  lieux  différents. 
B  Les  anges,  en  effet,  tressaillaient  d'allégresse  dans  le  ciel 
«  en  voyant  leur  troupe  bienheureuse  s'augmenter.  Sur  la 

•  terre,  au  contraire,  les  hommes  ressentaient  de  la  tristesse 
»>  en  songeant  qu'ils  n'auraient  plus  désormais  cet  homme 
*•  vertueux  au  milieu  d'eux  et  dans  leur  compagnie.  Cepen- 
r^  dant,  pour  ceux  d'entre  eux,  dont  l'intelligence  était  plus 
>.  élevée,  leur  douleur  était  mêlée  de  joie  :  car  ils  se  disaient 

*  qu'après  tout  c'était  un  patron,  un  avocat  qu'ils  avaient 
»  envoyé  devant  eux  adn  de  plaider  leur  cause  auprès  du 
»  Seigneur*.  » 

L'auteur  de  cette  vie  était  religieux  de  l'abbaye  de  Saint- 
Méen,  la  chose  est  indubitable,  et  on  conclura  naturellement 
de  ce  fait  que  le  fondateur  de  cette  abbaye  ne  s'était  pas 
borné  à  former  ses  disciples  à  la  piété  et  à  la  vertu.  Il  avait 
apporté  un  zèle  analogue  à  leur  apprendre  les  lettres  divines 
et  humaines  et  n'y  avait  pas  trop  mal  réussi,  témoin  l'ano- 
nyme dont  il  est  ici  question,  témoin  aussi  les  saints  Lery, 
Blocau,  Maêlmon,  Garoth,  qui,  après  avoir  été  disciples  de 
saint  Méen,  s'empressèrent  à  leur  tour  de  fonder  de  nou- 
velles écoles  afin  d'étendre  l'œuvre,  d'évangélisation  et  de 
civilisation  inaugurée  par  leur  maître. 

DoM  François  Plaine. 
('A  suivre.  J 


•  «  Beata  illa  anima  exiyii  de  corpore,  et  ivit  ad  Deum,  quem  semper  opta- 
▼erat  et  qaœsiverat^  emigravit  in  paca  Mox  uno  eodemque  tempore  luctus  et 
gaudinm  agebatar,  sed  diversis  locis,  diversisque  partibus.  Cives  namquo 
angelici  in  boni  gregis  augmentatione  gaudebant,  in  terris  vero  homines 
pro  tanti  viri  solatio  aibi  perdito  condolebant.  Hii  autem,  quibus  altior 
ijteiat  sensas,  non  utique  sine  gaudio  congemebant,  quoniam  intellectu 
auûon  ridebani  se  prœmisisse  tantam  patronam,  qui  proipsis  valeret  inter- 
eedere  ad  Dominum.  »  (Vie  ir^dite  de  saint  Judicaël,  vers  la  fin). 


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L'ABBAYE 


DE 


BOIS-GROLLAND 

EN     POITOU 

(Suites) 

xm 

Liste  des  Abbés. 

I.  —  Pierre  Pilate,  1109,  signe  la  charte  de  fondation,  avec 
le  titre  d'abbé  de  Bois-Grolland. 

II.  —  GiRAUD  achète  de  Vital  de  la  Chaume  remplacement  sur 
lequel  fut  construit  le  monastère,  locum  in  quo  domici- 
lium  monachorum  mdificatur.  —  Comme  les  religieux  n*ont 
pu  s'établir  à  Bois-Grolland  avant  d'y  posséder  une  habi- 
tation, Jean  Besly  avait  raison  d'écrire  à  André  Duchesne  : 
Vous  savez  que  Bois-Grolland  a  été  fondé  en  il 44.  Cette 
affirmation  n'empêche  pas  Aimery  de  Beuil  d'avoir  été  le 
fondateur  de  l'abbaye,  lorsque^  en  1109,  il  accorda  aux  bé- 
nédictins d'importants  domaines  et  les  revenus  qui  devaient 
assurer  leur  existence. 

III.  -'-  André,  cité  dans  une  charte  particulière, 

«  Voir  la  livraison  d'août  1889. 


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l'abbaye   de   B0I8-0R0LLAND  59 

IV.  —  AiMBEY  !•'  qui  reçut  un  don  de  Guillaume  de  la  Mothe. 

V.  -  Bbwoit  I".  Pendant  son  abbatiat,  Aimery  de  Beuil  fit  à 
l'abba^'e  plusieurs  donations  importantes,  lesquelles  furent 
confirmées  par  Guillaume  de  Chantemerle,  gendre  d'Ai- 
mery  de  Beuil. 

VI.  —  RoBHRT.  Guillaume  de  Chantemerle,  seigneur  de  Poi- 
roux,  et  Maxence,  son  épouse,  obtiennent  par  leurs  ins- 
tances et  par  leurs  libéralités  que  les  religieux,  jusqu'alors 
soumis  à  la  règle  de  saint  Benoit,  adoptent  celle  de  saint 
Bernard. 

Vil.  —  PiBRBB  II,  1206,  transige  avec  Tabbé  et  les  moines  de 
rOrbestier. 

VIII.  —  GoillaumbI»',  1210-1243^  reçoit  des  dons  de  Guillaume 
d'Apremont,  de  Savary  de  Mauléon,  de  Pierre  de  Luçon,  et 
une  fondation  de  messes  d' Aimery  de  Thouars. 

IX.  —  AmHBY  II,  1249. 

X.  —  Maubicb  I»'  1249,  cité  dans  une  charte  de  Pontenelles. 
XL  —  Bbnoit  II,  1266,  cité  dans  une  charte  de  la  Grainetière. 
XII.  —  Goilladmb  II,  1290. 

XIIL  —  PiBBRB  III,  1327. 

XIV.  —  Louis,  1385. 

XV.  —  PiBBBB  IV,  1402-1421.. 

XVL  —  Maurice  II,  Bricet,  1421-1461 . 
XVII.  —  Thomas,  1462-1467. 
XVUI.  —  PiBmRB  IV,  1467-1485. 

XIX.  -  Mahti5,  1485-1491. 

XX.  —  Jeah  Babbarin,  1511-1513,  appa^t^nait  à  une  famille 
itaiienne    connue   en  Poitou    et    en   Angoumois    depuis 

plusieurs  siècles  et  alliée  à  un  grand  nombre  de  familles 
nobles  de  la  Vendée. 


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60  l'abbaye  de  bois-grolland 

Mathieu  Barbarin  de  la  Resnière  était  maire  de  Poitiers 
en  1608.  Isaac  Barbarin  du  Bost,  conseiller  au  Présidial  en 
1645,  avait  pour  devise  :  Mediis  tranquillus  in  undis.  Pierre 
Barbarin  de  Joussé  était  Président  au  Présidial  de  Poitiers 
en  1658*.  1 

En  J787^  Barbarin  de  la  Martinière,  membre  du  Tiers- 
Etat>  faisait  partie  de  la  commission  intermédiaire-  de 
TElection  de  Confolens'. 

Barbarin  des  Couteaux,  capitaine  de  cavalerie,  signe  au 
mois  de  mai  1814.  avec  les  officiers  des  armées  catholiques, 
une  adresse  au  Roi  Louis  XVIII*. 

Blason  :  dazur  à  3  barbeaux  d'argent ^  celui  du  milieu 
regardant  à,  senestre  et  les  deux  autres  à  dextre. 

XXI.  —  Ambroise  des  Hbbbiers,  abbé  de  la  Réau  en  1525,  et  de 
Bois-Grolland,  en  1535,  était  fils  de  François  des  Herbiers, 
seigneur  de  TEstenduère,  Vauvert  etc.  et  de  Marguerite 
Bodin,  fille  de  Nicolas  Bodin,  seigneur  de  la  Rollandière  et 
de  demoiselle  Louise  Boucher. 

Blason  :  de  gueules  à  3  fasces  d'or. 

XXII.  —  François  Richblbt,  1539-1547. 

Dans  la  biographie  du  grammairien  César  Pierre  Richelet, 
né  en  1631,  on  trouve  que  son  père  était  procureur  et  son 
grand  père  avocat  au  parlement  de  Paris.  Il  est  probable 
que  Tabbé  de  Bois-Grolland  appartenait  à  cette  famille. 

XXIII.  —  Guillaume  Cathus,  1550-1561,  était  fils  de  Jean 
Cathus,  seigneur  des  Granges,  capitaine  de  Talmond  et  de 
Marie  de  Nuchèze,  veuve  d'Antoine  du  Fouilloux.  La 
branche  des  Granges  s'éteignit  en  1660.  Elle  avait  été  fondée 
par  Charles  Cathus,  qui  devint  seigneur  des  Granges  par 
son  mariage  avec  Marie  Maynard,  fille  de  Jean,  chevalier, 
seigneur  de  la  Cornetière  et  de  Jeanne  Ancelon.  Devenu 

*  Histoire  du  Poitou^  par  Thibaudeau,  tome  m. 
«  Id.  id.  id. 

*  Echos  du  Bocage  vendéen^  5*  année,  N*  11,  page  46. 


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L  ABBAYE   DE   B0I9-GR0LLAND  61 

veuf,  il  épousa  en  1470,  Jeanne  Ghasteigner»  dame  de  Gui- 
ncfoUes  paroisse  de  Saint- Vincent  sur  Jard.  De  ce  mariage 
naquit  Louis  Cathus,  seigneur  de  Lassy,  capitaine  de 
Talmond. 

La  famille  de  Cathus  a  donné  en  1185^  un  sénéchal  à  la 
Gamache,  en  la  personne  de  Maurice  ;  un  de  ses  membres, 
Hugues,  figure  au  combat  des  Trente  avec  le  titre  d'écuyer  ; 
Jean,  capitaine  de  Talmond,  accompagna  François  !•'  en 
Italie  et  fit  la  campagne  du  Milanais.  Il  avait  épousé  Marie 
du  Vergier,  fille  de  Guy,  seigneur  de  la  Rochejacquelein, 

Blason  :  de  gueules  fretté  de  vair  de  6  pièces. 

XXIV.  —  Christophe  du  Roossbau^  1564-1598,  appartenait  à  une 
famille  noble  de  TAngoumois. 

Thibeaudeau  mentionne  M.  du  Rousseau,  marquis  de 
Payolle,  président  de  Télection  de  Niort. 

Blason  :  de  gueules  au  chevron  d argent  accompagnés  de 
5  besans  de  même,  au  chef  d  argent  chargé  de  3  losanges  de 
gueules. 

XXV.  —  RbnéPidoox,  1609-1640,  conseiller  au  Parlement,  abbé 
deBreuil-Herbaud  et  ne  Valence,  descendait  d'une  ancienne 
famille  de  Poitiers,  originaire  de  Châtellerault,  qui  compte 
parmi  ses  membres  des  médecins  célèbres  et  des  échevins 
de  la  ville  de  Poitiers. 

François  Pidoux  fut  médecin  d'Henri  II  et  de  François  II 
qui  Tanoblit.  Il  exerça  les  mêmes  fonctions  auprès  de  Ca- 
therine de  Médicis ,  de  Charles  IX  et  de  sa  princesse, 
Marguerite.  Il  avait  épousé  Catherine  Lemaître,  remar- 
quable par  sa  beauté.  Son  fils  Jean,  sieur  de  la  Maduère  et 
du/  Tillou,  fut  médecin  des  rois  Henri  III  et  Henri  IV.  De 
son  mariage  avec  Françoise  Bobé,  il  eut  cinq  enfants,  dont 
une  fille  mariée  à  Charles  de  La  Fontaine,  ancêtre  du  célèbre 
fabuliste.  Malebranche  descendait  par  sa  mère  de  la  famille 
Pidoux. 


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62  l'abbaye  de  bois-grolland 

Pierre  Pidoux,  trésorier  de  France,  maire  de  Poitiers, 
1575.  Devise  :  Virgo  et  spes  nostra  fac  videatur  in  gloria. 

Jeaii  Pidoux,  conseiller  assesseur  civil,  maire  en  1618. 
Son  fils  fut  lieutenant  général  au  siège  de  Ghâtellerault. 

François  Pidoux,  médecin,  maire  de  Poitiers.  Devise  ; 
Hoc  ligno  servata  salus. 

Blason  :  d'argent  à  3  losanges  frettés  de  sable  2  et  1 . 

XXVI.  —  PiERBB  DB  Bertrie  se  démit  en  1657,  entre  les  mains 
du  Roi  de  ses  fonctions  d'abbé  de  Bois-Grolland  et  de 
Belleval. 

XXVII.  —  PiBRBB  VI  i)B  Barribhb  ,  1657.  Les  auteurs  de  la 
Gallia  Christiana  lui  donnent  le  titre  de  coadjuteur  de 
TEvôque  de  Montauban. 

Comme  les  biographies  ne  me  fournissaient  aucun  ren- 
seignement sur  cet  abbé,  j'écrivis  au  secrétaire  de  Tévôché 
de  Montauban  et  voici  la  lettre  que  je  reçus  de  M.  Tabbé 
Daux ,  missionnaire  apostolique  et  historiographe  dio- 
césain : 

«  Mon  frère,  secrétaire-général  de  l'Evêché,  me  commu- 
»  nique  votre  demande  relative  à  Tabbé  Pierre  de  Barrière 
»  (1657). 

»  Je  viens  de  terminer  le  2*  volume  de  THistoire  de  notre 
»  diocèse,  et  je  n'ai  jamais  trouvé  ce  nom  attaché  à  quelque 
*»  coadjuteur  de  nos  Evoques. 

»  A  la  date  ci-dessus^  nous  avions  sur  le  siège  épiscopal 
»  le  grand  Pierre  de  Bertier,  qui  d'abord  coadjuteur  de 
»  M»'  de  Muriel,  lui  succéda  mais  n'eut  jamais  de  coad- 
»  juteur.  » 

«  ....  Dans  le  cas  où  vous  tiendriez  le  renseignement 
»  dont  vous  me  parlez  du  Gallia,  méfiez-vous  ;  cet  ouvrage 
»  est  très  fautif,  surtout  dans  ce  treizième  volume  nous 
»  concernant  et  fait  à  la  hâte  au  moment  de  la  révolution. 
»  J'en  ai  publié  une  rectification  avec  compléments  en  ce 
,  »  qui  nous  concerne,  et  chaque  jour  je  trouve  à  y  retoucher.  » 


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l'abbaye    UE    BOIS-GROLLAND  03 

XXVIII.  —  Jban  db  LiNOBNDBs  —  1657-1665  —  né  à  Moulins,  en 
1596,  fut  d'abord  précepteur  du  comfe  de  Morat,  fils  naturel 
du  roi  Henri  IV.  Son  talent  oratoire  lui  valut  la  place  d'au- 
mônier de  Louis  XIII  qui  le  nomma,  en  1642,  à  l'évêché  de 
Sarlat.  Devenu,  en  1650,  évoque  de  Mâcon,  il  montra  beau- 
coup de  zèle  pour  l'administration  de  son  diocèse,  publia 
des  statuts  synodaux  et  signala  son  épisoopat  par  plusieurs 
fondations  pieuses.  Il  obtint  l'abbaye  de  Bois-Grolland  en 
1657  et  mourut  à  Mâcon,  après  avoir  été  député  de  l'assem- 
blée du  clergé. 

En  1627,  Jean  de  Lingendes  avait  prononcé  Toraison 
funèbre  de  Victor-Amédée,  duc  de  Savoie  et,  en  1643,  il  fut 
chargé  de  prononcer  celle  du  roi  Louis  XIII. 

A  cette  époque,  la  famille  de  Lingendes  ^tait  dignement 
représentée.  L'abbé  de  Bois-Grolland  avait  deux  frères  : 
Nicolas,  maître  d'hôtel  du  roi,  qui  alla  en  Espagne  pour  y 
négocier  le  mariage  de  Louis  XIII  avec  Anne  d'Autriche  ; 
Emmanuel-Prançois-Philippe^  conseiller  du  roi  et  son  pré- 
dicateur ordinaire,  qui  était  doué  d'un  talent  oratoire  fort 
distingué  et  que  l'on  a  souvent  confondu  avec  l'évoque 
de  Mâcon. 

Deux  de  leurs  cousins  furent  aussi  des  hommes  remar- 
quables. Jean  de  Lingendes,  ami  de  d'Urfé,  hôte  habituel 
de  l'hôtel  de  Scudéry,  fut  placé  par  Titon  du  Tillet  sur  le 
Parnasse  Français  ;  son  frère  Claude,  membre  de  la  société 
de  Jésus,  fut  recteur  du  collège  de  Moulins  et  l'édition  des 
Orateurs  chrétiens  a  publié  un  grand  nombre  de  ses  dis- 
cours. 

Blason  :  d'azur  au  chevron  dCor  acconipagné  de  trois  glands 
de  même. 

La  famille  de  Lingendes  possédait   les  seigneuries  de 
Ctoauveau,  deChezelle,  de  la  Pouge,  de  Cindré,  deBouterot, 
de  Ghîllot,  cte  Vaumas,  ainsi  que  les  châtellenies  de  Cha- 
veroche,  de  Moulins. 


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64  l'abbaye  DK  BOIS-GROLLAND 

XXIX.  — Jacques  dbGbavbllb  —  1655-1679,—  appartenait  aune 
famille  de  Normandie  qui  compta,  en  1556,  Tun  de  ses 
membres  parmi  les  conseillers  au  Parlement. 

Blason  :  d'azur  au  chevron  d* or  accompagné  de  trois  crois* 
sanis  d'argent, 

XXX.  —  Gabriel  Le  Obis,  1679-1703,  chapelain  du  Roi,  tréso- 
rier de  Téglise  de  Sens,  était  originaire  de  la  Normanjdie. 
Sa  famille  possédait  les  seigneuries  du  Clos,  du  Val,  de 
Lanrinou  (près  Landerneau). 

Plusieurs  contrôleurs  des  deniers  et  miseurs  de  Lander- 
neau appartiennent  à  cette  famille,  ainsi  qu'un  docteur  en 
médecine,  Guillaume,  sieur  du  Clos,  1696.  Elle  a  fourni  un 
célèbre  chef  de  chouans,  lieutenant,  puis  successeur  de 
Boishardy,  en  1793,  et  un  courageux  ecclésiastique  qui  sol- 
licita Thonneur  d'assister  le  Roi  martyr,  au  moment  de  son 
supplice.  Devenu  prédicateur  ordinaire  du  roi  Louis  XVIII, 
il  mourut  en  1819.  . 

Blason  :  d argent  à  la  bisse  d'azur ^  mise  en  pal ^  surmontée 
dune  colombe  de  sable  (Armoriai  de  1696). 

XXXI.  —  François  Boutard,  1703-1728^  naquit  à  Troyes,  en 
Champagne,  au  mois  de  novembre  1664.  D'après  les  conseils 
de  Montausier  et  de  Pléchier,  il  entreprit  la  traduction  des 
écrivains  de  l'histoire  auguste,  mais  il  se  borna  à  une  dis- 
sertation sur  le  caractère  de  ces  écrivains.  Incertain  de  la 
voie  qu'il  devait  suivre,  il  accepta  d'être  gouverneur  de 
M.  Villepreux,  fils  de  M.  Francine.  Vers  cette  époque,  il 
composa,  à  la  louange  de  M"*  de  Maintenon,  une  ode  qui 
eut  peu  de  succès.  Il  se  livra  ensuite  à  la  poésie  latine  où  il 
réussit  mieux.  Les  louanges  '^qu'il  reçut  enflèrent  son  or- 
gueil, il  se  crut  un  nouvel  Horace.  Sa  prétention  était  de 
ressembler  à  son  modèle,  non-seulement  par  le  style  et  les 
sentiments,  mais  encore  par  la  taille,  la  tournure  et  les 


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l'abbaye  db  bois-grolland  05 

traits  du  Arisage.  Il  s'intitulait  Venusini  pectinis  hceres  — 
vaies  Boroodinvm 

Une  circonstance  contribua  à  la  fortune  de  Boutard.  Tous 
lesans,M"*  deMauléon  envoyait  à  Bossuet,  le  jour  de  sa 
fête,  un  certain  nombre  des  plus  beaux  pigeons  qu'elle  se 
plaisait  à  élever.  Le  futur  abbé  de  Bois-Grolland  eut  l'heu- 
reuse inspiration  d'ajouter  à  renvoi  des  pigeons  une  ode 
latine  pour  révoque  de  Meaux.  Celui-ci  désira  faire  con- 
naissance avec  l'auteur,  il  le  reçut  à  Germiny  où,  à  peine 
arrivé,  Théritier  du  poôte  de  Tibur  se  mit  à  chanter  les 
beautés  et  les  charmes  de  Germiny,  de  Marly  et  de  Trianoii. 
Pour  l'en  récompenser,  Bossuet  lui  fit  obtenir  du  Roi  une 
gratification  de  1 000  livres,  puis  une  pensioi>  de  pareille 
somme  quand  Boutard  eut  recules  ordres  sacrés  ;  enfin,  en 
1703,  il  lui  procura  l'abbaye  de  Bois-Grolland  et  une  pl^ce 
à  l'académie  des  inscriptions  e^  belles  lettres.  Dans  sa  recon- 
naissance, l'abbé  académicien  célébra  par  des  odes  tous  les 
événements  glorieux  du  règne  de  Louis  XIV,  mais  il  n'ou- 
blia pas  son  bienfaiteur  et  il  traduisit  en  latin  la  relation 
sur  le  Quiétismff,  ainsi  que  VHistoire  des  variations, 
Boutard  mourut  le  0  mars  1729. 

XXXIl.  —  Gabriel  de  Conioah  d'AhceKay,  1728.  —  Sa  famille, 
originaire  d'Ecosse,  possédait  les  seigneuries  deLermiteau, 
de  Cangé,  la  baronnie  de  Riz-Chauveron,  dans  la  basse - 
marche:  les  seigneuries  de  la  Clartière.  paroisse  de  Pres- 
nay;  de  la  Rousselière,  paroisse  de  Frossay  ;  de  Ja^sson, 
paroisse  du  Port-Saint-Père,  —  de  la  Ville-Orion,  paroisse 
de  Carantoir.  Sept  générations  dans  le  ressort  de  Nantes. 
Ancienne  extraction  de  chevalerie,  réf.  1669. 

La  famille  de  Conigan  a  produit,  Jean,  capitaine  de 
Melle  en  Poitou,  chevalier,  de  la  retenue  de  Jean  Chandos, 
en  1365  ;  Robert,  capitaine  des  gardes-écossaisses,  tué  au 
sièg-e  de  Liège,  en  1468;  Jean,  chambellan  du  Roi  et  bailli 
de  Chartres,  en  1487,  tué  au  siège  de  Navarre  ;  Marguerite, 

j.^    Vj.    _    NOTICES.    —   Vl«   ANNÉÇ,   1"   LIV.  O 


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66  l'abbaye  DE  BOIS-GRÔLLAND 

damô  d'honneur  de  la  reine,  en  1581;  Pierre,  gouverneur 
de  Tours,  gentiliiomme  ordinaire  du  duc  d'Alençon, 
frère  du  Roi,  en  1581  ;  Antoine,  gouverneur  d'Amiens,  en 
1591;  Roger,  abbé  de  Pornit,  mort  en  1648;  Louis,  curé- 
prieur  de  Siint-Germain-en-Laye.  frère  et  héritier  de 
l'abbé  de  Bois-Grolland. 

Blason  :  (Targer^t,  empairlé  de  sable,  éca^telé  dCazur^  à 
3  fermauxd or.  (Sceau  de  iSôS.) 
XXXIII.  —  Mathiko  Gaoiron  de  la  Bâte*,  1729,  — prêtre,  doc- 
teur en  théologie,  prieur  commendataire  de  Saint-Thomas 
de  Château-Thébaud,  reçut,  en  1729,  Tabbaye  de  Bois- 
Grolland 

Les  registres  de  Tévôché  de  Nantes  font  mention  de 
M.  Gautron  de  la  Bâte  pendant  trente-six  ans,  de  1702 
S  1738. 

Il  fut  successivement  chanoine  de  l*in signe  église  de 
Nantes,  vicaire-général  et  officiai  des  illustrissimes  et  ré- 
vérendissimes  Gilles  de  Beauveau ,  Louis  Tressan  de  la 
Vergue  et  Ghristophe-Louis-Turpin  Crissé  de  Sanzay.  Pen- 
dant deux  vacances  du  siège  épiscopal,  il  remplit  les  fonc- 
tions de  vicaire  capitulaire,  et  plus  tard  celle  de  trésorier 
de  la  cathédrale'. 
XXXIV.  —  Loois-Emèrite  du  Baillbol,  1742,  —  prêtre,  abbé 
commendataire  de  Barette  (diocèse  de  Bourges),  vicaire- 
général  de  Rhodez. 

II  était  fils  de  Pierre-Louis  du  Bailleul,  chevalier,  seigneur 
et  niarquis  dudit  lieu,  baron  du  Goron,  qui  servit  dans  les 
mousquetaires,  et  reçut  50,000  livres  de  sa  marraine,  Eli- 
sabeth Le  Peron,  duchesse  de  Chaulnes.  Sa  mère,  Cathe- 
rine Barin,  était  fllle  de  Jacques  Barin,  chevalier,  marquis 

^  Ces  renseignements  sont  dus  à  Tobligeance  de  M.  Tabbé  F. -M.  Briand, 
secrétaire  de  Tévôché. 

>  Cet  abbé  était  tantôt  désigné  sous  le  nom  de  N.  de  Basle,  par  les  auteurs 
de  la  Gallia  Christiana,  tant<^t  sous  le  nom  de  N.  de  la  Raste  (abbé  H.  du 
Tems). 


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l'abbaye  de  BOIS-GROLLAND  67 

de  la    Galissonnière    et    d'Ëléonore    Bidé,    dame  de  la 
Grand  ville. 

L'abbé  du  Bailleul,  né  le  20  janvier  1709,  embrassa  l'état 
ecclésiastique,  à  Paris,  en  1734,  et,  en  1736,  fut  nommé 
vicaire-général  de  Tévôché  de  Limoges.  En  1737,  il  était 
président  et  député  de  la  chambre  ecclésiastique  de  ce  dio- 
cèse, et  il  reçut  Tabbaye  royale  du  Beuil  en  1738.  L'année 
suivante,  il  devint  grand  vicaire  de  Tarchevôché  de  Tours, 
et  passa,  en  1740,  avec  les  mêmes  fonctions,  à  Embrun,  où 
il  devint  archidiacre  et  chanoine  de  cette  église.  En  1742, 
il  fut  nommé  abbé  de  Bois-Grolland. 

Pendant  son  séjour  à  Embrun,  M.  du  Bailleul  organisa 
un  hôpital  militaire  qui  reçut  plus  de  500  malades  ou 
blessés,  tant  Français  qu'Espagnols,  du  mois  de  septembre 
1743  au  mois  de  février  1745.  Il  ouvrit  sa  maison  aux  offi- 
ciers, exemple  qui  fut  suivi  par  plusieurs  habitants.  Grâce  à 
son  Initiative,  aucun  militaire  ne  manqua  de  secours. 

En  l'absence  de  Tarchevôque,  il  présida  l'assemblée  pro- 
vinciale d'Embrun,  et  fut  élu  député  de  l'assemblée  du 
clergé  qui  se  tint  à  Paris  en  1745. 

Trois  ans  plus  tard,  il  était  nommé  abbé  commendalaire 
de  fabbaye  royale  de  Barzelle  en  Berry. 

Pendant  qu'il  était  grand  vicaire  à  Rodez,  il  fut  pourvu 
du  canonicat  et  de  l'archidiaconé  de  Milhau. 

Il  mourut  à  Paris,  le  18  septembre  1769,  et  fut  inhumé 
dans  le  caveau  de  l'Eglise  paroissiale  de  Saint-Paul.  Il  était 
le  dernier  représentant  masculin  de  sa  fanille  originaire 
du  Maine,  qui  possédait  la  seigneurie  de  Boismaqueau 
(paroisse  de  Teille)  ;  celles  de  la  Rigaudière,  du  Boisnou- 
veaùetdeJa  Goudraye  ^paroisse  des  Touches)  évêché  de 
Nantes. 

Blason  :  d'argent  à  3  têtes  de  loup  de  sable, 

XXXV.  —  ANioiNh-RKN^  Serjn  dlla  Cobdinièbe,  —  remplaça,  en 
1748,  M.  du  Bailleul  comme  abbé  de  Bois-Grolland  et 
conserva  cette  abbaye  jusqu'en  1774. 


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6S  L*ABBAYE  DE  BOIS-GROLLÀND 

Il  était  prêtre,  chanoine  et  doyen  de  l'Eglise  de  Luçon  et 
il  mourut  le  24  mai  1778,  «  emportant  Tamitié  de  ses  con- 
»  frères,  l'estime  des  gens  de  bien  et  le  respect  de  tous*.  » 

Blason  :  d'argent  au  sautoir  de  gueules. 

XXXVI.  —  PiBRRE-PaAifçois  Ganbau,  1774-1784,  —  qui  était 
syndic  du  clergé  au  mois  d'avril  1768  et  qui  conserva  cette 
fonctions  jusqu'au  24  février  1783.  Un  procès-verbal  de 
Tassembléedu  Bureau  et  Chambre  ecclésiastique  du  diocèse 
de  Luçon,  tenue  le  26  mars  1783,  le  remplaça  en  cette  qua- 
lité par  M.  Jean-Claude  Rozand,  chanoine  de  TEglise  de 
Luçon*. 

XXXVII.  —  jAcuuBs-ANDaÉ  Embry,  —  dernier  abbé  de  Bois- 
Grolland,  1774-1791. 


XIV 

Un  couvent  dlJrsulines  est  établi  à  BoiA-Orolland.  —  La  Mère 
Sainte-Angèle.  (M^^  liouise  de  Lézardière). 

Onze  ans  à  peine  s'étaient  écoulés,  depuis  la  dispersion  des 
moines,  quand,  de  nouveau,  on  célébra  le  Saint-Sacrifice 
dans  la  vieille  chapelle  romane  où  la  voix  fraîche  des  pen- 
sionnaires d'un  couvent  d'Ursulines  remplaçait  la  grave 
psalmodie  des  Religieux  de  Tétroite  observance. 

Ainsi  se  trouvait  vérifiée,  comme  elle  le  sera  toujours,  la 
promesse  de  perpétuelle  durée  faite  à  TEglise  par  son  chef 
invisible  qui  est  en  môme  temps  son  invincible  protecteur. 

A  son  retour  de  l'exil,  la  Mère  sainte  Angèle  avait  eu  la 
pieuse  inspiration  de  réunir  en  communauté  les  Religieuses 
que  la  révolution  avait  dispersées  et  qui  regrettaient  la  vie 
du  cloître.  Pour  atteindre  ce  but  désirable,  il  fallait  trouver 

*  Citation  d'un  journal  de  Tépoque. 

>  Renseignements  dus  à  Toblifreance  de  M.  l'abbé  Ch.  Giraud,  vicaire-gé- 
néral de  Msr  Catteau,  évèque  de  Luçon. 


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l'abbayb  de  bois-qrolland  09 

un  local  convenable  et,  ce  qui  était  plus  difficile,  surtout  à 
cette  époque,  réaliser  les  ressources  nécessaires  pour  en 
faire  l'acquisition. 

Le  local,  inutile  de  le  chercher  au  loin,  Mademoiselle  de 
Lézardière  le  voyait  de  la  Proutière-Bois-GroUand  offrait  de 
vastes  logements  et  c'était  une  sorte  de  réparation  que  rendre 
cette  antique  abbaye  à  sa  destination  première.  Quant  aux 
voies  et  moyens,  elle  eut  recours  à  une  souscription,  et 
bientôt,  grâce  à  ses  actives  démarches  et  à  de  généreuses 
libéralités,  elle  trouva  la  somme  de  18.000  francs,  moyennant 
laquelle,  elle  signa  le  contrat  d'acquisition,  le  26  ventôse, 
an  XII,  avec  le  vendeur  qui  était  Taide-de-camp  Venant 
Pichard. 

Pille  de  M.  Louis-Jacques-Gilbert  Robert  de  Lézardière, 
baron  de  Poiroux,  ancien  capitaine  au  régiment  Dauphin- 
Infanterie,  plus  tard  syndic  de  la  noblesse  à  l'assemblée  de 
Poitiers,  en  r*88,  gentilhomme  à  qui  son  mérite  personnel, 
non  moins  que  sa  naissance,  avait  créé  une  situation  prépon- 
dérante, Mademoiselle  Louise  de  Lézardière  avait  connu  le 
charme  des  relations  choisies  et  des  joies  intimes  de  lafamille. 

Le  baron  de  Poiroux  avait  de  bonne  heure  quitté  le  service 
militaire,  aân  de  se  consacrer  à  Téducation  de  ses  nombreux 
enfants  qui,  intelligents  et  laborieux,  avaient  à  merveille 
répondu  à  ses  soins.  Les  jeunes  filles  partageaient  les  leçons 
données  à  leurs  frères  et  c'est  ainsi  qu'elles  apprirent  la 
langue  latine. 

Quatre  des  fils  du  baron  de  Lézardière  entrèrent  dans 
les  rangs  de  l'armée;  un  autre  alla  à  Paris,  étudier  la  théo- 
logie au  séminaire  Saint-Sulpice ;  le  plus  jeune,  à  qui  Made- 
moiselle Louise  devait  sauver  la  vie,  se  trouvait  au  château 
de  laProutière,  quand  la  proscription  révolutionnaire  vint 
fondre  sur  tous  les  membres  de  cette  famille. 

Mademoiselle  Louise  avait  deux  sœurs  :  Mademoiselle 
Charlotte,  le  célèbre  auteur  de  la  Théorie  des  lois  politi- 
ques   de  la  Monarchie  française   dont  Téloge  n'est  plus  à 


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* 


t 


70  l'abbaye  de  bois-grolland 

faire,  et  Mademoiselle  Gilberte.  la  fidèle  compagne  de  sa 
sœur  Charlotte  auprès  de  qui,  malgré  un  réel  talent  pour 
la  poésie,  elle  remplissait  modestement  la  fonction  de  secré- 
taire. La  baronne  de  Lézardière  (née  Babaudde  la  Chaussade) 
et  le  maréchal  de  camp  de  la  Salle,  frère  puîné  du  baron, 
complétaient  les  hôtes  habituels  du  château  de  la  Proutière. 

Animé  de  sentiments  généreux,  doué  d'une  imagination 
ardente,  lié  avec  les  économistes  alors  en  vogue,  le  baron  de 
Poiroux  aurait  voulu  supprimer  tous  les  abus  et  doter  la 
France  d'un  gouvernement  libéral,  analogue  à  la  constitution 
anglaise  ;  mais  quand  il  vit  son  but  dépassé  et  la  royauté  en 
péril,  bien  vite  désabusé  de  ses  r^ves  de  réformateur,  il  fut 
le  premier,  en  Vendée,  à  organiser  la  résistance  et  son  habi- 
tation devint  le  rendez-vous  des  contre-révolutionnaire. 

f^  complot  fut  découvert  et,  pendant  qu'on  brûlait  son 
château,  M.  de  Lézardière  était  arrêté  et  conduit  aux  Sables 
avec  toute  sa  famille.  Il  allait  subir  un  jugement,  c'est-à- 
dire  une  condamnation  à  mort,  lorsque,  fort  à  propos  pour 
lui  et  pour  les  siens,  survint  une  amnistie,  après  l'accepta- 
tion  par  Louis  XVI  de  la  Constitution  de  1791. 

N'ayant  plus  de  domicile,  le  baron  se  réfugia  à  Choisy-le- 
Roi  chez  un  ecclésiastique  de  ses  amis.  C'est  de  là,  que  son 
plus  jeune*  fils,  le  vicomte  Charles,  âgé  de  15  ans,  se  rendait 
à  Paris  pour  avoir  des  nouvelles  qu'il  transmettait  aux  con- 
seillers du  roi  ainsi  qu'à  ses  deux  frères,  officiers  de  marine 
démissionnaires,  alors  cachés  dans  la  capitale  où  ils  restaient 
dans  l'espoir  de  servir  la  cause  de  l'infortuné  descendant  de 
saint  Louis. 

i/extrait  suivant  des  Mémoires  secrets  du  comte  d'AUon- 
ville  présente  d'intéressants  détails  sur  les  généreuses 
tentatives  essayées  par  MM.  de  Lézardière  pour  sauver 
Louis  XVI  et  l'infortunée  Marie-Antoinette. 

<  J'avais  vu,  dans  la  matinée  du  20  janvier,  les  chefs  des 
»  fédérés  qui  me  protestèrent  qu'on  attendrait  le  général 
<  Dumouriez,  déjà  annoncé,  déjà  prévenu,  et  qu'aussitôt  son 


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L  ABBAYE   DE   B0I8-G ROLLAND  71 

«  arrivée  à  la  caserne,  le  corps  entier  le  suivrait.  Paul  de 
€  Lézardière  alla  trouver,  ce  même  jour,  le  général  et  en 
«  recul  la  promesse  positive  et  sa  parole  d'honneur  qu'il 
«  irait  prendre  le  commandement  de  ces  fédérés  à  qui  il  fit 
«  dire  d'attendre  ses  ordre^  et  de  demeurer  tranquilles  jus- 
«  qu'à  l'instant  où  il  se  rendrait  parmi  eux  ;  mais  Lézardière 
«  était  à  peine  sorti  de  chez  lui  quMl  partait  pour  la  cam- 
«  pagne,  rendant  ainsi  toute  tentative  de  salut  en  faveur 
«  du  roi  totalement  impossible.  » 

Le  baron  de  Batz  était  l'un  des  promoteurs  de  la  conju- 
ration. Plus  tard,  le  môme  baron,  le  comte  de  Mercy-Argen- 
teau,  Lamark,  M.  de  Jarjayes,  un  gardien  de  la  reine  nommé 
Toulan  essayèrent  inutilement  de  sauver  l'infortunée  com- 
pagne du  roi  martyr. 

«  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  le  brave,  ardent  et  loyal 
«  Paul  de  Lézardière,  ancien  lieutenant  de  vaisseau,  attendit 
•c  la  reine  durant  toute  une  nuit,  à  la  grille  de  l'égoût  du 
««  Palais-de-Justice;  qu'il  était  muni  de  passe-ports  en  règle 
•«  pour  la  faire,  sous  un  déguisement  préparé,  traverser 
«  rapidement  la  France  ;  que  son  frère  Sylvestre,  autre  offl- 
«  cier  de  marine,  gardait,  hors  de  la  barrière  de  Villejuif, 
«  la  voiture  que  j'avais  fournie,  ainsi  que  mille  écus  en  or, 
«  unique  somme  dont  je  pusse  disposer.  Je  ne  sais  que  leur 
«  désappointement,  leur  désespoir,  leur  fuite.  » 

Cette  tentative  infructueuse  fut  le  dernier  acte  de  dévoue- 
ment de  ces  braves  officiers  de  marine  à  la  cause  monar- 
chique; car  ces  deux  intrépides  athlètes  du  royalisme  , 
éloignés  d*abord  de  la  capitale» ayant  su  que  leur  père  était 
arrêté  et  qu'on  promettait  de  le  relâcher  à  l'instant  où  ils  se 
préseiiteraienl^  arrivèrent  dans  l'espoir  de  le  délivrer,  ce 
qu'ils  ne  purent  obtenir  ;  ils  furent  eux-mêmes  emprisonnés 

et  montèrent  plus  tard  sut  l'échafaud  :  «  honorables  victimes 

de  Ja  piété  filiale.  » 
«  Madame  de   Lézardière,  privée,    par  le    massacre  des 

«  Carmes,  de  l'un  de  ses  flls,  à  qui  cette  excellente  mère  avait 


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72  l'abbaye  de   B0I8-OR0LLAND 

«  pu  survivre,  fut  frappéo  de  mort  subite  à  la  nouvelle  de 
«  l'assassinat  de  Louis  XVI,  et  c'est  là,  c'est  àChdisy  que  je 
«  retrouvai  Edgeworlh,  cherchant  à  procurer  des  consolations 
a  à  Tamitié,  après  avoir  rempli  le  plus  pénible  de  tous  les 
«  devoirs.  »  f  Mémoires  du  comte  d'Allonville). 

Depuis  longtemps  suspecte  et,  comme  telle,  activement 
surveillée,  la  demeure  de  Choisy-le-Roi  fut  à  la  fin  envahie. 
Saisis,  emmenés  à  Paris,  le  baron  de  Lézardière  et  ses  en- 
fants restèrent  prisonniers  jusqu'au  moment  où  ils  furent 
délivrés  par  le  généreux  dévouement  des  officiers  de  marine. 

De  nouveau  fugitif,  M.  de  Lézardière  alla,  avec  ses  filles, 
chercher  un  refuge  auprès  de  Bayeux,  dans  une  retraite  où 
l'abbé  Edgeworth  se  tenait  caché.  Pendant  ce  temps,  le  vicomte 
Charles  combattait  dans  la  Vendée.  Aide-de-camp  de  Cha- 
rette  ,  à  l'âge  de  17  ans;  fait  prisonnier  à  la  suite  d'un 
combat  où  il  avait  été  blessé,  on  le  traînait  de  prison  en 
prison,  lorsqu'on  l'accusa  d'avoir  émigré.  Sons  cette  incul- 
pation, qui  équivalait  à  un  arrêt  de  mort,  le  vicomte  fut 
envoyé  à  Fontenay. 

Instruite  du  nouveau  danger  qui  menaçait  son  frère. 
Mademoiselle  Louise  court  chez  le  ministre,  force  sa  porte, 
lui  donne  la  preuve  que  l'accusé  n'a  point  quitté  la  France, 
en  obtient  une  déclaration  conforme  et  munie  de  cette  pièce, 
sans  perdre  un  instant,  elle  prend  des  chevaux  de  poste  et 
arrive  à  Nantes.  Mais,  là,  impossibilité  de  sortir  de  la  ville 
sans  une  permission  du  commandant  de  la  place  :  Made- 
moiselle Louise  va  le  trouver  et  le  décide,  non  sans  peine,  à 
force  de  supplications,  à  accorder  l'autorisation  indispensable. 
Accablée  de  fatigue,  dévorée  d'inquiétude,  elle  arrive  enfin  à 
Fontenay  la  veille  du  jour  où  la  commission  militaire  allait 
se  réunir.  Elle  put  remercier  Dieu  :  son  frère  était  sauvé  !... 

L'existence  si  éprouvée  de  Mademoiselle  de  Lézardière 
n'était  pas  encore  à  l'abri  de  cruelles  angoisses.  De  Bayeux, 
son  père,  toujours  menacé,  fut  contraint  de  passer  à  l'étran- 
ger où  il  vécut  quatre  années,  dans  l'incertitude  du  sort  des 


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l'abbayï  de  bois-grolland  73 

deux flls  qui  lai  résilient  et  qui  étaient  entrés  dans  rapm.3o 
deCondé.  Le  18  brumaire  rouvrit  les  portes  de  la  France  aux 
exilés;  le  baron  voulut  en  profiter,  mais  il  n'eut  pas  la  con- 
solation de  revoir  ses  propriétés,  car  la  mort  Tarrdta  à  son 
arrivée  à  Nantes. 

Mademoiselle  Louise  avait  assisté  à  bien  des  catastrophes  : 
instruite  par  l'adversité,  atteinte  dans  ses  aflfections  les  plus 
chères^  elle  renonça  à  la  vie  du  monde  dont,  à  ses  dépens, 
elle  avait  éprouvé  les  déceptions  et  l'instabilité.  Elle  choisit 
la  meilleure  part  qui,  désormais,  ne  pouvait  plus  lui  être 
enlevée,  en  embrassant  la  vie  religieuse  et  c'est  pourquoi,  à 
son  retour  en  France,  elle  voulut  réunir  dans  une  commu- 
nauté celles  qui,  à  son  exemple,  avaient  consacré  leur  vie  à 
la  prière  et  au  service  de  Dieu. 

Bois-Grolland ,   une  fois  acheté,  la  More  sainte  Angèle 
(Mademoiselle  Louise),  songea  à  employer  de  la  façon  la  plus 
utile  le  dévouement  des  religieuses  qui  avaient  répondu  à  son 
appel.  Durant  les  années  qui  venaient  *de  passer,  temps  de 
trouble  et  de  guerre  civile,  Tinstruction  avait  été  fort  négligée. 
En  fermant  les  établissements  religieux,  la  Révolution 
avait  porté  un  coup  fatal  à  Tinstruction  publique  qui  partout 
se  trouva  désorganisée.  Les  jeunes  filles  eurent  particulière- 
ment à  souffrir  de  cette  situation.  Ce  fut  pour  y  porter  remède 
que  la  Mère  sainte  Angèle  ouvrit  à  Bois-Grolland  un  pension- 
nat oh  les  jeunes  filles  du    pays  trouvèrent  des   moyens 
d'instruction. 

Sous  son  habile  direction,  la  vieille  abbaye  devint  le  chef- 
lieu  d'une  congrégation  dite  des  Urmlines  de  Bois-Grolland 
que  le  gouvernement  de  TËmpire  s'empressa  d'autoriser. 
Cette  congrégation  avait  une  maison  à  Napoléon,  dite  de 
Saint-Gabriel;  d'autres  au  Poiré,  à  Aizenay,  aux  Sables 
d'Olonne,  ^  Tififauges.  La  mission  des  Ursulines  était  Tins- 
truclion  de  la  jeunesse  et  le  soin  des  malades  pauvres*. 

i  Fouillé  de  l'Evéehéde  Luçon,  par  E.  ÂîUery,  prêtre,  18C0. 


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74  L*ABBAYB   DE   BOIS-GROLLAND 

Mademoiselle  Charlotte  de  Tiézardière,  qui  habitait  la 
Proutière,  venait  souvent  visiter  les  pensionnaires  de  sa 
sœur.  Alors,  c'était  un  jour  de  fête,  car  les  jeunes  élèves 
étaient  autant  édifiées  de  Téminente  piété  de  l'illustre  écrivain 
que  charmées  de  la  simplicité  de  ses  manières  et  du  gracieux 
abandon  avec  lequel  cette  femme  distinguée  prenait  part  à 
leurs  jeux. 

Quand  la  Mère  Saint-Benoit,  première  Supérieure  des 
Ursulines  de  Chavagnes  eut  cédé  au  Père  Baudouin  la  maison 
qu'elle  habitait,  la  Communauté  se  trouva  fort  à  l'étroit. 
Désireuse  de  s'adjoindre  de  pareilles  auxiliaires,  la  Mère 
Saint- Angèle  vint  à  Chavagnes  proposer  aux  Ursulines  de  se 
réunir  aux  religieuses  de  divers  ordres  qu  el!e  avait  re- 
cueillies et  qui  vivaient  sous  une  règle  provisoire  tracée  par 
Monseigneur  l'Evoque  de  la  Rochelle. 

La  Mère  Saint-Benoit  se  rendit  à  Bois-Grolland  avec 
quelques-unes  de  ses  filles.  Elle  voulait  juger  par  elle-môme 
des  avantages  qu'offrait  l'ancienne  demeure  des  Bénédictins. 
Mais,  à  cette  époque,  pour  arriver  au  vieux  monastère,  il 
fallait  suivre  d'affreux  chemins  pleins  de  casses  et  de  perfides 
moUières  ;  le  couvent  était  toujours  entouré  de  grands  bois 
et  de  tristes  bruyères,  fabulosa  loca,  comme  dit  la  Gallia 
Christiana,  La  Mèr«  Saint-Benoit  et  ses  compagnes,  saisies 
de  tristesse  et  d'effroi,  se  hâtèrent  de  retourner  à  Chavagnes' . 

Bientôt,  dans  l'intérêt  de  son  établissement,  la  Mère  Sainte- 
Angèle  crut  devoir  transférer  son  pensionnat  à  Luçon  où  il 
existe  toujours,  et  où  l'ancienne  Supérieure  de  Bois-Grol- 
land a  laissé  la  mémoire  d'une  personne  aussi  remarquable 
par  son  esprit  que  par  ses  vertus.  Ce  fut  sans  doute  pour 
aider  à  cet  arrangement,  car,  bien  entendu,  il  avait  l'appro- 
bation de  l'autorité  ecclésiastique,  que,  le  6  août  1806, 
M.  Henry  Herbert,  vicaire-général  de  la  Rochelle*,  se  rendit 
acquéreur  de  la  terre  de  Bois-Grolland  qui  ne  lui  coûta 
que  16,000  francs. 

«  Notice  Fur  la  Mère  Saint-Benoit  (MademoîseUe  Charlotte-Gabrielle  Rau- 
fray),  pa^^.  20  et  21. 


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L*ABBAYS   DE  BOI8-OROLLAND  75 

l-ta  fondatrice  des  Ursiilines  de  Bois-Grolland  était  supé- 
rieure de  la  communauté  de  Luçon,  quand  M»'  Soyer,  vou- 
lant modifier  la  constitution  établie  pnr  le  P.  Baudouin,  con- 
voqua en  Chapitre  les  supérieures  locales.  Les  Ursulines  de 
Chavagnes  s'unirent  à  celles  de  Luçon  et  acceptèrent  les 
changements  proposés. 
I         «  La  mère  Sainte-Angèle  (mademoiselle  Louise  de  Lézar- 
I     •  dière)  qui  joignait  à  beaucoup  d'esprit  naturel  l'avantage 
i     •  d'une  brillante  éducation,  fut  maintenue  dans  sa  charge. 
1      B  Le  P.  Baudouin  lui  disant  un  jour  combien  les  personnes 
.      n  qui  savaient  le  latin  étaient  heureuses  de  pouvoir  lire  la 
I      »  Sainte-Ecriture  dans  la  langue  mère  de  TEglise,  elle  répon- 
o  dit  que  c'était  là  une  de  ses  plus  douces  jouissances:  elle 
»   était,  en  effet,  très  versée  dans  la  langue  latine.  Son  mérite 
«  éminent  était  rehaussé  par  une  grande  modestie.  Elle  s'ap- 
:       -   plîquait  à  la  pratique  de  toutes  les  vertus,  mais  ce  qui  frap- 

-  pait  le  plus  en  elle,  c'était  sa  dévotion  envers  l'auguste 
♦  Sticrement  de  l'Autel.  —  «  Rien  ne  lui  manquaitrdisait- 
r   elle,  quand  elle  était  devant  le  Saint-Tabernacle.  » 

•   Eprouvée  dans  les  dernières  années  de  sa  vie  par  de 

■^  longues  et  cruelles  souffrances,  privée  môme  de  l'ouïe  et 

f        •   de  la  vue,  elle  conserva  toujours  un  calme,  une  sérénité, 

'»  une  gaieté  qui  avaient  leur  source  dans  son  excellent  ca- 

-  ractère  et  bien  plus  encore  dans  son  union  continuelle  avec 
\       •   le  Seigneur. 

\         «  Mon  Dieu,  disait-elle,  vous  voulez  mes  yeux,  je  vous  les 

»  donne  ;  je  suis  toute  à  vous^  » 
f  Le  couvent  des  Ursulines  existait  encore  en  1810,  puisque, 

\       en cel/e  année,  M.  Imbert,  desservant  de  Poiroux,  aumônier 
',       d^  Bois -GroU and,  procéda  à  l'inhumation  de  la  sœur  Elisa- 

ihëth-GabrieUe  de  la  Barbelais,  religieuse  de  cette  maison, 
en  présence  de  foutes  les  religieuses  de  la  communauté. 
^4  suivre J-  Constant  Verger. 


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L'ENSEIGNEMENT 

SECONDAIRE  ECCLESIASTIQUE 

DANS  LE   DIOCËSe  DE  NANTES 

APRÈS    LA    RÉVOLUTION 
fiSOO-iSiÔj 


DEUXIEME  PARTIE 


LES  ÉCOLES  PRESBYTERALES 


JI 
DERVAL 

LE  premier  nom  qui  se  présente  sous  notre  plume  est  celui 
de  M.  Orain,  déjà  professeur,  en  môme  temps  que 
vicaire,  avant  la  Révolution.  Ce  digne  prêtre,  vicaire  de 
Fégréac,  où  il  passa  tout  le  temps  de  la  persécution,  puis  curé 
de  Derval  (1803-1829),  est  trop  connu  pour  que  nous  donnions 
môme  un  résumé  de  sa  vie  et  de  ses  œuvres.  Aucun  nom, parmi 
ceux  des  saints  prôtres  que  notre  diocèse  a  vus  à  Tœuvre 
depuis  un  siècle,  particulièrement  pendant  la  période  révo- 
lutionnaire, n'est  resté  aussi  populaire  que  le  sien.  Sa  vie 
d'ailleurs  a  été  écrite,  et  nous  n'aurions  rien  à  dire  qui  pût 


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DAjqS   LE   DIOCÈSB  DE  NANTES  APRÈS  LA  REVOLUTION        77 

augmenter  le  respect  et  l'admiration  qu'elle  inspire*.  Nous 
nous  bornerons  donc  à  quelques  lignes  sur  Técole  qu'il  fonda 
ou  plutôt  sur  les  élèves  qu'il  forma,  car  on  ne  peut  dire  qu'il 
ait  jamais  songé  à  fonder  une  école. 

On  l'a  écrit*  du  curé  d'Arzanno,  le  premier  maître  de  Bri- 
zeux  :  «  Traqué  de  ville  en  ville,  contraint  de  se  cacher  dans 
les  bourgs  de  Cornouaille,  il  devint  paysan  avec  les  paysans  ; 
et,  ne  pouvant  sans  péril  exercer  le  saint  ministère,  il  se 
consolait  en  donnant  des  leçons  aux  enfants  de  ses  hôtes.  » 
M  Orain  avait,  de  inôme^  été  traqué  de  village  en  village,  et, 
pendant  plusieurs  années,  n'avait  eu  pour  abri  que  les  toits 
hospitaliers  des  paysans  de  Pégréac,  ou  souvent  les  halliers 
et  les  bois.  Malgré  tous  les  périls,   ce  prêtre  zélé  continua 
son  ministère  ;  et,  pour  se  délasser  de  ses  fatigues,  pour  ou- 
blier pendant  quelques  instants  les  terreurs  de   la  veille  et 
les  dangers  du  lendemain,  aussi  bien  que  les   tristesses  de 
V  heure  présente,  mais  surtout  pour  parer  aux  menaces  d'un 
avenir  qui  s'offrait  à  sa  pensée  sans  églises   et  sans  prêtres, 
s'entoura  de  jeunes  gens  et  travailla  à  former  des  clercs. 
L«es  élèves  dont  les  études  avaient  été  commencées  avant 
la  Révolution,  mais  n'étaient  point  encore  achevées  conti- 
riuèrent  de  suivre  ses  leçons.  Ce  n'était  point  assez  :  M.  Orain 
fit  de  nouveaux  choix  dans  la  paroisse  qui  se  montrait  si  hé- 
roïquement   fidèle;  et  ceux    dont    l'iu  iruction    était  plus 
avancée  lui  vinrent  en  aide  dans  la  formation  des  jeunes. 

Il  n'était  pas  toujours  facile  de  se  réunir  et  de  se  livrer  à 
ces  occupations  tranquilles.  Maintes  fois  des  alertes  dis- 
persèrent maître  et  disciples  ;  mais  lé  calme  revenu,  on  se 
réunissait  de  nouveau  et  les  études  recommençaient'. 

Une  pareille  vie  devait  former  des  hommes  d'une  trempe 
vigoureuse  et  des  prêtres  dignes  de  leur  maître.  Dès  cette 
époque,   les    élèves  de  M.    Orain    montrèrent   ce  dont  ils 

»  Vie  de  M.  Orain^  par  M.  Tabbé  Cahour.  Cet  ouvrage  a  eu  deuxéditioni. 

•  Koiiee  sur  Briseux,  par  Saint-René-TaiUandier. 

*  Cahour,  ùp.  cit. 


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78  l'enseignement  SECONDAIRe  ECjKSLÉSIASTIQUS 

étaient  capables  et  firent  pour  lui  de  précieux  auxiliaire 
Seul,  et  dans  Timpossibilité  de  réunir  les  fidèles,  et  surtout 
les  enfants,  pour  les  instruire  do  la  doctrine  chrétienne,  le  zélé 
vicaire  envoyait  ses  jeunes  gens  dans  les  villages,  les  trans 
formant  en  catéchistes.  Lorsqu'il  célébrait  la  sainte  messe, 
il  s'en  servait  aussi,  comme  de  sentinelles  sûres  et  vig-ilantes 
chargées  de  signaler  l'arrivée  des  Bleus. 

C'est  ainsi  que  furent  formés  :  MM.  Rozier,  mort  vicaire  à 
Pégréac;  Guihot,  mort  curé  de  Guémené-Penfao;  Joseph 
Sérot,  mort  curé  de  Pierric;  Riallain,  mort  curé  d'Issé: 
Motreul,  mort  curé  de  Louisfert;  Ménagé,  mort  curé  de 
Mouais;  Plormel,  mort  curé  de  Saint-Jean-de-Corcoué  ;  Mar- 
chand, curé  de  Saffré,  puis  retiré  à  Fégréac*. 

En  1803,  M.  Orain  devint  curé  dô  Derva!.  Les  occupations, 
multipliées  encore  par  l'ardeur  de  sdn  zèle,  ne  lui  manquèren  ! 
pas  dans  cette  grande  paroisse,  à  laquelle  le  petit  nombre  des 
prêtres  Tobligea  d'unir,  pendant  de  longues  années,  celles 
de  Mouais  et  de  Luzanger'.  Mais  elles  n'avaient  pas  manqué, 
non  plus  que  les  périls,  durant  les  jours  néfastes  de  la 
Révolution  ;  et  pourtant,  à  cette  époque  M  Orain  eut  des 
élèves.  A  la  Restauration  du  culte,  il  était  urgent  de  former 
des  prêtres.  Le  jeune  curé  n'était  pas  homme  à  s'efifrayer  de 
la  besogne  :  il  se  mit  à  l'œuvre. 

Derval  n'avait  pas  même  de  maître  d'école'  :  le  recteur  en 
tint  lieu  pendant  25  ans.  Mais  le  plus  important  n'était  pas 
d'apprendre  à  lire  aux  enfants  de  la  paroisse.  Le  nouvel 
écolàtre  savait  distinguer  avec  un  grand  tact  ceux  d'entre  ses 
élèves*  en  qui  la  Providence  avait  déposé  des  germes  de 

»  Gahour.  Vie  de  M,  Orain. 

'  Outre  Derval,  il  desservait  plusieurs  autres  paroisses.  Ce  furent  d*abor\i 
Luzanger  et  Mouais,  qui  ne  purent  ôtre  pourvues  de  pasteurs  à  la  première 
organisation  du  clergé,  puis  Pierric,  Conquereuil,  Jans,  Saint- Vincent-des- 
Landes,  et  Louisfert,  qui  furent  tour-à-tour  privées  des  leurs  par  la  maladie 
ou  la  mort.  Vie  de  M.  Orain,  ^«  édit,  page  296. 

s  Les  paroisses  voisines  n'étaient  pas  mieux  partagées  :  ainsi,  vers  1820, 
le  seul  maître  d'école  de  Pierric  était  un  forgeron,  qui  remplissait  encore 
les  fonctions  de  médecin.  —  Vie  de  M.  Vabbé  Malary^  page  13. 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE    NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION       79 

vocation  ecclésiastique,  et  il  n'hésitait  pas  à  entreprendre 
leur  éducation  complète.  Il  accueillait  mémo  ceux  des  pa- 
roisses plus  éloignées  qui,  poussés  par  l'inspiration  divine 
vers  le  môme  but,  venaient  le  prier  de  les  admettre  à  ses 
classes.  11  eut  toujours,  près  de  lui,  plusieurs  de  ces  pieux 
jeunes  gens  auxquels  il  faisait  faire  leurs  humanités,  sou- 
vent leur  philosophie,  et  quelquefois  leur  théologie*. 

La  modestie  était  chez  lui  à  la  hauteur  du  dévouement.  Se 
défiant  de  sa  science  de  la  théologie,  à  l'enseignement  de 
laquelle  ses  études  ne  l'avaient  pas  préparé,  et  que  d'innom- 
brables travaux  Tempôchaient  d'approfondir,  il  s'adressa  à 
son  émule,  le  curé  de  Maisdon^  et  lui  emprunta  ses  cours  de 
philosophie  et  de  théologie'  :  preuve  remarquable  de  la 
science  du  second,  comme  de  l'humilité  du  premier. 

Nous  l'avons  dit,  les  exercices,  dans  ces  écoles  primitives, 
étaientloin  d'être  réguliers  :  le  ministère  s'y  opposait  souvent. 
Celait  vrai  surtout  chez  M.  Orain,  seul  desservant  de 
plusieurs  paroisses.  Il  étaitobligé  à  de  très  fréquents  voyages  ; 
«  ses  élèves  l'accompagnaient.  On  récitait  les  leçons,  on  cor- 
rigeait les  devoirs  en  marchant.  De  temps  en  temps,  les 
cours  étaient  interrompus  par  la  récitation  du  chapelet  et 
quelquefois  par  des  entretiens  sur  les  hommes  et  les  faits  de 
K  Révolution.  C'étaient  pour  les  élèves  les  plus  beaux 
moments  de  la  journée  ;  malheureusement  ils  étaient  courts, 
et  ne  duraient  qu'un  quart  d'heure  au  plus  chaque  fois'.  »  ' 

A  l'époque  des  examens,  les  écoliers  de  Derval  partaient 
pour  Nantes;  mais  ils  ne  s'y  rendaient  pas  seuls  :  le  vénérable 
curé  les  y  conduisait  lui-môme,  et,  en  deux  jours,  à  la  tête  de 
sa  bande  joyeuse,  il  parcourait  à  pied,  à  l'aller  et  au  retour, 
les  51  kilomètres  qui  séparent  Derval  du  chef  lieu. 

M.  Orain,  comme  il  l'avait  fait  durant  la  Révolution,  deman- 
dait à  ses  enfants  quelques  services,  que  ceux-ci  s'empres- 

•  Gahour,  op.  cU.,  page  262. 
»  M.  Cahour,  op.  cU- 
M  Vie  de  M.  Malary. 


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80  L'enSEIGNEMBNT  BECONOAIRE  EGGLÉBIASTIQUE 

saient  de  lui  rendre.  Leur  présence  rehaussait  à  l'église  les 
divers  exercices  religieux  :  souvent  ils  remplacèrent  leur 
maître  dans  la  récitation  du  chapelet^  qui  se  faisait  chaque 
soir  ;  et  parfois,  revêtus  de  Thabit  de  chœur,  ils  lui  présen- 
tèrent les  objections  dans  les  conférences  que  ce  pasteur 
modèle  donnait  à  son  peuple. 

Rempli  pour  ces  jeunes  gens  d'une  tendresse  paternelle, 
M.  Orain  ne  se  bornait  pas  à  leur  donner  Tinstructien  ;  «  il 
leur  prodiguait  ses  soins  les  plus  assiduset  les  plus  dévoués.» 
La  médiocrité  de  sa  fortune  ne  lempèchait  pas  d'être  géné- 
reux à  leur  égard  :  plusieurs  logeaient  au  presbytère,  et  n'a- 
vaient pas  d'autre  table  que  la  sienne.  Lorsqu'ils  le  quittaient 
pour  entrer  au  séminaire,  sa  charité  les  y  suivait  avec  son 
affection  :  plus  d'une  fois,  la  pension,  trop  forte  pour  les  res- 
sources de  leur  parents,  fut  payée  de  sa  bourse*. 

Il  procura  de  la  sorte  beaucoup  de  prêtres  à  l'Eglise 
de  Nantes  :  Voici  les  noms  des  principaux  :  MM.  Massicot, 
mort  curé  de  Gétigné  ;  Orain  ,  mort  curé  de  Noyai  ; 
Hamon,  mort  curé  de  Petit-Mars;  Hamon,  mort  curé 
de  Rougé  ;  Chaussée ,  curé  de  Luzanger ,  mort  retiré 
à  Pégréac  ;  Érard  ,  mort  curé  de  la  Chapelle-des-Marais  ; 
Brégé,  mort  curé  de  Sion  ;  Brangeon,  mort  curé  du  Cellier  ; 
Morel,  mort  curé  de  Héric  ;  Bocquel,  curé  de  Vay  ;  Etienvre, 
d'Erbray;  Biochard,  curé  de  Ruffigné,  puis  trappiste  au 
monastère  de  Gethsémani,  aux  Etats-Unis  ;  Allain,  curé  de 
Crossac;  Daniel,  chan.  hon.,  ancien  curé  de  Guémené-Penfao, 
mort  à  Nantes  ;  Bizeul,  mort  curé  de  Belligné  ;  Plantard.  de 
Chantenay  ;  Julien  Malary,  ancien  curé  de  Saint-Malo-de- 
Guersac,  mort  à  Pierric;  Pinard,  curé  de  la  Planche, 
Chailleux,  curé  de  Mésanger  ;  plusieurs  prêtres  de  Rennes, 
et  M.  Jans,  de  la  congrégation  de  Picpus,  en  Océanie. 

Tous  ces  prêtres,  au  nombre  de  plus  de  trente,  sont  entrés 
daas  leur  éternité;  mais  le  souvenir  de  leurs  vertus  et  du'bien 

M.  Cahour,  Op.  cU. 

I 


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DANS  LE   DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS   LA   RÉVOLUTION         81 

qu'ils  ont  fait  redit  encore  Téloge  au  maître  qui  les  a  formés  ; 
aussi  la  mémoire  de  ce  saint  prêtre  restera-t-elle  vivante, 
noD-seulement  dans  les  paroisses  qu*il  a  évangélisées  ;  mais 
dans  le  diocèse  de  Nantes  tout  entier*. 


III 

LA    CHAPELLE-DES-MARAÎS 

Le  petit  collège  de  Ja  Chapelle-des-Marais  a  eu  sans  doute 
un  rôle  plus  modeste  que  les  autres,  car  nous  n'en  trouvons 
aucune  mention,  sauf  dans  la  lettre  déjà  citée  de  M«'Duvoi- 
sin  ;  et  nous  avouons,  pour  notre  part,  que  sans  cette  lettre 
nous  aurions  longtemps^  et  peut-être  toujours,  ignoré  son 
existence.  Il  nous  rappelle  deux  noms  inégalement  connus, 
le  nom  de  Le  Guen  et  celui  de  Mcdenfant. 

M.  Yves  Le  Guen,  naquit  en  Tannée  1755,  dans  la  paroisse 
de  Saint'Molf.  Après  avoir  terminé  brillamment  ses  huma- 
nités au  collège  de  Vannes,  il  vint  faire  sa  théologie  à  Nantes 
et  fut  ordonné  prêtre  en  1782.  L'autorité  diocésaine  l'envoya 
d'abord  en  qualité  de  vicaire  danslaparoissed'Assérac,  puis, 
après  quelques  mois,  dans  celle  de  Batz.  La  Révolution  le 
trouva  remplissant  encore  cette  fonction.  Sa  conduite  fut 
alors  celle  d'un  prêtre  courageux  et  fidèle  :  il  rçfusa  le  ser- 
ment schismatique  et  résolut  de  rester  dans  le  pays.  La  foi 
des    populations  voisines  de  Guérande  lui  procura  des  re- 

*  «  Dans  le  but  de  procurer  des  prêtres  au  diocèse.  M.  Grain  a  donné  Té- 
Auetition  à  nn  grand  nombre  d'enfants.  Tous  n'avaient  pas  la  vocation  ecclé- 
siastique ou  Ji'j  ont  pas  répondu.  Ils  ont  pris  dans  le  monde  des  positions  et 
àen   opinions  diverses  ;   mais   il  riNn  (^t  pas  qui  ne  rendent  hommage  à.  la 
vertu  de  ieur  maître  et  qui  ne  publient  ses  louanges.  » 
M.  Cahotir,  Vi^  ^^  ^'  Orain.  —  Pour  composer  cette  courte  notice,  nous 
n'avons  truère  fait  que  glaner  dans  cet  ouvrage.  Nous  n'avions,  en  effet,  rien 
de  nouveau  à  dire  après  le  biographe  de  M.  Orain,  et,  si  nous  en  avons  parlé, 
*  Et  nuiauement  pour  ne  pas  laisser  une  lacune  dans  notre  travail. 
^      yi      NOTICES.    —   Vl°   ANNÉE,    1"  LIV.  0 


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82  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

traites  assurées  :  il  résida  principalement  au  village  de 
Quéniqtien,  exerçant  le  saint  ministère  avec  tout  le  dévoue- 
ment  qu'exigeaient  les  dangers  de  cette  triste  époque.  C'est 
là  qu'il  rencontra  M.  Malenfant,  dont  nous  devons  dire  ici 
quelques  mots. 

François  Malenfant  était  né  à  Quéniquen,  le  14  juin  1784. 
«  Son  père  était  mort  depuis  deux  mois,  lorsqu'il  vit  le  jour  : 
sa  mère  était  sans  ressources.  Plus  d'une  fois,  dans  ses 
premières  années,  le  jeune  François  connut  les  dernières 
extrémités  de  la  misère*;  mais  sa  pieuse  mère  relevait  bien. 
Son  bonheur  était  d'aller  prier  à  la  chapelle  des  Jacobins*  et, 
comme  le  jeune  pâtre  de  Bugloz,  il  offrait  à  Dieu,  son  cœur 
et  sa  peine...  » 

«  Dieu  veillait  sur  lui  ;  il  avait  mis  dans  cette  âme  d'enfant 
une  flamme  de  foi  qui  ne  devait  pas  faiblir.  La  grande  Révo- 
lution arrive  ;  la  tourmente  gronde  et,  comme  une  tempête 
affreuse,  elle  renverse  les  églises,  les  autels,  les  lieux  sacrés. 
Semblables  aux  naufragés  des  côtes,  les  prêtres  sont  con- 
traints de  se  disperser,  de  s'enfoncer  d^ns  les  bois  ou  dans 
les  réduits  ignorés' » 

Un  de  ces  prêtres  confesseurs,  l'abbé  Le  Guen,  dont  nous 
venons  de  parler,  connut  le  jeune  Malenfant,  et  devina  sans 
doute,  dès  l'abord,  les  trésors  renfermés  dans  cette  âme 
d'enfant  «  Veux-tu  venir  avec  moi?  »  lui  dit-il,  un  soir  qu'il 
s'apprêtait  à  partir  pour  remplir  les  devoirs  alors  si  périlleux 
de  son  ministère.  —  Non,  répondit  l'enfant  —  Et  pourquoi  ? 
—  J'aurais  peur  des  morts,  ajouta-t-il,  avec  la  naïveté  de  son 
âge  —  Eh  bien  !  si  tu  veux  me  garder  des  vivants,  je  te  gar- 
derai des  morts  ;  je  t'assure  qu'ils  ne  te  feront  jamais  de 
mal.  »  Ce  fut  comme  un  contrat  :  François  suivit  le  prêtre, 

«  II  fut  réduit  à  mendier  son  pain. 

s  Les  Jacobins  de  Guérande,  couyent  fondé  en  1408,  par  le  duc  Jean  V.  Ce 
couvent  dont  on  voit  encore  Tenclos  et  quelques  restes,  à  Textrémité  du  fan* 
bourg  Biziennôt  était  peu  éloigné  du  viUage  de  Quéniquen . 

*  Notice  sur  Af.  MalenfatU^  par  M.  F.  Fournier»  curé  de  Saini»Nioolat. 
Semaine  Religieuse  du  18  novembre  1866. 


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DANS  LE    DIOCÈSE   DE   NANTES  APRÈS  LA    RÉVOLUTION        83 

et  durant  tous  les  mauvais  jours  lui  servit  d'enfant  de 
chœur*.  Avec  lui,  M.  Le  Guen  «  court  la  campagne,  se  glisse 
furtivement  dans  les  villages,  pour  administrer  quelques 
mourants  ;  avec  lui  il  se  cache  dans  les  bois,  et,  confiant 
dans  sa  précoce  discrétion,  le  rend  témoin  et  complice  de  la 
célébration  des  saints  mystères^  puisqu'il  assistait  et  servait 
le  prêtre,  crime  irrémissible  en  ces  jours  effroyables  qui 
rappellent  les  catacombes  et  les  proconsuls.  » 

«  Quelles  impressions,  ajoute  le  biographe  que  nous  citons, 
durent  laisser  dans  l'âme  du  jeune  François  ces  scènes  in- 
comparables :  ces  allocutions  toutes  brûlantes  de  foi,  ces 
serments  de  fidélité,  ces  embrassements  fraternels  au  pied 
de  l'autel  improvisé,  ces  messes  nocturnes  recherchées  au 
péril  de  ses  jours,  ces  communions  à  la  veille  de  mourir,  in- 
terrompues souvent  par  les  pas  des  Bleus  et  les  arrives  des 
^  persécuteurs*  1  » 

Après  la  Révolution,  M.  Le  Guen  se  retira  à  Trescallan,  où 
il  continua  son  ministère.  François  Malenfant  l'y  suivit,  et  y 
reçut  quelques  leçons,  en  compagnie  de  Joseph  Lemeignen, 
de  la  Chapelle-des-Marais  :  ce  furent  les  deux  premiers  élèves 
de  M.  Le  Guen. 

Nous  croyons  que  c'est  après  avoir  reçu  à  Trescallan  les 

«  Notes  manuscritea  de  M.  Jul.  Bertho. 

»  Notice  de  M.  Foarnier.  —  M.  Le  Guen  n'était  pas  le  seul  prôtre  caché  à 
Q^émqaen.  U.  Giiénel,  qitelsL  Révolution  trouva  simple  clerc  tonsuré  aller- 
bignac,  son  pays  natal,  et  qui,   pour  partager  les  travaux  et  les   périls  des 
confesseurs  de  la  foi,  alla  se  faire  ordonner  à  Paris,  se  cachait  aussi  dans  ce 
quartier  D  trouvait  un  refuge  dans  la  maison  d'un  fervent  chrétien,  appelé 
Yriqueiy  et  quand  il  pouvait    célébrer    la  sainte   messe,   le  petit   François 
Maienfant  la  lui    servait    Une  nuit,  on  vint  frapper  à  la  porte  d'Yviquel  et 
demaDdir  on  prôtre.  C'était  un  des  plus  fougueux  révolutionnaires  du  Croisic, 
qui  savait  M.  Guénel  présent,  et  l'appelait  au  lit  de  mort  de  son  fils.  Craignant, 
an  pi^e,  les  gens  de  la  maison  répondirent  que  le  prêtre  n'était  pas  là.  Mais 
le  inaiheareux  insista,  et  la  charité  sacerdotale  l'emportant  sur  la  prudence 
humaine,  M.  Guénel  se  confia  à  son  persécuteur.    Celui-ci,  jurant   de  le  ra- 
mener fldéiemen  t,  le  guida  sur  sa  bai'que   à   travers  le   Traict,  et,  quand  le 
prêtre  proscrit  eut  rempli  son  sublime  ministère,  le  reconduisit  k  sa  cachette. 
—  Hécit  de  M-    l'abbé   J.  Malenfant,    curé  de    Saint-Jean-de-Corcoué,  né  à 
Qnénjquen, 


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xi  l'enseignement   SECONDAIRE   ECCLÉSIASTIQUE 

premiers  éléments  de  la  science,  que  François  Malenfant, 
grâce  à  la  charité  d'une  pieuse  dame,  qui  se  chargea  des  frais 
de  son  éducation^  fut  envoyé  au  collège  de  Vannes.  Mais  sa 
bienfaitrice  étant  'morte,  le  jeune  homme  désolé  dut  revenir 
au  pays,  sans  autre  perspective  que  d'apprendre  un  métier 
pour  gagner  sa  vie.  Il  frappa  à  la  porte  d'un  de  ses  parents', 
chargé  déjà  d'une  nombreuse  famille,  et  lui  exposa  son  dé- 
nûment  et  sa  douleur.  Celui-ci  était  un  chrétien  de  la  vieille 
roche  :  «  Je  ne  suis  pas  riche,  lui  dit-il,  et  j'ai  des  enfants  ; 
mais  tu  seras  prêtre,  puisque  Dieu  le  veut.  Retourne  au 
séminaire,  je  me  charge  de  toi.  «Le  jeune  homn^e  devint 
prêtre  et  fut  reconnaissant.  Durant  le  cours  de  sa  longue 
carrière,  il  procura  à  l'Eglise  de  Nantes  plus  de  cinquante 
prêtres,  et,  parmi  eux,  le  ^  fils  de  son  bienfaiteur. 

Le  séminaire  de  Nantes  n'était  pas  encore  rétabli,  et  M.  Le 
Gueh,  le  premier  instituteur  de  M.  Malenfant,  venait  d'être 
nommé'  à  la  cure  de  la  Chapelle-des-Marais  ;  le  jeune 
homme  l'y  suivit*  ainsi  que  Joseph  Lemeignen,  son  ancien 
compagnon  de  Trescallan. 

M.  Malenfant  ne  fut  pas  seulement  élève  à  la  Chapelle-des- 
Marais,  il  fut  surtout  professeur.  Son  intelligence  était 
connue  ;  son  savoir-faire  ne  tarda  pas  à  l'être  :  bientôt  les 
élèves  accoururent  de  toutes  parts.  Il  en  vint  de  Guérande  et 
de  la  Roche-Bernard  ;  leur  nombre  s'éleva  promptementà 
vingt  ou  trente.  Leur  genre  de  vie  était  celui  que  nous  avons 


<  Le  père  de  M.  le  curé  de  8aînt-Jean-de-Corcoué,  de  qui  nous  tenons  ces 
détails 

*  Au  commencement  de  l'année  1805. 

'  Nous  savons  certainement  par  la  noticft  de  M.  Fournier  et  le  récit  de  M. 
le  curé  de  Sdinl-Jean  de  Corcoué,  que  M.  Malenfant  étudia  à  Vannes  ;  d^un 
autre  côté  nous  avons  appris  d^une  manière  très  certaine  qu'il  séjourna  h  la 
Chapelle-des-ilarais.  Mais  nous  ne  pouvons  que  conjecturer  Tépoque,  appuyé 
sur  la  date  de  son  ordination  et  celle  de  son  entrée  au  séminaire  ;  et  nous 
tachons  d*tiarmoniser  les  deux  récits  qui,  d'ailleurs,  ne  sont  nullement  con- 
tradictoires. 


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DANS   LE   DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS  LA   RÉVOLUTION        85 

décrit  déjà  :  eux  aussi  logeaient  dans  le  bourg,  du  z  des  par- 
ticuliers* et  se  servaient  mutuellement  de  maîtres. 

Non  content  de  remplacer  le  bon  recteur  dans  sa  chaire  de 
professeur,  M.  Malenfant  le  suppléait  même  à  léglise,  dans 
quelques-unes  de  ses  fonctions  ;  et  il  préludait  à  son  futur 
mii^istère  pastoral  en  faisant  le  catéchisme  aux  petites  filles^ 
qui  se  préparaient  à  la  première  communion'. 

L'école  presbytérale  de  la  Ghapelle-des-Marais  fut  ainsi 
florissante  pendant  deux  années  et  elle  rendit  au  diocèse  des 
services  assez  éclatants  pour  que  M»'  Duvoisin  la  signalât  au 
nainistre,  et  fit  Téloge  de  celui  qui  l'avait  fondée.  Mais  cet 
éclat  ne  devait  pas  être  de  longue  durée. 

Le  séminaire  de  Nantes  ayant  été  ouvert,  le  17  novembre 
1807,  M.  Malenfant  qui  était  âgé  de  vingt-trois  ans,  et  dont 
les  études  littéraires  étaient  aussi  complètes  qu'il  était  alors 
possible  de  les  faire,  y  entra  pour  suivre  les  cours  de  théolo- 
gie et  se  préparer  à  recevoir  les  saints  ordres. 

Ce  fut  un  coup  terrible  pour  La  Chapelle-des-Marais  :  elle 
était  vTSiimeni  décapitée.  Le  zélé  pasteur  continua  cependant, 
dans  la  mesure  de  ses  forces,  l'œuvre  commencée,  que  l'ou- 
verture du  séminaire  n'avait  point  rendue  inutile,  et  les 
élèves,  quoique  moins  nombreux,  ne  cessèrent  de  suivre  ses 
leçons'.  Toutefois,  M.  Le  Guen,  aussi  modeste  que  dévoué, 
ne  se  croyait  pas  capable  de  les  diriger  dans  tout  le  cours  de 
leurs  études,  et,  après  leur  avoir  enseigné  les  premiers  prin- 
cipes de  la  langue  latine,  il  envoyait  ordinairement  ses  jeunes 
gens  compléter  leurs  humanités  et  faire  leur  philosophie 
chez  son  savant  voisin,  le  recteur  de  Saint-André-des-Eaux. 

•  Tradition  recueillie  par  M.  Tabbé  E.  Lehuio,  vicaire  à  La  Chapelle-des 
Marais. 

*  Notes  manuscrites  de  M.  l'abbé  Bertho. 

»  Nous  en  avons  3a  preuve  dans  la  lettre  de  Uv  Duvoisin  au  ministre,  qui 
e»t  du.  28  février  1809.  A  cette  époque,  il  y  avait  à  La  Chapelle  huit  élèves, 
deux  en  seconde  et  les  autres  en  troisième.  En  1811  et  1812,  on  trouve 
encore  quelques  élèves  ;  îi  paitir  de  1813,  il  n'y  a  plus  rien  aux  reKÏstres  de 
révéc  Jié. 


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86  l'enseignement  segondaikis  ecclésiastique 

Bientôt  môme  il  dut  renoncer  complètement  à  cet  exercice 
de  zèle.  Le  départ  de  M.  Malenfant  ;  les  persécutions  diri- 
gées contre  Pie  VII,  par  Napoléon,  qui  firent  craindre  pour 
les  catholiques  et  surtout  les  prêtres,  le  retour  des  jours 
mauvais;  les  fatigues  endurées  pendant  la  TVrr^wr,  et  dont 
Teffet  se  faisait  sentir  avec  la  vieillesse  ;  toutes  ces  causes 
réunies  avaient  altéré  la  santé  de  M.  Le  Guen,  et  rompu 
l'équilibre  de  ses  facultés.  Il  se  plongea,  avec  une  ardeur 
irréfléchie,  dans  Y éUxde  de  VApoaali/se;i\  voulut  en  scruter 
les  profondeurs  et  crut  en  comprendre  les  mystères. 

Vers  1810  ou  1812,  il  se  mit  à  prophétiser  pour  son  propre 
compte.  Le  pauvre  visionnaire  apercevait  partout,  dans  les 
vêtements  de  ses  paroissiens,  dans  les  objets  de  toilette  les 
plus  ordinaires  et  les  plus  simples,  le  signe  de  la  Bête.  Il  en 
vint  bientôt  jusqu'à  frapper  ceux  qui  les  portaient  et  à  leur 
refuser  les  sacrements*.  . 

Une  telle  manie  cessait  d'être  inofifensive,  et  rendait  tout 
ministère  impossible  :  M.  Le  Guen  dut  quitter  sa  paroisse, 
vers  la  fin  de  1820.  Il  se  retira  à  Guérande  où  il  mourut,  le 
27  janvier  1822. 

Ces  excentricités  qui  amènent  le  sourire  sur  les  lèvres  ne 
doivent  pas  nous  faire  oublier  que  M.  Le  Guen,  en  formant 
plusieurs  bons  prêtres,  a  rendu  de  grands  services  à  l'Eglise. 

Parmi  les  élèves  de  La  Chapelle-des-Marais,  plusieurs, 
séduits  par  les  cris  de  guerre  et  les  éclairs  de  gloire,  qui 
remplissent  l'époque  du  premier  Empire,  abandonnèrent 
l'étude  pour  devenir  soldats  ;  mais  un  certain  nombre  d'autres 
gravirent  les  degrés  du  sanctuaire,  et  nous  devons  les 
nommer. 

Cfest  d'abord  M.  Malenfant,  le  plus  célèbre  d'entre  eux. 
Ordonné  prêtre,  le  16  juin  1810,  il  fut  immédiatement  envoyé 
à  Paimbœuf,  en  qualité  de  vicaire.  Cinq  ans  après*,  il  était 

*•  La  tradition  ra])porte  qu'il  annonçait  que  la  fin  du  monde  ne  viendrait 
pas  ayant  que  les  terrains  vagues  du  pays  eussent  été  partagés,  et  que  Ton 
dût  vu  les  vaisseaux  aller  sans  voiles,  et  les  charrettes  sans  bœufs  ni  chevaux. 

»  Le  7  décembre  1815. 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION        87 

nommé  curé  d'Herbignac,  où  il  resta  vingt  ans.  En  1835,  il 
fut  transféré  à  la  cure  de  Saint-Similien  de  Nantes  ;  et,  après 
vingt  autres  années  employées  au  ministère  le  plus  fécond 
et  le  plus  honoré,  il  entra  au  chapitre  de  la  cathédrale.  Il 
mourut  doyen  et  vicaire  général  le' 19  octobre  1866.  Une  no- 
tice sur  sa  vie  a  été  publiée  dans  la  Semaine  Religieuse,  par 
M.  F.  Fournier,  alors  curé  de  Saint-Nicolas,  depuis  évéque 
de  Nantes;  nous  lui  avons  emprunté  plus  d'un  trait. 

Les  autres  disciples  de  M.  Le  Guen  n'ont  pas  fourni  une  si 
brillante  carrière  ;  mais  eux  aussi  ont  travaillé  dans  le  champ 
du  Seigneur,  et  font  sans  doute  aujourd'hui  une  belle  cou- 
ronne à  celui  qui  les  a  formés. 

Ce  sont  :  MM.  Joseph  Lemeignen,  mort  curé  de  la  Chapelle- 
Heulin  ;  Joseph  Hervy,  mort  vicaire  à  Sainte-Reine  ;  Etienne 
Mahé,  mort  curé  de  la  Rouxière  ;  Marc  Delalande^  mort 
vicaire  de  Saint-Lumine^  de  Clisson  ;  Philippe  Perrigaud, 
mort  curé  du  Temple  ;  Pierre  Hervy,  curé  du  Grand-Auverné  ; 
René  Bodet,  mort  curé  de  Puceul  :  tous  ces  prêtres  nés  dans 
la  paroisse  de  La  Chapelle-des-Marais  ;  MM.  Tholye,  de 
Missillac,  mort  dans  sa  paroisse  natale,  et  Bercegeay,  d'As- 
sérac,  ancien  curé  de  Mouzeil,  mort  à  Nantes. 

Abbé  RiGORDEL. 
^A  suivre.  J 


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L'ÉPISQOÎPATgNANTAlS 

A  TRAVERS  LES  STÈCLES 
f  Suite.*) 


62.  —  GAUTIER  III 

1264 


Gautier  III.  Cet  évoque  n'est  point  entré  jusqu'ici  dans  les 
catalogues,  sauf  dans  Travers,  d'où  nous  extrayons  ce  qui  a 
trait  à  son  court  épiscopat.  Gautier  fut  sacré  en  février  ou 
mars  1264.  Il  eut  quelques  démêlés  avec  Guillaume  de 
Thouaré,  sur  le  droit  de  galoi,  autrement  d'épave  et  l'arrêt 
du  larron.  Cette  affaire  n'eut  pas  de  suite,  les  intéressés  ayant, 
le  jeudi  après  la  fête  de  saint  Barnabe  (12  juin)  1264,  choisit 
Alain  de  la  Forôt  et  Guillaume  Le  Clerc  pour  informer 
par  témoins  touchant  ces  droits  et  vérifier  si  Tévêque  en 
avait  prélevé  sur  les  flefs  de  son  vassaP. 

En  cette  année,  un  concile  tenu  par  Vincent,  archevêque  de 
Tours,  fut  célébré  à  Nantes.  Nous  en  avons  douze  canons.  Ils 
défendent  de  promettre  un  bénéfice  avant  sa  vacance,  de 
diminuer  dans  un  prieuré  le  nombre  ordinaire  des  religieux, 
d'établir  des  vicaires  perpétuels  hors  le  cas  de  droit,  de 
présenter  plus  de  deux  plats  à  l'évoque  dans  ses  visites,  à 
moins  qu'il  ne  permette  de  lui  en  servir  davantage.  Ils 
ordonnent  de  résider  sur  le  bénéfice  dont  on  est  pourvu  et  de 
le  servir  en  personne  et  défendent  de  tenir  en  môme  temps 

•  Voir  la  V»  année,  6^  livraison. 

'  Martêne,  thés,  anecd.,  t.  m.  —Titres  de  TéTÔché. 


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JACQUES  DE  OUÉRANDE  89 

deux  bénéfices,  qui  obligent  à  la  résidence,  sauf  en  toutes 
choses  la  puissance  de  l'évoque,  Salvâ  tamen  in  omnibus 
diœcesani  potestate.  Ces  paroles  du  reste  insinuent  que 
l'évoque  pouvait  permettre  de  tenir  ensemble  deux  bénéfices, 
mais  le  quatrième  canon  du  concile  de  Saumur,  tenu  en  1276, 
c'est-à-dire  douze  ans  après  celui  de  Nantes ,  prouve  que 
le  concile  de  1264  n'a  point  dit  une  chose  semblable  et 
que  les  mots  :  scUva  tamen..,  sont  une  scolie  qui,  de  la 
marge  est  passée  dans  le  texte.  Le  môme  concile  défend, 
sous  peine  d'excommunication,  de  faire  payer  des  droits 
de  trait  ou  de  passage  aux  clercs  pour  ce  qu'ils  trans- 
portent d'un  lieu  à  un  autre,  quand  ces  choses  sont  de  leur 
crû  ou  pour  leur  usage.  Il  défend  enfin  d'assigner  dans  un 
lieu  où  il  n'y  a  point  d'avocats,  ni  garde  qui  ne  puisse  prendre 
conseil,  et  de  tenir  en  saisie  les  biens  des  clercs  quand  ils 
en  demandent  la  délivrance  sous  caution  de  les  représenter. 
Grautier  mourut  sur  la  fin  de  1264,  année  même  de  sa  nomi- 
nation, ou  passa  à  un  autre  siège. 

63.  —  JACQUES  DE  GUÉRANDE 

1265  -  1267 

Jacques  de  Guérande^  né  en  la  petite  ville  de  ce  nom,  au 

diocèse  de  Nantes,  avait  été  chanoine  de  Paris  et  était  doyen 

de  Tours,  comme  son  avant  prédécesseur  lorsqu'il  succéda 

à  Gautier.  Il  fut  sacré  dans  les   derniers  jours  de  janvier 

1284  (c'est-à-dire  126B  N.-S.),  comme  nous  l'apprend  une  lettre 

adressée  à  l'archevêque  de  Tours,  par  laquelle  Tofficial  de 

Saint-Brieuc  excuse  son  évêque  de  ne  pouvoir  assister  au 

sacre  du  nouvel  élu  de  Nantes*.  C'était  sous  le  pontifficat  de 

C/émentIVet  le  règne  de  Jean  I*%  en  Bretagne.  Jacques  de 

Guérande  trouva,  à  son  avènement  la  régale  entre  les  mains 

«  Dom  UoTice.  F'  I,  col.  990. 


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90  L'iPISCOPAT  NANTAIS  A  TRAVERS  LES  SIÈCLES 

du  duc,  disposé  du  reste  à  exercer  tous  les  droits  que 
ses  prédécesseurs  avaient  prétendus  à  la  mort  des  évoques 
antérieurs,  et  que  le  Saint-Siège  avait  prononcé  plus  d'une 
fois  ne  point  leur  appartenir.  L'évoque  Jacques  pria  d*abord 
par  des  monitions  le  duc  de  se  dessaisir.  Il  donna  ensuite,  aa 
mois  de  décembre,  un  mandement  aux  abbés  de  Geneston  et 
de  Pornit  pour  sommer  le  duc,  de  rendre  ce  qu'il  détenait,  sous 
peine  des  censures  ecclésiastiques  et  un  autre  mandement 
le  samedi  avant  la  Saint-Nicolas*,  à  Tabbé  de  Geneston  et  aux 
doyens  des  climats  de  Nantes  et  de  Retz,  pour  avertir  juridi- 
quement Jean  I"  de  restituer  le  vin  des  vendanges  faites  de- 
puis la  mort  de  Gautier,  et  sur  le  refus  qu'en  fit  le  duc,  l'é- 
voque l'excommunia,  lui  et  ses  principaux  officiers'. 

L'évoque  de  Nantes  avait  eu  précédemment  un  différend 
avec  Gilles,  abbé  de  Buzay,  au  sujet  d'une  prairie.  Cette  affaire 
n'eut  pas  de  suite,  les  deux  parties  ayant  transigé  sur  leurs 
droits,  le  samedi  avant  le  dimanche  Lxtare,  quatrième  de  Ca- 
rême 1265'. 

Jacques  de  Guérande,  sur  lequel  nous  n'avons  aucun  détail 
sigillographique^  mourut  le  lundi  avant  la  septuagésime, 
6  février,  de  l'an  1267,  et  fut  inhumé  à  la  cathédrale, 
près  des  saintes  reliques.  Par  délibération  capitulaire  du 
17  juillet  1622,  son  corps  fut  levé,  lorsqu'on  bâtit  le  grand- 
autel,  changé  de  place  lui-même  vers  1750.  Il  fut  porté  dans 
la  chapelle  Saint-Lazare  en  la  même  église\ 

Gaignères*  nous  a  conservé  le  dessin  de  la  tombe,  en  cuivre 
émaillé,  qui  fut  placé  sur  cette  sépulture.  Jacques,  revêtu  de 
ses  ornements  épiscopaux,  repose  la  tête,  coiffée  de  sa  mitre, 

«  12  décembre  1265. 

*  Titres  du  Mont-Célesta  dans  le  Oallia  Christiana  de  Sainte-liarthe.  — 
Maan,  in  Vinc.  de  Pilenis.  —  Titres  du  Chapitre.  —  Histoire  de  Bretagne, 
t.  II,  p.  423.  —  Titres  de  Tévôché. 

s  14  mars. 

^  Archives  du  Chapitre,  Répertoire  de  l'Eglise  cathédrale  de  Nantes* 
1568-1786. 

»  Archevêchés  et  évéchés  de  France,  t.  cxli,  fol.  177.  Bibliothèque  nationale 


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JACQUES  DE   GUÉRANOB 


91 


sur  un  riche  coussin,  orné  de  petits  carrés,  au  centre  de 
chacun  desquels  est  une  rose.  Ses  mains  sont  gantées,  la 
droite  bénit,  la  gauche  soutient  la  crosse,  dont  la  voNte  est 
tournée  en  dehors  et  Textrémité  inférieure  appuyée  sur  un 
dragon  placé  sous  les  pieds  de  Vévôque.  Le  champ,  semé 
d'hermines,  est  encadré  par  deux  colonnes  soutenant  une 
arcature  ogivale  trilobée  ;  au  haut,  deux  anges  tiennent  des 
encensoires*.  La  légende  est  celle-ci  : 

Bis  sexcentenus  annus,  decies  qaoque  senas 

Septimu&est  Ghrigti,  cum  migrât  funere  tristi 

Hic  Jacobus,  sanus  sensu,  Turonisque  decanus, 

Divine  legis  doctor  devotus,  et  segis 

FortiSt  canonicns,  benedignus  Parisiensis, 

Demiim  Nânnetensis  prsesul,  probitatis  amicns. 

Septima  febrilis  mensis  lux  est  requiei. 

Rex  pius  ac  humilis^  Ghristus  opem  det  ei'. 

Son  portrait  se  voyait  autrefois  (1750)  sur  une  des  vitres 
principales  de  la  cathédrale  de  Tours, par  reconnaissance  peut- 
être  de  quelque  legs  considérable  par  lui  fait  pour  la 
construction  de  cette  église,  à  laquelle  on  travaillait  alors, 
ou  parce  qu'il  en  resta  doyen,  quoique  évoque*. 

*  M.  de  la  Nicollière  en  a  donné  le  dessin  dans  un  frontispice  de  son  Arm. 
dbss  érs.  de  Nantes. 

*  La  copie  faite  par  Gaignières  doit  être    fautive,    comme  l*indique  saffi 
samment  le  manque  de  mesure  et  de   rime.  Dans  l'impossibilité'  de  rectifier 
entièrement    cette  épitaphe,    composée  de   sept  hexamètres  et  d*un  penta- 

'jnëire,  M.  de  la  Nicollière  propose  les  corrections  suivantes: 


Annnâ  bis  sexcen tenus 
Septixnus  est  Christi, 
Hic  Jacobus  sanus 
Doctor  divinae  legis, 
Fortis,  canonicus, 
Denum  XannetCDsis 
Septima  febrilis  mensis 
ftex  pi  as  ac  humilis, 

«  3faan,  In  Vinc.  de  Pilenis. 


Decies  quoque  senus 
Cum  migrât  funere  tristi 
Sensu,  Turonisque   decanus 
Devotus.  et  segis 
Bene  dignus  Parisiensis 
Prssul.  probitatis  amicus. 
Lux  est  requiei. 
Ghristus  opem  det  ei. 


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•92  l'épi?copat  nantais  a  travers  les  siècles 

Jacques  de  Guérande  légua  au  chapitre  de  Nantes  soixante 
sols  de  rente,  et  au  bas-chœur  vingt  sols,  pour  sa  mémoiro. 
que  le  Livre  des  Anniversaires  a  marquée  au  16  janvier.  Il 
nomma  pour  son  exécuteur  testamentaire,  VincentdePilènes, 
archevêque  de  Tours,  qui,  étant  venu  à  Nantes  à  ce  sujet,  y 
fut  très  mal  reçu  par  Tagentdu  duc*. 


64.  —  GUILLAUME  DE  VERNE 

1267-1277. 

Guillaume  de  Verne  appartenait  à  une  famille  noble  du 
pays  de  Rays  ;  cependant  aucun  auteur  héraldique  à  notre 
connaissance  ne  Ta  mentionné ,  quoique  plusieurs  actes 
du  quatorzième  siècle,  au  cartulaire  de  Rays  lui  attribuent 
une  bonne  et  ancienne  extraction.  A  la  date  du  13  août  1344, 
ledit  cartulaire  mentionne  un  Guillaume  de  Verne,  chevalier, 
comme  ayant  acquis  de  Louis  de  Machecoul  et  de  Jeanne 
de  Beauçay,  sa  femme,  tout  ce  qu'ils  possédaient  dans  la 
chatellenie  de  Benez,  plus  une  rente  sur  un  hébergement 
situé  près  de  Dompierre,  en  Aunis.  Les  mômes  concluent, 
en  1347,  un  nouvel  arrangement  relatif  h  cette  vente'.  En 
1348,  messire  Guillaume  de  Verne,  chevalier,  parait  encore 
darus  sa  charte  par  laquelle  Jeanne  d*Eu  affranchit  les  habi- 
tants de  Bournezeau  du  droit  de  chasse  et  de  garenne*. 

En  1325,  Henri  de  Verne,  de  Venerio,  représentait  le  cha- 
pitre dans  une  discussion  contre  Tévêque  Daniel  Vigier, 

«  La  similitude  du  nom  nous  a  porté,  ajoute  M.  de  la  Nicol-" 
«  Hère  (p.  49),  d'oii  nous  extrayons  ce  qui  précède,  à  mention- 
«  ner  ici  ces  deux  personnages,  vraisemblablement    de  la 

*  Liv.  des  Ann.  Reg.  du  Chap.  Titres  de  VEgL  de  Nantes  dans  VHist.  de 
Bret.  t.  II,  p.  422. 

>  Cartul.  de  Rays,  par  M.  P.  Marchegay,  Revue  des  Pror  de  VOuesi^  t.  m, 
p.  693. 

»  Ibid.  t.  IV,  p.  748  t^t     uiv. 


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(iUIIJ.AUMR   DK    VKRNK  93 

•f  famille  de  l^évêqae,  mais  si  cette  parenté  paraît  à  peu  près 
«  certaine  pour  Henri,  chanoine  de  Nantes,  nous   ne  pou- 
•  vons  émettre  qu'une   possibilité  pour  Guillaume.    »   Elu 
dans  les  premiers  mois  de  1267,  sous  le  pontificat  du  pape 
ClémentlV  et  le  règne  du  duc  Jean  le  Roux,  Guillaume  commit 
aussitôt  son  officiai   pour   intervenir    contre    ce     dernier, 
C[ui    avait   encore  usurpé    la    régale  pendant    la  vacance 
et  pour  lui   faire  des  monitions  canoniques.  En  l'absence 
du  duc,   ces  monitions  devaient  être  publiées  sur  les  places 
publiques  et  à  la  cathédrale,  afin  qu'elles  pussent  parvenir 
à   sa  connaissance*.  Le  nouveau  différend  ayant  été  encore^ 
une  fois  porté  à  Rome,  Sa  Sainteté,  par  bref  daté  de  Viterbe, 
t25  novembre  1267,  donna  commission  au  doyen,  à  Tofflcial 
et  à  un  chanoine  de  Tours,  Guillaume  Jourdain,  de  vidimer 
les  pièces  du  procès.  La  commission  fut  notifiée  au  duc  le 
jeudi  avant  l'Ascension,  10  mai  1268,  avec  avis  qu'il  serait 
procédé  aux  vidimes  à  Tours,    le  20  juin  suivant,  mercredi 
a.vant  la  Saint-Jean-Baptiste.  L'Evêque  se  rendit  à  Tours  au 
jour  indiqué,  accompagné  de  l'archidiacre  de  la  ville  et  des 
doyens  de  Clisson  et  de  la  Roche-Bernard.  Personne  ne  se 
présenta  pour  le  duc  qui  trouva  plus  expédient  de  venir  à  un 
arbitrage.  Il  fut  convenu,  sous  peine  de  mille  livres  tournois, 
de  s'en  rapporter  au  jugement  de  Robert,  évoque  d'Albano, 
légat  du  Saint-Siège  en  France  et  d'Henri  de  Viziliac,  archi- 
diacre de  Bayeux.  Après  examen  des  pièces,  ces  deux  ar- 
bitres se  rendirent  à  Paris,  le  5  des  Ides  de  décembre  1268, 
le  siège  de  Rome  étant  vacant,  une  sentence  portant  que  le 
duc/ pendant  la  vacance,  n'a  d'autre  droit  que  celui  de  garde, 
et  lui  adjugeant  pour  cet  effet  une  rente  de  10  1.' 

Ensuite  le  légat,  du  consentement  de  l'évoque,  donna  au 
duc  Jean  P'  l'absolution  de  l'excommunication  par  lui  en- 
courue en  1264.  En  conséquence  de  cet  accord,  révoque 
Gu///aume,  qui  s'intitulait'  : 

I  Titres  du  chajp.  dans  THist.  de  Bret.  t.  ii,  p.  42!. 
•  Arcii     départ     Titres  deVév.  série  G.  i. 
ID.  MÔr.  p'i'  ^<>^'  *^^^- 


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04  l'épiscopat  nantais  a  travers  les  siècles 

Guillelmiis,  miseratione  divina  electus  ecclesiœ  nannetensis 
confirmatuSy  prêta  serment  au  duc  le  21  mars  jeudi  saint,  de 
Tan  1269  (N.-S.)  :  »  promettant  et  jurant,  la  main  sur  la  poy- 
»  trine,  estre  bon  et  loyal  subjet  de  mondit  seigneur,  de 
»  son  successeur,  tant  que  je  vivroy  et  lui  estre  obeis- 
»  sant  et  à  sa  justice.  »  A  cet  acte  était  apposé  son  signe  en 
cire  verte,  sur  lequel  on  voyait  la  tête  d'un  évoque  mitre*. 

Guillaume  est  le  premier  évoque  de  Nantes  qui  ait  con- 
senti à  faire  ce  serment.  Jusqu'à  lui,  ses  prédécesseurs 
avaient  soutenu  qu'ils  tenaient  leurs  fiefs  et  domaines  en 
#ranc  aleu,  et  voulaient  partager  les  droits  souverains  de  la 
ville  avec  les  comtes  de  Nantes.  Le  prélat  espérait  par  cette 
concession  et  cette  soumission  clore  Tère  de  difficultés  qui 
avaient  rempli  les  règnes  précédents.  *" 

L'an  1275,  le  samedi  5  octobre,  avant  la  Saint-Clair,  le  duc 
Jean  le  Roux  fit  sa  fameuse  ordonnance  qui  chance  le  bail 
des  nobles  en  rachat,  mais  il  laissa  ^aux  seigneurs  la  liberté 
de  la  suivre  à  regard  de  leurs  vassaux  nobles  ou  de  se  tenir 
à  l'ancien  usage.  Les  principaux  seigneurs  du  diocèse  l'ac- 
ceptèrent en  janvier  1270,  L'évéque  n'en  voulut  point,  et  ses 
successeurs,  pendant  plus  de  trois  cents  ans,  ne  l'ont  pas 
suivie*. 

Suivant  le  nécrologe  de  Geneston,  Guillaume  de  Verne 
mourut  le  2  des  Ides  d'octobre  1277,  léguant  à  son  chapitre 
quatre  livres,  quatre  sols  de  rente  pour  sa  mémoire,  que 
l'ancien  Livre  des  Anniversaires  a  fixée  au  26  octobre. 

t  Ârcii.  départ  ,  Arm.  N.,  case  6,  no  26.  Travers  taxe  cet  acte  de  faux, 
mais  la  présence  dans  le  trésor  des  dues  d*une  copie  authentique,  permet  de 
répéter  cette  erreur.  La  seule  différence  qui  puisse  exister  entre  Toriginal  et 
le  "oidimus,  c'est  que  celui-ci  est  en  français,  tandis  que  le  premier  était  en 
latin.  (Note  de  M.  de  la  NicoUière,  pp.  48  et  49.) 

*  Nosseigneurs  du  Bec  et  Gospéan  en  demandèrent  l'exécution  au  roi,  à  la 
in  du  seizième  et  au  commencement  du  dix-septième  siècle  et  Tobtinrent,  à 
la  condition  d'acceptation  par  le  Chapitre,  c'est-à-dire  si  celui-ci  trouvait  plus 
avantageux  pour  l'évi^que  d'avoir  une  année  du  revenu  du  fief  noble  (en  cela 
consistait  le  rachat),  que  d'avoir  la  garde  du  pupille  noble,  la  jouissaïkce  de 
ses  biens  et  le  soin  de  son  éducation. 


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GUILLAUIOS  DE   Y^RNE 


95 


Lie  grand  sceau  de  ce  prélat,  en  cire  verte,  forme  ogivale, 
ap  pendu  sur  lacs  de  parchemin  au  bas  d'une  pièce  de  1274, 
le  représente  vôtu  des  ornements  épiscopaux,  tenant  la  crosse 
tournée  en  dehors,  de  la  main  gauche  et  bénissant  de  la 
droite.  Légende  :  6\  GûUlelmiy  Dei  grcUia^  nannetensis 
Apiseopi. 


J.   DE   KeESAUSON. 


fLa  suite  prochainement,) 


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CASSARD 

CAPITAINE     DE    VAISSEAU 
1679-1740 

(Suite  et  fin*). 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES 


Campagne  aux  îles  d'Amérique.  Dispositions  et  condi- 
tions pour  l'armement  en  course  de  la  frégate  du  Ro7j 
/'Argonaute. 

Cette  frégate,  jointe  à  deux  autres  armées  par  des  parti- 
culiers^  doit  aller  aux  îles  de  V Amérique,  sous  les  ordres 
de  Cassardf  faire  la  course  contre  les  forbans.  —  Arch. 
duMinist.   de   la  Marine.  Campagnes.  N*  37.   1716-1720. 

MÉMOIRE  du  Roy,  pour  servir  d'instruction  au  sieur 
Cassard,  capitaine  de  vaisseau,  dans  le  voyage  qu'il 
va  faire  aux  Iles  de  TAmérique,  pour  faire  la  course 
contre  les  forbans. 

*  Voir  la  livraison  préc<^dente. 


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GASSARD  97 

Sa  Majbsté»  ayant  agréé  les  propositions  qui  lui  ont  été  faites  par 
le  sieur  Gassard,  d'armer  contre  les  forbans  qui  font  la  course  sur 
les  costes  des  lies  de  l'Amérique;  elle  luy  a  accordé  la  fi^gate  l'Ar- 
gonaute,  pour  joindre  à  deux  autres  dont  il  fait  l'armement. 

Elle  s*est  déterminée  à  charger  le  dit  sieur  Cassard  de  cette  entre- 
prise, p&T  la  bonne  opinion  qu'elle  a  de  sa  valeur,  capacité,  expérience 
ei  at^tachement  pour  son  service.  Elle  luy  recommande  de  mettre 
tout  en  usage  pour  détruire  les  pirates  qui  courent  ces  mers,  et  qui 
interrompent  entièrement  la  navigation. 

Par  les  dernières  lettres  qui  sont  arrivées  de  Saint-Domingue,  Sa 
MiÛ^sté  a  été  informée  qu'il  y  avait  quatre  forbans  sur  les  costes  de 
cette  isle,  contre  lesquels  le  sieur  de  Blenac  avait  fait  armer  deux 
b&timents  commandés  par  le  sieur  de  la  Sausaye,  enseigne  de  vaisseau . 

£lle  donne  ordre  aux  sieurs  de  la  Varenne  et  Ricouart,  gouverneur 
et  intendant  des  lies  du  Vent,  aux  sieurs  de  Ghateaumorant  et  ^ 
Mithon,  gouverneur  et  commissaire  ordonnateur  à  Saint-Domingue, 
de  luy  donner  les  avis  et  les  secours  de  troupes  et  de  milices  qu'ils 
croiront  luy  estre  nécessaires,  et  dont  il  estimera  avoir  besoin  pour 
pouvoir  réussir  dans  son  entreprise. 

Sa  Majesté  ne  peut  donner  au  sieur  Cassard,  des  ordres  précis  sur 
la  proposition  qu'il  luy  a  faite  d'aller  enlever  les  nègres  marrons  qui 
sont  à  Tisle  Saint- Vincent,  parce  qu'elle  n'est  point  informée  de  la 
situation  présent-e  de  c^s  nègres  avec  les  sauvages  qui  habitent  cette 
même  isle\-  et,  elle  donne  ordre  aux  sieurs  de  la  Varenne  et  Ricouart 
d'examiner  s'il  convient,  par  rapport  à  l'intérêt  des  Isles  du  Vent, 
de  faire  cette  entreprise;  et,  elle  souhaite  que  le  sieur  Cassard  ne 
l'entreprenne  point  sans  leur  consentement. 

Elle  leur  flaiit  observer  que  quoi  qu'il  fut  avantageux  aux  Isles  |lu 
Vent  de  détruire  ces  nègres,  il  paroi  stroit  nécessaire  auparavant  de 
s'y  déterminer,  d'engager  les  sauvages  à  favoriser  cette  entreprise, 
parce  que  si  elle  se  fait  sans  eux,  il  y  a  tout  lieu  de  craindre  qu'ils  ne 
prennent  le  parti  des  nègres  avec  qui  ils  sont  alliés,  et  que  se  décla- 
rant contre  nous,  nous  ne  tombions  dans  une  guerre  qu'il  faut  éviter^ 
et  qui  seroit  cause  de  la  destruction  des  habitations  des  bords  de  la 
mer  de  ces  isles.  Ainsi,  on  ne  doit  rien  entreprendre  sur  cela  qu'après 
mures  délibérations. 

En  cas  qu'il  soit  jugé  convenable  que  le  sieur  Cassard  aille  contre 
ces  nôgres.  Sa  Majesté  souhaite  qu'il  ne  vende  aux  Isres  du  Vent  que 
les  femmes  et  les  enfants  au  dessous  de  douze  ans,  parce  qu'il  seroit 

T.    VI.    NOTICES.   —  VI«  ANNÉE,   1"   LIV.  7* 


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W  CASSARD 

dangeureuK  de  mettre  dans  cette  isle  ces  nègres*  qui  sont  aguerris, 
et  qui  peurroient  aisément  retourner  de  là  à  Saint-Vincent,  li  en 
pourra  vendre  quelques-uns  à  Saint-Domingue.  Cependant,  il  seroit 
à  souhaiter  qu'il  put  s'en  deffiB^re  ailleurs  que  dans  les  colonies  fran- 
çoises  ;  et  Sa  Majesté  marque  aux  sieurs  de  la  Yarenne,  Ricouart,  de 
Ghateaumorant  et  Mithon  de  hiy  indiquer  les  moyens  d'y  panrenir, 
si  la  chose  est  possible. 

Sa  Majesté  luy  fera  observer  que  l'entreprise  contre  les  nègres  de 
Saint-Vincent  doit  être  secrette,  et  luy  recommande  de  n'en  point 
parler,  soit  qu'il  la  fasse  ou  non. 

Si  le  sieur  Cassard  trouve  des  navires  anglois  ou  holiandois  faisant 
le  commerce  sur  les  costes  des  isles  flrançoises  de  l'Amérique,  Sa 
Majesté  souhaite  qu'il  les  arreste,  et  qu'il  les  remette  au  gouverneur 
et  intendant  de  la  colonie  où  il  arrivera,  auxquels  Elle  mande  d*en 
Mre  Instruire  les  procédures,  et  de  tenir  la  main  k  ce  qu'ils  soient 
confisqués,  s'ils  se  trouvent  dans  le  cas.  Sa  Majesté  luy  recommande 
de  n'arrester  que  les  vaisseaux  contre  lesquels  on  pourra  prouver 
le  commerce  étranger,  afin  de  ne  point  donner  de  justes  sujets  de 
plaintes  aux  nations  étrangères. 

Il  leur  remettra  aussi  les  forbans  qu'il  prendra  ;  et  ils  ont  ordre 
d'en  Oirire  bonne  et  briefve  justice. 

Sa  M«0^té  ne  prescrit  rien  au  sieur  Gassard,  sur  sa  navigation  et 
le  séjour  qu'il  fera  dans  chaque  colonie.  Elle  s'en  rapporte  à  la  ma- 
nière dont  il  croira  devoir  se  conduire  à  cet  égard,  tant  pour  détruire 
les  forbans>  que  pour  l'intérêt  de  ses  armateurs. 

Elle  luy  recommande  d'informer  le  Conseil  de  marine  des  opérations 
de  sa  campagne,  par  toutes  les  occasions  qu'il  trouvera. 

Fait  à  Paris,  le  cinquiesme  janvier  1717 
Signé  :  Louis. 
Approuvé  :  Philippe  d'Orléans. 


Mémoire  polir  le  S'  Cassard,  capi'ame  de  vaisseau  du  fîoy, 
et  les  intéressez  en  son  armement,  —  Arch  du  Minist.  de 
la  Marine    Dossier  Gassard. 

Ils  supplient  très  humblement  Nos  Seigneurs  du  Conseil  de 
marine  qu'il  soit  pourvu  à  leur  remboursement  d'une  somme 

^  Las  nègres  marons   qai    sont  à  Tisle  Saint* Vincent  ;  et  qui  ont  déserté 
prtfqae  tous  des  isles  fran^oises  de  T Amérique. 


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GAS8ARD  99 

de  732.769  liv.  10  sols  2  deniers,  conformément  à   l'arrest  du 
Conseil  d'Elat,  rendu,  Sa  Majesté  y  estant,  le  12  août  1715. 


Fait 


Le  2  dn  mois  de  décembre  171  Me  sieur  Cassard  fit  un  traité  avec 
leKoy  pour  armer  en  course  une  escadre  de  six  vaisseaux  de  S.  M. 
contre  les  ennemis  de  FEtat  ;  afin  de  trouver  les  fonds  nécessaires 
à  rexécuUon  d'un  projet  de  cette  importance,  il  engagea  cinq  négo- 
ciants de  la  ville  de  Marseille  de  se  charger  de  cet  armement. 

Par  l'article  10  de  son  traité^  le  Roy  luy  laisse,  et  aux  directeurs  de 
son  Armement,  l'entière  disposition  des  vaisseaux  et  autres  bâti- 
ments de  l'escadre. 

St  par  le  premier  et  dernier  article  du  même  traité,  il  est  dit  que 
cette  campagne  ne  doit  être  que  de  huit  mois. 

L'objet  de  l'armement  du  Cassard,  était,  suivant  son  traité,  de 
faire  la  course  sur  les  ennemis  de  l'Ëtat,  et  de  ne  la  faire  que  pendant 
hnit  mois  :  ses  fonds  étoient  proportionnés  &  son  objet,  et  ses  vues  ne 
s'étendoient  pas  plus  loin. 

Peu  de  temps  avant  le  départ  de  cette  escadre,  le  S'  Cassard  reçut 
une  lettre  particulière  du  secrétaire  d'Ëtat,  ayant  le  département  de 
la  marine,  en  date  du  10  Février  1712,  par  laquelle  il  luy  marque  que 
cette  lettre  est  pour  luy  seul,  et  que  l'intention  du  Roy  est  qu'il  exerce 
par  représailles  tous  les  actes  d'hostilités  possibles  sur  les  colonies 
ennemies  ;  qu'il  en  fasse  sauter  avec  des  mines  les  travaux  et  forti- 
fications, maisons,  magasins,  et  tous  autres  bâtiments  sans  exception  ; 
qu'il  brûle  les  cannes  de  sucre  et  autres  plantes  en  campagne  ;  qu'il 
fasse  généralement  tous  les  dégâts  praticables  dans  une  terre  que 
Ton  veut  dévaster. 

A  la  lecture  de  cettre  lettre,  le  S' Cassard  connut  tout  l'embarras  de 
sa  situation  ;  comme  capitaine  de  vaisseau  du  Roy,  l'ordre  et  la 
gloire  de  son  prince  sont  préférables  à  toutes  autres  veues  ;  comme 
armateur,  le  bien  de  l'armemeàt  doit  estre  son  premier  objet  :  s'il  suit 
ce  qui  lui  est  prescrit  par  le  ministre,  il  prévoit  bien  qu'il  ne  pourra 
tirer  aucune  utilité  pour  ses  armateurs  dans  les  Colonies  où  il  descen- 
dra, parce  qu'il  les  doit  brûler  et  dévaster,  et  que  ce  n'est  qu'à  titre 
de,  conservation  qu'on  leur  fait  payer  ordinairement  des  rançons  ; 


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100  CASSARD 

s'il  les  ménage  à  prix  d'argent,  il  n'exerce  plus  les  représailles  qui  lui 
sont  ordonnées» 

Il  ne  peut  pas  faire  part  des  ordres  qu'il  a  receuz  aux  intéressés 
dans  son  armement  :  la  lettre  n'est  que  pour  lui  seul.  Et  quoiqu'il 
connaisse  qu'il  va  employer  les  fonds  qu'ils  luy  donnent,  différem- 
ment de  leur  propre  intention,  il  ne  s'occupe  point  des  justes  repro- 
ches qu'ils  auront  à  luy  faire  et  regardant  l'obéissance  qu'il  doit  à 
son  Roy  comme  le  premier  de  tous  ses  devoirs,  il  n'est  plus  rempli 
que  des  moyens  qu'il  pourra  mettre  en  usage  pour  détruire  les  Colo- 
nies ennemyes. 

Il  part  ;  il  arrive  aux  Iles  du  Cap  Vert,  appartenantes  aux  Portugais  ; 
il  les  attaque  et  prend  la  ville  principale  et  le  châiteau  à  discrétion  ; 
et  les  fait  ensuite  sauter  avec  les  autres  fortifications  ;  il  brûle  les 
maisons,  crève  plus  de  150  pièces  de  canon,  et  ruine  entièrement  la 
campagne. 

Il  remet  &  la  voile,  et  va  attaquer  &  mille  lieues  de  là  la  colonie  de 
Surinam,  appartenante  aux  HoUandois.  Les  pluies  continuelles  l'obli- 
gent de  se  retirer,  et  de  remettre  cette  entreprise  à  une  autre  saison. 

Il  fait  route  pour  l'Isle  de  Montsera,  distante  de  500  lieues  ;  il  la 
prend,  la  détruit,  fait  sauter  les  fortifications  et  brûle  entièrement 
la  campagne. 

Cette  exécution  faite,  il  retourne  à  Surinam,  et  après  cinquante-cinq 
jours  de  navigation,  il  y  arrive  et  ruine  cette  Colonie. 

11  attaque  ensuite  celle  de  Barbiche  et  celle  de  Saint-Eustache,tou- 
tes  deux  hollandoises,  qu'il  traite  avec  la  même  rigueur. 

Instruit  que  les  Hollandois  tirent  des  sommes  considérables  du 
commerce  qui  se  fait  de  l'isle  de  Carassol  avec  les  Indes  d'Espagne, 
il  va  l'attaquer,  oblige  la  ville  à  une  contribution,  et  dévaste  toute 
la  campagne  voisine. 

Dans  toutes  ces  différentes  exécutions,  qui  l'ont  tenu  vingt-sept 
mois  à  la  mer,  il  agit  partout  en  officier,  et  nulle  part  en  armateur. 
Aussi  la  perte  qu'il  cause  aux  Colonies  ennemis  a  été  estimée  à  plus 
de  trente  millions,  et  n'en  a  produit  à  l'armement  que  deux  millions, 
deux  cent  quatre-vingt-onze  mille,  six  cent  quatre  vingt  treize  livres, 
dixsols,  onze  deniers. 

Le  sieur  Cassard,  estant  de  retour  en  France,  fut  fort  applaudy  de 
la  Cour,  et  fort  peu  de  ses  armateurs,  qui  ne  s'appaisèrent  qu'après 
avoir  vu  la  lettre  du  10  février  1712  :  en  son  particulier,  il  trouvait 
son  dédommagement  dans  les  blessures  honorables  qu'il  avoit  reça 
en  servant  son  Roy  ;mais  pour  eux,  il  n'y  rencontroient  qu'une  ruine 
assurée,  s'ils  estoient  obligés  de  payer  les  dépenses  excessives  d'une 


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GASSARD  101 

•si  longue  campagne,  si  fort  au  dessus  de  leurs  forces  et  du  fond 
destinée  pour  le  projet  d'un  armement  de  huit  mois  seulement. 

Les  officiers  et  les  équipages  de  cette  escadre  demandèrent  d*estre 
payés  au  désarmement  ;  les  armateurs  inquiétés  par  eux,  et  hors 
d'état  de  les  satisfaire,  représentèrent  très  humblement  au  feu  Roy, 
que  le  sieur  Cassard  ayant  préféré  la  gloire  de  ses  armes  et  Texécu- 
tion  des  projets  essentiels  qui  luy  avoient  esté  confiés  pour  Thonneur 
et  le  bien  de  FEtat,  à  leur  utilité  particulière,  il  étoit  Juste  que  Sa 
Majesté  se  cbarge&t  des  prises,  rançons  et  contributions  faites,  dont 
ils  rendroient  compte  de  clerc  àmaistre,  en  les  remboursant  de  leurs 
avances. 

Sa  Majesté  eut  égard  à  leurs  remontrances,  et  commit,  par  arrêt 
du  Conseil,  du  4  mars  1715,  M.  de  Vanvré  pour  connoistre  l'état  au 
▼ray  des^recettes  et  dépenses  de  l'armement  du  sieur  Cassard,  faire 
du  tout  une  juste  balance,  et  ensuite  donner  son  avis. 

C'est  sur  le  compte  général  arrestépar  M.  de  Vauvré,  et  affirmé 
par  le  receveur  des  droits  de  son  Altesse  Sérénissime,  qu'est  inter- 
venu Tarrest  du  Conseil  du  12aoust  1715. 

Cet  arrest  contient  plusieurs  dispositions. 

Par  la  première,  il  est  justifié  que  les  frais  de  la  campagne  du  sieur 
Cassard,  les  charges  ordinaires  des  prises  et  les  répartitions  faites 
aux  ilbustiers  et  aux  habitants  des  Isles  Arançoises  qui  ont  aidé  à  la 
dévastation  des  Colonies  ennemies,  se  montent  à  la  somme  de 
3,22^7,1^  livres,  19  sols,  7  deniers. 

Par  la  seconde  disposition  de  cet  arrest,  il  est  prouvé  que  les  pri- 
ses et  rançons  n'ont  produit  que  2,291, f393  livres,  10  sols,  11  deniers. 

Par  conséquent  la  perte  effective  faite  par  cet  armement,  se  monte 
à  la  somme  de  935,462  livres,  8  sols,  8  deniers. 

Ce  même  arrest,  par  une  troisième  disposition,  décharge  l'arme- 
ment du  paiement  d'une  somme  de  30,000  livres  prétendue  par  les 
officiers  et  soldats  qui  ont  été  k  l'attaque  de  Carassol. 

11  faut  savoir  que  le  sieur  Cassard,  ayant  été  dangereusement 
blessé  au  commencement  de  l'attaque  de  Carassol,  fut  emporté  sur 
son  bord,  d'où  il  donna  ordre  de  promettre  par  un  ban  à  la  tête  des 
troQpes,la  somme  de  30,000  livres  ;  mais  c'était  k  condition  expresse 
que  l'on  prendrait  cette  place.  Au  lieu  de  s'en  rendre  les  maîtres,  on 
se  contenta  d'en  tirer  une  contribution  de  1 15,000  piastres,  qui  furent 
payées  en  marchandises  et  en  denrées  ;  ainsi  c'est  avec  grande  raison 
que  Sa  Maijesté  en  a  déchargé  l'armement. 

Par  une  quatrième  disposition  cet  arrest  déboute  les  troupes  et 
éqaipages  d'une  demandede  30,000  l.  pour  retranchement  des  vivres  ; 


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102  GA88ARD 

la  raison  de  cette  décision  est  que  pendant  la  plus  grande  partie  du 
temps  de  ce  retranchement,  ils  ont  vécu  &  discrétion  sur  le  pays 
ennemi. 

Cinquièmement.  Sa  Majesté  décharge  ce  môme  armement  d*ane 
somme  de  94,61 1  livres,  1  sol,  8  deniers,  à  laquelle  se  montoit  le 
dixième  des  prises,  contributions  et  rançons  appartenant  à  TEtat- 
miOor  et  aux  équipages,  parce  que  S.  M.  les  a  gratifiés  d'une  somme 
beaucoup  plus  considérable,  ainsi  qu'il  sera  justifié  cy  après. 

Enfin,  il  se  trouve  que  Sa  Majesté  a  fait  remise  à  cet  armement 
d'une  somme  de  237,001  livres  1  sol  8  deniers,  à  laquelle  se  montoit 
le  cinquième  des  prises  et  rançons  qui  revenoit  à  S.  M. 

Les  supplians  ont  l'honneur  d'observer  au  Conseil,  que  par  le  trai- 
té du  2  décembre  1711,  S.  M.  étoit  convenue  que  les  avances  que 
feroient  les  armateurs  pour  agrès,  carennes  et  autres  fournitares 
spécifiées  seroient  prélevées  sur  le  cinquième.  Or  ces  avances  se  sont 
trouvées  monter  à  154,983 1.  9  sols,  11  deniers.  Donc,  ledit  cinquième 
se  trouvoit  réduit  à  la  somme  de  82,017, 1. 1 1  sols,  9  deniers,  de  laquelle 
S.  M.  a  exempté  l'armement,  parce  qu'en  premier  lieu,  ayant  eu  la 
bonté  de  recevoir  les  armateurs  à  compter  de  clerc  à  maistre,  elle 
s'est  chargée  des  profits  et  pertes  de  l'armement  ;  et  en  second  lieu, 
parce  que  suivant  ce  compte  général,  et  comme  il  va  être  expliqué, 
S.  M.  a  obligé  les  armateurs  à  payer  des  sommes  plus  considérables 
aux  lieu  et  place  de  cet  article. 


Total  des  parties  du  payement  desquelles  le  Roy  décharge 
les  armateurs  j  en  se  chargeant  de  F  armement. 

Bon  de  Carassol 30,0001. 

Retranchement  des  vivres 30,000, 

Dixième  des  prises  et  contributions . .  94,61 1 ,      1  s,    6  d. 

Cinquième  du  Roy 82,017,    Ils.    9d. 

236,628.     13  s.    5d. 

Comme  la  bonté  avec  laquelle  le  Roy  est  entré  dans  la  triste  situa- 
tion des  armateurs,  pourroit  donner  lieu  de  croire  que  c'est  aux 
dépens  des  officiers  et  des  équipages,  il  est  à  propos  de  faire  remar- 
quer à  Nosseigneurs  du  Conseil  :  1"*  que  les  exemptions  des  quatre 
articles  ci  dessus  ne  sont  que  desimpies  compensations  à  l'égard  des 
armateurs. 


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GAS8ARD  103 

2*  que  le  Roy  a  pourru  d'ailleurs  au  dédommagement  de  lUtai- 
Mijor  et  des  équipages,  en  leur  faisant  payer  par  les  armateurs  beau-» 
coup  an  delà  de  oe  qu*ils  pouvoient  prétendre. 

Pour  les  Armateurs. 

Pendant  cette  campagne,  qui  fat  de  vingt  sept  mois,  trois  bâti- 
ments, firent  nauflbuge.  Suivant  la  disposition  de  TOrdonnanoe  du  mois 
d'août  1661,  titre  4,  art.  8,  les  mcUelQ»  ne  peuvent  prétendre  auoun 
loyer  :  S.  M.  a  voulu  que  les  armateurs  aient  payés  ces  appointe^ 
ments.  qni  se  sont  trouvés  monter  à  la  somme  de     .âl8,âôl^  16* 

Qu'ils  aient  donné  des  gratifications  à  TEt^Major 
en  compensation,  qui  se  trouvent  monter,  compris 
ce  qui  n'a  pas  encore  esté  payé,  suivant  les  états 
certifiés,  envoyés  au  Conseil  par  M.  de  Bellefontalne, 
qui  les  a  réglés  à  la  somme  de 67,490*  12«  6*» 

Auisoldats 5,000     »    »        77,490M2«    6* 

Aux  veuves 5,000    >    »    

*^95,752»    8-    6*» 
Toutes  les  parties  que  les  armateurs  sont  déchar- 
gés de  payer,  qui  regardent  le  Roy,  TEtalr-Major  et 
les  équipages  ne  montent  qu'&  la  somme  de. .... .     236,628*  13'    5<> 

59,123*  15'    1* 


Ainsi  ceqne  les  armateurs  ont  payé,  excède  les  sommes  qui  leur  ont 
été  remises  par  Tarrest  du  Conseil,  de  cinquante  neuf  mille  cent  vingt 
trois  livres,  quinze  sols,  un  denier. 

Il  s'agit  présentement  de  faire  voir  ce  que  le  Roy  a  fait  payer  à 
rïtat-MajoE  et  aux  équipages,  beaucoup  au  dessus  de  ce  qui  leur 
éftoit  dû. 

Pour  VEtai'MaJor 

On  iuy  paie,  comme  il  est  justifié  cy  devant  par  forme  de  gratifia* 
cation  et  d'équivalant  du  dixième , 67,490*  12"    6^ 

Tout  le  net  produit  du  dixième  des  prises 
rançons  et  contributions  de  la  campagne,  monte 
à  94.61  J*  1*8^,  dotttilluyen  reviendroit  la  moitié 
quiest -     47,305*  10«  lO'* 

Reste 20,185*     !•     8* 


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104  GASSARD 

Ainsi,  TËtat^Majoraura  reçu  audessusde  son  contingent  du  dixième, 
20,185M*  8"^  que  les  armateurs  n*ont  consenti  de  payer  qu'après  que 
M.  le  Bailli  de  Bellefontaine  Ta  réglé  de  même  avec  le  sieur  Casaard . 


Pour  les  Equipages 

Le  Roy  leur  a  fkit  gr&ce  de  leur  faire  payer  par  les  armateurs, 
contre  la  disposition  de  l'ordonnance,  les  loyers  des  dégradés  qui 
se  montent  à  la  somme  de :il8.26P    16« 

Aux  soldats  et  aux  veuves 10,000, 

228,26P  10« 
La  moitié  du  net  produit  du  dixième  qui   leur 

revient  pour  le  contingent  monte  à 47,305»  10*  10*» 

180,956»    5»     ti^ 


Ainsi  les  équipages  ont  reçu  des  armateurs  cent  quatre  mille 
neuf  cent  cinquante  six  livres,  cinq  sols,  deux  deniers  au  dessus  de 
leur  dixième. 

Quoique  les  sommes  que  les  armateurs  ont  payées  à  TEtat-MaJor 
et  aux  équipages,  par  ordre  du  Roy,  au  dessus  de  ce  qui  leur  estoit  deu 
montent  à  deux  cens  un  mille  cent  quarante  une  livres,  six  sols,  dix 
deniers,  il  est  pourtant  vray  que  les  équipages  qui  ont  fait  un  heu- 
reux retour,  n'ont  rien  reçu  en  équivalant  des  47,305»  10«  W  qui  leur 
revient  du  dixième  entre  eux  et  les  dégradés^  si  ce  n'est  les  dix  mille 
livres  qu'on  donne  aux  soldats  et  aux  veuves.  Us  demandent  leur 
paiement  aux  armateurs,  mais  comme  ceux-ci  ont  rendu  compte  de 
derc  à  maistre,  et  que  le  Roy,  par  ses  arrêts  s'est  chargé  des  profits 
et  pertes  de  l'armement,  S.  M.  y  pourvoira,  et  aura  pour  ses  équi- 
pages tels  égards  qu'elle  jugera  à  propos. 

On  a  été  obligé  d'entrer  dans  ce  détail  et  d'interrompre  l'explication 
de  Tarrest  du  12  aoust  1715,  afin  de  faire  connaître  que  les  ofilciers 
et  les  équipages  ont  été  traités  avec  plus  de  faveur  que  s'ils  avoient 
reçu  le  paiement  des  trois  sommes  dont  les  armateurs  ont  été  dé- 
chargés. 

Sa  Majesté  ordonne  en  outre  parce  môme  arrest  que  les  armateurs 
seront  payés  comptant  par  le  trésorier  de  la  marine  de  la  somme  de 
98,917»4  sols,  il  deniers  pour  le  remboursement  des  vivres  par  eux 
fournis  aux  équipages  dégradés  et  ramenés  des  Iles  d'Amérique. 


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CASSARD  105 

Sxeédant  des  dépenses  de  la  campagrne  du  sieur 
Cassard  monte  à 9a5,462*    8«     8«» 

Si  les  sommes  dont  les  armateurs  sont  déchargés 
sont  évaluées  par  l'arrêt  à rî91,612»    3«     4* 

Ainsi  les  armateurs  se  trouvent  encore  en  souf- 
Irancede 543,a50»    5»     4'» 


Sur  rindemnité  de  laquelle  le  Roy  promet  de  pourvoir  incessam* 
ment  par  ledit  arrest. 

Les  choses  en  cet  état,  le  sieur  Cassard  et  ses  armateurs  supplient 
très  humblement  Nos  Seigneurs  du  Conseil  de  Marine  de  faire  ordon- 
ner le  paiement  des  88,919  1.  4  s.  10  d.,  qui  leur  doit  être  fiait  par  le 
Trésorier  de  la  marine,  conformément  à  Tarrest  du  \2  aoust  1715,  et 
de  leur  faire  expédier  une  ordonnance  de  cinq  cent  quarante  trois 
mille  huit  cent  cinquante  livres,  cinq  sols,  quatre  deniers  pour  leur 
indemnité,  et  pour  les  mettre  en  état  de  payer  ce  qui  reste  du  aux 
officiers  et  équipages  pour  le  désarmement. 

Il  est  aisé  de  connaître,  par  ce  que  Ton  a  expliqué  ci-dessus,  que 
Tobéissance  du  Sieur  Cassard  aux  ordres  du  Roy,  que  sa  fidélité  à 
conserver  le  dépôt  de  représailles  qui  luy  étoit  confié,  et  que  remploi 
qu'il  a  fait  des  fonds  des  intéressés  en  son  armement,  sans  leur  par- 
ticipation, et  contre  leur  intention,  a  réduit  ces  négociants  à  la  der- 
nière extrémité. 

One  le  feu  Roy  a  vu  qu'il  étoit  de  sa  justice  de  se  charger  luy 
même  des  fraits  de  Tarmement  du  sieur  Cassard,  puisqu'il  n*avoit 
porté  le  fer  et  le  feu  dans  les  Colonies  ennemies  que  pour  la  gloire  et 
la  vengeance  de  la  Nation,  au  lieu  qu'en  les  ménageant  il  en  auroit 
tiré  des  contributions  qui  auroient  fait  sa  fortune  et  celle  de  ses 
armateurs*. 


Délibération  du  Conseil  de  marine  sur  l'affaire  du  sieur 
Cassard.  —  Arch.  du  minist.  delà  roarine.  Dossier  Cassard. 

Le  conseil  de  marine  ayant  examiné  par  ordre  de  celui  de  Régence 
les  prétentions  du  S' Cassard  et  de  ses  armateurs  sur  les  dédomma- 
gemrats,  qu'ils  prétendent  leur  estre  deus  par  le  Roy,  et  celles  des 
ofliciers  et  équipages  qui  composoient  l'armement,  contre  les  arma- 

*  De  nmpniaevî^  de  C.  L.  Thiboust,  place  de  Cambraj;  4  pp.  in-folio. 


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106  GA88ARD 

leurs,  il  paroist  que  la  demande  de  ces  équipages  d'une  somme  de 
30,000  1.  qu'on  leur  avoit  promis  par  un  bon  en  cas  de  jurise  de 
Carassol,  doit  être  rejetWè,  cette  ville  s'étant  rançonnée,  sans  pour 
ainsi  dire  qu'il  y  ait  eu  d'attaque,  et  d'ailleurs  les  armateurs  en  ayant 
été  déchargés  par  Arrest  du  12  août  1715. 

La  seconde  demande  des  mêmes  équipages,  pour  une  prétendue 
diminution  des  vivres,  ne  paroitpas  mieux  fondée,  attendu  que  pen- 
dant la  plus  grande  partie  du  temps  qu'ils  prétendent  que  cela  leur 
est  deu  ils  ont,  été  nourris  à  discrétion  dans  le  pays  ennemy,  et 
beaucoup  mieux  traittés  qu'ils  n'auroient  estes  dans  le  vaisseau. 

La  troisième  demande  des  équipages  qui  regarde  le  dixième  des 
prises  qui  ont  été  faites,  paroist  juste.  La  somme  totale  x>our  ce  qui 
les  regarde  dans  ce  dixième  monte  à  47,000  1.  dont  10,000  1.  ont  été 
payées  ;  et  le  S' Cassard  doit  être  tenu  coiyointement  avec  les  arma* 
teurs  à  leur  ^payer  le  reste,  argent  comptant.  Quant  aux  officiers 
qui  prétendoient  leur  estre  deu  pareille  somme  de  47,000  1.  pour  le 
môme  dixième,  il  paroist  que  les  armateurs  y  ont  satisfait,  et  môme 
au  delà,  depuis  le  premier  compte  qui  a  été  rendu  de  cette  affaire  au 
Conseil  de  Régence,  Ainsi  il  n'en  feut  plus  parler. 

A  l'égard  de  l'article  le  plus  considérable  qui  est  le  dédommage- 
ment du  par  le  Roy  à  ces  armateurs,  il  paroist  que  dès  le  commence- 
ment de  l'armement  duRôy  a  fait  agir  le  sieur  Cassard  par  ses  ordree, 
et  que  la  campagne  qu'il  lui  a  fait  faire  a  été  de  vingt*sept  mois»  au 
lieu  de  huit  mois,  que  les  armateurs  avoient  réglé  par  leur  traitté, 
fait  avec  le  Roy  lorsque  S.  M.  leur  prêta  ses  vaisseaux.  Il  paroit  par 
les  arrêtés  de  comptes  que  M.  de  Yanvré  a  fait  par  ordre  de  S.  M., 
que  la  dépense  excède  la  recepte  de  la  somme  de  543,850  1.  8  s.  4  d., 
de  quoy  on  doit  ajouter  celle  de  88,919  l.  4  s  10  d.  qui  leur  avoit  été 
donnée  comptant  sur  le  trésorier  de  la  marine,  pour  la  subsistance 
des  équipages  dégradés  qu'ils  ont  ramené  ;  de  laquelle  somme  de 
88,919  1.  4  s.  10  d.  ils  n'ont  point  été  payés.  Et  celle  de 94,6 11  1. 1  s.  8  d. 
pour  le  dixième  qu'ils  ontpayé  ou  doivent  payer  aux  équipages,  dont 
S.  M.  les  avoit  déchargés  par  arrêt  du  12  août  1715,  et  qui  paroissant 
néanmoins  légitimement  deue,  vient  à  la  charge  du  Roy.  Ces  trois 
sommes  ensemble  montant  à  celle  de  727,380  l.  U  s.  10  d.,  qui  paroit 
légitimement  deue,  et  le  Conseil  de  Régence  ayant  témoigné  souhaiter 
qu'on  en  diminuât  une  partie,  à  cause  de  la  difficulté  du  temps,  le 
Conseil  de  marine  estime  qu'on  ne  peut  donner  moins  que  la  somme 
.de  625,000 1.,  laquelle  estant  payée  en  billets  d'Etat,  quoique  mise 
dans  la  classe  la  plus  favorable,  sera  réduite  à  la  somme  de  500,000 1., 


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GA8SARD  107. 

sur  laqaelle  on  doit  observer  que  les  armateurs  seront  obligés  de 
faire  plasieors  paiements  argent  comptant. 

Fait  et    &rresté  par  le  Conseil  de  Marine,  tenu  au  Louvre,  le 
I5juinl716. 

L.  A.  BB  Bourbon. 
Le  Maréchal  d'Estrébb. 
Par  le  Conseil  :  Lachapblle. 


Atrest  qui  réduit  les  prétentions  du  S'  Gassard,  capitaine 

de  tjaisseau,  pour  raison  de  l'armement   fait  d'une 

Escadre  de  six  vaisseaux  en  1712  ^  à  là  somme  de 

625^000  l.  — Àrch.  Nationales  :  minutes  d'Arrest  du  Conseil 

d'Estaldu  Roy,  registre,  avril,  may,  juin  1716.  Coté  E'  1985. 

A  Paris^  le  16*  juin  1716. 

Ym  PAR  LE  Rot,  estant  en  son  Conseil,  la  Requeste  présentée  à 
Sa  Majesté  par  le  S'  Gassard,  capitaine  entretenu  dans  la  marine,  le 
vingt  neuf  octobre  mil  sept  cent  quinze,  contenant  que  par  arrest 
rendu  en  iceluy  le  quatre  mars  précédent,  le  S'  de  Yanvré  conseiller 
en  ses  conseils,  intendant  de  la  marine  du  Levant,  auroit  été  commis 
à  Texamen  du  compte  de  la  recette  et  dépense  de  Tarmement  d'une 
escadre  de  six:  vaisseaux  ou  frégattes,  que  Sa  Majesté  luy  a  confié 
en  mil  sept  cent  douze,  pour  faire  la  course  sur  les  ennemis  de  TEs- 
tat,  par  la  balance  duquel,  arrestée  par  ledit  S'^  de  Yanvré  le  trente 
juin  dudit  an,  les  dépenses  de  l'armement  se  trouvent  excéder  le 
produit  net  des  prises,  contributions  et  rançons,  faites  par  ladite 
Escadre,  de  la  somme  de  neuf  cent  trente  cinq  mille  quatre  cent 
soixante  deux  livres,  huit  sois,  huit  deniers,  et  que  Sa  Majesté  ayant 
reconnu  qu'il  estoit  de  la  justice  de  prendre  ledit  armement  et  les 
événements  d'iceluy  pour  son  compte,  attendu  qu'il  avoit  esté  uni- 
quement employé,  suivant  ses  ordres,  pour  le  service  de  l'Estat,  et 
à  la  destruction  des  colonies  ennemies,seroit  intervenu  autre  arrest, 
du  douze  aoust  audit  an,  par  lequel  Sa  Majesté,  en  att.endant  le 
par/ait  remboursement   de  l'exédant  des  dites   dépenses,   auroit 
déchargé  le  dit  S**  Gassard  et  ses  armateurs  du  payement  de  trois 
eei]tquatrevin£rtonzemillesixcentdouzeliv.troissols,quatredeniers; 


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lOS  GAS8ARD 

sçavoir  :  deux  cent  trente  sept  mille  une  livres,  un  sol,  six  deniers,  à 
quoy  montoit  le  cinquième  qu'elle  auroit  pu  prétendre  sur  les  pri- 
ses faites  par  un  armement  de  course  ordinaire  ;  quatre  vin^ 
quatorze  mille  six  cent  onze  livres,  un  sol,  six  deniers  qui  auroient 
appartenu  pourdixième  aux  officiers  et  équiqages  ;  trente  mille  livres 
&  quoy  les  dits  équipages  faisoient  monter  leurs  prétentions,  sous 
prétexte  de  rations  retranchées  pendant  la  campagne,  et  pareille 
somme  de  trente  mille  livres  que  demanderoient  les  soldats,  pour 
gratiffication  à  eux  promise  par  un  ban  lors  de  la  descente  à  Caras- 
sol,  en  cas  que  la  place  fust  emportée  de  vive  force  ;  et  que  par  le 
mesme  arrest  dudit  jour  douze  aoust  mil  sept  cent  quinze,  Sa  Majes- 
té auroit  encore  ordonné  qu'il  fust  remboursé  audit  sieur  Gassard 
par  le  Trésorier  de  la  marine,  la  somme  de  quatre  vingt  huit  mille 
neuf  cent  dix  neuf  livres,  huit  sols,  six  deniers,  pour  le  montant  des 
vivres  pariuy  fournis  aux  officiers  majors  et  équipages  des  vais- 
seaux nauSragés  en  Amérique  pendant  la  campagne,  jusqu'à  leur 
arrivée  dans  les  ports  de  France.  Pour  la  validation  duquel  arrest. 
Sa  Majesté  vouloit  qu'il  fust  expédié  touttes  lettres  nécessaires  ; 
seconde  requeste  dudit  S'  Cassard,  du  douze  février  mil  sept  cent 
seize,  tendante  à  ce  qu'il  pleust  à  Sa  Majesté  ordonner  son  payement 
des  deux  sommes  adjugées  à  luy  et  à  ses  armateurs  par  ledit  arrest 
du  douze  aoust  dernier,  montant  ensemble  à  six  cent  trente  deux 
mille  sept  cent  soifxante  neuf  livres,  quatorze  sols,deux  deniers  ;  sça- 
voir  :  cinq  cent  quarante  trois  mille  huit  cent  cinquante  livres,  cinq 
sols  quatre  deniers,  pour  l'excédent  des  dépenses  au  delà  du  produit 
net  des  prises  et  rançons  faites  par  ladite  escadre  ;  et  quatre  vingt 
huit  mille  neuf  cent  dix  neuf  livres,  huit  sols,  six  deniers,  pour  la  sub- 
sistance des  officiers  et  matelots  dégradés,  depuis  la  perte  des  Vais- 
seaux, jusqu'à  leur  retour  dans  les  ports  de  France.  —  Veu  aussy 
la  requeste  du  dix  mars  dernier —  au  nom  des  officiers  majors  et  gens 
des  équipages,  tendante  à  estre  rétablis  et  reçus,  nonobstant  le  dit 
arrest  du  douze  aoust,  à  toucher  leur  part  du  dixième  des  prises  et 
rançons  de  la  campagne,  montant  à  quatre  vingt  quatorze  mille  six 
cent  onze  livres,  deux  sols,  six  deniers.  —  Troisiesme  requeste  dudit 
S""  Cassard,  du  deux  avril  dix  sept  cent  seize,  portant  qu'au  lieu  de 
quarante  sept  mille  trois  cent  cinq  livres,  dix  sols,  neuf  deniers,  reve- 
nant aux  officiers  majors  pour  leur  part  au  dixièsme,  il  leur  auroit 
fait  compter  en  gratiffications  ou  autrement,  jusqu'à  la  somme  de 
soixante  douze  mille  quatre  cent  quatre  vingt  neuf  livres,  «iix  huit 
sols  dix  deniers,  suivant  l'Estat  cer*iffié  le  neuf  mars  dernier  pare 
S'*Catelin,  commissaire  préposé  au  bureau  des  armements  à  Toulon, 


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GABSARD  100 

et  que  s'il  luy  estoit  ordonné  de  payer  pareille  somme,  de  quarante 
sept  mille  trois  cent  cinq  livres,  dix  sols  neuf  deniers,  aux  officiers- 
msOors,  matelots  et  soldats,  pour  prétendue  part  au  dixiesme  des 
prises  ;  il  suppliait  Sa  Mijesté  de  considérer  qu'il  seroit  pour  lors 
en  avance  de  la  somme  de  sept  cent  vingt  sept  mille  trois  centquatre 
vingt  livres,  quinze  sois  huit  deniers  ;  au  lieu  de  celle  de  six  cent 
trente  deux  mille  sept  cent  soixante  neuf  livres,  quatorze  sols,  deux 
deniers,  à  quoy  son  dédommagement  auroit  esté  liquidé  par  le  dit 
arrest  du  douze  aoust  mil  sept  cent  quinze,  dont  il  requéroit  qu'il 
pleuste  au  Roy  ordonner  le  remboursement,  et  le  décharger  de  touttes 
prétentions  de  la  part  des  dits  officiers  majors  et  Équipages. 

Yen  les  dits  arrests  des  quatre  mars  et  douze  aoust  mil  sept  cent 
quinze,  la  balance  arrestée  par  le  S.  de  Vanvré  le  trente  Juin  audit 
an,  les  requestes  respectives  cy  dessus  et  autres  pièces,  ouy  le 
rapport,  et  tout  considéré. 

Sa  Majesté  estant  en  son  conseil,  de  Tavis  de  M.  le  duc  d'Orléans, 
Régent,  ayant  esgard  à  la  requeste  du  dix  mars  dernier,  pour  ce  qui 
concerne  les  officiers-mariniers,  matelots  et  soldats,  a  ordonné  et 
ordonne  qu*il  leur  sera  incessamment  payé  par  le  sieur  Cassard,  en 
deniers comptantoiiquittances,  la  somme  de  quarante  sept  mille  trois 
cent  cinq  livres  dix  sols  neuf  deniers,  qui  leur  revient  pour  leur 
part  au  dixiesme  des  prises  et  rançons  faites  par  ladite  escadre  ;  que  le 
Roy  veut  estre  distribuée  entre  eux  en  la  manière  prescrite  par  l'ordon- 
nance de  mil  six  cent  quatre  vingt  douze  ;  et  attendu  qu'il  a  paru  à 
Sa  Majesté  que  le  dit  sieur  Gassard  a  satisfait  au  payement  de  tout 
ce  qui  estoit  deu  aux  aux  o  fflciers  majors»  elle  Ta  déchargé  et  décharge 
de  tonte  recherche  en  cet  esgard.  Veut  au  surplus.  Sa  Majesté,  que 
Tarrestdu  douze  aoust  mU  sept  cent  quinze  soit  exécuté  selon  sa 
forme  en  teneur,  sans  néant  moins  que  le  dit  S**  Cassard  puisse,  en 
faveur  dudit  arrest,  revenir  contre  ie  payement  par  luy  fait,  aus  dits 
officiers  ms^ors.  Ordonne  en  outre  Sa  Majesté  que  pour  parfait  rem- 
boarsement  aud.  S'  Gassard,  des  sommes  dont  ses  armateurs  et  luy 
sont  en  avance,  suivant  le  résultat  cy  dessus,  montant  à  sept  cent 
vingt  sept  mille  trois  centquatre  vingt  livres  quinze  sols  huit  deniers, 
il  lui  sera  expédié  une  ordonnance  sur  le  S»-  Deselle,  trésorier  géné- 
rai de  la  marine,  de  la  somme  de  six  cent  vingt  cinq  mille,  livres,  paya- 
ble les  fonds  faits  ou  à  faire  pour  les  huit  premiers  mois  de  son  exer- 
cice de  mil  sept  cent  quinze,  à  laquelle  Sa  Majesté  a  réduit  et  liquide 
toutes  les  prétentions  du  lit  8' (:..hi:;.rd  au  sujet  du  dit  armement. 
Moyennant  quoy  ledit  S.  Cassard,  ses  armateurs  et  tous  autres  se 


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110  GAS8ÀRD 

tiendront  contents  et  satisfaits.St  pour  l'exécution  du  présentarrest. 
Sa  Majesté  ordonne  que  touttes  les  lettres  nécessaires  soient  ex- 
pédiées. 

VOTSIN.  L.  A.  DE  BOURBON. 

Lb  Maréchal  d*Estbébs. 


Arrêt  qui  renvoie  devant  les  juges  ordinsiires  les 
demandes  et  contestations  restantes  à  juger  entre  le  sieur 
Cassabd,  et  les  direcletirs  et  intéressés  à  ses  armements  en 
course.  —  Ârch.  du  Minist.  de  la  Marine;  Dossier  Gassard. 
Reg.  mat.  387,  /•  171.      ^ 

13  juillet  1726. 

Veu  par  le  Roy,  estant  en  son  Conseil,  la  requeste  présentée  par  le 
sieur  Cassard,  capitaine  entretenu  dans  la  marine,  et  contenant 
qu'ayant  armé  plusieurs  vaisseaux  de  Sa  Majesté,  en  171 1  et  1712, 
pour  fkire  la  course  sur  les  ennemis  de  l'État,  il  se  réserva  les  trois 
quarts  d'intérêts,  et  confia  l'administration  des  dépenses  et  du  pro- 
duit de  ses  prises  et  des  contributions  à  cinq  négociants  de  Marseille, 
lesquels  ne  lui  rendant  point  compte,  il  les  fit  assigner  à  l'Amirauté 
de  cette  ville,  d'où  l'affaire  portée  ensuite  au  Parlement  d'Aix,  dans 
la  crainte  qu'il  eust  d'essuyer  des  longueurs  et  des  frais  en  y  procé- 
dant, il  obtint  un  arrêt  de  Sa  majesté,  du  13  septembre  1717,  qui  ren- 
voya toutes  les  demandes  et  contestations  formées  et  à  former  entre  le 
suppliant  et  ses  associés  pour  raison  desdits  armements,  tant  devant 
les  juges  de  la  dite  Amirauté  qu'audit  Parlement  d'Aix,  et  en  toutes 
autres  juridictions,  circonstances  et  dépendances,  audit  le  Bret, 
Intendant  de  justice,  police  et  finances  en  Provence,  et  premier  Pré- 
sident au  Parlement  d'Aix,  quelle  commit  pour,  conjointement  avec 
le  lieutenant  général  et  le  procureur  du  Roy  au  dit  siège  de  l'Amirauté 
de  Marseille,  et  les  autres  gradués  en  nombre  compétantqu'ilpourroit 
choisir,  entendre  les  parties  et  les  juger  en  dernier  ressort,  avec 
deffenses  &  tous  juges  d'en  plus  connoitre,  et  aux  parties  d'en  con- 
tinuer les  procédures  devant  tous  autres  que  lesdrts  sieur  Le  Bret 
et  ses  adjoints.  Que  depuis  ce  temps,  plusieurs  chefs  de  contestations 
ont  été  instruits  etjugés  ;  mais,  qu'en  restant  encore  à  juger  la  plus 
considérable  partie,  il  ne  peut  en  poursuivre  la  décision  devant  les 


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CA^SAftD  111 

mtoes  Juges  de  la  commission,  non-seulement  par  les  longueurs 
qti*il  4  été  obligé  d'essoyer,  les  fms  et  les  dépenses  qui  en  sont  les 
suites,  mais  encore  parce  que  quelques-uns  de  ces  mêmes  juges  ont 
marqué  tant  de  présentions  contre  lui,   qu'il  a  été  obligé  de  les 
recaser.  Par  ces  raisons,  il  supplioit  Sa  Majesté  de  renvoyer  en  jus- 
tice réglée  tout  ce  qui  reste  à  Juger  des  contestations  d'entre  lui  et 
les  directeurs  et  intéressés  en  ses  armements,  cy-devant  renvoyés 
par  ledit  arrêt  du  conseil  du  13  septembre  1717,  par  devant  le  Bret 
et  autres  commissaires,  pour  y  procéder  suivant  les  derniers  erre- 
ments. Vu  ledit  arrêt,  ravis  dudit  le  Bret  sur  Testât  des  contesta- 
tions dont  il  s'agit,  ouy  le'  rapport  du  sieur  comte  de  Maurepas. 
secrétaire  d'Ëstat,   ayant  le   département  de  la  Marine,  et  tout 
considéré. 

Sa  Majesté  estant  en  son  Conseil,  a  renvoyé  et  renvoyé  devant  les 
jages  ordinaires  les  demandes  et  contestations  restantes  à  juger 
entre  le  sieur  Gassardetles  directeurs  et  intéressés  en  ses  arme- 
ments de  course,  cy-devant  renvoyés  par  Tarrest  du  13  septembre 
1717  par  devant  le  sieur  Le  Bret  et  autres  commissaires,  dont  Texé- 
cution  cessera  du  jour  de  la  signification  du  présent  arrest,  pour  être 
procédé  devant  lesdits  juges  ordinaires  et  lesdites  demandes  et  con- 
testations, suivant  les  derniers  errements.  Fait  deffense  aux  parties 
de  se  pourvoir  ailleurs,^  peine  de  nullité  et  de  tous  dépens,  dommages 
et  intérêts 

États  de  services  de  M.  de  Bandeville   de  Saint-Perrier^ 
capitaine  de  vaisseau.  —  Arch.  du  minist.  de  la  Marine. 

AwNi  Henry  de  Bandeville  Saint-Perrier,    originaire  de   Paris. 

Nommé  Garde  marine  '—  Toulon  —  le  —  24  décembre  1683 

—  Enseigne  de  vaisseau  —     id.      —  le  —    2  avril  1687 

—  Lieutenant  de  vaisseau—      id.      —  le  —  l*' Janvier  1692 

—  Capitaine  de  frégate     —      id.      —  le  —    9  septembre  1706 

—  Capitaine  de  vaisseau  —     id.      —  le  —  17  mars  1727 
Mort  Commandant  le  Solide    —     id.      —  le  —  22  novembre  1740 
Cheyalier  de  Saint  Louis,  le 5  septembre  1706 

Sur  leFleuron,  en  février  1690  ;  —Sur  le  Hardi,en  septembre  1691  ; 
-  Sur  lePrécteuoffj  de  mars  1692  à  août  1602  ;  —  Sur  VÂrrogant,  de 
JMfier  1693  à  juillet  1693  ;  —Sur  le  Neptune,  de  mai,  1697  à  septembre 
1697; -Sur  Je  Trident,  de  mai  1698  à  décembre  1698  -,  —  Sur  leXy«, 
deaTra  llQl  à  octobre  1701  ;—  Sur  le  Fleuron,  de  mars  1702  à  no- 


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112  CASSARD 

wmbrel702  ;r-S\xrïeConquérarU,de  août  1703.àdéd«iibre  1703;  -^Sur 
la  Fortune^  de  janvier  1704  à  avril  1704  ;  —  Sur  lé  Monarç[ue,  de  inai 
1704  à  octobre  1704  ;  —  Sur  le  Nepùtme  d'octobre  1710  à  mars  171 1  ; 
-^  Sur  le  Téméraire^  de  mars  171;:^  à  mars  1714  ;  -^  Sur  le  Toulouse^ 
d'avril  1724  à  octobre  1724  et  de  mai  1727  à  août  1727  ;  —  Sur  le 
Saint-Esprit^  de  juin  1728  &  septembre  1728  ;  —  Commandant  le 
iTép/itr,:  (Croisière  devant  Tripoli  et  mission  à  Tunis),  de  janvier 
1729  à  juillet  1729;  —  Commandant  le  Solide,  de  mai  1734  à  octobre 
1734  ;  —  Commandant  le  Solide  (Escadre  de  M.  de  la  Rochalar),  du  20 
août  1740  au  22  novembre  1740,  jour  de  son  décès. 

Etats  de  ëervices  de  M.  J.  Cassard,  capitaine  de  vaisseau 
Arch.  du  Minist.  de  la  Marine. 

Cassàrd  Jacques,  capitaine  armateur. 

capitaine  de  brûlot, 24  juin  1709. 

capitaine  de  frégate,  20  janvier  1710. 

capitaine  de  vaisseau,  25  novembre  1712. 
Retiré  avec  2,400  livres  1"  décembre  1731. 
Tombé  en  démence  et  renfermé  à  Notre-Dame-des-Vertu3,  le 
7  février  1735. 

Mort  à  Ham,  le  21  janvier  1740. 
Chevalier  de  Saint-Louis,  le  28  juin  1718. 

Une  note  du  môme  dépôt  complète  ainsi  ces  renseignements: 

Sur  le  Parfait  :  février  1710,  (course)  au  l*'  août  1711. 
Sur  le  I^eptune  :  novembre  1712,  au  mai  1711. 
A  a  Cour  :  juin  1714. 
Présent  :  juin  1714 
Absent  à  Toulon  :  mai  1715. 

1717,  absent  du  port. 

1718,  id. 
Présent  à  Toulon,  1719. 

A  Marseille,  septembre  1720. 

A  Toulon,  1721. 

A  Paris,  décembre  1722. 

1723,  1724. 
Absent  1725,  1726,  1727. 

1728,  1727,  1730. 

S.   DE  LA   NiCOLUÈRE-TeIJEIRO. 


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NOTES  HISTORIQUES 

8UK 

PRIGNY  ET  LES  MOUTIERS' 


CHAPITRE  Vn. 


-^\*  cent  se  faire  que  la  plus  ancienne  église  de  Prignyail 
\     élé  celle  dédiée  à  Saint-Pierre.  Prigny  ou,  probablement, 
*-    MiWac,  était  un  fort,  un  oppidum.  Les  premiers  chrétiens 
qa\  ne  se  hasardaient  guère  à  célébrer  leur  culte  dans  l'enceinte 
des  grandes  villes,  ne  pouvaient  pas  môme  en  avoir  la  ten- 
tation dans  les  simples  Vici,  et  encore  moins  dans  les.  forte- 
resseç,  où  tout  était  consacré  aux  exigences  militaires. 

k  Nantes,  le  berceau  du  christianisme  doit  être  recherché 

à  Saint-Similien  et  du  côté  de  Saint-Donatien,  tout  à  fait  en 

dehors  de  l'ancienne  cité  nantaise,  comme  à  Angers,  il  est 

connu  que  les  premiers  fidèles  s'assemblaient  en  dehors  de 

la  cité  des  Andes,  dans  le  cœmeterium  transformé  en  place 

da  Balliemeni,  et  dans  le  lieu  de  la  Doutre,  où  se  trouvait  la 

tb9péile  Notre-Dame,  devenue  leRonceray. 

On  peut  affirmer  qu'à  Prigny  Téglise  Saint-Jean-Baptiste, 
dans  l'enceinte  même  de  la  citadelle,  a  beaucoup  moins  lieu  de 
réclamer  la  primogéniture,  que  celle  de  Saint-Pierre  qui  n'é- 
tait que  dans  le  faubourg.  Cette  dernière  avait  été  rendue 
au  culte  aussitôt  que  les  Normands  permirent  de  recommencer 
i  habiter  ce  pays,  et,  vers  Tan  1050,  elle  était  desservie  par 

Vdr  b  IrnaiiOB  dt  nov«mbre  IM9.  ^ 

t.  VI.  —  nancmu^  —  vi^  année,  !»•  uv.  «    . 


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114  .        PRIGNY  BT  LES   MÔÙTIIfiâé 

Even  qui  y  vivait  avec  ses  enfants.  Son  épouse  était-elle 
morte  ?  était-elle  entrée  dans  un  couvent  f  C'est  ce  que  nous 
ignorons»  mais  aucun  document  venu  à  notre  connaissance 
ne  la  signale  comme  existante. 

Ses  fils  ^e,  nopimaiçnt  :  HélioUjj  Tanneguy  et  Haton.  Il  est 
très  probable  que,  suivant  l'usage,  Even  appartenait  à  quelque 
famille  noble  du  pays  ;  c'est  peut  être  lui  qui  signe  en  1048 
la  donation,  faite  à  Saint-Serge,  du  prieuré  de  Chéméré  avec 
Judicaël  le   Viguier,  mari  d'Adénor.  Il  signe  'avec  Tévêque 
Budic  parce  que,  sans  doute,  il  était  un  des  intéressés.  La 
facilité  avec  laquelle  ce  prêtre  s'entendit  avec  le  môme  Judicaël 
seigneur  de  Prigny,  au  sujet  de  la  chapelle  Notre-Dame,  et 
celle  que  nous  allons  lui  voir  montrer  par  rapport  à  Saint- 
Pierre,  nous  porte  à  croire  qu'il  avait  d'autres  ressources 
pour  vivre,  que  sa  cure.  Il  est  peu  probable  qu'il  ait  dû  à  la 
science  sa  nomination  à  la  cure  de  Saint-Pierre.  Le  bon  Even 
nous  apparaît  avec  toute  la  naïveté  de  son  temps,  peu  cha- 
touilleux au  sujet  de  ses  droits,  encore  moins  pour  les  droits 
de  son  évoque. 

Disons  d'abord  qu'en  1062  les  ipoines  de  Redon  ne  possé- 
daient rien  à  Prigny.  Ce  ne  fut  môme  que  cette  année  qu'ils 
reçurent  leurs  premières  dépendances  dans  le  pays  d'Outre- 
Loire,  à  Prossay,  Marne  etc.  (Voir  cartulaire  de  Redon, 
N  charte  285).  Quiriac  signa  cette  charte  avec  ses  archidiacres 
Auvé  et  Guillaume  et  le  comte  Hoôl.  L'indiction  i&  de  cet 
acte  court  du  !•'  septembre  1061  au  1"  septembre  1062  ;  comme 
il  est  écrit  le  25  octobre  (8«  Kl.  novembre),  il  s'ensuit  que,  pour 
nous,  cette  pièce  est  de  l'an  1061,  ce  qui  confirme  ce  que  nous 
avons  dit  plus  haut  au  sujet  de  l'ordination  de  Quiriac.  Ce  pré- 
lat saisissait  cette  occasion  de  se  rendre  favorable,  les  moines 
de  Redon,  jusqu'à  ce  moment  très  prononcés  contre  lui. 

Malheureusement  le  diplôme  sur  lequel  nous  allons  établir 
la  donation  de  saint  Pierre  à  l'abbaye  de  Redon  est  incomplet. 
Nous  l'avons  extrait  du  petit  cartulaire  de  cet  abbaye  et  M.  de 
Courson  l'a  placé  63*  dans  son  appendice,  Il  commence  par  ces 
mots...  <t  Concessit  quod  inmonasterio  Sancti  Salvatoris^ ipie 


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'     PKIGNY   ET  LE»  M0ÛTISR8  41E> 

et  Hato  âlius  suus,  habitum  -  Sancti  Benedicti  suçcipierin.  » 
n  concéda  (sans  doute  Tabbé  de  Redon)  que  lut  et  son  flls 
Haton,  recevraient  l'habit  de  saint  Benoit.  »  (Lm.est  Even, 
puisque  nous  le  savons  père  d'Haton).  Voici  à  quelles  con- 
ditions cette  gracieuseté  était  faite.  «  Après  qu'il  aurait 
donné  et  concédé,  à  perpétuité,  à  Téglise  et  aux  moines  de 
Saint-Sauveur,  tout  pouvoir  sur  sa  personne,  et  qu'il  se  serait 
fait  leur  sujet,  ainsi  que  ses  flls  Helion,  Tanneguy  et  Haton, 
lequel  par  l'inspiration  divine,  quoique  le  plus  jeune,  précéda 
ses  frères  et  son  père,  et  devint  un  de  nos  moines,  en  rece- 
vant le  saint  habit  religieux.  » 

Ce  fragment  de  charte  ne  permettrait  pas  d'avancer  qu'il 
s'agit  ici  d'une  démarche  d'Even,  curé  de  Saint-Pierre,  s'il 
n'avait  une  suite  que  nous  allons  traduire. 

<«  Le  susdit  Even  et  ses  flls  réitérèrent  leur  donation,  et 
concédèrent  à  perpétuité  à  notre  église  la  possession  d'une 
église  dans  le  territoire  de  Pru«:ny  (in  territorio  pruniacensi), 
fondée  en  l'honneur  de  saint  Pierre,  en  môme  temps  que 
leur  propre  maison,  qui  était  dans  le  cimetière,  et  le  jardin 
attenant  à  cette  maison,  et  en  plus  cent  aires  de  salines  avec 
leurs  bossis.  Ces  ai.es  s'étendent  du  cimetière  à  la  mer\  Les 
susdits  personnages  nous  donnèrent  en  outre  une  chapelle 
dans  la  ville  môme  de   Prugny,  fondée   en  l'honneur  de 
saini  Jean  l'Évangéliste.  Les  témoins  de  cet  acte  furent  entre 
autres  :  Harscuide,  notre  maire  et  Tudual  de  la  Gressière.  » 
Ici  le  maire  (Major),  c'est  le  seigneur,  et  ce  seigneur,  c'est 
celui  de  Sainte-Ooix  ou  de  Machecoul,  pour  prendre  le  terme 
employé  depuis.  C'est  ce  môme  Âscoide  (aliàs  :  Harscoat)  que 
nous  avons  déjà  vii.  li  semble  qu'il  faut  en  conclure  que 
Saint-Pierre  ne  relevait  pas  du  seigneur  de  Prigny,  mais  di- 
reclement  de  celui  de  Retz.  La  famille  de  Judicaël  et  de 
Gueffier  ne  parait  aucunement  dans  cette  transaction,  à  la- 
quelle se  trouve  plutôt. môle  le  seigneur  de  la  Gressière  ;  ce 

*  €  QntB  ùre»  incipiunt  à  cimiterio  et  persévérant  usque  ad  mare.  »  Ce 
texte  nous  prouva  qa*&u  onzième  siècle  la  mer  n'était  pas  éloignée  de  Téglise, 
rar  tnt  tares  de  salines,  même  aree  lenrs  bossis,  ne  Tont  pas  loin. 


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!!•  PRIONY  ST  LS8.1iOÛ99Bll8 

qui  semble  indiquer  l'intention  bien  arrdtée  de  laisser  en 
dehors  la  famille  de  Prigny,  qui,  peut-être,  eut  facilement 
élevé  quelques  prétentions  sur  Saint-Pierre,  comme  nous 
verrons  en  effet  les  abbesses  de  Ronceray  qui  succédèrent  & 
ces  ch&telains,  en  mettre  en  avant. 

Un  habitant  du  bourg  des  Moutiers  qui  lirait  ce  diplôme  le 
croirait  volontiers  de  date  récente,  avec  ces  noms  d'aires,  de 
salines  et  de  bossis. 

Les  salines  sont  connues  de  tout  le  monde,  avec  leurs 
compartiments  qui  sont  ici  nommés  des  aires,  et  souvent, 
depuis  quelque  temps,  des  œillets,  mais  les  bossis  le  sont 
moins .  Il  faut  en  avoir  vu  pour  s'en  rendre  compte.  Que  l'on 
se  figure  des  marais  coupés  très  irrégulièrement  par  de 
larges  fossés.  Les  bossis  en  sont  les  talus,  mais  avec  des 
proportions  qui  s'étendent  &  huit  ou  dix  mètres  et  plus, 
formant  des  carrés  ou  des  ellipses  plus  ou  moins  corrects. 
Chaque  année  le  curage  des  fossés  rejeté  sur  le  bossis  le 
hausse  et  l'élargit.  On  sème  sur  ce  monticule;  du  blé,  des 
fèves  et  autres  récoltes  qui  peuvent  supporter  les  brises  de 
rOcéan  et  les  rayons  d'un  soleil  sans  écran,  et  le  sol  imprégné 
d'eau  de  mer,  récoltes  moins  exigeantes  que  les  arbres,  car 
ce  pays  n'en  admet  pas.  Pour  obtenir  un  peu  de  verdure,  on 
la  demande,  de  nos  jours,  au  tamarin  et  autres  arbustes  à 
feuilles  persistantes . 

Puisque  nous  avons  parlé  de  salines,  et  que  le  texte  .repro- 
duit par  nous  fait  voir  que  l'industrie  et  le  commerce  An  sel 
était  un  des  principaux  moyen  de  vivre  du  pays  des  Moutiers, 
nous  allons  dire  ce  que  nous  savons  sur  sa  fabrication.  L'eau 
de  la  mer,  avant  d'être  reçue  dans  les  œillets,  a  besoin  de 
chauffer;  on  IdiTeçoii  donc  dans  un  premier  espace  nommé 
méiière,  et  on  l'y  relient  au  moyen  de  digues,  pour  qu'elle  ne 
suive  pas  la  marée  basse,  et  aussi  que  la  marée  haute  ne 
vienne  pas  rafraîchir  Teau  de  la  métière,  par  xm  nouveau 
contingent  prématuré.  Cette  eau  de  la  métière,  lorsqu'elle  est 
dans  les  conditions  voulue,  est  introduite  dans  un  bassin 
nommé  préxinte,  qui  entoure  le  marais  salant.  C'est  delà 


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naoNT  «T  LtS  MOfiniAS  117 

préxinte  qu'elle  entre  dans  les  œillets,  où  en  s*éyaporant,  elle 
dépose  des  cmianx  de  sel.  Le  droit  d'alimentation  des 
métières  auxétiers,  par  des  canaux,  se  nomme  vivre$.  Le  sel 
est  entassé  dans  un  espace  spécial  dit  :  le  iesselier  ou  Uuselier. 

Les  moines  de  Redon  ne  s'en  tinrent  pas  à  l'accord  que  . 
nous  venons  de  rapporter.  «  Il  arriva,  nous  apprennent-ils, 
que  les  fils  du  prêtre  Even;  Héïîon  et  Tanneguy,  pris  d'un 
zèle  divin,  vinrent  trouver  le  susdit  abbé  dans  la  ville  de 
Nantes^  au  logis  de  Main,  fils  d'Almol,  et,  comme  l'avait  fait 
leur  p&re,  de  leur  propre  gré,  ils  se  donnèrent,  avec 
leurs  biens,  à  l'abbé  Almode  de  Saint-Sauveur.  >  Cet  abbé 
gouverna  l'abbaye  de  Redon  de  1062  à  1074,  et  nous  voyons 
que  c'est  au  môme  Almode  qu'Even  avait  fait  sa  donation. 

Le  curé  des  Mouti^^rs  avait  déjà  suivi  son  jeune  flis  Haton, 
au  monastère  de  Saint-Sauveur,  et  l'aîné,  Hélion,  lui  avait 
succédé  comme  curé  de  St-Pierre.  Ce  nouveau  titulaire  était, 
comme  son  père,  pourvu  d'une  progfoiture.  Il  destinait  le 
plus  jeune  de  ses  fils,  Simon,  à  la  vie  monastique  et  le 
présenta  à  l'abbé  Almode.  II  eut  pour  témoin  de  cette 
démarche  :  le  vicomte  Judicaôl,  fils  de  DroalloI  ;  le  moine 
Gamier  ;  Justin ,  alors  laïc,  mais  plus  tard  élu  abbé  de  Redon 
«  et  notre  maire  Hàrcuid,  »  dit  le  moine  rédacteur. 

Ce  DroalloI,  dont  il  est  ici  fait  mention,  était  fils  de  Frédor, 
vicomte  du  Migron.  Le  moine  Qarnier  est  probablement  le 
premier  prieur  des  Moutiers.  Justin  qui  devint  abbé  de  Redon 
était  peut-être  de  la  famille  de  Retz,  où  son  nom,  qui  est  le 
méoie  que  Gestio,  était  très  fréquent. 

Le  curé  Hélion  eut,  à  son  tour,  le  goût  de  se  faire 
moine,  Jes  religieux  de  Redon  ne  pouvaient  voir  ce  des** 
sein  d'un  mauvais  œil.  Voici  comment  ils  nous  racontent 
ce  fait  :  «  Quelque  temps  après,  Hélion  reçut  l'habit  de  moine 
dans  notre  abbaye,  et  remplit  ainsi  sa  promesse,  tandis  que 
Tanneguy  persévéra  encore  quelque  temps  dans  sa  malice. 
Bufln,  après  des  avances  de  fonds,  à  lui  faites  par  les  moines 
de  Saint-Sauveur  il  se  livra  lui-même,  son  épouse  et  son  fils,  à 
Qoas.  Cela  ne  l'empêcha  pas,  dans  la  suite,  malgré  nos  récla- 


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mations,  d'apostasier  furtiTement.  Il  fut  alors  tonsuré  par 
les  moines  de  Vertou.  »  On  voit  que  Tapostasie  n'était  que 
relative;  les  moines  de  Vertou  trouvaient  au  contraire 
qu'il  était  dans  le  giron  de  leur  religion;  mais  le  rédacteur 
ne  ménage  pas  les  termes,  il  fallait,  d'après  lui  être  bien 
pervers  pour  préférer  le  couvent  de  Vertou  à  celui  de  Saint- 
Sauveur.  «  Cependant,  ajoute  le  narrateur,  plus  tard,  Tan- 
neguy  se  rappela  qu'il  avait  foulé  aux  pieds  sa  première 
profession  à  Saint-Sauveur,  et,  touché  de  repentir,  il  revint 
à  notre  église  et  s'y  donna  de  nouveau,  avec  tous  ses  biens, 
à  l'abbé  Justin  et  à  nous,  près  desquels,  il  finit  ses  jours  et 
reposa  dans  le  Christ....  témoins,  entre  beaucoup  d'autres; 
Bernard  fils  d'Harcuîd  et  Roger  fils  de  Dermonne.  » 
.  Cette  notice  curieuse  se  termine  par  un  passage  dont  il 
ne  nous  reste  ^^ue  quelques  mots  sans  suite.  «  Après  qu'il  se 
fut  écoulé  bien  du  temps. . .  pendant  que  Simon  filsd'Hélion, 
son  frère  Harvoide  et  Judicaël.fils  de  Tanneguy. .  •  Les  sus- 
dittes choses...  >  Malheureusement,  le  reste  manque  et  ces 
quelques  mots  n'ont  guère  que  l'avantage  de  nous  révéler  le 
nom  du  frère  de  Simon,  Harvoide  fut  peuûôtre  curé  deSaintr 
Pierre  après  son  père  Hélion. 

Nous  venons  de  voir  un  exemple  de  ce-  qup  nous  avons 
avancé,  comme  explication,  de  ces  successions  de  curés,  de 
père-en  fils.  Lorsque  Tanneguy  voulut  entrer  en  religion,  il 
mit  sa  femme  au  couvent.  Quant  au  jeune  Judicaël,  élevé  à 
'Redon,  sans  doute,  on  le  dirigea  vers  la  vie  religieuse;  mais, 
quoiqu'en  aient  dit  les  moines  de  cette  époque,  il  était  bien 
libre  d'embrasser  cette  voie  ou  d'en  prendre  une  autre,  H 
avait  sur  ce  point  des  modèles  très  nombreux. 

Ce  qui  appuie  notre  opinion  qu'Harvoide  fut  curé  de  Saint- 
Pierre,  c'est  que,  lors  du  passage  de  révoque  Benoit  (de 
i079àlll4j  au  monastère  de  Notre-Dame  de  Prigny,  il  se 
trouvait  parmi  les  assistants  un  prêtre  de  ce  nom. 

Harvoide  profitait  du  passage  àe  Tévêque  de  Nantes  pour 
irestituer  à  l'abbaye  de  Redon  des  biens  situés  à  Frossay, 
Châùvé  et' Arthon.- Le  prélat  était  entouré  d'un  nombreux 


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PRIGNY   ET   LES  MOÛTIEïlS  110 

cortège  d'ecclésiastiques  et  de  laïcs.  Parmi  les  premiers  : 
Varchidiacre  Rivallon  ;  les  doyens  Mainfride  et  Thibaud  ; 
Justin,  abbé  de  Redon  (1092-1104).  Parmi  les  seconds:  Guef- 
fier  de  Prigny  et  ses  chevaliers,  Bocell  et  Karbonell  le  Vi- 
guier;  en  outre,  les  religieuses  Adénor,  Amabile  et  Ameline. 
La  date  est  du  17  juillet  1104.  —  Lune  10%  férié  5%  épacte  11% 
indiction  3^,  sous  le  pape  Pascal,  leroi  Philippe,  les  comtes 
de  Bretagne  Alain  et  Mathias.  —  Or,  Tindiction  3*  va  du  1" 
septembre  1094  au  1^' septembre  1096.  L'an.  1104  correspond 
àî'indiction  12«.  Est-ce  le  quantième  de  Tannée  qui  est  faux, 

est-ce  rindiction? ; 

Comme  le  pape  Pascal  II,  ici  nomméPascase,  ne  fut  nommé 
qu'en  1099,  qu^  nous  savons  d*un  autre  côté  que  Tabbé  Jus- 
tin et  le  comte  Mathias  moururent  en  1104  ;  il  faut  chercher 
la  vraie  date  entre  1099  et  1104,  probablement  il  faut  môme 
retenir  l'année  1104,  un  copiste  a  pu  changer  XII  en  III. 

Il  résulte  de  tout  ce  qui  précède  que  le  curé  de  Saint-Pierre 
du  ftitubourg  de  Prigny,  aujourd'hui  connu  sous  le  nom  de 
Bourg  des  Moutiers,  en  se  donnant  &  l'abbaye  de  Redon, 
crut  aussi  pouvoir  donner  à  ce  monastère  l'église  de  Saint- 
Pierre  qu'il  desservait.  Comme  cet  ecclésiastique  était  riche 
et  possédait  dans  les  environs  d'assez  vastes  dépendances, 
il  les  donna  toutes  à  Saint-Sauveur.,  Sies  OU  on  firent  autant, 
et  ce  sont  les  biens  de  cette  famille,  qui  ont.  formé  le  gros  du 
temporel  du  Prieuré  des  moines  de  Redoq,  aux  Moutiers. 
Nous  sommes  convaincu  que  le  bon  Even  o'avait  pas  hésité 
à  confondre  la  cure  et  ses  biens,  avec  son  propre  patrimoine, 
et  que  révoque  Quiriac,  eut  au  sujet  de  Saint-Pierre  des  ré- 
damations  à  faire  dans  le  genre  de  celles  qu'il  fit^pour  le 
prieuré  de  Notre-Dame.  Mais  il  dut  être  beaucoup  plus  em- 
barrassé alors,  grâce  aux  égards  qu*il  jugeait  à  propos  d'avoir 
pour  les  moines  de  Saint-Sauveur  de  Redon.  Nous  essaierons 
plus  tard  de  démêler  ce  q\ii  dut  se  passer  pour  cette  affaire, 
Vouten  établissant  qu'il  y  eut,  dès  ce  moment,  une  cure  Saint- 
Pierre  et  un  prieuréde  Saint-Pierre,  les  deux  desservis  dans  la 
môffle•^Jisa,^  peut-être  môme,  dans  las  premiers  temps,  les 


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120  PRIONY  ET  LES   MOÛTUSRS 

moines  du  prieuré  furent-ils  les  desservants  de  la  cure?  En 
tout  cas,  ce  partage  ne  dut  pas  plaire  aux  moines  de  Redon, 
qui  n*entretinrent  pas  longtemps  des  religieux  au  bourg  des 
Mouliers.  Cependant,  il  y  en  eut  pendant  un  certain  temps, 
et  ce  fut  ce  rapprochement  des  deux  prieurés,  de  Notre-Dame 
et  de  Saint-Pierre  qui  fit  donner  au  faubourg  de  Prigny  le 
nom  de  Bourg  des  Moutiers,  sous  lequel  il  fut  connu  depuis. 
Resterait  bien  une  question,  celle  que  nous  avons  laissé  en- 
trevoir! Le  domaine  affecté  aux  moines  de  Redon  ne  relevait 
pas  des  seigneurs  de  Prigny,  il  pourrait  s'ensuivre  que  le 
fief  de  Prigny,  et  par  conséquent  le  faubourg  de  ce  nom,  se 
terminait  à  Tenceinte  du  prieuré  de  Notre-Dame,  autrement 
dit  h  la  rue  principale  actuelle,  celle  qui  passe  devant  la 
grande  porte  de  Saint-Pierre.  Alors,  il  faudrait  prendre  le 
prieuré,  et  surtout  ses  dépendances,  dans  la  direction  de 
la  Sennetière.  Les  Prés  des  Bosses,  ainsi  que  la  Traite  des 
Bosses^  noms  qui  se  sont  conservés  jusqu'ici,  et  rappelleraient 
les  bossis  données  par  le  curé  Even  aux  moines  de  Redon. 
Gela  ne  nous  étonnerait  pas  ;  l'antiquité  se  respire  à  pleins 
poumons  à  Prigny  et  aux  Moutiers^  pour  quiconque  en  a  le 
flair.  Cela  nous  rappelle  que,  la  première  fois  que  nous  al- 
lâmes aux  Moutiers,  mort  de  faim,  après  une  excursion  qui 
avait  été  notre  but  principal,  il  fallut  bien  songer  aux  condi- 
tions ordinaires  de  l'humanité,  et  chercher  une   réfection 
chez  les  indigènes.  Un  peu  au-dessus  de  l'église,  pendait  une 
enseigne  ;  nous  entrons.  Que  fut  le  dîner?  Dieu  le  sait,  mais 
le  maître  d'hôtel  fut  surtout  de  notre  goût.  Il  est  mort  depuis, 
mais  quel  plaisir  il  nous  fit.  Enthousiaste  de  son  pays^  il  ne 
parlait  de  Prigny  qu'avec  la  conviction  la  plus  entière,  on 
sentait  qu'il  résumait  toutes  ses  antiques  grandeurs  dans  ces 
mots  :  «  Prigny  était  autrefois  une  grande  ville.  »  Toutes  les 
veillées  des  chaumières  depuis  le  dixième  siècle  étaient  là. 
Que  n'a-t-on  laissé  ces  braves  gens  à  leurs  légendes,  au- 
jourd'hui la  vérité  s'en  échapperait  beaucoup  plus  facilement 
que  des  fables  de  l'Egypte  et  de  la  Orèce. 

(Là  iuUe  prôùhmnêmeni.J  Abb^  ÀLi«Àmo. 


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LES    VITREENS 


ET 


LE  COMMERCE  INTERNATIONAL 
(SuiUJ 


APRÈS  force  labeurs  virilement  entrepris  et  prudemment 
conduits  à  bonne  fin,  toujours  confiants  en  leur  étoile, 
Stella  duce,  nos  Vitréens  reprenaient  le  chemin  de  Bre- 
tagne. Avec  quelle  joie  ils  étaient  accueillis  !  Sitôt  que  les  na- 
vires bretons  entraient  en  rade  de  Sainl-Malo,  un  exprès 
courait  àVitré  porter  l'heureuse  nouvelle.  Pour  récompenser  sa 
promptitude,  le  prévost  de  TAnnonciation  tirait  de  son  coiTre 
quelque  bonne  monnaie  et  notait  sur  son  registre  un  retour  si 
intéressant  pour  la  cité  et  le  pays  environnant*;  car  enfin,  avec 
les  ducats  de  Flandre,  on  achèterait  de  nouvelles  toiles,  les  la- 
boureurs écouleraient  leurs  chanvres  et  le  tisserand  sûr  de  ne 
pas  chômer,  lancerait  joyeusement  sa  navette.  De  leur  côté, 
nos  marchands,  accommodés  de  beaux   profits,  vont  faire 
construire  de  solides  et  curieuses  demeures,  si  solides  qu'au 
bout  de  quatre  siècles  elles  auront  encore  la  vie  dure  :  cu- 
rieuses, par  leur  variété,  leur  relief  et,  comme  telles,  destinées 
à  faire  les  délices  des  archéologues  et  des  artistes  de  tous  les 
pays. 

Ces  gens  du  quinzième  et  du  seizième  siècle  savent  s'unir. 
Nous  l'avons  prouvé  ;  mais  comme  ils  sont,  en  même  temps, 

*  Extrait  du  compte  d'André  Le  ttoyer,  prévost  pour  rannée  1476-77. 
T.    VX.    NOTICBS.   —    VI*   ANNÉE,    1"   UV.  9 


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122  LES   VITRÊENS 

libres  d'allures  et  jaloux  d'accuser  fortement  leur  individua- 
lité. Regardez  leurs  logis.  Ici,  vous  trouverez  les  porches,    les 
auvents,    les    encorbellements  à  moulures   profondes,     les 
pignons  aigus  ;  là,  les  tourelles  rondes  ou  carrées,  ou    poly- 
gonales, coiffées  en  pyramides  ou  en  poivrières.  Voici  ailleurs 
les  épais  montants  de  bois  et  autres  pièces  d'assemblagre  tout 
couverts  d'imbrications  et  terminées  par  des  figures  humaines 
pleines  de  mouvement  et  d'expression*.  Celui-ci  a  fait  sculpter 
sur  les  poutres  d'une  façade  ce  souhait  de  bonheur  :  «  Pcuc 
huic  domui  et  habitantibus  in  eê?  ;  »  celui-là  a  voulu,  sur    le 
linteau  de  sa  porte,  sa  marque  de  marchand  d'outre-mer  ;  cet 
autre  placera  dans  un  gracieux  abri  la  statue  de  sa  dame  et 
constante  protectrice,  la  douce  Vierge  Marie*. 

Donc,  quand  fleurit  le  commerce  international^  tout  prospère 
à  Vitré.  Si  c'est  chose  avérée,  demandez-le  aux  plombiers  qui 
martèlent  et  soudent  ces  élégants  épis  pour  couronner  lucarnes 
et  tourelles,  ces  fantastiques  gargouilles  pour  terminer  les 
larges  cheneaux*.  Interrogez  encore  ces  ymaigiers*  évidant 


*  Maison  située  rue  Baudrairie,  portant  le  n®  23. 

>  Maison  sise  dans  la  me  de  la  Porte-d*en-bas. 

s  Voir  dans  la  rue  Saint^Louis,  autrefois,  rue  du  Vieil-Bourg,  Phdtel  portant 
le  n*  29.  Il  était,  en  1850,  la  propriété  de  Charles  Hardy  de  Beauvais,  ancien 
maire  de  la  ville  de  Vitré. 

*  Ces  gargouilles  sont  citées  et  dessinées  dans  le  Dictionnaire  d'architecture 
de  VioUet-le-Duc.  L*hôtel  qu'elles  décorent  se  volt  rue  Notre-Dame,  n»  13.  U 
était  également,  la  propriété  des  Hardy  et  fut  vendu  par  eux  à.  leur  parente 
M^is  du  Velaer,  qui  le  donna  aux  sœurs  de  Charité. 

'  Plusieurs  de  ces  artistes  sont  nommés  dans  les  registres  p.  ^.ssiaux. 
Entre  tous,  nous  distinguerons  les  Bonnecamp,  vraie  dynastie  de  sculpteurs 
et  de  peintres.  André  Bonnecamp,  ymagier,  décédé  à  Vitré  en  1615.  H  eut 
de  Jacquine  Coullon  :  André  —  Mathurin  —  Nicolas  —  Gillette  —  Anne  — 
Jeanne  —  Jacquinne— Jean—  Perrine—  Guyonne  —  Thiennette  Hs  ont,  pour 
parrains  et  marraines,  les  Guillaudeu,  Becheu,le  Moyne.de  Gennes,Chevallerie. 
L*un  deux,  Mathurin,  né  le  22  juin  1590,  fut  employé  à  la  décoration  du 
grand  autel  de  Notre-Dame  dont  la  première  pierre  fut  placée  Tan  1625,  par 
noble  Isaac  Hay,  seigneur  de  la  Goderie.  Le  même  Mathurin  fut  mandé  à 
Nantes  pour  faire  le  portrait  d'André  Dubot,  maire  de  cette  ville.  (Livre  doré 
de  la  ville  de  Nantes.)  Bonnecamp  quitta  Vitré  pour  Le  Mans,  où  il  peignit 


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ET  LE   COMMERCE   INTERNATIONAL  123 

avec  tant  d'art  portes,  bahuts,  dressoirs,  et  ceux  qui  décou- 
pent, fleuronnent  et  cisèlent  le  fer.  Ils  y  mettent  le  temps, 
mais  en  revanche,  quels  travaux  soldés  !  Jugez-en  par  cette 
description  ;  Elle  n'est  pas  de  nous  et  n'en  vaut  que  mieux  : 
«  Dans  la  rue  Poterie,  celle  de  tout  Vitré  où  la  physionomie 
dumuyen-âge  s'accuse  davantage,   la  maison  n°  30  recelait 
naguère  un  vrai  trésor  :  une  admirable  cheminée  en  pierre 
finement  sculptée.  Au  centre  du  vaste  manteau,  un  écusson 
entouré  d'une   guirlande  de  feuillages  soutenue  par  deux 
femmes  ou  plutôt  par  deux  génies  ailés.  De  chaque  côté,  deux 
bustes  en  haut  relief  représentant  le  maître  du  logis,  Lucas 
Royeret  sa  femme,  Françoise  Gouverneur  dont  les  noms  sont 
écrits  au-dessous  de  chaque  médaillon  ;  au-dessus,  une  cor- 
niche puis  une  frise  portée  par  des  cariatides.  Au  milieu  de 
la  corniche,  cette  inscription  :  «  Pax  huic  domui.  » 

Cette  cheminée  ornait  une  grande  salle  très  haute  d'étage 
et  éclairée  au  levant  par  deux  larges  fenêtres  garnies  de  pan- 
neaux en  verre  blanc,  au  milieu  desquels  se  détachaient  de 
petits  compartiments  coloriés,  véritables  miniatures  repré- 
sentant de  fraîches  perspectives. 

Lucas  Royer,  et  Françoise  Gouverneur  appartenaient  à  de 
vieilles  et  notables  familles  vitréennes  qui,  durant  les  quin- 
zième et  seizième  siècles,  avaient  fourni  plusieurs  prévosts  à 


°^nts  tableaux.  (Rev,  Arch,  du  Maine,  t.  xviii,  p.  70),  art. signé  :  Trioir) 

«  Le  sieur  Bonnecamps  s'auctorise 
Dédire  que  Dieu    faTorîse 
Notre  humanité  fragile, 
Et  qu'il  veut   en  Part   de   peinture 
Et  le  sieur  Oyau   par  sculpture 
Crayonner  son    humanité.  » 

.    3onnecamp,  médecin  à  Vannes,  publia  à  Vannes,  chez  OuiUaume  Le 

imprimeur  des  RR.  PP.  Jésuites,  un  livre  de  sonnets  sur  les  princi- 

mvstères  de  la  naissance,   de  la  vie,  de  la  mort  et  de  la  résurrection 

r  Fils  de  Dieu*   (Voir  Rev,  de  Bret,  aifnée   1885,  art.    signé  :   A.  db  la 


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124  LES   VITRÉKNS 

la  confrérie  des  marchands  d'outre-mer*.  A  voir  cette  façon 
d'orner  leur  intérieur,  on  peut  présumer  qu'eux  aussi  avaient 
dans  leurs  bahuts  historiés,  joyaux,  fourrures,  robes  de 
velours,  pourpoincts  de  toiles  d'or  et  d'argent,  et  Ton  songe 
tout  naturellement  au  plaisant  propos  prêté  au  bon  Henri 
entrant  à  Notre-Dame  le  16  may  1598,  escorté  d'une  foule  de 
ces  Vitréens  superbement  accoustrés  et  de  mine  quelque  peu 
glorieuse  :  «  Ventre-saint-Gris^  si  je  n'étais  Roi  de  France,  je 
voudrais  être  bourgeois  de  Vitré.  » 

Mais  ce  sont  là  choses  et  gens  du  seizième  siècle,  entrons 
chez  un  marchand  du  quinzième.  11  a,  près  notre-Dame', 
pignon  sur  rue  Le  rez-de-chaussée  de  sa  demeure  comprend 
uniquement  l'appartement  où  il  trafique  et  une  porte  ouverte 
sur  un  sombre  corridor  que  nous  enfilerons,  s'il  vous  plaît.  A 
son  extrémité,  nous  passons  sous  un  escalier  de  bois  déve- 
loppé en  spirale  et  nous  voici  en  pleine  lumière,  dans  une 
sorte  d'atrium  où  s'entassent,  d'une  part,  les  toiles  destinées 
à  l'exportation  ;  d'autre  part,  les  retours  de  Flandre  ou 
d'Espagne  :  c'est  l'entrepôt.  Il  est  compris  entre  les  apparte- 
ments donnant  au  nord  sur  la  rue  et  un  corps  de  logis  dont 
vous  admirerez  les  grès  soigneusement  échantillonnés  ;  la 
porte  aux  montants  garnis  de  nervures,  à  l'arc  Tudor,  orné  de 
feuillages  habilement  découpés  et  contournés'.  Avant  d'en 
franchir  le  seuil,  faites  volte-face  :  l'escalier  sous  lequel  nous 
passions  tout-à-l'heure  vous   apparaîtra  avec  ses  courbes 

«  Cinq  Le  Royer  furent  prévosts  de  la  confrérie  des  marchands  d*outre-mer 
savoir  :  André  dont  nous  avons  cité  le  compte  ,  Jehan,  autre  André, 
Jehan  lesOurmeaulx,  autre  Jean  ;  ce  dernier  avait  succédé  à  Gilles  Besnardai 
BiUonnière  (1635)  et  eut  pour  successeur  Alphonse  Le  Corvaisier  des  Echelles, 
^ehan  Le  Gouverneur  pour  Tannée  1523,  Pierre  Le  Gouverneur  pour  1543. 
Richard  Le  Gouverneur  pour  1553,  furent  également  prévosts  de  ladite  con- 
frérie. La  belle  cheminée  des  Le  Royer  et  Gouverneur  ne  se  voit  plus  à  Vitré, 
elle  est  la  propriété  d*un  amateur  de  Laval.  M.  de  la  Broise,  croyons-nous. 

3  EUe  porte  le  n*  7.  La  façade  de  cette  maison  a  été  reconstruite  et  n*offre 
plus  d*intérét. 

t  On  peut  encore  admirer  cette  beUe  porte.  Son  archivolte,  dit  M.  Tabbé 
Paris-Jallobert,  offre  la  tentation  d'Adam  et  d'Eve.  (Excursion  archéologique 
du  Congrès  dans  le  ville  de  Vitré,  1876. 


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ET  LE  COMMERCE  INTERNATIONAL  125 

élégantes,  sa  rampe  à  pans  coupés,  ses  sveltes  supports,  son 
emmarchement  dissimulé  par  des  panneaux  fouillés  où  les 
ceps  de  vignes  chargés  de  leurs  grappes^  les  feuilles  de 
chardon  s*enrouIent,  s^étalent  et  accompagnent  Técusson  qui 
porte  la  marque  du  maître*.  Montant  ou  descendant  cet 
escalier,  celui-ci  pouvait,  d'un  coup  d'œil,  embrasser  tout  ce 
qui  se  passait  dans  l'entrepôt  et  donner  des  ordres  en  consé- 
quence. Il  pouvait  encore  mieux  exercer  sa  surveillance  du 
haut  des  paliers  établis  le  long  des  parois  est  et  ouest,  véri- 
tables galeries  dont  les  appuis-main  portaient  soit  sur  des 
balustres,  soit  sur  des  panneaux  couverts  par  le  sculpteur 
d'étoffes  gracieusement  pliées  et  repliées*.  N'est-ce  pas  le  lieu 
ou  jamais  de  répondre  à  ces  deux  questions  :  Aux  époques  de 
prospérité  quelles  quantités  de  toiles  pouvaient,  chaque  année, 
sortir  d'un  pareil  entrepôt  ?  A  quel  chiffre  s'élevait  annuelle- 
ment le  total  de  l'exportation  vitréenne?Il  doit  vous  souvenir, 
lecteur,  que  les  prévostsde  la  confrérie  des  marchands 
d'outre-mer  percevaient,  sur  chaque  fardeau  de  toile  expédié 
en  pays  étranger,  certaine  somme  de  deniers.  Partant,  pour 
opérer  leur  recette,  ils  se  trouvaient  obligés  de  noter  exacte- 
ment les  charges  exportées  par  chacun  des  confrères.  Ouvrons 
donc  leur  livre  de  comptes,  assurés  que  nous  sommes  d'y 
puiser  les  renseignements  qui  nous  intéressent.  Pour  un 
motif  personnel  parfaitement  avouable,  nous  choisirons  le 
compte  d'un  marchand  entré  dans  la  confrérie  l'an  1573.  Ils 
étaient  nombreux  les  aggrégés  de  cette  année  ;  voici  leurs 
noms.  C'est  une  longue  nomenclature  qu'il  faut  subir  pour  se 
figurer  l'empressement  des  Vitréens  à  devenir  membres  delà 
dévote  association.  Vous  mettrez  à  l'écouter,  lecteur,  votre 
coutumière  bonne  grâce. 


f  Les  débris  de  cet  escalier  se  Toient  au  musée  archéologique  de  la  ville  de 

Vitré.  Il  a  été  dessiné  à  diverses  reprises  et  reproduit  dans  plusieurs  Revues. 

>  Ces  panneaux  sont  en  partie  conservés  au  musée  archéologique  de  Vitré. 

L'entrepôt  dont  nous  parlons  a  disparu.  l\  est  remplacé  par  une  cour  inté- 

îienre. 


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126  LES  VITRÉENS 

Jean  Nouail,  étant  prévost,  furent  reçus  et  enregistrés  au 
dit  an  1573  :  Guy  Geffrard*  —  René  Morel  —  Pierre  Guillandeu 

—  Michel  Nouail  —  René  Marays  —  Guillaume  de  Gennes* 

—  Jean  Le  Moyne  Breardière  —  Michel  Le  Moyne  —  Ploridas 
Le  Moyne  —  Jean  Geffrard  —  Jacques  Guy  —  Marceau  Ron- 
ceray  —  Pierre  Clyneau*  —  Jean  Le  Royer  —  Pierre  Prain  et 
femme*  — Etienne  Lambaré  et  femme*  —  Joachim  Le  Gocq  et 
femme  — ■  Jeati  Herauldière  et  femme  —  Georges  Seré*  et 
femme  --  François  Billon  et  femme'  —  Guion  Le  Couvreulx 
et  femme  —  Jiilian  de  Gennes  et  femme  —  Mathurin  Ronce- 
ray  et  femme  —  Julian  Le  Gocq  et  femme  — Pierre  Ribretière  - 
et  femme  —  Jacques  Jolais  et  femme. 

*  Guy  Geffrard  de  LentiUere,  Tun  des  principaux  ligueurs  de  Vitré  ran- 
çonnés par  Montmartin  en  1574  (voir  dans  le  Jowmal  historique  de  VUré^ 
p.  35.  Prise  de  Vitré  par  les  huguenots). 

*  Guillaume  de  Gennes  de  la  Cordionnais,  fils  de  Guillaume  et  de  Gilette 
Le  Gouverneur.  Il  avait  épousé  Jeanne  Nouail.  U  est  actuellement  repré- 
senté par  M.  Félix  de  Gennes,  maire  de  la  Chapelle-Erbrée,  près  Vitré. 

«  Pierre  Clyneau,  sieur  de  Droigné.fut  Prévost  de  la  confrérie  pour  Tannée 
1598  et  député  aux  Etats  de  Bretagne  tenus  à  Rennes  en  1595.  Sa  fille  Mathu- 
rine  Clyneau,  épousa  Estienne  Frain  de  la  Poultière. 

*  Pierre  Frain  de  la  Poultière,  mari  de  Julienne  Lambaré  etpèred*Etienne« 
fut  chassé  de  Vitré  par  les  huguenots  en  1589,  s'en  fut  à  Rennes  demander  du 
secours,  et  obtint  une  sauvegarde  du  duc  de  Mercœur  en  1597.  Il  est  de  nos 
jours  représenté  h  Vitré  par  M.  Edouard-Paul-Joseph  Frain  de  la  Gaulayrie. 

*  Etienne  Lambaré,  beau-frère  de  Pierre  Frain,  fit  société  de  commerce  avec 
son  gendre  Michel  Le  Bigot  de  Montlevrier.  Il  compte,  parmi  ses  petites* 
filles,  Jeanne-Marie  Guillaudeu  de  laLouvelais,  mariée  au  Président  de  Langle 
représenté  de  nos  jours  par  le  comte  Augustin  et  le  vicomte  Alphonse  de 
Langle.  (Voir  Mémoire  généalogique,  p.  40  et  dans  nos  tableaux  généalogi- 
ques en  cours  de  publication,  le  tableau  VI.) 

*  Marié  à  Jeanne  Le  Clavier;  de  lui  descendent  les  Seré  de  Lorviniere,  du 
Mesnil  et  de  la  Fleuryais,  de  la  Pasquerie,  de  la  Villemartere  et  de  Rieux. 
La  branche  de  Lorviniere  s'est  fondue  dans  de  Robien,  de  Guehenneuc  de 
Boishue,  Le  Noir  de  Garlan.  La  branche  de  la  Fleuryais,  du  Mesnil  et  du  Teil 
8*est  alliée  aux  Charil,  Frain,  de  Gennes,  Malherbe,  Langle  de  la  Gail- 
lardière,  de  la  Porte,  etc.  Elle  est  représentée  dans  le  Finistère  par  M.  Vin- 
cent Seré,  arrière  petit-fils  de  Gilles-Joseph  Seré,  marié  èi  d»«  de  Crec'herault. 
Les  Pasquerie  de  la  Villemarterre  et  de  Rieux  se  fixèrent  à  St-Malo  et  ont 
produit  J.  Seré,  maître  aux  Comptes,  des  secrétaires  du  Roi,  un  Conseiller  au 
Parlement  de  Paris,  un  lieutenant  aux  gardes  françaises,  un  mestre  de  camp 
de  cavalerie,  un  chevalier  de  St-Louis,  etc. 

'  François  Billon  avait  épousé  Etiennette  Séré,  sœur  de  Georges. 


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150  fardeaux 

45.000 

id. 

62      id. 

18.600 

id. 

50      id. 

15.000 

id. 

90      id. 

27.000 

id. 

120      id. 

Ses 

36.000 
156.400  a 

id. 

innei 

KT  LE  COMMERCE  INTERNATIONAL  127 

Eh  bien,ran  de  ces  dévots  et  entreprenants  expédie,  en  1575, 
quarante-six  fardeaux,  à  trois  cents  aunes  le  fardeau, 
soit 13.800  aunes. 

En  1577 

En  1578 

En  1579 

En  1580 

En  1586 


Soit  une  moyenne  annuelle  de  vingt-cinq  mille  neuf  cents 
aunes. 

Du  particulier,  passons  au  général,  et  cédons  la  parole  à  qui 
de  droit.  De  1570  à  1575,  écrit  M.  de  la  Borderie,  la  moyenne 
annuelle  de  l'exportation  vilréenne  est  de  sept  cent  vingt-trois 
xnillesix  cent  soixante-deux  aunes;  de  1575  à  1580,  elle  monte 
A  un  million  cent  cinquante-deux  mille  huit  cent  quatre-vingt- 
dix  aunes.  Pour  l'année  1586  seulement,  elle  atteint  un  million 
cinq  cent  quarante-cinq  mille  quatre  cents  aunes* . 

Il  s^agirait  maintenant  de  savoir  le  prix  de  Taune  à  Vitré. 
Là-dessus,  faute  de  documents,  nous  serons  muet  ;  mais  à 
l'aide  d'un  compte  rédigé  en  langue  espagnole  vers  la  fin  du 
XVI'  siècle,  nous  essaierons  de  déterminer  le  prix  de  vente 
en  pays  étranger. 

«  Diesy  seis  varasde  Vitré,  a  60  maravedis  la  vara  monta 
28  reaies.  » 

Cinq  pieds  cinq  pouces,  six  lignes  faisaient  la  vare.  L'aune 
de  Bretagne  étant  de  50  pouces  ;  16  vares  représentaient  vingt 
aunes  et  quelques  lignes.  Les  vingt-huit  réaux  comptés  pour 
prix  des  16  vares  de  Vitré  sont  réaux  de  vellon*. 

*  Le  Calritu'sme  à  Vitré,  chapitre  X.  Influence  du  mouvement  calviniste 
sur  la  prospérité  de  ]a  ville  de  Vitré. 

*  Reale  de  vellon.  Ce  n'est  en  Espagne  qu'une  monnaie  de  compte  comme 
en  France  ia  livre  ou  le  franc.  Il  faut  quinze  réaies  de  vellon  pour  faire  la 
piutre  de  Plata  ou  d'argent,  en  sorte  que  la  piastre  étant  à  soixante  sols  de 
France  ia  rëaJe  de  vellon  ne  vaut  que  quatre  sols  de  la  môme  monnaie. 
(dietiûnnaire  universel  de  commerce,  par  Jacques  Savary). 


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128  LES   VITRÉENS 

Il  en  faut  quinze  pour  faire  la  piastre;  laquelle  vaut  soixante 
sols  de  monnaie  française;  nos  vingl-huit  réaux  représentent 
donc  cinq  livres  12  sols.  Cette  somme  divisée  par  vingt  donne 
le  prix  de  l'aune  savoir:  cinq  sous,  cinq  deniers*.  Admettez  que 
le  total  de  l'exportation,  en  1586,  se  soit  vendu  sur  ce  pied, 
vous  obtenez  pour  1,445,400  aunes,  quatre  cent  vingt-quatre 
mille  neuf  cent  quatre-vingt-cinq  livres;  or,  la  livre  en  1586, 
valait  trois  francs  quatre  vingt-trois  centimes',  ce  qui  donne, 
comme  valeur  inirinsèque  de  l'exportation,  wn  million  six  cent 
vingt-sept  mille  six  cent  quatre-vingt-douze  francs.  Désirez- 
vous  connaître  la  valeur  comparative?  —  Quadruplez,  c'est  le 
moins  que  vous  devrez  faire. 

Ces  beaux  calculs  sont  probants  pour  cannevas  de  Vitré. 
Remarquez  toutefois  que  l'entrepôt  d'unVitréen  contient  bien 
d'autres  toiles:  ballots  de  Laval,  de  Rouen,  de  Navalles. 
«  Iten  ciento  y  noventa  varas  de  naval  non  batido  a  dos 
reaies  y  très  quartillos  vara,  monta  523  reaies'  »  qui  font  trente 
quatre  piastres  ou,  en  monnaie  de  France  :  cent  quatre  livres 
douze  sous.  190  vares  représentant  247  aunes  de  Bretagne, 
Taune  de  navales  se  vendait  en  Espagne  de  huit  à  neuf  sous, 
le  double  à  peu  près  des  toiles  de  Vitré 

Assez  de  chiffres  pour  l'heure  ;  et  gagnons,  s'il  vous  plaît, 
cette  belle  porte  que  nous  avons  remarquée  dès  l'abord. 
Mystérieusement  et  à  la  reculée,  comme  disaient  nos  pères, 
elle  ouvre  en  un  magnifique  appartement  digne  d'une  demeure 
seigneuriale.  Dans  l'entrepôt,  nous  étions  au  centre  de 
l'activité  du  marchand  vitréen.  Ici,  nous  sommes  dans  le  lieu 
de  son  repos.  Aussi  s'est-il  appliqué  à  l'orner  au  gré  de  son 
humeur.  La  cheminée  est  solide,  de  proportions  heureuses, 
mais  sans  luxe  d'ornementation.  C'est  au-dessus  de  vos  têtes 


*  A  saToir  si  ces  16  vares  de  Vitré  se  sont  vendues  à  une  époque  de  hausse 
ou  de  baisse  7  ^  En  1636,  40  ans  environ  après  Tarrôté  de  compte  ci-dessus, 
Taune  de  canevas  était  estimée  dix  sols.  (Inventaire  de  Jean   le  Fort). 
»  Voir  Cheruel  Dictionnaire  des  Institutions  de  France, 
»  Extrait  d*un  compte  de  la  fin  du  XVI*  siècle,  signé  :  Estbvan  Frain, 


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ET  LE  COMIffKHCE  INTEBNATIONAL  1?9 

cfu'îl  faut  admirer  :  chaque  poutre,  chaque  soliveau  du  plafond 
est  de  main  d'ouvrier.  Sous  des  moulures  profondes  et  va- 
riées, Taspect    massif  et  anguleux  de  ces  pièces  de  bois 
dispai^tt.  Ainsi  parées  et  allégées  comme  carènes  de  navire, 
elles  témoignent  et  de  l'habileté  du  constructeur  et  de  Texcel- 
lence  des  matériaux  employésV  Au  lieu  du  badigeon  qui  les 
recouvre,  supposez-les  polychromées  avec  art  ;  imaginez  les 
liantes  lisses  appendues  aux  murailles  ;  autour  de  Tàpparte- 
xnetit,  les  meubles  à  grand  effet  :  lits  à  colonnes,  dressoirs, 
cofli'es garnis  à  profusion  de  clous  en  cuivre  formant  entrelacs, 
45ou.roûnes,  corbeilles  et  fleurs  de  lys*.  Jetez  et  embrasez  dans 
Vâtre  un  faix  de  bois  de  hôtre  et,  avec  nous,  vous  jugerez  que 
là,  entre  amis,  femmes  et  enfants,aprL'S  avoir  besogné  tout  le 
jour,  il  faitbon  deviser  touchant  les  diverses  fortunes  courues 
sur  terre  et  sur  mer. 

Prain. 
(La  suite  prochainement.) 


s  Cette  salle  a  conserTé  son  YÎeil  aspect. 

*  L'inreotaire  de  Jean  Li  Port  des  Longrais  marié  en  premières  noces  à 
Julienne  de  Montalembert,  en  secondes  noces  à  Gilette  Le  Faucheur,  men- 
tionne plusieurs  de  ces  coffres  dits  :  «  garde-robes  de  Flandres  couvertes  de 
cuir  doré  arec  leurs  soubassements  de  noyer  à  godrons.  »  Le  même  inven- 
taire nous  montre  entassés  dans  ces  coffres,  pourpoincts  de  satin,  noir,  de 
satin  blanc,  haut  de  chausses  de  velours  à  fleurs  noires  :  manteaux  de  drap 
d'Espagne,  etc.,  puis  pour  garnir  les  lits  :  ciels  brodés  avec  les  rideaux 
d'ëtamine  verte  à  grands  luissans   et  crespine  de  soie  verte. 

Ce  Jean  Le  Fort  fut  le  père  du  Jésuite  Pierre  Le  Fort  recteur  du  collège 
Heari  IV  à  La  Flèche  de  1079  à  1683.  mort  à  Paris  en  1718  âgé  de  90  ans. 
(Ze  Collège  Henri  IV ^  par  de  Rochemonteix  t.  i,  p.  212.) 


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*J    ^  ëjfjPMWfr^^^  ^Jm^^HLei''f ^^^«ï^^^SâKw'*  «t^ 


UN  ABBÉ  DE  SAINT-AUBK  -  D'ANGERS 

(LE   CARDINAL  DE  DENONVILLE) 
(1493-1 540') 


Nous  touchons  à  Theure  où  Charles  de  Hémart  parvient 
au  point  culminant  de  sa  destinée. 
Le  roi  François  I",  dont  Testime  et  Taffection  pour 
son  ambassadeur,  n'avait  fait  que  s'accroître  en  raison  des 
services  qu'il  rendait  à  sa  politique  en  Italie,  avait  déjà 
récompensé  Charles  par  une  pension  payée  sur  la  cassette 
royale  :  nous  ignorons  à  combien  se  montait  cette  pension, 
mais  les  gratifications  de  cette  nature  étaient  ordinaire- 
ment de  2  ou  3,000  livres  par  an. 

De  plus,  le  Roi  avait  autorisé  l'évôqiie de  Mâcon  à  vendre  sa 
charge  de  conseiller  au  Grand-Conseil,  devenue  inutiledepuis 
que  le  prélat,  séjournant  à  Rome,  ne  siégeait  plus  dans  ce 
tribunal  de  haute  magistrature.  Elle  fut  acquise  en  décembre 
1536  par  Messire  Charles  de  la  Rue',  au  prix  de  7,000  Iv. 

*  Voir  la  liTraison  de  décembre  1889. 

*  Prieur  de  MondouviUe. 


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TJN  ABBÉ   DE   SAINT- AUBIN  d' ANGERS  131 

I^'évfique  de  Mâcon  se  plairgnart  souvent  que  les  émolu- 
ments de  sa  charge  d'ambassadeur,  —  montant  à  7,300  livres 
par  an  —  lui  suffisaient  à  peine  à  représenter  dignement  la 
France  à  Rome^  oh  la  dépense  était  grande  alors,  car  Rome 
était  à  cette  époque  le  centre  de   la  civilisation  européenne^ 
le  milieu  où  convergeait  tout  ce  qu'il  y  avait  de  riche  et  de 
g-ran*'  ians  le  vieux  monde.  Dans  une  de  ses' lettres  à  Mont- 
morency, il  lui  démontrait  qu'il  jouissait  à  peine  de  10,000 
livres  de  revenu  et  qu'il,  avait  des  dettes.  Il  avouait  quelque- 
fois confidentiellemeLt/  au    Gcrand-Maitre  qu'on  le  laissait 
mourir  de  faim,  —  les  annuités  de  son  traitement  étant  tou- 
jours six  mois  en  retard,  —  et  qu'il  ne  trouvait  plus  de  crédit 
chez  les  marchands  d'^  Rome.  Il  le  suppliait,  en  conséquence, 
de  ne  rien  négliger  à  .  on  proJ9t  auprès  du  Roi  pour  obtenir 
quelques  nouveaux  bénéfices.  C'est  alors  que,  sur  la  propo- 
sition du  gouvernement  français,  Tévêque  fut  nommé  dans 
Tété  de  1535,  comme  nous  l'avons  dit,  abbé  de  Saint* Aubin 
d'Angers,  maison  dont  la  manse  abbatiale  pouvait  bien  valoir 
de  S  à  10,000  francs  de  rente.  Peu  après,  une  autre  abbaye  de 
moindre  valeur,  celle  de  Blanche-Couronne,  près  Savenay, 
au  diocèse  de  Nantes,  lui  avait  été  donnée.  Enfin  des  lettres 
de  collation  du  pape  Paul  III,  en  date  du  24  octobre  1537,  con- 
féreront h,  Charles  de  Hémart.  l'abbaye  de  Notre-Dame  de 
Caumont,  au  diocèse  de  Mirepoix,  laissée  vacante  par  le  décès 
de  Philibert  de  Lanjeu,  évoque  de  Mirepoix,  dernier  titulaire 
de  ce  monastère*.  Les  revenus  de  ces  divers  bénéfices  étaient 
évidemment  destinés  à  un  entretien  plus  large  de  l'ambassa- 
deur du  roi  de  France  à  Rome. 

Mais  le  Roi  désirait  voir  parvenir  son  ambassadeur  à  la  di- 
gnité cardinalice.  C'était  surtout  le  chapeau,  que  ce  prince  en- 
visageait comme  la  plus  juste  'et  la  plus  digne  récompense 
qu'eût  méritée  M.  de  Denon ville,  par  lo  dévoûment,  les  vertus 
et  les  capacités  dont  il  avait  fait  maintes  fois  la  preuve,  pen- 

*  Prieur  de  MondouviUe. 


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132  UN   ABBÉ   DK   SAINT-AUBIN   d' ANGERS 

dant  la  durée  de  sa  mission  auprès  du   Pape.  Il  écrivait   au 
Souverain  Pontife  à  ce  sujet  : 

<*  Très-Saint-Père,  Votre  Sainteté  a  pu  clairement  juger 
jusqu'ici  tant  par  lettres  que  je  lui  ai  écrites,  que  par  les  pa- 
roles que  je  lui  ai  fait  porter,  combien  je  désire  que  l'évoque 
de  Maçon,  mon  ambassadeur  devers  Elle,  parvienne  à  la  di- 
gnité cardinalle,  et  ne  fais  nul  doute  qu'Elle  n*aie  très  bonne 
souvenance  de  Tespérance  qu'Blle  m'en  a  continuellement 
baillée.  Et  combien  que  ce  soit  chose  que  j'ai  toujours  tenue 
et  tiens  pourasseurée,  néantmoins,  Très-Saint-Père,  j'ai  bien 
voulu  de  rechef  écrire  ce  mot  de  lettre  à  Votre  Sainteté  pour 
la  supplier  et  requérir  tant  qu'il  mest  possible,  qu'Elle  veuille 
bien  avoir  telle  et  si  bonne  souvenance  dudit  évoque  de  Ma- 
çon^ à  la  première  création  de  cardinaux  qu'Elle  fera,  que  la 
chose  puisse  sortir  son  effet,  ainsi  que  singulièrement  je  dé- 
sire. En  quoi  faisant  outre  l'obligation  qu'en  aura  perpétuel- 
lement ledit  évoque  de  Mâcon  envers  vous,  vous  ferez  chose 
que  tiendra  et  réputera  en  très  grande  grâce. 

Votre  humble  et  dévot  fils, 
François'.  » 

Antérieurement  déjà,  au  dire  de  Ribier,  le  prince  dans  une 
lettre  au  cardinal  du  Bellay  s'était  «  exprimé  en  paroles  ex- 
presses du  désir  qu'il  avait  de  la  promotion  dudit  évoque  au 
cardinalat  plus  que  nulle  autre*.  »  L'exaltation  de  Charles 
Hémart,déjà  décidée  par  le  Saint-Père,  in  petto,  devait  passer 
à  l'état  de  fait  accompli  et  promulgué  avant  la  fin  de  cette 
même  année. 

Par  son  courrier  du  22  décembre  1536,  envoyé  en  France 
sous  la  protection  du  duc  de  Faenza  —  parce  que  Tarabas- 
sadeurdela  cour  de  Vienne,  n'avait  voulu  lui  délivrer  un 

ft  Bibl.  NMuss.  Fonds  franc,  n*  5145.  p.  105. 

*  Mém,  d'Etat  de  Ribier,  tome  I.  Ces  mémoires  ont  été  composés  d*après 
les  papiers  du  connétable  Anne   de  Montmorencj. 


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UN  ABBÉ   DE   SAINT-AUBIN    d'aNGERS  133 

sauf-conduit  pour  passer  en  Lombardie  —  M.  de  Denon- 
ville  faisait  parvenir  au  Roi  la  liste  des  onze  cardinaux  nom- 
més par  Paul  in  dans  le  consistoire  des  Quatre-Temps,  tenu 
le  jour  môme  à  Rome,  et  parmi  les  noms  de  ces  nouveaux 
cardinaux  se  trouvait  celui  de  M.  l'évoque  de  Mâcon. 

«  La  présente  sera  seulement  pour  vous  dire,  informait-il 

le  grand  maître  Anne  de  Montmorency,  que  ce  jour  d'huy 

Notre-Sainct  Père  a  faict  et  créé  onze  cardinaulx  du  nombre 

desquels,  à  Tinstance  du  Roy,  il  m'a  faict  cet  honneur  me 

compter,  dont  je  vous  ay  bien  voulu  advertir,  comme  mon 

ancien  seigneur  et  patron,  me  tenant  pour  asseuré  qu'en 

serez  très  aise,  comimede  l'exaltation  de  celui  qui  sera  tant 

qu'il  vivra  desdyé  à  vous  faire  service.  » 

Les  bulles  de  nomination  de  M.  de  Denonville  à  la  su- 
prême dignité    ecclésiastique   se    trouvent  annexées  à  la 
correspondance  du  prélat.    Elles   sont  rédigées  en  termes 
flatteurs.  Le  Saint  Père  y  parle  de  la  façon  très  louable  dont 
le  titulaire  a  géré  jusqu'alors  le  diocèse  de  Mâcon  ;  mais  il 
s'étend  surtout  sur  la  doctrine  éclairée,  l'intelligence  supé- 
rieure, l'intégrité  parfaite,  la   prudence,   la  diligence  et  la 
circonspection,  non  moins  que  sur  la  grandeur  et  la  dignité 
avec  lesquelles  ramba,ssadeur  a  conduit  les  affaires  souvent 
ardues  de  la  France,  vis-à-vis  le  Saint-Siège,  depuis  que  le 
Roi  l'a  accrédité  auprès  de  la  Cour  de  Rome.  Il  fait  allusion 
aussi  à  la  fidélité  inébranlable  du  prélat,  dans  ce  temps  de 
persécution  contre  la  foi  orthodoxe   où  le  Pape  n'avait  pas 
de  plus  grand  désir,  affirmait-il,  que  d'offrir  aux  dissidents 
de  justes  moyens  de  rentrer  dans    le  devoir,  comptant  sur 
les  lumières  de  ses  cardinaux  pour  l'aider  à  y  parvenir. 
De  plus  ces  bulles  autorisent  le  titulaire  à  conserver  tous 
ses  titres  et  privilèges  antérieurs,  Tévéché  de  Mâcon^  Tabbaye 
de  Saint-Aubin  d'Angers,  l'archidioconat  de  Coutances,  le 
prieuré  de  Montdésir,  au  diocèse  d'Amiens,  et  toutes  les  places, 
fous  Jes  bénéfices^  toutes  les  prébendes,  toutes  les  dignités 
à  revenus  lucratifs  qu'il  possédait  au  jour  de  son  élévation  à 
Ja  pourpre  romaine. 


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134  UN   ABBÉ   DE  SAINT-AUBIN   d'aNGEHS 

Vingt  prélats  signèrent  ces  bulles  sur  lesquelles  le  chan- 
celier^ cardinal  Farnèse,  apposa  le  sceau  pontifical  avec  la 
formule  aussi  humble  que  grandiose  : 

Paulus  Episcopus  servus  servorum  Deù 

Revenons  à  notre  résumé  des  lettres  de  l'ambassadeur.  Il 
annonce  ainsi  au  chancelier  du  Bourg  sa  promotion  au  car- 
dinalat 

XL— Rome, 22  décembre  1530.  —  «Est  survenu  une  nouvelle 
dont  je  ne  veux  faillir  vous  avertir,  estimant  qu'en  serez  très 
aise  comme  mon  bon  seigneur.  C'est  qu'il  a  plu  à  notre  Saint 
Père,  contrôle  vouloir  et  empêchement  des  Impériaux,  créer 
cardinaux  Messeigneurs    l'archevêque    Cispontin,   l'archc- 
vôque  Théatyne,  les  évêques  de  Payence,  de  Carpentras,  le 
fils  du  duc  de  Candie  et  deux  qu'il  a  réservés  in  pectore^  Tun 
desquels  on  dit  devoir  être  à  la  dévotion  de  l'Empereur,  et 
Tautre  de  Sa    Sainteté,  du  nombre  desquels  Elle  m'a  fait 
l'honneur  Je  me  mettre.  —  Dieu  me  fera,  s'il  lui  plait,  la  grâce 
et  me  donnera  le  moyen  de  vous  pouvoir,  en  ce  degré,  faire 
service  selon  la  volonté  que  je  vous  ai  portée  et  porterai 
toute  ma  vie. 

Chahles,  cardinal,  évoque  de  Mâcon.  » 

La  dignité  dont  venait  d'être  revêtu  le  cardinal  de  Denon- 
ville  paraissait  rendre  difficile  son  maintien  à  l'Ambassade 
de  Rome.  Une  fonction,  qui  le  maintenait  sous  la  dépendance 
du  souverain,  semblait  incompatible  avec  la  haute  mission 
pouvant  incomber  au  membre  d'un  Conclave,  dont  la  réunion 
devait  avoir  lieu  d'un  moment  à  l'autre.  Il  était  inadmissible 
qu'un  agent  officiel  du  roi  de  France  pût,  le  cas  échéant, 
exprimer  un  vote  indépendant  sur  le  choix  extrêmement 
grave  d'un  nouveau  Pape,  alors  que  la  question  romaine 
prenait  une  prépondérance  si  grande  sur  les  intérêts  du  roi 
et  de  l'empereur  rivaux.  La  Cour  dç  Paris,  qui  comprit  de 


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UN   ABBÉ  DE   SAINT-AUBIN   d'ANGERS  135 

suite  cette  situation,  proposa  donc,  par  déférence  pour  le 
cardinal,  d'envoyer  un  nouvel  ambassadeur  à  Rome.  Mais 
révoque  de  Mâcon  témoigna  d'un  si  grand  chagrin  à  quitter 
son  poste,  qu'il  fut  différé  pendant  quelques  mois  à  lui 
nommer  un  successeur.  On  se  contenta  d'adjoindre  à  l'am- 
bassadeur un  coadjuteur  avec  pleins  pouvoirs  de  le  remplacer, 
en  cas  d'urgence,  et  promesse  deJui  succéder  ultérieurement 
lorsque  le  Roi  en  déciderait  à  son  gré. 

XII.  —  Rome,  16  février  1537.  —  Le  prélat  proteste  de  son 
entier  dévoûmentauRoi  et  aux  affaires  de  son  pays,  qu'il  veut 
continuer  à  servir,  nonobstant  sa  promotion  au  cardinalat. 
€  Quant  à  mon  retour  à  la  Cour,  ajoute-t-il,  ce  sera  quand  il 
plaira  au  Roy  me  rappeler.  »  Mais  il  demande  une  augmenta- 
tion de  son  traitement  d'ambassadeur,  et  le  maintien  de  sa 
pension  sur  la  cassette  royale,  «  car  cette  nouvelle  dignité  où 
il  a  pieu  à  Dieu  m'appeler,  assure-t-il,  m'a  faict  endepter  de 
quatre  à  cinq  mil  escuz  ;  »  et  s'il  n'est  pas  secouru  de  fonds, 
s'il  ne  reçoit  pas  le  remboursement  des  avances  qu'il  a  faites, 
et  de  son  année  de  traitement  non  encore  parvenue>  il  lui  sera 
difficile  de  faire  honneur  k  son  maître  dans  la  nouvelle  posi- 
tion qui  lui  est  créée. 

Xin.  —  Rome  18  février  1537.  —  Le  Pape  a  créé  cardinal  le 
légat  Paul,  anglais  de  naissance,  et  l'envoie  à  Cambrai,  puis 
en  Angleterre  pour  tâcher  de  catéchiser  le  roi  Henri,  et  le  ra- 
mener, si  possible,  à  l'obéissance  papale.  lUui  adjoint  l'évoque 
de  Vivonne,  Jean  Matheo.  Le  cardinal  de  Garpi  et  le  sénateur 
romain  Charles  de  Nable  ont  été  désignés  pour  être  envoyés 
comme  Légats  auprès  du  roi  François. 

Il  résulte  jusqu'ici  de  la  correspondance  du  cardinal,  que 
Paul  m  ne  s'était  pas  éloigné  de  la  voie  que  lui  traçait  ses 
hons  sentiments  pour  la  France  ;  mais  la  Cour  de  Rome  allait 
se  voir  dans  la  nécessité  d'inaugurer  une  politique  nouvelle 
dès  le  commencement  de  l'année  1537.  La  rivalité  aiguë  des 
deux  maisons  de  France  et  d'Autriche  permettait  aux  Turcs 


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136  UN   ABBE  DE   SÂINT-ÂUBIN  d'aNGERS 

d'accroître  leur  puissance  en  Europe,  d'une  manière  inquié- 
tante, car  les  armées  chrétiennes,  occupées  à  s*entre-déchirer, 
n'opposaient  pas  une  efficace  résistance  aux  plus  audacieuses 
entreprises  des  Barbares  :  au  contraire,  ceux-ci  se  croyaient 
soutenus  par  la  bienveillance  tacite  du  plus  occidental,  c'est- 
à-dire  du  moins  exposé  des  deux  souverains.  Aussi,  leur 
flotte  ravageait-elle  de  plus  en  plus  les  côtes  du  bassin  mé- 
diterranéen. En  1536,  elle  avait  déjà  abordé  en  Calabre,  et  dès 
le  mois  de  janvier  de  15:37,  elle  menaçait  directement  Rome 
et  Venise,  ce  qui  jetait  toute  lltalie  dans  une  terrible  anxiété. 
Paul  III  prenait  donc  des  mesures  pour  mettre  les  Etats-Pon- 
tiflcaux  sur  le  pied  de  la  défense,  et  pour  protéger  Rome.  Il 
songeait  surtout  à  former,  sous  sa  direction  suprême,  une 
ligue  dans  laquelle  entreraient  avec  Venise  les  deux  grands 
Etats  en  lutte,  la  France  et  TEmpire.  Préalablement,  il  s'effor- 
çait de  réconcilier  François  et  Charles,  quitte,  s'il  n'y  pouvait 
réussir,. à  se  jetter  dans  les  bras  du  plus  puissant  et  surtout 
du  plus  intéressés  des  deux  à  rabaissement  de  la  puissance 
ottomane. 

XIV.  —  Rome  il  janvier  1537.  —  Le  cardinal  disait  :  «  Je  ne 
laisseray  à  vous  advertir  par  la  présente  de  ce  que  je  puis 
vous  escripre  sans  chiffre,  et  premièrement  que  Nostre-Sainct 
Pèrç  et  toute  sa  court  est  en  grande  peur  du  Turcq,  voire 
telle  qu'ilz  pensent  qu'ilz  seront  contrainctz  d'habandonner 
cette  ville,  et  pour  y  obvyer,  sa  dicte  Saincteté  a  arresté 
d'envoyer  deux  prélatz,  l'ung  au  Roy,  et  l'autre  à  l'Empereur 
pour  les  exhorter  encores  plus  estroitement  qu'il  n'a  point 
faict  de  faire  paix  ensemble,  et  davantaige  a  conclud  mettre 
sur  le  clergé  de  toute  l'Italie  deux  décimes,  et  sur  chascun 
feu  du  temporel  du  siège  apostolique  ung  escu,  faisant 
compte  que  le  tout  reviendra  à  quatre  ou  cinq  cens  mil  escuz  ; 
délibéré  aussi  d'envoyer  par  tous  les  royaulmes  chrestiens 
indulgences  et  plénières  rémissions  pour  faire  prier  Dieu 
pour  ladicte  paix. 
»  Les  dernières  nouvelles  que  Messieurs  les  Vénitiens  ont 


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UN   ABBÉ  DE   SAINT-AUBIN   d'aNGBRS  137 

icy  publiées  dudictTurcq  sont  d'Adrianopoli,  du  vingt-huic- 
tiesmo  de  novembre,  disans  que  Barberousse  estoit  allé  à 
Constantinople pour advancer larmée,  laquelle  nesepourroit 
monter  plas  de  cent  cinquante  gallëres,  et  deux  cens  navires» 
dont  les  ceux  ne  serviront  que  porter  les  chevaulx  ;  et  que 
ledict  Turcq  estoit  en  délibération  de  faire  la  plus  cruelle 
guerre  qu'il  flst  oncques  par  mer  et  par  terre  à  l'Empereur, 
et  ne  cesser  qu'il  ne  l'eust  chassé  d'Italie.  Aussi  qu'il  debvoit 
envoyer  un  sien  interprète  nommé  Jannet-Bey  vers  lesdictz 
Vénitiens  à  ce  qu'ils  eussent  à  eulx  déclarer  amys  de  ses 
amys  et  ennemys  de  ses  ennemys,  et  que  autrement  il  leur 
feroit  la  guerre  de  toute  sa  puissance.  Geulx  de  Naples  sont 
en  une  merveilleuse  peur,  et  faict  le  Viroy  fortiffler  la  ville 
et  forteresses  maritimes.  » 

XV.  —  Rome,  24  janvier  1537.  —La  terreur  du  Pape  est  à  l'ex- 
trême, il  fait  préparer  ses  logements  à  Bologne  pour  aller  y 
passer  le  carême,  dans  la  crainte  de  n'être  pas  en  sûreté  à 
Rome,  du  fait  de  l'invasion  des  Turcs.  Le  Saint-Père  se  fait 
vieux,  «  le  bonhomme  se  porte-  bien,  mais  il  est  septuagé- 
naire et  plus,  et  ne  faultespérer  avec  luy  davantage  que  d'ung 
homme  vieil  et  caduc;  »  il  est  donc  très  prudent  de  se  faire 
des  amis  en  Italie  en  prévision  d'un  conclave.  L'Empereur  ne 
néglige  rien  pour  se  faire  des  partisans  en  Cour  de  Rome,  il 
va  jusqu'à  donner  des  pensions  aux  domestiques  du  Pape. 
Le  roi  de  France  ne  fait  rien,  ne  distribue  aucune  largesse, 
ne  rend  aucun  service,  et  le  goût  du  lucre  rejette  beaucoup 
de  ces  gens-ci  dans  le  parti  opposé.  Il  y  a  même  des  mécon- 
tents :  le  cardinal  Prani  se  plaint  de  n'avoir  rien  touché  en- 
core de  l'abbaye  que  le  Roi  lui  a  donnée.  C'est  un  homme 
puissant,  il  faut  le  ménager  et,  conséquemment,  lui  servir  ses 
revenus.  Dans  le  Piémont,  les  troupes  françaises  se  livrent 
au  désordre  et  au  pillage  ;  cela  est  du  plus  déplorable  effet. 
L'évoque  de  Porli,  partisan  déclaré  de  l'Empereur,  est  passé 
en  Espagne  pour  négocier  le  mariage  de  la  fille  naturelle  de 

T.   VI.    —   NOTICES.    —  VI*  ANNEE,   1'*  LIV.  10 


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138  I?N   ÂBBÉ  DE  SAINT-AUBIN   d' ANGERS 

Gharles-Quirit  avec  Corne  de  Médicis.  Enfin,  à  Taurore  de  la 
nouvelle  année,  Tastre  de  la  faveur  semble  se  tourner  en 
Italie  vers  l'Empereur,  sans  garder  un  rayon  pour  la  France. 

XVI.  —  Rome,  9  février  1537.  —  Le  bruit  court  que  les  Turcs 
en  grande  force  remontent  le  Danube,  et  vont  mettre  le  siège 
devant  Vienne.  Les  Vénitiens  arment  une  grande  flotte  pour 
les  combattre  sur  mer.  Le  Pape,  dont  la  terreur  ne  s'apaise, 
compte  aller  séjourner  après  Pâques  à  Mantoue  dans  l'espoir 
d'y  réunir  le  Concile.  Le  Souverain-Pontife  a  toujours  à  cœur 
les  intérêts  de  la  France  en  Italie.  Son  amitié  pour  le  Roi  lui 
a  suggéré  la  pensée  d'un  mariage  entre  une  princesse  fran- 
çaise et  le  duc  Gôme  de  Médicis.  Si  ce  projet,  aboutissait,  ce 
serait  un  grand  succès  pour  le  Roi  et  une  arme  puissante 
contre  l'Empereur  ;  le  duché  de  Florence  serait  acquis  à  la 
cause  française.  Le  Pape  est  d'avis  que  le  Roi  envoie  des 
troupes  en  Lombardie  afin  que  Florence  se  déclare  pour  lui, 
ce  qu'elle  est  prête  à  faire.  Il  en  serait  de  môme  des  Suisses 
dont  les  cantons  catholiques  sont  nos  amis  et  qu'il  faut  savoir 
entretenir  par  quelques  largesses.  Quant  aux  cantons  luthé- 
is,  il  n'y  a  rien  à  en  attendre. 

XVII. —Rome,  6  avril  1537.—  L'Empereur  intrigue  beaucoup 
pour  gagner  l'amitié  du  Souverain-Pontife,  non  pas  à  cause 
de  l'estime  qu'il  lui  porte,  mais  bien  pour  obtenir  de  lui  l'au- 
torisation de  prélever  des  impôts  sur  les  biens  du  clergé  dans 
ses  Etats.  Aussi  vient-il  d'offrir  Novarre  à  Pierre-Louis  Far- 
nèse  (fils  du  Pape,  né  avant  l'entrée  de  son  père  dans  les 
ordres  et  créé  par  le  S. -P.  duc  de  Parme),  et  celui-ci  désire- 
rait l'accepter  à  moins  que  le  Roi  ne  lui  offrît  une  plus  belle 
position  en  France.  Le  Pape^  indécis,  ne  sait  quel  conseil  don- 
ner à  son  fils.  Il  a  cependant  déclaré  à  l'ambassadeur  que 
Pierre  n'accepterait  rien  des  Impériaux  sans  l'autorisation  du 
Roi.  €  Bien  me  semblerait,  appuie  le  cardinal,  cousidérant 
le  désir  qu'a  S.  S.  de  l'élévation  de  sa  maison  et  prospérUé, 
qu'il  n'y  aurait  pas  grand  mal  lui  offrir  quelque  bon  état  en 


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UN   ABBÉ  DE    SALNT-AUBIN   d' ANGERS  139 

France,  car  après  sa  mort  on  trouverait  bien  occasion  d'en 
échapper»  et  cependant  qu'il  vivra,  on  pourrait  par  ce  moyen 
divertir  S.  S.  de  ne  se  précipiter  aux  offres  que  lui  fait  l'Em- 
pereur. » 

On  voit  par  ce  conseil  que  l'excellent  prélat,  à  force  de  vivre 
dans  le  pays  de  Machiavel,  commençait  à  en  épouser  la  doc- 
trine. Mais  il  redevient  tout  à  fait  Français,  lorsqu'il  se  félicite 
de  la  mort  du  marquis  de  Saluées,  traître  à  la  France^  tué  par 
un  coup  d'arquebuse  à  l'assaut  de  Garmignol. 

Et  il  ne  dissimule  pas  son  indifférence  pour  tes  mœurs 
italiennes  lorsqu'en  quatre  lignes  et  sans  commentaire  et  il 
raconte  que  «  en  ung  festin  qui  fust  faict  à  Florence  fut  tué 
le  duc  Alexandre  par  ung  sien  parent  nommé  Laurens  de  Mé- 
dicis,  qui  estoit  le  plus  favorit  qu'il  eust.  » 

XVII. — Rome  i4avril  1537.  —L'influence  de  l'Empereur  se 
faisait  sentir  de  plus  en  plus  dans  l'entourage  du  Pape,  et  la 
versatilité  de  la  Cour  de  Rome  commençait  à  inquiéter  le 
cardinal  ;  il  disait  môme  que  le  Pape  se  serait  déjà  ouver- 
tement prononcé  pour  l'Empereur,  s'il  ne  craignait  de  voir  la 
France  secouer  l'obéissance  papale,  et  son  prince  l'entraîrit  ^ 
comme  l'avait  fait  le  roi  Henri  VIII  en  Angleterre,  dans  le 
gouffre  de  l'hérésie.  Son  Eminence  Révérendissime  avait- 
elle  eût  vent  de  quelque  parole  imprudente,  quelque  menace 
ambiguë  à  son  égard  ?  On  le  pourrait  supposer,  lorsqu'Elle  se 
dit  prête  à  se  mettre  en  route,  recommandant  à  la  Cour  de 
Paris  de  ne  point  laisser  partir  le  légat,  cardinal  Carpi,  avant 
qu'il  n'ait  lui-même  regagné  la  France,  rappelant  le  procédé 
un  peu  trop  italien,  employé  envers  un  de  ses  prédécesseurs, 
qui  fut  enfermé  pendant  un  an  au  cliâteau  Saint-Ange,  sous 
le  pontificat  de  Jules  II,  cet  adversaire  du  roi  Louis  XII. 
Pq^  le  Pape  a  consenti  à  contribuer  pour  20,000  écus   par 
js,  pendant  4  mois,  pour  les  besoins  de  l'Empereur,  et  main- 
^/^nt  il  paraît  favorable  au  projet  d'union  de  la  fllle  de 
^*i*les  avec  Côme,  le  nouveau  duc  de  Florence. 


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140  UN   ABBÉ  DE  SAINT-AUBIN  d'aNGERS 

Cette  légère  panique  de  Tambassadeur  non  moins  qu'une 
assez  longue  et  grave  maladie  dont  il  venait  d'être  atteint,  et 
qui  l'avait  tenu  au  lit  depuis  rentrée  du  carême  jusqu'à 
Pâques,  décidèrent  François  I"à  nommer  le  coadjuteur  pro- 
jeté, lequel  eut  Tordre  d*agir  conjointement,  pour  la  gestion 
de  TAmbassade,  avec  son  Eminence,  et  de  prendre  conseil 
d'Elle  en  toutes  choses.  Le  choix  du  monarque  était  tombé 
sur  messire  Georges  de  Selve,  évêque  de  Lavaur  et  son  am- 
bassadeur déjà,  depuis  quelques  années,  auprès  de  la  Répu- 
blique de  Venise,  où  il  fut  alors  remplacé  par  Tévêque  de 
Rodez,  Georges  d'Armagnac. 

Marquis  de  Brisay. 
("A  suivre.) 


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L'ENSEIGNEMENT 

SECONDAIRE  ECCLÉSIASTIQUE 

DANS  LE  DIOCÈSE  DE  NANTES 

APRÈS  LA  RÉVOLUTION 
f1800'1815'J 

DEUXIÈME   PARTIE 


Les   Écoles   presbytérales 


m 

SAINT-ANDRÉ-DES-EAUX 

L'humble  bourgade  dont  nous  inscrivons  le  nom  en  tôte 
de  ce  chapitre  devra  à  l'un  de  ses  pasteurs  l'honneur 
d*iine  page  glorieuse  dans  les  fastes  du  diocèse  de 
Nantes.  On  comprendra  donc  facilement  que  nous  commen- 
cions cette  courte  notice  consacrée  à  l'école  de  Saint-André, 
par  quelques  détails  biographiques  sur  Thomme  qui  la  créa. 

A  Voir  la  livraison  précédente. 


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142        l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

M.  Joseph  Moyon  naquit  dans  la  paroisse  de  Montoir 
au  village  du  Pin,  le  11  mars  1739*.  Il  entra  dans  Tétai 
ecclésiastiQue,  et  fut  pourvu  d*un  bénéfice  simple,  le  légat 
Jean  Martin^  situé  dans  sa  paroisse  natale'.  Ordonné  prêtre 
en  1763,  il  devint  vicaire  de  Saint-Nazaire. 

La  cure  de  Saint-André-des-Eaux,  voisine  de  St-Nazaire,  et 
peu  éloignée  de  Montoir,  étant  devenue  vacante,  M.  Moyon 
se  présenta  au  concours.  D'après  Tabbé  Tresvaux^  Tabbé 
Moyon  choisit  cette  paroisse  «  de  préférence  à  plusieurs 
autres  qui  vaquaient  également  et  qu'il  pouvait  avoir.  »  Il  fut 
installé  dans  son  bénéfice  le  13  juin  1774*,  «  en  présence  de 

'  «  L'onzième  jour  de  mars  mil  sept  cent  trente-neuf,  a  été  baptisé  pa. 
nous,  Recteur  soussigné,  Joseph,  né  de  ce  jour,  fils  de  Luc  Moyon  et  de 
Perrine  Ollivaud.  Sont  parrain,  Joseph  Ollivaud  et  marraine,  Marie  Jonaud 
sous  le   seing  de  la  dite  marraine,  le  parrain  a  déclaré  ne  sçavoir  signer. 

Signé  :  Moreau,  recteur. 

(Extrait  des  registres  paroissianx  de  Montoir.) 

Trois  ans  auparavant,  était  né,  dans  le  même  village  Etienne,  Chaillou 
qui  devait  être,  comme  Joseph  Moyon,  député  à  la  Constitiiante, 

>  Le  revenu  de  ce  bénéfice  était  de  70  liv.  ;  il  était  chargé  d'une  messe  par 
semaine,  ce  qui,  d'après  une  note  de  M.  Moyon,  réduisait  son  produit  à  31  liv. 
'^Arch.  dép.  District  de  Guérande,  fonds  de  Saint-André-des-BIaux. 

'  Hist.  de  la  persécution  en  Bretagne,  II,  493. 

^  «  L'an  1774,  le  13«  jour  de  juin,  environ  les  onze  heures  du  matin,  en 
présence  de  nous  Alexis-Augustin  Gorgette,  notaire  royal  et  apostolique  de 
la  cour  et  diocèse  de  Nantes,  soussigné,  et  des  témoins  cy-après  nommés, 
Missire  Joseph  Moyon,  prêtre,  cy-devant  vicaire  de  la  paroisse  de  Saint-Nazaire, 
de  présent  à  la  cure  de  Saint-André-des-Eaux,  près  Guerrande,  lequel,  en 
vertu  des  provisions  lui  accordées  par  notre  saint  Père  le  Pape,  en  datte  du 
six  des  ides  de  mai  dernier,  et  du  visa  lui  donné  par  Illustrissime  et  Rêvé- 
rendissime  Pierre  Mauclerc  de  la  Muzanchère,  seigneur  évêque  de  Nantes,  le 
six  présent  mois  de  juin,  signé  Brunet,  chanoine  secrétaire,  dans  lequel  visa 
il  est  fait  mention  que  ledit  sieur  Moyon  a  signé  le  formulaire  d'Alexandre 
VII,  suivant  l'intention  du  Roy,  a  pris  et  appréhendé  en  personne  la  .réelle, 
actuelle  et  corporelle  possession  de  ladite  cure  de  Saint-André-des-Eaux, 
près  Guerrande,  de  ses  dépendances  avec  tous  ses  droits,  profits,  rentes,  re- 
venus etémolumens  y  attribués,  pour  nous  être  de  sa  compagnie  et  sur  son 
réquisitoire  transportés  dans  l'église  dudit  lieu  de  Saint-André-des-Eaux.  où 
étant  et  y  entrant,  ledit  sieur  Moyon,  revêtu  d'un  surpely  et  d'une  étoile,  a 
pris  eau-bénite,  sonné  une  des  cloches,  s'est  rendu  au  grand  et  principal 
autel  de  ladite  église,  s'est  mis  à  genoux,  y  a  fait  prières  et  oraison,  chanté 
le  Ve ni  Creator,  icelui  autel  baisé,  ouvert  le  tabernacle,  donné  la  bénédiction 


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DANS  LE   DIOCÈSE   DE  NANTES  APRÈS   LA   RÉVOLUTION      143 

Missire  Sébastien  Bureau  du  Fiefheulin,  prêtre,  recteur  de  la 
paroisse  de  Saint-Nazaire,  et  Pierre  Terrien,  prêtre,  recteur 
de  la  paroisse  de  Montoir,  témoins  à  ce  requis  et  appelés.  » 

L'assistance  était  nombreuse  et  installation  tçès  solen- 
nelle, à  en  juger  par  les  signatures  du  procès-verbal.  On  y 
trouve,  avec  les  deux  témoins  cités  plus  haut,  MM.  «  Lom- 
meau,  ancien  recteur  d'Escoublac  ;  Audrain,  recteur  de  Batz; 
Leborgne,  procureur-fiscal  de  Saint-André  ;  Etienne  Godard, 
prêtre  vicaire  ;  J.  Masson,  J.  Claverie,  Aoustin,  vicaire  de 
Montoir;  J.  Halgan,  prêtre;  C.  Thuaud,  prêtre;  P.  Ollivaud, 
diacre  ;  Lorieux,  Hardouin  de  la  Bernardière  ;  P.  Monfort, 
prêtre,  vicaire  de  Batz  ;  J.  Rouaud,  vicaire  de  Céans  ;  Luc 
Moyon  et  Gorgette  conseillé.  » 

M.  Moyon  s'occupait  de  gouverner  sa  paroisse,  méritant 
par  son  zèle  et  son  intelligence,  l'estime  de  ses  confrères, 
quand  furent  convoqués  les  Etats  généraux.  Il  fut  Tun  des 
lô  commissaires,  élus  le  2  avril  1789,  pour  la  rédaction  des 
cahiers  ;  le  20  du  même  mois,  les  quarante  électeurs,  choisis 
par  le  clergé,  l'envoyaient  à  l'assemblée  de  Versailles,  avec 
M.  Chevalier,  recteur  de  Saint-Lumine-de-Coutais,  et  M.  Mai- 
sonneuve,  recteur  de  Saint-Etienne-de-Montluc*. 

avec  le  saint  ciboire,  fait  aspersion  d^eau  bénite,  visité  les  fonts  baptismaux* 
entré  dans  an  des  confessionnaux,  monté  en  chaire  et  pris  place  au  chœur, 
ensnittê  transporté  à  la  maison  presbitérale  dudit  Saint- André-dep-Eaux 
dans  laquelle  ledit  sieur  Moyon  est  librement  entré,  ouvert  et  fermé  porte 
et  fenêtres,  bu  et  mangé,  fait  feu  et  fumée,  entré  dans  le  jardin  et  y  a  mar- 
ché, arraché  herbes,  coupé  branches  d'arbres,  fait  émotion  déterre,  ainsi 
qae  sur  les  antres  domaines  de  ladite  cure,  et  générallement  fait  tous  actes 
reqnis  et  nécessaires  pour  acquérir  bonne  et  vallable  possession  de  tout,  tant 
an  spirituel,  qu'au  temporel,  dans  laquelle  nous  l'avons  mis  et  induit,  sans 
aucuns  troubles  ni  oppositions  de  personne,  venues  à  notre  connaissance,  de 
toQtqnoy  avons  donné  lecture  à  haute  et  intelligible  voix,  au  peuple  assem- 
blé, avis  la  principale  porte  et  entrée  de  ladite  église,  le  tout  fait  en  pré- 
sence de  Missire  Sébastien  Bureau  du  Fiefheulin,  prêtre,  recteur  de  la  paroisse 
de  Saint-Nazaire,  et  Pierre  Terrien,  prêtre,  recteur  de  la  paroisse  dé  Mon- 
toir, témoins  à  ce  requis  et  appelles...  »  —  Arch,  de  ?Vr.  Registres  des 
Insintiations. 

'  A  Versailles,  il  logeait  avec  M.  Chevalier,  et  le  député  suppléant  Lebreton 
de  Ganbert.  recteur  de  Sain t-Si milieu  de  Nantes.  —M.  Kerviler,  Notice  sur 
M.  C^aWer,  dans  la  Revue  historique  de  VOuestj  mars  I8864- 


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144     .      l'enseignement  secondaire  EGGLÉSIâSTIQUE 

On  connaît  les  débuts  de  cette  assemblée,  et  les  malheu- 
reuses divisions  qui  éclatèrent  entre  les  trois  ordres. 
M.  Moyon,  d'accord  avec  la  plupart  de  ses  collègues  bretons', 
crut  devoir  se  réunir  au  tiers-état.  Mais  bientôt  son  âme 
droite  et  sacerdotale  fut  effrayée  par  la  tournure  que  prenaient 
les  événements.  Le  pillage  de  la  communauté  de  Saint-Lazare 
(nuit  du  12  au  13  juillet)  ;  la  sanglante  révolte  qui  eut  pour 
dénouement  la  destruction  de  la  Bastille;  la  révolution  opérée 
dans  la  nuit  du  4  août  ;  les  nouvelles  des  provinces  annonçant 
chaque  jour  des  émeutes  et  des  incendies  ;  la  crise  religieuse 
que  faisaient  prévoir  les  cris  séditieux  de  la  rue,  les  déclama- 
tions des  philosophes  et  les  motions  de  l'assemblée  :  tous  ces 
signes  avant^coureurs  d'un  bouleversement  social  dégoûtè- 
rent nos  députés,  et,  vers  la  fin  du  mois  d'août,  MM.  Moyen, 
Chevalier  et  Maisonneuve  donnaient  leur  démission,  ainsi 
que  leurs  collègues  de  Rennes,  MM.  Hunault  et  Guillou*. 

M.  Moyon  rentra  dans  sa  paroisse  et  y  reprit  son  humble 
ministère*.  Mais  la  Révolution  marchait  vite. 

Les  défenseurs  de  la  Religion,  n'ayant  pu  se  faire  entendre 
dans  l'assemblée,  publient  la  déclaration  du  19  avril  1790. 
Les  catholiques  des  provinces  s'en  émeuvent,  et  plusieurs 
envoient  leur  adhésion  à  la  Déclaration.  Une  adresse  à  l'As- 
semblée nationale  fut  signée  par  une  partie  du  clergé  rennais, 

*  S«ize,  sur  yingt-deux  curés  de  Bretagne,  votèrent,  le  24  juin,  pour  la 
Térification  des  pouvoirs  en  commun. 

'  R.  Kerviler.  Notice  sur  M,  Chev  alier, d&ns  la  Revue  historiqtie  de  V Ouest, 
n«  de  mars  1886. 

«  Le  4  janvier  1790,  M.  Moyon  présidait  la  dernière  assemblée  du  général 
de  la  paroisse,  où  Ton  arrêta  : 

10  Que  rassemblée  générale  des  citoyens  actifs  de  Tendroit  se  tiendrait  le  3 
février  suivant,  à  8  heures  du  matin,  dans  la  chapelle  qui  est  à  rextrémité 
du  bourg  ; 

2*  Que  la  valeur  locale  des  journaliers  étant  de  dix  sous,  ceux  qui  en 
paient  30  d*imposition  sont,  dans  la  paroisse,  citoyens  actifs,  s'ils  réunissent 
les  autres  conditions  ; 

30  Que  le  nombre  des  paroissiens  étant  de  1213,  les  officiers  municipaux 
seront  au  nombre  de  6,  y  compris  le  maire.  —  Notes  de  M,  Vabbé  Gallard. 


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DàNS  LE   DIOCÈSE  DE  NANTES   APRÈS   LA   HÉVOLUTION      145 

une  àatre  par  cent  cinq  ecclésiastiques  du  diocèse  de  Nantes\ 
Parmi  les  signataires,  nous  trouvons  M.  Moyon,  recteur  de 
Saint-André-des-Eauy,  ancien  député  de  l'assemblée  natio- 
nale, et  Tun  de  ses  voisins,  M.  Lévesque,  recteur  d'Assérac. 

La  Constitution  civile  est  votée,  et  Louis  XVI,  égaré  par  ses 
conseils,  sanctionne  le  décret.  Le  25  janvier  1791,  les  muriici- 
palitës  sont  chargées,  dans  chaque  commune,  de  veiller  à  son 
exécution.  Aussitôt,les  révolutionnaires  mettent  les  ecclésias- 
tiques en  demeure  d'obéir  à  la  loi,  convoquent  les  électeurs 
pour  donner  des  successeurs  aux  prêtres  fidèles,  et  installent 
des  iTitrus  partout  où  il  leur  est  possible  d'en  établir.  Ces  dif- 
férentes mesures  prirent  toute  la  première  moitié  de  cette 
année  1791,  et  il  est  facile  de  comprendre  k  quel  point  elles 
troublèrent  le  pays. 

M.  Moyon  refusa  le  serment.  Il  n'en  fallait  pas  davantage 
pour  attirer  sur  sa'tôte  la  persécution,  d'autant  que  sa  valeur 
personnelle  et  son  influence  donnaient  beaucoup  d'éclat  k  ce 
refus. 

Comme  il  est  facile  de  le  concevoir,  il  n'était  bruit  alors, 
dans  le  clergé,  que  du  serment  exigé  et  de  la  conduite  à  tenir 
en  d'aussi  graves  circonstances.  Dans  toutes  les  réunions^  la 
question  était  soulevée,  et  les  raisons  pour  ou  contre  savam- 
ment discutées.  Ceux  mêmes  qui  s'abordaient  pour  la  première 
fois  plaçaient  tout  naturellement  la  conversation  sur  ce  ter- 
rain ;  et  quand  arrivait  un  ecclésiastique  en  voyage,  on  s'em- 
pressaitautour  de  lui  pour  connaître  l'opinion  des  confrères'. 

Le  recteur  do  Saint-André  ne  manqua  pas  d'être  consulté. 
Sa  piété,  ses  lumières,  Texpérience  que  lui  avaient  donné 
vingt-huit  années  de  ministère  ;  le  choix  honorable  que  ses 
collègues  avaient  fait  de  lui  pour  l'envoyer  à  Versailles  ;  son 
séjour  dans  cette  ville,  au  milieu  de  tout  ce  que  le  clergé  de 

*  «  Oa  remarque  avec  surprise  qu*aucun  prêtre  de  la  viUe  de  Nantes  n'y 
figure,  si  ce  n^est  le  vénérable  M.  Alno,  supérieur  de  la  communauté  de  Saint- 
Clénient,  et  M.  Monnier,  aumônier  de  rHôtel-Dieu.»(Tresvaux,op  cit.  tomei7l. 

'  Voir,  à  ce  propos,  les  Mémoires  déjà  cités  de  M.  Aguefsse. 


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146        l'enseignement  secondaire  ecglésiàstiqtte 

France  comptait  de  plus  distingué  par  la  naissance,  la  science 
et  les  dignités;  sa  connaissance  des  projets  et  des  arrière- 
pensées^des  meneurs  de  la  Constituante  :  tous  ces  motifs 
avaient  augmenté  son  influence  dans  le  district  de  Gqérande, 
et  Ton  venait  de  toutes  parts  solliciter  ses  conseils,  M.  Moyen, 
qui  n'avait  pas  prêté  le  serment,  n^  pouvait  le  conseiller  aux 
autres.  Il  mit  toute  l'ardeur  de  son  âme  sacerdotale  à  en 
détourner  ses  confrères. 

Les  révolutionnaires  s'en  émurent.  La  lutte  dut  être  d'au- 
tant plus  vive,  sur  ce  point  du  diocèse,  que  l'un  des  curés 
voisins,  et  non  des  moindres,  M.  Charles  Le  Masle,  recteur 
d'Herbignac,  était  l'un  des  tenants  du  schisme.  Après  avoir 
lui-môme  prêté  le  serment,  il  y  détermina  ses  vicaires,  et  ce 
n'est  pas  le  calomnier  que  de  croire  qu'il  voulut  y  porter  les 
prêtres  du  voisinage  :  on  sait  en  effet  que,  malgré  son  âge 
avancé,  il  eut  l'ambition  de  devenir  évêque  et  accepta  le 
siège  constitutionnel  du  Morbihan.  Il  est  certain  que  dans  le 
district  de  Guérande  plusieurs  se  laissèrent  d'abord  sé.duire; 
et  qui  s'en  étonnera,  s'il  réfléchit  à  l'hésitation  de  plusieurs 
prêtres  éclairés  et  à  la  pression  exercée?  A  Guérande,  on  alla 
jusqu'à  offrir  de  l'argent  à  certains  ecclésiastiques  peu  fortu- 
nés, et  nous  savons  d'une  source  qui  paraît  sérieuse*,  que 
l'un  d'eux  reçut  75^  pour  prix  d'un  serment,  qu'il  rétracta 
d'ailleurs  en  rendant  le  denier  de  Judas. 

M.  Moyon  s'efforça  de  ramener  dans  le  droit  chemin  ceux 
•qui  s'en  étaient  écartés.  Ses  efforts  ne  furent  pas  sans  effet. 
Les  deux  vicaires  d*Herbignac,en  particulier,  rétractèrent  leur 
serment  :  l'un,  M.  Gabriel-Armand  Boulo,  passa  en  Espagne, 
et  nous  le  trouvons  sur  la  liste  de  M.  Guénichon  ;  l'autre, 
M.  Durand,  resta  dans  le  pays  et  répara  son  erreur  d'un  moment 
par  le  courage  qu'il  déploya  dans  l'exercice  du  saint  ministère. 

*  Pierre  Guihéneuf,  maire  de  Crossac,  mort  en  1844,  et  qui,  &  Tépoqae  da 
serment,  était  âgé  de  21  ans  et  venait  de  terminer  ses  études  au  coUège  de 
Vannes.  U  entendit  cet  aveu  de  la  bouche  d^un  ecclésiastique,  dans  le  pres- 
bytère de  Crossac,  en  présence  du  recteur,  M.  Perraud  (Notes  de  M.  Bertho). 


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DÀM&  US   DI0G2:SE   de   hantes  APRiS  LA  RÉVOLUTION    ^i47 

Cette  influence,  désastreuse  pour  le  parti  schismatique,  dé- 
solait Vadministraiion  Guérandaise,.  qui  résolut  d'y  mettre  un 
terme. 

Déjà,  sous  prétexte  que .  leurs  démarches,  ou  leur  «  pré- 
sence »  occasionnait  des  troubles, .  le  Département  avait  dé- 
crété l'arrestation  de  plusieurs  ecclésiastiques  et  un  certain 
nombre  de  prêtres  fldèles  avaient  franchi  les  portes  du  châ- 
teau de  Nantes.  Le  Directoire  de  Guérande  crut  qu'il  pouvait 
oser  rincarcératioa  du  recteur  de  Saint-André. 

Le2i  août  1791,  it  se  réunit,  à  cet  effet,  en  séance  extraor> 
dinaire*.  Nous  citons  le  procès-verbal  : 

a  Sur  les  représentations  multipliées'  qui  ont  été  faites,  que 
le  sieur  Moyen,  recteur  de  Saint- André,  s'occupait  journelle- 
ment de  susciter  des  ennemis  à  la  Constitution  décrétée  par 
l'Assemblée  nationale,  et  sur  la  nécessité  prouvée  d'écarter 
cet  homme  dangereux  de  sa  paroisse  et  de  plusieurs  autres 
ou  il  a  de  riûfluence.  ^ 

«  Le  Directoire,  ouï  le  procureur-syndic,  arrête  qu'à  l'ins- 
tant il  serafaii  une  réquisition  au  commandant  de  la  Garde 
nationale  de  cette  ville  de  commander  vingt-cinq  hommes  de 
sa  troupe  pour  partir,  ce  soir,  à  neuf  heures,  et  se  rendre  à 
Saint-André-des-Eaux  pour  se  saisir  de  la  personne  du  sieur 
Moyen,  rectetfr  audit  lieu,  et  le  conduire  ès-prisons  de  Guer- 
rande,  pour  enstritte  le  faire  transférer  au  Château  de  Nantes 
ou  telle  autre  maison  d'arrêt  qu'il  plaira  au  Département  de 
la  Loire-Inférieure  lui  assigner*.  » 

L'audace  du  Directoire  de  Guérande  n'allait  pas  jusqu'à  opé- 
rer au  grand  jour  :  on  craignait  sans  doutje  l'influence  du  rec- 
teur, et  l'on  préférait  ne  pas  risquer  bataille. 

*  M.  Cailîo  présidait,  assisté  de  Af ^.  Janet  Retél,  Le  procureur-syndic 
était  If.  Chottard. 

s  Parmi  les  dénonciateurs  de  M.  Moyon,  il  faut  citer  le  vicaire  d'Escoublac, 
PhelippeS'Beauregard^  qui  avait  porté  ses  accusations  contre  le  plus  ter- 
riUe  de  ses  adoer5atre;,jusqu*à  T Assemblée  nationale  (Notes  de  M.  Gallard^. 

*  Areh.  dép.  —  Dist.  de  Guerrande,  fonds  de  Saint-André-des-Eaux,  dos- 
sier de  M.  Moyon. 


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.! 


148        l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

A  neuf  heures  donc,  la  troupe  se  mit  en  marche  vers  Saint- 
André.  Elle  arriva  au  milieu  de  la  nuit  dans  cette  paisible 
bourgade,  et  se  saisissant  du  pasteur  qui,  sans  songera 
conspirer,  prenait  tranquillement  son  repos,  elle  l'entraîna 
«  ès-prisons  de  Guerrande.  » 

)-*a  joie  fut  vive  au  sein  de  la  coterie  révclutionnaire  de 
Tendroit  ;  elle  perce  à  chaque  ligne  de  la  lettre  adressée  par 
le  Directoire  au  Département.  La  pièce  est  trop  curieuse  et 
montre  trop  l'arbitraire  qui  dirigeait  déjà  les  actes  de  Tadmi- 
nistration,  pour  que  nous  ne  la  citions  pas  textuellement. 

«.Messieurs, 

.  «  Nous  vous  envoyons  un  ci-devant  inviolable,  la  perle  des 
curés  de  notre  district,  M.  Moyon,  recteur  de  Saint-André- 
des-Eaux. 

«  Il  y  a  très  longtemps  que  nous  eussions  désiré  vous  faire 
ce  présent  ;  mais  la  crainte  que  son  absence  n'eût  excité  dans 
sa  paroisse  des  mouvements  désastreux,  nous  a  fait  tempo- 
riser jusqu'à  rinstant  où  il  ne  nous  a  plus  été  possible  de  to- 
lérer le  désordre  qu'il  occasionnait  dans  toutes  les  paroisses 
voisines,  et  qui  font  craindre  une  insurrection  totale.  Nous 
avons  cru  qu'en  éloignant  le  flambeau  nous  pouvions  plus 
facilejient  apaiser  l'incendie.  Nous  avons  reçu  maintes  fois, 
au  sujet  de  ces  désordres,  des  avis  qui  tous  nous  faisaient 
connaître  que  ce  lâche  déserteur  du  poste  où  l'avait  élevé  la 
confiance  de  ses  confrères,  ne  cherchait  qu'à  contrarier  dans 
nos  contrées  les  sages  vues  de  nos  législateurs.  Il  a  môme 
porté  la  mauvaise  volonté  au  point  qu'il  a  essayé  de  détour- 
ner plusieurs  électeurs*  de  se  transporter  à  Nantes,  et  dont 
l'un,  (Gliarles  Blanchot),  nous  a  fait  sa  déclaration  à  ce  sujet. 
Il  a  aussi  constamment  refusé  de  publier  les  lois. 

a  Si  la  séduction  dont  il  fait  depuis  si  longtemps  usage, 
n'avait  pas  réussi  au  gré  de  ses  désirs,    nous  aurions  sans 

*  Les  électeurs  du   département  devaient  se  réunir  à  Nantes    le  25    août, 
,  \  pour  l'élection  des  députés  à  rassemblée  législative. 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE   NANTES   APRES   LA    RÉVOLUTION      149 

doute  les  preuves  les  plus  completles  du  danger  de  la  pré- 
sence de  cet  hypocrite.  Mais  il  a  subjugué  les  esprits  et  a  dis- 
simulé ses  démarches  à  un  tel  point,  qu  il  ne  nous  a  pas  été 
possiblede  rien  savoir^de  constaté.  Au  surplus,  la  voie  publique 
raccuse  constaDtiment,  et  les  plaintes  que  nous  avons  reçues 
de  tous  côtés  nous  ont  paru  suffisantes  pour  le  faire  arrêter. 

«  Plusieurs  membres  du  Directoire  qui  vont  à  Nantes  en 
qualité  d'électeurs  vous  donneront  un  état  plus  détaillé  des 
motifs  qui  nous  ont  fait  agir*.  » 

M.  Moyon  fut  dirigé  sur  Nantes  et  y  arriva  probablement  le 
23.  Il  fut  immédiatement  écroué  au  château.  Son  arrestation 
èlaitabsolument  illégale.  Le  refus  de  serment  avec  sédition 
ou  coalition,  l'immixtion  dans  des  fonctions  supprimées,  la 
continuation  d'un  service  ayant  pris  fin  étaient  bien  dos  dé- 
lits prévus  par  la  loi  et  punissables  ;  mais,  outre  que  M.  Moyon 
n'avait  rien  de  tout  cela  à  se  reprocher,  les  tribunaux  seuls 
a\aient  le  droit  d'instruire  et  l'administration  ne  pouvait 
prendre  sur  elle  d'opérer  une  arrestation*.  Mais  qu'importait 
la  légalité? 

Arrivé  au  château.  M.  Moyon  s'attendait  à  comparaître  de- 
vant des  juges  et  à  subir  un  interrogatoire  ;  n'entendant 
parler  de  rien,  il  écrivit  le  26  août  aux  administrateurs  du  dé- 
partement : 

I  Je  suis  détenu  au  château  par  vos  ordres,  depuis  plus  de 
quarante  heures.  Je  demande,  Messieurs,  que  conformément 
à  la  loi,  vous  ordonniez  qu'on  procède  à  mon  inten'ogatoire. 
Sijeréclamecette  justice,  ce  n'est  pas  tant  parce  que  la  loi 
m'yaulorisey  que  parce  qu'il  me  tarde  de  me  justifier,  en  vous 
prouvant  la  légalité  de  ma  conduite. 
»  Signé  :  J,  Moyon,  recteur  de  Saint- André-des-Eaux.  » 
Un  ne  donna  pas  de  juges  à  M.  Moyon;  car  il  eût  fallu 


*  Arth.  dép.  —  Même  fonds.  Lettre  du  22  août  1790. 
'A.U]lié  :  JHstrici  de  Mathecoul^  pag.  168. 


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150  l'enseignement  SÉGONDAIHE  ECCLESIASTIQUE 

l'absoudre.  On  lui  envoya  une  condamnation*  Il  reçut  Tordre 
ou  de  ne  pas  quitter  Nantes,  ou  de  sortir  du  département.  Ce 
dernier  parti  lui  sembla  préférable,  et  il  écrivit  aussitôt  ce 
billet  :  «  Je  soussigné,  recteur  de  8aint-André-des-Eaux^ 
déclare  aux  administrateurs  du  département  de  la  Loire- 
Inférieure  qu'en  conséquence  de  Foption  qui  m'a  été  donnée, 
je  me  retirerai  dans  le  district  de  la  Roche-Bernard  ;  je  les 
supplie  de  me  donner  un  sauf-conduit  pour  m'y  rendre. 

»  A  Nantes,  ce  !•'  septembre  1791. 

»  Signé  :  J.  Moyon,  recteur  de  Saint-André-des-Eaux.  » 

En  faisant  ce  choix,  M.  Moyon  n'avait  pas  d'autre  but  que 
de  se  rapprocher  de  son  troupeau.  Le  district  de  la  Roche- 
Bernard,  en  dépit  des  décrets  de  l'assemblée,  faisait  toujours 
partie  du  diocèse  de  Nantes,  et  M.  Moyon  était  assuré  d'y 
trouver  des  amis  ;  de  plus,  quelques  paroisses,  comme  Férel, 
n'étaient  qu'à  une  petite  distance  de  Saint-André. 

Ce  premier  exil  d'ailleurs  ne  dura  pas  longtemps,  car  nous 
retrouvons  M.  Moyon  dans  sa  paroisse,  le  19  novembre 
suivant». 

Comme  desservant  non  remplacé,  M.  Moyon  avait  droit  à 
un  traitement.  A  la  date  du  25  juillet,  le  Directoire  de  Nantes, 
toujours  empressé  de  vexer  les  prêtres  insermentés^  lui  adres- 
sait un  compte  notablement  réduit.  A  peine  de  retour  parmi 


«  Le  Directoire,  ouï  le  procureur-syndic,  arrête  que  les  portes  du  château 
de  cette  yiUe  seront  oavertes  au  sieur  Moyon,  auquel  il  est  ordonné,  pour  les 
considérants  résultant  des  pièces  susdatées,  émanant  du  district  de  Guerrande, 
de  rester  dans  cette  ville  de  Nantes  où  de  sortir  du  département,  à  son  choix. 

s  Dans  sa  notice  sur  M.  Moyon,  Tabbé  Tresr>aux  a  écrit  :  «  IL..'  6*attir& 
ainsi  la  haine  des  autorités  constituées,  qui  le  firent  arrêter  et  le  gardèrent 
assez  longtemps  en  prison  à  Nantes.  La  municipalité  dé  sa  paroisse  le  récla^ 
ma  plusieurs  fois  sans  pouvoir  <)btenirsa  liberté  On  le  relâcha  eafin....»  On 
voit  qu'il  y  a  du  vrai  dans  ces  lignes  ;  mais  il  y  a  du  faux.  M.  Moyon  ne 
fut  que  onze  jours  en  prison  ;  mais  il  fut  peut-être  deux  mois  exilé.  Si  les 
démarches  de  sa  paroisse  sont  réelles,  elles  ont  eu  pour  résultat  d'abréger  cet 
exil,  mais  non  sa  détention.  11  est  certain  que  le  19  novembre  1791,  la  pr^ 
gence  de  M.  Moyon  était  tolérée  dans  sa  paroisse,  puisqu'il  ^rit  aux  Autori- 
tés et  date  sa  lettre  de  Saint-André.      , 


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DÂNS.IiB  DIOCÈSE   DE  NANTES  APRÈS  LA  REVOLUTION       151 

ses  paroissiens,  M.  Moyon,  qui  trouvait  déjà  suffisante  la 
réduction  opérée  sur  son  traitement  par  la  contribution 
paifiQt%que\  ftt  parvenir  ses  réclamations  aux  Directoires 
de  Guerrande  et  de  Nantes. 

A  cette  réclamation  qui  nous  intéresserait  médiocrement, 
s'en  joignait  une  seconde  d'un  tout  autre  intérêt.  M.  Moyon 
écrivait: 

a  k  cesdemandes  j'en  joins  d'autres,  Messieurs,  que  vous 
ne  trouverez  pas  moins  justes  et  sur  lesquelles  je  vous  prie 
aussi  de  faire  droit. 

«  Au  milieu  de  la  nuit  du  vingt-deux  août,  je  fus  saisi 
dans  mon  lit,  et  conduit  le  lendemain  au  château  de  Nantes  ; 
le  Directoire  du  district  de  Guerrande  me  demande  88  livres 
>our  avances  faites  pour  ma  saisie  et  mon  transport  à  Nan- 
tes*. Ce  serait  une  injustice,  Messieurs,  dont  vous  n'êtes  pas 
eapables  de  me  faire  supporter  les  frais. 

^  Dailg^nez  jeiter  les  yeux.  Messieurs,  sur  les  plaintes  de 
quelques  électeurs  de  Guerrande  et  sur  les*  dépositions  de 
cinq  ou  six  de  mes  paroissiens,  faites  devant  vous  le  vingt- 
six  août  dernier,  et  vous  verrez  que  loin  d'avoir  été  convaincu 
d'aucun  délit,  mes  accusateurs  furent  confondus.  lisse  virent 
réduits  à  une  accusation  vague,  à  dire  que  j'étais  dangereux 
poiff  la  chose  publique  dans  mon  canton.  De  ma  prison,  je 

*  Son  traitement  annuel  montait  k  1^70  br.  et  le  25  juillet,  en  Tautorisant  à 
toncher  ce  q^ui  lui  était  dû  pour  le  commencement  de  Tannée^  on  le  prévenait 
qa*il  faudrait  déduire  «  les  deux  premiers  termes  de  la  contribution  patriotique, 
aatroir  :  71  1t.  50  pour  le  premier,  et  95  Iv.  pour  le  second,  sauf  la  déduc- 
tion de  ce  qu'il  justifiera  avoir  pajfc  ii  y  valoir,  et  sans  préjudice  de  ce  qu'il 
peut  devoir  pour  cause  de  ses  retenus  patrimoniaux.»  — ^Irc^.  dép,  —  C'était 
bien  la  peine  de  suppnmer  la  dlme  et  les  corvées. 

9  Arrêté  du  directoire  du  dép.  du  Cher,  du  3  aoftt  1792. 

Art.  8.  —  <  Le»  frais  d  arrestation  et  de  noarriture  des  ecclésiastiques  qui 
contreviendraient  au  présent  arrêté  en  ce  qui  les  concerne  seront  acquittés 
sur  leur  pension,  8*iLs  en  ont  une,  ou  à.  défaut  sur  les  fonds  affectés  aux 
dépendes  du  culte.  »  Cité  par  M.  Louis  Au(fiat  :  JJn  déporté  éûéguede  Saint* 
Brieue.  Revue  Aist,  de  l'Ouest,  janvier  1887.  On  le  voit,  à  Bourges  comme  à 
Guérande,  on  s'entendait  k  faire  des  économies.  La  Nation  n'avait-elle  pas 
doaoé  Vexemple  en  «poliant  le  clergé! 


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152        l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

vous  demandai  inutilement  à  être  interrogé,  pour  connaître 
ensuitte  etmes  dénonciateurs  etles  plaintes  portées  contremoi. 
Ma  justification  eût  bientôt  été  complette  si  on  avait  daigné 
m'entendre  et  observer  les  formes.  Après  onze  jours  de  déten- 
tion un  officier  de  la  garde  nationale,  en  m^ouvrant  les  portes  de 
la  prison,  me  dit  que  j'étais  condamné  à  demeurer  dans  la 
ville  de  Nantes  ou  à  sortir  du  département.  Tout  illégal, 
injuste  et  nul  en  lui-môme  que  me  parût  un  tel  jugement,  je 
m'y  soumis  :  je  crus,  à  cause  de  la  fermentation -du  moment, 
devoir  respecter  jusqu'à  la  défiance  des  chefs  de  l'adminis- 
tration, quelque  rigoureuses  que  fussent  les  mesures  que 
semblait  leur  dicter  contre  moi  l'intérest  delà  chose  publique.  » 

«  Je  n'ai  été  convaincu  d'aucun  délict  et  je  ne  pouvais  l'être, 
puisque  je  n'ai  rien  fait  contre  la  loi.  Etant  innocent  à  ses 
yeux,  je  ne  dois  pas  être  puni. 

€  Je  demande  4**,  Messieurs,  que  conformément  à  la  loi, mon 
traitement  me  soit  payé  jusqu'à  mon  remplacement,  sans 
aucune  retenue,  ni  pour  les  frais  de  ma  saisie  et  de  mon 
transport  à  Nantes,  ni  pour  le  temps  de  mon  absence  de  ma 
paroisse*.  » 

Nous  devons  penser  que  le  directoire  de  Guérande»  qui 
avait  mis  tant  d'acharnement  à  poursuivre  M.  Moyon,  ne  vit 
pas  d'un  très  bon  œil  son  retour  à  Saint- André,  et  qu'il  le  sur- 
veilla de  près.  Il  n'y  manqua  point,  et  les  moindres  incidents 
lui  furent  un  prétexte  à  de  nouvelles  poursuites.  L'occasion 
désirée  ne  se  fit  pas  attendre  longtemps,  et  le  9  janvier  1792, 
le  directoire  de  Guérande  se  réunissait  encore  à  propos  du 
recteurde  Saint-André.  M.  Gh.  Jan  présidait  la  séance  et  parmi 
les  membres  présents,  nous  trouvons  un  M.  Leborgne.  Nous 
aimons  à  croire  que  ce  n'est  pas  le  même  qui  signait,  en  qua- 
lité de  procureur  fiscal,  la  prise  de  possession  de  la  cure  de 
Saint-André  par  M.  Moyon.  Mais  qui  sait?  Le  temps  avait 
marché  depuis  lors,  et  1774  était  si  loin  I 

*  Arch,  dép. 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS  LA   RÉVOLUTION      153 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  procureur  syndic,  Chottard,  fait  son  ré- 
qursitoire.Le  bruit  public  lui  a  fait  coundlire quePierre Griffé, 
fi\Sj  capitaine  de  navire,  au  Croisic,  et  Marie-Madeleine 
Raphaël,  lieBatz,  ont  été  mariés  le  21  novembre  dernier,  par 
M.  Jean  (Joseph)  Moyoq,  recteur  de  Saint-André-des-Eaux. 
Ému  de  cette  irrégularité,  il  a  fait  consulter  le  registre  de 
cette  paroisse  où  l'acte  de  mariage  parle  de  formalités  remplies, 
mais  non  spécifiées.  De  plus,  la  permission  de  bénir  le 
mariage  a  été  donnée  par  François  Monfort,  prêtre  sans  qua- 
lité pour  la  donner,  puisque  c'est  Jacques  Thébaud  qui  est 
curé  de  Batz.  Enfin  on  donne,  dans  l'acte,  la  qualité  de  noble 
homme  «  à  des  hommes  à  qui  Tancien  régime  lui-môme  Tau- 
rait  refusée*.»  L'ordre  public  a  été  troublé,  la  loi  transgressée, 
le  procureur  syndic  demande  que  Ton  surveille  le  recteur 
incriminé,  que  l'on  délibère  à  ce  sujet,  et  dépose  un  extrait 
du  registre  de  Saint- André,  signé  Lescard,  vicaire. 

Cette  fois,  le  directoire  avait  beau  jeu,  car,  sauf  la  compé- 
tence', la  loi  était  pour  lui,  M.  Monfort  en  effet,  le  curé  légi- 
time de  Batz,  avait  été  remplacé  par  V'mirwsThébautyÇii  il  exis- 
tait des  peines  contre  la  co/4/mwâ://on  d un  service  ayant  pris 
^rt;en  outre,  tous  les /«VreA-  étaient  supprimés.  L'assemblée 
doime  acte  au  procureur-Syndic  et  promet  de  faire  toutes  les 
démarches  nécessaires,  demandant  à  qui  de  droit  «  de  faire 
un  exemple  en  faisant  annuller  ce  mariage  avec  ^clat,  et  en 
faisant  punir  les  sieuçs  Moyon  et  Monfort  suivant  les  ri- 
gueurs de  la  loi.  Ce  dernier  pour  avoir  continué  ses  fonctions 
quoique  remplacé,  et  le  premier  pour  avoir  eu  égard  à  la  per- 
mission dudit  Monfort  et  donné  des  qualités  aux  parties*. 

^  <  L'expression  noble  homme,  inscrite  dans  un  acte  de  Tétat  civil,  est 
tout  justement  un  certificat  authentique  de  roture.  Avant  1789,  dans  les  con- 
trats et  les  actes  de  l'état  civil,  les  gentilshommes  prenaient  les  titres  dVcwj/er 
ou  de  »)emre.  Noble  fiomme  était  le  titre  que  prenaient  les  bourgeois  de 
quelque  importance  ;  honorable  homme  celui  que  prenaient  les  petits  bour 
geoia,  les  marchands,  les  artisans.  »  Ed.  Biré.  Correspondant  y  livraison  du 
10  août,  188  7,  pag.  562. 

'Les  tribunaux  seuls  étaient  chargés  de  poursuivre. 

^  Ar(h.dép, —  Dossier  Mojon.  Lettre  du  directoire  de  Guérande,  du  15 
janTicr  1792 .  -^ 

T.  VI.    —   NOTICES,   —    VI*   ANNÉE,    1"   LIV.  H 


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154        ju'ensàignement  secondaire  ecclésiastique 

Los  délibérations  du  directoire  de  Guérande  n'étaient  pas 
seules  à  menacer  la  libertci  de  M.  Moyon.  L'assemblée  légis- 
lative avait  porté,  le  29  novembre  1791,  un  décret  ordonnant 
la  surveillance  des  prêtres  vtsermentésy  et  le  Département 
avait  encore  renchéri  sur  cette  sévérité.  Le  9  décembre  sui- 
vant, U  publiait  un  arrêté  dont  le  troisième  article  était  ainsi 
conçu  ;  «  Que  tous  les  ecclésiastiques  non  sermentés,  quels 
qu'ils  soient,  qui,  par  leur  conduite,  leurs  discours  ou  leur 
présence,  inspireraient  la  désobéissance  aux  lois,  Téloigne- 
ment  du  culte  salarié  par  la  nation,  et  l'esprit  de  sédition  et 
de  révolte^  et  qui  abuseraient  des  choses  les  plus  sacrées  pour 
égarer  les  esprits,  seront  conduits  au  chef-lieu  du  déparle- 
ment, pour  y  résider  et  constater  leur  présence  comme  ci- 
dessus  (tous  les  jours  àmidi)V 

M,  Moyon,  adversaire  résolu  et  inlluent  de  la  Constitution 
civile,  était  dans  ce  cas  ;  il  dut  se  cacher.  Nous  ne  le  suivrons 
pas  dans  ces  nouvelles  traverses  d'une  vie  qui  semblait  devoir 
être  si  paisible  ;  car  la  tradition  ne  nous  en  apprend  que  fort 
peu  de  chose.  Nous  pensons  toutefois  que,  dès  l'abord,  les 
poursuites  furent  assez  vives,  et  nous  en  trouvons  une  preuve 
dans  ce  fait  que  M.  Moyon  et  son  vicaire,  M.  Lescard,  se  ca- 
chèrent pendu.nt  quelques  temps,  à  une  assez  grande  distance 
de  Saint- And  ré.  Le  recteur  trouvait  alors  un  refuge  soit  au 
château  dii  la  Bt'etesche,  en  Missillac,  soit  à  celui  de  la  Baronie 
en  Saint-Dolay,  mais  à  un  kilomètre  seulement  du  bourg  de 
Missillac.  Il  y  employa  ses  loisirs  forcés  à  composer  un  Cfl- 
téchmne  pour  prémunir  les  fidèles  contre  les  dangers  du 
schisme» 

M.  Moyon  demeura  une  année  dans  cette  situation  ;  mais 
les  poursuites  devenant  de  plus  en  plus  ardentes,  et  sa  noto- 

*  Cité  par  M.  A»  LaUié,  op.  cit.  page  202. 

1  Not«s  de  M.  Qaîlard  et  de  M.  Bertho,  Cet  ouvrage  fut  imprimé  et  répandu. 
Ne  aérai t-ce  point  ce  Catéchisme  à  Vusage  des  fidèles  de  la  campagiie^  dont 
parla  M.  Lalli^  dans  le  District  deMacftecoul  (pag.204),  et  que  Tadministra- 
tîûii  signalai  t  ii  toutes  les  municipalités  comme  un  écrit  séditieux  f  Mais  dans 
ce  cafi,  M.  Moyoû  l^aurait  composé  durant  les  d^ux  mois  de  son  premier  exil» 


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DANS   LE   DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS  LA   RÉVOLUTION      155 

riélé  lui  rendant  sans  cloute  \  incognito  très  difficile,  ii  résolut 
de  passer  en  Espagne,  où  la  plupart  des  prCtres  du  voi- 
sinage avaient  été  déportés. 

Vivement  traqué  partout,  il  se  dirigea  vers  le  Croisic,  pour 
s'y  embarquer.  On  l'attendait  pour  lui  faire  un  mauvais  parti. 
Grâce  à  uq  déguisp^ment,  il  monta,  sans  être  reconnu,  sur  le 
bâtiment  qui  devait  le  transporter  en  Espagne.  Une  fois  au 
large,  il  entonna  le  Venicreator,  auquel  s'unirent  les  gens  du 
bord,  au  grand  ébahissement  des  patriotes^  spectateurs  déçus  \ 

de  l'embarquement*.  '  ! 

Le  vie  de  M.  Moyon  en  Espagne  fut  celle  de  tous  ses  con- 
frères, vie  de  privations,  de  tristesse  et  d'espérance.  Dès  que 
le  calme  fut  rétabli  et  la  persécution  apaisée,  il  rentra  en 
France  et  revint  à  Saint-André'.  Le  27  janvier  1803,  il  prêtait 
serment  dans  la  cathédrale,  au  gouvernement  établi . 

Comme  toutes  les  autres  paroisses,  Saint-André-des-Eaux 
avait  beaucoup;  souffert  pendant  son  absence.  L'église  avait 
été  complètement  «  dégradée  »  par  les  troupes,  et  le  pres- 
bytère, abandonné  pendant  de  longues  années,  était  inha- 
bitable. Au  point  de  vue  spirituel,  la  paroisse  avait  aussi 
souffert  ;  moins  que  d'autres  cependant  :  trois  prêtres*  en 
effet  y  avaient  passé  à  peu  près  tout  le  temps  de  la  Révolution, 
y  exerçant  le  saint  ministère.  Depuis  1795,  les  cérémonies  du 
culte  avaient  même  été  accomplies  publiquement,  dans  des 
maisons  particulières,  ou   dans  de  vastes  prairies. 

M.  Moyon,  malgré  son  âge  et  les  fatigues  endurées,  se  mit 
avec  ardeur  à  la  réparation  de  toutes  ces  ruines.  Il  voulut  en 
même  temps  réparer  les  ruines  du  sacerdoce. 

*  Notes  de  M.  Gallard,  On  lit  dans  TresTauz,  op.  cit.  :  <  U  était  .déjà 
embarqué  lorsque  des  gendarmes  vinrent  pour  Tarrôter  à  bord  du  navire  sur 
lequel  il  était  monté  Prévenu  à  temps,  M.  Moyon  se  sauva  dans  un  canot  et 
échappa  ainsi  à  leurs  poursuites.  Il  put  ensuite  se  rembarquer,  et  se  mettre 
en  sûreté,  en  partant  pour  TEspagne.  » 

'  A  la  fin  de  1800,  d'après  Tresvaux, 

'  Mellmet,  op.  cit.  XI,  156. 

^  ^*  Lescard,  vicaire,  de  Saint- André  ;  M.  Rouaud,  originaire  de  cette 
"^tte  paroisse,  et  M.  Lévêque.  —  Arch.  dép. 


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156        l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

Au  chevet  de  Téglise  paroissiale,  s'élevait  un  vaste  bâti- 
ment. C'était  Tancien  auditoire*.  En  attendant  que  le  pres- 
bytère fût  restauré ,  ce  local  fût  cédé  au  desservant,  et 
M.  Moyon  s'y  installa  avec  plusieurs  élèves  qu'il  groupa 
autour  de  lui. 

Nous  ne  répéterons  pas  ici  ce  que  nous  avons  dit  ailleurs. 
Ajoutons  seulement  quelques  traits  particuliers  à  cette  école. 
L'objet  de  l'enseignement  était  plus  étendu  que  dans  les 
autrtes  petits  collèges  (sauf  Maisdon).  Aux  études  classiques 
s'ajoutèrent  des  éléments  de  philosophie  et  des  notions  théo- 
logiques préparatoires  aux  cours  du  grand  séminaire*.  Nous 
pouvons  môme  ajouter  que  si  M.  Moyon  comptait,  parmi  ses 
écoliers,  plusieurs  commentants,  il  donnait  surtout  ses  soins 
à  des  jeunes  gens  plus  avancés.  Ce  que  nous  avons  dit  de 
M.  Le  Guen,  ce  que  nous  dirons  plus  bas  d'un  autre  curé 
voisin  montre  que  la  plupart  des  jeunes  gens,  étrangers  à  la 
paroisse  de  Saint-André,  qui  allaient  suivre  les  leçons  de  son 
pasteur,  avaient  déjà  fait  quelques  études  sous  la  conduite  de 
celui  de  leur  propre  paroisse.  D'ailleurs,  en  parcourant  les 
listes  des  séminaristes  conservées  aux  archives  de  Tévêché  de 
Nantes,  seuls  documents  officiels,  et  encore  incomplets,  qui 
puissent  nous  guider,  nous  constatons  que  le  plus  grand 
nombre  des  élèves  de  M.  Moyon  étaient  étudipnts  en 
philosophie.  ^ 

Le  règlement  était  celui  que  nous  avons  exposé,  et  laissait 
aux  élèves  beaucoup  de  liberté.  Le  lever  avait  lieu  à  cinq 
heures.  Les  élèves  de  M.  Moyon  étant  tous  destinés  à  la  clé- 
ricature,  et,  pour  la  plupart,  des  jeunes  gens,  leur  journée 
commençait,  comme  dans  les  grands  séminaires,  par  une 
demi-heure  d'oraison.  Cet  exercice  se  faisait  en    commun 


*  On  appelait  auditoire  le  lieu  où  le  seigneur  de  la  paroisse  rendait  ou  faisait 
rendre  la  justice.  L^ancienne  église  de  Saint-André  a  été  démolie  vers  1880, 
et  il  ne  reste  plus  de  Tauditoire  que  quelques  pans  de  murs,  dont  on  s^est 
servi  pour  établir  une  remise  et  une  écurie,  joignant  la  mairie  et  Técole 
communale  des  garçons.  Note  de  M.  Gallard, 

>  Notes  de  M,  Gallard. 


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DANS  LE   DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS   LA  RÉVOLUTION      157 

dans  une  des  chambres  du  presbytère  ;  Monsieur  le  curé  le 
présidait;  et  les  sœurs  tertiaires  de  la  paroisse  y  étaient 
admises  :  toutefois  ces  dernières  se  tenaient  un  peu  à  Técart, 
en  dehors  de  la  chambre.  Quelle  pieuse  simplicité  !  Et  pour- 
tant ces  souvenirs  ne  manquent  pas  de  poésie.  Ne  semble-Mi 
pas  que  Brizeux,  une  des  gloires  de  ces  humbles  écoles  près- 
bytérales,  ait  pénétré  jadis  dans  la  demeure  du  curé  de  Saint- 
André  et  qu*il  ait  peint  au  naturel  le  simple  tableau  que  nous 
venons  de  décrire  ? 

Cependant  la  nuit  tombe.  Enfants  et  domestiques. 
Quelques  voisins,  amis  des  pieuses  pratiques, 
S'assemblent  dans  la  salle,  et  leur  humble  oraison. 
Encens  du  cœur,  s*élève  et  remplit  la  maison  ; 
Et  la  journée  ainsi,  pieuse  et  régulière, 
Comme  elle  a  commencé  finit  dans  la  prière*. 

Comme  partout,  la  classe  du  matin  se  faisait  au  presbytère^ 
à  dix  heures  ;  et  celle  du  soir,  souvent  par  les  chemins.  * 

«  On  a  peine  à  comprendre,  remarque  celui  qui  nous  a 
transmis  ces  détails,  comment  le  vénérable  curé  pouvait  faire 
face  à  tant  d'obligations  qui  lui  incombaient  dans  son  pres- 
bytère, à  Téglise,  dans  l'étendue  d'une  paroisse  marécageuse/ 
et  môme  dans  les  paroisses  voisines  avec  lesquelles,  la  répu- 
tation de  ses  lumières  et  de  ses  vertus  lui  créait  de  nom- 
breuses relations*.  »  Mais  de  quoi  n'e*st  pas  capable  le  zèle 
d'un  saint  prôtre,stimulé  par  les  besoins  pressants  des  âmes  ? 

Il  est  difficile  de  connaître  exactement  le  nombre  des  éco- 
liers qui  suivirent  les  leçons  de  M.  Moyon.  Une  note,  que 
nous  avons  sous  les  yeux',  prétend  qu'il  n'en  eut  que  sept. 
Mais  c'est  une  erreur  manifeste.  On  s'expliquerait   difflcile- 

<  Mariât  édition  Lemerre,  p.  84. 

»  Notes  de  M.  Gallard* 

9  Ceti3  note  nous  a  été  fournie  par  M  Gallard,  d*ordinaire  pourtant  très 
exact  ;  mais  il  avait  été  lui-même  induit  en  erreur  par  des  élèves  qui  n'avaient 
eonnn  que  les  darnières  anné3s  de  Técole,  ot  dont  les  souvenirs  sur  ce  point 
étaisnt  nécessairement  incomplets. 


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i58        l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

ment  la  célébrité  relative  dont  a  joui  Técole  de  Saint-André 
et  !e  cas  qu'en  faisait  M«'  Duvoisin,  si  elle  n'avait  eu  qu'une, 
action  aussilimitée.  Dans  les  registres  de  révôehé,  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  on  trouve,  à  Saint-André,  quatorze  élèves 
pour  l'année  1806,  et  pour  Tannée  1811,  un  chiffre  à  peu  près 
égal  :  ce  qui  nous  donne  à  penser  que  tel  était,  en  moyenne, 
le  nombre  des  élèves  de  M.  Moyon.  Si  nous  ajoutons  que  ce 
respectable  pasteur  remplit  les  fonctions  de  professeur  de- 
puis son  retour  d'Espagne  jusqu'en  1813,  on  aura  une  idée  des 
services  qu'il  rendit  au  diocèse  de  Nantes. 

Voici,  parmi  les  élèves  de  Saint- André-des-Eaux,  qui  furent 
prêtres,  ceux  dont  les  noms  sont  parvenus  h  notre  connais- 
sance : 

MM*  François  Delalande,  mort  curé  de  Marsac,  et  son 
frère  Marc,  mort  vicaire  de  Saint-Lumine-de-Clîsson  ;  Pierre 
Fourré,  curéde  Jans;  Etienne  Mahé,  mort  curé  de  la  Rouxière; 
Gilles  Moyen,  mort  curé  de  Cordemais  ;  Philippe  Perrigaud, 
ancien  curé  de  Saint- Joachim,  puis,  pour  cause  de  santé,  curé 
du  Temple  ;  François  Pelaud,  mort  curé  de  Donges  ;  Joseph 
Hervy,mortà  Sainte-Reine;  rabbéGouray,curédePontchâteau 
et  restaurateur  vénéré  du  calvaire  élevé  par  le  bienheureux 
P.  Montfort,  mort  dans  sa  paroisse,  en  1857  ;tous  ces  prêtres 
avaient  déjà  commencé  leurs  études,  soit  à  la  Chapelle-des- 
Marais,  soit  à  Saint-Joachim,  soit  à  Sainte-Reine,  lorsqu'ils 
allèrent  à  Saint-André.  La  plupart  d'entre  eux  firent,  dans 
cette  dernière  paroisse,  leur  rhétorique  et  leur  philosophie, 
et  de  là  entrèrent  directement  au  grand  séminaire, 

Nous  devons  ajouter  d'autres  noms  encore  :  MM.  Julien 
Mahé,  mort  curé  de  Couôron  ;  Jean-Marie  Mouchet  ;  Christien , 
curé  de  Missillac,  mort  à  Nantes  ;  Jean-Marie  Bertho,  mort 
curé  de  Plessé  ;  Deniaud,  curé  de  Mouzeil  ;  Faugaret,  curé  de 
Dûulon  ;  Geoffroy,  curé  de  Saint-Lyphard,  ces  trois  derniers 
nés  à  Saint-André,  et  morts  dans  leur  paroisse  natale  ;  Peltieo 
mort  curé  de  Savenay  ;  Henri  Orillard,  chanoine  honoraire 


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DANS   LS   DIOCÈSE   DE   NANTES  APRÈS  LA   RÉVOLUTION      159 

directeur  du  petit  collège  de  Ctiauvé,  mort  dans  cejte  maison  ; 

Bigaré,  également  chanoine  honoraire,  mort  curé  du  Croisic. 
Il  y  aurait  sans  doute  beaucoup  d'autres  noms  à  citer, 

surtout  si  nous  ajoutions  les  noms  de  ceux  qui  n'embrassèrent 

pas  Tétat  ecclésiastique*  nous  croyons  toutefois  cette  liste 
suffisante  pour  faire  apprécier  le  bien  qu'opéra  M.  Moyen, 
et  pour  justifier  cette  notice,  un  peu  longue  peut-ôtre,  mais 
qui  nous  paraît  méritée. 

En  1811,  M.  Lebastard,  dont  nous  parlerons  plus  bas, 
ayant  pris  la  direction  du  collège  de  Guérande,  le  recteur  de 
Saint-André  songea  h  fermer  son  école.  Cependant  il  attendit 
encore  un  an  avant  de  prendre  une  résolution  définitive. 
Lorsqu'il  vitTabbé  Macé  succéder  à  M.  Lebastard,  il  n'hésita 
plus^  Le  maître  ne  devait  pas  survivre  longtemps  à  son 
école. 

Très  actif,  malgré  son  grand  &ge,  il  donnait,  pendant  les 
vacances  de  ses  élèves,  des  retraites  ou  missions  dans  les 
paroisses  voisines.  Il  revenait  du  Croisic,  après  avoir  accompli 
cette  œuvre  de  zèle,  quand  son  cheval  s'abattit  sur  la  butte 
•de  Saint'Servais*  ;  sa  santé  en  fut  gravement  ébranlée.  Il 
mourut  à  Saint-André,  le  31  octobre  1813,  et  fut  inhumé,  deux 
jours  après,  dans  Thumble  cimetière  où  si  souvent  il  avait 
prié*. 

Il  nous  reste  peu  de  choses  à  dire,  pour  compléter  ce  por- 
trait. Aussi  sincèrement  modeste  qu'il  était  profondément  ins- 

*  L*aii  d'eax,  nommé  Deniaud,  deYint  soldat  et  eut  une  jambe  emportée  par 
le  premier  boulet  lancé  par  Tennemi  k  la  bataiUe  de  Wagram.  Il  mourut  à 
Saint- André. 

'  Notes  de  M.GaUard.  —Nous  devons  toutefois  ajouter  que  les  registres  de 
l'évèché,  pour  Tannée  1813,  font  encore  mention  de  quelques  écoliers  résidant 
à  Saint-André. 

*  Entre  Escoublac  et  Guérande. 

*  «  I4  2  novembre  1813,  tu  le  certificat  de  décès,  a  été  inhumé  le  corps  de 
M.  Joseph  Moyen,  curé-dessenrant  de  cette  paroisse,  fils  de  Luc  Moyon  et  de 
Perrine  OUÎTaud,  son  épouse,  en  présence  de  MM.  Crossais,  de  Saint-Nazaire, 
Ouénel,  desservant  d'Escoublac,  Orseau,  de  Saint-Sébastien,  Durand,  curé 
d'Herbignac,  et  Christien,  vicaire  de  Guérande.  >—  Extrait  des  registres 
^  la  paroisse  de  Saint- André-des-Eaux . 


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160 


L  ENSEIGNEMENT    SECONDAIRE   ECCLESIASTIQUE 


ruit,  M.  Moyoa  refusa,  dit-oa,  plusieurs  fois,  d'échanger 
pjurdes  p53itioa3  plus  brillantes  sa  chère  petite  paroisse  de 
Sairtt-Anlréi  et.  après  Tavoir  évangélisée  avec  amour,  il  vou- 
lut y  mourir. 

Sachante  n'était  pas  moins  remarquable  :  on  le  vit,  durant 
des  années  de  disette,  mendier  de  porte  en  porte,  pour  les 
pauvres,  des  secours  qu'il  faisait  ensuite  distribuer  avec  ordre 
et  discernement  à  son  presûytère.  Aussi,  était-il  devenu  Tar- 
bître  et  le  conseiller  de  ses  paroissiens  dans  la  plupart  des 
difficultés  qui  s'élevaient  entre  eux  ;  et,  plus  d'une  fois,  ses 
décisions,  toujours  marquées  au  coin  de  la  justice  et  du  bon 
sens^  furent  confirmées  par  les  hommes  de  la  loi  ou  les  tri- 
bunaux. 

Ce  que  nous  avons  dit  du  recteur  de  Saint-André  montre, 
avec  ses  lumières,  la  grandeur  de  son  zèle  et  de  sa  charité 
Un  trait  le  peindra  mieux  encore. 

Dans  la  paroisse  natale  de  M.  Moyon,  un  malheureux 
prêtre  avait  donné,  durant  les  jours  mauvais,  les  plus  afifreux 
scandales.  Après  avoir  prêté  le  serment  schismatique,  accepté 
sans  institution  canonique,  la  cure  de  Crossae,  attristé  les 
âmes  fidèles  par  le  spectacle  de  ses  orgies,  et  pris  part  à 
toutes  les  violences,  exercées  dans  ce  pays,  par  une  bour- 
geoisie profondément  révolutionnaire,  Guillaume  Sambron 
avait  mis  le  comble  à  ses  crimes  et  à  son  déshonneur 
en  contractant  une  union  sacrilège.  La  mort  de  la  mal- 
heureuse* qui  n'avait  pas  rougi  d'accepter  sa  main  et  le  réta- 
blissement du  culte  catholique  semblèrent  ouvrir  les  yeux  à 
ce  misérable. 

M.  Moyon,  qui  était  trop  éclairé,  trop  charitable  et  qui  avait 
trop  souffert  pour  ne  pas  être  indulgent,  Taccueillit  avec  bonté 
et  s'cfTorf^a  de  le  faire  rentrer  dans  la  voie  du  devoir.  Il  eut 
avec  lui  de  nombreux  entretiens',  lui  fît  faire  une  retraite,  au 

*  Saoubron  rengagea,  au  lit  de  mort,  à  se  repentir  de  sa  faute, 
s  C'ét[iit  le  jeudi,  jour   où  M.  Moyon  donnait  congé  à  ses  étudiantsi,  que 
Sanihroh  venait   à   Saint-André.    Les  entretiens   avaient    lieu  souvent  à  la 


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DANS   LE    DIOCÈSE   DE  NANTES   APRÈS   LA   RÉVOLUTION      161 

presbytère  de  Guérande,  sous  la  direction  de  M.  de  Bruc,  de- 
puis évoque  de  Vannes,  et  le  conduisit  lui-même  à  Montoir, 
faire  amende  honorable  devant  les  témoins  de  ses  scandales. 
Tel  était  M.  Joseph  Moyen,  recteur  de  Saint-André- 
des-Eaux.  Une  si  belle  figure  ne  devrait  pas  être  vouée  à 
l'oubli;  et  pourtant  dans  ce  diocèse  de  Nantes,  est-il  beau- 
coup de  fidèles,  estril  beaucoup  de  prêtres  qui:  savent  même 
son  nom  ?  Il  est  dédommagé,  nous  n'en  doutons  pas,  dans  le 
sein  de  Dieu,  qui  récompense  les  humbles.  Mais  de  plus  la 
modeste  paroisse,  dont  il  a  été  le  curé  pendant  près  de  qua- 
rante ans,  est  rtstée  fidèle  à  son  souvenir.  «  Les  gens  du  pays 
ont  tant  de  respect  pour  sa  mémoire,  qu'ils  vont  prier  sur  sa 
tombe  et  l'invoquent  comme  un  bienheureux* .  • 

Avant  de  terminer  le  chapitre  de  Saint-André-des-Eaux, 
nous  devons  ajouter  un  mot. 

Dans  beaucoup  de  paroisses,  les  membies  du  clergé,  se  fai- 
sant tout  à  tous,  se  transformèrent  en  simples  maures  (T école, 
enseignant  à  lire  aux  petits  paysans.  C'est  ce  qui  arriva  à 
Saint-André.  M.  Lescard*,  vicaire  de  M.  Moyen,  vaillant  con- 

lacristie,  et  retardaient  parfois  le  catéchisme.  Un  jour  que  la  séance  avait  été 
plas  longue  et  Vimpatience  des  enfants  plus  vive,  M.  Moyon  dit  à  Cis  derniers 
que  c'était  un  malheureux  prêtre  égaré  pendant  la  Héfolution  ;  mais  qu*il 
fallait  bénir  Dieu  parce  que  sa  grâce  Tavait  touché  et  le  ramenait  dans  le  bon . 
chemin.  Il  leur  fit  easuite  une  grande  et  belle  instruction  qui  resta  profon- 
dément gravée  dans  Fesprit  de  ces  enfants.  »  U  parait  que  ce  prêtre,  un  jour, 
se  présenta  à  la  cure  demandant  M.  Moyon.  Celui-ci  était  à  dîner,  en  compa- 
gnie de  plusieurs  confrères.'  On  lui  annonce  Sambron  :  «  Prépare  un  couvert,! 
dit-il  à  son  domestique.  L'assemblée  fut  surprise  et  le  manifesta.  Biais  le 
recteur  imposa  silence,  et  tous  se  turent,  pendant  qu'il  priait  avec  instance  le 
nouTeau  venu  de  prendre  part  au  dîner.  —  Notes  de  M.  Vabbé  Geoffroy, 

»  Tresvaux,  op,  ciL  p.  494.  —  M.  Moyon  a  laissé  deux  ouvrages.  Nous  avons 
cité  le  premier;  le  second  n'est  qu*un  recueil  de  traits  édifiants  compilés 
pendant  l'émigration.  Ces  deux  opuscules  ont  été  déposés  èi  l'évéché  par 
M.  rabbé  Deniaud.  —  Notes  de  M   Gallard, 

^  M.  Lescard,  né  au  village  de  Sav>ines^  dans  la  paroisse  de  Montêir 
(aujourd'hui  de  celle  de  Méans,  bien  que  toujours  de  la  commune  de  Montolr), 
fot  d'abord  marin  et  commença  ses  études  à  18  ou  *20  ans.  Nommé  vicaire  à 
^Qt-Ândré,  il  y  resta  jusqu'à  sa  mort  qui  arriva  le  12  mars  1820.  A  la  mort 
de  M.  Moyon,  il  avait  refusé  d'être  son  successeur.  U  n'exerça  jamais  le  saint 
ministère  ailleurs  qu'à  Saint- André  ;  lorsqu'il  mourut,  il  y  était  vicaire  depuis 
«0  ans.  Ce  fut  seulementcinq  ans  avant  sa  mort  qu'il  cessa  défaire  la  classe. 


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162        l'enseignement  secone^aire. ecclésiastiquk 

fesseiir  de  la  foi  et  prêtre  aussi  dévoué  que  modeste,    se  fit 
instituteur,  et  notre  Université^ 

Si  parva  licet  componere  magnis, 


donna  bientôt  Tinstruction  secondaire  et  l'instruction    pri- 
maire. 

M.  Moyon,  à  défaut  de  presbytère,  s'était  logé  dans  Taudi- 
toirô  ;  M,  Lescard,  lui  aussi,  chercha  un  gîte  où  il  put.  Les 
misères  de  la  Révolution,  pendant  laquelle  il  avait  souvent 
dormi  à  la  é/^//^^/oî7^,  l'avaient  habitué  à  ne  pas  se  montrer 
difficile.  Il  fit  réparer  une  chaumière  à  ses  frais  et  s*y   logea. 

Tous  les  ans,  depuis  la  Toussaint  jusqu'au  mois  dô  juillet 
(époque  des  première^  communions),  il  faisait  la  classe  à  une 
quarantaine  de  garçons.  L'exercice  commençait  entre  huit  et 
neuf  heures,  et  durait  deux  heures. 

Ceux  qui  tenaient  à  une  instruction  un  peu  plus  complète 
revenaient  dans  l'après-midi.  M.  Lescard  leur  consacrait 
encore  deux  heures,  puis  faisait  avec  eux  une  promenade 
dans  la  campagne,  récitant  son  bréviaire  ou  faisant  une  lec- 
ture, pendant  qu'ils  étudiaient  leurs  leçons. 

L'instruction  qu'il  distribuait  était  surtout  religieuse.  On 
savait  l'apprécier  :  aussi,  avait-il  des  élèves  de  Guérande 
[même  de  la  ville)^  de  Montoir,  de  Saint-Nazaire  et  de  Saint- 
Lyphard, 

L'école  de  M.  Moyon  s'alimentait  surtout  de  celle  de  son 
vicaire,  et  c'est  ainsi  que  tous  deux  concouraient  à  la  même 
œuvre  de  eMg  et  de  réparation  . 

Abbé  Rigordel. 

(A  suivre.) 


(S/S4^ê/S 


^  Tout  ce  qui  concerne  M.  Lescard  est  dû  aux  soufenirs  de  M.  Oeoffrof- 


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L'ABBAYE 


DE 


BOIS-GROLLAND 


EN  POITOU 
(Suite  et  fin'). 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES 

I 

Reçus  qui  témoignent  des  sacrifices  que  s'imposaient  les 
Religieux  pour  Ventretien  de  leur  chapelle. 

Par  devant  les  Gon*"  du  Roy,  Notaires  de  Sa  Majesté  au  Cbâtelêt  de 
Paris  soubsignez  furent  preseus  les  sieurs  Pierre  Labbé,  marcbani 
tapissier  de  cuir  doré,  demeurant  rue  Saint  Ânthoine  paroisse  Saint- 
Panl.  Et  sieur  Laurent  Hurlot,  m^  peintre  à  Paris  demeurant  sur  le 
quay  Pelletier  parroisse  Saint-Geryais.  Lesquels  ont  reconnu  et  con- 
fessé airoir  reçu  cbacun  d'eux  en  leur  particulier  du  Révérend  père 
prienr  de  l'abbaye  de  nostre  Dame  de  Bois  Grosland  par  les  mains  de 
noble  homme  M.  Pierre  Ollivcau,  advocat  en  Parlement  Senescbal  de 
la  Tille  et  principauté  deTalmond,à  ce  présent  logé  rue  Serpente,  à 
la  Boze  Blarche,  parr"'  Saint-Seyerin.  C'est  à  fçavoir  ledit  Hurlot  la 
somme  flf*  quarante  sis  li\res  pour  la  vente   de  doux  tableaux  l'un  de 

i  Voir  la  lirraison  de  janvier  1890. 


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.   I 


164  l'abbaye  de  bois-grolland 

saint  Fiacre,  et  Vautre  de  saiate  Luce  de   sa  façon,  pour  Tusage  de 
l'Eglise  de  ladite  abbaye  de  Bois  Grosland,  ordre  de  Gisteaux  et  Gler- 
Taux  en  bas  Poistou^  qu*il  luy  a  aujourd'huy  livré  ensemble  la  somme 
de  quarante  sols  pour  les  frais  qu'il  a  convenu  faire  pour  rouler  lesdits 
tableaux  affin  de  les  envoyer  en  ladite  saint  Enetz,  et  ledit  sieur  Pierre 
Labbé,  marchand  tapissier  en  cuir  doré,  cçlle  de  douze  livres  dix  sols 
pour  la  vente  dellivrance  de  deux  devans  d'hostel  de  cuir  doré  drappé 
façon  de  Brocatel  pour  ladite   Eglise  dont  ils  ont  quitté  et  quittent 
ledit  sieur  Prieur  et  promettent  garantir  envers  et  contre  tous.  Et  a 
ledit  sieur  Senesçhal  déclaré  que  ledit  sieur  Prieur  a  fait    achepter 
lesdits  tableaux  et  devans  d'bostel  pour  d*autant  satisfaire  à  Tarest  de 
Nosseigneurs  du  grand  conseil.   Et  transaction    faite  en  conséquence 
entre  ses  autheurs  Prieur  et   Relligieux   de  ladite   abbaye.  Et  feu 
Monsieur  l'abbé  Gravel,  abbé  de  ladite  abbaye   ayant  succédé  à  feu 
Monsieur  Tabbé  de  Lingendes  aussy  abbé  de  ladite  abbaye.   Et  pour 
ladite  garantie  lesdits  Hurlot  et  Labbé  esUsent  leurs  domicilies  en  leurs 
demeures,  promettant  obligeant  renonçant.  Fait  et  passé  à  Paris  ea  l'es- 
tudedudit  notaire  soubsigné.  L'an  mil  six  cent  quatre-vingt-sept  le  dou- 
zième jour  dudit  mois  de  mars  et  ont  signé  fors  ledit  Labbé,  qui  a  dé- 
claré de  sçavoir  escrire  ny  signer  de  ce  enquis  en  la  minute  des 

demeurée  à  Taboue  Vun  desdits  notaires  soubsignez.  Pour  coppie. 

4  nov,  iê86.  —  Par  devant  les  notaires  gard'"  du  Roy  au  châtelôt 
de  Paris  sous®*  furent  présents  les  sieurs  Jean-Bap»*  Loir  m*  orfèvre  à 
Paris,  dem*  sur  le  Pont  au  Change  à  l'Image  S'-André,  parroisse  S<- 
Jacques  de  la  Boucherie  ;  Jacques  Brou,  m^  brodeur,  et  m^  chazublier 
à  Paris,  dem*  à  Paris  rue  de  la  Barillerie,  parroisse  susdite  8»-Jacques 
de  la  Boucherie  ;  Pierre  Greneau,  m^  fondeur  en  cuivre  et  laton,  dem' 
rue  de  la  Ferronnerie  à  l'enseigne  du  Grand  Cornet,  parroisse  des  S"- 
Innocents,  Louis-Charles  Duhin  pegaeur  tabletier  à  Paris,  dem'  rue  des 
Ârcis  parroisse  S'-Médard,  Mathieu  Le  Blond,  m^  en  taille  douce  dem, 
rue  S'- Jacques  en  la  maison  de  Teaseigne  de  la  Cloche  d'argent  par- 
roisse S'-Benoist.  Lesquels  ont  reconnu  et  confessé  avoir  chacun  eu 
leur  particulier  du  R.  P.  Dom  Pierre  Jan,  prieur  de  l'abbaye  de 
Nostre-Dame  de  Boisgrolaml,  ordre  de  Citeaux,  filiation  de  ClermoDt 
les  sommes  cy  après  pour  les  marchandises  cy  après  spécifûées  que 
ledit  sieur  prieur  pour  ce  présent  dem'  ordinairement  à  ladite  abbaye 
estant  de  présent  à  Paris,  logé  rue  du  B>ut  de  Brie,  parroisse  S*-8erDin 


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l'abbaye  de  bois-grolland  165 

a  déclaré  avoir  achepté  des  sieurs  susnommez  pour  servir  à  l'ornement 
de  réglise  de  lad.  en  exécution  de  Tarrest  de  nosseigneurs  du  grand 
Conseil  de  sa  Majesté,  rendu  le  vingt  septième  février  16'  quatre-vingt-un 
entre  les  prieurs  et  religieux  de  ladite  abbaye  et  les  héritiers  de  feu 
H**  Jacques  Gravel,  abbé  commandataire  de  ladite  abbaye;  c'est  assavoir 
ledit  sieur  Loir  la  somme  de  deux  cens  quatre-vingt-huit  livres  pour 
Tentes  délivrances  par  luy  £aite  audit  prieur  d'un  calice^  un  bassin  et 
canettes  le  tout  d'argent  blanc  cizelé  ;  ledit  sieur  Braud  celles  de  quatre 
cens  quatorze  livres  cinq  sols  six  deniers  pour  vente  et  délivrance  par 
luy  faite  d'une  chasuble  devant  d'austel  et  chappe  à  fonds  blanc 
semée  de  ilenrs  de  diverses  couleurs  le  tout  de  soye.  Plus  une  autre 
chazoble  avec  son  devant  d'austel  à  chappe  de  satin  noir  dont  les 
Offrais  sont  de  satin  blanc,  plus  une  chazuble  et  devant  d'autel  de  mo- 
hère  verte.  Plus  une  autre  chazuble  avec  son  devant  d'autel  et  chappe 
violette  de  soye  façon  de  damas.  Plus  une  autre  chazuble  à  devant 
d'autel  de  brocard  rouge,  à  fleurs  blanche^  le  tout  garny  à  l'exception 
de  reniement  noir  de  galon  et  parrement  d'argent  faux.  Plus  un  devant 
d'autel  d'oripeau  vulgairement  appelé  cuir  doré  le  tout  généralement  et 
rendu  fait  etfoumy  comme  dit  est  audit  sieur  prieur  avec  un  estuy  de 
cuir  pour  mettre  lesdits  calice  bassin  et  canettes  d'argent.  Ledit  sieur 
Greneau  la  somme  de  quatre-vingt-douze  livres  pour  une  grande  croix 

avec  six  grands  chandeliers  et le  tout  de  cuivre  généralement  a 

anssy  fourny  vendu  et  livré  audit  sieur  Prieur.  Ledit  Dubin,  ébéniste,  la 
somme  de  quatorze  livres  quinze  sols  pour  deux  crucifix  d'y  voire  dont  les 
croix  sont  d'ébène  avec  six  chandeliers  de  bois  vernys  de  rouge  avec 
anBsyuQ  crucifix  d*yvoire  sur  une  croix  de  bois  verny  de  rouge  aussi  par 
luy  fonmy  vendu  et  livré  audit  sieur  Prieur.  Et  ledit  Le  Blond  la  somme 
de  six  livres  dix  sols  pour  vente  et  délivrance  par  luy  faite  audit  sieur 
Prieur  a  trois  canons,  trois  évangiles  et  trois  lavabos,  le  tout  par  lesdits 
siears  sus-nommez,  fourny  et  livré  comme  dit  est  audit  sieur  prieur  à 
plasienrs  et  diverses  fois,  depuis  un  mois  en  ça.  Desquelles  sommes  par 
eux  reçues  ils  acquittent  et  descharges  chacun  en  leur  particulier  ledit 
sieur  Prieur  et  tout  autorisent  et  promettent  l'en  faire  tenir  quitte 
«nvers  et  contre  tous. 

Reçu  fait  et  passé  à  Paris  en  l'estude. 

L'an  46*  quatre-vingt-dix,  le  quatrième  jour  de  novembre  avant 
iiiidy  et  ont  signé  la  minute  du  présent  demeurée  à  Baglan,  notaire. 


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L 


166  l'abbaye  de  bois-grolland 


II 


Résumé  des  Papiers  Cerisier  et  Rentier  en  argent  et  en 
grains  deûs  à  Vabaye  Royale  de  Boisgrolland  commen  • 
çant  en  Vannée  i729,  complété  parles  renseignements 
trouvés  dans  le  Papier  Terrier,  des  seigneuries  de  la 
même  abbaye. 

Paroisse   de  Poyroux. 

Mon^""  le  curé  de  Poiroux  doit  sur  ses  dix  jouraaux  de  vigaes  franches 
dans  notre  fief  de  Rémartia  ea  S^-Hilaire  de  Talmoad,  par  chaque 
année  deux  sols  de  rente.  —  2  s. 

Les  Coudres. 
M.  de  U  Salle,  doit  sur  une  noué  de  son  village  dea  Goudres.  —  2  s. 

La  Proutière. 

Le  dit  S%  doit  sur  sa  maison  de  la  Proutière  (rente  quéritive.) — 
12  boisseaux  de  seigle. 

Le    Village    du  Bois. 

Doit  le  terragedont  toutes  les  terres  sont  sujettes,  au  sixte  des  fruits 
y  croissant  par  labour.  —  12  sols  àNoël^  13  b,  1/2  avoine,  4  livres 
cire,  i  chapon. 

TensLucien  :  M.  Buor  de  laGoupperie,  tenancier  en  1748^  confirmé 
par  plusieurs  déclarations  ;  —  en  mai  4620,  Josué  Bodin,  S'  du  Pontet 
Louis  Gaudin  et  autres  coteneurs  ;  — juillet  1698,  Claude  Caudin  ;  — 
S  juilkt  1658,  Bodin,  chevalier,  sieur  des  Gousteaux  ; —  le  19  avril 
16'ï8  ;  —  JacqueBeleau,  écuyer  ;  en  1667,  arrentement  à  Pierre  Jons- 
set,  ^^  en  1680,  transaction  du  15  septembre  passée  pardevant  Robin 


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l'abbaye  de  bois-grolland  167 

et  Gaadin,  n***  de  Poiroux,  eatre  Oliveaa  et  la  commaaauté  aux  coq- 
dîtions  d-dessns  éaoacées,  parce  que  les  teaeurs,  n'emblavaient  plus 
que  lesgîtes  des  Goudres,  autrefois  déchaînés  du   terrage. 


Brétomeliève. 

Ce  Tillage  est  sujet  à  la  sixte  partie  des  fruits.  Les  propriétaires  sont 
teaas  de  fournir  à  l'abbaye  deux  hommes  de  Bien  par  semaine  et  sujets 
au  gaet  et  reguet.  —  i2  s.  6  d.,  iO  8.,  25  s.,  4  b.\de  froment. 

Bq  août  1753,  le  s'  Angibaudière  rendaveu  de  sa  maison  audityillage. 

Jain  1755,  Pierre  de  Bien,  s' de  la  Conr  rend  aveu  à  sa  maison  audit 
TiUage. 

Mai  1738,  Charles  Gheyris,  s^de  la  Cour,  rend  aveu  de  sa  maison 
andit  village.  —  22  sacs  avoine,  2  chapons, 

G«cy  est  soutenu  par  une  déclaration  du  13  avril  1550,  de  J.  B. 
Garcireau,  et  Nicolas  et  J.  F.  Martin  et  leurs  parsoniers  en  fief  des  Reli- 
^eax  et  abbé  de  Breïl-GroUand.  Ledit  village  est  sujet  au  pascrel  des 
GoroTisei  Bestesbelines  à  raison  de  1  denier  depacrage  par  chacune  et  doit 
par  chacune  deux,  toutes  les  semennes,  un  homme  de  bian  à  la  soumission 
des  religieux  et  abbé.  Tiennent  toutes  les  dites  terres  dudit  village  et 
landes  de  M'^des  Gregs,  et  autres  terres  du  S*'  de  Garnauld  et  d'autres 
es- terres  de  la  Jarrière*. 

Village  de  la  Perochère. 

Il  doit  outre  le  terrage  des  terres  qui  sont  dans  le  fief  de  Tabbaye,  qui 
est  de  iiix  gerbes  une,  la  rente  de.  —  9  b.  de  seigle. 

Le  17  may  1749  M""  Lidie  de  Kerveno,  rend  aveu  de  ses  terres  de  la 
Perochère,  et  reconnaît  ôtre  sujette  audit  devoir.  —  3  chapons,  i  poule^ 
5  sols. 

Déclaration  de  Pierre  Serin  (26  avril  1750).  _ 

9  Louis  Gantet  (21  may,  1748)  qui  exploite  le  moulin  et 

reconnaît  devoir  —  4  6.  de  seigle, 

«  Ce  fief  a    été  concédé  par  la   dame   Péronnelle  vicomtesse    de  Thoars, 
comtesse  de  Beaon^  dame  de  Talmond. 


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168 


L  ABBAYE   DE  BOIS-GROLLAND 


La  Maison  neuve. 

Ce  TÎllage  exempt  du  terrage,  doit  une  rente  annuelle  et  rendable 
par  transaction  du  i  9  juin  1688.  — 3  b,  de  seigle,  i  b,  avoine. 

M.  Vincent,  chirurgien  deTalmond.  —  6  deniers, 

M"'*  Bignonneau,  veuve  G uinoizeau,  rend  aveu  par  une  déclaration 
ûu  5  mars  1760  la  lande  appelée  Prise  des  Bignonnoaux,  aujourd'hui 
Maisonneuve,  —  3  sols,  i/2  livre  cirCy   8  sols^  2  deniers, 

Luc  Brbac  (décl*»"  duH  juillet  1760).  —  2  chapons,  8  sols,  4  den. 

Pierre  Bigaonneau  rend  le  Rondet(7^may  4755).  —  8  sols,  4  den. 

Le  Pay. 

Ce  village,  outre  le  teriage  de  plusieurs  jardins  et  pièces  de  terre, 
doit  en  argent  par  an.  (Les  héritiers  de  M.  de  Bou rehaussée).  —  ^  s. 
6  den.,  b  den,,  i  chapon,  , 

24  juillft  1754.  M'^  Claude  Paris  possède  des  terres  dans  les 
MalteSf  le  marais  de  la  Gerbaudière,  à  Jousse,  à  Bourtroussé  [6ef  de 
de  Rémartin- Vignes)  à  la  Mullenîère.  —  îd,  par  journal,  3  b,  seigle. 

Déclarations  de  1620,  1645  et  1658  par  Jean  Boursequin,  N^' qui 
avait  acheté  le  6  mars  1633,  d'Isaac,  marchand,  tous  les  droits,  parts 
%t  portions,  noms,  raisons,  actions,  domaines  et  héritages  et  hiens 
mcublea  du  dit  village  du  Pay,  sujet  à  plusieurs  cens  et  devoirs  qu'Isaac 
n'a  pu  déclarer. 

La  Noûheries. 

Ce  \illage  ne  doit  pas  le  terrage^  mais  seulement  sur  un  certain 
canton  de  terre  appelé  le  Rondet  de  Bois-Grolland  ;  il  doit  en  argent. 
—  2  s.  0  den.,  2  chapons,  24  b,  seigle,  24  b,  avoine, 

BîHaud  etparsoniers^  Pierre  Giraudeau  et  parsoniers  4751 ,  Pierre 
GiraudeaUj  du  Gué-Châtenay,  Magdelaine  Brianceau,  possédaient  une 
partie  du  village.  En  1749,  Marie  Le  Geay,  figure  pour  une  pièce  de 
terre.  —  Déclaration  de  1602,  rendue  par  Renée  Ghartier,  tutrice  de 
Pierre  Giraud,  S'  delà  Clerye,  et  par  Nicolas  Gouchaud,  Thomas 
Joacbim  Crié,  René  Maussion,  Jacques  et  Vincent  Mathé,  Laurence 
Etienne  Âviars. —  Déclarât^'"  de  1658,  par  Jean  et  Catherine  Maussion, 


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l'abbaye  de  BOIS-GROLLAND  169 

et  lears  cotenears  qui  sont  le  S*'  de  Lézardière,  André  Miogaet,,8'  de 
la  Gariière,  Pierre  Giraud,  8'  de  la  Glerye^  les  héritiers  de  feu  N. 
Crié.  —  En  1751 ,  le  S' Jaunastre  de  la  Bataillière  rend  sa  déclar*"  pour 
le  Rondet. 

Jousse. 

Dans  ce  village,  une  pièce  de  terre  (rOnche  du  Châtaignier)  doit 
une  rente  annuelle  de  —  i  sol,  8  den.,  i  chapon. 
Les  héritiers  de  M.  de  Bourchaussée.  —  3  deniers. 
Déclarations,  en  1620,  parN.  et  Denis  Bignonnean; 

»  en  1 633,  par  Fçou  Sorin  et  Michel  Berton  ; 

»  en  1658,  par  P'*  Bernard,  8'  de  la  Maison-Neuve,  et 

»  par  Nicolas  et  Catherine  Bignonneau  ; 

»  en  1754^  par  le  S'  Paris. 

Les  Mattes. 

Sont  plusieurs  prés  joignant  la  rivière  de  Poiroux  sur  quoy  est  dû 
par  an.  Modo  Brizard,  charpentier  à  Poiroux,  Raphaël  Pothier,  Bignon- 
neanx  et  autres  {rOye  blanche  apprétiée  à  dix  sois).  — ^  3  ch&ponSf 

1  oye  blanchSf  2  sols. 

Déclarations  :  par  Marie  Le  Geay  (1749),  Jacque  Guillet  (môme  date), 
M**  de  Ktrveno  (môme  date),  M'^^  Claude  Paris  (1754),  Luc  Brizac 
(1750).  Dans  ia  déclaration  de  M*  Le  Geay  figurent  le  8^'  de  Poiroux 
et  René  Bignonneau. 

La  Mauvaisinière» 

Ce  village,  outre  le  terrage,  doit  par  an.  —  12  b.  avoine,  3  sois, 

2  chapons. 

Modo  M»'  La  Vergne  Grefifau,  M"'  Berton,  V  de  M.  Berton,  p'  de 
Taimont.  Modo,  Mademoiselle  Perenne,  V*  Pépin. 

Item  le  Paquier  des  Ouailles  qui  est  de  1 3  brebis  avec  uno  ou  un 
mouton,  mais  nous  ne  les  prenons  que  de  deux  ans  en  deux  ans,  M.  le 
Baron  de  Poyroux,  prenant  le  reste.  La  pièce  de  terre  dite  La  Longeay 
esi  terragée  avec  le  baron.  Déclaration  :  Louise  Perrayne  (19  may  1738). 

T.    VI.    NOTICES.   —    Vl«   ANNÉE,    1"   LIV.  12 


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170  l'abbaye  de  bois-grolland 


La  Brethomellière. 

Ce  village  doit,  outre  le  terrage,  —  3  Z.  7  sols. 

On  prétead  aassi  le  paquier  de  toutes  bettes  bellines  à  1  dealer  par 
chacune.  Modo  faimichaud  de  Talmont,  Martin  greffier  deTaimont, 
Ruchau  (de  Grosbreûil).  -^  2  chapons,  22  bodj  avoine,  4  d,  from>, 
2  hommes  de  bien  par  semaine,  guet  et  regnet. 

Ce  yiUage,  sujet  au  terrage  de  la  sixte  partie  des  fruits,  doit  ^^Î3  8.6  d. 

Pour  une  charretée  de  bûches,  —  ÎO  s.  6  d. 

Plus,  —  25  s.,  6  d.,  kb.from^,  22  r.  avoine,  2  chappons^  2 
hommes  de  bien. 

1753,  le  S'  Angibaudière.  —  1755,  Pierre  de  Bien,  8'  de  la  Cour  ; 
en  1738,  Charles  Ghevris. 

Le  village  du  Bois. 

Possédé  par  les  héritiers  de  M.  Dhilleret^  lequel  avec  ses  parsoniers, 
doit  par  transaction  de  septembre  1680,  le  terrage,  plus.  —  Î3  b.  î/2 
avoine,  i2  sote,  4  livres  cire,  i  chapon. 

M.  de  la  Boucherie  doit  par  an,  -^  3  b.  avoine. 

Les  héritiers  de  M.  Dbilleret,  ^6b.  î/2. 

Les  Goudres  (Jacques  Soret),  —  2  6. 

La  Rouillière,  —  i  b.  i\2. 

Jousse  (Pierre  Genteau),  —  i  b.  1/2  d. 

Rentes  en  argent. 

M.  de  la  Boucherie.  —  6  sols. 
Les  Goudres.  •»  4  sols. 
La  Rouillière.  i  sol,  6  den. 
Jousse.  —  i  sol,  6  den.,  i  chapon. 

Cire. 

M.  de  la  Boucherie  et  les  héritiers  Dhilleret,  chacun  —  2  Ztures. 
Les  héritiers  Dhilleret,  —  f  chapon. 


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l'abbaye  de  bois-grolland  171 


Les  Coudres. 

Outre  les  3'  de  rente  noble  et  partie  de  la  rente  da  village  du  Bois, 
comme  possédants  partie  des  terres,  doit  de  pins,  le  terrage  sur  une 
pièce  des  Gendres  ;  il  y  a  longtemps  qn*elle  n'a  été  ensemencée,  aussi 
le  terrage  se  perd. 

Nota  :  La  Rouillière  possède  partie  des  terres  du  village  du  Bois  et 
ainsi  et  doit  partie  des  terrages  et  des  renttes,  de  plus  une  pièce  de 
terre  nommée  le  Rondet  sur  quoy  on  doit  le  terrage. 

La  Menullièi^e. 

Cette  métairie  doit  par  an,  mesure  de  Poyronz,  queritif.  Déclaration  : 
héritiers  de  M.  Bou rehaussée, modo,  M.  Brice;  modo,  M.  Paris  (4854. 

La  Bataillière. 

Gettemétairiedoitpar  an,  queritif  mes.  de  Poyroux  modo.  Le  sieur 
Jonatrepar  ses  enfants.  —-3  6.  seigle. 

M.  de  la  Bataillère,  a  donné,  le  1*'  septembre  476i,  un  nouveau 
titre  de  cette  rente  par  devant  M*  Paistre,  notaire. 

LaGodelliàre. 

Métairie  qui  doit  par  an.  —  7  sols. 

Modo  la  veuve  Bitaudde  Talmond.  —  i/2  liv.  cire 

Modo  Jean  Grelaud  et  Pierre  Guilbaud. 

La  Mercerie. 

Ce  petit  téoement  situé  près  La  Nouherie,  est  sujet  à  3  den,  par  an. 
Déclaration  du  8'  Paris,  24  juillet  4754. 

Paroisse  de  Grosbreûil. 
Le  seig^  d^  '^  Boucherie,  outre  ses  parts  et  portions  de  rentes  du 


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172  L  ABBAYE  DE  BOIS-GROLLAND 

TillageduBois,  derEmerière.  de  la Gaborinière,  de  la  Pavriniêre,  etc, 
doit  âO  sous  de  realte  sur  le  jardin  appelle  de  la  Géoffralière  et  le 
lerrage  d'une  pièce  de  terre  appelée  l'Écu-de-Cor,  vis  àTis  le  chemin 
entre  deux,  — *  1  L 

La  Caillière. 

Ce  village, outre  le  terrage  de  touttes  ses  terres,  la  dîirae  des  agneaux 
et  des  pourceaux  plus  de  deux  botes  bélines,  ua  denier  ;  d'un  vaù,  un 
denier  ;  d  une  veîle,  demi  denier,  doit  en  argent  quinze  sous  deux 
deniers.  —  i>^  sols  2  b. 

Déclaration  de  ûomique  Guilbaud  (4  juin  1764). 
>  Nicolas  Le  Roy  (14  juillet  1748). 

iÊ  Les  teneurs,  de  la  Gailletière  (16  juin  4620). 

En  1631,  Jean-Armand  de  la  Gailletière  donne  aux  religieux  la  loge 
au  Roy  contenant  16  boisselées  ;  en  échange  il  reçoit  17  boisselées  si- 
tuées  daiiR  la  gaîgnerie  de  labour  de  la  mélairie  de  la  Geoiïralière  et 
et  sujettes  au  sixte  du  terrage  et  à  12  den.  de  cens. 

En  169Q,  le  16  mars,  fut  fait  le  gaulement  et  arpentage  de  la  Caille* 
tière  qui  contenait  90  boisselées  à  la  mesure  de  Poîroux  la  boisselée 
étant  de  124  gaulées  et  la  gaulée  de  12  pieds  de  longueur,  les  Religieux 
avaient,  au  tiers,  la  gite  des  Palain'de  196  gaulées,  le  jardin  du  grand 
pré(fiO  g^}  et  b  giste  du  grand  pré,  (68  g*')  en  tout  4  B^"  Tenanciers  : 
P.  Guilbaud,  P,  Godet^  Guillanteau,  Etienne  Poiroui,  Maussion, 
Arnault,  etc. , , 

Echange  fait  par  acte  du  15  octobre  1643,  avec  le  S'  MeygneUj 
S^  de  Garnaud,  et  les  Religieux  au  sujet  des  droits  respectifs. 

René  Auberl,  3^  de  Garnaud,  a  rente  à  Ch.  Bodiu,  S^  de  la  Bou- 
cherie, ea  maison  et  deppendances  sise  à  la  Géoffralière ,  tout  ainsi  que 
Tavait  le  S'  Gobard,  maréchal  à  titre,  le  tout  sis  dans  le  fief  de  Fi.  G.  at 
de  la  Boucherie  à  certains  cens  et  devoirs. 

IS  août  1658.  Déclaration  non  signée  par  laquelle  Charles  Bodin 
advoûe  tenir  le  ténement  du  cul  de  l'or  et  le  jardin  joigoant  le  jardin  de 
la  Geofl'ralière  que  possédait  le  S^  de  Garnaud,  dans  notre  fief  avec  un 
ténement  de  landes  situé  d'un  côté  es  landes  de  la  Favrelière  et  d^^ua 
côté  et  d'un  bout  un  chemin  qui  conduit  de  la  GoufTralière  aux  Gara- 
duères  lerrageabte  au  sixte. 


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l'abbaye   DK   dOlS-GROLLAND  173 


Les  Jarries  Noires. 

Oatre  le  terrage,  les  tenears  doivent  par  aas.  —  iO  sous. 

Modo  René  Massé  Maréchal. 

Item  une  livre  de  cire  dont  on  ne  paie  qne  les  2/3. 

Item.    12  n  chapon  dont  on  ne  paie  que  les  3/3. 

Partie  c^ne  le  ténement  a  été  réduit  au  domaine  de  la  maison.  L'arren- 
temeat  <io  ce  domaine,  qui  est  de  7  septrées,  a  été  fait,  le  7  juin  i561, 
parGoillaumeabbéde  Bois-Grolland,  en  l'absence  des  Religieux  qui 
ne  ToQ^  I>oint  ratifié. 

Le  ^d  juillet  1760,  René  Massé,  maréchal,  et  Louis  Massé  se 
plaigaeTZfct;  au  sénéchal  de  Fontenay  de  ce  que  Catherine  Izembart,  V*  de 
Dominicivie  Guilbaud,  marchand,  et  Louis  Reuchaud,  demeurant  à  la 
Gaille^i^r^,  ont  clos  une  portion  de  laudes  dont  depuis  plus  de  30  ans 
les  plu^ixants  avaient  la  jouissance  en  commun. 

L'Émérière. 

^  "^îll^e  doit  par  an  deux  rentes  :  une  quéritive  de  douze  boisseaux 
seigle  XEtoins  un  quart,  combles,  et  de  6  boisseaux  ràz,  mesure  de  Poy- 

ronx. j[2  5    seigle,  6  b,  seigle,  15  6.  i/4  auoine,  2  chapons,  2 

bécasses   vives,  il,  8  s.,  8  den, 
Teixariciers  :  M.  de  la  Boucherie,  la  veuve  Leveque  de  Talmond, 

Bnancea.\xj[,  Mercier,  Ruchaux  et  les  Arnauds  du  môme  village.    Le 

8'  JoUy  ^^g  Sables,  le  S' de  S'-Bry  (un  Bodin). 

La  Foresterie. 

^'^niage  doit  par  an.  —  î  b.  seigle,  i  b,  avoine,  4  sols. 
^^^aiste  en  maisons,  airaux,  vergers,  bois,  prés,   avec  un  autre 
^•ûiine     étant  en  bois,  landes,   auquel  il  y  a  un  autre  appelé  la 
onctie- Oorin.  —  i  chapon. 
^^'^^'Uts  :  M.  des  PreteiièrejB,  Michel  Martin,  Jean  Prouteau. 
*^  ^"^65,  Thomas,  abbé  de  B.  G.  arrenta  ce  ténement  à  Etienne 
^^    ^^ec  un  autre  domaine  consistant  en  bois  et  landes  où  il  y  a 
^^Uche  appelée  la  Nouche^Dorin,  tenant  d'une  pirt  à  la  Brosse 


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174 


L  ABBAYE    DE    BOIS-GROLLAKD 


Gourioti,  de  l'autre  à  la  Forest  de  rEmérièrR,  d^autre  au  Pief-Chalott^ 
d'autre  au  Fief-Philypon-Beraud,  du  prieure  de  N.-D*  de  S*  Cire, 

La  Primaiidzère* 


Ce  village  doit,  de  cens,  5  sole,  et  de  rente,  5  sols.  —  f  (3  sois,  Î2  fa. 
awine. 

Teneurs  :  Bucbaud  et  la  V*  Ruchaud  (de  p'  h''*  la  Forent). 

La  Proiitellière . 

11  est  dû  dix  sous  de  devoir  noble  sur  une  pièce  de  terre«  le  ClâUSis^ 
dêpeudantde  cette  métairie  —  JM^*'  de  la  Prautellière  qui  doît  le  terrag^ 
de  lapièce  des  Cotîsteaux,  et  de  celle  des  Moines ,  modo.  M"*  niémenceaTi. 

Coppie  d'un  aveu  fourny  par  le  sieur  de  la  Beuatonnière  eu  1473,  à 
Philippe  de  Co  mines  »  prince  et  seigneur  de  TaliuOEid  : 

a  Itom,  tienneiit  de  moy  sous  le  dit  hommage  oeui  qui  ^'ensuivent  : 

({  i""  L*abbé  de  Breil  f^rolland  a  foy  et  hommage  plain  et  trois  sols 
«  de  service  par  chacun  an,  en  chaque  feste  de  S^  Jean-Baptiste  et  à 
a  Rachat,  quand  le  cas  y  advient  à  eause  des  cens,  droits,  devoir  et 
c  terrages  qu'il  a  et  prend  par  chacun  an  sur  le»  teneurs  de  la  Boutière 
m  et  Proutelière,  à  cause  de  la  Roussel ière  pour  raison  des  teneurs 
>  dyceui.  > 

Aireu  rendu,  en  1481,  par  Pierre,  abbé  de  B.  G,-  1  Alain  Bastard, 
ieîg^  de  la  Benastonière. 

Eo  janrier  1 587*011  les Prouteau  vend  la  Rousselière  à  Pierre  Prou teau* 

NùÎB  :  Selon  toute  apparence,  la  Proutelière,  quoique  membre  delà 
Bousseiière,  doit  son  nom  aux  Prou  team  qui  en  étaient  possesseurs. 

24  avril  4602,  —  Déclaration  de  M^*  Perrayne,  S'  de  la  Housselière. 

12  may  16?Û.  —  Aveu  de  André  Raviron,  pour  la  pièce  des  Clouais, 

13  juillet  165 S.  —  Jacques  Clemenceau,  B'  delà  Clémencière,  avoue 
tenir  dans  la  dite  Rousselière  tout  ce  que  Raviron  y  possédait. 

La  Dorinière. 


Ce  village  doit,  à  No?l  —  2  chapons. 
Modo  Jacques  Guitlebnud,  la  \*  Brossa rd,  Cla^jde  Brossa rd,  Jo5«» 
Plom-Modo  Rocher. 


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^T^r-'- 


L'ABBAYE  DE  BOIS-GROLLANO  175 

La  Favrelière. 

Qe  yillage,  outre  le  terrage,  dont  nous  en  avons  de  deux  sortes,  l'un 
airec  M.  de  Salle,  qui  de  12  gerbes  terragées  en  prend  7  et  nous 
en  lusse  5  ;  l'antre  que  nous  levons  seuls.  Doit  de  rentte  en  argent  par 
année.  —  i4  sols  4  den. 

Item.  —  2  chapons  2/3. 

Item.  —  ib.  2/3  seigle. 

6  juillet  4750.  Déclarat^B  de  M.  Gh.  Bodin  deSaint-Brîs  pour  une 
métairie  et  plusieurs  pièces  de  terre.  Môme  année,  décl**  de  René 
Godet,  —  Charles  Masson,  —  André  Gabanne,  Jacques  Vrenou,  Jacques 
Rocard.  Déclar<»«  du  23  juin  4645,  et  du  22  juillet  4658,  de  Jacque  et 
de  Gharles  Bodin,  écuyers.  S"  des  Couteaux,  et  de  la  Boucherie  rela- 
tÎTement  à  20  septrées  de  terre  du  ténem^  de  la  Favrelière  —  1552 
et  1602.  4  S  contrats  sur  parchemin  constatant  que  les  rivières  sont  au 
fief  de.Boîfr-Grolland. 

Aveu,  rendu  par  André  Aadoyer,  S'  de  la  Benatonière  au  baron  de 
Poyroux  dans  lequel  est  cet  article  :  et  tient  sous  mon  dit  hommage, 
D^*  Jeanne  Âmaury  de  la  Boucherie  la  3*  partie  des  terrages  des  bleds^ 
chanvras,  lins  et  potager  des  villages  de  la  Gaborinière,  et  Favrelière, 
partant  le  8*'  de  la  Maronière,  modo  fief  Chalon^  lequel  prend  le  résidu^ 
lem  deux  parts  déduit  et  réserve  un  huitaîn  que  prend  Tabbé  de  Bois- 
Grolland. 

La  Gaborinière. 

Doit  outre  le  terrage  qui  est  de  deux  sortes^  comme  à  la  Favrelière, 
15  sols  de  devoir  noble,  un  chapon,  et  partie  de  la  rente  du  village  du 
Bois,  paroisse  de  Poiroux.  —  Le  seig'  de  la  Boucherie,  Jean  Roquart 
et  consorts.  —  15  sols,  i  chapon. 

Aveu  de  1750  par  Gh.  Bodin  de  Saint-Bris.  —  Déclar*^  de  1620- 
4645-1658  par  le  seig' de  la  Boucherie,  de  4602,  par  les  Rocards  et 
antres  parsoniers. 

Paroisse  de  Sainie-Flaive. 

Le  seigneur  baron  du  Gué  de  Bainte-Flaive,  doit  par  an  12  livres  six 
sons  en  argent,  y  compris  le«  dix  livres  seize  sous  p'  notre  portion  du 


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176 


l'abbaye   de    B0I8-GR0LLAND 


terrage  de^  lias  et  pour  le  paquier  des  bétes  bellines  sur  le  fief  commun 
pour  s'exempter  de  nous  les  mettre  ea  maias^  compris  8  sous  d'une 
parti  3  poules,  trois  pains  et  5  deniers  chacun.  La  baronie  est  sujette  à 
rachat  par  mutation  de  Seig'  abonné  à  10  fr.  sans  préjudice  des  autres 
renttes. 

Dans  le  papier  censier  de  1729,  les  religieux  réclamaient  des  articles 
autrefois  payés,  savoir.  —  68  b.  seigle,  160  b.  avoine,  12  s,  6  dL  3  d, 

3  i.  de  rente  pour  la  Brosse-Jamon-Maltière  ; 

33  3.  pour  Vmanyer  Yairant,  à  cause  de  L^Aumondière,  qui  payait  8  s. 
M^^'  Laurence  Richard,  femme  René  Thomasset,  écuyer,  s'  de  la  Con- 
tenière  ;  la  Parrîe  Ghevaudière,  8  sous  (R*  et  P.  Pérusseau,  Jacques 
Gâteau  s'  du  Verger,  le  sieur  des  Essards  La  Rebourgère,  8  s. 
(Vincente  et  Claude  Potiers  et  autres)  La  Gbauyière-Guibert  (8  s.) 
Jacques  Brochard,  et  ses  enfants. 

Déclaratiou  du  21  août  4563,  par  Joachim  B'ouchier  ;  s' du  Gué, 
signée  par  M.  Tyradeau.  —  Antre  de  1602,  par  Jean  Fouchier,  écuyer 
s'  de  Loges  ;  —  de  i633,  par  Jacques  Fouchier,  de  1658,  par  dame  Ma- 
rie Dorin,  comme  tutrice  de  Monsieur  Galixte  Fouchier.  —M.  et  M"«  de 
laRarotière  transigent  avec  l'abbé  de  B.  G.  qui  s'opposait  à  la  vente  de 
la  Baronnie  du  Gué  faite  après  saisie  par  le  duc  de  la  Vieuville. 
.», 

Bourdigale. 

Ce  téuBment  doit  ensemble  avec  le  seig^  B^°  du  Gué  —  6(ib  seigle. 

Teneurs  ;  M.  Ranfray,  n'«  et  procureur  de  Luçon,  M.  Laliére,  M.  de 
Lecure,  Biguonneau,  mercier,  Becherol  François  Segnon,  écuyer,  s'  de 
la  Gautonnerie  pour  le  domaine  de  Bouchereaux.  —  58,  b.  seigle, 

Guillaume  Cathus,  abbé  de  Bois-Grolland,  transigea,  le  13  avril  1 561  ; 
&i  un  accord  avec  les  teneurs  de  Bourdigalle  ;  mais  cet  accord  ne  fut 
.  pas  Boumisaaz  Religieux,  et  fut  cassé  par  sentence  du  %\  mars  1611. 

La  Gourdière. 

Cs  village  doit  par  an..  —  8  b,  seigle. 

Teneurs  :  Laurent  et  Nicolas  Bessy,  Louis  Guibert  et  leurs  parson- 
niers  plus  tard  :  D*^*  Catherine  Payneau,  V  J"  Maigneau,  Pierre 
Jolain  -  Paquereau . 

En  1710/ sentence  rendue  au  siège  delà  Principauté-Pairie  delà 


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l'abbaye  de  bois-gholland  177 

Roclie««ur-Yon,  en  faveur  des  Religienz  contre  M'*  Ménard,  chevalier, 
S»'  Baron  du  Gué  de  8**-Plaive. 

Paroisse  de  Giroûard. 

II  est  dû  sur  U  maison  noble  du  Vieux-Ghaon  —  20  b.  seigle. 
£n  1625,  Claude  Robert,  écayer,  S'  de  Gaon,  refusa  de  payer  cette 
rente^  mais  il  y  fut  condamné  par  la  cour  de  Paris,  le  5  septembre  1625. 

Paroisse  de  la  Chapelle- Achar t. 

L«' abbaye  y  possédait  le  fief  de  la  Pouêssière  qui  payait  la  rente  de 
30  sous.  —  30  sous. 

Déclaration  de  Girandeau,  Giraudin,  Marchand,  Penisson. 

f  633,  M'*  Jacques  Foucher,  Biron  du  Gué  de  9<*  Plaive. 

1753,  M**  Louis,  îhevalier  de  f^escare,  tuteur  de  M»*  Louis-Marie- 
Joseph,  marquis  de  Lescure,  rend  foy  et  hommage  en  la  personne  de 
Pierre  Mercier,  sénéchal  de  la  B"''  de  S^  Ftaive,  par  procuration  spéciale. 

Paroisse  de  Beaulieu. 

Le  fief  Brebion  est  à  foy  et  hommage  plain  et  à  5  den.  de  service. 
A  40  sons  d'abonny  pour  rachapt. 

Charles  Gay  Demianne  rend  aveu  ce  fief,  le  9  mars  1750.  Avmi  du  7 
juin  1503  par  Joachim  Girard,  sieur  de  la  Gues>8ière. 
Ba  4658,  par  dame  Marie  de  Saligné. 

Paroisse  d'Avrillers. 

La  métairie  desGhamps»  dépendant  de  la  maison  noble  de  Boisseau, 
doit  sa  rente  noble  de.  —  8  b.  seigle. 

Pour  le  grand  et  le  petit  Auzinière,  qui  sont  deux  pièces  de  terre, 
contenant  ensemble  20  boisselées,  (P.  Marin  de  la  Guîgnardière)  M.  du 
Chaffanlt. 

Déclaration  de  Nicolas  Garendeau,  Antoine  Ramband.  J.  Villen- 
caa,  Etienne  Pineau,  M^^*  de  Boisseau,  les  Morats. 

Le  téoement  des  Terres  Blanches,  (près  la  Levraudière)  contenant 
22  boisselées  (René  Joly,  8»  de  Levraudière).  —  16  b.  froment. 

En  avril  1748,  Charles  Dardeten  fait  Taveu. 

Louis  Guérin.  M.  de  la  Martinière. 


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'  178  L'ABBAYE  DE  BOIS-GROLLAND 


Fief  de  Bois-Grolland  (paroisse  de  Givre,  et  autres  adjacentes). 

Eq  avrîH 2 81,  Guillaume  d'Apremont,  pour  terminer  des,  contes- 
tations pendantes  entre  lui  et  les  Religieux  de  Bois-Grolland,  'donne  à 
ceux-ci  dans  le  fief  du  Bois-Guichet,  iout  droit,  toute  justice  petite  et 
grande  jusqu'à  60  sols  seulement,  sauve  la  haute  justice  et  le  pur 
empire  et  le  pouvoir  du  glaive  qu'il  s'est  réservé. 

En  mars  1300,  Raoul  d'Apremont  confirme  cette  donation. 

4  7  may  4  478.  Acte  en  parchemin^  constatant  que  le  sénéchal  de 
Poirout,  tenant  ses  assisses  dans  un  airaud  situé  au  bourg  de  Saint- 
Benoît,  le  prieur  de  Bois-Grolland,  Nicolas  Couchaudj  s'y  opposa 
parceque  le  lieu  dépendait  de  la  seigneurie  di^  Bois-Guichet,  ce  que  le 
sénéchal  reconnut  et  il  n'acheva  les  assises  que  par  emprunt  et  avec  }c 
consentement  du  prieur. 

Fief  du  Pont-Vien. 

En  1620,  Georges  Goiiin,  Nicolas  Caradu,  Pierre  Hillairet,  Jean  du 
Parcq  (1737-4748)^  François  Romillé,  François  Commailtaud  (I65B). 
18  sols,  i  l.  cire,  1/îO  agneaux,  2  sols  1  den. 

Paroisse  dOlonne. 

L*abbaye  a  plusieurs  droits  de  cens,  -rente  et  diïme  ^ur  diËTérêat^ 
marais^  bossis,  terres  labourables  dans,  la  paroisse  d'Oloane  et  h^^ 
d*Olonne. 

Les  marais  Coquaz  (42  aires)  dixme  entière.  —  5,  d.  cêns. 

Teneurs  :  Jean  Petiot,  S'  de  la  Poitevinière  (17  may  ilÂO)  1609  et 
1658.  —  Perrine  de  la  Chaume  et  de  la  Vigne. 

Possèdent  des  terres  dépendantes  des  marais  Coquas  : 
^'  Les   S"   Louis    Thilandeau,    Louis     Guignardeau,    V"  Breigneau, 

*:  Meunier. 

>     i 

J 

^*«  Tempes  sujettes  au  terrage. 

S] 

Le  Grand-Bossie  ;  —  un  au»re  Bossie. 


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l'abbaye  de  bois-qrolland  179 


Marais  de  Laurière  (80  aires  de  marais  salants). 

1633.  François  Veillon,  —  D'^*  de  Brettée  de  l'Erière,  Dame  Lorteau 
des  Sables,  —  Jeanne  Henriot,  —  M.  de  la  Bourdelière,  prôtre,  — 
Gabriel  Bandry  d'Asson  (1751)  Louis  Thilandeau.  «^  i/2  dixième, 
7  den.  de  cens. 

Pour  Ias  terres  labourables  (Garât,  Pruhôme,  Tilandière  et  autres) 
1  bois  l/â  from'  sur  le  pré  des  Noues  (8'  Jeannet  de  la  Jarie  des 
Sablos)  i  livre  cire. 

Le  Petit'Ronsin  (100  aires  de  marais  salants) . 

L,a  Touche-Boivin,  Les  terres  sujettes  au  terrage  à  la  sixte  partie 
qui  se  partage  avec  la  chapelleniede  8^*-Gatherine  deBeaulien. 

Terteurs  :  Pierre  Guigaard  ;  la  fille  de  défunt  Ghamproux  des 
Sables,  héritière  de  Dame  Habillé,  en  t750;  Pierre  Bouhier 
Bourlabé. 

Le  Grand'Ronsin  (200  aires  de  marais). 

Dame  Morisseau  —  M.  de  la  Gaudinière  —  M"""  Joulin,  V*  de 
Breîgaeau. 

Marais  Moizan  (96  aires  de  marais). 

André  Boubieu  de  Bergerie.    '■—  Les  Sœurs  de  l'hôpital  des  Sables. 
—  2  s.    6,  d.  i/4  de  livre  de  cire. 

Marais  Parèro. 

Marais  de  la  Chère foisière  (S'  h' de  Talmond). 
Il  doit  S  bois  fèves  rendables  à  Bois-Grolland.  M.  Jacques  Gaudin 
'     (des  Sablée)  Jean   Grudé,  M.  delà  Tigerie^   procureur  de  Talmond, 
^    M*  Marchais, 
\ 
I  Paroisse  de  St-Hilaire  de  Talmond. 

Le  ûef  de  Bois-Grolland  (vigne),  aliks  :  la  Gitière,  complantable  au 


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l'abbaye  de  bois-grolland 


:-J 


1 


I 


trois  et  tous  les  teneurs  sont  sujets  à  un  denier  par  jour   et  ga^nerie 
Le  village  des  Courpes,    près  la  Gistière  [dixme  des    agneaux  -: 
gorons).  —  31.,  8  sols  rente. 
Le  marais  de  la  Gherfroisière.  ^  8  b.  de  fèves. 
Le  ténem^  des  Grands  violiers.  —  2  6.  de  from^, 

»        de  la  Grenonne  ou  Lausac.  —  2  &.  ^  sols  de  /'romV 
»        de  Gatebonrse;  —  i/2  b  from}. 
Le  fief  de  S**  Hermine.  —  2  den. 
Le  fief  de  Vigne  des  Bardonnes.  —  2  den, . 

»  de  Rémartin.  —  i/4  de  fruits 

Le  Trail  de  la  Sornière   —  /2  «.,  6  den, 
Mairais  de  la  Gerbaudière.  —  2  den. 
L'aumônerie,  (de  voir  noble)  etc.  —  i  t  sols. 
Le  pré  Simon.  «-  îî  sols,  5  den. 

»      de  la  Rivière  des  Gervois.  —  2  soZs,  i  den. 
»      Bruneau.  ->  2  sols,  6  den. 
»      des  Grillières.  —  2  soU^  5  den. 
»       la  Maslonne.  —  20  sols. 
Teneurs:  Jacques  Ferré,  4747.—  Nicolas  Bonet,   Pierre  Donc, 
Jean  Garât,  Jacques  Herbert,  Georges  Nourrisson,  Mathurîn  Ârsaul, 
Jean    Magneau,   Nicolas    Bignonneau,  Thomas    MaroiHeau,   Pierrt 
Boizard,  Jacques  Mousnier,  Marguerite  Mornei,  Jean  MouilleroQ,  Jeac 
Mouilleron,  Jean  Benatier,  Pierre  Martineau,    Renéo  Jarry,  Marie 
Gharriau,  Louise  Guilbaud,   François  Joily,  Yalentin  Boizard.  Msrif 
Guiet,  André  Gueneau,  Pierre  Davy,  Ructiaud,  Frappier,  Marctiay, 
Louis  Gandin,  Pierre  Massé,  Joseph  du  Bois,  M^  Joi^eph  Bodin,  Sou- 
lard  Louis  (1749). 
La  Sornière,  La  Noue-Aymon.  —  17  s.  6  den. 
M.  le  curé  de  Poiroux,  p'  la  vigne  de  Bémartia,  Cens.  —  2  &• 
Les  pépins  de  Talmond  (pré  de  la  Sornièrfi),   modo  M,    des  Beft«- 
lières,  12  sols^  6  den. 

Le  s'  de  la  Roblinière  (terres  de  Maslonne).  —  20. 

Les  héritiers  de  Bourchaussée  (M'*  des  Sources,  Gaudin  et  aulf«^  1 

M"«  de  la  Collotière  de  Talmond,  modo  M.  Massé.  —  2  s.  6  den. 

Ville  de  Talinond. 
Dans  la  ville  de  Talmond,  les  religieux  possèdent  un  fief  qaî  consU^ 


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i 


1 


L* ABBAYE  DE  BOIS-GROLLAND  181 


sn  plusieurs  maisons  sajettes  à  des  devoirs  en   argent  dont  plusieurs 
«ont  en  bonne  possession  et  d'autres  dont  on  n'a  pas  fait  la  recherche. 

Champ-Bouchard . 

Le  f  S  maylGIS^  Magdelaine  Peletier,    déclare  aux  religieux  tenir 
plosiexirs  boisselées  de  terre  dans  un  fief  appelé  le  Champ-Bouchard  où 
'  les  dits  religieux,  ont  le  droit  de  prendre  la  quarte  partie  dans  le  ter- 
rage,  les  3  autres  parties  revenant  au  Prieur  des  Eaux  qui  est  seigneur 
da  fief. 

4  737.    Déclaration  de  Jean  du    Parc,  relativement  à  TErahbaye 
I   d'Hillairet  1752  art.  du  Pont-Vien. 

Paroisse  des  Clouzeaux. 

Ténement  des  Yergnes  tenu  à  la  rente  de.  —  40  sols. 
M.  des  Salines,  p'  la  métairie  de  l'Embertière  et  M.    Beauregard- 
Motirin,  pour  le  village  des  Laveaux  —  2  chapons. 

Longeville . 

Par  sentence  rendue  aux  requêtes  du  palais  de  Paris,  26  avril  1623, 
et  transaction  du  14*  de  juillet,  môme  année,  François  Gourdeau,  s'  de 
la  Fleirière,  s'engage  à  payer  aux  religieux  pour  la  maison  nohle  de  la 
Baugerie,  une  rente  annuelle  de  —  5  Iv. 

En  I753,J"*-M^*  Marchand,  dame  du  Brandeau,M"«  de  laGarrellière, 
M'  du  Brandean. 

Pont  Méthayer. 

lies  teneurs  du  champ  Guillard  doivent  par  an  —  13  b,  froment. 

Les  tenenrs  du  Glavelot,  (avec  maison)  par  an   —  2  ^   2   chapons. 

*  Plus  le  foin  pour  nourrir  les  bœufs  et  chevaux  qui  vont  chercher  la 

rente  en  froment.  —  M.  de  la  Moricière.  -*  M.  de  la   Gorbinière.   — 

^        M.  de  la  drernière.  —  Jug*du   14  juillet  1729  contre  Anne  Leroux, 

ép^deM'  Charles  Reignon. 
<         Pirmiles  taaeurs  du  champ  Guillard,  figure  André  B.  S'  de  Lan- 
>    iirëèr0(23ocl^'*  1738). 


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182 


L  AH  BAYE   DE   BOÎS-G  ROLLAND 


La  Caroiière. 

Sise  dans  le  fief  du  Doyen  du  Bernard,  doit  —  2'b.  frome 
La  seigneur  de  la  Roehette,  Jacques  Jamon.  et  Tonâsaînt 

Bont  assignés  par  ïes  religieux^  p^  payer  La  rente  noble*    et  i 

foncière,  du©  sur  la  dite  terre, 

Teneurs  de  ta.  C3.rouère  :  hL  Jacques  Briuaceauda  Bemurd 

Garnier«  —  M.  Buor  à  Angles. 

Le  FrancAei,  (10  journaux  de  vig^ne)* 

Veuve  Buchetde  Lonj^evittê.  —  Vincent  Garnier.  —   3  I. 
M»  Jean  Elie  Buor,  pour   la  moitié  du  Franch*ït»  —  5  L  Cil 


Fief  du  Sable, 


I 


Donné  à  l'abbaye,  en  i382,  9  nov"  par  Pierre  Bouchet^    éc 
Davaud  par  un  tire  sur  parchemin. 

Le  fîef  du  Sable  fut  arrenté  au  3r  de  la  Baugerie   —  5  Iv, 

Autres  revenus  - —  13  au. 

Le  8'  de  la  Plorencière  a  partie  en  commun  d'un  comptant.  - 

LsL  ChûpeUe'Achstrd* 

Le  fief  de  la  Fouessière,  Rliàg;  de   la   Fokerie,  [maisons» 
terres),  —  î  t.  fù  s. 

Claude  Jacquert,  Jean  Cbevratix  (des  Sables) . 

Ce  ténement  confronte  aux  landes  de  la  Noue  (Fief  de  la  Mottt 
aux  terres  de  la  commanderie  de  Bourgneuf,  et  au:c  terres  di 
dîèr«. 

Teneurs  de  1750  :  pier  ^  Giraudin,  Gh,  Pénisson,  M.    Mi 
auparavanl    :    Giles  Cha""^s>  Pierre  Bnrcîer,  Gilles  VrignoQp 
Martin^  Jacques  Ghanvea  i,  Michel  Ghsbot. 

Chaillé, 

La  Ravonnière,  teneur  de  M'  de   la  Lardîère,  Jamet»   Gi 
Jean  Baron,  et  autres  parsonniera*  —  30  smiê, 
Jean  Bouron.  —  René  Henaudin,  M' Bemitr,  —  ^  6,  BBigU, 


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^    -     - -^  * 


L  ABBAYE  DE  B0I8-GR0LLAND  183 

En  juia  1750,  Nicolas  Gatteroa^  Philippe  Ghausoa,  et  leurs  co-hé- 
ritiers,  propriétaires  en  partie  du  village  et  tellement  de  la  Rayonnière^ 
reconnaissent  devoir  ladite  rente. 

Saint'  Vincent-sur- Jard. 

La  Minée  (4boi88elée8).  —  i  b,  froment. 

Déclaration  de  Magdeleine  Leveque.  —  Les  héritiers  Pépias  de 
Talmont. 

La  même  Mag'  Leveque,  déclare  une  boisselée  au  fief  de  la  Gre- 
nonne.  —  5  sols. 

Le  fief  de  Brenusson,  sujet  à  rachapt,  doit  par  ans —  ÎO  sous» 
Mon'  de  laGarcellière  (des  Sables)  Louise  Perroteau,  (1751). 
En  1516,  François  Gosen,  écuyer,  8'  de  Brelesayre. 
En  1602»  Tabbé  Pidoux,  poursuit  Jacob  Pierre,  et  Jean  des  Forges, 
écuyers,  sieurs  de  la  Gabinière  et  St-Vincent-de-Jard,  pour  en  obtenir 
le  paiement  de  leur  cens  et  devoir  noble  sur  la  Minée  près  le  village  de 
laTigerie. 

Le  20  octobre  1535,  Àmbroise  des  Herbiers,  abbé  de  Bois-Grolland, 
baille  des  terres  auprès  de  la  seigneurie  de  la  Brunière. 

Saint'Hil&ire  de  la  Forest.  , 

L'abbaye  possédait  dans  cette  paroisse,  outre  la  ferme  de  Biard,  le 
fief  et  seigneurie  de  TErablaye  qui  est  de  son  annexe  et  divisée  en 
plusieurs  ténements  nommé  les  Elays,  le  champ  d'Àvans,  les  Encloses, 
le  Ghauzeau,  le  Ghamp-Ghamp,  etc.  —  6  d.,  i  patn  blanct  plus  le 
terrage.  Teneurs  :  1749,  M*  Hidien  André  Joussemet.  -^  6  chapons, 
W  saz  d'avoine. 

Anne  Butaud,  Buet,  de  Gaumont  (1750),  Michel  JoUy,  Robert  de 
Gré,  Louis  Biailleet  Louis  Gaudin  (1750)  Catherine  Birotheau,  René 
Baritaud  etc. 

La  maison  presbytérale  doit  —  20   s. 

La  maison  de  Tlsleau,  près  l'aumônerie  ou  les  religieux  recevaient 
leurs  rentes,  héritiers  des  Pépins,  M.  des  Bertelières.  —  î  l.  6  d. 

Maison  Foulard.  —  18  s. 

Maison  Benatier.  —  3  s. 

Maison  Mathaiin   Martin,  située  en  la  basse  ville,  au  canton  des 


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1S4  l'ABBAYË    Dïi   BOIS-G ROLLAND 

Forgêg,   tenaat  da  côté  à  la  grande  rue  qu^  coudait   du   caoton  des 
Forges  au  Vignaud  en  4620,    Pierre  Perraioe,  chiruiTgien.  —  3  s.  ôd. 

Jardin  Tailliard  (héritiers  Guyet),  —*  2  s.  3  d. 

Les  héritiers  Nicolas  Girard,  p'  la  maison  Toaroois  [Tavermerj.  — 
3B-9d, 

MaieoQ  occupée  par  Michel  G^iiet.  —  2  s.  6  den, 

7  décembre  4  J51,  Jean  Drceau,  read  2  chambres  basses  avec  un ^ 
autre  chambre  servant  de  boutique  avec  jardia  et  deppendances, — 
20  solSj  pLuB  le  marais  Gerbaudière.  —  2  sols. 

MaiiOD  Diuot^  tenant  an  chemin  par  lequel  on  va  et  vient  de  Gadoret 
à  k  halle    (Uinot,  Biaise  Morilleau,  M"'*'  Boizard.  —  8  s. 

Maison  Cherberotte  et  Le  Qnay  Gherberotte  (R.  Dinot)  6  a. 

Maison  de  Grudé  (Benjamin)  S' de  la  Doubletière.  —  5  «. 

V* B^rton,  Raclet,  fille  du  S**  Martin  pour  une  maison.  —  Sa.  3  d. 

Racletdcla  Sauvagëre,  le  S''  de  Puimicb au,  propriétaire  près  du 
fief  de  S'*  Hermine, 

Le  B'  des  Roullin  (maison  du  Gué  de  Gherberotte).  —  6  a. 

L'abbaye  de  Bois-Grolland  possède  un  fief  près  le  village  Briliouet 
dans  les  paroisses  de  8*- Aubin  et  de  S*-Etienne,  consistant  en  terrage, 

cbampars,  droit  de  ventes,  honneurs  et  autres  émoluments  de  fief. 

■ 

Prèz  des  Nouches,  près  (VOlonne.  —  1  liv.  cire. 

Teneurs  :  OUveau,  François  Le  Pelletier,  Bignoaneau,  Boivin,  les 
darnes  du  Lis  Babarin,  le  S'  de  la  Gharmerie,  de  la  Jarrie,  Jeannet, 
M*°'  Langevinière. 

Champ-Chardon,  près  Olonne.  Teneurs  :  Jean  Bourjard  et  Bouli' 
neau  de  la  Ch;iume;  Proteau  et  du  Puy  des  Sables. 

Terres  des  Glorif  ttes.  —  Ténement  du  four  aban.  du  village  de  la 
Roulière  —  les  cheminez  de  la  Rouslière.  Teneurs  :  Garats,  Pru- 
dome  Tibaudière,  Jean  Gourcier  de  la  Banduère,  Bonhier  de  la 
Berge  ire* 

Titres  prouvant  que  les  religieux  sont  propriétaires  des  marais  de 
Laurière.  —  Déclaration  de  Jean  Buchet  et  de  Jacques  Richard  (1620) 
—  Martin,  abbé  de  B.-G.  en  1485,  arrente  à  Marc  Gourcier  6  boissa- 
lées  de  terre  en  Olonne. 

Nous    sommes  propriétaires    d'un  marais    salant  situé    en  l'Isle 


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L*ABBAYe   DE   BOIS-GROLLAND  1S5 

d'Olonne,  appelé  le  marais  de  Bois-Grollaad  coalenant  94  aires. 
Bq  oatre,  12  aires  ea  marais  Macé,  proche  et  daas  le  fief  et  seigneurie 
de  Bresauire,  aliitê  :  Tlsle  d'Olonae,  desquels  marais  René  PidoTix,abbé 
de  Bois-GroUand,  rendit  aveu,  à  d*^*  Marie  Maîstre,  mère  et  tutrice  de 
Loaie  Roussay,  S**  de  la  Fretière,  et  du  fief  de  Bressnire,  en  date  du 
94  juin  4604,  et  signé  R.  Pidoux,  J.  Gharlin  et  J.  Serin,  ik  la  requête 
dadii  abbé  et  couvani  par  lequel  il  déclare  que  ledit  marais,  est  sujet 
au  fief  de  Bressuire  à  sixte  partie  des  fruits  croissants  sur  les  bossis  et 
la  dixme  du  sel  au  prieur  de  Vendôme. 

Nota,  :  qae  nous  avons  42  aires  de  marais  salants  dans  le  mirais  de 
la  Jallotière  proche  le  village  de  Laurière  dont  nous  sommes  propriétaires . 

Paroisse  de  L&iroux. 

L'abbaye  possède  dans  cette  paroisse  la  Maison  ^no5Ze  du  Poiré 
dans  la  haute  justice  de  Poiroux,  d'où  dépendent  plusieurs  ténements 
ou  fief  qui  sont  le  ténement  de  Bnchenois,  sujet  à  la  sixte  partie  des 
fruits  y  croissant  comme  bleds,  chanvres  de  potage  plus  la  dixme  des 
aigneauz  et  gorets  et  des  laines,  savoir  :  de  13  toisons,  une  par  an,  et 
de  8  deniers  de  cens  à  Noêl.^ 

Oéclaration  :  En  1651,Gharle  de  la  Boucherie^  3r  du  Guy  ;  —  1637, 
Gabriel  de  la  Gantinière,  tuteur  du  8*'  du  Guy;  1676, —  Jeanne 
Ricbmrd,  y*  de  Jacques  Coutochoau,  sieur  de  la  Milletière  ;  —  1737, 
Maihurin  Baradeau  et  Jean  GuilUon* 

Ténement  de  Villeneuve  (sixte  partie  de  fruits  et  à  2  1.  de  cens). 

Tellement  de  Juchegrolle  (sixte  partie  des  fruits,  dixme  des  porcs  et 
agneaux,  4  chapons  et  5  sols  de  cens)  1750.  Décl<^  de  Marie-Jacqueline 
Mesnard,  V*  de  M'*  François  Duchesne,  Qi'  du  Mesnil. 

Le  prieur  de  Lairoux,  doit  un  chapon  à  cause  d*un  pré. 

Le  8<''  de  la  Touché  an  blanc.  —  ^  chapons. 

Le  8'  François  Gitoys  {k  749)  Gharle  Rouillé  des  Sables  —  /  chapon. 

Marais  de  Champagne. 

Matbarm  David ,  Marie  Amaudet. 

Marie  et  Suzanne  Clavier,  femme  de  Jacques  Bernard,  8'  de  la  Mé- 
r.  vr.  —  NOTICES.  —  vi»  année,  2*  liv.  13 


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18(5  l'abbaye   de   BOIS-G  ROLLAND 

raadière  (1678).  uq  boisseau  de  froineai  :  Jean  Perron,  M'   de  Gousize  a 
été  condamoé  à  payer  la  rente. 

Dit  des  Assis.  —  dépendant  du  Poiré,  près  le  Marais  Sauvage,  entre 
le  chenal  de  la  maison  de  la  Nonnerie  tenant  à  TEtrier  du  bois,  et  au 
marais  des  paroissiens  —  Â.ndré  Bretin  doit  par  an  9 1 . 

^En  1469,  les  religieux,  appelés  aux  grandes  assises  de  Champagne, 
prouvent  que  leur  marais  est  franc  et  non  sujet  au  rachat. 

En  1536^  Ambroise  des  Herbiers,  abbé  de  B.  6.  arrenta  ce  marais  à 
Thomas  Gallois. 

Les  religieux  ont  le  droit  de  faire  faucher  dans  un  pré  qui  relève  de 
la  métairie  du  Poiré  une  journée  de  trois  faucheurs. 

Titre  en  parchemin  de  1316,  d'un  don  fait  à  frère  Symon  du  Poiré.  — 
Donat"*"  à  l'abbaye  de  B.  G.  de  la  moitié  d.'une  te«*re  contenant  7  b^>, 
proche  la  maison  du  Poiré  —  et  le  frère  a  acheté  l'autre  moitié. 

En  1405,  Jean  Gueffard,  vallet,  8<' de  la  Joussenière,  donne  aux 
religieux.  4  journtftix  de  pré. 

En  1445,  Jean  de  Ghateaubriant  au  lieu  d'un  septrée  de  froment, 
donne  plusieurs  morceaux  de  terre  avec  des  droits  seigneuriaux  pour 
affranchir  sa  rente. 

En  16 79,  le  roi  de  France  ayant  imposé  la  commune  de  Gurzon  à 
une  imposition  de  1500  fr.  Les  habitants  de  Gurzon  voulurent  imposer 
les  religieux  et  prétendirent  qu'ils  avaient  usurpé  un  marais. 

Les  religieux  ne  refusèrent  pas  de  contribuer  à  l'imposition,  mais 
ils  réclamèrent  contre  l'accusation  mal  fondée  et  dirigée  contre  eux 
d'avoir  usurpé  des  terres,  et  ii  ce  sujet  ils  firent  preuve  de  leur  légitime 
possession  en  produisant  les  titres  de  donation  faite  par  Aimery  de 
Béni I,  par  son  serviteur  Renodus,  par  Gilbert  de  Mauvergne,  Guy  de 
la  Poçonnerie  et  sa  femme  Alix  —  par  la  femme  de  Jean  de  Jard, 
Elizabeth,  etc.. . 

Guillaume  de  Mauléon  a  donné  le  5*  du  marais  de  Gurzon  aux  Reli- 
gieux, qui  en  ont  toujours  joui  et  la  preuve  qu'il  leur  a  toujours  appar- 
tenu, c'est  que  lorsque  les  habitants  de  Gurzon  firent  une  tranchée 
pour  l'écoulement  des  eaux,  ils  demandèrent  l'autorisation  de  travailler 
à  l'abbé  de  Gravelle  qui  la  leur  accorda. 

Les  droits  de  l'abbaye  furent  reconnus  dans  l'accord  fait  entre  les 
habitants  manants  de  la  paroisse  de  Gurzon,  et  ceux  de  Lairoux,  au 
sujet  de  contestations  qu'ils  avaient  pour  le  marais  commun  de  Gurzon, 


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L*ABBAYE   DE   BOIS-GROLLAND  187 

coQtestalioQ  OÙ  pararent  les  Religieux  (4  &  septembre  1693).   L*iinpo- 

sitioQ  fat  répartie  de  la  façon  suivante  : 

Les  habitants  de  Lairouz  payèrent.  —  5)0  U 

Ceux  de  Garzon.  —  206  1-^5  sols. 

Et  les  religieux.  ^  120  L  ^  Total  :  H6G  L,  5  sols, 

9 

Ryé. 

Le  fief  que  possède  Tabbaye  dans  cette  paroisse  leur  est  devenu  par 
le  décès  de  dame  Liesse,  femme  de  Pierre  Morand,  cheval'. 

Dans  Taveu  fait  au  Roy,  Tabbé  de  fi.  G.  déclare  que  l'abbaye  pos- 
sède dans  la  paroisse  de  Notre-Dame  de  Ryé,  une  petite  maison  Bou- 
rine  appelée  la  Ligence  des  Ri'  do  B.  G.  avec  4  sols  de  rente  et  5 
boisseaux  tant  oignons  qu'ails. 

Titres  en  parchemin  de  1244,  1245,  4246,  ~  donation  de  Guillaume 
d'Âpremont  (voir  au  cartulaire). 

Bn  1535,  Âmbroisedes  Herbiers,  abbé  de  B.  G.,  dQnne  à  ferme  per- 
pétuelle à  Goutony,  paroissien  de  8'  h»'  de  Ryé  4  journaux  de  pré 
étant  landes,  sis  en  la  paroisse  de  Ryé  pour  en  payer  par  an  la  somme 
de  5  sols  rendable  à  la  maison  appelée  ligence  des  religieux  et  pour 
payer  la  sixte  partie  des  fruits  y  croissant. 

La  Rouillière. 

Faisant  partie  des  terres  du  village  du  Boi?,  est  sujette  au  devoir  et 
terrage. 

Fief  de  la  F redonnière . 

Dans  l'aveu  rendu  aux  commissaires  du  Roy,  l'an  1521,  l'abbé  de 
B.  G.  avoue  tenir  l'hostel  qaétairie  et  Borderie  de  la  Frédonnière  et  des 
appartenances  de  jardins  et  garennes  situés  dans  la  p-  de  Saint-Martin 
de  la  Jonchère,  qui  peuvent  valoir  par  an  90  septiers  de  bled,  28  s.  en 
deniers,  4  chapons  par  pré  et  pâturage  contenant  25  arpents  sajets  à 
être  inondés  des  eaux  douces  et  salées  5  ;  par  terrage  de  bled,  un 
septier  ;  par  comptant  de  vigne,  5  pipes  de  vin. 

1385  Louis,  abbé  de  B.  G.  donne  à  Jean  Gaillard,  une  maison  située 
en  la  ville  de  la  Jonchère  p'  la  somme  de  40  s.  de  rente  annuelle. 


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-ri'.^,. 


188  l'abbaye  de  bois-grollawd  * 

En  1397,  Jean  Grignon,  valet,  8f'  de  la  SigoïgQe,  doane  à  l'abbaye 
une  pièce  de  terre  sise  dans  son  fief  proche  de  la  Fredonnière. 

4320,  René  Chabot,  donne  une  pièce  de  terre  moyennant  2  s.  de 
service  par  an  et  rachapt  selon  la  coutume  du  pays. 

1402,  Pierre,  abbé  de  B.  G.  donne  à  noble  homme  Pierre  Bochet, 
président  en  la  cour  de  Parlement,  le  bois  des  Pommeries^  tenant  au 
bois*de  la  Boucbetière  et  au  bois  de  LaHer,  pour  25  s.  de  rente 
seulement,  et  de  terrage  lorsque  ledit  bien  sera  mis  en  terre  labourable. 
Par  contre  échange,  le  dit  Bochet,  donne  au  dit  abbé  et  religieux  toutes 
les  terres  biens  et  meubles  qu'il  possédait  à  la  Maugardière,  à  la  Voisi- 
nière  et  à  la  Buotière. 

1448,  Maurice  Bricot,  donne  à  Laurent  Bruet,  une  pièce  de  terre 
près  du  Port  de  l'abbaye  et  de  la  terre  à  la  confrérie  de  sainte  Catherine 
de  la  Jonchère  Le  même  abbé  donne  à  Brethomé  Landais,  une  pièce 
de  vigne  sise  dans  le  fief  à  la  Dame^  6  boisselées  dans  le  fief  arrondea, 
la  vigne  sujette  à  5*  partie  des  fruits  par  droit  de  terrage  et  dizme 
seulement.  En  retour  :  Landois  donne  au  couvent  tout  ce  qui  lui 
appartenait  dans  la  paroisse  de  Poiroux,  maisons^  vergers,  terres^  préz 
bois,  landes,  rentes  en  deniers  et  autres  choses  quelconques. 

1470,  4471,  1481,  4466  et  4453,  Pierre  etOlivier  Poictevins, 
advouent  tenir  à'  foy  et  hommage,  plus  à  5  sols  de  rachapt  abandonné 
deux  petits  fiefs,  dépendant  de  la  Prédonnière,  les  grandes  et  les  petites 
chafifaudères,  sises  près  la  Jonchère.  Il  constepar  Tadveu  que  le  fief 
dépend  de  la  seigneurie  de  la  Sigoigne. 

En  4491,  Martin,  abbé  de  B.  G.,  donne  à  Thomas  Barrinel,  le 
ténement  des  rois  moyennant  2  raz  d'avoine  et  la  17"^*  partie  des  fruits. 

En  1513,  Jean  est  abbé  de  B.  G.,  en  1550,  Louis  Begaud  (sans 
titre]  donne  des  terres  sujettes  à  la  dizme  et  au  terrage. 

En  4579,  Nicollas  Fruncheteau,  vend  à  Claude  Hillaret,  seigneur 
de  la  Bailliere,  13  journaux  de  vigne,  dans  le  fief  de  Bariteau,  près  le 
village  de  Fontaine  sujet  à  la  4  partie  des  fruits  y  croissant. 

1^14.  Accord,  diaprés  lequel  le  prieur  de  Bois-Golland,  près  Pouzauges, 
s'engage  à  payer  annuellement  au  couvent  deB.-G.  3  mines  de  froment 
pour  le  ténement  de  Marchieil, 

Fief  du  Boisguichet  (paroisse  du  Giver.) 

Transaction  de  1281,  par  laquelle  Guillaume  d'Apremont,  chevalier, 
5g'  de  Poîroux,  donne  à  Tabbé  et  aux  RI*  de  B.  G.  tout  droit,  justice 


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l'abbaye  de  bois-grolland  189 

petit»  et  grande  jusqu'à  60  sols,  seulemeat,  dans  le  fief  du  Bois  Guichet, 

sauve  la  haute  justice  et  le  pur  empire   et  pouvoir  du  glaive  qu'il  se 

réserTB. 

iSOO^GoufirmatioQ  de  ce  qui  précède  par  Raoul  d'Apremont.         / 
Le  sénéchal  de  Poiroux,  reconnaît  en  1475  qu'il  ne  peut  tenir   ses 

assises  sur  la  terre  de  la  juridiction  des  religieux  de  B.  G. 

1438,  Maurice,  abbé  de  B.  G.,  arrente  à  Nicolas  Martineau  la  maison 

de  la  Dutière  et  ses  appartenances. 

1511,  Jean  Barbarin,  abbé  de  B.  G.,  donne  à  M*  Etienne  Robet, 
une  maison  au  bourg  de  8*  Martin  de  la  Jonchère. 

1391,  Contrat  par  lequell?  journaux  devigne  sis  à  la  Bouchardière, 
près  le  fief  du  S^'^jde  Dissay,  sont  sujettis  à  ladime. 

1463,  Thomas,  abbé  de  B.  G.  donne  une  pièce  de  terre  à  Thomas 
Vrignaudy  par'* de  Saint-Syre,  et  dans  le  fief  du  Hois-Guichet,  mo- 
yennant 1  b.  froment,  une  poule  et  le  terrage  au  huit. 

1592,  Michel  Boursegu in,  fait  aveu  pour  12  boisselées  de  terre. 

Aveu  de  Jean  Ghanay  en  1 524^  pour  une  sabline,  etc. 

Aveu  de  Jean  Bourreau  en  1538,  maisons  à  la  Mainbourgère ,  par* 
de  8*-Martin  du  Gyvre. 

Aveux  de  Mathurin  Roy,  Jean  Yerry,  Pierre  Gouïlleaud,  Guillaume 
Remans,  Lotis  Rousseau^  Clément  Piccorit,  Guillaume  Yrignaud, 
Jean  Boursequin,  André  Porcher,  Clément  Sarrasin,  Nicolas  Bre- 
iinean  Jean  Hervé,  Pierre  Jarry,  Menoteau,  Nicollas  Folliot,  Vincent 
Roy,  Pierre  Chanelou,  etc. 

En  1438,  l'abbé  Maurice  donne  à  ferme  la  terre  de  la  Dorin,  et 
antres  parcelles  à  Jean  Hillaret  et  Morisset. 

1512,  Jean  Barbarin,  abbé  de  B.  G.  arrente  des  terres  à  M*  Etienne 
Robet. 


Fief  de  laSigoigne. 

Titre  en  parchemin  datte  de  Tan  1360  contenant  le  don  du  fief  de  la 
Sigoîgne  fait  par  noble  dame  Jeanne  de  Broussay,  dame  du  Mauberon, 
aux  RI'  de  B.  G, 

Advenx  dudit  fief  vendu  au  Seigneur  de  S'  Sornin  duquel  il  relève 
depuis  l'an  1441,  jusqu'en  l'an   1594, 

Les  Reli*  déclarent  lui  devoir  :  primo  :  le  dit  fief  à  foy  et  hommage 


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190  l'abbaye  de  bois-grolland 

plaÎQ  et  à  rachapt  quand  le  cas  y  advient  ;  une  paire  d'éperons    blancs, 
et  2  sols  de  service. 

Dans  ce  fief  (p**  de  la  Jonchère],  le  dit  abbé  a  droit  de  terrage  à 
raison  de  la  moitié  de  la  dix  et  septième  des  fruits  y  croissants  par 
labour,  terrage  qui  peut  valoir  par  an  dix  septiers  de  blés,  plus  le 
droit  de  complanter  les  fruits  de  certains  fiefs  de  vigne. 

Le  dit  abbé  possède  à  domaine  dans  le  fief  des  morettes  une  pièce 
de  vignes  les  deux  pars  blanches  et  Tautre  chauchée. 

Les  teneurs  du  village  de  la  Sigoigne  doivent  29  s.  et  25  b.  de 
froment,  plus  doivent  les  Roupelins  2  sept,  bled  moitié  froment  moitié 
meture^  plus  4  3  chapons  trois  quarts  et  une  poule  —  plus  une  mine 
de  meture  et  6  deniers  de  service  que  doivent  par  chacun  an,  les 
RI*,  abbé,  et  couvent,  d'Angles  à  cause  du  fief  Loubet  —  plus  le  tiers 
des  profits  de  la  foire  de  S^  Gyre  qui  peuvent  valoir  par  an  2  sols  — 
plus  il  a  le  droit  dans  ladite  seigneurie  de  bailler  jnstage  et  mesure 
à  ceux  qui  vendent  vin  audit  lieu  de  S'  Gyre  ledit  jour  de  la  foire  et 
droit  en  la  3*  partie  dudit  justage. 

Olivier  Poictevin,  S«^  de  la  Florentière  tient  à  foy  et  hommage 
plain,  un  fief  sous  ledit  abbé,  les  Grandes  et  Petites  Chaffaudières, 
sujettes  à  une  paire  d'éperons  blancs  de  service  et  à  rachat  aboné 
qu^r-i  le  cas  y  advient  à  25  sols. 

Sur  toutes  lesquelles  choses  ledit  abbé  a  droit  d'assises  et  juridiction 
basse  pour  tous  les  droits  qui  en  dépendent. 

1455.  Maurice,  abbé  de  B.  G.  donne  à  jamais  à  Maurice  et  à 
Laurent  Buxchris  et  à  Etienne  Ferré,  certaines  maisons  et  terres 
siluées  dans  le  village  de  la  Sigoigne  moyennant  par  an,  la  rente  de 
4  septier  de  froment,  4  septier  meture,  4  raz  avoine  et  une  poule. 
Goncession  à  Guillaume  Normant,  par  l'abbé  Pierre,  en  1409. 
Déclaration  de  Jean  Frontenet,  Guillaume  Gabouin,  Pierre  Bouchage^ 
Jacque  Bréchet,  Pierre  Ghaillé,  André  Booiin,  Joachim  Garache,  Louis 
Fèvre,  Pierre  Ferron,  etc... 

Le  Seigneur  de  S*-Sornin  devait  sur  la  terre  des  Fossés  un  chapon. 
--  Sur  d'autres  terres,  uu  autre  chapon  —  8  raz  avoine,  un  quart 
froment  et  la  poche  —  4  bois*  froment  et  sur  des  prez  étant  de  la 
Chenellie,  6  deniers,  etc. . . 

Fèves. 

8  boisseaux  de  fèves  étaient  dus  par  les  teneurs  des  marais  de^  la 
Cherfoisière  paroisse  de  S^-Hilaiie  de  Talmond. 


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•  l'abbaye  de  bois-grolland  191 

Teneurs:  Jacques  Gaudia  des  Sables,  M*  Jean  Grpdé,  M.  de  la 
Tigerie,  proca/ear  de  Talmond,  Modo,  ses  héritiers.  Modo,  maître 
Marchais. 

Pré  Simon  (par,  de  St-Hilaire  de  Talmond). 

Rente  noble^  féodale  et  solidaire,  à  Noël.  —  5  soUf 
Modo,  Jeanae  Magaeau,  V*  Bigaonneau,  Mathurin  Arnou. 

Fief  Sainte-Hermine. 

Vigae  sur  laquelle  est  dû  par  an,  devoir  ooble  à  Noël.  —  2  sols. 
Modo  Pierre  Boisard,  laboureur,  Jacque  (ruyet. 

Pré  des  Grillères. 
Jean  Maroilleau.  —  5  sols, 

La  pièce  des  Closaux  et  Drossails. 
Veuve  Guigaaiseau  et  Luc  Brisard,  solidaires.  -*  8  sols,  'à  den. 

La  Vricjnolle. 
V  Guimoizeau.  —  8  solSy  8  den. 

Pré  de  la  Fontaine. 

Il  est  dû  la  rente  solidaire  de  —  2  sols^  2  d. 
Luc  Brisard  et  veuve  Guimoizeau.  —  i  chapon. 

La  Vigne. 
Luc  Brisard,  cens.  —  8  den. 

Le  CloS'Robert. 
M.  Gueffier,  dem*  à  Paris.  —  60  l. 


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192  l'abbaye  de  bois-grolland 

M.  l'abbé  Mandret,  paie  cette  reate.  — -  M.  Donat,  de  la  Rochelle,  a 
acheté  ce  bien  de  M.  Gaeffier. 

Le  Clos  à  l'abbé. 

M^^*  Lamotte-Corju,  M.  da  Gherpreau,  mari  de  la  susdite,  24  8.,  d., 
plas  une  livre  de  cire. 

Le  Fief  Gàhan . 

Rente  féodale  de  —  221. 

M.  de  Bergerion   M"*  de  la    Dive,  solidaires,    àlaGrassière  et  i 
Sainte- Foy. 

Champagne. 

M.  de  Selinès.  —  9  1. 

Ck)NSTANT  Verger. 


PIN. 


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L'EPISCOPAT    NANTAIS 

A  TRAVERS  LES  SIÈCLES 
(  Suiie'J 


65.  —  DURANDUS 


1278-la9a 


♦  ♦♦ 


DuranduSfDurannus,  Durand,— dit  de  Rennes,  du  lieu  de  sa 
naissance,  était  trésorier,  c'est-à-dire  sacriste  de  l'église  de 
Nantes  et  celui  môme  que  Guillaume  de  Verne  commit  en  1269 
pour  faire  des  monitions  au  duc,  lorsqu'il  fut  élu  évoque 
de  Nantes  en  1278.  Il  n'eut  pas,  comme  ses  prédécesseurs,  le 
chagrin  de  se  voir  brouillé  avec  le  duc  à  son  avènement  au 
siège  ;  il  eut  au  contraire,  la  consolation  de  recevoir  à  abso- 

«  Voir  la  VI*  année,  l'»  livraison. 


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194        l']épiscopat  nantais  a  travebs  les  siècles 

lution  le  jeudi  saint  (30  mars)  de  Tan  1279,  Olivier  de  Clissou,  . 
Gérard  de  Ciiabot  et  Guillaume  de  Rochefort,  vicomte 
de  Donges,  excommuniés  par  son  prédécesseur.  La  cérémo- 
nie se  fit  suivant  la  coutume  alors  observée  à  Nantes  pour 
les  pécheurs  publics*.  En  mars  1285,  Durand  baptisa  à  Saint- 
Plorent-le-Vieil%  Jean  fils  d'Arthur  de  Bretagne  et  de  la 
vicomtesse  Marie  de  Limoges^  Le  jeune  prince  qui  fut  plus 
tard  le  duc  Jean  III,  né  à  Chasteauceaux  le  jeudi  de  la  pre- 
mière semaine  de  carême,  8  février,  ou  le  lendemain,  d'après 
la  Chronique  de  Meillerai,  fut  tenu  sur  les  fonts  de  baptôme 
en  qualité  de  parrain,  par  Jean  de  Bocat,  ou  Boxât,  abbé  de 
Paimpont. 

Quatre  ans  après,  l'évoque  de  Nantes  autorisa  avec  plusieurs 
autres  prélats  de  la  province,  Charles  II,  roi  de  Jérusalem 
et  de  Sicile,  à  chasser  entièrement  les  Juifs,  les  Lombards, 
les  Caourcins  et  les  autres  usuriers  des  provinces  de  l'Anjou 
et  du  Maine,  et,  en  raison  des  pertes  que  lui  causait  cette 
expulsion,  ils  lui  cédèrent,  pour  un  an  seulement,  la  levée  de 
six  deniers  sur  tous  les  gens  des  deux  provinces  servant  à 
gage,  et  trois  deniers  sur  chaque  marché*. 

Durand  s'excusa  en  1291,  on  ne  sait  pourquoi,  d'assister 
à  la  consécration  de  Guillaume  Le  Maire,  évoque  d'Angers. 
L'année  suivante,  en  janvier,  il  assistaau  concile  de  cette  ville, 
qui  ne  flgiire  pas  entré  dans  la  collection  des  conciles  et  où, 
sur  l'ordre  du  Pape,  il  fut  délibéré  du  recouvrement 
de  la  Terre   sainte.  Il    mourut,  d'après  l'obituaire  de   la 

*  Cet  usage  a  continué  jusqu^à  Antoine  de  Créqui,  premier  du  nom,  Tan 
1562,  époque  à  laquelle  cette  coutume  cessa,  le  chapitre  voulant  faire  la 
cérémonie  en  l'absence  de  l'évêque,  au  préjudice  de  Gilles  de  Qand,  évêque 
de  Roufînne.  son  grand  vicaire.  (Titres  du  chap.  dans  VHist.  de  Bret.  t.  xi, 
p.  424,  —  OrdUu  Nannet.,  1263.)  Extrait  de  Traven». 

s  Saint-Florent-le- Vieil  n'était  alors  d'aucun  diocèse,  après  avoir  appar- 
tenu longtemps  à  celui  de  Poitiers,  et  ensuite  à  celui  d'Angers. 

s  n  était  arrière-petit-fllt  de  Jean  Le  Roux,  dont  son  père,  Arthur,  était  le 
petit-fils. 

«  Chambre  des  comptes  de  Paris.  —  Hist,  de  Sablé,  p.  411. 


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DURANDUS  195 

cathédrale.leinardi6mai  1292.  Le  nécrologe  de  Géneston,  place 
samort  en  1288  ;  Du  Paz  et  les  Frères  Sainte-Marthe  la  reculent 
jusqu'en  1294.  Dom  Morice  et  l'abbé  Travers  s'en  réfèrent  à 
Tobitoaire  de  Nantes.  Selon  Albert  de  Morlaix,  Durand  mourut 
à  Fougeray  (alors  du  diocèse  de  Nantes  et  aujourd'hui  de 
Rennes),  oii  Ton  a  conservé,  écrit  le  chanoine  Guillotin 
de  Corson,  une  vague  tradition  de  sa  mort;  son  corps  rap- 
porté à  Nantes,  reçut  la  sépulture  près  du  grand  autel.  Ses 
ossements,  découverts  en  1618,  furent  déposés  derrière  le 
grand  autel^  vis-à-vis    du  lieu    où  ils  étaient  auparavant. 

Cet  évoque  n'eut  aucun  démêlé  avec  les  ducs.  Les  grosses 
sommes  qui  lui  furent  payées  pour  dédommagements  stipulés 
à  ses  prédécesseurs  lui  permirent  d'augmenter  les  revenus 
de  TEvêché.  Il  acquit  le  jeudi  avant  la  Toussaint  1281 
(30  octobre),  pour  la  somme  de  soixante-dix  livres,  les 
dîmes  de  blé,  vin^  lin,  agneaux,  chanvre,  etc.,  que  Jean 
Gaffln  possédait  à  Valiez  dans  le  canton  d'Escoublac. 
Il  réunit  à  son  domaine,  en  1283,  quelques  dîmes  de  la  pa- 
roisse de  Treillières  et  à  l'évêché^  au  mois  de  septembre 
1291,  quelques  petits  fonds  qu'il  acquit  de  Guillaume  de 
Perrière,  variété  et  de  sa  femme,  du  consentement  de  leur  fils 
aîné,  dans  la  paroisse  de  Cbefsail,  (Ste-Luce)*  ;  il  augmenta 
les  domaines  de  l'ancienne  maison  de  plaisance  des  évéques 
de  Nantes'  de  petits  fonds  d'une  valeur  de  trente-sept  livres, 
soit  quatorze  à  quinze  marcs  d'argent.  Le  même  évêque,  et 
ce  fut  son  plus  riche  acquêt,  acheta  pour  lui  et  ses  suces- 
seurs,  de  Jehan,  seigneur  de  Machecoul,  trente  livres  de 
rente  sur  les  dîmes  de  Saint-Cyr. 

Durand  de  Rennes  fit  usage  d'un  sceau  sur  lequel  était  re- 
présenté un  évêque  bénissant,  tenant  la  crosse  tournée  en 
dehors.  Légende  :  t  S,  Durand i,  Dei  gracia  Episcopi  nanne- 
tensis.  Le  contre-sceau  représente  dans  le  champ  une  mitre 

*  Titres  de  TEvêché. 

s  Chefsail,  ou  platdt,  Le  Chassais,  était  situé  en  la  paroisse  de  Sainte- 
Lttce,  autrefois  appelée  elle-même  Chefsail. 


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196        l'épiscopat  nantais  a  travers  lks  siècles 

de  profil,  cantonné  de  quatre  roses.  Légende  :  contra  5.  Du- 
randi  Epi  nannet.  Ce  sceau  est  en  cire  verte  et  est  apposé  sur 
queue  de  parchemin  à  un  acte  de  1283*. 

Chez  les  anciens,  la  rose  était  (c'pst  M.  de  la  NicoUière  qui 
parle)  le  symbole  du  secret  ;  de  là  Torigine  du  proverbe  :  Sub 
rosây  par  aljuaion  à  une  chose  devant  être  tenue  secrète*.  Il 
faut  donc  voir  dans  les  quatre  roses  de  ce  contre-sceau,  la 
consécration  de  cette  particularité,  plutôt  qu^un  ornement  de 
fantaisie. 

Une  famille  Durand,  maintenue  d'ancienne  extraction  en 
1668,  et  assez  richement  possessionnée  dans  les  paroisses 
d'Ercéen  la  Mée  etThourie  (évêché  de  Rennes),  de  Rougé  (évô- 
ché  de  Nantes),  qui  donna  à  Villeneuve  un  abbé  mort  en  1407, 
pourrait  bien  être  celle  de  notre  évoque.  Suivant  M.  deCourcy, 
elle  portait:  d  argent  à  neuf  losanges  de  sable,  3.  3.  5.  Le 
procès-verbal  des  églises  rurales  de  la  baronnie  de  Château- 
briant  en  1663,  donne  à  un  sieur  Durand,  seigneur  de  la 
Minière  et  du  Rouvre,  un  écusson  losange  (Tor  et  de  gueules, 
comme  il  a  été  reproduit  sur  les  vitraux  de  l'église  de  Rougé'. 

66.  —  HENRI  II  DE  CALESTRIE 

1-293-1297 

Henri  II  de  Calestrie,  —  originaire  de  Tréguier,  fut  élu  en 
1292  et  sacré  Tannée  suivante  à  Tours,  par  l'archevêque 
Regnaud  de  Montbason.  C'était  pendant  la  vacance  du  siège 
à  Rome.  Tous  les  évoques  suffragants  de  la  métropole  hono- 
rèrent de  leur  présence  cette  cérémonie*,  Thibaud  de  Pouancé, 
révoque  de  Dol  excepté. 

«  Archevêchés  et  Evéchés  de  France.  Collection  Qaignières,  t.  cxxi.  Biblio- 
thèque nationale. 

*  La  recherche  du  blason  par  Ménestrier,  Paris,  1673,  p.  2&7. 

s  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Nantes^  pp.  77-78  et  suivantes. 

^  Ces  évéques  étaient,  pour  la  Bretagne  :  Guillaume  de  la  Roche-Tangui, 
de  Rennes,  —  Quillaume  de  Kersauson,  de  Léon,  —  Robert  du  Pont^  de 
Saint-Malo,  —  Geoffroy  de  Tournemine,  de  Tréguier,  —  Alain  Morel,  de 
Gomouaille,  —  Guillaume  Guéguin,  de  Saint-Brieuc,  —  et  Henri  Tors,  de 
Vannes. 


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HfiNRi  ni  197 

Les  renseignements  généalogiques  et  sigillographiques 
font  complètement  défaut  sur  ce  prélat.  Il  fut,  en  i295,  témoin 
de  la  fondation  faite  le  lundi  15  août,  à  Morlaix,  de  la  collé- 
giale de  Notre-Dame-du-Mûr^  par  le  duc  Jean  II,  en  présence 
de  Geoffroy  de  Tournemine,  évoque  de  Tréguier  (et  dans  le 
diocèse  duquel  se  trouvait  le  nouveau  chapitre),  de  Guillaume 
de  la  Roche-Tangui,  évoque  de  Rennes,  Thibaud  de  Pouancé, 
évèque  de  Dol  et  Guillaume  de  Kersauson,  évoque  de  Léon. 

Henri  de  Calestrie  mourut  à  la  fin  de  1297.  Le  duc  Jean  II 
tenait  cette  année-là,  les  revenus  de  Tévôché  en  son  pouvoir, 
par  droit  de  régale,  ce  siège  étantvacant.  Henri  a  donné 
quatre  livres  de  rente  au  chapitre  pour  faire  sa  mémoire,  qui 
fut  fixée  au  15  mai,  d'après  le  Livre  des  Anniversaires. 

Nous  ne  pouvons  ici  adopter  la  thèse  de  M.  de  la  NicoUière, 
qui. refuse  de  placer  un  autre  Henri,  après  celui  dont  nous 
parlons;  rejetant  Travers  et  tous  les  auteurs  qui  ont  admis 
Henri  III,  il  trouve  que  la  similitude  de  date,  sinon  de  nom 
pour  la  mémoire  des  deux  prélats,  dans  le  Livre  des  Anni- 
versaires, prouve  une  identité  de  personnage.  S'il  n'y  avait, 
en  effet,  que  cette  raison,  nous  serions,  nous  aussi, disposé  à 
ne  pas  admettre  Henri  III,  mais  ce  n'est  pas  sur  cet  argu- 
ment que  s'appuie  Travers,mais  bien  sur  la  tenue  en  régie  des 
revenus  de  Tévôché  par  le  duc  Jean  II  en  1298,  ce  siège  étant 
vacant.  Or,  de  fait  est  cité  aux  archives  du  château  de  Nantes, 
arm.  5,  B,  n."  17,  Hist.  de  Bret.,  t.  u,  p.  1225.  C'est  aussi  la  rai- 
son qui  nous  décide  à  insérer  le  suivant  dans  le  catalogue. 

67.  —  HENRI  m 

1298-1304 

Henri  111  —  fut  élu  en  1238  sous  le  pontificat  de  Boniface  VIII 
et  le  règne  en  Bretagne  du  duc  Jean  IL  Sacré  en  janvier  1299, 
il  assista  aussitôt  après  au  concile  tenu  à  Ghâteaugontier  par 
Tare hevôque  deRouen  en  présence  des  évôquesde  la  province. 
Il  eut  une  contestation  à  ce  concile,  avec  Tévêque  de  Saint- 


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198        l'épiscopat  nantais  a  travers  les  siècles 

Malo  pour  la  troisième  place  à  la  droite  de  l'archevêque  :  elle 
fut  occupée  par  Robert  dePont-fAbbé,  qui  en  était  alors  titu- 
laire, Henri  se  contenta  de  protester  pour  ne  pas  troubler  l'as- 
semblée et  aussi  pour  réserver  ses  droits.  L'évêque  de  Nantes 
se  trouvait  à  Paris  en  1301,  et  y  souscrivit  avec  les  suffragants 
de  Tours,  le  dimanche  de  la  Passion  (19  mars),  la  réponse  que 
le  clergé  donna  au  roi  Philippe  le  Bel,  qui  l'avait  consulté 
sur  la  conduite  à  tenir  envers  Boniface  VIII  et  de  la  ma- 
nière dont  il  pouvait  défendre  les  droites  du  royaume  contre 
les  entreprises  de  ce  pape\ 

Henri  approuva  la  bulle  Unam  Sanctam^  en  1302  et  mourut 
deux  ans  après,  le  15  octobre,  d'ieiprès  Tobituaire  de  Gènes- 
ton.  Sa  mémoire  était  fondée  à  ce  jour  au  livre  des  anniver- 
saires. En  1304,  on  trouve  un  décret  de  Tévôque  Henri  rappelant 
qu'il  a  élevé  un  autel  dans  la  cathédrale,  en  l'honneur  de 
sainte  Anne  et  assignant  une  rente  de  20  livres  au  titulaire  de  ce 
bénéfice,  à  la  condition  qu'il  sera  prAtre  et  sera  résidant  {Arch, 
départ,  série  G.  I.) 

Nous  avons  de  cet  évoque  plusieurs  statuts  synodaux  :  11  y 
accorde  entre  autres  10  jours  d'indulgence  à  ceux  qui,  véri- 
tablement contrits  et  confessés  (il  n'ajoute  pas  absous  et 
communies),  assistent  les  dimanches  et  fêtes,  à  la  cathédrale 
ou  aux  paroisses,  à  la  messe  depuis  le  commencement 
jusqu'à  la  fin,  et  se  tiennent  dévotement  à  genoux,  depuis  l'élé- 
vation de  l'hostie  jusqu'à  celle  du  calice':  Le  successeur 
d'Henri  renouvela  ses  statuts. 

*  Gest.  Guill.  Le  Maire,  spicil.  areher>,,  t.  x. 

*  Dapaa,  Hist.  du  différend  de  Philippe^le-Bel  avec  Boniface  VIII,  p.  86. 

s  Cette  élévation  ne  «^entend  point  de  ceUe  qui  se  fait  aujourd'hui  après 
consécration,  mais  de  celle  qui  se  fait  avant  le  Pater,  à  ces  paroles  :  Omnis 
honor  et  gUnia,  élévation  autrefois  plus  sensible  et  la  seule  élévation  du 
calice  qu*on  fit  alors. 


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68.  —  DANIEL  VIGIER 


1305-1337 


Daniel  Vigier.  —  Ce  prélat,  qui  appartenait  au  chapitre  de 
Nantes,  lorsqu'il  fut  élu  évoque,  était  né  en  la  paroisse  de 
Guémené-Penfao,  dans  le  diocèse,  d'où  le  nom  de  Guémené  a 
souvent  été  ajouté  à  son  propre  nom  patronymique  le 
Vayer,  Veyer  ou  Vigier. 

Tout  porte  à  croire  qu'il  appartenait  à  la  famille  Le  Vayer, 
possessionnée  dans  les  évôchés  de  Rennes,  Vannes  et  Saint- 
Brieuc  et  d'ancienne  extraction,  qui  portait  :  de  gueules,  à  la 
bande  accostée  en  chef  de  2  étoiles  et  en  pointe  dun  croissant, 
le  tout  dot, 

La  branche  aînée  de  cette  maison  s'est  fondue  dans  Budes 
en  1507*.  La  généalogie  de  Bruc  nous  apprend  que  Philippe 
Le  Vayer,  sœur  de  révoque  de  Nantes,  ayant  épousé  Pierre 
de  Callac,  maria  sa  flUe  Adelice  à  Guillaume  de  Bruc'.  En 
1261,  Pierre  Vigier,  chevalier,  avec  Théophanie,  sa  femme  et 
Guillaume,  son  fils,  fit  un  accord  avec  Tabbaye  de  Melleray, 
au  sujet  de  certains  droits'.  Ces  trois  personnes  devaient  être 

*  Arm.  de  Bret.,  par  P.  de  Courcy,  t.  ii,  p.  475. 

*  GénéaL  de  Bruc,  Nov,  unw.  de  France,  par  Saint- Allais,  t.  x,  p.  335. 
«  Biblioth.  nsftion.  Blancs^Manteaux,  vol.  xxz^i. 


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200  L*KPISCOPAT   NANTAIS   A   TRAVERS   LES   SIÈCLES 

I 

de  la  famille  de  Tévèque,  Daniel,  Tun  des  évêques  les  plus 
remarquables  qui  gouvernèrent  ce  diocèse,  fut  élu  et  sacré  en 
1304,  sous  le  pontificat  de  Benoit  XI  et  le  règne  de  Jean  II  en 
Bretagne.   Il  dut  nécessairement  faire  travailler  à  sa  cathé- 
drale pendant  son  long  épiscopat.  Aussi,  M.  de  la  Nicollière 
pense-t-il  pouvoir,  sans  cependant  rien  décider,  lui  attribuer 
un  des^écussons  de  la  tour  absidale  de  la  cathédrale,  élevée, 
on  se  le  rappelle,  en  1208,  par  Geoffroi  Pantin.  Cet  écusson, 
dont  les  émaux  sont  frustes,  porte   sur  fond  de  —  une  fasce 
de,.,  accompagnée  en  chef  de  2  étoiles  ou  molettes  dC éperons, 
et  en  pointe  d!un  croissant  surmontant  une  étoile  ou  une  mo- 
lette de,..,  pièces  héraldiques  qui  se  rapprochent  beaucoup, 
on  le  voit,  de  celles  de  la  famille  Le  Vayer,  citée  par  Courcy. 
Le  mercredi  après  la  quadragésime,  23  février  1306,  Daniel 
érigea  le  canonicat  de  Pierre  d'Esvignéi,  en  dignité  de  doyen 
du  chapitre,  érection  qui  rendit  le  doyen,  curé  du  bas  chœur 
pour  tous  sacrements. 

La  çrande  affaire  agitée  depuis  près  d'un  siècle  entre  le 
clergé  et  les  ducs  Pierre  Mauclerc,  Jean  I,  Jean  II  et  Arthur  II,  - 
au  sujet  du  past  nviptial,  ou  tierçage,  que  Ton  appelait  le 
jugement  des  morts,  qui  donnait  au  clergé  le  tiers  des 
meubles  d*un  homme  et  d'une  femme  à  leur  mort,  ainsi  qu'à 
l'occasion  de  quelques  autres  droits  ecclésiastiques  et  de 
dîmes  inféodées,  se  poursuivait  vivement  alors,  et  prit  fin 
vers  l'an  1308.  Le  clergé  de  Bretagne  députa  à  cet  effet 
l'évéque  Daniel  et  Nicolas  de  Guémené,  curé  de  Saint-Mars- 
de-Coutais,  dans  le  diocèse,  vers  le  pape  Clément  V,  qui,  du 
au  consentement  des  députés  du  clergé  et  de  ceux  du  duc 
Arthur  II,  de  la  noblesse  et  du  peuple,  fixa  le  past  nuptial  à 
trois  sols  pour  les  personnes  aisées  et  à  deux  sols  pour  les 
autres.  11  réduisit  le  tierçage  au  neuvième  des  meubles  ;  c'est 
le  droit  curial  appelé  neume,  réduit  lui-môme  par  les  arrêts 
du  Parlement,  de  1562,  1602,  etc.,  au  neuvième  d'un  tiers,  ou 
à  la  vingt-septième  partie  des  biens  meubles  des  seuls  rotu- 
riers pour  les  lieux  où  les  curés  n'ont  point  de  dîmes,  e^ 


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DANIEL  VIGIER  201 

lorsque  le  tiers  des  meubles  restants,  les  frais  funéraires  et 
les  dettes  mobilières  payés,  se  monte  à  quarante  sols  monnaie 
ou  quarante-huit  sols  tournois,  selon  qu'il  fut  arrêté  entre  les 
parties. 

Après  son  retour  d'Avignon,  Vévôque  de  Nantes  unit  en 
1311  les  deux  doyennés  de  Nantes  et  de  la  Chrétienté  q  ui  com- 
prenaient toutes  les  paroisses  du  diocèse  entre  FErdre  et  la 
Loire,  et  allaient  de  la  ville  jusqu'à  TErdre.Il  obtint  également 
du  pape  Clément  V,  un  rescrit  qui  partageait  les  21  pré- 
bendes du  chapitre  en  sept  sacerdotales,  sept  diaconales  et 
sept  subdiaconales.  Peu  après  ce  règlement,  il  se  rendit  au 
concile  de  Vienne,  en  Dauphiné,  où  il  fut  traité  de  Tabolition 
des  Templiers. 

Après  la  conclusion  du  concile,  Daniel  revint  à  Nantes  eh 
1312,  muni  de  quatre  brefs  du  Souverain-Pontife.  Le  !•%  du 
23  juin,  donnait  à  l'évêque  de  Nantes  le  pouvoir  de  commettre, 
durant  trois  années,  quelque  ecclésiastique  pour  récon- 
cilier les  églises  polluées*.  Les  trois  autres,  du  29  juin 
suivant,  lui  accordaient  les  droits  :  1*  d'avoir  près  de  lui,  pen- 
dant 3  ans,  trois  chapelains  dispensés  de  résider  à  leurs  béné- 
fices, prébendes,  cures,  etc.,  tout  en  en  percevant  les  fruits  ; 
V  de  choisir,  à  partir  du  jour  de  la  date  du  but,  un  confesseur 
séculier  ou  régulier,  jusqu'à  Noël  inclusivement;  3*  de  créer 
deux  notaires  apostoliques  dans  le  diocèse'. 

De  deux  autres  bulles  du  3  et  du  13  juillet  1312,  et  datées  de 
Vaison,  la  première  unissait  les  revenus  de  la  paroisse  de 
Saint-Cyr-en-Rays  à  la  mense  épiscopale,  qui,  selon  l'assu- 
rance de  révoque,  ne  passait  pas  la  somme  de  millq  quarante 
livres  petits  tournois  de  revenu  annuel'  ;  la  seconde  confir- 
mait le  partage  des  prébendes. 

Il  existe  aux  archives  départementales,  titres  de  Tévêché, 

«  Labbé  Concil,  t.  x,  part.  2,  p.  1544.  ^ 

3  Titres  de  TETÔché. 
T.   VI.   —  NOTICES.  —  VI»  ANNÉE,  2«  LIV.  13  * 


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202       l'épiscopat  nantais  a  travers  les  siècles 

série  G I,  une  sentence  du  commissaire  apostolique  Bertrand 
deSentio  et  datée  d'Avignon,  le  6  juillet  1320,  annulant  une 
citation  irrégulière  du  prieur  de  Saint-Géréon,  Pierre  de 
Girouard,  qui  disputait  à  Daniel  certains  droits  de  juridiction^ 
déclarant  que  révoque  de  Nantes  ne  peut  être  cité  que  devant 
le  métropolitain  ou  le  pape^  et  que  Téglise  de  Nantes  ne 
relève  que  d'eux. 

Le  !•'  août  1321,  le  pape  Jean  XXII  renouvela  et  confirma 
la  bulle  de  Clément  Y\  Deux  ans  auparavant,  les  Carmes 
s'étaient  établis  à  Nantes.  En  1325,  révoque  Daniel  forma  la, 
collégiale  de  Nantes  par  l'érection  de  plusieurs  chapellenies 
de  réglise  Notre-Dame  en  canonicats.  L'évoque  et  les  officiers 
du  duc  eurent,  dans  les  mêmes  temps,  plusieurs  altercations 
pour  les  droits  et  prééminences  de  fief. 

«  Du  lendemain  de  la  Saint-Michel  1336,  on  trouve  la  cession 
»  d'une  maison  sur  la  chaussée  de  Barbin,  faite  au  sieur  évoque 
»  de  Nantes,  pour  300  Iv.  à  lui  deues  pour  la  ferme  des  moulins 
»  de  Barbin.  »  (Archives  départementales, iiiTes  de  l'évôché,  série 
G I.)  Daniel  Vigier  fit  avec  le  duc  Jean  III  un  arrêté  de  police, 
pour  chacun  ses  hommes  et  vassaux,  le  samedi  après  la  Puri- 
flcation  (3  février)  de  l'an  1336  ;  on  en  a  un  collationné 
authentique  du  30  septembre  1438,  parmi  les  papiers  de  la 
ville>  sac  A,  bis. 

L'évêque  Daniel  mourut  le  12  février  1337,  après  avoir  gou- 
vwné  l'église  de  Nantes  pendant  trente-deux  ans.  Il  fut 
inhumé  dans  sa  cathédrale  contre  le  second  pilier  de  la  nef, 
à  gauche  en  entrant,  près  de  la  chapelle  paroissiale  de  Saint- 
Jean-Baptiste.  Son  tombeau,  construit  en  pierre,  était  recou- 
vert d'une  table  de  marbre  noir,  sur  laquelle  «  autour  de 
sa  représentation,  gravée  au  trait,  »  se  lisait  Tépitaphe 
suivante  : 


1  Le  pape  Clément  V,  mort  le  20  avril  1314  fonda  dans  l'église  de  Nantat^ 
son  anniversaire,  pour  l'entretien  duquel  il  donna  40  sols  de  rente  au  cha- 
pitre et  40  sols  idem  au  bas-chœur.  Le  livre  des  anniversaires  Taûzé  au  28  mai. 


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^ïr 


DANIEL  YIOIEA  203 

Anno  Domini  MCCCXXXVII,  die  veneris  XII  mensis  fe- 
bruarii,  obiit  reverendus  pater  et  dominus  Daniel  Vigerii  de 
Guimeneio,  Nannetensis  diocesis  orundus,  qui  pet  trigenta  et 
duos  cum  dimidio,  rexit  laudabiliter  ecclesiam  Nannetensem  ; 
cujus  anima  in  pace  cum  sanctis  angelis  requiescat.  Amen*. 

Il  a  fondé  à  la  cathédrale  un  anniversaire  avec  vigile  des 
morts,  tous  les  lundis  du  mois,  à  six  cierges  aux  vigiles  et  à 
huit  cierges  à  la  messe,  un  mémoire  pour  ses  parents  le  7 
août  et  un  anniversaire  solennel  à  douze  cierges  devant 
Tautel  et  deux  dans  les  chandeliers.  Il  a  donné  pour  ce  ser<- 
vice  dix  livrés  monnaie  de  rente  annuelle  et  trente-neuf 
livres  aussi  monnaie  pour  les  trois  autres  anniversaires'. 

D*après  le  registre  du  chapitre  de  Saint-Pierre,  ces  anni- 
versaires étaient  flxés  aux  premiers  lundis  de  février,  mars, 
avril,  mai  et  juin. 

Nous  avons  de  Vévêque  Daniel  des  statuts  donnés  par  dom 
Martène,  dans  son  Trésor  des  Anecdotes,  t.  m,  publiés  depuis 
par  dom  Morice,  1. 1,  p.  1382.  Ils  sont  du  commencement  de 
Tépiscopat  de  Daniel,  avant  le  concile  général  de  Vienne,  en 
1311. 

fLa  suite  prochainement.  J  J.  de  Kersauson. 


•  Archevêchés  et  Évéchés  de  France,  coUect    Gaignières,  p.  180,  Bibî.  nat. 
?  Livre  xnannscrit  des  anniyersaires. 


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LE  MARIAGE  DU  PÈRE  DE  LE  SAGE 

20  Septembre  1665 


.  .  A  l'heure  où  sur  l'initiative  du  zélé  directeur  de  la  Revue 
illustrée  de  Bretagne  et  d'Anjou,  l'on  s'apprête  à  élever  sur 
Tune  des  places  publiques  de  la  ville  de  Vannes,  une  statue 
il  Alain-René  Le  Sage,  Tune  des  gloires  littéraires  de  la  Bre- 
tagne au  XVIP  siècle ,  nous  croyons  être  agréables  aux 
lecteurs  de  la  Revue  historique  de  r Ouest  en  rapportant  idi 
Tacte  de  mariage  du  père  de  l'illustre  écrivain,  que  npup 
avons  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer  dernièrement  dans 
les  anciens  registres  paroissiaux  de  Notre-Dame  de  Redon.et 
que  nous  avons  tout  lieu  de  croire  complètement  inédit. 

«  Je,  Gilles  Mancel,  prêtre,  curé  de  la  paroisse  Notre-Dame  de 
Kedon,  certifie,  que  ce  vingtième  septembre  mil  six  cent  soixante- 
cinq,  Noble  homme  Claude  Le  Sage,  s'  ^e  Kerbistoul,  avocat  en  la 
court;,  greffier  de  la  juridiction  royale  de  Rhuis  et  damoiselle  Jeanne 
Brenugat,  de  cette  paroisse,  après  les  fiances  et  la  première  publi- 
cation de  leur  futur  mariage  canoniquement  faite  sans  opposition  et 
empêchement,  et  au  moyen  de  la  dispense  de  deux  autres  bans  de 
leur  dit  mariage,  de  Monsieur  le  vicaire  général  de  Vannes,  du  16 
dudit  mois,  signé  :  Le  Gallois,  et  plus  bas  :  Par  mondit  sieur  vicaire 
Général  :  iVicoto^ro,  secr.;  —  et  qu'Honorable  homme  yanL'OWmtff, 
marchant  et  damoiselle  Françoise  Brenugat,  sœur  germaine  de  la 
dite  Jeanne,  tous  deux  de  cette  paroisse,  après  les  fiances  et  la  pu- 
bUcation  des  trois  bans  de  leur  futur  mariage,  canoniquement  faite 
sans  opposition  ni  empêchement,  ont  été  les  uns  et  les  autres,  à 
même  jour  et  heure  espousez  en  Téglise  parochiale  Notre-Dame  de 
Redon,  par  moi  susdit  curé,  présent,  qui  les  ai  conjoints  en  mariage, 
ayant  au  préalable  reçu  leurs  mutuels  consentements  auxdits  ma- 
riages par  parole  et  de  présent.  Témoins  les  soussignés  ;  Et  ai  donné 
aux  mariés  susdits  la  Bénédiction  nuptiale  devant  le  saint  sacrifice  de 
la  Messe,  suivant  Tordre  prescrit  paiynotre  Mère  la  sainte  église.  En 
foy  de  tout  quoi,  j'ai  signé  lesdits  jours  et  an  que  devant.  Mancel; 

—  Claude  Le  Sage  ;  —  Jeanne  Brenugat;  —  /.  Ollivier;  —  ^rançoise 
Brenugal;  ^  Renée  Brenugat  ;  --  Suzanne  Le  Sage;  -^  Bouscailhou  ; 

—  Brenugat;  —  Fouscher;  —  Authueil;  —  Boue  Graincou;  Legoff^.  » 

C'est  de  ce  mariage  que  devait  naître  à  Sarzeau,  trois  ans 
après,  le  8  mai  1668,  Alain-René  Le  Sage,  ondoyé  dans  cette 
paroisse  le  lendemain  9  mai,  y  baptisé  le  13  décembre  de 
ladite  année  et  mort  à  Boulogne-sur-Mer  le  1"'  novembre  1747. 

C**  Régis  de  l'Estourbeillon. 
»  Ane.  reg.  par.  de  Notre-Dame  de  Redon, 


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CHARTES  INÉDITES 

TIRÉES  DES  ARCHIVES  DE  PAMPELUNE  ET  DE  SOjMA 

Relatives  à  Du  Guesclin  et  à  ses  compagnons  d'armes 
(texte  et  commentaire) 


LES  États  de  Navarre  chargèrent,  au  siècle  dernier, 
Liciniano  Saez,  moine  bénédictin  de  ]*abbaye  de  Saiiit^ 
Dominique  de  Silos,  de  dresser  un  inventaire  des 
documents  conservés  dans  les  archives  de  Pampelune. 
Ce  religieux,  qui  remplissait  dans  son  monastère  la 
charge  d'archiviste,  ne  fut  pas  effrayé  par  la  grandeur  de 
l'entreprise,  et  sut  la  mener  à  bonne  fin  dans  l'espace  de 
quelques  années.  Tout  en  inventoriant  les  chartes  de  l'an- 
cien royaume  de  Navarre,  réduit  depuis  1512  à  l'état  de 
simple  province  espagnole,  il  faisait  transcrire,  par  des 
copistes  placés  sous  ses  ordres ,  les  documents  qui  lui 
paraissaient  le  rIus  intéressants,  et  propres  à  servir  à  l'his- 
toire du  pays.  Il  composa  ainsi  une  dizaine  de  volumes 
grand  in-4'',  de  pièces  de  toute  sorte,  depuis  les  traités 
d'alliance,  lettres,  mandats,  diplômes  royaux,  ordonnances, 

T.    VI.    —  NOTICES.   —  Vl**  ANN4b,  3«  UY.  14 


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2  GBAHTS8  tNÉOITFS 

jusqu'aux  simples  montres  d'hommes  d'armes,  comptes  «de 
recettes  ou  de  dépenses,  etc.,  et  il  en  enrichit  la  bibliothèque 
de  son  monastère*. 

En  i835|  les  bénédictins  de  Silos  durent  se  disperser,  au 
moment  de  la  supprQssion  de  tous  les  ordres  religieux  en 
Espagne,  ^et  devant  la  menace  d'une  expulsion  à  main 
armée.  Les  précieux  manuscrits,  dont  nous  venons  de 
faire  mention,  restèrent  sous  la  garde  du  dernier  abbé, 
dom  Rodrigue  Echavarria  y  Briones,  qui  fut  alors  pourvu 
de  la  cure  de  Silos.  Il  remplit  ces  modestes  fonctions, 
qui  lui  permettaient  de  veiller  sur  sa  chère  abbaye, 
jusqu'en  1854,  époque  à  laquelle  il  fut  nommé  évêque  de 
Ségovie.  Ce  digne  prélat,  voulant  mettre  à  l'abri  une  partie 
des  richesses  amassées  par  ses  prédécesseurs,  emporta  avec 
lui  les  volumes  relatifs  à  Thistoire  de  la  Navarre  ;  il  les  fit 
renfermer  dans  un  certain  nombre  de  caisses  cadenassées, 
qui  depuis  lors  furent  gardées  en  dépôt  dans  le  palais  épis- 
copal  dh  Ségovie. 

Nous  n'avons  pas  à  raconter  ici  comment,  en  1880,  une 
expulsion  vint  repeupler  l'antique  abbaye  qu'une  expulsion 
avait  rendue  déserte  un  demi-siècle  auparavant,  ni  comment 
les  fils  de  Saint-Benoit,  chassés  de  France>  reprirent  posses- 
sion ^'i  monastère  de  Silos.  Il  nous  suffira  de  dire  qu'aucun 
effort  n' •  été  épargné  pour  reconstituer  l'ancien  patrimoine 
de  la  famille  monastique.  Il  y  a  des  pertes  qui  n'ont  pu  se 
réparer,  il  est  vrai,  comme  celle  de  cotte  Bible  incunable, 
vendue  peu  avant  l'arrivée  des  expulsés  français,  et  ra- 
chetée tout  récemment  par  un  bibliophile  anglais  au  prix  de 
93.000  fr.  Le  précieux  dépôt  gardé  à  Ségovie  aurait  pu  subir 
le  même  sort,  ou  du  moins  ne  pas  faire  retour  à  Silos,  surtout 
depuis  la  mort  de  M»'  Echavarria,    survenue  en  1876.  Mais 


'  On  doit  à  ce  religieax  différents  ouvrages  ;  1^  Tratado  de  las  Monedas  del 
Hey  Enrique  III,  —  Madrid,  17^6^  in-fol.—  2«  Tratado  de  las  M(ynedas  del 
Hey  Knriqtie  IVjun  correspoadeoQÎa  con  las  del  Rej  Carlos  V.— Madrid,  180&, 
in-fol.  •»  3«  Apendice  à  U  Cronica  del  Hej  Juan  II, 


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A 


RELATIVSÔ  A  DU  QUB9GUN  3 

les  intealions  du  pieux  Prélat,  bien  connues  de  son  entou- 
rage, furent  respectées  ;  et,  à  la  suite  de  négociations,  dans  le 
détail  desquelles  nous  ne  croyons  pas  utile  d'entrer,  les 
volumes  copiés  il  y  a  plus  d'un  siècle,  par  les  soins  de  dom 
Liciniano  Saez,  à  Pampelune,  furent  réintégrés  au  monastère 
de  Saint-Dominique  de  Silos.  Le  R.  P.  Dom  Marins  Férotin, 
qui  a  succédé  à  dom  Saez  dans  la  charge  d'archiviste,  a  bien 
voulu  nous  signaler  daps  cette  importante  collection  cinq 
chartes  concernant  le  séjour  de  Du  Guesclin  et  de  ses  com- 
pagnons d'armes  en  Espagne.  Les  trois  premières  sont  rédi- 
gées, en  espagnol  et  les  deux  autres  en  français.  Nous  avons 
pensé  que  tout  ce  qui  touche  au  vaillant  Godnétable  doit  avoir 
de  Tintérôt  pour  les  lecteurs  de  la  Revue  historique  de  tOuest^ 
que  la  scène  se  passe  d'un  côté  ou  de  l'autre  des  Pyrénées*. 

Nous  donnerons  les  chartes  qui  nous  occupent  dans  l'ordro 
chronologique,  en  les  accompagnant  d'un  sommaire  étendu, 
et  de  commentaires  destinés  à  les  rattacher  à  l'histoire  gêné- 
raie  de  cette  époque.  Il  nous  a  semblé  que  le  sommaire  offre 
cet  avantage  sur  une  traduction  littérale,  d'éviter  au  lecteur 
l'ennui  résultant  des  longueurs,  des  répétitions  etde  la  rédac- 
tion parfois  incorrecte  et  monotcjtie  de  certaines  de  ces  pièces. 

Nous  y  joindrons  une  ordonnance  royale  de  beaucoup  pos- 
térieure (20  juil.  1384),  extraite  des  archives  de  Soria,  ^^^  il  est 
fait  mention  de  Du  Guesclin.  y> 


*  Nous  profitons  de  cette  occasion  pour  leur  apprendre  que  M.  Siméon 
Luce,  que  nous  avions  choisi  comme  arbitre  entre  Froissart  et  Pedro  de 
Ayala,  dans  notre  dissertation  sur  du  Guesclin  et  le  drame  du  château  de 
Montie],a  eu  Tamabilité  de  nous  écrire  pour  nous  faire  savoir  qu'il  approuve 
nos  conclusions  tendant  à  justifier  Bertrand  du  Guesclin  de  tout  reproche 
de  trahison.  Nous  sommes  heureux  d*avoir  reçu  cette  approbation  de 
la  part  du  juge  le  plus  compétent  que  nous  pussions  choisir.  C'est  un  peu- 
&  son  instigation  que  nous  publions  les  documents  suivants,  que  nous  croyons 
pouvoir  donner  comme  inédits.  Cette  fois  encore,  nous  soumettons  à  sa  bien- 
veillante appréciation  les  conjectures  que  nous  aurons  lieu  d'émettre  au 
cours  de  notre  étude,  son  titre  incontesté  d'historien  du  connétable  et  ses 
travaux  antérieurs  lui  donnant  toute  autorité  pour  rendre  un  arrêt  définitif 
en  celle  matière,  « 


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CHARTES  INÉDITES 


!••  CHARTE 


Le  premier  document  que  nous  reproduisons  est  une  lettre 
datée  du  8  mars,  et  que  nous  croyons  devoir  rapporter  à 
Tannée  1366.  Dom  Saez  ajoute  une  note  constatant  que  la 
copie  est  faite  d'après  Toriginal.  L'auteur  ne  signe  pas  ;  il 
écrit  de  Tudela,  ville  du  royaume  de  Navarre,  sur  l'Èbre, 
et  s'adresse  à  un  ami  dont  nous  ne  connaissons  pas  davan- 
tage le  nom. 

Sommaire  :  L'auteur  de  la  lettre  annonce  que  les  Anglais 
viennent  de  passer  (par  la  Navarre),  pour  entrer  en  Caslille, 
non  sans  beaucoup  d'honneur  et  de  profit  pour  le  Roi  (de 
Navarre).  Le  jour  même  où  il  écrit,  dimanche ^  8  mars, 
Bertrand  du  Guesclin  s'est  présenté  aux  portes  de  Tudela,  et, 
dès  qu'il  sut  que  le  Roi  n'y  était  pas,  il  s'éloigna  dans  la 
direction  de  Gascante,  pour  y  camper.  Ses  partisans  se  sont 
déjà  emparés  de  vive  force  de  celte  place,  d'Ablitas,  de  Mar- 
chante, de  Monfeagudo;  ils  les  ont  ruinées  à  tout  jamais  ainsi 
que  les  localités  des  environ?,  à  l'exception  de  Corella.  G  est 
pourquoi  il  (l'auteur  de  la  lettre)  se  propose  de  partir  le  len- 
demain matin ,  avec  Messire  Euslache-Jean  Testador  et 
d'autres  compagnons,  pour  joindre  Bertrand  du  Guesçlin  et 
le  comte  de  la  Marche  à  Gascante,  dans  le  but  de  les  y  rete- 
nir, si  possible,  jusqu'à  la  venue  du  Roi.  Il  charge  le  destina- 
taire, de  faire  parvenir  en  toute  hâte  au  Roi  la  lettre  incluse  ;  il 
confie  le  tout  à  un  jeune  homme  au  service  de  Pierre  Ezquerra, 
Il  lui  recommande  encore  de  trouver  un  bon  nlessager,  qui 
marche  jour  et  nuit,  pour  rejoindre  D.  Garlos,  car  il  convient 
que  celui-ci  soit  à  Tudela  le  jeudi  suivant  (11  mars).  Enfin  il 
le  prie  de  demander  à  Barthélémy  Darre  qu'il  veuille  bien 
donner  à  Pierre  .Ezquerra  l'argent  qui  lui  revient,  de  peur 
d*6tre  puni  par  le  Roi\ 

*  C%\U  dernière  phrase  ne  laiiae  pal  d*étre  un  peu  obicitre* 


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to 


UELATIVKS  A  DU  OUESOLIN  5 

€  Caro  et  buen  amigo.  Sabet  que  abemos  dellTrado  coq  Iob  An« 
gleses  à  grant  hpnrra  et  proveoho  del  Seyanor  Rey  et  se  pasan  todos 
ÇQta  (en  la)  Gastieylla  assi  sabes  que  oy  dia  domingo  maynana  Tinp 
mosen  bertran  claquih  a  las  puertas  de  Tudela  de  que  toda  gent  abia 
k  saz  que  flBLzer  et  luego  que  sopo  que  el  Seynnor  Rey  no  era  en 
tudela  fue  aloiarse  à  Gascante,  maguera  antes  abfan  tomado  otroB 
por  fuerza  Cascante  ablitas  murcbant  montagut  et  todos  los  otros 
logares  de  la  alyala  salvando  coreylla  los  quoales  son  gastailos  et 
èstruitos  à  perpetuo  et  por  esto  cras  dia  lunes  maynana  3rmos  al 
dicto  monsen  bertran  et  al  comte  de  la  marcha  et  à  otros  por  faaser 
los  retener  ata  (hasta)  la  venida  del  Seynnor  Rey  si  podemos 
Mosen  Eustaces  Johan  Testador  et  yo  con  mas  compaynàs. 
Et  por  esto  le  ymviamos  esta  letra  al  Seynnor  Rey  la  coal  traye  el 
mozo  de  peru  Ezquerra  que  es  muyt  apresurada.  Por  que  vos 
ruego  si  nunca  abedes  à  fazer  por  mi  que  ayades  un  buen  man- 
dadero  que  vaya  a  mas  andar  dia  et  noche  al  dicto  Seynnor  Rey  con 
la  dicta  letra  car  conviene  que  eill  sea  en  tudela  en  este  Jueyea 
primero  veniente.  Otro  si  vos  ruego  que  de  mis  partes  le  man* 
dedes  à  bartholomeo  darre  que  à  peru  Ezquerra  li  quera  pagar  de 
su  asser  que  eill  à  en  eill  car  si  el  Rey  lo  7aylla  en  Pomplona  por 
mengoa  de  la  dicta  asser  podria  ser  malament  represo  dios  sea 
goarda  de  vos.  Scripta  en  tudela  domingo  VIII  dia  de  Marzo.  > 

Commentaire  :  Nous  croyons  devoir  faire  remonter  cette 
lettre  à  Tannée  1366^  où  le  8  mars  coïncide  en  effet  avec  un 
dimanche.  De  plus,  nous  savons  que  le  comte  delà  Marche 
(Jean  de  Bourbon)  accompagna  du  Guesclin  dans  sa  pre- 
mière expédition  au-delà  des  Pyrénées,  qu'il  retourna  en 
France  dès  le  mois  d'avril,  et  qu'il  ne  repassa  plus  les  monts. 
Quant  à  la.  mention  qui  est  faite  au  début  de  la  charte  des 
troupes  anglaises,  nous  pensons  qu'il  faut  entendre  cette  ex- 
pression des  compagnies  anglo-gasconnes ,  qui  formaient 
environ  les  deux  cinquièmes  des  contingents,  auxquels  com- 
mandait Bertrand. 

Mais  ici,  nous  nous  heurtons  à  quelques  difficultés,  qui 
peuvent  se  formuler  ainsi  :  Comment  du  Guesclin  fut-il 
obligé  de  traverser,  dans  cette  circonstance,  le  territoire  de 


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6  CHARTES  INÉDITES 

la  Navarre?  et  comment,  d'autre  part,admettpe  qu'une  partie 
de  son  armée  ait  effectué  ce  passage  sans  être  entravée,  alors 
que  nous  le  trouvons  lui-môme  obligé  de  se  frayer  un  chemin 
les  armes  à  la  main  7  Quels  furent  en  un  mot  les  motifs  d'une 
pareille  agression  dirigée  contre  les  États  d'un  prince,  allié 
du  roi  d'Aragon  ? 

La  lettre  qui  nous  occupe  fait  allusion  à  un  épisode,  dont 
on  ne  retrouve  pas  la  trace,  croyons-nous,  dans  les  chro- 
niques contemporaines.  Mais  avec  ce  que  nous  apprend 
l'histoire,  et  ce  que  nous  savons  du  caractère  et  des  habitudes 
de  Charles  le  Mauvais,  il  nous  semble  facile  de  tenter  une 
explication  du  message  en  question  et  des  circonstances  qui 
s'y  rapportent. 

Les  grandes  compagnies,  pour  se  rendre  d'Aragon  en 
Castille,  devaient  remonter  le  cours  de  l'Èbre,  qui  leur  offrait 
un  débouché  tout  naturel.  Mais  en  suivant  cette  route,  la  plus 
directe  et  la  plus  facile,  il  leur  fallait  traverser  la  ville  de  Tu- 
dela  et  une  enclave  de  la  Navarre.  Arrivé  près  de  la  frontière, 
du  Guesclin  dût  obtenir  de  Charles  le  Mauvais  le  droit  de 
passage  par  ses  États,  moyennant  une  forte  indemnité,  que 
semblent  viser  ces  mots  du  début  de  la  lettre  «  à  grant 
hourra  et  provecho  del  Seynnor  Rey.  »  Obligé  de  s'arrêter 
sans  doute  pour  prendre  possession  du  château  de  Borja, 
que  le  roi  d'Aragon  Pierre  IV  venait  de  lui  donner,  il 
laissa  les  bandes  anglo-gasconnes  prendre  les  devants,  et 
celles-ci  s'écoulèrent  en  Castille,  sans  rencontrer  la  moindre 
résistance.  Mais  quand  il  se  présenta  à  son  tour  devant 
Tudela,  les  choses  avaient  changé  d'aspect  :  la  ville  lui  ferma 
ses  portes  et  les  Navarrais  le  traitèrent  en  ennemi.*  Alors  le 
vaillant  capitaine  voulut  leur  apprendre  qu'on  ne  se  jouait 
pas  impunément  de  lui,  et  il  s'ouvrit  un  passage  à  main 
armée  en  ravageant  tout  le  pays  environnant.  N'oublions  pas 
que  nous  avons  affaire,  dans  la  personne  de  Charles  le  Mau- 
vais, à  un  prince,  qui  appliquait  un  siècle  à  l'avance  les  prin- 
cipes de  Machiavel  ;  qui  faisait  traité  sur  traité,  ne  se  croyant 


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;• 


RELATIVES  A   DU   GUCAGLIN  7 

jamais  lié  et  cherchant  avant  tout  son  intérêt;  nch  trompant 
d'ailleurs  personne^  malgré  toutes  ses  habiletés  ;  incorrigible' 
cependant,  et  exposant  jusqu'au  dernier  jour  ses  États  et  sa 
personne  môme  à  de  terribles  représailles.  Si  le  lecteur  ac- 
ceple  jusqu'à  présent  nos  conjectures,  il  est  probable  que  le 
roi  de  Navarre,  après  avoir  trouvé  son  profit  dans  Tindemnité 
payée  par  les  grandes  Compagnies,  aura  craint  de  se  com* 
promettre  davantage  aux  yeux  de  Pierre  le  Cruel,  pour  le  cas 
où  la  cause  de  celui-ci  viendrait  à  triompher.  Afin  de  donner 
à  ce  prince  une  preuve  de  sa  bonne  volonté,  il  aura  voulu 
tenter  tout  au  moins  d'arrêter  la  marche  de  Tarrière-garde 
de  Tarmée  de  du  Guesclin.  Une  pareille  tactique  est  tout  à 
fait  conforme  à  celle  qu'il  employa  Tannée  suivante,  à  la  veille 
de  la  bataille  de  Navarrette,  lorsqu'il  vendit  au  prince  de 
Galles  le  passage  au  travers  de  ses  Élats,  et  se  fit  enlever  en- 
suite par  Olivier  deMauny,  pour  n'être  pas  obligé  de  prendre 
part  à  la  lutte  entre  les  deux  frères*. 

Le  ton  de  la  lettre  qu*on  vient  de  lire  est  tout-à^fait  conforme 
à  l'interprétation  que  nous  donnons,  en  l'absence  d'autres 
documents  sur  ce  curieux  épisode.  L'auteur,  qui  semble  être 
le  gouverneur  de  Tudela,  n'accuse  point  du  Guesclin  de 
a'ôlre  livré  à  une  agression  injuste,ou  d'avoir  manqué  à  la  pa- 
role donnée  ;  il  constate  seulement  que  celui-ci  vient  de  ruiner 
plusieurs  places  des  environs.  La  lettre  est  d'ailleurs  rédigée 
avec  circonspection,  de  manière  à  ne  compromettre  personne, 
si  elle  venait  à  être  interceptée  par  l'ennemi.  On  peut  croire 
que  Charles  le  Mauvais  avait  primitivement  donné  rendez- 


>  Peut-être  aussi  Charles  le  Mauvais  Toulut-il,  dans  cette  circonstance,  tirer 
▼engeance  des  déprédations  commises  par  les  compagnies  bretonnes,  lors  de 
leur  passage  par  Montpellier.  Il  ne  faut  pas  oublier  en  effet  que,  en  vertu  du 
traité  conclu  le  6  mars  1365,  le  roi  de  Navarre  cédait  à  Charles  V,  Mantes, 
Meulan  et  le  comté  de  Longueville,  en  échange  de  la  seigneurie  de  Mont- 
pellier. Or,  le  nouveau  comte  de  Longueville  n*était  autre  que  Bertrand  du 
Guesclin,  à  qui  le  Roi  de  France  était  redevable  de  la  victoire  de  Cocherel, 
et  de  la  prise  de  Mantes  et  de  Meulan.  On  s*explique  facileipent  les  griefs 
que  le  roi  de  Navarre  pouvait  avoir  contre  le  chef  des  Compagnies,  d*après 
ce  qui  précède.  , 


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8  CHAKTES  INEDITES 

VOUS  le  8  mars  à  Bertrand,  à  Tudela  môme,  puisque  celui- 
ci  se  présente  à  cette  date  devant  les  portes  de  la  ville,  dans 
l'espoir  d'y  rencontrer  le  roi  de  Navarre,  et  qu'il  se  dirige 
vers  Gascante,  aussitôt  qu'il  apprend  l'absence  du  prince. 
D'autre  part,  nous  voyons  que  le  rédacteur  du  message 
projette  d'aller  trouver  le  lendemain  Bertrand,  et  qu'il  veut 
ménager  une  entrevue,  le  jeudi  suivant,  entre  son  maître  et 
le  chef  des  compagnies  blanches  à  Tudela,  dans  la  crainte 
sans  doute  de  voir  les  hostilités  se  prolonger.  Il  est  plus 
probable  que  cette  conférence  n'eut  pas  lieu  :  Charles  le 
Mauvais  ne  devait  point  ôtre  pressé  de  se  trouver  en  présence 
de  du  Guesclin.  De  son  côté,  Bertrand,  après  avoir  donné  une 
verte  leçon  aux  Navarrois  et  à  leur  Roi,  se  préoccupa  sans 
doute  de  rejoindre  au  plus  tôt  son  avant-garde.  Quelques 
jours  après,  c'est-à-dire  le  samedi  14  mars,  nous  le  retrou- 
vons en  Castille  à  Calahorra,  auprès  d'Henri  de'Transtamare*. 

Barthélémy  Darre,  dont  il  fait  mention  ici,  est  cité  dans  une 
autre  charte  du  17  septembre  1366,  avec  le  titre  de  receveur 
delà  sénéchaussée  et  bailliage  de  Pampelune  :  «Recebidor 
de  la  merindat  et  bayllia  de  Pomplona.  » 

Complétons  ces  détails  par  quelques  notions  sur  les  lieux 
dictés  dans  la  carte  :  Tudela  est  à  une  distance  de  26  lieues 
au  sud  de  Pampelune  ;  c'est  de  beaucoup  la  plus  importante 
hes  places  mentionnées'.  Nous  voyons  que  du  Guesclin  ne 
s'attarda  pas  à  la  prendre  de  vive  force. 

Cascante  est  un  bourg  de  la  Navarre,  qui  comptait  au 
quatorzième  siècle  environ  4C0  habitants.  Il  faisait  partie  du 
domaine  royal,  depuis  la  vente  faite  en  1271  par  don  Pedro 

*  MariaDa  lui  fait  prononcer  dans  cette  circonstance  un  lon^r  discour», 
pour  engager  don  Enrique  h  prendre  le  titre  de  roi,  contre  Tavis  de 
plusieurs  de  ses  conseillers.  La  harangue  est  reproduite  in  extenso  et  a 
une  vraie  forme  oratoire.  Nous  craindrions  d'allonger  indéfiniment  ce 
commentaire,  en  donnant  la  traduction  du  discours  en  question ,  qui 
rappelle  ceux  de  Tite-Live. 

>  Le  roi  Sançhe  Vil,  qui  y  mourut  en  123*.  IVntouva  de  remparts  et  en  fit 
une  véritable  forteresse.  Cette  ville  est  devenue  passagèrement  le  siège  d*un 
évéché,  kla  findu  siècle  dernier  :  sa  population  es^t  aujourd'hui  d«i  9000  Amp^. 


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1^ 


HGLATIVeS  A  DU  GUBSGLIN  9 

Sanchez  de  Monteagut  au  roi  don  Eatique.  Cette  localité  est 
située  à  deux  lieues  au  sud-ouest  de  Tudela,  dans  la  direction 
de  Borja. 

Ablitas,  village  tout  proche  |du  précédent  ;  Charles  le 
Mauvais  en  avait  disposé,  quelques  années  auparavant,  en 
faveur  de  Martin  Knriquez  de  Loarra  (1349),  Tan  de  ses 
principaux  officiers. 

Murchante  (ou  Marchante)  et  Monteagudo  (Montagut) 
étaient  deux  localités  peu  importantes,  faisant  partie  du 
territoire  dépendant  de  Tudela. 

Corella,  bourg  de  la  Navarre^  à  4  lieues  nord-est  de  Tudela, 
compte  actuellement  400  habitants. 

L'auteur  de  la  lettre,  en  parlant  de  Cascante,  Âblitas,  Mur- 
chante et  Monteagudo,  dit  que  ces  localités  viennent  d'être 
ruinées  à  tout  jamais  ;  mais  il  exagère  beaucoup,  puisqu'elles 
existeat  toutes  encore  à  l'heure  actuelle,  et  que>  dès  1378, 
Charles  le  Mauvais  fit  don  de  la  première  de  ces  places  à 
Bernard  de  Foix. 

2*  CHARTE. 

Sommaire  :  La  seconde  charte  est  datée  du  28  octobre  1366 
(Eslella*,  à  trente-cinq  kilomètres  S.  0.  de  Pampelune,  sur  la 
route,  qui  mène  à  Logrono).  Charles  le  Mauvais,  roi  de  Navarre 
et  comte  d'Ëvreux,  enjoint  aux  employés  chargés  de  ses  finances 
de  tenir  compte  à  son  trésorier,  don  Garcia  Michel  Delcart, 
des  sommes  que  celui-ci  vient  de  payer  par  son  ordre,à  savoir  : 

1*  Onze  cent  quarante  florins  d'or,  donnés  &  messire  Ber- 
trand du  Guesclin,  chevalier,  comme  avance  sur  une  somme 
plus  considérable  qu'il  doit  recevoir  du  Roi,  soit  les  deux 
tiers  de  la  somme  promise. 

29  Cinq  cents  florins  d'or  à  messire  Rémon,  seigneur  d'Al- 
balierra,  chevalier. 

*  Ccftte  ville  oompte  aujourd'hui  0000  habitante,  et  est  le  chef-lieu  d*un 
partido  judiciaire. 


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10  CHARTES  INÉDITES 

3*  Cinquante  florins  au  môme,  pour  couvrir  les  dépenses 
du  voyage  qu'il  doit  entreprendre  pour  aller  trouver  le  roi 
don  Henry,  de  la  pari  du  roi  de  Navarre. 

4''  Six  florins  d'or  à  Dominique  de  Santa-Gara^  messager  à 
pied,  envoyé  au  môme  pour  rapporter  sa  réponse. 

La  charte  est  scellée  du  sceau  royal  et  porte  la  signature 
de  «  Peralta  »  pour  le  roi*. 

c  Karlos  par  la  gracia  de  dios  Rey  de  Navarra  et  conte  devreui 
(d'Evreux).  A  nuestros  bien  amados  et  ûelles  Gehtes  de  nuestros 
comptes  salut.  Nos  vos  mandamos  que  à  nuestro  bien  amado  et  fiel 
thesorero  don.  Garcia  Miguel  Delcart  recibades  en  compte  et  rebatades 
de  sus  Receptas  sin  diflcultat  nin  contradicho  alguno  las  sumas  et 
quantias  ynfrascriptas  que  eill  de  nuestro  mandamiento  à  eill  fecbo 
de  boca  ha  dados  et  delivrados  à  los  que  se  siguen;  Primo  à  Monsen 
Bertran  de  Claquin  Cabayllero  en  rebatimiento  de  mayor  suma  que 
debe  recebir  de  nos  por  el  dono  et  retenida  que  tiene  de  nos  :  onze- 
zientos  et  quoaranta  âorines  doro  por  dos  partldas,  ytem  à  Monsen 
Remon  Seynnor  da  Albatierra  Caballero  por  el  dono  et  retenida  que 
tiene  de  nos  :  cinco  cientos  florines  doro.  Ytem  al  dito  Seynnor  de 
Albatierra  por  ftizer  sus  ezpensas  en  yr  de  part  nos  en  mesageria  a 
Rey  don  Henrric  cinquoanta  donnes.  Ytem  à  domingo  de  Santa 
Kara  mandadero  à  pié  inviado  por  nos  al  dicto  Rey  por  retornarnos 
la  respuesta  de  la  dicta  mesageria  seis  florines  doro.  Por  testimonio 
desta  nuestra  carta  sieyllada  con  nuestro  sieyllo.  Dat.  en  Esteylla 
XXVII  dia  de  octubre  layno  de  gracia  mil  trecientos  sisanta  et  seis. 

For  el  seynor  Rey. 

Peralta. 

Commentaire  :  Huit  mois  environ  se  sont  écoulés  depuis  le 
passage  des  grandes  compagnies  par  la  Navarre,  et  les  évé- 
nements ont  quelque  peu  modifié  les  dispositions  de  Charles 
le  Mauvais  à  Tendroit  de  du  Guesclin.  Dans  cet  intervalle,  en 
effet,  Henri  de  Transtamare  a  été  couronné  roi  de  Castille 
(5  avril),  tandis  que  Pierre  le  Cruel  après  s'être  enfui  de 

*  Une  note  indiqne  que  la  copie  a  été  faite  sur  la  charte  originale,  où  le 
▼oit  encore  Tempreinte  du  sceau. 


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Il 


( 


RELATIVES  A  DU  OUBSCLIN  11 

Burgos  à  Séville,  et  avoir  vainement  sollicité  Tappui  du  roi 
de  Portugal,  a  flni  par  se  réfugier  auprès  du  prince  de 
Galles.  La  lutte,  un  instant  suspendue  entre  les  deux  frères, 
est  sur  le  point  de  s'engager  de  nouveau.  Le  23  septembre,  lo 
Prince  Noir,  don  Pedro  et  Charles  le  Mauvais  ont  signé  à 
Libourne  un  traité,  en  vertu  duquel  le  roi  de  Navarre  permet 
au  premier  de  traverser  ses  États,  moyennant  le  paiement 
de  200000  florins  d'or  et  d'autres  avantages. 

De  son  côté,  Henri  de  Transtamare  cherche  à  se  procurer 
des  renforts,  et  il  envoie  à  cet  effet  Bertrand  du  Guesclin 
auprès  du  roi  d'Aragon  et  du  duc  d'Anjou. 

Le  document  que  nous  publions  nous  fait  voir  clairement 
que  Charles  le  Mauvais,  fidèle  à  sa  politique  de  bascule  et  de 
neutralité  apparente,  veut  ménager  les  deux  partis  en  pré-^ 
sence,  dans  l'incertitude  où  il  est  du  résultat  de  la  lutte. 
Quelques  semaines  après  les  négociations  commencées  à 
Bayonne,  nous  le  voyons  entrer  en  rapport  avec  les  chefs  des 
Compagnies  :  les  sommes  qu'il  leur  alloue  indiquent  assez 
qu'il  attend  d'eux  quelque  service,  car  il  n'a  pas  l'habitude 
de  faire  des  libéralités  qui  ne  lui  rapporteront  rien.  Sans 
nul  doute,  ayant  appris  le  voyage  projeté  par  du  Guesclin,  il 
le  charge  de  faire  des  ouvertures  de  sa  part  soit  au  roi 
d'Aragon,  Pierre  IV,  soit  au  duc  d'Anjou,  ou  enfin  de  l'ex- 
cuser auprès  de  Charles  V,  de  la  nécessité  où  il  se  trouve 
de  livrer  passage  aux  troupes  anglaises.  Et  de  fait,  sa  posi- 
tion est  assez  critique,  placé  qu'il  est  entre  deux  feux  :  il 
ne  peut  guère  refuser  le  service  que  lui  demande  le  flls  du 
roi  d'Angleterre  ;  mais  il  craint^  d'autre  part,  de  mécontenter 
le  roi  de  France  et  ses  alliés,  en  prenant  trop  ostensiblemonl 
parti  pour  Pierre  le  Cruel. 

C'est  pourquoi,  en  môme  temps  qu'il  donne  une  mission 
confidentielle  à  Bertrand  du  Guesclin,  il  députe  le  sire  Rémon 
d'Albatierra  vers  Henri  de  Transmatare.  Ce  seigneur  n'est 
autre  apparemment  que  Guardia  Reymond,  chevalier  sei- 
gneur d'Aubeterre.  l'un  des  ch^fs  des  compagnies  anglo- 


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12  CHARTES  INÉDITES 

gasconnes,  dont  M.  Siméon  Luce  a  si  heureusement  retrouvé 
le  nom  dans  ses  recherches  aux  Archives  .nationales.  (Voir 
Chroniques  de  Froissart,  t.  vi,  p.  LXXXI^  note  3).  Il  ne  tarda 
pas  &  suivre  en  Aquitaine  les  Compagnies  rappelées  par  le 
prince  de  Galles,  et  il  combattit  sous  Tétendard  de  celui-ci 
à  Navaretle.^  Charles  le  Mauvais  ne  put  du  moins  l'accuser 
de  trahison,  puisqu'en  passant  d'un  camp  dans  l'autre,  il 
demeurait  toujours  son  allié.  Une  charte  du  12  mai  1866  fait 
allusion  à  un  autre  messager  envoyé  par  Charles  le  Mauvais 
àdon  Enrique  (Archives  de  Silos.  Manuscrit  16).  --Ces  négo* 
ciations  préliminaires  devaient  aboutir  au  traité  de  Santa- 
Cruz  de  Campezo,  conclu  au  début  de  Tannée  1367.  (Voir 
Zurita,  Mariana,  Ferreras^  etc.) 


3*  CHARTE. 

Sommaire  :  Ordonnance  de  Charles  le  Mauvais,  roi  de  Na- 
varre, comte  d*Evreux,  datée  de  SangUesa*  le  10  février  1367, 
par  laquelle  ce  prince  charge  son  trésorier,  don  Garcia  Miguel 
Delcart,  de  rembourser  à  Lope  Ochoa,  gouverneur  du  château 
de  Caparroso,  les  frais  occasionnés  par  Tinternement  d'Olivier 
du  Guesclin  dans  ledit  chiteau,  durant  Tespace  de  trois  mois 
et  treize  jours. 

Ces  frais  comprennent  les  dépenses  extraordinaires  faites 
à  cette  occasion,  la  nourriture  du  prisonnier  et  des  deux 
gardes  chargés  de  veiller  sur  lui  nuit  et  jour,  à  raison  de 
deux  doubles  pour  le  premier  et  de  trois  mesures  de  froment 
pour  les  gardes.  Il  est  fait  mention  également  de  la  construc- 
tion d'un  poste  fortifié,  pour  compléter  la  défense  de  la  place, 
à  la  requête  de  Martin  Xemeniz,  capitaine  du  château  de 
Caparroso  ;  cette  construction  s'élève  à  la  somme  de  136  sous 
et  sept  deniers.  Ces  dépenses,  engagées  à  la  requête  du  tréso- 

*  Sangiiesa,  petite  ville  de  2000  àmet»  k  9  lieaeSf  S.  E.  de  Pampelune,  proche 
delà  ffoatière  d'Aragon. 


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r\\ 


KÎSLATIVE3   A   DU   GUESCUN  13 

• 

rier  royal,  ont  été  examinées  et  vérifiées  par  les  auditeurs  de 
ta  Chambre  des  comptes.  Les  frais  d'entretien  sus-indiqués,  à 
raison  de  deux  doubles  et  de  trois  mesures  de  froment, 
s'élèvent  à  la  somme  de  quarante  livres,  treize  sous,  trois 
deniers.  II  est  dit  de  plus  que  la  coutume  met  à  la  charge  du 
trésor  les  réparations  des  châteaux  du  Roi,  jusqu'à  concur- 
rence de  cent  sous  ;  que .  l'architecte  royal  a  approuvé  la 
construction  du  fortin  et  la  dépense  ainsi  motivée.  Le  gouver* 
neur  de  Caparroso  avait  d'ailleurs  reçu  de  la  bouche  du  Roi 
Tordrede  pourvoir  à  Tentretiendu  prisonnier; il  a  juré  queles 
frais  étaient  tels  qu'il  le  disait.  Bp  conséquence,  ordre  est 
donné  de  payer  à  Lope  Ochoa  la  somme  de  quarante  livres, 
treize  sous,  trois  deniers,  et  de  plus  cent  trente-six  sous  et 
sept  deniers.  Pour  toucher  cette  dernière  somme,  le  gouver- 
neur devra  produire  Tordre  donné  par  le  capitaine  du  château 
de  procéder  à  la  construction  du  fortin,  et  l'approbation  de 
l'architecte  royal,  tant  au  point  de  vue  de  la  dépense  ainsi 
engagée,  que  pour  le  coût  des  travaux  exécutés.  Les  auditeurs 
de  la  Chambre  des  comptes  auront  donc  soin  de  porter  ces 
frais  à  titre  de  dépenses,  et  de  les  déduire  du  montant  des 
recettes  du  trésorier  royal  La  charte  est  scellée  du  sceau 
royal,  et  signée  au  nom  du  roi,  par  un  de  ses  officiers  ou  se- 
crétaires, appelé  Miranda. 

La  pièce  suivante  est  un  mandat  par  lequel  Nicolas  Le 
Lièvre,  suppléant  du  trésorier  royal,  ordonne  à  don  Mathieu 
Le  Soterel,  receveur  de  la  sénéchaussée  et  bailliage  de  Tu- 
dela,  de  payer  àLope  Ochoa,  gouverneur  du  château  de  Capar- 
roso, la  somme  de  quarante  livres,  treize  sous,  trois  deniers 
plus  six  livres'trois  deniers*  pour  couvrir  les  dépenses  dé- 
crites dans  la  charte  précédente.  Le  '  receveur  susdit  devra 
porter  les  frais  de  construction  sur  son  compte  ordinaire,  et 
faire  mention  de  l'avis  conforme  de  l'architecte  royal  et  du 

*  Cette  dernière  somme  a'est  pas  tout  à  fait  conforme  à  la  dépente  signal  a 
poar  le  même  objet  dans  la  charte  précédente  :  il  7  a  un  écart  en  moins  de 
|f«is  souf  et  d*an  denier. 


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14  V  CHARTES  INÉDITBS 

mandatdu capitaine  deCaparroso.Pourlui  (Nicolas Le  Lièvre), 
il  se  charge  de  faire  inscrire  ces  dépenses,  en  les  appuyant 
de  son  propre  mandat^  et  du  reçu  que  donnera  le  gouverneur. 

Pampelune,  le  28  février  1367. 

Dans  la  troisième  pièce,Martin  Xemeuiz  de  Beortegui,  capi- 
taine de  Caparroso,  donne  ordre  àLope  Ochoade  Lerga,  gou- 
verneur de  la  môme  ville,  de  faire  construire  un  poste  fortifié 
pour  la  défense  du  château  et  pour  suppléer  à  Tabsence  de 
mur  d'enceinte.  En  foi  de  quoi,  il  appose  sur  ledit  mandat  le 
sceau  de  son  neveu  Ferrand,  à  défaut  du  sien  propre.  (Cette 
dernière  pièce  de  comptabilité  est  Tune  des  deux  requises 
par  Tordônnance  de  Charles  le  Mauvais.  La  date  manque).  ' 

«  Karlos  por  la  gracia  de  Dios  Rey  de  Navarra  conte  deureux 
(d'Bvreux).  A  nuestro  bien  amado  Thesorero  Don  Garcia  Miguel 
Delcart  Salut.  Como  ante  dagora.  Lope  Ochoa  Alcayt  del  nuestro 
Castieillo  de  Caparroso  nos  ovies  suplicado  que  eyll  por  nuef^^  ' 
mandamiento  fecbo  à  eyll  de  boca  recibio  et  tovo  preso  en  goarda  à 
Mosen  Oliver  Claquin,  por  espacio  de  très  meses  et  trece  dias  el  quoal 
abia  proveido  de  corner  et  beber  et  de  lo  que  necesario  li  era  et  por 
causa  deyll  abria  tenido  mas  de  compaynaset  fecho  mayores  ezpensas 
de  lo  que  facer  non  debia  et  asi  bien  aber  dado  al  dicbo  mosen 
Oliver  dos  doblas  et  à  dos  compaynones  que  continuadamente  lo 
guardaban,  très  Kaflces  de  Trigo  segunt  que  por  las  partidas  de  la9 
expensas  dadas  por  eyll  parecia.  Otro  si  obies  dicho  et  suplicado 
que  eyll  por  mandamiento  de  Martin  Xemeniz  capitan  por  tiempo  en 
la  dicha  villa  de  Caparroso  fezo  facer  una  garita  et  combatiment  en 
el  dicho  castieillo  la  quoal  era  muy  necesaria.  La  expensa  de  la 
quoal  le  abia  costado  cien  trenta  seis  sueldos  et  siete  dineros  de 
Karlines  prietos  las  quoales  dichas  partidas  et  coantias  obiese  supli- 
cado ser  ly  mandadas  pagar  et  nos  obiesemos  ynviado  mandar  à 
nuestros  bien  amados  et  ûeles  oydores  de  nuestros  comptos  que 
visto  el  ténor  de  la  dicha  suplicacion  et  las  partidas  de  las  expensas 
dadas  por  eyll  nos  ynviasen  dicir  por  su  carta  lo  que  lis  semeyaba 
et  si  lo  que  el  dicho  alcayt  demandaba  era  justo  et  deira  pasar  o  no 
âûn  que  nos  proveyesemos  sobre  aqueilio  de  remédie.  Et  los  dichos 
maestros  de  comptes  vlsto  et  considerado  todo  lo  que  el  dioho  Alcayt 


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tlBtAtlVES  A  DU  GUESGUN  15 

% 

demandaba  et  las  expensas  por  eill  fechas  è^  cauâa  del  dicho  Mosen 
Oliver  las  quoales  montaban  con  dos  doblas  dadas  al  dicho  Mosen 
Oliver  et  con  très  Kaûces  de  trigo  dados  à  ios  dichos  dos  hombres 
qui  de  dia  et  de  noche  guardaron  al  dicho  Moden  Oliver  ultra  lur 
provision  en  Ios  dichos  très  meses  et  trece  dias  quoaranta  libras 
trece  sueidos  très  dineros  las  quales  dichas  quantias  digan  à  eillos 
semeyiiar  sy  de  nuestro  mandamiento  las  fezo  aber  seydo  fechas  à 
saz  razonablement  et  eran  de  pasar  maguer  las  dos  doblas  et  très 
Caûces  de  Trigo  dadas  por  eyi  sen  (sin)  nuestro  especial  manda- 
miento que  no  eran  pasaderas  de  rigor  et  quanto  à  la  ezpensa  de  la 
dicta  garita  que  era  uso  et  costumbre  de  todos  tiempos  en  la  theso- 
reria  que  Ios  Alcaytes  qui  facian  reparaciones  en  nuestros  castieil- 
los  eran  creydos  ata  (hasta)  cient  sueidos,  et  que  mostrando  relacion 
del  maestro  de  nuestras  obras  la  dicha  Garita  ser  necessaria  et  que 
tanto  costo  o  podia  costarcomo  eill  dice  que  podia  pasar  las  dichas 
expensas  segunt  que  por  la  relacion  ynviada  à  nos  por  Ios  dichos 
maestros  de  comptes  parecze.  Nos  seyendo  eierto  que  el  dicho  Alcayt 
'*•  yo  en  el  dicho  tiempo  al  dicho  Mosen  Oliver  et  lo  proveyo  de  lo  que  li 
era  necessario  por  nuestro  mandamiento  à  eyil  focho  de  boca  et  asi 
bien  por  su  sagrament  aya  dicho  et  deciarado  eyll  aber  dado  las  dichas 
dos  doblas  al  dicho  Mosen  Olivei*  et  Ios  dichos  très  Kafices  de  Trigo 
à  Ios  dichos  dos  hombres  que  io  guardaban.  Mandâmes  nos  que  ai 
dicho  Lope  Ochoa  Alcayt  dedes  et  paguedes  las  dichas  quoaranta 
libras  trece  sueidos  très  dineros  de  Karlines  prietos  de  expensas 
fechas  à  causa  del  dicho  Mosen  Oliver  o  le  assignedes  en  lugar  do 
brevementpueda  ser  pagado  et  asi  bien  vos  mandâmes  que  les  dichos 
cient  trenta  seis  sueidos  et  siete  dineros  de  mesiones  por  eill  fe- 
chas en  la  dicha  Garita  paguedes  o  asignedes  pagar  aqueillos  al 
dicho  Alcayt  mostrando  mandamiento  del  dichô  Capitan  como  li  fue 
mandada  lacer  et  certificacion  del  maestro  de  las  obras  como  era 
necesaria  facer  en  el  dicho  logar  et  costo  tanto.  Et  à  nuestros  bien 
amados  et  fleles  oydores  de  nuestros  comptes  que  las  dichas  par- 
tidas  et  quantias  de  dineros  vos  reciban  en  compte  et  dedugan  de 
nuestra  recepta  por  testimonio  desta  nuestra  carta  seyllada  con 
nuestro  sieyllo  et  del  recognoscimiento  que  del  dicho  Lope  Ochoa 
pareztra.  Datum  en  Sanguesa  V*  dià  de  febrero  layno  de  gracia  Mil 
CCCLX  siete  :  Por  el  Seynor  Rey  èi  nuestra  relaci\)n  et  de  Don  Martin 
Miguel  de  Sangnesa  fd.  Miranda,  > 


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^ 


16  CHARTES  INCITES 

0 
<  Nicolas  le  Lièvre  Thenient  del  Thesorero  de  Navarra.  A  dou 

Matheo  le  Soterel  recebidorde  la  Merindat  et  Baillia  de  Tudela  salut. 
Mando  tos  que  de  los  dineros  de  qualquiere  Recepta  dedes  et  pa- 
guedes  à  L(^e  Ochoa  alcayt  del  Castillo  de  Caparroso  los  quoales  ei 
Seynor  Rey  le  manda  pagar  por  ciertas  expensas  que  eill  fezo  por 
espacio  de  très  meses  et  trece  dias  que  eill  tovo  preso  en  goarda  a 
Monser  Olirer  Claquin  en  el  dicho  castieillo  quoaranta  libras  treze 
sueldos  très  dineros  de  Karlines  prietos.  Item  II  dedes  et  paguedes 
por  los  expensas  que  eill  fezo  en  el  dicho  castillo  por  mandado  de 
Martin  Xemeniz  Capitan  del  dicho  logar  en  fa.ce  runa  garita  et  com- 
batiment  en  el  disho  castieillo  et  seis  libras  et  trece  sueldos  seis 
dineros  et  vos  poniendo  en  nuestro  compte  ordinario  las  expensas 
de  las  dichas  obras  et  en  reportant  relacion  del  Maestro  de  las 
obras  del  Seynor  Rey  con  las  partidas  et  mandamiento  del 
dicho  Capitan  yo  las  fare  recebir  en  compte  las  sobredichas  quan- 
tias  por  testimonio  desta  mi  carta  et  del  recognbscimiento  que  del 
dicho  Alcayt  recibredes.  Dat.  en  Pomplona  XXVIIJ*  dia  de  febrero 
Ano  Domini  M*  CCC«  LX**septimo. 

Martin  Xemeniz  do  Beortegui  Capitan  por  el  Seynor  Rey  en  la  villa 
de  Caparroso.  A  Lope  Ochoa  de  Lerga  Alcayt  de  Caparroso  de  part 
de  la  Seynoria  vos  mando  ei  de  mis  partes  vos  requiero  que  vos 
fagades  letra  vista  vreu  ment  eii  el  Castieillo  de  la  dicha  villa  una 
garita  por  razon  quy  obies  defension  en  el  dicho  castieillo  este  por 
razon  que  no  ay  muros  que  puedan  andar  aderredor  et  portesli 
monio  desto  pusi  en  este  mandamiento  el  sieillo  de  mi  sobrino 
ferrando  à  falta  que  no  ténia  el  mio  conmigo.  > 

D'après  ces  pièces,  Olivier  du  Guesclin  aurait  été  prison- 
nier du  roi  de  Navarre  durant  un  espace  de  trois  mois  et  treize 
jours. Nous  nous  trouvons  ainsi  ramenés  àladute  même  de  la 
charte  précédente,  dans  laquelle  Charles  le  Mauvais  fait  allu- 
sion à  la  somme  de  onze  cents  florins  d'or  donnés  comme 
à-compte  à  Bertrand  du  Guesclin.  Nous  pouvons  croire,d*après 
cela,  que  le  roi  de  Navarre  jugeant  des  autres  d'après  lui- 
môme^  et  se  déflant  de  ceux  avec  lesquels  il  traitait,  voulut 
prendre  des  sûretés,  et  qu'il  garda  Olivier  du  Guesclin  comme 
otage,  tandis  que  le  frère  de  celui-ci  se  rendait  auprès  du  roi 


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RELATIVES   A    DU   GUESCLIN  221 

d*Âragon  etdu  duc  d'Anjou,  pour  leur  demander  des  secours. 
La  mise  en  liberté  du  premier  dut  probablement  coïncider 
avec  le  retour  de  Bertrand  en  Espagne.  Un  mois  plus  tard,  le 
13  mars  1367,  Charles  le  Mauvais,  d'accord  avec  Olivier  de 
Mauny,  capitaine  de  Borja  pour  le  compte  de  B.  du  Ouesclin, 
se  faisait  arrêter  et  interner  dans  ledit  château,  afin  de 
pouvoir  attendre  la  Ru  de  la  campagne  sans  se  déclarer 
pour  l'un  ou  l'autre  des  deux  adversaires  en  présence. 
Faut-il  établir  un  lien  entre  ce  stratagème  et  la  négociation 
qui  semble  avoir  précédé  ?  C'est  fort  possible,  mais  nous  en 
sommes  réduit  sur  ce  point  à  de  simples  conjectures. 

Le  château  de  Caparroso  est  situé  sur  la  route  qui  conduit 
de  Pampelune  à  Saragosse  à  60  kilomètres  de  la  première  de 
ces  villes  et  à  44  kilomètres  de  Tudela.  Le  bourg,  qui  compte 
actuellement  1 800  habitants,  est  dominé  par  une  colline, 
au  sommet  de  laquelle  on  aperçoit  le  vieux  château  féodal 
de  San  Martin.  C'est  là,  très  probablement,  que  fut  interné 
Olivier  du  Guesclin. 

Nous  voyons  par  l'analyse  de  ces  documents  le  soin  avec 
lequel  était  tenue  la  comptabilité  du  roi  de  Navarre,  et  com- 
ment il  savait  exiger  des  pièces  justificatives  de  toute  sorte  à 
Tappui  des  dépenses  concernant  le  trésor  royal.  Notre  Cour 
des  comptes  actuelle  n'a  rien  inventé  sous  ce  rapport. 

Nous  avons  remarqué,  en  passant^  que  Nicolas  Le  Lièvre, 
suppléant  du  trésorier  royal,  ne  compte  plus  que  six  livres, 
treize  sous  et  six  deniers  pour  la  construction  jugée  néces- 
saire  à  la  défense  du  château  de  Caparroso;il  réduit  ainsi  la  dé- 
pense de  trois  sous  et  d'un  denier.  Nous  avons  là  une  nouvelle 
preuve  du  contrôle  sérieux,  exercé  en  matière  de  finances,  à 
la  cour  de  Charles  le  Mauvais.  Il  est  probable  que  cette 
diminution  est  conforme  à  l'estimation  que  devait  donner 
l'architecte  royal,  et  qui  ne  nous  est  point  parvenue. 

fA  suivre J.  Dom  du  Coctlosquet. 

T.   VI.   —  notices.   —  Vl»  ANNÉE,   3*^   LIV.  15 


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NOTES  D'ICONOGRAPHIE 

Les  thèses  bretonnes  illustrées,  aux  XVI h  et  XVII h  siècles, 

! 

(Suite.) 


XXII.  —  M'*  de  La  Meilleraye. 

Thèse  dédiée  à  Armand  de  la  Porte,  M'*  de  La  Meilleraye, 
Grand'Maitre  de  Vartillerie  de  France. 

Le  personnage  est  en  pied,  de  3/4  dirigé  à  droite,  en  costume  romain, 
sous  un  portique  à  colonnes.  Au-dessus,  sont  disposés  des  trophées  et 
un  bouclier  sur  lequel  sont  ses  armoiries  :  De  gueules  au  croissant  d'her- 
mines. Elle  est  dédiée  au  Grand-Maitre  par  Charles  Armand  de  Maupas 
du  Tour,  sans  nom  de  graveur  ni  date. 

(BibL  nat.  vol.  de  Thèses  entières). 

XXII  (bis).  —  Thèse  dédiée  à  André  Hughet  de  la  Bédoyère. 

Cette  pièce  de  dédicace  est  sur  satin  blanc.  Elle  porte  pour  tout  orne- 
ment dans  la  partie  supérieure,  un  très  grand  écusson,  surmonté  de  la. 
couronne  du  comte  et  entouré  de  palmes.  Il  porte  au  i*"  et  4«  :  dfaxur  à 
6  Miettes  persées  d^ argent ^  3,  2.  1,  qui  est  la  Bédoyère  -,  au  2*  et  3*  :  d'ar- 
gent à  S  bandes  jumelles  de  gueules,  armoiries  que  je  ne  sais  à  quelle 
famille  attribuer  ;  et  sur  le  tout  :  mi-parti  d'azur  à  S  huchets  de  sable  qui 
oMt  Huchet,  et  d^or  à  5  molettes  de  gueules  qui  est  Le  Duc  du  Petit  bois.  — 
En  effet  André  Huchet  de  la  Bédoyère,  vicomte  de  Loyat,  né  en  1623» 
conseiller  au  Parlement  en  I6i8,  et  procureur-général  en  1650,  avait 
épousé  Marie  Le  Duc  du  Petit  bois. 


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NOTES  d'iconographie  223 

La  dédicace  est  ainsi  conçae  :  lUustrissimo  nobilissimoque  viro 
Domino  D.  Andre<B  Huchet.  vice  comiti  de  Loyat,  Gastelanol  de  la 
Bédoyëre.  Domino  des  Croix,  equiti  torquato,  régi  a  secretioribus  çon- 
siliis  et  in  tota  Aremorica  vindici  publico  ac  cognitori  generaii  régie. 

Après  quoi  se  lit  un  petit  discours  latin  à  Téminent  magistrat,  et  ces 
mots  :  Obseqnentissimus  et  addictissimus  cliens  Petrus  Oresve  Monti- 
fortensis.  —  Gomme  signature  à  gauche  :  Babré  F.  et  à  droite  un  chiffre 
entrelacé  A.  H.  qui  doit  ôtre  celui  du  graveur. 

On  remarquera  que  André  Huchet  est  qualifié  <  eques  torquatas  » 
Gependantonn*a  pas  mis  le  collier  de  l*ordre  autour  de  son  écusson.— Nous 
avons  déjà  au  numéro  IX,  en  décrivant  la  thèse  dédiée  à  Gilles  Huchet, 
père  d'André,  signalé  le  collier  de  Saint-Michel  qui  entoure  ses  armoiries. 
Ge  sont  donc  deux  nouveaux  chevaliers  de  cette  famille  à  ajouter  au  seul 
dont  parle  M.  de  Game. 

Nous  n'avons  aucun  détail  sur  ce  P.  Oresve  de  Montfort  ;  c'était  un 
protégé  de  la  famille  de  la  Bédoyère,  seigneur  de  Talensac,  où  les  Oresve 
étaient  très  nombreux.  lis  ont  donné  leur  nom  dans  cette  paroisse  au 
village  de  la  Ghapelle-ès-Oresve. 

Les  conclusions  de  la  thèse  remplissent  la  partie  inférieure  de  la  pièce 
et  sont  entourées  simplement  d'une  maigre  petite  dentelle  de  relieur. 
Puis  tout  en  bas  :  Harum  conclusionum  ventatem  propugnabit  Petrus 
Oresve  Montifortensis,  in  lycœo  Collegii  Rhedonensis  societatis  Jesu. 
(La  date  est  effacée).  Formis  Dyonisianis.  (Jacques  ou  Matburin  Denys, 
imprimeurs  rennais  de  1637  à  1692). 

(Cette  thèse  est  conservée  chez  Madame  la  vicomtesse  de  Farcy,  née  de  la 
Bédoyère,  à  Rennes) 

(Bibl.  nationale.  Vol.  de  thèses  entières). 

XXIIL  —  Thèse  de  Joseph  Geffrard. 
(Musée  archéol,  de  Rennes.) 

Certe  thèse  sur  satin  blanc,  très  fraîche,  est  conservée  parmi  les  es- 
tampes du  Musée  archéologique  de  Rennes.  Elle  se  compose,  dans  sa  par- 
tie supérieure,  d'une  jolie  gravure  signée  :  J.  Boulanger  fecit^  dont  le 
sujet  est  la  Vierge  tenant  l'Enfant- Jésus  qui  la  couronne. 

L'autre  partie  contient  les  «  Gonclusiones  philosophie»  >.  En  Las  :  Bas 
thèses  Deo  duce,  tueri  conabitur  Jcsephus  Geffrard,  Aremoricus,  die  domi- 
nicaS*  Augusti,  ann.  Dom.  1664.   Arbiter  erit   Franciscus  Le  Barbier 
licenciatus  theologus  et  emeritus  philosophie  professer.  Pro  actu  publico 
et  laurea  artium,  in  Marchiano.  (Au  collège  de  la  Marche.) 


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224  NOTES  d'iconographie 

Ce  Geffrard  doit  être  Joseph  Geffrard  du  Plessix,  époux  en  1674  de  Renée 
Bilion,  fiU  de  Mathurin  GefiTrard»  maître  aux  Comptes  et  devenu  lui- 
même  auditeur  aux  Comptes  en  1686.  Cette  famille  porta  plus  tard  les 
titres  de  Geffrard  de  la  Motte,  comtes  de  Sanois,  et  produisit  des  officiers 
de  mérite  qui  ont  fait  parler  d'eux  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  (Frain 
de  la  Gaulayrie  :  les  Familles  de  Vitré,  p.  124.) 

XXIV.  —  Thèae  de  Jan   Mehaignerye. 

Il  ne  reste  plus  de  ce  placard  que  les  armoiries  de  François  d'Argouges» 
premier  président  au  Parlement  de  Bretagne  auquel  la  thèse  est  dédiée. 
—  C'est  un  énorme  écusson  très  lourd  et  très  laid  tenant  une  demi- page 
et  portant  :  Ecarlelé  d'or  et  d'azur  à  trois  quintefeuilles  de  giteules  bro- 
chant. —  Le  graveur  n*a  pas  signé  et  il  a  bien  fait.  Au  bas,  les  noms  de 
Jan  Mehaignerye,  aremoricus,  et  la  date  du  24  juillet  1667.  C'est  évidem- 
ment Jean- Baptiste  Mehaignerye,  sieur  de  la  Fosse,  bachelier  en  théo- 
logie, devenu  prêtre  de  Rennes  et  présenté  par  Tabbé  de  Baint-Melaine 
pour  la  cure  de  Pocé,  dont  il  fut  Jpourvu  le  28  mars  1672.  Il  occupa  jus- 
qu'en 1679,  ce  bénéfice,  qui  nous  semble  bien  modeste  pour  un  homme  si 
savant.  —  {Pouillé  de  Rennes,  I.  V.  p.  504). 

{BibL  Sainte  Geneviève^  recueil  de  thèses.) 

XXV.  —  Thèses  dédiées  à  M^'  de  la  Barde,  évêque  de 
Saint'Brieuc,  de  i641  à1675. 

1*  Il  ne  reste  de  cette  pièce  que  Técusson  très  simple  du  prélat,  sommé 
du  chapeau  et  entouré  des  fiocchi  ;  coupé  d'or  et  daiur,  F  azur  chargé  dune 
molette  dor  et  Tor  deS  coquilles  de  sable,  —  Jollains  incidit. 

2°  Le  môme  écusson.  —  La  Religion  et  la  Force,  figures  de  très  grandes 
proportions,  soutiennent  des  deux  côtés  les  glands  du  chapeau  épiscopalet 
ont  Pair  de  tirer  un  cordon  de  sonnette.  Deux  anges  apportent  des  ra- 
meaux d*olivier  et  des  palmes.  Mêmes  armoiries  que  le  précédent  numéro. 
Pièce  non  signée. 

3®  La  France,  couronne  en  tète  et  revêtue  du  manteau  royal,  pré- 
sente à  la  Religion  un  médaillon  ovale  soutenu  par  deux  petits  anges 
éveillés,  dans  lequel  se  trouve  un  portrait  :  est-ce  celui  de  Tévêque  de 
Saint-Brieuc  ?  Ce  serait  alors  un  portrait  complètement  inédit,  car 
jusqu'ici  on  ne  connaissait  de  Mf  de  la  Barde  que  le  beau  portrait  de 
Nanteuil.  Mais  il  ressemble  tellement  peu  à  ce  dernier  que  je  n*ai  pas  osé 
le  signaler  à  M.  de  Sorgères  pour  l* Iconographie  bretonne,  La    thèse  est 


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NOTES  d'iconographie  225 

signée  assez  iliisiblement,  1668  ou  1648  :  Jollun.  Gomme  le  portrait  de 
Nanteail  est  de  1657»  si  celai-ci  est  dé  1648  et  plus  jeune  de  dix  ans,  les 
traits  de  réVèqae  ont  pa  changer  pendant  cette  période.  Mais  j'avoue  que- 
je  n*ai  pu  l'y  reconnaître. 

La  Religion  a  une  tournure  peu  heureuse.  Deux  anges  soutiennent 
aussi  Pôcusson  de  la  Barde,  écartelô  cette  fois  des  armes  de  sa  mère  qui 
était  Bouthillier  [cTaxur  à  trois  losanges  d'or  posés  en  fasce).  Deux  autres 
apportent  dans  les  airs  assez  gracieusement  le  chapeau  et  la  crosse.  Il  est 
malheureux  que  le  reste  de  la  thèse  ait  disparu.  Le  portrait  présumé 
de  révéque  en  faisait  une  pièce  importante,  c*est  justement  dans 
l'espoir  que  ces  lignes  pourront  tomber  sous  les  yeux  d*uu  collectionneur 
possédant  l'estampe  tout  entière,  que  nous  décrivons  ces  fragments  et 
tous  les  autres  de  ce  genre  conservés  à  Paris. 

{Bibl.  nationale.  P.  G.  2.} 

XXVP.  —  Thèse  dédiée  à  Armand  du  Cambout,  duc  de  Coislin. 

Ecusson  portant  :  de  gueules  à  trois  fasceséckiquelées  émargent  et  d'azur  —, 
ayant  pour  supports  deux  levrettes  d'hermine.  —  Au  bas,  règne  une  ba- 
lustrade dont  les  deux  extrémités  sont  terminées  par  un  écusson  d'azur 
au  croissant  d'or  surmonté  de  deux  étoiles  de  même.  Ge  sont  évidemment 
les  armoiries  du  candidat.  Les  émaux  sont  désignés  si  inexactement  dans 
ces  gravures,  qu'on  ne  sait  trop  à  qui  attribuer  ces  insignes  ;  ils  peuvent 
appartenir  aux  familles  bretonnes  Gabard  ou  Arthur  de  la  Gibonnais.  Je 
pense  qu'il  s'agit  ici  plutôt  d'Alain  Arthur,  conseiller  au  parlement  en 
1695  :  Jacques  Gabard  le  fut  dès  1665,  et  la  premièredate  s'accorde  mieux 
avec  la  vie  du  duc  de  Goislin  duc  et  pair  en  1663,  mort  en  1702.  Il  avait 

épousé  Madeleine  du  Halgouët. 

(Bih.  nationale.  P.  L.  2.) 

XXVn.  —    Thèse  de  François  Lohéac. 

Gette  belle  thèse  in-8^  est  encadrée  à  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève-, 
sa  partie  supérieure  représente  un  groupe  très  mouvementé  que,  d'après 
la  singulière  et  laconique  dédicace  c  Rapto.  »  nous  pensons  être  le  ravis- 
sement de  saint  Paul. 

Elle  a  été  soutenue  au  collège  de  la  Marche  le  97  juillet  1681,  par 
<  PrancisGus  Lohéac,  clericus  Quimperliensis.  »  Nous  n'avons  aucun  détail 
sur  ce  personnage. 

Sans  nom  de  graveur. 

(Bibl,  Sainte-^Geneviève). 


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226  NOTES  d'iconographie 


XXVIII.  —  Thèse  de  René  Moreau. 

La  partie  supérieare  de  ce  placard  est  une  belle  gravare  de  Gantrel, 
d'après  Seb.  Boardon.  Elle  représente  la  Sainte-Famille,  groupée  assez 
agréablement.  Le  paysage  da  fond  est  bien  traité,  et,  sur  lepremier  plan, 
une  fontaîT^  ou  barbottent  de  petits  canards  et  où  une  femme  lave 
quelques  liages,  forme  un  gracieux  tableau  :  —  Seb,  Bourbon  pinx 
Sieph,  G'inlrel  exe.  Le  milieu  de  la  thèse  a  été  coupé.  On  a  conservé  et 
recollé  seulement  les  noms  du  répondant  :  Renatus  Moreau  Maclovientis. 
die  sec.  mensis  Aug.  1681.  Je  pense  que  ce  René  Moreau  pourrait  bien 
être  le  propre  père  du  fameux  Pierre-Louis  Moreau  de  Maupertuis.  Il 
fut  chevalier  de  Tordre  de  Saint-Michel,  député  de  Saint-Malo  au  conseil 
royal  du  coiim3rce,et.devint.  vers  1717, un  des  premiers  directeurs  de  la 
compagnie  des  Indes  Son  fils,  qui  devait  illustrer  son  nom,  naquit  en 
1698  ;  on  voit  que  les  dates  se  prêtent  parfaitement  à  nos  suppositions. 

{BibL  Sainte-Geneviève,  Recueil  de  thèses.) 


XXIX.  —  Thèse  cT Antoine  Marteau. 

Voilà  encore  un  bel  exemple  d*une  feuille  de  grand  effet,  composée 
d'une  gravure  de  maître,  à  laquelle  on  accolait  un  texte  imprimé  pour  la 
ciconstance. 

La  dédicace  est  Ftr^mt  matri.  C'est  en  efifet  la  Vierge  et  TËnfant-Jésus 
d'après  Le  Poussin.  —  N.  Poussin  Andêïiensis  pinxit  ;  —  Malbour£  ex- 
Cour  d'Albret  :  Venetiis  divis.  —  J.  Pksnb  delineavit. 

Le  répondant  est  de  Vannes  :  Antonius  Marteau,  natus  Venetiis.  Le 
jour  de  U  solennité  est  le  29  juin  1681 ,  «  qui  divis  Petro  et  Paulo  sacer 
est.  >  Mais  on  a  trouvé  que  cette  tournure  latine  n'était  peut-être  pas  assez 
élégante,  et  on  a  biffé  ces  derniers  mots  pour  les  remplacer  par  ceux-ci  : 
c  Divis  Petro  et  Paulo  sacra.  » 

In  prellœo  Bellovaco  (Au  collège  de  Beauvais.) 

L'absence  de  tables  di)n 3m  5  propres  djins  le  PouilU  de  Vannes  de 
M.  Tabbé  Luco,  nous  a  empêché  dd  nous  assurer  si  cet  Antoine  Marteau 
avait  continué  avec  quelqu'éclat  sa  carrière  ecclésiastique  dans  le  diocèse 
de  Vannes. 

{Bibl,  Sainte-Geneviève^  Recueil  de  thèses). 


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NOTES  d'iconographie  227 


XX?Ç.  —  Thèse  de  M*'  de  Coislin. 

Henri-Charles  du  Gambout  de  Goislin  c  parisinns,  »  quoique  breton 
d'origine,  était  né  en  1663.  Il  était  premier  aumônier  du  Roi,  quand  il 
soutint  cette  tbèse  au  collège  de  Navarre,  le  26  juillet  1682.  Cest  une 
énorme  pièce  non  signée,  représentant  N.-S.  prononçant  les  paroles  : 
Rendez  à  César  ce  qui  est  à  César.  —  C'est  à  ce  personnage  qu'est  adressé 
le  discours  latin  dont  nous  avons  donné  plus  haut  un  frigment.  Toute  la 
Cour  assista  à  cette  thèse  :  c'était,  du  reste,  Tusage  de  faire  cette  politesse 
aux  personnes  qualifiées.  Heureusement  qu'il  y  avait  des  intervalles  de 
repos,  et  à  chaque  argument,  les  personnes  que  ce  divertissement  sérieux 
n'intéressait  plus,  pouvaient  sortir.  On  s*y  faisait  des  politesses,  et  aussi 
des  impertinences.  M.  Kerviler  dans  ses  excellentes  études  sur  les  aca- 
démiciens bretons  et  spécialement  dans  celles  consacrées  aux  Coislin,  a 
fort  heureusement  rappelle  les  anecdotes  de  Saintp-Simon  qui  donnent  bien 
la  physionomie  de  ces  assemblées.  Henri-Charles  de  Coislin  devint 
évoque  de  Metz,  où  il  se  distingua  par  sa  splendeur  et  son  intelligente 
générosité,  puis  membre  de  TAcadémie  française,  et  c'est  en  sa  personne 
que  s'éteignit  le  duché  de  Coislin. 

{Bibl.  Sainie^eneviève.  Recueil  de  thèses). 


XXXI.  —  Thèse  du  Collège  de  Vannes. 

L'ornementation  remarquable  de  cette  thèse,  soutenue  &  l'occasion  des 
exercices  annuels  des  philosophes  du  collège)  a  été  inspirée  par  celle  dé* 
ente  au  n*  XXI.  Le  Parlement  était  exilé  à  Vannes  à  cette  époque,  et 
les  Jésuites  de  cette  ville,  imitant  leurs  confrères  de  Rennes,  furent 
heureux  de  dédier  ce  magnifique  hommage  à  l'illustre  Compagnie  qu'ils 
avaient  le  bonheur  de  posséder  dans  leurs  murs.  Ces  thèses  sont  les  deux 
pièces  les  plus  importantes  que  nous  ayons  rencontrées  et  celle-ci,  comme 
la  première,  nous  donne  trois  portraits  complètement  inédits.  C'est  un 
placard  grand  in-folio  :  tout  en  haut  l'écusson  royal  ;  au-dessous,  le 
tr6ne  de  la  France  où  elle  est  assise  en  manteau  fleurdelisé  avec  le 
soleil  de  Louis  XIV  comme  fermoir.  —  A  sa  gauche,  la  Bretagne 
agenouillée  porte  le  manteau  d*hermine,  la  couronne  et  le  collier 
de  répi.  —  Derrière  elle,  deux  femmes  tiennent  l'une  l'écusson 
d*hermiBe,  l'autre  une  clef,  celle  de  la  science  probablement.  Ce  groupe 
est  imité  de  la  thèse  n*  21.  —  De  l'autre  côté  sont  trois  magistrats  en 


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22S  NOTES  d'iconographie 

pied:  la  gravure  des  tôles  est  beaucoup  plus  fine  et  plus  soignée  que 
celle  du  reste  de  l'estampe,  et  la  ressemblance  est  évidemment  cherchée. 
—  Le  premier  est  Louis  Phelypeaux  de  Pont-Ghartrain,  premier  prési- 
dent en  1667.  Gela  est  absolument  certain  par  la  comparaison  avec  les 
autres  portraits  qu*on  possède  de  lui.  En  signalant  cette  pièce  à  M.  de 
Surgères,  nous  n'avons  pu  malheureusement  lui  donner  la  môme  cer- 
titude pour  les  deux  autres  magistrats,  et  nous  ne  voyons  aucunement 
quels  noms  on  peut  mettre  sur  ces  visages.  Gelui  de  Pontchartrain  n'avait 
été  décrit  nulle  part. 

Sur  des  pilastres,  autour  de  ces  personnages  sont  disposés,  comme  dans 
le  n°  21 ,  une  centaine  d'écussons»  qui  représentent  les  armoiries  des  membres 
du  Parlement  vivant  à  cette  époque.  Malheureusement  le  dernier  rang  de 
droite  est  entièrement  rogné.  Les  procureurs  généraux  et  gens  du  roi  sont 
au  bas. 

Partie  inférieure  :  On  lit  d'abord  la  dédicace  :  Augtutissimo  Aremo- 
ricm  Senatui;  Logici  Venetenses  PP.  anno  16S5  ;  puis  un  pbtit  discours  latin 
adressé  aux  magistrats  ;  aux  deux  coins  du  bas  sont  deux  figures 
debout,  qui  ne  sont  pas  très  bien  caractérisées  par  leurs  attributs  :  un 
empereur  tenant  dansisa  main  une  victoire,  et  une  femme  tenant  un  glaive  ; 
la  signature  rognée  porte....  lin.  Et.,  Gantrel,  c.  privilégie  Régis. 

Viennent  ensuite  les  noms  des  répondants  : 

Caro  de  la  Bobssièrb,  Calacensis.  Joseph,  de  Trévegat,    Venetus. 

Christophe  Feus  GARNiBR,2^0donffn«ù    Jull.  Jh.  Primaîoua,  Rhoton. 

Feu*  CouAisNON.  Nannetensis.  Lud.  Vincent  du  Vbrobr,  Venetus. 

GuiLLBLnu   de  Nourquer,     Ploer^-       Nicolaus  Pbzron,  Guemenensis, 
mellensis^.  Olivarius  Bdsson,  Bhedonensie. 

Jacobus.  Oillo,  Venetus,  Oliy.  Gibon  da Grbsso  (sic.)  Venetus, 

J0ANKX8  Gabon,  Leonensis.  Rbnatos.  F.  Lb  Doyen.  Rhotanensis, 

JoAN.  Gbrvasius  Furet,  Briocensis,      Yvo  Loudeac,  MacUmensis. 
JoAN.  Hya.  de  Valleauz.  Rhedo,         Joannbs  Lb  Gubnnb.  Brecencis, 
JoAN.  Jul.  Chevicar,  Venetus, 

(BibL  Sainte-Gen,  Recueil  de  thèses.) 

XXXl.fbis)  —  Thèse  dédiée  au  Parlement  de  Bretagne  par  les 
physiciens  du  collège  de  Bennes  de  la  Compagnie  de 
Jésus.   1690. 

Nous  ne  connaissons  malheureusement  cette  thèse,  qui  doit  être  fort 
belle  et  curieuse,  que  par  un  imprimé  conservé  aux  archives  départemen- 
tales dllle-et- Vilaine.  (B.  I.)  G*est  une  plaquette  in-4*  intitulée  :  <  Expli- 

*  Ce  Guillaume  de  Nourquer  disputa  le  prieuré  de  Maxent  à  dom  Jean  dee 
Pierres  et  en  prit  possession  en  16S8.  Ouillotin  de  Corson.  Fouillé  de  Rennes. 


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NOTES  d'iconographie  229 

cation  deTapparail  pour  la  thèse  dédiée  an  Parlement  de  '  Bretagne  par 
les  physiciens  du  collège  de  Rennes  de  la  Compagnie  de  Jésus.  A  Rennes, 
chez  M^  Denys.  imp.  et  lib.  1690.  » 

Ije  Parlement  de  Bretagne,  après  la  révolte  dn  papier  timbré,  avait  été 
eiilé  à  Vannes  en  1675,  et  lorsqu'on  1690,  le  Roi,  cédant  aux  supplications 
da  pays,  le  rétablit  à  Rennes,  les  Jésuites  voulurent  montrer  par  plusieurs 
belles  cérémonies  la  joie  qu'ils  éprouvaient  de  cet  heureux  retour. 
D'abord,il  fut  prononcé  une  harangue  sur  ce  sujet  à  l'ouverture  des  classes, 
puis  on  joua  une  tragédie,  et  la  P.  Provost,  professeur  de  philosophie, 
dédia  au  Parlement  la  thèse  dont  voici  l'appareil  :  €  Action  de  gr&ces  au 
«  Roi  pour  le  retour  du  Parlement  à  Rennes  :  le  fond  de  la  thèse  offre 

<  aux  yeux  la  face  du  beau  palais  que  la  ville  de  Rennes  a  fait  bâtir  au 
€  Parlement.  On  voit  d*un  côté  le  Roy  accompagné  de  Monseigneur  et  de 
c  Monsieur.  DeTautre  côté,  la  Justice  avec  les  Vertus,ses  compagnes,  qui 
«  représentent  le  corps  du  Parlement.  En  dessous,  le  Génie  de  la  ville 

<  supplie  le  Roy  de  faire  retourner  la  Justice  dans  son  palais,  ce  que  le 
c  monarque  lui  accorde  avec  un  air  plein  de  bonté. 

«  Le  bas  de  la  thèse  est  un  ordre  d'architecture  soutenu  de  quatre 

<  grands  pilastres,  et  enrichi  des  écussons  de  M.  le  premier  Président, 
«  de  MM.  les  Présidents  et  Conseillers,  et  de  MM.  les  gens  du  Roy.  » 

On  voit  que  l'ordonnance  de  cette  thèse  est  imitée  de  celles  des  n^  21  et 
31.  —  Elle  est  moins  intéressante  pour  riconograohie  bretonne,  puisqu'elle 
ne  contient  pas  de  portraits  inédits,  mais  elle  donne  aussi  la  vue  du 
Palais,  le  tableau  héraldique  complet  des  membres  du  Parlement  vivant 
alors,  et  enfin  le  Génie  de  la  ville  de  Rennes.  Nous  regrettons  de  ne  pas 
savoir  quels  signes  caractéristiques  Tauteur  avait  donnés  à  ce  dernier  petit 
personnage. 

Quoiqu'il  nes'agisse  plus  de  gravure,  nous  ne  pouvons  passer  sous  si- 
lence, la  description  de  la  grande  salle  du  palais  de  Justice  décorée  pour 
la  cérémonie,  et  les  inscriptions  latines  tirées  de  l'Ëcriture  sainte  où  se 
trouvent  les  allusions  les  plus  frappantes  à  Theureux  événement  qu'il 
s'agissait  de  fêter. 

«  La  salle  où  la  thèse  a  été  soutenue  esc  une  des  plus  belles  du 
c  royaume.  Elle  a  plus  de  cent  pieds  de  long...  et  était  tendue  de  belles 
c  tapisseries  qui  servaient  de  fonda  tout  l'appareil. 

c  Le  thé&tre  au  fond  de  la  salle  pour  les  soutenans,  représentait  la 
€  grande  façade  du  Palais  telle  qu'on  la  voit  gravée  danfi  la  thèse,  flanquée 
4  de  ses  deux  pavillons.  —  Au  fond  de  la  salle,  comme  au  lieu  le  plus  au- 

<  guste.  la  corniche  était  surmontée  d'un  attique  avec,  sous  un  dais  royal, 
•  le  portrait  de  Louis  le  Grand  ;  d'un  côté,  la  Justice,  de  l'autre,  la  Force. 

<  Au-dessos,  les  armes  du  prunier  Président  et  des  Présidents.  Tout 


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230  NOTES  d'iconographie 

c  autour,  celles  de  MM.  du  Parlement.  »  Le  tout  accompagné  d'une  foule 
d'inscriptions  élogieuses,  et  de  devises  ingénieuses  exprimant  la  joie  du 
retour  du  Parlement,  entr'autres  celles-ci  : 

Restituam  judices  tuos  ut  fUerunt  prius  êi  eonsiliaros  tuos  sicut  anHqui- 
tiu.  Post  hœe  vocaberis  urbs  fidelis,  (Isaîe»  c.  10.)  -^  Je  rétablirai  tes  juges 
comme  ils  étaient  auparavant^  et  tes  conseillers  comme  ils  ont  été  autrefois , 
et  tu  seras  désormais  nommée  la  ville  fidèle  : 

Et  erit  opasjustitix  pax  et  securitas  usque  in  sempitemum  et  sedebit  po- 
pulus  meus  in  tabernaculis  fidueiœ  in  requie  opulentâ.  (Is.,  cap.  32  ) 

U ouvrage  dé  la  justice  sera  une  paix  et  une  assurance  éternelle,  pendant 
laquelle  mon  peuple^  sans  crainte^  jouira  dans  ses  maisons  de  Vheureuse 
abondance  du  repos. 

Il  est  bien  malheureux  qu'on  ne  connaisse  plus  un  seul  exemplaire  de 
celte  belle  pièce.  La  longue  description  conservée  aux  archives  ne  donne 
môme  pas  le  nom  du  graveur  dans  l'œuvre  duquel  elle  est  peut-être  en- 
fouie à  la  Bibliothèque  nationale.  —  Avis  aux  chercheurs  ! 

XXXII.    —  Thèse   présidée  par  Sébastibn    de  Guemadeug^ 
évêquede  Saint-Malade  i670  à  170ê. 

Nous  citerons  seulement  cette  thèse  présidée  par  ce  pauvre  évéque  que 
M"**  de  Sévigné  appelait  si  irrévérencietisement  une  «  linotte  mitrée,  > 
pour  donner  au  moins  une  bonne  idée  de  sa  science  théologique,  et  aussi 
parce  que  les  enroulements  de  feuillage  et  d'architecture  qui  entourent  le 
sujet  principal  sont  vraiment  magnifiques.  Ce  sujet  est  le  mariage  de  la 
Vierge,  par  Gantrel  ;  mais  le  répondant,  Balthazar  de  Fourcy,  abbé  de 
Saint-Wandrille^  au  diocèse  de  Rouen, en  l690,n'appartientpasànotrepays. 

{BibL  Sainte-Geneviève.)      , 

XXXIIl.    —    Thèse  de  Jean-Prangois-Paul  Le   Febvre  de 

Gaumartin. 

L'abbé  de  Gaumartin  «  Parisinus,  »  était  alors  abbé  de  Notre-Dame  de 
Buzay  en  Bretagne,  depuis  1679.  Il  manqua  même  d'y  être  exilé,  raconte 
Saint-Simon,  pour  la  mystification  qu'il  fit  éprouver  en  1695,  étant  di- 
recteur de  l'Académie,  à  M.  de  Glermont-Tonnerre,  évêque  de  Noyon.  — 
Louis  XIV  lui  en  garda  rancune,  et  l'abbé  de  Gaumartin  ne  put  être 
évéque  qu*en  1718,  où  il  obtint  le  siège  de  Vannes.  Il  fut  sacré  à  Dinan, 
pendant  la  tenue  des  fameux  États  de  1718,  et,  au  bout  d'un  an,  passa  au 
siège  de  Blois. 


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NOTES  D  IGONOORAPHIK 


231 


Le  sujet  da  tableaa  principal  de  sa  thèse  est  une  grande  et  belle  gra- 
vure de  Gantrel  à  nombreux  personnages  ;  elle  représente  N.-8.  pronon- 
çant ces  paroles  :  c  Si  vous  ne  devenez  semblable  à  un  petit  enfant,  voi^ 
n'entrerez  point  dans  le  royaume  des  cîeux.  » 

Gantrel,  se  ,  Guilbbau,  pinx. 

(Bihl.  Samtê'Genêviève.  Recueil  de  thèses.) 

XXXIV.  —  Thèse  dédiée  d  M"  de  Kervilio  par  les  élèves  du 
Collège  de  Tréguier. 


L'exemplaire  de  cette  pièce  que  j'ai  pu  voir  est  sur  satin  blanc,  et 
destiné  à  être  offert  à  lëvôque  qui  présidait  Tacte* .  Elle  se  compose  du 
grand  portrait  in-folio  du  prélat  gravé  par  Montbard,  au-dessous  duquel 
est  un  élégant  cartouche  portant  la  dédicace,  un  discours  en  latin,  et  les 
c  positions  »  de  la  thèse.  Cette  dernière  partie  est  encadrée  de  dejjx 
belles  consoles  très  ornementées  se  rattachant  gracieusement  au  cartouche 
supérieur. 

Viennent  ensuite  les  noms  des  répondants  : 


EgiJias   TiLLY. 
Carolui  Floch. 
Claudias  Lb  Carf. 
Enflamus  Lb  Bidbau. 

Feus  BONABBS. 

Feut  Calvbz. 
Fcw  GuTOZi. 
Feui  Hbnry. 
F      Lboubrn. 
FcM  Lbprovost. 
Guillelmus  Dbribn. 
Guill.  Lbmbblb. 
Qaill.  ScoLAN. 
Henricus  Lucas. 
Jaeobut  Garec. 
Joannes  Lbpa&quiro. 
Leogestln  Daoorxb. 
LudoTic.  Lb  Calbnnbt 
Ludovic.  Lbpappb. 


Trecorenset. 


Ludovic.  TouLLBLAN,  Trecorentis. 

Ifatheus  Lbprbsts,  Trecotinus. 

M.-Maaritia8  DA00RN,Clerieu8  Trecor. 

Manritius  Le  Bihan.  i  „ 

{Trecorens. 
Maantius   Nicol.       S 

Oliyarius  âdblin,  Dolensis. 

Oliyarias   Lediouron. 

Oliyarius  Lbtibg. 

Petras  Cavan. 

Petrus  GovBT. 

PhilippuS  SCARAZIN. 

Kenatus  Nourt. 


Thomas  Priobnt. 

YVO  BOSGAJOU 

Yto  db   TRooorv. 
Yvo  Lb  Guiribc. 
Yto  Lb  Mo  al. 
Yto  Lbpbstrb. 
Yvo  Savidan. 


l 


.  Trecorenset. 


«  Cette  pièce  est  conservée  dans  la  belle  bibliothèque  de  M.  le  comte  I^ 
Gonidec  de  Traissan,  héritier  de  Tévéqae  de  Trégaier,  et  heureux  possesseur 
de  plusieurs  autres  belles  thèses  qu'il  a  bien  voulu  me  confier  et  que  je  dé- 
crirai plus  bas. 


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232  NOTES  d'iconographie 

Respondebont  cam  Deo  duce  ^diebos  tb,  26,  et  21  Junii,  anno  1699. 
vespere  et  mane. 

Urbiter  J.  Houabnay,  presbyter  pbilosophie,  professer  in  collegio 
Trecorensî. 

Noas  ferons  remarquer,  à  Fhonnenr  du  collège  de  celte  petite  Tille  de 
Tréguier,  qu*il  y  avait  en  1699,  trente-buit  répondants  capables  de  discuter 
en  public  et  en  latin.  Gela  suppose  des  études  remarquablement  fortes, 
une  classe  bien  nombreuse  et  l'absence  de  cette  queue  d'élèves  ignorants 
qui  ne  sert  qu'à  faire  nombre,  et  que  le  professeur  n'interroge  pas,  parce 
qu'on  ne  lui  répond  jamais. 


XXXV.  —  Ihèse  des  élèves  du  collège  de  Rennes  fi  699), 

Cette  thèse,  en  la  possession  de  M.  Le  Gonidec  de  Traissan,  est  malheu- 
reusement collée  à  rintérieur  d'une  armoire.  L'armoire,  il  est  vrai, 
est  fort  belle.  —  Elle  est  d'un  intérêt  spécial  pour  Rennes  puisqu'on  y 
trouve  la  signature  de  l'imprimeur  Yatar;  malheureusement  si  les 
gravures  sont  presque  intégralement  conservées,  ce  sont  justement  les 
noms  des  jeunes  répondants  rennais  qui  ont  été  coupés.  £lle  se  com- 
pose de  deux  parties  ;  la  partie  supérieure  deûm.56  sur  Om.90c.  représente 
Tadoration  des  Mages,  d'après  Raphaël  :  Pictum  a  Raphaële  urbineto 
Romœ,  in  Palatio  Vaticano.  —  Paris,  chez  Vallbt.  graveur  du  Roy,  rue 
Saint-Jacques  :  au  buste  de  Louis  XIV,  avec  privilège. 

La  partie  inférieure  de  ffm.46  sur  Om.56,  collée  sur  la  marge  du  bas  de 
cette  gravure,  contient  la  draperie  accoutumée  ou  plutôt  une  sorte  de  pa- 
villon soulevé  par  deux  anges,  et  encadré  de  deux  pilastres  ornés  sur 
l'un  desquels  se  retrouve  la  signature  :  Guillblmus  Vallbt.  Sur  le  haut 
de  cette  draperie  est  la  dédicace  qui  se  rapporte  au  sujet  supérieur  :  Régi 
Regum.  —  Et  au-dessous  le  texte  de  la  thèse  en  28  articles.  Tout  an  bas  : 
Uas  conclnsiones,  Deo  duce,  et  auspice  Deiparâ,  propugnabunt  physici 
Rhedonenses,  in  aul&  Gollegii  Rhedonensis,  Societatis  Jesu,  die  (la  date 
en  blanc)  Julii  1699,  serotinis  horis.  —  Rhedonis  apud  Franciscnm 
Vatar,  Régis  et  collegii  typographum. 

Sur  la  môme  armoire  est  une  autre  moitié  de  thèse  dont  il  ne  reste 
plus  que  la  partie  supérieure  représentant  Tagonie  de  N.-S.  —  Seb. 
Bourdon  pinxit  :  Paris,  chez  Vallet,  graveur  du  Roy,  me  Saint-Jacques, 
an  buste  de  Louis  XIV.  G.  P.  R. 

(Château  de  la  Baratière.  Vilré). 


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NOTES  D'iCONOGRAPniE  233 


XXXVI.   —   Thèse  de  Scipion  Jérôme   Béoon,   évèque    de 

Toul.    1703. 

Placard  grand  in-folio  dont  la  partie  supérieure  représente  la  sainte 
Vierge,  Tenfant  Jésus,  saint  Joseph  et  saint  Jean  en  adoration  :  le  texte 
qui  remplit  tout  le  bas  de  la  pièce  est  encadré  par  deux  anges  dont  le  corps 
se  termine  en  consolés.  Cette  ornementation  plus  large  que  la  gravure  du 
haut,  a  été  rapportée  et  recollée  par  les  marges.  En  dessous,  Jérôme  Begon 
a  fait  graver  ses  propres  armoiries  :  D'azur  au  chevron  d'or  aceompagné  en 
chef  de  deux  roses  et  en  pointe  d^un  liondargent.  -  La  thèse  est  présidée 
par  François  de  la  Roque,  docteur  en  théologie  de  la  faculté  de  Paris, 
chanoine  de  Meaux.  Tout  en  bas  sont  les  noms  du  répondant  :  8cipio 
Hieronymus  Begon,  Brestœns,  clericus  Leonensis.  1762.  »  L'acte  fut 
passé  en  Sorbonne.  —  Cette  pièce  n'est  pas  signée. 

Scipion- Jérôme  Bégon,  fils  de  Michel,  commissaire  général  de  la  marine 
à  Brest,  naquit  dans  cette  ville  le  30  septembre  1681 .  Il  devint  évèque  et 
prince  de  Toul  en  1721  et  mourut  en  1747,  laissant  une  grande  répu- 
tation de  savoir,  de  générosité  et  de  vertu. 

.  (Bib.  nationale.  Thèses  entières,  2«  vol  ) 

XXXVIL  —  Thèse  de  René  Le  Sauvage.  1708. 

Voilà  encore  un  personnage  très  inconnu  qui  s'est  donné  le  luxe  d'une 
bien  belle  thèse  :  Elle  est  dédiée  :  €  Vesuntinorum  Ârchiepiscopo.  »  Â 
Tarchevèque  de  Besançon  qui  se  trouvait  être  alors  François-Joseph  de 
Grammont,  1697*1717.  —  Je  ne  vois  pas  quels  rapports  pouvaient  exister 
entre  le  puissant  prélat  et  le  jeune  clerc  Rennais  qui  lui  dédiait  cet  acte,  et 
signait  Renatus  Le  Sauvage^  acolythus  Rhedonensis  II  y  a  bien  une 
famille  Le  Sauvage,  citée  par  M.  de  Gourcy,  mais  elle  semble  éteinte  à 
l'époque  dont  nous  nous  occupons.  —  11  est  vrai  qu'il  y  avait  deux  jeunes 
gens  réunis  pour  rendre  cet  hommage  à  Tarchevôque  :  le  28  juillet  1708, 
la  thèse  devait  être  soutenue  aussi  par  c  Michael  Granger  de  la  Borde, 
Blesensis.  Tous  deux  étudiaient  chez  les  Jésuites  au  collège  Louis  le 
Grand.  La  gravure  représente  un  sujet  assez  difficile  à  déterminer.  C*est 
un  évèque  en  mitre,  chape  et  crosse,  bénissant  un  enfant  agenouillé  devant 
lui  sur  les  marches  d*un  autel.  L*enfant  est  trop  jeune  pour  représenter 
un  des  deux  étudiants,  il  faut  croire  à  quelque  symbolisme  local  et 
bisontin  dont  nous  n*avons  pas  le  secret. 

Cette  pièce  est  signée  :  Jos  LcporaE  inv.  rue  Saint-Jacques  à  l'image 
saint  Maur.  {Bib,  nationale.  Thèses,  entières  2«  vol  ) 


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234  NOTES  d'iconographie 


XXXVIII. —  Thèse  ^'Olivier  Joseph  Le  Gonïdec. 

Cette  pièce  de  0  m.  95  sur  0  m.  60,  représente  dans  sa  partie  supérieure 
Nôtre-Seigneur  chassant  les  vendeurs  du  Temple  ;  la  dédicace  qui  se  rap- 
porte à  cette  scène  est  :  «  Vindicanti  gloriam  domus  Dei.  >  Les  signatures 
ont  été  à  moitié  recouvertes  par  la  gravure  inférieure  ;  on  lit  encore  cepen- 
dant :  GoiLBAULD  pinxil  :  chez  I.  F...  (pas  de  nom  de  graveur.) 

La  partie  inférieure  est  encadrée  de  deux  colonnes  torses,  entourées  de 
feuilles  de  vigne,  du  modèle  dit  du  Temple  de  Jérusalem.  La  draperie 
qui  porte  le  texte  est  suspendue  par  trois  nœuds  sur  Fun  desquels,  celui 
du  milieu,  est  la  dédicace  citée  plus  haut,  en  bas  de  cette  draperie  est 
un  cartouche  destiné  à  recevoir  des  armoiries  et  où  on  a  collé  postérieu- 
rement celles  de  la  famille  Le  Gonidec  de  Traissan. 

Tout  au  bas  on  lit  :  Has  thèses  Deo  duce,  auspice  Deipara  et  prœsidi 
S.  M.  N.  F.  Franciscus  Brûlé,  sacre  facultatis  Parisiensis  doctore  theologo 
et  coUegii  prœmonstratensis  priore,  tueri  conabitur  OUvarius-Josephus 
Le  Gonidec,  clericus  Trecorensis,  nec  non  ejusdem  Ëcclesiœ  Trecorensis 
canonicus.  Die  lunas  vigesimâ  tertiâ  mensis  Octobris,  anno  Domini  1724 
a  septimâ  ad  meridiem.  In  collegio  prasmonstratensi.  Pro  tentativa. 

Cet  Olivier  Le  Gonidec  quitta  son  bénéfice  et  la  théologie,  pour  épouser 
1®  Catherine  de  Lezildry,  dame  de  Trecesson,  2°  Madeleine  de  la  Bigo- 
tière  de  Perchambault,  dame  de  la  Baratière  en  1757,  et  mourut  conseiller 
au  Parlement  de  Bretagne. 

[Bihl,  du  châUaude  la  Baratière], 

XXXVIII  (bis).  —  Thèse  dédiée  à  M»'  de  la  Fruglaye. 

Cette  thèse  de  dédicace  sur  satin  blanc,  bruni  par  le  temps,  mesure 
1*08  de  hauteur  sur  0,73  de  large.  La  partie  supérieure  est  remplie  toute 
entière  par  le  beau  et  très  rare  portrait  de  Mf  de  la  Fruglaye*  (Evéque  de 
Tréguier  de  1732  à  1745),  gravé  par  Gabs  et  peint  par  Roussel.  —  Au- 
dessous  se  trouve  Técuseon  du  prélat  :  d'argent  au  lion  de  sabUy  armé 
et  lampassé  de  gueules,  —  Au-dessous  est  la  dédicace  :  Illustrissime  ac 
Reverendissimo  Domino  D.  Francisco  Hyacintho  de  la  Fruglaye  de  Ker- 
vers,  episcopoet  comité  Trecorensi,  régi  ab  omnibus  consiliis,  etc.. 

Reliés  très  habilement  aui  ornements  du  portrait  se  trouvent  plus  bas 


*  Depuis    trente   ans,   ie  ne  Tai    va    passer   en    vente  publique   qu'une 
seule  fois  I 


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NOTES  d'iconographie  235 

les  encadrements  desc  Questions  »  de  la  thèse;  c'est  ane  élégante  draperie 
relevée  à  droite  par  la  mitre  surmontée  de  la  croix  pastorale,  et  à  gauche 
par  le  chapeaa  i  glands  surmonté  de  la  crosse.  Le  tout  est  entouré  de 
feailles  d*acanthe  et  d'enroulements  d'ane  élégance  extrême.  On  prendrait 
dans  toutes  ces  gravures  de  bien  beaux  motifs  d'ornementation.  An  reste, 
le  tout  est  signé  comme  le  portrait,  pir  un  artiste  de  valeur  :  Gars,  à 
Paris,  rue  Saint-Jacques,  au  nom  de  Jésus, 

Aubas  on  lit  :  Has  thèses  Deo  duce  et  auspice  Deipara,  et  prcBside, 
Petro  Derrien,  presbytère  Trecorensis,  baccalaureo  Sorbonico  et  théologie 
professore,  tueri  conabuntur. 

LuDovicaB-MAiUA-EifMANUBL«HYPOLiTCs  DB  BizuN  DQ  Lbzart,  PlcsUnensis 
clericus. 

Yvo  Oanbl,  Quimperviensis  clâricus. 

JoAjfNBs  Plobn,  Kermerchensis  elerieus. 

Mathcbus  Mallbdaxt,  Plancoensis  clericus. 

GuTDo  lb  LAGADsCf  Kcrmerchensis  clericus. 

Laurbntuis  Briand,  Logu\fvxencis  clericus. 

JoANNBs  Daoorn,  Plougueilctisis  clericus. 

Frakciscos  Hbrp,  Loguyvienvis, 

GuiLLEbMos  Carn,  Plougatiovensis .  *" 

Yvo  Bbuzit,  Plouganovensis . 

In  schûla  theologica  Tregorensis  diebus...  septembris  anno  17 34.  Tre- 
goriSt  ex  iypis  Pétri  Le  Viel,  typographiœ  nec  non  bibliopolœ  diocoueos  et 
collegii. 

On  a  déjà  vu  {n<»  34)  pjir  la  thèse  dédiée  à  Mi'  de  Kervilio,  que  le  collège, 
de  Tréguier  avait  Thabitude  de  ces  joutes  brillantes,  et  que  dans  cette 
petite  ville,  sous  l'inspiration  de  révè|ue  qui  en  était  la  vie,  on  avait  le 
soin  d'en  laisser  pour  la  postérité  de  remarquables  monuments. 

Cette  belle  thèse  est  conservée  chez  Madanie  la  comtesse  de  la  Fruglaye,  arrière 
petite»nièce  de  tévêque  de  Tréguier  et  m'a  été  communitiuée  par  Vobligeance 
de  Madame  la  marquise  de  Sécillony  sa  fille, 

XXXIX.  —  Thèse  de  J.  B^  Houée  du  Breil. 

Cette  pièce  est  magnifique  et  remirqaible.nent  conservée.  Chose  rare 
elle  a  encore  toutes  ses  marges  Elle  se  compose  de  deux  morceaux.  La 
paitie  supérieure  représente  la  mort  de  saint  Louis.  C'est  une  belle  scène 
pleine  de  mouvement  et  d'éclat  ;  malheureusement  l'épreuve  n'est  pas 
très  bien  venue  ou  bien  elle  a  été  fatiguée  par  un  lavage  mal  fait.  —  Le 
nom  du  graveur  a  disparu  :  on  voit  seulement  le  reste  de  l'adresse 


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236  NOTES  d'iconographie 

nie  Saint-Jacques  à  Paris.  —  I-a  thèse  est  jdédiée  :  Régi  Patri  herot 
ehristianissimo, 

La  partie  la  plus  remarquable  est  c^lle  du  bas.  Ui^  manteau  royal  fleur- 
delisé encadre  le  texte,  et  rejoint  un  riche  entourage  de  palmes  où  se 
jouent  des  anges  portant  les  insignes  royaux.  Tout  au  bas,  et  entourée  de 
bannières,  de  turbans  et  de  trophées  turcs  est  représentée  la  Sainte  Cou- 
ronne d'épines,  et  au-dessous  les  noms  du  répondant.  Joan.*Baptiste 
Houée  du  Breii,  Dolensis,  in  aulâ  col.  Rhed.  Jetu,  die  Mercurii,  10,  Aug 
1735,  a  secundacum  medioad  ves  peras.  Rhedonis,  apud  Jos.  Vatar  ejusdem 
collegii  typographum.  —  Ces  derniers  mots  imprimés  après  coup,  sont 
entre  deux  aigles  de  beau  style. 

CSette  estampe,  où  Jos.  Vatar  n'a  eu  qu'à  ajouter  son  nom,  est  une  des 
plus  remarquables  de  celles  que  j'aie  vues,  par  la  grâce  et  la  richesse  des 
ornements  de  la  partie  inférieure,  Jean-Baptiste  Houée  qui  soutint  cette 
thèse,  fut  pourvu  en  cour  de  Rome  de  la  cure  du  Lou  du  Lac,  en  prit 
possession  le  2  mai  1753,  et  y  mourut  en  1771.  Une  aussi  belle  thèse, , 
eût  mérité  à  notre  avis,  un  bénéfice  plus  considérable  ! 

(Oontervée  chez  M,  Jugtuly  maire  de  Mont  fort  ypetit-nêvêu  de  J.^B.  Houée 
du  Breil.) 

f 
XL.  —  Thèst  de  J^  du  Bois.    i75S, 

Je  note  ici  cette  thèse  qui  n'est  qu'un  simple  placard  grossièrement 
imprimé  sans  gravure,  et  par  conséquent  ne  rentre  pas  dans  mon  sujet, 
parce  qu'elle  fut  présidée  par  Charles  Richard  de  la  Pivredière,  professeur 
de  droit  civil  et  soutenue  devant  la  faculté  de  Rennes  par  Joseph  du 
Bois  «  Nannetensis  ».  —  Je  la  cite  donc  comme  spécimen  et  pour  montrer 
la  différence  des  thèses  de  droit  en  province  et  des  belles  thèses  de 
théologie  de  Paris  ou  des  grands  collèges  provinciaux.  —  Toutes  les 
magnificences  étaient  réservées  pour  ces  deux  dernières ,  et  je  n*ai  guère 
vu  à  Paris  que  celles-là. 

Celle  de  Joseph  du  Bois  porte  en  haut,  pour  tout  ornement,  un  horrible 
frontispice  gravé  sur  bois,  représentant  les  armes  de  Rennes,  surmontées 
d'une  main  tenant  un  livre  et  autour  :  Insignia  Facultatum  juris  Rhedo- 
nensium. 

En  dessous  :  D.  0.  M.  —  et  Id  texte  sur  deux  colonnes.  Si  les  questions 
de  droit  civil  c  de  emptione  et  venditione  >  n'ont  rien  d'extraordinaire, 
en  revanche  celles  de  droit  canon  sont  au  nombre  de  dix,  et  toutes  conf- 
érées à  développer  Tétat  de  la  doctrine  sur  l'autorité  et  Vusage  du  Pal' 
itiim.De  auctoritate  et  usu  pallii.  Je  doute  que  les  séminaristes  actuels 
puissent  répondre  aussi  pertinemment  sur  ce  sujet  religieux  que  les  étu- 


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NOTES  d'iconographie  237 

(liants  du  XVIII^  siècle.  Cet  acte  fut  passé  à  Rennes  à  sia;  heures  du  matin 
en  1738  (il  est  vrai  qud  c'était  le  9  août,  époque  où  il  fait  chaud,  et  où  les 
journées  sont  longues.) —  Pro  baccalaureatu  Rbedonis  in  publias  ju- 
rium  schoiis.  Et  en  bas  :  Typis  mandavit  GaiLLBLMUs  Vatar,  régis,  su- 
premiB  curiad  consul tissimarumque  Facultatum  typographus. 

(De  ma  coliectlon). 

XLfbisJ,  —  Thèse  de  Jean-Baptiste  Chanïpion  de  Cicé. 

Nous  n*avons  vu  de  cette  thè^e  que  la  partie  inférieure  :  le  rideau  qai 
contient  les  questions  théologiques  est  soutenu  par  deux  anges  ou  génies 
de  grande  taille,  assez  lourdement  gravés,  et  peu  gracieux.  Au  bas,  eutre 
deux  troncs  d'arbres  et  massifs  de  feuillage  sur  lesquels  ils  ont  Pair  d'être 
grimpés,  on  a  réservé  la  place  de  TécussoiLde  la  famille  de  Gicé  :  D'azur 
à  trois  écussons  bandés  d!' argent  et  de  gueules,  et  deux  sauvages  pour 
supports.  —  La  dédicace  de  la  thèse,  en  tète  des  propositions,  est  «  Divi- 
nitus  vocato  >  :  Â  celui  qui  a  été  divinement  appelé.  Elle  se  rapporte  au 
sujet  supérieur  qui  a  malheureusement  disparu.  Est-ce  saint  Paul  converti 
par  un  coup  de  foudre,  est-ce  plutôt  saint  Jean-Baptiste,  patron  du 
candidat  ?  Les  mots  peuvent  s'appliquer  à  une  foule  de  Saints. 

Au  bas  du  texte  on  lit  :  Has  thèses, Deo  duce  auspice  Deiparâ  et  prœside 
S  M.  N.  Illustrissimo  et  Reverendissimo  Ëcclesiœ  principe  Bemardino 
Francisco  Foucquet,  sacisB  facultatis  Parisiensis  doctore  theologo,  socio 
Sorbonico,  Ârchiepiscopo  principe  Ebredunensii  (Embrun),  sancti  Romani 
Imperii  Tiicamerario  et  principe,  lueri  conabitur  Joannes-Baptista 
Maria  Champion  de  Gicé,  clericus  Rhœdoneus,  die  Martis  decimâ  septimâ 
mensis  Novembris,  anno  Domini  1744,  a  prima  ad  sextam.  In  Sorbona.  — 
Pro  tentativa.  Â  Paris,  chez  Hecquet,  graveur,  rue  Saint-Jacques. 

Ce  placard,  dans  son  entier,  devait  avoir  près  d'un  mètre  sur  0,75.  Il 
fait  un  certain  effet,  mais  le  dessin  est  médiocre. 

J.-B.  Champion  de  Gicé,né  en  1725,  sur  Saint- Aubin  du  Rennes,  devint 
évèque  de  Troyes  en  1758,  puis  d'Auxerre  ;  député  aux  Etats- Généraux  en 
1780,  il  mourut  en  émigiation  en  1805.  Il  existe  de  lui  pans  la  suite  de 
Le  \achez  un  portrait  gravé  qui  est  extrêmement  rare.  Cette  thèse  appar- 
tient à  M.  le  vicomte  A.  Le  Mintler  de  Saint-André. 

XLI.  -7*  Thèse  du  Collège  des  Jésuites  deQuimper,   i752. 

Je  renvoie  à  la  description  détaillée  de   cette  thèse  par   M.  Trévédy, 
dans  le  «  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finistère.  » 
On  n'avait  pas  fait  tant  d'efforts  d'imagination  à  Quimper  qu'à  Vannes 
T.   VL    —  NOTICES.   — •  VI'  ANNÉE,  3*  LIV.  16 


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238  NOTES  d'iconographie 

et  Rennes  (numéros  21  «t  31,)  et  nous  retrouvons  ici  encore  le  placard  en 
deux  morceaux  recollés. 

La  partie  supérieure,  -sans  nom  de  graveur,  représente  le  groupe  de  la 
Sainte  Famille.  —  La  partie  du  bas  est  uu  tableau  encadré,  nous  dit 
M.Trévédy,  sans  plus  de  détails.  11  est  regrettable,  aussi  qu'il  ne  nous 
ait  pas  donné  les  noms  des  trente  répondants  qui  participèrent  i  cette 
joute  brillante. 

Ce  n'était  pas  à. proprement  parler  une  thèse  soutenue  pour  obtenir 
quelque  grade.  C'était  évidemment  un  de  ces  exercices  publics  établis  à 
la  fin  de  Tannée  scolaire  pour  contrôler  la  force  des  études.  —  M.  Trévédy 
ajoute  avec  raison  qu'il  serait  tout  aussi  difficile  actuellement  de  réunir 
trente  répondants  parlant  latin,  que  de  leur  procurer  trente  auditeurs. 
J'ai  toujours  pensé  en  lisant  le  récit  des  représentations  d'Eschyle  et  de 
Sophocle  faites  en  grec  au  collège  de  la  chapelle  Saint-Mesmin,  et  où 
toutes  les  autorités,  préfet,  général  et  magistrats,  suivaient  le  texte  sur 
la  brochure,  qu'il  n'y  avait  aucun  d'eux  qui  pût  le  comprendre,  sauf 
Mr  Dupanloup,  les  professeurs  du  collège,  et  peut-être  les  acteurs. 

In  aula  Corisopitensi  Societatis  Jesu,  diebus  %  4,  7,  9.  et  il  Augusti. 
horâ  tertia  serotina.  Anno,  1752, 

(Thèse  illustrée  du  collège  des  Jésuites  à  Quimper  1752),  par  M.  Trévédy 
Bulletin  de  la  Soc.  archéoL  de  Quimper,  juin  1886. 

XLI  fbisj,   —  Thèse  de  J.  B.  du  Boisbasset. 

Voilà  une  de  ces  pièces  que  j'ai  appelées  les  ordinaires  et  qu'on  pour- 
rait appel  1er  économiques.  C'est  ainsi  qu'elles  se  transforment  à  la  fin  du 
dix-huitième  siècle  et  qu'elles  s'éloignent  de  plus  en  plus  de  la  majestueuse 
ritiiesse  de  celles  du  grand  siècle. 

C'est  un  modeste  placard  in-8<*  ordinaire,  avec  une  petite  gravure  de 
saint  Jean-Baptiste,  non  signée,  une  simple  image  de  livre  de  piété.  La 
dédicace  est  c  Patrono  suo.  »  —  Elle  est  présidée  par  Jacques  de  l'Ecluse 
curé  de  Saint-Nicolas-des-Champs  et  soutenue  par  J.-B.  Robinault 
du  Bois-Basset,  diacre  de  Saint-Brieuc,  «  diaconus  san.  Briocensis.  t  En 
Sorbonne,  le  20  janvier  1753. 

Ce  jeune  diacre  était  probablement  fils  d'autre  J.-B.  Robinault  du  Bois- 
basset,  qui  bâtit  en  1724,  la  chapelle  de  ce  manoir  en  la  paroisse  de  Saint- 
Onen*.  —  Les  Robinault  portaient  :   de  sable  à   V aigle   éployée  d'argent 

*■  Cette  pièce  ne  mérite  guère  ane  description.  Mais  enfin  puisqu'elle  est 
conservée  à  la  Bibliothèque  Sainte-Qeneviève,  nous  ne  pouvons  être  plus 
difficile  qu*elle  ^  (Abbé  G.  de  Corson.  Fouillé  de  Rennes). 


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NOTES  d'iconographie  239 

becquée  et  membrée  (for.  Une  des  branches  de  cette  famille,  celle  des  sel- 
gnetirs  de  Saint-Régeant  a  produit  le  fameux  compagnon  de  Gadoudal 
dans  l'affaire  de  la  Machine  infernale. 

XLII  —  Thèse  du  Musée  de  Rennes. 

Nous  ne  citons  cette  thèse  que  pour  mémoire^  car  elle  ne  rentre  pas 
dans  notre  sujet,  n'étant  pas  bretonne.  Mais  elle  est  conservée  au  musée 
de  Rennes  :  elle  devient  donc  un  peu  des  nôtres. 

Elle  est  imprimée  sur  satin  blanc  et  la  partie  supérieure  représente 
Joseph  nourrissant  l'Egypte. —  Goypbl  inv.  Elle  est  dédiée  à  Louis  Mo- 
reau  de  Beaumont, maître  de  requêtes  au  Ck>nseil  d'Etat  —  Déballes 
consoles  enguirlandées  encadrent  le  texte.  —  Au  bas,  sont  les  armoiries 
de  Louis  Moreau  :  d'argent  au  chevron  éTazur  accompagné  en  chef  de  deux 
roses  de  gueules,  en  pointe  d^une  tête  de  nègre.  Le  répondajit  était  Nicolas 
Fleuriot  Jusseensis.  —  (Oe  Jussey  près  Vesoul).  Elle  fut  soutenue  le 
23  août  1753  au  collège  des  Jésuites  de  Besançon, 

Les  Moreau  de  Beaumont  et  les  Fleuriot  n'ont  rien  de  commun   avec 

les  familles  qui  portent  ce  nom  en  Bretagne. 

(Musée  de  Rennes.) 

XLIII.  —  Thèse  de  Lug-Olivibr  Seré. 

• 

Premier  état.  —  La  partie  supérieure  de  cette  estampe  représente  la 
Visitation  de  la  sainte  Vierge.  Elle  monte  les  degrés  qui  conduisent  à  la 
demeure  de  sainte*  Elisabeth.  Celle-ci  lui  tend  les  bras.  Zacharie 
parait  an  dernier  plan.  De  petits  anges  volent  gracieusement  au-dessus 
de  la  Vierge.  De  chaque  côté  des  «  Gonclusiones  philosopha. ,. 
ex  iogicâ,  ex  morali,  ex  metaphysica,  »  s'élèvent  deux  pilastres  can- 
nelés qui  encadrent  le  texte.  Enûn,  en  bas,  on  lit  les  noms  de  Lucas- 
Olivarius  Seré,  sodalis  Viiriacœus,  in  aulâ  collegii  Rhedonensis  Soc, 
Jesu,  die  mercariis  25  Julii.  ann.  Domini  1753,  hora  post  meridiem  ses- 
quisecunda.  Pro  actu  publico  —  et  la  mention  :  Rhedonis  apud  Jose- 
phum  Vatar.  ejusdem  collegii  typographum.  —  Ce  nom  et  celte  adresse 
imprimés  sur  le  cadre  à  ce  destiné,  et  envoyé  tout  préparé  de  Paris, 
comme  bien  on  pense. 

Luc-Olivier  Seré,  fils  d'autre  Luc  Seré  du  Mesnil  et  de  Françoise  de  la 
Porte,  était  élève  distingué,  paraît-il.  Ce  titre  de  §  Sodalis  »  d'après 
M.  Trévedy,  veut  dire  qu'il  était  membre  de  la  Congrégation  établie  au 
Collège  ;  de  plus  en  1755,  il  était  au  nombre  des  danseurs  du  ballet  allé- 
gorique, la  Patrie,  donné  sur  le  théâtre  du  collège,  et  dédié  aux  Etats  de 


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240  NOTES  d'iconographie 

Bretagne.  —  Il  remplit  aaési  le  rôle  de  Tempereur  Septitne  dans  la  tra- 
gédie de  Maxime,  martyr,  représentée  aa  même  collège  le  23  août  de  la 
mémo  année  ;  puis,  il  devint  contrôleur  des  domaines  et  épousa  en  1776 
mademoiselle  Hardy,  veuve  de   I.  B.   Frain  de  la  Qaularie. 

Deuxième  état,  —  Un  élève  qui  avait  eu  tant  de  succès  au  collège,  ne 
pouvait  se  contenter  d*un  seul  tirage  pour  sa  thèse.  Aussi  Luc-Olivier  Seré, 
se  donna  le  luxe  que  je  n'ai  rencontré  che£  aucun  autre,  de  la  faire  im- 
primer en  deux  états  différents. 

Cette  seconde  estampe  est  semblable  à  la  première  pour  le  texte  et  les 
ornements,  et  n*a  de  différence  que  dans  la  gravure  supérieure  qui 
représente  Notre-Seigneur  chez  Marthe  et  Marie.  Celle-ci  est  aux  pieds  de 
Jésus,  Marthe  est  debout  présentant  sa  requête  ;  au  fond  des  serviteurs 
montent  et  descendent  un  escalier  monumental.  Cette  pièce  à  Tavantage 
d'être  signée  :.  à  Paris,  chez  CàRs,  rue  Saint- Jacques  au  nom  de  Jésus. 

Je  tiens  ces  détails  de  Tinépuisable  complaisance  de  M.  E.  Frain  de  la 
Gaulayrie,  heureux  possesseur  de  ces  thèses  et  de  deux  autres  aussi  belles 
que  nous  décrirons  plus  bas. 

XLIV.  —  Thèse  de  Vabbé  de  Montigny. 

Placard  in-f?  très  simple.  —  La  partie  supérieure  est  ornée  seulement 
d'une  .petite  gravure  représentant  sainte  Anne  avec  :  à  Paris  chez 
Crépy,  rue  Saint- Jacques  à  Saint-Pierre.  Cette  gravure  est  d'un  style 
plus  ancien  que  l'année  1754  où  Tabbé  de  Montigny  faisait  imprimer  cette 
thèse.  Grépy,  en  effet,  était  né  plus  de  cent  ans  auparavant,  et  cette  planche 
avait  dû  servir  depuis  longtemps  pour  les  paroissiens  ou   missels. 

La  dédicace  à  sainte  Anne  porte  :  Auroram  illnminanti.  Puis,  viennent 
les  questions  théologiques  et  en  bas  :  Bas  thèses  Deo  duce,  auspice 
Deiparâ  et  prœside  8.  M.  N.  Jacobo  Duany  augustiniano  sacrœ  Facultatis 
Pariensis  doctore  theologo,  tueri  conabitur  Fidelis-Franciscus-Suzanna 
Le  Mercier  de  Montigny,  acolythus  Rbedonensis,  die  veneris  vigesima 
secunda  niensis  Februarii,  anno  Domino  1754,  a  septimà  ad  meridiem,  in 
regiis  sancti  Augustini  schoLis.  Pro  tentativa. 

Les  quatre  ordres  mendiants  avaient  chacun  un  collège  à  Paris  pour 
les  étudiants  de  toutes  nations.  Celui  des  Augustins  en  était  un. 

Ce  François  de  Montigny  posséda,  en  1756,  le  petit  bénéfice  de  Sainte- 
Anne  de  la  Bosserie',  célèbre  lieu  de  pèlerinage  en  la  paroisse  de 
Romagné.  Il  était  du  pays,  habitait  le  village  de  Bonnefontaine,  et 

*  Abbé  G.  de  Corson,  tome  v,  p.  695. 


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NOTES  d'iconographie  241 

c'est  pourqaoi,  sans  aacua  doate,  il  dédia  sa  thèse  à  la  patronne  du  pays. 
Il  devint  chanoine  et  vicaire-général  de  Gahors  dont  était  alors  évèque 
un  breton  d'illustre  origine,  Bertrand  du  Guesclin. 

(De  ma  colteetion). 

XLV     -    Thèse  de  M»'  Le  Mintier. 

Cette  thèse  soutenue  le  lendemain  de  celle  de  M.  de  Montigny  est 
toutà&itdu  môme  genre,  et  peut  être  rangée,  comme  elle,  parmi  les 
très  modestes.  Elle  ne  mériterait  pas  ces  quelques  lignes  de  description, 
n'était  le  nom  du  répondant. 

In-folio  ordinaire,  en  haut  une  petite  gravure,  signée  aussi  :  Grbspy 
ex.  CUTI  privilegio  Regio  :  Sancta  Maria,  Mater  Dei  ;  dédicace  :  Virgini 
Matri;  en  bas,  après  le  texte  et  sans  aucun  ornement  :  lias  thèses  Deo 
duoe,  auspice  Deiparâ  et  pneside  S.  M.  N.  Petro  Varé,  sacrœ  facultatis 
Parisiensis  doctor  theologo  socio  Sorbonico,  nec  non  Régi  a  concionlbus 
ordinario  tueri  conabitur  Âugustinus-Renatus-Ludovicus .  Le  Mintier, 
presbyter  Sancti-Macloviensis,  die  sabbati  vigesima  tertia  mensis  fe- 
bruarii,  anno  Domini,  1751,  inSorbonâ,  —  Pro  tentativa. 

Augustin-René  Le  Mintier,  né  en  1729  àSevignac,  fut  reçu  docteur  en 
1757.  Après  avoir  été  vicaire-général  de  Mgr.  de  Girac,  à  Saint-Brieuc  et 
Rennes,  il  devint  évoque  de  Tréguier  en  1780,  et  mourut  en  émigration  à 
Londres,  le  21  avril  1801,  laissant  le  souvenir  d'uner  haute  vertu. 

{De  ma  collection). 

XLVI.  —  Thèse  de  Pierre  de  Gennes. 

La  partie  supérieure  représente  N.-8.  au  puits  de  Samarie,  entouré 
d'une  foule  de  peuple  amenée  parla  Samaritaine.  (Pas  de  nom  de  graveur.) 
—  Quatre  anges  tiennent  gracieusement  soulevée  la  draperie  sur  laquelle 
est  imprimé  le  texte  :  Thesed  Pbilosophicae  ex  logica,  ex  morali,  ex  me- 
taphysica  ;  en  bas  :  Harum  conclusion um  ad  veritatem  Deo  duce  et 
auspice  Deipara  propugnabit  Petrus-Maria  de  Gennes  de  la  Vieuville 
Vitriocens  eodalié,  convictor,  regiae  academiae  assessor,  in  Henricœo 
Flexienti  collegio  societatis  Jesu,  die  mercurii  4  Augusti  1756,  hora  ses- 
qui  secunda  serotina  —  Pro  actu  puhlico.  —  Flexiœ  apud  viduam  Lu- 
dovici  flovius  urbis  et  Henricœi  collegii  societatis  Jesu  typographi  et 
bibliopoIaB.  (Pas  de  nom  de  graveur.) 

Ce  Pierre  de  Gennes  était  d'une  famille  considérable  de  Vitré  qui  a 
produit  nombre  d'hommes  distingués.  Celui-ci  est  désigné   sous  le  titre 


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242  NOTES  d'iconographie 

de  «  sodalis,  »  c'est-À-dire  comme  noasTavons  vu,  membre  de  la  Congré- 
gation établie  au  collège,  et  de  «  Reglae  academise  assessor.»  C'est-à-dire 
membre  de  T Académie,  composée  des  plus  brillants  élèves.  Pierre-Ignace 
de  Gennes  de  la  Vieuvllle,  fils  de  Félix  et  de  Gaillemette  Charil,  épousa 
Anne  Hardy,  soeur  de  Marguerite,  mariée  en  premières  noces  à  J  -B. 
Frain  de  la  Gaulayrie  et  en  secondes  à  Luc-Olivier  Seré  du  Mesnil,  dont 
nous  avons  décrit  la  thèse  au  numéro  42. 
Remarquons  aussi  qu'elle  est  signée  de  la  veuve  de  Louis  Uovius. 
(Cette  thèse  appartient  à  M.  E.  Ftain  de  la  Gaulayrie.) 

XLVn.  —  Thèse  de  Bonaventure  Appervé. 

Ce  personnage  dont  le  nom  nous  est  parf  itement  inconnu,  dit  qu'il 
est  de  Rennes,  il  faut  donc  Tea  croire,  et  en  considération  de  sa  ville 
natale,  décrire  son  modeste  placard . 

In-folio-  —  E)n  haut  une  très  mauvaise  gravure  de  petites  dimensions 
signée  :  Maldourê,  exe.  à  Paris,  chez  Malbouré,  rue  Saint-Jacques,  à 
rimprimerie  de  taille-douce. 

Cette  gravure  représente  saint  Thomas  d*Aquin  au  moment  où  N.-S. 
lui  adresse  ces  paroles  :  «  Thomas,  vous  avez  bien  parié  de  moi.  >  La 
thèse  lui  est  dédiée  :  Ooctori  seraphico  ;  puis  vient  le  texte  et  le  nom 
du  répondant  :  F.  Andrœas-Bonaventura  Appervé,  minorita  Rhedonœus. 
Il  a  dû  soutenircette  thèse  le  22  juillet  1758,  de  sept  heures  du  msttin  à 
midi,  in  scholis  Ooctoris  subtiiis.  —  «  Pro  minore  ordinaria.  »  Elle  était 
présidée  par  Nicolas  Soucelier,  religieux  augustin,  docteur  de  la  Faculté 
de  Paris. 

Nous  n'avons  aucun  renseignement  sur  cet  Appervé  qui  était  proba- 
blement religieux  du  même  ordre,  et  nous  pensons  que  le  collège  du 
docteur  subtil,  (Duns  Scott)  devait  être  celui  des  Augustins. 

XLVII  {bis).  —  Thèse  de  Benjamin  de  Cornulier-Luginière. 

Ce  placard,  en  deux  morceaux,  haut  de  0,84  et  .arge  de  0,54.  porte  en 
tète  une  gravure  représentant  la  sainte  Vierge,  debout  les  yeux  baissés, 
les  bras  croisés,  la  tôle  penchôe  à  droite,  foulant  aux  pieds  le  dragon,  et 
soutenue  d'un  énorme  croissant.  —  L'exécution  du  s.  jet  est  assez  ordi- 
naire, et  le  nom  du  graveur  est  absent,  caché  peut-être  par  la  partie  infé- 
rieure de  la  thèie  recollée  sur  la  marge  de  tableau. 

La  dédicace  est  :  Cast£  Kedemptoris  mairi. 

Puis  viennent  sur  trois  colonnes  les  «  Thxses  philosophicœ  :  ex  proie  - 


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NOTES  D  ICONOGRAPHIE  ^  243 

gomenis^ex  logicâ^  cxmetaphysicâ  et  ex  pneumatohgiâ^  entourées  d'une 
bordure  ornementée. 

On  lit  à  la  suite  :  Has  thèses,  Oeo  duce,  et  auspice  Deii>ar&  prœside 
Jeanne- Baptisfca  Arnauld,  oratorii  Domini  Jesu  philosophi»  professore 
nec  non  Artium  Doctore  ;  tneri  conabitur  Benjaminns  Ck>rnulier  de 
Lucinière,  Nannetœus.  Die  mercurii  26  mensis  Julii,  ab  horâ  secundâ 
promeridianâ  ad  vesperam.  Anno  Domini  1758. 

In  aula  collegii  Nannetensis  prœsbyterorum  Oratorii  Domini  Jesu. 
Pro  actu  publiée. 

£n  dehors  da  cadre  ;  Nannetis,  ex  typographia  AndresB  Querro,  jurato 
academise  et  collegii  typographi. 

Jean-Baptiste  Benjamin  de  Gomuller- Lucinière  né  en  1740  après  avoir 
fait  ses  études  à  l'Oratoire  de  Nantes,  devint  conseiller  au  Parlement  de 
Bretagne  en  1863,  puis  président  en  1784.  —  Son  petit-fils,  M.  le  comte 
£.  de  Gomulier,  possebseur  de  cette  thèse,  a  fait  dans  la  généalogie  de  sa 
maison,  publiée  en  1889,  un  sympathique  portrait  de  ce  magistrat  émi« 
nent  aussi  remarquable  par  son  intelligence  que  par  ses  hautes  vertus. 

Cette  thèse  passée  à  l'Oratoire  de  Nantes,  nous  fait  désirer  vivement 
que  Ton  puisse  retrouver  celle  qu'à  dû  soutenir  Fouché  quelques  années 
après.  —  Ce  placard,  qui,  vu  l'époqud  où  il  a  été  mis  au  jour  (vers  1780) 
devait  être  trèâ  vulgaire,  tirerait  un  grand  intérêt  du  nom  du  répondant 
et  de  sa  destinée  ! 

XLVIII.  —  Th^se  de  F  abbé  de  La  Frbslonnière 

Voici  un  nom  plus  connu  que  le  précédent,  très  connu  même  en  Bre- 
tagne ;  mais  la  thèse  n*en  est  pas  plus  belle,  et  c'est  aussi  un  simple 
placard  in-^P,  au  haut  duquel  se  trouve  une  petite  et  mauvaise  gravure  de 
paroissien  signée  :  à  Paris  chez  Malbouré,  rue  Saint- Jacques.  Elle 
représente  N.^S.  et  la  Samaritiûne,  avec  cette  dédicace  se  rapportant  au 
sujet  de  l'image  :  Aquam  vit»  gratis  danti.  —  Puis  vient  le  texte  sans 
aucun  ornement,  et  en  bas  les  noms  du  répondant  qui  sont  la  seule  chose 
intéressante  de  la  pièce  :  Louis^François  de  Freslon  de  la  Freslonnière, 
presbyter  Nannetensis,^et  la  date  9  novembre  1759.  —  La  thèse  présente 
cette  particularité  qu'on  ne  dit  même  plus  le  nom  du  président.  Mais  le 
malheureux  candidat  doit  être  sur  la  sellette  a  sexta  matutinâ  ad  sex- 
tam  vespertinam.  On  voit  bien  que  nous  sommes  enSorbonne  et  pour 
la  Sorbonnique. 

Louis-François  de  Freslon,  né  en  1730.  fat  ordonné  prêtre  en  1755 
dans  la  maison  de  Sorbonne  dont  il  était  docteur,  et  devint  grand-vicaire 
et  prévôt  de  réglise  de     Reims,  sous  l'épiscopat  d'Armand  de  Rohan- 


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244  NOTES  d'iconographie 

Guémené.  Député  de  cette  Aglise  à  rassemblé^  générale  du  clergé,  il  fut  à 
la  fin  de  la  réunion  le  4  juillet  1762,  pourvu  des  abbayes  de  Sainte-Croix 
de  Guinguamp  et  de  Saint-Nicolas-de- Verdun.  —  Il  avait  même  été  dési- 
gné pour  révêché  de  la  Rochelle.  —  Mais  ayant|fait  aux  Ëtats  de  Bretagne 
quelque  opposition  qui  déplut  à  la  Cour,  sa  nomination  n'eut  pas  de  suite. 
Il  mourut  en  1812. 

(Cette  thèse  et  la  précédente  font  partie  de  ma  collectiùn), 

XLIX.  —  Thèses  de  quatre  prêtres  Bretons. 

Quatre  pièces  sur  lesquelles  je  n'ai  pas  d*autres  détails  que  cette  note 
prise  dans  un  catalogue  de  la  librairie  Voisin,  du  mois  d'avril  18d8  — 
«  Ces  thèses  furent  soutenues  en  Sorbonne  par  Jean  Floch,  du  diocèse  de 
Léon,  Guillaume  Goroller  et  Goerges  Girault  de  Keroudou,  de  celui  de 
Quimper  :  elles  sont  ornées  en  tête  de  sujets  religieux  gravés.  —  Ce 
doivent  être  des  placards  tout  simples  comme  celui  de  l'abbé  de  la  Fres- 
lonnière  et  autres  décrits  ci-dessus. 

L.  —  Thèse  de  Mathurin-  René  Séré. 

Malgré  les  progrès  du  dix-huitième  qui  abandonnait  les  traditions  du 
passé,  nous  revenons  pour  un  instant  aux  belles  thèses  et  aux  magni- 
fiques gravures  C'est  encore  ces  bonnes  et  vieilles  familles  de  Vitré 
immuables  dans  les  anciennes  coutumes,  qui  vont  nous  en  fournir  des 
spécimens.  Et  c'est  encore  M  E.  Frain  de  la  Gaulayrie  qui  est  l'heureux 
possesseur  de  celle-ci.  Elle  représente  dans  sa  partie  supérieure  l'adora- 
tion des  Mages,  d'après  Rubens.  et  est  signée  :  à  Paris,  chez  Cars,  graveur 
du  roi,  rue  Saint-Jacques.  —  C'est  une  superbe  pièce  r  le  nom  du  peintre 
et  celui  du  graveur  suffisent  au  rnste  pour  montrer  ce  qu'elle  doit  être  et 
le  choix  intelligent  qu'a  pu  faire  Mathurin  Séré.  Il  n'avait  pas  voulu 
déchoir  des  habitudes  de  sa  famille.  —  Car  il  était  fils  de  Luc-Olivier  Séré 
du  Mesnil  et  de  Françoise  de  La  Porte,  et  frère  d'un  autre  Luc  Séré  dont 
nous  avons  décrit  plus  haut  (numéro  43)  les  remarquables  thèses. 

Au-dessous  de  l'Adoration  des  Mages,  le  texte  des  «  conclusiones  ex 
universà  philosophià,  »  est  encadré  à  droite  par  la  Foi,  portée  sur  un 
nuage  et  tenant  un  calice  au  dessus  duquel  rayonne  l'hostie  ;  à  ses 
pieds,  le  dragon  renversé, vomit  des  fiammes;  à  gauche, la  Philosophie  ap- 
puyant sa  tête  sur  sa  main  droite,  a  les  yeux  fixés  sur  l'hostie  où  elle 
doit  prendre  ses  inspirations  et  ses  lumières  ;  l'idée  de  cette  très  belle 
ornementation  est  aussi  remarquable  que  l'exécution;  en  bas,  on  lit  :  Has 


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NOTES  d'iconographie  245 

thèses,  Deodace et  auaptce  Deiparâ,  propugnabit  Mathurinos  Renatus  Séré 
daMesnil,  Vitriacœus  sodalis  convictor  in  regio  Henricœo  Flexiensi 
collegio  Societatis  Jesu,  die  veneris  1 7  jalîi,  anno Domini  1761,  hora  sesqui 
oetava  matatiaa  —  Pro  acia  pabbco.  Fiexiœ  apad  Lodoricam  de  La 
Fosse,  solam  régis,  urbis  et  Henricœi  collegii  Societatis  Jesn,  typ.  et 
bibliop. 

On  voit  que  depuis  1756  date  de  la  tnèse  de  Pierre  de  Gennes  (n^  46), 
la  veave  de  Louis  Hovins  n'était  pins  imprimeur  libraire  du  collège  et 
de  la  Tille  de  La  Flèche,  puisque  Louis  de  la  Fosse  revendique  ces  titres 
pour  lui  seul.  (Solum  régis  urbis,  etc..)  —  Que  voulait  dire  le  titre  de 
c  Sodalis  convictor  >  porté  par  le  répondant  ?  Nous  pensons  que  ce  de- 
vait être  quelque  charge  d*honnear  dans  la  congrégation,  convictor  veut 
dire  commensal.  Je  pense  que  c  sodalis  convictor  >  devait  être  le  premier 
degré  dans  Tafisociation,  comme  qui  dirait  approbaniste. 

Mathurin  Séré  avait  été  admis  au  collège  de  La  Flèche  comme  petit  ne- 
veu de  Sébastien  de  La  Porte,  conseiller  du  roi,  doyen  du  collège  des 
médecind  de  Rennes,  lequel,  par  testament,  avait  donné  aux  Jésuites  ses 
presiers  maîtres,  sa  seigneurie  de  Bonnes  «à  charge  de  nourrir  et  d'ins- 
truire deux  pensionnaires  de  .sa  famille.  (E.  Frain  de  Gaulayrie.  Mém. 
généal.  général,  p.  200.  etc.)  Mathurin  Séré  s'embarqua  comme  enseigne 
et  mourut  à  la  côte  d'Angola. 

(Cabinet  de  M.  E,  Frain  de  la  Ckiulayrie,) 

LL  —   Thèse  rf^  M»'  de  La  Laurengie. 

Nous  ne  citons  cette  pièce  que  pour  mémoire  et  parce  que  le  répondao  t 
devint  évêque  de  Nantes  en  1784.  Mais  elle  n'appartient  pas  à  la  Bretagne, 
La  gravure  représente  Moïse  sauvé  des  eaux.  Elle  fut  passée  en  1762 
par  Gh.  Eutrops  de  la  Laurencie  de  Villeneuve,  acolythus  Saut  onensis,  — 

(^Btbl.  nationale,  vol.  des  thèses.) 

LIL  —  Thèse  de  Robert  lb  Gonideg. 

Voici  lechantdu  cygne  et,  pour  terminer  cette  longaeénumérati on,  Tune 
des  thèses  les  mieux  conservées  que  nous  ayons  pu  voir.  Elle  a  encore  ses 
marges  à  toute  grandeur  et  absolument  intactes,  elle  se  compose  de  deux 
morceaux  recollées,  et  le  tout  forme  un  énorme  placard  double  in-folio,  de 
1-20  suri". 

La  gravure  supérieure  représente,  comme  la  précédente.  Moïse  sauvé 
des  çaux.  G'estune  fort  belle  gravure  sans  nom  d'auteur  ni  de  libraire.  Gcs 


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246  NOTES  d'iconographie 

indications  sont  peut-ôti'e  cachées  par  le  bord  supérieur   de  la  gravure  du 
bas. 

La  planche  inférieure  un  peu  plus  large,  est  d*une  exécution  moins 
soignée.  Elle  représente  une  draperie  tombant  d'un  cartouche  sur  lequel 
se  trouve  la  dédicace  se  rapportant  comme  toujours  au  tableau  supérieur  : 
f  ex  aquis  salutis  >  Le  texte  est  encadré  de  deux  pilastres  très  ornés. 
C'est  une  thèse  de  philosophie  dont  les  «  positioties  t  sonTlmprimées  sur 
trois  colonnes,  en  bas  est  rindication  :  Has  thèses,  Deo  duce  et  auspice 
Deiparâtueri  conabitur  Robertus-Joannes  Le  Gonidec,  ciericus  Treco* 
rencis,  die  lunœ  vigesima  quarta  mensis  Julii,  anno  Domini  1780,  ab  horâ 
sesquisecunda  ad  vesperam  Ëxorcitatîonem  aperiet  selectissimus  condis- 
cipulus  Jacobus-Maria  Ferrand  de  la  Banquière,  subdiaconus  Monspessu- 
lanus,  in  prœclara  artium  Facultate  magister  Ârbitei*erit  Thomas  Maria 
Royou,  e  Régla  societate  licentiatus,  theologus  et  philosophi»  professer. 
In  aulâ  collegii  Ludovici  magni.  Piro  actn  publico. 

C'était,  comme  l'on  voit,  un  exercice  littéraire  et  scientifique,  soutenu 
par  un  des  brillants  élèves  du  collège.  —  Ce  Robt^rt  Le  Gohidèc  mourut 
prêtre,  après  avoir  refusé  l'évôché  de  Tréguier.  Sa  thèse  présente  cette  autre 
particularité  bretonne,  c'est  qu'elle  fat  présidée  par  Thomas  Royou,  frère 
du  fameux  publiciste  Gotentiu  Royou,  gendre  de  Fréron,  et  professeur  de 
philosophie  au  collège  Louis  le  Grand  où  il  dut  compter  parmi  ses  élèves, 
Robespierre  et  Camille  Desmoulins,  en  même  temps  que  Robert  lie 
Gonidec. 

Au  dos  de  cette  thèse  est  écrit  :  Â  Madame  la  comtesse  de  Traissan, 
à  Vitré;  dont  les  descendants  la  possèdent  encore. 

(Château  de  la  Baratière.  Près  Vitré.) 

LIIL  —  Thèse  de  M«'  de  Poulpiquet: 

Je  prends  la  description  de  cette  dernière  pièce  dans  la  brochure  déjà 
citée  de  M.  Trévédy  :  c'est  une  pancarte  de  1  m.  de  haut  sur  67  cent,  de 
largeur,  plus  les  marges  Elle  est  divisée  en  deux  parties  égales,  en  haut: 
est  une  gravure  reproduisant  le  tableau  du  Poussin,  les  apôtres  Pierre 
et  Jean  guérissant  le  paralytique  à  la  porte  du  temple.  Elle  est  sismée  : 
Raymond,  sculp.  —  Malbour*  excudit,  rue  Saint-Jacques,  au-dessus  de  la 
fontaine  Saint-Benott. 

Au-dessus,  est  un  tableau  encadré  de  môme  dimension,  au  milieu 
duquel  est  figuré  un  voile.  Au  bord  supérieur  dans  un  élégant  cartouche, 
on  lit  les  mots  «  Petro  sananti,  »  dédicace  à  l'apôtre  représenté  dans  la 
gravure  au-dessus.  Sur  le  voile,   sont  imprimées  les  propositions  de  la 


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NOTES  d'iconographie  247 

thèse  de  théologie  qui  a  pour  sujet  les  sept  sacrements.  Au  bas  est  écrit  ; 
Ua^  thèses.  Deo  duce,  et  auspice  Oeipara.  taerl  conabitor  Joanaes  Oomi- 
nicus  Poulpiqaet  de  BrescanyeU  presbyter  Leonensis.  decembris  178%. 
C'est  le  futur  évoque  de  Quimper  de  1823  à  1840. 

Telles  sont  les  piècjs  brolonnes  que  nous  avons  pu  d«i- 
couvrirV  II  est  clair  qu'il  en  existe  baaucoup  d'autres  dans  les 
archives  et  bibliothèques  particulières.  Nous  serions  très 
heureux,  si  ce  petit  travail  pouvait  donner  à  d'autres  la 
pensée  d'augmenter  le  catalogue,  et  s'il  faisait  apprécier  da- 
vantage ces  souvenirs  du  passé.  —  Après  une  trop  longue 
éclipse,  on  verra  qu'ils  sont,  comme  le  disait  Toinette,  très 
propres  à  parer  une  chambre,  voire  même  une  galerie,  et  on 
les  y  conservera  avec  soin. 

Lb  Comte  de  Palys. 


*  On  nous  a  signalé  une  importante  collection  de  neuf  thèses  bretonnes  ; 
toutes,  sauf  une  seule,  soutenues  à  Vannes  et  signées  des  imprimeurs,  de 
cette  ville.  Elles  sont  conservées  parmi  les  remarquables  trésors  de  tout 
genre  de  M.  Tresvaux  du  Fraval,  à  Laval.  -^  A  notre  regret,  et  malgré  de 
bienveillantes  instances,  nous  n'avons  pu  aller  les  examiner,  et  nous  ne 
pouvons  malheureusement  en  ajouter  la  'description  ^  celles  que  nous 
venons   d'énumércr. 


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NOTES  HISTORIQUES 


SUR 


PRIGNY  ET  LES  MÔUTIERS^ 


CHAPITRE  VIII. 


Saint  Jean  Baptiste  de  Prigny. 

Nous  venons  de  raconter  ce  qui  se  passa  au  sujet  de 
Saint-Pierre-des-MoûtiQrs,  qui  était  une  église  déjà 
vieille  quand  Judicaôl  et  Adénor  firent  leur  première 
fondation  vers  1050.  —  A  quelJe  époque  remontait  l'église  de 
la  ville  même  de  Prigny  ?  C'est  ce  que  rien,  à  notre  connais- 
sance, ne  peut  faire  conjecturer.  Nous  la  supposons  postérieure 
à  Saint-Pierre,  parce  qu'elle  était  dans  Tencein  te  mêmede  cette 
ville.  Comme  il  nous  semble  certain  que  les  premières  églises 
furent  établies  dans  les  faubourgs^  Saint-Jean  dut  venir 
après  Saint-Pierre. Que  ce  sanctuaire  ait  précédé  les  Normands 
ou  qu'il  n'ait  été  bâti  que  depuis  leurs  ravages,  son  but 
évident  fut  de  servir  de  chapelle  au  gouverneur  du  château. 
Il  est  peu  douteux  qu'il  y  ait  eu  un  château,  avant  l'invasion 

«  Voir  la  livraison  de  janvier  1890. 


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PRIGNY  £T  LES   M0ÛT1£R8  249 

normande,  mais  ce  château  possédait-il  une  église  ?  Nous 
l'ignorons;  ce  qui  est  certain,  c'est  que,  lors  de  sa  restauration, 
les  châtelains  ne  négligèrent  pas  de  se  donner,  et  un  lieu  de 
prière,  et  un  prêtre  pour  y  exercer  le  saint  ministère.  On 
voit  aussi  par  les  quelques  documents  qui  nous  restent,  que 
ce  lieu  de  prière  avait  les  privilèges  attachés  aux  églises 
paroissiales. 

La  juridiction  de  cette  église  ne  s'étendait  pas  loin,  et  ce 
détail  est  pour  nous  la  preuve  que  les  murs  de  Prigny  furent 
postérieurement  construits  sur  une  petite  section  d'une 
paroisse  préexistante.  Si  cette  paroisse  reçut  le  nom  du 
nouveau  castel,  c'est  que  ce  manoir  concentra,  dès  son 
origine,  toute  l'importance  de  ce  petit  territoire,  importance 
qui  s'est  depuis  déplacée  au  profit  du  faubourg  des  Moutiers, 
supplanté  à  son  tour  par  Boùrgneuf,  lequel  doit  de  nos  jours, 
comme  les  Moutiers,  admettre  la  vogue  d'une  simple  fillette 
qui,  sous  le  nom  de  la  Bernerie,  laisse  loin  derrière  elle  ses 
deux  devancières.  Nous  venons  de  nommer  Boùrgneuf  ;  il  a 
dans  son  temps  infligé  de  vrais  affronts  à  ce  pauvre  Prigny 
dont  Tenceinte  avait  vu  ses  moellons  employés  à  ses  roturières 
constructions.  Bien  plus,  il  se  peut  que  le  village  des  Sables, 
qui  a  bien  son  cachet  d'ancienneté,  ne  soit  grossi  que  des 
ruines  de  son  suzerain  et  nous  ne  voudrions  pas  certifier  que 
les  Moutiers  eux-mêmes  n'en  profitèrent  pas. 

Au  onzième  siècle,  il  n'en  était  pas  encore  ainsi.  Tout  au 
contraire,  une  noble  famille  était  installée  dans  le  donjon  qui 
dominait  l'antique  Millac,  famille  puissante  par  la  bienveil- 
lance des  comtes  de  Nantes,  et  par  ses  illustres  alliances.  Le 
chef  de  cette  famille  se  nommait  Barbotin  h  l'époque  où 
nous  allons  nous  placer.  C'est  assez  dire  que  cette  époque  est 
postérieure  aux  premières  démarches  faites  en  faveur  de 
Notre-Dame,  mais  antérieure  au  voyage  de  l'évêque  Quiriac. 

Il  y  avait  alors  à  Saint-Jean-Baptiste  un  curé  nommé  Hélye; 
probablement,  il  avait  vieilli  au  service  de  la  paroisse,  qui  se 
composait  des  châtelains,de  leurs  chevaliers,écuyers  et  autres 


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250  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

servants,  ou  varlets,  et  des  corps  d'état  indispensables  dans 
une  agglomération  quelconque  et,  en  plus  de  ceux  que  récla- 
mait une  place  fermée,  exposée  à  se  voir  investie.  Nous  ver- 
rons'tous  ces  artisans  signalés  dans  un  document  de  cette 
date  reculée. 

On  était  alors  peu  flatté  d'être  spirituellement  desservi  par 
un  prêtre  séculier.  De  tous  côtés,  les  églises  étaient  conférées 
aux  réguliers  ;  les  évêques  le  voyaient  avec  peine,  mais  sans 
pouvoir  s'opposer  au  torrent.  Les  restes  de  science  ecclésias- 
tique et  de  zèle  sacerdotal  s'étaient  réfugiés  dans  les  couvents. 
Le  seigneur  de  Prigny,  sans  doute,  manifesta  son  désir  de 
voir  le  service  divin  exercé  par  des  religieux  près  de  son 
manoir,et  le  curé  de  Saint-Jean  se  prêta  aux  vœux  du  Seigneur, 
comme  le  curé  de  Saint-Pierre  le  fit  de  son  côté.  Mais,  nous 
lavons  déjà  remarqué  au  sujet  de  Saint-Pierre,  le  Seigneur 
de  cette  dernière  église  n'était  point  le  sire  de  Prigny.  Les 
barons  de  Retz  préféraient  les  moines  de  Redon  auxquels  ils 
avaient  déjà  donné  Notre-Dame-de-la-Chaume,  tandis  que  les 
seigneurs  de  Prigny  s'étaient  tournés  du  côté  de  l'abbaye  do 
Saint-Jouin-de-Marne.  Il  est  bien  probable  qu'en  cela,  ces 
nobles  personnages  étaient  déterminés  par  quelques  anté- 
cédents et  que  Saint-Jouin,  à  quelque  titre  que  soit^  pouvait 
mettre  en  avant  des  droits  que  la  tradition  avait  conser- 
vés, mais  dont  nous  ne  retrouvons  pas  tracé. 

Nous  devons  le  titre  sur  lequel  nous  nous  appuierons  pour 
établir  la  donation  de  Saint-Jean- Baptiste  à  Saint-Jouin,  au 
prêtre  Gilles  Audebert,  «  bachelier  et  discret  recteur  de 
l'église  paroissiale  de  Lusesgne^  es  Thouars,  chanoine  pré- 
bende en  l'église  collégiale  de  Saint-Pierre-de-Thouars  »  Cet 
ecclésiastique  déclare  avoir  transcrit  en  français  «  Certains 
vieux  titres  des  églises  de  Prugné.  » 

Nous  en  extrayons  ce  qui  suit  : 

«  Hélye,  prêtre  de  l'église  de  Prugny .  a  as.socié  avec 

*  Nous  Be  savons  quel  lieu  désigne  ce  moi. 


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PRIGNY  ET   LES   MOÛTIERS  251 

/ 

luy  les  moines  de  Saint-Jouin-de-Marnes  en  les  dîxmes  et 
aultres  revenus  de  la  dite  paroisse  de  Prugny,  mais  à  cette 
condition  que,  si  la  nécessité  le  requérait,  fust  admis  audit 
monastère,  nourry  avecq  eux  et  il  pust  être  dudict  Saint- 
Jouin. 

En  reconnaissance  donc  de  ce  bienfait  ledict  Helye  a  donné 
et  délaissé  aux  Moynes  les  deux  parts  de  la  chapelle  de 
Prugny  dédiée  et  nommée  du  confesseur  saint  Jean-Baptiste, 
avec  deux  parts  semblablement  de  dixme  du  pain  et  du  vin 
qui  se  recueille  au  dict  lieu,  au  manoir  de  Prugny.  Et  quant  à 
Tautre  tierce  partye  de  la  dicte  chapelle  et  dixme  dudict  lieu, 
la  réserve  pour  luy  môme  ;  mais  a  voulu  que  tous  les  moynes 
puissent  prendre  audict  lieu  toutes  les  dixmes  des  veaux, 
agneaux,  pourceaux,  layne,  lin  et  aultres  choses  semblables 
et  aussi  les  deux  parts  de  la  dixme  du  sel  aux  salines  de  Bar- 
botin,  dépendantes  dudict  lieu  et  château  propres  dudict  Sei- 
gneur, toutes  choses  qu'il  en  tenait  oultre  le  sein  de  la  dicte 
église.  Et  davantage  a  voulu  que  les  parts  et  possessions 
qu'avaient  en  propriété  les  dicts  moynes,  du  pourraient  advoir 
après  eux  aux  environs  de  Prugny,  en  tant  que  luy  tous- 
chant,  demeureraient  exemptes  de  toutes  dixmes.  L'accord  de 
cette  fraternité  fust  arresté  audict  lieu  et  château  avec  Bar- 
botin,  ses  frères  Garsire,  Babuin,  Mandeguerre  en  la  maison 
duquel  le  tout  fust  passé.  Tous  les  aultres  frères  témoings, 
desquels  les  noms  sont  après  :  Gobin,  Guerry  de  Saint- 
Etienne,  Girard  de  Saint-Philbert,  Prezeau  d'Oultre-Loyre, 
Tudual  de  Pornic.  » 

On  voit  qu'Hélye  avait  soin  de  ne  disposer  que  des  biens 
qu'il  tenait  du  seigneur  de  Prigny.  Il  ne  lui  appartenait  pas, 
en  effet,  d'aliéner  le  propre  de  l'église.  C'est  donc  un  temporel 
de  prieuré  qui  se  constitue  ici,  comme  nous  l'avons  vu  pour 
Saint-Piebre,  mais  bien  distinct  de  celui  de*la  cure. 

Gueffier  n'est  pas  nommé  dans  cette  pièce  où  l'on  donne 
cependant  le  nom  de  deux  frères  de  Barbotin  que  nous  ne. 
lui  connaissions  pas  :  Garsire  et  Babuin,  mais  ce  dernier  doit 


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252  PRIGNY   ET  LES  MOÛTIERS 

être  le  môme  que  Babin.  Peut-être,  Garsire  est-il  le  même  que 
Gueffier  dont  le  chanoine  Audebert  aurait  mal  lu  le  nom. 
Mandeguerre  est  également  nommé  dans  la  Charte  de 
Gueffier  à  Tabbesae  Richilde.  C'est  dans  sa  maison  que  fut 
rédigé  l'acte  en  question.  Son  nom  semble  indiquer  un 
héraut  d'armes.  Il  peut  se  faire  qu'en  temps  de  paix  ce  genre 
d'offlcier  servît  parfois  de  greffier,  greffier  fortement  épe- 
ronné,  ne  sentant  pas  le  pédagogue.  Le  document  que  nous 
donne  Audebert  est  une  notice  qui  comprend  tout  le  temps  de 
l'établissement  du  prieuré  de  Saint-Jouin  à  Prigny.  Les 
moines  firent  bâtir  en  ce  lieu  où  s'y  accommodèrent  une 
maison  qu'habitèrent  les  religieux  envoyés  pour  former  cette 
nouvelle  obédience,  sous  l'autorité  de  Rivalon  leur  premier 
prieur. 

«  Et,  continue  la  notice^  advint  quelque  temps  après,  que 
le  dict  Hélye  tomba  en  maladie  et,  touchant  le  bénéfice  qu  il 
s'était  réservé,  donna  et  délaissa  en  propriété  aux  moyncs 
Tautre  tierce  partye  qu'il  s'était  réservée  en  ladite  chapelle  et 
dixmes,  ainsi  qu'il  avait  donné  au  temps  précédent  les  deux 
àultres  partyes.  Et  depuis  toutes  ces  choses  furent  recencées, 
estant  alors  Symon*  abbé  de  Saint-Jouin,  au  iyeu  et  chasteau 
de  Prigny  en  la  maison  desdicts  moynes  et  présence  du 
prestre  Hélye  et  de  Rivalon,  moyne  qui  estait  pour  lors  prieur 
du  Iyeu.  Symon,  parent  du  prestre  Hélye,  accorda. les  mômes 
choses  que  Hélye  avait  faicles,à  la  vue  de  plusieurs  témoings 
qui  là  estoient  présents  au  dict  Iyeu,  la'ics  et  moynes.  Parmi 
ces  témoins  au  moins  une  trentaine  de  noms,  on  remarque 
Testard  et  Debec,  prestres. 

Et  afBn  que  ceste  accord  fust  valable  par  l'autorité  de 
l'Evesque,  ledict  Rivallon,  moyne,  en  pria  Quiriac,  evesquede 
Nantes  qui  donna  pouvoir  et  permission  de  continuer  l'église 
que  ledictRivallon  avait  commencé  de  faire  édifier  en  l'honneur 

*  On  trouTe  un  Simon,  abbé  de  Saint-Jouin,  qui  succéda  en  1037  à  Tabbé 
Géraud  et  gouverna  jusqu^en  1086,  où  il  eut  pour  successeur  Alaric  (Gai- 
Christ.,  t.  II.  col.  1275. 


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PMONY  ET  LES  M0ÛTÏER8  253 

de  saint  Nicolas,  et  bénit  le  cymetière  et  les  alentours  de  la 
dicle  église  oyant  et  voyant  plusieurs  témoings  :  Rivallon, 
moyne  ;  Manard  ;  Guillaume,  archidiacre  ;  Barbotin,  Garsire 
son  frère,  Alduin,  Symon,  Baudry,  Alain  et  plusieurs 
aullres'.» 

Ainsi  la  chapelle  ou  plutôt  Téglise  Saint-Jean-Baptiste, 
vieux  sanctuaire  avec  titre  paroissial,  donné  aux  moines  de 
Saint-Jouin  et  situé  dans  Tenceinte  môme  de  la  ville  avait  de 
suite  paru  insuffisante  à  ces  religieux  qui  en  construisirent 
une  autre  dédiée  à  saint  Nicolas,  en  dehors  des  murs. 

Les  anciens  lexles  donnent  ordinairement  le  nom  de  cas- 
trum  ou  ^'oppidum  aux  agglomérations  entourées  de  mu- 
railles. Aujourd'hui,  nous  distinguons  le  chlltean  de  la  ville; 
il  n'en  fut  pas  toujours  de  môme  et  Prignyest  désigné  tantôt 
comme  un  château  {castrum),  tantôt  comme  une  ville  (oppi- 
dum).  Ce  que  nous  nommons  château  était  alors  le  Donjon^ 
et  possédait- une  enceinte  spéciale  plus  resserrée.  Saint- 
Jean  était  dans  Tenceinte  la  plus  vaste,  Saint-Nicolas  se 
trouvait  en  pleine  campagne  et  les  religieux  pouvaient 
s'y  adjoindre  tout  un  domaine.  Il  est  probible  que  c'était 
mômî  le  vrai  but  de  ces  moines  de  Saint-Jouin,  en  se 
construisant  une  nouvelle  chapelle,  car  si  petite  que  fut  celle 
de  Saint-Jean,  elle  de  vailsufflre amplement  pour  la  population 
de  Prigny,  si  Ton  en  juge  par  le  pourtour  de  ses  anciens  rem- 
parts et  par  ce  fait  que  Prigny  n'avait,  pour  ainsi  dire,  pas 
de  caîapagne.  En  outre,  les  moines  n'étaient  pas  complètement 
les  maîtres  à  Saint-Jean-Bapliste.  Nous  l'avons  vu,  Hélie 
n'avait  donné  que  ce  qu'il  tenait  de  Barbotin  qui  y  consentait, 
ou  môme,  peut-être,  le  lui  demandait;  il  n'avait  pas  donné, 
et  n'en  avait  pas  le  droit,  le  temporel  de  la  cure,  qui  restait 
bénéfice  distinct. 

Quiriac,  qui  avait  heureusement  limité  les  droits  de  Redon 
et  du  Ronceray  semble  avoir  agi  dans  le  môme  ^ns  à  l'égard 

Voir  aux  archives  de  Nantes,  Prigny. 
T.   VI.   —  NOTICES.   —  VI*  ANNÉE,   3*  LIV  17 


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254  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

de  Saint-Jouin  et  réussi  à  sauvegarder  la  distinction  entre  la 
cure  et  le  prieuré. 

Les  moines  eurent-ils  dès  lors  une  arrière-pensée?  Toujours 
est-il  que,  nous  venons  de  le  voir,  ils  étaient  àpeine  installés, 
à  Prigny,  qu'ils  se  bâtissaient  une  église  privée.  Quiriac  ne 
semble  pas  avoir  mis  d'obstacle  à  ce  que  ce  fût  un  moine  de 
Saînt-Jouin  qui  fût  recteur  de  Prigny,  mais  il  retint  la  colla- 
tion de  la  cure.  Quant  à  la  présentation,  elle  appartenait 
sûrement  au  seigneur  de  Prigny  qui  s'en  était  dessaisi  en 
faveur  de  Saint-Jouin.  On  comprend  que  l'abbé  de  Saint- 
Jouin  dut  faire  porter  son  choix  sur  un  de  ses  moines,  tandis 
que  son  abbaye  eut  assez  de  sujets  pour  remplir  tous  les 
postes  à  sa  disposition. 

Pour  mieux  différencier  leur  prieuré  de  la  cure,  on  donna 
au  premier  un  autre  patron,  ce  qui  n*avait  pas  lieu  quand  le 
prieuré  était  desservi  dans  l'église  paroissiale.  Le  nouveau 
sanctuaire  ne  pouvait  manquer,  vu  les  goûts  du  temps,  qui 
sont  encore  uii  peu  en  vogue,  de  faire  le  vide  dans  l'église  de 
la  paroisse.  Comme  complication  en  faveur  des  moines,  le 
curé  de  Saint-Jean  leur  était  entièrement  dévoué.  Peut-être 
sentait-il  qu'il  était  un  peu  trop  le  chapelain  du  Seigneur  ?  Et 
c'était  souvent  le  cas  des  curés  de  cette  époque.  Quiriac,  au- 
quel  cette  servitude  ne  plaisait  point,  alla  jusqu'à  permettre 
que  le  service  de  la  paroisse  se  fît  à  Saint-Nicolas,  de  sorte 
que  Saint-Jean,  tout  en  restant  de  droit  l'église-mère,  et  en 
continuant  à  conserver  son  titulaire  comme  le  patron  de  la 
paroisse,  ne  voyait  plus  guère  son  recteur  célébrer  l'office. 
Quelque  temps,  sans  doiite,  on  continua  de  dire  la  messe  à 
Saint-Jean  pour  les  châtelains,  mais,  en  somme,  cette  église 
n'était  plus  que  la  chapelle  du  château,  tout  en  gardant  ses 
droits.  Nous  verrons  que  cet  éfat  de  choses  ne  fut  pas  très 
durable  et  que  Saint-Jean  récupéra  ses  droits  ;  seulement  tant 
que  Prigny  demeura  place  de  guerre,  l'évoque  ne  vit  pas  de 
mal  à  ce  que  le  culte  fut  célébré  à  Saint-Nicolas:  On  laissa» 
du  reste,  le  bon  vieux  rei^teur  aller  à  Saint-Jean-Baptiste  bu  à 


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PRIGNY  BT  LKS   MOÛTIERS  255 

Saint-Nicolas,  comme  il  rentendait;  c'était  une  transaction. 
Lorsque  Hélie  fut  mort,  Quiriac  alla  plus  loin,  il  permit  aux 
moines  de  Saint-Nicolas  de  bénir  un  nouveau  cimetière,  en 
dehors  des  murs.  L'ancien  entourait  Téglise  Saint-Jean 
comme  on  le  voit  encore  aujourd'hui. 

Barbotin  avait  eu  quelque  zèle  pour  son  église  Saint-Jean, 
mais  son  frère  et  successeur  GuefBer,  tout  entier  à  la  fonda- 
tion faite  par  sa  mère  au  faubourg  de  Prigny,  dit  Les  Moû- 
tiers,  semble  s'être  bien  peu  préoccupé  de  l'église  du  château. 
Les  moines  en  profitèrent,  forts  de  Tapprôbation  épiscopale  : 
tant  qu*à  Prigny  personne  ne  réclama  ;  tout  le  service 
divin  se  fit  à  Saint-Nicolas  ;  aussi,  voit-on  plusieurs  titres  où 
il  n'est  question  que  de  Saint-Nicolas  de  Prigny,  sans  aucune 
mention  de  Saint-Jean.  Ce  transfert  se  fit  tout  naturellement, 
révoque  conférant  la  cure  au  prieur,  les  choses  pouvaient 
du  reste  marcher  ainsi  tant  qu'il  y  aurait  des  moines  à  Saint- 
Nicolas,  mais  s'ils  avaient  voulu  se  donner  un  vicaire  perpé- 
tuel, il  était  peu  douteux  que  l'évoque  aurait  objecté  qu'il  lui 
appartenait  de  nommer  le  recteur  de  Saint-Jean  qui  conservait 
son  privilège  d'église  paroissiale. 


CHAPITRE  IX. 


Premiers  temps  du  prieuré  de  Notre-Dame. 

Adénor,  fille  de  Judicaël,  le  fondateur  du  prieuré  de  Notre- 
Dame,  gouvernait  ce  petit  monastère  avec  bienveillance.  Elle 
étaiteafamille,sesvassaux  étaient  ses  compatriotes, et,on  peut 
croire  que  parmi  ses  religieuses,  elle  avait  plusieurs  parentes. 
Il  y  en  avait  au  moins  une,  sa  nièce  la  fille  de  Giraud  de  St- 
Philbert,  que  l'on  trouve  nommée  Adénor,  comme  sa  tante  et 
son  aïeule.  Adénor  de  Saint-Philbert  alla  faire  son  noviciat  à 
Angers,  mais  il  est  peu  doutouxqu'elle  revint  aux  Moûtiersoù 


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256  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

elle  succéda  peut-ôtre  à  sa  tante. Ces  bonnes  prieures  n'étaient 
pas  dures  pour  leurs  fermiers,  et  les  sœurs  de  Tabbaye  du 
Ronceray  trouvèrent,  à  la  fln,  que  grâce  à  cette  faiblesse,  il 
s'établissait  des  abus.  C'est  ce  qui  provoqua  des  réclamations 
de  leur  part,  comme  on  le  voit  constaté  par  la  suite  d'une 
notice  dont  nous  avons  donné  le  commencement  au  chapitre 
cinquième.  Ce  titre,  après  avoir  rapporté  la  donation  de  Jean- 
Grosse -tôte,  ajoute  :  «  Mais  bien  que  le  nombre  des  habitants 
du  bourg  et  le  bourg  lui-môme,  autour  de  la  susdite  église 
s*accrussent,  quelques-uns  des  meilleurs  manants  (mansio- 
nariit)  avec  la  connivence  des  religieuses  de  Tobédience,  ne 
payaient  point  leurs  redevances  au  temps  convenu.  Nous 
avonsdonc  voulu  faire  savoir  à  tous,  que,  dans  le  bourg,  il 
n'y  a  pals  une  maison  qui  ne  soit  usagère  de  ladite  église,  si  les 
dames  du  lieu  veulent  l'exiger,  si  ce  n'est  la  maison  du  chape- 
lain (recteur)  de  Saint-Pierre,  Even  et  les  prêtres  ses  succes- 
seurs, tantqu'ils  habiteront  cette  môme  maison  ;  mais  s'ils  ve- 
naient à  placer  dans  cette  maison  un  autre  locataire,  ce  dernier 
serait  usager  entièrement  comme  les  autres,  parce  que  c'est 
ainsi  que  Judicaël^  Nihel  et  les  autres,  propriétaires  de  cette 
terre  l'ont  donnée,  à  perpétuité,  à  Notre-Dame  et  tout  ce  qui  est 
consigné  dans  cette  charte,  avec  les  dites  coutumes,  comme 
eu^-mômes  la  possédaient,  sans  réclamations,  et,  comme 
nous  l'avons  touché  brièvement,  ils  ont  bâti,  dans  le  lieu  sus- 
dit, une  église  en  l'honneur  de  la  Vierge  Marie,  mère  de  Dieu 
et  l'ont  donnée  à  perpétuité  au  monastère  d'Angers,  consa- 
cré à  la  Bienheureuse  Marie,  mère  de  Notre-Seigneur,  pour 
le  sakt  de  leurs  parents,  et  ont  mérité  d'ôtre  placés  dans  le 

sein  d'Abraham,  Isaac  et  Jacob.  Per  eum  qui  venturus  est 

Amen.  » 

Ce  titre  et  ceux  que  nous  avons  donnés  au  chapitre  V  pour 
début  de  cette  notice,  se  trouvent  au  Cartulaire  du  Ronceray, 
rôle  III,  charte  20,  et  rôle  IV,  charte  83.  —  Edition  Marchegay, 
charte  430*. 

Nous  le  répétons,  tout  le  fond  de  ce  récit  est  vrai,  mais  le 


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PRIGNY   ET  LES  MOÛTIERS  257 

narrateur  ne  s*est  pas  contenté  d*inscrire  les  actes  tels  qu*ils 
étaient,  il  a  intercalé  des  explications  fâcheuses  et  changé  les 
noms  selon  qu'il  croyait  devoir  lire  une  écriture  avec  laquelle 
il  n'était  pas  familier.  Ainsi,  comme  nous  l'ayons  signalé, 
quand  il  parle  plus  haut  de  Juhel,  flls  de  Juhel,  il  faut  lire 
Nihel.  Ce  dernier  est  celui  que  nous  venons  de  revoir  à 
rinstant. 

Les  religieuses  du  Ronceray' connaissaient  leur  époque; 
elles  avaient  eu  soin  de  mettre  leurs  titres  en  règle.  Nous 
venons  de  voir  que  les  donations  de  Nihel  avaient  été  plu- 
sieurs fois  répétées.  Le  3*  rôle  (charte  21«)  y  revient  d'une 
façon  solennelle  (V.  Marchegay,  431).  —  «  In  nomine  Domini... 
Moi,  Nihel.  j'ai  fixé  dans  ma  mémoire  ces  paroles:  Donnez  et 
il  vous  sera  donné  ;  c'est  pourquoi,  en  vue  du  salut  de  mon 
âme  et  de  celle  de  mes  parents,  j'ai  concédé  et  donné  à 
l'église  Notre-Dame  de  Prugny,  soumise  à  l'église  Notre-Dame 
d'Angers,  tout  ce  que  Ij'avais  dans  le  terrage*  du  Masier'  de 
Prigny  près  de  la  mer.  J'ai  donné  aussi  à  la  susdite  église 
la  dtme  des  vignes  de  la  terre  que  j'avais  en  ce  lieu  ainsi  que 
celle  des  fruits  des  moissons  en  un  mot,  de  toutes  choses, 
au  vu  et  au  su  des  prêtres  Hervé'  et  Even,  Geoffroy  Bocell  ; 
Odelin  de  Bonnié  ;  Pépin^  flls  de  Glamier  ;  Gamier,  fils  de 
Dorin  et  Even,  son  frère  ;  Tréhoret  ;  Rainauld*,  fournier  et 
Chrétien,  son  frère  ;  les  religieuses  Adonorie,  Mabilie  et 
Ameline  de  Baugé.  » 

*  Le  terrage  était  un  droit  plus  ou  moins  considérable  prélevé  sur  les  fruits 
et  grains  d*un  terrain  déterminé.  Ce  droit  est  quelquefois  nommé  c?uimpart 
(Campi  pars)  ;  celui  qui  levait  cet  impôt  se  nommait  terragier  (terragiator). 

s  «  In  terragio  Maserii  Prugniaci  ».  On  nommait  maseria  (masière^  une 
maison  avec  quelques  terres  :  nous  dirions  une  borderie  ou  une  closerie  ;  nous 
pensons  que  le  masier  est  ici  pris  dans  ce  sens  et  signifierait  une  sorte  do 
métairie  de  Prigny. 

*  Hervé  était  aumônier  des  sœurs  du  prieuré. 

*  Nous  ne  pensons  pas  qu*il  iaiUe  confondre  le  fournier  (furnerius)  avec 
le  boulanger  (pUtor).  Ce  dernier  faisait  cuire  le  pain,  tandis  que  le  premier 
n'était  qu*an  préposé  au  four  banal  où  cliacun  venait  faire  cuire  son  pain 
et  payait  un  droit  à  cet  officier. 


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258  PRIGNY  ET  LES  M0ÛTIER8 

Ces  trois  religieuses  étaient  sans  doute  le  personnel  du 
prieuré  de  Notre-Dame  des  Moûtiers,  au  moins  en  tant  que 
dames  de  chœur,  Adonorie  n'est  autre  qu'Adénor  ;  Mabilie  est 
peut-être  la  religieuse  de  ce  nom  qui  succéda  en  1119  à 
Tabbesse  Tiburge  et  fut  peu  de  temps  à  la  tète  de  sa  commu- 
nauté. Dos  lors,  cette  obédience  du  bourg  des  Moûtiers  avait 
\me  grande  valeur  aux  yeux  des  religieuses  de  la  Charité 
d'Angers  et  jouissait  aussi  d'une  grande  faveur  dans  le  pays. 

Une  noble  jeune  fille  de  la  famille  de  «Retz  fit  profession 
dans  l'abbaye  angevine.  Sous  Tabbesse  Tiburge,  elle  avait  la 
charge  (ÏAumônière,  Anne  de  Retz  était  en  même  temps 
prieure  de  Seiches,  line  des  plus  belles  dépendances  du 
Ronceray.  Les  nombreuses  chartes  où  nous  la  voyons  figurer 
témoignent  de  son  zèle  pour  la  prospérité  de  la  maison. 

Le  prieuré  des  Moûtiers  n'était  pas  sans  avoir  ses  diffi- 
cultés ;  nous  les  trouvons  mentionnées  dans  la  charte  432*  du 
cartulaire  de  M.  Marchegay.  Malgré  tout  .ce  que  avons  déjà 
faitconnaItre,ce  document  estencore  utile.Lorsqu'on  Taoralu, 
il  semble,  qu3  la  physionomie  des  débuts  du  prieuré  de  N.-D. 
des  Moûtiers  sera  suffisamment  connue.  Il  nous  révèle  toute 
une  chicane  suscitée  par  Niel,  fils  de  Niel,  aux  religieuses 
que  ses  parents  avaient  protégées,  et  pour  des  biens  dont  il 
avait  approuvé  la  donation.  Voici  cette  pièce. 

«  Lorsque  Adénor,  fille  de  Judicaôl  l'ancien,  de  Prugny,  con- 
sacrée religieuse,  eût  tenu  pendant  un  grand  nombre  d'an- 
nées le  monastère  de  Notre-Dame  de  Prugny,  comme  son 
père  et  sa  mère,  d'accord  avec  son  frère,  Niel  l'avait  con- 
cédé en  toute  tranquillité',  pendant  leur  vie  et  après,  certains 
de  ses  frères  se  prirent  à  chicaner  (subclamare)  et  à  réclamer 
les  biens  de  ce  monastère  comme  faisant  partie  de  leur  héri- 


*  «  Gum  Âdenor  !  fiUa  JudiqueUi  vetuli  de  Prugniaco,Deo  yidelicet  dicaU 
3anctimoniali8,  monasterium  Sanctse  Mariœ  Prugniacensis  per  multos  annos 
ut  pater  ejus  et  mater  sua  eum  flratre  suo,  illad  ei  coDcesseraot.  »  Ce 
texte  nous  montre  que  le  premier  Nihel  était  frère  de  la  première  Adénor  et 
non  de  son  mari  Judicaf^l. 


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PRIONY  fn  LB8  MOÛTIBRS  259 

tage  patrimonial.  Ils  s'efforçaient  de  réduire  en  propriété 
séculière  ce  que  leur  père  et  leur  mère  avaient  donné  en  toute 
charité*  à  Téglise  pour  le  salut  de  leurs  âmes. 

A  leur  malveillante  suggestion,  Niel,  leur  neveu,  fils  du 
susdit  Niel,  envahit  une  partie  des  biens,  due  à  la  donation  de 
son  père  et  adjacente  au  monastère.  Ce  jeune  homme  finit 
par  s'entendre  avec  sa  tante  Adénor*.  Il  fut  prouvé  que 
cette  part  qui  était  venue  de  Niel,  père  de  ce  Niel,  resterait, 
après  la  mort  d'Adénor  à  Notre-Dame  d'Angers  et  aux  sœurs 
résidante  Prugny. 

Quant  à  certaine  autre  portion  qui,  bien  que  donnée  par  Ju- 
dicaël  et  son  épouse,  avait  été  quelque  temps  distraite,  elle 
resta  aux  mains  d'Adénor  comme  elle  y  avait  étÀ  précédem- 
ment. Cependant,  de  peur  que  quelque  parcelle  du  domaine, 
désormais  acquis  par  une  tranquille  possession,  ne  soit  arra- 
chée par  Terreur  de  la  postérité,  nous  avons  jugé  à  propos 
de  remettre  ea  mémoire  ce  qui  regarde  chaque  portion.  Que 
nos  descendants  sachent  donc  <iue  Judicaël,  père  dAdénor,  et 
Niel,  père  de  Niel,  avaient  en  commun  ce  monastère  de  Notre- 
Dame  et  le  faubourg  qui  est  aatour  de  ce  monastère,  avec  la 
prévoté  de  ce  môme  faubourg,  les  autres  coutumes,  les  reve- 
nus et  le  péage  des  foires.  L'en  et^  l'autre  concéda,  avec  le 
susdit  monastère,  tous'^es  biens,  libres,  comme  eux-mômes 
les  possédaient,  à  Adénor.  Judicaôl  donna  en  outre,  de  son 
propre,  à  sa  fille,  la  pièce  de  terre  dans  laquelle  le  monas- 
tère lui-môme  est  bâti,  libre  du  ban  (bidenno)  et  de  toute 
réclamation,  avec  un  quartier  de  la  terre  d'Hubert  Le  Roux 
d'Avare,  libre  comme  les  autres  biens  excepté  un  septième  et 
la  moitié  du  district  prévôtal. 

•  «  In  eleemosynam.  »  Le  droit  connaissait  alors  ce  qne  Ton  nommait 
franche  aumône.  Un  bien  donné  &  Téglise  ou  à  quelque  couyent  en  franche 
aumône  était  exempt  de  toute  redevance  (Dicf,  de  Durand  de  Maillane  aux 

mots  «  tenure  »  et  «  aumône  ». 

*  Le  chroniqueur  parsiste  dans  sa  confusion  des  deux  Adénor.  Puisque 
Niel  père  était  frère  de  la  mèrn  d* Adénor,  Niel  le  jeune  ne  pouvait  être  que 
le  cousin-germain  de  cette  dernière. 


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200  PRIGNY  ET  LEB  M0ÛTIER8 

De  môme,  Niel  fit  donation  à  sa  sœur  de  deux  parts  de  la 
dîme  des  trois  pièces  de  terre  de  Guérin  de  la  Gressière,  qiii 
faisaient  partie  de  son  bien  propre,  ainsi  qu'une  borderie  de 
la  terre  de  Guillerme,  gendre  d^Arembert,  qu'il  donna  libre 
de  tous  devoirs,  si  ce  n'est  la  dîme  qui  est  en  entier 
accordée  à  Saint-Pierre,  afin  que  les  autres  biens  sus-énoncés 
restent  libres  et  quittes  de  toutes  coutumes  vis-à-vis  Saint- 
Pierre.  Le  même  Niel  donna  de  nouveau  à  sa  sœur,  pour 
Thonneur  de  Notre-Dame,  la  moitié  d'une  saline,  libre,  et 
toute  sa  part  de  la  dîme  maritime  et  des  poissons  ou  oiseaux 
de  mer  qu'il  avait  aussi  avec  Judicaôl.  Après  qu'Adénor  eut 
possédé  longtemps  ces  biens,  dus  à  la  charité  des  susdits  per- 
sonnages, tout  en  ayant  à  supporter  des  tracasseries  de  la 
perversité  de  ses  frères,  elle  fit  enfin  sa  paix  comme  nbus 
venons  de  le  dire,  par  l'accord  qui  précède  avec  son  neveu 
NieU  au  sujet  de  la  part  qui  avait  été  à  lui. 

Toutefois,  Niel  ne  fît  pas  ces  concessions  gratuitement  et 
avec  les  mains  vides.  Il  fallut  lui  compter  trente-cinq  livres  de 
deniers,  un  cheval  et  une  coupe  d'argent,  plus  deux  onces  d'or 
pour  son  épouse  Pélronille  avec  la  promesse  de  recevoir  la 
mère  de  ce  Niel,  comme  religieuse,  dans  le  monasière  de 
Notre-Dame  d'Angers.  Cette  transaction  fut  ratifiée  dans  le 
couvent  de  Notre-Dame  de  Prigny,  où  Niel  posa  sur  l'autel,  en 
gage  de  sa  concession,  le  couteau  d'HervtS  l'aumônier  de  ce 
couvent;  en  présence  de  ce  môme  Hervé  et  d'Adénor,  ainsi 
que  de  sa  nièce,  l'autre  Adénor  fille  de  Giraud  de  Saint- 
Philbert,  laquelle  prit  sur  l'autel  ce  couteau  qu  elle  emporta 
pour  l'utiliser  à  Noire-Dame  d'Angers  où  elle  était  religieuse. 

Les  témoins  de  cette  affaire  furent  :  Geoffroy,  Mandeguerre 
et  Judicàël,  fils  d'Aufred,  qui  étaient  présents  lors  de  la  pre- 
mière donation  faite  par  JudioafJI  i'anciea  et  Niel,  père  de  Niel. 
En  outre,  furent  présents  ;  Rabeàu,  fils  de  Péréné  ;  Odelin  de 
Bugno  (du  Bijnon):  Albouin  et  Pépin,  fils  de  Glamaok  ; 
David,  fils  d'^  Barbotin  ;  Ivan,pr6tre  ;  Jarnosuen,flls  de  Goslen 
de  Frossay  ;  Simon,  fils  de  Bernon  et  ses  frères,  Pohard  et 


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PRIONY  ET  LES  MOÛTIERS  261 

Jean  ;  le  vicomte  Aufred  et  son  frère,  Jarnoguen  ;  Geoffroy  fils 
de  Judicaôl  ;  Péan,  servant  des  dames,  surnommé  Puceur 
(puceola):  Sarrazin,  soldat  ;  Tannegui  et  Habon,  flls  du  prfttre, 
Ivan  (Even)  ;  Benoit  Chaudmorceau  ;  Ivan'  flls  de  Dorin  ;  Ivan, 
flls  d'Oncbauld  et  son  frère  Leferme  ;  Chrétien,  flls  de  la  four- 
nière;  Haimeric  Bouchereau  ;  Jean  Touchefaîte'  ;  Guérin,  flls 
de  Pincel)ouche. 

Avec  Niel  se  trouvaient  :  Péan,  flls  de  Rodald  ;  Gautier,  flls 
de  Bérengaire  ;  Rodald,  flls  de  Choallon  ;  Girand  Malpelit,  du 
château  nommé  Touvoie  {Tollens  Viam),  » 

Telles  furent  les  dernières  réclamations  de  la  famille  de 
Prigny.  Dans  la  suite,  les  Dames  du  prieuré  furent  les  véri- 
tables seigneurs  de  tout  le  petit  territoire  connu  sous  le  nom 
de  Bourg  des  Moûtiers,  sans  préjudice  toutefois  de  la  suze- 
raineté des  seigneurs  de  Retz,  suzeraineté  indiquée  par  la 
redevance  nommée  Diner  cTAscoide, 

Ces  réclamations  de  la  famille  Niel  ont  pour  nous  un  avan- 
tage :  elles  nous  font  savoir  que  c'était  du  chef  de  son  épouse 
Adénor  que  Judicaôl  possédait  Prigny,  puisque  nous  voyons 
le  frère  d*Adénor  investi  de  tout  un  domaine  dans  cette 
paroisse,  domaine  sur  lequel  il  avait  même  le  droit  de  Justice. 
Cela  nous  expliquera  la  disparition  complète  de  cette  contrée 
des  descendants  de  Judicaôl,  après  Gueffier.  Sans  doute  ils 

*  Ce  surnom  rappeUe  un  très  vilain  droit  des  Ducs  de  Bretagne,  le  «  droit 
de  Pecoy  »  qui  se  prélevait  sur  le^  épaves  des  navires  brisés  surlaV^cUe.  Cétait 
une  bonne  aubaine  pour  les  riverains  qui  considéraient  comme  leur  appar- 
tenant tout  ce  que  la  Providence  leur  envoyait  ainsi.  Le  Duc  de  Bretagne  se 
donnait  de  garde  dâ  l.iisâer  passer  un  tsl  bienfait,  sans  y  prendre  la  pirtdu 
lion.  Ot  abus  en  amena  un  autre,  là  où  les  instincts  sauvages  étaient  plus 
prononcés.  Loi'sque  au  milieu  des  épaves  U  se  rencontrait  un  survivant  de 
l'équipage  ou  des  passagers,  on  lui  faisait  parfois  un  triste  sort,  c'était  un 
maudit  de  Dieu,  disait-on. 

s  Une  preuve  de  plus  que  ce  chroniqueur  met  souvent  du  sien,  c'est  qu'il 
se  permet  dp  réformer  à  chaque  instant  les  noms  propres  ;  ainsi  tous  les  Even 
deviennent  pour  lui  des  Ivan.  On  voit  que  de  son  temps  les  Moscovites 
commençaient  à  se  faire  connaître.  Philippe-Auguste  épousa  une  princess* 
russe. 

'  Un  tel  hoxame  ilerait  être  ua  géant. 


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262  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

allèrent  tenir  d'autres  fiefs,  à  moins  que  la  guerre  n'ait  suffi  à 
les  anéantir.  Le  territoire  se  trouva  ainsi  féodalement  divi- 
sé entre  le  prieuré  de  Notre-Dame  qui  exerça  son  droit  de 
Justice  et  posséda  les  droits  seigneuriaux  sur  la  paroisse 
des  Moûtiers,  et  la  famille  de  Retz,  qui,  grâce  peut-être  à 
quelque  nouvelle  alliance  avec  celle*  de  Prigny,  fut,  après 
Gueffler,  directement  Seigneuriale  dans  la  paroisse  du  château 
de  ce  nom.  et  suzeraine  d*après  des  droits  plus  anciens 
dans  celle  des  Moûliers  dont  les  Dames  lui  faisaient  hom- 
mage. 

Outre  ces  difiQcultés  que  Ton  peut  dire  intestines,  les  reli- 
gieuses du  Ronceray  en  virent  surgir  d'autres  tout  à  fait 
inattendues.  Ces  Dames  croyaient  avoir  reçu  un  bénéfice 
abandonné  ;  elles  avaient  fini  par  obtenir  l'autorisation  de 
TEvêque  de  Nantes  et  pouvaient  compter  sur  une  possession 
paisible.  Leur  espoir  fut  déçu. 

Un  diplôme  du  Cartulaire  du  Ronceray  nous  révèle  tout  un 
différend  avec  les  moines  de  Luçon  (Ed'*"  Marchegay,  Chartes 
433-438).  Ces  moines  de  Luçon  avaient  porté  plainte  à  Rome 
dès  le  temps  duTape  Alexandre  II  qui  gouverna  l'Église  de 
Tan  1061  à  l'an  1073.  Ils  attaquaient  les  Sœurs  de  lâchante 
d'Angers  parce  que,  disaient-ils,  elles  détenaient  un  prieuré 
qui  appartenait  au  monastère  de  Luçon,  à  Prigny.  Le  Pape 
prit  en  considération  les  réclamations  de  l'abbaye  de  Luçon. 
On  lit  dans  le  précepte  qui  fut  rédigé  à  ce  sujet  :  «  Nos  chers 
fils,  l'Abbé  et  les  Moines  de  Luçon.  nous  ont  adressé  une 
plainte  dans  laquelle  ils  nous  font  savoir  que  vous  détenez  un 
prieuré  qu'ils  affirment  leur  appartenir.  »  Ce  document  était 
envoyé  aux  religieuses  de  Notre-Dame  d'Angers.  Le  Pape 
leur  disait  en  outre.  «  Comme  il  ne  convient  pas  que  votre 
religion  usurpe  illicitementce  qui  ne  vous  appartient  pas, 
nous  faisons  savoir  à  toute  votre  communauté,  par  nos  res- 
crits  apostoliques,  et  lui  ordonnonsde  restituer,  sans  délai, 
auxdits  abbé  et  frères,  le  susdit  prieuré,  pour  qu  ils  le  possè- 
dent en  paix,  à  moins  que,  devant  nos  vénérables  frères  les 


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PRIGNY  ST  LES  MOÛTIERS  263 

évêques  de  Poitiers  et  de  Nantes,  ou  Vun  d*eux  seulement^ 
si  Tautre  est  absent,  vous  ne  prouviez  pleinement  la  justice 
de  votre  possession.  Nous  avons  en  effet  donné  ordre  à  ces 
mêmes  évoques,  si  vous  ne  voulez  accepter  ni  Tun  ni  Tautre 
d'eux,  de  mettre  la  partie  adverse  en  possession  du  susdit 
prieuré,  sans  tenir  compte  d*aucun  appel. 

Tusculum  le  XI*  de  Kl.  de  Mai  »w  (Rôle  VI.  c.  55). 

Nous  croyons  que  la  charte  suivante  donnera  mieux  la 
suite  de  cette  affaire  que  tout  ce  que  nous  pourrions  chercher 
à  établir,  c'est  la  434*  de  M.  Marchegay;  «...  Moi  Gueffier 
flls  du  Viguier  Judicaél,  j*ai  cru  devoir  rappeler  comment 
Téglise  de  Prugny  fut  jadis  ruinée^  puis  retrouvée^  et 
restaurée  et  ensuite  donnée  &  des  religieuses,  ce  que  nous 
affirmons  contre  les  moines  de  Luçon  qui  le  dénient 
injustement. 

Que  nos  contemporains  et  leurs  successeurs  sachent  donc 
que  la  dite  église,  comme  les  gens  du  pays  le  racontaient, 
bâtie  dans  l'antiquité  en  Thonneur  de  la  sainte  Mère  de  Dieu, 
fut  détruite  dans  les  incursions  des  Gentils,  mais,  de  notre 
temps  rétablie  par  mes  parents,  le  Viguier  Judicaêl  et  son 
épouse,  Âdénor,  et  cédée,  ainsi  que  toutes  ses  dépendances, 
avec  une  de  leurs  filles  nommée  Adénor,  qu'ils  avaient 
consacrée  à  Dieu  dans  le  monastère  de  Noire-Dame  d'Angers. 
Or,  Notre-Dame  d'Angers  a  possédé  longtemps  cette  église 
sans  réclamations,  du  consentement  de  Quiriac,  alors  évoque 
de  Nantes,  jusqu'au  jour  oh  Benoît,  évêque  de  la  môme  ville, 
(1070-1111)  se  rendant  au  concile  de  Saintes,  fut  hébergé  chez 
les  moines  susdits  qui  en  profitèrent  pour  émettre  une  pre* 
mière  fois  leurs  prétentions  (1096  ou  1097). 

Lorsque  le  prélat  fut  de  retour,  les  religieuses  furent  citées 
en  justice.  Je  parus  avec  ces  Dames  dont  l'église  fut  confiée  à 
ma  protection  par  mes  parents. 

*  «  Posteà  verô  r^f)erta  et  rdstanrata  »  Ce  mot  reporta  semble  indiquer 
que  cette  chapelle  fat  retrouvée  au  milieu  d'un  amas  de  décombres,  ce  qui 
prouve  que  le  faubourg  de  Prigny,  dit  :  les  Moûtiers^  était  une  agglomération 
considérable  quand  jes  Normands  y  Tinrent. 


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264  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

Bien  que  nous  n'ayons  jamais  décliné  le  jugement  et  qu*aui 
contraire  nous  nous  soyons  rendus  à  plusieurs  synodes:Oa 
assemblées  ecclésiastiques,  les  moines  insistant,  Tévèque  a, 
de  nouveau,  donné  jour  à  chaque  partie  pour  terminer  ce 
différend  ;  mais  ne  voulant  pas  trancher  seul  une  cause  de 
cette  importance,  ce  pontife  a  résolu  de  la  porter  à  Tours,  où 
Tarchevéque,  les  abbés  et  autres  personnages  décideraient 
la  question.  L'évêque  en  prévint  les  moines  et  de  vive  voix 
et  par  lettres,  mais  par  lettres  comme  de  vive  voix,  les 
moines  répondirent  qu'ils  n'iraient  pas  à  Tours.  Quant  aux 
religieuses  et  à  moi,  quoique  cela  nous  fût  pénible,  nous, 
avons  accepté  le  terme  fixé  par  Tévêque.  Si  donc  cette 
querelle  qui  devrait  être  terminée,  venait  à  se  renouveller 
avec  les  moines  qui  attendent  ma  mort,  j'ordonne  à  tous 
ceux  de  ma  famille  qui  existeront  alors  et  aux  religieuses,, 
d'afilrmer  que  les  choses  sont  telles  que  je  le  dis  par  les 
présentes  et  de  donner  à  l'appui  tous  les  témoignages  que 
demandera  la  justice  Taïque  ou  ecclésiastique,  savoir  que  les 
religieuses  ont  possédé  sans  réclamations  ladite  église 
pendant  plus  de  trente  années.  J'atteste  en  outre  la  fausseté 
du  témoignage  que  les  moines  mettent  en  avant,  que  deux 
d'entre  eux,  Renaud  et  Gilbert,  ont  habité  cette  église,  par 
suite  d'une  donation  de  mes  parents.  »  Cette  charte  finit 
ainsi  d'une  façon  abrupte.  Nous  ne  ferons  aucune  réflexion 
à  son  sujet  avant  d'avoir  pris  connaissance  du  jugement 
porté  sur  cette  cause  par  différents  légats  et  évoques.  Nous 
le  trouvons  dans  un  diplôme  du  Ronceray. 

0  Par  ordre  de  monseigneur  Richard,  évoque  d'Albe  et 
légat  de  l'église  romaine,  dom  Rainaud,  abbé  de  Luçon  et 
et  Thiburge,  abbesse  de  Notre-Dame-de-la-Charité  d'Angers 
vinrent  dans  la  cour  de  l'évôché  de  Nantes.  En  face  des  juges 
siégeant,  l'abbé  de  Luçon  se  plaignit  de  cette  sorte  :  —  Nous 
demandons  justice  canonique  au  sujet  d'une  église  de  Prigny 
que  nos  prédécesseurs  ont  eue,  dont  ils  ont  été  investis,  qu'ils 
ont  tenue  et  dont  ils  ont  été  dépouillés  sans  jugement  cano- 


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PR16NY  £T  LES  M0ÛTIER8  265 

nique.  —  A  cela  Tabbesse  répondit.  —  Nous  ne  savons  rien  de 
voire  investiture  et  de  cette  spoliation  dont  vous  parlez  ;  ces 
chosesont-eiles  jamais  eu  lieu?... Ce  quenous  savons,  c'estque 
nous  possédons  celte  église  du  chef  des  évèques  de  ce  diocèse, 
que  nous  possédons  également  les  biens  que  les  seigneurs  de 
ce  territoire  nous  ont  donnés  en  aumône  et  que  chaque  année 
nous  en  payons  le  cens^^  c'est-à-dire  un  besant  d'or.  Pour  ce 
qui  tient  à  ces  points,  nous  avons  nos  privilèges  ;  et  nous 
tenons  par  une  possession  tranquille  et  sans  réclamations 
ces  biens  depuis  trente  années  et  davantage.  —  L'abbé  de 
Luçon  interrogé,  par  qui  et  dans  quel  temps,  à  quelle  époque 
il  avait  été  dépouillé,  ne  connaissant  ni.  le  temps  de  l'inves- 
titure, ni  celui  de  la  spoliation,  ni  les  personnes  ayant  pris  part 
à  ces  actes,  la  sentence  fut  rendue  devant  toutes  les  personnes 
présentes  et  promulguée  d'après  le  sentiment  du  pape 
Gélase  qui  dit  :  —  «  Il  convient  aussi  d'ajouter  pour  le  cas  où 
celapourrait  se  présenter,  quesilesbiensd'uneégliseou  môme 
d-un  diocèse  tombaient  en  mains  étrangères,  on  devra  consi- 
dérer comme  droit  perpétuel  un  état  de  choses  qui  a  duré 
trente  années^  parce  que,  au-delà  de  trente  ans  il  n*est  permis 
à  personne  d'appeler  au  sujet  de  ce  que  la  légalité  exclut.  » 

Gomme  les  moines  avaient  la  présomption  de  s'élever  contre 
cette  autorité  et  prétendaient  que  les  sœurs  n'avaient  point 
tenuce  prieuré  pendant  trente  années  sans  réclamations  légi- 
times et  souvent  répétées,  mais  ne  pouvaient  faire  connaître 
ni  le  temps,  ni  le  lieu^  ni  les  auteurs  de  ces  légitimes  récla- 
mations, on  définit  que  Tabbesse  aurait  à  prouver  sa  posses- 
sion trentenaire  par  trois  témoins  compétents.  Ces  trois 
témoins  se  levèrent,  hommes  nobles,  personnes  honnêtes 
dont  voici  les  noms  :  Laibodede  Saint-Philbert,  Rodald,  son 
frère,  Rainaud  l'Agnelet  et  beaucoup  d'autres  honorables 
habitants  de  ce  territoire,  prôts  à  prouver  canoniquement  la 
tranquille  possession  des  religieuses  pendant  trente  années. 

Cette  sentence  fut  rendue  le  15*  des  kl.  de  mars  (15  février), 
dans  la  ville  de  Nantes,  au  chapitre  de  saint  Pierre,  Philippe 


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266  PRIGNY   ET  LES   M0ÛT1ER8 

étant  roi  de  France  (1060-1108),  Alain,  comte  de  Bretagne 
(démissionnaire  en  1112),  la  2*  férié  de  la  semaine  de  la  Septua- 
gésime  (ce  qui  désigne  Tan  1104).  En  présence  de  Marbode, 
évêque  de  Rennes  (1096-1123),  Justin  abbé  du  monastère  de 
Redon,  Gautier  abbé  de  Saint-Serge  (lf02-1114),  Brice  abbé 
de  Vertou  et  les  archidiacres  de  Nantes  Rivallon  et  Geoffroy 
avec  tout  le  chapitre  de  Saint-Pierre  ;  puis  les  laïcs  :  Priol  du 
Migron  et  Giraud  de  Bégon,  Rivallon  de  llghariaco,  Herbert 
de  Ghantocé,  Rainaud  TAgnelet^  Geoffroy  Bonnier,  Mainard  de 
Derval,Mauvoisin  de  Nort  (de  Enort),  Ascoide  de  Saint-Pierre, 
Guido  de  Daon  et  plusieurs  autres  qu'il  serait  trop  k>ng 
d'énumérer.  »  {Ronc  :  V.  61.) 

Le  tonde  cette  notice  est  loin  de  déceler  dans  les  juges  et 
surtout  dans  le  rédacteur  de  ce  procès-verbal  des  partisans 
de  Tabbaye  de  Luçon,  car  les  religieuses  du  Ronceray  furent, 
très  heureuses  de  pouvoir  invoquer  la  prescription.  Les  récla- 
mations des  moines  de  Luçon  remontaient  au  temps  du  pape 
Alexandre  II  qui  mourut  en  1073  II  est  très  probable  que  si  les 
lettres  émanées  de  lui  n'eurent  pas  leur  effets  c'est  que  la  mort 
l'empêcha  de  tenir  à  leur  exécution.  Les  moines  de  Luçon 
n'ignoraient  pas  que  la  famille  de  Prigny  et  celle  de  Retz,  son 
alliée,  étaient  entièrement  dévouées  aux  religieuses  du  Ron- 
ceray. En  outre,  s'attaquer  à  cette  abbaye,  c'était  provoquer  le 
comte  d'Anjou  qui  était  en  môme  temps  comte  de  Touraine. 
Ces  moines  avaient  refusé  d'aller  se  faire  juger  à  Tours,  peut- 
ôtre  par  qu'ils  craignaient  l'influence  du  comte.  D'un  autre 
côté,  Gu  .Der  nous  apprend  que  Ton  attendait  sa  mort.  Ge  ne 
fut  sans  doute  que,  déconcertés  par  sa  longévité,  que  les  reli- 
gieux Poitevins  se  décidèrent  à  produire  leur  attaque.  Il  était 
trop  tard  en  1104.  La  prescription  trentenaire  existait  contre 
la  bulle  d'Alexandre  II  qui,  du  reste,  n'avait  fait  qu'ordonner 
une  enquête.  Les  moines  de  Luçon  furent  joués  par  les  bonnes 
Sœurs.  Quant  à  croire  que  jamais  ils  n'avaient  possédé  Notre- 
Dame  de  Prigny,  c'ôst  difficile,  et  les  juges  ne  le  crurent  peut- 
être  point»  c'est  pour  cela  qu'ils  se  renfermèrent  strictement 
dans  la  prescription. 


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PRIONY  ET  LES  MOÛTUERS  ^     267 

Luçon,  fondé  jadis  par  des  moines  de  Noirmoutier,  peut- 
être  même  par  saint  Philibert,  avait  été  un  monastère  frère 
de  celui  de  Déas  (Saint-Philibert  de  Grandlieu]  etcette  dernière 
abbaye  posséda  au  neuvième  siècle  de  nombreuses  dépen- 
dances dans  le  pays  de  Retz^  les  moines  de  Luçon  durent  se 
regarder  comme  les  successeurs  deSaint-Philibert-de-6rand- 
lieu.  Mais  les  Normands  avaient  brisé  tous  les  liens  dans  une 
ruine  universellei  L'abbé  Rainaud  est  un  des  premiers  abbés 
que  Ton  connaisse  depuis  que  Luçon  avait  repris  quelque 
importance. 

Quoi  qu^il  en  soit,  le  jugement  rendu  à  Nantes  fut  expédié  à 
Rome  par  Tévèque  Brice  qui  succéda  en  1112  à  Robert.  On 
voit  qu'il  s'était  écoulé  du  temps  avant  que  l'on  prit  cette 
décision.  Le  pape  Paschal  II  le  notifia  à  l'abbesse  Thiburge 
(qui  mourut  en  1120).  Sa  lettre  rappelle  le  débat  de  l'an  1104 
(Marchegay  436).  D'après  le  Pape,  c'est  la  vigueur  de  labbesse 
qui  a  fait  rendre  la  sentence  précédente  :  «  ex  cujus  judicii 
executione  strenuitas  tua  iricennalem  ejusdem  Prugniacensis 
ecclesiœpossessionemquietam,absquereclamatione  légitima, 
vestro  monasterio  permansisse  tribu  legilimis  testibus 
approbavit.  »  Le  Souverain  Pontife  ne  fait  que  ratifier  le 
jugement  en  question  et  décrète  que  «  la  susdite  église  de 
Prigny  reste  au  monastère  de  Notre-Dame  d'Angers,  sauf 
toutefois  la  révérence  due  à  l'église  de  Nantes,  dans  le  diocèse 
de  laquelle  ce  sanctuaire  est  construit.  »  Les  moines  de 
Luçon  tinrent  à  réparer  par  leur  obstination^  la  le^our  qu'ils 
avaient  mise  à  réclamer.  Le  pape  Lucius  III  {iiii  ;fll85)  eut 
de  nouveau  à  s'occuper  de  leurs  prétentions  sur  le  prieuré  de 
Notre-Dame,  et  sa  bulle  nous  fait  voir  qu'Eugène  III  (1145- 
11&3)  et  avant  lui  Urbain  II  (1188-1199)  en  avaient  également 
été  saisis  par  les  sœurs  du  Ronceray  qui  obtinrent  chaque  fois^ 
confirmation  du  verdict  rendu.  L'évoque  de  Nantes  était 
alors  Robert  11(1170-1185)  qui,  lui  aussi^traite  ce  vieux  procès 
qui  lui  semble  suranné.  «  Moi  Robert^  par  la  grâce  de  Dieu 
évêque  de  Nantes,  à  tous  ceux  qui  liront  cet  écrite  je  veux 


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268  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

faire  savoir  que  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  la  Charité 
d'Angers  possède  une  maison  conventuelle  à  Prugny,  comme 
je  Tai  appris  des  lettres  de  Quiriac,  évoque  de  Nantes,  depuis 
une  centaine  d'années  et  plus,  d'après  la  supputation  des 
temps.  J'ai  su  de  môme  par  les  lettres  de  monseigneur  Brice, 
d'heureuse  mémoire,  troisième  successeur  de  Quiriac,  et 
dont  je  suis  le  quatrième,  que,  lorsque  en  sa  présence,  la 
possession  du  susdit  monastère  fut  débattue  entre  l'abbé  de 
Luçon  et  Tabbesse  de  Notre-Dame,  celle-ci  prouva  par  de 
légitimes  témoins  qu'elle  avait  reçu  l'investiture  de  ce 
monastère  et  .l'avait  tenu,  sans  réclamation  aucune,  en  paix 
et  tranquillement,  pendant  trente  années,  et  que  lui-môme, 
après  avoir  pris  Tavis  d'un  grand  nombre  de  personnages 
prudents  et  discrets,  en  avait  adjugé  la  possession  aux 
susdites  sœurs.  C'est  pourquoi  j'ai  trouvé  convenable  de 
ralifler  par  l'autorité  de  mon  sceau,  ce  qui,  dans  les  temps 
reculés,  a  été  sanctionné  par  des  hommes  sages  et  discrets. 
(Marchegay,  438.) 

Travers  pense  que  Kobert  accorda  cette  lettre  aux  reli- 
gieuses du  Ronceray  lorsqu'il  alla  assister  à  Angers  au  sacre 
du  nouvel  évoque,  Raoul  de  Beaumont.  (1178.)  C3  document 
peut  être  considéré  comme  la  clôture  de  ce  différend.  Il  ne 
nous  enlève  pas  plus  que  les  précédents,  la  conviction  que 
l'abbaye  de  Luçon  était  en  réalité  fondée  dans  ses  prétentions 
d'avoir  jadis,  au  moins  par  des  moines  de  son  ordre,  c'est- 
à-dire,  fllsde  saint  Philbert,  possédé  Notre-Dame  de  Prigny. 
L'abbé  Rainaud,  qui  tut  un  homme  très  recommandable,  ne 
s'imagina  point  un  beau  matin,  sans  nulle  raison,  d'affirmer 
que  sa  congrégation  avait  possédé  cette  chapelle  et  ses 
successeurs  se  fussent  arrêtés  plus  tôt  dans  leurs  poursuites 
s'ils  n'avaient  pas  eu  quelques  titres.  Malheureusement,  ces 
titres  étaient  périmés  et  nous  ne  rappelons  ce  fait  qu'au  point 
de  vue  historique,  parce  que,  pour  nous,  il  indique  que  les 
moines  de  Saint-Philbert  desservirent  Notre-Dame  de  Prigny 
avant  l'arrivée  des  Normands.  Si  ces  moines  avaient  profité 


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PRIGNY   ET   LES  MOÛTIERS  269 

delà  bulle  d'Alexandre  II,  la  sentence  n*eât  sans  douté  pas 
été  la  môme,  car  en  1073,  les  Sœurs  n'avaient  pas  trente  années 
de  possession.  Il-  faut  convenir  ici  que- là  prescription  ne 
manqua  pas  de  justice.  Les  moines  de  Luçon  n'avaient  point 
réclamé  la  chapelle  pendant  qu'elle  était  en  ruine  :  ce  fut 
quand  elle  avait,  été  reconstruit^  dans  de^plus  belles  propor- 
tions, lorsqu'elle  était  richement  dotée,  qu'ils  se  mirent  à  le 
regretter.  Encore  une  fois,  il  était  trop  tard. 

(A  suivre.) 

Abl?é  Allard. 


T.   VI*    —   NOTICES.   —    Vl*  ANNÉE,   3"   LlV.  18 


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LES    VITREENS 

LE  COMMERCE  INTERNATIONAL 
(Suite). 


DE  l*entrepôt  vitréen,  les  canevas  partaient  pour  Nantes 
et  Saint-Malo  chargés  sur  chevaux  et  mulets  ou  bien 
encore  sur  de  lourdes  charrettes  ;  le  tout  restait  sou- 
vent empêtré  en  quelques  bas  fonds.  Fort  heureusement,  Ton 
marchait  en  troupe  et  sur  le  parcours,  Taide  ne  faisait  pas 
défaut.  Ici  et  là  se  trouvaient  en  efifet  de  riches  campagnards* 
adonnés  à  la  culture  et  au  commerce^  tout  disposés  à  prêter 
main  forte  à  leurs  confrères  tf»i  marchandie.  Il  arrivait  aussi 
que  sur  le  tard,  au  détour  dtf  chemin,  au  milieu  d'un  bois, 

•  Les  GaUays  de  Livre,  les  da  Feu,  S*"  du  Rochdr-Pailet,  les  Chénevière 
d^Yté.  les  Boavier  de  SWean-sur-Vilaine  faisaient  le  commerce  maritime 
aux  XVI*  et  XVII*  siècles.  Dans  son  testament  daté  de  1581  GoiUaume  Gai- 
lajs  charge  ses  exécuteurs  testamentaires  de  mettre  Targent  de  ses  enfants 
à  profit  arec  de  bons  marchands,  qui  vous  répondront  toujours  de  la  princi- 
pale somme,  en  TOUS  baiUant  une  moytié  du  profit.  {Mœurs  et  coutumes  des 
fàmiUes  bretoiuiss^  U  ii  p.  €1.)  —  Un  acte  de  Tente  daté  du  f  S  octobre  1675 
constate  que  Jean  CheacTiére,  sieur  de  la  Heuserie  et  Philippe  BouTior,  sieur 
de  la  Paignière  étaient  en  Espaigne  Ters  1674  ;  le  premier  confesse  devoir  à 
BoBTier  la  somme  de  douze  cents  livres  qu*il  lui  avait  empruntée  an  pajs 
d*Bspaigne.  Le  3  janvier  1679,  André  Séquar  faisant  et  agissant  ponr 
11*  P.  BoBTier,  S^  de  la  Paignière  estant  à  présent  au  pays  d*Bspaigne,  prit 
possession  de  maisons  à  lui  vendues  par  GheneTÎère.  (Gommnniqué  par 
M.  Tabbé  Porgei,  vie.  de  S^ean-sur- Vilaine).  Les  Bouvier  de  SMean-s<ir> 
Vilaine  ont  produit  deux  procureurs  fiscaux  du  marquisat d*Espinay,  un  au- 
mônier de  Mr  de  Vaurèal,  êv.  de  Rennes,  un  a\ociit. 


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LES  VITRËENS  ET  LE  COMMERCE  INTERNATIONAL  ,271 

des  larrons  opérant  en  bande  et  au  dire  de  quelques-uns 
étrangement  protégés,  tombaient  à  rimproviste  sur  le  .con- 
voi ;  alors,  il  fallait  livrer  bataille.  Comme  il  convient  de  mé- 
nager nos  moyens^  n'insistons  pas  présentement  sur  ce  genre 
d'aventures.  Voilà  nos  gens  rendus  à  bon  port  et  heureux, 
assurés  qu'ils  sont  de  goûter  bon  gîte  et  le  reste  ;  car  à  Saint- 
Malo  et  à  Nantes  toute  une  colonie  vitréenne  se  met  à  leurs 
ordres,  soit  pour  entreposer  les  canevas,  soit  pour  indi- 
quer sur  la  rade  un  navire  bien  construit,  habilement 
commandé,  sur  lequel,  si  le  cœur  leur  en  dit,  ils  iront  en 
Flandre  ou  en  Espagne.  —  Véritable  voyage  d*agrément 
direz-vous  ;  on  s'en  allait  bellement  le  long  des  côtes,  atterris- 
sant tantôt  pour  décharger  une  partie  de  la  cargaison,  tantôt 
pour  renouveler  les  vivres.  Matelots  et  passagers  étant  nom- 
breux sur  les  navires  de  ce  temps,  une  agréable  animation 
régnait  constamment  à  bord.  La  mer,  à  la  vérité,  se  livrait  à  de 
brusques  et  terribles  soubresauts  ;  mais,  le  Maître  après  Dieu 
du  navire  la  connaissait  si  bien  !  Il  avait  suivi  tant  de  fois  la 
môme  route  !  A  défaut  de  cartes  imprimées,  voyez  comme  son 
Portulan  est  net,  exact,  agréablement  dessiné.  Pour  le  tracer 
sur  velin,  le  géographe  mit  en  œuvre  l'or,  le  carmin,  Tazur, 
le  noir  et  le  vert  émeraude  ;  à  Taide  de  Tor  et  des  deux  pre- 
mières couleurs,  il  peignit  ces  roses  des  vents  fleurdelisées 
intentionnellement  disséminées  sur  la  carte.  De  ces  divers 
centres,  il  fit  rayonner  mille  lignes  qui  se  croisant,  couvrent 
la  terre  et  les  mers  de  figures  géométriques.  Au  sud  de  l'Ir- 
lande, dans  le  golfe  de  Bristol  et  à  l'ouest  des  côtes  de  France, 
le  long  des  terres  flamandes,  picardes,  normandes,  bre- 
tonnes et  poitevines,  ces  triangles,  ces  trapèzes  portent  des 
numéros  dont  le  sens  nous  échappe.  Au  travers  du  réseau  géo- 
métrique, treize  serpenteaux  d'or  et  d'azur  courent  vers  les 
points  géographiques  précédemment  indiqués.  Chacun  d'eux, 
à  son  point  de  départ  occidental,  est  distingué  par  une  lettre 
que  nous  retrouvons  à  l'angle  du  Portulan,  suivie  d'indica- 
tions précieuses  dont  voici  quelques  spécimens  : 


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272  LES   VITRÉBNS 

D.  Courant  d'azur  allant  vers  le  cap  Land*s  end  :  fond  ver- 
meil et  pièces  de  coquilles  épaisses. 

R.  Gourant  d*azur  dirigé  vers  Audierne  :  fond  plus  doux, 
grandes  coquilles  rompues  et  à  terre  vase. 

L.  Courant  d'or  vers  Belle-Isle  ;  sable  gros  et  à  terre  branches 
comme  courait. 

Une  bordure  de  vert  émeraude  rehaussée  d'or,  dessine 
le  contour  des  rivages  dont  les  approches  sont  ainsi  étudiées. 
Le  long  du  littoral,  le  géographe  écrivit  à  Tencre  noire  les 
moindres  «riques  distinguant  au  carmin  les  h&vres  de 
quelque  importance.  Il  couvrit  d'or  ou  d'azur  les  lies  dont  la 
mer  est  constellée.  Il  fit  en  un  mot,  œuvre  de  savant  et 
d'artiste. 

Sur  la  foi  d'un  tel  guide,  on  pouvait,  pensez-vous,  tendre 
ses  voiles  et  voguer  en  paix.  Les  gens  du  quinzième  et  du 
seizième  siècle,  n'y  allaient  pas  avec  tant  d'assurance.  S'ils 
partaient  en  nombre,  c'est  qu'ils  savaient  que  de  ces  criques 
profondes  figurées  sur  leur  carte  manuscrite',  des  pirates 
pouvaient  s'élancer  sur  eux  à  l'improviste.  Ce  cas  échéant, 
tout  marchand  devenait  ou  matelot  pour  aider  à  la  manœuvre, 
ou  soldat  pour  défendre  ses  intérêts  et  sa  vie.  N'a-t-on  pas 
écrit  avec  autorité  :  «  Le  célèbre  axiome  la  force  prime  le 
droit  avait  largement  cours  aux  quinzième  et  seizième  siècles. 
L'impunité  semblait  assurée  aux  nombreux  forbans  qui  fon- 
daient tout  à  coup,  comme  de  voraces  vautours  sur  les 
marchands,  heureux  quand  les  ravisseurs  n'attentaient  pas 
à  la  vie  de  leurs  victimes,  afin  de  couper  court  aux  poursuites 
ultérieures.  »  Nos  Vitréens  ne  furent  pas  exempts  de  pa- 
reilles.mésaventures.  On  en  donnait  dernièrement  la  preuve, 
en  exhibant  à  la  Société  archéologique  d'IUe-et- Vilaine  une 
procuration  signée  en  1573  par  les  marchands  de  Vitré,  pour 


'  Nous  avoni  trou/é  dans  TiiiTeii taire  des  meubles  et  papiers  da  Vitréen 
Jean  Le  Fort,  cette  intéressante  mention  :  «  Une  carte  marine  montée 
•t  quatre  tableaux.  -^  Trois  actes  en  langue  espagnole.  —  Facture  de  quatre 
ballots  de  toile  de  Laval  contenant  ensemble  3630  rerges  d'Espagne. 


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ET  LE   COMMERCE  INTERNATIONAL  273 

rechercher  des  toiles  que  des  corsaires  leur  avaient  enlevées 
dans  les  eaux  du  Portugal. 

1573,  c'est  l'année  où  le  huguenot  Montgommery  s'empare 
de  Belle-Isle  ;  Tannée,  où  de  l'aveu  du  gouverneur  de  Nantes, 
les  hérétiques  de  La  Rochelle  entravent  la  liberté  commerciale. 
A  braver  des  croiseurs  aussi  bien  intentionnés ,  les 
marchands  catholiques  s'exposent  à  tout  perdre.  Qu'importe? 
plus  de  périls  à  courir,  plus  d'honneur  à  gagner  !  et  aban- 
donnant peu  à  peu  les  brumeuses  régions,  nos  Vitréens  vont, 
de  plus  en  plus  nombreux,  cueillir  des  fruits  d'or  au  jardin 
des  Hespérides. 

Dès  le  commencement  du  quatorzième  siècle,  les  Espagnols 
fréquentaient  les  havres  de  Bretagne.  Vous  platt-il  de  vérifier 
l'exactitude  de  cette  assertion,  prenez  Tenquôte  sur  la  Vie  et 
les  miracles  de  saint  Yves  ;  le  120*  témoin  vous  dira  la  triste 
aventure  d'un  certain  Ibérien,  nommé  Michael  de  Ponte-Ra- 
bie.  Dans  cette  revue  môme,  on  vous  a  montré,  textes  en 
main,  qu'en  1566,  les  biens  et  denrées  des  marchands  espagnols 
estant  à  Nantes,  valaient  30.000  escus.  Si  vous  ouvrez  le  Livre 
doré  de  cette  même  ville  il  vous  livrera  les  noms  d'une 
tribu  de  naturalisés  appliqués  à  honorer  leur. patrie  d'adop- 
tion. Des  ports  bretons,  les .  Espagnols  pénétraient  dans  l'in- 
térieur des  terres.  En  sa  chronique  rimée.  Le  Doyen  affirme 
les  avoir  vus  acheter  à  Laval  force  toiles 

Dont  il  demeurait  grand  argent 
Qui  soutenait  beaucoup  de  gens. 

et  d'autre  part  les  Magon  se  chargent  de  nous  apprendre 
qu'originaires  d'Espagne,  ils  se  fixèrent  tout  d'abord  à 
Vitré  au  XIV*  siècle,  pour  aller  ensuite  édifier  à  Saint-Malo 
la  belle  fortune  que  vous  savez. 

Ainsi  renseignés  sur  les  établissements  espagnols  en 
Bretagne,  il  nous  serait  agréable  de  nommer  les  Vitréens 
qui  les  premiers  osèrent  s'aventurer  vers  la  péninsule  et  y 
foniji^r  (}es  comptoirs  ;  mais  pour  ce  faire,  les  documents 


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274  LBS  VITRÉENS 

nous  font  absolument  défaut.  Dans  le  livre  de  la  Confrérie» 
nous  trouvons  bien- qu'en  l'année  «519,  André  Gholet,  négo* 
ciait  en  Espagne.  Rien  de  plus  ;  pour  le  reste»  nous  sommes 
réduits  aux  conjectures.  Voici,  à  notre  avis,  les  plus  ration- 
nelles. Au  quinzième  siècle,  et  aux  débuts  du  Xyi%  quel- 
ques Vitréens  seulement  négocient  et  passent  en  Espagne, 
Nantes,  Blavet  semblent  être  alors  leurs  principaux  ports 
d'expédition.  La  majorité  se  porte  en  Flandre  par  Saint-Malo.- 
Vers  1560,  c'est  l'inverse.  Les  protestants  vitréens,  c'est-à- 
dire  la  minorité  de  nos  négociants,  continuent  les  rela- 
tions commerciales  avec  la  Hollande  et  l'Angleterre  ;  nos 
négociants  catholiques,  montés  sur  les  navires  de  Saint-Malo, 
de  Nantes,  de  Morlaix,  voguent  vers  les  rivages  Andalous  et 
fixent  leurs  résidences,  les  uns  à  Cadix,  et  à  Puerto-Santa- 
Maria  ;  les  autres  à  l'embouchure  du  Guadalquivir,  en  San- 
Lucar  de  Barrameda. 

A  San  Lucar,  les  palmiers  balancent  leurs  gracieux  rameaux; 
non  loin,  de  grands  bois  de  pins  pignons  fournissent  d*épais 
ombrages.  De  là  àSéville  l'enchanteresse,  les  navires  d'un 
fort  tonnage  peuvent  aisément  remonter  le  fleuve.';  il  est  donc 
loisible  à  Olivier  Malherbe,  à  Richard  Le  Gouverneur,  à 
Etienne  Prain,  à  Morel  et  autres  Vitréens  de  ne  pas  encourir 
ce  reproche 

Quien  no  ha  visto  Sevilla 
No  ha  visto  maravilla. 

A  Puerto-Santa-Maria,  la  senteur  parfumée  des  orangers 
embaume  les  jardins,  et  dans  les  bodegas,  le  Jere^,  abonde  î 

Placée  à  l'extrémité  d'une  langue  de  terre,  enserrant  dans 
une  ceinture  de  murailles  de  hautes  constructions  revêtues 
d'enduits  blancs  ou  roses,  la  ville  de  Cadix,  au  dire  des 
Espagnols,  resplendit  sous  les  feux  du  soleil  comme  un  pla- 
teau d'argent  posé  sur  une  mer  de  Saphir.  Bref,  en  toutes 
ces  cités  andalouses,  la  vie  apparaît  aux  Vitréens  bruyante 
et  joyeuse. 


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ET  LE   COMMERCE  INTERNATIONAL  275 

A  ce  séduisant  tableau,  il  est  pourtant  quelques  ombres. 
L*Espagnol  entend  conserver  le  monopole  du  eommaree  dos 
Indes.  On  le  trouve  là  dessus  d'une  sueceptibUili^  d'une 
jalousie  oppressives.  De  plus,  entre  te  Roi  tote  cbf^Uen  et  le 
RxH  très  catholique,  les  relations  diplosuatiqiftea  sont  parfois 
terriblement  twdues  et  nos  traflcants  eu  souffrent  au  point 
d'entretNiir  Tambassadeur  de  France  dans  un  état  d'irritation 
perpétvrifeb  «  Dans  tous  tts  ports  écrit-il^  ce  sont  quotidien- 
nement des  arrestafticNOts  arbitraires  et  des  vols  flagrants.  A 
Valence^  de  pauvres  gens  munis  d'un  sauf-conduit  de  Phi- 
Hppe  II>  sont  cependant  arrêtés.  On  accepte  les  sept  mille 
ducats  qu'ils  offrent  en  garantie»  mais  on  les  chaîne  de 
chaînes,  on  les  jette  dans  une  affreuse  prison  où^  exténués  de 
faim,  ils  attendent  la  mort  dans  l'impossibilité  de  trouver  un 
écrivain  qui  leur  ose  ou  veuille  dépêcher  un  ordre  de  justice 
pour  la  défense  de  leur  cause.  A  Garthagène,  procédés  ana- 
logues. Près  de  Gibraltar»  um  navire  français  appartenant  au 
oonsul  d'Henri  III  et  qui  faisait  la  négoce  avec  le  Maroc,  est 
capturé  par  te  eapitaiue  don  Francisco  de  Vargas  et  par  l'au- 
diteur desrGiialères»  don  Juan  de  Mendoza.  Ils  mettent  tous  les 
hommes  à  la  cale  et  à  la  chaîne,  sans  leur  vouloir  donner  un 
morceau  à  manger  des  victuailles  qui  estoient  en  leur  vais- 
seau; àBilbao»  on  intercepte,  et  vole  la  correspondance  de  nos 
marchands,  on  lès  maltraite,  on  les  condamne  à  périr  et  ces 
brutalités  ne  s'accomplissent  pas  brusquement  dans  un  coup 
de  colère  ou  de  convoitise,  elles  durent  des  années'.» 

Pour  affronter  un  pareil  régime,  vous  connaissez  les  res- 
sources des  Vitréens:  leur  ténacité  bretonne,  leur  nombre, 
leurs  liens  de  parenté  et  de  confraternité  religieuses,  t  Puisqu'il 
faut  endurer  misères,  se  disent-ils,  mieux  vaut  pour  nous 
peiner  en  un  pays  où  notre  sainte  religion  est  universelle- 
ment Tespectée,  où  nous  pouvons  suivre  ses  belles  cérémo- 

^  Voir  :  Xe  père  dé  madame  de  Rambouillet.  Jean  de  Viveonne,  sa  vie 
et  ses  ambassades  près  de  Philippe  ÎI  et  à  la  cour  de  Borne,  par  1«  Vicomte 
Guy  de  Bremont  d'Ara.  P  P  120.  111. 


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276  LES  VITRÉENS 

nies,  où,  pendant  nos  veilles  laborieuses,  nous  entendons  El 
Sereno  lancer  à  Notre-Dame  cette  gracieuse  salutation,  Ave^ 
Maria  purissimûl  Là  du  moins,  à  notre  lit  de  souffrance  ou  de 
mort,  nous  recevrons,  avec  le  pardon  de  nos  fautes,  les  su* 
prômes  consolations  qui  en  découlent.  »  Et  sur  ce  pieux  rai- 
sonnement, ils  restentdix,  quinze  ans  en  Espagne;  quelques- 
uns  y  meurent  courageusement,  après  avoir  donné  à  leurs 
hôtes  un  témoignage  de  leur  ferme  foi,  un  dernier  souvenir  à 
leur  petit  Vitré,  une  dernière  marque  de  confiance  à  leurs 
compatriotes. 

De  Timagination,  du  sentiment,  tout  cela  !  Souvenons-nous 
que  nous  sommes  de  Técole  documentaire  et  ouvrons  aux 
'  lecteurs  les  archives  de  Notre-Dame. 

Elles  témoignent  qu'en  Tannée  1575,  un  Vitréen,  Jean  Les- 
caubert,  fils  de  Guillaume  et  d'Armelle  Hubert*  se  livrait  à 
San-Lucar  de  Barrameda  à  de  fructueuses  opérations  corn- 
merciales»  il  avait  la  bourse  bien  garnie,  ses  créances  étaient 
sûres.  Le  trente  octobre  de  la  dite  année,  par  prévoyance  ou 
se  sentant  mortellement  atteint,  il  mandait  près  de  lui  Jérôme 
Sanchez  Le  Noir  et  lui  dictait  en  langue  espagnole  ses  der- 
nières volontés.  Emportées  à  Vitré,  elles  furent  traduites  en 
langue  française  par  Guillaume  Mazurais,  sieur  de  Chalet. 
Jean  Lescaubert  y  disait  donner  à  Guy  Ronceray,  S' du  Tilleul, 
pleins  pouvoirs  pour  recevoir  de  Pierre  Orout,  de  Saint-Malo^ 
250  escus  d'or  à  douze  réaux  Tun,  afin  d'acheter  un  fonds  de 
terre  lequel  serait  baillé  au  chapelain  chargé  de  célébrer  trois 
messes  chaque  semaine  en  Téglise  Notre-Dame,  à  l'autel  de 
VEcce  homo.  Ldipretniëre  de  ces  messes  devait  être  dite  au 


•  N'était-ce  point  une  nièce  de  Pierre  Habert»  chanoine  de  la  Madeleine 
doyen  de  Vitré,  recteur  de  la  GhapeUe-Erbrée,  dont  la  statue  et  le  tombeau 
se  voient  au  bas  côté  nord  de  notre  yieille  église,  en  la  chapelle  de  Notre- 
Dame  de  Pitié.  Cet  ecclésiastique  avait  fondé  en  1488  «  une  chaifellenie 
pour  estre  à  perpétuité  et  il  toujours  desservie  en  la  dite  église  Notre-Dame 
eji  la  chapelle  ou  sera  mins  et  assis  une  image  de  Monsieur  S^  Hubert  et  upe 
de  Notre-Dame  de  Pitié.  »  (Voir  le  rapport  sur  les  Excursions  arch,  du  Congrès 
de  Vassociation  bretonne  tenu  à  Vitré  en  1876  par  Tabbé  Paris-Jallobert.) 


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ET  LE  COMMBBCK  INTERNATIONAL  2Ï7   , 

Jour  de  mercredy  pour  les  âmes  du  purgatoire  en  générai  ; 
la  seconde,  au  jour  de  vendredy,  à  Tintention  des  âmes  des 
parents  et  bienfaiteurs  du  testateur  ;  la  troisième,  le  dimanche 
à  son  intention.  Pour  chapelain,  le  prêtre  le  plus  proche  et  le 
plus  docte  de  son  lignage  serait  préféré  ;  à  défaut  d  un  parent, 
le  clergé  de  Notre-Dame,  les  trésoriers  et  les  principaux 
catholiques  de  la  paroisse  devaient  choisir  le  plus  vertueux 
et  le  plus  capable. 

Guy  Ronceray  accomplit  fidèlement  son  mandat  et  avec  les 
beaux  escus  soleil  qu'il  bailla  à  Robert  Ringues  et  à  Jean  de 
Montalembert,  trésoriers  de  Notre-Dame,  ceux-ci  achetèrent 
la  closerie  de  Ghampcour  qui  leur  fut  cédée  par  Pierre  Gly- 
neau,  sieur  de  Droigné. 

Traducteur,  exécuteur  testamentaire,  acquéreur,  vendeur, 
débiteur,  tous  étaient  marchands  d*outre-mer.  Mazurais  fut 
en  son  temps  procureur  syndic  des  bourgeois,  député  aux 
Etats  de  Bretagne.  Guy  Ronceray  devint  miseur  de  Vitré;  Jean 
de  Montalembert  et  Pierre  Glyneau  présidèrent  la  confrérie 
de  rAnnoncitition.  Ge  dernier  représenta  ses  concitoyens  aux 
Etats  tenus  à  Rennes  en  1505.  Les  Grout,  enfin,  comptaient  à 
Saint-Malo  parmi  les  plus  enfreprenants  et  les  plu3  braves. 

Donc,  malgré  son  aridité,  ses  formes  vieillies,  vive  le  docu- 
ment !  puisqu'il  nous  permet  4e  peindre  au  vif  les  Vitréené, 
d'apprécier  leurs  relations,  et  d'admirer  une  fois  de  plus  la 
vivacité  de  leur  foi^ 

Prain. 
{La  suite  prochainement,) 


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^mB 


RECHERCHES 

SUR    LES    ORIGINES     LITTÉRAIRES 

DE  vkmimm  province  m  Bretagne 


/«  —  A'/*  ^/éc/e 


§     4.    —     HuiTIÈ3k{£     SIÈCLE. 

LE'  huitième  siècle,  époque  de  transition  et  sans 
caractère  tranché,  n'a  jamais  passé  pour  un  siècle  de 
gloire,  soit  au  point  de  vue  de  la  sainteté,  soit  au 
point  de  vue  des  lettres  et  des  arts.  Personne  ne  sera  donc 
surpris  de  voir  qu'il  ne  fournit  pas  au  présent  travail  un 
appoint  considérable.;  Je  ne  trouve,  en  effet,  à  mentionner  que 
la  seconde  Vie  de  saint  Samson  avec  la  première  Vie  de 
saint  Martin  de  Vertou  et  les  Vies  (uniques)  des  saints 
Hervé,  Méen  et  Hermeland,  et  encore  la  date  de  plusieurs 
de  ces  écrits  pourrait-elle  être  contestée. 

11  y  a  lieu  de  croire  cependant  que  Tétude  des  lettres  con- 
tinua d'être  en  honneur  sur  toute  l'étendue  du  territoire 
armoricain,  et  [que  de  nouvelles  écoles  furent  fondées  en 
divers  lieux. 


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RECHERCHES  SUR  LES  ORIGINES   UTTÉRAIRRS  271) 

I  Ainsi;  les  débuts  de^  ce  siècle  nous  montrent  au  centre  de 
!âe  la  Bretagne  les  disciples  de  saint  Méen  :  Garoth,Maëlmon, 
•Elocau,  Léry,  etc.,  fondant  à  Caro,  à  Talensac,  à  Sajint-Léry 

et  ailleurs  des  prieurés-écoles  y  où  la  jeunesse  du  pays 
venait  se  former  et  recevoir  éducation  et  instruction.  Par 
malheur,  tout  cela  n*est  connu  que  par  la  tradition,  à  part  les 
détails  fort  curieux,  mais  trop  incomplets,  qu'on  trouve 
dans  la  vie  (en  partie  inédite)  de  saint  Léry'  . 

Les  qualités,  qui  distinguent  la  vie  de  saint  Hervé,  nous 
sont  également  une  preuve  que  Tétude  des  lettres  n'était 
nullement  négligée  alors  dans  le  Léon  et  la'  Gornouaille. 

Pour  récole  de  Dol,  elle  n'était  pas  moins  florissante  que 
celle  de  Saint-Méen,  témoins  saint  Thurial  et  le  second 
biographe  de  saint  Samson,  qui  s'y  formaient  à  cette  date. 
Les  études  n'étaient  pas  cultivées  avec  moins  de  succès  dans 
le  pays  de  Nantes.  Nous  en  avons  pour  garant  le  mérite 
littéraire  si  incontestable  des  deux  anonymes  qui  ont  écrit 
les  vies  de  saint  Hermeland,  abbé  d'Aindre  (25  mars  720)  et 
de  saint  Martin  de  Vertou  (24  octobre  581)?  Je  puis  en 
dire  autant  du  pays  de  Vannes  appuyé  sur  les  rensei- 
gnements que  nous  fournit  à  cet  égard  le  biographe  con- 
temporain de  saint  Convoyon  et  de  ses  disciples,  Tauteur 
des  Gtsta  sanctorum  Rotonensium^ .  Cet  auteur  ne  nous  laisse 
point  ignorer,  en  effet,  que  le  fondateur  de  Tabbaye  de  Redon, 
et  ceux  qui  se  rangèrent  les  premiers  sous  sa  houlette 
appartenaient  presque  tous  au  clergé  diocésain  de  Vannds, 
mais  en  ajoutant  qu'ils  n'y  étaient  point  entrés  sans  avoir 
fait  préalablement  des  études  sérieuses,  et  sans  avoir  acquis 
une  connaissance  étendue  des  lettrés  divines  et  humaines. 

II  mentionnait  en  particulier  un  religieux,  nommé  Doethgen, 


*  V.  BoUand,  de  Sancto  LaurOj  30  septembre,  et  les  actes  manuscrits  de 
saint  Léry,  dans  le  fonds  des  Blancs-Manteaux. 

'Cet  écrit  a  été  inséré  dans  lenAeta  Sanctorum,  O.  S.  Benedicti  ;  IV*  sec u- 
lum  parte  secunda.  Ce  document  a  reparu  dans  les  Preuves  de  Bretagne^ 
t.  I,  pages  234   ei  suivantes. 


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280  RECHERCHES   SUR  LES  ORIGINES  LITTÉRAIRES 

qu'on  surnommait  scriptor  (écrivain),  évidemment  parce 
qu'il  avait  composé  différents  ouvragesV  Lui-môme  nous 
affirma  que  Virgile,  Homère  et  Cicéron  étaient  pour  lui  des 
auteurs  familiers',  et  sans  doute  il  n'était  pas  seul  dans  cette 
catégorie. 

Tels  sont  les  renseignements,  qu'il  m'a  paru  bon  de  donner 
sur  rétat  de  Finstruction  et  des  lettres  en  Armorique  au 
huitième  siècle,  avant  d'aborder  l'étude  des  trop  rares  docu- 
ments écrits  d'origine  armoricaine,  que  cette  même  époque 
nous  a  légués.  J'en  viens  maintenant  à  cette  partie  de  mon 
étude,  et  le  premier  auteur,  qui  se  présente  à  moi  dans  l'ordre 
des  temps,  n'est  autre  que  l'anonyme,  auquel  nous  devons 
la  seconde  vie  de  saint  Samson. 

Seconde  vie  de  saint  Samson. 

J'ai  déjà  dit  pourquoi  j'appelle  seconde  vie  du  premier 
évàque  de  Dol,  celle  que  Mabillon  et  les  Bollandistes  ont  pris 
pour  un  écrit  original  (Vita primigenia).  Mais  il  sera  peut- 
être  à  iiropos  de  déduire  ici  un  peu  plus  au  long  les  raisons, 
qui  militent  en  faveur  de  cette  opinion. 

En  voici  quelques-unes.  En  premier  lieu,  cet  écrit  est 
dédié  à  un  évêque,  nommé  Tiarmaôl  (Tigernomaglus);  on  a 
supposé  contre  toute  vraisemblance  qu'il  s'agissait  là  d'un 
disciple  de  saint  Paul  de  Léon,  disciple  qui  n'eut  qu'un  épisco- 
pat  éphémère  de  quelques  mois^.  Mais  c'était  chercher  midi  à 
quatorze  heures,  comme  on  dit  vulgairement,  car  en  réalité, 
Tiarmaël  ou  Armahel  a  occupé  le  siège  même  de  Dol  ;  il  n'est 
autre  que  le  précepteur  de  saint  Thurial  (v.  710-721). 

En  second  lieu,  ce  biographe  mentionne  un  autre  successeur 
de  saint  Samson,  saint  Leucher*,  et  bien  que  nous  manquions 

«  Gesia,  SS.  Rotonens.  lib.  2,    n*  ô. 

•  Ibid*^  proL  du  livre  2. 

ï  Mabillon  ;  Acta  SS.  0.  S.  B.  t.  i,  p.  151. 

*  lùid.,  n*i&,  p.  173. 


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DE  l'ancienne  province  DE  BRETAGNE  281 

de  tout  autre  renseignement  sur  ce  personnage^  il  est  cer- 
tain cependant  par  les  anciens  catalogues  qu'il  n'a  pu  gou- 
verner Téglise  de  Dol  que  dans  le  courant  du  septième  siècle, 
c'est-à-dire,  après  la  mort  du  prétendu  évêque  de  Léon  : 
Tigernomaglus. 

En  troisième  lieu,  si  on  relit  attentivement  le  prologue  de 
cet  anonyme^  on  acquerra  la  preuve  manifeste  qu'il  n*est 
qu'un  écrivain  de  seconde  main,  et  un  abréviateur.Car  il  en  fait 
l'aveu  lui-môme',  etsi,allant  plus  avant,  on  confronte  son  texte 
avec  celui  de  Tautre  anonyme,  que  j*ai  appelé  le  premier  bio- 
graphe de  saint  Samson,  on  demeurera  convaincu  que  c'est 
récrit  de  ce  dernier  qui  a  servi  de  base  à  Tautre  anonyme,  et 
auquel  il  a  emprunté  parfois  textuellement  toute  la  subs- 
tance de  ses  récits. 

Ceci  soit  dit  uniquement  dans  Tinteniion  de  rendre   à 
TunetàTautre  anonyme  ce  qui  lui  appartient  en  propre. 
Car,  d'ailleurs,  mon  but  n'est  nullement  de  nier  le  talent  et 
les  qualités  du  second  biographe  de  saint  Samson.  Tout  au 
contraire,  je  me  plais  à  reconnaître  qu'il  écrit  le  latin  avec 
autant  de  simplicité  que  de  clarté  et  de  correction.  Il  entre 
môme  sur  la  vie  et  les  miracles  de  son  héros  dans  beau- 
coup de  particularités,  que  l'on  aime  à  rencontrer  chez  les 
hagiographes,  et  son  travail  serait  du  plus  grand  prix,  si 
nous  n'avions  rien  de  plus  circonstancié  et  de  plus  capable 
de  faire  autorité  sur  un  thaumaturge  aussi  renommé  que 
Samson  de  Dol.  Somme  toute  cependant  ce  qui  a  fait  jusqu'ici 
la  principale  valeur  de  cet  anonyme  c'est  que   l'écrit  de  son 
devancier  était  méconnu  ou  ignoré,  mais  désormais  il  ne 
doit  plus  ôtre  ainsi,  ce  dernier  ayant  obtenu  récemment  les 
honneurs  de  l'impression. 

*  Pro  sedalis  ac   pulcherrimis  litteris,  qaas  cathoUcè  et  iiidubitaiiter.... 
conscriptas  reperi,  hœc  paucissima  admodam  varba  m^moriatis  Uttsris  tra- 

dere  conatui  soin Pauca  de  multis  coUigens  (ProL  in  libr.  primum)  ; 

V.  aussi  le  Prologae  du  lib.  2  et  Id  n«  8  de  ce  second  livre. 


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282  RECHERGHBS   SUR  LES  ORIGINES  LIITÉRAIHES 


§  2.  —  Vie  de  saint  Méen  (21  juin  640). 

Saint  Méen  (MevennusJ,  parent  et  disciple  de  saint  Samson, 
a  été  à  la  fois  Tun  des  pères  de  Tordre  monastique  en  Bre- 
tagne et  Tun  des  pionniers  les  plus  actifs  de  la  civilisation 
chrétienne  dans  la  partie  centrale  de  cette  province. 

On  a  publié  tout  récemment  une  vie  ancienne  de  ce  saint 
abbé*.  Bien  qu'il  soit  difficile  de  donner  une  date  précise  à 
cet  écrit,  il  paraît  cependant  sans  nul  doute  antérieur  aux 
invasions  normandes  et  à  la  translation  du  corps  du  saint. 
On  la  conclut  avec  certitude  de  ce  que  Tauteur  ne  fait  aucune 
allusion  à  ce  double  événement.  Il  y  a  plus  :  il  garde  le  même 
silence  sur  un  grand  incendie,  qui  dévora  (vers  800)  les  ai*- 
chives  de  son  monastère',  et  Tàurâit  mis  selon  toute  appa- 
rence dans  l'impuissance  de  rédiger  sa  biographie;  s*il  avait 
écrit  après  ce  sinistre  déplorable.  Enfin  un  passage  (n^  13) 
rappelle  manifestement  les  jours  de  Charles  Martel  et  Ten- 
vahissement  des  biens  d'église  par  les  courtisans  et  les 
hommes  d'armes  :  c'est  celui  dans  lequel  Tauteur  proteste 
avec  une  rare  véhémence  coptro  cet  abus  sacrilège  de  la  force 
et  de  la  puissance.  Tels  sont  les  motifs  qui  me  portent  à  placer 
au  huitième  siècle  la  composition  de  cet  écrit.  Mais  on  ne 
saurait  non  plus  le  faire  remonter  plus  haut,  car  rien  ne 
donne  à  entendre  que  Tauteur  fut  contemporain  ou  disciple 
du  saint  :  bien  au  contraire,  un  passage  (n*  J9)  paraît 
emprunté  à  la  vie  de  Judicael,  disciple  du  Saint. 

Au  point  de  vue  littéraire,  le  biographe  de  saint  Méen  n'est 
nullement  dépourvu  des  qualités,  qui  donnent  du  prix  à  un 
écrit  hagiographique.  Il  manie  la  langue  latine  avec  facilité, 
et  son  style,  à  part  quelques  néologismes  et  deux  ou  trois 


'  Analecta  Bolland^  t.  m,  p.  141,  tirage  à  part  chez  MM.  Plihon  etUerré 
à  Renne». 

'  Preuves  de  Bretagne,  t.  i,  p.  3v5. 


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^•f??^'' 


D£  L^ANGIËNNE  PROVINCE  DE  BRETAGNE  283 

passages  un  peu  obscurs,  ne  manque  ni  de  simplicité  et  de 
concision,  ni  d'élégance  et  de  clarté.  Ge  qu'on  regrette  le 
plus  en  le  lisant,  c'est  qu'il  ne  soit  pas  entré  dans  plus  de 
détails  sur  la  jeunesse  de  son  héros,  sur  la  fondation  de 
l'abbaye  de  saint  Méen,  et  sur  les  nombreux  travaux  apos* 
toliques  dont  elle  fut  accompagnée.  Tel  que,  cet  écrit  ren- 
ferme néanmoins  tout  ce  qu'on  sait  authentiquement  sur 
un  thaumaturge  dont  le  culte  a  été  des  plus,  étendu  dans 
les  âges  de  foi. 

S^.  —  Vie  de  saint  Hervé  (16  juin  620). 

'  Hervé,  fleur  de  sainteté  d'un  rare  éclat,  et  d'un  parfum 
exquis^  est  d'autant  plus  vénéré  en  Léon  et  en  Goi'nouaille, 
que,  bien  qu'issu  d'un  père  qui  appartenait  par  sa  naissance 
à  la  Bretagne  insulaire,  il  a  lui-môme  reçu  le  jour  dans  les 
environs  de  Saint-Pol-de-Léon,  et  n'a  peut-être  jamais  dépassé 
ce  pays  et  la  Gornouaille  pendant  tout  le  cours  de  son 
existence. 

La  vie  admirable  de  ce  saint  fut  retracée  de  bonne  heure 
par  un  anonyme,  qui  possédait  assez  bien  la  langue  latine  et 
récrivait  avec  pureté.  Get  auteur  était  du  pays  et  paraît  ne 
rien  avancer  qu'en  connaissance  de  cause.  Gependant  rien 
ne  prouve  qu'il  fut  contemporain  ou  plutôt  il  ne  dit  pas  avoir 
vécu  avant  le  huitième  siècle,  puisque  de  son  temps  la  fête  de 
tous  les  saints  était  déjà  honorée  d'une  vigile*.  Mais,  d'autre 
paurt,  vouloir  le  rejeter  jusqu'au  dixième  siècle,  semblerait 
peu  logique  :  car  sa  relation  ne  renferme  pas  un  seul  mot  qui 
ait  trait  aux  invasions  normandes  et  à  la  translation  du  corps 
du  saint.  Bien  au  contraire,  il  donne  à  entendre  que  de  son 
vivant  le  pays  breton  était  divisé  en  plusieurs  principautés 
indépendantes  les  unes  des  autres  (Léon,  Gornouaille,  etc.)> 
'  ayant  chacune  un  comte  à  sa  tète  :  ce  qui  était  effectivement 

'  Vie  iivédUe  de  saint  Berve^  n»  3. 


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284  RECHERCHES  SUR  LES  ORIGINES  LITTERAIRES 

Tétat  du  pays  au  huitième  siècle  et  depuis  Tabdication  d2 
saint  Judicaël,tandi3  que  du  temps  de  Nominoé  et  de  ses 
successeurs  immédiats,  tout  le  pays  obéissait  à  un  seul  chef, 
à  un  roi. 

Si  on  m'objectait  que  le  biographe  y  parle  du  comie  Evcn, 
le  fondateur  de  Lesneven,  qui  d'après  D.  Lobineau  n'a  vécu 
qu'au  dixième  siècle,  je  répondrai  que  Terreur  est  id,  du  côté 
de  notre  savant  historien.  Je  reviendrai  bientôt  sur  ce  per- 
sonnage à  propos  de  la  vie  de  saint  Goulven. 

La  vie  de  saint  Hervé  est  restée  jusqu'à  présent  inédite, 
mais  on  a  lieu  d'espérer  qu*elle  ne  tardera  pas  à  figu- 
rer dans  les  Analecta  Bollandiana.  On  en  trouve  d'ailleurs, 
des  fragments  textuels  assez  étendus  tant  dans  l'ancien 
Sanctoral  de  Quimper,  déjà  plusieurs  fois  cité  ici  que  dans 
les  bréviaires  imprimés  de  Nantes,  de  Léon  et  de  Rennes  des 
premières  années  du  seizième  siècle. 

§  4.  —  Premiers  vie  de  saint  Martin  de  Vertou 
(24  octobre  580). 

Saint  Martin  de  Vertou  n'est  pas  un  nom  sans  gloire  dans 
l'hagiographie,  bien  qu'il  ait  des  homonymes  plus  illustres 
que  lui.  La  plus  ancienne  vie  de  ce  saint  ne  paraît  pas  cepen- 
dant l'œuvre  d'un  disciple  et  d'un  contemporain,  au  moins 
rien  dans  son  contexte  ne  l'indique,  mais  elle  est  indubita- 
blement antérieure  à  l'année  843  et  aux  invasions  normandes, 
l'auteur  nous  affirmant  que  de  son  temps  le  corps  du  saint 
reposait  encore  à  Vertou,  tandis  qu'à  la  date  indiquée  il  fut 
porté  à  Saint-Jouin-de-Marne. 

Le  style  de  cet  écrit,  bien  que  correct  et  parfois  élégant, 
manque  cependant  de  simplicité  et  de  concision  ;  puis  l'au- 
teur ne  nous  a  laissé  qu'une  esquisse  au  lieu  d'une  biogra- 
phie détaillée,  dont  le  fondateur  de  Vertou  était  si  digne. 
Cette  vie  a  été  donnée  au  public  par  Mabillon  ;  pour  les 
nouveaux  BoUandîstes',  ils  lui  ont  préféré,  bien  à  tort,  si  je 

«  Acta  SS.  0,  S.  Benedictii  1. 1,  p.  35i.  Acta  Bolland ,  t.  x*oct.  p.  800,  etc. 


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RECHERCHES   SUR  LES  ORIGINES   LITTÉRAIRES  285 

ne  me  trompe,  un  texte,  qu'ils  intitulent  :  Vita  aniiquissima 
et  qui  n*est  autre  chose  qu'un  extrait,  assez  informe,  de  la 
seconde  vie  du  même  saint  (neuvième  siècle],  extrait  destiné 
à  servir  de  légende  liturgique  pour  la  fête  du  saint. 

§  5.  —  Anon.  de  Nantes  :  Vie  de  saint  Hermeland* 
(25  mars  720). 

J*arrive  maintenant  à  la  vie  de  saint  Hermeland  (25  mars 
720).  Celle-ci  est  l'œuvre  d'un  contemporain  et  appartient 
sans  conteste  possible  au  huitième  siècle^  car  ello  fut  écrite 
vers  l'époque  (740)  de  la  translation  du  saint,  et  les  Bollan- 
distes  l'ont  imprimée  sur  un. manuscrit  de  l'année  767. 

Hermeland,  issu  d'une  noble  famille  de  Noyon,  puis  moine 
de  Fontenelle  en  Normandie,  enfin  fondateur  d'un  monastère 
dans  les  environs  de  Nantes,  a  trouvé  un  biographe,  digne 
de  lui,  dans  la  personne  de  cet  anonyme,  qui  appartenait,  selon 
toute  apparence,  au  clergé  nantais.  Rien  n'indique,  en  effet, 
qu'il  fut  disciple  du  saint,  ni  môme  moine  de  l'abbaye 
d'Aindre;  et  cependant  il  est  manifeste  qu'il  n'écrit  qu'en 
pleine  connaissance  de  cause,  après  avoir  interrogé  avec  soin 
les  familiers  du  saint  et  compulsé  les  archives  de  l'abbaye*. 
Sans  cela  il  n'eût  pas  été  à  mâme  de  connaître  soit  les 
incidents  qui  signalèrent  la  fondation  d'Aindre,  soit  surtout 
ce  qui  concerne  la  naissance  du  saint,  sa  jeunesse  et 
sa  vie  monastique  à  Fontenelle,  etc.  Le  style  de  cette  vie, 
bien  que  parfois  un  peu  diffus,  se  fait  cependant  remarquer 
par  l'élégance  et  la  correction.  Quant  à  l'esprit  de  piété,  dont 
Tauteur  était  animé,  il  éclate  à  chaque  page,  principalement 
dans  celles  qui  sont  consacrées  à  raconter  la  mort  du  saint, 
et  les  premiers  hommages  religieux,  dont  il  devint  l'objet  au 
lendemain  de  son  bienheureux  trépas. 

(il  suivre).  Dom  Fr.  Plaine. 


*  Vie  de  saint  Hermeland^  prolegom.,  n*  17  et  passim. 
T.   VI.   —   NOTICES.   —  VI*  ANNÉE,  3*  LIV. 


19 


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UN  ABBÉ  DE  SAINT-AUBIN  D'ANGERS 

(LE  CARDINAL  DE  DEN  ON  VILLE) 
(1493-1 B40') 


VI 


XIX.  -^  Rome,  24  mai  1537.  —  Monsieur  de  Lavaur  arriva  ici 
mercredi  au  soir  et  vendredi  fut  baiser  les  pieds  de  Notre- 
Saînt-Pèrc_  où  je  l'accompagnai.  Ce  m'est  un  grand  secours 
pour  ayder  à  conduyre  les  affaires  du  Maître,  car  il  est  bon  et 
notable  personnage,  et  bien  expert  aux  affaires.  » 

XX.  —  Rome,  mai  -*-  juillet  1537.  —  Les  beaux  jours  ont 
ramené  la  terreur  des  Turcs.  Pendant  qu'on  fortifie  les  places 
des  côtes,  \  ndant  que  le  Pape  exerce  ses  troupes,  rassemble 
une  armée  de  20,000  hommes,  fait  sien  tout  le  revenu  du 
Chapeau  et  impose  encore  les  Cardinaux  pour  subvenir  aux 
frais  de  la  défense  de  Rome,  la  flotte  turque  tient  la  mer  dans 
les  eaux  de  Gallipoli  et  n'attend  que  le  moment  favorable  pour 
lever  l'ancre.  André  Doria  est  descendu  jusqu'à  Messine  à  sa 
rencontre,  mais  il  ne  peut  lutter  contre  elle,  étant  beaucoup 
plus  faible.  L'Empereur  lève  aussi  des  troupes  et  en  garnit  les 

«  Voir  la  livraison  de  mars  1890. 


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CN   ABBÉ  DE   SAINT-AUBIN    D  ANGERS  287 

côtes  d'Espagne  pour  s  opposer  à  Hn'vasion  des  Turcs.  Entre 
temps  le  cardinal  Borghèse  est  mort,  tout  aussi  bien  que 
Pierre  Francisque  de  Viterbe,  ce  dont  le  Roi  n'aura  rien  à 
perdre,  car  «  ils  ne  luy  portaient  guère  bonne  dévotion.  » 

XXI.  —  Lettre  du  Cardiaal-Evique  de  Màcon  au  roi  Frari" 
cois  /•'; 

«  Sire,  par  le  secrétaire  de  Monsieur  de  Monl  pesât,  qui  partit 
dlciavant-hier^nousvous  avons  écrit  bien  atnplement  de  toutes 
occurrences  de  deçà,  et  par  la  présente  que  nous  envoyons  à 
Monsieur  de  Rhodez,  à  Venise,  pour  vous  la  faire  tenir,  il  vous 
plaira  entendre  ce  qui  est  depuis  survenu.  Sa  Sainteté  a  repré- 
senté au  consistoire  que  la  tenue  du  concile  qu'elle  a  convoqué 
est  traversée  par  la  guerre  qui  est  entre  Vous  et  l'Empereur, 
et  qu'à  ceste  cause  il  est  besoin  pour  ôter  cet  empêchement 
qu'elle  s'efforce  encore,  comme  jusqu'ici  elle  a  fait  tout  ce 
qu'elle  a  pu  pour  vous  accorder,  ou  bien  de  vous  y  faire  venir 
par  admonitions  et  nouvelles  exhortations^  ou  bien  faisant 
office  de  juge  comme  Elle  était  délibérée  de  faire  par  excom- 
munications et  censures  contre  celui  qui  ne  vo'^drait  se  sou- 
mettre  à  la  raison  ;  voire  môme,  si  Elle  le  trouvait  obstiné,  de 
se  déclarer  pour  celuy  qui  serait  le  plus  raisonnable,  lui 
aydant  non  seulement  de  ses  forces  spirituelles,  mais  aussi 
des  temporelles,  après  avoir  toutefois  tenté  non  seulement  la 
voie  d'accord,  mais  la  suspension  des  armes,  ce  qu'il  lui  sem- 
blait devoiret  pouvoirfaireattendreTéminentp  .il  où  se  trouve 
la  Chrétienté,  et  voulant  au  cas  où  le  dit  accord  ne  pourrait 
en  suivre  vous  contraindre  l'un  et  l'autre,  non  seulement  à  la 
dite  suspension  d'armes,  mais  à  vous  convertyr  contre  les 
infidèles,  surquoy  Sa  Sainteté  voulait  bien  avoir  l'opinion  de 
MM.  Révérendissimes  les  Cardinaux;  la  plupart  desquels  ont 
été  d'avis  qu'attendu  la  déclaration  faite  par  les  Luthériens, 
en  la  dernière  diette  qu'ils  ont  tenue,  de  ne  vouloir  assister 
audit  concile  s'il  se  célébrait  en  Italie,  et  les  déclarations  faites 
par  vous  et  l'Empereur,  Sa  Sainteté  devait  user  du  temps. 


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388  UN   ABBÉ   DE  SAINT-AUBIN  D^ANGBRS 

C'est-à-dire  différer  encore  d'assigner  le  lieu  du  concile  jus- 
qu'aux calendes  de  septembre,  et  qu'entre  càet  là,  possible?  le 
temps  apporterait  l'expédient  que  l'esprit  humain  ne  pouvait 
pour  cette  heure  comprendre,  et  tous  ont  convenu  que  le  con- 
cile pour  toutes  les  difficultés  susdites  cependant  ne  s'étendra 
ni  prorogera.  Et  quant  au  fait  de  l'accord  et  suspension 
d'arm(îs,  Sa  Sainteté  devait  attendre  la  réponse  que  l'un  çt 
l'autre  feriez  parce  qu  Elle  vous  a  fait  requérir  d'envoyer 
chacun  devers  Elle  deux  hommes  d'autorité  pour  traiter  le  dit 
accord,  et  que  cependant  Sa  Sainteté  pourrait  concerter  le 
moyen  de  procéder  en  cette  affaire  avec  cinq  ou  six  de  Mes- 
seigneurs  Révérendissimes  les  Cardinaux,  soit  par  douceur 
ou  par  rigueur,  combien  qu'il  leur  semblait  qu'encore  qu'Elle 
connut  le  tort  de  l'un  de  vous  deiix.  Elle  ne  devrait  pourtant 
user  d'armes  et  de  forces  temporelles  à  rencontre  d'icelluy, 
rencontrant  les  inconvénients  jadis  advenus  non  seulement 
au  Saint-Siège,  ains  à  toute  la  Chrétienté,  des  partialités  des 
feus  papes  Léon,  Adrien  et  Clément. 

€  Surquoy  Sa  Sainteté  a  arrêté  et  conclu  d'user  du  bénéfice 
du  temps,  et  différer  l'assignation  du  lieu  pour  tenir  le  Con- 
cile jusques  aux  Calendes  de  septembre,  auquel  temps,  si 
autre  chose  ne  survient,  elle  a  délibéré  de  se  mettre  en  che- 
min pour  aller  à  Bologne,  et  se  gouverner  quant  au  fait  du 
dit  concile  ainsi  que  Dieu  l'inspirera  et  selon  l'avis  et  opi- 
nion desdits  Sieurs  Révérendissimes,  sans  toutefois  donner  à, 
penser  à  Vous  ni  dit  Empereur,  où  Elle  différerait  et  proro- 
gerait le  dit  concile,  que  ce  fut  pour  adhérer  à  vos  passions 
et  volontés. 

«  Et  quant  au  dit  accord,  Sa  Sainteté  a  répété  ce  que  plu- 
sieurs fois  Elle  en  a  dit,  à  savoir  que  non  seulement  Elle. avait 
délibéré  de  contraindre  Vous  et  l'Empereur  à  la  suspension 
d'armes,  mais  aussi  à  les  convertyr  contre  les  pires  ennemis 
de  la  Foi,  disant  toutefois  quant  à  se  déclarer  contre  celui  qui 
lui  paraîtra  déraisonnable,  que  ce  sera  la  dernière  chose 
qu'Elle  fera,  car  Elle  veut  comme  Elle  a  fait  ci-devant, -obser- 


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UN   ABBÉ  DE  SAINT-AUBIN   DANGERS  289 

ver  sa  neutralité  sans  y  déroger  en  aucune  manière,  bien 
qu'Elle  veuille  faire  son  office  sans  avoir  respect  aux  passions 
désordonnées  de  Vous  et  de  l'Empereur.  Puis  a  dit  Sa  Sain- 
teté que  son  Général  sera  ici  demain  avec  partie  de  ses  gens 
de  guerre,  et  qu*Elle  espérait  que  les  forces  s'élèveraient  à 
deux  légions  pour  le  moins. 

«  Sire,  nous  supplions  Nostre  Seigneur  qu'il  vous  donne 
en  parfaite  santé  et  prospérité  très  longue  et  bonne  vie.  De 
Rome,  ce  12'  jour  de  juillet  1537* 

«  Vos  très  humbles  et  très  obéissants  sujets  et  serviteurs, 
Chakles,  Cardinal,  Evoque  de  Mâcoa. 
Georges  de  Selve,  Evéque  de  LavaurV» 

C'est  à  la  plume  de  Ribier  que  nous  devons  la  conservation 
de  cette  importante  dépêche.  Il  Ta  transcrite  au  premier 
volume  de  ses  Mémoires  d'Etat,  afin  de  faire  voir  la  part  que 
prenait  à  cette  époque  le  Saint  Siège,  dans  la  gestion  môme 
des  affaires  des  plus  grandes  Puissances  du  monde.  Cette 
lettre  n'est  pas,  pour  nous,  intéressante  seulement  à  ce  point 
de  vue.  Elle  révèle  dans  Tâme  et  dans  la  conscience  de 
l'homme,  qui  en  est  l'auteur,  et  dont  nous  écrivons  l'histoire, 
un  sentiment  supérieur  à  celui  qui  jusqu'alors  avait  été  le 
mobile  dominant  de  toutes  ses  actions.  C'est  moins  en  effet 
l'ambassadeur  qui  parle  en  fidèle  serviteur  du  Roi,  prenant 
avec  soumission  les  ordres  du  Monarque,  décidé  à  employer 
tous  les  moyens  pour  en  assurer  l'exécution,  c'est  le  Prince 
de  l'Eglise,  c'est  le  futur  membre  du  Concile,  c'est  le  Cardinal 
qui  défend  la  cause  de  la  Catholicité  inquiète,  mise  en  péril 
par  la  dissension  des  princes,  ses  plus  fermes  soutiens. 
L'Eglise  Catholique  traverse  en  effet,  à  ce  moment  difficile, 
un  temps  d'épreuves.  Pendant  qu'au  sud  elle  est  menacée 
directement  par  la  matérielle  et  sanguinaire  violence  des 

*  Mémoires  d*Etat  de  Ribier,  tome  I. 


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200  UN    ABBÉ  DE   SAINT-AUBIN   d'aNGERS 

Musulmans,  au  nord  elle  a  besoin  de  se  défendre  moralement 
contre  les  fauteurs  de  Thérésie  dont  la  doctrine  fait  de  rapides 
progrès  et  cherche  à  la  frapper  au  cœur.  Il  lui  faut  dans  un 
concile  général  combattre  cette  doctrine  funeste,  la  condam- 
ner avec  toute  la  majesté  dont  elle  peut  s'entourer  ;  ou,  par 
une  discussion  habile  et  des  concessions  possibles  faites  aux 
dissidents,  parvenir  à  un  apaisement  souhaité  par  tous  les 
fidèles,  et  faire  ainsi  rentrer  dans  son  giron  maternel  les 
âmes  égarées  d'un  très  grand  nombre  de  ses  enfants.  Déjà  ce 
concile  a  été  convoqué  à  Bologne,  puis  à  Mantoue,  et  les 
guerres  incessantes  dont  l'Italie  a  été  le  théâtre  en  ont  empê- 
ché la  réunion.  Le  Pontife  Roi  cesse  d'être  libre  dans  la 
gestion  de  son  Eglise  Universelle,  et  l'entrave  qu*il  subit  lui 
vient  des  deux  Princes  qu'une  orgueilleuse  rivalité  met  sans 
cesse  en  contact,  se  refusant  à  toute  réconciliation.  —  Ce 
n'est  plus  entre  les  deux  rivaux  que  le  Cardinal  se  place,  son 
rôle  n'est  pas  ici  de  chercher  à  influencer  la  politique  du  Saint 
Père,  c'est  au  nom  des  intérêts  les  plus  sacrés  de  la  Catholicité 
toute  entière  qu'il  plaide  la  plus  noble  cause  auprès  du  Fils 
aîné  de  TEglise. 

Mais  que  faire  avec  les  puissants  du  siècle  ?  Les  exhorta- 
tions des  Cardinaux,  les  menaces  non  dissimulées  de  Paul  III, 
ne  produisirent  que  plus  tard  leur  effet,  et  bien  que  la  paix  fut 
signée  à  Nice  entre  l'Empereur  et  le  Roi,  en  1538,  ce  ne  fut 
qu'en  1545  que  le  Concile  put-se  réunira  Trente  pour  juger  les 
Luthériens, 

Et  les  Turcs  menaçaient  toujours  Tltalie  comme  on  va  le 
voir  par  les  lettres  suivantes. 

XXII.  —  Rome  6  août  1537.  —  La  flotte  turque  tient  la 
mer  aux  alentours  de  Malte,  André  Doria  n'est  pas 
assez  fort  pour  l'attaquer,  il  se  contente  de  la  harceler, 
non  sans  succès.  Dans  le  courant  de  juillet  il  s'est  empa- 
ré de  deux  galères  et  trois  galiotes  turques.  Les  der- 
nières nouvelles  annonçaient  qu'il  avait  capturé  cinq  galères 


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UN  ABBÉ   DE  SAINT-AUBIN    D*ANGER8  291 

portant  des  vivres  à  la  suite  d'un  combat  meurtrier  où  beau- 
coup périrent  de  part  et  d'autre.  André  Doria  fut  grièvement 
blessé  au  genou.  Il  a  dû  se  retirer  à  Messine  pour  guérir  ses 
blessés  et  réparer  ses  vaisseaux.  Barberousse,  amiral  turc,  y 
poursuivit  le  Génois  avec  trois  cent  voiles,  mais*  sans  l'attein- 
dre, et  vint  faire  une  démonstration  menaçante  dans  le  golfe 
de  Tarante  et  jusque  devant  Otrante,  où  il  tira  nombreux  coups 
de  canon.  —  «  Le  vice-Roy  partit  de  Naples  le  vingt  huictièsme 
dudit  mois  passé  avec  six  ou  sept  mil  hommes  a  pied,  et  le 
plus  de  chevaux  qu'il  a  peu  mettre  ensemble,  et  leur  a  fait 
prendre  le  chemin  de  Brindisy,  estimant  que  le  Turcq  y  doib- 
ve  faire  son  plus  grant  effort,  pour  n'estre  le  port  du  dit  lieu 
bien  fortiffié.  Nostre  Sainct  Père  est  après  à  s'armer,  et  a 
ensemble  en  ceste  ville  jusques  au  nombre  de  six  mil  hommes, 
et  a  délibéré  d'en  faire  lever  quinze  pour  fournir  Parme, 
Plaisance,  Ancosne,  Civitavesche,  Hostie  et  Tarraccine,  et 
cherche  argent  de  tous  côtés  par  nouvelles  impositions,  oultre 
les  impositions  nouvelles  qui  sont  mises  sur  les  victuailles  ». 

XXIII.  —  Rome  10  août  1537,  —  «  Monseigneur  je  ne  veulx 
vous  taire  une  nouvelle  des  choses  de  Florence,  encores 
qu'elle  soit  fâcheuse  et  de  mauvaise  digestion  pour  les 
affaires  du  Roy.  C'est  que  le  premier  de  ce  mois  Philippe 
Strozzi,  Bartholomée  Valory  et  autres  ayant  mis  ensemble 
troys  mil  hommes  et  iceulx  renforcez  de  troys  autres  mil  qui 
les  debvoient  suivre,  avoient  faict  si  bonne  diligence  qu'en 
quatre  jours  ils  estoient  venuz  de  Bolongne  à  treize  milles 
près  de  Florence  entre  Prato  et  Monte  Murlo,  délibérez  de 
faire  quelque  bon  exploict.  Mais  la  fortune  leur  fusl  tant  con- 
tï  îire  que  ayant  divisé  leur  avant  garde  de  l'arrière  garde,  et 
s'estans  esloignez  l'un  de  l'autre  de  plus  de  dix  milles,  ilz 
furent  descouverts  par  ung  espye,  qui  soudain  en  advertit 
Alexandre  Vitelle,  Pierre  Colonne  et  autres  de  dedans,  les- 
quelz  sortirent  incontinent  de  Florence  avec  mil  hommes  de 
pied,  et  cent  cinquante  chevaulx,  et  appelèrent  quinze  cents 


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292  UN   ABBÉ   DE   SATNT-AUBIN    D'ANQERS 

Espaignolzéstans  au  dict  Prato,  et  se  délibérèrent  donner  la 
bataille  a  la  dicte  avant  garde  où  estoient  peu  d'hommes  avec 
les  ditz  Strozzy,  Valory  et  quelques  de  leurs  enfans,  ce  qu'ilz 
feirent,  et  la  rompirent  et  fracassèrent.  Et  s'estans  retirez  les 
dictz  Stro2zy  et  Valory  avec  quelques  gens  à  Montemurlo, 
après  avoir  repoussé  troys  assaulx  des  dictz  Vitelle  et  Co- 
lonne, avant  le  quatriesme  se  rendirent  à  composition,  et 
furent  menez  prisonniers  au  chasteau  de  Florence.  Il  est  dit 
que  le  dict  Strozzi  en  sera  quitte  en  payant  ;  mais- que  Valory 
est  pour  y  laisser  la  teste  ». 

Marquis  de  Brisay. 
(A  suivre,) 


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DEUX  BULLES  INEDITES 

Du  XVI'  Siècle 


LB R.  p.  Roy,  professeur  darchéologie  au  grand  Sémi- 
naire de  Poitiers,  a  bien  voulu  me  communiquer 
deux  bulles  inédites,  qui  intéressent  notre  région 
et  qui  lui  ont  été  remises  par  un  curé  du  diocèse  de 
Poitiers.  Après  avoir  transcrit  leur  teneurje  décrirai  et  com- 
menterai les  sceaux  de  plomb  qui  les  authentiquent.  Il  m'a 
semblé  qu'une  étude  sur  ce  sujet,  qui  n'a  pas  été  abordé 
parmi  nous,  a  sa  place  naturelle  dans  une  Revue  destinée  & 
l'histoire  locale. 


Fréter  don*  Raphaël  GotOQer*^,  Dei  gratia  sacrœ  Domas  hospitalis' 
sancti  Joannis  Hierosolymitani  et  Mîlitaris  Ordinis  SaQCti  Sepulchri 
Dominici'  Magister  hamilis  pauperamque  Jesa  Xpi  custos,  Religioso  in 

^  Du  latin  domnuSi  qualificatif  qui  est  resté  dans  tout  Tordre  monas* 
tique,  mais  qui  ici  a  encore  une  signification  nobiliaire  {Gtornals  araldico, 
t.  xvis  p.  16). 

*  bis,  Raphaël  Gotoner  fut  le  58«  grand  maître  de  1660  à  1663. 

s  Cette  dénomination  subsiste  dans  certains  lieux  dits  du  Poitou,  où  dei 
terres  possédées  par  l'ordre  se  nomment  encore  l'Hâpitau. 

>  L'ordre  militaire  du  Saint-Sépulcre  arait  été  uni  &  Tordre  hospitalier  de 
Saint- Jean- de-Jérusalem.  • 


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294  DEUX  BULLES  INÉDITES 

Xpo  nobis  cfaarissimo  fratri  Ëmerico  de  la  Sausay*,  nostr»  dict»  Domiis 
Yenerabilis*  Prioratus  Aquitanis'^  armorum  sarvienti  ac  militi  ma- 
gistrali,  salatem  in  Domino  eempiternam.  Yirtutam  tuanim  mérita 
multiplicesque  animi  tui  dotes  necnon  laudabilia  obsequia  per  te 
Religioni'  nostrœ  pnestita  et  quœ  in  dicta  sedulo  prsstare  non  desinis, 
promerentor  ut  ea  tibi  libéra liter  concedamns  quœ  tnif  comoditatibas 
fore  conspicimus  opportuna.  Gum  igitur  in  yim  praeeminentis  nostrœ 
magistralis  contulerimus  et  concesserimus  Religioso  in  Xpo  nobis 
charissimo  fratri  Guido  de  la  Brunettière  Duplessis'^»  commendam 
nostram  de  Gueillant'^  dicti  Prioratus  Aquitani»,  retenta  ac  reservata 
super  fructibus  et  redditibus  dictœ  commendœ  de  Gueillant  summa 
seu  pensione  annua  librarum  trecentarum  et  octoginta  Turon.  in 
supplementum  quintœ  partis  yaloris  einsde^m  commendas  uni  Tel 
pluribus  fratribus  nostris  nostro  arbitrio  danda,  constituenda  et 
assignanda  :  Hinc  est  quod  pnemissorum  meritornm  tuorum  intuitu  et 
contemplatione  suasi,  ex  pnedicta  summa  librarum  trecentarum  et 
octoginta  per  nos,  ut  praefertur,  retenta,  summam  seu  pensionna 
annuam  librarum  ducentarum  et  triginta  Turon.  super  fructibus  et 
proventibus  prœdictsB  commendœ  de  Gueillant,  de  nostra  certa  scientia 
et  speciali  gratia,  tenore  prœsentium,  tibi^  tua  yita  durante,  concedi- 
mus,  donamus  et  assignamus.  Teque  pensionarium  perpetuum  eiusdem 
Gommendas  in  dicta  summa  facimus,  crtamus^et  esse  Tolumus.  Prœci- 
pientes  dicto  fratri  Guido  de  la  Brunettière  Duplessis,  moderne  hujus- 
modi  Gommendœ  de  Gueillant  commendatario  et  suis  in  eadem  succès- 


1  Le  nom  est  écrit  de  trois  manier»!  différentes  :  de  la  Sattsay,  qui  fait 
présumer  la  forme  moderne  de  la  SaiMsaie  ;  Sauzay  et  Santay. 

3  Vénérable  est  le  qualificatif  ecclésiastique  des  lieux  pies. 

^  bis.  L'ordre  de  Malte,  en  France,  comprenait  trois  langtAes  :  la  langue 
de  Provence,  subdivisée  en  prieurés  de  saint  Gilles  et  de  TotUouse  ;  la  langtêe 
l'Auvergne  et  la  langue  de  France^  qui  comprenait  les  prieurés  de  France^ 
de  Champagne  et  d'Aquitaine,  Les  autres  langues  pour  les  autres  nations 
étaient  Italie,  Aragon,  Casiille,  Allemagne  et  Anjleterre  (Guélon,  Hist,  de 
la  SauvetcUt  p.  9). 

'  Religion  se  dit  encore  à  Rome  d*un  ordre  religieux. 

3  bis.  M.  Genesteix,  qui  prépare  une  histoire  du  prieuré  d* Aquitaine,  me  dit 
que  .Guy  de  la  Brunetière  du  Plessis  Geté,  fut  commandeur  du  Quéleant 
de  lt>64  à  1694. 

^  ter  1a  nom  de  cette  commanderie  s'orthographie  Le  Quéleant^  paroisse 
de  Moitron  (Sarthe). 


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DU    XVI*   SIÈCLE  295 

ftoribas,  in  yirtute  sanctse  obediantiae  ac  sab  pœaa  cootra  eos  inllicta 
qui  jura  nostri  commaais  sBrarij  coatuooiacîter  soWera  récusant,  ut 
siogalis  annis  in  capitulo  proviaciali  dicti  Prioratuft  vt\,  .eo  non  celé» 
brato,  in  festo  Nativitatie  sancU  Joannk  Baptîst»,  patroni  nostri^ 
dictam  pensionem  librarnm  ducentarum  et  triginta  Turon^  ut  prie* 
mitcitur,  infallibiliter^  Omni  ezcnsatione^  mora,  dilatione  et  oppositione 
cessante  et  postposita,  tibi  vel  quibus  légitime  commiseris  realiter  et  cum 
efTectu  ezolvant  et  numorent.  Mandantes  in  Tim  dictas  obedientie  uni- 
versis  et  singalis  dictâe  Domus  nostrœ  frtitribus,  quacamque  auctoritate, 
digaitate  officioque  fttngentibus,  prœsentibus  etfutoris^  ne  contra  prœ- 
sentes  nostras  liiteras  atiquatenus  facere  vel  venire  pr8e8nniaiit>  sed  eas 
studeant  inidolabiliter  observare.  In  cnjns  rei  testimonium  buUa  nostra 
magtstralis  plùmbea  prseaentibus  est  appensa.  Datum  Melits  in  Gon- 
ventu  nostro  die  quarta  mensis  decembris  roillesimo  sexcentesimo 
sexagesimo  primo. 

Sceau  de  plomb. 

Sî/r  le  repli  :  Reg**  in  Cancell».  Fr.  D.  Emmanuel  Arias  vice 
cancell*. 

Au  dos  ;Pensio  magistralis  ducentarum  et  triginta  Turonen: 
super  fructibus  comm<*«  de  Guelllant  pro  fratre  Emerico  de 
Sanzay. 

Au-dessous,  d'une  autre  main  :  Pantion  de  deux  cent  Iran  te 
livres. 


II 


Frater  don  Nicolaus  Gotoner^  Dei  gratia  Sacrœ  Domus  hos- 
pitalis  Saacti  Joannis  Hierosolymitani  et  militaris  Ordinis  Sancti 
Sepulchri  Dominici  Magister  humilis  pauperumque  Jesu  Xpi  custos  et 
Nosconventus  Domus  eiusdem,  Religiosoin  Xpo  nobis  charissimo  fratri 

<  Nicolas  Cotoner,  frère  de  Raphaël,  fut  le  59*  grand  maître  de  1663  h  1680 
{VArt  devénfter  les  dates,  éiit.  de  iSlS,  t.  ii,  p.  IIG.) 


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296  DEUX  BULLES  INÉDITES 

Emerico  de  Sauzay,  uostr»  dictœ  Domus  Venerabilis  Prioratus 
AquitaniaB  annoram  servienti  ac  Militi  Magistral!,  salutem  in  Domino 
sempiternam.  Yirtatam'  .  • . .'  praestita  et  qu»  in  futurum  te  prœsti- 

turum  confidimney  promerentur  ut.  • Gam  alias  Religiosus  in 

Xpo  Nobis  charissimos  frater  Lancellottus  de  Ghouppes,  Gommendae 
nostrœ  de  Blisson  *^,  dicti  Prioratus  Aquitaniœ  Gommendatarius  *'^y 
tibi  dedisset  binas  annuas  pensiones,  aliam  nempe  scutorum  octoginta 
quinque,  ^acatam  per  obitam  quondam  fratris  Glandij  de  Herbier  la 
Standure  et  alteram  scutorum  quadraginta  quinque,  vacatam  per 
obitam  quondam^  iratris  Leonis  de  la  Motta  Gheuvron,  super  fructibus 
prflBdicts  commendœ  de  Blisson,  quam  ex  gratia  Magistrali  possidet, 
prout  in  pablicis  instrumentis  pênes  regios  notariés  Bertgonneau  et 
Montenay,  sub  die  XXIX  decembris  et  mente  maio  1662  respective 
rogatis  fusius  continetur.  Gumque  nuper  idem  Gommendatarius  frater 
Lancellottus  de  Gouppes',  memoratas  binas  annuas  pensiones,  constitu- 
tiones  et  donationes,  ratificaverit  et  confirmayerit,  illasque  denovo  tibi 
dederit,  constituent  et  assignayerit  super  fructibus  eè  redditibus  praedict» 
Gommendœ  de  Blisson,  prout  de  hujusmodi  confirmatione  et  nupera 
donatione,  constitutione  et  assignatione,  per  publicum  instrumentum 
pênes  acta  dicti  regij  notarij  Bertgonneau  in  civitate  de  Poictiers 
sub  die  secunda  decembris  anni  proxime  elapsi  1663  rogatum^ 
latius  constat  et  apparet  Nobisque  propterea  bumiliter  supplicari 
fecerit  ut  pro  majori  rerum  prœmissarum  robore,  buUas  de  huju^ 
modi  pensione  in  forma  solita  et  consueta  expediri  mandaremus.  Hinc 
est  quod  prsemissorum  meritorum  intuitu  et  contemplatione  suasi, 
invicem  maturo  et  deliberato  consilio^  de  nostra  certa  scientia  prsBdictas 
binas  summas  seu  pensiones  annuas  ad  scuta  centum  et  triginla  in 
totum,  ut  picfertur,  ascendentes,  super  fructibus  et  proventibus 
prsedicts  Gomm^ndœ  de  Blisson  tibi  modis  et  formis  ac  conditionibus 
corn  quibus  illae  cibi  de  novo  constitutœ  et  reassignatœ  fuerunt,  tenore 
prsBsentium  conceclimus,  donamus  et  assignamus.  Teque  pensionarium 


*  Jeiupprime  les  passages  répétés  de  la  bulle  de  1661. 

*  bis.  Le  Blizon  est  situé  dans  l'Indre,  paroisse  de  Saint-Michel-en-Brenne. 

*  1er,  M.  Genesteix,  que  j*ai  consulté  pour  Tidentiflcation  des  noms  de  lieux 
et  de  personnes,  m'assure  que  la  liste  des  commandeurs  du  Blizon  n'existe  pas. 

s  Quondam  répond  k  feu, 

\Sic.  De  Chouppes  doit  être  la  vraie  orthographe. 


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DU  XVI*  SIÈCLE  297 

perpetaum  dicts  Gommendae  ia  prsfata  summa  scutonim  centum  et 
triginta  lacimas,  creamus  et  egse  volamaft.  PrœcipienteB  dicto  fratri 
Lancellctto  de  Ghouppes,  moderoo  commendœ  de  BHbsoq  commenda- 

tario  et    suis paxoQÎ    noUri,   dictas   binas  annnas    pensiones 

scutoruni  centum  et  triginta,  nt  prœmittitur. . . .  Datnm  Melitc,  in 
Tonvertu  nostro  die  qniita  mensis  maij  millesirao  sezcentesimo 
sezagesimo  quarlo. 

£1  lugar^  :  de  Gran  Ganciller. 

Fr.  don  fran.  de  Torre  Pac^heco  et  Gardenas  c. 

Sceau  de  plomb. 

Sur  le  repli  :  Reg"  in  Cancell*.  Pr.  D.  Emmanuel  Arias  Vice- 
cane. 

Au  dos:  Pensio  scutorum  centum  et  triginta  super  fruc- 
tibus  CommendaB  de  Blisson  pro  fratre  Emerico  de  Sauzay. 

Au  dessous,  dune  autre  main  :  Pension  de  cent  trante 
(éçus)  de l'an  mille  six  cent  soixante  et  deux. 


III 


Ces  deux  bulles  sont  absolument  identiques,  quant  à  la 
rédaction  :  elles  ne  le  sont  pas  moins  pour  la  forme  et  le 
scellement. 

Elles  sont  écrites  sur  le  côté  doux*  d'un  parchemin  reetan- 
gulaire^  rayé  et  piqueté  aux  bords,  car  le  calligraphe  Ta 
tendu  préalablement  sur  un  châssis,  comme  il  se  pratique 
encore  à  la  chancellerie  apostolique. 


'Gomme  les  bulles  pontificales. 
»  Haut.  :  0,M;  larg.  :  0,36. 


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298  DFUX    BULLES    INÉDITES 

La  rédaction,  conforme  à  un  formulaire  qui  servait  dans 
les  circonstances  analogues,  est  en  latin,  peu  intelligible  peut- 
être  pour  l'intéressé,  puisqu^au  dos  on  a  répété  la  rubrique 
en  français,  probablement  après   la  réception  du  diplôme 

<^  magistraL  > 

L'eri-lôtc,  désignant  le  grand-maître,  est  en  fausse  gothique: 
le  re3te  de  l'écriture  est  celle  du  temps,  un  peu  haute,  ferme 
et  très  listtile,  pour  les  lettres  du  moins,  car  les  mots  sont 
surchargés  d'abrévialions  qui  en  rendent  la  lecture  pénible 
pour  qui  n'est  pas  familiarisé  avec  le  style  de* la  chancellerie. 
On  y  trouve  indifréremment  la  diphthongue  *iî  ou  Ve  cédille. 
La  ponctuation  est  fidèlement  observée. 

La  seconde  pièce  seule  portti  la  signature  du  grand  chan- 
celier, sans  préjudice  descelle  du  vice-chancelier,  qui  fait  l'ex- 
pédltion. 

La  première  bulle,  datée  de  Malte,  le  4  décembre  1661, 
accorde  k  frère  Émeric  de  la  Saussaie,  «  servant  d'armes  » 
et  <  chevalifsr  mrt^stral,  -^  une'«  pension  de  230  livres  tour- 
nois, »  à  prendre  sur  la  «  comaianderie  de  Gueillant,  »  dont 
le  titulaire  est  Guy  de  la  Brinietière  du  Plessis,  et  payable 
chaque  année  lors  du  chapitre  provincial  ou,  à  son  défaut, 
an  jour  de  la  Nativité  de  saint  Jean- Baptiste,  patron  de  Tordre 
(2i  juin).  Gomme  cetlc  réserve  sur  les  a  fruits  et  revenus  » 
pouvait  molester  le  commandeur  chargé  de  servir  la  pension, 
Injonction  lui  es  1  faite  «  en  vertu  de  la  sainte  obéissance,  » 
sous  les*  peiiie^   w  portées  contre  les  «  cutitumaces.  » 

La  seconde  bulle,  datée  également  de  Malte,  le  5  mai  1664, 
est  adressée  au  même  commandeur,  à  qui  est  c  assignée  » 
et  «  constituée  »  une  ^t  double  pension,  »  montant  en  total  à 
w  cent  trente  écus,  *  Elle  est  prélevée  sur  la  commanderie 
de  Blisson  et  provient  de  frère  Lancelot  de  Chouppes,  qui 
tenait,  l'ur.e,  de  frère  Claude  de  Herbier  la  Standure  et  l'autre, 
de  frère  Léon  de  la  Motte  Chevron,  comme  il  résulte  des 
actes  notariés  passés  à  Poitiers  en  1662  et  1663. 


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DU   Xvi*  SIÈCLE  299 

r 

Le  sceau  de  plomb  ou  bulle  proprement  dite*  ,  de  trois 
centimètres  de  diamètre,  pend,  au  milieu  du  rebord  infé- 
rieur de  la  bulle,  par  une  cordelette  de  chanvre.  Il  est  plat, 
circulaire,  effigie  et  inscrit. 

Sur  la  face,  on  voit  le  Christ,  étendu  sur  un  sarcophage, 
dont  la  table  est  perlée  et  le  devant  décoré  d'arcades.  Il 
croise  ses  mains  au-dessous  de  sa  poitrine.  Sa  tête,  placée 
à  gauche',  est  entourée  d'un  nimbe  crucifère  et  derrière  se 
dresse  une  croix  processionnelle,  à  branches  ancrées.  Aux 
pieds  se  balance  un  encensoir  en  boule,  soutenu  par  trois 
chaînes* .  Au-dessus  s'aligne  une  construction,  avec  cou- 
pole centrale,  fenêtres  et  arcades,  qui  figure  le  Saint  Sépulcre. 
De  la  coupole  pend,  à  trois  chaînes,  une  lampe  ou  pot  à 
feu,  de  la  forme  dite  gabaia^  *". 

En  exergue  et  en  gothique  ronde  :  f  HOSPITALIS  HIERV- 
SALEM. 

Le  style  de  la  face  en  reporte  l'exécution  au  XIII*  siècle  ; 
le  revers,  au  contraire,  est  contemporain  de  la   bulle*  . 

Sur  la  bulle  de  1661,  le  grand  maître,   fiârbu  et  tête  nue, 

f  bis,  M.  VaUier  cite  Tusage  des  bulles,  au  moyen-àge,  pour  les  archevêques 
d'EmbruD,  les  évoques  de  Gap,  de  Die,  de  Valence  et  de  Saint-Paul-troi8-Ch&- 
teaux,  les  seigneurs  de  Montélimar  et  les  dauphins  eux-mêmes.  »  (Le  bras  de 
saint  Amoul  et  les  bulles  des  évéques  de  Gap,  p.  7). 

^  La  gauche  du  sceau^  à  Tinverse  de  celle  du  spectateur. 

'  n  suppose,  en  haut,  la  main  d'un  ange  pour  le  tenir.  L'encensoir  est  un 
honneur,  k  la  fois  funèbre  et  divin. 

'  bis  Cette  lampe  pourrait  aussi  rappeler  le  feu  sacrV.  «  Pendant  de  longs 
siècles,  le  Samedi  saint,  en  présence  du  clergé  et  du  peuple,  une  des  lampes 
qui  surmontait  le  Saint-Sépulcre  à,  Jérusalem,  s'allumait  miraculeusement. 
Après  avoir  allumé  les  lampes  de  Téglise,  on  communiquait  ce  feu  nouveau 
aux  fidèles  pour  leurs  maisons.  Ce  prodige  se  manifesta  la  première  fois  après 
la  conquête  de  cette  ville  par  les  Sarrasins,  et  on  vit  un  signe  de  la  divinité 
de  la  religion  aux  yeux  des  infidèles.  Attesté  par  les  historiens  contempo- 
rains, il  a  été  raconté  par  Urbain  II,  lorsqu'il  vint  en  France  prêcher  la 
croisade.  Ce  miracle  cessa  seulement  lorsque  la  ville  retomba  aux  mains  des 
infidèles.  Le  clergé  grec,  tous  les  ans,  cherche  k  reproduire  ce  miracle^  par 
une  supercherie  odieuse  (Dom  Quéranger,  Année  liturgique.  Passion, 
599-600). 

La  façon  dont  a  été  frappée  la  Bulle,  indique  qu'elle  se  compose  de   deux 
rondelles,  obtenues  séparément,  puis  rapprochées . 


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300  DEUX  BULLES  INÉDITES 

est  agenouillé  sur  le  sol  inégal  du  Calvaire.  Il  porte  un  man- 
teau sur  sa  tunique  talaire  et  tient,  des  deux  mains  jointes, 
un  dizain,  dont  on  n'aperçoit  que  trois  grains  et  la  houppe 
terminale*  .  Il  prie  devant  une  croix  à  double  croisillon' , 
plantée  sur  la  colline  et  accompagnée  des  deux  lettres  alpha 
et  oméga.  On  lit  autour  en  majuscules  romaines  :  RAPHAËL 

COTONER.  M.  M '  DOM. 

Le  revers  varie  à  la  bulle  de  1664.  La  croix  est  la  mème^ 
mais  avec  V alpha  seulement.  Le  grand  maître,  agenouillé, 
tient  un  dizain  à  deux  grains  et  une  houppe  :  il  est  suivi  de 
cinq  religieux,  dont  la  présence  est  justifiée  par  le  texte 
Nos  conventus  et  la  légende  dont  il  ne  reste  que  le  com- 
mencement et  la  fin  :  f  BVL  [la  magistri)  ET  CONVENTVS  et 
qui  se  développe  entre  deux  rangs  de  grènetis.  Le  revers  de 
la  bulle  variait  donc,  suivant  qu'elle  était  donnée  par  le 
grand  maître  seul  ou  par  celui-ci  et  son  couvent. 


IV. 


Les  bulles  des  grands  maîtres  ont  été  étudiées  plusieurs 
fois'  ***.  Il  ne  sera  pas  inutile  de  comparer  celles  du  moyen- 
âge  avec  les  deux  relçitives  au  prieuré  d'Aquitaine. 

*  JLes  cheyalien  de  Malte  ayaient  remplacé  la  récitation  de  Toffice  divin 
par  ceUe,  beaucoup  plus  courte,  du  chapelet. 

'  Cette  croix,  qui  figure  la  vraie  Croix  conservée  à  Jérusalem,  est  derenue 
l'insigne  du  patriarcat. 

>  La  bulle  a  souffert  en  cet  endroit,  mais  il  est  facile  de  suppléer  arec  le 
début  du  diplôme  :  Magnus  magister  sacr»  damtts  hospitaXis, 

^  bis.  Parmi  les  ouvrages  récents,  il  importe  de  citer  le  suivant  :  Les  Sceaux 
des  archives  de  Vùrdre  de  SairU-Jean  de  Jérusalem  à  Malte,  par  Delaville- 
Le  Roulx/  1887,  in-8*. 


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DU  xvi*  SIÈCLE  ;301 

•  Les  plus  anciennes  remontent  aux  XII*  et  XIII*  siècles.  Là 
Jtevue  archéologique,  t.  xxxi,  p.  55-57,  en  donne  deux  de  cette 
époque.  La  bulle  de  frère  Jean  porte  sur  la  face,  non  pas 
€  un  malade  couché  dans  un  lit  de  Thôpital  saint  Jean,  » 
comme  Taffirme  Tauteur  de  Tarticle,  mais  bien  le  Christ  lui- 
môme  dans  son  tombeau.  Au  revers,  la  croix  à  double  croi- 
sillon est  accostée  des  lettres  «  et  w  et  surmonte  un  M  go- 
thique, qui  n'est  pas  expliqué*  . 

Sur  le  contre  sceau  du  patriarche  de  Jérusalem,  Guillaume, 
en  1265  (Douet  d'Arcq,  Collect,  de  sceaux,  t.  u,  p.  454).  la 
légende  permet  de  reconnaître  sûrement  le  Saint  Sépulcre'  : 

PVf  SELCRVM  XPI  VIVENTIS    . 

Les  Mélanges  de  numismatique,  t.  ii,  contiennent  un  article 
de  MM.  de  Vogué  et  Lambros,  qui,  planche  IX,  n"  21,  figurent 
le  plomb  du  grand  maître  Gaufridus  Lerat  (1195-1206),  où 
Ton  observe  la  croix  double,  flanquée  à  droite  de  Voméga^  et 

'  Pour  M.  Schlamberger  (Rex>,  arch.^  t.  xzxi,  p.  t50),  ce  que  Ton  a  pris 
€  pour  un  M  gothique  »  serait  «  la  représentation  du  crâne  dWdam.  »  Je  ne 
puis  admettre  cette  interprétation  que  la  forme  même  du  signe  contredit.  La 
lettre  existe  réellement,  elle  n'est  donc  point  une  erreur  d'interprétation  ; 
mais  elle  est  la  dégénérescence  d'un  type  primordial,  que  les  artistes  avaient 
cessé  de  comprendre  et  qu'ils  reproduisaient  en  conséquence  d'une  manière 
fantaisiste. 

'  Les  Templiers  (Douet   d'Arcq,  t.  m,    p.  242)   faisaient  usage,  en    1255, 
d'un  sceau  où  la  coupole  désignait  le  Saint-Sépulcre  : 
t  SIGILLVM  TVMBE  TEMPLI  XPI. 

Chassant  {Dict,  de  paléographie  pratique)  donne  ces  deux  variantes  : 
S.  MIUTVM  XPI 
S.  MILITIB  TEMPLI 

'  En  Afrique,  h,  Thévedte,  fut  découvert  dan.s  une  basilique  le  sarcophage 
de  Palladius,  évéque  d'Idicra,  qui  mourut  b.  Constantine  en  484.  «  L'iscrizione 
e  sormontata  da  una  oroce  avente  all'angolo  destro  inferiore  la  lettera 
oméga.  E  ourioso  d'osservare  che  l'altro  corrispondente  a  mano  sinistra  non 
contiene  Valfa,  corne  generalmente  s'osserva.  Fu  detto  che  cio  dériva  dal 
fatto  essere  morto  il  vescovo  lontano  dalla  sua  diocesi.  »  {Bullet.  di  arche 
Dalmata,  1889,  p.  17).  La  croix  n'a  donc  que  Vomega  sans  alpha  et  cet  oméga 
est  ù.  droite,  La  raison  alléguée  ici,  quel'évéque  est  mort  hors  de  son  diocèse, 
ne  me  semble  guère  plausible. 

T.   VI.    —   NOTICES.    —   VI'  ANNÉE,   3"   LIV.  19* 


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302  DEUX  BULLES  INÉDITES 

au-dessous  est  une  espèce  de  tête  de  mort.  Planche  X,  n»  27, 
la  croix  s'élève  entre  A  [alpha)  et  M,  qui  n'est  qu'un  oméga 
renversé.  Planche  VI,  n'  59,  A  disparaît  et  M  seule  subsiste 
du  côlé  gauche,  sur  la  bulle  Orsini  ;  au  n»  6,  M  prendla  forme 
gothique  bouclée.  Sur  le  sceau  de  Foulques  de  Villaret  (1307 
1359),  la  croix  double  surmonte  une  M  fermée,  avec  deux 
pointes  qui  ressemblent  aux  deux  yeux  du  crâne  (n**  22). 

Douet  d'Arcq  écrit  (t.  m,  p.  243-244),  à  propos  de  deux 
bulles  des  «  hospitaliers  de  Jérusalem,  »  qui  scellent  un  di- 
plôme  donné  à  Rhodes  en  1356  :  «  A  droite,  une  foule  de 
chevaliers  Csept  têtes  *),  agenouillés  devant  une  croix  pa- 
triarcale, accompagnée  des  lettres  «  w.  Sous  le  pied  de  la 
croix,  un  M  couché,  f  BVLLA  MAGISTRI  ET  CONVENTVS. 
—  Revers.  Sous  un  toit  d'architecture  gothique,  d*où  pend 
une  lampe,  un  personnage  nimbé' ,  couché  sur  un  tombeau, 
au  chevet  duquel  est  une  croix  pattée'  ,  ayant  à  ses  pieds  un 
encensoir,  f  HOSPITALIS  HIERVSALEM.   » 

La  bulle  de  Philbert  de   Naillac  (1396-1421)  est  figurée  aux 

*  yj  compte  huit  têtes,  dont  trois  en  queue. 

>  L'auteur  hésite  \\  tort,  car  le  nimbe  aurait  dû  le  renseigner  suffisam- 
ment et  surtout  s'il  avait  constaté  sur  de  bonnes  empreintes  qu'il  est  timbré 
d'une  croix.  M.  de  Vogué,  p.  184,  se  contente  de  dire  «  personnage  couché,  » 
ce  qui  est  bien  vague,  quand,  en  iconographie,  une  plus  grande  précision 
est  possible. 

'  La  croix  est  une  coutume  liturgique,  qui  a  subsisté  jusqu'à  ces  der- 
niers temps, dans  le  rite  gallican. Le  baron  de  Guilhermyen  a  cité  un  exemple 
dans  ses  Inscriptions  du  diocèse  de  Paris,  t.  ii,  p.  366.  En  1677,  Etienne 
Le  Qoust,  marchand,  est  inhumé  dans  Téglise  de  Saint-Ouen-l'Aumône. 
Entre  autres  recommandations  faites  par  lui,  son  épitaphe  rapporte  celle-ci  : 
il  avait  fondé  un'  salut,  le  jour  de  saint  Jean -Baptiste  et, 

A  LA  FIN  DVDIT  SALVT  DE  PRO 

FVNDIS  ET    ORAISONS  DANS  LA   CHAPELLE  DE  LA    VIERGE 
OV  EST  ENTERRÉ  LEDIT  DEFFVNCT  LE  GOVST  OR  SERA 
MIS  LA  BELLE  CROIX  AV  feOVT  DE  LA  REPRÉSENTATION 
DES  MORTS  ET  DEVX  CIERGES  ARDENS...   . 


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DU  XVI*  SiftCLlî  303 

n"  29,  47,  49,  •ISO.  La  croix  double  est  accompagnée  de  la 
lettre  A  à  gauche,  une  seule  fois  et,  trois  autres  fois,  de  M 
sous  la  croix  et,  aux  n»»  30  et  51,  de  la  lettre  G,  sur  la  bulle 
d'Antoine. 

Au  n"  45  de  la  planche  V,  A  est  à  gauche  de  la  croix,  sans 
pendant,  sur  la  bulle  de  Philippe.  Enfin,  sur  les  monnaies 
des  XIV«  et  XV  siècles,  les  lettres  sont  A,  B,  G,  M,  P.,  indif- 
féremment. 

Tout  cela  est  évidemment  fort  compliqué  et  il  faudrait 
peut-être  d'autres  éléments  encore  pour  pouvoir  se  prononcer 
librement. 

Raisonnons  sur  ce  que  nous  avons  sous  les  yeux.  II  y  a 
plusieurs  variantes  :  d'abord  alpha  et  oméga,  dont  la  signi- 
Qcation  est  incontestable  et  bien  connue  en  iconographie. 
Mais  il  s'y  opère  deux  changements:  A  esta  droite  ou  à 
gauche  ;  à  gauche,  il  n*a  pas  son  pendant  (pi.  V,  n*  45  ;  pi.  X, 
n"  29).  Puis  w  se  retourne  et  devient  M  (pi.  X,  n°  27  ;  pi.  VI, 
n^fiO).  Est-ce  cet  am^g'a  mal  fait  ou  renversé  qui  aurait  donné 
ridée  de  M  sous  la  croix,  laquelle  alors  n'a  plus  l'initiale  ou 
la  finale  del'alphabet  grec?  C'est  possible  (pi.  V,  n"  47,  49,50). 

Mais  une  autre  version  s'impose  et  elle  a  pour  garant 
l'autorité  de  M.  Schlumberger.  Planche  IX,  n**  21,  la  croix  a, 
adroite,  Y  oméga,  à  gauche  V  alpha  a  disparu,  mais  son  exis- 
tence n'est  pas  douteuse  ;  enfin,  au  dessous,  un  crâne  qui  ne 
peut  être  que  celui  d'Adam*.  Ce  crâne  (n*  22)  devient  M  bouclée 
au  quatorzième  siècle,  mais  avec  deux  points  rappelant  ses 
deux  yeux  :  à  la  fin  du  même  siècle,  M  subsiste  seule  (n**  47, 
45,  50).  Qu'en  conclure?  Que  nous  avons  là  le  point  de  départ 
et  les  deux  transformations  successives.  L'acheminement 
à  la  déformation  est  très  apparent  de  1307  à  1319  rotez  les 
deux  points,  il  n'y  a  plus  qu'une  lettre  inintelligible  au  lieu 
d'un  crâne. 

*  X.  Barbier  de  Montault,  Œuvres  complètes,  t.  ii,  p.  494,  au  mot  Adam 


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1 


304  DKUX  BULLlîS  INÉDITES 

Mais,  à  gauche  de  la  croix,  voici  d'autres  lè*trés,B,.G,  P. 
M.  de  Vogué  interprète  GGenisalemme,  Pourquoi  cette  forme 
italienne?  G^roso/êma  serait  encore  plus  plausible. 

L'initiale  donnerait-elle  alors  le  lieu  de  la  frappe  ?  B  pourrait 
donc  devenir  Bethléem,  P  Palestina.  J'avoue  toutefois  que  je 
n*ose  m'aventurer  sur  un  terrain  si  peu  solide. 

X.   Barbier  de  Montault, 
Prélat  delà  Maison  de  Sa  Sainteté, 


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t 


\a  Rerue  hUioriqv^  de  t  Ouest  a  été  le  moi»  Her- 
Tiier  fia  juin),  hîen  criidlement  éprouvée  par  la 
raorU  aussi  subite  qu" imprévue,  de  M.  Joseph  ér, 
MUNTl  DE  KEZÉ,  âgé  de  i8  ans,  fils  aîoé  de  notre 
f  her  ooïi frère  M.  Claude  (ie  Monti  de  Resté,  archiviste 
de  la  lle}*ae,  el  l'un  di*  ses  foûdateurs.  A  peine  au 
sruil  de  la  vie,  et  alors  que  l'existence  la  plus 
heureuse  semblait  lui  sourire,  il  a  été  enlevé  en 
quelques  heures  a  l'alîeilîoii  des  siens.  Dans  cea 
tristes  drconsUnif^es,  la  Pevae  historique  de  f  Ouest 
tient  à  assurer  de  nouveau  M.  (ïlaude  de  IVlonti  'de 
Rezé  et  sa  famille  de  toulf  la  vive  pari  qu'elle  a  j»rise 
à  leur  profonde  douleur. 


Quelques  jourfi  après,  le  â!i  juin,  un  nouveau 
deuil,  ausHÏ  cruel  qu'inattendu,  venait  attrister  Ions 
nos  coeurs  ;  notre  sympalhique  et  zélé  eonfnVre, 
M,  Raoul  LE  QUEN  uEN  TREMEUSE,  était  emporté 
presque  subitement  par  une  méningite.  Aussi 
profondément  dévoué  à  toutes  les  œuvres  littéraires 
et  scieutifiques  qu'aux  œuvres  sociales  et  rclig'ieuses, 
il  avait  été  Tun  des  premiers  fondateurs  et  des 
bienfaiteurs  fie  la  Ueime  historique  de  F  Ouest,  h 
laquelle  il  n'avait  cessé  de  témoigner  le  plus  vif 
intérêt.  Elle  ne  saurait  donc  oublier  ce  caractère  si 
noble,  ce  cœur  si  généreux  et  si  loyal»  et  c'est  avec 
une  profonde  tristesse  qu'elle  s^associe  aujourd*hui 
à  l'immense  douleur  de  sa  famille  et  de  ses  nom- 
breux amis. 


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LES  136  NANTAIS 

RELATION  INÉDITE  DE  LEUR  Y0TA6E  A  PARIS  EN  1794 
Par  1«  Comte  Bernardin-Marie  de  la  GUÈRE 

AVEC  INTRODUCTION.  NOTES  &  NOTICES 

Par  le  oomte  Alphonse  de  la  GUÈRE 

AVEC     LE     CONCOURS     DE     MM.     RENÉ    KERVILER^    COMTE     RÉGIS 
DE    l'bSTOURBBILLON  ,    HENRI    LE    MEIGNEN.  • 

INTRODUCTION 

LE  voyage  à  Paris  des  132'  Nantais  envoyés  par  Carrier  au 
tribunal  révolutionnaire  de  Paris  est  Tun  des  épisodes 
les  plus  importants  et  les  plus  dramatiques  de  Tbistoire 
de  la  Terreur  à  Nantes.  Il  est  pourtant  mal  connu,  sinon  dans  les 
faits  matériels  de  ses  cruelles  péripéties,  du  moins  dans  ses 
causes  et  dans  Tappréciation  de  la  situation  politique  de  ses  prin- 
cipales victimes. 

Une  relation^de  cette  lamentable  odyssée  fut  imprimée  à  Paris 
presque  aussitôt  après  l'acquittement  des  prisonniers  restants.  Elle 
a  pour  titre  :  Relation  du  voyage  des  cent  trente-deux 
Nantais  envoyés  à  Paris  par  le  Comité  révolutionnaire 

*  Us  partirent  132,  mais  à  Angers  on  en  relâcha  4  qui  furent  remplacés  par 
4  antres.  Total  13«. 

T.   VI.   —   NOTICES.   —   VI*  ANNÉE,   4*  LIV.  20 


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306  INTRODUCTION 

de  Nantes  (Paris,  sans  Dom  d'imprimeur,  an  II,  in-8*,  45  p.)  ; 
elle  est  signée  de  dix  noms  seulement  parmi  lesquels  ceux  de 
'\nilenave,  de  Dorvo  et  de  Pineau  du  Pavillon',  et  datée  de  Paris 
<K  maison  BeIhomme,rue  Charonne,  faubourg  Antoine,  le  l**"  mes- 
sidor an  II  de  la  République  française,  une  et  indivisible.  » 
Bien  qu'un  grand  nombre  d'éditions  en  .aient  été  tirées  aussitôt 
après  sa  première  publication,  elle  est  devenue  assez  rare,  et 
Verger  l'a  reproduite  dans  ses  Archives  curierÀses  de  la  ville 
de  Nantes.  Elle  est  précédée  d'un  avertissement  ainsi  conçu  : 

«  Cette  relation  n'était  point  destinée  à  Timpression.  Quelques- 
uns  d'entre  nous  l'avaieut  rédigée  comme  on  rédige  des  notes 
sur  les  événements  les  plus  remarquables  de  sa  vie,  c'est-à-dire 
sans  soin  et  sans  prétention.  Tant  que  le  Comité  révolutionnaire  de 
Nan^s  a  exercé,  dans  cette  commuae  et  dans  le  département  de 
la  Loire-Inférieure,  la  pui&sance  la  plus  arbitraire,  la  crainte  bien 
légitime  d'exposer  à  sa  fureur  nos  familles  entières  nous  a  imposé 
la  loi  du  plus  rigoureux  silence.  Pleins  de  confiance  dans  la 
justice  nationale,  nous  avons  dû  étouffer  nos  plaintes,  mais  au- 
jourd'hui qu'il  est  bien  prouvé  que  le  comité  de  Nantes  a  épuisé 
sur  nous  tous  ses  moyens  de  nuire,  nous  devons  à  la  vérité,  à  la 
justice  et  à  l'humanité,  de  déclarer  toutes  les  persécutions  aux- 
quelles  nous  avons  été  en  butte.   » 

Cette  relation  empreinte  d'un  assez  vif  esprit  républicain  est 
généralement  attribuée  à  Villenave.  Il  est,  en  effet,  fort  probable 
qu'il  en  fut  le  principal  rédacteur  et  qu'il  eut  pour  collaborateur 
Phélippes  de  Coëtgoureden  de  Tronjolly,  cet  ancien  substitut  du 
procureur  du  Roi  près  le  présidial  de  Rennes,  qui,  devenu  pré- 
sident du  tribunal  révolutionnaire  de  Nantes,  avait  d'abord  exé- 
cuté, sans  mot  dire,  les  ordres  de  Carrier  et  s'était  fait  ensuite 

«  Sur  tous  ces  personnages,  nous  donnerons  ci*dessoù8  des  notices 
détaillées. 


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INTRODUCTION  307 

l'accusateur  de  son  ancien  patron*.  Phélippes  n'avait  pointt 
fait  partie  du  voyage  des  132,  mais  lorsqu'il  se  décida  à  se  faire 
raccnsateur  de  Garrieri  c'est-à-dire  quelques  mois  plus  tard,  il  se 
constitua  prisonnier,  fut  expédié  seul  à  Paris  et  joint  pour  le 
procès  aux  133  Nantais.  Or  l'œuvre  de  ces  deux  transfuges  de 
l'ancien  régime  a  été  jusqu'à  présent  la  seule  base  des  appréciations 
des  historiens.  Il  en  est  résulté  des  erreurs  capitales.  Je  n'en  veux 
pour  preuve  que  ce  passage  d'un  compte-rendu  de  M.  Anatole 
de  Earthéïemf ,  un  des  érudits  parisiens  qui  connaissent  le  mieux 
la  Bretagne  et  ses  annales  les  plus  intimes,  présentant  aux  lec- 
tears  de  la  Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée^  en  1862,  le 
livre  de  H;.  Gampardon,  un  historien  lui  aussi  fort  consciencieux, 
archiviste  aux  archives  de  l'Empire,  sur  VHistoire  du  tribunal 
rétolutionnaire  de  Paris  : 

c  J'ai  rarement  vu,  dit  M.  de  Barthélémy  d'après  M.  Gam- 
pardon, quelque  chose  de  plus  navrant  que  le  récit  du  voyage  de 
Nantes  à  Paris  des  malheureux  Nantais  que  le  Comité  révolution- 
naire expédia  le  27  novembre  1793.  C'étaient  cependant  des 
républicains  qui  avaient  fait  leurs  preuves^  qui  avaient 
même  obéi  à  quelques-uns  des  ordres  de  Carrier.  Un  beau 
jour^  celui-ci  ne  les  avait  plus  trouvés  ni  assez  purs^  ni 
assez  zélée.  Leur  voyage  dura  quarante  jours,  au  milieu  des 
souffrances  de  la  faim,  de  la  soif,  du  froid,  exposés  aux  insultes 
et  à  la  mort  violente,  enfermés  à  leurs  longues  étapes  dans  des 

*  François-Anne-Louls  Phélippes  de  TronjoU^  appartenait  à  une  ancienne 
famiUe  qui  figure  aux  réformations  et  montres  du  XV*  siècle,  en  Bourgbriac 
et  Plésidy,  et  qui  portait  «  de  gueules  à  la  croix  endentée  éC argent  »,  mais 
qui  ne  comparut  pas  à.  la  ré  formation  de  1669.  Petit-fils  d'un  échevin  de 
Rennes,  il  fnt  juge-garde  de  la  monnaie  de  Rennes  en  1775,  avocat  du  roi 
au  présidial  en  1778,  lieutenant^colonel  de  la  milice  bourgeoise,  député  de 
Rennes  aux  États  de  1784,  et  son  zèle  révolutionnaire  lui  valut  en  179S  la 
présidence^  du  tribunal  révolutionnaire  de  Nantes,  Il  mourut  en  1818. 


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308  INTRODUCTION 

locaux  insalubres  où  une  simple  paillasse  était  payée  jusqu'à  dix 
livres  par  nuit.  Ils  n'étaient  plus  que  97  à  leur  arrivée  :  la  dé^ 
magogie  leur  faisait  payer  durement  le  concours  dévoué 
quelle  leur  avait  prêté.  A  leur  tête  était  Phélippes  de  Tron- 
jolly  qui,  après  avoir  invectivé  les  aristocrates  à  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle,  se  vantait  en  1808  d'être  d'extraction  noble. 
Il  ent  la  chance  d'être  oublié  avec  ses  compagnons  d'infortune 
jusqu'à  la  réaction  de  thermidor  et,  après  la  chute  des  terroristes, 
il  futTun  des  plus  ardents  à  dénoncer  ce  même  Carrier,  à  qui  le 
15  germinal  an  II,  il  écrivait  :  «  Personne  ne  te  rend  plus  justice 
que  moi  qui  suis  patriote  et  répablicain. .  •  Je  ne  me  consolerais 
pas  d'avoir  perdu  la  confiance  d'un  représentant  tel  que  toi.  » 
C'est  le  courage  du  roquet  devant  le  loup  enchaîné.  —  li.  Cam- 
pardon  donne  les  noms  des  malheureux  républicains  nantais  qui 
auraient  fait  une  fournée^  si  Robespierre  eût  encore  régné  ;  il 
entre  dans  des  détails  complets  sur  leurs  interrogatoires.  Le  grand 
crime  qui  leur  était  imputé  était  d'appartenir  à  la  faction  scélérate 
du  fédéralisme.  Grâce  à  l'éloquence  de  Tronson-Ducoudray,  les 
Nantais  furent  acquittés,  et  le  comité  révolutionnaire  de  Nantes 
dut  à  son  tour  venir  rendre  compte  de  sa  conduite  au  tribunal'.  > 
A  ce  compte,  il  faudrait  considérer  les  136  Nantais  comme  un 
groupe  de  Girondins  au  petit  pied,  parallèle  à  celui  des  36  admi- 
nistrateurs du  Finistère,  reconnaissant  pour  chef  Phélippes  de 
TronjoUy,  et  assez  peu  récompensés  de  leur  zèle  à  se  faire 
pardonner  leurs  tentatives  de  fédéralisme,  même  en  sacrifiant  à 
Carrier,  pour  avoir  été  jugés  dignes  des  dernières  vengeances  de 
la  Montagne.  Le  malheur,  — où  plutôt  les  malheurs,  car  cette 
théorie  rencontre  beaucoup  d'obstacles  insurmontables,  —  c'est 
d'abord  que  Phélippes  de  Tronjolly  n'a  jamais  fait  partie  du  voyage 

*  Rêvue  de  Bretagne  et  de  Vendée^  1862,  1,  p.  300. 


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INTRODUCTION  309 

des  132  Nantais  commencé  le  27  novembre  1793  et  continué 
pendant  tout  le  mois  de  décembre,  attendu  qu'un  mois  après  ce 
départ,  il  fonctionnait  encore  comme  président  du  tribunal  lévolu- 
tionnaire  de  Nantes  ;  —  c'est  ensuite  :  qu'il  ne  fut  jamais  le  chef 
politique  de  ce  groupe  fort  hétérogène,  dont  il  avait  fait  incarcérer 
un  grand  nombre  de  titulaires^  comme  suspects,  longtemps  avant 
^u'on  songeât  à  les  adresser  au  tribunal  révolutionnaire  de  Paris  ; 
—  c'est  enfin  que,  loin  de  former  un  groupe  politique,  ces  mal- 
heureux ne  se  connaissaient  même  pa&et  que  plusieurs  d'entre  eux, 
fort  éloignés  des  opinions  républicaines,  n'étaient  que  de  simples 
< aristocrates  ou  contre-révolutionnaires.  Au  moment  de  partir, 
tous  ces  malheureux  se  regardent  et  constatant  qu'ils  sont  pour 
la  plupart  étrangers  les  uns  aux  autres  :  «  Nous  nous  examinions, 
dit  Villenave  :  notre  surprise  était  extrême  :  nous  ne  nous  con- 
naissions point  :  nulles  relations,  d'aucune  espèce,  n'avaient  existé 
entre  presque  tous.  »  Il  est  certain  que  ni  les  Bodin  des  Plantes, 
ni  les  de  Biré,  ni  les  Bruneau  de  la  Souchais,  ni  les  Charette  de 
Boisfoucauld,  ni  les  de  l'Estourbeillon,  ni  les  Onfroy  de  Bréville, 
ni  les  Espivent  de  la  Villeboisnet,  ni  les  de  la  Guère,  ni  les 
Luette  de  la  Pilorgerie,  ni  les  Sarrebourse,  ni  les  de  Monti, 
ni  les  de  Menou,  pour  n'en  citer  à  la  volée  qu'une  douzaine,  ne 
pouvaient  être  soupçonnés  de  complicité  avec  les  Dorvo  et  les 
Sotin.  Pas  davantage  ne  pouvait  Terre  Tex-constituant  Pel- 
lerin,  qui  jadis,  à  la  déclaration  des  droits  de  l'homme,  avait 
opposé  la  déclaration  de  ses  devoirs,  qui  avait  donné  sa  démis- 
sion de  cléputé  pour  ne  pas  voter  la  constitution  civile  du  clergé, 
et  qui  depuis  avait  été  enfermé  au  ch&teau  de  Nantes  parce  qu'on 
l'accusait  d'avoir  mal  parlé  de  la  garde  nationale  en  défendant 
les  religieuses  des  Couëts ...  Et  Bernède,  arrêté  4  mois  avant 
l'arrivée  de  Carrier  à  Nantes  pour  avoir  donné  asile  à  un  prêtre  ! 
Et  Duchesne,  et  les  deux  Pichelin,  et  tant  d'autres  I 


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310  INTRODUCTION 

La  vérité,  c'est  que  ce  procès  historique  est  à  réviser.  M.  de 
la  Pilorgérie  ayant  présenté  quelques  unes  des  considérations  qui 
précèdent,  dans  IzRevUe  de  Bretagne  et  de  Vendée^  quelques 
semaines  après  le  compte-rendu  de  M.  de  Barthélémy,  celui-ci 
reconnut  avec  franchise  que  ses  paroles  avaient  dépassé  sa  pensée 
lorsqu'il  avait  écrit  :  «  C'étaient  cependant  des  républicains  :  »  il 
déclara  qu'il  aurait  dû  écrire  :  «  il  y  avait  cependant  ps^rmi  eux  des 
républicains^  >  Cela  ne  nous  suffit  pas  ;  et  bien  que  M.  Wallon, 
dans  sa  récente  Histoire  du  Tribunal  révolutionnaire  de 
Paris^  ait  mieux  apprécié  les  choses  que  M:  Campardon,  en 
disant  :  «  On  imagina  une  conspiratioi^  :  royalistes,  fédéralistes, 
patriotes  tièdes  et  riches  surtout,  étaient  de  droit  conspirateurs  : 
on  en  dressa  une  liste  à  l'aide  d'un  almanach  et  des  registres  de  la 
municipalité^.  • .  >,  nous  pensons  qu'il  importe  d'examiner  de  près 
le  dossier  de  chacun  des  182  Nantais. 

L'occasion  nous  en  est  fournie  par  une  relation  jusqu'ici  inédite, 
qui  émane  du  comte  Bernardin-Marie  Pantin  de  la  Guère,  un  des 
aristocrates  que  nous  mentionnions  tout  à  l'heure  et  qui  nous  a  été 
communiquée  par  un  de  ses  descendants.  Il  est  intéressant  de  la 
comparer  avec  la  relation  de  Villenave  :  nous  allons  donc  la 
publier  tout  d'abord  pour  bien  établir  les  faits  entre  le  départ  et 
le  jugement  ;  puis  nous  tâcherons  de  reconstituer  la  Biographie 
des  132  :  nous  ferons  suivre  cette  Revue  de  la  publication  des 
audiences  du  tribunal  révolutionnaire  de  Paris,  et  nous  conclurons. 

Mais  il  est  bon  dç  ne  pas  terminer  cette  courte  préface  sans 
dire  quelques  mots  de  ce  que  nous  croyons  d'ores  et  déjà  être 
Fexpression  de  la  vérité.  Carrier  arriva  à  Nantes  le  8  octobre 
1793  ;  les  prisons  contenaient  déjà  beaucoup  de  suspects  ;  il  les 

'  Revtie  de  Bretagne  et  de  Vendée^  1862,  1, 492. 
•  WaUofli,  Bist.  du  Tnb.  révoluU,  V,  329. 


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INTRODUCTION  ^H 

en  fit  bienU^t  regorger  et  la  question  se  posa  alors  de  savoir 
comment  on  s'en  débarrasserait.  La  première  noyade  eut  lieu  le 
17  novembre  1793,  la  seconde  le  7  décembre  ;  l'envoi  des  132 
Nantais  à  Paris,  le  27  novembre,  juste  à  égale  distance  entre  ces 
deux  monstrueuses  opérations;  fait  donc  partie  du  système  gé- 
néral :  se  défaire  des  prisonniers  en  masse  ;  car  pour  les  132 
Nantais,  il  parait  bien  prouvé  qu*ordre  avait  été  donné  au  citoj'Bn 
Boussard,  commandant  le  bataillon  d'esoorte,  de  les  fusiller  en 
route.  Aucun  d'eux  ne  devait  arriver  à  Paris  ;  sept  jours  après 
leur  départ,  Goullin  s'exprimait  sur  leur  compte  comme  s'ils 
n'existaient  déjà  plus.  «  Une  citoyenne,  dit  une  note  de  la  rela- 
tion Yillenave,  s'étant  rendue  à  la  municipalité  pour  y  demander 
quelques  pièces  justificatives  pour  l'un  de  nous,  il  lui  fut  ré- 
pondu :  «  Vous  prenez  un  soin  désormais  inutile  :  ce  sont  des 
hommes  qu'on  a  sacrifiés  :  ils  ne  sont  plus.  » 

Or  les  propos  antérieurs  de  Carrier  sont  bien  connus  :  Tous  les 
riches,  s'ècriait-il  à  la  Société  populaire  de  Nantes^  tous  les 
marchands  sont  des  contre-révolutionnaires  ;  dénoncez-Les  moi  et  je 
ferai  rouler  leurs  têtes  sous  le  rasoir  national.  Il  est  des  fanatiques 
•qui  ferment  leurs  boutiques  le  dimanche;  dénoncez-moi  cette 
espèce  de  controrrévolutionnaires  et  je  la  ferai  guillotiner. . .  » 
Et  à  celle  d'Ancenis  :  <k  Je  vois  partout  des  gueux  en  guenilles  : 
vous  êtes  ici  aussi  bétes  qu'à  Nantes  ;  l'abondance  est  près  de 
vous  et  vous  manquez  de  tout  ;  ignorez-vous  donc  que  les  ri- 
chesses de  ces  gros  négociants  vous  appartiennent,  et  la  rivière 
n'est-elle  pas  là*  î  » 

Ecoutez  encore  cette  déclaration  de  Yillenave  :  «  Quelques 
jours  avant  le  départ  des  Nantais  pour  Paris,  Nau,  d'abord  né- 
gociant, bientôt  banqueroutier,  ensuite  commissaire  bienveillant 

Berriat  Saint-Prix,  la  Justice  révolutionnaire^  p.  36. 


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312  INTRODUCTION 

du  Comité,  se  rendit  à  la  maison  d'arrêt  de  TEsperonnière,  fit 
appeler  dans  le  jardin  sept  à  huit  d'entre  nous,  et  là,  en  présence 
de  l'olBcier  de  poste  et  d'un  capitaine  des  grenadiers  de  la  légion 
nantaise,  il  leur  parle  en  ces  termes  :  Cest  maintenant  ici  la 
guerre  des  gueux  contre  ceux  qui  ont  qvslque  chose.  Je 
vous  conseille  de  vous  exécuter  :  faites  des  sacrifices  ;  le 
temps  presse.  Il  est  question  d'un  voyage  de  Paris  ;  et 
d'ailleurs  l'aventure  des  90  prêtres  qui  viennent  d^être 
noyés  est  unmotif  suffisant  pour  vous  déterminer  promp^ 
tement.  —  Nos  camarades  surent  braver  la  mort,  plutôt  que  de 
consentir  à  racheter  leur  liberté  ou  leur  vie  par  une  l&cheté,  et, 
jusque  dans  les  fers,  ils  montrèrent  un  orgueil  républicain.  » 

Tout  cela  est  caractéristique  :  arrestation  en  masse  des  suspects, 
et  parmi  les  suspects  les  principaux  sont  les  riches  et  les  négo- 
ciants :  puis  proscription,  noyades  et  fusillades,  aussi  en  masse, 
pour  se  partager  les  dépouilles  des  victimes.  C'est  bien  la  guerre 
des  gueux  contre  ceux  qui  ont  quelque  chose. 

Pour  multiplier  les  arrestations  et  se  donner  des  apparences 
de  châtiment  légitime.  Carrier  et  le  Comité  répandirent,  peu  de 
jours  avant  l'expédition,  le  bruit  d'une  conspiration  contre  les  re- 
présentants du  peuple  et  contre  les  autorités  constituées.  Le 
22  brumaire,  la  générale  fut  battue,  la  garde  nationale  rassem- 
blée; des  canons  furent  braqués  sur  plusieurs  places;  un  grand 
nombre  d'arrestations  eurent  lieu.  Un  témoin*  dut  en  opérer, 
sans  motifs,  à  l'égard  de  parents  et  d'amis.  Cette  expédition  était 
ainsi  racontée  dans  une  note  insérée  au  Moniteur^  : 

*  Bulletin  du  tribunal  révolutionnaire^  déposition  de  Sarradin, 
n®  78.  p.  3.  Et  tout  cela  parce  que  quelques  prisonniers  avaient  Jeté 
le  riz  qu'ils  ne  pouvaient  avaler. 

>  MoniteuXi  1*'  frimaire  an  II,  p.  245. 


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INTRODUCTION  313 

I 

c  Ce  matin  oa  a  battu  la  générale  pour  prévenir  un  complot 
qu'on  a  découvert  ;  il  ne  s'agissait  rien  moins  que  d'égoi^er  les 
représentants  du  peuple  qui  sont  ici  et  toutes  les  autorités  cons>- 
tituées  ;  mais  gr&ce  aux  b^s  patriotes  qui  dominent  toujours  dans 
notre  ville,  ce  complot  a  été  déjoué.  » 

Le  surlendemain,  le  Comité  révolutionnaire  de  Nantes  prenait 
l'arrêté  suivant  : 

«  Liberté,  Indivisibilité,  Egalité.  » 

•  Le  Comité  révolutionnaire  instruit,  par  divers  rapports  una- 
nimes, qu'un  grand  complot  se  tramait  dans  le  sein  de  cette 
ville  ;  que  les  jours  des  administrateurs,  des  représentants  du 
peuple,  de  tous  les  républicains  même  étaient  menacés  ;  convaincu 
par  des  écrits  saisis  sur  les  brigands,  que  plusieurs  ennemis  inté- 
rieurs et  opulents  avaient  alimenté  et  alimentaient  encore  de  leur 
or  et  de  leur  correspondance  la  rébellion  de  la  Vendée. 

«  Considérant  que  pour  couper  le  fil  de  communications  aussi 
funestes,  et  faire  avorter  les  projets  liberticides,  il  était  indispen- 
sable de  frapper  des  coups  prompts  et  révolutionnaires  ;• .  • 

c  Considérant  qu'il  ne  suffirait  pas  de  se  saisir  des  conspirateurs  ;.. 
que  leur  présence  plus  longue  dans  cette  cité  pourrait  entretenir 
l'espoir  des  malveillants,  etc. 

«  Arrête, 

«  Article  P'.  Il  sera  dressé  une  liste  exacte  de  toutes  les  per- 
sonnes suspectées  d'avoir  trempé  dans  ce  complot. 

«  Art.  Ily  III.  —  (Arrestation  de  ces  personnes  par  les 
M&rat  etc. ..,  scellés  sur  leurs  appartements). 

«  Art.  IV,  V,  VI.  —  (Dépôt  à  rEsperonnière  et  puis  translation 


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314  INTRODUCTION 

à  Paris,  à  t' Abbaye,  (cela  fait  songer  aux  massacres  de  TÀbbaye)  ! 
des  persODùes  arrêtées,  sous  la  conduite  de  deux  commissaires 
civils). 

«  Art.  VII.  —  n  est  déclaré  aux^ersonnes  arrêtées  que  si 
elles  font  le  moindre  mouvement  pour  s'enfuir,  elles  seront 
fusillées  Bt  leu*^  biens  confisqués.  Cet  ordre  sera  exécuté  irrémis- 
siblement  ;  à  cet  effet  l'appel  sera  fait  deux  fois  par  jour. 

«  Art.  VIII.  —  Ceux  qui  se  seront  soustraits  à  l'arrestation  et 
ne  se  constitueront  pas  prisonniers  dans  les  trois  jours,  seront 
réputés  émigrés  et  traités  comme  tels. 

•  Art.  IX.  — (Relatif  à  la  sanction  du  représentant  du  peuple), 
c  Nantes,  24  brumaire  an  II. 

€  M.  Grandmaison^  Goullirif  Richelot. 

«  Nous,  représentants  du  peuple  près  l'armée  de  l'Ouest,  sanc- 
tionnons la  mesure  ci-dessus.  Nantes,  6  frimaire  an  II. 

Carrier  et  plus  bas  :  Goullin\  i 

Le  6  frimaire,  par  deux  arrêtés,  le  comité  nomma,  pour  com- 
missaires civils  près  le  convoi,  Bologniel  un  4e  ses  membres, 
et  Nau,  de  la  trop  célèbre  compagnie  Marat  ;  et  comme  inspec* 
teur  général,avec  les  pouvoirs  lès  plus  étendus,  Etienne  Dardare. 
Et  le  convoi  partit.  J'ai  dit  que  l'on  comptait  bien  qu'il  n'arri- 
verait pas  à  destination.  Voici  en  effet  ce  qu'on  peut  lire  à  la  fin 
du  mémoire  de  Tronjolly,  adressé  à  la  Convention  nationale  pour 
l'accusation  de  Carrier  et  de  ses  complices  : 

•  Je  reçois  à  l'instant,  écrivait-il,  la  pièce  suivante  ;  je  me  b&te 
delà  livrer  à  l'impression.  Elle  aurait  seule  suffi  pour  justifier 

'  La  Justice  révolutionnaire  (Berriat  Saint-Prix,  p.  49. 

0 


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INTRODUCTION  316 

mes  poursuites  contre  le  comité,  dans  mes  fonctions  d'accusateur 
public  près  le  tribunal  criminel  du  département  de  la  Ltàn* 
Inférieure. 

<  J'ai  été  dénoncé,  incarcéré,  mis  au  secret  pendant  cinq  jours, 
lié,  garotté,  couvert  de  fers  et  traduit  au  tribunal  révolutionnaire, 
de  cachots  en  cachots,  etc. 

«  Quel  est  mon  crime?  J'ai  poursuivi  des  assassins,  des  con- 
cussionnaires, des  inl&mes  agents  de  Biobespierre,  j'ai  vengé  la 
Nation  et  la  nature. 

«  Par  qui  ai-je  été  dénoncé  ?  par  les  monstres  que  je  poursuivais . 

«  Je  demande  à  être  interrogé,  jugé.  J'ai  des  révélations  imp6r« 

tantes  à  faire.  Depuis  trois  mois,  je  n'ai  pu  me  faire  entendre  ;  il 

est  temps  que  la  loi  prononce  sur  le  comité  révolutionnaire  de 

Nantes  et  sur  toutes  ses  victimes. 

>  J'ai  étaibli  ma  justification,  et  j'ai  fait  connaître  une  pérWe  des 
crimes  du  Comité  révolutionnaire,  dans  les  mémoires  que  j'ai 
adressés  à  la  Convention  nationale,  aux  Comités  de  salut  public 
et  de  sûreté  générale,  à  la  Commission  des  tribunaux,  à  celle  des 
revenus  de  là  République  et  au  Tribunal  révolutionnaire/ Ce 
mémoire  est  sous  presse.  —  PnâLiPPSs.  ■ 

Et  il  ajoute  cette  pièce  : 

«  Au  nom  du  Comité  révolutionnaire  de  Nantes  : 
€  Le  commandant  temporaire  de  Nantes  est  requis  de  fournir 
de  suite  300  hommes  de  troupes  soldées  ;  pour  une  moitié  se 
transporter  à  la  maison  du  Bouffay,  se  saisir  des  prisonniers  dé- 
signés dans  la  liste  ci-jointe,  leur  lier  les  mains  deux  à  deux,  et 
se  transporter  au  poste  de  TEsperonnière  ;  l'autre  moitié  se  porter 
aux  Saintes-Claires,  et  conduire,  de  cette  maison  à  celle  de  TEs- 
peronnière,  tous  les  individus  indiqués  dans  la  liste  également 


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316  INTRODUCTION 

ci-Joiûte  ;  eafia,  pour  le  tout,  arrivé  à  rEsperoonière,  prendre  en 
route  ceux  détenus  à  cette  maison  d'arrêt,  et  les  fusiller  tous 
indistinctement^  de  la  manière  que  le  commandant  jugera 
convenable.  . 

.  »  Nantes,  le  5  frimaire,  Tan  deuxième  de  la  République  fran* 
çaise,  une  et  indivisible. 

«  Sig'né  :  J.-J.  Goullin,  M.Grandmaison  et  J.-B.Maingust. 

»  Cet  ordre  est  revêtu  du  cachet  du  Comité  révolutionnaire 
de  Nantes. 

»  Ce  Ms^inguet  et  autres  exécrables  agents  du  Comité  révo- 
lutionnaire de  Nantes  sont. . .  libres!  plusieurs  sont  mes  dénon- 
ciateurs !  —  Phéuppbs.  « 

Boussard,  le  commandant  du  détachement,  n'exécuta  point  ces 
ordres  sanguinaires,  et  fut  incarcéré  à  Angers  pour  y  avoir  déso- 
béi. Arrivés  à  Saumur,  les  prisonniers  durent  y  séjourner  quelque 
temps,  parce  qu'on  était  persuadé  qu'ils  ne  devaient  pas  aller 
plus  loin,  et  qu'on  dût  aller  demander  d'autres  ordres  à  Nantes. 

Nous  en  savons  assez  maintenant  pour'entamer  la  ReUtion  du 
comte  de  la  Guère  :  je  ne  donnerai  pas  ici  une  longue  notice 
sur  ce  personnage  :  je  la  réserve  à  son  rang  dans  la  galerie 
des  136.  Qu'il  me  suffise  de  dire  que  Bernardirt'M&rie  de 
Pantin^  comte,  puis  marquis  de  la  Guère^  appartenait  à 
une  ancienne  famille  originaire  de  Pantin  près  Paris,  dont  une 
branche,  fixée  en  Bretagne,  fut  déclarée  noble  d'ancienne  ex- 
traction par  arrêt  des  commissaires  de  la  Réformation,  en  date 
du  19  août  1669,  et  possédait  la  seigneurie  de  la  Guère  démem- 
brée de  celle  d'Ancenis.  Né  à  Ancenis  le  5  juin  1747,  il  avait 
.été  sous-liêutenant  au  régiment  de  Penthièvre-infanterie  en  176^ 
lieutenant  en  1771,  capitaine  en   second  en  1779,  capitaine 


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INTRODUCTION  317 

commandant  en  1787,  et  lorsquîl  donna  sa  démissioD,  le 
15  septembre  1791,  il  était,  depuis  le  13  février^  chevalier  de 
Saint-Louis.  II  avait  épousé  à  Orléans,  en  1790,  Thérè.^e-Del- 
phine-Alix  de  Brouville,  et  il  n'émigra  point  ;  mais  il  dut  subir 
souvent  des  visites  domiciliaires  au  château  de  la  Guère,  où  lui 
naquit  une  fille  le  S  décembre  1792  :  on  rapporte  même  que,  lors 
de  Tune  de  ces  expéditions,  les  patriotes  coupèrent  le  cou  à  un 
malheureux  perroquet  qui  s'obstinait  à  crier  :  Vive  le  Roi  !  Membre 
du  comité  royaliste  qui  s'organisa  à  Ancenis  en  juin  1793,  pendant 
l'occupation  de  la  ville  par  l'armée  Vendéenne,  il  devait  être  na-* 
turellement  désigné  aux  vengeances  de  la  Montagne.  Nous 
allons  en  voir  les  conséquences. 

René  Kervileb. 


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VOYAGE  DES  136  NANTAIS 

Dl 

NANTES  A  PARIS  PAR  ANGERS  &  ORLÉANS 

Du   2Û  septembre  1793  au  5  avril  i79U 

PAI  LE  COiTE  BERIAIIII-iARIE  lE  LA  BUIRE 

Ex-noble  et  cbevalier  de  Saint-L.oui8.  • 


LE  20  septembre,  vieux  style»  j'étais  chez  mon  frère*  à  la 
Guère^,  depuis  le  /  7  août;  environ  midi,  arrive  un 
détachement  d'infanterie  et  de  cavalerie  pour  fouiller 
un  bois  dans  lequel  on  présumait  qu'il  pouvait  y  avoir  des 

«  *  Philippe-André  Paatin,  marquis  de  la  Guère,  capitaine  dans  le 
régiment  Royal-Dragons^  marié  le  7  décembre  1774,  avec  Hyacinthe- 
Geneviève  Thierry  de  l&  PrévaUye,  fille  de  messire  Pierre-Bernardin 
Thierry,  marquis  de  la  Prévalaye,  commandeur  de  Tordre  de  St- Louis» 
chef  d'escadre,  commandant  le  port  de  Brest  (frère  du  chevalier  de  la 
Prévalaye,  maréchal  de  camp),  et  de  dame  Jeanne-GenevièTe  de  Ro- 
bien  •  ;  —  Le  marquis  de  la  Guère  né  le  13  février  1746,  est  décédé  le 
7  mai  1813,  ayant  eu  pour  fille  unique  :  Marie- Adélaïde  de  la  Guère,  ma- 
riée en  1790  à  son  cousin  Lonis-François-Jean  Pantin,  comte  de  Lan- 
demont,  colonel,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Louis,  auquel  elle  ap- 
porta la  terre  de  la  Guère.  Le  titre  de  marquis  passa  ainsi  directement 
et  légitimement  à  son  frère  et  à  ses  petits  neveux.  (Laine,  Histoire  des 
Chevaliers  de  Saint-Louis,  ^  Mazas.  Etats  militaires,  p.  92. 
—  Les  Familles  françaises  à  Jersey  pendant  la  RévoliUion,  par  le 
comte  R.  de  TEstourbeillon). 

^  «  La  Guère  (anciennement  la  Guyére  —  terre  de  Guy  —  d'après 
les  vieux  titres  du  chartrier}»  démembrement  de  la  baronnie  d'Ancenis 


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VOYAQB   DES   136  NANTAIS   DE  NANTES  A    PARIS  319 

malveillants*  de  cachés.  On  ne  trouve  personne,îon  vient 
à  la  maison.   J'étais  à  table  avec  ma  femme%  un|de  mes 

avec  les  prééminences  de  la  paroisse  d'Âncenis  et  la  terre  des  Salles  en 
la  paroisse  de  Mesanger  et  le  fief  des  Salles  en  Saint-Géréon,  qui  vin- 
rent dans  la  famille  Pantin  parle  mariage  de  Marie  des  Salles,  héritière 
de  sa  maison,  dame  desdits  lieux^  femme  vers  1460  de  Jacques  Pantin^ 
fils  puisné  de  Pierre»  seigneur  de  la  Hamelinière,  etc.,  capitaine  et 
gouverneur  pour  le  roy  Louis  XI,  du  chasteau  de  Saint"Florent-*le- 
Vieil,  et  de  Catherine  de  Savonniôres,  tige  des  seigneurs  de  la  Guère 
jusqu'à  présent.  {Mémoires  du  président  des  Etats  de  Vitré.  Laine, 
Saint-Âllais,  d'Hozier,  etc.)  Une  partie  de  ces  terres  étaient  déjà  Tenues 
dans  la  famille  par  le  mariage  de  Jean  P.  de  la  Hamelière,  vers  4378, 
avec  Jeanne  d'Ancenis*6arbotin,  dame  de  Barhotin,  la  forôt  du  parc 
Laudémont,  etc. 

*  Il  est  inutile  de  remarquer  que,  pendant  tout  le  cours  du  mémoire, 
le  style  n^est  pas  tout  à  fait  conforme  aux  idées  personnelles  ou  aux  opi^ 
nions  du  comte  de  la  Guère,  mais  qu'il  se  ressent  du  peu  de  liberté  que 
rauteuravait,  lors  de  la  rédactionide  ces  notes.  La  plus  vulgaire  prudence 
obligeait  à  voiler  les  sentiments  et  à  dissimuler  les  moindres  indications 
afin  que  ces  confidences  ne  pussent  enfantér.de  nouveaux  malheurs. 

*  Bernardin- Marie  de  la  Guère  avait  épousé,  le  16  août  i  790,  Thérèse- 
Delphine  Alix  de  Brouville,  fille  de  messire  Pierre-Simon-Etienne^ 
Toussaint  Alix  de  la  Picardière,  sieur  d'Outreville,  de  Menainville,  etc. 
en  Beauce.  La  famille  Alix  parait  remonter  à  Claude  Alix,  convoqué  à 
l'arrière  ban  des  nobles  du  baillage  d'Aval  de  Salins  ea  1451  et  1561. 
Pierre  Alix,  chanoine  de  Besançon,  '  prieur  de  Sainte-Madeleine  de 
Salins,  nommé  par  le  pape  à  l'abbaye  de  Saint-Paul  de  Besançon  en 
4632,  mourut  l'an  1677,  laissant  une  histoire  manuscrite  de  son  abbaye, 
qu'il  avait  gouvernée  pendant  44  ans.  Une  branche  vint  s'établir  à 
Orléans.  M""^  la  comtesse  Brossaud  de  Juigné,  née  de  Trimont, 
possède  un  beau  portrait  de  François  Alix  dont  le  Journal  de 
VOrléanais  du  7  mai  4784  a  publié  un  fort  curieux  articjLe  nécrolo- 
gique dans  le  style  ampoulé  de  l'époque.  François  Alix,  écuyer,  doyen 
du  présidial,  mort  le  24  avril  1784  dans  sa  86'  année,  était  né  en  1698« 
Les  armoiries  delà  famille  Alix  étaient  d'azur  au  chevron  d'or  accom* 
pagnéde  trois  alerionsde  même,  mais  en  1756,  le  duc  d'Orléans  lui 
donna  en  souvenir  de  son  estime  :  d'azur  au  grand  A  d'or,  de  même 
accompagné  de  3  fleurs  de  lys  d'or.  M**  de  la  Guère  était  la  sœur  de 
M'^'.da  Juigné  quieutponr  enfants  le  comte  François  Brossaud  de 
Juigné,  marié  à  W^*  Alsacie  de  Trimont,  et  Caroline,  mariée  au  comte 
de  Bmc-Livemière. 


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320  VOYAGE   DES   136  NANTAIS 

neveuxS  et  le  citoyen  Pionneau  marchand  de  vin  d'Ancenis 
qui  était  venu  me  payer  du  vin  que  je  lui  avais  vendu'.  On 
me  dit  qu'il  fallait  allef  à  Ancenis;  je  m'y  rendis  escorté  de 
la  troupe.  En  y  arrivant,  je  priai  le  commandant  de  me 
laisser  aller  chez  mes  sœurs',  où  je  descendis  avec  un  gen- 

*  Uae  des  sœurs  de  Tantenr,  Marie-Aimée- Adélaïde  Pantin  de  la 
Ouère,néele  9mars  1 7 53, avait  épousé messire Henri-François  Aousseau, 
cheralier,  seigneur  de  i'Orchère  et  de  la  Meilleraye,  âls  de  M'*  Jacques  R. 
cheTalier,  seigneur  de  TOrcbére,  marquis  de  la  Meilleraye,  qui  portait 
d'azur  àlafasce  d'or,  accompagnée  en  chef  de  deux  tètes  de  lion  et 
en  pointe  de  3  besants  de  même  2.  i.,  et  de  dame  Rose  Simon  de  Vou- 
vantes  qui  portait  :  de  sadZe  au  lion  d'argent,  armé  et  lampassé  de 
gueules  (Notes  de  Bernardin- Jean,  comte  et  marquis  de  la  Guère,  filsde 
Tauteur).  Elle  eut  7  garçons,  qui  tous  moururent  à  l'âge  d'homme  sans 
avoir  été  mariés.  Le  plus  jeune,  Ozée,  fut  noyé  vers  1828,  en  allant  de 
Niort  à  Nantes  par  un  bateau  à  vapeur  qui  sombra  malheureusement. 
C'est  un  des  fils  de  Madame  de  la  Meilleraye  dont  il  est  ici  question. 

'  A  cette  époque  la  terre  de  la  Guère  était  composée  par  tiers  de 
bois,  de  terres  et  de  vignes. 

'  Outre  la  marquise  de  la  Meilleraye^  l'auteur  avait  pour  sœurs 
I*  Jeanne- Angélique  delà  Guère,  née  le  10  novembre  1743, morte 
sans  alliance  ;  2^  Julie-Françoise  de  la  Guère,  née  le  4  novembre 
1744^  morte  sans  alliance  ;  et  3*  Marie*Renée-Hyaciatbe  de  la  Guère, 
née  le  8  novembre  1748,  morte  aussi  sans  alliance.  Elles  habi- 
taient ensemble  une  maison  d'Ancenis  dans  les  environs  de  la  Davraie 
qui  leur  rappelaient  les  souvenirs  de  leur  enfance  et  ceux  de  leur 
famille.  Biles  avaient  été  élevées  aux  Ursulines  d* Ancenis  où  leur 
grande  tante  Marie-Angélique  Pantin  de  la  Guère  était  morte  re- 
ligieuse ursuline  en  1755,  avec  une  grande  réputation  de  vertu, 
tandis  qu'au  i  V  siècle  Jacques  Pantin  de  la  Guère,  chapelain  des 
châteaux  d^Ancenis  et  de  Varades  en  avait  été  l'aumônier.  Ogée 
dans  son  Dictionnaire  de  Bretagne  donne  la  description  de  la  fon- 
dation de  ce  couvent  en  1642,  et  raconte  la  visite  qu'y  fit  c  Sébastien- 
Philippe  Pantin,  seigneur  de  la  Guère,  gouverneur  des  ville  et  château 
d'Ancenis,  avec  les  plus  distingués  de  la  ville  d  mais  il  fait  une  légère 
confusion  :  Sébastien-Philippe  Pantin,  officier  de  dragons,  tué  en 
Allemagne  au  mois  de  septembre  1693,  par  un  capitaine  de  hussards 
qu'il  avait  fait  prisonnier  et  auquel  il  avait  laissé  ses  armes,  était 
marquis  de  la  Hamelinière  et  c'est  sous  son  frère  Charles,  qui  fut  garde^i 


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DE   NANTES  A   PARIS  321 

4arine.  J'y  restai  un  moment,- après  lequel  je  priai  ledit  gen- 
darme de  me  conduire  au  district  pour  connaître  le  motif  de 
mon  arrestation.  On  ne  m'en  donna  aucuns'.   On  me  dit 

marine  sous  le  titre  de  chevalier  de  la  Hamelinière,  que  cette  terre  fut 
Tendue  après  être  restée  dans  sa  famille  depuis  700  aps.  Le  personnage 
dont  il  est  question  doit  être  Gilles  Pantin,  seigneur  de  la  Guère,  du 
Verger,  de  l'Isle  Valin  etc.,  qui,  né  en  1589,  porta  les  armes  pendant 
40  ans^  sous  les  règnes  de  Louis  XIII  et  de  Louis  XIV.  Le  24  mai 
1621,  il  eut  commission  du  premier  de  ces  princes  pour  lever  une  com- 
pagnie de  cent  hommes  de  pied  français  dans  le  régiment  du  baron  de 
Kerveno.  Il  eut  une  semblable  commission,  le  18  mars  1622,  pour 
lever  et  commander  une  compagnie  de  cent  hommes  de  pied  français 
dans  le  régiment  de  Martignes.  Il  commanda  une  antre  compagnie  d'in- 
fanterie qu'il  eut  aussi  charge*  de  lever  par  commission  du  duc  de  Yen* 
dème^  gouverneur  de  Bretagne,  du  20  janvier  1625.  Les  Etats  généraux 
de  Hollande  lui  donnèrent  une  commission,  le  9  avril  1631,  pour  com- 
mander une  compagnie  de  cent  cinquante  hommes  de  pied  français  sous 
la  charge  du  prince  de  Martignes,  dans  la  guerre  que  le  Stathouder, 
allié  de  la  France,  soutenait  contre  les  Espagnols  des  Pays-Bas.  Il  fut 
fait  capitaine  et  gouverneur  des  ville,  château  et  territoire  d'Ancenis, 
par  provisions  du  12  février  1636.  Le  roi,  pour  récompenser  ses  ser- 
vices, lui  fit  don,  pour  en  jouir  pendant  dix  ans,  de  son  droit  de  dixième 
sur  les  mines  de  Bretagne,  par  lettres  du  22  mai  1646.  Il  Qt  aveu  et 
dénombrement  des  fiefs  et  seigneuries  de  la  Guère,  le  9  mai  1648,  à 
César,  duc  de  Vendôme,  baron  d'Ancenis.  Il  avait  épousé  par  contrat 
du  36  mars  1625,  Françoise  Laurens,  dame  de  la  Noê-Laurens,  de 
Passay  et  de  Léraudière,  morte  en  1681  (Laine).  Il  contribua  beaucoup 
4  la  fondation  du  couvent  des  Ursulines  d'Ancenis,  quelques  uns  le 
regardeat  môme  comme  son  principal  fondateur.  On  conserve  au 
château  de  la  Guère  deux  gros  volumes  de  ses  mémoires  et  comptes  de 
sa  campagne  de  Hollande.  L'endroit  connu  sotts  le  nom  de  l'Esplanade, 
est  le  champ  de  manœuvre  où  il  exerçait,  devant  le  château  de  la  Guère 
les  volontaires  Bretons.  M.  E.  Maillard  a  répété  l'erreur  d'Ogée  dans 
•on  Histoire  d'Anctnis,  et  confond  Sébastien-Philippe  avec  Gilles  de 
la  Guère. 

*  Il  estprésnmable  que  Bf.  de  La  Guère  dût  son  arrestation  âla  haute 
t^osition  qu'il  avait  dans  le  pays,  â  sa  naissance,  â  sa  fortune  mais 
aussi  à  la  capture  par  les  représentants  du  peuple  de  papiers  compro^ 
mettants.  (Voir  plus  loin  la  Notice  biographique  de  M.  Papirl  de  la 

T.   VI.   —  NOTICES.  —  VI*  ANNÉE,   4*  LIV.  21    ■ 


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322  VOYAGE  DES    136  NANTAIS 

seulement  que  c'était  par  mesure  de  sûreté  générale,  que  ça 
ne  serait  pas  long  et  que  dans  quinze  jours  je  pourrais  pré- 
senter une  requête  pour  mon  élargissement. 

Ne  pouvant  obtenir  d'autres  réponses,  je  mè  retirai  avec 
le  gendarme  chez  mes  sœurs,  chez  lesquelles  le  citoyen 
Maussion,  lieutenant  de  gendarmerie,  vint  me  dire  de  me 
rendre  chez  Gautron,  aubergiste  d'Ancenis.  J'y  fus;  en  arri- 
vant je  demandai  une  chambre.  On  me  dit  que  je  ne  pouvais 
pas  en  avoir  de  séparée  ;  qu'il  fallait  entrer  dans  celle  où  il 
y  avait  plusieurs  détenus  gardés  par  un  caporal  et  quatre 
hommes.  J'y  entrai,  je  trouvai  les  citoyens  Lebec,  Papin', 

Clergerie.)  Berriat  de  Saiat-Prix  a  publié  p.  36.  [Justice  révolu* 
tionnaire)  les  excitations  de  Carrier  à  la  Société  populaire  d'Ancenîs  : 

((  Je  vois  partout  des  gueux  en  guenilles,  tous  êtes  aussi  botes  qu'à 
Nantes  ;  Tabondance  est  près  de  vous  et  vous  manquez  de  tout  ; 
ignorez-vous  donc  que  les  richesses  de  ces  gros  négociaats  vous  appar- 
tiennent et  la  rivière  n'est-elle  pas  là  !  » 

Le  peuple  fui  révolté,  dit-il,  deTentendre  prêcher  une  telle  morale. 

Le  pillage,  voilà  le  motif  de  bien  des  arrestations  à  cette  époque. 

*  Pa'*tn  de  la  Clergerie  (Louis-François),  —  né  à  Ancenis, 
le  14  novembre  1738,  était  fils  d'un  procureur  fiscal  du  marquisat 
d' Ancenis,  dont  quatre  frères  avaient  été  tués  à  la  bataille  de  Fonte- 
noy.  8*étant  fait  recevoir  avocat  au  Parlement,  il  devint  sénéchal  du 
comté  de  Sérent  et  de  la  baronnie  de  Montrelais,  sur  les  marches 
d'Anjou,  et  fut  choisi  par  la  communauté  d' Ancenis  pour  son  député 
aux  Etats  de  Bretagne  en  1788,  et  son  délégué  à  l'Assemblée  de 
la  sénéchaussée  de  Nantes,  en  1789»  pour  les  élections  aux  États- 
Généraux.  Secrétaire  de  la  Grande  Assemblée  électorale  de  la  Loire- 
Inférieure  en  avril  1790,  pour  l'organisation  des  administrations 
départementales,  il  rédigea  l'adresse  de  cette  assemblée  au  Roi  et  fut 
élu  membre  du  directoire  du  département.  Il  fut  encore  secrétaire  de 
l'assemblée  de  mars  1791^  réunie  pour  l'élection  de  l'évéque  constitu-' 
tionnel  ;  et  le  28  août,  il  fut  élu  député  de  la  Loire-Inférieure  à 
l'Assemblée  législative  par  143  voix  sur  179.  Il  y  fit  partie  du  Comité 
des  assignats  et  monnaies,  siégea  parmi  les  modérés,  et  présenta  à  ses 
collègues^  en  février  1792,  un  ouvrage  sur  les  banques  de  secours. 
Non   réélu  à  la  Convention,   bien   que  les  élections  départementales 


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DE  NANTES  A  PARIS  323 

Rouainé,  Coi  net  prestre,  Cornet  huissier,  Gorrichon  bou- 
cher, Blanchet  commerçant  de  bestiaux,  Bregeon  principal 
du  collège,  Pleuriot  d'Omblepied\  les  citoyennes  Barbot, 
Feuillet,  Brochet  et  la  femme  du  citoyen  Legrand  aîné  ;  nous 
passâmes  la  nuit  tous  dans  la  môme  chambre,  fort  gônés  et 
sans  pouvoir  dormir.  Le  jour  étant  venu,  on  nous  prévint 
que  nous  allions  ôtre  envoyés  à  Nantes^.  En  conséquence, 
chacun  flt  ses  petits  arrangements  pour  partir.  Nous  nous 

eussent  lien  à  Ancenis,  il  fut  m«mbre,  au  mois  de  juillet  179?»  comme 
le  comte  de  la  Guère,  du  Qomité  organisé  sons  lé  patronne  de  l'armée 
royalisto,  pendant  Toccupation  vendéenne,  pour  aviser  aux  mesures  de 
prudence  et  pour  approvisionner  Tarmée  :  le  registre  des  délibérations 
da  ce  comité  ayant  été  saisi  par  les  représentants  Gillet  et  Gavaignac, 
après  la  reprise  d'Ancenis,  Papin  fut  arrêté  et  condamné  k  mort.  Mais 
il  était  en  ce  moment  dangereusement  malade,  son  exécution  fut 
ajournée  et  ce  sursis  le  sauva,  pendant  que  sa  malheureuse  femme» 
réfugiée  en  Anjou,  était  arrêtée  par  une  colonne  républicaine,  conduite 
à  Angers  et  fusillée  le  15  février  1794.  L'ordre  rétabli,  Papin  fut  nommé 
président  du  tribunal  de  première  instance  d' Ancenis,  fonctions  dans 
lesquellps  il  mourut  à  soixante-quatorze  ans,  le  25  mars  1814. 

Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  un  de  ses  cousins^  Jacques,  Papin  de 
la  Glergerie,  qui  fut  aussi  avocat  et  qui  devint,  en  1794,  président  du 
tribunal  criminel  de  Tarmée  de  Hoche,  séant  à  Nantes,  puis,  en  181 1, 
juge  au  tribunal  cifil  d'Ancenis,  et  enfin  juge  de  paix  dant  cette  ville 
où  il  mourut,  en  1829,  laissant  un  fils,  président  du  tribunal  civil  de 
Nantes,  qui  donna  sa  démission  en  1830,  pour  ne  pas  prêter  serment 
au  gouvernement  de  juillet.  (René  Kerviler,  Cent  arts  de  repréêen- 
tation  bretonne,  2*  série,  Assemblée  législative  p.  88,  89). 

'  Flbubiot  d'OMBLBPiBD  était  Tami  intime  de  M.  de  la  Guère,  c'est 
lui  qui  est  ainsi  mentionné  dans  la  relation  de  Villenave  :  «  Le  citoyen 
Fleuriot,  natif  d'Oudon,  passa  la  nuit,  couché  sur  la  tombe  de  son 
père.  »  p.  3. 

'  Si  l'on  veut  savoir  de  quelle  façon  les  prisonniers  étaient  traités  à 
Nantes  voici  quelques  détails  que  j'emprunte  è  la  Revue  historique  de 
VOuest  (3*  livr.  %•  année,  septembre  1886.) 

«  Un  habitant  de  Rouans  affirmait  à  celui  qui  a  recueilli  ces  notes, 
que,  se  trouvant  à  la  même  époque  dans  une  prison  de  Nantes^  il  ne 


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324  VOYAGE   DES   136  NANTAIS 

.mîmes  en  route  à  onze  heures  du  matin,  escortés  par  cinq 
gendarmes,  jusqu'à  Oudon,  qui  furent  relevés  par  huit  autres 
qui  nous  conduisirent  au  département,  dans  la  salle  du  comité 
de  surveillance  où  nous  trouvâmes  le  citoyen  Prancheteau, 
président,  et  deux  autres  membres  qui  nous  demandèrent 
nos  noms  et  les  motifs  de  notre  arrestation.  Nous  donnâmes 
nos  noms  ;  mais  nous  ne  pûmes  déduire  aucuns  motifs, 
parce  que  nous  n'en  avions  pas,  et  nous  ne  connaissions  pas 
même  de  raison  qui  put  nous  détenir.  Quand  on  eut  pris  nos 
noms^  on  dit  qu'il  fallait  nous  conduire  aux  Saintes  Claires 
je  suis  resté  jusqu'au  6  frimaire  ou  26  novembre,  vieux  style 

recevait  chaque  jour,  ainsi  que  tous  les  autres  prisonniers,  qu'un  mor- 
ceau de  pain,  grand  à  peu  près,  comme  lapadme  de  la  main.  » 

€  L'un  des  prisonniers  (enfermés  au  Bouffay),  Jean  Halgan,  a  raconté 
plusieurs  fois  le  régime  qu'il  subit  au  Bouffay^  et  ce  récit  fait  frémir. 
Le  lit  se  composait  de  quelques  bottes  de  paille  ;  mais  le  temps  et  la 
malpropreté  avaient  broyé  cette  paillasse  et  l'avaient  remplie  de  ver-  . 
mine.  <  Elle  était  si  brisée,  disait  notre  témoin,  qu'on  la  rouablait  avec 
les  poux.  »  Une  fois  tous  les  vingt -quatre  heures,  un  chaudron  rempli 
de  riz  était  apporté  aux  prisonniers.  Chacun  d'eux  était  muni,  non  d'une 
écuelle,  ni  d'une  cuillère,  mais  d'un  morceau  d'ardoise,  large  comme 
une  pièce  de  six  francs  ;  et  ils  ne  pouvaient,  sous  peine  de  mort,  plonger 
qu'une  seule  fois  ce  morceau  d'ardoise  dans  le  chaudron.  Une  telle  exis- 
tence  était  pire  que  la  mort.  Un  jour,  un  fort  vigoureux  breton 
venait  de  prendre  sa  maigre  ration,  qui  disparut  en  un  clin  d'oeil  :  dé«* 
voré  par  la  faim  et  fou  de  désespoir,  il  s'écria  :  €  Mourir  pour  mourir  ! 
J'en  prends  une  seconde  fois.  »  Au  moment  où  il  retirait  son  ardoise 
chargée  de  riz,  un  des  surveillants  lui  asséna  sur  la  tète  un  coup  de 
massue  qui  fit  jaillir  sa  cervelle  de  tous  côtés,  et  le  malheureux  tomba 
roida  mort  au  milieu  de  ses  compagnons  d'infortune.  Un  autre  détail, 
contre  lequel  la  délicatesse  se  révolte  mais  qu'il  est  cependant  boa 
d'exposer,  montre  mieux  encore  les  souffrances  des  prisonniers.  Le 
geôlier  de  la  prison  nourrissait  un  porc  dans  une  des  cours.  A  peine  la 
personne  qui  lui  apportait  sa  pitance  avait-elle  tourné  le  dos  que  les 
prisonniers  se  précipitaient,  en  se  la  disputant,  sur  cette  vile  et  dégoû- 
tante nourriture.  On  s'en  aperçut  au  dépérissement  de  l'animal,  et  les 
prisonniers  n'eurent  plus,  du  moins  à  certaines  heures,  la  permission 
de  descendre  dans  cette  cour.  »  {Une  famille  de  paysans  sous  la  Ter^ 
reur,  par  M.  E.  R.) 


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DE  NANTES  A   PARIS  325 

époque  à  laquelle  je  fus  transféré,  moi  quarante-sixième,  à 
la  maison  del'Eperonnière^,  sans  vivres,  ni  effets  ;  je  man- 
geai un  peu  de  pain  que  j'avais  mis  dans  ma  poche,  et  m'é- 
tendit  la  nuit  sur  le  matelas  d'un  de  mes  compagnons  d'in- 
fortune, M.  Caillaud  de  Beaumont. 

Le  7  frimaire^  ou  mercredi  27  novembre  ^  793  vieux  style, 
le  sergent  ou  un  caporal  de  garde  vint,  avant  la  pointe  du 
jour%  nous  avertir  de  nous  lever  tous  et  de  nous  habiller 
promptement,  que  partie  de  nous  allaient  être  transférés. 
Aussitôt  que  nous  fûmes  levés,  nous  apperçûmes  ce  jour  des 
voitures  à  la  porte  de  TEperonnière  et  dans  la  cour  de  cette 
maison  d'arrest  un  détachement  de  gendarmerie  rangé  en , 
bataille.  Nous  descendîmes  environ^  sept  heures  et  demie 
dans  le  jardin  ;  on  nous  ordonna  d'entrer.  Là,  le  citoyen 
Boussard,  commandant  un  des  bataillons  de  parisiens  destiné 
à  nous  servir  d'escorte  nous  lut  une  liste  composée  de  cent 
trente-huit  citoyens  qui  devaient  partir,  il  ne  s'en  trouva  que 
cent  trente-et-un'  qui  furent  en  état  de  le  faire.  Leurs  noms 
se  trouvent  à  la  suite  de  ce  récit,  les  sept  qui  restèrent  savoir  : 
les  six  premiers  pour  cause  de  maladie  sont  les  citoyens 
Plammingue,  Bertrand  de  Cœuvres,  Laflton,  Tourgouillet, 
LincheetPleury,  et  le  septième,  qui  eut  le  bonheur  de  rester, 

*  Ainsi  commence  la  relation  de  Villenave  :  «  L'an  deuxième  de  la 
République  Française  une  et  indivisible,  le  7  frimaire,  (27  novembre 
1793,  vieux  style,)  nous  sommes  partis  de  la  maison  de  l'Ëperonnière, 
située  à  Textrémité  de  la  ville  de  Nantes,  sur  le  chemin  de  Paris^  au 
nombre  de  cent  trente  deux,  conduits  par  un  détachement  du  onzième 
bataillon  de  Paris,  que  commandait  le  citoyen  Boussard.  »  —  Cette  mai- 
son de  TBperonnière  qui  tire  peut-être  son  nom  du  fief  de  TEsperon-* 
nière  sis  en  la  paroisse  de  Belligné,  à  4  lieues  d'Ancenis,  est  située  sur 
la  route  de  Paris,  à  la  hauteur  de  Saint-Donatien  dans  le  2*  arron- 
dissementy  et  actuellement  occupée  par  le  couvent  des  dames  du  Sacré- 
Cœur  :  [Plan  de  Nantes  par  E.  Robert.) 

'  Réveillés  dès  cinq  heures  du  matin^  dit  la  Relation  Villenave. 
'  Pantin  de  la  Guère  doit  faire  erreur.  Ils   partirent  au  nombre 
de  132. 


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326  VOYAGE  DES  136  NANTAIS 

parce  que  la  veille  il  avait  été  transféré  de  TEperonnière, 
maison  surlaroutede  Paris,  aux  Saintes-Glaires,  estle  nommé 
Gérard,  perruquier.  La  liste  une  fois  connue,  on  enjoignit  à 
ceux  qui  devaient  partir  de  faire  .leurs  préparatifs  de  voyage 
et  de  descendre  promptement  dans  la  cour,  ce  qui,  ayant  été 
exécuté^  sur  ce  que  plusieurs  déclarèrent  que  n*ayant  pas  de 
souliers,  parce  qu'ils  n'avaient  pas  été  prévenus  du  voyage 
que  Ton  se  proposait  de  leur  faire  faire  assez  à  temps  pour 
pouvoir  en  faire  venir  de  chez  eux^  ils  ne  pouvaient  entre- 
prendre la  moindre  route  en  sabots,  le  commandant  donna 
sur  le  champ  ordre  d'aller  chercher  des  souliers*. 

Pendant  les  entrefaîtes,  il  nous  fit  ranger  sur  deux  lignes, 
et  après  nous  avoir  comptés  et  s'ôtre  assuré  que  nous  étions 
tous  présents,  c'est-à-dire  ceux  qui  devaient  partir,  il  nous 
avertit  de  prendre  garde  de  nous  écarter  de  nos  rangs,  sans 
quoy  nous  serions  attachés  ;  et  que  si  quelqu'un  de  nous  pa- 
raissait vouloir  ou  cherchait  à  s'échapper,  il  serait  à  l'instant 
fusillé'.  Il  nous  enjoignit  ensuite  de  nous  défaire  de  nos 
rasoirs,  couteaux  et  ciseaux.  J'ai  remis  deux  rasoirs  et  un 
couteau.  II  nous  dit  que  quand  nous  serions  arrivés  à  notre 
destination,  ils  nous  seraient  remis  ;  plusieurs  tirèrent  les 

*  La  consigne  nous  défendant  de  rentrer  dans  les  chambres,  ceux  qui 
restaient  nous  jettèrent  par  les  fenêtres  nos  couyertures  ;  c'est  tout  ce 
que  nous  pûmes  emporter  ;  quelques-uns  avaient  eu  la  pr.^aution  de 
descendre  leurs  paquets.  Toute  communication,  ayant  le  départ  fat 
refusée  ;  on  repoussait  nos  femmes  éplorées,  nos  parents  consternés. 
Pour  la  première  fois  les  tyrans  furent,  sans  le  Touloir,  humains  par 
l'excès  môme  de  leur  barbarie  ;  ils  nous  épargnèrent  l'horreur  des 
adieux.  Une  épouse  ne  pouvant  voir  son  mari,  lui  écrivit  sur  un  chiffon, 
au  dos  d'un  très  court  mémoire  de  blanchissage  :  Tofficier  de  garde 
porta  le  scrupule  jusqu'à  refuser  de  remettre  ce  billet^  dans  la  crainte 
que  les  chiffres  ne  fussent  des  caractères  secrets,  (p.  2.  Ae^ah'on  de 
Villen&ve) 

'  On  voit  que  les  prescriptions  du  Comité  étaient  exécutées  à  la  lettre 
car  M.  de  la  Guère  se  sert  des  propres  termes  de  l'arrêté  qu'il  ne  pou- 
vait connaître. 


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DE  NANTES  A   PARIS   .  327 

instruments  de  leur  poche^  et  les  portèrent  eux-mêmes  au 
commandant  ;  d'autres  tel  que  moi  les  remirent  aux  volon- 
taires qui  les  mirent  dans  un  sac  à  ce  destiné.  Depuis  nous 
n'avons  pas  entendu  parler  de  ces  ustensiles*. 

Les  souliers  apportés  et  distribués  à  ceux  qui  en  voulurent 
•  prendre,  on  appela  ceux  que  leur  âge  ou  leur  infirmité  mettait 
dans  rimpossibilité  d'aller  à  pied  et  on  les  fit  monter  dans 
les  voitures  que  Ton  avait  fait  venir  à  cet  effet.  Je  fus  du 
nombre  jusqu'à  Angers.  On  nous  donna  ensuite  l'ordre  de 
nous  mettre  en  marche.  Il  était  alors  onze  heures',  et,  dans  le 
trajet  de  la  maison  de  l'Esperonnière  à  la  barrière  de  Paris, 
nous  eûmes  le  déchirant  spectacle  de  voir  que  Ton  refusait 
à  nos  femmes  et  à  nos  familles  la  consolation  de  nous  dire 
adieu  et  de  nous  embrasser.  N'étant  pas  de  Nantes,  je  fus 
seulement  témoin  des  tendres  adieux  qui  se  firent  de  la  part 
des  personnes  qu'on  voulut  bien  laisser  approcher.  Le  fils 
Poydras  fut  du  nombre  ;  il  m'attendrit  à  un  tel  (point)  ainsi 
que  son  infortuné  père,  que  les  larmes  m'en  virirentplusieurs 
fois  aux  yeux.  Nous  arrivâmes  le  môme  soir  à  Oudon,  environ 
huit  heures'  ;  nous  fûmes  déposés  de  suite  dans  l'église  où 
nous  étions  destinés  à  passer  la  nuit  sur  la  paille.  Là,  après' 
nous  avoir  distribués  du  lard  pourri*  que  nous  fûmes  obligés 
de  jçtter,  du  pain  fort  noir  et  très  dur  et  d'assez  mauvais  vin, 
on  nous  donna  à  chacun  une  botte  de  paille  sur  laquelle  nous 
nous  couchâmes  ;  avant  de  me  coucher,  j'écrivis  à  ma  femme 
pour  l'instruire  de  mon  sort  et  lui  demander  quelques  se- 

^Goaforme  à  la  relation  de  Villeaive. 

'  Midi  d'après  Villenave. 

'  «  Vers  les  neuf  heures  du  soir,  au  milieu  de  l'obscurité  la  plus 
profonde,  en  marchant  dans  la  boue,  et  n'ayant  pris,  depuis  le  matin^ 
ni  repos  ni  nourritare.  Relation  Villenave.  » 

*  On  nous  distribua  du  vin^  du  pain  noir  et  du  lard  rance,  si  mauvais 
que  les  volontaires  s'en  servaient  pour  graisser  leurs  souliers,  fîe/a- 
iion  Villenave). 


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328  VOYAGE  DES   130  NANTAIS 

cours,  et  la  prévenir  que  le  citoyen  Conrad  gendarme,  était 
chargé  de  ma  lettre  ;  et  de  lui  remettre  un  porte-manteau  plein 
d'effets  ;  il  remit  bien  la  lettre,  mais  le  porte-manteau  a  été 
perdu.  On  avait  eu  soin  auparavant  de  faire  un  appel  nomi- 
nal pendant  lequel  il  se  débita  entre  nous  que  le  citoyen 
Hernaud,  l*un  de  nous,  était  absent,  et  qu'il  avait  trouvé 
moyen  de  s'échapper*. 

Comte  de  la  Guère. 
(A  suivre  ) 


*  La  relation  VilleDave  ne  donne  pas  son  nom  que  M.  de  la  Guère 
nous  révèle  mais  cite  celui  qui  s'égara  et  revint  parmi  les  prisonniers  ; 
«  à  la  descente  d'Oudon,  Tun  de  nous  disparaît,  il  était  également  facile 
à  tous  les  autres  dé  séchapper.  Le  chemin  était  si  mauvais  et  la  nuit 
si  noire  que  soldats  et  citoyens  tombaient  pôle-méle  dans  les  fosGfés  et 
s'entraidaient  à  se  relever,  Tiger  l'un  de  nous  s'égara;  une  vieille  femme 
lui  offrit  un  azylesûr  ;  il  refusa  cette  offre  et  se  fit  conduire  à  Oudon.  » 
(p.  3). 


'^^iÇÏ^^ 


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LIS  GRANDS  ÉCUÏiRS  HEREDITAIRES 

DE    BRETAGNE 


LE  titre  de  Grand  Ecuyer  est  donné  pour  la  première  fois 
par  le  P.  Anselme  à  un  Breton,  Alain  de  Gouyon, 
nommé  par  Louis  XI  après  1461*.  Mais^  si  ce  titre  appa- 
raît seulement  alors  dans  la  langue  officielle^  il  semble  qu'il 
existât  auparavant  dans  le  langage  usuel.  Ainsi  Tanneguy  du 
Châtel,  vicomte  de  la  Bellière,  dont  Alain  de  Gouyon  fut  le 
troisième  successeur,  prenait  ce  titre  en  1455'  ;  et  Monstrelet 
le  donne  à  Jean  Poton,  seigneur  de  Xaintrailles,  prédéces- 
seur de  du  Châtel,  nommé  par  lettres  du  27  juillet  1429\    , 

Du  reste,  depuis  longtemps,  depuis  1294  d'après  le  P.  An- 
selme, il  y  avait  auprès  du  Roi  un  officier  remplissant  les 
fonctions  que  nous  voyons  depuis  dévolues  au  Grand  Ecuyer. 
Le  P.  Anselme  nomme  cet  officier  premier  ecuyer  de  corps, 
et  lui  donne  le  titre  d'abord  de  maître,  puis,  à  partir  du 
quinzième  siècle,  de  grand  maître  de  l'écurie. 

*  Les  Grands  Officiers  de  la  Couronne,  T.  ii,  p.  1281. 

•  M.  Chsrubl.  t.  I,  p.  332.  —  n  s'agit  du  second  Tanneguy,  neyeu  du 
premier,  grand  préTÔt  de  Paris  ;  on  les  confond  trop  souTent.  Exemple  :  De 
Thoax  dit  que  Tannegay  (ronde)  présida  aux  obsèques  de  Charles  VII,  en 
juillet  1461  :  or  Tanneguy  était  mort  sénéclLal  de  Provence,  en  1449.  C'est  le 
neveu,  mort  seulement  en  1477,  qui  fit  TaTance  des  frais  des  funérailles 
royales* 

1  M.  CuRUBL.  (T.  iM*,  p.  332)  rapporte  le  récit  de  Monstrelet  à  1415.  La 
date  est  erronée  puisque  Xaintrailles  ne  fut  grand  ecuyer  qu'en  1429. 


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330  LBa  GRANDS  ÉGUY£R»^ÉR*DITAIRES 

L'auteur  compte  dix-sept  maîtres  ou  grands  matfares  de 
récurie  avant  Alain  de  Gouyon. 

Mais  lisez  leurs  noms,  obscurs  d'abord,  puis  appartenant 
à  la  haute  noblesse,  et  vous  serez  convaincus  que  Toffice, 
humble  au  début,  a  été  progressivement  relevé,  agrandi, 
anobli.  Roger,  le  premier  de  la  liste,  en  1204,  et  du  nom  de 
son  office  surnommé^  Lécuyer,  était  assurément  un  mince 
personnage  auprès  du  seigneur  de  Xaintrailles  et  du  vicomte 
de  la  Bellière*. 

La  différence  des  noms  marque  la  transformation  accom- 
plie en  ces  deux  ^ëcles.  Toutefois  il  restait  aux  grands 
mattres  de  l'écurie  devenus  grands  écuyers  un  degré  à 
franchir. 

Cent  ans  après  Alain  de  Gouyon^  les  grands  écuyers 
faisaient  encore  partie  de  la  Maison  du  Roi^,  Henri  IV  les  fit 
monter  au  rang  des  grands  officiers  de  la  Couronne  ;  et,  à 
partir  de  ce  moment,  le  grand  écuyef  ou,  comme  on  disait, 
Monsieur  Le  Grande  fut  un  des  premiers  officiers  de  TEtat. 

Voici  quelles  furent  à  différentes  époques  les  principales 
prérogatives  du  grand  écuyer. 

11  accompagne  partout  le  roi  :  dans  les  cérémonies,  il  le 
précède  immédiatement,  portant  Tépée  royale  dans  un  four- 
reau de  velours  azuré  et  fleurdelysé.  De  même  aux  entrées  du 
roi  dans  les  villes.  Quand  le  roi  tient  un  lit  de  justice,  le  grand 
écuyer  siège  à  droite,  sur  un  tabouret,  au  bas  des  degrés  du 
trône,  tenant  Tépée  de  parement.  Enfin  aux  pompes  funèbres 
des  rois,  il  porte  encore  leur  épée. 

Le  grand  écuyer  a  la  disposition  des  charges  de  la  grande 
et  de  la  petite  écurie,  et  de  tous  les  officiers  qui  en  dépendent. 
Il  règle  et  ordonne  les  dépenses  de  Técurie.  Autrefois  môme 

*  Cette  transformation  dans  la  dignité  se  voit  dans  d*autres  institations. 
Ex.  Les  sergenteries  féodées  du  duc  de  Bretagne  considérées  d*itbord  «  comme 
basses  et  serviles  »  furent,  avec  le  temps,  ambitionnées  par  des  gentils- 
hommes. Lobineau  dit  qu'elles  n'appartenaient  plus  qu'à  diS  gentilshommes, 
▼ers  146t,  p.  680,  853.  HiiviN  :  Questions  féodales,  p.  259. 

'  Qn  le  voit  par  un  règlement  de  Henri  IH,  de  1582. 


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DB  BRETAGNE  331 

«  SOUS  sa  charge  étaient  les  rois  et  hérautv  d'armes.  »  Phis 
tard  a  nul  ne  peut  sans  sa  permission  établir  un  manège  ou 
une  académie*»  »  Anciennement  le  grand  touyer  avait  les 
postes  et  relais  ;  mais  Henri  IV,  en  augmentant  les  honneurs 
du  grand  écuyer,  diminua  ses  émoluments  ;  et,  depuis  lor^ , 
le  privilège  des  postes  et  relais  passa  au  contrôleur  des 
finances.  Le  grand  écuyer  garda  son  ancien  privilège  d'avoir 
à  la  mort  du  roi  «  tous  les  chevaux  et  harnais  de  toute  sorte.  »' 

Enfin  le  grand  écuyer  prétendait  «  aux  dais  ou  poêles  sous 
lesquels  avait  marché  le  roi  aux  entrées  dans  les  villes  ;  » 
mais  ce  droit  était  contesté. 

Si  nous  sommes  entré  dans  ces  détails,  *c*est  que  nous 
allons  trouver  le  grand  écuyer  en  Bretagne  avec  des  hon- 
neurs et  des  droits  analogues.  Chose  singulière  !  Ce  nom  de 
grand  écuyer  c'est  un  breton,  Tanneguy  du  Chastel,  qui 
semble  l'avoir  importé  en  France  ;  et  il  a  pris  place  dans  la 
langue  officielle  ^n  Bretagne  avant  d'apparaître  dans  les  lettres 
patentes  des  rois.  Nous  trouvons  le  nom  en  usage  chez  nous 
dès  1442.  Mais,  en  Bretagne,  la  charge  de  grand  écuyer  n'est 
pas,  comme  en  France^  à  la  nomination  du  souverain.  Un  de 
nos  ducs  en  créant  le  titre,  Ta  attaché  à  une  seigneurie  ;  et 
le  titre  passe  comme  un  attribut  de  cette  terre  à  ses  pos- 
sesseurs successifs.  C'est  ce  qu'expriment  les  mots  souvent 
répétés  :  Grand  Écuyer  hirédital  ou  héréditaire. 

L'époque  à  laquelle  a  été  créé  le  titre  de  grand  écuyer  héré- 
ditaire, la  seigneurie  qui  en  fut  pourvue,  lés  possesseurs 
successifs  de  cette  seigneurie  —  voilà  ce  que  nous  allons 
rechercher. 


•  Académie..,.  Se  dit  aussi  des  maisons,  logements,  et  manèges  des  écnyers, 
où  la  noblesse  apprend  à  monter  à  cheval  et  les  autres  exercises  qui  lui 
conyiennent....  T«ivouz. 


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332  LES  GRANDS  ÉCUYBRS   HÉRÉDITAIRES 


II 


•  S'il  fallait  en  croire  d'Argentré,  les  grands  écuyers  de 
Bretagne  dateraient  au  moins  d'Alain  Fergent.  Notre  vieil 
historien  expose  l'organisation  judiciaire  qu'il  attribue  au  duc 
Alain,  et  il  décrit  comme  suit  l'ouverture  d'un  parlement 
général  sous  le  règne  de  ce  prince,  c'est-à-dire  encre  1084 
et  1112*. 

«  L'assiette  et  ordre  f ust  que  le  duc  s'assist  en  son  estât 
royal;  à  sa  dextrè,  un  peu  plus  bas,  le  comte  de  Nantes,  Geof- 
froy, comte  de  Penthièvre,  celui  qui  fust  tué  depuis  à  Dol  ; 
Estienne  son  frère;  aux  pieds  du  duc  le  chancelier;  ducosté 
du  chancelier,  le  sieur  de  Guémené  tenant  un  coissin  et  sur 
icelui  une  couronne  à  hauts  fleurons  d'or  ;  de  l'autre  costé 
du  chancelier,  le  sieur  de  Blossac,  grand  escuyer  portant 
Tespée  ;  après  les  seigneurs  du  sang,  l'archevesque  de  Dol 
qui  estoit  Baldrîc,  vivant  pour  lors. . .  à  la  senestre  les  neuf 
barons  d'Avaugour,  de  Léon,  de  Vitré,  de  Fougères,  de 
Gbasteaubriant,  de  Raiz,  d'Ancenis,  etc.  » 

M.  Daru,  que  M.  Guizot  a  nommé  l'historien  le  plus  judi- 
cieux de  la  Bretagne',  a  reproduit  sans  observation  «  la  pa- 
tente »  que  d'Argentré  avait  «  transumptée  »;  il  Ta  sans  hé- 
sitation acceptée  pour  authentique'.  —  Est-ce  que  l'anachro- 
nisme ne  saute  pas  aux  yeux?—  Le  cérémonial  décrit  par 

<  D*ARoiNTRi.  Livre  III,  ckap.  107.  C'est  par  erreur  que  M.  Daru,  Jlist, 
de  Bretagne  (I,  317)  renroie  au  livre  IV,  chap.  45. 

■  Hist,  de  France,  racontée  âmes  petits  enfants,  II,  p.  84. 

'  En  deux  endroits  :  T.  1^^  page  45  en  note.  M.  Daru  Tinvoque  comme 
preuve  de  Texistence  de  Conan  Mériadec;  et  il  la  donne  t.  1*'  p.  317.  L'il- 
lustre auteur  est  tombé  en  quelques  autres  méprises.  T.  1^  p.  66  et  67  note 
2,  il  dit  :  «  Le  dominicain  Albert,  qu'on  a  surnommé  Le  Grand...  »  T.  II  p. 
307,  il  répète  la  même  erreur.  —  T.  II,  p.  109  ;  il  écrit  :  «  Les  Bretons  nom- 
maient les  Anglais  ar  Saox,  Vennemi,  »  Or  Saoz  au  singulier,  saozon  au 
pluriel,  veut  dire  anglais^  saxon*  Marohanot,  'Tristan  le  Voyageur,  t.  II, 
p.  il4),  a  transformé  le  mot  de  Saoson  en  celui  de  lesJausons  (!) 


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'  DE  BRETAGNE  333 

d*Argentré  ne  semble-t-il  pas  bien  solennel  pour  le  onzième 
siècle?  N*est-il  pas  emprunté  à  une  époque  très  postérieure?... 

Voici  des  objections  contre  l'authenticité  de  cette  pièce. 

Le  texte  nomme  parmi  les  seigneurs  présents  aux  Etats 
Gsffroy,  comte  de  Penthièvre,  qui  fut  depuis  tué  à  Dol,  et 
Baldric,  évoque  de  Dol.  Or  GefTroy  était  mort  quinze  années 
avant  que  Baidric  fut  évoque.  Geffroy  périt  en  1003*  et  Baldric 
ne  devint  évoque  de  Dol  qu'en  1108*. 

L'acte  donné  par  d'Argentré  mentionne  «  les  neuf,  barons 
de  Bretagne.  »  Or  les  neuf  barons  sont  une  invention  du  duc 
Jean  IV,  à  la  fin  du  quatorzième  siècle'. 

EnQn,  à  supposer  que  le  nom  de  Guémené-Guingamp 
existât  au  temps  d'Alain  Fergent,  le  sire  de  Guémené  n'au- 
rait pas  porté  le  cercle  royal  du  duc;  ce  droit  ne  lui  fut 
accordé  que  par  le  duc  Jean  V,  le  16  septembre  1420*. 

Une  seule  de  ces  objections  ne  suffit-elle  pas  ?  N'est-il  pas 
démontré  que  la  pièce  donnée  par  d'Argentré  et  acceptée 
de  confiance  par  Daru  comme  authentique  et  contemporaine 
d'Alain  Fergent  a  été  fabriquée  après  le  16  septembre  1420, 
et  qu'elle  est,  comme  dit  Hévin,  «  une  marchandise  de  contre- 
bande*. » 

Depuis  le  temps  d'Alain  Fergent  jusqu'au  quinzième  siècle, 
nous  ne  rencontrons  dans  l'histoire  aucune  mention  du 
grand  écuyer  :  Il  semble  bien,  en  effet,  que  c'est  de  Jean  IV 
et  surtout  de  Jean  V  que  date  la  création  des  charges  de 
cour  en  Bretagne. 

Après  la  mort  du  comte  de  Montfort,  Jeanne  de  Flandre 
partit  pour  l'Angleterre  avec  son  fils,  depuis  Jean  IV  (1345*). 

*  LOBINBAU,  p.   10^. 

*GàlliaChrisiiana,\lV,p.\ùiS. 
s  Hbyin.  Questions  féodales  p.  330,  n*  6. 
^LoBunBA.n,  p.  352. 
'  Questions  féodales,  p.  330  n*  6.  —  Voir  aussi  p.  21,  no  27. 

*  Un  ouTrage  destiné  à  l'instruction  de  la  jeunesse  et  couronné  deux  fois 
par  r Académie  française  ^le  Littoral  de  la  France)  t  vient  de  révéler  que 
«  la  célèbre  comtesse  de  Montfort  »   est  morte  au   chitean  de  Plaisance 


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334  LES  GRANDS  ÉGUYERS  IIBBÉDITAIRBS 

Ctelui-ci  fut  élevé  à  la  cour  d'Angleterre,  calquée  sur  Je 
modèle  de  la  coiir  de  France.  Le  roi  Edouard  s'était  déclaré 
tuteur  du  jeune  comte  de  Monlfort;  il  le  retint  longtemps 
auprès  de  lui  :  et  c'est  seulement  quand  il  eut  vingt-cinq  ans 
que  le  futur  duc  eut  la  permission  de  rentrer  pour  un  temps 
en  Bretagne,  avec  la  très  humble  titre  de  gouverneur  pour  le 
roi  d'Angleterre*. 

A  sa  mort,  le  2  novembre  1399,  Jean  IV  laissait  quatre 
enfants  mineurs.  Deux  ans  après^sa  veuve,  Jeanne  de  Navarre^ 
donnait  sa  main  au  roi  d'Angleterre  Henri  IV  ;  elle  emmenait 
ses  filles*à  la  cour  d'Angleterre  et  confiait  le  gouvernement 
de  ses  Ris  au  duc  de  Bourgogne  qui  les  conduisait  à  Paris. 
Jean  V  resta  à  la  cour  de  France  jusqu'à  sa  majorité  de 
quinze  ailsqui  survint  aux  premiers  jours  de  1404. 

Ce  séjour  des  ducs  Jean  IV  et  Jean  V  dans  les  cours 
d'Angleterre  et  de  France  a  pu  leur  donner  l'idée  de  se  former 
une  maison  sur  le  modèle  de  ces  cours.  D'ailleurs,  avant  de 
mettre  so  ipille  en  possession  de  son  duché,  le  duc  de  Bour- 
gogne non-seulement  avait  pris  soin  de  lui  nommer  un  conseil 
pour  aider  son  inexpérience,  mais  il  avait  organisé  sa  maison. 
.  Cet  état  de  la  maison  de  Jean  V  nous  a  été  conservé*.  La 
cour  de  Bretagne  semble  une  réduction  de  la  cour  de  la  France. 
Tous  les  officiers  qui  occupent  une  charge  auprès  du  roi  se 
retrouvent  auprès  du  duc  de  Bretagne,  depuis  les  chambel- 
lans qui  tiennent  le  premier  rang,  jusqu'aux  valets  des 
lévriers  et  les  fauconniers. 


près  de  Vannes,  le  17  juillet  1440  »  (11,  p.  i&Oj.  C'est  nous  dire  qu'elle  est 
morte  cent  onze  ans  après  son  mariage,  en  1329.  •—  La  comtesse  de  Montfort 
morte  k  Plaisance  k  cette  date  était  la  première  femme  de  François  !•*, 
duc  de  Bretagne,  alors  comte  de  Montfort. 

«  LOIINBAU»  p.  33t. 

*  Le  duc  de  Bourgogne  a  omia  le  fou  et  l'astrologue  ;  mais  ila  Tont  Tenir 
sans  tarder,  et  ce  jour-là  la  maison  sera  complète.  Lobiniait,  Pr.  peur  Vas^ 
trologien,  col.  1261-12S4  (années  1461*liQ2).  —Pour le  fol.  coK  929  (année 
1419)  1184  etc.  — Le  vicomte  de  Rohan  avait  aussi  un  fou  en  U54.  Col.  it93 


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DE   BRETAGNE  335 

Or  dans  la  longue  liste  des  officiers  de  la  cour  de  Bretagne, 
nous  ne  voyons  pas  figurer  le  grand  écuyer. . .  Et  la  raison 
en  est  simple  :  nous  avons  vu  que,  à  cette  époque,  le  titre  de 
grand  écuyer  n'existait  pas  à  la  cour  de  France'. 

J.  Trévédy. 
Ancien  président  du  tribunal  de  Quimper. 

(A  suivre). 


>  Le  grand  chambeUan  n*est  pas  non  plus  nommément  désigné,  bien  que 
messire  Armel  de  Chàteau-Oiron,  an  des  chambellans,  semble  avoir  en,  dài 
cette  époque,  une  sorte  de  primauté.  —  Lobinxau*  Pt.  col.  814. 


il«'. 


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L'ENSEIGNEMENT 

SECONDAIRE  ECCLESIASTIQUE 

DANS  LE  DIOCÈSE  DE  NANTES 

APRÈS   LA  RÉVOLUTION 
fiSOO-iSiô'J 

MUXIÈME  PARTIE 


Les    Écoles    pnesbytérales 


MAISDON 

LE  petit  collège  dont  nous  allons  parler  a  jeté  plus  d'éclat 
que  tous  les  autres  ;  il  n'est  sans  doute  pas  de  prêtre 
au  diocèse  de  Nantes  qui  ne  connaisse  son  existence 
et  qui  n'ait  entendu  louer,  par  les  anciens  du  clergé,  le  digne 
Monsieur  de  Maisdon. 
La  célébrité  relative  de  cette  maison  s'explique  par  sa 

*  Voir  la  livraison  prâcédente. 


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lënseionemënt  secondaire  egclésiastiqub  337 

durée  assez  prolongée,  puisqu'elle  a  fourni  des  prêtres  pen- 
dant vingt-sept  ou  vingt-huit  ans  ;  par  le  grand  nombre  de 
ceux  qui  y  ont  commencé  leurs  études  ;  surtout  par  la  valeur 
de  celui  qui  Ta  fondée  et  dirigée. 

Nous  n^avons  point  Tintention  de  faire  ici  la  biographie 
complète  de  ce  prêtre  remarquable  autant  que  modeste;  car 
pour  être  complet  sur  ce  sujet,  il  faudrait  être  long.  Nous 
ne  renonçons  pas  à  ce  travail  ;  mais  le  cadre  de  la  présente 
étude  exige  que  nous  nous  bornions  à  faire  Thistoire  de  son 
école. 

Toutefois,  quelques  détails  biographiques  sont  nécessaires. 

Joseph  Courtais  naquit  en  Tannée  1751,  dans  la  paroisse 
de  Tilliers'.  A  dix  ans,  il  perdit  son  père,  à  quinze,  il  était 
orphelin.  Sa  famille  était  honnête  et  chrétienne,  mais  plus 
riche  de  vertus  que  de  biens',  et  Joseph  dut  connaître  dès  sa 
jeunesse,  avec  les  souffrances  et  les  larmes,  les  privations  et 
la  gêne. 

Tilliers  avait  alors  pour  pasteur  M.  Fonteneau^^  prêtre 
vénérable,  dont  le  souvenir^  était  encore  vivant  dans  sa  pa- 
roisse, un  siècle  après  sa  mort.  C'est  lui  qui  dirigea  le  jeune 
Courtaié  vers  le  sacerdoce,  et,  comme  il  appartenait  à  une 
famille  aisée,  c'est  lui  sans  doute  qui  lui  procura  les  moyens 
de  poursuivre  et  d'atteindre  le  but  qu'il  lui  avait  montré. 

La  ville  de  Beaupreau  possédait  dès  lors  un  collège  qui 
jouissait  d'une  grande  réputation  et  attirait  des  jeunes  gens 
de  plusieurs  diocèses,  prinqipalement  de  celui  de  Nantes^. 
Joseph  Courtais,  après  quelques  études  préliminaires  faites 
dans  sa  paroisse  natale,  y  fut  envoyé,  et  y  poursuivit  le  cours 


*  Alors  du  diocèse  de  Nantes,  actuellement  de  celui  d^Angers. 

>  Joseph  Courtais  avait  trois  frères  et  trois  sœurs.  Des  papiers  de  famille 
nous  apprennent  que,  en  1785,  le  curé  de  Maisdon  vendit  sa  part  d'héritage 
à  l'un  de  ses  frères,  pour  la  modique  rente  de  9  dont  la  Teuve  Courtais  se 
libéra,  en  1825,  pour  la  somme  de  i80  francs. 

>  Mr  Angebault,  mort  évêque  d'Angers,  était  neveu  de  M.  Fonteneau. 
^  Lettre  de  M.  Darondeau,  supérieur  du  collège,  en  data  de  1762. 

T.  VI.  —  NOTICES.   —  VI*  ANNÉE,   4*  LIV.  22 


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338  L£NSEIGNEMENT   SECONDAIRE!   ECCLÉSIASTIQUE 

de  ses  humanités,  en  compagnie  des  deux  Bouyer,  ses  com- 
patriotes^ bien  connus  dans  la  paroisse  de  Saint-Clément  de 
Nantes,  qu'ils  gouvernèrent  longtemps. 

De  Beaupreau  il  partit  pour  Angers,  où  il  Ot  sa  philosophie  ; 
puis  il  vint  à  Nantes  étudier  la  théologie.  Sa  tournure  rus- 
tique, ses  longs  cheveux,  son  air  simple  et  modeste,  son  at- 
titude silencieuse  le  firent  mal  juger  de  ses  émules  qui  se 
promirent,  en  le  voyant,  une  facile  victoire  ;  et  déjà  les 
malins  s'égayaient  à  ses  dépens.  L'erreur  ne  dura  pas  long- 
temps, et  la  première  fois  qu'il  prit  la  parole  pour  répondre 
aux  interrogations  du  professeur,  il  s'annonça  comme  un 
maître. 

Après  un  court  préceptorat  il  fut  ordonné  prêtre  et  nommé 
vicaire  à  Aigrefeuiile  ;  mais  au  bout  de  quelques  mois,  il  fut 
transféré  à  Sainte-Croix  dé  Nantes,  où  il  remplit  les  mômes 
fonctions  durant  six  années.  Les  devoirs  de  son  ministère 
ne  rempôchaiffnt  pas  de  poursuivre  ses  études,  et  c'est  à  cette 
époque  qu'il'^outint,  devant  la  faculté  de  théologie,  sa  thèse 
de  doctorat. 

Pe  ll^^mpa  après  (1784),  il  obtint  au  concours  la  cure  de 
M  .  .u.^..  ''^' tait  une  des  paroisses  les  plus  importantes  et 
les  plus  riches  du  diocèse  de  Nantes  ;  elle  était  en  môme 
temps  l'une  des  plus  chrétiennes  :  avec  son  intelligence  et 
ses  forces,  M.  Courtais  lui  donna  pour  jamais  son  cœur. 

Bien  que  la  Révolution  en  eût  diminué  l'importance,  il  ne 
consentit  pointa  la  quitter;  et  il  devait  y  mourir,  après  l'avoir 
gouvernée  pendant  quarante- trois  ans.  On  sut  du  rerte  l'ap- 
précier, et  le  seul  nom  de  Monsieur  de  Maisdon,  qu'on  lui 
donna  dès  lors  et  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort,  parmi  le 
clergé  et  le  peuple,  nous  dit  assez  la  considération  dont  il 
jouit,  depuis  son  arrivée  dans  cette  paroisse  jusqu'à  son  der- 
nier jour. 

Les  occupations  pourtant  nombreuses  qu'impose  la  direc- 
tion d'une  paroisse  étendue  et  chrétienne,  ne  suffisaient  pas 
à  contenter  le  zèle  de  cette  âme  sacerdotale.  Bientôt,  M.  Cour- 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE   NANTES  APRÈS  LA   RÉVOLUTION      339 

tais,  que  la  Providence  avait  également  bien  doué  pour  les 
travaux  du  ministère  et  ceux  de  l'enseignement,  établit  un 
cours  de  sciences  dans  son  presbytère,  de  concert  avec 
M.  Bouyer,  sou  ancien  condisciple  devenu  son  vicaire,  qui 
enseignait  la  philosophie^  Cet  établissement  n'était  pas  dû  à 
la  seule  initiative  du  recteur  de  Maisdon  :  les  principes  hardis, 
téméraires,  pour  ne  pas  dire  plus^  des  Pères  de  TOratoiré 
inspiraient  depuis  longtemps  des  craintes  h  tous  les  esprits 
sérieux,  et  le  nouveau  collège,  destiné  à  prémunir  la  jeunesse 
cléricale  de  Nantes  contre  des  tendances  dangereuses^  devait 
être  une  succursale  du  Séminaire,  dirigé  par  les  Sulpiciens. 

Tout  en  professant^  M.  Bouyer  travaillait  pour  son  propre 
compte,  et  c'est  à  cette  époque  qu'il  soutint  sa  thèse  de  doc- 
teur. Le  président  de  cette  séance  solennelle  était  au  choix 
du  candidat  ;  M.  Bou/er  n'alla  pas  chercher  bien  loin,  et  c'est 
sous  la  présidence  de  son  recteur  que  le  vicaire  de  Miaisdon' 
subit  les  dernières  épreuves  du  doctorat.  Heureux  temps  que 
celui  où  les  études  théologiques  étaient  en  tel  honneur,  et  où 
un  simple  presbytère  de  campagne  pouvait  offrir  ce  spectacle! 

C'est  au  milieu  de  l'ébranlement  général  cauq^  par  les 
débats  de  l'Assemblée  Constituante  que  M.  Co*  .  ..  "yrait 
à  ces  travaux  (1789-1790).  Les  événements,  en  se  précipitant, 
n'allaient  pas  tarder  à  les  interrompre  et  à  disperser  les 
écoliers  de  Maisdon. 

M.  Courtais  et  ses  deux  vicaires  refusèrent  avec  écl^t  de 
prêter  le  serment  schismatique.  Ces  derniers,  avec  un  très 
grand  nombre  de  prêtres  nantais,  passèrent  en  Espagne  les 
années  terribles  ;  quant  au  recteur,  ne  voulant  point  aban- 
donner le  troupeau  confié  à  ses  soins,  il  resta  à  son  poste  et 
brava  tous  les  dangers  de  la  persécution. 

Comme  toutes  celles  de  la  Vendée,  la  paroisse  de  Maisdon 
fut  parcourue  dans  tous  les  sens  par  les  armées  révolution- 


*  Notice  sUUistiquô  et  historique  sur  la  commune  de  Maisdon^»»  par 
M.  Petit  dM  Roehettes,  maire  de  Maisdon,  première  pvUe,  note  V, 


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340  l'enseignement  secondaire   ECGLisiASTIQUE 

naîres  ;  le  plus  grand  nombre  des  maisons,  furent  brûlées,: 
ainsi  que  le  presbytère  et  Téglise*;  beaucoup  d'habitants  furent 
massacrés,  et  nous  savons  une  famille  qui  perdit  Irente  de 
ses  membres  pendant  la  guerre  civile*. 

M.  Courtais  n'en  remplit  pas  moins,  à  cette  époque^  tous 
les  devoirs  du  ministère,  s'exposant  presque  continuellement 
àlâmort  pour  soutenir  ses  paroissiens  dans  la  foi  et  la  vertu, 
surtout  pour  baptiser  les  nouveau-nés  et  assister  les  mou 
yants.  Le  récit  de  tous  les  travaux  qu'il  accomplit  et  de  tous 
lés. périls  qu'il  courut  sérail  sans  doute  intéressant;  mais, 
nous  l'avons  dit  déjà,  ce  serait  dépasser  le  cadre  de  ce  travail, 
et  nous  aimons  mieux  ne  pas  l'entreprendre  que  de  l'effleurer. 

Les  périls  passés  et  le  calme  revenu,  M.  Courtais  rentra 
dans,  sa.dçmeure*  et  reprit,  d'une  manière  régulière, ,  ses 
occupati.ons  pastorales.  Il  ne  devait  pas  tarder  à  rouvrir,  et 
plus  grande  que  jamais,  sa  porte  aux  écoliers, 
r  Les  dangers  mômes  de  la  persécution  n'avaient  pas  em- 
péché,M.  de  Maisdon  de  jeter  un  regard  attristé  sur  l'avenir 
de  la  religion  en  France,  et  de  songer  aux  moyens  de  combler 
les  vides  du  sacerdoce.  Il  voulut  dès  lors  procurer  des  mi- 
nistres à  cette  Eglise  désolée,  et  se  mit  aussitôt  à  l'œuvre.  Il 
réussit  à  former  quelques  étudiants  en  théologie,  et  dès  que 
le  calme  fut  un  peu  revenu,^  avant  le  Concordat,  il  put  en 
envoyer  plusieurs  à  Tordination.  «  J'ai  connu,  écrit  un  de 
ses  anciens  professeurs,  un  curé  de  DongeSy  M.  Procourt  qui, 
après  avoir  servi  dans  Tarmée  vendéenne,  avait  été  instruit 
par  lui,  et  fut  ordonné  à  Paris  avant  le  Concordat.  »  Ce  ne  fut 
pas  le  seul  sans  doute,  car  le  zèle  de  M.  Courtais  donna  des 
inquiétudes  au  Directoire  exécutif  de  Clisson  qui  le  signalait* 

*  Le  4  avril  1794. 

*  La  faxniUe  Pineau,  —  Mémoires  manuscrits  de  M.  Tabbé  Pineau,  élève 
de.  M.  ConrUtis,  mort  curé-prieur  de  Saint-Etienne-de-Gorcoué.  M.  Pineau  est 
bien  connu  par  son  rôle  politique  en  1832. 

*  Comme  locataire,  car  le  presbytère  avait  été  vendu  et  ne  fut  racheté 
qu'en  1800. 

^  Lettre  du  &  messidor,  an  V. 


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DANS  LE  DIOCÈSE    DE  NANTES  APRÈS  LA  flÉVOLUTION     341 

'  au  département  «  comme  endoctrinant  les  jeunes  gens  pour 
les  disposer  à  se  faire  prêtres.  >» 

Nous  comprenons  quel  redoublement  de  zèle  il  dut 
apporter  à  cette  œuvre  capitale,  quand  la  pacification  reli- 
gieuse lui  en  facilita  les  moyens,  et  lorsqu'il  lui  fut  possible, 
en  comptant  les  prêtres  qui  avaient  disparu,  de  mieux  con- 
naître les  bejsoins  de  l'Eglise.  Il  rechercha  alors  de  tous  côtés 
et  réunit  dans  son  presbytère  des  étudiants,  leur  enseignant 
les  éléments  de  la  langue  latine. 

Les  besoins  de  TEglise  étaient  pressants,  en  effet,  et  il 
fallait  aller  vite.  Aussi  les  premiers  élèves  de  M.  Courtais 
n'étaient-ils  pas  des  enfants,  mais  des  jeunes  gens  déjà  un 
peu  âgés,  de  bonne  famille^ pieux,  raisonnables,  d'un  jugement 
droit,  et  décidés  à  n'étudier  que  poiir  l'état  ecclésiastique. 

Quelques  mois  suffisaient  pour  leur  apprendre  un  peu  de 
latin,  et,  au  bout  de  cinq  ou  six  ans,  plusieurs  de  ces  jeunes 
gens  étaient  prêtres,  non  pas  remarquables  sans  doute  par 
leur  science,  assez  instruits  cependant  pour  remplir  les 
devoirs  du  saint  ministère.  Un  certain  nombre  de  paroisses 
furent  ainsi  pourvues  de  sujets  uniquement  formés  par 
notre  bon  curé. 

En  effet,  M.  Courtais  donnait  un  enseignement  plus  com- 
plet que  celui  du  recteur  de  Saint- André  ;  et,  pendant  quelques 
années,  sa  maison  comprit  les  cours  du  grand  comme  du 
petit  séminaire.  On  vit  môme  des  jeunes  gens  déjà  ordonnés 
prêtres,  mais*dont  les  études  théologiques  n'étaient  pas  ter- 
minées, suivre  ses  leçons  ;  et,  parmi  les  élèves  de  Maisdon, 
en  1809,  nous  trouvons  quatre  prêtres  et  un  diacre*. 

Les  mêmes  besoins  faisaient  naître  partout  les  mêmes 
désirs,  et  les  prêtres  survivants  de  la  Révolution  n'avaient 
pas  de  plus  grande  préoccupation  que  de  se  préparer  des 
collaborateurs  et  des  successeurs.  Mais  tous  n'avaient  pas 


*  MM.  Yves  Dupuis,  Michel  Durand t  Pierre-René-Léon  FanteTieau,  Jean 
Bonnet,  prêtres  ;  François-Marie  Bercegeay,  diacre.  —  Archives  de  VévécKé. 


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342  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

les  ressources  de  M.  Gourtais  ;  et  point  de  collèges  ni  'de  sé- 
minaires encore  !  aussi  quelle  bonne  fortune  quand  un  curé 
mettait  sa  science  et  son  dévouement  au  service  de  la  jeu- 
nesse cléricale  !  On  voyait  aussitôt  les  élèves  accourir  de 
toutes  parts.  C'est  ce  que  Ton  vit  à  Maisdon. 

Les  curés  qui  avaient  découvert  des  vocations  et  qui  déjà 
avaient  donné  quelques  leçons  de  latin  aux  jeunes  gens 
choisis,  les  envoyaient  à  Maisdon  pour  étudier  la  philosophie 
et  la  théologie.  Les  confrères  voisins  surtout^  plus  à  même 
d'apprécier  )e  mérite  du  charitable  maître,  lui  envoyèrent 
des  étudiants  pris  parmi  les  plus  vertueux  de  leurs  pa- 
roissiens. 

Mais  la  réputation  de  M.  Gourtais  attira  bientôt  sur  son 
collège  l'attention  des  plus  éloignés.  La  Vendée,  naturelle- 
ment, Maisdon  et  les  paroisses  environnantes,  Aigrefeuille, 
le  Loroux-Bottereau,  la  Chapelle-Heulin,  Saint-Fiacre,  Château- 
Thébaud  et  Vertou  lui  fournissaient  beaucoup  d'élèves  ;  peu 
de  temps  après  Touverture  de  la  maison,  ils  arrivèrent  de 
l'Anjou,  de  plusieurs  points  éloignés  de  la  Bretagne,  du 
Poitou,  et  môme  de  la  Saintonge.  Dès  1802,  le  presbytère  de 
Maisdon  était  devenu  un  véritable  séminaire ,  et  le  bon 
pasteur  voyait ,  réunis  autour  de  lui,  une  cinquantaine  de 
jeunes  gens  de  différents  âges,  partagés  en  plusieurs  classes, 
depuis  la  huitième  jusqu'à  la  théologie  inclusivement. 

Il  ne  faudrait  pas  cependant,  pour  se  faire  une  idée  de  la 
vie  qu'on  menait  à  Maisdon,  se  reporter  à  «los  séminaires 
actuels.  Rien  ne  leur  ressemblait  moins  que  ce  séminaire 
improvisé. 

On  observait  cependant,  autant  que  possible,  les  règles  de 
ces  saintes  maisons.  Voici  quel  était  à  peu  près  l'ordre  de  la 
journée. 

Le  lever  avait  lieu  à  5  heures,  et  tout  le  monde,  la  toilette 
terminée,  se  réunissait  dans  une  salle  commune.  Un  des 
élèves  récitait  à  haute  voix  la  prière,  qui  était  suivie  d'un 
quart  d'heure  de  méditation.  On  assistait  à  la  sainte  messe, 
puis  venait  le  déjeuner,  suivi  de  Tétude. 


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DANS  LE   DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS  LA   RÉVOLUTION     343 

Chacun  étudiait  en  son  particulier,  apprenait  ses  leçons  et 
faisait  ses  devoirs,  soit  dans  le  dortoir,  soit  dans  les  jardins. 
Pendant  ce  temps,  le  curé  s'occupait  du  soin  de  la  paroisse, 
confessant  les  fidèles  et  prolongeant  sa  méditation  au  pied 
des  saints  autels. 

Il  est  évident  que  la  classe  ne  pouvait  être  à  heure  fixe. 
Quand  M.  le  curé  revenait  de  l'église,  il  appelait  ou  sonnait 
la  cloche,  et  l'essaim  de  se  rassembler  aussitôt  au  réfectoire 
qui  servait  en  même  temps  de  classe.  Il  était  ordinairement 
neuf  heures  du  matin,  et,  depuis  ce  moment  jusqu'à  la  fin  de 
la  journée,  le  maître  dévoué  était  à  ses  élèves.  Tout  à  son 
devoir  et  à  la  charité,  il  ne  prenait  pas  même  le  temps  de 
déjeûner  :  un  morceau  de  pain  et  un  fruit  à  la  main,  il  com- 
mençait par  les  classes  inférieures,  puis  il  parcourait  les 
autres  jusqu'à  midi.  «  Ainsi,  remarque  l'auteur  d'une  notice 
manuscrite,  après  avoir  le  matin  professé  la  huitième,  avant 
dîner,  il  terminait  par  la  classe  de  rhétorique. 

Bientôt,  seul  chargé  de  quarante  à  cinquante  élèves, 
M.  Courtais,  malgré  sa  bonne  volonté,  ne  put  suffire  à  tout, 
comme  nous  l'avons  dit  déjà  de  toutes  les  écoles  pres- 
bytérales,  il  adopta  le  système  d'enseignement  mutuel.  Les 
étudiants  en  philosophie  et  en  théologie  faisaient  la  classe 
aux  commençants  ;  mais  c'était  toujours  sous  l'inspection  du 
curé  qui  examinait  et  corrigeait  lui-môme,  plusieurs  fois  la 
semaine,  les  devoirs  de  tous  ses  écoliers. 

A  11  h.  3/4  avait  lieu,  comme  au  séminaire,  l'examen  par- 
ticulier. C'était  un  élève  qui  le  présidait. 

A  midi,  le  dîner,  suivi  de  la  récréation  toujours  partagée 
par  le  maître. 

L'après-midi  était  consacrée  à  la  philosophie  et  à  la 
théologie.  Si  des  malades  appelaient  M.  Courtais  à  leur 
chevet,  les  classes  en  souffraient  peu.  On  voyait  le  bon 
M.  de  Maisdon,  monté  sur  un  cheval*,  escorté  d'une  partie 

'  De  bonne  heure,  ses  jambes  infirmes  lui  rendirent  la  marche  difficile. 


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3 44  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

de  ses  élèves,  faire,  tout  en  voyageant,  réciter  les  leçons, 
expliquer  les  auteurs,  ou  bien  discuter  une  question  de  phi- 
losophie ou  de  théologie.  Rien  ne  ravissait  les  paroissiens 
de  Maisdon  comme  de  le  rencontrer  ainsi  entouré  de  ses 
enfants. 

A  la  fin  de  la  journée,  après  la  récréation  qui  suivait  le 
souper,  lecture  spirituelle,  faite  ordinairement  dans,  la  vie 
d'un  saint  ;  puis,  la  prière  du  soir  récitée  par  le  curé  lui- môme. 

On  le  voit,  le  règlement  n'était  pas  trop  compliqué  ;  c'est 
qu'à  Maisdon  les  règles  sévères  n'étaient  pas  plus  néces- 
saires que  les  sanctions  rigoureuses.  M.  Court ais  avait  une 
grande  autorité  sur  ses  élèves,  et  sa  parole,  ou  plutôt  le  seul 
désir  qu'avaient  tous  ses  enfants  de  le  satisfaire  et  de  devenir 
des  hommes  de  Dieu  comme  lui,  suffisait  à  maintenir  partout 
un  ordre  parfait,  a  II  ne  punissait  jamais,  écrit  l'un  d'eux*, 
il  grondait  rarement,  mais  quand  il  le  faisait,  c'était  avec 
une  très  grande  sévérité.  On  le  respectait  beaucoup,  on 
l'aimait  singulièrement  :  il  était  au  milieu  de  nous  comme 
un  père  au  milieu  de  ses  enfants.  »  Et  un  autre  :  €  C'é- 
tait sans  doute  grâce  aux  prières  du  saint  homme  que 
toute  cette  petite  famille  de  jeunes  gens  se  conduisait  si 
bien.  On  ne  manquait  jamais  d'aller  tous  et  tous  les  jours  à 
la  sainte  messe,  quoique  personne  ne  vous  y  forçât;  on  s'en- 
gageait les  uns  les  autres  à  aller  à  confesse,  et  personne 
ne  manquait  à  ce  devoir.  Il  en  était  de  môme  pour  les 
études,  on  étudiait  par  religion  et  par  raison.  Jamais  on 
n'entendit  personne  dire  un  mot  qui  put  ofïenser  la  mo- 
destie, et  il  était  rare  qu'il  y  eût  quelque  dispute  sérieuse 
entre  les  clercs.  » 

Nous  le  répétons,  pour  juger  l'école  de  Maisdon  et 
toutes  nos  écoles  presbytérales,  il  ne  faut  les  comparer  à 
aucune  autre  :  personnel,  règlement,  méthode,  tout  est 
spécial.  L'objet  de  l'enseignement  l'était  aussi,  en  ce  sens 

**M.  Bouyer,  mort  ruré  de  Saint-Donatien  de  Nantes. 


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DANS  LE   DIOCÈSE  DE  NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION     345 

qu'il  était  très  restreint.  Chez  M.  Gourtais,  on  se  bornait  au 
latin,  au  français,  à  quelques  notions  de  littérature  et  de 
philosophie  :  c'était  tout.  Les  circonstances  l'exigeaient  :  le 
temps  manquait  pour  faire  davantage. 

De  plus,  comme  nous  l'avons  dit,  beaucoup  de  nos  écoliers 
arrivaient  à  Maisdon  pour  étudier  la  philosophie  et  la  théo- 
logie, après  avoir  fait  leurs  humanités  dans  les  presbytères. 
Hélas  !  souvent  le  bon  vieux  prêtre  qui  les  avait  formés  était, 
les  ans  en  sont  la  cause ^  un  peu  brouillé  avec  ses  classiques  ; 
en  outre,  nos  pauvres  écoliers,  choisis  parmi  des  jeunes 
hommes  de  vingt  ans  appliqués  depuis  plusieurs  années  aux 
travaux  de  la  campagne  et  dopt  l'instruction  avait  été  fort 
négligée  pendant  la  Révolution,  n'étaient  guère  préparés  à 
ces  nouvelles  occupations,  et  leur  intelligence  s'ouvrait  moins 
facilement  à  l'étude  ;  enfin  les  leçons  rapides  et  intermittentes 
qu'ils  avaient  reçues  d'un  pasteur  absorbé  par  les  soins  du  mi- 
nistère étaient  le  plus  souvent  insuffisantes  :  aussi  la  plupart 
ne  possédaient-ils  qu'une  légère  teinture  du  latin. 

Ce  devait  être  une  peine  profonde  pour  le  savant  curé,  ce 
lui  fut  aussi  une  occasion  de  montrer  son  dévouement  :  après 
avoir  donné  la  journée  aux  occupations  du  ministère  et  du 
professorat,  il  consacrait  ses  nuits  à  rédiger  en  français  des 
traités  de  théologie  morale'. 

Nous  avons  ces  traités,  écrits  en  classe  sous  la  dictée  de 
l'auteur,  par  M.  Fonteneau,  qui  étudiait  la  théologie  à  Maisdon 
en  1805  et  1806  et  qui  est  mort  curé  du  Loroux-Bottereau  ; 
il  y  en  a  dix-neuf  :  les  traités  des  Actes  humains  —  des  Lois 

—  du  Péché  —  du  Décalogue  —  de  la  Justice  —  des  Contrats 

—  des  Sacrements  en  général  —  du  Baptême  —  de  la  Confir- 
mation —  de  l'Eucharistie  —  du  saint  Sacrifice  de  la  messe  — 
de  la  Pénitence  (auquel  il  faut  joindre  un  petit  traité  en  latin 


•  Denzda  c«s  traités,  s*il  tant  en  croire  un  ancien  professenr  de  Maisdon, 
la  Justice  et  les  Contrats^  sont  de  Mf  DuYoisin  ;  tons  les  autres  sont  dus  à 
M.  Courtais. 


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L 


34(5  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

de  Absolutiom)  --de  rExtrôme-Onction  —  de  TOrdre  — du 
Mariage  —  des  Censures  —  des  Irrégularités*. 

Ces  différents  Irailés  sont  courts,  mais  ils  renferment  tous 
les  vrais  principes  et  sont  remarquables  par  leur  lucidité. 
Les  écoliers  de  Maisdon,  ainsi  formés,  pouvaient  bien,  pour 
la  plupart,  n'être  pas  des  savants,  mais  ils  possédaient  une 
science  iliéologique  très  suffisante,  et  comme  ils  étaient 
humbles,  pieux  et  ordinairement  d'un  jugement  très  droit, 
ils  ont  rendu  de  grands  services  au  diocèse'. 

Le  docte  évoque  de  Nantes  savait  les  apprécier,  et  le  trait 
suivant  nous  montre  quel  cas  il  faisait  du  mérite  et  des  ser- 
vices de  M.  Courtais.  Un  jour  que  celui-ci  dînait  à  l'évêché, 
le  prélat  lui  demanda  s'il  aurait  quelques  jeunes  gens  à  lui 
envoyer  pour  la  prochaine  ordination.  —  Oui,  Monseigneur, 
répondit  le  bon  curé,  j'en  aurai  encore  quelques-uns,  je  Tes- 
père.  -^  Alors,  élevant  les  yeux  au  ciel,  révoque  prononça 
ces  paroles  :  «  Quand  je  présente  à  Dieu  des  sujets  formés 
par  vos  mains,  mon  cher  curé,  ma  conscience  est  tranquille, 
etje  bénis  la  Providence  qui  dirige  une  œuvre  aussi  sainte 
et  aus^i  charitable.  » 

Il  ne  faudrait  pas  croire  cependant  que  tous  les  étudiants 

'  M.  deMa^i^^don  dictait,  en  latin,  à  ceux  d*entre  ses  écoliers  qui  avaient 
oommf^ncé  leurs  études  chez  lai,  et  qui  étaient  généralement  plus  instruits 
[les  imités  dogmatiques  et  des  cahiers  de  philosophie.  Nous  ignorons  s'il  les 
uvait  rédigA;^lLLi*méme.  On  signale,  dans  sa  bibliothèque,  une  théologie  dog- 
laatique  f*n  k  folumes,  composée,  dit-on,  et  dictée  par  M.  d*Auchemouillé, 
flulpicien,  autrefois  professeur  renommé  du  Séminaire  de  Nantes.  Peut-être 
faisiit-elle  1g  fond  des  cours  de  M.  de  Maisdon,  bien  que  celui  qui  signale 
cfltoUTra^^e  oe  le  dise  pas.  Cependant  nous  avons  sous  les  yeux  le  traité  de 
verâ  Reii§iùne,  dicté  par  M.  Courtais,  et  nous  le  croyons  son  œuvre.  C'est 
qu'on  y  rcconnait,  sinon  la  main,  du  moins  l'inspiration  de  Mv**  Duvoisin.  Le 
cours  pubHét  sur  le  même  sujet,  par  le  savant  professeur  de  Sorbonne,  est 
îis^ez  souvent  copié  pour  que  nous  comprenions  que  l'auteur  l'avait  sous  les 
yeoï,  le  suivait  pas  à  pas,  et  ne  s'en  écartait  guère  que  par  la  nécessité 
d*iitre  pluK  précis. 

>  Ce  nV^t  pas  à  Maisdon  seulement  qu'on  était  réduit  à  ces  expédients.  Les 
écoïier*  de  Derval  et  d'ailleurs  se  trouvaient  dans  les  mêmes  conditions,  et 
nû-is  avons  vu  plus  haut  que  M.  Orain,  aussi  confiant  dans  la  science  de 
M.  Courtais  que  défiant  de  ses  propres  lumières,  lui  avait  emprunté  ses 
eahi^ri  de  philosophie  et  de  théologie. 


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DANS  LE  DtOCÈSE   DE  NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION      347 

de  Maisdon  fussent  des  élèves  médiocres.  Plusieurs,  au  con- 
traire, étaient  fort  remarquables  et  occupèrent,  dans  la 
suite,  des  positions  très  importatites.  C'était  un  bonheur 
pour  le  savant  maître  quand  il  voyait  autour  de  lui  de  ces 
:ntelligences  d'élite,  et  il  les  cultivait  avec  amour.  Il  disait 
parfois  que  pour  faire  un  prêtre  il  faut  trois  choses  :  saijiteté, 
science  et  santé.  S'il  s'appliquait,  par  ses  exemples  et  ses  leçon?, 
à  former  ses  jeunes  gens  dans  la  sainteté,  s'il  veillait  à  leur 
conserver  les  forces  qu'ils  devaient  mettre  au  service  de 
Dieu,  il  ne  négligeait  pas  la  science. 

C'est  pour  encourager  les  efforts  de  ses  enfants,  et  sans 
doute  aussi  en  souvenir  de  ce  temps  déjà  lointain  pu  lui- 
même  se  livrait  à  ces  joutes  théologiques,  qu'il  voulut  faire 
soutenir  une  thèse  publique. 

Le  28  août  180r7,  c'était  fête  au  presbytère  de  iMaisdon  et 
jour  de  grande  joie  pour  le  vieux  docteur.  M^  Paillon,  évoque 
de  la  Rochelle  et  de  Luçon,  faisait  une  tournée  pastorale 
dans  les  environs  ;  il  se  rencontra  avec  l'évêque  de  Nantes 
dansla  modeste  enceinte  de  notre  petit  collège.  Cette  ren- 
contre n'était  pas  imprévue  ;  les  prêtres  voisins,  môme  ceux 
de  la  ville,  en  avaient  été  informés  ;  aussi  se  pressaient-ils 
nombreux  autour  des  deux  prélats. 

Un  élève,  M.  Michel  Bouyer,  depuis  curé  de  Saint-Donatien, 
adressa  aux  pontifes  quelques  paroles  de  bienvenue.  «  Quoi- 
que nous  ressentions  vivement,  dit-il,  la  joie  qui  pénètre  ici 
tous  les  cœurs,  noiis  ne  pouvons  nous  défendre  d'une  cer- 
taine frayeur  respectueuse  qui  nous  saisit  malgré  nous.  Et 
quel  autre  sentiment  pourrions-nous  éprouver,  en  voyant 
siéger  dans  cette  auguste  assemblée,  ce  qu'il  y  a  de  plus  dis- 
tingué dans  tous  les  ordres  ?  Nos  premiers  regards  tombent 
sur  deux  princep  de  l'Eglise  qui  rendent  à  leur  dignité  tout 
l'honneur  qu'ils  en  reçoivent.  Avoir  à  louer  des  prélats  uni- 
versellement révérés,  en  qui  les  talents,  l'érudition  et  les 
vertus  se  réunissent;  avoir  à  parler  de  l'art  oratoire  de- 
vant ces  maîtres  de  l'éloquence  qui  ont  fleuri  dans  la  pre- 


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348         l'enseignement  secondaire  egcli^siastique 

mière  école  du  inonde,  dont  la  plume  nous  a  donné  tant  de 
savants  ouvrages  :  c'est  une  tâche  bien  supérieure  à  nod 
forces.  Nous  ne  sommes  devant  vous.  Nos  Seigneurs,  que  des 
enfants  ;  à  peine  savons-nous  bégayer.  Ce  qui  nous  rassure, 
c'est  que  Thumanité,  la  douceur  et  la  bonté  qui  vous  caraé- 
térisent  vous  font  accueillir  les  petits  comme  les  grands  ; 
vous  nous  en  donnez  aujourd'hui  une  preuve  éclatante,  en 
paraissant  au  milieu  de  nous  pour  encourager  nos  premiers 
essais-  Nous  n'avons  à  vous  offrir,  avec  l'hommage  de  nos 
profonds  respects,  que  le  désir  de  mériter  par  de  nouveaux 
efforts  votre  protection  et  vos  suffrages. 

«  Nous  vous  devons  ici  un  tribut  particulier  de  gratitude  et 
d'amour,  illustre  et  vénérable  Pontife,  à  qui  nous  avons  le 
bonheur  d'appartenir  par  des  liens  si  étroits  et  si  précieux. 
Aimé  de  Dieu  et  des  hommes,  votre  mémoire  est  partout  en 
bénédiction  et  votre  nom  retentit  dans  tous  les  cœurs.  Vous 
êtes  notre  père,  et  que  de  fois  Votre  Grandeur  a  jeté  ici  sur 
nous  ses  regards  !  Qu'il  nous  est  doux  de  répéter  que  nous 
sommes  vos  enfants  !  Daigne  le  Ciel,  propice  à  nos  vœux,  con- 
server à  l'église  de  Nantes  un  pasteur  qui  en  fait  la  gloire 
et  Tornement.  » 

M.  Grégoire,  mort  curé  de  Machecoul,  soutint  ensuite  une 
thèse  sur  le  traité  de  l'Eglise.  «  C'était  chose  inconnue  pour 
le  nouveau  clergé,  écrit  quelqu'un*  qui  recueillit  plus  tard  les 
échos  de  cette  fôte,  aussi  une  foule  nombreuse  de  prêtres  ac- 
coururent-ils à  Maisdon  pour  être  témoins  des  efforts  du 
candidat.  Les  exercices  furent  présidés  par  M«'  Duvoisin  lui- 
môme,  dont  la  science,  tempérée  par  la  bonté,  souriait  à  ces 
joutes  qui  lui  rappelaient,  bien  faiblement  sans  doute,  les 
grandes  et  fortes  études  de  cette  Sorbonne  dont  il  avait  été 
autrefois  la  gloire  ;  mais  le  bon  pasteur  encourageait  de  sa 


•  M«f  An^^ebault.  —  Lettre  da  3!  octobre  1858. 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE   NANTES  APFtÈS  LA   RÉVOLUTION      349 

voix  bienveillante  ces  essais  timides  encore  qu'on  applau- 
dissait comme  une  espérance*.  » 

*  Nous  croyons  bon  de  reproduire  ici  Targument  de  la  thèse,  composée 
ppni*être  par  M.  Courtais  lui-même  : 

Oratio  de  Ecclesid  Dei. 

Ëcclesiam  divinitus  institutam  potentissimo  Dei  prsesidio  conservari  argu- 
mento  est  constans  ejus  et  inconcussa  stabilitas.  Variée  variis  temporibus  a 
tartareis  faucibus  in  orbem  emersernnt  alternantes  sectœ;  eas,  postquam 
plus  minusve  celebritatis  obtinuerunt.,  extinctas  tandem  vidimus  et  obli- 
vione  consepultas.  Cur  non  easdem  vices  experta  fuit  Christi  Ëcclesiaf  Hoc 
sane  tam  splendidum,  tam  singulare  beneficium  non  débet,  nisi  summse 
Dei  potentiœ,  quàcincta  semper  ac  munita  superbas  inferi  portas  vicit  ac 
contrivit.  A  Domino  facium  est  istud^  et  est  mirabile  in  oculis  nostris. 

Re  etenim  verà,  longe  plaribus,  quam  ceterœ  omnes  simul  institutiones^ 
▼exationibus  conflicta  est  sola  Christi  Ecclesia.  A  mille  et  octingentis  annis, 
quot  pericula  subiit!  quot  certamina  sustinuit!  quoties  àprimis  incunabulis 
ferro  persecutorum  appetita  !  quoties  haeresibus  et  schismatibus  discissa  ! 
quoties  ftliornm  suorum  scandalis  oppressa  doluit  ac  ingemnit  !  Ëam  tamen 
quibuslibet  erroribus  ac  tempestatibus  superstitem  intuemur.  In  ter  huma- 
narum  rerum  vicissitudines,  inter  populorum  ruinas,  inter  innumeras  im- 
periorum  conversiones,  stat  immota  rupes.  Hanc.  nec  conjurata  principum 
potentia,  nec  obstinata  dœmonis  improbitas,  nec  impiœ  novatorum  moli- 
tiones»  nec  hœreticorum  fraudes,  nec  fldelium  corruptela,  nec  temporis  diu- 
turnitas,  evertere  valuerunt.  Quemadmodum  aquœ  dilûvii  super  orbem 
effusœ  arcam  non  obruerunt,  sed  in  sublimiori  loco  posuere,  ita  etprocellœ 
tôt  atque  tempestas,  quibus  agitata  fuit  fidissima  Relîgionis  christianise  custos 
Ecclesia,  ad  illud  unum  profecerunt,  ut  noTos  ipsi  triumphos  novamque  ma- 
jestatem  adderent.  Flax>erunt  ventU  et  irruerunt  in  domum  illam,  et  non 
eecidit  :  fundata  enim  erat  super  flrmampetram. 

Quis,  delectam  hanc  Christi  sponsam  semper  lacessitam,  nunquam  autem 
▼ictam  inspiciens,  in  perpetuis  ipsius  victoriis  divinam  opem  et  juge  mira- 
culum  non  agnoscat?  Quis  cum  Judœorum  sapientissimo  non  fateatur  divi- 
num  opus  illud  esse,  cujus  in  excidium  omni  molimine  incubuerunt  hostes 
christiani  nominis  infensissimif  Hoc  scilicet  proprium  est,  ut  tune  vincat 
eum  lœdetur,.,  non  eradieahiiur,  nec  cadet  quibuslibet  tentaiionibus, 
donec  veniat  consummatio» 

Nihil  ergo  nobîs  optabilius  contingere  poterat,  quam  ut  causam  Ecclesiie 
coràm  Ecclesise  prindipibus  defendere  liceret  ;  ad  id  movet  nos  potenter  et 
excitât  exemplum  vestrum,  illustrissimi  prœsules  :  vos  Ëcclesiam  ut  ministri 
virtutibus  ornastis,  doctrinâ  defendistis,  zelo  propagastis,  ipsius  decori  ac 
ornamento  ingenium,  labores,  aliasque  tum  natnrse,  tum  grati  œdotes  vovistis, 
consecrastis  ;  vos  Hilarii  œmulatores  Ecclesise  causa  sarumnas  et  exilium 
perpessi  :  vos,  totâ  plandente  Gallià,  positi  k  Spiritu  Sancto  epitcopi  regere 
Ëcclesiam  Dei,  factis  et  scriptis  illibatum  fidei  depositum  cnstodistis  :  vos 
Ecclesise  gallican»  decus,  eam  tôt  ictibus  dilaceratam  Cathedna  Pétri 
religastis:  vos  sanandis  ejusdem  vulneribus  indefessâ.  virgilantiâ  allaborastis. 


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350  l'eNSBIONEMBNT  SEGOXQAiRE   RGGLÉ8I ASTIQUE 

La  plupart  des  étudiants  de  Maisdan  étaieat  externes  ;  plu- 
sieurs prenaient  leur  pension  dans  le  bourg,  chez  des  parti- 
culiers. Cependant  un  certain  nombre ,  venus  de  loin  , 
logeaient  au  presbytère.  La  maison  fut  bientôt  trop  étroite  : 
on  eut  recours  à  un  bâtiment  voisin,  l'ancien  prieuré,  pour 
y  placer  les  plus  raisonnables. 

Il  en  fut  ainsi  pendant  les  six  premières  années  à  peu  près  ; 
mais  lorsque  le  séminaire  de  Nantes  fut  complètement  orga- 
nisé, M.  Courtais  dut  modifier  son  collège.  Il  cessa  d'enseigner 
la  théologie,  la  philosophie  et  môme  les  humanités,  se  bor- 
nant désormais  aux  classes  élémentaires.  Il  accueillit  alors, 
avec  ses  séminaristes,  quelques  étudiants  qui  ne  se  desti- 
naient point  à  l'état  ecclésiastique,  et  que  leurs  parents,  de 
familles  honnêtes  mais  de  fortune  médiocre,  ne  pouvaient 
placer  dans  les  pensions  de  la  ville. 

Les  écoliers  de  Maisdon,  sauf  de  rares  exceptions,  n'étaient 
plus  alors  que  des  enfants  ;  le  système  de  liberté  presque 
complète,  suivi  jusque-là  sans  inconvénients  avec  des  jeunes 
gens  raisonnables,  devenait  impossible.  Il  fallut  exercer  une 
surveillance  plus  étroite  et  arlopter  la  discipline  des  collèges 
ordinaires.  Quelques  dépendances  de  la  maison  curiale  furent 
disposées  en  dortoir;  une  salle  d'étude  fut  construite  en  1813; 


Te,  prœsul  illuitrisBime,  cujus  atispiciis  actas  iste  noster  inchoatur,  te 
meriio  patronuiu  Ecclesiœ  concélébrant  Kapellenses  ;  quantum  enim  Ecole- 
sia  tibi  debeat,  facta  clamant  et  monumenta.  Liceat  igitur  et  nostras  de 
Ëcclesiâ  thèses  et  corda  noatra  devovere. 

Nec  te  hic  ingrate  patiar  siientio  prsetermissum,  lUustrissime  prœsul  et 
pater,  cujus  in  fronte  nitet,  spirat  in  moribus,  Yivit  imis  infixa  Religio. 
Unum  erat  quod  ardentius  optabam,  ut  mihi  filiis  tuis  annumerari  contin- 
^eret;  vota  mea  simul  ac  cognoYisti,  simul  et  beneficus  implevisti.  Debitis 
tibi  pro  tanto  beneiicio  gratiis  imparem  me  fateor,  publicum  tamen  me- 
nions animi  monimentum,  Telim,  accipere  non  dedignerit.  Te  utinanoi 
gaudere  diu  fruique  possit  Ecclesia  Nannetensis. 

Hanc  habuit  orationem  Ilenatus  Grégoire^  auditor  Josephi  Courtais^  Ec 
clesise  succursalis  de  Maisdon  prœpositi,  in  conspectu  DD.  Joannis-Baptistse 
Duvoisin,  Nannetensis  Ëpiscopi,  et  DD.  Gabrielis-Laurentii  PailloUy  Rupel- 
lensis  Episcopi  ;  anno  Ghristi  millesimo  octingentesimo  septimo,  die  vero 
vigesim  octavà  mensis  augusti. 


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DANS   LE   DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS  LA  RÉVOLUTION      351 

enfin  un  professeur  fut  désormais  attaché  à  rétablissement, 
et  chargé  de  suivre  partout  du  regard  cette  turbulente  jeu- 
nesse. 

A  ce  moment,  suivant  l'expression  dont  se  servait  le  véné- 
rable pasteur  lui-même,  les  écoliers  de  Maisdon  étaient  pour 
ainsi  dire  à  Tessai.  On  pouvait  ainsi  juger  à  peu  de  frais  de 
leurs  dispositions,  et,  après  deux  ou  trois  ans,  s'ils  parais- 
saient vraiment  appelés  au  sacerdoce,  on  les  faisait  entrer 
en  quatrième  au  petit  séminaire.  Le  professeur  faisait  à  ces 
enfants  les  classes  inférieures  ;  quant  à  M.  Courtais,  il  se  ré- 
serva toujours  celle  de  cinquième. 

Nous  n'avons  rien  à  ajouter  sur  le  collège  de  Maisdon  à 
cette  époque  :  il  ressemblait  à  tous  les  autres,  pour  Tordre 
des  exercices  et  la  méthode  d'enseignement.  Toutefois,  on 
comprendra,  sans  que  nous  en  donnions  des  preuves,  qu'on 
y  vivait,  plus  que  partout  ailleurs,  de  la  vie  de  famille,  ce  qui 
n'est  certes  point  un  défaut  et  nous  explique,  avec  d'autres 
raisons,  le  souvenir  persévérant  que  tous  les  élèves  en  ont 
gardé. 

«  J'ai  passé  deux  ans  chez  le  bon  et  respectable  curé  de 
Maisdon,  écrivait  un  de  ces  derniers*,  trente  ans  après  la 
mort  de  son  vieux  maître,  et,  quoique  j'aie  connu,  depuis, 
plusieurs  établissements  bien  mieux  organisés  et  beaucoup 
plus  brillants,  soûs  tous  les  rapports,  j'ai  toujours  conservé 
un  précieux  souvenir  de  cette  maison,  qui  a  été  pour  moi 
comme  une  transition  de  la  vie  de  famille  à  la  vie  véritable 
du  collège.  Les  excellents  condisciples  que  j'y  ai  rencontrés 
me  l'ont  rendue  bien  chère  ;  mais  rien  n'a  tant  contribué  à 
lui  donner  une  place  si  distinguée  dans  me3  affections,  que 
la  douce  image  de  ce  saint  vieillard,  qui  est  restée  dans  ma 
mémoire  comme  un  des  plus*  beaux  types  de  la  vertu  sacër- 


*  M.  l'abbé  Gouraud,  mort  chanoine  et  vicaire  général  de  Luçon.  —Lettre 
du  10  novembre  1857. 


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a52  L  ENSEIGNEMENT  SECONDAIRE  EGCLÉSIASflQUE 

dotale.  En  vérité,  parmi  tous  les  prêtres  si  distingués  avec 
lesquels  j'ai  eu  le  bonheur  d'avoir  quelques  rapports,  à  peine 
erl  est-il  un  ou  deux  qui  aient  su  m'inspirer  un  sentiftient 
aussi  inaltérable  de  profonde  vénération.  » 

Le  presbytère  de  Maisdon  était  devenu  un  véritable  petit 
séminaire,  réunissant  de  40  à  50  élèves.  Pour  entretenir  un 
personnel  si  nombreux,  i'  fallait  des  ressources.  Où  les 
prendre?  Nous  avons  dit  la  pauvreté  des  écoliers  et  le  prix 
dérisoire  de  la  pension.  D'ailleurs  la  question  pécuniaire 
n'était  qu'accessoire  et  ne  faisait  jamais  obstacle  à  l'admis- 
sion d'an  élève  qui  avait  du  goût,  et  qui  paraissait  avoir  des 
dispositions  pour  l'état  ecclésiastique. 

Que  pouvez-vous  me  donner  ?  disait  l'excellent  homme,  en 
s'adressant  aux  parents,  ou  môme  aux  enfants.  -  Un  setier 
de  grains,  répondaient  les  uns,—  unebarrique  de  vin,  disaient 
les  autres,  —  plusieurs  :  un  peu  d'argent.  —  C'est  bien,  vous 
viendrez,  ou  vous  m'amènerez  votre  enfant.  —Souvent  même 
les  parents  ne  pouvaient  remplir  les  modestes  obligations 
qu'ils  avaient  contractées  ;  mais  ce  n'était  jamais  un  motif 
d'exclusion.  Lui-môme  n*a-t-il  pas  souvent,  le  premier,  dimi- 
nué cette  maigre  rétribution  trop  forte  encore  poar  des 
paysans  dans  la  gêne  ?  —  Tiens,  reprends  ceci,  disait-il 
parfois,  lorsqu'on  lui  versait  le  prix  convenu,  ton  père  n'est 
guère  à  Taise.  »  Nous  pouvons  ajouter,  hélas  !  que  plus  d'une 
fois  des  parents  sans  délicatesse  abusèrent  de  la  générosité 
du  maître  :  leurs  enfants  n'en  recevaient  pas  moins  la  nour- 
riture et  l'instruction.  / 

  ces  premières  dépenses  s'en  ajoutaient  d'autres  :  de  tous 
côtés  on  accourait  chez  le  bon  curé  ;  les  parents  des  élèves, 
lorsqu'ils  venaient  voir  leurs  enfants  étaient  toujours  hébergés 
gratuitement  ;  les  prêtres  voisins  et,  pendant  les  vacances, 
les  séminaristes  aflluaient  au  presbytère  :  la  table  de  M.  Gour- 
tais,  pourtant  très  large,  était  toujours  complètement  garnie. 

Nous  avons  dit  où  la  charité  de  ces  vénérables  instituteurs 
trouvait  des  ressources  ;  nous  ne  le  redirons  pas.  Un  mot 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DB  NANTES  APRÈS  LA   RÉVOLUTION     353 

cependant  à  l'éloge  des  paroissiens*  de  M.  Courtais.  Pleins 
de  respect  et  de  vénération  pour  un  tel  pasteur,  les  habitants 
do  Maisdon  lui  venaient  en  aide,  et,  suivant  Texpression  d*un 
témoin,  remplissaient  généreusement  sa  cave  et  son  grenier, 
La  Révolution  avait  supprimé  la  dime  ;  ils  la  payaient  quand 
môme  ;  tant  que  vécut  M.  Courtais,  il  reçut  du  vin  en  abon- 
dance, età  peu  près  régulièrement,  le  /r^n/î^me pour  les  grains. 

L'étable  et  la  basse-cour  fournissaient  le  lait,  le  beurre  et 
la  viande  ;  le  jardin,  les  légumes  et  les  fruits  ;  et  le  modeste 
traitement  du  desservant,  grossi  des  quelques  écus  apportés 
par  les  élèves  plus  aisés,  venant  s'ajouter  à  ces  faibles  res- 
sources, M^^  Courtais  faisait  marcher  la  maison  et  nourrissait 
tant  bien  que  mal  ses  quarante  ou  cinquante  convives'. 

C'est  M"'  Courtais^  en  effet,  vertueuse,  intelligente  et 
dévouée  comme  son  frère,  qui  remplissait  les  fonctions  d'éco- 
nome. On  avait  pour  elle  presque  autant  de  respect  que  pour 
le  pasteur,  et,  au  dire  de  ceux  qui  l'ont  connue,  son  nom  mé- 
rite d'être  associé  à  celui  du  frère  vénérable  qu'elle  a  toujours 
encouragé  et  soutenu  dans  l'exercice  de  sa  charité. 

M.  Courtais  poursuivit  son  œuvre  pendant  près  de  trente 
années,  tout  en  travaillant  avec  zèle  et  succès  au  bien  spiri- 


*  Nous  doTons  mentionner,  parmi  les  principaux  bienfaiteurs  de  notre 
école,  M.  le  chanoine  Goguet  de  Boisfiéraud,  Quand  on  demandait  au  bon 
curé  comment  il  faisait  marcher  sa  maison.  «  La  Providence  de  Dieu  est 
bien  grande,  répondait-il  ;  puis»  quand  je  n'aurai  plus  d'argent,  je  suis  sûr 
d'en  trouver,  si  M.  Tabbé  de  Boishéraud  en  a  dans  sa  bourse.  »  Nous  lisons 
dans  les  notes  d*un  ancien  élève  de  M.  Courtais  :  «  Il  était  lié  d*une  étroite 
amitié  avec  M.  Tabbé  de  Boishéraud,  chanoine  de  Nantes,  et  propriétaire  de 
la  Guérivière^  aux  portes  de  Maisdon,  avec  lequel  il  vivait  dans  la  plus 
aimable  communauté  de  goûts  et  de  pensées.  M.  Qoguet  de  Boishéraud, 
ancien  émigré  et  chevalier  de  Saint-Louis,  avait,  avant  d*étre  revêtu  du  sacer- 
doce,'vécu  avec  l'élite  de  la  société.  U  avait  épousé  M^i*  du  Bois  de  la  Fer'" 
ronnière,  fille  de  l'ancien  et  dernier  seigneur  du  Lorouz.  Rien  n'égalait  la 
bonté  de  son  cœur,  son  affabilité,  la  haute  distinction  de  ses  manières,  le 
charme  et  la  variété  de  sa  conversation.  Prêtre,  il  savait  aUier  à  la  sainteté 
des  devoirs  le  ton  et  l'urbanité  de  l'homme  de  bonne  compagnie.  La  mort 
seule  sépara  les  deux  amis  qui  reposent  à  côté  l'un  de  l'autre,  sous  deux 
modestes  tombes,  dans  le  cimetière  de  Maisdon.  » 

*  Plus  tard,  le  professeur  lut  entretenu  aux  frais  de  l'évéché. 

T.   VI.   —  NOTICES.  —  VI"  ANNÉE,   i*  LIV.  24 


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354  l'enseiqnbmbnt  bbgondâire  ecclésiastique 

tuel  de  sa  chère  paroisse.  L'âge  ne  ralentit  pas  ses  travaux,; 
et  sa  vieillesse^  qui  fut  longue,  ne  connut  pas  le  repos.  Au 
mois  d'octobre  1829,  il  fut  atteint  d'une  paralysie  ;  après  de 
cruelles  souffrances,  supportées  avec  une  résignation  admi- 
rable, il  mourut  saintement,  le  7  décembre  suivant. 

Le  vénérable  curé  de  Maisdon  est  assurément  un  des  types 
les  plus  parfaits  du  prêtre  affable  et  poli,  simple  et  digne, 
instruit  et  pieux,  légué  par  l'ancien  régime  aux  premières 
années  de  ce  siècle.  Telle  est  du  moins  l'idée  que  nous  en 
donnent  ceux  qui  l'ont  connu.  «  Il  est,  écrit'  M.  Péret,  ancien 
supérieur  du  Séminaire,  de  ces  quatre  bu  cinq  prôtres 
qui  m'ont  donné  par  leur  vue  et  leur  commerce  une  impres- 
sion de  religion  d'une  nature  particulière  :  le  premier,  feu 
mon  vieux  et  vénérable  curé,  revenant  de  l'exil  pour  la  foi, 
et  m 'apparaissant  pour  la  première  fois  à  l'âge  de  cinq  ans  ; 
le  second,  M.  Duclaux,  supérieur  du  séminaire  de  Saint- 
Sulpice;  le  troisième,  M.  Gourtais,  et  le  dernier,  M.  Mongazon. 

«  Je  n'entreprendrai  pas  d'analyser  le  détail  des  cir- 
constances qui  me  donnaient  cette  impression  de  religion.  Il 
y  avait  dans  la  physionomie  et  la  conversation  de  M.  Gourtais, 
je  ne  sais  quoi  de  grave,  de  digne,  de  bon,  de  sage,  de  doux, 
de  modeste,  et  qui  ravissait,  en  mettant  entièrement  à  Taise, 
et  laissant  un  parfum  de  grâce  très  sensible.  Saint  Jean,  dans 
sa  vieillesse,  devait  avoir  beaucoup  de  ce  type.  » 

Son  vieil  ami,  M.  Agaisse^  curé  de  Ghâteau-Thébaud,  le 
peignait  en  trois  mots  :  il  disait  que,  dans  le  cours  de  sa 
longue  carrière,  il  avait  trouvé  des  hommes  également  ver- 
tueux ,  d'autres  également  savants ,  d'autres  également 
aimables,  mais  qu'il  n'avait  jamais  rencontré  personne  qui 
réunit  au  môme  degré  toutes  ces  heureuses  qualités. 

Avec  sa  belle  taille,  son  port  majestueux,  le  sourire  gra- 
cieux qui  errait  toujours  sur  ses  lèvres,  sa  figure  radieuse, 
couronnée  de  cheveux  blancs  dès  sa  jeunesse  sacerdotale,  sa 

^  Lettre  du  12  décembre  1857. 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE   NANTES  APRÈS  LA  EÉVOLUTION     335 

voix  sonore,  son  vôtement  simple  et  pauvre^  mais  propre  et 
décent,  sa  politesse  exquise,  son  abord  accueillant,  quoi- 
qu'une timidité  excessive  gênât  le  bon  curé  dans  son  expan- 
sion, il  inspirait  à  tous  un  sentiment  profond  et  durable,  mé- 
lange indéfinissable  de  respect,  de  confiance  et  d'admiration. 

Pourtant,  cet  homme  si  grave  et  si  digne  savait,  dans  son 
amour  pour  Tenfance,  s'abaisser  jusqu'aux  plus  petits  et 
prendre  part  à  leurs  jeux.  Il  n'ignorait  pas  qu'il  faut  des  jeux 
à  la  jeunesse,  et  qu'il  n'est  rien  de  plus  nuisible  à  la  disci- 
pline d'un  collège  que  ces  enfants  philosophes  qui  dédaignent 
les  plaisirs  de  leur  ftge,  et,  dès  quinze  ans,  ne  savent  plus 
s'amuser.  Tant  que  ses  jambes  le  lui  permirent,  il  était  le 
premier  à  engager  une  partie  de  barres^  et  les  anciens  ont  ra- 
conté souvent  qu'il  ne  le  cédait  à  personne  pour  courir  et  sau- 
ter sur  les  landes  de  Maisdon.  Ils  aimaient  à  rappeler  surtout 
les  joyeuses  pipées  dans  les  bois,  aux  jours  des  grands  con- 
gés, et  les  pèches  miraculeuses  dans  la  Moyne, 

Nous  l'avons  dit,  cet  humble  curé  de  campagne  était  un 
savant  :  il  possédait  à  fond  toutes  les  matières  qui  faisaient 
l'objet  de  son  enseignement;  et  telle  était  la  puissance  de  sa 
mémoire',  qu'il  pouvait  expliquer  tous  les  auteurs  sans  le 
secours  d'un  livre.  Nous  avons  pu  juger  nous-méme,  par  ses 
écrits,  de  sa  cbnnaissance  des  sciences  sacrées,  en  particulier 
de  l'Ecriture  sainte  ;  il  possédait  également  les  auteurs  pro- 
fanes et  savait  par  cœur  toutes  les  odes  d'Horace.  Les  sciences 
ne  lui  étaient  pas  étrangères,  etTun  de  ses  professeurs  n  kyant 
point  étudié  la  physique,  il  se  proposa  pour  lui  en  donner  des 
legons. 

M.  de  Maisdon  ne  laissait  pas  cependant  d'étudier  encore, 
et  nous  pouvons  nous  faire  une  idée  de  son  ardeur  et  de  son 
dévouement  à  l'éducation  de  la  jeunesse  cléricale,  quand 


'  U  avouait  lai-même  ii*a?oir  jamais  oublié  ce  qa'ii  avait  appris  une  fois. 
Qu*on  juge  de  ce  que»  aprèa  avoir   étudié  toute  sa  vie,  il   devait  savoir 
soizaBte«dix-huit  ans  ! 


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356         l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

nous  le  voyons,  à  Tâge  de  soixante-douze  ans,  apprendre  le 
grec  pour  l'enseigner  aux  autres*. 

A  tous  ces  travaux  intellectuels  s'en  joignaient  d'autres 
non  moins  accablants.  Chaque  dimanche  à  la  grand'messe, 
le  recteur  faisait  un  prône  court  mais  substantiel  ;  en  carôme 
il  donnait  à  son  peuple,  avec  son  vicaire  qui  posait  les  ques- 
tions^ des  conférences  dialoguées.  Or  M.  de  Maisdon  ne 
prêchait  jamais  sans  avoir  écrit  ses  instructions  et  les  avoir 
apprises.  Bien  plus,  au  sortir  de  la  Révolution^  dès  que  les 
paroisses  furent  réorganisées,  il  forma  avec  ses  confrères 
une  sorte  de  compagnie  de  missionnaires.  Maisdon  et  les  pa- 
roisses voisines  furent  évangélisées  successivement  :  C'est 
M.  Gourtais  qui  toujours  était  Tâme  de  ces  travaux  ;  c'est  lui 
seul  que  Ton  chargeait  des  conférences. 

Ces  conférences  nous  restent,  en  partie  du  moins,  et  elles 
démontrent,  avec  la  science  du  bon  curé,  son  amour  du 
travail  et  de  Tordre.  Nous  avons  en  ce  moment  sous  les  yeux 
quatre  volumineux  manuscrits  contenant  soixante-deux  ins- 
tructions dont  quelques-unes,  fort  longues,  devaient  néces- 
sairement être  partagées  en  plusieurs  discours.  L'un  deux 
porte  une  date  sur  son  premier  feuillet,  1794.  La  vue  de  cette 
date  nous  a  ému  ;  mais,  en  tournant  le  feuillet^  nous  avons 
éprouvé  une  émotion  plus  vive  encore.  La  première  confé- 
rence porte  pour  titre  :  le  Credo,  la  foi  et  Tobligation  de  con- 
fessQf^  publiquement  sa  foi.  L'obligation  de  confesser  sa  foi, 
môme  au  prix  de  son  sang  :  quel  sujet,  en  1794 1 

Pour  juger  du  caractère  de  M.  Courtais,  il  suffirait  presque 
de  parcourir  ces  recueils.  Toua  les  discours  qui  les  composent 
sont  écrits  de  sa  main,  et  tout  y  répond  à  l'idée  que  nous 
nous  étions  faite  de  leur  auteur.  Ces  jurandes  marges  blanches, 

*  M.  de  Courson,  changé  par  Monseigneur  des  écoles  ecclésiastiques,  avait 
ordonné  de  renseigner  aux  élèves  de  cinquième  et  M.  Courtais,  qui  s'était 
réservé  cette  classe,  se  mit  aussitôt  à  l'œuvre.  En  très  peu  de  temps  il  fit 
assez  de  progrès  pour  dire  à  son  professeur  :  «  Je  suis  dans  l'admiration  de 
cettte  belle  langue  ;  j'en  saisis  bien  le  génie,  je  regrette  que  mes  occupations 
ne  me  permettent  pas  de  l'étudier  à  fond.  » 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION     357 

cette  écriture  soignée  qui  fait  penser  aux  vieux  manuscrits 
copiés  par  les  moines,  ces  alinéas  bien  marqués  et  numé- 
rotés, ces  divisions  et  subdivisions,  ces  questions  précises, 
ces  réponses  claires,  ce  style  sobre,  didactique,  simple  sans 
être  bas,  qui  néglige  les  ornements  de  la  rhétorique  pour  se 
borner  à  Texposition  des  vérités  dogmatiques  ou  morales  ; 
ces  objections  pratiques,  quelquefois  piquantes,  mais  jamais 
sceptiques  ni  railleuses^  tout,  dans  ces  manuscrits,  nous 
révèle  le  savant  théologien^  le  moraliste  un  peu  sévère^  sans 
cesser  d'être  exact,  le  pasteur  expert  dans  Tart  d'instruire  les 
simples.  On  sent  le  docteur  sous  Thumble  curé  de  campagne, 
car  il  y  a  là  vraiment  plus  qu'un  catéchisme  solidement 
expliqué  :  c*est  un  cours  de  théologie  mis  à  la  portée  des 
ignorants,  et  dont  le  ton,  quelque  abaissé  qu'il  soit,  pour  être 
au  niveau  des  auditeurs,  ne  laisse  pas  de  convenir  toujours 
au  sujet  qui  est  traité  et  à  l'orateur  qui  l'expose. 

Il  semble  qu'avec  toutes  ces  qualités,  qui  sont  plutôt  celles 
du  théologien  que  du  prédicateur  et  qui  ne  laissent  guère  de 
place  à  réioquence,  ces  discours  n'étaient  pas  de  nature  à 
passionner  le  peuple.  Nous  savons  cependant  que  leur  auteur 
obtenait  de  véritables  succès,  et  que,  durant  le  carême,  oxx 
accourait  de  toutes  les  paroisses  voisines  aux  conférences  de 
M.  de  Maisdon.  Preuve  que  les  questions  les  plus  ardues  de 
la  théologie  intéressent  le  peuple  chrétien,  quand  elles  sont 
clairement  exposées*. 

Cette  science,  unie  à  une  vertu  éprouvée,  ainsi  qu'au  sou- 
venir de  ses  héroïques  travaux  durant  la  persécution,  avait 
donné  une  grande  influence  à  M.  Courtais.  Non-seulement 
ses  anciens  élèves  continuaient  de  le  consulter  et  de  lui  sou- 
mettre leurs  difficultés  ;  mais  tous  ses  confrères  allaient  à  lui 

*  Noas  devons  signaler  deux  antres  ouTrages  mannsorits'  de  M.'  Gonrtais, 
qui  sont  entre  nos  mains  :  !•  Considérations  utiles  et  nécessaires  att» 
prêtres,  et  spécialement  à  ceux  qui  sont  chargés  de  la  conduite  des  àmes^ 
œuvre  de  zèle  et  d'éraçlition  composée  en  1800  ;  2^  Amour  et  tendresse  de 
N,'S,  JésuS'Christ  pour  les  hommes ,  et  ingratitude  des  hommes  pour 
N.'S,  Jésus'Chrtstj  au  très  saint  Seulement  de  l'autel. 


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358  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

pour  recevoir  lumière  et  conseils.  Son  humilité  donnait  encore 
plus  de  valeur  à  cette  science.  Il  gardait  ordinairement  le 
silence  dans  lès  réunions,  à  tel  point  qu'on  Teût  pris  pour  un 
homme  de  médiocre  intelligence.  Il  ne  se  mêlait  pas  môme 
aux  discussions  théologiques.  Mais  quand  on  lui  demandait 
son  avis  sur  le  cas  proposé,  il  Texposait  clairement,  et  chacun 
s'inclinait  devant  sa  décision*. 

Le  mérite  de  M.  Courtais  était  connu  de  ses  supérieurs  qui 
lui  offrirent  plusieurs  fois  des  postes  importants;  mais  le 
vénérable  recteur  les  refusa  toujours.  L'autorité  diocésaine 
voulut  alors,  d'une  autre  manière,  reconnaître  ses  services  et 
mettre  ses  talents  en  relief  ;  des  pouvoirs  plus  étendus  con- 
sacrèrent l'influence  que  M.  de  Maisdon  avait  déjà  conquise. 
Dès  1815,  pendant  la  vacance  du  siège,  il  reçut,  avec  plusieurs 
autres,  la  charge  de  vîiiaire  capitulaire  ;  et,  à  son  arrivée, 
M«'  d'Andigné ,  son  condisciple  de  Beaupreau ,  le  nomma 
chanoine  honoraire  et  vicaire  général. 

Prêtre  zélé,  M.  Courtais  se  fit  encore  remarquer  par  sa  foi 
royaliste.  En  1815,  les  généraux  vendéens,  en  lutte  contre 
Napoléon,  avaient  établi  leur  quartier  général  à  la  cure  de 
Maisdon  ;  et  chaque  matin,  MM.  Bascher  et  de  Kersabiec 
servaient,  en  uniforme,  la  messe  du  bon  curé. 

Bientôt,  le  comte  de  Suzannet  tomba  mortellement  blessé 
à  la  bataille  de  Rocheservière.  Le  général  étant  mort  des 
suites  de  sa  blessure,  fut  inhumé  après  le  retour  des  Bour- 
bons, dans  réglise  de  Maisdon.  Ses  compagnons  d'armes, 
officiers  et  soldats,  et  un  immense  concours  de  fidèles  se 
pressaient  à  ses  funéirailles.  M.  de  Maisdon,  gravissant  les 


*  Un  ancien  confrère  de  M.  Courtais  à  Sainte-Croix,  qui  avait  embrassé  et 
soutenu  plus  qn*aucnn  autre  le  schisme,  et  à  qui  le  Concordat  n*aTait  pas 
enlsTé  toutes  ses  préventions  contre  les  prôtres  fidèles,  Guibert,  premier  curé 
de  Saint'^iioqueSt  reconnaît  les  qualités  de  M.  de  Maisdon,  et,  dans  des  notes 
manuscrites,  conservées  à  la  bibliothèque  de  Nantes»  il  dit  que  M.  Courtais, 
rentré  dans  sa  cure»  en  1802,  après  s'être  tenu  caché  pendant  toute  la  guerre 
de  la  Vendée,  «  y  jonit  à  juite  titre  de  la  réputation  d'un  saint  prêtre  et 
d'un  savant  théologien.  » 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION     359 

degrés  de  sa  modeste  chaire,  prononça,  au  milieu  de  #'émo- 
lion,  réloge  funèbre  du  généreux  Vendéen* • 

L'attachement  de  M.  Gourtais  à  la  légitimité  et  les  services 
qu'il  avait  rendus  aux  officiers  vendéens  lui  méritèrent 
l'honneur  de  recevoir,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  la  duchesse 
de  Berry.  Dans  son  voyage  en  Vendée,  la  princesse  passa  en 
effet  par  Maisdon  ;  elle  assista  à  un  service  célébré  par  le 
pasteur  pour  l'ftme  du  comte  de  Suzannet,  et  daigna  s'asseoir 
à  sa  table,  dans  le  réfectoire  et  sous  les  yeux  étonnés  des 
écoliers  de  Maisdon. 

Le  temps  est  la  pierre  de  touche  qui  sert  d^épreuve  aux 
réputations  ;  le  temps  n'a  pas  nui  à  celle  de  M.  Gourtais. 
Mieux  que  l'estime  de  ses  supérieurs,  que  la  confiance 
de  ses  confrères^  que  le  respect  et  l'affection  de  ses  enfants 
et  de  ses  paroissiens,  le  souvenir  persévérant  que  l'on 
garde  de  lui  nous  dit  ce  qu'il  a  été  et  la  place  quil  a 
occupée,  non  seulement  à  Maisdon»  mais  dans  le  diocèse  tout 
entier.  Le  clergé  nantais  ne  prononce  son  nom  qu*avec  res- 
pect; ceux  qui  l'ont  connu  ne  sciassent  pas  de  redire  son 
éloge,  et  à  voir  l'ardeur  et  lefeu  qu'ils  y  mettent,  on  comprend 
que  c'est  le  cœur  qui  parle.  La  génération  qu'il  a  formée 


'  «  Nons  nous  rappellerons  toute  notre  tie  le  service  que  nous  y  avons  en- 
tendu pour  le  repos  de  son  âme  ;  Toraison  funèbre  prononcée  par  un  Tieux 
prôtre  de  la  Vendéev-'ami  et  confident  du  général;  sa  veuTe  abîmée  de 
douleur,  prosternée  près  de  son  tombeau  ;  les  paysans  soldats  appuyés  sur 
leurs  armes  et  répandant  des  pleurs  :  toutes  ces  choses  ne  sortiront  jamais 
de  ma  mémoire.  »  — •  Vicomte  Walsh.  Lettres  Vendéennes^  tome  II.  A  Tissue 
de  la  cérémonie,  le  yicomte  Walsh  insista  auprès  de  M.  Gourtais  pour  avoir 
son  manuscrit  ;  mais  Phumilité  du  bon  curé  ne  put  jamais  se  résoudre  à 
affronter  la  publicité.  Quelques  jours  après,  un  journal  de  Paris  publiait  la 
pièce  presque  in  extenso,  et  rapportait  à  llaisdon.  M.  Walsh,  doué  d*une 
mémoire  prodigieuse,  avait  pu  reproduire  à  peu  près  textueUement  le  dis- 
cours. La  désolation  du  pauvre  curé,  à  cette  nouvelle,  était  amusante  à  voir 
Quelques  années  plus  tard,  ce  même  discours  fut  publié  en  brochure  ;  nous 
en  avons  un  exemplaire.   Voici  le  titre  :   Eloge  fUnèbre  de  Monsieur  le 

comte  de  Suzannet prononpé  dans  Véglise  de  Maisdon,  par  M.  Cour-- 

tais,  euré  de  cette  paroisse  et  vicaire  général  de  Nantes,  le  3  septembre 
i8i5,  —  Paris,  Adrien  Egron,  imprimeur  de  S.  A.  R.  Monseigneur  le  Dau« 
phin,  rue  des  Noyers,  n*27,  1825. 


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360  L'ENSEIGNEMENT  SECONDAIRE  ECCLÉSIASTIQUE 

aura  bientôt  complètement  disparu  ;  mais  son  nom  vivra 
dans  la  mé moire  de  son  peuple,  et  elle  sera  vraie  longtemps 
encore  Tinscription  gravée  sur  son  tombeau  :  In  omni  ore 
quasi  mel  edulcabitur  ejus  memoria. 

M.  Courbais,  dans  les  trente  dernières  années  de  sa  vie,  a 
travaillé,  dit-on,  à  la  formation  de  plus  de  cent  prêtres.  On. 
n'attend  pas  de  nous  que  nous  les  énumérions  tous  ;  il  serait 
difrtciled'en  connaître  les  noms.  Et  pourtant  ne  serait-il  pas 
à  désirer  qu'on  pût  les  réunir  tous  et  les  conserver,  comme 
un  livre  d'or,  dans  ce  vieux  presbytère  de  Maisdon,  qui 
«  transmettra  aux  générations  futures  de  nombreux  sou- 
venirs, parmi  lesquels  le  plus  précieux  sera  celui  du  collège 
GourtaîSj  qa'il  a  abrité  dans  sa  modeste  enceinte^  ». 

Nous  pouvons  cependant  nommer  quelques-uns  de  ces 
prêtres;  ce  sont  :  MM.  Sécher,  curé  de  Maumusson  ;  Pineau, 
curé-prieur  de  Saint-Etienne-de-Corcoué  ;  François  Gorme- 
,  rais,  curé  de  Vertou;  Baudeloche,  Leroy,  Rabaud  et  Poisson, 
prêtres  dans  le  diocèse  de  la  Rochelle;  Arnaud,  curé  de 
Prossay  ;  Baron,  Duranceau,  Brillouet  ;  Chiron,  curé  de  Saint- 
Père-en-Retz  ;  Grelier,  curé  de  Saint-Mars-la-Jaille  ;  Richard, 
curé  de  Vallet  ;  Maillard,  curé  de  Rezé;  Ponteneau,  curé  du 
Loroax-Bottereau  ;  Ponteneau,  curé  de  Remouillé  ;  Grégoire, 
curé  de  Machecoul  ;  Bouyer,  curé  de  Saint-Donatien  ;  Leray 
et  Caillé,  missionnaires  diocésains  de  Saint-François-de- 
Sales;  Caillé,  prêtre  de  Saint-Sulpice;  Leto\irneux,  curé  de 
Saint-Hilaire-du-Bois  r  Bérué,  curé  de  Grand-Champ;  Galon, 
prêtre  à  Sain  È-3i  mi  II  en;  Perdriau,  curé  de  Couffé;  Grasset, 
curé  de  Sautron  ;  François  Courtais,  curé  de  Maisdon,  après 
son  oncle;  Fierabras,  curé  du  Clion  ;  Héry,  curé  de  Doùlon  ; 
Métaireau,  curé  de  Couffé  ;  OUive  ;  Arlais,  curé  du  Pin  ; 
Delalande,  professeur  au  petit-séminaire  de  Nantes  ;  Perraud, 
curé  de  Campbon;  Thuaud,  aumônier  à  Saint-Gildas-des-Bois  ; 
Perrion,  petit  neveu  de  M.  Courtais,  curé  de  la  Bernerie  ; 

*  Nùtic€,i .  pur  M.  PetJi  des  Rochettes. 


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^J*' 


DANS  LB  DIOCÈSE  DE  NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION     361 

Leroy,  mort  diacre;  Lefi*ère,  fondateur  de  r œuvre  des  ramo- 
neurs^ à  Nantes  ;  Gandouin,  ancien  vicaire  de  Grossac  ; 
Hillereau^  curé  de  Nozay,  précédemment  vicaire  général  de 
son  cousin  M<'  Hillereau,  à  Gonstantinople;  Guihal,  chanoine 
honoraire,  directeur  du  collège  et  curé  de  la  paroisse  de 
Chauve  ;  Gouraud,  chanoine  et  vicaire  général  de  Luçon  ; 
Blanchard,  chanoine  honoraire,  supérieur  du  collège  de  * 
Machecoul,  puis  de  celui  de  N.-D.  des  Gouëts  ;  Allard,  doyen 
du  chapitre  de  Nantes  ; 

Tous  les  prêtres  que  nous  venons  de  nommer  sont  allés 
rejoindre  dans  l'éternité  le  vénérable  curé  de  Maisdon.  Parmi 
ceux  qui  vivent  encore,  nous  pouvons  nommer  un  de  ses 
paroissiens,  M.  Guibert,  chanoine  honoraire^  ancien  curé  de 
Vieillevigne,  et  deux  de  ses  petits-neveux,  M.  CoUrtais,  ancien 
curé  de  Gouêron,  rentré  dans  le  diocèse  d'Angers  d'où  il  est 
originaire,  et  M.  Merlaud,  curé  du  Pallet'. 

Abbé  Rigordel. 
{A  suivre). 


*  Par  ses  grandes  qualités  et  les  immenses  services  qu'il  a  rendus  au  dio- 
cèse de  Nantes,  M.  Goortais  a  mérité  mieux  que  cette  simple  et  courte  notice. 
Un  de  ses  anciens  élèves,  M.  Tabbé  AUard,  doyen  du  chapitre,  l'avait  com- 
pris, et  guidé  par  son  cœur  reconnaissant  autant  que  par  ses  souvenirs  et 
les  notes  quUl  avait  recueiUies,  il  allait  sans  doute  tracer  un  portrait  res- 
semblant de  son  premier  mattre.  La  mort  ne  lui  a  pas  permis  d^acbever  son 
œuvre.  Plusieurs  personnes  ont  déjà  exprimé  l'espoir  que  ce  travail  serait 
complété  et  mis  au  jour.  Malheureusement,  il  ne  s*agit  pas  d'un  travail  à 
compléter,  mais  d'un  travail  à  faire,  M.  AUard  n'en  ayant  pas  commencé  la 
rédaction.  C'est  surtout  à  l'aide  des  documents  transmis  au  vénérable  cha 
noine  que  nous  avons  esquissé  cette  étude  ;  toutefois,  nous  comprenons  que 
cette  ébauche  ne  suffit  pas  &  payer  la  dette  que  le  diocèse  de  Nantes  a  con- 
tractée envers  ce  bon  et  digne  serviteur.  Peut-être  essaierons-nous  un  jour 
de  faire  mieux,  et  c'est  dans  cette  intention  que  nous  prions  les  personnes 
qui  liront  ces  lignes  et  qui  posséderaient  quelques  documents  sur  le  respec- 
table curé  de  Maisdon,  de  vouloir  bien  nous  les  communiquer.  —  Depuis  que . 
ces  lignes  ont  été  écrites^  Dieu  a  rappelé  h.  lui  MM.  Guibert  et  Merlaud. 


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HISTOIRE  DE  CINQ  TABLEAUX 

DE    JEAN     COUSIN 


Habent  sua  faia  picturœ. 

LE  Cinquantenaire  de  la  Société  archéologique  de  Tou- 
raine  est  une  véritable  fête  régionale^  qui  vaut  aux 
provinces  limitrophes  les  avantages  d'une  exposition 
rétrospective  d'art.  Rien  n'a  été  épargné  pour  donner  à  celle- 
ci  un  vif  intérêt,  et  nous  engageons  fortement  les  amateurs 
àf  visiter  cette  exposition,  qui  se  distingue  par  la  méthode 
rigoureuse  de  son  organisation  et  par  un  choix  d'objets  de 
premier  ordre.  L'art  tourangeau^  auquel  il  a  été  fait  une  large 
place  —  nous  ne  saurions  nous  en  plaindre,  —  est  représenté 
notamment  par  les  œuvres  de  calligraphie,  si  remarquables 
à  l'époque  de  Charlemagnc,  et  par  les  tapisseries  et  soieries, 
qui  ont  fait  de  Tours  la  rivale  de  Lyon,  et  forment  ici  comme 
le  cadre  d'une  belle  collection  de  tableaux.  Laissant  à  d'autres 
la  tâche  délicate  de  présenter  au  public  les  trésors  que  ren- 
ferme cette  exposition,  nous  allons  droit  à  cinq  petits  ta- 
bleaux de  Jean  Cousin,  peu  entourés  de  la  foule,  mais  goûtés 
des  délicats  ;  nous  voulons  esquisser  leur  histoire  commu- 
nément ignorée,  d'après  les  papiers  de  famille  de  leur  pro- 
priétaire, M.  0.  Bouvyer,  qui  est  un  descendant  du  grand 
Mattre  français. 


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HISTOIRE   HE   CINQ  TABLEAUX   DE  JEAN   COUSIN  363 


Lltalie^  le  pays  privilégié  du  soleil  et  des  arts,  avait  eu  ses 
Raphaël,  ses  Michel-Ange  et  ses  Léonard  de  Vinci,  et  la 
France,  le  sol  où  se  rencontrent  et  s'harmonisent  le  plus  par- 
faitement les  manifestations  diverses  du  génie  humain,  vivait 
encore  sur  les  traditions  de  Tart  gothique.  Les  miniatures 
de  Jean  Fouquet  avaient  éclairé  d'un  rayon,  inconnu  jusque 
là,  la  pensée  et  la  palette  de  nos  artistes,  mais  le  grand  art 
n'avait  pas  chez  nous  de  lettres  de  naturalisation.  Des 
peintres  italiens  avaient  apporté  avec  eux  des  tendances 
f&cheuses  et,  sur  les  pas  du  Rosso,  Técole  de  Fontainebleau 
allait  mettre  en  vogue  le  goût  brillant,  mais  factice,  qui 
manque  de  la  naïve  simplicité,  cachet  propre  des  grandes 
œuvres.  Il  était  réservé  à  Jean  Cousin  de  s'approprier  Télan 
donné  par  la  Renaissance  italienne  et  de  le  diriger  au  profit 
de  l'école  française,  en  le  maintenant  dans  les  traditions  na- 
tionales, de  toute  la  puissance  de  son  génie  lucide,  mâle  et 
résolu. 

Le  nom  de  Jean  Cousin  remplit  le  seizième  siècle,  de  l'au- 
rore au  couchant.  Le  célèbre  artiste  naquit  au  village  de 
Soucy,  près  de  Sens,  vers  l'an  1500*.  De  bonne  heure,  sous 

'  On  ii'«st  paa  d'accord  sur  l'époque  de  la  naissance  et  de  la  mort  de  Jean 
Cousin.  Quelques-uns  prétendent  qu'il  est  né  en  1492;  d'autres  le  font  naître 
en  1500  ou  1601. 

Cette  opinion,  qui  est  confirmée  par  les  titres  de  famille,  nous  parait  dcToir 
être  admise.  Pour  ce  qui  est  du  décès,  la  divergence  n'est  pas  moins  grande. 
Un  certain  nombre  d'auteurs  ont  écrit  que  l'artiste  mourut  en  1560,  entre 
autres  Balthazar  Tayeau,  l'auteur  de  V Histoire  de  Sens,  dont  le  manuscrit 
copié  et  revu  par  Maulmirey,  échevin  de  cette  Tille  en  1572,  et  possédé  na- 
guère par  M.  Quan^,  archiviste  de  l'Yonne,  rapporte  qu'il  mourut  le 

jour  de MDLX,  «  aussi  riche  de  nom  que  de  bien.  »  —  Mais  il  faut  re- 
marquer que  cette  mention  tout  à  fait  yague  est  en  contradiction  formelle 
avec  des  pièces  authentiques.  Les  comptes  de  Fontainebleau,  de  1563,  men- 
tionnent «  une  pierre  de  marbre  >  à  Jean  Cousin  ;  on  sait  que  le  maître  ma- 


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364  HISTOIRE  DE   CINQ  TABLEAUX 

le  toit  paternel,  qui  était  modeste,  il  montra  d*étonnantes 
dispositions  pour  le  dessin  ;  bientôt  les  divers  genres  par 
lesquels  la  main  de  Thomme  traduit  l'expression  de  la  pensée, 
du  sentiment  et  du  beau,  lui  furent  également  familiers.  A 
Tinstar  des  Michel- Ange  et  des  Léonard  de  Vinci,  auxquels 
on  Ta  comparé,  Cousin  dépassa  tous  ses  contemporains  dans 
la  peinture,  la  gravure  et  la  statuaire  ;  comme  ces  mattres, 
joignant  la  théorie  à  la  pratique,  il  écrivit  de  remarquables 
traités  sur  le  dessin  et  la  perspective.  Son  génie  lui  valut 
l'honneur  de  succéder  en  France  à  Léonard  de  Vinci,  et  d'oc- 
cuper la  charge  de  peintre  royal,  près  de  François  P'  et  des 
rois  qui  suivirent. 

Le  talent  de  J.  Cousin  lui  assura  en  outre  de  brillantes  al- 
liances. Il  épousa  Marie  Richer,  dont  le  père  était  en  faveur 
auprès  de  François  I*'  et  fut  ambassadeur  en  Danemarck. 
L'artiste,  ayant  eu  la  douleur  de  perdre  sa  femme,  se  remaria 
à  Christine  Rousseau,  fille  du  lieutenant-général  au  baillage 
.  de  Sens.  La  mort  lui  ravit  encore  cette  seconde  compagne  et, 
vers  1537f  Cousin  épousa  Marie  Bouvyer. 

La  famille  Bouwyer  (comme  on  écrivait  d'abord)  est 
originaire  d'Outre-Manche  où  elle  a  encore  de  nobles  repré- 
sentants. Un  de  ses  membres,  nommé  Jean,  vint  en  France 
sous  Charles  VIII,  entre  les  années  1420  et  1430,  c'est-à-dire 
à  l'époque  décisive  de  la  lutte  qui  durait  depuis  plus  de 
cent  ans.  Il  se  fixa  en  Bourgogne,  dans  le  voisinage  de  Sens, 

niait égaleiii«nt  bien  le  eiseaa  et  le  pinceau.  La  même  année,  J.  Cousin 
exécuta,  moyennant  720  liTres,  les  décorations  pour  l'entrée  de  Charles  IX  à 
Sens.  Enfin  un  des  tableaux  du  Maître  que  nous  nous  proposons  d'étudier,  et 
qui  offre  toutes  les  garanties  d'authenticité,  porte  la  date  15S2,  de  la  main  de 
Tartiste.  Ces  preuves  trouvent  une  confirmation  éclatante  dans  les  papiers 
de  famille  et  les  Mémoires  laissés  par  les  descendants  môme  de  Jean  Cousin, 
dont  les  premiers  avaient  bien  connu  la  fille  du  peintre.  Félibien  a  écrit 
a?ec  discrétion  :  «  U  m'a  été  impossible  de  savoir  en  quelle  année  il  est 
mort,  seulement  qu'il  vivait  en  1589,  véritablement  fort  &gé.  »  D'après  les 
papiers  de  famiUe,  il  mourut  en  1590,  à  Paris,  dans  une  «  maison  sise  en  la 
rue  Desmarets.  »  Un  auteur  a  prétendu  que  Cousin  fut  inhumé  dans  la  salle 
basse  de  la  SAtNTB-CHAPXLLs,  près  de  laquelle  se  serait  trouvé  son  atelier. 
C'est  aux  registres  paroissiaux  qu'il  appartient  de  résoudre  cette  question. 


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UB  JEAN   COUSIN  365 

et  acquit  la  propriété  de  Monthard,  au  village  de  Soucy.  A  sa 
mort^  en  1470^  Jean  laissa  son  domaine  à  son  fils  Henri  qui 
se  maria  deux  fois.  De  son  premier  mariage,  Henri  Bouvyer 
eut  deux  garçons,  Etienne  et  Henri,  deuxième  du  nom  ;  ce 
dernier,  qui  épousa  Marguerite  de  la  Hache*,  avait  cessé  de 
vivre  en  1542,  et  c'est  Talné  qui  hérita  du  fief  patrimonial 
lors  du  décès  du  père,  arrivé  en  Tannée  1525.  Disons  de 
suite  que  Etienne  P%  seigneur  de  Monthard  eut  lui  aussi 
deux  fils,  Simon  I*',  mort  en  1590  au  siège  de  Sens  conduit 
par  le  roi  de  Navarre,  et  Etienne  U  qui  s'alliera  avec  la  âlle 
de  Cousin  et  auquel  nous  reviendrons.  De  son  second 
mariage,  Henri  P'  eut  un  garçon  et  une  âlle  ;  le  fils,  Jean  II, 
devint  curé  de  Coucy,  chanoine  de  Sens,  et  mourut  le 
15  avril  1585;  la  fille,  appelée  Marie,  est  précisément  celle 
qui  donna  sa  main  à  Jean  Cousin. 

Les  visites  fréquentes  et  sans  doute  aussi  le  séjour  de 
l'artiste  au  manoir  de  Monthard,  ont  porté  les  biographes  à 
penser  que  Cousin  naquit  au  cl^âteau  de  Monthard'.  Il  est 
certain  qu'il  vint  plus  d'une  fois  au  castel  et  même  le  décora 
de  vitraux,  après  que  l'édifice  eut  été  rebâti  sur  un  plan  plus 

*  Dans  sa  vie  des  peintres,  Félibien  dit  que  Jean  Cousin  fit,  sur  vélin,  le 
portrait  de  Marguerite  de  la  Hache,  femme  d'Henri  Bouvyer.  La  famiUe  le 
conserva  longtemps  avec  un  culte  jaloux  et,  à  ce  propos,  Tun  de  ses  membre. 
M.  Charles-Octave  Bouvyer, a  écrit: 

«  Je  possédais  aussi  ce  portrait,  en  miniature,  de  forme  ovale  et  de  gran- 
deur de  bracelet  on  de  médaillon  de  cou.  \l  était  extrêmement  curieux  pour 
le  costume  et  surtout  admirable  par  la  fraîcheur  et  la  vie  de  la  figure,  e^ 
pour  la  conservation  et  la  vivacité  étonnante  depuis  un  temps  si  considérables 
Au-dessous  du  nom  de  Marguerite  de  la  Hache  écrit  derrière  sur  le  vélin,  on 
lit  qu'eUe  décéda  le  1*'  décembre  1S64.  La  coiffure  et  Thabillement  annonçaient 
Topulence,  mais  Tétat  de  son  mari  m*est  absolument  inconnu.  Il  a  malheu- 
reusement été  perdu  ou  plutôt  volé  lors  de  l'apposition  du  séquestre,  en  1792, 
dans  mon  cabinet,  à  Tépoque  de  mon  émigration,  et  j*ai  eu  le  chagrin  de  ne 
plus  le  retrouver  à  mon  retour  en  France,  en  1819.  Je  Tavais  fait  mettre  dans 
un  petit  cadre  de  bois  doré  ovale,  soutenu  dans  sa  partie  supérieure  par  un 
nœad  de  même  ;  il  était  attaché  dans  ma  bibliothèque.  »  —  Papiers  de 
famille  communiqués  par  M.  Octave  Bouvyer,  receveur  principal  des  contri- 
butions en  retraite,  à  Tours. 

*  Ce.  Blanc,  Histoire  des  Peintres,  —  Horsin  Déon,  De  la  conservation 
des  tableaux,  p.  133.  —  Misl.  Galerie  des  grands  hommes,  Jean  Cousin,  p.  7. 


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366  HISTOIRE   DE   CINQ   TABLEAUX 

vaste.  Mais  il  est  probable  que  ses  parents  habitaient  dans 
une  ferme  attenant  au  flef  de  Monthard  et  que  Jean  Cousin  y 
vit  le  jour,  et  non  pas  dans  le  bâtiment  qui,  depuis  plus  d'un 
demi-siècle,  appartenait  à  la  famille  Bouvyer. 

Cousin  eût-il  des  enfants  de  sa  première  femme,  Marie 
Ri  cher,  et  de  sa  troisième  épouse,  Marie  Bouvyer?  Peut-être  ; 
mais  on  ne  lui  connaît  pas  de  rejetons  de  cette  souche,  et 
nous  n*avons  point  à  étudier  ici  cette  question  qui  est  étran- 
gère à  notre  sujet.  Un  fait  incontestable,  c'est  que  sa  seconde 
femme,  Christine  Rousseau,  réjouit  le  cœur  de  l'artiste  en  lui 
donnant  une  fille  qui  reçut  au  baptême  le  nom  de  Marie.  Sans 
doute  le  grand  peintre  eût  préféré  un  garçon  auquel  il  pût 
passer  sa  riche  palette  et  qui  eût  continué  la  gloire  de  son 
nom  et  de  ses  œuvres^  mais  du  moins  il  légua  à  sa  fille  le 
patrimoine  le  plus  enviable,  celui  d'une  existence  toute  de 
génie  et  d'honneur,  car  selon  le  témoignage  d'un  contempo- 
rain, le  maître  c  mourut  plus  riclue  de  nom  que  de  biens*.  » 

Ce  patrimoine  ne  devait  j^s  sortir  du  cercle  de  la  famille  ;  * 
le  5  septembre  1552,  Cousin  avait  la  joie  de  marier  sa  fille 
bien-aimée  à  son  neveu,  Etienne  Bouvyer  II.  Six  enfants 
vinrent  égayer  ce  foyer  domestique  et  apporter  un  rayon  de 
soleil  au  front  du  grand-père  qui  se  chargeait  de  rides  vé- 
nérables^  A  son  tour  l'aîné  des  fils,  Jean  III,  demanda  et  obtint 
la  main  de  Saviniennede  Bornes  que  nous  ne  tarderons  pas  à 
retrouver  aux  côtés  de  son  mstri.  Savinienne  était  fille  de  Guy 


«  B.  Taveau,  UisL  de  Sens,  ms. 

>  Etienne  Bouvyer  II,  avec  lequel  Cousin  fut  toujours  très  lié,  s'était  laissé 
séduire  par  les  doctrines  de  la  Réforme  ;  sa  demeure  fut  saccagée  et  lui- 
même  courut  quelque  danger,  lors  des  représailles  exercées  contre  les 
huguenots  de  Sens  par  les  catholiques  de  cette  viUe,  en  1562.  Etienne 
mourut  le  2  décembre  1612,  non  sans.revenir  au  catholicisme,  que  ses  six 
enfants  et  leurs  descendants  n'abandonnèrent  jamais.  Ajoutons  que  le  pro- 
testantisme fut  aussi  ombrasse  par  une  petite  nièce  de  Cousin,  Rachel,  fille 
de  Simon  Bouvyer,  qui  fut  tué  le  l*^  mai  1590  en  combattant  contre  Henri  IV, 
qui  assiégeait  Sens.  Sa  femme,  Jeanne  Ferrand,  se  fit  huguenote  ainsi  que  sa 
fille,  Rachel  ;  après  la  mort  de  son  père,  Rachel  épousa  le  protestant  Ezéchiel 
Boucher,  alliance  qui  amena  la  ruine  d'Etienne  II  et  la  vente  du  domaine 
de  Monthard. 


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DE  JEAN   COUSIN  367 

de  Bornes,  écuyer,  seigneur  de  la  Basiie  et  gouverneur  du 
château  de  Villeneuve-r Archevêque  ;  elle  était  proche  pa- 
rente de  Pierre  de  Bornes,  Tunpdes  quatorze  notables  tués,  le 
!•'  mai  1590,  au  siège  de  Sens  ;  vers  1760,  il  existait  encore 
deuK  personnes  de  ce  nom  etde  cette  descendance. Nous  avons 
hâte  de  quitter  ces  détails  généalogiques^  d'ailleurs  néces- 
saires  à  Tintelligence  de  ce  qui  va  suivre,  pour  arriver  aux 
tableaux  de  Jean  Cousin. 


II 


L*Œuvre  du  maître  se  compose  en  grande  partie  de  sujets 
peints  sur  verre,  et  Ton  sait  si,  dans  ce  genre,  il  a  conquis  le 
premier  rang.  La  Bourgogne  montrait  jadis  avec  fierté  les 
belles  verrières,  dans  lesquelles  la  puissance  du  dessin  riva- 
lise avec  Téclat  du  coloris.  Beaucoup  d'entre  elle?  ont  été 
détruites,  et  ce  n'est  point  ici  le  lieu  de  reprendre  le  groupe: 
ment  des  œuvres  de  l'artiste,  fait  par  M.  Ambroise'Didotdans 
son  Etude  sur  Jean  Cousin.  Qu'il  nous  suffise  de  signaler, 
parmi  les  verrières  qui  sont  certainement  de  la  main  de  Cou- 
sin, celles  de  la  chapelle  de  Vincennes  où  sont  figurées  V Ap- 
proche du  Jugement  dernier  et  Y  Annonciation  de  la  Vierge. 
Peut-être  faut-il  reconnaître  que  le  travail  des  vitraux  n'a 
pas  été  favorable  au  développement  de  notre  école  de  pein- 
ture au  seizième  siècle  :  Téclat  métallique  et  diaphane  que 
l'artiste  était  obligé  de  donner  à  ses  personnages,  remplaça 
lestons  de  chair  et  la  morbidesse  de  la  vie,  tandis  que  le 
dessin  cessait  d'être  fouillé  et  que  l'intention  allait  se  substi- 
tuer à  Tobservation  et  à  la  franchise  du  modèle.  Mais  Jean 
Clousin  sut  préserver  son  vigoureux  talent  des  atteintes  fâ- 
cheuses qui  se  font  sentir  chez  presque  tous  les  peintres,  ses 
contemporains  :  le  génie  n'a-t-il  pas  des  ailes  qui  relèvent 


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368  HISTOIRE  pK   CINQ   TABLEAUX 

dans  la  sphère  supérieure  et  le  maintiennent  en  dehors  du 
courant  des  idées  et  des  préjugés,  des  vues  et  des  travers  de 
la  foule?  Sans  parler  de  ses  antres  œuvres,  il  suffit,  pour  s'en 
convaincre,  de  rappeler  les  deux  tableaux  le  'Jugement  der- 
nier et  Eva  Pandora,  peints  le  premier  sur  toile  et  le  second 
sur  bois  :  dans  celui-là,  que  de  puissance  et  d'originalité  de 
conception,  quelle  hardiesse  et  quelle  science  d'exécution! 
dans  celui-ci,  quelle  merveilleuse  alliance  de  la  grâce  la  plus 
achevée  et  de  la  simplicité  la  plus  aimable  !  Le  Jugement 
composé  pour  Téglise  des  Minimes  de  Versailles^  est  aujour- 
d'hui au  musée  du  Louvre  ;  VEva,  qui  a  dû  orner  tout  d'abord 
le  château  de  Monthard,  est  actuellement  la  propriété  de  M. 
Ghaulay,  à  Sens.  Nous  inclinerions  à  voir  dans  Eva  le  portrait 
de  Marie  Bouvyer,  de  môme  que  l'artiste  s'est  représenté 
dans  un  personnage  du  Jugement. 

Au  témoignage  des  contemporains^  le  maître  peignit  un 
bon  nombre  d'autres  portraits  ;  malheureusement  la  plupart 
ne  sont  pas  parvenus  jusqu'à  nous.  Du  moins  en  est-il  encore 
cinq  qui  jouissent  d'une  parfaite  authenticité  ;  exposés  naguère 
à  Âgen  et  à  Paris,  ils  forment  en  ce  moment  une  des  princi- 
pales attractions  —  et  elles  sont  nombreuses  —  de  l'Expo* 
sition  rétrospective  de  Tours.  Les  artistes  ne  peuvent  nous  en 
vouloir  d'attirer  leur  attention  sur  ces  portraits  de  famille,  et 
les  critiques  d'art  ne  nous  sauront  sans  doute  pas  mauvais 
gré  d'avoir  raconté,  d'après  des  notes  sûres  et  inédites,  la 
fortune  et  les  hasards  courus  par  ces  chefs-d'œuvre.  Un  chant 
du  Tasse  ou  de  Milton  trouve  des  commentateurs  empressés 
qui  s'évertuent  à  ne  rien  perdre  de  ce  qui  concerne  le  maître: 
pourquoi  l'œuvre  de  Jean  Cousin,  le  prince  de  la  palette  fran- 
çaise au  XVI*  siècle,  ne  jouirait-elle  pas,  j'allais  dire  du  môme 
privilège,  si  ce  n'était  un  droit  du  génie  d'attirer  tout  à  lui  ? 

Ces  portraits  figurent  le  beau-frère  de  tiousin,  le  chanoine 
Jean  Bouvyer,  sa  fille  Marie,  son  neveu  et  gendre  Etienne 
Bouvyer  II,  son  petit-fils  Jean  Bouvyer  III,  avec  la  femme  de 
ce  dernier,  Savinienne  de  Bornes  ;  ils  sont  peints  à  mi- corps 


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DE  JEAN   COUSIN  369 

sur  bois  et  à  l'huile  ;  leur  dimension,  presque  carrée,  est  de 
cinquante  centimètres  de  haut  sur  quarante  centimètres  de 
large.  Jehan  Bouvyer  II,  curé  de  Soucy  et  chanoine  de  Sens, 
beau-frère  et  ami  de  Jean  Cousin,  est  vêtu  d'une  soutane  noire, 
la  tête  couverte  d*un  bonnet  carré,  aplati  sur  le  sommet,  et  le 
menton  rasé  ;  la  main  droite  tient  un  livre  rouge,  sur  lequel 
la  gauche  est  appuyée.  Ce  portrait^  cité  par  Félibien  dans  sa 
Vie  des  peintres,  est  le  plus  remarquable  pour  la  vérité  et  la 
perfection  du  dessin.'  Etienne  Bouvyer  porte  une  sorte  de 
soutanelle  noire,  avec  co^  blanc  et  serré  ;  une  petite  toque 
noire,  penchée  du  côté  droit,  recouvre  des  cheveux  noirs  et 
courts,  il  a  les  moustaches  et  la  barbe  en  pointe,  dans  la 
main  droite  il  garde  une  branche  d'arbuste  qui  ressemble  à 
rdivier.  Marie  Cousin,  flUe  de  Jean  Cousin  et  femme  d'Es- 
tienne  II,  est  habillée  de  noir,  la  tète  entourée  d'une  sorte  da 
coiffe  d'étoffe  de  même  couleur  qui,  aplatie  et  rabattue  sur  le 
front  et  les  tempes,  pend  par  derrière  en  forme  de  voile  ; 
elle  aies  cheveux  blonds,  la  poitrine  couverted'un  fichu  blanc 
plissé  et  froncé  autour  du  cou  ;  elle  tient  dans  la  main  droite, 
par  une  anse  passée  dans  l'index,  un  petit  panier  à  ouvrage 
d'osier  ou  de  paille  ;  elle  porte  au  doigt  une  bague  et  deux 
anneaux  d'or,  dont  un  rehaussé  d'une  petite  pierre. 

Le  fils  d'Etienne  et  de  Marie  Cousin,  Jean  Bouvyer  III,  a 
la  tête  nue,  le  front  large  et  élevé,  les  cheveux  châtains,  la 


•  Saivant  les  Mémoires  de  M.  Octave  Bouvyer,  «  il  y  avait  autrefois,  dans  la 
sacristie  de  l'église  de  Soucy,  une  croisée  sur  laquelle  J.  Cousin  avait  peint  le 
portrait  de  Jehan  Bouvyer  II,  d'abord  curé  de  Soucy,  puis  chanoine  de  la 
cathédrale  de  Sens.  Ce  pieux  ecclésiastique  avait  fait  à  ces  deux  églises 
plusieurs  fondations  et  dons,  selon  les  titres  des  années  1576  à  1594,  notam- 
ment  à  la  cathédrale,  d'une  grande  chasse  d'argent,  sur  laquelle  il  était  re^ 
présenté  en  relief,  dans  la  même  position  que  sur  le  vitrail,  avec  seê  armes 
et  une  inscription  indicative  ;  elle  a  été  la  proie  des  révolu tioQnaires,  lors  de 
la  spoliation  du  riche  et  précieux  trésor  de  cette  antique  métropole.  J*avais^ 
ajoute-t-il,  plusieurs  fois  vu  cevitraUdans  ma  jeunesse.  Ce  bienfaisant  pas- 
teur y  était  peint  presque  de  grandeur  naturelle,  en  surplis,  les  mains  jointes 
et  k  genoux,  aux  pieds  de  Jésus-Christ  sur  la  croix,  son  bonnet  carré  et  Té'' 
«usson  de  ses  armes  posés  à  terre.  Je  suis  retourné  exprès  à  Soucy  en  1821. 
pour  revoir  ce  vitrail;  )'ai  eu  le  chagrin  de  n'en  plus  retrouver  aucun  vestige.  » 

T.   IV-  —  NOTICES.   —  VI'  ANNÉE,  4*  LIV.  25 


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370  HISTOIRE   DE   CINQ    TABLEAUX 

barbe  blonde  et  rase,  les  yeux  bleus  et  légèrement  bordés  de 
rouge,  Cl  comme  d'une  personne  qui  avait  la  vue  tendre.  »  Il  est 
vêtu  d'une  sorte  de  soubreveste  noire,  à  manches  larges, 
plissées  et  tailladées  à  la  partie  supérieure,  avec  deux  collets 
de  toile  blanche  d'inégale  finesse,  rabattus  en  pointe  sur  le 
hautdela  poitrine.  A  la  différence  des  autres  portraits,  ce  ta- 
bleau a  les  angles  décorés  de  fleurons  en  grisaille,  semblables 
à  ceux  dont  J.  Cousin  faisait  un  si  fréquent  usage  dans  ses 
vitraux;  en  outre,  à  la  droite  de  la  tête,  paraissent  les 
armoiries  de  Jean  III,  telles  qu'elles  étaient  au  vitrail  de 
Soucy,  au  bas  du  portrait  de  Jehan,  son  grand  oncle,  et  sur 
la  châsse  donnée  par  lui;  enfin  au-dessus  du  cartouche  est 
peinte  la  date  1582.  Quant  à  Savinienne  de  Bornes,  femme  de 
Jehan  III,  elle  est  coiffée  en  cheveux  blancs  fort  touffus, 
€  crêpés  sur  la  face  »,  rabattus  sur  le  haut  du  front  et  sur- 
montés d'un  ruban  noir  qui  descend  en  pointe  sur  le  milieu 
de  la  tête  ;  elle  porte  au  cou  un  collier  et  une  petite  croix  de 
jais  ;  sa  robe  noire  est  à  manches  tailladées  dans  le  haut  du 
bras, et  coupée  carrément  sur  la  poitrine,  qui  est  couverte  d'un 
fichu  blanc.  Ses  armes  particulières  sont  également  peintes, 
mais  du  côté  gauche,  dans  un  écu  losange  ;  la  cordelière  qui 
entoure  le  blason,  aura  été  ajoutée  après  la  mort  de  son  mari 
auquel  elle  a  survécu.  Ce  tableau  est  entouré  d'une  sorte 
d'ovale,  formé  par  un  contour  grisâtre  mais  sans  fleurons. 

Il  ne  faut  pas  s'attendre  à  trouver  dans  ces  portraits  les 
tons  veloutés  du  chef  de  l'école  vénitienne,  ni  la  grâce  enjouée 
d«  Paul  Véronèse.  Us  se  distinguent  par  le  caractère  général 
que  l'on  remarque  dans  le  Jugement  dernier.  Une  grande 
sobriété  dans  le  dessin  et  le  coloris,  des  contours  nettement 
accusés  au  point  de  paraître  un  peu  secs,  des  carnations  sans 
recherche  d'effet  de  façon  même  à  sembler  un  peu  mono- 
chromes, en  un  mot  de  la  vérité  et  de  la  simplicité,  telles  sont 
les  qualités  qui  brillentdans  ces  portraits  de  famille.  Pour  ne 
pas  avoir  su  faire  la  part  des  retouches  et  pour  s'en  être 
rapporté  à  des  photographies  prises,  non  sur  leâ  originaux 


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DE  JEAN    COUSIN  371 

mais  sur  de  mauvais  dessins,  /nuelqu'un  a  pu  mettre  en  doute 
rauthentici té  dès  tableaux  ;  mais  le  doute  s'évanouit  en  face 
des  œuvres  mûrement  étudiées.  Un  critique,  justement 
apprécié,  a  écrit  que  ces  portraits  «  fermes,  naïfs  et  vrais 
comme  ceux  de  Glouet,  révèlent  les  qualités  de  l'ancien  açt 
français  ;  ils  nous  montrent  Jean  Cousin  correct  et  scrupu- 
leusement copiste  de  la  nature,  ennemi  de  toute  convention 
et  fort  éloigné  de  ce  sentiment  noble  et  élevé,  mais  devenu 
banal,  qui  caractérise  Tart  uUramontain'. 

Le  lecteur  connaît  maintenant  le  sujet  et  le  caractère  des 
tableaux  de  Jean  Cousin  :  il  nous  reste  à  les  suivre,  de  Tate- 
lier  de  l'artiste  jusqu'à  la  demeure  de  leur  propriétaire  actuel, 
M.  Octave  Bouvyer,  rue  de  la  Psallette,  à  Tours. 


m 


  la  mort  de  Jean  Bouvyer,  curé  de  Soucy,  en  1555,  son 
portrait  passa  naturellement  aux  mains  de  son  neveu  , 
Etienne  Bouvyer  II,  époux  de  Marie  Cousin.  Lorsque  la  fllle 
de  Jean  Cousin  décéda  en  162ô,son  portrait,  avec  ceux  de  son 
mari  et  de  son  oncle,  devinrent  la  propriété  du  fils  aîné,  Jean 
Bouvyer  III^ou  tout  au  moins  de  sa  femme,  Savinienne  de 
Bornes;  car  il  paraît  que  le  mari  mourut  plusieurs  années 
avant  elle.  Ce  précieux  patrimoine,  enrichi  des  portraits  de 
Jean  et  de  Savinienne,  fut  ensuite  recueilli  par  leur  fils, 
Etienne  Bouvyer  III  (1600-1090)  qui  épousa,  en  1628,  Edmée 
Luyson.  Claude  Bouvyer,  né  de  cette  dernière  union,  se  plut 
.  à  réuniret  à  rédiger  les  souvenirs  de  sa  famille,  au  premier 
rang  desquels  il  plaçait  tout  ce  qui  avait  rapport  au  grand 
artiste.  La  tdche  était  d'autant  plus  facile  et  offrait  d'autant 

'  Gazette  des  Beaux» Arts i  décembre  \B^6. 


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I 


p 


373  HISTOIRE  DE   CINQ   TABLEAUX. 

plus  de  garantie  de  vérité  que  son  père  avait  intimement 
connu  Marie  Cousin,  et  que  lui-même  ne  vint  au  monde  que 
douze  ans  après  la  mort  de  la  fllle  du  Maître.  Ce  sont  ces 
notes ,  transmises  de  génération  en  génération  en  même 
temps  que  les  portraits,  qui  servirent  de  documents  certains 
i  l'un  des  petits-neveux  pour  la  rédaction  des  Mémoires, 

Notes  et  portraits,  se  prêtant  une  mutuelle  garantie  de 
propriété  et  d'authenticité,  furent  transmis  à  Claude-Octave 
Bouvyer  (1689-1776),  fils  de  Cosme  Bouvyer  et  d'Elisabeth 
Poney.  Claude  se  maria  deux  fois,  mais  nous  n'avons  à  nous 
occuper  ici  que  de  son  premier  mariage,  contracté  en  1713 
avec  Marguerite  Le  Riche.  Celle-ci  lui  donna  un  fils,  Claude- 
|*i  Charles  Bouvyer,  écuyer  (1723-1785),  qui  s'unit,  en  1754,  à 

^  Madeleine-Simone  de    Saint-Pierre.  De  Claude-Octave  les 

•v'  portraits  vinrent  à  Claude-Charles  qui  les  légua  à  son  fils, 

^'  Charles-Octave  Bouvyer.  Né  en  1755,  Charles  épousa,  à  l'âge 

^  de  vingt-trois  ans,  Noôl-Marie  Blanchet  et  occupa  à  Sens,  où 

;  ses  ancêtres  avaient  continué  de  résider,  un  poste  de  rece- 

>  veur  général  des  gabelles.  Héritier  vigilant  des  traditions  et 

des  objets  de  famille,  Charles-Octave  consigna  ses  souvenirs 
sur  un  registre  considérable,  et  c'est  à  ce  volume  demeuré 
aux  mains  de  son  petit-fils  Louis-Octave  Bouvyer,  que  nous 
devons  les  détails  précis  et  rigoureusement  exacts,  qui  pré- 
cèdent et  suivent,  sur  l'odyssée  des  tableaux,  en  particulier 
depuis  le  commencement  de  la  période  révolutionnaire  jus- 
qu'au moment  présent. 

Les  descendants  de  Jean  Cousin,  avons-nous  dit,  se  trans- 
mirent ces  trésors  avec  un  respect  d'autant  plus  profond  que 
c'étaient  des  œuvres  du  maître  vénéré  et  des  portraits  de 
famille.  Les  critiques  d'ailleurs  ne  perdirent  pas  ces  œuvres 
de  vue,  et  au  dix-septième  siècle,  Félibien,  pour  lequel  l'his- 
toire des  arts  n'avait  presque  pas  de  secrets,  écrivait  :  «  On 
voit  encore  dans  la  ville  de  Sens  plusieurs  tableaux  de  sa 
main  (J.  Cousin)  et  quantité  de  portraits,  entre  autres  celui 
de  Marie  Cousin  et  celui  d'un  chanoine  nommé  JeanBou- 


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DB  JEAN   COUSIN  373 

vier  ».  A  son  tour,  quelque  trente  ans  plus  tard,  de  Piles  en 
eut  connaissance  et  c*est  d^eux  qu'il  disait  en  1699  :  «  On 
voit  dans  la  ville  de  Sens  quelques  tableaux  de  sa  façon  (de 
J.  Cousin)  et  plusieurs  po^traits^  » 

Au  dix-huitième  siècle,  les  tableaux  sont  encore  à  Sens 
dans  la  famille  Bouvyer  dont  Tun  des  membres  va  nous  ren- 
seigner avec  certitude.  «  Mon  grand  père  Claude-Octave  qui 
vécut  quatre-vingt-sept,  ans  et  neuf  mois,  dit  l'auteur  des 
Mémoires,  les  avait  reçus  de  ses  ancêtres  et  toujours  religieu- 
sement conservés.  A  sa  mort,  en  1T76,  ces  cinq  portraits 
étaient  passés  à  mon  père,  Talné  et  le  chef  de  la  famille,  mort 
en  1785^  et  enfin  de  lui  à  moi  son  fils  unique.  Leur  authenticité 
est  donc  bien  réelle.  Ils  ne  sont  jamais  sortis  de  la  famille, 
môme  pendant  la  tourmente  révolutionnaire.  >  Mais  com* 
ment  ont-ils  traversé  cette  période  houleuse  sans  disparaître, 
au  milieu  du  naufrage  de  tant  de  choses  précieuses  ?  C'est 
un  point  qu'il  est  d'autant  plus  à  propos  d'établir  qu'on  ne 
tarda  pas  à  perdre  la  piste  des  tableaux  dans  le  monde  artis- 
tique ;  quelques-uns  allèrent  môme  jusqu'à  écrire  qu'ils  avaient 
passé  la  Manche'.  Mais  heureusement  il  n'en  est  rien  :  ils 
n'ont  pas  quitté  le  sol  qui  leur  a  donné  le  jour,  et  font  le  plus 
bel  ornement  du  salon  d'un  descendant  de  Jean  Cousin,  dont 
nous  avons  déjà  mentionné  le  nom.  Voilà  les  points  de  départ 
et  d'arrivée;  il  importe  de  renouer  les  deux  extrémités  delà 
chaîne,  car,  indépendamment  de  l'examen  des  tableaux  qui 
suffit  à  établir  leur  authenticité,  il  est  intéressant  de  les  suivre 
dans  leurs  pérégrinations.  Nous  y  trouverons  une  preuve  de 
plus  que  le  chancelier  Bacon  avait  bien  raison  de  dire  que 
si  les  œuvres  de  peu  d^importance  disparaissent  dans  le  cours 
des  âges,  les  travaux  considérables  surnagent  et  finissent 
par  échapper  au  naufrage. 

Charles-Octave  Bouvyer  avait  reçu  de  ses  ancêtres  et  nour- 

•  Félibien,  Histoire  des  Peintres,  —  De  Fï\ea,  Abrégé  de  la  vie  des  Peintres. 
>  Clément  de  Ris,  t.  ii,  p.  35. 


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374  HISTOIRE   DE   CINQ   TABLEAUX 

rîssait  fidèlement  le  culte  de  tout  ce  qui  est  noble  et  beau, 
râmôur  de  la  Religion,  de  la  Patrie  et  de  la  Famille.  Il  vivait 
à  Sens,  partageant  ses  loisirs  entre  les  soins  du  foyer  do- 
mestique et  les  relations  d'amilié.  La  conservation  des  la- 
b'ieaux  de  J.  Cousin  ne  tenait  pas  la  place  la  moins  large 
dans  sa  vie,  toute  d'honneur  et  de  fidélité.  —  «  Signalé,  dit-il 
dans  ses  Mémoires,  comme  aristocrate  par  mon  vote  à  l'as- 
semblée de  la  noblesse  du  bailliage  de  Sens  au  mois  de  mars 
1789;  m'étant  ensuite  déclaré  otage  de  Louis  XVI  et  de  sa 
famille,  au  mois  de  juillet  1791,  ce  nouvel  acte  de  dévouement 
me  mit  bientôt  ea  butte  aux  persécutions  des  Jacobins  de 
ma  ville  natale.  Pour  m'y  soustraire,  j'émigrai  au  mois  d'oc- 
tobre suivant;  le  séquestre  fut  mis  sur  mes  biens  et  dans  ma 
maison  de  Sens,  dès  le  commencement  de  1792  ;  leur  vente 
totale  s'ensuivit  promptement  ei  opéra  ma  ruine  entière  et 
celle  de  ma  famille.  » 


IV 


Que  vont  devenir  les  portraits  au  sein  de  l'anarchie  qui 
menace  de  tout  envsihir? —  Rassurons-nous  :  M"'  Bouvyer 
ne  quittera  ni  la  ville  de  Sens,  ni  sa  maison.  <*  Lorsque  le 
District,  continue  l'auteur  des  Mémoires,  fit  l'inventaire  de 
mon  cabinet  et  de  ma  bibliothèque,  ma  mère  et  ma  femme 
eurent  l'adresse  de  /aire  observer  que  ces  cinq  tableaux, 
étant  de  vieux  portraits  de  famille,  ne  produiraient  aucun 
profit  à  la  nation  et  les  réclamèrent.  Le  bonheur  voulut  que 
les  membres  heureusement  fort  ignares  et  incapables  d'ap- 
précier ces  tableaux,  obtempérèrent  à  leur  demande.  »  En 
1799,  ils  étaient  encore  à  Sens,  en  la  possession  de  la  femme 
de  Charles-Octave  Bouvyer,  au  témoignage  de  M.  Tarbé,  le 


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DE  JEAN   COUSIN  375 

maire,  qui  écrivait  :  «  On  voit  dans  la  ville  de  Sens  plusieurs 
.tableaux  et  quantité  de  portraits....  Nous  en  connaissons 
trois  qui  sont  chez  la  citoyenne  Bouvyer  :  le  portrait  de  Jean 
Cousin  exécuté  par  lui-même,  celui  du  chanoine  Jehan  Bou- 
vyer, et  enfin  celui  de  Marie  Cousin,  safllle  unique'.  »  Tarbé 
aura  pris  pour  le  portrait  de  J.  Cousin,  celui  de  son  gendre, 
Etienne  Bouvyer.  Après  avoir  cité  ce  passage,  Larousse*  a 
.donc  tort  d'ajouter  que  «  ces  portraits  ont  disparu.  » 

Le  danger  ouvre  l'œil  et  rend  prudent  ;  les  tableaux  de 
J.  Cousin  avaient  couru  un  trop  grand  péril  pour  que 
M"*  Charles  Bouvyer  ne  les  mit  pas  en  lieu  sûr.  Aussitôt  le 
départ  des  commissaires,  elle  les  détacha  du  cabinet  de  son 
mari  et  les  renferma  dans  une  caisse  de  façon  que  personne 
ne  put  en  avoir  connaissance.  Dans  la  suite,  jugeant  qu'ils 
seraient  mieux  gardés  chez  ses  enfants,  elle  demanda  à  sa 
fille  Anne  et  à  son  gendre  Jean  Duclos,  installés  à  Paris,  de 
les  recevoir  chez  eux.  La  maison  avait  changé,  mais  le  culte 
pour  les  portraits  du  Maître  demeura  le  môme. 

Cependant  le  calme  était  revenu  dans  notre  pays  ;  Charles 
Bouvyer,  qui  avait  vécu  en  Allemagne,  au  prix  de  lourds 
sacrifices  dont  il  a  confié  le  curieux  récit  à  ses  Mémoires, 
rentra  en  France  au  mois  de  mai  1819.  Un  de  ses  premiers 
soins  fut  de  s'informer  de  ses  tableaux  ;  quelle  douce  joie 
pour  lui  de  les  retrouver  chez  son  gendre  sans  qu'ils  aient  eu 
à  subir  la  moindre  avarie  !  Cependant  sa  femme  avait  reçu 
en  héritage  un  domaine  situé  sur  les  bords  de  la  Loire,  com- 
mune de  Vouvray,  près  de  Tours,  et  appelé  le  Petit-Bois. 
Charles  Bouvyer  vint  s'y  fixer  dans  la  solitude,  emportant 
avec  lui  le  trésor  dont  il  avait  été  trop  longtemps  privé. 
Au  Petit-Bois,  comme  à  Sens,  et  cette  fois  sans  redouter  la 
perspective  d'une  saisie  ou  d'une  spoliation,  il  installa  dans 
son  cabinet  les  portraits  de  ses  aïeux,  faits  par  le  plus  illustre 
d'entre  tous.    C'est  dans    cette  retraite    qu'il    rédigea  les 

<  Almanachde  S^n*  (1799),  p.  193. 
»  Dictionnaire^  éàit.  1869. 


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376  HISTOIRE  DE   CINQ   TABLEAUX 

Mémoires  auxquels  nous  avons  fait  plusieurs  emprunts,  et 
qui  contiennent  d'intéressants  détails  sur  la  période  révolu-» 
tionnaire  et  la  vie  des  émigrés^  aussi  bien  que  sur  Tétat  des 
esprits  sous  la  Restauration.  Au  soir  de  sa  vie,  faisant  un 
retour  sur  la  fortune  des  portraits,  Charles  Bouvyer  se  plut 
à  dire  et  à  écrire,  comme  résumé  absolument  sincère  de  leur 
histoire  tour  à  tour  pacifique  et  tourmentée  :  «  Leur  authen* 
ticité  est  donc  bien  réelle.  Elle  était  en  outre  constatée  par 
d'anciennes  notes,  collées  derrière  les  tableaux  et  indicatives 
des  noms  de  chaque  portrait.  Vu  leur  état  de  vétusté  et  de 
détérioration,  j'y  en  ai  substitué  de  nouvelles  plus  détaillées 
après  les  avoir  fait  nettoyer  et  placer  dans  des  cadres  de  bois 
brun,  semblables  à  ceux  dans  lesquels  ils  étaient  autrefois  et 
qu'on  avait  enlevés  pour  pouvoir  les  cacher  et  emballer  plus 
facilement*.  » 

Outre  sa  fille  Anne,  dont  il  a  été  question,  M.  Bouvyer 
avait  encore  deux  autres  enfants  :  Eloïse,  née  en  1780  et 
mariée  à  M.  François  Grégoire,  et  Jean-Baptiste-Octave 
Bouvyer»  né  en  1782  et  qui  avait  épousé  en  1809  Louise- 
Sophie  Mulet.  Tout  naturellement,  d'après  les  traditions 
domestiques,  c'est  à  ce  dernier  que  devaient  revenir  les 
tableaux.  Sentant  ses  forces  s*affaiblir,  ^  il  avait  soixante- 
dix-huit  ans,  —  M.  Charles  Bouvyer  fit,  le  13  décembre  1833, 
son  testament  dans  lequel  on  lit  : 

<c  Je  lègue  à  mon  fils  tous  les  portraits  de  famille  peints 
sur  bois  ou  au  pastel,  celui  de  Jean  Cousin  gravé  (estampe 
d'Edelinck)  et  la  vue  de  la  maison  de  Soucy  qui  nous  a 
appartenu  et  qui  a  été  bâtie  par  lui,  et  les  deux  portraits 
de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul  à  cadre  octogone  ;  tous  objets 
transmis  depuis  plusieurs  générations  à  Tatné  de  la  famille'  •>. 


«  M.  A.  Didot  a  donc  eu  tort  d'écrire  :  «  cet  portraits  sont  coniervéi  d&nt 
leurs  anciens  cadres  en  bois  simple  ;  derrière  chacun  4*euz  est  écrit,  par 
Cosme  Bouvyer,  né  en  1652,  les  noms  et  qualités  du  personnage  peint  par 
Jean  Cousin.  »  —  Etude  sur  Jean  Cousin^  p.  59. 

s  Papiers  communiqués  par  la  famille  Bouvyer. 


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DB  JEAN  COUSIN  377 

Enfin  dans  ses  Mémoires  il  jugea  à  propos  de  mentionner 
de  nouveau  sa  volonté  expresse,  en  ces  termes  :  «  On 
remettra  à  mon  fils  (Jean-Baptist^-Octave)  mes  portraits 
peints  ou  gravés,  tous  autres  portraits  de  famille  peints  sur 
bois  ou  au  pastel....  transmis  depuis  plusieurs  générations  à 
Talné  de  la  famille.  » 

Jean-Baptiste  Bouvyer,  qui  occupa  une  charge  importante 
dans  le  service  des  contributions  indirectes,  eut  huit  enfants 
dont  quelques-uns  moururent  en  bas  4ge.  L'aîné,  Louis- 
Octave,  né  en  1810  épousa,  en  1843,  Zoô-Léonie  Herpin,  d'une 
très  honorable  famille  de  Touraine,  qui  lui  donna  quatorze 
enfants.  Après  avoir  exercé  les  fonctions  de  receveur  prin- 
cipal des  contributions  indirectes  à  Agen,  M.  Louis-Octave 
Bouvyer  occupa  le  môme  poste  à  Tours.  Et  maintenant  sem- 
blable aux  patriarches  de  la  Bible,  il  a  la  joie  de  voir  sa  vieil- 
lesse entourée  de  l'amour  de  sa  digne  compagne,  de  la  cou- 
ronne d'honneur  de  ses  nombreux  enfants  et  petits  enfants, 
et  des  sympathies  universelles.  Mais  aussi^  fidèle  à  donner 
l'exemple  du  respect  pour  les  ancêtres,  le  dernier  des  héri- 
tiers de  Jean  G«)usin  enveloppe  les  œuvres  du  maître  d'un 
culte  que  les  années  n'ont  fait  qu'accroître  ;  il  n'a  d'égal 
que  la  religion  qu'il  a  su  inspirer  à  ses  enfants  vis-à-vis  de 
ces  portraits  de  famille,  car  il  ne  m'appartient  pas  de  soulever 
ici  le  voile  discret  qui  recouvre  les  autres  vertus  domestiques 
de  ce  charmant  intérieur.  Gomment  d'ailleurs  accorder 
trop  de  vénération  au  génie  qui,  au  dire  d'un  contemporain  et 
d'un  compatriote,  «  peintre  fort  gentil  et  excellent  d'esprit, 
a  montré  par  les  belles  peintures  qu'il  a  délaissées  à  la  pos- 
térité la  subtilité  de  sa  main,  et  a  fait  cognoistre  que  la  France 
se  peut  vanter  qu'elle  ne  le  cède  en  rien  aux  gentils  esprits 
qui  ont  été  es  aultres  pays*  ?  » 

L.-A.  BOSSBBOBUF. 

Secrétaire  général  de  la  Société  archéologique  de  Touraine. 
*  Taveau,  Histoire  de  la  ville  de Seiis^Us. 


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LE  CLERGE 

DU 

DIOCÈSE   DE   NANTES 

t 

EN   1791 

000%000— ^ 

CHAPITRE    r^ 

Etat  des  esprits  en  1790.  —  La  Constitution  civile  du  clergé.  —  Illusions 
et  tendances  de  ses  auteurs.  —  Son  succès  dans  les  classes  moyennes 
dévouées  à  la  Révolution.  —  Elle  reste  inappliquée  pendant 
plusieurs  mois  ^Premières  mesures  de  T  Administration  départe- 
mentale de  la  Loîrè-Inférieure  contre  les  prêtres  soupçonnés  d*hos- 
tilité  aux  innovations*  religieuses. —  Décret  du  27  novembre  1790 
sur  le  serment.  —  Lettre  du  département  au  Comité  ecclésiastique 
sur  les  difficultés  entrevues.  —  Premières  adhésions  à  la  Constitution 
civile  du  clergé,  —  Brochures  favorables  et  contraires.  —  Saisie  du 
mandement  de  M.  de  la  Laurencie,  évêque  de  Nantes.  —  Proclama- 
tion du  Département  relative  à  la  prestation  de  serment.  —  Les 
prêtres  non  remplacés  autorisés  à  rester  en  fonctions  par  TAssemblée 
constituante.  —  Démarche  de  l'Université  de  Nantes.  —  Prestation 
de  «serment  à  Nantes.  —  Discours  de  M.  le  curé  de  Sainte-Croix.  — 
Nombreux  refus  de  serment  dans  les  campagnes.  —  Inquiétudes  des 
administrations  sur  le  maintien  de  Tordre.  —  De  l'état  des  esprits 
dans  le  parti  opposé  à  la  Constitution  civile. 

En  faisant  table  rase  de  toutes  les  institutions  de  Tancienne 
France,  il  était  impossij^le  que  la  Révolution  ne  rencontrât 
pas  des  adversaires  parmi  ceux  dont  elle  blessait  les  intérêts. 
A  moins  de  méconnaître  les  conditions  de  la  nature  humaine, 


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LE   CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DE  NANTES  EN   1791  879 

il  faut  convenir  que  le  clergé  et  la  noblesse  avaient  parfai-: 
tement  lé  droit  de  regretter  les  privilèges  qui  contribuaient  à 
leur  bien-être  et  à  leur  considération.  Tel  était  pourtant  Ten- 
thousiasme,  qui  soulevait  alors  les  esprits  et  les  C(!Burs,  que 
l'on  pouvait  enti*evoir  le  marnent  prochain  où,  sur  le  terrain 
de  rintérôt  public,  s'opérerait  la  réconciliation  des  intérêts 
privés.  Dans  l'ordre  dé  la  noblesse,  les  plus  mécontents  s'é- 
taient bornés  à  protester  par  Témigration  ;  et  l'attitude  pai- 
sible du  clergé  séculier  et  régulier  montrait  assez  qu'il  se 
résignerait  au  dommage  apporté  à  ses  intérêts  temporelsk» 
quand  l'Assemblée  nationale  vota  la  Constitution  civile  du 
clergé,  destinée  à  devenir  peu  après  le  brandon  de  discorde 
le  plus  funeste  qui  ait  jamais  été  jeté  au  milieu  d'une  société 
occupée  à  se  reconstituer. 

On  dit  quelquefois  que  les  opinions  transigent  plus  aisé- 
ment que  lesintérêts;  cela  n'est  pas  vrai  des  opinions  reli-r 
gieuses,  et  la  guerre  aux  consciences  ne  profite  jamais  à  ceux 
qui  la  font.  Malgré  ses  rigueurs,  la  persécution  commencée 
pour  établir  le  culte  constitutionnel,  et  continuée  pour 
anéantir  tous  les  autres  cultesF,  sans  même  en  excepter 
celui-là,  ne  réussit  pas.  C'est  l'honneur  de  la  vieille  France 
catholique,  que  les  victimes  aient  lassé  leurs  bourreaux. 
Mais,  comme  si  le  crime  de  la  persécution  était  de  ceux  qui 
ne  peuvent  s'expier,  on  a  vu,  depuis  cette  époque,  la  Révo- 
lution en  porter  la  peine,  et  il  ne  lui  est  pas  plutôt  donné  de 
triompher  un  instant  dans  notre  pays,  qu'elle  se  trouve  fa- 
talement amenée  a  reprendre  contre  les  catholiques  les  erre- 
ments qui  ont  causé  sa  première  défaite. 

Il  n'est  pas  étonnant  que,  dans  une  assemblée  composée 
en  grande  paftie  d'hommes  de  robe,  bercés  dans  les  idées 
d'un  gallicanisme  exagéré,  il  se  soit  trouvé  une  majorité 
pour  rêver  l'établissement  d'utie  église  nationale.  La  manie 
de.  tout  refaire»  l'idolâtrie  de  la  souveraineté  populaire,  la 
chimère  de  la  symétrie,  purent  aussi  n'être  pas  étrangères 
au  succès  d'un  système  où  les  ministres  du  culte  recevaient 


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380  LE  GLBHGÉ  DU   DIOCÈSE   DE   NANTES 

leur  investiture  du  corps  électoral,  de  la  môme  façon  que  les 
autres  représentants  de  l'autorité  civile.  On  espérait,  disait- 
on,  introduire  ainsi  l'harmonie  dans  les  diverses  parties  du 
corps  social.  C'était  une  des  nombreuses  illusions  de  ce 
temps-là,  mais  la  pire  de  toutes  consista  à  s'imaginer  que  le 
clergé  et  les  fidèles  de  France  accepteraient  sans  difficulté 
la  rupture  des  liens  qui  les  unissaient  au  Saint-Siège. 

Il  est  plus  difficile  de  s'expliquer  comment  tant  de  gens 
éclairés,  sceptiques  pour  la  plupart,  se  passionnèrent  pour 
l^tablissement  du  culte  constitutionnel,  à  ce  point  que,  pendant 
près  de  deux  ans,  il  ne  fut  guère  question  d'autre  chose  dans 
les  Sociétés  populaires  et  les  Administrations.  La  prétendue 
réforme  n'avait  rien  pourtant  qui  fut  de  nature  à  séduire  les 
flmes;  les  dogmes,  et  la  morale  catholique  étaient  conservés, 
et  les  changements  ne  portaient  que  sur  certains  points  de  la 
discipline  ecclésiastique  relatifs  à  l'institution  des  évoques  et 
des  prêtres.  Comment  les  patriotes,  —  c'est  le  nom  que  se 
donnaient  les  partisans  des  réformes  —  arrivèrent-ils  à  se 
figurer  que  l'existence  du  nouvel  ordre  de  choses  pouvait  être 
compromise,  parce  que  les  fidèles  s'obstinaient  à  ne  donner 
leur  confiance  qu'à  leurs  anciens  pasteurs  ?  Sans  doute,  il  y 
avait  chez  eux  une  foi  superstitieuse  en  l'infaillibilité  de  l'As^ 
semblée  constituante,  et  la  Constitution  civile  du  clergé  leur 
parut  une  chose  excellente,  par  la  raison  qu'elle  émanait  de 
législateurs  qui  avaient  détruit  l'Ancien  Régime,  mais  il  semble 
que  Topposition  qu'ils  rencontrèrent  aurait  dû  éclairer  des 
gens  intelligents  sur  les  dangers  de  l'innovation,  et  ce  fut  tout 
le  contraire  qui  arriva,  ainsi  qu'on  le  verra  dans  le  cours  de 
ce  travail. 

L'espérance  de  ceux  qui  avaient  cru  que  la  Constitution  ci- 
vile serait  aisément  acceptée  ne  devait  pas  durer  longtemps. 
La  discussion  qui  avait  eu  lieu  à  l'Assemblée  constituante 
avait  déjà  éclairé  bien  des  gens,  quand*  le  Roi  manifesta  sa 
répugnance,  en  faisant  attendre  sa  sanction  qu'il  ne  donna 
que  le  24  août  1790,  plusieurs  semaines  après  le  vote  définitif. 


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EN  1791  381 

De  toutes  parts  aussi  Ja  loi  avait  soulevé  des  protestations,  et 
c'est  alors  que.  l'on  commença  à  s'apercevoir  que,  rédigée  en 
vue  d'une  adhésion  paisible  du  clergé  et  des  fidèles,  ses 
dispositions  les  plus  importantes  n'avaient  pas  le  caractère 
impératif  nécessaire  pour  s'imposer  à  tous,  et  quô,  pour  la 
mettre  en  pratique,  des  articles  additionnels  étaient  absolu* 
ment  nécessaires.  G^est  ainsi  que  pendant  plusieurs  mois  la 
Constitution  civile  du  clergé,  bien  qu'elle  eûtété  promulguée, 
demeura  à  l'état  de  lettre  morte. 

Cette  situation  ne  pouvait  se  prolonger  indéfiniment  et, 
dans  la  séance  de  l'Assemblée  constituante  du  5  novembre  1790, 
un  membre  mettait  le  comité  ecclésiastique  en  demeure 
d'appliquer  la  loi  ;  il  lui  fut  répondu  qu'il  ne  tarderait  pas 
à  obtenir  satisfaction. 

Les  administrateurs  de  la  Loire-Inférieure,  animés  d'un 
zèle  patriotique  très  ardent  pour  entreprendre  sur  le  clergé, 
n'avaient,  durant  Tannée  1790,  pu  trouver  que  deux 
occasions  de  le  faire  :  ils  avaient  privé  de  traitements  les 
prêtres  qui  avaient  adhéré  à  une  Adresse  à  VAssemblée 
nationale^  rédigée  par  le  curé  deSainte-Lumine,  etils  avaient 
détruit  le  chapitre  de  la  Cathédrale  et  ceux  des  Collégiales  ; 
de  plus,  irrités  des  résistances  opposées  par  l'Evêque  de 
Nantes  à  la  suppression  des  paroisses  voisines  de  la  cathé- 
drale, ils  Tavaient  dénoncé  à  l'Assemblée  nationale,  en  la 
priant  d'ordonner  des  poursuites  contre  lui. 

Le  décret  qui  donnait  satisfaction  à  ceux  qui  demandaient 
la  mise  en  pratique  de  la  Constitution  civile,  fut  voté  le  27 
novembre.  1790*.  Il  assignait  divers  délais  dans  lesquels  les 
ecclésiastiques  fonctionnaires  publics,  devaient  prêter  le 
serment  sous  peine  d'être  déchus  de  leurs  fonctions,  I^e  Roi 
ayant,  après  ime  certaine  résistance,  consenti  le  26  décembre 
à  sanctionner  ce  décret,  il  devenait  exécutoire,  dans  le 
département  de  4a  Loire-Inférieure^  au  milieu  du  mois  de 

*  Duvergier»  Collection  de  lois,  ii  59. 


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382  LR   CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE   NANTES 

janvier  1791.  Ajoutons  qu'aux  termes  d*un  autre  décret, 
en  daté  du  4  janvier*,  le  serment  devait  être  prêté  purement 
et  Simplement,  sans  préambules,  explications  ni  restrictions. 
'  La  crise  de  la  prestation,  ou  plutôt  du  refus  du  serment, 
commença  donc,  dans  la  Loire-Inférieure,  avec  Tannée  1791  ; 
elle  devait  durer  longtemps,  parce  que  l'obligation  du 
serment,  imposée  d'abord  aux  seuls  prêtres  ayant  charge 
d'âmes,  fut  étendue  successivement  à  d'autres  catégories 
d'ecclésiastiques,  et  môme  aux  religieuses,  et,  aussi,  parce 
qu'il  ne  fut  jamais  possible  de  pourvoir  de  prôtres  asser- 
mentés toutes  les  paroisses  du  nouveau  diocèse  réduit  exac- 
tement aux  limites  du  Département. 

Si  Tes  riiembres  des  diverses  aidmînistrajtions  avaient,  à  un 
certain  moment,  partagé  les  illusions  des  députés  sur  la  faci- 
cilitô  d'établir  le  nouveau  régime  ecclésiastique^  ce  moment 
était  passé,  et  ils  apercevaient  clairement  les  difficultés  de 
toutes  sortes  qui  allaient  se  produire.  Comme  s'il  eût  dépendu 
du  Comité  ecclésiastique  de  l'Assembfêe  nationale  d'aplanir 
ces  difficultés,  le  procureur  syndic  du  Département  lui 
écrivait  le  11  janvier  1791  ': 

«  Le  délai  de  huit  jours  pour  le  serment  prescrit,  va 
s'ouvrir  et  devenir  fatal  contre  les  présents  ;  or,  leà  vicaires 
•généraux  et  les  supérieurs  du  séminaire  sont  présents  ;  et, 
malheureusement,  nous  avons  presque  la  certitude  de  leur 
refus  de  se  conformer  à  la  loi  ;  ils  encourront  donc  la  peine 
qu'elle  a  prononcée,  c'est-à-dirè  la  déchéance  de  leurs 
fonctions-;  mais  alors  s'opérera  une  suspension  totale  de 
l'octroi  des  dispenses  et  des  autres  actes  journaliers  delà 
juridiction  ecclésiastique.  Le  séminaire  se  trouvera  sans 
chefs. .  ;  Mais  ce  n'est  rien  encore.  Si  les  curés  s'obstinent 
pareillement  à  refuser  le  serinent;  si  leurs  vicaires,  trop 
doéiles  au  mauvais  exemple,  les  imitent  ;  si,  pour  les  sacre- 
ments, leis  secours  sont  suspendus,  si  de^  moribonds.. ^  J® 
n'ose  achever  ;  tant  d'horreurs  ne  doivent  pas  être  supposées, 

<£od.  II.  142. 


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EN  1791  383 

mais  les  choses  sont  possibles  ;  le  remède  sera  de  procéder 
à  Télection  de  nouveaux  curés  ;  les  nouveaux  curés  auront 
besoin  d'une  mission,  et  de  qui  la  recevront-ils  ?I1  n  y  aurait 
point  de  vicaires-généraux  ;  enfin,  il  n'y  aura  point  d'évôque... 
déjà  son  nom  et  ses  dispositions  vous  sont  connues. . .  On  le 
dit  à  Pampelune.  »  Il  y  a  lieu,  ajoutait  le  procureur-syndic,  de 
se  demander  si  cette  absence  doit  lui  procurer  le  bénéfice  du 
délai  de  deux  mois  que  le  décret  accorde  aux  ecclésiastiques 
absents  du  royaume,  ce  qui  reculerait  d'autant  Tépoque  de 
sa  déchéance,  et,  par  conséquent  celle  de  la  nomination  de 
Son  succes.seur\ 

On  lisait  bien,  dans  certains  journaux,  que  Tabbé  de  Bernis, 
ambassadeur  à  Rome,  avait  écrit  que  le  Pape  ne  tarderait 
point  à  approuver  la  Constitution  civile  du  clergé'  mais  l'atti- 
tude des  évoques  ne  permettait  guère  d'accréditer  sérieu- 
sement un  pareil  bruit.  On  louait  aussi  très  haut  le  patriotisme 
de  quatre  bernardins  de  l'abbaye  de  Buzay  venus  au  dépar- 
tement protester  contre  «  la  rébellion  des  ennemis  de  la  patrie 
et  le  refus  inconcevable  âes  évoques  de  prêter  serment  et 
offrir  de  remplir  les  fonctions  curiales  et  vicariales,  dans  tous 
les  lieux  où  le  pouvoir  civil...  voudrait  les  leur  confier'.  » 
On  répandait  partout  une  brochure  intitulée  Lettre  à  mes 
concitoyens  des  campagneSy  dans  laquelle  Pierre  Mourain, 
l'un  des  administrateurs  du  département,  exposait  que 
révoque  de  Rome  était  un  évoque  comme  les  autres,  et  où  il 
faisait  ressortir  les  avantages  temporels  que  curés  et  vicaires 
retireraient  d'une  répartition  plus  égale  des  traitements,  qui 
atteindraient,  pour  les  curés,  le  chiffre  d'environ  deux  mille 
Jivres*.  Tout  cela  était  peine  perdue  et  ne  réussissait  point  à 
augmenter  le  nombre  des  partisans  du  schisme. 

*  Corresp.  du  procureur-syndic. du  Dép.  {•  64  {Arch.  dép.). 

*  Journal  de  la  Correspondance  de  Nantes  du  16  janvief  1791  p.  518. 
'Dép.  15  janvier   1791  f»  3  {Archives  départementales).    Ces   bernardins 

étaient  Baudoin,  Bresdon,  Bourgoinjj^  et  Lenseigne. 

*  Petit  in-8o  de  15  pages  daté  du  11   janvier   1791,   s^gné  M.  Nantes  A.  J. 
Mallasais.  Mourain  devint  député  de  la  LégislatiFe  en  1791. 


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384  LE   CLERGÉ   DU  DIOCÈSE  DE   NANTES 

Prêtres  et  fidèles,  au  contraire,  lisaient  avec  avidité,  et  se 
passaient  sous  le  manteau^  les  brochures  imprimés  à  Paris 
chez  Crossart  et  chez  Guerbart,  et  surtout  le  Mandement  de 
JW  revécue  de  Nantes,  portant  adoption  de  l'Instruction 
pastorale  de  M^  fEvêque  de  Boulogne  sur  l'autorité  spirituelle 
de  V église.  «  Nous  vous  présentons  cet  ouvrage,  y  disait  M.  de 
la  Laurencie,avec  d'autant  plus  d'autorité  qu'il  a  été  adopté  par 
un  grand  nombre  de  nos  confrères  de  Tépiscopat.  »  L'évéque 
de  Boulogne,  M.  Asseline,  avait  en  effet  épuisé  le  sujet,  et  il 
était  difficile  de  faire  plus  net  et  plus  complet.  Cet  écrit  de 
36  pages  in-4'*,  sorti  des  presses  de  Guerbart,  imprimeur- 
libraire  à  Paris,  se  terminait  ainsi  :  «  Donné  au  Lude,  où  des 
circontances  particulières  nous  ont  obligé  de  nous  retirer,  le 
25  novembre  1790.  »  Il  était  signé  :  Ch.  Eutrope,év.  de  Nantes. 

11  avait  circulé  pendant  plusieurs  semaines,  échappant  à 
tout  regard  profane,  quand,  le  14  janvier,  il  tomba  aux  mains 
d'un  membre  de  la  Société  des  Amis  de  la  Constitution  qui 
courut  aussitôt  le  dénoncer  à  la  Municipalité  comme  un 
libelle  dangereux.  Deux  officiers  municipaux^  Lemeignen  et 
Beaufranchet,  se  rendirent  à  Tévôché  pour  fai^^e  une  perqui- 
sition qui  amena  la  saisie  de  seize  exemplaires.  MM.  Lemarié 
ôtd«  Billorgues,  chanoines,  et  M.  Langevin,  secrétaire  de 
révèché,  durent  subir  un  interrogatoire,  duquel  il  résulta  que 
M.  de  la  Laurencie  était  bien  l'auteur  du  mandement*.  Le 
Conseil  général  de  la  Commune  délibéra,  ôt^  «  pénétré  d'in- 
dignation contre  ceux  des  ministres  de  la  religion  catholique 
qui  se  permettent  de  l'outrager,  en  répandant  des  maximes 
séditieuses,  qui  tendent  à  tromper  et  à  égarer  les  fidèles», 
décida  que  les  deux  écrits,  (le  Mandement  et  l'Instruction) 
seraient  dénoncés  à  MM.  les  juges  du  tribunal  de  District, 
faisant  défense  à  tous  curés,  vicaires,  religieux,  de  les  pro- 
pager^ sous  peine  d'être  poursuivis  comme  perturbateurs 


*  Pièce  originale  {Arehine  du  greffe). 


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EN  1791  385 

du  repos  public*.  »  Presque  au  même  moment  ce  mandement 
était  dénoncé  à  Paris  au  Comité  des  recherches',  et  saisi  à 
Paimbœur,  à  la  suite  d*une  perquisition  chez  le  curé  de  la 
paroissn  8aint<*LouiSt  M.  Donatien  Delaville,  devenu  suspect 
aux  yeu^  de  la  Municipalité^  pour  avoir,  le  dimanche 
précédent^  fait  connaître  du  haut  de  la  chaire  sa  résolution 
de  ne  pas  prêter  le  serment'. 

Une  procédure  fut  commencée  par  le  tribunal  du  District 
de  Nantes  ;  des  curés ,  des  supérieurs  de  couvents  furent 
mandés  au  greffe  pour  y  être  interrogés  :  M.  Goat^  curé  de 
Saint-Donatien,  M.  Lesourd  de  l'Isle,  curé  de  Sàinte-*Rade- 
gonde^  M"*  Marie  de  la  Bourdonnaye,  supérieure  de  la 
communauté  de  Saint-Charles,  le  frère  Josaphat,  supérieur 
des  Frères  de  la  Doctrine  chrétienne,  et  même  le  père 
Sauveur  (René  Baudouin],  gardien  des  Récoilets,  et  M.  An- 
drieux,  curé  de  la  Madeleine  de  Clisson,  que  leurs  sympathies 
bien  connues  pour  les  idées  nouvelles  auraient  dû  mettre  à 
Tabri  du  soupçon.  L'évèque  et  son  secrétaire,  M.  Langevin, 
furent  décrétés  de  prise  de  corps  pour  ne  s'ôtre  pas  rendus 
à  l'assignation.  Toute  cette  procédure  fut  simplement  commi- 
natoire* car  je  n*ai  point  retrouvé  de  jugement  qui  ait  statué 
sur  le  délit^. 

Le  15  janvier,  on  afficha  une  longue  proclamation  de  Tad- 
ministration  du  Département  relative  au  serment  qui  allait 
être  demandé  à  tous  les  prôtres  exerçant  des  fonctions  pa^ 
roissiales.  Les  auteurs  affectaient  une  confiance  qu*ils  étaient 
loin  d'avoir.. .  ;  on  y  lisait  :  «  Quelques  personnes^  alarmées 
de  Tabsence  de  T Evoque  de  Nantes,  ont  pu  remarquer  avec 
inquiétude  les   menées  sourdes  et   la  distribution  furtive 


*  Ordre  du  14  janfier   1791.  Signé   dtt  maire  Kenrégan.  Journal  de  la 
Correspondance  de  Nantes.  T.  vu  p.  515. 
.  >  Le  15  janvier.  Eéimpression  du  Moniteur^  vii-13S 

>  Journal  de  la  Correspondance  y]i-518. 

«  Papiera  de  procédures  du  tribunal  de  Diitrict  de  Nantes  {Archives  dU 
greffé).  Comparutions  '21  janvier  1791.  —  Décrets  de  prise  de  corps  9  février  179L 
T.   VI.   —   NOTICES.   —  Vl*  ANNÉE,   4*  LIV.  26 


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386  LE  CLERGE   DU   DIOCESE   DE   NANTES 

d*écrits  incendiaires  décorés  du  titre  de  mandements,  mats 
une  juste  confiance  doit  nous  ranimer  et  dissiper  ces 
frayeurs,  qui  seraient  injurieuses  à  la  saine  partie  du  clergé. 
On  doit  éloigner  jusqu*à  Tidée  d'un  soupçon  qui  tend  à  com- 
promettre les  sentiments  connus  et  le  zèle  patriotique  de  nos 

respectables  curés Nous  pensons  qu'il  leur  tarde  de 

faire,  au  pied  des  autels,  en  présence  des  fidèles  et  du  Dieu 
de  vérité,  cet  acte  vraiment  religieux  et  digne  de  la  divinité, 
puisque  c'est  un  hommage  à  la  Patrie...  croiront^ils  que  leurs 
consciences  le  réprouvent,  comme  un  crime  ?  La  conscience  ! 
la  religion  !  prétextes,  sacrés  qu'on  voudrait  placer  entre  la 
toi  et  la  désobéissance!  Mais  c'est  un  abus  sacrilège  de  mots, 
et  cette  excuse  ne  peut  appartenir  qu'à  Ja  mauvaise  foi  et  à 
l'ignorance.  » 

Après  une  discussion  sur  la  formule  du  serment,  la  procla- 
mation continuait  ainsi  :  «  La  religion  n^est  point  en  danger  ; 
le  peuple,  prêt  à  mourir  pour  sa  défônse,  né  s'armera  pas 
poilr  la  querelle  de  quelques  hommes  .qui,  .dérobant  le  voile 
dé  cette  vierge  pure  et  céleste,  voudraient  en  couVrîr  les 
visions,  les  faux  scrupules  de  leur  conscience^:  et:  peut-être 
les  inspirations  d'une  honteuse  cupidité.  »  , 

Toutefois,  comme  on  ne  pouvait  espérer  que  tous  les 
prêtres,  sans  exception,  se  conformeraient  à  la  loi,  les  admi- 
nistrateurs rappelaient^  en  terminant,  aux  officiers  muni- 
cipaux qu'il  était  de  leur  devoir  «  d'empêcher  qu'il  fut  dit  ou 
fait  aucune  injure  ou  violence,  même  aux  ecclésiastiques 
dissidents*.  » 

.  Cette  proclamation  était  à  la  fois  mensongère  et  hypocrite  : 
mensongère,  car  la  lettre^  qui  a  été  citée  tout  à  l'heure^ 
démontre  que  Ton  savait  très  bien  que  les  dispositions  du 
clergé  étaient  très  différentes  de  celles  qu'on  lui  prêtait  ; 
hypocrite,  puisqu*en  affectant  de  prêcher  la  modération 
envers  les   prêtres,  qui  feraient  usage  de  leur  liberté  en 

•  Départ.  L.  15  janv.  179!  (•  18. 


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EN  1791  387 

refusant  le  serment,  on  les  dénonçait  à  l'opinion  publique 
comme  de  mauvais  citoyens  dont  la  résistance  était  inexcu- 
sable. 

Le  district  deClisson,  effrayé  des  conséquences  du  mécon- 
tentementque  la  cessation  de  l'exercice  du  culte  allait  exciter 
parmi  les  populations  qui  Tentouraient,  demanda  à  ce  mo- 
ment au  Département  «  d'enjoindre  auit  recteurs  et  autres 
fonctionnaires  >'  qui  refuseraient  le  serment,  de  continuer 
leurs  fonctions  jusqu'à  leur  remplacement.  Un  pareil  ordre 
devant  certainement  encourager  les  refus  de  serment,  il  était 
naturel  que  le  département  blâmât  le  district  de  Clisson  de 
ravoir  sollicité,  mais  il  était  si  évident  qu'en  fait  les  choses 
se  passeraient  ainsi,  que  cette  administration,  en  déférant 
Tarrôlédu  dislrictde  Clisson  à  l'Assemblée  nationale, déclara 
que,  malgré  leur  apparente  nécessité^  il  ne  pouvait  approuver 
de  pareilles  mesuresV  • 

L'Assemblée  constituante  fut  plus  libérale;  elle  comprit 
que  l'exercice  du  culte  ne  pouvait  être  interrompu  sans  de 
graves  inconvénients,  et  V Instruction  sur  la  Constitution  civile 
du  clergé^  promulguée  en  forme  de  décrut  lu  20  janvier  1791', 
décida  qu'il  ne  fallait  regarder  comme  perturbateurs  du 
repos  public  que  «  ceux  des  prêtres  qui,  élevant  autel  contre 
autel,  ne  céderaient  pas  leurs  fondions  à  leurs  successeurs. 
G'estcette  dernière  résistance  que  la  loi  bl conde^mnée,  jusqu'au 
remplacement  rex^cice  des  fonc^tions  est  censé  avoir  dii  et  te 
continué.  »  Aux  termes  de  Y  Instruction,  tous  les  prêtres  non 
remplacés  étaient  donc  autorisés  à  demeurer  en  fonctions, 
et  comme  c'est  à  peine  si,  dans  la  Loire-Inférieure,  on  pourra 
réussir  à  remplacer  la  moitié  d'entr'eux^  les  autres  seront 
fondés  à  se  prévaloir  de  ce  texte  pour  continuer  l'adminis- 
tration de  leurs  paroisses. 

La  première,  et  l'on  pourrait  dire  la  seule  adhésion  col- 
lective à  la  doctrine  du  serment,  fut  celle  de  l'Université  de 

•  Départ.  L.  18  janvier  1791  f.  24. 
'  Duver^'.  Collection  de  loùsU^  176. 


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388  LE   CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DE   NANTES 

Nantes.  Le  21  janvier  1791,  les  membres  des  Facultés  de 
théologie,  de  médecine,  et  des  arts,  ayant  à  leur  tôte  le  doc- 
teur Lefebvre,  se  présentaient  à  THôtel-de- Ville,  et  étaient 
accueillis  par  un  nolabte,  remplaçant  le  maire  absent. 

((  LTJniversité,  dit  le  recteur,  vient  reinercier  publique- 
ment l'Assemblée  nationale  de  ses  importants  travaux  sur 
la  Constitution  civile  du  clergé,  et  reconnaître  que  le  régime, 
qui  lui  est  prescrit,  est  littéralement  celui  que  le  divin  fon- 
dateur du  Christianisme  lui  avait  assigné,  et  dont  Tesprit 
d'ambition  et  d'intérêt  TaVait  détourné. . .  » 

«  ...  Ce  n'est  qu'avec  la  plus  vive  indignation  que  l'Uni- 
versité a  appris  les  déclamations  insensées  et  furieuses  que 
se  permettent  des  prêtres  égarés  par  les  regrets  de  la  perte 
de  leur^  biens  et  de  leurs  privilèges,  et  elle  se  hâte  de  mani- 
fester son  improbation . . .  L'Université  vient  jurer  d'être 
fidèle  à  la  Constitution...  » 

Le  serment  des  médecins  importait  peu,  mais  ce  qui  don- 
nait à  la  démarche  des  membres  de  l'Université  une  grande 
importance,  c'est  que,  dans  le  cortège  du  recteur,  figuraient 
plusieurs  prêtres,  qui  étaient,  pour  la  faculté  de  théologie  : 
MM.  Delaville,  curé  de  Sainte-Croix ,  et  Lebreton  de  Gaubert, 
curé  de  Saint-âimilien  ;  pour  la  faculté  des  arts  :  Lenoble, 
préfet  de  l'Oratoire,  Desperel,  professeur  de  logique.  La- 
chaud,  professeur  de  rhétorique,  appartenant  tous  les  trois 
à  cette  lîiême  congrégation.  Le  procès-verbal  mentionne 
plusieurs  autres  professeurs  de  l'Oratoire,  qu'il  est  inutile 
de  nommer  ici,  parce  que  la  question  de  savoir  s'ils  étaient 
engagés  dans  les  ordres  sacrés  me  semble  fort  douteuse. 

Le  notable  donna  lecture  d'une  lettre  de  M.  Lefeuvre,  curé 
de  Saint-Nicolas,  dans  laquelle  il  annonçait  que,  le  dimanche 
suivant,  23  janvier,  il  prêterait  le  serment  prescrit  par  le 
décret  du  27  novembre,  en  compagnie  de  ses  quatre  vicaires 
et  de  huit  prêtres  de  chœur,  de  son  église. 

Le  procureur  de  la  Commune  lut  à  son  tour  une  liste  de 
prêtres,  dès  à  présent  disposés  à.prêter  le  serment,  et  com- 


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EN  1791  389 

prenant  deux  carmes,  un  trinitaire,  un  bernardin  et  les  trois 
maires-chapelains  de  la  cathédrale'.  t 

Le  dimanche,  23  janvier  1791,  expiraient  les  délais  dans 
lesquels  les  prêtres  devaient  se  prononcer  sur  l'acceptation 
ou  le  refus  de  serment. 

A  Nantes,  M.  Lebreton  de  Gaubert,  curé  de  Saint-Simi- 
lien,  et  plusieurs  de  ses  vicaires  ;  le  curé  de  Saint-Nicolas  et 
tout  le  clergé  de  sa  paroisse  ;  M;  Delaville,  curé  de  Sainte- 
Croix  et  plusieurs  de  ses  vicaires  et  Vôtres  habitués,  prô* 
tèrent  le  serment. 

Ce  dernier  prononça  môme  à  cette  occasion  un  long 
discours  dans  lequel  il  reprit  et  développa  tous  les  arguments 
que  Ton  pouvait  donner  en  faveur  de  Torthodoxie  du  serment. 
Ce  discours  mérite  d*ôtre  lu,  car  il  est,  à  cause  du  caractère 
respectable  de  son  auteur,  qui  ne  fît  à  vrai  dire  que  traverser 
le  schisme  sans  s'y  arrêter,  Tun  des  signes  les  plus  remar- 
quables du  trouble  des  esprits  à  cette  époque.  M.  Delaville  ad- 
mettait comme  un  principe  que  l'Assemblée  nationale  n'avait 
pas  prétendu  toucher  au  spirituel,  alors  que  le  contraire  résul- 
tait avec  évidence  d'une  foule  de  faits,  sans  parler  des  dispo- 
sitions elles-mêmes  de  la  Constitution  civile.  Vainement 
M.  do  Bonnal,  évêque  de  Clermont,  avait  demandé  à  la  tribune, 
de  prêter  son  serment,  «  en  exceptant  formellement  les  objets 
qui  dépendent  essentiellement  de  Tautorité  spirituelle,  »  sa 
demande  avait  excité  un  véritable  tumulte  dans  l'Assemblée, 
et  il  avait  élé  sommé  de  prêter  le  serment  pur  et  simple, 
en  portant  adhésion,  non  seulement  à  la  constitution  poli- 
tique, mais  aussi  à  la  constitution  civile  du  clergé'.  M.  Dela- 
ville allait  fort  loin  dans  sa  démonstration,  car  il  admettait 
aisément  lé  remplacement  des  évoques  institués  par  dos 
évêques  élus,  et  traitait  de  propos  ridicules  les  dires  de  ceux 
qui  prétendaient  que,  dans  le  nouvel  ordre  de  choses,  les 

^  Broch,  in-8%   Nantes^  Malassis,  1791.  Journal  delà  Correspondance^ 
t.  vm,  2«  suppl.  au  n*  35,  p.  571 . 
*  Séance  du  2  janvier  1791,  Joum,  des  Débats,  n*  508     .  3. 


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390  LK   CLERGÉ  DU   DIOCÈBE   DE   NANTES 

prêtres  assermentés  n'auraient  plus  de  pouvoirs.  Ce  discours, 
de  même  que  ceux  prononcés  par  quelques  autres  curés,  fut 
publié  par  le  Journal  de  la  Correspondance  de  Nantes  ;  il 
fut,  en  outre,  imprimé  en  brochure  pour  être  distribué*. 

Le  dimanche  23  janvier,  et  les  deux  dimanches  suivants, 
le  serment  ne  fut  prélé  que  par  des  curés  et  des  vicaires 
fonctionnaires  publics.  Les  reUgieux,  qui  avaient  quitlé  le 
cloître  et  qui  étaient  disposés  à  se  rallier  à  l'église  constitu- 
tionnelle, attendaient  généralement  pour  apostasier  qu*on 
leur  offrit  les  cures  vacantes,  ce  qui  ne  pouvait  tarder  bien 
longtemps.  Sauf  d'ans  deux  ou  trois  paroisses,,  à  Vieillevigne, 
où  il  y  eut  une  véritable  émeute,  contre  laquelle  on  déploya 
le  drapeau  rouge',  et  à  Basse-Goulaine',  où,  le  maire  somma, 
publiquement  dans  l'église,  le  curé  et  le  vicaire  de  prêter  le 
serment,  la  journée  du  23  janvier  se  passa  sans  incidents 
graves.  Quelques  prêtres,  malgré  les  termes  très  nets  du 
décret  du  4  janvier,  jurèrent  avec  restriction,  et  n'en  furent 
pas  moins  considérés  par  leurs  municipalités  comme  ayant 
satisfait  à  la  loi,  décisions,  qui  ne  furent  pas  ratifiées  par  le 
Département,  et  contre  lesquelles  protestèrent  les  prêtres 
eux-mêmes.  Un  journal  osa  prétendre  que,  les  délais  expirés, 
des  prêtres  disposés  à  se  soumettre,  le  curé  de  Chantenay, 
et  celui  de  la  Ghapelle-sur-Erdre  notamment,  n'avaient  point 
été  admis  le  faire*,  mais  le  nombre  des  assermentés  était  trop 
petit  pour  que  le  département  élevât  une  pareille  prétention, 

^  Brochure  in-8«  d«  29  p.  Nantes, Malassis,  et  Journal  de  la  Correspondance 
n«*G(u  26  janvier  1791,  p.  586  et  30  janvier  1791  p.  31.  On  trouve  aussi  dans 
«ce  journalles  discours  prononcés  dans  la  même  circonstance  par  Breny, 
recteur  de  Saint-Père-en-Retz,  n*  du  4  février  1791,  p'.  55;  par  Denghin, 
curé  de  Saint-Jean-de-Boiseau,  n*  du  H  février  p.  12S;par  Samson,  curé 
d*Ancenis,  n*du  11  février  ;  parMaupan,  recteur  de  Moatrelais,  n»  du  23  fé- 
vrier 1791  p.  189.  —  Mentionnons  aussi,  pour  mémoire,  les  lettres  en  faveur 
du  serment,  de  Méchin,et  les  discours  de  Mabille  et  du  curé  de  Saint-Nicolas 
n**  2G  février,  p.  176,  2  et  4  mars,  p.  235  et  250  ;  et  le  discours  de  Pichon,  curé 
de  Drefféac.  (Catalogtie  de  la  Bibliothèqtte  de  Nantes  n*  37,961). 

*  Département  L.  25  janvier  1791,  f».  43. 
'  District  de  Nantes,  24  janvier  1791. 

*  Chronique  de  la  Loire^Inférieure  du  9  février  1791,  n»  15. 


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m  1791  :^i 

D'ailleurs  ces  deux  curés  protestèrent,  eux  aussi,  dès  qu'ils 
purent  le  faire,  contré  Tintention  qu^on  leur  avait  prêté  de  se 
soumettre  à  la  loi.  Les  délais  furent  d*ailleurs  prorogés 
par  un  décret*. 

Dès  le  25  janvier,  le  département  constatait  Tinsuccès  de  sa 
proclamation,  et  attribuait  cet  insuccès  à  Tabsence  de 
révoque  «  et  à  l'incertitude,  ou  plutôt  à  la  crainte  qu'il  ne 
voulut  pas  se  soumettre  au  serment*  »  et  il  écrivait,  peu 
après,  au  ministre  de  Tintérieur  :  «  Nous  avions  e3péré 
jusqu'ici  pouvoir  maintenir  la  tranquillité,  mais  nous  voyons 
que  le  serment  à  prêter  par  les  prêtres^  et  le  refus  de  plu- 
sieurs d'entr'eux  de  s'y  conformer,  agitent  les  habitants  des 
campagnes  ;  quoiqu'il  ne  se  soit  pas  encore  commis  d'excès, 
on  remarque  des  attroupements  qui  pourraient  devenir  in- 
quiétants, si  nous  ne  disposions  d'une  force  capable  d'en 
imposer.  Nous  vous  prions  de  nous  expédier,  le  plus  tôt 
possible,  un  régiment  de  troupes  de  ligne,  persuadés  que  ce 
nombre  suffira  pour  le  moment'.  »  Ces  craintes  étaient 
prématurées,  car  l'immense  majoi<ité  des  curés  et  des  vicaires 
étaient  restés  dans  leurs  paroisses,  et  les  attroupements  ne 
deviendront  inquiétants  que  lorsqu'il  s'agira  de  chasser  les 
anciens  prêtres  et  de  les  remplacer  par  des  intrus. 

Quelques-uns  cependant  ayant  cru  devoir  quitter  leurs 
églises  après  le  23  janvier,  le  Département  s'occupa  de  les 
faire  remplacer,  et,  le  31  janvier,  le  lendemain  du  dimanche 
où  la  messe  paroissiale  avait  manqué,  à  Ghantenay,  à  Saint- 
Colombin,  à  la  Chevrolière,  à  la  Chapelle-sur-Erdre,  pluaieurs 
lettres  furent  adressées  aux  pères  gardiens  des  Carmes  et  des 
Capucins  pour  les  prier  d'envoyer  des  religieux  dans  ces 
paroisses.  Un  certain  père  Martin,  carme,  ayant  été  désigné 
pour  Saint-Colombin,  on  écrivit  à  M.  de  laTullaye,  vicaire-gé- 
néral, pour  le  prier  de  lui  accorder  les  pouvoirs  nécessaires*. 

■  Déecet  du  18  mars  1791.  DuTer^.  ColL  de  lois,  II,  263. 

•  Départ.  L.  ^5  janvier  1791. 

>  Registre  Comptabilité  et  gnerre,  3  février  1791  f.  23. 

*  Direct,  de  départ.  Correspond.  Si>crétariat,  f*  29. 


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392  LE  cle.;gé  du  diocèse  de  nantes 

A  en  juger  par  le  nombre  assez  considérable  de  lettres^ 
qui  se  trouvent  encore  dans  les  dossiers,  pour  avoir  été 
saisies  lors  des  arrestations  de  prêtres,  la  correspondance 
des  membres  du  clergé  entr'eux  dut  être  fort  active  durant 
cette  période  de  la  crise  du  serment.  Ceà  lettres  ne  présentent 
qu'un  très  médiocre  intérêt;  elles  témoignent  seulement  de 
la  vivacité  des  sentiments  qui  animaient  les  esprits  départ 
et  d'autre.  Le  goût  de  la  chanson  est  passé,  mais  il  était  alors 
très  répandu,  et  j*en  ai  trouvé  une  fort  longue  d'une  versifi- 
cation très  incorrecte,  sur  l'air  :  0  ma  tendre  musette^  où  les 
prôlrés  les  plus  connus  du  diocèse,  apostats  et  fidèles,  avaient 
chacun  leur  couplet. 

En  voici  quelques-uns  : 

Monsieur  Lescan*  bien  sûr. 
Ne  prêtera  pas  serment, 
11  préfère,  on   assure, 
Verser  jusqu'à  son  sang. 

Monsieur  Lepré',  bon  prêtre, 
Ne  veut  non  plus  jurer. 
Il  préfèr'  reconnaître 
Celui  qui  Ta  créé. 

En  priant  sainte  Ursule, 
D'intercéder  pour  lui, 
Il  est  dans  sa  cellule, 
Au  pied,  du  crucifix. 

Un  maudit  apostat 
Pour  exhaler  sa  bile. 
Envoyé  des  Etats, 
Prêcherait  révangile  ! 

Sans  pouvoir  de  l'Eglise, 
Ck>mment  agirait-il? 
Inf&me  marchandise 
C'est  le  père  LatyP  ! 

'    Dmçtear  da  Séminaire  de  Saint-Clément. 

•  AnmAnier  des  Ursulines. 

•  Oratoritn,  député  aux  Etats  généraux.     —  Papiers  saisis  à  Mauves  le  21 
août  i79t  par  le  commandant  Schiitt.  {Arch.  dép,). 

• 


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EN  1791  393 

En  définitive,  si  l'on  se  reporte  à  un  état  officiel  envoyé  au 
comité  ecclésiastique  le  20  mai  1791»  et  comprenant  les  prêtres 
fonctionnaires  publics  du  département,  moins  ceux  du  district 
de  Nantes,  que  j'ai  comptés  moi-môme,  il  y  eut  153  prestations 
de  serment,  dont  une  quinzaine  au  moins  avec  des  restric- 
tions qui  en  changeaient  le  caractère,  et  des  rétractations, 
plus  ou  moins  promptes^  dont  le  nombre  augmentait  tous 
les  jours. 

l""  District  de  Nantes^     sur  171  prêtres,  45  assermentée. 


2» 

— 

d'Ancenis, 

66 

— 

20 

3» 

— 

Blain, 

38 

— 

5 

4» 

— 

Chftteaubriant, 

40 

— 

8 

5« 

— 

Giisson, 

72 

— 

10 

e» 

— 

Guérande, 

60 

— 

25 

7» 

— 

Machecoul, 

58 

— 

8 

8* 

— 

Paimbœaf, 

48 

— 

20 

9» 

— 

Saivenay, 

43 

614 

— 

12 
153 

En  envoyant  ces  résultats  au  Comité  ecclésiastique,  le 
procureur^syndic  écrivait  :  «  L'administration  désirerait  que 
ce  tableau  présentât  des  résultats  plus  consolants  pour  les 
vrais  amis  de  la  patvie  et  de  la  religion  ;  heureusement  les 
autres  départements  ne  sont  pas  dans  une  situation  aussi 
afflgeante,  et  il  est  notoire  que  la  plupart  offrent,  dans  un 
tableau  inverse,  le  nombre  des  bons  dominant  sur  le  nombre 
des  méchants.  x> 

Des  prêtres  et  des  religieux  des  diocèses  voisins,  et  des  re- 
ligieux du  diocèse  de  Nantes,  augmenteront  dans  une  pro- 
portion assez  notable  le  personnel  de  TÉglise  constitu- 
tionnelle, mais  jamais,  comme  on  le  verra,  on  ne  réussira  à 
trouver  assez  de  sujets  pour  pourvoir,  de  curés  seulement, 
sans  parler  des  vicaires,  la  moitié  des  paroisses  rurales. 


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394  I.E    CLERGÉ   DU    DIOCÈSE   DE   NANTES 


CHAPITRE   II 

La  suppression  des  chapitres  et  le  remaniement  des  circonscriptions  p  V- 
roissiales  demandés  à  M.  de  la  Laurencie  —  Son  refus  —  NouTeik 

*  sommation  adressée  à  ce  prélat  —  La  Société  des  Amis  de  la  Cons- 
titution ou  club  des  Capucins-— vOéoret  rektif  à  des  érections  et  à 
dea  aappTeisioni4ej[iaioÎMe8  «-Ikuterras  des  administrations  pour 
r^rganisAtioo  de  la  paroisse  cathédrale  ^  l^e  Département  décide 
qu'on  nommera  un  snccessear  à  M.  de  la  Laurencie  —  Premières 
électiona  des  curés  constitutionnels  —  Rareté  des  sujets  —  Dé- 
chéance de  M.  da  la  Laurencie  proaoncée  par  le  Déparlement  — 
BleetioQ  4e  Minée  61  son  arrivée  à  Nantes  —  Sa  demande  de  reculer 
Tépoque  de  sa  pnsa  do  possession  —  Difficultés  que  présentent 
l*in9tallalÎQQ  et  le  eaaintiea  des  curés  élus  dans  les  paroisses  ^  La 
persécution,  cansèqtteaoe  inévitable  de  l'introduction  du  cul.e  cons- 
titutionnel dans  la  Loire-Inférieure. 

L'administration  du  Département  n'avait  pas  attendu  la 
promulgation  du  décret  sur  le  serment,  pour  e:ltiger  le  con- 
cours de  M.  de  la  Laurencie  à  l'application  de  certaines 
dispositions  de  la  Constitution  civile  du  clergé.  Dès  la  fin  de 
novembre,  elle  Tavait  mis  en  demeure  de  prononcer  la  sup- 
pression des  chapitres  et  celle  de  plusieurs  petites  paroisses 
avoisinant  Saint-Pierre,  dont  les  territoires  devaient,  dans  le 
nouveau  plan,  former  la  paroisse  cathédrale. 

Les  chapitres  avaient  été  supprimés  malgré  les  protesta- 
tions de  révoque,  mais  on  n'avait  pu  réussir  à  former  la 
circonscription  cathédrale,  à  raison  de  certaines  formes  de 
procédure  qui  exigeaient  le  concours  du  prélat.  M.  de  la 
Laurencie  était  parti  de  Nantes,  peu  de  jours  €iprès  cette  pre- 
mière mise  en  demeure,  et  Ton  pensait,  qu*aux  termes  de  la 


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EN  1791  395 

loi,  i\  y  avait  Heu  de  la  renouveler  ;  mais  alors  il  n'y  aurait 
plusd'obstacles  à  la  réussitederopération,undéeret  addition- 
nel à  la  Constitution  civile,*  ayant,  en  prévision  du  refus  de 
concours  de  révoque,  autorisé  à  passer  outre,  après  que  ce 
refus  aurait  été  formellement  constatéV  La  suppression  de 
de  ces  petites  paroisses  apparaissait  d'ailleurs  comme  d'autant 
plus  urgente,  qu'aucun  de  leurs  curés  n'ayant  prêté  serment, 
il  n'y  avait,  provisoiremerit,  aucun  moyen  légal  de  fermer 
leurs  églises  ou  d'y  introduire  l'exercice  du  nouveau  culte. 
Déplus,  la  loi  disait  positivement  que  la  paroisse  épiscopale 
devait  être  organisée  avanttoutes  les  autres. 

Le  procureur  syndic  invita  le  District,  par  lettre  du  30  jan- 
vier, à  préparer  sans  délai  le  travail, et,  dès  le  3  février,  cette 
administration,  par  exploit  de  l'huissier  Ruelle,  requérait 
le  concours  de  l'évoque  pour  l'étude  de  la  nouvelle  circons- 
cription, et  lui  notifiait,  le  lendemain,  que  ses  membres  se 
transporteraient,  le  7  février,  à  Tévéché,  à  10  h.  du  tnatih, 
pour  travailler  avec  lui*.  Ce  n'était  que  pour  la  forme  qu'on 
agissait  ainsi,  car  on  savait  parfaitement  que  l'évêque  ne 
se  trouverait  pas  au  rendez-vous.  Au  môme  moment,  un 
membre  du  club  des  amis  de  la  Constitution  séant  aux  Capu- 
cins dénonçait  bien  haut  «  la  conspiration  des  ministres 
d'un  Dieu  de  paix,  qui  voudraient  faire  tomber  les  patriotes 
sous  le  couteau  du  fanatisme,  à  la  lueur  de  l'embrasement 
de  nos  cités*.  »  Le  24  février,  le  Déparlement  enregistrait 
le  travail  du  District,  et  l'envoyait  à  l'Assemblée  nationale 
pour  qu'il  fut  converti  en  loi.  Cinq  des  anciennes  paroisses 
de  la  ville  étaient  conservées  :  Sainte-Croix,  Saint-Nicolas, 
Saint-Similien,  Saint-Clément  et  Saint-Donatien.  Trois  nou- 
velles étaient  formées  :  !•  La  paroisse  épiscopale  de  Saint- 
Pierre  comprenait  le  territoire  de  huit  paroisses  supprimées  : 
Saint -Jean,    Notre-Dame,    la    Collégiale,    Saint-Laurent,  y 

^  Duvergier  Collect.  de  loUt  n*  ^••« 

'Pièces originales.  Délib.du  Districtde  Nantesdu  4 février  17U1  (Arch,  Dép,), 

'  Journal  de  la  Correspondauce  de  Nantesdu  G  février  1791,  p.  77, 


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396  LE   CLERGÉ  DU  DIOCÈSE    DE   NANTES 

Saint-Dénis,  Saint-Vincent,  Saint-Léonard,  Sainte-Radegonde, 
Saint-Saturnin  ;  2°  Notre-Dame,  formée  d'un  démembrement 
des  paroisses  de  Chantenay  et  de  Saint-Nicolas,  avec  siège 
provisoire  à  Téglise  du  Sanitat  et  succursale  à  Téglise  des 
Capucins  de  THermitage  ;  3*  Saint-Jacques,  avec  siège  à 
l'église  des  bénédictins  de  Pirmil  et  succursale  à  la  chapelle 
de  Toussaints.  Les  paroisses  de  Glisson  étaient  également 
remaniées  et  réduites  à  une  seule*. 

Les  églises  des  paroisses  supprimées  furent  fermées  ;  toute- 
fois,pour  organiser  la  paroisse  épiscopale,  il  fallait  un  nouvel 
évoque,  et,  avant  de  le  nommer,  il  fallait  déposséder  de  son 
siège  celui  qui  l'occupait.  Déjà  les  électeurs  des  districts  de 
Nantes  et  de  Paimbœuf  avaient  été  convoqués  pour  le  20 
février,  à  Teffet  d'élire  des  curés  à  la  place  de  ceux  qui  avaient 
refusé  le  serment.  Mais  la  désignation  des  prôtres  asser- 
mentés, c'était  l'histoire  dû  tonneau  des  Danaïdes,  la  liste 
n'était  jamais  romplie  ;  on  avait  beau  faire  des  élections 
elles  étaient  toujours  à  refaire,  et  à  la  fin  de  1792,  il  y  aura 
encore  des  paroisses  que  les  électeurs  n'auront  pu  réussir 
à  pourvoir.  Tantôt  le  môme  prêtre  était  nommé  dans  plu- 
sieursparoisses  par  différents  districts,  tantôt  celui  qui  était 
nommé  ne  voulait  pas  de  la  paroisse  pour  laquelle  on 
l'avait  désigné  ;  souvent  aussi  celui  qui  avait  pris  posses- 
sion de  sa  paroisse  demandait  à  la  quitter,  et,  telle  était  la 
mobilité  de  ce  personnel  assermenté,  qu'il  serait  facile  de 
démontrer,  en  dépouillant  les  trente  procès-verbaux  d'élec- 
tions qui  ont  échappé  à  la  destruction,  qu'à  l'exception  des 
anciens  curés  qui  furent  maintenus  dans  leurs  paroisses  après 
leur  serment  et  des  curés  de  la  ville  de  Nantes,  on  ne  trou- 
verait pas  dix  des  nouveaux  élus  qui  aient  séjourné  six  mois 
mois  dans  les  paroisses  où  ils  avaient  été  envoyés. 


'  Département  24  fémor  1791.  Décret  du  3  mars  Journal  des  Débats  et  des 
décHtSt  N»  637,  p.  U.  Voir  aussi  pour  plus  de  détails  :  M.  Tabbé  Grégoire, 
Etat  du  diocèse  de  Nantes^  et  Semait^  religieuse  du  diocèse  de  Nantei,n*  du 
5  fémer  1887.  Département  Q.  arrêté  du  29  avril  1791. 


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BN  1791  397 

La  certitude  morale  que  M.  de  la  Laurencie  ne  consentirait 
jamais  à  prâter  le  serment  résultait  de  son  attitude,  et  de  la 
publication  de  son  mandement  saisi  le  14  janvier,  mais 
comme  il  continuait  à  ne  pas  donner  de  ses  nouvelles,  et 
qu*il  était  possible  que  la  promulgation  du  décret  relatif  au 
serment  fut  postérieure  à  son  établissement  à  l'étranger,  ce 
qui  eut  augmenté  beaucoup  les  délais,  les  administrateurs 
hésitaient  à  prononcer  officiellement  sa  déchéance  pour 
cause  de  refus  de  serment. 

Le  19  février,  le  procureur-syndic  du  Département  se 
décida  à  exposer  que,  depuis  trois  mois,  le  diocèse,  privé  de 
son  chef,  était  dans  un  état  de  désorganisation  effrayante.  Il 
ajouta  que  la  terreur  et  Tularme  étaient  dans  les  campagnes, 
et  qu'il  était  à  peu  près  certain  que  M.  de  la  Laurencie  était  au 
Lude  et  non  en  Espagne,  comme  le  bruit  en  avait  couru  ;  que, 
par  conséquent,  son  refus  de  serment  était  certain,  et  qu'il 
y  avait  lieu  de  convoquer  les  électeurs  pour  lui  donner  un 
remplaçant. 

Le  Département  admit  ces  conclusions,  et,  le  21  février, 
décida  en  principe  que  les  électeurs  seraient  convoqués  pour 
le  20  mars,  date  qui  fut  peu  après  avancée  d'une  semaine  ; 
afin  aussi  d'avoir  des  renseignements  précis  sur  le  séjour  de 
M.  de  la  Laurencie  au  Lude,  un  membre  du  Département 
reçu  t  la  mission  de  se  rendre  dans  la  Sarthe'.  Il  résulta  de 
Tenquête  que  M.  de  la  Laurencie  avait  séjourné  environ 
six  semaines  au  Lude,  et,  qu*au  milieu  de  janvier,  un  di- 
manche, il  était  sorti  en  voiture  du  parc  du  château  du  Lude 
et  avait  pris  la  direction  de  Tours. 

Une  lettre  du  28  février,  adressée  aux  neuf  districts,  en- 
joignit de  convoquer  les  électeurs  ^ui  devraient  se  trouver 
réunis,  le  13  mars,  dans  la  cathédrale,  afin  d'assister  à  la 
messe,  et  procéder  ensuite  à  l'élection  d'un  évêque. 

Minée,  élu  le  13  mars,  sacré  à  Paris  le  10  avril,  arriva  à 

*  Département.  Délibération  du  24  février  1791,  folios  130  et  142.. 


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398  LE   CLERGÉ    DU    DIOCESE   DE  NANTES 

Nantes  le  15  du  môme  mois  et  vint  demander  lui*mômo  au 
Département  que  la  cérémonie  de  son  installation  fut  reculée 
au  dimanche  de  la  Quasimodo,  i*  mai,  c<  afin,  dit-il^  que  les 
prêtres  réfractaires  ne  prissent  pis  prétexte  de  son  instal- 
lation pour  abandonner  Leurs  fonctions,  ce  qui,  dans  la  quin- 
zaine de  Pâques,  gênerait  extrêmement  le  peuple  et  pourrait 
porter  les  âmes  faibles  et  séduites  à  des  excès  et  compro- 
mettre la  tranquillité  publiqueV  » 

Cette  demande  fut  accueillie  favorablement  par  le  Direc- 
toire, sur  la  proposition  du  procureur-syndic,  qui  fit  con- 
naître en  même  temps  que  M.  Minée,  aussitôt  après  cette 
cérémonie,  s'occuperait  de  la  formation  de  sa  paroisse  épis- 
copale,  de  Torganisation  des  paroisses  nouvelles  à  établir 
à  Nantes^  et  conférerait  Tinstitution  canonique  aux  curés 
élus.  Alors^  ajouta-t-il,  il  n'y  aura  plus  de  raison  pour  que 
les  municipalités  tardent  à  installer  les  curés  qui  leur  ont 
été  attribués  par  les  électeurs,  et,  «  si  le  clergé  était  assez 
téméraire  pour  méditer  une  coupable  résistance,  la  loi  dé- 
ploierait alors  toute  sa  rigueur*.  » 

Les  dépositaires  de  Tautorité  croient  volontiers  que  la  force 
triomphe  de  toutes  les  résistances.  Parce  qu'ils  avaient  aisé- 
ment dépossédé  M.  de  la  Laurencie  de  son  siège^  et  l'avaient 
remplacé  par  Minée,  les  administrateurs  de  la  Loire-Infé- 
rieure s'imaginaient  qu'ils  réussiraient  à  imposer  aux  pa- 
roisses rurales  des  prêtres  constitutionnels  à  la  place  de 
leurs  anciens  curés.  La  situation  pourtant  était  bien  diffé- 
rente :  M.  de  la  Laurencie  avait  quitté  volontairement  son 
diocèse,  et  Minée  avait  été  reçu  et  intronisé  dans  une  grande 
ville  où  les  partisans  des  idées  révolutionnaires  étaient  nom- 
breux et  puissants  ;  dans  les  campagnes,  au  contraire,  il 
faudrait  déposséder  des  prêtres  aimés  et  estimés,  qu'aucune 
loi  n'avait  privés  du  droit  d'habiter  leurs  anciennes  paroisses, 


'  Département.  L.  17  avril  1791,  f«  65 
>  Eod.,  27  avril  17»l.  (•  86. 


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EN  1791  399 

et  ceux,  qu'on  devait  bientôt  nommer  des  intrus,  y  arri- 
veraientdéconsidérés  d'avance  aux  yeux  de  populations  sin- 
cèrement catholiques,  et,  par  conséquent,  hostiles  aux 
nouveaux  arrivants. 

Il  est  évident  que  les  administrateurs  ne  se  doutaient  pas 
à  ce  moment  des  difficultés  qui  allaient  surgir  de  tous  les 
côtés.  Ce  sera  d'abord  la  pénurie  des  assermentés,  parfois 
leur  indignité  manifeste,  souvent  la  résistance  des  parois- 
siens à  les  recevoir  et  à  les  conserver  au  milieu  d*eux,  mais 
ce  sera  surtout  la  nécessité  à  laquelle  on  sera  amené  d'in- 
terdire Texorcice  du  culte  aux  prêtres  réfractaires.  Dans  la 
voie  de  la  persécution  la  pente  est  rapide^  il  est  rare  que  les 
lois  suffisent  aux  besoins  du  moment,  l'arbitraire  intervient 
toujours,  et  il  marche  devant  les  lois>  que  Ton  fait  de  plus  en 
plus  sévères,  pour  consacrer  ses  premiers  actes.  On  croira 
suffisant  d'éloigner  les  prôtres  de  leurs  anciennes  paroisses, 
et  Ton  s'apercevra  que,  partout  où  ils  vont,  ils  sont  respectés, 
entourés  et  sollicités  d'exercer  leur  ministère.  Les  mesures 
deviendront  progressivement  plus  restrictives  de  leur  liberté, 
jusqu'au  moment  où  la  loi  de  la  déportation  n'ayant  pas 
réussi  à  débarrasser  complètement,  comme  on  Tespérait,  le 
territoire  français  de  tous  les  prôtres  non  assermentés^  on  les 
fera  mourir  sur   Téchafaud. 

Comme  on  le  verra,  dans  les  chapitres  qui  vont  suivn\ 
l'histoire  du  diocèse  de  Nantes  à  partir  du  mois  de  mai  1791. 
n'est  pas  autre  chose  que  Thistoire  de  la  persécution  exercée 
contre  les  prêtres  fidèles  et  soufferte  par  eux  avec  un  admi- 
rable courage. 


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400  LE   CLEIIOÉ  DU  DIOGKSE   DE  NANTES 


*  CHAPITRE   III 

GoQtinuatioa  de  rezercice  da  culte  par  les  prêtres  non  assermentés*  — 
Des  suppressions  de  traitements  —  Opinion  de  Mirabeau.  —  Pour- 
suites exercées  contre  les  prêtres  depuis  le  commencement  de  l'année 
479i«  — •  Affaire  du  curé  de  Gasson,  —  Interdiction  aux  prêtres  non 
assermentés  de  desservir  les  chapelles  et  prieurés.  -^  Le  serment 
imposé  arbitrairement  aux  prêtres  de  chœur  de  Sainte-Groix.  — 
Attaques  violentes^  haineuses^  etinconyenantes  du  journal  La  Chro- 
nique de  la  Lçire-Inférieure  contre  le  clergé  fidèle.  —  Saisie 
dans  le  couvent  des  Saintes-Glaires  de  brochures  contraires  à  la  Gong- 
titution  civile. —  De  la  conduite  tenue  en  cette  occasion  parles  diverses 
administrations. 

Jusqu'aux  premiers  Jours  de  mai,  les  prêtres  de  la  Loire- 
Inférieure,  qu'ils  eussent  ou  non  prêté  le  serment,  avaient 
continué,  comme  par  le  passé,  rexercice  du  culte,  mais 
cette  période  de  tolérance  provisoire  n'avait  pas  été  exempte 
de  tracasseries  pour  ceux  qui  étaient  .soupçonnés  d'hostilité 
à  l'église  constitutionnelle.  Le  Département  avait  continué 
de  refuser  arbitrairement  le  traitement  à  ceux  qui  avaient 
signé  V  Adresse  à  F  Assemblée  nationale,  et  des  poursuites  sans 
raisons  sérieuses  avaient  été  exercées  contre  certains  autres. 

La  suppression  du  traitement  de  ces  prêtres  n'avait  pas 
grande  importance,  parce  que  les  traitements  en  argent,  ou 
plutôt  en  assignats,  ne  devaient  commencer  à  courir  que  du 
1»'  janvier  1791,  et  surtout  parce  que  l'on  éleva  la  prétention, 
un  peu  plus  lard,  de  cesser  de  rétribuer  tous  les  prêtres  qui 
n'avaient  pas  prêté  serment.  Le  décret  du  8  février  1791*  qui 

'  Duvergier,    Coll.  de   fois,  II.  197. 


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EN  1791  401 

avait  attribué  une  pension  de  cinq  cents  livres  aux  prôlres 
remp^acés  ne  fut  jamais  qu'un  leurre.  «  Déduction  faite  du 
quart  pour  le  tion  patriotique,  du  prorata  des  contributions 
et  répartions,  cette  pension  se  réduisait  à  rien,  ce  qui  fit  que 
le  plus  grand  nombre  ne  daigna  pas  môme  en  faire  la  de- 
mande'. »  Aussi  Mirabeau  disait-ii  avec  beaucoup  de  raison  : 
«  Nous  nous  occupons  prodigieusement  trop  du  clergé,  nous 
ne  devrions  nous  occuper  d'autre  chose  dans  ce  moment  que 
de  lui  faire  payer  ses  pensions  et  de  le  laisser  dormir  en 
paix*.  » 

Dos  poursuites  avaient  été  exercées  contre  le  curé  de  Saint- 
Donatien  et  M.  Gely,  diacre  de  Saint-Léonard,  pour  avoir 
catéchisé  des  enfants  «  dans  un  sens  oppposé  à  l'exécution 
des  décrets  (6  janv.  1791);  contre  MM.  Ollivier  frères,  Tun 
curé,  l'autre  vicaire  de  Sautron  ;  sur  le  bruit  qu'ils  avaient 
déclaré,  le  16 janvier,  qu'ils  ne  prêteraient  pas  serment,  la  cure' 
fut,  le  21,  envahie  par  un  piquet  de  gardes  nationales  ;  une 
visite  domiciliaire  eut  lieu,  et  ils  furent  décrétés  de  prise  de 
Corps  ;  an  long  mémoire  signé  d'un  homme  de  loi  fut  rédigé 
pour  démontrer  l'absurdité  et  l'illégalité  de  cette  arrestation; 
contre  MM.  Fournier  et  Cassard,  curé  et  vicaire  de  Basse- 
Goulaine.  Le  District  avait  donné  tort  au  maire,  qui  les  avait 
sans  raison  sommés  en  public  de  prêter  le  serment',  et 
Ton  n'en  instruisit  pas  moins  contre  eux.  MM.  Bertho,  curé 
du  Pont-Saint-Martin,  et  son  vicaire  M.  Crabil,  M.  Léaulé, 
vieaire  de  Saint-Aignan»  furent  aussi  l'objet  de  poursuites 
pour  des  faits  toalogues.  Il  est  probable  que  si  les  dossiers 
des  huit  autres  tribunaux  du  département  avaient  été  con- 
servés, comme  l'ont  été  ceux  du  district  de  Nantes,  on  trouve- 
rait les  traces  de  beaucoup  de  poursuites  semblables\  Ces 


*  Manuscrit  d«  M.  Chevalier,  caré  de  Sainte-Lamiiie,  sar  la  Bévolulioné 
s  Journal  du  Débats  du  2  mars  4791. 
,  '  Dist.  de  Nantes,  14  janT.  I79J . 
^  Dossiers  du  trib.  de  district  de  Nantes    (Arch.  du  greâe.) 

X.   IV.   —  NOTICES.   —  IV*  ANNÉE,   4«  UV.  27 


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402  LE  CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE   NANTES 

instructions,  n'aboutirent  pas  faute  de  preuves,  ou  plutôt 
faute  de  textes  de  lois  qui  s'appliquassent  aux  faits  in- 
criminés. 

Le  curé  de  Casson,  M.  Fremont,  au  contraire,  eut  l'honneur 
d'être  deux  fois  jugé  pour  un  double  délit.  Il  était  accusé  : 
l^'d'avoircaloraniéla municipalité  de  sa  commune  en  publiant 
une  lettre  dans  taqaelle  il  disait  que  cette  municipalité  avait 
inexactement  enregistré  un  prétendu  serment  qu'il  n'avait 
pas  prêté;  S^" d'avoir,  coaim[i  électeur,  refusé  de  se  rendre  au 
scrutin  pour  le  choix  de  Minée,  en  disant  que  personne 
n'avaitle  droit  de  donner  un  successeuràM.  de  la  Laurencie. 
De  nombreux  témoins  furent  entendus  ;  la  procédure  est  très 
volumineuse,  elle  tribunal  donna  deux  fois  raison  à  Taccusé'. 

Il  y  avait  encore  un  certain  respect  de  la  loi  dans  le  fait 
de  renvoyer  ces  prêtres  devant  les  tribunaux;  la  magistra- 
ture, quand  elle  conserve  le  respect  de  ses  fonctions,  est  la 
meilleure  garantie  des  libertés  civiles,  mais  les  administra- 
teurs, dont  la  mission  était  d*exécuter  les  lois,  prétondaient 
les  interprétera  leur  guise,  et  môme,  au  besoin,  en  édicter 
de  nouvelles.  C'est  ainsi  que  par  deux  arrêtés  du  Départe- 
ment, Tun  du  1"  février  et  Tautre  du  3  mars,  ils  ordonnèrent 
aux  prêtres  et  desservants  de  cesser  le  service  des  chapelles 
et  prieurés,  et  enjoignirent  au  Général  de  la  paroisse. 
Sainte-Croix  de  congédier  les  prêtres  de  chœur  qui  étaient 
dissidents  à  raison  du  serment.  «  Considérant,  porte 
l'arrêté,  que  quoiqu'on  ne  puisse  pas  strictement  regarder 
les  prêtres  de  chœur  comme  fonctionnaires  publics,  le  fait 
par  quelques  uns  d'entr'eux,  de  refuser  le  serment  que  les 
autres  prêtres  de  cette  paroisse  ont  prêté,  ne  peut  qu*ôtre 
suspect  et  pris  en  maiivaise  part  et  devenir  une  source  dan-. 
gereusede  divisions  et  de  scandale*.  ?»  La  loi  du  7  mai  démon- 


*  Dép&rt,  L.  1  «t    21    mars  1791,  n*«  ti4  «t  193    —  JQgemeaU   d6J  112  et  28 
avrïL  Présid.  Dâ]avill«» 
'  DâpartâmeDt  L.  3  mars  17*1  P»  Ui*  —  Ordre  dVïécutîoa  par  le  nistricl. 


9 

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EN  179t  ''  403 

trera,  peu  après,  rillégalilé  de  ces  arrêtés,  car  elle  dira,  en 
propres  termes,  que  le  défaut  de  prestation  de  serment  ne 
peut  ôtre  opposé  à  aucun  prôlro  se  présentant  dans  une 
église,  seulement  pour  y  dire  la  messe,  et  que  les  édifices, 
consacrés  à  un  culte  par  des  sociétés  particulières,  ne  seront 
fermés  que  lorsqu'il  y  aura  été  fait  quelques  discours  conte- 
nant des  provocations  directes  contre  la  Constitution  civile 
du  clergé. 

Malgré  le  caractère  ouvertement  hostile  de  ces  mesures,  il 
faut  reconnaître  cependant  que  les  gens  du  Département 
étaient  fort  en  retard  sur  Topinion  des  Sociétés  populaires, 
où  couvaient,  contre  l'ancien  clergé,  ou  pour  mieux  dire 
contre  le  catholicisme  lui-même,  des  haines  et  des  fureurs 
qui  imposeront  aux  administrations  la  longue  série  des 
mesures  violentes  qui  vont  se  succéder. 

La  Chronique  delà  Loire'Inférieure,orgQ,ne  delà  Société  des 
amis  dn  la  Constitution,  séant  aux  Capucins,  disait  le  Ôavril  (n« 
31).  «  Les  prêtres  prêchent  la  désobéissance  à  la  loi...  déjà  ils 
ont  fait  couler  le  sang,  témoin  les  malheureuses  affaires  de 
Nlmes^  du  Morbihan  etc  ....  étonne  les  a  pas  ôtés  du 
milieu  de  la  patrie  à  laquelle  ils  font  la  guerre.  Justice, 
justice....  la  conservation  de  Tétat  est  incompatible  avec 
la  leur  ;  il  faut  qu'un  des  des  deux  périsse.  »  Dans  ce  môme 
numéro  les  patriotes  étaient  invités  à  surveiller  la  maison 
de  M"*  Pournier,  la  sœur  du  curé  de  Basse-Goulaine,  où  se 
réunissaient  chaque  jour  plusieurs  prêtres  désignés  par 
leurs  noms  ;  et  de  môme  que  Marat  donnait  toujours  l'a- 
dresse des  gens  qu'il  dénonçait,  afln,  disait-il,  qu'on  pût  aller 
les  assommer,  la  Chronique  indiquait,  dans  le  numéro  suivant 
du  9  avril,  que  M"*  Pournier  demeurait  vis-à-vis  de  Saint- 
Saturnin. 

Plus  inconvenanC,  et  non  moins  méchant,  était  YAvis 
suivant  :  «  Nous  croyons  devoir  prévenir,  les  petites  bonnes 

*  Duyerg.  Collection  de  lois.  II.  353. 


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404  LE  CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE   NANTES 

vieilles  et  déterminées  bigotes,  que  quarante  à  cinquante 
jeunes  gens,  bien  forts  et  bien  vigoureux  doivent,  munis 
de  verges  bénites  ou  non  bénites,  se  disperser  dans  tous 
les  quartiers  de  la  ville,  le  jour  de  l'arrivée  du  nouvel  évoque 
et  de  celui  de  son  installation,  pour  administrer  le  fouet  à 
celles  qui  auraient  l'imprudence  de  faire  des  sorties,  que 
pourrait  leur  suggérer  leur  imbécile  hypocrisie.  Si  vous  avez 
le  malheur  de  mépriser  notre  avertissement  et  de  vous  laisser 
trousser  le  cotillon,  vous  pouvez  être  certaines  de  notre 
aptitude  àrendrecomptedelajoupnéedestfw/5/bw^^^^5.  »  Etplus 
loin  :  «  Quand  le  peuple  voit  que  ceux  qu'il  a  commis  pour 
rendre  justice  en  son  nom,  restent  inactifs,  il  se  fait,  justice 
lui  môme:  gare  les  derrières  (ici  quelques  lignes  que  je  ne 
veux  pas  transcrire) —  ils  auront  le  fouet,  et  nous  nous 
moquerons  d'eux,  et  ça  ira*!  »  Ces  menaces, 'au  moment  où 
on  les  publiait,  pouvaient  n  être  qu'une  vilaine  plaisanterie, 
inais  elles  servaient  à  envenimer  la  querelle  des  partis. 

Un  autre  jour,  c'était  le  récit  d'une  prétendue  réunion  de 
prêtres  respectables  dans  laquelle  on  faisait  jouer  un  rôle,  à 
la  fois  lâche  et  ridicule,  à  M,  Guenichon,  vicaire  de  Saint- 
Nicolas  et  chapelain  du  Commerce,  qui,  après  avoir  prêté 
serment,  avait  écrit  le  28  mars  à  la  Municipalité,  une  lettre 
qu'il  avait  fait  imprimer,  et  dans  laquelle  il  se  rétractait  en 
termes  qui  montraient  que  l'humilité  et  le  repentir  pouvaient 
avoir  leur  dignité*. 

Toute  licence  était  donc  laissée  à  la  presse  patriote,  mais  il 
s'en  fallait  que  la  tolérance  fut  égale  pour  le  parti  opposé,  et 
les  tenants  des  anciennes  institutions  religieuses  et  politiques 

'  Chronique  de  la  Loire-Inférieure  13  avril  1791  n«  33  p.  329. 

s  N*  34,  16  avril  1791.  —  L*aumônerie  du  Commerce  avait  son  siège  à  la 
Chapelle  Saint-Jalien,  située  sar  la  Fosse.  Une  assemblée,  composée  de 
«oixante-quinze  négociants,  prononça  la  déchéance  de  M.  Guenichon  de  ses 
fonctions,  à  la  suite  de  sa  rétractation.  Une  autre  assemblée  générale  du 
Commerce,  tenue  le  9  mai  1791^  sous  la  présidence  de  M.  Paimparay^  et 
composée  de  cinquante-neuf  personnes,  élut,  le  9  mai,  pour  le  remplacer,  un 
bénédictin  dePirmil,  nommé  Bonnard.  Département,  14  avril  1791.—  Procès- 
verbal  d'élection  original. 


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EN  1791  405 

n'avaient  que  le  droit  de  se  taire  ;  de  leur  part^  la  discussion 
la  plus  modérée  était  un  outrage,  et  la  critique  un  acte  sédi- 
tieux. C'est  ainsi  que  les  autorités  menèrent  du  bruit  autour 
d'une  saisie  de  brochures  dont  ils  firent  à  dessein  une  grosse 
affaire,  afin,  sans  doute,  de  regagner  les  bonnes  grâces  de  la 
Société  populaire,  en  soulevant  l'opinion  contre  Tancien  élergé. 

Le  19  avril,  la  nouvelle  se  répand  en  ville  qu'il  y  a  au  couvent 
des  Saintes-Claires,  une  imprimerie  clandestine,  et  que  c'est 
de  celte  imprimerie  que  sortent  les  brochures  hostiles'  au 
clergé  constitutionnel.  Deux  offlciers  municipaux,  le  substitut 
du  procureur  de  la  commune,  et  un  commissaire  de  police, 
font  aussitôt  une  descente  dans  la  partie  extérieure  du  cou- 
vent réservée  aux  religieux  directeurs.  Ils  trouvent  à  table 
quatre  récollet-,  les  PP.  Basile  Lyonnet.  Archange  Dodet, 
Jean-Baptiste  Menière,  et  Philippe  Debrest,  dit  frère  Nicolas, 
frère  lai,  et  deman  lent  s'il  n'y  a  point  dans  le  couvent  des 
brochures  délictueuses.  Les  pères  répondent  qu'en  effet,  une 
dame  bien  mi.<e  leur  a  apporté,  dans  lajournée,  un  paquet  de 
brochures,  et  qu'elles  sont  dans  la  bibliothèque.  Le  nombre  des 
brochures  trouvées  n'est  point  indiqué  au  procès-verbal  ; 
voici  leur  titre  :  Lettre  de  MM,  les  recteurs  des  divers  cantons 
du  diocèse  de  Nantes  y  au  sieur  Julien  Minée  ;  Les  provinces  au 
Roi,  Le  procès-verbal  mentionne,  en  outre,  la  découverte, 
chez  le  frère  Nicolas,  d'une  Ordonnance  de  M.  de  la  Laurencie 
donnée  à  Gand,  le  28  mars,  et  relative  à  l'élection  de  Mmée. 
L'abbesse,  mandée,  assure  de  manière  à  se  faire  croire,  qu'il 
n'y  a  dans  la  maison  aucune  imprimerie,  et  signe  :  sœur 
Adélaïde  de  Saint-François.  Rien  de  plus  dans  le  procès- 
verbal*  . 

Le  bureau  municipal  délibère,  et  constate  «  combien  il  est 
douloureu.x  que  pareille  découverte  ait  été  faite  dans  un  mo- 
nastère qui  ne  vit  que  des  bienfaits  de  la  piété,  dont  Jusqu'ici 


'  Pièce  originale.  (Archives  du  greffe.) 


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406  LE   CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE  NANTES 

il  avait  paru  le  plus  grand  elle  plus  pur  modèle  »  et  prononce 
l'expulsion  de  la  ville  dés  quatre  récollets*. 

Le  lendemain,  c'est  le  District  qui  s'occupe  de  Taffaire.  On 
lit  dans  le  registre  de  celte  administration  :  <c  Les  brochures 
incendiaires  trouvées  chez  les  trois  religieux,  qui  n'ont  point 
craint  de  trahir  la  vérilé,  en  assurant  n'en  point  avoir,  sont 
la  preuve  la  plus  complète  de  leur  incivisme  et  de  leur  désir 
de  provoquer  une  contre-révolution, etc.,etc.»  et  il  ordonne  l'é- 
loi^nement  des  Récoliets  de  l'étendue  du  district  de  Nantes. 
Mais  Téloignement  ne  doit  pas  ôlre  leur  seule  peine  :  «  On  ne 
peut  considérer  l'assemblée,  trouvée  dans  le  logement  des 
trois  religieux,  que  comme  une  coalition  formée  pour  s'op- 
poser à  l'exécution  des  décrets...  les  différentes  brochures 
saisies  ne  permettent  pas  de  s'y  méprendre  et  forcent  de  les 
qualifier  de  perturbateurs....  ils  doivent,  en  conséquence, 
être  assignés  devant  le  tribunal  du  district....  quand  M.  Minée 
sera  installé,  il  nommera  un  prôtre  pour  la  desserte  du 
couvent^  » 

Le  Département  enchérit  sur  le  District  :  «  à  l'heure  ou  la 
Municipalité  a  envoyé  ses  deux  commissaires  visiter  la 
demeure  des  quatre  religieux  desservant  la  communauté  de 
filles  de  Saintes-Claires,  la  réunion  de  sept  personnes,  dont 
trois  absolument  étrangères  à  cette  maison,  était  déjà  fort 
suspecte  ;  leur  embarras,  à  l'asl^ect  des  commissaires  de  la 
Municipalité,  et,  par  dessus  tout,  la  découverte  d'un  tas  de 
libelles  tous  plus  dangereux  les  uns  que  les  autres,  encore 
tout  humides  de  la  presse^,  qui  venait  de  les  enfanter,  ont 
manifesté  que  ce  lieu  ne  révélaitqu'un  foyer  d'aristocratie,  et 


'  District  de  Nantes  21  avril  1791. 

a  Bureau  municipal  de  Nantes,  20  avril.  {Archives  municipales). 

^  Les  trois  personnes  étrangères,  et  l'humidité  des  exemplaires  sont  de 
pures  inventions  du  département  ^  on  prétendait  aussi  qu'il  y  avait  une 
imprimerie  chez  les  Carmélites  des  Goiiets  ;  le  procès-verbal  de  l'inspection 
du  couvent  constate  que  les  commissaires  n*ont  trouvé  aucun  ustensile  qui 
put  servir  h  imprimer.  Dossier  des  Couets^  bibliothèque  de  Nantes,  n« 
37,  970, 


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EN  1791  407 

peut-être  la  fabrique  obscure  d  où  émanent  les  écrits  fana- 
tiques' ».  Les  écrits  furent  déclarés  calomnieux  par  le  tribunal 
qui  autorisa  en  môme  temps  l'accusateur  public  à  informer 
contre  leurs  auteurs,  imprimeurs  et  distributeurs*,  mais  cette 
poursuite  fut  abandonnée.  Quant  aux  récollets,  ils  étaient 
partis  de  Nantes  le  vendredi  saint  à  quatre  heures  du  matin, 
assez  péniblement,  car  le  père  Basile  avait  la  goutte  ;  à  la 
Seilleraye  ils  avaient  rencontré,  M.  Tabbé  Rivière,  qui  les 
conduisit  chez  M***  de  Bourmont,  à  une  propriété  qu'elle 
possédait  au  delà  d'Ancenis'.  Plus  tard,  le  procureur  syndic 
du  District,  Julien  Lefebvre  écrira  :  «.les  diflférentes  visites 
et  descentes  qui  ont  été  faites  chez  les  dames  Saintes-Glaires 
ont  déjà  répandu  sur  cette  affaire  plus  de  bruit  qu'elle  n'en 
méritait*.  » 

A  en  croire  la  Chronique  de  la  Loire-Inférieure,  sa  corres- 
pondance^  à  ce  moment,  ne  contenait  que  des  dénonciations. 
«  Dans  tous  les  coins  du  département,  disait-elle,  re;iragée 
bande  des  réfractaires  s'agite  en  tous  sens  pour  troubler  la 
paix;...  à  Thouaré,  ce  sont  les  quatre  coquins,  qu'on  a 
chassés  des  Saintes-Claires,  qui  colportent  des  libelles  incen- 
diaires... citoyens,  prenez  garde  à  vous,  au  nom  de  la  patrie 
au  nom  de  la  liberté,  redoublez  de  courage  et  de  zèle*,  a 
C'est  sous  l'empire  de  cette  surexcitation  de  l'opinion  que 
l'on  allait  procéder  à  l'installation  des  nouveaux  curés. 


»  Dép.  L.  22  ayrU  1791  f*.  85. 
s  Jugement  du  b  mai  1791  (Arch.  du  greffe). 

s  InteTrogatoire  subi  par  TabbéRiTière  à  la  Municipal.  9  mai  1791  (Arch. 
municip.) 
4  Lettre  origin.  du  21  août  1791.  Corresp.  du  Dict.  de  Nantes. 
*No  38,  30  avrU  179^1 . 


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408  LE  CLERGÉ   DU   DIDCÈSE   DE   NANTES 


CHAPITRE    IV 

Prise  de  possession  du  diocèse  par  Minée.  —  Répugnance  des  carés 
élus  à  se  rendre  dans  leurs  paroisses.  —  Le  clijb  des  capucins  de- 
mande qu'il  soit  interdit  aux  prôtres  non  assermentés  de  continuer 
de  résider  dans  les  paroisses  qu'ils  desservaient.  —  Installation  du 
curé  de  Carquefou.  —  Résistance  violente  des  habitants.  —  Lettre 
du  Département  au  Ministre  de  la  guerre  pour  lui  demaoder  des 
troupes  devenues  nécessaires  pour  Tinstallation  des  curés.  —  Saisie 
de  pièces  relatives  à  la  prétondue  conspiration  des  prêtres  réfractaires. 
—  Installation  de  <^uré8  dans  diverses  paroisses.  —  On  continue  de 
déplorer  la  rareté  des  assermentés.  —  Réunion  des  Sociétés  popu-* 
laires^  dans  Téglise  Saint^Denis.  —  Elles  demandent  la  fermeture 
des  chapelles,  l'obligation  du  serment  pour  tous  les  religieux  qu 
enseignent,  l'expulsion  du  département  de  tous  les  prêtres  réfrac- 
taires. —  Arrêtés  ordonnant  le  remplacement  des  religieuses  de 
Saint-Gharlts  et  l'évacuation  du  Séminaire  de  Saint-Clément. 

Minée  avait  été  installé  solennellement  le  premier  mai, 
jour  de  la  Quasimodo  ;  le  moment  qu'il  avait  indiqué,  comme 
étant  celui  où  il  serait  en  mesure  de  transmettre  des  pouvoirs 
aux  curés  élus,  était  donc  arrivé.  Le  personnel  de  son  clergé 
n'avait  point  augmenté;  le  nombre  des  rétractations  égalait, 
s'il  ne  dépassait,  celui  des  nouveaux  serments  prêtés  par  des 
mQines  désireux  de  devenir  curés.  Rien  que  pour  le  district 
de  Guér^nde,  une  lettre,  adressée  le  18  avril  1791,  à  M.  Mo- 
nier,  prêtre  de  THôtel-Dieu,  nous  apprend  que  sept  prêtres 
de  la  région,  dont  le  curé  de  Guérande,  ses  deux  vicaires,  et 
le  vicaire  de  Lavau,  verraient  de  se  rétracter. 

Les  curés  élus,  commençant  à  comprendre  combien  leur 
situation  serait  fausse  et   gênée,  dans  des    paroisses  où  les 


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EN  1791  409 

anciens  prêtres  pouvaient  prétendre  maintenir  leur  résidence, 
ne  montraient  aucun  empressement  à  prendre  possession 
de  leurs  fonctions.  Les  meneurs  de  la  Société  populaire  des 
(Capucins,  qui  étaient  c3rtainoment  les  dévots  les  plus  zélés 
du  troupeau  constitutionnel,  s'en  émurent,  et,  soit,  qu'ils 
eussent  été  instruits  de  celte  répugnance  par  les  curés  eux- 
mômes,  soit  qu'ils  l'eussent  étë  par  Tintermédiaire  de 
révoque,  ils  résolurent  d'y  apporter  remède. 

Le  7  mai,  cette  société  mettait  en  discussion  les  mesures  à 
prendre  pour  faciliter  l'exercice  de  la  mission  des  nouveaux 
pasteurs,  et,  à  la  suite  de  cette  discussion,  une  pétition  qui 
la  résumait  était  adressée  au  Département  pour  lui  faire  con- 
naître «  que  l'insurrection  des  campagnes  voisines  ajoute  in- 
finiment à  la  douleur  des  prêtres  nommés  par  le  peuple^  et 
que  la  plupart  d'entr  eux,  sans  effroi,  dans  une  si  belle  cause 
qui  produit  partout  l'héroïsme,  témoignent  une  répugnance 
insurmontable  à  parvenir  à  l'exercice  de  leurs  fonctions 
curiales  par  l'appareil  des  forces  publiques,  toujours  contras- 
trant  avec  l'esprit  de  bienfaisance  qui  les  anime  »,  et  que  le 
seul  remède  à  cette  situation  est  d'écarter  de  leurs  paroisses 
les  prêtres  réfractaires.  Il  est  vrai,  pousuit  la  pétition,  qu'un 
membre  a  prétendu  que  l'application  de  ce  remède  pouvait 
difficilement  se  concilier  avec  la  loi  ;  mais,  «  la  première  de 
toutes  les  lois,  le  salut  du  peuple,  et  surtout  d'un  peuple 
fanatique,  commande  cet  acte  de  prévoyance,»  et  le  Dépar- 
tement sera  invité  ?i;  rédiger  une  proclamation  «  pour  obliger 
les  prêtres  réfractaires  à  se  retirer  dans  les  villes,  ou  au  moins 
à  cinq  lieues  de  leurs  résidences,  afin  de  leur  ôter  l'ascendant 
qu'ils  ont  sur  nos  frères  des  campagnes*.  » 

Aucune  mesure  ne  pouvait,  mieux  que  celle  là  servira 
démontrer  l'impopularité  générale  du  nouveau  culte,  et  Tim- 
puissance  où  l'on  était  de  l'imposer  autrement  que  par  la 
force.  Aussi  le  Procureur-général-syndic,  dans  son  réquisi- 

*  Pièce  originale.  (Archives  départementales). 


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410  LE   CLERGÉ  DU  DIOCÈSE  DE  NANTES 

toire  sur  cette  pétition,. n'engagea  point  le  Département  à  y 
adhérer,  «  nous  ne  pouvons  dit-il,  faire  ce  que  le  législateur 
n'a  pas  fait,  »  et  l'on  devrait  selon  lui  se  borner  à  exhorter 
les  prôtres  à  s'éloigner.  Constatons,  pour  une  fois,  car  nous 
n  'aurons  guère  occasion  d'en  rencontrer  de  nouveaux  exemples, 
ce  scrupule  de  légalité,  dont  la  portée  fut  atténuée  par  l'envoi 
delà  pétition  à  l'Assemblée  nationale.  Cette  assemblée  était 
en  môme  temps,  suppliée  «  de  prendre  en  très  grande  consi- 
dération les  motifs  de  sûreté  et  de  tranquillité  publiques,  qui 
sollicitent  une  loi  prompte  et  générale,  pour  l'éloignement 
des  curés,  et  autres  fonctionnairespublics,  de  tous  les  lieux 
où  ils  devront  être  remplacés,  comme  le  seul  moyen  de 
prévenir  l'effusion  du  sang,  et,  les  horreurs  d'une  guerre 
civile  et  religieuse.  »  Il  était  dit,  en  outre,  dans  la  délibération 
que  «  s'il  y  avait  des  troubles,  le  salut  du  peuple  et  Tintérôt 
commun,  commanderaientde  s'assurer  de  la  personne,  des 
prôtres,  pour  otages  de  la  tranquillité  publique  et  du  rétablis- 
sement de  Tordre*.  » 

Il  y  avait  du  reste  une  autre  raison  pour  que  l'Administra- 
tion départementale  hésitât  à  s'engager  dans  la  voie  où 
prétendait  la  pousser  la  Société  populaire,  c'est  qu'elle 
n'avait  pas,  sur  le  fait  allégué  de  la  répugnance  des  curés 
à  se  faire  installer,  d'autres  renseignements  que  ceux  donnés 
par  la  pétition.  Voici  en  effet  ce  qu'elle  écrivait  à  l'évoque 
le  lendemain  de  sa  délibération,  et  ce  qu'elle  aurait,  ce 
semble  mieux  fait  de  lui  écrire  la  veille  :  «  Messieurs  de  la 
Société  populaire  nous  annoncent  que  MM.  les  curés  nouvel- 
lement élus  refusent  de  se  rendre  dans  leurs  paroisses,  pen- 
dant que  les  curés  qu'ils  remplacent  y  resteront,  et  que  ce 
refus  est  Tun  des  obstacles  à  l'installation  des  nouveaux 
fonctionnaires  dont  plusieurs  s'en  sont  ouverts  à  vous.  Nous 
vous  prions  de  vouloir  bien  vous  assurer  par  vous-môme  de 
la  façon  dont  ils  se  sont  expliqués*.  » 

*  Rag.  du  Direct,   de  Dép.   9  mai  f791.  Cette  délibération  est  reproduite 
dans  le  Jownal  de  la  Correspondance  de  Paris  à  Nantes^  t.  xx  pp.  175  et  190. 
»  Correspond.  Dép.  Secrétariat,  10  mai  1791,  f©  03. 


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KN  1791  411 

Le  premier  curé  installé  dans  le  dislriôt  de  Nantes  fut  tin 
ancien  prêtre  de  chœur  de  Sainte-Croix,  nommé  Julien 
Nicolas,  qui  avait  été*élu  curé  de  Carquefou  le  20  février,  et  qui 
avait,  dès  le  lendemain,  fait  connaître  son  acceptation.  L'ins- 
tallation eut  lieu  le  8  mai,  et  fut  accompagnée  de  violences 
qui  fournirent  un  ample  sujet  aux  déclamations  des  patriotes. 
Dès  le  6  mai,  le  Département  avait  ordonné  renvoi  d'un  déta- 
chement à  Carquefou,  et  les  gardes  nationales  avaient  été 
reçues  à  coup  de  pierres  lancées  par  les  hommes  et  surtout  par 
les  femmes.  Les  troupes  avaient  riposté  par  des  coups  de 
fusil,  et  une  fille  avait  été  blessée*.  Quoique  rien  n'eut  semblé 
de  nature  à  établir  la  complicité  du  curé  et  du  vicaire,  MM.Héry 
et  Bonnet  qui  furent  poursuivis  seulement  un  mois  après 
pour  propos  séditieux',  le  rédacteur  de  la  Chronique  jeta  feu 
et  flamme  contre  eux  et  leurs  pareils  :  «  Vous  seuls,  prêtres 
réfractaires,  êtes  des  scélérats,  le  sang  des  malheureux  que 
vous  avez  séduits  et  trompés,  que  vous  ave^z  sacrifiés  à  la 
rage  du  fanatisme  le  plus  abominable,  demande  vengeance 
à  TEtre  suprême'. 

On  n'étaitqu*au début, etlesadministrations reconnaissaient 
que  l'intervention  des  troupes  serait  indispensable  pour  les 
installations  Le  District  de  Nantes  prenait  l'arrêté,  suivant 
pour  fixer  la  solde  qui  leur  serait  allouée  :  «  considérant  que 
le  placement  des  nouveaux  curés  ne  peut  s'effectuer  qu'avec 
la  force  armée  ;  que  cette  sage  précaution  est  nécessaire... 
Qu'il  est  d'ailleurs  de  la  véritable  justice  de  pourvoir  à  la 
nourriture  des  gardes  nationaux  qui  se  déplacent.:  etc*.  » 

Le  Département  écrivait  au  Ministre  de  la  guerre  Dupor- 
tail  :«  Nous  avons  eu,  dimanche,  une  insurrection  dans  la  pa- 
roisse de  Carquefou^à  l'occasion  de  Tinslallation  du  curé  cons- 


'  Dép.  ô  mai,  8  août  1791.  —  Chronique  de  la  Loire^Inf.  du  11  mai  n«  41. 
3  Assignation  du  9  juin  1791,  à  comparaître  devant  le   tribunal  de  District» 
à  la  requête  de  Oorvo. 
»  N<»41,  p.  390. 
♦District  de  Nantes,  9  mai   1891. 


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412  LE   CLERGÉ  DU  DIOGÈSB  DE  NANTES 

titulionnel.  Les  autres  curés  craignent  le  moment  de  leur 
installation  et  ne  s'y  prêtent  qu'à  la  condition  d'être  soutenus 
d'une  force  respectable.  Ceux  mômes  qui  ont  été  installés, 
s'apercevant  de  la  fermentation  de  leurs  paroisses  demandent 
à  y  être  soutenus*  »  Les  administrations  des  autres  districts 
ne  trouvaient  pas  que  la  situation  fut  meilleure  dans  leurs 
régions.  Celle  du  District  d'Ancenis,  exprimait  la-  crainte 
que  les  municipalités  ne  donnassent  leur  démission  plutôt 
que  de  prêter  leur  concours  aux  installations.  Le  nombre 
considérable  de  pétitions,  adressées  aux  administrations  par 
les  municipalités,  pour  demander  le  maintien  des  anciens 
prêtres,  rendait  cette  crainte  assez  vraisemblable. 

Le  bruit  courut  alors  à  Nantes,  que  les  pièces  de  conviction 
de  la  conspiration  des  prêtres  réfraclaires  étaient  enfin 
trouvées.  Le  club  des  Amis  de  la  Constitution  des  Cordeliers 
avait  été  avisé  de  l'arrivé  d'un  ballot  pesant  vingt-deux 
livres,  à  l'adresse  d'un  imprimeur  nommé  Louis,  demeurant 
à  l'entrée  de  la  rue  de  la  Fosse  et  très  suspect  d'aristocratie. 
Un  commissaire  de  la  Municipalité,  averti  par  des  membres 
du  club  se  transporta  au  bureau  de  la  messagerie,  y  trouva 
le  paquet  qui  fut  décrit  et  scellé,  et  qu'on  ouvrit  le  lendemain 
après  avoir  donné  défaut  contre  Louis,  appelé.  Ce  paquet 
contenait  plusieurs  exemplaires  des  Actes  des  apôtres^  jour- 
nal fort  ardent  dans  ses  attaques  contre  la  Révolution^  ainsi 
que  plusieurs  exemplaires  du  bref  du  pape  du  13  avril  1791  : 
Charitas  quœ,  docente  Paulo  Apostolo,patiens  et  benigna  et 
quelques  autres  brochures,  parmi  lesquelles  une  lettre  de 
Burke.  Delà,  le  commissaire  se  rendit  à  l'imprimerie  de  Louis 
qui  était  située  rue  de  Gorges  ;  on  posa  des  sentinelles  à  la 
porte,  et,  comme  la  porte  était  fermée,  on  pénétra  au  moyen 
d'une  clef  que  procura  un  employé  des  Devoirs.  On  trouva 
une  demi  feuille  d'épreuve  de  Y  Instruction  donnée  par  Mon- 
seigneur Vévêque  de  Langres  aux  curés  et  vicaires,  imprimée 

*  Correspondance  :   Comptabilité  et  Guerre  f*  ôO. 


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EN  1791  413 

à  Paris  chez  Guerbart,  et  lo  bref  da  Pape  du  10  mars  1791'. 
Ce  bref  du  10  mars,  comme  celui  du  13  avril,  portait  con- 
damnation de  la  Constitution  civile  du  clergé,  mais  il  était 
plus  spécialement  destiné  aux  évoques  et  prêtres,  membres 
de  l'Assemblée  nationale,  tandis  que  Tautre  élait  adressé 
«  aux  cardinaux,  archevêques,  évoques,  au  clergé. et  au 
peuple  de  France".  »  La  saisie  de  ces  pièces  ne  pouvait  servir 
à  démontrer  l'existence  d'une  conspiration. 

II  serait  à  peu  près  impossible  de  déterminer  le  nombre  des 
curés  qui,  à  la  fln  du  mois  de  mai,  avaient  pris  possession  de 
leurs  paroisses,  mais  on  peut  affirmer  que  ce  nombre  était 
encore  très  petit.  Dans  le  district  de  Nantes,  on  avait  pourvu 
Carquefou  et  Saint-Aignan,  (8  mai),  Basse-Indre  et  Héric  (15 
mai),  Saint-Herblain,  (22  mai)  Clisson,  la  Chapelle-sur-Erdre, 
Pont-Saint-Martin  (29  mai).  La  paroisse  de  Saint-Clément  de 
Nantes  conservait  encore  M.  Fontréaux,  faute  d'un  rempla- 
çant. L*oratorien  Latyl,  élu  le  28  février,  avait  refusé  cette  cure 
de  môme  que  le  bénédictin  Soulastre,  élu  le  15  mai.  Minée 
pressé  par  une  pétition,  en  date  du  30  mai,  du  Général  de  la 
paroisse,dans  laquelleles  marguilliers  reprochaient  à  M. Font- 
réaux de  n'avoir  pas  fait  la  procession  des  Rogations,  ni 
donné  lecture  de  son  mandement',  se  décida,  le  1"  juin,  à 
nommer  deux  prêtres  constitutionnels  pour  desservir  cette 
cette  église,  en  attendant  qu'on  trouvât  un  curé*.  Dans  les 
autres  districts  on  n'était  pas  plus  avancé  ;  d'Ancenis,  on 
écrivait  à  Minée  :  «  Nous  sommes  cruellement  tourmentés  de 
l'impossibilité  de  remplacer  les  curés  réfractaires  faute  de 


'  Procès-verbaux  origin,  9,  10  et  11  mai  1791.  (Arch.  du  greffe.)  La  dénon- 
ciation du  club  des  Corieliers  est  signée  :  Perochaud^  Bureau,  Pérou ty  et 
Pompon. 

^  Voir  Histoire  de  V  église  de  France  pendant  la  Révolution  par  Jager,  t. 
Il,  p.  200  —  J'ai  eu  entre  les  mains  un  exemplaire  du  second  bref,  annoté 
par  Bercegea^:,  curé  constitutionnel  de  la  Chapelle-Launay  ;  il  était  in-8«  de 
28  p.  et  sortait  de  Vimprimerie  de  VAmi  du  Roij  rue  Saint-André-des-Àrts. 

'  Pièce  originale. 
Département  Q.  91  mai  et  2  juin  1791. 


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1 


414  LE   CLERGÉ   DU   DIOCÈSE   DE  NANTES 

sujets....  VOUS  voudrez  bien  nous  indiquer  incessamment 
ceux  des  prôtres  de  votre  diocèse  qui  ont  fait  le  serment,  et 
dont  on  puisse  faire,  en  sûreté  de  conscience,  le  choix  pour 
les  remplacements.  Nous  attendons  vçtre  réponse  avec  im- 
patience pour  convoquer  les  électeurs.»  La  môme  adminis- 
tration, se  tournant  vers  révoque  de  Maine-et-Loire,  lui 
écrivait  peu  après  :  «  Sur  vingt-quatre  recteurs,  et  autant  de 
vicaires  que  nous  avons  sur  retendue  de  notre  district,  trois 
seulement  ont  accepté* »>.  Le  curé  de  Chauve,  district  de  Paim- 
bœuf,  M.  Barbier,  écrivait  le  26  mai  qu'il  n'y  avait  pas  encore 
eu  de  remplacement  dans  son  district^.  Il  se  trompait,  car 
le  22  on  avait  installé  le  vicaire  du  Pellerin  Valton,  dans  les 
fonctions  de  curé  de  cette  paroisse. 

Près  de  trois  semaines  s'étaient  écoulées  depuis  que  le  Dé- 
partement avait  demandé  à  l'Assemblée  nationale  de  voter 
une  loi  autorisant  les  administrations  à  éloigner  de  leurs  pa- 
roisses les  prôtres  réfractaires  et  l'Assemblée  nationale 
n'avait  eu  aucun  égard  à  cette  demande.  Nullement  décou- 
ragé par  cet  insuccès,  le  club  des  Capucins  députa,  le  24 
mai,  plusieurs  de  ses  membres  pour  obtenir  du  Département 
un  arrôté  ordonnant  définitivement  la  fermeture  des  cha- 
pelles; et,  n'ayant  pas  été  exaucé,  il  organisa  une  manifesta- 
tion, qu'on  s'efforçade  rendre  assez  imposante  pour  que,  cette 
fois,  le  département  ne  put  se  soustraire  à  la  pression  exercée. 

Le  27  mai,  une  réunion  importante  de  patriotes,  compre- 
nant des  membres  des  autres  sociétés  populaires  probable- 
ment, avait  lieu,  avec  l'agrément  de  la  Municipalité,  dans  l'é- 
glise Saint-Denis,  et  trois  cent  vingt  citoyens  y  signaient  une 
pétition  adressée  au  Département  et  k  Tinvitant  à  arrôter  les 
progrès  du  fanatisme.  » 

Cette  pétition  constate  Téloignement  général  des  habitants 
de  la  campagne,  et  des  femmes  de  la  ville  «  des  lieux  saints 
entretenus  par  la  nation  »  ;  on  y  déplore  que,  seules  les 

'  District  d'Ancenis,  Correspondance *27  mai  et  4  juin  1791  f**  25  et  29. 
*  Lettre  originale  saisie. 


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EN  1791  415 

chapelles  particulières  et  les  maisons  religieuses  attirent 
la  foule.  «  C'est  de  ces  antres  terribles  que  partent  les 
libelles,  les  brefs  du  Pape,  les  mandements  du  ci-devant 
évêque...  Les  curés  constitutionnels  se  dégoûtent  de  leurs 
positions,  et  les  ecclésiastiques,  que  le  civisme  appellerait 
à  les  seconder,  découragés  par  l'appareil  menaçant  des  ré- 
voltes impunies,  refusent  d'accepter,  et  laissent  encore  aux 
rebelles  Texercice  de  leurs  fonctions,  auxquelles  ils  se-  se- 
raient livrés,  s'ils  eussent  été  appuyés  par  des  moyens  fermes 

et  sévères Toutes  les  sectes  connues  jouiront,  et  doivent 

jouir  parmi  nous,  de  toute  liberté  d'exercice  ;  mais  souffrir 
que,  dans  notre  sein,  une  poignée  d'insolents  et  de  conspira- 
teurs déchirent,  par  un  abus  condamnable  de  la  liberté,  Tunité 
de  notre  sainte  religion  et  méditent,  sans  relâche,  sous  le 
mônne  prétexte,  les  projets  de  ruiner  notre  constitution,  c*est 
manquer  au  serment  de  fidélité  que  nous  avons  fait  à  Tune  et 
à  l'autre*.   » 

Dans  une  chanson  du  temps»  intitulée  La  Constitution  en 
vers,  il  y  avait  un  couplet,  qui  traduisait  si  bien  ce  dernier 
passage  de  la  pétition,  qu'on  me  pardonnera  de  le  citer  : 

Tous  les  cultes  seront  permis. 
Et  même  celui  de  Moïse  ; 
De  Mahomet  le  paradis 
Sera  vanté  dans  mainte  église. 

Gomme  à  présent  dans  nos  cantons, 
D'ôtre  conséquent  on"  se  pique. 
De  toutes  les  religions 
Nous  exceptons  la  catholique. 

Les  pétionnaires  concluaient  en  demandant  : 
1«  Que  le  serment  fût  exigé  de  toutes  les  personnes  vouées  à 
renseignement,et,  qu'à  défaut  de  le  prôter,elles  fussent  obligées 
de  renoncer  à  l'enseignement  de  la  jeunesse  et  leurs  établisse- 

*  Pièce  originale. 


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416  LE   CLERGÉ   DU   DIOCÈSE  DE  NANTES 

menls fermés,  parce  que  «  toute  congrégation,  qui  nese  soumet 
pas  aux  supérieurs  reconnus  par  la  loi,  c'est-à-dire  au  clergé 
des  paroisses,  est  une  coalition  dedissidentsauxquels  la  nation 
doit  refuser  tout  établissement.  » 

2*  La  fermeture  de  toutes  les  chapelles  particulières  et  de 
celles  des  maisons  religieuses. 

3*  Le  retrait,  par  Tévéque,  de  tous  les  pouvoirs  aux  ecclé- 
siastiques non  assermentés. 

4**  L'expulsion  du  département  de  tous  les  prêtres 
réfrac  taires. 

Il  y  eut  sans  doute  plusieurs  rédactions,  de  cette  pétition,  car 
le  texte  de  la  Chronique  est  un  peu  différent  de  celui-ci,  et 
ce  journal  mentionne  que,  dans  la  rédaction  primitive,  on 
avait  ajouté  au  paragraphe  relatif  à  l'expulsion  des  .  prêtres 
«  qu'il  soit  permis  de  courrir  dessus  comme  sur  Tennemi*.  » 

Le  Département,  loin  de  blâmer  Tillégalité  de  ces  vœux,  et, 
avant  même  d'avoir  délibéré  sur  la  pétition,  y  adhéra  deux  fois 
en  ordonnant  que  les  dames  de  Saint-Charles  qui,  depuis 
deux  cents  ans,  donnaient Tinstruction  gratuite  à  deux  cents 
jeunes  filles  pauvres  seraient  remplacées,  à  cause  de  leur 
refus  de  serment,  par  des  dames  que  M.  Minée  nommerait 
pour  le  service  des  écoles',  et  en  transformant  en  caserne  le 
séminaire  de  Saint-Clément. 

Les  dames  de  Saint-Charles  avaient,  la  veille,  refusé  de 
sonner  leur  cloche  au  passage  de  la  procession  des  Rogations 
présidée  par  Tévôque'  constitutionnel,  mais  on  ne  pouvait 
même  pas  relever  un  grief  semblable  contre  les  membres  de 


•  Chronique  de  la  Loire-Inférieure,  l»'  juin  1791,  p.  436  et  44u. 

s  Département  ^  31  mai  1791.  ^  Les  dames  deSt'iint-Charles  formaient  une 
congrégation  dont  les  membres  ne  faisaient  pas  de  vœux,  et  dont  rétablisse- 
ment était  situé  en  face  des  croix  des  saints  Donatien  et  Kogatien.  Abbé 
Grégoire,  État  du  diocèse  de  Nantes  en  i  790,  p.  69. 

'  I^ettre  de  M.  Bûché,  curé  de  Juigné,  à  une  religieuse  de  Pouancé,  cette 
lettre  ayant  été  saisie,  Tauteur  fut  poursuivi  devant  le  tribunal  de  Château- 
briant  et  acquitté  le  7  juillet  1791.  (Ârch.  du  greffe).  Il  avait  même  été  em- 
prisonné. (Goudé,  Hist.  de  Chàteaubriant,  p.  253). 


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EN  1791  417 

la  communauté  de  Saiat-Clément.  Leur  maison  spécialement 
affectée  aux  retraites  ecclésiastiques,  était,  depuis  plus  d'un 
siècle,  dirigée  par  des  prêtres  de  Saint-Sulpice,  qui  ne  pou- 
vaient ainsi  être  considérés  comme  chargés  d'une  fonction 
publique.  En  informant  le  Ministre  de  Tenvoi  de  militaires 
dans  cette  maison^  le  Département  reconnaissait  qu'il  avait 
hésité,  avant  de  prononcer,  pour  refus  de  serment,  la  dé- 
chéance des  prêtres  qui  l'habitaient,  mais*  que  «  le  cri  public 
de  la  ville  lui  faisait  un  devoir  de  les  écarter,  parce  qu'ils 
étaient  attachés  à  des  maximes  très  opposées  à  la  Constitu- 
tion, et  qu'ils  étaient  fortement  suspectés  de  les  propager*.  » 
Ce  que  le  département  appelait  le  «  cri  public  de  la  ville  » 
et  regardait  comme  une  force  avec  laquelle  il  croyait  devoir 
compter^  n'était  pourtant  encore  que  l'opinion  de  quelques 
meneurs  de  clubs  ;  à  plus  forte  raison  sera-t-il  intimidé,quand 
il  entendra  une  poignée  de  misérables,  excitéscontre  des  reli- 
gieuses, pousser  contre  elles  de  véritables  cris. 

Alfred  Lalué. 


•  Corresp.  du  Dép.  Comptabilité  et  Querref  i^'juin  1791,  fbB, 


T.  VI.  —  NOTICas.  —  VI*  ÀNNÉK,  A*  UV.  2» 


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RECHERCHES 

SURLES   ORIGINES  LITTÉRAIRES 
DE  L'ANCIENNE  PROVINCE  DE  BRETAGNE 


/e  _  xh  Siècle 


§  5.  —  Neuvième  siècle. 

LE  siècle  de  'Gharlemagne  fut,  on  le  sait,  une  époque 
glorieuse  à  tous  égards  et  en  particulier,  une  époque  de 
grande  efflorescence  littéraire  et  artistique.  La  Bre- 
tagne môme  bretonnante  ne  resta  point  en  dehors  du  mou- 
vement général,  bien  au  contraire,  elle  paraît  y  avoir  participé 
dans  une  large  mesure. 

Et  d'abord  les  écoles  publiques,  môme  primaires,  y  devaient 
être  répandues  ;  témoin  ce  passage  où  Wrdisten  affirme  que 
les  enfants  y  étaient  envoyés  dès  le  plus  bas  âge' . 

En  second  lieu,  la  magnifique  bible,  dite  A'Anau-Warethy 
qui  fait  aujourd'hui  l'un  des  joyaux  archéologiques  de  notre 
Bibliothèque  nationale  de  Paris,  (sous  le  numéro  Latini  82), 
et  passe  pour  un  merveilleux  spécimen  de  calligraphie,  nous 
prouve  aussi  que  la  culture  artistique  portait  alors  des  fruits 

*  Quidam  parrulorum  soient  tœdere...  Cum  in  scholamix  parentibuscongre- 
gati  mittuntur,  etc.  Vie  de  saint  Ouénolé,  liv.  1,  oh.    5. 


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RECHERCHES  SUll   LES   ORIGINES  LITTÉRAIRES  419 

en  Bretagne,  car  elle  fut  entreprise  (vers  840)  aux  frais  et  sous 
ladirection  dudit  Anau-Waretli  (nom  assurément  breton),  sei- 
gneur d'Anast  (Maure),  qui  voulait  en  faire  don  à  l'abbaye 
de  Glanfeuil. 

J'en  appellerai  en  troisième  lieu  au  témoignage  de  Bili,  le 
biographe  de  saint  Malo.  Cet  auteur  nous  assure,  en  effet, 
que  de  son  temps  Técole  épiscopale  d'Alet  avait  à  sa  tête  le 
vénérable  Grégoire,  littérateur  du  plus  rare  mérite  et  peintre 
dun  talent  sans  égal\ 

Bili  lui-môme,  sorti  de  cette  école,  nous  a  laissé  une 
œuvre  qui  lui  assigne  un  certain  rang  d'honneur  parmi  les 
hagiographes  du  neuvième  siècle.  Enumérer  maintenant  les 
autres  hagiographes  bretons  de  l'époque,  ce  sera  montrer  par 
des  faits  que  sur  toute  l'étendue  de  la  presqu'île  armoricaine 
il  devait  y  avoir  des  écoles  fréquentées  et  de  puissants  foyers 
d'instruction.  Ces  écrivains,  en  effet,  se  cetrouvent  aussi  nom- 
breux ou  plutôt  plus  nombreux  au  fond  de  la  Bretagne,  dans 
le  Léon  et  la  Cornouaille,  qu'à  Nantes,  à  Vannes,  ou  dans 
toute  autre  partie  du  pays.  De  là,  l'idée  d'adopter  un  certain 
ordre  local  dans  cette  énumération,  en  prenant  pour  point 
de  départ  Dol  et  les  bords  de  la  Rance. 

§  1",  —  Vie  DE  SAINT   Magloire  (24  octobre  590)  et  trans- 
lation DE  SON  corps  a  Léhon  (v.  840). 

Je  regarde  comme  Dolois  d'origine  l'anonyme  auquel 
nous  devons  la  seule  vie  étendue  de  saint  Magloire  qui  aitvu  le 
jour  jusqu'à  présent'.  On  conjecture  que  cet  écrivain  appar- 
tient aux  premières  années  de  ce  siècle  par  ce  qu'il  ne  fait  au- 
cune allusion  à  la  translation  du  corps  du  saint  (830-850)  de 
Sœrk  à  Léhon.  Mais  on  ne  saurait  non  plus  la  placer  plus 
haut,  puisqu'il  fait  un  emprunt  textuel  à  l'hymne  de  Paul 
diacre  (780-820)  en  l'honneur  de  saint  Jean-Baptiste'. 

*  Vie  de  saint  Malo  par  Bili,  déjà  citée,  dédicace 'i 

*  Mabillon  :  Acia  S.  S.  S.13.  t.    i;  —  Acta  SiS.  Bollandiana,  t,  x. (octobre. 

*  Vie  de  saint  Magloire  n»  32. 


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420  RECHERCHES   SUR  LES   ORIGINES  LITTÉRAIRES 

Cet  anonyme  avait  de  l'érudition  et  il  n'ignorait  môme 
pas  la  langue  grecque.  Les  anciens  poètes  lui  étaient  égale- 
ment familiers  (n**  13,  26,  etc).  Cependant  il  a  commis  une 
bévue  assez  peujustiflable,  lorsqu'il  a  supposé  que  saint  Sam- 
son  jouissait  du  titre  de  métropolitain  dans  Tîle  de  Bretagne, 
avant  de  traverser  l'Océan  (n.  1).  Cet  écrit  est  d'ailleurs 
très  incomplet  comme  biographie.  Deux  ou  trois  miracles 
de  saint  Magloire,  devenu  abbé  après  avoir  abdiqué  la  dignité 
épiscopale,  en  font  presque  tous  les  frais.  Cela  tient  sans 
doute  à  ce  que  les  documents  originaux  lui  faisaient  défaut. 
Il  avoue  lui-môme  qu'il  raconte  ex  relatu  religiosorum  homi- 
num,  ce  qui  indique  une  simple  tradition  orale*.  Je  ne  puis 
séparer  du  biographe  de  saint  Magloire,  l'anonyme,  moine 
de  Léhon  selon  toute  apparence,  qui  a  raconté  la  trans- 
lation du  corps  du  môme  saint  de  l'île  de  Sœrck  au  monastère 
de  Léhon,  récemment  fondé  par  Nominoé.  Ce  récit,  publié  ré-  ■ 
cemment  offre  un  grand  intérêt  comiLc»  peinture  de  mœurs  et 
ne  peut  appartenir  qu'à  un  contemporain  et  à  un  témoin 
oculaire.  Il  ne  nous  était  parvenu  que  mutilé  dans  la  Chronicon 
Briocense,  heureusement  on  a  pu  le  reconstituer  à  peu  près 
dans  son  intégrité,  et  tel  quel,  il  a  reçu  les  honneurs  de  l'im- 
pression'. De  Dol  à  Alet  la  distance  n'est  pas  grande,  je  puis 
donc  la  franchir  sans  difficulté  et  y  retrouver  l'hagiographe 
Bili,  que  le  lecteur  connaît  déjà  à  moitié,  mais  le  moment  est 
venu  de  le  mettre  encore  mieux  en  lumière. 

§  2.  —  Bili  :  Vie  de  saint  Malo. 

Bili,  auquel  appartient  la  meilleure  vie  de  saint  Malo  que 
Ton  connaisse,  était  diacre  de /'-Bj^/wed'/l/e/' lorsqu'il  entreprit 
cet  ouvrage.  Ces  fonctions  le  tenaient  attaché  de  très  près  à 
la  personne  des  évoques  de  cette  ville*  et  l'avaient  mis  à 

«  Vie  de  saint  Magloire,  n*  2. 

>  Analecu  Bolland,  t.  tiu,  p.  370-381. 

s  Vie  de  saint  Malo,  dédicace. 

4  Ibid.  Lib.  2.  c.  18. 


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DE  L'ANCIENNE  PROVINCE  DE  BRETAGNE  421 

môme  non-seulement  de  compulser  à  loisir  tous  les  docu- 
ments relatifs  à  la  vie  et  aux  miracles  du  saint,  mais  encore 
de  se  transporter  sur  divers  points  du  pays,  et  de  recueillir 
un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  renseignements  vrais 
et  traditionnels.  Or,  s'il  fut  heureux  de  rencontrer  sur  sa 
route  une  vie  étendae  du  thaumaturge  relatant  en  détail 
toutes  les  pérégrinations  du  saint  Evoque  et  écrite  par  un 
homme  d'un  sens  profond*,  il  constata  aussi  avec  douleur 
que  plusieurs  biographes  postérieurs  l'avaient  ensuite  altérée 
et  corrompue'.  Ce  fut  précisément  pour  réparer  les  dom- 
mages qu'avaient  dû  faire  de  telles  interpolations  à  la 
mémoire  du  saint  Confesseur,  que  Bili  résolut  de  prendre  la 
plume  et  de  rédiger  un  abrégé  fidèle  et  suffisamment  com- 
plet de  la  Vie  modèle  qu'il  avait  sous  les  yeux*.  De  là  les 
deux  livres  sur  la  vie  et  les  miracles  de  saint  Malo,  où  l'au- 
teur embrasse  à  la  fois  et  retrace  assez  au  long  la  nais- 
sance du  saint  (vers  510),  Téducation  religieuse  (520-535),  les 
pérégrinations  en  compagnie  de  saint  Brandan,  le  passage 
en  Armorique  (vers  550)  et  les  fondations  monastiques  autour 
d'Alet,  avec  Tépiscopal  de  quarante  années  (570-610),  le  séjour 
à  Saintes,  la  mort  et  la  sépulture,  enfin  les  miracles  posthumes 
tant  à  Saintes  qu'à  Alet,  y  compris  ceux  dont  Bili  a  été 
témoin  oculaire. 

Ce  simple  aperçu  dit  assez  quel  intérôt  hors  ligne  doit 
offrir  un  document  hagiographique  de  cette  nature.  Le 
côté  littéraire,  sans  être  la  partie  brillante  de  l'hagio- 
graphe,  n'a  point  cependant  non  plus  été  négligé  par  lui. 
A  part,  en  effet,  quelques  passages  obscurs ,  certaines 
fautes  de  grammaire,  peut-être  deux  ou    trois  répétitions 

*  Longo  tempore,  antequam  orti  faissemus,  alius  sapiens  yitam  pere- 
grinationum,  in  multis  locis  habitationum  sancti  Machutis  scribere  caravit 
(Prol.  de  la  vie  de  saint  Malo). 

>  Postea  multis  hano  Titam  scribere  conantibus,  in  multis  vitiatam^esse 
Tidemus. 

*  Nos  seeundum  exemplar  illius  prioris  scribentes. ..  emendare  cnpientes 
...ibid. 


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422  RKCHERCnKP    RL'R  LES   ORîr.ïNES  LITTÉRAIRES 

fastidieuses,  cette  vie  se  lit  avec  autant  dHntérôt  que  de 
profit  et  le  style  de  Bili  est  ordinairement  clair  et  concis, 
correct  et  élégant. 

Sans  sortir  du  diocèse  d'Alet,  nous  allons  nous  diriger  vers 
l'abbaye  deSaint-Méen,  pour  y  chercher  Tauleur  (probable) 
d'une  pelile  vie  de  saint  Léry. 

§  3.  —  Vie  de  saint  Léry  (30  septembre  700). 

Saint  Léry  (Laurus),  qu'on  croit  être  le  prêtre  Laumorinus 
qui  administra  les  derniers  sacrements  à  saint  Judicaël,  son 
protecteur  ef  son  ami*,  avait  fondé,  sous  la  dépendance  de 
Tabbaye  de  Sainl-Méen  et  à  une  petite  distance,  un  prieuré 
auquel  il  annexa  une  école,  selon  l'usage  des  disciples  de 
saint  Méen.  Cet  homme  de  Dieu  mourut,  selon  toute  appa- 
rence, dans  les  premières  années  du  huitième  siècle  et  laissa 
une  mémoire  entourée  d'une  telle  vénération  que  son  tom- 
beau devint  l'objet  d'un  pèlerinage  fréquenté  et  le  saint 
l'objet  d'une  fête  annuelle  ;  rest  à  l'occasion  de  cette  fête  que 
fut  prononcé  le  sermon  panégyrique  qui  me  fournit  l'occasion 
de  cette  notice,  car  c'est  grâce  à  lui  que  nous  avons  sur  ce 
saint  quelques  renseignements  authentiques,  malheureuse- 
ment bien  peu  circonst'inciés.  L'auteur  de  ce  panégyrique  se 
contente  en  effet  de  résumer  en  quelques  lignes  la  vie  et  la 
mort  de  Léry,  sans  doute  parce  qu'il  parlait  à  des  auditeurs 
pour  qui  tout  cela  était  connu.  Il  ne  s'applique  qu'à  mettre  en 
relief  un  miracle  qui,  arrivé  tout  récemment,  offrait  alors  le 
plus  haut  intérêt.  Aujourd'hui  les  choses  ont  changé  ;  ce 
prodige  nous  laisse  froids,  tandis  que  nos  vœux  seraient 
comblés,  si  nous  avions  une  biographie  un  peu  étendue  de 
saint  Léry.  Une  conclusion  assez  importante  ressort  néan- 
moins de  cet  écrit.  On  y  voit,  en  effet,  que  l'école  fondée  par 
le  saint  dans  une  infime  localité  continuait  alors  à  subsister  et 
comptait  même  de  30  à  40  élèves,  chiffre  considérable  pour  la 

•  Vie  inédite  de  saint  Judicftël,  vers  la  fin. 


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DE  l'ancienne   province   DE   BRETAGNE  423 

population.  On  en  conclura  sans  peine  que  Tinstruction  était 
alors  beaucoup  plus  répandue  dans  nos  campagnes  que  ne 
se  le  figurent  ceux  qui  s'imaginent  qu'elle  est  un  bienfait  de 
1789. 

Quant  à  la  date  du  sermon  panégyrique  en  l'honneur  de 
saint  Léry,  elle  ne  saurait  être  reportée  au  delà  de  Tannée 
878  et  des  invasions  normandes,  qui  amenèrent  la  translation 
à  Tours  du  corps  du  saint  :  mais,  d'autre  part,  cet  écrit  ne 
peut  ôtre  non  plus  antérieur  aux  (Iremières  années  du  neu- 
vième siècle,  l'auteur  y  faisant  allusion  à  l'introduction  de  la 
liturgie  romaine  en  Bretagne.  Le  style  de  ce  panégyrique  ne 
manque  pas  d'élégance,  mais  cette  qualité  n'exclut  non  plus 
ni  Tenflure,  ni  la  redondance  des  épithètes,  ni  une  recherche 
trop  sensible  de  l'effet.  La  vie  de  saint  Léry  n'a  été  éditée  que 
partiellement  par  les  Bollandistes.  Heureusement  on  en  re- 
trouve un  texte  meilleur  et  plus  complet  dans  les  CoUectanea 
de  dora  Lobineau  et  de  ses  confrères*. 


{4.  —  Martyre  de  saint  Gohard  (24  juin  843). 

De  l'abbaye  de  Saint-Méen,  je  traverse  Rennes  sans  arrêt 
pour  arriver  d'un  seul  trait  à  Nantes,  et  encore  ici  la  moisson 
est  bien  maigre.  Elle  se  borne  en  effet  à  la  relation  du  mar- 
tyre de  saint  Gohard.  Ce  document  n'est  qu'une  sorte  de 
procès-verbal,  il  est  sec  et  laconique  comme  tous  les  docu- 
ments de  ce  genre,  mais  aussi,  comme  eux,  il  inspire  pleine 
confiance  et  mérite  de  faire  autorité.  Il  a  été  publié  récemment 
dans  les  mémoires  de  l'Association  bretonne*,  et  la  Chronique 
de  Nantes,  dont  il  sera  question  bientôt,  en  a  fait  usage  con- 
jointement avec  les  vies  de  saint  Philibert  et  de  saint  Martin 
de  Vertou  pour  raconter  le  môme  martyre. 

•  Biblioihèque  ncUionale,  Blss.  franc,  n-  22, 321.  Selon  Du  Gange  (V«  OerUes 
cet  anonyme  serait  le  premier  à  avoir  donné  au  mot  gantes  le  sens  actuel  de 
réunion  d'hommes  ou  de  gens. 

*  Année  1881,  session  de  Ch&teaubriant. 


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424  RECHERCHES   SUR  LES   ORTGINES  LITTÉRAIRES 


§  5.  —  Ecole  de  Redon. 

De  Nantes,  poursuivant  notre  course  à  travers  la  Bretagne 
à  la  recherche  des  hagiographes  bretons  du  neuvième  siècle, 
je  n*ai  plus  guère  désormais  qu'à  longer  le  littoral  jusqu'à 
Tréguier.  Notre  première  station  sera  Tabbaye  de  Redon. 

Elle  paraît  avoir  été  à  cette  date  l'école  la  plus  florissante 
de  toute  la  péninsule»  celle  qui  compta  le  plus  grand  nombre 
d'hommes  versés  dans  les  lettres,  bien  qu'un  seul  fruit  de 
cette  culture  littéraire  soit  arrivé  jusqu'à  nous,  à  savoir  les 
Gesta  SS.  Rotonensiuniy  déik  mentionnés  en  passant,  mais 
sur  lesquels  il  nous  faut  maintenant  entrer  dans  plus  de 
détails.  Ce  document  est  dû  à  un  anonyme  dont  la  contem- 
poranéité  est  indiscutable,  car  on  le  voit  à  diverses  reprises 
acteur  et  témoin  occulaire  dans  les  faits  qu'il  raconte*. 

Cet  anonyme  écrit  avec  jutant  de  simplicité  que  d'élégance. 
Bien  que  profondément  nourri  de  la  lecture  des  anciens 
poètes  et  des  orateurs  romains,  il  ne  cite  guère  que  l'Ecriture 
Sainte,  mais  pour  celle-ci,  il  se  plaît  à  en  enchâsser  de  très 
nombreux  passages  dans  son  récit. 

Les  Gesta  SS.  Rotonensium  sont  divisés  en  trois  livre  s 
nettement  distincts.  Le  premier  contenant  d*abord  une  des- 
cription des  lieux,  offre  ensuite  un  résumé  assez  étendu  des 
faits  qui  ont  accompagné  la  fondation  de  Saint-Sauveur  de 
Redon  (823),  des  persécutions  que  le  B.  Convoïon  et  ses  dis- 
ciples eurent  à  subir,  des  démarches  auxquelles  ils  durent  se 
livrer  pour  obtenir  protection  contre  l'injustice.  Ce  livre  ne 
nous  est  parvenu  que  mutilé,  le  début  et  Içs  premiers  cha- 
pitres nous  font  défaut. 

Le  second  livre  nous  offre  une  suite  de  notices  détachées, 
consacrées  chacune  à  retracer  à  grands  traits  les  vertus  et 

•  Ho8  lanctos  Yiros  bene  novi,  qui  me  a  pueritia  nutrierant  et  in  scientia 
Dei  edacaverunt  (Prologue  du  lirre  second)  !  Qure  vidi  et  audivi  non  debeo 
reticere,  ibid. 


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DK  l'ancienne   province   DR   BRETAGNE  425 

les  miracles  des  premiers  moines  de  Redon.  Rien  de  pieux 
et  de  touchant  comme  ces  relations  courtes  et  concises,  mais 
pleines  de  moîHIe  et  de  substance.  Le  livre  se  termine  parle 
récit  de  là  translation  à  Redon  des  corps  des  saints  Marcellin 
et  Hypothême,  et  de  la  déposition  assez  pou  légitima  par 
Nominoô  des  évêques  bretons  accusés  de  simonie. 

Le  troisième  a  trait  aux  miracles  qu'opéraient,  au  neuvième 
siëole^  àRedon,  les  reliques  des  saints  Marcellin,  pape  et 
martyr,  et  Hypotliôme,  évoque  d'Angers,  dont  la  translaticm 
avait  été  racontée  dans  le  livre  précédent.  On  y  rencontre 
plus  d'un  détail  qui  touche  à  Thistoire  générale  de  l'époque. 
En  outre,  ce  qu'il  importe  de  remarquer,  c'est  que  la  biogra- 
phie du  saint  pape  Marcellin  y  est  mieux  esquissée  qu'elle  ne 
l'est  nulle  part  ailleurs,  sans  excepter  les  Acta  Sunctorum, 
les  Bollandistes  n'ayant  pas  eu  connaissance  de  l'écrit  dont 
nous  nous  occupons  ici. 

Ce  troisième  livre  ne  devait  pas  se  terminer  sans  nous  offrir 
le  récit  des  derniers  moments  et  de  la  mort  de  saint  Gonvoîon 
(28  décembre  868*).  Malheureusement  cette  partie  n'est  point 
arrivée  jusqu'à  nous,  mais  on  peut  y  suppléer  sans  trop  d'in- 
convénients, grâce  à  la  relation  postérieure  du  même  évé- 
nement que  nous  en  a  laissée  un  autre  anonyme,  qui  vivait, 
croit-on,  ^u  onzième  siècle'  et  dont  je  dirai  quelques  mots  en 
son  temps. 

Après  ces  détails  sur  le  premier  anonyme  de  Redon,  il  est 
tempsde  reprendre  ma  course  pour  me  transporter  à  Vannes 
où  s'offre  à  moi  le  biographe  de  saint  Guenaël,  qui  devait 
appartenir,  selon  toute  probabilité,  au  clergé  vannetais  du 
neuvième  siècle. 

§  5.  —  Vie  de  saint  Guenael  (3  novembre  600). 

La  vie  et  les  miracles  de  saint  Guenaël,  disciple  et  succes- 
seur immédiat  du  premier  abbé  de  Landévennec,   puis  fon- 

*  Préface  du  IWre  9. 

>  Preuves  de  Bretagne  t.  I,  c.  23*2  et  233. 


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426  RECHERCHES   SUR  LES   ORIGINES  LITTÉRAIRES 

dateur  de  plusieurs  monastères  tant  dans  la  grande  que  dans 
la  Petite  Bretagne,  n'ont  pas  du  être  recueillis  avant  le 
neuvième  siècle,  puisque  l'auteur  termine  sa  relation  en 
mentionnant  ce  que  fit  Nominoé  pour  relever  le  culte  de  ce 
grand  saint.  Maison  ne  saurait  non  plus  reculer  au-delà  des 
années  850-870  la  date  de  rédaction  de  cet  écrit,  car  l'auteur 
n'y  fait  pas  la  moindre  allusion  aux  ravages  des  Normands 
et  à  la  double  translation  à  Lehon  (vers  880)  et  à  Corbeil  (vers 
Ô30)  des  reliques  du  saint  abbé.  Quant  à  l'auteur,  il  est  resté 
anonyme,  mais  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  était  vannetais 
d'origine,  car  c'est  dans  ce  pays  que  saint  Guenaôl  passa  ses 
dernières  années  et  reçut  une  honorable  sépulture,  c'est  là 
aussi  que  Nominoé  se  plut  à  l'entourer  des  marques  de  véné- 
ration dont  je  viens  de  dire  un  mot.  Cet  auteur  écrit  le  latin 
avec  une  simplicité  et  une  clarté  qui  n'excluent  nullement 
l'élégance  de  la  diction.  Son  air  de  candeur  et  do  bonne  foi 
nous  est  en  outre  un  sûr  garant  qu'il  n'avance  rien  sans  bonne 
preuve,  mais  comme  son  écrit  manque  de  prologue  nous 
ignorons  cependant  à  quelles  sources  il  a  puisé  ses  rensei- 
gnements. Cette  vie  était  connue  depuis  longtemps  des  hagio- 
graphes,  témoin  la  mention  qui  en  est  faite  au  3  novembre 
dans  Muneratus  et  les  autres  compilateurs  d'Usuard,  mais 
elle  n'avait  jusqu'à  présent  été  livrée  à  l'impression  que 
par  D.  Hugues  Ménard*. 

Les  Bollandistes  viennent  tout  réceniment  de  lui 
donner  place  dans  leur  tome  I  de  novembre,  avec  des  addi- 
tions et  des  compléments  qui  ne  seront  pas  inutiles,  car  ce 
document  laissait  à  désirer  sous  le  rapport  de  l'étendue,  il 
était  trop  incomplet. 

De  Vannes  et  de  saint  Guenaôl,  j'arrive  à  Quimper  et  à 
saint  Corentin. 

(A  suivre),  Dom  Fr.  Plaine. 


*  Martyrol.  Benedictinum  addit.  ad.  9  novembre. 


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ÉTUDES  SUR  UNE  PAROISSE  BRETONNE 


BRANDIVY 


INTRODUCTION 

EN  publiant  ce  travail  sur  Brandivy,  je  le  propose  sans  vanité  à 
l'imitation  de  mes  confrères. 
Que  le  prêtre  fasse  de  l'exercice  du  saint  ministère  et  de 
rétude  des  matières  ecclésiastiques  sa  principale  occupation,  on  le 
conçoit  ;  arracher  les  ftmes  au  démon  pour  les  conduire  à  Dieu, 
c'est  son  devoir  et  son  unique  raison  d'être. 

Mais  si,  en  vue  de  donner  à  son  esprit  une  détente,  il  met  à  profit 
quelques  loisirs  pour  s'appliquer,  dans  la  mesure  de  ses  moyens,  à 
la  recherche  des  antiquités  de  sa  paroisse  et  du  voisinage.qui  songera 
à  l'en  bl&mer  ?  On  est  curieux  de  savoir  ce  qui  s'est  passé  à  l'étranger, 
serait-il  criminel  ou  malséant  de  savoir  ce  qui  s'est  passé  chez  soi  ? 
Notez  qu'en  se  livrant  à  ces  investigations  locales,  le  prêtre  ne  court 
guère  le  risque  de  déserter  le  domaine  qui  lui  est  propre.  Les  anti- 
quités ecclésiastiques  côtoient  toujours  et  pénètrent  même  les 
antiquités  profanes.  Tant  la  vie  de  l'Église  était  débordante  avant 
89  !  Tant  le  sentiment  religieux  dominait  ou  absorbait  toute  vie 
publique  ou  privée,  populaire  ou  féodale. 

Et  qu'on  ne  s'avise  pas,  pour  couvrir  à  cet  égard  son  indifférence 
ou  son  inaction,  de  se  forger  mal  à  propos  des  difficultés  insurmon- 
tables !  Les  sources  de  renseignements  sont  plus  nombreuses  et 
plus  faciles  à  exploiter  qu'on  ne  s'imagine. 

En  premier  lieu,  les  archives  communales.  —  Le  clergé  tenait  avant 
89,  ces  vieux  registres,  il  les  a  parsemés  de  notes  historiques  d'un 


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428  BRANDIVY 

grand  intérêt.  G*est  à  nous,prôtres,qu'il  convient  principalement  d'en 
extraire  ces  trésors.  Mais  le  temps  presse  !  les  mites  sans  pitié  dé-* 
vorent  les  feuilles,  et  l'on  peut  prévoir  l'époque  où  des  pages 
entières  deviendront  illisibles. 

Puis  les  archives  des  familles.  —  Chaque  maison  possède  comme 
un  dépôt  sacré,  oit  sont  enfermés  avec  soin  une  foule  de  documents 
précieux.  C'est  dans  ces  sacs,  caisses,  boites,  tiroirs  qu'il  n'est  pas 
rare  de  mettre  la  main  sur  des  titres  de  famille,  des  baux  de  ferme, 
des  inventaires  de  ménage,  des  déclarations  de  tenue  avec  «  tenans 
et  aboutissans  »,  sur  un  tas  de  petits  papiers  qui  vous  rejettent  à 
plusieurs  siècles  en  arrière. 

Encore  ici  que  les  amateurs  se  dépêchent.  Plus  redoutable  que  la 
mite,  un  agent  destructeur  de  la  pire  espèce  commence  à  pulluler 
dans  les  campagnes  :  le  petit  savant.  Rien  de  terrible  pour  les  vieux 
papiers  comme  un  pareil  homme.  D'un  air  suffisant  autant  que 
dédaigneux,  il  semble  scruter  les  manuscrits  ;  il  ne  voit  rien  et  ne 
veut  rien  voir,  en  dehors  des  pièces  qui  intéressent  directement 
le  sol.  Sans  égard  pour  l'axiome  populaire  :  <  ne  zaibrant  quel  ba/ra^ 
ces  papiers  ne  mangent  pas  de  pain,  »  il  porte  une  sentence  qui  ne 
souffre  pas  d'appel.  Sur  cette  sentence,  un  triage  est  opéré,  le 
froment  est  remis  dans  le  sac  et  la  paille  prétendue  jetée  au  feu. 
Que  de  pièces  anéanties  de  la  sorte  ? 

En  troisième  lieu  les  légendes.  —  Les  légendes  toutes  seules  ne 
peuvent  faire  l'histoire,  mais  elles  aident  à  en  éclairer  les  côtés 
obscurs.  Leur  antique  ft'aicheur  n'a  pas  été  jusqu'ici  sérieusement 
entamée.  Comme  de  graves  altérations  ne  peuvent  tarder  à  s'y 
produire  en  face  de  la  politique  de  plus  en  plus  envahissante,  le  mo- 
ment semble  venu  d'en  composer  des  recueils.  Or,  pourcett-é  besogne, 
nul  n'est  plus  apte  que  le  prêtre.  Le  prêtre  est  en  général  sorti  du 
peuple  et  ses  légendes  ont  bercé  son  enfance  ;  par  le  fait  de  son  mi- 
nistère^, il  vit  en  contact  journalier  avec  le  peuple  et  il  possède  sa 
confiance. 

Cette  triple  source  épuisée,  il  faut  que  le  chercheur  intrépide  aille 
fouiller  une  quatrième  :  les  archives  de  la  Préfecture.  C'est  là 
qu'il  peut  donner  à  ses  recherches  une  extension  extrême.  Il  y  peut 
en  particulier,  si  le  but  qu'il  s'est  proposé  Ty  convie,  compléter  ou 
rectifier,  à  l'aide  des  manuscrits  de  M.  Galles,  ce  qui  se  rapporte 
aux  seigneuries  ;  à  l'aide  des  travaux  de  Rosenz  weig,  ce  qui  con- 
cerne la  vie  civile  et  ecclésiastique  ;  à  l'aide  des  registres  des  Direc- 
toires, les  récits  traditionnels  sur  l'époque  révolutionnaire. 

Ce  n'est  pas  que  de  la  sorte  on  obtienne,  à  proprement  parler,  une 


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BRANDIVY  429 

histoire.  Une  histoire  comprend  un  récit  unique  ou  une  suite  de 
récits  où  domine  un  principe  d'unité.  Or  quel  principe  d'unité  ren-;- 
coAtrera^t-on  parmi  les  faits  d'une  seule  localité  ?  Ce  qu'on  obtient, 
ce  sont  tout  simplement  des  études  historiques.  Outre  qu'elles  sont 
fort  intéressantes  au  point  de  vue  local,  ces  études  forment  la  base 
nécessaire  d'une  histoire  générale.  L'histoire  générale,  voilà  le  but  ! 
L'étude  locale,  voilà  le  moyen!  J'apporte  une  petite  pierre  à  la 
construction  de  l'édiâce.  Que  mes  confrères  en  fassent  autant.  Je  les 
engage  à  entrer  dans  cette  voie,  résolument,  chacun  à  sa  façon  et 
suivant  la  tournure  de  son  esprit.  Les  études  locales  sont  à  l'ordre 
du  jour.  Ne  laissons  pas  aux  laïques  toute  la  gloire  de  ces  travaux, 
d'autant  plus  que  ces  travaux,  s'ils  se  font  sans  nous,  se  feront 
quelquefois  contre  nous.  Qu'on  se  garde  de  mépriser  le  moindre 
détail  !  Un  détail  insignifiant  pour  une  localité  peut  avoir  sa  valeur 
pour  les  localités  voisines.  Si  la  raison  secrète  de  certains  faits  nous 
échappe,  tâchons  de  les  éclaircir  par  de  bonnes  hypothèses.  Peut-être 
quelques-unes  paraîtront-elles  tout  d'abord  haidies  ou  singulières, 
qu'importe  ?  il  suffit  qu'elles  servent  de  jalons  aux  chercheurs  de 
l'avenir.  Lorsque  les  matériaux  seront  au  complet  sur  les  divers 
points  du  diocèse,  le  Dieu  des  sciences  ne  manquera  pas,  pour  les 
rassembler  de  toutes  parts,  de  susciter  un  esprit  d'élite.  Cet  ouvrier 
prédestiné  taillera  ces  divers  matériaux  à  loisir;  il  les  disposera 
d'une  main  discrète  et  savante  ;  il  en  fera  sortir  un  ouvrage  qui 
n'aura  peut-être  pas  son  semblable  dans  les  autres  contrées. 

Telle  est  la  pensée  qui  a  inspiré  la  composition  de  ces  études.  Elles 
sont  divisées  en  cinq  parties  qui  traiteront  successivement  de 
Brandivy  au  point  de  vue  ecclésiastique  et  seigneurial,  de  Brandivy 
sous  la  Révolution,  des  voies  anciennes  à  Brandivy  et  aux  alentours, 
de  quelques  mœurs  et  usages  bretons.  Ces  diverses  parties  n'ont 
d'autre  lien  entre  elles  que  le  titre  général,en  sorte  que  chacune  d'elles 
forme  un  tout  distinct  et  complet.  Non  que  je  me  fasse  la  moindre 
illusion  sur  le  peu  d'importance  que  peut  offrir  cet  essai  ;  pris  à  part, 
cet  essai  est  un  détail.  Pour  l'apprécier  à  sa  juste  valeur,  c'est  l'en- 
semble de  l'édifice  à  construire  qu'il  faut  considérer.  Aussi  j'affirme 
en  toute  franchise  que  s'il  devait  rester  isolé,  ce  travail  particulier 
ne  verrait  jamais  le  jour. 

J.-M.  GUILLOUX, 

Vicaire. 


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PREMIÈRE  PARTIE 


BRANDIVY   ECCLÉSIASTIQUE 


Tous  les  faits,  toutes  les  légendes  qui  de  près  ou  de  loin  se 
rapportent  à  cette  partie  peuvent  aisément  se  grouper  sous  un  des 
titres  qui  suivent  :  patron  de  Brandivy,  trêve  ou  paroisse,  cha- 
pelles et  croix,  clergé. 


PATRON* 

BHANDivY  se  compose  de  Bran  et  de  Divy%  ce  qui  veut 
dire  :  colline  de  Divy. 
En  fait  d'étymologie,  rien  ne  semble  plus  correct. 
Bran,  Bren,  au  rapport  de  tous  les  auteurs,  signifie  colline, 
montagne.  Or,  non-seulemeiit  le  bourg  de  Brandivy  s'élève 
sur  une  hauteur,  mais  encore  toute  la  paroisse  forme  un 
terrain  montagneux. 

Pour  ce  qui  est  de  Divy,  Tinterprétation  n'est  pas  moins 
évidente.  Un  titre  de  1634  désigne  le  patron  de  la  localité  sous 
le  nom  de  saint  Davi.  Or,  Davy  et  Divy  sont  un  seul  et  môme 
personnage,  évoque  de  Ménévie,  mort  vers  Tan  544.  «  Les 
lieux  qu'on  appelle  Saint-Divy,  proche  Landerneau,  et  Pol- 
Davy  auprès  de  Douarnenez  nous  rappellent,  dit  Déric,  la 
mémoire  de  ce  saint  prélat.  »  Il  est  permis  d'ajouter  que  la 

«  Titulaire  serait  le  terme  exact,  mais  le  mot  patron,  est  plus  de  la  langue 
courante. 

B  D'après  la  légende,  il  se  compose  de  Ber,  deu  ui.  Un  enfant  cherchait  des 
nids,  arrivé  à  une  brousse,  il  entend  un   oiseau    qui   s*enTole  et  il  s*éciie 
Berrr.  deu  ui.  c'est-k-dire  berrr,  deux  œufs.  D*où  Ton  a  fait  Berdevy. 


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BRANDI  V  Y  431 

ville  épiscopale  de  Ménévie  porte  depuis  longtemps  le  nom 
de  Saint-Davy,  du  nom  de  son  fondateur* . 

Si  l'on  objecte  que  Brandivy  s'écrivait  en  1447,  Brandevi, 
qu'à  cela  ne  tienne.  Devy  est  une  des  formes  du  nom  de 
notre  saint.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  que  l'église,  bâtie  au  lieu 
où  fut  célébré  un  concile  qui  vit  briller  sa  science  et  sa  3ain- 
teté,  fut  nommée  en  son  honneur  Lan-Devy-Brewi,  et  que 
saint  Lily,  son  disciple  chéri,  fut  nommé  Gwas-Dewy. 

Une  difflculté  sérieuse  reste  à  résoudre,  relativement  à 
saint  Ivy  qui  paraît  avoir,  à  une  époque  que  j'ignore,  sup- 
planté saint  Divy.  Le  nom  de  saint  Ivy  est  écrit  en  gros  ca- 
ractères sur  la  croix  paroissiale  ;  rabt)é  Cillard,  de  son  côté, 
le  reconnaît  comme  patron  de  la  localité.  Mais  c'est  une  er- 
reur, et  cette  erreur  orovient  d'une  confusion  qu'il  était  si 
facile,  à  défaut  de  documents,  d'établir  entre  les  deux  noms. 
Si  saint  Ivy  avait  été,  dès  le  principe,  le  vrai  patron,  pour- 
quoi n'eût-on  pas  écrit  et  prononcé  Branivy?  Le  besoin  d'eu- 
phonie n'obligeait  pas,  en  la  circonstance,  à  intercaler  le  d. 
Alors  môme  que  cette  raison  ne  vaudrait  rien,  nous  pouvons 
invoquer  le  titre  de  1634  qui  désigne  le  patron  sous  le  nom 
de  saint  Davi^  qui  est  le  môme  que  Devy  et  Divy,  comme 
nous  l'avons  ci-dessus  prouvé.  Ce  titre  est  antérieur  d'un 
siècle  à  l'affirmation  de  Cillart;  or,  pour  connaître  la  vérité 
sur  ces  sortes  de  questions,  ce  sont  les  vieux  titres  qu'il  faut 
consulter,  ce  sont  aux  plus  anciennes  orthographes  qu'il  est 
nécessaire  de  se  rapporter. 

Ce  qui  confirme  cette  opinion,  c'est  que  l'abbé  Cillart  lui- 
même,  en  parlant  de  saint  Ivy,  le  qualifie  d'évôque  inconnu. 
Ainsi  Cillar  conserve  au  patron  son  titre  d'évôque.  Mais 
évoque  de  quel  siège  et  de  quelle  époque?  Il  n'en  sait  rien. 
Il  connaît  un  saint  Ivy,  moine  du  septième  siècle  ;  mais  il  ne 
rencontre  nulle  part  un  saint  Ivy,  évoque.  Voilà  l'auteur  du 

'  Un  Yillage  de  Brandivy  s'appeUe  Méné-Dayj  quia  exactement  le  même 
aexkB  que  Bran-Divy.  —  A  signaler  Ker-Davy  en  Pluvigner,  sur  les  limitea  de 
Braadiyy. 


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432  BRANDIVY 

fouillé  ddiiis  l'embarras  !  La  difficulté  se  serait  évanouie,  s'il 
avait  connu  le  titre  de  1634.  Ce  titre  lui  eût  fait  voir  que  le 
vrai  patron  de  Brandivy  portait  le  nom  de  Davy  ou  DIvy,  ou 
Devy,  et  que  ce  saint  avait,  au  sixième  siècle,  illustré  le  siège 
de  Ménévie  dans  la  Grande-Bretagne. 

D'où  il  résulte  que  saint  Divy  a  été  le  patron  primitif  de 
Bran-Divy  et  qu'il  a  imposé  à  la  localité  son  nom*. 

Une  question  fort  intéressante  serait  de  savoir  à  quelle 
époque  une  chapelle  sous  le  vocablo  de  Saint-Divy,  serait 
venue  couronner  ces  hauteurs.  En  Tabsence  d'un  texte,  d'un 
document,  il  est  impossible  de  rien  préciser.  Tout  ce  qu'il 
est  permis  d'avancer,  c'est  qu'elle  doit  remonter  au-delà  du 
douzième  siècle.  C'est  avant  le  douzième  siècle  effectivement 
qu'il  était  de  mode  d'accoler  un  terme  celtique,  comme  Bran, 
Ran,  Plou,  Guic,  Landt,  Loc  ou  Lot...  au  patron  d'une 
chapelle,  d'une  localité,  d'un  canton  de  terre,  d'un  monastère. 

Non  pas  que  cet  oratoire  primitif  fût  en  pierres,  les  cons- 
tructions lapidaires,  au  moins  dans  les  campagnes  armori- 
caines, au  rapportde  la  notice  de  Jublains,  datent  seulement 
des  dixième  et  onzième  siècles  ;ce  ne  devait  être  qu'un  humble 
bâtiment  fermé  par  des  claies  et  construit  avec  de  la  terre  et 
du  chaume,  d'après  la  méthode  suivie  à  la  môme  époque  pour 
les  maisons  en  Armorique,  en  Bretagne  et  dans  d'autres 
contrées. 

'  Cela  n*eijt  pas  toujours  vrai,  uiors  môme  qu*eii  décomposaut  le  nom  d'une 
localité,  on  y  retrouve  celui  du  patron.  Le  nom  des  terres  en  effet,  quand  il 
Devient  pas  d*un  événement  marquant,  est  ordinairement  t'ré  de  la  si- 
tuation des  lieux,  du  voisinage  d*une  forêt,  d'un  cours  d*eau  de  quelque 
accident  caractéristique.  Or,  on  est  aisément  porté  adonner  pour  patron  à 
un  lieu  le  saint  dont  le  nom  offre  quelque  ressemblance  avec  le  nom  de 
ce  lieu.  C'est  pour  cette  raison  que  saint  Melaine  a  pu  être  choisi  pour 
patron  dePlouguelen,  saint  Corneille  de  Carnac,sainte  Agathe  de  Plumergat, 
saint  Jean  d'une  chapelle  bâtie  au  village  de  Lésurgant  en  Plescop....  C'est 
d'après  le  même  principe  qu'on  invoque  N.-D.  de  la  Vérole  à  Brech,  saint 
Corneille  pour  les  bestiaux,  saint  Clair  pour  les  yeux,  saint  Abibon  (en  breton 
Diboen)  pour  la  délivrance  des  Ames  du  Purgatoire  et  des  femmes  en  travail 
d'enfant  ;  sainte  Avoie  pour  les  enfants  enviés.  Les  enfants  qu'on  jalouse 
sèchent  sur  pied  ;  on  ne  peut  les  guérir  qu'en  promettant  une  poule  blanche 
à  saiités  Avie et  en  envoyant  Tenfant  iniei  «  voiei  »  en  pèlerinage  k  sa  chapelle... 


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^w^ 


BRANUIVY  433 

Suivant  Tusage  presque  constant  à  cette  époque,  la  cha- 
pelle s'élevait  au  bord  d'une  voie  ancienne,  le  hent  Conan, 
qui  traversait  tout  le  Broroérec  de  la  Vilaine  au  Blavet  et  dont 
on  retrouve  encore  par-ci  par-là  quelques  vestiges. 

On  croirait  volontiers  qu'elle  a  été  dans  le  principe,  affectée 
au  service  d'un  hospice.  D  existe  au  bourg  de  Brandivy,  un 
champ  dit  n  parc  en  hospUal  »,  où  les  laboureurs  prétendent 
avoir  retrouvé  des  vestiges  de  maisons,  des  ardoises.  Cette 
dénomination  indique  d'ailleurs  dans  les  autres  paroisses  un 
établissement  hospitalier;  pourquoi  n'en  serait-il  pas  de 
môme  chez  nous  ?  Que  ce  fût  un  hospice,  ou  un  prieuré,  ou 
un  poste  de  moines  sur  le  hent  Conan^,  son  existence  serait 
une  raison  de  plus  pour  croire  à  la  haute  antiquité  de  la  cha- 
pelle de  Brandivy. 

Si  une  chapelle  n'a  pas  cessé,  depuis  une  lointaine  époque, 
de  se  dresser  sur  cette  colline,  saint  Divy  a  cessé  malheureu- 
sement de  la  protéger.  Troublés  par  la  fâcheuse  confusion 
survenue  entre  saint  Divy  et  saint  Ivy,  nos  gens  ont  voulu 
se  donner  un  patron  connu  et  ils  ont  pris  saint  Aubin. 

Ce  qu'il  y  a  d'étrange,  c'est  que  le  changement ,  ne  peut 
remonter  au-delà  de  cinq  quarts  de  siècle  et  que  les  habitants 
n'en  ont  conservé  aucun  souvenir.  Tous  sont  persuadés  que 
saint  Aubin,  le  patron  actuel,  a  été  de  tout  temps  le  patron 
de  la  localité.  Est-ce  que  cette  tradition  ne  porte  pas  à  croire 

'  On  remarque  sur  la  même  voie,  le  Moustoir  en  Pluvigner,  le  Moustoiric 
en  Plumergat,  Lomenec  et  le  Moustoir  des  Fleurs  en  Orand-Champ  :  tous 
établissements  avec  «  le  parc  en  Jwspital,  »  échelonnés  sur  un  espace  de  20 
kilomètres.  Lorsque  dans  une  de  leurs  courses  du  neuvième  siècle,  les  Nor- 
mands ravagèrent  la  Bretagne  jusqu'au  Blavet,  ils  durent  suivre  ce  chemin, 
en  ruinant  tout  sur  leur  passage.  Que  le  sol  de  la  Bretagne  ait  été  avant  le 
neuvième  siècle  couvert  de  moustoirs,  d'hospices,  on  le  conçoit  facilement 
d'après  ce  que  Albert  le  Grand  rapporte  de  saint  Tugdual  :  «  le  Saint  alla  faire 
nn  tour  par  la  province,  préchant  et  édifiant  les  monastères,  lesquels  il  peuplait 
de  religieux  de  son  monastère  de  Saint-Pabu  qui  ét^t  comme  le  chef  et  le 
principal  de  Tordre,  lequel  en  peu  de  temps  se  dilata  et  amplifia  de  telle 
sorte  qu'il  n'y  avait  guère  de  paroisse  où  il  n'y  eut  quelque  monastère  ou  au 
moins  quelque  hospice  de  son  ordre.  »  C'est  le  cas  de  dire  :  «  Ab  uno  di^ce 
omnes.  » 

T.   VI.   —  NOTICES.  —  VI*  ANNÉE  4*  LIV.  29 


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131  BRANDIYY 

qu'il  y  a  constamment,  à  un  titre  quelconque,  joui  d'un  culte 
spécial  et  que  par  suite  la  substitution  s'est  d'elle-même  opérée? 
Toujours  est-il  que  le  choix  du  nouveau  patron  ne  s'est  pas 
fait  sans  motif.  Ce  motif  quel  peut-il  être?  S'il  était  permis 
da  se  livrer  à  cet  égard  à  quelques  conjectures,  voici  ce  qu'on 
pourrait  hasarder  : 

Saint  Tugdual  est  de  temps  immémorial  le  patron  de  Grand- 
Champ.  Grand-Champ  môme  s'appelle  vulgairement  Guergam- 
TiiaVy  qu'on  prononce  simplement  Grand-Champy  Guergam, 
par  Thabitudo  qu'ont  les  Celtes  de  tout  abréger.  Tant  de  vil- 
lages par  ailleurs  portent  son  nom,  comme  Tol-Goôt  ou  Tual- 
Goët  dans  les  vieux  titres,  Ker-Dual,  Ca-Dual,  Loc-Pabu... 
que  ce  canton  peut  être  considéré  comme  le  domaine  de 
saint  TugduaL 

Or  Tugdual  et  Aubin  étaient  contemporains.  Une  amitié 
étroite  les  unissait,  depuis  que  Tugdual,  se  rendant  à  Paris, 
fil  à  Angers  une  visite  à  saint  Aubin,  évoque  de  cette  ville  : 
saint  Aubin  l'accompagna  le  reste  de  la  route,  et  lui  servit 
d'introducteur  auprès  de  Childebert...  Voilà  ce  qui  explique 
dans  une  certaine  mesure  le  choix  du  nouveau  patron  de 
Brandivy.  Le  souvenir  de  cette  antique  liaison  s'est  offert  à  la 
pensée  ;  en  se  mettant  sous  le  patronage  d'Aubin',  on  a  eu  le 
dessein  de  lui  ménager  une  petite  place  sur  le  territoire  de 
son  ami  Tugdual. 

L'explication,  si  elle  n  est  vraie,  est  du  moins  vraisemblable. 


4  n  ut  curÎGUx  d'obseryer  que  deux  tumulus  de  Plumergat  s'appellent 
Scarradur^Botteu  Guergam^TuaU  que  les  menhirs  de  Plumergat,  Brandivy, 
Grand-Champ,  Plaudren,  sont  dénommés  :  Men  fall  Guergiiam^Tual  c'est  à 
parier,  dit  CiUard,  que  Rabelais  a  emprunté  à  ce  pays  le  titre  de  son  insipide 
roman.  —  Lu  lé^^ende  de  Qargantua  est  fort  répandue  dans  nos  campagnes. 

t  La  fontaine  dn  bourg  n'est  pas  dédiée  au  patron,  mais  à  Notre-Dame  des 
Neiges,  d^vëaue  pour  nos  gens  Notre-Dame  de  la  Force,  parce  que  les  mots 
bretons  qui  slgniAent  neige  et  force  se  prononcent  de  la  même  manière.  On 
j  lave  les  pUda  des  enfants,  dans  quel  but,  le  yocable  le  dit  assez.  La  statue 
de  Kotre-Daïuâ  décore  le  rétable  du  sanctuaire. 


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BRANDIVY  435 


IL  —  TRÊVE. 


Brandi vy  n'était  pas  paroisse  avant  la  Révolution,  mais  une 
simple  trêve  taillée  dans  la  paroisse  de  Grand-Champ. 

Les  chapelles  tréviales  ou  succursales  sont  aussi  an- 
ciennes que  Téglise  elle-même;  et  Ton  peut  affirmer  que 
dans  le  principe,  chaque  diocèse  n'était  ou  n'avait  qu*une 
paroisse ,  la  paroisse  de  Téglise  mère  ou  matrice  ou 
cathédrale,  dont  les  autres  églises  étaient  des  dépendances, 
des  succursales^  des  trêves.  C'est  ainsi  que  nos  peuples  de 
Plumergat  et  de  Baden  ont  conservé  le  souvenir  des  moines 
ou  prêtres  Bruno  et  Talyert  dét^hés  de  Vannes  pour  faire 
le  service  religieux  dans  ces  localités.  Peu  à  pendes  paroisses 
se  formèrent  au  sein  du  diocèse  et  eurent  des  titulaires 
flxes^  età  mesure  que  les  besoins  du  culte  augpientaient,  des 
trêves  s'établirent  dans  les  paroisses  trop  vastes  pour  la 
commodité  des  habitants.  La  chapelle  tréviale  n'est  donc  pas 
une  paroisse  proprement  dite  :  parrochia  distincta  non  est; 
mais  une  chapelle  de  secours  auxiliatrix  tantum.  >»  Les  trêves 
étaient  jadisdesservies  par  un  vicaire  ordinairement  amovible, 
que  le  recteiir  choisissait  et  faisait  agréer  à  Tévêque  qui  lui 
donnait  des  lettres  de  vicariat.  Telle  était  la  doctrine 
d'Alexandre  III  rplative  à  l'érection  des  trêves  :  Mandamus 
ut  ecclesiam  ibi  œdifices,  et  in  ea  sacerdotem,  ad  prœsenta- 
tionem  rectoris  ecclesUs  matrkis,  instituas.  » 

D'où  il  résulte  que  les  curés  deBrandivy  étaient  à  la  nomi- 
nation du  recteur  de  Grand-Champ. 

Si  le  recteur  de  Grand-Champ  choisissait  les  curés  de  Bran- 
divy,  il  les  payait  aussi,  non  plus  en  sa  qualité  de  recteur, 
mais  à  titre  de  gros  décimateur*.  La  portion  congrue  de  chaque 

*  Le  rectearde  Grand-Champ  dlm&it  à  la  33*  gerbe  sur  toute  Fétendue  de 
sa  paroisse.  Uabbaye  de  LaoTaux  percevait  aussi  un  trait  de  dime  sur 
quelques  terres  de  Brandiyy,  comme  on  le  yerra  ailleurs. 


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436  BRANDIVY 

curé  avait  été  fixée  par  la  déclaration  du  roi  de  1686  à  la 
somme  de  150  livres.  L'article  3  de  Tédit  du  13  mai  1768  porta 
cette  somme  à  250  livres.  Voilà  le  traitement  que  recevaient 
les  curés  en  France  et  par  conséquent  les  curés  de  Bandivy, 
il  n'avait  rien  d'excessif;  l'administration  savait  pourtant 
le  réduire  encore  en  le  frappant  d'un  impôt  de  22  livres*. 

Bien  que  le  recteur  de  Grand-Champ  désignât  et  soldât  les 
curés  deBrandivy,  il  n'a  pas  érigé  la  trêve  même.  Il  était  en 
son  pouvoir  de  sotlliciter  cette  érection  ;  le  droit  de  l'opérer, 
suivant  le  décret  précité,  appartenait  à  l'évoque.  Or^  à  quelle 
époque  précise  remonte  la  trêve  de  Brandivy?  M.  Luco 
dans  son  Fouillé,  la  signale  dès  le  quinzième  siècle.  Certains 
passages  des  archives  portent  que  l'abbaye  de  Lan  vaux  était 
fondée  dans  la  trêve  de  Brandivy,  paroisse  de  Grand-Champ. 
A-t-on  le  droit  absolu  d'en  conclure  que  la  trêve  était  érigée 
dès  le  douzième  siècle  qui  vit  naître  l'établissement  de  Lan- 
vaux?Non,  car  en  disant  que  l'abbaye  était  fondée  dans  la 
trêve,  les  auteurs  ont  peut-être  voulu  indiquer  simplement 
qu'elle  était  située  dans  la  trêve,  au  moment  où  ils  traçaient 
ces  lignes  :  or  les  manuscrits  sont  du  dix-septième  ou  du 
dix-huitième  siècle. 

Quant  aux  archives  tréviales,  elles  ne  vont  pas,  du  moins 
à  ma  connaissance,  au-delà  de  1618,  et  elles  témoignent 
qu'à  partir  de  cette  époque,  la  trêve  était  à  peu  près  cons- 
tamn\ent  desservie  par  un  curé  et  par  d'autres  prêtres  se-  , 
condairfes  qui  signent  indifféremment,  prêtre  auxiliaire, 
prêtre  de  Brandivy,  prêtre  de  l'église  ou  de  la  trêve  de  Bran- 
divy. La  présence  de  plus  d'un  prêtre,  pour  le  service  de 
la  trêve,  ne  saurait  étonner  ;  une  note  du  1"  septembre  1779 
mentionne  536  communiables  qui  représentent  bien  une  popu- 
lation de  800  âmes. 

Les  baptêmes,  les  mariages,  les  inhumations  s'y  faisaient 
comme  dans  une  paroisse  ordinaire.  Il  n'existe  pas  de  traces 

1  Taine. 


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'VF^ 


%; 


BHANDIVY  437 

d'une  visite  épiscopale  ou  archidiaconale  i  Brandivy  même. 
L'autorité  ecclésiastique  trouvait  plus  simple  de. donner 
ordre  au  curé  de  se  rendre  avec  ses  registres  tel  jour,  soit 
à  Plumergat,  soit  à  Piuneret,  soit  à  Pluvigner,  Grand-Champ, 
Plaudren,  Plescop,  Kerango,  lorsque  les  archidiacres  s'y  trou- 
vaient en  cours  de  visite  ou  les  évoques  en  tournée  de  con- 
firmation. A  partir  du  30  mai-  1601,  date  de  la  première 
approbation',  l'examen  en  était  rigoureux  et  régulier  :  il  le 
fallait  bien,  puisque  le  prêtre  était  officier  de  l'état-civil. 
M.  Le  Guelnout,  en  1701,  reçut  injonction  de  se  conformer, 
pour  Tenregistrement  des  décès,  aux  modèles  contenus  dans 
les  ordonnances  synodales  du  diocèse  ;  Julien  Oliviéro,  en 
1712,  de  suivre  exactement  les  modèles  des  statuts  synodaux. 
En  1762,  une  note  ordonne  au  curé  Mathurin  Le  Gorvic  d'en- 
registrer ponctuellement  les  enfant  morts-nés  ;  et  ailleurs  : 
«  enjoignons  au  sieur  curé  de  faire  mention  des  fiançailles, 
dans  les  actes  des  mariages.  » 

On  ne  procédait  pas  à  la  célébration  du  mariage,  avant 
d'avoir  fait  les  trois  publications,  dûment  constaté  qu'il  n'y 
avait  aucun  empêchement  civil  et  canonique.  Une  disposition 
spéciale  concernait  les  mineurs.  Le  prêtre  ne  pouvait  les 
unir  que  sur  le  vu  d'un  décret  de  mariage  rendu  par  la  juri- 
diction compétente.  C'était,  pour  la  justice  seigneuriale  dontle 
mineur  relevait,  une  petite  source  de  revenus.  Un  permis  de 
se  marier,  délivré  en  1735  par  la  seigneurie  de  Largouët,  popte  : 
((  vacations  à  M.  le  Sénéchal  :  3  livres  :  ;  vacations  à  M.  le  pro- 
cureur :  3  livres;  au  greffe,  pareille  somme;  le  papier 
outre  payé.  » 

Les  visiteurs  n'ont  jamais  hasardé  la  moindre  observation 
relativement  au  lieu  des  inhumations,  elles  se  faisaient  ordi- 
nairement dans  le  «  cœur  ))fiicj  ou  la  «nèfle»  f5ec^  de  la  chapelle, 
et  presque  jamais  dans  le  «  simetière  »  fsicj  jusqu'en  1719.  A 
cette  époque  la  peste  s'étant  déclaré  dans  la  province,  le  Par- 

>  La  première  visite  de  paroisse  dont  on  a  trouvé  la  trace  est  de  juillet  1540, 
à  Ménéac  par  le  grand  vicaire  de  Saint-Malo  (Archives  d^partementnlesi). 


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438  BRANDIVY 

lement  défendit  la  sépulture  dans  les  églises,  sauf  pour  les 
seigneurs  ayant  un  droit  d'enfeu  bien  établi.  L'édit  eut  à 
lutter  avec  l'usage  à  Brandivy  jusqu'en  1733,  où  il  l'emporta 
d'une  manière  définitive*. 

A  propos  d'inhumations,  il  convient  aussi  de  mentionner 
un  enterrement  solennel  de  reliques  qui  eut  lieu  le  2  août 
1701  :  «  Ont  été  enterrés  les  ossements  trouvés  dans  le 
reliquier  del'église  trévialede  Brandivy,  au  nord  de  la  susdite 
chapelle,  messire  François-Georges'  célébrant  en  présence  de 
messire  Yves  Morgant,  recteur  de  Grand-Champ,  prêchant,  » 
Cette  note  nous  apprend  pourquoi  les  ouvriers  ont  mis  au 
jour  un  si  grand  nombre  de  reliques,  lorsqu'ils  ont  creusé  au 
nord  les  fondations  de  la  nouvelle  église. 

Les  registres  rapportent  le  décès  des  prêtres,  comme  le 
décès  des  siniples  fidèles,  en  exceptant  toutefois  Christophe 
Lp  Boulaire  qui  mourut  en  décembre  1743  dans  la  fleur  de  son 
âge,  à  33  ans.  Par  son  testament  olographe,  en  date  du 
21  octobre  1743,  il  nomma  Jean  Le  Turnier,  curé  de  Grand- 
Champ,  son  exécuteur  testamentaire.  Outre  de  nombreux 
legs  dont  Tun  de  20  écus  à  l'église  de  Brandivy,  et  un  autre 
d^an  tonneau  de   seigle  aux  pauvres  de  la  trêve,  il  fit  une 

t  L*u8age  d*enterrer  dans  les  églises  était  général.  A  I^anguidic,  il  cessa  dès  la 
Un  de  février  1716—  En  1733,  plusieurs  furent  encore  inhumés  dans  Téglise 
de Saint-Nolf,  «tous  par  violence  »  disent  les  registres  —  Même  année  1733, 
maître  François  le  Thieis,  sénéchal  de  la  juridiction  de  la  Chesnaye  en 
Oraq^-Champ  est  inhumé,  selon  son  désir,  dans  le  cimetière.  Les  fils  y  con- 
sentent pour  le  bien  de  la  paix,  sans  préjudice  pour  leur  droit  d*enfeu.  —  A 
Plumergat,  on  inhume  dans  Téglise  paroissiale  jusqu'en  1740;  dans  la 
chapelle  de  la  Tri  ni  té  jusqu'en  1762.  —  A  Pluvigner,  inhumations  dans  Téglise 
lie  Notre-Dame  des  Orties  et  dans  celle  de  Saint-Guigner  jusqu'au  milieu 
de  1762. 

(]et  usage,  opposé  peut-être  à  une  bonne  hygiène,  n'avait  rien  de  contraire 
aux  principes  de  la  religion  chrétienne.  C'est  le  pape  Saint-Grégoire  qui  ouvrit 
les  églises  aux  corps  de  tous  les  fidèles  en  général.  Le  pape  Saint-Nicolas,  au 
no uvième  siècle,  rendit  une  décision  semblable.  Cet  usage  cependantne  se 
Ij^én^ralisa  pas  en  Bretagne  avant  le  onzième  siècle.  Jusqu'à  cette  époque,  si 
Ton  en  croit  dom  Morice^  on  enterrait  dans  les  cimetières. 

'  François-Georges,  originaire  de  Plougoumelen,  alors  curé  de  Grand- 
Chiimp,  plus  tard,  de  1763  à  1767,  recteur  de  sa  paroisse  natale.  11  y  avait 
defl  familles  de  ce  nom  à  Brandi  vv. 


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BRANDI\r\"  439 

fondation  de  messes,  à  12  sols  la  messe,  dont  les  honoraires 
devaient  être  fournis  par  deux  perrées  de  bled  à  prélever  sur 
un  héritage  qu'il  avait  au  Tolgoët.  Le  nombre  des  messes, 
dont  les  honoraires  restaient  invariables,  devait  être  déter- 
miné suivant  l'appréciation  du  bled.  On  serait  mai  venu  à 
s'exclamer  sur  la  maigreur  de  cette  fondation  que  je  trouve 
pour  ma  part  relativement  généreuse.  Car,  à  en  juger  par 
divers  exemples^  le  taux  des  honoraires  à  cette  époque,  ne 
dépassait  pas  une  moyenne  de  six  à  sept  sols*.  Trop  heureux 
les  prêtres,  lorsque  la  fortune  venait  ajouter  quelques  six 
sols  à  la  modicité  de  leurs  ressources  ;  et  Ton  ne  saurait  trop 
louer  l'introduction  des  honoraires,  puisque  cet  usage  qui 
s  est  glissé  dans  les  mœurs  vers  le  XIP  siècle,  a  contribué 
dans  une  large  mesure,  à  atténuer  la  misère  du  clergé 
des  campagnes*. 

Une  autre  fondation  qu'il  faut  signaler  encore,  c'est  la 
chapellenie  que  François  Lamour,  curé  de  Brandivy  (1676- 
1681),  fonda  dans  l'église  de  Bihuy.JIl  la  dota  des  édifices  d'une 
tenue  à  domaine  congéable  qu'il  possédait  au  village  môme 
deBihuy  sous  le  monastère  de  Lanvaux,  propriétaire  foncier. 
Les  registres  n'en  disent  mot;  et  cette  omission  est  assez 
naturelle,  la  trêve  n'en  ayant  pas  eu  le  bénéfice. 

Les  baptêmes  se  faisaient,  comme  partout,  aussitôt  après 
la  naissance  ;  et  on  ne  voit  guère  que  les  seigneurs  de  la 
Grandville  qui  aient  eu  recours  aux  ondoiements.  Il  n'était 
pas  rare,  particulièrement  au  XVIP  siècle,  de  voir  les  prêtres 

A  ce  sujet  on  rapporte  qae  des  gens  de  ce  pays  se  rendirent  en  pèlerinage 
à  ane  chapeUe  dont  ils  tronvèrent  le  prêtre  sur  nne  aire  à  battre,  les  manches 
retroussées,  en  train  de  gagner  sa  subsistance.  Étant^encore  à  jeun,  il  con- 
sentit volontiers  h,  dire  la  messe,  et  lorsque  les  pèlerins  lui  présentèrent 
l'honoraire  d'usage  :  Hélas,  s'écria-t-il,  à  la  vue  des  six  sols,  pour  une  journée 
passée  à  battre  ici  sous  un  soleil  brûlant,  c*est  k  peine  si  j'aurais  cela.  » 

>  Les  recteurs  de  Grand-Champ  passent  pour  ayoir  été  durs,  aune  certaine 
époque,  envers  leurs  prêtres.  On  raconte  dans  le  peuple  que  quand  la  soupe 
était  prête,  on  déposait  leur  écuellée  sur  un  billot  à  la  cuisine.  A  eux  de  la 
prendre  ou  de  la  laisser.  Le  rectenr  mangeait  dans  la  salle  avec  ses  amis  de 
la  noblesse. 


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440  BRANDÎVY 

servir  de  parrains  aux  enfants  de  leurs  paroissiens.  C'est  un 
trait  de  mœurs  qui  distingue  les  deux  époques.  Autant  la 
chose  semblait  naturelle  alors,  autant  elle  paraîtrait  extraor- 
dinaire aujourd'hui'. 

En  1729,  un  grand  malheur  vint  frapper  la  trêve.  Un  in- 
cendie  qui  dévora  tout  le  bourg  le  quatrième  jour  de  juillet, 
à  l'exception  de  la  résidence  vicariale,  consuma  entièrement 
réglise  elle-même  qui  ne  put  être  relevée  de  ses  ruines  qu'au 
bout  de  trois  ans.  Les  baptêmes  se  faisaient  depuis  lors  dans 
réglise  paroissiale  de  Grand-Champ  «  jusqu'au  troisième  de 
septembre  que  la  sacristie  de  Brandivy  fut  bénie  pour  y  dire 
la  mess©  et  baptiser.  *>  Malgré  la  violence  de  l'incendie,  il  y 
n  lieu  d'être  surpris  que  la  chapelle,  assez  éloignée  des  autres 
habïLaUons,  fût  devenue  la  proie  des  flammes,  alors  que 
suivant  la  tradition  la  maison  des  prêtres  •  était  épargnée. 
Est-ce  que  par  hasard  une  partie  de  la  chapelle  était  en  bois  ? 
■Aussitôt  après  la  reconstruction  de  l'église,  on  procéda  à  la 
bénédiction  d'une  première  cloche  dont  le  parrain  fut 
Franr^oisLe  Dréau,  recteur  de  Grand-Champ  et  la  marraine 
Bonne-Paule  d'Espinose,  petite  fille  de  Marie  Descartes,  douai- 
rière de  la  Grandville.  Une  seconde  cloche,  bénite  deux  ans 
après  (1734)  eut  pour  parrain  Alexis  de  la  Chapelle,  fils  d'un 
conseiller  au  parlement  de  Rennes,  et  pour  marraine  Made- 
moiselle Guymart  d'Auzon.  Parmi  les  signatures  apposées  à 
cette  occasion,  on  remarque  celle  du  P.  Descartes  jésuite,  le 
môme  probablement  qui  dirigea  h  Rennes  dans  la  voie  de  la 
vertu,  les  premiers  pas  du  B.  Grignon  de  Montfort.  Cette 
cloche,  appelée  Jeanne-Constantiney  pesait  161  livres. 

Après  le  fléau  du  feu,  le  fléau  de  Torage,  à  50  ans  il  est  vrai 
d'intervalle.  «  Le  1"  septembre  1781,  Plaudren,  Locmaria, 
Grand-Champ  et  autres  lieux  jusqu'à  Brandivy  ont  été  abymés 

1  l^uîa  Lamour  aété  parrain  trois  fois  en    1665,  en  toat  cinq  à  six  fois 
François  Lamoar,  trois  fois  en  1678,  en  tout  5  à  6  fois  aussi.  Jean  Guillard, 

GîLléfl  RjOf  JeanPerrin,  Olirier  Jehan  no ont  également  tenu  des  enfants 

sur  1^8  fonts  baptismaux. 


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BRANDIV^'  441 

par  une  pluie  de  grêle.  La  grêle  était  si  forte  qu'elle  a  cassé 
les  vitres  des  églises  de  LocmariéE  et  du  Burgo  et  du  presby- 
tère. Les  blés  noirs  et  mil  et  chanvre  sont  tellement  hachés 
qu'ils  n'ont  été  bons  à  rien  ;  les  pommes  et  poires  ont  été 
trouées  et  mortifiées;  quantité  d*oiseaux  ont  été  trouvés 
morts  ;  pies,  geais,  mauvis,  lapins,  lièvres  et  des  loups  ont 
été  tellement  blessés  qu'ils  sont  restés  sur  le  carreau.  Le  15 
du  même  mois  nous  avons  eu  le  môme  grain,  mais  il  ne  nous  > 
a  pas  fait  tant  de  mal.  »  {Arch.*  par.) 

En  1789,  survint  un  troisième  fléau,  pire  que  les  deux  pre- 
miers, je  veux  dire  la  Révolution.  Dès  1790,  les  tréviens  de 
Brandivy,  persuadés  qu'une  ère  de  liberté  s'était  levée  sur  le 
monde,  adressaient  au  Directoire,  en  vue  de  s'affranchir  de 
Grand-Champ,  une  demande  d'érection  en  commune.  La  péti- 
tion fut  repoussée.  L'année  suivante  ils  furent  plus  heureux 
dans  une  démarche  qu'ils  firent  pour  être  autorisés  à  s'em- 
parer d'une  cloche  de  Lan  vaux.  Le  21  mars  1791,  un  arrêté 
du  directoire  départemental  avait  prononcé  la  clôture  de 
l'abbaye.  Les  cloches  étant  devenues  sans  objet  après  le 
départ  des  religieux,  «  vu  la  requête  du  général  de  la  trêve 
de  Brandivy,  par  laquelle  il  propose  d'échanger  une  cloche 
fendue  de  la  dite  trêve  avec  une  de  celles  de  l'abbaye  de 
Lanvaux,  le  Directoire  est  d'avis  de  consentir  à  l'échange 
proposé.  »  25  octobre  1791. 

Elle  ne  devait  pas  servir  longtemps.  L'exercice  public  du 
culte  cessa  bientôt  en  Brandivy  comme  ailleurs.  Les  inhu- 
mations, m'a  dit  un  vieillard',  avaient  lieu  de  nuit  dans  la 
chapelle  de  Brenedan  ;  le  cathéchisme  se  faisait  dans  la  cha- 
pelle de  Saint-Laurent  ou  dans  une  carrière  qu'il  n'a  pu  me 

*  Un  orage  éclata  en  1889  sar  des  paysans  piémontais  occupés  aux  travaux 
dw  champs.  Plusieurs  sont  blessés  et  le  sang  coule  sur  leur  visage.  Une 
fillette  de  onie  ans  et  un  garçon  de  quinze  ont  eu  le  cr&ne  brisé  et  sont  morts 
peu  d'heures  après.  Les  arbres  ont  été  brisés,  les  récoltes  détruites,  les  vitres 
des  maisons  cassées  et  les  toitures  fort  endommagées.  Certains  gréions 
pesaient  un  kilogramme.  {Univers.) 

'Joseph  Bertho  dont  le  srrand'père  Aubin  Bertho  était  trésorier  de  Brenedan. 


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442  BHANDIVY 

désigner.  Le  trésor  de  Téglise  était  en  môme  temps  dispersé. 
La  grande  croix  en  argent  de  saint  Ivy  fut  ensevelie  dans  le 
Loc*h,  en  face  de  Eerberhuel  ;  elle  y  perdit  les  glands  des  bras, 
brisés  non  par  la  force  du  courant,  mai  &  par  la  rapacité  de 
quelques  ignobles  individus  qui  l'avaient  découverte.  C'est 
probablement  à  la  suite  de  ce  crime  que  Josselin',  le  dévoué 
sacristain,  la  retira  de  la  rivière  et  la  dissimula  soUs  un 
rocher,  au-dessus  de  Tétang  du  Scouëc.  L'ostensoir  fut  caché 
dans  les  flancs  de  la  montagne  de  la  Grandville,  du  côté 
tourné  vers  le  bourg.  On  le  vit  dans  la  suite  dit  la  tradition, 
briller  pendant  plusieurs  jours,  comme  un  beau  soleil.  Mais 
on  ne  sait  pas  si  c'était  l'ostensoir  lui-môme  qui  brillait  de 
la  sorte  ou  son  image,  car  on  croit  qu'il  avait  été  volé. 

Lors  de  la  réorganisation  du  culte,  M^  de  Pancemont  trans- 
forma la  trêve  en  paroisse.  Content  d'avoir  un  pasteur,  Bran- 
divy  renonça  en  l'an  XII  à  la  prétention  d'y  ajouter  un  maire. 
La  mairie  d'ailleurs  ne  pouvait  manquer  d'arriver  à  son 
tour.  Sur  les  instances  de  la  population,  un  décret  daté  du 
4  juin  1862  érigeait  la  paroisse  en  commune.  Le  môme  décret 
détachait  de  Grand-Champ  pour  les  annexer  à  la  nouvelle 
commune,  outre  le  grand  village  de  laForôt  avec  ses  dépen- 
dances', les  villages  du  Cordier,  du  Boterf,  de  Kerbignon  et  de 
Saint-Laurent. 

Avant  les  annexions  de  1862,  le  territoire  de  Brandivy,  par 
rapport  à  l'étendue,  n'avait  pas  dû  varier  depuis  des  siècles. 
La  tradition  signale  cependant  quelques  modifications  du 
côté  de  Plumergat.La terre  de  Coetroz,  manoir  isolé  et  formant 
comme  une  pointe  au  cœur  de  Brandivy,  avait  jadis  appartenu 
à  la  trêve.  Comment  la  séparation  s'est-elle  faite,  la  légende 

^  n  se  noya  plus  tard  dans  le  Loc*h,en  yoalant  noyer  son  poulain.  Les  pou- 
lains, à  cette  époque,  n*avaient  pas  de  râleur. 

*  La  trêve  de  Locmaria  a  passé  par  les  mêmes  phases  que  Brandivy,  en 
1790,  1802,  en  l'an  XII.  Seulement  son  érection  en  commune  n*aeu  lieu  qu'en 
1889.  Locmaria  possédait  avant  89  une  confrérie  de  saint  Isidore. 

s  Annexion  très  utile  en  raison  des  comi»  dont  la  vente  qui  a  eu  lieu 
peu  après  a  rapporté  près  25000  fr. 


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BRANDIVY  4^3 

va  nous  le  dire.  Le  châtelain  tombe  un  jour  malade  et  réclame 
naturellement  le  curé  local.  Celui-ci  refuse  d'assister  une 
sorte  de  pestiféré.  Le  serviteur  court  à  Plumergat  dont  le 
clergé  se  montre  moins  récalcitrant.  Les  sacrements  reçus, 
le  châtelain  dit  au  prêtre  :  c  Je  ne  sais  ce  qu'il  adviendra  de 
moi,  mais  quoiqu'il  arrive,  j'entends  désormais  que  mon  ma- 
noir avec  ses  dépendances  cesse  d'appartenir  à  Brandivy  et 
relève  entièrement  de  Plumergat.  »  Ainsi  fut  fait.  Le 
peuple  ne  se  doute  nullement  que  le  hent  Conan  qui  passe 
derrière  le  Coetroz,  formait  et  forme  encore  une  limite  natu- 
relle entre  Plumergat  et  ce  côté  de  la  paroisse  de  Grand- 
Champ.  —  Par  contre  la  trêve  aurait  acquis  les  villages  dp 
Kerhézo  et  de  Kerméliard.  Ce  qui  donne  à  cette  tradition 
quelque  apparence  de  fondement,  c'est  que  le  Goh  Ilis  qui 
passe  pour  avoir  été  le  berceau  de  Plumergat,  est  situé  sur 
les  terres  de  Kerhézo  et  dépend  actuellement  de  Brandivy. 
Quant  à  l'intérieur  même  du  pays,  il  a  dû  subir,  dans  le 
cours  des  siècles,  une  profonde  transformation.  A  en  juger 
par  les  noms  de  nos  villages,  on  dirait  qu'une  vaste  forêt 
l'aurait  jadis  enveloppé  :  Tels  sont  :  Coë1>-uhan,  Tual-Coôt, 
Viol-Coôt,  Coët-queneah,  Coôt-el-Gon,  la  Forêt  de  Lan  vaux'. 
A  mesure  que  les  éclaircies  se  produisaient,  on  fondait 
des  villages;  ceux-là  vraisemblablement  peuvent  compter 
parmi  les  plus  anciens'.  On  n'en  connait  qu'un  dont  les  ori- 

Remarquez  que  la  Forêt  de  Lanvaux  (Lanyas  saltus  au  XIl^  siècle) 
joignait  celle  de  Fleuranges  et  de  Camors,  que  suirant  la  tradition  générale 
une  grande  forêt  a  occupé  l'emplacement  actuel  du  bourg  de  Grand-Champ, 
comme  tonteales  landes  qui  Tenvironnent,  que  le  nom  de  Plumergat  revient  à 
celui  de  VATgoé%{bois).  11  en  est  de  même  des  landes  des  autres  pays,  soit  que 
ces  Tastes  forêts  remontent  au  temps  des  druides,  soit  qu'elles  datent  seule- 
ment du  onzième  siècle  où  les  hauts  barons,  ditGirault,  détruisirent  les  habi- 
tations et  les  cultures  dans  les  campagnes  pour  établir  des  territoires  de 
chasse. 

s  Pour  montrer  combien  Forthographe  des  noms  change  je  citerai  le  village 
de  Kerican  qu'on  écrivait  en  1447  :  Keriezcant,  c'est-à-dire  viUage  de  Jescant, 
nom  d'homme  dont  !a  forme  en  vieux  breton  était  Incant.  Ainsi  on  a  dû 
dire  d'abord  Ketindcant  {Chrestomathie  bretonne]  —  Plunian  s'écrivait  en 
Pulunyan;  le  Scouëc  en  1445  :  ScltAsensouch, 


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444  BRANDIVY 

gines  liuiôsent  être  fixées  d'une  manière  approximative  :  le 
village  noble  des  Granges  qui  doit  remonter  au  douzième 
siècle.  C'est  sous  ce  nom  du  moins  qu'on  désignait  à  cette 
époque  les  grandes  fermes  établies  par  les  moines  de  Cîteaux 
pour  leurs  exploitations  agricoles.  Le  plus  ancien  village 
connu  est  celui  de  Kerauguen,  donné  par  le  B.  Ruaud  à  son 
abbaye  de  Lanvaux. 

Par  contre,  quelques-uns  ont  disparu.  On  peut  citer  no- 
tamment Brenedan  sur  lequel  Tabbaye  de  Lanvaux  percevait 
des  rentes  en  1527*  ;  Lestrenic  dont  les  ruines  se  dressent  encore 
près  du  Peuntenio,  aux  bords  de  la  voie  ancienne  de  Loc- 
miné  à  Auray  ;  le  Cholec,  maisonnette  avec  quelques  pièces 
de  terre,  donnée  à  une  fille-mère  coupable  d'assassinat  sur 
son  enfant  et  qu'un  seigneur  de  Kergal,  dit  la  tradition,  réussit 
à  arracher  à  la  mort  ;  on  peut  ajouter  le  moulin  de  Tabbaye  de 
Lanvaux.  Je  laisse  de  côté  les  ruines  de  quelques  manoirs  et 
enclos  extraordinaires,  par  exemple,  le  Castel-Guen;  il  en 
sera  question  dans  une  étude  spéciale. 


m.  —  CHAPELLES 

L'église  de  Saint-Divy  n'était  pas  isolée.  Çà  et  là  s'élevaient 
au  sein  de  la  trêve  des  chapelles  privées  ou  seigneuriales 
qui  semblaient  former  à  la  chapelle  patronale  comme  une 
couronne  d'honneur.  C'est  à  leur  étude  que  nous  allons  con- 
sacrer le  premier  paragraphe  de  cet  article,  le  second  para- 
graphe traitera  de  la  chapelle  frairiale  de  Saint-Laurent,  an- 
nexée à  Brandivy  en  1862'. 

Chapelles  seigneuriales,  —  Les  chapelles  seigneuriales  re- 
montent aux  premiers  siècles  de  l'Eglise,  a  Si  quelqu'un,  dit 
le  concile  d'Agde,  tenu  en  506,  veut  avoir  un  oratoire  particu- 

«  U  existait  encore  en  1724. 

>  Je  laisse  de  cdté  Tabbaye  de  Lanvaux,  réAenrée  pour  un   travail  spécial. 


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^^r 


BRANDIVY  445 

lier  dans  sa  terre^  on  lui  permet  de  dire  la  messe  pour  la 
commodité  de  sa  famille  sauf  à  Pâques,  Noël,  Epiphanie, 
Ascension  et  Pentecôte  et  autres  jours  solennels  qu'il  faut 
célébrer  dans  les  villes  ou  dans  les  paroisses.  »  C'est  un 
canon  qui  a  été  reproduit  par  beaucoup  d'autres  conciles*. 
Celui  de  Ciermont  tenu  en  535  ajoute  qu'aux  jours  solennels, 
les  prêtres  et  diacres  non  attachés  au  service  de  la  ville  ou 
des  paroisses  et  qui  demeurent  dans  des  maisons  de  cam- 
pagne se  rendront  auprès  de  Tévôque  pour  célébrer  avec  lui 
ces  solennités.  Mais  ne  sont-ce  pas  là  de  vraies  chapelles 
seigneuriales  desservies  par  un  chapelain  au  service  du 
seigneur?  Or  lisons-nous  dans  lo  concile  de  Ciermont  de  1095, 
(Canon  XVIII)  «  un  seigneur  ne  pourra  avoir  pour  chapelain 
que  celui  que  son  évéque  ou  Tarchidiacre  lui  auront  donné 
pour  directeur  de  son  âme.  » 

Ces  oratoires  particuliers,  si  communs  autrefois,  portaient 
le  nom  de  saintes  chapelles.  Cette  remarque  a  été  faite  par 
les  petits  Bollandistes,  à  l'occasion  delà  construction  de  la 
Sainte-Chapelle  de  Paris,  destinée  à  recevoir  la  couronne 
d'épines.  Elle  est  qualiliée  de  sainte,  disent-ils,  non  précisé- 
ment à  cause  de  sa  destination  particulière,  mais  parce  que 
dans  les  siècles  de  foi  les  grands  seigneurs,  à  l'exemple  des 
rois  de  France,  avaient  toujours  dans  leurs  demeures  ou  aux 
environs  une  chapelle  dite  sainte^  et  pour  le  service  de  la  cha- 
pelle, un  chapelain.  C'est  conformément  à  ces  habitudes  chré- 
tiennes que  nos  seigneurs  de  Brandivy  se  faisaient  construire 
une  sainte  chapelle,  où  de  temps  en  temps  un  prêtre  célébrait 
le  service  divin. 

La  chapelle  de  Kergal  avait  un  service  régulier,  assuré 

par  une  fondation  seigneuriale.  Elle  se  trouvait  à  l'angle 

sud-ouest  du  jardin,  situé  lui-môme  au  midi  du  manoir.  Un 

.  chemin  couvert,  dont  on  voit  encore  des  vestiges  à  l'ouest 

*  Par  exemple,  premier  d*0rléans  en  511;  deuxième  d*0rléans  en  533  ;  con* 
cile  de   Ciermont  en  535  ;  dans  la  réponse  du  pape  aux  qjiestions  de  Pépin 
•  le  Bref,  en  745... 


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446  BRANDIVY 

du  jardin,  y  conduisait.  Comme  elle  tombait  en  ruines  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  son  mobilier  avec  sa  cloche 
fut  transporté  au  château,  et  son  service,  depuis  lors,  se 
faisait  à  Téglise  paroissiale.  Le  chapelain  était  présenté  par 
le  seigneur  et  nommé  par  Tévôque.  Jusqu'à  la  translation  du 
service  au  bourg  de  Grand-Champ,  un  des  prêtres  de  Bran- 
divy  devait  en  était  probablement  le  titulaire*. 

A  un  petit  kilomètre  deKergal,  sur  les  hauteurs  qui  do- 
minent le  Loc'h,  s'élevait  jusqu'à  ces  derniers  temps  la  cha- 
pelle de  Notre-Dame  de  Brenedan  que  des  ifs  protégeaient 
contre  les  vents  d'ouest,  et  dont  les  matériaux  ont  été  em- 
ployés à  la  construction  du  presbytère. 

C'était,  paraît-il,  la  chapelle  domestique  du  manoir  de  Ker- 
david  qui  se  dressait  en  face,  sur  le  territoire  de  Pluvigner'. 
Du  moins  le  terrain  sur  lequel  elle  était  située  relevait  de 
cette  seigneurie.  Pour  s'y  rendre,  les  seigneurs  avaient  à 
passer  le  Loc'h  sur  un  pont  dit  «  Pont  er  Gai  »,  soit  que  le 
pont  ait  été  construit  pour  le  service  de  la  chapelle,  soit 
qu'il  remonte  à  des  temps  antérieurs.  Nos  chouans  et  nos 
déserteurs  connaissaient  ce  passage  et  l'ont  utilisé  en  bien 
des  circonstances  pour  échapper  à  leurs  ennemis.  La  cha- 
pelle était  dédiée  à  la  sainte  Vierge  :  on  l'y  honorait  sous  le 
vocable  de  Notre-Dame  de  Brenedan  et  sa  protection  était 
invoquée  contre  le  feu.  Saint-Gildas  y  jouissait  aussi  d'un 
culte  ;  il  tenait  un  livre  en  main  et  des  larmes  inondaient 
son  visage.  Le  livre  et  les  larmes  s'expliquent  par  l'ouvrage 
en  forme  de  plainte  que  le  suint  a  écrit  sur  la  désolation  de 
sa  patrie. 

Au  sujet  de  la  Vierge  de  Brenedan,  deux  légendes  mé- 
ritent l'attention. 

*■  Jean  Le  Gai,  minoré  du  diocèse,  avait  obtenu  ce  bénéfice  en  1778  (Luco). 
—  La  cloche  de  la  okapelle  dont  il  est  question  ci  «dessus  fut  cachée,  pen- 
dant la  Révolution  dans  un  pré  à  Touest  du  manoir  ;  au  retour  de  l'ordre, 
elle  fut  tirée  de  sa  cachette  et  portée  au  bourg  ;  dans  la  suite  une  dM 
chapelles  de  Pluvigner  en  fit  Tacquisition.  (Tradition). 

>  Dans  le  courant  du  dix-septième  siècle,  les  seigaeurs  de  Kerdavld  s'ap-» 
pelaient  de  Lessard  {^Archioes  de  Brandivy), 


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BRANDIVY  447 

Des  soldats  républicains,  faisant  patrouille  à  l'époque  de 
la  grande  Révolution,  arrivent  à  la  chapelle  de  Brenedan.  Ils 
y  entrent,  et,  remarquant  la  statue  en  bois  de  la  sainte  Vierge, 
décident  qu'elle  servira  de  cible.  Ils  la  portent  en  dehors, 
Tassujettissentà  un  arbre,  et  un  soldat  tire.  On  ne  tira  pas 
deux  fois.  Une  apparition  effrayante  mit  en  fuite  tous  ces 
gredins  qui  ne  se  crurent  en  sûreté  que  rendus  à  la  ville 
d'Auray. 

Une  autre  fois,  ce  fut  un  berger  de  Kerdavid  qui  s'avisa  de 
prendre  la  statue  et  de  la  poser  en  long  sur  le  Pont  er  Gai, 
pour  lui  servir  de  passerelle,  une  pierre  tombée  ayant  fait 
le  vide  en  cet  endroit.  L*enfant  rentra  au  logis,  en  proie  à 
une  fièvre  ardente,  et  cette  fièvre  ne  voulut  lâcher  prise,  que 
lorsque,  sur  Taveu  de  son  crime,  les  parents  de  Tenfant  se 
dépêchèrent  de  remettre  la  statue  en  sa  place. 

Une  fontaine  qui  coule  aux  flancs  de  la  montagne  est  ornée 
d'une  multitude  de  croix.  L'eau  est  bonne  contre  la  fièvre, 
par  l'intercession  de  Notre-Dame  dont  la  statue  est  encore 
là^  rongée  il  est  vrai,  par  le  temps. 

Cette  chapelle,  dans  le  style  de  la  chapelle  de  Miséricorde, 
à  en  croire  ceux  qui  l'ont  vue  debout,  lui  est  néanmoins  de 
beaucoup  antérieure.  Miséricorde  a  été  commencée  enl600, 
tandis  que  les  archives  de  Lanvaux  font  mention  de  Notre- 
Dame  de  Brannadan,  dès  Tan  1447. 

Je  né  terminerai  pas  sans  rappeler  que  le  27  avril  1774, 
eut  lieu  dans  l'église  de  la  Trêve,  la  bénédiction,  par  le  rec- 
teur de  Grand-Champ,  de  la  cloche  de  Brenedan  nommée 
Yves  et  Jacquette.  Le  parrain  était  Yves  Pouliguen  et  la 
marraine  Jacquette  Le  Ray. 

Le  2  septembre  1782,  une  autre  cloche  fut  bénite  dans  l'é- 
glise de  la  Trêve  pour  la  mémo  chapelle,  par  le  curé  Claude 
Plaissix,  par  permission  et  commission  de  l'évêque.  Elle  fut 
appelée  :  Josephe-Marie-HélènCy  des  noms  du  parrain  Joseph 
Le  Mentec,  de  Plunian,  et  de  la  marraine,    Marie-Hélène 


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448  BRANDIVY 

Cheviller,  du  Troguern.  Aubin  Bertho,  procureur  de  la  cha- 
pelle était  présent*. 

La  troisième  chapelle  domestique  de  Brandivy  était  celle 
de  la  Grandville  ;  elle  est  encore  debout  et  contiguë  au  châ- 
teau. Des  réparations  sérieuses  vont  bientôt  la  mettre  en 
état  d'abriter  les  célèbres  stalles  de  Lanvaux.  Transférées 
au  bourg  après  la  destruction  du  monastère,  ces  stalles  sont 
devenues,  depuis  une  quinzaine  d'années,  la  propriété  des 
châtelains  de  la  Grandville.  La  sculpture  en  est  fort  remar- 
quable et  le  sujet  représenté  vraiment  original.  Dans  un 
premier  tableau,  un  renard  en  chaire  prêche  un  auditoire  de 
poules  qui  l'écoutent  attentivement;  dans  un  second  tableau, 
le  renard  cède  à  la  nature,  prend  une  poule  et  s'enfuit  ;  un 
dernier  tableau  représente  le  renard  poursuivi  par  les  poules, 
atteint  et  mis  par  elles  à  la  broche.  Le  feu  est  allumé,  une 
poule  apporte  du  bois,  un  coq  tient  dans  ses  pattes  un  souf- 
flet, un  autre  tourne  la  broche.  Cayot-Delandre  voit,  dans 
ces  diverses  scènes,  une  réminiscence  de  la  fôte  des  fous, 
pour  ne  pas  dire  une  satire  contre  le  clergé  qui  finit  par 
Luther  et  la  Révolution. 

Une  quatrième  chapelle  seigneuriale  est  celle  de  Saint-- 
Nerven,  démolie  en  1783.  On  en  voit  encore  les  ruines. 

Avant  de  clore  ce  paragraphe,  il  ne  sera  pas  inutile  ae 
rappeler  l'attention  sur  une  chapelle  dite  de  Saint-Gildas  et 
Saint-Nicolas^  en  Pluvigner,  vendue  le  25  avril  1254  aux 
religieux  de  Lanvaux  par  l'abbaye  de  Saint-Gildas-des-Bois. 
L'auteur  du  Pouillé  ne  sait  où  placer  cet  édilSce.  Tâchons  de 
venir  à  son  secours.  A  proximité  de  l'abbaye  de  Lanvaux,  se 
trouvait  et  se  trouve  encore  une  belle  fontaine  en  pierres  de 
taille,  dite  Fontaine  de  Saint-Nicolas  ;  au-dessus  de  la  fontaine, 
deux  prés,  dont  l'un  est  appelé  le  Petit-Pré  de  Saint-Nicolas, 
et  l'autre  le  Grand-Pré  de  Saint-Nicolas.  N'est-on  pas  fondé 
à  conclure  que  la  chapelle  de  Saint-Nicolas  s'élevait  dans  le 

*  Le  fils  d^Aubin  f'appelait  Ivy  :  Aubin  et  Uy  furent  patrons ,  à  différentes 
époques,  de  la  localité  :  très  rares  dont  les  Brandifjens  qui  ont  porté  ces  noms. 


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BRANDIVY  449 

voisinage?  Ajoutons  que  le  filet  d'eau  qui  forme  la  limite  de 
Brandivy  et  de  Pluvigner,  traverse  les  deux  prés  et  arrive  à 
la  fontaine  située  dans  Pluvigner.  Donc  la  chapelle  pouvait 
également  se  trouver  sur  le  territoire  de  cette  paroisse.  A 
cela,  il  n*y  a  qu'une  objection,  c'est  que  les  moines  avaient 
établi  dans  l'église  môme  de  l'abbaye,  une  confrérie  de  Saint- 
Nicolas.  On  peut  y  répondre  :  les  moines  avaient  transféré 
la  confrérie  dans  l'église  abbatiale,  après  la  démolition  de  la 
chapelle  qui  lui  servait  de  siège.  S'il  en  est  ainsi^  la  chapelle 
de  Saint-Nicolas  ne  devait  pas  ôtre  une  chapelle  seigneuriale, 
à  moins  qu'elle  ne  fût  dans  le  principe  la  chapelle  des  barons 
de  Lanvaux. 

Ce  serait  peut-être  le  lieu  de  dire  un  mot  du  Goh  IliSy  que  la 
tradition  assure  avoir  été  l'église  primitive  de  Plumergat, 
b&tie  en  remplacement  d'un  temple  païen  et  dédiée  à  sainte 
Agathe.  Une  sorte  de  terrasse  couverte  de  trois  ou  quatre 
tumulus,  la  présence  de  deux  grosses  pierres,  celtiques  ou 
non,  sur  la  plus  importantede  ces  buttes,  le  nom  même  de  Goh 
llis,  tout  annonce  évidemment  que  quelque  chose  d'extraor- 
dinaire s'est  passé  en  cet  endroit.  Mais  on  ne  le  saura  jamais 
au  juste,  à  moins  que  des  fouilles  n'obligent  ces  monticules 
à  livrer  leur  secret.  En  attendant  qu'un  amateur  fournisse  les 
fonds  nécessaires,  occupons-nous  de  Saint-Laurent. 

Chapelle  frairiale  de  Saint- Laurent.  —  Ainsi  qu'on  l'a  déjà 
dit,  la  chapelle  de  Saint-Laurent  faisait^  jusqu'en,  186?, 
partie  de  la  paroisse  de  Grand-Champ.  Son  annexion  à 
Brandivy  ne  laisse  pas  d'être  assez  naturelle.  La  localité 
a,  de  temps  immémorial,  rendu  un  culte  au  saint  martyr. 
Nous  en  avons  pour  garant  d'abord  le  témoignage  de  l'abbé 
Ciiiard,  qui  dit  :  Brandivy,  hameau;  patrons  :  saint  Yvy^ 
saint  Laurent',  puis  l'établissement  très  ancien  au  bourg  de 
Brandivy,  d'une  foire  en  son  honneur.  Cette  chapelle  était  et 
est  encore  frairiale.  «  Les  frairies  forment  comme  une  division 
territoriale,  basée  sur  un  sentiment  religieux,  des  traditions 
de  famille  et  des  usages  locaux  ;   elles  ne  se.  retrouvent  que 

T.   VI.   —  NOTICES.  —  Vl«  ANNÉE,   4*   LIV.  30 


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450  BRANDIVY 

dans  les  pays  qui  parlent  breton  ou  qui  le  parlaient  avant  le 
neuvième  siècle.  »  Partant  de  ce  double  fait,  M.  le  comte  de 
l'Estourbeillon  ne  craint  pas  d'affirmer  leur  identité  avec  les 
anciens  clans  bretons.  Mon  dessein  n'est  pas  d'approfondir 
ce  sujet,  une  autre  digression  m'attire,  elle  n'est  pas  moins 
propre  à  piquer  la  curiosité  du  lecteur. 

C'est  en  effet  le  seul  village  de  Grand-Champ  qui  ait  pris 
le  nom  du  patron  de  la  frairie  en  le  faisant  précéder  du  terme 
saint  :  Sant,  Les  autres  villages  qui  ont  pris  le  nom  du  pa- 
tron, l'ont  fait  avec  un  qualificatif  celtique,  par  exemple  : 
Bran-Divy,  Loc-Berhet,  Loc-Pabu,  Loc-Miquel,  Loc-Maria, 
Loc-Meren,  et  pour  donner  un  exemple  de  plus,  bien  qu'il 
soit  situé  en  dehors  mais  à  proximité  des  limites  de  l'an- 
cienne paroisse  de  Grand-Champ,  Loc-Gueltas. 

Or  à  quelle  époque  a-t-on  commencé  à  négliger  la  termi- 
nologie celtique  pour  adopter  le  terme  sant  ?  Voici  l'explication 
qu'il  est  possible  de  donner  à  cet  égard. 

Dans  les  dix  premiers  siècles  de  l'Église^  les  fidèles 
appelaient  les  saints  par  leurs  noms,  sans  qualificatif;  le 
terme  saint,  seuit,  n'était  pas  à  la  mode  :  on  disait  :  Laurent^ 
Julien^  Rémi  ;  et  non  :  saint  Julien^  saint  Laurent,  saint  Rémi. 

A  partir  du  X*  siècle^  la  mode  paraît  changer.  C'est  que 
sur  la  fin  de  la  seconde  race  des  rois  de  France,  commence  à 
s'établir  la  coutume  de  donner  au  baptême  des  noms  de  saints*. 
C'était  sûrement  un  moyen  d'attirer  sur  les  enfants  leur 
protection  ;  c'était  un  moyen  non  moins  sûr  d'exposer  souvent 
au  mépris  des  noms  vénérés  :  grave  inconvénient  auquel  il 
importait  d'obvier.  Le  sens  chrétien  et  populaire  ne  demeura 
pas  à  court  ;  pour  distinguer  les  bienheureux  entrés  dans  la 
gloire  de  ceux  qui,  sur  la  terre,  portaient  leurs  noms  sans 
toujours  imiter  leurs  vertus,  il  imagina  de  leur  appliquer, 
dans  le  langage  ordinaire,  le  terme  révérentiel  sai7it.  Telle 
me  paraît  être  la  vraie  raison,  l'origine  réelle  de  l'usage  qui 
nous  occupe. 

*  Longue  val. 


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BRANDIVY  451 

Deux  causes  ont  contribué  au  XIP  siècle  à  le  généraliser. 
D'abord,  une  certaine  douceur  de  mœurs  qui  s'est  répandue 
à  cette  époque  de  restauration  civile  et  religieuse,  dans  toutes 
les  classes  de  la  société  :  on  comprend  en  effet  qu'un  peuple 
poli  aime  à  se  servir  de  termes  polis  pour  désigner  les 
personnes  qu'il  juge  dignes  de  sa  vénération. 

Ensuite,  la  défense  portée  par  Alepcandre  IH  d'accorder  ù 
personne  les  hoaneurs  d'un  culte  public,  sans  l'autorisation  du 
Saint-Siège;  au  Pape  est  réservé  le  droit  exclusif  de  déclarer 
bienheureux  ou  saint  un  serviteur  de  Dieu.  Ces  termes 
acquièrent  de  la  sorte  une  signiticàiion  plus  précise:  ils 
deviennent  inséparables  du  nom  du  chrétien  que  le  Pape  a 
placé  sur  les  autels  et  propose  pour  modèle  au  monde. 

Voilà  pour  la  France  et  pour  la  chrétienté  en  général. 

Pour  ce  qui  est  de  l'Armorique,  certaines  observations  sont 
nécessaires.  Comme  ailleurs,  on  disait  Tuai  et  non  saint  Tuai. 
Une  légère  différence  concernait  les  vocables.  Tantôt  le  nom 
du  patron  d'une  localité  s'employait  sans  qualificatif  comme 
Guénin,  Guettas...  tantôt  on  l'accompagnait  d*un  de  ces 
termes  celtiques  :  Plou,  Guic,  Land,  Ran,  Bran,  Loc  ou  Lot, 
Ker,  comme  Plou-Guigner,  Land-Pabu,  Mel-Ran  .  .  De  plus 
l'ancien  usage  s'est  prolongé  jusqu'au  XII®  siècle.  Du  moins 
la  terminologie  celtique  paraît  s'être  maintenue  jusqu'alors. 
On  s'accorde  à  reconnaître  que  c'est  vers  cette  époque  que 
le  mot  Plou  a  cédé  la  place  au  moi  paroisse  et  que  la  plupart 
des  autres  termes  tombent  en  défaveur.  La  disparition  de  la 
terminologie  celtique  paraît  un  indice  d*un  changement 
parallèle  qui  s'opère  dans  le  langage.  Outre  les  raisons  géné- 
rales que  nous  avons  signalées  tout-à-l'heure,  ce  changement 
s'explique  en  Bretagne  par  des  raisons  spéciales. 

Avant  le  XII*'  siècle,  les  saints  prolecteurs  de  la  Bretagne 
élâient  en  général  d'origine  bretonne  ou  armoricaine.  Tant 
qu'ils  s'en  tenaient  aux  vieux  saints  du  pays,  nos  pères  ne 
se  pressaient  pas  de  leur  appliquer  le  terme  sant\  on  était  de 
la  famille  et  on  ne  se  gênait  pas  pour  appeler  chacun  par 
son  nom. 


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452  BRANDIVY 

A  partir  du  Xll*  siècle,  ce  sont  les  saints  d'origine  étran- 
gère qui  remportent\  La  plupart  des  chapelles  qui  s'élèvent 
depuis  lors  empruntent  leur  vocable  à  Téglise  grecque  ou 
latine.  Ces  saints  nous  arrivent  escortés  du  qualificatif  5a?i/. 
A  mesure  que  des  chapelles  se  fondent  en  leur  honneur,  il 
est  tout  naturel  de  conformerle  vocable  à  l'usage  régnant.  Cet 
usage  aurait  donc  commencé  chez  nous  par  les  saints 
étrangers;  on  Ta  peu  à  peu  étendu  aux  saints  d'origine  bre- 
,  tonne  ou  honorés  d'un  vieux  culte  dans  le  pays.  C'est  ainsi 
que  non-seulement  l'emploi  des  termes  celtiques  a  cessé  en 
Bretagne,  mais  encore  qu'ils  ont  été  maintefois  transformés 
en  faveur  du  nouveau  qualificatif^  par  exemple  Loc-Goual  en 
Pluvigner  est  devenu  6«m/-Goî/a/;  Ker-Arfna,  Satités-Annay 
Lot-Yvyj  Sainte- Avùk\ 

Mais  le  breton  a  la  tôle  dure,  et  il  ne  renonce  pas  aisément 
à  ses  vieilles  habitudes.  Pendant  que  de  nombreuses  chapelles 
se  construisent  sous  le  vocable  de  Saint-Colomban,  Saint- 
Laurent — .  quelques  autres  conservent  certains  qualificatifs 
celtiques.  11  suffit  de  mentionner,  outre  les  nombreuses  cha- 
pelles de  Loc-Maria  et  de  Loc-Miquel  répandues  un  peu 
partout,  Lûc-Jean  en  Ker^ignac  et  en  Moréac,  Loc-Adour  ou 
Amadour  en  Kervignac,  Loc-Perrech  en  Locmariaquer,  Loc- 
Perhet  en  Grand-Champ,  Ker-Goual  en  Plœmel.  Cela  prouve 
que  le  terme  tant  est  loin  d'avoir  remporté  une  victoire 
absolue,  que  le  peuple  s'obstine  dans  son  antique  simplicité. 
Ce  qui  le  prouve  encore  mieux,  ce  sont  deux  chapelles  cons- 
truites en  PluvJgner,  au  XVI*  siècle,  sous  le  vocable  de 
sainte  Brigitte  et  de  saint  Mériadec  le  peuple  ne  laissa  pas 
de  les  désigner  par  le  nom  des  titulaires,  de  dire  simplement 
comme  par  le  passô  :  Berhet,  Mériadec. 

Cet  usage  avait  des  racines  si  profondes  qu'il  s'est  conservé 
jusqu*ànos  jours.  Est-ce  qu'on  ne  dit  pas  encore  couramment 

*  LtBcau««s  «n  soût  :  L'affaiblissement  graduel  de  la  natonalité  bretonne, 
rinvaiiion  progrt^ssive  des  mœurs  françaises,  rinfluence  des  Croisades,  la 
fiÂcesmtâ  di>  remplacer  les  reliques  que  les  Normands  avaient  détruites  ou 
dïsporsées.*'* 


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BRANDI  V  Y  453 

en  breton  :  Damb  de  Verhet,  allons  à  Brigitte?  Damb  de 
Veriadec,  allons  à  Mériadec?  Damb  de  Vihuy,  de  Verthé- 
lamy,  de  Viquel  ?  Est-ce  qu'on  a  cessé  de  prononcer i7w  Patern, 
ilis  Pierre  ha  Paul  (en  Brech)  !  On  voit  qu'à  Tégard  des  saints 
dupays,  Tomission  du  terme  en  question  se  pratique  aisé- 
ment. Pour  ce  qui  est  des  saints  étrangers,  il  y  en  a  peut- 
être  dont  Iç  peuple  prononce  le  nom  avec  une  telle  familiarité  : 
Je  ne  les  connais  pas.  Et  à  l'exception  des  saints  apôtres  Pierre, 
Paul  et  Barthélémy  qui  appartiennent  d'ailleurs  à  l'église 
universelle  plutôt  qu'à  une  église  particulière,  du  glorieux 
saint  Michel  qui  s'est  pour  ainsi  dire  brelonisé  par  son 
apparition  sur  le  mont  Tumba,  de  la  Vierge  Marie  qui  est 
notre  Mère,  de  Magdeleine  dont  le  nom  est  devenu  synonyme 
de  certains  établissements  de  salubrité  publique,  il  parait 
avoir«été  de  mode  depuis  longtemps  de  faire  précéder  le  nom 
d'un  saint  étranger  du  terme  exprimant  sa  sainteté. 

D'après  ces  principes,  il  est  tout  naturel  que  la  vieille 
église  érigée  à  Brandivy  en  l'honneur  de  saint  Laurent^ 
soit  désignée  sous  le  nom  de  «  sant  Laurence.  »  Je  ne  sais 
pas  la  date  de  sa  construction.  Peut-être  serait-il  facile^  en 
se  basant  sur  des  renseignements  généraux,  de  la  fixer 
d'une  manière  approximative.  J'y  renonce,  et  je  préfère 
mettre  au  jour  les  circonstances  qui  en  ont  accompagné  la 
fondation  :  elles  entrent  de  plain  pied  dans  le  domaine  de 
la  légende.  On  rapporte  qu'à  Kerbignon  s'élevait  d'abord 
la  chapelle  du  saint,  les  habitants  résolurent  un  jour  de  la 
démolir  pour  en  bâtir  une  neuve  sur  une  éminence  voisine. 
Mais  ils  comptaient  sans  leurs  bœufs  devenus  indociles  aux 
ordres  de  leurs  maîtres,  ces  braves  animaux  prirent  d'eux- 
mêmes  le  chemin  qui  conduit  à  la  chapelle  actuelle  et  déchar- 
gèrent en  ce  lieu  les  matériaux.  La  vérité  est  que  la  charrette 
versa;  et  c'eût  été  un  vrai  miracle  qu'elle  ne  versât  pas  dans 
un  casse-cou  pareil.  Môme  histoire  pour  Saint-Servais  en 
Plumergat,  bâti  dans  im  bourbier.  Gomme  la  charrette 
s'embourbait    toujours,    le    paysan    pensa    que    le    saint 


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•iOi  URANDIVY 

voulait  y  avoir  sa  chapelle;  et  pourtant,  peut-on  faire  autre 
chose  dans  un  bourbier  que  de  s'y  embourber?  Il  serait  aisé 
d'ailleurs  de  produire  des  exemples  sérieux  en  faveur  de 
l'instinct  de?  animaux  qui  ont  joué  un  grand  rôle,  non  seule- 
ment dans  Téreclion  des  chapelles,  mais  encore  dans  l'inven- 
tion des  reliques  ou  des  statues  des  Saints.  Pour  Thonneur 
de  son  nom  et  la  gloire  de  ses  serviteurs,  le  bon  Dieu  a  bien 
le  droit  de  se  servir  de  tous  les  instruments. 


IV.  —  CROIX 

Concurremment  avec  ces  nombreuses  chapelles,  sept"  croix 
en  pierre  et  une  en  bois  érigées  sur  divers  points  du  terri- 
toire, attestaient  avant  1789  la  prise  de  possession  du  sol  de 
Brandivy  par  le  christianisme.  Quatre  autres  ont  été  cons- 
truites postérieurement  à  la  Révolution. 

La  plus  importante,  sans  contredit,  de  ces  dernières  est  la 
croix  de  mission  érigée  au  cimetière  de  Brandivy,  le  2  juillet 
1837,  par  les  soins  de  M.  Carado.  ' 

La  croix  qui  se  dresse  à  la  bifurcation  du  chemin  qui  mène 
au  moulin  de  Scoôc,  porte  la  date  de  1818.  Elle  est  due  à  un 
meunier  de  la  Grandville,  désireux  de  témoigner  à  Dieu  sa 
reconnaissance  d'avoir  échappé  à  un  danger  qui  menaçait 
sa  vie.  On  prétend  qu'à  l'endroit  où  elle  s'élève,  le  meunier 
qui  s'attardait  quelquefois  dans  l'unique  auberge  du  bourg, 
rencontrait  un  lutin  qui  lui  faisait  régulièrement  la  conduite, 
jusqu'au  pont  dit  Pont  erLan  où  il  s'efforçait  de  le  précipiter 
dans  l'eau.  Une  fois  môme,  le  lutin  eut  la  complaisance  de 
le  conduire  jusqu'au  moulin  pour  y  faire  un  vacarme  épou- 
vantable. Dans  sa  détresse,  le  malheureux  meunier  eut  re- 
cours à  M.  Chanio  qui  lui  conseilla  sans  doute  la  plantation 
de  la  croix. 

C'est  également  pour  se  délivrer  de  bruits  et  do  tapages 
nocturnes,  qu'il  y  a  une  cinquantaine  d'années,  on  a  érigé 


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BRANDÎVY  455 

la  croix  du  Tolgoët.  Un  homme  y  menait  une  vie  si  scanda- 
leuse que  le  démon  se  mit  de  la  partie  ;  et  c'est  par  la  croix 
seule,  qui  a  la  vertu  de  mettre  en  fuite  l'esprit  malin,  que 
Ton  parvint  à  débarrasser  le  village  de  cet  hôte  désagréable. 

La  croix  du  Cordier^  qui  s'élève  entre  trois  chênes,  m'avait 
paru  dans  le  principe  plantée  contre  le  druidîsme  et  en  rem- 
placement de  quelque  monument  celtique  :  idée  suggérée 
par  le  souvenir  d'un  magnifique  dolmen  que  j'ai  remarqué 
sur  le  chemin  de  Plaudren  à  Saint-Jean-Brévelay,  entouré 
de  trois  chênes.  Informations  prises,  il'a  fallu  en  rabattre  de 
ces  prétentions  et  lui  attribuer  une  origine  plus  modeste.  Un 
paysan  du  Cordier,  vers  1830,  trouva  une  pièce  de  cinq  francs, 
et  s'engagea  à  ériger  avec  cette  somme  une  croix.  La  chose 
devint  aisée ,  puisqu'il  fit  lui-môme  le  travail ,  et  comme 
le  champ  voisin  s'appelait  le  champ  des  trois  chênes,  il  planta 
autour  de  la  croix  trois  chênes  qui  lui  ont  donné  son  nom. 

La  croix  dite  de  Landévant  se  dresse  dans  la  lande  de  Mou- 
quinio.  En  ce  qui  concerne  l'emplacement  et  une  partie  des 
matériaux,  cette  croix  est  antérieure  à  la  Révolution  ;  elle 
lui  est  postérieure  dans  sa  forme  actuelle.  C'est  qu'elle  a  été 
abattue  pendant  cette  période  néfaste  et  reconstruite  au  re- 
tour dfe  l'ordre.  La  croix  proprement  dite,  fut  posée  sur  une 
haie,  un  peu  au-delà  de  l'entrée  du  bois  de  châtaigners  qui 
forme  l'avenue  de  Kergal  ;  elle  y  est  encore*. 

Sur  les  sept  autres  croix  antérieures  à  la  Révolution,  trois  ont 
réussi  à  dépasser  le  centenaire  de  1789  :  une  d'elles  s'élève  dans 
les  terres  de  Kerhézo  ;  une  autre,  sous  le  nom  de  croix  de  Deul- 
laderiy  à  l'est  du  Foliorch';  la  troisième,  sur  une  haie  voisine 
de  la  motte  féodale  de  Bihuy.  Quatre  croix  ont  disparu  dans 
le  courant  du  siècle.  M.  Douillard,  mort  l'an  passé,  a  emporté 


*  Quelques  ans  attribuent  la  croix  de  Landévant  à  un  jeune  homme  de  la 

paroisse  de  Landévant,  qui  faillit  être  assassiné  en  cet  endroit.  Faut-il  les 

en  croire?  On  sait  que  le  peuple  cherche  et  trouve  atout  une  explication. 

Au  village  du  Foliorch  est  une   vaste  carrière  d'où    la    tradition   assure 

qu^ontété  extrait  en  partie  les  matériaux  de  la  .tour  de  Sainte-Anne. 


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456  BRANDIVY 

en  1885  celle  du  cimetière.  Architecte  de  Tég^lise  paroissiale, 
il  l'avait  demandée  et  facilement  obtenue  pour  prix  de  ses 
travaux.  Elle  orne  en  ce  moment  l'entrée  de  l'avenue  de 
son  château  de  Beauregard,  en  Saint-Avé.  Une  autre  se  voyait 
sur  le  chemin  charretier  de  Kerican  au  bourg,  elle  était 
en  bois  ;  la  troisième,  au  nord  de  Kergal  sur  la  butte  du  Tout- 
Du;  la  quatrième  auprès  du  taillis  de  Rohu.  Il  reste  encore 
de  cette  dernière  la  pierre  de  recouvrement  dans  laquelle 
était  planté  l'arbre  de  la  croix  ;  et  cette  pierre  que  les  pillards 
ont  épargnée,  portée  dans  la  haie  voisine,  est  transformée  en 
passerelle.  Je  ne  sais  rien  de  la  date  ni  des  circonstances  de 
leur  érection. 

De  toutes  ces  croix  qui  précèdent  la  Révolution,  une  seule, 
la  croix  de  Rohu,  se  dressait  dans  le  voisinage  d'une  voie 
ancienne,  la  voie  de  Locminé  à  Auray. 

Faut-il  conclure  de  ce  voisinage  d'une  voie  ancienne  à  la 
haute  antiquité  de  la  croix  dont  il  s*agitP  Le  fait  est  qu'au 
moyen-âge,  l'érection  des  croix  avait  lieu  généralement  sur 
les  grands  chemins,  et  que  cette  règle,  en  raison  de  leur 
salutaire  destination,  offrait  peu  ou  point  d'exception  au 
douzième  siècle  :  c  Si  quelqu'un,  dit  le  concile  de  Clermont 
en  1095,  poursuivi  par  ses  ennemis  se  réfugie  auprès  de 
quelque  croix  sur  les  chemins,  il  doit  y  trouver  un  asile  as- 
suré comme  dans  une  église'.»  C'est  pour  ménager  de  ces 
asiles  aux  voyageurs,  observe  Longueval,  qu'on  avait  érigé 
d'espace  en  espace  des  croix  sur  les  grands  chemins. 

Me  sera-t-il  permis  d'ajouter  que  certaines  croix  marquaient 
môme  des  cimetières,  comme  il  résulte  d'une  ordonnance 
rendue  en  1116  par  Jean,  évoque  de  Saint-Brieuc,  pour  pres- 
crire aux  paroisses  de  faire  des  cimetières,  et  pour  interdire 
les  inhumations  auprès  des  croix  placées  sur  les  grands 
chemins  ? 

*  Réminiscence  des  temps  paTens  de  Rome,  où  Tesclave  menacé  par  son 
maître  trouvait  un  refuge  assuré  dès  qu*il  pouvait  se  placer  derrière  la  statue 
de  remi)ereur. 


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BRANDIVY  457 

Toujours  est-il  que  la  disposition  du  concile  de  Clermont 
ne  contribua  pas  peu  à  les  multiplier  à  une  époque  où  les 
guerres  locales,  si  meurtrières,  étaient  à  Tordre  du  jour. 

La  grande  peste  qui  décima  TÀrmorique  et  surtout  la  Basse- 
Bretagne  en  1598,  a  poussé  également  à  Térection  de  croix 
nombreuses.  Celles-ci  furent  appelées  (Croez  er  vocen)  parce 
qu'elles  firent  reculer  le  fléau.  Mais  on  aurait  tort  de  pré- 
tendre, avec  un  auteur,  que  toutes  les  croix  qui  ornaient  jadis 
les  carrefours  datent  de  celte  époque.  La  vérité  est  qu'on  a 
planté  bien  des  croix  avant  les  ravages  causés  par  cette 
peste*  comme  on  en  a  planté  depuis.  Est-ce  que  Térection 
des  croix  ne  tient  pas  à  la  nature  môme  du  ciiristianisme, 
fondé  sur  la  croix  du  Calvaire  ? 

Si  rien  ne  prouve  que  la  croix  de  Rohu  est  due  à  cette  peste, 
rien  ne  s  oppose  cependant  à  ce  qu'elle  remonte  au  dix-sep- 
tième siècle.  Elle  s'élève  en  effet  au  bord  d'une  bifurcation 
de  la  voie  ancienne  qui  passait  à  Test  de  Ménétavid.  Or  cette 
voie  nouvelle,  manifestement  creusée  pour  tourner  la  côte, 
des  titres  nous  la  montrent  pratiquée  dès  1673*. 

Quoiqu'il  en  soit,  il  est  étrange  que  sur  les  trois  grandes 
voies  qui  traversaient  anciennement  Brandivy,  on  ne  puisse 
signaler  que  la  croix  de  Rohu^  Les  autres  s'élevaient  au  bord 
de  sentiers  ou  de  chemins  particuliers,  à  part  celle  de  Ker- 
hézo,  dressée  en  plein  champ. 

Parmi  les  vieilles  croix  qui  restent,  celle  deKerhézo  seule, 
est  à  peu  près  intacte  ;  celle  de  Folioreh  est  passablement 
mutilée,  et  celle  de  Bihuy  sans  pied.  Les  restaurations  de 
croix.  Dieu  merci,  sont  à  l'ordre  du  jour.  Les  zélés  recteurs 
s'occupent  avec  un  soin  pieux,  dans  leurs  paroisses  respec- 

'  Saint  Budoc  érigeait  des  croix  par  les  boargs  et  chemins.  Saint  Brieuc, 
de  retour  en  Grande-Bretagne,  en  plaça  une  à  Tendroit  où  saint  Judoc 
rendit  la  vue  à  un  aveugle 

*  Peut-être  lors  du  transport  de  pierres  qui  s*est  fait,  si  la  tradition  est 
exacte,  du  Folioreh  k  Ker-Anna. 

s  Je  n'y  comprends  pas  celle  du  bourg,  qui  faisait  partie  du  cimetière  situé 
à  proximité  du  hent  Conan, 


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458  BRANDI  V  Y 

ti ves^  non-seulement  à  ériger  des  croix  nouvelles,  mais  encore 
à  relever  celles  que  la  malice  des  hommes  ou  les  ravages 
du  temps  ont  renversées.  Cette  dernière  œuvre  n'est  pas  la 
moins  méritoire.  Ces  vieilles  croix  en  ruines  datent  souvent 
de  tant  de  siècles  î  Tant  de  souvenirs  intéressants  peuvent  s'y 
rattacher  I 

V.  —  CLERGÉ 

Ce  qui  précède  fait  assez  voir  que  rien  n'a  manqué  à  Bran- 
divy  de  ce  qui  est  nécessaire  pour  donner  à  une  localité  une 
physionomie  religieuse.  Mais  Tâme,  le  principe  inspirateur 
.  du  culte,  le  clergé  en  un  mot,  nous  n'en  avons  pas  encore 
parlé.  Il  est  temps  d'aborder  cette  étude  qui  doit  terminer  la 
première  partie  :  Brandivy  ecclésiastique.  Mon  dessein  est 
d'accorder  à  chaque  prêtre  une  petite  notice,  ou  à  défaut  de 
notice,  une  mention  particulière*.  Tous  ont  été  à  la  peine,  il 
convient  que  tous  soient  à  l'honneur.  Comme  en  outre  la 
Trêve  est  une  dépendance  de  la  paroisse  et  que  les  curés  de 
Brandivy  n'ont  exercé  le  ministère  dans  la  localité  que  sous 
la  direction  des  Recteurs  de  Grand-Champ,  ce  ne  sera  pas  un 
hors  d'œuvre  de  citer,  au  moins  dans  une  note  au  bas 
de  la  page,  les  noms  de  ces  derniers,  ni  même  d'orner  cette 
sèche  nomenclature  de  quelques  faits  remarquables  qui  ont 
signalé  leur  administration.  Tel  est  l'objet  de  cet  article.  Le 
lecteur  voudra  même  me  pardonner  si  quelques  erreurs  iné- 
vitables se  glissent  dans  cette  énumération. 

Martyr  anonyme  des  Sept- Trous 

Un  prêtre  de  Brandivy  portait  le  viatique  au  village  des 
Granges.  Au  moment  de  quitter  le  Parc-au-Duc  pour  entrer 

*  Les  détails  qui  vont  suivre  sur  les  curés  de  Brandivy  ont  été .  tirés  ou 
des  archives  tréviales^  ou  des  arcJiives  départementales^  ou  du  Fouillé  de 
M.  Luco,  ou  sont  dus  à  rextrême  obligeance  de  l'auteur  du  Fouillé. 


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BRANDIVY  459 

dans  le  bois  des  moines,  deux  hommes  s'élançani  d*un  coin 
où  ils  étaient  embusqués,  lui  barrent  le  passage  et  réclament 
la  sainte  hostie.  Avant  de  tomber  entre  leurs  mains,  le  prêtre 
par  bonheur  a  le  tempsdelaconsommer.  Furieux  de  cette  action 
et  dans  l'espérance  impie  de  commettre  encore  la  profanation, 
les  barbares  se  hâtentde  couper  la  tôte  du  prêtre ,  laquelle  sau- 
tant sept  fois  fait  sept  trous  où  Therbe  ne  poussa  jamais.  Un 
bourgeois  incrédule  de  Vannes,  pour  mettre  la  légende  à 
répreuve,  a  fait  bêcher  le  sol  :  le  lendemain  les  sept  trous 
reparurent  aux  regards  étonnés.  Comme  la  surface  de  la 
terre  présente  l'apparence  d'une  tombe,  j'ai  dirigé  des  fouilles 
en  cet  endroit  dans  l'espoir  de  retrouver  quelques  restes  du 
martyr.  Les  fouilles  n'ont  pas  donné  de  résultat. 

Si  son  corps  ne  s'y  trouve  pas,  sa  bienfaisante  influence 
ne  laisse  pas  de  s'y  faire  sentir.  Les  malades,  les  fiévreux  en 
particulier,  accourent  de  toutes  parts  au  lieu  de  la  sanglante 
immolation.  Les  nombreuses  croix  de  bois  plantées  en  terre 
en  guise  d'ex-vo/o^  ainsi  que  la  voix  publique,  attestent  que 
le  saint  prêtre,  martyr  du  devoir  et  de  l'Eucharistie,  n'est  pas 
invoqué  en  vain. 

La  tradition  est  unanime  sur  ces  divers  détails.  Où  git  la 
difficulté,  c'est  de  préciser  l'époque  à  laquelle  remonte  le 
cruel  événement.  Le  peuple  assure  d'une  commune  voix  que 
c'est  sous  la  Révolution.  Mais  laquelle  ?  Il  ne  peut  être 
question  de  celle  de  89,  puisque  le  prêtre  qui  desservait  Bran- 
divy  à  cette  époque  est  mort  en  1821.  Il  s'agirait  d'une  Révo- 
lution antérieure  à  celle-là,  comme  me  l'ont  insinué  deux 
vieillards,  dont  les  parents  sont  nés  et  ont  vécu  dans  le  voi- 
sinage des  Sept-Trous.  Les  circonstances  du  crime  font 
penser  au  seizième  siècle,  fameux  par  les  attentats  sacrilèges 
des  huguenots,  qu'une  haine  satanique  semblait  animer 
contre  la  divine  Eucharistie.  C'est  pour  cette  raison  que  la 
série  des  prêtres  de  Brandivy  s'ouvre  par  le  martyr  des 
Sept-Trous. 


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460  BRANUIVY 

1618-1626.  —  Rolland  AuBBRT,  curé.  Diacre  à  Vannes  le 
20  décembre  1614  Dimissoire  du  15  décembre  1615,  pour 
recevoir  la  prêtrise. 

1626  1639.  —  LouYS  Le  Cheviller,  curé.  —  Lacune  dans  les 
registres  de  1639  à  1653. 

1653-1662.  -  Jean  Guillart.  De. 1614  à  1618,  un  Jean  Guil- 
lart  était  prêtre  à  Brech.  J'ignore  si  c'est  le  même  person- 
sage.  11  cesse  d'être  curé  en  1662  pour  devenir  prêtre 
demeurant  à  Brandivy.  La  Trêve  comptait  de  son  temps  deux 
autres  prêtres  :  Jean  Perrin,  originaire  de  la  paroisse  de 
Rieux  et  résidant  à  Brandivy,  et  Gilles  Ryo,  originaire  de 
Grand-Champ  et  prêtre  de  la  Trêve.  Le  bon  Gilles  Ryo  !  il 
enregistre  souvent  ses  baptêmes  de  la  sorte  :  «  flls  légitime  et 
naturel  ».  Il  ne  se  doutait  peut-être  pas  que  quand  un  flls  est 
légitime,  il  est  aussi  naturel,  mais  non  vice  versa.  Il  devait 
être  chapelain  de  Kergal.  Louys  Lamour  qui  apparaît  en  1660^ 
lorsque  disparaît  Tabbé  Ryo,  remplaça  Jean  Guillart  comme 
curé*. 

1662-1667.  •  Louys  Lamour,  curé.  Originaire  de  Naizin, 
chapelain  de  Kergal.  Je  crois  qu'il  passa  de  Brandivy  à 
Grand-Champ  pour  devenir,  de  1690  à  1695,  recteur  de  Saint- 
Vincent.  Brandivy  avait  toujours  ses  trois  prêtres,  le  curé 
Lamour,  Jean  Perrin  et  Jean  Guillart,  auxquels  venait  se 
joindre  de  temps  en  temps  François  Perrel,  originaire  de 
Plumergat  et  «  prêtre  de  la  communauté  de  cette  paroisse  ». 
Il  y  avait  des  Perrel  en  Brandivy. 

1667.  Yves  Papillon,  curé.  —  De  1668-1674,  nouvelle  lacune 
dans  les  registres. 

•  Hecteup  de  Grand-Champ  :  1589-1622  ;  —  Bertrand  Ctuymarho  ;  1622- 
Î624  ;  —  Bertrand  Gujmarho  neveu  du  précédent  :  1624-1625  ;  —  Claude  de 
Kerméno  :  16n«1625  ;  —  Julien  le  Mordant  :  1646-1669  :  Michel  de  Moissac  : 
«  le  premier  jour  de  juin  1669,  fust  posée  la  première  pierre  en  la  tour  de 
réalise  paroissi.ile  de  Grand-Champ,  et  béniste  par  Michelle  de  Moissac,  coii- 
8?iller,  aumônier  du  roy,  chanoine  d'honneur  de  l'église  cathédrale  de  Vannes 
et  recteur  de  Grand-Champ.  {Archives  départementales). 


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'W^ 


BRANDIVY  461 

1674-1675.  —  C'estQuillaume  Audo  qui  fait  tous  les  baptêmes 
Il  soussigné  :  prôtre  de  Brandi vy  et  curé  de  Grand-Champ.  * 

1675-1676.  —  Julien  Nicolazo.  Il  signe  indifféremment 
prêtre  de  Brandivy  et  curé  de  Brandivy.  —  Je  ne  sais  pas 
trop  si  c'est  à  titre  de  curés  ou  de  simples  prêtres  délégués 
que  ces  deux  derniers  ont  exercé  le  saint  ministère. 

1676-1681.  —  François  Lamour,  curé.  C'est  le  môme  qui 
s'était  servi  des  édifices  d'une  tenue  qu'il  possédait  à  Bihuy 
en  1680,  pour  y  fonder  une  chapellenie.  —  Pendant  ce  temps, 
Olivier  Le  Cam  et  Nicolas  Raguenez  se  disent  prêtres  dé  la- 
dite Trêve. 

1681-1687.  Olivier  Jéhanno,  docteur  de  Sorbonne.  Julien 
Jéhanno,  son  frère,  également  docteur  de  Sorbonne  fait  de 
son  temps  plusieurs  baptêmes  à  Brandivy.  Julien  devint  rec- 
teur de  Lanvaudan  en  1689  et  y  mourut  en  mai  1700'.  Olivier 
Baniel  exerçait  aussi  le  ministère  sous  Olivier  Jéhanno.  On 
retrouve  plus  tard  Olivier  Baniel,  curé  de  TIle-aux-Moines, 
puis  de  1699  à  1707,  recteur  de  Sulniac.  C'était  un  des  mis- 
sionnaires du  diocèse. 

1687-1688.  —Joseph  Maillart,  curé.  Après  la  disparition 
de  Joseph  Maillart  (avril  i688),  François  Riguidel,  Julien 
Oliviéro  et  Michel  Séveno  font  successivement  le  service  de  la 
Trêve,  jusqu'à  la  fin  d'avril  ou  au  commencement  du  mois  de 
juin  où  arrive  René  Fablet  comme  curé. 

'  Charles  le  Bel,  recteur  de  Grand-Champ.  1669-1688. 

«  Le  17  juillet  1683,  fut  enterré  le  corps  de  Julienne  Pan,  femme  de  Marc 
Brien,  meusnier  des  moulins  de  Kerrio,  laquelle  étant  morte  subitement 
ayant  cependant  fait  une  confession  générale,  autant  que  le  temps  le  peut 
permettre  et  receu  rextréme-onction,  fut  ouverte  en  notre  présence  pour  lui 
tirer  deux  enfants,  pas  plus  longs  qu'une  paume  de  main,  qui  receurent  le 
saint  baptême  ;  les  ayant  vu  remuer  et  en  vie  :  lesquels  ont  été  inhumes  sé- 
parément du  corps  de  leur  mère  et  placés  parmi  les  enfants  que  nous  croions 
dans  la  gloire,  parce  qu'ils  sont  morts  avant  Tusage  de  raison^  après  la  ré- 
ception du  saint  baptême.  » 

Signé  :  Charles  le  Bel,  recteur  de  Grand-Champ.  (Arc/iice*'  départementales). 


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462  BHAN'DIYY 

1688-1700.  —  René  Fablet,  curé.  11  y  avait  des  familles  de 
ce  nom  en  Brandivy.  Je  ne  sais  pourtant  pas  s'il  y  est  né.  Nous 
trouvons  encore  sous  ce  curé,  Olivier  Le  Cam,  puis  Vincent 
Fravalo  dont  il  sera  bientôt  question. 

1700.  —  Victor  Gargasson,  curé.  —  Mort  à  37  ans  le  27 
juillet  1700,  et  enterré  le  lendemain  près  de  l'autel. 

1700-1701.  —  Vincent  le  Guelnout,  curé;  devenu  en  (1703- 
1704)  curé  de  Mouterblanc. 

1701-1702.  —  Guillaume  Pommeraye,  curé. 

1702-1710.  —  Henri  Le  Coustumer,  curé.  Dimissoire  du  18 
septembre  1696  pour  recevoir  le  sous-diaconat  à  Saint-Malo: 
prêtre  au  Mené  le  6  mars  1700;  chanoine  de  la  collégiale 
de  Guémené,  pourvu  par  l'ordinaire  le  16  mai  1714. 

1710-1719.  —  Julien  Oliviéro,  curé.  En  1719,  il  devint  curé 
de  Grand-Chaiiip,  où  il  mourut  à  71  ans  le  18  septembr^e  1755  ; 
il  fut  enterré  le  lendemain  au  cimetière  «  très  digne  prêtre  et 
ancien  curé.  » 

1710-1730.  —  Vincent  Fravalo,  curé.  Ordonné  prêtre  au 
séminaire  le  19  septembre  1693. 11  mourut  à  71  ans  le  3  janvier 
1631  et  fut  enterré  le  lendemain  au  cimetière*. 

Sous  Vincent  Fravalo,  Pierre  Le  Roy  signe  prêtre  de  Bran- 
divy ou  de  Téglise  de  Brandivy. 

ilôi'ilSS,  —  Pierre  Le  Roy,  cure,  fils  de  Louis  et  de 
Louise  Le  Douarin,  de  Naîzin,  tonsuré  et  minoré  au  Mené 
le  24  septembre  1718;  au  Mené  encore,  sous-diacre  le 
3  juin  i719;  diacre  le  25  mai  1720;  prêtre  le  21  septembre 

*  Recteurs  de  Grand-Champ  :  1G88-1696,  Charles  Geduin  de  la  Doblaye. 
—  1696-1715  :  Hyacinthe  Morice  Thierry  de  la  Prévalaye.  «  On  ne  saurait 
assez  pleurer  la  perte  d'un  si  grand  homme  n'étant  guère  avancé  en  ù,ge. 
Dieu,  a  voulu  récompenser  ses  grandes  charités  à  Tégard  des  pauvres.  Etant 
allé  le  voir  en  1705,  sa  gouvernante  meditqu^ily  avait  quelquefois  à.  sa  porte 
plus  de  500  pauvres  »  {Note  du  rect,  de  iSaint^Vincent).  —  1713-1737  :  François 
Le  Dré&u,' originaire  de  la  paroisse. 


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BHANDIYY  463 

1720.  On  le  retrouve  curé  de  Moustoir-Remungol  en  1744. 
Prieur  commendataire  de  Saint-Nicolas-du-Blavet,  il  mourut 
à  Naizin  et  y  fut  enterré  le  18  août  1756.  De  son  temps,  et 
sous  le  curé  suivant,  Jean  Brient,  prêtre  auxiliaire.  Il  y  avait 
beaucoup  de  Brient  à  Brandivy;  j'ignore  pourtant  si  Jean 
Brient  en  est  originaire. 

1733-1740.  —  François  Le  Dréau,  flls  d'Yves  Le  Dréau, 
notaire  des  Regaires  et  de  Largouôt,  et  de  Françoise  Le 
Thieis,  de  Grand-Champ,  tonsuré  et  minoré  au  Séminaire  le 
23  septembre  1719;  là,  sous-diacre  le  7  juin  1720  ;  diacre  au 
Vincen  le  19  septembre  1*722  ;  prêtre  au  séminaire  le  13  sep- 
tembre 1723.  Il  fut  plus  tard  chapelain  des  dames  de  la  Re- 
traite à  Vannes,  recteur  de  Landévant  et  de  Carnac  où  il 
mr.urut  le  7  avril  1756.  —  Manquent  les  années  1730  et  1740. 

1740-1743.  —  Jagqubs-Alexis  Le  Tallec,  fils  de  François  et 
de  Louise  Pichodon,  né  dans  la  partie  du  bourg  de  Quim- 
perlé  qui  appartenait  au  diocèse  de  Vannes,  reçut  tous  ses 
ordres  au  Mené,  tonsuré  et  minoré  le  19  septembre  1733, 
sous-diacre  le  18  septembre  1734  ;  diacre  le  24  septembre  1735; 
victorieux  au  concours  du  28  mars  1743,  il  devint  recteur  de 
Plumelin  où  il  mourut  âgé  de  3V  ans,  le  16  août  1750.  II  fut 
inhumé  le  lendemain  au  cimetière  de  sa  paroisse.  De  son 
temps,  Ch.  Le  Boulaire,  prêtre  auxiliaire. 

1743.  —  Chrystophe  Le  Boulaire,  flls  de  JuKen  et  d'Y- 
vonne Ferel,  né  au  Feuntenio  (Brandivy),  le  9  février  1710  ; 
tonsuré  et  minoré  et  sous-diacre  au  Mené,  le  26  mars  1735  ; 
au  Mené  encore,  diacre  le  17  mars  1736,  et  prêtre  le  21  sep- 
tembre 1737.  Il  mourut  à  Brandivy  le  8  septembre  1743  et  fut 
enterré  le  10  près  de  la  croix  du  cimetière  {voir plus  haut), 
La  croix  dont  il  s'agit  orne  actuellement  l'entrée  de  l'avenue 
de  Beauregard,  en  Saint-Avé,  comme  on  Ta  déjà  indiqué. 

1744-1749.  —  François  Thomazic,  flls  de  Charles  et  d'Yvonne 
Conan  de  Locmaria  Grand-Champ;  tonsuré  et  minoré  au 


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4fU  BRANDIVY 

Mené  le  23  septembre  1730;  au  Mené  aussi  sous-diacre  le 
17  mai  1781,  diacre  le  7  juin  1732,  et  prêtre  le  24  avril  1734. 
11  fut  curé  de  Locmariade  1736  à  1744.  En  octobre  1748,  Alain 
Pouliiiuen  apparaît  comme  prêtre  de  la  Trêve*. 

1749-1750.  —  Alain  Pouliquen,  curé.  Il  mourut  au  manoir 
de  Kergal  (Brandivy)  où  les  Pouliguen  étaient  fermiers,  le 
21  août  1750,  à  Tâge  de  38  ans.  Le  lendemain  il  fut  inhumé 
au  cimetière. 

1750-1754.  —  Thébaud  René-Duvau,  curé,  fils  de  Jean-Jo- 
seph et  de  Marguerite  Charpentier  de  Saint-Salomon  (Vannes); 
minoré  au  Mené,  30  mars  1748;  au  Mené,  sous-diacre  le  21  sep- 
tembre 1748,  diacre  le  15  avril  1749,  prêtre  le  20  septembre 
1749.  Il  était  simple  prêtre  à  Theixen  1764,  lorsque,  le  13  août 
de  celte  année,  Tévêque  le  pourvut  de  la  chapellenie  de  Saint- 
Julien  en  Berric. 

1754-1759.  —  P.  M.  Prigent,  curé. 

1759-1761.  —  Augustin  Barday,  fils  de  Marc  et  de  Françoise 
Le  Métayer,  de  Bubry,  et  neveu  d'Augustin  le  Métayer,  rec- 

'  «  Recteur  de  Grand-Champ  (1782-1749)  :  Claude  Vincent  CiUard  de 
Kerampoul,  fils  de  François,  sénéchal  de  Rhuys,  né  le  10  août  1686.  «  L*an 
de  grâce  1747,  le  30  novembre,  fut  faite  par  nous  messire  J.  F.  Henri  de 
Jumel,  abbé  de  Belle-Perche,  grand-chantre  de  la  cathédrale  et  vicaire  général 
du  diocèse,  la  bénédiction  et  nomination  solennelles,  premièrement  de  la 
grosse  cloche  de  la  paroisse,  pesant  environ  1442  livres,  nommée  Angélique 
fie  Saint^TugdtAal  ;  secondement  de  celle  de  la  chapelle  de  Burgos,  pesant 
environ  340  livres,  nommée  Rose  de  SairUe^Marie  du  Burgos  ;  troisièmement 
de  celle  de  la  chapelle  domestique  frairienne  du  château  de  Kerleguein, 
presbytère  de  cette  paroisse,  nommée  Marie  de  Saint-Gobrien  :  Toutes  trois 
sans  compères  ni  commères,  ayant  habilement  prétexté  qu*on  en  avait  dté 
leurs  armes,  qui  n*y  avaient  point  été  mises  ;  les  dites  bénédictions  et  nomi- 
nations en  présence  et  aux  acclamations  de  tous  les  paroissiens  et  des 
soussignants. 

Signé.  Joseph  Evain,  curé  ;  P.  Jocet-Kervilers  ;  Claude- Vincent  Cillard  de 
Kerampou),  recteur  de  Grand-Champ. 

Le  29  avril  1749,  inhumation  dans  le  cimetière  de  Grand-Champ,  de  messire 
Claude-Vincent  AUart,  décédé  le  27  au  presbytère  de   Locminé,   la  levée  du 
corps  ayant  été  faite  et  le   renvoi    dudit  Locminé  jusqu^au   presbytère 
Grand-Champ,  par  le  sieur  Evain,  curé  de  ladite  paroisse,  et  le  sieur  du  Tay, 
prêtre  de  la  même  paroisse.  (Archives  départementales). 


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BRANDIVY  466 

teur  du  Plélauff,  tonsuré  à  la  retraite  des  hommes,  le  2  fé- 
vrier 1755  ;  minoré  à  Tévéché,  le  16  mars  1755;  sous-diacre 
au  Mené, le  20  septembre  1755  ;  au  Mené  diacre,  le  3 avril  1756; 
prôlrc  à  la  retraite  des  hommes,  le  18  septembre  1756,  rec- 
teur de  Meirand,  où  il  mourut,  âgé  de  60  ans,  en  1790. 

1761*1764.  —  Mathurin  Le  Gorvig,  curé.  Dis  de  Jean  et  de 
Jeanne  Margarin^  de  Saint-Jean-Brévelay  ;  tonsuré  à  la  re- 
traite des  hommes,  14  janvier  1753  ;  minoré  et  sous-diacre 
au  Men'é,  21  septembre  1754,  diacre  à  Tévôché,  le  16  mars 
1766;  prêtre  au  Mené,  le  20  septembre  1755.  En  1774,  il 
devint  recteur  de  Merlevenez.  Ayant  refusé  da  prêter  ser- 
ment en  1791,  un  arrêté  du  directoire  départemental  lui 
donna  trois  jours  ainsi  qu'à  son  curé  Guillemot  pour  quitter 
Merlevenez  et  se  rendre  à  Lorient  où  il  fut  interné.  Le  dis- 
trict d'Hennebont  le  qualifle  :  «  fanatique  imbécile  mais  point 
caché;  il  dit  à  qui  veut  l'entendre  que  t#ut  patriote  est 
damné*.  » 

1764-1784.  —  Claude  Plaissix,  curé,  fils  de  Guillaume  et  de 
Françoise  Le  Ray,  de  Noyal-Muzillac,  tonsuré  à  la  retraite 
des  hommes,  le  4  septembre  1758  ;  prêtre  au  Mené  le  19  sep- 
tembre 1761.  En  janvier  1797,  il  vivait  caché  en  Noyal-Mu- 
zillac, se  défendant  par  écrits,  affiches,  contre  les  accusa- 
tions de  violences  portées  contre  lui,  par  exemple  d*avoir 
frappé  du  bâton  ceux  qui  payaient  Timpôt,  les  prêtres 
soumis  à  la  loi...  En  1802,  il  devint  recteur  d'Houat  et  prêta 
serment  le  21  octobre  de  la  même  année. 

Je  relève  sur  le  registre  cette  note  du  curé  Plaissix  en 
présence  d'un  enfant  à  baptiser  «  les  uns  écrivent  Le  Ray, 
les  autres  Le  Roy  ;  choisissez  :  le  père  ne  sçait  lequel 
prendre  »  Ce  père  n'avait  pas  d'idée.  L'embarras  se  pourrait 
à  la  rigueur  concevoir  de  nos  jours  ;  mais  en  ce  bon  vieux 

*  François  Dréano,  recteur  de  Qrand-Ghamp  de  1749  à  1760  ;  Yres  Morgan, 
recteur  de  1760  à  1763. 

T.    VI.   —  NOTICES.    —   VI®  ANNÉE,   4«  LIV.  31 


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466  BRANDIVY 

temps,  tout  autre  à  sa  place  eût  d'emblée  et  sans  la  moindre 
hésitation  choisi  d'être  :  le  Roy. 

1783-1786.  —  Guillaume  Briendo,  originaire  de  Grand- 
Chamip,  fils  de  François,  laboureur,  et  de  Magdeleine  Esnery 
(alias  Mathurine  Hémery),  ordonné  prêtre  en  septembre  1774. 
Du  temps  de  Briendo  et  sous  le  curé  précédent,  la  Trêve 
comptait  un  autre  prêtre,  Michel  Pouliquen  ;  né  au  manoir 
do  Kergal  le  7  mai  1746,  il  décéda  le  15  novembre  1785,  chez 
son  père  au  village  de  Troguern  et  fut  inhumé  le  17  au 
cimetière* . 

1786-1802.  '—  François  Udoux  ou  Udou  ou  Turudoux  ou 
Uroudoux,  né  à  Plumelin  le  26  mars  1741.  L'enregistrement 
des  décès  et  des  naissances  cesse  avec  1790. 

On  sait  cependant  d'une  façon  certaine  qu'il  desservait  la 
Trêve  l'année  suivante.  Des  ordonnances  de  paiement  déli- 
vrées par  le  directoire  en  1791  «  au  profit  du  sieur  Udoux, 
vicaire  de  la  Trêve  de  laBrandivy  »ne  laissent  aucun  doute  à 
cet  égard*.  Il  la  desservait  encore  en  1792,  comme  le  prouve  un 

*  Louis-Raoul,  sb  Pluicbliau  recteur  de  Grand-Champ  de  1763  à  1794.  — 
22  avril  1764,  Bénédiction  par  messire  Louis  Raoul  de  la  cloche  de  la  cha- 
pelle de  Saint-Michel,  nommée  Françoisê-Yvonne  de  Saint^Miehel  ;  —  9  mai 
1769^  bénédiction  par  le  même  de  la  seconde  cloche  de  iravail  deLocmaria;  •» 
12  octobre  1777,  bénédiction  par  le  même  de  la  seconde  cloche  paroissiale  de 
Qrand-Ghamp. 

Sous  Tadministration  de  Tabbé  Raoul,  de  nombreux  forfaits  furent  commis 
dans  la  paroisse  de  Grand-Champ:  —  1775,  poursuite  contre  les  assassins 
de  Marc  Robinot  en  la  paroisse  de  Grand-Champ  ;  —  1776,  poursuite  contre 
les  meurtriers  de  Jean  le  Gleuher;  —  en  1783,  contre  Julien  Le  Turnier  du 
Bourg  de  Grand-Champ  accusé  du  meurtre  de  Jacque  le  Treste,  en  1785  ; 
enquête  relative  à  un  vol  commis  dans  Téglise  paroissiale.  Le  recteur  Raoul 
crut  devoir  lui-même  écrire  une  lettre  en  faveur  d*un  prétendu  Iraudeur. 

Brandi vy  n*en  fut  pas  exempt*  Une  petite  fille  fut  exposée  dans  la  nuit  du 
19  au  20  juin  1774  et  baptisée  le  24  juillet  sous  condition.  Jamais  on  n*a  pu 
découvrir  ses  coupables  parents.  ^  Tugdual  Robino  fut  trouvé  mort  le  4 
octobre  1785.  Il  fut  enterré  le  lendemain  avec  la  permission  des  juges  de 
Largouëi.  On  crut  à  un  assassinat. 

'  A  propos  des  mandats  de  paiement^  il  est  curieux  de  signaler  les  pro- 
cédés dont  usait  le  directoire  à.  Tégard  des  chefs  de  paroisse.  Après  la  spolia- 
tion du  clergé,  il  était  accordé  à  chaque  recteur  un  traitement  fixe  de  1200 
livres.  Comme   Tancien  système  des   dîmes  et    impôts  continuait  en  1790, 


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BRANDIVY  467 

recours  en  décharge  d'iippôts  non  justifiés  qu'il  adressa  le  4 
février  au  directoire  du  district.  Voici  la  réponse  qui  lui  fut 
faite  :  «  Vu  la  lettre  du  sieur  Udoux,  curé  de  la  Trêve  de 
Brandivy ,  du  4  février  dernier,  par  laquelle  il  se  plaint  d'avoir 
été  imposé  à  la  municipalité  de  Grand-Champ  à  la  somme  de 
30  livres  pour  capitation  ;  attendu  qu'il  a  été  imposé  3  livres 
au  rôle  de  Brandivy  et  qu'il  a  payé  suivant  la  quittance  ci- 
jointe;  vu  les  observations  de  la  municipalité  de  Grand- 
Champ  du  13  de  ce  mois...  le  directoire  a  déchargé  Udoux 
de  la  somme  de  trois  livres  à  laquelle  il  a  été  imposé  au  rôle 
supplétif  des  fouagesde  Brandivy,  arrêta  au  surplus  qu'Udoux 
paiera  les  sommes  de  10  livres  et  de  18  livres  auxquelles  il  se 
trouve  imposé  au  rôle  supplétif  de  la  capitation  pour  les  six 
derniers  mois  de  1789  et  au  rôle  de  la  capitation  de  1790  »  14 
avril  1792. 

le  directoire  dans  le  courant  de  Tannée  suivante,  calculait  du  fond  de  son 
cabinet  les  dépenses  et  les  recettes  de  chaque  titulaire,  et  d'an  trait  de 
plume  ramenait  le  traitement  au  taux  légal. 

En  Toici  deux  exemples. 

Comptes  du  Heur  Plaissix,  curé  de  Plouhamel. 

Recettes  :  1579  liyres.  ^  Dépenses  :  frais  de  récoltes fto  Ut. 

—  Portion  congrue  du  Ticaire.    .  350 

—  Vingtièmes  et  fouages.     .    .  72 

Total :    .    442  Hv. 

L'Etat  lui  reste  rederable  de  163  livres  nécessah'es  pour  compléter  le  trai- 
tement. 

Comptes  du  sieur  '  QuériCy  recteur  de  Plumergat, 

Recettes  :  2964  livres.  —  Dépenses  :  frais  de  récoltes 200  liv. 

^  Portion  congrue  de  2  vicaires.    .    700 

—  Vingtièmes.      .......      49 

Total 949  liv. 

Le  sieur  Quério  reste  reliquataire  à  TEtat  de  8ib  livres,  laquelle  somme  il 
lui  est  ordonné  de  payer  de  jour  à  Fautre  entre  les  mains  du  receveur  du 
district. 

Les  simples  auront  peut-être  envie  de  s*extasier  devant  ces  beaux  scrupules 
d'égalité.  Qu'ils  répriment  leur  envie  !  On  sait  que  ces  mêmes  administrateurs, 
alors  qu'ils  réservaient  toutes  leurs  faveurs  aux  intrus,  menaient 
contre  Dieu,  ses  temples  et  ses  fidèles  ministres,  une  Traie  guerre  de  sauvages  : 


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468  BRANDIVY 

Il  n'en  pouvait  être  autrement.  Il  s'agissait  d'un  prêtre 
dénoncé  dès  1791  pour  ses  sermons  contre  la  constitution 
civile  du  clergé,  et  condamné  de  ce  chef  à  plusieurs  reprises, 
avant  septembre  1792,  par  le  tribunal  civil  de  Vannes.  Quelle 
idée  aussi  avait  l'abbé  Udoux,  prôtre  insermenté  et  réputé 
hostile  aux  institutions  républicaines,  de  se  plaindre  d'un 
déni  de  justice  !  A  l'époque  pu  nous  sommes,  ses  pareils  ne 
pouvaient  plus  se  considérer  comme  citoyens  français  :  ils 
étaient  tout  simplement  matière  à  déportation  ;  et  parce  que 
le  peuple,  blessé  dans  tous  ses  sentiments  religieux  et 
patriotiques  prenait  naturellement  parti  pour  les  proscrits 
contre  les  proscripteurs,  voilà  que  le  clergé  non  assermenté 
est  rendu  responsable  de  tous  les  troubles  qui  agitaient  le 
département.  Messieurs,  dit  le  7  février  1792  un  adminis- 
trateur devant  le  Directoire,il  n'est  plus  temps  de  se  dissimuler 
que  la  tranquillité  publique  est  menacée...  Les  prêtres  seuls 
sèment  la  division...  ils  trouvent  et  égarent  le  peuple.  »  Le 
procureur  syndic  s'écrie  à  son  tour  dans  la  séance  du  16  mars 
1793  :«  La  journée  d'hier  .nous  a  prouvé  que  le  fanatisme 
était  le  mobile  des  gens  de  la  campagne,  égarés  par  les 
prêtres  non  assermentés  et  non  déportés.  Quelles  grâces  le 
district  de  Vannes  n'a-t-il  pas  à  rendre  aux  citoyens  qui  sont 
parvenus  à  arrêter  quelqu'un  de  ces  prêtres  pernicieux! 
de  ces  êtres,  la  cause  des  troubles  qui  nous  agitent! 
Cependant  ces  citoyens  demeurent  sans  récompense,  no- 
tamment ceux  qui  ont  arrêté,  dans  Séné  et  presque  au 
moment  de  l'insurrection,  un  prêtre  et  un  sous-diacre... 
Le  décret  du  14  février  accorde  cent  livres  d'indemnité 
à  ceux  qui  arrêteront  des  prêtres  qui  doivent  être  dé- 
déportés. »  Conclusion  !  Il  requiert  qu'on  accorde  100  livres 
au  détachement  qui  a  opéré  ces  arrestations. 

Les  menaces  n'avaient  pas  le  don  d'émouvoir  l'abbé  Udoux. 
Il  resta  vaillamment  à  son  poste,  se  bornant  pour  remplir 
plus  aisément  les  devoirs  de  son  ministère  à  user  de  certaines 
précautions  que  nous  avons  ailleurs  indiquées.  Sa  fière  atti 


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BRANDIVY  469 

tude,  à  moins  qu'il  ne  faille  attribuer  ce  sobriquet  à  des  habi- 
tudes de  langage  que  je  ne  connais  pas,  lui  valut  d'être  sur- 
nommé Er  meut.  Je  ne  sais  pourquoi,  lors  de  la  réouverture 
des  églises^  il  ne  fut  pas  maintenu  en  place,  ni  ce  qu*il  devint 
après  le  Concordat.  Il  mourut  simple  prêtre  en  1821. 

1802-1806.  —  Claude  Plaissix,  premier  recteur  de  Brandivy* 
Claude  Plaissix,  fils  de  Guillaume,  couvreur,  et  de  Jeanne 
Le  Barillec,  originaire  de  Noyal-Muzillac'.  Curé  de  Baud  et 
victorieux  au  concours,  il  prit  possession,  le  20  février  1781, 
de  la  cure  de  Plouhamel  qu'il  administrait  encore  au  moment 
de  la  révolution.  Le  13  février  1791,  le  maire  de  Plouhamel 
annonce  au  procureur  syndic  d'Auray  que  le  recteur  et  Joseph 
Le  Borgne,  son  curé,  ont  refusé  le  serment  à  eux  demandé  en 
ce  jour  dans  la  sacristie  par  la  municipalité.  La  dénoncia- 
tion n'eut  pas.  de  suites  graves  pour  le  moment.  Le  19  juillet 
suivant,  deux  commis  des  douanes  nationales  l'accusent 
«  dans  une  agression  par  lui  faite  au  sieur  Le  Pèvre,  tambour 
des  grenadiers  du  neuvième  régiment,  d'avoir  traité  de 
canailles  et  de  scélérats  les  membres  de  l'administration  dé- 
partementale... »  Là-dessus  le  directoire  qui  n'aimait  pas  foute 
vérité,  prend  la  mouche  «  arrête  qu'il  sera  intimé  à  Plaissix 
de  quitter  dans  les  vingt-quatre  heures  sa  paroisse,  pour  se 
retirer  dans  trois  jours  en  la  ville  de  Lorient,  faute  de  quoi  il 
sera  conduit  hors  du  département  par  la  force...;  arrête  : 
a  que  les  électeurs  du  district  seront  convoqués  pour  pro- 
céder à  son  remplacement.  »  L'assemblée  électorale  fut  con-' 
voquée  en  effet,  le  20octobre,  dans  l'église  Saint-Gildas -d'An- 
ray.  Son  choix  se  porta  sur  le  même  M.  Plaissix  ;  il  refusa 
d'ôtrerecteur  constitutionnel.  Transféré  à  Brandivy,  lors  de 
l'organisation  ofBcielle  du  culte  dans  le  diocèse,  il  bénit,  le 
1"  avril  1804,  sous  le  nom  de  Jeanne-Françoise,  la  grande 
cloche  paroissiale,  dont  le  parrain  était  François  Bodic,  du 
Pavision,  et  la  marraine  Jeanne  Le  Ray,  du  manoir  de  Kergal. 

'  Différent  de  Claude  Plaissix^  fiU  de  Gaillaame  et  de  Françoise  Le  Ra> 


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470  BRANDIVY 

—  M.  Plaissix  ne  cessait  de  tonner  en  chaire  contre  le  vice 
capital  des  bretons,  et  une  force  physique  peu  commune  lui 
fournissait,  au  dehors,  le  moyen  de  mettre  ses  actes  en  har- 
monie avec  ses  paroles.  A  la  vue  des  ivrognes,  il  ne  se  con- 
tenait pas,  il  tombait  sur  eux  à  coups  de  canne,  à  coups  de 
fouet,  ou  à  défaut  de  ces  armes,  à  bras  raccourcis,  en  criant  : 
«  Fitrej  Fitrela  !  C'est  ainsi  que  vous  vous  ravalez  au-dessous 
«  des  brutes?  »  (J'ignore  ce  que  valaient  les  sermons  de 
Claude  Plaissix,  quel  effet  ils  produisaient  sur  les  coupables 
en  question.  Il  m'est  avis,  du  moins,  que  pour  opérer  ce 
genre  de  conversion,  son  autre  argument  n'avait  pas  une 
moindre  efficacité.  Le  2  mars  1806,  Jean-Claude  Chanio,  vi- 
caire à  Pluvigner,  prend  sa  place.  Il  exhibe  à  son  prédéces- 
seur^ Tacte  de  son  institution  canonique  et  l'acte  de  prestation 
du  serment  de  fidélité,  prescrit,par  la  loi  du  18  germinal  an  X, 
et  le  requiert,  en  vertu  de  la  délégation  épiscopale  de  le 
mettre  en  possession.  Claude  Plaissix  dresse  de  la  cérémonie 
un  procès-verbal  qu'il  signe  ex-recteur  de  Plouharnel.  Plou- 
harnel  lui  tenait  toujours  au  cœur. 

1806-1828.  —  Jean-Claude-Chanio.  Originaire  de  Pluvigner, 
M.  Chanio  était  allé  en  Portugal  pendant  la  Révolution.  II 
est  devenu  légendaire  sous  le  nom  de  Dom  YeharCy  et  sa  mé- 
moire est  restée  parmi  nous  aussi  bien  qu'aux  alentours  en 
grande  vénération.  Il  ne  pouvait  pas  prêcher;  sitôt  qu'il 
ouvrait  la  bouche  pour  instruire  son  peuple,  les  sanglots  lui 
coupaient  la  parole,  il  se  contentait  de  dire  à  peu  près  comme 
saint  Jean  sur  le  déclin  de  ses  jours:  c  Mes  enfants,  aimez- 
vous  bien  ;  ne  faites  pas  le  mal,  soyez  fidèles  à  vos  devoirs...» 

La  maison  des  prêtres  de  la  Trêve  n'était  qu'une  pauvre 
masure^  semblable  à  la  plupart  des  maisons  habitées  par 
les  curés  ou  vicaires  perpétuels,  pendant  que  les  titulaires 

*  Ds.ni  les  temps  antérieurs  à  la  révolution,  le  mot  dom  était  accolé  au 
nom  de  baptême  des  prêtres  sortis  du  temple  tandis  que  les  prêtres  issus  de 
la  bourgeoisie  et  de  la  noblesse  recevaient  le  titre  de  Monsieur,  comme  si 
les  deux  noms  en  définitive  n*avaient  pas  le  même  sens. 


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BRANDIVY  •  471 

des  paroisses  se  prélassaient  à  Tabri  de  leurs  beaux  manoirs 
dans  un  doux  farniente.  Le  lierre  lui  servait  de  toit  et  la  pluie 
y  pénétrait  de  toutes  parts.  «  Mais,  dom  Yehan,  vous  ne  pouvez 
demeurer  dans  une  maison  sans  toit.  Laissez-nous  la  recou- 
vrir. —  Er  mod  ce  (c'était,  paraît-il,  son  propos) un  jeune  me 
succédera,  et  il  bâtira  un  nouveau  presbytère;  pour  moi,  ce 
lierre  me  platt  ;  le  merle  y  fait  son  nid  et  me  recrée  de  son 
doux  citant.  »  —  La  solitude  lui  allait  bien,  et  il  vivait  en  véri- 
table ermite.  G*est  lui  qui  balayait  sa  maison,  si  elle  était 
parfois  balayée  ;  c*est  lui  qui  faisait  sa  cuisine  et  se  donnait 
la  peine  d'aller  dans  les  maisons  voisines,  un  vieux  sabot  à 
la  main,  mendier  un  peu  de  feu.  Ni  cuisinier,  ni  cuisinière. 
Pourquoi  cet  embarras  de  ménage  ?  —  Ce  qu'on  raconte  de 
ses  austérités  paraîtra  incroyable.  Point  d'oreiller  sur  sa 
pauvre  couchette  :  uue  grosse  pierre  en  tenait  la  place  ;  sous 
ses  vêtements  un  cilice,  ur  rochet  ran^  disent  nos  paysans,  et 
quel  cilice,  grand  Dieu  1  un  objet  d'horreur  ;  à  peine  Teût-on 
osé  toucher  avec  des  pinces.  M.  Ghanio  avait  en  effet  ce  trait 
de  ressemblance  avec  saint  Benoît  Labre  et  d'autres  per- 
sonnages religieux,  plus  communs  qu'on  ne  croit  ^  :  Je  veux 
dire  qu'il  s'était  constitué  le  pasteur  et  le  berger  de  sa  ver- 
mine. Dès  qu'une  de  ces  affreuses  petites  bêtes  paraissait 
au  bout  de  ses  manches,  il  s'empressait  de  lui  faire  rebrousser 
chemin  :  «  er  mod-cé^  disait-il,  rentrez  là-dedans,  vous  êtes 
bien  là.  »  Non  qu'il  eût  pour  cela  le  culte  de  la  vermine.  Ce 
qui  l'eût  rendu  sectateur  du  boudhisme  qui  défend  à  ses 
adeptes  de  mettre  à  mort  les  insectes  acharnés  sur  eux.  Dom 
Yehan  les  souflrait,  les  cultivait  par  esprit  de  pénitence,  pour 
mortifier  sa  chair  :  et  personne  ne  niera,  je  suppose,  que 
ce  ne  soit  là  un  genre  terrible  de  mortification.  Comme  si 
les  rigueurs  ne  lui  eussent  pas  suffi,  il  s'appliquait  à  les  aug- 
menter encore  par  le  régime  alimentaire  le  plus  insipide  qui 
se  pusse  concevoir.  Du  moment  qu'un  prêtre  se  charge  de  sa 

,  Ck)mme  ce  Cordelier  du  quatorzième  siècle  dont  la  statue  se  dresse 
encore  dans  la  cathédrale  de  Quimper,  et  plus  récemment  Tabbé  Le  Gloahec 
prêtre  à  Locmariaqner  et,  sous  la  réTolntion,  fameux  chef  de  chouans. 


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472  BRANDIVY 

cuisine,  c*est  une  nécessité  qu'elle  soit  médiocre.  La  cuisine 
de  dom  Yehan  dépassait  les  bornes  de  la  simplicité.  Un 
seul,  trait  en  donnera  Tidée.  Le  fond  du  régime  consistait 
en  un  hideux  pain  noir,,  où  grouillaient  souvent  les  vers. 
Pour  jBibsorber  une  aussi  répugnante  nourriture  ce  n'était 
pas  trop  en  vérité  de  Testomac  d'un  dom  Yehan.  Il  a  donc 
bien  raison  de  se  passer  de  domestiques.  Où  rencontrer  un 
personnel,  pour  arriéré  qu'on  le  suppose,  qui  s'accommode' 
d'habitudes  si  peu  humaines  ? 

Pour  y  faire  diversion,  Dom  Yehan  aimait  de  temps  à  autre 
à  s'asseoir  à  la  table  de  ses  paroissiens  ;  on  cite  telle  et  telle 
maison  qui  lui  fournissait  à  peu  près  régulièrement  un  repas 
par  semaine  ;  ou  encore^  il  couï^ait  la  campagne  à  la  recherche 
des  enfants,  bergers  et  bergères,  auxquels  il  apprenait  à  lire, 
refusant  de  les  admettre  à  la  première  communion,  si  leurs 
progrès  dans  la  lecture  laissaient  à  désirer.  En  ce  cas,  il  ne 
rentrait  pas  non  plus  pour  manger  ;  il  se  rendait  à  la  ferme 
voisine  pour  prendre  part  au  maigre  repas  de  la  famille,  quel 
qu'il  fût.  Il  ne  songeait  pas  à  se  montrer  exigeant,  encore 
qu'une  bonne  bouillie  de  mil  obtint  ses  préférences.  Tout  ce 
qu'on  lui  servait  d'ailleurs,  sans  ôtre  somptueux,  constituait 
manifestement  un  régal  auprès  de  ce  qu'il  mangeait  à  domi- 
cile. —  De  telles  excentricités  aiguisaient  la  verve  des  con- 
frères ;  les  railleries  en  toute  rencontre  pleuvaient  drû  sur  le 
malheureux:  Pourquoi  se  singulariser  de  la  sorte.  Vit-on 
jamais  un  si  horrible  chrétien  ?. .  •  Notre  homme  laissait  dire 
et  rire ,  et  il  ne  continuait  pas  moins,  en  dépit  des  moque- 
ries, de  servir  son  Dieu  à  sa  manière.  —  Dieii  avait  béni  le 
saint  prêtre,  en  lui  accordant,  dit  la  tradition,  le  pouvoir  de 
chasser  les  démons. 

Dom  Yehan  était  devenu  vieux.  Quelques  individus  grin* 
cheux  ayant  porté  plainte  contre  le  vénérable  pasteur,  il  dut 
donner  sa  démission  Au  désespoir  de  ses  paroissiens,  il  se 
retira  dans  son  pays  natal,  à  Pluvigner,où  il  mourut  le  !•'  sep- 
tembre 1829,  à  l'âge  de  68  ans. 


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BRANDIVY  473 

iSZ^iSBS.  —  Julien  Gàrado,  natif  de  Qùénin,  fut  élu  rec- 
teur en  sa  place.  Il  a  bftli  le  presbytère  de  Brandivy  avec  les 
matériaux  de  la  chapelle  de  Brenedan,  tombée  en  ruines.  Le 
2  juillet  1837,  il  procédait  à  Térection  de  la  croix  de  mission, 
et  le  17  septembre  des  stations  du  Chemin  de  la  Croix. 
Le  17  septembre  encore  il  exposait  à  la  Vénération  des  fidèles 
une  parcelle  de  la  Vraie  Croix  avec  un  morceau  du  manteau 
de  saint  François  d'Assise  ;  ces  précieuses  reliques  lui  avaient 
été  données  par  M.  Deshaies,  ancien  curé  d*Âuray^  supérieur 
des  Sœurs  de  la  Sagesse.  Démissionnaire  en  1868,  après  avoir 
dignement  administré  sa  paroisse  quarante  années  durant, 
il  est  mort  à  Brandivy  le  1*'  mai  1872,  âgé  de  84  ans  et  a  été 
inhumé  au  cimetière.  Le  souvenir  de  M.  Carado  est  demeuré 
inséparable  d*un  long  bâton,  presque  aussi  long  que  sa  per- 
sonne, qu'il  portait  au  cours  de  ses  voyages  et  promenades  ; 
il  s*en  servait  pour  mesurer  la  taille  des  petits  enfants.  La 
plupart  de  nos  gens  se  souviennent  d'avoir  été  mesurés  par 
lui. 

M.  le  Bouar  qui  succéda  à  M.  Carado,  délaissa  bientôt 
Brandivy  pour  Landaul.  Ce  qui  équivaut  à  troquer  cinq  centi- 
mes contre  un  sou.  —  M.  Ehanno,  à  qui  revient  le  mérite 
d'avoir,  à  travers  une  hostilité  sourde  ou  déclarée,  agrandi 
le  presbytère  et  construit  le  jardin,  fut  nommé  recteur  en  1869; 
il  mourut  à  Brandivy  et  fut  inhumé  à  Plaudren,  son  pays 
d'origine.  —  Bn  1876,  M.  Le  Fischer,  mort  et  inhumé  à 
Brandivy^  lui  succéda.  En  1884,  M.  Guidou,  dont  le  zèle  actif 
a  rebâti  Téglise  paroissiale  et  approprié  la  chapelle  de  Saint- 
Laurent  devint  recteur  de  Brandivy.  Une  noble  châtelaine 
qui  a  tant  contribué  par  ses  largesses  à  la  reconstruction 
de  l'édifice  paroissial,  a  voulu  couronner  ses  bonnes  œuvres 
en  fondant  au  bourg  une  communauté  religieuse.  Des  filles 
de  Kermaria  viennent  de  prendre  possession,  le  11  avril  1890, 
de  la  maison  qu'elle  leur  a  destinée.  Dès  que  les  obstacles 
seront  aplanis,  elles  ouvriront  une  école  libre. 

L'insuffisance  d'un  seul  prêtre  pour  le  service  de  la  paroisse 


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474 


BRANDIVY 


ayant  été  constatée,  on  résolut  de  créer  un  vicariat.  En  1846, 
est  arrivé  comme  vicaire  Tabbé  Chapelain,  mort  recteur  de 
Saint-Géran  ;  en  1848,  l'abbé  Paul,  aujourd'hui  recteur  de 
Theix;ea  1854,  Tabbé  Hervé,  recteur  actuel  de  Noyalo;  en 
1871,  Tabbé  Tanguy,  encore  vicaire  à  Moréac  ;  le  20  septembre 
1874,  l'auteur  du  présent  travail. 

Abbé  GuiLLOU 


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UN  ABBl  DE  SAINT-AUBIN  D'ANGERS 

(LE  CARDINAL  DE  DENONVILLE) 
(1493-1 B40')      • 


VII 


XXIV.  —  Rome,  28  septembre  1537.  —  L'évolution  du  Pape 
est  un  fait  accompli.  La  menace  continuelle  des  Turcs  a 
obligé  Paul  III  à  se  réconcilier  entièrement  avec  l'Empereur, 
età  signer  une  alliance  défensive  avec  lui.  On  a  célébré  en 
grande  pompe  une  messe  papale,  pour  remercier  Dieu  de  cet 
événement  qui  ramène  un  pea  de  sécurité  dans  Rome,  et 
Ton  fait  des  prières  publiques  pour  obtenir  la  défaite  et  la 
dispersion  de  la  flotte  ennemie.  Donc  les  Cardinaux  ont  pris 
part  à  cette  manifestation  religieuse,  dans  Saint-Pierre^  et, 
en  sortant  de  l'église,  est  arrivée  la  nouvelle  que  les  Turcs 
avaient  été  repoussés  à  Tassant  de  Gorfou,  et  que,  s'étant 
rembarques  précipitamment,  ils  retournaient  àConslantinople. 
De  son  côté,  Doria  et  ses  vaisseaux,  maltraités  par  la  tempête, 
remontent  vers  Gônes. 

I  Voir  la  livraison  de  mai  1890. 


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478      .       .  UN  ABBÉ  DE   SAINT-AUBIN   D^ANGERS.. 

XXV.  —  Rome,  3  octobre  1537.  —  Le  Saint  Père  se  sentant 
débarrassé  des  Turcs,  veut  faire  tourner  son  alliance  avec 
TEmpereur  au  profit  de  la  paix.  Il  veut  la  négocier  lui-m6me 
entre  Vienne  et  Paris,  et  quand  il  sera  parvenu  à  réconcilier 
les  deux  monarques,  il  pourra  enfin  ouvrir  le  concile  où 
l'urgence  se  fait  sentir  de  traiter  les  affaires  des  Luthériens. 
Le  Pape  se  rendra  prochainement  à  Vicence,  que  la  Répu- 
blique de  Venise  lui  a  offerte,  et  dont  il  va  prendre  posses- 
sion ;  les  Cardinaux  raccompagnent  et  M.  de  Denonville  est 
prié  d'être  du  voyage. 

XXVL  —  Rome,  19  octobre  1537.  «  Le  vingt-quatriesmedu 
mois  passé  tomba  de  nuit  tant  de  foudre  et  tempête  à  Milan, 
qu'il  n'est  de  mémoire  d'homme  d'en  avoyr  veu  de  semblable. 
Dieu  veuille  que  ce  soit  un  tel  présage  contre  les  Impériaux 
que  ce  fust  contre  nous,  quand  pareille  tempeste  tomba  sur 
le  château  de  Milan  !  »  Mais  cet  orage  apporterait-il  au  con- 
traire la  paix  dans  ses  nuages  menaçants  ?  On  se  prend  à 
l'espérer,  car  les  symptômes  les  plus  sérieux  commencent  à 
se  manifester  dans  ce  sens.  C'est  Venise,  d'abord,  qui  a 
rejeté  les  offres  d'alliance  de  la  Sublime  Porte,  et  reste  étroi- 
tement unie  avec  le  Saint  Père  pour  ménager  les  négocia- 
tions à  suivre  entre  le  Roi  et  l'Empereur.  Elle  a  fait  connaître 
à  l'ambassadeur  de  France,  M.  de  Rodez,  ses  intentions  à  ce 
sujet.  Elle  s'en  est  ouverte  également  à  l'ambassadeur  autri- 
chien. On  en  parle  jusqu'à  Vienne,  où  la  reine  Marie  a  de- 
mandé la  mission  d'aller  en  faire  la  proposition  elle-môme  à 
la  reine  de  France,  en  Flandres.  L'Empereur  paraît  disposé 
à  la  paix;  épuisé  d'argent  et  de  soldats^  il  voudrait  pouvoir 
consacrer  ce  qui  lui  reste  à  la  défense  commune  de  la  chré- 
tienté, contre  les  Turcs.  Il  chargera  le  Saint  Père,  une  fois  le 
principe  de  la  paix  accepté,  de  régler  les  conditions  d'un  ar- 
rangement, confiant  en  Paul  III  plus  qu'en  tout  autre  pour 
lever  toute  difficulté  entre  les  parties  ennemies.  Voilà  donc 
le  Souveraiif  Pontife  devenu  l'arbitre  de  la  situation  entre 


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UN   ABBÉ  DE  SAINT-AUBIN   D'ANGERS  477 

TEmpire  et  le  Royaume  de  France.  —  Le  bruit  s'est  répandu, 
dans  les  hautes  sphères  politiques,  que  Gharles-Quint  ne 
serait  pas  éloigné  de  rendre  le  Milanais  à  François  l*'.  Mais 
cette  parole  n'a  été  dite  qu'à  la  légère,  c  est  un  jalon  jeté  pour 
guider  les  négociations^  il  ne  faut  pas  y  ajouter  plus  d'im- 
portance, et  si  le  Roy  veut  parvenir  à  un  traité  avantageux 
il  ne  lui  faut  pas  diminuer  ses  forces;  qu'il  les  augmente 
plutôt  et  qu'il  envoie  de  nouvelles  troupes  en  Piémont,  «  car 
il  n'y  aura  chose  qui  fasse  venir  l'Empereur  plustot  à  la 
raison.  »  —  Si  la  paix  est  faite,  le  concile  sera  convoqué  à 
Vienne  au  mois  de  mai  prochain. 

XXVII.  —  Rome,  23  octobre  1537.  —  l.es  Vénitiens  hésitent 
à  faire  la  paix  avec  les  Turcs  ;  ils  attendent,  pour  accepter  ou 
rejeter  les  propositions  du  Sultan,  que  la  paix  soit  décidée  ou 
la  guerre  reprise  entre  le  Roi  et  l'Empereur.  Si  la  paix  se  fait, 
ils  continueront  à  faire  partie  de  l'alliance  du  Pape  et  de  l'Em- 
pereur contre  les  Turcs,  mais  à  condition  que  le  roi  de  France 
y  entrerait.  Dans  le  cas  contraire,  ils  se  tiendront  sur  la  ré- 
serve, et  ils  ont  fait  connaître  leurs  sentiments  à  cet  égard 
à  Sa  Majesté  impériale.  Gharles-Quinj;  a  répondu  qu'il  n'avait 
rien  tant  à  cœur  que  la  paix,  et  que  pour  l'obtenir  plus  aisé- 
ment, il  irait,  s'il  le  fallait,  jusqu'à  rétrocéder  le  Milanais  à  la 
France^  moyennant  que  le  Roi  rétablisse  le  duc  de  Savoie 
dans  ses  Etats.  Le  Souverain  Pontife  serait  chargé  de  traiter 
de  la  paix  dans  ces  conditions.  Un  événement  récent  et  inat- 
tendu va  précipiter  les  négociations,  et  peser  plus  activement 
encore  sur  les  décisions  du  Pape  et  de  la  République.  Le  gé- 
néral des  Vénitiens  a  été  battu  par  les  Turcs  en  Dalmatie,  ce 
qui  fait  craindre  plus  vivement  que  jamais  une  formidable 
descente  de  Musulmans  en  Italie.  —  Le  cardinal  Gamberlin 
est  mort  après  une  maladie  de  sept  jours,  laissant  cinquante 
mille  ducats  au  Saint  Père. 

XXVIII.  —  Rome,  17  novembre  1537.  —  La  défaite  des  Vé- 
nitiens en  Dalmatie  a  produit,  comme  on  le  craignait,  une 


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478  UN   ABBÉ  DB   SAINT-AUBIN   D*ANGEHS 

démonstration  offensive  de  la  flotte  turque  dans  l'Adriatique, 
Par  bonheur  les  mauvais  temps  Tont  obligée  i  quitter  ces  eaux 
peu  sûres,  et  on  la  dit  en  marche  sur  Gonstantinople.  C'est 
encore  une  panique  de  passée.  Mais  la  Cour  de  Rome  retombe 
dans  son  indécision,  et  la  ligue  contre  les  infidèles  traîne  en 
longueur.  —  «  Cette  ligue  est  en  danger  de  s'en  aller  en  fumée, 
parce  que  l'Empereur  y  vient  fort  froidement,  demandant  au 
Pape  contribution  de  la  tierce  partie  de  la  dépense.  Sa  Sainteté 
est  toutefois  contente  de  contribuer  la  dicte  tierce  partie, 
moyennant  que  l'Empereur  et  la  seigneurie  de  Venise  con- 
sentent que  Sa  Sainteté  loue  tel  subside  qu'il  luy  plaira  sur 
le  clergé  de  leurs  pays.  »  Quoiqu'il  en  soit,  l'Empereur  ravi- 
taille ses  armées  e^t  paie  la  solde.  Il  a  fait  passer  d'Espagne, 
en  grand  secret,  150.000  ducats  qui  sont  destinés  à  être  remis 
au  marquis  de  Quastfpour  l'entretien  des  forces  impériales.  Le 
Pape,  qui  en  a  confié  la  nouvelle  à  l'Ambassadeur,  ne  dit  pas 
si  c'est  contre  le  Turc  et  contre  le  Français  que  l'Empereur  se 
prépare. 

XXIX.  —  Lettre  du  cardinal  de  Denonville  à  Monsieur  le 
cardinal  de  Tournon,  conseiller  intime  du  roi  François  I". 

<c  Monseigneur,  nous  avons  esté  tous  consolez  entendans 
par  vos  dernières  lettres  la  bonne  diligence  qui  se  faisoit  à 
préparer  les  forces  du  Roy  pour  faire  passer  de  deçà,  consi- 
dérant la  nécessité  de  Pignerol  et  de  Thurin,  lesquelles 
places,  ainsi  que  Ton  nous  dict  par  deçà,  ne  pourroient 
guères  plus  se  soustenir  ;  et  ayant  communiqué  à  Sa  Sainteté 
ce  que  vous  nous  en  escryvez  et  ce  que  nous  avons  eu  par 
lettres  du  Roy,  touchant  la  qualité  des  forces  et  grandeur 
d'appareil.  Elle  nous  a  monstre  de  s'en  réjouir  estimant, 
comme  elle  dict,  que  cela  puisse  plus  servir  à  conclure  la 
paix  que  autre  chose. 

c  Et  si  Sa  Sainteté,  par  le  passé,  nous  a  toujours  monstre 
avoir  désir  de  la  dicte  paix,  maintenant  elle  en  a  monstre 
et  monstre  plus  de  semblant  que  jamais,  se  fondant  princi- 


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UN  ABBÉ  DK   SAINT-AUBIN   D' ANGERS  470 

paiement  sur  l'occasion  qui  se  présente  de  l'entreprise  du 
Turcq  ;  et  ne  fainct  point  de  dire  que  celuy  à  qui  il  tiendra  que 
la  paix  ne  se  face,  vouldra  estre  cause  de  faire  perdre  ceste 
belle  occasion  à  la  chrestienté,  et  n'évitera  que  ung  cfaascun 
se  tourne  contre  luy  ;  et  de  f'aict,  de  sa  part^  Elle  se  monstre 
délibérée  en  tel  cas  d'employer  toutes  ses  forces  spirituelles 
et  temporelles  contre  le  récusant  la  dicte  paix,  et  tient  que  la 
seigneurie  de  Venise  soit  pour  faire  semblable  déclaration  ; 
et  de  faict,  il  est  assez  vraysemblable  que  icelle  seigneurie 
ayant  à  continuer  la  guerre  contre  le  Turcq,  se  trouvant  en 
ceste  nécessité,  si  elle  ne  peult  avoir  les  deux  princes  en 
compaignie  contre  le  Turcq,  s'attachera  de  toutz  pointz  à  celuy 
qui  lui  donnera  son  ayde  et  condescendra  du  tout  à  sa  volonté. 
«  Et  voulant  Sa  Sainteté  tout  esclaircir  duquel  des  deux 
vient  Tempeschement  de  la  dite  paix,  Elle  désire  s'abboucher 
et  venir  à  parlement  avec  Tung  et  avec  Vautre,  dont  Elle  les 
envoyé  rechercher  par  Messire  Baltazar  de  Florence  et 
Messire  Fabio  Mignarello,  qui  partirent  d'ici  le  vingtième  du 
présent  mois  pour  s'en  aller  tout  droict  vers  le  Roy,  et  de  là 
doibt  passer  le  dict  Messire  Fabio  en  Espaigne,  avec  sauf- 
conduit  du  dict  Seigneur  Roy. 

«  Et  semble  à  nous,  serviteurs  du  Roy,  Monseigneur,  que 
voulant  entendre  à  la  paix,  le  moyen  du  Pape  et  de  la  sei- 
gneurie de  Venise  ne  luy  peult  estre  meilleur,  car  il  est 
croyable  qu'ilz  la  vouldront  à  son  advantaige,  et  jàdéclairent 
en  disant  et  l'un  et  l'autre  qu'ils  voullent  et  entendent  pro- 
curer que  Testât  de  Milan  soit  effectuellement  restitué  au 
Roy. 

€  D'autre  part,  est  grandement  à  considérer  de  quelle  im- 
portance seroit  la  déclaration  que  S.  S.  et  la  seigneurie  de 
Venise  pourroient  faire  à  rencontre  du  Roy,  de  laquelle 
pourroit  en  suyvre  une  aperte  imputation  de  l'intelligence 
turcquesque,  avec  telle  lésion  de  la  bonne  renommée  du  dict 
Seigneur  que  vous  pouvez  considérer  ;  et  d'autre  part  pouvez 
estimer  quel  obstacle  ce  seroit  au  Roy>  à  l'exécution  de  ses  en- 


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480  UN   ABBÉ  DE   SAINT-AUBIN   D'ANGERS 

treprisesd'Italie,  d'avoir  les  forces  du  Pape  et  des  Vénitiens 
allencdntre  de  luy  ;  au  moyen  de  quoy  jugent  les  dictz  servi- 
teurs du  Roy  que  le  dict  seigneur,  ou  doibt  en  effet  se  disposer  à 
la  paix  et  accepter  le  moyen  du  Pape  et  des  Vénitiens,  au  cas 
que  la  dicte  paix  lui  semble  expédiente  pour  luy,  ou  pour  le 
moins  doit  monstrer  tout  le  meilleur  semblant  qu'il  luy  sera 
possible  de  vouloir  la  paix  et  monstrer  son  désir  conforme  à 
eeluy  du  Pape  et  des  Vénitiens,  les  tenant  en  bonne  espé- 
rance des  choses  qui  luy  seront  proposées,  car  en  ce  faisant, 
il  les  entretiendra  et  empeschera,  ou  pour  le  moins  retardera 
la  dicte  déclaration,  et  né  leur  laissera  prétexte  de  se  pouvoir 
justement  tourner  contre  luy,  ce  qui  ne  portera  cependant 
aucun  préjudice  au  dict  Seigneur  qui  pourra  tousjours  faire 
ses  affaires  ainsy  qu'il  luy  viendra  le  mieulx  à  propos.  » 

Toute  la  politique  ambiguë  de  François  I"  en  1536-37  res- 
sort clairement  de  cette  lettre,  aux  termes  de  laquelle  il  ne 
semble  plus  demeurer  dans  l'esprit  du  cardinal  la  moindre 
illusion,  touchant  l'assentiment  secret  que  le  roi  de  France 
accordait  aux  agissements  des  Turcs,  en  Europe.  La  situa- 
tion du  prince  y  est  parfaitement  dessinée  :  il  ne  veut  pas 
perdre  l'amitié  de  Rome  en  refusant  la  paix  qu'elle  demande, 
pour  tourner  la  force  de  la  chrétienté  toute  entière  contre 
les  Turcs,  et  en  môme  temps  il  ne  peut  accepter  les  propo- 
sitions pacifiques  qui  auraient  pour  résultat  l'anéantissement 
de  la  puissance  du  Sultan,  —  son  allié  de  cœur,  sinon  de  fait 
contre  leur  ennemi,  commun  le  terrible  Charles-Quint. 

Sa  position  est  d'autant  plus  pénible,  qu'il  ne  peut  se 
déclarer  dans  un  sens  ni  dans  l'autre.  S'il  refuse  la  paix  il 
avoue  ses  affinités  ottomanes,  et  du  coup  voit  se  déclarer 
toute  l'Italie  contre  lui.  S'il  se  dit  prêt  à  la  signer,  il  perd 
l'appui  et  le  concours  que  les  Turcs  portent  à  la  défense  de 
son  royaume,  en. attaquant  l'empire  sur  l'un  de  ses  flancs. 
Mais  cet  état  de  choses  ne  peut  plus  durer  longtemps,  et, 
dans  le  courant  de  l'année  1538,  les  instances  réitérées  de 
Paul  m  parviendront  à  réconcilier,  momentanément  au  moins, 


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UN   ABBÉ  DB  SAINT-AUBIN   D* ANGERS  481 

Charles  et  François  ;  elles  amèneront  l'entrevue  et  la  trêve 
de  Nice,  tentative  sérieuse  en  faveur  de  la  paix,  à  laquelle 
la  mauvaise  foi  de  Charles -Quint  ne  permit  pas  de  produire 
les  bons  résultats  qu*on  était  en  droit  d'en  attendre* 

«  Monseigneur,  continue  le  cardinal,  les  Impériaulx  qui 
jusques  icy  avoient  nyé  que  le  Roy  fust  en  estât  de  faire 
passer  nouvelle  armée  de  deçà,  maintenant  le  confessent  en 
disant  mesme  qu*elle  pourra  arriver  à  irente-quatre  mille 
hommes  de  pied,et  font  compte  de  luy  donner  empeschement, 
ou  pour  le  moins  retardement  et  destourbier  au  passaige, 
et  encores  qu'ilz  bravent  de  vouloir  le  combat,  si  estime- 
t'on  par  deçà  qu'ils  soient  plustot  pour  se  retirer  aux  villes, 
et  de  faict  s'entend  qu'ilz  ont  faict  pourveoir  de  grande  quan- 
tité de  vivres  les  villes  de  Guier  et  d'Ust,  et  qu'ilz  font  brus- 
ter  et  gaster  tout  ce  qui  se  trouve  au  plat  pays,  et  se  confyent 
fort  en  ce  qu'ilz  pensent  arrester  le  dict  seigneur  sur  le  Pié- 
mont, là  où  ilz  estiment  que  la  faulte  des  vivres  luy  donnera 
assez  affaire,  et  d'autre  part  sont  délibérez  de  faire  venir  les 
Espaignols  de  Nyce,  qu'ils  disent  estre  plus  de  deux  mil,  et 
ceux  de  la  Toscane  qui  sont  quinze  cents,  et  ceulx  de  Naples 
qui  sont  quatre  mil,  pour  renforcer  le  marquis  du  Guast. 

«  Et  ne  voulons  vous  taire,  Monseigneur,  qu'il  y  en  a  qui 
disent  que  le  Pape  et  la  seigneurie  de  Venise,  confortent 
l'Empereur  à  passer  en  Italie,  tant  pour  le  faict  de  l'abou- 
chement que  SI  S.  monstre  désirer  grandement,  comme  pour 
pourveoir  aux  préparatifs  de  l'entreprise  contre  le  Turcq. 

«  Monseigneur,  par  les  derniers  adviz  qui  sont  venuz  des 
Recteurs  de  la  seigneurie  de  Janto^  du  vingt  hultiesme  du 
passé,  et  de  Corfou,  du  troysies  du  présent,  il  a  esté  escript 
que  au  dit  Janto  n'estoit  abordé  que  vingt-six  voiles  de 
l'armée  turquesque,  lesquels  n'y  ont  faict  autre  dommaige 
que  de  cinquante  ou  soixante  âmes  qu'elles  ont  enlevées»  et 
estoit  allée  une  partie  de  la  dicte  armée  turquesque  à  Chia- 
reazOy  et  feit  voile  le  tout  ensemble  vers  Modon  au  reste  de 
douze  galères  qui  prindrent  la  roulte  de  Ponant,  et  disent  les 

T.  YI.   —  NOTUUCB.  —  VC«  ANNÉE,  4^  LIV.  31* 


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482  UN  ABBE   DK  SAINT-AUBIN   d'ANGERS 

dictes  lettres  que  Ton  estîmoit  que  ce  fussent  les  galères 
françoises,  et  par  autres  advlzde  Naples  se  dîct  qu'il  esinit 
venu  advertîssetnent  que  toute  la  dicte  armée  Lurquesque  se 
retiroit  en  Constantinople. 

fi  Au  dernier  cunsîsloîre,  qui  fust  hindy,  le  pouve  Cardinal 
Salviati  fust  destitué  de  sa  légation  dû  Parme  et  Plaisance, 
se  fondant  le  Pape  sur  ce  qu'il  estait  suspect  aux  Tmpérîaulx 
pour  la  dernière  entreprise  de  Florence,  et  a  S.  S.  donné  la 
dicle  légation  à  Monseigneur  le  cardinal  de  Monte  ;  et  com- 
bien qu'il  nous  déplaise  du  domniaîge  que  a  encest  endroicl 
le  dit  Seigneur  Révérandissime  Salviati,  une  chose  nous 
conforte  que  le  dict  de  Monte  est  homme  de  bien,  plus  enclin 
au  service  du  Roy  selon  la  démonstration  qu'il  nous  en  a 
été  faicte  jusques  icy  que  auH rement. 

<i  Monseigneur,  après  nous  estre  très  humblement  recom- 
mander à  voslre  bonne  grâ'ce,  nous  supplyons  le  Créateur 
vous  donner  en  santé  longue  vie-  A  Rome^  le  24"  jour  de 
novembre  1530. 

a  Vos  très  humbles  et  très  obéissants  serviteurs- 

Charles,  cardmnî^  évesque  de  Mmcon- 
Gedegës  de  Selve,  évesque  de  Lavaur\  »  , 

Cette  lettre  est  le  dernier  fragment  parvenu  jusqu'à  nous 
de  la  correspondance  de  M.  de  Mâcon.  Il  est  fâcheux  que 
cette  correspondance  se  trouve  inopinément  arrêtée  avant  la 
fin  de  celte  année  1537,  fertile  en  péripéties  politiques  et  mi- 
lîtaireSp  et  l'on  doit  surtout  regretter  qu'aucun  document, 
émanant  de  la  plume  sagace  du  cardinal,  ne  nou3  ait  fait  con^ 
naître  les  préliminaires  de  la  fameuse  entrevue  de  Nice  pré- 
parée par  le  pape  Paul  III,  et  dans  laquelle  le  Souverain- 
Pontife  joua,  &  Thonneur  de  rÉglise,  un  rôle  prépondérant 
pour  la  paix  de  l'Europe.  ,  ^  ,^    ^ 

<  BibLNat.  &1m  fonda  français  M 45,  j>.  ïes. 

*  À  »  j    ** 


L. 


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UN  ABBÉ  DE   SAINT-AUBIN   d'anQERS  48:f 

'  Cette  entreyue,  que  plusieurs  historiens  ont  mal  comprise, 
et  qu'ils  ont  pfStëndue  entravée  et  rendue  inutile  par  des  qiif- 
ficultésde  préséance,  ayant  empoché  VEmpereur  et  le  Roi  de 
France  de  communiquer  entre  eux,  est  racontée  en  quelques 
lignes  par  Martin  du  Bellay^  auteur  contemporain,  gentil- 
homme très  bien  en  cour,  qui  y  assista. 

«  Au  mois  de  may,  qu'on  comptoit  1538,  dit-il, le  pape  Paule, 
tiers  dé  ce  nom,  voyant  la  misère  estre  universelle  par  toute 
ht  chrestienté,  à  l'occasion  des  guerres,  désirant  mettre  en 
'patience  l'Empereur  et  le  Roy,  pratiqua  de  faire  une  assem- 
blée de  ces  deux  princes  au  lieu  de  Nice,  à  laquelle  il  se  trou- 
veroit,  pour  estre  moyen  de  faire  une  paix  générale.  Les 
deux  princes  s'y  condescendfrent,  et  le  jour  prins  de  s'y 
trouver,  le  Pape  s'y  trouva  au  dit  jour  ;  aussi  feircnt  leurs 
deux  Majestés.  Et  en  ceste  assemblée  la  sainteté  du  Pape 
travailla  merveilleusement,  pensant  guider  tous  leurs  diffé- 
rends; mais  voyant  n'y  avoir  moyen  d'y  trouver  une  paix 
finale  de  dix  ans,  espérant  que  durant  le  dit  temps,  les  inimi- 
tiez enracinées  dedans  leurs  cueurs  se  pourroient  mitiger  ; 
flnablement,  la  ditle  trefve  de  dix  ans,  fut  conclutte,  mar- 
chande et  communicative  entre  les  païs  etsubjectz  de  leurs 
dittes  Majestés,  et  toutes  hostilitez  d'armes  suspendues.  Les 
choses  ainsi  confirmées  et  posées  par  Leurs  Majestés  entre 
le3  mains  de  Sa  Saincteté,  chacun  print  le  chemin  de  la  re- 
traitte  :1e  Pape  print  lavolte  de  Rome,  l'Empereur  celle  de 
Barcelonne,  et  le  Roy  print  le  chemin  par  Avignon,  pour  re- 
tourner en  France*.  » 

Le  cardinal  de  Denonville  assista  aussi  à  l'entrevue  de 
Nice.  Le  compte  rendu  de  la  gestion  des  finances  du  prélat, 
dressé  peu  de  temps  après  sa  mort  par  Nicolas  Davy,  son 
secrétaire,  fait  voir  que  l'ambassadeur  accompagna  le  Saint 
Père  dans  son  voyage  à  Nice,  où  le  Pontife  devait  se  rencon- 
trer avec  les  deux  souverains  qu'il  cherchait  à  réconcilier.  Ce 

<  Col.  Michaad.  Mém.  p.  serv.  à  Thist.  de  France,  t.  V.       407. 


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484  UN   ABBÉ  DE   SAINT-AUBIN  D*ANGERS 

fut  le  dernier  acte  de  la  mission  de  Charles  de  Hémart  auprès 
du  Saint  Siège  :  le  Roi  reprit  Tévôque  de  Mâcon  à  sa  suite 
lorsqu'il  quitta  Nice,  se  rendant  à  Avignon,  selon  l'itinéraire 
tracé  par  du  Bellay,  et  l'évoque  de  Lavaur  resta  seul  à  Rome, 
où  devait  le  remplacer  peu  après  le  cardinal  de  Tournon, 
l'un  des  négociateurs  les  plus  zélés  —avec  Montmorency — de 
la  trêve  consentie  par  le  monarque  français  et  Charles-Quint. 

Le  31  mai^  le  cardinal  de  Denonville  se  sépara  du  Saint 
Père,  et  ce  ne  dut  pas  être  pour  lui  sans  un  vif  sentiment  de 
regret  à  l'égard  de  l'auguste  vieillard,  auprès  duquel  il  avait 
représenté  la  France  pendant  quatre  ans,  qui  l'avait  gra- 
tifié de  si  nombreuses  largesses  en  bénéfice  et  en  honneurs, 
Pontife  auquel  il  devait  l'insigne  honneur  de  porter  la 
pourpre  romaine. 

Le  Cardinal  fit  son  entrée  dans  sa  cathédrale  de  Mftcon  le 
16  j  uillet  suivant.  Il  séjourna  pendant  quelque  temps  dans 
son  diocèse. 

Par  une  bulle  datée  de  Rome  apud  Sancium  Petrum,  le 
22  avril  1539,  Paul  III  donna  au  cardinal  une  nouvelle  preuve 
de  sa  paternelle  affection.  Il  l'investit  de  la  belle  abbaye  de 
Saint-Père-en-Vallée  de  Chartres,  —  d'un  revenu  annuel  de 
de  15,000  livres,  laissée  vacante  par  la  résignation  de  Claude 
de  Brillac,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Tours,  qui  fut  désin- 
téressé  par  l'abandon  que  lui  fit  Charles  de  Hémart  de  son 
doyenné  de  Nogent-le-Rotrou.  Possession  de  la  dite  abbaye 
fut  prise  au  nom  du  titulaire  par  Jehan  Dor,  le  14  mai  1540'. 

Marquis  DE  BmsAY. 
fA  suivre). 


<  Mém.  du  prieur  de  MondonviUe.  Vol.  J. 


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VOYAGE  DES  136  NANTAIS 

DE 

NANTES  A  PARIS  PAR  ANGERS  &  ORLÉANS 

Du  20  septembre  1793  au  5  avril  179^1 

PAR  LE  COMTE  BERNARDIR-MARIE  DE  LA  GUÈRE 

Ex-noble  et  chevalier  de  Saint-Louis. 
(suite). 


LE  lendemain  S  frimaire^  on  battit  un  rappel  à  la  pointe 
du  jour  et  nous  nous  mîmes  en  route  ;  avant  de  parlir, 
je  vis  le  citoyen  Commel*  et  lui  donnai  ma  montre  et 
dix  louis  que  j'avais  pour  remettre  à  ma  femme. 

Environ  trois  heures  de  l'après-midi,  nous  arrivâmes  à  W 
rades^,  sans  nous  arrêtera  iinccnw  où  je  ne  pus  voir  ma  femme 
qu'auprès  de  sa  porte,  qui  me  fit  donner  par  Dugar  une  couver- 
ture de  laine.  Onnousdéposa  également  dans  Téglise  où  nous 
fûmes  traités  de  la  môme  manière  qu'à  Oudon,  à  cela  près 
qu'on  distribua  du  bœuf  bouilli  froid  assez  bon,  en  place  du 
mauvais  lard  de  la  veille,  et  qu'au  lieu  de  pailIe,nous  n'eûmes 

*  Ou  Connuel  (?). 

'  A  Varades,  notre  entrée  fut  très  inquiétante.  Nous  y  entencîmr? 
des  injures  et  des  menaces  plus  fortes  et  plus  multipliées  qu'à  Âncenis. 
On  nous  logea  dans  l'église  sur  du  foin  mouillé.  (Re^ah'on  Vi//enaue). 
T.   VI.—  NOTICES. —  Vl*  ANNÉE,  5«  UV.  32 


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486  VOYAGE   DES  136  NANTAIS 

que  du  mauvais  fo'm  tout  mouillé.  Trois  heures  après  notre 
arrivée,  ma  femme  et  ma  sœur  La  Guère,  la  citoyenne  Pieu- . 
riot,  et  La  Perrière  vinrent  nous  voir.  J'eus  un  sensible  plaisir 
'à  la  voir.  Fleuriot  et  moi,  obtinrent  de  notre  commandant 
que  nous  irions  avec  elles,  escortés  de  deux  fusilllers,  souper 
chez  la  citoyenne  Rezé^  qui  nous  reçut  on  ne  peut  mieux.  Ren- 
dus là,  j'ai  changé  de  tout  et  ma  femme  me  donna  de  l'argent; 
avec  ce  qui  me  restait,  cela  me  fit  une  somme  d'environ 
1400liv. 

Le  9  du  même  mois  de  frimaire,  après  un  rappel  éga- 
lement à  la  pointe  du  jour,  nous  ne  nous  mtmcs  en  route 
qu'à  près  de  neuf  heures.  Je  fus  en  voiture  ;  nous  ne  devions 
aller,  suivant  ce  que  nous  avait  dit  le  commandant,  que  jus- 
qu'à Saint-Georges  ;  mais  sur  un  avis  qu'il  reçut  que  l'on 
craignait  les  brigands',  il  se  décida  à  nous  faire  continuer 
noire  route  jusqu'à  Angers;  en  conséquence  lorsque  nous 
eûmes  passé  Saint-Georgès,  entre  ce  dernier  endroit  et 
Serrant,  il  nous  fit  faire  halte  sur  la  route,  et  nous  fit  distri- 
buer du  bœuf  bouilli  et  du  biscuit  qu'il  fit  tirer  du  chariot  de 
vivres  qui  nous  avait  suivis,  et  une  barrique  de  vin  qu'il  fit 
prendre  à  Saint-Georges.  Cette  halte  fut  d'environ  trois  quarts 
d'heure,  après  laquelle  nous  continuâmes  notre  marche  sur 
Angers  où  nous  arrivâmes  environ  sept  heures  du  soir*.  Nous 
fûmes  déposés  de  suite  au  grand  séminaire  où  plusieurs  pas- 

.  *  Villenave  ne  parle  pas  de   ces  tolérances  du   commandant    en 
cours  de  route. 

'  ((  Le  9  frimaire  nous  nous  mimes  en  route  àhuithenres.  Nous  de- 
vions coucher  à  Saint-Georges  Mais  nos  conducteurs  y  furent  informés 
que  les  brigands  se  disposaient  à  a'taquer  Angers  ;  ce  qui  leur  fît 
craindre  d'être  coupés  de  leur  route,  et  les  détermina  à  la  poursuivre. 
Après  une  halte  d'une  demi-heure  à  deux  cents  pas  au-delà  du  bourg, 
on  nous  distribua  le  reste  des  provisions  de  Varades  avec  du  vin  blanc 
qui  ne  ressemblait  pas  mal  à  de  l'eau  de  lessive.  Il  faisait  un  froid 
rigoureux  ;  nous  fûmes  obligés  d*allumer  du  feu  d'épines  séchées  sur  le 
grand  chemin.  Un  grand  nombre  d'entre  nous  fut  chargé  sur  des  cha- 
rettes  et  porté  de  la  eorte  à  Angers/ où  nous  fûmes  déposés  au  Sémi- 
naire. Il  était  dix  heures  du  spir.  w.  (Relation  ViUe^nav^), 


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DB   NANTES  A  PARI?  487 

sërent  la  nuit  sans  se  coucher,  faute  de  paille.  Je  fus  assez 
heureux  pour  avoir  une  place  sur  un  matelas,  que  nous 
mtmes  au  travers  d'une  cheminée  où  il  y  avait  bon  feu, 
quelques-uns  trouvèrent  des  lits  complets  dont  ils  profi- 
tèrent. Le  lendemain  matin,  nous  apprîmes  par  quelques 
citoyens  d'Angers  qui  étaient  détenus  dans  ce  séminaire, 
que  peu  avant  notre  arrivée  on  avait  fait  sortir  plus  d'un  cent 
de  citoyens  détenus  pour  nous  faire  place;  que  les  chambres, 
que  Ton  avait  trouvées  meublées,  étaient  occupées  par  une 
partie  de  ces  mêmes  citoyens  ;  et  qu'après  les  avoir  déposés 
dans  la  ci-devant  église  cathédrale,  on  les  avait  fait  partir  à 
4  heures  du  matin  sans  qu'on  sût  alors  leur  destination.  J'o- 
mettais que  le  commandant  Boussard,  après  nous  avoir,  au 
moment  de  notre  arrivée,  fait  entrer  dans  une  grande  salle, 
et  avoir  fait  un  appel  de  noms,  nous  félicitai  en  quelque 

'  L'auteur  de  ces  notes  faillit  être  massacré  par  uq  patriote  qui  le 
reconnut,  se  précipita  snr  lui  en  le  qualifiant  de  brigand  et  voulut  le 
frapper.  Quatre  Tolontairea  s'oppofèrent  à  cette  violence.  Villenave 
rapporte  le  fait  sans  donner  le  nom  du  prisonnier.  M.  B.-M.  de  la  Guère 
était  fort  connu  à  Angers  où  il  avait  de  nombreux  parents.  Il  avait  fait 
beaucoup  de  bien  à  cet  homme  qui  lui  devait  de  l'argent  et  il  n'aurait 
pas  dû  craindre  de  sa  part  les  mauvais  traitements  qu'il  en  éprouva. 
Plus  tard,  le  fils  fut  menacé  comme  le  père.  Lorpqu'en  4848  les  têtes 
s'exaltaient,  Le  comte  Bernardin- Jean  de  la  Guère,  fils  de  l'auteur  de 
ces  mémoires,  retint  une  lettre  anonyme  ainsi  conçue  :  c  Ce 
n'est  pas  la  messe  que  tu  entends  toufi  les  jours,  ce  n* est  pas 
le  cierge  que  tu  portes  k  la  procession  (il  était  vice-président  de  la 
fabrique  delà  cathédrale  de  Bourges]  qui  te  préserveront.  Tu  auras  beau 
te  renfermer  dans  ton  fortin  de  Dames  (cette  habitation  affecte  les 
apparences  d'un  petit  manoir  avec  ses  tourelles  et  ses  fossés  pleins 
d'eau)  nous  saurons  t'y  retrouver,  on  a  été  assez  bête  pour  Vépar- 
gner  en  1193,  mais  toi,  ta  louve  et  tes  louveteaux,  vo^is  y  passerez 
tous  e,t  nous  ne  t'épargnerons  pas.  »  Le  comte  de  la  Guère  sut  par  une 
enquête  restée  secrète,  qne  l'auteur  était  un  individu  qu'il  avait  fait  élever 
de  ses  deniers  et  qu'il  avait  comblé  de  ses  bienfaits.  Cela  ne  le  découragea 
pas  dans  sa  manto  de  faire  le  bien.  Il  empêcha  toute  poursuite  et  il  fut 
universellement  regretté.  Le  dernier  des  louveteaux  a  bien  voulu  nous 
communiquer  ce  trait  de  grandeur  d'âme  de  son  vénérable  père. 


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488  VOYAGE  DES    136  NANTAIS 

sorte  sur  la  manière  dont  nous  nous  étions  conduits  ;  mais  il 
ne  nous  laissa  pas  ignorer  qu'il  était  instruit  de  l'évasion  du  • 
citoyen  Hernaud,  et  qu'il  avait  donné  des  ordres  et  mis  des 
gens  en  campagne  pour  qu'il  fut  arresté  de  suite. 

Le  10  frimaire,  nous  passâmes  une  partie  de  la  journée  au 
dit  séminaire  ;  mais  environ  2  heures  et  demie  à  3  heures, 
plusieurs  de  nous  étaient  môme  à  dîner,  on  nous  fit  avertir  de 
descendre  dans  la  cour.  Là  on  nous  avertit  que  nous  allions 
être  transférés  à  la  prison  nationale,  sous  le  prétexte  que  la 
maison  où  nous  étions  logés  était  destinée  à  recevoir  des 
troupes  qui  devaient  arriver  dans  le  jour  pour  protéger  la 
ville  qui  était  menacée  d'une  prochaine  attaque  de  la  part  des 
brigands*.  Avant  de  nous  faire  sortir  on  nous  attacha  deux  à 
deux,  d'autres  une  trentaine  ensemble  ;  je  le  fus  seul  avec  le 
citoyen  Fteuriot.  Cette  occupation  achevée,  nous  quittâmes 
le  séminaire  environ  quatre  ou  cinq  heures  du  soir,  et  après 
nous  avoir  fait  faire  un  tour  bien  plus  grand  que  nous  ne  de- 
vions, nous  arrivâmes  à  la  prison'.  On  nous  fît  entrer  dans 

'  Il  est  curieux  de  comparer  le  style  de  Villenaye  :  «  Lorsqu'au 
séminaire  il  eut  fait  l'appel  nominal,  qu'il  nous  eut  tous  comptés 
les  uns  après  les  autres,  et  vérifié  qu'il  n'en  manquait  aucun,  hors 
celui  dont  il  avait  appris  la  fuite  à  Oudon,  sa  joie  fut  telle  qu'il  nous 
témoigna  hautement  que  nous  paraissions  dignes  de  toute  la  confiance 
des  républicains,  puisque  nous  n'avions  pas  trahi  la  sienne,  lorsque 
mille  circonstances  inévitables  nous  en  avaient  fourni  l'occasion.  » 
Et  plus  loin  :  a  Quelques  expressions  du  citoyen  Boussart,  lors  de 
l'appel  nominal  fait  à  Angers,  nous  laissèrent  beaucoup  dq  doutes  sur 
la  réalité  du  voyage  de  Paris,  et  ces  doutes  furent  accrus  par  une  scène 
violente  qui  eut  lien  au  séminaire,  en  notre  présence,  entre  Boussart 
et  un  membre  du  comité  révolutionnaire  d'Angers.  »  A  la  suite  de 
cette  scène,  Boussart  fut  mis  lui-même  en  état  d'arrestation. 

'  C'est-à-dire  des  Vendéens.  Le  comte  de  la  Guère  n'emploie  que 
l'expression  consacrée  en  ce  temps- là  par  mesure  de  prudence.  Son 
style  se  ressent  du  temps  de  la  persécution  et  du  lieu  qu'il  habite.  Soit 
dit  une  fois  pour  toutes. 

'  Les  Nantais  devaient  y  rester  vingt  jours.  «  Là^ditVillenave,  nous  ne 
cessâmes  d'être  sous  la  surveillance  de  quatre  citoyens  (Naud,Bologniel, 


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»*  -  - 


DE  NANTES  A   PARIS  489 

une  cour  d'environ  soixante  à  quatre-vingts  pieds  de  long 
sur  environ  quarante-cinq  pieds  de  large,  fort  mal  propre,  et 
dans  laquelle  il  y  avait  un  fort  tas  de  fumier  qui  répandait 
une  exhalaison  très  infecte  ;  nous  restâmes  plus  d'une  demi 
heure  dans  cette  cour,  sans  qu'il  y  parût  personne  ;  nous 
gardions  tous  le  plus  morne  silence  :  une  sorte  d'effroi  sem- 
blait nous  glacer  tous*.  La  terreur  s'était  môme  emparée  de 
plusieurs  qui  l'ont  avoué  depuis.  Nous  vîmes  enfin  paraître 
le  concierge,  nommé  Pricard,  avec  un  garçon  de  geôle.  L'un 
d'eux  ouvrit  une  porte  qui  était  au  fond  de  la  cour  ;  c'était 
celle  de  la  chapelle  ;  elle  me  parut  alors  être  la  seule  ;  mais 
il  y  en  avait  une  plus  basse  qui  était  cachée  par  quelques-uns 
de  nos  camarades  dont  81  entrèrent  dans  cette  chapelle,  qui 
n'avait  environ  que  24  pieds  de  long  sur  14  de  large,  et  il 
donna  aux  autres  deux  petits  cachots  et  deux  chambres  hautes, 
nommées  la  collecte  et  le  civil.  Dans  cette  dernière  il  y  avait 
deux  cabinets,  je  me  logeai  dansï'unavec  le  citoyen  Fleuriot, 
Nous  eûmes  un  lit  qui  avait  une  paillasse  et  une  couverture 
avec  un  traversin.  Dans  les  deux  cabinets  et  dans  la 
chambre,  nous  étions  40,  les  uns  sur  la  paille^  et  les  autres 
sur  quelques  matelas  restés  dans  la  dite  chambre,  nous  avions 
à  la  porte  un  seillot  pour  faire. nos  plus  pressants  besoins.  On 
nous  enferma  sur  le  champ  jusqu'à  9  heures. 

Joly  et  Dardare)  dont  l'un  était  membre  et  les  antres  commissaires  du 
comité  révolationnaîre  de  Nantes.  Ils  étaient  chargés  de  nous  préparer 
des  logements  et  de  pourvoira  notre  subsistance.  Ils  connaissaient 
assez  particulièrement  plusieurs  d'entre  nous  (Villenave  et  Dorvo  en 
particulier,  j'imagine)  ;  aussi  notre  snrprise  fut  quelquefois  extrême. 
Nand,  l'un  d'eux,  était  dans  la  cour  du  Séminaire  lorsqu'on  nous  lia 
de  cordes.  Il  nous  accompagna  jusqu'aux  prisons  et  ses  collègues 
s'étaient  placés  dans  la  me  pour  nous  voir  passer.  » 

*  Il  est  à  croire  que  l'intention  de  Carrier  était  de  les  faire  massacrer 
en  sortant  de  cette  prison.  On  verra  plus  loin  quels  avaient  été  les 
ordres  secrets  donnés  au  sieur  Boussart  commandant  de  l'escorte.  Son 
refus  de  donner  les  mains  &  une  telle  boucherie  fut  probablement  la 
cause  de  son  arrestation. 


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490  VOYAGE  DES   130  NANTAIS 

Le  lendemain  /  /  frimaire,  on  ouvrit  les  portes  environ 
les  9  heures,  et  nous  nous  vîmes  entourés  aussitôt  de  plus  de 
cent  prisonniers  de  toutes  espèces,  insurgés  pris  les  armes 
à  la  main,  militaires  punis  pour  faits  graves,  gens  soupçon- 
nés de  vol  et  autres  crimes,  d'autres  enfin  condamnés  à 
garder  prison  plus  ou  moins  de  temps.  Leur  surprise  à  tous 
fut  extrême  de  nous  voir  confondus  avec  eux;  mais  ils  se 
familiarisèrent  bientôt  avec  nous.  Il  n'y  avait  qu'un  misérable 
guichet  pour  demander  nos  besoins,  Les  gens  nous  repous- 
saient en  disant  qu'étant  plus  anciens  que  nous,  ils  devaient 
être  servis  les  premiers.  Confondus  d'ailleurs  parmi  eux, 
nous  nous  aperçûmes  que  plusieurs  étaient  couverts  de  poux, 
et,  craignant  d'en  attraper,  nous  n'osions  nous  approcher 
d'eux,  ce  qui  me  faisait  prendre  mes  repas  à  la  geôle  ;  il 
m'en  coûtait  à  peu  près  3 1.  pour  mon  dîner.  Il  eut  été  à  sou- 
haiter pour  moi  que  je  me  fusse  borné  à  ce  repas,  sans 
chercher  à  faire  rien  apporter  par  le  guichet  ;  je  n'aurais  pas 
perdu  un  portefeuille  dans  lequel  il  y  avait  treize  ce»t  livres, 
environ  dix  heures  du  môme  jour.  Sur  ce  qu'on  s'était  aperçu 
que  mes  compagnons  d'infortune  étaient  trop  gesnés  dans  la 
chapelle*,  on  en  fit  appeler  une  quinzaine  que  Ton  fit  monter 
dans  nos  chambres  où  il  y  avait  un  peu  plus  d'espace,  et  on 
distribuai  peu  près  pareil  nombre  dans  deux  cachots  voisins 
de  la  chapelle.  Nous  apprîmes  à  peu  près  en  môme  temps  que 
la  veille  il  était  arrivé  en  la  môme  prison  que  nous,  cinq  de 
nos  concitoyens  qui  étaient  partis  de  la  maison  de  l'Esperon- 
nîèrele  lendemain  de  notre  départ.  Leurs  noms  sont:  Chardot, 
Poton,  rEstourbeillon,  Devay,  aîné,  et  Chauchy^.  On  nous 

*  Voir  dans  VilUnsive  le  récit  épouvantable  de  la  situation  des 
prisonniers  de  la  chapelle. 

*  «  Ces  cinq  nouToauz  prisonniers  sont  destinés  à  remplacer  quatre 
des  premiers  dont  rélargissement  avait  été  décidé  et  qui  a  été  eflectué 
quelques  jours  plus  tard  et  un  autre  qui  s'était  évadé  en  route,  mais 
qui  a  eu  le  malheur  d'être  repris  plus  tard  et  ramené  à  Angers.  » 
(Note  d'un  fragment  du  Journal  de  Pellerin  publié  par  Verger  .*iuz 
Archîveii  curif^ttfies  de  Nantes,  II,  434). 


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De  NANTES  A  PARIS  401 

parla  dans  le  cours  de  la  journée,  mais  vaguement,  de  rap- 
proche des  brigands.  Le  lendemain  mardi,  î3  frimaire  ou 
3  novembre,  nous  entendions  du  canon,  c'étaient  les  brigands 
qui  attaquaient  la  ville  pour  entrer*.  La  prison  n'est  pas 
éloignée  de  la  porte  Saint-Michel  ;  une  de  leur  principale 
attaque  était  dirigée  vers  cette  porte.  Les  boulets  passaient 
par-dessus  la  cour  de  notre  prison.  Il  tomba  même  plusieurs 
balleS;  un  biscayen,  et  plusieurs  morceaux  de  mitraille,  un 
entre  autres  de  la  largeur  d'un  pouce  tomba  aux  pieds  du  ci- 
toyen Bascher  qui  le  ramassa  de  suite; ils  continuèrent  leurs 
attaques  dans  la  journée  et  le  lendemain  ;  ce  fut  en  vain,  ils 
se  retirèrent  environ  dix  heures  du  soir.  Le  soir  du  môme 
jour,  i4  frimaire,  le  citoyen  Charette-Boisfoucaud  mourut 
d'une  révolution  de  goutte'. 

Lfi  iS  frimaire,  nous  vîmes  .  entrer  parmi  nous  le  citoyen 
Hernaud  qui  avait  été  ramené  de  Nantes.  Il  compléta  le 
nombre  des  136  Nantais  détenus. 

Le  i  S  frimaire  ou  8  décembrey  les  mômes  détenus  nantais 
proposèrent  entre  eux  une  quôte  en  faveur  des  blessés  au 

*  Oa  lit  dans  l'abbé  Denian  :  «  Ea  passant  à  Angers,  Ips  patriotes  qui 
sont  dans  la  bande  (des  132  Nantais)  demandent  à  défendre  la  ville, 
qai  était  sur  le  point  d*étre  attaquée  par  les  Vendéens  ;  on  repousse 
leur  sollicitation.  »  Hifit.  de  la  guerre  de  Vendée,  ([II,  p  509.)  Cette 
demande  est  confirmée  par  la  relation  Villenave  II  faut  remarquer 
que  Tabbé  Oeniau,  p.  50S,  commet  une  erreur  en  parlant  des  132 
Nantais  II  dit  qu'ils  furent  embarqués  sur  la  Loire  à  Nantes  pour 
remonter  le  fleuve  et  qu'on  devait  les  noyer  en  passant  aux  Ponts-de  Gé. 
Le  voyage  s'effectua  par  terre.  Il  confirme  cependant  Topinion  générale 
où  Ton  était  de  leur  massacre  et  le  mélange  de  citoyens  de  toutes  opi- 
nions. Leur  arrestation  était  donc  plus  tAt  motivée  par  des  convoitises 
particulières,  ou  des  rancunes  personnelles  que  par  des  raisons  pure- 
ment politiques. 

'  Villenave  dit  qu'on  avait  affecté  ie  mettre  son  nom  en  tête  de  la 
liste  des  prisonniers,  pour  faire  croire  que  tous  «  étaient  des  scélérats 
de  la  Vendée  et  pour  attirer  sur  eux  l'indignation  des  républicains.  • 
Il  lui  fallut  des  vésicatoires  ;  <  à  la  demande  qui  en  fut  faite,  on 
répondit  :  s'il  enlsL  besoin,  qu'il  aille  les  chercher  \,  » 


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492  VOYAGE  DES   136  NANTAIS 

siège  ;  e^le  s'éleva  à  2400  fr.  qui  furent  envoyés  à  la  munici- 
palité*. Le  seul  citoyen  BiV/arrf ,  un  des  nôtres,  y  contribua 
pour  1000  francs. 

Le  19,  le  citoyen  Rousseau  étant  tombé  malade  fut  trans- 
féré de  la  prison  nationale  à  Thôpital  Saint-Jean  Dans  la 
nuit  du  20  au  2i  frimaire^  le  cXio^Bn  Gauthier  (Gautier) 
mourut  d'une  maladie  de  poitrine  meslée  de  chagrin. 

Le  21  frimaire^  les  citoyens  Dubeme^  Fleurenceau  Descos- 
Hères,  Geslin  et  Bonvalet  furent  élargis  et  déclarés  libres*. 

Le  26  frimwe,  le  citoyen  Joseph  de  Monti  paya  le  tribut 
à  la  nature,  au  bout  de  quelques  jours  de  maladie. 

Le  27  frimaire  ou  i  7  décembre,  le  citoyen  Castellan  fils  eut 
le  môme  sort;  il  était  déclaré  pulmonique  dès  en  partant  de 
TËsperonnière  et  même  longtemps  auparavant.  Il  décédaenvi- 
ron  les  quatre  heures  de  Taprës-midi  dans  la  chapelle  où  nous 
avions  été  déposés  en  arrivant,  c'est-à-dire  la  majeure  partie. 

Dans  le  cours  de  la  môme  journée,  nous  eûmes  le  chagrin 
de  voir  un  jeune  prisonnier  qui  était  sorti  le  matin  d'un  ca- 
chot étant  très-malade  ;  son  état  ayant  empiré,  il  donnait 
encore  signe  de  vie,  on  le  jetta  néanmoins  sur  trois  cadavres 
qui  étaient  ensevelis  et  qui  mis  au  bas  de  Tescalier  en  atten- 
dant le  moment  de  les  inhumer  reçurent  ses  derniers  soupirs. 

Le  môme  jour,  il  tomba  presque  mort  à  nos  yeux  un  autre 
prisonnier  en  satisfaisant  à  ses  besoins.  Le  malheureux  était 
blessé  dangereusement  et  on  ne  s'inquiétait  aucunement  de 
le  faire  soigner.  Dans  la  môme  soirée,  un  ancien  prisonnier 
se  jeta  dans  le  puits  qui  était  très  profond.  Il  en  fut  aussitôt 
retiré  par  un  de  ses  camarades*  qui  se  précipita,  pour  ainsi 

*  Ce  sont  les  quatre  prisoniiers  d6nt^;iV  a  été  question  ci-dessus,  et 
pour  le  remplacement,  de  qui  on  en  avait  envoyé   quatre  autres. 

'  Confirmé  par  Villenave  qui  ne  cite  pas  la  générosité  du  citoyen 
Billard,  N.  S.  priait  pour  ses  bourreauk;  les  Bretons  prisonniers  réu- 
liifîFaienl  de  quji  soigner  leurs  meurtriers.  Admirables  sentimenvs 
chrétiens  I 


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DE   NANTES   A   PARIS  493 

dire  après  lui,  en  s'tidant  néanmoins  de  la  chaîne  ;  nous  lui 
donnâmes  environ  50  fr.  pour  sa  bonne  action. 

J'omettais  de  relater  ici  que  depuis  l'instant  de  notre  arrivée 
on  nous  distribuait  à  peu  près  trois  livres  de  pain  pour  deux 
jours  à  chacun.  Cette  distribution  se  faisait  quelques  fois  tous 
les  jours,  d'autres  fois  tous  les  deux  jours  ;  mais  ce  pain  était 
si  mauvais,  si  noir  et  si  mal  cuit,  qu'il  était  presque  im- 
possible d'en  manger.  Il  fallait  cependant  bien  en  faire  sa 
subsistance,  et  malgré  que  nous  en  distribuions  beaucoup 
aux  prisonniers,  il  y  en  avait  beaucoup  de  perdu.  D'un  autre 
côté,  nous  eûmes  une  peine  infinie  à  nous  procurer  des  vivres 
au  dehors  ;  plusieurs  traiteurs  de  la  ville  refusaient  de  nous 
en  fournir  ;  il  n'y  eut  que  celui  qui  tient  la  Boule  cTor  qui  voulut 
y  consentir  ;  mais  ayant  plusieurs  fois  été  dans  l'impossibilité 
de  le  faire,  nous  étions  dans  ce  cas  obligés  d'en  faire  de- 
mander au  concierge  par  l'entremise  de  nos  concitoyens  qui 
étaient  dans  les  chambres  hautes  ;  alors  on  nous  envoyait 
pour  huit,  et  cela  est  arrivé  plusieurs  fois,  une  mauvaise 
soupe,  environ  une  livre  de  bœuf,  un  quarteron  de  lard,  que 
l'on  nous  faisait  payer  dix  liv.  Le  vin  d'ailleurs  était  fort  dur, 
très  vert,  on  ne  peut  plus  épais  ;  en  le  buvant,  on  pouvait 
dire  je  bois  et  je  mange  tout  à  la  fois.  Il  était  tel  enfin,  que' 
le  concierge  nous  le  donnait,  car  il  ne  souffrait  pas  que  l'on 
s'en  procurât  du  dehors.  Nous  le  lui  payions  cependant  15  fr. 
la  bouteille. 

J*ai  également  oublié  de  relater  que  dans  les  jours  qui 
suivirent  l'attaque  d'Angers  ou,  pour  mieux  dire,  la  retraite 
des  brigands,  on  amena  beaucoup  de  prisonniers  faits  sur  eux 
et  pris  en  partie  les  armes  à  la  main.  Un,  entre  autres,  avait 
reçu  un  coup  de  feu  dans  la  joue  qui  lui  avait  passé  derrière 
la  tête.  Un  autre  qui  nous  déclara  qu'il  était  prestre,  et  ne 
resta  pas,  ainsi  que  le  premier,  plus  de  deux  heures  en  prison. 
On  les  retira  avec  plusieurs  autres,  pour  aller  au  supplice. 

Le  J28  frimaire,  ou  mercredi  18  décembre^  un  des  garçons 
guichetiers  vint  nous  avertir,  de  la  part  des  officiers  muni- 


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494  VOYAGB  DES  136  NANTAIS 

cipaux»  que  nous  eussions  à  nous  tenir  prdts  à  partir  pour  le. 
lendemain  matin  à  cinq  heures.  II  était  alors  neuf  heures  du 
soir.  Il  nous  parla  à  travers  la  porte  de  Tun  de  nos  cachots 
dont  j'ai  pareillement  omis  de  donner  les  dimensions;  celui 
de  rentrée  avait  onze  pieds  de  largeur  sur^environ  quatorze 
pieds  de  longueur,  six  pieds  et  demi  de  hauteur.  Il  était  d'en- 
viron un  pied  plus  bas  que  la  cour.  La  porte  était  fort  petite, 
et  il  fallait  se.  baisser  pour  la  passer,  ce  cachot  n*était  éclairé^ 
quand  la  porte  était  fermée,  que  par  une  ouverture  de  trois 
pouces  quarrés  qui  était  pratiquée  à  cette  porte.  Devant  ce 
cachot  à  environ  trois  pieds  de  distance  était  un  égoût,  en 
majeure  partie  ouvert,  par  où  passaient  toutes  les  immon- 
dices de  la  cour  des  femmes  et  de  celle  des  hommes.  Cet 
égoût  répandait  souvent  une  odeur  très  infecte  et  fort  incom- 
mode. L'autre  cachot,  auquel  le  nôtre  servait  de  communica- 
tion, était  à  peu  près  de  la  mdme  dimension  et  n'était  éclairé 
que  par  une  petite  ouverture  pratiquée  dans  le  mur.  Nous 
étions  dix  détenus  dans  chaque,  dont  quatre  étrangers.  On 
nous  renfermait  tous  les  jours  régulièrement  à  quatre  heures 
du  soir  et  même  souvent  dès  trois  heures  et  demie,  et  on  ne 
nous  ouvrait  qu*après  huit  heures  du  matin  ;  nous  n'eûmes 
de  paille  fraîche  que  la  veille  de  notre  départ^  quoiqu'il  nous 
en  fût  dû  tous  les  quinze  jours*. 

Le  lendemain,  29  frimaire  ou  19  décembre,  les  garçons  de 
geôle  vinrent  nous  prévenir  de  nous  préparer  à  partir.  Ils  nous 
donnèrent  de  la  lumière,  et,  après  nous  être  habillés,  nous 
ftmes  nos  paquets  et  attendions  que  Ton  nous  donnât  l'ordre  du 
départ.  Environ  7  heures,  tous  nos  camarades  des  chambres 
hautes ,  à  l'exception  des  malades ,  étant  descendus  dans 
la  cour,  nous  y  vîmes  entrer  des  gendarmes  qui  avaient  de 
grosses  peiottes  de  corJe  avec  lesqueUesils  nous  attachèrent 
six  par  six.  Sortis  d?  la  prison,  on  nous  fît  mettre  sur  deux 

*  L'ancien  cipitaîne  au  régiment  de  Penthièvre  en  était  encore 
aux  anciens  règtements  et  à  la  discipline  militaire  qu'il  connaissait 
si  bien. 


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DE  NANTES  A  PARIS  495 

lignes  devant  les  halles,  et  après  avoir  fait  choix  des  plus 
&gés  et  des  infirmes,  on  les  fit  monter  dans  des  voitures  et 
ctiarettes  préparées  à  cet  effet.  J'ai  dit  plus  haut  que  nos 
camarades  étaient  descendus  dans  la  cour,  excepté  les  ma- 
lades. Il  s'en  trouva  17  qui  restèrent,  sça voir  :  les  citoyens 
Rousseau,  Lepot,  Crespin,  Lami-Fleury,  Pilorgerie\  Du  Pont 
de  la  Roussière,  Hamon  Thébaudiire,  Du  Fou,  Bemêde,  du 
Rocher,  Garet  du  Chatelief,  Ballais.  Cotel,  Pisançon,  Marie, 
Colas  de  Malmusùe  ut  Chevalier.  Les  préparatifs  du  départ 
achevés^  nous  nous  ratmesen  marche  au  nombre  de  111,  et 
pour  sortir  de  la  ville  on  nous  fit  faire  encore  un  tour  beaucoup 
plus  long  qu'il  nt  fallait.  Nous  étions  toujours  liés  six  à 
six,  c'est-à«>dire  qui  allaient  à  pied  :  nous  étions  sur  deux 
lignes  au  milieu  d'un  détachement  de  volontaires  au  nombre 
de  quarante  et  sept  gendarmes  ;  nous  nous  aperçûmes  que 
le  peuple  nous  regardait  avec  beaucoup  d'intérêt,  et  semblait 
partager  la  peine  que  nous  ressentions*.  A  une  lieue  de  la 
ville  le  commandant  nous  permit  ou  du  moins  ne  s*opposa 
pas  à  ce  que  nous  eussions  quitté  nos  cordes.  Il  nous  laissa 
même  toute  liberté  d'aller  comme  bon  nous  semblait,  en 

*  On  Ut  dans  la  Relation  Villenave  :  «  Oq  ne  pouvait  voir  pans  at- 
tendrissement des  Tieillards,  des  goutteux,  des  iofiroies.  des  convales- 
cents emprunter  le  bras  des  gendarmes  pour  se  soutenir.  Le  vieux 
Filorgerie  snrtont,  blessé  dangereusemen'  par  une  chute  sur  une 
bouteiUe  brisée  au  fond  de  Tescalier  le  plus  noir,  et  dont  la  plaie 
s'ouvrant  au  plus  léger  mouvement,  le  mettait.à  chaque  instant  en  péril 
de  la  vie,  qn'il  a  perdue  depuis,  fut  arraché  de  son  lit,  amené  presque 
nud,  le  bras  en  écharpe  et  la  culotte  sur  les  talons.  La  pitié  que  mani- 
festèrent quelques  hommes  sensibles,  attirés  par  la  curiosité,  détermina 
à  le  faire  rester.  » 

*  Villenave  dit  au  contraire  :  «  On  nous  fit  traverser  presque  toute 
la  ville  :  nous  ne  savons  si  cette  traversée  était  nécessaire,  mais  une  ou 
deux  fois^  «ans  la  fermeté  des  militaires  qui  nous  accompagnaient,  elle 
nous  eût  été  fatale.  Nous  arrivâmes  au  milieu  deê  eris  et  des  me- 
naces à  l'extrémité  du  faubourg  que  l'approche  des  brigands  a  ait  fait 
incendier  dans  presque  toute  sa  longueur.  » 


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496  VOYAGE  DES  136  NANTAIS 

nous  recommandant  cependant  de  ne  pas  nous  écarter  du 
chemin*.  Nous  arrivâmes  de  fort  bonne  heure  à  Saint- 
Mathurin.  Je  m'y  rendis  à  pied  ;  et  après  qu'on  nous  eût  fait 
entrer  dans  Téglise;  nous  nous  procurâmes  des  vivres,  et 
pendant  que  nous  mangions  nous  apprîmes  qu'il  arrivait  de 
Saumur  1.500  hommes  de  troupe  pour  coucher  audit  lieu  de 
Saint-Mathurin.  Le  commandant,  qui  nous  confirma  cette 
nouvelle,  nous  prévint  que,  pour  des  raisons  particulières,  il 
avait  décidé  que  nous  nous  rendrions  le  soir  aux  Rosiers,  et 
de  suite,  nous  ayant  fait  sortir  de  l'église,  nous  nous  mîmes 
en  marche  et  arrivâmes  aux  Rosiers  environ  8  heures  du 
soir*.  Je  m'y  rendis  encore  à  pied  ;  nous  couchâmes,  la  ma- 
jeure partie,  dans  une  écurie;  les  autres  furent  assez  heu- 
reux pour  aller  coucher  chez  des  habitants,  où  ils  furent 
parfaitement  bien  reçus. 

Le  vendredi  3 (?/rîmatVtf  ou  20  décembre,  nous  partîmes 
pour  Sai/mz/r,  nous  y  arrivâmes  environ  8  heures,  jour  de 
décade, au  milieu  des  huées  et  des  menaces  du  peuple  et  sur- 
tout de  beaucoup  de  militaires*.  Ces  menaces  causèrent  bien 

'  Ce  commandant  n*était  plus  Bous^ard.  Nous  regrettons,  dit 
VillenaTe  qui  confirmé  sa  bienveillance,  de  ne  pouvoir  faire  connaître 
son  nom.  Il  était  originaire  de  Mayence. 

*  D*aprèBce  qui  a  été  dit  plan  haut  et  les  paroles  de  Naux  à  Boussard, 
on  comprend  que  le  commandant  voulait  ainsi  éviter  un  massacre 
qu*il  avait  trop  lieu  de  craindre  s*il  avait  laissé  les  111  Nantais  en  face 
des  1500  hommes  de  troupe  envoyés  pour  couchera  leur  place  et  com» 
battre  ensuite  les  brigands.  Yillenave  est  persuadé  que  le  voyage 
d'Angers  à  Saumur  avait  été  combiné  pour  ce  massacre.  L'officier  mu* 
nicipal  qui  pourvut  au  logement  des  prisonniers  aux  Rosiers  «  s'étonna 
de  nous  voir  encore  en  vie  et  nous  assura  que  nous  avions  été  fusillés 
aux  Ponts^de-Cél  • 

'  A  Saumur,  dit  Tabbé  Deniau,  on  les  place  dans  une  cour  où  trente- 
six  prisonniers  de  Tarmée  royale  attendent  la  mort  ;  le  bourreau  leur 
offre  comme  spectacle  de  faire,  devant  eux,  «  cracher  au  bassinet  » 
tous  ces  infortunés  en  moins  d*une  heure.  •  (III,  p.  500).  —  Villenave 


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_    i 


DE   NANTES  A   PARIS  497 

de  rinquiétude  à  la  majeure  parlie  de  nos  concitoyens.  Ils 
craignaient  fort  que  Ton  ne  se  fut  poHé  à  quelques  extrémités 
fâcheuses  contre  nous,  d'autant  qu'au  bout  du  Pont-Neuf,  un 
militaire,  homme  à  moustache,  apostropha  le  citoyen  Gau- 
tier, l'un  de  nos  camarades,  en  disant  qu'il  était  un  brigand, 
qu'il  le  reconnaissait  pour  lui  avoir  coupé  les  cheveux  et 
qu'il  avait  envie  de  lui  couper  le  cou. 

Nous  fûmes  déposés  dans  la  prison  nationale,  où  en  arri- 
vant, nous  aperçûmes  cinq  ou  six  cadavres  étendus  sur  le 
pavé  d'une  espèce  de  remise  ou  de  hangard  ;  plusieurs,  nus, 
semblaient  y  avoir  être  mis  depuis  plusieurs  jours,  car  ils 
répandaient  une  odeur  infecte.  Le  lieu  que  l'on  nous  pré- 
parait était  une  grande  salle  basse  vis-à-vis  de  cette  remise. 
Elle  était  séparée  en  deux;  mais  de  beaucoup  trop  petite 
pour  pouvoir  nous  contenir  tous  ;  puisqu'on  fat  obligé  de 
faire  sortir  d'un  très  grand  grenier  lambrissé  des  femmes 
couchées  sur  la  paille,  et  dont  plusieurs  étaient  bien  malades. 
Il  y  monta  environ  vingt-cinq  des  nôtres.  Le  lendemain  de 
notre  arrivée,  nous  eûmes  la  visite  du  •  commandant  de  la 
place  qui,  après  nous  avoir  écoutés  avec  assez  d'intérêt,  cher- 
cha à  nous  consoler  en  nous  assurant  qu'il  ferait  tout  ce  qui 
serait  en  lui  pour  adoucir  notxe  sort  et  la  rigueur  de  notre 
position ,  que  déjà  on  avait,  dès  la  veille,  cherché  à  détrom- 
per la  Société  populaire  sur  notre  compte,  et  que  môme  il 
avait  fait  punir  celui  qui  avait  menacé  un  de  nos  camarades 
de  son  sabre  ;  comme  de  fait  le  xôme  particulier  fut  amené 

racoate  ainsi  la  chose  :  «  L'exécuteur  étaat  un  jour  à  la  geôle  avec 
plusieurs  de  nos  camarades,  s'informa  de  notre  nombre,  et  nous  re- 
gardant déjà  comme  une  proie  assurée.  «  Savez-vous  bien,  di(-t/,  que 
je  suis  capable  de  vous  expédier  tous  en  moins  d'une  heure  ?  »  Tout 
ce  que  nous  voyions,  tout  ce  que  nous  entendions  semait  dans  nos  cœui 
répouvante  et  l'horreur. 

Après  cinq  jours  de  résidence  dans  les  affreuses  prisons  de  Saumur, 
le  citoyen  Foliie,  adjudant  de  la  place,  qui  vint  nous  annoncer  notre 
départ  se  servit  de  ces  paroles  remarquables  :  RéjouUsez^vous,  mes 
amts,  demain  vous  partez  pour  Paris.  » 


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4'<^8 


VOYAGE   DES   t3t  NASTAJS^ 


dans  la  même  prison  que  naus.  Et  sur  la  prière  que  nous 
nmes  à  ce  commandant*  de  donner  des  ordres  pour  faire 
enlever  les  cadavres  dont  il  est  parlé  plus  haut,  et  qui  conti- 
nuaient de  nous  infecter,  il  les  fit  enlever  sur  le  champ  et 
défendit  qu'on  en  mît  davantage  dans  cet  endroit.  Le  malin 
daJDatoi^  jour  on  nous  avait  distribué  du  pain  en  même 
quantité  qu'à  Angers,  mats  infiniment  meilleur;  nous  eûmes 
toute  facilité  pour  faire  venir  des  vivres  de  la  ville  et  les 
autres  objets  dont  nous  pouvions  avoir  besoin  ;  nous  étions 
obligés  de  nous  servir  des  volontaires  qui  étaient  de  garde  ; 
ils  nous  rançonnaient  beaucoup,  mais  c'était  une  nécessité  à 
laquelle  il  fallait  céder.  Dans  le  cours  de  la  journée»  nous 
eûmes  occasion  de  nous  assurer  qu'à  la  prison  où  nous  étions 
détenus  il  n'y  avait  que  des  gens  arrêtés  pour  cause  de  la 
Révolution.  La  commission  militaire  et  le  tribunal  révolu- 
tionnaire paraissaient  fort  occupés  à  juger  des  détenus  ;  car 
to  tirait  de  cette  prison  plusieurs  citoyens  et  citoyennes  pour 
être  conduits  au  supplice'.  Z>^3  décembre  ou  3  nivôse,  nous 
vîmes  une  trentaine  de  ces  citoyens  que  Ton  garottait  pour 
les  conduire  hors  la  ville  et  pour  les  fusiller.  Le  même  jour, 
les  citoyens  Z)w  Fow,  Pwawfo/i,  Ballan,  Chevalier  ^i  Hamon- 


'  La  relation   Villenaye  attribue  cet  acte  d'humanité   à  plusieurs 
^  officiers  de  l'Etat  major  (p.  28), 

\      '  '  <c  L'atant-veille  de  notre  départ  de  Saumur,  nous  eûmes  sous  l^s 

V  ^  yeux  le  triste  spectacle  de  trente-six  individus  liés  et  garottés,  qui 
restèrent  dans  la  cour  depuis  la  pointe  du  jour  jusqu'à  dix  heures  du 
matin,  et  qui  durent  être  fusillés  le  jour  même  à  une  demie-lieue  de  la 
▼i.ie.  »  CRelatioa  Villenave  p.  28).  C'est  à  quoi  elle  faisait  allusion  lors- 
qu'eil*  dit  !  €  l>  commandant  temporaire  de  Saumur  vint  aussi  nous 
prévenir  que  nous  partirions  le  lendemain  pour  Paris  ;  que  nous  ne 
devions  plus  conc  voir  aucune  inquiétude;  qu*il  était  arrivé  un  événe- 
ment sinistre  à  un  convoi  de  détenus  dont  plusieurs  avaient  été  victimes, 
mais  que  nous  n'aurions  point  à  craindre  un'  semblable  événement  ; 
que  nous  serions  escortés  par  un  bon  détachement,  et  qu'il  marcherait 
lui-mAme  à  notre  tétejnsqu'à  la  sortie  de  la  ville.  » 


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DE   NANTES  A  PARIS  499 

Thibaudière  qui  étaient  restés  malades  à  Angers,  nous  rejoi- 
gnirent et  nous  apprirent  la  mort  du  citoyen  Garet  du  Cha- 
telier. 

Le  4  nivôse  ou  24  décembre^  le  citoyen  Gomer,  commandant 
de  la  force  armée,  chef  de  division,  maréchal  de  camp  et 
commandant  de  la  place  qui  était  en  état  de  siège  lors  de  notre 
passage,  vint  nous  prévenir  que  le  lendemain  nous  partirions 
pour  aller  à  notre  destination,  mais  que  nous  ne  devions  ôtre 
nullement  inquiets,  que  nous  serions  bien  escortés  par  un 
détachement  de  volontaires  dont  nous  pouvions  ôtre  sûrs, 
et  que,  pour  prévenir  ce  que  nous  avions  éprouvé  à  Saumur 
en  entrant,  il  marcherait  lui-môme  à  notre  tôte  jusqu'à  la 
sortie  de  la  ville*.  Ce  fut  le  commandant  temporaire  qui 
nous  tint  ce  langage  qu'il  effectua.  Le  général  Gomer  nous 
mit  entre  les  mains  d'un  officier  de  gendarmerie*  auquel  il 
dit  qu'il  répondait  de  nous  sur  sa  tôte  jusqu'à  Paris.  Le  len- 
demain 5  nivôse  ou  25  décembre,  nous  partîmes  de  Saumur 
escortés  de  la  manière  que  le  commandant  temporaire  de 
la  ville  nous  avait  promis  et  sous  la  conduite  du  citoyen 
Bcauvilliers,  officier  de  gendarmerie,  homme  très  borné  et 
fort  dur.  Nous  arrivâmes  d*assez  bonne  heure  à  la  Chn- 
pelle-Blanche^  ;  on  nous  déposa  dans  un  grand  magasin  ;  on 

*  On  croirait  d'après  ce  passage  que  Vrllenave  a  dû  se  servir  du  ma* 
nuFcrii  de  M.  de  la  Guère  dont  il  a  peut-être  eu  communication 
pendant  leur  commun  séjour  en  prison. 

^  «  L*officîer  de  gendarmerie  qui  devait  nous  conduire  commença 
par  Jurer  qu'il  ferait  fusiller  le  premier  qui  s'écarterait  d*nn  pouce.  11 
fut  mis  en  réquisition  un  nombre  de  charettes  et  de  chariots  tel  qi^e 
presque  aucun  de  nous  ne  fut  forcé  d^aller  à  pied.  La  municipalité  fit 
défense  de  nous  invectiver  à  notre  passage.  Un  des  principaux  officiers 
nous  accompagna  jusqu'aux  barrières  afin  de  protéger  notre  sortie.  » 
(Relsition    Villenave), 

'  ((Nous  Hmes  tranquillement  notre  route  jusqu'à  la  Chapelle-Blanche, 
où  nous  couchâmes  sur  la  paille,  dans  un  grenier  à  bled.  Un  malade 
8*y  procura  un  matelas  pour  \  8  francs.  Le  commandant  ayant  requis 


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500  VOYAGE   DUS   136  NANTAIS 

nous  y  distribua  du  pain  et  nous  nous  procurâmes  des 
vivres  que  nous  payâmes  excessivcuient  cher  :  la  livre 
de  pain,  on  nous  la  faisait  28  sols  et  la  pinte  de  lait  20  sols. 
Ensuite  de  quoy  on  nous  donna  de  la  paille  pour  nous  coucher 
que  nous  payâmes  1  1.  la  boite  ;  quelques-uns  cepenlant  qui 
étaient  dans  une  pièce  particulière  furent  obligés  de  se  cou- 
cher sur  les  planches  parce  que  vraisemblablement  ils  ne 
purent  se  procurer  de  la  paille. 

Le  lendemain  6  nivôse  ou  26  décembre  nous  arrivâmes  à 
Langeais*,  et  nous  couchâmes  dans  une  maison  particulière 
proche  le  château,  où  les  officiers  municipaux  vinrent  nous 
visiter.  Ils  nous  rendirent  tous  les  services  possibles  dans 
les  circonstances,  en  nous  apportant  eux-mêmes  de  la  soupe 
et  nous  faisant  procurer  des  matelas  qui  nous  firent  d'au- 
tant plus  de  bien,  qu'il  y  avait  longtemps  que  nous  nous 
étions  couchés  autrement  que  sur  la  paille. 

Le  vendredi  7  nivôse  ou  28  décembre,  nous  couchâmes  sur 
la  levée,  dans  une  auberge  à  l'extrémité  du  faubourg  de  Tours^. 

de  la  paille,  on  protesta  qu'il  n'y  en  avait  point  ;  il  ne  8*en  trouva  que 
lorsque  chacun  de  nous  eut  consenti  à  U  payer.  {Relation  Villen&oe) .  » 

*  A  Langeais, dit  l'abbé  Deniau,  ils  sont  bien  accueillis.  (III,  p.  509). 
LareUtion  Villenave  donne  plus  de  détails,  p.  31  :  u  à  Langpais,  la 
municipalité  nous  fit  un  accueil  favorable.  Elle  nous  logea  dans  une 
maison  particulière  ;  nous  eûmes  la  faculté  de  louer  des  matelas.  Le 
maire  donna  tous  ceux  qu'il  avait  chez  lui .  Il  apporta  lui-môme  la 
soupe  aux  malades;  nous  écrivîmes  sur  une  des  cheminées  de  la  maison  : 
Les  Nantais  reconnaissants  aux  habitants  de  Langeais.  » 

'  «  Auprès  du  pont  de  Tours  s'élevèrent  des  clameurs  non  moins  vio- 
lentes qu*à  Saumur  ;  heureusement  nous  n'entr&mes  pas  dans  la  ville. 
On  nous  parqua  dans  une  auberge  dont  le  propriétaire  était  mort 
depuis  trois  jours,  et  sur  les  effets  duquel  le  scellé  était  apposé.  Les 
chambres  ne  suffisant  pas  i  la  moitié  de  nous,  quoique  nous  occupas- 
sions toute  leur  superficie,  il  fallut  bien  que  Tautre  moitié  couchât 
dans  récurie.   On  alluma   dans  la  cour   un  grand   feu  ;  nous  étions 


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DE   NANTES  A   PARIS  501 

Plusieurs  se  procurèrent  des  lits  ;  comme  je  ne  pus  pas  en 
avoir,  je  passai  une  partie  de  la  nuit  à  faire  cuire  du  bœuf , 
qu'on  nous  avait  distribué,  et  le  reste  du  temps,  je  le  passai 
dans  un  fauteuil,  et  le  lendemain  matin,  je  m'en  dédom- 
mag^eaiiCn  prenant  un  bon  bouillon  de  ma  façon  ;  mais  la 
majeure  partie  qui  n'avait  point  eu  de  lit  fut  obligée  de 
coucher  dans  l'écurie  et  même  d'acheter  de  la  paille  pour 
se  coucher;  ils  la  payèrent  i  1.  la  botte.  On  nous  donna 
rétape  en  pain  et  en  viande  ;  plusieurs  refusèrent  la  viande 
ne  sachant  qu'en  faire,  mais  il  y  en  eut  qui  prirent  le  parti 
d'en  faire  de  la  soupe  pour  le  lendemain,  avant  de  se  mettre 
en  marche. 

Le  samedi  8  nivôse  ou  28  décembre,  nous  arrivâmes  à  Am- 
boise\  Le  commandant  nous  fît  entrer  de  suite  dans  une  cha- 
pelle dédiée  à  Notre-Dame  de  la  Garde  et  servant  de  succur- 
sale. Tout  ce  qui  était  dans  la  dite  chapelle  était  brisé  et 
sens  dessus-dessous.  Le  citoyen  Fleuriot  y  perdit  son  porte- 
feuille dans  lequel  il  y  avait  à  peu  près  160  fr.  Nous  la  trou- 
vâmes remplie  de  décombres  ,  de  statues  de  saints  qui 
avaient  été^nous  dit-on,  brisées  la  veille  de  Noël  par  5  hommes 
de  la  ville,  au  moment  où  le  prestre  commençait  l'offlQe  de 

fatigués;  nous  avions  plusieurs  malades  ;  nos  santés  commençaient  à 
s'altérer  ;  nous  comptions  sur  un  séjour,  il  nous  fut  refusé.  Dès  le 
matin  l'on  nous  mit  en  route.  Nos  malades  ne  purent  obtenir  d'être 
déposés  à  l'hôpital.  »  (p.  31.  Relation  Villensim], 

'  «  Nous  couchâmes  à  Âmboise  dans  la  chapelle  du  Bout-des-Ponts. 
Elle  était  dépavée  ;  l'air  en  était  putride.  Nous  comptions  n'y  être  que 
par  entrepôt.  Il  y  avait  des  auberges,  on  ne  pouvait  nous  y  loger, 
mais  Ton  nous  apporta  de  la  pailFe  ;  les  débris  de  l'autel  et  les  statues 
brisées  nous  servirent  d'oreillers.  En  effet,  quelques  jours  auparavant, 
la  fête  de  la  Raison  avait  été  célébrée  dans  cette  église.  Pour  purifier 
l'air  quelques-uns  s'avisèrent  d'allumer  du  feu.  Le  remède  fut  pire  que 
le  mal  et  pendant  plus  de  trois  heures  nous  fûmes  fatigués  par  une 
fumée  épaisse  que  nous  n'avions  pas  de  moyens  de  dissiper.  »  [Relation 
VilienaL'oe). 

T.  VI.  —  NOTICES.  —  VI*  ANNÉE^  5"  LIV.  3.S 


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502  VOYAGB   DES   136  NANTAIS 

Noël.  Ils  avaient  en  outre  chassé  le  prestre,  déchiré  et  brûlé 
tous  les  livres,  ornements,  linge,  etc....  dépendants  de  cette 
chapelleV  Le  commandant/ en  nous  y  faisant  entrer,  nous  dit 
que  nous  n'y  resterions  pas,  qu'il  allait  de  suite  nous  chercher 
un  autre  guide  ;  mais  nous  ne  tardâmes  pas  à  éprouver  qu'il 
ne  fallait  pas  compter  sur  cette  promesse,  car  au  bout  d'une 
demi-heure,  on  vint  nous  apporter  de  la  paille,  j'eus  aussi 
un  matelas,  présage  assuré  que  nous  devions  passer  la  nuit 
dans  cette  chapelle,  qui,  outre  l'état  de  délabrement  dans 
lequel  elle  était,  se  trouvait  décarrelée  dans  presque  tous  les 
endroits  et  très  humide;  c'était  une  pure  mauvaise  volonté  de 
ce  commandant  qui  se  refusa  absolument  à  ce  que  nous 
fussions  couchés  dans  les  auberges  qui  avoisinaient  cette 
chapelle,  ef  dans  lesquelles  il  était  très  possible  de  le  faire. 
Nous  y  eûmes  également  l'étape  en  pain  et  en  viande.  Nous 
fîmes  également  faire  de  la  soupe  pour  le  lendemain  avant  de 
partir. 

Le  9  nivôse  ou  29  décembre^  un  dimanche,  nous  arrivâmes 
à  Blois.  Deux'  officiers  municipaux,  accompagnés  de  notre 
commandant  qui  avait  pris  les  devants,  vinrent  au  devant  de 
nous.  Ils  nous  accompagnèrent  jusqu'au  couvent  des 
*  Carmélites,  où  on  nous  déposa  pour  y  passer  la  nuit.  On-  nous 
y  distribua  du  pain.  Nous  fîmes  venir  des  vivres  du  dehors. 
Ensuite  de  quoy  on  nous  donna  à  partie  de  nous  des  matelas 
et  de  la  paille  aux  autres,  parce  qu'il  n'y  avait  pas  assez  de 
matelas. 

'  C'est  ce  que  la  relation  Yilleoaye  appelle  célébrer  la  fête  de  {a 
Raison  1 

*  «  Deux  of&ciers  municipaux  de  Blois  vinrent  au  devant  de  nous,  lors 
de  notre  entrée  dans  cette  ville.  Leur  présence  fit  cesser  les  injures  et 
les  menaces  dont  nous  ne  manqoîons  jamais  d'être  assaillis  ;  nous 
fûmes  logés  à  la  maîson  de»  ex«Garmélites  ;  nous  reçûmes  à  Blois  des 
parales  de  consolation^  nous  y  trouvâmes  de  l'humanité  ;  nous  y  vîmes 
des  Républicains  sensibles  à  nos  malheurs.»  (Relation  VittenaiTe,  p.  32). 


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DE   NANTES    A    PARIS  503 

Le  lendemain  10  nivôse  ou  30  décembre^  après  avoir  laissé 
malades,  à  Blois\  les  citoyens  VUlenave,  Saint' Brancard  y 
Aubty^  jeune,  et  Desbouchaud.  Nous  partîmes  au  nombre  de 
112,  nous  arrivâmes  à  Beaugency^,  où  le  citoyen  Cornet,  notre 
concitoyen^  établi  au  dit  lieu,  nous  procura  dos  logements 
dans  trois  auberges  ;  nous  y  fûmes  fort  bien  traités,  mais  il 
nous  en  coûta  fort  cher. 

Le-  ii  nivôse  ou  31  décembre,  nous  fûmes  coucher  à 
Orléans" y  dans  le  séminaire,  où  les  habitants  de  la  ville  nous 
envoyèrent  des  draps  pour  tous  ceux  que  nous  étions.  J'en 
profitai  et  me  déshabillai  pour  la  première  fois  depuis  mon 
départ  de  Nantes.  Dans  ce  lieu  nous  apprîmes  la  mort  du 
citoyen  Le  Pot  que  nous  avions  laissé  malade  à  Angers.  Nous 
nous  attendions  à  avoir  séjour  dans  cette  ville  ;  nous  avions 
mjème  intéressé  la  municipalité  à  Teffet  de  solliciter  auprès 

'  n  Nous  eûmes  le  bonheur  do  laîi<ser  à  Blois  nos  malades  :  ils  étaient 
quatre  ;  deux  sont  morts.  Nous  partîmes  au  milieu  des  clameurs, 
escortés  par  la  réquisition  de  Afer.  :k  {Relation  Villenavé), 

^  «  Nous  fûmes  bien  reçus  à  Beaugency.  On  nous  répartit  dans  trois 
auji)erges,  deux  par  lit  ou  par  matelas.  C'était  le  premier  repas  que 
nous  faisions  à  table  et  la  première  nuit  que  nous  passions  entre  les 
draps  aucun  de  nous  ne  s'était  déshabillé  depuis  trente-quatre  jours. 
Nous  avions  été  conduits  de  cachots  en  cachots,  d'églises  en  églisee, 
d'écuries  en  écuries,  couchant  toujours  sur  la  paille  souvent  pourrie.  » 
{Relation  Villenave), 

^  Cornet,  qui  était  en  effet  de  Nantes,  fut  sénateur  sous  TEmpire. 

^  <  Nous  étions  accablés  de  fatigues  quand  nous  arrivâmes  à  Orléans. 
Depuis  notre  départ  de  Saumur,  nous  avions  fait  chaque  jour,  sans 
discontinuer^  six,  sept,  huit  et  môme  neuf  lieues.  Ceux  qui  étaient 
montés  sur  des  charettes  ne  souffraient  pas  moins  que  les  piétons. 
Nous  avions  encore  plusieurs  malades  ;  nous  demandions  un  séjour  f 
l'humanité  et  la  justice  le  réclamaient.  Les  trois  agens  nationaux,  après 
s'ôtre  bien  informés  de  notre  qualité,  étaient  d'avis  qu'on  nous  Taccordât; 
le  commandant  de  notre  escorte  s*y  refusa  opiniâtrement.  On  nous  a  dit 
que  l'un  des  deux  malades  que  nous -avons  laissé  à  Orléans  y  est  mort.  » 
(RelaJtion  VillenaveJ, 


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504  VOYAGE  DES   136  NANTAIS 

du  commandant  Beauvilliers  ;  mais  il  se  refusa  à  toutes 
espèces  de  sollicitation.  Il  fallut  bien  se  soumettre  au  désir 
qu'il  avait  d'arriver  à  Paris. 

Le  lendemBÀn  i 2  nivôse  ou  1*'  janvier  i794,  vieux  style, 
après  avoir  laissé  malades,  à  Orléans,  les  citoyens  De  la  Ville 
du  Fou,  nous  en  partîmes  pour  nous  rendre  k  Arthenay*; 
avant  de  sortir  d'Orléans,  ma  belle  mère  et  ma  belle  sœur', 
me  firent  passer  chacune  300  livres  que  je  leur  avait  fait  de- 
mander en  arrivant.  Le  commandant  nous  fît  entrer  dans  les 
écuries  de  l'auberge  et  nous  refusa  la  permission  de  prendre 
des  lits.  Il  faisait  très-grand  froid,  nous  fûmes  obligés  de  cou- 
cher sur  le  fumier  qui  n'était  pas  relevé  et  sur  lequel  néan- 
moins nous  étendîmes  une  botte  de  paille  que  l'on  donna  à 
chacun  de  nous;  nous  y  reçûmes  l'étape. 

Le  15  nivôse  ou  le  2  janvier ^  nous  B,Tn\SLmes  h  Angerville* 
où  nous  couchâmes  dans  une  auberge.  J'eus  un  lit.  Je  me  des- 

'  a  Nous  ne  pouvons  que  nous  louer  du  traitement  que  nous 
aVons  reçu  dans  cette  ville  (Orléans).  Il  n'en  est  pas  ainsi  d'Âr- 
thenay.  On  nous  logea  dans  des  écuries  fétides,  sur  une  litière 
qui  n'était  autre  chose  que  du  fumier.  Les  consignes  les  plus 
sévères  nous  interdirent  d'abord  l'entrée  de  la  maison  et  toute  commu- 
'  nication  extérieure.  Le  froid  était  excessif,  et  l'on  nous  défendit 
d'allumer  du  feu  dans  la  cour,  mais  ce  qui  est  vraiment  étrange,  nous 
avions  faim,  il  nous  fut  défendu  de  faire  du  feu,  et  Ton  nous  apporta 
de  la  viande  crue.  On  nous  donna  i  peine  moitié  de  la  paille  qui  devait 
nous  être  distribuée.  Noub  nous  plalgnimes,  mais  l'aubergiste,  qui  était 
notable,  nous  menaça  du  cachot  ;  ce  ne  fut  qu'avec  beaucoup  de  peine 
que  nous  obtînmes  qu'on  nous  vendît  de  la  paille.  Sur  le  soir,  ce- 
pendant, quelques  malades  et  infirmes  purent  pénétrer  dans  la  maison 
et  se  procurèrent  des  lits  moyennant  dhc  livres,  le  très  grand  nombre 
ne  sortit  pas  des  écuries.  »  (Relation  Villenave,  p.  34.) 

'  M"*  Alix  de  la  Picardière  et  »£"•  de  Juigné. 

'  Nous  devions  çncore  loger  dans  les  écuries,  à  Angerville  :  on 
nous  avait  destiné  celles  de  l'auberge  que  tenait  le  procureur  de  la 
Commune  ;  mais  elles  étaient    plus    malsaines  encore     que    celles 


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DE  NANTES   A  PARIS  505 

habillai  et  me  mis  entre  des  draps  ;  nous  y  payâmes  tout  fort 
cher.  Un  matelas  mis  dans  la  place  avec  des  draps  et  une  cou- 
verture pour  deux  personnes  fut  payé  10  francs. 

Le  lendemain  i4  nivôse  ou  3  janvier,  nous  arrivâmes  à 
EtampeSf  où  nous  couchâmes  encore  à  l'auberge  qui  s'appelle 
les  Trois  Maures,  où  tout  le  monde  se  plaignit  en  sortant  de 
cette  auberge  d'avoir  payé  fort  cher.  J'eus  des  draps,  nous 
en  profitâmes,  le  citoyen  Fleuriot  et  moi,  ayant  toujours  été 
compagnons  de  lit  toute  la  route  et  pendant  les  séjours.  Ef- 
fectivement, nous  les  payâmes  fort  cher;  mais  nous  fûmes 
bien  chauffés. 

Le  lendemain  4  janvier  ou  15  nivôse,  nous  arrivâmes  à 
Arpajon^.  Nous  fûmes  logés  dans  une  auberge,  on  fit  payer 
un  lit  entier,  sçavoir  le  lit  de  plume,  les  draps,  une  cou- 

*  d'Arthenay,  et  d'ailleurs,  étant  ouvertes  de  toutes  parts,  il  eût  fallu 
tripler  la  garde.  Cela  fit  changer  les  premières  dispositions  ;  mais  les 
dernières  furent  si  mal  prises  que,  quoi  qu'on  nous  eût  mis  dans  deux 
auberges,  cinq  ou  six  ne  purent  esquiver  Técurie,  malgré  leurs  récla« 

^  mations.  Plus  nous  approchions,  plus,  nos  fatigues  croissaient.  Le  froid 
était  vif;  nous  allumons,  dans  la  cheminée  d'une  des  chambres,  un 
assez  petit  fagot  ;  l'aubergiste  entre,  dit  que  nous  voulons  incendier 
sa  maison  ;  il  éteint  le  feu,  culbute  le  bois,  nous  accable  d'injures,  et 
finit  par  menacer  de  nous  assommer  à  coup  de  triques.  Il  semblait  que 
presque  tous  les  lieux  de  notre  passage  dussent  être  signalés  par 
quelque  déplaisir.  »  (Relation  Villenave,  p.  35). 

'  a  Etampes  nous  consola  d'Ângerville  ;  nous  y  fûmes  traités  comme 
à  Beaugency.  Le  maire  et  le  commandant  de  la  garde  nationale  nous 
visitèrent,  et  voulurent  bien  nous  donner  quelques  marques  d'intérêt. 

c  II  est  impossible  d'ôtre  plus  mal  logés  et  plus  audacieusement  pillés 
qu'à  Arpajon.  Nous  avons  jugé  inutile  d'observer  que  tous  les  auber- 
gistes nous  ont  écorchés  ;  mais  l'hôte  d' Arpajon  passait  les  bornes.  Au 
lieu  de  paille,  il  nous  donna  des  paillasses  détestables  pour  chacune 
desquelles  il  demanda  un  prix  disproportionné,  ainsi  que  pour  son  souper, 
qui  n'était  pas  moins  détestable  que  ses  paillasses.  Gela  provenait  de  ce 
que  les  autorités  constituées  n'étaient  pas  instruites  de  notre  ^passage 
sur  leur  territoire  ;  on  nous  jetait  à  discrétion  au  premier  venu  ;  le 


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506  VOYAGE*  DES   136   NANTAIS 

verture,  10  1.,  et  le  matelas  de  ce  même  lit  mis  dans  la 
place  sur  une  botte  de  paille,  8  1.  Ceux  qui  se  firent  servir  à 
souper  payèrent  en  proportion.  Quelques-uns  de  nos  cama- 
rades furent  tellement  rançonnés,  que,  ne  pouvant  s*accorder 
avec  l'hôtesse,  ils  partirent  feans  vouloir  payer,  en  disant 
néanmoins  qu'ils  ne  payeraient  que  d'après  le  règlement  de 
la  municipalité.  J'ignore  si  depuis  ils  ont  payé  ;  ce  qu'il  y  a 
de  certain  encore  une  fois,  c'est  qu'ils  partirent  sans  payer, 
parce  que  le  commandant  pressait  trop  pour  le  départ. 

Le  i  6  nivôse^  ou  dimanche  5  janvier ,  nous  prîmes  la  route 
de  Paris.  On  nous  fit  arrêter  au  Bourg  VEgalité,  ci-devant  la 
Reine,  pour  faire  monter  en  voiture  ceux  qui  étaient  à  pied  ou 

commandant  menaça  ceux  qui  se  plaignaient  de  les  attacher  s'ils  ne 
payaient  pas.  »  [Relation  Villena.\ye). 

L'abbé  Oeniau  confirme  le  fait  ainsi  :  «  A  Langeais  ils  sont  bien  ac- 
cueillis mais  à  Angerville,  et  à  Ârpajon  la  foule  vomît  contre  eux  les 
plus  cruelles  imprécations  et  les  dépouille  de  leurs  vêtements.  En  arri- 
vant à  Paris,  ils  étaient  morts  de  misère  et  de  mauvais  traitements. . . 
Ils  restèrent  oubliés  à  la  Conciergerie,  dans  les  cachots  de  la  tour  de 
Montgomery.  Ils  ne  périrent  pas.  Le  9  thermidor  étant  survenu  ils  furent  f 
mis  en  liberté.  »  Non  pas  de  suite  mais  longtemps  après,  comme  on  le 
verra. 

'  a  Enfin  le  16  nivôse,  vers  quatre  heures  du  soir,  nous  arrivâmes  à 
Paris.  Nous  y  avions  été  précédés  par  la  même  erreur  qui  nous  accom- 
pagnait sur  la  route  ;  on  nous  annonçait  comme  des  rebelles  de  la 
Vendée  ;  on  disait  que  nous  étions  l'état-major  de  l'armée  catholique. 
Ce  fut  sans  doute  par  l'effet  de  manœuvres  qui  seront  un  jour  connues 
que,  le  lendemain  de  notre  arrivée,  tout  Paris  retentit  de  la  nouvelle 
que  cent  dix  brigands,  venus  de  Nantes,  allaient  être  fusillés  dans  la 
plaine  des  Sablons  ;  les  journaux  l'annoncèrent,  les  colporteurs  crièrent 
nos  noms  dans  les  rues  ;  et  le  peuple  trompé  se  porta  sur  les  Champs- 
Elysées  pour  nous  voir  défiler.  Chargés  de  cette  inculpation,  il  n'est 
pas  étonnant  qu'on  nous  ait  placés,  à  la  mairie,  dans  un  ci-devant 
grenier  ;  le  pavé  y  était  chargé  de  deux  pouces  de  poussière  de  plâtre, 
dont  l'aspiration  n'a  pas  peu  contribué  aux  maladies  qui  nous  ont  si 
cruellement  affectés.  Le  concierge  nous  fit  payer  pour  50  francs  de  pots 
de  chambre  qu'il  ne  nous  fournit  point  [Relation  Villenaive  p.  36-37). 


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DE  NANTBS  A  PARIS  507 

dans  des  charettes  ;  de  sorte  que  nous  étions  tous  en  voiture 
fermée. 

A  un  quart  de  lieu  de  Paris,  on  envoya  un  détachement 
de  30  ou  40  gendarmes,  pour  renforcer  notre  escorte  qui 
n'était  composée  que  des  volontaires  de  la  première  réquisi- 
tion de  Blois,  dont  la  plupart  étaient  mal  armés  ;  enfin  nous 
traversâmes  tout  Paris,  c'est-à-dire  depuis  la  barrière  d'Enfer 
jusqu'à  la  mairie  où  nous  arrivâmes  à  quatre  heures  de 
raprès-midi  ;  nous  fûmes  hués  par  le  peuple,  qui  d'après  les 
impressions  qu'on  lui  avait  donné  de  nous,  nous  prenait, 
comme  dans  presque  toute  la  route»  pour  des  brigands  de  la 
Vendée  ;  ils  disaient  même  que  nous  étions  de  l'Etat-Major 
de  l'armée  catholique  ;  nous  avons  même  appris  depuis  que 
beaucoup  de  personnes  avaient  été  au  bois  de  Boulogne  où 
elles  avaient  même  loué  des  places  pour  nous  y  voir  fusiller. 
On  nous  déposa  à  la  mairie  dans  un  grenier  auquel  on  était 
à  faire  des  réparations.  Il  y  avait  plus  de  quatre  pouces 
d'épaisseur  de  plâtre  très-humide  répandu  sur  toute  la  place. 
Ce  fut  sur  ce  plâtre  que  nous  étendîmes  une  botte  de  paille 
que  l'on  nous  distribua  à  chacun  à  plus  de  dix  heures  du 
soir,  que  nous  fûmes  obligés  de  nous  coucher  ;  quelques 
malades  eurent  des  matelas. 

Nous  arrivâmes  110  à  Pari$\  c'est-à-dire  le  môme  nombre 

'  Barthélémy  Maarice,  éldvo  de  rancienne  Ecole  normale^  dans  son 
Histoire  politique  et  àtiecdotique  desprUorude  la  Seine  (1840)  nous 
dit  que  :  «  au  fur  et  à  mtfsure  du  besoin,  on  avait  pris  en  France  d'an- 
ciennes forteresses  et  d'anciens  couvents  pour  garder  les  condamnés  ou 
les  préyenus  ;  et  nous  n*avions  pas  un  seul  bâtiment  qui  eût  été  cons- 
truit spécialement  pour  cette  importante  destination.  »  Louis  XIV  et 
Louis  XV  eurent  bien  autre  chose  à  faire  qu'à  s'occuper  des  prisons. 
€  Louis  XVI  qui  venait  d'abolir  la  question,  tourna  une  pensée  pieuse 
irers  ces  séjours  du  crime  et  de  Tinfortune.  Il  fit,  de  ses  deniers,  des 
changements  pleins  d'humanité  à  la  Conciergerie,  puis  le  23  août  1780, 
il  acheta  Thûtel  du  duc  de  la  Force  pour  y  renfermer  les  détenus  du 
Fort  TEvéque  et  du  Petit<Ghâtelet  qu'il  avait  fait  abattre.  Ainsi,  le  pre- 
mier de  ùos  rois  qui  s'occupa  de  prisons  devait  être  prisonnier,  et  cette 


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508  VOYAGE  DES  13G  NANTAIS  ' 

qui  était  parti  d'Orléans.  Il  n'en  eut  cependantque  109  qui  en- 
trèrent à  la  mairie*.  Le  citoyen  Çocaud  de  la  Villeauduc  était 
tellement  malade  qu'on  le  conduisit  de  suite  dans  la  maison 
de  santé  du  citoyen  Mahay,  rue  du  Chemin-Vert,  faubourg 
Saint- Antoine,  où  il  mourut  le  lendemain,  7  7  mud^e  ou  6 
/anvi^  /  7^4^,  vieux  style. 

Le  iS  7iivûse  ou  le  7  janvier,  à  11  heures  du  soir,  nous 
fûmes  transférés  à  la  Conciergerie^  ;  avant  de  sortir  de  la 

Goaciergerie,  qti*il  assainissait  devait  être  pour  la  reine  sa  femme,  et 
pour  sa  sœur  le  vestibule  de  i'échafaud.  / 

Sous  l'ancienne  dynastie  les  prisons  de  la  Seine  étaient  : 

La  Bastille  et  Vincennes,  prisons  d'Etat. 

Le  Fort-l'Ëvôque,  maison  de  détention  pour  les  dettiers  ainsi  que  pour 
les  comédiens  réfractaires  ou  incivils  : 

La  Conciergerie,  la  Tournelle,  le  Grand  et  le  Petit-Ghàtelet,  prisons 
proprement  dites. 

Bicêtre,  Gharenton,  Saint-Lazare,  la  Salpôtrière,  maisons  de  force 
et  de  correction,  nioitié  hôpitaux,  moitié  prisons,  également  déplorables 
sous  l'un  f*.  Tautre  rapport. 

En  4840,  les  prisons  de  la  Seine  étaient  : 

Le  Dépôt  de  la  préfecture  de  police. 

La  maison  de  justice  (Gonciergerie). 

La  maison  d'arrêt  de  la  Force. 

Le  dépôt  des  condamnés  (Roquette). 

Saint-Lazare,  maison  d'arrêt,  de  détention  et  de  correction  pour  les 
femmes. 

Les  Jeunes  Détenus  (correction  et  détention]. 

Sainte-Pélagie,  maison  d'arrêt  et  de  détention. 

Glichy,  maison  d'arrêt  pour  dettes. 

Les  Madelonnettes  (prévenus  mâles). 

Saint-Denis,  maison  de  répression,  maison  d'arrêt. 

Et  Villers-Gotterets,  dépôt  de  mendicité. 

'  •  La  Relation  Villen&ve  dit:  «  Nous  étions  partis  de  Nantes  au  nombre 
de  432  ;  nous  ne  sommes  aujourd'hui  que  quatre-vingt-dix-sept.  »  Mais 
cela  est  écrit  au  moment  du  procès.  Le  comte  de  la  Guère  n'est  pas 
tout  à  fait  d'accord  pour  les  chiffres. 

^  Le  1 8  nivôse,  nous  fûmes  transférés  à  la  Gonciergerie,  où   nous 


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DE  NANTES    A   PARIS  509 

mairie,  j'avais  donné  trofs  mouchoirs  à  laver,  que  je  n'ai  ja- 
mais pu  revoir.  Dans  notre  translation,  nous  fûmes  escortés 
par  la  gendarmerie,  la  majeure  partie  de  nous  attachés  deux 
à  deux,  et  on  en  faisait  descendre  dix  à  la  fois.  Arrivé  dans 

habitions,  pour  la  plupart,  las  cachots  de  la  tour  MontgomAry  ;  nos 
malades  remplissaient  rînfîrmerie.  (^Relation  Villenave,  p.  39). 

Le  p'  ilanthrope  anglais  Howard  dit  de  la  Conciergerie  dans  son  ezcel- 
lentlivredes  Prisonsde  France  :€  Les  cachotsy  sont  obscnrs  et  infects.» 
Mais  transcrivons  ce  passage  de  la  brochure  de  Sirey  sur  le  Tribunal 
révolutionnaire,  an  IIL  c  Entrée  à  la  Conciergerie.  —  Descends  i  la 
Conciergerie,  et  sache  tout  à  la  fois  baisser  la  tète,  lever  le  pied, 
pour  pénétrer  dans  ce  séjour  de  détresse  et  de  douleurs  (on  cffirme  que 
cette  espèce  de  porte  de  forme  si  bizarre  avait  été  faite  pour  forcer  la 
reine  Marie- Antoinette  à  baisser  la  tôte,  ce  qu'elle  sut  ne  pas  faire  tant 
elle  était  digne  ;  c'est  par  cette  porte  que  dut  passer  aussi  M.  de  la  Guère 
qui  OQCupa  quelque  temps  le  propre  cachot  de  Marie- Antoinette). 
«  Entre,  mais  ferme  les  yeux  pour  traverser  ces  corridors  lugubres  : 
des  murs  encore  teints  de  sang  rappelleraient  à  ton  cœur  les  massacres 
de  septembre  I  (M.  de  la  Guère  le  constate  dans  son  mémoire)  Rassure 
tes  sens  contre  la  voix  rauque  et  sépulcrale  d'un  guichetier,  contre  le 
regard  eCTroyable  de  son  dogue,  le  seul  être  caressé,  gras  et  heureux 
dans  les  prisons. 

«  Entre.  Tes  forces  épuisées  ont  besoin  de  nourriture  :  Eh  !  bien, 
tu  recevras  du  pain  et  de  l'eau  que  tu.  pourras  assaisonner  de  tes 
larmes  ;  tes  membres  harassés  appellent  le  repos,  eh  bien,  le  cachot 
de  Bombée  t'offrira  une  de  se&  trente-six  bières  ;  de  la  paille  pourrie, 
un  séjour  infect,  'éloigneront  peut-être  le  sommeil  de  tes  paupières  : 
tant  mieux,  car  les  rats,  pendant  que  tu  dormirais,  pourraient  bien  te 
dévorer,  tant  mieux  encore,  car  dans  les  nuits  d'été  tu  risquerais 
d'étouHer,  si  tu  n'allais  huit  ou  dix  fois  ouvrir  ta  bouche  et  rafraîchir 
tes  poumons  à  l'air  du  soupirail.  »  (La  Démagogie  à  Paris  p.  416j. 
Ces  cachots  infects  ne  servaient  môme  pas  de  prisons  sous  la  mo- 
narchie. C'étaient  les  substructions  anciennes  du  Palais,  aban- 
données depuis  longtemps.  On  connaît  toutes  les  mesures  prises 
par  rinfortuné  Louis  XVI  pour  adoucir  le  sort  des  prisonniers  et  ses 
ordonnances  spécialement  bienveillantes  pour  les  habitants  de  la  con- 
ciergerie. Ce  fut  au  nom  de  la  Liberté  de  VEgalité  et  de  la  Fraternité 
que  la  République  entassa  dans  ces  bouges  les  malheureux  dont  la 
plupart  ignoraient  les  crimes  qu'on  leur  reprochait  I 

c  Mais  n'oublions  pas  le  rapidement  :  lecteur,  ce  mot  nouveau  ne  dit 


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510  VOYAGE   DES  130  NANTAIS 

une  cour,  un  grand  cocher,  à  la  porte  de  sa  remise,  vint  à  moi% 
ouvrit  sa  tabatière  et  me  dit:  «  Tiens,  prends  une  prise  deta- 
bac,c'est  moi  quiait  conduit  leci-devant  roi  à  la  guillotine  »  ;  je 
répondis  que  cela  ne  m'occupait  pas  et  on  nous  fit  prendre  la 
route  de  notre  nouveau  gîte  qui  est  peu  éloigné  de  la  mairie. 
J'y  arrivai  portant  mon  porte-manteau,  ma  couverture,  et  un 
petit  sac  sur  le  dos  que  j'avais  fait  faire  exprès.  Dans  toute  la 
route,  je  portais  toujours  mes  petites  affaires.  Nous  arrivâmes 
à  la  Conciergerie^,  environ  le»  minuit;  nous  fûmes  distribués 
dans  différents  cachots,  sur  la  paille. 

rien  à  tes  oreilles  ?  Appreads  que  ce  nouveau  terme  signifie  une  atrocité 
nouvelle  ;  que  pourrait-il  signifier  déplus,  inventé  sous  le  règne  de  la 
tyrannie,  de  la  terreur,  pendant  le  silence  mortel  des  droits  derh<»mme  I 
Sache  donc  qu'aussitôt  descendu  de  ton  chariot,  tu  es  empoigné  par 
quatre  goujats  qui,  de  la  tète  aux  pieds,  dans  la  tresse  de  tes  cheveux, 
dans  les  replis  de  ta  culotte  et  jusqu'entre  les  semelles  de  tes  souliers, 
furètent  insolemment  pour  trouver  des  bijoux,  des  effets  précieux; 
l'or,  l'argent,  les  assignats,  les  doux  billets  de  ta  femme,  jusqu'aux 
productions  de  ton  génie,  tout  est  soumis  à  leur  investigation,  à  leur 
extorsion.  Les  femmes  y  sont  sujettes  comme  les  hommes  ;  pour  ellen 
on  double  de  zèle,  et  chacun  devine  la  délicatesse,  le  tendre  souris,  le 
mot  plaisant  dont  un  guichetier  accompagne  cette  cérémonie.  J'ai  ^  vu 
des  femmes  vertueuses,  pudiques,  s'évanouir  à  Taspect,  au  sentiment 
de  ces  manipulations  indécentes.  (La  Démagogie  à  Paris,  par  G:  A. 
Dauban,  p.  416). 

*  Le  comte  de  la  Guère  avait  la  prestance  et  même  la  corpulence 
des  membres  de  la  famille  de  Bourbon.  Son  port  de  téta  pouvaient 
lui  donner  une  certaine  ressemblance  avec  le  roi  Louis  XVI  ou  avec 
W^  le  comte  de  Provence. 

'  Le  palais  de  Justice,  V édifice  de  no9  lois  comme  disent  les 
guides,  le  capitole  de  la  France,  comme  disait  de  Thou,  ce  monument 
le  plus  curieux  et  le  plus  ancien  de  la  cité  est  le  plus  riche  à  coup 
sûr  de  grands  souvenirs.  Le  comte  Eudes  y  soutint  et  y  repoussa  un 
siège  de  deux  années  par  les  Normands  :  c'était  alors  une  forteresse. 

Le  fils  de  Hugues  Gapet,  Robert  le  Pieux,  en  fit  un  château  et  saint 
Louis  un  palais,  que  Philippe  Le  Bel  agrandit  et  où  Louis  le  Gros 
se  maria.  Louis  IX  y  promulgua  les  établissements  et  la  pragma- 
tique-sanction. Résidence  officielle  de  nos  rois  de  la  première  et  de  la 


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DE   NANTES   A   PARIS  511 

Je  fus  mis  avec  une  quarantaine  de  mes  camarades  dans 
une  ancienne  chapelle  à  rentrée  du  cachot  nommé  le  Grand 
César\  Fleuriot  et  moi  étions  à  la  porte,  où  on  nous  avait  mis 
un  seillot  pour  faire  nos  besoins;  c'était  une  infection, et  pour 
comble  d'agréments,  nous  avions  sous  les  yeux  les  traces 
du  sang  qui  avait  coulé  dans  les  prisons  les  2  et  3  septembre. 
Plusieurs  de  nos  compagnons,  logés  dans  la  tour  de  Monl- 
gomery  furent  oubliés,  lorsqu'on  ouvrit  les  portes  des  ca- 
chots où  nous  étions,  dç  sorte  qu'ils  restèrent  jusqu'à  plus 
de  deux  heures  après-midi  sans  que  Ton  s'aperçut  de  cet 
oubli.  Il  y  avait  dans  cette  tour  plusieurs  des  nôtres  malades 
qui  furent  transférés  à  Tinfirmerie*,  entre  autres  le  citoyen 

seconde  race,  ce  palais  même  devint  Tasile  de  la  justice,  la  salle  des 
fêtes  ou  des  assemblées  populaires,  quand^  pour  aller  habiter  Thôtel 
Saint- Paul  et  le  Louvre,  la  royauté  l'abandonna. 

En  1518,  uq  des  ancêtres  maternels  de  Bernardin-Marie,  Pantin 
de  la  Guère,  qui  était  un  des  plus  grands  capitaines  du  parti  armagnac, 
Raymonet  ou  Œonnet  des  Salles,  seigneur  de  la  Guère,  fut  pris  par  les 
Bourguignons  et  massacré  avec  M'^  d'Armagnac,  le  connétable  et  le 
président  de  Marie.  Son  corps  mis  à  nu  et  exposé  sur  la  table  de  marbre 
de  ce  même  palais  pendant  vingt-quatre  heures,  fut  traîné  sur  une  claye 
dans  tout  Paris  et  abandonné  dans  les  cultures  Sainte-Gatberine  après 
qu*on  lui  eût  levé  plusieurs  bandes  de  chair  sur  le  corps,  pour  y  tracer 
d'une  façon  sanglante  Técu  de  ses  armes  devant  leqael  avait  souvent 
tremblé  la  populace  parisienne  qu'il  ne  ménageait  guère  (V.  de  Ba- 
rante,Monstrelet),  le  Journal  d'un  Bourgeois  de  Paris,  Histoire  de 
Bourgogne,  et  tous  les  historiens  de  cette  époque  et  les  chroniqueurs 
de  l'un  ou  l'autre  de  ces  partis.)  Sa  réhabilitation  fut  proclamée  ensuite 
parle  roi  Charles  VII  et  divers  bien  octroyés  à  ses  enfants  en  compen- 
sation des  tourments  subis  par  leur  père  pour  la  cause  du  Roi,  c'était 
alors  dire  pour  la  France. 

*  La  dernière  tour,  moins  haute  que  toutes  les  autres,  est  encastrée 
dans  les  murs.  C'est  la  seule  qui  porte  une  couronne  de  créneaux  et 
elle  a  pris  le  nom  de  Tour  de  César,  de  ce  qu'elle  fut  élevée  sur  les 
fondations  d*un  fort  bâti  par  ce  conquérant. 

•  Pour  se  faire  une  idée  nette  de  ce  qu'était  la  Conciergerie,  ouvrons 
encore  l'ouvrage  de  Barthélémy  Maurice  qui  certes  ne  peut  être  accusé 


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512  VOYAGE  DES   130  NANTAIS 

Rogier  qui  mourut  dans  la  nuit  du  24  au  35  nivôse.  Le  méde- 
cin de  la  Conciergerie,  qui  était  le  citoyen  Thierry,  jugea  qu'il 
était  nécessaire  de  transférer  à  Belhomme,  maison  de  santé 

de  partialité  :  «  Bien  que  nous  ayons  appelé,  dit-il,  la  Conciergerie  le 
vestibule  du  tribunal  révolutionnaire,  quelques  accusés,  en  moindre 
nombre,  sont  allés  au  Luxembourg,  aux  Carmes,  à  Saint-Lazare  et  à  la 
maison  de  la  Bourbe,  que  par  une  amère  anti-phrase  on  nommait  alors 
Port^libre.  Dans  le  fort  de  la  Terreur,  la  Conciergerie  eut  une  sorte  de 
maison  d'attente  dans  les  collèges  du  Plessis  et  Louis  lé  Grand  (prison 
de  TEgalité);  4800  à  4900  détenus  y  attendaient  des  places  vacantes  à 
la  Conciergerie.  Nous  avons  vu  qu'en  1785,  au  témoignage  de  Hoiyard 
cette  prisoix  renfermait  182  détenus  civils.  Lé  voisinage  du  tribunal 
révolutionnaire^  qui  siégeait  dans  le  local  de  la  Coor  de  cassation,  y 
fit  affluer  les  justiciables  de  ce  tribunal  redouté,  et  on  les  y  enferma, 
d'abord  péle-môle  avec  les  voleurs,  puis,  exclusivement,  jusqu'au 
nombre  effrayant  de  1 100  à  1 200.  Le  local,  moins  bien  distribué  qu'au- 
jourd'hui, était  loin  de  suffire;  aussi  entassait^on  jusqu'à  50  malheureux 
dans  un  espace  de  vingt  pieds  carrés.  Nulle  distinction  de  position,  d'âge 
ou  de  texe;  la  seule  que  Ton  connaissait  consistait  en  pistoliers,  enpail- 
leuxeten  gens  au  cachot.  On  mettait  dans  chaque  chambre  autant  de  lits 
qu'elle  en  pouvait  contenir  ;  chacun  de  ceux  qui  les  occupaient,  môme 
quand  il  n'en  avait  que  la  moitié,  payait  d'abord  27  livres  12  sous  pour 
le  premier  mois  et  25  livres  dix  sous  pour  les  autres  Dans  les  derniers 
temps  de  Robespierre  40  à  50  lits  étaient  chaque  nuit  occupés  par  de 
nouveaux  hôtes,  de  sorte  que  ce  seul  article  donnait  par  mois  au  con- 
cierge. (Baule  et  ensuite  Richard)  un  produit  net  de  20  à  32000  livres. 
Les  pailleux,  c'est-à-dire  tous  ceux  qui  n'avaient  pas  pu  louer  un  lit, 
couchaient  sur  une  paille  moisie  et  pleine  de  vermine.  Les  rats  y 
étaient  en  tel  nombre  que  plusieurs  prisonniers  eurent  leur  culotte 
rongée  en  une  seul  nuit,  et  qu'il  leur  fallait  se  couvrir  la  figure  de  leurs 
mains  pour  préserver  leur  nez  et  leurs  oreilles.  On  mettait  au  cachot 
les  secrets  et  ceux  qui  étaient  plus  particulièrement  recommandés. 
Parmi  ces  cachots,  pour  la  plupart  situés  au  dessous  du  lit  de  la  rivière 
et  dans  lesquels  on  ne  pénètre  plus,  les  plus  affreux  se  nommaient 
Grand-César,  Bombée,  Saint  Vincent  et  Bel-Air.  »  (p.  199J.  Ainsi  donc 
la  Révolution  avait  réouvert  pour  les  Nantais  les  cachots  que 
Louis  XVI  avait  fait  fermer  et  interdire  pour  les  malfaiteurs.  On  sait 
en  effet  que  ce  bon  prince  avait,  de  ses  deniers  privés,  condamné  les 
cachots  qui  étaient  au-dessous  de  la  Seine  et  tous  ceux  trop  sombres  ou 
trop  malsains,  tels  que  Bombée  et  le  Grand-César. 


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DE   NANTES   A   PARIS  513 

rue.  de  Charonne,  faubourg  Saint-Antoine,  n"  70',  les  plus 
malades,  26  de  nos  camarades  furent  envoyés  chez  le  dit  ci- 
toyen Belhomme  le  25  nivôse.  Le  lendemain  26  et  28  nivôse, 
37  autres  furent  aussi  transférés  chez  le  dit  Belhomme,  ce 
qui  porte  le  nombre  à  63.  Onze  autres  ont  été  transférés,  à  peu 
près  dans  le  même  temps,  à  Thôtelde  la  Force,  et  depuis  trans- 
férés dans  des  maisons  de  santé.  Le  surplus  a  été  retransféré 
au  petit  Bercy,  chez  le  citoyen  Piquenot,  près  Paris,  n^  48,  et 
dans  différentes  maisons  de  santé  et  à  différentes  époques. 
Je  restai  plusieurs  jours  dans  ladite  ancienne  chapelle,  et 
j'habitai  après  un  autre  endroit  nommé  Saint- Vincent',  jus- 

'  L'Hist.  d'AncenU  de  M.  Maillard  noas  apprend  que  le  marquis 
de  la  Guère  (Philippe  André),  le  frère  aîné  de  l'auteur  de  ces  mémoires), 
ancien  officier  de  dragons  avait  été  encore  détenu  dans  cette  maison  de 
•anté  qui  servait  dé  prison  et  renfermait  presque  en  même  temps 
Madame  la  duchesse  d'Orléans  et  plusieurs  autres  prisonniers  de  dis- 
tinction. Ce  fut  sans  doute  à  cette  heureuse  circonstance  que  le  marquis 
de  la  .  Guère  dut  de  ne  mourir  que  fort  longtemps  après  cette  triste 
époque  de  notre  histoire. 

Le  31  août  1794,  Belhomme  n'avait  plus  que  19  prisonniers.  >  Il  est 
vrai  que  c'était  35  jours  après  la  chute  de  Robespierre.  Constatons 
que  le  3  messidor  (20  juinj^  36  jours  avant  cet  événement,  la  liste 
de  présence  dans  les  28  prisons  de  Paris  s'élevait  à  7465  indi- 
vidus de  tout  âge  et  de  tout  sexe,  tandis  que,  37  jours  après  la  mort 
de  Robespierre^le  môme  inventaire  donnait  un  total  de  5106  prisonniers 
d*après  Olivier  et  Mercy.  Les  maisons  de  santé  étaient  des  sortes 
d'infirmerie  où  Ton  était  plus  facilement  oublié^  la  surveillance  y  était 
moindre,  le  secret  moins  rigoureux.  Quoique  bien  malade  lorsqu'on 
y  était  envoyé,  les  prisonniers  désiraient  tous  y  être  détenus. 

^  L'Alm&nach  des  prisons  dit  à  la  page  l32  :  c  Rien  de  si  terrible 
que  les  cachots  de  la  Conciergerie.  Dans  celui,  appelé  Bombée,  des 
cadavres  vivants  étaient  couchés  entre  des  planches,  dont  la  forme 
représentait  des  bîerres,  et  d'où  l'on  voyait  sortir  tous  les  matins  des 
vapeurs  méphitiques  qui  pendant  longtemps  en  bouchaient  l'entrée. 

Dans  celui  appelé  Saint- Vincent,  les  prisonniers  étaient  si  pressés 
rhiver  dernier,  et  l'on  y  respirait  un  air  si  corrompu  que  sur  36  mal* 
heureux  qui  y  étaient  renfermés,  29  en  ont  été  rétirés  morts  successivement. 
Au-dessus  de  ce  cacbot  on  voyait  souvent  Fouquier-Tinville,  à  travers 


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514  VOYAGK   DES    136  NANTAIS 

qu'au  6  pluviôse,  qu'on  me  transféra  avec  Fleuriot  et  six 
autres  chez  le  citoyen  Picquenot.  Nous  y  fûmes  conduits  par 
un  huissier  et  un  gendarme.  Il  nous  en  coûta  15  1.  à  chacun. 
Pendant  mon  séjour  à  la  Conciergerie',    il  m'en  coûtait  par 

les  barreaux  d'une  fenôtre,  plonger  be  tuo  sur  les  victimes  errantes 
dans  la  cour  et  sembler  indiquer,  désigner  celles  que  l'on  immolerait 
le  lendemain. 

*  En  4840,  le  tarif  des  prisons  était  de  15  centimes  par  jour,  soit 
2  fr.  25  par  mois,  d'après  Barthélémy  Maurice,  p.  24.  Qu'on  juge  de 
la  différence  I... 

VAlmanachet  le  tableau  cjes  prisons  (p.  56)  dit:  .<  J'ai  resté  six 
mois  à  la  Conciergerie  en  proie  aux  plus  horribles  anxiétés,  j'y  ai  vu 
le  tableau  mouvant  des  nobles,  des  prêtres,  des  marchands,  des  ban- 
quiers, d'hommes  de  lettres,  d'artisans,  de  cultivateurs  et  de  sans- 
culottes.  La  faulx  du  temps  en  a  moissonné  les  99  centièmes. . .  J'ai 
vu  des  curés  respectables  qui  disaient  leur  bréviaire  en  se  couchant, 
qui  ont  exercé  dans  leurs  villages  des  actes  de  vertu  et  de  bienfaisance, 
ils  me  parlaient  des  miracles  du  Christ «..  J'ai  vu  des  marchands  et 
des  banquiers  qui  avaient  reçu  leur  acte  d'accusation,  et  qui,  avant  de 
se  mettre  au  lit,  faisaient  le  relevé  de  leurs  capitaux,  compulsaient 
Barréme  et  faisaient  des  règles  de  compagnie.  J'ai  vu  des  sans-culottes 
sacrifiés  à  des  haines  obscures.  J'ai  vu  des  cultivateurs  dire  leurs 
prières  matin  et  soir,  se  recommander  à  la  bonne  Vierge  Marie, 
faire  le  signe  de  la  croix  lorsqu'il  tonnait,  détester  les  brigandages  de 
leur  seigneur  émigré,  bénir  la  Révolution,  mais  ne  vouloir  pas  en- 
tendre parler  du  curé  intrus,  regrettant  les  messes^  les  sermons  et  les 
prônes  du  réfractaire.,. 

Je  m'arrête...  ici  finit  mon  travail.  Cœurs  sensibles,  n'approchez  pas 
de  la  Conciergerie.  Magistrats  du  peuple,  parcourez  ces  lugubres  en- 
ceintes ;  ce  ne  sont  pas  des  animaux  qui  les  habitent,  ce  sont  des 
hommes  » 

Les  plus  anciens  registres  d'écrous  de  la  Conciergerie  datent  de 
1500, 1506,  1532, 4564,  puis  la  suite  continue  avec  quelques  lacunes  et 
forme  ainsi  une  collection  peut-être  unique  au  monde  mais  dans  un 
pitoyable  état  de  dégradation,  malgré  la  dissolution  mercurielle  dans 
laquelle  on  les  a  plongés  sur  l'ordre  de  M.  Delessert.  Ils  sont  depuis 
renfermés  dans  des  cartons  faits  exprès.  La  période  révolutionnaire  com- 
prend deux  registres  spéciaux,  le  premier  entièrement  plein  et  le  second 
aux  trois  quarts  seulement.  Ils  contiennent  les  noms  des  prisonniers  de 


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DE   NANTEvS   A   PARIS 


515 


jour  environ  4 1.,  sans  pain,  parce  qu'on  nous  en  donnait 
tous  les  jours  qui  était  fort  bon.  Chez  le  citoyen  Picquenot 
il  nous  en  coûte  pour  un  seul  repas'  et  une  demie  bouteille 
de  vin,  pour  notre  garde,  le  feu  et  la  chandelle,  par  jour  51. 
8'  6<»  nous  y  sommes  passablement  bien ,  jusqu'à  ce  qu'il 
plaise  au  gouvernement  de  nous  élargir.  Nous  sommes  dans 
cette  maison24Nantais,oulre  le  citoyen  La  Vilette,  imprimeur, 
la  citoyenne  et  le  citoyen  Auriolle,  ci-devant  à  la  Monnaie 
dont  il  était  un  des  juges,  et  sa  femme,  négociants  en  bijoux, 
le  citoyen  et  la  citoyenne  Vermont,  ci-devant  accoucheur  dé 
la  Reine,  la  citoyenne  Desparbès  et  plusieurs  autres  pension- 
naires libres  et  d'autres  qui  y  sont  pour  folie,  tels  que  la  cito- 
yenne Saint-Chamanfe  de  Canonville,  normande,  et  5  autres 
La  citoyenne  Vermont  est  morte  aujourd'hui,  le  16  germinal 
ou  15  avril  1794,  vieux  style. 

En  arrivant  chez  Belhomme*  le  citoyen  Sarrebourse,  négo- 
ciant de  Nantes,  mourut,  ce  fut  le  25  nivôse  ou  14  janvier 
1794,  vieux  style. 

la  Conciergerie  jugés  par  le  tribunal  extraordinaire  qui  prit  depuis  le 
titre  plus  franc  de  tribunal  ré»oJu«onnaire.car  il  porte  à  la  première 
page  :  c  Regiitre  contenant  328  feuillets  cotés  et  paraphés  par  nous  Jean- 
Antome  Larau,  président  de  la  seconde  section  du  tribunal  criminel 
extraordmaire,  le  premier  noTembre  1792.  »   Mais  bientôt    on  nense 
que  ce  premier  tribunal  ne  foncUonne  que  mollement  etan5«  feuillet 
se  trouve  un  nouvel  en  tête  :  «  Registre  contenant  315  feuillets  pour 
servir  au  concierge  de  la  Conciergerie  à  l'effet  d'y  enregistrer  les  pri! 
sonmers  qu,  doivent  être  jugés  par  le  tribunal  criminel  .xtr«,rdinLe 
et  revolatiomiaire  établi  par  la  loi  du  <0  mars  1793,  «n  II*  de  la  Ré 
pubUque    ton.  lesquels  feuillets  ont  de  cotés  été  paraphés  par  nous' 
Jacques-Bemard-Marie  Montané.  président,   fait  en  la  Chambre  dû 
con^il.  au  Palais  à  Paris,  le  18  mars  1793,  l'an  deuxième  Sri  Ré- 
publique ;  dès  ce  moment  le  tribunal   révoluUonnaire  n'a  plus  «nie 
ÎsuisT"'"  ''  ^'"'^"''*"°'°'  ''  ^^  """^  (Barthélémy  Maurice  p. 
'C'est  de  chez  Bejhommo  que  l^  Relation  Ki«e„a«e  est  datée  • 
.Paris,  maison  Belhomme,  rue  Charo'hne.   faux  bounr  Antoine   le 
J«  messidor,  an  deuxième  de  la  République  française,  un^et  inSi! 


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516  VOYAGE   DES   136  NANTAIS 

Jje  lendemain  26  nivôse  ou  le  15  janvier,  vieux  style,  17Ô4, 
le  citoyen  Prebois  mourut  également  dans  la  môme  maison*. 

Les  autres  citoyens  qui  sont  morts  dans  la  même  maison 
sont  : 

Devai/y  aîné,  mort le  28  nivôse  ou  le  17  janvier  1794. 

f:-  Beco?inais,  mort le  26    —    ou  le  15  — 

I  Borgiiier,  mort le  29    —    ou  le  18  — 

I  Garreau,  moT\.  le  3pluv.  oule22         — 

|- .  Montréal,  mort le   5    —     ou  le  24  — 

l'  Aubnj  V'àXné,  mort le  10   —    ou  le  29         — 

't.  Landais  Dupé,  mori le  11    —    ou  le  30         — 

Ballais,  mort le  11    —    ou  le  30.         — 

Chevalier,  movi le 27   —     ouïe   8  février. 


Noms  de  ceux  qui  sont  morts  à  la  Conciergerie. 

Bidet  y  mort le  3  pluviôse  ou  le  24  janvier. 

Watin,  movl le  6        —       ou  le  25      — 

Noms  de  ceux  qui  sont  morts  à  la  Force, 

Cherriére,  mort le  25  nivôse  ou  le  14  janvier. 

De  Menou,  père,  mort le    3  pluv.    ou  le  22      — 

De  Menou,ti\SymoTl le    5    —       ou  le  24      — 

Ilugiiet,  aîné,  mort le    2  vent,  ou  le  20  février. 

De  Coutancesj  mort le   6  pluv.   ou  le  25  janvier. 

On  lui  trouva  50  louis  d'or  en  deux  bourses. 

*  On  lit  dans  la  Relation  Villenave  (p.  38)  :  a  Nous  étions  partis  de 
Nantes  au  nombre  de  cent-trente-deux  ;  nous  ne  sommes  aujourd'hui 
que  quatre-vingt-dix-sept.  Trente*six  étaient  déjà  morts  de  misère. 
Depuis  notre  translation  air  ci-devant  collège  du  Plessis,  le  citoyen 
Abraham,  juge  de  paix  à  Nantes,  vient  encore  de  mourir,  et  plusieurs 


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Dlfi  NANTES  A   PARIS  517 


Noms  de  ceux  qui  sont  morts  à  Bercy. 

Fourra/  de  Salembenis,  mort    le  12  pluviôse  ou  31  janvier. 
Pisafîçon y  mort le  13       —      ou  !•' février. 


Noms  de  ceux  qui  sont  morts  à  Angers, 

ChareUe-Boisfoucattd,  mort,  le  14  frimaire  ou    i  décembre. 

Gautier,  Ris,  mort le  21       —     ou  11       — 

Joseph  de  Monti,  mort dans  le  mois  de  pluviôse. 

Garet  du  Chatelier^  mort. . . .  dans  le  mois        -- 

Du  Pont  la  Roussière,  mort,  dans  le  mois       — 

Le  Poif  mort ,  dans  le  mois  de  pluviôse. 

Luette  la  Fillorgerie,  mort. .  le  27  frimaire  ou  14  décembre. 

Colel,  mort dans  le  mois  de  pluviôse. 


Noms  de  ceux  qui  sont  morts  àBlois» 

Saint'Bla)uardy  mort dans  le  mois  pluviôse. 

Aubry,  jeune,  mort' dans  le  — 


Total  des  morts 

A  Paris 22 

A  Angers 9 

A  Blois 2 


Total  général 33 

d'entre  nous  sont  menacés  d'une  rechute  funeste.  »  «  P,  8.  fies  nantais 
sont  restés  détenus  rue  Gharonne,  faubourg  Antoine,  an  petit  Bercy^  à 
la  Polie-Renaud  et  ailleurs,  jusqu'au  5  thermidor,  époque  remarquable 
à  laquelle  ils  ont  été  réunis  maison  de  TEgalité,  ci-deyant  collège  du 
Plessis,  rue  Jacques.  » 

T.  Vï.  —  NOTICES.  —  VI»  ANNKK,  5*  ClV.  3i 


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518  VOYAGE   DES   136  NANTAIS 

Les  citoyens  Villenave  et  des  Bouchauds  laissés  à  Blois  ont 
été  conduits  il  Paris  et  mis  de  suite  à  la  Conciergerie.  D'où  le 
citoyen  Villenave  a  été  transféré  à  Belhomme  et  de  là  au 
ci-devant  archevêché^ dans  lequel  lieu  le  citoyen  Des  Bouchauds 
est  aussi  ayant  été  transféré. 

Le  9  pluviôse  ou  28  janvier,  le  maire  deParis  avec  plusieurs 
administrateurs,  étant  allés  faire  leur  visite  à  la  maison  de 
santé  tenue  par  le  citoyen  Belhomme,  rue  de  Gharonne, 
questionnèrent  beaucoup  les  Nantais  sur  la  manière*  dont  ils 
étaient  traités,  sur  le  prix  qu'ils  payaient,  et,  d'après  leur 
rapport  qu'ils  vérifièrent^  ayant  fait  beaucoup  de  reproches 
au  dit  Belhomme,  ils  jugèrent  à  propos  de  verbaliser  contre 
lui,  et,  en  se  retirant,  de  le  faire  arrester  et  constituer  prison- 
nier, ainsi  que  la  nommée  N...  qui  était  attachée  à  cette 
maison  ;  mais  celle-ci  rentra  le  lendemain,  et  on  plaça 
pourrégisseur,en  lieu  et  place  du  citoyen  Belhomme,le  citoyen 
Hervieux. 

Le  26  pluviôse,  ou  le  jeudi  44  février,  nous  apprîmes  que 
la  veille,  environ  sept  heures  du  soir,  la  citoyenne  Borgnier\ 
qui  était  accourue  de  Nantes  pour  donner  des  soins  à  son 
mari,  n'ayant  pu  survivre  à  sa  mort,  s'était  jetée  par  la 
fenêtre  d'un  second  étage  de  l'Hôtel  del'Europe,  rue  du  Temple, 
et  s\  ait  tuée.  J'ai  omis  de  dire  qu'à  notre  arrivée  à  Paris, 
les  femmes  d'une  partie  de  nos  compatriotes,  s'empressèrent 
de  venir  joindre  leur  mari  pour  leur  procurer  les  secours 
dont  ils  avaient  besoin.  Pour  moi  j'ai  eu  le  plaisir  d'embrasser 
la  mienne  et  mon  enfant,  les  premiers  jours  de  ventôse'; 

'  Nous  lisons  dans  la  relatioa  Villenaye  à  la  1*  page  :  c  Le  dtoyen 
Borgnier,  qui  est  mort  à  Paris,  et  dont  l'épouse  s'est  de  désespoir 
jetée  par  une  fenêtre  de  la  rue  du  Temple  (hôtel  de  l'Europe)  réclama 
contre  son  envoi  à  Paris  et  prqiesta  qu'il  n'était  point  inscrit  sur  la 
liste  ;  mais  bien  un  nommé  Borgnis  auquel  on  le  substituait.  » 

'  Cette  époque  correspond  au  20  au  25  février.  Or,  voici  que  nous 
trouvons  dans  YAlm&nach  et  tableau  des  prisons  le  tableau  suivant 


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DE   NANTES  A   PARIS  519 

depuis  ce  moment  je  suis  toujours  à  Bercy  où  nous  ne  pou- 
vons avoir  de  correspondance  avec  personne  du  dehors. 
Depuis  le  25  ventôse  à  cause  d'une  conspiration,  qui  a  été 
découverte  et  qui  nous  est  on  ne  peut  pas  plus  étrangère, 
enfin  pour  sécurité  générale,  on  a  pris  cette  précaution.  Les 
auteurs  de  cette  conspiration  sont  :  Hébert,  autrement  le  Père 
Duchesne,  Ronsin,  Momoro,  Vincent  et  autres  qui  ont  été 
guillotinés*. 

Depuis  il  s'est  découvert  que  Danton,  Camille  Desmoulins» 
Fabre  d'Eglantinet  Philippeaux  et  autres  étaient  complices 
de  cette  infernale  machination.  Ces  derniers  ont  subi  le 
même  sort,  hier  15  germinal  ou  4  avril  ;  puissions-nous  après 
tout  ceci  avoir  la  paix. 

.5  avril  i754,— Quand  tu  écriras  à  la  citoyenne  Bonvoi- 

(p.  20.  Paris,  chex  Michel,  rue  des  ProuTaires  n«  54,  aa  III  de  la 
République.)  c  Après  avoir  franchi  la  première  grille,  (j'ai  déjà  dit 
qu'il  y  eu  a  quatre),  voua  vous  trouvez  dans  une  enceinte  formée  toute 
de  barreaux  de  fer.  Lorsque  les  communications  avec  Textérieur  snbsii* 
talent,  c'était  là  que  les  prisonniers  de  ce  côté  voyaient  leurs  con« 
naissances.  Lee fimmes  dont  la  sensibilité  est  plus  grande,  le  courage 
plus  résolu,  raine  plus  compatissante,  plus  portée  à  secourir,  à  par- 
tager le  malheur,  les  femmes  étaient  presque  les  seules  qui  osassent  y 
pénétrer,  et,  il  faut  le  dire,  c^était  surtout  elUs  qu  on  aimait  i  y 
recevoir.  Là  les  maris  redevenaient  amans,  et  les  amans  redon>)laient 
de  tendresso  ;  il  semblait  qu'on  fut  convenu  de  se  dépouillei  de  cette 
pudeur  grimacière,  très  bonne  quand  on  peut  attendre  des  momentaplus 
favorables  ou  chercher  des  lieux  plus  commodes.  Les  plus  tendres  baisers 
étaient  sans  cesse  pris  et  rendus  sans  résistance  comme  sans  scrupule.  Il 
y  avait  de  quoi,  faire  enrager  ces  figures  blêmes,  qui,  toujours  jalouses 
du  bonheur  des  autres,  ne  jouissent  que  par  les  tourmens  dont  ilà  sont 
les  auteurs  ou  les  complices  ;  il  est  vrai  que  ces  plaisirs  étaieût  quel- 
quefois troubles  par  l'aspect  des  malheureux  condammés  à  mort,  qu'on 
descendait  du  tribunal  et  qui  traversaient  Tenceinte  dont  je  parle. 
Alors  il  se  faisait  un  moment  de  sUence,  on  se  regardait  avec  crainte, 
'  puis  on  s'embrassait  avec  un  tendre  intérêt  et  les  choses  reprenaient 
insensiblement  leur  cours.  » 

*  Tous  ces  personnages  sont  trop  connus  pour  qu'il  soit  utile  de 
rappeler  ici  leur  biographie. 


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5î20  VOYAGE  DES   130  NANTAIS 

sie',  prie-la  de  l'envoyer  à  l'adresse  de  ta  sœur  Olympe 
les  malles  que  tu  as  faites  et  ce  qu'elle  pourra,  si  la  chose  se 
peut  sans  se  compromettre  ;  je  te  prie  aussi  de  lui  dire  com- 
bien je  suis  sensible  aux  soins  qu'elle  prend  pour  ma  chère 
Delphine  et  pour  son  mari.  J'en  serai  reconnaissant  toute 
ma  vie.  Marque-lui  aussi  que  je  prie  François'  de  prendre 
en  son  nom  le  quartier  de  vigne  que  j'avais  pris  à  la  Guère 
pour  m'amuser',  il  peut  prendre  aussi  celui  qui  était  réservé 
pour  la  maison.  Dans  son  nom  dis-lui  mille  choses  et  à  sa 
famille  de  ma  part.  Son  parent  se  porte  bien.  Adieu.  Voici  Ta- 
dresse  dont  le  citoyen  Picquenot  nous  avait  parlé  pour  con- 

^  Son  mari  n'aurait->il  pas  été  ce  courageux  jardinier  qui  est  mort  sur 
les  marches  du  perron  du  château  de  là  Guère  ea^sau.vant  la  vie  de 
M™*  de  la  Guè4*e  et  de  sa  fille  ?...  Je  le  croirais  volontiers.  J'en  verrais 
presque  l'aveu  dans  cette  expression  naïve  de  reconnaissance. 
Cependant,  ayant  prié  M.  l'abbé  Pasquier  de  faire  une  enquête  à  ce 
sujet,  ce  digne  ecclésiastique  me  répond  :  «  J'ai  fait  prendre  des  « 
informations  au  sujet  du  jardinier  de  la  Guère  en  1793.  Le  seul 
témoin  qu'on  ait  pu  trouver  est  un  vieillard  de  96  ans  nommé  Caillât, 
qui  se  souvient  avoir  connu  plusieurs  jardiniers  à  la  Guère  dans  son 
enfance  et  avoir  souvent  joué  avec  eux.  Celui  qui  lui  paraissait  le 
principal,  et  dont  il  a  le  souvenir  plus  présent  se  nommait  Raimbert. 
J'ai  prié  de  se  renseigner,  si  on  le  pouvait  auprès  d'autres  personnes. 
Bi  on  trouvait  des  données  plus  précises  je  vous  les  ferais  connaître.  » 
Lettre  du  Î5  septembre  1886.  (Note  du  C^  de  la  Guère.) 

'  François  était  probablement  le  fils  de  la  femme  Beauvoisie  qui 
recevait  déjà  le  prélude  des  récompenses  que  lui  avaient  méritées 
la  mort  courageuse  de  son  père  et  son  superbe  dévouement, 

'  Bernardin  Marie,  quoique  n*étant  pas  propriétaire  du  château  de  la 
Guère,  administrait  la  propriété  depuis  que  son  frère  le  marquis  avait 
été  détenu,  et  il  l'avait  été  avant  lui.  Du  reste,  comme  autrefois  c'était 
l'usage,  la  terre  de  famile  resta  longtemps  indivise.  L'ainé  abritait 
dans  ce  nid  de  famille  tous  ses  cadets,  ses  sœurs  non  mariées,  qui 
prélevaient  sur  le  revenu  total  leur  entretien,  leurs  pensions,  leurs 
dots  en  laissant  le  fond  qui  faisait  après  leur  mort  retour  à  l'atné,  à  la 
famille.  Et  cela  durait  depuis  les  assises  du  comte  Geoffroy  en  1 200 
sans  susciter  de  réclamations. 


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.  DE   NANTES   A   PARIS  521 

sulter  raffairedes  biens  de  monfrèreMl  s'appelle  Pochet,  de- 
meurant  Vieille  rue  du  Temple,vis-à-vis  le  cul-de-sac  d'Argen- 
pon.  Tu  as  aussi  une  lettre  pour  le  citoyen  Legris,  avec  lequel 
tu  conféreras  sur  tout  ce  que  je  lui  marque  ;  tu  lui  parleras 
du  citoyen  Pochet  comme  d'un  honnête  homme  qu'on  nous 
a  indiqué,  et  très  en  état  de  nous  donner  des  conseils  pour 
faire  lever  le  séquestre. 
Prison  de  Bercy,  5  avril  1794'. 

Comte  B.-M.  de  la  Guère. 
(A  sîiirrr.J 


*  Il  s'agissait  de  faire  lever  le  équestre  mis  sur  les  biens  da  marquis 
de  la  Guère  depuis  son  incarcératioa.  Les  démarches  réassirent  et  le 
séquestre  fut  levé  peu  après. 

'  La  libération  n'eut  lieu  qu'en  septembre  1794. 


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LA  VÉRITÉ  SUR  LA  PATERNITÉ 
DES  PEINTURES  DE  LA  COUPOLE 

ET  DU  VIEUX  CHŒUR  ROMAN 

DE  LA  CATHÉDRALE  DE  NANTES 


L'année  dernière,  nous  avons  cra  devoir  redresser 
quelques-unes  des  graves  erreurs  qui  s'étaient  glis- 
sées dans  une  publication  de  «  Documents  pour  5er* 
vir  à  rhistoire  de  la  cathédrale  de  Nantes.  »  Nos 
observations  déplurent  à  quelques-uns  des  amis  de  l'auteur. 
L'opinion  de  quelques-uns  de  ceux-ci  n'était  peut-être  pas 
mieux  établie  que  celle  exprimée  par  Bridoison.  «  Mon  avis 
sur  ce  que  je  vois,  Monseigneur?  Ma  foi,  je  ne  sais  trop 
que  dire  :  voilà  ma  façon  de  penser,  » 

Pour  nous,  sans  nous  mettre  en  peine  des  blâmes  ou  des 
approbations,  nous  étions  désireux  de  jeter  de  la  lumière  sur 
quelques  points  obscurs  ;  et  c'est  encore  ce  que  nous  allons 
essayer  de  faire  à  Tégard  des  peintures  de  la  coupole  et  du 
vieux  chœur  roman  de  la  cathédrale  de  Nantes  ;  nous  allons 
en  établir  la  véritable  paternité,  en  donnant  leurs  actes  de 
naissance  authentiques.  Disons  d'abord  comment  nous  avons 
été  conduit  à  constater  l'étonnante  méprise  qui  jusqu'à  pré- 
sent a  été  acceptée,  sur  ce  sujet,  par  les  archéologues  et  les 
érudits. 
Quand,  vers  1865,  on  démolit  les  deux  murs  qui  séparaient 


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LA  VÉRITÉ  SUR  LA   PATERNITÉ  DES   PEINTURES  523 

le  centredu  transept  et  les  bras-de-croix,  on  crut  que  quelques 
mouvements  s*étaient  produits  dans  les  arcades  débouchées 
par  cette  opération,  ainsi  que  dans  la  coupole  romane,  qui 
existe  encore»  mais  qui  doit  disparaître  tout  prochainement, 
et  Ton  eut  quelques  craintes  relativement  à  la  stabilité  de  ces 
anciennes  constructions. 

Des  échafaudages,  établis  pour  permettre  de  voir  de  plus 
près  Tétat  de  cette  portion  du  vieil  édifice,  nous  fournirent 
l'occasion  d'examiner  les  peintures  de  la  coupole  et  celles  de 
la  voûte  de  la  partie  du  chœur  qui  lui  était  contigûe,  et  qui  a 
été  démolie  il  y  a  quelques  années,  avec  ce  qui  restait  de 
Tabside  romane. 

Sur  cette  voûte  du  chœur,  on  reconnaissait,  malgré  des  dé- 
tériorations, un  Christ  debout  et  resplendissant  de  lumière, 
ayant  à  ses  côtés  Moyse  et  Elie,  puis  trois  autres  personnages 
prosternés.  Evidemment  le  sujet  traité  dans  cette  partie  était 
la  Transfiguration. 

Il  n'y  a  pas  à  hésiter  non  plus  sur  le  sujet  des  peintures 
moins  endommagées  de  la  coupole  et  qui  est  la  Descente  du 
Saint-Esprit  sur  tes  Apôtres.  Des  arcades,  figurées  à  la  base 
de  la  coupole  et  dans  tout  son  pourtour,  forment  une  enceinte 
dans  laquelle  la  Vierge  et  les  Apôtres  sont  assis  en  cercle.  La 
Vierge  occupe  la  pleice  centrale  du  côté  du  chœur  ;  c'est-à-dîre 
que,  en  se  plaçant  dans  la  nef,  on  la  voit  de  face.  Au-dessus 
des  arcades  est  peint  un  ciel  semé  de  langues  de  feu  ;  au 
sommet,  plane  une  colombe  entourée  de  rayons  lumineux. 

Ces  peintures  de  la  coupole,  comme  celles  du  chœur,  avaient 
été  couvertes  d'un  badigeon  à  l'époque  de  la  Révolution.  La 
municipalité  publiait,  le  19  juillet  1794,  un  arrêté  qui  prescri- 
vait de  faire  disparaître  toutes  les  représentations  rappelant 
les  idées  anciennes.  Il  fallait  môme,  pour  se  conformer  com- 
plètement à  cet  arrêté,  qu'une  teinte  c  rembrunie  rendit 
uniforme  la  couleur  des  murs  >. 

Ce  badigeon  fut  gratté  en  1834. 


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r»2i  LA   VÉRITÉ   SUR  LA   PATERNITÉ  DES  PEINTURER 

Mais  quel  est  l'auteur  de  ces  peintures?  Telle  est  l'intéres- 
sante question  que  nous  voulons  résoudre. 

Jusqu'ici,  tous  les  écrivains  qui  se  sont  occupés  des  décora- 
tions de  la  coupole,  les  ont  attribuées  à  Charles  Erard,  peintre, 
architecte  et  graveur,  né  à  Nantes  dans  les  premières  années 
du  XVII*  siècle ,  et  cette  opinion  avancée  une  première  fois 
sans  examen  et  sans  preuve,  acceptée  depuis  par  tous  ceux 
qui  ont  écrit  sur  ce  sujet,  n'a  jamais  été  contredite;  cepen- 
dant elle  est  complètement  erronée. 

Rappelons  d'abord  les  principales  opinions  émises. 

Dans  son  c  Dictionnaire  géographique^  historique  et  poli- 
tique des  Gaules  et  de  la  France'  »  publié  de  1762  à  1760  et  qui 
contient  beaucoup  de  documents  très  intéressants,  Tabbé 
J.  Joseph  Expilly  donne  cette  indication  pour  laquelle 
malheureusement  il  n'était  pas  sufOsamment  renseigné  : 
«  Charles  Krard,  peintre  et  architecte,  né  à  Nantes  en  1606, 
mort  à  Paris  en  1689,  commença  par  essayer  dans  sa  patrie 
ses  talents  supérieurs  pour  la  peinture.  Il  peignit  à  fresque 
la  coupole  en  dôme  du  chœur  de  l'églis^e  cathédrale  de  Saint- 
Pierre  de  Nantes.  Cette  peinture  représente  la  Descente  du 
Saint  Esprit  sur  les  Apôtres.  Dans  la  sacristie  de  la  môme 
église,  est  un  grand  tableau  de  chevalet  représentant  Notre- 
Seigneur  qui  donne  les  clefs  à  saint  Pierre,  etc.  C'est  une 
tradition  commune  parmi  les  artistes  qu'il  fut  le  premier 
directeur  de  l'Académie  de  peinture  et  sculpture  établie  en 
1665,  par  Louis  XIV,  dans  la  capitale  du  monde  chrétien.  » 

Guimar  dans  ses  Annales  nantaises,  édition  de  l'an  III  de 
la  République,  reproduisit  ce  renseignement  en  lui  donnant  le 
costume  de  l'époque  :  «  Charles  Erard,  peintre  et  architecte, 
né  en  1606,  peignit  à  fresque  la  coupole  du  chœur  de  la  ci- 
devant  cathédrale  de  Nantes.  Dans  la  sacristie  de  la  môme 
église,  on  voyait  un  tableau  :  Jésus-Christ  présentant  les  clefs 

*  e  Tolumes  in-fol.  Paris,  Desaint  et  SaiUant.  Lês  matériaux  de  rarticle 
sur  la  Tille  de  Nantes  furent  lournis  à  l'abbé  Expilly  par  le»  Nan- 
tais Pierre  Grelan,  Jean-Mathurin  Hubelot  et  D**'. 


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DE    LA    CATIlI^UnALE   DK    N'ANTKH  5'^.") 

à  saint  Pierre...  On  prétend  qu'il  fut  le  premier  directeur  de 
TÂcadémie  française  de  peinture  à  Rome*.  » 

Dans  son  Histoire  de  Nantes^  Guépin  écrivit  à  son  tour  : 
«  Pendant  la  durée  du  XVII*  siècle,  notre  ville  ne  produisit 
qu'un  artiste,  Charles  Erard,'peintre  et  architecte,  mort  à 
Rome  en  1689.  Il  peignit  à  fresque  la  coupole  du  chœur  de 
notre  cathédrale  ;  mais  le  vandalisme  de  1793  a  détruit  son 
ouvrage...  Il  a  été  déplus  directeur  de  l'Académie  française 
de  peinture*.  » 

Dans  une  brochure  anonyme  sur  la  cathédrale  publiée,  en 
1846,  chez  Sébire,  libraire  à  Nantes,  on  lit  :  «  Le  chœur,  que 
la  restauration  complète  de  TédiSce  doit  faire  disparaître, 
avait  sa  coupole  peinte  par  Erard,  directeur  de  TAcadémie 
française  de  peinture  &  Rome,  mort  en  1689.  Cette  coupole 
fut  badigeonnée  à  la  colle,  par  ordre  du  proconsul  de  1793, 
Carrier.  En  1836,  on  chercha  à  découvrir  cette  peinture  assez 
remarquable  ;  mais  elle  était  bien  endommagée,  et  c*est  à 
peine  si  Ton  put  reconnaître  le  sujet  qu'elle  représente  : 
c'est  la  Descente  du  Saint  Esprit  sur  les  Apôtres,  Une  autre 
peinture  d'Erard,  également  recouverte  à  cette  déplorable 
époque,  se  voit  maintenant  à  demi-effacée  au  petit  plafond 
après  la  coupole,  elle  représentait  la  Transfiguration.  » 

Enfin  Levot,dans  l'article  de  sa  Btog^rapAïc  bretonne  con- 
sacré à  Erard,  nous  dit  :  «  Charles  Erard,  peintre  et  archi- 
tecte, auquel  ses  contemporains  donnaient  complaisamment 
le  titre  de  fameux,  naquit  en  1606  à  Nantes.  Il  exécuta  pour 
sa  ville  natale  les  peintures  à  fresque  de  la  coupole  de  la  ca- 
thédrale, rem  placées  plus  tard  par  d'autres  peintures  ;  le  beau 
tableau  de  Jésus*  Christ  présentant  les  clefs  à  saint  Pierre 
qui  existait  avant  la  Révolution  dans  la  sacristie  de  la  même 
cathédrale,  etc...  Il  fut  choisi,  en  1666,  pour  aller  diriger  à 
Rome  l'Académie  de  France,  que  Colbert  venait  de  fonder  à 
l'instigation  de  Lebrun.  » 

*  Page  68Î. 

3  Page  3'i6  de  rédition  de  1839. 


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526  LA  VÉRITÉ  SUR  LA  PATERNITÉ  DES  PEINTURES 

Comme  on  vient  de  le  voir,  tous  attribuent  au  peintre 
Nantais  Erard;  né  en  1606,  les  peintures  de  la  coupole  et  le 
tableau  :  Jésus-Christ  donnant  les  clefs  à  saint  Pierre. 

Or,  voici  ce  que  nous  fit  découvrir  l'examen  de  ces  peintures, 
en  1865. 

Premièrement,  nous  nous  aperçûmes  que  celles  de  la  cou- 
pole, dont  les  écrivains  cités  précédemment  se  sont  princi- 
palement occupés,  n'ont  aucune  analogie  de  style,  ni  d'exécu- 
tion avec  letableausignéErard.  Ce  dernier,  placé  actuellement 
dansune  chapelle  latérale  du  côté  nord  de  lacathédrale,  est  de 
beaucoup  supérieur  aux  dites  peintures,  et  traité  dans  un 
goût  fort  différent. 

Secondement,  il  nous  parut  évident  que  les  peintures  de  la 
coupole  que  nous  avions  devant  les  yeux  étaient  bien  celles 
<iui  furent  exécutées  dans  le  premier  quart  du  XVIP  siècle, 
et  que  conséquemment  l'assertion  de  la  Biographie  bretonne, 
d'après  laquelle  ces  peintures  auraient  été  remplacées  par  des 
peintures  plus  modernes,  n'était  pas  fondée.  Les  documents, 
confrontés  depuis  par  nous  et  publiés  dans  les  pages  qui 
suivent,  montreront  que  nous  ne  nous  trompions  pas.  En 
effet,  on  y  trouvera  décrites  dans  un  acte  authentique  les 
peintures  qui  furent  exécutées  tout  d'abord,  et  ce  sont  bien 
celles  qui  existent  encore. 

Knfln  nous  ne  reconnûmes  pas  dans  les  peintures  de  la 
coupole,  ni  dans  celle  de  la  voûte  du  chœur,  la  palette  des 
fresquistes,  qui  emploient  l'eau  pour  manipuler  les  cou- 
leurs et  les  fixer  sur  l'enduit  frais.  Assurément  celle  dont 
avaient  fait  usage,  à  Paris,  Bertholet  Plemalle,  Romanelli 
et  Mignard,  pour  les  fresques  de  la  voûte  des  Carmes  de 
la  rue  de  Vaugirard,  du  grand  plafond  de  la  galerie  du  palais 
Mazarin'  et  de  la  coupole  du  Val-de-Grâce  était  plus  res- 
treinte. 

Il  nous  sembla  d'ailleurs  que  les  couleurs   n'avaient  pas 

*  Ce  plafond  fut  peint  en  1641,  et  la  coupole  du  Val-de-Grice  en  1664. 


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DE  LA  CATHÉDRALE   DK    NANTES  527 

pénétré  dans  Tenduit,  ce  qui  nous  fit  conclure  qu'elles 
n'avaient  pas  été  appliquées  lorsque  Tenduit  était  humide, 
fTe%co  disent  les  Italiens,  d'où  le  nom  de  peinture  à  fresque. 
En  résumé,  elles  nous  parurent  ne  pas  être  des  fresques 
mais  simplement  des  peintures  à  Thuile. 

Nous  crûmes  donc  pouvoir  dire,  mais  avec  l'embarras  d'un 
écolier  qui  élève  un  doute  sur  une  opinion  regardée  jusqu'a- 
lors comme  certaine  par  ses  maîtres  :  Tque  l'attribution  des 
peintures  de  la  coupole  à  Vauteiir  du  tableau  signé  Erard 
n'était  pas  confirmée  par  l'examen  de  ces  œuvres,  lesquelles 
sont  exécutées  dans  des  manières  très  différentes,  2*  que 
Ton  reconnaissait  plutôt  dans  les  peintures  de  la  coupole  les 
caractères  de  la  peinture  à  l'huile  que  ceux  de  la  fresque. 

Nous  n'avions  d'ailleurs,  alors,  d'autre  prétention  que  de 
présenter  Ift  bout  du  fil  à  quelque  habile  qui  débrouillerait 
Técheveau. 

Nous  ne  réussîmes  qu'à  nous  faire  accuser  de  rêverie  irré- 
vérentieuse  au  préjudice  d'une  tradition  séculaire  et,  avec 
raison,  constamment  respectée. 

Alors,  nous  l'avouons,  en  dépit  d'affirmations  que  l'on  pré* 
tendait  infaillibles,  la  tradition  historique,  immobilisée  comme 
un  dogme,  nous  parut  un  système  inacceptable,  et  nous 
fûmes  pris  du  désir  de  renverser  ce'que  nous  n'avions  pu 
ébranler. 

Il  ne  nous  fallut  pas  de  longues  recherches  pour  acquérir 
la  certitude  que  nos  remarques  étaient  parfaitement  motivées. 

Des  expéditions  notariées  des  procès-verbaux  des  adjudi- 
cations dont  les  peintures  de  la  coupole  et  celles  de  l'ancien 
chœur  furent  l'objet  sont  conservées  dans  lés  archives  du 
chapitre  de  la  cathédrale,  et  une  expédition,  de  pareille  sorte, 
du  marché  concernant  l'exécution  du  tableau  de  Jésus-Christ 
donnant  les  clefs  à  saint  Pierre  existe  au  dépôt  des  archives 
départementales.  Nos  annalistes  auraient  pu,  sans  grande 
peine,  consulter  ces  documents  qui  ne  laissent  aucun  doute 
sur  rinexactitude  des  assertions  émises  jusqu^à  ce  jour. 


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r)2«^  LA    VKniTK   SUR   LA    PATEHNITÉ   DKS   PEÎNTURP.S 

Rappelons,  avant  de  donner  ces  textes,  qu'il  y  eut  deux 
peintres  du  nom  d'Erard,  le  père  elle  fils,  et  que  Tun  et  l'autre 
ont  porté  le  prénom  de  Charles:  puis,  établissons  la  date 
de  naissance  de  chacun  d'eux. 

Au  bas  d'un  portrait  d'Erard  le  père,  dessiné  et  gravé  par 
Erard  le  fils,  on  lit  cette  inscription  que  nous  transcrivons 
en  conservant  son  orthographe  :  •  Charle  Errard  de  Bressuire, 
pintre  ordinaire  du  roy,  aagé  de  cincquante  huict  ans,  1628.  » 
'  Ce  Charles  Erard,  âgé  de  cinquante-huit  ans  en  1628^  était 
donc  né  en  1570,  et  il  n'était    pas  nantais  d'origine. 

Or  les  biographes  du  Charles  Erard,  qui  fut  directeur  de 
TAcadémie  de  France  à  Rome  de  1673  à  1683,  sont  d'accord 
sur  l'année  de  sa  naissance  ;  1606  ;  et  d'après  Guillet  de 
Saint-Georges,  le  premier  historiographe  de  l'ancienne 
Académie  de  peinture  et  de  sculpture,  cet  artiste  mourut  en 
1689,  âgé  de  quatre-vingt-deux  ans. 

Donc  Charles  Erard  le  père  était  ué  à  Bressuire  en  1570  et 
nous  allons  voir  qu'il  travaillait  à  Nantes  en  1619  ;  et  Charles 
Erard,  son  flls,  le  directeur  de  l'École  de  Rome,  vécut  de  1606 
à  1689. 

Avec  ces  indications,  avec  les  textes  des  marchés,  et  les 
renseignements  donnés  par  les  œuvres  elles-mêmes,  il  nous 
sera  facile  maintenant  de  reconnaître  exactement  à  quel 
peintre  chacune  des  peintures  doit  être  attribuée. 

D'abord,  le  tableau  de  Jésus-Christ  donnant  les  clefs  à 
saint  Pierre  a  été  peint  par  Charles  Erard  le  père,  celui  de 
Bressuire,  ainsi  qu'on  le  voit  par  le  marché  passé  entre  l'ar- 
tiste et  ceux  qui  le  chargèrent  de  ce  travail,  marché  dont 
voici  le  texte  : 

«  Par  devant  Messieurs  les  Trésoriers  de  France  et  generaulx 
des  finances  en  Bretaigne  commissaires  députez  par  le  Roy 
pour  le  bastiment  construction  et  réparations  de  leglize  de 
Saint-Pierre  de  ceste  ville  de  Nantes,  estant  au  devant  de 
la  grande  porte  de  ladicte  église,  où  se  seroient  trouvez  noble 
et  discretz  Estienne  Louytre,  doien    de  ladicte  eglize,  Jan 


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De  la  GÂTHÉDRALK  de  NANTES  529 

Fourché  grand  archidiacre,  Jan  Giraud  abbe  de  MeUeray  el 
René  Vallin  chanoines,  faisans  pour  le  chapitre  de  ladicte 
eglizc  et  nobles  gens  Victor  Binet  sieur  de  Montiferay  con- 
seiller-du  Roy  et  présidant  en  la  Chambre  des  Comptes  de 
ce  pais  de  Bretaigne,  Pien'e  Menardeau  sieur  de  la  Bouche- 
tière  aussy  conseiller  de  ladicte  Mageste  et  maistre 
ordinaire,  en  ladicte  Chambre  des  dicts  Comptes,  Jan 
Blanchard  aussi  conseiller  de  la  dicte  Majesté  et  son 
procureur  gênerai  en  la  dicte  Chambre  desdits  Comptes 
de  Bretaigne,  André  Morin  aussy  conseiller  du  Roy  et 
lieutenant  civil  et  criminel  du  dict  Nantes^  et  Guillaume 
Lefeure  sieur  de  Malvoisine  députez  pour  messieurs  de  la 
dicte  Chambre  des  dicts  Comptes  et  pour  messieurs  de  la  vilje 
du  dict  Nantes.  Sur  ce  qui  auroict  remonstre  que  ayant  na- 
gueres  este  faict  plussieurs  marchez  tant  de  masonne  que 
d'architecture  et  sculpture  pour  la  construction  et  enrichisr 
sèment  du  grand  autel  et  sacrayre  du  chœur  de  la  dicte  eglize 
de  saint  Pierre  qui  méritent  estre  suiviz  de  quelque  embel- 
lissement de  peinture  et  dorure  a  quoy  il  seraict  requis  de 
travailler  promptement  afin  d'y  célébrer  le  service  ce  qui 
pourroit  daultant  plus  commodément  a  présent  faire  qu'il 
peut  y  avoir  des  peintres  en  cèste  ville  capable  d'entreprandre 
la  dicte  besogne  et  particulièrement  maistre  Charles  Erard 
peintre  ordinaire  du  Roy  lequel  ayant  este  mande  pour  cest 
effect  auroict  presante  divers  desseings  eldevys  qu'il  juge 
estre  apropos  se  devoir  faire  sur  la  dicte  architecture  et  sculp- 
ture entre  autres  a  scavoir  que  Tautel  du  dict  chœur  compose 
de  Colonnes  pilastres  frizes  corniches  architraves  et  bor- 
dures soit  enrichi  dor  de  ducat  dazure  vermillon  blanc 
de  plomb  et  autres  coulleurs  requises  le  tout  a  huille  et  le 
sacrayre  le  plus  à  propos  que  faire  ce  pourra  et  qu'il  soit  y 
fait  ung  tableau  au  dict  autel  dans  lequel  sera  represante 
nostre  Seigneur  qui  baillera  les  clefs  à  S*  Pierre  en  presance 
des  apQstres  ce  que  les  dicts  sieurs  commissaires  et  députez 
ayant*  trouve  fort  à  propos  et  sur  ce  que  ayant  demande 


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530  I,A   VÈWTÉ   SUn  hK  PATERNITÉ   DES  PEINTURES 

au  dict  lïrard  sil  voulloict  enlreprandre  la  dicte  besogne  A 
quoi  il  auro|t  coudesandu  moyennant  quil  lui  fust  baille 
quelque  lieu  propre  pour  travailler  luy  et  les  gens  qui) 
employra  et  des  esehaffaux  requis  pour  le  dicL  œuvre  qui 
commansera  des  le  moys  de  mars  prochain  mil  six  cens  di:ç 
neuf  sy  tant  est  que  la  sculpture  soict  parfaicte  et  continuer 
jusques  au  parachèvement  d'icelluy  et  oultre  la  somme  de 
trois  mille  livres  synon  quil  plaises  aux  dicts  sieurs  fournir 
jde  touttes  matières  et  depance  il  se  contantera  pour  son 
labeur  et  de  ceulx  quil  employera  de  ce  qui  leur  plaira  or- 
donner et  pour  plus  encorejs  leur  faire  paroistre  la  sincère 
affection  quil  a  de  randre  service  à  Thonneur  delà  dicte 
eglize  qu'il  advancera  partie  des  frais  et  depance  du  dict 
xBuvre  qui  sera  prise  et  extime  par  gens  expertz.  Après  que 
les  dictes  offres  ont  çste  entre  nous  considérées  et  trouvées 
^n  peu  excessives.  Sur  ce  que  le  dict  Ërard  auroit  este  convya 
de  faire  meilleure  condition.  Enfin  après  avoir  longuement 
atandu  a  este  par  les  dicts  sieurs  fait  marche  avecq  le  diet 
Erard  du  dict  œuvr^.cy  dessus  déclare  de  peintures  dorures 
et  enrichissement  du  dict  autel  et  sacrayre  du  chœur  de  la 
dicte  egiize  de  S'  Pierre  de  cesle  ville  de  Nantes  pour  fournir 
de  touttes  étoffes  et  matières  requises  au  tableau  d'autel  et 
enrichiasemppt  et  le  tout  estre  bien  et  deuement  faict  et 
parfaict  a  huille  en  bonne  simettrye  pour  la  feste  de 
Toussainclz  prochainne  ou  plustost  sy  faire  se  peut  moiennant 
la  somme  de  deulx  mille  quattre  cens  livres  qui  luy  sera 
payée  scavoir  six  cens  livres  dans  ung  moys  prochain  et  le 
surplus  a  pezure  que  la  besogne  sadvancera  et  parachèvera 
sera  aussy  fourny  des  cbafaux  lorsque  besoing  sera  et  oultre 
luy  sera  pourveu  par  Messieurs  du  Chapitre  de  la  dicte  église 
de  logement  convenable  pour  se  retirer  et  travailler  avecq 
ses  gens  pendant  le  dict  œuvre  A  tout  quoy  faire  et  accomplyr 
est  le  dict  Erard  oblige  pour  y  estre  contrainct  par  les  voies 
acoustumees  pour  les  deniers  et  affaires  du  Roy.  Faict  au 
.  devant  de  la  grand  porte  principalle  entrée,  de  la  dicle  egliz^ 


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DE  LA  GATHÉORitLU  DE  NANTES  531 

de  S^  Pierre  du  dict  Nantes  le  cinquiesme  jour  de  novembre 
mil  six  cens  dix  huitainsy  signe  au  registre  Victor  Binett 
Cornulierde  Lescouet,  Louytre,  J.  Fourché,  J.  Giraud,  abbe 
de  Melleray,  R.  Vallin,  A.  Morin^  maire,  P.  Menardeau,  J. 
Blanchard,  Lefeure^  Charles  Brard  et  Guillet,  notaire  royal  et 
adjoinct  des  dicts  sieurs  sus  nommés  prins  par  eulx  et  appelez 
d*oflice  qui  a  le  dict  registre  signe 

Guillet,  notaire  royal. 
En  marge.  «  Délivrez  aux  dicts  sieurs  du  Chapitre.  » 

Le  tableau  de  Jésus-Christ  donnant  les  clefs  à  saint  Pierre 
fut  donc  peint  par  Charles  Erard  le  père,  c'est-à-dire  par 
Erard,  de  Bressuire,  en  1619  ou  1620,  conséquemment  dans 
la  quarante-neuvième  anpée  de  Tâge  de  cet  artiste^  et  alors 
que  le  futur  directeur  de  l'Académie  de  France  i  Rome 
n'avait  que  treize  ans.  Il  était  fait  pour  orner  le  grand  autel 
du  chœur  de  la  cathédrale  et  l'artiste,  en  môme  temps  qu'il 
faisait  ce  tableau,  devait  décorer  de  peintures  et  de  dorures 
l'architecture  qui  l'entourait  avec  le  sacraire.  Cette  archi* 
tecture,  c'est-à-dire  ce  retable,  orna  sans  doute  le  fond  de 
l'abside  romane,  jusqu'à  ce  que  l'autel  fut  détaché  du  fond 
et  mis  en  avant,  sous  la  coupole,  en  1733,  à  la  place  où  notre 
génération  a  pu  le  voir;  et  quand  l'autel  fut  ainsi  déplacé 
ou  plutôt  renouvelé,  le  tableau  fut  transporté  à  la  sacristie  oii 
on  le  voyait  en  1762,  ainsi  que  le  dit  l'abbé  Expiily. 

II.  A  quel  artiste  faut-il  attribuer  les  peintures  exécutées 
dans  la  partie  antérieure  de  la  vieille  abside  romane  et  qui 
représentaient  la  transfiguration  ?  Elles  étaient  également  de 
Charles  Erard^  de  Bressuire,  d'Erard  le  père,  ainsi  qu'on  peut 
le  voir  clairement  par  le  marché  qui  suit  : 

Par  devant  Messieurs  les  trésoriers  de  France  et  generaulx 
des  finances  en  Bretaigne  depatez  par  le  Roy  pour  le  bas- 
timent  et  réparation  de  leglize  cathedralle  de  Saint-Pierre 
de  Nantes  par  lettres  patentes  de  sa  Mageste  du  deulxieme 


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o32  LA    VÉRITÉ   SUR  LA   PAtERNITÉ   DES   PEINTURES 

de  septembre  mil  six  cens  douze  estant  au  devant  de  la 
grand  porte  de  la  dicte  eglize  cathedralle  du  dict  Nantes  ou 
aussy  se  seroient  semblablement  trouver  nobles  etdiscrelz 
missires  Estienne  Louytre  doien  de  la  dicte  eglize,  Jan 
Fourché  grand  archidiacre  du  dict  Nantes,  Jan  Giraud  abbe 
de  Melleray  et  René  Vallin  faisans  pour  le  chapitre  de  la 
dicte  eglize  et  nobles  gens  Victor  Binet  sieur  de  Montiferay 
conseiller  du  Roy  en  ses  conseils  dcstat  et  prive  et  prési- 
dant en  sa  Chambre  des  Comptes  de  ce  pais  de  Bretaigne 
Pierre  Menardeau  sieur  de  la  Bouchetiere  aussy  conseiller 
du  Roy  et  maistre  ordinaire  des  dicts  comptes  de  Bretaigne 
Jan  Blanchard  sieur  de  Lessongere  et  Michel  Loriot  sieur  de 
la  Noe  senechal  des  regaires  députez  pour  Messieurs  de  la 
dicte  Chambre  des  dicts  Comptes  et  de  la  ville  de  Nantes  se 
seroient  presanter  plusieurs  maistres  peintres  et  architectes 
tant  du  dedans  de  ceste  dicte  ville  de  Nantes  que  hors 
dicelle  lesquelz  ayant  sceu  les  assignations  publiées  a  son  de 
trompe  par  les  carefours  de  ceste  dicte  ville  faux  bourgz  et 
aultres  lieulx  acoutumez  a  faire  bannyes  a  tous  ceulz  qui 
youderoient  entreprandre  de  faire  les  peintures  et  estoffes 
iqu*il  convient  faire  a  huille  tant  a  la  voulte  du  cœur  du  dict 
Saint-Pierre  de  Nantes  que  a  larchitecture  qui  a  este  adjoustee 
depuis  le  premier  marché  cy  devant  adjugé  au  sieur  Erard 
peintre. 

Premièrement  pour  les  trois  sections  qui  contiennent  les 
trois  vitraulx  estant  audessus  lautel  faut  y  faire  en  celle  du 
millieu  ung  Dieu  le  père  et  sa  gloire  aultour  de  laquelle  doict 
y  avoir  force  chérubins  et  séraphins  et  aulx  deulx  aultres 
qui  sont  a  coste  y  represanter  des  anges  qui  recevront  leur 
lumière  de  sa  divine  mageste  dorer  et  azurer  les  arcs  qui 
séparent  les  dictes  sections  et  qui  les  environnent.  Faut  pa* 
reillement  peindre  et  estoffer  les  coulionnes  et  pilastres  qui 
sont  entre  les  trois  vitraulx  de  marbre  jaspe  serpentine  et 
porphire  et  au  corps  et  a  coste  des  dictes  coulionnes  faut 
feindre  des  cncastremens  de  marbres  de  plusieurs  voHumes 


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DE  LA   OÀTHÉDRALE   DE  NANTES  533 

et  formes  selon  la  commodité  du  lieu  et  le  troisième  arc  qui 

contienl  loutfc  la  circonferance  de  la  voulto  et  enclos  tout  ce 

que  dessus  sera  apoze  au  millieu  du  dict  arc  des  fleurs  de 

lys  dorées  a  demy  relief  et  les  demy  ronds  dorez  ou  seront 

represantez  des  oves  comme  sy  elles  estoient  sculptées  dor 

massif  et  pour  ce  qui  est  des  coullonnes  qui  soustiennent  le 

dict  arc  avecq  son  arrière  corps  il  les  faut  enrichyr  à  la  fasson 

des  aultres  cy-dessus.  Quant  au  quattrieme  et  dernier  arc 

sera  pareillement  apoze  des  fleurs  de  lys  de  demy  relief 

avecq  fonds  dazur  desmail  a  huille  et  ung  ornement  dor  au 

dict  arc  et  aulx  espaisseurs  et  arrière  corps  des  hermines  et 

les  coullonnes  qui  soustienncnt  le  dict  arc  a  la  fasson  des 

aultres  susdictes.  Pour  le  regard  des  deulx  entienons  qui 

sont  entre  les  deulx  arcs  y  sera  represante  a  chascun  des 

dicts  entienons  ung  tableau  peint  sur  le  plat  fond  dans  le 

premier  la  figure  seulle  de  Nostre-Seigneur  montant  au  ciel 

dans  le  second  la  transfiguration  de  Nostre-Seigneur  avecq 

Moyse  et  Helye.  Pour  le  regard  de  l'adjonction  et  de  lache- 

vement  de  la  sculpture  de  laulel  qui  commance  depuis  la 

troisième  coullonne  de  chasque  coste  avecq  son  architrave 

frize  et  corniche  et  la  balustrade  daudessus  avecq  les  entre 

coullonnes  niches  pilastre  et  fronton  le  tout  jusques  au  socle 

seront  pareillement  enrichis  dor  de  ducat  et  dazur  desmail  a 

huille  et  aultres  couleurs  y  requises  pour  lembellissement 

du  dict  œuvre.    Quant  aulx    portiques  qui  viennent  aussy 

jusques  sur  le  premier  degré  et  qui  finissent  le  bornement 

deTœuvre  nouveau  seront  pareillement  estoffez  azurez  et 

dorez  a  huille  suy  vant  la  simetterie  de  larchileclure  avecq 

les  festons  de  fruictz  glacez  sur  argent  ainsy  que  les  feilles 

dacanthe  qui  sont  aulx  chapiteaux  corinttes  du  pourtour 

de  lautel  et  quant  a  lare  qui  sépare  la  voulte    de  lautel 

davecq  le  cœur  ou   a  pressant    messieurs    les  chanoines 

font  loffice  divin  sera  enrichy  et  estoffede  la  mesme  fasson 

que  les  aultres  dont  il  est  parle  cy  dessus.  En  ce  qui  regarde 

la  dicte  voulte  de  lautel  et  tout  au  moins  la  moictye  de  la 

T.    VI.   —  NOTICES.   —  VI'  ANNÉE^   5*   LIV.  35 


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634  LA  VÉRITÉ    SUR  LA  PATERNITÉ   DES   PEINTURES 

superficie  du  diet  are  faut  faire  dans  les  cadres  des  dicts 
portiques  la  saincte  Vierge  dun  coste  et  langue  Gabriel  de 
laultre  et  faire  le  tout  suy  vaut  et  au  dezir  du  deseign  et  devis 
quipresantement  en  a  este  leu  et  monstre.  Après  laquelle 
lecture  Ion  auroit  demande  aulx  dicts  maîtres  peintres  a  qui 
moins  voudroit entreprendre  les  dictes  peintures  pour  icelles 
faire  promptement  et  randre  le  tout  parfaict  suy vant  les  tfe  •  is 
et  deseign  dans  dhui  en  deulx  ans  prochains  venant  ou 
plustot  sy  faire  ce  peult  et  la  chandelle  allumée  a  lendroit  le 
sieur  Charles  Erard  maistre  peintre  a  offert  faire  les  dictes 
peintures  et  les  estoffes  ainsy  quil  est  cy  devant  dîct  pour  la 
somme  de  six  mil  livres  tzetla  chandelle  morte  et  reallumee 
Charles  Petit  aussy  maistre  peintre  à  cinq  mil  cinq  cens  livres 
et  encore  la  dicte  chandelle  morte  et  reallumee  beguyn  Van 
Dellan  aussy  maistre  peintre  a  cinq  mil  cinq  cens  livres  tz  et 
et  encore  la  dicte  chandelle  morte  et  reallumee  le  dict  Petit  a 
qualtre  mil  huit  cens  livres  tz  et  derechef,  la  chandelle  morte 
auroict  leste  dict  quelle  seroict  une  fois  pour  touttes  reaU 
lumee  et  icelle  reallumee  le  dict  beguyn  Van  Dellan  et  Petit 
a  quattre  mil  trois  cens  livres  tz  et  le  dict  Erard  a  quattre 
mil  livres  tz  et  ayant  este  demande  par  plusieurs  fois  sil  y 
avoict  personne  qui  vouleusl  mettre  moins  et  la  chandelle 
morte  et  aussy  quil  ne  cest  trouve  moins  doffre  partant  de 
ladvis  de  tous  les  dicts  sieurs  le  marche  de  touttes  les  choses 
cy  devant  devises  et  insérées  auroict  este  adjuge  au  dict  sieur 
Erard  pour  icelle  besogne  faire  et  parfaire  bien  et  deument 
suy  vant  le  dict  devys  et  sellon  le  deseign  qui  en  a  este  faict 
et  chiffre  du  notaire  royal  qui  a  rapporte  les  presantes  devant 
nous  et  mis  es  mains  de  mes  dicts  sieurs  du  chapitre 
pour  y  avoir  recours  quant  le  besoign  sera  et  oultre  a  la 
charge  que  le  dict  Erard  sera  tenu  faire  de  sa  propre  main 
touttes  les  histoires  et  figures  mentionnées  au  dict  marche 
sans  qu'il  puisse  commetre  aulcun  aultre  moiennant  la  dicte 
somme  de  quatre  mil  livres  tz  pour  toutte  chose  parce  que 
ledict  Erard  fournira  de  loutte  sorte  de  peintures   huille  et 


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DB  LA  CATHÉDRALE  DE  NANTES  535 

argent  pour  faire  la  dicte  besogne  de  laquelle  somme  en 
sera  paye  au  diclErard  la  somme  de  mil  livres  tz  dans  quinze 
jours  prochains  venans  et  le  surplus  luy  sera  paye  à  mesure 
qu'il  travaillera  et  après  que  la  besogne  aura  este  jugée  avoir 
este  bien  faicte.  Commansera  le  dict  Erard  a  travailler  aulx 
.  idiotes  peintures  dans  deulx  moys  prochains  venans  avecq* 
nombre  d'hommes  sufAzans  et  capabables  a  cest  effect  et 
ayant  commanse  atravailier  ne  pourra  discontinuer  jusqu'à  la 
perfection  de  la  dite  besogne  et  a  touLce  que  dessus  faire  et 
accomplir  ainsy  quil  est  cy  devant  dict.  C'est  le  dict  Erard 
oblige  et  soblige  avecq  tous  et  chalcuns  ses  biens  meubles  et 
immeubles  presantz  et  futurz  en  cas  de  deffaud  comme  pour 
deniers  royaulx  et  cest  le  dict  Erard  submis  et  se  submet  sa 
personne  et  ses  biens  a  la  court  de  Nantes  et  y  a  proroge  de 
juridiction.  Fait  au  dict  Nantes  au  devant  du  portai  de  la  dicte 
église  de  Saint-Pierre  le  cinquiesme  jour  d'octobre  mil  six 
cens  vingt.  Ainsi  signé  au  registre  :  Cornulier,  Victor  Binet, 
J.  Blanchard,  Et.  Louytre,  J.  Fourche,  J.  Giraud  abbe  de 
Melleray.  R.  Vallin,  P.  Menardeau,  M.  Loriot.  Ch.  Erard  et 
Guillet  notaire  royal  et  adjoinct  des  dicts  sieurs  susnommez 
et  par  eulx  prins  et  appelle  qui  a  le  dict  regestre. 

Signé  :  Guillet,  notaire  royal. 

On  voit  par  les  détails  de  ce  marché  que  Charles  Erard 
avait  non-seulement  peint  la  Transfiguration  dont  nous  avons 
pu  voir  les  restes,  mais  qu'il  avait  traité  d'autres/ sujets  et 
que  toute  la  voûte  de  Tabside  était  décorée  de  peintures. 

III.  —  Enfin  quel  fut  l'auteur  des  peintures  de  la  coupole  ? 
Le  marché  suivant  nous  montre  clairement  qu'elles  furent 
exécutées  par  trois  peintres  Vincent  Béquin,  Charles  Mousset* 
et  Louis  Alexandre,  tous  les  trois  associés  pour  ce  travail 
qu'ils  entreprirent  pour  la  somme  de  4850  livres  tournois. 

*  Charles  Mouiset  exerça   Tarchitectare  à  Nantes,  et  il  7  mourut  en  1642. 


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636  LA  VÉRITÉ  SUH  LA  PATERNITÉ  DES  PEJJ^TURBS 

Ces  trois  artistes  étaient  domiciiiés  à  Nantes  lors  de  l'ad- 
judication, les  deux  premiers  dans  la  paroisse  de  Sainte- 
Croix  et  le  dernier  dans  la  paroisse  do  Saint-Saturnin.  Il  est 
présumable  qu'ils  étaient  Nantais  d'origine- 

L'an  mil  six  cent  vingt-quatre,  le  mardi  11  jour  de  juin 
environ  les  deux  heures  de  Tapres  midy  audevatit  de  la 
grande  porte  et  principale  entrée  de  Fégiise  cathédrale  de 
Nantes,  etc.,  et  il  a  été  donné  adjudication  a  tous  ceux  qui 
voudront  entreprendre  de  faire  a  qui  pour  le  moins  les  pein- 
tures et  enrichissements  a  ia  voûte  en  coupe  du  chœur  de 
la  dite  église  et  autres  choses  comme  ensuit.  A  savoir,  pour 
ce  qui  regarde  la  coupe  du  dit  chœur,  y  sera  représenté  dans 
le  fond  de  la  coupe  en  une  clarté  un  Saint-Esprit  environné 
de  rayons  et  nuages  et  du  fond  où  sera  peint  le  Saint-Esprit 
sortiront  flammes  et  langues  de  feu  qui  tomberont  sur  les 
apôtres  représentés  plus  bas  selon  les  actions  requises  au 
subjet,  et  derrière  les  dites  figures  se  pourra  faire  quelques 
perspectives  convenables  et  au  devant  des  dits  apôtres  pour 
environner  la  dite  coupe  y  sera  peint  une  balustrade  pour 
faire  la  circonférence  et  au-dessous  de  la  dite  balustrade 
dans  les  quatre  coins  seront  représentés  les  qaalre  évan- 
gélistes  ou  docteurs  dans  quelques  perspectives  ou  orne- 
ments à  Tentour.  Et  pour  ce  qui  est  des  quatre  arcs  qui  sou- 
' tiennent  ladite  coupe  ensemble  les  colonnes  et  pilastres 
seront  peints  de  diverses  sortes  de  marbres  avecques  les 
chapiteaux  suivant  le  premier  ordre  et  les  dessous  desdits 
arcs  seront  azurés  et  ornés  de  fleurs  de  lis  d'or  et  les  mou- 
lui es  d'alentour  enrichies  d'or  avec  des  oves  et  les  côtières 
des  dits  arcs  seront  peintes  et  semées  d*hermines.  Et  pour 
les  deux  chapelles  seront  azurées  et  semées  d'étoiles  d'or,  et 
les  faces  des  deux  chapelles  où  sont  les  vitraux  aux  deux 
côtés  ou  dessus  les  vitraux  sur  les  tympans  seront  aussi 
deux  anges  tenant  des  palmes  en  main  peintes  en  couleur  de 
bronze  et  à  côté  des  deux  vitraux  se  pourront  peindre  aussi 
quelques  figures  selon   qu'il  plaira  à  Messieurs  et  le  reste 


I 


DE  LA  CATHÉDRALB  DE  NANTES  537 

peint  de  marbre  porphire  varié  enrichi  de  filets  etmotilures. 
d'or.  Et  pour  ce  qui  est  des  balustres  au-dessus  des  chaires, 
seront  aussi  peints  et  étoffés  selon  Tordre  des  aultres  et 
au-dessous  des  dits  balustres  venant  jusques  aux  dites 
chaires  en  la  frise  on  y  pourra  faire  des  cartouches  pour 
écrire  ce  que  on  jugera  à  propos.  Et  pour  le  regard  delà 
face  au-dessous  de  la  porte  du  chœur  où  sont  gravées  les 
armes  du  roi  seront  peintes  dorées  et  étoffées  avec  des  en- 
richissements et  a  Tentour filets  et  moulures  d'or.  Et  dans  les 
tables  y  seront  quelques  camaïeux  et  histoires  telles  qu'il 
plaira  à  Messieurs,  plus  sera  peint  l'arc  qui  est  fait  de  neuf 
jusqu'au  pilastre  à  la  perpendicule  de  la  porte  du  dedans  du 
chœur  qui  sera  d'azur  semé  d'étoiles.  Et  pour  l'embassc  au 
tambour  sous  les  colonnes  sera  fait  des  consoles  de  même 
série  qui  seront  aussi  peintes  et  étoffées  selon  l'ordre.  Et 
outre  sera  fait  enduire  et  cimenter  la  dite  voûte  en  coupe 
selon  qu'il  est  requjs,  etc.  Le  tout  à  la  charge  des  preneurs 
de  rendre  ladite  besogne  bien  faite  à  la  fête  de  Noël  prochaine 
en  un  an.  Le  travail  a  été  adjugé  à  Vincent  Bequin,  maître 
peintre,  Charles  Mousset  et  Louis-Alexandre,  demeurant  tous 
trois  à  Nantes,  les  deux  premiers  en  la  paroisse  Sainte-Croix, 
le  3*  en  Saint-Saturnin,  lesquels  ont  accepté  ensemble  la  be- 
sogne au  prix  de  4850  livres  tz.  Signé  :  Cornulier  de  Lescouet, 
J.  Fourché  archidiacre  de  Nantes,  J.  Giraud,  J.  Fourché,  sieur 
du  Bezon,  M.  Loriot  sénéchal  des  régaires,Viau,  sergent,  royal 
V.  Bequin,  Ch.  Mousset  et  L.  Alexandre  Desmortiers  notaire 
royal. 

Bonnet,  notaire  royal. 

Ces  divers  marchés  ne  permettent  aucun  doute  sur  les 
noms  des  artistes  qui  exécutèrent  les  peintures  de  notre 
vieille  cathédrale  romane.  On  voit  que  Charles  Erard,  le  di- 
recteur de  l'Académie  de  France  à  Rome,  n'y  était  pour  rien  ; 
et  bientôt  il  ne  restera  plus  de  ces  œuvres,  que  le  tableau  de 


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538  LA   VÉRITÉ  SUR  LA   PATERNITÉ  DES   PEINTURES 

Notré'Seigneur  donnant  les  clefs  à  saint  Pierre,  tableau  qui 
décorail  autrefois  le  maître-autel  et  qui  fut  exécuté  par  Charles 
Erard,  de  Bressuire.  . 

Nous  sommes  heureux  d'ajouter  que  Tun  de  nos  conci- 
toyens, peintre-décorateur  très  estimé  dans  les  années  qui 
viennent  de  s'écouler,  a  pris  une  copie  des  peintures  de  la 
coupole,  et  sans  doute  quelque  jour  il  mettra  les  Nantais  à 
même  de  contempler  cer  intéressant  souvenir  de  notre  vieille 
cathédrale. 

E.  BOISMEN. 


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LES  GRANDS  ÉCUYERS  HÉRÉDITAIRES 


DE     BRETAGNE*. 


III 


C'est  seulement  trente-huit  ans  plus  tard,  en  1442,  le 
jour  de  l'entrée  solennelle  du  duc  François  !•'  à 
Rennes,  que  le  grand  écuyer  héréditaire  fait  son 
apparition, 

«  Le  duc,  dit  Lobineau,  marchait  sous  un  dais  dont  les  quatre 
bâtons  étaient  portés  par  les  quatre  premiers  bacheliers  de 
Bretagne,  et  le  sire  de  Blossac,  grand  écuyer  de  Bretagne, 
portait  répée  ducale  dans  un  fourreau  garni  de  pierreries'...  » 

Quel  était  le  nom  patronymique  de  ce  seigneur  de  Blossac? 
L'historien  ne  nous  le  dit  pas  :  mais  voici  des  indicutinns  plus 
explicites. 

Au  mois  de  mai  1451,  le  duc  François  ouvre  les  Etats  de 
Vannes.  Aux  pieds  du  duc  s'assied  le  président  de  Bretagne  : 
c  et  à  la  dextre  du  président  était  assis  Thomas  de  Québriac, 
chevalier,  seigneur  de  Beloczac  (Blossac)  grand  et  premier 

*  Voir  la  précédente  livraison, 

*  LOBXNKA.tr  p.  6?î. 


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écuyer  d'écurie,  de  son  héritage  à  cause  desaterredeBreczé'..»  . 

Ainsi  ce  n'est  pas  comme  seigneur  de  Québriac  ou  de' 
Blossac  que  le  possesseur  de  ces  deux  seigneuries  porte 
l'épée  ducale,  c'est  comme  seigneur  de  Brécé^ . 

Aux  Elats  tenus  à  Vannes  par  Pierre  II,  en  1455,  Thomas 
de  Québriac  tient  la  môme  place  d'honneur  et  porte  Tépée  et 
le  chapeau  d'armes  du  duc*. 

Enfin,  le  10  juin  1462,  François  II  sort  en  grand  apparat  du 
château  de  l'Hermine  à  Vannes,  pour  aller  ouvrir  les  Etats 
«  dans  la  grande  salle  des  Halles  bien  et  richement  parée 
comme  au  cas  appartenait.  »  Dans  le  cortège  figure  «  Thomas 
de  Québriac,  seigneur  de  Bresse, . premier  écuyer  d'écurie, 
par  privilège  hérédital  concédé  d'autrefois  à  ses  prédéces- 
seurs, à  cause  de  la  dite  seigneurie  et  terre  de  Bresse,  par  les 
prédécesseurs  du  duc,  lequel  portait  le  chapeau  de  parement 
de  l'écurie  et  l'épée  du  duc  bien  et  richement  garnie  d'or  et  de 
pierreries-  »  ' 

Le  duc  prend  séance,  et  «  le  sire  de  Brécé,  grand  écuyer 
hérédital,  s'assied  à  la  droite  du  président  de  Bretagne  por- 
tant le  chapeau  de  parement  et  l'épée  du  duc\  ^> 

C'est  dans  ce  même  Parlement  général  que  François  II  fit 

'»- 

'  I^Bj?<iAi.  Pr.  Col    !infl. 

J*&t  déjà  fait  rem arij lier  que  le  nom  s'écrit  dana  l«a  anckiM  Utrei  Breczi 
puis  Bresse,  rorthographe  Brév,'  a  pré  Ta  lu.  et  je  Tais  m'y  confonoer, 

■On  peut  juger  combien  0|^ée,  «at  inexact  quami  %\  émt  aii  mot  Québriac  i 

m.  Soua  les  ducs  de  Bretagne,  le  possesseur  de  cette  seigneurie  {de  Québriac) 
araitle  titre  hérédilaire  de  premier  éc^uyer  du  prince...  »  Oui,  peudantun 
temps,  mais  co-m-mê  seigneur  de  Brecé. 

Mai«  ce  n'est  pas  lotit  : 

Au  mot  Go^^en^  il  écrit  :  <  En  1450,  la  terre  de  Bloasac  appartenait  à  ThLomâi 
de  Guémadetic,  grand  écuvorhéréditair*  et  cKevalierd**»  ordres  du  Roy.  * 

Au  mot  Fl^neuf,  il  répète  la  même  date  et  \^e  ra^^mes   renseignement*. 

La  date  est  erront^e  de  plus  de  cent  ans  :  pn  UîfOil  n*étaU  pas  question  des 
ordres  du  Roi^  L'ordre  de  Ssiint-Midhel  a  été  créé  dii-huit  îina  plus  tard,  et 
l'ordre  du  Saint-Esprit»  cent  vin^'1-^epi  an»  aprè^_ 

Voilà  commentO/>É*  éorit  lliiitoîrc,  ¥oilii  ce  que  l'on  rééJiïe  aujourd'hui. 

»  LoBiNEAr  Pr,  Col,   linz. 
^  LoiiivmÀi-,  pr.  CoL  Ii3û-3L 


DE   BRBTAGNR  541 

faire  appel  de  ses  sergents  féortés.  Thomas  de  Québriac 
répondit  à  l'appel  comme  «  seigneur  de  Bresse,  sergent 
féodé  sous  Rennes  o  et  se  soumit  au  service  personnel  requis 
par  le  duc' . 

Enfin  le  môme  répondit  à  Tappel  comme  banneret,  en 
qualité  de  sieur  de  Blossac'. 

Gomme  oh  le  voit,  les  deux  seigneuries  de  Blossac  et  de 
Brécé  étaient  réunies  dans  la  môme  main  ;  et  c'est  pourquoi 
Lo5ineaa,  moins  exact  que  les  procès-verbaux  des  Etats,  a 
pu  dire  que,  lors  de  l'entrée  du  duc  François  I*'  à  Rennes,  le 
sire  de  Blossac,  grand  écuyer,  portait  Tépée  ducale.  Plus 
loin,  dans  son  récit  des  Etats  de  1451,  il  prend  soin  d'expliquer 
que  Thomas  de  Québriac,  seigneur  de  Blossac,  est  grand 
écuyer  à  raison  de  sa  terre  de  Dressé  ;  et,  cette  remarque  une 
fois  faite,  il  nomme  ce  seigneur  Québriac  ou  Blossac  indtffé- 
ren\ment'. 

La  terre  de  Brécé  unie  à  la  seigneurie  de  Blossac  n'en  a 
été  séparée  que  deux  siècles  plus  tard.  Les  seigneurs  de 
Blossac  ont  pris  sans  conteste  le  titre  de  grands  écuyers  héré- 
ditaires pendant  la  fin  du  XV*  et  tout  le  XVI»  siècle  ;  et,  chose 
assez  singulière,  ils  négtigenf  de  rappeler  leur  titre  de  sei- ^ 
gneurs  deBréeé,  mais  il  n'omettent  pas  dans  les  aveux  qu'ils 
rendent  à  propos  de  Brécé,  de  faire  état  du  titre  de  Grand 
fevyer. 

On  lit  dans  un  aveu  de  Brécé  de  1678*. 

€  Au  seigneur  de  Brécé  appartient  rofïice  de  grand  écuyer 
d'écurie  des  ducs  de  Bretagne  ;  il  doit,  à  l'entrée  du  duc 
à  Rennes,  porter  l'épée  et  chapeau  (d'armes)  devant  le  dit 
prince,  et  prendre  et  avoir  les  coursier  et  haquenée  que 
montent  ce  jour-là  le  duc  et  la  duchesse.  » 

En  effet,  nous  venons  de  voir  le  grand  écuyer    portant 

*  LoBiNiAU,  Col.  1232. 
»        Id.         Col.  «235. 
>        Id.,   p.   658  et  680. 
^Archives  ^nationales  171,'. 


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542  LES  GRANDS  ÉGUYERS  HÉRÉDITAIRES 

Tépée  devant  le  duc  FrançoisI*'"  venant  prendre  la  couronne 
à  Rennes,  en  1442. 

Mais  là  ne  se  borne  pas  le  devoir  du  grand  écuyer,  et  de 
Taveuque  je  viens  de  citer  il  faut  rapprocher  une  déclara^ 
lion  plus  complote  et  plus  explicite  de  1680\ 

«  A  raison  des  âefs  de  Brécé,  est  et  appartient  au  dit 
Seigneur  Testât  et  office  de  grand  écuyer  des  ducs  et  princes, 
et  lorsqu*il  y  avoit  changement  de  duc  ou  prince,  ou  qu'ils 
prenaient  leurs  intersignes  ducaux  en  la  ville  de  Rennes,  les 
seigneurs  de  Brécé  portaient  les  épée  et  chapeau  devant  le^ 
dits  seigneurs  ducs  qui  leur  faisoient  don  de  leur  haquenée 
ou  aultre  monture  ;  en  oultre  comme  grands  écuyers  avoient 
droit  de  servir  les  dits  seigneurs  ducs  toutes  fois  qu'ils  se 
trouvoienten  cour  chez  eux  et  ailleurs»  et  même. lorsqu'ils 
entroieat  et  prenoient  place  dans  leur  pari^nent  de  ce  pays, 
ils  (les  grands  écuyers)  portoient  leur  épée  et  chapeau  (dés 
ducs).  » 

En  effet  nous  avons  vu  aux  Etats  de  1462  que  le  grand 
écuyer  marchait  dans  le  cortège  portant  le  chapeau  de 
parement  et  Tépée  ducale  dans  le  fourreau;  et/ quand  le 
duc  a  pris  séance  entre  deux  des  plus  hauts  seigneurs  bre- 
tons, et  que  le  président  de  Bretagne,  sénéchal  de  Rennes 
s'est  assis  aux  pieds  du  duc,  le  grand  écuyer  s'est  assis  à  la 
droite  du  président.  C'est-à-dire  qu'il  occupe  la  cinquième  ou 
sixième  place'. 

Faut-il  supposer  que  le  grand  écuyer  devait  avoir,  en 
Bretagne  comme  en  France,  quelque  supérintendance  sur 
récurie  du  duc?..  Nous  ne  trouvons  sur  ce  point  aucune  indi- 
cation :  il  se  peut  que  Tofflce  n'imposât  d'autre  devoir  que 
de  porter  l'épée  ducale  dans  les  cérémonies  ;  et  ne  conférât 

*  Archives  d^Ille^ei- Vilaine  E.  293. 

*  Attz  Etat!  de  ce  temps  U  place  d'honneur  était,  à  ce  qu'il  semble,  à 
franche;  comme  aujourd'hui  encore  à  l'église  le  cAté  g^auche  (côXé  deTéTan- 
^ile)  est  la  place  d'honneur. 


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DE  BRETAGNE  543* 

d^autre  émolument  que  le  don  du  coursier  du  duc  et  de  la 
haquenée  de  la  duchesse  au  jour  du  couronnement  du  duc\ 

Chose  étrange  que  cette  attribution  de  la  charge'  à  une 
seigneurie  !  Il  s'ensuit  que  celui  de  nos  ducs ,  qui  a  créé  la 
charge,  a,  par  avance^  enlevé  à  ses  successeurs,  je  ne  dis 
pas  le  soin,  mais  la  faculté  de  choisir  leurs  grands  écuyers. 
Mais  cette  attribution  faite  à  perpétuité  n'était  pas  une  ano- 
malie. Nous  allons  voir  bientôt  le  duc  Jean  V  attacher  à  une 
terre  le  titre  héréditaire  de  Grand  Chambellan  ;  à  une  autre 
le  privilège  de  porter  la  couronne  ducale  dans  les  cérémonies; 
à  une  troisième  le  droit  de  porterie  manteau  ducal  quand 
le  duc  n*en  est  pas  revêtu  ;  en  sorte  que  les  successeurs  de 
Jean  V  siégeant  aux  Etats  étaient  entourés  d'officiers  qu'ils 
n'avaient  pas  choisis. 

Mais  qu'est-ce  que  cette  seigneurie  de  Brécé  et  où  la 
trouver? 

Je  l'ai  cherchée  (cela  semblait  indiqué)  dans  la  commune  de 
Brécé,  voisine  de  Rennes,  etjenel'y  ai  pas  trouvée.  La  carte  de 
l^Etat-major  m'indique  dans  la  commune  de  NoyaKsur-Seiche, 
non  loin  de  Rennes,  un  lieu  nommé  Lande-de-Bré ce.  C'est  un 
premier  indice  ;  et  un  patient  et  heureux  chercheur  chaiige 
mon  doute  en  certitude*.  Survient  une  étude  intéressante 
publiée  récemment,  —  et  fort  à  propos  pour  moi  —  sur  la 
seigneurie  de  Brécé'. 

L'auteur  m'apprend  que  le  chef-lieu  de  la  seigneurie  de 
Brécé  était  un  château  ou  forteresse  élevée,  vers  1050,  sur  le 
bord  de  la  Seiche,  par  Geffroy,  fils  de  Salomon,  avec  Tautori- 
sation  de  Eudon,  comte  de  Rennes  et  de  sa  sœur  Adèle^ 
abbesse  de  Saint-Georges  de  Rennes.  —  Le  château  fut  de 

*  C««  gages  en  nature,  usités  en  France,  comme  nous  venons  de  le  voir» 
étaient,  comme  nous  le  verrons,  de  fréquent  usage  en  Bretafrne. 

>  M,   rabbé  Paris  Jallobert. 

*  La  seigneurie  de  Brécé.  {Journal  de  Rennes  3  janvier  1890)  par  M  l'abbé 
Guillotin  deCorson. 


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544  LES  GRANDS  ÉCUYER8  HÉRÉDITAIRES 

bonne  heure  détruit  par  la  guerre,  et  la  réformation  de  la 
noblesse  en  1440  n*en  fait  pas  mention. 

Non  loin  de  la  vieille  forteresse  était  une  métairie  nommée 
les  Carreaux  mentionnée  aux  réformations  des  fouages  de  1427, 
1440  et  1513,  C'est  là  que  les  seigneurs  de  Çrécé  construi- 
sirent un  manoir  avec  chapelle,colombier,bois  de  décoration, 
toutes  les  dépendances  d'une  demeure  seigneuriale.  C'est  là 
sans  doute  que  résidait  Thibaud  deBlossac,  chevalier,  nommé 
dans  l'enquête  de  Charles  de  Blois  comme  étant  de  la  pa- 
roisse de  Noyal-sur-Seiche.  (1378*.) 

La  seigneurie  de  Brécé  avait,  semble-t-il,  plus  d'honneurs 
que  de  domaines  et  de  droits  utiles.  Bile  n'avait  pas  la  ban- 
nière; mais  comme  gage  d'une  des  sergenteries  ducales  au 
bailliage  de  Rennes,  elle  avait  haute  justice%  et  môme  des 
patibulaires  «  à  trois  pots  »  élevées  dans  le  champ  qui  porte 
encore  le  nom  de  justice. 

Le  seigneur  de  Brécé  avait  le  titre  de  fondateur  et  la  supé- 
riorité dans  l'église  de  Noyai,  avec  un  enfeu  prohibitif  à  tous 
autres  dans  le  chanceau  ;  enfin  il  avait  le  droit  de  tenir  foire 
au  bourg  le  jour  Saint-Denis. 

La  seigneurie  s'étendait  sur  les  communes  actuelles  de 
Noyai  et  de  Châtillon,  et  môme  sur  quelques  points  de  la 
commune  de  Brutz,  séparée  des  deux  premières  par  la  com- 
mune de  Chartres. 

L'aveu  de  1680  distribue  en  cinq  bailliages  les  terres  su- 
jettes de  la  seigneurie  et  les  cheffrentes.  Le  grand  bailliage 
aux  deniers   rapportant  38  livres,  3  sous  et  8  deniers.  Le 

•  LoBiNKAU,  Pi*.  552-567. 

•  Cf.  HiviN.  Questions  féodales,  p.  259. 

Brécé  était  très  ancienn "ornent  gage  de  sergenterie.  En  1395,  les  sergents 
de  Brécé  furent  chargés  de  conduire  au  delà  du  Couosnon,  un  habitant  de 
Brutz  condamné  comme  faux  monnayeur  à  éire  bouilli  (chap.  CXII.  T.  A.  C.) 
et  que  le  duc  Jean  IV  bannissait,  en  lui  faisant  grâce  de  la  vie.  —  Lobinkau. 
Pr.  789.  —  Depuis,  selon  Tusage  de  France,  le  bannissement  s*exécuta  autre 
ment  :  on  laissait  le  condamné  libre  à  la  porte  de  la  prison  1...  et  il  ne 
passait  pas  souvent  la  limite  de  la  province. 


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DK   BRETAGNE  545 

grand  bailliage  sur  avoine  rapportai!  1264  boisseaux  d'avoine, 
63  poules  et  63  corvées,  —  enfin  les  bailliages  des  tnétairies, 
des  bois  et  de  la  Chaussairie. 

L'attribution  à  la  seigneurie  de  Brécé  du  titre  de  grand 
écuyer  étant  ainsi  établie,  il  n'est  besoin  pour  dresser  la 
liste  des  grands  écuyers,  que  de  rechercher  par  quelles 
mains  a  passé  Brécé  depuis  la  création  de  Tofflce;  mais  il 
faut  s*en  tenir  rigoureusement  à  cette  indication. 

Un  auteur,  reconnaît  «  que  la  dignité  de  grand  écuyer  éfait 
attachée  à  la  possession  de  Brécé  ;  o  puis  il  ajoute  aussitôt  : 
«  Malgré  les  privilèges  attachés  à  la  terre  de  Brécé,  les  ducs 
néanmoins  accordèrent  à  d'autres  seigneurs  qu'à  ceux  de 
cette  terre  le  titre  de  grand  écuyer*.  » 

La  méprise  est  certaine. 

Oui,  on  trouve  en  plusieurs  registres  de  la  Chancellerie 
le  titre  de  frand  écuyer  donné  à  des  gentilshommes  qui  n'ont 
pas  possédé  Brécé.  Peut-être  est-il  permis  d'induire  de  ce 
titre  une  primauté  d'honneur  et  de  fonctions  sur  les  autres 
écuyers  du  duc;  mais  il  est  hors  de  doute  que  ces  premiers 
écuyers  n'avaient  ni  le  titre  ni  le  privilège  des  grands 
écuyers  héréditaires  de  Bretagne.  Gomment  en  effet  admettre 
deux  grands  écuyers  en  concurrence  :  celui  qui  tient  son 
titre  ancien  de  la  possession  de  Brécé,  l'autre  qui  le  tient  de 
la  volonté  du  duc  ?  Il  n'y  a  qu'une  épée  à  porter  :  lequel  des 
deux  la  portera? 

Or  l'auteur  que  j'étudie  dresse  une  liste  de  quatorze 
écuyers  jusqu'à  1532;  et  parmi  ces  personnages  deux  seule- 
ment,  trois  tout  au  plus  ont  été  seigneurs  de  Brécé.  Nous  ne 
sommes  donc  pas  d'accord  sur  les  noms  et  la  succession  des 
grands  écuyers  de  Bretagne.  Nous  ne  sommes  pas  non  plus 
d'accord  sur  la  date  de  la  création  du  titre,  puisque  l'auteur, 


*  M.  ConrroN  de  Kirobllsch.  Recherches  sur  la  Chevalerie  en  Bretagne 
,  p.  449  a  455.  II.  P.  337. 


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LES   GRANDS  ÉGUYEKS   HÉRÉDITAIRES 

après  avoir  fixé  cette  date  au  quinzième  siècle,  met  eu  tête 
de  sa  liste  un  certain  Cadoret  qui  aurait  exercé  sa  charge  en 
1073,  avant  Alain  Fergent*. 


IV. 


Il  y  aurait  quelque  intérêt  à  savoir  en  faveur  de  quelle 
maison  le  titre  de  grand  écuyer  fut  originairement  attaché  à 
la  seigneurie  de  Brécé...  Il  peut  y  avoir  quelque  doute, 
parce  que,  de  1427  à  1451,  la  seigneurie  a  passé  des  Blossac 
aux  Montbourcher  et  de  ceux-ci  aux  Québriac. 

Il  semble  bien  que  plusieurs  charges  de  cour  furent  créées 
vers  Tannée  1420.  C'est  la  date  de  lemprisonnement  du  duc 
Jean  V  par  les  Penthièvre.  Les  seigneurs  bretons  *  restèreat 
pour  la  plupart  fidèles  ;  mais  ils  firent  payer  leur  fidétitô, 
d  abord  par  la  duchesse  qui  «  rehaussa  leurs  appointements» 
pour  les  déterminera  assiéger  Chantoceaux^,  puis,  après  sa 
délivrance^  par  le  duc  lui-môme.  Non-seulement  celui-ci 
distribua  à  plusieurs  les  dépouilles  des  Penthièvre' ,  mais 
il  accorda  des  honneurs  de  cour  qui  ne  lui  coûtaient  guère. 
C*est  ainsi  que  Charles  de  Rohan,  sire  de  Guémené-Guin- 
gamp\  fut  investi  le  16  septembre  1420^  du  droit  de  porter 
dans  les  cérémonies  le  cercle  royal  du  duc.  C*est  dans 
le  mftme  temps  que  Ton  voit  le  seigneur  du  Juch  portant  le 
manteau  royal  du  duc,  quand  celui-ci  n'en  est  pas  revêtu*  ; 
enfin  c'est  à  cette  époque  que  le  titre  de  grand  chambellan 

*  Otk  trouTera  la  lista  dressée  par  M.  Couflfon  en  regard  de  celle  que  noas 
proposons.  Appendice  I. 

*  LOBINBAU,  p.  547. 

*  Voir  sur  ce  point  d'Argentré  livre  X    chapitre  3til,  p.  841,  1**  édition. 

^  Fils  de  Jean  l«r,  V**  de  Rohan,  né  de  son  second  mariage  avec  Jeanne 
de  Navarre,  tige  des  seigneurs  de  Rohan-Guémené.  Lobinbau,  p.  552.  Morice 
Pr.  II.  col.  1040. 

«  LoBfNB\u  p.  679  et  %l2.  i<-«  col.  12:)1.  Procèe«verbal  des  EUU  de  146%,  se 
réfère  au  «don  hérédital  par  grâce  fait  à  ses  prédécesseurs.  » 


i^jji.. 


,  :^  DE   BRETAG'ÎP  547 

devint  héréditaire  dans  la  seigneurie  de  Château-Giron\  li  y 
a  bien  quelque  apparence  que  la  création  de  la  charge  de 
grand  écuyer  héréditaire  fut  contemporaine  de  la  création 
de  ces  autres  charges. 

Si  le  titre  de  grand  écuyer  a  été  créé  vers  1420^  ce  serait 
en  faveur  de  J^ean,  encore  seigneur  de  Blossac  en  1427. 

En  1378,  la  métairie  roturière  des  Carreaux  et  la  maison 
noble  de  Brécé  étaient  aux  mains  de  c  Thib^ud  de  Blossac, 
chevalier,  demeurant  en  la  paroisse  de  Noyal-sur-Seiche,  » 
témoin  dans  l'enquête  de  canonisation  de  Charles  de  Blois*. 
Au  siècle  suivant,  les  Carreaux  et  Brécé  sont  réunis  à  la  sei- 
gneurie de  Blossac.  La  métairie  est  portée  aux  fouages  comme 
appartenant,  en  1427,  au  seigneur  de  Blossac,  en  1440  au 
seigneur  de  Brécé  (seigneur  de  Blossac).  Au  siècle  suivant, 
en  1513,  nous  la  trouvons  aux  mains  de  la  douairière  de 
Québriac  (et  de  Blossac).  Mais,  me  dit-on,  on  ne  voit  pas  que 
le  seigneur  de  Blossac  réclame  le  titre  de  grand  écuyer  :  ne 
peut-on  pas  conclure  de  là  que  ce  titre  a  été  concédé  à  Ber- 
trand de  Montbourcl^er,  sire  du  Bordage,  auquelJean  de 
Blossac  va  marier  sa  fllle  ? 

Les  Montbourcher,  quand  ils  produisirent  à  la  réformatiou 
de  1668^  attribuèrent  le  titre  de  grand  écuyer  à  Simon,  père 
de  Bertrand,  et  à  Bertrand  lui-môme*.  Mais  quelle  preuve 
de  cette  prétention  se  produisant  après  deux  siècles  et  demi  t 
—  Aucune  I  et  nos  historiens  fournissent  des  indices  con- 
traires à  cette  prétention*. 

*  Ce  titre  avait  auparavant  appartenu  à.  Patri  et  à  Armel  de  ChàteaugU 
ron  ;  maie  iln*était  pçia  encore  héréditaire,  puisque,  en  Ut 3,  il  appartenait 
à  Henri  du  Parc. 

On  peut  remarquer  que  les  sires  de  Ouémené-Quîngamp,  du  Juch  'et  de 
Châteaugiron  sont  nommés  parmi  ceux  4ont  la  .duchesse  eut  besoin  d'en- 
courager la  fidélité. 

»  LoBiNEAU,  Pr.  552-567. 

*  Simon,  marié  en  1392  à  Tiphaine  Raguenel,  Bertrand  son  fils  marié  à 
Jeanne  de  Blossac  1«  mariage. 

*M.  Couffon  de  KerdeUech  leur  donne  place  sur  sa  liste  ;  mais  il  doute 
de  leur  qualité  et  regrette  de  ne  pas  prouver  d'antre  preuve  de  leur  litre  que 
la  généalogie  de  1671. 


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548  LES   GRANDS   ÉGUYERS  IIÉRÉDITAIBES 

En  i404|  Simon  est  nommé  avec  Allain  Lescoff  comme 
«  écuyer  d'écuries  à  servir  par  quartier  chacun  d'eux  aura 
bouche  en  cour  et  deux  chevaux  à  livrée,  et  recevra  6  livres 
10  sols  par  mois*.  »  Ainsi  la  situation  des  deux  écuyers  est 
égale  :  d'où  suit  que  Sijnon  n'est  pas  joremi^r  et  grand  écuyer. 

Et  Bertrand  ?  —  Il  est  des  fidèles  du  duc  Jean  V.  En  1419, 
le  duc  le  retient  «  pour  chevaucher  avec  lui  et  garder  sa  per- 
sonne >j  ;  il  est  des  premiers  armés  contre  les  Penthièvre 
en  1420  ;  en  1425,  il  est  chargé  de  l'armement  des  communes 
dans  le  pays  de  Rennes  ;  en  1434,  il  est  capitaine  de  Saint- 
Aubin  du  Cormier,  une  des  clefs  de  la  Bretagne  du  côté  de 
la  France.  Mais,  en  1426,  un  compte  du  trésorier  lui  donne 
le  titre  de  chambellan'.  Donc  à  cette  époque,  il  n'était  pas 
écuyer,  encore  moins  grand  écuyer.  —  Depuis,  a-t-il  possédé  ce 
litre?  J'en  doute...  Bertrand  a  été  marié  deux  fois  ;  sa  première 
union  avec  la  demoiselle  de  Blossac  ne  fut  pas  de  longue 
durée^,  il  en  eut  une  fille,  Jeanne,  dame  de  Blossac  et  de  Brécé 
mariée,  avant  1451,  à  Thomas  de  Québriac.  En  tout  cas,  si 
Bertrand  a  possédé  le  titre  de  grand  écuyer,  n'est  ce  pas  du 
chef  de  sa  femme,  ou  comme  tuteur  de  sa  fille  héritière  de 
sa  mère  ?  Quelle  apparence  que  Bertrand,  s'il  eût  obtenu  la 
création  en  son  nom  de  la  charge  héréditaire  de  grand 
écuyer,  l'eût  fait  attacher  à  une  seigneurie  qui  ne  lui  appar- 
tenait pas  et  que  le  mariage  de  sa  fille  allait  faire  passer  dans 
une  maison  étrangère? 

Enfin  ie  titre  aurait-il  été  créé  en  faveur  de  Thomas  de 
Québriac,  époux  de  la  fille  de  Bertrand,  dame  de  Blossac  èl 
de  Brécé?  Non  :  en  ce  cas  celui-ci  n'aurait  pas  manqué  de 
faire  attacher  le  titre  à  sa  seigneurie  de  Québriac  et  non  à 
une  seigneurie  appartenant  à  sa  femme. 


*  LoiiNE4U,  pr.  col,  814. 

*  LoBiHEi^u,  pr.  col.  964  et  passim. 

■  Il  épouia  an  seconde  noce  Jeanne  de  Québriac,  dont  le    flli,  qui  a  con-* 
tinué  U  deicsndance,  eitmort  en  1477. 


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LES  ORAl^US  ÉGUYERS   HÉRÉDITAIRES  DS  BRETAGNE       549 

Il  semble  donc  très  vraisemblable,  sinon  démontré,  que  le 
titre  de  grand  écuyer  a  été  créé  pour  Jean,  seigneur  de  Blossac 
et  de  Brécé.  Ainsi  s'explique  tout  naturellement  que  le  titre 
ait  été   issis  sur  la  seigneurie  de  Brécé. 

De  Jean  de  Blossac  le  titre  a  passé  peut-être  à  sa  fille, 
femme  de  Bertrand  de  Montbouroher,  et  sans  aucun  doute 
à  sa  petite-fille,  Jeanne  de  Montboarcher,  qui  le  porta  dans  la 
maison  de  Québriac. 

Les  textes,  notamment  celui  de  Lobineai\  contrarient-ils 
cette  conclusion?  Au  contraire.  En  1442,  Lobineau  nous 
montre  le  seigneur  de  Blossac,  exerçant  l'office  de  grand 
écuyer.  Quel  était  ce  seigneur  î  Très  vraisemblablement 
Jean  de  Blossac.  Autrement,  l'exact  historien  aurait  pris 
soin  de  nous  le  présenter  comme  il  fera  un  peu  plus  loin, 
quand,  aux  Etats  de  1451,  il  exposera  les  titres  de  Thomas  de 
Québriac. 

J'ajoute  que  le  procès-verbal  des  Etats  de  Vannes  de  1462 
nous  apprend  que  le  titre  de  grand  écuyer  a  été  concédé  à 
un  des  prédécesseurs  de  Thomas  de  Québriac.  Or,  Thomas 
exerce  la  charge  depuis  au  moins  1451.  Il  n'est  pas  question 
du  grand  écuyer  avant  1442.  Donc,  à  cette  époque,  la  charge 
n'était  pas  aux  mains  de  Thomas  de  Québriac  ;  mais  en  celles 
d'un  de  ses  prédécesseurs,  soit  Bertrand  de  Moutbourcher, 
comme  mari  ou  comme  tuteur,  soit  plus  vraiscmblablen-ent 
Jean  de  Blossac,  seigneur  de  Brôcé. 

J.  Tré\édy, 
Ancien  président  du  tribunal  de  Quimper. 

(A  suivre.) 


T.    VI.   —   NOTICES.   —  Vr   ANNEE,   0«  LIV. 


36 


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LES    VITREENS 


ET 


LE    COMMERCE    INTERNATIONAL 
C  Suite.) 


M. 


LE  «  mardi  21*  mars  1589,  la  ville  de  Vitré  fut  prinse 
par  les  Huguenots.  »>  Cet  extrait  du  Journal  historique 
de  Vitré  ne  suffit  pas  pour  mettre  au  point  la  situation 
des  catholiques  marchands  d*outre-mer,  durant  cette  année 
et  les  dix  suivantes.  Cherchons  ailleurs.  Un  procès  verbal  de 
la  communauté  de  Rennes,  daté  du  27  mars  1589,  nous  ren- 
seigne en  ces  termes  : 

((  Présentement  par  Guillaume  de  Gennes  La  Grange\ 
Pierre  Prain'  et  Pierre  du  Boys,  bourgeois  de  Vitré  a  esté 

'  Filg  de  Gilles  de  Qennes  de  la  Rossignolais  et  d'Antoinette  Le  Bigot, 
petit-fils  de  Jean  de  Gennes  ^t  de  Tugalle  Peluan.  11  époasa  Andrine  Burel 
dont  sont  issas  1*  N.  de  Gennes,  mort  recteur  de  Saint-Menré,  2^  Andrine  de 
Gennes,  mariée  à  Jean  de  Couasnon  sieur  de  Trèlan,  3*  Jeanne  de  Gennes, 
mariée  à  Jean  Guillaudeuc»  sieur  de  la  Vieuville. 

s  Fils  de  Guillaume  Frain  et  de  Perrine  Mazurais.  Reçu  dans  la  confrérie 
de  TAnnonciation  en  1573,  il  épousa  Julienne  Lambaré,  fille  de  Jean  Lambaré 
et  de  Jacquine  Godart^  sieur  et  dame  du  Plessix,  et  eut  pour  enfants  :  1* 
Etienne,  2«  Paul,  3*  Guillemette,  4»  Jeanne-Marie,  mariée  à  Michel  Guérin  de  la 


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LES  VITRÉENS  ET  LE   COMMERCE   INTERNATIONAL  551 

supplié  que  messieurs  de  la  communauté  de  cette  ville 
fassent  ce  bien  à  messieurs  de  Vitré  catholiques, de  les  vouloir 
accommoder  de  deux  petites  pièces  d'artillerie  pour  s'aider 
contre  les  huguenots  qui  se  sont  emparés  de  la  ville  et 
château  de  Vitré  où  ils  tiennent  les  catholiques  en  subjection 
et  les  persécutent  et  ont  mis  grande  partie  d'iceux  et  leurs 
femmes  hors*.  » 

La  sujétion,  la  persécution,  ou  l'exil,  voilà  donc  le  sort 
des  catholiques  Vitréens.  C'est  déjà  fort  engageant  ;  mais 
peut-être  les  légistes  seront-ils  plus  tendres  que  les  sou- 
darts?Dans  cet  espoir,  ouvrons  l'ordonnance  de  Guy  Le 
Meneust,  sieur  de  Bréquigny,sénéchal  de  Rennes.  Le  dernier 
jour  d'avril  1590,  ce  zélé  fonctionnaire  assure  à  ses  parents 
et  alliés  vitréens*  la  prison  pour  logement,  il  ordonne  la 
confiscation  de  leurs  biens  meubles  et  immeubles,  défend  à 


Salmandière  de  la  Tille  de  Laval,  (de  la  maison  dee  Quérin,  lise  rae  de  la  Tri- 
nité k  Laval,  Monsieur  J.  M.  Richard,  correspondant  du  ministère  des  beaux- 
arts,  a  donné  ane  intéressante  monographie.  Voir  :  Bulletin  de  la  commission 
hist,  de  la  Mayenne  1889),  5»  Andrine  Frain,  mariée  à,  Georges  Brouessin, 
sieur  des  Burons. 

*  Voir  Journal  des  barricades  et  la  Ligue  à  Rennes  par  S.  Roparts  pp. 
92  et  93. 

s  Jacques  Lambaré,  marjr  de  Jeanne  Meneust,  cousine-germaine  du  séné- 
chal de  Rennes  et  tuteur  de  Jean  et  de  Marye  Meneust,  demeurant  en  la  ville 
de  Vitré,  de  Pol  Meneust,  résidant  en  la  ville  de  Rennes,  figure  sur  la  lista 
des  Ligueurs  traqués  par  Guy  Le  Meneust  (Voir  :  Dom  Morice,  Tome  III  des 
Preuves.  Col.  1508  et  dans  Une  terre  et  ses  Possesseur  s, La  généalogie  des  Me- 
neust, p.  189-190.)  Voici  le  début  d'un  acte  en  date  du  12  juiUet  1588,  rela- 
tant la  tutelle  des  prédits  :  «  Par  nostre  Court  de  Vitré,  devant  nous  nottaires 
d'iceUe,  ont  comparu  honnestes  personnes  Jean  de  Qennes,  sieur  delaBroce, 
Amory  de  Gennes,  sieur  de  la  Gasnerje,  résidant  à  Vitré  et  Jacques  Lambaré 
espouz  de  Jeanne  Meneust,  faisant  potr  luy  et  pour  Gilles  Meneust.  Ledit 
Lambaré  comme  tuteur  et  garde  de  Jean  et  Marye  Meneust  demeurant  audit 
Vitré,  de  Pol  Meneust  résidant  en  la  ville  de  Rennes,  entre  lesquelles  parties 
a  esté  cogneu  que  dès  le  17*  jour  de  juin  de  l'an  1585,  lesdits  Jean  de  Gennes 
et  deffunct  honorable  homme  Pierre  Meneust,  sieur  de  la  Vieu ville,  père  des 
dits  Gilles,  Pol,  Jeanne,  Jean  et  Marye  Meneust,  auraient  pris  k  titre  de 
ferme  de  noble  homme  Jean  de  la  Porte,  sieur  du  Val,  conseiller  du  Roy  en 
la  Court  du  Parlement  de  ce  pays  et  duché  de  Bretaigne,  procureur  du  sieur 
Prieur  du  Prieuré  de  Sainte-Croix,  les  dixmes  et  blasteries.  eto..  (Tiré  de 
nos  Archives). 


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552  LES    VITRÉFNS 

toutes  personnes,  quelles  que  soient  leurs  qualités,  de  les  rete- 
niren  leurs  maisons  ;  et^  pourmieuxassurerrex^cutiondeces 
excellentes  mesures.il  fait  dresser,  publier  et  afficher  la  liste 
de  tous  ces  misérables'  assez  entêtés  pour  garder  leur  foi  au- 
dessus  de  toute  atteinte  et  réclamer  un  roi  qui  la  professe  ; 
assez  mal  inspirés  pour  ne  pas  se  confier  absolument  en  ces 
grands  patriotes  qui,  le  jour  où  sera  levé  le  siège  de  Vitré, 
s'en  iront  piller,  incendier,  violer  femmes  et  filles,  battre 
les  prêtres  et  profaner  les  églises*. 

Oh  le  bon  temps  pour  n  égocier  et  se  hasarder  par  les 
cheminsi  De  tous  côtés,  bataille!  Au  nord  de  Vitré,  on 
lutte  à  Châtillon,  à  Champeaux,  au  pont  Jousselin.  A  l'est, 
le  manoir  d'André  Morel  des  Bretonniàres'  est  mis  à  sac  et 
en  ruines.  Au  midi,  c'est  l'église  d'Etrelles  qui  flambe,  le 
château  de  la  Roberie  qui  s'écroule  sous  les  coups  de  l'artil- 
lerie. C'est  La  Guerche  dont  Montmartin  fait  le  siège.  ACha- 
teaubourg,  à  Saint-Jean-sur-Vilaine,  Mercœur  et  ses  fidèles 
culbutent  Anglais  et  huguenots  vitréens*.  Mais,  pensez-vous, 

*  Cette  liste  comprend  les  rebelles  de  la  yiUe  de  Vitré  —  da  bourg  Saint- 
Martin  dudit  Vitré,  de  Balazé,  de  Saint-Merré,  de  Montevert.  du  Pertre,  d*Ar- 
gentré,  d'Etrelles,  de  Torré,  Vergeal,  Saint-Aubin  des  Landes,  Cornillé,  Cham- 
peauz,  Marpiré,  Montreuil  sous  Pérouse-,  Taillis,  Izé,  Dourdain,  Saint-Didier, 
Chastillon,  Javené,  Bille,  Combourtillé.  Montreuil-des-Landes,  Parce,  Dom- 
pierre  du  Chemin,  Luitré  et  la  Selle,  Prince,  Mecé,  Chasné,  Vendel,  Saint- 
Christophe-des-Bois. 

*  Voir  :  Journal  historique  de  Vitré  p.  43. 

*  André  Morel  des  Bretonnières,  fils  de  N.  Morel  et  de  Jeanne  Hardy.  Il 
avait  épousé  Jacquine  Nouail.  On  le  fit  prevost  des  marchands  d*outre- 
mer  Tan  1602.  Sa  fille  Jeanne  Morel  épousa  Sébastien  du  Plessix  de  Grénedan, 
conseiller  au  Parlement  ;  sa  pjtite,  fille  Renée  du  Plessix,  fut  mariée  à  René 
de  Pontual,  fils  aîné  de  Jean  et  de  Françoise  du  Breil.  (Voir  pour  la  suite 
HisL  gén.  de  la  maison  du  Breil  pp.  96-99.  et  103).  A  cette  dernière  page, 
TOUS  lirez  que  Charles  du  I  reil,  marquis  de  Rajs,  capitaine  au  régiment  de 
Noailles  caTalerie,  compromis  dans  la  conspiration  de  Pontcallec,  fut  baptisé 
enTéglise  Notre-Dame  de  Vitré,  le  i\  août  1683. 11  était  petit-fils  de  Jeanne  de 
Pontual,  fille  de  René  et  de  Renée  du  Plessix.  -  André  Morel  reconstruisit 
son  manoir  «t  édifia  la  chapelle  des  Bretonnières.  (Voir  :  Dict,  d*Ogée,  —  Une 
terre  et  ses  poss.  P.  88,  et  le  Fouillé  de  Rennes, 

4  La  relation  de  ce  combat  a  été  publiée  par  M.  de  la  Borderie  dam  la 
Revue  de  Bretagne,  liv.  d'octobre  1889. 


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(TiT 


ET  LE  COMMERCE  INTERNATIONAL  553 

]a  fortune  aide  aux  audacieux,  et  vous  voilà  aux  champs  !  Eh 
bien,  on  vous  ramassera  en  quelque  coin»  roué  de  coups  ou 
atteint  d'une  arquebusade.  Le  moindre  accident  qui  puisse 
vous  arriver  est  de  tomber  aux  mains  des  soudarts  de  Vitré 
et  de  leur  compter  pour  rançon  vos  beaux  écus  sonnants*. 
Après  cela,  s*étonnera-t-on  de  voir  figurer  au  registre  des 
marchands  d'outre-mer  cette  triste  mention  :  Jadis  la  con- 
frérie s'entretenait  «  par  deniers  levés  sur  les  fardeaux 
sortant  de  cette  ville  pour  envoyer  es  pays  étrangers  qui  mon- 
taient grand  nombre  d'argent  ;  et  à  présent,  à  cause  des 
guerres  et  l'injure  du  temps  qui  a  passé  et  est  encore  pour 
le  présent,  la  plus  grande  partie  des  marchands  et  frères  ont 
été  réfugiés  ailleurs  qu'en  cette  ville'.  »  Partant,  bourse  vide 
ou  peu  s'en  faut  ! 

S'intéresserauxexilés,aux méconnus,  n'est-ce  pas  toujours, 
malgré  l'injure  du  temps,  la  tradition  bretonne  et  française  ? 
Nous  suivrons  donc  les  réfugiés  vitréens,  d'autant  qu'ils  ont 
du  ressort  et  ne  sont  pas  d'humeur  à  pousser  des  gémisse- 
ments, à  répandre  des  torrents  de  larmes.  Tandis  qu'autour 
de  Vitré  leurs  demeures  brûlent  et  que  des  malveillants 
usurpent  leurs  biens  ;  à  Fougères',  chez  leurs  bons  amis  les 


*  Ce  fut  la  mauTaise  fortune  de  JeanBéziel.  (Voir  mœurs  et  cotUumesdes 
Fam.  bret.  T.  ii,  p.  1».) 

•  Le  21  mars  1589,  date  de  la  prise  de  Vitré  par  les  huguenots,  Jean  Le 
Rojer  desOrmeaulx  élu  préyost  de  la  confrérie  en  1588,  TOjait  expirer  son 
mandat.  En  1589  et  90,  il  n'y  eut  point  d'élection.  François  Billon  fut  élu 
pour  1591-92  et  René  de  Gennes  pour  Tannée  suivante.  En  1593,  nouTelle 
interruption.  La  série  ne  reprend  qu'en  1597,  et  c'est  Jean  Geffrard  des 
Beansses  qui  tient  la  tête. 

s  C'est  à  Fougères  que  se  réfugia  MacéBonnieu.  On  sait  ses  démêlés  avec 
les  de  la  GheTallerie,  ardents  huguenots  vitréens,  à  propos  de  l'acquisition 
de  la  terre  noble  de  la  Mathelais  en  Etrelles  et  de  la  saisie  opérée  par 
Bonnien  sur  le  lieu  de  la  Robannerie,  ferme  située  en  Notre-Dame-de- 
Vitré,  (Voir:  Une  Terre  et  ses  Possesseurs  catholique»  et  protestants,  (p.  99 
et  suivantes).  Macé  Bonnieu  maria  Jeanne  Bonnieu,  sa  fille  aînée  à  Jean 
de  Bregel,  lieutenant  de  Fougères,  d'où,  comme  arrière-petite-ftlle,  Perrine  de 
Bregel, mariée  à  Sébastien  Frain  delà  Villegonthier.  —Perrine Bonnieu, autre 
fille  de  Macé,  épousa  Jean  Le  Gorvaisier  de  la  Gourgelée   d'où    Françoise  Le 


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554  LES   VITRÉENS 

maloumSi  en  Normandie,  à  Tlslede  Ré*,  en  Espagne,  ils  tra- 
vaillent comme  si  l*heure  présente  était  sans  trouble,  l'heure 
à  venir  sans  incertiLude.  Vous  savez  :  ils  sont  non-seulement 
hommes  de  commerce  mais  encore  soldats  au  besoin.  Prenez 
en  effet  leurs  inventaires  du  dix-septième  siècle,  vous  y  trou- 
verrez  à  côté  de  Tépée,  du  fusil,  des  pistolets,  l'arbalète,  l'ar- 
quebuse à  m6chB,  [^arquebuse  à  rouet':  et  tout  cela  n'était 
pas  pour  la  montre.  Là-dftssus^  Montmartin.  Vauborel  et 
compagnie,  les  voleurs  de  grands  chemins  et  les  forbans 
savaient  à  quoi  s'en  tenir. 

A  la  An  du  XVI'  siècle ^  il  fallait  négocier  les  armes  à  la 
main.  En  voulez  vous  un  exemple?  —  Le  voilà,  typique,  sai- 
sissant, de  nature  à  prouver  tous  nos  dires. 

En  septembre  1596,  un  navire  jaugeant  trente-cinq  ton- 
neaux*, solidement  construit,  bien  armé,  fin  voilier,  disait-on' 


CorTa[et«r  mariée  à  FrançoU  Le  Bescha  de  Champsavin.  Tous  les  de  Champsavin 
aotUfsla  en  de8ct*ndent.  —  Françoise  Bonnieu,  troisième  fiUe  de  Macé  fut 
mariéfl  à  GaiUaume  d«  Gennes  des  Noé$. 

*  Poûrmiti  comme  ligueur^  Jean  Frain  est,  en  1589.  réfugié  en  Hle-de-Ré 
Le  il  juiUet  de  la  dite  année,  étant  au  bourg  de  Saint-Martin  de  cette  île.  en 
présence  de  Jean  Hfrpin  notaire^  et  assisté  de  Jehan  Minault  et  de  Jehan 
Jamoj}  marcHandi, notre  Vitrécn  signe  avec  QuiUaume  Alexandre,  marchand 
mariûier  Jt?m^nriirit  en  rUlp  de  Q^rzp-y,  maître  après  Dieu  du  navire  Le 
Voilant,  les  oonventiona  Buit^^^rxtea.  Alexandre  conduira  à  Saint-Malo  une 
quantité  de  sel  estimée  cent  quatre-Tingt  escus  d*or  soleil,  laquelle  somme 
sera  versée  à  Jean  Frain  quînie  jours  après  que  le  Voilant  sera  arrivé  au  lieu 
de  Saint-Malo,  (1^  texte  de  cette  oblLg:ation  est  imprimé  dans  Nos  tableaux 
généalogiques.  Not.  et  doc.  itiéditi,  p.  4). 

*  Dans  rinven  taire  des  meubles  tîe  deff.  Jean  Le  Fort,  sieur  de  La  Longrais, 
nous  avons  trouvé  une  arquebuse  à  mèche,  un  pistolet,  une  espée,  une 
petite  arbalète  d'acier,  (Î3  août  lonfi).  —  L'inventaire  d'Antoine  Laval,  22 
mars  1654,  mentionne  une  arquebuse  à  rouet,  une  petite  carabine,  une  autre 
TieiUe  arquebuse,  une  espèe  avec  gard^  apasdane  (t).  —  Une  espée  à  garde 
d'argents  une  paire  de  pistolets  s^nt  cotés  dans  l'inventaire  des  meubles  de 
J.  Le  Fauche  a  r  24  octobre  1694* 

«  On  entendait  alors  par  tonneau  de  mer  un  poids  de  2000  livres  à  16  onces 
la  livre  poids  de  marc.  Comme  mesure  de  compte  employée  pour  indiquer  la 
capacité  d*ua  vaisseau,  il  représentait  un  espace  de  42  pieds  cubes  {Documents 
relatif^  à  la  marine  normands  fiu.^  XVI^  et  XVIl^  siècles,  par  Ch.  et  P. 
Bréard.  L.  ^.) 


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ET   LE   GOMMBRCE   INTERNATIONAL  555 

se  balançait  gracieusement  dans  le  hftvre  de  Honfleur.  II 
avait  pour  nom  la  Lauriers  et  pour  maître  Jacques  Paroult 
dit  PlacidaSj  capitaine  pour  le  Roy  en  sa  marine  du  Ponant. 
Ce  brave  et  habile  homme  a  obtenu  de  Monseigneur  T  Amiral 
de  France  congé  et  permission  de  faire  la  guerre  aux  Espa- 
gnols et  autres  ennemis  de  Sa  Majesté,  ceuxquiles  favorisent 
et,  notez  bien,  ceux  qui  trafiquent  pour  eux  et  font  écarts  de 
quelque  nature  qu'ils  soient.  Ce  congé  est  parfaitement  en 
règle,  daté  du  cinquième  jour  de  septembre  1596,  signé  par 
Tamiral,  scellé  de  ses  armes  et  vérifié  en  la  juridiction  de 
l'amirauté  de  France,  audit  Honfleur.  Ainsi  muni,  Jacques 
Paroult  tend  sa  voile  au  premier  vent  favorable,  sort  du  port 
et  va  courir  en  pleine  merles  bonnes  aventures.  Elle  tardent 
bien  à  s'offrir.  Dans  la  Manche,  rien  I  dans  l'Atlantique  jus- 
qu'au cap  Finistère,  rien  !  de  là,  à  la  hauteur  des  Açores  et  du 
cap  Saint-Vincent,  pas  davantage  !  décidément  la  chance  est 
maigre.  Enfin,  vis  à  vis  les  lies  Canaries,  notre  Normand 
rencontre  un  beau  navire  de  cinquante  tonneaux  qu'il  juge, 
à  son  tirant  d'eau,  pourvu  d'une  belle  cargaison.  Cette  fois, 
l'affaire  est  bonne.  Les  Canaries  sont  un  repaire  des  enne- 
mis de  Sa  Majesté.  Quiconque  en  sort  ainsi  lesté  doit  être  de 
bonne  prise.  —  Oh  eh  du  navire  !  de  par  le  ïloy  et  Monsei- 
gneur l'Amiral,  montrez  à  Jacques  Faroult  dit  Plaeidas^  vos 
congés,  acquits,  charte  et  le  reste,  sinon  il  pourra  vouç  en 
cuire.  —  L'autre  n'en  tient  cure  et  file  vent  arrière.  Paroult 
le  serre  de  près  et  réitère  son  commandement.  Cette  fois  on 
lui  répond  dédaigneusement  et  en  Français  :  —  Venez  à 
bord,  si  le  cœur  vous  en  dit,  vous  y  serez  bien  reçu.  —Faroult 
bondissant  sous  l'injure,  force  de  voiles,  reçoit  il  est  vrai 
dans  sa  coque,  dans  son  gréement,  coups  de  canons  et  d'arque- 
buses, voit  tomber  autour  de  lui  trois  de  ses  matelots  ;  mais 
en  revanche,  il  aborde  son  ennemi,  lui  jette  ses  grappins  et 
devient  maître  du  navire  qui  s'appelle,  ô  fortune  /  la  Bonne 
Adventure.  En  route  vers  Honfleur!  Auquel  lieu  arrivé, 
Jacques  Faroult  court  eiï   toute  hâte  faire  son  rapport  à 


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b7)(S  '  LES   VITRÉENS 

monsieur  le  lieutenant  de  ramiraùté  pour  la  justification  de 
sa  prise  et  avec  le  plus  vif  désir  de  se  faire  adjuger  les  mar- 
chandises dont  elle  est  remplie. 

Mais  la  chose  ne  marche  pas  toute  seule.  Voilà  qu'en  face 
de  ses  prétentions  de  justes  protestations  s'élèvent.  Elles 
émanent  de  noble  homme  Rolland  Hérault,  sieur  de  Glatigny 
et  du  sieur  de  Boissent  Christophe  Moreau.  Le  premier  se  dit 
procureur  de  noble  Jacques  de  Sainte- Marye  d'Aigneaux*  et 
de  la  Haye,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  Roy, 
capitaine  de  Grand  ville  et  des  îles  Chausey,  bourgeois  proprié- 
taire d'une  moitié  de  la  Bonne  Adventure,  tant  pour  le  corps 
que  pour  les  marchandises  et  toutes  choses  en  dépendant. 
Porte  partie,  comme  vous  voyez.  Le  sieur  de  Boi^^sent,  de  son 
côté,  dit  agir  en  son  nom  et  comme  procureur  de  Claude  du 
Verger,  sîeur  de  Gaillon  et  de  Floridas  Le  Moyne,  sieur  de  la 
Bréardière,  tous  les  trois  propriétaires  de  l'autre  moitié  de  la 
Bonne  Adventure. 

Du  Verger  et  le  Moyne  sont  bourgeois  de  Vitré  et  des 
meilleurs.  Nous  sommes  avec  eux  de  cœur  et  nous  désirons 
leur  triomphe.  D'accord  avec  Jacques  do  Saints- Marye,  ils 
maintiennent  énergiquement  leur  droit  à  la  délivrance  de  la 
Bonne  Adventure,  agrès,  munitions,  marchandises  y  con- 
tenues, et  cela,  attendu  que  sa  navigation  n'avait  eu  lieu  qu'en 
vertu  d'une  permission  du  Roy  et  d'un  congé  de  M.  l'Amiral. 

Paroult  resterait  alors  avec  le  bel  avantage  d'avoir  fait  une 
promenade  aux  Canaries,  d'y  avoir  perdu  trois  de  ses  ma- 
telots et  d'en  rapporter  de  sérieuses  avaries.  Comment  lui 
infliger  pareil  mécompte?  Aussi  le  18  avril  1597,  l'amirauté  de 
Honfleurdonne-t-elle  gain  de  cause  au  corsaire  Normand.  De 
ce  jugement,  les  Vitréens  et  leurs  associés  portent  appel,  puis 
peu  après  se  désistent  pour  accepter  la  transaction  suivante  : 

*  Voir  sur  ce  noble  armateur,  rintéressante  étude  du  comte  dePaljs  sur  le 
Capitaine  Breil  de  Bretagtie,  baron  des  Hommeaux,  gouverneur  de  Grande 
ville.  Saint-Marye  était  le  lieutenant  du  capitaine  breton.  Voir  dans  le  texte  du 
comte  de  Palys  p.  102  et  dans  les  pièces  Justificatives  p.  IJI,  la  lettre  signée 
Siinte-Marye.  * 


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ET   LE   COMMERCE   INTERNATIONAL  55/ 

«  Sçavoir  est  que  pour  demeurer  quitte  par  ledit  Moreau 
pourluy  et  comme  procureur  de  Claude  du  Verger  et  de  Plo- 
ridas  Le  Moyne  et  par  ledit  Hérault  de  Glatigny,  procureur 
du  sieur  de  Sainte-Marye,  tant  du  corps  de  la  dite  navire 
nommée  la  Bonne  Adventure,  agrès,  munitions,  ustensiles 
que  même  de  quatre- vingt  casses  et  demye  de  sucre  et  des 
neuf  cent  quatre-vingts  écus  sol  qui  avaient  été  inventoriés, 
le  dit  Faroult  a  quitté  tout  ce  que  dessus  pour  en  faire  leur 
profit,  ainsy  quMls  verront  bien,  renonçant  pour  luy  et  ses 
associés  à  jamais  y  rien  prendre,  au  moyen  de  la  somme  de 
deux  mille  cinq  cents  écus  sol,  laquelle  il  a  confessé  avoir 
eue  et  reçue  et  dont  quittance*.  » 

Claude  du  Verger  a  été  mis  hors  Vitré  et  par  les  hugue- 
nots et  par  ordonnance  du  sénéchal  de  Rennes.  Il  appartient 
à  une  famille  considérable  qui  saura,  à  diverses  époques, 
fournir  des  sénéchaux  à  la  bàronnie  de  Vitré,  des  procureurs- 
syndics  à  notre  communauté  de  Ville,  maints  députés  aux 
Etats  de  Bretagne'. 


'  D*après  le  chap.  VL  p.  29  de  Touvrage  de  MM.  Ch.  et  Paul  Brédard, 
Documents  relatifs  à  la  Marine  normande,  ouTrage  pablié  par  la  Soc.  de  Thig- 
toire  de  Normandie  et  à  nous  pracieusemeat  communiqué  par  M.  Joseph  Tardil. 

*  René  du  Verger,  sieur  du  Boislebanlt,  fut  sénéchal  de  Vitré  de  1619  à 
1626.— Mathurin  du  Verger,  sieur  de  Pont-Davy,  fut  procureur  syndic  en 
1614,-15-16.  —Pierre  du  Verger  de  la  Morandière  eut  la  même  charge  en 
1626-27-28.  —  Michel  du  Verger   delà  Richardais    fut   élu  pour  1641-42-43. 

—  Micheldu  Verger  de  la  Morandière  pour  1668-69-70.  —  Joachim  du  Verger, 
sieur  de  Clerheux,  administra  en  1683-84-85-86.  —  René-Olivier  du  Verger, 
sieur  de  la  Gravelle,  procureur  syndic  en  1738  et  39,  devint  maire  le  11  juin 
1748.  —  Etienne  du  Verger,  sieur  de  la  Gravelle,  avait  été  maire  perpétuel  et 
héréditaire  de  1691  à  1703.  —  Olivier  du  Verger  en  1597,  —  Gilles  du  Verger  de 
Gaillon  en  1601,—  Claude  du  Verger  s'  de  Gaillon  en  1606,  — Claude  du  Verger 
en  1609,  ^Mathurin  du  VergardePont-Oavy.ea  161 4  et  1616  ;  — Claude  du  Verger 
sieur  de  Gaillony  en  1611  ;  —  J.  du  Verger,  sieur  de  Lepinay,  en  1625  ;  —  M.  du 
Verger,  sieur  de  la  Richardais,  en  1840;  — M.  duVerger.sieur  de  la  Morandière, 
en  1655;  —Joachim  du  Verger,  sieur  de  Clerheux,  en  1671  et  1697  ;  — Etienne 
du  Verger,  en  1699  ;  —René  du  Verger,  en  1748-49-50-52  51,  représentèrent 
leurs  concitoyens  aux  Etats  de  Bretagne. 

De  Pierre  du  Verger  et  d'Elisabeth  Lecoq,  sont  issus  entre  autres  enfants  : 
Marguerite  du  Verger,  mariée  à  écuyer  François  Lyais  d'où  :  1*  Henri  Liays  ; 

—  2»  Marie  Lyais,  mariée  h.  Jacques  du  Vauborel;  —  3*  Briande  Lyais,  mariée 


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558  LES   VITRÉEN8 

Nous  avons  dit  ailleurç  ce  que  valent  les  Le  Moyne,  con- 
tentons-nous dénoter  que  les  sieurs  de  la  Bréardière figurent 
aussi  parmi  les  ligueurs  poursuivis  à  outrance'. 

Nous  sommes  donc  bien  en  présence  de  deux  exilés  vitréens 
brusquement  séparés  de  leurs  parents,  de  leurs  amis,  de 
leurs  confrères,  du  centre  de  leurs  opérations  commerciales; 
menacés  en  outre  de  la  prison,  de  la  confiscation  de  leurs 
biens  meubles  et  immeubles.  Voyez  s'ils  perdent  courage! 
Agir  comme  ils  le  font  quand  tout  semble  conjuré  contre 


à  J.-B.  Farcj  de  Kerlo  et  de  Saint-Laurent,  capitaine  de  la  TÎUe  et  ehâteas  d« 
Vitré  ;  —  4*  Olive  Lyais  restée  fille.  Elle  0e  livra  au  commerce  maritime. 
Le  partage  entre  aea  héritiers  :  Ljais,  Vanborel  et  Parcj,  parle  des  inté^ 
rôts  qu'elle  avait  dans  la»  armements  et  emplettes  des  narires  Le  ChanGélier 
et  le  Jean-Baptitie, 

René  du  Verger,  de  la  Gravelle  épousa  demoiseUe  Le  Moyne,  d*où  Thérèse 
du  Verger  mariée  à  Charles  de  Girard  de  Chateaurienz. 

Le  8  may  1890,  en  Téglise  Notre-Dame  de  Vitré,  en  présence  de  dame  Biarîe 
Laval,  dame  des  Vergers,  de  demoiselle  Olive  Leclavier  demoiselle  de  la  Mo- 
randière,  de  noble  Etienne  du  Verger  et  de  demoiselle  Marie  Lucas,  sieur  et 
demoiselle  de  laGravelle  ;  de  messire  François  Pinczon,  seigneur  du  Sel  et  de 
demoiselle  Elisabeth  du  Verger  sa  compagne,  d*Anne  Laval  dame  de  la  Rivière 
Ravenel,  et  de  demoiselle  Marie  Ravenel,  épousèrent  :  m-ïssire  Olivier-Joseph 
de  France,  chevalier  seigneur  de  France  et  de  la  Bleruais,  paroisse  de  Saint- 
Armel  de  Bleruais  et  demoiselle  Marie  du  Verger  demoiselle  de  la  Chauvinière. 
De  ce  mariage  issurent  :  1^  demoiselle  de  France,  mariée  à  M.  de  Chamballan  ; 
2*  le  chevalier  de  France  n.  h.  ;  —  3«  Louis-Olivier  de  France,  comte  de 
Landal,  marié  à  Anne-Modeste  Gaultier  de  la  Palissade  d'où  :  Olivier-Joseph 
de  France,  marié  à  Marie  Foucquer  de  Kersalio  d'où  :  Marie-Françoise  Gene- 
viève de  France,  mariée  à  Louis-Malo-Jean  Roland  du  Breil  du  Chalonge 
(Voir  la  suite  des  du  Breil  de  Landal  :  Histoire  généalogique  des  du  Breil, 
page  56  et  suivantes.) 

*  Un  René  Le  Moyne  de  la  Bréardière  épousa  le  28  juin  1620  Perrine  le 
Clavier  ;  de  leur  mariage  vint  une  fille  unique  Louise  Le  Moyne,  mariée  à. 
Olivier  Seré,  sieur  de  Lorviniôre  :  D'Olivier  Seré  de  Lorvinière  et  de  Louise 
Le  Moyne  de  la  Bréardière  issurent  :  1»  Charlotte  Seré,  mariée  à  messire 
Henri  Guihenneuc,  de  Boishue  d'où  Henri  François  de  Guehenneuc  marié  le 
!•' avril  1720  à  Madeleine  du  Breil  du  Plessix-Chalonge,  d'où  J.-B.  Gue- 
henneuc, comte  de  Boishue,  marié  à  Sylvie  de  Bruc.  (Voir  :  Généalogie  des  du 
Breil);  2*  Françoise  Seré  mariée  à  messire  Le  Noir  de  Carlan. 

Floridas  Le  Moyne,  l'armateur  de  la  Bonr^'Aventm'e  avait  épousé  Margue- 
rite Le  Gouverneur;  un  de  leur  fils  Pierre  Le  Moyne,  né  en  janvier  1585,  fut 
chapelain  du  Plessiz  de  la  Bazillais  et  de  la  Pétillais,  doyen  de  Champeauz* 
doyen  de  Vitré  et  chanoine  de  la  Madeleine  (/.  hist.  de  l*abbé  Paris 
Jallobert,  page  573). 


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ET  LE   COMMERCE  lïïTtRNATIONAL 


559 


eux,  n'est-ce  pas  montrer  fermeté,  vaillance  et  noblesse  de 
cœur? 

Supposez  maintenant  de  pareilles  énergies  récompensées 
par  le  retour  de  la  paix,  la  conversion  d'Henri  IV.  Donnez  à 
tous  ces  exilés  quelque  temps  pour  reconstruire  leurs  foyers, 
reformer,  resserrer  leurs  rangs  aux  pieds  de  la  Vierge  Marie 
et  attendez-vous  encore  à  de  belles  aventures  vitréennes  que 
nous  vous  conterons  bientôt,  locteur,  s'il  plaît  à  Dieu 


{La  suite  prochainement). 


Frain. 


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L'ENSEIGNEMENT 

SECONDAIRE  ECCLÉSIASTIQUE 

DANS  LE  DIOCÈSE  DE  NANTES 

APRÈS    LA   RÉVOLUTION 

(fsoo-isiâ*) 


DEUXIEME  PARTIE 


Les  Écoles  presbytérales 


n 


Un  dernier  mot  aur  les  écoles  presbytérales 

Nous  serions  incomplet  et  injuste,  si  nous  ne  faisions  con- 
naître les  eiïorts  plus  modesles  de  quelques  autres 
pasteurs,  La  plupart  des  curés  du  diocèse  de  Nantes 
fravaillèrent,  dans  la  mesure  de  leurs  rorces,  à  recruter  des 
prêtres; et.  appuyés  sur  le  décret  déjà  cité  qui  leur  permettait 
d'avoir  auprès  d'eux  trois  élèves,  beaucoup  donnèrent  des 
leçons  élémentaires  de  latin  à  quelques  enfants  de  leur 
paroisse.  En  1809,  nous  Ta  von  s  dit  déjà,  les  écoles  presbyté- 
rales comptaient  lii  élèves,  répartis  dans  23  paroisses,  et 

>  Voir  la  livi^ison  précédptito. 


DANS  LE   DIOCÈSE   DE   NANTES   APAÈS   LA   RÉVOLUTION      561 

jusqu'à  la  parfaite  organisation  du  séminaire  et  des  collèges, 
ce  nombre  resta  à  peu  près  le  môme. 

Nous  ne  pouvons  citer  tous  les  prêtres  qui  s'acquittèrent  de 
ce  pieux  devoir  ;  il  convient'  cependant  d'en^  nommer 
quelques-uns. 

C'est  d'abord  M.  Mathurin  Souffrand,  curé  de  Maumusson, 
célèbre  par  son  dévouement  et  ses  vertus,  en  môme  temps 
que  par  ses  prophéties.  La  biographie  de  ce  vénérable  prêtre 
a  été  écrite  en  1872  ;  nous  n'avons  rien  à  dire  de  sa  vie. 

Lui  aussi  travailla  pour  le  sacerdoce.  Au  milieu  môme  de  la 
Révolution,  il  porta  sa  sollicitude  sur  ce  point  et  forma  trois 
jeunes  clercs  :  MM.  Peuriot  et  Durand  qui,  bravant  tous  les 
dangers,  passèrent  en  Angleterre  pour  recevoir  les  maints 
ordres' et  revinrent  en  France  les  exercer  au  péril  de  leur 
vie  ;  et  M.  Jean  Robert,  dont  nous  avons  raconté  plus  haut  la 
rapide  promotion. 

La  tempôte  apaisée,  M.  Souffrand  continu  i  de  faire  la 
classe  ;  toutefois  il  n'enseigna  plus  la  théologie,  et  se  contenta 
d'instruire  ses  élèves  dans  les  premiers  éléments  des  lettres, 
pour  les  envoyer  ensuite  achever  leurs  études  soit  à  Maisdon, 
soit  au  séminaire. 

Il  commença  de  la  sorte  l'éducation  de  MM.  Mathurin 
Aubry,  qui  entra  dans  la  compagnie  de  Saint-Sulpice  et  mou- 
rut, en  1865,  supérieur  du  grand  séminaire  de  Reims  et 
vicaire  général  de  sonEminence  le  cardinal  Gousset;  Thomas, 
curé  de  la  Marne;  Mérel,  mort  curé  de  Boussay  ;  Cornuaille, 
curé  de  Noyai  ;  Duteil,   ancien  curé  de  Saint- Vincent  des 


'  D*aatrefl  prétrei,  au  fort  de  la  Révolu tioa,  travaillèrent  à  combler  les 
Tides  que  la  hache  du  bourreau  faisait  chaque  jour  dans  les  rangs  du  clergés 
De  ce  nombre  est  M.  Gilles  Garnier,  d'abord  curé  de  Teille,  depuis  vicaire 
général.  Le  curé  de  Teille,  qui  avait  prêté  pais,  huit  jours  après,  retracté  If 
serment,  s'était  réfugié  à  Nantes,  et  c'est  là  que,  tout  en  remplissant  les  de- 
voirs du  ministère,  il  enseignait  la  théologie.  La  Semaine  religieuse  a  ra- 
conté naguère  l'intéressant  mais  périlleux  voyage  que  trois  de  ses  élèves  en- 
treprirent pour  aller  se  faire  ordonner,  jusque  dans  les  Cévennes,  par 
Ms'D'Aviau  du  Bois  de  Sanzay.  (Semaine  religieuse  n*  du  27  mars  1886). 


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562  L'ENSfilONEMENT  SfiGONDAIRB  ECCLÉSIASTIQUE 

Landes  ;  et  enfin  M.  Leray,  son  petit  neveu,  ancien  curé  de 
Saint-Philbert  de  Grandlieu,  chanoine  honoraire*. 

Après  M.  Souffrarid,  il  faut  nommer  le  curé  de  Ghàteauthé- 
baud,  M.  Aguesse.  Vicaire  de  Trans  avant  la  Révolution,  il 
avait  courageusement  refusé  le  serment  et  passé  tout  le  temps 
de  la  persécution  dans  l'exercice  des  fonctions  sacerdotales. 
Il  a  raconté  lui-même,  en  des  pages  simples  mais  émouvantes, 
sa  vie  durant  ces  jours  ;  nous  ne  pouvons  qu'y  renvoyer*,  et 
faire  encore  remarquer,  à  ce  propos,  l'influence  de  tels 
hommes  pour  former  les  âmes  et  tremper  les  caractères. 

AumUieudela  persécution,  il  avait,  comme  Saint-Paul, 
son  Timothé»,  qui  s'était  attaché  à  lui  et  qui   devait  être 
ensuite  son  vicaire.  «  Je  raconterai  maintenant,  écrit-il  dans 
ses  Mémoires,  un  fait  qui  touche  M.  Vie,  oncle  du  curé  actuel 
(1843)  de  Samt-Jacques.  M.  Vie  n'étant  point  encore  prêtre, 
m'accompagnait  partout  dans  mes  périls   et  mes  déroutes. 
Tout  à  coup  il  est  arrêté  et  emprisonné  à  Nantes.  Je  reste 
seul  et  désolé.  Le  croirait-on  ?  Une  dame  P...»  fameuse  sous 
Carrier,  laquelle  avait  demeuré  quelque  temps  à  Château- 
thébaud,  où  elle  assistait  aux  offices  et  entendait  mes  prédi- 
cations, le  fit  mettre  en  liberté.  Elle  était  toute  puissante  sur 
l'esprit  de  cet  homme  qui  a  fait  noyer  tant  de  prêtres.  Le 
bon  jeune  homme  vint  me  rejoindre.  Je  l'envoyai  à  Paris 
recevoir  les  saints  ordres  qui  lui  furent  tous   donnés   en 
quelques  jours,  par  Monseigneur  l'évêque  de  Saint-Papoul, 
et  il  devint  mon  vicaire'. 

Lorsque  les  beaux  jours  reparurent,  M.  Aguesse  se  livra 
avec  plus  d'ardeur  encore  à  la  formation  des  prêtres.  De  1809 
à  1814,  les  registres  de  l'évêché*  mentionnent  chaque  année 

«  Vie  de  Af .  Souffrand. 

s  Les  Mémoires  de  M.  Âguesse  ont  été  pabliés  en  partie  par  la  Revue  de 
Bretagne  et  de  Vendée,  numéros  d'août  et  septembre  1865. 

s  Reûue  de  Bretagne  et  de  Vendée.  —  M.  Joseph  Vie  mourut  à  Nantes, 
anmdnier  des  Ursulines,  le  13  janyier  1820;  son  neveu,  M.  Joseph  Vie,  curé 
de  Saint-Jacques,  mourut  le  28  novembre  18&1. 

*  Ces  registres  ne  mentionnent  les  élèves  des  écoles  presbjtérales  qan 
pour  cette  période. 


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DANS  LS  DIOGÈSB  DE   NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION      563 

plusieurs  élèves  de  Gh&teauthébaud,  et  si  nous  devons  croire 
que  quelques-uns  fréquentaient  en  qualité  d'externes  Técole 
de  Maisdon,  il  est  certnin  que  d'autres  suivaient  les  leçons 
de  leur  propre  curé.  En  effet  dans  une  notice  sur  M.  Laine, 
curé  de  Basse-Goulaine,  Idi  Semaine  religieuse*  a  recueilli  ce 
précieux  souvenir:  «  Le  vénérable  M.  Aguesse...  s'appliquait, 
comme  plusieurs  autres  bons  prfttres,  à  réparer  les  vides  que 
la  Révolution  avait  faits  dans  le  sanctuaire  ;  sa  cure  était 
comme  une  pépinière  où  s'élevaient  des  rejetons  du  sacer- 
doce. » 

D'autres  cures  aussi  étaient  des  pépinières  :  celles  de 
Saint-Phiibert  de  Grandlieu,  où  M.  Léauté  était  curé;  de 
Saint-Etienne  de  Montluc,  qui  était  occupée  par  M.  Paty  ; 
de  Saint-Aubin  des  Châteaux,  qui  compta  jusqu'à  huit  élèves; 
de  Saint-Joachim,  puis  de  Sainte-Reine,  où  M.  Vaillant,  en- 
core un  généreux  confesseur  de  la  foi,  employait  ses  rares 
loisirs  à  former  quelques  jeunes  enfants'  qu'il  envoyait 
d'abord  à  Saint-André,  puis  à  Guérande^  ou  môme  quelquefois 
à  Maisdon  et  au  petit  séminaire  de  Nantes. 

Honneur  donc  à  ces  vétérans  des  grands  combats  de  la 
Révolution  qui,  non  contents  d'avoir  affronté  la  persécution 
et  sauvegardé  la  foi  de  nos  pères,  songeaient  encore  à  l'ave- 
nir et  travaillaient  à  former  une  race  sacerdotale  digne  de 
celle  qui  l'avait  précédée  ! 

Nous  terminerons  ici  ces  détails  sur  nos  anciennes  écoles 
presbytérales,  en  regrettant  une  fois  encore  que  l'absence  de 
documents  nous  ait  empêché  d'en  donner  la  physionomie 
complète. 

Nous  joindrons  une  pièce  officielle  qui  fait  bien  comprendre 
la  façon  dont  s'organisèrent  ces  petites  écoles.  Sa  date  et  les 


«  N*  du  3  juin  1866. 

*  M.  Vaillant  ont  l'honneur  de  discerner  et  de  guider  dans  leurs  premières 
études  M.  OUiveau,  né  à,  Saint-Joachim,  mort  chanoine  honoraire  et  supé- 
rieur du  petit  séminaire  de  Guérande,  et  M.  Oouray,  que  nous  arons  déjà 
nommé. 


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l 


56i  LlïlNSËlONEMËNT   SECONDAIRE   ECCLÉSIASTIQUE 

deux  collèges  dont  elle  parle  n'entrent  pas  dans  le  plan  que 
nous  nous  sommes  tracé  ;  «n  nous  pardonnera  cependant  de 
la  reproduire. 

Le  procureur  du  Roi  à  Châteaubriant  avait  invité'  deux 
desservants  du  diocèse,  MM.  Bizeul,  deSaint-Mars-du-déserf, 
et  Barbier,  de  Vay,  à  se  soumettre  aux  lois  régissant  TUni- 
versité  ou  à  fermer  leurs  écoles  ;  M.  Bodinier,  alors  vicaire 
capitulairej  adressa  au  Grand-Maître  la  lettre  suivante'  : 

MUNSËIUNEUR. 

d  Nous  venons  de  recevoir  la  réponse  dont  vous  nous  avez 
honorés  ;  nous  sommes  bien  aises  que  vous  ayez  lu  avec  satis- 
faction notre  lettre  pastorale  pour  l'installation  des  Frères 
des  Ecoles  clirétiennes,  nous  sommes  jaloux  de  mériter  les 
suffrages  de  Votre  Excellence,  et  nous  recevons  avec  recon- 
naissance la  promesse  que  vous  voulez  bien  nous  faire  de  les 
aider  et  de  les  protéger. 

«  Puisque  vous  nous  témoignez  un  si  grand  désir  pour 
rinstruction  et  l'éducation  de  la  jeunesse  ;  nous  oserons  avec 
confiance  réclamer  votre  protection  dans  une  alTaire  que  nous 
soumettons  à  votre  décision. 

a  Voici  l'exposé  naïf  des  faits.  «  M.  Bizeul,  curé  de  Saint- 
Mars-du-Désert,  en  ce  diocèse,  a  retiré  chez  lui,  aux  vacances 
dernières,  un  jeune  ecclésiastique  qui  aflni  ses  cours  de  théo- 
logie et  qui  craignait  d'être  à  charge  à  ses  parents  indigents. 
M  Barbier,  curé  de  Vay,  avait  un  jeune  vicaire  qui  donnait 
des  leçons  de  lecture  et  de  plain-chant  aux  enfants  qui  ser- 
vaient à  l'autol  ;  il  y  joignit  ceux  des  enfants  du  catéchisme 
qui  paraissaient  avoir  le  plus  de  dispositions.  Aux  leçons  de 
lecture  succédèrent  celles  d'écriture,  puis  enfin  il  donnait  à 
quelques-uns  d'eux  les  premières  notions  du  latin. 

Ce  jeune  homme  ayant  été  nommé  curé,  nous  avons  envoyé 

'  Lêllrs  du  14  janvier  1818.  Arch.  de  Vêt. 
*  Arch^  de  Vév.  —  Lettre  du  V8  janvier  1818. 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS  LA   RÉVOLUTION      565 

à  Vay  un  jeune  ecclésiastique  pour  aider  M.  le  Curé  aux  caté- 
chismes, dans  cette  paroisse  très  populeuse,  jusqu'à  ce  que 
nous  puissions  y  nommer  un  vicaire,  et^  pour  se  désennuyer, 
dans  une  campagne  où  il  se  trouvait  le  plus  souvent  désœuvré, 
il  donnait  aussi  quelques  leçons  aux  jeunes  enfants  que  M.  le 
Vicaire  avait  réunis.  A  Vay,  ils  sont  à  peu  près  quinze  à 
vingt,  et  sept  ou  neuf  à  Saint-Mars*.  Ces  deux  jeunes  ecclésias- 
tiques se  livraient  paisiblement  à  ces  délassements  innocetits 
lorsque,  par  ordre  du  procureur  général,  M.  le  procureur 
du  Roi  à  Ghâteaubriant  leur  a  intimé  Tordre  foudroyant 
de  fermer,  dans  le  délai  d'un  mois,  ce  qu'il  veut  bien  décorer 
du  nom  de  pension. 

«  Or  il  faut  noter.  Monseigneur,  qu'à  Vay  comme  à  Saint- 
Mars,  les  enfants  qui  reçoivent  les  leçons  de  M.  le  Curé  et, 
à  son  défaut,  du  jeune  ecclésiastique;  ne  sont  que  des  enfants 
des  environs,  indigents  pour  la  plupart,  qui  ne  donnent  à 
M.  le  Curé  ni  traitement,  ni  pension,  et  qu'il  faut  au  con- 
traire soulager  le  plus  souvenir  par  des  charités  et  des 
aumônes. 

c  II  faut  observer  en  outre  qu'une  partie  ne  reçoivent  que 
des  leçons  de  lecture  et  de  plain-chant,  quelques-uns  d'écri- 
ture, et  que  les  plus  savants  sont  ceux  qui  font  des  déclinai- 
sons et  conjugaisons  ou  commencent  à  expliquer  VEpi^ 
tome,  car  voilà  les  bornes  de  leurs  connaissances.  Ceux  dont 
les  père  et  mère  sont  trop  éloignés  se  logent  dans  le  bourg, 
chez  leurs  parents,  et  vivent  pendant  la  semaine  avec  le  pain, 
plus  souvent  encore  avec  le  bled  noir  et  les  pommes  de 
terre  que  leurs  pères  leur  apportent.  Ils  sont  donc  tous 
gratuits  et  très  gratuits. 

«  Or,  Monseigneur,  de  bonne  foi,  peut-on  regarder  comme 
formant  une  pension  quelques  malheureux  petits   paysans 

*  n  y  avait  en  effet  huit  élèves  à  Saint-Mars-du-Désert  ;  les  deux  premiers 
capables  de  huitième,  et  les  six  autres  écrivant  et  lisant  imparfaitement. 
Cinq  d'entre  eux  logeaient  dans  les  dépendances  de  la  cure,  leurs  parents  n  e 
pouvant  payer  une  pension  dans  le  bourg.  Cinq  autres  venaient  apprendre 
la  lecture  et  le  plain-chant.  Arch.  de  Vév. 

T.   VI.   —  NOTICES.   —  VI*   ANNÉE,   5*  LIV.  37 


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566  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

épars  qui  viennent  à  la  hâte  prendre  une  leçon  dans  les  mo- 
ments qu'ils  dérobent  à  leurs  travaux  ?  Car  une  pension  est 
une  réunion  d'enfants  payant  une  rétribution  à  celui  qui  les 
instruit;  or,  Monseigneur,  le  désir  d'être  utile  et  la  recon- 
naissance de  leurs  élèves  sont  le  seul  salaire  auquel  nos 
bons  curés  puissent  prétendre. 

«  En  1809,  M.  le  curé  de  la  Chevaleraye  avait  réuni  plu- 
sieurs élèves  dont  quelques-uns  étaient  capables  môme  de 
quatrième.  M.  de  Pontanes  demanda  des  renseignements 
à  M.  l'Evoque  qui  lui  exposa  naïvement  la  chose,  comme  je 
viens  de  la  soumettre  à  Votre  Excellence,  et  M.  le  Curé  ne 
fut  pas  inquiété.  (Lettres  des  4  et  13  mars  1809'.) 

«  M.  le  Recteur  a  fait  proposer  à  ces  Messieurs  de  prendre 
des  diplômes  de  directonrs  ;  mais  cette  mesure  a  deux  in- 
convénients :  le  premier^  c'est  que  la  bourse  modeste  d'un 
desservant  pourrait  à  peine  suffire  à  ces  dépenses  extraor- 
dinaires et  qu'il  faudrait  retrancher  aux  élèves  les  secours 
absorbés  par  l'Université  ;  le  second,  c'est  qu'il  serait  impos- 
sible 1  des  enfants  indigents  de  payer  la  rétribution  uni- 
V  ..  'e.  Il  est  donc  inconvenantde  demander  cette  rétri- 
bution et  à  un  pauvre  desservant  que  sa  charité  réduit  à  une 
médiocrité  voisine  de  l'indigence,  et  à  des  enfants  à  qui 
plutôt  il  faudrait  donner  du  pain. 

u  D*après  des  considérations  si  puissantes,  nous  supphons 
Votre  Excellence  de  donner  de  suite  les  ordres  nécessaires 
pour  qu'on  cesse  d'inquiéter  ces  bons  curés  dont  le  zèle 
mériterait  bien  plutôt  des  éloges  que  des  reproches  ;  et  si, 
ce  que  nous  ne  pouvons  pas  nous  persuader,  Votre  Excel- 
lence croyait  devoir  leur  défendre  de  donner  des  leçons  à 
leurs  petits  paroissiens  indigents,  nous  vous  demandons  du 
moins  qu'ils  puissent  continuer  jusqu'aux  vacances  pro- 
chaines, époque  à  laquelle  ils  pourront  faire  recevoir  au 


*  On  eût  mieux  lait  de  citer  Saint-André,   Maiidon et  les  lettres   de 

1810,  que  nous  avons  citées  nous«mdme. 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE   NANTES   APRÈS   LA   REVOLUTION      567 

petit  séminaire  ceux  de  leurs  enfants  qui  annoncent  le  plus 
de  dispositions.  » 

€  Car,  Monseigneur,  et  c'est  une  observation  dont  Votre 
Excellence  sentira  toute  la  justesse,  si  ces  Messieurs  veulent 
bien  leur  donner  quelques  leçons,  c'est  beaucoup  moins  pour 
les  instruire  que  pour  juger  de  leurs  dispositions,  et  ne  pas 
grever  notre  petit  séminaire  par  des  élèves  ineptes  qu'il 
faudrait  ensuite  renvoyer.  Ainsi  donc,  c'est  plutôt  un  examen 
qu'une  leçon,  et  un  concours  qu'une  école  véritable.  » 

«  Nous  attendons  avec  impatience  la  réponse  de  Votre 
Excellence,  persuadés  qu'elle  donnera  au  plus  tôt  les  ordres 
nécessaires  pour  empêcher  qu'on  ne  trouble  dans  l'exercice 
de  leur  zèle  des  ecclésiastiques  si  respectables.  > 

Signé  :  BoûiNiBR,  vie.  général. 

Le  recteur  de  l'académie  de  Rennes,  l'abbé  Le  Priol,  montra 
d'abord  quelque  tolérance  ;  mais  bientôt  ;il  suscita  de  nou- 
velles difficultés.  En  vain  des  négociations  furent  engagées  ; 
en  vain  l'un  des  curés  incriminés  en  appela  au  caran  >3 
sacerdotal  du  recteur,  pour  l'émouvoir  en  faveur  d»i  xj^'ï' 
pauvres  aspirants  au  sacerdoce  :  tout  fut  inutile,  et  les  deux 
écoles  ne  furent  maintenues  qu'à  condition  de  se  soumettre 
aux  lois  de  l'Université*. 


1  retire  du  9  juillet  1819.  —  Arch.  de  Vév.  —  Nous  nous  bornon»  à  cette 
citation  pour  les  écoles  de  Saint-Mars  et  de  Vay.  Plut  tard,  si  Dieu  bénU 
ce  premier  tra?ail  et  nous  donne  des  loisirs,  nous  pourrons  entreprendre 
ane  nouTelle  étude  sur  VEnseignemerU  ecclésiastique,  dans  le  diocèse,  de- 
ail  1815  jusqu'à  la  loi  de  1850  :  des  détails  plus  étendus  sur  ces  deux  mai- 
tons  y  trouveront  leur  place. 


• 


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5(38  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 


vil 

LA   CHEVALLERAIS 

■  C'était,  il  y  a  lûiigtemps,  bien  longtemps,  sur  les  bords 
de  Vhac.  Des  bois  s'étendaient,  entre  SaflrO  et  Bla  in  Jusqu'à 
ceux  du  Gâvrej  avec  lesquels  ils  ne  formaient  sans  doute 
qu'une  seule  et  immense  forêt.  Un  jour,  un  puuvre  bûcheron 
qui  Irav  ai  liait  dans  les  halliers,  apert^mt  une  beile  dame, 
auprès  d'une  souree  d'tiau  vive  \  et,  comble  de  bonheur  1  la 
belle  Dame  se  fit  connaître  -i^t  dit  qu'elle  voulait  en  ces  lieux 
une  chapelle  dédiée  à  son  nom.  Le  lendemain,  revenant  au 
même  endroit,  il  trouva  une  statuette  de  l^^ainie  Vierge^ 
cachée  dans  les  broussailles.  » 

«  Le  bûcheron  était  paus're,  et,  par  consf^quent^  incapable 
d'élever,  à  lui  seul,  un  superbe  édilice  :  il  mit  sa  cognée  au 
service  de  la  belle  Dame,  fit  disparaître  les  broussailles,  taîUa 
des  poutres  dans  ïa  forêt,  et  bientôt  la  madone  eut  sa  cha- 
pelle, bien  humble  sans  doute  avec  ses  cloisons  et  son  toit 
de  feuillage,  mais  monument  touchant  de  foi  et  d'amour. 
Puis,  quand  \b.  statuette  eut  été  placée  dans  son  sanctuaire, 
le  dévot  serviteur  de  Marie  se  prosterna  devant  elle,  et  les 
foules  vinrent  après  lui  prier  devant  Timage  miraculeuse  et 
boire  à  la  source  bénie.  ^ 

*  Or,  les  seigneurs  du  voisinage,  pour  se  délasser  de  leurs 
chevauchées  guerrières,  venaient  souvent  chasser  dans  la 
forêt,  aux  environs  du  modeste  oratoire.  Un  jour,  l'un  deux, 
croyant  frapper  une  béte  fauve,  atteignit  ot  blessa  griève- 
ment un  de  ses  compagnons.  Dans  sa  désolation,  le  cheva- 
lier (de  là  le  nom  de  Chevallerais)  promît  d'élever  une  église 
à  la  Vierge  si  te  blessé  guérissait.    Quelque  temps  après, 


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DANS   LE  DIOCftSE   DE   NANTES   APRÈS  LA    RéVOLUTION      509 

informé  de  cette  bonne  nouvelle,  le  noble  seigneur  accomplit 
sa  promesse,  et  une  chapelle  convenable  remplaça,  avec  le 
titre  de  Notre-Dame  de  Bonne-Nouvelle  y  la  hutte  du  pauvre 
bûcheron*.  » 

C'est  à  l'ombre  de  ce  vénérable  sanctuaire,  et  sous  la  pro- 
tection de  Marie,  'que  M.  l'abbé  Le  Bastard  résolut  d'établir 
un  petit  séminaire. 

Jacques  Le  Bastard  naquit  dans  la  paroisse  de  Héric.  Il 
remplissait  les  fonctions  de  vicaire  à  Saint-Père  en  Retz, 
lorsqu'il  fut  nommé  curé  de  Cugand^,  le  3  octobre  1788.  Il 
passa  en  France  tout  le  temps  de  la  Révolution  jet  obtint,  au 
rétablissement  du  culte,  de  rester  dans  sa  paroisse.  Cagand 
faisait  alors  partie  du  diocèse  de  la  Rochelle  :  cette  circons- 
tance contribua-t-elle  à  en  détacher  son  pasteur?  nous  l'igno- 
rons. Mais  la  chapellenie  de  laChevallerais,  en  Puceul,  étant 
venue  à  vaquer,  M.  Le  Bastard  s'offrit  pour  la  desservir. 

Il  y  trouvait  un  double  avantage  :  le  voisinage  de  sa  famille, 
qui  habitait  un  village  très  rapproché,  et  le  moyen  de  réaliser 
un  prejet  qu'il  avait  conçu,  v  Après  avoir  exercé,  dit-il  lui- 
môme',  l'espace  de  trente  ans,  tant  en  qualité  de  vicaire  que 
comme  curé,  je  me  déterminai,' il  y  a  trois  ans  (1806),  de 
Tagrément  de  Monseigneur  notre  évêque,  à  venir  habiter  la 
la  Chevallerais,  pour  m'y  occuper  presque  uniquement  du 
travail  de  l'éducation  d'élèves  ecclésiastiques.  » 

Les  débuts  furent  modestes,  les  bâtiments  môme  man- 
quaient :  il  fallait  louer  un  local  et  implorer  la  charité  qui  ne 
fît  pas  défaut  là  plus  qu'ailleurs,  car  un  propriétaire  généreux 
laissa  au  vénérable  prêtre  Tusage  gratuit  d'une  maison  et 
d'un  jardin.  Bientôt  il  fallut  songer  à  remplacer  ce  provisoire 


*  Voir  rarticle  sur  Notre-Dame  de  Bonne-NouveUe,  que  nous  ayons  publié 
dang  la  Semainereligieuse^  n*  du  20  mars  1886. 

*  Gugand,  antrefois  du  diocèse  de  Nantes,  maintenant  de  eelai  de  Laçon. 

'  Circulaire  à  MM.   les  curés  de   Tarrondissement   de   Chftteaubriant,   du 
4  mars  1800. 


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570  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

et  à  créer  un  établissement  stable*.  Mais  laissons  le  fonda- 
teur nous  raconter  lui-même,  en  môme  temps  qu'à  son  évoque, 
l'origine  et  les  développements  de  son  œuvre. 

0  Monseigneur, 

«  Depuis  le  jcur  où  je  fus  destiné  par  Votre  Grandeur  à 
habiter  le  hameau  de  la  Chevallerais,  en  Puceul,  dans  voire 
diocèse,  pour  y  établir  une  maison  d'éducation  de  jeunes  gens 
destinés  à  Tétat  ecclésiastique,  je  n'ai  pas  perdu  un  instant 
de  vue  l'objet  de  cette  importante  mission. 

<  c<  L*an  mil  huit  cent  sept,  le  vingt-huit  juin,  le  conseil  municipal  de  la 
commune  d»  Puceul,  assemblé  en  la  chambre  commune  dudit  lieu,  par  lettre 
de  convocation  du  maire  de  ladite  commune,  du  vingt-deux  de  ce  mois,  a  pris 
en  observation  les  propositions  suivantes,  faites  par  M.    Lebastard,  prêtre, 
supérieur  du  petit  séminaire  de  la  Chevallerais,  en   cette  commune,  lequel 
étant  entré  au  conseil,  a  dit  :  Messieurs,  vous  savez  que  depuis  que  Monsieur 
notre  évéque  m*a  chargé  delà  conduit;^  de  son  petit  séminaire  de  la  Cheval- 
lerais, en  cette  commune»  j*ai  été  obligé  de  me  servir  de  maisons  et  jardins, 
partie  de  louage,  partie  de  libéralités  de  propriétaires  honnêtes,  qui  m^ont 
accordé  à.  titre  gratuit  la  jouissance  précaire  de  leurs  logement  et  jardin  ; 
lesquelles  mesures  sont  insuffisantes,  vu  le  nombre  d*élèves  que  j'ai,  et  de 
ceux  qui  se  présentent  tous  les  jours.  Plusieurs  particuliers,  touchés  de  ma 
position  et  du  besoin  urgent  d'assurer  un  fonds  propre  à  élever  des  édifices 
et  former  des  jardins  adjacents,  offrent  de  céder  une  propriété  de  quarante- 
deux  ares,  soixante-dix  centiares.  Une  partie  de  ces  propriétaires  offrent  de 
céder  à  titre  gratuit  un  jardin  et  une  maison  quMs   possèdent  indivis,  con- 
tenant dix-sept  ares,  huit  centiares  ;  d*autres  propriétaires  offrent  de  céder 
un  jardin  en  culture  et  rapport,  joignant  l'article  ci-dessus,  îi  condition  qu'il 
leur  sera  accordé  une  indemnité  sur  les    terrains  vagues  et  incultes  do  la 
commune  de  Puceul,  contenant  un  hectare  vingt-deux  ares.   Je  vous  prie. 
Messieurs,  de  donner  votre  avis  et  votre  consentement,  soit  sur  l'utilité  de 
l'établissement  du  petit  séminaire  de  la  Chevallerais  en  cette  commune  :  soit 
sur  la  demande  qui  sera  faite  au  gouvernement  de  l'indemnité  susdite,  snr 
le  terrain  vague  et  inculte  de  cette  <;ommune  ;  soit  enfin  sur  l'autorisation 
que  je  vous  demande  pour  présenter  une  pétition  tendant  à  solliciter  pour 
qui  de  dr^it  le  pouvoir  d'accepter  les  offres  de  donations   de  terrain   pour 
b&timents  et  jardins  nécessaires  pour  le  petit  séminaire  de  la  Chevallerais, 
soit  à.  titre  gratuit,  soit  à  titre  d'indemnité.  »  Et  a  ledit  sieur  Lebastard  signé. 

Signé  :  Le  Bastard,  prêtre. 

Sur  ce,  le  Conseil  délibérant  a  approuvé  l'établissement  du  petit  sémi- 
naire de  la  Chevallerais  en  cette  commune,  sous  la  direction  de  M.  Lebastard 
prêtre,  commis  par  M.  l'Evoque  pour  cet  effet,  et  oe  voit  dans  cet  établisse- 
ment  qu'une  ....  {Cœtera  desiderantur).  —  Extrait  du  registre  des  délibé~ 
rations  du  Conseil  municipal  de  PuceuL 


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DANS  LE  DIOCftSE   DE   NANTES  APRÈS  LA  RÉVOLUTION      571 

«  Toutes  les  vraisemblances  se  réunissaient  à  faire  regar- 
der mon  projet  comme  impossible  dans  l'exécution,  ou  ne 
devant  produire  que  de  faibles  résultats.  En  effet,  arrivé  à 
laChevallerais,  je  tr'^uvai  une  habitation  appartenant  à  la 
vérité  aux  habitants  et  attachée  à  la  chapelle,  mais  si  mo- 
dique et  si  pauvre,  qu'entre  toutes  les  chaumières  qui  l'envi- 
ronnaient, elle  ne  pouvait  prétendre  qu'au  titre  modeste  de 
pri7na  inter  p  ires.  Vous  avez  daigné,  Monseigneur,  l'honorer 
de  votre  présence,  toute  disproportionnée  qu'elle  était  à  la 
visite  d'un  tel  hôte,  et  vous  vous  êtes  assuré  par  vous-même 
de  l'insuffisance  d'un  pareil  logement  pour  un  établissement 
et  un  pensionnat.  » 

«  La  chapelle  rurale  de  la  Chevallerais,  dont  la  desserte 
m'était  confiée  en  qualité  de  chapelain,  suffisait  à  peine  à 
l'usage  du  peuple  nombreux  qui  la  fréquente,  et  ne  m'offrait 
aucune  aisance  pour  y  placer  des  élèves  et  y  célébrer  dé- 
cemment les  divins  offices  ;  elle  n'avait  pas  môme  de  sacristie. 
D'un  autre  côté,  le  peuple  déjà  épuisé  par  les  frais  consi- 
dérables que  lui  avait  causés  assez  récemment  la  recons- 
truction totale  delà  charpente  de  cette  chapelle,  incendiée 
pendant  la  Révolution^  ne  paraissait  guère  dans  le  cas  de 
faire  de  nouvelles  dépenses'. 

«  Enfin,  et  ce  point  m'occupait  encore  plus  q^e  les  deux 
précédents,  je  n'avais  pas  un  élève  d'assuré,  et  j'ignorais 
absolument  d'où  et  comment  j'aurais  pu  m'en  procurer. 

«  Telle  fut  ma  position,  Monseigneur,  en  entrant,  il  y 
aura  bientôt  trois  ans,  dans  ce  petit  désert  que  je  voulais 
peupler  d'élèves  ecclésiastiques,  et  qui,  au  premier  coup 
d'œil,  semblait  plutôt  me  promettre  de  l'ennui  et  du  chagrin 
à  dévorer  par  la  suite,  que  des  travaux  utiles  à  entreprendre 
et  des  fruits  consolants  à  cueillir.    . 

*  Les  patriotes  de  Blain,  irrités  contre  les  habitants  de  la  Chevallerais, 
qui  étaient  peu  sympathiques  aux  idées  nouvelles,  brûlèrent  leur  chapelle, 
mais  elle  fut  rétablie  dès  1795.  En  1804,  on  fut  obligé  d*en  restaurer  la  toi- 
ture, ainsi  que  ceUe  de  l'église  de  Puceul.  Comme  paiement  de  son  travail, 
le  couvreur  fut  autorisé  à  taire  la  quête  une  fois  par  an,  pendant  sept  ans 
—  Registres  paroissiaux  de  Puceul. 


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572         l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

«  Persuadé  cependant,  Monseigneur,  que  mes  vues  étaient 
conformes  à  la  volonté  de  Dieu,  dès  là  qu'elles  étaient  agrréées 
de  Votre  Grandeur,  je  me  disais  à  moi-môme  :  si  cette  œuvre 
vient  de  Dieu,  j*espère  qu'il  daignera  la  bénir.  Plein  de  con- 
fiance dans  le  secours  d'En  Haut  et  dans  Tappui  de  votre 
protection  paternelle,  je  ne  vis  les  obstacles  et  les  difficultés 
que  pour  travailler  courageusement  à  les  vaincre. 

«  Comme  je  ne  pouvais  faire  tout  à  la  fois,  je  crus  devoir 
m'attacher  d'abord  à  me  procurerdes  sujets  pour  en  faire  des 
élèves,  persuadé  que  ce  point  étant  rempli,  tous  les  autres 
éprouveraient  bien  moins  de  difficultés.  Pour  y  réussir,  je 
commençai,  dès  mon  entrée  ici,  par  déclarer  publiquement 
mon  intention,  à  la  chapelle,  en  présence  d'un  peuple  nom- 
breux qui  venait  de  différentes  paroisses  y  entendre  la  sainte 
messe.  Je  ne  tardai  pas  à  faire  visite  à  Messieurs  les  curés  de 
mon  circonvoisinage  et  les  engageai  tous  à  me  procurer  des 
élèves.  Je  fus  entendu,  et  votre  Grandeur  voudra  bien  me 
permettre  de  consigner  ici  le  juste  tribut  de  ma  gratitude 
envers  tous  ces  Messieurs,  qui  se  sont  empressés  de  seconder 
mes  intentions  en  m'adressant  de  bons  sujets  à  élever  pour 
l'état  ecclésiastique.  Il  y  avait  à  peine  deux  mois  que  je 
résidais  à  la  Chevallerais,  lorsque  je  me  vis  en  état  d'ouvrir 
une  classe  de  commençans,  composée  de  neuf  étudians. 
Vous  savez.  Monseigneur,  que  ce  nombre  s'est  accru  succes- 
sivement et  qu'il  s'élève  aujourd'hui  à  quarante*,  qui  tous 
se  prononcent  pour  Tétat  ecclésiastique. 

«  Votre  Grandeur,  en  me  procurant,  cette  année,  pour 
aide,  deu5c  professeurs  dont  j'ai  tout  lieu  d'être  content,  m'a 
donné  une  marque  signalée  de  protection  et  de  bienveillance 
que  je  la  prie  d'avance  de  me  continuer  pour  les  années 
suivantes. 


*  «  J*ai  actueUement...  quarante  étudians  distribués  en  cinq  classes,  savoir  : 
seconde,  quatrième,  cinquième,  sixième  ot  septième.  »  —  Circulaire  Jointe 
au  compte  rendu. 


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DANS   LE   DIOCÈSE   DE  NANTES   APRÈS  LA   RÉVOLUTION      573 

«  Parmi  les  étudians  de  votre  séminaire  de  laGhevallerais, 
il  s'en  trouve  un  certain  nombre  qui  n'étant  pas  nés  de  pa- 
rents fortunés,  sont  hors  d'état,  ainsi  que  leurs  familles,  de 
faire  face  aux  frais  de  leur  éducation  quelque  modiques 
qu'ils  soient  ici.  Votre  Grandeur  les  connaît,  et  cette  connais- 
sance est  un  sûr  garant  de  votre  bienveillance  à  leur  égard. 

«  Assuré  d'un  nombre  d'élèves  suffisant  pour  m'occuper 
avec  utilité,  je  tournai  mes  regards  vers  le  sanctuaire,  et 
m'occupai  à  me  procurer  ce  qui  était  nécessaire  pour  faire 
loffice  divin  avec  la  bienséance  convenable.  Le  détail  des 
moyens  que  j'employai  pour  y  parvenir  serait  sans  doute  ici 
superflu  et  déplacé.  Il  mo  suffira  donc  de  vous  dire.  Mon- 
seigneur, que  là  où  existait  un  simple  autel  sans  décoration 
ni  rétable;  là  où  était  un  sanctuaire  si  étroit,  que  le  prêtre, 
en  commençant  la  sainte  messe,  touchait  la  balustrade  avec 
sa  chasuble,  le  tout  sans  lambris,  se  voit  aujourd'hui  un 
chœur  assez  spacieux  pour  placer  cinquante  élèves,  nouvel- 
lement carrelé  et  lambrissé,  avec  des  sièges  et  des  tabourets 
tout  neufs,  un  Graduel  et  un  Vespéral  in-folio.  Le  fond  de 
l'autel  est  garni  par  un  tableau  avec  son  rétable  ;  quatre  ri- 
deaux sont  placés  aux  quatre  fenêtres  du  chœur.  Nous  avons 
un  encensoir  et  un  ostensoir;  ce  dernier  article  est  le  fruit 
de  la  libéralité  de  la  fabrique  et  paroisse  de  Héric,  dont  je 
leur  sais,  en  mon  particulier,  tout  le  gré  possible.  Une  sa- 
cristie fut  construite  et  achevée  l'an  passé.  J'ai  traité  derniè- 
rement à  Nantes,  pour  trois  chapes  et  deux  dalmatiques  ; 
on  nous  garantit  ces  objets  pour  Pâques  prochain.  A  cette 
époque.  Monseigneur,  nous  pourrons  célébrer  ici  l'office 
divin  avec  la  dignité,  la  décence  et  la  régularité  convenables 
à  un  séminaire. 

«  Nous  venons  de  faire  l'acquisition  d'une  horloge  qui  est 
en  activité  depuis  quelques  jours.  Je  l'ai  fait  placera  la  cha- 
pelle, dont  la  cloche  lui  sort  de  timbre.  Ce  régulateur  con- 
tribuera beaucoup  à  l'exactitude  de  nos.  exercices.  J'ai  com- 
mencé rétablissement  d'une  bibliothèque  de  lecture  pour  nos 


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574  L^ENSETGNEMENT   SECONDAIRE  ECCLÉSIASTIQUE 

étudiants.  Ello  est  composée  en  grande  partie  de  livres 
d'histoire  et  de  littérature.  Chaque  étudiant,  qui  veut  s'y 
agréger,  paye  chaque  année  trois  francs  en  entrant.  Je  crois 
cette  ressource  d'autant  plus  utile,  qu'il  n'est  pas  rare  de 
trouver  des  étudiants  qui,  faute  de  lecture,  sontaussi  embar- 
rassés sur  leur  langue  maternelle  que  sur  le  latin  môme. 

«  Tous  ces  détails,  Monseigneur,  pourront  paraître  longs 
et  minutieux  ;  je  mêles  suis  cependant  permis,  convaincu 
que  je  suis  que  les  moindres  choses,  dès  là  qu'elles  tendent 
au  bien  de  la  religion  et  du  diocèse^  ainsi  qu'aux  progrès  des 
études,  sont  loin  de  vous  être  indifférentes. 

«  Reste  l'article  du  logement,  Alonseigneur,  qui  a  toujours 
été  et  qui  est  encore  en  souffrance.  Votre  Grandeur  m'accorda 
il  y  a  deux  ans,  une  autorisation  pour  faire  des  quêtes  dans 
les  églises  des  paroisses  circon voisines,  j'ai  employé  le  mo- 
dique produit  de  ces  pieuses  libéralités  à  acheter  des  maté- 
riaux, et  principalement  du  bois  de  charpente  que  j'ai  fait 
travailler.  J'ai  construit  autour  de  ma  petite  maison  quelques 
appartements  provisoires,  qui  m'ont  fourni  deux  classes  et 
un  dortoir;  mais  ces  sortes  d'appartements,  dont  leamurs  ne 
sont  que  de  terre  mêlée  avec  de  la  paille,  n'ont  ni  solidité,  ni 
commodité  réelles.  D'ailleurs  la  maison  est  trop  ilo:f;née  de 
la  chapelle,  ce  qui  nuit  véritablement  aux  exercices  spirituels. 
Toutes  ces  considérations,  Monseigneur,  m'ont  toujours  fait 
sentir  la  nécessité  de  construire  près  de  la  chapelle  un  bâti- 
ment convenable  à  une  maison  d'éducation  ecclésiastique  et 
à  la  tenue  d'un  pensionnat.  Depuis  longtemps  les  propriétaires 
du  terrain  qui  doit  servir  d'emplacement  à  cet  édifice  en  ont 
fait  l'abandon  à  Votre  Grandeur,  il  est  vacant,  et  je  pourrai 
bâtir  sans  aifflculté,  quand  il  vous  plaira.  Monseigneur,  m'y 
autoriser  et  m'en  procurer  les  moyens.  » 

Signé  :  Le  Bastard^  prêtre,  18  février  1809*. 

*  Compte  rendu  à  Monseigneur  VEvéque  de  Nantes,  du  commencement , 
décrétât  actuel  et  des  besoins  de  son  petit  séminaire  de  la  Cher^llerais,  en 
Puceuh  par  M.  Le  Bastard,  prêtre,  supérieur  diidit  séminaire. 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE  NANTES  APRÈS  LA   RÉVOLUTION      575 

A  ce  Compte  rendUi  Q^i  ^^t  adressé  à  tous  las  curés  de  Tar- 
rondissement  de  Chftteaubriant,  M.  le  Bastard  joignit  une  cir- 
culaire également  instructive  sur  plusd*un  point.  Elle  nous  fait 
connaître  le  prix  de  la  pension,  qui  était  d0  trois  cents  francs, 
^ans  aucun  faux  frais,  ai  Ton  en  excepte  l'abonnement,  libre 
d'ailleurs^  à  la  bibliothèque,  et  une  somme  égale,  destinée  à 
l'entretien  et  à  l'ornementatian  de  la  chapelle.  Les  parents  à 
qui  la  modicité  de  leur  fortune  ne  permettait  pas  une  pareille 
dépense,  avaient  uneautre  ressource.  Comme  dans  les  écoles 
presbytérales,  on  recevait  des  externes  prenant  leur  pension 
dans  le  village  de  la  Chevallerais  ou  dans  la  campagne  envi- 
ronnante, et,  remarque  le  bon  supérieur,  a  leur  pension  ne 
coûte  pas,  à  chacun,  plus  de  cinquante  écus  par  an.  » 

Il  va  de  soi  que,  parmi  les  élèves  de  la  Chevallerais,  tous 
ne  fournissaient  pas  la  somme  que  nous  avons  indiquée,  et 
M«'  Duvoisin  pouvait  écrire*  au  Grand  Maître  de  l'Université, 
en  sollicitant  l'exemption  du  vingtième  pour  ses  sémina- 
ristes :  «  Il  existe  dans  le  village  de  la  Chevalleraye,  arron- 
dissement de  Châteaubriant,  un  second  petit  séminaire, 
dirigé  par  un  prêtre  nommé  M.  Le  Bastard.  On  n'y  enseigne 
que  lesg  rammaires  française  et  latine.  Il  est  composé  de 
trente  à  quarante  enfants,  presque  tous  fils  de  paysans  des 
environs.  L'enseignement  est  gratuit.  Plusieurs  des  élèves 
sont  logés  et  nourris  chez  les  paysans  de  la  Chevallerais,  les 
autres  payent  à  M.  Le  Bastard  une  pension  extrêmement 
modique,  et  la  plupart  ne  la  paient  que  des  fonds  de  la  charité 
publique  dont  je  suis  le  distributeur.  ». 

Dans  sa  circulaire,  M.  Le  Bastard  rappelait  que  Tunique 
but  de  ses  efforts  était  le  bien  de  l'Eglise  et  la  formation  des 
clers.  «  Je  vous  pré^Tiens,  disait-il,  que,  comme  ce  n'est  ni 
le  besoin  pour  vivre,  ni  moins  encore  le  désir  de  m'enrichir, 
mais  le  seul  motifdu  besoin  de  la  religion  et  le  désir  d'aider  à 
perpétuer  le  sacerdoce,  qui  m'ont  déterminé  à  échanger  les 

*  Arch.  de  Yév.  —  Lettre  du  4  mars  1809, 


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575  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

fonctions  pastorales  contre  les  occupations  que  demande 
l'éducation,  je  ne  puis  accepter  de  sujets  que  pour  Tétat 
ecclésiastique.  » 

En  présence  du  monopole  tyrannique  exercé  par  TUniver- 
sité  impériale,  beaucoup  de  parents,  qui  ne  voulaient,  à  aucun 
prix,  d'une  éducation  opposée  à  tous  leurs  principes,  pro- 
fitaient du  peu  de  liberté  qui  était  encore  laissé  à  l'Eglise,  et 
conflaient  leurs  enfants  aux  professeurs  ecclésiastiques  du 
petit  séminaire  de  Nantes.  Ce  fait,  qui  avait  certainement  de 
très  grands  avantages,  pouvait  présenter  quelques  inconvé- 
nients. Aussi,  à  côté  de  cette  école  que  Ton  peut  appeler 
Ti^ixte  et  de  plusieurs  autres,  comme  le  collège  d'Ancenis, 
oui  s'organisait  alors,  M«'  Duvoisin  tenait-il  à  ouvrir  quelques 
établissements  exclusivement  destinés  aux  étudiants  ecclé- 
siastiques. C'était  le  cas  des  écoles  presbytérales,  spéciale- 
mentde  Maisdon,  qu'on  pouvait  dès  lors  regarder  comme  un 
petit  séminaire.  Ce  fut  aussi  laraison  d'être  de  la  Chevallerais. 
Aussi  le  prélat  pouvait-il  encore  écrire  au  Grand  Maître*  : 
«  Cette  école  n*est  ouverte  qu'aux  jeunes  gens  qui  se  croyent 
et  qu'on  jugé  appelés  à  l'état  ecclésiastique.  D'après  mes 
ordres,  le  directeur  n'en  reçoit  aucun  autre,  môme  avec  offre 
de  payer  une  pension  entière  :  et  il  renverrait  sur-le-champ 
celui  en  qui  il  ne  reconnaîtrait  pas  les  talents  et  les  vertus 
qui  promettent  un  bon  prêtre.  » 

Enfin^  dans  cette  même  circulaire,  M.  Le  Bastard  faisait 
connaître  quelques-uns  de  ses  principes  sur  l'étude  du  latin  : 

tt  Quoique  ce  soient  des  commerçants  que  je  désire  le 
plus  pour  l'année  prochaine  ;  cependant,  comme  nous  avons 
plusieurs  classes,  je  ne  refuserais  pas  d'admettre  des  sujets 
qui  auraient  quelque  commencement  de  latinité;  mais  je 
vous  préviens.  Monsieur,  qu'il  serait  bien  à  propos  qu'on  ne 
négligeât  pas  à  leur  égard,  la  partie  des  thèmes,  qui  marchent 
ici  de  pair  avec  les  deux  autres  facultés  :  je  veux  dire  les 

■  '  Arch.  de  Vér,  —  Lettre  du  4  mars  1809,  déjîi  citée. 


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DANS  LE   DIOCÈSE   DE    NANTES   APRÈS  LA    RÉVOLUTION      577 

versions  et  les  explications.  A  peu  près  tous  ceux  qui 
viennent  d'ailleurs,  après  quelque  temps  d'étude,  se  trouvent 
toujours  plus  faib'es  en  thème  que  la  classe  pour  laquelle 
ils  demandent  un  audiat.  » 

«  Je  vois  clairement  que  les  méthodes  modernes  d'ensei- 
gnement ont  gagné  les  esprits;  mais  je  ne  sais  si  on  gagnera 
beaucoup  pour  la  science,  en  s'écartant  d*une  méthode  qui 
vous  a  rendu  vous-même,  ainsi  que  vos  contemporains,  ca- 
pable d'entendre  parfaitement  le  latin,  de  le  parler  avec  ai- 
sance  et  exactitude,  et  môme  de  l'enseigner  par  principes. 
N'est-il  pas  entièrement  à  désirer  que  les  sujets  que  Ton 
forme  aujourd'hui,  soient  dans  le  cas  de  rendre  par  la  suite  à 
d'autres  le  même  service  que  nous  leur  rendons?  » 

Nous  avons  vu,  par  ce  qui  précède,  les  espérances  que 
M«'  Duvoisin  fondait  sur  Técole  de  la  Chevallerais,  et  la  sol- 
licitude qu'il  mettait  à  la  favoriser.  Il  en  donna  bientôt  une 
preuve  plus  manifeste,  en  adressant  la  lettre  suivante'  à 
Messieurs  les  curés  et  desservans  de  r arrondissement  de  ChcU 
teaubriant  :  «  Vous  recevrez.  Monsieur  et  digne  pasteur,  de 
M.  Le  Bastard,  supérieur  de  mon  petit  séminaire  de  la  Che- 
vallerais, en  Puceul,  un  exemplaire  du  compte  qu'il  m'a 
rendu  des  travaux  qu'il  a  entrepris,  par  mon  ordre,  pour 
préparer  aux  classes  supérieures,  et  à  moins  de  frais,  un 
grand  nombre  d'élèves  qu'il  n'était  pas  possible  de  placer 
dans  mon  séminaire  diocésain  à  Nantes. 

M.  Le  Bastard  parle  modestement  de  ses  succès  ;  mais  je 
dois  lui  rendre  la  justice  qu'il  a  parfaitement  rempli  mon 
attente  ;  le  diocèse  lui  est  déjà  redevable  de  plusieurs  sujets 
qui  promettent  d'excellents  prêtres,  et  que  l'infortune  et  le 
défaut  d'une  première  éducation  aurait  écartés  du  sanctuaire. 

«  Pour  soutenir  et  encourager  cet  établissement  auquel  j'at- 
tache un  grand  intérêt,  j'ai  autorisé,  provisoirement  et  en  atten- 
dantde  plusgrands  secours,M.leBastardàrecueillir  le  produit 

'  Nantes,  le  8  mars  1809. 


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578  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

des  quêtes  qui  devront  se  faire  pour  le  Séminaire,  conformé 
ment  à  mon  ordonnance»  aux  quatre  fôtes  annuelles,  dans 
toutes  les  églises  de  l'arrondissement  de  Ghàteaubriant.  » 

«  Je  Tautorise  aussi  à  recevoir  les  dons  et  les  aumônes  que 
les  personnes  ecclésiastiques  ou  laïques  seraient  dans  l'inten- 
tion de  faire  à  ce  petit  séminaire^  môme  l'honoraire  des 
messes  que  les  prôtres  dudit  arrondissement  auraient  ac- 
quittées ou  acquitteront  pour  le  Séminaire*.  Je  regarderai 
comme  fait  en  faveur  de  mon  Séminaire  diocésain,  tout  le 
bien  qui  se  fera  à  celui  de  la  Chevallerais,  qui  en  est  une 
annexe  et  une  dépendance,  et  lorsque  le  temps  sera  arrivé  de 
transférer  à  Nantes  les  élèves  préparés  àla  Chevallerais,  dans 
la  distribution  des  secours  à  donner  aux  étudians  peu  for- 
tunés, j*aurai  une  attention  particulière  pour  ceux  des  pa- 
roisses qui  se  seront  portées  à  favoriser  cet  établissement 
avec  plus  de  zèle  et  de  libéralité. 

c  J'ai  enjoint  expressément  à  M.  le  Bastard  de  tenir  un  re- 
gistre exact,  date  par  date;  de  toutes  les  sommes  qui  lui  se- 
ront versées,  ainsi  que  des  lieux  et  des  personnes  ^d'où  elles 
proviendront  ;  de  n'accorder  de  secours  à  aucun  de  ses  étu- 
dians, sans  avoir  préalablement  obtenu  mon  consentement, 
et  de  ne  faire  aucun  emploi  des  fonds  qui  n'ait  été  approuvé  ' 
par  moi. 

«  Après  avoir  pourvu  de  cette  ma^nièreaux  besoins  les  plus 
urgents  de  cette  section  de  mon  Séminaire^  j'ai  permis  à 
M.  Le  Bastard  de  vous  adresser  une  lettre  par  laquelle  il 
vous  priera  de  verser,  entre  ses  mains,  le  produit  des  quêtes 
et  des  offrandes  qu'il  doit  percevoir.  Je  vous  invite.  Monsieur, 
à  faire  entrer  vos  paroissiens  dans  la  connaissance  la  plus 
intime  des  motifs  qui  m'ont  déterminé  à  cette  mesure,  et,  au 
prône  des  dimanches  qui  précéderont  les  quatre  fôtes  an- 
nuelles, à  leur  faire  sentir  Timportance  et  la  nécessité  de 
l'œuvre  à  laquelle  elles  sont  destinées,  et  môme  l'utilité  par- 

Voir  la  laitre  pastorale  pour  rétablissement   d'un    Séminaire  diocésain, 
au  18  aars  1806. 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE  NANTES  APRÈS  LA   RÉVOLUTION      579 

ticulière  à  rarrondissement  de  Châteaubriant,  d'une  maison 
d'éducation  ecclésiastique  établie  dans  son  enclave  et  dirigée 
avec  tant  de  zèle  et  de  désintéressement.  » 

«  Recevez,  Monsieur  et  digne  pasteur,  l'assurance  de  toute 
mon  estime  et  de  toute  mon  affection. 

Signé  :  j  J.-B.,  évêque  de  Nantes. 

Il  semble,  après  tout  ce  qui  précède,  que  le  petit  séminaire 
delà  Chevallerais  dut  prospérer  et  fournir,  pendant  de  longues 
années,  des  prêtres  au  diocèse.  Cependant  cette  œuvre  ne 
devait  compter  que  cinq  années  d'existence  et  disparaître  dès 
1811. 

Une  lettre  du  Grand  Maître  déclare  formellement,  le  13 
juin  1810,  a  qu'il  ne  peut  y  avoir  dans  chaque  diocèse  qu'un 
seul  séminaire  et  que  tous  les  autres  établissements,  même 
les  petits  séminaires,  doivent  être  soumis  à  l'Université  et 
régis  par  un  de  ses  membres*.  » 

C'est  à  cette  même  lettre  que  M"  Duvoisin  répondait 
lorsqu'il  arracha,  pour  un  temps,  les  écoles  presbytérales 
aux  serres  de  l'Université'  :  fut-il  moins  heureux  pour  la  Che- 
vallerais et  obligé  d'en  fermer  à  jamais  les  portes  ?  Jugea-t- 
il  que  M.  Le  Bastard  ferait  plus  de  bien  dans  une  autre 
maison  ?  qu'un  établissement  d'éducation  serait  mieux  placé 
dans  une  localité  importante  et  d'un  accès  plus  facile  ?  nous 
rignorons  absolument.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  deux  ans 
après  la  rédaction  du  compte  rendu  que  nous  avons  cité  et  qui 
laissait  entrevoir  de  si  belles  espérances,  la  Chevallerais 
perdait  à  la  fois  séminaire  et  chapelain  et  rentrait  pour 
longtemps  dans  son  obscurité. 

Le  collège  communal  de  Guérande  venait  d'être  fondé  ;  le 
4  novembre  1811,  le  sous-préfet  de  Savenay,  au  nom  du  Con- 

'  Correspondance  de  VUniversitét  rétumée   par  M.  Angebaalt.  Archives 
de  Vévéché. 
s  Voir  plus  haut  :  coup  d*0Bil  général  sur  les  écoles  presbytérales. 


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580  l'enseignement  secondaire  ecclésiastique 

seil  municipal  de  Guérande,  proposa  pour  directeur  M.  l'abbé 
Le  Bastard,  qui  fut  agréé  par  TUniversité. 

Nous  l'avons  dit  ailleurs,  M.  Le  Bastard  n'occupa  qu'un 
an  cette  charge  où  il  fut  remplacé  parM.  Tabbé  Macé.  L'ad- 
ministration diocésaine  le  nomina  à  la  cure  de  Sainle-Luce 
(1"  juillet  1813;.  Ce  vénérable  prêtre,  toujours  ami  de  la  jeu- 
nesse et  plein  de  zèle  pour  les  vocations  sacerdotales,  réunit 
encore  aiutour  de  lui  quelques  élèves  ecclésiastiques  ;  mais 
en  trop  petit  nombre  pour  former  un  collège.  Il  mourut,  plein 
de  jours  et  de  mérites,  le  17  décembre  1827. 

M.  Le  Bastard  n'a  pas  travaillé  longtemps  à  Tœuvre  des 
séminaires  ;  mais  il  y  a  mis  toute  son  âme,  et  il  a  mérité  par 
là  que  nous  lui  payions  le  tribut  du  respect  et  de  la  recon- 
naissance. Il  a  d'ailleurs  contribué  à  la  formation  de  plusieurs 
prêtres,  puisque  pendant  quatre  ou  cinq  ans,  il  compta  jus- 
qu'à quarante  élèves. 

Parmi  eux,  nous  pouvons  citer  : 

MM.  Brodu,  mort  chanoine  titulaire  de  la  cathédrale  de 
Nantes  ;  Sotin,  curé  de  Teille  ;  Surget,  curé  de  Bouvron  ; 
David,  curé  de  Saint-Nazaire  ;  Moisan,  curé  de  Sion  ;  Cornu, 
curé  de  Treffleuc;  Rouzioux,  ancien  curé  de  Sainl-Herblain, 
chanoine  honoraire  ;  Leroux,  curé-prieur  de  Bonnœuvre  ; 
Rialland,  curé  de  Vue;  Davy,  curé  de  la  Chapelle-Launay  ; 
Brosseau,  curé  de  Montrelais;  Rousseau,  ancien  curé  de 
Lavau;  Lefort,  ancien  curé  de  Bouguenais;  Guillard,  du  Bi- 
gnon  ;  Leroux,  d'Oudon*. 

fA  suivre.) 

Abbé  Ricokdel. 


VTV" 


*  Nous  avons  tiré  cette   liste  de  notes   consignées  par  M.  Tabbé  Foulon 
dans  les  registres  de  la  Chevallerais. 


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L'ÉPISCOPAT   NANTAIS 

A  TRAVERS  LES  SIÈCLES 
f  Suite*). 


69.  —  BARNABE  DE  ROCHEFORT 

(1338). 


[¥1^ 


Ay 


Barnabe  de  Roche fort^  Barnabe  ou  Bonabes  (Bonus  abbas)  de 
Rocheforiy  de  la  maison  de  ce  nom,  des  vicomtes  de  Donnes, 
s"  dudit  lieu,  de  Bodelio ,  de  Quéhillac,  etc.,  cousin  de 
Thibaut,  l'un  des  héros  du  combat  des  Trente,  était,  croit-on, 
flis  puîné  d'autre  Thibaut  et  d'Anne  de  la  Rochediré,  et 
grand-oncle  de  Bonabes  II,  du  nom,  évoque  de  Nantes  en 


•  Voir  la  0«  année,  2^  livraison. 

T.    VI.   —  NOTICES.   —   VI*   ANNÉE,   .V   LIV. 


38 


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582 


L'ÉPISGOPAT  nantais  a  TRAVBPIS  LES   SIÈCLES 


1802,  dont  le  père  était  Bonabes  de  Rochefort^  chevalier,  fils 
lui-même  de  Guillaume,  frère  aîné  de  Tévôque  Bonabes  I" 
deRochefort*. 

'  Barnabe  ou  Bonabes  P'  fit  sa  soumission  à  la  chambre 
apostolique  le  vendredi  17  juillet  1338,  sous  le  pontificat  de 
Benoît  XII  et  le  règne  en  Bretagne  du  duc  Jean  III.  Il  portait, 
comme  sa  maison  :  Vairé  dCor  et  d'azur. 

A  son  avènement,  il  donna  mainlevée  aux  héritiers  des 
évoques  Daniel,  dont  les  biens  patrimoniaux  étaient  en  saisie 
pour  Texécution  de  son  testament*.Barnabé  de  Rochefort  mou- 
rut ou  résigna  son  siège  quelques  mois  après  son  élection. 


70.  —  OLIVIER  SALAHADIN 


(1339-1354.) 


Olivier  Salahadin,  Saiadin,  Salhasin,  Saltchasin,  d'une 
noble  maison  du  pays  de  Léon^  des  seigneurs  de  Kermadec 
en  Ploudiry,  fut,  nous  dit  dom  Morice,  d'après  leChronicon 
Briocensœ^  la  fleur  des  prélats  de  son'temps:  0/îveriw5  SalaJia- 

*  Voir  M.  de  la  Nicollière,  Arm.p.  53  et  Du  Paz,  Généalogie  deBreiagnr, 
p.  1165.   GS5,  687,  etc. 
'  Titrei  du"  chapitre. 


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OLIVIER  SALAIIADIN  583 

dini  episcopuSjprœsulumque  ioiius  orbis  iempore  quo  vivebat, 
flos\  La  branche  atnée  de  cette  famille  s*est  fondue  en  1307 
dans  Huon,  qui,  de  celte  alliance,  a  retenu  le  nom  deKer- 
madec.  Saladin  portait  :  d'or,  à  trois  annelets  (fazur*. 

Olivier  fut  recteur  de  l'Université  de  Paris  en  1318  et  y 
reçut  dans  la  suite  le  bonnet  de  docteur  en  théologie.  11  était 
duyen  de  Paris  depuis  1336,  lorsqu'en  1339,  il  fut  appelé  au 
siège  de  Nantes  :  c'était  sous  le  pontificat  du  Pape  Benoît  XII 
et  le  règne  du  duc  Jean  III.  Son  sceau  se  trouvait  au  bas  d'un 
acte  de  1341,  déposé  à  la  Chambre  des  Comptes,  de  Paris;  en 
tête  de  cet  acte  il  s'intitule  :  Olivier,  par  la  grâce  de  Dieu  et  du 
Saint-Siège  de  Rotne,  évoque  de  Nantes'.  II  est  le  premier  de 
nos  prélats  qui  ait  usé  de  cette  formule,  comme  aussi  le 
premier  que  Ton  trouve  avoir  été  porté  à  son  entrée  dans  sa 
ville  épiâcopale  par  les  barons  d'Ancenis,  de  Ch&teaubriant, 
de  Rays  et  de  Pontchâteau.  Oii  ignore  quand  ce  cérémonial 
pompeux  a  commencé  à  Nantes.  Philippe  du  Bec  (1566), 
ayant  fait  son  entrée  à  pied  le  fit  cesser. 

Geffroy,  baron  d'Ancenis,  qui  avec  les  3  autres  déjà  nommés, 
avait  porté  l'évoque  depuis  l'amônerie  de  Saint-Clément,  ou 
hôpital  de  Notre-Dame,  hors  les  murs,  jusqu'à  sa  cathédrale, 
voulut  pour  ce  service  avoir  quelques  écuelles  d'étain,  un 
mortier  et  d'autres  vils  ustensiles  de  cuisine*.  Olivier  s'op- 
posa à  cet  enlief,  et  par  jugement  rendu  en  1340,  le  baron 
d'Ancenis  dut  restituer  le  tout  à  Rémond  Saladin ,  frère 
de  l'ôvôque. 

Pendant  les  troubles  causés  parla  successiondu  duc  Jean  III, 
Olivier,  en  bon  pasteur,  ne  quitta  point  son  diocèse  et  ne 
parut  point  incliner  pour  l'un  plus  que  pour  l'autre  des  pré- 
tendants. Il  se  trouva  à  la  canonisation  de  saint  Yves  à  Avi- 

'  D.  Morice,  Preuves  I,  col.  40. 

*  Les  Huoa,  ont  conservé  le  blason  de  Salahadin,  auquel  ils  ont  ajouté 
seulement  trois  croisettes,  recroisettées  aussi  d*azur. 

<  D.  Morice,  Preuves  I,  col,  1429. 

*  Titres  du  chapitre. 


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584  l'épisgopat  nantais  a  travers  le  siècles 

gnon,  le  19  mai  1347  et  y  fil,  en  troisième  lieu,  le  panégyrique 
du  saint.  Il  prit  pour  texte  ces  paroles  du  psaume  XVII  : 
«  je  louerai  le  Seigneur  et  je  l'invoquerai  ;  et  pour  division  : 
«  celui  qui  prie  doit  éviter  de  demander  ce  qu'il  ne  doit  pas 
«  demander  et  de  s'adresser  à  qui  il  ne  doit  pas  s'adresser*.  » 
Depuis  ce  temps,  le  diocèse  de  Nantes  fait  l'office  de  saint 
Yves  avec  les  leçons  extraites  du  sermon  d'Olivier  Salahadin 
à  Avignon. 

Le  prélat  n'était  pas  de  retour  d'Avignon  en  mai  1348, 
puisque  le  11  de  ce  mois,  Philippe  du  Château,  doyen  de  Nantes 
et  vicaire  général,  expédiait  les  affaires  en  son  absence*. 

Olivier  mourut,  d'après  les  Frères  sainte  Marthe  et  D.Morice 
le  17  août  1354.  Il  reçut  la  sépulture  dans  la  chapelle  de  la 
Madeleine,  à  la  cathédrale,  sans  qu'aucune  épitaphe  vint 
désigner  son  tombeau. 

A  sa  mort,  Hugues  de  Montrelais,  successivement  doyen  de 
Nantes,  archidiacre  de  la  Mée  et  enfin  chantre,  fut  élu  pour 
le  remplacer.  Hugues^  appelé  Hue  dans  le  traité  de  Guérande 
en  1365  appartenait  à  la  noble  et  ancienne  maison  de  Mon- 
trelais, et  était  fils  de  Chenauld,  du  nom,  et  de  Marie,  fille  de 
Geffroi,  baron  d'Ancenis.  Mais,  à  la  prière  de  Charles  de  Blois, 
Je  pape  Innocent  VI  le  transféra  le  19  septembre  1755,  avant 
qu'il  eut  été  sacré,  à  Tréguier,  dont  le  titulaire  vint  le  rem- 
placer à  Nantes.  Hugues  de  Montrelais  passa  à  Saint-Brieuc 
en  1358.  En  1371,  il  se  retira  à  Avignon.  Le  pape  Grégoire  XI 
le  nomma  en  1375  cardinal  et  évèque  de  Sabine.  Il  prit  alors 
le  titre  de  cardinal  de  Bretagne  et  mourut  le  16  février  -1390. 

*  D.  Lobineau.  Vie  de  saint  Yves. 

*  Titres  de  la  Trinité  de  Rieux. 


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74.  —  ROBERT  IV,  PAYNEL 

(l355-i366.) 


Robert  Paynel,  Pacinely  PeyehneL  Pacinellu/i,  issu  d'une 
famille  d'ancienne  chevalerie,  des  barons  d'Hambie  et  de 
Briquebec,  s"  de  Briqueville,  en  Normandie,  et  qui  por- 
tait :  (for  à  deux  fasces  dazur,  à  l'orle  de  neuf  merlettes 
de  gueules,  eut  un  de  ses  ancêtres,  Guillaume,  qui  accom- 
pagna le  duc  de  Normandie  à  la  conquête  de  l'Angleterre 
en  106G,  où  il  donna  naissance  aux  comtes  de  Huntley. 
Guillaume  Paynel,  sire  de  Hambie,  avait  épousé  en  1296 
Marguerite  d'Avaugour,et  ce  nom  se  trouve  souvent  dans  This- 
toirede  Bretagne.  Les  sires  d'Hambie  et  de  Briqueville  se  sont 
éteints  au  quinzième  et  au  seizième  siècle,  dans  Estouvîlle, 
Vieux-Pont,  Le  Voyer  de  Trégomeurt  et  de  Guer-Pont- 
callec'.  Robert,  flls  de  Foulques,  Paynel  et  d'Agnès  de  Chan- 
telou,  et  religieux  de  Tordre  de  Saint-Dominique,  était  Tami 
intime  et  le  confesseur  de  Charles  de  Blois.  D  abord  évêque 
de  Tréguier,  de  1351  à  1354,  il  fut  transféré  sur  le  siège  de 
Nantes  par  le  pape  Innocent  VI,  tandis  que  Hugues  de  Mon- 

'  Voir  M.  de  la  Nicollière.  pp.  54-5:),  et  Armoriai  Courcy^  t.  ir,  p.  238. 


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586  L*ÉPISCOPAT  NANTAIS  A   TRAVERS  LES  SIÈCLES 

Irelais,  nommé  par  le  chapitre  de  Nantes,  venait  le  remplacer 
à  Tréguier. 

r 

Le  12  mars  1357,  Robert  convint  avec  Gérard  Chaboz,  s 
de  Rays,  de  douze  cents  florins  d*or  en  rachat  de  soixante 
livres  de  rente  annuelle,  que  son  père  Gérard  Chaboz  avait 
vendues  sur  son  domaine,  à  révoque  Durand,  en  1281).  En  la 
môme  année,  le  roi  Jean  prit  en  sa  protection  et  sauvegarde 
révoque  Robert,  ses  domestiques  et  ses  biens,  et  le  flt  notifler, 
le  27  juillet,  aux  deux  prétendanls  de  Bretagne  par  son  lieu- 
tenant d'Anjou,  Guillaume  des  Bans*.  L'union  de  la  cure  de 
Notre-Dame  de  Nantes  au  chapitre  fut  arrôlée  par  Robert 
le  17  mai  1359*'*;  le  motif  de  cet  acte  fut  de  grossir  les  distri- 
butions aux  chanoines,  qui  ne  recevaient  aupairavant  par 
jour,  que  huit  deniers  d'assistance. 

Le  droit  A'estance,  que  révoque  Maurice  de  Blason  avait, 
vers  1190,  défendu  contre  la  duchesse  Constance,  et  dans 
la  perception  duquel  l'évéque  Robert  avait  été  maintenu, 
lui  fut  contesté  par  Charles  de  Blois  en  1763',  mais  il 
se  rassura  par  une  enquête  qu'il  fit  de  sa  possession  plus 
que  centenaire.  Robert  Paynel  était  en  juillet  1364,  à  Paris, 
où  il  fut  témoin  de  la  concession  de  plusieurs  privilèges  que 
le  roi  Charles  V  accorda  à  l'Université  d'Angers.  Il  éprouva 
une  si  grande  douleur  de  la  mort  de  Charles  de  Blois,  tué  à 
la  bataille  d'Auray,  le  29  novembre  suivant,  qu'il  en  mourut 
de  chagrin  le  lundi  de  la  Quadragésime,  23  février  1366,  sui- 
vant les  obituaires  de  Nantes  et  du  Roncerai  ;  il  fut  inhumé 
dans  la  cathédrale  devant  l'autel  de  saint  Eutrope. 

Le  blason  de  Robert  Pagnel  diffère  de  celui  de  sa  maison, 
donné  par  Courcy,  en  ce  qu'il  ne  porte  que  six  merlettcs  3,  f , 
1 ,  au  lieu  de  neuf  y  avec  une  crosse  tournée  à  gauche  et  placée 
sur  Vécu.  Telles  sont  les  armes  gravées  sur  le  contre-sceau 

'  Titres  de  TEglise  de  Nantis. 
>  Titres  de  la  Collégiale, 
î  Titres   de  rErêché, 


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SIMON   DE  LANGREa  587 

de  la  juridiction  des  régaires,  avec  la  légende  circulaire  : 
S.  P.  {ar)  vum  cur  (ie)  Regaliu  (m).  Le  sceau  représente  la 
tête  du  prélat  vue  de  profil  et  coiffée  de  la  mitre  ;  il  ne  reste 
que  quelques  lettres  delà  légende*.  G*est  le  premier  prélat 
qui  ait  timbré  son  sceau  de  ses  armes  en  1357. 


72.  —  SIMON  DE  LANGBES 

(1366-I38I  ) 


Simon  de  Langres,  ainsi  désigné  du  nom  de  sa  ville  na- 
tale ,  était  de  Tordre  des  Frères  prêcheurs  et  fut  un  des 
hommes  les  plus  éminents  du  quatorzième  siècle.  Docteur  en 
théologie,  provincial  de  France,  puis  général  de  son  ordre  en 
1352,  recteur  de  TUniversité  de  Paris,  il  eut  une  grande  part, 
comme  légat  du  pape  Innocent  IV,  à  la  paix  de  Bretigny 
conclue  le  24  octobre  1360  entre  la  France  et  l'Angleterre'. 

Il  joua  aussi  un  très  grand  rôle  sous  les  rois  Charles  V  et 

'  Vente  de  l'hébergement  du  Plessis-Tison,  par  Guyon  de  Ploôrmel  à 
Guillaume  Jandome,1357.  Arch.  du  Plessis-Tison, communiquées  par  M.Alfred 
de  la  Tullaye.  (Note  de  M.  de  la  NicoUière.  Ârm.  des  Ev.  de  Nantes,  p.  54). 

>  Inter  bas  calamitates,  Carolus  (Johannis  régis  filius)  multo  prospiciens, 
cancellarium  Guillermum  de  Monto  Acuto,  abbatem  prœterea  Cluniacensem 
et  Simonem  Lingonenssem,  ordinis  prsedicatorum  primarium  rectorem  ex 
Anlicorum  concilio  ad  Ederardum  légat,  sed  nec  sic'pacis  conditio  processit. 
(Robert  Gaguinus,  liy.  ix,  fol.  57,  édit.  1497). 


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588  l'épisgopat  nantais  a  travers  les  SIKCr.ES 

Charles  VI.  Prédicateur  remarquable  et  éminent  théologien, 
il  mérita  de  ses  contemporains  le  surnom  de  pécheur 
d'hommes*.  Le  pape  Innocent  VI  voulut  le  faire  évoque  de 
Nevers,  mais  son  humilité  refusa  cet  honneur.  Urbain  V  le 
nomma  en  1366  à  Tévôché  de  Nantes,  avec  commandement 
d'accepter.  Simon  se  soumit  et  fut  sacré  à  Tours,  le  5  juillet 
1366,  dimanche  dans  Toctave  des  saints  Apôtres. 

Dans  une  lettre  écrite  au  duc  de  Bretagne»  Jean  V,  le 
Souverain-Pontife  le  traite  d'homme  savant  et  d'ami*, 

Simon  de  Langres  qui,  dès  1367,  s'était  démis  du  généralat 
de  son  ordre,  et  s'intitulait  :  «  Frère  [Simon  par  la  permis- 
sion divine  évesque  de  Nantes  »,  prêta  serment  le  vendredi 
30  novembre  1369  au  duc  Jean  IV.  Celui-ci  gratifia  l'évoque 
de  Nantes  de  cent  marcs  d'argent  sur  les  fruits  échus  depuis 
le  25  février  1364  jusqu'à  ce  jour,  et  retint  le  surplus,  pou- 
vant monter  à  cinq  ou  six  cents  marcs  d'argent*. 

L'écusson  de  Simon  de  Langres  est  sculpté  sur  le  côté  sud 
de  la  tour  absidale  deJa  cathédrale  de  Nantes;  il  porte  :  de... 
à  la  fasce  de. . .  chargé  de  trois  roses  de. .  /. 

Le  sceau  de  ce  prélat,  apposé  à  l'acte  de  serment  dont 
nous  venons  de  parler,  est  ogival  et  mesure  0,055"  sur 
0,035"  Dans  le  champ  est  représenté  l'évêque  en  habits 
pontificaux,  bénissant;  la  légende,  presqueillisible,  ne  laisse 
paraître  que  quelques  lettres*. 

Le  sceau  employé  pendant  son  épiscopat,  pour  la  juri- 
diction des  régaires,  est  orbiculaire  et  mesure  0,035"  de 
diamètre.  Danslechamp,  une  tôte  d'évêque, coiffé  d'une  mitre 
basse,  tournée  à  gauche  ;  au-dessus  de  la  mitre,  est  une 

•  Le  P.  Echard  :  Scriptores  ordinis  prxdicaUn'um.  T.  i,  pp.  336-337. 

«  Haluie  :  Vitœ 2^aparum  Avenion,  t.  i,  p.  943. 

s  Froissdrt.  liv.  i,  chap.  211.  Bernard  Guido:  Titre  dn  magisU  ord.  prx- 
(hcat; — Martène  :  CoU.  nov.  t.  vi.  Hist,  brev.  ord.  prxdicat.  — Titres  de 
Tomsaints  de  Nantes.  -^  Areh.  du  chapitre  de  Nantes,  arm.  K.  cass  4 
(i.  Arm.  F.  c.  B   n*  18.  Arra.  E.  c.  G.  Arm.  S.  ci  S. 

♦  lies  émaux  sont  trop  frustres  pour  être   vérifiés. 

*  Archives  df'partempntalps.  Trésor  des   chnrtes.  Arm.  K.    C  n*  1"2. 


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SIMON   DE  LANGRES  589 

étoile  et  de  chaque  côté  de  la  têtoi  des  roses.  Le  contre-sceau 
orbiculaire,  mesurant  environ  0,019",  offre  dans  le  champ 
récusson   de    Simon  avec  une    crosse    tournée    à  droite, 
placée  dans  l'écu,  derrière  la  fasce   :  f  S(igillum)  F(ratris) 
Sf/{mo7iis)  Epi  Nannetensis\   La  matrice  de  ce    monument 
sigillographique  a  dû  servir  à  plusieurs  évoques.  En  effet, 
elle  ne  porte  pas  de  prénom  particulier,  et  M.  de  la  Nicollière 
la  croit  identique  à  celle  du  sceau  de  la  juridiction  des  ré- 
gaires  de  Robert  Paynet.  Le  même  évoque    a  encore   fait 
usage  d'un  troisième  sceau,  de    forme  ogivale,  mesurant 
0.009"  sur    0,044".  Le  champ   est  occupé  par  un  édicule 
composé  de  deux  arcatures  ogivales  formant  niches  dans 
lesquelles  se  trouvent  les  statues  de  saint  Pierre  et  saint 
Paul.  Au-dessus,   une  arcature  contient  la  Vierge  assise, 
portant  l'Enfant  Jésus  sur  ses  genoux,  et,  de  chaque  côté, 
une  petite  niche  renferme  un  angelot,  à  genoux.  Sous  les 
deux  grandes  arcatures  est  un  autre  compartiment,  où,  entre 
deux  écussons  à  ses  armes,  est  placé  l'évêque  à  genoux, 
mitre  et  crosse.   Légende  :  5.  Fris  S\jmonis  Dei  gratia  Epi 
Nanneten^. 

D'après  l'abbé  Travers,  Simon  de  Langres,  que  ses  liaisons 
avec  la  cour  de  Franc»î  dont  il  était  né  sujet,  rendaient  suspect 
aux  Anglais  et  aux  Bretons,  n'aurait  pas  fait  un  long  séjour 
à  Nantes  après  le  serment  prêté  au  duc.  Selon  le  même  auteur, 
il  ressort  de  litres  du  chapitre  de  la  cathédrale,  de  la  collé- 
giale et  de  Tarchidiaconé  de  Nantes,  qu'en  Tan  1372,  il  était 
absent  ;  que 'Jean,  frère  prêcheur  et  archevêquede  Nazareth, 
gouvernait  le  diocc'se  en  qualité  de  vicaire  général,  et  qu'en 
octobre  1373,  Simon  n'était  plus  évoque  de  Nantes. 

Nous  sommes  peu  disposés  à  admettre  cet  évêque  Jean 
dont   Travers  est  le  seul  à  avoir  parlé,  croyons-nous,  sur 

'  Ce  sceau  est  appendu  à  un  acte  de  vente  conseatl  par  l'évêque  de 
Nantes,  k  Olivier  de  Clisson,  en  1380,  d*une  maison  située  rue  de  THuis 
de  Fer,  paroisse  Saint-Denis.  Fonds  Bizeul.  Bibliothèque  prMique  de  Nantes. 

•  Archives  départementales.  Trésor  des  Chartes.  Arm.  M.  c,  C.  n«»7  et  8. 


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590  L'ÉPiaCOPAT  NANTAIS  A  TRAVERS  LES  SIÈCLES 

)a  foi  du  docteur  de  Laiyios  dans  son  histoire  du  col- 
lège de  Navarre.  On  ne  le  trouve  du  reste  dans  aucune 
fonction  à  Nantes,  et  nous  sommes  très  porté  à  croire, 
qu'évoque  lui-même,  ce  Jean  exerça  pendant  une  absence 
de  Simon,  les  fonctions  épiscopales  à  Nantes.  Ce  qu'il  y  a  de 
certain,  c'est  qu'eir  IdTôon  retrouve  ledit  Simon,  évéque  de 
Nantes  dans  un  monitoire,  et  dans  un  accord  passé  trois  ans 
plus  tard  avec  Jeanne  de  Rays  ;  enfin  dans  une  fondation 
faite  k  Treillières  en  décembre  1381'. 

Simon  permuta  en  1382  avec  Jean  de  Montretais^  évéque 
de  Vannes.  Thomas,  archevêque  de  Naples,  légat  de  Clément 
VII,  dont  on  suivait  Tobédience,  à  Nantes,  en  Bretagne,  en 
France,  etc.,  contre  Urbain  VF,  résidant  à  Rome,  reçut, 
étant  à  Nantes,  la  permutation  des  deux  évêques.  Il  expédia 
leurs  bulles  à  Laval,  le  3  août  1382.  Simon  était  alors  dans 
une  vieillesse  avancée,  accablé  d'infirmités,  ne  sortant  plus 
de  sa  chambre  et  demeurait  au  difttean  de  Sucé,  une  des 
maisons  de  plaisance  des  évêques  de  Nantes.  Aussi,  à  peine 
eût-il  reçu  sa  bulle  pour  Vannes,  qu'il  résigna  ce  siège  à 
Tabbé  de  Prières,  Henri  le  Barbu  et  revint  mourir  en  1384, 
à  Nantes,  parmi  ses  frères, les  Jacobins.  Dans  le  martyrologe 
de  cet  ordre,  sa  mort  est  marquée  au  7  j.uin^  sans  désignation 
d'année. 

«  Simon  fut  inhumé  dans  Téglise  des  Frères  dominicains 
•  de  Nantes,  sous  la  seconde  marche  de  Tautel,  du  côté  de 
«  l'évangile.  Son  tombeau,  nous  dit  Albert  le  Grand,  était 
«  couvert  d'une  lame  de  franc  cuivre,  burinée  de   son  effigie 


'  Titres  de  rErêché. 

*  Od  luÎTit  à  Nantes  et  en  Bretagne,  du  temps  de  TévAque  Simon  et  de  ses 
successeurs,  Tobédience  de  Clément  VII,  élu  le  20  septembre  1378  (siégeant  à 
ATignon)  et  ensuite  de  Pierre  de  Lune,  dit  Benoit  XIII,  contre  Urbain  VI 
(siégeant  à  Rome),  Boniface  IX,  Innocent  VII,  et  Grégoire  XII.  On  a  aux 
archiTes  du  ch&teau  de  Nantes,  plusieurs  bulles  des  papes  Clément  VU  et 
Benoit  XIII,  et  aucune  d*Urbain  VI  ;  cela  n*appuie  pas  le  sentiment  de  Biain- 
bourg  (liv.  1,  du  Schisme  d*0ccident),  que  la  Bretagne  avait  suiri  Tobédience 
de  Urbain  VI  (Note  de  Travers,  t.  I,  p.  444). 


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SIMON  DR  LANQRE8  591 

«  et  armes.  »  Cette  lame  fut  foDdue  en  1410,  lors  de  l'in- 
cendie de  Téglise. 

Parmi  les  ouvrages  de  Simon  de  Langres,  nous  citerons  : 
1*  Aeta  legationum  quas  pro  summis  pontifieibus  et  regibus 
Franciœplures  egit,  qui,  suivant  l'auteur  .des  Scrip.  ord. 
prœd.  doivent  sans  nul  doute  se  trouver  i^uxarchives  du  Vati- 
can et  dans  celles  des  rois  de  France  et  d'Angleterre  ;  2*  Ser- 
mones  et  orationes publicœpliires,  etc.,  etc. 

Simon  recevait  les  permutations  et  les  résignations  m  fa- 
vorem,  ou  avec  désignation  que  les  évêques  ren-voyèrank 
plus  tard  à  Rome  et  il  observait,  après  avoir  accordé  cm 
sortes  de  provisions,  d'en  commettre  Texécution  à  l'archi- 
diacre ou  à  Tofficial  de  cette  dignité,  dans  le  climat  où  le 
bénéfice  était  situé,  et  aussi  au  doyen  rural  ou  à  son  ofâcial  : 
ces  derniers  commettaient  le  premier  prôtre  ou  notaire  au 
choix  du  pourvu,  pour  le  mettre  en  possession\ 

Nous  avons  de  l'évoque  Simon  des  statuts  dont  les  copistes 
avaient  omis  la  date*  Ils  défendent  aux  prêtres  de  confesser 
dans  les  paroisses,  sous  peine  de  suspense,  lorsque  le  curé  n'y 
réside  pas,  s'ils  n'ont  permission  de  l'évoque;  —aux  laïques, 
sous  peine  d'excommunation,  de  se  tenir  dans  le  sanctuaire 
pendant  la  célébration  de  l'office  divin  ;  —  aux  femmes  nou- 
vellement accouchées  d'entrer  (sous  peine  d'amende  de 
20  sais)  dans  l'église^  avant  les  relevailles'.  Ils  ordonnent, 
sous  peine  d'excommunication  et  le  paiement  d'une  demi-livre 
de  cire,  d'assister,  une  personne  de  chaque  maison,  dimanche 
et  fêtes  principales,  à  la  messe  de  paroisse.  Enfin  ils  excom- 
munient tous  ceux  qui  se  marient  clandestinement,  leurs 
complices,  et  les  prêtres  qui  bénissent  de  tels  mariages,  et 
de  môme  tous  ceux  qui  troublent  la  juridiction  ecclésiastique 
de  l'église  dans  la  perception  de  ses  droits. 

>  Titres  de  Tarchidiaconé  de  Nant^'s. 
«  Martêne,  Th.  anecd.  t.  iv. 


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73.  —  JEAN  DE  MONTRELAIS 

(1382-1392). 


Jean  de  Moritrelais  était  fils  de  Renaud,  sire  de  Montre- 
lais,  de  Chdteauthébaud,  du  Gué-au-Voyer  et  de  la  Séné- 
chaldière,  en  Saint-Julien  de  Concelles,  et  de  Marie 
d'Ancenis,  tous  deux  appartenant  aux  plus  anciennes 
etaux  plus  nobles  maisons  du  Comté  nantais.  De  ce  mariage 
issurent  six  enfants  :  1*  Jean  ;  2»  Philibert  ;  >  Hugues 
doyen  de  Nantes,  élu  par  le  chapitre,  évoque  de  cette  ville  à  la 
mort  d'Olivier  Salahadin,  en  1355,  transféré  à  Tréguier,  puis 
en  1358,  à  Saint-Brieuc,  où  il  mourut  cardinal  en  1390; 
4"  Jenn  dont  il  s'agit;  5»  Maurice,  archidiacre  de  Nantes; 
6"  Marthe,  épouse  de  Jean  de  Chateaubriant. 

Jean  de  Monlrelais  portait  :  dor  à  cmq  cotice$  d'azur. 

Bien  que  sa  famille  portât  six  cotices  sur  son  écusson,  les 
monuments  sigillographiques  qui  nous  restent  de  l'évêque 
de  Nantes  n'en  portent  que  cinq'.  Les  sceaux  de  Jean,  appen- 
dus  à  son  serment  de  fidélité  et  au  bas  du  testament  de  la 

*  Courcy  donne  à  la  maison  de  Montrelais  :  d'or  à  trois  jumelles  d*azur  en 
bande. 


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JEAN   DE   MONTRELAIS  593 

duchesse  Jeanne  de  Navarre*  diffèrent  seulement  dé  dimen- 
sion. Le  premier,  en  cire  rouge,  mesure  0,035*  de  diamètre, 
le  second,  à  peine  0,030".  Dans  le  champ,  dessiné  par  un  tri- 
lobe,  un  ange  debout,  posé  de  fasce,  servant  en  quelque 
sorte  de  cimier,  porte  l'écu  aux  cinq  cotices,  sur  lequel  est 
placé  le  bâton  d'une  crosse  tournée  à  gauche,  deux  anges 
agenouillés  de  profil,  servant  de  tenants.  Légende.  S.  Johan- 
nis  Epi  Nannetensis,  Le  sceau  de  son  offlcialité  porte  l'écu 
aux  cinq  cotices  avec  la  crosse  tourilée  à  gauche,  passée  dans 
la  mitre  entre  les  deux  lettres  L  0.  Johannis  officialis.  Ce 
sceau,  en  ogive,  très  détérioré,  ne  porte  plus  que  quelques 
lettres  de  la  légende  :  5  [igilhim  officialatus  (w)  an  {netensisy, 

Jean  de  Montrelais,  doyen  du  chapitre  de  Tours,était  évêque 
de  Vannes  depuis  1377.  Le  4  avril  1381,  il  signa  le  traité  de 
Guérande  passé  entre  le  roi  de  France  et  le  duc  de  Bretagne 
et  permuta  l'année  suivante  avec  Simon  deLangres,  le  3  août 
1382.  Dès  le  mois  de  janvier  suivant,  il  établit  un  officiai  et 
prit  en  mars,  possession  du  temporel.  Le  4  avril  1384,  il  fit 
son  entrée  solennelle  en  sa  ville  épiscopale,  porté  par  les 
quatre  barons  de  Pontchftteau,  de  Retz,  d'Ancenis  et  de  Cha- 
teaubriand. Dans  son  mandement  du  29  mars  précédent, 
adressé  au  duc  Jean  V,  dit  \^  Conquérant  et  le  Bon,  \\  lui 
enjoint  de  se  trouver  en  qualité  de  baron  de  Retz,  à  Nantes, 
le  lundi  d'après  le  dimanche  des  Rameaux,pour  assister  à  son 
entrée  et  aider  à  le  porter,  ainsi  qu'il  a  été  observé  au  temps 
passé.  Jean  de  Montrelais  se  qualifie  d'évêque  de  Nantes  par 
la  grâce  de  Dieu  et  du  Saint^Siégf.  de  Rome.  C'est  le  second  de 
nos  évoques  qui  ait  usé  de  cette  formule. 

Le  duc  se  trouva  donc  à  Nantes  le  4  avril,  et  oomme  baron 
de  Retz,  il  aida  à  porter  l'évoque  depuis  l'hôpital  de  Notre- 
Dame,  hors  les  murs,  dit  dans  la  suite  de  Saint-Clément,  à 
cause  de  sa  situation  dans  cette  paroisse,  jusqu'à  l'église  cathé- 
drale. Le  duc  dtna  avec  l'évoque^  et  enleva  tout  le  linge  de  la 

*  Archives  départementales,  E.  C.  18  et  F.  A.  13. 

*  Archives  départementales.  F.  A.  13. 


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594  l'ÉPISGOPAT  nantais  a   travers   les   3iÈGLE8 

table  :  c'était  le  droit  du  baron  de  Retz.  Il  eut  aussi  le  cheval 
de  révoque,  pour  représentation  du  baron  de  Châteaubriant, 
dont  la  terre  était  cette  année  en  rachat  dans  la  main  du  duc 
et  sans  héritier  capable  de  faire  le  service;  il  fut  suppléé 
par  un  seigneur  que  le  duc  désigna.  L'acte  de  cette  entrée 
ne  nous  apprend  point  quels  étaient  les  droits  du  premier 
baron  (de  Pontchâteau)  et  du  troisième  (d'Ancenis). 

Jean  de  Montrelais  prôta  serment  le  13  mai  1384,  et  rendit 
aveu  de  son  temporel  au  duc*.  Celui-ci  nomma  peu  après 
révoque  de  Nantes  Tun  des  arbitres  du  différent  qu'il  avait 
avec  révêque,  le  chapitre  et  les  habitants  de  Saint-Malo,  pour 
les  droits  souverains  de  cette  ville  et  ne  lui  donna  pas  tort 
d'en  décider'. 

Le  môme  prélat  et  six  autres  évoques  de  Bretagne  furent 
présents,  le  mercredi  7  juin  1385,  à  la  ratification  que  le  duc 
fit  cette  année  du  don  qu'il  avait  octroyé,  en  1381^  à  Jean  du 
Fou.  Il  assista  à  Rennes,  le  4  mai  1386,  au  Parlement  général 
de  Bretagne,  où  il  tint  la  troisième  place  à  la  droite  du  duc. 

Jean  de  Montrelais  n'avait  pas  moins  de  revenus  que  les 
évoques  ses  prédécesseurs,  mais,  regardant  les  biens  de 
Téglise  comme  les  biens  des  pauvres,  il  en  fut  un  économe 
fidèle.  Il  mourut  le  12  septembre  1392,  si  pauvre^  disent  Al- 
bert de  Morlaix  et  Augustin  du  Paz,  que  le  chapitre  dut 
payer  les  frais  de  ses  funéi*ailles.  Il  y  avait  pourvu  par 
avance,  en  donnant  de  son  vivant  au  chapitre,  pour  faire  sa 
mémoire,  six  livres  de  rente'.  Son  corps  fut  inhumé  dans  la 
cathédrale,  chapelle  saint  Quillaume,  sans  épitaphe,  ni  enfeu. 
Cet  évéque  fut  actif,  plein  de  zèle,  et  aima  le  bon  ordre  comme 
il  le  paraît  par  les  statuts  synodaux  qui  nous  restent  sous  son 
nom  et  qui  furent  publiés  dans  les  synodes  de  1385, 
1387  et  1388. 

*  Archives  du  château  de   Nantes,  Arm.  S.   c.  B.  noi7.  Lobineau,  t.  ii, 
p.  1226. 

*  Titres  de  Téglise  de  Saint-Halo.  —  Lobineau,  t.  ii,  p.  654. 

*  Livra  des  anniversaires. 


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JEAN    UE    M0NTELAI8  395 

Par  ceux  de  1385,  il  défend  aux  religieux,  sous  peine  d'ex- 
communication réservée  au  Pape,  de  solliciter  les  fidèles  à  se 
faire  enterrer  dans  leur  église;  il  veut  que  lès  curés,  sous 
peine  de  vingt  sols  ou  un  franc  d'or,  écrivent  à  la  fin  de  leurs 
missels  ses  statuts  et  ceux  de  ses  prédécesseurs*.  Il  défend 
de  célébrer  des  mariages  dans  les  chapelles,  de  dire,  les 
dimanches  et  fêtes,  aucune  messe  avant  la  grande,  qui  est 
fixée  à  neuf  heures;  de  recevoir  qui  que  ce  soit,  excepté  les 
voyageurs»  à  entendre  la  messe  dans  d'autres  églises  que  leur 
paroisse.  Il  ordonne  d'assister  à  la  grand'messe  tous  les  di- 
manches, de  chaque  maison  au  moins  une  personne  capable 
de  faire  attention  aux  annonces  ;  d'entendre  une  messe  basse 
à  la  paroisse,  si  Ton  n'a  pas  entendu  la  grande. 

Les  statuts  de  1387  furent  arrêtés  en  présence  des  abbés  de 
Saint-Gildas-des7Bois  et  de  Géneston,  de  Bonabes  de  Roche- 
fort  (futur  évoque  de  Nantes),  archidiacre  de  la  Mée,  du 
trésorier,  de  quatre  chanoines  et  de  beaucoup  d'autres  ecclé- 
siastiques. Ces  statuts  ordonnent  d'acquitter  les  fondations» 
selon  les  intentions  des  fondateurs  ;  aux  curés,  de  desservir 
eux-mêmes  leurs  bénéfices  ou  de  les  faire  desservir,  s'ils  ne 
résident  pas,  par  des  prêtres  à  ce  approuvés.  On  y  remarque 
aussi  que  la  succession  des  ecclésiastiques,  riches  des  seuls 
biens  d'église,  ne  retombait  point  à  leurs  héritiers,  mais  que 
l'évêque  marquait  l'emploi  qu'on  en  devait  faire. 

Le  synode  de  1389,  après  la  Pentecôte,  prescrit  aux  abbés 
d'assister  aux  assemblées  en  chape  de  soie  et  avec  la  crosse, 
et  aux  autres  en  surplis  TA^/o/e (sic) pendante;  aux  curés  de 
renouveler  tous  les  huit  jours  la  sainte  Euchal*istie  ;  aux  ar- 
chidiacres et  doyens  ruraux,  qui  exercent  leur  juridiction  en 
plusieurs  lieux,  d'assigner  les  parties  au  lieu  le  plus  proche  de 
leur  domicile,  sous  peine  de  nullité.  Ce  synode  défend  aux 
curés,  sous  peine  d'excommunication,  et  40  sols  d'amende,  de 
s'absenter  de  leur  paroisse  plus  d'un  Jour,  de  dire  la  messe 

•  Murtène,  Thés,  anecd.,  t.  iv. 


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xr^-^^^^rp*] 


'ir: 


590         l'épiscopat  nantais  a  travers  les  siècles 

avantîdes*ôtreconfessés,demangeretde  lx)ire  aussitôt  la  messe 
dite,  d'être  vicaires  d'un  autre  curé,  et,  quand  ils  ne  résident 
pas  sur  leurs  cures,  d'y  tenir  des  vicaires  non  approuvés  ; 
il  défend  aux  prêtres  d'être  vicaires  sur  deux  paroisses,  de 
dire  deux  messes  par  jour,  hors  le  cas  de  droit,  de  faire  des 
mariages  et  d'admettre  des  femmes  à  la  purification , 
ailleurs  qu'à  la  paroisse,  sans  la  permission  de  l'évoque 

Tous  ces  statuts  et  quelques  autres  sur  la  conduite  des  clercs 
et  des  personnes  mariées;  ainsi  que  sur  l'immunité  et  la 
juridiction  ecclésiastique  et  la  publication  des  excommu- 
niés, furent  arrêtés  par  le  conseil,  on  ne]  dit  pas  par  le 
chapitre,  parce  qu'il  n'avait  pas  d'influence  sur  le  résulut 
des  synodes,  mais  de  l'avis  des  gens  sages  et  expérimentés, 
tels  qu'on  en  trouve  toujours  et  en  grand  nombre  dans  les 
assemblées  synodales. 

Jean  d'André  et  Ange  do  Clavasio  nous  l'ont  connaître 
la  différence  qui  existait  entre  les  statuts  synodaux  et  les 
ordonnances  épiscopales.  Les  premiers  obligeaient  après  la 
mort  de  Tévêqiie,  tandis  que  les  secondes  n'obligeaient  que 
durant  la  vie  de  Tévêque. 

On  observait  du  temps  de  Jean  de  Montrelais  de  jeûner 
la  vigile  de  la  Nativité  de  la  Sainte  Vierge,  ce  que  l'on  a  con- 
tinuéà  faire  dans  tout  le  diocèse,  jusqu'à  l'épiscopat  de  M.  du 
B3C  (1506)  ou  de  M.  de  Bourgneuf  (15ÎJ8*.) 

(La  suite  prochainement].  J.  de  Kehsauson. 


^K^ât^f 


*  Anciens  breviaireB  ou  imprimés. 


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CHARTES  INÉDITES 

TIRÉES  DES  ARCHIVES  DE  PAMPELUNE  ET  DE  SORIA 

Relatives  à  Du  Guesclin  et  à  ses  compagnons  d'armes 


(TEXTE  ET  COMMENTAIRE) 

(Suite',) 


4-  CHARTE 


SOMMAIRE.  —  Charte  du  4  février  1368,  datée  de  Borja,  par 
laquelle  Olivier  de  Mauny  se  réfère  à  une  convenlion 
passée  entre  le  Roi  de  Navarre,  Bertrand  du  Guesclin 
et  lui  même*.  En  vertu  de  cet  accord,  le  roi  lui  donne  un 
château  et  mille  livres  de  terres  à  l'en  tour,  à  prendre  dans 
ses  domaines  de  France  et  de  Normandie,  conformément 
à  la  teneur  de  lettres  plus  explicites  délivrées  à  ce  sujet. 
En  conséquence,  il  s'engage,  lui  et  ses  successeurs,  à  faire 
hommage-lige  des  dits  fiefs  au  roi  de  Navarre  et  à  ses  héri- 
tiers, et  à  le  servir  envers  et  contre  tous,  excepté  le  roi  de 
France,  ses  frères,   le  duc  de  Bretagne  et  le  duc  d'Orléans, 

•  Voir  la  livraison  de  mai  1890. 

*  Cette  charte  et  la  suivante  étant  rédigées  en  français,  on  ne  sera  pat 
surpris  d*y  rencontrer  de  nombreuses  incorrections,  dont  la  plupart  doivent 
être  imputées  sans  doute  aux  copistes  espagnols. 

T.   VI.    —   NOTICES.   —  VI'  ANNÉE.   —  6«  LIV.  30 


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598  CHARTES  INÉDITES 

Le  roi  de  Navarre  lui  ayant  fait  précédemment  diverses 
donations  et  promesses  par  lettres  authentiques,  il  s'en- 
gage à  rendre  dans  le  plus  bref  délai  les  titres  en  question . 
au  Roi  ou  à  ses  gens  ;  il  les  tient  dès  à  présent  pour  nuls  et 
non  avenus,  et  renonce  également  à  toute  action  en  justice, 
pour  faire  valoir  les  dites  stipulations.  Pour  se  lier  d'une 
façon  plus  étroite*  il  a  juré,  la  main  sur  la  croix  et  les  saints 
Evangiles,  d'accomplir  la  présente  convention.  Il  s'oblige  en 
outre  par  devant  notaire,  sur  tous  ses  biens,  à  tenir  fidèle- 
ment son  engagement.  En  foi  de  quoi,  il  appose  son  sceau 
sur  ledit  acte,  et  le  fait  signer  par  le  notaire  présent.  Donné 
à  Bourge  (Borja)  le  4  février  1368,  en  présence  des  nobles 
hommes,  les  seigneurs  Boson  de  la  Chèse^  Jean  de  Yrel,  Eus- 
tache  de  Mauny,  convoqués  d'une  façon  spéciale  pour  servir 
de  témoins. 
(La  dernière  phrase  de  la  charte  est  en  latin). 

Olivier  de  Manuy  chlr  (chevalier) .  A  touz  ceulz  qui  ces  letres 
verront  salut.  Comme  mon  tresredoubte  Seigneur  le  Roy  de  Navarre 
par  vertu  de  certain  tractie  fait  entre  lui  Monsen  Bertran  de  Gues- 
clin  et  moy  mon  ditSeigneur  mait  donne  un  chastel  et  mil  livres  de 
terre  les  queles  yl  me  doH  faire  asseoir  en  et  sur  ses  terres  de 
France  et  de  Normendie  au  plus  prez  du  chastel  que  faire  se  pourra 
se  Ion  ce  que  plus  aplain  est  contenu  es  letres  que  jen  ay  de  iuy  sur 
ce  savoir  vous  foiz  que  du  dit  chastel  et  des  dictes  mil  livres  de  terre 
moy  et  mes  hoirs  et  successeurs  devons  faire  foy  et  homage  lige  et 
estre  homme  lige  du  dit  Roy  de  Navarre  et  de  ses  hoirs  et  succes- 
seurs et  de  le  servir  et  obéir  corne  Seigneur  lige  environs  et  contre 
touz  Rois  princeps  et  autres  de  qùalque  estât  que  il  soient  inssy 
lavons  promis  et  prometons  exepte  contre  lo  Roy  de  France  et  ses 
frères  et  le  duc  de  Bretaigne  et  le  duc  dorliens.  El  come  en  temps 
passe  entre  mon  dit  Seigneur  le  Roy  de  Navarre  et  moi  ait  eus 
aucuns  tractemens  pour  les  quelx  le  dit  Roy  de  Navarre  me  fit 
donation  de  certaines  rentes  et  villes  et  autres  promeses  et  obliga- 
tiones  daiger  et  d'autres  choses.  Et  sur  ce  mait  baille  ou  fait  baillier 
aucuns  letres  scelles  de  son  scell  je  promet  et  me  oblige  par  ces  pre« 


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RELATIVES  A  DU  GUESCUN  509 

sentes  de  rendre  au  dit  Roy  ou  a  ses  genz  les  dictes  letres  et  toutes 
autres  letres  de  obligationes  qui  soient  faites  jusques  au  jour  duy  par 
luy  de  qualque  manere  et  condition  que  il  soient  le  plus  toât  que  je 
pourreetveul  que  ycelles  dotes  en  avant  (dorénavant)  soient  nulles  et 
de  nulle  vàlleur  etque  jamez  par  vertu  des  dictes  letres  moy  ne  autre 
par  moy  ne  poussions  faire  accion  ne  demande  aucune  audit  Roy  de 
Navarre  ne  a  ses  hoirs  et  successeurs  en  moy  à  accomplissant  les 
choses  de  sus  dictes.  £t  des  maitenant  renonse  expresement  à 
toutes  les  dictes  letres  et  obligatons  et  &  toutes  autres  querelles 
acciones  et  demandes  que  jusques  au  jour  delà  date  de  ces  pré- 
sentes je  puis  avoir  ou  amoy  présent  apertenir  pour  les  causes  de 
sus  dictes  et  pour  autres  quelconques.  Et  pour  ce  que  les  choses  de 
sus  dictes  et  chascune  dicelles  soient  plus  fermes  et  estables  j'ay  jure 
sur  la  crux  et  saintes  evvangiles  tochez  par  moy  manuelment  de 
tenir  garder  et  accomplir  bien  et  loyalement  sanz  fraude  ne  engaing' 
toutes  les  choses  de  sus  dictes  et  chascune  dicelles.  Et  en  oultre  me 
oblige  et  promes  sur  firme  stipulacion  a  vous  notaire  de  ins  script 
omsin  (ainsi)  come  à  publique  et  autentique  perssone  sur  Tobli- 
gacion  de  tous  mes  bienes  de  tenir  accomplir  et  exécuter  toutes 
les  choses  de  sus  dictes  et  chascun  dicelles  en  testimogn  de  ce 
jay  mis  mon  seel  à  ces  présentes  et  requis  au  notaire  de  ins  script 
quil  mist  son  sign  à  ces  présentes  agregneur  (sic)  conûrmacion 
donne  en  Bourge  le  IIIj  jour  de  feurier  lan  mil  CCCLXVllI.  Presen- 
tibus  nobiHbus  viris  dominis  Bosono  de  la  Chesa  Johanne  de  Yrel 
Ëustacio  de  manui  testibus  ad  premisa  vocatis  specialiter  et  rogatis. 

Nous  croyons  devoir  rapprocher  de  cette  charte  la  lettre 
royale  relatant  le  don  fait  par  Charles  le  Mauvais  à  Olivier 
de  Mauny,  et  à  laquelle  celui-ci  semble  faire  allusion,  bien 
qu'elle  ne  soit  en  réalité  guère  plus  «  explicite  ».  Ce  dernier 
document  porte  la  date  du  29 Janvier  1368;  il  a  été  repro- 
duit par  dom  Morice,  dans  ses  «  Mémoires  pour  set^ir  de 
preuves  à  V histoire  de  Bretagne.  »  (T.  i,  col.  1623). 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  Navarre,  comte  d'Evreui^  à 
tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront,  salut.    Scavoir  faisons 

*  Dérivation  du  mot  espagnol  «  engaûo  »  (ruse}. 


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600  CHARTES  INÉDITES 

que  pour  certain  traité  qui  a  esté  fait  entre  nous  et  nostre  amé  et 
féal  Monsieur  Bertrant  du  Ouesclin,  duc  de  Transtamare  et  comte  de 
Longueville,  nous  avons  donné  et  donnons  par  ces  présentes  à 
notre  amé  et  féal  Monsieur  Olivier  de  Mauny,  afin  que  mieux  soit 
ten»  de  nous  servir  au  temps  advenir»  un  chastel  et  mille  livres 
de  rente  par  an  ;  lesquelles  nous  lui  assignerons  et  ferons  asseoir 
et  assigner  en  et  sur  nos  rentes  et  revenus  de  nos  terres  de  France 
et  de  Normandie,  atenant  et  au  plus  près  dudit  chastel,  que  nous 
lui  baillerons  et  ferons  bailler  en  nos  dites  terres  ;  et  voulons  que 
ledit  Castel  avec  les  mille  livres  de  rente  ledit  messire  Olivier  et  ses 
hoirs  ayent  et  tiennent  de  nous  héréditabiement  et  perpétuelle- 
ment ;  pour  lesquels  il  et  ses  hoirs  et  successeurs  seront  nos  hommes 
liges  et  nous  en  feront  foy  et  hommage,  et  les  tiendront  de'  nous 
ainsi  et  par  la  manière  que  tiennent  les  barons  de  Normandie  les 
autres  chasteaux  et  rentes  qu'ils  tiennent  de  nous  et  sous  nous  en 
nosdites  terres  ;  et  ledit  messire  Olivier  et  ses  hoirs  et  successeurs 
seront  tenus  de  faire  hommage  lige  à  nous  et  à  nos  hoirs  et  succes- 
seurs pour  lesdits  chatel  et  terres.  Pour  ce  que  à  présent  nous 
sommes  en  nostre  royaume  et  absent  de  nos  dites  terres  nous  pro- 
mettons audit  Monsieur  Olivier,  comme  roy  et  en  bonne  foy,  bailler 
et  faire  bailler  à  lui  ou  à  ses  procureurs  pour  luy  La  possession  audit 
chastel  dedans  quatre  mois  prochains  venans  et  asseoir  ou  faire 
asseoir  les  mille  livres  de  rente  atenant  et  au  plus  près  dudit 
chastel  dedans  six  mois  prochains  venans  après  la  date  de  ces  pré- 
sentes. En  tesmoing  de  ce  nous  avons  fait  sceler  ces  lettres  de 
nostre  scel.  Donné  à  Olu  le  vingt-neuvième  jour  de  Janvier  Tan  de 
grâce  mil  trois  cent  soixante-huit.  —  Sur  une  copie. 

Commentaire.  Ces  deux  chartes,  écrites  à  six  jours  de  dis- 
tance (29  janv. —  4  févr.  1368),  sont  à  peu  près  identiques, 
quanta  la  teneur.  Notons  toutefois  que  Tacte  de  donation 
du  29  janvier  parle  d'une  rente  de  mille  livres  qui  sera 
assignée  sur  certaines  terres,  tandis  que  notre  titre  semble 
plutôt  indiquer  une  somme  de  mille  livres  dont  le  capital 
sera  payé  en  terres.  De  plus  le  premier  document  donne 
au  roi  de  Navarre  un  délai  de  quatre  mois  pour  la  mise  en 
possession  du  château,  indiqué  d'une  façon  indéterminée,  et 


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I 


RELATIVES  A  DU   GUESCLIN  601 

de  six  mois  pour  rallocatîon  de  la  rente  de  mille  livres. 
Mais  comme  Olivier  de  Mauny  se  réfère  aux  Lettres  royales, 
ces  différences  n*ont  pas  grande  importance.  Il  est  plus 
explicite  que  Charles  le  Mauvais,  quand  il  énumôre  les 
princes  qu'il  ne  sera  pas  tenu  de  combattre  pour  remplir  le 
devoir  de  vassal  envers  son  nouveau  suzerain,  et  lorsqu'il 
déclare  nulles  et  non  avenues  toutes  donations  antérieures. 

Remarquons  encore  que  Tacte  royal  publié  par  dom 
Morice  est  daté  d'O/w.  Nous  ne  trouvons  pas  de  localité  de 
ce  nom  en  Navarre.  Peut-ôtre  Terreur  provient-elle  du  copiste 
qui  aura  mis  Olu  pour  Olite*. 

D'après  l'acte  du  29  janvier  Charles  le  Mauvais  fait  cette 
donation  à  Olivier  de  Mauny  «  afin,  dit-il,  que  mieux  soit 
«  tenu  de  nous  servir  au  temps  advenir.  »  Cette  expression, 
aous  la  plume  du  secrétaire  du  roi  de  Navarre,  nous  paraît 
quelque  peu  ironique.  Pour  mieux  en  saisir  la  valeur,  il  est 
utile  que  nous  disions  deux  mots  des  rapports  antérieurs  du 
donateur  avec  le  cousin  de  du  Guesclin.  Olivier  de  Mauny 
avait  eu  plus  d'une  fois  l'occasion  de  se  mesurer  avec  les 
troupes  navarraises,  en  Normandie,  avant  le  traité  de  paix  de 
1365.  Bertrand  l'avait  nommé  capitaine  de  Carentan,  et  c'est 
là  qu'il  alla  le  chercher,  dès  1366^  pour  lui  confier  la  garde  du 
château  de  Borja  en  Aragon.  En  se  rendant  à  son  nouveau 
poste,  Olivier  ravagea  les  environs  de  Montpellier,  bien 
que  cette  ville  eût  été  cédée,  l'année  précédente,  au  roi  de 
Navarre.  Ce  dernier  après  avoir  accordé,  moyennant  fi- 
nances, le  passage  au  travers  de  ses  Etats  au  prince  de  Galles, 
et  mis  des  troupes  à  la  disposition  de  dom  Pedro,  cher- 
cha quelque  stragème  pour  éviter  de  prendre  part  en  per- 
sonne à  la  lutte,  qui  était  sur  le  point  de  s'engager.  Dans 
ce  but,  il  manda  secrètement  Olivier  de  Mauny  à  Tudela. 
Quelques  jours  après,  la  nouvelle  se  répandit  que  Charles 


^Petite  ville   de  2.600  habitants,  à   4$  kilomètres  de  Pampelt;ine,'9Ur  la 
route  de  Savagosse. 


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602  CHARTES  INÉDITES 

}e  Mauvais  avait  été  surpris  dans  une  partie  de  chasse  par 
le  capitaine  de  Borja,  et  était  devenu  son  prisonnier.  Per- 
sonne de  ceux  qui  connaissaient  le  caractère  astucieux  du 
prince  ne  se  laissa  tromper  par  cette  comédie,  et  sa  ruse 
fut  bientôt  percée  à  jour.  Après  la  bataille  de  Navarrette, 
le  royal  captif,  n*ayant  plus  aucun  intérêt  à  demeurer  enfermé, 
voulut  recouvrer  sa  liberté  ;  mais  Olivier  qui  était  la  dupe 
de  son  hôte  lui  demanda  une  rançon,  sans  doute  en  vertu 
des  stipulations  antérieures  de  Tudela,  auxquelles  il  ajouti^it 
foi.  Ayaladit  enefTet  dans  sa  Chronique  (Edition  1875,  t.  i, 
p.  550)  que  Charles  le  Mauvais  avait  eu  soin  de  gagner  le 
capitaine  breton,  en  lui  promettant  le  château  et  la  ville  de 
Gavray  en  Normandie,  plus  une  rente  de  3000  francs  d'or. 
Ces  offres  et  promesses*  nous  paraissent  fort  vraisemblables, 
car  tout  service  rendu  mérite  une  récompense  ;  mais  là  où 
Ayala  peut  bien  se  tromper  et  nous  induire  en  erreur,  c'est 
quand  il  précise  les  termes  de  la  convention  elle-même. 
Sans  parier  de  cette  rente  de  3000  fr.  d'or,  qui  est  très  élevée 
et  hors  de  proportion  avec  le  service  dont  elle  était  le  prix^ 
nous  verrons  dans  la  charte  suivante  que  le  château  de  Ga- 
vray fut  donné  à  Bertrand  Du  Guesclin  lui-même. 

Quoiqu'il  en  soit  de  la  sincérité  des  promesses  du  roi  de 
Navarre  et  de  leur  importance,  ce  prince  n'ayant  plus  rien  à 
craindre  d'Henri  de  Transtamare  et  de  ses  alliés,  après  la 
journée  de  Najéra,  pensa  qu'il  était  plus  simple  et  plus 
digne  de  rentrer  dans  ses  Etats,  sans  en  aliéner  la  moindre 
parcelle,  et  sans  grever  son  trésor  d'une  charge  annuelle.  Il 
dissimula  donc  avec  son  geôlier,  lui  laissa  l'Infant  dom  Pedro 
en  otage,  et  se  fit  conduire  par  lui  à  Tudela,  sous  prétexte 
de  payer  la  rançon  convenue.  Mais  à  peine  arrivé  dans  la 
ville,  il  en  fit  fermer  les  portes,  obligea  le  roi , d'Aragon  à 
intervenir  pour  obtenir  la  mise  en  liberté  de  l'Infant,  et  ne 
permit  au  capitaine  de  Borja  de  retourner  auprès  des  siens, 

*  OliTÎdr  de  Mauny  parait  y  faire  allusion,  dans   la  obarU  que   noua 
publions. 


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RELATIVES  A   DU   GUESCLIN     '  .603 

que  lorsque  celui-ci  eut  renoncé  à  ses  prétentions.  D'après 
Ferreras  et  d'autres  auteurs,  la  comédie  aurait  tourné  au 
tragique  pour  Olivier  ;>  ils  racontent  que  ce  dernier  avait 
emmené  avec  lui  son  frèr3,  qui  fut  tué  dans  les  murs  de 
Tudela,  pour  avoir  tenté  de  s'échapper  .Nous  ne  croyons  pas  que 
ce  fait  soit  exact,  car  si  Alain  et  Eustache  de  Mauny  accom- 
pagnèrent Du  Guesclin  en  Espagne,  nous  les  retrouvons  en 
Normandie,  dans  une  montre  faite  à  Pontorson  le  1  mai 
1371*,  c'est-à-dire  plus  de  trois  ans  après  l'événement  qui 
nous  occupe. 

Dès  la  fin  de  Tannée  1367  la  situation  était  bien  modifiée, 
•par  suite  de  la  mise  en  liberté  de  Bertrand  du  Guesclin  (27 
décembre)  et  du  retour  de  Henri  de  Transtamare  en  Castille, 
Ainsi  que  M.  Siméon  Luce  le  fait  justement  remarquer  pour 
la  première  fois  (Proissart  t,  VII,  p.  xxiv,  note  2.)  le  13  août 

1367,  par  acte  daté  d'Aigues-Morles,  don  Enrique  et  le  duc 
d'Anjou  contractèrent  une  alliance  défensive  et  offensive 
contre  le  roi  d'Angleterre,  le  roi  de  Navarre  et  don  Pedro. 
Dans  ces  conditions,  on  comprend  tout  l'intérêt  que  Charles 
le  Mauvais  avait  à  regagner  les  bonnes  grâces  de  Henri  de 
Transtamare  et  de  ses  alliés,  pour  le  cas  où  le  succès,  comme 
il  arriva, viendrait  à  couronner  leurs  efforts.  Nous  ne  sommes 
donc  pas  étonnés  de  le  voir,  dès  le  début  du  mois  de  février 

1368,  se  réconcilier  avec  le  gouverneur  de  Borja,  au  prix 
d'une  libéralité  qui  ne  lui  coûtait  rien  pour  le  moment,  et  qui 
lui  valait,  le  cas  échéant,  un  auxiliaire  sûr  et  valeureux, 
tant  contre  le  prince  de  Galles  que  contre  don  Pedro. 
Mais  ici  encore  nous  le  retrouvons  fidèle  à  lui-même, 
et  cherchant  avant  tout  son  intérêt  :  il  profite  de.  l'occa- 
sion pour  obtenir  d'Olivier  de  Mauny  une  renonciation 
expresse  et  authentique  à  toutes  les  conventions  antérieures  ; 
de  plus  en  promettant  d'une  façon  indéterminée  la  dona- 


i  Dam  Moriee.  Mémoires  pour  servir  de  preuves  à  l'histoire  de  Bretagne 
t.   1  coL  1649. 


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604  GHAHTES  INÉDITES 

tion  d*ua  château  quelconque  situé  dans  ses  terres  de 
Normandie,  il  semble  avoir  voulu  se  réserver  une  exception, 
pour  éluder  Texécution  de  sapronj^sse  à  l'expiration  dii 
délai  fixé.  Une  seconde  fois  le  cousin  de  Bertrand  du  Guesclin 
se  laisse  prendre  au  piège,  et  l'on  peut  dire  qu'il  lâche  la 
proie  pour  l'ombre.  Il  est  assez  curieux  de  l'entendre  parler 
de  son  «  très  redouté  seigneur,  le  roi  de  Navarre,  »  et  de  voir 
le  ton  solennel  qu'il  prend,  pour  apprendre  à  tous  venants 
:ia  générosité  sans  bornes  du  dit  roi,  qui  lui  retire  d'une  main 
bien  plus  qu'il  ne  lui  donne  de  l'autre. 
,  Que  dire  de  ce  suzerain  qui  laisse  son  futur  vassal  s'en- 
gager par  devant  notaire  sur  tous  les  biens  qu'il  possède, 
J;andis  qu'il  ne  lui  donne  de  son  côté  de  garanties  d'aucune 
sorte  ?  Nous  aimons  à  croire  que  Charles  le  Mauvais  fut 
fidèle  à  sa  parole  ;  mais  nous  n'en  avons  pas  la  preuve.  S'il 
réalisa  .sa  promesse,  nous  sommes  sûrs  d'avance  qu'il  y  fut 
contraint  par  les  événements,  et  qu'il  ne  dépendit  pas  de  lui 
d'apprendre  à  Olivier  de  Mauny  qu'un  château  en  Normandie 
pouvait  bien  avoir  dans  sa  pensée  quelque  ressemblance 
avec  ce  que  nous  appelons  vulgairement  :  «  un  château  en 
Espagne.»  11  y  a  dans  toute  cette  histoire  une^  étude  de 
mœurs  très  curiefuse  à  faire,  et  l'on  aimerait  à  voir  ce  ca- 
ractère de  Charles  le  Mauvais,  si  semblable  sous  certains 
rapports  à  celui  de  Louis  XI,  représenté  sur  la  scène. 

On  peut  se  demander  quel  est  le  traité  passé  entre  le  roi 
de  Navarre,  Du  Guesclin  et  Olivier  de  Mauny,  auquel  ce 
dernier  se  réfère  ainsi  que  Charles  le  Mauvais  lui-môme.  Il 
est  probable^qu'il  s'agit  toujours  de  la  convention  de  Tudela, 
dans  laquelle  le  gouverneur  de  Borja,  tout  en  traitant  en  son 
propre  nom,  agissait  également  comme  représentant  de 
son  cousin. 

Les  frères  du  roi  Charles  V,  contre  lesquels  le  capitaine  de 
Borja  refusait  de  servir,  malgré  son  hommage  au  roi  de 
Navarre,  étaient:  Louis,  duc  d'Anjou;  Jean,  duc  de  Berry, 
et  Philippe,  duc  de  Bourgogne.  Le  duc  d'Orléâps, .  qui  se 


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RELATIVES  A  DU  GUESCLIN  '005 

trouvait  égafement  excepté,  n'était^  au ti'e  que  Philippe  de 
Praneé,  frère  du  roi  Jean  le  Bon  et  oncle  de  Charles  V.  Il 
est  presque  inutile  dé  rappeler  que  le  duc  de  Bretagne  était 
alors  le  comte  de  Montfort. 

Le  nom  de  Borja  a  été  évidemment  fi<ancisé  par  Olivier  de 
'  Mauny\  suivant  une  coutume  qui  régnait  déjà  à  cette  époque 
et  qui  expose  quelquefois  le  lecteur  è  faire  d'étranges  con* 
^fusions.  Les  Italiens,  dont  la  langue  se  rapproche  plus  de 
'  l'espagnol  que  la  nôtre,  en  ont  fait  à  leur  totf i"  <c  Borgia.  » 
*'    Olivier  de  Mauny  cite,  en  deï*nier  lieu,  les  témoins  qu'il  a 
^riés  d'assister  à  la  rédaction  de  l'acte  de  donation.  Le  nom 
d'Eustache  de  Mauny,  qui  figure  le  troisième,  était  connu 
depuis  longtemps,  mais  nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  fait 
mention  ailleurs  des  deux  autres  compagnons  d*armes  de 
Du  Guesclio*  Bosbn  de  la  Chèse  et  Jean  de  Yrel,  sur  le 
compte  desquels  nous  ne  possédons  pas  d'autres  renseigne- 
ments. 


5*  CHARTE 

Sommaire  ;  Charte  du  4  fév.  1369',  datée  de  Borja.  Bertrand 
Du  Guesclin,  duc  de  Transtamare,  comte  de  Longuèville; 
déclare  faire  hommage  lige,  tant  pour  lui  que  pour  ses  suc- 
cesseurs, au  roi  de  Navarre  et  à  ses  héritiers,  en  retour  de  la 
donation  du  château  de  Rocabrun  et  de  deux  mille  livres  de 
rente,  suivant  ce  qui  est  dit  plus  explicitement  dans  d'autres 
lettres.  En  conséquence,  il  promet  de  le  servir  envers  et 
contre  tous,  à  l'exception  du  Roi  de  France,  des  princes  ses 
frères,  du  roi  Henri  de  Castille,  du  duc  de  Bretagne  et  du 

'*  n  transforme  ce  nom  en  celai  de  «  Bourge.  » 

*  Du  moins  parmi  ceux  qui  le  suivirent  en  Espagne. 

'  La  copie  que  nous  possédons  porte  à  quelques  ligkies  de  distance/la 
date  du  4  (éy,  1368,  et  celle  du  4  fév.  1869.  Nous  donnerons  dans  le  com- 
mentaire les  raisons  qui  nous  font  choisir  de  préférence  Tannée  1969. 


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608  CHARTES  INÉDITES 

duc  d*Orléans.  Mais  dans  le  cas.  dû  le  roi  Henri  refuserait  de 
reftdre  au  roi  de  Navarre  les  domaines",  que  celui-ci  reven- 
dique du  chef  de  ses  prédécesseurs,  et  lui  déclarerait  la  guerre, 
il  s'engage,  lui  Bertrand,  à  ne  pas  venir  en  aide  au  roi  de 
'  Càstille.  Que  si  lé  roi  dé  Navarre  venait  à  être  en  guerre  avec 
le  roi  de  France,  il  s'oblige  encore  à  ne  pas  tirer  parti  de  la 
'  donation  sus  mentionnée  pour  causer  quelque  dommage  au 
premier.  Il  promet,  tant  qu'il  restera  en  Espagne,  de  ne  pas 
'  permettre '^u*aucun  préjudice  soit  causé  au  donateur,  ni  par 
lui,  ni  par  aucun  autre  ;  il  s'opposera  de  tout  son  pouvoir 
à  de  pareilles  entreprises  ;  il  n'entrera  pas  en  Navarre  et  ne 
laissera  pas  de  troupes  y  entrer  ou  y  séjourner,    contre  la 
volonté  du  Roi,  pour  lutter  contre  lui.  Dans  le  cas  où  ce 
dernier  serait  en  guerre  avec  don  Enrique,  et  où,  lui  Bertrand 
serait  obligé  de  prendre  parti  pour  celui-ci,  il  s*engage  avant 
le  début  des  hostilités  :  1*  à  restituer  le  susdit  château  et  la 
rente  dont  il  est  fait  mention  plus  haut  ;  2*  à  rendre  les  quinze 
mille  florins  ,  qu'il  reconnaît  avoir  reçus  du  roi  de  Navarre 
en  pur  don.  Ji  promet  encore  par  les  présentes  de  procurer 
l'avantage  du  royaume,  autant  qu'il  dépendra  de  lui,  et  d'em- 
pôcher  qu'il  lui  arrive  quelque  dommage,  en  particulier  par 
suite  du  passage  des  Coiûpagnies.  Reconnaissant  avoir  reçu 
antérieurement  du  roi  le  château  de  Gavray  et  des  promesses 
d'argent,  il  s'oblige  à  rendre  le  plus  tôt  possible  les  lettres 
de  donation,  les  déclare  nulles,  et  renonce  tant  pour  lui  que 
pour  ses  héritiers  aux  actions  pouvant  en  résulter.  Afin  de 
donner  plus  de  poids  à  ces  promesses,  il  déclare  avoir  étendu 
la  main  sur  la  croix  et  les  saints  Evangiles,  et  juré  par  eux 
d'observer  fidèlement  toutes  les  clauses  de  la  présente  con- 
vention. De  plus  i!  s'oblige,  par  devant  notaire,  sur  tous  ses 
biens,  à  exécuter  le  dit  contrat.  En   foi  de  quoi,  il  a  apposé 
son  sceau  sur  les  présentes  et  a  enjoint  à  un  notaire  de  les 
signer.  Borja  («  Bourge  »)  le  4  février  1368.  Avant  de  ter- 
miner il  revient  encore  sur  la  réserve  formulée  au  début,  en 
affirmant  que  ladite  stipulation  ne  pourra  être  interprétée 


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RELATIVES  A  DU  GUESCUN  607 

daas  un  sens  défavorable  au  roi  de  France,  à  ses  frères,  ou 
à  ceux  qu*il  a  exceptés  plus  haut.  Acte  a  été  dressé  de  tout 
ce  qui  précède  dans  la  ville  sus«lite  le  4  février  1369,  en 
présence  de  nobles  hommes  et  seigneurs  Alain  de  la  Hous- 
saye,  Olivier  de  Mauny,  Maurice  de  Trezeguidî,  Renaud 
dû  Treleves,  Gérard  de  Rais,  et  Jean  de  Beaumont,  cheva- 
liers, tout  spécialement  convoqués^  pour  servir  de  témoins^ 
(Les  deux  dernières  phrases  sont  en  latin). 

4  février  1368  (1369). 

Bertran  de  Guesclin  duc  de  Trastamarà  conte  de  Longueville.  A 

toux  celx  qui  ces  présentes  letres  verrent  salut  corne  mon  très  re- 

doubte  seynneur  le  roy  de  Navarre  de  sa  pùra  et  agradable  volonté 

me  ait  donne  deux  mille  livres  de  rente  per  an  avec  le  chastel  de 

Rocabrun  selon  ce  que  plus  à  plain  est  contenu  es  tis  que  nous  en 

avons  de  lui  sur  ce  savoir  taisons  que  dudit  chastel  et  deux  mille 

livres  de  rente  de  sus  diz  nous  nos  succesores  de  nous  faire  foi  et 

bornage  lige  et  estre  home  lige  du  die  rey  de  Navarre  et  de  ses  hoirs 

successours  en  lur  servit  et  ober  come  seigneur  lige  et  emsi  lavons 

promis  et  prometons  de  le  servir  envers  et  contre  toutz  de  tout 

nostre  povoir  excepte  le  roy  de  France  Monseigneur  ses  ft'eres  le 

roy  Enrric  de  Casteie  le  duc  de  Bretagne  et  le  duc  de  Aurliens  contess 

en  cas  que  ledit  rey  Enrrique  ne  nous  lit  fayre  rauser  au  dit  roy  de 

Navarre  des  terres  que  il  doit  avoir  qui  furen  de   ses  predece- 

sours  les  roys  de  Navarre  et  lui  voulist  fayre  guerre  et  domage  sur 

ce  cas  nous  ne  serons  tenus   ne  ne  ferons  ayde  aucun   audit  roy 

Enrric  contre  le  dit  roy  de  Navarre  ne  ne  ferons  mal  nin  domage 

pour  nous  ne  pour  nos  gens  nin  par  nostre  conseill  audit  roy  de 

Navarre  &  ses  hoirs  ne  a  ses  subjet.  Et  se  il  avenoit  ledit  roy  dé 

Navarre  eust  guerre  audit  roy  de  France  Monseigneur  ce  que  dieux 

ne  vôuUiê  nous  prometons  et  nous  obligons  que  durant  la  dicte 

guerre  dudit  chastel  et  rente  que  nous  tenons  dudit  roy  de  Navarre 

nous  ne  ferons  guerre  mal  nin  domage  aucun  ne  ne  sofï^eirons  estre 

fait  en  aucune  manere  à  notre  povoir.  Autre  si'  prometons  et  nous 

obligons  en  bone  foy  que  tant  que  nous  demourirons  en  Espaigne 

nous  ne  ferons  ne  consentirons  estre  fait  mal  ne  domage  ne  injure 

au  dit  roy  de  Navarre  pour  nous  ne  par  autres.  Et  se  nul  Ion  voulût 

flEiire  le  contresterons  de  tout  nostre  povoir   ne    ne  entrerons 

I  Corruption  da  mot  cattiHan  «  otroal  »,  (en  outre). 


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008  CHARTES  INÉDITES 

audit  royaume  de  Navarre  daloe  ne  de  rotorner  ne  nin  feront 
entier  ni  démord  de  nos  igrenz  ne  dautres  contra  le  volonté  du 
dit  roy  de  Navarre  pour  1^1  fare  guerre  et  se  il  avenoit  ce  que 
Dieux  ne  vouUie  que  entre  ledit  roy  de  Navarre  et  ledit  roy 
Enrric  eust  .guerre  et  nous  feussions  tenuz  d*ayder  audit  roy 
Knrric  contre  lo  dit  roy  de  Navarre  nous  prometons  et  nous  obligons 
que  avant  que  nous  nous  armons  ne  que  nous  ne  noz  genz  comencies 
a  faire  guerre  au  dit  roy  de  Navarre  pour  le  dit  roy  Henrric  de 
rendre  audit  roi  de  Navarre  de  fait  entrement  et  en  sa  puisance  lesdiz 
chastel  et  rente  que  nous  tenons  de  luy  et  en  eultre  faire  délivrer  et 
conter  reaiment  et  de  fait  les  quince  mil  florines  que  ledit  roy  de 
Navarre  nous  a  donezen  pur  don  une  fois  les  quienes  nous  confesons 
et  coignosons  auoir  euz  et  retenus  de  lui  per  ces  présentes  ensemble 
nous  prometons  et  nous  obligons  de  procurer  et  perchaser  au  dit 
roy  de  Navarre  et  &  son  royaume  tout  le  profit  et  honeur  que  nous 
procurons  et  destourberons  et  empescharons  de  tout  nostre  povoir 
tout  deshonour  et  domage  dudit  roy  et  son  royaume  de  ses  hoirs  et 
sucesors  et  par  spécial  que  nulles  compaynnes  (compagnies)  ne 
entrent  en  son  dit  royaume  tierres  et  seignieries.  Autre  si  corne  au 
temps  passe  entre  le  roy  de  Navarre  et  mon  très  redoubté  seigneur  et 
nous  ait  en  aucuns  tractemens  pour  les  qualz  ledit  roy  nous  fist 
donacion  du  chastel  de  Gauray  et  autres  promeses  et  obliga'd'arges  et 
dautres  cnoses  et  sur  ce  nous  ait  baylle  aucunes  letres  scelladas  de 
son  seeli  nous  prometons  de  rendre  audit  roy  de  Navarre  les  dicte 
letres  et  tout  autres  letres  de  obligacones  qui  soyent  faites  Jusques 
ou  jour  dui  par  lui  de  qualque  nature  etcondicion  que  111  soient  le 
plus  tost  que  nous  procurons  et  voulons  que  ycelles  dores  en  avant 
soient  nulles  et  de  nulle  valeur  et  que  yamez  per  vertu  (des)  dictes 
letres  ne  nous  ne  autre  pour  nous  ne  puise  faire  accion  ne  demande 
audit  roy  de  Navarre  ne  a  ses  hoirs  nous  accomplirons  les  choses  de 
susdictes  etrenonsons  ezpresement  à  tout  les  dreches  (droits),  letres 
etobligatons  et  à  tout  altres  querelles  acciones  et  demandes  que 
jusques  à  la  data  de  ces  présentes  nous  povons  avoir  ou  avons  pu  ôt 
appartenir  pour  les  causes  desus  dictes  et  pour  autres  quelconques 
et  por  ce  que  les  choses  dicte  et  chascun  dicells  soyent  plus  fermes 
et  stables  nous  avons  jure  sur  la  cruz  et  santés  évangiles  touches  per 
nous  manualment  de  tenir  goarder  de  tenir  bien  et  loyalment  sans 
fraude  ne  engain  toutes  les  choses  de  sus  dites  et  chascun  et  dicells  et 
en  eultre  nous  obligons  et  promelons  sur  firme  stipuUacion  a  vous  no- 
taire de  ins  script  aysi  come  a  publique  et  autentique  persone  sur 
la  obligacion  de  tous  nos  bienes  de  tenir  acomplir  et  exécuter  toutes 
les  choses  dessus  et  chascun  dieelis  et  en  testimoigne  nous  avons  fait 


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RELATIVES  A   DU   GUESCLIN  609 

mètre  notre  scel  &  cesprésentes  et  requis  ati  notaire  delns  scriptqu-il 
mist  son  signe  a  ces  présentes  pour  greigveur  (sic)  conârmacion. 
Datum  en  nostre  ville  de  Bourge  le  IIII  jour  de  février  Tan  de  grâce 
MCGGLXVIII  toutefoix  quelquez  chose  qui  scripte  soyt  de  sus  nostre 
entencîon  nest  pas  que  condicion  ne  convenantes  de  sos  dictes 
soyenten  sens  contre  le  roy  de  France  Monseigneur  sa  magesta  real 
messeignes  ses  ft*ères  ne  les  autres  seigneurs  et  condiciones  por  - 
nous  exceptes  plus  aplayn  done  corne  de  seigneur.  Acta  luerunt' 
hec  villa  qua  supra  die  quoarta  fevrari  Anno  a  nativitate  domini 
MCCCLXIX  Presentibus  nobilibus  viris  dominis  Alano  de  la  Ursayâ 
Olivero  de  Manuj  Mauricio  de  Trezeguidi  Reynaldo  de  Treleves 
Gerardo  de  Raysa  et  Johane  de  Beaumont,  militibus  testibus  ad 
premisa  vocatis  specialiter  et  rogatis. 

Commtf/i/rtire.  —  Le  premier  point  à  éclaircir  est  la  date 
exacte  de  cette  charte  ;  en  effet  nous  rencontrons  successi* 
vement  rindication  de  l'année  1338,  puis  celle  de  Tannée 
1369.  Il  est  probable  que  la  faute  est  imputable  au  copiste,  et 
ciu'elle  UQ  se  trouve  pas  dans  la  charte  originale;  mais  en 
l'absence  de  ce  document,  il  faut  que  nous  options  entre  les 
deux  dates,  en  apportant  des  raisons  à  Tappui  de  notre  choix. 
-  Il  semblerait  tout  d'abord  plus  naturel  de  placer  la  rédac- 
tion de  notre  charte  au  même  jour  que  la  précédente,  c'est- 
à-dire  au  4  février  1388.  Le  roi  de  Navarre  en  faisant  una 
donation  au  gouverneur  du  château  de  Borja,  ne  pouvait 
oublier  celui-là  môme  au  service  duquel  était  attaché  le  capi- 
taine breton.  Du  Guesclin  avait  été  mis  en  liberté  le  27  dé- 
cembre 1367^  et  cet  événement  suffit  à  expliquer  en  partie 
le  revirement  qui  se  produisit  dans  Tesprit  de  Charles  Le 
Mauvais,  Pourquoi  ce  dernier  aurait-il  tardé  plus  d'un  an  à 
agir  conformément  à  ce  que  son  propre  intérêt  semblait  lui 
commander?  Nous  répondrons  à'  cette  objection  que  Ber- 
trand, dans  la  charte  que  nous  étudions,  fait  allusion  à  des 
libéralités  antérieures^  particulièrement  à  la  donation  d'une 
somme  de  15.000  florins'.  Le. roi  de  Navarre  n'était  donc 

^  Noas  ne  parlons  pas  delà  donation  du  ch&teau  de  Qavray,  qui  ne  dut 
probablement  pas  se  réaliser,  si  nous  la'  faisons  remonter  à  Tépoquede 
rentreyue  de  Charles  le  Mauvais  et  d'Olivier  de  Mauny  h,  Tudela. 


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610  CHARTES  INÉDITES 

pas  en  retard  envers  lui,  au  début  de  1369.  Mais  la  prin- 
cipale raison  qui  nous  fait  reculer  d*un  an  la  donation 
du  château  de  Rocabrun,  c'est  que  le  7  févier  1368,  trois  jours 
par  conséquent  après  la  date  que  nous  rejetons,  Bertrand 
Du  Guesclin  était  de  passage  à  Montpellier,  accompagné  du 
maréchal  d'Audrehem,  et  se  dirigeait  vers  Nîmes  où 
l'attendait  le  duc  d'Anjou.  (Voir  Thalamus  parvus  p.  382.  — 
S.  Luce  :  Froissart,  t.  vu,  p.  23,  note  3). 

Comment  admettre  qu'il  ait  pu  franchir,  dans  un  si  court 
espace  de  temps,  ladistance  qui  sépare  Borja  de  Montpellier? 
Il  ne  rentra  d'ailleurs  en  Espagne,  à  la  suite  de  sa  captivité 
et  de  la  prise  de  Tarascon  (22  mai  1368),  que  vers  la  fin  de 
4368.  Le  20  novembre  de  celte  année,  fut  signé  devant  To- 
\èàt  un  traité  d'alliance  entre  D.  Enrîque  et  Charles  V. 
Les  ambassadeurs  du  roi  de  France,  suivant  le  récit  de 
Pedro  de  Ayala,  promirent  au  roi  de  Castille  de  lui  envoyer 
du  Guesclin  de  cinq  cents  lances  (Ayala,  1369,  G.  1). 
On  s'explique  donc  tout  naturellement  la  présence  de  celui- 
ci  au  château  àe  Borja,  à  la  date  du  4  février  1369.  Il  venait 
de  traverser  l'Aragon  ,  avec  un  corps  de  deux  mille  ca- 
valiers, et  se  disposait  à  conduire  ce  renfort  sous  les 
murs  de  Tolède.  Il  ne  tarda  pas  à  y  arriver  :  le  14  mars,  en 
effet  il  prenait  part  à  la  bataille  de  Montiel,  qui  précéda  de 
quelques  jours  la  mort  de  don  Pedro  (23  mars).  Charles  le 
Mauvais  aurait  donc  attendu  le  retour  de  Bertrand  en  Ara- 
gon, pour  revenir  avec  lui  sur  la  convention  de  Tudela,  et 
lui  faire  oublier  tout  ce  qui  s'était  passé  alors,  au  moyen 
de  nouvelles  libéralités.  Quand  il  recule  l'effet  de  sa  donation 
à  Olivier  de  Mauny,  c'est  qu'il  supposait,. suivant  toute 
apparence,  devoir  être  fixé  sur  les  projets  de  Bertrand 
dans  un  délai  de  quatre  à  six  mois. 

Quel  est  maintenant  ce  château  de  Rocabrun  dont  le  roî 
de  Navarre  dispose  en  faveur  de  Du  Guesclin  ?  Nous  avons 
vainement  cherché  ce  nom  dans  la  partie  de  la  Navarre, 
au  sud  des  Pyrénées.  Mais  nous  savons  qu'à  la  fin  du  dou- 


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RELATIVES  A  DU  GUES  CLIN  Wi 

zième  siècle^  Sanche  VI  dit  le  Sage,  roi  de  Navarre  (1150- 
1194),  donna  en  dot  à  sa  fl4le  Bérengère  les  château  de  Roque- 
brune  et  de  Saint-Jean  Pied-de-Port,  lorsqu'elle  épousa 
Richard  Cœur  de  Lion  (12  mai  1191).  Peut-être  le  château  de 
Rocabrun,  donné  à  Du  Guesclin  est-il  le  môme  que  celui 
de  Roquebrune  qui  constituait,  deux  siècles  auparavant,  une 
partie  de  la  dot  de  la  reine  d'Angleterre*  Cette  princesse 
mourut  sans  postérité  (décembre  1230)  après  avoir  reçu  de 
Philippe- Auguste  la  ville  du  Mans  et  d'autres  places  de  la 
province,và  titre  de  douaire.  On  peut  se  demander  si  elle 
entra  jamais  en  possession  de  sa  dot,  car  Richard  Cœur 
de  Lion,  plus  de  cinq  ans  après  san  mariage,  dut  réclamer 
à  Sanche  VII  les  châteaux  promis  à  Bérengère,  et  prier  Je 
pape  Innocent  Ifl  de  lui  faire  rendre  justice*. 

Il  est  permis  de  soulever  les  mêmes  doutes  relativement 
à  la  donation  dont  nous  nous  occupons  et  aux  effets  qu'elle 
produisit  Nous  ne  voyons. nulle  part  Du  Guesclin  prendre  le 
titre  de  seigneur  de  Rocabrun  ;  mais^  si  cette  mention  ne 
figure  pas  dans  les  documents  qui  nous  sont  parvenus^  son 
absence  ne  suffirait  pas  à  elle  seule  pour  prouver  que  Ber- 
trand ne  put  obtenir  rexécution  du  contrat.  En  se  ménageant 
l'alliance  de  Du  Guesclin,  Charles  le  Mauvais  avait  sans 
doute  en  vue  le  prince  de  Galles  et  surtout  le  roi  don  Pedro, 
avec  lesquels  il  pouvait  par  la  suite  se  trouver  en  oppo- 
sition d'intérêts.  De  son  côté,  Bertrand  acceptait  pour  su- 
zerain le  roi  de  Navarre^  mais  avec  certaines  restrictions. 
Durant  combien  d'années  fut-il  lié  par  ses  engagements  vis- 
à-vis  de  Charles  le  Mauvais?  Nous  ne  pouvons  le  dire,  mais 
aux  termes  mêmes  du  contrat,  il  n'était  tenu  de  renoncei   à 


*  Histoire  de  la  reine  Bérengère/  femme  de  Richard  Cœur  de  Zion  et  \ 
douarUre  du  Mans,  diaprés  des  documents  inédits  sur  son  séjour  en  France,  . 
Par  M.  Henri  Chardon.  Le  Mans  1866,  in-8s  de  94  p. 

Bérengère  reine  d* Angleterre^  dame  du  Mans'{\  19 M 330).  Par  dfom  Piolin. 
Revue  des  questions  historiques  i^  juiUet  1890,  p.  177. 


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612,  ^   CHARTES  INÉDITES 

la  don^Uou  que  dan$  Thypothèse  :où,  une  guerre  ^survenant 
entre  le  roi  de  Navarre  et  son  voisin  .  de  G?istille,  il  se  serait 
vu  dans  rot)li'gation;  de  tirer  Tépée  en  faveur  de  celui-ci.  Or 
cette  hypothèse  ne  se  réalisa  pas  dans  la  suite.  Toutefois 
il  est  bien  possible  que  Du  Guesclin  ait  cédé  Rocabrun  à 
prix  d^argent  à  Charles  le  Mauvais,  à  Tépoque  où  il  vendit 
ses  possessions  en  Espagne. 

Le  lecteur  aura  pu  remarquer  déjà  que  Du  Guesclin  ne 
cite  point  le  roi  d'Aragon,  parmi  les  princes  contre  lesquels 
il  s*engage  à  ne  point  porter  les  armes,  au  service  du  roi  de 
Navarre.  Il  était  cependant  le  vassal  de  Pierre  IV  pour  le 
comté  deBorja,  avant  de  devenir  celui  de  Charles  le  Mauvais. 

Par  contre,  il  s'oblige  à  ne  pas  marcher  contre  D.  Enrique 
roi  de  Castille  ;  mais  il  ne  lui  viendra  pas  en  aide  non  plus, 
s'il  refuse  de  rendre  les  domaines  qu'il  a  usurpés  sur  le  roi  . 
de  Navarre  et  déclare  la  guerre  de  ce  chef.  Pour  mieux 
comprendre  le  sens  de  ce  passage,  il  nous  semble. utile  d'ex- 
poser brièvement  les  rapports  antérieurs  des  deux  princes, 
et  la  situation  créée  entre  eux  par  les  derniers  traités. 

Lorsque  don  Enrique  apprit  que  Charles  le  Mauvais  per- 
mettait à  Tarmée  anglaise  de  passer  au  travers  de  ses  Etats, 
il  fit  proposer  à  ce  prince  une  entrevue,  et  s'aboucha  avec  lui 
dans  la  petite  ville  de  Santa  Cruzde  Gampezo.  Il  signa  alors 
un  traité  d'alliance,  par  lequel  le  roi  de  Navarre  s'obligeait 
à  refuser  passage  au  prince  de  Galles,  et  donnait  à  son  atiié 
le  droit  d'occuper  les  châteaux  de  la  Guardia  et  de  San 
Vicente,  pour  sûreté .  de  cet  accord.  Le  roi  de  Castille  pro- 
mettait de  son  côté  de  céder  en  toute  propriété  la  ville  de  . 
Logrono,  comme  prix  du  service  rendu.  Zurita  ajoute  môme 
qu'il  donna  au  Navarrais  soixante  mille  pistoles^  à  cette  oc- 
casion. Mariana,  quî  place  ce  traité  au  début  de  Tannée  1367 
(t  en  el  principio  »),  cite  parmi  les  témoins  Bertrand  Du 
Guesclin  ;  mais  nous  avons  peine  à  croire  que  ce  dernier 
fût  déjà  de  retour  de  son  voyage  en  Aragon  et  en  Languedoc, 


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RELATIVES  A  DU  GUE8CUN  ClS 

dans  les  premiers. jours  de  janvier*.  Don  Pèdre  ayant  appris 
cet  accord  qui  dérangeait  tous  ses  plans,  fit  offrir  au  roi  de 
Navarre  Logrono  et  Vitoria,  s'il  voulait  donner  suite  aux 
arrangements  pris  à  Libourne.  Ce  dernier  qui  cherchait 
avant  tout  à  tirer  le  meilleur  parti  possible  de  la  situation^ 
sauf  à  ne  pas  tenir  les  engagements  contractés  la  veille,  se 
retourna  du  côté  du  plus  ofTrant  et  permit  finalement  au 
prince  de  Galles  de  traverser  son  royaume.  Il  est  vrai  que 
celui-ci  ayant  eu  vent  de  ce  qui  se  tramait  contre  lui,  avait 
.pris  ses  précautions  en  faisant  occuper  mititairement  Mi- 
randa  de  Arga  et  Puente  la  Reina',  dès  le  mois  de  jan- 
vier, avant  de  faire  passer  les  Pyrénées  par  son  armée. 
Charles  le  Mauvais  fut  obligé  de  se  rendre  devant  de  pareils 
arguments,  dans  Tentrevue  de  Peyrehorade,  mais  il  sut  se 
tirer  de  ce  mauvais  pas  à  .son  avantage,  en  obtenant  de  don 
Pèdre  Vitoria  en  sus  de  Logrono. 

Dans  le  courant  do  l'ahnée  suivante  (1368),  ces  deux  villes, 
qui  étaient  demeurées  fidèles  à  D.  Pèdre  et  se  trouvaient 
inquiétées  par  les  troupes  de  Don  Enrique  et  celles  du  roi  de 
Navarre,  se  livrèrent  à  celui-ci,  qui  y  mit  aussitôt  de  fortes 
garnisons. 

A  la  date  du  4  février  1369,  la  situation  était  donc  la  sui- 
;Vante  :  Charles  le  Mauvais  .avait  violé  la  parole  donnée  à 
.Don  Enrique  lors  de  Tentrevue  de  Sancta  Cruz  de  Campezo, 
et  n*en  détenait  pas  moins  les  deux  villes  de  Logrono  et 

'  Si  noat  acceptions  cetta  donnée,  nous  pourrions  conclure  de  là  qae  Du 
G uesclin  était  alors  dans  la  disposition  de  se  mettre  au  serWce  du  roi  de 
Nararre  avec  les  troupes  qu*il  amenait  avec  lui,  afin  de  disputée  aux  Anglais 
•t  à  don  Pedro  le  passage  des  Pyrénées.  Il  aurait  dû  peu  après  renoncer  à 
ce  dessein,  par  suite  de  Toffensive  hardie  prise  pt^r  les  Anglais  et  du  refi- 
rement  qu'elle  produisit  dans  l'esprit  de  Charles  le  Mauvais.  Mais  comment 
admettre  qu*au  moment  même  où  se  signait  le  traité  de  Sancta  Cruz  de 
Campezo,  Olivier  Du  Guesclin  fût  encore  gardé  à  titre  d'otage  ou  de  prisou- 
ni<>rf  U  ne  sortit  de  Caparroso,  on  se  le  rappelle,  que  le  10  février,  après 
Tiiitrevud  de  Peyrehorade  et  quatre  jours  avant  que  Tarmée  anglaise 
passât  la  frontière  de  Navarre. 
*  Cette  petite  forteresse  également  située  sur  l*Arga,  est  à  quatre  kilo- 
.  mètres  au  S.  0.  de  Pampelune. 

.       T.   YI.   —  NOTICES.   —  YI"  ANNÉB,   6»  LIV.  40 


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614  CHARTES  INÉDITES 

de  Vitoria.  On  conçoit  qu*il  fut  assez  inqtuiet  sur  les  suites 
dé  sa  conquête,  au  moment  même  où  la  fortune  favorisait 
les  armes  du  âdëie  allié  de  Charles  V  et  de  Du  Guesclin  ;  et 
Ton  s'explique  les  réserves  qu'il  formule  en  prévision  d'un 
conflit  qui  peut  surgir  incessamment.  Il  n*a  garde  d^ailleurs 
de  s'en  référer  au  traité  de  Santa  Cruz,  qu'il  a  déchiré  lui- 
môme  ;  mais  il  prétend  tenir  ses  droits  sur  Logrono  et  Vi- 
toria,.du  chef  de  ses  prédécesseurs  les  rois  de  Navarre.  Cette 
prétention  pouvait  se  justifier,  hâtons-nous  de  le  dire.  Aussi 
Bertrand  ne  manquait  en  rien  à  son  devoir  envers  Don  En- 
rique*  en  s'engageant  à  ne  pas  le  soutenir  dans  le  cas  où  il 
aurait  revendiqué  les  dites  places. 

Il  est  un  passage  de  la  charte,  où  il  est  difficile  de  ne  pas 
voir  une  allusion  au  début  des  opérations  de  Du  Guesclin, 
dans  sa  première  campagne  (1366).  C'est  quand  il  promet  de 
ne  point  traverser  la  Navarre  avec  c  les  Compagnies  »  et  à 
ne  pas  y  entrer  avec  des  troupes  contre  la  volonté  du  roi. 
Evidemment  Charles  le  Mauvais  ne  pouvait  oublier  facile- 
ment le  sac  des  environs  de  Tudela  par  le  donataire,  et  Ton 
conviendra  qu'il  rappelle  aussi  discrètement  que  possible  ce 
pénible  souvenir. 

Nous  ne  voyons  plus  rien  de  bien  intéressant  à  noter  dans 
la  charte  que  nous  étudions.  Cependant  la  mention  des 
témoins  qui  assistent  à  la  rédaction  de  l'acte  nous  fait  con- 
naître trois  nouveaux  compagnons  de  Du  Guesclin  dans  ses 
expéditions  en  Espagne,  à  savoir  :  Maurice  de  Trezeguidi*  (ou 
Tressiguidi),  Renaud  de  Treleves^  et  Gérard  de  Raysa  (Rais 
ou  Rays). 

fA  suivre,) 

DoM  Edouard  du  CoëTLOSQUBT* 


*  Ce  cheyalier  fut  chargé,  quelques  années  plus  tard  (1379),  d'une  mission 
en  Espagne  par  le  roi  de  France.  (Voir  Dom  Marice.  Mémoires  pour  servir 
de  preuves  ^  Thistoire  do  Bretagne,  t.  ii,  col.  283. 


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NOTES  HISTORIQUES 


SUR 


PRIGNY  ET  LES  MOUTIERS' 


CHAPITRE    XI. 


§  1.  —  Prigny  et  les  Moutiers. 

LES  moines  de  Redon  s'étaient  constitué  un  prieuré  dans 
le  faubourg  de  Prigny,  connu  peu  de  temps  après  sous 
le  nom  de  Bourç  des  Moutiers  ;  mais  Tévêque  de  Nantes 
avait  su  les  empêcher  de  devenir,  de  droit,  recteurs  de  la 
paroisse  de  Saint-Pierre. 

De  leur  côté,  les  moines  de  Saint-Jouin  s'étaient  établis 
sur  de  larges  bases  à  Prigny.  Le  droit  curial  y  était  cependant 
resté  au  patronage  de  l'évoque,  mais  dans  des  conditions 
telles  que  ce  prélat  consentait  h  investir,  préférableraent  à 
tout  autre,  le  prieur  môme  de  Saint-Nicolas. 

Un  conflit  ne  tarda  pas  à  s'élever  entre  les  deux  abbayes. 
Saint-Sauveur  de  Redon  n'avait  pas  seulement  reçu  l'église 
Saint-Pierre,  que  le  curé  partageait  avec  le  prieur,  mais 

'  Voir  la  livraison  de  mai  1800. 


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616  PRIGNY  ET   LES   MOÛTIEUS 

aussi  une  chapelle  dédiée  à  saint  Jean  TEvangéliste  et  située 
dans  la  ville  même  de  Prigny^  (V.  chapitre  VII). 

Cette  chapelle  avait  un  petit  temporel.  Les  moines  de 
Saint-Jouin,  en  qualité  de  recteurs  de  Prigny,  voulurent  sans 
doute  étendre  leurs  droits  sur  toute  la  paroisse,  tandis  que 
ceux  de  Redon  objectaient,  de  leur  côté,  d'autres  droits.  La 
76'  charte  de  V Appendice  au  cartulaire  de  Redon^  raconte  ce 
démôlé  qui  fut  débattu  au  concile  de  Nantes,  tenu  par  Hilde- 
bert,  archevêque  de  Tours  depuis  1125.  Ce  concile  est  de 
Tannée  1127. 

L'abbé  et  les  moines  de  Redon  prétendaient  que  ceux  de 
Saint-Jouin  levaient  des  dîmes  dans  les  limites  d'une  église 
mère  (ctijusdam  matris  ecclesiœ)  qui  leur  avait  été  concédée 
par  les  évoques  Quiriac,  Benoît  et  Brice. 

L'abbé  de  Saint-Jouin  et  ses  moines  répondaient  qu'ils 
possédaient,  comme  droit  paroissial,  tranquillement  et  sans 
réclamations,  ces  dîmes  depuis  le  temps  qui  avait  précédé  le 
concile  de  Cler mont  (1095).  Ce  qui  leur  donnait  une  prescrip- 
tion de  plus  de  trente  ans. 

Ceux  de  Redon  répliquaient  :  «  Après  le  concile  de  Cler- 
mont,  un  certain  Guodin  étant  tombé  malade  nous  donna  une 
vigne,  dont  nous  avions  eu  jusqu'à  ce  moment  la  dîme,  et 
c'est  cette  dîme  que  vous  avez  violemment  enlevée.  Nous 
avons  d'abord  réclamé  devant  Gueffler,  seigneur  du  château. 
Après  sa  mort,  nous  ne  pûmes  que  nous  en  prendre  à  nos 
ânes'?  pour  demander  justice'.  Nous  réclamâmes  ensuite  au 
concile  de  Nant2S,  tenu  sous  l'archevêque  Raoul  (prédécesseur 
d'Hildebert),   presque*  douze  ans  après  celui  de  Clermont. 

A  Si  ces  mots  n'existaient  pas  nous  eussions  été  tenté  de  placer  cette  église 
à  la  Rairie. 

*  «  Déficiente  eo,  asinos  nostros  nomine  calumpniœ  cœpimus.  » 

*  Peut-être,  pour  aller  chercher  ces  dîmes,  c'était  le  moyen  le  plus  sîlr 
pour  s'en  procurer  la  possession. 

*  On  donne  ce  concile  comme  tenu  en  1105  dans  Téglise  Saint-Laurent  de 
Nantes. 


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PRIfiNY   ET  LES  MOÛTIERS  617 

Lorsque  vous  vous  êtes  plaint  de  nous  au  sujet  de  Téglise 
de  Prigny  ;  Rivallon,  très  illustre  archidiacre  de  l'église  de 
Nantes,  prit  directement  la  parole  et  déclara  que  Benoît, 
l'évoque  même  de  ce  diocèse,  avait  assigné  un  jour  pour  ce 
débat,  et  à  vous  et  à  nous,  et  que  vous  deviez  attendre  ce  jour  : 
or,  le  terme  arrivé,  nous  nous  présentâmes  :  quant  à  vous, 
l'église  de  Nantes  en  est  témoin,  vous  avez  fait  défaut.  Il  en 
résulta  que  Ton  nous  adjugea  tant  l'église  môme  que  les  dîmes 
qui  .en  dépendent  par  droit  paroissial.  Dans  ces  sept  dernières 
années,  un  nommé  Gosbert,  en  mourant,  vous  légua  une 
vigne  dont  nous  possédions  précédemment  la  dîme.  Malgré 
cela  vous  l'avez  de  suite  saisie.  Voilà  ce  que  nous  avons  à 
répondre,  pour  que  vous  sachiez  que  la  possession  tranquille 

que  vous  objectez  a  été  interrompue »  Les  moines  de 

Saint-Jouin insistèrent.  «Nous  avons  possédé  tranquillement 
la  vigne  de  Guodin  depuis  plus  de  quarante  ans  et  c'est  elle 
que  nous  avions  affermée,  pour  un  temps,  à  Gosbert,  parce 
qu'il  était  notre  client.  Lorsqu'il  fut  mort,  nous  avons  repris 
ce  qui  nous  appartenait,  dans  son  entier.  En  toute  conscience, 
nous  ignorons  si  pendant  qu'il  vécut  il  vous  a  servi  la  dîme 
qu'il  nous  devait.  »  Là  dessus,  les  juges  demandèrent  s'il 
existait  des  écrits  établissant  les  droits  d'un  côté  comme  de 
l'autre.  Alors  les  moines'  de  Redon  exhibèrent  un  diplôme 
des  évoques  Benoît  et  Brice,munide  son  sceau,leur  attribuant 
et  confiant  à  leurs  soins  cette  église  avec  ses  dépendances. 

Ce  diplôme  fut  lu  à  l'audience.  Comme  il  n'était  pas  écrit 
au  nom  des  évêques  et  que  leurs  souscriptions  n'y  étaient 
pas,  les  moines  de  Saint-Jouin  dirent  qu'il  n'était  pas  authen- 
tique. Ceux  de  Redon  assurèrent  qu'ils  avaient  des  témoins 
encore  vivants  qui  attesteraient  que  cet  acte  avait  été  écrit 
et  muni  de  sa  biille  en  présence  et  sur  Tordre  des  évoques.  » 

Malheureusement  cette  pièce  intéressante  est  fort  in- 
complète. Nous  ne  pouvons  que  reproduire  les  quelques  mots 
latins  que  le  zélé  rédacteur  du  cartulaire  de  Redon  a  pu  dé- 
chiffrer sur  l'original. 


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018  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

Si  Ton  en  croit  M.  de  Courson,  ce  rédacteur  était  certaine- 
ment du  douzième  siècle,  et  vivait  peu  de  temps  après  la 
composition  de  cet  original  qui  avait  été  assez  mal  traité 
pour  être  déjà  illisible. 

Voici  ces  quelques  mots  : 

<*  Super...;.  Si  monachi  Rothonenses,  testibus  datis,  car- 

lam illos  quee  ad  ecclesiam  jure  parochiali  perti- 

nebant mscu  {sic)  judices  ideo  necessarium  esse  dixe- 

runt  stipulationes  haberet.  De  hoc  sinodali  judicio 

am  audientîam  appel laverunt.  » 

Ces  derniers  mots  font  supposer  que  les  moines  de  Redon 
n'eurent  pas  gain  de  cause,  et  le  peu  de  cas  qu'il  firent  du 
procès-verbal  de  ce  jugement  appuie  cette  opinion.  Nous 
voyons  qu'il  y  eut  appel,  mais  nous  n'en  connaissons  pas  la 
suite.  Il  nous  semble,  comme  nous  le  disions  plus  haut,  que 
cette  église  dont  il  est  ici  question  était  celle  de  Saint- Jean 
rÉvangéliste  qui,  en  effet,  avait  été  donnée  à  Redon.  Peut- 
être  les  moines  de  cette  abbaye  exagéraient-ils  en  la  donnant 
comme  paroissiale  tandis  qu'elle  n'était  que  simple  chapelle. 
Il  est  probable  que  cette  affaire  se  termina  par  une  tran- 
saction qui  livra  Saint-Jean  TÉvangéliste  aux  moines  de  Saint- 
Jouin.Tel  fut  probablement  le  signal  de  sa  ruine.  Aucun 
texte  n'en  parle  depuis  cette  époque.  Il  est  clair  que  l'église 
en  question  n'était  ni  celle  de  Saint-Pierre  des  Moûtiers  sur 
laquelle  Saint-Jouin  n'avait  rien  à  revoir,  ni  Saint-Jean- 
Baptiste  dont  les  titres  étaient  trop  évidents. 

§  II.  —  Saint-Etienne  du  Clion. 

Les  moines  de  Redon  avaient  reçu  du  recteur  Even  et  de 
ses  flls  de  vasies  possessions  sur  la  paroisse  du  Clion.  Ils  y 
bâtirent  une  chapelle,  qui  n'y  existait  pas  sans  doute  précé- 
demment. Cette  chapelle  fut  dédiéeàsaint  Etienne  et  se  trouve 
mentionnée  sous  le  nom  de  Saint-Etienne  du  Clion.  Nous 


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PRIGNY  ET   LES  AfOllTIERS  610 

sommes  porté  à  croire  que  les  moines  de  Redon  préférèrent 
bientôt  y  célébrer  la  sainte  messe  quand  ils  venaient  dans 
ce  pays  plutôt  que  de  la  dire  dans  l'église  de  saint  Pierre  où 
leurs  droits  étaient  trop  partagés.  Ce  qui  est  surtout  très 
probable,  c'est  que  ce  petit  sanctuaire  fut  construit  quand 
le  prieuré  des  Moûtiers  cessa  d'être  conventuel. 


§  IIL  —  Saint  Jacques. 

Saint-Jouin,  Saint-Sauveur  de  Redon  et  Notre-Dame  de  la 
Charité  ne  sont  pas  les  seules  abbayes  qui  aient  possédé 
des  bénéfices  ecclésiastiques  à  Prigny  et  aux  Moûtiers.  Nous 
signalerons  en  outre  Saint-Nicolas  d'Angers,  qui  avait  à 
Prigny  un  petit  prieuré  dédié  à  saint  Jacques.  M.  Marchegay, 
dans  les  Archives  d'Anjou,  tome  ii,  sous  le  titre  :  «  Trésor 
des  Chartes  »  donne  une  bulle  du  pape  Urbain  II,  datée  du 
22  février  1096.  Voici  à  quelle  occasion. 

L'an  1120,  le  comte  Foulques  Nerra  avait  fondé  une  abbaye 
de  Bénédictins  sur  un  coteau  qui  se  trouve  sur  la  rive  droite 
de  la  Maine  à  Angers.  Son  fils,  Geoffroy  Martel,  avait  montré 
plus  de  zèle  encore  que  son  père  en  faveur  de  la  nouvelle 
communauté.  Foulques  Réchin  continua  cette  bienveillance, 
et  l'an  1096,  les  moines  avaient  achevé  une  belle  église  qu'ils 
proposèrent  au  pape  Urbain  II  de  venir  consacrer.  Le  pon- 
tife accepta  cette  invitation,  qui  devait  lui  fournir  une  excel- 
lente occasion  de  continuer  l'œuvre  qu'il  avait  entreprise  à 
Clermont.  A  la  parole  du  pape  et  sous  le  coup  de  la  mâle  et 
pathétique  éloquence  de  Pierre  l'Ermite,  une  grande  partie 
des  barons  et  chevaliers  présents  avaient  pris  la  croix.  A 
Angers,  la  scène  se  renouvela  aux  accents  de  la  voix  de 
Robert  d'Arbrissel.  Grand  nombre  de  seigneurs  s'enrôlèrent 
pour  la  croisade.  Le  succès  de  Robert  fut  tel  que  le  Souve- 
rain Pontife  lui  imposa  l'obligation  de  se  consacrer  désor- 
mais au  ministère  delà  prédication.  C'était  h  Saint-Nicolas 


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620  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

^ue  ce  grand  événement  avait  eu  lieu.  Le  lendemain,  Robert 
t)rofttàît  de  la  présence  du  pape,  pour  faire  ratifier  par 
Renaud  de' Craon  la  portion  de  la  forêt  de  Oraon  qu'il  avait 
donnée  au^  ermites  de  la  Roë.  L'occasion  était  trop  favorable  : 
les  moines  de  Saint-Nicolas  la  saisirent  pour'  se  faire  déli- 
vrer par  le  pape  un  privilège  confirmant  toutes  leurs  dé- 
pendances. 

Aucun  acte  notarié  ne  valait,  à  cette  époque,  une*  ratifica- 
tion papale.  Dans  la  charte  obtenue  par  les  religieux  de  Saint- 
Nicolas  on  lut,  pour  ce  qui  regarde  le  diocèse  de  Nantes, 
cette  énumération  des  dépendances  de  Saint-Nicolas. 

!•  Cordimen,  —  Nous  pensons  qu'il  s'agit  de  Cordemaîs 
où  se  trouvait  encore  au  dernier  siècle,  une  chapelle  Saint- 
Nicolas,  dans  ia  vallée. 

M.  Tabbé  Grégoire  dit  à  son  sujet  qu'on  y  voit  une  «  fon- 
taine où  Ton  lave  les  enfants  pour  les  faire  marcher.  »  Cela 
vient  sans  doute  de  ce  que  l'on  représente  Saint-Nicolas  avec 
des  enfants  dans  un  cuvier.  Probablement  cette  chapelle  est 
due  à  Tabbaye  d'Angers. 

2^  Denran,  —C'était  une  île  de  la  Loire,  à  Nantes  môme*. 

3*  Prugné. 

A?  Saint-Lambert,  Dans  tout  le  pays  nantais,  nous  ne 
trouvons  que  Le  Pin  qui  ait  saint  Lambert  pour  patron  ;  mais 
Le  Pin  dépendait  de  l'abbaye  de  Toussaint.  A  côté,  Saint-Mars- 
la-Jaille  relevait  de  Saint-Nicolas.  Peut-être  se  fit -il  jadis  un 
échange.  Le  Pin  convenait  aux  chanoines  de  Toussaint  déjà 

*  On  lit  dans  le  Cartulaire  de  Sain^-Nicolas  :  (t.  t,  ch.  82),  que  «  Tan  de 
la  Passion  1079  »,  Tabbé  Uamon  reçut  dans  la  ville  de  Nantes,  l'Ile  de  Denran, 
située  en  Loire,  des  mains  du  comte  Hoël  et  de  son  flls  Alain,  a  du  consen- 
tement de  l'évéque  Quiriac,  et  d*Alain,  flls  de  Rivalon,  prévôt  de  Nantes. 
Témoins  :  Bandrj  de  Clisson  (Clischum)  ;  Jarnogon  de  Saint-Donatien  ;  Evain 
de  Reis  ;  Christophe  de  Coiron  ;  Gievion  le  Diable  et  Pontel,  Bouffondu 
comte.  »  Nous  ne  voyons  pas  où,  au  onzième  siècle;  la  Loire  formait  une  lie 
dans  là  ville  de  Nantes,  si  ce  n'est  dans  ce  large  confluent  formé  par  TErdre 
se  jetant  dans,  ce  flouvc.  Or,  Téglise  Saint-Nicolas  était  Pt  est  encore  bâtie 
dans  cette  anciennelle. 


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PRIGNY  OT  LES  MOÛTTËRS-  021 

possesseurs  '  âè  Rochetnenira  qui  en  est  très  rapproché;  Si 
Saint-Mars  fut  donné  à  l'abbaye  de  Touèsâîht,  îl  fat  tout 
naturel  que  ce  monastère  le  cédât  volontiers  à  Saint-Nicolas 
pour  en  obtenir  Saint-Lambert  du  Pin.Mais  il  nous  semble  plus 
simple  encore  de  supposer  une  erreur  de  copiste  qui  aura 
pris  le  nom  du  prieur  pour  celui  de  la  chapelle  du  prieuré  .Le 
premier  prieur  de  Saint-Mars  la  Jaille  se  nommait  en  effet 
Lambert'.  C'est  à'  lui  qu'Olivier  de  Vritz  livra  lé  don  de' 
l'église  Saint-Médard  et  de  son  cimetière,  avec  là  moitié 
d'une  pièce  de  terre.  (Saint-Nic.  I,  286).  ' 

Le  titre  de  l'obédience  de  Prugné  (Prigny)  n'est  pas  donné, 
mais  nous  verrons  plus  tard  que  ce  petit  prieuré  avait  pour 
vocable  saint  Jacques.  Faut-il  rapprocher  ce  nom  d'un  apôtre 
de  ceux  de  saint  Pierre,  saint  Jean  l'Evangéliste,.  saint  Jean- 
Baptiste  et  sainte  Marie,  tous  vocables  des  plus  anciens  et 
généralement  donnés  aux  sanctuaires  des  temps  primitifs  dû* 
christianisme,  et  en  conclure,  une  fois  de  plus,  la  très  antique 
date  de  l'introduction  de  la  foi  chrétienne  dans  ce  pays  ?• 


§  IV.  —  Possessions  de!  Satnt-Serge  aux  Moûtiers. 

Il  semble  que  ce  petit  territoire  des  Mbûlîers  est  appelé  à 
nous  faire  passer  en  revue  toutes  les  anciennes  abbayes  de. 
notre  pays.  Luçon  y  a  probablement  succédé  à  Saint-Philber.t 
de  Grandlieu,  Sainl-Jouin  est  installé  à  Saint-Jeart-Bapliste/ 
Saîat-Sauveur  de  Redon  à  Saiot-Pierre  des  Moûtiers,  Saint- 
Nicolas  à  Saint-Jacques,  Notre-Dame  de  la  Charité  à  Notre- 
Dame  des  Moûtiers,  et  voici  que  nous  trouvons  encore  Saint- 
Serge  d'Angers  recevant  une  petite  portion  de  ce  môme 
territoire,  et  ce  ne  sera  pas  la  dernière  abbaye  que  nous  y. 
verrons  apparaître  comme  propriétaire. 

•  Au  dix-septième  siècle;  Roger,  moine  de  Saînt-Nicolaa,  n'attribuait  déjà 
à.  cette  abba je,  dans  le  Nantais,  que  Saint-Mars  la  Jaille,  cura'  et  prieuré. 


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^22  pmr.XY  CT  LES  MOriTlRRS 

L'évoque  de  Nantes,  Brice,  et  le  duc  de  Bretagne,  Conan, 
avaient  reconnu  et  confirmé  aux  moines  de  Saint-Serge  une. 
écluse  en  la  paroisse  du  bourg  des  Moû tiers  «  dit  une  copie  », 
malheureusement  nous  n'avons  pas  vu  le  texte  latin. 

On  reconnaît  aussi  à  cette  abbaye  :  «  Le  pressouerage  de 
tout  le  vin  qui  est  pressouré  au  pressoir  du  château  de 
Premgué.  »  Ces  biens  et  droits  étaient  rattachés  au  prieuré 
de  Chémeré  qui  dépendait  de  Saint-Serge,  et  les  titres  con- 
cernant cette  obédience  continuèrent  à  s'en  occuper  jusqu'au 
dix-huitième  siècle. 


§  V.  DÉPENDANCES   DE   BUZAY  A  PrIONY  ET  AUX  MoÛTIERS. 

Une  autre  abbaye»  plus  jeune,  mais  qui  était  s^ssez  rapi- 
dement arrivée  à  la  prospérité,  ne  tarda  pas  à  s'étendre 
jusque  sur  les  Moûtiers  et  Prigny.  Cette  dernière  était  nan- 
taise, et  située  non  loin  de  la  Loire,  dans  la  paroisse  de 
Rouans,  c'est  celle  de  Buzay, 

Sa  fondation  remontait  à  saint  Bernard  de  Clairvaux,  dont 
la  vigoureuse  intervention  hâta  son  développement.  Si  ce 
grand  et  saint  abbé  avait,  dans  le  principe,  jugé  insufRsantes 
les  ressources  de  la  nouvelle  fillette,  il  sut  faire  cesser  cet 
état  précaire,  et  l'élan,  une  fois  donné,  continua  assez  long- 
temps. Dans  ses  ramifications,  la  nouvelle  fondation  finit  par 
s'allonger  jusque  sur  la  paroisse  des  Moûtiers  qui  fut  abor- 
dée du  côté  de  Saint-Cyr-en-Retz,  où.  dès  l'an  1152,  on  la  voit 
possesseur  de  biens.  Un  certain  Aimeric  donnai  taux  moines 
des  salines  et  des  marais.  On  les  trouve  encore  à  Chémeré 
en  1187  où  le  seigneur  de  ce  lieu  faisait  des  largesses  à  l'abbaye. 
Il  se  nommait  Raoul,  et  nous  le  croyons  de  la  famille  de  Retz. 
Un  autre  membre  de  cotte  famille,  Arcoide,  se  montrait 
également  très  généreux  pour  Buzay,  en  1172,  et  son  acte 
fut  rédigé  dans  le  château  de  Prigny  «  Jn  veteri  aulâ 
Prugniaci,  » 


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PRIGNY  ET  LES   MOÛTIERS  C23 

En  1222,  le  chevalier  Pierre  de  Laval  (une  copie  dit  du  Val) 
donnait  aux  religieux  de  Buzay  la  saline  Harcouët.  En  1236, 
Raoul,  sire  de  Retz,  leur  faisait  cession  d*un  éral  (aire% 
arodium)  avec  ses  fossés.  Le  domaine  de  Buzay  s'étendait 
aussi  sur  Prigny.  En  1257,  on  trouve  un  arrentement  de  deux 
marais  situés,  Tun  au  pied  du  château  de  Prigny,  Tautre 
entre  Prigny  et  les  Moûtiers,  lesquels  furent  acceptés  par 
Maître  Guillaume  dit  le  Médecin^  avec  six-  hommées  de  pré 
dont  il  avait  cédé  la  nue-propriété  aux  religieux.  Puis  c'est  un 
autre  arrentement  du  marais  dit  :  le  Hemault  et  du  pré  des 
Billiots.  Puis  encore  en  1260  des  obligations  et  reconnais- 
sances de  rentes  souscrites  par  les  frères  Cailleteau,  Robert 
Davy,  G.  Leray  et  consorts. 

Quoique  nous  ayons  déjà,  dépassé,  pour  ce  qui  regarde 
Buzay,  Tépoque  à  laquelle  nous  sommes  rendus,  nous  ajoute- 
rons, pour  ne  point  revenir  sur  ce  sujet,  que  l'abbaye  en 
question  posséda  plus  tard  des  rentes  sur  le  marais  Dagon*, 
provenant  d'une  donation  de  Renaud  du  Collet,  sur  une  vigne 
du  flef  de  la  Rairie,  nommée  alors  Roerie,  et  sur  une  autre 
vigne  dite  GuUelle. 

Il  y  avait  dans  le  bourg  même  des  Moûtiers  une  maison 
pour  laquelle  en  1566  on  achetait  50  sous  de  rente,  à  prendre 
sur  le  marais  Pénu. 

Lorsque  l'on  a  défalqué  du  territoire  des  Moûtiers  tout  ce 
que  les  différentes  abbayes  que  nous  venons  d'énumérer  y 
possédaient,  on  est  forcé  de  convenir  que  les  biens  laïcs  y 
étaient  bien  restreints  et  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  s'étonner 
que  le  faubourg  de  Prigny  ait  été  nommé  :  Bourg  des  Moûtiers. 
Nous  devons  cependant  remarquer  qu'une  notable  portion 
des  biens  du  prieuré  de  Redon  se  trouvait  sur  le  Clion. 

*  Vaire  est  un  carré  ou  se  cristallise  le  sel.  Une  saline  renferme  un  grand 
nombre  d*airet,  Vœillct  est  une  petite  aire. 

s  Vraiment  ce  nom  est  fait  pour  tenter  ceux  qui  veulent  trouver  des  ori- 
gines phéniciennes  sur  ces  rives  de  TOc^an.  Dagon  était  un  des  dieux  les 
plu«  révérés  dei  Phéniciens,  on  le  représentait  demi-homme,  demi-poissoo. 


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624  PHIGNY  KT  LES  MOÛTIERS 


§•  VI.  —  Premières  prieures  de  Notre-Dame. 

Pendant  la  période  de  temps  que  nous  venons  de  parcourir, 
le  prieuré  de  Notre-Dame  des  Moûtiers  avait  eu  plusieurs 
prieures.  Nous  croyons  qu'Adénor,  fille  de  Giraud  de  Saint- 
Philbert,  succéda  dans  celte  charge  à  sa  tante  Adénor  de 
Prîgny,  parce  que  ce  prieuré  avait  été  fondé  autant  pour 
donner  une  situatioB  aux  demoiselles  de  la  famille  des  fon- 
dateurs qui  auraient  des  goûts  religieux  que  pour  enrichir 
le  Ronceray.  La  jeune  Adénor  n'apparaît  pas  une  seule  fois 
âansles  chartes  du  Ronceray  concernant  l'Anjou,  dans  aucune 
des  obédiences  de  cette  abbaye,  non  plus  que  dans  la  com- 
munauté d'Aveniferes,  près  Laval,  qui  avait  presque  les  pro- 
portions d'une  abbaye.  Très  probablement,  aussitôt  après 
son  noviciat,  elle  fut  renvoyée  au  bourg  des  Moûtiers.  11 
est  bien  certain  que  la  fonction  de  prieure  des  Moûtiers 
resta  dans  la  famille  des  fondateurs  au  moins  jusqu'au  mi- 
lieu du  douzième  siècle.  Nous  avons  déjà  nommé  Jeanne 
Talvaz,  sœur  de  Màiie  Talvaz,  dame  de  Retz.  C'est  cette, 
prieure  qui  obtint  de  son  beau-frère  un  pied-à-terre  àMache- 
c'oul.  Ce  fut  peut-être  Texemple  de  Jeanne  qui  détermina 
là  fllle  de  Geoffroy  Menguî  à  entrer  au  Ronceray.  Et  cela* 
prouve  que  cette  famille  Mengui  était  une  des  maisons  nobles 
du  jmys,  puisque  Ton  n'admettait  au  Ronceray  que  des 
demoiselles  nobles.  Plus  tard,  on  y  voit  même  établi  l'usage 
d'exiger  des  postulantes  la  preuve  de  quatre  quartiers  de 
noblesse. 

Sur  ce  point  Jeanne  ne  dérogeait  pas,  loin  de  là  :  sa  famille 
possédait  le  comté  du  Perche,  et  Guillaume  Talvaz,  proba- 
blement son  frère ,  pour  s'être  montré  hostile  au  roi  d'An- 
gleterre Henri  I,  perdit  Alençon  et  Séez;  mais  en  1135,  Geof- 
froy Plantagenet,  comte  d'Anjou,  les  lui  rendit.  Guillaume 


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PRIGNY  ET   LES  MOÛTIERS  625 

avait  épousé  Agnès  de  Ponthieu  qui  lui  donna  deux  fils,  Jean 
et  Guy,  et  deux  filles.  Il  mourut  en  1171'. 

Jeanne  Talvaz  était  prieure  en  1150,  mais  lorsque  la  Tille  de 
GeofTroy  Mengui  fit  ses  vœux,  la  prieure  se  nommait  Agiies. 

On  voit  cette  dernière  apparaître  dans  le  difTércnd  des 
sœurs  avec  le  recteur  de  Saint-Hilaire  de  Chaléons,  vers 
l'an  1180.  Il  est  à  remarquer  que  la  charte  concet*nant  ce 
procès,  conservée  aux  Archives  de  Nantes  (Ronceray,  11* 
liasse),  donne  quelques  noms  de  témoins  difTérents  de  ceux 
que  nous  avons  relatés  dans  la  charte  donnée* par  M:  Mar- 
chegay.  Ces  témoins  sont  :  Tarchidifiicre  GeofTroy  ;  Rolland^ 
doyen  ;  Bernard  de  Pornît;  Bernard  Bilî;  Foucher,  prêtre; 
Thomas  de  Frossay,  et  un  noble  que  celte  copié  nomme  On- 
nier  de  Vitré  ;  mais  nous'pensons  qu'il  devait  y  avoir,  dans 
Vovig'mdA,  André  de  Vi7/*^,  nom  très  connu  dans  les  chartes, 
souvent  avec  titre  de  vicomte.  Le  prêtre  Foucher  était  déjà 
témbin  d'une  charte  de  1163.  ^  ^ 

La  prieurfe  Agnès  nous  amène-  jusqu'au  commencement 
du  treizième  siècle,  et  nous  supposons  que  c'est  d'elle  tin*H 
est  question  dans  un  titre  de  Tan  1200,  où  elle  est  noEûnrée 
Agnès  de  Baie.  On  y  constate  qu!elle  avait  droit  de  septièniié 
sur  les  landes  de  Saint-Hilaire.  L'abbesse  du  Ronteray  était 
alors  Hersende  de  Sablé,  qui  gouverna  ce  monastère  jus* 
qu'en  1220.  Agnès  fut  contetnporaiùe  de  Gestin  dePrigny; 
frère  de  Bernard  de  Machecoul.  •■  \  ,.\ 


'  ^  Les  relations  des  Talvaz  avec  les  comte*  d'AnJoa  se  brouillèrent -quand 
ceux-ci  furent  devenus  souverains  d'Angleterre.  Jean  Talvaz  qui  tenait  a)i 
nom  de  son  père  le  château  de  Nue  (de  Nube),  le  livra  au  parti  françai^t. 
Geoffroy  Plantagenet  vint  le  reprendre  et  alla  brûler  le  château  de  Séei.  A 
-son  tour»  le  roi  de  France.  Louis  préparait  une  expédition  pour  aller  en,  tirer 
.vengeance,  mais  il  tomba  malade  et  l'affaire  s'arrangea  par  traité. 


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026  PRIGNY   ET   LES   M  CUTI  EUS 


§  VIL  —  Ensemble  des  bénéfices  ecclésiastiques  de  Peigny 

ET    DES     MOÛTIEES. 

Avant  de  quitter  le  pays  des  Moûliers  pour  retourner  à 
Nantes,  où  se  produisirent^  dans  ces  temps,  des  événements 
qui  donnèrent  tout  d*un  coup  un  immense  développement 
au  prieuré  de  Notre-Dame,  nous  allons  extraire  une  page  du 
Pouillé  composé  par  M.  de  Gourion  à  Taide  de  documents 
du  treizième  siècle.  On  y  énumère  parmi  les  paroisses  du 
pays  de  Retz  :  — 

Le  Bourg  des  Moûtiers  et  sa  trêve'  Saint-Etienne  du  Glion, 
relevant  de  révoque  et  taxés  8  livres. 

Ensuite,  parmi  les  cures  et  prieurés  dépendant  de  Redon, 
ce  Pouillé  ne  donne  rien  à  cette  at)baye  dans  la  paroisse  des 
Moûtiers.  Nous  verrons  plus  tard  ce  qu'il  faut  penser  de 
cette  omission. 

Au  nombre  des  dépendances  du  Ronceray  on  cite  :  le 
le  Bourg  des  Moûtiers  avec  titre  de  prieuré,  puis  les  chapelles 
Saint-Hervé  et  Saint-Thomas.  Ceci  nous  porte  à  croire  que 
dès  ce  temps  Saint-Thomas,qui  se  trouvait  sur  Machecoul,  était 
desservi  ailleurs  que  dans  sa  chapelle  même  qui  semble 
n'avoir  jamais  été  qu'un  triste  oratoire.  Nous  reviendrons  sur 
Saint-Hervé. 

Au  nombre  des  possessions  de  Saint-Jouin.  M.  de  Gourson 
cite  «  le  prieuré-cure  de  Saint-Nicolas  de  Prigné.  » 

Saint-Jean  n'est  pas  môme  mentionné;  mais  il  ne  tarda  pas 
à  s'opérer  une  réaction  qui  ramena  le  culte  dans  cette  der- 
nière église,  qu'alors  les  moines  essayaient  de  faire  oublier 
afin  de  réaliser  définitivement  ce  qui  n'existait  que  par  tolé- 
rance^ c'est-à-dire  l'union  de  la  cure  et  du  prieuré. 

*  La  cure  de  Glion  est  sous  le  vocable  de  la  chaire  de  Saint-Pierre  ;  il 
6'ag^it  donc  bien  de  la  chapeUe  Sainl-Etienne  située  entre  la  Bernerie  et  Fornic. 


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l'RlGNV   ET   LES   MOÛTlfc.nS  021" 

Il  est  très  probable  qu'à  celle  époque,  non-seulement 
l'église  Saint-Jean,  mais  le  manoir  lui-même  de  Prigny 
étaient  délaissés  des  seigneurs  de  ce  lieu.  Ces  seigneurs 
étaient  les  barons  de  Retz  qui  n'y  faisaient  que  quelques  rares 
apparitions.  Leur  intendant  ou  prévôt  y  tenait  ses  assises, 
mais  le  temps  de  ce  castel  était  passé.  Son  utilité  avait  été  la 
défense  des  côtes,  désormais  il  ne  pouvait  être  employé  que 
contre  les  contrebandiers. 

Si  Ton  en  croyait  le  Fouillé  en  question,  la  cure  de  Saint- 
Cyr  en  Retz  et  sa  Irève  Bourgneuf  auraient  été  à  la  présen- 
tation de  l'abbesse  de  Ronceray,  mais  nous  devons  dire  que 
cette  prétention  n'est  appuyée  sur  aucun  texte  des  six 
rouleaux  qui  composent  le  beau  cartulaire  de  celle  abbaye. 
Nous  les  avons  étudiés  avec  soin  et,  depuis,  M.  Marchegay 
les  a  fait  imprimer,  mais  dans  un  autre  ordre. 

Ce  qui  a  donné  lieu  à  cette  erreur,  c'est  que,  peu  de  temps 
après  l'époque  à  laquelle  nous  sommes  rendus,  le  prieuré  dé 
Saint-Cyr  de  Nantes  fut  annexé  à  celui  de  N.-D.  des  Moû tiers, 
comme  nous  allons  le  voir  par  les  chapitres  suivants. 


CHAPITRE  XIL 


Etat  du  prieuré  de  Saint-Cyr  et  Sainte-Julitte  de  Nantes. 

Pour  comprendre  la  suite  de  l'histoire  du  prieuré  de  Notro- 
Dame  des  Moûtiers,  il  faut  que  nous  ayons  une  idée  de  ce 
que  fut  celui  de  Saint-Cyr  de  Nantes  avant  qu'il  devînt  un 
membre  important  du  beau  prieuré  des  Moûtiers. 

Nous  avons  dît^  au  chapitre  I,  que  le  comte  Mathîas  l"  ne 
s*élait  pas  contenté  de  ratifier  les  fondations  et  donations  de 
son  père  en  faveur  de  Notre-Dame  du  Ronceray;  il  avait 


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6?8  PRIGNY   ET  LES   MOÛTIERS 

ajouté  à  ses  preuves  de  bienveillance  en  faveur  des  Béné- 
dictines d*Âng^ers  ;  de  sorte  que,  grâce  à  Budic  et  à  son  fils» 
ces  religieuses  se  trouvaient  investies  de  Téglise  Saint-Cyr 
et  Sainte-Julitte  hors  les  murs,  des  églises  de  Notre-Dame  et 
Saint-Vincent,  dans  l'enceinte  de  la  ville,  et,  comme  tem- 
porel, du  domaine  de  Bois-Qarand,  en  Sautron,  et  de  la  dîme 
du  marché  de  Nantes. 

Il  est  difficile,  de  nos  jours,  de  se  rendre  compte  des  discus- 
sions qui  pouvaient  surgir  à  cette  époque  au  sujet  des  dona- 
tions qui  semblaient  les  plus  régulières.  Nous  en  avons  vu 
plusieurs  exemples  dans  le  pays  de  Retz,  nous  en  retrou- 
verons à  Nantes.. 

Il  est  indispensable  que  nous  remontions  un  peu  plus 
haut  que  les  temps  que  nous  venons  de  parcourir,  si  nous 
voulons  nous  rendre  compte  de  la  situation.  Les  luttes  d'Alain 
Barbetorte  et  ses  succès  sont  connus,  rhistoire  de  Bretagne 
est  là  pour  affirmer  le  beau  rôle  de  ce  héros,  digne  descendant 
d'Alain  le  Grand,  qui  avait  remué  ciel  et  terre  pour  rendre 
un  peu  de  vie  à  la  cité  nantaise. 

Il  était  breton,  et  ses  relations  se  trouvaient  dans  le'fond  de 
la  Gornouaille,  où  il  débarqua  lorsqu'il  revint  d'Angleterre. 
Dans  ce  pays  existait  une  antique  abbaye  nommée  Lande- 
venec.  Les  Normands  l'avaient  réduite  au  plus  triste  état, 
mais  ses  pauvres  débris  ne  demandaient  qu'à  se  rejoindre. 
Les  moines,  échappés  au  désastre,  étaient  pleins  de  bonne 
volonté,  mais  sans  doute  en  nombre  insuffisant  et  la  plupart 
âgés  et  fatigués. 

Leur  abbé,  nommé  Jean,  était  un  de  ces  patriotes  dévoués 
qui  étaient  passés  à  la  cour  d'Angleterre  pour  y  redemander 

,leur  j-eune  Duc  Alain  ne  pouvait  être  ingrat  à  son  égard  ;  au 
reste,  rien  ne  résulte  davantage  de  son  histoire  que  le  beau 
caractère  de  ce  prince.  Ce  fut  donc  à  l'abbé  de  Landevenec 

^que  l0  libérateur  de  Nantes  s'adressa  lorsqu'il  voulut  rétablir 

,1e  culte  dans  un  certain  nombre  de  sanctuaires  de  cette  ville. 

.11  ne  suffis,ait  pas  de  , restaurer  les  églises,  il  fallait  leur 


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PRIGNY  ET  LES   MOllTIERS  620 

affecter  un  temporel.  Ce  résultat  s'obtenait  facilement  et 
valait  à  l'abbaye,  que  Ton  chargeait  de  relever  le  culte  dans 
une  église,  un  domaine  plus  ou  moins  vaste  dans  lacampagne, 
domaine  en  général  abandonné,  à  peu  près  inculte,  sur  lequel 
végétaient  quelques  manants  passant  avec  indifférence  d'un 
seigneur  à  l'autre.  Ce  domaine  cédé  aux  moines  n'était  qu'une 
compensation  des  avances  qu'on  leur  demandait  pour  rebâtir 
l'église,  la  fournir  des  vases  et  ornements  indispensables  et 
aussi  pour  édifier  un  presbytère  ou  des  maisons  conventuelles^ 
Ce  n'était  pas  encore  le  plus  difficile  :  il  fallait  trouver,  après 
un  tel  cataclysme,  des  ecclésiastiques  pour  remplir  le  saint 
ministère  dans  les  sanctuaires  restaurés. 

L'abbaye  de  Landevenec  était  dédiée  à  saint  Guingalois, 
autrement  ;  saint  Gwénolé.  Alain  avait  confié  à  ce  monastère 
la  restauration  de  notre  église  Saint-Cyr  et  Sainte-Julitte.  On 
peut  s'en  convaincre  par  la  lecture  d'une  charte  publiée  par 
dom  Lobineau  (t.  ii,  col.  79-80).  On  y  voit  que  le  duc  Alain  fit 
donation  aux  moines  do  Landevenec  «  d'un  monastère  dé- 
dié à  saint  Médard,  avec  son  domaine  long  de  quatre  milles, 
sur  deux  de  large,  avec  ses  forêts,  eaux  et  prés,  ses  terres, 
cultivées  ou  non,  et  toutes  ses  'dépendances  ;  plus  l'église 
Sainte-Croix  dans  la  ville,  avec  ses  dépendances,  et  Téglisô 
Saint-Cyr  hors  la  ville.  En  outre,  l'église  dédiée  à  saint  Guin- 
galois  môme,  avec  toute  l'île  nommée  Bathweran  et  toutes 
ses  dépendances,  plus  la  moitié  d'une  viguerie  nommée  Sulce 
(Sucé),  sise  dans  le  pays  Nantais,  éloignée  de  cinq  milles  de 
la  ville,  avec  la  moitié  de  son  église  et  toutes  ses  dépen- 
dances... «  (Archives  de  Nantes,  H.  112)...  Les  témoins  furent: 
le  duc  Alain  :  Judhaol,  comte  ;  Guérech  ;  Nuvenoô  ;  l'évoque 
Salvator  ;  Gestin,  vicomte  (de  Retz)  ;  Dites,  vicomte  ;  Pri- 
gent;  Guethenoc,  comte  ;  Amalgod;  Amredy;  Chenmarchoc; 
Nuthuon  ;  Moyse,  etc.  » 

-  Cette  charte  fut  visée  après  la  mort  d'Alain  par  ceux  qui 
exercèrent  le  pouvoir  après  lui  à  Nantes,  comme  suit  ;  «  Moi, 
Thibaud,  comte  par  la  volonté  divine,  j'affirme  ce  qui  pré- 

T.   VI.   —  NOTICES.   —  Vl*  ANNÉE.     —  6*  LIV.  41 


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630  PRIGNY   ET   LES   MOÛTIERS 

cède:  moi,  Joseph,  évoque  de  Tours,  j'affirme  également; 
moi,  Foulques,  comte  par  la  grâce  de  Dieu,  je  rafflrire  de 
même,  en  tant  que  cela  me  regarde.  Le  duc  Alain  a  fait  ré- 
diger cette  charte  par  Tévéque  Hédren  et  Ta  remise  à  saint 
Guingalois  et  à  son  abbé  Jean » 

Dom  Lobineau  ne  regarde  pas  cette  pièce  comme  revêtue 
de  tous  les  caractères  de  saine  critique  que  l'on  pourrait  dé- 
sirer. Cependant,  il  ajoute  qu'il  n'est  pas  croyable  que  le  fond 
en  soit  faux. 

Thibaud,  comte  de  Blois,  était  beau-frère  d'Alain  et  oncle 
du  jeune  Drogon,  son  fils.  Foulques  le  Bon,  comte  d'Anjou, 
avait  épousé  la  veuve  d'Alain,  dans  Tannée  même  du  deuil. 
Quant  à  l'évêque  Hedren  (al.  Hesden),  on  le  voit  en  qualité 
d'évêque  de  Nantes  avec  le  vicomte  Gestin  à  l'assemblée  de 
Verrou*  en  978.  Joseph  était  devenu  archevêque  de  Tours 
l'année  même  de  la  mort  d'Alain,  d'après  certains  catalogues, 
bien  que  d'autres  fassent  succéder  immédiatement  Frottier 
à  Théoton  sans  tenir  compte  de  Joseph.  C'est  sans  doute 
pour  cela  que  dom  Lobineau  avait  des  scrupules  au  sujet  de 
ce  diplôme  tandis  qu'il  aurait  dû  s*en  servir  pour  confirmer 
la  réalité  de  Tépiscopatde  Joseph.  Evidemment,  le  rédacteur 
de  la  charte  n'était  pas  tourangeau  ;  la  ville  de  Tours  est 
nommée  «  Toronensis  urbs  ».  L'écrivain  ne  s'est  préoccupé 
que  de  la  prononciation,  qui  est  du  reste  bien  marquée  par 
le  vieux  mot  tournois. 

De  tous  les  dons  d'Alain  Barbetorte,  le  prieuré  de  Bath 
seul  est  resté  à  Landevenec  (Archives  de  Nantes,  série  H, 
liasse  lll').  Les  titres  de  cette  abbaye  disent  que  le  duc  Alain, 
par  ces  générosités,  se  proposait  de  récompenser  l'abbé  Jean 
pour  diverses  missions  chez  les  Barbares  (peut-être  les  Da- 
nois qui  essayaient  déjà  de  se  fixer  en  Neustrie,  appelée 
depuis  Normandie]. 
Il  est  probable  que  l'abbaye  de  Landevenec  ne  put  suffire 

*  Bn  Touraina. 


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PRIGNY  ET  LES   MOÛTIERS  631 

à  fournir  des  titulaires  pour  les  églises  dont  on  lui  faisait 
la  cession  et  peut-étro  aussi  qu'elle  n'eut  pas  les  res- 
sources suffisantes  pour  les  réparer.  En  1101,  Alain  Fergent 
et  son  épouse  Ermengarde  d'Anjou  regardaient  parfaitement 
comme  leur  appartenant  les  églises  de  Sainte-Croix  et  de 
Saint-Saturnin,  qu  ils  donnaient  à  Tabbaye  de  Marmoutiers. 
Ermengarde  ratifia  ce  don  dans  une  chapelle  près  duBouffay. 
On  voit  parmi  les  témoins  un  Papapin  qui  fait  lui-même  un 
don,  et  Laurent,  chanoine  de  Saint-Médard.  Ce  saint  Médard 
n'est  autre  que  Doulon.  L'évoque  de  Nantes  Benoît  y  avait 
établi  des  chanoines  ,*  mais,  peu  de  temps  après,  il  changea 
d'avis  et  demanda  des  moines  à  Guillaume,  abbé  de  Mar- 
moutiers. L'abbé  Guillaume  succéda  en  1104  àllgode,  et  Té- 
véquo  Benoît  gouverna  de  1079  à  1111  ;  notre  charte  fut  donc 
rédigée  pendant  la  courte  apparition  des  chanoines  à  Boulon, 
et  nous  prouve  que  Landevenec  n'avait  pas  pris  possession 
de  Saint-Médard  ou  l'aydit  abandonné. 

Garnier,  chapelain  de  Sainte-Croix,  n'est  pas  simple  té- 
moin :  il  ratifie  comme  intéressé.  Suivent  les  noms  des 
moines  desservant  ces  paroisses  :  Le  prieur  Guillaume, 
André  de  Gommez,  Amelin  des  Moûtiers,  et  Guérin,  prieur 
de  la  Forêt. 

Il  est  probable  que  l'église  Sainte-Croix,  Boulon  et  Sainte 
Cyr  furent  perdus  pour  Saint-Gwénolé  par  suite  dure  tour 
offensif  des  Normands.  Après  la  mort  d'Alain  Barbetorte, 
Sainte-Croix  devint  l'église  du  Bouffay  et  le  comte  Alain  crut 
pouvoir  en  disposer  en  faveur  de  Marmoutiers. 

Saint-Cyr  était  déjà  confié  aux  religieuses  du  Ronceray,  et 
nous  ne  voyons  pas  que  Landevenec  ait  réclamé.  Be  leur 
côté,  ces  mêmes  sœurs  de  étaient  également  évincées  de 
Notre-Bame  de  Nantes  et  de  Saint-Vincent. 

L'historien  Travers,  embarrassé  de  ce  don  des  églises  de 
Saint- Vincent  et  de  Notre-Bame  aux  sœurs  de  la  Charité 
d'Angers,  s'en  est  tiré  en  attaquant  la  charte  de  Mathias  qui 
cependant  n'a  aucun  caractère  de  fausseté.  L'histoire  serait 


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632  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

trop  aisée  si  l'on  pouvait  récuser  oinsi  les  documents  qui  ne 
cadrent  pas  avec  les  idées  préconçues. 

D'un  autre  côté,  si  Ton  en  croyait  Nantes  et  la  Loire-Infé- 
Heure,  Téglise  Saint-Vincent  aurait  d'abord  eu  Saint-Aubin 
pour  patron  et  remonterait  à  Tan  404.  M.  Tabbé  Grégoire  dit 
434.  Sur  quoi  s'appuient  ces  dates  ?  —  Ce  n'est  pas  notre 
affaire,  mais  saint  Aubin  étant  mort  vers  Tan  550,  il  s'ensuit 
que  l'on  ne  put  choisir  ce  saint  évoque  d'Angers  pour  titu- 
laire de  l'église  en  question  dès  son  origine.  Nous  allons 
nous  laisser  entraîner  à  raconter  un  épisode  qui  a  certaine- 
ment servi  à  consolider,  si  ce  n'est  à  établir,  cette  opinion 
qui  a  le  malheur  de  constituer  un  anachronisme  trop  violent. 

Saint  Félix  avait  une  nièce  ;  or,  comme  cet  évoque  de 
Nantes  était  de  grande  famille  et  qu'il  relevait  encore  le 
renom  de  ses  ancêtres  par  son  propre  mérite,  sa  nièce  était 
un  bon  parti,  surtout  si  le  prétendant  avait  l'ambition  de 
posséder  une  grande  influence  dans  le  pays.  C'était  le  cas  d'un 
personnage  que  Grégoire  de  Tours  nomme  Papolène.  On 
prétend  que  ce  Papolène  n'est  autre  que  le  fameux  Beppolène, 
qui  possédait  à  cette  époque  même  un  vaste  gouvernement 
militaire  s'étendant  de  Rennes  à  Angers,  en  englobant  le  pays 
nantais  et  tout  ce  qu'il  pouvait  défendre  contre  les  Bretons, 
qui  ne  faisaient  encore  dans  ce  temps  que  pousser  périodi- 
quement des  pointes  sur  Vannes  et  même  plus  loin. 

La  grande  puissance  de  ce  duc  n'y  fit  rien.  Il  était  loin  de 
jouir  d'une  réputation  sans  reproche,  il  fut  refusé.  Les 
anciennes  chroniques  d'Anjou  mettent  Beppolène  au  nombre 
des  comtes  de  cette  province,  mais  sans  avoir  à  s'en  féliciter, 
bien  qu'il  gouvernât  au  nom  du  débonnaire  roi  Contran.  C'était 
un  transfuge  de  la  reine  Prédégonde  ;  mais  en  la  quittant  il 
n'avait  pas  abandonné  ses  principes.  Quoiqu'il  en  soit,  ce  per- 
sonnage avait  à  Angers  une  grande  autorité.  Or,  Angers 
possédait  une  basilique  et  des  chanoines  qui  la  desservaient. 
Cette  basilique  avait  été  bâtie  du  temps  du  roi  Childebert 
qui  envoya  dans  ce  but,  à  Angers^  Saint-Germain  de  Paris. 


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PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS  633 

Le  nouveau  sanctuaire  fut  placé  sous  le  vocable  de  Saint- 
Germain  d'Auxerre,  saint  Aubin  y  fut  enterré,  des  miracles 
se  firent  à  son  tombeau;  il  s'ensuivit  un  pèlerinage  et  peu 
après  le  nom  de  saint  Germain  fut  presque  oublié;  son 
église  prit,  de  par  la  multitude,  le  nom  de  Saint-Aubin. 

Le  trait  de  la  nièce  de  saint  Félix  se  rapporte  à  Tan  570 
environ,  c'était  le  moment  de  la  grande  vogue  de  Saint- 
Aubin  à  Angers,  mais  il  faut  avouer  que,  sa  mort  ne  remon- 
tant qu'à  vingt  ans,  il  est  peu  probable  que  les  Nantais  se 
soient  ainsi  hâtés  de  construire  une  basilique,  car  le  terme  y 
est,  en  l'honneur  d'un  évéque  d'Angers  ;  même  dans  cette 
dernière  ville,  ce  titre  n'était  qu'une  pieuse  usurpation  sur  les 
droits  de  Saint-Germain.  11  arriva  donc  que  Beppolène  ne 
pouvant  avoir  régulièrement  la  nièce  de  l'évéque  de  Nantes, 
l'enleva.  Lors  môme  que  Nantes  eut  possédé  une  église 
Saint-Aubin,  ce  qui  ne  se  peut,  Beppolène,  comte  d'Anjou, 
eût  été  par  trop  naïf  d'y  déposer  sa  conquête.  Malgré  le  droit 
de  refuge,  le  lieu  eût  été  mal  choisi.  Saint  Félix  était  maître 
absolu  des  églises  de  sa  ville.  Sans  en  chasser  sa  nièce  ni  son 
ravisseur  et  sans  les  inquiéter  plus  que  l'usage  ne  le  per- 
mettait, il  pouvait,  au  seul  point  de  vue  des  convenances,  leur 
imposer  un  régime  auquel  ils  ne  s'étaient  assurément  point 
destinés.  Beppolène  était  beaucoup  plus  libre  à  Angers  où  il 
n'avait  point  à  compter  avec  l'immense  autorité  de  l'évoque 
de  Nantes.  Mais  ce  qui  domine  tout  raisonnement,  c'est  que 
Grégoire  de  Tours,  contemporain  de  ces  faits,  dit  que  la 
nièce  fut  mise  en  sûreté  dans  la  basilique  de  St-Aubin  qui, 
nous  venons  de  le  voir,  n'existait  qu'à  Angers.  Or  c'est  ce 
dire  de  l'évéque  de  Tours  qui  a  déterminé  les  historiens 
nantais  à  attribuer  l'église  Saint- Vincent  à  Saint-Aubin,  dans 
son  origine.  Cette  erreur,  pour  celui  qui  parcourt  l'histoire 
pour  ainsi  dire  en  touriste,  avait  son  côté  spécieux,  nous 
Talions  voir. 

On  peut  se  demander  pourquoi  ce  vocable  de  Saint-Aubin 
a  été  attribué  à  Saint-Vincent  plutôt  qu'à  Sainte-Croix,   à 


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634  PRIGNY  ET  LES  M0ÛTIEH8 

Saint-Saturnin  ou  autre  église  de  Nantes  ?  Il  est  certain  qu'en 
1135  le  pape  Innocent  II,  sur  l'appel  de  Brice,  dvôque  de 
Nantes,  cassa  la  donation  faite  à  Tabbaye  de  Redon,  par 
Conan,  des  églises  de  Saint-Aubin,  Sainte-Croix,  Saint-Sa- 
turnin et  Notre-Dame.  Brice  alla  même  à  Ronie  avec  le  cha- 
pelain Guy,  et  le  Souverain  Pontife  confirma  la  propriété  de 
ces  églises  à  Tévêque  de  Nantes.  Donc,  à  cette  date,  il  y  avait 
à  Nantes  une  église  dite  de  Saint-Aubin. 

Or,  nous  venons  de  voir  Saint-Vincent  nommé  encore  sous 
ce  vocable  en  1038  ;  cependant  on  ne  peut  douter  que  Téglise 
désignée  en  1135  sous  le  nom  de  Saint-Aubin  ne  soit  Tancien 
Saint-Vincent.  D'où  venait  cette  nouvelle  appellation  de  cette 
même  église  ?  Très  probablement  de  la  possession  de  quelque 
relique  insigne  du  saint  évêque  d'Angers  donnée  à  l'église 
Saint- Vincent  dans  le  but  de  ramener  vers  elle  la  dévotion. 
Cette  église  était  tombée  dans  un  état  désolant  ;  donnée  aux 
religieuses  de  Saint-Cyr  par  le  comte  Mathias  I",  elle  était  peu 
de  temps  après  perdue  pour  elles,  peut-être  parce  qu'elles 
s'étaient  contentées  de  restaurer  leur  église  Saint-Cyr  et 
Sainte-Julitte,  près  de  laquelle  était  bâti  leur  monastère. 

C'était  pour  relever  cette  paroisse  que  Conan  le  Gros  et 
surtout  samôre  Ermengarde  l'avaient  donnée  à  Marmoutiers. 
Quelque  temps  auparavant,  Tévêque  Brice  avait  accompagné 
le  légat  Gérard  d'Angoulême  avec  quelques  autres  prélats  à 
la  translation  des  reliques  de  saint  Aubin  dans  une  châsse 
plus  précieuse.  On  peut  présumer  que  les  évoques  assistants 
obtinrent  quelques  fragments  de  ces  reliques  avant  que  Ton 
eût  scellé  le  nouveau  reliquaire  d'argent. 

Le  corps  devait  être  à  peu  près  entier,  car  il  se  trouvait, 
jusqu'à  ce  moment,  dans  un  cercueil  de  pierre  qui  devait 
être  le  monument  primitif.  Brice  dut  être  fortement  appuyé 
dans  sa  demande  par  la  pieuse  Ermengarde,  sœur  du  comte 
d'Anjou.  Ce  comte  était  Foulques  V  qui  devint  roi  de  Jéru- 
salem ;  il  était  présent  à  la  cérémonie  avec  son  fils  Geoffroy 
Plantagenet. 


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PRIGNY  ET  LES  M0ÛTIER8  635 

On  était  alors  à  l'an  1128  et  lors  de  la  bulle  du  pape,  en 
1135,  les  reliques  étaient  de  fraîche  date  dans  Tancienne 
église  Saint- Vincent  que  le  peuple  se  prenait  à  nommer 
Saint-Aubin.  Il  n*est  point  étonnant  que  les  Nantais  aient  en 
vénération  saint  Aubin,  né  sur  leurs  confins,  si  ce  n*est  point 
dans  cette  partie  môme  du  Nantais  que  Ton  dit  avoir  jadis 
dépendu  de  Tévôché  de  Vannes,  mais  qui  au  moins  fut  peuplé 
par  les  Vénètes.  La  duchesse  Ermengarde  essaya  peut-être 
de  faire  prévaloir  le  vocable  de  Saint- Aubin  et  devant  ce  désir 
les  notaires  d'alors  ne  pouvaient  que  plier  ;  peut-être  quelques 
miracles  du  bon  saint  vinrenl-ils  seconder  la  noble  Ange- 
vine ;  mais,  après  elle,  comme  les  moines  de  l'abbaye  de 
Tours  n'avaient  pour  saint  Aubin  qu'un  zèle  ordinaire,  l'an- 
cien nom  reprit  le  dessus.  Au  reste  ces  moines  eux-mêmes, 
eussent-ils  tenu  au  vocable  de  Saint-Aubin,  n'y  pouvaient  que 
peu  de  chose^  car  ils  ne  firent  guère  que  passer  dans  cette 
église. 

L'église  Saint-Vincent  a  laissé  son  nom  à  une  rue  actuelle 
et  à  une  place  de  Nantes. 

Les  religieuses  du  Ronceray  ne  se  préoccupèrent  point  de 
ces  révolutions  qui  se  produisaient  à  Saint-Vincent,  quoique 
cette  église  leur  eût  été  donnée  un  siècle  auparavant  ;  de 
même  qu'elles  ne  semblent  pas  avoir  fait  opposition  à  ce  que 
Notre-Dame  passât  à  d'autres  mains  quoiqu'elle  leur  eût 
également  été  confiée.  A  plusieurs  points  de  vue,  ces  bonnes 
sœurs  avaient  raison  :  c'était  bien  assez  de  les  voir  possé- 
dant à  Nantes,  comme  à  Angers,  un  vrai  bénéfice  paroissial, 
à  tel  point  que  le  recteur  de  Saint-Cyr  et  Sainte- Julitte  n'était 
que  le  vicaire  perpétuel  de  Madame  l'abbesse  de  Notre-Dame 
de  la  Charité.  C'était  presque  plus  fort  à  Angers  où  il  n'y 
avait  pas  même  pour  l'église  de  la  Trinité  un  vicaire  perpé- 
tuel, mais  quatre  chapelains  de  l'abbesse.  Il  y  avait  bien  une 
autre  raison  dans  le  dédain  des  chères  sœurs,  c'était  la 
pénurie  des  ecclésiastiques.  Avec  un  moine  on  pouvait  par- 
fois se  procurer  un  prêtre;  les  religieuses  n'étaient  pas  dans 


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633  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

le  même  cas.  Cette  église  Notre-Dame,  que  le  comte  Malhîas 
avait  accordée  aux  religieuses  de  Saint-Cyr  eu  môme  temps 
que  Saint-Vincent,  avait  été  donnée,  peu  de  temps  aupara- 
vant, aux  moines  de  Quimperlé  par  Judith^  épouse  d'Alain 
Cagnard  et  sœur  de  Budic,  qui  se  plaisait  à  se  considérer 
comme  comtesse  de  Nantes,  parce  que  son  frère  était  bâtard. 
Il  est  peu  probable  que  Mathias,  fils  de  Budic,  ait  accepté, 
môme  un  instant,  Tintroduction  des  moines  ainsi  favorisés 
par  sa  tante,  du  chef  de  laquelle  le  comte  de  Cornouaille  était 
son  compétiteur. 

Le  don  que  le  comte  de  Nantes  fit  de  Notre-Dame  aux 
sœurs  établies  à  Saint-Cyr  fut  une  protestation  contre  la  dé- 
marche de  Judith.  Ce  n*est  qu'après  la  mort  de  Mathias,  sous 
Hoël,  flls  de  cette  Judith,  qu'un  prêtre  nommé  Poitevin,  ap- 
paraît comme  tenancier  d'une  maison  et  d'une  vigne,  près 
Notre-Dame,  appartenant  à  l'abbaye  de  Quimperlé,  ce  qui 
permet  de  supposer  que  le  comte  de  Cornouaille,  devenu  comte 
de  Nantes,  fit  prévaloir  la  donation  de  sa  mère  sur  celle  de 
Mathias.  Ce  prêtre  exerçait  le  service  divin  à  Notre-Dame  au 
nom  de  la  susdite  abbaye. 

Les  titres  de  ce  temps  nous  apprennent  que  les  moines  de 
Redon  avaient  fini  par  obtenir  cette  église  du  duc  Conan; 
mais,  comme  nous  venons  de  le  voir,  en  1135,  l'évoque  Brice 
la  leur  fit  enlever  par  le  pape  Innocent.  Les  moines  de  Quim- 
perlé, en  effet,  y  exercèrent  le  saint  ministère  depuis  cette 
époque  et  cependant  il  n'est  pas  douteux  que  ceux  de  Redon 
s'y  retrouvèrent  plus  tard.  Travers  (I,  383)  dit  que  les 
moines  de  Redon  se  plaignaient  des  entreprises  des  Ducs  sur 
le  fief  du  prieuré  de  Notre-Dame  de  Nantes.  Cette  installation 
des  moines  de  Redon  à  Notre-Dame  tenait  à  ce  que  l'abbaye 
de  Quimperlé  avait  été  aux  prises  avec  Redon  sur  un  autre 
point,  dans  l'île  de  Belle-Ile,  et,  pour  avoir  la  paix  dans  ce 
dernier  lieu,  avait  renoncé  à  son  prieuré  de  Nantes. 

Nous  avons  cru  devoir  donner  ces  détails  parce  que  nous 
retrouverons  plus  tard  les  moines  de  Redon  dans  ce  quartier 


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PRIGNY  ET  LES  MOÛTIEM  037 

de  Noire-Dame  et  il  était  bon  de  savoir  comment  ils  y  étaient 
venus. 

La  sagesse  des  religieuses  du  Ronceray,  qui  les  détermina  à 
se  tenir  à  Técart  des  conflits  au  sujet  de  Notre-Dame,  ne  dé- 
tourna  pas  les  difficultés,  môme  à  l'occasion  de  saint  Cyr  ; 
mais  ces  difficultés  furent  précédées  d*un  moment  de  calme 
dû  à  la  bienveillance  de  Mathias.  Un  des  témoins  de  la  charte, 
que  ce  comte  avait  octroyée  à  Tabbesse  Liburge,  se  nommait 
Jarnogon.  Il  voulut  se  mettre  au  nombre  des  bienfaiteurs  du 
prieuré  des  Bénédictines.  Daniel,  son  père^  avait  également 
signé  l'acte  du  comte. 

C'était  Ansgor,  femme  de  Jarnogon,  qui  avait  été  Tinspira- 
trice  de  la  bonne  œuvre  de  son  mari,  et  le  but  que  la  notice 
de  ces  faits  met  en  avant,  c'est  la  restauration  de  Saint-Cyr. 
«  Pro  monasterio  sanctorum  .  martyrum  Cirici  et  Jullittee 
matris  ejus  restaurando ,  prope  mœnia  urbis  Nanneticse, 
constituto,  ac  ancillis  ibidem  Deo  servientibus  depascendis.  » 

Cette  donation  faite  «  pour  la  restauration  du  monastère  de 
saint  Cyr  et  de  sainte  Julitte,  sa  mère,  martyrs,  établi  près 
des  murs  de  la  ville  de  Nantes,  et  pour  l'entretien  des  ser- 
vantes de  Dieu  qui  s'y  trouvaient  »,  consistait  dans  la  moitié 
des  moulins  et  de  l'écluse  qui  étaient  sous  le  monastère 
même,  dans  le  cours  d'eau  nommé  Erdade  (Erdre),  avec  la 
moitié  de  la  pêche. 

•  C'était  la  dot  d'une  des  filles  d'Ansgor  et  du  donateur,  qui 
entrait  en  religion  chez  les  sœurs  du  Ronceray.  Celte  jeune 
personne  se  nommait  Eusébie.  Elle  devint  plus  tard  une  des 
dignitaires  de  sa  communauté.  En  1073,  elle  est  nommée 
parmi  les  religieuses  qui  élurent  Tabbessc  Richilde.  Elle  de- 
vint prieure  de  la  belle  obédience  d'Avenières  et  enfin  celle- 
rière  à  la  Maison-Mère  sous  l'abbesse  Tiburge,  vers  1104. 

L'acte  de  donation  de  Jarnogon  fut  signé  par  le  comte 
Mathias,  Le  Viguier  Judicaôl'  ;  Glavihenne',    Dernier    et 

I  Fondateur  du  prieuré  des  Moû tiers. 

»  C'est  lui  qui  donna  Chémeré  à  Saint-Serge. 


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638  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIBRS      . 

Daniel.  On  était  alors  sous  Tévâque  Budic»  par  conséquent, 
en  1048  ou  1049  (Marchegay.  424).  Nous  voyons  qu'il  se 
trouvait  alors  une  écluse  et  des  moulins  un  peu  en  aval  de 
la  passerelle  actuelle^  devant  la  préfecture.  Le  tenancier  de 
ces  moulins  se  nommait  Constant  et  sa  femme  Léjarde.  Us 
se  prirent  du  désir  de  s'assurer  une  place  dans  le  cimetière 
de  Saint-Cyr.  Outre  cela,  Léjarde  ambitionnait  de  prendre 
rhabit  de  religieuse.  Coustant  ne  paraît  pas  avoir  fait  de 
difficultés  quoiqu'il  ne  fût  pas  fort  âgé,  puisque  son  père 
vivait  encore. 

Pour  la  dot,  le  prieuré  de  Saint-Cyr  reçut  deux  quartiers 
de  vigne  qui  appartenaient  à  Coustant.  Dans  la  suite,  nous 
aurons  la  preuve  que  ces  prés  se  trouvaient  au-dessous  de 
la  Motte-Saint- André,  en  descendant  TErdre. 

Les  meuniers  Coustant  abandonnaient  la  jouissance  de 
leurs  moulins;  ils  travailleront  désormais  pour  le  prieuré  de 
Saint-Cyr;  mais  aussi  ce  prieuré  est  par  là-môme  leur 
ressource,  ils  en  sont  les  gens  (homines).  Non-seulement  les 
moulins,  mais  une  vigne  qui  se  trouvait  auprès  entraient 
dans  le  domaine  des  religieuses. 

Ces  braves  gens  n'avaient  pas  d'héritiers  directs,  et  ils 
s'assuraient  une  heureuse  vieillesse.  Léjarde  fut  bénite  par 
le  prêtre  Aubin,  alors  curé  de  Saint-Cyr,  et  dans  son 
église  môme.  Constant,  heureux  de  cet  arrangement,  voulut 
faire  le  voyage  d'Angers,  il  y  fut  bien  reçu.  Il  fut  introduit 
au  chapitre  de  l'abbaye,  car  les  religieuses  du  Ronceray 
bien  qu'elles  aient  toujours  été  remarquables  par  leur  régu- 
larité^ n'étaient  pas  cloîtrées.  Là,  sur  l'autel  môme,  le  do- 
nateur ratifia  les  dispositions  que  nous  venons  de  faire  con- 
naître. Le  prôtre  Aubin  qui  l'avait  accompagné  fut  témoin 
avec  Tarchidiacre  Guillerme  ;  Robelin  Mazon,  Odelin  Mazon, 
Durand,  et  plusieurs  autres  (Ronc.  II,  96,  Ed.  March.  426). 

Cette  famille  Coustant  a  laissé  très  longtemps  son  nom  aux 
moulins  de  l'Erdre,  en  amont  du  Port-Communeau.  Nous  la 


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]  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS  639 

retrouvons  sous  le  comte  Hoël,  époux  d'Adoïs  (fils  d'Alain 
Gagnard). 

Les  choses  étaient  alors  bien  changées  pour  les  sœurs  de 
Saint-Gyr.  Hoël  tenait  de  sa  mère  une  grande  animosité 
contre  tout  ce  qu'avaient  favorisé  Budic  et  Mathias  ;  aussi 
les  Constant  ne  traitent  plus  avec  le  Ronceray,  mais  avec 
labbaye  de  Redon,  ce  qui  prouve  que  ce  fut  après  1055,  car, 
jusqu'à  cette  date,  les  moines  de  Redon  n'acceptèrent  point 
Hoël  deCornouaille  comme  comte  de  Nantes  (V.  suprà  ch.  vi). 
Il  est  probable  que  le  Constant  de  cette  nouvelle  transac- 
tion était  le  frère  du  précédent,  tenant  sans  doute  une  égale 
valeur  en  moulins  et  peut-être  en  terres,  sa  femme  se  nom- 
mait Jédéar.  D'accord,  ils  donnent  leur  part  des  moulins  de 
l'Erdre  et  celle  du  droit  de  pèche  qu'ils  possédaient  sur  les 
poissons  sortant  des  moulins. 

Ils  y  ajoutent  leur  part  d'un  four,  leur  part  aussi  de  vignes 
et  de  prés,  enfin  de  toutes  leurs  possessions.  Le  comte  Hoël, 
son  épouse  Haduis  (la  même  qu'Adoïs  ci-dessus),  Alain, 
Mathias  et  Eudes,  leurs  fils,  furent  témoins.  Le  moine  Justin 
reçut  cette  donation.  Les  autres  témoins  furent  Ivan,  clerc  ; 
Inisan,  fils  d'Hurvoide  ;  Albalt,  fils  de  Mérian  ;  Urvoide,  flls 
de  Roallon  ;  Escomar,  flls  de  Rodalde  ;  Guerrif ,  prêtre  ;  Gra- 
delon  et  Bili,  flls  de^  Gerlon  ;  Normant,  flls  de  Froger  ;  Nor- 
mant,  hôte  d'inisan  ;  Rafrid  ;  Durand  et  son  flls  Judicaël  ; 
Dernier  et  Gislene,  voisins  de  Constant  ;  Clarice,  sœur  du 
môme  Constant,  et  Dernier.  (Redon,  ch.  333). 

Ainsi  l'abbaye  de  Redon  recevait  une  partie  des  moulins 
Cousfant.  Nous  verrons  qu'elle  était  différente  de  celle  donnée 
au  Ronceray,  car  cette  abbaye  conserva  jusqu'aux  derniers 
siècles  des  droits  sur  quelques  uns  des  moulins  Constant.  Ce 
voisinage  ne  pouvait  manquer  d'amener  des  conflits  et  des 
procès.  Mais  remercions  tous  ces  procès,  sans  eux  l'histoire 
locale  serait  impossible.  Nous  pensons  que  la  portion  des 
moulins  Constant  appartenant  à  Redon  était  au-dessous  du 
pont  Morand  actuel,  tandis  que  les  moulins  du  Ronceray 


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640  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

étaient  au-dessus,  mais  tous  sur  la  rive  gauche.  Ce  qui  noua 
fait  penser  ainsi,  c'est  que,  près  de  ces  moulins,  il  y  avait 
des  vignes  qui  furent  données  à  Redon  et  que  nous  savons, 
comme  nous  le  dirons  plus  loin,  que  le  cellier  des  moines  de 
Redon  se  trouvait  où  Ton  pouvait  encore  voir  il  y  a  quelques 
mois  Téglise  Saint-Léonard,  au  point  de  jonction  de  la  rue 
Garde-Dieu  et  de  la  rue  Saint-Léonard. 


CHAPITRE   XIII. 


Hême  sujet  depuis  Ahtin  Fergent. 

Nous  venons  de  nommer  les  fils  d^Hoël  de  Cornouaille. 
L*aîné,  connu  sous  le  nom  de  Fergent,  hérita  du  titre  de  duc 
et  s'en  alla  résider  à  Rennes.  Mathias,  son  frère,  reçut  le 
comté  de  Nantes.  Alain  avait  épousé  Constance,  fille  de  Guil- 
laume le  Conquérant.  Lorsqu'elle  mourut,  en  1070,  il  se  re- 
maria avec  Ermengarde,  fille  de  Foulques  IV  d'Anjou,  que  le 
duc  Guillaume  d'Aquitaine  venait  de  répudier.  Mathias  II, 
qui  tint  le  comté  de  Nantes  de  1084  à  11(34,  fut  pour  le  clergé 
un  persécuteur.  Sous  lui  les  principales  églises  de  Nantes 
étaient  données  à  des  prêtres  indignes,  au  mépris  de  tous  les 
droits  acquis.  Cet  état  de  choses  peut  nous  surprendre 
puisque  nous  avons  signalé  le  zèle  de  l'évéque  Quiriac  ;  mais 
sans  doute  le  prélat  avait  plus  d'action  dans  la  campagne  que 
dans  la  ville,  sous  les  yeux  du  comte. 

Saint-Cyr  était  une  des  églises  les  plus  maltraitées  sous  ce 
rapport.  Elle  avait  été  enlevée  aux  religieuses  de  la  Charité 
d'Angers,  déjà  privées  de  Notre-Dame  et  de  Saint-Vincent. 
Cet  état  déplorable  dura  jusqu'après  Alain  Fergent,  qui  avait 
succédé,  à  Nantes,  à  son  frère  Mathias.  mort  sans  enfants. 


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PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS  6il 

Alain  était  un  homme  d'une  foi  vive  ;  il  se  retira  en  1112  à 
Tabbaye  de  Redon  ;  c'est  assez  dire 'que  cette  abbaye  fut  en 
vogue  de  son  temps.  Conan,  son  fils  aîné,  avait  alors  seize 
ans  ;  il  est  connu  sous  le  nom  de  Conan  le  Gros  et  tint  le 
duché  de  Bretagne  et  le  comté  de  Nantes  jusqu'en  1148.  Pen- 
dant ce  temps,  le  siège  épiscopal  avait  été  occupé  à  Nantes, 
après  Qui riac,  par  son  frère  Benoît  jusqu'en  1111;  puis  par 
Robert,  précédemment  archidiacre  de  Nantes,  frère  d'Alain 
et  de  Mathias  et  neveu  de  Benoît.  Robert  fat,  l'année  sui- 
vante, transféré  à  Quimper  ;  ce  qui  signifie  assez  que  cette 
famille  tout  à  îa.\t  bretomiante  à' AlB.in  Cagnart  s'implantait 
difficilement  à  Nantes  qui  conservait  de  plus  en  plus  ses 
attaches,  non  pas  françaises,  mais  gauloises,  comme  l'Anjou 
et  le  Poitou.  Môme  à  cette  époque  on  est  forcé  de  reconnaître 
qu'il  avait  existé  une  sorte  d'état  armoricain.-  comme  une 
confédération  spontanée  due  à  la  similitude  de  la  situation, 
au  mutuel  abandon  dans  lequel  ce  pays  s'était  trouvé,  sous  les 
derniers  empereurs  romains,  sous  les  rois  Francs  et  du  temps 
des  Normands.  Dans  la  pointe  de  la  presqu'île,  les  Bretons 
attaquèrent  cette  fédération  inavouée,  mais  ils  n'entamèrent 
que  très  peu,  et  comme  à  la  dérobée,  le  midi  de  la  presqu'île. 
Le  successeur  de  Robert  fut  Brice,  dont  nous  avons  déjà 
parlé.  Il  tint  le  siège  de  Nantes  jusqu'en  1141.  Ce  fut  de  son 
temps  que  les  religieuses  du  Ronceray  obtinrent  enfin 
quelque  dédommagement  de  leurs  importantes  pertes.  Quand 
nous  appelons  pertes  importantes  celles  de  bénéfices  ecclé- 
siastiques, nous  nous  plaçons  au  point  de  vue  de  cette  époque, 
car  il  nous  semble  peu  regrettable  que  des  paroisses  aient 
échappé  au  patronage,  môme  des  bonnes  sœurs,  pour  relever 
directement  de  l'ordinaire  du  lieu.  Aux  onzième  et  douzième 
siècles,  il  pouvait  quelquefois  en  être  autrement,  et  le  fait  de 
saint  Cyr  le  prouve.  Le  patronage  du  Ronceray  valait  mieux 
que  celui  de  l'évoque  qui  n'était  que  fictif.  JNous  allons  donner 
une  charte  de  Conan  III  qui  nous  fera  connaître  la  situation 
du  prieuré  de  Saint-Cyr  avant  ce  document. 


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6i2  PRIGNY   ET  LES  MOÛTIERS 

«  Moi,  Conan,  duc  des  Bretons,  et  ma  mère,  la  comtesse 
Ermengarde;  nous  avons  ordonné  de  consigner  par  écrit, 
comment  et  dans  quel  temps  nous  avons  restitué,  comme  la 
justice  Texigeait,  et  donné  de  nouveau  la  chapellenie  du  mo- 
nastère de  Saint-Cyr  et  Sainte-Julitte,  sa  mère,  à  Uldeburge 
(Hildeburge),  vénérable  abbesse  de  Notre-Dame  de  la  Charité 
d'Angers,  et  aux  religieuses  de  ce  lieu.  » 

Le  comte  Budic  et  son  épouse,  la  comtesse  Adoïs,  avaient 
construit  ce  monastère  sur  leur  propre  terre,  l'avaient 
enrichi  de  leurs  revenus  et  Tavaient,  d'accord  en  cela  avec 
leur  fils  Mathias,  donné  pour  l'entretien  des  sœurs;  mais 
comme,  l'impiété  croissant,  la  charité  se  refroidit  chez  un 
grand  nombre;  plusieurs  de  mes  prédécesseurs  permirent 
que  la  susdite  chapellenie  fut  administrée  d'une  façon  désas- 
treuse. Ils  l'avaient  donnée  en  hommage*  à  des  prêtres 
mariés  avec  l'hérédité  pour  leurs  enfants'. 

Lorsque  Léon,  Tun  d'eux,  fut  mort,  l'héritier  de  cette  suc- 
cession sacerdotale,  effrayé  par  la  crainte  de  la  mort,  s'en 
dessaisit.  Moi-môme,  réfléchissant  au  péril  de  mon  âme  et 
reconnaissant  le  droit  déjà  aucien  des  religieuses  ;  en  vue 
du  salut  de  mon  âme  et  de  celles  de  mon  père  Alain,  de  ma 
mère  Ermengarde  et  de  mes  autres  àncôires  et  aussi  de  mes 
successeurs,  je  leur  ai  rendu  ladite  chapellenie,  de  sorte 
qu'elles  aient  la  liberté  d'en  choisir  le  prêtre  et  de  le  pré- 
senter à  l'évoque.  Si  quelqu'un,  par  une  inspiration  diabo- 
lique, osait  violer  ces  conventions,  que  Dieu  l'efface  du  livre 
de  vie  et  que  ses  efforts  restent  sans  effet. 

Fait  à  Nantes,  aux  Ides  de  mars  (15  mars)  Tan  de  l'Incar- 
nation du  Seigneur,  1128,  sous  Louis,  roi  des  Français,  Conan, 
fils  du  comte'  Conan,  comte  des  Nantais;  Brice,  leurévêque. 

*  Comme  un  fief  ordinaire. 

■  C*e8t  à  cette  époque  que  Robert  d'Arbrissel  s'élevait  avec  tant  de  force 
en  Bretagne  contre  ce  désordre,  ce  qui  lui  occasionnait  des  désagréments 
de  toutes  sortes. 

s  Erreur  évidente,  même  diaprés  cette  charte  où  il  dit  que  Conan  était  fils 
d'Alain  et  d*£rmeDgarde. 


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PRIGNY  ET   LES  M'OÛTIERS  643 

En  présence  et  à  la  vue  de  :  Ildebert,  archevêque  de  Tours  ; 
Ulger,  évoque  d'Angers;  Hamelin,  évoque  de  Rennes  ;  Galon, 
évoque  de  Léon  ;  Guy,  évoque  du  Mans  ;  Conan  et  sa  mère 
Ermengarde  ratifiant.  —  Pour  les  clercs  :  Auverede,  archi- 
diacre de  Tours  ;  Geoffroy  d'Angrie  (de  Ingreia),  doyen  de 
Saint-Maurice  d'Angers  ;  Guibert,  chanoine  du  môme  Saint- 
Maurice;  Pierre  Abélard,  abbé  de  Saint-Gildas  ;  Raoul, 
sacriste  de  Notre-Dame  de  la  Charité.  «  (Ronc.  VI,  20.  Ed. 
Marchegay,  423). 

On  voit,  par  ce  grand  nombre  d'évêques  qui  sont  présents, 
en  même  temps  que  le  fameux  Pierre  Abélard,  que  Ton  pro- 
fita, pour  ce  ï*ésultat,  d'un  concile  de  Nantes,  et  cela  fixe  la 
date  de  ce  concile,  que  Ton  trouve  assigné  à  Tan  1127  quand 
il  fut  tenu  en  1129,  car  les  Ides  de  mars  1128  de  ce  temps 
correspondent  à  Tan  1129.  Dans  cette  assemblée,  pour 
remédier  au  mal  signalé  par  cette  charte,  on  défendit  d'élever 
au  sacerdoce  les  enfants  des  prêtres,  à  moins  qu'ils  n'eussent 
été  auparavant  chanoines  réguliers  ;  et  afin  d'ôter  toute  idée 
de  succession  aux  bénéfices  et  dignités  ecclésiastiques,  les 
Pères  du  Cioncile  ajoutèrent  que  les  sujets  déjà  ordonnés  ne 
seraient  point  aptes  à  servir  dans  les  églises  qui  auraient  été 
desservies  par  leurs  pères.  Le  pape  Honorius  II  confirma 
ces  décrets*. 

Le  prieuré  de  Saint-Cyr  avait  continué  d'exister,  mais  il 
avait  été  frustré  du  droit  de  patronage  dans  sa  chapelle  et 
c'est  ce  droit  que  lui  rendait  le  duc  Gonan. 

A  cette  époque,  la  prieure  se  nommait  Adélaïde,  comme 
on  le  voit  par  la  charte  426  du  cartulaire  Marchegay.  Un 
certain  Jean  Petit  avait  acheté  un  clos  de  vigne  {curtillum 
vineœ)  des  sœurs  de  la  Charité.  Ce  clos  s'étendait  depuis 

^  *  Ce  fut  aussi  dans  ce  concile  que  Ton  supprima  un  usage  Traiment 
barbare.  Lorsqu'un  mari  ou  une  femme  était  mort,  on  confisquait  au  profit 
du  prince  tous  les  meubles  du  défunt.  Les  épaves  des  naufrages  avaient  le 
môme  sort.  On  défendit  cet  abus  sous  peine  d'excommunication,  du  con- 
sentement de  Ck)nan,  —  Sans  doute,  sa  religieuse  mère  contribua  beaucoup 
à  ce  désistement  d*ttn  droit  détestable. 


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ou  PRIGNY   ET  LES  MOÛTIERS 

la  maison  de  Guérin,  fils  d'Aufred,  jusqu'à  TErdre.  La  mai- 
son du  viguier  Blandin  s'y  trouvait  comprise. 

La  vente  fut  opérée  par  Tabbesse  Hildeburge  et  ses  reli- 
gieuses (1125-1136).  Jean  Petit  versa  de  suite  cinquante  sous, 
puis  il  s'engagea  à  payer  en  plus  une  rente  annuelle  de 
douze  deniers,  à  la  fête  de  saint  Gyr  et  sainte  Julitte.  L'ac- 
quéreur devait  être  soumis  à  la  corvée  alors  nommée  tienne 
(bidennum)  et  à  la  façon  du  foin;  en  outre  à  fournir  une 
journée  de  vendangeur.  S'il  s'avisait  de  revendre  cette  vigne, 
les  sœurs  devaient  avoir  la  préférence  ;  entons  cas  il  était 
strictement  défendu  de  l'aliénera  quelqu'autre  congrégation* 

Chaque  dame  présente  avec  l'abbesse  reçut  de  Jean,  pour 
son  consentement,  autant  de  deniers  qu'il  lui  plut  d'en  donner. 
Voici  les  noms  de  ces  dames  :  Hisilie,  alors  cellerière  ;  Adé- 
laïde, prieure  dé  Saint-Cyp,  Plaisance,  Vigolende,  et  Agnès 
fille  de  Gautier.  Ces  quatre  dernières  étaient  probablement^; 
en  fait  de  dames  de  chœur,  le  personnel  du  monastère  de 
Saint-Cyr. 

Au  nombre  des  témoins,  on  cite  plusieurs  clercs  de  l'ab- 
besse :  le  sacriste  Raoul  ;  maître  Guibert  ;  Hugues,  alors 
chapelain  de'Saint-Laurent\  En  outre  plusieurs  des  clients 
(vassaux)  de  celte  abbesse,  comme  Guérin  de  Loudun  et 
Boselin  ;  puis  quelques  Nantais,  entr'autres  Lambert,  fils  de 
Josbert,  Aistoin,  etc. . . 

Jjorsque  Jean  fut  près  de  mourir,  il  disposa,  en  faveur  de 
sa  femme  Angor,  d'une  partie  de  l'enclos  et  d'une  maison 
qu'il  y  avait  bâtie.  Une  autre  portion  fut  donnée  à  ses  fils 
Pctrule  et  Rainier,  qui,  après  le  décès  de  leur  père,  vinrent 
demander  le  consentement  de  l'abbesse,  aux  mômes  con- 
ditions que  Jean. 

Plusieurs  religieuses  furent  présentes  à  celte  investiture. 
Béatrix,  sœur  de  l'abbesse,   Adélaïde^  Haïe  (odio  habila)v 

'  Ce  qui  prouve  que  Téglise  Saint-Laurent  d'Angers,  qui  appartenait  au 
Ronceraj,  a  été  livrée  au  culte,  contre  Topinion  de  ceux  qui  croient  qu'elle 
n'a  jamais  été  achevée.  - 


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PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS  Gi5 

Pétronille,  Marie,  Auburge,  Hugues,  alors  archippôtre,  fut 
aussi  témoin  avec  Ruaud,  Robert  de  Juigné,  Philippe  et 
Renoulf. 

Ici  finissent  les  documents  fournis  par  le  cartulaire  du 
Ronceray.  Nous  retrouverons  plus  lard  des  documents  qui 
nous  viendront  de  cette  abbaye,  mais  ils  n*appartiennent 
point  aux  six  rôles  de  ce  beau  cartulaire.  Ils  sont  pris  dans 
les  registres  envoyés  d'Angers  aux  Archives  de  Nantes  et 
compris  sous  le  titre  Ronceray.  Malheureusement,  ces  re- 
gistres commencent  à  peine  à  l'époque  de  l'union  de  Saint- 
Gyr  de  Nantes  avec  lé  bourg  des  Moûtîers,  union  dont  nous 
allons  avoir  à  nous  occuper  après  que  nous  aurons  exposé 
les  événements  qui  occasionnèrent,  selon  nous,  ce  change- 
ment. Pour  les  comprendre,  il  faut  que  nous  jetions  un  coup- 
d'œil  sur  les  faits  politiques  de  la  province. 

Le  duc  Conan  III  mourait  en  1148.  Effrayé,  peut-être,  du 
peu  de  capacité  de  son  fils  Hoôl,  il  ne  craignit  pas  de  ternir 
son  épouse  Malhilde  en  reniant  son  fils.  Il  légua  donc  à  sa 
fille  Berthe  ses  droits  sur  le  duché  de  Bretagne.  Cette  prin- 
cesse avait  épousé  Alain  le  Noir,  fils  d*Ebienne,  comte  de 
Penthièvre.  Alain  possédait  en  Angleterre  le  comté  de  Riche- 
mont  et  laissa  veuve  Berthe  qui  se  remaria  avec  Eudes  de 
Porhoôt.  Malgré  les  efforts  de  Conan,  Hoôl  avait  été  reconnu 
à  Nantes  et  à  Quimper.  mais  battu  par  Eudes  en  1154,  il  fut 
chassé  par  les  Nantais  qui  se  donnèrent  à  Geoffroy  d'Anjou, 
frère  du  roi  d'Angleterre  Henri  IL  En  1156,  survenait  une 
nouvelle  complication.  Alain  le  Noir  avait  eu  de  Berthe  un 
fils  nommé  Conan,  qui,  lui  aussi  se  posa  en  prétendant.  Heu- 
reusement Hoôl  disparut.  Geoffroy,  de  son  côté,  mourut 
en  1158.  Eudes  réussit  à  battre  Conan  qui  s'enfuit  en  Angle- 
terre d'où  il  revint  avec  quelques  troupes  que  lui  fournit 
Henri.  Eudes  est  fait  prisonnier,  s'échappe,  vient  à  la  cour 
de  France  qui  ne  le  protégeait  probablement  que  parce  que 
le  roi  d'Angleterre  soutenait  son  compétiteur.  Pendant  ce 
temps,  Conan  IV,  fils  d'Alain  le  Noir,  était  proclamé  en 

T.   VI.   —  NOTICES.   —  Vl*  ANNÉE,  6»  UV.  42 


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640  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIERS 

Bretagne,  mais  les  barons  de  ce  pays  se  liguaient  contre  lui. 
Henri  II  amena  une  armée  qui  défit  les  confédérés,  mais 
Conan  n'y  gagna  rien,  car  Henri  se  posa  lui-môme  en  pré- 
tendant du  Dhef  de  son  frère  Geoffroy.  Conan  est  obligé  de 
lui  faire  cession  du  comté  de  Nantes  et  de  celui  de  Richemont. 

A  peine  Henri  a-t-il  quitté  la  Bretagne  que  reparaît  Eudes 
qui  prend  Vannes  et  la  Cornouaille.  Le  duc  de  Bretagne  est 
réduit  au  pays  de  Rennes,  ayant  en  plus,  comme  complica- 
tion, la  malveillance  du  roi  de  France  qui  était  pour  Eudes. 
Fatigué  de  la  lutte,  Conan  se  jette  de  nouveau  dans  les  bras 
du  roi  d'Angleterre.  Eudes  est  chassé,  Constance,  fille  de 
Conan,  âgée  de  cinq  ans,  est  fiancée  à  Geoffroy, fils  d'Henri  II, 
et  quelque  temps  après  le  duc  de  Bretagne  consentait  à  se 
réduire  au  comté  de  Guingamp.  La  Bretagne  passait  aux 
Anglais.  Il  est  vrai  que  TAngleterre  venait  de  passer  deux 
fois  aux  Français,  d'abord  par  la  conquête  de  Guillaume  le 
Conquérant,  ensuite  par  celle  d'Henri,  comte  d'Anjou,  qui 
n'est  autre  qu'Henri  II  dont  nous  parlons. 

Raoul  de  Fougères,  qui  descendait  des  anciennes  races  du 
pays,  par  Juhel  Bérenger,  fut  seul  à  protester,  ce  qui  valut  à 
sa  ville  d'être  rasée.  Cela  ne  l'empêcha  pas  de  lutter  glorieu- 
sement, mais  il  était  }rop  faible. 

Après  une  guerre  de  plus  de  dix  années,  Geoffroy,  fils 
d'Henri  II  Piantagenet,  fut  couronné  à  Rennes  l'an  1169.  Il 
n'était  pas  encore  marié  à  Constance  et  ne  le  fut  qu'en  1182, 
à  rage  de  19  ans.  Les  Bretons  aimèrent  en  elle  le  vieux  sang 
de  leurs  ducs,  mais  il  fallait  cela  pour  leur  faire  supporter 
Geoffroy, arrivant  de  cette  Angleterre  pour  laquelle,  jusque-là, 
ils  avaient  eu  un  faible ,  mais  qu'ils  se  prirent  depuis  ce 
temps  à  détester  d'autant  mieux,  qu'ils  avaient  été  plus 
longtemps  trompés  par  sa  perfidie.  Il  se  rencontrait  toutefois 
que  leur  jeune  duc  Geoffroy,  quoique  fils  du  roi  d'Angle- 
terre, se  rappelait  plutôt  son  origine  française  que  sa  natu- 
ralisation anglaise  et  ne  supportait  qu'en  maugréant  le  joug 
de  la  marâtre.  C'est  lui  qui  fut  le  père  de  cet  Arthur  de  Bre- 


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PRIGNY  ET  LES   MOÛTIERS  647 

tagne  sur  lequel  se  concentra  Tallection  des  Angevins  et  des' 
Bretonsl  Geoffroy  mourut  en  1188  à  la  cour  de  France  et  la 
Bretagne  continua  de  subir  la  prédominance  anglaise  j  usqu'au 
moment  où  le  roi  Philippe-Auguste  cita  Jean-sans-Tcrre  à  sa 
barre,  en  1203,  comme  meurtrier  du  jeune  Arthur.  Jean, 
tout  roi  d'Angleterre  qu'il  était,  fut  condamné  à  mort 
et  sfs  possessions  françaises  confisquées.  Le  premier 
point  était  laissé  à  la  vengeance  divine,  quant  au  second 
le  roi  de  France  était,  cette  fois,  de  taille  à  le  faire  exé- 
cuter. Guy  de  Thouars,  avec  lequel  Constance  s'était  re- 
mariée, se  faisait  appeler  lantôt  comte,  tantôt  duc  de  Bretagne, 
comme  tuteur  de  sa  fille  Alix  qu'il  avait  eue  de  la  duchesse 
Constance.  Lorsque  Constance  fut  morte,  Guy  de  Thouars 
eut  la  bassesse  de  vouloir  traiter  avec  le  roi  d'Angleterre, 
l'assassin  du  fils  de  sa  femme  ;  mais  il  n'en  eut  pas  Is  temps^ 
Philippe  arrivait  à  Nantes.  Le  sire  de  Thouars  n'avait  point 
compté  sur  ^etle  rapidité,  il  dut  changer  de  batterie  et  faire 
les  honneurs  de  sa  bonne  ville  au  roi  de  France  qui  lui  laissa 
le  titre  de  gouverneur  de  sa  fille  Alix,  que  le  monarque 
nommait,  sous  sa  suz3raineté,  duchesse  de  Bretagne,  sans 
tenir  compte  d'Eléonore,  fille  atnée  de  Constance,  née  de 
Geoffroy.  Celte  circonstance  pouvait  plus  tard  créer  des  com- 
pétitions, mais  Eléonore  mourut  jeune,  comme  une  personne 
encombrante,  faible  au  milieu  de  personnages  puissants. 
Alix  épousn,  en  1212,  Pierre  de  Dreux,  du  sang  royal  de 
Fraace,  connu  sous  le  nom  de  Pierre  Mauclerc.  Nous 
verrons  que  ce  personnage  joua  un  grand  rôle  dans  les* 
destinées  de  1  église  Sainl-Cyr  et,  par  contre  coup,  du  prieuré 
de  Notre-Dame  des  Moûtiers. 

Pendant  l'intervalle  de  temps  que  nous  venons  de  par- 
courir, si  ces  luttes  épuisèrent  la  Bretagn3,  le  prieuré  de 
Saint-Cyr  ne  put  que  recevoir  sa  part  des  malheurs  publics 
dont  les  seigneurs  ne  profilaient  que  trop  pour  exiger  des 
religieux  les  secours  dont  ils  avaient  si  grand  besoin  pour 
soutenir  leurs  intermin?,b!es  querelles. 


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648  PRIGNY  ET  LES  MOÛTIEHS 

Celte  fois  la  paix  fut  encore  plus  funeste  que  la  guerre 
pour  les  sœurs  de  Saint-Cyr.  La  ville  de  Nantes  avait  joué 
un  rôle  peu  prépondérant  dans  les  derniers  événements.  Le 
mauvais  état  de  ses  fortifications  y  fut-il  pour  quelque  chose? 
Nous  rignorons  ;  toujours  est-il  que  Guy  de  Thouars,  peut- 
être  à  rinstigation  du  roi  de  France,  résolut  d'augmenter  les 
moyens  de  défense  de  leurs  ouvrages  avancés  et  commença 
du  côté  des  dépendances  du  chapitre,  qui  se  trouvaient  dans 
le  quartier  où  s'élève  aujourd'hui  le  château.  Cela  regar- 
dait peu  les  bonnes  sœurs,  mais  Guy  supprima  deux 
portes  donnant  sortie  dans  la  partie  de  la  muraille  qui 
longeait  les  terrains  devenus  les  cours  Saint-Pierre  et  Saint- 
André,  et  les  remplaça  par  l'unique  porte  Saint-Pierre.  L'une 
des  portes  disparues  était  la  porte  du  Trépied  qui  faisait  com- 
muniquer Saint-Cyr  avec  la  ville.  C'était  un  premier  boule- 
versement,mais  ce  ne  fut  pas  le  plus  grand. 

Arriva  Pierre  de  Dreux  qui  semble  s'être  proposé  un  autre 
but  que  son  prédécesseur.  Ce  n'était  plus  au  nom  des  intérêts 
français  qu'il  agissait.  Tout  prince  du  sang  qu'il  était,  dans 
ses  relations  extérieures,  il  n'était  préoccupé  que  de  son  am- 
bition privée.  En  Bretagne,  on  pouvait  le  trouver  trop  peu 
breton,  mais  à  la  Cour  de  France  on  le  trouva  bientôt  trop 
peu  français.  Ce  qui  paraît  certain,  c'est  qu'il  comprit  l'im- 
portance que  pouvait  avoir  Nantes  et  qu'il  résolut  d'en  faire 
une  ville  qui  ne  serait  plus  à  la  merci  du  premier  qui  se  pré- 
senterait devant  son  enceinte.  Au  reste,  ses  façons  d'agfr  ont 
prouvé  qu'il  n'était  pas  le  moins  ardent  des  grands  vassaux 
de  la  couronne  pour  viser  à  secouer  le  joug  royal. 

Avant  tout,  Pierre  Mauclerc  voulait  mettre  Nantes  en  état 
de  soutenir  un  siège  et  dès  lors  il  se  donna  tout  entier  au  re- 
nouvellement des  fortifications  que  Guy  de  Thouars  avait 
seulement  ébauché.  C'est  de  son  temps  que  datait  l'enceinte 
de  murailles  qui  a  subsisté  jusqu'au  siècle  dernier.  Elle 
avait  sans  doute  subi  des  augmentations  à  différentes 
époques,  mais  son  circuit  resta  sensiblement  le  même,  si 


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PRIONY  ET  LES  MOÛTIERS 

Ton  en  excepte  le  bastion  plus  tard  construit  dans  le  quartier 
de  Sainl-Similien  par  Mercœup.  Pour  exécuter  ce  grand 
travail,  le  duc  s'y  prit  violemment  afin  de  briser  les  résis- 
tances des  particuliers  ou  des  établissements  qu'il  devait 
sacrifier  ou  endommager. 

Nous  n'entreprendrons  pas  de  raconter  les  protestations 
des  parties  lésées,  les  excommunications  fulminées  par  l'or- 
dinaire et  môme  par  la  Cour  de  Rome,  ni  les  emprisonne- 
ments et  autres  rigueurs  par  lesquelles  le  duc  répondit,  sans 
compter^les  avances  qu'il  avait  prises  dans  ce  mAme  sens. 
Cependant  nous  ne  pouvons  taire  que  l'église  Saint-Cyr  et 
Sainte-Julitte  fut  abattue  par  suite  dos  exigences  du  nouveau 
plan  des  remparts. 

CA  suivre). 

Abbé  Allard. 


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1^^^^ 

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LES  GRANDS  ÉCUYERS  HÉRÉDITAIRES 


DE     BlRETAGNE* 


-csSJSs^ 


Quoiqu'il  en  soit,    ces  deux  mariages  unirent   trois 
familles  dont  lès  noms  se  trouvent  à  chaque  page 
de  notife  histoire  des  quatorzième,  quinzième  et 
seizième  siècles. 

Le  nom  de  Blossac,  écrit  originairement  Beloçzac,  apparaît 
pour  la  première  fois  lors  de  la  guerre  de  la  succession.  Jean 
de  Blossac  servait  sous  la  bannière  de  Charles  de  Blois,  de 
même  que  Thibaud,  chevalier^  demeurant  paroisse  deNoyal- 
sur-Sciche,  qui  jura  le  traité  de  Guérande,  en  1365,  et  fut  ap- 
pelé comme  témoin  dans  l'enquête  de  canonisation  de  Charles 
de  Blois.  Dix  ans  plus  tard,  René  et  Balthazar  de  Blossac 
signent  la  paix  avec  la  France  (1381).  —  En  1406,  René  de 
Blossac  (le  même  que  ci-dessus  ou  son  héritier  de  même 
nom)  est  capitaine  de  Rennes.  En  1419,  le  duc  Jean  V  retient 

«  Voir  la  précédente  livraison. 


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LES  GRANDS  ÉGUYERS  HÉRÉDITAIRES  651 

a  Olivier  de  Beloczac  pour  chevaucher  avec  lui.  »  Enfin  on 
1427,  Jean,  seigneur  de  Blossac,  signait  le  traité  de  Troyes. 

Il  est  permis  de  croire  que  Blossac  avait  alors  le  titre  de 
bannière  ;  du  moins  ne  voyons-nous  pas  le  seigneur  de  Blos- 
sac créé  banneret  postérieurement;  et  cependant,  eu  1462, 
il  est  appelé  en  cette  qualité  aux  Etats  de  Vannes. 

C'est,  comme  nous  Tavons  dit,  Théritiôre  de  Jean  de  Blossac 
qui  porta  la  seigneurie  de  Blossac  dans  la  maison  de  Mont- 
bourcher. 

La  notoriété  de  la  maison  de  Blossac  (^tait  de  fraîche  date 
auprès  de  Tillustration  des  Montbourcher. 

Le  nom  de  Montbourcher  se  trouve  dès  le  onzième  siècle. 
Il  désignait  une  terre  dont  le  duc  Geffroy  donna  la  dîme  à 
Tabbaye  Saint-Georges  de  Rennes,  quand  sa  fille  y  prit  le 
voile.  Un  siècle  plus  tard,  Simon  de  Montbourcher  était  té- 
moin d'une  donation  du  duc  Conan  en  1163. 

En  1233,  Guillaume  de  Montboucher  était  chargé  avec 
Normand  de  Québriac  de  tirer  vengeance  de  Tévêque  de 
Dol  resté  fidèle  au  roî  contre  Pierre  Mauclerc*. 

En  1271,  Geoffroy  de  Montbourcher  partait  pour  la  croi- 
sade avec  Jean  Le  Roux. 

Pendant  les  guerres  de  la  succession  Jehan,  Guillaume, 
Auffroy,  Louis  servaient  sous  Charles  de  Blôis.-  Guillaume 
faisait  partie  de  Tambassade  qui  allait  en  Angleterre  en  1352, 
réclamer  la  mise  en  liberté  de  Charles  ;  Auffroy  est  nommé 
dans  l'Enquête  de  canonisation'. 

Après  la  fuite  de  Jean  IV  en  Angleterre,  et  quand  le  roi  de 

*  II  a  été  entandu  deux  fols  :  Sur  la  vie  et  sur  les  miracles  de  Charles. 
(LoBiNEAU,  Pr,  col.  552  et  567). 

*  LoBiNEAU,  Hist.  232  et  Pr.  col.  .'88. 

s  LoBiNBAU,  Pr,  col.  558  (XXV»  témoin).  C*est  Au ffr^jT  qui,  pendant  que 
Charges  de  Blois  faisait  dire  la  messe  en  pleine  campagnâ^ni  dit  :  «  Seigneur, 
rennôxni  est  proche,  tous  êtes  en  telle  position  qu*il  pourrait  tous  prendre,  » 
et  qui  obtint  cette  réponse  :  «  Monsieur  Auffroy,  nous  aurons  toujours  des 
Tilles  et  des  châteaux  ;  et  s'ils  sont  pris,  nous  les  reprendrons  avec  Taide  de 
Dieu  ;  mais,  si  nous  manquons  d'ent3udre  une  messe,  roccasion  en  sera 
perdue  k  jamais.  » 


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652  LES  GRANDS  ECU YERS  HÉRÉDITAIRES 

France  s'empare  de  la  Bretagne  sous  prétexte  qu'elle  est 
sans  maître;  Alain,  Bertrand  et  Simon  de  Montbourcher 
sont  an  nombre  des  seigneurs  qui  rappellent  le  duc  (1379). 

En  1388,  le  duc  Jean  IV  avait  accepté  le  roi  pour  arbitre 
entre  lui  et  Clisson.Puis,chang6antd'avis^cette  espèce  de  fou*, 
semble  disposé  à  se  soustraire  à  l'arbitrage,  risquant  d'at- 
tirer sur  lui  une  armée  française,  au  moment  môme  où  une 
flotte  anglaise  ravage  les  côtes  de  Bretagne.  Il  faut  lire  dans 
d'Argentré  les  observations  qu'osa  faire  le  sire  de  Mont- 
bourcher, et  qui  heureusement  furent  écoutées  par  le  duc*. 

Dix  ans  plus  tard,  nous  trouvons  deux  frères,  Alain  et 
Simon,tous  deux  chevaliers,  et  successivement  seigneurs  du 
Bordage'.  Tous  deux  s'engagent  à  garder  Saint-Brieuc  au  duc*. 

En  1404,  Simon  faisait,  comme  nous  l'avons  vu,  partie  de  la 
maison  du  duc,  en  qualité  d'écuyer,  mais  au  môme  litre  que 
Alain  Lescoff. 

Enfin,  son  fils  Bertrand,  seigneur  du  Bordage,  était  de  la 
garde  du  duc  en  1419  ;  il  figure  comme  chambellan  en  1428  ; 
et  il  était  capitaine  de  Saint-Aubin  du  Cormier  en  1434. 

De  son  mariage  avec  l'héritière  de  Blossac,  ce  vaillant 
homme  ne  laissa  pas  de  fils,  et  sa  fllle  Jeanne,  dame  de  Blossac 
et  Brécé,  donna  sa  main  et  porta  ses  seigneuries  à  Thomas 
de  Québriac, 

Les  Québriac  ne  le  cédaient  ni  en  ancienneté,  ni  en  illus- 
tration aux  Montbourcher. 

Nous  voyons  des  Québriac  témoins  de  fondations  pieuses 


*  Daru,  II,  137. 

*  D'Arointré,  liv.  X   Ch.  V.  Lobineau,  p.  466. 

*  Alain  et  Simon  descendaient  au  3*  degré  de  Renaud  ou  Raoul,  fils  cadet 
de  Geoffroy  ;  Raoul  fut  garde  des  sceaux  du  duc  et  fonda  la  branche  des 
J93igneurs  du  Bordage. 

*  LociNEAU  Pr.  col.  6S9  a  imprimé  ce  curieux  serment  par  deyant 
notaire.  Il  s'agit  d*une  ville  ouverte.  Quelles  étaient  donc  les  obligation* 
imposées  au  capitaine  d*une  place  forte  comme  Nantes,  Rennes,  Brest, 
Vannes  on  Dinan  ? 


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DE  BRETAGNE  653 

dès  les  premières  années  du  douzième  siècle.  Moins  d'un 
siècle  après,  ils  sont  parvenus  aux  honneurs. 

Un  Québriac  a,  le  premier,  porté  en  Bretagne  le  titre  de 
maréchal;  en  même  temps  il  est  sénéchal*.  C'est  Normand 
de  Québriac,  que  Pierre  Mauclerc  charge  d'assurer  sa  ven- 
geance sur  révoque  de  Dol.  Assisté  de  Guillaume  de  Mont- 
bourcher,  il  s'acquitte  de  sa  mission  avec  une  fureur  bar- 
bare :  il  met  à  sac  le  manoir  épiscopal  et  le  couvent  de  Vieuxvy 
dont  il  rançonne  les  moines  ;  et,  en  pleine  paix,  il  empri- 
sonne des  français  qu'il  oblige  à  racheter  leur  liberté. 

Ses  descendants  feront  plus  noble  usage  de  leur  épée.  De 
proche  en  proche,  nous  les  trouvons  chevaliers,  écuyers, 
hommes  d'armes  auprès  des  ducs.  Ainsi  Thomas  de  Québriac, 
chevalier,  est  à  la  cour  ducale  en  1311,  il  est  témoin  de  la 
délivrance  que  fait  le  duc  Jean  III  des  biens  donnés  par  son 
père  aux  enfants  de  son  second  mariage,  entr'autres  Jean  de 
Montfort. 

Lorsque  celui-ci,  après  avoir  accepté  le  jugement  du  roi, 
proteste  par  les  armes  contre  Tarrêt  de  Conflans,  les  Québriac 
se  rangent-ils  sous  la  bannière  de  Charles  de-  Blois,  et, 
quoi  qu'on  dise  aujourd'hui,du  vieux  droit  breton?  Auraient- 
ils  pu  d'ailleurs  combattre  pour  Montfort'?  • 

En  ce  dernier  cas,  ils  se  seraient  donné  comme  un  démenti 
à  eux-mêmes.  Ils  avaient  à  l'avnnce  fourni  un  argument  à 
Jeanne  de  Penthièvre.  Trois  frères  Québriac  vivaient  en- 
semble au  treizième  ou  quatorzième  siècle,  Alain,  Gilles  et 
Jean.  Gilles  mourut  laissant  des  enfants;  Alain  mourut 
après  lui  sans  enfants,  et  les  enfants  de  Gilles  recueillirent 
rhéritage  par  représentation  de  leur  père  et  à  l'exclusion  de 
leur  oncle  Jean.  Cet  exemple  était  invoqué  avec  plusieurs 
autres  par  Charles  de  Blois.  Plût  à  Dieu  que  Tambitieux 

«  LoBiNEAU.  Pr.  .col.  388,  appeUe  rattenlion  sur  le  double  titre  de  Nor- 
mand de  Québriac. 

*  LoBiNBAU  ne  les  nomme  pas  parmi  les  tenants  de  Charles  de  Blois  ;  mais 
son  énumération  est  loin  d'être  complète. 


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054  LES  GRANDS  ÉGUYERS  HÉRÉDITAIHES 

Monlforl  eût  été  aussi  sage  que  Jean  de  Québriac  !  Que  de 
ruines  et  de  carnages  il  eût  épargnés  à  noire  malheureux 
pays  ! 

La  paix  faite,  après  vingt  années  de  guerre,  les  Québriac 
servirent  loyalement  le  duc  Jean  IV,  comme  ils  avaient  servi 
ses  ancêtres.  On  peut  même  le  dire  :  ils  poussèrent  trop  loin 
la  fidélité.  En  1370,  Jean  IV,  qui  ne  sait  rien  refuser  aux 
Anglais,  leur  livre  passage  pour  aller  enPoitou  :  puis  il  s'effraie 
de  cette  audacieuse  maladresse,  et  cherche  des  appuis  contre 
la  résistance  des  Bretons  qu'il  prévoit  trop  tard.  Six  Québriac 
s'engagent  envers  le  duc  ;  mais  ils  n'empêcheront  pas  les 
seigneurs  bretons  de  tenir,  quelques  années  plus  tard,  la 
parole  qu'ils  onit  donnée  au  duc  par  la  bouche  de  Glisson  : 
«  Si  vous  prenez  parti  pour  le  roi  d'Angleterre,  nous  vous 
mettrons  hors  de  Bretagne  (1373).  » 

D'autres  Québriac  suivent  du  Guesclin  dans  toutes  ses 
guerres  depuis  1359  ;  et  nous  les  retrouvons  auprès  de  lui 
jusqu'à  la  veille  de  sa  mort  (1380). 

La  paix  faite  avec  la  France,  les  Québriac  se  retrou- 
vent auprès  du  duc  en  1434  ;  et  ils  servent  sous  le  comte  de 
Richemont,  en  1428 

La  famille  est  nombreuse,  et  dix  Québriac  prêtent  serment 
au  duc  François  II  dans  les  évêchés  de  Saint-Brieuc,  Dol  et 
Saint-Malo  (1487).  Parmi  eux  est  Thomas,  que  la  duchesse 
Anne  donnera  en  otage  des  engagements  onéreux  qu'elle 
prendra  (en  1489)  envers  le  roi  d'Angleterre. 

Ce  prénom  de  Thomas  que  nous  avons  écrit  plusieurs  fois 
et  que  nous  écrirons  encore,  nous  allons  le  voir  passer  de 
génération  en  génération  dans  la  maison  de  Québriac". 


<  Un  ThoJias  de  Québriac  est  nommé  comma  chevalier  en  1306  :  il  est  té- 
moin djs  dispositions  prises  par  Jean,  fils  aîné  d*Ârthar  lU,  en  faveur  des 
enfants  du  second  mariage  de  son  père.  1310.  Nous  trouvons  en  1391  an  autre 
Thomas  de  Québriac.  Le  mari  de  Jeanne  dd  Montbonrcher  avait  pour  père 
Thomas  :  il  hérite  de  ce  nom  et  le  transmet  à  son  fils  et  au  fils  de  celui-ci, 
tour  à  tour  seigneurs  de  Québriac,  Blossac  et  Brécé,  et  grands  écujers. 

Quand  ce  dernier  mariera  sa  fille,  béritièra  de  Québriac,  le  premier  enfant 


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DE   DTIETACXE  655 


VI 


Le  premier  Québriac  quî  ait  eu  le  litre  de  grand  écuyer, 
Thomas,  élait  nis  de  Thomas  et  de  Marie  de  Parthenay.  Il 
ne  semble  pas  qu'il  fût  déjà  seigneur  de  Québriacen  1433, 
lorsqu'il  figure  au  nombre  des  officiers  du  duc  qui  reçoivent 
t'es  étrennes*. 

On  peut  admettre  que  c'est  ce  même  Thomas  qui  remplit 
l'office  de  grand  écuyer  en  1451, 1455  et  1462;  maia  les  faits 
suivants  se  rapportent-ils  au  même  ou  à  son  fils  de  même 
prénom?... 

En  1488,  Thomas,  sire  de  Québriac,  était  un  des  trente 
gentilshommes  que  le  maréchal  de  Rieux  avait  laissés  à  la 
garde  de  Dinan   sous  le   commandement  d'Amaury  de  la 


né  du  mariage  ]>ortera  le  nom  de  Thomas  ;  trente  ans  plus  tard,  cet  en- 
fant devenant  père  à  son  tour  imposera  à  Tun  de  ses  fils  le  nom  de  (Thomas, 
et  quand  celui-ci  mourra  en  bas-âge,  un  frère  né  après  sa  mort  reprendra 
ce  nom. 

Les  Québriac  avaient  à  saint  Thomas  une  dévotion  particulière,  qui  passa 
comme  un  héritage  avec  la  seigneurie.  Il  y  avait  dans  le  fossé  du  château 
de  Québriac  une  chapelle  dédiée  à  saint  Thomas.  Le  petit-fils  du  dernier 
Thomas  de  Québriac,  Thomas  de  Guémadeuc  avait  endommagé  la  chapelle 
en  augmentant  les  fortifications  :  et,  en  mourant,  il  recommanda  par  son 
testament  d'élever  une  chapelle  à  la  place  de  Tancienne.  U  n*en  reste  aucune 
trace.  v 

Pour  le  dire  en  passant,  cette  perpétuité  des  prénoms  n*est  pas  une  mince 
difficulté  pour  les  généalogistes.  Elle  était  à  la  mode,  du  XII*  au  XVI«  siècles. 
De  1418  â  15S8,j*ai  compté  sept  Rolland  de  Lezongar,  successeurs  Vnn  de 
Tautre  à  Pratanras  (Penhars)  ;  de  1300  à  1500,  je  trouve  huit  Rolland  de 
suite  dans  les  seigneurs  de  Ouémadeuc  (Pléneui).  Dans  la  maison  du  Juch  de 
Pratanrouz  (Penhars),  pendant  un  siècle  et  demi  tous  se  nomment  alterna- 
tivement Hervé  et  Henri.  Dans  la  maison  de  Nevei,  le  prénom  de  Hervé  est 
aussi  très  habitael. 

t  Du  moins  le  titre  de  Sire  de  Québriac  ne  lui  est-il  pas  donné.  Lobxnbàu, 
Pr.  Col.  103^. 


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656  LES  GRANDS  ÉGUYER3  HÉRÉDITAIRES 

Moussaye.  Au  lendemain  de  la  bataille  de  Saint-Aubin,  la 
ville  est  sommée  par  le  vicomte  de  Rohan.  -Que  pouvait-elle 
contre  l'armée  du  roi  victorieuse?  Elle  se  rend  bagues 
sauves.  Thomas  de  Québriac  redevenu  libre  reste  fidèle  à  la 
duchesse  ;  et,  Tannée  suivante,  il  est  un  des  gentilshommes 
que  la  duchesse  doit  remettre  au  roi  d'Angleterre  comme  ga- 
rants des  promesses  qu'elle  lui  a  faites  pour  obtenir  son 
secours. 

Il  y  a  toute  apparence  que  ces  faits  se  rapportent  non  à 
Thomas  marié  avant  1451,  puisqu'il  remplit  cette  année 
l'office  de  grand  écuyer  du  chef  de  sa  femme ,  mais  à  son  fils 
de  même  nom. 

Est-ce  ce  fils,  otage  en  1488,  qui  eut  pour  femme  Renée 
d'Espinay,  auquel  naquit  un  fils  en  1507',  et  qui  était  mort 
avant  1513'  ?  Faut-il  supposer  uu  intermédiaire  entre  eux,  et 
croire  que  le  Thomas  de  Québriac  né  en  1507  était  seule- 
ment le. petit-fils  de  Thomas,  nommé  sire  de  Québriac  en 
1488? 

Quoiqu'il  en  soit,  Thomas  sire  de  Québriac,  né  en  1507, 
paraît  avoir  eu  pour  femme  Marguerite  ou  Claude  de  Guibé'. 
Il  avait  onze  ans  lorsque,  le  9  octobre  1518,  François  1",  roi 
de  France,  fit  son  entrée  à  Rennes  comme  duc  de  Bretagne 
du  chef  de  la  reine  Claude.  Le  grand  écuyer  ne  pouvait,  à 
raison  de  son  âge,  exercer  son  office  ;  mais  François  de  Saint- 
Amadour,  son  tuteur,  eut  grand  soin  de  réserver  les  droits 
de  son  pupille.  François  I*',  en  reconnaissant  ce  droit  ancien 
confirma  au  seigneur  de  Brécé  le  privilège  de  porter  l'épée 
ducale  devant  le  duc  à  son  entrée  à  Rennes  et  de  retenir 
pour  lui  le  cheval  monté  par  le  duc  dans  cette  solennité*.  Nous 

«  Sépultures  de  Québriac.  L*acte,  dressé  en  1553,  le  dit  âgé  de  46  ans. 
>  Réformation  des  fouages  de  Goven,  1513.  Renée  d'Espinay  est  dénommée 
douairière  de  Blossac,  alors  uni  à  Brécé.  , 

s  Le  Ladourbur.  Généalogie  des  Budes, 
*  M.  Coutfon  de  KerdellecU. 


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DE   BRETAGNE  657 

allons  voir  comment,  quelques  années  plus  lard,  la  parole  du 
roi  de  France  sera  tenue. 

Nous  sommes  en  1532.  François,  dauphin  de  France  et  duc 
de  Bretagne,  entre  à  Rennes.  Thomas  de  Québriac  a  vingt- 
cinq  ans^  et,  dit  Fauteur  que  j*ai  plusieurs  fois  cité,  il  remplit 
son  office  de  grand  écuyer*.  » 

Sur  ce  point  il  faut  lire  le  procès-verbal  authentique  dressé 
par  M*  Michel  Champion,  sieur  de  Chartres,  licencié  ès-droits 
procureur  des  nobles,  bourgeois,  manants  et  habitants  de 
Rennes*. 

A  peine  le  daCuphin  est-il  arrivé  à  Tabbaye  Saint-Mélaine, 
qu'il  lient,  le  12  août,  une  «audience  à  laquelle  se  représentent 
ceux  qui  doivent  assistance  et  service  au  couronnement.  »  . 

Louis  de  Rohan,  sire  de  Guémené,  se  présente  le  premier'. 
Il  réclame  «  son  droit  ancien  de  tenir  et  garder  la  couronne 
ducale  »  quand  elle  ne  sera  pas  sur  la  tôte  du  duc.  Informa- 
tion faite,  le  droit  du  sire  de  Guémené  est  reconnu;  mais 
comment  va-t-il  l'exercer?  —  Le  droit  de  mettre  et  d*ôter  la 
couronne  du  duc  est  commis  au  marquis  de  Pont,  fils  aîné 
du  duc  de  Lorraine,  pour  cette  fois  seulement  «  voulant  le 
duc  gratifier  ainsi  le  marquis.  »  Le  sire  do  Guémené  n'est 
pas  seulement  Rohan,  il  est  neveu  par  alliance  de  Jacques 
vicomte  de  Rohan,  qui,  plus  que  personne,  a  travaillé  à  faire 
de  la  Bretagne  une  province  française.  Il  aurait  mauvaise 
grâce  à  essayer  d'une  protestation  inutile.  Il  se  soumet,  et 
il  se  contentera  de  porter  le  carreau  de  velours  sur  lequel  le 
marquis  de  Pont  déposera  la  couronne. 

Après  «  se  présente  pour  grand  écuyer,  à  cause  de  sa  terre 
de  Brécé»,  Thomas,  seigneur  de  Québriac.  Il  revendique  le 

*  M  Couffon  de  KerdeUech. 

>  DomMoricb,  Pr.  m.  Col.  100  MOI  0.  ~  Le  procureur  a  eu  bien  soin  de 
copier  au  long  la  harangue  qu*il  adressa  au  nouveau  duc.  Elle  est  curieuse 
il  lire. 

*  Louis  de  Rohan  V«  du  nom,  comte  de  Montbazon,  marié  en  1529  à  Mar- 
guerite, fille  de  Quy  VI,  comte  de  La^al,  mort  en  1557. 


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658  LES  GRANDS  ÉCUYERS  HÉRÉDITAIRES 

droit  de  porter  Tépée  dacale  :  son  droit,  confirmé  en  1518,  est 
incontestable  et  est  reconnu. 

Le  lendemain,  le  duc  entre  en  ville  par  le  pont  aux  Fou- 
lons, Québriac  montant  «  un  coursier  noir  »  précède  le  duc 
et  porte  Tépée  en  bandoulière.  Dans  le  cortège  marche  Fran- 
çois, flls  naturel  du  duc  François  II,  baron  d'Avaugour,  por- 
tant sur  l'épaule  le  bâton  de  maréchal  de  Bretagne.  On  arrive 
au  manoir  épiscopal  près  de  Téglise  Saint-Pierre,  et  le  duc 
met  pied  à  terre.  A  ce  moment,  'e  grand  écuyer  réclame, 
selon  son  droit  ancien,  c  le  coursierdu  duc,  »  et  il  veut  lefaire 
prendre  par  un  de  ses  gens  ;  mais  «  il  en  est  empoché  par  un 
écuyer  du  duc,  qui  s'en  saisit.  »  Québriac  proteste  :  «  et  sont 
les  controverses  remises  pour  en  passer  par  le  conseil  du 
seigneur  duc.  » 

Le  duc  entre  à  la  cathédrale  pour  entendre  vêpres,  et  se 
retire  au  manoir  épiscopal,  Québriac  portant  l'épée. 

La  cérémonie  du  couronnement  a  lieu  le  iQjndemain,  14  ; 
mais  Québriac  n'apparatt  plus  et  Tépée  ducale  sera  tenue  par 
le  baron  d'Avaugour*. 

Comment  expliquer  ce  changement  de  personne?  Le  pro- 
cureur Champion  le  mentionne  sans  nous  en  donner  la  cause, 
Ne  serait-ce  pas  que  le  conseil  du  duc  a  repoussé  la  réclama- 
tion de  Québriac  ?  Celui-ci  a-t-il  tenu  à  jouir  de  sa  vieille  pré- 
rogative; ou  bien,  moins  souple  que  le  sire  de  Guémené,  a-t-il 
refusé  de  remplir  son  office  ?  Serait-ce  que  le  duc  en  donnant 
répée  au  baron  d'Avaugour,  son  grand  oncle  naturel,  a  jugé 
bon  de  le  «  gratifier  pour  cette  fois  »  au  préjudice  du  sei- 
gneur de  Brécé,  comme  il  a  gratifié  le  marquis  de  Pont  au 
préjudice  du  sire  de  Guémené? 


<  Ceci  est  con Armé,  s'il  en  était  basoin,  par  Textrait  des  actes  capitulaires 
de  Téglise  de  ileanes  qae  ne  donne  pas  dom  Morice,  mais  que  dom  Lobineau 
a  publié.  Pr.  col.  1602.  —  Cette  pièce  énonce  que  Québriac  portait  an  des 
bâtons  du  dais  ;  mais  Lobineau  démontra  Terreur  :  au  lieu  de  QuébnaCt  il 
faut  lir3  Blossao,  ~  Lobineau,  p.  843«t 


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DE  BRETAGNE  659 

Quoiqu'il  en  soit,  à  la  cérémonie  du  couronnement,  Thomas 
de  Québriac  ne  remplit  pas  Toffice  de  grand  écuyer. 

La  vérité  est  que  la  fantaisie  du  nouveau  duc  remplaçait 
l'ancienne  possession  des  seigneurs  bretons;  et  pendant  que 
de  bruyantes  acclamations  saluaient  le  dauphin  de  France 
comme  duc  de  Bretagne,  plus  d'un  vieux  Breton  devait 
murmurer  :  «  Fifiis  Britannim  !  » 

A  43ette  année  1532,  date  de  la  réunion  définitive  de  la 
Bretagne  à  la  France,  M.  Gouffon  de  Kerdellech  interrompt 
les  listes  des  Grands  Officiers  du  duché  de  Bretagne.  Pourquoi 
ne  pas  les  continuer  plus  loin?  Les  titres  des  grands  officiers 
restèrent  au  moins  comme  titres  honorifiques,  et  en  1614,  le 
roi  Louis  XIII,  dans  une  occasion  solennelle,  ne  dénia  pas  au 
baron  de  Châteaugiron  son  titre  de  grand  chambellan*. 

C'est  pourquoi  nous  allons  suivre  les  grands  écuyers  héré- 
ditaires jusqu'à  la  Révolution. 

J.  Trévédy, 
Ancien  président  du  tribunal  de  Quimper. 

(À  suivre,) 


*  Le  t9  août  1614,  le  roi  Louis  XUI,  duc  de  Bretagne,  et  la  reine  mère 
ouvrirent  les  Etats  de  Nantes.  Le  baron  de  Châteaugiron,  grand  chambellan, 
était  alors  Charles  II  de  Cossé,  comte  et  bientôt  dac  de  Brissac,  grand  panne- 
tier  et  maréchal  de  France,  lieutenant  général  du  Roi  en  Br^ttagne  (a).  11 
se  présenta  deraandant  à  faire  son  service  de  grand  chambellan  et  il  fut 
dressé  de  son  offre  un  procès^verbal  qui  fut  publié  aux  Etats  (b^. 

(a)  Il  tenait  CbàteaugiroQ  da  chef  de  sa  femme  Judith  d'Acigaè  décédée  en  1698. 

(b)  La  GbesDaye«de8-BoIs, /)<c/.  gén„  T.  xv,  suppL,  p.  441.  Ed.  de  1761. 


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SOUVENIRS  DOMICAINS 

DANS   LE   DIOCÈSE   DE    SAINT-BRIEUC 


DEUXIÈME  PARTIE* 


CHAPITRE  VI. 
Notre-Dame  de  Nazareth  de  Plancoèt, 

LE  souvenir  des  pieuses  filles  de  saint  Dominique  vit 
encore  à  Dinan,  dans  leup  beau  monastère  transformé 
en  Hôtel-Dieu  et  dominant  la  vieille  cité  bretonne 
comme  la  forteresse  de  la  charité,  dans  les  fresques  du 
chœur  de  leur  église,  dans  les  quelques  registres,  débris  de 
leurs  archives,  où,  môme  après  la  ruine  de  la  communauté. 
Ton  a  continué  d'inscrire  le  nom  des  religieuses  qui,  bannies 
de  ces  murs  aimés,  mouraient  fidèles  à  leur  vocation  et  aux 
engagements"  sacrés  de  leur  jeunesse.  Mais  ni  le  sanctuaire 
de  Notre-Dame  de  Nazareth,  ni  les  pèlerins  qui  le  visitent, 
ne  se  souviennent  plus  qu'à  la  blanche  phalange  des  Frères- 
Prêcheurs  furent  confiées,  pondant  un  siècle  et  demi,  la  garde 

*  Voir  la  livraison  5«  année,  5^  livraison. 


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SOUVENIRS   DOMINICAINS  661 

de  la  sfaluo  miraculeuse  et  la  propagation  du  culte  qu'à  ses 
pieds  on  rendait  à  la  Mère  de  Dieu. 

Presqu*en  môme  temps  qu'ils  étaient  mis  en  possession  de 
ce  double  honneur,  l'un  d'entre  eux,  qui  nous  est  déjà  connu, 
le  Père  Richard  Guillouzou,  pour  répondre  aussitôt  à  la  con- 
fiance de  révoque  de  Saint-Malo  et  pour  satisfaire  sa  propre 
dévotion,  écrivait  l'histoire  de  Tirnage  vénérée  et  des  prodiges 
obtenus  à  Nazareth  :  œuvre  naïve,  qui  n'était  pas  sans  valeur, 
mais  dont  on  a  oublié  jusqu'au  titre.  Qui  se  souvient,  en 
effet  d'avoir  jamais  vu  le  Nouveau  jardin  à  fleurs  de  la  T.  5, 
Vierge  au  terroir  de  Bretagne^  dans  la  dévotion  florissante  de 
la  sainte  Chapelle  de  Nazareth  à  Plancoët,  dans  VEvesché  de 
Saint'Malo  ?  C'est  un  petit  in-12  de  312  pages,  publié  à  Rouen 
en  1655. 

Il  y  a  plus  de  cinquante  ans,  le  livre  du  Père  Guillouzou 
était  déjà  à  peu  près  introuvable.  La  dévotion  des  pèlerins 
réclamant  sur  Torigine  et  sur  le  passé  du  sanctuaire  des 
notions  précises,  le  libraire  Prudhomme,  de  Saint-Brieuc, 
résolut  d'en  donner  au  public  une  édition  nouvelle.  Elle  fut 
si  nouvelle,  eh  effet,  que  le  titre  môme  de  l'édition  originale 
y  a  disparu,  pour  faire  place  à  celui-ci  :  Histoire  de  la  décou- 
verte de  la  sainte  image  de  Notre-Dame  de  Nazareth^  copiée 
sur  V ancien  original  du  Père  Guillouzou^  avec  une  courte  rela- 
tion des  grâces  accordées  d  ceux  qui  se  sont  adressés  à  elle 
dans  leurs  nécessités. 

C'est  un  tout  petit  volume  in-18,  de  xxviii,  152  pp.,  divisé 
en  deux  parties,  la  première  avec  sept  chapitres,  la  seconde 
avec  trois.  Un  Avant-Propos  avertit  le  lecteur  que  ^a  publi- 
cation de  1655  était  dédiée  à  madame  la  Marquise  d'Assérac 
«  qui  avait  beaucoup  contribué  à  la  fondation  du  Monastère 
de  Nazareth  '>,  et  qu'on  a  supprimé  «  comme  inutiles  et  de 
mauvais  goût,  les  longues  épitres  en  prose  et  en  vers  placées 
à  cet  effet  en  tôte  du  volume.  On  a  d'ailleurs,  ajoute-t-on, 
corrigé  les  expressions  qui  ne  sont  plus  en  usage,  retranché 
certaines  idées  singulières  et  quelques  réflexions  ennuyeuses 

T.   VI.  —  NOTICES.   —  Vl*  ANNÉE,  6**   LIV.  43 


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662  SOUVENIRS  DOMINICAINS 

par  leur  longueur  »  ;  enfin,  dans  un  sentiment  de  prudence 
très  appréciable,  on  rejette  «  les  incorrections  »  de  la  nou- 
velle édition  sur  «  Tattention  que  Ton  a  mise  à  se  rapprocher 
autant  que  possible  de  la  première  ».  C'est  le  procès  le  plus 
complet  de  l'oeuvre  de  1843,  devenue^à  son  tour  extrêmement 
rare^  pour  ne  pas  dire  introuvable  aujourd'hui. 

Ces  préliminaires  terminés,  nous  arrivons  au  fait.  Sur  les 
limites  des  deux  diocèses  de  Saint-Malo  et  de  Saint-Brieuc, 
à  trois  lieiics  de  Dinan,  non  loin  de  Plancoôt  et  près  de  la 
route,  une  fontaine  avait  été  anciennement  creusée.  Large 
et  profonde  de  quatre  pieds,  elle  était  surmontée  d'un  groupe 
sculpté,  d'un  art  très  primitif,  représentant  la  Vierge  Marie 
et  son  divin  Enfant  sur  un  lourd  piédestal,  le  tout  en  pierre. 
Le  temps  détériora  ce  modeste  monument  et,  à  une  époque 
qu'on  ne  saurait  préciser,  il  tomba  dans  la  fontaine  et  finit 
par  disparaître,  absolument  oublié,  sous  les  herbes  et  le 
limon. 

En  1621,  un  habitant  du  pays  nommé  Champ-Rond  faisait 
bâtir  une  maison  rue  de  l'Abbaye;  l'eau  manquait  pour  détrem- 
per la  chaux.  Alors  deux  manœuvres, Jean  et  Bertrand  Marel, 
eurent  la  pensée  d'amener  jusqu'au  bâtiment  en  construction 
les  eaux  de  la  fontaine  Ruelle,  ou  Ruellan  ;  car  ainsi  la  nom- 
mait-on dans  le  pays.  En  essayant  de  retrouver,  pour  les 
déboucher,  les  anciens  canaux  de  la  fontaine,  depuis  tant 
d'années  obstrués  par  la  vase,  à  leur  grande  surprise  ils  trou- 
vèrent au  fond  de  l'eau  la  statue,  en  trois  morceaux  :  les  deux 
têtes  de  l'Enfant  Jésus  et  de  la  Sainte  Vierge,  toutes  deux 
couronnées,  le  corps,  et  enfin  le  piédestal.  Dans  un  sentiment 
de  pieux  respect,  il  rajustèrent  ces  débris  et  les  dressèrent 
sur  le  bord  de  la  fontaine. 

Aussitôt,  et  comme  par  enchantement,  le  habitants  des 
paroisses  voisines  accoururent,  et  pendant  trois  semaines  ce 
fut  autour  de  la  sainte  image  une  aflluence  considérable  de 
visiteurs  et  de  pèlerins.  Mais  un  jour,  un  pauvre  fou,  Gilles 
Portier,  dans  un  accès  de  fureur,  renversa  la  statue  dans  Teau, 


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DANS  LE  DIOCÈSE   DE   SAINT-BRIEUG  '  663 

et  Ton  put  croire  que  le  mouvement  de  dévotion  produit  par 
sa  réapparition  inopinée  disparaîtrait  avec  elle. 

Cependant,  un  mystérieux  sentiment  de  terreur  semblait 
désormais  attaché  à  la  fontaine  Ruellan.  Plusieurs  personnes, 
pourtant  sérieuses,  avouaient  qu'elles  ne  pouvaient  s'en  dé- 
fendre quand  elles  venaient  y  boire  ou  y  puiser  de  Teau.  Les 
uns  racontaient  qu'étant  venus  y  couper  des  joncs,  ils  avaient 
entendu  à  trois  ou  quatre  reprises  des  voix  tout  à  fait  claires 
et  gémissantes,  d'autres  qu'elles  avaient  vu  des  lumières  sur 
la  fontaine.  Depuis  vingt-trois  ans  que  lastatue  avait  disparu, 
ces  récits  se  répétaient,  entretenant  dans  les  esprits  une  sorte 
de  frayeur  religieuse,  quand  un  jour,  au  mois  de  novembre 
1642,  un  bourgeois  de  Dinan,  Pierre  Le  Marchand,  qui  reve- 
•  nait  de  la  foire  de  Matignon,  s'arrôta  pour  faire  boire  son  che- 
val à  la  fontaine  ;  mais  ce  fut  en  vain  qu'il  essaya  de  l'ame- 
ner ius^qu'au  bord  de  Teau  ;  frappé  rudement,  ranimai  se 
laissa  tomber  sur  ses  genoux,  pendant  que  son  maître,  stu- 
péfait, épouvanlé,entendait  sortir  de  l'eau  des  voix  plaintives. 

L'année  suivante,  le  jour  de  Sainte- Anne,  26  juillet,  la 
même  chose  arriva  à  François  Billy,  de  Plancoct.  Alors  ce 
fut  dans  tout  le  pays  un  grand  émoi,  et  l'on  se  prit  à  citer 
d'anciennes  prophéties  rimées,  où  l'on  crut  voir  l'annonce 
assez  claire  des  événements  qui  allaient  amener  Téraclion 
du  sanctuaire  de  Nazareth. 

Tous  ces  dires,  oa  les  opinions  les  plus  contradictoires  ne 
pouvaient  manquer  de  se  heurter,  excitèrent  si  bien  la 
curiosité,  qu'un  jeune  homme  de  vingt-et-un  ans,  Allain 
Faguet,  fils  d'un  marchand  quincaillerde  la  rue  de  l'Abbaye, 
voulut  avoir  le  cœur  net  de  tout  ce  qui  se  racontait  delà 
statue  soi-disant  retrouvée,  puis  retombée  dans  la  fontaine 
merveilleuse.  Il  fit  partager  son  désir  à  ses  deux  frères, 
Jacques  et  Jean  Faguet,  et  le  lendemain  de  la  fôte  du  Rosaire, 
lundi  3  octobre  1644,  ils  se  mirent  tous  trois  en  devoir  de 
fouiller  la  fontaine  Ruellan.  Leurs  premières  recherches 
eurent  si  peu  de  succès  que  l'aîné  renonça  bientôt  à  l'en- 


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664  SOUVENIRS  DOMINICAINS 

Ireprise  ;  mais  le  second  ayant  enfin  découvert  le  corps  de  la 
statue,  ils  -reprirent  ensemble  leurs  fouilles,  et  ne  tardèrent 
pas  à  retirer  du  fond  des  eaux  et  de  la  vase  les  deux  têtes  de 
l'Enfant-Jésus  et  de  la  Vierge.  Restait  le  piédestal,  dont  ils 
constatèrent  bientôt  la  présence  ;  seulement,  il  était  si  pesant, 
la  fontaine  si  étroite,  que  Textraction  leur  parut  trop 
difficile.  Pour  ce  jour-là  du  moins  ils  y  renoncèrent,  et  se 
contentèrent  de  replacer  Tun  sur  Tautre,  tant  bien  que  mal, 
les  deux  premiers  débris,  en  les  appuyant  à  la  tige  d'un 
chêne. 

Le  résultat  obtenu  était  trop  encourageant,  pour  qu'ils 
n'eussent  pas  le  désir  de  pousser  jusqu'au  bout  l'entreprise . 
Le  mercredi,  5  octol3re,  ils  retournèrent  à  la  fontaine,  et  ayant 
cette  fois  réussi  à  en  retirer  le  piédestal,  ils  rétablirent  enfin 
les  trois  précieux  débris  sous  un  berceau  de  feuillage. 

Trois  hommes  les  avaient  aidés  dans  cette  double  opération, 
un  marchand  et  un  laboureur,  qui  passaient  par  là,  et  surtout 
Guillaume  Huet,  marchand  de  la  rue  de  TAbbaye.  Il  faut  dire 
que  Guillaume  Huet  avait  eu,  pour  seconder  les  efforts  des 
trois  frères  Paguet,  une  raison  très  particulière.  Six  mois  au- 
paravant, subitement  atteint  d'un  mal  étrange  et  douloureux, 
enflé  des  pieds  à  la  tête,  condamné  par  les  médecins  les  plus 
habiles  du  pays,  et  notamment  par  un  homme  de  l'art  qui 
jouissait  à  Dinan  et  dans  toute  la  contrée  d'une  renommée 
sans  rivale,  il  avait  fait  vœu  d'aller  prier  la  Sainte-Vierge  à 
la  fontaine  Ruellan,  et  s'était,  trois  heures  après,  à  la  stupé- 
faction de  tous  les  siens,  trouvé  en  état  d'accomplir  son  vœu. 
Comment  aurait-il  pu  rester  indifférent  à  la  pieuse  tAche 
entreprise  par  les  trois  jeunes  gens,  surtout  après  le  premier 
résultat  qui  était  venu  encourager  leurs  recherches?  La 
découverte  et  le  rétablissement  tel  quel  de  la  statue  tout 
entière,  accrut  encore  sa  dévotion  et  sa  gratitude  envers  la 
Mère  du  Sauveur,  il  lui  sembla  qu'il  se  devait  absolument  à 
celle  qui  lui  avait  rendu  la  santé  et  la  vie.  Il  abandonna  donc 
sa  maison,  s'organisa  en  face  de  la  sëiinte  image  une  sorte  de 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  SAINT-BIUEUG  605 

loge  OÙ  il  pût  passer  les  nuits  et,  dans  sa  reconnaissance^  se 
constitua  lui-même  le  gardien  de  sa  bienfaitrice.  Le  recteur 
de  la  paroisse,  touché  de  la  dévotion  de  cet  excellent  homme, 
le  chargea  de  recueillir  et  de  garder  les  offrandes  des  pèlerins. 

C*est  qu'en  effet  les  pèlerins  accouraient  en  foule,  et  Guil- 
laume Huet,  jaloux  de  leur  montrer  dans  un  appareil  moins 
misérable  la. vénérable  image  de  celle  qui  était  devenue  sa 
damo  et  maîtresse,  s'entendit  avec  les  habitants  de  Plancoët^ 
pour  élever  une  chapelle  en  bois,  avec  un  autel  pour  la  statue. 
En  moins  de  quinze  jours  tout  fut  terminé,  et  dès  lors 
l'affluence  des  pèlerins  devint  telle,  qu'un  jour  on  en  compta 
jusqu'à  deux  mille. 

Merveilleux  étaient  les  récits  de  toutes  ces  bonnes  gens. 
Non-seulement  ils  racontaient  de  nombreuses  guérisons  , 
accordées  par  la  Mère  de  Dieu  dans  ce  modeste  sanctuaire, 
mais  plusieurs  avaient  vu  des  lumières,  partant  du  ciel 
comme  des  rayons  splendides,  s'arrêter  longuement  sur  la 
fontaine  et  sur  la  chapelle.  D'autres  avaient  vu  la  Sainte- 
Vierge  elle-même.  Les  affirmations  de  quelques-uns  parurent 
si  précises,  si  bien  prouvées,  qu'on  en  dressa  procès-verbal. 
Le  fait  suivant,  par  exemple,  fut  authentiquement  enregistré. 
C'était  le  18  octobre  1644,  par  conséquent  quelques  jours 
après  que  la  statue  extraite  de  la  fontaine  eut  été  installée 
dans  la  chapelle;. trois  hommes  étaient  partis  la  nuit  en  pèle- 
rins, ainsi  que  trois  autres  personnes  du  même  village,  avec 
la  pieuse  ambition  d'être  les  premiers  à  saluer,  ce  jour-là,  la 
Mère  de  Dieu  dans  son  sanctuaire.  Quand  ils  arrivèrent  en 
vue  de  la  chapelle,  le  jour  commençait.  Mais  ils  virent  devant 
eux,  sur  le  chemin,  une  dame  de  haute  taille,  vêtue  de  blanc, 
et  ils  se  reprochaient  d'avoir  été  devancés  par  une  femme. 
Or,  au  moment  où  ils  allaient  l'atteindre,  elle  disparut  sou- 
dain, et  vainement  ils  essayèrent  de  raperccvoir  dans  la 
campagne.  Quand  ils  arrivèrent  à  la  chapelle,  ils  la  trouvèrent 
fermée  :  Guillaume  Huet  et  son  compagnon  étaient  encore 
.  endormis. 


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606  SOUVENIRS   DOMINICAINS 

En  face  de  ces  faits  extraordinaires,  de  leur  multitude,  de 
l'émotion  qu'ils  causaient  dans  la  contrée,  Taulorité  ecclé- 
siastique ne  pouvait  rester  indifférente.  La  population  de 
Plancoôt  provoqua  elle-même  une  enquête  régalière,  et  sur 
ses  instances,  secondées  par  celle  du  promoteur  du  diocèse  de 
Saint-Malo,  messire  Charles  Duruau,  vicaire-général  de 
révérendissime  seigneur  Charles  de  Harlay  de  Sancy , 
évoque  de  Saint-Malo,  se  transporta  sur  les  lieux.  Le  13  no- 
vembre 1644,  il  dressait  à  Plancoët  Pacte  suivant  : 

«  A  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Charles 
Duruau,  prêtre  de  l'Oratoire,  conseiller  du  Roi,  vicaire- 
général  de  Monseigneur  rillustrissime  et  Révérendissime 
évêque  de  Saint-Malo,  officiai  et  juge  en  la  Cour  ecclésias- 
tique du  môme  lieu,  salut  en  Notre-Seigneur  Jésus-Christ. 

«  Faisons  savoir  que,  sur  Tavis  qui  nous  a  été  donné  par  le 
vénérable  promoteur,  que  le  bruit  est  très  grand  des  mira- 
cles qui  se  font  chaque  jour  en  la  paroisse  de  Corseul,  près 
du  Bas-Plancoôt,  que  Ton  a  trouvé  dans  une  fontaine  une 
image  de  pierre  en  forme  de  croix,  portant  d'un  côté  la 
figure  du  Crucifiement  et  de  l'autre  celle  de  la  Sainte-Vierge 
portant  son  Fils  entre  ses  bras  ;  que  la  dite  fontaine  appelée 
Fontaine  Ituellan  est  un  lieu  de  concours  pour  les  pèlerins, 
dont  une  partie  sont  guéris,  et  qu'il  s'y  opère  plusieurs 
miracles  ;  nous  nous  y  sommes  transportés  pour  en  infor- 
mer et  connaître  la  vérité  des  prodiges  que  Ton  dit  s'y  opérer. 
Sur  quoi  nous  avons  mandé  aux  recteurs  des  paroisses  voisines, 
de  ce  diocèse  et  autres,  qu'ils  eussent  à  avertir  leurs  parois- 
siens qui  auraient  reçu  quelque  secours  en  leurs  maladies 
par  les  pèlerinages  qu'ils  auraient  promis,  que  nous  nous 
trouverons  au  Bas-PlancoGt  les  14,  15  et  16  du  courant,  et 
autres  jours  suivants  s'il  était  nécessaire,  pour  recevoir  leurs 
déclarations.  A  cette  fin,  d'après  la  requête  et  à  l'instante 
prière  que  nous  en  ont  faite  les  habitants  de  Plancoôt,  nous 
sommes  partis  ce  jour,  13  novembre  1644, de  la  ville  de  Saint- 
Malo  ,  assisté  du  vénérable  promoteur    et   de  Guillaume 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  SAINT-BRIEUG  007 

Guyhommats,  notaire  et  greffier  ordinaire  en  la  Cour  ecclé- 
siastique, et  nous  sommes  venus  coucher  au  Bas-Plancoët, 
dans  rhôtellerie  de  Pierre  Merdrignac.  Là  nous  avons  signé 
le  présent  acte.  Charles  Duruau,  vicaire-général^  officiai. 
Julien  AuBRY,  promoteur.  Guyhommats,  greffier.  » 

Le  lendemain,  14  novembre,  accompagné  du  greffier,  du 
promoteur,  des  recteurs  de  Corseul  et  du  Haui-Plancoôt,  des 
curés  du  Bas-Plancoot  et  de  Créhen,  de  trois  autres  prêtres, 
de  Claude  Tranchant  sieur  de  Vaulgallon,  du  sieur  de  la 
Ville-Rîeux,  du  sieur  de  la  Porte,  avocat  en  la  cour,  le 
vîcaire-génénal  se  rendit  à  Téglise  du  prieuré  de  Saint-Maur, 
au  BaS'Plancoët,  et  y  célébra  la  messe  en  présence  d'un 
grand  nombre  d'assistants,  accourus  des  paroisses  voisines. 
Après  quoi,  il  se  transporta  à  la  chapelle,  examina  la  statue 
et  les  objets  de  dévotion,  ex-voto,  naïfs  témoignages  de  foi  et 
de  reconnaissance  qui  Tentouraient,  et  enfin  il  reçut  les 
dépositions  de  témoins  et  eut  ainsi  à  constater  un  grand 
nombre  de  guérisons.  Plusieurs  jours  furent  consacrés  à 
l'examen  des  faits  attestés  en  sa  présence.  Enfin  la  convic- 
tion du  vicaire-général  étant  faite,il  n'hésita  plus,  et  le  diman- 
che 27  novembre,  il  bénit  la  chapelle  et  y  célébra  la  première 
messe.  Du  tout  procès-verbal  fut  rédigé  en  ces  termes  : 

«  A  tous  ceux  qui  ces  présentes  verront,  Charles  Duruau  etc. 
faisons  savoir  qu'aujourd'hui  premier  Dimanche^de  l'Avent, 
27  novembre  1644,  ayant  été  requis  par  les  habitants  du  Bas- 
Plancoôt,  paroisse  de  Corseul,  diocèse  de  Saint-Malo,  de 
bénir  la  petite  chappelle  dans  laquelle  est  exposée  l'image  de 
la  Très-Sainte  Vierge  Mère  de  Dieu,  et  d'y  célébrer  la 
première  messe,  nous  sommes  parti  processionellement, 
bannières  levées,  de  l'église  de  l'abbaye  du  Bas-Plancoôt, 
assisté  des  recteurs  de  Corseul,  du  Haut-Planco(3t  et  de  leurs 
prêtres,  et  nous  nous  sommes  rendu,  suivi  d'une  grande  quan- 
tité de  peuple  de  toute  condition,  jusqu'au  lieu  de  la  chapelle. 
-Yétantarrivé,  nous  l'avons  bénite,ainsiquelesornemens  pour 
la  desservir,  puis  nous  avons  chanté  la  messe,  à  laquelle 


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608  SOUVENIRB  DOMINICAINS 

assistait  une  grande  aOluence  de  peuple.  En  foi  de  quoi  nous 
avons  délivré  le  présent  procès-verbal  les  dits  jour  et  an  que 
dessus.  Charles  Duruau,  vicaire-général  et  officiai.  Julien 
AuBRY,  promoteur,  François  Merdrignac,  pr^/r^.  Jean  Brard, 
prêtre.  François  Gonicquet,  sénéchal  des  baronnies  de  la 
Uiinaudaye^  Monta  filant  et  Plancoè't.  » 

L'évoque  Achille  du  Harîay,  après  avoir  lui-môme  examiné 
Taffaire  et  s'être  entouré  des  plus  sages  conseils,  confirma 
tout  ce  qui  avait  été  fait  par  son  grand  vicaire,  approuva  le 
culte  rendu  à  la  Sainte  Vierge  dans  le  nouveau  sanctuaire  et 
confia  le  soin  de  la  desservir  aux  Pères  de  l'Oratoire,  ses 
anciens  confrères. 

Dans  de  telles  mains,  le  pèlerinage  de  Notre-Dame  de 
Nazareth  ne  pouvait  manquer  de  s'accroître,  et  il  fallut  songer 
à  jeter  les  fondements  d'un  édifice  qui  fût,  par  son  étendue  et 
par  sa  structure  même,  plus  en  rapport  que  la  pauvre  chapelle 
de  Guillaume  Huet  avec  la  dévotion  des  pèlerins  et  avec  le 
culte  que  leur  piété  entendait  y  rendre  à  la  Mère  de  Dieu. 
Mais  là  on  se  heurla  à  une  résistance  imprévue.  Gomment 
croire  que  ce  qui  se  passait  autour  de  la  fontaine  Ruelian, 
dans  la  pauvre  petite  chapelle  de  bois  élevée  à  la  hâte  près  de 
ses  eaux,  pouvait  être  du  goût  de  tout  le  monde  ?  Des  esprits 
chagrins  ne  manquèrent  pas  de  prévenir  contre  cette  sou- 
daine explosion  de  foi  populaire  et  de  culte  enthousiaste,  la 
comtesse  de  Châteauneuf,  dame  du  lieu.Dès  le  début,  on  s'était 
cru  suffisamment  autorisé  par  l'assentiment  de  son  sénéchal, 
dont  nous  venons  en  effet  de  voir  la  signature  au  bas  du 
procès-verbal  de  la  bénédiction  de  la  chapelle  ;  mais  cette 
dame  se  montra  blesâée de  ce  qu on  ne  lavait  pas  personnel- 
lement avertie  de  ce  qui  s'était  déjà  fait,  et  surtout  de  ce  qui 
se  préparait  sur  le  sol  de  sa  baronnie  de  la  Hunaudaye,  où 
elle  demeurait,  elle  déclara  faire  opposition  au  projet,  qui 
était  si  évidemment  dans  les  vœux  de  tous.  En  face  de 
cette  opposition  formelle,  les  Oratoriens  ne  se  sentirent  pas 
le  goût  d'entreprendre  un  procès,  et  ils  se  retirèrent  empor- 
tant avec  eux  les  regrets  universels. 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  SAINT-BRIEUQ  609 

Monsieur  de  Harlay  se  tourna  alors  vers  les  pieiïx  disciples 
desaint  Vincent  de  Paul,mais  les  prêtres  delaMission  ne  firent 
que  passera  Notre-Dame  de  Nazareth.  Pour  répondre  à  Tem- 
pressement  des  pèlerins,  il  eût  fallu  renoncer  aux  courses 
incessantes  que  Tévangélisation  des  campagnes,  œuvre 
capitale  des  zélés  missionnaires,  leur  imposait  ;  surtout  il 
fallait  se  jeter  dans  des  constructions,  de  plus  en  plus  indis- 
pensables :  ils  reculèrent. 

Dans  l'intervalle,  Ferdinand  de  Neufville  avait  succédé  à 
Achille  de  Harlay,  son  oncle,  sur  le  siège  épiscopal  de  Saint- 
Malo.  Le  nouvel  évoque  jeta  les  yeux  sur  le  couvent  des 
Dominicains  deDinan,  qui  depuis  plus  de  quatre  siècles  édi- 
fiait son  diocèse,  et  qui,  à  cette  heure,  même  possédait  des 
hommes  si  remarquables  au  triple  point  de  vue  de  la  science 
théologique,  de  la  piété  et  du  zèle  apostolique.  D'ailleurs  les 
Dominicains  n'avaient-ils  pas  toujours  considéré  le  culte  delà 
Mère  de  Dieu  comme  une  part  sacrée  du  patrimoine  de  leur 
ordre  ? 

Quand  le  R.  P."  Dorgeville  vint,  au  nom  et  comme  grand 
vicaire  d3  l'évoque  Saint-Malo,  leur  offrir  la  garde  du  nou- 
veau sanctuaire,  on  ne  pouvait  douter  du  succès  de  la  négo- 
ciation. Tout  fut  conclu  le  15  février  1047. 

En  même  temps,  les  guérisons  obtenues  par  les  prières 
des  pèlerins  se  multipliaient  si  incontestables,  si  nombreuses, 
si  éclatantes,  que  Madame  de  Châteauneuf  s'avoua  vaincue 
par  l'évidence,  et  qu'elle  entra  pleinement  dans  les  vues  de 
révoque  de  Saint-Malo.  La  cérémonie  de  l'installation  des 
Dominicains  ayant  été  fixée  au  17  mars  1647,  elle  déclara 
qu'elle  y  assisterait  avec  son  fils.  La  noblesse  des  environs  y 
accourut.  Le  prieur  de  Dinan  avait  député  pour  prendre 
possession  du  sanctuaire  et  pour  former  le  noyau  de  la  com- 
munauté naissante  les  Pères  Jean  Nolan,  docteur  en  théo- 
logie, Augustin  de  Sainte-Catherine  et  Jean  Godineau,  avec 
frère  Jérôme  de  Sainte-Agnès,  convers.  Ils  exhibèrent  leur 
délégation   en  présence   de   Tofflcial    de   Saint-Malo  et  de 


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670  SOUVENIRS  DOMINICAINS 

son  greffier,  et  aussitôt  on  se  rendit  à  Notre-Dame  de 
Nazareth. 

C'est  du  prieuré  de  Saint-Maur  que  partit  la  procession. 
Après  la  croix  et  les  bannières  venaient  les  religieux,  les 
prêtres  et  une  grande  multitude.  L'official  célébra  la  messe, 
puis  il  entonna  le  Veni  Creator,  et  ensuite,  se  tournant  vers 
le  peuple,  il  dit  à  haute  voix  ;  c  De  l'autorité  de  Monseigneur 
rillustrissime  et  Révérendissime  Messire  Ferdinand  de  Neuf- 
ville,  évoque  de  Saint-Malo.  Je,  Officiai  du  Diocèse,  mets  les 
Religieux  Dominicains  du  couvent  de  Dinan  en  possession  de 
ce  saint  lieu,  pour  Tadministrei:  et  lé  diriger  à  la  plus  grande 
gloire  de  Dieu  et  de  la  Sainte  Vierge,  et  pour  la  plus  grande 
utilité  du  peuple.  » 

Après  quoi  il  remit  au  Père  Jean  Nolan,  vicaire  de  Noire- 
Dame  de  Nazareth,  la  clef  de  la  chapelle  et  celle  du  tabernacle. 

L'évêque  de  Saint-Malo  crut  devoir,  quelques  mois  plus  tard, 
confirmer  par  un  acte  ofïiciel,  signé  de  sa  main,  ce  que  son 
vicaire-général  venait  de  faire  en  son  nom.  C'est  à  Dinan 
qu'il  le  dressa,  dans  les  termes  qui  suivent  : 

«  Nous,  Ferdinand  de  Neufville,  par  la  grâce  de  Dieu  et  du 
Saint  Siège  Apostolique,  évoque  de  Saint-Malo,  conseiller  du 
Roi  en  ses  conseils, abbé  du  monastère  de  Saint- Wandrégésille, 
de  Saint-Méen  et  de  Sainte-Marie  de  Belleville,  faisons  savoir 
que,  poussé  par  le  seul  désir  d'accroître  le  culte  divin,  nous 
avons  approuvé  Téglise  ou  chapelle  dédiée  à  la  sainte  Vierge 
sous  le  nom  de  Nazareth,  appartenant  à  notre  diocèse,  et 
située  dans  la  paroisse  deCorseul  près  de  l'abbaye  de Plancoôt. 

«  Considérant  que  cette  église,  illustre  à  plus  d'un  titre,  est 
toujours  honorée  par  un  prodigieux  concours  de  fidèles,  nous 
avons  voulu  la  rendre  plus  illustre  encore  par  l'assistance  de 
pieux  mmistres  destinés  à  la  desservir.  Ayant  donc  invoqué 
le  saint  Nom  de  Dieu  et  de  la  sainte  Vierge,  après  en  avoir 
mûrement  délibéré ,  nous  avons  résolu ,  de  notre  pleine 
volonté  et  sans  céder  à  aucune  requête,  de  donner  à  perpé- 
tuité et  irrévocablement  cette  église  ou  chapelle  à  desservir 


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DANE  LE  DIOCÈSE  DE  SAINT-BRIKUG  671 

aux  Frères  Prêcheurs  de  TÉtroitç  Observance  de  la  Congré- 
gation dePretagne.  Et  comme  déjà,  d'après  notre  permission, 
le  R.  P.  Louis  d'Orgeville,  Docteur  de  Sorbonne,  prêtre  de 
rOratoire,  chanoine  et  pénitencier  de  notre  église,  vicaire- 
général  de  notre  diocèse,  en  avait  investi  les  susdits  Pères  le 
4  mars  1647,  puis  les  avait  mis  en  possession  actueUe  le  17  du 
même  mois,  nous  les  maintenons  dans  cette  possession,  et 
autant  qu'il  est  nécessaire  nous  la  leur  conférons,  sous  l'obli- 
gation de  garder  la  règle  de  leur  Institut. 

«  Donné  à  Dinan  le  !•'  septembre  1647.  Ferdinand  de 
Neupville,  évêque  de  Saint-Malo,  —  Par  mandement  du 
susdit  Illustrissime  et  Révérendissimc  évoque  de  Saint-Malo, 
Du  Ray,  secrétaire,  » 

De  son  côté,  la  comtesse  de  Châteauneuf  déclara  officielle- 
ment qu'elle  consentait  à  rétablissement  des  Dominicains 
sur  son  domaine,  à  Notre-Dame  de  Nazareth,  qu'elle  les  pre- 
nait sous  sa  protection  et  qu'elle  acceptait  le  titre  de  fonda- 
trice du  nouvel  établissement  religieux,  avec  les  charges  et 
prérogatives  y  attachées.  Cette  déclaration  de  la  noble  dame 
ne  fut  point  une  vaine  parole.  Le  4  août  suivant,  elle  arrêta 
les  conditions  de  la  fondation,  et  le  27  le  contrat'  en  fut  signé 

<  Arch.  de  TOrdr^,  Rome,  :  «  Coram  nobis  Taballionibus  regiis  Curiœ 
Rhedonensis  ia  Lambalis  consiitutis,  et  baroniaram  de  la  Hanaudays,  Mon- 
tafilant  et  Plancoaôt,  prsesans  adfuit  111°^'^  et  Potent™^  Domina  Catharina  de 
Rosmadec,  vidua  ni^ï  Potent"^'  que  D6mini  Guidonis  de  Rieux,  Equitis  .Tor- 
quati,  Comitis  de  Chasteauaenf,  Vicacomitls  de  Donges,  Baronis  de  la  Roche 
et  de  Savenay,  Damini  du  Marz,  du  Mesnil,  du  Plessix-Bertrand,  Cancalles, 
le  Guesclln,  Regl  a  sanctlorlbus  et  secretioribus  consiliis,  centum  cataphrac- 
torum  duels,  prselictarum  ditionum  domina  atque  légitima  Baroniarum  de 
de  la  Hunaudays,  Montaftlant  et  Plancouet,  vicecomitatuum  de  la  Guerche, 
le  Chemin  Chaussé  et  de  Pleherel,  du  Vauclé  et  le  Vauclere,  Hac,  Carmerot, 
la  Houssays,  le  Gué  de  Tlsle,  Queruran,  etc.  etc.  Residens  nunc  in  suo 
castello  de  la  Hunaudays,  parochiœ  de  Pledeliac  diocesis  Briocensis  ;  Quœ 
recolens  singularia  benefilcia  divînse  misericordise  et  pietatis  erga  se  ditlo- 
nesque  ejus  de  Montafilant  et  Plancouet,  in  quibus  placuit  misericordiarum 
et  totius  consolationis  Matri  eligere  sibi  domicillum,  prœviis  tôt  potentis  et 
miraculis,  ut  publie^  fam&  et  multorum  relatione  cognitum  est,  quse 
authoritate  lll«t  Episcopi  Macloviensis,  Achillis  du  Harlay,  sunt  approbata, 
quseque  manus  Altissimi  suae  virtutis  brachio  confirmât  quotidie,  ad  laudem 
et  gloriam  suam,  ad  exaltationsm  nominis   Beatissimse   Virginia    Marise  et 


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672  SOUVENIRS  DOMINICAINS 

incrementam  sanctœ  fidei  catholicœ  ;  Nolens  igitar  toi  gratîaram  ac  bene« 
ficiorum  immemor  esse,  et  percuplens  tanto  boao  cooperari,  ex  quo  incre- 
dibilem  sperat  fructam  pro  salute  animarum  carissimi  et  honora tissimi 
mariti  sui,  antecessorum,  liberorum,  succeisorum  et  propinquoram  atque 
8u»  ;  ex  singulari  eliam  devotione  quam  ejus  majores  ipsaque  S^^  Domiaice 
complectitur  Ordinem,  cui  magno  honori  ducit  sangaine  et  afftaitate 
conjungi,  de?oto  pioque  mentis  affecta  concessit  conceditque  his  litte- 
ris,  p'aro  munere  ac  liberali  animo,  in  honorém  Beatissimsa  Yirginis 
Manad  atque  sancti  Dominici,  Fratribus  Prsedicatoribus  congrégation is 
Britannicse  in  striction  observantiâ,  viventibus,  sub  immediatà  cur&  R<ii 
PatriR  Vicarii  Substituti  conventaum  strictions  observantias  Provincise 
Parisiensis  ab  ipsis  Fratribus  strictioris  observantiseelecti  aut  instituti 
immédiate  a  R^^*  Magistro  totius  prœfati  Ordinis,  qnem  enixè  depre- 
catur  Domina  prœdicta,  ejusque  successores,  ut  in  l6co  ibi  erigendo 
pro  habitatione  Fratrum ,  cui  nomen  erit  Tulgo  Nra  Dna  de  Naza- 
reth, statuât  et  ordinet  ut  Fratres  hune  conventum  incolentes  sint  de 
strictiori  observantiâ,  nec  alii  possint  institui  superiores  aut  officiales  quàm 
de  strictiori  observantiâ  prœfatà.  Pro  quibus  supradictis  Prsedicatorum 
Fratribus  prœsentes  fuere  et  acceptavere  Rev<u  Patres  Joannes  Nolano,  in 
Sacrœ  Theologise  Facultate  doctor,  et  frater  Augustinus  h  Stà  Gatharinâ, 
freti  procuratione  Religio^orum  prsedicti  Ordinis  et  Observantiee,  quam 
ostenderiyit  scriptam  die  sexto  mensis  augusti  anno  1647,  relictam  subscripto 
tabellionl  relatori  prsesentium  litteratum,  ut  tradantur  exemplaria  quibus 
oadam  quœ  prototypis  fides  habeatur,  scilicet  terras  vulgo  nominatas  les 
Grandes  Rochettes  septem  jugera  continentes,  cum  altero  ferè  jugere  quod 
Yulgo  les  Petites  Rochettes,  adjacencia  altéra  ex  parte  publica;  vise  quœ 
ducit  Plancuno  Dinanum,  alterique  viœ  ducenti  Plessem  Balissenum,  aliâ. 
ex  parte  agro  pertinenti  Petro  Le  Roux  et  Franciscœ  Merdrignac  ejus  uxori; 
ut  autem  çontigui  sunt  prsedicti  agri,  poterunt  ex  arbitratu  locum  eligere 
in  quo  Templum  in  honorem  Sanctissimse  Yirginis  Mariœ  Nazarethœ,  œdes 
conventumque  habitationi  idoneum  tôt  Religiosorum  quot  ibi  constituendi 
sunt,  eà  lege  et  conditione  ut  Illustrissima  Domina  ejusque  successores  sint 
maneantque  in  perpetuum  fundatores,  cum  omnibus  honoribus,  gratiis  et 
privilegiis  quibus  huju«modi  fundatores  gaudere  et  potiri  soient,  cum 
exclusione  cujuscumque  fundatoris  quovis  prsetextu  et  colore  ementito, 
in  iisdem  templo  conventuque  ipsa  Ul'^^  Domina  ejusque  successores  sua 
insculpant  insignia  atque  incidant  in  lapide  polito  aut  marmore  aliàve 
materià  ad  fores  ecclesise  et  conventûs,  in  locis  publicis  et  patentibus,  suis 
coloribus,  si  ita  visum  sit,  delineata,  cum  inscriptione  exprimente  nomen 
fundatricis.  annum  et  mensem  eroctionis  ;  in  vitro  principali  capellae 
majoris  sanctissimse  Dei  Matris,  nulla  alia  erigantur  insignia  nisi  de 
licentià  inclytse  Dominse  aut  ejus  successorum,  licet  ipsa  possit'oum 
iisdem  successoribus  apponere  cingulum  et  scuta  intra  et  extra  ecclesiam 
et  quibuscumque  voluerit  locis  ejusdem  conventûs.  Relinquatur  eliam 
quâdam  in  parte  templi  locus  amplus  et  spatiosus  in  quo  prœdicta  Domina 
yel  ejus  successores  possint,  suis  impensis,  aulam  superiorem  et  inferiorem 
cum  oratorio  respicientâ  sacellum  et  pulpitum,  undô  possit  audiri  sacrum 
et  prœJiicatio,  cum  tribunali  construere.  Kt  statim  atque  conventûs  fuerît 
ere.:lU8,  teneantur  Religiosi  triginta  vicibus  in  anno  celebrare  totum 
integrum    ofÛcium    deffunctorum  cum  Vesperis^    Matutinis  et  Laudibus  et 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE   S^INT-BRIEUC  673 

au  château  de  la  Huhaudayé  par  la  fondatrice,  par  noble  che- 
valier Jean  de  Vorilhon,  seigneur  de  Saint-Germain  et  de 
Polierne,  au  nom  de  René-François  de  Rieux,  comte  de  Châ- 

processione  ad  claustrum,  quœ  terminabitar  ad  locum  in  qno  tumulum 
elegerit  erexeritque  prsedicta  Domina,  et  ornaverit  pro  libito,  nemoque 
posait  habare  aut  tumulum  aut  scamnum  intrà  canceUos  ejusdem  capellse 
nisi  permittat  prœfata  Domina,  aut  ejus  successores.  Prsetereà  die  animarum 
celebretur  singulis  annis  solemne  offlcium  deffucctorum  cum  missâ  majori 
pro  animabus  nini%  Dominse,  ejus  antecessorum  et  successorum,  cui 
aliquis  de  familià  aderit  cum  offertorio.et  processio  fiât  ut  suprà  adsepul- 
turam,  quam  singuli  Religiosi  aspergant.  Singulis  sabathi  in  c^nno  diebus, 
cantetur  solemnis  litania  Beatms  Virginia  pro  salute,  prosperitate,  conser'- 
vatione  et  œterna  felicîtate  animarum  Ulmm  Dominœ  ejusque  inclytae 
familiœ  et  successorum.  Quœ  omnia  et  singula  conflrmabuntur  et  compro- 
babuntur  expressis  litteris  à  Rev™o  Magistro  Ordinis  Prœdicatorum,  qui 
recipiet  ni™^"^  Dominam  ejusque  successores  et  familiam  ad  participationem 
omnium  missarum,  orationum,  vigiliarum,  jejuniorum  ac  quorumcumque 
bonorum  operum  quœ  in  toto  Ordine  flunt,  Unde  spondebit  lU™»  Domina 
pro  se  suÎFque  successoribus  quod  tuitura  et  protectura  sit  suam  fun- 
dationem  ,  Religiosos ,  bona  Deiparse  Matris  sacelli  et  conventùs ,  sua 
authoritate  et  potestate,  contra  quoscumque  injuste  divexantes  et  moles- 
tantes. Quamobrem  prœdicta  Domina  prsefatis  terris  se  exuit  coneessitque 
ipsis  Sti  Dominici  Religiosis,  ut  eas  in  perpetuum  tanquam  legitimi  Domini 
possideant  et  fruantur.  El  incljta  Domina  generalem  et  specialem  instituit 
procuratorem  Dnum  Julianum  Lorans  cum  omni  potestate  ut,  quando  opus 
fuerit,  omnia  rata  ac  fixa  habeat,  nunquam  revocet  et  Religiosos  atque  eorum 
successores  in  placidam  prœdictarum  terrarum  possessionem  intromittat  et 
conservet  absque  omni  contentione,  tumultu  et  perturbatione. 

Quibtts  literis  présentes  fuerunt  nimas  et  potentissimus  Dominus  Rejiatus 
Franciscus  de  Rieux,  ccmes  de  Cbasteauneuf,  111"^^  et  potentissima  Domina 
Joanna  de  Rieux,  eorum  liberi,  Jllustrissimusque  et  potentissimus  Dominus 
Joannes  Emmanuel  de  Rieux  Marchio  d'Asserac,  cornes  dj  Largouet,Dominus 
de  Ville  Dieu  aliarumque  terrarum  et  ditionum,  régi  à  consiliis  secretioribus 
ac  sanctloribus,  centum  cataphractorum  militum  dux,  Mari  tus  Joannse 
prsedictœ  de  Rieux,  quod  mutuo  proviàerunt,  voluerunt  et  consenserunt 
perpetuo  servandum  prsedicta  domina  et  prsedicti  Religiosi  ;  ad  quod  ietam 
nos  subsignati  libelliones  condemnavimus  et  condamnamus  authoritate 
nostrarum  curiarum  sub  sigillo  alterius  cum  submissione  et  prorogationr 
jurisdictionis,  quam  juravimus  sine  uUa  exceptione  cum  omnibus  renuncia- 
tionibus  ibi  requisitis,  sub  signo  prœdictde  dominse  et  Dominorum  ejus 
liberorum,  prseter  Illmum  Dominum  Comitem  de  €hasteauneuf  non  subscn- 
bere  valentem  ob  cascitatem  à  nativitate,  qui  nobilem  equitem  Joannem  de 
Vorilhon  Dominum  de  Sainct  Germain  et  de  Poulierne,  supremum  judicem 
Buœ  ditionis  terrseque  de  Chasteauneuf,  roga^it  ut  pro  se  subscriberet. 
Datum  apud  castellum  de  la  Ilunaudays,  die  yigesimâ  septimâ,  augusti,  anno 
millesimo  sexcentesimo  quadragesimo  septimo.  » 

A  tergo  :  «  Pro  Sanctà  Capellà  de  Nazareth  in  Britannia  Minori  contractas 
fundatricis  ». 


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674  SOUVENIRS   DOMINICAINS 

teauneuf,  fils  de  la  fondatrice,  qui,  aveugle  de  naissance,  ne 
pouvait  signer  lui-même,  par  sa  sœur  Jeanne  de  Rieux,  mar- 
quise d'Assérac,  et  par  Jean  Emmanuel  de  Rieux,  marquis 
d'Assérac^  comte  de  Largouet,  Seigneur  de  TIsIe-Dieu»  gendre 
de  la  comtesse  de  Ghâteauneuf. 

Les  termes  de  cet  acte  sont  remarquables  à  plus  d'un  titre. 
Non-seulement  Catherine  de  Rosmadec  y  constate  la  multi- 
tude des  prodiges  accomplis  à  Nazareth  et  enregistrés  officiel- 
lement  par  Tautorité  ecclésiastique,  exprimant  sa  reconnais- 
sance de  ce  que  la  Mère  de  Dieu  a  choisi  son  domaine  pour  y 
faire  éclater  sa  puissance  et  s'y  fixer  elle-môme  une  demeure, 
mais  elle  aime,  en  accueillant  les  fils  de  saint  Dominique, 
à  rappeler  les  liens  de  parenté  qui  unissent  sa  raee  à  celle  du 
Patriarche  de^s  Frères  Prêcheurs,  et  rattachement  tradition- 
nel de  sa  famille  à  la  famille  dominicaine.  En  donnant  àM'Or- 
dre,  pour  la  construction  d'une  église  et  d'un  couvent,  les  deux 
domaines  des  Grandes  et  des  Petites  Rackettes,  d'une  conte- 
nance totale  de  huit  arpents,   elle  réclame,  dans  la  future 
église,  pour  elle  et  les  siens  à  perpétuité,  une  chapelle  avec 
droit  de  sépulture,  et  trente  fois  par  an  l'office  des  morts,  la 
messe  et  la  procession  des  religieux  dans  le  cloître  et  jusqu'au 
tombeau  de  sa  famille.  Diverses  autres  prières  seront  faites  à 
des  époques  déterminées  pour  elle  et  les  siens,  et  surtout  le 
Général  de  l'Ordre,  à  qui  elle  demande  de  confirmer  lui-même 
toutes  ces  conventions,  l'admettra  elle  et  toute  sa  fainille  à 
perpétuité  à  participer  à  toutes  les  messes,  prières,  veilles, 
jeûnes  et  autres  bonnes  œuvres  de  la  famille  dominicaine. 
•    La  fondatrice  prenait  soin  de  donner  procuration  absolue 
à  Julien  Lorans,  à  l'efTet  de  maintenir  les  conventions  de 
l'acte  et  de  mettre,  quand  il  serait  temps,  les  religieux  en 
possession  des  terres  qu'elle  leur  abandonnait. 

Elle  croyait  qu'il  lui  serait  donné  de  voir  ici-bas  s'élever 
les  murailles  de  l'église  et  du  couvent,  mais  au  bout  de  six 
semaines  elle  mourut,  laissant  à  sa  fille  Jeanne  Pélagie  de 
Rieux  de  Ghâteauneuf,  marquise  d'Assérac,  le  soin  d'achever 


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DANS   LE   DIOCÈSE   DE   SAINT-BRIEUC  675 

l'œuvre  qu'elle  avait  eu  à  peine  le  temps  d'ébaucher.  L'Evoque 
de  Saint-BrieiTc,  Denis  de  la  Barre,  présida  aux  obsèques  do 
la  fondatrice,  dont  le  corps  fut  déposé  dans  la  chapelle  de 
Nazareth,  près  de  l'autel,  en  attendant  qu'on  pût  le  placer 
dans  l'église  qu'elle  avait  rôvé  de  construire  elle-même  en 
l'honneur  de  Notre-Dame  et  dans  la  chapelle  qu'elle  voulait 
s'y  réserver.  Dès  ce  jour-là,  le  marquis  d'Assérac,  son  gen- 
dre, donna  l'autorisation  de  prendre  au  château  de  Monlafl- 
lant  les  matériaux  de  la  nouvelle  construction,  et  il  promit  de 
venir  lui-môme  avec  sa  femme  en  poser  la  première  pierre 
au  mois  de  Juin  suivant,  1648. 

Mais  on  comptait  sans  des  oppositions*  nouvelles,  qu'il 
serait  trop  long,  et  d'ailleurs  peu  intéressant,  de  raconter  ici. 
Le  parlement  de  Bretagne  les  réduisit  à  néant,  et  l'on  put 
enfin  arrêter  des  plans  et  creuser  des  fondations. 

La  pose  de  la  première  pierre  fut  fixée  au  2  mai  1049.  La 
veille  Ferdinand  de  Neufville,  évêque  de  Saint-Malo,  planta 
lui-môme  la  croix  à  la^  place  que  devait  occuper  le  maître- 
autel.  Le  2,  le  vicaire-général  de  la  Congrégation  de  BretagnCi 
le  prieur  de  Dinan,  le  prieur  de  Morlai!x^  Vincent  de  Saint 
François,  prieur  de  Guingamp,  étant  arrivés,  ainsi  que  le 
prieur  des  Carmes  du  Guildo  et  un  grand  nombre  d'ecclé- 
siastiques et  de  religieux,  l'évoque  célébra  la  messe  devant  la 
statue  miraculeuse,  puis  revêtu  de  ses  ornements  pontificaux 
et  tenant  en  main,  ainsi  que  la  marquise  d'Assérac,  la  truelle 
et  le  marteau,  il  se  rendit  avec  elle  au  lieu  ou  étaient  creusés 
les  fondements  de  la  future  église^  et  ils  posèrent  ensemble 
la  première  pierre,  près  de  laquelle  ils  placèrent  une  plaque 
de  cuivre,  gravée  aux  armes  de  Bretagne  et  aux  armes  des 
fondateurs  et  portant  cette  inscription  : 

«  A  la  plus  grande  gloire  de  Dieu,  de  la  Très-Sainte-Vierge 
Marie  sa  mère,  de  saint  Dominique  et  de  tous  les  Saints. 
Sous  le  pontificat  d'Innocent  X,  sous  le  règne  de  Louis  XIV 
roi  de  France,  durant  l'épiscQpat  de  Ferdinand  de  Neufville, 
évoque  de  Saint-Malo,  Frère  Thomas  Turco  étant  Général 


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676  SOUVENIRS   DOMINICAINS 

de  rOrdre  des  Frères  Prêcheurs,  Frère  Antoine  Mallet,  pro- 
vincial de  Paris  :  Très  Puissante  Catherine  de  Rosmadec, 
fllle  de  Très  Illustre  marquis  de  Molac  etc.  etc.,  baronne  de 
la  Hunaudaye,  Montafllant,  etc.,  épouse  de  puissant  Guy  de 
Rieux  de  Chfiteauneuf,  descendant  des  nobles  races  des  rois, 
des  ducs  et  des  héros  bretons,  a  fait  bâtir  pour  les  Frères 
Prêcheurs  cette  église  sous  l'invocation  de  Notre-Dame  de 
Nazareth.  Puissant  Jean  Emmanuel  de  Rieux,  marquis 
d'Assérac.  etc,  et  son  épouse  Très  Haute  Dame  Jeanne 
Pélagie  de  Rieux,  fille  de  Très  Hauts  et  Très  Puissants  Guy 
et  Catherine,  issue  elle-même  de  Haut  et  Puissant  Seigneur 
René  de  Rieux, comte  de  Châteauneuf,  en  ont  posé  la  pre- 
mière pierre.  MDC.XLIX.  » 

L'évêque  parcourut  ensuite  les  fondations  en  les  asper- 
geant, puis  il  bénit  la  multitude.  Une  seconde  messe  suivit, 
présidée  par  l'évêque  et  célébrée  par  un  de  ses  aumôniers. 
Quelques  instants  après,  la  foule  se  pressait  pour  entendre 
un  éloquent  discpurs  de  Jacques  Lorent,  recteur  de  Plu- 
duno,  qui  conduisit  ensuite  ses  paroissiens,  ainsi  que  les 
recteurs  de  Pledeliac,  de  Ruca  et  de  Saint-Potan,  à  la  troi- 
sième messe,  célébrée  par  le  Provincial  de  Paris.  A  trois 
heures,  le  Te  Deiim,  les  vêpres  et  la  procession  du  Rosaire 
terminèrent  cette  pieuse  et  belle  fête. 

Les  guérisons  miraculeuses  obtenues  dès  le  premier  jour 
par  la  foi  des  populations  bretonnes,  ne  pouvaient  décroître 
ni  en  nombre  ni  en  éclat,  quand  le  culte  de  Mère  de  Dieu  était 
confié,  dans  le  nouveau  sanctuaire,  à  des  religieux 'voués  par 
état  à  le  promouvoir.  Nous  ne  pouvons  raconter  ici  ni  celles 
qu'enregistra  la  première  enquête  officielle  de  1644,  ni  tous 
les  autres  faits  merveilleux  qui  provoquèrent  enfin  la  cons- 
truction de  Téglise  de  Notre-Dame  de  Nazareth,  et  qui  vinrent 
ensuite  y  entretenir  la  conflance  et  y  perpétuer  l'action  de 
grâces  populaire.  Voici  du  moins  les  noms  inscrits  dans  le 
cours  des  premières  années  au  livre  d'or  du  sanctuaire  de 
Nazareth. 


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DANS  LB  DIOCÈSE  DE   SAINT-BRIEUC  077 

D'abord,  le  retour  à  la  santé  de  personnes  réduites  à  l'ex- 
trémité^ et  condamnées  par  la  science.  Indépendamment  de 
deux  enfants  mort-nés,  de  Saint-Aaron  et  de  Viviers,  à  qui 
l'on  put  administrer  le  baptême  pendant  les  courts  instants 
où  rintercession  delà  Sainte  Vierge  leur  rendit  la  vie,  de  1647 
à  1653,  Jean  Bailleul,  de  la  paroisse  Saint-Georges  de  Rennes, 
Anne  Bridel,  de  Miniac,  Julien  Robiou,  de  Saint-Domineuc, 
Jean  Denisot,  deTréfumel,  Jean  Chollet,  de  Quédillac,  Julie  le 
Marchand,  de  Plumaudan,  Julien  Filaud,  de  Cardroc,  Ollivier 
Bedel,  de  Baguer-Morvan,  Françoise  le  Maistre,  de  Rennes, 
Perrine  le  Breton,  de  Melesse,  Gilles  Trubert,  de  Mezières. 
Le  16  février  1646,  le  Père  Antoine  du  Bost,  franciscain,  vicaire 
de  Grandville,  atteste  avec  signatures  de  témoins  qu'il  vient 
en  action  de  grâces  à  Nazareth,  parce  que,  réduit  à  l'extrémité, 
il  a  été  subitement  guéri.  En  1648,  le  recteur  de  Combourg 
atteste  authentiquement  la  guérison  subite  de  Julienne  Blan- 
din,  entrée  en  agonie  le  15  février  et  rappelée  tout  à  coup  à  la 
vie  par  un  vœu  de  sa  famille  à  Notre-Dame  de  Nazareth.  En 
juillet  1660,  il  rend  le  même  témoignage  pour  la  guérison  de 
la  femme  François  Bénis,  qui  avait  été  administrée  et  tenue 
pour  morte.  Anne  Faisan,  de  Plouasne,  reprend  subitement 
connaissance,  demande  du  pain,  mange,  et  peu  de  temps 
après  peut  accomplir  à  Nazareth  le  vœu  fait  pour  elle.  Un 
enfant  de  13  ans,  Thomas  le  Mordant,  de  Saint-Malo,  avait  un 
os  enfoncé  dans  la  gorge  ;  après  quinze  jours  d'angoisses  et 
de  soins  inutiles,  réduit  à  un  état  désespéré,  on  lui  donne 
l'Extrême- Onction,  et  le  seizième  jour,  après  un  vœu  à  Notre- 
Dame,  il  rejette  l'os  et  se  trouve  guéri.  Gilles  David,  de  Loc- 
Maria,  malade  depuis  deux  ans,  accablé  par  la  fièvre,  avait 
fini  par  perdre  la  parole,  l'ouïe  et  la  vue  ;  les  médecins  ne 
conservant  plus  d'espo^ir,  on  Tavait  administré.  Il  gardait 
néanmoins  assez  de  conscience  de  lui-môme  pour  prier  inté- 
rieurement. Il  fait  vœu  d'aller  à  Nazareth,  et  au  bout  d'une 
demi-heure  il  recouvre  ses  sens;  au  bout  de  huit  jours  il  est 
guéri,  et  le  22  mai  1651,  il  fait  son  pèlerinage  d'action  grâces, 

T.  VI.  —  NOTICES.  —  VI'  ANNÉE,  &*  LIV.  44 


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078  SOUVENIRS   DOMINICAINS 

sur  ravis  du  Père  Le  Grande  jésuite,  son  confesseur.  M.  du 
Louest,  évêque  de  Corr.ouaille,  informé  de  ce  prodige,  prescrit 
une  enquête  ;  lePèr'e  Le  Grand  est  des  premiers  à  attester  le 
caractère  miraculeux  de  la  guérison,  et  le  2  mai  1652,  Tévôque 
ctiarge  son  grand- vicaire  de  publier  officiellement  le  miracle. 
En  juin  1647,  un  enfant  de  16  mois,  Jean  Richard,  de  Dinan, 
tombe  à  l'eau  et  revient  à  la  vie  au  bout  de  (rois  quarts  d'heure, 
comme  rattestent  plusieurs  témoins,  qui  signent  au  procès- 
verbal.  De  même  une  autre  enfant,  Julienne  Cohare  de  Pleur- 
tuitt  tombée  dans  un  puits  le  19  juin  1648.  De  même  encore 
le  29  août  1649,  un  enfant  Geouffre,  de  Saint-Méloir,  tombé 
dans  une  fontaine  ;  Louis  Bourde,  de  Plédéliac;  Louise  Blan- 
chard, de  Maroué;Yves  le  Métayer,  de  Mégrit  ;  Jacquette 
Guerlaven,  de  Saint-Juvat,  âgée  de  neuf  ans,  tombée  sous  la 
roue  d'un  moulin,  dont  la  délivrance  miraculeuse  fut  attestée 
au  promoteur  du  diocèse  par  un  procès-verbal  portant  la  signa- 
ture du  recteur  de  la  paroisse. 

Des  accidents  moins  graves  provoquent  aussi  la  foi^  et  se 
dénouent  par  des  merveilles  que  la  reconnaissance  a  enregis- 
trées avec  soin.  Nicolas  Régnier,  couvreur,  tombé  du  haut 
d'un  toit,  pendant  deux  mois  impuissant  à  tout  travail,  est 
guéri  subitement  et  vient  lui-môme  l'attester  à  Tof/lcial.  Pierre 
Souquet^  matelot,  gravement  blessé  au  bras  à  Terre-Neuve, 
est  aussi  subitement  guéri  et  en  rend  témoignage  le  22  avril 
10r)0.  Une  voiture  passe  sur  les  reins  d'une  enfant  de  trois 
anâj  Guillemette  Galliot,  de  Plouasne  ;  sa  mère  fait  un  vœu  à 
Notre-Dame  de  Nazareth  :  aussitôt  Tenfant  parle,  mange,  et 
deux  jours  après  sa  guérison  est  complète.  Des  grices  sem- 
blables sont  accordées  en  1647  à  une  flUe  de  M.  Dutertre-Gin- 
guis,  de  Saint-Malo,  à  Alain  Bodin,  de  Saint-Domineuc  ;  en 
1G59  à  Jacquemine  Jégu,  de  Mégrit  ;  en  juillet  1651  à  François 
Langlais,  de  Matignon,  qui  avait  été  empoisonné;  au  mois 
suivant,  à  Julien  Lorans,  de  Pluduno  ;  en  1652  à  Jeanne 
Penmard,.  de  la  Bouillie^  et  à  Jules  Busson,  de  Saint-Georges, 
au  diocèse  de  Dol. 


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DANS  LE   DIOCÈSE   DE   SAINT-BRIEUG  679 

On  devine  que  les  Bretons  eurent  plus  d'une  fois  à  remer- 
cier la  Vierge  de  Plancoôt,  de  les  avoir  assistés  dans  des 
accidents  de  mer  : 

Le  29  avril  1647,  Yves  Séguin,  de  la  Vallée,  après  avoir  été 
en  danger  de  périr  en  route  de  Saint-Lucie  à  Saint-Malo  ; 
le  i6  décembre,  Jean-Baptiste  des  Mares  et  Pierre  Hervouet; 
qui^  montant  une  barque  de  Granville  près  la  Chambre  de 
Bréhart,  avaient  vu  plusieurs  navires  submergés  sous  leurs 
yeux,  et  avaient  pu  échapper  ;  le  20  avril  1648,  Jean  Bourget, 
matelot  de  Saint-Malo ,  le  27  octobre  1653,  Pierre  Leclerc,  aussi 
de  Saint-Malo,  qui  avait  pensé  périr  à  bord  de  la  Trinité,  vien- 
nent attester  leur  reconnaissance  envers  celle  quiles  a  sauvés. 
Le  2  mars  1652,  Isaacle  Prieur  et  Thomas  Blanche,  de  Saint- 
Malo,  poursuivis  près  de  Terre-Neuve  par  plusieurs  navires 
ennemis,  avaient  invoqué  Notre-Dame  de  Nazareth,  et  sou- 
dain le  vent  avait  changé  etilsavaientpuéchapper.  Un  petit 
navire  suspendu  à  la  voûte  de  Téglise  portait  celte  inscription  : 
c  Le  17  décembre  1647,  Capitaine  0.  Aubry,  sieur  du  Terte- 
Blot,  de  Saint-Malo,  étant  à  travers  des  rochers  nommés  les 
Casquets,  fut  surpris  d'une  tourmente  qui  le  chassait  à  la 
côte  sans  pouvoir  porter  aucune  voile,  et  entre  deux  eaux,  se 
voua  à  la  Vierge  de  Nazareth,  et  incontinent  la  tourmente  cessa, 
et  il  arriva  heureusement  à  Saint-Malo  deux  jours  après.  » 
Le  3  avril  1651,  le  Grand  Armand,  de  Nantes,  se  brisait  con- 
tre les  rocher^d'Armontier,  quatre  ou  cinq  hommes  seulement 
échappaient  à  la  mort  par  la  protection  de  Notre-Dame  de 
Nazareth,  et  le  30  mai  Henry  Bourget,  Tun  d'entr*eux,  venait 
au  sanctuaire  en  déposer  officiellement  sous  la  foi  de  sa  signa- 
ture. 

Comment  taire  les  femmes  heureusement  délivrées  ?  En 
1647,  Madame  de  la  Guyomaraye,  de  Saint-Denoual,  après  huit 
jours  d'atroces  souffrances,  comme  en  fait  foi  une  déposition 
officielle,  signée  Gouyon  de  la  Boè'tardaj/e  ;  la  femme  Alibran, 
de  Romillé  ;  Marguerite  Legrand,  femme  Rolland  Gautier,  de 
Saint-Martin  de  Lamballe  ;  le  9  août  1648,  Guillemette  AUair, 


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680  SOUVENIRS  DOMINICAINS 

de  Saint-Malo  ;  au  mois  de  juillet  1651,  Rolande  Gourlay.  Le 
2  août  1649,  arrivait  en  pèlerinage  d'action  de  grâces  la  femme 
Hamon,  de  Saint-Brieuc,  qui,  restée  pendant  douze  heures 
sans  connaissance  à  la  suite  de  couches,  reconnaissait  devoir 
la  vie  à  Notre-Dame  de  Plancoët. 

Les  infirmités  les  plus  inguérissables  cèdent  à  sa  puis- 
sance. Pierre  de  Merdrignac,  sieur  du  Boisroullé,  de  Plancoôt, 
est,  à  son  troisième  pèlerinage  à  la  statue  miraculeuse,  guéri 
d'une  surdité  obstinée  ;  Julienne  Hardi,  de  Tréguihé  en  Cor- 
seul,  l'est  au  second,  et  en  dépose  devant  l'official.  Dès  le 
premier  pèlerinage  Georges  du  Noday,  de  Plélan-le-Petit, 
avocat,  juge  de  plusieurs  juridictions,  avait  été  guéri  d'une 
surdité  tellement  complète  qu'il  fallait  écrire  pour  se  faire 
comprendre  de  lui  ;  il  avait  promis  un  second'  pèlerinage 
d'action  de  grâces,  l'avait  oublié,  était  retombé,  puis,  se  sou- 
venant de  sa  promesse,  était  allé  à  Nazareth  ;  il  fut  guéri 
d'une  façon  qu'il  appela  lui-môme  foudroyante. 

Au  mois  de  juillet  16i7*,  Julienne  le  Tourour,  d'Elables, 
demeurant  à  Binic,  Gilles  Cotentin,  d'Ingreville,  au  diocèse 
de  Coutances^Jacques  Nicole,  du  môme  pays,  âgé  de  40  ans  et 
aveugle  depuis  deux  ans,  déposent  qu'ils  doivent  à  la  Vierge 
de  Plancoôt  le  bienfait  de  la  lumière.  Le  22  mai  1648,  déposi- 
tion semblable  de  Jean  Balue,  de  Landujan,  de  Jeanne  de  la 
Motte  et  de  François  Even,  de  Saint-Malo.  Le  29  juillet  1652, 
Françoise  Bertou,  du  faubourg  Saint-Michel  de  Rennes, 
dépose  qu'elle  est  née  aveugle  et  qu'elle  voit.  Françoise 
Thomas,  de  Dinard,  réduite  à  un  tel  état  de  faiblesse,  malgré 
deux  ans  de  soins  prodigués  par  les  meilleurs  médecins  de 
Saint-Malo,  qu'elle  se  traîne  avec  des  béquilles  et  qu'elle  est 
souvent  deux  ou  trois  semaines  privée  de  la  vue,  va  à  Naza- 
reth et  revient  guérie.  Pierre  Bazire,  de  Pleudihen,  après 
avoir  perdu  la  vue,  ne  l'avait  à  force  de  soins  recouvrée 
qu'imparfaitement,  et  au  bout  de  cinq  ou  six  ans  il  la  retrouve 
à  Nazareth.  Après  le  bienfait  de  l'ouïe  et  de  la  vue,  on  y 
reçoit  celui  de  la  parole  ;  témoin  une  enfant  née  à  Corseul, 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  SAINT-BRIEUC  681 

Thomase  Hervé,  qui  avait  la  lèvre  supérieure  fendue  et  qui, 
à  quatre  ans,  n'avait  pu  encore  articuler  aucun  son  :  au  retour 
d'un  pèlerinage  à  Nazareth,  elle  parle,  et  tout  le  voisinage, 
ému  de  cette  merveille,  s'empresse  d'en  signer  une  attesta- 
tion authentique. 

On  comprend  que  toutes  les  infirmités  se  pressent  dans  le 
sanctuaire  miraculeux.  Sans  parler  de  François  de  la  Ville- 
Péan,  en  Henan-fiihen,  de  Jacques  Roland,  de  Corseul,  de 
Jacqueline  de  la  Boissifere,  de  Trégon,  qui  y  sont  guéris  de  la 
fièvre,  de  Louis  Guérin,  de  Créhen,  de  Guillaume  Léger,  de 
Dol,  débarrassés  des  écrouelles,"de  Mathurin  Even,  de  Plan- 
co(5t,  de  François  de  la  Chapelle  sieur  de  la  Ville  Plate,  et  de 
Josselin  Denyau,  de  Gnildo,  guéris  tous  trois  de  la  gravelle, 
celui-ci  à  la  suite  de  l'extraction  d'un  calcul  de  la  grosseur 
d'un  œuf  de  pigeon,  bientôt  suivie  de  la  formation  d'un 
autre  calcul,  qui  disparut  subitement^  comme  sa  famille 
l'attesta  sur  le  fait  et  de  nouveau  le  27  novembre  1654,  c'est- 
à-dire  dix  ans  après  la  guérison,  comment  énumérer  les  para- 
lytiques et  les  estropiés  dont  la  confiance  fut  récompensée 
par  la  guérison  ?  Peu  de  jours  après  le  rétablissement  des 
débris  de  la  statue  sur  le  bord  de  la  fontaine,  c'est  une  enfant 
de  quatre  ans,  fille  de  Jeanne  Trotel,  de  Saint-Germain,  que 
l'on  approche  de  la  statue  et  qui  marche  aussitôt,  bien  qu'elle 
n'ait  jamais  pu  auparavant  se  soutenir  sur  ses  jambes.  En 
1645,  c'est  la  femme  Jean  du  Rocher,  de  Saint-Mhervé  près 
Vitré,  laquelle  en  dépose  officiellement  quatre  ans  plus  tard. 
En  1647,  c'est  Etienne  Gouen,  de  Cancale,  Perrine  Sébille,  de 
Broons,  une  fille  de  Rolland  Souasnier  et  de  Guillemette 
Galeran,  de  Combourg,  guérie  le  11  juillet,  qui  en  dépose  au 
bout  de  sept  ans,  Jacquemine  Baudet,  de  Paramé,  guérie  le 
10  juin,  et  Pétronille  Le  Texier  quelques  semaines  auparavant. 
Eh  1649,  Jean  Le  Marchand,  prêtre  de  Médréac.  Le  4  avril 
1659,  déposition  officielle  de  la  guérison  de  Françoise,  de  la 
Ville-Nonne,  domestique  chez  Madame  de  Saint-Aubin, 
paroisse  de  Quessoy^  signée  par  elle  et  par  les  dames  de  la 


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682  SOUVENIRS  DOMINICAINS 

Nouô.  En  juillet  1651,  c'est  Renée  Hay,  douairière  du  Plessis- 
au-Chat,  de  Dingé,  en  1652,  Hélène  Gautier,  de  Saint-Malo, 
et  Louis  Le  Pugneix,  de  la  Bouillie,  qui  obtiennent  leur 
guérison.  Dès  les  premiers  jours  qui  suivirent  la  découverte 
de  la  statue  au  fond  des  eaux  de  la  fontaine  Ruellan,  la  gué- 
rison d'un  jeune  paralytique  de  dix  ans  avait  singulièrement 
ému  l'opinion.  Jean  Barbanson,  de  Pléneuf,  paralysé  d'une 
jambe,  souffrait  de  si  atroces  douleurs,  que  dix  ou  quinze 
fois  par  jour  il  tombait  en  défaillance.  Il  ne  pouvait  prendre 
aucune  nourriture.  Ses  parents  firent  un  vœu  à  la  Vierge  de 
la  fontaine  ;  Tenfant  s'y  unit,  et  aussitôt  il  sent  qu'on  le  tire 
de  son  lit,  haut  de  cinq  à  six  pieds  ;  il  se  trouve  debout.  Il  lui 
semble  qu'une  voix  lui  élit  ;  lève-toi,  mon  flls,  tu  es  guéri,  et 
il  va  dans  la  pièce  voisine  se  montrer  à  son  père,  occupé  à 
son  métier  de  cordonnier.  Quatre  jours  après,  ils  faisaient 
ensemble  un  pèlerinage  d'action  de  grâces.  Plus  tard,  la 
paralysie  revint  et  envahit  tous  les  membres,  ne  laissant  au 
jeune  martyr,  avec  une  foi  et  une  résignation  admirable,  que 
l'usage  de  la  parole,  pour  glorifier  jusqu'à  sa  mort  Notre- 
Dame  de  Nazareth. 

Après  tous  ces  noms,  nous  pourrions  mentionner  encore 
ici  Gilles  Ravard,  sieur  de  la  Noe-Tressolier,  de  Pluduno, 
guéri  en  1646,  Julien  Guillemot  sieur  de  Houssemaine,  de 
Matignon,  Julien  Guedon  sieur  des  Cormiers,  deBonnemain, 
Robert  Landal  sieur  du  Puis,  de  Saint-Suliac,  Jacques  Gouin 
sieur  de  la  Ville-Denyau,  de  Saint-Malo,  Louise  Le  Doux  de 
la  même  ville,  guéris  l'année  suivante,  Jean  Menier,  de  Samt- 
Méloir  des  Bois,  et  Thérèse  Le  Borgne  de  Pleyber-Christ,  qui 
le  furent  aussi  en  1648  ;  qu'il  suffise  pour  clore  cette  longue 
liste,  de  dire  que  le  mal  horrible  de  Tépilepsie  attira  aussi  à 
Nazareth  la  puissante  compassion  de  la  Mère  de  Dieu,  et 
qu'on  y  vit  éclater  la  reconnaissance  de  François  Harel,  de 
Corseul,  qui  fut,  après  cinq  ans  de  souffrances,  guéri  mirar 
culeusement  dès  le  début  du  pèlerinage,  de  François  Ari- 
bart,  de  Tinténiac,  et  de  Guillaume  Bâilet,  délivrés  en  1646  : 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  8AINT-BHIEUG  083 

ce  dernier  était  un  prêtre  de  Saint-Suliac,  et  son  mal  était 
devenu  si  violent  que  depuis  quatre  ans  il  ne  pouvait  plus 
célébrer  la  messe. 

En  face  d'un  si  grand  mouvement  de  foi,  encouragé, 
récompensé  par  des  faveurs  si  merveilleuses,  Tépiscopat 
breton  s'ébranle.  Nous  avons  vu,  le  2  mai  1652,  M.  duLouest, 
évoque  de  Quimper,  chargeant  officiellement  son  grand-' 
vicaire  de  publier  un  miracle  obtenu  Tannée  précédente  par 
Gilles  David,  de  Loc-Maria.  D'autres  évoques  n'avaient  pas 
attendu  jusque-là  pour  manifester  leur  admiration  et  pour 
encourager  le  pèlerinage.  Le  7  août  1649,  l'évoque  de  Rennes 
publie  la  lettre  qu'on  va  lire,  mais  dont  l'original  nous 
manque  : 

«  Henri  de  La  Mothe  Houdancour,  par  la  grâce  de  Dieu  et 
l'autorité  du  Saint-Siège  apostolique,  évêque  de  Rennes. 
Cédant  aux  prières  de  nos  pieux  fils  en  J.-G.  les  frères  Prê- 
cheurs directeurs  delà  Sainte-Chapelle  de  Notre-Dame  de 
Nazareth,  paroisse  de  Gorseul,  diocèse  de  Saint-Malo  ;  sachant 
combien  ce  lieu  est  devenu  illustre,  et  connaissant  par  des 
relations  dignes  de  foi  combien  de  miracles  Dieu  y  a  opérés  et 
y  opère  chaque  jour  et  qui  sont  reconnus  par  l'évêque  diocé- 
sain ;  voulant  de  notre  côté  augmenter  de  tout  notre  pou- 
voir celte  dévotion,  afin  de  procurer  la  plus  grande  gloire  de 
Dieu,  l'exaltation  du  nom  de  la  Sainte  Vierge,  le  culte  des 
saintes  images,  la  dévotion  des  pèlerinages,  et  fortifier  de  plus 
en  plus  la  dévotion  des  fidèles  ;  ayant  reconnu  qu'il  résulte 
d'admirables  fruits  de  salut  de  cette  dévotion  que  nous  sou- 
haitons établir  ;  afin  que  le  feu  envoyé  sur  la  terre  s'allume 
aussi  dans  le  cœur  de  ceux  qui  nous  sont  confiés  :  Nous 
accordons  à  tous  et  à  chacun  des  fidèles  de  notre  diocèse,  en 
vertu  de  l'autorité  divine  et-de  la  nôtre,  une  indulgence  de 
40  jours,  toutes  les  fois  que,  s'étant  confessés  et  ayant  com- 
munié, ils  visiteront  la  susdite  chapelle  et  y  prieront  pour 
l'exaltation  de  la  Sainte  Eglise  catholique,  l'extirpation  des 
hérésies,  l'union  et  la  concorde  des  princes  chrétiens.  Par  une 


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684  SOUVENIRS  DOMINICAINS 

faveur  spéciale,  aux  confesseurs  de  la  susdite  chapelle 
approuvés  par  leur  évoque  et  à  ceux  que  le  supérieur  joro 
tempore  de  la  maison  aura  choisis,  nous  accordons  la  permis- 
sion et  le  pouvoir  d'absoudre  les  pèlerins  de  notre  diocèse  et 
tous  ceux,  qui  iront  visiter  ce  sanctuaire,  des  cas  réservés, 
sauf  les  restrictions  du  droit  et  des  canons.  Au  nom  du  Père 
et  du  Fils  et  du  Saint-Esprit.  Donné  à  Rennes  etc. 

L'année  suivante,  le  30  juin,  c'est  l'évêqûe  et  comte  de  Léon, 
René  de  Rieux,  de  la  famille  des  fondateurs,  qui  accorde 
également  des  indulgences  aux  pèlerins  de  son  diocèse  qui 
vont  h.  Notre-Dame  de  Nazareth,  à  la  condition  qu'ils  y  réci- 
tent le  chapelet  devant  la  sainte  image. 

Enfin  révoque  de  Saint-Brieuc,  Denys  de  la  Barde,  aime  à 
témoigner  sa  dévotion  au  pieux  sanctuaire,  sa  sympathie  aux 
religieux,  en  venant  souvent  célébrer  la  messe  dans  la  sainte 
chapelle  de  Nazareth. 

Ces  bienfaits  du  ciel,  ces  témoignages  éclatants  de  la  faveur 
de  Tépiscopat  breton,  en  multipliant  les  pèlerins  dans  la  nou- 
velle église  de  Notre-Dame  de  Nazareth,  encourageaient 
aussi  la  petite  communauté  dominicaine  à  qui  on  l'avait 
•  donnée,  à  y  faire  fleurir  le  culte  de  la  sainte  Vierge  !  Nous  ne 
savons  d'ailleurs  rien  de  particulier  des  religieux  qui  y  tra- 
vaillaient pour  la  gloire  de  Marie  et  pour  le  salut  des  pèlerins, 
sinon  qu'ils  furent  d'abord  en  très  petit  nombre.  Ce  n'était  pas 
un  couvent  proprement  dit,  se  gouvernant  lui-même  sous 
l'autorité  du  vicaire  général  de  Bretagne,  et  représenté  dans 
les  chpipîtres  de  la  Congrégation  et  de  la  Province  par  son 
prieur  et  par  son  député  élu,  mais  un  simple  vicariat  relevant 
deSaint-Jacques  de  Dinan.Aucommencement  de  1687,1e  temps 
parut  venu  au  vicaire  général  de  Bretagne,  d'obtenirdu  Géné- 
ral de  l'Ordre  l'érection  canonique  de  Notre-Dame  de  Nazareth 
en  couvent.  Le  Général  s'y  refusa  d'abord,  parce  que  la  maison 
ne  lui  semblait  pas  répondre,  comme  importance  et  comme 
ressources,  aux  conditions  prescrites  par  les  lois  dominicaines. 
Il  n'était  pas  assez  sûr  non  plus,  à  la  distance  où  les  défiances 


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DANS  LE  DIOCÈSE  DE  SAUrr-BRlEUC  685 

du  gouvernement  royal  le  tenaient  des  maisons  de  France, 
que  cette  institution  sauvegarderait  pour  le  présent  et  pour 
l'avenir  les  traditions  et  les  observances  de  l'Ordre.  Rassuré 
rainée  suivante  par  le  bon  témoignage  d'un  homme  qui 
jouissait  de  toute  sa  confiance,  et  qui  avait  été  récemment  élu 
vicaire  général  de  Bretagne,  Jacques  Quenouard,  suffisam- 
ment édifié  sur  le  caractère,  les  talents  et  les  services  du  supé- 
rieur qui  gouvernait  depuis  plusieurs  années  la  maison,  et 
dont  tous  les  efforts  avaient  tendu  à  l'amener  à  une  situation 
matérielle  et  morale  telle  que  son  érection  canonique  en 
prieuré  s'imposât,  pressé  enfin  par  les  demandes  formelles 
du  chapitre  provincial  d'Argentan,  le  Général  Cloche  n'hésita 
plus.  Le  6  juillet  1688,  il  expédia  de  Rome  la  patente 
d'érection\  en  l'accompagnant  d'une  lettre,  on  ne  peut  plus 

«  Arch.  de  TOrdre»  Rome,  Regist.  :  Francis  Provinciœ  1688-1692,  Lilt. 
patentes,  f*  143  :  «  Nos  f rater  Antonio  us  Cloche  etc.  Cumab  ultimi  Capital! 
Provincialis  Provinciœ  Parisiensis,  habiti  Argentomii  die  21  mail  labentis 
anni  1688,  deiinitoribus  omnibus  existimatum  fuerit  Vicariatnm  Do» 
NrsB  de  Nazareth  satis  magnum  numerum  fratrum  alere  posse,  ut  à  nobis 
in  prioratum  possit  erigi,  harum  série  et  nostri  authoritate  officii  prœdic- 
tum  Vicariatum  Dnae  Nœ  de  Nazareth  in  Britania  in  Prioratum  erigimus, 
ipsumque  Congrégation!  nostrse  Britanniese  incorporamus,  cum  omnibus 
gratiis  ac  privilegiis  quibus  cœteri  omnes  Prioratiu  frui  et  gaudere  cousue- 
▼erunt  in  Ordine,  volumusque  in  eb  conventu  perfectam  omnibusque  parti- 
bus  absolutam  observantiam  stabilire  ac  constituere.  Cumque  te  Reveren- 
dum  Patrem  Georgium  Simon,  Prsedicatorem  Generalem,  his  dotibus 
ezornatum  esse  noverimus,  tenore  prsesentium  nos  trique  authoritate  officii, 
te  prsenominatum  Référendum  Patrem  Georgium  Simon  absolventes  prius 
ab  omni  excommunicationis  TÎnculo  aut  alio  quocumque  ecclesiastico 
impedimento,  si  quo  forte  innodatus  esses,  ad  effectum  dum taxât  prœsen- 
tium  consequendum,  damus,  facimus  et  instituimus  Priorem,  caput  et 
pastorem  prœdicti  conventûs  nostri  Daae  N»  de  Nazareth  Congrégation is 
nostrse  Britannicse,  cum  omni  authoritate  et  potestate  in  temporalibus  et 
spiritualibus,  juribus  et  privilegiis  quibus  Priores  omnes  in  Ordine  ac  in 
eâ  Congregatione  de  jure  vel  approbatâ  consuetudine  uti  et  frui  consue- 
▼erunt  :  Mandantes  tibi  in  virtute  Spiritûs  Sancti  et  Sanctœ  ObedientisB 
necnon  sub  formai!  prœcepto^  ut  prsedictum  Priorat&s  Officium  infrà 
quatuor  horas  à  notiti  prsesentium  suscipias,  cœaterisque  omnibus  ad 
dietum  Conyentum  quocumque  modo  pertinentibus  mandantes,  etiam  sub 
formai!  prsecepto,  ut  te  tanquam  verum  et  legitimum  Priorem  à  nobis  rite 
et  légitimé  institutum  habeant  et  agnoscant,  tibique  in  omnibus  subsint  et 
pareant.  In  Nomine  Patrie  et  Fil!!  et  Spiritûs  Sancti.  Non  obstantibus  in 
contrarium  quibuscumque.  Datum  Romœ  in  conventu  nostro  Sanctse 
Marise  suprà  Minervam,  die  6»  mensis  Julii  anno  D*^  1688.  » 


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686  SOUVENIRS  DOMINICAINS 

flatteuse  pour  le  Père  Georges  Simon,  vicaire  de  Notre-Dame 
de  Nazareth,  qui  en  devenait  ainsi  le  premier  prieur*. 

Le  temps  démontra  au  Général,  un  moment  hésitant,  que 
la  résolution  à  laquelle  on  l'avait  amené  était  heureuse  et 
pour  Notre-Dame  de  Nazareth  et  pour  l'honneur  de  l'Ordre. 
Le  nouveau  prieur,  qui  s'était  dévoué  sans  réserve  à 
l'accroissement  de  la  fondation  commencée  trente-neuf  ans 
auparavant  par  la  comtesse  de  Cbâteauneuf,  se  crut  obligé, 
par  la  dignité  même  dont  il  se  trouvait  revêtu,  à  redoubler 
de  zèle,  et  quand  arriva  le  terme  de  son  office,  le  Général 
Cloche  s'empressa  de  lui  écrire»,  ainsi  qu'au  vicaire-génëral 
de  Bretagne»,  qu'il,  tenait  à  rendre  ui;i  témoignage  public 
à  son  dévouement,  en  permettant  aux  électeurs  du  couvent 
de  Notre-Dame  de  Nazareth  de  porter  immédiatement  leurs 
voix  sur  son  nom  pour  un  nouveau  priorat.  C'était  lui 
permettre  à  lui-même  d'achever  Toeuvre. 

R.  P.  Chapotin,  • 
de  l'Ordre  des  Frères  Prêcheurs. 


*  Ibid,  «  Ereotionem  domûs  Da  Nœ  de  Nazareth  in  prioratum,  tul- 
qne  in  Priorem  instltutionem  mittimus,  rati  te  omnia  ità  dispositurum,  ut 
non  aliud  quàm  à  te  relictum  exemp^m  alii  deinde  sequî  debeant.  Expedit 
enim  quàm  maxime  ut  initio  omnia  rectè  constituantur,  cùm  modicns 
etiam  error  in  principio  ingentia  in  progressu  detrimenta  et  incommoda 
afferat,  nec  nisi  maximo  labore  corrigi  posait.  » 

*  Ibid,  «  R.  P.  Prior,  salutem.  Pergratum  nobis  fuit  ea  quœ  à  te 
de  conventu  Nazareno  scripta  sunt  addiscere  ;  magnum  Religioni  ob- 
sequium  à  te  exhibitum  est,  atque  in  hujus  aliquam  compensationem, 
dum  major  apud  Deum  tibi  merces  reposita  est,  eligibilem  te  pro  altero 
triennio  reddimus....  Perge  ut  cœpisti,  eoque  jam  labornm  hactenùs  in  eo 
conventu  construendo,  aut  in  meliorem  formam  redigendo,  dulciores  te 
abundantiores  fructus  percipis.  Vale.  » 

s  Ibid.  «  Accepimus  P.  Georgium  Simon,  Priorem  Nazareni  conventûs, 
magnis  laboribus  assiduâque  soUicitudine  plurima  huic  conventui  bona 
contulisse  ;  œquum  videtur,  ut  jam  cœpta  perficere  possit,  qu6d  diutiùs 
conventum  regat.  Quare  et  per  prœsentes  illum  eligibilem  reddimus,  si 
conventûs  eligendi  jure  potiatur,  aut,  si  eo  careat,  licentiam  et  potestatem 
tibi  facimus  ut  eum  iterum  ad  alterum  triennium  eidem  conventui  prœÛcere 
posais.  » 


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RECHERCHES 

SUR    LES    ORIGINES     LITTÉRAIRES 
DE  L'ANCIENNE  PROVINCE  DE  BRETAGNE 


y^  —   Vh  Siècle 
f  Suite  J. 


VI.  —  ViB  DE  SAINT  CoRKNTiN  (18  décembre  520  î). 

Corentin,  la  gloire  de  la  Gornouaille  et  Tun  des  thauma- 
turges les  plus  renommés  de  toute  la  France,  parait 
avoir,  lui  aussi^  attendu  jusqu'au  neuvième  siècle  pour 
trouver  son  premier  biographe,  mais  on  ne  saurait  non  plus 
refuser  au  clerc  de  Quimper*  qui  entreprit  (820-850)  d'écrire 
cette  belle  vie  une  érudition  étendue,  une  simplicité  de  style 
et  un  air  de  bonne  foi,  qui  lui  concilient  tous  les  suffrages  et 
portent  à  donner  pleine  créance  à  la  plupart  de  ses  affirmations. 
Ce  qui  ne  permet  guère  d'attribuer  à  cet  hagiographe  une  anti- 
quité plus  reculée,  c'est  que,  loin  d'être  contemporain  de  son 
héros,  il  n'écrivait  manifestement  que  longtemps  après  la 

*  Vie  de  saint  Corenltn,  éditée  par  dom  Plaine.  Quimper.  DiTerhès  1886. 
n«  t,  34  etc. 


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688  RECHERCHES  SUR  LES  ORIGINES  LITTÉRAIRES 

mort  du  saint,  et  même  après  la  dédicace  d'une  basilique 
élevée  en  son  honneur  à  la  suite  de  nombreux  miracles*,  et 
que  de  plus  il  vivait  à  une  époque  où  le  clergé  des  Gaules  avait 
la  douleur  de  voir  plusieurs  de  ses  hauts  dignitaires  fré- 
quenter trop  assidûment  les  cours  séculières  et  en  imiter  les 
vices'  ;  ce  qui  annonce  assez  clairement  l'époque  des  premiers 
Carloyingiens.  En  outre,  si  les  Francs  avaient  alors  un  César 
à  leur  tôte',  comme  semble  Taffirmer  cet  auteur,  il  ne  peut 
s'agir  que  du  règne  de  Charlemagne,  ou  de  quelqu'un  de  ses 
successeurs. 

Mais  il  serait  peu  logique,  d'autre  part,  de  prétendre  que 
cet  écrit  est  postérieur  au  règne  de  Salomon  de  Bretagne, 
puisque  du  temps  de  l'auteur,  le  corps  du  saint  évêque 
continuait  à  se  conserver  à  Quimper  entouré  de  la  vénération 
publique*,  et  que,  deux  ou  trois  années  après  la  mort  du 
prince  dont  nous  parlons,  ce  précieux  corps  fut  emporté 
hors  de  Gornouaille  afin  de  le  soustraire  à  la  profanation 
des  Normands*. 

De  cet  état  de  choses,  on  conclura  sans  peine  que  cet 
anonyme  vivait  à  une  époque  où  les  traditions  anciennes 
n'avaient  subi  que  peu  d'altération,  pour  ne  rien  dire  encore 
dd  certains  documents  primitifs,  aujourd'hui  perdus  sans 
retour,  qui  ont  pu  se  trouver  à  sa  disposition.  Si  Ton  joint 
à  cela  qu'il  est  très  sobre  de  détails  biographiques  etqu*il 
n'appelle  guère  l'attention  que  sur  neuf  ou  dix  points  d'un 
intérêt  plus  saillant,  on  acquerra  de  nouveau  la  preuve  que 
cette  relation  paraît  mériter  de  faire  autorité,  au  moins 
quant  à  la  substance  des  faits. 

Cet  anonyme  de  Quimper  était  d'ailleurs  d'une  rare 
instruction,  et   il    avait  quelque   teinture   du    grec*.  Très 

*  Ibid.,  •&•  39. 
»  Ibid,,  nt  2. 

*  Ibid. 

^  Vie  de  saint  Corentin^  n*  12  et  aiUeura. 
»  Preuves  de  Bretagne^  1. 1,  c.  3i2. 

*  Vie  de  saint  Corentin,  déjà  citée  n»  34  et  passîm. 


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DE   l'ancienne  province  DE  BRETAGNE  689 

versé  dans  les  saintes  Ecritures,  il  aime  à  en  fondre  les 
textes  dans  son  propre  récit.  La  chronologie  lui  était  peut- 
être  moins  familière.  C'est  pour  cela  qu'il  a  commis  un  ana- 
chronisme des  mieux  caractérisés,  en  supposant  que  saint 
Corentin  a  pu  ôtre  à  la  fois  contemporain  de  saint  Martin 
(An  du  quatrième  siècle)  et  du  roi  Grallon  (commencement 
du  sixième).  Quant  à  son  style ,  il  est  presque  toujours 
clair,  correct  et  môme  élégant.  Cet  écrivain  n*a  pas  su 
cependant  se  mettre  toujours  en  garde  contre  un  ton,  qui 
est  parfois  déclamatoire,  mais  ce  défaut  de  forme  est  léger,  si 
on  le  compare  aux  défauts  du  môme  genre  et  bien  autrement 
graves  qui  caractérisent  les  hagiographes  de  l'école  de  Lan- 
dévennec,  auxquels  j'arrive  maintenant  sans  sortir  de  la 
Cornouaille. 

VII.  —  Ecole  de  Landévenneg. 

L'école  monastique  de  Lande vennec,  qui  remontait  sans 
doute  à  saint  Gwennolé*,  mais  sur  laquelle  nous  manquons 
de  tout  renseignement  pendant  les  VI*,  VII*  et  VIII*  siècles, 
jeta  un  grand  éclat  au  IX*,  et  produisit  alors  au  moins  trois 
écrivains  dont  les  œuvres  (prose  et  vers)  sont  partiellement 
arrivées  jusqu'à nous^  savoir,  le  poète  Clément, l'abbé  Wrdis- 
ten  et  le  moine  Wrmonoc. 

I*  Le  poète  Clément. 

Le  premier  vivait  sous  le  règne  du  roi  Salomon  (857-874)  et 
le  gouvernement  de  l'abbé  iElam.  Il  avait  un  certain  talent 
poétique,  mais,  aussi  pieux  que  modeste^  il  ne  cherchait 
guère  à  en  faire  parade.  Aussi  fallut-il  un  ordre  formel  de  son 
supérieur  pour  le  décider  à  composer  soit  un  poème  lyrique, 
soit  au  moins  quelques  hymnes  sur  la  vie  et  les  miracles  du 
premier  abbé  et  du  fondateur  de  Landévennec.  Il  y  avait  là 
plutôt  un  essai  qu'autre  chose  :  la  versification  du  poète  est 

»  Voir  plus  haut  V«  siècle. 


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âSÔ  BECHERCHES  5Ul\  LES  ORIGINES  LITTÉRAIRES 

loin  d'être  irréprochable-  Les  chevilles  n'y  font  pas  plus  dé- 
faut que  les  fautes  de  prosodie  proprement  dites.  Mais  les 
confrères  du  poète  n'étaient  pas  difficiles.  Ils  firent  le  meilleur 
accueil  aux  poésies  en  question,  et  comme  Tintroduction  ré- 
cente da  la  Règle  de  saint  Benoit  et  du  Bréviaire  monastique 
à  Landévennec  rendait  nécessaire  la  rédaction  d'hymnes 
propres  en  Thonneur  du  fondateur  de  cette  abbaye,  on  accepta 
avec  empressement  celles  du  nouveau  poète.  C'est  grâce  à 
cette  circonstance  que  quelques  fragments  de  cette  œuvre  du 
poète  Clément  nous  ont  été  conservés  sans  cependant  rece- 
voir les  honneurs, de  Timpression.  Ces  fragments  ne  se  com- 
posent que  d'un  prologue  en  six  distiques  et  de  quatre-vingt- 
cinq  iambes-  On  les  trouve  à  la  suite  du  cartulaire  de  Landé- 
vennec  et  de  la  vie  de  saint  QwennoléS  dont  je  vais  mainte- 
nant ra'occuper* 

II'  WamsTENj  abbé  de  Landévennec. 

• 
Wrdistenou  Gurdisten,  qui  succéda  à  ^Elam  comme  abbé 

de  Landévennec,  jouissait,  de  son  temps,  d'une  haute  répu- 
tation littéraire'  et  il  en  était  digne  à  plus  d'un  titre,  princi- 
palement pour  rétendue  de  sa  science  scripluraire  et 
IhéoIogiquCp  mais  la  vie  de  saint  Guennolé,  que  nous  lui 
devons  et  qui  ne  manque  pas  d'importance  sous  le  côté 
historique  et  hagiographique,  laisse  trop  à  désirer  littérai- 
rement parlant  pour  que  les  critiques  modernes  se  plient  à 
ratifier  les  éloges  décernés  à  l'auteur  par  son  disciple  et  son 
imitateur.  C'est  qu'en  effetp  à  cette  date,  en  certains  pays  et 
particulièrement  au  fond  de  la  Cornouaille,le  bon  goût  et  l'art 
du  littérateur  consistaient  à  entremêler  la  prose  et  les  vers, 
ou  encore  à  amplifler  son  discours,  à  prolonger  indéfiniment 

Ceci  était  écrit  araat  la  pablication  dudit  cartulaire  par  M.  A.  delà 
Borderia  où  lei  vera  dti  moîne  Clément  sont  insérés,  p.  124-128. 

*  Vie  de  saint  Paul  de  Léon^  éditée  par  dom  Plaine,  Rennes,  188Î,  Plihon, 
prologue* 


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DE  L'ANCIENNE  PROVINCB  DB  BRETAGNE  Q^i 

les  périodes,  à  en  enchevêtrer  le  plus  possible  les  divers 
membres  de  phrase  et  les  phrases  incidentes.  C*est  du  moins 
à  cela  que  visaient  manifestement  le  biographe  de  saint  Gwen- 
nolé  et  son  disciple  Wrmonoc»  dont  le  latin,  sans  cela,  ne 
manquerait  ni  d'élégance,  ni  de  correction.  Or,  ce  but,  ils  ne 
l'ont  que  trop  bien  atteint.  Mais  par  bonheur  le  goût  a  tota- 
lement changé  depuis  lors.  Si  au  X*  siècle,  quand  au  sortir 
des  invasions  des  Normands  et  des  Sarrasins  les  hommes 
retrouvèrent  assez  de  calme  et  de  sécurité  pour  s'adonner  au 
culte  des  lettres,  on  vit  encore  se  renouveler  çà  et  là  quelques 
essais  de  composition  plus  ou  moins  analogues  à  ceux  de  nos 
moines  bretons*,  ce  fâcheux  engouement  dura  peu;  le  bon 
goût  ne  tarda  pas  à  reprendre  le  dessus  et  on  en  vint  à  aimer 
de  préférence  la  clarté  et  la  simplicité  du  style;  on  n'eut  plus 
que  de  la  répulsion  pour  ce  dédale  de  phrases  incidentes,  qui 
rend  les  textes  obscurs  et  parfois  inintelligibles.  Ainsi  s'ex* 
plique  la  défaveur  dans  laquelle  est  tombé  Wrdisten  auprès 
des  critiques,  pour  qui  la  forme  littéraire  prime  tout  dans  un 
écrit.  Mais  pour  ceux  qui,  sans  négliger  la  forme,  sont  plus 
soucieux  encore  du  fond  et  de  la  substance,  le  biographe  de 
saint  Gwennolé  n*a  pas  cessé  et  ne  cessera  pas  d^être  un  ha« 
giographe  d'un  grand  mérite.  C'est  à  lui,  à  lui  seul,  au  résumé 
fidèle  qu'il  nous  donne  d^anciens  documents,  que  nous  de-< 
vons  deux  des  chapitres  les  plus  importants  de  l'histoire 
ancienne  de  la  Bretagne,  celui  du  règne  du  roi  Grallon,  qui 
sans  cet  auteur  ne  serait  guère  qu'un  personnage  légendaire, 
et  celui  des  origines  de  l'abbaye  de  Landévennec,  pour  ne 
rien  dire  encore  de  cent  autres  renseignements  de  divers 
genre,  que  l'on  chercherait  vainement  ailleurs  que  dans  l'un 
des  trois  livres  de  la  vie  de  saint  Gwennolé.  Aussi  suis-je  heu- 
reux  de  savoir  que  ce  document,  dont  les  anciens  Bollandistes 
n'avaient  publié  que  quelques  fragments,  vient  d'ôtre  édité 
inté^lement  et  simultanément  à  Quimper^  par  les  soins  de 

f^P&itprand    (de  Crémone)   et  le  moine  Benoit  (de  Rome)  en  offrent 
^utlques  exemples. 


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602  FECHKRCHES  SUR   LES  ORIGINES  LÎTTÉRAIRES 

M.  de  la  Borderie,  et  à  Bruxelles,  par  le  R,  P*  de  Saiedt, 
bollandiste. 

IIP  Wrmonoc  :  Vie  de  Saint  Paul  de  Léon. 

WrmonoCi  disciple  de  Wrdisten  et  moino  de  Landéven- 
n€c,  fut  entraîné  par  Texemple  de  son  mtilLre  à  consacrer 
deux  livres  d'une  bonne  longueur  à  retracer  la  vie  et  les 
miracles  de  saint  Paul  Aurélien,  et  par  là  il  a  rendu  un  ser- 
vice des  plus  signalés  à  Thagiographie,  puisque  sans  ïui  cette 
vie,  qui  intéresse  à  un  si  haut  point  la  grande   comme  la 
petite  Bretagne,  serait  deoieurée  pournous  lettre  absolument 
close.  Les  autres  hagiographes,  et  en  particulier  ranonyme 
de  Fleury,  édité  par  les  Bollandistes,   n'auraient  rien  su  de 
ce  saint  :  ce  qu1ls  ont  pu  nous  en  rapporter  avait  été  em- 
prunté  originairement  au    moine    de   Landévennec.    Mais 
d'autre  part,  tout  ce    qui  vient  d'être  dit  du  désordre  des 
phrases  que  Ton  remarque  dans  Wrdisten,  de  leur  enche- 
vêtrement inextricable,  de  la  multiplicité  des  qualificatifs^ 
delà  longueur  démesurée  des  périodes  convient  trait  pour 
trait  à  son  disciple,  et  n'est  pas  de  nature  à  lui  concilier  les 
suffrages  de  tous  les  lecteurs.  Je  me  plais  toutefois  à  ajouter 
que  l'écrit  de  Wrmonoc  n'en  oiïre  pas  moins  un  véritable 
intérêt  non-seulement  comme  biographie  d'un  illustre  thau- 
maturge, mais  aussi  en  raison  des  renseignements  de  tout 
genre,  principalement  sur  les  personnes  et  les  localités,  dont 
il  est  rempli.   L'anonyme  de  Fleury  avait  fait  à  cet  égard 
'bien  des  suppressions  fâcheuses,  pour  ne  rien  dire  en  outre, 
du  manque  d'autorité,   qui  s'attachait  naturellement  à  un 
travail   û'aôréuiaieur.  Aussi  celui   qui  écrit  ces  lignes  a-t-il 
été  heureux  de  faire  jouir  le  public  du  texte  même  de  Wr- 
monoc dans  sa  saveur  et  son  intégralité  primitive  en  Tinsé- 
rant  dans  les  Anaîeeta  Bollandmia^  * 

'  Ànalecta  BoUandiarm,  t.  l,  p.  208  et  suÎTantea.  Depuia,  M,  Cuiawrt  Ta 
publié  une  lecondo  foU  dam  la  Eevu^  ccHi^uef  Tome  Y. 


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DE   l'ancienne  province  DE  BRETAGNE  693 

Le  Léon,  dont  je  viens  de  m'occuper  àToccasion  de  saint 
Paul  Aurélien,  était  la  patrie  de  Wrmonoc,  mais  il  a  donné 
naissance  à  un  second  écrivain  du  neuvième  siècle  dans  la 
personne  du  biographe  de  saint  Goulven.  Je  vais  consacrer 
quelques  lignes  à  cet  auteur. 

Vin.  —  Vie  de  saint  Gqulven  (1"  juillet  610). 

Saint  Goulven,  Tun  des  premiers  successeurs  de  saint  Paul 
de  Léon,  a  vécu  partie  au  sixième,  partie  au  septième  siècle. 
La  chose  est  incontestable,  et  c'est  tout  à  fait  à  tort  que  dom 
Lobineauet  plusieurs  autres  critiques*  ont  rejeté  le  saint 
évoque  au  dixième  siècle  avec  son  protecteur  le  comte  Even. 
J'ai  dit  plus  haut  un  mot  de  ce  malentendu,  à  propos  de 
saint  Hervé,  mais,  il  ne  sera  pas  inutile  d'y  revenir.  Cette 
erreur  doit  avoir  pour  cause  la  biographie  môme  de  saint 
Goulven,  celle  dont  je  m'occupe  en  ce  moment,  car  l'auteur, 
en  parlant  des  hordes  de  barbares  Saxons,  Frisons  ou 
autres,  contre  lesquels  ledit  comte  eut  à  combattre,  les 
désigna  par  les  expressions  Daci  et  Normanni.  Or  la 
chose  s'explique  d'elle-même,  si  on  vient  à  réfléchir  que 
cet  anonyme,  vivant  au  neuvième  siècle,  comme  je  le 
suppose,  c'est-à-dire  au  moment  où  les  Normands  envahis- 
saient le  pays,  il  devait  trouver  tout  simple  d'appeler  du 
même  nom  les  Barbares,  contre  lesquels  le  comte  Even 
avait  eu  à  lutter  au  VI*  siècle.  De  pareils  anaçhronismes 
d'expression  n'ont  jamais  été  rares  au  moyen-âge,  mais  on 
aurait  tort  d'en  tirer  des  conséquences  analogues  à  celles 
qu'ont  mises  en  avant  dom  Lobineau  et  ses  confrères.  Mainte- 
nant, ce  qui  donne  à  penser  que  l'anonyme  en  question  appar- 
tient réellement  au  neuvième  siècle,  c'est  que,  pour  désigner 
la  Bretagne,  il  se  sert  indifféremment  des  termes  Britannia 
minoi\   Letavia,   Armorica.    Ces    expressions   en  effet   ne 

'  Biitoire  littéraire  de  la  France  t.  6  p.  bl8. 
T.   VI.   —  NOTICES.  —    Vl*  ANNÉE.   —  0*  LIV.  45 


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69i  RECHERCHES  SUR  LES  OKIGINES  UTTÉRAIRES 

s'emploient  plus  communément  après  les  règnes  de  Nominoé 
el  cïô  Salomon,  si  je  ne  me  fais  illusion. 

La  vie  de  saint  Goulven  est  d'ailleurs  aussi  pieuse  que  cor- 
rectement rédig^ie.  L'auteur  avait  une  connaissance  particu- 
lière des  localités  dont  il  a  à  parler,  et  s'appuyait  pour  les 
renseignements  biographiques  sur  des  écrits  antérieurs,  qui 
existaient  encore  de  son  temps.  Arrivé,  en  effet,  à  Tépiscopat 
du  saint,  il  s'abstient,  dit-il,  d'entrer  dans  les  détails  parce 
qu'il  n'a  plus  à  cet  égard  ni  relation,  ni  écrit  aulhenlique*. 
Conclusion  :  il  avait  à  sa  disposition  des  documents  de  ce 
genre  pour  les  périodes  antérieures  Cette  vie  restée  inédile 
jusqu'en  ISOO',  à  part  les  fragments  textuels  qui  avaient  été 
insérés  dans  les  anciens  bréviaires  de  Léon,  n'en  a  pas 
moins  servi  de  thème  aux  proses  et  aux  gwerz,  qui  ont  été 
composées  en  l'honneur  du  saint  évéque.  Elle  renferme 
beaucoup  de  détails  sur  l'enfance,  la  vie  érémitique  et  les 
premiers  miracles  de  Vm\  des  patrons  du  Léon,  mais  pres- 
que rien  sur  son  épiscopat* 

J'arrive  maintenant  à^Tréguier  où  trois  anonymes  récla- 
meront un  moment  notre  attention.  C'est  par  eux  que  je 
termuierai  ce  que  j'avais  à  dire  des  écrivains  bretons  du 
neuvième  siècle. 


IX^  TROIS  ANONYMES  DE  TrÉGUIER. 

A  tout  seigneur  tout  tionneur,  dit  l'adage.  C'est  pourquoi 
je  débuterai  ici  par  le  second  biographe  de  saint  Tudual, 
l'apôtre  breton  du  Trécor. 

•  Vie  de    saint  Gouiven^  vei^  la  fin. 

1  L'auteur  de  cea  lignes  vient  de  la  publier  en  français  avec  éclaircisse- 
m«iita  dam  lei  Mémoires  de  ta  Société  archéologique  du  Finistère,  t.  XVII, 
p.  i%-\\l  et  7;i*99.  V.  à  PariUf  le  tpxte  latin  du  Légendaire  breton  déjà  tant 
d«  IbiE  cité. 


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1 

DE   L^AKCIEN'NE  t^ROVlSCE   DE   BRETAGNE  605 


!•  Second  biourapuê  de  saint  Tudual. 

On  a  vu  plus  haut  que  saint  Loévan  iivait  écrit  le  premior 
la  biographie  de  son  maître  vénéré.  Un  anonyme  reprit  le 
travail  en  sous-œuvre,  et  se  plut  à  en  tirer  certains  dévelop- 
pements que  so[i  devancier  btvait  négliijés.  IMe  tit,  en  s'ap- 
puyant  tant  sur  les  anciens  titres  conservés  dans  les  archives 
(a*  26)  que  sur  une  première  vie  du  saint  écrite  selon  lui  en 
langue  scotique*  maig  qui  n'est  autre  selon  toute  apparence 
que  celle  môme  de  saint  Loévan,  Ce  qui  tend  à  prouver  que 
cet  auteur  appartient  aux  premières  années  du  neuvième 
siècle,  c'est  qu'il  ne  fait  aucune  allusion  soit  aux  invasions 
normandes  qui  dépouiUtirent  la  Bretagne  du  précieux  corps 
de  saint  Tudual,  soit  au  transfert  à  Tréguier  du  siège  épis- 
copal,  qu'avait  occupé  ce  même  saint,  transfert  qui  est  an- 
térieur à  Tannée  850,  Récrit  le  latin  avec  une  clarté  et  une 
simplicité  qui  étaient  assez  rares  de  son  temps,  mais  il  est 
demeura  inédit  jusqu'à  nos  jours'. 


2»  Vie  DE  saint  Me  loir  (1"  octobre  700). 

La  vie  et  le  martyre  si  touchant  de  saint  Méloir  ou  Melar, 
égorgé  à  rage  de  15  ans  par  les  ordres  d'un  oncle  aussi  cruel 
qu'ambitieux,  ont  été  racontés  avec  un  vif  intérêt  par  un  ano- 
nyme, qui  selon  toute  apparence,  appartenaitjpar  la  naissance 
à  Tancien  diocèse  deTréguier,  et  par  la  date  de  son  existence, 
au  neuvième  siècle*  Cette  dernière  assertion  ressort  avec 
clarté  de  ce  que  cet  auteur,  sans   être  contemporain  de  son 

*  In  vita  tancii  àarbarica  scoti^enarum  Unguâ  desûripia  reperitt4r 
(Prolog.). 

>  M.  de  la  Borderie  ik  publié,  à  Saint-Bneuc,  en  ISSa^  la  tezta  de  ^  ào- 
rumen t  avec  celai  de  deux  £ïi;tres  Ties  de  Saint  TaduaU 


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héros,  il  s'en  faut  de  beaucoup,  écrivait  cependant  avant  les 
invasions  normandes  et  avant  toute  translation  des  reliques 
du  saint  soil  à  Redon  (849),  soit  à  Lehon  (880)^  et  enfin  à  Paris- 
Quant  au  lieu  de  naissance, il  paraît  assez  bien  déterminé  par 
celte  double  circonstance  que  Tanonyu^e  en  question  con- 
naissait à  fond  Lanmeur  et  les  autres  localités  où  a  vécu  saint 
Méloir,  et  qu'il  se  montre  animé  des  pîus  grands  sentiments 
de  vénération  à  t'égard  de  saint  Milliau^  le  père  du  jeune 
martyr  :  car  ce  bie^iheureux  n'a  jamais  été  lobjet  que  d'un 
culte  local  très  restreint.  C'est  assez  dire  qua  le  biographe 
de  saint  Métoir  était  particulièrement  bien  placé  pour  con- 
naître les  faits  dont  il  nous  a  laissé  la  relation,  11  écrit  d*ail- 
leurs  avec  clarté  et  élégance  ;  les  néologismes  et  les  mots 
barbares  sout  rares  sous  sa  pïume.  Par  mallieur  cette  vie  Je 
saint  Méloir  ayant  été  portée  de  Bretagne  en  Angleterre  au  di- 
zième siècle»  y  devint Tobjetd'une  ititerpolation  déplorable  que 
Cupgrave  et  après  lui  IcsBoUandistes'  n'ont  paa  peu  contribué 
à  répandre  et  à  accréditer  ensuite.  Quant  au  texte  auttien* 
tique  et  intégral  il  était  encore  inédit  avant  1880,  mais  celui 
qui  écrit  ces  lignes  a  pu  alors  en  faire  jouir  le  pubfic  en  îe 
publiant  dans  le  tome  V  des  Anakcta  Botlandiana. 

3.  —  Vie  dk  S.  Ké-^flamm  (3  novembre  600). 

La^iede  saint  ErOamm  forme  Tun  des  plus  touchants 
épisodes  de  tonte  l'hagiographie  bretonne. 

Kfnamm,  fils  d'un  roi  d'lr)indc%  avait  été  fiancé  contre  son 
gré  à  la  fiîie  d'un  autre  roi  du  môme  pays^  afin  d'éteindre  par 
cette  union  des  haines  invétérées  qui  menaçaient  la  paix  des 
deux  royaumes.  Mais  à  cela  il  y  avait  un  obstacle  ;  le  jeune 
prince  prévenu  d'une  grâce  particulière  avait  fait  vœu  de 
virginité.  Toutefois,  pour  ne  pas  irriter  son  père,  pour  ne  pas 
donner  occasion  à  une  guerre  sanglante^  il  fit  semblant  de 

»  Acu  s.  s,  Januarii,  1. 1^  |».  38. 


DE  l'AXGINNE   province  DE  BRETAGNE 

se  prêter  à  ce  qu'on  demandait  de  lui  et  consentit  à  recevoir  la 
bénédiction  nuptiale;  seulement,  le  soir  m(^mede!a  cérémonie, 
quand  il  se  trouva  seul  avec  Azénor,  c'était  le  nom  de  la  prin- 
cesse, il  s*em[>ressa  de  lui  faire  connaître  la  promesse  qui  l'en* 
chaînait  à  Dieu.  Après  quoi,  pour  arrt^ ter  tout  dang^erde  man- 
quer  à  sa  promesse,  il  profita  de  la  null  pour  descendre  au  port 
voisin  avec  quelques  confidents  et  monter  suf  un  navire 
qui  faisait  voile  pour  un  pays  lointain.  La  Providence  le  fit 
aborder  sur  la  côte  septentrionale  de  TArmorlque,  non  îoin 
de  Tembouchure  du  Léguer  et  de  Lannion,  Le  saint  signala 
son  arrivée  dans  le  pays  en  Taisant  périr  un  dragon  qui  ré- 
pandait partout  la  terreur.  Après  quoi  il  bâtit  quelques  cellules 
pour  lut  et  ses  compagnons  et  commença  à  y  mener  une  vie 
moitié  érômitique,  moitié  cénobitique.  Survint  alors  Azénor, 
qui  avait  traversé  TOcéan  pour  retrouver  son  fiancé,  et  ne  de- 
mandait qu'à  vivre  auprès  de  lui,  mais  dans  une  cellule  sé- 
parée et  d'une  vie  plus angélique  qu'humaine.  Efflamm  accéda 
à  un  vœu  si  légitime.  Joignez  à  cela  l'épisode  de  saint  Gestin, 
et  vous  aurez  en  substance  la  merveilleuse  légende  de  saint 
Efflamm.  Si  quelques  détails  en  sont  fabuleux,  elle  n'en  ren- 
ferme pas  moins,  sans  nul  doute,  un  fonds  considérable  de 
vérité.  L'auteur  a  négligé  de  fixer  les  dates.  Pour  moi,  je  ne 
crois  pas  me  tromper  beaucoup  en  faisant  de  saint  Effiamm, 
un  contemporain  et  un  disciple  de  saint  Tudual.  Or  celui-ci, 
dont  les  ancêtres  étaient  irlandais,  avait  du  être  amené 
sur  les  côtes  de  Trécor  par  la  présence  en  ces  lieux 
de  son  parent  saint  Brieuc  qui,  comme  lui,  était  né  en 
Irlande. 

Quant  au  rédacteur  de  la  légende,  il  est  assez  difficile  de  lui 
assigner  une  date.  Cependant,  une  première  chose  parait 
certaine,  c  est  qu'il  est  antérieur  à  Tannée  1080  :  car  cet  ano* 
nyme  termine  sa  relation  en  disant  ce  qu'étaient  devenus 
jusqu*à  son  temps  les  lieux  sanctifiés  par  la  présence  d'Ef- 
flamm.  Or,  en  l'année  susdite,  le  rocher  du  saint,  ûiiHyrglaSt 
avec  tout  ce  qui  Tentoure,  devint  la  propriété  de  Tabbaye  du 


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Mont  St'MicheV,  et  cependant  notre  auteur  se  tait  sur  un  fait 

de  cette  importance.  Mais  il  y  a  plus  ;  Tanonyme  en  question 
doit  avoir  écrit  même  avant  les  invaeions  normandes  :  car  il 
garde  également  le  silence  à  cet  égard.  En  outre,  s'il  affirme 
que  la  tombe  de  saint  Efflamm,  après  avoir  été  entourée 
pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  des  hommages  delà 
piété  publique,  tomba  ensuite  dans  un  certain  oubli,  il  n'in- 
dique d'autre  cause  de  cet  oubli  que  le  lapa  de  temps  écoulé  : 
or,  de  600  à  S7S  il  y  a  un  espace  d'années  plus  que  suffisant 
pour  tout  expliquer.  Enfin,  s'il  ajoute  que  l'invention  des 
saintes  reliques  donna  lieu  à  renouveler  îa  mémoire  même 
du  saint*  J!  ajoute  aussi  que  cette  invention  arriva  à  une 
époque  où  îa  Bretagne  obéissait  à  un  seul  chef,  qui  portait  le 
tîlre  dw  roi?.  Or,  il  n'en  fut  plus  ainsi  après  Tannée  907,  date 
de  la  mort  d'Alain  le  Grand.  Tels  sont  les  motifs  qui  nous 
portent  à  placer  au  neuvième  siècle  la  rédaction  de  celte 
merveilleuse  légende.  Elle  est  d'ailleurs  écrite  avec  assez 
d'élégance  et  de  correction, bien  que  le  ton  y  soit  parfois  celui 
de  la  recherche,  et  les  allures,  celles  de  l'ampliflcation** 

Avec  le  biographe  d'Kfflamm,  se  termine  l'excursion  que 
j'avais  entreprise  à  travers  la  péninsule  armoricaine  à  la 
recherche  des  écrivains  bretons  du  neuvième  siècle.  Cette 
excursion,  on  le  voit,  n'a  pas  été  sans  fruit  :  et  le  nombre 
des  auteurs,  dont  les  noms  et  les  titres  à  la  reconnaissance 
de  la  postérité  viennent  d'être  recueillis,  n'est  pas  à  dé- 
daigner :  mais,  par  malheur,  le  dixième  siècîe,qu*il  est  temps 
d'aborder,  sera  loin"  d'être  aussi  fécond,  et  ne  fournira  nulle- 
ment une  moisson  aussi  abondante  en  renseignements  et  en 
documents. 

(A  suivre.)  Dom  Fa,  Piaine:. 

Preuves  de  Bret.,  t.  i,  p,  4G0, 

■  Voir  U  fin  do  cette  légende. 

'  La  U'-gendô  dd  saint  î*";fflamm  est  (encore  médite  et  se  conaerTa  à  Paria 
dans  le  Légendaire  Orefon  déjà  bion  des  fois  citd  ;  mais  j*a[  appris  avec 
bonheur  q^ue  M^  Tabbé  Luuas  se  propoie  de  l'vdjter  proclLainemenl. 


»T^ 


,     LEPISCOPAT    NANTAIS 


A  TRAVERS   LES  SIÈCLES 
rSmie'J 


IL  —  BONABES  11  DE  BOCUEFORf 


1392  —  1398. 


Bonabes  de  Hochf'forf, second  fils  de  Marfe  d'Ancenis^  mariée 
en  deuxièmes  noces  à  autre  Bonabes  de  Rochcfort,  sieur 

*  Voir  Iê.  6*  année.  ^^  livraiion. 

>  De  docïim(!nt8  m  la  tlernièrem^ot  sous  non  yeux  par  notre  bon  confrÈre  et 
ami,  M.  S.  de  la  NicolUèrËf  archiviâtâ  munieipal  &  NfinVes,  à  l'obligeance 
duqiiél  nous  devons  déjà,  tous  !ês  monuments  sigillogi^aphiqui-a  de  nos  Evéqueft 
documents  dont  nous  n'avons  inallieureusement  pu  nvoir  cornmunioiUion  en 
Unjpg  utile^  il  résulte  que  Tuddition  par  nous  fy^it©  de  Tépiscopat  de 
Henri  111,  intercalé  entre  Henri  de  Cales  trie  et  Daniel  Vigier  f^"^  faKricuîe  de 
l4t  Eeruê,  6*  année,  pp.  Iîi7-198)  est  h  rt^ trancher- 

Nous  laisserons  h.  M,  de  la  NicolJière  lui-mame,  dans  La  prochaine  livraison 
de  la  Retue^  leaoin  de  reproduire  les  pièce*  prcbîiïilas  et  l'erreur  bien  iûv<^- 
Ion  taire  cginmite  30U«  Tautorité  de  Travers. 


k 


d'Henleix',  succéda  en  1392  a  son  frère  utérin,  Jean  de 
Montre!  ai  s. 

La  maison  de  Rochefort,  qui,  avec  les  deux  évêques  de 
Nantes,  a  donné  à  Téglise  de  Bretagne  un  évoque  de  Léon  en 
1349  est  une  des  plus  anciennes  et  des  plus  illustres  de  la 
province.  Originaire  du  diocèse  de  Vannes,  elle  eut  un  re- 
présentaîità  la  première  croisade*,  elle  paraît  au  treizième 
siècle  dans  le  comté  Nantais  où  elle  posséda  la  vicomte  de 
DongeSj  la  baronnîed'Ancenis,  les  belles  ferres  et  seigneu- 
ries d*Assérac,  de  Henlelx,  de  Rochefort,  etc.  La  branche 
atnée  se  fondit  dans  Rieux  et  la  brancliedeHealeix,  à  laquelle 
appartenait  Bonat}es  TIj  dans  Rohan. 

Ainsi  que  son  grand  oncle  Bonabes  I,  Bonabes  II  por- 
tait :  Vairê  d'or  et  d'azur.  Un  acte  des  archives  dépar- 
tementales', daté  de  1394,  conserve  l'empreinte  du  seeau  de 
la  cour  de  Tévêque  de  Nantes,  La  matrice  qui  servait  à 
apposer  au  bas  des  pièces  la  marque  du  visa  épiscopal  de 
Bonabes  de  Rochefort,  pourrait  avoir  servi  à  plusieurs 
év&ques,  et  remonter  peut-être  à  une  cinqnanlaine  d'années, 
attendu  qu*elle  ne  porte  aucun  nom.  Dans  le  champ  de  ce 
sceau  orbiculaire,  mesurant  0,  033™  de  diamètre,  est  repré- 
senté révoque  bénissant,  à  côté  de  son  diacre.  Légende  : 
f  S{igilîum)  curie  epfiicopjî  Nannefenisis). 

Au  même  acte  est  apposé  le  sceau  de  rofficialité,  de  forme 
ogivale,  mesupantO,033  surO,021  ;  dans  le  champ  est  Técu  aux 
armes  de  Rochefort,  attaché  au  bâton  d'une  crosse  passée 
dans  une  mîlre,  de  chaque  côté  de  laquelle  sont  les  lettres 


*  Dd  *oii  second  mariage,  Marie  d'Ancenia  enl  Guy,  qui  coniinua  la  lignée 
des  seigneurs  du  H^nlelx,  Bonabes,  évâqae  dfï  Nanua,  et  au  tooms  tieuï 
Autres  flUe«.  Bile  eut  ainsi  k  satiâraclion  de  voir  qti;Ure  de  :$ea  enfants  em- 
brasser la  carrière  eccléti asti quej  parmi  lesqueli  trois  furent  âvé^ufs  et  Tuit 
cardinal. 

*  Mm*  de  Bnjeux,  p.  îfl. 

*  Arcb,  dép.  Arm.  D,  c»as.  A  iï«  S J  ,\rmorial  de  M.  de  la  NIcolrftrcT  p.  SO). 


B,  0.  ûfficialis.  Légende;  Sitjillum  curie  officialaim 
Nan  [netensis]*  1  Armoriai  p.  60, 

Bonabfïs  II  de  RocheTort  prit  possession  du  siège  de  Nantes 
en  1392,  les  trésoriers  dti  duc  ayant  compté  celte  année  les 
fruits  de  sa  vacance,  close  et  arrêtée  depuis  la  mainlevée 
obtenue  par  Bonabes  quelque  temps  auparavant.  Bonabes  II 
de  Rochefort  fit  sa  soumission  à  la  chambre  apostolique  le 
mercredi  4  septembre  1392.  lî  Ht  au  duc  aveu  et  serment  le 
9  mars,  second  dimanche  de  carême  de  l'année  suivante  et  le 
renouvela  de  nouveau  trois  ans  après^  le  mercredi  2  mars, 
après  Remwhcere^  de  l'an  i39Ô\ 

Le  pape  Clément  Vïl,  dont  on  suivaitTobédience  en  Bretagne, 
mourut  en  13fM,  Le  cardinal  Jean  de  Lune  lui  succéda  le 
28  septembre  sous  le  nom  de  Benoît  XIII-  Le  roi  Charles  VI, 
voyant  avec  peine  le  schisme  se  perpétuer,  assembla  à 
Paris,  le  2  février  1395,  les  évoques  et  députés  de  toutes  les 
Universités  du  royaume,  afin  de  délibérer  sur  les  moyens  de 
réteindre.  Notre  évêque  fut  de  rassemblée  avec  les  titulaires 
de  Tours,  du  Mans,  d* Angers  et  de  Rennes.  On  reconnut  dans 
cette  assemblée  le  nouveau  pape  Benoît  XIIL  La  Bretagne, 
la  France  et  TEspagne  adhérèrent  à  celte  délibération.  Les 
archives  du  château  de  Nantes  possèdent  en  original  quan- 
tité de  bulles  de  ce  pape,  de  1394  a  liÛ6,  et  il  ne  paraît  pas 
qu'on  se  soit  séparé  de  lui  à  Nantes  avant  14i)t),  épot[ue  où 
Ton  suivit  l'obédience  d'Alexandre  Vj  élu  par  le  concile  de 
Pise  contre  Benoit  Xlll  d'Avignon  et  Grégoire  Xll  de  Rome*. 

De  retour  de  Paris  à  Nantes,  Bonabes  de  Rochefort  ratifia, 


*  Dom  Morïce  3  pirblié  le  mfttti- sceau  Pr.  11.  planche  TX,  n«  CLXVII,  mais 
dans  il-?:a  proportions  henunoup  plus  g^ran des  que  celles  d^  roriglnal,  car  il  lui 
donni  0,  Oh^  sur  0,035  (îCxtrait  de  M.  de  h\  Ni  colliers  p.  &a). 

»  Du  Paz,  ffist.  généaL  des  Maisons  de  BrêL  —  Ârch.  du  château  de 
Nantes,  arm.  S.  casa.  B.  n'  17.  D.  Lobineau,  Hist.  de  BreL  T.  ii,  p.  1225.  — 
Arcb,  du  chàtaau  de  Nantes^  &vm.  E.  cii^.  C. 

*  Labb.  Couc.T.  xi,  p,  251  L  —  FAcherj  :  Spicil.  T.  vi,  p.  7L  —  Martène, 
T,  vu,  p.  iSù.^^HUt.  de  rUnireriUédt  Paris,  T,  iv,  732, 


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7ftj  L'ÉPrSCOPAT  NAXTAIS  A  THAVERS  LES  STÈCLÏS 

le  16  ayril  1395,  Térection  de  la  sacristie  de  la  cathédrale  en 
titre  de  bénéfice'. 

Le  25  février  139G  [alids  1397),  il  Tut  présent  et  consentant 
avec  les  seigneurs  et  les  évoques  de  la  province  à  la  ratifica- 
tion que  le  duc  Jean  IV,  étant  à  Ploërmel,  fit  de  la  fondation 
de  sa  collégiale  de  Notre-Dame  du  Champ,  à  Anray,  et  le  len- 
demain, à  1  acte  d*assignation,  sur  les  revenus  du  comté 
de  Nantes,  du  douaire  de  Jeanne  de  Navarre,  sa  dernière  et 
troisième  femme'. 

Bonabes  de  Rochefort  mourut  le  jeudi  8  août  1398  et  fut 
inhumé  dans  sa  cathédrale.  Dans  un  acte  du  2  novembre 
suivant,  on  lit  ces  paroles  :  «  Monsour  Bonabes  de  Rochefort, 
«  naguères  évoque  de  Nantes,  qui  eut  pour  hoirs  Marie  d'An- 
«  cenis  sa  mère  et  Gerion  de  Rochefort,  son  frère,  n 

L'évêque  Bonabes  a  donné  au  chapitre  cinq  cents  sols  de 
rente  annuelle  pour  son  anniversaire  à  perpétuité\ 

Le  pape  Clémpnt  Vil  avait,  en  1392,  nommé  à  Tévôché  de 
Nantes  Gui  de  Lescours,  mais  à  celui-ci  le  chapitre  préféra 
Bonabes  de  Rochefort  qui  l'emporta  sur  son  compétiteur. 
tJn  acte  de  1391^  lui  donne  le  titre  d'éludé  Nantes*,  Après  la 
mort  de  Bonabes  de  Rochefort,  Benoit  Xïll  le  remplaça  par 
un  certain  Pierre,  auquel  le  duc  accorda  mainlevée  des  fruits 
le  1"  janvier  1398.  11  était  docteur  de  tliéologrie.  Le  pape  lui 
commit  Tadministralion,  au  spirituel,  des  îles  de  Jersey 
et  de  Guernesey,  au  diocèse  de  Coutances,  et  dépendant  de 
l'Angleterre,  Pierre  fut  évoque  peu  de  temps.  Il  mourut* 
ou  le  pape  le  transféra  à  un  autre  siè^e,  Tan  1399.  Cet  évoque 
n'est  point  entré  dans  les  catalogues*, 

*  Tltr«fl  du  chapitre. 

»  Lobinêau,  t,  ii,  p.  Oiû,  —  Reg.  de  la  Cb.  d^*  Comptes  de  Bi*et  —  Dom 
Lobincftti,  t    II,  p.  ftGI, 

*  Livre  des  Anniversaires. 

*  Lenfant,  Uist.  dit  Cône,  de  Pise^  piiPt.  it,  p.  177. 
'  Hîmer,  t,  vm,  p.  131  ;  dom  Mor.  t,  ii»  p,  707* 


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gqôsL 


75.  —  BERNARD  DU  PEYRON 

Ï3§9  —  1404, 


Bernard  II  du  Peyron,  originaire  de  Gascogne  et  aumô- 
nier de  la  duchesse  Jeanne  de  Navarre^  portait  :  âfe...,, 
à  la  colonne  de cantonné  de  quatre  roses,  —  11  fut  élu^ 

confirmé  et  sacré  évoque  de  Nantes  en  Tan  de  grâce  1399* 
C'étaïtsousle  pontificat  du  pape  d'Avignon  Benoit  Xlll,  etle 
règne  du  duc  Jean  IV,  qui  mourut  peu  après,  Bernard  prêta, 
la  même  annéCi  à  Avignoa  et  en  la  cour  du  pape  Be- 
noît XIII,  le  jour  de  la  saint  Grégoire,  son  serment  de  fidé- 
lité au  duc,  dans  lequel  il  s'intitule  :  a  Bernard,  par  perniis- 
«  sion  divine  et  du  Saint-Siège  apostolique,  évoque  pacifique 
de  Nantes^  en  Bretagne*,  etc..  »  Il  fit  son  entrée  solennelle  à 
Nantes,  ie  20  juillet  suivant.  Son  sceau  orbiculaire  en  cire 
brune,  d'environ  0,032,  est  apposé  sur  queue  de  parchemin  à 
une  quittance  de  100  florins  d'or,  donnée  pour  la  ferme  des 
fruits  appartenant  à  l'évAché  dans  la  paroisse  de  Saint-Cyr 
en  Rays,  Dans  le  champ,  un  ange  soutient  Técu  placé  devant 

*  Arcli*  départ.  Arm.  E,  ca«.  C,  n*  I&.  L^  aû^aii  de  Bernard,  appendu  à 
cette  pièce,  a  été  «nlevé  par  une  personne  qui  a  coupé  les  cordons  lur 
l«it|uels  jl  étaitappoJié  (Note  de  M,  de  la  NicoUière). 


lui  et  timbré  d'une  crosse  tournée  à  gauche.  De  la  légende 
circulaire,  it  ne  reste  qun  les  lettres  BERNA,  Au-dessus  se 
trouve,  sur  cire  rouge,  rempreinte  de  l'anneau  épiscopa!, 
représentant,  dans  un  octOErone  allongé,  un  écn  très  fruste, 
sommé  d'une  crosse  tournée  à  gauche.  L'acte,  daté  du  5  dé- 
cembre 1400,  se  termine  ainsi  :  Suù  siffillo  et  passame?iio  ma- 
nuaïe.  Il  est  signe  de  B{3rnard  :  Id^m  B.  Epiisver  esi\  (Armo- 
riai p.  01), 

Le  3  janvier  1400,  Tévfique  de  Nantes  avait  donné,  ainsi 
que  les  autres  évêqucs  de  Bretagne  et  les  seigneurs,  son 
consentement  à  un  accord  passé  entre  la  veuve  de  Jean  IV 
et  Jean  de  Bretagne,  fils  de  Charles  de  Blois,  Olivier  de 
Clisson  et  Alain  deRohnn,  pour  la  sûreté  du  jeune  duc  Jean  V» 
qui  était  dans  la  onzième  année  de  son  Ôge* 

Le  S  février  suivant,  Bernard  se  trouva  au  concile 
d'Angers';  il  était  encore  dans  cette  ville  le  15  du  mÔme 
mois,  et  y  admit  ïa  permutation  que  deux  bénéflciers  du 
diocèse  de  Nantes  firent  de  leurs  bénéfices  entre  ses  mains'. 
Cet  acte  est  daté  d'Angers,  Tan  VI  de  l*électîon  de  Benoist, 
dernier  étu  pape. 

Notre  é vêque  se  rendit  de  là  à  Avignon,  près  de  Benoit  XIII, 
avec  une  commission  écrite  de  la  duchesse  Jeanne  de  Na- 
varre, Il  s'agissait  de  solliciter  du  pape  une  bulle  de  dis- 
pense lui  permettant  de  se  marier  avec  qui  elle  voudrait  de 
ses  parents  jusqu'à  un  certain  degré,  et  une  autre  bulle,  pour 
elle  et  ses  gens,  portant  permission  de  fréquenter  les  excom* 
munies,  La  duchesse  avait  dessein  de  passer  en  Angleterre 
et  d'y  épouser  le  roi,  son  parent,  qui  suivait  avec  son  ro- 
yaume Tobédience  de  Boniface  tX*  Etant  à  Avignon,  Bernard 
fit  serment  le  12  mars  1400,  au  jeune  duc  Jean  V,  pour  le  tem- 
porel de  l'évôchéde  Nantes\  On  ne  sait  d'autre  raison  do  ce 


*  Ârch.  départ  Arm.  Q.  casa.    FI,  n*  4ft, 
'  Keg,  de  l'êgUie  d'Anprera, 

>  Titres  de  rarcliidîacoaé  flu  Nantes, 

*  Chut,  de  fiantes,  Armi  R,  casi,  C\ 


r     BEHNARD    DU   PEYRON  Î05 

serment  prêté  à  Avignon  au  duc  absent,  plutôt  qu'à  Nantes, 
au  duc  présent,  si  ce  n'est  que  Benoît  XIII  voulait,  d'un 
évoque  de  Bretagne  ou  de  cette  province,  un  acte  daté  de 
l'année  de  son  pontificat.  Il  craignait  probablement  que  l'on 
nt>  s'y  conformât  à  l'édît  de  soustraction  donné  par  le  roî 
Charles  VI  le  28  juillet  1398,  et  k  un  autre  édit  du  même  jour 
qui  défendait  d'obéir  à  Benoît  Xïll,  de  recourir  à  lui  pour 
les  affaïres  ecclésiastiques,  et  qui  mettait  en  commande  les 
J>énéfices  tenus  par  les  partisans  de  Boni  face  IX  comme  par 
ceux  de  Benoît  XUL  ^ 

L'évoque  de  Nantes  lit  un  long  séjour  à  Avignon  ;  toutefois 
il  revînt  avant  la  Pentecôte  14ôi ,  car  le  vendredi  suivant 
27  mai,  il  se  trouvait  au  pays  de  Rays,  où  il  passait  une  ferme 
des  droits  et  revenus  de  Tévéché  dans  celte  partie  du  dtocèse'- 

Bernard  accompagna  à  Rennes  le  duc  Jean  V,  qui  s'y  fit 
couronner  le  22  mars  1401.  A  son  retour,  il  trouva  son  diocèse 
infesté  par  une  maladie  contagieuse  qui  le  dévasta  depuis 
Pâques  jusqu'à  la  Toussaint  suivante-  11  passa,  à  Nantes,  en 
1402,  un  accord  avec  Tabbé  et  les  religieux  de  Blanche^Gou- 
ronne',  Le3  avril  de  cette  année,  la  duchesse  Jeanne  de  Na- 
varre, mère  du  duc  régnant  Jean  V,  épousa  à  Nantes  le  roi 
d'Angleterre,  Henri  de  Lancastre,  son  cousin,  avec  dispense 
de  Benoit  XIIL  Le  roi  d'Angleterre  épousa  la  veuve  de  Jean 
IV,  par  procureur,  avec  dispense  de  Boniface  IX,  la  Bretagne  et 
l'Angleterre  ne  reconnaissant  pas  le  môme  pape^, 

Bernard  fut  présent,  fe  7  janvier  140U,  àPariSj  à  Thommage 
que  le  duc  Jean  V  fit  au  roi  Charles  VI,  et  le  2S  mai  suivant, 
il  assista  à  rassemblée  oii  le  roi  révoqua  la  soustraction  d'o- 
béissance à  Benoît  XIU*. 

Toujours  opposé,  dans  les  délibérations,  au  retour  à  To- 
Tobéissance  an  pape  d'Avignon,  qui  Tavait  pourtant  élu  à 

« 

*  la.  Arm.  Q,  ca««,  E. 

*  Titre*  de  BJanche-Couronne» 

.  1  CUron,  de  Saint-Brieuiî.  D.  Lob.  t.  u.  p.  877.  D,  BîoHce,  t.  ^  p,  R5  etse, 

*  Cbài.  de  Nantes,  Arm.  G^cass.  C,  n*  i.  Lob..t,  n,  p,  ëlf. 


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706         l'épisgopat  nantais  a  travers  les  siècles 

Nantes,  Bernard  du  Peyron  fut,  en  1404,  transféré  par  Benoît 
XIII  au  siège  de  Tréguièr  et  remplacé  à  Nantes  par  Henri  Le 
Barbu,  évêque  de  Vannes,  entièrement  dévoué  et  attaché  au 
parti  français*. 

A  cette  occasion,  maître  Jehan  Jouvenel,  avocat  du  roi, 
proposait  et  disait,  dans  l'assemblée  des  princes,  des  prélats 
et  des  députés  des  universités  que  le  roi  ordonna  de  tenir  à 
Paris,  en  décembre  1406  :  «  Je  treuve  de  Tévêque  de  Nantes 
a  en  Bretaigne,  M®  Bernard  du  Pérou,  qui  a  esté  esleu,  con- 
«  Armé  et  consacré  et  goy  et  usé  paisiblement  par  quatre 
t  ans  et  pour  ce  que  ce  fut  fait  durant  la  sustraxion,  Mon- 
a  sieur  Benédict  (Benoit  XIII)  lui  a  osté  son  evesqué  en  a  fait 
«  provision  à  un  autre  (à  Henri  le  Barbu)  et  ly  a  baillé  Tré- 
«  guier,  là  où  il  n'entendoit  ^aie  au  mot  du  langage  du  pais. 
«  Or  voies  comment  il  y  a  bien  pourveu  des  preschéours  ; 
«  et  le  reputoit  par  sa  bulle  indigne  de  Tévesqué  de  Nantes 
ti  poiu*  ce  qu'il  s'estoit  consenti  à  sa  sustraxion.  Je  m'en  croy, 
«c  je  les  ay  viies,  etc. . .'  » 

Bernard  ne  fit  que  paraître  à  Tréguièr,  on  ne  sait  même 
s*il  y  alla,  Benoit  XIII  l'ayant  aussitôt  transféré  à  Tarbes  sur 
ce  motif  que  ne  sachant  pas  la  langue  du  pays,  il  n*y  pouvait 
prêcher,  et  par  conséquent  était  un  pasteur  inutile  et  inca- 
pable de  paître  ses  brebis. 

Bernard  revint  en  Bretagne  en  1408  et  y  plaida  contre 
Henri  le  Barbu,  pour  rester  à  Nantes,  regardant  sa  transla- 
tion comme  absolument  nulle  par  défaut  d'autorité  dans 
Benoit  XIII,  qui  n'avait  pu,  à  sa  seule  volonté,  contre  les 
saints  canons  et  les  règles  de  TÉglise,  le  tirer  malgré  lui  de 
son  siège  et  le  faire  passer  à  un  autre.  Bernard  fut  contraint 
de  céder  ;  le  duc  obéissait  à  Benoit  XIII  et  favorisait  Henri  le 
Barbu.  Les  deux  évoques  en  vinrent  à  un  accord,  le  22  octobre 
1411.  Henri  s'obligea  à  payer  à  Bernard  deux  mille  écus  d'dr 

*  D.  Morice,  t.  ii,  p.  705.  Arch.  du  ch&t.  de  Nantes,  arm.  G,  cass.  C,  n»  I. 
«  Pr,  de  VHist.  du  Conc,  de  Constance^  par  du  Chattenet,  p.  148,  etc. 


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HSHRl   LK  BARBU 


1fl(? 


au  titre  de  vingt-quatre  karats,  à  ïa  taille  de  62  ati  marc,  et  à 
vingt-deux  sols  six  deniers  de  cours  en  France.  Bernard  se 
déclara  satisfait  et  retourna  à  Tréguier^  oii  il  resta  jusqu'à  sa 
mort,  et  malgré  Benoit  XIII,  sans  avoir  pris  de  bulies- 


n.  —  HENRI  LE  BAltllU 


1104—  1419, 


Henri  II  Le  Barbu.  Le  Barbu,  en  breton  Le  Barvel,  sieur  du 
QuiUou  en  Plougastel-Saint-Germain,  de  Trevehy  en  Ploue- 
nan,  de  Tromenec  en  Landeda,  de  Kerenez,  paroisse  de  Ker- 
louan,  de  Coetansal  en  Ploudiry,  appartenait  à  une  vieille 
famille.  Cette  maison  assista  aux  montres  et  réformations 
de  1-426  à  1503,  dites  paroisses,  évêchés  de  Cornouailles 
et  Léon.  Elle  portait  :  d'or  au  sautoir  flenronné  d'azur,  aliàs  ; 
accompagné  d*an  croissant  en  chef  ^  aliàs  ;  une  tête  d'homme 
barbu  (Sceau  de  1381), 

Elle  a  produit,  outre  Tévêque  Guy^  son  frère,  évêque 
de  Luçon  en  1385,  mort  en  1410,  Jean,  père  du  précédent, 
écuyer  du  duc  en  1300,  et  ratifiant  le  traité  de  Guérande  en 
1381  ;  —  Alice  et  Marguerite,  abbesses  de  la  Joie  de  1391  à 
1451  ;  —  Une  branche  puînée  de  la  maison  le  Barbu,  passée 


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708        l'épiscopat  nantais  a  travers  les  siècles 

en  Gaienne,  subsiste  mainteriant  en  Allemagne,  sous  le  nom 
de  Trevey'.  (Armoriai  p.  62). 

Henri  le  Barbu  était  fllsde  Jean,  premier  du  nom.  Il  est 
nommé  avec  son  père  dans  le  testament  d'Hervé  de  Léon  en 
1463.  L'écu  de  ses  aï^mes,  surmonté  d'une  crosse  tournée  à 
droite,  se  trouve  sur  le  côté  ouest  de  la  tour  absidale  de  la 
cathédrale  de  Nantes,  près  de  celui  de  révoque  suivant,  Jean 
de  Malestroit,  entre  ceux  de  Geoffroy  Pantin  et  d'un  autre 
prélat,  ce  dernier  écu  trop  fruste  pour  être  reconnu. 

Aux  archives  départementales  existe  le  sceau  en  cire  verte 
d'Henri  le  Barbu,  évoque  de  Vannes.  11  est  ogival,  en  très 
mauvais  état  de  conservation,  plus  du  tiers  de  la  partie  supé- 
rieure a  disparu.  Dans  le  champ  sont  trois  niches,  les  deux 
des  côtés  ornées  des  statues  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul, 
celle  du  milieu  occupée  par  un  personnage  dont  les  attributs 
ne  peuvent  être  déterminés.  Au-dessous  est  Tévêque  age- 
nouillé, la  mitre  sur  la  tôte,  la  crosse  entre  les  mains  ;  de 
chaque  côté  de  ce  compartiment,  un  écu  aux  armes  du 
prélat,  avec  une  crosse  tournée  à  droite,  entièrement  ren- 
fermée dans  le  champ.  Légende  :  (sig)  il  flumj  (H)  enrici  Dei 
gratia  veneten  (epi).  Lacs  de  parchemin*.  {Armoriai,  p.  62). 

Henri  le  Barbu  était  religieux  de  Citeaux,  docteur  en  théo- 
logie, et  avait  été  abbé  de  Prières.  En  cette  qualité,il  assistait 
le  4  avril,  jeudi  de  la  semaine  de  la  Passion  1381,  au  ser- 
ment solennel  que  le  duc  Jean  lY  fit  dans  Téglise  collégiale  de 
Guérande  d'observer  le  traité  conclu  avec  le  roi  de  France  le 
15  janvier  précédent*. 

Simon  deLangres,  lui  résigna  Tévêché  de  Vannes  en  1383*, 
il  était  alors  conseiller  du  duc,  dont  il  devint  le  chancelier  en 
1394.  Deux  ans  après,  il  donna  solennellement,le  2  décembrCi 
dans  la  maison  de  Jean  IV  à  Paris,  le  sacrement  de  conflrma- 

•  V.  GourceUes,  Hist.  des  Pairs  de  Fratice^  t.  ui.  Trevey.  (Armoriai,  p.  62). 
•  *  Arch.  départ,  de  la  Loire-Inf.  (Armoriai  p.  62). 

*  Arch.  du  Chat,  de  Nantes,  arm.  T.  cass.  G.  n«  29.Lobineau  T.  ii,  p.  623. 
^  *  Histoire  des  pqpes  d'Avignon,  par  Baluxe,  T,  ii.  p.  U46,  etc. 


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HUNRI    LE    BARBU  TOI) 

tioii,  au  prince  héritier,  Pierre,  qui  à  celle  (jccasion  clianj^ea 
de  nom,  pour  prendre  celui  de  Jean,  qu'il  a  toujours  porté 
depuis*. 

Au  commencement  de  1404  Benoit  XIII  transféra  Henri  Le 
Barbu  de  Vannes  à  Nantes  et  par  un  bref  du  10  mai  le  re- 
recommanda au  duc*.  La  même  année,  le  5  des  Ides  de  sep- 
tembre, il  fut  reconnu  avec  l'évêque  de  Quiniiper  Thibault 
de  Malestroit,  par  le  pontife  d'Avignon,  pour  recevoir  le 
serment  de  fidélité  du  duc  au  pape.  Il  fit  hommage  du  tem- 
porel de  son  évêché  au  duc  Jean  V,le  25  avril  1405,  en  présence 
et  du  consentement  du  chapitre,  et  Tacte  en  fut  signé  de  sa 
main,  scellé  de  son  sceau,  du  sceau  du  chapitre  et  des  sceaux 
du  sire  de  Montfort  et  de  maître  Jean  du  Pont'. 

Pour  corriger  les  abus  qui  s'étaient  glissés  dans  son 
diocèse,  à  la  faveur  du  schisme,  il  renouvela  les  statuts 
synodaux  de  ses  prédécesseurs  et  en  publia  de  nouveaux.  Le 
premier  synode  qu'il  tint  est  du  4  juin  1405,  jeudi  avant  la 
Pentecôte,  où  il  défend,  sous-peine  d'excommunication  et  de 
cent  sols  d'amende,  toutes  sortes  de  spectacles,  de  jeux  et  de 
danses  dans  les  églises  et  les  cimetières*. 

Dans  le  synode  suivant,  du  mois  d'octobre,  nous  relevons 
cette  première  phrase.  «  Révérend  père  en  Dieu,  Monseigneur 
a  de  Nantes,  de  l'autorité  des  statuts  provinciaulx  de  la 
«  Senne,  déclare  excommuniez  tous  ceux  qui  troublent 
«  l'Eglise  dans  ses  libertés  et  juridictions.  t>  Voilà  donc 
l'évoque  distingué  de  la  Senne  (c'est  ainsi  qu'on  appelait 
le  synode),  dont  la  juridiction  lui  est  supérieure.  Les  statuts 
de  1408  et  1409  nous  donnent  une  preuve  semblable. 

Les  ordonnances  de  1406  arrêtent  la  tenue,  dans  les 
paroisses,-  de  registres  de  baptêmes,  avec  les  noms  des 
parrains  et  marraines.   Chaque  année,  le  registre    devait 

*  Chron.  de  Saint-BHeuc,  dans  Dom.  Morice,   T.  i,  pp.  17,  7'»,  70,  77 
«  Arch.  du  chat,  de  Nantes,  arm.  F.  casa.  B,  no  18. 

>  Chat,  de  Nantes,  arm.  5,  cass.  B.  n©  17.  Lobineau,  T.  ii  p.  1227. 

*  Martène,  Thés,  anced.  T.  IV. 


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710         l'épiscopat  nantais  a  travers  les  siècles 

être  préseiilé  à  Tévêque,  en  visite,  ou  à  ses  commissaires'. 
Le  synode  règle  encore  que  les  curés  auraient  par  écrit 
les  cas  que  le  droit  réserve  au  pape  et  à  l'évêque,  et  qu'ils 
n'absoudraient  point  sans  permission  les  cas  réservés.  Enfin, 
les  curés  devaient  résider  à  leurs  bénéfices,  sauf  ceux  qui, 
étudiant  dans  les  Universités,  pouvaient  continuer  leurs 
éludes,  toutefois  avec  permission  de  1  évoque. 

La  France,  à  ce  moment,  penchait  à  se  séparer  de  l'obé- 
dience de  Pierre  de  Lune  (Benoit  XIII).  Ameil  de  Broglio, 
archevêqure  de  Tours,  le  défendit,  le  4  décembre  1406,  dans 
l'Assemblée  des  princes,  des  prélats  et  des  députés  des 
Universités,  à  Paris.  Il  dit  en  s'adressant  au  Roi  :  «  Quand 
«  autrefois  vous  la  conclûtes  (la  soustraction  est  398),  vous 
«  aviez  moult  grigneur,  nombre  de  prélats  que  vous  n'avez 
«  maintenant,  et  des  princes  de  ce  royaume  une  grande 
«  partie  qui  ne  sont  pas  présents.  Le  faire  maintenant  en  leur 
«  absence,  je  cuide  que  ce  ne  serait  pas  cose  bien  convenable. 
»*  De  toute  ma  province,  il  n'y  a  cy  que  un,  l'Evoque  de 
«  Nantes,  encore  est-il  en  plaid;  et,  comme  j'ai  entendu,  le 
0  duc  de  Bretagne  ne  souffera  point  aux  prélats  de  son  duché 
«  faire  sustraxion  :  orvoïez  quelle  division  ce  seroit,  etc*.  » 
Le  concile  de  Paris  se  sépara  néanmoins  du  pape  d'Avignon 
et  déclara  rester  neutre  entre  Grégoire  XII  et  Benoit  XIIP. 
L'évéque  de  Nantes  demeura  dans  son  ancien  attachement  à 
ce  dernier.  Ce  ne  fut  qu'au  concile  de  Pise,  en  1409,  (auquel 
assista  Henri  le  Barbu)  que  la  Bretagne  entière  reconnut 
l'autorité  d'Alexandre  V.  On  possède  à  Nantes,  aux  archive$ 
du  château,  plusieurs  bulles  de  ce  pontif'e  et  de  son  successeur 
Jean  XXIII. 


•  Mariône,  id.  ibid.  T.  iv.  —Nous  n^avons  rien  de  plus  ancien  à  citer  à  ce 
égard.  Mais  le  statut  ne  fut  pas  bien  observé,  car  il  n*y  a,  au  moins  à  notre 
connaissance,  aucune  paroisse,  dans  le  diocèse,  qui  ait  des  registres  de 
1406.  Tout  au  plus,  peut-être,  quelques  feuillets  volants  épars. 

«  Bourgeois  du  Chastenet.  P.  de  Vhist.  du  conc.  de  Constance^  p.  148. 

»  Preuves  des  libertés  de  V Eglise  gallicane^  édit.  1651,  p.  365.  Martène,  t.  ii, 
p.   1307. 


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HENRI   LK   BARBU  711 

Le  jeudi  de  la  Pentecôte,  19  mai  1407,  Henri  le  Barbu  tint  à 
Nantes  un  synode  dont  les  statuts  sont  restés  manuscrits*. 
11  s'y  dit  «  évoque  péfc^la  grâce  de  Dieu  et  du  Saint-Siège  apos- 
tolique »,  ratifie  et  approuve  tous  les  précédents  statuts,  ceux 
de  ses  prédécesseurs,  défendant  entre  autres  aux  laïques 
de  laisser  mettre  au  rang  des  images,  dans  Téglise,  le  por- 
trait de  qui  que  ce  soit,  à  moins  que  la  représentation  ne  soit 
d'un  homme  à  genoux  qui  prie*. 

Le  synode  ordonne  encore  aux  curés  d'avertir  les  fidèles 
d'éviter  ce  qui  peut  pousser  à  Tidolâtrie,  de  dénoncer  et  ex- 
communier les  sorciers  et  sorcières  ;  d'avertir  les  fidèles  de 
ne  point  mettre  leurs  petits  enfants  à  coucher  avec  eux  avant 
Vàge, 

Le  dimanche  26  juin  de  la  même  année  1407,  noire  évêque 
reçut,  dans  la  chapelle  du  château  de  Nantes,  les  promesses 
de  mariage  de  Madame  Blanche  de  Bretagne  avec  le  jeune 
comte  d'Armagnac,  et  de  Madame  Marguerite,  sœur  puînée 
de  Blanche  avec  le  vicomte  de  Rohan'. 

L'an  1401,  Henri, étant  h  la  Roche-Bernard,  le  6  juin,  donna 
défense,  sous  peine  d'excommunication  et  de  cent  mares 
d'argent,  à  tous  ceux  qui  ont  des  pièces  expectatives  de  bé- 
néfices, de  se  saisir  des  églises  et  des  maisons  du  bénéficier, 
lorsqu'ils  le  voient  malade  et  près  de  la  mort*.  Cette  ordon- 
nance adressée  aux  doyens,  prévôté,  archidiacres,  trésoriers, 
chantres,  scolastiques,  recteurs,  chapelains,  curés  et  non 
curés,  clercs  notaires,  et  à  tous  les  fidèles  du  diocèse,  est 
rendue  hors  synode,  parce  qu'elle  n'enjoint  rien  de  nouveau. 

Les  vicaires  généraux  de  révoque  de  Nantes,  avec  son  con- 


«  Arthur  de  la  Gibonais.  Recueil  de  la  Chambre,  t.  i,  p,  10. 

>  Ce  que  la  duchesae  Jeanne  de  Navarre  avait  fait  en  1401  en  mettant  jus- 
que, sur  les  autels  Tirnage  du  duc  Jean  IV,  lorsqu'elle  en  fit  le  service,  peut 
avoir  donné  lieu  h  ce  statut. 

'  Chron.  de  Bret.   D.  Lobineau,   t.  ii,  p.  :3()6.  —  Biblioth.  de  Sf-Jacf/ues 
de  PirmiL 
*  Martène,  Trésor  des  anecdotes,  t.  iv. 


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712  l/ÉPISCOPAT   NANTAIS   A  TRAVERS   LES    SIÈCLES 

senleiuent,  et  de  son  autorité,  tinrent  en  son  absence  un 
synode  le  24  octobre  1408,  confirmant  tous  les  précédents. 

Henri  assista  aux  Etats  de  Bretagne  en  décembre  1408.  Il 
tint  synode  à  la  cathédrale  le  jeudi  après  la  Pentecôte,  30  mai 
1409.  Entre  autres  décrets,  on  y  voit  celui  qui  défend  aux 
hommes,  sous  peine  de  dix  livres  d'amende  et  d'excommu- 
nication, de  reposer  de  jour  et  de  nuit  avec  des  femmes,  à 
l'église,  dans  le  temps  de  neuvaines  et  dans  d'autres  temps, 
quoique  mari  et  femme*. 

L'année  où  se  tint  le  concile  de  Pise,  auquel  Henri  le  Barbu 
assista  par  procureur,  ce  prélat  se  trouvait,  le  lundi  14  oc- 
tobre 1409,  au  château  d'Elven,  diocèse  de  Vannes,  où 
il  assista  à  Tacte  de  procure  que  le  duc  donna  à  Armel  de 
Châteaugiron^  pour  en  son  nom  faire  hommage  du  comté 
de  Richement  au  roid'Angleterre^ 

Le  15  mai  1410,  l'évoque  de  Nantes  tint  un  synode,  et  un 
autre  le  23  octobre  suivant,  ou  furent  renouvelés  les  anciens 
statuts.  Pour  assurer  son  droit  d'étanche  sur  les  vins  (ap- 
pelé banc  de  révêque)  qui  lui  donnait  droit  de  faire  vendre 
le  vin  au  détail  pendant  quinze  jours  par  exclusion  de  tous 
autres,  il  informa  de  sa  possession  par  enquête  avec  la  per- 
mission du  duc*. 

Le  4  juin  1411,  nouveau  synode  dans  lequel  furent  publiés 
de  nouveaux  statuts. 

En  1413,  le  30  novembre,  s'ouvrit  à  Paris  une  assemblée 
ou  l'évoque  de  Nantes  refusa  les  théories  subversives  du 
cordelier  Jean  Petit,  qui  s'était  fait  l'apologiste  de  l'assassinat 
du  duc  d'Orléans  par  le  duc  de  Bourgogne.  Jean  Gerson  fut 
du  môme  sentiment.  C'est  à  l'opinion  d'Henri  le  Barbu  que 
le  fougueux  religieux  dut  sa  condamnation. 

Ce  fut  aussi  à  la  sollicitation  d'Henri  Le  Barbu  que  le  pape 


•  Bcf/ist.  (fe  fa  ChambrCj  cotte  v?78.  Dom  Lobineau,  t.  ii,  p.  828. 
"  D.  Lobineau  ï.  ii.  p.  87:5. 
»  TiU'es  (le  Tévéché. 


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HENRI  LE  BARBU  t^o 

Jean  XXIII  approuva  en  1414  Térection  de  l'Université  de 
Nantes. 

Kn  1418,  le  pape  Martin  V,  à  la  prière  du  duc,  renouvela 
les  bulles  de  Jean  XXIII  à  cet  efîet,mais  la  faculté  de  théologie 
ne  les  ayant  pas  admises,  les  bulles  restèrent  sans  effet*.  Cet 
affaire  dormit  jusqu'à  l'an  1460,  époque  où  elle  fut  réprise  et 
achevée. 

Henri  assista  par  procureur,  en  1415,  au  concile  de  Cons- 
tance, où  il  opina  par  la  bouche  d'Alain,  évoque  de  Léon,  de 
différer  à  traiter  de  la  matière  des  annales  que  le  Souverain 
Pontife  prenait  alors  de  tous  les  bénéfices  vacants,  gros  et 
petits,  par  des  collecteurs  qu'il  avait  dans  tous  les  diocèseâ*. 
Pendant  l'absence  de  l'évoque  de  Nantes,  ses  vicaires  géné- 
raux tinrent  en  octobre  un  synode  rectifiant  et  approuvant 
les  précédents.  Apres  son  retour,  le  prélat  tint  lui-même 
les  synodes  de  la  Pentecôte  et  du  mois  d'octobre  1416,  où  il 
renouvela  le  statut  de  l'évêque  Daniel  au  sujet  de  la  visite  de 
la  cathédrale  par  le  peuple,  une  fois  l'an  ;  des  indulgences 
étaient  aussi  accordées  aux  jours  de  très  nombreuses  fêtes 
pour  la  môme  visite.  L'évoque  défend  dans  les  mêmes  statuts, 
sous  peine  d'excommunication  et  de  10  fr.  d'amende,  les 
chelevali  (aujourd'hui  charivari]  en  dérision  des  femmes 
qui  passent  en  secondes  noces. 

Saint  Vincent  Fcrrier,  de  Tordre  des  Frères  prêcheurs, 
invité  par  le  duc  Jean  V  à  faire  une  mission  en  Bretagne,  se 
rendit  a  Nantes  au  commencement  du  carême  1417.  Henri,  le 
clergé  et  le  peuple  le  reçurent  comme  un  homme  envoyé  de 
Dieu.  Le  saint  ne  fit,  cette  fois,  que  passer  à  Nantes^  mais  il 
y  revint  Tannée  suivante  et  prêcha  à  la  cathédrale  pendant 
les  Avenls. 

Henri  le  Barbu  mourut  le  17  avril  1419,  dans  un  âge  avancé, 
ayant  été  près  de  quarante-six  ans   évéque,  tant  à  Vannes 

*  Arch.  du  chat,  de  Nantes,  arm.  14,  cass.  H,  n»»  17,  t4.  —  D.  Lobineau. 
t.  II,  p.  901  et  1217. 

*  Marlène,  Thés,  anect.  t.  ii,  p.  1543. 


(1383-1404)  qu'à  Nantes  (1404-1419),  et,  avant  d'ôire  évoque, 
abbé  de  Prières  durant  plusieurs  années.  Il  fut  inhumé  dans 
sa  cathédrale,  dans  la  chapelle  de  sainlPierre,  depuis  de  saint 
Félix,  où  Ton  voyait  encore  son  tombeau  dans  la  première 
nxoitié  du  dix-huitième  siècle*.  Il  a  fondé  un  anniversaire 
^olçnnul  tous  les  premiers  mercredis  de  chaque  mois,  à  six 
cier^[es  aux  vigiles,  huit  à  la  messe  et  quatre  à  la  tombe^ 
pour  lesquels  il  a  donné  soixante  livres  de  rente  et  cent 
BOUS  pour  chaffiie  service*.  La  Psallette  le  reconnaît  pour  son 
fondateur.  Elle  lui  devait  tous  les  jjeûdis  une  messe  de  Re- 
qiiiem,  et  les  enfants  de  chœur,  tous  les  jours  après  vêpres. 
Un  De  Profundis  avec  les  oraisons. . .  La  musique  de  l'église 
cathédrale  doit  son  origine  à  cette  fondation. 


J.  DE  Kersauson. 


(La  mite  prochainement.) 


*  Cette  chapelle  n'existe  plus;  eUe   est  entrée  dans  le  nouveau  chœur  de 
réglisc,en  1T33. 
»  Li\:re  des  Anniversaires, 


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H 


Claude  Hamelin,  Ecuyer,  S' de  Mare,  demeurant  paroisse  de  Vitry, 
El.  de  Saumur,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres^Ie  29  maj 
1667. 

Charles  du  Hardaz,  Chevalier,  S'  de  Hauteville,  demeurant  pa- 
roisse de  Gharsigné,  pays  du  Maine, 

Thomas  du  Sardas,  S' du  Fresnay,  demeurant  paroisse  d'Auvers 
le  Hamon,  El.  de  la  Flèche  eurent  acte  de  la  représentation  de  leurs 
titres  le  17  octobre  1666. 

Philippe^Emmmnuel  Hardouin,  Ecuyer,  S'  de  la  Girouardière, 
demeurant  paroisse  de  Peuton,  El.  de  Châteaugontier,  eut  acte  de 
la  représentation  de  ses  titres  le  17  août  1668. 

Gilbert  de  la  Haye,  Ecuyer,  s'  de  Montgazon,  demeurant  paroisse 
de  Bouére,El.  de  La  Flëche,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  14  août  1667. 

René-Jean  de  la  Haj/e,  chevalier,  S'  de  la  Vacherie,  demeurant 
paroisse  du  Puy-Notre-Dame.  El.  de  Saumur,  eut  acte  de  lareprésen- 

*  Voir  la  livraison  de  décembre  1889. 


)gle 


tation  de  ses  titres  le  6  mars  4670,  tant  pour  luy  que  j^our  Pierre  de 
la  Haye,  Ecuyer,  S^  de  la  Verdonnière,  demeurant  paroisse  de  Lassay, 
pays  du  Maine, 

François  de  la  Haye,  Ecuyer,  S'  de  Montbault  et  du  Coudray, 
demeurant  paroisse  de  St-Hilaire-du-Bois, 

Antoine  de  la  Haye,  S' des  Hommes,  son  frère,  demeurant  audit 
lieu  des  Hommes,  paroisse  de  Coron,  El.  de  Montreuil-Bellay,  au 
nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin  de  laNoyrais. 

Marc  des  Hayes,  Ecuyer,  S'  de  Cric,  demeurant  en  son  château  de 
Périgne,  paroisse  d'Avoise,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  représen- 
tation de  ses  titres  le  7  février  1667. 

Louis  Hector,  de  Tirpoil  et  de  la  Rémonnière,  demeurant  à  Tirpoil, 
paroisse  de  Montillé,  El.  de  Montreuil-Bellay,  au  nombre  des  main- 
tenus par  M.  Voisin  de  la  Noyrais. 

René  Héuand,  Ecuyer.  S'  d*Ampoigné,  y  demeurant,  El.  de  Chàteau- 
gontier,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  et  maintenu 
par  arrêt  du  7  novembre  1668. 

François  de  Hellaud,  Ecuyer,  S'  de  Vallière,  demeurant  paroisse 
de  Loire.  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le 
16  mars  1668. 

Charles  Henry,  Ecuyer,  S' du  Champ,  demeurant  à  Restigny,  El. 
de  Saumur,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  1 7  avril  1667. 

René  de  Houdan,  Ecuyer,  S'  de  Lépinay,  demeurant  à  Mayert,  El. 
de  La  Flèche,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  tant  pour 
luy  que  pour  son  frère  le  28  mars  1668. 

Georges  Hulin,  Ecuyer,  S'  de  la  Selle,  y  demeurant,  El.  de  Chà- 
teaugontier,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  tant  pour 
luy  que  pour  Maihurin  et  René,  ses  cousins,  le  28  mai  1677. 

Claude  Hunault,  Ecuyer,  S'  de  Marcillé,  demeurant  paroisse  de 
Ja  MembroUe,  El.  d'Angers. 

tiermain  HunauU,  Ecuyer,  S'  de  la  Chevallerie,  son  fîrère,  demeu- 
rant paroisse  d'Etriché,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  représenta- 
tion de  ses  titres  le  23  mav  1667. 


DES  GENTILSHOMMES  D*ANJOU  7 

Pierre  de  la  Hmns,  S**  de  la  Noô,  demearant  paroisse  de  Saint- 
Georges-Sept-Voies,  El.  de  Saumur,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres  le  19  septembre  1669. 


/Vanpow  Jacques,  Ecuyer,  S' de  la  Hurelière,  demeurant  en  sa  mal- 
son  de  la  Grisserie,  paroisse  de  Lusse,  £1.  de  Baugé^  eut  acte  de  la 
représentation  de  ses  titres  le  7  may  1669. 

Marie  Eardian,  ¥•  d* André  Jacques^  Ecuyer,  s' de  la  Borde,  comme 
mère  et  tutrice  de  ses  enfans  et  dudit  demeurant  en  la  ville  du 
Lude^  £1.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  7 
may  1669. 

Xoww  Jamineau,  S'  de  la  Couldraye,  demeurant  p»^  de  S*-Hillaire 
de  Gléray,  £1.  de  Montreuil-Bellay  au  nombre  des  maintenus  par 
M.  Voisin  de  la  Noirays. 

XowwJarret,  Ecuyer,  S' des  Terres-Noires,  demeurant  paroisse  de 
SWust,  de  Verché,  El.  de  Montreuil-Bellay,  eut  acte  de  la  représenta- 
tion de  ses  titres  tant  pour  luy  que  pour  son  fîpère  le  dernier 
février  1668. 

Charles  Jarret*,  Ecuyer,  S'  du  Baril,  demeurant  p»^  de  S*-Martin 
duLimet,  El.  de  Chateaugontier,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  18  septembre  1668. 

Louis  Jarret,  Ecuyer,  S' de  Roches,  demeurant  paroisse  de  Braye- 
sur-Maulne,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  19  septembre   1668. 

Mathurin  de  Jarzé,  Ecuyer,  S'  de  Mille,  les  Loges,  y  demeurant 
paroisse  de  Chavagnes,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres  tant  pour  luy  que  pour  Gabrielle  Mauberty  sa  tante,  le 
12  mars  1668. 

René  de  Jarzé,  S'  de  Varennes,  demeurant  paroisse  de  Martigné- 
Briand,  El.  de  Saumur,  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin. 


i  Les  grosses  originales  des  maintenues  de  Charles  et  de  Louis  Jarret  sont 
dans  les  archives  de  cette  famille. 


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Pierre  Le  jROîfE,  Ecuyer,  S'  de  la  Fupgonnière  demeurant  en  sa 
maison  du  Plessis-^reffier  paroisse  de  Huillé  El.  de  la  Flèche. 

Gilles  Le  Jeune,  cliQTàXïeT,  S'  de  Bsaumont.  sdn  nevdu,  demeurant 
p""  de  la  Trinité  d'Angers,  eurent  acte  de  la  représentation  de  leurs 
titres,  le  8  juin  1667. 

Au^ti^/6  JouBBaT,Ecuyer,  S**  des  Arsonnières,  El.  d* Angers,  eut  acte 
de  la  représentation  de  ses  titres  tant  pour  luy  que  pour  Frcmeois 
Jouberl,  Ecuyer,  s"^  du  Puy-Rocher,  son  frère,  le  14  janvier  1668. 

JcLcquea  Jaubert,  Ecuyer,  S»  de  Montigné. 

Charles,  Jacques,  Louis  Joubert,  ses  en  fans,  demeurant  paroisse 
de  Montigné,  El.  de  Montreuil-Bellay,  au  nombre  des  maintenus  par 
M.  Voisin  de  la  Noirays. 

Gabriel  Jouet,  Ecuyer,  S**  de  la  Saulaie,  demeurant  à  Angers,  eut 
acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  19  mars  1669. 

Nicolas  JoussB,  Ecuyer,  S' de  Villeguiers,  demeurant  au  Viel-Baugé, 
eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour 
sa  mère  et  ses  sœurs,  le  21  aoust  1667. 

Mc^Z  JoussEÀUSfE,  Chevalier,  S'' de  la  Gi;^e,  demeurant  à  Qonord. 
El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres. 

René  Jousseaume,  Ecuyer,  S'  du  Colombier  et  du  Coudray,  y 
demeurant,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres, 
tant  pour  luy  que  pour  Guy,  Pierre  et  André,  sesenfans,  le  18  janvier 
. 1669. 

Françow  dî?  Juglard;  chevalier,  S''de  Forgeay  et  de  Chanteloup 
dem.  aud.  For^eays,  paroisse  de  Chenu  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la 
réprésentation  de  ses  titres  le  9  janvier  1670. 

Jacques  dô  Juigné,  Ecuyer,  S'  du  Parvis,  épousa  Françoise  Cherbon^ 
nier,  V»  dud.  Juigné,  demeurant  paroisse  de  S'-Saturnin  du  Limet, 
El.  de  Chateaugontier,  eut  acte  de  représentation  de  ses  titres  tant 
pour  elle  que  pour  Claude  de  Juigné,  son  beau-frère,  le  3  mars  1669. 

Toussaint  Le  Jum3a.u,  Ecuyer,  S'  des  Perrière»,  demeurant  paroisse 
de  Blou,  El.  de  Saumur,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
tant  pour  luy  que  pour  : 


DES  GENTILSHOMMES   D  ANJOU  9 

Michel  Le  Jumeau^  Ecuyer,  S'  de  Salvert,  son  oncle,  demeurant, 
paroisse  de  Neuillé,  El.  de  Saumur,  le  2  may  1667. 

Adrien  Le  Jumeau^  Ecuyer,  S'  de  Layman  (?)  demearint  paroisse 
de  S*-Pîerre  de  Chemillé,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres  le  17  juin  1667. 


Charleê  de  Lambert,  Ecuyer,  S' de  la  Frôdonnièrp,  demeurant  pa- 
roisse de  Juigné-sur-Sarthe,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  repré- 
sentation de  ces  titres  tant  pour  luy  que  pour  son  pèra,  le  20  sep- 
tembre 1667.. 

Anne  de  Yatigirault,  V«  de  Lancelot  de  Lancrau,  Ecuyer,  S'  de 
Piard,  demeurant  p««  du  Loroux-Béconnais,  El.  d'Angars,  comme 
mère  et  tutrice  de  ses  enflains,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  tant  pour  elle  que  pour  ses  enfans  le  22  may  1667. 

Eustache  de  la  Lande,  Ecuyer,  S»  de  S*-Martin  y  demeurant, 
Urbain  de  laLande,  Ecuyer,  S'  dud.  lieu,  y  demeurant  en  sa  mai- 
son duMargat,  El.  de  Chateaugontier, eurent  acte  de  la  représentation 
de  leurs  titres,  le  21  may  1668. 

René  de  Langlée,  Ecuyer,  S'  de  la  Barre-Ménardière,  demeura  nt 
en  sa  maison  du  Perray,  paroisse  du  Viel-Baugé,  El.  dud.  lieu,  eut 
acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  \"  aoust  1667. 

Pierre  de  Lantivy,  Ecuyer,  demeurant  à...  El.  de  Chateaugontier, 
eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  le  !•'  aoust  1667. 

Guy  Lasnder,  Ecuyer,  S'  de  Contignô,  demeurant  à  Angers,  pa- 
roisse de  S*  Denis,  maintenu  par  arrêt  du  conseil  du  2  décembre  1669. 

Laurent  Lasnier,  Ecuyer,  S'  de  la  Guerche,  premier  président  au 
présidial  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  le  28 
mars  1668  et  par  arrêt  du  2  décembre  1669. 

Hercule  (^ôLaunat,  S' de  la  Brosse-Maldemeure,  demeurant  p»««de 
Champigné,  El.  d'Angers,  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin 
de  la  Noirays. 


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10  CATALOGUE 

Pierre  Laurent,  Ecuyer,  s'  de  Bourjoly,  El.  d'Angers. 

Guillaume  Laurent,  Ecuyer,  S*  de  la  Chauvannière,  demeurant 
paroisse  de  S'-Lambert  de  la  Potterie,  El.  d'Angers,  eurentactede  la 
réprésentation  de  leurs  titres  le  4  juillet  1667. 

Urbain}DV  Laurent,  Ecuyer,  S' du  Joreau,  demeurant  paroisse  de 
S*  Vétérin  de  Gennes,  El.  de  Saumur,  eut  acte  de  la  représentation  do 
ses  titres  le  20  mars  1669. 

Gédèon  Lenfant,  Ecuyer,  ^'  de  Boismoreau,  demeurant  paroisse  do 
....  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  réprésentation  de  ses  titres  le  21) 
mars  1667. 

Jacques  Lenfant,  chevalier.  S'  de  laPatrière  et  Despeaux,  demeu- 
rant paroisse  de  Durtal,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres  le  29  mars  1667. 

Isaac  Lenfant,  Ecuyer,  S'  du  Bordage,  demeurant  paroisse  de 
Barrasse,  El.  de  la  Flèche, 

Henry  Lenfant,  Ecuyer  S' de  la  Gurrelière.  dem*  p*"«  de  Barassé, 
eurent  acte  de  la  représentation  de  leurs  titres  le  29  mars  1667. 

Louise  Le  Gouz,V^  de  Magdelon  Lenfant,  Ecuyer,  S'  des  Essards, 
demeurant  paroisse  du  Loroux-Béconnais,  El.  d'Angers,  eut  acte  de 
la  représentation  de  ses  titres,  tant  pour  elle  que  pour  ses  enfans,  le 
8  janvier  1669. 

Jean  de  Lescrivain,  Ecuyer,  S'  du  Boisnoblet  et  du  Chesne,  de- 
meurant au  Boisnoblet,  p'**  de  Loire,  El.  de  Saumur,  eut  acte  de  la 
représentation  de  ses  titres  le  14  may  1667. 

René  DE  Lesrat,  Ecuyer,  S'  des  Briottières,  demeurant  à*  Angers, 
eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  9  avril  1668. 

Charles  db  Lestenon,  Ecuyer,  S'  de  la  Chaubuère,  y  demeurant 
paroisse  de  Gizeux,  El.  de  Saumur,  a  produit  ses  titres  le  28  janvier 
1669. 

René  DE  Leviston,  Ecuyer,  S'  de  la  Hulinière,  demeurant  paroisse 
de  Niaûe,  El.  de  Ch&teaugontier,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  20  janvier  1669. 

Louis  DE  LiMELLB,  Ecuvcr,  S'  de  la  Bouveraie,  demeurant  paroisse 
d'Ingrande,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  26  octobre  1667. 


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DBS  OENTILSHOMMES   DE  l' ANJOU  11 

Amàroise  de  Loré,  S»  du  Terrier,  demeurant  paroisse  de  S*-Laurent- 
du-Liu,  El.  de  Baugé,  eut  acte  dé  la  représentation  de  ses  titres,  le 
5  octobre  1668. 

Jean  de  la  LouAiRiE,Ecuyer,  S"  de  Grandbois,  demeurant  paroisse  de 
Brain,  El.  d*Angers,  a  été  renvoyé  comme  gentilhomme  par  ordon- 
nance contradictoire  du  28  may  1667. 

Jean  de  Loubes,  Chevalier,  S'  de  Lambroise,  demeurant  paroisse 
de  S*-Sulpice-sur-Loire,  El.  d'Angers  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres  le,  12  aoust  1667. 

René  LoTJET,  Ecuyer,  S'  de  la  Porte,  demeurant  paroisse  de  Fer- 
maise,  El.  de  Baupé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  le  16 
février  1669. 


M 


Claude  Mabille,  Ecuyer,  s' de  la  Paumellière,  demeurant  au  Bois- 
Gilbert  paroisse  de  Bessé,  EL  de  Saumur,  eut  acte  de  la  représenta- 
tion de  ses  titres  le  25  janvier  1667. 

Philippe  de  Madaillan,  Chevalier,  s' de  Chauvigny ,  demeurant  p'"« 
de. . , .  El.  d*Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  8 
octobre  1668. 

Claude  Le  Maignan,  s'  du  Marais,  paroisse  de  Voide,  El.  de  Mon- 
treuil-Bellay,  a\j  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin  de  laNoirays. 

Charlotte  de  la  Barre^  V«  ^'Hercule  de  Maillé,  Chevalier  S'  de  la 
Guéritaude,  demeurant  paroisse  deSioute  (?),  El.  deBaugéeut  acte  de 
la  représentation  de  ses  titres  le  28  septembre  1668. 

René  de  Maillé,  Chevalier,  S' Marquis  de  Besnehard,  demeurant 
avec  ses  enfans  au  château  de  Besnehard  paroisse  de  la  Hagre  El. 
de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  tant  pour  luy 
que  pour  son  frère  le  5  janvier  1668. 

Alexandre  Le  Maire,  Ecuyer,  S' de  la  Rochejacquelin,  demeurant 
avec  son  père  en  la  paroisse  de  Domeray,  EL  de  la  Flèche,  eut  acte 


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12  CATALOGUE 

de  la  représentation  de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  son  père, 
le  25  mars  1667. 

Pierre  Le  Maïstre,  Chevalier,  S' de  Montmort,  demeurant  p"«  de 
Cuon,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  24 
janvier  1668. 

Claude  Malinbau,  Ecuyer,  S'  du  Plessis-Malineau,  demeurant  p^«« 
de  Ghanzeaux,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  5  octobre  1666. 

François  Malineau,  Ecuyer,  S'  de  la  Brissonnière.  demeurant  p"«  de 
Touarcé,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le 
29  avril  1667. 

Urbin  de  Maliverné,  Ecuyer,  S' de  Vignolle,  demeurant  paroisse 
de  Cisay,  El.  de  Saumur.  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  29  avril  1667. 

Roland  de  Marge,  Ecuyer,  S' de  la  Rousselière,  demeurant  avec  sa 
sœur,  paroisse  du  Gué-Deniau,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  sa  sœur,  le  21 
septembre  1669. 

Pierre  de  la  Marqueraye,  Ecuyer,  S'  de  la  Chaussée,  assesseur 
en  la  maréchaussée  d'Angers  et 

Georges  de  la  Marqueraye^  Ecuyer,  S' de  Chanteloup  et  du  Barzeau, 
son  neveu,  demeurant  paroisse  de  SWean-des-Mauvrets,  El.  d'An- 
gers, ont  eu  acte  delà  représentation  de  leurs  titres  le  23  mars  1668. 

Monoré  de  Martigné,  Ecuyer,  S'  de  Villenoble,  demeurant  en  sa 
maison  de  Martigné,  paroisse  de  S^-Denis  en  Anjou,  El.  de  Chateau- 
gontier,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  tant  pour  luy, 
que  ^our  JacqTies  et  Martin,  ses  enfants,  le 

PTiiWiô^^  É^e  Martineau,  Ecuyer,  S'  dud.  lieu,  demeurant  en  sa 
maison  de  la  Galonniëre,  paroisse  de  Joué,  El.  d'Angers,  eut  acte  de 
la  représentation  de  ses  titres  le  8  mars  1668. 

Eenri  de  Masseille,  Ecuyer,  S'  de  la  Fontaine-Milon.  demeurant 
paroisse  de  S'-Georges-du-Bois,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  ses  frères,  pour  son 
père  et  ses  oncles,  le  26  aoust  1667. 


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DES   GENTILSHOMMES   DE   l' ANJOU  13 

Jacques  Mathieu,  Ecuyer,  S'  de  Baulène  et  de  Lestang,  demeurant 
paroisse  de  Vislene  au  Bonnin,  El.  de  Baugé,  eut^icte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres  le  dernier  juillet  1670. 

Jacques  Maudbt,  Ecuyer,  S'  du  Verger,  maréchal  général  des 
logis  du  camp  et  armées  du  Roy  et 

Thomas  Maitdety  Ecuyer,  son  frère^  demeurant  paroisse  de  Vallet, 
El.  de  la  Flèche,  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin  '  de  la 
Noirays. 

René  Maudet,  Ecuyer,  S'  de  Bessac,  demeurant  paroisse  de  Neuillé, 
El.  de  Saumur,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  21  may 
1669. 

RenèdeUAVQkKS,  Ecuyer,'  S'  de  Sermaise  et  du demeurant 

paroisse  de  S^-Germain,  près  Daumeray,  El.  de  la  Flèche,  maintenu 
par  arrêt  du  11  juin  1667. 

Jacques  de  Maumbschin,  Chevalier,  S'  du  Lac,  demeurant  en  sa 
maison  des  Perrières,  paroisse  du  Lac,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la 
représentation  de  ses  titres  le  2  septembre  1668. 

Jacques  de  Maynière,  Ecuyer,  S'  du  Plessis-Bérard,  demeurant 
p***  de  Tillières,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres,  tant  pour  luy  que  pour  son  frère,  le  19  mars  1667. 

René  de  Meaulne,  Ecuyer,  S'  de  Pommaillau,  demeurant  p"*  de 
la  VaUièreEl  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le 
18  décembre  1668. 

Gabriel  de  Meaulne,  Ecuyer  S'  de  la  Mestairie,  demeurant  au  lieu 
d'Hunon,  paroisse  de  Noyan,  El.  de...,  eut  acte  delà  représentation 
de  ses  titres  le  23  septembre  1666. 

Charles  de  Mellay,  S'  de  S*«- Vierge  paroisse  du  Puy-Notre-Dame, 
El.  de  Montreuil-Bellay,  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin  de 
la  Noirays. 

Pierre  Ménage.  S*^  de  Lancrie,  avocat  du  Roy  en  la  Cour  d'An- 
gers, eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  27  mars  1668. 

Louis  du  Mesnil,  Ecuyer,  S''  de  la  Beausseraye,  demeurant  en  la 
ville  du  Lude,El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  21  juin  1667. 


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Etienne  du  Mbsiol.  Ëcuyer,  S*"  des  Brosses  d'Aussigné,  avocat  du 
Roy  au  présidial  d* Angers  et  petit-flls  d*un  échevin  de  laditte  ville, 
au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin. 

Jean  Midor&e,  Ecuyer,  receveur  des  tailles  de  Téiection  d* Angers, 
demeurant  à  Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le 
4  juillet  1667. 

René  Minault,  Ecuyer,  S'  de  la  Maison-Neuve,  demeurant  paroisse 
de  S^-Aignan,  El.  de  Chàteaugontier,  eut  acte  de  la  représentation  de 
ses  titres,  tant  pour  lui  que  pour  ses  enfans  et  René  et  autre  Renè^  ses 
cousins  le  12  septembre  1668. 

François  de  Mondières.  Ecuyer,  S'  de  Chastilion,  demeurant  pa- 
roisse de  Livré,  £1.  de  Chàteaugontier  eut  acte  de  la  représentation 
dd  ses  titres  le21 1669. 

René  de  Montplacé,  Ecuyer,  S'  dud.  lieu  et  la  Motte-Lizard,  y  de- 
meurant paroisse  N.-D.  du  Pré,  El.  de  la  Flèche,  eutsbcte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres  le  29  janvier  1667. 

François  de  Montplacé,  Ecuyer,  S'  dud.  lieu  demeurant  paroisse 
du  Bourg,  £1.  d* Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le 
29  mars  1668. 

Guillaume  Moeeau,  Ëcuyer,  S'  de  la  Morinière,  El.  de  Saumur,  de- 
meurant ordinairement  à  Paris  paroisse  S^-Roch,  eui  acte  de  la  re- 
présentation de  ses  titres  tant  pour  lui  que  pour  son  frère  le  16  may 
1668. 

Antoins  MoBEL,  Chevalier,  comte  d'Aubigny  et  de  Neuf-Villette, 
demeurant  p»"«  de  Villelune,  El.  de  la  Flèche,  au  nombre  des  main- 
tenus par  M.  Voisin. 

Jacques  MoBissoN,  Ecuyer,  S' de  la  Fay,  demeurant  paroisse  de  S*- 
Germain  près  Montfaucon,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  réprésenta- 
tion de  ses  titres  le  6  septembre  1666. 

René  du  Mortier,  Ecuyer,  S' deThuré,  demeurant  paroisse  de  Brus- 
Ion,  El.  de  La  Flèche,  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin  de  la 
Noirays.  / 

Eonoré  du  Mortier^  Ecuyer  S' du  Pin,  demeurant  paroisse  de  Ju- 
vardeil  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  23 
avril  1667. 


DES  GENTILSHOMMES   DE  l' ANJOU  15 

Jean  de  Mortault,  Ëcayer,  S^'de  la  Bajottière  et  de  la  Laurière, 
demeurant  paroisse  deRestigné,  El.  de  Saumar  eut  acte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres  le  20  décembre  1666. 

François  de  la  Motte,  Ecuyer,  S'  de  la  Motte-Barassé,  demeurant 
p*'^  de  Senones,  EL.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  6  juillet  1667. 

Abraham  de  la  Hotte,  Ecuyer,  S»"  de  la  Braliannière,  y  demeurant, 
p»»«deParcay,  El.  deBaugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres, 
tant  pour  luy  que  pour  René  de  la  Motte,  son  âls,  le  19  septembre 
1668. 

René  du  Moustur,  Ecuyer,  S'  de  la  Fontaine,  demeurant,  en 
sa  maison  de  la  Saulaye,  paroisse  de  Brullon,  El.  de  la  Flècbe,  eut 
acte  de  la  représentation  de  ses  titjres  le  9  octobre  1666. 

François  Mullbt,  Ecuyer,  S'  de  la  Girousière,  demeurant  paroisse 
de  Bouzillé,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  20  may  1667. 

René  du  Mur,  Ecuyer,  S'  de  Blandouet,  demeurant  paroisse  de 
Vern,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  pour 
luy  et  pour  Claude  et  Louis  du  Mur,  Ecuyers,  étant  tous  les  deux 
au  service  du  Roy  le  16  septembre  1670. 


N 


René  Neau,  Ecuyer,  S'  de  Cîordais,  demeurant  en  sa  maison  de  la 
Hardaudière  paroisse  de  Longue,  El.  d'Angers,  eut  acte  de.  la  repré- 
sentation de  ses  titres  le  16  août  1667. 

Louise  de  Meaulne,  V*  de  Pierre  Neau»  Ecuyer,  S"^  de  la  Goupillère, 
demeurant  paroisse  de  Milon,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représen- 
tation de  ses  titres  tant  pour  luy  que  pour  son  frère  le  6  aoust  1667. 

Thomas  Nbpvbu,  Ecuyer,  S^  de  Pouancé,  demeurant  paroisse 
d'Antoigné,  El.  de  Montreuil-Bellay  eut  acte  de  la  représentation  de 
ses  titres  le  5  avril  1667. 

Françoise  Elisabeth  le  Noir,  demeurant  paroisse  de  la  Séguinière, 
El.  de  Montreuil-Bellay  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin 
de  la  Noirays. 


/- 


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16  CATALOGUE 


0 


Pierre  dVDE&rma,  Ecuyer,  S'  de  la  Méchinière,  épousa  àlarie 
Voilage,  \*  dud.  S'  Pierre,  demeurant  à...  El.  d*Angers,  eut  acte  de 
la  représentation  de  ses  titres  le  !••  février  1669. 

René  c^'Orvaux,  Ecuyer,  S' de  la  Bennerie,  demeurant  paroisse  de 
GrezneufTille  EL  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres»  tant  pour  luy  que  pour  ses  ftrëres  le  5  juin  1667. 


Samuel  Pantin,  Ecuyer,  S'  de  la  Hameliniëre,  demeurant  p***  de 
Ghantooeau,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  18  may  1669. 

René  de  Pauvsrt,  Ecuyer,  S' du  Poil  viré  (?),  demeurant  paroisse  dud . 
lieu,  El.  de  Chateaugontier  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres^  tant  pour  luy  que  pour  son  ft^ère  et  ses  cousins  le  22  aoust 
1669. 

Benè  PfiLAUD,  Ecuyer,  S'  du  Ck>lombier,  demeurant  en  sa  maison 
du  Porquier,  paroisse  de  S*-Nicolas  de  Bourgueil,  El.  d#  Saumur,  eut 
acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  19  mars  1668. 

René  de  Perrhcrs,  Ecuyer,  S'  de  la  GrafUnière,  demeurant  en  son 
château  de  la  Flèche,  paroisse  de  S'-Georges-du-Bois,  EL  de  Baugé  eut 
acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  13  janvier  1669. 

Pierre  Petit,  Ecuyer,  S' de  Piedfélon,  demeurant  p»»'  de  Martigné- 
Briand,  El.  de  Saumur,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres, 
tant  pour  lui  que  pour  ses  fils,  pour  la  V«  Raoul  de  son  tils  aisné, 
le  27  avril  1667. 

Préjenù  le  Petit,  Ecuyer,  S»  de  la  Pommeraie,  demeurant  p»**  de 
Tiercé»  El.  d* Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  les  18 
et  19  avril  1667. 


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Antoine  Petit-Jean,  Ecuyer,  S' des  HomÈ^eaux,  demeurant  p"«  de 
Linière  Bouton,  El.  deBaugé,  eut  acte  de  là  représentation  de  ses 
titres  le  10  juin  1667. 

Antovie-Jodchim  Petit-Jean^  Ecuyer,  S' de  Linière,  demeurant  p^ 
de  Meigné-le- Vicomte,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres  le  8  octobre  1668. 

Amaury  Pidallkt  (?),  Ecuyer,  S'  du  Boisclosier  et  des  Vaux,  de- 
meurant p»*«  de  Noyant-sur-Sarthe,  El.  de  la  Flèche,  au  nombre  des 
maintenus  par  M.  Voisin. 

René  Pierre,  Ecuyer,  S' de  Chazé,  demeurant  à  Angers,  eut  acte  de 
la  représentation  de  ses.titres  le  20  avril  1667. 

Daniel  de  Pilloins  ou  Pillois,  Ecuyer,  S'  de  Montigny,  et  de 
Basantel,  dem^paroisse  dud.  lieu,El.  de  laFlèche,  eut  acte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres  tant  pour  luy  que  pour  son  père  le.. . 

Renée  de  Portebize,  V»  de  René  de  Pillois^  Ecuyer,  S'  de  la 
Coquemillière,  dem^  paroisse  de  Craon,  El.  de  Chateaugontier,  eut 
acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  tant  pour  elle  que  pour  Gédéon 
Pillois,  son  fils  dud.  défunt,  le  15  décembre  1669. 

René  PiLLOT,  Ecuyer,  S'  de  la  Gimonnière,  demeurant  p»^  de 
Longiron,  El.  de  Montreuil-Bellay,  au  nombre  des  maintenus  par 
M.  Voisin  de  la  Noiray. 

Christophe  du  Pineau,  Ecuyer,  S'  de  Montergon,  demeurant  à 
Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  17  aoust  1768. 

René  de  la  Planche,  Ecuyer,  demeurant  p»«  de  RulUé,  El.  de  Cha- 
teaugontier,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  20  avril 
1668. 

Urbain  Charles  du  Plbssis,  Chevalier  des  ordres  du  Roy,  S'  Mar- 
quis de  Jarzé,  demeurant  en  son  château,  p»«  de  Jarzé,  El.  de  Baugé, 
eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  10  octobre  1668. 

Pierre  Poisson,  S'  de  Gastines,  secrétaire  du  Roy,  demeurant  à 
Angers,  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin  de  la  Noirays. 

Gaspart  Le  Poitevin,  Ecuyer,  S' des  Poiiies,  receveur  secrétaire  en 
sa  maison  de  ville  d'Angers,  y  demS  eut  acte  de  la  représentation  de 
ses  titres  le  27  septembre  1668. 

T.   VI.   —  DOCUMENTS.   —  Vl%   ANNÉE,   !'•  LIV.  2 


18  *  CATALOQUB 

René  de  la  Poizs,  Ecayer,  S'  de  la  Golaisière,  dem^  paroisse  de  S^- 
Sauveur,  El.  d* Angers,  eut  acte  dejla  représentation  de  ses  titres  le 
21  may  1767. 

Antoine  du  PoNT,Ecuyer,  S' de  la  Chiquetière  et  de  la  Perroussaye, 
paroisse  de  Loire,  demeurant  paroisse  de  Montigny,  El.  de  Baugé, 
eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour 
son  frère  le  25  avril  1667. 

Claude  du  Pont,  Ecuyer,  S' du  Ruau,  demeurant  à  Angers,  eut 
acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  24  avril  1668. 

(7éjartfôPoNToiss,  S'de  Gommer,  demeurant  paroisse  de  Chery, 
El.  de  la  Flèche,  au  nombre  des  maintenus  par  M.   Voisin. 

Jacques  Poroheron.  Ecuyer,  S'  d*Aussigné,  près  Loudun,  demeu- 
rant p»^  de  Loire,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  tant  pour  luy  que  poarPhilbeH  et  Pierre^  ses  frères,  le  9  mai 
16 

Charles  Poullain,  S'  de  la  Godinière,  secrétaire  du  Roy,  demeu- 
rant à  Angers  au  nombre  des  mainntenus  par  M.  Voisin. 

Jacques  PoYBT,  Ecuyer,  S' du  Cerisier,  y  demeurant  paroisse  de 
Bouille,  El.  d* Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres, 
talit  pour  luy  que  pour  Toi^saint  Toyet,  son  frère,  le  19  aoust  1667. 

Philippe  du  PR%  Eeuyer,  S^'de  la  Carte,  demeurant  paroisse  de 
S^'Laurent-du-Lin,  £1.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de 
ses  titres  le  12  décembre  1666. 

Charles  Prâvost,  Ecuyer,  S*  de  Bonnezeaux,  demeurant  paroisse  de 
Touarcé,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le 
11  avril  1667. 

Gabriel  Prezbau,  Ecuyer,  S'' de  laGuiltière,  demeurant  paroisse  de 
S^-Sauveur,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  18  may  1667. 

Raoul  de  Prince  ou  Pincé,  Ecuyer,  ci-devant  lieutenant  de  la 
Sénéchaussée  de  Baugé,  y  demeurant,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres  le  27  septembre  1668. 


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D£8  GENTIL8H0MHES  D'ANJOU 


19 


Antoine  Provost,  Ecuyer,  S'  de  la  Rigaudière,  épousa  Charlotie 
de  Prud*komme^  v'»  dudit  Antoine,  demeurant  paroisse  de  Vernoil- 
le-Fourier,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
tant  pour  elle  que  pour  Victor,  son  fils  et  pour  ses  filles,  le  25  sep- 
tembre 1668. 

YveS'Antoine  du  Pur,  Ecuyer,  S'  de  Froidefond,  demeurant  pa- 
roisse de  la  Trinité  d'Angers^  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres,  tant  pour  luy  que  pour  son  père,  le  27  décembre  1667. 

P.  M  FAilOT. 

(A  suivre,) 


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Documents  inédits  sur  la  Normandie,  le  Maine  et  i' Anjou. 


JUGEMENT 

DE  MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

PRONONCE    EN     1667 

PAR   L'INTENDANT  DE  LA  GÉNÉRALITÉ  D'ORLÉANS 
En  faveur  de  la  famille  de  Vauloger  S'. 

ANNOTÉ 

Par  René  du  LYS 


INVENTAIRE  des  pièccs  et  tiltres  que  mectent  par  devant 
nous  Monseigneur  de  Machault,  conseiller  du  Roy  en 
sesConseils  d'Estat  et  privé,  maislre  des  requestes  ordi- 
naires de  son  hoslel,  Commissaire  despurly  pour  Texécution 
de  SES  ordres  en  la  génércililé  d'OHoons  : 

Nobles  René  de  Vaulogkr,  v^cuter,  sieur  de  Lisic  et  du 
Guast,  Françoysde  Vauloger,  e^cuït^r,  Fii*ur  de  la  Borde  et 
de  la  Martiaiôre,   frères,  deraeurans  en  reslection  de  Van- 


*  D'après  la  copie  conservée  par  la  fiîniille-  — Oa  a  eu  soin  tlo  rc&pecter 
Tonhugraphe  de  ce  (locumcnt,  quitte  à  la  rpcuBer  tsn  note  lorsque  les 
roots  ou  noms  fiont  devenus  méconnaissîuljlû^  de  ce  fait,  mais  on 
a  dû  fiouvenl  éclaircir,  par  une  ponctuution  absente  du  manuscrit 
des  phrases  qui,  sans  cette  précaulion,  n'olTriraient  qu'un  sens  coufuB 
ou  ambigu. 

^  Vauloger  et  mieux  un  YAULoaER  (fornies  latines  :  de  Valleogcrii; 
de  fàlogeri;  de  Vaite  Logerî  ;  de   Vulla    Logsirt'e  ou    Logarie  ou 


JUGEMENT  DE   MAINTENUE  DE  NOBLESSE  21 

dosme,  et  Jean  de  Vauloger,  escuîer^  sieur  de  la  Ribochère, 
antien  officier  danz  les  gardes  de  feue  la  Reyne  mère,  autre 
frère  demeurant  à  Paris. 

Lesquelz,  pour  satisfaire  aux  assignations  à  eux  posées 
par  devant  Monseigneur  d'Aubray,  cy-devant  commissaire 
desparty  en  cplte  généralité,  le  XII°  jour  d'octobre  1666,  par 
Bonnet,  sergent,  à  la  requeste  de  maistre  Mathurin  Delorme, 
chargé  par  Sa  Majesté  de  la  recherche  des  usurpateurs  du 
tiltre  de  noblesse,  et  faire  veoir,  par  les  tiltres  cy-aprez  pro- 


môme Logtarîi,  etc.,  principales  variantes  françaises  :  Vaulloger; 
Vaulogier;  Vologer  ;  Vaulogé;  Vologé;  Volegier;  Valoger  ; 
Valeger  ;  Valloger  ;  Walloger  ;  Walleger;  Valauger;  Valanger; 
Valenger,  môme  ;  Dauloger  ;  etc.,  Ptc).  Ce  nom,  qui  est  un  irom  de 
terre,  a  été  porté  en  premier  lieu  par  la  seigneurie  de  Vauloger  à 
Sentilli  (Orne  — voir  ci-après),  berceau  de  cette  famille.  Il  a  une 
origine  composée  et  vient  des  deux  mots  Vdllis  et  Ogerii  et  signifie 
donc  te  Val  d^Oger,  Oger  lui -môme  est  un  prénoni  d'origine  Scandi- 
nave, formé  4es  deux  mots  Danois  Ode  et  ger,  qui  signifient  heureux 
guerrier.  Si  Ton  songe  que  Sentilli  est  situé  dans  Tancienne  région  du 
Hiesmois,  c'est-à-dire  dans  une  des  parties  de  la  Basse-Normandie 
où  les  compagnons  de  Rollon  se  fixèrent  en  plus  grand  nombre 
après  la  conquête  du  duché  et  le  traité  de  St-Olair-sur-Epte  (^\i),  on 
en  arrive  à  penser.  co3[ime  plusieurs  savants  étymologlstes  normands, 
qu'un  de  ces  pirates  conquérants,  appelé  Oger,  imposa  son  prénom. à  la 
vallée  qu'il  reçut  en  partage  et  dans  laquelle  il  fixa  sa  résidence. 
Lorsque  les  familles  commencèrent  à  se  distinguer  par  des  noms  héré- 
ditaires, (début  du  X[«  siècle),  celle-ci,  qui  possédait  déjà,  le  domaine 
de  Vduloger&t  était,  dès  lors,  probablement  issue  de  ce  lointain  Oger, 
en  adopta  l'appellation.  Elle  ne  l'a  jamais  quittée  depuis  et  reste  la  seule 
famille  de  la  noblesse  qui  la  possède  d'une  manière  patronymique. 
Mais,  dans  les  diverses  provinces^  qu'elle  a  successivemeat  habitées, 
elle  Ta  imposée  à  plusieurs  seigneuries  qui  lui  ont  appartenu  et  qui, 
achetées  plus  tard  par  d'autres  familles,  leur  ont  permis  de  joindre  ce 
nom  au  leur,  selon  un  usage  répandu  (citons  :  les  Guyon  de  Vauloger, 
en  Normandie,  ^et  les  vicomte  Picot  de  Vaulogé^  au  Maine,  etc.). 


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22  JUGEMENT   BE   MAINTENUE   DE  NOBLESSE 

duicts,  qu'ils  sont  d'antienne  extraction  noble,  naiant  jamais 
ny  leurs  autheurs  desrogé  à  leur  noblesse,  et  conservez  en 
leur  dicte -. . .  ; ; . . . . 

Folio  1,  recto.  Signé:  dbMachault. 

noblesse,  aux  honneurs^  droicts  et  privilèges  qui  sont  ac- 
cordez par  Sa  Majesté  aux  véritables  nobles,  à  cause  de  leur 
dicte  noblesse^  produisent  leurs  armes^  généalogie  et  tiltres 
justificatifs  de  leur  dicte  noblesse,  en  la  forme  et  manière 
qui  ensuit. 

Premièrement,  produisent  les  armes  et  blazon  de  leur 
maison,  qui  porte  d'argent  à  deux  chevrons  jumeliez  de  sable 
accompagnez  de  cinq  merlettes  du  mesme,  sçavoir  deux  en 
front,  deux  en  fasse  et  une  en  la  pointe*,  L'escu  timbré  d'un 
heaulme  de  chevallier  avecq  ses  lambrequins  des  émaidx  des- 
subz  dictz^  et  suporté  par  deux  gryphons  d'or  couronnez^. 
Cotté  par. . .  A. 

Item,  pour  justif fier  leur  noblesse,  employent  leur  généa- 

'  Variantes  :  d'or  à  deux  c/ieurons  jumelés  de  sable,.,  etc.,  et 
d'&rgsnt  à  deux  chevrons  jumelés  degueules,.,  etc.;  on  sait  qu'un 
chevron  jumelé  se  compose  d'une  paire  de  chevrons  ;  dans  le  cas  pré- 
sent, il  y  en  a  donc  quatre  accouplés  deux  à  deux. 

'  Ce  casque  a  été  remplacé,  à  partir  du  siècle  dernier,  par  une  cou'^ 
ronne  de  marquis 

*  Variante  :  Deux  lévriers  d'argent  colletés  de  gueules. 

Enfin  ce  blason  est  actuellement  complété  :  i®  par  une  devise  [Sur- 
sum  corda)  ;  2*  par  un  cimier  {une  fleur  de  lys  d'or  naissante  entre 
deux  pennons  blancs  fleurdelysés  et  frangés  d'or,  avec  la  figure 
d'un  ange  qui  présente  une  fleur  de  lys  à  l'Enfant  Jésus^  porté  par 
la  Vierge  sa  mère,  assise  sur  un  arc-en-cieZ  au  mtheu  des  nuées). 

Ce  cimier  est  celui  que  le  roi  Louis  XIII  accorda,  par  lettres  patentes 
du  25  octobre  1612,  aux  petits-neveux  de  Jeanne  d'Arc.  MM.  de 
Yauloger  de  Beaupré  ayant  Thonneur  d'être,  par  plusieurs  côtés, 
petits-neveux  de  la  Pucelle  d'Orléans, ont  adopté  ce  cimier  pour  rappeler 
cette  glorieuse  consanguinité. 


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DE  LA   FAMILLE   DE  YAULOaBR  23 

logie  tirée  de  leurs  encestres^  laquelle  commence  par  Mon 
seigneur  Rigiïard  db  Vaullooer  et  flnist  en  leurs  personnes, 
comme  il  se  recognoistra  par  les  tiltres  cy  aprez  produicts. 
Cotté  par,..  B. 

Item^  pour  faire  veoir,  par  lesdicts  sieurs  de  Vaulloger^ 
leur  noblesse  et  notamment  celle  desdictz  Richard  et  Jehan 
DE  Vauloger,  leurs  neufviesme  et  huictiesme  ayetils^  desquelz 
ils  la  tirent,  produisent  troiz  pièces,  touttes  cottées  par...  C. 

Folio  1,  verso. 

La  première  est  un  contract  en  parchemin,  du  vingt  sep- 
tiesme  jour  de  may  1381,  passé  devant  Robert  de  Monfort, 
tabellion  roïal  à  Palloizp*,  d'une  vente  à  flef  par  Monseigneur 
Richard    de    Valloqer,    chevallier*,     seigneur  de  Vallo- 

'  Lire  :  à  Falaise  (GaWados).  On  voit,  par  la  date  de  ce  premier 
acte  auquel  remonte  la  filiation  établie  en  1667,  qne  les  VauZoyer 
auTàient  pu  faire,  au  siècle  dernier,  s'ils  s'étaient  alors  trouvés  en 
état  de  fortune  suffisant,  leurs  preuves  pour  être  admis  à  U  cour, 
puisqu'il  fallait  prouver  une  filiation  jusqu'à  1399,  sans  anoblissement 
antérieur  connu. 

'  Voici  sur  les  ancêtres  et  les  prédécesseurs  de  Richard  de  Vauloger 
quelques  détails  puisés  aux  sources  suivantes  :  Fac  simile  du  rôle  de 
l'abbaye  de  la  bataille  d'Hastings^  Ibibliothèque  de  Gaen)  ;  Catalogue 
des  gentilshommes  en  1789,  par  MM.  de  la  Roque  et  de  Barthélémy 
(province  de  Normandie,  page  124)  :  MagniRotuli  scaccarii  Norman- 
nisB  sub  regibus  Angliœ  (grands  rôles  de  TEchiquier  de  Normandie  sous 
les  rois  d'Angleterre),  publiés  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  anti- 
quaires de  Normandie,  tomes  xv  et  xvi)  ;  Traité  du  ban  et  arriére-ban 
par  de  la  Roque,  page  83  ;  le  Recueil  des  tiistoriens  des  Gaules  et  de 
la  France^  t.  xxiii  ;  le  Recueil  des  Jugements  de  V Echiquier  db  Nor- 
mandie au  treizième  siècle,  publiée  par  M.  Léopold  Delisle  ;  le  Gallia 
Christiana,  t.  xi;  V Histoire  généalogique  de  la  maison  d'Harcourf  par 
de  la  Roque,  1. 1,  p.  84,  t.  m,  62,  t.  iv,  p.  1967  et2025,etc.  ;  Histoire  de 
Charles  VI  et  son  règne,  par  Jean  Le  Laboureur,  livre  X^  p.  191  ; 
—  une  nombreuse  collection  de  chartes  et  quelques  aveux  déposés  aux 
archives  départementales  du  Calvados  (fonds  des  abbayes  de  Saint- 


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André  en  Gouffern,  de  Barbery,  d'Annay  eldu  prieuré  de  8ainte-Barbe 
en  Auge) ,  à  celles  de  l'Orne  (fonds  divers  et  des  abbayes  dfi  Sainte-Marie 
ou  de  Silly  en  GoufTem  et  de  Sainte-Marie  ou  Gerisy  Belle-Étoile), 
et  aux  Arcbiyes  Nationales  (cartons  S.  3222,  6.  .3223  contenant  des 
chartes  des  abbayes  de  Saint- André  et  de  Silly  en  Gouffern,  et  cote 
p.  275^1,  Gcxrii^  aveux  du  comté  d'Alençon)  ;  Inventaire  des  archives 
du  Calvados  par  Léchaudé  d*Anisy  (ouvrage  mal  fait  où  beaucoup  de 
noms  sont  absolument  défigurés,  t.  ii.  p.  389)  :  Notes  et  papiers  de 
famille^  etc  ,  etc. 

I.  —  Le  plus  ancien  auteur  connu  de  la  maison  est  N,,  ,  sire  de 
Vauloobr,  qui  prit  part,  en  4066,  à  la  conquête  d'Angleterre  et  h  la 
bataille  d'Hastiags.  Il  fut  l'auteur  probable  des  Waledger  de  Grande 
Bretagne  (éteints),  et  peut-être  le  père  de  : 

IL — RoDBBT  I  DB  Vauloqbr,  chevalier.  S»' de  Vauloger.  seigneur 
patron  et  haut  justicier  de  Sentilli,  vivant  vers  4iOO  ;  il  eut  pour  fils  : 

III.  —  Dreux  ou  Orocon  db  Vauloobr,  Gh*'  S''  de  Vauloger,  Sen- 
tilliy  Raveton,  Prulay  (Orne),  bienfaiteur  de  l'abbaye  de  Saint-André 
en Goufifern  vers  1140.  Marié  avec  N...  de  Bailleul,  il  en  eut  :  1^  Ro- 
b^rt  II  de  V.  qui  suit  ;  2*  (?)  Lucas  de  V.  écuyer,  cité,  en  1180,  dans 
les  comptes  de  l'Echiquier  de  Normandie  ;  3**  [? j  Guillaume  de  V, 
chevalier,  qui  siégeait,  en  Tan  1200,  au  môme  Echiquier,  parmi  les 
hauts  barons  et  les  plus  illustres  chevaliers  du  duché. 

IV  —  RoBBRT  II  DE  Vauloger,  chevalier-  (m£/e«),  8»'  de  Vauloger, 
Sentilli,  Raveton  et  Montgaroult  (Orne,  arrondissement  d'Argentan) 
en  partie,  etc.,  est  cité  dans  divers  actes  et  comptes  de  l'échiquier  de 
Normandie,  des  années  1176,  1180,  H 84  et  1198.  De  1180  à  1200  à 
peu  près,  il  eut  avec  l'abbaye  de  Saint- André  de  Gouffern  (dont  il  se 
montra  ensuite  le  bienfaiteur)  et  au  sujet  des  libéralités  de  sa  famille, 
de  vifs  démêlés,  qui  aboutirent  à  une  charte  par  laquelle  il  confir- 
ma à  ce  monastère  les  donations  que  lui  avaient  faites  Dreux,  fils  de 
Robertde  Vauloger,  sonpèrey  dans  la  paroisse  de  Sentilli,  mais  en 
réservant  son  droit  de  haute  justice  sur  ce  lieu,  et  Richard  de 
Bailleul,  son  aïeul  maternel,  dans  la  paroisse  de  Beaumais  (Orne) 
(sic).  —  Robert  II  de  V.  ép.  Aéliz  de  Montoaroult,  fille  de  Guillaume 
de  M.,  Gh',  et  d'Emma,  qui,  après  la  mort  de  son  époux,  eut  à  son 
tour  avec  l'abbaye  de  Saint- André  de  Gouffern  de  graves  différends, 
dans  lesquels  elle  parait  avec  ses  quatre  file,  savoir  :  l^^/ean  de  F.  qui 


suit  ;  2*  Richard  de  V. ,  ch",  8«'  de  Pretteville  sur  Laize  (Calvados) 
en  partie^  bienfaiteur  de  l'abbaye  de  Barbery,  mort  avant  1251,  sans 
enfants  de  Pétronille  de  la  Ckièvre,  qui  lui  survécut  ;  3°  Guillaume 
de  V.;  4**  Pierre  de  V.,  dont  on  ne  connaît  pas  le  sort. 

V.  —  Jean  I  db  Vaulogbh,  cb«',  8«'  de  Vauloger,  de  Sentilli,  de 
Raveton  et  de  Montgaroult  en  partie,  fut  un  personnage  très  pieux, 
bienfaiteur  de  l'abbaye  de  Saint-André  de  Gouffern  vers  4225.  En 
août  4248,  il  prit  part  à  la  septième  croisade;  au  mois  de  mai  4249, 
il  se  trouvait  à  Nymocium  (LimissoT),  dans  l'île  de  Chypre^  et  y  assis- 
tait, avec  son  fils  Richard,  et  plusieurs  autres  gentilshommes  nor- 
mands, à  une  reconnaissance  d'un  emprunt  fait  par  Bernard  4e  Sainte- 
Marie,  chevalier,  à  un  marchand  Pisan  (Charte  des  archives  de  TOroe). 
D*une  alliance  inconnue,  il  laissa  :  4*  Richard  de  V.,  qui  suit  ;  2*  (?) 
AsceHn  de  V.,  £•',  qui,  l'an  4262,  vendit  à  l'abbaye  d'Aunay  une 
rente  à  prendre  dans  son  fief  des  paroisses  du  Mesnil  au  Grain  et  de 
Longviller8(Calvados).Ilparaîtavoir  eu  des  enfants,  qu'on  neconnaîtpas. 

.VI.  —  Monseigneur  (Dominus)  Richard  I  de  Vauloger,  ch^',  S"  de 
Vauloger,  Sentilli,  Raveton  et  Montgaroult  en  partie,  prit  part,  on  l'a 
vu,  à  la  septième  croisade.  Rentré  en  France  en  4250^  à  la  suite  du  duc 
de  Bretagne,  il  siégea  parmi  les  juges  souverains  de  TBohiquier  de 
Normandie  en  1252  et  en  4  268  ;  au  mois  de  mars  4263,  il  fut  choisi 
comme  arbitre  d'un  démêlé  pendant  entre  les  abbayes  d'Almenesches 
et  de  Saint-André  de  Gouffern.  Mort  vers  \^1%,  il  contracta  une  union 
ignorée,  dont  naquirent  :  4*  Guillaume  de  V. ,  qui  suit  ;  2"  M^  Richard 
de  y.,  dft  de  Sentilli,  du  lieu  de  sa  naissance  ;  il  était  chanoine  de 
Séez,  en  4290,  année  où  il  fit  une  donation  à  l'abbaye  de  Silly  ou 
Sainte-Marie  deGoufifern,  du  consentement  de  Guillaume,  fils  de  Ri* 
chardde  Vauloger,  chevalier,  son  frère  et  seigneur  [sic,  —  Archives 
de  rOrne).  Nommé  prieur  de  Séez  avant  4  295,  il  en  devint  évéque  en  43 1 5 
et  mourut  en  novembre  4319  ;  3**  Mabile  de  V.,  femme  de  Guillaume 
de  Vieuxpont,  ch",  morte  avant  4 280  ;  4**  Adélidade  F.,  femme  de 
Pierre  Le  Prévost,  ch*',  avec  lequel  elle  fit  don,  en  4280,  à  l'abbaye 
de  Saint-André  de  Gouf,  d'un  herbage  sis  en  la  paroisse  de  Vieuxpont 
(Orne,  arr.  d'Argentan),  pour  le  repos  de  Vàme  de  sa  sœur  Mabile, 
autre  fois  épouse  de  Guillaume  de  Vieuxpont,  ch'^(sic). 

VII.  —  Monseigneur  (Magister)  Guillaume  de  VAULoeER,  Ch"  S**  de 
Sentilli, Montgaroult  et  Loucé  (Orne,  arr.  d'Argentan) en  partie,  était  un 


26     V  JU0EMENT    DE    MAINTENUS   DE   NOBLESSE 

des  chevaliers  de  la  vicomte  de  Falaise  qui  se  trouvaieût  réunis  à  Tour» 
dans  la  quinzaine  de  Pâques  127^»  pour  prendre  part  à  la  gaerre  de 
Phîlîppe-le*Hardi  contre  le  cointe  de  Poix,  Il  contracta  avec  le  monas- 
tère de  Saint-André  de  GoufTern,  le  1*^  août  \ÎH\,  et  fit  une  libéralité 
à  ceiui  de  Silly,  en  décembre  !^89.  Décédé  vers  f^99,  iE  avait  épou?é 
[voir  ci-après)  M^ais  Malet  de  ÛRA^saMt,  de  l'illustre  maison  de  Gra- 
ville,  qui  lui  donna  :  i°  Jean  II  de  V.  qui  suit  ;  2"  Mane  de  F.,  dame 
du  champ  de  Saint-Barthelemy  à  Montgarôult,  mariée  (voir  ci  aprèp) 
à  Michel  de  Falâi%e,  ch",  et  morte  avant  1328  ;  3*  (?)  Robert  de  V., 
E",  qui,  en  mai  1317,  vendit  au  prieuré  de  Sainte- Barbe  en  Auge, 
une  rente  A  percevoir  sur  son  fîef  de  (a  paroisse  de  Pontfol  (aujourd'hui 
Victot-Ponlfol,  Galvados)  ;  on  croit  qu'il  laissa  postérité. 

YIIL  —  Pfoble  seigneur  (nobilis  vir)  Jean  II  ob  VAULOOBii,  ch'^  6" 
de  Van  loger.  Senti  lli,  Loucé,  Mofitgaroult,  et  Joué  du  Plain  (Orne 
arr.  d'Argentan]  en  partie^  ûi,  au  mois  de  juin  1209,  conjointement 
atiec  MariedeCr:gmesnil,sa.mèrey  veum  de  Monseigneur  Guillaume 
de  YsLulogêv  [sic),  une  donation  aai  molnee  de  Saint- An dré-de-Gouf* 
Ce  fut  au  niAme  monastère  qu'il  vendit,  en  janvier  1 3'28 ,  le  champ  do 
saint  Rarthélemy  à  Mcntgaroult,  que  possédait  jadis  Marie  de  F  ,  sa 
sœur,  jadis  épouse  de  Michel  de  Falaise,  chevalier  {sic);  il  y  joignait' 
une  donation.  Il  en  ht  une  autre,  au  mois  de  septembre  i  33  l,à  l'abbaye 
de  Silly.  Devenu  chambellan  du  comte  d'Alençonjil  fut  tué  en  guerre, 
l'an  1346, et  r^>rt  probablement  à  la  bataille  de  Crécy  où  son  prince  perdit 
la  vie  (voir  ci-après).  Marié»  vers  1320,  à  Philtppa  de  là  Bivièbe  (v,  ci- 
après),  il  en  eut  :  \*  Richard  II  de  V.  qui  suit  ;  2*  Jean  de  V,,  ài** 
8*^  de  Joué  du  Plain  e^^  partie,  vivant  en  1346  et  père  de  Jeanne  de  V. 
laquelle  était  dame  de  la  Vavassorie  aux  Prévôts,  à  Cuigny,  en  1387  ; 
3^  Osrnond  de  V.^  chanoine  a  Tabbaye  de  Sainte- Nfarie  de  Belle-Etoile, 
d'après  une  charte  de  1380,  dont  il  va  être  parlé, 

IX.  —  Monseigneur  RicBAan  II  de  VAULooEn,  ch*'  S»'  de  Vauloger, 
Sentilli,  Cuigny,  Plainville,  etc.,  est  celui  auquel  remonlent  les 
présentes  preuves  de  noblesse.  Kn  décembre  1346,  il  8e  joignit  à 
son  frère  Jean  a  tin  de  faire  une  donation  à  l'abbaye  de  Silly,  pour  le 
repos  des  âmes  de  Jean  de  Vaulogerj  chevalier,  son  père^  naguère 
chambellan  du  seigneur  comte  d'Alençon,  tué  dans  Varméedu 
seigneur  Roi,  et  de  Philippa*  samète  (sic)  ;  la  donation  portait  sur 
un  herbage,  sis  dans  la  paroisse  de    Joué  du  Plain,  près   du  fief  de 


DE   LA    FAMILLE   DE  VAUL06BR  27 

ger,  de  Cenlilly  et  de    Pellainville*,  capitaine  du  chasteau 

Guillaume  de  la.  Rivière,  frère  de  ladite  Philippa  [sic),  —  En 
février  1380,  on  le  voit  faisant^  avec  GATHBRinB  db  Plainvillb,  son 
épouse  [sic]  y  une  donation  à  Sainte-Marie  de  Belle-Etoile,  afin  que  les 
chanoines  du  lieu  disent  des  roesses  pour  les  donateurs,  pour  leurs  ancê- 
tres, et  pour  leurs  enfants  dénommés  tous  les  cinq, savoir;  {"^Charles 
de  y,  ch",  mort  peu  après  ;  ?•  Jean  III  de  V,,  qui  continue  la  filia- 
tion; 3<»  Denys  de  V.,  E',  qui  prit  part,  en  1384,  avec  Raoul  de 
Meullent,  à  la  guerre  de  Charles  VI  contre  les  Flamands.  En  1390  il 
suivit  le  duc  Louis  de  Bourbon  dans  sa  croisade  contre  les  puissances 
Barbaresques,  et  fut  tué  au  siège  de  Tunis  ;  4^  Marie  de  V.  femme 
à!Enguerrand  de  Pierrefitte,  écuyer  ;  5*  Jeanne  de  V.,  marié  à 
Roger  de  Sacy,  E'. 

Nota.  —  L'annotateur  du  présent  jugement  de  maintenue  de  noblesse 
se  propose  de  publier,  un  jour  ou  l'autre,  dans  la  Het;ue  historique 
de  VOuest,  le  texte  des  documents  sur  lesquels  s'établit  la  filiation  qui 
précède. 

*  Lire  :  Vauloger,  Sentilli  et  Plainville. 

Vauloger  était  un  quart  de  fief  de  Haubert,  tenu  du  Roi  sous  la 
vicomte  d'Ëxmes  ou  Hiesmes  (Orne),  avec  château,  colombier,  b&ti- 
menlp  de  service  et  estrage,  fournils,  granges,  étables,  cours,  jardins 
plantés,  terres  labourables,  herbages,  bruyères  et  bois,  joints  à  une 
garenne  et  à  une  cbasse.  Il  passa^  à  la  fin  du  quatorzième  siècle,  chez  les 
Guyon  (voir  ci-après),  qui  le  conservèrent  jusque  vers  ^540,  époque 
où  ils  le  transmirent  par  alliance  aux  Gaignon  ;  il  passa,  successivement 
et  toujours  par  alliance,  aux  de  Sainte-Marie  et  aux  Le  Chevalier  de 
Venoix,  et  rentra  de  môme,  en  1626,  chez  les  Guyon,  dits  à  partir  du 
siècle  dernier,  Guyon  de  Vauloger,  M"*  Louise  G.  de  V.  Ta  porté,  en 
1830,  à  son  mari  M.  Révérend  du  Mesnil^  dont  la  famille  le  possède 
encore  aujourd'hui.  —  De  Vauloger  dépendaient  les  deux  arrière-fiefs 
Dreux  et  le  Broillart.  ''Lire  dans  l'ouvrage  intitulé  Sévigné,  par  M.  des 
Diguères, —  Paris,  Dumoulin,  1865,  aux  pages  180etl81,  unedescrip-  i 

tiou  du  manoir  de  Vauloger  dans  son  état  actuel,  bien  déchu).  1 

Sentilliy  dont  on  a  vu  que  les  Vauloger  avaient  la  haute  justice, 
comprenait  encore  le  tiers  de  fief  de  Sentilli,  tenu  de  ^a  baronnie 
de  Guy  et  possédé  par  les   Vauloger  ainsi  que  les  deux  arrière-fiefs 


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28  JUGEMENT   DE    MAINTENUE    DE  NOBLESSE 

Dessey*  et  par  Madame  Katerine  de  Pelletn ville',  son 
espouse,  au  proffict  de  Monsietir  Jehan  de  Volloger,  aussy 
chevalier,  leur  puisné  filz,  de  dyvers  immeubles  scis  au  lieu 
de Guignie*,  par  lequel  contract  appert  tant  de  la  qualité  de 
chevallier  dudict  Jehan  de  Vauloger  que  de  celle  dudict 
Richard  de  Vauloger  son  père. 

La  seconde  est  une  grosse  en  parchemin  d'un  contract  des 
donations  des  rentes  y  conttenties  par  messire  Guillaume 
de  Champaifjné\   chevallier,    seigneur   dudict  lieu'    et  de 

(huiti(Sme  de  fief)  de  Prulay  et  de  /{aueton,dumoia3àrorigiae,etc.^  etc. 
Les  autres  terres  de  cette  paroisse  ne  paraissent  pas  avoir  appartenu  à 
cette  famille.  Sentilli  est  actuellement  une  commune  du  département 
de  rOrne,  dans  Tarrondissement  et  à  deux  lieues  et  demie  d'Argentan. 
PZaint7t//e,  quart  de  fief  de  chevalier,  tenu  du  Roi  sous  Exmeset 
sis  dans  la  paroisse  de  Cuigny>  Les  Vauloger  possédaient  aussi  un  fief 
de  Plainville  dans  la  paroisse  de  ce  nom  (Eure). 

*  Lire  :  d'Essay  (et  mieux  Essai, — Orne,  arrond'  d'Alençon).Le  titre 
de  capitaine  équivalait  à  celui  de  gouverneur. 

'  Lire  :  dé  Plainville.  Cette  dame  appartenait  à  une  maison  originaire 
de  Plainville  (Eure)  et  éteinte  depuis  longtemps,  dont  les  membres  sié- 
geaient au  treizième  siècle,  à  l'Echiquier  de  Normandie.  Armes  introu- 
vables. 

'  Lire  :  Cuigny  (aiias  Quigny).  Cette  ancienne  paroisse,  —  dont  le 
principal  fief,  possédé  par  les  Vauloger,  était  un  quart  de  fief  de  Hau- 
bert relevant  du  roi  sous  Exmes,  forme  aujourd'hui  une  seule  commune 
avec  la  paroisse  de  Moulins-sur-Orne  (Orne  arr.  d'Argentan). 

*  Lire  :  de  Champagne  :  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  vieille  famille 
du  Maine  avec  la  maison  des  marquis  de  Champagne  do  la  Motte- 
Ferchaut,  originaire  des  environs  d(*  Reoncs  et  répandue  ensuite  ou 
Anjou,  à  laquelle  les  Vaiiloger  se  sont  également  alliés  plus  tard, 
comme  on  le  verra  cî-aprèF,  Les  de  Champagne  en  queatioa,  originaires 
de  la  paroisse  de  ce  nom  (Sarthe),  pt  corinu3  depuis  Jacfjuelin,  Arnoalt 
et  Hunault  de  Gh,,  vivants  en  I09G,  porlaient  :  de....  à  trois  moleUes 
d^éparon  de....  —  Famille  éteinte  dès  longtemps. 

*  Lire  :  Champagne  :  Cette  paroisse,  dont  on  va  lire  le  nom  ortho- 
grnpliîf  de  plu^i^ur^  façong  dîiïérenLes»   était  un  plein    Befde  Haubert 


Fercé*  pour  le  mariage  de  la  damoyselle  Margueritte,  sa  fille, 
à  la  personne  de  Monsieur  Jean  de  \ kim^logi^^,  chevalier ,  sire 
de  Cuigny*,  au  proffict  de  laditte  damoyselle  etdudictsire,  passé 
devant  les  tabellions  jurez  du  Manz,  le  troysiesme  jour  de 
febvrier  1398,  par  lequel  est  justifflé  ledict  Jean  de  Vauloger 
avoir  encores  pris  ladicte  qualité  de  chevalier. 

Le  troysiesme  est  un  contract  en  parchemin,  du  dix-neuf 

de  juin  1417, 

Folio  2i  recto.  Signé  :  de  Machault. 

d'admortissement  par  ledict  Jehan  de  Vologier,  chevallier, 
seigneur  de  Champaigné,  et  par  laditte  dame  Marguerite, 

avec  château  important,  aujourd'hui  disparu,  relevant  de  la  baronnie 
de  Pirmil  et  donnant  droit  de  patronage  et  de  haute  justice.  C'est  ac- 
tuellement une  commune  du  département  de  la  Sarthe  (arrondissement 
du  Mans). 

'  Fercé  ':  seigneurie  importante  et  chef-lieu  de  paroisse,  tenue  aussi 
de  la  baronnie  de  Pirmil,  avec  château  et  droit  de  patronage.  C'est  ac- 
tuellement une  commune  du  département  de  la  Sarthe  (arrondissement 
de  La  Flèche). 

^  Jean  de  Vauloger  qui,  à  la  suite  de  ce  mariage,  se  fixa  au  Maine, 
n'était  pourtant  plus  en  réalité  seigneur  de  Cuigny.  Ruiné  par  la  guerre 
anglaise,  il  avait  vendu  cette  seigneurie  avec  celle  de  Plainville,  pour 
la  somme  de  mille  livres  d'argent  et  par  contrat  du  4  ou  11  mars  1383, 
à  Jean  4e  Carrouges,  chevalier.  Le  comte  d'Alençon  ayant  cassé  ce 
contrat  à  droit  féodal,  peu  de  jours  après,  fit  l'acquisition  de  Plainville  ; 
Cuigny  revint  à  Jean  de  Y.,  qui  en  rendit  hommage  au  comte,  le 
24  avril  1387,  et  finit  par  le  lui  revendre  (Fief  passé  depuis  aux  Guyon). 
En  1386^  lors  du  fameux  duel  judiciaire  du  sire  de  Carrouges  et  de 
Jacques  de  Grix,  barou  d'Aunou,  duel  dont  il  faut  lire  le  récit  émou- 
vant dans  Froissart,  Jean  de  V.  fut  un  des  tenants  du  baron.  —  Enfin, 
en  1393,  il  dut  se  défaire  des  domaines  de  Vauloger  et  de  Sentilli  qu'il 
céda  à  Robert  Guyon,  écuyer,  s'  de  Sausseaux  (Voir  Sévigni,  par 
M.  des  Diguères,  p.  102,158,186,  etc.  ;  les  «  Questiones  Johannis  Galli 
per  arrestà  Parlamenti  decisœ  ;  »  où  l'on  a  imprimé  Coigny  au  lieu 
de  Cuigny  ;  un  titre  des  Archives  nationales,  cote  P.  2751  (c  im"xx),  etc. 


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30  JUGEMENT   DE   MAINTENUE   DE  NOBLESSE 

son  espouse',  d'une  rente  de  vingt-cinq  livres  tournoys  detie 
sur  leur  seigneurie  de  Champeigné  à  noble  homme  Amaury 
de  Vrigné,  esciiier,  seigneur  de  la  Merserie,  par  où  Ton  veoit 
que  ledict  Jean  de  Vauloger  couttinue  à  estre  qualliflé  che- 
vallier. 

Item,  pour  justiffler  par  lesdicts  sieurs  de  Vauloger,  es- 
cuïers,  de  la  continuation  de  leur  noblesse  prise  par  Thibault 
DE  Vauloqer,  leur  septiesme  ayeul,  enfant  dudict  Jean  de 
Vaulloger,  leur  huictiesme  ayeul,  produisent  quatre  pièces, 
toutes  cottées  par  D. 

La  première  est  un  adveu  en  parchemin,  du  neuf  d'octobre 
1433,  rendu  à  noble  homme  messire  TmsAUo  de  Vauloger, 
seigneur  de  .Champaigné  et  de  Percé,  Escuîer  cTescurie  du 
Roy*,  par  ses  vassaux  y  desnomez,  à  cause  et  pour  raison 
des  hérittages  par  eux  tenus  de  sa  dicte  seigneurie  de  Percé 
et  des  rentes  seigneuriales  indicquées  audlct  adveu,  où  Ton 
veoit  que  ledict  Thibaut  de  Vaulogier  reçoit  les  tiltres  de 
noblesse. 

La  deuxyesme  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract.  • . 

Folio  2^  verso. 

t 

du  mariage  passé,  le  septiesme  jour  d'aoust  1434,  devant 
Jehan  Barbier,  nottaire  à  Saumur,  d'entre  messire  Thibault 
DE  Vaulloger,  escuîer  d'escurie  du  Roy,  seigneur  de  Cham- 
peignet,  fllz  de  feu  messire  Jehan  de  Vauloger  et  hautte  et 
noble  damoiselle  Jbhanne  de   Ghampaigne',  veufve  de   feu 

*  Cette  dame  fut  inhumée  daus  la  chapelle  des  Seigaeurs  ou  de 
l'Evangile,  en  l'église  de  Champagne  ;  un  écusson  écartelé  aux  i  et  k 
de  y.,  aicjc  2  et  3  de  Champagne,  se  voit  encore  i  la  clef  de  voûte  de 
cette  chapelle. 

^  Personnage  de  la  maison  du  Roi,  choisi  parmi  les  gentilshommes 
d'ancienne  race  et  chargé  de  la  surveillance  des  chevaux  de  guerre, 
des  armures,  etc. 

'  Lire  :  de  Champagne* 


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noble  homme  Bertrand  de  Montjehan\  escaïer,  et  fllle  da 
hault  et  puiçant  seigneur  Jehan  de  Champaigne^  mareschal 
d'Anjou'. 

La  troisiesme  est  une  transaction  en  parchemin,  du  dix- 
huict  de  janvier  1438,  accordée  devant  Bernard  Myetteet 
Jean  Godin,  notaires  à  Paris,  entre  messire  Thibault  de 
Vauloger,  chevallier  du  païs  du  Mayne,  Esctiîer  de  Vescurie 
du  Roy,  et  messire  Pierre  Hériçon',  chevallier^  seigneur  de 
Rouzé  au  mesme  païs,  espoux  de  dame  Ysabeau  de  Vaul- 
LOGER,  sœur  dudict  Thibault,  au  subject  de  Thérittage  de  feu 
messire  Jehan  de  Vauloger  et  de  feue  dame  Margueritte, 
espouze  d'y  celuy,  leurs  père  et  mère,  de  laquelle  transac- 
tion appert  Testât  de  noblesse  desdictz  sieur  et  dame  de 
Vauloger. 

La  quattriesme  est  un  contract  en  parchemin  passé,  le 


^  Lire  :  de  Montejean.  —  Le.  nobiliaire  universel  de  Saint-Âllais,  ne 
mentionne  que  ce  premier  mari  de  Jehanne  de  Champagne,  auquel 
il  donne  le  prénom  d'Hardouin  (voir  tome  xiv,  p.  380).  —  D'autre 
part,  le  P.  Anselme,  dans  sa  généalogie  des  Montejean  (V,  t.  vh, 
p.  475),  ne  parle  pas  de  Bertrand,  mais  d'un  Hardouin,  auquel  il  ne 
donne  pas  d'alliance  ??. 

'  Marié  i  Ambroisie  de  Crenon^  fille  de  Baudouin  de  Grenon, 
bailli  de  Touraine,  et  de»  Marie  d&  Bueil,  de  l'illustre  maison  des 
comtes  de  Sancerre.  —  Jean  de  Champagne  était  premier  baron  du 
Maine  et  duc  de  Bari  au  royaume  de  Naples. 

La  maison  de  Champagne  a  tenu  et  tient  u a  rang  trop  considérable 
dans  la  haute  noblesse  française  par  son  origine  (comtes  d'Anjou), 
par  ses  services  et  ses  alliances,  pour  qu'il  soit  nécessaire  de  s'y  arrêter. 
Rappelons  seulement  ses  armas  :  de  sable  fretté  d'argent,  au  chef 
de  même  chargé  d'un  lion  issant  de  gueules, 

'  Lire  :  Hérisson  ;  —  vieille  famille  à  la  fois  Bretonne  et  Mancelle  qui 
portait  :  d'argent  à  trois  hérissons  de  sable,  —  Thibault  de  V.,  eut 
encore  au  moins  une  soeur,  if"*  de  Maridor,  dont  il  sera  porté  plus  loin. 

(V.  d  apr.  un  acte  du  4«  juillet  1477). 


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ÔZ  JUGEMENT   DE    MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

deuxiesme  d'avril  1445,  devant  les  tabellions  jurez  du  Manz, 
de  la 

Folio  3,  recto  Signé  :  de  Mâcha ult. 

vente  des  biens  y  mentionnez,  sois  en  la  parroisse  de  Maillet', 
par  noble  Robert  de  Vendosmoys^  escuïer,  seigneur  de 
Chourses,  au  proffict  de  messirc  Thibaut  de  Vaulloger,  che- 
vailier^  seigneur  du  lieu'  et  de  Champaigné,  danz  lequel 
contract  ledict  Thibaut  de  Vauloger  continue  à  estre  qualliflé 
chevallier'. 

Item,  pour,  par  lesdictz  sieurs  de  Vauloger,  justiffler  de  la 
continuation  de  leur  noblesse  prise  par  Pierre  de  Vauloger, 
leur  sixiesme  ayeul^  lequel  estait  filz  puisné  dudict  Thibault 
de  Vauloger,  leur  septiesme  ûfyet//,  produisent  aussy  quatre 
pièces,  cottées  parmesme  lettre  E. 

La pr^m/ère  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract  du 
mariage  de  noble  homme  Pierre  de  Vaulloger,  escuïer,  sei- 
gneur de  Vilclair*,  filz  de  feu  messire  Thibault  de  Vauloger 
et  de  dame  Jehanne  de  Champaigné,  sa  veufve,  avecque 

'  Lire  :  Mayet  (Sarthe,  arrondissement  de  La  Flèche).  Les  Vauloger 
y  donnèrent  <leur  nom  à  un  fief,  transmis  ensuite  (voir  ci-après)  et  par 
mariage  dans  la  maison  de  Vezins. 

^  11  faut  se  garder  de  confondre  cette  seigneurie  de  Vauloger  avec 
celle  de  ïa  paroisse  de  SentilU:  il  s'agit  ici  purement  et  simplement  du 
âef  dominant  de  Fercé  auquel  les  Vauloger  imposèrent  de  bonne  heure 
leur  appellation  patronymique,  conservée  de  nos  jours  sou»  la  forme 
Va,ulogé  (hameau  de  25  à  30  habitants). 

*  Le  14  décembre  1458,  Thibault  de  V.,  et  son  épouse  assistèrent 
à  une  donation  faite  par  Jeanne  de  Tacé,  femme  de  Baudouin  deTucé^ 
à  fierre  de  Tucéj  de  la  métairie  de  la  Ghauvinière,  en  la  paroisse  de  N'eu* 
vîllelte  {ATchive9dela  Sarihe,  série  E,  iîÈ). 

*  LîTù  :  'Villccîerc;  fief  sis  en  la  paroisse  de  Fercé  et  tenu  de  U 
baronnie  de  Pirmil. 


^mm 


noble  damoiselle  Margueritte  de  la  Roussardière*,  fille  de 
messire  J^Aan  de  la  Roussardière,  escuïer,  seigneur  du  Moul- 
lin-Vieulx^  et  de  dame  Yolande  rfe  Coss^',  son  espouse,  du- 
quel contract,  passé,  le  14  de  marz  1471,  par  Guillaume  Grif- 
fatou,  nottaire  de  la  cour  du  Bourgnouvel*,  appert  la  quallité 
d'escuïer  dudict  Pierre  de  Vaulloger. 
Le  deuxiesme  est  un  contract  en  parchemin,  du  premier. . . 

Folio  5,  verso, 

jour  de  juillet  1477,  des  lots  et  partages  accordez  entre  messire 
Jehan  de  Vauloger,  chevalier,  seigneur  du  lieu  et  de  Cham- 
paigné*,  noble  Pierre  de   Vauloger,  escuïer ,    seigneur  de 

*  D'une  famille  ancienne  d'Anjou,  sans  doute  éteinte,  qui  parait  s'être 
appelée  primitivement  Roussard  (XÏV*  siècle)  et  n'avoir  pris  le  nom 
de  la  Roussardière  qu'après  l'avoir  imposé  à  une  seigneurie  en  sa  pos- 
session. Armes  :  De  gueules  à  trois  p&ls  d'or  chargés  en  chef  de 
trois  roses  d'azur, 

'  Le  Moullin-Vieux  (ah'às,  les  Moulins  Vieux,  et  mieux  Moulin- 
vieux]  :  seigneurie  importante,  sise  en  la  paroisse  d' A sni ères  (Sarthe, 
arrondissement  de  La  Flèche),  et  tenue  à  foi  et  hommage  simple  des 
chanoines  du  chapitre  de  Saint- Julien  du  Mans,  seigneurs  de  ce  lieu. 
Des  Vauloger,  elle  passa  aux  Gibot  (voir  ci-après),  puis,  au  déhut  du 
dix-huitième  siècle,  aux  de  Scepeaux,  enfin,  peu  après  1800,  aux  Le 
monnier  de  Lorière  qui  en  sont  les  propriétaires  actuels.  C'est  une 
des  plus  helles  propriétés  de  la  région  ;  le  parc  surtout,  arrosé  par  la 
Vègre,  est  magnifique. 

'  De  la  maison  des  ducs  deBrissac,  connue  depuis  Réginald  de  Gossé, 
prieur  de  l'abhaye  de  Fontevrault  eu  H  50.  Armes  :  de  sable  à  trois 
fasces  d'or  dentelées  par  le  bas. 

*  Un  des  grands  sièges  royaux  du  Maine,  dont  le  chef-lieu  se  trouvait 
à  Mayenne. 

*  Jean  IV  de  Vauloger,  homme  d'armes  des  ordonnances  de  Sa 
Majesté  30us  le  maréchal  de  Lohéac  en  4469  (dom  Villevieille,  trésor 
généalogique,  t.  xix,  n*  165),  épousa  par  contrat  du  12  avril  1462^ 
Anne  (alias  Isabeau)  de  Maimbier,  qui  le  rendit  cousin  germain  des 
Montmorency  Laval,  et  lui  donna  :  1®  Jean  V,  de  V.  (voir  ci-après, 

T.    VI.  —    DOCUMENTS.   —  VI*  ANNÉE,  1"    LIV.  3 


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34  JUGEMENT   DE    MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

Villeclerc,  noble  et  vénérable  maistre  René  de  Vauloger, 
escuïery  sieur  de  la  Halounnière*,  prebslre,  curé  de  Cham- 
^  paigné',  dame  Marie  de  Vauloger,  espouze  de  messire  Pierre 
DoRENGE,  chevallier,  seigneur  de  la  Pueillée'  et  damoyselle 
Yolande  de  Vauloger,  espouze  de  noble  homme  Jules  de 
Vesin,  escuïer^  seigneur  du  lieu*,  touts  enffans  issus  de  feu 
messire  Thibault  de  Vauloger  et  de  feue  dame  Jehanne  de 
Champagne,  leurz  père  et  mère,  des  biens  de  la  succession  de 
laditte  dame  et  aussy  de  celle  de  la  deffuncte  damoyselle  Gè- 
ne viefve  Vauloger,*  veufve  de  deffunct  Jean  de  Maridort% 
escuïer^  seigneur  de  la  Marre,  leur  tantte,  lequel  partage, 
traitté  devant  Macé  Bouchard,  nottaire  en  la  cour  de  Bour- 
gnouvel,  prouve  plainement  de  la  noblesse  des  encestres  des 
produisans. 

une  note  à  un  acte  du  3  mai  1518  ;  —  2<»  Gérard  de  V.,  E%  S»»  de 
Menuau,  à  Vallon  (Sarthe,  arrondissement  du  Mans),  marié,  par 
contrat  du  18  avril' 1498,  à  Antoinette  de  Ronsard^  fille  d'Amaury 
de  H.  8*'  de  la  Bourdinière,  et  de  Catherine  de  Malherbe,  dont 
Gabrielle  de  V.  qui  épousa,  en  1521,  Jacques  Barat,  P7;  —  Z**  René 
de  F.,  prieur  de  Fercé  en  1499  ;  — 4*  Claude  de  F.,  E%  vivant  eni525  ; 
—  5*  Isabeau  de  V.,  mariée,  avant  1499,  k  Louis  d'Averton,  Ch', 
8'' du  Perray,  d'une  des  grandes  maisons  du  Maine. 

*  Métairie  sise  en  la  paroisse  de  Fercé  et  tenue  delà  terre  de  Vauloger. 
'  On  retrouvera  plus  loin  ce  personnage  dans  un  titre  de  l'an  1514. 
^  Lire  :  d'Orenges,  et  la  Fouillée  ;   famille   Bretonne  dont  le  plus 

ancieti  auteur  connu  prit  part  à  la  première  croisade  (1096)  ;  encore 
subsistante.  —  Armes  très  diverses.  Cette  branche  ci  portait  :  Paie 
d'argent  et  de  gueules  de  six  pièces,  à  la  bordure  de  sable  chargée 
en  orle  de  huit  oranges  d'or, 

*  Et  mieux  :  de  Vézins,  d'une  famille  représentée  aux  Croisades  en 
1248.  Armes  :  de  gueules  à  trois  clefs  d'argent,  deux  et  une. 

*  Fille  de  Jean  III  de  Vauloger  et  de  Marguerite  de  Champagne. 

'  Et  mieux  :  de  Maridor  ;  ancienne  famille  du  Maine,  éteinte,  à 
laquelle  appartenait  la  dame  de  Montsoreau  (de  Chambes),  héroïne  d'un 
célèbre  roman  d'Alexandre  Dumas.  —  Armes  :  d'azur  à  trots  gerbes 
d*or. 


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Le  troysiesme  est  un  contract  en  parchemin,  en  datte  du 
seiziesme  jour  de  septembre  1480,  de  l'acquisition  faicte  par 
noble  homme  Pierre  de  Vauloger,  escuîer,  seigneur  de  Vil- 
clair  et  du  Moullin-Vieux,  et  par  damoy selle  Marguerite  de 

LA  ROUSSARDIÈRE,  .;.... 

Folio  4,  recio.  Signé  :  de  Machault. 

son  espouse,  sur  noble  messire  Jbhan  db  Vaullooeh,  seigneur 
du  lieu  et  de  Champaigné,  et  sur  la  dame  Anwb  db  Maimbieh*, 
son  espouse,  d'une  rente  de  soixante  livres  tournoys^  assise 
sur  la  seigneurie  de  Bonne  Estable',  et  proventie  des  hérit- 
tages  des  feues  dames  Anne  de  Troussiauville^,  veufve  de 
deffunct  Monsieur  Bené  de  Maimbier,  vivant  seigneur  de 
Layée*,  et  Jehanne  de  Harecourt,  dame  de  Troussiauville^ , 
lesdictes  mère  et  ayeulle  de  laditte  dame  de  Champaigné,  la- 
quelle acquisition,  passée   devant  ledict  Massé  Bouchard , 

*  D'une  famille  da  Maine,  aussi  répandue  en  Bretagne,  et  éteinte. 
Armes  :  d'&zur  à  trois  poignards  d'argent  mis  en  bande. 

'  Lire  :  Bonnétable  ;  ville  du  département  de  la  Sarthe,  arrondisse- 
ment de  Mamers,  où  se  trouve  un  magnifique  château  construit  par  les 
d'Harcourt  et  aujourd'hui  possédé  par  le  duc  de  la  Rochefoucault- 
Doudean  ville. 

'  Lire  :  de  Trousseauville,  maison  normande,  représentée  à  la  pre- 
mière croisade  (1096).  Armes  :  de  sable  à  la  croix  anilUe  d'or. 

*  Allas  :  Laiilée. 

• 

'  Lire  :  Jeanne  d'Harcourt.  Cette  dame,  issue  de  la  maison  ducale  de 
ce  nom,  connue  depuis  le  X"  siècle  et  féconde  en  grands  hommes 
(Armes.:  de  gueules  à  deux  fasces  d'or),  épousa  :  1°  Guillaume  de 
Braquemont  ;  2**  Guillaume  de  Trousseauville,  chevalier,  s*'  du  lieu. 
—  Jeanne  d'Harcourt  descendait  en  ligne  féminine  du  roi  saint  Louis, 
par  suite  du  mariage  de  son  grand-père,  le  comte  Jean  V  d'Harcourt, 
avec  la  princesse  Blanche  de  Castille-Ponthieu,  petite-fille  par  sa  mère, 
Catherine  d'Artois,  de  la  princesse  Jeanne  de  France- Valois,  sœur  du 
roi  Philippe  VI  de  Valois.  (V.  le  P.  Anselme,  t.  i,  p.  386  à  388  ;  t.  m, 
p.  305;  t.  V,  p.  132,  139,  140,  etc.) 


à 


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aB  JUGEMENT  DE  MAÎNT£KtJE    DE   NOBLESSE 

notaire  de  Bourgnouvel^   montre  encores  ledict   Pierre   de 
Vaulloger  avec  les  ti lires  de  noble  et  d'escuïer. 

La  qurfitriesme  est  uri  contracL  de  vente  en  parchemin, 
passé,  le  vingt-un  de  janvier,  fan  1492,  devant  PichauU  le 
Ronge»  notaire  de  la  cour  de  Bourgnouvel,  par  noble  homme 
messire  Pierre  de  VitiLLoeen,  seigneur  des  Moullins-Vieulx,  au 
proCfïct  du  sieur  de  la  Bezyguère*,  des  fiel"  et  seigneurie  de 
Viilcclairj  assis  en  la  paroisse  de  Fercé  et-  aux  anvirons, 
avecq  touttes  ses  appendances,  tant  en  domaynes,  manoir, 
terres  labourables,  pasturcs  que  communes,  rentes  et  ser- 
vicesj  danss  lequel  contract , . , 

ledict  Pierre  de  Vaulloger  continue  àestrequallifié  noblement. 

Itb^ï,  pour  justif fier  par  iesdictz  sieurs  esciiî^ra  de  Vauloger 
de  la  continuation  de  leur  noblesse  par  Jeam  de  YAULLoaaa, 
leur  qmnlmjetdj  filz  dudiet  PiEnas  de  VAULooEfl,  leur  sixiesme 
aycul,  produisent  cinq  pièces,  touttes  cottées  soubz  la  lettre  F. 

La  première  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract  de 
mariage  d'entre  la  personne  de  Jiobte  Jbhan  de  VAULLooEa,  es- 
cmer  du  païs  d'Anjou',  filz  desdicts  Pib«re  de  Vauloger  et 
MAaûDBRriTE  DE  LA  RounsARDiÈHE,  et  la»  pcrsonue  de  hautie  et 
noble  damoyselle  Mabib  db  RABaDiNauEa^,  fiUe  du  hault  et  noble 

Sans  doute  de  !a  famille  »<  de  Fay.  ■ 

^Od  dc  voit  pas  ce  qui  a  pu  dooner  iiea  à  celte  qualification,  car 
tous  les  bieoR  de  Jean  de  Vauloger  se  trouvaient  au  Maine;  il  est  vrai 
que  Mouliavieut  est  sur  les  confins  de  l'Anjou. 

'  Lire  :  de  Rabodanges.  Ce  nom  est  celui  d'une  des  plus  considé- 
rables familles  de  h  Picardie  et  du  Rourbonoais,  issue,  vers  120Û,  de  la 
puissante  maison  de  Bernieulles,  transplantée,  vers  î 450,  en  Basse- 
Normandie  où  la  seigneurie  de  Culay^Bur-Ome  (Calvados)  fut  érigée 
pour  elle  en  marquisat  de  Rabodanges,  au  XVLI»  siècle,  et  éteinte  au 
début  de  celui-ci  ou  à  la  fin  du  dernier.  Armes  :  Ecarteîè  aux  i  et  k  : 
d'or  à  la  croix  ancrée  de  gueules  (BernieuUes),aujc  5  et  3:  degueuleë 
à  trois  coquilles  d'or. 


UK    LiA    FAMIL.L1K     UK     VAUl^UUKll  Ol 

seigneur  messire  Alardde  Rabodangues^chevàWicr,  seigneur 
du  lieu,  conseiller  et  chambellan  du  Roy,  chevallier  de  son 
ordre,  et  de  feue  dame  Ysabeau  bailly^,  lequel  contract, 
accordé,  le  neuf  d'octobre  1497,  devant  Jacques  Coste  et  Guil- 
laume Perrot,  nott aires  royaulx  au  Chastellet  de  Paris,  faict 
veoir  Testât  de  noblesse  dudict  Jean  de  Vauloger. 

Le  second  est  un  adveu  rendu,  le  neufviesme  de  septembre 
1503,  à  M*  Lazare  Vérité,  procureur  de noé/tf  Jehan  DBVAOLLcxiiEB, 
chevallier^  seigneur  des  Moulins- Vieux,  capitaine  dune  com- 
paignie  de  cinquante  hommes  d'armes  des  ordonnances  du  Rot/, 
estant  lorz  en  Italie  pour  le  service  de  Sa  Majesté 

Folio  5,  recto.  Signé  :  de  Maohault. 

par  ses  tenanciers  de  ladicte  seigneurie  des  Moulinsvieulx, 

*  Al&rd  de  Rabodanges,  qui  fut  aussi  bailli  et  gouverneur  de  Saint- 
Omer,  était  ûls  de  Guillaume  de  R.  et  de  Jacqueline  de  Rubempré 
et  frère  de  Jean  de  R.  s''  de  Boncourt,  capitaine  de  Gravelines  et 
maître  d'bôtel  de  Marie  de  Glèves,  ducuesse  douairière  d'Orléans  et 
mère  du  roi  Louis  XII.  Devenue  veuve,  cette  princesse  s'éprit  pour 
son  maître  d'bôtél  d'une  si  vive  passion  qu'elle  l'épousa.  Elle  fît  faire 
des  tapisseries  sur  lesquelles  on  voyait  des  rabots  et  des  anges  avec  ces 
mots  :  «  Encore  n'est-il  que  rabots  d'anges  »  (V.  V Etude  historique 
de  G.  Lecoq,  sur  Marie  de  Clèves,  Saint-Quentin,  1875,  page  15). 

'  Lire  :  d'Âilly  :  Une  des  grandes  maisons  de  Picardie,  qui  jporte  : 
de  gueules  au  chef  échiqueté  d*argent  et  d*azur  de  trois  traits. 
Troisième  fille  de  Raoul  d' Ailly,baron  de  Piquigny  et  vidame  d'Amiens, 
et  de  Jacqueline  de  Béthune  (des  ducs  de  Sully),  Isabeau  d'A.  avait 
pour  sœur  Jacqueline  d' A.,  mariée,  en  1435,àJeande  France-Bourgogne, 
comte  de  Nevers,  de  Rethel  etd*£u.  Ses  descendants  et  descendantes, 
cousins  et  cousines  aux  4',  6%  8*,  10*  et  12*  degrés  des  sires  de  Vaulo- 
ger ,  contribuèrent  à  former  les  maisons  de  Glèves- la-Marck  ;  de 
Juliers  ;  de  Saxe  ;  d'Angleterre  (Tudor)  ;  de  Brandebourg-Prusse  ;  de 
Bavière-Neubourg  et  Deux-Ponts  ;  de  Bade  ;  d'Autriche-Burgaw  ;  de 
Gonzague;  de  Lorraine- Guise,  et  de  Bourbon-Gondé,  etc.  —  De  ce 
fait,  la  famille  de  Vauloger  se  trouva  donc  apparentée,  au  XVI*  siècle, 
à  la  plupart  des  grandes  races  souveraines  d'Europe. 


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38  JUGEMENT   DE   MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

pour  les  biens  et  rentes  y  conttenus,  lequel  adveu  montre 
ledict  Jehao  de  Vauloger  encores  aveq  la  qualité  de  chevallier. 
La  troizies me  est  une  grosse  en  parchemin  d'un  contract  de 
vente  faict,  par  devant  Le  Flotte,  nottaire  au  Mans,  le  dix-sept 
de  septembre  1504,  par  damoyselle  Marqueritte  de  Vaullooer, 
veufve  de  feu  noble  Avthoyjxe  Lesirier',  vivant  escuîer,  seigneur 
de  Cemur,  audict  messire  Jehan  de  Vauloobr,  chevallier ,  son 
frère,  de  tout  et  tel  droit  successif,  tant  mobilier  qu'immobi- 
lier, qui  luy  pouroit  compéter  et  appartenir  à  cause  des  suc- 
cessions, morts  et  trespaz  desdicts  deffuncts  nobles  Pierre  de 
Yaulogbr  et  Marguerite  de  la  RoossARDiàRB^  leurs  père  et  mère, 'et 
de  deffuncte  dame  Jehanne  de  Vauloqer,  leur  sœur  aisnée,  tres- 
passée  sanz  enffans,  ny  de  feu  Thomas  Devatob',  escuîer,  sei- 
gneur du  Plessys,  son  premier  mary,  ny  de  messire  avoues  de 
MoNTALLAYs*,  scigucur  du  Bourg  et  de  Chambellé,  qu'elle  avoit 
secondement  espousé,  et  aussy  d*ANNB  ob  Vaullooer,  autre 
sœur,  religieuse  au  monastère  de  Bonlieu,  4  et  5  aux  charges 
des  droictz  seigneuriaux,  moïennant  la  somme  de  douze 
cents  escus  d*or  sols  pour  laquelle  ledict  messire  Jehan  de.. . 

Folio  5,  verso. 
Vaulloger,  seigneur  des  Moullinsvieux,  luy  en  constitua  la 

*  Lire  :  Le  Girier,  famille  distinguée  du  Perche,  qui  a  donné  notam- 
ment :  deux  évoques  d'Avranches  et  trois  chevaliers  de  Malte.  Armes  : 
d'argçnt  à  trois  étoiles  de  gueules  accompagnées  de  quatre  mon- 
chetures  d'hermine  cantonnées. 

*  Lire  :  de  Vayge,  famille  originaire  de  la  paroisse  de  ce  nom 
(Mayenne),  où  Gaudin  de  V.,  chevalier,  vivait  en  1118.  Armes: 
d'argent  à  trois  chevrons  de  gueules, 

'  Lire  :  de  Montalais  ;  une  des  grandes  familles  de  l'Anjou,  éteinte. 
Armes  :  d[or  à  trois  chevrons  degueules^  k  la  fasce  d* azur  brochante. 

*  Lire  :  de  Bonlieu,  abbaye  de  l'ordre  de  Citeaux  fondée  en  1219, 
dans  la  paroisse  de  Bannes,  près  de  Gh&teau-du-Loir  (Sarthe). 

'  De  Pierre  de  Vauloger  et  de  Marguerite  de  la  Roussardière,  vint 
encore  un  fils  :  Pierre  de  F.,  E•^  S«'  de  Neufmanoir  et  de  Saint-Pierre 
des  Bois,  marié  à  Guyorine  de  Montécler  et  mort  avant  1541,  dont 
il  sera  parlé  plus  loin  à  cette  date  là.  (Y.  ci-apr.  un  acte  du  10  mai  1 541). 


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somme  de  cent  escus  de  rente  par  chacun  an,  ledict  contract, 
équipoUanl  à  un  partage,  signé  :  La  Flotte,  faict  veoir  entière- 
ment de  la  noblesse  dudict  Jean  de  Vauloger  et,  par  ainsy, 
de  sesdescendans,  qui  sont  les  produisans. 

La  quatriesme  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract  de 
mariage  d'entre  messire  Jean  de  Voloqbr,  chevalier,  seigneur 
du  Moulinvieux,  de  Chereperrine  et  de  Marsilly*,  homme 
veuf,  et  noble  damoyselle  MARouERrrE  Lbmayrb*,  dame  du  lieu 
d'Avrolles',  fille  de  messire  Jehan  Lemayre,  chevallier,  sei- 
gneur de  la  Roche- Jacquelin,  et  de  dame  Ysabeau  Quatre- 
barbes",  duquel  contract,  accordé  devant  Salmon,  notaire  dô 
Bourgnouvel,  le  dix  de  janvier  1506,  appert  de  la  qualité  de 
chevallier  dudict  Jean  de  Vauloger. 

La  cinqviesme  est  un  contract  d'eschange  en  parchemin,  du 
dix-huict  de  décembre  1509,  entre  messire  Jehan  de  Vauloobb, 
chevalier,   seigneur  de  Moullinvieux    et  de    Chereperine  , 


*  Lire  :  Gherperriae  et  Marcilly  ;  ces  deux  seigneuries,  sises  au 
Perche,  aTaient  été  achetées,  suivant  contrat  du  2  mars  4505,  par 
Jean  de  V.  à  Olivier  de  Baraton  et  à  Françoise  de  Surgères,  son  épouse. 
(Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  l'Orne,  t.  iv, 
p.  161).  Cherperrine,  aujourd'hui  possédé  par  M.  le  vicomte  de  Lévis- 
Mirepoix,  se  trouve  sur  la  paroisse  d'Origny-le-Roux  (Orne,  arrondis- 
sement de  Mortagne)  ;  Marcilly  est  un  hameau  de  60  habitants  de  la 
paroisse  d'Igé  (Id.  id.). 

'  Lire  :  Le  Maire^  famille  représentée  en  1191  à  la  troisième  croi- 
sade ;  on  la  croit  éteinte.  Armes  :  d'azur  au  lion  couronné  d'or, 
Aliàg  :  de  »able  au  savtoir  d'argent, 

'  Terre  voisine  de  celle  de  Moulinvieux,  mais  moins  importante,  et 
à  partir  de  ce  moment  là  incorporée  à  elle. 

*  De  la  maison,  si  considérable  en  Anjou  et  provinces  environnantes, 
des  marquis  de  Quatrebarbes  de  la  Rongère,  représentés  aux  croisades 
et  admis  aux  honneurs  de  la  cour.  Aimes  :  de  sable  à  la  bande  d'ar- 
gent côtoyée  de  deux  cotices  de  même. 


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40  JUGEMENT  DE  MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

seigneur  et  patron  de  MarsillyS  et  honorable  homme  Jehan 
Quelque] eu,  bourgeoys  de  Mamerz,  au  subject  des  biens  y 
mentionnez,  scis  en  ladicte  parroissedeMarsilly,  lequel  con- 
tract,  signé  Lunel,  montre  ledict  Jehan  de  Vauloger  tous 
jours  aVeq  la  quallité  de  chevalier. 

Folio  6,  recto.  Signé  :  de  Machault. 

Item,  pour,  par  lesdicts  sieurs  de  Vauloger,  escaliers,  jus- 
tiffier  de  la  continuatioti  de  leur  noblesse  de  par  Rem*,  dict 
aussy  Jean,  de  Vaullooeb,  letir  quartayeul^  filz  dudict  Jean  de 
Vaullooeé,  lPurcinquiesmeayeul,pToàmsonid\K.  pièces,  touttes 
cottées  par  G. 

La  première  est  une  transaction  en  parchemin  entre  véné- 
rable  et  discret  messire  René  de  Vauloger,  escmer,  sieur  de  la 
Halounnière,  docteur  en  théollogie,  chanoine  du  chapistre 
du  Manz',  agissant  comme  aïant  le  bail  et  garde  noble  de 
noble  René  de  Vauloqbr,  son  arrière  nepveu,  filz  des  deffuncts 
messire  Jean  de  Vauloger  et  dame  Marie  de  Rabodanghes,  sa 
première  espoùse,  et  noble  dame  Marguerite  Le  Mayre,  veufve 
du  mesme  deffunct  Jean  de  Vaulloger,  qui  l'avoit  espousée 
en  secondes  nopces,  agissant  comme  gardienne  noble*  de 
Pierre*  et  Anthoinettb  de  Vauloger*,  enfîans  mineurs  nais  d'elle 
et  dudict  seigneur,  au  subject  des  succession  et  hérittage 

*  Marcilly  était  effectivement,  avant  4789,  le  chef-lieu  d'une  paroisse 
depuis  réunie  à  Igé,  comme  il  a  été^dit.  On  trouve  aussi  Tabbé  de  saint 
Vincent  du  Mans  avec  cette  qualification  du  patron  de   Marcilly. 

'  Fils  de  Thibault  de  Vaul6ger  et  de  Jeanne  de  Champagne. 

'  Marguerite  Le  Maire  paraît  encore,  avec* la  même  qualité,  dans 
une  sentence  que  prononça  à  son  profit,  le  23  octobre  1514,  le  Bailli 
de  la  juridiction  temporelle  du  chapitre  du  Mans  contre  noble  Jacques 
de  Ségusson,  au  sujet  de  droits  seigneuriaux  appartenant  au  domaine 
de  Moulinvieux  (Archives  de  Maine-et-Loire  E,  2616).  Cette  dame  se 
remaria  à  Jacques  de  la  Beccane,  écuyer. 

*  Pierre  de  Vauloger  était  devenu  prêtre  et  curé  d*Avoise  (Sarthe, 
arrondissement  de  la  Flèche)  en  1543^  époque  où  il  rendit  aveu  aux 
chanoines  du  chapitre  du   Mans  pour  la  seigneurie  du  Moulinvieux 


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DE  LA   FAMILLE   DE  VAULOOER  41 

d'icelluy,  d  où  appert  que  ledîct  René  de  Vaulloger  garda  en 
sa  part  les  seigneuries  de  Cherperrine,  de  Marcilly,  de  la 
Girouardiôre*  et  aultres  lieux,  avec  les  diverses  sommes  et 
biens  mobiliers  y  conttenus,  et  que  laditte  dame  Le  Mayre, 

tant  pour  ses  reprises  que  pour  la 

Folio  6t  verso^ 
part  de  sesdictz  enfans  garda  les^terres  du  Moullinvieulx  et 
d'Avrolles,  oultre  dyverB  biens  mobiliers  y  mentionnez,  à  la 
charge  de  servir  audict  René  de  Vaulloger  les  rentes  contte- 
niies  en  ladicte  transaction,  laquelle,  passée,  le  huictiesme 
jour  de  febvrier  1514,  par  devant  Louys  Barbe,  notaire  de  la 
cour  laye  au  Manz,  prouve  de  Testât  et  quallité  de  noblesse 
desdictz  sieur  et  dame  de  Vaulloger*. 

{Chartrierdu  chàteaude  Juignè,  près  de  Sablé,—  Sarthe).  Il  vendit  ce 
domaine,  ainsi  que  le  bien  d'AyroUes,  —  avec  tons  les  acquêts  et  con- 
quôts  faits  par  sa  mère,  et  pour  en  jouir  comme  son  beau  père  Jacques 
de  la  Beccane,  usufruitier,  en  avait  joui  —  à  François  Gibot  8"  de  la 
Perrinière.  Cette  vente  eut  lieu  par  contrat  passé  au  Mans,  le  8  décembre 
43i63,  en  présence  d'Antoinette  de  Vauloger,  sœur  du  vendeur,  et  du 
mari  de  celle-ci  (Archives  de  Maine-et-Loire  E,  261 6).  Pierre  de  Vau- 
loger avait  dès  lors  hérité  de  son  cousin  Louis  de  Vauloger,  8^'  de 
Neufmanoir  et  de  Saint-Pierre  des  Bois  [voir  ci-après  les  actes  des 
10  mai  1541  et  14  juillet  1565),  et  habitait  à  Danzé  en  Vendômois 
(Loir-et-Cher,  arrondissement  de  Vendôme).  Il  transigea  ainsi  que  sa 
sœur,  au  sujet  de  cette  succession,  avec  Suzanne  de  Beau  manoir^ 
veuve  de  Louis  de  V. ,  le  9  décembre  1 565  {Dictionnaire  de  l&  Sarthe, 
par  Pesche^  t.  v^  p.  543).  La  même  année,  le  14  juillet,  il  avait  fait 
son  testament,  qu'on  trouvera  plus  loin. 

*  Mariée  à  noble  homme  MelchisédechLe  Bariller,  S*'  d'Outrebourg, 
(d'après  la  transaction  de  1565),  dont  elle  n'eut  pas  d'enfants.  Il  appar- 
tenait aune  famille  connue  avantageusement  en  Vendômois,  dès  le  début 
du  quatorzième  siècle.  Armes  :  D'argent  au  chevron  d'azur^  accom- 
pagné de  trois  trèfles  de  sinople. 

*  On  n'a  pu  découvrir  la  situation  géographique  exacte  de  cette  terre 
qu'on  croit  se  trouver  au  Perche. 

'  Cette  transaction  dut  être  précédée  d'une  sentence  judiciaire 
autorisant  les  tuteurs  et  tutricesà  traiter  du  partage  pour  leurs  pupilles. 


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42  JUGEMENT  DE  MAINTENUE  DE   NOBLESSE 

Le  second  est  un  adveu  en  parchemin,  du  trois  de  may  de 
l'an  1518,  rendu  par  noble  homme  René  de  Vaulloqbh,  escuïer^ 
seigneur  de  Chereperine  et  de  Marsilly,  à  messire  Jehan  de  Vaul- 
LOQBR*,  chevallier,  seigneur  du  lieu  et  de  Ghampaigné,  cheval- 
lier de  lordre  du  Roy,  son  oncle,  et  à  madame  Catherine  Oodard', 
espouze  d'ycelluy,  sa  tantte,  à  cause  du  lieu  de  la  Paucherie, 
deppendant  de  leur  seigneurie  de  la  Petite  Bussonnière,  ès- 

*  Jean  V  de  Vauloger,  Gh"',  S»'  de  Vanloger,  Champagne,  Bier, 
Mirsou,  la  Petite-Bussonnière,  etc.,  un  des  cent  gentilshommes  de 
la  maison  du  /toi  (i486-f499),  chevalier  de  son  ordre  (1492),  ép., 
par  contrat  du  16  mai  i486,  Catherine  Odart  deCursay^  dont  il  eat  : 
1"  Louis  de  V.,  Gh*»",  S«'  de  V.,  Champagne,  et<î.,  mort  en  1550,  sans 
alliance,  ou  du  moins  sans  postérité;  —  2**  Jean  IV  de  V.,  dont  il  sera 
parlé  (voir  cî-après  une  note  mise  à  l'acte  du  10  mai  1541  ;  —  3* 
Béatrix  de  V. ,  mariée  :  A  à  noble  homme  Guillaume  de  Cham- 
pagne, de  ta  puissante  maison  de  Champagne  de  la  Motte- Ferchaut 
(d'hermine  au  chef  de  gueules),  B,  en  1519,  à  Jacques  d'Auray, 
baron  de  St-PoiSy  dont  notamment, Louise  dM., de  S.^P,,  qui  épousa 
Louis  Turgot,  Ch«%  S»'  de  la  Ruaudière;  —  \*  Catherine  de  V., 
qui  épousa,  en  1527,  André  de  la  Chapelle,  Ch",  S»' de  la  Troussière  ; 
—  h""  Charlotte  de  V.,  femme  de  Pierre  de  Tucé,  Ch",  S»'  de  Bouer; 
6^  Louise  de   V. ,   religieuse  à  Saint-Julien-du-Pré  (au  Mans). 

'  Lire  :  Catherine  Odart.  Cette  dame,  dame  de  la  Petite-Bussonnière , 
appartenait  à  une  illustre  maison  de  Londunois  représentée  aux  Croi- 
sades (d'or  à  la  croix  de  gueules  chargée  de  cinq  coquilles  d'argent). 
Elle  était  fille  de  Jacques  Odart,  baron  de  Cursay,  grand  panetier  et 
grand  fauconier  de  France,  chambellan  du  Roi,  gouverneur  de  Civray 
et  de  Montarçis,  Ch**f  de  l'ordre  du  Croissant,  etc.,  et  de  Charlotte  de 
Preuilly^  des  premiers  barons  de  Touraine  (M.  le  G**  Odart  de  Rilly 
prépare  actuellement  sur  sa  maison  un  ouvrage  généalogique  où  sera 
rapportée,  avec  preuves  et  détails,  l'alliance  de  Jean  Y  de  V. ,  et  de 
Catherine  Odart).  —  Leurs  armes^  écartelées  avec  celles  d'autres  familles, 
furent  peintes,  au  XVI*  siècle,  dans  la  chapelle  de  l'Evangile  en  l'église 
de  Champagne.  Cette  peinture,  à  présent  en  fort  mauvais  état,  est 
recouverte  par  un  retable  en  bois,  mais  fut  mise  à  jour,  il  y  a  quelques 
années,  lors  de  la  réparation  de  ce  retable. 


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DE   LA   FAMILLE  DE   VAULOGBR  43 

parroisses  de  Percé  et  anvironnanles,  duquel  adveu  appert 
la  quallité  d'escuïer  prise  par  ledict  René  de  Vauloger. 

Le  troisiesme  est  un  adveu  en  parchemin,  du.cjouze  de  may 
aussy  en  1518,  rendu  par  noble  homme  Rbhé  de  Vaitlo^bb, 
escuïeVy  seigneur  de  Chereperine  et  Marsilly,  à  trez  hault  et 
trèz  puiçant  prince  Monseigneur  Charles,  duc  d'Allançon , 
comte  du  Perche,  per*  de  France,  pour  raison  de  ses  terres  et 
seigneuries  de  Chereperine  et  de  Marsilly,  tenues  à  foy  et 
hommage 

Folio  7,  recto.  Signé  :  he  Màchault. 

de  la  chastellenie  de  Bellesme,  au  comté  du  Perche,  duquel 
adveu  appert  le  tiltre  d'escuïer,  pris  encores  par  ledict  René 
de  Vauloger. 

Le  quattriesme  est  le  contract  du  mariage  d'entre  noble 
messireRETnÈ  db  Vaulooer,  chevallier,  seigneur  de  Cherperrine, 
Marsilly,  la  Girouardière,  la  Halounnière  et  aultres  lieux, 
premier  esckanson  de  trèz  hault  et  trèz  puiçant  prince  Mgr  le 
Duc  dAllançon,  fllz  desdictz  deffuncts  nobles  Jehan  de  Vaul- 
LooER  et  Marie  de  RabodanqhbS;  et  hautte  et  puiçante  damoiselle 
Jbhanne  Dachby',  damoiselle  de  trèz  hautte  et  trez  puiçante 
princesse  Madame  la  Duchesse  Dalençon^^  fllle  de  hault  et 
noble  messire  Jehan  Dachey",  chevallier  de  Tordre  du  Roy, 

*  Lire  :  pair  de  France.  , 

'  Lire  :  d'Aché;  une  des  premières  maisons  de  Normandie,  repré-' 
sentée  à  la  conquête  d'Angleterre  et  aux  Croisades,  et  éteinte  vers 
1800.  —  Armes  ;  de  gueules  à  trois  chevrons  d'or. 

'  La  célèbre  Marguerite  de  Valois,  sœur  de  François  I",  mariée 
lo  au  duc  de  Charles  FV  d'Alençon,  2»  à  Henri  d'Albret,  roi  de 
Navarre  et  dite  la  plus  savante  des  belles  et  la  plus  belle  des  savantes. 

*  Fils  de  Simon  d'Aché.  Ch«',  S«*  de  Serquigny,  etc.,  marié,  en 
4466,  à  Catherine  de  Courtenay,  princesse  du  sang  royal  de  France^ 
comme  descendante  en  ligne  directe  de  Pierre  de  France,  seigneur  de 
Courtenay,  septième  et  dernier  fils  du  rei  Louis  Le  Gros.  Armes  : 
Ecartelé,  auxl  et  4  d'or  à  ^rois  tourteaux  de  gueules,  aux  2  et  3  de 
France  à  la  bordure  engrèléede  gueules. 


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44  JUGEMENT  DE   MAINTENUE   DE  NOBLESSE 

seigneur  de  Cerquigny,  Beaumesny*,  Marbeuf  et  aultres  lieux, 
et  de  hautte  et  noble  dame  Loyse  de  Dreux^  ;  ledict  contract, 
qui  est  une  grosse  en  parchemin,  passé  devant  Jehan  Aubert 
et  Robin  Mare,  tabellions  jurez  de  la  chastellenie  d'Essay, 
le  quatorze  de  febvrier  1524,  montre  entièrement  de  la  no- 
blesse dudict  René  de  Vauloger. 

La  cinquiesme  est  un  contract  aussy  en  parchemin,  passé,  le 
trentiesme  de  juin  1525,  devant  Barbé,  nottaire  en  la  Cour 

laye  du  Manz 

Folio  7 y  verso» 
d*où  appert  que  noble  dame  Jbhannb  JDachby  engageoit  lors  à 
Pierre  Liger,  bourgeoys  du  Manz,  pour  subvenir  à  la  déli- 
vrance de  messire  Jehan  fsicj  de  Vaullogeb,  chevallier^  son  es- 
poux,  faict  prisonier  parles  Espaignols  en  la  guerre dlttalie', 
et  moïennant  la  somme  de  onze  cents  escus  d'or  sols  la 
seigneurie  de  Marsilly,  au  païs  du  Percl\.e,  aveq  faculté  de 
réméré  au  bout  de  Tan*. 

La  sixiesme  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract  de 
mariage  d'entre  messire  René  de  Vauloobb,  chevalier^  seigneur 

*  Lire  :  Serquigny,  Beaamesnil. 

'  Louise  de  Dreux  était  aussi  une  princesse  du  sang  royal  de  France, 
comme  descendante  en  ligne  directe  de  Robert  de  France,  comte  de 
Dreux,  du  Perche  et  de  Draine,  cinquième  fils  de  Louis  Le  Gros  et 
d^Âdélaîs  de  Savoie.  On  sait  que,  de  cette  maison  de  Dreux,  était  issue  la 
dernière  lignée  des  ducs  de  Rretagne.  —  Armes  Ec&rtelé  aux  i  et  k 
échiqueté  d*or  et  d'azur  à  la  bordure  de  gueules,  aux  2  et  3  de 
France  à  la  bordure  de  gueules.  —  Par  son  alliance  avec  les  d'Aché, 
la  famille  de  Vauloger  s'est  donc  trouvée  alliée  deux  fois  à  la  maison 
de  France. 

'  Cette  année  4525  est  celle  de  la  défaite  de  Pavie  (24  février)  où 
«e  trouvait  le  duc  d'Alençon,  dont  le  sire  de  Vauloger  était  premier 
échanson. 

*  Hené-Jean  de  Vauloger  usa  de  cette  faculté,  comme  on  va  le  voir. 


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DE   LA.   FAMILLE   DE    VAULOGBR  45 

de  Chereperine,  de  Marsilly  et  de  Ponlenay*,  veuf  de  dame 
Jehanne  Daché,  et  noUe  damoy selle  Georobttb  Lespbrvibb*,  fille 
de  noble  Raoul  Lespervier,  escuïer',  seigneur  de  la  Bouvan- 
dière*,  et  de  dame  Guillaumine  de  Sévigné*,  accordé,  le  trente 
de  juin  1532,  devant  les  tabellions  de  Fougiëres,  au  duché  de 
Bretagne,  danz  lequel  ledictRené  de  Vaulloger  reçoit  encores 
la  qualité  de  chevallier. 

La  septiesme  esi  un  contract  des  renonciations  faittespar 
messire  Rbrâ  db  Vaullooeb,  seigneur  de  Cherperine  et  Fonte- 
noy*,  et  par  dame  Gbobqbttb  Lbspbrvibb,  son  espouse,  au  prof- 
fict  des  sires  de  Lespervier,  sur  la  succession  de  la  feue  noble 
dame  Margueritte  de  Montauban\  autrefoys  dame  de  Lesper- 
viery  leur  ayeuUe,  lequel  contract,  passé,  le  douze  de  marz 

*  Les  terres  de  ce  nom  «ont  nombreuses  au  Maine  et  au  Perche  ;  on 
croit  qu'il  s'agit  ici  de  «  Fontenay  au  Perche,  )>  hameau  de  la  commune 
d'Illiers  (Eure-et-Loir,  arr.  de  Chartres),  qui  fut  détruit  en  1568. 

*  Alias  et  mieux  :  L'EdperTÎer  ;  ancienne  famille  Bretonne^  aussi 
répandue  au  Maine^  qui  a  tenu  un  rang  fort  distingué  dans  les  deux 
proTinces.  Armes  :  d'azur  au  sautoir  engréU  d*or  et  accompagné  de 
quatre  besants  de  même. 

'  Fils  de  Georges  de  TEsperyier,  chevalier,  Ss'  de  la  Bouvardière, 
Briortet  la  Ghapelie«sur-Erdre,  et  de  Marguerite  de  Rohan-Montauban . 

*  Lire  :  la  Bouvardière. 

*  Pille  de  Guillaume  de  Sévigné,  chevalier,  Ss'  de  8.,  d*01ivet  et  des 
Rochers,,  et  de  Jacqueline  de  Montmorency. 

L'illustre  maison  de  Sévigné^  au  nom  désormais  immortel,  a  pris  part 
aux  croisades  et  s'est  éteinte  au  siècle  dernier.  Armes  :  écartelé  de 
sable  et  dargent. 

*  Lire  :  Fontenay. 

'  Marguerite  de  Montauban  appartenait  à  un  rameau  de  la  princière 
maison  de  Rohan,  détaché  de  la  branche  mère  au  treizième  siècle,  et 
éteint  au  seizième  siècle,  après  avoir  brillé  du  plus  vif  éclat.  Armes  : 
de  Rohan  (de  gueules  à  neuf  màcles  d'or  en  bannière)  brisé  d*un 
lambel  d'argent  de  quatre  pièces. 


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46  JUGEMENT   DE   MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

.1533,  par Ânthoinë  Cousin,  nottaire  au  Manz,  prouve  delà 
noblesse  dudict  René  de  Vauloger  et  de.  son  espouse*. 

La  huictiesme  est  un  acte  dressé  par  le  sieur  de  Courbe- 
fosse,  eslu  au 

Folio  8^  reeto.  Signé  :  db   BIacbault. 

Mayne,  commissaire  du  Roy  pour  la  représentation  des 
tiltres  de  noblesse,  establissant  que  messirehour»  de  Vaullogeb, 
chevallier,  seigneur  du  lieu  et  de  Champaigné,  et  messire 
Jbhan  db  Vablogbr»,  seigneur  de  Miresou  et  de  Fromantiniè- 

*  En  1539,  René  Jean  de  V.   vendit  Gherperrine  el  Marcîlly  aux 
Roban,  princes  de  Léon. 

*  Jean  VI  de  Vauloger,  chevalier  S«'  de  Vauloger,  Champagne,  la 
petite  BusFonnière,  la  Pierre,  Bier,  Mirson,  Fromantiniëres,  S*'  ch&te- 
lain  deTennie,  capitaine  d'une  compagnie  de  50  hommes  de  pied, 
gouverneur  des  places  et  château  fort  de  Tennie  (1516-1573),  épouse 
d'abord,  en  1516,  Jacqueline  de  Vendomois,  fille  de  Jean  de  V., 
ch%  S''  du  Rocher,  et  dlsabeau  Fresneau,  (née  d'une  Maillé),  et 
ensuite  Françoise  Morin  de  Loudon,  par  contrat  du  26  octobre  1524^ 
passé  au  Mans,  —  Du  premier  lit  naquirent  :  1*^  Louis  de  F.,  guidon 
d'une  compagnie  de  100  hommes  d'armes  des  ordonnances  du  Roi,  tué 
en  1554  à  la  bataille  de  Renty,  sans  alliance  ;  2°  Jeanne  de  V, 
mariée  en  1541,  à  Macé  de  Làunay,  E',  8»'  de  la  Boissière;  3*  Lu- 
crèce de  F.,  religieuse  au  monastère  de  Bonlieu.  —  Du  second  lit 
naquirent  :  1^  René  I  du  Vauloger,  ch*%  Ss'  de  toutes  les  seigneuries 
possédées  par  son  père,  un  des  quatre  gentilshommes  élus  pour  défendre 
Le  Mans  en  1587,  mort  en  1 603  et  marié  l'an  1557,  avec  Margueritedu 
Authier,  fille  d'Antoine  II  du  A.  et  de  Françoise  de  Bruchard,  petite- 
fille,  par  sa  mère,  d'une  de  Saint-Ghamans,  et  issue  d'une  maison  de 
Limousin,  représentée  aux  croisades  et  admise  aux  honneurs  de  la  cour, 
dont  il  eut  :  A.  Jacques  I  de  V.  dont  il  sera  parlé  (voir  ci-après 
une  note  mise  à  l'acte  du  2  septembre  1607)  B.  Marguerite  de  F., 
dame  de  Ghansort  en  Longue,  femme  de  Louis  Le  Clerc  de  Coulaines* 
Juigné,  baron  de  CouL,  ch**  de  Saint-Michel;  G.  Jeanve  de  V.,  reli- 
gieuse à  Bonlieu  ;  2"  Jacques  de  V.,  E',  S**  de  la  Pierre,  chanoine 
de  Saint-Julien  du  Mans  en  1589  ;  et  3*  Françoise  de  F.,  mariée  à 
Antoine  de  Chourses,  ch«%  Ss'  de  Prainville,  de  la  puissante  maison 
de  Malioorne. 


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DE  LA   FAMILLE   DE   VAULOGBR  47 

re^^ ,  capitaine  de  cinquante  hommes  de  pied^  frères,  et  messire 
RENé  OB  Vaulloobr,  aussy  chevalier,  seigneur  de  Pontenay,  la 
Halounière  et  Lyonné,'  cousin  remué  de  germain  desdictz 
Louys  et  Jehan,  et  nobles  Pibrrb'  et  Looys  db  Vauloqbr*,  aultres 
frères,  et  cousins  germains  dudict  René,  représentez  par 
dame  Guyonnb  db  Montbglbrc',  veufve'de  deffunct  messire  Pibrrb 
DB  Vaullooeh',  vivant  seigneur  de  Sainct-Pierre'  et  du  Neuf- 
manoir',  leur  mère  et  gardienne  noble,  ont  exhibé  leurs  tiltres 

^  Miresou  ou  Mirsou,  seigaeurie  sise  à  Saint-Mars  de  la  Briôre 
(Sarthe,  arr.  du  Mans).  — On  ne  connaît  pas  la  situation  géographique 
précise  de  Fromantières. 

'  On  pencherait  à  croire  qu'il  s'agit  ici  de  la  terre  de  Lonné,  au 
Perche,  dans  la  commune  d'Igé. 

'  Mort  avant  1554,  sans  alliance  ou  du  moins  sans  postérité. 

*  Le,20mars  1554,  Louis  de  V.  transigea  avec  l'abbé  de  Vendôme, 
Charles  de  Bourbon»  cardinal  de  Meudon,  au  sujet  de  son  domaine  de 
Neufmanoir  ;  ce  titre  le  mentionne  aussi  comme  fils  de  Pierre.  (Archives 
du  Loir-et-Cher,  prieuré  de  Danzé).  Devenu  maître  d* hôtel  du  roi 
(voir  ci-apràsy  l'acte  du  14  juillet  1565),  il  ép.,  vers  1555,  Suzanne  de 
Beaumanoir  Lavardin,  dont  il  n'eut  pas  d'enfants  (Id.)  et  mourut 
vers  1563,  laissant  la  plupart  de  ses  biens  à  son  cousin  Pierre  de  Y. , 
curé  d'Âvoise,  comme  il  a  été  dit. 

*  Lire  :  Montécler  ;  cette  dame,  fort  probablement  fille  de  Jean  de 
M.  Si' de  Neufmanoir,  et  de  Marie  d'Assé,  dame  en  1490,  de  ce  lieu  qu^ 
passa  ensuite  aux  Vauloger,  était  issue  d'une  des  premières  familles 
du  Maine  et  de  l'Anjou,  qui  a  été  admise  aux  honneurs  de  la  cour.  — 
Armes  :  de  gueules  au  lion  d*or. 

*  Fils  de  Pierre  de  V.  et  de  Marguerite  de  la  Roussardière,  comme 
il  a  été  dit. 

'  Saint- Pierre-des-Bois  (Sarthe,  arrondissement  de  La  Flèche).  On  y 
voit  une  terre  de  Moulinvieux,  avec  château,  aujourd'hui  converti  en 
ferme,  à  laquelle  ce  nom  pourrait  bien  avoir  été  donné  par  ce  Pierre 
de  Vauloger,  en  souvenir  de  la  seigaeurie  homonyme  possédée  par  ses 
père  et  mère  en  la  paroisse  d'Asnières. 

'  Et  mieux  :  Neufmanoir,  sans  l'article  le.  Ce  domaine,  sis. dans  la 
paroisse  de  Danzé  en  Vendômois,  appartint  dans  les  temps  féodeaux^ 
à  la  maison  de  Vendôme,  et  notamment  à  Simon  de  V,  fils  du  comte. 


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48  JUGEMENT    DE   MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

par  lesquelz  ils  ont  bien  et  deûement  prouvé  estre  cTune  mai- 
son NOBLE  DE  TOUTTE  ANTiENNETÉ,  lesdlcts  scigneuTS  de  Champai- 
gné  et  de  Miresou  aïant  faict  veoir,  par  lesdicts  tiltres,  qu'ils 
estoient  filz  de  feu  messire  Jsajh  de  Vadlloqer,  seigneur  deCham- 
paignéy  filz  de  Jehan,  filz  de  Thibaud  et  de  Jbhanne  de  Ghampaiqne, 
ledict  Thibaud /îte  de  Jehan, yf/^  c/e  Richard; —  et  a  ledict  sei- 
gneur de  Pontenay  faict  veoir  qu*il  estoit  filz  de  feu  messire 
Jehan  de  Vadllmer,  seigneur  de  Moullinsvieux,  filz  de  Pierre, 
filz  desdictz  Thibaud  et  Jeanne  de  Champaigne  ;  et,  finallement,  a 
laditte  de  Montéclerc  faict  veoir  que  ledict  feu  Pierre  de  Vad- 
LOQER,  son  deffunct  espouz,  estoit  fils  puisné  dudict  Pierre  de 
Vadloqer,  ayeul  du  seigneur  de  Fontenay  cy  produisant.  Et 

Bouchard  YI  de  Vendôme  et  d'Alix  de  Bretagne.  Sa  veuve^  Jeanne  de 
Montbazon,  se  remaria  à  Guillaume  II  de  Graon,  vicomte  de  Chàteaudun. 
Après  avoir  partagé  la  terre  de  Neufmanoir  avec  le  comte  de  Vendôme, 
celui-ci  acheta  l'importante  seigneurie  de  Lessart,  paroisse  de  Danzé, 
dans  la  châtellenie  de  Lisle,  puis  il  en  acquit  la  haute  justice  de 
Renaud  de  Lisie,  chevalier,  seigneur  de  cette  terre,  en  1371.  Après  y 
avoir  fait  bfttir  un  château  (aujourd'hui  détruit),  il  donna  à  ce  nouveau 
domaine  le  nom  de  Neufmanoir,  pour  le  tirer  de  la  juridiction  des 
comtes  de  Vendôme,  en  la  mettant  dans  celle  de  Perche-Gouêt,  dont 
relevait  Lessart,  tandis  que  l'ancien  Neufmanoir  dépendait  de  Mondou- 
bleau,  qui  appartenait  alors  au  comte  de  Vendôme.  De  là  vint  qu'il  y 
eut  un  grand  et  un  petit  Neufmanoir  tous  deux  possédés,  au  quinzième 
siècle,  par  les  Montècler,  au  seizième  par  les  Vauloger,  et  enfin  au  dix* 
septième^  par  suite  d'un  retrait  lignager  probablement,  aux  de  Vaussé  et 
aux  de  Tascher  (des  ducs  de  la  Pagerie)  alliés  aux  Vauloger  (voir  ci- 
après).  Neufmanoir  fut  ensuite  réuni  à  la  seigneurie  de  la  Viile-aux- 
Glercs  (Loir-et-Gber),  successivement  possédée  au  dix-huitième  siècle 
par  les  familles  Grisou,  de  Mallet,  et  Ghapt  de  Kastignac.  Le  marquis 
de  Rastignac  la  vendit,  en  1777,  à  Louis  Fournier  de  la  Ghâtaigneraye, 
dont  la  fille  épousa  le  marquis  de  Saumery  qui,  en  1832,  céda  Neuf- 
manoir à  M.  le  vicomte  do  Salvert  ;  sa  veuve,  Adélaïde  Laurans  des 
Ondes,  et  sa  sœur,  mariée  à  M.  de  la  Barre,  l'ont  vendu  à  leur  tour, 
en  1867,  à  M.  Renault^  ancien  négociant  à  Vendôme,  qui  en  est  actuel- 
lement le  propriétaire. 


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DE   LA  FAMILLE   DK    VAULOGER  49 

ledict  acte,  datte  du  dixiesme  jour  de  may  Tan  1541,  et  signé 
Bouciriu^ault,  establit  entièrement  l'extraction  et  estât  de  no- 
blesse des  encestresdes  produisansV 

La  neufviesme  est  un  contract  en  parchemin  des  donna- 
tions  y  contenues  faictes  par 

Folio  8,  verso.  ' 

messire  René  de  Vaulloqer,  seigneur  de  Fontenay,  à  honorable 
homme  Mathdrin  de  Volloq«-r,  son  filz  bastardP^  duquel  contract, 
passé  le  vingt-quattriesme  jour  de  décembre  1548,  devant  les 
tabellions  de  la  cour  de  Saonnoys',  appert  que  ledict  René  de 
Vauloger  estoit  toujours  tiltré  noblement. 

La  dixiesme  et  dernière  est  un  aultre  contract  des  donna- 
tions  y  contenues  faictes  par  messire  René  de  Vaullogbr,  che- 
vallier^ seigneur  de  Lyonne,  le  Girouardière,  la  Halounière 
et  Fontenoy,  à  dame  Margoerhe  de  Vaulloqer,  sa  flile,  veufve  de 
feu  messire  Bertrand  ob  la  Voue*,  vivant  chevallier ^  seigneur 
de  Seton%  en  considération  du  mariage  de  laditte  veufve 
aveq  messire  in^M  de  Saintré*  chevallier ^^ei^nenT  de  l'Isle,  des 
Tilleuls,  lequel  contract,  passé,  le  trentiesme  d'octobre  1555, 
•  devant  les  tabellions  de  la  cour  de  Sonnoys,  montre  ledict 
seigneur  aïant  la  quallité  de  chevallier. 

*  Pierre  de  Vauloger,  curé  d'Avoise,  n'est  pas  cité  daas  ce  jugement 
parce  que  sa  qualité  d'ecclésiastique  l'exemptait  de  toute  recherche. 

>  Auteur  d'une  famille  Vauloger  ou  de  Vauloger  qui  subsistait 
encore  parmi  lahaute  bourgeoisie  deMamers  (Sarthe)^en  1700  àpeu  près. 

'  Lire  :  Sonnois  ou  Sonôis,  partie  du  Perche,  qui  avait  Mamers 
pour  chef- lieu. 

*  Lire  :  de  la  Vove,  ancienne  famille,  brillamment  alliée  au  Maine 
et  en  Bretagne.  Armes  :  de  sable  à  6  besants  d'argent,  3,  2  et  1. 

?  Lire  :  Ceton. 

*  D'une  famille  représentée  aux  croisades,  à  laquelle  appartenait  le 
célèbre  «  petit  Jehan  de  Saintré,  »  héros  d'un  roman  du  moyen-àge 
remis  en  lumière  par  le  comte  de  Tressan.  Armes  :  de  gueules  ùl  la 
bande  d'or^  au  lambel  de  3  pendants  de  même, 

T.   VI.    —  DOCUMENTS.  —  VI*  ANNÉE,   1"  LIV.  4 


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50  JUGEMENT   DE    MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

Item,  pour  justiffler  par  lesdicts  sieurs  de  Vauloger,  escuîers 
de  la  continuation  de  leur  noblesse  prise  par  Louys  de  Vadl- 
LOOER,  leurtrisayeuly  filz  dudict  René  ou  Jehan  de  Vadllooeb,  leur 
qùartayeul,  produisent  neuf  pièces  touttes  rangées  soubz  la 
mesme  cotte.  H. 

La  première  est  une  grosse  en  parchemin  du  contrai  de 
mariage  d'entre  noble  homme  Louys  de  Vaulloger,  escuïer, 
seigneur  de  Fonttenay,  fllz  desditz  messire  René  de  Vaulloqeb 
et  feue  dame  Jeanne  Dachby^ ■. 

Folio  Çt  recto  Signe  ;  de  Maohault. 

et  noble  damoyselle  Radboonde  de  Saingt  Bebtevain^  fille  de 
messire  Ijouys  de  sainct  Derievain\  chevallier  de  Tordre  du 
Roy,  seigneur  du  Pontus'  et  de  Sainct-Germain,  et  de  dame 
Jehanne  Descarbout*,  son  espouse,  danz  lequel  contrat  passé 
devant  Challange,  tabellion  juré  à  Chasteauneuf  en  Thyme- 
roys*,  le  quatorziesme  jour  de  janvier,  Tan  1553,  les  dits 
seigneurs  de  Vauloger  sont  appeliez  noblement. 

Le  second  est  un  congé  et  ordonance  de  payement  en  papier, 
de  Tannée  1557,  duquel  la  datte  ne  se  peut  déchifrer,  délivré 
par  Monseigneur  le  duc  de  Nivernoys*  et  de  luy  signé,  pour 

*  Lire  :  de  Saint  Berthevin,  famille  originaire  de  la  paroisse  de  ce 
nom  (Mayenne),  où  elle  parait  dès  le  débul  du  douzième  siècle,  repré- 
sentée aux  Croisades,  transplantée  depuis  au  Perche,  et  éteinte.  Armes  : 
d'azur  à  trois  canettes  d*or. 

'  Fils  de  Françoise  de  8aint-B.  et  de  Radegonde  de  Mathefelon, 
d'une  illustre  maison  issue  des  anciens  comtes  d*Anjou[d'orà  six  écus- 
sons  de  gueules  y  3 ,  2  et  4  ) . 

»  Z.irc  :  de  Ponthus. 

^  Lire  :  de  Kœrbout,  fort  ancienne  famille,  originaire  de  Bretagne, 
répandue  au  Perche  et  éteinte  en  ce  siècle^  chez  les  du  Plessis  d'Argentré. 
—  Armes  :  de  gueules  à  trois  ferm&ux  d'argent, 

*  Lire  :  Châteauneuf  en  Thimerais  (Eure-et-Loire). 

*  François  de  Clèves,  premier  duc  de  Nevers.  marié  à  Marguerite  de 
Bourbon  Vendôme,  et  cousin  au  dixième  degré  de  Louis  de  Vauloger, 


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DE   LA   FAMILLE  DE   VAULOGER  51 

ce  que  noble  Louys  ub  Vaullooeb^  chevallier,  avoit  pris  part  au 
baon  et  arrière  badn*  de  Ja  noblesse  du  Mayne,  danz  lequel 
congé  ledict  Louys  de  Vauloger  est  dict  chevallier. 

La  iroiziesme  est  une  grosse  en  parchemin  du  partage  faict 
entre  noble  dame  GeoRaBirB  Lesprivibb,  veufve  de  feu  messir^ 
Rbné  ob  Vaulloobr,  chevallier,  d'une  part,  et  nobles  hommes 
LouTs  OB  Vaulloobr,  chevallier,  seigneur  delà  Haloniëre,  Lonné 
et  Fontenay  et  Oqbr  db  Vaullcobr',  seigneur  de  la  Girouar- 
dière^  et  encores  dame  Marqubrittb  db  YAULLoaBR,  espouze  de 
messire  Jbham  db  SiMctRAv,  •seigneur  de  Lisle»  chevallier  de 
Pordre  du  Roy,  touts  enffans  dudict 

Folio  g,  verso. 

deffunct  seigneur  et  de  dame  Jbhaniib  Dacuby,  sa  première 
espouse,  d'autre  part,  des  biens  composant  la  succession 
dudict  René  de  Vaulloger,  lequel  partage  a  esté  faict  en 
présence  de  René  Tantoust,  nottaire  en  la  cour  du  Manz,  le 
vingt-cinquiesme  de  janvier  1568,  duquel  appert  la  noblesse 
des  produisans. 

Le  quattriesme  est  le  contract  d'une  vente  faitte  par  messire 
Louys  ub  Vauloobb,  chevallier,  seigneur  de  la  Haulounière, 
Lionne  et  Fontenay,  Conseiller  et  Maistre  cTHosiel  du  Roy  de 
Navarre  au  profflct  de  messire  Jehjlv  iv  db  Vaulogbb,  son  oncle, 
chevalier,  seigneur  du  lieu  et  de  Champaigné,  capitaine  et 


*  Lire  :  Baa  et  arrière  ban. 

'  Le  choix  de  ce  prénom  Oger  semble  indiquer  que  la  famille  de  Vau- 
loger conserrait  alors  la  tradition  d'avoir  pour  premier  auteur  un  per- 
sonnage ainsi  appelé.  Peut  être  môme,  comme  il  était  alors  du  bel  air 
de  se  découvrir  une  origine  fabuleuse,  mythologique  ou  tout  au  moins 
royale,  peut  ôtre  môme  prétendait-on  que  ce  n'était  ni  plus  ni  ntoias 
qu'Ogîer  le  Danois,  le  patladin  de  célèbre  mémoire,  lequel,  par  paren- 
thèse, ne  s'appelait  pas  Oger,  mais  Aukcaire,  et  n'était  pas  Danois, 
mais  natif  di  Montferrat. 


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52  JUGEMENT   DE   MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

chastellain  de  Tennye^  et  de  noble  dame  Françoise  Morin^, 
espouze  d'icelluy,  d'une  rente  de  quaratnte  livres  tournoys 
constitue  à  feu  messire  René  db  Vacloser,  père  dudict  sieur  de 
Fon;teriay  par  feu  messire  Jehan  Morin,  chevallier,  seigneur 
de  Loudon  et  de  Tennye^  lequel  contrat  dressé,*  le  onze  du 
moys  de  juin  1559,  devant  Bouglars,  notaire  au  Manz  prouve 
de  la  noblesse  desdiclz  sieurs  et  dame  de  Vauloger. 

La  cinqitiesme  est  un  contract  d'eschange  en  parchemin 
des  hérittages  y  indicquez  entre  messire  Looys  de  Vaulloger, 
seigneur  de  Fontenay  etaultres  lieux,  conseiller  et  maistre 
d'hostel  ordynaire  du  Roy  de  Navarre^,  et  noble  homme  Oobr 
DP  Yaullooer,  escuïer,  seigneur  de  la  Giraudière^  par  lequel 
eschange  accordé  le  deux  de  novembre 

Folio  iO^  recto  Signé  :  de  Machault. 

Tan  1560,  devant  Giboult,  notaire  de  Chasteauneuf,  on  veoit 
que  lesdictz  sieurs  de  Vauloger  prenoient  les  tiltres  et  qualités 
de  noblesse. 

Le  septiesme  et  le  testament  de  noble  et  discret  messire  Pierre 
DB  Vaulloger,  prebstre,  prieur  de  Danjé^  et  seigneur  de  Neuf- 

*  Lire  :  Tennîe  (Sarthe,  arroadissement  du  Mans)  ;  il  y  avait  en  cette 
paroisse  une  forteresse  importante,  une  des  clefs  du  Maine. 

'  Fille  de  Jean  Morin,  Ch*',  S»'  châtelain  de  Loudon,  du  Tronchet 
et  de  Tennie^  et  de  Marie  de  Brie,  de  la  puissante  maison  de  Serrant, 
cette  dame  appartenait  à  une  des  premières  familles  du  Maine,  repré- 
sentée à  la  première  croisade  (1096)  et  dont  la  seule  branche  subsis- 
tante, celle  des  marquis  dç  Banneville,  est  fixée  en  Normandie.  — 
Armes  :  d'ork  trois  fasces  de  sinople. 

'  Antoine  de  Bourbon,  Tépoux  de  Jeanne  d'Albret  et  le  père  de 
Henri  IV,  à  la  maison  duquel  on  verra  plus  loin  les  Vauloger  attachés, 
pendant  les  troubles  de  la  Ligue. 

*  Lire  sans  doute  ;  la  Qirouardière. 

'  Lira  :  Daazé>  Il  est  probable  qu'il  y  a  ici  une  erreur  ;  Pierre  de 
Vauloger  deyait  être  prieur-curé  de  Danzê,  car  à  cette  époque  l'of^ce 


DE   LA  FAMILLE   DE  YAULO0ER  53 

manoir  duquel  appert  que  ledict  instituoit  lorz  son  hérittîer 
pour  touts  ses  biens  tant  meubles  qu'immeubles  messire  Lodys 
DE  Vaulloqbr,  chevallier,  son  nepveu,  aux  charges  des  rentes 
délies  à  dame  Sosane  de  Bbaumanoir\  jadis  espouse  de  deCTunct 
messire  Locys  de  Vaulloqbr,  Maistre  cThostel  du  Roy^^  seigneur 
dudict  Neufmanoir  et  de  Sainct-Pierre'  et  lorz  espouse  de 
messire  Jehan  rfw  Aftf.çwiV*,  lequel  testament  dressé,  le  quator- 
ziesme  de  juillet  1565  devant  Hellier,  notaire  à  Manz,  montre 
encores  de  la  noblesse  dudict  Louys  de  Vauloger. 

de  prieur  proprement  dit  était  uni  à  celai  de  cellerier  de  Tabbaye  de 
la  Trinité  de  Vendôme  (dont  dépendait  le  prieuré  de  Danzé),  et  ainsi 
possédé  par  Fr.  Jehan  Gallois. 

*  Fille  de  François  de  Beaumanoir,  cheyalier,  seigneur  de  Lavardin 
et  de  Jeanne  de  Tucé  (veuve  en  premières  noces  c|e  Claude  d*Aumont, 
des  ducs  d'Aumont  et  de  Villequier)^  et  tante  du  célèbre  maréchal 
marquis  de  Lavardin  ;  cette  dame  appartenait  à  une  des  plus  illustres 
maisons  de  France,  originaire  de  Bretagne,  et  répandue  aussi  au  Maine, 
et  éleinte  au  début  du  XVIIP  siècle.  Armes  :  d'àzur  k  il  billet te8  - 
d'argent  4,  3,  4.  —  On  trouvera  la  généalogie  des  Beaumanoir  dans 
le  ton^e  vu  de  l'Histoire  des  grands  officiers  de  la  Couronne,  par  le 
P.  Anselme  (p.  379-390).  Toutefois,  ce  savant  auteur  n'a  eu  connais- 
sance que  d  une  seule  des  trois  alliances  contractées  par  Suzanne  de 
Beaumanoir  et  ce  n'est  du  reste  pas  la  seule  omission  que  l'on  re- 
marque dans  sa  notice  sur  cette  maison.  Il  dit  simplement  que  cette 
dame  était  séparée  de  biens  en  1552,  de  Jacques  dé  la  Becatre,  son 
mari.  (Erreur  :  il  n'y  a  jamais  eu  de  famille  de  ce  nom  au  Maine,  il 
faut  lire  la^eccane).  On  trouve  ici  la  preuve  des  deux  unions  postérieures. 

^  Ne  pas  le  confondre  avec  son  cousin,  héritier  de  Pierre  de  Vauloger. 

'  Cette  seigneurie  demeura  à  Suzanne  de  Beaumanoir  qui  en  entra 
en  possession  le  10  décembre  1565,  après  transaction  datée  de  la  veille, 
avec  Pierre  et  Antoinette  de  Vauloger,  ses  cohéritiers  de  son  mari 
(Diction,  de  la  Sarthe,  par  Pesche,  voir  tome  v,  p.  543). 

^  D'après  la  môme  source,  ce  personnage  était  conseiller  du  Roi  au 
siège  présidial  d'Alençon  ;  il  fut  donc  le  troisième  mari  de  Suzanne 
deB. 


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ij4  jugement  de  maintenue  de  noblesse 

La  septiesmfi  est  une  grosse  en  parchemin  d'une  sentence 
rendue  au  Présidial  de  Chartres  entre  messire  Louys  db  Volooer, 
chevallier,  seigneur  de  Neufmanoir,  Danzé,  Lionne  et  Pon- 
lenoy  et  noble  dame  Magdelaine  de  Bracqne\  veuve  de  feu 
messire  Jacques  de  Salnct  Cler^y  seigneur  de  FaveroUes, 
comme  aïant  la  garde  noble  des  damoiselles  Jkhannb,  Awhe  et 
nswÉE  DE  VAULootR,  fllles  miueurcs  issues  du  mariage  d'entre 
feu  noble  homme  Oqebrs  db  Vauloqbii,  seigneur  de  la  Giroudière, 
et  de  feu  damoiselle  Jacqurlimb  db  Saint-Clbr,  sa  fille,  le 
XX*  décembre  1567,  signé  :  Martin,  a  costé  de  laquelle 
est  mis  Tadmortissement  d'une  rente  de  cinquante  livres 
tournoys  portée  et  adjugée  par  laditte 

Folio  iOt  verso, 

sentence  audict  seigneur  de  Neufmanoir,  par  laquelle  laditte 
qualité  de  noblesse  a  passé  incontestablement  audict  pré- 
sidial; 

(i4  suim-e).  René  du  Lys. 


'  Mère  d'une  dame  de  Vauloger,  comme  on  va  le  voir,  Madeleine 
de  Braque  (telle  est  la  meillenre  orthographe  de  ce  nom),  appartenait  à 
une  famille  considérable  de  Tlle  de  France,  éteinte  à  la  fin  du  dernier 
siècle.  (Armes  :  d'azur  à  une  gerbe  d*or  liée  de  gueules).  Elle  était 
Ûlle  de  Philippe  de  Braque,  ss'  de  la  Motte  et  du  Luat,  conseiller  et 
maître  d*hôtel  du  roi  Louis  Xll,  capitaine  de  Montivilliers  et  d'Harfleur, 
marié,  vers  1500,  à  Guyonne  Stuart  dAubigny,  cousine  éloignée  de 
k  reine  Marie  Stuart  et  issue  comme  elle  de  Walter  II  Stuart,  roi 
d'Ecosse  en  1370  par  suite  de  son  alliance  avec  Marie  Bruce.  —  t'ar 
ce  mariage,  la  famille  de  Vauloger  s*est  donc  alliée  indirectement  à  la 
maison  royale  d'Ecosse  (Armes  :  dor  au  lion  de  gueules  enfermé 
dans  un  double  trescheur  fleurdelisé  de  même). 

'  AliàH  :  de  Saint-Glair  ;  famille  de  la  Basse-Normandie  représentée 
aux  Croisades  ;  on  la  croit  éteinte.  Armes  :  de  gueules  à  la  fasce  dor 
chargée  à  senestre  d'un  croissant  du  champ,  et  surmontée  à  dextre 
d'une  fleur  de  lys  du  second  émail. 


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FONDATION 

DE  LA  CONFRÉRIE  DU  ROSAIRE 

A    PLOUGRESCANT 

(4   Août   1669) 


Au  moment  où  le  grand  pape  Léon  XIII  exhorte  tout  Tuni- 
vers  catholique  à  prier  Marie  par  la  récitation  du  saint 
Rosaire,  rien  n'est  plus  opportun,  plus  agréable  au 
Saint-Père,  que  de  rechercher  dans  nos  archives  paroissiales 
tout  ce  qui  se  rapporte  à  cette  ancienne  confrérie.  La  Revue  a 
déjà  contribué  à  celte  œuvre  de  foi  et  de  piélé  en  publiant  l'ou- 
vrage très  remarquable  du  R.  P.  Chapolin  sur  les  origines  de 
Tordre  dominicain  dans  les  anciens  diocèses  de  Saint- 
Brieuc  et  de  Tréguier.  Le  document  qui  Va  suivre  est  la 
charte  de  fondation  de  là  confrérie  du  Saint-Rosaire  dans 
une  vieille  paroisse  de  Tévôché  de  Tréguer,  la  paroisse  fondée 
par  saint  Gonéri,  Plougrescant.  La  pièce  est  signée  d'un 
nom  vénérable  par  ses  œuvres  et  sa  sainteté  :  Balthazar 
Grangier,  le  grand  évoque  successeur  de  Noël  Deslandes, 
l'illustre  fils  spirituel  de  saint  Dominique,  le  promoteur  du 
Rosaire  au  pays  de  Tréguer. 

£d  lendroit  da  Prosne  de  la  grand-Messe,  dite  et  célébrée  en  L'Eglise 
paroichiale  de  Plougescant,  par  vénérable  et  discret  Missire  Jacques 
Olibr  prêtre 'sieur  recteur  de  ladite  paroisse,  assisté  de  Missires  Tho- 
mas Ollivier,  Pierre  Pbrrot  et  Guillaume  La  Gayou,  aussi  prôtres  de  la 
dite  paroisse,  le  dimanche  quatrième  jour  d'aoust  mil  six  cent  soixante- 
neuf,  ou  estoient  assemblés  et  congrpgés  la  pluspart  des  paroissiens 
d*ycelle  paroisse,  pour  ouïr  et  entendre  roffice  divin  et  délibérer  des 
affaires  de  leur  communauté  en  forme  de  corps  politique,  entre  autres 


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56       FOND.  DE  LA  CONFRÉRIE  DU  ROSAIRE  A  PLOU0RESGANT 

Maître  Nicolas  Le  Pocquet,  sieur  de  Kerbezre,  maître  Guiilaame  Lanier, 
Jean  Gonrioa,  Pierre  Sadcu,  Claude  Le  Goadou  ûls  Rolland,  Yves 
Lhorset,  Bertrand  Le  Timen,  Gaillaame  Ollivier,  Louis  ligdual.  Jean 
Lhostis,  Yves  Rivoalan,  Henry  Le  Hay,  François  Le  P  c^.rt,  Yves  Mo- 
reau,  Pierre  Le  Gonidec.  Yves  Perrot,  Allain  Le  T  îwurs,  François  Le 
Maoult,  Yves- Jean  Le  Vieil,  Prigent  Le  Maout,  Julien  LeSquéreo,  Yves 
Ollivier  et  plusieurs  autres  faisant  la  plas  maire  voir  de  ladite  paroisse. 
A  esté  de  la  part  dudit  vénérable  et  discret  Missire  Jacques  Olier,  sieur 
recteur,  dit  et  remontré  auzdits  jgaroissiens  que  damoiftUe  Marguerite 
de  Launaye,  dame  douarière  de  Gourébloué,  veuve  feu  maître  GatU 
laume  Prigent,  vivant  sieur  dudit  lieu,  lai  a  mis  entre  mains  un  contrat, 
par  lequel  afin  d'obtenir  des  Révérants  pères  de  l'ordre  de  Saint-Domi- 
nique et  de  Guîngamp  la  permission  de  fonder  la  confrérie  du  saint  Ro- 
saire en  ladite  Eglise  paroissiale  de  Plougrescant,  pour  Taugmentation 
de  la  foy  et  des  prières  et  pour  l'entretien  et  desservir  par  un  prestre, 
ladite  confrérie,  elle  a  légué  et  testé  la  somme  de  trente  livres  de 
rente  payables  pour  chacun  an,  partant  requiert  sur  ce  Tavis  des  parois- 
siens. Lesquels  délibérans  ont  unanimement  loué  le  bon  vouloir  et  in- 
tention de  ladite  dame  de  Gourébloué,  et  que  pour  Taugmentation  des 
prières,  suplyent  Monseigneur  rillustrissime  et  Revereadissime  Ëvéque 
et  Ck)mte  de  Tréguier,  et  lesdits  Révérands  Pères  dominiquains  de  leur 
octroyer  la  fondation  de  ladite  confrérie  du  saint  Rosaire.  De  quoi  le  sieur 
Recteur  a  requis  le  présent  acte,  lui  estre  rapporté  pour  être  présenté 
tant  audit  seigneur  Evoque  et  Comte  de  Tréguier,  qu'auxdits  Révérends 
Pères.  Ce  que  fait  a  esté  par  nous  nottatres  de  la  cour  de  Plouguiel  et 
Plougrescant,  fief  amorty  soubz  le  signe  dudit  sieur  Recteur,  et  pour  le  gé- 
néral de  ladite  paroisse,  signé  à  leur  requête  et  nommination  honnorable, 
homme  Yves  Lhorsetet  fils  Yves  avec  ceux  de  nousdits  nottairesqui  faite 
et  rédigé  avons  ceste  lesdits  jour,  et  an  que  devant.  L'original  demeure  au 
soussignant  Guy  .Le  Gall  no^°  est  signé  Jacques  Olier  recteur  de  Plou- 
grescant, Thomas  Ollivier  prêtre,  Guillaume  Le  Cavou  prêtre,  P.  Perrot 
prêtre,  Pierre  Sadou,  P.  Le  Gonnidec,  François  Le  Maout,  G.  Lanier, 
0.  Le  Squéren,  F.  Le  Picard,  Yvon  Lhorset,  F.  Pezron  nottaire  et 
Le  Gall  nottaire.  Signé  en  la  grosse,  sur  papier,  Le  Gall,  nottaire. 

Plus  bas. 

i8  septembre  4669, 

APPROBA.TION  DE  MONSEIONBUR  L'ËvÊQDB. 

Baltazar  par  la  miséricorde  de  Dieu  et  grâce  du  saint  siège  Apostolique 
Evêque  et  Comte  de  Tréguier,  conseiller  du  Roy  en  sesconseils.  Veu  Tactil 


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FOND.  D£  LA  CONFRERIE  DU  ROSAIRE  A  PLOUORESGANT        5/ 

prosnal  cy-deasos  et  le  contrat  de  fondation  de  ladite  confrérie  du  Ro- 
saire, faite  par  damoiselle  Margaerite  de  Laanay,  dame  de  Goorébloue, 
en  datte  du  18  mai  1669,  rapporté  par  Le  Barre  et  Prado,  nottalres.  Nous 
consentons  qa'elle  y  soit  établie  par  les  formes  ordinaires  sur  l'autel  où 
e3t>  présent  l'Image  de  Notre-Dame  de  Pitié,  du  côté  de  l'Evangile,  à 
rentrée  du  chœur  de  ladite  Bglise  paroissiale,  sans  attribution  à  aucune 
personne,  d*aucun  nouveau  droit  à  l'occasion  dadit  établissement  ;  et  à  la 
charge  qu'il  y  aura  un  gouverneur  nommé  tous  les  ans  ou  tous  les  trois 
ans,  par  le  Recteur  et  générai  de^dits  paroissiens,  choisi  d'entre  ceux  du 
Tiers  estât  pour  régir  et  gouverner  les  biens  et  aumônes  de  ladite  con- 
frérie, qui  sera  tenu  de  se  présenter  à  nos  visites  pour  prester  le 
serment  et  rendre  compte  de  son  administration,  lors  et  quand  il 
lui  sera  ordonné.  Et  enjoignons  au  premier  gouverneur  qui  y  sera  es- 
tably  de  s'approprier  par  les  formes  de  justice  des  biens  et  rentes  men- 
tionnés audit  contrat,  au  nom  de  ladite  confrérie,  et  de  ceux  qui  pour- 
ront e'stre  donnés  à  l'advenir  ;  comme  aussi  de  nous  délivrer  copie  signée 
SUT  vellin,  de  tous  les  actes  qui  ont  été  ou  pourront  estre  expédié  à  l'oc- 
casion de  la  fondation  de  ladit^e  confrérie  pour  estre  conservez  en  notre 
<  secrétariat.  Donné  à  Tréguier,  en  nostre  palais  épiscopal,  soubz  nostre 
seign  et  celui  de  nostre  secrétaire  ordinaire  le  vingt  huitième  septembre 
mil  six  cent  soixante  neuf.  Signé  :  Baltazar  Ë.  et  G.  de  Tréguier. 

Par  Monseigneur  : 
Bbûrbt,  sec^  et  no'«  apostolique. 

Fidellement  coUationné  par  nous  nottairesdelajarisdiction  de  Pouguiel  et 
Plougrescant,  fief  amorty  du  chapitre  de  Triguier,  à  une  grosse  en  papier, 
nous  sépara  par  Jean  Garel  et  Yves  Le  Gac,  fabriques  et  marguilliers  de  la 
paroisse  de  Plougrescant  eux  le  requérant.  Ladite  grosse  leur  remise  sous 
leurs  seigns  et  les  nostres.  A  Plougrescant,  ce  jourdix-haît  octobre  mil  sept 
cent  quatre-vingt-sept.  J.  Qarel,  Y.  Le  Gac. 

G.  Adam,  G.  Nédblleç, 

nottaire,  not  taire, 

ControUé  à  Tréguier  le  îô  octobre  1787. 

Reçu  sept  sols  six  deniers. 

Bloîiet. 

Pris  sur  une  copie  du  18  octobre  1787,  faite  lors'  de  la  transcription  des 
anciens  titres  de  Plougrescant.  —  Communiqué  par  Tabbé  Y. -M.  Lucas, 
vicaire  il  Plouézec. 


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CHRONIQUE 


HISTOIRE   ET  BIBLIOGRAPHIE 


MALGRÉ  les  nombreuses  préoccupations  de  fin  d'année 
et  l'épidémie  fâcheuse  qui  est  venue  sigùaler  les 
débuts  de  l'année  nouvelle,  d'importantes  publica- 
tions sont  venues,  ces  temps  derniers,  affirmer  les  incessants 
labeurs  des  travailleurs  de  nos  provinces  de  TOuest. 

BRETAGNE. 

Lettres  et  Mandements  de  Jean  V,  duc  de  Bretagne.  — 
Li  Société  des  Bibliophiles  bretons  vient  de  faire  paraître  le  tome 
IV*  de  sa  précieuse  collection  des  Archives  de  Bretagne,  G«  volume*, 
dû  à  la  plume  de  notre  confrère  M.  René  Blanchard,  renferme  le  com- 
mencement des  Lettres  et  Mandements  de  Jean  V,  duc  de  Bretagne 
de  1402  à  1406  et  forme  Tune  des  publications  capitales  éditées  ces 
dernières  années  par  les  Bibliophiles  bretons.  Ce  qui  constitue  surtout 
l'intérêt  hors  ligne  de  cet  ouvrage,  imprimé  d'ailleurs,  comme  ses  pré- 
décesseurs, avec  un  soin  tout  particulier^  par  M.  Emile  Grimaud,  c'es^ 

«  Un  vol.  gr.  in-4*  carré  de  CXXXVI.  IMp.  et  planches  de  sceaux.  Nantes, 
imp.  Rmih»  Grimaud,  1889, 


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GHRONIQUK  59 

la  trèsl^marqnable  Introduction  de  notre  confrère  M.René  Blanchard, 
qni  a  réussi  à  présenter  an  public  érudit,  une  étude  hors  de  pair  de 
plus  do  i  30  pages  sur  la  Chancellerie  de  Jean  V  et  des  ducs  de  Bretagne. 
Aucun  des  côtés  de  cette  importante  question  n'a  échappé  à  Tauteur 
qui  n'a  pas  dédaigné  de  lai  consacrer  plus  de  dix  années  de  longues  et 
patientes  recherches.  —  Après  un  examen  approfondi  des  archives  du 
pouvoir  central,  du  trésor  des  chartes  de  Bretagne,  des  archives  de  la 
Chambre  des  comptes,  des  archives  ecclésiastiques,  municipales  et 
particulières  de  Bretagne  et  des  archives  étrangères  à  la  Bretagne^ 
renfermant  des  actes  dncaux,  puis  des  collections  factices  et  des  collec- 
tions bénédictines,  manuscrites  et  imprimées,  M.Blanchard  étudie  avec 
une  compétence  toute  spéciale  le  caractère  des  actes  de  Jean  V,  les 
formules  et  objets  des  actes  solennels  ou  scellés  sur  lacs,  qui  s'ap- 
pliquent d'ordinaire  aux  baux  et  échanges,  aux  concessions,  donations, 
apanages,  fondations,  privilèges,  anohlissements  et  affranchissements, 
amortissements,  renonciations  et  aholitions,  lettres  de  sûreté  ;  puis 
ceux  des  actes  semi-solennels  concernant  les  contrats  de  mariage,  traités 
d'alliances,  traités  de  paix  et  de  commerce,  trêves,  contre-lettres  ;  enfin 
les  caractères  et  formules  des  Mandements  ou  nctes  scellés  sur  simple 
queue  et  ayant  pour  objet  :  les  lettres  de  justice,,  d'offices,  de  finances, 
d'attestations,  les  dons  et  concessions,  les  ordonnances  et  constitutions. 
Enfin,  ne  voulant  rien  omettre.  M,  Blanchard  examine  les  caractères 
des  différentes  lettres  ou  mi8sive8,les  signatures  sceaux  el  contre-sceaux, 
l'état  des  trois  registres  de  chancellerie,  et  termine  par  un  aperçu  fort 
curieux  sur  les  fonctionnaires  de  la  Chancellerie  de  Jean  V  et  un  Itiné- 
raire du  duc  pendant  son  long  règne  de  quarante  ans  (1402-1442)  qui 
ne  laisse  pas  que  d'offrir  un  très  grand  intérêt  et  servira  à  fixer  bien  des 
points  historiques  douteux.  M.  René  Blanchard  mérite  donc,  à  coup  sûr, 
les  plus  grands  éloges  pour  cet  œuvre  de  premier  ordre  et  nous  Le  pou- 
vons que  faire  des  vœux  pour  voir  ce  travail  si  sérieux  et  si  méritoire, 
obtenir  dans  nos  prochains  concours  des  récompenses  qui  lui  sont  fort 
légitimement  dues. 

Al«AIN   DE   BOTMBLaS. 


Livres  et  ouvrages  divers.  —  Nous  devons  signaler  encore  en 
Bretagne  :  la  Vie  de  saint  Gwennolé,  abbé.  Mystère  breton  en  une  jour- 
née et  six  actes.  Texte  breton  et  traduction  française  en  regard,  par  F.  M .  ^ 


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60  CHRONIQUE 

Luzel.  Qaimper,  imp.  Cotoanec,  1889.  —  La  compagnie  des  Oadets 
gentilshommes  et  les  Ecoles  militaires,  par  Léon  Hennet,  sous-chef 
aux  Archives  du  Ministère  de  la  guerre.  Ia-8*,  Paris,  Baudouin,  édi- 
teur. —  Recherches  récentes  sur  la  Religion  de  l'ancienne  Egypte. 
Le  Culte,  par  Félix  Robiou,  correspondant  de  Tlnstitut.  Gr.  in-8', 
Paris.  Emik  Bouillon,  éditeur.  —  Les  trente  premiers  fascicules  du 
Dictionnaire  des  Parlementaires  français,  comprenant  tous  les 
membres  des  Assemblées  françaises  et  tous  les  ministres  français  depuis 
le  !•'  mai  1789,  au  !«'  mai  1889,  avec  leurs  noms,  états-civils,  actes 
politiques,  votes  parlementaires,  publié  sous  la  direction  de 
MM.  Adolphe  Robert  et  Gaston  Cougny.  In-8'*,  Paris.  Bourloton,  édi- 
teur.—L'ilrmëô  royale  en  i  7  ^9,  par  A.  Duruy  avec  Introduction 
biographique,  par  Georges  Duruy.  In-8",  LXXX-286  p.  Paris,  Cal- 
man-Lévy,  éditeur.  —  Liste  des  membres  de  la  Noblesse  impériale, 
dressée  d'après  les  Registres  et  Lettres  patentes,  conservées  aux  Ar- 
chives nationales,  par  Emile  Campardon.  In-8°,  190  p.  Paris,  Gharavay, 
éditeur.  —  Etude  sur  V Argot  français,  par  Marcel  Schwob  et  Georges 
Guyesse.  Brochure,  gr.  in-8**,  Paris,  Bouillon,  éditeur.  —  Pièces  iné- 
dites relatives  à  la  Bretagne  {dix-septième  et  dix-huitième  siècles), 
par  A.  Joubert.  In-8»,  Vannes,  imp.  Lafoiye.  —  Heuriou  bihan  6rc- 
zonnec  ha  latin,  pe  abrège  eus  al  levr  ar  Briz,  etc.  In-32,  288  p. 
Landerneau,  imp.  Desmoulins.  —  Contes  du  pays  d'Armor,  par 
Marie  Delorme.  Un  vol.  Paris,  Armand  Colin  et  G**,  éditeurs.  —  Dans 
V Espérance  du  Peuple  des  2  et  3  décembre  1889:  De  Vemplace^ 
ment  de  Grannonâ,  et  des  Origines  de  Guérande,  par  M.Léon  Maître. 
Extraits.  —  Le  Glaneur  breton.  Bulletin  périodique,  illustré  de 
bibliographie  et  d*iconographie  bretonne,  paraissant  tous  les  mois, 
r*  année.  Rennes,  H.  Gaillière,  éditeur.  —  Dans  le  Bulletin  de  la  ' 
Société Polymathique  duMor!)iAande4889,  (Vannes,  imp.  Galles): 
Documents  pour  servir  kV Histoire  de  la  bibliothèque  de  Vannes, 
par  le  docteur  Mauricet. —  Dans  les  livraisons  de  novembre  et  décembre 
1889  et  janvier  1890  delà  Revue  illustrée  de  Bretc^gne  et  d'Anjou, 
la  suite  de  l'important  Nobiliaire  de  Bretagne,  publié  par  notre  con- 
frère M.  le  comte  Régis  'de  L*Ëstourbeillpn,  et  donnant  les  Notices 
des  familles  :  de  Bellouan,  Le  Douarain,  du  Beynt^  du  Bezyl,  de 
Salarun^  de  Tesson,  —  Dans  le  4*  fascicule  du  tome  viii  des  Ana- 
lecta  Bollandiana,  (Bruxelles,  Société  belge  de  librairie,  8,  rueTreu- 
renberg),  Sancti  Maglorii  Dolensis  episcopi  prima  translatio,  cum 


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CHRONIQUE  61 

Appendice  de  Sancto  Sulino,  abbate,  par  dom  Franc.  Plaine.  0. 
S.  B.  —  Dans  la  livraison  de  décembre  de  la  Revue  de  Bretagne  et 
de  Vendée  :  Documents  inédits  pour  servir  d  Vhistoire  de  la 
Révolution  dans  la  Loire^' Inférieure,  par  A.  Joubert,  —  Le\Collège 
de  Dol  en  1731  f  par  A.  de  la  Borderie.  —  Mariondu  Faouét,  (suite) 
par  J.  Trevédy.  —  Dans  la  i'°  livraison  du  tome  v  des  Annales  de 
Bretagne,  la  suite  de  V Administration  municipale  en  Bretagne, 
par  A.  Dupuy  et  la  fin  de  la  Chrestomathie  bretonne,  de  J.  Loth  et 
Boue  ar  Romani,  de  M.  Lu^el.  —  Dans  la  2"  livraison  du  Tome  v  des 
mômes  Annales.' La  Piraterie  sur  V Atlantique  au  dix-huitième 
siècle.  —  Proverbes,  dictons,  réflexions  et  formules  médicales  de 
Vabbé  Cillart  de  Kerampoul  ;  —  Gouspero  ar  Raned,  par  M.  Luzel. 
—  Le  budget  du  duché  de  Bretagne  sous  le  règne  de  François  II, 
par  Léon  Maitre.  —  Simon  de  Langres,  évéque  de  NanteSy  par  8. 
de  la  Nicolière-Teijeiro.  —  Dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue  des 
Etudes  juives  la  fin  du  curieux  travail  de  notre  compatriote  Léon 
Brunsvicg  sur  les  Juifs  de  Nantes  et  du  Comité  Nantais. 


MAINE    ET  ANJOU. 

Dans  le  Maine  et  FAnjou,  nous  signalerons  spécialement  à  l'attention 
de  nos  lecteurs  les  publications  suivantes  :  Documents  inédits  pour 
servir  à  Vhistoire  de  la  guerre  de  Cent  ans  dans  le  Maine  de  1424 
à  14S2,  d'après  les  archives  du  British  Muséum  et  du  Lambeth- Palace 
de  Londres,  par  notre  infatigable  confrère  M.  André  Joubert.  In-8®, 
48  p.  Mamers,  imp.  Fleury  et  Dangin.  —  Origines  de  VEcole  de 
cavalerie  de  Saumur  et  de  ses  traditions  équestres,  par  le  capitaine 
Pinard,  professeur  à  l'Ecole.  Deux  vol.  Gr.  in-S*»,  carré,  avec  de  nom- 
breuses et  superbes  gravures,  Saumur,  S.  Milon,  libraire-éditeur.  — 
Un  essai  d'exposition  en  1470,  par  M.  de  Maulde.  In-S*,  7  p.  Paris, 
imp.  Nationale.  ^  Les  faux  monnayeurs  dans  le  Bas-Maine,  parle 
comte  de  Marsy,  directeur  de  la  Société  Française  d'archéologie.  In-S*» 
40  p.  Extrait  de  la  Revue  belge  de  numismatique,  4  890 .  Bruxelles, 
imp.  Francis  Goblants.  —  Histoire  du  i^'' régiment  de  Pontonniers, 
en  garnison  à  Angers,  par  le  capitaine  Caziot.  In-8',  raisin,  304  p.  Li- 
moges, imp.  H.  Lavauzelle,  —  La  conduite  des  prêtres  internés  au 
Grand-Séminaire  d'Angers  à  Nantes  par  les  gardes  nationaux 


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62  CHRONIQUE 

angevins,  (septembre  4792),  par  A.  Joabert.  Ia-8*,  7  p.  Vannes,  imp. 
r^afolye.  —  Dans  les  3*  et  4*  livraisons  du  tome  xix*  de  la  Revue 
d^ Anjou  :  Voyage  de  saint  Hugues,  évéque  de  Saint-Nicolas,  à 
travers  l'Anjou  et  le  Maine  en  H99,  par  dom  Paul  Pioïin. — 
Lettre  d'xm  conscrit  angevin  en  18 12 y  par  Albert  Bruas.  —  Elude 
sur  les  comptes  des  Macé  Darne,  maître  des  œuvres  de  Louis  I*', 
duc  d'Anjou  et  du  Maine  (1367-1376^  (suite),  par  A.  Joubert.  — 
Le  Portefeuille  d'un  Curieux  (suite)  par  J.  Denais.  •*-  Dans  V Auto- 
rité du  21  janvier  1890,  un  très  resiarquable article  signé  :  Un  Lorrain. 
V.B.  et  ayant  pour  titre  :  Pierre Cauchon,  évéque  temporel  de  Beau- 
vais  et  de  Lisieux» 


POITOU. 

Dictionnaire  historique  des  familles  du  Poitou.  —  L'un 
des  priucipaux  événements  bibliographiques  de  la  saison  est  sans  con- 
tredit, l'apparition  en  Poitou  du  1*'  fascicule  do  la  nouvelle  édition  du 
Dictionnaire  historique  et  généalogique  des  familles  du  Poitou\ 
par  MM.  H.  et  P.  Beauchet-Filleau.  Il  n'est  pas  un  travailleur  de  nos 
provinces  de  l'Ouest  qui  ne  connaisse  et  n'ait  souvent  consulté  cet  ou- 
vrage si  remarquable,  véritable  encyclopédie  de  nos  familles  poitevines 
et  ne  lui  ait  demandé  de  nombreux  renseignements.  Depuis  longtemps 
déjà,  les  nombreuses  modiGcatîons  survenues  dans  une  foule  de  familles, 
la  rareté  de  cet  ouvrage  devenu  presque  introuvable  et  le  prix  fort 
élevé  qu'il  atteignait  dans  les  ventes,  rendaient  iûdispensable  une  nou- 
velle édition  dont  chacun  sollicitait  à  l'envie  de  M.  Beauchet-Filleau, 
la  prompte  publication.  Or  les  savants  auteurs  s'étaient  mis  courageu- 
sement à  l'œuvre  et  à  quarante-neuf  ans  de  distance,  se  faisant  un 
pieux  devoir  de  réaliser  jusqu'au  bout  le  vœu  de  son  ayeul,  ancien 
procureur  du  roi  au  présidial,  qui  avait  commencé  à  recueillir  ces  nom- 
breux documents,  M.  Beaucbet-Filleau,  aidé  de  ses  fils  et  de  M.  Mau- 


*  Dict.  hisU  et  gén,  des  familles  du  Poitou,  par  H.  Beauchet-Filleau  et 
feu  M.  Ch.  de  Chergé.  Deuxième  édition  entièrement  refandue,  considérable- 
ment augmentée  et  publiée  par  MM.  H.  et  P.  Beauchet-Filleau  avec  le 
concours  des  PP.  H.  et  J.  Beaucbet-Filleau  et  la  collaboration  pour  la  par- 
tie héraldique  de  M»  M.  de  Gouttepagnon.  l'*  fascicule  de  A.  à  AuB.  Gr. 
iii-8*,  164.  p.  Poitiers,  imp.  Oudin. 


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CHRONIQUE  63 

rice  de  Gonttepagnoa»  vien^  de  donner  le  i*'  fascicule  de  la  2*  édition 
de  cette  œavre  immense,  dont  il  ayait  publié  avec  tant  de  succès  la 
première  édition  en  1840  avec  le  concours   du   regretté  M.  de  Gbergé.     ' 

Bien  qu'il  ne  comprenne  que  164  pages»  ce  premier  fascicule  qui  ne 
s'étend  que  de  A.  à  Aub.  est  on  peut  le  dire,  une  transformation  com- 
plète de  la  première  édition  et  renferme  pour  cette  seule  partie  plus  de 
100  noms  nouveaux  et  64  généalogies  avec  de  nombreux  écussons  en 
regards  du  texte.  Peu  de  sources  ont  échappé  aux  diligentes  recherches 
de  nos  savants  confrères  ;  il  n*est  guère  .  de  familles  poitevines  qui  ne 
soit  certaine  d*y  rencontrer  de  nombreux  détails  sur  ses  ancêtres  et  sur 
quelques-uns  parfois,  des  renseignements  aussi  intéressants  qu'inatten- 
dus. Par  ailleurs  la  multiplicité  des  détails,  aussi  bien  que  la   sûreté 
des  renseignem'^nts  de  cet  ouvrage,  fort  souvent  appuyés  par  l'indication 
des  sources,  en  font  un  recueil  d'une  incontestable  autorité»  et  ce  qui 
à  nos  yeux  vient  encore  augmenter  le  réel  intérêt  de  ce  travail,  c'est 
l'absence  de  cette  préoccupation  de  constituer  à  certaines  familles  par- 
venues,  des  titres  de  noblesse  quand  même,   qui  perce  dans  un  trop 
grand   nombre  d'ouvrages  héraldiques,  quand  elle  ne  s'y  affiche  pas 
effrontément.  Tel  n'est  point  à  coup  sûr  le  défaut  du  Dictionnaire  his- 
torique des  familles  du  Poitou.  Mfti.  Beauchet-Filleau  s'appliquent 
surtout  à  présenter  des  faits  et  un  ensemble  de  renseignements  dont  ils 
tiennent  presque  toujours  à  indiquer  les  sources.  Que  s'il  nous  était 
permis  cependant  d'exprimer  quelques  vœux  relativement  à  ce  remar- 
quable travail,  nous  serions   heureux   de  voir  nos  savants  confrères, 
d'abord  serrer  d'un  peu  plus  près,   l'orthographe  véritable  de  certains 
noms  de  lieux  et  de  familles,  quitte  à  s'insurger  parfois^  coatre  leur 
orthographe,  aujourd'hui  usuelle  peut-être,  mais  à  coup  sûr  fautive  et 
susceptible  de  les  rendre  méconnaissables  ;  puis,  de  ne  jamais  omettre 
autant  que  possible,  le  nom  patronymique  des  familles  qui  chez  cer- 
taines, tend  de  plus  en  plus  i  disparaître  sous  le  voile  d'un  nom  de 
terre,  ajouté  à  une  époque  réceaie.  Ces  légères  réserves  faites,  nous  ne 
saurions  trop  recommander  ce  précieux  ouvrage,  indispensable  à  toute 
bibliothèque  sérieuse  et  qui  pourra  être  regardé  à  son  achèvement 
comme  l'un  des  plus  beaux  monuments  qu  on  puisse  élever  à  l'Histoire 
des  familles  d'une  Province. 

G^'    RéoIS   DB    L'ESTOUKBBILLON. 


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64  CHRONIQUE 

Livres  et  ouvrages  divers.  —  Pais,  nous  signalerons  encore 
en  Poitou  :  Recherohes  pour  servir  à  V histoire  des  arts  en  Poitov, 
par  notre  confrère  M.  J.  Berthelé.  In-S"*  500  p.  Melle,  imp.  Lacuve.  Ce 
très  remarquable  ouvrage  a  été  honoré  d'une  Médaille  de  vermeil  par 
la    Société  française    d'archéologie   lors  de  son  dernier  congrès.  — 
Inventaire  sommaire   des  Archives  départementales  de  la  Haute» 
Vienne  antérieures  à  i790,  par  M.  A  Richard.  Série  £.  supplément 
aux  archive?  communales.  Tome  I.  Villes  de  Saint-Junien,  Roche- 
chouart  et  Limoges  (complément),  Eymoutiers,  Le  Dorât  ei  Bellac. 
In-4*XLX  308  p.  Limoges,  imp.  Plaineson.  — Inventaire  sommaire 
des   Archives  communales  antérieures  à  1790  de  Civray  et  du 
Greffe  de  la  sénéchaussée  de  cette  ville,  par  Bricauid  de  Verneuil, 
attaché  aux  archives  de  la  Vienne.  Ouvrage  terminé  sous  la  surveillance 
de  M.  Alfred  Richard.  In-4»  VIII  —  13«  p.    Poitiers,  imp.   Biais.  — 
Aventures  d*un  gentilhomme  poitevin,  par  Jean  Grange.  In-12,  Paris 
Haton,  éditeur.  —  Paysages  et  Monuments  du  Poitou  de  Jules 
Robuchon,  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest/  imprimés 
en  héliogravure  Dujardin  avec  Notices  de  divers  auteurs.  Livraisons 
443-144.  Poitiers  (partie  monumentale)  :  Saint-Nicolas,  Sàint-Por^ 
chaire,  Saint-Hilaire-de-la-Celle^  Montiemeuf,  Sainte- Radegonde, 
Notices  par  J.  Berthelé,  A.  BonvaIlet,X.  Barbier  de  Montault.  In-folio, 
p.  95-110  et  3  planches.  Paris,  imp.  Mottéroz.  —  Dans  la  livraison  de 
novembre  de  la  Revue  Poitevine  et  Saintongeaise  :  Une  étude  très 
curieuse  de  M.  Henri  de  la  Rochebrochard sur  quelques  Commanderies 
des  templiers  d'Aquitaine  et  notamment  la  Commanderie  de  Cou^ 
drie,  en  la  paroisse  de  Sallertaine  (Vendée)  :  —  Dans  la  4*  livraison . 
de  la  2^  année  de  la  Revue  du  Bas-Poitou,  Le  Lieu  de  naissance  du 
Cardinal   de  Richelieu ,  par   M.   0.  de  Rochebrune.   —    Lettres 
inédites  de  Benjamin  Fillon,  par  le  comte  L.  de  la  Rochebrochard. 
—  Les  seigneurs  de  la  Flocellière  [16^2-1661),  par  le  Vicomte  Paul 
de  Chabot  ;  —  La  restauration  de  l'Eglise  de  la  Caillière,  par  L. 
Libaudière  ;  —  La  très  intéressante  Chronique  de  R.  deThivercay.  — 
La  3*  série  des  Archives  du  diocèse  cfeLuçon,  publiées  sous  la  direc- 
tion de  M.  Tabbé  Pondevie  et  du  R.  P.  Ingold,  qui  renferme,  une  in- 
téressante étude  sur  Les  visites  canoniques  dans  les  anciens  diocèces 
de  Luçon  et  de  Mouillezais,  Luçon,  imp.  Rideaux.  -*  Enfin,  dans  la 
i  livraison  du  tome  IX  de  la  Revue  de  Sàintonge  et  d'Aunis  :  Une 


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CHRONIQUE  6S 

étude  fort  curieuse  sur  les  Chesnier  du  Chesne,  p.  381*489  et  des 
Notefi  très  complètes  sur  les  Beaup&il  de  Saint- Aulaire.  (Branchea 
de  Brie  ot  delà  Dixmerie,  p.  409-413). 


VARIA 

Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres.  —  Un 
BÉNÉDICTIN  laïque.  —  Le  13  décembre  dernier,  rAcadémie 
des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  avait  à  procéder  à  la  nomi- 
nation d*un  académicien  libre  en  remplacement  de  M.  Charles 
Nisard,  décédé.  Par  24  voix  contre  16  sur  42  votants,  elle  a 
élu  et  choisi  notre  savant  compatriote,  M.  Arthur  de  la  Bor- 
derie.  C'est  là  un  grand  honneur  pour  la  Bretagne  et  aussi 
pour  la  Revue  historique  de  f  Ouest  qui  a  l'avantage  de  compter 
notre  éminent  confrère  parmi  ses  collaborateurs.  Chacun 
sait  rérudition  profonde  de  M.  Arthur  de  la  Borderie  et 
nous  ne  saurions  mieux  faire  connaître  à  nos  lecteurs,  la 
satisfaction  avec  laquelle  cette  nomination  a  été  accueillie 
dans  le  monde  savant,  qu'en  rapportant  ici  l'appréciation  si 
vraie  et  si  compétente  de  M.  Léon  de  la  Briëre  dans  le  Soleil 
du  22  décembre  dernier. 

«  L'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  vient  de 
s'adjoindre  un  savant  de  premier  ordre  :  M.  Arthur  de  la 
Borderie.  Son  élection  comme  membre  libre  de  l'Institut  a 
surpris  beaucoup  de  gens,  en  leur  apprenant  qu'il  n'en  a  pas 
fait  partie  jusqu'à  ce  jour. 

M.  de  la  Borderie  c'est  la  Bretagne  incarnée,  c'est  le  type 
du  Breton  avec  sa  foi  profonde,  avec  sa  ténacité  acharnée, 
avec  son  esprit  libre  et  frondeur  qui  s'unit  au  respect  in- 
vétéré des  chqses  respectables  :  c'est  le  culte  personnifié  de 
la  vieille  Armorique,  le  répertoire  vivant  de  son  histoire  et 
de  toutes  ses  grandeurs,  j'allais  dire  le  prêtre  de  cette  reli- 
gion du  pays,  si  ardente  et  si  raisonnée,  au  cœur  de  tous  les 
Bretons. 

Passé  breton  et  présent  breton,  histoire  bretonne,  tradi- 
tions bretonnes,  légendes  bretonnes^  souvenirs  sacrés,  sou- 

T.    VI.   —  documents.   —   VI*  ANNÉE,    i'*  UV.  5 


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66  CHRONIQUE 

venirs  profanes,  livres  bretons,  manuscrits  bretons,  monu- 
ments bretons,  M.  de  la  Borderie  a  tout  fouillé,  tout  appris, 
tout  retenu. 

Son  vieil  hôtel  patrimonial,  à  Vitré,  est  un  laborieux  sanc- 
tuaire où  ce  Bénédictin  moderne  s'absorbe  sans  trêve  dans 
sa  passion  bretonne.  Cet  hôtel  n'est  pas  éloigné  de  la  Tour 
de  Sévigné,  c'est-à-dire  du  logis  qu'habitait  la  célèbre  mar- 
quise, quand  elle  quittait  son  manoir  voisin,  les  Rochers, 
pour  assister  aux  fêtes  de  la  vieille  ville,  aux-  Etats  provin- 
ciaux, aux  réceptions  princières  de  la  famille  delaTrémoïlle. 
M.  Arthur  de  la  Borderie  a  quitté  cette  studieuse  retraite 
où  s'empilent  les  livres,  pour  représenter  son  pays  à  l'As- 
semblée nationale  ;  mais  là  encore  le  souci  spécial  des  inté- 
rêts bretons  Ta  obstinément  suivi;  car  en  coopérant  au 
volumineux  dossier  parlementaire  sur  les  actes  de  la  Défense 
nationale,  il  a,  pièces  en  mains,  éclairé  d'un  jour  sinistre  la 
conduite  du  gouvernement  de  1871  à  Tégard  des  mobilisés 
de  Conlie,  c'est-à-dire  de  cette  vaillante  milice  bretonne,  in- 
justement suspectée  et  misérablement  parquée  dans  la  boue, 
sans  souliers,  sans  armes  et  sans  pain.  Mais,  après  son 
incursion  dans  le  domaine  de  la  politique,  le  savant  est  rentré 
dans  sa  chère  bibliothèque,  abandonnant  sans  regret  à  son 
frère,  M.  Waldeck  de  la  Borderie  l'action  militante,  le  rôle 
public,  les  fonctions  électives.  Celui-ci  exerce  non  seulement 
dans  l'arrondissement  de  Vitré,  mais  au  conseil  général,  une 
influence  qui  va  croissant,  pour  le  plus  grand  bien  du  dé- 
partement d'Ille-et- Vilaine. 

M.  Arthur  de  la  Borderie  a  écrit  beaucoup  sur  la  Bretagne 
On  lui  a  reproché  d'avoir  disséminé  son  immense  savoir, 
de  n'en  avoir  pas  encore  usé  pour  élever  à  sa  province  bien- 
aimée  un  monument  complet;  plus  que  personne,  il  serait 
compétent,  pour  fixer  définitivement  l'histoire  générale  de 
Bretagne.  Ce  travail  d'ensemble  le  tentera  quelque  jour, 
Jusqu'à  cette  heure,  il  a  surtout  abordé  les  points  de  détail, 
les  questions  controversées  :  mais  la  variété  et  l'étendue  de 
ces  études  disséminées  attestent  précisément  l'universalité 
de  ses  connaissances  bretonnes,  et  le  désignent  comme  le 
futur  historien  de  son  pays. 


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CHRONIQUE  67 

Ces  travaux,  volumes,  articles,  brochures,  je  n'entrepren- 
drai pas  de  les  énumérer  ici  ;  car  il  a  le  don  de  la  fécondité 
et  de  l'ubiquité.  Son  nom  se  môle  à  toutes  les  époques  et  à 
toutes  les  questions  ;  et,  partout,  son  savoir  précis,  net, 
ennemi  de  la  fable,  de  Ta  peu  près,  des  suppositions,  désarme 
la  critique.  S*agit-il  des  débuts  de  l'histoire  armoricaine, 
M.- de  la  Borderie  les  aborde  de  front,  creuse  obstinément, 
dégage  le  certain  de  la  légende,  combat  les  erreurs,  rétablit 
le  vrai  sur  Tinvasien  du  sol  par  les  peuplades  de  la  Grande- 
Bretagne,  non  pas  groupées,comme  on  l'avait  cru  jusqu'alors, 
sous  le  sceptre  d'une  dynastie  unique,  sous  l'hypothétique 
commandement  du  fameux  Conan  Mériadec,  mais  indépen- 
dantes et  séparées,  sans  lien  commun  d'obéissance. 

Au  treizième  siècle,  il  recueille  les  vestiges  du  saint  popu- 
laire, aussi  populaire  en  Bretagne  aujourd'hui  qu'autrefois, 
saint  Yves  de  Tréguer  ;  il  groupe  des  documents  précis  ;  il 
surveille  l'exécution  d'un  ouvrage  magistral  dont  il  écrit  lui- 
môme  la  savante  introduction.  Au  quinzième  siècle,  c'est  l'art 
de  l'imprimerie  en  Bretagne,  ce  sont  les  incunables^  les  pre- 
miers livres  de  Bretagne  qu'il  révèle,  nous  apprenant  que 
dans  le  duché,  on  publiait  déjà  des  ouvrages  laïques,  alors 
que  les  autres  provinces  n'usaient  encore  de  la  presse  que 
pour  vulgariser  la  Bible  et  le  Psautier.  Au  dix-septième  siècle, 
il  sait  tout,  il  dit  tout  sur  M""»  de  Sévigné,  sur  les  Etats-Géné- 
raux de  la  Bretagne  et  sur  les  révoltes  populaires.  Au  dix- 
huitième,  Taffaira  des  jésuites  devant  le  parlement  de  Rennes 
n^a  pas  de  secrets  pour  lui. 

Et  ces  publications  ne  sont  pas  les  seuls  services  qu'ait 
rendus  à  l'histoire  de  la  Bretagne  cet  infatigable  fureteur. 

Il  a  dépensé  des  sommes  considérables  pour  collectionner, 
en  original  ou  en  copie,  tous  les  documents  qui  se  trouvent 
dispersés  dans  les  bibliothèques  publiques  ou  privées  rela- 
tifs à  la  Bretagne,  amoncelant  ainsi  un  trésor  unique,  inesti- 
mable, qui  garantit,  contre  les  destructions  de  l'avenir,  les 
pièces  éparses  que  tous  les  vents  pourraient  emporter.  Il  à, 
en  m$jiie.temps,donné  tout  son  zèle  aux  Recueils  périodiques 
et  aux  Sociétés  spéciales  qui  travaillent  à  réveiller,  à  ré- 


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68  CHRONIQUE 

chauffer,  à  maintenir,  d'un  bout  à  l'autre  de  la  province, 

TESPRIT  BRETON. 

Telles  sont  les  revues  locales  de  rOuest,  si  nourries  et  si 
savantes.  Telle  V Association  bretonne^  qui  transporte  chaque 
année  ses  assises,  portant  d'une  ville  à  l'autre  le  feu  sacré, 
multipliant  les  foyers  de  culture  agricole,  littéraire,  scienti- 
fique et  artistique.  Telle  la  Société  des  Bibliophiles  bretons, 
qui  ne  vise  pas,  comme  certaines  de  ses  sœurs  d'autres  ré- 
gions, à  la  satisfaction  de  quelques  amateurs  fortunés,  mais 
bien  à  la  diffusion  large  des  livres,  à  la  recherche,  à  la  resti- 
tution, à  la  réimpression  des  anciennes  chroniques  locales, 
et  qui  a  déjà  amplement  atteint  son  but. 

Je  n'exagère  pas,  on  le  voit,  en  appelant  un  Bénédictin,  le 
nouveau  membre  libre  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
Belles-lettres, 

Mais  ne  vous  figurez  pas  au  moins  un  vieux  savant  tout 
endormi  dans  ses  paisibles  lectures.  Ne  vous  fiez  pas  à  cette 
placidité.  J'ai  dit  Bénédictin,  mais  Bénédictin  breton,  c'est-à- 
dire  pourvu  d'une  ténacité  solide  et  d'une  pointe  ^qui  Test 
aussi. 

,  L.  DE  LA  Brière. 

Le  Cloître  de  Saint  Wandrille.  —  Le  magnifique  cloître 
qui  a  inspiré  le  décor  du  célèbre  ballet  de  Robert  le  Diable 
sera  mis  prochainement  aux  enchères. 

L'abbaye  de  Saint-Wandrille  dans  la  Seine-Inférieure^ 
remarquable  par  ses  grandes  arcades  ogivales  portées  sur 
des  piliers  massifs,  à  travers  desquels  la  lumière  joue  d'une 
façon  si  fantastique,  fut  vendue  en  1792  comme  bien  national. 

C'est  dans  cette  historique  demeureque  se  trouvent  le  mag- 
nifique lavabo,  construit  au  commencement  du  seizième 
siècle,  peut-être  par  Jacques  Hommet,  l'artiste  gouailleur  ; 
les  ruines  de  l'église,  le  réfectoire,  l'ermitage  de  Saint-Satur- 
nin où  vint  s'éteindre  au  huitième  siècle  la  race  mérovin- 
gienne. 

Depuis  1883,  l'abbaye  appartenait  à  la  famille  anglaise  des 
ducs  de  Stackpoole,  qui  en  avaient  entrepris  la  restauration. 


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CHRONIQUK  69 

Puissent  ces  notules  souvenirs  de  la  France  chrétienne 
retomber  en  des  mains  soucieuses  des  vestiges  et  des  gloires 
du  passé. 

Distinctions  honorifiques  :  —  Nos  lecteurs'  apprendront 
avec  plaisir  les  nominations  suivantes  qui  ont  été  faites  à 
l'occasion  du  !•' janvier. 

Ont  été  nommés  : 

Officier  de  la  Légion  d honneur  : 

M.  Patart  ob  la  Vieuxvillb,  attaché  à  TEtat-Major  du  XI*  corps 
d'armée. 

Chevaliers  de  la  Légion  d  honneur  : 

M.  Paul-Marie  Bodin  de  Galbhbbrt,  chef  de  bureau  au  minis- 
tère de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts. 

Notre  confrère,  M.  A.  Luzbl,  archiviste  départemental  du 
Finistère. 

Ont  été  nommés  : 

Officiers  de  l'Instruction  publique  : 

M.  DE  MoNTikLEMBEBT  DE  Gbrs,  Capitaine  au  3*  régiment  de 
dragons. 

M.  Georges  Allotte  de  la  Foye,  lieutenant-colonel  de  cava- 
lerie, sous-chef  d'état-major  du  XP  corps  d'armée,  à  Nantes. 

M.  de  la  Bbllièrb,  conseiller  général,  maire  de  Brehal 
(Manche). 

M.  Camille  Brisset,  chef  de  bataillon  en  retraite,  commis- 
saire du  gouvernement,  près  le  Conseil  de  guerre  du 
XP  corps  d'armée. 

M.  le  docteur  Brousmichb,  médecin  principal  en  retraite, 
commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  conservateur  des  col- 
lections scientifiques  au  Musée  de  l'hôpital  maritime  à  Brest. 

M.  le  capitaine  de  vaisseau  Barrera,  ancien  commandant  du 
vaisseau-école,  le  Borda. 

M.  Arthur  Loth,  professeur  de  langue  celtique  à  la  Faculté 
des  lettres  de  Rennes. 

M.  Ed.  Avril,  président  du  tribunal  civil  de  Vannes. 


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70  CHRONIQUE 

M.  le  docteur  Neîs,  médecin  de  la  marine,  auteur  de  très 
intéressantes  Explorations  scientifiques  au  Cambodge. 

M.  Adrien  du  Bouats  de  la  Bboassièbb,  colonel,  commandant 
TEcole  d'artillerie  de  Versailles. 

Ont  été  nommés  : 

Officiers  d'Académie  : 

Notre  sympathique  confrère,  M.  Henri  Le  Meionen,  prési- 
dent de  la  Société  archéologique  de  Nantes,  vice-président  de 
la  Société  des  Bibliophiles  bretons. 

M.  Georges  Bastabd,  homme  de  lettres. 

M.  Le  Mené,  inspecteur  des  pêches  à  Auray  (Morbihan). 

M.  S.  MiLON,  libraire-éditeur  à  Saumur. 

Etc.  Etc.  Ect. 

Noces  d  or  d'un  journaliste  breton.  —  Notre  compa- 
triote, M.  Ernest  Merson,  directeur  de  VUnion  bretonne,  vient 
de  célébrer  ses  noces  d'or  «  de  journaliste.  » 

M.  Ernest  Merson  est  entré  dans  la  politique  militante,  le 
2 décembre  1839,  à  Nantes  ;  et,  depuis  cinquante  ans,  il  com- 
bat dans  le  même  journal. 


MARIAGES 

BRETAGNE.  —  Mariage  célébré  lé  26  novembre  au  château  de  Trenon 
près  Guémené-Penfào    (Loire- Inférieure)  de  M.  le  yicomte  Alain  de 

PlOOBR, 

Avec  : 

Mademoiselle  Julie  de  Baint-Germaîn,  fille  du  comte  de  Saint-Germain 
et  de  la  comtesse,  née  de  Ghappedelaine. 

Mariage  célébré  à  Laval  le  28  novembre  de  M.  le  comte  Horric  dk 
Bbaucaire,  Rédacteur  à  la  direction  politique  du  ministère  des  Affaires 
étrangères, 


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CHRONIQUE  71 

Avec  ; 

Mademoiselle  Le  Goribbc  bb  Tressan,  fille  dn  comte  Le  Gonidec» 
frère  da  député  royaliste  de  Vitré. 

Mariage  célébré  à  Laval  le  28  novembre  de  M.  le  vicomte  de  Gouaisnon» 

Avec  : 

Mademoiselle  Lb  Gonidbg  db  Trbssan,  fille  du  comte  Le  Gonidec  de 
*Tres8an,  frère  du  député  royaliste  de  Vitré. 

Mariage  célébré  le  17  décembre  eu  Téglise  Notre-Dame  de  Mayenne 
de  M.  le  comte  Jules  du  Plbssis  de  GatoéDAN,  lieutenant  au  24*  régi- 
ment de  dragons,  fils  da  marquis  du  Plessis  de  Grénédan,  vice  président 
du  Conseil  général  du  Morbihan, 

Avec  : 

Mademoiselle  Nelly  des  Valbttes. 

Mariage  célébré  à  Vannes  vers  la  mi-décembre  de  M.  Jean-Romain- 
Paul-Emile  Caillot,  Inspecteur  départemental,  des  enfants  assistés  du 
Morbihan,  décoré  de  la  médaille  militaire. 

Avec  : 

MademoiseHe  Catherine  Dimbarre. 

I 
Mariage  célébré  en  l'église  du  Bourg-sous-la-Roche,  le  27  novembre  de 
M .  Yves  de  la  Biliais, 

Avec  : 

Mademoiselle  Blanche  de  Tardt  de  Rossy. 


NORMANDIE,  MAINE  et  ANJOU.  —  Mariage  célébré  le  il  décembre 
en  réglise  Sainte-Clotilde  à  Paris,  de  M.  le  comte  Georges  de  Thibullot, 
lieutenant  au  1(4*  régiment  de  chasseurs, 

Avec  : 

Mademoiselle  Yvonne  de  Lbstaîi ville. 

Mariage  célébré  le  2  janvier  en  Téglise  cathédrale  de  Bayeux  par  S.  G. 
Mgr  Hugonin,  de  M.  Henry  Gaultier  de  la  Rjcherie,  capitaine  d'artil- 
lerie de  marine  à  Lorlent,  fils  de  l'ancien  gouverneur  de  la  Nouvelle 
Calédouie, 


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72  CHRONIQUE 

Avec  : 

Mademoiselle  Jeanne  Pay>in,  fille  de  notre  coafrère  M  Octave  Pay&n, 
directeur  de  TIndigateub  de  Ba.ybux. 

Mariage  célébré  à  Angers  le  27  novembrede  M.  £mbrigc  Dkun  db  Saint- 
Mabtin,  fils  de  Madame  Déan  de  8aint-Martin, 

Avec  ; 

Mademoiselle  Marie  de  Mieqllb,  fille  de  M.  Gustave  de  Mieulle. 

Mariage  célébré  le  28  novembre  en  Téglise  Saint-Honoré-d'Eylau, 
à  Paris,  par  S.  G.  Mgr  Freppel,  évoque  d'Angers,  de  M.  le  vicomte  de 

StelZAY, 

Avec  ; 
Mademoiselle  Duran-Borrbro  . 

Mariage  célébré  le  28  décembre  en  l'église  Saint-Philippe-du-Ronle 
à  Paris,  de  M.  le  comte  de  Mascurbaq,  lieutenant  au  4«  régiment  de 
chasseurs» 
Avec  : 

Mademoiselle  de  Bbaughamps  ob  MoNTHÊàRo,  fille  du  baron  de  Beau- 
champs  de  Monthéard  et  de  la  baronne,  née  Le  Barrols  de  Laumery. 

Mariage  célébré  le  1^'  octobre  de  M.  le  baron  Maurice  Pinotbiu,  in- 
génieur civil,  fils  de    M.  le  baron  Pinoteau»  chef  d^escadron  d'Etat- 
major  en  retraite,  officier  de  la  Légion  d'honneur, 
Avec  : 

Mademoiselle  Thérèse  Dblaunay. 


IVËCROLOGIE 

BRETAGNE 

Bien  des  deuils  cruels  sont  venus  ces  derniers  mois  frapper  nos  pro- 
vinces de  l'Ouest.  En  Bretagne,  nous  avons  à  enregistrer  la  mort  de  M.  le 
baron  Arthur  d'HARSMBBBT,  mort  au  château  de  Saint-Gorentin  (Seine*et 
Oise),  le  11  novembre  à  l'âge  de  57  ans.  «—  Madame  Méli  te -Caroline - 
Marie  Txxibr  Damas  db  Saimt-prix,  marquise  de  Brizay,  femme  de  notre 


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CHRONIQUE  73 

sympathique  confrère  M.  le  marquis  de  Brisay,  d'Auray,  morte  le  14  no- 
vembre au  château  de  Goëtserho,  près  Morlaix.  —  M.  Etienne  Gustave 
Lb  Qukn  d'ENTREMBDSE,  vcuf  de  Madame  Marie-Emilie  de  Monti,  mort  à 
Guérande  le  20  novembre  dans  sa  84*  année.  Il  laisse  deux  fils  M.  Paul 
Le  Quen   d'Ëntremeuse,  conseiller  général  du  canton  de  Guérande, 
et  notre    dévoué  confrère   M.    Raoul   Le  Quen    d'Ëntremeuse,  con- 
seiller d'arrondissement.  —  M  le  comte  François  de  Pbrribn  db    Grb- 
NAN,  maire  de  Landévant,  conseiller  géaéral  du  canton  de  Pluvigner  et 
ancien  député  du  Morbihan,  mort  le  27  novembre.  Membre  du  Conseil 
général  depuis  1871,  il  avait  siégé  aux  deux  chambres  du  20  février  1876 
et  du  24  octobre  1877.  8a  mort  est  une  perte  irréparable  pour  sa  famille, 
pour  ses  amis  et  son  pays  auquel  il  sut  rendre  les  plus  signalés  services. 
*  —  M.  le  vicomte  Charles-Louis  Le  Gouvello  db  la  Porte,   mort  le   28 
novembre  en  son  château  de  Keremeighan,  près  Auray,  dans  sa  81*  année. 
Il  avait  épousé  Mademoiselle  de  La  MoussAYE,  dont  il   eut  six  enfants 
parmi  lesquels  deux  fils  actuellement  oficiers  :  M.  Arthur  Le  Gouvello, 
lieutenant  au  153»  régiment  d'infanterie  et    M.    François  Le  Gouvello, 
lieutenant  au  89»  régiment.  —  M.  le  vicomte  Marie-Adolphe  db  Poulpequet 
DU  Halgoubt,  décédé  en  son  château  de  Trégranteur,  près  Josselin,  le  29 
novembre  après  une  longue    et  cruelle  maladie.   Né  en  1811,   Marie- 
Adolphe  de  Poulpiquet  du  Hal^ouêt  avait  reçu  au  collège  de   Sainte- 
Anne  alors  dirigé  par  le  Pères  Jésuites  la  chrétienne  et  solide  éducation 
d^n  breton  de  race.  11  y  contracta  parmi  l'élite  de  notre  pays  des  amitiés 
qui  lui  furent  toujours  précieuses.  Lors  des  événements  de  1830,  étant 
élève  de  l'Ecole  royale  militaire  de  8aint-Gyr,  il  prit  part  à  la  défense 
du  Pont  de  Sèvres  lorsque  le  roi  Charles  X,  menacé  par  Témeute,  ût  appel 
en  toute  hâte  au  loyalisme  du  bataillon  de  Tficole.   Il  brisa  ensuite  son 
épée  et  rentra  en  Bretagne  où  il  se  consacra  aux  améliorations  agricoles 
et  successivement  à  l'embellissement  de  sa  propriété  du  Brossay  en  Renac 
(Ille- et- Vilaine)  et  de  sa  terre  patrimoniale  de  Trégranteur  en  Guégon. 
Conseiller  d'arrondissement^  le  canton  de  Josselin  l'avait  choisi  depuis 
plusieurs  années  pour  Président  de  son  comice  agricole.  —  Le  R.  P.  Mai- 
ONAN,  missionnaire  du  Sacré-Cœur  de  Redon,  si  connu  dans  nos  cam- 
pagnes bretonnes  qu'il  évangélisait  avec  un  zèle  infatigable  depuis  35 
années,  mort  à  Redon  le  30  novembre.  —  M.  Yalentin-Camille  Gruyz^rd 
colonel  d'état-major  en  retraite,   commandeur  de  la  Légion  d'honneur  ' 
mort  à  Vannes  vers  le  !•'  décembre  à  l'âge  de  68  ans.  —  Mademoiselle 
Marie- Joséphine-Jeanne  MouOsan  de    la  Villiroubt,  morte  à  Rennes 
le  3  décembre  dans  sa  64«  année.   —   M.   LoaisElonard  de  Brossaro, 
.mort  à  Vannes  le  4  décembre  à  l'âge  de  80  ans.  —  Madame  la  marquise 
Lb  Richb  db  Brbuilpont,  née  Clotilde-Olympe  Lb   Saiob  db  la  Villbs- 


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74  CHRONIQUE 

BRUxNE,  morte  à  Rennes  le  5  décembre  dans  sa  7^^  année.  Elle  était  fille 
de  M.  lo  vicomte  de  la  Yillesbrune,  député  sous  la  Restauration  et  de 
mademoiselle  de  Goatharel.  Son  beau-père,  le  général  marquis  de  BreuiU 
pont  commandait  en  1792  à  l'armée  des  Princes  le  régiment  des  Chas- 
seurs  de  Breuilpont,  et  elle  tenait  en  Bretagne  une  place  considérable 
par  ses  vertus  chrétiennes,  sa  charité,  son  aménité  et  son  esprit  supérieur. 
Madame  la  marquise  de  Breuilpont  laisse  trois  enfants.  M.  le  marquis 
de  Breuilpont,  notre  compatriote.  Madame  la  comtesse  de  Legge  et  Ma- 
dame de  Goniac. 

Le  R.-F.  Etienne,  né  Dbnibl,  de  Tlnstruction  chrétienne,  mort  le 
6  décembre  à  Iffendic  (Ille-et- Vilaine)  après  plus  de  50  années  d'ensei- 
gnements dans  cette  paroisse  —  M.  Tabbé  Guillouard,  curé  du  Bignon 
(Loire-Inf.),  mort  le  11  décembre  à  Tâge  de  77  ans.  —  M.  Tabbé  Hdmphry, 
ancien  aumônier  de  la  Reine  d^Espagne,  chevalier  de  la  Légion 
d^honneur  et  décoré  de  plusieurs  ordres  étrangers,  mort  à  Vannes  le 
12  décembre,  âgé  de  84  ans.  —  M.  Boisvibl,  né  à  Ghâteaulin  en  1846, 
ancien  procureur  à  Guimgamp,  démissionnaire  à  la  suite  des  décrets 
portés  contre  les  ordres  religieux,  retiré  à  Rennes  et  mort  vers  la  mi^ 
décembre  à  Paris  où  il  était  allé  pour  faiire  soigner  sa  femme  malade. 

M.  Tabbé  Bbrnabd,  ancien  curé  de  Saint-Mars-la-Jaille.  (Loire-Inf.) 
mort  le  14  décembre.  —  M.  Tabbé  Lannou,  ancien  curé  de  Baye  (Finis- 
tère), mort  à  Pontcroiz  vers  la  mi>décembre  àl'âge  de  81  ans.  —  Madame 
Marie  Durand,  en  religion  sœur  Louise,  de  Tordre  de  8aint-Vincent-de 
Paul,  attachée  à  Thospice  militaire  de  Vannes,  morte  le  18  décembre  et 
inhumée  au  milieu  d'un  grand  concours  de  fidèles  et  de  tous  les  officiers 
et  soldats  de  la  garnison.  —  M.  Tabbé  Yvbivat,  chanoine  honoraire,  curé 
doyen  dePontcroix  (Finistère),  mort  le  18  décembre.  Né  à  Brest  en  1811, 
il  avait  ordonné  prêtre  en  1835,  nommé  aussitôt  professeur  au  Petit-Sé- 
minaire de  Pontcroix,  puis  était  devenu  recteur  d'Ëdern  et  en  1860  curé- 
doyen  dePontcroix.  — Madame  Léocadie  Hersent,  née  au  château  de  Ke- 
roiyirtz,  près  Lannilis  (Finistère),  en  1827,  morte  le  12  décembre,  mariée 
au  docteur  S alaun-Pe:;qubr,  ancien  maire  de  Brest,  ancien  président  du 
conseil  général  du  Finistère.  On  lui  doit  plusieurs  volumes  de  charmantes 
poésies,  telles  que  :  Les  chants  du  Foger^  Velléda,  poème,  Révélations  poé- 
tiques ,  etc.  —  M.  le  commandant  Turin,  capitaine  de  vaisseau  en  re- 
traite, mort  à  Brest  le  19  décembre.  Descendant  d'une  vieille  famille  ita- 
lienne venue  dans  cette  ville  en  1590,  un  de  ses  ancêtres  avait  été  maire 
de  Brest  vers  1700  et  un  autre  en  avait  commandé  le  château  au  début 
du  XVII«  ;  —  Madame  Nathalie- Perrine-Louise  L'Ecuyer  de  Villkrs, 
néeBRUNET  de  Baynes,  morte  à  Vannes  le  23  décembre  à  Tâge  de  85  ans.. 
—  M.  Ëugène-Louis-Marie  Pocard-Kervilbr,  lieutenant  de  vaisseau  en 


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GHBONIQUE  75 

retraite,  cnevalier  de  la  Légion  d*boDnetir,  mort  à  Vannes  le  24  décembre 
Tâge  de  54  ans.  —  M.  fienr>'  Alston  Stackelpord,  consul  des  Etats-Unis 
d'Amérique  à  Nantes,  mort  dans  cette  ville  le  27  décembre  à  Page  de 
74 ans.  —  M.  Emile  Lbfiuvri,  ancien  magistrat,  mort  à  Nantes  le  28 
décembre.  —  Madame  Joseph  Jossb,  née  Louise  Jambt,  morte  an  château 
du  Boisbardy  près  Ghantenay- sur- Loire,  le  29  décembre  à  l'âge  de  39  ans. 

—  M.  Théodore-René  Maupon,  médecin-major  de  l'*  classe,  conseiller 
municipal  de  Nantes,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Nantes  le 
30  décembre  à  l'âge  de  72  ans.  —  M.  Halloy  db  la  MéTAiniE,  conseiller 
référenJaire  honoraire  à  Gourdes  Comptes,  officier  de  la  Légion  d'honneur 
beau-père  de  M.  de  Lamarzelle,  le  vaillant  député  du  Morbihan,  mort  à 
Paris  le  30  décembre  à  Tâge  de  68  ans.  —  Madame  Elizabeth  Stakhblford 
née  Campbell,  veuve  de  M.  Stackhelford,  consul  des  Etats-Unis  d'Amé- 
rique a  Nantes,  décédé  le  27  décembre,  morte  le  31  du  même  mois  à 
Tàge  de  74  ans.  —  M.  Tabbé  Poopon,  ancien  vicaire  de  Commana  (Finis- 
tère), curéde  Nailly,  au  diocèse  de  Sens,  mort  dans  les  premiers  jours  de 
janvier.  —  M.  Frédéric  de  Boussinbau,  notaire  à  Carquefou  depuis  1842, 
mort  dans  cette  paroisse  le  !•'  janvier  1890. — M.  Tabbé  Laot,  prêtre  ha- 
bitué à  Kernilis  (Pinistère),  mort  dans  les  premiers  jours  de  janvier.  — 
M.  Louis  BoaxBT,  préposé  des  Domaines  en  retraite  mort  à  Nantes  le 
2  janvier  à  Tâge  de  54  ans.  — Mademoiselle  Berthe  de  Saint  Pern,  morte 
dans  les  premiers  jours  de  janvier  à  son  chalet  de  Saint-Jean-du-Maril- 
lais  (Maine-et-Loire)  à  rage  de  69  ans.  —  M.  Delécluse,  receveur  de 
r Enregistrement  en  retraite,  membre  du  Conseil  de  fabrique  de  Saint- 
Louis  de  Brest,  mort  dans  cette  ville  le  5  janvier  à  l'âge  de  75  ans.  — 
M.  Gabriel  Dctrup  de  BALEYNs/mort  à  Nantes  le  6  janvier  àTâge  de  1 1  ans. 

—  M.  Tabbé  Roudaut,  recteur  de  Kerlouan  (Finistère),  mort  le  6  janvier. 
Né  à  Ploudalmezeau,  l'abbé  Roudaut  avait  été  d'abord  quinze  années  vi- 
caire à  Ouessant,  puis  recteur  du  Landuvez  avant  d'être  nommé  à  Kerlouan. 

—  M.  Eugène RouxBL,  commissaire  de  la  marine  en  retraite,  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Nantes  le  7  janvier.  M.  Calixte-Marie- 
Auguste  AuBRY  DE  Maraumont,  mort  à  Nantes  le  7  janvier  à  l'âge  de 
48  ans  ;  —  Madame  Aimé  de  Mabcieu,  née  Marie  Eléonore  de  Brach, 
morte  à  Nantes  le  7  janvier  à  l'âge  de  52 ans. 

M.  Henry  Nadault  deBopfon,  mort  à  Rennes  le  8  janvier  à  l'âge  de  58 
ans.  Il  avait  débuté  dans  la  magistrature  dont  il  suivit  toute  la  hiérarchie 
jusqu'à  sa  nomination  d'avocat  général  à  la  cour  d^appel  de  Rennes. 
Frappé  subitement  d'une  cécité  complète  en  1872,  il  n'en  continua  pas 
moins  à  exercer  ses  fonctions  jusqu'en  1878.  M.  Nadault  de  BufTon  s'est 
fait  connaître  comme  homme  de  lettres  par  de  nombreuses  publications 
qni  se  rapportent  pour  la  plupart  à  la  vie  et  aux  œuvres  du  grand  natu- 


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76 


CHRONIQUE 


!C^i^. 


raliste  dont  il  était  l'arrière-petit-neveu.  Parmi  celles-ci,  il  faut  citer  : 
Monthard  et  Baffon^  La  Correspondance  inédite  de  Buffon^  Buffon  et 
Frédéric  II,  traduit  en  allemand  II  avait  fondé  en  1873,  à  Rennes,  la 
société  des  Hospitaliers  sauveteurs  bretons  dont  il  dirigea  jasqa'à  la  fin 
de  sa  vie  les  travaax.  Il  dirigeait  également  depuis  1875  le  recueil  men- 
suel des  Annales  du  Bien. 

M.  Pierre-Claude  Nantier,  inspecteur  principal  du  chemin  de  fer 
d'Orléans,  mort  à  Nantes  le  9  janvier  à  Tâge  de  55  ans.  —  Madame 
Lansibr  DELA  Marguesière,  née Marlo- JuUe  Léocadie  de  Maublanc,  morte 
à  Nantes  le  9  janvier  à  Page  de  74  ans.  —  M.  Jobit,  lieutenant  colonel 
du  83*  régiment  d'infanterie  territorial  à  Lorient,  mort  à  Bergerac  le  10 
janvier.  —'Madame  la  baronne  de  la  Barbée,  née  Rose -Caroline  do 
Yerdier  de  la  Sorinièrb,  morte  à  la  Mahaudière  en  Doulon,  près  Nantes, 
le  1 1  janvier.  —  M.  Tabbé  Sevezbn,  recteur  de  Saint- Mélaine  de  Morlaix 
depuis  18  ans,  mort  le  il  janvier  d'une  fluiion  de  poitrine  à  Tâge  de  73 
ans.  —  M.Jules-Charles  Pinel,  chef  d'escadron  d'état-major  on  retraite 
chevalier  de  la  légion  d'honneur,  mort  à  Nantes  le  11  janvier  à  l'âge  de 
85  ans.  —  M.  l'abbé  Boocharé,  vicaire  à  Plomeur  ( Finis tère),mort  le  14 
janvier.  —  M  Victor  Bourel  delà  RoiNcière,  directeur  des  postes  et  té- 
légraphes en  retraite,  conseiller  municipal  de  Nantes,  mort  dans  cette 
ville  le  14  janvier  à  Vàge  de  57  ans.  —  LeR.  F.  Louis,  dans  le  monde 
M.  Louis-Augustin  Gaillaud,  directeur  de  l'Ecole  départementale  des 
sourds -muets  de  la  Persagotlère,  près  Nantes,  mort  le  15  janvier  à  l'âge  de 
68  ans.  Entré  dans  la  vie  religieuse  en  1837,  et  dirigeait  l'institution  des 
sourds-muets  depuis  1846.  —  M.  Loshouarn,  médecin  de  la  marine  en 
retraite,  mort  à  Brest  le  18  janvier  d'une  pneumonie  aigiii.  —  M,  l'abbé 
Gandon,  ancien  curé  de  Bougé,  décédé  le  20  janvier  au  Grand-Auverné 
(Loire- Inférieure),  àrâgede84  ans.  —  M.  François-Jean-Marie-Etienne 
Mafllard,  maire  du  Leroux-Bothereau,  mort  à  Nantes,  le  20  janvier,  à 
l'âge  de  54  ans.  —  M.  Eugène  Ghaumel,  lieutenant  de  vaisseau  en  re- 
traite, chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Vannes,  le  20  janvier,  à 
l'âge  de  68  ans.—  M.  Arsène  de  la  Villéon.  mort  à  Saint-Brieuc,  le  19 
janvier.  —  Le  peintre  Michel  Bouquet,  né  à  Lorient,  le  17  octobre  1807, 
mort,  à  Paris,  le  20  janvier,  à  l'âge  de  82  ans.  —  M.  le  comte  de  Coëi- 
logon,  mort  vers  le  i7janvier,  au  château  de  Liancourt.  —  M"»  Achille 
JuBiER,  femme  de  M.  Achille  Jubier,  ancien  conseiller  municipal  de 
Vannes,  morte  à  Vannes,  le  21  janvier,  à  l'âge  de  46  ans.  -  M"«  Yseult- 
Ernestine-Marie  de  Sècillov,  décédée  à  Vannes,  le  21  janvier,  à  l'âge  de 
27  ans.  —  M.  le  comte  Charles  de  Troooff  de  Coôtalio,  ancien  sous- 
ofûcieraux  zouaves  pontificaux,  décédé  au  château  de  Coëtalio,  près 
Fouesnant,  (Finistère),  le  22  janvier. 


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CHRONIQUE  77 


MAINE  ET  NORMANDIE 

Dans  le  Maine,  nous  avons  à  enregistrer  les  pertes  de  Madame  de 
Pbrrochkl,  née  Marie- Joséphine-Françoise  Richard  d'ABNouR,  femme  de 
M.  de  Perrochel,  inspecteur  des  chemins  de  fer  daMidi,  morte  à  Car- 
cassonne,  le  25  septembre  à  Tâge  de  31  ans.  —  M.  l'abbé  OzANé,  aa  Breil 
le  21  janvier  1803,  d'abord  vicaire  à  Mamers,  puis  curé  de  Nouans,  mort  le 
7  novembre.  —M  Mioorkt  Lamberdierb,  mort  à  Laval  dans  les  derniers 
jours  de  novembre.  —  M.  Tabbé  Hachet,  curé  d'Hardanges,  né  en  I8t2à 
Belgéard,  mort  en  novembre.  —  Madame  Joseph  LET0URNËURs,née  Elizabelh 
MoRiN  DE  LA  Beauluèrb,  morte  au  château  de  Montaigu  le  13  liécembre  à 
rage  de62  ans.  —M.  Tabbé  Louis  GARBRY,né  à  Laval  enl856.  mort  dans 
cette  ville  le  27  décembre.  D'abord  vicaire  à  Saint-Pierre-sur-Orlhe  puis  à 
8aint-Denis  d'Anjou,  il  était  depuis  peu  de  temps  professeur  à  la  Maîtrise 
de  la  cathédrale  de  Laval.  —  M.  Tabbé  Grouillbbois.  né  à  Ghàteaugontier 
le  23  mars  817,  successivement  vicaire  à  Segré,  Goulans,  Marcillé  et 
Aubigné,  puis  curé  de  Marolles,  Ghalles,  Moitron,  René  et  Garés,  mort  en 
décembre  à  Nantes  où  il  s'était  retiré.  —  M,  Lelonq,  ancien  député  et 
ancien  conseiller  général  de  laSarthe,  ancien  maire  de  Château-du-Loir^ 
mort  dans  cette  ville  le  .30  décembre  à  l'âge  de  95  ans.  —  M.  Tabbé 
LELA.IR,  aumônier  du  Garmel  duMans,  mort  en  décembre  ;  —  M.  Tabbé 
Davoust,  curé  de  Grissé,  mort  le  !•' janvier.  Né  à  Villaines-la-Juhel,  le 
28  mars  1828,  il  avait  été  d'abord  vicaire  à  Sablé. 

En  Normandie,  M.  l'abbé  Jbannb,  missionnaire  apostolique,  chevalier 
du  Saint-Sépulcre,  mort  le  30  décembre  à  Valognes  dans  sa  39*  année, 
—  M.  Gharles  Thomas-Gaston  Le  Blanc,  baron  de  Gloys,  mort  au  château 
de  Bigards  près  Nassandrea  (Eure),  le  9  novembre  dans  sa  75  année  ;  ^ 
Mademoiselle  Renée  de  laFERRiÈRB,  fille  de  M.  le  baron  Albert  de  la 
Ferrière  et  de  Madame,  née  de  Beauplan,  morte  à  Paris  le  18  décembre  à 
l'âge  de  22  ans  ;  elle  était  nièce  de  M.  Lucien  de  la  Ferrière,  ancien 
député  de  l'Eure.  —  M.  le  comte  Jean-Polydor  Le  Marols,  ancien  dé- 
puté de  la  Manche,  mort  à  Paris  le  28  décembre;  —  Madame  Marguerite 
Blanc,  néeRAULiNB,  fille  de  M.  Gustave  Rauline,  le  sympathique  député 
de  la  Manche,  morte  le  18  janvier  1890  à  l'âge  de  30  ans.  —  M.  l'abbé 
Jules  HuGONiN,  chanoine  honoraire,  secrétaire  général  de  l'évêché  de 
Bayeux,  frère  de  S.  G.  Me'  Hugonin,  évêque  de  Bayeux.  mort  le 
19  janvier.  —  M.  Alfred  Hcvet,  avocat,  ancien  arbitre  rapporteur  près 
le  Tribunal  de  la  Seine,  décédé  à  Paris,  le  21  janvier. 


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78  CHRONIQCE 


ANJOU 

La  province  d'Anjoa  a  vu  disparaître  :  M.  Emile  Gazeau,  mort  le  22 
novembre  au  château  de  TËcho»  près  Chemillé,  à  Tâge  de  68  ans  ;  — 
M.  l'abbé  Ghoybr,  mort  à  Angers  le  29  novembre  dans  sa  76*  année  ;  — 
M.  Tabbé  Marcel  Hulin,  mort  en  novembre  à  Saint-Brice  (Mayenne), 
à  l'âge  de  75  ans.  Ancien  professeur  aux  collèges  de  Beaupréau  et  de 
Montgazon,  il  avait  été  vicaire  à  Longue.  —  M.  le  comted'ANoioNB,  mort 
dans  son  château  du  Grip  près  Durtal  le  15  décembre.  Ancien  élève  de 
récole  militaire,  ancien  attaché  aux  ambassades  de  Rome  et  de  Gons- 
tantinople,  il  avait  gardé  de  ses  séjours  en  Orient  le  germe  de  la  maladie 
qui,  malgré  les  soins  de  la  plus  dévouée  des  compagnes,  Ta  ravi  à  rafféc- 
tion  de  tous.  Il  avait  renoncé  à  la  brillante  carrière  politique  qui  s'ouvrait 
devant  lui  pour  se  consacrer  aux  soins  que  réclamait  le  grand  âge  de  son 
père,  le  glorieux  général  vendéen,  Frère  cadet  du  général  marquis  d*An- 
digne,  sénateur,  il  avait  épousé  en  1862,  Mlle  de  Groix,  fille  du  marquis  de 
Groix,  sénateur  et  laisse  de  ce  mariage,  un  fils,  le  comte  Jean  d'Andigné 
et  quatre  filles  dont  l'ainée  à  épousé  récemment  le  comte  de  Kérouartz  ;  — 
M.  de  LàisTRE,  mort  en  son  château  près  Mon  treuil -Bellay  vers  la  mi- 
décembre.  —  M.  Raoul-Alexandre,  baron  Millin  de  GRANDMAisoN,^ortau 
château  de  Montreuil-Bellay  le  21  décembre  dans  sa  41*  année.  — 
M.  Tabbé  Maillet,  né  aux  Gardes  1848,  aumônier  des  servantes  du  Saint- 
Sacrement  à  Angers,  mort  dans  celte  ville  le  31  décembre.—  M.  Tabbé 
RmEAU,  tié  à  Ghaudron  en  1835,  mort  en  décembre  curé  de  Saint-Martin 
de  Beaupréau.  Il  avait  été  d'abord  professeur  à  Saint-Urbain,  puis  vicaire 
à  Louvaines  et  à  Montjean.  —  M.  Tabbé  Boobt,  curé  de  Saint-Paul  du 
Bois,  mort  en  décembre.  —  R.  Mère  Catherine  dk  Jésus,  fondatrice  et 
première  prieuré  des  Dominicaines  de  Ghaudron,  morte  le  5  janvier  à 
Tâgede  61  ans.  —  Madame  Dcmest,  née  Virglne  Debmé  de  la  Foye, 
morte  à  Saumur  le  16  janvier  dans  sa  82«  année. 


POITOU  ET  SAINTONGE 

En  Poitou  et  Saintonge,  nous  devons  signaler  les  pertes  de  Madame 
Marie-Amélie  Jarïio  dis  Poxtjarno,  comtesse  de  Brbmo.nd  morte  à  Poi- 
tiers le  17  septembre  à  Page  de  83  ans.  —  Madame  Françoise- Aimée 


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CHRONIQUE  79 

Parbnteau  de  la  BiRONNiBAB,  veuv6  de  M.  Alexis  Jousseaume,  morte  à 
l'Herménault,  (Vendée)  le  3  octobre  à  l'âge  de  82  ans.  —  M  le  chanoine 
François-ÂugasteCuAUVCAU,  mort  à  Lucon  le  10  octobre  à  l'âge  de  69  ans. 
Ancien  curé  de  Saint  Florent-des-Bois  et  aumônier  volontaire  des  mo- 
biles de  la  Vendée  en  1870.  il  était  frère  de  M^r  Ghauveau,  mort  en 
1877,  évôqaede  Sébastopolis  et  vicaire  apostolique  du  Thibet.  -*  Madame 
Jeanne-Marie- Louise- Eulalie  de  Ferré  db  Peyroux,  née  Hugukteau  de 
Gaultrbt,  morte  au  château  de  Peyroux,  le  27  octobre  dans  sa  63* 
année.  •—  Madame  la  baronne  Lbjbunb,  morte  au  château  de  la  Motte- 
Ghaudenier,  le  6  novembre.  —  M.  le  comte  ErnestGeorges-René  de 
Sapinaud-de-Bois-Uogukt,  chevalier  de  Malte,  mort  au  château  de  la 
Barbinière  en  Saint-Laurent-sur  Sèvre,  le  6  novembre  à  l'âge  de  88  ans, 
—  Le  R.  P.  Antoine  Salzgkbert,  de  la  compagnie  de  Marie,  mort  à  Saint- 
Laurent- sur-Sèvre  le  7  octobre  à  l'âge  de  30  ans.  —  Madame  la  com- 
tesse de  Meynard,  née  Julie-Emilie  d'Esc  offres  de  Ronesqub,  pieuse- 
ment décédée  ^  Niort  le  23  novembre  à  Tâge  de  70  ans.  —  Madame 
Marie-Locise  Jeanne  des  Brosses,  veuve  de  M.  Gbarles-Antoine  Bigen, 
capitaine-commandant  au  8«  régiment  de  dragons,  morte  à  Poitiers  le 
24  novembre  à  l'âge  de  61  ans.  —  Mademoiselle  Louise- Anaïs  Gubn y 
VEAU  DB  LA  Raye,  morte  à  Poitiers  le  28  novembre  à  l'âge  de  79  ans.  — 
Le  R.P.  Ambroise,  dans  le  monde,  M.  Auguste  Potier,  de  l'ordre  des 
Gapucins,  né  à  Girières^  massacré  en  novembre  sur  le  territoire  des 
Gallas,  non  loin  d'Obok.  —  M.  Blampain,  maire  de  Sigournais  (Vendée), 
membre  fondateur  du  Comité  royaliste  de  ce  département,  mort  le  30 
novembre.  —  M.  Alfred  Jauassê,  avocat  à  la  (Jour  d'appel  de  Poitiers, 
mort  en  novembre  à  Terrefort  près  Vouillé  (Vienne).  —  M.  Tabbé  Au- 
guste Doperron,  mort  le  5  décembre  à  Saint  Léger-Montbrillan.  Né  à 
Vivonne  en  1828,  il  fut  professeur  à  Montmorillon,  puis  curé  d'Antigny 
et  doyen  de  Lezay.  —  Mademoiselle  Marle-Gbarlotte-Joséphine- Adèle  An- 
GiBR  DE  Grbmibrs,  morto  à  Poitiers,  le  12  décembre  à  l'âge  de  35  ans.  — 
M.  PicHOT,  ancien  imprimeur-lithographe  à  Poitiers,  mort  à  Paris  le  16 
décembre.  —  M.  Gustave  de  Vallois,  conservateur  des  hypothèques  en 
retraite,  mort  à  Poitiers  le  l'J  do.;}rnbredans  sa71«  année.  —  Mademoi- 
selle Bandeau,  sœur  de  Jules  Bandeau,  le  célèbre  auteur  de  Mademoiselle 
de  laSeiglière,  morte  le  21  décembre  dans  la  maison  de  retraite  de  Bevret 
où  elle  vivait  retirée  depuis  la  mort  de  son  frère.  —  M.  l'abbé  Ferdinand 
Mouillé,  aumônier  depuis  27  ans  des  Frères  de  Saint-Gabriel,  à  Saint- 
Laurent-sur-Sèvre ,  mort  dans  les  derniers  jours  de  décembre.  — 
M.  Ferdinand  Ricu'ault,  ancien  receveur  des  douanes,  mort  à  Parthenay 
le  28  décembre  à  l'âge  de  40  ans.  —  Le  T.  G.  F.  Ghrysanthien,  de 
Tordre  des  Frères  de  Saint* André  de  Niort»  mort  subitement  en  décembre 


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80  CHRONIQUE 

à  Tâge  de  56  ans.  —  M.  Philippe  Rondeau,  ancien  conseiller  à  la  Cour 
d'appel  de  Poitiers,  ancien  président  delà  Société  des  antiquaires  deV  Ouest, 
mort  à  Paris  en  décembre.  — Le  R.  P.  Ernest  Rabin,  8.  J.né  à  Poitiers  en 
en  1838,  mort  à  Tours  ea  décembre  ;  M.  le  général  Guignard,  né  à  Jaul- 
nay  près  Poitiers,  pieusement  décédé  à  Chartres  en  décembre  dans 
sa  75»  année.  —  R.  Mère  Marie  de  Saint-Henry,  née  Gélestine-Marie 
Gouois,  sœur  de  M,  Gougis,  colonel  d'artillerie  en  retraite,  officier  delà 
Légion  d'honneur,  ancien  commandant  du  20*  régiment  d'artillerie  à 
Poitiers,  morte  le  2  janvier  au  Monastère  des  Ursulines  de  Blois.  — 
M.  Régis  de  Brbm,  lieutenant  de  vaisseau,  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, mort  à  Rochefort  le  7  janvier  dans  sa  43®  année.  Fils  du  trop  mo- 
deste auteur  de  V Histoire  populaire  dt  ta  Vendée,  du  Bonhomme  Quatorze, 
da  Moulin  de  Landerose  et  de  beaucoup  d'autres  nouvelles  vendéennes. 
M.  Régis  de  Brem  était  un  officier  de  grande  valeur  qui  s'était  tout  par- 
ticulièrement distingué  par  son  héroïque  conduite  à  la  prise  de  Sfax.  — 
M.  FoRTouL,  ancien  député  des  Basses- Alpes,  Président  honoraire  à  la 
Cour  d'appel  de  Poitiers,  mort  le  18  janvier.  —  M«»«  Isabelle- Marie-Louise 
Jehanne  de  Lastic  Saint-Jul,  épouse  de  M.  Gesbron-Lavau,  lieutenant  au 
7«  régiment  de  hussards,  morte  subitement  à  Tours  le  21  janvier  à  Page 
de  21  ans.  —  M.  le  colonel  Vadon  du  1Û7«  régiment  d'infanterie,  offi- 
cier de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Ângoulème  le  14  décembre  des 
suites  d'une  fluxion  de  poitrine  contractée  peu  de  jours  avant,  en  condui- 
sant son  régiment  aux  Ghaumes-du-Grage. 

Jehan  de  la  Savinayb. 


Vannes.  —  Imprimerie  Eugène  Lafolye. 


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AUTOBIOGRAPHIE 


DU  PASTEUR  PROTESTANT  BRETON 


PHILIPPE  LE  NOIR 


(16B6) 


DANS  un  article  de  la  Bévue  littéraire  de  Nantes  (mai  1887),  j'ai 
résumé  ce  que  les  biographes  bretons  savent  de  Philippe  Le  Noir, 
sieur  de  Grevain,  pasteur  de  l'église  réformée  de  Blain,  et  ce 
que  j'ai  dit  moi-même  de  Fauteur  du  beau  poème  évangélique, 
Emanuel^  dans  V Anthologie  des  poètes  bretons  du  IVIh  siècle. 

Je  mentionnais*  dans  cet  article,  deux  gros  volumes  manuscrits,  en- 
tièrement autographes,  qui  furent  retrouvés  en  Hollande,  lieu  d'exil  de 
Le  Noir,  par  M.  le  pasteur  Vaurigaud,  et  j'analysais  sommairement  les 
réflexions,  quelque  peu  auto-biographiques,  qui  servent  de  préface  à  cet 
indigeste  résumé  des  lectures  du   >1eux  huguenot. 

Il  m'a  paru  que  ces  réflexions,  naïves,  vertueuses,  touchantes  même, 
avec  une  pointe  de  pédantisme  qui  rappelle  Théodore  de  Bèze,  et  annonce 
Jurieu,  méritaient  d'être  mises,  in-extensoy  sous  les  yeux  des  lecteurs  de 
la  partie  documentaire  de  la  Revue  historique  de  l'Ouest.  On  regrettera 
qu'elles  ne  ressemblent  pas  plus  à  des  Confessions  et  ne  donnent  qu*un 
fligitif  aperçu  de  la  vie  intime  du  bonhomme  ;  telles  quelles,  elles  ont 
un  accent  de  sincérité  qui  plaît,  elles  trouyeront  grâce,  à  cause  de  leur 
brièveté  d'abord,  puis  pour  cette  phrase  ingénue  «  quand  je  fais  -réflexion 
«  sur  mes  ouvrages,  je  vois  bien  quelle  est  leur  faiblesse.  C'est  aux  grands 
T.   VI.   —  DOCUMENTS.   —  VI®  ANNÉE,   2°  LIV.  6 


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^^ 


3,V    • 


^-  :• 


^  OZ  AUTOBIOGRAPHIE 

«  hommes  à  beaucoup  écrire  ;  les  autres  ne  font  que  perdre  du   papier, 
€  qui  bien  souvent  vaut  autant  que  leur  temps  et  leur  peine.  » 

J'avais  pu  prendre  copie  du  seul  fragment  intéressant  des  deux  mas- 
sifs manuscrits,  avant  que  ceux-ci,  vendus  par  la  famille  Vaurigaud,  de- 
vinsent  la  propriété  de  M.  Bordier,  conservateur  honoraire  de  la  Biblio- 
thèque nationale.  Les  manuscrits  sont  revenus  sur  Teau  tout  récemment, 
à  la  vente  après  décès  que  M.  Glaudin  a  faite  des  livres  de  M.  Bordier  ; 
ils  ont  été  adjugés  cinquante  et  un  francs,  un  assez  bon  prix. 


Réflexions  ou  remarques  sur  la  lecture  de  quelques-uns  -de  mes 
livres  ou  de  ceux  qu'on  m'a  prestez,  commencées  en  novembre 
i656. 


Dieu  qui  m'a  mis  au  monde  m'y  engagea  quatre  sortes  d'occupations  ; 
Fune  regarde  la  vie  présente,  l'autre  la  vie  à  venir,  la  troisième  Texercice 
de  ma  charge,  et  la  dernière  mes  honnestes  divertissements.  Quant  aux 
affaires  de  cette  vie  et  de  sa  subsistance,  c'est  ce  qui  m'occupe  le  moins, 
p  .  car  encore  qu'après  le   décès  de  ma  chère  femme  que  Dieu  a  retirée 

p.  -  d'entre  mes  bras,  il  y  a  six  mois,  je  suis  nécessairement  obligé  de  penser 

J^  à  la  conduite  de  mon  ménage  et  à  la  subsistance  de  mes  enfans,  lorsque 

^].^  le  Père  des   Esprits  aura  recueilli  le  mien  dans  le  sein  de  sa  gloire  ;  si 

^^>  est  ce  que  je  ne  m'en  acquitte  que  comme  en  passant,  sans  m'inquiéter, 

ni  sans  perdre  de  \ue  le  flambeau  de  la  Providence  de  Dieu,  qui  dis- 
posera de  mes  affaires  selon  qu'il  sera  à  propos,  en  déchargeant  tous  mes 
soucis  sur  luy,  et  sachant  qu'il  a  soin  de  ce  qui  me  concerne. 

Pour  ce  qui.regarde  le  salut  de  mon  âme  et  la  vie  à  venir,  qui  est  ma 
seule  consolation,  c'est  à  quoi  je  devrois  le  plus  m'occuper  ;  mon  Créateur 
et  mon  Sauveur  me  laisse  sur  la  terre  afin  qu'acquérant  de  plus  en  plus 
la  conoissance  de  sa  divinité,  de  ses  grands  ouvrages  et  de  sa  vérité,  je  sois 
convié  et  amené  à  la  repentance  qui  soit  suivie  d'une  foy  en  ses  divines 
promesses,  et  accompagnée  des  œuvres  de  charité  et  de  piété  qui 
scellent  en  ma  conscience  mon  adoption  et  me  soient  un  arrhe  du  sou- 
verain bien  que  le  ciel  me  réserve.  Mais  il  faut  avouer  que  je  ne  m'attache 
pas  à  ces  choses  assez  sérieusement  ni  assez  fréquemment,  et  que  pour 
l'ordinaire  l'accessoire  est  préféré  au  principal,  ce  qui  n'empêche  pas 
que  je  rie  sache  mon  devoir  et  que  je  ne  m'efforce  de  m'en  acquitter,  et 
c'est  pourquoi  en  ce  lieu,  je  trace  sur  ce  papier  et  rafl^aichia  en   ma  mé- 


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moire  ce  divin  précepte  de  mon  rédempteur  ;  Cherchez  premièrement  le 
règne  de  Dieu  et  sa  justice  et  toutes  les  autres  choses  vous  seront  ajoutées 
par-dessus  ;  Seigneur  fais  en-moi  ce  que  tu  commandes,  ensuitte  com- 
mande ce  que  tu  voudras. 

La  troisième  de  mes  occupations  consiste  dans  l'exercice  de  ma  charge, 
tant  pour  la  visite  des  afQigcz  que  pour  la  prédication  de  FÉvangile 
que  Dieu /m'a  commis,  ce  qui  emporte  les  lectures,  les  méditations  et 
les  écritures  absolument  nécessaires  pour  un  employ  si  pénible  et  si 
glorieux.  Et  c*est  à  quoi  je  m'employe  avec  zèle,  avec  soin  et  avec  plaisir, 
selon  le  peu  de  talents  que  Dieu  m*a  donnez.  La  corruption  de  ce 
siècle,  la  petitesse  de  mon  église,  la  faiblesse  de  ma  complexion  et  le  peu 
de  succez  avec  lequel  je  travaille,  n'estant  point  capables  de  me  décou- 
rager, au  contraire,  me  servent  comme  d*aiguillons,  et  redoiiblent  mes 
soins,  dans  la  passion  puissante  que  j*ay  de  me  rendre  approuvé  au 
divin  Maistre  que  je  sers,  si  je  ne  puis  me  rendre  agréable  aux  hommes. 

Il  reste  les  occupations  de  mes  honnestes  divertissements.  Les  jeux, 
de  quelque  nature  qu'ils  soient,  n'y  ont  pas  de  part,  je  ne  trouve  pas 
qu'ils  s'accordent  avec  une  vie  sans  reproches,  ny  qu'ils  compatissent 
avec  le  repos  de  l'esprit  que  je  tasche  de  me  procurer.  Les  compagnies 
ne  sont  point  mon  élément,  je  n'y  suis  pas  propre,  n'ayant  point  les 
talents  nécessaires  pour  la  conversation  ;  et  c'est  pourquoi  je  ne  m'y 
trouve  que  pour  ne  manquer  à  la  civilité,  et  pour  visiter  les  familles  de 
mon  église,  comme  j'y  suis  obligé.  Les  voyages  m'occupent  aussi  le 
moins  que  je  puis,  parce  qu'ils  sont  ennemis  de  ma  santé,  et  que  la 
station  où  Jésus-Christ  m'a  placé  ne  le  requiert  pas.  Et  pour  les  voluptez 
du  corps.  Dieu  m'a  fait  la  grâce  d'y  estre  s^  peu  sensible  et  de  les 
regarder  avec  tant  de  mépris,  qu'au  lieu  de  m'occuper  à  les  poursuivre 
ou  à  les  gouster,  je  fais  consister  ma  gloire  /et  ma  joye  à  m'en  priver  : 
où  je  ne  trouve  point  la  volupté  des  mondains,  là  je  trouve  ma  volupté. 

Tout  ce  que  j'ai  d'agréables  divertissements  se  rapporte  à  la  lecture  ou 
à  la  composition  des  livres.  La  composition  est  celle  qui  me  fait  passer 
le  temps  le  plus  insensiblement  et  aussi  le  plus  doucement.  Elle  a  pour 
moi  des  charmes  qu'on  ne  se  peut  imaginer,  et,  quoiqu'elle  ne  me 
réussisse  pas,  si  est  ce  que  je  puis  en  détacher  mon  inclination.  Estant 
dans  l'Académie,  outre  mes  écrits  de  philosophie,  je  fis  un  gros  recueil 
des  leçons  de  théologie  dont  j'étois  auditeur  et  je  composay  un  abrégé 
de  l'histoire  universelle  en  françois,  d'une  grosseur  assez  considérable. 


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84  AUTOBIOGRAPHIE 

Depuis  que  je  suis  en  charge,  j'ay  fait  en  latin  une  rhétorique  civile  et 
ecclésiastique,  en  françois  un  catéchisme  de  controverses,  et  une  arith- 
métique par  les  gettons.  En  vers  j'ay  traduit  toute  la  liturgie  chrétienne 
et  composé  VEmanuel,  qui  est  un  poème  héroïque  de  Nostre  Seigneur, 
comprenant  les  quatre  Evangiles  ;  j*ay  mesme  commancé  la  refformation 
des  Pseaumes,  de  Marot  et  de  Bèze,  dont  on  me  vient  de  décourager  ;  et 
depuis  que  je  suis  privé  de  ma  compagne  bien  aimée,  la  mémoire  à 
toute  heure  renaissante  de  sa  vertu,  ma  douleur  sans  pareille  et  le  devoir 
de  mon  amitié  ont  obtenu  de  ma  plume  unépitaphe  en  prose  à  qui  j*ay 
donné  le  titre  de  lAirmes  Chrétiennes. 

Mais  quand  je  fais  réflexion  sur  mes  propres  ouvrages,  je  ne  suis  point 
si  aveuglé  de  Tamour  de  moi-mesme  que  je  ne  voye  bien  qu'elle  est 
leur  faiblesse  ;  c*est  aux  grands  hommes  à  beaucoup  écrire,  les  autres,  ne 
font  que  perdre  du  papier  qui  bien  souvent  vaut  autant  que  leur  temps 
et  leur  peine.  J'ay  donc  résolu  d'abandonner  la  composition,  quelque 
divertissement  qu'elle  m'apporte,  et  parce  que  je  n'ay  pas  de  fonds 
suffisant,  d'en  aller  puiser  dans  les  livres  des  au  très.  Je  sçai  bien  que  la 
lecture  ne  peut  m'apporter  beaucoup  de  fruit,  non  plus  que  la  compo- 
sition. J'ay  fort  peu  délivres  et  mes  facultez  ne  me  permettent  pas  d'en 
avoir  beaucoup  :  la  vie  que  je  mène,  plutost  active  que  contemplative, 
m'interrompt  à  toute  heure  quand  je  pense  m'attacher  à  quelque  lec- 
ture, et  ce  qui  me  fasche  le  plus  est  que  je  lis  sans  fruit,  ma  méAioire 
ne  dérobant  rien  aux  autheurs  qui  me  tombent  en  main,  comme  si  elle 
vouloit  introduire  un  cas  de  conscience,  ou  les  autres  n'y  ont  jamais  fait. 
De  là  vient  la  répugnance  que  j'ay  de  me  jetter  dans  les  mers  ou  de 
l'histoire  ou  de  la  philosophie  ou  de  la  théologie,  quoique  jamais  je  n'y 
nage  qu'avec  beaucoup  de  plaisir,  parce  que,  comme  j'ay  dit,  n'ayant 
point  de  mémoire,  je  n'ay  ppint  de  quoi  puiser  dans  ces  grandes  eaux  et 
que  je  suis  stérile  dans  la  plus  grande  fertilité. 

Sij'abandonnois  la  lecture  aussi  bien  que  la  composition,  je  me  dé- 
feroisde  tous  mes  plaisirs,  je  me  plongerois  dans  l'oisiveté  qui  est  mon 
antipathie,  je  deviendrois  en  charge  à  moî-mesme.  Je  ne  puis  répudier 
l'une  et  l'autre,  je  ne  puis  aussi  en  épouser  une  et  m'y  donner  tout  en- 
tier, pour  les  raisons  que  je  viens  de  dire,  il  faut  donc  les  marier  en- 
semble^ et  me  lier  inclination  d'amitié  avec  les  deux,  afin  qu'il  en 
naisse  des  fruits  qui  se  puissent  conserver  longtemps. 

Pour  parler  en  termes  plus  clairs,  voici  mon  dessein,  remettant  à  la 


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AUTOBIOGRAPHIE  «5 

volonté  de  Dieu  d'en  disposer  comme  il  jugera  nécessaire.  Je  me  pro- 
pose de  lire  ce  que  je  pourray  de  livres,  et  en  mesme  temps  en  dire  mon 
jugement,  et  y  faire  quelques  remarques,  afin  que  repassant  puis  après 
par  dessus  mes  réfleiions,  en  un  quart  d'I^eure  plus  ou  moins,  je  puisse 
retracer  en  mon  esprit  l'idée  générale  d'un  autheur  qui  aura  passé  par 
mes  mains.  Par  ce  moyen,  je  liray  en  con^posant  et  je  composeray  en 
lisant,  essayant  d'augmenter  mon  divertissement  par  la  diversité  et  par 
l'assemblage  des  deux  occupations  qui  conviennent  parfaitement  bien, 
à  ma  profession  et  à  mon  humeur.  Ma  satisfaction  n'est  pas  le  seul  but 
que  je  me  propose  ;  outre  cela,  j'ay  devant  les  yeux  la  gloire  de  Dieu, 
à  quoi  j'espère  contribuer  quelque  chose  par  une  occupation  de  cette 
nature,  car  en  m  attachant  ainsi  par  les  yeux  et  par  la  main,  je  me 
détache  de  l'oisiveté  et  des  occupations  vitieuses  qui  préjudicieroient  à 
mon  salut  et  à  l'étude  de  la  vraye  vertu.  En  consultant  à  toute  heure 
les  bons  esprits  et  prenant  leur  ad  vis  par  escrit,  il  ne  se  peut  que  je 
n'apprenne  quelque  chose  ou  du  moins  que  je  ne  ménage  le  peu  de 
talents  que  Dieu  m'a  donnez,  d'où  il  arrivera  (s'il  plaît  à  sa  grâce),  que 
j'exerceray  plus  dignement  la  charge  dont  il  m'a  honoré  en  son  église 
pour  l'édification  de  ses  enfans. 

L'ordre  que  je  me  propose  de  tenir  est  ^e  n'en  tenir  point,  car,*  ne 
travaillant  proprement  que  pour  moi  et  pour  ma  seule  satisfaction,  je 
ne  veux  point  gesner  mes  estudes  ni  m'assugettir.  Je  Uray  tantost  un 
livre,  tantost  un  autre,  cherchant  moins  la  suitte  des  matières  que  la 
diversité.  Peut  estre  mesme,  ne  liray-je  pas  toujours  un  autheur  entier, 
mais  seulement  un  volume,  remettant  les  autres  à  un  autre  temps, 
parce  qu'empruntant  un  livre  qu'il  faut  rendre,  c'est  force  de 
quitter  toute  autre  lecture,  quand  mesme  on  ne  chercheroit,  pas  à  se 
recréer  par  la  diversité. 

Gomme  je  ne  m'assugettis  pas  à  l'ordre  ni  à  la  suitte.  aussi  ne  prétends 
je  pas  m'assugettir  à  toute  sorte  de  sujets.  Je  ne  feray  pas  des  remarques 
sur  tous  les  livres  que  je  parcourray  :  U  y  en  a  beaucoup  qui  n'en  valent 
pas  la  peines  et  il  s'en  trouve  qui  ont  trop  de  prix,  de  sorte  qu'il  faudroit 
tout  copier  pour  remarquer  ce  qui  en  est  digne.  En  cela,  mon  choix  con- 
sultera le  loisir  ou  l'humeur  où  je  me  trouveray  ;  je  rompray,  je  suivray 
ou  j'inter-rompray  ce  dessein,  selon  que  l'occasion  se  présentera';  telle- 
ment que  si  Dieu  me  donne  quelque  vie  et  quelque  santé,  je  peindray  ici 
le  libertinage  d'un  homme  d'estude  qui  ne  perd  point  le  temps,  mais  qui 


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86  AUTOBIOGRAPHIE 

l'employé  comme  il  peut  sans  aucun  dessein  de  composer  de  livre,  ni 
sans  rechercher  le  beau  st;rle  <ïui  ne  convient  ni  à  mon  peu  de  politesse, 
ni  à  ces  sortes  de  recueils. 

Au  reste,  je  vay  laisser  deux  pages  en  blanc,  afin  d*y  écrire  le  catalogue 
des  autheurs  à  mesure  que  je  les  liray,  et  que  je  puisse  par  ce  catalogue 
avoir  recours  aux  remarques  dont  j'auray  besoin  ou  que  j*auray  désir  de 
relire,  pour  contenter  ma  curiosité. 

Quod  felix  faustumque  sit. 


La  langue  de  Le  Noir,  dans  ces  quelques  pages,  est  fort  claire  et  n'a 
que  très  peu  vieilli  ;  j*ai  jugé  inutile  de  faire  des  renyois  pour  un  petit 
nombre  d*expression^  hors  d'usage,  «  contribuer,  »  dans  le  sens  actif, 
«  puis  après,  »  pour  ensuite,  »  «  libertinage.  »  pour  a  liberté  d'esprit,  » 
etc.  Notons  que  le  mot  libertin,  n*a  pas  ici  le  sens  d* esprit  fort  qu'il  a  dans 
Molière,  par  exemple. 

L'orthographe  est  un  peu  capricieuse,  nous  l'avons  respectée.  On  sait 
que  le  dix-septième  siècle,  dans  les  imprimés,  poussa  l'orthographique 
fantaisie  jusqu'à  ses  dernières  limites. 

Un  passage  est  intéressant,  celui  où  Le  Noir  parle  de  ses  nombreux 
ouvrages  en  prose  ou  en  vers,  tous  perdus,  sauf  le  poème  d*Emanuel , 
qui  d'ailleurs  ne  fut  imprimé  pour  la  première  fois  qu'en  1657,  un  après 
la  rédaction  des  Remarques.  On  sait  que  M.  le  pasteur  Vaurigaud  a 
retrouvé  et  publié,  de  Philippe  Le  Noir,  une  Histoire  de  la  Héformation 
en  Bretagne^  qui  était  en  manuscrit  à  la  bibliothèque  publique  de 
Rennes  (i85i). 

Olivier  de  Gouecuff. 


^ 


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CATALOCUE  DES  GENTILSHOMMES  D'MJOD 

LORS  DE  LA  RECHERCHE  DE  LA  NOBLESSE 
DE   leee 

PAR  M.  Voisin  de  la  Noirays,  intendant  de  Tours 
(Suite\) 


Éliede  Quatrebarbbs,  Ecuyer.s'  de  laRoussardière,  épousa  Marie  de 
lieair,  veuve  dudit  Elie  demeurant  en  sa  maison  la  Roussardière,  pa- 
roisse de  Quelaines,  El.  de  Chfiiteaugontier,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres, tant  pour  luy  que  pour  René  et  Lancelot  de  Quatrebarhes^ 
cousins  au  3  et  4»  degré,  le  14  septembre  1668. 


R 


Benry  de  Rabbstan,  Ecuyer,  S' de  Sourches,  demeurant  paroisse 
de  Précigné,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  27  mars  1667. 

Michel  de  R\capé,  Chevallier,  S«^  de  Menil  et  de  Brée,  y  demeurant 
paroisse  de  Menil,  El.  de  tlhâteaugontier  eut  acte  delà  représentation 
de  ses  titres,  tant  pour  luyque  pour  son  père  et  frères  le  9  juillet  1668. 

«  Voir  la  livraison  de  janvier  1890. 


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88  CATALOGUE 

Samuel  Radulphe,  Ecuyér.  S' de  Fontenelle,  demeurant  paroisse  de 
Mazières,  pays  d* Anjou,  évôché  de  la  Rochelle,  eut  acte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres,  le  11  août  1670. 

Antoine  de  Rancher,  Chevallier,  S' de  Verneuil,  demeurant  paroisse 
de  Fay-sous-Gourcillon,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  représen- 
tation de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  ses  frères,  le  21  juin  1667. 

'  Urbanne  Ghiilloteau,  veuve  de  René  du  Rastbau,  Ecuyer,  S'  de  la 
Gémeraye,  demeurant  paroisse  d*Aviré,  El.  de  Ghftteaugontier,  comme 
mère  et  tutrice  de  ses  enfants,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  17  avril  1667. 

François  Ravballard  (?),  S'  de  la  Brèche,  Alexandre  son  frère, 
demeurant  à  Ch&teaugontier,  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin 
de  la  Noirays. 

Gilles  de  la  Ratnaie,  Ecuyer,  S'  des  Croix, 

François  de  la  Raynaie,  Ecuyer,  S'  de  Beauvais,  demeurant 
paroisse  de  N.  D.  de  Durtal,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres  le  25  janvier  1668. 

Pierre  Rbonihsi,  S'  de  Cour^aret,  demeurant  paroisse  du  Puy- 
Notre-Dame,  El.  de  Montreuil-Bellay,  au  nombre  des  maintenus 
par  M.  Voisin  de  la  Noirays. 

François  Renard.  S'  des  Roches  et  de  la  Baudelis,  demeurant 
paroisse  de  St-James  de  Brion,  El.  de  Baugé,  eut  acte  delà  repré- 
sentation de  ses  titres  le  21  may  1667. 

François  Le  Restre,  Escuyer,  s"*  de  Laubinière,  demeurant 
paroisse  de  S^-James,  près  Segré,  El.  d* Angers,  eut  acte  de  la 
représentation  de  ses  titres  le  21  mai  1667. 

Philippe  Reverdy,  Ecuyer,  S»"  du  Petit-Marcé,  demeurant  paroisse 
de  Chalain,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  22  avril  1667. 

Louis  RiBCBR,  Ecuyer,  S'  de  Bousay,  demeurant  paroisse  de 
Meigné,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le 
6  octobre   1668. 

Cruy  Richard,  S'  de  Segré,  échevin  de  la  ville  d'Angers,  y  demeu- 
rant au  nombre  des  maintenus,  par  M.  Voisin  de  la  Noirays. 


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UtLn    (JBIN TlLiSUURIHI 

r 

Rolland  RicHER,  Ecuyer,  baron  du  I 
paroisse  de  Saint-Thomas»  eut  acte 
titres,  le  20  août  1667. 

Jacques  Ridouetf,  Ecuyer,  S'  de  Buro 
paroisse  de  Saint-Martin  de  Sancé»  El. 
présentation  de  ses  titres,  le  21  septem 

Renée  Cambon^  veuve  de  François 
Boishérault,  demeurant  paroisse  de  B] 
de  la  représentation  de  ses  titres,  le  11 

Jttdith  de  la  Roche,  demeurant  paroi 
acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  1 

Charles  de  la  Rofi,  Ecuyer,  S'  du  Vs 
paroisse  de  Chémiré,  El.  de  Baugé,  eut 
ses  titres,  le  27  décembre  1669. 

François  des  Romans,  Ecuyer,  S'  du 
demeurant  aux  Noyers,  paroisse  de  Ma 
eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titr 

Pierre  de  Rougé,  Ecuyer,  S' des  Rues 
El.  d* Angers,  eut  acte  de  la  repifésenta 
luy  que  pour  son  frère,  le  21  may  1667. 

Charles  de  Rougé,  Ecuyer,  S'  de  Ck)urt 
Noyant-sur-le-Loir,  El.  de  la  Flèche,  eut 
ses  titres,  le  17  juin  1667. 

Grilles  de  Rougé,  Ecuyer,  S'  de  la  Perd 
de  Neuillé,  EL  de  Saumur,  eut  acte  d( 
titres,  le  27  janvier  1669. 

François  de  la  Roussardtére,  Ecuyer, 
paroisse  de  Villevôque,  El.  d'Angers,  eu 
de  ses  titres,  le  30  juillet  1667. 

René  RoDssBAu,  Ecuyer,  S'  du  Chardo 
de  Chalain.  El.  d* Angers,  eut  acte  de  la  r 
le  7  may  1667. 

François  Rousseau,  Ecuyer,  S'  de  h 
paroisse  de  Ghalain,  El.  d'Angers,  eut  ac 
ses  titres,tant  pour  luy  que  pour  François 


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90 


CATALOGUE 


Jean  Rousseau,  S'  de  la  Boucherie,  demeurant  paroisse  de  Mau- 
lévrier.  El.  de  Mon  treuil-Bellay,  au  nombre  des  maintenus  par 
M.  VoisUi. 

Guillaume  Rousseau,  conseiller  du  Roy,  contrôleur  au  grenier  à 
sel  d'Angers,  Echevin  de  la  ville,  au  nombre  des  maintenus  par 
M.  Voisin. 

Charles  Le  Roux,  Ecuyer,  S'  de  Ruchesnes,  demeurant  paroisse 
de  Vernantes,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  27  septembre  1667. 

Louis  Le  Eloux,  Chevalier  et  S' de  la  Roche  des  Aubiers  et  de  la... 
demeurant  en  son  château  de  Noizé  paroisse  de  Soulaire,  El.  d'An- 
gers, eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  tant  pour  luy  que 
pour  Jean  et  Philippe  ses  frères,  le  4  juin  1667. 

Quillaume  Le  Rqy,  Ecuyer,  S' de  la  Roche- Véroullière,  demeurant 
à  Saint-Denis  d'Ai^ou,  El.  de  Ch&teaugontier  eut  acte  de  la  repré- 
sentation de  ses  titres,  le  7  juin  1667. 

Claude  de  Rote,  Ecuyer,  S' de  la  Brunetière,  demeurant  à  Angers, 
fut  reçu  chevalier  en  1659,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres, 
à  la  charge  de  payer  la  taxe  pour  être  confirmé  dans  sa  noblesse,  le 
27  avril  1668. 

Louis  Le  Rotbr,  S' de  la  Roche  d'Artezay,  El.  de  la  Flèche,  de- 
meurant ordinairement  à  Paris,  au  nombre  des  maintenus  par 
M.  Voisin  comme  étant  secrétaire  du  Roy. 

François  de  Busson,  Ecuyer,  S' de  la  Grée,  y  demeurant  paroisse 
de  Montreuil-sur-Mayenne,  El.  d* Angers  eut  acte  de  la  représen- 
tation de  ses  titres  le  24  janvier  1668. 


Jean  (îô  Saint-Blin,  Ecuyer,  S'  du  Ponceau,  El.  d'Angers,  eut  acte 
de  la  représentation  de  ses  titres  le  21  juin  1667. 

Joachim  de  Saint-Elan  et  Louise  de  Saint^Elan^  sa  sœur,  enfants 
de  Joachim  de  Saint-Elan,  vivant  commandant  dans  le  chftteau  de 


VjA 


DBS   GENTILSHOMMES    d' ANJOU  91 

Saumur,  maintenus  par  M.  Voisin  de  la  Noirays  par  arrêt  du  conseil 
le  12  janvier  1668. 

Olivier  de  S.vint-Gbrmain,  Ecuyer,  S'  des  Coutures  et  du  Plessis 
demeurant  en  sa  maison  des  Coutures,  paroisse  de  Vivy,  El.  de 
Saumur,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  28  juillet  1667^ 

Claude  de  Saint-Jouin,  Ecuyer,  S'  de  Vauléard,  demeurant  pa- 
roisse de  Saint-Denis,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de 
ses  titres  le  14  may  1667. 

Philippe  de  Sajnt-Offânge,  Chevallier,  S»  de  la  Poôze,  demeurant 
paroisse  du  Pin-en-Mauges,  El.  d'Angers, 

Artur-Charles  de  Saint-Offange^  Ecuyer,  S'  des  ChastelMers,  de- 
meurant paroisse  de  Grézillé, 

François  de  Saint-Offange,  Ecuyer,  S'  de  la  Jaille,  enfe.ns  dudit 
Philippe,  demeurant  paroisse  de  Saint-Maur,  El.  de  Saumur,  eurent 
acte  de  la  représentation  de  leurs  titres  le  dernier  juillet  1667. 

Gallois  de  Saint-Ouen,  Ecuyer,  S'  de  la  Maillarzerie,  demeurant 
paroisse  de  Moranne,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres,  le  3  septembre  1666. 

Jean  Sapinault,  S'  de  la  Renouillère,  demeurant  paroisse  de  la 
Séguinnière. 

Honoré  SapihauU,  S'  d'Aubert. 

Charles  SapinauU^  S'  de  la  Louassière,  demeurant  paroisse  de 
Chambrogne,  El.  de  Montreuil-Bellay,  au  nombre  des  maintenus 
par  M.  Voisin. 

Charles  Sarazin,  Ecuyer,  S'  de  Vezins,  demeurant  paroisse  de 
Mayet,  El.  de  La  Flèche,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres 
le  29  mars  1667. 

Paul  de  la  Saugèrb,  Ecuyer,  S'  de  la  Roussardière,  demeurant 
paroisse  de  Saint-Martin-du-Limet,  El.  de  Chàteaugontier,  eut  acte 
de  la  représentation  de  ses  titres  le  3  aoust  1667,  tant  pour  luyque 
pour  la  veuve  de  Charles^  son  frère,  et  pour  Alexandre^  son  cousin. 

Nicolas  Savaut,  gentilhomme  servant  la  Reine,  demeurant  à 
Saumur,  renvoyé  comme  ét^nt  couché  sur  l'Etat  par  jugement  du... 

Martin  de  SavonniAres,  Chevalier,  S'  de  la  Bretesche,  demeurant 
paroisse  de  Chantoceaux,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres  le  18  may  1667. 


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vjix  X  n  u\j\juM:t 


Nicolas  de  Savonnières,  Ecuyer,  S*"  de  Bruslon,  demeurant  paroisse 
de  Bouère,  El.  de  Bau^é,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres, 
tant  pour  luy  que  pour  sa  mère,  le  20  may  1669. 

Ayine'François  de  Seuxons,  Ecuyer,  S'  de  la  Barie  de  Grugé,  de- 
meurant audit  lieu,  El.  d'Angers,  eu^  acte  de  la  représentation  de 
ses  titres  le  8  juin  1667. 

Jacques  de  SâR\ziN,  Ecuyer,  S**  de  la  Saulaye,  sénéchal  de  Gba- 
lonnes,  y  demeurant  paroisse  de  Saint-Maurille. 

Gabriel  de  Sérazin,  Ecuyer,  S'  de  la  Bouillerie,  demeurant  pa- 
roisse de  Bescon,  El.  d'Angers,  eurent  acte  de  îa  représentation  de 
leurs  titres  le  5  novembre  1668. 

Hilaire  Sbrin,  Ecuyer,  S**  de  la  Motte,  demeurant  en  sa  maison  des 
Noyers,  paroisse  de  Loire,  El.  d'Angers  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  son  père,  le  16  avril  1668. 

René  de  Serpillon.  Ecuyer,  S""  de  la  Brosse-Boissette,  demeurant 
paroisse  de  S*-Hilaire  d'Echaubroigne,  El.  de  Montreuil-Bellay, 
au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin. 

Charles  Sibillb,  Ecuyer,  S*"  de  la  Buronnière,  demeurant  paroisse 
de  Juvardeil,  El.  de  Chateaugontier,  eut  acte  de  la  représentation  de 
ses  titres  le  18  avril  1667. 

Honorai-  Sigonneau,  Kcuyer,  S"^  de  ïa  Perdrillère  y  demeurant 
paroisse  de  Fougère,  El.  de  Bau^é  produisit  ses  titres  et  renvoyé 
au  Conseil  avec  avis  de  le  maintenir  le  'i  février  16fi7.  Arrêt  du 
conseil  du  5  décembre  1*307  qui  maintient  eu  sa  noblesse  ledit 
Honnorat  Sigonneau. 

Fmnçùh  de  Seras  a  r.  Ecuyer,  S*"  de  la  Guîchardière,  demeurant 
paroisse  de  St-Hîlaire  d'Echaubroigne.  EL  de  MontpeuiL-Bellay,  au 
nombre  des  maintenus  par    M,  Voisin. 


Philippe  fie  Tautoo  (?),  Ecujor,  S"*  df^  la  Gou^eonnière,  demeurant 
paroisse  Je  BIou,  EL  de  Bauj^é,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  21)  septembre  1668- 


René  du  Tertrb,  Ecuyer,  S' dudit  lieu  et  de  Mée,  El.  de  Gliàteau- 
gontier,eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le  21  août  1Ô68. 

Pierre  Tbstu,  Ecuyer,  S' de  Pierre  Basse  demeurant  à  là  Gallaisière 
paroisse  de  Lue,  El.  de  Baugé  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  tant  pour  luy  que  pour  Alexandre  son  frère  le  4  septembre  1668. 

Charles  Thisrrt,  Ecuyer,  S' de  Launay  Baulieu,  demeurant  paroisse 
de  Fontaine-Guérin,  El.  d'Angers  eut  acte  de  la  représentation  de 
ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  son  frère  et  la  veuve  d'Urbdin^ 
son  frère,  et  pour  ses  sœurs,  le  8  mars  1668. 

Claude  de  Thyeslin,  Ecuyer,  S'  de  Montfrou,  demeurant  paroisse 
d'Auvers-le-Hamon,  El.  de  la  Flèche,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  son  cousin,  le  21  novembre  1666. 

Louise  et  Marie^Anne  de  ToRCHiLRD,  ÛUes,  demeurant  paroisse 
dudit  Auvers-le-Hamon,  El.  de  la  Flèche,  au  nombre  des  maintenus 
par  M.  Voiâin. 

René  de  Tournbton,  Ecuyer,  S'  de  la  Voye,  demeurant  paroisse  de 
Mazé,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres,  tant 
pour  luy  que  pour  son  père  le  22  septembre  1667. 

René  de  Tourrié  (?),  Ecuyer,  S' dudit  lieu,  demeurant  paroisse  de 
Chambroigne,  El.  de  Montreuil-Bellay,  produisit  ses  titres  et  ren- 
voyé au  Conseil  avec  avis  de  le  décharger  des  poursuittes  du 
traitant,  sans  dépens,  et  de  le  maintenir  dans  sa  noblesse  le 
20  avril  1667. 

àharles  de  Trbmblibr,  conseiller  bonnoraire  au  présidial  d*Angers, 
y  demeurant,  fut  reçu  Echevin  en  1662,  au  nombre  des  maintenus 
par  M.  Voisin,  le  14  juin  1668  et  chargé  de  payer  la  taxe. 

CUiitde  de  la  Tribouille,  Ecuyer,  S'  de  Beauchesne,  demeurant 
paroisse  de  Saint-Grespin,  El.  d* Angers,  eut  acte  de  la  représenta- 
tion de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  sa  mère  et  Anêhoine^  son 
oncle,  le  17  juin  1667. 


Henri  Le  Vacher,  Ecuyer,  S' de  la  Chaise,  demeurant  paroisse  de 
Saint-Germain  d'Alancé,  El.  de  Baugé,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres^  le  21  septembre  1666. 


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04  CATALOGUE 

René  Vallet,  Ecuyer,  S'  de  la  Brosse,  demeurant  paroisse  de 
Saint-Laurent  de  Gée  (?),  El.  de  Baugô,  eut  acte  de  la  représentation 
de  ses  titres,  le  2  may  1667. 

François.deVALUJ,  Ecuyer,  S'  de  la  Rouzelaye,  demeurant  paroisse 
du  Geneteil»  EL.  de  Baugé,  eut  acte  de  là  représentation  de  ses  titres 
le  4  octobre  1668. 

Gaspard  Varicb,  Ecuyer,  S'  de  Juigné,  demeurant  à  Angers,  eut 
acte  de  la  représentation  de  se$  titres  le  2S  may  1667. 

Georges  de  Vaugirault,  Ecuyer,  S^  de  Guérinière,  épousa  CharloUe 
de  Channèy  veuve  dudit  Georges,  demeurant  paroisse  de  Saint-Flo- 
rent-le-Viel^  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  22  février  1668. 

Jacques  de  Vaugirault^  Ecuyer,  S^*  de  Rochebonne,  demeurant  au 
Gué-Aussant,  paroisse  de  la  Poiteviniëre  en  les  Mauges,  El.  d'Angers. 

HiUaire  de  Batissocielle^  veuve  de  René  de  Vaugirault^  comme 
mère  et  tutrice  d'elle  et  dudit  deffunt  René,  demeurant  en  sa  maison 
de  la  Richardière,  eurent  acte  de  la  représentation  de  leurs  titres 
le  16  février  1667. 

Louis  de  Vaujoybux,  Ecuyer,  S^  de  la  Planche,  demeurant  en  sa 
maison  de  la  Grande-Fraise,  paroisse  de  Saint-Sauveur  de  Lande- 
mont,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres  le 
21  may  1667. 

Mené  de  Vauronnièrb,  Ecuyer,  S' de  la  Pernaneraye  demeurant 
paroisse  de  Dissay-sous-Courcillon,  El.  de  La  Flèche,  eut  acte  de  la 
représentation  de  ses  titres  tant  pour  luy  que  pour  son  flls.  le  18 
may  1667. 

Simon  de  Vaux,  Ecuyer,  S'  de  la  Blandolière,  y  demeurant  par 
Tille  de  Juigné,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  7  avril  1668. 

René  Vkillon,  Ecuyer,  S' de  la  Basse-Rivière,  y  demeurant  paroisse 
de  Sainte-Jamme,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses 
titres  le  16  avril  1668. 

Elizdbeth  Maran^  veuve  de  Claude  de  Vert,  Ecuyer,  S'  des  Pa- 
dures  et  de  Fontenelle  demeurant  en  sa  maison  noble  du  Chapeau, 
paroisse  de  Saint-Eusèbe  de  Gennes,  £1,  de  Saumur,  eut  acte  de 


DES  OENTILSHOMMKS  d'aNJOU  95 

la  représentation  de  ses  titres,  tant  pour  luy  que  pour  ses  enfants 
et  pour  elle  le  11  may  1667. 

/eon  Vkrdier,  conseillerau  présidial  d'Angers,  y  demeurant,  éche- 
vin  de  ladite  ville  en  1648.  au  nombre  des  maintenus  par  M.  Voisin 
de  la  Noirays. 

Louiit-Augtutin  «s  Vii.lï!neove,  S'  de  la  Renaudière,  demeurant 
paroisse  d'Ekjàambroigne,  Françoù  de  Villeneuve,  S'  de  Cazeau,  son 
père,demeurant  paroisse  du  May,  El.  de  Montreuii-Bellay,  au  nombre 
des  maintenus  par  M.  Voisin  de  la  Noirays. 

Qafrriel  de  Vilubrs,  Ecuyer.  S' de  Fourmillay,  demeurant  paroisse 
deChallain,  El.  d'Angers,  eut  acte  de  la  représentation  de  ses  titres, 
tant  pour  luy  que  pour  son  frère,  le  14  janvier  1668. 

GabrieOeP^U,  reave  de  François  de  ViUiers,  chevalier.  S' de 
Lauberdière  ayant  la  garde  noble  de  ses  enfants,  le  29  janvier  1669. 


Rôle  des  taxes  que  le  Roy  étant  en  son  conseil  d'Etat  des  finances 
a  ordonné  ôtre  payées  par  les  maires  etéchevins  de  l'hôtel-de-ville 
d'Angers  et  les  descendants  de  ceux  qui  ont  exercé  lesdites  charges 
depuis  l'année  1600.  En  conséquence  de  l'édit  du  mois  de  mars  1^7 
registre  où  Ijesoin  a  esté,  et  des  arrêts  dudit  conseil  donnés  en 
exécution  d'icelluy,  pour  être  maintenus  en  leur  noblesse  sans  être 
obligés  de  prendre  des  lettres  de  confirmation  dont  ils  seront  dis- 
pensés  L^uelles  taxes  seroient  payées  sur  les  dénommés  au 
présent  rôle  sur  la  quittance  du  S'  Jehannot  Berthelot.  garde  du 
résor  royal,  en  deux  payements  de  deux  mois  en  deux  mois  à  Dein« 
d^tre  déchus  ledit  temps  passé,  du  privilège  de  nobieZ  LuVZ 
édit  et  arrêt  de  cejourd'huy  et  autres  précédents. 

Premièrement  : 

M*  Pierre  Audootn,  S'  de  la  Blanchardière.  conseiller  au  présidial 
qui  a  été  échevin  en  1649,  pour  jouir  de  la  conservation  de  sa  noi 
blesse,  suivant  ledit  édit  du  mois  de  mars  1667  et  arrêt  du  conseil 
payera  la  somme  de ... .  ' 

M»  Jacques  Audouin,  S' de  Lorme,  cy-devant  conseiller  et  asses- 
seur en  la  prévosté  d'Angers  et  qui  a  été  échevin  en  1649,  pour  jouir 
comme  dessus,  la  somme  de. . . . 


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96  CATALOGUE 

Les  enfants  de  François  Audouin^  S'  des  Ghastelliers,  qui  fut 
échevin  en  1646,  pour  jouir  comme  dessus,  la  somme  de. . . . 

W  Mené  Aveline,  cy-devant  trésorier  de  France  à  Tours,  demeu- 
rant à  Paris,  fils  puisnô  de  René  Aveline,  S'  de  la  Garenne,  qui  a 
exercé  la  charge  d^échevin  en  1624,  i)our  jouir. .... 

N.  Aveline,  trésorier  de  France  à  Tours  et  N.  Aveline,  S'  de  Blou, 
fils  dudit  Aveline  cy-devant,  trésorier  de  France  audit  Tours,  de- 
meurant audit  Tours,  pour. . . . 

Laurent  Aveline^  S'  de  Narcé,  qui  fut  échevin  en  1639  et  JV.  Aveline^ 
son  fils,  conseiller  au  présidial  d* Angers,  pour 

M*  Aàel  Avril,  S'  de  Louzil,  conseiller  au  présidial,  échevin  en 
1666,  pour  jouir 

M^  Jacques  Bblot,  S'  de  Marthou,  qui  a  été  échevin  en  1656  et 
Jacques  Beiot,  son  fils,  pour  jouir. . . . 

if •  N.  Bernard  et  N.  Bernard,  fils  de  If  •  Gabriel  Bernard,  S' de  la 
Hussaudière^  avocat  au  Parlement  de  Bretagn'),  qui  fut  échevin  en 
1638,  demeurant  à  Vannes,  payeront  pour  Jouir  comme  dessus^  la 
somme  de. . .  • 

M^  N.  Bernard^  demeurant  en  la  paroisse  de  Montejan,  El.  d* An- 
gers, fils  dudit  Bernard  de  la  Hussaudière,  pour. . . . 

if«  René  Berthelot,  qui  a  été  échevin  en  16(j4,  pour, ,  * , 

Gabriel  Blouin,  S' de  la  Vionnière,  qui  fût  échevin  en  1650,  pour. .  + . 

M\JRenè  Blouin,  S"  des  Coteaux,  t;on s ei lier  du  Ho>%  intendant  et 

commissaire  général  de  la  marine,  qui  a  été  échevin  en  10€2,  pouTi... 

René  Bluineau,  S'  de  la  Lande,  demeurant  hk  Saumur,  fils  de  Rmè 
Bluineau,  vivant  conseiller  au  présidial  d'Angers  et  qui  fut  échevin 
en  1633,  pour.... 

Jean  et  Anthoine  Bourceau,  fils  de  N.  Boureeau,  S^  de  la  Daumerle, 
vivant  conseiller  à  la  prévosté  d'Angers  ot  qui  fut  esche  vin  en  1654 
pour .... 


François  Boylesvb,  S'  de  Goismard,  conseiller  audit  présidial,  fils 
de  M»  René  Boylesve,  aussi  S'  de  Goismard  et  conseiller  audit 
présidial  qui  exerça  la  charge  de  maire  en  Itlis  comme  un  des 
anciens  échevins  pour 


\ 


\ 


DES   GENTILSHOMMES  d'aNJOU  97 

M»  Pierre  Brechier,  conseiller  au  présidial  d'Angers  qui  a  été 
échevinen  1654,  pour 

M«  Gilles  Le  Camus  qui  a  été  échevin  en  1525  pour — 
N.  Le  Camus^  fils  dudit  Gilles  pour 

M^  N.  Cercault,  S"^  de  la  Dusserie,  demeurant  à  St-Germain-des- 
Prés,  El.  d'Angers,  fils  de  M*  Philippe  Cercault,  vivant  avocat  au 
présidiab  d'Angers  et  qui  a  été  échevin  en  1642,  paiera  pour  jouir 
comme  dessus  la  somme  de 

Jean  Chantei.ou,  S""  de  Pontebize,  qui  fut  échevin  en  1660  pour 

M*  Joax^him  de  Chénédé,  S'  de  la  Plaine,  conseiller  au  présidial 
d'Angers,  qui  lut  maire  en  1660,  pour 

Louis  Ghéreau,  fils  de  Louis  Chereau,  qui  fut  aussi  échevin  en 
1613  pour ^ 

iV.  Chbsnaye  et  N,  Chesnaye,  frères,  fils  de  Maurice  Chesnaye^  qui 
fut  échevin  en  1610  pour 

M^  Pierre  Chévrier,  S'  de  Noyers,  receveur  des  consignations  du 
présidial  d'Angers  et  qui  a  été  échevin  en  1651,  pour 

!£•  N.  ChoTARD,  avocat  au  présidial  d'Angers,  fils  de  Jean  Chotard^ 

S»  du  Pin,  qui  fut  échevin  en  1604  pour 

Jean  Chotard,  S' de  la  Hardière,  qui  fut  échevin  en  1661.  pour  ..... 

N,  et  N,  Collas  et  iV^.  Collas,  fils  de  M*  Claude  Collas^  S' de  la  Cointerie, 
vivant  conseiller  à  la  prévosté  d'Angers  et  Echevin  en  1660  pour 

Hiérosme  CossÉ,  S' des  Grois  qui  fut  échevin  en  1660  pour 

Claude  Courvy,  S' de  Monac,  exempt  des  gardes  du  corps  du  Roy 
qui  a  été  maire  de  la  ville  en  1657  pour 

IP  Jacques  Davy,  S*"  de  Chiroz,  avocat  au  présidial  d'Angers  et 
échevin  en  1652  pour 

Nicolas  CupiF,  S'  de  Treildray,  conseiller  au  présidial  d'Angers  et 
assesseur  en  la  maréchaussée,  petit-fils  de  M*  Nicolas  Cupif,  S' des 
Hommeaux,  vivant  président  en  l'élection  d'Angers  et  échevin  en 
1614  pour  

M«  Simon  CupiU  avocat,  fils  de  M«  François  Cupif  pour 

T.   VI.   —  DOCUMENTS.   —   VI*  ANNÉE,   2*  LIV.  7 


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98  CATALOGUE 

M»  Jean  Eslib,  S' des  Roches,  conseiller  au  siège  de  la  prévosté 
d'Angers,  qui  a  été  maire  delà  ville  en  1659  pour 

M«  François  Eveillard,  président  à  la  prévosté  d'Angers,  fils  de 
M»  François  Eveillard^  S'  de  Pignerolle,  auisi  président  à  la  prévosté 
qui  fut  maire  en  1641,  pour 

M«  Pierre  Frain,  S'  du  Planty,  assesseur  de  l'élection  d'Ajigers, 

qui  fut  échevin  en  1636,  pour 

Jean  Frain  du  Tremblay,  aussi  échevin  en  1663  pour 

M.  N,  Frogier,  S''  de  Pontlevoy,  juge  des  traites,  fils  de  M«  Jean 
Frogier^  S'  de  Pontevoy,  enson  vivant  juge  des  traittes  et  échevin  en 
1625  pour 

M»  N.  Ganches,  conseiller  à  la  prévosté  d'Angers  fils fils 

de fils  aîné  de  Hyerosme  Ganches^  S*"  de  la  Jubaudière,  qui  fut 

échevin  en  1633  pour Pierre  Ganches^  S' de  la  Fourerie  et  Denis 

Oanc?ieSfS'  du  Hossay  fils  puîné  de  Hièrorme  Cranches,  S' de  la  Jubau- 
dière qui  fut  échevin  en  1633  pour 

M»  Laiirent  Gault,  S'  de  la  Saulnerie,  avocat  au  présidial  d'Angers 
qui  a  été  échevin  en  1645,  payera  avoc  Laurent  &%  JeanQault^es 
enfants  pour..... 

Louis  GiRAULT,  S^  du  Flessis,  demeurant  paroisse  de  NolUet,  KU 
d'Ani^ers,  qui  a  été  échevin  en  1647^  payera  pour * 

M«  -Y.  GounjiAU,  cy  dtivaot  conseiller  au  présidial  d'Anj^ers  fils  de 
Jacques  Goureau^  S'  de  la  Blanchardièrc,  aussi  conseiller  audit  prési- 
dial, qui  fut  échevin  de  ta  ville  d^Anj^^rs  en  16(X>  pour» .  - . 

M^  X  du  GiiAT,  maître  des  eaui  et  ioréts  d^Angers,  fils  de  Pierre 
du  Grai  qui  fut  échevin  en  1625,  pour 

M"  N,  et  y.  Orudé,  fils  de  M*  Guy  G  rude  vivant.  S"  de  la  Chesnaye 
assesseur  en  la  prévosté  d'Angers  et  échevin  en   1615  pour.  - . , , 

Jacques  GuiLBAULT,  S'  de  la  Grande-Maison  qui  a  été  échevin 
en  1(J58  pour.., . . 

M*  X  Hameun,  substitut  du  procureur  du  Koy  audit  présidial.flle 
de  M'  Pien^  Hamelin,  S''  de  Kichebour^^  vivant  avocat  au  présidiet.1 
d'Ancrer  s  et  échevin  en  UJ2:J  pour 

Mauriile  Hamelîn,  aussi  fils  dudit    S^  de  Richcbourg.  peur... 


DES  GENTILSHOMMES  d' ANJOU  99 

M«  François  Héard,  S'  de  Boissimon,  procureur  du  Roy  en  Té- 
lection  et  grenier  &  sel  d'Angers,  qui  a  été  échevin  en  1652,  et  René 
Séard,  Bl.  de  Boissimon,  son  fils,  conseiller  au  présidial  d'Angers 
pour... 

M^  Noël  Herberau,  S'  des  Ghemineaux,  président  au  grenier  à  sel 
d'Angers,  qui  a  été  échevin  en  1695  pour. . . 

N.  Serberau,  fils  du  S'  Herberau  de  Beauvais,  vivant,  valet  de 
chambre  du" Roy  et  qui  ftit  échevin  en  1654  pour. . . 

Ni  Herberau,  fils  de  Jacques  Herberau^  S'  des  Rousse,  qui  a  été 
échevin  en  1655  pour. . . 

Les  deux  fils  de  Yves  Hivbrt,  S'  de  la  Yallinière,  qui  fut  échevin 
en  1623  pour... 

W  Gabriel  Jouet,  fils  de  Gabriel  Jouet ^  S'  de  la  Saulaye,  procureur 
du  Roy  au  siège  présidial  d'Angers,  qui  ftit  conseiller  et  maire  en 
1629  pour... 

Jacques  Lasnier,  S'  de  Contigné,  fils  de  M«  Jacques  Lasnier^  S'  de 
Saint-Lambert,  vivant,  président  et  lieutenant  général  audit  prési- 
dial, et  maire  en  1639  pour. . . 

M®  N.  Marchand,  petit-fils  de  Pierre  Marchand^  vivant,  avocat 
et  échevin  en  1606  pour. . . 

M*  Philippe  Le  Marié,  Sénéchal  et  Gouverneur  de  Beaufort,  fils 
de  PierreLe  Marié,  S' delà  Noyraie,  qui  fût  échevin  en  1611  pour... 

N,  Le  Marié,  cy-devant  lieutenant  d»^ l'élection  d'Angers,  aussi 
fils  dudit  feu  PierreLe  Marié,  S'  de  la  Noirays  pour. . . 

M«  Nicolas  Martineau,  qui  ftit  maire  de  laditte  ville  d'Angers  en 
1617  pour. . . 

François  Martineau,  S' de  Prince,  aussi  fils  dudit  Nicolas  Marti- 
neau,  pour... 

François,  de  Méouyon,  S'  de  la  Houssaye,  qui  a  été  maire  de  ville 
en   1663  pour... 

Les  enfants  de  M*  Guillaume  Mbsnage,  vivant,  lieutenant  parti- 
culier au  présidial  d* Angers  et  maire  de  cette  ville  en  1650  pour. . . 
M«  Pierre  Mesnage,  avocat  du  Roy  au  siège  présidial  d'Angers,- fils 


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puisné  de  M*  Guillaume  Mesnage,  S'  de  la  Neonnaye,  vivant,  con- 
seiller au  présidial  et  échevin  en  1619  pour. . . 

M*  Estienne  du  Mesnil,  conseiller  et  avocat  du  Roy  au  présidial 
d*Angers,  fils  de  M.  du  Mesnil  qui  fut  échevin  en  1609  por. . . 

François  de  Moncblet,  S'  de  Beauchesne,  qui  a  été  échevin  en 
1657  pour... 

René  Morbau,  S'  du  Piessis-Raymoni,  qui  ftit  échevin  en  1659  et 
à  présent  conseiller  de  ville  pour. . . 

M«  Thomas  Neveu,  S'  de  Pouancé,  fils  de  Thomas  Nepveu,  S'  de 
Gaigné,  qui  exerça  la  charge  de  maire  en  1628  pour. . . 

Les  enfants  de  M*  François  PavunKEL,  vivant  avocat  et  fils  de 
M'  René  Paulmiâr^  S*  de  la...  qui  fat  échevin  en   16E9  pour. .  - 

M»  Pierre  Pai'KEaxj,  S'  de  Pégon,  conseiller  au  présidial  d'Angers 
cpii  fut  écbevin  en  1664,  pour, , , 

Henè  PÈCHERAL,  S' de  la  Roche  de  Gennes  qui  a  été  échevin  en 
1665  pour. p. 

Eenè  PérTEiLNiAU,  avocat  au  présidial  d'Angers  qui   a  été  échevin 
en  1665  pour,  << 

Christophe  du  Pineau,  flLs  do  M*  Gabriel  du  Pineau^  conseiller  au 
présidial  J 'Angers  qui  fut  maire  en  I63:i  pour* . . 

François  Pioldj,  S*  de  la  Groye  qui  a  été  ébevin  en  1666  pour.  • . 

M*  François  PorssoN,  S'  de  la  Chabossaye,  avocat  au  présidial 
d'Angers  qui  f\ii  écbevin  en  166]  pour- . . 

M*  Jean  Quetin^   avocat  au  présidial  d'Angers,  fils  de  Jacques 
Queiin,  S'  de  la  Plaine,  qui  fut  échevin  en  1633  pour 

M'  Nicolas  Rabier  ou  RuBiou,  S^  du  Pasty,  conseiller  à  la  prévosté 
d'Angers  qui  a  été  échevin  en  1664  pour.,  • . . 


Jacques  Richard,  S'  de  Segré,  qui  a  été  échevin  en  1650  pour. 


M<  Sèàostien  Roï^sseau,  controlleur  au  grenier  à  sel  d'Angers,  fils 
ie  M*  Sébastien  I^usseau,  vivant  controlleur  audit  grenier,  qui  fut 
éehêvin  en  1630  pour 


DBS  GENTILSHOMMES   d' ANJOU  101 

CUmde  de  Rote,  S' de  la  Brunetière,  qui  a  été  échevin  en  1659 
pour 

M*  Sébastien  Sérézin,  président  en  Télection  d'Angers,  qui  a  été 
maire  de  ville  en  1665  pour 

W  Mathieu  TmmÂS^  S' de  Jonchères,  avocat  au  présidial  d'Angers 
qui  fut  échevin  en  1646  pour 

Charles  du  Tabsiblibr,  S'  de  la  Yarenne  et  de  Ghauvigné,  con- 
seiller au  présidial,  et  qui  fut  échevin  en  1662  pour 

Jf*  N.  Yaltêrb,  S' de  Fendonnet,  avocat,  fils  de  Sébasùien  VaUère^ 
qui  fut  échevin  en  1640,  pour. . ... 

M^  Jean  Verdibr,  conseiller  au  présidial  d* Angers,  qui  a  été 
échevin  en  1648,  pour. . . . 

Arresté  au  conseil  royal  des  finances,  le  12  avril  1668,  signé  :  Louis, 
et  plus  bas  :  Vilîeroy^  d'Aîigre^  de  Seîve  et  Colbert, 

(Fm)  P.  DR  Farot. 


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Documents  inédits  sur  la  Normandie,  le  Maine  et  l'Anjou 


JUGEMENT 

DE  MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

PRONONCÉ    EN     1667  ^ 

PAR  L'INTENDANT  DE  LA  GÉNÉRALITÉ  D'ORLÉANS 
En  faveur  de  la  famille  de  Vauloger 

ANNOTÉ 

Par   René   du   LYS 


La  huictiesme  est  une  grosse  en  parchemin  d'un  exécutoire 
de  despens  décerné  audict  présidial  de  Chartres,  au  proffict 
de  damoiselle  Jbhannb  db  Vaullooer,  espouse  de  noble  Hbnrt 
Abot*,  escuîer^  seigneur  de  la  Me^elière,  de  dame  Annb  db 
VAOLoeEi^  espouse  de  messire  Gilles  db  Blavelle*,  chevalier, 
seigneur  du  lieu,  et  de  damoiselle  Bbnée  dr  Vauloger,  espouse 

*  D*uDe  des  meilleures  familles  du  Perche,  dont  une  branche  a 
donné  des  pages  du  Roi.  Armes  :  Ecartelé  aux  î  et  A  :  d'azur  à  une 
coquille  d'argent,  aux  2  et  3  :  d'argent^  à  un  arbre  arraché  de  st- 
nople  posé  en  bande. 

'  Lire  :  de  Blavette  ;  ancienne  famille  du  Perche,  où  elle  possédait 
la  baronnie  de  Gorron  ;  éteinte  depuis  longtemps,  elle  portait  :  dor  au 
eautoir  dazur. 


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JUGEMENT  DE    MAINTENUE  DE  NOBLESSE  103 

de  messire  Jacques  db  Thibsun%  escuïer,  seigneur  de  Villiers^ 
contre  la  dame  RadAgondb  de  Saingt  Bbrthbyin,  veufve  dudict 
messire  Louys  de  Vadlloqbr,  vivant  chambellan  du  feu  Roy 
de  Navarre,  en  la  quallité  de  gardienne  noble  de  Jehan, 
Jacques,  René,  Loutsb  et  Frauçotse,  les  Vauloqbb^  enffans  mi- 
neurs nays  d'elle  et  dudict  seigneur,  datte  du  treiziesme 
avril  1573,  signé  :  Noël,  au  dos  duquel  est  la  quittance  du 
payement  faict  auxdicts  sieurs  et  dames  de  la  Meselière,  de 
Blavelle  et  de  Villiers. 

La  neufviesme  est  une  grosse  en  parchemin  d'une  tran- 
saction passée,  le  dix  de  may  1576,  entre  laditte  dame  Rad6- 
gondb  de  Saingt  Bbrtbyin,  comme  aîant  la  garde  noble  de  ses 
enffans  mineurs,  et  lesdittes  Annb  et  Renée  de  Vaullooer, 
dames  de  Blavettb  et  db  Thieslin,  tant  en  leur  nom  propre 
Folio  ii,  recto  .  Signé  :  de  Maohault. 

qu'en  celluy  de  dame  Jehanme  de  Vaullooer,  leur  sœur  aisnée, 
veufve  du  sieur  de  la  Mezelière,  et  du  présent  relligieuse  au 
monastère  de  VAve  Maria  d'Alençon*,  au  subject  de  Thérittage 
de  feu  RBNé  de  Vaullooer,  leur  commun  ayeul,  de  laquelle  tran- 
saction, passée  devant  Martin  André,  clerc  tabellion  juré  soubz 
le  scel  de  la  viconté  de  Chasteauneuf,  appert  la  noblesse  des 
encestres  des  produisans. 

Item,  pour  j  ustiffîer,  par  les  dicts  sieurs  de  Vauloger,  de  la 
continuation  de  leur  noblesse  de  par  Jehan  de  Vauloger,  leur 
bizayeul,  filz  dudict  Louys  db  Vauloger,  leur  trizayeul,  pro- 
duisent dix  pièces,  touttes  cottées  par  I. 

La  première  est  un  contract  d'une  vente  faitte  par  noble 

*  Aliàs  :  de  Thieulin  ;  famille  noble,  d'ancienne  extraction,  répandue 
en  Basse-Normandie,  au  Maine  et  au  Perche.  Armes  :  d'azur  ou  de 
sable  à  six  gerbes  de  blé  d'or,  3,  2  «f  i. 

'  Monastère  fondé,  au  début  du  XVP  siècle,  par  Marguerite  de 
Lorraine,  duchesse  d'Alençon. 


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104  JUGEMENT   DE   MAINTENUE   DE    NOBLESSE 

homme  Louys  Thibergeau,  escu^er,  seigneur  de  la  Motte,  au 
profflct  de  noble  homme  Jean  de  Vauloobr,  escuïer,  seigneur  de 
Neufmanoir,  la  Corbière*,  Lyonné  et  aultres  lieux,  des  biens 
de  terre  y  contenus,  sois  en  la  parroisse  de  Danjé',  lequel 
contract  dressé  par  les  nottaires  de  la  chastellenie  de  Lisle', 
le  quatriesme  jour  de  juillet  1577,  montre  du  tiltre  d'escuïer 
pris  par  ledict  Jean  de  Vauloger. 

La  seconde  est  une  grosse  en  parchemin  des  donnations  y 
indicquées  faittes  par  messire  Jehan  de  Vologeb,  escuïer^  sei- 
gneur des  Neufmanoir  et 

Folio  ii,  verso, 
aultres  lieux,  à  honorable  homme  Jehan  de  Vauloqer*,  sieur  de 
la  Merrouzière*,  son  frère  bastard,  naydedamoiselle  Julienne 

*  Seigneurie  sise  en  la  paroisse  de  Moussonvilliers  (Orae,  arrondisse- 
ment de  Mortagne)  ;  possédée  ensuite  et  successivement  par  les  familles 
du  Pontavice,  de  Ghanu,  de  Houffigny,  de  Janzé  etc.  ;  elle  appartient 
actuellement  au  baron  de  Boissieu. 

'  Lire  :  Danzé. 

'  Dans  le  département  de  Loir-et-Cher. 

^  Ce  Jean  de  Y. ,  auteur  d'une  famille  Vauloger  ou  Vaulogé^  issue 
en  ligne  naturelle  de  l'ancienne  maison  de  Vauloger,  se  fit  protestant 
et  alla  se  fixera  Gondé-8ur-Noireau(Galvado8]yalorsun  des  principaux 
centresdela  religion  prétendue  réformée  en  Normandie.  Sa  postérité  parai  t 
avoir  formé  un  assez  grand  nombre  de  rameaux  dans  des  situations  di  " 
verses  ;  la  plupart  cependant  ont  figuré  avec  avantage  dans  la  haute  bour- 
geoisie de  Gondé  ;  beaucoup  de  ces  Vaulogé  sont  rentrés  dans  le  sein  de 
l'Église  catholique  au  dix-septième  siècle.  On  dit  qu'il  subsiste  encore 
des  représentants  de  cette  honorable  famille,  qui  a  compté  un  certain 
nombre  d'alliances  aristocratiques,  notamment  avec  les  Turgot,  de 
•Brossard,  du  Fay,  de  Grimoult,  Thomas,  de  Prépetit,  etc^  On  verra 
plus  loin  une  branche  légitime  des  sires  de  Vauloger  aller  à  son  tour 
se  fixer  à  Gondé-sur-Noireau,  où  elle  entretint  quelques  relalione  avec 
&es  parents  naturels  plusieurs  fois  apparentés  à  elle  aiors  en  ligne  fémi* 
nine  (notamment  par  les  Prépetît). 

'  Terre  située  dans  la  châtellenie  de  Gondé^fiur-Noireau. 


m 


DE  LA    P'AMILLE   DE   VAULOGKR  105 

de  Pilloys\  habittant  lorz  en  la  vicomte  de  Vire,  es  païs  de 
Normandie,  aveq  Marqubritb  Dofay',  son  espouse,  danz  les- 
quelles, passées  devant  Leballeur,  nottaireau  Manz,  le  vingt- 
deux  de  janvier  1580,  on  veoit  ledict  sieur  de  Neuf  manoir 
prendre  encores  la  qualité  d'escuïer. 

La  troiziesme  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract  du 
mariage  d'entre  noble  messire  Jean  de  Yolloger,  chevallier, 
seigneur  de  Danzé,  Neufmanoir',  Lyonné,  la  Corbière,  et 
aultres  fsicjy  ftlz  desdicts  feu  mes.nre  Louyb  de  Vaulooer,  che- 
vallier^ et  dame  Radèqonob  ub  Saingt-Bbrtevin  et  noble  damoi- 
selle  Gabrcellb  de  Gouvrs*,  fille  de  feu  haut  et  noble  seigneur 
messire  Jacques  de  Gouvis^,  vivant  seigneur  du  Plessys 
Vannier*,  gentilhomme  de  la  maison  du  Roy,  et  de  noble 

Famille  noble  du  Maine,  depuis  longtemps  éteinte. 
'  Lire  :  du  Fay;  il  s'agit  très  probablement  de  l'a  famille  des 
seigneurs  de  la  Sauvagère  et  de  la  Paumerie,  anoblie  en  1567,  mais 
dont  les  membres,  antérieurement  à  cette  date^  viTaient  noblement  et 
servaient  dans  des  compagnies  de  gentilshommes.  —  Armes  :  d'ar- 
gent à  Vaigle  éployée  de  gueules  {ou  de  sable),  au  chef  d'azur 
chargé  de  trois  besants  d'or. 

*  On  se  rappelle  que  le  seigneur  de  Neufmanoir  jouissait  du  droit 
de  haute  justice;  il  eemble  que  cette  seigneurie  ait  encore  donné  à  son 
possesseur  le  titre  de  patron  de  Danzé,  car  on  voit  les  Yauloger  plusieurs 
fois  qualifiés  seigneurs  de  cette  paroisse. 

*  Aliàs  :  de  Gouvix,  de  Gouis,  de  Gouy,  etc.  ;  antique  maison  de 
Normandie,  originaire  de  la  paroisse  de  ce  nom(Galvados),et  représentée 
aux  Croisades.  Elle  semble  éteinte  à  présent.  Armes  :  de  vair  plein. 

*  Marié  i**  à  Louise  Martel  ;  2"*  en  novembre  1555^  à  Mademoiselle 
de  Canon  ville,  ce  gentilhomme  était  fils  de  Jean  de  Gouvix,  seigneur 
de  la  Mare  et  du  Plessis-Vernîer,  qui  épousa,  en  1188,  Marie  de 
Roncherolles,  baronne  de  Gretot,  née  de  Pierre  III,  baron  de 
Roncherolles,  d'une  des  plus  grandes  maisons  de  Normandie  f  d'argent  à 
deux  fasces  de  gueules)  et  de  Marguerite  de  Gnàtillon,  d'une  des  plus 
grandes  maisons  de  France  {de  gueules  à  trois  pals  de  vair,  au  chef 
d'or). 

*  Lire  :  du  Plessis-Vernier. 


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106  JUGEMENT   DE   MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

dame  Jeanne  de  Canouville\  ledict  contract  accordé,  lo  neuf- 
viesme  de  décembre  1581,  devant  Cavelier  et  Lepetit,  tabel- 
lions en  la  vicomte  d'Hottot,  proche  Lizieux  en  Normandie*. 
La  quattriesme  est  une  recognoissance  passée  audict  Jean 
DE  Vadloser,  escuïer  seigneur  de  Neufmanoir^  par  Claude  Bou- 
racé,  laboureur  à  Danzé,  y  nommez  présens  les  tabellions  de 
la  chastellenie  de  Lisle 

Folio  iS,  recio    ,  .  Signé  ihe  Machaui.t. 

le  treize  de  marz  1584,  de  la  quantité  de  cinq  muids  de  grain 
de  rente  par  an,  et  de  dix  deniers  et  troiz  poulies  de  cens  par 
an,  par  lequel  justiffie  ledict  Jean  de  Vauloger  avoir  pris  en- 
cores  laditte  quallité  d'escuïer. 

Le  cinquiesme  est  un  contract  en  parchemin,  du  dix-neuf 
de  septembre  1588 ,  contenant  les  Ihots  et  partages  faîcts 
entre  noble  messire  Jean  de  Vauloger,  chevallier,  seigneur  de 
Neufmanoir  ;  noble  homme  Jacques  de  VAULoaBR,  escuïer^  sei- 
gneur de  Fontenoy  ;  noble  et  discrette  personne  maistre  René 
DE  Vauloger,  prestre  ;  noble  damoiselle  Louyse  de  Vaullooer,  es- 
pouze  de  noble  Claude  de  Vaucé',  escuïer,  seigneur  de  la  Gau- 

^  Aliàs  :  de  Canonville;  famille  fort  distinguée  en  Normandie,  à 
laquelle  appartenaient  les  comtes  de  Rafifetot,  et  dont  est  issue  la 
maison  de, Maleville;  —  les  de  Canonville  ont  été  représentés  aux 
croisades  et  admis  aux  honneurs  de  la  cour.  Armes  :  de  gueules  à  trois 
molpftes  déperon  dor. 

'  Lire  :  Hotot-en-Auge  (Calvados,  arrondissement  de  Pon?- 
TEvèque). 

'  Aliks  :  de  Vaussé;  cette  maison  distinguée  tirait(car  elle  est  éteinte) 
son  nom  et  son  origine  dé  la  paroisse  de  Vaucé  (Mayenne),  dont 
Philippe  de  Vaucé  était  seigneur  à  la  fin  du  XII*  siècle  et  en  1205.  — 
Armes  :  de  gueules  à  Vépée  d'argent  en  pal  accostée  de  deux  fleurs 
de  lys  de  même,  au  chef  dor  chargé  de  trois  annelets  d'azur,  — 
Mathurine  de  Vaucé,  dame  de  V.  et  de  Marcilly,  fille  de  Claude  de  V., 
et  de  Louise  de  Vauloger,  épousa,  en  1608,  Louis  de  Tascher^  écuyer, 
seigneur  de  la  Hallière  et  de  Boisgontier  (de  la  famille  des  ducs  de  la 
Pagerieà  laquelle  appartenait  l'impératrice  Joséphine)^  et  lui  porta, 
sans  doute  à  la  suite  d'un  retrait  lignager,  la  terre  de  Neufmanoir 
^ont  il  était  possesseur  en  1638. 


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DK   LA   FAMILLE  DE  VAULOGRR  107 

drière  ;  noble  dame  Prawçotsb  de  Vauloobr,  espouze  de  messire 
André  db  Bonvou8t\  seigneur  de  la  Mestrie,  chevallier  de  f  ordre 
du  Roy  y  et  noble  damoiselle  Marie  Guyot',  espouse  de  noble 
homme  Pierre  Boyer',  escuter,  seigneur  de  Saincte  Gene- 
viefve,  et  fille  unicque  et  hérittière  de  feue  [on  feux)  dame 
Radboonde  bb  YAULLoaBR,sœur  aisnée  des  dessubzdîcts,  espouse 
de  messire  Claude  Guyot*,  seigneur  des  Charmaulx,  conseiller 

*  D'une  famille  anciemie  et  bien  alliée  en  BasAe-Normandie,  an 
Maine  et  au  Perche.  —  Armes  :  d'argent  à  deux  fasces  d'azur  accom- 
pagnée de  six  merlettes  de  sable,  3,2  et  1. 

^  Famille  originaire  du  Berry,  représentée  ans  Croisades  et  admise 
aux  honneurs  de  la  cour  :  sa  filiation  est  établie  depuis  Pierre  Guyot, 
vivant  en  4  333^  dont  la  postérité  forma  les  branches  d'Asnières^  du 
Repaire  de  Charmeaux  (distinguée  dans  la  magistrature  Parisienne)  et 
du  Dognon.  Elle  subsiste  encore.  Armes  :  d'or  à  trois  perroquets  de 
sinople^  armés  et  becqués  de  gueules. 

^  Famille  originaire  de  la  ville  de  Carcassonne^  où  elle  était  im- 
portante dès  le  XY*  siècle,  et  venue  dans  TIle-de-France  à  la  suite 
d'une  alliance  avec  la  vieille  maison  parlementaire  des  de  Saint- André. 
LesBoyerse  sont  éteints  au  dix- septième  siècle. — Armes  :  Ecartelé,  aux 
let  kl  d'or  au  bœuf  passant  de  gueules,\qm  est  Boyer  ;  atcx  2  et  3: 
d'azur  à  la  tour  d'argent  surmontée  de  trois  étoiles  d'or,  qui  est 
de  Saint- André. 

*  Veuf  en  premières  noces  de  Marie  Fraguier  de  Vaulday,  de  famille 
parlementaire. 

L'arrière-petite-fille  de  Claude  Guyot  de  Charmeaux  et  de  Radegonde 
de  Vauloger,  Louise  Boyer,  dame  de  Ste-Geneviève  et  dame  d'atours 
d'Anne  d'Autriche,  ayant  épousé,  en  4645,  Anne,  duc  de  Noailles, 
pair  de  France,  lieutenant-général  des  armées  du  roi,  Ch'  de  ses  ordres, 
etc.,  fut  ainsi  Taïeule  de  la  séduisante  Sophie  de  Noailles,  laquelle, 
veuve  du  marquis  de  Pardaillan  de  Gondrin,  se  r*emaria,  l'an  1723, 
avec  Loui^'Alexandre  de  Bourbon,  comte  de  Toulouse,  duc  de 
Penthièvre,  etc.,  fils  naturel  de  Louis  XÏV,  prince  légitimé  de  France. 
Leur  fils  fut  le  vertueux  et  charitable  duc  de  Penthièvre,  et  leur  petite- 
fille,  Louise-Marie-Adélaïde  de  Bourbon  Penthièvre^  héritière  des 
biens  de  sa  maison,  par  la  mort  de  son  frère  le  prince  de  Lamballe, 


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108  JUGEMENT  DE   MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

du  Roy  et  son  Président  en  sa  cour  des  comptes^  de  la  suc- 
cession de  deflfuncte  dame  Radegonde  de  Sainct-Bertevin,  veufve 
de  feu  messire  Louys  de  Vaulooer,  leurs  père  el  mère,  ayeul  et 
ayeulle,  signé  :  Passe  [ou  Vasse),  tabellion  en  la  cour  de 
Sonnoys. 

La  sixiesme  est  une  lettre  escrite  sur  papier,  du  lieu 
d'Arqués  en  Normandie,  par  Sa  Majesté  Henry  IV%  roy  de 
France  et  de  Navarre,  à  M.  de  Neufmanoir,  le  huict  de  sep- 
tambre  1589,  luy  mandant  de  se  rendre  à  Arques  au  plus  tost 
dans  le  mesme  moys  et  d'inviter  touts  les  gentilshommes  ses 
parents  et  ses  voysins  à  s'y  rendre  aveq  luy  pour  combaltre 
les  ennemys  de  l'Estat;  signé  ;  Hen^y^ 
Folio  ilSt  'ûer^o. 

Les  sepliesme  et  huictiesme  sont  deux  con tracts  en  parche- 
min des  renonciations  fait  tes  par  damoyselle  Cathebïwb  Lb 
B£AUYoi8iEf4^p  veulVe  de  feu  Jacques   de  Vaullooeb,  escufer,  sei- 

devint,  ea  1769  Ja  femme  de  Louis- Philippe- Jo^eph^  duc  d'OrléRV\s. 
père  du  roi  Louise-Philippe^  Ainsi,  par  là,  toute  In  maison  de  Franc*- 
Orléans  et  divers  mernbreB  des  maiaons  de  Dragance-Porlugal: 
Danemarcît  ;  Saxe-Belgique  ;  Autriche  ;  Wurtemberg  ;  Brésil  ;  Saie- 
Cobourg-Goiha  ;  Bavière  et  Bourbon -Espagne  se  trouvent  issus  en  ligaê 
féminine  de  la  familte  de  Vauloger,  en  remontant  au  seizième  siècle. 

*  La  célèbre  bataille  d 'Arques  se  composa  d'une  suite  de  combaii. 
livrés  du  15  au  27  septembre  1539  ;  il  est  donc  probable  que  le  aire  de 
Neufmanoir  arriva  assez  à  temps  pour  prendre  part  à  quelques-an» 
d'entre  eux, 

^  Et  mieux  :  Le  Beauvoisinp  d'une  famille  de  Basse" Normandie  qui* 
depuis  Tan  1300^  n'a  cessé  de  tenir  un  rang  distingué  dans  cette  prù- 
\ince.  Armes  ;  de  sable  fretté  d'argent.  —  Catherine  Le  BeauToisin 
était  Elle  de  Guillaume  Le  B.,  baron  de  Courtoraer,  marié  à  Cathenne 
do  Montbron,  laquelle  était  issue  d'une  puissante  maisond'ADgoumQif 
éteinte  depuis  le  dii -huitième  siècle  [Ecartelé  aux  J  ef  4,  fascé  d'ar- 
gent et  d'azur  au.v  2  et  3  de  gueules}^  et  avait  pour  père  et  pourtnè" 
RenédeMontbroD,  baron  d'Avoir  et  de  Ghampeaux,  et  Louise  de  â&iate- 
Maure-Jonxac,  des  ducs  de  Montausier  (d'ar^enf  A  la  f&tce  de çueulti) 


gneur  de  Pontenoy,  laditte  dame  [sic)  aïant  donné  procura- 
tion à  hault  et  noble  Françoys  Le  Beauvoisien,  baron  de 
Courtaumer*,  son  frère,  et  aussy  par  vénérable  et  circonspect 
messire  René  de  Vjlvlloqevl,  prebstre,  curé  de  Marsilly,  de  leufs 
droictz  sur  la  succession  dudict  defTnnct  seigneur  de  Font- 
tenoy,  leur  espoux  et  frère,  au  profflct  de  messire  Jehaw  de 
Vaullooer,  chevallier,  seigneur  de  Neufmanoir^  Lyonne,  la 
Corbière,  frère  aisné  ;  lesdicts  contracts  passez,  le  cinq  de 
novambre  1597,  devant  Macé  Chauvin,  nottaire  à  la  Perte 
Arnauld  dict  le  Vidasme',  faict  (sic)  veoir  ledict  Jehan  de 
Vauloger  encores  aveq  la  qualité  de  chevallier. 

La  neufviesme  est  une  ordonance  en  papier,  en  datte  du 
quatre  demarzdel'an  1599^  rendue  par  MM.  Boucher  d'Orçay, 
Blanchard  et  Regnault,  commissaires  députez  par  le  Roy 
pour  le  régalement  des  tailles  en  la  généralité  d'Orléans,  en 
faveur  de  noble  Jehan  de  Vaulloobr,  chevallier,  seigneur  de 
Neufmanoir  et  aultres  lieux,  sur  preuves  de  noblesse  par  lut/ 
faictes  depuiz  Thibault  de  Vaulloobb,  vivant  quallifié  cheval- 
lier fan  1445,  par  laquelle  ordonance,  signée  Lemoyne, 
greffier,  se  trouve 

Folio  12  y  recto.  Signé  :  db  SIachault. 

complètement  establie  la  noblesse  des  produisans  (sic), 

La  dixiesme  est  une  lettre  missive  en  papier,dattée  de  Paris, 
du  dix-septiesme  jour  de  juin  .1602,  par  laquelle  Sa  Majesté 
Henry  IV',  roy  de  France  et  de  Navarre,  mande  à  M.  de  Neuf- 
manoir, gentilhomme  )yrdj/naire  de  sa  chambre,  qu'il  l'avoit 
choisi  et  eslu  pour  estre  associé  de  tordre  de  Sainct  Michel, 
pour  ses  vertus,  vaillance  et  mérites  et  pour  les  services  qu'il 
lut/  avoit  rendus  au  faict  de  ses  guerres,  et  mesmement,  en 
la  pénultiesme  année,  au  faict  de  sa  guerre  contre  le  duc 
de  Savoye.  Signé  :  Henry,  et  plus  bas  :  de  Laubespine. 

*  Lire  :  Gourtomer  (Orne). 

*  Lire  :  la  Ferté-Vidame  (Eure-eULoir). 


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110  JUGEMENT   DE   MAINTENUS   DE   NOBLESSE 

IiBM,  pour  justiffler  par  lesdicts  sieurs  de  Vaulloger,  es- 
cuîerSy  de  la  continuation  de  leur  noblesse  prise  par  feu 
Jacques  de  Yaullooeb,  leur  ayeul,  filz  dudict  Jehan  db  Vaulloger^ 
leur  bizayeul^  produisent  onze  pièces,  touttes  cottées  par  K . . . 

Lapremière  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract  de 
mariage  d*entre  messire  Jacques  de  Vaulooeb,  esctdery  seigneur 
de  Ponttenoy,  filz  de  feu  haûlt  et  puiçant  seigneur  Jbai» 
DE  Vaulooeb,  seigneur  chastelain  de  Champrond*,  Neuf  manoir, 

*  Ghamproad  en  Gatine  (Eure-et-Loir,  arrondissement  de  Nogent^le« 
Rotrou).  Voici  comment  Jean  do  Vauloger  devint  seigneur  de  cet  im- 
portant domaine  :  le  20  octobre  1575,  Henri,  roi  de  Navarre,  le  futur 
Henri  IV,  avait  constitué  au  profit  de  Marie  de  Saint-Clair,  veuve  d'O- 
ger  de  la  Rose,  une  rente  de  252  ecus,  moyennant  une  somme  de 
3,000  écus  à  lui  prêtés  par  ladite  dame.  Le  5  février  1578,  il  constitua 
à  la  même  une  nouvelle  rente  de  55  écus,  3  sols,  4  deniers,  moyennant 
un  prêt  de  666  écus  2/3.  Les  arrérages  furent  payés  à  Marie  de  Saint- 
Clair  jusqu'en  1586,  mais,  à  partir  de  cette  époque,  elle  ne  reçut  plas 
rien.  Le  12  juin  1 595,  elle  abandonna  tous  ses  àfo\t&  à  :  1*  Jean  de  Fau> 
loger  et  à  Gabrielle  de  Gouvis,  sa  femme;  2*  Isaac,  Abraham,  Phi- 
lippe, Jeanne  et  Elisabeth  de  Bouju,  enfants  du  sieur  de  Marigny  ; 
3**  Marie  Leseq,  veuve  de  Pierre  de  la  Maugère,  sieur  de  Saint-Jacques; 
4*  Pierre  de  Saint-Clair,  s'  du  Verger  ;  5*  Ancelot  de  Régnier,  s' de  la 
Rose  ;  6^  Gilles  de  Maillet,  s'  de  Bias  et  à  Anne  du  Bois^  sa  femme; 
7^  Marguerite  du  Bois,  veuve  de  René  de  Caladieu,s'  de  Montauban.  — 
Jean  de  Vauloger  acquit  les  droits  d' Ancelot  de  Régnier,  le  5  août  1597, 
de  Gilles  de  Maillet,  le  2  avril  1598,  de  Marguerite  du  Bois,  le  3  mars 
1600.  Il  se  fit  aussi  nommer  procureur  des  autres,  et  alors  il  se  pré- 
senta devant  les  membres  du  conseil  privé  de  Henri  IV,  demandant  que 
pour  le  remboursement  des  deux  rentes  et  des  arrérages  s'élevant  depuis 
quinze  ans  à  4086  écus,  45  sols,  3  deniers,  on  lui  abandonn&t  la  terre 
de  Champrond  en  Gàline.  Le  conseil  accéda  à  cette  demande,  et  Tacte 
d'abandon  en  fut  passé  à  Paris,  le  47  mai  1600.  Le  20  mai  suivant. 
Henri  IV,  par  lettres  patentes,  confirma  cet  abandon.  Enfin,  le  l**  avril 
1608,  par  acte  passé  à  Paris,  le  Roi  remboursa  à  François  de  Châlons 
écuyer,  seigneur  de  Bue,  comme  ayant,  épousé  en  secondes  noces  (voir 
ci  après)  Gabrielle  de  Gouvis,  ireuve  de  Jean  de  Vauloger,  le  prix  de 


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,DE   LA.   FAMILLE   DE   VAULOGER  111 

Danzié,  la  Corbière  et  Ponttenoy,  gentilhomme  ordynaire  de 
la  Chambre  du  Roy,  chevalier  de  son  ordre  et  de  hautte  et 
puiçante  dame  Gabribllb  de  Ctouyy^  et  hautte  et  puiçante  da- 
moyselle  Marthe  de  Vauloqer,  sa  cousine ^  fille  de  feu   haut  et 

noble  seigneur  Jacques  de 

Folio  i3,  verso. 
Vauloqer*,    chevalier^    seigneur    du    lieu,   de   Ghampaigné, 

Taliénatioa  de  la  seigneurie  de  Ghamprond,  prix  payé  des  deniers  de 
cette  dame.  Ce  fut  ainsi  que  Ghamprond  revint  à  la  couronne  (ce  qui 
précède  est  analysé  dans  Tacte  du  1*'  avril  1608,  déposé  aux  Archives 
d'Eure-et-Loir,  série  E,  n*»  19). 

^  Fils  de  René  I  de  V.  et  de  Hai^uerite  du  Authier,  comme  il  a 
été  dit  précédemment,  Jacques  I  de  Vauloger,  Gh'',  S*'  de  V.,  Gham- 
pagné^  Bier^  Mirsou,  Fromantinières,  la  Pierre,  la  Petite-Bussonnière, 
etc.  y  eut  une  vie  assez  courte.  Il  épousa,  par  contrat  du  8  septembre 
4584,  Charlotte  de  Lavardin,  dont  il  eut  :  i^  Jacques  II  de  V.,  Gh«', 
,  S*'  des  mômes  lieux,  qui  vendit  Champagne  aux  de  Daillon  du  Lude, 
vers  1612,  et  mourut  sans  alliance,  vers  1617  ;  avec  lui  s'éteignit  la 
branche  aînée  de  sa  maison  ;  2^  Françoise  de  V.,  mariée  par  contrat 
du  24  août  1604,  à  haut  et  puissant  seigneur  François  II  de  Jussac, 
Gh*',  Si'  de  la  Morinière,  Moncorps,  Lestang,  Ris,  RiUy,  etc. ,  Gh*'  de 
l'ordre  du  Roi,  capitaine  d'une  compagnie  de  100  hommes  d'armes  de 
ses  ordonnances,  auquel  elle  apporta,  en  1617^  outre  la  Petite  Busson- 
nière,  Fromantinières,  la  Pierre,  etc.,  le  domaine  de  Vauloger.  Ce 
domaine  passa,  vers  1643,  à  la  famille  de  Vahais  on  Vahaye  (d'azur 
au  soleil  d'or  de  douze  rayons),  bonne  noblesse,  dite  depuis  de  Yau- 
logé-Yahais,  qui  a  donné  un  page  du  Roi  au  siècle  dernier  et  qui 
conserva  ce  lieu  jusqu'à  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  époque  où  elle 
s  éteignis  L'héritière  de  Vaulogé  (orthographe  actuelle)  fut  M"*  de  la 
Corbière,  mariée,  en  1777,  à  M.  Picot  dePontaubrayj  gentilhomme 
d'ancienne  extraction,  d'origine  bretonne  (d'or  au  chevron  d'azur  ac- 
compagné de  trois  falots  d'argent  allumés  de  gueules,  au  chef  de 
même),  dont  le  fils  a  été  créé  vicomte  de  Vaulogé,  par  ordonnance  du 
22  mars  4  827,  établissant  un  majorât  sur  la  terre  de  ce  nom  (voir  dans  le 
Dictionnaire  delà  Barthe,  par  Pesche,  tome  n,  p.  288, 289,  une  descrip- 
tion du  château  de  Vaulogé  en  Fercé); —  3*  Marthe  de  V, ,  mariée,  comme 
il  est  dit  plus  haut/ à  son  cousin  Jacques  de  V.  de  la  branche  cadette. 


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112  JUGEMENT  DE  MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

Bier',  Mirsou  et  Promantinières,  et  de  hautteet  puiçante  dame 
GhablottedbLaverdin',  lequel  con tract. dressé,  aprez  dispenses 
de  Rome',  le  deux  de  septembre  1607,  devant  Batiste  Roullet, 
.  nottaire  au  Manz,  prouve  de  la  quallité  d'escuïer  prise  par 
ledict  feu  Jacques  de  Vauloger. 

Le  deuxiesme  est  un  con  tract  en  parchemin  de  la  vente 
faitte  par  messire  Françoys  Salmon,  seigneur  de  Marson  et 
de  la  Pertière,  au  profflct  de  messire  Jacqdbs  de  Vaulloqer,  sei- 

*  On  n'a  pu  déoouvrir  la  situation  géographique  exacte  du  fief  ainsi 
appelé. 

^Lire  :  Lavardin.  —  Charlotte  de  Lavardin,  —  qui  s'était  remariée, 
en  Ih93,  à  Gilbert  de  Préaulx,  Gh*'  de  l'ordre  du  Roi,  conseiller  en 
ses  conseils,  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre,  sous-gouverneur 
de  Louis  XIII,  gouverneur  du  duc  d*Orléans,  etc.,  —  était  fille  de  haut  et 
puissant  S''  Antoine  Hector  de  Lavardin  Gh*',Sgi'deL.,  Ranay,  Bouessé, 
et  de  beaucoup  d'autres  lieux,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du 
Roi,  Gh''  de  son  ordre,  et  de   Marthe  de  Souvré,  sœur  de  Gilles  de 
Souvré,  marquis  de  Gourtanvaux,  maréchal  de  France,  Gh*'  des  ordres 
du  Roi,  gouverneur  de  Touraine^  etc.  Elle  appartenait  à  une  illustre 
maison  de  Yendômois,  éteinte  en  sa  personne  (du  moins  dans  la  branche 
aînée),  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  lesBeaumanoir-Lavardin.  Ceux 
dont  il  est  question  ici  étaient  issus  en  lign<^  directe  et  masculine  des 
anciens  comtes  souverains  de  Vendôme,  ce  que  le  P.  Anselme  a  com- 
plètement ignoré.  Armes  :  de  gueules  à  trois  fleurs  de  lys  d'or  (voir 
une  généalogie  de  cette  maison  publiée  dans  le  Bulletin  de  la,  Société 
archéologique  du  Vendômois,  année  <888). 

'  La  parenté  entre  les  deux  époux  existait  effectivement  des  deux  côtés. 
Du  côté  paternel,  ils  étaient  cousins  au  12*  degré  au  point  de  vue  civil 
et  au  6*  au  point  de  vue  canonique  ;  du  côté  maternel,  ils  l'étaient  au 
4  0*  degré  ou  au  5*  ;  en  effet,  on  se  rappelle  que  Gabrielle  de  Goavis 
avait  pour  grand'môre  une  demoiselle  de  Roncherolles,  or  Charlotte  de 
Lavardin  était  arrière-petite-fille  de  Louis  II  de  Lavardin,  commis- 
saire général  de  la  gendarmerie  de  France,  marié  à  Charlotte  du 
Bec  de  Vardes,  fille  d'une  autre  demoiselle  de  Roncherolles,  sœur  de 
la  dame  de  Gouvis. 


DE    LA   FAMILLE   DE   VAULOGER  1I3 

gneur  de  Fonttenay  et  de  Mirson,  gentilhomme  ordynaire  de 
M**  Cœsar^  duc  de  Vandosme^  des  biens  de  Maucouveil  et  de 
Moquprolle,  scis  en  la  paroisse  de  Marson*,  danz  lequel  con- 
tract,  accordé  devant  Thomas  Roger,  nottaire  au  Manz,  le 
le  vingt-et-un  de  may  1613,  ledict  feu  Jacques  de  Vauloger 
paroist  encores  tiltré^noblement. 

La  troyziesme  est  une  grosse  en  parchemin  du  partage 
accordé  entre  messire  Jacqjes  de  Vauloqbr,  chevallier^  seigneur 
de  Pontenay,  Bies'  et  Mirsou,  gentilhomme  ordynaire  de 
M^  le  duc  de  Vendosmoys  ;  noble  Henry  de  Vaulooeb,  escmer, 
sieur  de  la  Corbière  ;   noble  dame  Jacqueline  db  Vauloqer,  es- 

pouse  de  messire  Todssaincts 

Folio  14^  recto.  Signé  :  os   Maghault. 

de  Sabrevoys',  chevallier,  seigneur  de  Sermouville,  et  noble 
damoiselle  JEBKtitkE  de  Vaulogbr,  espouse  de  noble  homme  Jbhan 
de  Beauvays*,  escuïer,  sieur  de  la  Chapelle,  eux  portans  forts 
des  damoiselles  Gabriellb  Er  Renée  de  Yaulooer,  Tune  et  l'aultre 
religieuses  de  Tordre  des  Ursulines,  deshéritlagesprovenans 
de  la  succession  de  feue  haulte  et  noble  dame  Oabrielle  de  Gouvis, 
leur  mère,  veufve  de  feu  haut  et  piiiçant  Jehan  de  Vaulloqer, 
leur  père,  espouse  en  secondes  nopces  du  sieur  de  Bue,  lequel 
partage,  passé  en  présence  de  Lallier,  notaire  de  la  cour  de 

'  Lite  :  Marçon  (Sarthe,  arrondissement  de  Saint-Galais). 

'  Lire  :  Bier;  cette  terre  et  celle  de  Mirsou,  apportées  par  Marthe  de 
Vaologer  à  son  époux,  ne  restèrent  pas  très  longtemps  en  sa  possession. 

'  Lire  :  de  Babrevois  :  famille  qui  tenait  un  rang  distingué  en 
Beauce  dès  le  milieu  du  treizième  siècle  ;  elle  a  formé  de  nombreux 
rameaux  répandus  en  Basse-Normandie,  au  Perche,  en  Orléanais,  dans 
l'Ile-de-France,  etc.  Armes  :  d'argent  à  la  fasce  de  gueules  accom- 
pagné de  six  roses  de  même,  trois  en  chef  et  trois  en  pointe, 

^  Lire  :  de  Beau  vais.  Il  y  a  eu  plusieurs  familles  de  ce  nom  en  Basse- 
Normandie,  au  Maine  et  au  Perche,  mais  il  est  à  peu  près  certain  que 
le  sieur  de  la  Ghapelle  appartenait  à  la  maison  de  Beauvais  de  Sdnt- 
Paul,connue  depuis  les  temps  féodaux.  —  Armes  :  d'azur  h  trois  fasces 
d'or. 

T.    VI.   —  DOCUMENTS.    —   VI*  ANNÉE,   2*  LIV.  8 


114  JUGEMENT   DE   MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

Sonnoys,  le  trente  de  novambre  1616  et  de  luy  signé,  appert 
de  la  noblesse  des  sieurs  de  Vaulloger. 

La  quatriesme  est  une  grosse  en  parchemin  d'un  contract 
dressé,  le  vingt-quatre  de  novambre  1618,  parles  tabellions 
de  Bèlesme*,  pour  le  mariage  de  messire  Hbnby  db  Vauloobr, 
chevallier^  seigneur  de  Lysle  en  Vendosmoys',  aveq  hautte 
et  noble  damoyselle  Françoysb  de  VALL6B^  fille  de  haut  et  pui- 
sant [sic)  seigneur  messire  Pierre  de  Vallée''^  baron  de  Pé- 
cheré*,  chevallier  de  l'ordre  du  Roy  et  de  hautte  et  puiçanle 

*  Lire  :  Bcllême  (Orne). 

'  Lire  :  L'isle  ou  Lisle.  Les  terres  aiasi  déaonimées  étant  assez 
nombreuses  en  Veudômois,  on  ne  peut  actuellement  préciser  de  laquelle 
il  s'agit.  Peut-être  est-ce  de  celle  que  possédait  Jean  de  Saintré, 
époux  de  Marguerite  de  Yauloger,  en  1558  (??}.  Entre  toutes  les  sei- 
gneuries de  ce  nom  qu'on  remarquait  dans  la  région  de  Vendéme,  la 
plus  importante  était  la  châtellenie  de  Lisle  (aujourd'hui  commune  du 
département  de  Loir-ei-Gher,  arrondissement  de  Vendéme»  canton  de 
Morée)  avec  haute,  moyenne  et  basse  justice.  Au  dire  de  M.  l'abbé 
Métais,  curé  de  Saint-Rimay  (Loir-et-Cher),  un  des  membres  les  plus 
érudits  de  la  Société  archéologique  du  Vendômois,  cette  ch&tellenie 
fut  achetée,  au  quatorzième  siècle,  par  les  abbés  de  Vendôme,  qui  y 
possédaient  un  prieuré  ;  on  a  un  certain  nombre  de  baux  de  ce  domaine 
à  différentes  familles,  mais  avec  de  grandes  lacunes  ;  il  ne  serait  donc 
pas  impossible  que  les  Vauloger  eussent  affermé  celui-là  môme. 

'  De  Vallée:  famille  ancienne  au  Maine  et  fort  probablement  éteinte, 
qui  compte  plusieurs  alliances  avec  les  Montmorency.  Armes  :  d'azur 
au  lion  d'argent^  armé  de  sable  et  lampassé  de  gueules.  On  doit 
sans  doute  rattacher  à  la  môme  souche  la  famille  des  marquis  de  Vallée 
qui  paraît  dès  le  seizième  siècle  en  Saintonge,  où  elle  subsiste  encore 
Armes  :  de  sable  au  lian  dor^  couronné  de  ynéme,  armé  et  lampassé 
de  gueules, 

*  Baron  de  Pescheray,  S«'  de  Pacé  et  de  Saint-Hilaire,  châtelain  du 
Goudray  et  du  Breil,  capitaine  de  la  ville  de  Chartres,  fils  de  Jean, 
QP  de  Pace  et  de  Marie  Le  Vayer. 

"  Lire  :  Pescheray. 


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dame  Louyse  de  Montmonmcy\  lequel  contract  fust  passé  en 
présence  dudict  me5S2>tf  Jacques  db  Vaulooeb,  y  mentionné  c/ie- 
vallier,  seigneur  de  Fontenay,    Mirsou,   le  Maucouveil    et 

aultres  lieux,  gentilhomme  ordinaire  de ; . . 

Folio  i4,  verso. 

M^' le  duc  de  Vendosme  et  officier  aux  r/ardes  françoises^, 
frère  aisné  de  Tespoux. 

Le  cinquiesme  est  un  contract  en  parchemin  de  la  vente 
faitte  par  noble  Jacques  de  Mylesan',  esouïer,  seigneur 
d'Ourthes  et  de  la  Ribochère,  au  profflctUe  messire  Jacques  db 
V^LrooER,  chevalier^  seigneur  de  Fontenay  et  de  Mirson, 
officier  dans  les  gardes  françoyses  et  gentilhomme  de  A/«'  de 
Vendosme,  du  fief  de  laMartinière  aveq  touttes  ses  apparte- 
nances et  deppendances  es  parroisses  de  La  Ghartre*et  Mar- 
son,  duquel  contract,  passé,  le  quatorze  d'avril  1623,  devant 
Martin  Genetay^  nottaire  à  La  Chartre,  appert  la  qualité  de 
chevalier  encores  prise  par  ledict  feu  Jacques  de  Vauloger. 

'  Fille  de  Pierre  de  Montmoreacy ,  marquis  de  Thury ,  comte  de 
GhâleauTillain,  baroa  de  Fosseux,  chevalier  de  l'ordre  da  Hoi,  geatil- 
homme  ordinaire  de  sa  Chambre,  capitaine  de  cinquante  hommes 
d'armes  de  ses  ordonnances,  el  de  Jacqueline  d'Avaugour  (d'une  des 
grandes  maisons  de  Bretagne,  d'argent  au  chef  de  gueules),  —  On 
sait  que,  sous  l'ancienne  monarchie,  les  Rohan  étaient  considérés 
comme  la  première  maison  de  la  noblesse  de  France  pour  la  grandeur 
de  leur  origine  (ducs  de  Bretagne)  et  les  Montmorency  comme  la  pre- 
mière pour  l'éclat  des  services.  Henri  IV  disait  :  «  Si  je  n'étais 
Bourbon,  je  voudrais  ôtre  Montmorency.  »  ~  Armes  :  d'or  à  la  croix 
de  gueules  cantonnées  de  seize  alérions  d'azur.  — On  verra  plus 
loin,  par  des  actes  des  12  décembre  1642  et  5  février  1656,  qu'il  naquit 
deux  enfants  de  l'alliance  Vauloger- Vallée. 

'  Ce  régiment,  célèbre  par  sa  valeur,  fut  créé  par  Charles  IX  en 
1^63  ;  il  recrutait  ses  officiers  dans  \t[  meilleure  noblesse. 

'  Aliks  :  Millessan  ;  famille  qui  semble  éteinte  depuis  plus  de  deux 
siècles. 

*  La€hartre'8ur-le-Loir^  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de 
Baint'Galais  (Sarthe), 


116  JUGEMENT   DE   MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

Le  sixiesme  est  un  brevet  en  papier  en  datte  du  douze 
d'aoust  1625,  selon  lequel  i/.  de  Fonttenay  Vauloqer  fust  faict 
capitaine  au  régiment  des  gardes  françoiseSy  signé  :  Lodys  et 
par  le  Roy  :  le  duc  d'Espernon,  signé  :  Richelieu. 

Laseph'csmeestune  quittance  en  papier  consentie^  le  vingt- 
neuf  de  décembre  1631,  ^^t  noble  Pierre  de  Barvillb*,  escuïer, 
sieur  du  Moullin,  en  faveur  de  messire  Jacques  de  Vaulloger, 
chevalier,  capitaine  aux  gardes  françaises  pour  la  dot  consti- 
tuée par  ledict  Jacques  à  la  damoiselle  Anne  de  VAULoaER,  sa 
fllle,  espouse  dudict  sieur  du  Moullin. 

La  huictiesme  est  une  autre  quittance  en  papier  consentie, 
le  cinq 

Folio  '15,  recto.  Signé:  de  Machault. 

de  may  1634,  par  M.  de  la  Fresdonnière  de  Goustancbs',  escuïer, 
en  faveur  de  me55ir^  Jacques  DE  Vaulooer,  chevallier,  seigneur 
de  Ponttenoy,  de  la  Martinière  et  de  la  Borde',  capitaine 
aux  gardes  Françaises,  pour  la  somme  composant  la  dol  ac- 
cordée par  ledict  seigneur  de  Fontenoy  à  noble  damoiselle 
Françoysb  de  Vaulogbr,   sa  fille,  mariée,  l'an  précédent,  audict 

Ml  y  a  eu  au  Perche  deux  familles  de  ce  nom,  Tune  et  l'autre  d'an- 
cienne  extraction  et  issues  d'une  souche  commune.  La  première,  des 
sires  de  Nocey,  portait  :  d'or  au  sautoir  de  gueula,  accompagné  de 
quatre  lionceaux  de  sable,  —  La  deuxième,  des  sires  de  Saint-Ger- 
main, portait  :  d'argent  à  deux  bandes  de  gueules»  —  On  né  sait 
à  laquelle  appartenait  Pierre  de  Barville. 

'  Lire  :  de  Goutances  ou  de  Goutasce  ;  famille  fort  distinguée,  ré- 
pandue au  Maiue,  en  Touraine,  eu.  Veudômois  et  en  Bretagne,  connue 
depuis  Tan  1230,  et  représentée  aux  Groisades.  —  On  la  croit  éteinte. 
—  Armes  :  d'azur  à  deux  fasces  d'argent  bordées  de  sable  et  accom- 
pagnées de  trois  besants  d'or,  2  et  î. 

'  Les  terres  du  nom  de  la  Borde  ne  manquant  pas  dans  cette 
région,  on  ne  peut  rien  préciser  au  sujet  de  celle-ci,  qu'on  croit  toute- 
fois être  celle  de  la  commune  de  Beaumont-la-Ghartre  (8arthe,  arron- 
dissement de  Saint*Galais). 


DE    LA   FAMILLE   DE     VAULOOER  li7 

seigneur  de  la  Fresdonnière,  par  où  Ton  veoit  la  noblesse 
dudict  feu  Jacques  de  Vauloger*. 

Le  neufviesme  est  un  acte  en  papier  accordé  à  messire 
Jacques  de  Vaulloqbb,  chevallier  y  seigneur  de  Fontenoy,  et  à  ses 
enffans,  de  la  représentation  de  leurs  tiltres  de  noblesse,  par  or- 
donance  de  messire  Jean  d'Estampes,  chevallier,  seigneur 
de  Valençey,  conseiller  d'Estat,  intendant  de  Touraine,  et 
Hierosme  de  Bragelongne,  conseiller  de  la  Cour  des  Aydes 
de  Paris,  commissaires  généraulx  députez  pour  le  Roy  pour 
le  régalement  des  tailles  en  la  généralité  de  Tours',  en  datte 
du  vingt  de  marz  1635,  par  où  s'establit  entièrement  la  no- 
blesse desdicts  produisans. 

La  dixiesme  est  un  certifflcat  en  papier  en  date  du  dix- 
neuf  d'octobre  1640,  délivré  par  le  comte  de  Grammont, 
colonel  du  régiment  des  gardes  françoyses,  et  de  luy  signé,  à 
M.  de  Fontenoy  Vaulooer,  gentilhomme  du  !  Mat/ne^  portant 

qu'il  se  distingua  par  sa  valeur  au  siège 

Folio  i5,  verso. 
de  la  Rochelle,  dans  les  guerres  du  Mantouan,  de  Flandres 
et  aultres,  par  lequel  tiltre  de  gentilhomme  paroist  la  no- 
blesse dudict  feu  Jacques  de  Vauloger. 

Vonziesme  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract  de 

*  Du  mariage  de  Jacques  et  de  Marthe  de  Vauloger  paraissent  eûcor® 
être  provenus  les  deux  personnages  suivants  appartenant  à  cette 
maison  :  l*  Jean  de  Vauloger^  8*'  de  Fontenay,  chanoine  de  Chartres, 
prieur  de  la  Bourdinière  et  de  Hosny,  aumônier  du  Roi,  protonotaire 
du  Saint-Siège  apostolique,  fait  chevalier  de  Saint-Michel  en  1657  et 
confirmé  en  1665  (Statuts  de  l'ordre  de  Saint-Michel,  imprimerie 
Royale,  1735,  p.  304  et  33!);  —  2*  Madeleine  de  V.,  marraine  à 
Saint-Symphorien  (Sarthe),  le  30  juin  1645,  de  René  d*Ândigné  ;  dé- 
cédée à  Marçon,  le  21  décembre  1649,  sans  alliance. 

L'acte  du  partage  de  la  succession  de  Jacques  de  V.,  n'existaat  pas, 
on  ne  sait  quel  fut,  au  juste,  le  nombre  de  ses  enfants. 

*  Cette  généralité  comprenait  l'Anjou  et  le  Maine,  c'est  pourquoi 
les  Vauloger  en  ressortaient. 


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118       JUGEMENT  DE  MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

mariage  d'entre  rioble  homme  Louys  de  Coubsillon*  escuïer,  sei- 
gneur de  Debout,  et  noble  damoyselle  Jeanne  de  Vadlloqeb, 
fille  de  feu  messire  Henry  de  Vaulloqeh,  chevallier j  seigneur  de 
Lisle,  et  de  dame  Fbançoyîb  de  Vallée,  lequel  contract  fus! 
passé,  le  douze  de  décembre  1642,  par  Julien  Couette,  not- 
taire  au  Chasteau  du  Loir',  en  présence  dudict  feu  messire 
Jacques  de  Vaulogbr,  y  qualliffîé  chevallier,  seigneur  de  Fon- 
tenoy,  la  Martinière  et  aultres  lieux. 

Item^  pour  par  lesdictz  sieurs  de  Vauloger  justiffler  de  la 
qualité  d'escuïer  de  feu  Tocssaîncts  de  Vauloqer,  leur  père, 
escuîer,  sieur  de  Lisle,  la  Martinière,  le  Guast,  la  Ribochère 
et  aultres  lieux,  qui  esioit  enfant  dudict  feu  Jacques  de  Vauloger, 
leurayeuly  produisent  huict  pièces  touttes  cottées  parmesme 
lettre  L... 

La  première  est  une  grosse  en  parchemin  du  contract  de 
mariage  de  noble  Toussaints  de  Vaullooer,  escuîer,  sieur  de 
Maucouviel ,  fllz  desdicts  messire  Jacques  de  Vaulloûbr  , 
chevalier,  et  îeuedame  Marte  de  Vauloqer,  et  noble  damoyselle 
Mathurine  de  Villeroy',  fllle  de  feu  noble  seigneur  Ambroise  de. 
Folio  iôj  recto  Signé  :  db  Macbault. 

VUleroy,  chevallier,  vivant  baron   de  Brizemont*  et  de  feue 

*  Lire  :  de  Gourcilloa,  de  la  famille  du  célèbre  Philippe  de  Cour-  . 
cillon^  marquis  de  Dangeau,  auteur  d*uQ  journal  curieux  et  membre  de 
r Académie  française,  marié  à  une  princesse  de  Bavière,  —  laquelle 
famille  était,quoi  qu'en  ait  prétendu  Saint-Simon,  une  des  plus  anciennes 
et  des  mieux  alliées  de  l'Anjou.  —  Armes:  d*argent  à  la  bande 
fuselée  de  gueules  au  lion  d'azur  à  senestre. 

'  Chef-lieu  de  canton  du  département  de  la  Sarthe. 

'  Lire  :  de  Villeray,  famille  originaire  du  Perche  (seigneurie  de 
Villeray  à  Gondeau,  Orne),  où  elle  était  puissante  dès  Tan  1050  ;  elle  a 
donné  plusieurs  chevaliers  croisés  et  parait  éteinte  depuis  le  siècle 
dernier.  Armes  :  d*argent  à  neuf  merlettes  de  sable  3,  3  el  3, 

"  Lire  :  Brigemont  ;  cette  terre  ne  paraît  pas  avoir  été  réellement 
une  baronnie.  Ambroise  de  Villeray  était  fils  de  Jean  de  Vileray  et 
d' Avoye  de  Nollent,  d'une  fort  ancienne  maison  normande  (d'argent  k 
une  fleur  de  lys  accompagnée  de 3  roses  de  même). 


DE   LA   FAMILLE    DE   VAULOOER  119 

noble  dame  Geneviefve  Masquerel*  représentez  par  messire 
Anthoyne  Masquerez  chevallier,  seigneur  d'Hermauville', 
oncle  et  gardien  noble  de  laditet,  duquel  contract,  passé,  le 
vingt-deux  d'avril  1630,  par  devant  Percheron,  nottaire,  et  de 
luy  signé,  appert  la  qualité  d'escuïer  prise  par  ledict  feu 
Toussainct  de  Vauloger. 

La  seconde  est  un  contract  en  parchemin  passé,  le  neuf- 
viesme  jour  de  may  1633,  devant  Martin  Genetay,  notaire 
à  La  Chartre,  de  l'acquisition  faitte  par  noble  Toussaint  de 
Vauloqbr,  escuïer,  sieur  du  Haucouveil  et  de  Moquerolle,  sur 
messire  Jacques  de  Malherbe,  escuïer,  seigneur  de  Poillé, 
d*un  bien  dict  le  Pré  Hardy,  scis  en  la  parroisse  de  Marson, 
danz  lequel  ledict  Toussaincts  de  Vauloger  prend  encores  la 
qualité  d'escuïer. 

Le  troysiesme  est  un  adveu  en  parchemin  rendu  à  noble  da- 
moyselle  Mathlrine  de  Vilieev,  espouse  de  messire  Toossaiwts 
DE  Vauloger,  escuïer,  siêur  de  Maucouveil  et  de  la  Martinière, 
comme  aïant  pour  ce  procuration  de  Monsieur  son  mary, 
rettenu  par  Sa  Majesté  pour  le  service  du  ban  et  arrière 
ban,  par  ses  vassaulx  y  desnommez  de  la  parroisse  de  la 
Chartre,  pour  les  rentes  y  mentionnées,  duquel  adveu  signé  : 
Cornier  et  datte  du  dix-sept  d*aoust  1635  appert  la  qualité. . . 

Folio  16,  verso, 

d'escuïer  donnée  audict  feu  Toussaint  de  Vauloger. 

*  Et  miauz  :  de  Masquerel  (a,lik%  Makarel);  cette  famille^  qui  se  pré- 
tendait originaire  d'Angleterre,  apparaît  en  Normandie  dès  le  onzième 
siècle  ;  elle  a  donné  aussi  des  chevaliers  croisés.  Elle  semble  avoir  pris 
fin  avant  1759.  —  Armes  :  d'argent  à  la  fasce  d'azur  diaprée  d'or 
accompagnée  de  3  roses  de  gueules^  ^  et  1 . 

'  Frère  delà  dame  de  Villeray,  et  fils  d'Antoine  III  de   Masquerel, 
Ch*',  S*'  d'Hermanville,  marié,  en  157 1 .  à  Marguerite  de  Ghabannes  la 
Palice  (de  gueules  au  lion  d'hermines  couronné  d'or],  laquelle  avait 
pour  mère  Catherine  de  la  Rochefoucauld  [burelé  d'argent  et  d'azur 
à  trois  chevrons  de  gueules  brochants,  le  premier  écimé.) 
'  Lire  :  Hermanville. 


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120  JUGEMENT    DE   MAINTENUE    DE   NOBLESSE 

Le  quatriesme  est  un  contracl  de  lavante  l'aitte  par  messire 
de  Vabres,  escuïer,  seigneur  de  la  Ville  et  de  Moncontour,  au 
proffict  de  noble  Toussaints  di  Vauloobr,  escuïer j  seigneur  de  la 
Martinière  et  de  Maucouveil,  du  flef  du  Guast,  scis  en  la 
parroisse  de  Ruilly  sur  le  Loir*,  avoq  touttes  ses  appendances 
etdeppendances,  lequel  contract  passé,  le  dix-neufviesme  de 
juin  i639,  devant  Boudet,  notaire  au  Ghasteau  du  Loir,prouve 
de  la  qualité  d'escuïer  tousjours  prise  par  ledict  feu  Tous- 
sainct  de  Vaulloger. 

La  cinquiesme  est  une  grosse  en  parchemin  d'un  adveu 
rendu,  le  trente  de  novambre  1643,à  messire  Tous^Aifm^B  Vaol- 
LoaE»,  escuïer,  seigneur  de  la  Martinière,  du  Guast,  de  la 
Borde,  de  Maucouveil  et  aultres  lieux,  par  ses  tenanciers  y 
desnommez,  pour  cause  des  biens  y  mentionnez  deppendans 
de  laditte  seigneurie  de  la  Martinière,  signé  :  Cornebuix. 

Le  sixiesme  est  un  aultre  adveu  aussy  en  parchemin,  datte 
du  vingt-deuxiesme  jour  de  may  1649,  rendu  à  messire  Tous- 
SAiifCT  DE  Vauloobr,  escuïer,  seigneur  de  la  Martinière,  du  Guast 
et  de  la  Borde,  comme  hérittier  de  feu  messire  Jacques  de 
Millessan,  vivant  escuïer,  seigneur  de  la  Ribochère,  parles... 

Folio  i7,  recto.  Signé  :  db  Maceuult. 

personnes  y  desnommées  pour  raison  des  biens  dépendans 
de  laditte  seigneurie  de  la  Ribochère,  en  la  parroisse  de  La 
Chartre,  signé  :  Lebert,  par  lesquels  adveux  paroist  la  no- 
blesse dudict  feu  Toussainct  de  Vaulloger. 

La  septiesme  est  une  grosse  en  parchemin  d'une  transac- 
tion accordée,  le  cinq  de  febvrier  1656,  entre  noble  homme 
TousiAiNTs  DE  Vauloqbr,  escuïcr,  seigneur  du  Guast  et  de  La 
Martinière,  et  messire  Louys  db  Goursillon,  veuf  de  damoyselle 

*  Lire  :  Raillé  sur  Loir  (Sarthe,  arr.  de  Saint-Calais.)  Cette  paroisse, 
où  les  Vauloger  8'étaieat  fixés  ea  1667,  dépendait  du  Veadômois,  et 
de  la  généralité  d'Orléans,  c'est  pourquoi  le  présent  jugement  de 
maintenue  fut  rendu  par  l'intendant  de  cette  généralité  et  non  par 
celui  de  Tours. 


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Gôôgk 


Jbhannb  de  Vaulooer,  au  subject  des  biens  composant  la  succes- 
sion de  laditte  damoyselle  ainsy  que  celle  de  feu  noble  Oqbr  de 
Vaulooer,  son  frère,  vivant  esciiïery  sieur  de  Liste,  mousquet- 
taire  du  Roy  y  laquelle  transaction,  passée  devant  René  Ro- 
chebouôt,  notfaire  royal  à  La  Chartre,et  de  luy  signée^montre 
de  la  noblesse  dudict  feu  Toussaint  de  Vauloger. 

La  huktiesme  et  dernière  est  le  testament  en  parchemin 
dudict  feu  messire  Toussaints  de  Vaulooer,  escuïer^  seigneur  de 
Lisle,  la  Ribochère,  le  Guast,  la  Martinière,  Maucouveil,  Mo- 
querolle  et  aultres  lieux,  lequel,  dressé  le  trente  d'avril  1661, 
devant  ledict  Rochebouôt,  notaire,  prouve  de  la  qualité  d'es- 
cuïer  tousjours  prise  par  ledict  feu  seigneur*. 

Item,  pjur pareillement  faire  cognoistre  de  la  qualité 

Folio  i  7,  terso. 

descuters  prise  par  lesdicts  sieurs  de  Lisle  ^  de  la  Borde  et  de  la 
Ribochère^  filz  dudict  feu  Tgussaints  de  Vaulooer,  produisanSj 
laquelle  ils  peuvent  valablement  continuer  et  les  en/fans  issus 
d'eux,  produisent  neuf  pièces  cottées  ensemble  par  mesme 
lettre...  M. 

La  première  est  le  contract  de  mariage  d'entre  ledict  René  de 
Vaulooer',  du  présent  sieur  de  Liste,  escuïer,  mousquettaire  de 
Sa  Majesté,  fllz  desdicts  messire  Toussaihts  de  Vaulooer  et  feue 
Mathurine  de  Vilroy,  et  noble  damoiselle  Maodelaine  de  Gaultier'  , 

•  Décédé  le  2  avril  1662. 

'  Baptisé  à  laChartre,  le  15  juin  1634. 

'  Aliàs  :  sans  la  particule  de  ;  cette  famille  de  Basse-Normandie  et 
du  Maine,  coQQue  depuis  Guillaume  Gautier  et  Philippe  Gautier,écuyers, 
vivants  en  1419  et  1452,  ayant,  par  suite  de  revers  de  fortune,  dérogé 
à  la  noblesse;  y  fut  rétablie  en  1553.  Ses  deux  branches  les  plus 
brillantes,  celles  des  S«"  de  Ghiffreville  et  celle  des  88"  du  Tilleul,  ont 
contracté  des  alliances  avec  les  du  Plessis-Ghâtillon,  de  Vauquelin  de 
la  Fresnaye,  Le  Tonnelier  de  Breteuil-Charmeauz,  O'Brien  de  Thomoad, 
de  Proulay-Tessé,  de  Ghoiseul-Praslin,  de  Léttoncourt,  de  Fumel,  etc. 
Celle  des  Si"  de  Saint  Basile  subsiste  encore.  —  Armes  :  de  gueules  à 
2a  crotx  ancrée  d'argent  f reliée  en  cœur  de  sable  el  cantonnée  au 
i*'  canlon  d'un  croissant  d'argenL 


122  JUGEMENT   DE  MAINTENUE   DE   NOBLESSE 

fille  de  messire  Charles  Gaultier\  escuïer,  seigneur 
de  Montréal  et  de  Cheffreville^,  et  de  dame  Magdelaine  Du- 
plessys  de  Chastillon^,  passé  devant  Pavet.  tabellion  juré  à 
Presney-le-Viconte*,  le  quatorze  de  janvier  1659,  signé  du- 
dict  notaire  enffln  de  la  grosse  estant  en  parchemin,  par  le- 
quel il  a  pris  la  qualité  d'escuier*. 

Le  $eco7id  est  un  extraict  battistaire  en  papier  des  registres 
de  la  paroisse  de  Chahagnes",  signé  du  sieur  curé  dudict 
lieu,  du  batesme  de  noble  René  Vauloqbr',  fllz  de  messire  René 

*  Fils  de  Jacques  G.,  vicomte  d'Argentan,  et  de  Marie  de  Cordouan, 
dont  la  mère  était  une  Beaumanoir,  Charles  de  6.  fut  gentilhomme 
ordinaire  de  la  chambre  du  duc  d'Orléans,  frère  de  Louis  XIII. 

'  Lire  :  Montreuil  et  Ghiffreyille. 

'  Lire  :  du  Plessis-Gh&tillon.  On  trouve,  dans  le  dictionnaire  de 
la  Ghesnaye  des  Bois  (t.  XI),  la  généalogie  de  cette  illustre  maison, 
connue  en  Touraine  dès  le  début  du  onzième  siècle,  représentée  aux 
croisades,  admise  aux  honneurs  de  la  cour  et  récemment  éteinte  dans 
celle  de  Durfprt.  —  Armes  :  d-argent  à  trois  qxnnte feuilles  de 
gueules, 

*  Lire  :  Presnay-le-Vicomte,  aujourd'hui  Fresnay-sur-Sarthe,  chef- 
lieu  de  canton  de  Tarrondissement  de  Mamers  (Sarthe). 

*  René  de  Vauloger,  3*  du  nom,  chevalier,  s''  de  Lisle,  et  de  la  Mar- 
tinière,  puis  du  Guast  (voir  ci-après),  dit  le  comte  de  Lisle,  mourut 
le  24  août  1685. 

*  Lire  :  Ghahaignes  (Barthe,  arrondissement  de  Saint-Galais). 
^René  IV  de  Vauloger,  Gh«',  S«'  de  Lisle,  Le  Guast,  Maucouveil, 

etc.,  comte  de  Vauloger  de  Lisle,  suivit  la  carrière  militaire.  Il  était 
officier  au  régiment  de  Normandie  (infanterie),  le  i*'  février  1694,  jour 
où  il  fut  fait  chevalier  de  l'ordre  royal  etmilitairede  Saint- Louis  (Hist, 
de  Vordre  de  Saint-Louis,  par  Mazas,  tome  i,  p.  130).  Sorti  du  ser- 
vice à  la  paix  de  1697,  il  y  rentra  lors  de  la  reprise  de  la  guerre  et  ser- 
vait comme  capitaine-commandant  au  régiment  de  Flandre  (infanterie), 
lorsqu'il  fut  tué  à  l'attaque  de  Guerbignano,en  17U5  (ff  ts^  de  rancienne 
infanterie  française,  par  Suzane,  tomeiv,  p.  24).  Il  avait  épousé,  par 
contrat  du  12  juin  1686,  devant  Jean  Gouhier,  notaire  à  Sceaux  (Sarthe, 


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DE   LÀ   FAMILLE  DE   VAULOGBR  123 

DB  Vaulooer,  escuHer,  mousquettaire  du  Roy,  et  de  damoiselle 
Maqdblbine  de  Gaultier,  en  •datte  de  l'onziesme  jour  de^no- 
vambre   1659. 

Le  troyziesme  est  un  autre  extraict  battistaire,  aussy  en  pa- 
pier, tiré  de  l'église  parroissiale  de  Marson,  et  signé  du  sieur 

curé  de  laditte  église, 

Folio  Î8y  recto  Signé  :  db  S^chault. 

en  datte  du  cinq  de  septembre  1661,  de  Mathorine  db  Vadloobr  , 
flUe  née  du  mariage  de  noble  Rewé  Vaulocbr,  escuîer,  sieur  de 
la  Martinière,  et  de  dame  Macdeleine  Gaultier,  danz  lesquels 
actes  ledict  René  de  Vauloger  a  continué  à  prendre  laditte 
qualité  d'escuïer*. 

arrondissement'  de  Marnera),  Françoise-Marie-Marthe  de  Jupilles, 
fille  de  Christophe  de  J.^  Ch*%  (famille  représentée  aux  Croisades  : 
parti  emmanché  d'hermines  et  de  gueules),  et  de  Marie  de  Goué  (fa- 
mille aussi  représentée  aux  Croisades  :  d'or  au  lion  de  gueules^  sur- 
monté d'une  fleur  de  lys  d'azur).  De  ce  mariage,  vint  une  fille  unique 
Jeanne-Marguerite  de  Vauloger  de  Lisle,  mariée,  par  contrat  du 
!•' octobre  1715,  devant  Marin  Ghaillou,  notaire  à  Montreuil-le-Henri 
(Sarthe,  arrondissement  de  Mamers),  à  Louis  ou  Léon,  comte  d7ii£ers, 
officier  au  régiment  de  Flandre,  d'une  des  plus  illustres  maisons  de  la 
Beauce  {d*or  à  six  annelets  de  gueules,  3,  2  et  i),  —  Ainsi  s  éteignit 
la  seconde  branche  de  la  famille  de  Vauloger. 

*  Mariée,  par  contrat  du  30  juin  1683,  devant  Vie;  notaire  à  Sougé, 
à  messire  Guillaume  deBerziau,  écuyer.  S»""  de  la  Haye,  d'une  noble 
famille  d'origine  normande,  qui  porte  :  d'azur  à  trois  trèfles  d'or, 
2  eti. 

*  René  III  de  Vauloger  et  Madeleine  de  Gautier,  paraissent  avoir  eu 
une  autre  fille,  savoir  :  Genemève-Anne  de  Vauloger,  femme  de 
René  Peschard,  £%  S'  des  Rouaudières,  (famille  d'ancienne  extraction, 
originaire  de  Bretagne  :  de  gueules  à  une  bande  d*or,  chargée  de  4 
roses  d'azur  et  accompagnée  de  4  chats-huants  d'argent),  avec  lequel 
elle  fonda,  vers  le  début  du  dix-huitième  siè:^le,  les  collèges  de  Che- 
miré-le-Gaudin  et  de  Maigné  (Sarthe).  (Voir  la  Géographie  ancienne 
du  diocèse  du  Mans,  par  Cauvin,  p.  239  et  240). 

L'acte  de  partage  de  la  succession  de  René  III  de  Vauloger  n'exis- 
tant pas,  on  ne  sait  pas  quel  fut,  au  juste,  le  nombre  de  ses  enfants 


124        JUGEMENT  DE  MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

La  quatriesme  est  un  acte  en  papier  des  arrangemens  pris 
au  subject  du  partage  faict  soub^  signatures  privées  entre 
lui/  ;  noble  Françoys  de  Vauloqbr,  escuier  ;  damoiselle  Jacqueline 
DE  Vauloqbr,  espouse  de  noble  René  Desghellbs*,  escuîer,  sieur 
du  Pastis  ;  damoiselle  Masdelbinb  de  Vaulo«eh,  espouse  de  noble 
Robert  de  Goortoux',  escuïer,  sieur  de  la  Gaignerie,  et  damoi- 
selle SusANB  DE  Vadlogkr*,  SCS  frère  et  sœurs,  comme  se  faisans 
forts  de  Jean  de  Vaulooer,  escuïer,  autre  frère,  officier  danz  le^ 
gardes  de  la  Reyne  mère  de  Sa  Majesté^  et  de  Looyse  de  Val- 
LOQER,  autre  sœur,  religieuse  à  Bloys*,  datte  du  vingt-troiz 
d'avril  1662,  de  touts  les  biens  et  effects  délaissez  par  ledicl 
T0D8SAINCT  DE  Vaulooer,  escuïer^  leur  père,  et  de  (sic)  laditte 
A^ftxxnci^  damoiselle  Mathurinr  de  Villeray,  leur,  mère,  danz 

lequel  acte • 

Folio  i8,  verso, 
ils  onttoutç  continué  à  prendre  les  tiltres  de  noblesse. 

*  Aliks  :  d'Eschelles  :  famille  du  Vendômois,  représentée  aux  Croi- 
sades et  sans  doute  éteinte.  —  Armes  :  de  gueules  k  3  fasces  d* argent. 

^  Une  des  bonnes  noblesses  du  Mainn  et  du  Vendômois,  qui  semble 
éteinte.  —  Armes  :  d'argent  à  la  fasce  d'or,  à  la  bordure  dentelée  de 
sable,  accompagnée  de  3  roses  de  gueules,  2  et  i. 

'  Mariée,  fort  peu  après,  à  Abraham  Fourré  ou  Fourrey,  E',  s'  de 
Beaupré,  geutilbomme  normand,  de  famille  anoblie  en  1494,  qui  fut 
parrain  d'Abraham  de  Vauloger,  son  neveu,  et  qui  portait  :  écartelé 
aux  1  et  4  d'or  k  Vaigle  éployée  de  gueules  ;  aux  2  et  3  dfi  gueules 
à  3  chevrons  renversés  d'argent.  (Voir  la ^ecAerc/ie  de  la  noblesse 
faite  en  Î666  et  années  suivantes,  dans  la  généralité  de  Caen,  par 
l'intendant  Ghamillart.  Appendice  complémentaire  et  rectificatif, 
Caen,  Delesques,  1889,  pages  21,  56,  etc.) 

*  De  Toussaint  de  Vauloger  et  de  Mathurine  de  Villeray,  était 
encore  née  ;  Françoise  de  Vauloger,  morte  avant  1662,  sans  en- 
fants de  Louis  Couvey,  E',  S*"  de  Glatigny,  gentilhomme  de  vieille 
race  normande  établi  au  Maine,  qu'elle  avait  épousé  avant  1658,  et  qui 
portait  :  d'azur  au  chevron  d'or  accompagné  de  3  quintefeuilles  de 
même.  (Môme  ouvrage,  même  Appendice,  p.  10). 


DE   LA   FAMILLE   DE  TAULOGER  125 

Le  cinqtiiesme  est  un  eschange  en  parchemin  entre  noble 
Rbnê  de  Vaulocibr,  escuïer,  sieur  de  Lisle  et  de  la  Martinière, 
et  noble  Françoyi»  ob  Vaulogeb,  escuier,  sieur  de  la  Borde  et  du 
Guast,  frères,  du  bien  de  la  Martinière,  en  la  parroisse  de  La 
Chartre,  contre  le  bien  du  Gast^  scis  en  la  parroisse  de  Ruil- 
ly,  par  lequel  eschange,  accordé,  le  quatorze  de  may  1662, 
devant  Guestier,  notaire  à  Sougé\  lesdicts  sieurs  de  Lisle  et 
de  la  Borde  ont  encores  pris  la  quallité  d*escuïers. 

La  sixiesfne  esl  un  extraict  en  papier  des  registres  des  ba- 
tesmes  de  la  parroisse  de  Ruilly  sur  le  Loyr,  du  batesme  d*A- 
BRAHAM  Vauloqer^  fllz  duàict  noble  René,  escuier^  sieur  de  Lille  i 

*  Sougé  (Loir-et-Cher^  arrondissement  de  Vendôme). 

^  Abraham  de  Vauloger  (4662-1743)  fut  l'autear  de  deux  branches, 
dont  la  seule  qui  subsiste  est  l'unique  représentante  de  la  maison  de  Vau- 
loger.  Voici  sur  ce  personnage  et  sur  sa  descendance  quelques  détails 
empruntés  aux  sources  suivantes  :  d^abord  trois  documents  qui  vont  être 
cités  plus  loin;  puis,  les  anciens  registres  paroissiaux  de  Gondé-sur-Noi- 
reau  (Calvados)  et  de  quelques  communes  endronnantes,  notamment  : 
Saint-Pierre  du  Regard^Berjou,Fres'nes(Orne),8aint-Oermain-du-Crioult 
(Calvados)  etc.  ;  —  de  nombreux  papiers,  titres,  contrats  et  notes  de 
famille,  et  en  particulier  un  grand  jugement  de  maintenue  de  nobleeee 
et  de  rectification  d'actes  de  Tétat-civil,  prononcé,  le  29  décembre  1887, 
par  le  tribunal  de  première  instance  de  Vire  pour  la  rectification 
du  nom  de  la  famille  de  Vauloger  altéré  et  tronqué  pendant  la  Ré- 
volution, etc.,  etc.  —  Abrahann  de  VsLuloger^  écuyer,  s'  du;  Hamel 
et  de  Beaupré,  passa  en  Basse- Normandie,  vers  1685  ou  1686,  pour 
recueillir  i'béritage  de  Suzanne  de  V.,  sa  tante,  veuve  et  héritière  pour 
partie  d'Abraham  Fourré,  S**  de  Beaupré,  décédée  le  14  mars  1686. 
Cette  dame  laissait,  par  testament  du  2  mars  précédent,  tous  ses  biens, 
et  notamment  le  fief  de  Beaupré,  à  son  neveu,  qui,  inconnu  dans 
la  région  où  il  venait  habiter,  fut  taxé  pour  payer  le  droit  de 
francs  fiefs  dû  par  les  bourgeois  possesseurs  de  terres  nobles.  Mais  il 
produisit  ses  titres  établissant  sa  qualité  de  gentilhomme^  spécialement 
le  présent  jugement  de  1 667,  et  obtint  dès  lors  un  arrêt  de  reconnais- 
sance de  sa  qualité  de  noble  d'ancienne  race  et  extraction^  le 
déchargeant  de  toute  taxe,  que  les  commissaires  des  francs  fiefs  du 


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126        JUGEMENT  DE  MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

et  du  Guat,  et  de  damoiselle  Maqoelaine  de  Gautier,  son  espouse, 

duché  de  Normandie  randireat  à  Rouen,  le  23  novembre  4686  (Voir  le 
texte  de  cet  arrôt  dans  V Appendice  déjà  indiqué  de  la.  Recherche  de 
2a  noblesse  dé  la  généralité  de  C&en,  p.  55  à  57).  Puis,  pour  couper 
court  à  toute  autre  contestation  de  ce  genre,  il  se  fit  délivrer,  le  17  août 
1687,  par  M.  de  Gourgue,  intendant  à  li  généralité  de  Gaen,  un  certi- 
ficat contenant  l'analyse  sommaire  (filiation  seulement)  du  jugement  de 
4  667,  et  où  il  est  déclaré  gentilhomme  de  bon  lignage   et  de  très 
ancienne  extraction  (voir  le  texte  de  ce  certificat  dans  V Appendice 
à  laRec/ierc/ie  de  la  noblesse  de  la  généralité  de  Caen,  p.  57  à  60.  — 
On  y  a  seulement  imprimé  par  erreur  la  date  de  \  697  qui  est  fausse 
au  lieu  de  celle  de  1687  qui  est  exacte).  Abraham  do  Y.   habitait  alors 
le  comté  de  Mortain  et  prit  part,  en  1688,   comme  brigadier  dans  la 
compagnie  de  M.  de  Barenton,  au  service  du  ban  et  arrière-ban  de    la 
noblesse  de  cette  région  [Annuaire  de  TOrne  pour  1869;  partie  histo- 
rique, page  35  et  36).   Il  se  fixa  peu  à  près  à  Condé-sur-Noireau   (où 
Ton  se  rappelle  qu'habitait  une  branche  illégitime  de  sa  famille  ;  — - 
Voir  ci-avant  la  note  mise  en  tête  de   l'acte   du  22  janvier  1580)  — 
par  suite  de  son  mariage  contracté,  le   9  octobre  1692,  avec  Anne^ 
Jeanne  de  Prépetit,  fille  de  Pierre  de  Pr,  E',  8«'  de  Saint-Pierre, 
lieutenant-général  au  bailliage  de  Gondé-sur-Noireau  fde  sinople  à  la 
fasce  d'or  accompagnée  de  3  merlettes  de  même  2  et  î),  et  d'Anne 
d'Amphernet,  d'une  des  premières  familles  de  la  province  (de  sable  à 
Vaigle  d'argent),  —  Après  la  mort  de  cette  dame,  il  se  remaria,  par  con- 
trat du  40  janvier  1695,  avec  Marie  Boutry  duParc  {d'azur à  la  croix 
d'argent  cantonnée  de  12  étoiles  de  même,  3  dans  chaque  canton), 
fille  de  noble  Phiilippe  B.  du  P.  et  de  dame  Marie  Jouvin  des  Logos, 
d'une  ancienne  noblesse  tombée  en  dérogeance,  à  la  fin  du  XVI*  siècle, 
et  ranobiie  par  charges  au  XVII*. — Dupremier  lit,  vinrent  1  *  Jean  VII 
de  V.  de  B.,  qui  suit  ;  2*  Renée  de  Vauloger,  qui  épousa,  par  contrat 
du  3  janvier  1 71 2,  Louis  de  Clinchamp  d*Anisy,  E',  monsqueUire  du 
Roi;  veuve  en  1715,  elle  se  remaria,  par  contrat  du  13   août  4718,  à 
Jacques  du  Rozel  de  la  Grésilière,  E',  aussi  mousquetaire  du  Roi,  et 
mourut  sans  enfants  en  1737.  —  Du  second  lit  naquirent  notamment  : 
4®  Nicolas  de   Vauloger,  E',   S'  du  Manoir,  garde  du  corps  du  Roi, 
marié,  en  1725,  à  Marie  Leconte  de  Grandval;  son  fils,  Louts  de  V., 


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en  datte  du  huict  de  septembre  1662,  et   signé  du  sieur  curé 
dudict  Ruilly, 

dit  M.  du  Manoir  yota^  en  1789^  ayec  la  noblesse  de  Gaen  (catalogue 
des  gentilshommes  en  f789,  province* de  Normandie,  p.  19).  —  Marié, 
en  1754 ,  avec  Anne  Le  Clerc  de  Grandpré,  il  en  avait  eu  :  a.  Nicolas- 
François  de  F.,  E',  8'  du   Gerbier,  né  en  1763,  émigré  à  Saint- 
Domingue  en  1780,  votant  en  1789  avec  les  gentilshommes  de  cette 
colonie  (CataL  des  gentils.  —  Colonies,  p.  9),où  il  fut  massacré  lors  de  la 
révolte — 1791,— ainsi  que  sa  femme,  Andrée  de  iSiars^  et  leurs  enfants  ; 
b.  Louis-Sébastien  de  F.,  (4769-1841)  capitaine  d'infanterie,  Gh'  de  la 
Légion  d'honneur,  qui  fit  les  principales  campagnes  du  4*'  Empire.  Sans 
alliance.  —  2**  Jean  de  Vauloger  de  Beaupré,  Gh",  dit  M,  de  la 
Grange,  qui  devint  mousquetaire  du  Roi,  compagnie  grise,  capitaine  de 
cavalerie  (1745),  et  chevalier  de  St- Louis  (1747)  et  mourut  en  4  T84, 
sans  enfants  de  Marie-Anne  de  Malfillàtre,  de  vieille  maison  nor- 
mande ;  —  3'  René  de  F.,  Ch*',  dit  M,  de  Beaupré,  qui  devint  briga- 
dier des  mousquaires  du  Roi,  môme  compagnie,  lieutenant-colonel  de 
cavalerie  (4  740-4  764),  Gh*'  de  Saint-Louis  (1761)  et  mourut  sans  al- 
liance, en  1770.    (Voir  sur  ces   deux   officiers,    TStat  militaire   de 
la  France,  de  Roussel  etMontendre,  et  THist.  de  Tordre  de  Saint-Louis, 
par  Mazas,  t.  i,  p.  389)  ;  —  4»  Michel  de  V.,  dit  M.  des  Costils,  et 
du  Boulay^  marié,  par  contrat  du  9  mai  1747,  à  Renée  de  la  Bigne, 
fille  de  Guillaume-Jacques  de  la  B.,  S^  de  Beuville,  gentilhomme  d'une 
des  meilleures  familles  de  la  Basse-Normandie^  et  de  Renée  de  Bour- 
don, petite-nièce  de  Jeanne  d'Arc  par  les  Ribault  du  Mesnil,  Patrix, 
Le  Fournier  deTournebu,de  Villebresmeet  du  Lys;...  sans  enfants,  etc. 
yean  VII  de  Vauloger  de  Beaupré,  E',  S«'de  Beaupré,  Plainville,  le 
Glos-Montbray,  la  Grière,  leslles,  etc.,  (1693-4781)  ruiné  par  la  ban- 
queroute de  Law  (1721),  se  résigna  à  s'occuper  d'industrie  et  monta  de 
grandes  filatnres,  bientôt  extrêmement  prospères,  ce  qui  n'enlevait  plus 
la  noblesse  depuis  les  ordonnances  de  Louis  XIV  (on  en  aura  bientôt  la 
preuve  pour  les  Vauloger),  et  ce  que  faisaient  beaucoup  de  gentils- 
hommes (notamment  les  Patry,  Bacon  de  Précourt,  Guyon  de  Gorday, 
de  Golombel,  de  Livet,  de  Signard,  de  Montbray,  Morin  de  Banne- 
ville  ,  Turgot ,  etc. ,  etc. ,   tous   d'excellentes  maisons   normandes.) 
Il  épousa  4*  par  contrat  du  27  août  4728,  sa  cousine  germaine  Louise^ 


128  JUGEMENT  DE   MAINTENUE  SE  NOBLESSE 

La  septiesme  est  un  contract  soubz  seings  privez,  du   neuf 

Marie  de  Saint-Germain,  fille  d'une  demoiselle  de  Prépetit  et  issue 
d'une  maison  remontant  à  l'époque  féodale  (de  gueules  au  chevron 
d'argent  accompagné  de  trois*  besants  de   même),  dont  il  n'eut 
pas  d'enfants  ;   %^   par  contrat  du  7   septembre  1731,    Anne^Renée 
Robline  des  Rivières  (d'argent  à  àeux  cotices  de  gueules  accom- 
pagnées de  deux  coquilles  de  sable),  fille  de  noble  Jacques  R.  des 
R.^  ancien  garde  du  corps  du  Roi,  d'une  Jamille  anoblie  le  45  juin 
4699  el  éteinte,  et  de  Renée  Brizolier  de  la  Brizolière   [d'argent  à 
trois  flammes  de  gueules  au  chef  d'azur  chargé  de  trois  étoiles 
d'or),  et  petite-nièce  de  Jeanne  d'Arc  par  les  Robline,  Halbout,  de 
Foret,  de    Radulph   et  Le  Fournier  de    Tournebu ,   —  dont  il  eut 
notamment   :   1"*  Cfiar les- Louis  de  V. ,  E' ,  dit  M.  de  la  Grange  , 
né  en  1732  ;  il  devint,  en  1768,  capitaine  au  régiment  de  Normandie 
infanterie,  puis,  en  1776,   capitaine-commandant  à  celui  de  Neustrie 
et  Gh*'  de  Saint- Louis,  et  se  retira  du  service  en  1786.  Il  vota,  en 
1789,  avec  la  noblesse  de  la  généralité  de  Rouen  (CataL  des  gentils- 
hommes, province  de  Normandie,   p.   92)  et  mourut,   avant   1792, 
sans  enfants  à' Antoinette  Auber  du  Mesnil;  — 2*  Louis-Aymar  II 
de  V.  de  B,  qui  suit;  —  3»  Pierre  de   V.,  E',  dit  M.  de  PlainvilU 
(1739-1820),  votant,  en  1789,  avec  la  noblesse  de  l'élection  de  Bernay 
pour  son  fief  de  Plainville  (Catal.  des  gentilshommes,  province  de 
Normandie,  p.  84),  et  marié,  en  1775,  Marie-Louise-Catherine  de 
Bourdon  du  Lys  (fille  d'une  demoiselle  d'Aigneaux  et  petite-nièce 
de  Jeanne  d'Arc),    d*où  une  fille    unique  :    I.ouise-Catherine  de 
V.  de  PI  ,  mariée  à  M.  Malon  de  Morietix  (depuis  la  Révolution  : 
Demorieux  :  d'azur  à  trois  canettes  d'or)  ;  —  4»  Jacques-Gabriel- 
Antoine  de  V.  de  Beaupré^  dit  M.  de  la  Cressonnière,  né  en  1754, 
admis,  le  3  février  1779,  aux  Ecoles  militaires, sur  preuves  de  noblesse 
remontant  à  Toussaint  de  Vauloger  et  à  Mathurine  de  Villeray 
(Voir  le  Bulletin  héraldique  de  France,  année   1889,  colonne  534), 
nommé  sous-lieutenant  au    régiment  d'Aquitaine   (infanterie),  le  18 
septembre  1781   [Tableau  de  la  noblesse  militaircy  par  de  Warro- 
quier  de  Combles,  t.  i,  p.  20),  et  mort  aux  Indes  en  1783. 

Louis-Aymar  II  de  Vauloger  de  Beaupré  (1736-1828),  E',  8^ 
de  Beaupré,  la  Grière,  le  Glos-Montbray,  les  Isles,  etc.,  en  Normandie, 


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DE   LA   FAHILLS  DE   VÀULOGER  129 

d'aoust  1663,  reconnu,  devant  les  tabellions  d'Argentan  en 
Normandie,  le  vingt  huict  d*aoust  suivant,  du  mariage  de 

et  de  la  Borde  (acquise  le  3  décembre  1781,  revendae  le  2  mai  1789) 
ea  Champagne,  province  où  il  se  trouvait  en  raison  de  ses  affaires 
en  Tannée  1789i  et  où  il  vota  alors^  à  cause  de  son  fief  de  la  Borde 
avec  les  gentilshommes  du  bailliage  du  Montereau  [C&t,  des  Gent,, 
province  de  Champagne,  p.  37).  LorsquW  créa  les  tribunaux  de 
commerce,  il  eut  Thonneur  d'être,  le  premier,  nommé  président  de 
celui  de  Gondé-sur-Noireau  et  il  remplit  ces  fonctions  de  1792  à  1796, 
époque  où  il  cessa  de  s'occuper  de  filatures.  Vers  le  même  temps,  la 
banqueroute  des  assignats  lui  fit  perdre  la  plus  grande  partie  de  sa 
fortune,  qui  s'élevait  à  un  chiffre  considérable.  Il  avait  épousé,  le 
4  juin  1771,  Marie-Adrîenne  Dorenlot  de  la  Carterée^  fille  de  noble 
Jean  D.  de  la  G.  conseiller  et  secrétaire  du  Roi,  d'une  famille  anoblie 
le  21  novembre  H 3 2,  et  éteinte  (d'azur  à  Vagnus  Dei  d* argent  accom- 
pagné de  trois  étoiles  d'or  —  puis  les  armes  de  J.  d'Arc),  et  de  Marie 
Boutry  du  Manoir,  dont  la  mère  était  Anne  de  Bourdon,  petite  nièce 
de  Jeanne  d'Arc.  De  ce  mariage  naquirent  :  un  fils,  JuUs-^Louis  III 
de  V.  deB.  (1779-1840)^  marié,  en  1804,  à FrançoiseLe  Fauconnier 
de  Cussy  (d'argent  à  6  màcles  de  gueules  3,  2  et  i),  petite  nièce  de 
Malherbe,  et  père  d'un  fils  unique  ;  —  et  trois  filles  :  M"**  de  Givel 
de  la  Grivellière  ;  Scelles  de  Grainville  ;  et  de  Guéroult. 

Le  chef  de  nom  et  d'armes  de  la  famille,  petit-fils  de  Julos-Louis  III 
de  B.  de  V,,  et  fils  de  Léon  Jules  de  V.  de  B.  de  conseiller  à  la  cour 
de  Caen,  etGh"'  de  la  Légion  d'honneur  (1805-1864)  est  Paul  Léon^dr 
Vauloger  de  Beaupré  (vingt«cinquième  degré  de  la  filiation),  ne  en  1832. 
Entré  dans  la  magistrature  en  1858,  et  devenu  dans  la  suite  procureur 
général  à  Limoges (1873),  puis  à  Toulouse  (1875),  puisa  Rouen  (1875), 
destitué  en  1879,  chevalier  delà  légion  d'honneur  (1875),  dignitaire  de 
plusieurs  autres  ordres^  il  a  épousé  le  3  septembre  1861,  D^^*  Ma- 
THiLDE  Marie  Ghbnel  ou  Ghesnel  (petite-fille  de  Philippe  René  Ches- 
nel,  E',  vice-président  du  tribunal  civil  d'Alençon,  votant  en  1789,  avec 
la  noblesse  de  cette  ville  (CafaL  des  Gent.,  prov.  de  Normandie',  p.  6), 
et  incarcéré  pendant  la  Terreur  ;  il  était  issu  de  la  famille. des  Ghesnel, 
8s"  de  la  Ghaperonnaye,  connue  en  Bretagne  dès  Tan  1163,  repésen^tée 
à  la  7*  croisade  et  dont  deux  branches,  celle  de  la  Houssaye  et  celle  des 
T.   VI.   —  DOCUMENTS.   —  Vl**  ANNÉE,  2*  LIV.  9 


130  JUGEMENT  DE    MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

noble  Jean  de  Vaulloqer,  escuïer,  seigneur  de  la  Rebu chère  , 
officier  dans  les  gardes  de  la  Reyne  mère  du  Roy,  fllz  desdicts 
feux  messire  Toussaints  de  Vauloobr  et  dame  Mathdrine  de  Vujlat 
avec  kautte  et  noble  damoiselle  Gabrielle  de  Moittoomert*,  fille 

de  feux  haut  et  puiçant  seigneur 

Folio  i9f  recto.  signé  de  Machault 

messire  Gàbriely  comte  de  Montgommery,  et  de  hautte  et  pui- 
çante  [dame  Aymée  de  Chastenet^,  duquel  mariage  appert 
Testât  de  noblesse  dudict  Jean  de  Vauloger. 

La  huictiesme  est  un  adveu  en  parchemin,  en  datte  du  trente 
de  juin  1664,  rendu  knob!e  Françoys  hb  Vadlogbr,  escuïer,  sieur 
de  la  Borde  et  de  la  Martinière*,  par  ses  vassaulx  y  desnom- 

Noaettes,OQt  habité  la  Normandie. —  Armes:  de  sable  à  la  bande  fuselée 
de  six  pièces  d'or,  (Le  président  Chesnel  avait  épousé  Anne-Jeanne- 
Flore  de  Launay  des  Isles^  petite  nièce  de  Jeanne  d'Arc,  par  les  Le 
MaigneA  de  Bretheville,  de  Marguerite  etLeFournier  de  Tournebu.)  De 
M.  de  Vauloger  et  de  M^^*  Chesnel  sont  issus  une  fille  et  deux  fils, 
seuls  représentants  en  ligne  masculine,  avec  leur  père  de  Tancienne 
maison  de  Y.  —  L'aîné  est  lieutenant  au  144*  régiment  de  ligne. 

Les  autres  alliances  directes  de  la  famille  de  Vauloger  ont  été  prises 
avec  les  ;  Hesnard  de  la  Londe  ;  de  Groisilles-Mutrécy  ;  Le  Bastard 
de  Mallemont  ;  de  Montbray  ;  Boutry  du  Manoir  ;  Hobey  des  Granges  ; 
Garel  ;  de  la  Roque  ;  Robline  du  Buisson  ;  Poret  de  la  Villette  ;  Le 
Harivel  d*Harville  et  du  Bois  de  Bellegarde. 

*  Lire  :  la  Ribochère. 

'  Lire  :  de  Montgommery  ;  une  des  familles  les  plus  connues  de  la 
haute  noblesse  française  issue  des  anciens  vicomtes  d'Exmes.  H"*  de 
Vauloger  avait  pour  sœurs  les  dames  du  Four  de  Guy  et  Lambert 
d'Herbigny.  —  Armes  :  Ecartelé  aux  i  et  k  d'azur  à  3  fleurs  de  lys 
d'or,  aux  2  et  3  de  gueules  k  3  coquilles  d'or. 

'  Lire  :  de  Ghastenay,  de  la  maison  des  comtes  de  Ghastenay  de 
Lanty,  en  Lorraine  et  Ghampagne^  qui  a  été  admise  aux  honneurs  de 
la  cour  et  a  pris  part  aux  croisades.  Armes  :  d'argent  au  coq  de 
sinople,  becqué,  creté  et  barbé  et  couronné  de  gueules. 

^  La  terre  de  la  Martinière  fut  vendue,  avant  1669,  à  Jean  Rottier,  de 
Marçon,  qui  en  portait  le  surnom  le  10  février  de  cette  anoée-là. 


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DE    LA   FAMILLE   DE   VAULOGER  131 

mez  de  la  parroisse  de  La  Chartre,  pour  raison  des  biens 
deppendans  de  laditte  seigneurie  de  la  Martiniôre,  danz 
lequel  ledict  sieur  reçoit  le  tiltre  d*escuïer. 

—  François  de  Vauloger  ne  demeura  pas  en  Vendômois.  Dit  plus  tard 
le  marquis  de  FauZo^er,  il  épousa  par  contrat  du  trois  juin  1668, 
devant  Bouquerat,  notaire  à  Souvigny  (Allier),  D"«  Louise^Csitherine 
Htuse  ou  Heuzé  {de  sable  à  la  fasce  alaisée  et  nébulée  d* argent^ 
et  mieux,  de  sable  au  bâton  noueux  d'argent  mis  en  fasce),  dame 
de  Bonnay,  à  Toulon-sur- Allier  (Allier),  fille  et.  héritière  de  Laurent 
H.^  E',  grand  trésorier  de  France  à  Moulins,  et  de  Louise  de  Marguerie. 
Le  marquis  de  Vauloger  se  fixa  à  Paris  où  il  mourut  en  1690,  laissant: 
l*>  Zaureni-François,  qui  suit  ;  2**  Louise  H.  de  V.,  mariée,  en 
1695,  à  Jacques-Pierre  de  la  Roque,  comte  de  Gravelines.  — 
Laurent-François  Heusé,  marquis  de  Vauloger,  né  en  1669,  con- 
seiller du  Roi  eu  ses  conseils,  premier  président  des  grands  trésoriers  de 
France  au  bureau  des  finances  d'Alençon  vers  1710,  décédé  à  Paris, 
en  son  hôtel  de  la  place  Louis-le- Grand,  le  11  septembre  1742, 
épousa,  en  1690^  Louise-Françoise  de  Bouteros  (Ecartelé  en  sau» 
toir,  au  i  d'argent  à  trois  fasces  de  gueules,  aux  2  et  3  d'or  au  pin 
desinople,  au  ^d'argent  à  deux  marmites  de  sable  l'une  sur 
Vautre,  Vécu  entouré  d'une  bordure  de  gueules  semée  de  huit 
besants  d'or,  trois^  deux  et  trois),  fille  de  Louis  Martinez,  comte  de 
Routeros  et  de  Cécile  de  Galvimont  d'Hermanville  ;  il  en  eut  :  1^  Louise 
Françoise  Heu^é  de  Vauloger,  née  en  1691,  morte  le  21  août  1764, 
mariée  ;  (a)  à  Louis- Joseph  de  Vâtboy  du  Metz,  marquis  de  Ferrières, 
dont  elle  eut  le  marquis  de  Ferrières,  le  comte  du  Metz,  père  de  la 
marquise  de  Nettancourt  Vaubecourt,  et  la  vicomtesse  Gaignat  de 
Longny,  mère  des  marquises  de  Gustine  et  de  Louvois  ;  (&)  à  Christian 
Dagoberlj  comte  de  Waldner  de  Freundstein,  lieutenant-général  des 
armées  du  Roi^  grand  croix  du  mérite  militaire,  dont  elle  n'eut  pas 
d'enfants  (contrat  du  !«' avril  1748)  ;  —  2*  Cécile-Marie  Heusé  de 
Vauloger,  morte  en  1 700;  —  3»  Anne-Françoise  Heusé  de  Vauloger, 
née  en  1596,  mariée,  le  8  août  1715,  à  Jean-Charles,  comte  de  Bar, 
lieutenant  pour  le  Roi  en  Rerry,  dont  elle  était  veuve  en  1942  ;  — 
4*  Marie-Catherine  Heusé  de  Vauloger,  fille  de  Saint-Thomas  de  Ville- 
neuve (consulter,  sur  la  branche  des  marquis  de  Vauloger,  le  Bulletin 
héraldique  de  France,  année  1889,  colonnes  14  à  16). 


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132       JUGEMENT  DE  MAINTENUE  DE  NOBLESSE 

Et  la  neufviesme  et  dernière  est  un  extraict  des  registres 
de  la  parroisse  de  Ghahagnes,  signé  du  sieur  curé  de  laditte, 
et  datte  du  treize  de  may  1666,  du  trespaz  de  noble  dame 

GABtIBLLB     DK     MONQOMMBRY,    eSpOUSS    de   flOblc  JSAN  DE    VaULOOEM, 

y  mentionné  escuïer,  seigneur  de  laRibochère,  antien  officier 
danz  les  gardes  de  la  feue  Reyne  mère\ 

Et  flnallement,  produisent  lesdictz  produisans,  pour  la 
conservation  de  leurs  armes,  généalogie  et  tiltres,  le  présent 
inventaire  dressé  par  maistre  Pierre  Parent,  leur  procureur, 
et  de  luy  signé,  cotté  par. . .  N. 

Signé  :  Parent,  Pr.  des  produisans,  N. 

Folio  i9j  verso, 

Veu  par  nous  Louis  de  Machault,  chevalier,  conseiller  du 
Roy  en  tous  ses  conseils,  maistre  des  Requestes  ordynaire 
de  son  hostel^  commissaire  desparty  par  Sa  Majesté  pour 
l'exécution  de  ses  ordres  en  la  générallité  d'Orléans^  les 
pièces  et  tiltres  mentionez  danz  Tinven taire  cy  joint,  à  nous 
représentez  par  Rbmé  de  Vauloqbr,  escuïer,  sieur  de  Lisle  et 
du  Guat,  par  Françoys  de  Vaulooer,  escuïer^  sieur  delà  Borde  et 
de  la  Martinière,  et  par  Jean  de  Vauloqbr,  escuïer  sieur  de  la  Ri- 
bochère,  ses  frères,  pour  satisfaire  à  l'arrest  du  XXII 
marz  1666,  et  aux  ordonnances  rendues  en  exécution  d'yce- 
luy;  veu  le  désistement  de  M*  Mathurin  Delorme,  commis 
par  Sa  Majesté  pour  la  recherche  des  usurpateurs  de  no- 

*  Demeuré  veuf  et  sans  enfants,  Jean  de  Valoger  parait  8*ôtre  retiré 
sur  les  confins  de  la  Normandie  et  de  rile-de-France,  pays  où  il  avait 
peut-être  contracté  une  seconde  alliance.  Du  moins,  me  semble-t-il 
guère  possible  d'hésiter  sur  son  identification  avec  le  personnage  que, 
par  un  nouvel  effet  de  son  imagination,  d'Hozier  a  afflublé  des  nom  et 
armes  suivants,  dans  V  Armoriai  général  de  France  de  4696  (fit&ho- 
thèque  nationale.  Cabinet  des  titres,  Registre  de  la  généralité  de 
Rouen^  pages  1124  et  1125)  ;  —  N...  de  Yaurooer^  officier  de  feue  la 
Reyne  mère  :  «  d'argent  à  un  rosier  de  sinople  fleuri  de  gueules, 
mouvant  sur  un  mont  de  coupeaux  (sic)  aussi  de  sinople.  » 


blesse  en  ladicte  généralité,  ensemble  les  conclusions  du 
Procureur  du  Roy,  auquel  a  esté  communiqué,  et  tout  con- 
sidéré ; 

NouSy  commissaire  susdict,  avons  donné  acte  atixdictz  db 
Vauloqbr  de  la  représentation  de  leurs  tiltres  et  pièces  justif fi-» 
catives  de  leur  noblesse  d*antienne  extraction  et  gheyallerib,  pour 
jouir  par  eux  de  touz  les  privilèges  accordez  aux  nobles  suivant 
les  ordonnances  et  règlemens,  tant  et  sy  longuement  qu'ils  ne 
feront  acte  dérogeant,  et  pour  estre  à  cet  effect  inscripts  et 
compris  dans  l'estat  et  cathalogue  desdîctz  nobles  qui  sera  faict 
et  dressé  conformément  audict  arrest  du  XXll  de  marz  i  666, 
et  ont  lesdictz  pièces  et  tiltres  esté  rendus  auxdictz  Vau- 

loger,  aprez 

avoir  esté  paraphez  par  le  greffier  de  nostre  Commission. 

Et  un  double  dudict  Inventaire  demeure  au  Greffe  annexé 
au  présent  jugement  avecq  les  armes  et  blazon  de  la  maison 
et  famille  desdicts  sieurs  de  Vauloger. 

Faict  à  Orléans,  ce  troiziesme  avril  mil  six  cent  soixante-sept. 
Signé  :  se  Machault. 

Par  môndict  seigneur; 
Folio  20,\verso. 
Signé  :  Chbnxtdxau. 

René  du  LYS. 


PIN. 


NOTES  HISTORIQUES 

SUR  LA 

PAROISSE  DE  CAMPBON 


L ^ÉGLISE  de  Campbon,  ecclesia  sancti  Pétri  et  sancti  Martini 
de  Campobono  était  autrefois  placée  sous  l'invocation 
de  saint  Pierre,  et  de   saint  Martin,  abbé  de  Vert  ou  ; 
elle  est  aujourd'hui  sous  le  patronage  de  saint  Victor, 

Cette  paroisse  est  très  ancienne  et,  d'après  la  tradition,  elle 
existait  dès  le  cinquième  siècle*. 

Ses  anciennes  limites  étaient  :  au  nord,  Sain t-Gildas  des  Bois 
etDrefféac  :  àTest,  Gueurouët,  Quilly,etBouvron  ;  au  sud,  Sa- 
venay,  la  Chapelle  Launay  et  Prinquiau  ;  à  Touest,  Besné  et 
Pontchâteau. 

La  population,  d'après  Ogée,  s'élevait  à  3000  communiants 
ce  qui  représente  un  chiffre  total  d'environ  4,500  habitants. 

La  superficie  du  territoire  de  l'ancien  Campbon  était  de 
7,564  hectares.  On  prétend,  qu'autrefois,  les  villages  de  la 
Barre,  la  Touche,  la  Galernais,  la  Salle,  etc.,  situés  au  midi  de 
la  route  de  Vannes  et  dépendant  actuellement  de  la  Chapelle- 
Launay,  appartenaient  à  Campbon. 

En  1832,  la  frairie  du  Grand-Seuvre  avec  le  village  du  Parc, 
fut  annexée  à  la  paroisse  de  Quilly  ;  le  curé  de  Campbon 

*  M.  Phelippes-Beaulieu,  dans  son  Essai  historique  de  la  commune  de 
Santrou,  cite  la  date  de  560  pour  Campbon, 


NOTES   HISTORIQUES   SUR  LA   PAROISSE  DE  CAMPBON  135 

s'efforça  inutilement  de  conserver  ses  droits  sur  la  chapelle  de 
N.-D.  de  Planté  qui  dépendait  de  cette  frairie. 

Enfin,  en  1842,  Sainte-Anne  fui  érigée  en  paroisse  avec  les 
•  frairies  du  Nubie,  de  la  Grande  ville  ^    de  Saint-Lomer,  de 
Cautret,  et  une  partie  de  la  frairie  de  Saintes-Barbe. 

Cette  monographie  devant  s'arrêter  à  1803,  nous  aurons 
à  faire  l'historique  du  vieux  Campbon,  tel  qu'il  existait  à  cette  , 
époque. 

La  cure  de  Campbon  était  une  vicairie  perpétuelle  à  la  pré- 
sentation du  chapitre  de  la  cathédrale  ;  on  croit  que  ce  droit 
remontait  à  980,  époque  où  l'Eglise,  détruite  en  878»  fut  re- 
bâtie par  les  soins  de  Guérech,  comte  de  Nantes. 

Non-seulement  les  chanoines,  curés  primitifs,  avaient  le 
droit  de  présentation,  mais  encore  ils  percevaient  les  dîmes 
et  jouissaient  des  oblations  qui  se  faisaient  tant  dans  Téglise 
que  dans  les  chapelles.  A  eux  aussi  appartenait  le  droit  de 
célébrer  l'office  divin  aux  fêtes  de  Noël,  de  Pâques,  de  la 
Pentecôte,  de  la  Toussaint  et  le  jour  de  la  fête  Patronale. 

En  outre,  les  dits  chanoines  se  réservaient^  aux  termes 
d'un  acte  daté  de  1567,  trois  pièces  dans  la  cure,  dont  ilsgar-- 
daient  les  clefs,  une  partie  dti  jardin,  la  place  de  leurs  che- 
vaux dans  les  écuries  et  enfin  les  deux  tiers  de  la  dtme. 

Nous  verrons  plus  tard  comment  ces  abus  furent  réformés, 
grâce  à  l'énergie  et  à  l'obstination  d'un  vicaire  perpétuel 
de  Campbon. 

D'après  l'article  21  de  l'édit  de  1605,  les  chanoines  de 
Nantes  étaient  tenus  à  entrenir  et  réparer  conjointement  avec 
le  curé  et  dans  la  proportion  des  deux  tiers  contre  un  tiers, 
le  tabernacle  du  maître  autel,  le  carrelage,  le  vitrage  et  la 
couverture  de  l'église. 

Enfin,  à  la  mort  du  curé,  ils  subvenaient  aux  réparations  de 
la  cure  dans  les  mêmes  proportions,  et  les  héritiers  du  défunt 
pour  leur  tiers. 

L'Église  de  Campbon,  bâtie  vers  la  fin  du  V*  siècle  et  dédiée 
à  saint  Pierre,  fut  détruite  en  878  par  les  Normands,  et  ce  ne 


136  NOTES   HISTORIQUES 

fut  qu'en  980  qu'elle  fut  relevée  et  dédiée  alors  k  saint  Martin 
de  Vertôu,  Elle  fut  reconstruite,  dans  le  XIII*  siècle,  par  les 
soins  d'un  seigneur  de  Coislin  et  peu  à  peu  elle  fut  agrandie 
et  complétée. 

Un  grand  nombre  de  chapelles  s'élevaient  sur  le  territoire 
de  cette  religieuse  paroisse,  en  voici  les  noms  :  Saint-Anne, 
fondée  en  1608,  rebâtie  en  1679,  aujourd'hui  paroisse; 
Sainte-Barbe;  Bessac^  ;  Saint-Jean,  dans  le  bourg;  5ain/- 

•  Voir  Quilly. 

Jacques  ;  Saint-Lomer  ;  Saint-Martin  ;  Saint-Michel  ;  le  Quinyo  ; 
Notre-Dame-de- Planté  ;  SainUVictor,  et  enfin  la  chapelle  do- 
mestique et  seigneuriale  de  Coislin,  qui  était  déjà  tombée  en 
en  ruines  avant  la  Révolution. 

A  toutes  ces  chapelles  étaient  attachés  des  bénéfices  qui 
servaient  à  l'entretien  des  chapelains  ;  ils  furent  tous  vendus 
à  vil  prix  pendant  la  Révolution,  et  toutes  les  chapelles 
furent  brûlées,  sauf  celle  Aq  Saint-Victor  qui  fut  achetée  et 
convertie  en  écurie  pour  les  chevaux. 
'  Saint-Victor  dont  nous  avons  déjà  prononcé  le  nom,  fut 
une  des  gloires  les  plus  pures  de  Campbon,  et  Thonneur  d^^nt 
il  jouit  dans  cette  paroisse  n'a  jamais  été  plus  grand  que  de 
nos  jours. 

Sur  un  registre  de  paroisse  assez  complet,  nous  trouvons 
cette  phrase  remarquable  que  nous  reproduisons  en  entier  : 

«  Heureuses  les  paroisses  qui  jadis  furent  embaumées  par 
les  vertus  des  saints;  le  parfum  ne  s'en  perd  jamais  et  du 
haut  du  ciel  où  ils  régnent  dans  la  gloire,  leurs  regards 
s'arrêtent  avec  amour  sur  les  lieux  bénis  où  ils  moissonnèrent 
leur  couronne  ;  de  préférence,  par  leur  puissante  interces- 
sion, ils  y  attirent  les  bénédictions  du  Très-Haut  et  y  appellent 
ses  signalés  bienfaits  !  » 

Qu'il  nous  soit  permis  d'ajouter  que,  de  nos  jours, ces  béné- 
dictions ont  été  plus  évidentes  que  jamais  dans  cette  paroisse 
si  fidèle  à  Dieu  et  à  toutes  les  grandes  causes  ;  la  preuve  nous 
en  a  été  donnée  dans  la  lutte  si  ferme  et  si  généreuse  sou- 


tenue  pai 
dans  le  p 
la  chapel 

Nous  ri 
dont  le  n( 

D'après 
évêque  du 
mener  la 
Grand  pr 
de  Saint  I 
invasion, 
quelques 
pays,  déti 
roissiale  ( 
cause  des 

Son  cul 
sous  son 
prodige,  -v 
curé  de  C 
l'ermitage 

A  répoq 
ravagée  e1 

Reconst 
de  1793,  p€ 
hordes  ré^ 

Sous  Loi 
très  simpl 

Enfin,  C€ 
rosité  des  i 
un  temple 


«  M.  rabbé ] 
>  U  fat  tué 

dans  la  paroii 
'  Au  mois  d 

préoccupant  a 


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Bénéfices, 

Le  bénéfice  ecclésiastique  était  un  droit  permanent,  per- 
pétuel et  légitime  qu'un  clerc  avait,  de  percevoir  les  fruits 
de  certains  biens  consacrés  à  Dieu,  en  raison  d'un  office  spi- 
rituel qu'il  exerçait  dans  l'église,  suivant  Vétablissement  qui 
en  avait  été  fait  par  l'autorité  du  Pape  ou  de  l'Evoque. 

par  tant  de  miracles,  et  Dieu  permit  qu'il  ne  lui  arrivât  pas  le  plas  léger 
dommage.  Actuellement,  la  belle  pierre  en  granit  qui  le  recouvre  et  prend 
toute  Tépaisseur  du  mur,  est  celle  sur  laquelle,  dans  la  suite  des  âges,  tant 
de  lèvres  chrétiennes  se  sont  collées  avec  amour. 

Lorsque  les  ouvriers  furent  arrivés  à  l'oSO  de  profondeur,  je  passai  presque 
mes  journéefs  arec  eux.  Je  fis  enlever  une  quantité  de  terre  rapportée  pour 
l'exhaussement  du  chœur  et  je  trouvai  Tautel  primitif,  bâti  en  terre  battue, 
recouvert  presqu'en  totalité  d*une  pierre  de  granit  assez  mince.  Sous  cette 
pierre,  je  trouvai  des  fragments  d^ossements  qui  me  firent  penser  que  c^était 
bien  l'ancienne  pierre  sacrée. 

Je  ramassai  soigneusement  ces  fragments  vénérés  et  mis  à  part  cette  pierre, 
longue  d*un  mètre  et  large  de  0n»,50  qui  touchait  le  mur  du  fond  de  Fan- 
cienne  chapelle.  Je  fis  continuer  les  recherches,  si  désireux  que  j'étais  de 
trouver  quelque  chose  qui  touchât  dé  plus  près  encore  à  notre  saint  bien- 
aimé.  A  quarante  centimètres  avant  d'atteindre  le  roc,  j*aperçois  ua  sarco- 
'  phage  formé  de  quatre  pierres  longues  et  plates,  une  à  droite  et  Tautre  à 
gauche,  dans  toute  la  longueur,  la  troisième  aux  pieds  et  la  quatrième,  posée 
sur  les  deux  longues,  mais  seulement  au-dessus  de  la  tête.  Je  venais  de  trou- 
ver Tau  tel  où  probablement  le  pieux  solitaire  avait  célébré  les  saints  mystères, 
allais-je  voir  ses  précieux  ossements I  Mon  cœur  battait  et  je  me  disais  :  On 
a  bien  dit  que  ses  reliques  avaient  été  perdues,  mais  de  pieuses  mains  ne  les 
auraient-elles  pas  enfouies  ici  dans  la  crainte  de  les  voir  profanées  par  les 
huguenots. 

Je  savais  du  reste  qu^au  moyen-âge,  au  XI®  ou  XIII*  s.  à,  de  pieux  fidèles 
étaient  chargés  de  porter  en  Bretagne,  en  Poitou,  en  Normandie,dan8  Peau  de 
laquelle  on  avait  trempé  ces  ossements  et  que  cette  eau  opérait  des  miracles. 
Je  pris  donc  avec  respect  ces  os  encore  bien  conservés  et  surtout  la  tête,  re- 
marquant parfois  qu'ils  n*o  cgpaient  pas  tous  leur  place  naturelle,  d*où  je 
conclus  qu*ls  avaient  été  déposés  là  après  coup,  chose  qui  fortifiait  encor 
mon  espoir. 

Ayant  renfermé  le  tout  dans  un  linge  blanc,  je  cherchai  encore  longtemps 
dans  le  sarcophage  pour  voir  si  je  n*y  trouverais  pas  une  pièce  de  monnaie 
ou  quelqu*autre  objet  qui  me  mit  sur  la  piste.  Vain  espoir  !  Lassé  de  palper 
et  de  regarder,  j^emportai  les  ossements  que  je  renfermai  dans  le  tombeau 
du  saint  avec  ceux  que  j*avais  trouvés  sous  la  pierre  de  Tau  tel  primitif. 
{Histoire  de  la  reconstruction  de  la  chapelle  de  Saint-Victor^  par  M.  Halgan, 
curé  de.Campbon.  —  Registre  de  la  paroisse,) 


SUR   LA   PAROISSE   DE    OAMPBON  18^ 

Les  bénéfices  avaient  été  établis  pour  obliger  ceux  qui  en 
étaient  pourvus,  à  honorer  Dieu  et  ses  saints  par  leurs  prières, 
à  servir  de  médiateurs  entre  Dieu  et  les  peuples,  en  priant 
pour  eux  et  en  expiant  leurs  péchés  par  des  sacrifices,  et 
pour  les  attacher  au  service  d'une  église,  en  les  débarras- 
sant des  soins  et  des  sollicitudes  que  causent  les  besoins  de 
la  vie. 

Un  grand  nombre  de  bénéfices  existaient  dans  cette  pa- 
roisse et  Ton  prétend  qu'il  en  fut  vendu  pendant  la  Révolu- 
tion pour  une  valeur  de  400.000  francs. 

Le  plus  considérable  était  le  bénéfice  de  Maumarchéy  fondé 
par  Hervé  de  Moayre,  prêtre  de  Campbon  ;  il  consistait  en 
une  maison  au  bourg  avec  jardins,  prés,  champs  et  bois,  et 
de  plus  une  métairie  au  village  du  Broussais. 

Le  bénéfice  de  Saint-Victor,  fondé  par  Pierre  Demoyre, 
également  prêtre  et  neveu  du  précédent. 

Le  bénéfice  de  VAumôneriey  fondé  en  1526  pour  Olivier 
Boudet,  prêtre,  mort  vicaire  à  Campbon. 

Le  bénéfice  de  Craincouët^  fondé  par  Jean  Guiton,  prêtre 
originaire  de  Campbon  et  recteur  de  la  paroisse  Saint-Denys 
de  Nantes. 

Le  bénéfice  de  TV^j'OWé'/,  fondé  par  Jean  Charpentier,  prêtre 
de  Campbon. 

Le  bénéfice  du  Pont-Guérin  et  de  la  Herviais,  fondé  par 
Jacques  Bécigneul,  égalehient  prêtre  de  la  paroisse. 
.    Le  bénéfice  Caillon,  fondé   par  Pierre  Caillou,  prêtre  de 
Campbon. 

Le  bénéfice  de  la  Pélauderie,  très  considérable,  fondé  par 
Jean  Guyschon,  vicaire  perpétuel  de  Campbon. 

Le  bénéfice  Boussardy  fondé,  par  Roland  Boussard,  prêtre. 

Le  bénéfice  David,  fondé  par  Pierre  et  Michel  David,  prêtres 
de  Campbon. 

Le  bénéfice  de  la  Feustrarderie,  fondé  par  Trystan  Feus- 
trard  et  augmenté  plus  tard  par  Vincent,*  son  neveu,  tous 
deux  prêtres  de  Campbon. 


140  NOTES  HISTORIQUBS 

Le  bénéfice  de  la  Charpenterie^  fondé  par  Jean  Charpentier, 
neveu  du  fondateur  du  bénéfice  de  Tregouè't. 

Le  bénéfice  de  Robert  Paillard,  prêtre  deCampbon. 

Le  bénéfice  de  la  Préverie. 

La  fabrique  de  Campbon  comptait,  en  1790, 104  contrats  de 
constitution  dont  le  revenu  montait  à  947  livres. 

Les  charges  pouvaient  s'élever  à  200  livres  par  an,  plus 
200  autres  pour  le  maître  d'école  et  cent  livres  pour  la 
mission  décennale. 

La  paroisse.de  Campbon  se  divisait  en  douze  frairies, 

1®  La  frairie  de  Mons. 

2®  La  frairie  de  Saint-Victor. 

3*  La  frairie  de  la  Fouaye. 

4'  La  frairie  de  Bessac. 

5»  La  frairie  de  Grand-Seuvre. 

&*  La  frairie  de  Sainte-Barbe, 

7°  La  frairie  de  Nubie. 

8*  La  frairie  de  la  Grande  ville. 

9°  La  frairie  de  Saint-Lomer. 
10**  La  frairie  de  Cautret. 
11°  La  frairie  de  Saint- Jacques. 
12*  La  frairie  de  Sainte-Anne.  . 

En  1580,  on  érigea  dans  Téglise  l'autel  du  Rosaire^  mais 
la  Confrérie  du  Saint-Rosaire  ne  fut  établie,  paraît-il,  que  le 
19  août  1683,  par  les  Dominicains  de  Nantes. 

Seigneurie  de  la  Paroisse. 

La  seigneurie  dont  le  château  de  Coislin  était  en  dernier 
lieu  le  siège,  appartenait  à  la  maison  du  Cambout,  origi- 
naire du  comté  de  Porhoët,  et  dont  Tantiquité  se  perd  dans 
les  siècles  les  plus  reculés* . 

•  Alain  /•%  tire  du  Cambout,  Tirait  en  1300  ;  Gilbert,  8oa  flU,  épouM 
Marguerite  de  Goyon  de  Matignon,  dont  il  eut  cinq  enfanta. 


Cette  seigneurie,  devenue  successivement  marquisat  et 
duché-pairie,  n'était,  dans  Torigine»  qu'une  simple  tenure 
féodale  relevant  de  la  baronnie  de  Pontch&teau,  sous  la  chas- 
tellenie  de  Gampbon.  Elle  appartenait  au  quinzième  siècle  à 
la  maison  de  la  Muce  ainsi  que  nous  allons  le  voir. 

Le  marquisat  de  Coislin,  réuni  aux  baronnies  de  Ponlchâ- 
teau  et  de  la  Roche-Bernard,  et  à  la  terre  et  seigneurie  de 
Brignan,  en  Pontchâteau,fut  érigé  au  mois  de  décembre  1663 
en  un  duché-pairie  qui  s'étendait  sur  les  paroisses  de 
Campbon,  Quilly,  Chapelle-Launay,  Besné,  Guenrouët^  Dref" 
féac^  Pontchâteau,  Crossuc,  Missillac,  Saint-Gildas,  Saint- 
Dolay,  Sévérac,  Nivillac,  Herbignac,  Assérac  et  Camoël. 

Les  terres  et  seigneuries  de  Champbon  étaient  les  sui- 
vantes :  Bastine,  Bessacy  Bocguehan^  Bois  de  la  Lande,  Bosse- 
Marion,  la  Bramblaye,  Campbon,  le  Chastellier,  Coislin,  la 
Girelais,  le  Guignot,  laHirtais,  Lauréat,  la  Morandais,  la  Pi- 
ratais, le  Serric,  la  Sublaire,  Trevecar  et  Villehouin.  (De 
Cornulier,  Dict.  des  terres  du  Comté  Nantais). 

Bastine.  —  Terre.  —  1681,  Ecuyer  Pierre  de  Couesnon.  — 
1700,  Jane  Guyton,  dame  de  Kerlien. 

Bessac.  —  Ancien  château  et  chapelle.  — 1200,  Marie  d'Ar- 
dennes,  femme  de  Geoffroy  du  Sériç.  —  1681,  Armand  du 
Cambout. 

Bocquehan.  —  Terre.  — 1415,  Jean  Le  Voyer.  -— 1431,  Pierre 
Eder.  —  1670,  René  Bertho.  —  1681,  Jean  Michel.  —  1700, 
Roland  Gérard,  sieur  de  Saint-Germain. 

Alain  II,  échanson  du  duc  en  1372,  épousa  1*  Jeanne  de  Tournemine,  dont 
il  eut  trois  enfants  ;  2*  Orable  Piquet,  dont  il  n'eut  pas  d*enfants. 

Etienne^  capitaine  de  Moncontour,  la  Hunaudaye,  Chatel-Audren,  épousa, 
le  16  août  1412,  Catherine  de  la  Motte  dont  il  eut  cinq  enfants. 

Jean  J,  sire  du  Cambout,  épousa  en  1444  Jeanne  de  Quélen^  dont  il  eut 
quatre  enfants. 

Jean  II,  épousa  en  1480  Robine  Âvalèye,  dont  il  eut  quatre  enfants  ;  il 
mourut  en  1534. 

Alain  III,  épousa  Jacquemine  de  Guémadeuc  et  en  eut  trois  enfants,  dont 
René^  l'alné,  grand  Teneur  et  grand  maître  des  eaux  et  forêts,  épousa 
Française  Baye,  dame  de  Coislin  et  de  Mérionec,  fille  de  François  Baye 
•t  de  Jeanne  ChauTin  (Voir  Coiilin.) 


142  NOTES  HISTORIQUES 

Le  Bois  de  la  Lande.— Terre.  —1681,  René  Poureau.  —  1691, 
Françoise  Edenin,  fille  de  Pierre  et  de  Renée  Poureau,  épouse 
d'Ecuyer  Honorât  Baye.  —  1725,  Honorât  Baye,  époux  de 
Jane  Orain. 

La  Bosse-Manon.  —  Terre.  —  1681,  Armand  de  Cambout. 

La  Bramblaye.  —  Terre.  —  Anoblie  en  1466,  en  faveur  de 
JeanBouvier,  dit  Rivière,  valet  de  chambre  du  duc. 

Camion.— Châtellenie.-— 1449,  vendue  par  Alain,  vicomte  de 
Rohan  à  Arthur  de  Montauban,  sieur  de  Crespon.  —  1565, 
vendue  par  Charles  de  Chambes^  baron  de  Pontchâteau,  à 
François  du  Cambout*. 

Le  Chastellier.  —  Terre.  —1469-1492,  Guillaume  Gififard.  — 
1594,  Jan  Giffard.  —  1681,  Jacques  Godelle,  sieur  du  Verger 
et  N.  de  Moayre,  sa  femme.  —  1767,  de  Moayre. 

Coislin.  —  Terre.  —  1442,  Jacques  de  la  Mure.  — 1466,  Guy 
de  la  Muce.  —  1472-1480,  Jean  de  la  Muce.  —  1496,  Gilette  de 
la  Mu(fc,  femme  d'Alain  Lé  Guennec.  —  1525^  Charlotte  Le 
Guennec,  femme  de  Pierre  Baye.  — 1537,  Françoise  Baye, 
femme  de  René  du  Cambout. 

—  1577,  François  du  Cambout,  époux  de  Françoise  du 
Plessis-Richelieu. 

—  1625,  Charles  du  Cambout,  marquis  de  Coislin  en  1634, 
époux  de  Philippe  de  Bourges  et  de  Lucrèce  de  Quinquempoîx. 

—  1648,  Armand  du  Cambout,  marquis,  puis  duc  de  Coislin 
en  1663,  époux  de  Marie  du  Halgoët  ; 

—  1702,  Pierre  du  Cambout,  duc  de  Coislin,  époux  de 
Marie  d'Aligre. 

—  1710,  Henri-Charles  du  Cambout,  duc  de  Coislin,  frère 
du  précédent,  évoque  de  Metz,  pair  de  France. 

Le  duché-pairie  s'est  éteint  en  1732  avec  la  branche  aînée 
de  la  maison  du  Cambout,  mais  le  marquisat  a  subsisté  avec 
la  branche  cadette. 

—  1732,  Pierre-Armand  du  Cambout,  vicomte  de  Carheil, 

*  Oe  Cornolier. 


puis   mai 
Talhouët 

—  1738       I 
Goislin,  -v 
Adélaïde  <      i 

—  1771. 
Pierre-Lo 
Colasseau 

La  Gire 

Le  Guig 
de  la  Poi 
de  Saint-i 
Pierre  Le     i 
—    Gene\     i 
Françoise 

La  Hirti     \ 
Marie  de  '. 
Renée  Le 
Jan  Alexa 

Lauréat 

La  Mora    i 
1567,  Jeha 
1580,  Pien 
1630,  Guy  ( 
épouse  de    ' 
Loysel.  — 

LaPiroti 
Jean  de  £ 
Bonaventu  i 
la  Pirotais, 

Le  Série, 
d'Alain  de 
Aubin,  fem  ; 
Besné.  —  1  i 
Glemens.  - 


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144  NOTES  HISTORIQUES 

de  Saint-Aubin.  —  1649,  Jaan  de  Saint-Aubin,  époux  de 
Marthe  Loysel.  —  1665,  René  de  Saint-Aubin,  époux  de 
Julienne  de  l'Estourbeillon.  •—  Jean  de  Saint-Aubin.  — 
1680,  Jean  Provin.  —  1795.  —  Jean  Dubeing.  —  1782, 
Loui^  Dubeing.  —  1759,  Marie-François  Dubeing,  veuve 
d'écuyer  René  de  Martel. 

Le  Sublaire.  —  Terre. 

Trevecar.  —  Terre  et  Juridiction.  —  Bâtine  était  la  maison. 

Ki7/tfAom.-- Terre  et  Seigneurie  avec  haute  justice,  en  Bou- 
vron,  Campbon,  Fay.  —  1538,  Jean  Le  Bel.  —  1585,  Guil 
jaumede  Cadaran,  époux  de  Françoise  du  Ghastelier.  —  1637, 
François  de  Cadaran.  — 1679,  Jacob  Pineau,  époux  de  Jeanne 
Le  Roy.  —  1730,  Alexandre  Pineau,  époux  de  Claude  Galet. 
—  1750,  Pierre  Pineau,  époux  de  Jeanne  Meignen.  —  Pierre 
Fourché  de  Quéhillac. 

Il  existait,  en  outre,  àCampbon,  d'après  le  registre  de  la  pa- 
roisse, d'autres  maisons  nobles  et  châteaux  : 

La  Bodinais,  à  la  famille  Loysel,  devait  dépendre  du  Qui- 
nyo.  La  Bergerie^  à  la  famille  de  Cramezel  de  Kerhué,  de  Gué- 
rande.  —  Le  château  de  Coustable,  situé  dans  la  partie  nord 
dudit  village  et  dont  les  débris  ont  servi  pour  la  cons- 
truction des  maisons.  La  tradition  rapporte  que  son  der- 
nier seigneur  portait  le  titre  de  châtelain  du  Verger  ; 
les  habitants  du  village  de  la  Juhelais  devaient  lui  rendre 
hommage  le  dimanche  après  la  Saint-Jean,  envoyant  un 
des  leurs  qui  devait  se  présenter  à  genoux  devant  le  sei- 
gneur, la  figure  et  la  tête  à  moitié  rasées,  tenant  en  main 
une  pièce  d'argent  où  était  figuré  un  homme  à  genoux. 

On  croit  que  le  plus  ancien  château  deCampbon  était  celui  de 
Bessac^  détruit  depuis  des  siècles,  et  à  la  place  ducjuel  on  voit 
les  ruines  d'une  chapelle  brûlée  pendant  la  Révolution*. 


<  Missire  Jaa  Fouré^  recteur  de  la  paroisse  de  QuiUy  (1598-1634),  fit  re^ 
bastir  à  neuf  la  chapelle  de  Notre-Dame^e-Toutes- Aides ^  au  yillage  de 
BessaCt  en  Gampbon,  laquelle  chapelle  dépend  de  la  cure  de  Quillj,  et  ont 
droit  de  tout  temps  !ei  recteurs  de  Quilly  de  jouir  àm  offrandes  et  an  très 


m 


Du  chai 
tour  appe 
de  demou 
est  iombî 
qu'il  fut  ' 
ayant  été 


rentes  qu    et 
chapelle  flre 
pen  tiers  qui 
étaient  Pierr< 
les  Audren,  < 

Les  maçons 
Tramblaje  d 

Les  trois  c< 
Lemarié,  Jan 

U  y  eut  ma 

Ledit  rectei] 
Clair,  à  Quen 
Saint-Clair  à 

Elle  lai  coâ 

Le  temps  di 
V Image  fut  d  : 
les  Viltres  pa; 

Le  recteur  i  i 
porte  neuve,    i 

T.  VI.  — 


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CHRONIQUE 


HISTOIRE  ET  BIBLlOGRAPfflE 


Les  longues  veillées  d'hiver  sont  venues  depuis  trois  mois 
permettre  à  nos  collègues  d'achever  un  certain  nombre 
de  travaux,  depuis  longtemps  attendus  avec  impatience 
par  les  chercheurs  et  les  érudits.  D'importants  ouvrages,  des 
publications  de  premier  ordre,  que  la  vie  d'un  homme  n'est 
parfois  pas  trop  longue  pour  mener  à  bien,  sont  venus  aug- 
menter les  trésors  de  nos  bibliothèques  et  nous  serions 
heureux  de  pouvoir  faire  ici  connaître  les  sources  nouvelles 
aussi  intéressantes  que  fécondes  où  pourront  désormais 
venir  puiser  tous  nos  chercheurs.  Trop  restreint,  hélas  !  est 
notre  cadre  ;  nous  nous  ferons  néanmoins  un  devoir  de 
signaler  ici  les  principaux  travaux. 

BRETAGNE 

Essai  sur  la  qéographie  de  la  Bretagne  avec  la  carte 

DES    FIEPS    ET     SEIGNEURIES    DE    CETTE   PROVINCE.    —   L'un  des 

principaux  ouvrages  récemment  parus  en  Bretagne  est  sans  contredit  : 
L'Essai  sur  la  géographie  féod&lede  la  Bretagne  avec  la  carte  des 
fiefs  et  seigneuries  de  cette  province  (gr.  in-8*,  de  <95  p.  Rennes, 
Plihon  et  Hervé,  éditeur).  Suivons  l'intéressant  compte-rendu,  qu'a 
bien  voulu  en  faire  pour  la  Revu^  historique  de  l'Ouest,  notre  sympa- 
thique confrère,  li«  Albert  Macé  : 


c  Sous  le  titre  trop  modeste  d'Essai,  Témineat  historien  breton, 
M.  Arthur  de  la  Borderie^  vient  de  publier  un  important  mémoire  sur 
la  Géographie  féodale  de  la  Bretagne.  Déjà  des  études  d'une  réelle 
valeur  avaient  été  consacrées  à  certains  ^eîs,  à  certaines  seigneuries. 
Aucun  travail  d'ensemble  n'avait  été  exécuté,  bien  que  le  besoin  d'une 
œuvre  complète  fût  connu  depuis  de  longues  années  par  tous  ceux  qui 
s'occupent  de  l'histoire  de  notre  province.  «  Si  Ton  ne  sait  pas  ce  que 
c'est  que  le  Porhoêt,  les  baronnies  de  Fougères,  de  Gombourg,  de  Dinan, 
de  Bécherel,  dit  fort  justement  l'auteur,  comment  comprendre,  au 
douzième  siècle,  la  lutte  d^Henri  II  Plantagenet  contre  Eudon  de 
Porhoët  et  ses  alliés  ?  Si  Ton  ne  connaît  les  comtés  de  Penthièvre  et 
de  Tréguier,  comment  se  rendre  compte  de  la  guerre  de  Bretagne  au 
quatorzième  siècle,  où  le  premier  rôle  est  tenu  par  Jeanne  de  Pen- 
thièvre ?  Si  l'on  ignore  la  force  et  la  situation  des  diverses  seigneuries 
réunies  vers  4480  dans  la  main  du  maréchal  de  Rieux,  comment 
s'expliquer  le  rôle  prépondérant  de  ce  personnage  dans  les  événements 
du  règne  d'Anne  de  Bretagne  ?  »  Et  si  Ton  veut  étudier  l'organisation 
judiciaire  de  la  province,  après  l'union  de  la  Bretagne  à  la  France,  la 
composition  du  ressort  des  différentes  juridictions  parait  due  à  une 
fantaisie  dont  les  motifs  nous  échappent,  si  l'on  n'a  pas  appris  les  causes 
de  la  formation  et  de  l'étendue  des  fiefs  compris  dans  telle  ou  telle 
sénéchaussée. 

Mais  pour  mener  à  bonne  fin  une  pareille  entreprise,  pour  faire  con- 
naître Torigine  historique  des  principales  seigneuries,  pour  fixer  net- 
tement leurs  limites,  pour  indiquer  les  arrière-fiefs  qui  en  relevaient, 
pour  ressusciter  en  un  mot  l'organisation  domaniale,  judiciaire  et 
féodale  de  la  Bretagne  au  moyea-àge,  les  difficultés  étaient  graves 
et  les  obstaôles  nombreux.  Il  fallait  avoir  longtemps  étudié  les  actes 
publiés  par  les  Bénédictins  bretons,  avoir  patiemment  fouillé  l'immense 
collection  des  Aveux  et  Déclarations  des  seigneuries  de  Bretagne. 
M.  de  la  Borderie  était  tout  désigné  pour  cette  œuvre  ;  seul  il  pouvait 
l'entreprendre,  seul  il  pouvait  l'accomplir. 

Les  invasions  normandes  avaient  fait  table  rase  de  l'ancienne  orga* 
nisation  de  la  Bretagne.  Les  comtés  et  les  machtiemats  avaient  dis-^ 
paru.  Le  lien  qui  unisait  la  tribu  émigrée  à  la  famille  de  son  chef 
était  brisé  :  désormais,  le  patronage  ne  dérive  plus  que  de  la  recom" 
mandations  c^est-à-dire  de  la  convention  entre  le  faible  qui  re- 
cherche l'appui  du  puissant^  ou  entre  le  pauvre  qui  accepte  la  dépen-« 


148  CHRONIQUE 

dance  yis-à-Tis  du  riche  en  échange  de  certains  biens  ou  de  certains 
ayantages  concédés  par  ce  dernier.  Tout  d'abord,  il  s'agit  de  protéger 
la  frontière^  soit  du  côté  du  Poitou  par  \%  création  du  territoire  neutre 
des  Marches,  soit  du  côté  de  l'Anjou  par  rétablissement  des  ch&tellenies 
du  Pallet,  de  Goulaine,  du  Loroux-Bothereau,  soit,  pour  le  Maine  et 
la  Normandie^  pour  la  formation  de  l'importante  baronnie  de  Vitré 
et  de  labaronnie  de  Combourg.  En  môme  temps,  on  remarque  que 
pour  parer  aux  dangers  pouvant  résulter  du  relâchement  des  biens  du 
sentiment  national,  à  la  suite  des  ravages  des  Normands,  les  comtes 
de  Nantes  et  de  Rennes  ont  eu  soin  de  confier  les  fiefs -frontières  à  des 
hommes  de  pur  sang  breton.  Les  noms  des  premiers  seigneurs  et  de 
leurs  principaux  vassaux  appartenant  presque  tous  à  la  Basse -Bretagne. 
Mais  s'il  était  nécessaire  de  constituer  de  fortes  défenses  sur  les  fron- 
tières, les  comtes  de  Nantes  et  de  Rennes  n'oublièrent  pas  de  prendre 
leurs  précautions  contre  toute  tentative  d'indépendance  des  possesseurs 
de  grands  fiefs.  Dans  la  baronnie  de  Vitré,  les  comtes  de  Rennes  ont 
edlevé  les  huits  paroisses  de  la  baronnie  de  la  Guerche.  Entre  ReU 
et  Glisson,  les  comtes  de  Nantes  se  réservent  la  Benaste,  puis  le  do- 
maine de  Touffou  entre  Retz  et  Vertou,  trois  fiefs  directs  dans  le  corps 
môme  de  la  baronnie  de  Retz,  Montrelais  à  l'est  d'Ancenis,  le  Gàvre 
entre  Blain,  Plessé  et  Pontchàteau,  etc.  «  Ge  système  de  contrepoids, 
écrit  M.  de  la  Borderie>  est  trop  régulièrement  appliqué  pour  qu'on 
n'y  doive  pas  reconnaître  l'un  des  principes  suivis  par  ^  nos  comtes  et 
ducs  bretons  dans  l'organisation  féodale  de  leur  pays.  »  Il  en  est  de 
môme,  en  effet  sur  tous  les  points  de  la  Bretagne,  sauf  dans  la  partie 
occidentale  du  Poutrécoêt,  pays  désert  et  inculte,  où  fut  établi  l'im- 
mense fief  de  Porhoêt,  et  dans  le  vaste  apanage  de  la  maison  de  Pen- 
thièvre.  La  constitution  de  ce  puissant  domaine  fut  une  faute  dont  les 
conséquences  pesèrent  sur  la  Bretagne  dès  le  onzième  siècle^  et  se 
firent  sentir  jusqu^à  l'époque  de  l'union  de  notre  province  à  la  France. 
La  deuxième  partie  du  travail  de  M.  de  la  Borderie  comprend  le 
commentaire  de  la  carte  féodale  jointe  au  livre.  Le  Lit;re  des  Ostz, 
c'est-à-dire  des  devoirs  et  services  militaires  dus  au  duc  de  Bretagne  , 
par  ses  principaux  feudataires,  et  qui  furent  offerts  au  duc  Jean  II,  à  : 
Ploêrmel,  en  août  1294,  lui  a  fourni  de  précieux  renseignements,  bien  | 
que  les  réserves  formelles  du  duc  établissent  qu'on  ne  saurait  y  voir  | 
un  dénombrement  complet  de  l'armée  féodale  de  la  Bretagne  à  la  fin  i 
du  treizième  siècle.    Mais  aux  détails  fournis  par  le  Livre  des  Ostz        | 


jigiTizea 


CHRONIQUE  149 

sur  les  hnît  baillies  de  Bretagne  et  les  flefs  qui  en  relèvent,  il  a  joint 
soit  cenx  que  donnent  les  actes  du  onzième  au  treizième  siècle  recueillis 
par  dom  Lobineau  et  dom  Morice,  les  suppléments  résultant  des  pu- 
blications récentes,  ceux  qu'il  a  recueillis  directement  et  surtout  ceux 
provenant  des  fonds  presque  inépuisables  de  la  Chambre  des  Comptes 
de  Nantes,  qu'il  a,  pendant  tant  .d'années,  si  minutieusement  et  si 
judicieusement  explorés. 

En  terminant  cette  remarquable  étude  où  s'affirment  à  chaque  page 
aon  respect  filial,  son  ardent  amour  pour  la  Bretagne,  M.  de  la  Borderie 
rend  un  juste  hommage  au  vieil  esprit  breton,  si  franc,  si  fier,  si 
libre,  qui,  malgré  l'absorption  de  notre  province  par  la  grande  monar- 
chie capétienne,  a  survécu  à  toutes  les  épreuves^  jusqu'à  l'henre  de  la 
Révolution.  Nous  ne  pouvons  que  joindre  nos  remerciements  et  nos 
éloges  à  ceux  qui  lui  ont  été  adressés  par  des  voix  plus  autorisées,  et 
souhaiter  qu'il  continue  et  achève  l'œuvre  si  bien  commencée,  le  mo- 
nument qu'il  élève,  au  nom  de  la  vérité  et  de  l'histoire,  à  la  gloire 
do  la  Bretagne. 

Albert  Mag6. 


Le  Livre  doré  de  l'Hôtel-de-  Ville  de  Nantes.  —  Une 
autre  publication  que  nous  ne  saurions  passer  sous  silence  est  le  Sup- 
plément du  Livre  Doré  de  V Hôtel-de-Ville  de  Nantes.  (In-S*  Nantes, 
imp.  Emile  Grimaud)  que  viennent  de  publier  MM.  Â.  Perthuis  et 
S.  de  la  Nicollière-Teijero.  La  première  édition  du  Livre  Doré  de 
l'Hôtel-de- Ville  de  Nantes,  publiée  en  i873,  était  épuisée  depuis  long- 
temps, nos  savants  confrères,  en  ont  donné  au  mois  de  décembre,  une 
seconde  édition  impatiemment  attendue  et  ornée  de  trois  eaux-fortes, 
dix-sept  planches  de  jetons  et  armoiries,  et  cent  cinq  bois  dans  le  texte. 
Mais  de  plus^  un  intéressant  Suppl6mbiit,  contenant  l'historique  de  nos 
municipalités  nantaises  jusqu'en  4  889  a  été  tiré  à  part  pour  les  pre- 
miers souscripteurs.  Il  est  orné  d'une  planche  de  jetons  et  d'une  eau- 
forte  de  la  médaille  représentant  le  buste  de  François  de  Valois,  fils 
aine  du  roi  François  I*'  et  de  la  reine  Claude,  couronné  à  Rennes 
sous  le  nom  de  François  III,  duc  de  Bretagne  et  terminé  par  une  table 
alphabétique  de  tous  les  noms  de  personnes,  cités  dans  l'ouvrage. 


150  GHROKIQUE 

ANNUAIRE  DU    GON SE! L  HÉRALDIQUE    DR  FrANGE.  — 3*  année. 
—  La  noblesse  de  nos  jours  est   trop   souvent  usurpée  ou  méconnue. 
Pour  sauvegarder  son  prestige  contre  les  assauts  de  la  démocratie,  et  la 
défendre  aussi  contre  les  parvenus  qui  se  parent  de  ses  augustes  dé- 
pouilles,  ce  n'est  pas  trop  de  l'action  des  hommes  de  bonne  foi  et  de 
bonne  volonté,  unis  dans  le  culte  des  ancêtres  et  le  respect  du  passé. 
Pour  arriver  à  une  telle  cohésion,  il  faut  autant  de  tact  et  de  mesure,  qme 
de  science  et  de  zèle  ;  toutes  ces  qualités  sont  l'heureux  apanage  de  notre 
très  sympathique  confrère  M.  le  vicomte  Oscar  de  Poli,  qui  préside  de- 
puis six  ans  aux  destinées  du  Conseil  héraldique  de  France,  fondé,  on 
peut  même  dire^  créé  par  lui.  Un  peu  critiquée  et  battue  en  brèche,  au 
début,  cette  société  a  fait  aujourd'hui  ses  preuves,  elle  avait  deux  cents 
adhérents,  à  peine  à  la  fin  de  1887,  elle  en   compte   trois   cents  cin- 
quante, au  commencement  de  1890,  elle  a  groupé  des  historiens,    des 
archéologues  c6te  à  c6te  avec  des  hommes  du  monde  occupés  de  ques- 
tions nobiliaires^  car  les  uns  et  les  autres  ont  pu  bientôt  juger  des  mé* 
rites  de  l'œuvre  et  de  la  féconde  initiative  de  M.  le   vicomte  de  Poli, 
par  la  publication  d*un  Annuaire,  unique  en  son  genre  qui  vient  de 
pardtre  pour  la  troisième  fois. 

Le  plan  général  de  V Annuaire  a  été,  dès  le  principe,  si  bien  conçu 
et  si  bien  exécuté,  qu'il  n'y  a  plus  été  apporté  par  la  suite  que  des 
changements  et  des  améliorations  de  détail.  Entre  la  liste  des  membres 
du  Conseil  héraldique,  et  la  très  utile  bibliographie  de  leurs  ouvrages, 
récemment  publiés,  se  lisent  de  petits  mémoires,  de  claires  et  ingénues 
dissertations,  où  l'histoire  côtoie  l'art  héraldique,  où  l'éruditioa 
s'affirme  sans  pédantisme^  où  la  poésie,  consacrée  à  chanter  une  noble 
cause,  à  pleurer  une  grande  infortune,  se  glisse  entre  deux  de  ces  frag- 
ments. Parfois  aussi  des  planches  d'armoiries  ou  de  sceaux,  des  portraits 
finement  rendus  deviennent  le  commentaire  vivant  d'un  document  ou 
d'une  biographie,  enfin,  et  c'est  là  un  des  plus  sûrs  éléments  d'instru- 
ments d'intérêt,  une  Chronique^  puisée  aux  meilleures  sources  d'infor- 
mation, semée  d'aperçus  critiques  d'une  bienveillance  qui  n'exclut  pas  la 
justesse,  relate  minutieusement  presque  au  jour  le  jour,  les  événements 
survenus  dans  la  noblesse  française,  spécialement  dans  les  familles  des 
sociétaires,  et  la  part  que  ceux-ci  ont  prise  pendant  l'année,  au  mouve- 
ment intellectuel.  Coupée  en  petits  paragraphes,  pleine  de  menus  faits 
dont  chacun  a  sa  portée,  cette  chronique  a  recueilli  bien  des  renseigne-?) 


GHRONIQUB  l&l 

méats  épars  qui  seraient  restés  enfouis  dans  des  catalogues  ou  des  pé- 
riodiques,  elle  sera  souvent  consultée,  toujours  avec  fruit. 

En  indiquant  la  méthode  constitutive  des  Annuaires  du  Conseil 
héraldique,  nous  venons  de  faire  l'éloge  du  dernier  d'entre  eux.  Le 
Tolume  de  4889  (in-18,  362  p.  Saint- Arnaud  (Cher,  imp.  Destenay), 
est  encore  en  progrès  sur  ses  aînés,  il  accuse  chez  M.  le  vicomte  de  Poli, 
qui  est  T&me  de  l'œuvre,  et  dont  le  souffle  généreux  se  communique  à 
ses  collaborateurs,  un  perpétuel  souci  de  mieux  faire.  Ce  livre  de  360 
pages  (le  précédent  n'en  comptait  que  260),  renferme  des  notices,  des 
communications  dues  aux  plumes  disertes  de  Mgr  Barbier  de  Montault, 
de  MM.  Tamizey  de  Larroque,  Louis  Audiat,  Alfred  de  Martone,  etc. 
M.  le  vicomte  Poli  y  a  inséré  lui-même  une  Monographie  du  ch&teau 
de  Chanteloup  et  des  Notes  sur  la  famille  de  Jeanne  d*Arc  qui 
servent  de  préface  à  un  poème  de  M.  le  baron  de  Barglion  de  Fart- 
Riou  et  offrent  sur  l'origine  noble  de  l'héroïne,  aujourd'hui  plus  que 
jamais  célèbre,  des  révolutions  inattendues. 

Nous  voulons  mentionner  à  part  un  remarquable  extrait  du  Devisaire 
breton  que  va  publier  M.  Emmanuel  de  Boceret  et  d'un  article  où 
l'éminent  auteur  de  la  Légende  de  saint  Yves  M.  le  vicomte  de  la 
Yillerabel  a  lumineusement  résumé  les  Sources  du  nobiliaire  de 
Bretagne.  M,  de  Poli  a  toujours  fait  l'hospitalité  très  large  à  notre 
chère  province,  il  insérait  l'an  passé  un  bien  intéressant  travail  de 
M.  8.  de  la  Nicollière,  Petits-neveux  de  Jeanne  d'Arc  au  Comté 
Nantais.  Nous  terminerons  ce  court  article  par  un  vœu,  en  souhaitant 
de  tout  notre  cœur  qu'il  se  réalise.  Puisse  la  lecture  de  ce  charmant  An» 
nuaire  augmenter  le  succès  du  Conseil  Héraldique  de  France,  amener 
beaucoup  de  fidèles  autour  de  cette  bannière,  où  nous  distinguons 
mêlées  aux  lys  les  hermines  de  Bretagne.  Puisse  le  fondateur,  qui  s'ac- 
quitte à  merveille  de  sa  tâche,  s'appliquer  ces  vers  du  Cid.  : 

Nous  partîmes  trois  cents,  mais  par  un  prompt  renfort, 
Nous  nous  vîmes  trois  mille  en  arrivant  au  port. 

Olivier  di  Gourcuff. 


Les  Prélébanaires  de  la  Révolution.  —  Un  ouvrage  que 
nous  ne  saurions  trop  encore  recommander  à  nos  lecteurs,  c'est  les 


152  CHRONIQUE 

Préléminaires  de  la  Révolution  par  notre  sayant  et  sympathique 
confrère  M.  Marias  Sepet^  conservateur  adjoint  à  la  Bibliothèque  N^* 
(un  beau  vol.  In-18,  jésus,  356  p.  Paris,  Bray  et  Retaux,  éditeurs). 
Il  est  impossible,  nous  dit  avec  juste  raison  Tauteur,  en  annonçant  son 
livre,  de  bien  comprendre  l'histoire  de  la'  Révolution  française,  si  Ton 
n'a  pas  une  idée  nette  et  exacte  de  Tétat  de  choses  immédiatement  anté- 
rieur. D  Aussi  M.  Sepet,  ^'est-il  précisément  proposé  dans  cet  ouvrage 
de  mettre  en  relief  le  caractère  des  dernières  années  de  la  Monarchie. 

Le  volume  comprend  deux*  parties  :  la  première  a  pour  sujet  :  La 
Société  française  à  la  veille  de  la  Révolution.  L'auteur  y  trace  un 
tableau  clair  et  attachant  de  l'ancienne  France,  telle  qu'elle  était 
au  moment  de  l'ouverture  des  États  généraux.  Il  passe  successivement 
en  revue  les  mœurs,  les  idées,  les  institutions,  et  décrit  le  mécanisme 
complexe  du  gouvernement  et  de  l'administration,  en  l'expliquant  par 
l'histoire.  Il  montre  Torigine  et  le  jeu  des  diverses  influences  dont 
l'action  combinée  prépara  la  ruine  des  vieilles  institutions   françaises. 

Le  tableau  a  un  complément  nécessaire  dans  la  seconde  partie  où 
sont  racontés  les  événements,  trop  oubliés,  des  Dbricièrbs  annêss 
DB  l'anctbn  rêoimb.  L'autour  s'est  attaché  à  présenter  un  récit 
fidèle  et  impartial  des  tentatives,  des  luttes,  des  péripéties  qui  mar- 
quèrent successivement  la  fin  du  ministère  de  Galonné,  celui  de  Lo* 
ménie  de  Brienne  et  le  second  ministère  de  Necker.  Les  délibéra- 
tions des  Notables,  les  conflits  avec  le  Parlement,  les  troubles  de 
Bretagne  et  de  Dauphiné,  le  mouvement  électoral  de  4789,  offrent  ane 
suite  de  scènes  émouvantes  et  curieuses. 

L'auteur  s'est  efforcé,  en  exposant  les  faits  avec  exactitude  et  en 
les  appréciant  avec  équité,  de  leur  conserver  dans  le  récit  leur  valeur 
dramatique  et  pittoresque.  Il  n'a  pas  négligé  non  plus,  dans  la  mesure 
de  ses  forces,  de  faire  ressortir  les  portraits,  les  caractères  des  per- 
sonnages qui  y  figurent,  et  dont  plusieurs  :  Necker,  Mirabeau,  Moanier, 
La  Fayette,  Sieyès,  devaient  bientôt  jouer  un  rôle  si  considérable  dans 
la  Révolution  elle-même. 

Il  a  fait,  en  un  mot,  tout  ce  qui  lui  était  possible  pour  que  ces  évé- 
nements, qui  nous  touchent  encore  de  si  près,  joignissent  dans  son 
livre,  comme  ils  le  font  en  eux-mômes,  aux  graves  leçons  de  l'histoire, 
quelque  chose  de  l'intérêt  que  Ton  cherche  et  que  l'on  ne  trouve  pas 
toujours  dans  les  compositions  romanesques. 


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Paris  pendant  la  tbrreur.  —  Continuant  la  série  de  ses  in- 
téressantes publications  sur  la  période  révolutionnaire,  notre  zélé  com- 
patriote M.  Edmond  Biré,  vient  de  faire  paraître  Paris  pendant  la 
Terreur  (Perrin  et  €*•  éditeurs).  C'est  un  témoin  imaginaire  plutôt 
que  réel,  qui  raconte  ses  propres  impressions  et  aussi  celles  que  pro- 
duisent, sur  l'esprit  public,  tant  de  mesures  et  d'actes  sanglants  et 
terribles.  Ce  livre  n'embrasse  pas  un  grand  espace  de  temps,  cinq 
moistotttjuste,  dejuinà  la  fin  d'octobre  1793  :  mais  que  d'événements, 
pendant  ces  cinq  mois,  et  que  de  tableaux  navrants,  rendus  avec  une 
réalité  saisissante,  par  M.  Edmoifd  Biré  I  C'est  une  série  de  drames 
sanglants  qui  se  déroulent,  l'un  après  l'autre,  avec  une  logique  impas- 
sible, et  qui  montrent  que^  pendant  ces  heures  terribles,  on  vivait 
quand  moue.  N'en  fut-il  pas  ainsi,  d'ailleurs,  à  toutes  les  heures 
sinistres  .de  l'histoire  ? 


Livres  et  Ouvrages  divers  ;  En  première  ligne  des  autres 
travaux  intéressant  la  Bretagne,  nous  devons  signaler  la  remarquable 
Généalogie  historique  de  la  Maison  de  Cornulier,  autrefois  de  Cor- 
nillé,  en  Bretagne.  (In-8®,  35S  p.  et  12  portraits,  Orléans,  imp.  Her- 
luison,  éditeur.)  Nous  reviendrons  longuement  dans  notre  prochaine 
livraison  sur  ce  livre  d'un  intérêt  capital^  dont  la  très  curieuse  Intro^ 
duction  peut  être  citée  à  bon  droit  comme  un  modèle  du  genre.  Que 
si  nous  avons  le  regret  de  voir  le  défaut  d'espacp,  nous  empocher 
aujourd'hui  de  lui  consacrer  le  compte-rendu  détaillé  qu'il  mérite, 
nous  dirons  du  moins  dès  à  présent,  tout  le  charm<*  que  nous  a  causé 
la  lecture  de  cet  ouvrage,  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  son  érudit 
auteur,  M.  le  comte  Ernest  de  Cornulier.  ^  Puis  c'est  :  Richelieu  et 
la  Monarchie  absolue,  t.  iv.  Administration  générale,  justice 
(suite  et  fin).  — Administration  provinciale  et  communale^  par  le 
vicomte  G.  d'Avenel.  In-8^  Paris.  Pion  et  Nourrit,  éditeurs  ;  —  Les 
Sources  d'un  nobiliaire  de  Bretagne,  parle  vicomte  A.  de  la  Ville- 
rabel.  In-8%  31  p.  Saint- Amand,  imp.  Destenay  ;  —  Un  Corsaire 
malouin  :  —  Robert  Surcouf ,  d'après  des  documents  authentiques,  par 
Robert  8urcouf,  ancien  sous-préfet.  In-8",  Paris,  Pion  et  Nourrit,  édi- 
teurs :  —  Les  anciennes  Facultés  de  droit  de  Rennes  (1 735-1 792),par 
Emile  Chenon,  professeur  agrégé  de  la  Faculté  de  droit  de  Rennes.  In- 
8*.  n,  267  p.  Rennes,  imp.  Le  Roy,  lib.   Caillière  ;  -^  Histoire   du 


154  CHRONIQUS 

général  de  Sortis,  par  Jean  de  la  Foye.  In-8*,  orné  de  8  portraits  et 
gravures  hors  texte.  Paris,  Bloud  et  Barrai,  éditeurs  ;  —  Vie  de 
M.  V&bbé  Huchet,  curé-archiprètre  de  la  cathédrale  de  Saint^Malo, 
vicaire  général  de  Rennes,  par  le  P.  Marie- Joseph  Ollivier,  des  Frères 
Prêcheurs.  In-i2,  313  p.  Paris,  imp.  des  Chemins  de  fer  ;  —  La  Rë- 
pùblique  de  Sam^-Afarin,  par  le  commandant  Léon  Dieu.  Paris,  Per- 
rin,  éditeur  ;  —  Daniel  de  Ker forts,  par  Ernest  Daudet.  In-18, 3*  édi- 
tion, Paris,  Pion  et  Nourrit,  éditeurs  ;  —  La  Vertu  morale  et  sociale 
du  Christianisme,  parle  comte  Guy  de  Brémond  d'Ars.  In-16,  Paris, 
Perrin,  éditeur  ;  —  Le  Surmenage  intellectuel  à  V Ecole  rtavale  et 
VIrtstruction  des  officiers  de  vaisseau,  par  Ed.  Dubois,  ancien 
examinateur  de  la  Marine.  In-8^,  40  p.  Brest,  imp.  Dumont.  Paris, 
lib.  Ghallamel  ;  ^  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  acadé" 
mique  de  Nantes  et  de  la  Loire^Inférieure^  pendant  Vannée  1888' 
89,  par  J.  Gahier,  secrétaire  général.  In-8°,  28  p.  Ndintes,  imp.  Mel- 
linet  ;  —  Compte^rendu  de  la  réunion  générale  de  V  Association 
catholique  des  anciens  élèves  du  collège  Saint-Sauveur  de  Redon, 
1d-8*,  108  p.  Redon,  imp.  L.  Chesnais;  —  Saint  Mélairte,  évéqxfe  de 
Rennes,  Son  rôle  dans  la  fondation  de  la  Monarchie  française, 
par  M,  A.  de  la  Borderie.  Curieuse  étude  publiée  par  Tauteur  dans 
le  Journal  de  Renrtes  ;  —  Beaubois  en  Bourseul,  et  ses  seigneurs, 
par  M.  Alfred  de  Tesson,  capitaine  de  frégate  en  retraite.  In-8*,  20  p. 
Avranches,  imp.  H.  Gibert;  —  Documents  inédits  pour  servir  à 
r Histoire  de  la  Révolution  darts  la  Loire^Inférieure,  par  A.  Joû- 
bert.  In-8*,  18  p.  Vannes,  imp.  Lafolye;  —  Julienrte  du  Guesclin  à 
/'oniorson,  par  Olivier  de  Gourcuff.  In-1 8,  8  p.  Paris,  Lemerre,  édi- 
teur ;  —  Pour  la  Bretagne,  Drame  historique  en  quatre  actes,  par 
Louis  Tiercelin,  représenté  pour  la  première  fois  à  la  Guerche  de  Bre- 
tagne, le  dimanche  23  mars.  Jn-8**,  100  p.  Vannes,  imp.  Lafolye, 
Bennes,  lib  Caillière  ;  —  Voyage  d^un  gentilhomme  breton,  aux 
eaux  de  Bourbon-l'Archambault  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle  (mss.  inédit),  par  le  docteur  de  Closmadeuc.  In-8*, 
43  p.  Vannes,  imp.  Galles;  —  Nominoë,  roi  de  Bretagne^  vain- 
queur des  Francs  à  la  bataille  de  Ballon,  par  René  de  Laigue,  dans 
le  Redonnais  du  22  mars  1890  ;  — Let^ers  d'étoiles,  par  Dominique 
Caillé,  Nantes,  1889  ;  —  Notice,  Portrait,  de  M.  A.  Guibourd,  séna- 
teur, maire  de  Nantes,  dans  le  Korrigan,  du  19  février  1890  ;  —  Lat 
Chanson  du  Biniou,  charmante  nouvelle,  publiée  depuis  le  8  février, 


dans  le  Monde  illustréy  par  Gilbert  Doré.  —  l.a  famille  Cadio  de 
Kerloguenet  la  chapelle  de  Sainte- Anne  de  Kermalvezin  en  Camac, 
dans  le  Courrier  des  campagnes  dn  22  mars  1890  ;  «^Le  Prieuré  de 
Saint-Martin  O.S.  B.  membre  de  Marmoutiers,  d'après  le»  chartes 
existant  aux  archives  du  Morbihan  et  celles  données  par  Dom  Morice^ 
par  L.  Galles,  dans  V Annuaire  du  Morbihan  de  1890  publié  par 
A.  Lallemand  ;  —  Le  Conscrit  de  France,  poésie,  par  A.  Leroux, 
dans  VEspérance  du  Peuple,  du  20  février,  le  Redonnais,  du  4  •' 
mars  et  le  Petit  Breton,  du  25  mars;  puis  :  la  Princesse  Marguerite 
d'Orléans,  poésie,  par  le  môme,  dans  VEspérance  du  22  mars  ;  — 
dans  la  5*  livraison  (février  1890),  de  V Hermine,  nous  signalerons  ; 
Choses  de  Bretagne,  par  Louis  Tiercelin  ;  —  Tante  Laure,  par 
GarolusBrio;  —  Ceux  de  chez  nous  :  Villiers  de  Vlsle-Adam,  par 
R.  dn  Pontavice  de  Heussey  ;  —  Le  Combat  de  Kerguidu,  par  A. 
Inizan  ;  —  Les  Lettres  en  Bretagne,  par  lan  al  Lener  ;  —  Les  Arts 
en  Bre^gne,  par  Sullian  Collin;  —  puis  enfin  la  très  vaillante  Croix 
Bretonne  et  Vendéenne  dont  les  deux  premiers  numéros  ont  paru  les 
22  et  29  mars  et  qui  formera  désormais  l'un,  des  meilleurs  organes  de 
la  Presse  catholique  de  TOuest. 


NORMANDIE. 

Livres  et  Ouvrages  divers.  —  Nous  devons  signaler  dans  cette 
laborieuse  province  :  —  Le  Diocèiie  d'Avranches,  sa  topographie, 
ses  origines  y  sesévèques,  sa  cathédrale,  ses  églises,  ses  comtes  et 
ses  châteaux,  par  Vahhè  Pigeon,  2  volumes  in-8*,  322  et  399  p. 
Goutances,  imp.  Salettes  ;  —  Souvenirs  du  12*  régiment  de 
chasseurs  [1199-1815),  par  \e  capitaine  Aubry.  In-S**,  écu,  220  p. 
Paris,  Quantin,  éditeur  ;  —  Les  Insurrections  populaires,  en 
Basse-NormanJdie,  au  quinzième  siècle,  pendant  Voccupation 
anglaise  et  la  question  d'Olivier  Basselin,  par  Armand  Gasté,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  Lettres  de  Caen.  In-8%  82  p.  et  fac-similé, 
Gaen,  imp.  Delesques;  —  Histoire  générale  des  Emigrés.  Les 
Emigrés  et  la  Société  française  sous  Napoléon  /•',  par  H.  Forneron, 
avec  une  Introduction,  par  M.  le  Trr^sor  de  la  Rocque,  t.  m.  In-8*, 
Paris,  Pion  et  Nourrit  ;  —  Notice  sur  Saint-Léger  du  Bourg-^Denis, 


156  CHRONIQUE 

par  M.    Roussignol.   Id-8%  240  p.   Rouen,  imp.    Megard  ;  *-*   Une 
Paroisse  normande.   Notice  sur  Saint'Denis-le'Vêtu,  par  Tabbé 
QuÎDette.  In-8*,  144  p.   Avranches,    imp.  Gibert  ;  —  Histoire  du 
département  de  l'Orne,  par  l'abbé  Th.  Prozier.  In-12,   44  p.  Lagny, 
imp.  Golia  ;  — Notes  sur  la  seigneurie  et  le  château  de  Nagel,   par 
Geoffroy  de  Grandmaison,  membre  de  l'Association  normande.   In-8'^, 
82  p.  Gaen,  imp.   Delesques  ;  —  /.es  Normands  dans   les  Deux- 
MondeSf  par  G.  B.  de  Lagréze.  In-8*,  Paris,  Firmin  Didot,  éditeur  ;  — 
Les  Normands  dans  les  Deux-Siciles.  Esquisse  historique.  In-46, 
IV,  48  p.  Alençon,  imp.  Renaut  de  Broise  ;  —  Notes  manuscrites 
d*un  conseiller  au  Parlement  de  Normandie  (i769'i789)y  (M.  de 
Gressent),  par    le   vicomte  d'Estaintot^  in-8°,  65   p.    Rouen,    imp. 
Cagniard  ;  —  Entrée  du  duc  d*Epernon  à  Rouen  (3  mai    1588), 
comme  gouverneur  de  Normandie,  par  M.  de  Beaurepaire,  président 
de  la  Société  des  Bibliophiles  Normands.  In-4**,   20    p.  Rouen,    imp. 
Cagniard  ;  —  Un  Rouennais  oublié,  Jacques Mesnard chirurgien  et 
accouc/ieur  {i555-i74(5),  par  le  docteur  Panel,  in-S**,  58  p.  Rouen, 
imp.  Lestringant  ;  —  Notice  sur  Saint-Martin  du  Tremblay  (Eure), 
par  l'abbé  Guery,  in-8**,  39  p.  Eyreux,  imp.  de  l'Eure  ; —  Le  Château 
de  Çhantelou  près  Rouen  et  ses  propriétaires  depuis   le  dix^hui- 
tième  siècle,    par  M.   Gustave    Prévost,  in-8*,   35    p.  Caen,  imp. 
Delesques  ;   ^  Raoul  Le  Frouty  poète  normand    du  temps  de 
François  /•',  par  le  vicomte  Rioult  de  Neuville,   iTi-8%  25  p.   Caen, 
imp.  Delesques  ;  —  L'Ermitage  du  bois  de  Fiers,  par  MM.  J.  Appert 
W.  Challemel,  in-8^  Fiers,  imp.  A.  Levesque;  — Jacques-Guillaume 
Thouret,  député  de  la  ville  de  Bouen  aux  Etats^Généraux  de  1789, 
sa  vie  et  ses  œuvres,  par  MM.  Ernest  Carette  et  Armand  Samson  ; 
Anecdotes,  souvenirs  et  faits  historiques  de  la  première  Révolution, 
relatifs  à,  la  guerre  civile  et  à  la  Chouannerie  dans  les  cantons  de 
Brecey  et  Tirepied  (Manche),  rédigés  et  écrits  en  1849,  par  M.   Des- 
faux, in-8®,  58  p.  Saint-LÔ,  imp.  Tuai.    (Extrait  de    V Annuaire  du 
département  de  la  Manche)  ;  —  Le  Clocher  du  Mont^aux-Malades 
et  la  Cérémonie  de  la  bénédiction  des  cloches^  par  M.  l'abbé  Tougard, 
in-8*,  40  p.  Rouen,  imp.  Leprôtre  ;  —  Pages  inédites  de  VHistoire  de 
Thiberville.  La  Saint-Louis  en   1790.  Le  curé    Liénard,  par  B. 
Veuclin,  in-8*,  13  p.  Bernay,  imp.  Veuclin  ;  —  Ze  Pèlerinage  de 
N.'D,  de  la  Couture  de  Bernay,  par  E.  Veuclin,  in-8*,  16  p.  Bernay, 
imp.  Veuclin  ;  — Les  Remarques  de  curés  normands  (1590'1687), 


\^  A  A  A  V\y  Â^  A  ^  V^  Ali 


par  E.  Veuclin,  iii-8»,  14  p.  Bernay,  imp.  Veuclin  ;  —  Blason  popU" 
laire  de  Villedieu  les  Poètes  près  Avranches,  Légendes  traditions, 
dictons,  comparés  àxeux  des  autres  parties  de  la  France,  par  le 
compère  Jean  de  la  Cloche^  batteur  sur  caivre,  ia  S^,  80  p.  Vire,  imp. 
Guérin. 


MAINE 

Parmi  les  derniers  trayaux  intéressants  de  Maine,  nous  indiquerons  à 
nos  lecteurs  :   Le  Marquisat  àe  Cfiàteaugontier  de   i68k  à  1690^ 
d'après  un  document  inédit  par  notre  infatigable  confrère,  M.  André 
Joubert,  in-8°  vergé,  29  p.  Titre  rouge  et  noir  :  Laval,  imp,  L.  Moreau  ; 
—  Gesta  domini  Aldrici  cenomanicae  urbis  episQopi  a  discipulis 
SUIS.  Texte  publié  et  annoté  par  l'abbé  R.  Charles  et  Tabbé  L.  Triger 
in-4*  XXXVI-224  p.   Mamers,  imp.  Fleury  et  Dangin  ;  —  Vie  de 
M«'  J.  B.   Bouvier  évéque  du  Mans,  par  M»'  Alexandre  Sebaux, 
évoque  d'Angoulôme.  In-i2.  viii-420  p.   et  portrait.  Paris,  Bray  et 
Retaux,  éditeurs  ;  —   Vie  de  Af«'  C.    Wicart  premier  évéque  de 
Laval,  Histoire  de  V érection  de  cet  évéché,  par  Tabbé  E.  L.  Gou- 
anier  de  Launay,    chanoine  honoraire.  Io-8^  xi-652  p.  et  portrait 
Paris,  Bray  et  Retaux,  éditeurs  ;  —  La  5*  livraison  du  Bulletin  de  la 
commission    historique  et   archéologique  de   la  Mayenne    dont 
nous   voudrions  pouvoir  analyser  tous  les  intéressants    travaux   et 
parmi    lesquels  nous    signalerons  du   moins    ;   Laval  et   la   Place 
de  la  Chiffolière,   aujourd'hui  :  de  VHÔteUde-Ville   (1798-1688), 
par  l'abbé  Gouanier  de  Launay  ;  le  ChAteau  de  Lassay  à   travers  les 
siècles,  par  le  comte  de  Beauchesne  ;  —  Les  Archives  de  la  Mayenne. 
Série  A ,  par  de  Martone  ;  Pièces  concernant  la  fondation  de  Vancien 
couvent  des  capucins  de  Mayenne,  par  J.  Raulin  et  l'intéressant  fac- 
similé  du  Programme  d'une  représentation  donnée  en  1727  au 
Collège  de  Laval, ^ziraii  du  curieux  travail  de  M.  Queruau-Lamerie  ;  — 
V Instruction  publique  à  Laval  avant  le  dix-neuvièm^  siècle.  — 
Enfin,  le  remarquable  ouvrage  publié  à  Laval  chçz  M.  Ghailland,  éditeur, 
par  Mk'  Sauvé  :  Le  Pape.  Son  autorité  suprême,  son  Magistère  in^ 
faillible  et  le  Concile  du  Vatican. 


ANJOU 

L'Anjou  a  va  paraître  :  Histoire  descriptive  des  tapi$fs&ries  de  la 
caf/iédraie  d'Angers  par  M,  Louis  de  Farcy.  Iii-4'  carré  avec  figures 
deBsinéespar  l'amaur  eo  noir  et  bq  couleurs.  Lillej  imprimerie  Desdée, 
de  Broweret  G''*  ;  —  La  Comtesse  d^E^montf  fille  du  maréchal  de  Ri- 
chelieu (ilkQ~Lll^),  d'après  ses  lettres  inédites  à  Gustave  lîL 
parla  comteBse  d'Armaillé^DéedeSégur*  In-i6,  Paris^  Perrin,édît€ur. — 
Coutumes  et  Institutions  de  V Anjou  et  du  Maine»  antérieures  au 
seizième  siècle,  par  M.  C.-J,  Beau  temps- Beau  pré,  docteur  en  droit, 
conieillarà  1b  cour  d'appel  de  Paris.  U-  partie  :  Reckerches  sur  les 
juridictions  de  V Anjou  et  du  Maine  pendant  la  période  féodale. 
TomftL  in-S*  A.  Durand  et  Pedooe^Lauriel,  éditeurs  ;  —  Le  Comte 
d'Orsay ^  Physiologie  d'unroi  de  la  Mode  parle  comte  de  Gontades  ; 
In-1:2«â00p,  avec  portraittiréau  taille  douce^  Paris,  Quautln, éditeur.  — 
Notice  sur  la  ville  de  Segré  et  de  son  arrondissement  par  E.  Milon» 
jugedepaixdu  cautoû  de  Segré,  ofâcier  d'Académie.  In-18,  16â  p. 
Saumur,  imp.  Milon  1889;  —  Dans  les  ciuquièmeet  sixième  livraisons 
du  lome  XIX  de  ta  Revue  d'Anjou  :  Les  vitraux,  statues  et  tableaux 
de  V  église  de  Beau  fort-en' Vallée  f  par  J,  Denais,  et  la  suite  du  travail 
de  M,  André  Joùbert,  sur  les  Comptes  de  Macé  Darne ,  Maître  des 
œuvres  de  Louis  i*%  duc  d'Anjou  et  comte  du  Maine  (/567-i^7f]> 


POITOU  ET  SAINTONQE 

Histoire  de  Richelieu  kt  de  se3  environs,  —  En  publiant  cet 
ouvrage,  M,  l'abbé  L.  A.  Bossebœuf  vient  d'élever  à  rHistoire  du 
Poitou  un  véritable  monument.  Ce  volume  (gr.  in-8*  504-XXII  p^  et 
pL  Tours  p  L.  Péricai,  éditeur)  eât  appelé  à  rendre  de  précieux  services 
aux  chercheurs  et  fait  connaître  pendant  dix  siècles  dans  ud  style  aussi 
élégant  que  clair  et  précis,  Tétat  et  les  péripéties  de  celte  régiou  qui  a 
possédé  son  histoire  à  elle  et  dont  le  rôle,  local  en  apparence j  a  été 
prépondérant  dans  la  vie  civile,  politique  et  religieuse  de  la  France. 
Remontant  aux  origines,  M.  Tabbé  BossebœuT,  après  un  tableau  très 
exact  dei  possessions  des  comtes  de  Poitou  et  Anjou  dans  la  vallée  du 


CHRONIQUE  159 

Mable,  où  est  situé  Richelieu,  nous  montre  les  premiers  seigaeurs  de 
cette  terre,  les  antiques  viguiers  de  Braye  et  les  seigneurs  de  Mausson 
faisant  construire  à  la  fin  du  douxième  siècle  vers  1198  le  vieux  castel 
de  Richeloc.  Puis,  le  domaine  de  Richelieu  passe  des  Mausson  aax  Gle- 
rembault  qui  bientôt  s'allient  aux  du  Plessis  de  Richelieu.  C'est  l'in- 
fluence exercée  dans  la  contrée  par  cette  illustre  et  puissante  maison^ 
qui  a  surtout  attiré  l'attention  de  M.  Tabbé  Bossebœuf  ;  aussi  lui  con- 
sacre-t-il  avec  raison  tous  ses  soins.  —  Le  rôle  des  seigneurs  de  Riche- 
lieu fut  considérable  dans  les  guerres  de  la  Réforme,  et  ne  contribua  pas 
peu  à  mettre  la  famille  en  évidence.  François  et  Antoine  du  Plessis 
devinrent  deux  des  plus  célèbres  capitaines  de  Tépoque  et  quand  quelques 
années  après  naquit  le  grand  Cardinal^  ses  deux  grands-oncles  et  leurs 
ascendants  avaient  déjà  acquis  à  leur  maison  une  somme  d'illustration 
des  plus  honorables.  Il  faut  lire  ensuite  les  détails  si  curieux  et  intéres- 
nants  que  nous  donne  l'auteur  sur  la  naissance  et  la  jeunesse 
d'Armand  du  Plessis,  celle  de  ses  frères  et  sœurs,  le  dévouement  de  sa 
mère  Suzanne  de  la  Porte  et  leur  vie  de  famille  dans  ce  château  de 
Richelieu,  que  bientôt  Armand  transforme  en  un  somptueux  palais 
avec  Taide  des  plus  célèbres  architectes,  peintres  et  sculpteurs  du  temps, 
les  Le  Mercier,  les  Barbet,  les  Tiriot,  les  Lespagnandelle,  les  Poussin, 
les  Le  Lorrain,  les  Freminèt,  les  Philippe  de  Champagne.  —  M.  Bosse- 
bœuf  nous  y  conduit  lui-môme  et  nous  fait  admirer  avec  autant  de 
savoir  que  de  judicieuse  critique,  toutes  les  merveilles  de  cette  splen- 
dide  demeure  où  Ton  sentait  à  chaque  pas  passer  en  quelque  sorte  l'âme 
de  Richelieu,  c'est-à-dire,  à  cette  époque,  l'âme  et  le  génie  de  la 
France.  Enfin,  après  nous  avoir  fait  assister  à  la  création  et  organisa- 
tion de  la  ville,  du  duché  et  de  Télection  de  Richelieu,  à  la  fondation  de 
la  paroisse  N.-Dame,  à  l'étitblissement  des  Sœurs  de  Charité,  amenées 
par  saint  Vincent  de  Paul.  M.  Bossebœuf  nous  fait  parcourir  l'histoire 
de  la  ville  et  du  duché,  jusqu*à  la  période  révolutionnaire,non  sans  avoir 
su  nous  consoler  de  ces  heures  néfastes,  par  les  aimables  souvenirs  de  la 
vie  Richelaise  au  dix-septième  siècle,  des  somptueuses  réceptions  du 
Roi  et  de  la  Reine-mère,  du  séjour  à  Richelieu  de  Tabbé  de  Marolles 
et  du  bon  La  Fontaine,  aux  temps  heureux  où  l'hospitalité  merveilleuse 
des  seigneurs  du  lieu,  inspirait  à  Jacques  du  Garroy,  s'  de  Grammont; 
les  Passe- remps  de  mes  joyeuses  heures. 

Une  carte  fort  bien  faite  du  duché  vient  encore  ajouter  à  la  clarté 
des  nomJbreux  détails  de  TouTrage,  complété  déjà  par  un  curieux  Appert- 


100  CHRONIQUE 

diçe  et  une  bonne  table  alphabétique  de  noms  de  personnes  et  de  lieu 
cités  dans  Fouvrage.  Nous  ne  saunons  donc  trop  recomnaander  à  dos 
lecteurs  cette  œuvre  remarquable  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  son 
auteur.  G^  Régis  de  l'ëstocrbeillon. 


Livres  et  Ouvrages  divers  :  Nous  appellerons  en  outre  Fatten- 
tion  de  nos  lecteurs  sur  :  17nven^atre  des  Archives  de  Saifite^Croix 
de  Parthenay,  dressé  àlafin  du  XVIIP siècle,  et  publié  par  M.  Be- 
lisaire  Ledain.  In-S**,  54  p.  8aint«Maixent,  imp,  RoTersé  ;    —  Cata- 
logue des  manuscrits  du  fonds  La  Trcmoille,  par  Léopold  Delisle, 
conservateur  de  la  Bibliothèque  nationale.  In-8*  51p.    Nogent^Ie-Ro- 
trou,  Imp.  Daupeley-Gouverneur  ;  —  Henri  de  la  Rochejacquelein  el 
la  guerre  de  la  Vendée  d'après  des  documents  inédits,  Niort,  imp. 
Glouzot  ;  —  N.  D.  de  la  Blanche.   Monasterium  beatse   Marix  de 
insula  Dei,  par  le  docteur  Viaud- Grand-Marais.  Luçon,  Rideaux,  édi- 
teur ;  —  Les  Abbés  du  monastère  de  la  Blanche  à  Noirmoutiers, 
par  le  môme,  In-8*  24  p.  imp.  Rideaux  ;  —  Fouilles  de  Véglise  abba- 
tiale des  Châtelliers,  par  W  X.  Barbier  du  Montault.  In-S^"  66  p.  et 
planches.  Melle,  imp.  Lacuve  ;  —  La  Duchesse  de  Berry  et  la  Vendée 
par  Imbert  de  Saint-Âmand.  In-18^  352  p.   4*  édition,  Paris  Dento, 
éditeur  ;  —  Au  Maroc,  par  Pierre  Loti,    in- 18*.   Paris   Galmaun-Lé- 
vy,  éditeur.  —  Dans  la  deuxième  livraison  du  tome  X  (1*^  mars  1890] 
de  la  Revue  de  Saintonge  et  d'Aunis  :  Une  très  curieuse  et  substan* 
tielie  Etude  toute  pleine  de  renseignements  historiques  et  généalogiques, 
de  M.  A.  Duplais-Destouches,  sur  le  Château  du  Treuil-Bussac,  près 
Fouras  et  les  Chudeaude  la  Clocheterie  {p.  H  3-123).  —  La  Sei- 
gneurie de  Soumard  et  les  Seigneurs  du  Treuil  en  Fouras,  par  le 
môme  (p.  142-144).  —  Un  Bénédictin  de  Saint-^Jean^d^Angely, 
(Dom  Martin).  —  V Histoire  de  Saint-Jean  d'Angely  et  de  la  Sain- 
tonge, par  L.  C,  Soudan;  —  puis  enfin  :  Epigraphie  romaine  duPoilov, 
et  de  la  Saintonge^  par  le  lieutenant  Espérandieu,  gr  in-8*',  41(  p.  et 
Atlas  de  60  planches.  Paris,  Ernest  Thorin,  éditeur. 

VARIA 

Sacres  d*Évêques.—  Le  16  février  dernier,  a  été  sacré  dans 
l'église  _  de  Saint-Lô  (Manche),  Sa  Grandeur  Mr  Cleret,  le 
nouvel    évoque  de  Laval.  "La  consécration   a  été  faite  par 


CHRONIQUE 

Sa    Gr.    M«'  Germain,  évoque  de  ( 
Hugonin,  évêque  de  Bayeux  et  de  M^ 
Lenouvel  évoque  qui  a  fait  son  entr 
porte  pour  armes  :   Coupée  au  !•'  ;  < 
ondée  ce  trois  pièces^  surmontée  de 
rayonnante  à  cinq  branches  avec  chij 
sable  au  centre;  au  2*  :  de  gueules  à  Vc 
cru^cifère  dor  portant  une  croix  de 
orné  de  la  croix  de  la  Légion  d'honne 
essematrem.  Devise  ;  Animam  pro  o 
Le  23  février  a  été  sacré  à  Pons  (C 
S.G.M»' Ardin,  évêquede  la  Rochelle, 
évêque  de  Limoges  et  de  M«'  Cœun 
S.  G.  M«'  Falliôres,  nouvel  évoque  d 
Hères  a  pris  pour  arme  :  D'azur  au  ce 
sacerdos  in  âsternum.  Devise  :  Zelo  ze 

La  Statue  de  Le  Sage,  a  Vannes. 
a  eu  lieu  avec  un  plein  succès  à  la  sa 
culture  à  Paris,  la  matinée  organisée 
et  d'AnjoUy  en  faveur  du  monument  q 
dans  la  ville  de  Vannes. 

Au  programme^  MM.  Got  et  S^ 
M"'  Dudlay,  de  la  Comédie-França 
Colombey,  du  Palais-Royal,  qui  ont  i 
applaudissements.  La  partie  artistiq 
mieux. 

Parmi  les  personnes  présentes  :  M" 
MM.  de  Kerdrel  et  de  la  Monneraye; 
Lanjuinais,  prince  de  Léon,  de  Lamai 

Un  très  beau  buste  de  l'auteur  de  G 
de  la  Rochette  a  été  couronné  par  M' 
en  bretonne,  a  dit  merveilleusement 
pour  la  circonstancd  par  M.  Léon  Séch 
de  Bretagne  et  d'Anjou. 

T.    VI.   —  documents.    —   vie  ANNÉE 


/Google 


Une  allocution  patriotique.  —  Notre  vaillant  compatriote, 
le  contre-amiral  C.  de  Cuverville,  le  nouveau  commandant  en 
chef  de  la  division  navale  de  T Atlantique  nord,  a  prononcé, 
le  24  mars,  en  prenant  possession  de  son  commandement  à 
bord  de  la  Naïade,  une  allocution  dont  nous  extrayons  le 
passage  suivant  : 

«  Mes  amis,  en  arborant  mon  pavillon  sur  \^  Naïade,  je  con- 
fie mon  honneur  même  à  votre  valeur  et  à  votre  dévouement. 

Ayez  confiance  dans  le  commandement,  et  si,  au  cours  de 
la  campagne  que  nous  allons  entreprendre,  vous  rencontrez 
des  heures  difficiles,  jetez  les  yeux  sur  cette  devise  que  j'ai 
fait  placer  à  Tavant  du  navire,  écrite  dans  notre  vieille  langue 
bretonne  :  «  Evit  Doué  hag  ar  Vrô.  —  Pour  Dieu  et  pour  la 
Patrie!  »  Depuis  quarante  ans  elle  fait  ma  force  ;  elle  sera  la 
vôtre  !  » 


MARIAGES 

BRETAGNE.  —  Mariage  célébré  à  Brest,  le  5  février,  par  S.  G. 
Ms'  Trégaro,  évèque  de  Séez,  de  M.  Lavions,  aide- commissaire  de 
marine, 

Avec  : 

Mademoiselle  Bérard. 

Mariage  célébré  à  Paris^  dans  les  premiers  jours  de  février,  de  M.  db 
LA  ViLLBSBRBT»  sous-Ueutenânt  an  48*  régiment  de  ligne  à  Guîmgamp, 

Avec  : 

Mademoiselle  Framcia. 

Mariage  célébré  les  premiers  jours  de  février,  de  M.  Henri-Eugène 
DB  Ghampeaux, 

Avec  : 

Mademoiselle  Hyacinthe-Lucie  de  Sodltrait,  fille  du  feu  comte 
Richard  de  SouUrait. 


CHRONIQUE  163 

Mariage  célébré  à  Vannes,  vers  la  mi-février,  de  M.  Antoine-Joseph 
Lavbrome,  capitaine  d'infanterie  en  retraite,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur, 

Avec  : 

Mademoiselle  Marguerite  Dréano. 

Mariage  célébré  à  Lorient,  vers  la  mi-mars  de  M.  le  baron  ub  Nays- 
Cadan,   chef  d'escadron  d'artillerie, 

Avec  : 
Mademoiselle  Marie  de  Morgan, 

Mariage  célébré  en  la  cathédrale  de  Nantes^  le  36  mars^  par  S.  G. 
M«'  Laborde,  évoque  de  Blois,  de  : 

4o  M.  Louis-Ernest-Marie-Georges  de  Belnet,  heutenant  au  7*  ré- 
giment de  chasseurs,  à  Vendôme, 

Avec  : 

Mademoiselle  Jeanne-Marie- Berthe  de  Saiiit-Pern  ,  fille  de  feu 
M.  Bertrand-Glaude-Paul-Josselin  de  Saint-Pern,  et  de  Madame,  née 
Hue  de  Montaigu. 

2^  M.  Georges-Marie-Henri  de  Rpmangb,  lieutenant  au  139*  régi- 
ment d'infanterie,  fils  de  M.  Paul  de  Romance^  et  de  Madame,  née 
Adrienne-Marie- Pauline  de  Gottrcy. 

Avec  : 

Mademoiselle  Armelle-Marie-Gamille  os  SAiNT^PBaïf,  sœar  de  la 
précédente. 


ANJOU  ET  POITOU.  —  Mariage  célébré  à  Nice,  le  15  janvier, 
de  M.  Camille  Gbndron^  fils  de  M.  Gendron,  ancien  magistrat,  et  de 
Madame,  née  Dûmes  t. 

Avec  :  • 

Mademoiselle  Yvonne  Germain. 


164  CHRONIQUE 

Mariage  célébré  le  12  février,  à  Paris,  à  Saint-Thomas  d'Aquia,par 
S.  G.  Mr  Freppel»  évoque  d'Angers,  de  M.  Cbsbron-Layau,  Bous-Iieu- 
tenant  au  7«  hussards, 
Avec  : 

Mademoiselle  Laurence  Dard,  fille  du  général  de  division  Dard, 
commandant  en  chef  l'artillerie  de  marine. 

Mariage  célébré  vers  la  mi-février,  de  M.  Robert  Bassac,  lieutenant 
au  35*  régiment  d'artillerie. 

Avec: 

Mademoiselle  Berthe-Marie  Peiqnot,  de  Marcilly-sur^Seine  (Marne]. 

Mariage  célébré  à  Montauban  de  Bretagne,  vers  le  20  février,  di 
M.  René-Jules-Marie  de  Kebouallan,  propriétaire  au  château  de  Ee- 
rouallan  en  Pluvigner  (Morbihan), 

Avec  : 
Mademoiselle  Fanny-Marie-Josèphe  Chauvin  des    OaiÈRBs,  fille  de 
M.  Chauvin  des  Orières  et  de  Madame,  née  de  Bilguy. 

Mariage  célébré  le  4  mars,  à  Saint-Malo  de  Dinan,  de  M.  Paul 
Parize,  lieutenant  au  11*  régiment  de  dragons,  à  Tarascon, 

Avec  : 

Mademoiselle  Berthe  Blaise,  fille  de  feu  M.  Hyacinthe  Biaise,  ancien 
maire  de  Saint-Pierre  de  Plesguen. 

Mariage  célébré  à  Paris  le  13  février  en  l'église  Saint-Philippe-da- 
Roulede  M.  le  comte  René  de  Galaro  de  Brassag  de  Béarit,  sous- 
lieutenant  au  20*  chasseurs. 

Avec: 

Mademoiselle  Martine  de  Bbhaoue. 

Mariage  célébré  le  7  janvier  en  Téglise  de  Yeillens  (Loir-et-Cher), 
de  M.  François-Xavier-Louis-Marie  de  Ghastei6ner,  lieutenant  au  3' 
régiment  de  cuirassiers,  fils  aine  d'Alphonse,  comte  de  Chasteigner 
et  de  Victoire  de  Roquefeuil. 

Avec  S 
Mademoiselle  d'Espinay  Baiht-Luc^  fille  du  comte  Ernest  d'Espinay- 
Saint-Luc  et  de  la  comtesse,  née  Louise  d'Espaigne. 


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GuU^--^ 


CHRONIQUE  165 


NECROLOGIE 


Bien  nombreuses  sont  les  pertes  éprouvées  ces  trois  derniers  mois 
par  nos  provinces  de  l'Ouest,  et  si  nous  avons  le  regret  de  ne 
pouvoir  toutes  les  signaler  ici,  du  moins  nous  nous  faisons  un 
devoir  de  mentionner  les  principales. 


BRETAGNE. 

En  Bretagne,  nous  signalerons  les  décès  de  M.  l'abbé  Jean-Marie  de  la 
RoGHB  AU  Lion,  décédé  à  Sacre  en  Bolivie,  le  19  novembre  1889.  Né  à 
Tréfumel  (Gôtes-du-Nord)  le  25  mars  1833,  il  fut  d'abord  professeur  au 
Petit-Séminaire  de  Dinan,  pais  transféré  à  Técole  Saint-Charles  à  Saint- 
Brieac  en  1859.  Autorisé  le  17  avril  1861  à  passer  deux  ans  dans  le 
diocèse  de  Bayonne,  il  avait  occupé  différents  postes  de  précepteur 
depuis  cette  époque.  —  M™*  Alphonse  Gu&rin,  née  de  PotftfCRBUL.  veuve 
de  M.  le  baron  Hîppolyte  de  Montguit,  et  épouse  de  M.  A.  Guérin, 
membre  de  l'Académie  de  Médecine,  chirurgien  honoraire  des  hôpitaux, 
commandeur  de  la  Légion  d*honneur,  mort  au  château  du  Fresne 
près  Mauron  (Morbihan),  le  6  janvier  1890.  —  M.  Francis-Jean- 
Marie-Etienne  Maillard,  maire  du  Loroux-Bothareau  (Loire-Inf.)  mort 
le  20  janvier  à  Tâge  de  54  ans.  —  M.  l'abbé  [Gandon,  ancien  curé  de 
Rougé,  mort  au  Grand- Auverné,  le  21  janvier  à  l'âge  de  84  ans.  -* 
M.  Mathurin  GutaiN,  maire  de  Paiinpont  (Ille-et- Vilaine),  conseiller 
d'arrondissement,  mort  le  25  janvier  à  l'âge  de  49  ans.  —  Le  T.  G.  F. 
ToBtB  Habasqub  ,  de  la  Doctrine  chrétienne,  mort  à  Vannes  le  26 
janvier  à  l'âge  de  53  ans.  —  M.  l'abbé  Calvez,  recteur  de  Treguennec 
(Finistère),  mort  dans  les  derniers  jours  de  janvier.  —  Le  R.  P.  Ghsvalibr, 
né  en  1846,  missionnaire  au  Nyanza,  mort  en  janvier.  —  M.  Albert  de 
la  Brièrb,  frère  du  comte  Natalis  de  la  Brière  et  de  la  vicomtesse  de 
Gouêssin,  et  cousin-germain  de  notre  confrère,  M.  Léon  de  la  Brière, 
ancien  maire  de  Bièvres  près  Paris,  mort  dans  cette  ville  le  2  février, 
chez  son  oncle  M.  Salentin,  conseiller  à  la  cour  de  cassation.  —  Le 
T.  G.  F.  GoRÈBB,  de  la  Doctrine  chrétienne,  mort  à  Quimper  le  2  février. 
—  Sœur  Briot  db  Loyal,  religieuse  ursuline,  morte  le  4  février  à 
Ploêrmel,  à  l'âge  de  52  ans.  —  M»*  Félix  Lbmoine,  née  Léontine  Chb- 
VBRBAU,  morte  à  Nantes  le  4  février.  —  M.  Tabbé  Lb  Guillou,  chanoine 
du  Chapitre  de  Notre-Dame  de  Paris,  chanoine  honoraire  du  diocèse 


166  CHRONIQUE 

deQaimper,  ancien  aumônier  de  Thôpitaldela  Charité,  et  ancien  curéd^ 
Levallois-Perret,  mort  à  Paris  le  5  février,  à  Tâge  de  86  ans.  —  M.  Jean 
Mazimîiien-Léopoid  Nourry,  ancien  vîce-présideixt  da  tribunal  c'mi 
de  Vannes,  mort  dans  cette  ville  le  6  février,  à  Tàge  de  70  ans.  Né  à 
Saintes  le  1*'  novembre  1819.  il  était  fils  de  René-Maximilien  Noarry, 
professeur  au  collège  de  cette  ville  et  -de  Marie-^Estelle  Merveilleux  il 
avait  été  substitut  à  Jonzac  et  à  la  Rochelle,  puis  procureur  à  Mootfort 
avant  d'être  président  à  Vannes.  — >  M.  Jules  du  Bouàys  de  la  BÉG/issiisi. 
ancien  administrateur  des  eaux  et  forêts,  ancien  maire  de  Plœuc 
(Gôtes-du-Nord),  officier  de  la  Légion  d'honneur,  père  du  colonel  Adrien  da 
Bouays  de  la  BégasQière,  co  jnnandant  de  TËcole  d'artillerie  de  Versailles, 
mortà  Piorec  le  6  février. —  M"«Gdépratte,  née  Gourdan,  femme  da  lieu- 
tenant de  vaisseau  Guépratte,  morteà  Brest  le  8  février.à  Tâge  de  25  ans.- 
M.  Gabriel  de  Fbrrb  dk  Peyrouz,  ancien  officier  de  marine,  chevalier  de 
la  L^on  d'honneur,  mort  à  Brest  le  8  février  à  Tâge  de  71  ans.  ~  Soeur 
BtiennetteJeanne  Mabit,  religieuse  de  saint  Vincent  de  Paul  à  Vannes, 
morte  dans  cette  ville  le  10  février  à  Tâge  de  49  ans.  —  M.  Tabbé  Daniel, 
recteur  de  Melrand,  le  1 1  février.  —  M««  Henri  Bon  du  Val,  née  Claire 
Marie-Euphosie-Garoline  Sarzeaud,  morte  à  Nantes  le  12  février  à  Tâge 
de  59  ans.  —  M.  Auguste -Gabriel  Haas,  assureur  maritime  mortà 
Nantes,  le  12  février  à  Page  de  55  ans.  —  M.  Pabbé  Tenaco,  professeur 
de  rhétorique  au  Petit-Séminaire  des  Gouêts,  né  à  Saint-Malo-de-Guersac 
en  1851,  mort  le  12  janvier,  des  suites  d*un  anthrax.  —  M.  Henri 
Naintrâ,  ancien  magistrat,  mort  à  Nantes  le  12  février,  à  l'âge  de  58  ans. 

—  Mère  saints  Aurélie,  ancienne  supérieure  de  la  communauté  des 
Ursulines  de  Ploêrmel,  morte  en  cette  ville  le  12  février.  —  M.  £dmond 
de  Baruère,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  ancien  consul  à  Tiflis, 
Ërzeroum  et  Jérusalem,  puis  consul  général  à  Smyrne,  mort  à  Paris  le 
14  février.  Né  à  Morlaix,  le  14  octobre  1812,11  était  fils  de  M.  de  Barrère, 
ancien  sous-préfet  de  Pontivy  et  de  Madame,  née  Le  Dissez  de  Penannin 

—  M.  Henri -Edouard-Auguste  Bernard  de  la  Turmblièrb  de  Là  Pbccau- 
DiÈRB,  mort  à  Nantes  le  14  février,  à  Tâge  de  71  ans.  —  M.  Paul-Jolien- 
Marie  Tort,  lieutenant  de  vaisseau,  mort  presque  subitement  le  14  février 
à  Villefranche  où  il  était  embarqué  sur  V Amiral- Duperré,  comme  officier 
commandant  la  compagnie  de  débarquement.  Lieutenant  de  vaisseau 
depuis  1888,  M.  Tort  n'avait  pas  encore  28  ans  et  avait  épousé  M"' 
Maignan,  fille  de  l'ancien  maire  de  Lorient. 

M.  Georges-Auguste-Jean-Marie  Nicolas  de  Râmond  du  Gha^xas, 
mortà  Quimper  le  15  février  à  Tâge  de  30  ans.  —  M.  Emile  Lb  Provost, 
frère  de  M.  Le  Provost,  vicaire  général  de  Saint-Brleuc.  décédé  ie  16' 
février  à  Plouguenast.  —  M»«  la  vicomtesse  de  T^nouarn,  née  Marie- 


CHRONIQUE  167 

Adèle  de  Lbybr,  morte  à  RenDes  le  16  février  à  l'âge» de  20  ans.  — 
M.  Félix  RonoiER-LAGAiTE,  petit-fils  du  général  baron  Fririon,  grand- 
officier  de  la  Légion  d*honneur  et  de  la  baronne  Fririon,  mort  à  Vannes 
le  16  février,  à  Tâge  de  lî  ans,  au  collège  Saint-François-Xavier.  — *M™« 
Clarisse  Oobé-Graslin,  veuve  de  M.  Henri  Mâgnikr  de  Maisdnniuvb, 
morte  à  Nantes  le  17  février.  —  M.  Yves  Hbrnot,  le  sculpteur  bien 
connu  en  Normandie  et  en  Bretagne,  chevalier  de  8aint-Grégoire-le- 
Grand,  mort  à  Lannion  le  17  février.  —  H^*  de  .Vaultenet,  morte  vers 
le  18  février,  âgée  de  79  ans,  à  l'hôpital  de  Meillac  (Ille-et-Vilaine). 
qu'elle  avait  fondé.  —  M«*  Modeste-Julienne  Monnibr,  religieuse  du  Sacré- 
Coeur,  morte  à  Qaimper  le  19  février,  à  l'âge  de  81  ans.  —  Sœur  Julie- 
Amicie  Racine,  religieuse  de  la  Visitation  à  Rennes,  morte  le  19  février 
à  l'âge  de  47  ans.  —  M.  Auguste-Toussaint  Pelaud,  ingénieur  en  chef 
des  ponts-et-chaussées  en  retraite^  inspecteur  général'jhonoraire  dudit . 
corps,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Saint-Brieuc,  le  21 
février  àTâge  de  71  ans.  -—  M"«  Benédict-Henry  Lbfort,  née  Marthe 
Co ville,  épouse  de  M.  Benédict  Lefort,  ancien  officier  au  116*  régiment 
d'Infanterie,  à  Vannes,  lieutenant  au  107«  régiment  à  Angoulôme,^efc 
fille  de  M.  Alphonse  Goville,  lieutenant-colonel,  commandant  le  21*  régi* 
ment  territorial,  directeur  de  la  Colonie  du  Val-d'Yèvre,  près  Bourges, 
morte  à  Angoulêmele  21  février,  dans  sa  21*  année.  — 

S.  G.  Mgr  Billion,  évoque  du  Cap-Haïtien  (Océanie),  mort  dans  son 
diocèse  le  21  février.  Le  vénéré  prélat,  originaire  de  Mauron  (Morbihan) 
fit  ses  études  au  collège  de  Redon  et  sa  théologie  au  Grand-Séminaire  de 
Vannes,  son  diocèse  d'origine.  Nommé  professeur  au  collège  de  Saint- 
Stanislas  de  Ploêrmel,il  devint  supérieur  du  Petit^Séminaire  de  Sainte- 
Anne  qu'il  dirigea  plusieurs  années.  Appelé  par  Mgr  Guilloax,  archevêque 
de  Port-au-Prince,  il  o£fritson  dévouement  et  sa  vie  à  la  mission  d'Haïti. 
Vicaire-général  de  l'archldiocèse  de  Port-au-Prince,  il  fut  nommé  en 
1873  évoque  du  Cap-Haïtien  et  sacré  ^n  la  Basilique  de  Sainte-Anne 
d'Auray  par  Mgr  Bécel,  assisté  de  NN.  SS.  les  évoques  de  Nantes  et  de 
Quimper. 

De  1873  à  1885,  année  de  la  mort  de  Mgr  Guilloux,  Mgr  Billion  admi- 
nistra le  diocèse  du  Cap-Hutien,  acquit  un  immense  ascendant  sur  la 
population  et  s'attacha  tous  les  cœurs.  Aussi  ce  fut  avec  de  profonds 
regrets  que  les  habitants  du  Cap  le  virent  s'éloigner  d'eux,  en  1886,  pour 
succéder  à  Mgr  Guilouz,  au  titre  d'Archevêque  de  Port-au-Prince. 

Premier  évêque  du  Gap^Haïtien,  Mgr  Billion  avait  tout  à  créer  dans 
cette  église  naissante  ;  il  n'accepta  la  haute  dignité  de  Tépiscopat  qu'après 
bien  des  hésitations  et  lorsqu'il  fut  convaincu  que  son  acceptation  était 
le  seul  moyen  d'affermir,  en  Haïti,  la  hiérarchie  ecclésiastique  et  lui 
donnait  l'espoir  fondé  d'étendre  en  ce  pays,  le  règne  de  Dieu. 


168  CHRONIQUE 

II  meurt  au  milieu  de  ses  enfants  d'adoption,  mais  bien  loin  de  sa 
véritable  patrie,  de  la  France,  de  la  Bretagne,  du  pays  où  se  trouYent  sa 
famille  et  «es  affections. 

M.  Gustave  de  Sàllibr-Dopin,  lieutenant  d'artillerie  de  marine,  em- 
porté en  quelques  heures  par  le  choléra,  à  Hué  en  Anqam,  le  22  février  à 
r&ge  de  29  ans.  Il  était  fils  de  M.  de  Ballier-Dupin,  le  sympathique 
conseiller  général  du  canton  d'Argentré  (Ille-et- Vilaine).  — M.  Arthur 
QuYOT  DE  Salins,  contrôleur  des  douanes  à  Lorient,  mort  dans  cette 
ville  le  24  février  à  T&ge  de  55  ans.  —  Le  R.  P.  François  Bon,  succes- 
seur duR.  P.  Pinas,  comme  supérieur  du  Juvénat  de  Saint-Louis  fondé 
à  Plancoêt  par  les  Ëudistes,  mort  le  26  février  à  Elven  où  il  était  allé 
voir  une  de  ses  sœurs  dangeureusement  malade,  à  l'âge  de  52  ans.  — 
M*^*  Fanny  Lomguècand,  sœur  de  M.  Longuécand,  le  poète  charmant  et 
•  modeste  dont  le  nom  a  franchi  depuis  longtemps  les  limites  de  la  Bretagne, 
morte  le  26  février  à  Saint-Malo  dons  sa  70»  année.  —  M.  l'abbé  Pierre- 
Ange-Joseph  Dany,  mort  à  Nantes  le  27  février,  à  l'âge  de  75  ans.  — 
M.  le  contre-amiral  Bigrbl,  major  général  de  la  marine  à  Rochefort, 
né  à  Loudéac  (Gôtes-du-Nord)  et  mort  à  Paris  le  27  février  à  Tàge  de 
62an8.  —  M.  l'abbé  Jaunet,  curé  de  Touvois  (Loire-Inf.)  depnis  1873. 
né  à  Sainte-Pazanne  en  1826,  mort  le  27  février.  — M.  Philippe  Lb  Merbr, 
sculpteur  distingué,  mort  à  Lannion  en  février.  —  Le  T.  G.  F.  Cons- 
tantin Galbron,  de  Plougastel-Daoulas,  mort  à  Saint-Brieuc  le  2  mars 
à  l'âge  de  23  ans.  —  M.  Athanase  HiMox-DapLBSsis,  avoué,  ancien 
maire  de  Pontivy,  ancien  conseiller  général  du  Morbihan,  mort  à 
Pontivy  le  2  mars.  —  M.  l'abbé  Jean-Baptiste  Gauthibr,  ancien  curé  de 
Ghemeré,  né  à  Moisdon  en  1823,  mort  le  2  mars. 

M««veuveGLAiZB,  mère  du  regretté  M.  Paul  G  laize,  ancien  préfet  de 
la  Loire-Inférieure,  à  présent  Gonsul  de  France  à  Monaco,  morte  à 
Monlipellier  le  2  mars  à  l'âge  de  82  ans.  —  M.  l'abbé  Bbilvbrt,  vicaire 
à  Saint-Etienne  de  Montluc,  né  à  Donges  en  1851,  mort  le  2  mars. - 
M.  Emmanuel-François -Marie  Guevrol\is,  ancien  avoué,  mort  à  Rennes 
le  3  mars,  à  l'âge  de  55  ans.  —  M.  db  la  Blanghardièrb,  beau-frère  de 
M.  de  Gadaran,  décédé  dans  les  premiers  jours  de  mars  à  Bazouges-la- 
Pérouse,  (lUe  et- Vilaine).  Longtemps  adjoint  de  la  commune  de  Saint- 
Samson,  M.  de  la  Blanchardière  était  aimé  et  vénéré  des  paysans  qui 
le  trouvaient  toujours  prêt  à  leur  rendre  service.  —  M.  Aristide 
Letodrnbux,  conseiller  honoraire  à  la  Gour  d'appel  d'Alger  et  ancien 
vice -président  à  la  Gour  internationale  d'Alexandrie  de  1876  à  1881,  mort 
Alger  le  3  mars.  Né  à  Rennes  en  1820,  M.  Letourneux  appartenait  à 
une  très  ancienne  famille  de  Nantes,  dans  laquelle  se  perpétuaient 
depuis  le  XV1«  siècle  les  fonctions  de  sénéchal  de  Goulaine.  Son  grand- 


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CHRONIQUE  168 

père  avait  été  procnrear-général-syndic  à  Nantes,  pendant  la  Révolution, 
avait  pris  part  en  juin  1793  à  la  défense  de  Nantes  contre  les  Vendéens 
et  était  devenu  ministre  de  Tintérieur  sous  le  Directoire.  Son  père  avait 
débuté  comme  avocat  général  à  Rennes,  et  était  devenu  président  de 
Chambre  à.  la  Cour  de  Rouen.  Quant  à  lui,  il  avait  parcouru  de  1884  à 
1881  tons  les  degrés  de  la  hiérar^ie  judiciaire.  C'était  de  pilus  un 
linguiste  de  premier  ordre  et  un  naturaliste  des  plus  distingués.  En 
botanique,  en  entomologie,  en  malacologie,  il  rivalisait  de  pair  avec 
les  premiers  spécialistes  de  notre  temps.  Il  n'est  guère  de  points  d*Europe, 
d*Asie-Mineure,  d'Egypte,  d'Algérie,  4e  Tunisie  qn*il  n*ait  visiter  pour  en 
étudier  la  faune  et  la  flore.  Peu  d'Européens  connaissent  mieux 
que  lui  nos  possessions  africaines.  Dans  ces  dernières  années,  il  avait 
été  chargé  de  missions  en  Tunisie,  sous  la  direction  de  M.  Cosson, 
membre  de  l'Institut.  Les  travaux  de  linguistique  de  M.  Letourneux 
sont  plus  importants  que  ceux  d'histoire  naturelle. 

M.  Letourneux  est  mort  à  Saint-Eugène  (Alger),  des  suites  d'une  chute 
de  cheval,  faite  l'an  passé  dans  une  exploration  qu'il  accomplissait  à 
r&ge  de  soixante-neuf  ans.  Il  était  cousin-germain  de  notre  honorable 
concitoyen  M.  Letourneux,  ancien  chef  de  bataillon  au  64*  de  ligne, 
membre  de  la  Société  de  Géographie,  Commerciale  de  Nantes. 

M.  Gustave  Cholbt,  avoué  honoraire,  mort  à  Nantes  le  3  mars.  — 
Mn*  Thibault  db  la  Guichardièrb  qui  vient  de  s'éteindre  chez  son  fils, 
M.  Fernand  Thibault  de  la  Guichardière,  ancien  juge  de  paix  révoqué  du 
canton  de  Plancoêt^  dans  les  premiers  jours  de  mars.  Elle  était  veuve  du 
vaillant  chrétien  qui  rédigea  longtemps  à  Saint*Brieuc  la  Foi  Bretonne.  — 
Le  vicomte  Louis  Qubhpbr  db  Lanasgol.  mort  à  Nantes  le  3  mars  à 
l'âge  de  56  ans.  —  M.  Edmond  Arnous-Rivièrb,  publiciste,  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur,  mort  le  4  mars,  à  l'âge  de  cinquante-huit  ans.  Il 
avait  collaboré  à  de  nombreux  journaux  de  Paris  et  de  province,  entre 
autres  au  Journal  des  Débats  et  comme  correspondant  en  Tunisie,  à  la 
Francôy  etc.  Il  a  ét^  directeur  politique  du  Progrès  de  Lyon  ;  rédacteur  en 
chef  de  V Indépendant  de  V Ouest ,  de  V Impartial  de  Saône-et-Loirey  de 
V  Indépendant  de  Constantine.  Il  est  auteur  d'une  Méprise  du  cceur,  roman 
autobiographique,  édité  chez  Dentu  et  publié  au  Figaro.  Il  en  avait  tiré, 
en  collaboration  avec  M.  Greorges  Richard»  une  pièce  qui  a  été  jouée  au 
Ghàteau-d'Eau. 

Officierau3*dragons,  il  s'était  distingué  pendant  la  guerre  sous  les 
ordres  des  généraux  Michel  et  d^Aurelles  de  Paladine. 

Le  général  Boërio  écrivait  de  lui  que  c'était  un  officier  d'une  trempe 
peu  ordinaire  qui  lui  avait  rendu  d'éclatants  services.  Plusieurs  fois, 
déguisé,  il  n'avait  pas  craint  de  franchir  les  lignes  prussiennes,  au  risque 


170  CHRONIQUE  '"' 

d'être  pendu,  et]ses  rapports^  avaient  été  fort  appréciés.  iM.    Edmond 
Arnoos-Rivière  laisse  une  veuve  et  deux  enfants. 

M.  Tabbé  Jean-François  Nicol,  missionnaire  à  Haïti,  mort  à  Ques- 
tembert  le  5  mars  à  l'âge  de  32  ans/—  M.  l'abbé  Louis  Courtois,  vicaire 
à  Saint-Servais,  décédé  dans  cette  paroisse  le  mercredi  5  mars  après  une 
longue  maladie.  Né  à  Duault  en  1854,  il  fut  d'aboi^  vicaire  à  Pluzunetet 
à  Pleumeur-Bodou  et  devint 'vicaire  à  Saint-Servais  le  4  août  1888. — 
M<*«  Hbrnot,  veuve  de  M.  Hernot,  Taimable  poète  et  distingué  sculpteur 
breton,  mortejà  Lannion  le  6  mars.  M.  Hernot  et  sa  femme  étaient  deux 
âmes  d'élite  qui  se  complétaient  merveilleusenient  et  savaient  s'apprécier 
à  leur  juste  valeur.  Aussi  quand  |M.  Hernot,  poète  de  mérite  chantait 
ces  vers  bretons  : 

Vikel-vrae  an  Escop'zo  deuz  a  Loguivy 

Ma  groeg  a  zo  ive  :  n^eus  parons  bet  evellhi, 

il  rendait  joyeusement  un  juste  tribut  d'hommages  à  sa  dévouée  com- 
pagne. Mn«  Uemot  était  réellement  douée  en  effet  des  plus  grandes  qua* 
litéft  du  cœur  et  le  poète  Ta  dit  :  €  C'est  le  cœur  qui  fait  tout.  »  En 
perdant  la  meilleure  des  mères,  les  pauvres  de  Lannion  ressentiront 
longtemps  le  contre-coup  de  cette  mort  aussi  cruelle  qu'inattendue.  — 
M.  l'abbé  Jouanmic,  ancien  recteur  de  Monterrin*(Morbihan),  mort  le  5 
mars  à  l'âge  de  84  ans.  —  M.  Paul  Timothée  de  Ma^ionamt,  mort  à  Rennes 
le  5  mars  à  l'âge  de .54  ans.  ~  M.  Jules  de  Bbll/lbrb,  maire  de  Seven- 
Lebart  (Côtes-du-Nord),  mort  le  6  mars  à  l'âge  de  75  ans.  En  récom- 
pense de  ses  services  et  la  cause  catholique.  Pie  IX  l'avait  nommé  che- 
valier de  Saint-Grégoire- le-Grand.  —  M*^*'  Françoise-Marie  Magon  de  la 
ViLLBHuoHBT,  mortc  à  Saint-Malo  le  6  mars  dans  sa  86*  année,  alliée  aux 
familles  de  la  Mettrie,  de  Cheffontaines,  dePorcaro,  de  Bregerac,  etc., 
M"*  de  la  Yillehuchet  était  associée  à  toutes  les  bonnes  œuvres  et  laisse 
une  mémoire  bénie  de  tous  ceux  qui  l'ont  connue.  —  Sœur  Mélanie 
CoBBEL,  supérieure  des  religieuses  du  Bon-Sauveur  de  Bennes,  morte  le  7 
mars  dans  sa  68*  année,  après  47  ans  et  10  mois  de  profession  religieuse. 
—  M.  l'abbé  Charles  Goujon,  recteur  de  Laignolet,  ancien  aumônier  de  l'hos- 
pice Saint-Mélaine  à  Rennes,  mort  le  7  mars  à  l'âge  de  69  ans.  M.  l'abbé 
Goujon  administrait  la  paroisse  de]  Laignelet,  depuis  21  ans  et  y  laisse 
d'unanimes  regrets.  —  Sœur  Saint-Albbrt  Loot,  religieuse  du  Saint- 
Esprit,  à  Saini-firieuc,  morte  le  7  mars  à  l'âge  de  69  ans,  après  48  ans 
passées  dans  la  congrégation.  —  M™*  Marinier,  née  Marie  Renée -Phi- 
lippine de  Golbeby,  morte  â  Rennes  Je  18 .  mars  à  l'âge  de  47  ans.  — 
M.  l'abbé  Félix  Faisant,  chanoine  honoraire,  ancien  recteur  du  Quiou 
(Côtes-du-Nord),  mort  le  8  mars  à  Plouasne  où  il  était  né.  —  M.  l'abbé 


UigitizeJbyGUU^U 


CHRONIQUE  171 

Louis  GoRUERAis,  chanoine  honoraire,  anc'cn  curé  de  Notre-Dame  de 
Clisson,  mort  àNantes  le  9  mars  à  Vkge  de  72  ans.  —  L*éminent  scnlpteur 
Adolphe  Léopanti,  mort  tristement  à  Rennes  le  10  mars  à  Page  de  59  ans. 
H  laisse  une  œuvre  assez  considérable.  Originaire  de  Rennes,  il  suivit 
les  conseils  de  Picot  et  de  Lanno.  Il  avait  obtenu  une  mention  honorable 
au  salon  de  1882  avec  un  haut-relief  Pro  patria  mori.  Il  avait  envoyé  à 
l'Exposition  universelle  le  Christ  au  tombeau^  qui  appartient  au  musée  de 
Riom.  Signalons  parmi  les  autres  œuvres  de  ce  sculpteur  :  Joachim  du 
Bellay^  le  Pêcheur  de  pieuvres,  VEnfanUJésus  et  Us  Sainte  Vierge,  Portrait 
du  Père  de  Lamennais  et  un  groupe  important,  Œdipe  devinant  Pénigme  du 
Sphinx.  Il  avait  envoyé  au  dernier  Salon  lé  buste  de  M.  Jules  Simon.  On 
lui  doit  également  la  statue  du  docteur  Guépin  à  Pontivy  et  de  nombreuses 
et  de  remarquables  illustrations,  notamment  dans  la  Revue  illustrât  de 
Bretagne  et  cC Anjou. 

M.  Pabbé  Pierre  Lbquillibg,  curé  de  Garquefou,  mort  dans  cette 
paroisse  le  10  mars.  Né  à  Nantes  en  1823,  il  était  curé  de  Garquefou 
depuis  1862.  —  M^^*  Le  Goroller  de  la  Yibdx ville,  de  Tréguier, 
morte  à  Paris  le  10  mars  à  Tâge  de  20  ans.  —  M.  Jèoou,  juge 
de  paix  du  2*  canton  de  Lorient,  né  à  Guémené-sur-Scorff,  le  20 
septembre  1825,  mort  sobitement  à  Lorient  dans  sa  65*  année.  li  débuta 
dans  cette  ville  comme  commis  de  marine,  devint  greffier  du  tribunal 
civil  vers  1856  et  fut  ensuite  nommé  aux  fonctions  de  juge  de  paix  à 
Guérande,  puis  à  Lorient. 

Magistrat  intègre  et  indépendant,  M.  Jégou,  avait  l'estime  de  tout  le 
monde.  Ecrivain  consciencieux,  il  a  publié  deux  ouvrages  remarquables 
sur  rhistoire  de  Lorient  depuis  ses  origines.  Histoire  de  la  fondation  de 
Lorient,  paru  en  1890  et  VHistoire  de  Lorient,  port  de  guerre  (1690-1720; 
paru  en  1887.  M.  Jégou,  se  proposait  de  faire  paraître  un  3«  volume  : 
Lorient  pendant  la  période  révolutionnaire.  Il  avait  accumulé  une  foule 
de  matériaux,  de  notes,  d'anecdotes  fort  intéressantes  qu'il  n'avait  plus 
qu'à  réunir  et  à  coordonner. 

Travailleur  infatigable,  M.  Jégou  avait  relevé  avec  un  soin  scrupuleux 
les  anciens  registres  de  Tétat  civil  de  l'arrondissement  de  Lorient  et 
formé  un  catalogue  manuscrit  d'une  très  grande  valeur,  mine  précieuse 
de  renseignements  sur  les  anciennes  familles  du  comté f de  Vannes  ;  il 
était  un  des  collaborateurs  de  M.  de  Kerviler  pour  l'important  ouvrage 
en  cours  de  publication,  le  Bépertoire  de  Bio-Bibliographie  bretonne. 

M.  Augustin  Gazet  du  Ghatelier,  mort  à  Nantes  le  13  mars,  à  l'âge 
de  76  ans.  —  M.  le  général  Archibald  Hugh  Hopb,  ancien  major-géné- 
ral de  la  cavalerie  à  Madras,  époux  de  Miss  Garoline  Ëlizabeth  Jones, 
mort  à  Dinan  le  14  mars,  à  Tâge  de  70  ans.  —  M.  Jules-Ernest  Pellu  du 


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Ghamprenou,  contrôler  I 
archéologique  de  Nan  3 
Nanteâ  le  14  mars  â 
M.  le  docteur  Pastol    I 
M.  Alfred  Baschbr,     » 
lanterie,  chevalier  r      i 
Nantes  le  15  mars 
été  nommé  sous-^        i 
taine  en  1855,  ch         1 
de  la  Loire-Inféi 
Albert  de  RéM( 
retraite,  cheval' 
à  l'âge  de  71 
neveu  de  M. 
qui  habitait  ( 
le  charme  d 
fait  un  des  h 
mars.  Ghrét' 
toutes  les  a 
constante  < 

vingt  ans, 
M.  rab' 

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mars  à  Page  de  81  ans.  —  M.  l'abbé  Bxrnard,  ancien  recteur  de  Rospor- 
den,  mort  le  21  itiars  à  Brest,  à  rftgede66  ans.  —  M.  le  capitaine 
GciLLOuz,  da  11*  régiment  territorial  d'artillerie,  Chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  mort  à  Cannes  yers  la  mi-Mars,  à  l'âge  de  43  ans.  —  Mlle 
Looise-Marie-Jeanne  Mondain,  sœur  de  notre  compatriote,  M.  Mondain, 
lieutenant  au  65*  régiment  d'in&nterie,morte  à  Nantes  le  25  mars,  à  l'âge 
de  23  ans.  —  M"«  Marguerite  Nllliag,  religieuse  de  l'Espérance,  morte 
à  Rennes  le  17  xhars  à  l'âge  de  71  ans.  —  M^"*  Lanolois,  née  Henriette- 
Mari»)  GouoEON  DB  LA  THBBAUoiiRB,  morto  à  Rennes  le  17  mars,à  l'âge  de 
68  ans.  —  M»«  Louise-Hélène  Lajarthb  db  Saint- âiianb,  née  Lb  Cou- 
turier, décédée  à  Nantes  le  24  mars,  à  l'âge  de  68  ans. 


NORMANDIE 

En  Normandie,  nous  devons  signaler  les  pertes  de  M"«  Âdrienne 
Danobr,  épouse  de  M.  Adolphe- Victor-Honoré  de  Gairon,  morte  au 
château  d'Amblie  (Calvados),  le  7  décembre  à  l'âge  de  82  ans,  laissant 
une  fille  unique  M^*  Marie-Philomène  de  Cairon,  mariée  à  M.  Marie- 
Robert  Â^chard,  vicomte  de  Bonvouloir,  dont  il  eut  plusieurs  enfants  ; 

—  M"«  Marie-Esther  de  Carbonnbl  db  Ganlst,  marquise  de  Saintb- 
Marib  d'Aionbaux,  dame  de  TOrdre  royal  de  Marie-Thérèse  de  Bavière, 
morte  à  Paris  le  25  janvier  à  l'âge  de  75  ans.  Elle  avait  épousé  le  23 
novembre  1840,  Théobald-René,  marquis  de  Sainte-Marie  d'Aigneaux 
dont  elle  a  eu  deux  fils  :  Georges-Ulrich,  marié  à  M^^e  Gigauld  de  Belle- 
fonds  et  Robert-Hervé  ;  —  M**  Manobvjlle  db  Mariony,  fille  M.  Claw- 
BORNE,  premier  gouverneur  de  la  Louisiane  après  la  réunion  de  cet  Etat 
aux  Etats-Unis  d'Amérique,  morte  vers  la  mi-février  ;  —  M.  le  comte  de 
Hbdou ville,  ancien  président  de  la  Société  d'encouragement  au  bien, 
mort  à  Paris  le  5  mars  ;  —  M.  Jean-Baptiste-Louis  de  La  Londb  du  Thil, 
mort  à  Rouen  le  8  mars  à  Tâge  de  76  ans  ;  —  M.  Raphaël  Gonu,  con- 
seiller à  la  Cour  de  Cassation,  ancien  directeur  des  affidres  civiles  au 
Ministère  de  la  justice,  officier  de  la  Légion  d'honneur  mort  le  15  mars  ; 

—  M.  Léopold  Godard,  cousin-germain  de  Tancien  président  du  tribunal 
de  Bayeux,  mort  le  17  mars  ;  —  M.  Garnibr-Mouton,  médecin-major  au 
74*  régiment  d'infanterie  à  Rouen,mort  dans  cette  ville  le  18  mars  à  l'âge 
de  35  ans,  victime  de  son  dévouement  à  soigner  un  soldat  atteint  de 
maladie  contagieuse  ;  —  M.  l'abbé  Dupont,  curé  de  Sainte-Anne  de  Vire, 
chanoine  honoraire  de  Nantes,  mort  vers  la  mi-mars  à  l'âge  de  86  ans. 


174  CHRONIQUE 


MAINE    ET    ANJOU 

Dans  ces  deux  provinces,  nous  avons  à  déplorer  les  décès  :  da  R.  P. 
ândrouàrd,  s.  J.  né  à  Javron  en  1850,   mort  à  Lille  le  27  janvier  ;  — 
M.  l'abbé  Brâjouin,  né  à  Saint-Michel  de  la  Raë  en   1804,  mort  caré  de 
Simple  le  28  janvier  ;  —  M.  Le  Châtelain,  ancien  député  de  la  Mayenne 
à  l'Assemblée  Nationale  de  1871,  mort  à  Bf ayentie  vers   la  mi- février 
à  Tâge  de  G4  ans  ;  —  M.  Singher,  chevalier  do  la  Légion] d*honnear,  com- 
mandeur de  l'Ordre  d'Isabelle  la  catholique,  ancien  maire  de  la  ville  du 
Mans,  ancien  censeur  de  la  Banque  de  France,  fondateur  et  directenr, 
honoraire  de  la  Société  d'Assurances  mutuelles  mobilières  du    Mans, 
mort  dans  cette  ville  le  14  février  ;  —  M.  l'abbé  Hippolyte  Baqot,  né  on 
1826,  successivement  vicaire  à  Saint-Clément  de  Graon,  Laigné,  Soulgé- 
le-Bruant,  Le  Horps,  puis  curé  de  Chérancé,  mort  à  Saint-Christophe  le 
23  février  ;— M"»  la  comtesse  d'EL va,  morte  en  février  au  ch&teau  de 
Changé  près  Laval  ;  —  M.  le  colonel  Chevreul,  ancien  commandant  de  la 
garde  nationale  en  1870,  officier  de  la  Légion  d'honneur  mort  à  Laval  le 
18  mars  ;  M»«  la  marquise  de  Quatrebarbes,  morte  le  19  mars  au  château 
de  la  Sionnière  ; 

M.  de  RiGHBGouR,  professeur  de  droit  administratif  à  la  Faculté  Catho- 
lique d'Angers,  enlevé  à  l'affection  des  siens  après  une  courte  maladie 
le  25  jaavier  ;  —  M.  François  de  Miomanore  ob  Saint- Pardoux,  né  en 
1806,  mort  à  Angers  le  30  janvier.  Il  était  le  troisième  fils  de  M.  Jacques 
de  Miomandre  et  avait  épousé  M'**  de  Mergey.  dont  il  n'a  eu  qu'une  fille, 
ses  quatre  frères  moururent  sans  postérité,  mais  une  branche  de  cette 
famille  originaire  de  la  Creuse,  subsiste  encore  à  Volvic  (Puy-de-Dôme); 
—  M.  Adolphe  Boutillibr  de  Saint-Amorâ,  banquier  à  Cholet,  mort 
dans  cette  ville  le  3  février  à  Tâge  de  48  ans  ; 

Mb*  Marie-Augustine  Nivelot,  baronne  Millin  de  Grandmaison,  morte 
au  château  de  Velor  le  lO  février  dans  sa  81«  année  —  M.  l'abbé  Merit, 
chanoine  honoraire  curé  de  Saint-Pierre  de  Saumur,  mort  dans  cette  ville 
le  15  février  dans  sa  59®  année.  Né  à  la  Jumellière,  M.  Tabbé  Mérit  avait 
été  successivement  vicaire  à  Martigné,  professeur  de  rhétorique  au  Petit- 
Séminaire  de  Montgazon,  curé  de  Saint-Lambert  du  Lattay  et  devint 
curé  de  Saint-Pierre  de  Saumur  le  21  mai  1876.  D'une  intelligence  supé- 
rieure, l'abbé  Mérit  était  en  outre  un  écrivain  des  plus  distingués  et  ses 
nombreux  ouvrages  aussi  bien  que  ses  remarquables  instructions,  Tavaient 
classé  depuis  longtemps  parmi  les 'écrivains  les  plus  estimés  et  les  plus 
brillants,  tout  en  lui  faisant  un  nom  justement  célèbre  dans  la  belle  lit- 


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térature.  On  lui  doit  entre  autres  travaux  :  Lettres  sur  le  Beau  en  titté^ 
rature  ;  —  Un  traité  sur  la  foi  ;  Divers  opuscules  sur  Dieu  et  la  Religion  ;  — 
Histoire  de  iV.-5.-/.-^.  diaprés  les  4  évangiles;  —  Histoire  des  premiers  temps 
de  l'Église  ;  —  Epîtres  de  Saint-Paul,  (Traduction  et  étude  sur  saint  Paul 
comme  orateur  et  comme  écrivain.)  —M««  Julie-Marie  Millassbau,  née  à 
Ghôlet,  veuve  de  M.  Jacques  deFLEuaiAN.  décédée  à  Saintes  le  17  février, 
à  Tâge  de  73  ans.  Elle  était  cousine  de  M.  dé  Fleurian,  capitaine  au  6®  ré- 
giment de  ligne  et  grand'mèré  de  M.  Florentin,  imprimeur  à  Ma* 
rennes  ;  ~  M»*  Sboris,  née  Ëlisa  Avenant,  veuve  de  M.  Segris,  ancien 
ministre  de  TËmpire  dans  le  cabinet  OUivier,  morte  à  Angers  le  12  mars. 
—  M»«  la  comtesse  Eugène  dôTsavES,  née  de  la  Gharlonib  de  la  Blotais, 
décédée  àGresté  (Maine-et-Loire)  vers  la  mi-mars. 


POITOU  *ET  SAINTONGE. 

En  Poitou  et  Saintonge,  nous  avons  à  déplorer  les  pertes  de  M.  Pabbé 
Jacques-Elie  Gaullikb,  ancien  curé  de  Geay ,  mort  à  Poitiers  le  3 1  dé- 
cembre. —  M.  l'abbé  Guillaume  Fauqas,  né  en  1810^  ordonné  prêtre  en 
1834,  curé  de  Talmont  depuis  1880.  mort  dans  cette  localité  le  15  janvier  ; 
—  M.  Henry-Joseph  de  Bonnbgbns  oes  Ubrmitans,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  président  honoraire  du  tribunal  de  SaintrJean  d'An- 
gely,  mort  au  château  des  Hermitans,  commune  de  Venansaalt  près  la 
Roche-sur-Yon  (Vendée)  le  21  janvier  à  Tâge  de  84  ans.  —  Né  à  Saint- 
Jean-d'Angely  le  23  janvier  1806,  il  était  fils  de  Jean- Joseph  Bonne- 
gens,  8s'  des  Hermitans  lieutenant  en  la  sénéchaussée  de  Saint- Jean - 
d*Angely,  député  du  Tiers  aux  Etats  généraux  de  1789,  puis  président 
du  tribunal  civil  de  cette  ville  et  d'Anne  Torchebœuf-Lecomte.  Les 
Bonnegens  des  Hermitans  ont  été  anoblis,  par  lettres  patentes  du  4 
février  1815;  —  Le  R.  P.  Bonin  de  la  Compagnie  de  Marie,  décédé 
à  la  communauté  du  Saint-Esprit  à  Saint-Laorent-sur-Sèvre  vers  le  24 
janvier.  —M.  Tabbé  Auguste  Simoneau,  curé  de  l'Ille  d'EUe  (Vendée)  l'un 
de  nos  premiers  collaborateurs  et  l'un  des  fondateurs  de  cette  Revue  en 
1885,  décédé  vers  le  25  janvier.  On  lui  doit  divers  travaux  publiés  dans 
les  journaux  et  les  Revues  de  notre  région  et  notamment  dans  la  Revue 
historique  de  VOuest  ;  —  M.  Lonis-Gharles-Emmanuei  Pasqueraye,  comte 
du  RouzAY,  élève  de  Saint-Gyr  en  1830,  fils  d'un  chevalier  de  saint  Louis, 
neveu  de  M.  de  la  Bourdonnaye,  ministre  de  Gharles  X,  ancien  maire  de 
Saint- Jean  des  Mauvrets,  dont  le  fils  fut  tué  à  l'ennemi  en  1871 ,  mort 
dans  les  premiers  jours  de  février  ;  —  M.  Morin  o'Yvonmièrk,  ancien  con- 


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seiller  général  de  la  Vendée,  mort  dans  les  premiers  j'onrs  de  février  j  — 
Le  R'.  P.  Adolphe  Brazille,  missionnaire  de  Ghavagnes,  décédé  an  no- 
viciat de  Ghavagnes  en  Paillers  le  13  février.  -—  M"«  Marie-Azélie 
AuBiNEAU  dInsay,  veuve  de  M.  Richabd  des  Forges,  morte  à  Poitiers  le 
21  février  à  Page  de  77  ans.  —  M.  le  chanoine  Bourbon,  décédé  à  Loçon 
(Vendée)  le  24  février.  Né  le  2  janvier  1816,  au  Boistissandeaa,  commune 
d'Ardelay,  d'une  famille  très  honorable,  M.  Louis-Edmond  Bourbon  fat 
nommé  en  1839  professeur  de  philosophie  au  Grand-Séminaire  de  Luçon 
et  publia  un  Cours  de  philosophie  qui  devint  classique.  Il  quitta 
sa  chaire  en  1863.  et    fut   nommé  chanoine   titulaire  de  Luçon. 

Le  colonel  d'artillerie  en  retraite  db  Montréal,  mort  à  La  Groisiile 
(Haute- Vienne)  veri)  la  Mi-Mars.  —  M.  le  capitaine  de  gendarmerie  en 
retraite  Dassy,  chevalier  de  la  Légion  d*bonneur.  ancien  commissaire  de 
surveillance  administrative  au  chemin  de  fer  d'Orléans,  mort  à  Poitiers 
]e  17  mars  à  l'âge  de  80  ans. —  M««  la  comtesse  d'Aviau  de  Piox^hT, 
née  de  la  Roullière,  décédée  en  son  h6tel  à  Poitiers,  vers  la  mi- 
Mars  à  l'âge  de  76  ans.  —  M.  Marie- Adolphe  Duport.  ancien  député 
de  la  Ghar^nte,  né  à  Saint-Jean-d'Angely  le  26  janvier  1862,  mort 
à  Paris  de  l'influenza  le  5  février,  à  l'âge  de  28  ans.  Docteur  en  droit, 
avocat  à  Paris,  il  était  fils  de  M.  Jean-Aubin  Duport,  banquier  et 
demoiselle  Marie  Druet,  son  épouse,  neveu  par  alliance  du  Maréchal 
Regnault  de  Saint-Jean-d*Angely,  du  baron  Davilliers  et  du  colonel 
comte  de  Briey.  Il  avait  épousé  en  1889  M^^*  Verrier,  belle-fille  de 
M.  Gunéo-d'Omano,  capitaine  de  cavalerie  en  retraite,  frère  de  M.  Gonéo- 
d*Omano,  député  de  la  Gharente.  —  M.  Pierre  Fontreaux  de  Jallais, 
ancien  garde  du  corps,  né  à  Gonfolens  en  1799  mort  à  Saintes 
le  14  février  dans  sa  91e  année.  Il  était  fils,  de  Jean-Baptiste 
Fontreaux  de  Jallais  et  de  Marie-  Marguerite  Ghampville  et  avait  été 
conseiller  municipal  de  Saintes  en  1821'  —  Le  contre-amiral 
Léopold-Augustin-Gharles  Pallu  de  la  Barrière,  né  à  Saintes  le  27  août 
1828,  fils  de  Charles  Pallu,  professeur  de  rhétorique  au  collège  de  Saintes 
et  de  Victoire-Hélène  Gonstantin,  mort  le  18  février. 

Jehan  de  la  Savu^ayb. 


Vannes.  —  Imprimerie  Eugène  LÂFOLYË. 


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DEVISAIRE  DE  BRETAGNE 


TOUS  les  étymologistes  sont  d'accord  sur  la  langue  d'où 
nous  vient  le  mot  Devise,  C'est  au  latin  que  nous 
sommes  redevables  de  la  plupart  de  nos  vocables 
usuels,  et  celui-là  a  franchi  les  Alpes,  comme  bien  d'autres, 
avec  les  soldais  de  Jules  César.  Du  reste,  nous  ne  trouvons 
dans  les  anciens  idiomes  gaulois  ou  celtique,  aucune  racine 
dont  nous  puissions  le  faire  dériver. 

Il  faut  rejeter  de  prime-abord  une  opinion  qui  consisterait 
à  faire  venir  devisum,  devisa,  de  videre  voir.  11  est  vrai 
que  les  devises  emblématiques  ou  autres,  ont  été  généra- 
lement placées  très  en  vue,  soit  sur  des  bannières,  soit  sur 
des  monuments  ;  mais  laissant  décote  cette  remarque  qui 
peut  paraître  spécieuse,  nous  préférons,  avec  Litiré,  tirer  le 
mol  devise  de  dividere.  Sans  nous  arrêter  aux  transforma- 
lions  que  le  temps  et  les  copistes  ont  fait* subir  à  ce  verbe 
pour  qu'il  devienne  notre  mot  français  devise,  conslatons 
simplement  un  fait  principal  :  Ses  dérivés  ont  toujours  im- 
pliqué un  sens  de  division,  de  détail  ;  Le  substantif  féminin 
devise  ne  fait  pas  exception  à  cette  règle  générale.  Il  a  très 

T.   VI.    —  DOCUMENTS.   — ►  VI*  ANNÉE,    3«  LIV.  12 


ancieimement  deux,  significations,  en  apparence  très    éloi- 
gnées de  celle  que  nous  lui  donnons  aujourd'hui;   il  veut 
dire:  Testament  ou  robe  bigarrée  Le  testament  n'est  à  pro- 
prement parler  que  la  division  ou  le  partage  des  biens  du 
testateur  entre  ses  héritiers.  Les  robes  bigarrées',  données 
par  les  rois  ou  les  grands  seigneurs  à  leurs  officiers  les  jours 
de  fête,  devinrent  bientôt  la  marque  distinctive  d'un  emploi 
ou  d'un  parti.  Disons  en  passant  qu'elles  étaient  composées 
de  bandes  d'étofTe  de  diverses  couleurs  cousues  ensemble, 
sur  lesquelles  des  broderies  ou  des  applications  simulaient 
des  figures.  Une  certaine  étiquette  présidait  à  la  disposition 
de  ces  ornements;   plusieurs  auteurs  croient  y  retrouver 
l'origine  des  pièces  les  plus  honorables  de  l'écu,  telles  que  la 
fasce,  la  bandei  le  pal,  le  chevron,  etc.  De  diviser  on  passe 
facilement  à  l'idée  d'indiquer  cotte  division  par  le  dessin.     , 
D'après  cette  étymologie,  la  devise  est  donc  une  figure,  un 
emblème.  Cette  définition  concorde  d'ailleurs  avec  la  logique 
des  faits  et  les  enseignements  de  l'histoire  et,  sans  préjuger 
des  règles  posées  plus  tard  par  les  Bouhours  ^l  les  Mènes- 
trier,  si  Ton   trouve  presque    toujours  à  côté  du  dessin 
quelques  mots  plus  ou  moins  explicatifs,  il  faut  les  prendre 
comme  un  enjolivement,  quelquefois  nécessaire;  et,  si  les 
mots  se  prés<întent  seuls,  ils  doivent  être  regardés  comme 
une  exception  consacrée  par  l'usage.  Cependant,  à  notre 
époque,  on  confond  sous  un  môme  nom,  tout  proverbe,  tout 
dicton,  toute  sentence,  qu'ils  aient  été  ou  non  choisis  par  une 
collectivité  ou  par  un  individu.  Sous  cette  forme,  les  devises 
sont  innombrables  :  «  L'antiquité,  écrit  Adrien  d'Amboise, 
nous  fournit  de  cette  marchandise  de  prix  à   pleins  maga- 
sins. »  Pas  un  poëte,  pas  un  prosateur  dont  les  ouvrages 
n'en  soient  remplis  :  la  Bible  en  est  pleine,  les  sages  de  la 
Grèce  en  abusent,  et  les  druides  en  confiaient  à  la  mémoire 

«  Ces  robes  données  on  disait:  livrées^  aux  gens  de  leur  cour,  par  nos  rois 
de  la  première  race,  ont  donn*^  leurs  noms  aux  livrées  que  portent  actneN 
leraent  les  domestiques. 


DEVISAIRE  DE   BRETAGNE  1(9. 

de  leurs  jeunes  adeptes,  dans  les"  forôts  de  rArmorique  ;  ce 
sont  de  simples  traits  de  morale  ou  d'esprit,  à  ce  titre  elles 
n'ont  pas  d'histoire,  ou  plutôt  leur  histoire  se  confond  avec 
celle  de  l'esprit  humain.  Nous  suivrons  donc  le  précepte  de 
Boileau^  et  nous  nous  bornerons  aux  devises  adoptées  par 
les  princes,  les  gentilshommes,  les  communautés,  les  villes 
et  les  corporations. 

Il  n*est  peut-ôtre  pas  impossit»le  de  suivre  les  devises  à  la 
trace  qu'elles  ont  laissée- dans  les  fastes  des  peuples.  Presque 
toujours  elles  sont  Timage  fidèle  du  siècle  qui  les  a  vues 
naître  et  des  passions  de  ceuK  qui  se  les  sont  appropriées. 
Au  moyen  flge,  et  môme  encore  aujourd'hui,  elles  sont  le 
complément  des  armoiries  ;  elles  échappent  à  la  sécheresse 
didactique  du  blason,  elles  en  sont  la  partie  la  moins  aride. 
Après  avoir  rallié  les  guerriers  autour  de  leurs  chefs,  dans 
de  vraies  batailles,  elles  ont  embelli  les  tournois  ;  et,  fixées 
par  le  piûceau,  le  burin  ou  Taiguille,  elles  ont  plu  à  l'esprit, 
de  même  qu'aux  yeux,  a  Noblesse  oblige,  »  a-t-on  dit.  Com- 
bien de  preux  n'ont-ils  pas  indiqué  à  leurs  descendants,  par 
une  devise^  la  vertu  primordiale  dont  il>  ne  devaient  plus 
s'écarter  ?  La  foi,  la  charité,  l'honneur,  le  courage,  l'humilité 
chrétienne,  l'orgueil  légitime  de  race,  toutes  les  vertus,  tous 
les  nobles  sentiments  se  rencontrent  tour  à  tour  dans  un 
Devisaire,  et  se  confondent  avec  les  aspirations  et  les  sou- 
venirs les  pîus  glorieux.  Si  nous  y  trouvons  par  hasard 
quelque  folle  vanité  ou  quelque  tyrannique  vouloir,  souve- 
nons-nous que  d'autres  temps  les  ont  vu  naître,  que  le 
seigneur  avait  beaucoup  fait  pour  le  vassal  et  que  nous  ne 
pouvons  juger  sainement  de  faits  trop  éloignés  de  nous. 
Eloigné,  certes  le  moyen-âge  l'est  déjà  bien  ;  et  cependant 
nous  devrons  remonter  bien  au-delà  dans  le  cours  des  siècles 
pour  trouver  l'origine  de  la  devise. 

Nous  n'avons  pas  Tintention  de  donner,  comme  Ségoing, 
des  armoiries  aux  enfants  du  pi  emier  homme  ;  nous  ne 
songeons  pas  à  appeler  Noé  :  Messire,  et  à  lui  faire  porter 


une  df vise  en  latin;  mais  qu'il  nous  soit  pernais,  contre  l'o- 
pinion de  plusieurs  héraldistes,  de  la  chercher  au-delà  des 
croisades,  et  même  de  l'ère  chrétienne.  Ne  nous  attendons 
pas  à  l'y  rencontrer  parée  de  toutes  les  grâces  maniérées 
du  dix-septième  siècle;  elle  sera  simple,  voire  m6m(B  gros- 
sière ;  une  longue  suite  d'années  a  seule  pu  la  polir  et  l'amener 
au  point  où  voudraient  la  trouver,  pour  la  reconnaître,  les 
auteurs  dont  nous  parlons.  «  La  devise,  disent-ils,  est  un  pro- 
duit du  moyen-âge.  Voyez  les  règles  posées  par  les  bons 
connaisseurs  :  pas  une  devise  de  Tantiquilé  n'y  répond,  donc 
l'anliquité  ne  connaissait  pas  la  devise.  »  C'est  là  une  pétition 
de  principes  :  assurer  qu'une  chose  n'exisie  pas,  parce  qu'elle 
n'existe  pas  d'après  des  règles  formulées,  revient  à  nier  la 
langue  française,  avant  l'apparition  de  la  première  gram- 
maire? ou  la  fondation  de  l'Académie. 

Nous  passerons  sous  silence  les  hiéroglyphes  égyptiens 
dont  parlent  cependant  quelques  auteurs,  entre  autres  Claude 
Paradin  ;  nous  doutons  qu'ils  puissent  rentrer  dans  noire 
sujet.  Laissons  donc  de  côté  l'histoire  égyptienne  et  arrivons* 
à  celle  delà  Grèce  ;  nous  trouverons  dans  ses  annales  et  dans 
ses  monuments  littéraires  de  curiouses  et  abondantes  preuves 
de  notre  opinion.  Dans  le  principe,  chaque  chef  de  tribu, 
chaque  capitaine,  dans  un  temps  où  la  guerre  dispersait  les 
combatlants  plus  que  de  nos  jours,  au  sein  de  !a  mêlée, 
éprouva  le  besoin  d'avoir  un  signe,  conna  seulement  de  ses 
fidèles,  pour  les  rassembler  autour  de  lui.  Pour  l'un,  ce  fut 
le  premier  objet  venu  :  témoin  :  la  botte  de  foin  portée  au 
bout  d'une  lance  par  quelques  peuplades  ;  pour  l'autre  plus 
judicieux,  ce  fut  l'image  d'un  animal,  d'une  plante,  d'un  être 
réel  ou  fabuleux,  mais  ayant  rapport,  soit  à  une  qualité  per- 
sonnelle, soit  à  un  événement  passé,  heureux  ou  triste,  glo- 
rieux ou  ordinaire,  soit  à  une  conquête  entrevue  et  désirée. 
Maintes  fois  l'obscurité, la  poussière, les  accidentsdu sol  furent 
tels  qu'ils  empêchèrent  les  guerriers  de  s3  rallier  à  la  ban- 
nière. En  c^s  moments  difficiles,,  leur  chef  fit  usage  delà 


DEVISAIRE   DE  BRETAGNE  181 

voix  :  ses  cris  les  arrachèrent  à  l'ardeur  du  combat,  ils  les 
guidèrent  à  la  victoire  ou  leur  firent  opérer  la  retraite. 
Parole  enthousiaste,  héroïque,  invocation  aux  dieux  du  pa- 
ganisme, entendue  et  retenue  par  la  multitude,  prédiction  fan- 
faronne, telles  furent  les  premières  inscriptions  qui  figurèrent, 
à  côté  des  emblèmes,  sur  les  étendards  et  les  boucliers.  De 
ce  genre  sont  les  devises  que  nous  ont  conservées  les  anciens 
poëtes  grecs,  entre  autres  Eschyle  et  Euripide,  le  premier 
dans  les  Phéniciennes,  le  second  dans  les  Sept  Chefs  devant 
Thèbes.  Ces  deux  tragédies  nous  peignent  la  guerre  allumée 
par  l'ambition  entre  Etéocle  et  Polynice.  Le  prix  de  la  vic- 
toire était  le  trône  de  Béotie  que  se  disputaient  ces  deux 
frères.  Polynice  était  représenté  sur  son  bouclier  la  main 
dans  celle  de  la  déesse  de  la  Justice,  avec  ces  mots  :  «  Je  te  ré- 
tablirai. »  Tydée,  l'un  des  sept  chefs  portait  sur  son  bou- 
clier l'ime^e  de  la  Nuit  ;  le  fond  était  noir,  semé  d'étoiles  d'or  ; 
au  milieu  paraissait  Prométhée,  la  torche  à  la  main,  avec 
ces  mots  :  «  Je  réduirai  la  ville  en  cendres.  »  L'Etéocle  d'Es- 
chyle avait  sur  son  bouclier  un  soldat  montant  à  Tassant, 
avec  cette  légende  :  «  Mars  lui-même  ne  m'arrêterait  pas.  » 
On  voyait  sur  celui  d'Hyperbius  un  Jupiter  armé  de  sa  foudre, 
avec  ces  mois  :  «  A  Jupiter  victorieux  »  et,  sur  celui  de  Parthé- 
nopée,  un  sphinx  écrasant  unThébain  sou?  ses  pieds. Dans  les 
Phéniciennes,  Parthénopée  n'a  aucune  sentence  gravée  sur 
ses  armes  ;  mais  écoutons  le  messager  qui  raconte  Tassaut  : 
«  Et  d'abord  s'avance  contre  sa  cohorte  hérissée  de  boucliers 
le  fils  de  l'intrépide  chasseresse,Parthénopée,portant  pourem- 
blêmede  sa  famille,  au  milieu  de  son  bouclier,  l'image  d'Ata- 
lante  perçant  de  ses  flèches  rapides  le  sanglier  d'Etolie.  »  — 
«  Emblème  de  sa  famille»,  ce  détail  est  caractéristique. 
Comment  M.  de  Magny  peut-il  dire  que  la  devise  est  un 
fruit  de  la  civilisation  des  races  latines  ?  Virgile,  il  est  vrai,  à 
la  fin  du  VU"  livre  de  l  Enéide,  donne  des  emblèmes  aux 
compagnons  d'Enée  et  à  ses  adversaires,  mais  il  s'est  inspiré 
des  Grecs. 
D'après  Staces  et  Pindarc,  le  devin  Amsîaras,  portait  un 


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182  DEVI8AIRE  DE  BRETAGNE 

dragon  pour  devise  ;  pendant  la  guerre  de  Thëbes^  Ulysse 
devant  Troie  portait  un  dauphin. 

Si  Ton  regarde  les  personnages  des  anciennes  tragédies 
grecques  comme  créés  par  l'imagination  des  poètes,  on 
peut  trouver  ailleurs  des  faits  tirés  de  rhistoire.  Ainsi 
Xénophonnous  a  conservé  les  devises  deCyrus,  de  Darius,  de 
Gambyse,  de  Xerxës  ;  «  Marins,  dit  Valère  Maxime,  fut  le 
premier  qui  fit  porter  un  aigle  devant  lui.  »  Pompée  avait 
adopté  d'un  lion  armé  d'un  glaive.  Alexandre  le  Grand , 
antérieurement  à  eux,  avait  pris  le  serpent  comme  emblème. 
Les  légions  romaines  avaient  peintes  sur  leurs  enseignes, 
tantôt  un  cheval,  tantôt  un  lion,  tantôt  le  minotaure.  II  n'est 
pas  jusqu'aux  médailles  et  aux  monnaies  antiques  qui  ne  four- 
nissent des  exemples  de  devises.  Celle  d'Auguste  représente 
une  ancre  entortillée  d'un  dauphin,  avec  ce  mot  :  Festina  lenUy 
celle  de  Vespasien,  un  papillon  et  une  écrevisse  avec,  le  mot 
Matura.  Nous  pourrions  remonter  plus  haut  dans  la  fable  et 
dans  rhistoire,  citer  les  devises  des  conquérants  de  la 
Toison  d'Or;  mais  nous  croyons  avoir  suffisamment  dé- 
montré que  si  la  devise,  telle  qu'on  la  concevait  au  seizième 
siècle,  n'était  pas  connue  des  anciens,  on  en  voit  au  moins 
poindre  le  germe  dans  leur  esprit. 

Après  les  Grecs,  après  les  Romains  nous  trouvons  dans 
l'Histoire  de  la  devise  une  lacune  regrettable.  Les  chroni- 
queurs de  la  conquôte  romaine  dans  les  Gaules  et  ceux  qui 
les  suivent  ne  nous  ont  pas  conservé  une  seule  devise  au- 
thentique. Il  nous  paraît  cependant  difficile  que  des  peuples 
aussi  valeureux  et  dans  l'esprit  desquels  la  profession  des 
armes  était  tenue  pour  si  glorieuse,  n'aient  eu  aucun  emblème 
guerrier.  Si  nous  n'en  retrouvons  pas  sur  leurs  armures, 
c'est  que,  probablement  moins  artistes  et  plus  simples  que 
les  nations  du  midi,  ils  n'avaient  pas  su  les  fixer  par  la 
peinture  et  la  gravure.  Du  reste  la  faucille  d'or  et  le  gui  sacré, 
la  pierre  sainte  et  la  baguette  de  coudrier  n'auraient  fait 
qu'une  apparition  bien  courte  sur  la  large  poitrine  de  nos 
ancêtres  s'ils  avaient  pu  ou  voulu  les  y  peindre. 


'  l^noble&o 
vécu.  Les  dî' 
terre  devani 
empestés,  le 
la  sombre  d  , 
forêts  sacrée  \ 
Pothinet  de  ! 
bacchantes, 
s'élevaient  d 
devise  que     i 
chevaleresqi  i 
moines    en 
Tusage  des  e  i 
controns  est 
saint  Benoît,  I 
armes  sont  s 
ennemi  de  V\ 


Initiales  de  i 


(Retire-toi  I 
Ce  que  tu  ofl 
poison  !). 

Nous  ne  par 
iniers  rois  d( 


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184  DBVISÂlRE   DE    BRETAGNE 

paraissent  avoir  été  composées,  d'après  Torclre  de  Louis  XIV, 
par  un  père  de  la  compagnie  de  Jésus  pour  en  orner  le  pont 
Notre-Dame.  Citons  cependant  celles  de  Mérovée  :  c  Nobis 
ferox  Attila  cesstt,  »  de  Ciovis  !•'  :  «  Salus  mihi  conjuge porta 
est  »,  de  Ciiarlemagne  :   «  Concilio  major,  qui  maffnus  in 
armis,  »  II  est  néanmoins  certain  que  les  rois  de  France  ont 
eu  fort  anciennement  des  devises.  Sous  Charles  VII,   et  avant 
lui,  dit  Adrien  d'Amboise,  ils  faisaient  graver,  sur  les  hoque» 
tons  de  leurs  orfevrisez,  des  emblèmes  et  des  sentences.  Ces 
orfevrisez  tiraient  leur  nom  de  leur  armure  :  elle  était  faite 
d*écailles  argentées  ou  dorées,  et  embellies  par  le  travail  de 
l'orfèvre.  Les  rois  en  mettaient  aussi  dès  cette  époque  sur 
leurs  palais  t  et  j*en  trouve  la  raison  très  juste,  dit  encore 
l'auteur  que  nous  venons  de  citer,car,soit  qu'ils  entreprennent 
quelques  ouvrages  publics  et  forteresses,  soit  qu'ils  fassent 
bastir  quelque  chasteau  ou  maison  de  plaisance,  l'une  et 
Tautre  de  ces  marques  y  sont  njiises  sur  les  frontispices  et 
en  tous  les  lieux  plus  éminens,  afin  que  la  mémoire  de  Tau- 
ttieur  en  soit  perpétuée;  autrement,  s'il  n'y  avoit  que  les 
seules  fleurs  de  lis,  on  ne  pourroit  discerner  au  vray  en  quel 
tems  et  sous  quel  roy  l'ouvrage,  auroit  esté  commencé  ou 
parachevé.  >^  Paul  Jove  mentionne  celles  des  douze  Praladins 
et  c'est  la  première  fois  que  noua  rencontrons  sur  notre 
chemin  une  devise  bretonne  ;  c'est  celle  de  Salomon  de  Bre- 
tagne qui  porte  un  échiquier.  Il  passe  ensuite  aux  chevaliers 
de  la  Table  ronde  ;  mais  les  données  que  nous  avons  sur  la 
vie  de  ces  personnages,  si  môme  ils  ont  tous  vécu,  sont  trop 
incertaines  et  trop  incomplètes  pour  que  nous  puissions  dé- 
mêler le  fond  de  vérité  qui  inspirales  auteurs .  de  nos  pre- 
miers romans  de  chevalerie. 

En  Orient,  l'histoire  nous  a  seulement  transmis  les  devises 
des  lieutenants  de  Mahomet.  Ali  après  avoir  vaincu  Osman 
fit  graver  sur  son  sceau  :  a  Dun  cœur  sincère  f  adore  Dieu  > 
mais  il  n'y  ajouta  aucun  dessin.  Alhacème  prit  pour  devise  : 
«  Dieu  seul  est  tout-puissant  »  ;  —  Muavias  :  «  Dieu^  par- 
donne moi  ;  »  —  Jesède  son  flls  :  «  Dieu  est  mon  Seigneur.  • 


DEVISAmS   DB  BRETAGNE  185 

Il  faut  arriver  ensuite  à  ceux  qui-  combattirent  leurs  des- 
cendants et  leurs  prosélytes»  aux  Croisés,  pour  retrouver  la 
devise  dans  les  Gaules.  Elle  n'a  pas  changé  de  caractère,  et 
c'est  au  milieu  des  camps  que  nous  devons  la  chercher.  C'est 
la  langue  des  héros,  comme  Ta  si  bien  dit  un  auteur  italien, 
e\f  plus  que  jamais,*la  langue  des  héros  chrétiens.  Nous  avons 
vu  qu'aux  temps  barbares,  les  guerriers  prenaient  une  devise 
pourôtre  reconnus  des  leurs  r  les  seigneurs  se  seraient  de 
môme  trouvés  bientôt  séparés  de  leurs  hommes  d'armes,  si, 
en  plus  de  la  croix  que  les  croisés  avaient  reçue  des  mains 
de  Pierre  l'Ermife,  ils  n'avaient  en  un  signe  de  ralliement 
simple  et  facile  à  reconnaître  qui  permit  à  leur  suite  de  les 
retrouver  promptement  au  milieu  de  l'immense  multitude 
lancée  sur  l'Asie.  Beaucoup  y  ajoutèrent  quelques  mots 
ayant  rapport  à  leur  grande  et  sainte  entreprise.  Les  Bretons 
partirent  nombreux  sous  la  conduite  d'Alain  Forgent  ;  ils 
criaient  déjà  :  «  Malo  au  riche  duc.  »  Nous  savons  aussi  qu'à 
cette  époque  les  Montmorency  priaient  Dieu  d'aider  au  pre- 
mier baron  chrétien,  tandis  que  Ooulaine  réconciliait  deux 
rois  que  leurs  querelles  empêchaient  de  partir  pour  la  Pales- 
tine, et  en  recevait  la  glorieuse  devise  portée  encore  par  sa 
maison.  Plus  tard,  saint  Louis  permettait  aux  Chateaubriand 
de  graver  sur  leur  sceau  :  «  Mon  sang  teint  les  bannières  de 
France.  • 

Souvent  aussi  dans  ces  temps  de  troubles  et  au  milieu  de 
guerres  féodales,  les  chevaliers  avaient  besoin  de  cacher  leur 
nom  et  leur  présence.  A  l'abri  de  tout  regard  indiscret  sous 
leur  armure  ils  marchaient,  casque  en  tête  et  visière  baissée  : 
un  signe  convenu  les  faisait  reconnaître  de  leurs  seuls  amis 
etdéfler  les  indiscrets  et  les  hostiles.  Les  romans  de  chevalerie 
nous  peignent  à  chaque  instant  des  chevaliers  ténébreux  qui 
cachent  sous  une  armure  noire  un  nom  célèbre,  un  éclatant 
passé,  pour  mener  plus  sûrement  à  bien  quelque  glorieuse  * 
entreprise.  C'est  ainsi  que  la  légende,  sinon  l'histoire,  proie 
à  Richard  Cœur  de  Lion  /row/^rmawoc  pour  toutes  armoiries, 


186  DEVISÂ1R£   DE  BRETAGNE 

lorsque  après  s'être  évadé  des  prisoDs  d'Allemagne,  il  revint 
en  Angleterre  pour  recoaquèrir  son  royaume.  Si  le  malheur 
poursuivait  Richard  jusqu'à  le  priver  de  sa  liberté  dans  le 
temps  o£i  ses  Etats  auraient  eu  le  plus  grand  besoin  de  la 
présence  d'un  roi  tel  que  lui^  d'antres  au  moins  révenaieni 
heureusement  dans  leur  patrie  ;  ou  s'ils  restaient  sur  le  champ 
de  bataille  d'outre-mer,  acquéraient  une  telle  gloire  qu'elle 
réjaillissait  sur  toute  leur  race.  Harry  avantX  crient  lesDinans, 
après  le  fameux  Rivallon,  leur  ancêtre^  compagnon  de  Geof- 
froy de  Bretagne.  N'est-ce  pas  aussi  un  glorieux  héritage  que 
la  devise  dès  Byron  d'Angleterre,  que  Ton  retrouve  sur  un 
acte  authentique  de  1292  :  «  CredeBeronii  »  (Vrpis  en  Biron). 
que  l'on  peut  rapprocher  de  celle  de  Bréhan.  Foi  Ue  Brékan 
vaut  mieux  qu'argent.  On  sait  (Jue  beaucoup  de  haut  barons 
furent  obligés,  pour  se  procurer  l'argent  nécessaire  aux  dé- 
penses de  l'expédition,  d'engager  leurs  châteaux  et  leurs 
terres,  rî'est-il  pas  permis  de  croire  que  Byron  et  Bréhant 
outrés  de  voir  un  misérable  juif  leur  demander  des  garanties, 
s'écrièrent  dans  un  élan  d'indignation.  «  Ma  parole  ne  vaut-ell^ 
pas  mieux  qu*un  grimoire  ?  » 

Remarquons  ici  un  fait  important. 

Pendant  toute  la  période  des  Croisades  la  devise  se  mo- 
difie et  se  complique.  Le  cri  de  guerre,  qui  de  simple  onoma- 
topée était  devenu  mot,  devient  phrase.  Les  emblèmes  se  mul- 
tiplient. Naguère  une  couleur,  un  chiffre.  Une  lettre,  suffi- 
saient. Maintenant  elle  emprunte  toutes  les  formes,  et  de 
l'emblème  naît  le  blason.  L'usage  en  devient  aussi  plus  fré- 
quent; les  bannerets  d'abord,  puis  môme  de  simples  bache- 
liers prennent  une  devise.  Les  communautés,  les  associations 
civiles  ou  religieuses  s'approprient  des  passages  de  la  Sainte 
Ecriture  ;  enfin  les  tournois  en  développent  la  coutume,  et 
nous  dirions   presque  l'abus. 

Les  noms  de  familles  se  forment  et  les  devises  équivoques 
à  ces  noms  se  produisent  et  naissent  à  leur  tour.  Quelquefois 
môme  le  nom  et  le  cri  sont  engendrés  çn  môme  temps  par 


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DEVISAIRE   DE  BRETAGNE  187 

ua  événement  unique.  Vers  950  un  comte  de  Rennes  voit 
s'élancer  un  de  ses  soldats  dans  la  mêlée  comme  un  estour- 
beillon,  il  en  fait  la  remarque  et  le  soldat  laisse  à  ses 
descendants  le  nom  d'Estourbeillon  qu^ils  conservent  et 
le  cri  :  Crains  le  Tourbillon. 

Mais  déjà  le  christianisme  a  produit  son  cBUvre  féconde.  Les 
disputes  de  la  scolastique,  souvent  stérileSt  ont  du  moins 
aiguisé  les  esprits.  Les  victoires  pacifiques  des  Abailard  et' 
des  Albert  Le  Grand  sont  aussi  célèbres  que  les  exploits  des 
plus  grands  capitaines  ;  et  si,  comme  à  Tapogée  de  la  civili?*a- 
tion  romaine,  les  armes  ne  le  cèdent  pas  à  la  toge,  la  science 
du  moins  va  de  pair  avec  la  valeur.  Les  monastères,  répandus 
en  grand  nombre  sur  toute  la  surface  du  territoire,  sont 
remplis  d'érudits,  et  les  saints  religieux  n*ont  pas  peu  con- 
tribué à  polir  le  rude  langage  des  Francs.  Les  gentilshommes 
instruits  par  eux,  et  beaucoup  moins  illettrés  que  certains 
auteurs  modernes  voudraient  nous  le  faire  croire,  prennent 
goût  aux  choses  de  l'esprit.  Virgile,  Horace,  Ovide  sont  peut 
être  lus  avec  plus  d'activité  et  plus  de  fruit  que  de  nos  jours, 
et  souvent  on  leur  emprunte  un  hémistiche  ou  même  un 
vers  tout  entier  pour  en  parer  ses  armes  ou  ses  vêtements. 
«  Pacere  subjectis,  debellare  superbos,  »  écrivent  les.  du  Breil 
sur  leur  liste;  Superis  Victoria  faustis  »,  disent  les  Budes 
de  Guébriant. 

Le  goût  des  muses  grecques  et  romaines  déplaça  un  peu 
le  sentiment  qui  jusqu'alors  avait  présidé  au  choix  des  de- 
vises. On  voit  poindre  de  temps  à  autre  des  allégories  où  les 
dieux  de  la  fable  jouent  le  principal  rôle.  «D'un  autre  côté, 
nous  sommes  en  plein  moyen-âge,  et  nous  ne  devons  pas 
trop  nous  étonner,  après  tant  de  grandes  choses'  accomplies, 
de  voir  l'orgueil  se  faire  souvent  une  large  place  au  milieu 
des  plus  respectables  sentiments.  Empressons-nous  d'ajouter 
que  la  Bretagne  échappe  à  cette  fâcheuse  tendance.  Nous 
trouvons  bien  :  «  Malo  au  riche  duc.  »  Richesse  de  Kermavan 
et  la  fameuse  devise  de  Rohan  :  «  Roi  ne  puis,  prince  ne  daigne. 


Rohan  suis  »,  mais  cet  orgueil  est  légitime  et  n'a  rien  de  bles- 
sant pour  la  fierté  d  autrui.  Du  reste,  dans  toute  la  France 
comme  en  Bretagne,  c'est  le  sentiment  guerrier  qui  domine, 
et  il  n'en  peut  guère  être  autrement.  On  ne  passe  plus  la  mer 
pour  combattre,  il  est  vrai;    mais  hélas!  trop  nombreuses 
sont  les  victimes  que  la  guerre  fait  en  Bretagne,  et  nos  preux 
chevaliers    peuvent   à    loisir   éprouver   la  force  de     leurs 
'bras.  Pendant  les  courtes  journées  qui  séparent  les  batailles, 
anglais,  français,  brelons  se  provoquent  en   combats  sin- 
guliers. Geoffroy  duBois  s  écrie  :  «  Bois  ton  sang  Beaumanoir,  » 
sous  le  chêne  de  Mi- Voie,  et  du   Guesclin  pousse  son  cri 
de  guerre  en  sélançantcontreThomasde  Cantorbéry.  A  peine 
une  trêve,  un  armistice  est-il  conclu  ;  sous  les  murs  de  la  ville 
assiégée,  sur  le  champ  de  bataille  delà  veille  s'organise   un 
tournois  ;  les  armes  courtoises  s'entrechoquent,  et  les  enne- 
mis de  la  veille,  ceux  du  lendemain,  combattent   sous  la 
sauvegarde  des  lois  de  la  chevalerie.  Les  tenants  arborent 
sur  leurs  tentes  les  devises  qu'ils  ont  choisies,  les  hérauts 
d'armes  les  crient  avec  leurs  noms.  Malheureusement   nos 
historiens  nous  ont  conservé  trop  peu  de  détails  sur  ces  fêtes, 
et  nous  regrettons  de  ne  pas  trouver  plus  de  devises  en  langue 
bretonne,  dans  les  descriptions  de  tournois  qu'ont  laissées 
les  chroniqueurs.  Sauf  Alain  Fergent  dont  nous  avons  cité 
le  cri,  aucun  duc  de  Bretagne  ne  paraît  en  avoir.  Célèbres 
pour  la  plupart  à  cause  de  leur  bravoure  ou  de  leur  caractère, 
ils  auraient  pu  cependant  se  peindre  en  quelques  mots.  On  a 
bi.  n  retrouvé  sur  un  bas-relief  de  la  cathédrale  de  Nantes  une 
df'vise  attribuée  à  Jean  IV  :   Comment  qu'ils  sont,  mais  on 
manque  de  certitude  et  nous  n'osons  prendre  sur  nous  de  tran- 
cher la  question.  Jean  V,  le  premier,  affirme  magnifiquement 
sa  loyauté  par  ces  mots  qui  sont  devenus  la  règle  de  ses  suc- 
cesseurs et  de  son  peuple  :  «  lotius  mort  quam  fœdari.  Plu- 
tôt mourir  que  ^e  souiller.  »  Il  les  fait  graver  en  1363  sur  le 
collier  de  l'ordre  de  l'hermine;  si  la  blanche  fourrure  du 
gracieux  animal  s'est  quelquefois  tachée  de  sang,  jamais  du 


moins  elle  na  été  effleurée  par  la  boue.  Le  porc-épic  de 
Louis  XI  na  pas  toujours  été  aussi  délicat;  plusieurs  des 
dards  qu'il  lançait  :  Comintis  et  emintia,  (De  près  comme  de 
loin),  n'étaient  pas  nets  de  fange.  Siluons  néanmoins  cette 
grande  figure  historique,  et  si,  comme  breton,  nous  pou- 
vons lui  en  vouloir  d'avoir  préparé  l'annexion  de  notre  patrie, 
bouvenons-nous  qu'il  a  fait  la  France  grande  et  puissante. 
Cène  fut  pas  sans  beaucoup  de  peine  qu'il  arriva  au  cou- 
ronnement de  son  œuvre  et  la  dissimulation  qu'il  prêchait 
aux  rois  le  servait  peut-être  moins  que  son  opiniâtreté.  Non 
seulement  les  grands  vassaux  ne  se  laissèrent  pas  mettre 
à  la  raison  sans  résistance,  mais  des  têtes  moins  hautes  ne 
se  courbèrent  pas  facilement  devant  lui.  Si  les  C  'équy  chan- 
gèrent leur  devise  :  «  Nul  ne  s'y  frotte,  »>  par  déférence  pour 
le  monarque  qui  en  avait  entouré  son  porc-épic,  les  de 
Chambre  écrivaient  dans  le  même  temps  :  «  Altissimus  nos 
fundavit.  »  Le  Très  Haut  a  fondé  notre  maison,  orgueil- 
leuse réponse  aux  prétentions  exorbitantes  pour  l'époque, 
da  seigneur  de  Plessis-les-Tours. 

Loin  de  se  plaindre  comme  la  noblesse,  le  tiers-état, favorisé 
par  la  sage  politique  de  Louis  XI,  accepta  avec  joie  les  pri- 
vilèges qui  lui  étaient  accordés.  Les  communes  affranchies 
s'empressèrent  de  choisir  des  armoiries  et  des  devises. 
Quelques-unes  sont  un  hommage  de  reconnaissance  à 
l'adresse  de  l'émancipaleur.  Les  échevins  firent  pour  eux- 
mêmes,  en  particulier,  ce  qu'ils  avaient  fait  poui*  leur  cité.; 
bientôt  ils  eurent  leurs  livres  d'or  et  leurs  armoriaux.  Les 
corps  d'état,  dès  qu'ils  furent  constitués,  ne  tardèrent  pas  à 
suivre  cet  exemple.  Les  marchands,  les  ouvriers,  tirèrent  de 
leurs  professions  des  devises  souvent  bien  tournées  Celles 
des  imprimeurs  et  des  libraires  sont  particulièrement  inté- 
ressantes. Contraints  par  la  loi  à  se  choisir  une  marque,  ils 
furent  naturel!em?nt  amenés  à  l'accompagner  d'une  sen- 
tence. Quelques  années  à  peine  après  Guttemberg,  en  1488, 
Geoffroy  de  Marnef  imprimait  en  têtQ  de  ses  éditions  l'image 


190  DEVISAIRE  DE  BRETAGNE 

d'un  pélican,  et  au-dessous  :   «  Principium  ex  fide  finis,  ^ 
Baillet,    dans  ses  Jugements  des    savants,  Jacques   Brunei 
dans  son  Manuel  des  libraires  si  connu,  et  plusieurs  autres 
auteurs  ont  recueilli  celles  des  maîtres  célèbres.  Les  plus  an- 
ciennes sont  empreintes  d*un  sentiment  de  religion   et  de  foi 
profonde.  François  Régnault  prit  pour  devise  (1481)  :  c  En 
Dieu  est  mon  espérance.  »  Guy  Marchand  (1487)  :  a  Sola  fidrs 
sufficit,  »  La  foi  seule  suffit.  »  Durand  Gerbier  (1489)  ;  Deum 
time,  paitperes  sustine,  mémento  finis  Jésus,  c  Crains  Diett, 
secours  les  pauvres,  souviens-toi  de  la  mort  de  Jésus-Christ, 
Jean  Maurand  ;14Ô3)  :  «  Dieu  soit  en  mon  commencement  et  à 
ma  fin.  »  L'appât  du  gain  n*av<'iit  pas  encore  prostitué  les 
presses,  et  les  premiers  livres  qui  sortirent  des  nouveaux 
ateliers  furent  la  Bible  et  TEvangile.  Cependant,  quelques 
imprimeurs  se  montrèrent  plus  marchands  qu'apôtres,  au 
moins  dans  leur  devise.  Denis  Roce,  en  1490,  et  Jean  de  Gour- 
mond,  en  1508,  ne  paraissent  sûrs  ni  de  la  réussite  de  leur 
commerce,  ni  du  genre  d'ouvrages  qu'ils  livrent  au  public  : 
«  A  Vaventure  »,  dit  lun  ;  «  Vogue  la  galère  »  dit  Tautre.  Con- 
tent air  contraire  de  la  marche  des  choses  et  jouant  sur  son 
nom,  Jean  Petit  1493,  répète  gaillardement  :  «  Petit  à  petit.  « 
Terminons  par  la  célèbre  devise  du  courageux  Henri  Estienne 
(1502),  «  Fortuna  opes  auferre^  non  animum  potest  ■  La  for- 
tune peut  nous  ravir  nos  richesses,  mais  non  notre  courage  »  ; 
et  celle,  plus  récente,  des  Elzévir  (1592),  «   Corwordia  res 
parvœ  crescuntr>,  Par  l'union  les  petites  choses  grandissent. 
Sous  Charles  VIII  se   continua  l'œuvre  commencée  par 
Louis  XI  ;  mais  nous  ne  pouvons  qu'effleurer  bien  légèrement 
cette  grande  page  d'histoire.  C'est  sous  le  règne  de  ce  mo- 
narque que  la  devise  commença  à  sortir  décidément  du  cri 
de  guerre  et  à  être  employée  à  profusion  par  les  architectes 
et  les  artistes   pour  l'ornementation  de  leurs  travaux.  Nous 
l'avons  vue  exclusivement  guerrière  dans  l'antiquité,  très 
chrétienne  sous  les  croisades,  puis  redevenue  guerrière  au 
quatorzième  siècle;  nous  allons  maintenant  lavoir  se  prêter 


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àunautre  génie,  moins  noble  il  est  vrai,  mais  cependant  en- 
core digne  d'elle, lorsque  des  esprits, fins  et  délicats  savent  Ty 
plier.  Sous  Charles  VIII,  les  armées  françaises  vont  à  la 
conquête  du  royaume  de  Naples.  Dans  cette  expédition  se 
trouvent  plusieurs  Bretons,  et,  de  l'aveu  môme  de  Paul  Jove, 
les  barons  français  apprennentaux  Italiens  à  porter  les  devises 
et  à  en  composer.  Mais  le  génie  des  deux  peuples  est  différent, 
les  Italiens  modèlent  Tidée  qu'ils  ont  reçue,  et  bientôt  les 
maîtres  imitent  leurs  élèves.  C'est  à  ce  temps  qu'il  faut 
faire  remonter  toutes  ces  devises  galantes,  le  plus  souvent 
un  peu  fades,  que  nous  voyons  citées  comme  des  modèles 
par  les  auteurs  contemporains.  Nos  guerriers,  revenus 
en  France,  ont  apporté  la  mode  italienne,  la  régence  de  Cathe- 
rine de  Médicis  ne  contribua  pas  peu  à  perpétuer  le  goût 
d'une  langue  et  d'un  esprit  qui  étaient  ceux  de  la  Souveraine. 
En  Bretagne  s'accomplissent  les  événements  qui  nous  ont 
enlevé  notre  indépendance.  Le  noble  peuple  a  lutté  jusqu'à 
l'épuisement  de  ses  forces,  jusqu'à  l'épuisement  du  sang 
généreux  de  cetfe  famille  qui  présidait  depuis  longtemps  à 
ses  destinées.  Lasse  de  ^repousser  d'un  côté  les  Anglais  dé- 
vastant ses  côtes,  d'un  autre  côté  les  Français  qui  sous  le 
moindre  prétexte  ravagent  son  territoire,  la  Bretagne,  mise 
en  lambeaux  par  ses  deux  ennemis  héréditaires,  croit  re- 
trouver le  calme  et  la  prospérité,  en  s'abandonnant  à  la 
France,  sous  l'égide  de  la  flUe  de  ses  ducs.  Les  guerres 
coûteuses  de  François  P%  les  troubles  sanglants  de  la  Ligue, 
les  exactions  de  Louis  XIV,  les  folles  prodigalités  de  Louis 
XV,  les  cruelles  exécutions  dp  Carripr  et  des  autres  massa- 
creurs républicains,  les  charges  fiscales  attirées  par  ses 
tendances  royalistes  et  qui  pèsent  encore  sur  plusieurs  de 
ses  départements  devaient  lui  démontrer,  mais  trop  tard, 
que  la  chaîne  rivée  par  ses  propres  mains,  était  lourde»  et 
tiue  le  plus  grand  malheur  pour  une  nation,  est  la  perte  de 
son  autonomie.  La  pieuse  femme  de  Charles  V|II  et  de  Louis 
XII  eut-elle  à  regretter  d'avoir  entraîné  son  pays  dans  de 


192  DEViSAIRË   UE  BaUTAGNË      . 

nouveaux  malheurs.  Sa  devise  le  ferait  croire.  A  la  mort  de 
son  premier  mari,  elle  fonde  Tordre  de  la  Cordelière  ;    le  cri 
qu'elle  pousse  et  qu'elle  prend  pour  devisai   est  comme  un 
soupir  de  soylagement  de  se  sentir  libre  :  Tai  te  corps  délié. 
Mais  que  faire  contre  un  fait  accompli.  Elle  aime  Louis  Xll, 
réponse,  et  la  Bretagne  devient  décidément  française.    Les 
fêtes  données  à  cette  occasion  furent  brillantes  ;  mais  le  luxe 
de  la  cour  de  Louis  XII  fut  éclipsé  par  les  magnificences  du 
règne  suivant.  François  !•',  le  généreux  protecteur  des  lettres 
et  des  arts,  ayant  comme  rival  un  Charles-Quint,  voulut  lutter 
de  goût,  de  somptuosité  avec  un  si  digne  adversaire.    Les 
tournois  se  succèdent  à  la  cour  et  dans  les  province?.  On  ne 
s'y  contente  plus,  comme  autrefois^  de  rompre  des  lances  sur 
une  place  ou  dans  un  champ  entouré  de  tentes  et  d*estrades  : 
toutes  les  ressources  de  Tart  compliqué  des  machinistes  y 
sont  mises  à  profit.  On  imite  le  labyrinthe  de  Crète,  lecheval 
de  Troie,  le  palais  de  Cyrcée.  Les  draps  d*or  et  d'argent»  la 
soie  et  le  velours  brillent  sur  les  cavaliers  et  sur  les  chevaux, 
les  gentilshommes  luttent  d'élésrance  et  d'entrain  sous  les 
yeux  des  plus  belles  femmes  de  la  cour.  A  chaque  réunion 
nouvelle,  une  nouvelle  devise  s'impose,  et  les  plus  applaudies 
sont  celles  qui  parlent  d'amour.  Il  est  à  la  mode  de  gémir  et 
de  souffrir  pour  une  belle  inconnue,  dont  tout  le  monde,  du 
reste,  croit  savoir  le  nom.  On  use  plus  que  jamais  de  la 
langue  italienne,  et  quelques  cavaliers  empruntent  aux  Es- 
pagnols qu'ils  ont  combattus,  leur  idiome  et  leurs  emblèmes. 
La  devise  a  du  reste  conquis  droit  de  cité   partout.  En 
France,  en  Italie,  en  Espagne,  dit  M.  Chassant,  non  seule- 
ment elle  se  montre  dans  les  réjouissances  publiques,  mais 
aussi  dans  les  sacres  dos  rois,  dans  les  cérémonies  funèbres. 
Elles  ornent  les  édifices  publics,  les  arcs  de  triomphe,  Tinté- 
rieur  des  temples.  On  les  voit  briller  sur  les  guidons,  les  éten- 
dards et  les  drapeaux,  sur  la  poupe  des  navires.  Elles  se 
lisent  encore  sur  les  tourelles,  les  frises  des  châteaux,  même 
dans  les  villes,  sur  la  façade  des  hôtels  et  de  quelques 


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maisons  bou 
E'Iespï^nfîtrel 
l'es  ap;j.:rtenQ 
eabinets  d'étu 
duit  jusque  fh 
dans  leurs  lil 
g^aleries,  des  e 
par  le  roi  pour 
trisco  et  extin^ 
Tavait,  dit  on, 
palais,  et  Gham 
Les  artistes, 
pouvaient  oubli 
duroi,et,  depui 
verriers  d'Arqt 
Venus  pour  la 
de  leurs  taler 
nier  s  étaient 
s'écriaienl-ils 
succedil  opus. 
Plût  au  ciel 
nombre  de  1 
religion  et  la 
Vœuvre  est  d 
naïfs  badina; 
phétique.  De 
talent  des  li 
siècle  pudib 
tieuses  devis 
toutefois  da 
tarie  est  de 
s'avançait  p 
un  succès  q 
ces  mots  tii 
a  (feo,  nom 

T.  V!. 


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j[94  OEVISAIRB   DE   BRETAGNE 

qui  s'appelait  Jean).  Son  adversaire,  instruit  par  ses  espions, 
et  fort  incrédule  à  l'endroit  de  sa  mission  divine,  fit  écrire 
sur  ses  bannières  ces  paroles  du  môme  évangile  :  «  Et  non 
receperunt  eum  »  fEt  ils  ?ie  le  reçurent  point J,  La  pointe  n'est 
pas  toujours  aussi  fine  Le  calembour  et  le  jeu  de  mots  enva 
hissent  l'esprit  français,  et  le  joyeux  curé  de  Meudon  se 
moque  agréablement  des  devises  ainsi  faites,  dans  un  cha- 
pitre de  Gargantua.  Citons  en  quelques  lignes  :  «  En  pareilles 
ténèbres  sont  comprins  ces  glorieux  de  court,   et  transpor- 
teurs de  noms,  lesquels  voulant  en  leurs   devises  signifier 
espoir,  font  pourtraire  une  sphère  ;  des  pennes  d'oiseaulx 
pour  poines  ;  de  l'ancholie  pour  mélancholie  ;  la  lune  bicorne 
pour  vivre  en  croissant  ;  un  banc  rompu  pour  banqueroupte  : 
non,  et  un  halcret  pour  non  dur  habit  ;  un  lit  sans  ciel  pour 
un  licentié.  Qui  sont  homonymies  tant  ineptes,  tant  fades, 
tant  rustiques  et  barbares  que  Ton  debvroit  attacher  une 
queue  de  regnard  au  collet  et  faire  une  masque  d'une  bouse 
de  vache  à  un  chacun  d*iceulx  qui  en  vouldrait  doresnavant 
user  en  France,  après  larestitutioudes  bonnes  lettres. 

Par  mesmes  raisons  (si  raisons  les  doils  nommer  et  non 
resveries),  ferais-je  peindre  un  panier  dénotant  qu'on  me 
fait  pener.  Et  un  pot  à  moustarde,  que  c'est  mon  cœur  à  qui 
moult  tarde.  Et  le  fond  de  mes  chausses  c'est  un  vaisseau 
de  peds. 

Bien  autrement  faisaient,  en  temps  jadis»  les  sages 
d'Egypte,  etc.  • 

Il  nous  est  actuellement  difficile  de  comprendre  l'impor- 
tance que  l'on  attache  aux  devises  durant  le  seizième  siècle. 
Quelque  auteur  que  l'on  consulte,  il  parle  avec  enthousiasme 
de  lu  noblesse  d'un  art  si  charmant  et  si  utile  ;  l'un  y  voit  ren- 
fermée toute  la  philosophie,  l'autre  seulement  la  morale^  mais 
tous  s'extasient  sur  la  facilité  de  renfermer  une  vérité  pri- 
mordiale dans  un  petit  dessin  accompagné  de  quelques  mots 
brefs  et  expressifs.  C'est,  disent-ils^  une  symbolique  auprès 
de  laquelle  les  hiéroglyphes  égyptiens  et  les  caractères  chi- 


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nois    ne   soni 
quelquefois  u     I 
récit.  Voici  la 
sauvé  des  flan     i 
et  n'était  poin     • 
«  une  grand'sî 
A  force  de  voui    i 
et  la  charade. 

Les  devises     i 
fort  belles  et  f(    . 
une  pleine  lun    i 
f  Quand  elle  est    ! 
contre  un  crois    i 
il  ne  renonça  p 
pleine  lune,  pu   i 
pleat  orbem.  »  (,   i 
IX  portait  deux   ; 
et  justitia  »  (P 
sur  son  bouelie 
K;  au  moyen    ' 
Henri  III  se  coo  ; 
plus  élevée,  ac  ; 
cœlo  »  (La  troU  \ 
présentait  un  Hi  i 
cription  :  k  Inv  \ 
d* obstacles J,  On 
remplie  de  com  : 
pas  à  dédaigner,  ! 
qu'il  eut  à  terrai 
farouches  liguei 
{Liberté).  Le  ma 
trop  la  tournure 
s'étonner  que  pli 
devises.  Une  des 
servée  par  la  fac: 


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196  DEVI8A1RB   DB   BRETAGNE 

donnons  dans  le  cours  de  cet  ouvrage.  Beaucoup  d^autres  du 
môme  genre  lui  ont  été  attribuées  ;  mais  s'il  est  vrai  qu  on 
ne  prête  qu'aux  riches,  il  faut  se  mettre  en  garde  contre  les 
prêteurs.  Nombre  de  bons  mots  que  Ton  a  dit  sortis  d'une 
bouche  royale,  sont  soï^lis  de  celles  des  courtisans  ou  des 
panégyristes.  Tel  trait  d'esprit,  telle  noble  réponse  a  été 
inspirée  à  Thistorien  par  le  caractère  de  son  héros,  quelque- 
fois même  par  les  circonstances. 

Après  Henri  IV,  il  n'est  peut-être  pas  un  souverain  que 
Ton  ait  fait  autant  parler  que  Louis  XIV,  mais  combien  est 
différente  leur  manière  de  s'exprimer.  Les  peuples   Jeur  ont 
donné  à  tous  deux  le  surnom  de  Grand,  mais  ils  ont  aussi 
appelé  Henri  IV,  le^on.  L'un  se  montre  père  et  ami;  il  se 
mêle  volontiers  à  ses  sujets,  il  parle  quelquefois   la  langue 
de  la  dame  de  la  Halle  quMl  a  embrassée;  Tautre,  jaloux  de 
son  prestige,  est  toujours  roi,  môme  chez  mademoiselle  de 
la  Vallière*  il  ne  descend  jamais  des  hauteurs  où  Ta  placé 
la  Providence.  Il  a  choisi  le  soleil  comme  emblème,  et  comme 
cet  astre  :   a  Nec  pluribus  impar.  »  Il  se  sent  capable  d'é- 
clairer tous  les  mondes.  Louis  XIV,  il  est  vrai,  suffit  à  la 
tâche  qu'il  s'est  imposée.  Sous  son  règne,  partent  du  Louvre 
et  de  Versailles,  les  rayons  bienfaisants  qui  hâtèrent  Té- 
closion  de  tant  de  génies  et  illuminèrent  tant  de  grandes 
choses.  Quelle  idée  malheureuse  eut  donc  Fouquet  de  blesser 
la  susceptibilité  de  Louis-le-Grand,  et  de  prétendre  à  de 
trop  hautes  destinées?  Il  eut  dû  rester  le  Mécène  d'un  tel 
Auguste,  et  arrêter  son  écureuil   d'un  coup  d'arquebuse, 
lorsqu'il  voulut  s'élancer  plus   haut  que  les  girouettes  de 
Vaux  ou  les  rochers  de  Belle-Isle.  La  devise  du  surinten- 
dant n'est  pas  la  seule  qui  ait  été  mise  en  opposition  avec 
celle  de  Louis  XIV.  «  J*ai  réglé  qui  nous  règle,  »  disait  le 
maréchal  de  Villeroy  ;  mais  son    allusion  n'avait  rien  de 
blessant.  Il  avait  été  le  précepteur  de  Louis    XIV,  et  c'est 
avec  une    bonhomie  quasi  paternelle    qu'il    rappelait  aux 
courtisans  inclinés  dans  les  antichambres  de  Versailles,  Tau- 


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DEVISAIRE    DE    BRETAGNE  197 

tori  té  exercée  jadis  parle  maître  sur  ce  roi,  maintenant  si 
grand  et  si  impérieux.  Les  murs  de  l'OEil  de  Bœuf  n'étaient 
pas  habitués  aux  libertés  de  langage  ;  comme  on  leur  savait 
des  yeux  et  des  oreilles,  on  s'était  fait  à  la  cour  une  règle 
de  prudence.  De  tous  les  coins  de  la  province  étaient  arrivés 
les  gentilshommes  soucieux  de  leur  fortune.  A  la  source  des 
faveurs,  des  bénéfices,  des  grandes  alliances,  ils  n'auraient 
pas  voulu  compromettre  l'avenir  par  une  parole  inconsidé- 
rée :  mieux  valait  tâcher  d'être  agréable.  Aussi  le  môme  vent 
semble-tril  avoir  soufflé  sur  toutes  les  devises  de  l'époque. 
En  aucun  temps  on  a  fait  un  aussi  grand  abus  des  mots 
d'amour  et  de  fidélité.  Pour  le  prouver  il  suffit  de  lire  les 
pages  109,  110,  460,  461,  462,  du  Dictionnaire  des  Devises  de 
M.  Chassant;  on  y  trouvera  rangées  par  ordre  alphabétique 
toutes  celles  qui  commencent  par  ces  mots  ou  leurs  dérivés. 
Dans  le  nombre  il  s*en  trouve  d'anciennes,  mais  c'est  la  mino- 
rité. Certes,  Thomme,  le  roi, méritait  bien  une  fidélité  héroïque; 
maison  peut  ici  douter  du  mobile.  Il  faut,  pour  ôtre  noble,  que 
•la  fidélité  ne  soit  pas  dictée  par  Tintérôt,  que  son  expression 
ne  soit  pas  uniquement  une  flatterie.  Or,  malgré  toutes  les 
qualités  du  roi,  malgré  l'attachement  qu'a  toujours  montré  la 
noblesse  française  pour  ses  princes,  nous  avons  peine  à  croire 
à  tant  de  dévouements  désintéressés  et  simultanés. 

Un  autre  fait  est  frappant.  L'étiquette  la  plus  stricte  pré- 
side aux  moindres  actions^  le  roi  veut  que  tout  dans  son 
entourage  soit  réglé  avec  le  plus  grand  soin.  Les  juges 
d'armes  formés  à  cette  école  voient  avec  déplaisir  lès  écus- 
sons  qu'on  leur  soumet,  soit  pour  entrer  aux  pages,  soit 
pour  être  admis  aux  emplois  de  la  cour,  manquer  d'une 
devise  :  lorsque  le  cas  se  présente,  ils  en  conseillent  une 
officieusement,  puis,  une  fois  prise,  la  mentionnent  d'une 
manière  officielle.  C'est  à  cela ,  pensons-nous ,  qu'il  faut 
attribuer  le  nombre  considérable  de  devises  coulées  dans 
le  môme  moule,  et  se  rapportant  toutes  aux  figures  des 
armoiries.  Elles  sont  d'ailleurs  très  bien  faites.  Le  P.  Le- 


198  DÊVISAIRE   DE   BRETAGNE 

moine,  le  P.  Meneslrier  en  ont  formulé  les  règles  savantes 
et  en  ont  composé  des  milliers.  Il  n'y  a  qu'à  puiser  dans 
leurs  livres,  et  Ton  ne  s'en  fait  pas  faute.  Tout  le  monde,  du 
reste,  s'applique  à  les  bien  faire.  Les  femmes  elles-mêmes, 
en  cherchent  pour  leurs  parents  et  leurs  amis.  M"*  de  Sé- 
vigné,  dans  une  de  ses  lettres,  nous  montre  quelle  impor- 
tance on  attachait  {>  faire  un  bon  choix.  Consultée  par  sa  fille 
sur  une  devise  que  voulait  prendre  M.  de  Grignon  dans  un 
carrousel,  elle  part  plus  vite  encore  que  la  fusée  dont  elle 
parle.  Trois  ou  quatre  devises  lui  paraissent  bonnes  à  choisir, 
mais  sont-elles    neuves?  L'une  :  «   Qu'elle  périsse,  pourvu 
quelle  s'élève  »,  a  déjà  figuré  sur  les  armes  de  M.  X. . .  ;  qui 
a^'ait  écrit  :  «  Que  je  dure  peu,  pourvu  que  je  me  lève.  »  L'autre 
€  DaVardoreylardirp  »  (De  mon  ardeur  ma  hardiesse)^  s'étale 
sur  récusson  de  M.  Z.  Si  bien  que  la  chère  caqueteuse,  forcée 
d'emprunter  à  quelqu'un,  ne  trouve  rien  de  mieux  à  faire 
que  de  s'adresser  à  la  Clorinde  de  la  Jérusalem  délivrée  du 
Tasse  ;  elle  propose  :  «  Alla  non  timeo  t .  [Je  ne  crains  pas  les 
hauteurs).  On  cite  d'elle  plusieurs    devises.  D'abord    une 
hirondelle   avec  :  «  Le  froid  me  chasse  ^t^  puis  celle  qui  lui 
plaisait  si   fort  :  Un  arbre  sec  et  l'inscription  :   «  Fin  che- 
ritomi  »  {Jusqu'à  ce  que  le  soleil  revienne).  Cette  dernière,  où 
s'épanche  tout  son  amour  maternel,  est  une  allusion  à  la  ten- 
dresse de  sa  fille,  M"'^  de  Grignon. 

On  le  voit,  hors  des  devises  héréditaires  de  la  famille,  les  de- 
vises personnelles  étaient  fort  nombreuses:  plusieurs  d'entre 
elles  devaient  d'ailleurs  devenir  héréditaires  àleur  tour.  Cela 
se  fit  aisément.  Bien  avant  les  seizième  et  dix-septième  siècles, 
co.-nme  nous  l'avons  prouvé,  les  grands  lignages  chevale- 
resques avaient  leur  cri  et  souvent  leur  devise.  Vers  ce 
temps,  les  familles  nobles  de  second  rang  et  même  de  la  bour- 
geoisie (quelquefois  issue  de  bon  lieu)  voulurent  imiter  la 
première  noblesse,  les  devises  se  transmirent,  comme  tout 
ce  qui,  flattant  un  très  légitime  orgueil  familial,  sert  à  per- 
pétuer le  souvenir  d'un  aïeul  éminent  ou  d'un  trait  hono- 


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D&VISAIRE   DK  BBETAONS  XW 

rablQ  pour  la  race,  ne  fût*ce  qu'un  trait  d'esprit.  Les  anoblis- 
sements fiscaux  et  les  réformations»  en  les  mentionnant 
dans  les  lettres  patentes  et  les  arrêts  de  maintenue^  contri^- 
buèrent  à  les  fixer  irrévocablement. 

8ous  Louis  XV,  sous  Louis  XVI,  la  devise  n'a  pas  de  carac- 
tère spécial.  M"*  de  Genlis  continue  les  traditions  fades  en 
instituant  l'ordre  du  sentiment.  Chacun  des  chevaliers  a  une 
devise  amoureuse  et  la  passion  s'y  peint.  Style  précieux  et 
ampoulé.  Citons  par  contraste  celle  du  comte  d'Estaing  :  Une 
corbeille  de  lys  et  de  roses,  avec  Tinscription  :  «  Toui  pour 
eux,  tout  pour  ellps  »,  gracieuse  aHusiôiià  son  amour  pour 
la  jeune  reine  Marie-Anloinetteet  à  irôn  dévouement  pour  le 
malheureux  Louis  XVL  Citons  encore  le  mauvais  jeu  de 
mots  de  l'un  des  tristes  philosophes  qui  préparèrent  la 
Révolution,  le  marquis  Carilat  de  Condorcet:«  Charitas  i» 
(Charité),  devise  menteuse  dans  sa  bouche,  comme  le  fut 
celle  des  terroristes  :  «  Liberté.  Egalité,  Fraternité  !»  On  a 
trop  de  fois  prouvé  l'affreuse  ironie  de  tels  mots  dans  un 
pareil  temps,  les  jacobins  en  ont  eux-mômes  trop  déflguré 
le  sens  en  y  ajoutant  la  finale  :  «(  Ou  la  mort  »,  pour  que 
nous  insistions  davaniage!  Passons  donc  bien  vite  sur  ces 
temps  les  plus  néfastes  de  notre  histoire . 

Le  grand  mouvement  social  oommencé  sous  les  auspices 
de  Louis  XVI  et  arrêté  dans  son  développement  normal  par 
les  ambitions  jacobines,  fut  du  moins  fécond  en  traits  de 
courage  et  de  vertu.  Les  uns  meurent  en  chantant  des  can- 
tiques, sous  le  couperet  de  la  guillotine  ;  les  autres  livrés  à 
toutes  les  angoisses,  à  l'exil,  dénués  des  choses  les  plus  néces- 
saires à  la  vie,  entourent  leurs  princes,  combattetit  vaillam- 
ment pour  eux  et  sous  leurs  ordres,  ou  bien  grossissent  les 
rangs  de  ces  armées  vendéennes  et  bretonnes  qui  forcèrent 
l'admiration  de  leurs  ennemis  eux-mêmes.  Tous  ces  braves, 
comme  naguère  les  croisés  n'ont  qu'une  seule  et  môme 
devise  :  «  Fidèle  à  Dieu  et  au  Roi  î  »  Peut-être  les  mots 
varient-ils,  mais  l'idée  reste  la  même,  et  cette  idée  est  gravéfe 


200  DEYI8AIRE    DS   BRETAGNS 

au  fond  des  cœurs.  Il  n'est  plus  ici  question  comme  à  la  cour 
cle  Louis  XIV  et  de  Louis  XV,  de  flatter  un  monarque  dont  on 
espère  obtenir  des  honneurs  ou  la  fortune.  Louis  XVI  n*est 
plus,  et  son  tlls,  enfant  prisonnier,  ne  peut  rien  pour  ses  su- 
jets Il  faut  donner  sa  vie  gratuitement  pour  sa  cause.  Aussi  les 
devises,  concédées  à  cette  époque  ou  depuis  aux  com paginons 
des  Charette,  des  Lescure  et  des  la  Rochejacqueleiil,  et  dans 
lesquelles  entre  le  mot  «  Fidélité  !  »  ont-elles  un  bien  autre 
prix  que  leurs  similaires  du  siècle  précédent.  Certaines  pa- 
roles mémorables  des  chefs  leur  servent  de  devises  etsont 
restées  à  leurs  familles.  •  Si  f  avance^  suivez-moi.  Si  je  recule 
tuez-moi.  Si  Je  meurs^  vengez-moi  »  a  dit  M.  Henri  à  ses  gars; 
ces  héroïques  paroles  accompagnent  aujourd'hui  l'écussondes 
la  Rochejacquelein. 

Dans  le  camp  opposé,  Tamour  de  la  patrie  a  suscité  quel- 
ques grands  courages.  N'est-ce  pas  une  belle  devise  de  général 
que  celle  de  Hoche,  appelé,  à  tort  ou  à  raison,  le  pacificateur: 
«  Res  non  verba  »  [De^  actes  et  non  des  paroles)  ?  Pendant  que 
le  vieux  sang  de  l'aristocratie  coule  à  flots,  ou  se  régénère 
dans  le  malheur  et  dans  les  combats  multipliés  d'une  guerre 
de  partisans,  une  jeune  noblesse  est  à  la  veille  de  se  former 
et  de  venir  remplir  des  vides,  hélas  !  trop  nombreux.  Napo- 
léon d'abord  nous  apparaît  grand  par  Uii-môme,  mais  non 
moins  grand  peut  être  par  la  pléiade  illustre  d'hommes 
remarquables  dont  il  sait  s'entourer.  Monté  sur  le  trône  impé- 
rial, il  comprend  qu'une  aristocratie  puissante  et  honorée 
était  une  force  vive  qu'il  eut  été  dangereux  de  laisser  dispa- 
raître. Aussi  ^  comme  jadis  César  aux  vétérans  romains, 
accorde-t-il  des  honneurs  et  des  privilèges  à  ses  compagnons 
d'armes.  Ney,  Murât,  Davoust,  Augereau,  etc,  portent  le  nom 
des  glorieuses  batailles  qu'ils  ont  gagnées  ;  ils  ont  des  armes 
et  des  devises.  Peut-être  dix  ans  auparavant  auraient-ils,  en 
style  du  temps»  traité  ces  insignes  d'inutiles  hochets  du  des- 
potisme et  de  la  vanité  ;  mais  à  cette  h^ure  ils  en  sont  fiers, 
et  Junot  s'écrie  avec  raison  :  «  Nos  descendants  se  glorifleront 


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toujours  de  m 
assez  de  gloir 
c  Et  nos  avi  • 
vieux  gentilsh 
veaux  ;laRes 
parte  comme 
Charles  X,  Vil 
choisit  une  de 
son  caractère 
mais  il  ne  prit 

Il  est  àren 
siècle,  on  sem 
blême,  et  que 
mais  celles  qu 
tences.  Ainsi 
Anglais,  adûpl 
[Plutôt  plier  i 
descendants  p: 
des  Carné  :  (P 
le  condisciple 
familiale  ;  mai 
malheur  des  I 
voulu  pouvoir 
dance  grecque 
n'en  ont  laissé 
contribué  à  me 
preux,  chantés 

Revenons  ei 
Lamartine  écril 
génie  rêveur  ai 
Dieu  !  »  dit-il. 
moins  lorsqu'à 

*  La  Mon  nais  aur 
«  Il  rompt,  mais  il 


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202  DBVISAIRB   DE  BRBTAGNB 

mieux  et  des  Leâra-BoUm,  Le  duc  de  Persigny,  converti  à 
l'idée  napoléonienne,  devait,  un  i>eu  plus  tard,  être  comblé 
des  faveurs  du  Prince  Président,  qu'il  aida  tant  à  faire 
nommer  empereur.  Sa  devise  est  :  «  Je  sers.  »  S'il  changea 
plusieurs  fois  d'opinion,  du  moins  ne  servit-il,  et  n'aima-t-il 
que  Napoléon  III.  Nous  voudrions  nous  arrêter  ici  et  finir 
avec  la  belle  devise  du  maréchal  Bugeaud,  conquérant,  coloni- 
sateur et  pacificateur  de  l'Algérie  :  «  Ense  et  aratro  ».  Par 
Vépée  et  la  charrue;  mais  notre  histoire  ne  compte  malheu- 
reusement pas  que  des  succès,  et  les  revers  sont  parfois  ins- 
tructifs. Après  un  règne  où  le  luxe"  de  la  cour  des  Tuileries 
étonna  l'Europe,  mais  où  malheureusement  le  niveau  moral 
n'atteignit  pas  à  la  hauteur  du  niveau  littéraire  et  scientifique, 
nous  devions  tomber  du  haut  de  notre  opulence  factice  entre 
les  mains  de  nos  rivaux  d'Outre-Rhin.  N'est-ce  pas  un  temps 
gros  d'orages  que  celui  où  les  actrices,  comme  M*"*  Brohan, 
parodiant  la  devise  des  grands  seigneurs,  osaient  dire  : 

Reine  ne  puis, 
Pille  ne  daigne 
Brohan  suis. 

que  celui  où  les  hommes  d'état  prennent  un  cabri  pour 
emblème?  Il  est  vrai  que  celui  dont  nous  parlons  se  nommait 
Chevreau,  et  que,  pensons-nous,  la  méchanceté  seule  des 
ennemis  de  l'Empire,  transforma  le  chevreau  en  cabri. 
Toutefois  ce  n'est  pas  en  sautant,  mais  bien  en  s'àppuyant 
sur  des  ailes  que  l'on  arrive  Ad  alta,  per  aita. 

Bitn  autrement  puissante  et  sérieuse  est  l'inspiration  des 
trois  hommes  qui  nous  ont  été  si  funeste^  ;  bien  autrement 
grande  et  caractéristique  est  cette  trinité  redoutable  de  la  foi, 
de  l'intelligence  et  de  la  force,  empreinte  dans  la  devise  du 
roi  Guillaume  :  «  Gott  mit  uns  »  Ùieu  avec  nous  ;  du  feld 
maréchal  de  Molkte  ;  •  Erst  Wœgen  dann  Wagen  »  D'abord 
peser,puis  oser;  enfin  du  chancelier  Bismarck  :  «  In  trinitate 
robur  n,  (La  force  dçtns  la  trinité!) 


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Que  dire  des  devises  d'aujourd'hui    I 
elles  le  sont  probablement  restées     i 
moins  qu'elles  ne  soient  devenues  c; 
n'en  pouvons  parler  en  connaissan 
nages  n'en  ont  pas.  Cela  ne  nous  ét< 
devise  c'est  se  tracer  une  ligne  de 
comme  point  de  départ  et  comme  bu    i 
grand  sentiment.  Toutes  ces  choses     i 
hommes  tels  que  nous  les  connaissons 
pour  s'en  embarrasser.  Et  peut-être 
gagnant  chaque  jour  du  terrai  n ,  fera- 1 
de  nos  contemporains  leurs  emblème 
se  cdmplatt  la  littérature  actuelle.  Nou  , 
pas  sur  la  pente,  Monseigneur  le  côn:  ; 
à  son   fidèle  serviteur   M.  le   comt 
d'ajouter  à  ses  armes  le  mot.  «  Inéb  i 
restons  ferme  ;  espérons  qu'an  jour    \ 
nous/espérons  que  la  France  pourra    I 
un  glorieux  triomphe,  et  jetons  ave 
du  marin  breton  pris  récemment  poui  i 
par  M.  René  Kerviler,  un  des  plus  ii 
de  ce  temps. 

A  Dieuvat! 

E.  Pr! 
Membre  du  Conseil 

(A  suivre). 


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CHRONIQUE 


HISTOIRE  ET  BIBLIOGRAPHIE 


BIEN  nombreuses  sont  les  publications  nouvelles  élabo- 
rées ces  mois  derniers  par  les  travailleurs  de  nos 
provinces  de  l'Ouest.  Nous  serions  heureux  de  pou- 
voir les  signaler  toutes.  Nous  accorderons  du  moins  une 
mention  spéciale  à  toutes  celles  d'eûtre  elles  qui  méritent 
d'être  signalées  ou  dont  les  titres  sont  parvenus  à  notre 
connaissance. 

BRETAGNE 

En  Bretagne,  l'un  des  plus  remarquables  ouvrages  publiés  ces  temps 
derniers  est,  sans  contredit,  la  très  intéressante  Généalogie  de  la  mai- 
son de  Cornulier  que  nous  annoncions  dans  notre  dernière  livraison, 
nous  nous  serions  fait  un  devoir  d'en  parler  encore  aujourd'hui  plus 
longuement,  si  une  plume  plus  autorisée  que  la  nôtre,  celle  de  notre 
érudit  confrère,  M.  P.  de  Lisle  du  Dréneuc,  ne  nous  en  avait  gracieu- 
sement envoyé  pour  la  Ravue^  un  compte-rendu,  qui,  nous  n'en  doutons 
pas,  sera  fort  goûté  de  ses  lecteurs.  * 


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CHRONIQUE  205 

GÉNÉALOGIE  HISTORIQUE  DIS  LA  MAISON  DE  CORNUUER.  *- Il 
eut  bien  rare  qu'on  lise  une  généalogie,  à  moins  que  ce  ne  soit  celle  de 
sa  famille,  ou  bien  que  l'on  ait  en  vue  des  recherches  spéciales.  Il  n'en 
est  pas  ainsi  de  la  Généalogie  de  la  maison  de  Cornulier,  elle  se  lit 
au  contraire  fort  bien.  C'est  que,  en  dehors  même  de  l'intérêt  histo- 
rique que  présentent  bon  nombre  de  personnages  mêlés  aux  grands 
événements  de  notre  pays,  elle  nous  donne  une  suite  de  biographies 
traitées  avec  une  délicatesse  de  touche  et  une  sincérité  bien  rare  en 
pareil  cas.  Certes,  l'auteur  aurait  pu  prendre  pour  épigraphe  le  mot  de 
Montaigne  :  Cest  icy  un  livre  de  bonne  foy. 

En  même  temps  que  les  hautes  qualités^  les  sentiments  dlionneur  et 
de  patriotisme,  qui  ont  tant  de  fois  illustré  les  membres  de  cette  famille, 
on  y  voit  les  causes  qui  ont  parfois  amené  l'aftaiblissement  de  telle  ou 
telle  branche.  Ces  défaillances  sont  indiquées  avec  cette  réserve  pleine 
de  tact  qui  sied  en  parlant  des  ancêtres,  mais  aussi  avec  une  fermeté 
de  jugement  d'où  ressort  un  réel  enseignement.  C'est  donc  un  véri- 
table livre  de  famille,  dans  toute  la  haute  et  forte  acception  du  mot. 
Du  reste,  pour  bien  comprendre  la  portée  morale  de  Touvrage,  il  suffit 
dA  voir  les  admirables  pensées  formulées  dans  V Introduction. 

i  L'homme  ne  germe  pas  comme  une  de  ces  graines  égarées  que  le 
c  vent  disperse  au  hasard.  Le  fils  est  une  partie  détachée  de  son  père, 
«  un  drageon  de  même  nature  que  lui,  et  qui  pendant  longtemps  doit 
puiser  sa  sève  à  la  souche-mère,  dont  il  ne  peut  être  séparé  qu''à  la 
i<  suite  d'un  sevrage  graduellement  ménagé.  Parvenu  à  la  possession 
«  de  la  force  et  du  discernement,  il  Iqi  man'^ue  pendant  longtemps 
«  l'expérience  pour  en  régler  Tusqge  ;  n'étant  p%s  doué  de  l'instinct 
u  des  animaux,  il  a  besoin  d'être  dirigé,  façonné,  en  sorte  que  le  sujet, 
«  arrivé  à  son  complet  développement,  se  trouve  être  Tœuvre  des 
»  parents  et  des  instituteurs  qui  lui  ont  imprimé  leur  cachet.  C'est  là 
<(  ce  qui  faisait  dire  à  Leibnitz  :  «  Le  présent  résulte .  du  passé  et 
«  est  gros  de  l'avenir.  » 

«  Si  l'histoire  générale  est  une  école  nécessaire  aux  hommes  poli- 
u  tiques  qui  pré  ident  aux  destinées  des  nations,  l'histoire  dome.stique 
«  n'est  pas  moins  utile  au  chef  de  famille  pour  le  gouvernement  de  ses 
«  affaires  privées,  car  les  vicissitudes  de  la  fortune  sont  les  mêmes 
f  dans  les  deux  ordres,  il  est  également  nécessaire  d'y  être  prépaie  à 
«   supporter  dignement  les  coups  du  sort. 


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206  CHRONIQUE 

€  Quelle  leçon  plas  directe,  pour  des  deecendantê  qui  en  ressentent 
«  les  effets,'  que  l'exposé  des  actes  et  comportements  de  leurs  ancétrei. 
((  L'impression  est  immédiate,  c'est  de  Teipérience  émancipée.  » 

Une  série  de  portraits  de  famille,  reproduits  dans  douze  belles  gra- 
vures, ajoute  encore  à  l'intérêt  de  ce  volume.  Pour  être  absolument 
complet^  il  aurait  fallu  y  joindre  les  vues  des  cb&teauz  les  plus  inté- 
ressants de  la  famille  de  Gornulier,  avec  les  procédés  actuels  ce  serait 
une  lâche  fiscile.  Je  regrette  aussi  Tabsence  de  tableau  généalogique,  de 
table  générale.  Les  familles  alliées,  dont  la  filiation  est  donnée  atec 
détail  dans  une  précédente  édition,  sont  indiquées  ici  d'une  façon  som- 
maire. Il  est  vrai  que  ces  lacunes  disparaissent  lorsqu'on  a  tout  l'en- 
semble des  études  publiées  sur  la  maisoa  de  Gornulier,  mais  c'est  là  un 
privilège  assez  rare  et  je  ne  sais  aucune  bibliothèque  où  se  trouvent 
réunies  les  éditions  saccessives  de  ce  magnifique  travail. 

P.    DJI   LiSLB    DO    DaÉNBUC. 


Livres  bt  ouvrages  divers.  ^  Il  est  en  outre  des  travaux 
remarquables  ou  intéressant  spécialement  notre  province  qne  noua  ne 
saurions  passer  sous  silence.  Nous  citerons  :  Un  maître  du  Roman 
contemporain.  Etude  historique  et  anecdotique  sur  VŒuvre  de 
Charles  Dickens  par  M.  Robert  du  Pontavice,  de  Heussey.  I11-8* 
VIII-400  p.  et  portraits.  Paris,  Quantin,  éditeur;  —  Causeries  litté- 
raires par  Edmond  Biré.  In-8^  416  p.  Lyon,  Vitte  et  PerruMel, 
éditeurs  ;  —  Nouveau  Manuel  de  Numismatique  ancianTta  par  A. 
de  Barthélémy.  Nouvelle  édition  In-18,  484  p.  et  atlas  de  it  planches. 
Paris,  Boret  1890.  — -  Marbode,  évéque  de  Rennes.  Sa  vie  et  ses 
œuvres  (1035-1124).  Ouvrage  posthume  du  docteur  Léon  Bmault  avec 
une  Préface  et  des  Notes  de  son  frère  M.  Emile  Emault,  profes&eor 
à  la  Faculté  des  Lettres  de  Poitiers  et  Félix  Robiou,  correspondant  de 
rinstitut,  professeur  honoraire  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Rennes.  H. 
Gaillière^  éditeur  ;  —  Le  formulaire  de  Tréguier  et  les  Ecoliers  bretons 
des  écoles  d'Orléans  au  commencement  du  XI V*  stéde,  analysé  par 
M.  Léopold  Delisle,  conservateur  de  la  Bibliothèque  nationale,  as 
tome  XX  VU  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  rOrléanais 
grand  in-8«  26  p.  Orléans,  imp.  Herluison.  La  vie  militaire  sous 
l'ancien  régime  par  Albert  Babeau,  correspondant  de  l'Institot.  Les 
officiers,  un  Tolume  in-8* Paris, Firmin-Didot, éditeur.— Les  obsèqusé 


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i 


CHRONIQUE  207 

d'un  évéque  de  S&int-Malo  (Jean  du  Bec)  à  Saint'Malo  de  Beignon 
en  i6î9  par  l'abbé  Guillotia  de  Gorson  dans  la  Semaine  religieuse 
du  diocèse  de  Vannes  du  1 5mai  ;  —  Figures  bretonnes  et  angevines, 
Paul  Sébillot.  Notice  biographique  et  bibliographique  par  Léon  Séché. 
In-S"^  35  p.  Gravures  et  portrait.  In-8^  Vannes,  imp.  Lafolye;  —  La 
seigneurie  de  la  Musse  en  Baulon  et  V établissement  d*une  garnison 
dans  le  chAteau  de  ce  nom  en  1589  par  l'abbé  Guillotin  de  Gorson. 
In-8'  16  p.  Vannes,  imp.  Lafolye.  —  Les  Romanciers  d'aujourd*hui 
par  Gharles  Le  Goffic,  1  vol.  360  p.  Paris,  Léon  Vanier,  éditeur  ;  — 
L'Armée  du  Crime  par  Ignotus.  In-18  jésus,  Paris,  Victor  Havard,. 
éditeur  ;  —  Sacre  de  Af«'  Fallières,  évéque  de  Saint-Brieuc  et  Tré- 
guier,  célébré  dans  la  chapelle  de  V Institution  diocésaine  de  Pons, 
le  dimanche  28  février  1 890  par  M*'  Ardia,  évoque  de  la  Rochelle  et 
Saintes.  In-8'  24  p.  La  Rochelle.impr.  Texier  ;  —  Une  Religion  secrète 
par  Louis  Baume.  Un  vol.  in-i2   Rennes,  Plihon  et  Hervé. 

Les  monstres  dans  la  Légende  et  dans  la  nature  par  Henri 
Gordier.  In-8*  23  p.  et  pi.  Vannes,  impr.  Lafolye  ;  —  A  propos  d'un 
vieux  c/oc/ier  (Sainte- Lumine  de  Goûtais),  par  Tabbé  L.  Hubineau. 
In-48,  Nantes,  impr.  Bourgeois;  —  Cuba  et  et  PuertO'Rico.  Confé- 
rence faite  à  Koubaiz  le  15  février  1889  par  H.  Gastonnet  des  Fosses, 
membre  de  la  section  de  géographie.  In-8<>  24  p.  Lille,  impr.  Danel  ;  — 
A  la  mémoire  du  cher  Frère  Louis,  de  Nantes,  et  k  ses  chers  sourds 
muets  par  un  ami.  In-8^  Carrière,  impr.  de  TEcole  des  sourds-muets; 

—  Récits  bretons  par  Tabbé  Blanlœil.  In-12  Paris,  Delhomme  et 
Briguet  ;  —  Portraits  et  Souvenirs  littéraires  par  Hippolyte  Lucas. 
Paris,  Pion  et  Nourrit^  éditeurs  ;  —  Le  Rêve  et  la  Vie,  charmantes 
poésies  dues  à  la  plume  de  notre  confrère  Olivier  de  Gourcufif  avec 
Préface  de  Monsieur  Jules  Simon.  In-8**  92  p.  Paris,  Jonanst,  éditeur  ; 

—  Jeanne  d'Arc,  charmant  poème  par  notre  confrère  Raoul  de  la 
Grasserie.  In-8*  48  p,  Paris,  Lemerre,  éditeur;  —  Les  Chrysan^ 
thèmes,  poésies  par  Edouard  Beaufils.  4  vol.  In-8*  de  244  p. 
Rennes,  H  Gaillière,  éditeur  ;  —  Le  Trésor  de  Saint-Pabu  ( Finistère) 
par  P.  du  Ghàtellier.  [Extrait  de  la  Revue  archéologique)  ;  —  Odyssée 
d'une  piscine  Gallo-^Romaine.  La  piscine  des  Clèons  par  S.  de  la 
NicoU'ère-Teijeiro,  dans  V  Espérance  du  Peuple  du  10  avril  1890  ;  — 
Dans  la  Bruyère,  poésies  (1*'  prix  au  concours  des  Muses  Santones) 
par  Ludovic  Jan;  —  Le  proscrit  de  Jersey;  Etat  actuel  de  la 
France,  Impression  de  cet  état  en  Europe,  suivi  de  la  Biographie  de 


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:iOS  CHRONIQUE 

M'*  la  duchesse  dCUzès  par  André  Magné.  Petit  in-S"*  26  p.  Neuilly- 
8ur-Seiue,  imp.  Marceau  ;  —  La  Colonie  bretonne  à,  Angers  par  un 
ami  des  Bretons  dans  V Anjou  du  4  avril  ;  —  Etudes  sur  l* Argot 
français  par  Marcel  Schwob  et  Geoi^es  Guieysse  In-8*  Paris,  1889: 

—  Avril,  poésie  par  François  de  Plancoêt  dans  le  Phare  de  Bretagne 
du  4  avril  ;  —  Le  Vendredi  Saint  à  Jérusalem  par  notre  confrère  Alcide 
Leroux,  dans  V Espérance  du  Peuple  des  5  et  6  avril  1890  ;  —  Voyaçt 
d* Alain  Desprez,  recteur  de  Saint-Julien  de  Vouvantes  à  Brioude 
en  il  10,  In-8«»  43  p.  Brioude,  imp.  A.  Watel  ;  —  Dans  le  Tome  V. 
numéro  3  des  Annales  de  Bretagne  (avril  1890)  :  La,  Piraterie 
sur  VAtlantique  par  Léon  Vignols  ;  —  Journal  d'un  curé  de 
campagne  (1 7 l?-t  765)  ;  —  Les  Tanneguy  du  Chastel  par  H.  Le 
Jaunir  de  Kervizal  ;  —  Guerziou  ha  sôniou  par  F.  M.  Luzel  ;  — 
Dans  le  Bulletin  du  2*  semestre  (1889)  de  la  Société  polymathique 
du  Morbihan.  (In-8*  p.  16f-284  et  42  p.  de  procès-verbaux,  Vannes, 
imp.  Galles);  —  Etudes  de  MM.  Tabbé  Le  Mené  et  Gayot-Jomard 
sur  les  Chambres  de  saint  Vincent  Ferrier  à  Vannes  ;  —  L'expé^ 
dition  de  Corse  en  il 68  par  I^éon  Lallement  ;  —  Les  écrivains  du 
pays  de  Vannes  par  l'abbé  Max.  Nicol  ;  —  Un  recueil  manuscrit 
du  dix-huitième  siècle  ;  —  Le  P.  Pierre  de  Vannes,  capixctn-poète 
par  le  docteur  de  Glo.smadeuc  T —  La  fin  des  résidences  ducales, 
tours,  forteresses f  manoirs  et  châteaux  par  M.  Guyot-Jomard  ;  — 
Dans  la  4*  livraison  du  tome  III  de  la  Revue  de  Bretagne  et  Vendée, 
la  très  remarquable  étude  de  notre  confrère  M.  de  la  Borderie  w 
saint  Melaine,  évéque  de  Rennes  ;  —  Les  sou})enirs  d*un  vieux 
capitaine  de  frégate  par  M.  J.-M.-V.  Kerviler; —  Marion  du 
Faouët  par  J  Trévédy  et  le  Départ  de  l'âme,  poésie  par  M.  Le  Roni: 

—  Dans  la  première  livraison  du  Tome  II  de  VHermine  :  Choses  de 
Bretagne  par  Louis  Tiercelin  ;  —  Etude  biographique  et  littéraire:  U 
comte  de  la  Touraille  par  le  vicomte  Xavier  de  Bellevue  ;  —  Trii' 
tesse  du  soir  par  Ludovic  Jan  ;  —  Notations  artistiques.  Stochlom 
en  /itverpar  J.  G.  Ropartz;  —  Le  Cœur  sanglant  (suite)  par  L.  Tie^ 
celin  ;  —  Le  combat  de  Kerguidu  par  A.  Inizan.  —  Dans  la  î* 
livraison  du  tome  JII  des  Mémoire  de  la  société  archéologique  et 
historique  des  Côtes-du-Nord.  (In-8°  386  p.  Saint-Brieuc,  iœp 
Prudhomme),  La  ceiriture  de  la  sainte  Vierge  conservée  k  Quintin. 
Documents  inédits  publiés  et  commentés  par  M.  A.  de  )a  Bordem 
et  Le  clergé  du  diocèse  de  Saint^Brieuc,  avant,  pendant  et  après  k 


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CHRONIQUE  209 

Révolution.  —  Enfin  le  numéro  1  du  tome  I  de  la  5*  année  de  la 
très  intéressante  Revue  des  provinces  de  l'Ouest,  ancienne JRet>ue 
illustrée  de  Bretagne  et  Anjou  qui  sous  ce  nouveau  titre  vient  de 
prendre  une  extension  nouvelle  et  contient  entre  autres  travaux  dignes 
de  remarque  :  Charles  Dovalle  par  G.  Ballu  ;  —  Chaumont  par  L.  de 
la  Sicotière  ;  —  Contes  dé  Basse^Normandie  par  Victor  Brunet  ;  -— 
Adolphe  Léofanti  souvenirs  personnels  par  Léon  Séché  ;  —  Le  petit 
oiseaUy  conte  de  Haute-Bretagne  par  Paul  Sébillot  ;  -*  Le  Nobiliaire 
&re/on  (suite)  de  M.  lecomtedeTEstourbeillon  (Familles  de  Bazvalany 
Perrin  de  la  Courbejollière,  de  Bodéan)  ;  —  Jules  Sandeau  à  Viort. 
Lettre  inédite  par  Eugène  Delacroix  ;  — -  L'Eglise  d*Airvault  par 
Jos.  Berthelé  ;  —  Le  panier  à  deux  anses  et  le  bien  d*autrui 
poésies  par  â.  Joubert  ;  —  La  -vie  mondaine  au  Mans  à  la  fin  du 
dix-huitième  siècle  par  Robert  Triger  ;  —  Les  histoires  de  Mathurin 
Conec  :  Lhom  me  Sang  par  Maxime  Audouin  ;  —  Mon  premier 
voyage  à  Paris  *par  Léon  Séché.  Ajoatons  que  ce  fa8cicule'(In-4*, 
96  p.  Vannes,  imp.  Lafolye)  renferme  en  entre  on  grand  nombre  de 
fort  belles  illustrations  qui  ajoutent  encore  au  charme  de  ce  recueil. 


NORMANDIE. 

Parmi  les  ouvrages  intéressant  la  Normandie,  nous  signalerons  : 
Etudes  historiques  sur  les  provinces  dominicaines  de  France  ;  — 
Le  couvent  royal  de  Saint^Louis  d*Evreux  ;  —  Un  curé  domini- 
cain de  Gisors  ;  —  La  guerre  de  Cent  ans  ;  —  Jeanne  d'Arc  et  les 
dominicains  par  le  P.  M.  D.  Ghapotin.  In-8°  Paris,  LecofTre,  éditeur; 
—  Le  département  de  Gisors  (1787-1789)  par  P.  Duchemin.  Gr.  in-12, 
141  p.  Gisorsyimp.  de  VEcho  républicain;  —  La  rencontre  de  Richard 
Cœur  de  Lion  auec  Roger  d'Argentan  et  ies  sarrazins  de  Domfront 
par  M.  Duval.  In-8**,  11  p.  Argentan,  imp.  de  l'Orne; —  Vie  de 
saint  Saëns,  abbé  au  diocèse  de  Rouen,  traduite  et  publiée  pour  la 
première  fois  d'après  les  livres  d'office  de  l'abbaye  par  Tabbé  Tougard. 
In-8^  16  p.  Paris,  Dumont  éditeur;  —  Les  capucins  de  Rouen 
pendant  la  peste  du  dix-huitième  siècle,  d'après  divers  documents 
pour  la  plupart  inédits,  par  le  père  Edouard  d'Alençon  capucin. 
Iu-8*,  64  p.  et  gr.  Paris,  imp.  Mersh  ;  —  La  confrérie  de  saint  Sebas- 
tien dans  l'église  de  N.-D  du  HAvre  par  H,  Murât.  In-8*  16  p. 
T.   VI.   —  DOCUMENTS.   —  Vl*   ANNÉE,   3*  LIV.  14 


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210  GHRONIQ^B 

Le  Havre,  imp.  Tostey  ;  — Quelques  lettres  d'un  soldat  de  la  grande 
i^rmëe (Gharlee-BfplisCeGastel,  de  Bernay),  par  P.  Yeuclin  ;  Souvenin 
de  il 89.  Deux  lettres  inédites  de  Thomas  Lindet  curé  de  Sainte- 
Cfoix  de  Bemay,  député  du  clergé  aux  Etats  généraux  par  E.  Yen- 
olin,  In-8',  8  p.  Bernay,  imp.  Veuclin  ;  —  Enfia  :  Julien  Traven, 
Notice  biographique  et  littéraire  par  Engène  de  Beaurepaire.  Ia-8* 
118  p«  Caen,  imp.  H.  Delesques. 


MAINE. 

Dans  la  province  du  Maine,  nous  appellerons  rattention  de  nos 
lecteurs  sur  :  La  Broderie  du  onzième  siècle  jusqu^à  nos,  jours, 
par  M.  Louis  de  Farcy,  1  vol.  orné  de  80  planches  en  phototypie. 
Angers,  imp.  Burdin  et  G**  ;  — *  Notes  historiques  sur  Vancienne 
paroisse  de  Saint-Nicolas  du  Mans,  par  F.  Legeay.  In-8*,  80  p.  Le 
Mans,  impr.  Leguicheuz  ;  —  Le  château  de  Lassay  à  travers  les 
siècles,  par  le  comte  de  Beauchesne.  In-8^,  42  p.  avec  gravures  et 
planches.  Laval,  impr.  Moreau  ;  —  Louis  de  Frotté,  par  le  comte 
d'Avenel,  dans  le  Journal  de  Rennes  du  3  avril  1890  ;  —  Notice 
historique  sur  les  hôpitaux  de  Laval,  par  M.  Léon  Maître^  ancien 
archiviste  de  la  Mayenne,  et  archiviste  actuel  de  la  Loire-Inférieure. 
2*  édition.  In-8»,  01  p.  Laval,  impr.  Moreau;  — Notice  sur  Pabbé 
Lelair,  chanoine  honoraire,  aumônier  du  Garmel  du  Mans,  par  Tabbé 
F.  Pichon,  chanoine^  secrétaire  de  l'évéché.  In-8*,  16  p.  Le  Maoi, 
imp,  Leguicheux  et  tf*.;  —  Journal  de  Noël  Janvier  {i709'i716), 
par  M.  J.  Planté,  dans  le  Loir-et-Cher  historique  et  scientifique  ;  — 
Simon  Hayeneuve  et  la  ch^lle  de  l'ancien  évéché  du  Mans,  par 
Henri  Ghardon,  dans  le  Nouvelliste  de  la  Sarthe  des  7  et  S  février 
1890  ;  —  Le  bon  Pasteur.  A  la  mémoire  de  M.  H.  Lemonnier, 
Guré-archiprétre  de  Saint-Ménérand  de  Laval,  par  Gharles  Tresvaux 
du  Fraval.  Laval,  impr.  Ghailland;  —  enfin  dans  le  tome  II  (1890)  du 
Bulletin  de  la  Commission  historique  et  archéologique  de  Is 
Mayenne,  toujours  si  intéressant  et  si  remarquablement  rédigé  : 
L'Instruction  publique  à  Laval  avant  le  dix-neuvième  siècle,  par 
M*  Queruau-Lamerie  ;  -^  La  famille  Bouchet  de  Sourches ,  par 
l'abbé  Ambroise  Ledru  ;  —  La  démolition,  du  ch&teau  de  Fiée  en 
1373,  par  Jean  Clerambault,  gouverneur  de  Chùteau^Gontier,  ptr 


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CHHONIQUE  211 

André  JiMibert  ;  —  Les  comptes  de  VHùteUDieu  de  Saini-^Julien 
de  L&vaI,  par  L.  àb  la  Beaulaère  ;  —  Les  châteaux  et  chAteliers 
dans  la  Mayenne,  par  Tabbé  Angot  ;  —  Esprit-Aimé  Libour,  par 
M.  F.  Cornée.  CSe  même  BiUletin  ronferme  en  outre  de  fort  belles 
gravures,  entre  antres  :  Le  Donjon  de  Fî^atiM8-Za-Ju/ieI,  dessin  de 
Tabbé  Ledm  ;  —  Le  buste  de  Libour,  par  Rnde  et  son  portrait  peint 
par  Ini-môme.  In«8*,  p.  197-332.  Laval,  impr.  Moreau. 


ANJOU. 

Une  famille  de  grands  prévôts  d'Anjou  aux  xvii*  et 
xvm*  siÈGLBB.  Les  Constantin,  seigneurs  de  Varennes  et  de 
LA  LoRiB.  —  Il  est  dans  nos  provinces  de  TOuest,  de  ces  cherchears 
émérites  et  infatigables,  dignes  émules  des  savants  bénédictins,  qui  se 
sont  donné  pour  mission  de  reconstituer  pièces  à  pièces  les  divers 
chapitres  de  notre  histoire  nationale  et  avec  un  zèle  au-dessus  de  tout 
éloge,  ne  craignent  pas  de  consacrer  à  cette  œuvre  une  bonne  partie  de 
leur  existence.  A  l'instar  des  la  Borderie'et  des  Kerviler  en  Bretagne, 
notre  excellent  ami,  M.  André  Jonbert,  tient  assurément  en  Anjou,  le 
premier  rang  parmi  «ceux-là.  Après  tant  d'œuvres  multiples,  aussi 
consciencieuses  que  variées,  il  vient  encore  de  doter  sa  province,  d'un 
travail  magistral  qui  pourrait  sembler  à  beaucoup  devoir  réclamer 
toute  une  vie  de  recherches  et  d'investigations.  Ce  nouvel  ouvrage 
qui  a  pour  objectifles'Gonstantin,  seigneurs  de  Varennes  et  de  la  Lorie, 
pendant  près  de  deux  cents  ans  granda  prévôts  de  la  province  d'Anjou, 
est  une  étude  toute  remplie  d'aperçus  nouveaux  et  de  curieux  détails 
sur  la  noblesse  angevine  aux  dix-septième  et  dix-huitième  siècles,  sur 
les  mœurs  de  la  province,  et  la  manière  dont  la  police  s'exerçait  à 
cette  époque.  Peu  de  livres  ont  su  mieux  dépeindre  l'existence  d'un 
grand  seigneur  de  province,  sous  le  règne  de  Louis  XIV  et  de  Louis  XV. 
Les  fonctions  de  prévôt  général  d'Anjou  exercées  pendant  de  longues 
années  par  les  divers  membres  de  la  famille  Constantin,  avaient  mis 
celle-ci  complètement  en  relief,  et  an  milieu  du  dix-huitième  siècle  le 
superbe  château  de  la  Lorie,  situé  paroisse  de  la  Chapelle-sur-Oudon, 
près  Segré,  admirablement  restauré  par  Gharles-François-Emile  Cous 
tantin,  épouse  d'Elisabeth-Jeanne  Lefebrvre,  et  deuxième  fils  de  Gabriel- 
Félix  Constantin  et  de  Loaise«Charlotte-Sophie  de  Boylesve  de  8ou« 


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212  CHRONIQUE 

celles,  était  devenu  le  rendez-Vous  favori  de  l'élite  de  la  noblesse  ange- 
vine. Suivons  quelques  instants  l'intéressante  description  que  nous  eo 
fait  l'auteur  M.  André  Joubert  : 

«  Autour  dn  château  seigneurial,  se  groupaient  un  haras  modèle, 
garni  d'étalons  de  différents  pays  et  de  vastes  étables  où  se  rangeaient 
des  hôtes  à  cornes  choisies  parmi  les  espèces  les  plus  remarquables.  On 
admirait  dans  les  larges  écuries,  des  types  variés  de  chevaux  issus  des 
:aces  les  plus  justement  renommées.  De  longues  allées  de  chênes  sécu- 
laires à  la  puissante  ramure,  bordaient  les  avenues  de  ce  superbe  do- 
maine. Des  serres  chaudes,  magnifiquement  installées,  où  on  cultivait 
l'ananas  et  d'autres  raretés,  avaient  été  placées  sous  l'habile  dlrecûoa 
d'un  jardinier  hollandais  qui  avait  aussi  la  surveillance  générale  des  ser- 
viteurs employés  à  l'entretien  du  potager  et  du  parc  où  les  plantes  pré- 
cieuses alternaient  avec  les  arbres  rares.  La  pomme  de  terre  peu  connae 
encore  était  Tobjet  de  soins  spéciaux.  De  belles  plantations  entouraient 
les  jardins  et  un  bois  taillis  conduisait  aux  bords  de  l'Oudon.  Des  ter- 
rasses splendideSy  reliées  aux  parterres  par  des  escaliers  et  décorées  de 
statues  dominaient  un  radieux  horizon  de  verdure.  Une  cour  d'honneur 
donnait  accès  au  château.  Au-dessous  de  la  Minerve,  debout  dans  une 
niche,  et  surmontant  la  porte  principale  de  l'habitation,  on  lisait  cette 
cjurte  inscription  :  P&cifere  Minervœ.  L'intérieur  était  meublé  avec 
un  luxe  de  bon  goût.  Des  tableaux  de  maîtres,  des  tapisseries  de  hante 
lice,  des  meubles  élégants  et  des  pendules  de  boule  embellissaient  les 
nombreux  appartements.  L'escalier  était  orné  de  statues  allégoriques. 
On  conservait  une  collection  de  portraits  de  famille  parmi  lesquels  celui 
d'Anne  Lepelletier,  dame  de  la  Lorie,  femme  de  Gabriel  Constantin, 
dont  nous  avons  parlé.  La  salle  de  bal  avec  sa  coupole,  sa  tribune,  ses 
marbres,  ses  trumeaux,  ses  glaces,  avait  très  grand  air.  La  chapelle 
avait  été  nouvellement  restaurée.  La  bibliothèque  anglaise  pouvait  être 
citée  comme  un  modèle  du  genre,  car  tous  les  ouvrages  utiles  et  ins- 
tructifs y  étaient  rassemblés. 

Chaque  invité  à  la  Lorie  avait  un  domestique  personnel  à  la  chambre 
et  à  la  table  Les  voisins  affluaient  au  château,  parmi  lesquels,  les 
d' Andigné  de  Sainte-Gemmes,  du  manoir  de  la  Blancheraye,  les  Dieasie 
et  d'autres.  Les  étrangers  de  passage  et  en  particulier  les  Anglais  de 
l'Académie  d'équitation,  aimaient  à  se  joindre  aux  officiers  supérieon 
des  Carabiniers  de  Saumur  et  de  la  Cavalerie  en  garnison  à  Angers, 


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CHRONIQUE  213 

pour  visiter  cette  superbe  résidence  où  ils  étaieat  accueillis  avec  une 
faveur  particulière.  MM.  les  comtes  de  Damas,  Bozon,  de  Surgères, 
colonel  du  régiment  Dauphin- Dragons,  de  Marmier,  colonel  en  second 
du  Royal-Lorraîne-Gavalerie,  etc,  se  pressaient  dans  ces  salons  hospi- 
taliers. Mademoiselle  de  la  Lorie,  musicienne  distinguée,  «  pinçait  de 
la  harpe  en  s*accompagnant  de  la  voix,  et  c^la  d*une  manière  ravis- 
sante »  on  lisait  la  Gazettey  le  Mercure  de  France,  quelques  articles 
de  l'Encyclopédie  ou  d'antres  livres  savants.  On  faisait  aussi  de  la  ta- 
pisserie, et  les  officiers  eux^-mômes  s'occupaient  à  l'exemple  du  ministre 
Ghoiseul  €  à  prendre  l'aiguille  »  et  à  «  se  braquer  sur  un  métier  ». 
M.  de  la  Lorie  amenait  souvent  la  conversation  sur  le  terrain  des  sujets 
sérieux  et  instructifs.  Quelques  invités  composaient  des  charades  et  des 
jeux  d'esprits;  Les  calambours  amusaient  aussi  la  société.  Pe  leur  côté, 
les  jeunes  officiers  se  plaisaient  parfois  à  mystifier  les  hôtes  du  château. 
C'est  ainsi  que  M.  de  Damas,  racontait  un  jour,  «  comme  quoi  ayant 
résolu  de  passer  l'hiver  précédent  hors  de  France»  mais  incertain  si  ce 
serait  à  Berlin  où  à  Londres,  il  avait  placé  son  chapeau  sur  le  bout  de 
sa  candeavec  résolution  de  se  décider  pour  celle  de  ces  deux  villes»  vers 
laquelle  s'arrêterait  la  corne  de  devant  et  que  s'étant  fixée  sur  la  direc- 
tion de  Londres,  c'était  là  qu'il  était  allé  dépenser  ses  500  louis  ».  Il 
prétendait  aussi,  qu'excepté  les  pièces  où  se  tenait  la  famille  royale^ 
toutes  les  autres  n'étaient  éclairées  qu'avec  des  chandelles,  et  quelque 
fois  réduites  au  nombre  de  deux  »  tant  était  grande  la  mesquinerie  de 
la  Gour. 

On  menait  donc  une  joyeuse  vie  à  la  Lorie,  on  y  dansait  on  y  soupait 
on  s'y  distrayait  do  mille  manières  et  on  y  jouissait  de  «  cette  douceur  de 
vivre,  »  tant  regrettée  depuis  par  ceux  qui  l'avaient  connue.  Tout  dans 
cette  opulente  demeure  respirait  la  félicité^  on  y  savourait  l'élégance 
le  charme  et  les  raffinements  d'un  luxe  de  bon  aloi.  G'était  la  grande 
vie^  digne  de  vrais  seigneurs  habitués  aux  plaisirs  délicats  et  aux  nobles 
délassements.  La  Révolution  allait  disperser  les  brillants  élémento  de 
cette  Société  d'élite  qui  perpétuait  en  Anjou  les  saines  traditions  du 
passé  et  le  culte  des  mœurs  policées.  » 

Après  un  aussi  attrayant  tableau,  tous  nos  lecteurs  voudront  comme 
nous  savourer  ce  beau  livre,  par  lequel  M.  André  Joubert  a  su  si  bien 
acquérir  de  nouveaux  titres  à  notre  reconnaissance.  Ajoutons  que  ce 
magnifique  ouvrage  (In  8°  363,  p.)  avec  tables  et  nombreuses  pièces 


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214  CHRONIQUE 

justificatives),  sorti  des  pressés  de  MM.  Germain  et  Grassin,  éditeurs  à 
Angers  est  orné  de  24  héliogravures  Dujardin,  d*une  rare  beauté,  qui 
en  font  un  véritable  ouvrage  de  luxe  et  d'une  réelle  valeur. 

GOMTB  RéOIS  DE  L'ESTOURBBILLON. 


Livres  et  ouvrages  divers.  —  Par  ailleurs,  nous   signalerons 
pour  la  province  d'Anjou  :  Les  poésies  de  Germain  Colin  Bûcher 
angevin,   secrétaire  du  grand  maître  de  Malte,  publiées  pour  la  pre« 
raière  fois  d'après  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  avec 
Introduction,  Biographie,  Notes^  Glossaire  et  Tables,  par  J.  De- 
nais.  In-8^  carré  de  332  p.  —  Croquis  angemns  par  Paul  Yiriot. 
Ouvrage  dédié  à  M.  le  comte  de  Romain  et  orné  d'un  joli   dessin  de 
Femand  Lutscher;  —  La  Vie  Sportive.  A  propos  de  Saumur  et  de 
Sdint-Cyr.  Curieuse  et  très  intéressante   étude    sur  les   Origines 
de  nos  Ecoles  militaires  de  cavalerie  par  le  baron  de  Vaux,  dans  le 
Gil  Blas  du  20  mai  1890  ;  —  Les  familles  du  nom  de  la  Porte  aux 
Croisades,  par  le  vicomte  O.  de  Poli,  président  du  Conseil  héraldique  de 
France.  In-8<^  30  p.  Nevers,  imp.  Mazeron  ;  —  La  charité  à  Angers, 
par  Léon  Gosnier,  tome  ii.   In-f8,  Angers.  Lachèxe  et  Dolbeaa,  édi« 
teurs  ;  —  Essais  de  critique  musicale,  par  L.  de  Romain.  Paris,  A. 
Lemerre,  éditeur  ;  —  La  Sagesse  des  Nations,  par  Maxime  Juillet, 
dans  l'Anjou  du  7  avriH890  ;  —  LesNoëllet,  par  René  Bazin.  In-i8. 
Paris,  Galmann-Lévy,  éditeur  ;  —  Htmes  panachées,  par  Léon  Destor. 
Saumur,  imp.  Godet.  Paris,  Léon  Vanier,  éditeur  ;  — *  Dans  les  l^et 
2*  livraison  du  tome  xx  de  la  Bévue  d* Anjou  :  Jean  Bodin,  sa  vie 
et  ses  œuvres^  par  M.  Gastonnet  des  Fosses  ;  —  La  guerre  entre  Louis 
XIII  et  Marie  de  Médicis  (1619-1620),  par  Eusèbe  Pavie  ;  —  Des^ 
criptionarchitectonique  de  V église  de  Bocé^  projet  de  restauration, 
par  le  comte  de  Galembert  ;  —  Etude  sur  les  comptes  de  Macé 
Dame,  maître  des  œuvres  de  Louis  /*%  duc  d'Anjou  et  comte  du 
Maine  (1361-1316),  par  A.  Joubert  ;  —   Uns  victime  de  la  Woo- 
lution.  L^abbéHuau  de  la  Besnardrie,  curé  de  Saint-Clément  de 
Craon,  par  M.  Queniau-Lamerie  ;  —  Dans  les  3*  et  4*  livraisons  de 
la  môme  Revue  ;  —  Un  angevin  d*autrefois.  René  Thibault-Cham^ 
bault,  échevin  d'Angers  et  conseiller  perpétuel  ^i777-i7P5);  — 
Documents  inédits  sur  la  guerre  de  cent  ans.  Négociations  rela* 
tives  à  rechange  de  Charles,  duc  d'Orléans  et  de  Jean,  comte 


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CHRONIQUE  215 

d*Angoulém»^  OÊpHfê  ait  At^Merre  contre  les  seigneurs  anglais 
faits  prisonniers  à  1»  Maritk  ite  Bàugé  fik2ij,  par  A.  Joubert  ;  — 
Jean  Bodin,  sa  vie  et  ses  aswofm  (suite),  par  M.  Gastonnet  des 
Fosses  ;  —  La  guerre  entre  Louis  XIII  et  Marie  de  Médicis,  par 
Eusèbe  Pavie. 

POITOU. 

Parmi  les  derniers  travaux  intéressant  le  Poitou  nous  indiquerons  : 
Essai  sur  V Art  campanaire  en  Poitou  du  XIW  au  X/X*  siècle,  par 
M.  J.  Bertbelé.  (Extrait  du  Bulletin  archéologique  du  Comité  des 
travaux  historiques)  ;  —  Traité  d'iconographie  chrétienne,  par 
Mi'  X.  Barbier  de  Montault.  Dessins  de  Henri  Nodet  Tome   i.  Petit 
in-4*  417  p.  Saint- Amand  (Gber),  imp.  Destenay.  —   Œuvres  com- 
plètes de  Msr  Barbier  de  Montault.  In-8^,   Poitiers,    imp.  Biais, 
Roy  et  G»*.  Tome  f  Rome  I  Inventaires  eccléf^iastiques,  580  p.  — 
Tome  2«  Rome  II.  Le  Vatican,  532  p.  ;  —  Lettres  inédites  de  Ben- 
jamin  Fillon,  publiées  par  le  comte  de   la  Rochebrocbard.  In-8®, 
Vannes,  imp.  Lafolye  ;  —  Un  chevalier  apôtre.    Célestin^Godefroy 
Chicard,  missionnaire  du  Yun-Nan,  par  le  R.  P.  Jean- Emmanuel 
Drocbon,  des.  Augastins  de  l'Assomption.  Un  vol.  in-i2.  —  Mois  de 
Marie,  par  Tabbé  Léon  Verdon,  dont  la  première  édition  a  été  épuisée 
en  quelques  jours.  Un  vol.  in-i2.   Nantes,  imp.  Emile  Grimaud  ;  — 
Les  très  intéressantes  Chroniques  paroissiales  de  Vabbé  Billery, 
contenant  des  Notices  sur  La  Chèze-le''Vicomte,  Les  Clouzeaux, 
Saint-Florent  des  Bois,  Thorigny,  Venansault,  Chantonnay,  etc., 
—  Promenades  historiques    à  ^rat;crs    FontenayAe-Comte,  par 
M.  Braud  dans  le  journal  La  Vendée  du  mois  de  mars  ;  —  Une  ex-- 
cursion  archéologique  dans  les  cantons  de  VHermenault  et  Sainte^ 
Hermine^  par  René  Vallette  dans  le  même  journal  du  mois  de  mai.  — 
Une  fonte  de  cloches  au  temps  jadis,  par  M.  J.  Bertbelé  dans  le  N"" 
du  6  avril  de  la  Semaine  religieuse  de  Poitiers  ;  —  Enfin  dans  la 
i'*  livraison  de  la  3"  année  de  la  Revue  du  Bas-Poitou:  La  vieille 
église  de  Chalais,  près  Maillezais,  par  Louis  Brochet;  — -  Biogra- 
phies inédites  des  Vendéens  et  des  Choxians,  par   La  Fonteneile  de 
Vaudoré  ;  —  Les  paroisses  occidentales  de  la  Vendée,  par  TabJ^é 
Tillet.  —  Une  excursion  archéologique  au  Langon,  par  René  Val- 
lette, etc. 


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216  CHRONIQUE 


VARIA 


Le  tombeau  de  saint  Yves.  —  Notre  confrère,  Henri  de 
Trémaudan,  analyse  en  ces  termes  dans  Vlndépendatice  àre- 
/onw^,  la  causerie  de  M.  Arthur  de  la  Borderie,  relative  au 
Tombeau  de  saint  Yves^  à  la  dernière  séance  de  la  Société 
archéologique  des  Côtes  du-Nord,  qui  a  eu  lieu  quelques  jours 
après  Pâques. 

«  M.  de  la  Borderie  a  pris  ensuite  la  parole. 

«  Dans  une  causerie  d'une  bonhomie  charmante,    où  çà  et 
là  des  traits  d'esprits  délicats  appellent  le  sourire,  le   savant 
membre  de  rinstitut  nous  a  promené  à  travers  toute  This- 
toire  héroïque  et  légendaire  de  la  Bretagne.  Il  s'agissait  des 
sculptures  du  tombeau  de  saint  Yves,  édifié  dans  la  cathé- 
drale de  Tréguier,  et/ à  propos  de  chacune  de  ces  sculptures, 
c'étaient  des  souvenirs  et  des  souvenirs  encore,  quelquefois 
de  la  critique  historique  en  passant,  et  aussi  des  élans  de 
patriotisme  breton  et  de  foi,  qui  sont  deux  choses  inséparables 
dans  rame  de  M.  de  la  Borderie,  comme  elles  Tétaient  chez 
les  saints  patrons  dont  il  restaure  la  gloire, 

«  Le  tombeau  de  saint  Yves,  comme  on  le  sait,  consiste 
en  un  sarcophage  surmonté  d'un  édicule  dans  le  style  fleuri 
du  quinzième  siècle.  Sur  le  sarcophage  est  couchée  la  statue 
du  saint,  dans  le  costume  que  nous  fait  connaître  Alain 
Bouchart;  la  figure  est  à  la  fois  ascétique  et  tendre  ;  le  bon- 
net de  docteur,  invention  du  seizième  siècle,  est  supprimé. 
Autour  du  sarcophage,  la  famille  de  saint  Yves  est  repré- 
sentée par  son  père,  Haëlori  de  Kermartin,  et  dame  Azou, 
sa  mère,  puis  une  sœur,  Catherine,  la  seule  dont  l'histoire 
ait  conservé  le  nom  ;  —  comme  pauvres,  on  a  choisi  les 
figures  poétiques  du  ménestrel  Riwallon  et  de  sa  femme 
Cathowada,  dont  la  touchante  histoire  a  inspiré  de  si  beaux 


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CHaONIQUE  217 

vers  à  M.  Tiercelin  dans  Les  Jongleurs  de  Kermartin  ;  —  les 
miraculés  sont  là,  sous  la  figure  d'une  jeune  fille  qui  força 
la  main  au  bienheureux  par  sa  constance  ;  —  le  duc  Jean  V, 
édiflcateur  du  premier  tombeau,  payé  de  son  pesant  d'ar- 
gent ;  -*  Monseigneur  Bouché,  restaurateur  de  la  gloire  de 
saint  Yves.  Et  d'autres  peut-être  que  j'oublie. 

•  Aux  piliers  de  Tédicule,  l'Eglise  universelle  est  repré- 
sentée par  la  Sainte  Vierge  et  le  Bon-Pasteur  ;  l'Eglise  de 
Bretagne,  par  lés  fondateurs  de  ses  neuf  évéchés  et  cinq 
autres  sairits  que  l'on  a  choisis  après  un  minutieux  et  em- 
barrassant classement  de  gloire.  Je  me  perdrais  à  expliquer 
les  attributs  qui  diversifient  les  neuf  figurés  d'évôques  :  le 
clou  de  saint  Clair,  les  loups  de  saint  Brieuc,  la  clochette 
de  saint  Pol,  le  poisson  de  saint  Corentin,  l'église  de  saint 
Patern,  la  nef  de  saint  Malo,  le  lion  dé  saint  Samson,  la  tour 
brisée  de  saint  Melaine.  Tous  ces  attributs  ont  été  empruntés 
à  l'histoire^  ou  du  moins  aux  traditions  les  plus  respectables, 
et  choisis  de  tella  sorte  qu'ils  pussent  prendre  une  forme 
sculpturale  digne  du  monument.  Quant  aux  cinq  autres  saints 
de  Bretagne,  je  me  rappelle  seulement  saint  Donatien  et 
et  saint  Rogatien,  martyrs  des  grandes  persécutions,  et  saint 
Gildas. 

«  En  terminant,  M.  de  la  Borderie  a  appelé  de  ses  vœux 
le  jour  où  M»'  Fallières  présidera  solennellement  à  la  mag- 
nifique cérémonie  que  M''  Bouché  avait  déjà  réglée  et  qui 
devait  être  le  congrès  de  saint  Yves. 

«  Sa  Grandeur  a  répondu  qu'elle  y  pense  et  a  remercié  M.  le 
curé  de  Saint-Sauveur  de  Dinan,  M.  de  la  Borderie  et  M.  le 
curé  de  Lannion,-  de  lui  avoir  appris,  dans  cette  réunion, 
tant  de  choses  bretonnes.  «> 

Un  Rennais  au  Salon.  —  La  Dépêche  bretonne  décrit  ainsi 
dans  l'un  de  ses  derniers  numéros,  l'œuvre  nouvelle  de  notre 
compatriote,  M.  Dolivet  dont  la  réputation  comme  statuaire 


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218  GHRaNIQUE 

ne  fait  que  grandir  chaque  jour,  c  M.  Dolîvet  a  exposé  cette 
année  au  Salon,  une  œuvre  magistrale  :  La  Nuit. 

«  Cette  déçsse  aux  formes  splendides  dort,  la  tête  ceinte 
d'un  croissant,  un  hibou  sous  les  pieds  et  dans  la  main  droite 
un  bouquet  de  pavots. 

C'est  d'uneconception  grandiose  et  d'une  exécution  parfaite. 

Le  journal  VEvénemeni  l'explique  ainsi,  dans  sa  Revue  du 
Salon. 

«  M.  Dolivet  a  su  faire  une  Nuit  qui  ne  soit  pas  banale.  Sur 
le  hibou,  aux  ailes  étendues,  la  Nuit,  belle  et  abandonnée, 
la  tôte  appuyée  au  croissant  de  la  lune,  sommeille  ;  sa  main 
droite  tient  encore  les  fleurs  du  pavot,  dont  elle  a  semé  les 
graines  ;  sa  main  gauche  écarte  de  son  front  le  Oot  soyeux 
des  tresses  bruneç.  Du  nuage  qui  la  porte  et  la  promène  dans 
le  ciel,  des  rêves  s'échappent  en  des  sourires  d'enfant; 
œuvre  composée  avec  infiniment  de  talent,  et  qui  a  sa  place 
marquée  dans  un  des  squares  publics  de  Paris.  Il  est  du  de* 
voir  de  l'Etat  de  ne  pas  laisser  échapper,  quand  il  le  peut 
des  envois  d'une  valeur  pareille  à  ce  groupe  très  heureux 
de  M.  Dolivet. 

Titres  pontificaux.  —  «  Par  deux  brefs  en  date  du  28  mars 
1890,  S.  S.  le  Pape  Léon  XIII,  voulant  récompeneer  les  ser- 
vices rendus  à  l'Église  et  à  la  cause  catholique  par  M.  Le- 
coîntre-Dupont,  de  Poitiers,  a  daigné  conférer  le  titre  de 
comte  héréditaire  à  ses  flls  MM.  Arsène,  Louis,  Pierre  et 
Adrien  Lecointre,  et  à  son  gendre  M.  Albin  Pruchard.  » 

RÉCOMPENSE  Académique.  —  Nous  apprenons  avec  la  plus 
grande  satisfaction  que  l'Académie  française  vient  d'accorder 
un  prix  de  1500  fr.  [Prix  Thérouanne)  à  notre  excellent  con- 
frère M.  L.  de  laSicotière  pour  son  très  remarquable  ouvrage. 
Louis  de  Frotté  et  les  Insurrections  Normandes  (1793-1832). 


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CHRONIQUE  219 


MARIAGES. 

BRETTAGNE.  BCftriage  célébré  à  Lorieat,  le  9  aTrîl,  de  M.  Edouard 
LoNouBvrLLB,  garde  général  des  forêts  à  Grenoble, 
Avec  : 

Mademoiaelle  Jeanne  Lb  YaiOBR,  fille  de  M.  Le  Verger,  greffier  en 
chef  du  tribunal  de  Lorient. 

Mariage  célébré  vers  la  mi-avril,  de  M.  le  vicomte  Léonard  de 
Droubt  db  MoBQBBifoiiT,  fils  do  M.  de  Montgermont,  maire  de  Sainte 
Méen,  conseiller  général  de  ce  canton, 
Avec  : 

Mademoiselle  Lbqbaiu)  db  la  Diriays,  fille  de  M.  Legeard  de    la 
Dîriays,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de  Paris. 

Mariage  célébré  à  Lamballe  vers  la  mi-avril,  de  M.  Alain  de  la 

MonE-ROTJGB. 

Avec  : 
Mademoiselle  Zoé  db  Laubay. 

^  Mariage  célébré  à  Lorient  vers  la  mi-avril,  de  M.  Ghau^l,   capi- 
taine d'artillerie  de  marine,  chevalier  de  la  légion  d'honneur. 

Avec  : 
MademoiselLi  Alice  Pudallu,  veuve  de  M.  Auguste  Chevallier. 

Mariage  célébré,  vers  la  mi-avril,  de  M.  le  capitaine  de  la  Motte- 
RonoB, 

Avec  : 
Mademoiselle  Louise  de  BsufOMT. 

^  Mariage  célébré  à  Lorient,  vers  la  mi-avril,  de  M,  Eugène  Fourgadb, 
capitaine  d'artillerie  de  marine. 

Avec  : 

Mademoiselle  Caroline  Guichabd* 


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220  OHRONIQUi: 

Mariage  célébré  à  Paris,  en  Téglise  de  Saint-Pierre-de-Cbaillot,  vers 
la  mi-avril^  de  M.  Maurice  Lb  Gobbbiller, 
Avec  : 

Mademoiselle  Marguerite  Dbbux,  fille  de  M.  Ernest  Dreux,  ancien 
agent  de  change. 

Mariage  célébré  vers  la  mi-avril ,  de  M.  Henri  d'ÂBTAUD,  capitaine 
d'artillerie  de  marine  à  Lorient, 
Avec  : 
Mademoiselle  Henriette  Toursibb. 

Mariage  célébré  à  Paris^  le  22  avril,  en  Téglise  de  Saint- Pierre*de- 
Gbaillot,  du  vicomte •  Gustave  de'  GoBifULiBB-LuciniÈBE,  capitaine  nu  3* 
réginient  de  cuirassiers,  fils  de  feu  Tamiral  de  Gornulier-Lucinière  et 
de  la  comtesse,  née  de  la  Tour-du-Pin-Ghambly, 
Avec  : 

Mademoiselle  Garmen  Thibby,  fille  de  M.  Raoul  Thiery,  ancien 
officier  de  marine  et  petite-fille  du  général  Thiery,  qui  fut  aide-de- 
camp  du  duc  de  Montpensier. 

Mariage  célébré  à  Lorient,  vers  la  mi-avril,  de  M.  Auguste  Mbrcibb, 
médecin  de  i'*  classe  de  la  marine, 

Avec  : 
.    Mademoiselle  Gosmao-Dumanoib. 

Mariage  célébré  le  25  avril,  en  l'église  Saint-Glément  de  Nantes,  de 
M.  Raymond  Bazin, 

Avec  : 
Mademoiselle  Tnérèse  Pantin,   fille  du  colonel  en  retraite  Dantin, 
qui  fut  longtemps  chef  d'état-major  du  XP  corps  d'armée  à  Nantes. 

Mariage  célébré  dans  les  premiers  jours  de  mai,  de  M.  Augustin* 
Joseph-Marie  Filatrb-Lomoghamp,  «tvocat,  docteur  en  droit. 
Avec.: 
Mademoiselle  Alphonsine-Marie-Garoline  Jagobsbn. 

Mariage  célébré  à  Saint-Brieuc,  dans  les  premiers  jours  de  mai,  de 
M.  Jean-Baptiste  Brindbjong,  lieutenant  de  vaisseau,  chevalier  de  la 


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GtiRpNIQUE  221. 

légion  d'honneur,  soub  aide-major  à  la  Majorité  générale  à  Brest,  fils 
de  M.  Brindejonc,  maire  de  Plenrtuit, 

Avec  : 
Mademoiselle  Marie-Anne  Bourel  ob  la  Jonghèbb. 

Mariage  célébré  à  Nantes,  le  6  mai,  daas  la  chapelle  de  la  Visitation, 

de  M.  Henri-Marie- Pierre- Arthur  Libauli  db  la  Ghbyasnbrib,  fils  de 

feu  M.  Libanltde  la  Gheyasperie  et  de  Madame,  née  Ghomart  de  Kerdayy, 

Avec  :  ,        .  ' 

Mademoiselle  Bathilde-Marie-Géline-Juliette-Nathalie  Lb  Maiqnan 
DB  l'Ecorcb. 

Mariage  célébré  à  Paris  le  7  mai», en  l'église  de  Saint-Pierre-de- 
Ghaillot,  de  M.  Emmanuel-Marie-GIément  de  GoBRaïF  db  Launat,  sous- 
lieutenant  au  5*  régiment  de  chasseurs,  fils  de  M.  Glément- Marie  de 
Guerrif  de  Launay,  ancien  capitaine  d'infanterie,  décédé  en  .1886  et  de 
Madame  née  Adèle- Renée  Stellaye  de  Baigneux  de  Gourcival. 

Avec  : 
Mademoiselle  Jeanne  de  Sommervooel,   fille   de.M.  Mortimer  de 
Sommervogel  et  de  Madame,  née  Clémentine  Ghevalier. 

Mariage  célébré  le  8  mai  à    Téglise  N.-D.    de  l'Assomption  de 
Qnimperlé,  de  M.  Walter-André  Dbstaillbue,   élève  dé  TEcole  des 
Beaux- Arts, 
Avec  : 

Mademoiselle  Marie-Louise-Virginie  Tuault  db  la  Bouvrib. 


MAINE,  NORMANDIE,  ANJOU  ET  POITOU.  —  Mariage 
célébré  à  Paris  le  20  mars,  en  l'église  Saint-Philippe  du  Roule,  par 
W  révoque  deGhâlons,  de  M.  Odon,  marquis  de  Saint-Chamans,  fils 
de  feu  Henri,  marquis  de  Saint-Ghamans  et  de  Yvonne  de  Rougé, 

Avec  : 
Mademoiselle  Jeanne  La  Glbbg  db  Juiumâ,  fille  de  M.  Henri   Le 
Glerc,  marquis  de  Juigné,  conseiller  général  de  la  Sarthe,  chevalier  de 
la  légion  d'honneur  et  d'Hélène  de  Talhduët-Roy. 


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222  CHRONIQUE 

Mariage  célébré  vers  la  mi-anil  de  H.  le  Ticomte  dk  Fàillt,  eapi- 
laine  de  cavalerie  détaebé  i  l'Bcole  sopérieore  de  guerre^  fiUdii  général 
de  division,  comte  de  Paillj  et  de  la  comtesse,  née  de  BMsals, 

Avec  : 
Mademoiselle  Marie-'Marifuerite  Doynbl  db  SAunvQuBMTiN,  fille  du 
da  comte  et  de  la  comtessef  née  Doynel  de  Qaincey. 

Mariage  célébré  à  Paris  le  84  avril  en  Téglise  de  la  Mag4eleîae,  de 
M.  Le  Jambtel,  docttnr  9Q  droit,  avocat  à  la  Cour  de  Gaen,  maire  de 
TelIy-sor-Senilles  (Calvados). 

Avec  : 

Madearoiselto  Gauran,  fille  de  M.  Gruyer,  membre  de  Tlostitut^ 
conservateur  honoraire  da  Musée  du  Louvre. 

Mariage  célébré  4  Paris  le  %9  avril  en  Téglise  Saint-Pierre  de 
Ghailloty  de  M*  U  comte  de  Saiau-Marib  d'Aianbauz,  lieutenant 
au  11*  cuirassiers, 

Avec  : 

Mademoiselle  du  Vai«  D'fispaÂMssiuL. 

Mariage  célébré  à  Bordeaux  le  4  mars  de  M.  Jules-Marie  de  Vivie  de 
Rboib^  avocat. 

Avec  : 

Mademoiselle  Anne  Ghinier  de  la  Sauzay,  d'une  vieille  famille 
poitevine  remontant  à  Baptiste  Grenier,  escuyer,  seigneur  de  Listrac 
en  1548. 

Mariage  célébré  à  la  fin  de  mars  de  M.  de  Moetabby, 

Avec  : 
Mademoiselle  de  FBaa:ft. 

Mariage  célébré  à  Poitiers  vers  la  mi-avril  de  M.  Charles  de  Sdtbot, 
fils  de  M.  Charles  de  Suyrot  et  de  Madame^  née  de  Surineau, 

Avec  : 

Mademoiselle  Anne  de  Clogk. 


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CHRONIQUE  223 

Mariage  célébré  à  Poitiers,  le  6  mai  de  M.  Jean  db  VBiLLBCBizi  de 
LA  Mardiërb,  avocat  à  la  cour  d'appel, 
Avec  : 

Mademoiselle  Marguerite  Sauvbstrb  ub  la  Bouraliârb,  fille  de  notre 
sympathique  confrère  M.  A.  de  la  Bouralière. 

Mariage  célébré  le  iO  mai  en  l'église  Saint-Philippe   du  Roule,  de 
M.  le  comte  de  GuoifAO,  lieutenant  au  18*  rég.  de  chasseurs  à  cheval. 
Avec  : 
Mademoiselle  Marie-Louise  db  Taucui. 


NECROLOGIE 

Impitoyable  et  craelle,  la  mort  est  encore  venue  frapper  de  toutes 
parts  dans  nos  provinces  de  l'Ouest,  et  nombreux  sont  les  deuils  que 
nous  devons  enregistrer  aujourd'hui. 

BRETAGNE. 

En  Bretagije,  nous  signalerons  en  particulier  les  décès  de  M*'  Mélanie^ 
Louise-Marie  Lb  Oor6,  en  religion  :  sœur  Marib  do  Galvairb,  religieuse 
hospitalière,  de  la  Miséricorde  de  Jésus,  sœur  du  R.  P.  Le  Doré,  supérieur 
général  de  la  Congrégation  des  Eudistes,  morte  à  l'Hôtel-Oieu  d*Auray  le 
12  mars  à  l'âge  de  54  ans.  —  M.  Tabbé  Galbois,  recteur  de  Saint-Martin- 
sur-Oodty  mort  vers  la  mi-mars.  ~  M.  le  docteur  Ambroise  Gaillbt, 
mort  le  16  mal*B  à  l'âge  de  80  ans.  —  M.  l'abbé  Hbdzê,  chanoine  hono- 
raire, ancien  recteur  de  Quessoy,  mort  le  21  mars  à  l'âge  de  59  ans.  — 
Sœur  Maaib-Arsènb,  supérieure  généra  des  Filles  du  Saint-Esprit, 
morte  à  Saint-Brieuc»  le  22  mars  à  Tâge  de  75  ans,  après  44  ans  de  vie 
religieuse  et  35  ans  de  supériorat  général.  —  M»*  Ëulalie-Soline  Tbbms  de 
GouRBBSAC,  veuve  de  notre  compatriote  le  poète  Hippolyte  Lucas,  moxte 
à  Parisle  23  mars.  —  M.  l'abbé  Le  Qoinyo,  recteur  de  Kerpert  (G.  du  N.)^ 
mort  le  23  mars  à  Tâge  de  74  ans.  — M.  Glaus,  père,  fondateur  d'une 
des  plus  importantes  maisons  établies  en  Bretagne  pour  la  fabrication  des 
orgues  d'église,  mort  à  Rennes  le  24  mars  D*origine  belge,  il  était  venu 
à  Paris  en  1841  et  fut  d'abord  employé  chez  Pape  et  Pleyel,  les  grands 


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•>0A 


CHRONIQUE 


facteurs  de  pianos  qa'il  quitta  en  1848,  puis  chez  Debain  jusqa*ea 
1859.  Après  la  guerre  de  i870,  il  entra  chez  le  fameux  facteur 
d'orgues  Aristide  GaTaillé  Coll,  qui  lui  confia  la  pose  du  grand  orgue  de 
la  cathédrale  de  Rennes  où  il  se  fixa  définitivement  alors,  sur  la  demande 
de  Mr  Saint-Marc.  On  lui  doit  en  outre  les  orgues  de  Notre-Dame  de 
Rennes,  (10  juin)  construits  en  1879,  de  Saint-ËpTre  à  Nancy  qui  lui 
valut  une  médaille  à  Texposition  universelle  de  1867,  Saint-Hélier  et 
llmmaculéei-Gonception  à  Rennes,  Plouescat,  Roscoff,  Landivisiau  et 
NoCre-Dame  *de  Vitré.  — ^  M.  Joseph  Desmbr,  receveur  principal  des 
douanes  en  retraite^  mort  à  Nantes  le  28  mars  à  Tàge  de  66  ans.  — 
M.  LBBLàNQ,  sous-bibliothéçaire  de  la  ville  de  Rennes,  depuis  22  ans, 
mort  subitement  dans  cette  ville  le  22  mars  à  Tâge  de  69  ans.  —  M.  liéon 
Garbonnit,  capitaine  de  gendarmerie  en  retraite,  chevalier  de  la  légion 
d*honneur,  mort  à  Douarnenez  le  27  mars  à  Tâge  de  59  ans.  —  M.  Tabbé 
HuBL,  professeur  au  collège  Saint-François  de  Sales  à  Evreux,  décédé  à 
Goarec  ("Gôtes  du-Nord),  à  la  fin  de  mars.  —  M.  Joseph  Le  Goff,  sculpteur 
breton  distingué,  mort  à  Paris  le  27  mars,  à  Tâge  de  58  ans  M.  Le  Goff, 
qui  venût  de  terminer  la  dorure  de  la  statue  de  Sainte-Anne  d'Auray, 
se  trouvant  souffrant,  était  parti  de  Bretagne  pour  Paris  le  samedi  22 
mars. 

1  M.  Le  Goff,  fils  d*un  menuisier  de  Pontivv,  était  à  ses  débuts,  un 
simple  tailleur  de  pierres.  Il  se  rendit  à  Nantes,  où  il  s'adonna  longtemps 
aux  études  de  dessin.  Ge  qui  le  fit  connaître  d'abord,  ce  furent  les  travaux 
qu'il  accomplit  dans  l'église  de  Pontivy.  Il  travaîllaaussi  à  la  cathédrale 
d'Albi. 

1  Plus  tard,  appuyé  par  M.  dePerthes^  il  eut  Tentreprise  des  travaux 
de  la  Basilique  de  Sainte-Anne  d'Auray  ;  la  statue  qui  clomine  la  tour  est 
due  à  son  ciseau. 

»  Depuis  il  fit  de  nombreuses  sculptures  à  THôtel-de- Ville  de  Paris, 
et  notamment  une  partie  des  boiseries. 

y^  La  statue  colossale  du  pape  Urbain  II,  inaugurée  l'an  dernier  à 
Ghâtillon-sur-Seine,  est  son  œuvre-,  il  travaillait  toujours,  et  dans  ces 
dernières  années,  il  a  exécuté  les  sculptures  de  la  chapelle  de  Tile  de 
Berder. 

»  M.  Le  Goff  faisait  partie  des  Sociétés  la  Pom^m,  le  Dinet'  Ceîligue,  etc. 

M.  Mathurin-Aimé-Ange  Prbssaed,  architecte-voyer  de  la  ville  de 
VanneSy  mort  le  28  mars  à  Tâge  de  50  ans  :  —  M.  Hyacinthe  Méaulls 
fils  du  conventionnel  de  ce  nom,  mort  au  château  das  Rouxières  près 
Ghâtillon  en  Vendelient,  dans  les  derniers  jours  de  mars,  ancien  député 
d'Ille-et- Vilaine  en  1848,  il  était  marié  depuis  1820,  à  M^*«  Constance 
Divelqui  vit  encore  aujourd'hui.   Les  deux  époux  constituant  au  mo- 


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CHRONIQUE  225 

méat  de  la  mort  de  M.  MéauUe,  Le  plus  vieux  ménage  de  France.  Il  y  a 
dix  ans  qu^iU  avaient  célébré  leurs  noces  de  diamant  et  M*  Méaulle 
avait  été  ciéé  chevalier  de  la  légion  d'honneur  à  Tâge  de  93  ans.  Il  fut 
plusieurs  fois  bâtonnier  de  Tordre  des  avocats  à  Rennes.  —  M.  Joseph 
AuBRY  contrôleur  des  contributions  indirectes  en  retraite,  mort  à  Lorient 
dans  les  premiers  jours  d'avril  à  T&ge  de  66  ans.  —  M.  Bchoit,  ancien 
maire  du  Pouliguen,  président  de  la  Chambre  de  commerce  de  8aint- 
Nazaire,mort  à  Tâge  de  81  ans  dans  les  premiers  jours  d'avril.  *—  W^*  Lb 
Flo»  sœur  du  regretté  général,  décédée  à  Lesneven  dans  les  premiers 
jours  d'avril  à  l'âge  de  87  ans.  Sa  vie  fut  entièrement  consacrée  aux 
œuvres  de  charité  ;  elle  était  depuis  de  longues  années  la  bienfaitrice  de 
sa  région.  —  M«*  Paul  de  Ghalus,  fille  du  regretté  docteur  Bedel,  pre- 
mier maître  de  Tillustre  chimiste  Jobert,  morte  à  Lamballe  dans  les  pre- 
miers jours  d'avril.  —  M*«  veuve  Pierre  PBRTHuif>,  née  Marguerite- 
Arsène  VisoNNBAU,  mère  de  notre  confrère  M.  Alexandre  Pertuls-Laurent 
décédée  à  Nantes  le  3  avril  à  l'âge  de  85  ans,  —  M.  Jean-Fntnçols 
LoNouécANo,  le  poète  breton  et  chrétien  bien  connu,  mort  à  Saint-Malo, 
le  3  avril  à  l'âge  de  68  ans,  —  M.  Longuécand  s'était  fait  remarquer  sur- 
tout par  ses  Fables  dont  le  Parnasse  breton  nous  a  offert  dernièrement  un 
très  joli  spécimen.  —  M"*  veuve  Boed,  mère  de  notre  confrère, 
M.Gustave  Bord,  décédée  au  Pellerin,  le  5  avril. 

Le  R.  P.  Victor  Albt,  8.  J.  aumônier  de  l'œuvre  des  Cercles  catho- 
liques d'ouvriers,  bien  connu  de  tous  les  Nantais,  mort  à  Paris  le  5  avril  à 
Tâge  de  64  ans.  —  M**  Théodore  de  LiissÊauBs  db  Hozavbn,  née  Laure- 
Barthélemy-Anne  de  Frbsnb,  morte  â  Quimper  le  6  avril  à  l'âge  de  71 
ans.  —  M.  l'abbé  Pierre  Robig,  ancien  recteur  de  Maêl- Pestivien 
(G6te-du-Nord)  mort  subitement  le  jour  de  Pâques,  6  avril,  né  à  Perret, 
lel<t'mai  1805,  M.  l'abbé  Robic  d'abord  vicaire  à  Duault  et  â  Gamoêt, 
puis  recteur  de  Pabu  fut  transféré  en  1844  à  Maêi-Pestivien  où  il  est 
resté  jusque  sa  mort.  Démissionnaire  depuis  1890,  Mr  David  l'avait 
nommé  chanoine  honoraire  le  19  août  1878.  —  M.  l'abbé  Savin,  recteur 
de  Carantec»  (Finistère),  décédé  le  8  avril.  Né  en  1832,  il  occupait  la 
cure  de  Garantec  depuis  1884  et  avait  été  précédemment  recteur  de  l'Ile 
Molènes.  —  M,  Guillaume-Désiré  de  QuBNBc'uQmviLLY,  époux  de 
demoiselle  Françoise  Lb  Vbuzit,  mort  à  Lannion  le  8  avril  à  l'âge  de  70 
ans.  -^  Mb*  fidouard  Rathouis,  née  Marie  Bbkoist,  morte  à  Nantes  le  9 
avril.  —  M.  Charles  Nayl  db  la  Ville  Aubby,  mort  à  Vannes,  le  10  avril 
à  l'âge  de  46  ans. 

M.  Henri  Gboct  ob  Bbauvais  du  Mburtbl,  mort  le  8  avril  au  château 
du  Meurte,)^  en  Plevenon  (Gôtes-du-Nordj,  à  l'âge  de  78  ans.  Ancien 
maire  de  Saint-Thual  et  maire  actuel  de  Plevenon,  M.  Henri  Gront  de 

T.    VI.  —  DOCUMENTS.   —  VI*  ANNÉE,   3«  UV.  15 


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226  CHRONIQUE 

Beativais  appartenait  à  i'ane  des  plas  aaclenaes  familles  de  réyéché  de 
Saint'Malo.  L*an  de  ses  ancêtres  fat  gouverneur  de  cette  ville,  un  antre 
eat  pour  parrain  le  roi  François  I^r.  Par  ailleurs,  M.  Gront  de  Sainte 
Georges,  chef  d*escadre  a  son  portrait  à  THôtel-de- Ville  de  Saint-Malo 
et  est  considéré  conme  Tan  dès  plus  illustres  enfants  de  la  vieille  cité 
maritime  :  enfin,  le  grand-père  et  le  bisaïeul  du  maire  de  Plévénon, 
s^étaient  tous  les  denu  distingués  à  la  bataille  de  Saint-Cast  en  1758.  — 
M.  Désiré  André,  ancien  maire,  ancien  conseiller  général  du  canton  de 
Plélan  (IlleetYilatne),  membre  de  la  chambre  de  Commerce  de  Rennes, 
baau-frère  de  notre  sympathique  co.lôgue  M.  Albert  Macé,  mort  à 
^Plélan  le  14  a7ril  à  Tâge  de  59  ans.—  La  plupart  d3s  habitants  de 
Plélan  et  un  grand  nombre  d'habitants  de  Baint-Péran,  Paimpont, 
Montfort  ont  tenu  à  suivre  le  convoi  de  cet  homme  de  bien,  profondément 
regretté  de  tous.  —  M.  rabbé  Louis  Gbndron,  né  à  Gouêron  en  18iC, 
mort  à  Nantes  le  13  avril  à  Tâge  de  73  ans.  —  M.  Alfred  Véron,  frère  du 
vaillant  amiral  Véron,  sénateur  dlUe-et- Vilaine  et  décédé  à  Paris  le  14 
avril  à  Tftge  de  73  ans. 

M.  Ënguerrand  Patrice  de  BaTLER,  ancien  officier  de  marine,  percep- 
teur des  Contributions  directes  en  retraite,  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, mort  à  Nantes  le  16  avil  à  Tftge  de  62  ans.  Il  était  cousin  de  M"»*  la 
comtesse  de  Butler,  dame  d'honneur  de  Madame  la  comtesse  de  Paris. 
Sa  mort  met  aussi  en  deuil  notre  confrère  M.  le  comte  Emmanuel  de 
Rorthays  et  sa  fanille  et  les  familles  de  Verteuil  et  d'Espinols.  Le  jour 
môme  où  mourait  M  Patrice  de  Butler,  un  de  ses  frères  était  nommé 
colonel  du  5*  chasseurs  d'Afrique  à  Alger.  La  famille  de  Butler  est  une 
des  plus  anciennes  et  une  des  plus  illustres  familles  d'Irlande,  dont  une 
branche,  fidèle  à  Jacques  II;  le  suivit  en  France  et  s'y  établit.  Les 
B  nier  restés  en  Angleterre,  sont  pairs  d'Irlande  et  d'Angleterre  et  ont. 
entre  a  itres  tiires,  ceux  de  marquis  et  duc  d'OnkiOMOE.  -—  M>i«  Elisabeth 
ViRNor,  décé'lêe  à  Tarbes  le  16  avril  —  M.  l'abbé  Le  Bbrre,  ancien  rec- 
teur de  Plogonnec,  mort  dans  cette  paroisse  vers  la  mi-avril  ;  —  M.  Louis- 
Jules  de  Bonnecarrèrë.  baron  de  MoNTLàUR,  mort  à  Vannes  le  18  avril 
dans  sa  81«  année.  Ancien  élève  du  Prytanée  militaire  de  la  Flèche  et  de 
l'Ecole  militaire  de  6aint-Cyr,  M.  le  baron  de  Montlaur  avait  donné  sa 
démission  étant  capitaine  d'infanterie.  Il  avait  épousé  M"*  Céline  de 
'  CuMONT,  sœur  de  l'ancien  mini^stre-  de  rinstruction  publique.  Fixé  à 
Vannes  depuis  une  trentained'années,  il  s'était  fait  remarquer  par  Paflk- 
bilité  de  son  caractère  et  son  inépuisable  charité.  —  M.  Thomas  de 
Kercado,  père,  chevalier  de  la  légion  d'honneur .  ancien  député  du 
Morbihan  et  ancien  conseiller  général  du  canton  dé  la  Roche-Bernard, 
mort  au  château  du  Plessis  en  Nivillac,  le  18  avril  à  Page  de  81  ans.  — 


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CHRONIQUE  227 

M.  Tabbé  Podeur,  curé  de  Riec  (PinistèFe),  mort  le  19  avril  .à  Tâgede 
55  ans.  Né  au  Ck)nquet  en  1835,  il  avait  été  d*abord  vicaire  àQoimperlé, 
pois  recteur  à  Rosnoên  avant  d*étre  nommé  à  Riec.  —  Sœur  8àiNT-FEa- 
ouSy  supérieure  de  Tasiie  des  Petites-Sœurs  des  Pauvres  à  Nantes,  morte 
dans  cette  ville  le  19  avril  à  Tâge  de  48  ans,  dont  25  ans  de  profession 
religieuse. 

M.  Louis  Thbvbn  ob  GuâLSRAN,  oncle  de  M.  Theven  de  Guéloran,  chef 
d'escadron  au  35«  d'artillerie,  mort  à  Quimperlé  le  19  avril,  à  Tâge  de 
75  ans.—  M.  l'abbé  Joseph-Marie  Plormbl,  né  à  Fégréac  en  fStt, 
ordonné  prôtre  en  i846,  professeur,  pois  économe  et  enfin  supérieur  du 
Petit- Séminaire  de  Guérandeen  1849,  curé  de  Guérande  en  1861,  prévôt 
de  la  nouvelle  coUégvile  de  Saint- Aubin,  reconstituée  en  1889,  décédé  le 
19  avril  après  une  courte maladle.L'un  des  ecclésiastiques  les  plus  éminents 
du  diocèse  de  Nantes,  la  ville  et  le  pays  de  Guérande  font  en  lui  une  perte 
irréparable»  et  son  souvenir  demeurera  impérissable  dans  cette  superbe 
basilique  de  Saint-Âubin  qui  lui  doit  sa  magnifique  et  intelligente  restau- 
ration. —  M.  Tabbé  Jacques  Maurice  Le  Bbller,  recteur  de  Locmalo(Mor- 
bihan),  qui  a  succombé  le  19  avril  aune  longue  et  cruelle  maladie.  Né  à 
Stival  le  30  septembre  1823,  M.  Tabbé  Le  Bélier  fut  ordonné  prêtre  le  23 
septembre  1848  et  nommé  quelques  mois  plus  tard,  vicaire  à  Baud.  Trans- 
féré à  HenneboQt  le  2l  décembre  1863,  il  était  dévenu  recteur  de  Saint- 
Gilles  en  1869,  et  de  Locmalo  le  6  février  1871.  —  M.  Tabbé  Henri  Miard. 
ancien  vicaire  de  Redon,  mort  dans  sa  famille  à  Pleugueneuc,  le  20  avril, 
à  Tâge  de  46  ans.  —  M^^^  Le  Samt  de  la  Santièbb,  nièce  de  M.  Joiy  de 
Rosgrand,  pair  de  France  et  dernier  sénéchal  de  Quimperié,  mort  dans 
cette  ville  le  26  avril,  à  Tâge  de  87  ans.  —  M.  Léon  Courras,  secrétaire 
général  de  là  G^*  d'Orléans,  ancien  vice-président  de  la  Société  des  Ingé- 
nieurs civils,  chevalier  de  la  Légion  d^honneur,  mort  à  Paris,  le  20  avrils 
i  l'âge  de  59  ans.  —  M"**  Marie-Françoise  de  Carrières,  mort  à  Nantes 
le  21  avril,  à  l'âge  de  43  ans. 

M">«  Charmer,  née  Le  Coz,  veuve^  de  Tamiral  Chamer,  décédée  à  Paris 
le  2 1  avril,  à  l'âge  de  7 1  ans.  —  M.  Louis-Olivier  Sahson,  mort  à  Nantes 
le  23  avril,  à  l'âge  de  74  ans.  —  M.  Félix- Alexandre  Chrétien,  décédé 
à  Nantes  le  23  avril,  à  l'âge  de  74  ans.  —  M"»*  Marie-Pauline-Juliette 
OIS  Merliers  de  Lomoueville,  morte  à  Nantes  le  2*3  avril,  à  l'âge  de  56 
ans.  —  M"*  Marie-Françoise  Tessibr,  épouse  de  M.  Fouillolb  de  la 
Genoronnière,  morte  à  Nantes  le  23  avril,  à  l'âge  de  60  ans.  —  M.  Henri 
Rolland,  décédé  au  château  de  la  Baraudière  en  Sucé,  le  23  avril.  — 
M.  l'abbé  Paulin-Pierre  Teulé»  directeur  de  Textemat  des  enfisuits  Nan- 
tais, ordonné  prôtre  en  1862,  mort  le  23  avril,  à  l'âge  de  62  ans.  —  M*^'  la 
marquise  douairière  de  Bizien  du  Lézard,  née  Lucie-Marie-Rose  de  la 


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228  CHRONIQUE 

Motte- Vauvbrt.  décédée  à  Rennes  le  23  avril,  à  Page  de  73  ans.  — 
M.  l'abbé  Rew,  cbapelain  de  la  cathé  irale  de  Nantes,  ancien  vicaire  de 
Saint- Paal,  ancien  curé  de  la  Ghapelle-^HeuUn,  né  à  Paimbœuf  en  1811, 
mort  à  Nantes  le  24  avril.  —  M.  François -Exapère  Bragbr  db  Ville- 
MOYSAN,  mort  subitement  à  Rennes  le  24  avril.  Né  à  Montfort,  le  13  no- 
vembre 1815,  M.  Brager  de  Viilemoysan  entra  dans  la  magistrature  en 
1842.  An  moment  de  sa  révocation,  lors  de  l'exécution  des  décrets,  il 
comptait  40  ans  de  service  dans  la  magistrature,  dont  17  comme  con- 
seiller à  la  Gour  d*appel  de  Rennes,  —  M.  Tabbé  Le  Guwx,  cbanoine 
honoraî)re,  supérieur  de  la  maison  Saint-Josepb  à  Saint-Pol  de  Léon, 
depuis  I886t  mort  le  25  avril,  à  Tâge  de  58  ans.  Il  avait  été  précédem* 
ment  vicaire  à  Pieyben,  puis  économe  du  Petit-Séminaire  de  Pontcroix 
pendant  26  ans.  —  M.  Pabbé  Jean-Marie  Guillôme,  né  à  Malguénac  le 
5  août  I845p  ordonné  prêtre  le  22  décembre  1866,  successivement  vicaire 
à  Kerfourn»  Loçmalo,  La  Tour  du  Parc  et  Bieuzy,  décédé  dans  les  pre- 
miers jours  de  mai.  —  M.  Tabbé  Louis-François  Hdbbrt,  chanoine  hono- 
nûre,  ancien  custode  et  ancien  maitre  des  cérémonies  de  la  cathédrale  de 
Nantes,  mort  dans  cette  ville  le  3  mai,  à  Tftge  de  66  ans.  —  M"*  Anne 
GoLLiN,  née  de  Brossard,  décédée  à  Vannes  le  3  mai,  à  Tâge  de  68  ans.  -^ 
M.  Maurice  Ellbu  de  Léglisb,  mort  subitement  à  Nantes  le  6  mai,  à  Vkge 
de  53  ans.  —  M.  le  comte  db  Moulins  de  Rochbfort,  depuis  dix-sept  ans 
président  du  cercle  Louis  XVI  à  Nantes,  où  il  laisse  d'unanimes  regrets, 
décédé  au  château  de  la  Grandville,  près  du  Port-Baint-<Père  (Loire-Infê- 
rieure),  le  7  mû.  —  M.  Faugbyroux,  juge  honoraire  au  tribunal  de 
Quimper,  conseiller  municipal  de  cette  ville,  décédé  le  7  mai,  à  Page  de 
70  ans.  —  M"*  Marie-Georgette  Gamdbau,  née  Simon,  femme  de  not,re 
ami  M.  Auguste  Gandeau,  lieutenant  au  10«  d'artillerie  à  Rennes,  décédée 
à  Nantes  le  9  mai,  à  Tâge  de  26  ans.  *—  M.  Grosnier,  lieutenant  au 
41*  régiment  d*infanterie,  décédé  chez  son  père,  jage  de  paix  à  Lamballe, 
le  1 1  mai  dernier.  —  M.  Tabbé  Gaboriau,  curé  de  llmmaculée-Goncep- 
tion,  près  Saint-Nazaire,  depuis  13'kns,  décédé  le  8  mai,  à  Tâge  de  84 
ans.  ^  M-*  la  comtesse  db  Poli,  née  Héiibrt,  veuve  depuis  1848,  de 
M  Philippe,  comte  de  Poli,  chevalier  de  la  Légion  d*honneur,  chef  de 
bataillon  au  2t*  de  ligne,  mort  de  ses  blessures  en  réprimant  l'insurrec- 
tion à  Orléans,  qui  éleva  depuis  un  monument  à  sa  mémoire,  et  mère  de 
notre  dévoué  confrère  M.  le  vicomte  0.  de  Poli,  président  du  Conseil 
héraldique  de  France,  décédée  à  Paris  le  8  mai,  dans  sa  82*  année,  après 
une  vie  toute  de  charité  et  d'héroïque  dévouement.  —  M"*  la  baronne 
DB  Ghamborant  de  Pbr'ssat,  mère  de  M.  le  baron  de  Ghamborant  de 
Perissat,  notre  sympathique  confrère  de  la  Société  bibliographiquey  décédée 
à  Paris  le  12  mai,  à  l'âge  de  72  ans.  —  M  Tabbé  Peracs,  curé  de  Gorde- 


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CHRONIQUE  229 

mais  depuis  i876,  décédé  le  i  1  mai,  à  Tâge  de  71  ans.  *—  M.  l'abbé  Joseph- 
Mathurin  Mskaoeb,  né  à  Vallet  le  6  janvier  4866,  ordonné  le  29  juin 
dernier,  décédé  à  Nantes  le  12  mai.  —  M"»*»  Marie-Thérèse  HiiRANGHiPY, 
veuve  PfiLThsR»  décédée  à  Nantes  le  16  mai,  à  Page  de  72  ans.  —  M.  Tabbé 
Mathurin  Gariou,  chanoine  titulaire,  ancien  directeur  du  collègo  Saint- 
Stanislas  à  Nantes,  né  à  Saint-Philbert  de  Grandlieu  en  1812,  ordonné 
prêtre  en  1808,  mort  à  Paimbœuf  le  16  mai. 


NORMANDIE. 


Parmi  les  principales  pertes  de  cette  province,  nous  devons  indiquer 
les  décès  de  :  M.  Ëdouard-Eugène-Amédé  Moisson  de  Vaux,  décédé  à 
Bayeux,  le  8  février  à  Page  de  48  ans.  Marié  à  Mademoisselle  Corot- 
Saguiente,  dont  il  laisse  deux  enfants,  il  était  le  2*  fils  du  feu  baron  de 
Vaux  et  de  la  baronne,  née  Goralie  de  Gabanzs,  et  frère  du  baron  de 
Albert  de  Vaux,  consul  général  de  France  à  Gènes  et  de  la  comtesse  de 
Marguerye.  -*M"*  la  comtesse  Lb  Clerc  de  Lbssbvillb,  née  Esther- 
Marie-Caroline  DE  Poudreux,  morte  le  23  février  au  château  d'Aulnay 
(Marne)  à  Tâge  de  36  ans.  —  M.  le  baron  de  Mbsnil-Durand,  mort  vers 
laimi-mars  au  château  deBalthasar  (Calvados).  —M.  Armand  Bureau, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  ancien  porte-fanion  de  Tamiral  Jaurre- 
quiberry  pendant  la  campaorne  de  1871  où  il  avait  accompli  plusieurs 
actions  d^éclat,  décédé  à  Vire  dans  les  derniers  jours  de  mars.  — 
}iti9  Pascaline  Delaunb  de  Paluel,  décédée  à  Rouen  le  2  avril  à  Page  de 
18  ans.  —  M.  Achille-Louis  Courtier,  directeur  du  Journal  de  BolbeCj 
mort  le  2  avril.  —  M*"^  Grollbau,  évoque  d*£vreux,  mort  le  2  avril  à  Tâge 
de  62  ans.  Né  à  Chavagnes-les-Eaux  au  diocèse  d'Angers,  il  était  curé  de 
Saint-Pierre  de  Saumur.  quand  il  fut  nommé  évéque  d'Ëvreux  le  17  mai 
1870,  et  sacré  le  8  septembre  de  la  même  année.  Durant  son  épiscopat  de 
20  ans,  fécond  en  œuvres  de  toutes  sortes,  M>'  GroUeau  a  publié  plus  de 
180  lettres  pastorales,  circulaires  et  mandements.  Nous  donnons  les 
sujets  traités  parle  prélat  dans  ses  instructions  pastorales  pour  le  carême  : 

La  Souffrance  chrétienne  y  2  février  1871  ;  P  Education  sa  nature  et  son  but^ 
2  février  1872  ;  Obligation  de  la  charge  pastorale ^  18  février  1873  ;  Devoirs 
de  la  vie  chrétienne,  2  février  1874  ; 

Publication  du  Jubilé,  29  janvier  1875  ;  le  Repos  du  Dimanche,  18  février 
1876;  la  Messe  du  Dimanche,  2  février  1877;  les  Offices  du  Dimanche ^ 
22  février  1878. 


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230  CHRONTQUK 

Encyclique  Qdod  âpostoligi  MUHERig«  14  février  1879  ;  la  Vocation  àViiai 
ecclésiastique,  20  janvier  1890  ;  la  Propagation  de  la  fbi,  29  janvier  1881  ; 
dès  Devoirs  des  parents  envers  leurs  enfants^  spécialement  en  ce  qui  concerne 
l'éducation  religieuse,  29  janvier  1 882  ; 

De  la  connaissance  de  la  Religion,  29  janvier  1882  ;  des  épreuves  de  la 
Religim,  29  janvier  1884  ;  de  la  franc^maçonncrie,  à  l'occasion  de  l'Ency- 
clique UuMANUM  OBNUs,  25  janvier  1885  ; 

lu  Encyclique  Imuortalb  Obi  sur  la  Constitution  chrétienne  des  Etats, 
2  février  1886  ;  V Œuvre  des  Catéchistes,  29  janvier  1887  ;  Nécessité  de  pra- 
tiquer la  religion^  2  février  1888. 

V Encyclique  Exbuntb  jam  anmo,2  février  1889;  VEncyclique  BkPiwRtiM 
Ghristian^,  publiée  en  1890,  termine  la  série  des  instructions  quadra* 
gésimales  de  Mr  Grolleau  qui  s'est  occupé  avec  un  soin  particuliac  des 
conférences  ecclésiastiques  dans  son  diocèse  et  a  publié  un  nouveau 
catéchisme  en  1883,  etc.,  etc. 

M"*  la  maréchale  Rbonault  db  Saiat-Jean  d'Angblyv  décédée  en  son 
ch&teau  de  Serville,  le  ô  avril  à  l'âge  de  82  ans.  Elle  était  veuve  du  ma- 
réchal Regnault  de  Saint-J'ean  d'Ângely,  qui  avait  été  '  offider.  d'ordon- 
nance de  Napoléon  1®'  pendant  les  Cent-Jours  et  ministre  de  la  guerre 
en  1851.  On  se  souvient  que  ce  fut  lui  qui  organisa  en  1854  la  Garde  Im« 
périale  qu'il  conduisit  au  feu  en  Grimée  et  en  Italie.  Il  avait  été  promu 
maréchal  de  France  à  la  bataille  de  Magenta  en  même  temps  que  le  gé- 
néral de  Mac-Mahon.  —  M.  Louis- Marie-Raymond  de  SAlNT-FfiLix, 
mort  à  Rouen  le  6  avril  à  T&ge  de  28  ans.  —  M.  Louis-Charles  db  Boul- 
LBMBR  db  Thivillb,  Ueuteuant  aux  zouaves  pontificaux,  décédé  au  château 
de  la  Louisière,  près  Séez,  le  21  avril  dans  sa  58*  année  ;  —M.  Hippolyte 
BossBLBT,  qui  collabora  à  la  Réforme^  au  Temps,  au  Parti  National^  décédé 
le  22  avril.  Il  avait  été  candidat  de  l'opposition  libérale  sous  l'Empire, 
dans  le  département  d'Eure-et-Loir.  On  lui  doit  divers  ouvrages.  — 
M"**  Sarbazim  de  Maraisb,  née  Sarah  Jones,  morte  à  Rouen  le  22  avril  à 
l'âge  de  83  ans.  —  M.  Victor-Henri-Maurice  d'fiAiLLBCouRT ,  décédé  à 
Rouen,  le  6  mai  à  l'âge  dé  18  ans.  —  M»«  Le  BRyMEMT»  née  Gécile  Lb« 
BRUN,  veuve  de  M.  Le  Brament,  l'éditeur  Rouepnais  bien  connu,  morte 
le  8  mai  à  l'âge  de  68  ans, 


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CHRONIQUE  231 


MAINE. 


Nous  signaleronâ  dans  le  Maine,  le  décès  de  M««  Marie-Thérèâe-Bene- 
dicte-Heary  de  Bbauxhostes,  marquise  de  Quatrbbarbbs,  morte  au  châ- 
teau de  la  Sioanière,  près  Berné  (Mayenne),  ài*Age  de  27  ans.  —  M«*  d*ËN- 
TRSMONT,  née  Ânne-Nelly  JBoaRom,  morte  le  26  mars  à  Tâge  de  62  ans. 

—  M«^  GoHBBRT  DB  LA  Tbssbrib,  née  Pauline  de  Ph&limbs,  morte  à  Laval 
le  25  mars  à  l'âge  de  78  ans.  —  M.  Adolphe  Aç  Kbbhann,  ancien  trésorier 
général  du  Nord  et  régent  de  la  Banque  de  France,  mort  le  28  mars  à  son 
château  de  Coulante,  près  Bahay.  —  M.  Tabbé  Michel  Guahtblodp,  né  à 
Gherancey,  en  1824,  d*abord  vicaire  à  Beaufay  et  à  Marçon,  puis  curé  de 
Gogners,  décédé  le  30  mars.  —  M.  Tabbé  £ugène  Roullbàu,  né  le  7  mars 
1852  à  Montmirail,  d'abord  vicaire  à  Malicorne,  puis  à  Mayet,  décédé  le 
7  avril.  —  M.  l'abbé  Théophile  Robin  ,  né  à  la  Suze  en  1850,  décédé  à 
Paris  le  8  avril  à  l'école  de  rimmaculèe^onception  où  il  était  professeur. 

—  M.  Joseph-Gabriel  Hardy  db  la  GiiiRBONNBRiB,  décédé  à  Nice,  le  12 
avril  à  l'âge  de  27  ans.  -—  M.  Tabbé  Augustin  Huiomabd,  né  à  Saint- Aignan 
de  Gouptrain,  en  1831,  successivement  vieaire  à  Saint-Samson,  à  Lan- 
nay-Villiers  et  à  Juvigné,  puis  curé  de  la  Bigottière,  décédé  curé  de  Ghan- 
trigné  le  13  avril  ;  —  M.  l'abbé  Sylvain  de  Marbbul.  décédé  à  Paris,  le 
20  avril.  Né  i  Fougerolles,  il  était  directeur  des  études  à  llnstitution  de 
Sainte-Marie  de  la  rue  Bonaparte,  à  Paris,  et  directeur  de  la  Revue  l'i- 
beille.  Il  lègue  au  Muséum  de  riches  collections  d'insectes  de  la  plus 
grande  valeur.  —  M.  l'abbé-  Lbmonnibr,  archiprôtre  de  Saint- Vénérand  à 
Laval,  mort  le  22  avril  à  l'âge  de  50  ans.  —  Né  à  Goron,  le  28  octobre 
1840,  il  avait  été  précédemment  curâ-doyen  de  la  Boë.  —  La  T.  G.  S. 
Saint-Hbmri,  dans  le  monde  M^^*  db  Saint-Guxlubm,  supérieure  de  Thospice 
de  Janville  (Eure-et-Loir),  morte  le  24  avril  à  l'âge  de  74  ans.  G'est  elle 
qui,  pendant  la  guerre  de  1870,  arrêta  un  convoi  de  blessés  français,  ex- 
ténués de  fatigue,  à  bout  de  forces,  s'opposant  en  véritable  héroïne  à  la 
mise  en  marche  ordonnée  par  un  officier  prussien  sans  pitié. 

<  Monsieur,  dit-elle,  ces  blessés  sont  à  moi^  je  ne  veux  pas  qu'on  les 
traîne  plus  loin.  >  L'officier  protestant,  la  Sœur  continua  d'un  ton  impé- 
rieux :  «  Faire  souffrir  inutilement  des  blessés  est  le  fait  d'un  misérable  ! 
Gharretier,  dételez...  » 

L'officier  n'osa  passer  outre  et  les  blessés  restèrent  à  Janville  où  lA 
sœur  Saint-Henri  se  trouvait  déjà  à  cette  époque:  —  M.  Tabbé  Félix  Bbt- 


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232  CHRONIQUE 

TON  né  à  Mayenne  en  1840,  successivement  vicaire  à  Saict-Georges-snr- 
Ërrvé,  à  Âlexain,  à  8aint  Germaln-de  Coalamer.  et  à  la  Grolxille,  puis  caié 
de  Rennes-en-Grenoaille  et  de  8alnt->Gharles-la- Forêt,  mort  curé  de  St- 
Isle  le  6  avril  —  M.  Tabbé  Alexandre  Raoot,  né  à  Grannes,  en  Cham- 
pagne, en  1828,  d'abord  vicaire  à  Ampoigné,  puis  curé  de  Molière  où  il  est 
mort  le  5  mai. 

ANJOU. 

En  Anjou,  nous  avons  à  enregistrer  les  pertes  de  :  M.  Lb  Joly,  ancien 
substitut  à  Angers,  prçcureur  de  la  République  à  Uzel,  décédé  dans  celte 
ville  le  6  février.  —  M.  René-Eugène-Henri-Marie,  comte  bb  Brobsard, 
second  fils  de  feu  Henri-Charles-Sébastien,  marquis  de  Brossard,  et  de 
Cécile- Joséphine- Adélaïde  Le  Métayer,  mort  à  Paris, le  13  mars  à  Tâge 
de  31  ans.  —  M.  l'abbé  André-Elie  Ballu,  ancien  professeur  au  collège 
de  Baugé,  auteur  des  Excursions  en  Anjou,  publiées  dans  la  Revue  d* Anjou 
sous  le  pseudonyme  :  Un  Touriste,  décédé  à  Saint-Lambert-du-Lattay, 
dans  les  derniers  jours  de  mars  —  M««  la  vicomtesse  de  Romain,  décédée 
à  la  fin  de  mars.  —  M.  Tabbé  Morbl,  ancien  collaborateur  de  ÏUniv0rs, 
mort  à  la  Maison  de  retraite  de  la  Porôt,  près  Angers,  le  31  mars  à  Tâge 
de  83  ans.  —  M.  le  comte  Albert  db  Buissbrbt,  décédé  à  Arcachon  dans 
les  premiers  jours  d'avril,  après  une  longue  maladie.  —  M.  Bresson,  ad- 
judant au  6*  régiment  de  cuirassiers,  élève-officier  à  Técole  de  cavalerie  de 
Saumur,  tué  malheureusement  d^une  chute  de  cheval,  aux  courses  de  la 
Saint-Georges  à  Saumur,  le  20  avril.  —  M.  le  comte  Artns  CossA-Bribbac, 
frère  cadet  du  défunt,  duc  de  Brissac,  ancien  secrétaire  d'ambassade,  cham- 
bellan de  Timpératrice  Eugénie  et  ancien  député  de  TCnseau  moment  du  16 
mai,  à  Tftge  de  61  ans,  à  la  suite  d*une  longue  et  douloureuse  maladie.  De 
son  mariage  avec  la  fille  du  marquis  de  Walsh-Serrant,  duc  de  La  Mothe- 
Houdancourt,  il  laisse  deux  filles,  dont  la  cadette  est  mariée  au  comte 
Renaud  de  Moustier.  Sa  mort  met  en  deuil  les  familles  de  Moustier,  de 
Bonneval,  de  Pieumartin,  de  la  Tour  d'Auvergne,  etc.  —  M.  le  comte 
Eugène  de  Monti,  chef  de  la  branche  cadette  de  cette  famille,  décédé  le 
30  avril  au  château  des  Mines,  paroisse  de  Saint-Georges  de  Chàtelaison 
dans  sa  75*  année. 

POITOU. 

Bien  nombreuses  sont  les  pertes  éprouvées  par  le  Poitou  entre  autres, 
celles  de  M.  Tabbé  Jaobneau,  ancien  curé  de  la  Merlatière,  mort  le  26 
janvier  ;  —  M.  Emile  Guarriot,  docteur  en  médecine,  mort  à  Chaillé- 


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CHRONIQUE  â3d 

les-Marais  le  29  jaavier  dans  sa  53^  année.  —  M***  Unal,  femme  de 
Pancien  Tic^^-piéaident  du  tiibonai  d'Angers,  actnellement  conseiller  à 
laCk>arde  Poitiers,  déeédée  dans  cette  ville  la  5  février  ;  -^  M***  Marie* 
Hyacinthe  Postairb,  veuve  de  M.  Pierre- Victor  du  Garibau  ds  lk  Mit* 
cHKMis,  morte  aux  Sables-d'Olonne  le  16  février,  à  l'âge  de  58  ans  ;  ^-<Le 
R.  P.  Le  JBossit  eadiste,  ancien  professeur  de  l'InstitatAon  Ricbelien, 
mort  le  20  février  ao  séminaire  de  la  Roche  •dorTbeii  près  Redon  ;  — 
M"^  la  baronne  PAFiSR  ns  Sooville,  née  Frottibs  ns  la  MsssKLiàas, 
décédée  à  Aix,  le  26  février  à  Tége  de  87  ans.  £lie  laisse,  deux  enfants, 
le  baron  de  Soaville  et  M">«  de  Meyronoet  de  Saint-Marc  ;  *r*  M.  Al- 
béric*Henri4e  WARivïQVi^L  db  Mbsoalano,  inspecteur  en  cheCde  la  ma* 
rine  en  retraite,  officier  de  !a  légion  d'honneur,  mqirt  à  Fonteuaji^le- 
Comte  en  février  à  Tdge  de  6^  ans  ;  —  M«^  Antoinette -Gbarlptt^- Eugénie* 
Victoj^ine  GnaBBOU  na  la  Rouuàaa,  comtesse  douairière  d'Avuy  de  Pjo- 
LANT,,  dont  nous  n'avions  pu  qu'indiquer  le  décès  dans  notre  dernière 
Chronique,  morte  à  Poitiers,  le  21  mars.  Elle  était  fille  de  Jean- Victor- 
Magdeleine  Ghebrou  de  la  Roulière,  ancien  maire  de  Niort,  ancien  dé- 
puté et  président  du  Conseil  général  des  Deux-Sèvres,  sous  les  règnes 
de  Louis  XV 111  et  Gbarles  X  et  de  Suzanne-Esther  Bourasseau  de  la 
Renolière,  fille  de  M.  Bourasseau  de  la  Renuiière,  dernier  du  nom, 
conseiller-mai tre  à  la  Chambre  des  comptes  de  Bretagne  et  membre  du 
Conseil  supérieur  des  armées  vendéennes  sous  la  Révolution  ;  — 
M.  Jules-Josepb-Léopold  Gandeau,  père  de  notre  ami  M.  Auguste  Can- 
deau,  lieutenant  au  10*  régiment  d'artillerie  à  Rennes,  mort  à  Montaigu 
le  21  mars,  à  l'âge  de  75  ans  ;  —  M^i«  Marie-Magdeleine  Jacobbt  de  Nom- 
BiL,  morte  à  Fontenay-le^Comte  le  2  avril  à  i^âge  de  29  ans.  —  M.  Louis- 
Evariste  d'HuooNNBAU,  ancien  officier  de  Cbartes  X,  ancien  maire  de 
Brigueil,  décédé  au  château  de  Lavérioç,  près*  Brigueil  le  10  avril  dans 
sa  85*  année  ;  —  M.  Ferdinand  Guyot^  ancien  ingéniear  en  chef  de  la 
Vendée,  mort  à  la  Roche-sur- Yon,  vers  la  mi-avril  ;  —  M.  l'abbé  Jacques 
Fauchbrom,  décédé  à  Fontenay-le-Comte  le  22  avril  dans  sa  70*  année. 
D'abord  vicaire  &  llle-d'Yeu,  puis  vicaire  à  Beaufou  où  son  zèle  sacer- 
dotal se  dépensa  pendant  36  ans,  ses  infirmités  l'avaient  obligé  à  dé- 
missionner en  1888,  époque  à  laquelle  il  s'était  retiré  à  Fontenay-le- 
Comte  ;  —  M.  l'abbé  Jean-Marie  Milgbxt,  curé  de  Saint-Paul-en-Pareds, 
décédé  le  26  avril  des  suites  d*nne  congestion  pulmonaire.  Né  à  Notre- 
Dame-de-Riez  en  1832  et  ordonné  prêtre  le  19  novembre  1857.  il  fut  suc- 
cessivement vicaire  à  Bretignolles  et  à  Challans,  puis  devint  curé  de 
Saint-Pau-len-Pareds  le  25  beptembre  1865;  —  M.  Tabbé  Bibaro,  curé- 
doyen  de  Ghantonnay,  mort  le  30  avril  dans  sa  53«  année,  victime  de 
son  dévouement,  saccoxnbaut  aux  suites  d'une  fièvre  typhoikle,  contractée 


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234  GHRONIQUE 

au  chevet  d'un  malade  auquel  il  portait  les  derniers  sacrements.  ~ 
Né  aux  Epesses,  le  12  septembre  1836,  M.  Tabbé  Pierre  Bibard  fat 
ordonné  prêtre  le  20  décembre  1862.  Après  ayoir  été  cinq  ans  professeur 
au  petit*séminaire  des  Sables,  il  fut  nommé  yicaire  de  Notre-Dame  de 
Fontenay.  Le  11  janvier  1871,  il  suivait  en  qualité  d*aamônier  volontaire 
la  première  légion  des  mobilisés  de  la  Vendée  et  fut  nommé  coré  de 
8ainte-Gécile  en  1872,  aumônier  du  lycée  de  la  Roche  en  1876  et  curé- 
doyen  de  Ghantonnay  le  23  mars  1879  ;  —  M»*  Blanche  de  Ck>iLUc, 
veuve  du  comte  Henri-Léopold  Potier  db  Pommeray,  officier  supérieur 
de  eavalerie  en  retraite,  décédée  à  Saintes  le  7  avril  ;  —  M.  Tabbé  Louis 
BuRD,  curé  de  Saint- Jean  Liversay  décédé  le  7  avril  dans  sa  72*  année. 
-»  M.  Je  baron  Charles  Lepic,  le  collectionneur  bien  connu,  décédé  à 
Poitiers,  le  12  mai.  Fils  du  général  du  premier  Empire,  le  baron  Lepic 
avait  été  préfet  et  s'était  retiré  à  Poitiers  où  il  était  receveur  général 
en  1871.  —  M  Tabbé  Barthélémy  Robiou,  décédé  à  la  Chaume;  le  12  mai. 

JSHAN  DE   LA    SaVINAYB. 


Vannes.  —  Imprimerie  Eugène  LAFOLYE. 


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NOTES   HISTORIQUES 


SUH  LA 


PAROISSE  DE  CAMPBON 


AVANT  de  commencer  le  dépouillement  des  anciens 
registres  qui  contiennent  les  actes  de  la  paroisse,  nous 
devons  dire  combien  nous  avons  été  surpris  en  cons- 
tatant le  grand  nombre  de  prêtres  qui  Thabitaient  dès  les 
temps  les  plus  reculés  et  jusqu'à  l'époque  de  la  Révolution. 
Nous  trouvons,  en  effet,  jusqu'à  seize  prêtres  habitant  en 
môme  temps  Campbon  et  tous  originaires  de  la  paroisse  où 
ils  se  faisaient  un  honneur  de  rester  pour  desservir  quelque- 
fois une  simple  chapelle.  Ce  grand  nombre  de  prêtres,  la 
plupart  sans  fortune,  nous  fait  connaître  à  lui  seul  l'esprit 
religieux  d*une  population  qui,  par  ses  sacrifices,  avait  su 
leur  assurer,  si  ce  n'est  le  bien-être,  du  moins  Texistence. 

En  comptant  ces  pieux  lévites  dont  quelques-uns  n'attei- 
gnaient même  pas  dans  un  âge  avancé  la  dignité  du  sacer- 
doce ;  en  retrouvant  la  légion  bénie  des  tertiaires  de  Saint- 
François;  en  lisant  avec  émotion  la  vie  si  sainte  et  si 
admirable  du  pieux  ermite  de  Planté,  ces  hommes  d'un  autre 
ftge  qui  n'ont  point  été  démentis  par  la  génération  moderne 
des  prêtres  campbonais,  ni  par  leurs  frères,  les  braves 
défenseurs  de  la  papauté,  nous  nous  rappelions  cette  belle 

T.    VI.    —   DOCUMENTS.    —   VI*  ANNÉE,   4*  LIV.  16 


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236  '  NOTES   HISTORIQUES 

Ipénsée  du  pasteur  :  c  Heureuses  les  paroisses  qui  furent 
.embaumées  par  les  vertus  des  saints  I  » 
•    Les  registres  de  Campbon  remontent  à  1526  et  le  premier 
que  nous  ayons  parcouru,  est  un  registre  de  Baptêmes  qni 
contient  les  actes  rédigés  depuis  cette  époque  jusqu'à  1560. 

1526.  —  Voici  les  noms  des  prôtres  que  nous  trouYons,  en  tôte  de 
ce  registre  qui  est  entièrement  écrit  en  latin  :  MM  Jelian  Caiilon, 
Mathurin  Legrand,  Jelian  Belain,  Yves  Becigneul,  Jan  Robin^  René 
Château,  M.  Boudet,  Jan  Gérard,  Jacques  Raoul,  J.  Mesnagier. 

Le  premier  baptême  à  noter  est  celui  de  Anne  Paraiau.  fille 
de  noble  Pierre  Paraiau,  s'  du  Guynio,  et  de  noble  demoiselle  Ber- 
tranne  de  la  Rivière,  son  épouse  ;  compère  :  Noble  Gilles  Cybouault, 
8'  de  Trégaret  ;  commères,  noble  demoiselle  Anne  de  Guémadenc 
épouse  de  noble  Olivier  de  Lanvauz,  et  noble  demoiselle  Françoise 
Baye,  flUe  de  noble  Pierre  Baye,  seigneur  de  Ck)islin.  —  Signé  :  J. 
Robin  prôtre. 

1528.  —  Le  dernier  jour  de  mars,  fut  baptisé  Jan  de  Saint-Aubin, 
flls  de  noble  Rolland  de  Saint- Aubin,  s' de  la  Morandays  et  de  noble 
demoiselle  Marguerite  Desbouchaux,  son  épouse. 

MM.  V.  Chomet  et  J.  Lesiour,  prôtres. 

1529.  —  Le  12  novembre,  fut  baptisée  Marie  de  Saint-Aubin,  fille 
de  Roland  et  de  Marguerite  des  Bouchauz  ;  compère,  noble  François 
Giflr'rd  et  conunères  :  Marie  Jouan,  épouse  de  noble  Pierre  de 
Louédays  et  Jane  Giffard,  non  mariée.  —  Signé  :  J.  Robin,  prêtre. 

M.  J.  Gergaud,  prôtre. 

1532.  --«  Le  26  novembre,  fut  baptisé  Pierre  Paraiau,  fils  de  noble 
Pierre  Paraiau,  s'  du  Guynio  et  noble  demoiselle  Bertranne  de  la 
Rivière,  son  épouse;  compères,  noble Merri  du  Boisgueheneuc,  s' de 
la  Babinays  et  François  de  la  Grée  ;  commère,  noble  demoiselle 
Françoise  de  Beauboays.  —  Signé  :  Gérard,  prôtre. 

M.  J.  Gérard,  prôtre. 

1533.  —  M.  G.  Lemarié,  prôtre. 

1534.  ^  MM.  Rouaud,  Jelian  Feustrard,  prôtres. 

1549.  —  De  1534  nous  passons  à  1549  et  nous  retrouvons  les 
mômes  prôtres,  et  de  plus,  MM.  François  Bourdin  et  P.  Trégueret. 

Le  25  février,  fût  baptisé  Roland  de  Saint- Aubin,  flls  de  noble 
Pierre  de  Saint-Aubin,  s' de  la  Morandays  et  de  Françoise  Giflfard,  son 


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SUR  LA  PAROISSES  DE    CAMPBON*  237 

épouse  ;  FuerurU  compcUres,  noble  Jan  de  la  L...  et  Jan  de  Lan  vaux  ; 
commère,  Marquise  de  Moyres.  —  Signé  :  Bourdin  prêtre. 

1554.  —  MM.  J.  Garnier  et  Pierre  Legentilhomme,  préires. 

1557.  —  MM.  Rigaud  et  P.  Cran,  prêtres. 

Le  W  registre  desTnario^^conunence  en  1566. 

1566.  >»  L'auteur  de  l'intéressant  Registre  de  la  paroisse  de 
Campbon  prétend  que  Missire  François  Boudet,  du  village  de  la 
Gergaudais,  en  Campbon,  fut  nommé  vicaire  perpétuel  de  cette 
paroisse  en  1566,  qu'il  passa  un  acte  de  transaction  avec  le  chapitre 
de  Nantes  et  qu'il  mourut  en  1572. 

Ayant  constaté  que  le  dit  auteur  avait  commis  quelques  erreurs 
de  noms,  nous  donnons  ce  renseignement  sous  toutes  réserves. 

1569.  —  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'en  1569,  dom  Pierre  Bordier 
portait  le  titre  de  vicayre. 

1573.  ^  Missire  Jehan  Gérard  porte  également  ce  titre  ;  l'auteur 
du  lto^û/r«  rappelle  René  Gérard,  il  prétend  qu'il  était  du  village 
de  la  Turpinais  et  qu'il  mourut  au  mois  de  septembre  1576  ;  c'est 
une  erreur. 

1576.  —  Le  lundi  6  août,  furent  espousés  en  l'église  de  Frossay^ 
nobles  gens,  Jan  de  Saint-Aubin,  s' de  la  Tremoussays  et  demoiselle 
Françoise  de  Boayspéan.  -*-  Signé  :  J.  Gérard,  vicaire. 

Missire  Jehan  Quyschon  remplaça  M.  Gérard  comme  Vicaire 
perpéttiel;  il  était  du  village  du  Verger,  en  Campbon,  lequel 
village,  situé  sur  une  hauteur  près  celui  de  la  Baguais^  n'était  pas 
celui  qui  porte  actuellement  ce  nom.  M.  Jehan  Gérard  se  retira  et  ne 
mourut  qu'en  1584. 

M.  Samson  Davy,  prêtre. 

1580.  -r  Un  autre  Jehan  Gérard  signe  comme  Vun  des  vicaires^  ce 
qui  prouve  simplement  que  le  vicaire  perpétuel  était  assimilé  au 
recteur  et  avait  des  vicaires. 

Le  dernier  jour  de  mai,  fut  enterré  en  l'église  de  Campbon,  près 
l'autel  saint  Uicheh  dom  Denys  de  Moayre,  prêtre,  et  fit  l'enterre« 
ment  Missire  Jehan  Gérard. 

1581.  —  Le  24  juin,  fût  enterré  en  l'église,  près  l'autel  saint  Michel, 
noble  homme.  Maître  Pierre  de  Saint-Aubin,  s'  de  la  Morandays,  et 
fit  l'enterrement  Missire  Jehan  Guyschon,  vicaire. 

lA^ZI  octobre,  fut  ensépulturé  en  l'égUse  de  céans,  Missire  Robert 
Morice,  prêtre,  et  fit  l'enterrement  dom  Jehan  Guyschon,  vicaire. 


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238  *  NOTES  HISTORIQUES 

1582.  —  Dom  Pierre  Gaboret,  prêtre.  —  Rolland  Guyschon,  prêtre. 

Le  10  ayril,  fût  enterré  en  Téglise,  le  corps  de  Missire  Pierre  Le 
Gasnier,  et  fit  l'enterrement  Missire  Jehan  Guyschon,  vicaire. 

Nous  constatons  qu'à  l'église  de  Campbon  il  existait  dès  cette 
époque,  une  coutume  bien  touchante  :  chaque  jeune  prêtre  de  la 
paroisse,  et  ils  étaient  nombreux,  tenait  à  célébrer  dans  l'église  de 
son  baptême  et  de  sa  première  communion  la  première  de  ses 
messes  ; 

Le  clergé  de  la  paroisse  lui  faisait  honneur  en  lui  réservant 
presque  toujours  la  messe  paroissiale  du  dimanche  et  en  l'assistant 
comme  diacre  et  sous-diacre. 

Le  29  octobre,  célébra  sa  première  messe  en  l'église  de  Campbon, 
Missire  Jean  Davy,  prêtre,  du  village  du  Brùais.  Signé  :  Guyschon. 
prêtre. 

Le  20  novembre,  célébra  sa  première  messe  en  l'église  de  Campbon, 
Missire  Martin  Audren,  de  la  flrairie  de  la  Fouays^  audit  Campbon. 

Le  pénultième  de  décembre,  fut  enterrée  en  l'église,  chapelle 
Sainte-Marguerite^  Andrée  de  Saint-Aubin,  fille  de  noble  homme 
Jacques  de  Saint-Aubin  et  demoiselle  Julienne  de  la  Noue»  sa  com- 
pagne, et  fit  l'enterrement  le  vicaire  Gérard. 

1584.  —  Dom  Jan  Guyschard,  dom  Jehan  Halgan,  prêtres. 

Le  dernier  jour  de  février,  fut  enterré  en  la  chapelle  de  Notre- 
Dame,  au  bout  de  Tautel,  Missire  Robert  Gérard,  en  son  vivant 
prêtre,  et  fit  l'enterrement  Missire  Jehan  Guyschon,  vicaire. 

Le  17  avril,  fUt  enterré  en  l'église  de  Notre^-Dame,  au  devant  de 
l'autel,  Missire  Jehan  Gérard,  vivant  vicaire  de  Campbon,  décédé  le 
dit,  environ  les  dix  heures  du  matin  et  fut  enterré  environ  les  trois 
heures  du  soir,  et  fit  l'enterrement  Missire  Jehan  Guyschon  vicaire. 

1585.  »  Dom  Jehan  Landays,  prêtre. 

Bn  juillet,  nous  voyons  le  mot  peste  écrit  en  marge,  et,  vis-à-vis, 
quelques  actes  d'inhumation. 

1586.  —  Le  21  octobre,  fut  enterré  en  l'église,  près  l'autel  Saint- 
Michel ,  Jane  de  Saint-Aubin,  fille  de  nobles  gens,  Jehan  de  Saint- 
Aubin  et  Françoise  du  Boispéan,  sa  compagne,  et  fit  l'enterrement 
dom  Jehan  Guischard  prêtre. 

1587.  ^  Le  pénultième  jour  d'août,  fut  enterrée  en  l'église,  près 
l'autel  de  Saint-Michel,  demoiselle  Françoise  du  Boispéan,  vivant 
espouse  dé  noble  homme  Jan  de  Saint-Aubin,  s**  de  la  Morandays. 


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SUR  LA   PAROISSE  DE   CAMPBON  239 

1588.  ~  Le  13  juillet,  fut  inhumé  en  Téglise,  près  Tautel  de  Sainte 
Sébastien^  dom  Michel  Davy,  prôtre,  du  village  de  Brizaia,  et  Ht 
Tenterrement  Missire  Jehan  Guyschon,  vicaire. 

1589.  —  Le  9  janvier,  furent  espousez  en  Téglise  de  Gampbon.  par 
Missire  Jehan  Guyschon,  vicaire,  noble  homme  Jehan  de  Saint* 
Aubin,  s**  de  la  Morandays,  et  demoiselle  Michelle  Michel,  dame  de 
de  la  Pyrotais,  en  deuxièmes  noces. 

1590.  —  Nous  voyons  de  nouveaux  prêtres  : 

Dom  OUivier  Gérard.  —  Dom  François  Poullart.  —  Dom  Vincent 
Paviot.  —  Dom  Morice  Gérard.  —  Dom  Pierre  Trégret. 

1591.  -—  Dom  Marc  Davy.  —  Dom  François  Jamet.  —  Dom  Julien 
Cornu.  —  Dom  Jan  Oheix.  ^  Dom  Pierre  Legentilhomme.  —  Dom 
Robert  Gaillon. 

Le  20  janvier,  furent  espousez  en  l'église  de  Gampbon,  par  Mis* 
sire  Jehan  Guyschon,  vicaire,  noble  homme  Abel  Ghomard,  s'  de 
Bodiau,  et  honnête  ÛUe,  Jehanhe  Halgan,  paroissiens  de  Pontch&tean, 
et  en  premières  noces. 

A  rencontre  de  ceux-ci  qui,  de  Pontchàteau  viennent  se  marier  à 
Gampbon,  nous  verrons  plus  tard,  en  nous  occupant  de  cette 
première  paroisse,  que  beaucoup  d*habitants  de  Gampbon  et 
notamment  des  villages  du  nord-ouest,  tels  que  le  Serry  et 
la  Hirtays^  se  mariaient,  faisaient  baptiser  leurs  enfants  et  se 
faisaient  inhumer  dans  l'église  de  Pontch&teau. 

1592.  —  Dom  Jehan  Boudet.  —  Dom  Guillaume  Davy,  prêtres. 

Le  24  octobre  fut  enterré  en  l'église,  devant  l'autel  Saint^Michel, 
Jehan  de  Saint-Aubin,  fils  de  noble  homme  Jehan  de  Saint  Aubin,  et 
de  Michelle  Michel,  sa  compagne,  et  fit  l'enterrement  dom  Marc  Davy. 

Le  27  octobre,  fut  enterré  au  même  lieu,  Rolland  de  Saint-Aubin 
fils  des  mêmes. 

Le  8  novembre,  fut  enterré  en  l'église,  Gilles  de  Saint-Aubin,  fils 
de  nobles  gens,  Jacques  de  Saint-Aubin  et  Julienne  Michel,  sa  com- 
pagne. 

1593.  —  Le  dimanche,  24  janvier,  Missire  René  Le  Bonnier  célébra 
i^premièTe  messe  en  l'église  parochiaile  de  Gampbon,  à  l'autel  de 
Notre^-Bame. 

Le  dimanche  5  septembre,  Missire  Guillaume  Mahaud  célébra  sa 
vremière  messe  en  l'église  de  Gampbon. 

Le  dimanche  10  octobre,  Missire  François  Gaillon  célébra  sa  pre- 
mière messe  en  la  dite  église. 


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240  NOTES  HISTORIQUES 

15W.  —  Dom  Vincent  Feustrard,  prôtre. 

1596.  —Le  dimanche  !•»  septembre,  jour  de  Saint  Victor^  Missire 
Denys  Bécigneul  célébra  sdk  première  messe  en  Téglise  de  Campbon. 

Le  dimanche  22  septembre,ftirent  espousés  en  la  chapelle  du  chasteau 
de  Coislin,  en  Campbon,  par  permission  du  grand  vicaire  de  Mr*  rs- 
TÔque  de  Nantes,  escuyer  Claude  de  Kermeno,  s'  de  Brebet  et  de  la 
Pepelays,  et  demoiselle  Perronnelle  du  Gambout,  dame  de  la  Haye, 
niepce  de  M<'  du  Gambout  ;  le  dit  Claude,  paroissien  de  Notre-Dame 
de  Guérande,  et  la  dite  Perronnelle,  paroissienne  dé  Mauron,  tous 
deux  en  premières  nopces,  par  missire  Jehan  Ouyschon,  rie.  de 
Campbon. 

Le  27  octobre,  missire  Denys  Davy,  prôtre,  du  village  de  la  Téri" 
nais,  célébra  sdk première  messe  en  l'église  de  Campbon. 

1597.  —  Le  31  mars^  fut  enterré  en  l'église,  chapelle  de  Monsieur 
saint  Jean,  missire  Jan  Landays,  prêtre,  et  ût  l'enterrement  dom 
Jehan  Ouyschon ,  vicaire. 

Dom  Guillaume  Mahaud,  prêtre. 

1598.  —  Dom  Nicolas  Turpin,  prêtre. 

Missire  Nicolas  Turpin  célébra  sa  première  messe  en  l'église  de 
Campbon,  le  dimanche  sixième  jour  de  septembre. 

Missire  Jean  Foureau  célébra  sa  première  messe  en  l'église  de 
Campbon,  le-  dimanche  13  septembre  ;  l'assistèrent  comme  diacre 
et  sous-diacre,  Missire  René  Gasnier,  religieux  et  gardien  da 
couvent  de  Saint  François  de  Savenay,  et  Jehan  Guyschon,  vicaire 
de  Campbou. 

Le  dimanche  20  septembre.  Missire  Denys  Sourget  célébra  sa  pre- 
mière messe  en  l'église  de  Campbon. 

Le  dimanche  4  octobre,  Missire  Jacques  Orain  célébra  sa  première 
messe  en  l'église  de  Campbon. 

1600.  —  Le  jeudi  gras,  10  février,  furent  espcusez  en  l'église  de 
Campbon,  par  missire  Jan  Guyschon,  vicaire^  noble  homme  René  de 
Saint-Aubin,'  et  demoiselle  Jehanne  de  la  Pouôze»  dame  du  Guynio  ; 
le  dit  Saint-Aubin  en  premières  noces  et  la  dite  de  la  Poudze,  en 
deuxièmes. 

Le  14  novembre,  fut  enterré  en  l'église,  devant  l'autel  de  Saint 
Michel,  demoiselle  Bertranne  de  Saint*Aubin,  fille  de  noble  écuyer 
René  de  Saint- Aubin  et  demoiselle  Jehanne  de  la  Poudze  ;  et  fitTen- 
terrement  dom  Jehan  Boudet. 

1603.  »  Au  mois  de  septembre,  nous  voyons  en  marge  du  registre 
des  enterrements  cette  note  sinistre  :  peste. 


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SUR  LA  PAROISSE  DE  CAMPBON  241 

Le  27  noyembre,  fut  enterrée  en  Téglise,  devant  Tautel  de  Saint 
Michel,  Françoise  de  Saint-Aubin,  flUe  de  noble  homme  René  de 
Saint-Aubin,  s'  dp  Guynio;  et  fit  Fenterrement  dom  Rolland 
Guyschon. 

1604. —  Le  11  mai,  fut  enterré  Philippe  de  Saint-Aubin,  s'  delà 
Tremoussaye,  mari  de  demoiselle  Roberte  Qamier. 

1605.  —  Le  l**  juin,  fiit  enterré  en  l'église,  chapelle  Saint'^ean, 
Missire  Georges  Moriceau,  prêtre,  et  fit  Fenterrement  dpm  Jehan 
Guyschon,  vicaire. 

Le  dernier  jour  de  novembre,  jour  de  fôte  de  Monsieur  Htint 
André,  fût  enterré  en  Téglise,  chapelle  de  Notre-Dame,  Missire  Pierre 
Tregueret,  et  fit  l'enterrement  dom  Rolland  Guyschon. 

Le  22  décembre,  fut  enterré  en  l'église,  chapelle  Notre-Dame^ 
Missire  François  Poullard,  prêtre,  et  fit  l'enterrement  dom  Rolland 
Guyschon. 

1607.  —  Le  22  août,  fut  enterré  près  l'autel  de  Saint-Michel,  noble 
homme  Jan  de  Saint-Aubin,  s'  de  la  Morandays,  et  fit  Tenterrement 
dom  Rolland  Guyschon. 

Le  dernier  jour  de  septembre,  fût  enterré  au  même  lieu  noble 
homme  René  de  Saint-Aubin. 

1608.  —  Dom  Jacques  Orain,  prêtre  depuis  dix  années,  signe  au 
registre  de  la  paroisse. 

Le  26  avril,  fut  enterrée  en  l'église,  demoiselle  Jane  de  la  Pouôze,' 
dame  du  Guynio,  et  fit  l'enterrement  dom  Rolland  Guyschon. 

1611.  *  Dom  Denys  Sourget,  prêtre,  signe  au  registre. 
Dom  François  Leduc,  prêtre. 

1612.  —  Le  14  avril,  fut  inhumé  en  l'église  de  céans,  près  l'autel 
de  Saint'Jacques,  Missire  Jan  Halgan  prêtre,  et  fit  l'enterrement 
Missire  Jan  Guyschon  vicaire. 

1613.  —  Le  dimanche  27  octobre,  Missire  Robert  Caillon  dit  et  célé- 
bra sa  première  messe  en  l'église  de  GamphoUi 

1614.  ^  Le  dimanche  14  septembre,  Missire  Robert  Nourisson  célé- 
bra sa  i?r«mtéremM«6  en  l'église  de  Gampbon, 

1616.  —  Le  dimanche  21  août,  Missire  Jan  Guyschon  le  jeune, 
nepveu  de  Missire  Jan  Guyschon.  vicaire  de  Campbon,  célébra  sa 
première  messe  en  l'église  de  Campbon.  St  fit  diacre,  Missire  Jan 
Fouré,  rectenr  de  Quilly  et  subdiacre,  Missire  Rolland  Guyton, 
8' de  BoIsjoUy.  Et  assistait  à  la  messe  vénérable  et  discret  Missire 


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242  NOTES  HISTORIQUES 

Julien  Pageot,  chanoine  de  l'église  de  Saint-Pierre  de  Nantes, 
lequel  était  revêtu  d^une  chappe  pour  assister  ledit  Guysehon^ . 

*  Metsire  Julien  Pageot  était  un  ancien  acteur  de  Téglise  de  Savenay. 

Le  même  Jour,  Ait  représentée  une  célèbre  histoire  morale  intitulée  : 
Le  Monde^khnït  personnes  âgées,  et  fut  jouée  àd^nslaprée  de  la 
prieutée^  a  a  pignon  du  presbytère  du  dit  Gampbon.  Signé  :  Jean 
Guyschon.  vicaire. 

Le  Jeudi  24  novembre,  furent  espousez  en  la  chapelle  du  Guynio, 
paroisse  de  Gampbon,  par  Missire  Pierre  de  Saint-Aubin,  fiscuyer 
Charles  de  Saint  Aubin,  s' du  Serric  et  demoiselle  Françoise  de  Saint- 
Aiibin.  dame  de  la  N...  en  Pontch&teau,  tous  deux  en  premières 
noces.  Signé  :  Pierre  de  Saint-Aubin. 

1619.  *  Les  dimanches  25  août,  l**  septembre  et  15  septembre, 
Missires  Louis  Meignen,  Julien  le  Painturier,  etRolland  Charpentier, 
célébrèrent  leurs  premières  messes  en  l'église  de  Gampbon. 

1023.  —  A  cette  époque,  Missire  Jehan  Guyschon,  neveu,  est 
recteur  de  Sèvèrac  et  Missire  Rolland  Guyschon,  frère  du  vicaire, 
est  recteur  de  Qitenrouêt. 

Le  dimanche2  Juillet,  Missire  Jean  Guyschon  (autre  neveu  peut- 
être?)  célébra  à  haute  voix  sa  première  m^se  en  Téglise  de  Gampbon. 

1629.  —  M.  J.  Gorgat,  vicaire. 

1630.  —  Le  12  juillet,  nos  trouvons  Missire  Pierre  Souvraye, 
vicaire  perpétuel  de  la  paroisse  de  Campbon, 

Missire  Pierre  Rouvraye  était  originaire  de  la  paroisse  de 
Moranrîes,  au  diocèse  d*Angers.  ~  Ce  nouveau  vicaire  ayant  pris 
rhabitude,  que  conservèrent  plusieurs  de  ses  successeurs,  de  signer 
tous  les  actes,  il  nous  sera  assez  difQcile  de  connaître  pendant  ce 
temps  les  noms  des  prêtres  de  la  paroisse. 

Le  17  novembre,  furent  espousez  en  la  chapelle  de  Guinyo,  par 
dom  Rolland  Charpentier,  escuyer  Guy  de  Saint-Aubin,  s'  de  la 
Morandays,  et  demoiselle  Guyenne  Gouôre.  de  la  paroisse  de 
Pontchàteau.  Signé  ;  R  Charpentier,  Rouvraye,  vicaire  perpétuel. 

1634.  —  Le  27  août,  furent  appliquées  par  moi  soussigné,  en  lacha- 
pelle  du  ch&teau  de  Coislin,  les  cérémonies  du  sacrement  de  baptême 
à  un  enfant  masle,  ûls  de  Messire  Charles  du  Cambout,  chevalier  des 
ordres  du  fLoy^  gouverneur  pour  Sa  Majesté  des  ville  et  ch&teau  de 
Brest  et  i9on  lieutenant  en  Baçse-Bretagne,  seigneur  du  Gambout 
et  Campbon,  baron  de  Pontchasteau,  et  dame  Philippe  de  Bourges, 
son  espôuse,  lequel  enfant  naquit  le  20  janvier  dernier  ;  a  été 
no  m  in- j  au:  pùrJTio.iiGS 'le  ce  jo\xv,  Sébaslien^Joseph^   par  Messire 


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Sébastien  de  Rosmadec,  chevalier  de  i*ordre  du  Roy,  seigneur  du 
Plestô9-4o8seau«  riQspinay,  etc.  et  par  dame  Marie  de  Carheil,  espouse 
de  Moisire  Hiérosiiie  du  Cambout,  clievalier  de  Tordre  du  Roy,  sei- 
gneur du  Gambout  et  de  Carbeil^ 

Signé  :  Sébastien  de  Rosmadec  :  Marie  de  Garheil  ;  Charles  du 
Gambout  ;  René  de  la  Noue,  abbé  de  Saint-Gildas  ;  Philippe  de  Burge 
(sic)  ;  Hiérosme  de  Gambout  ;  François  du  Gambout  ;  Marguerite  du 
Gambout  ;  Rouvraye.  vicaire  perpétuel  de  Gambon. 

1635.  —  Le  29  mars,  furent  par  moi,  vicaire  perpétuel  de  Campbon, 
soussigné,  espousez  en  la  chapelle  àQ^aint'^Yictor  de  Gamp- 
bon,  noble  homme  Michel  Provins,  sieur  de  FEspine,  de  la  paroisse 
Saint-Léonard  de  Nantes,  et  demoiselle  Jane  de  Moayre,  dame  des 
Mestayries,  de  la  paroisse  de  Gampbon  ;  en  présence  de  Missire  Jan 
Feustrard,  prêtre,  et  Messire  Jan  Bécigneul,  notaire.  Signé  :  Rouvraye  • 

1636.  —  Le  12  octobre,  Missire  Guillaume  Sourget  célébra  sa 
vi^^mière  messe. 

Le  19  décembra,  Missire  Aubin  Griaud  célébra  sa  première  messe 
en  la  chapelle  de  Saint^MicheL 

1637.  —  Les  19  avril  et  21  mai,  Missires  René  Davy,  du  Champ-- 
Robert  et  François  Gaillon^  célébrèrent  leur  première  messe. 

1638.  —Le 25  juin,  au  baptême  de  François  Guyschon,  fils  de 
Robert  Guyschon,  procureur  fiscal  de  Gampbon,  le  parrain  fut» 
illustrissime  Messire  François  du  Gambout,  abbé  de  Pont-Ghasteau* 
de  la  Yieuville,  de  Saini-Gildas-des-Bois,  etc'.  et  la  marraine, 
demoiselle  Marie  de  Saint-Aubin,  non  mariée. 

1639.  ~  Le  registre  des  enterrements  signale  une  af&euse  épidé- 
mie à  partir  du  mois  de  septembre.  Pendant  le  mois  d'octobre  nous 
comptons  cent  quarante  enterrements  et  Jusqu'à  sept  dans  un  jour. 
En  novembre,  le  chiffre  des  décès  tombe  à  cinquante-trois. 

Le  27  novembre,  fut  enterré  en  Téglise,  Missire  Guillaume  Davy, 
prêtre. 

1640i  —  Voici  les  noms  des  prêtres  que  nous  trouvons  alors  à 
Gampbon.  * 

Pourvu  dès  son  bas  âge  de  Tabbaye  de  Saini-Gildas-des-Bois  et  de  celui 
de  Geneston,  il  mourut  le  27  juin  1690.  Sa  mort  fut  comme  sa  vie,  celle 
d'un  janséniste.  (Dugast-Matifeux,  Nantes  ancien  et  le  pays  nantais,) 

'  François  du  Gambout,  fils  de  Charles  et  de  Philippe  de  Beurges,  abbé  de 
la  Yieuville  et  de  Saint-Gildas-des-Bois,  renonça  h  Tétat  ecclésiastique  auquel 
on  Pavait  destiné  dans  sa  jeunesse  et  devint  baron  de  Pontchàteau. 

(Abbé  GuiLLOTiN  DE  CoRsox,  Pouillé  historique  de  Varcheioêehéde  Rennes, 


Mlf.  Julien  Robin.  —  Guillaume  Sourgret.  —  Robert  Caillon.  — 
Mare  Davy.  —  Jean  Feustrard.  —  Jean  Obeiz.  —  François  Caillon. 

Le  2  juillet.  Misaire  Ytes  Mabilais  célébra  sa  première  messe  et 
Messieurs  les  Recteurs  de  Saint-Etienne-de-Mont-Luc  et  de  la  Cha- 
pelle-Launay  firent  diacre  et  sous-diacré*. 

1641. —  Le  l^^août^  au  baptdme  de  Sébastien  Grésil,  le  parrain 
Alt  illustre  Messire  Sébastien  du  Gambout^  abbé  de  Pontehasteau, 
fils  de  haut  et  puisssant  Messîre  Charles  du  Gambout»  baron  de 
Pontehasteau,  chevalier  des  ordres  du  Roy^  gouyem^ir  pour  Sa 
Majesté  des  rille  et  château  de  Brest  et  son  lieuima&t  eo  Basse- 
Bretagne,  et  la  marraine  demoiselle  Marquise  de  Saint-Anhifi»  fille 
d*Escuyer  Guy  de  Saint-Aubin,  s'  de  la  Morandaye.  —  Signé  :  Sé- 
bastien du  Cambout,  Marquise  de  Saint-Aubin,  Rouvraye. 

1643.  —  Le  2  novembre,  fût  enterré  en  la  chapelle  de  ^otre-ïkime^ 
le  corps  de  déAint  Missire  Robert  Nourrisson,  prêtre,  du  village  de 
la  Richardais.  —  Signé  :  Rouvraye. 

1644.  —  Le  15  mars,  fût  baptisé  César,  fils  de  Messire  Michel 
Provins,  s**  de  TEspine,  et  demoiselle  Jane  de  Moayre,  son  espouse. 

Le  lundi  25  avril,  Missire  Marc  Davy,  prôtre,  né  et  baptisé  à  pareil 
Jour,  en  1559,  lequel  avait  célébré  sa  première  messe  le  24  novembre 
1585,  âgé  de  84  ans,  célébra  encore  à  haute  voix  la  messe  paroissiale 
à  Campbon. 

Le  18  mai,  fût  enterré  en  la  chapelle  de  Notre-Dame,  le  corps  de 
Messire  Pierre  Meignen,  s' de  la  Plumetays,  notaire. 

Le  30  Juin,  fat  baptisé  par  Missire  Jean  Feustrard,  prêtre,  Julien, 
fils  d'escuyer  Louis  de  TEspinay,  s'de  la  Pâtissière  et  demoiselle  Marie 
de  Saint-Aubin,  son  espouse  ;  parrain,  Messire  Julien  Le  Gallègre, 
S'  du  Bois-Guignardais,  et  marraine,  demoiselle  Julienne  Rogon, 
espouse  d'escuyer  Claude  de  Lesquen,  s' du  Pessis-Cabeno.  --  Signé  : 
Julien  Le  Gallègre,  Julienne  Rogon,  Claude  de  Lesquen^  Pierre  Le 
Guennec,  Jande  Saint-Aubin, Guy  de  Saint-Aubin,  Jan  Rogon,  Louis 
de  FEspinay,  Rouvraye,  etc. 

Les  5  mai  et  3  juillet,  Missires  Jean  Guillier  et  Yves  Dallibert 
célébrèrent  leur  première  messe  en  Téglise  de  Campbon. 

Missire  Yves  Dallibert  exerce  les  fonctions  de  vicaire. 

1645.  —  Le  25  Juillet,  fût  enterré  dans  la  chapelle  de  Notre-Dame, 
le  corps  de  défunt  Missire  Marc  Davy,  prêtre,  âgé  de  85  ans,  par 
Missire  Pierre  Yver,  prôtre. 

*  MM.  Pierre  Loujtre  et  Pierre  Bellain. 


1646.  —  Le  22  novembre,  Missire  Pierre  Morand,  de  Bondée,  célé- 
bra sa  première  mesae  en  la  ebapelle  de  aaint^Lomer,  paroisse  de 
Campbon,  en  prôsenœ  de  Missires  Pierre  Rouvraye,  Guillaume 
Sourget,  Yves  Mabilais,  etc. 

Le  8  décembre,  fat  enterré  dans  l'église  de  Gampbon,  chapelle  de 
Notre-'Dame,  près  Fautel  de  Saint-Michel,  le  corps  de  dame  Cathe- 
rine Giffard,  veuve  de  Messire  Louis  de  Gonigan,  chevalier  de  Tordre 
du  Roy^  seigneur  de  Redon»  laquelle  décéda  à  la  maison  de  la 
Clartière,  près  Machecoul.  Signé  :  Rouvraye. 

M.  Jacques  Guischard,  prêtre. 

1647.  —  Le  20  octobre,  Missire  Jean  Tregret  célébra  sa  première 
messe  en  l'église  de  Campbon. 

1648.  —  Le  4  mars,  sur  les  deux  heures  après  minuit,  décéda  au 
ch&teau  de  la  Bretesche*,  haut  et  puissant  Missire  Charles  du  Cambout, 
baron  de  Pontchftteau  et  de  la  Roche*Bernard,  marquis  de  Coislin, 
seigneur  du  Cambout,  etc.,  chevalier  des  ordres  du  Roy,  gouverneur 
pour  Sa  Majesté  des  villes  et  château  de  Brest  et  son  lieutenant  en 
Basse-Bretagne,  &gé  de  71  ans.  Le  corps  fut  ensépulturé  le  lende- 
main en  l'église  de  Missillac,  parochiale  du  ch&teau  de  la  Bretesche. 
par  le  s'  Recteur  de  Guer,  évôché  de  Saint-Malo,  oh  assista  le 
soussigné  avec  MM.  les  prêtres  de  Campbon.  —  Signé  :  Rouvraye. 

1648.  ~  Le  12  mai,  ftirent  conjoints  au  mariage,  par  moi  sous- 
signé, escuyer  Jean  de  Saint-Aubin,  s'  de  la  Marandays,  dew 
paroisse  de  Crossac,  et  demoiselle  Perronnelle  de  Saint-Aubin,  dame 
de  la  Pinsonnière.  de  cette  paroisse.  Signé  :  Rouvraye,  curé. 

1649.  —  Le  20  novembre,  furent  conjoints  au  mariage  en  la 
chapelle  de  Guinyo,  en  Campbon,  par  moi  recteur  de  Campbon, 
escuyer  Pierre  Loysel  (où  Loaisel),  seigneur  de  Crossac,  et  |demoi- 
jselle  Marquise  de  Saint-Aubin,  fille  d'escuyer  Guy  de  Saint-Aubin 
et  dame  Guyenne  Gouére,  sa  femme  ;  en  présence  de  M.  le 
marquis  d*Assérac,  de  Madame  la  marquise,  son  épouse,  de  M.  de 
Cadouzan,  conseiller  au  Parlement  de  Bretagne,  de  M.  de  Goagnet,  etc. 
Signé  :  Rouvraye. 

1650.  —  Le  7  avril,  Missire  Robert  Guyschon  célébra  sa  première 
messe  en  l'église  de  Campbon,  étant  pourvu  de  la  cure  de  Saint- 
Gildas-des-Bois  ;  y  assistaient  :  Missire  Yves  Mabilais,  prêtre,  cousin 

*  En  Missillac,  c*était  le  château  de  la  baronnie  de  la  Roche-Bernard. 
(De  Cornalier,  dictionnaire  des  terres  et  seigneuries  de  Vancien  comté 
nantais.) 


germain  du  dit,  prieur  de  la  Bouvre  en  Saint-Pierre  de  Bouguenais 
et  de  Taumônerie  de  Campbon.  Signé  :  Rouvraye. 

Le  5  septembre,  furent  reçus  à  la  bénédiction  nuptiale,  par  Missire 
René  Giotin,  prôtre  vicaire  de  Sarenay ,  en  la  chapelle  de  SainUArmel^ 
escuyer  René  de  Saint-Aubin,  s'  du  dit  lieu,  et  demoiselle  Julienne 
de  l'Estourbeillon,  fille  d*escuyer  Bertrand  de  rEstourbeillon,  s' de 
la  Hunaudière,  paroissien  de  Savenay. 

Le  5  octobre,  fût  enterré  dans  Téglise.  devant  l'autel  de  SairU^ 
Michel^  le  corps  de  défunt  escuyer  François  de  Saint-Aubin,  s'  de  la 
Trémoussaye,  de  la  paroisse  de  Montoir,  décédé  au  lieu  noble  de  la 
Chaussée^  en  la  paroisse  de  Lavau,  le  jour  précédent. 

Le  7  novembre,  furent  conjoints  en  mariage  en  Téglise  paroissiale 
de  Campbon,  par  moi  recteur  soussigné,  écuyer  François  de  Saint- 
Aubin,  s' de  la  Chataignerais,  fils  de  feu  écuyer  Charles  de  Saint- 
Aubin,  s*"  du  Serry  et  demoiselle  Françoise  de  Saint- Aubin,  paroissien 
de  Campbon,  et  demoiselle  Antoinette  Qouôre,  fille  des  défunts,  es- 
cuyer Qeorges  Qouôre,  s**  de  Béac  et  demoiselle  Renée  Danisy,  pa- 
roissienne de  Montoir  ;  en  présence  d'escuyer  Quy  de  Saint-Aubin  ; 
escuyer  René  de  Saint-Aubin,  s*"  du  dit  lieu  ;  demoiselle  Olive  Loysel, 
veuve  d'escuyer  François  de  saint  Aubin,  y  de  la  Trémoussaye,  etc. 

1651.  —Le  dernier  jour  de  janvier,  décéda  Missire  Pierre  Morand, 
prêtre,  du  village  de  itomîée,  né  le  14  janvier  1620,  et  célébra  sa 
première  messe  le  22  novembre  1646,  et  son  corps  fut  ensépuituré  le 
1*  février  en  la  chapelle  de  Notre-Dame,  à  côté  de  l'autel.  Signé  : 
Rouvraye. 


(A  suivre). 


Dubois  de  la  Patellière. 


GENEF 


En  classant  < 
Tancien  marqi   i 
a  été  donné  de 
rieuses  d'un  d( 
lution  dont  b( 
fluence  néfasi 
cules,  quand  il. 
Sabatier,  Taub 
tionnaire  féroc  , 
et  réalisa  comi 
des  plus  bas  fc 
régénérer. 

«  A  côté  de  Cl 
de  Noirmoutiei  ■ 
sant  travail  sui 

«  La  Commission 
François  Piet.  Ce  i 

•  La  Justice  rétv 
Cour  de  Paris,  pubi 


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248  DEUX  LETTRES  INÉDITES 

xiliaire  ridicule,  le  général  Sabatier-Libre,  que  François  Piet, 
nous  a  fait  connaltre^  «  Le  général  Sabatier  (de  Técoie  des 
Léchelle^  des  Rossignol,  des  Ronsinjétait  un  ancien  guichetier 
des  prisons  de  Nevers,  dit  :  Mutius-Scevola^  dit  :  Sabatier' 
Libre,  plus  connu  sous  le  nom  de  général  Là  où  Là,  Ce  sobri- 
quet lui  était  venu  de  son  cachet  où  Ton  voyait  gravés  :  La 
Liberté  et  la  Mort  et  entre  ces  deux  figures,  ces  mots  :  Là  où 
Là,  Il  portait  en  outre  le  portrait  de  Robespiere  en  miniature 
et  le  baisait  en  discourant  à  la  tribune  du  Club.  Sur  la  grande 
place  de  Noirmoutiers,  il  fit  élever  une  montagne  en  face  de 
sa  demeure;  tous  les  habitants  y  travaillèrent  et  jusqu'aux 
femmes.  —  Mais  la  nouvelle  du  9  thermidor  arriva  et  aussitôt 
Là  où  Là  se  rendit  au  Club  déclamer  contre  Robespierre  et 
publiquement  brisa   son  portrait.  » 

Ces  quelques  lignes  suffiront  à  peindre  Thomme  et  les 
deux  lettres  inédites  que  nous  transcrivons  ici,  ne  pourront 
que  fbiire  ressortir  encore  le  caractère  grotesque  de  ce  sin- 
gulier général. 

G^''  Régis  oe  L'Estourbeillon. 


>  Recherches  historiques  sur  Vlsle  de  Noirmoutiers,    par   François  Piet, 
1863. 


uigitizea  Dy 


Goo^ 


DU   GÉNÉRAL  SGÉVOLA  8ABAT1ER 


249 


I. 


Aux  officiers  municipaux  de  tlsle  la  Montagne  à  Vlsle  la 

Montagne. 


RÉPUBLIQUE 

Soyons  unis 

Liberté 

Française 

*  Nous   SERONS 

Egalité 

— 

Invincibles 

'.^ 

ARMÉE  DES  COTES  DE  BREST 

Ail  quartier  général  de  Vhle  de  la  Montagne,  le  septième  jour 
du  mois  de  fructidor,  Van  deuxième  de  la  République  fran- 
çaise, Une  et  Indivisible. 


Le  gtaAral  Sabatier  aux  officiera  municipaux  de  l'Isle  la 

Montagne. 


Citoyens» 

Je  viens  de  recevoir  votre  lettre  dans  laquelle  vous  m'instruisez 
des  abus  qui  se  commettent  Journellement.  Je  vous  préviens  que 
je  vais  de  concert  avec  le  commandant  de  place,  faire  arrôter  les 
délinquans  de  quelques  grades  qu'ils  soient.  Vous  pouvez  compter 
sur  mon  républicanisme  et  mon  zkle  à  seconder  vos  vues  qui  sont 
les  miennes  et  celles  de  tout  bon  républicain.  Dès  aujourd'hui,  les 
officiers  de  mon  Btat-Major  vont  faire  leur  ronde  pour  le  maintien 
du  bon  ordre  et  pour  trouver  les  fautifs. 

Salut  et  Fraternité, 
Le  général  commandant  la  force  armée^ 

SCÉVOLA  Sabatibr, 
Libre. 


250  DEUX  LETTRES  INÉDITES  OU  GÉtiÉhAL  SCÉVOLA  SABATIER 


n. 


RÉPUBLIQUE 

Soyons   unis 

Liberté 

Française 

Nous    SERONS 

Egalité 

— 

Invincibles 

.... 

ARMÉE  DES  COTE&  DE  BREST 

Au  quartier  général  de  Vlsle  la  Montagne  y  le  quinzième  jour 
de  fructidor,  Van  deuxième  de  la  République  française. 
Une  et  Indivisible. 


CrroTENS, 

La  femme  du  directeur  des  Postes  aux  lettres,  connu  (sic)  de 
vous  comme  de  tous  les  bons  citoyens,  se  permit  de  dire  à  la  senti- 
nelle, en  réi>once  (sic)  d'une  lettre  que  j'avais  écrite  &  son  mary, 
qu'elle  ce  foutoit  (sic)  du  général  comme  de  lui.  Je  demande, 
citoyens,  qu'elle  soH  incarcérée  pour  huit  jours  et  qu'il  soit  enjoint  à 
son  mary  de  n'avoir  d'autre  commerce  sur  la  barque  de  poste  que 
celui  des  lettrçs.  J'ose  espérer  que  vous  voudrez  bien  réformer  sur 
le  champ  de  semblables  insubordinations  et  que  vous  daignerez  me 
le  prouver  par  une  prompte  reponce  (sic)  et  me  vitter  (sic)  de 
prendre  d'autres  mesures. 

Salut  et  Union, 
Le  général  de  brigade  commandant  ta  force  armée. 

SCÉVOLA  SABATISR. 

Libre. 


i 


CHRONIQUE 


BRETAGNE. 


Le  progùs  de  Jehanne  la  pugblle.  ^  Un  des  plus  intéressants 
ouvrages  que  nous  ayons  à  signaler  à  nos  lecteurs  parmi  les  publications 
récemment  parues  est  sans  c  ontredit  :  Le  Procès  de  Jehanne  la. 
Puce^Ze,  \olame  de  documents  inédits  des  plus  corieux^  qae  vient  de 
publier  à  Saint-Brieuc,  cbez  l'éditeur  L.  Prndhomme,  M.Tabbé  du  Bois 
de  la  Villérabel,  secrétaire  de  l'Evéché.  C*e<%ten  Italie  que  notre  savant 
compatriote  a  eu  la  bonne  fortune  dp  découvrir  ce  manuscrit  qui  a 
successivement  appartenu  au  pape  caaoniste  Clément  XIV  et  à  l'uni- 
versité de  Bologne. 

Ecrit  en  vieux  français,  il  porte  la  date  de  1569  et  lut  copié  à  cette 
époque  pour  le  cardinal  d'Armagnac,  par  un  de  ses  scribes.  Avant  la 
Révolution,  la  France  possédait  deux  manuscrits  à  peu  près»  semblables, 
Tun  appartenant  à  la  bibliothèque  de  Soubise,  l'autre  à  celle  de  M,  de 
Paulmy.  Ces  deux  documents,  qui  disparurent  pendant  le  pillage  ré< 
volutionnaire,  avaient  été  lus  peu  de  temps  avant  par  M.  de  TAverdy, 
conservateur  de  la  bibliothèque  du  roi,  et  il  les  jugea  d'une  telle  im- 
portance pour  l'histoire  de  Jeanne  d'Arc,  qu'il  en  publia  une  partie  dans 
son  ouvrage  :  Manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  Roi, 

'  In-8«  6-2ti  p.  caractères  elzéviriens.  Saint-Brieuc,  imp.  Prud'homme. 
T.    VI.    —   DOCUMENTS.  —   Vl«   ANNÉE   4*   LIV.  17 


HffiS-- CHRONIQUE 


I 


La  partie  do^mentaire  de  l*oavrage  qui  vient  de  paraître  est  divisée 
-'  ainsi  :  La^GtOffr^d^  /e/ianne,  sorte dVntrocTucf tan  originale^  d'allare 
i  très  renaiss&nce  ;  Ùfief  récit  de  sa  vie^  biographie  rapide  de  Jeanne 
'  d'Arc  ;  —  Procès  de  condempnation,  résumé  de  riastromeot  latin 
de  la  Bibliothèque  nationale,  publié  par  Qnicherat  en  1840  ;  —  Ven- 
quête  de  Guillaume  Bouille,  qui  fut  le  premier  essai  de  réhabilitation 
de  notre  sainte  ;  —  L'opinion  de  Messire  Paul  du  Pont,  savant  jn- 
ricoûsulte  italien,  venu  à  la  suite  du  cardinal  d'Estouteville,  lors  de  sa 
légation  ea  France  ;  —  L'opinion  de  Messire  Théodore  de  Lellis, 
dee  Audit^rs  de  la  Rote,  consultation  d'un  membre  éminent  du  tri- 
bunal de  la  Rote  venu  en  France  également  à  la  suite   du  cardinal 
d'Estouteville  ;  —  Uopinion  de  MeBsire  Pierre  L'Hermite  abrégé 
d'une  consultation  du  doyen  du  chapitre  de  Saint-Martin  de  Tours  ; 
enfin,  La  sentence  de  réhabilitation,  traduction  en  vieux  français  de 
l'instrument  latin  de  la  Bibliothèque  nationale  publié  par  Quicherat. 
Le  tout  sous  le  titre  très  curieux  que  voici  : 

Transompt  du  procès  de  JehannelaPucelle. 

qui  esta  le  siège  des  Anglais  de  devant  Orléans  ;  fit  couronner  et  sacrer 
Gharles/Hoy  de  France,  et  puis,  prinse  par  les  Anglais,  la  firent  brasier 
injustement  à  Roan.  Et  depuis,  par  les  commissaires  apostoliques,  dé- 
clarée fille  de  bien  et  innocente  des  hérésies  à  elle  injustement  im- 
nropérées. 

A  commencé  d'extraire  d'un  livre  vieulx  escrit  en  parchemin  et  bêle 
lettre  à  la  main,  et  bien  illuminé  avec  images  At  figures  adaptées  as 
fkict,  et  couvert  de  velours  bleu  semé  de  fleurs  de  lys  de  soye  janloe, 
qui  fut  donné  à  Monsieur  le  cardinal  d'Armagnac  ces  jours  passés,  le 
jour  de  Notre-Dame  XXV"«  de  mars  M.D.LXIX. 

Le  Château  de  Fougères  et  ses  seigneurs.  —  Les  Anglais 
.voyagent  beaucoup  plus  volontiers  que  nous,  c'est  une  vérité  que  doqs 
ne  pouvons  nous  dissimuler,  et,  de  plus,  ils  profitent  souvent  mieox 
que  nous  de  leurs  voyages.  On  croit  souvent  qu'ils  se  bornent  à  pointer 
leur  guide  et  à  vérifier  s'ils  ont  vu  toutes  les  curiosités  qu'il  indiqua* 
Pour  beaucoup,il  n'en  est  pas  ainsi  et,  chaque  année,un certain  nombra 
d'entré  eux  viennent  passer  quelques  semaines  en  France,  en  Alle- 
magne, en  Italie,  étudiant  tantôt  une  province,  tantôt  une  petite  ville 
et  ses  environs.  Au  retour  ils  rédigent  et  lisent  à  une  société  savante 


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CimONiQ 

unpaper,  ou  ce  que  nous  appellerions 
connaître  à  leurs  concitoyens  le  résulta 
môme  de  leurs  recherches.  M.  Roach  S 
ont^  depuis  plus  de  quarante  ans,  doni 
antiquay  d'excellentes  notices  sur  les 
de  nos  ailles  ;  le  Réyôrend  Bunnel  Le\ 
année  sans  nous  donner  une  brochure 
pays.  Aujourd'hui  nous  trouvons  dam 
j>ubiié  par  l'Institut  royal  archéoloj 
d'Irlande  (1889,  p.  120-128),  une  disse 
Château  de  Fougères  et  ses  seigneurs 
Bibliographie  bretonne  et  que  nous  som 
litre  aux  lecteurs  de  la  Rex>ue  hisioriqx 


Livres  et  ouvrages  divers.  —  ' 
gnaler  à  nos  lecteurs  :  Les  Souvenirs  d 
tificaux  (1861-1862)  recueillis  par  M.  i 
hennec,  ancien  zouave  pontifical,  orné  i 
dus  à  la  plume  de  M.  le  vicomte  de  Lan  i 
au  régiment.  Un  vol.  in-12,  Poitiers,  it  | 
de  la  Comtesse  de  la  Bouère,  La  gue 
mémoires  inédits  publiés  par  la  comtet 
l'auteur,  avec  Préface  du  marquis  Gosi 
368  p.  Paris,  Pion  et  Nourrit,  édite  i 
charmant  volume  de  vers  que  vient  de  faii  ! 
des  bibliophiles,  notre  sympathique  com{  i 
—  Mémoires  historiques  de  B»  L.  Mai 
verneur  des  îles  de  France  et  de  la  i' 
par  son  pebit<fils,  M.  A .  Mahé  de  la  Bc  i 
et  portrait,  Paris,  imp.  Imbert  ;  -*  / 
Vannes  par  l'abbé  Max.  Nicol.  In-8'*  10  i 
Les  Chrysanthèmes,  le  délicieux  volum 
blié  à  Rennes  par  notre  compatriote  li 
papier  de  Hollande,  ^38  p.  et  table.  Rem 
Les  petites  Antilles  françaises  par  H.  Gai 
Angers,  imp.  Lachaize  et  Dolbean  ;  —  . 
Trébuchet,  un  vol.  in-i6  avec  illustrations 


/Google 


'^0\  CHRONIQUE 

imprimeur-éditeur.  —  Observations  sur  Vouvrage  intitulé  :  Le 
Littoral  de  la  France  (ArondiBsemeot  de  Quimper),  par  J.  Trévédy. 
Ia-8*  36  p.  Vaunes,  imp.  Lafolye  ;  Rennes,  lib.  H.  Gaillière  ;  Quimper, 
libr.  Salaùn  ;  — La  fausse  Jeanne  dCArc,  Claude  des  Armoises.  Du 
degré  de  confiance  à  accorder  aux  découvertes  de  Jérôme  Viguier- 
Lettre  àM.de  la  Chanonie,  rédacteur  en  chef  de  VEcho  de  VOise,  par 
la  Gomtesee  de  Maray.  Iû-8**  M  p.  Compiègne,  Imp.  Lefebire  ;  —  Les 
temps  préhi&ioriques.  Etude  sur  les  ouvrages  des  écrivains  qui 
m'ont  précédé,  par  M.  du  Rusquec-  Ie-8",  6â  p>  Quimper,  imp,  Co- 
tonnec.  —  M.  Delarue'Beaumarckais  contre  M,  Sascher  de  Beau- 
marchais. Flaidoyrie  du  M,  Cléry,  In-S"*  20  p.  Nantee,  imp.  Emik 
Grimaud  ï  —  Recherchés  sur  les  origines  et  le  développement 
merveilleux  du  culte  de  la  mainte  Vierge,  publié  par  le  R.  P.  Dom 
Plaine  dans  le  n"  du  I  7  avril  du  Prêtre,  Parts,  Delhomme  et  Brrguet^ 
éiiteurs  ;  —  L'Hôpital  de  Chantenay -sur- Loire  (livre  d'or),  ptr 
Firmia  Cohu,  maire  de  Ghaotenay- sur- Loire,  ln-4''  16  p.  Nantes,  imp. 
E.  Grimaud  ;  —  Bibliographie  des  travaux  historiques  et  archéolo^ 
giques  publiés  par  les  sociétés  sai>antes  de  France,  dressée  sous  les 
auEplcf^s  du  MiniaCère  de  rinatruction  publique  par  Hoberi  de  La^teyrie 
et  te.  Lcfèvre-Pontalis,  tome  II,  i^'  liv  In-i°  184  p,  Paris,  imp. 
Nationale  ;  —  Association  artistique  de  Bretagne.  1"  Conférence 
de  la  section  littéraire  par  M.  J.  Duchesue.  In  8"  4J  p.  Rennes,  H. 
Caillièrei  éditeur  ;  —  L'Ame  et  son  Ange  gardien.  Entretien  sur  la 
providence,  par  Tabbé  Lohan,  aumônier  de  la  Visitation  de  Nantes, 
Pari 5^  P*  Lethielleui,  éditeur  ;  —  Noire- Dame  du  bourg  d'en  bas^ 
en  Saint- A  vé*  Intéressante  étude  historique  publiée  par  Tabbé  Ûuillotia 
de  GoFËon  dans  le  Journal  de  Rennes  du  t3  juin  18âû  ;  —  Catalogue 
des  travaux  du  bulletin  de  la  société  archéologique  de  la  Loire- 
Inférieure  (1859-1886),  par  A.  Legeodre,  membre  correspondant  de 
la  âociété  des  antiquaires  de  France.  Xn-S"^  28  p,  Autobiographie 
Joub{?rt  ;  —  Un  homme  de  Lettres,  Paul  Féval  par  A,  Delaigue.  In- 
18,  Paris,  Pion  et  Nourrit  j  —  Loch  Maria,  drame  en  trois  actes  et  eu 
vers  par  K.  V.  Delaporte,  S  J.  2'  édition.  Jn-18,  Jésu&,  131  p.  Lagny 
imp*  Colin.  —  les  jeux  populaires  de  l*enfance  à  Rennes  par  Louis 
Ësquieu,  Rennes,  H.  Gai  l  lier e^  édittur  ;  —  Les  monuments  mégalî' 
ihiques  et  romains  de  V arrondissement  de  Morîaix  par  M.  J.  de 
HuâunaOy  dans  le  (•'  fascicule  du  Bulletin  de  la  société  d'études 
stnentifiqueB  du  Finistère  ;  —  Les  vieilles  foires  de  y&ntes.  par  V. 


CHRONIQUE  255 

de  Barbin,  dans  V Espérance  du  peuple  du  i  3  jnia  ;  -«•  Intermezzo 
d'après  le  poème  d'Henri  Heine  par  J.  Guy  Ropartz  et  P.  R.  Hirsch. 
In-f8  Jésus,  115  p,  Paris, .imp.  et  lib.  Lemerre  ;  '—  Modes  mineurs, 
poésies  par  le  môme,  Paris,  A.  Lemerre,  éditeur,  —  L*ondine  de 
Rhuys,  par  Pierre  Mael.  In-i8^  Paris,  lib.  Dentu;  —  Dans  la  T*  li- 
vraison du  Tome  II  de  VHermine  :  Choses  de  Bretagne  par  Louis 
Tiercelin  ;  Le  comte  de  la  Touraille  par  le  vicomte  X.  de  Bellevue  ; 
Notations  artif^tiques  de  J.  6.  Ropartz  ;  Villiers  de  Vlsle  iidampar 
B.  du  Pontavice,  etc.  —  Dans  la  6*  livraison  du  tome  ni  de  la  Revue 
de  Bretagne  et  Vendée  :  Episodes  de  la  Terreur  à  Nantes,  par 
A.  Lallié  ;  Un  gentilhomme  breton  au  XVII*  siècle  par  M.  dv 
Boishamon  ;  Marion  du  Faouët  (suite),  par  Trévédy  ;  Souvenirs 
d*un  vieux  capitaine  de  frégate^  par  J.  M.  V.  Kerviler  ;  Achille 
Guibourg  (Nécrologie)  par  L.  de  la  Sicotière  :  —  Dans  le  Bulletin 
du  i*' trimestre  1890  de  \a  Société  polymatique  du  Morbihan: 
A  llocution  de  M.  le  docteur  Mauricet,  président  ;  Renseignements 
précis  sur  le  parcours  de  la  voie  romaine  de  Vannes  à  Angers 
entre  la  Croix  de  la  Hillaye  en  Allaire  et  le  passage  de  la  Vilaine 
à  Rieux  par  le  comte  René  de  Laigue  ;  Autobiographie  d'un  ancien 
procureur  au  Présidial  de  Vannes,  devenu  plus  tard,  représentant 
au  Conseil  des  Cinq  Cents  [lacques  Glaif)  par  le  docteur  de 
Glosmadeuc.  La  ville  de  Vannes  à  la  fin  du  XVlW  siècle  par 
M.  Guyot-Jomard.  In-8*  60  p.  Vannes,  imprimerie  Galles  ;  —  Dans 
la  livraison  de  juin  de  la  Revue  illustrée  des  Provinces  de  VOuest, 
la  suite  du  Nobiliaire  breton  de  M.  le  comte  Régis  de  TEstourbeillon, 
donnant  les  Notices  relatives  aux  familles  Josso  du  Plessis^Josso, 
Le  Meilleur^  Oulf,  de  Cosquat,  de  Luzanger,  Hudelor,  Ermar  du 
Lieuzel,  Le  Trèpézec  ;  —  Enfin  dans  la  5"  livraison  du  tome  ni  de  la 
Revue  de  Bretagne  et  Vendée  :  La  fin  du  Journal  d'un  Bourgeois 
de  Vannes  pendant  la  Révolution  par  Albert  Macé;  Les  Souvenirs 
d'un  vieux  capitaine  de  frégate  par  J.  M.  V.  Kerviler  :  Les  Elégies 
canadiennes  du  Père  Lebrun,  j^uite  Nantais,  par  notre  confrère  O. 
de  Gourcuft. 

NORMANDIE. 

Nous  avons  à  signaler  pour  cette  province  :  Le  Cartulaire  de 
l'abbaye  de  N.  D.  de  la  Trappe,  publié  d'après  le  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  nationale  par  la  Société  historique  et  archéologique  de 


:fâ6  CHRONIQUE 

rOrne,gr.  in-S^V  11-470  p.  Alençon,  imprimerie  Renaut  de  Broise  ;  — 
Comptes  rendus  des  échevins  de  Rouen,  avec  des  documents  relatifs 
à  leur  élection  {ikOd-ilOl),  Extraits  de  registres  des  délibératioDs 
de  la.  yille^  publiés  pour  la  première  fois  par  J.  Félix.  2  vol.  gr.  in-S*". 
Tomei  (4409-4601)  XXXlX-228*p.  ;  tome  ii  (1620-4 TOI),  302  p. 
Rouen,  imprimerie  Cagoiard  ;  —  Bernay  et  son  arrondissement. 
Notice  artistique  et  historique  par  Lottiu  de  Laval.  Ia-8^  Bernay, 
imprimerie  Lefèvre  ;  —  Notice  généSLÏogique  sur  lafamiUeLe  Doulx 
de  Melleville  par  Charles  Molle  ancien  magistrat.  (Additions  et 
justifi'^tions)  In-4»  173  p.  et  planches.  Evreux,  imp  Hérissey  ;  — 
Notice  sur  Gisors,  Trie,  Ch&umont  en  Vexin  et  ReiUy^  illustrée 
d'une  vue  de  Pontoise  au  XVr  siècle,  d'uie  vue  générale  de  Gisors  et 
deux  vues  de  Trie.  In-S"*  14  p.  Pontoise,  imprimerie  Amédie  Paris, 
4890;  —  Résumé  de  V historique  du  36*  Régiment  d'infanterie  par 
le  lieutenant  V.  Fanet.  In-Sî»  128  p.  avec  musique  Limoges^  imp. 
Charles  Lavauzelle  ;  —  Visite  au  Mont-Saint-MicheL  Charmant 
petit  volume  in-1 8  Jésus  illustré  de  ^8  eaux  fortes  de  H.  Voisin,  publié 
G.  Toreg  et  H.  Voisin.  Vincennes,  Albert  Lévy  et  frère,  éditeurs;  *- 
Saint'Vincent  de  Paul  en  Nonnandie  par  Veuclin.  In-8*>  12  p. 
Bernay,  imprimerie  Veuclin  ;  —  Les  Ecoles  chrétiennes  de  Lisieux 
au  siècle  dernier  par  E.  Veuclin.  In-8°  42  p.  Bernay,  imprimerie 
Veuclin  ;—' La  paroisse  de  Pierre-Ronde  au  siècle  dernier  par 
E.  Veuclin.  In-8*»  46  p.  Bernay,  imprimerie  Veuclin. 

MAINE  ET  ANJOU. 

Parmi  les  ouvrages  récents  intéressants  ces  deux  provinces^  nous 
devons  signaler  :  Le  testament  de  Jean  de  Craon,  seigneur  de  la 
Suzeetde  Chantocé  avant  ik32  par  notre  zélé  confrère  M.  André 
Joubert.  In-8®  vergé  il  p.  Mamers,  imp.  Fleury  et  Dangin  ;  — Les  ca- 
hiers de  il 89  dam  le  bailliage  d' Alençon  par  le  vicomte  de  Broc. 
In-8.  Alençon,  imp.  Renaut  de  Broise  ;  —  Vannée  1739  au  Mans  et 
dans  le  Haut-^Maine  par  Robert  Triger  ;  —  Henri  IV.  —  Le  Roi,  — 
U Amoureux^  par  le  comte  H.  de  la  Perrière  ;  — Domfront  aux  XII' 
et  XI Ih  siècle  par  M.  Louis  Duval,  archiviste  de  l'Orne.  In-8^  Alençon, 
imp.  Renaut  de  Broise  ;  Amhroise  Paré,  estait  mort  catholique  .par 
notre  infatigable  confrère  M.  J.  Trévédy,  ancien  président  du  tribunal 
de  Quimper.  Extrait  de  l'Indépendant  de  VOuest.  In-8*  33  p.  Laval, 


CHRONIQUE  257 

imp.  Ghailhuid  ;  —  Dans  le  tome  XXVIIl  ^  Il  Revue  historique  et 
archéologique  du  Maine  :  Statuts  du  Chapitre  de  Saint-Michel  du 
Cloître  au  Mans,  promulgués  en  1519,  Doouments  inédite  accom- 
pagnéB  d'une  Histoire  de  cê  chapitre  par  dom  Piolin  ;  —  Le  budget 
d'une  fabrique  au  XV*  siècle  par  l'abbé  Louis  Froger  ;  —  Monogra* 
phies  de  la  Chapelle  Rainsouin  (Mayenne)  par  P.  Moulard.  —  La 
nuit  de  la  saint  Julien  à  la  cathédrale  du  Mans  en  1527  par  Tabbé 
Âmbroise  Ledru  ;  —  Guerre  de  Vendée.  Notes  bibliographiques  sur 
le  général  d'Autichamps  [1770-1859)  d'après  ses  documents  inédits 
par  Gh.  d'Availles.  OoTrage  orné  d'un  portrait  du  général  par  Emile 
Lassalle.  In-8*  Niort,  imp.  Glouzot  ;  —  Croquis  angevins  par  Paul 
Yiriot.  ln-18  Jésus,  209  p.  Angers,  imp.  fiurdin  et  Gie  ;  —  Dans  les 
livraisons  V«  et  VI*  du  tome  XX  de  la  Revue  d'Anjou*  Un  anget)in 
d'autrefois.  René  Thibauld-Chambault^  échevin  d'Angers  et  con- 
seiller au  Présidial  ;  Hec/ierc/ies  sur  la  paroisse  de  Chaze-Henry, 
par  notre  confrère  l'abbé  G.  Hautreux  ;  iVotîce  sur  la  ville  d'An-- 
gers.  Manuscrit,  inéidlt  de  Thorode  publié  par  L.  (Suite  Abbayes)  ;. 
Le  portefeuille  d*un  curieux  par  J.  Denais  et  la  très  intéressante 
Chronique  de  notre  confrère  M.  André  Joubert. 

POITOU  ET  SAINTONGE 

En  Poitou  et  Saintonge,  nous  appellerons  l'attention:  de  nos  lecteurs 
sur  :  Le  clergé  du  Poitou  en  1789  par  Beauchet-Filleau.  In-S*^  300 
p.  Fontenay-le-Gomte,  imp.  Gouraud  ;  La  vertu  morale  et  sociale 
du  Christianisme  par  le  c^*  Guy  de  Bremond  d'Ars.  In-i8-jésus^  III 
443  p.  Poitiers,imp.  Biais  et  Roy  ;  Paris,  lib.  Perrin  et  G^*  ;  — Contes 
et  légendes  au  houblon  par  G.  Rouzé.  Illustrations  de  Brossé  le  Taî-* 
gneur.  In-8®  192  p.  Poitiers,  imp.  Lecène  et  Vudin  ;  —  Cahiers  de 
1189,  Assemblée  provinciale  du  Poitou.  Procès-verbal  publié  par 
lessoins  du  Gomitéd'organisation.ln-18-jésusXLII.  389  p.  Polders  imp. 
Dudin  ;  -^  Richelieu  à  Luçon,  sa  jeunesse,  son  épiscopatpsx  l'abbé 
L.  Lacroix  du  clergé  de  Paris.  In-8  404  p.  Poitiers,  imp.  Biais,  Royal 
G^*  ;  ^  Dans  la  IIP  lirraison  du  X*  volume  de  la  Revue  de  Saintonge 
et  d'Ancenis  :  Charles  de  la  MottC'Fouqué  et  Suzanne  de  RobiU 
lard  (p.  481-189).  Très  intéressante  notice  sur  plusieurs  membres  de 
cette  famille  cbassée  de  France  par  la  Révocation  de  VEdit  de  Nantes 
avec  le  Journal  de  Suzanne  de  Robillard  et  une  notice  de  M.  Louis 
(Audiat  sur  la  môme  famille  208-211)  ;  Madame  de  Coigny  (Amélie 


258  CHRONIQUE 

de  Boufîlers)  et  M.  Lauzun''Biron,  (p.  189-196).  Rédtietwn  de  l'étude 
si  curieuse  de  M.  Victor  du  Bled  dans  U  Remis  des  Deux  Mondes, 
du  1*'  octobre  1889,  publiée  sous  ce  titre  :  Un  amour  platonique  àu 
XVIII*  siècle  Madame  de  Coigny  et  Lavzun. 

VARIA 

Congrès  de  sainte-anne  d*auray.  —  Le  Congrès  de  TUnion 
des  associations  ouvrières  catholiques  doit  se  tenir  cette 
année,  du  15  au  i9  septembre,  à  Sainte-Anne  d'Auray. 

Cette  assemblée,  selon  la  coutume  constante  de  l'Union,  sera 
présidée  par  l'évéque  diocésain,  c'est-à-dire  par  Mgr  Bécel, 
évoque  de  Vannes. 

Les  vastes  locaux  du  Petit-Séminaire  de  Sainte-Anne,  ont 
été  mis  à  la  disposition  du  Bureau  central  de  l'Union  qui, 
d'après  les  renseignements  déjà  parvenus,  augure  très  bien 
de  ce  prochain  Congrès. 

La  Bretagne  a  Paris.  —  V Académie  des  Inxcripiions  et 
Belles-Lettres,  dans  sa  séance  du  27  juin  dernier,  a  décerné 
une  médaille  de  mille  francs  à  M.  A.  Loth,  professeur  de 
langue  celtique  à  la  Faculté  de  Rennes,  pour  son  remarqua- 
ble ouvrage  intitulé  :  Chresiomathie  bretonne. 

M.  Aimé  Puech,  maître  de  conférences  à  la  Faculté  de 
Rennes,  a  obtenu  un  prix  de  2,000  fr.,  pour  son  mémoire  sur 
le  sujet  suivant  :  Exposer,  diaprés  les  œuvres  de  Saint-Jean 
C/rrj/sostàpie, quelles  étaient  les  mœurs  de  son  temps  ^et  discuter, 
au  point  de  vue  morale  la  manière  dont,  il  les  juge,  » 

Enfin,  notre  sympathique  confrère,  M.  René  Blanchard,  a 
obtenu  une  2^  médaille  au  Coru:ours  général  des  Antiquités  de 
la  France,  pour  son  remarquable  Recueil  des  Actes  du  duc 
Jean  V  publiés  par  la  Société  des  Bibliophiles  bretons. 

Un  botaniste  qui  fait  honneur  a  la  Bretagne.  —  Nous 
lisons  dans  VÉtoile  du  Sud,  de  Rio-de-Janeiro  : 

('  Le  D'  A.  Glaziou,  qui  avait  été  chargé  d'une  mission 
scientifique  en  Europe,  est  arrivé  à  Rio-de-Janeiro  le  8  courant, 


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Googlç^_, 


CHHONIQUE  259 

par  YEquateur,  des  Messageries  maritimes.  Tous  savent 
les  immenses  services  rendus  par  l'éminent  botaniste. 

Le  gouvernement  français  les  a  appréciés  à  leur  juste 
valeur  ;  il  vient  de  nommer  M.  Glaziou  offlcier  de  la  Légion 
d'honneur.  Français  et  Brésiliens  se  féliciteront  de  cette 
distinction  aussi  honorable  que  méritée. 

M.  A.  Glaziou,  directeur  des  jardins  publics  de  la  capitale 
du  Brésil  est  de  Lannion  et  est  venu  récemment  passer 
quelques  jours  dans  cette  ville. 

DÉCORATIONS  PONTIFICALES.  —  N.  T.  8.  Père  le  Pape  Léon 
XIII  vient,  sur  le  désir  exprimé  par  Son  Em.  le  cardinal 
archevêque,  de  nommer  Chevaliers  de  FOrdre  pontifical  de 
Saint-Grégoire  le  Grand  : 

M.  Marie,  professeur  à  la  faculté  de  droit  de  Rennes,  qui 
met  si  généreusement  au  service  de  la  cause  religieuse  et  de  la 
classe  ouvrière  sa  science  juridique,  son  activité  et  sa  parole. 

M.  Jenouvrier,  bâtonnier  de  Tordre  des  avocats  de  Rennes, 
qui  a  consacré  son  remarquable  talent  oratoire  à  la  défense 
du  clergé  et  des  congrégations  religieuses. 

M.  Paillard,  Tinfatigable  et  très  zélé  président  de  Tœuvre 
de  saint  François-Régis,  à  Rennes. 

M.  Le  Gentilhomme,  directeur  de  la  maîtrise  de  Saint- 
Servan.  Il  a  consacré  sa  vie  à  la  musique  religieuse  ;  son 
talent  et  son  dévouenent  désintéressé  ont  conduit  la  maîtrise 
de  Saint-Servan  à  un  rare  degré  de  perfection  et  en  ont  fait 
en  même  temps  une  véritable  œuvre  de  jeunesse. 

MARIAGES. 

Mariage  célébré  à  Reanes,  le  22  avril  de  M.  Gustave  de  Plage,  rous- 
inspecteur  de  l'enregistrement  et  des  domaines  au  Mans, 
Avec  ; 

Mademoiselle  Àngèle  Pingzon  ou  Sel,  fille  de  Madame  Adrien 
Pinczon  du  Sel,  née  de  Castel, 


Mariage  célébré   le   40   mai  de  M.   Bertrand  Maurice,  yicomtede 
Satnt-Pbrn,  lieutenant  de  vaisseau,  chevalier  de  la  Légion  d^onneur, 
fils  aîné  de  feu  Bertrand-Glaude-Josselin,  vicomte  de  Saint-Pern  etd« 
Christine  Hiie  de  Montaigu, 
Avec  : 

Mademoiselle  Mélanie-Marie-Garoline-Alexandrine  de  Ploboc,  fille 
de  feu  Alexandre-Marie-Sébastien,  marquis  de  Plœuc,  commandeur  de 
la  Légion  d'honneur,  de  Baint-Grégoire  le  Grand  et  da  Medjidié  de 
Turquie,  sous-gouverneur  de  la  Banque  de  France  et  de  Emile- Agathe- 
Marie  de  Mauduit  du  Plessis. 

Mariage  célébré  le  20  mai  en  l'église  de  la  Magdeleine  à  Paris,  de  M.  le 
Comte  Fernand  dd  Brbil  de  Pontskiand,  député  de  la  Loire-Inférieure, 

Avec  : 
Mademoiselle  Carolus,  fille  de  Tancien  ambassadeur  de  Belgique  à 
Rome. 

Mariage  célébré  à  Nantes,  le  22  mai  on  la  basilique  Sainl-Donaiien 
de  M.  GuYON,  docteur  en  médecine, 
Avec  : 

Mademoiselle  Eyssbmdbck,  fille  de  M.  Eyssendeck,  dont  personne  n'a 
oublié  la  courageuse  conduite  à  Nantes,  lors  de  l'exécution  des  Décrets. 

Mariage  célébré  dans  les  derniers  jours  de  mai  de  M.  Alexandre- 
Emmanuel  de  GouYOM  de  Poxtouroudb, 
Avec  : 
Mademoiselle  Eugénie   Bonamy. 

Mariage  célébré  dans  les  premiers  jours  de  juin,  au  château  du 
Chêne,  près  Moncontour,  de  M.  Yves  Raison  du  Cleuziou, 

Avec  : 

Mademoiselle  Julie  Cbamezbl  de  Kerhué. 

Mariage  célébré  dans  les  premiers  jours  de  juin,  de  M.  Etienne- 
Alexandre  Boduouin,  capitaine  au  61'  régiment  d'infanterie,  che?alicf 
de  la  Légion  d'honneur, 

Avec  : 

Mademoiselle  Edith  Duwight  Santord,  de  Tokio  (Japon). 


Mariage  célébré  le  7  juin,  en  l'église  de  Villaines-la-Gosnaie  (Sartbe), . 
de   M.   Hugues-Marie- Joseph- Antoine  de    MiuDaiT,  propriétaire    de 
Kerfoligaen  en  Qaimperié  (Finistère),  fils  de  feu  Hippolyte-Antoine- 
Jules-Gabriel  de  Mauduit,  dbef  d'escadron   de  cavalerie,  officier  de  la 
Légion  d'honneur  et  de  Anne  de  Mauduit,  sa  Teuye, 

Avec  : 

Mademoiselle  Marie-'Mathilde-Noémi-Joséphine-Golette  de  Richbr 
DB  Bbauch  vMPd-MoNTHÉ^RD,  fille  aiaée  de  M.  EmmanueloAlezandre- 
Augustin  de  Richer,  baron  de  Bsauchamps*Monihéard  et  de  feu 
Noémi-Marie-Athénaïs  Le  Barrois  de  Lemmery,  sa  première,  femme 

Mariage  célébré  le  44  juin  de  M.  le  comte  André  de  Robibn,  fils  de 
Madame  Frédéric  de  Robien, 

Avec  : 

Mademoiselle  Denion-Dupin,  sœur  et  belle-sœur  du  comte  et  de  la 
comtesse  H.  de  Bourmont  et  du  vicomte  et  de  la  vicomtesse  de  Semallé. 

Mariage  célébré  vers  la  mi-juin  de  M.  Guy- Ange- Marie  de  Pbagontal, 

Avec  : 
Mademoiselle  Paulioe-Marie-Thérèse  Paris  de  Momdonvillb. 

Mariage  célébré  le  23  juin  en  Téglise  Sainte-Glotilde  à  Paris,  de  M.  le 
comte  Humbert  de  Marcibu,  avocat  à  la  Cour  d*appel, 
Avec  : 

Mademoiselle  Ghislaine  de  Bbiufort,  fille  du  comte  et  de  la  com- 
tesse Henri  de  Beaufort. 

Mariage  célébré  le  It  juillet  en  l'église   de  Saint-François-Xavier  à 
Paris,  de  M.  le  vicomte  Jean-Charles>René  Fr^uRioi   de  Lanqle^  lieu< 
tenant  au   S"*  régiment  de  dragons,   fils  de   l'amiral    comte  Fleuriot 
de  Langle. 
Avec  : 

Mademoiselle  Marie- Joseph-Hélène  Morgan  de  Rinery. 

Mariage  célébré  dans  les  premiers  jours  de  juillet,  de  M.  Charles- 
Aimé  Bastard, 

Avec  : 

Mademoiselle  Adélaïde  des  Nbiobs  Avinat. 


262  CHRONIQUE 

Mariige  célébré  dans  les  premiers  jours  de  juillet  d«  M.  Perdinaod- 
AoselmeJorAU,  médecin  de  2*  classe  de  la  Marine, 
Avec  : 
Mademoiselle  Pauline-Anastasie-Marie-Ânne  Chamusst, 

Mariage  célébré  dans  les  premiers  jours  de  juillet,  de  M.  Jean  de 
GoDELSwsKi,  rédacteur  de  la  Gazette  de  France^ 
Avec  : 
Mademoiselle  d'Huoonnbau  db  Boyat. 


NECROLOGIE. 

BRETAGNE. 

Pendant  ces  derniers  mois,  la  province  de  Bretagne  a  été  éproofée 
d*ttne  façoù  particulièrement  cruelle.  Nous  devons  y  signaler  les  pertes 
de  M.  Angélique-Joseph-Gbarles-LaurentHucHBT,  comte  db  la  Bédoyèms 
décédé  à  Genève  sans  alliance^  le  17  avril,  à  Tàge  de  40  ans.  Il  était  61, 
aîné  de  Georges-Gésar  Raphaël  Huchet,  comte  de  la  Bédoyère,  sénateor 
sous  le  Second  Empire,  et  de  Glotilde  db  la  Roghblambert,  remariée  à 
Edgard  Ney,  prince  de  la  Moskowa.  Son  second  frère,  le  comte  Jeaa  de 
la  Bédoyèrea  épousé  en  1883,  M^>«  Bartboloni,  fille  du  directeur  de  U 
compagnie  d*Orléans.  —  M.  Eugène  db  GRBc'HQuftRAULT,  décédé  à  Morlaiz 
vers  la  mi*avril.  ^  M.  Lb  Bévèrb,  trésorier  de  la  Société  d*études  scien- 
tifiques du  Finistère,  mort  en  avril  dernier.  ^  M«*  Amélie-Hortens« 
Rat  d*Amblbmont,  veuve  de  M.  Amédée  db  Maublang,  inspecteur  prin- 
cipal de  la  compagnie  d'Orléans,  décédé  à  Périgueux  le  13  mai,  à  l'âge 
de  80  ans.  —  M.  Tabbé  Laouénan,  vicaire  de  Saint-Goaxec  (Finistère), 
décédé  à  Brest,  dans  sa  famille,  le  13  mai,  à  i*âge  de  40  ans.  M.  Tabbé 
Etienne  Laouénan  était  vicaire  de  Saint-Goazec  depuis  1878.  — >  M.  Nar- 
cisse-Adolphe Gaillï^,  ancien  administrateur  des  hospices  de  la  rUle  de 
Nantes,  mort  dans  cette  ville  le  24  mai,  à  l'âge  de  89  ans.  —  M.  Tabbé 
GuBGUBN,  ancien  recteur  de  Treflevenez  (Finistère),  mort  dans  les  derniers 
jours  de  mai,  à  la  maison  de  retraite  de  Saint-Pol-de-Léon,  à  Tâge  de 
81  ans.  — >  M.  Achille  Guiboubo,  né  à  Gh&teaubriaut  le  10  septembre  1799, 
mort  à  Salnt-Malo,  à  Tilge  de  91  ans.  Ancien  magistrat,  présidant  du 
conseil  de  fabrique  de  Saint-Servan,  M.  Guibourg  se  trouvait  aux  cotée  de 
la  duchesse  de  Berry,  lorsqu'elle  fut  arrêtée  à  Nantes  en  1832,etjooa 
un  grand  rôle  dans  les  affaires  politiques  de  cette  époque.  Il  avait  ^pooee 


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Gooste 


en  1S34,  M^<*  Paaline  Surcoof,  la  plus  jeune  des  iiiies  de  Tillttstre  marin, 
Tune  des  gloires  de  Saint-Malo . 

M.  FrMéric-Barthélemy-Hyacinthe  Disjabs,  veuf  de  M-*  Marie -Garo« 
line-Françoiso  Bassit-Villéon,  banquier  à  Gningamp,  mort  dans  cette 
ville  le  27  mai,  à  l'âge  dé  58  ans.  —  M"«  veuve  Doou»,  née  Zoé^Laure 
Nepvsu,  religieuse  de  chœur  du  monastère  de  la  Visitation  i  Rennes, 
morte  dans  cette  ville  le  28  mai,  à  l'âge  de  60  ans.  --  M.  Jacques-Marie 
HsBUDO,  peintre-décorateur,  auquel  on  doit  de  nombreuses  peintures  déco- 
ratives dans  les  églises  des  Gôtes-du-Nord  et  du  Finistère»  lieotÉaant  de 
la  compagnie  des  sapeurs- pompiers  de  Guingamp,  vice-président  de  la 
Société  des  hospitaliers-sauveteurs  bretons,  mort  à  Guingamp  le  29  mai, 
à  Tâge  de  50  ans.  ^  M.  Tabbé  Mathurin-Jean-Marie  Houé,  chanoine  titu- 
laire de  la  cathédrale  de  Rennes,  mort  dans  cette  ville  le  30  mai,  à  l'âge 
de  83  ans.  —  M.  Alexandre-Ferdinand  Favbbis,  capitaine  de  frégate  en 
retraite,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Gulnfamp  le  30  mai, 
à  l'âge  de  64  ans.  —  M  l'abbé  Ls  Roux,  recteur  de  f^lozevet  (Finistère), 
décédé  le  31  mai,  né  à  la  Forest-Landerneau  en  i822,  ordonné  prêtre  en 
1854,  il  était  recteur  de  Plozevet  depuis  1879.  ^  M.  l'abbé  René  Mobbau, 
ancien  professeur  au  collège  des  Eudistes  à  Redon,  ordonné  prêtre  à 
Bennes  et  mort  dans  sa  familb  à  Ancenis,  dans  les  premiers  jours  de 
juin.  —  M.  Saigna,  ancien  notaire,  adjoint  an  maire  de  f^hivtgner,  mort 
le  3  juin,  à  la  suite  d'une  courte  maladie.  -  M.  Georges-Augustin  Bouybr, 
avocat  à  Nantes,  mort  dans  cette  ville  le  4  juin,  dans  sa  30«  année.  — 
M««  Charles  GoiGNASD  oa  Saint-Ours,  née  Marie  Julie  La  Pèss,  décédée 
à  Nantes  le  4  juin,  à  l'âge  de  38  ans.  —  M<>*  Emilie  db  lu  Gbandièiib, 
niorte  à  Nantes  le  5  juin,  à  l'âge  de  79  ans.  -^  M.  l'abbé  Gouêzou,  supé- 
rieur du  Petit-Séminidre  de  Tréguier,  décédé  dans  cette  ville  le  6  juin,  à 
l'âge  de  57  ans.  —  M.  Tabbé  Goarnisson,  ancien  professeur  d'histoire  au 
Petit-Séminaire  de  Pont-Croix,  chanoine  honoraire  de  Quimper,  décédé 
le  5  juin,  à  l'âge  de  85  ans. 

M"^  la  baronne  de  Turgy,  née  Hélène-Gabrielle  Chassinat,  morte  à 
Saint-Brieuc  le  8  juinàTà^e  de  47  ans.  —  M.  Achille- Auguste  Lbbuo.hd, 
capitaine  en  retraite,  chevalier  de  la  Légion  d*bonneur,  décédé  à  Vannes 
le  8  juin  à  l'âge  de  58  ans.  «—  M^i*  Clémentine  Tréourbt  ob  Krrstbat, 
décédée  à  Quimper  le  9  juin,  à  l'âge  de  74  ans.  —  M.  Charles  Eloy,  direc- 
teur des  mines  de  Pontpéan  (lUo-et- Vilaine),  mort  à  Rennes  le  9  juin.  — 
M.  Tabbé  Mazéas,  recteur  de  Meilars,  ancien  économe  du  petit  séminaire 
de  Pontcroîx,  décédé  le  9  juin,  né  en  1824,  il  avait  été  nommé  recteur 
de  Meilars  en  1863  —M.  le  comte  Amédée*Louis  db  Framghbvillb, 
décédé  le  9  juin,  au  château  de  Kergeorget-Vras  près  Sarzeau  à  l'âge  de 
89  ans.  —  Sœur  Marie  Yvonne  Kbbgoat,  religieuse  hospitalière  morte  à 
Guingamp  vers  le  10  juin,  à  l'âge  de  28  ans.  —  M**  Lb  Maiqnan  db 


264  CHRONIQUE 

l'Ecorci,  née  Félicité  de  la  Ville  de  Lbrollbs  bes^  Doridbs,  décédée  à 
Nantes  le  Ai  juin,  à  Page  de  61  ans.  —  M.  i*abbé  KsRNiLSLEauBN,  Yîcaire 
à  Sainte-Croix  de  Qoimperlé depuis  10  ans,  mort  dans  cette  paroisse  le 

11  juin,  à  Page. de  36  ans.  —  M«*  Degombe,  femme  de  M.  Lucien 
Decombe,  ancien  chef  de'  bureau  de  la  mairie  de  Rennes,  directeur  dB 
Musée  archéologique  de  la  ville,  décédée  à  Saint- HéUer  de    Rennes,  le 

12  juin  à  Page  de  58  ans.  —  M.  Jdseph-Marie-Pierre-Xavier  de  Movti 
DK  RRZki  fils  de  notre  dévoué  collègue  M^  Claude  de  Moali  de  Rezè, 
décédé  à  Nantes  le  12  juin  à  l'âge  de  18  ans.  —  M.  Robert-François- 
Josepl^  GuiBOURG  08  LuziNAis,  licencié  en  droit,  fils  de  M.  Guihoniig  de 
Luzinai's,  sénateur,  maire  de  Nantes,  mort  dans  cette  ville  le  14  juin  à 
Page  de  22  ans.  —  M.  Charles-Désiré-Josepb  Duius,  capitaine  d'artillerie 
en  retraite,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Rennes  le  15  juin  à 
Page  de  63  ans.  —  M««  la  (>•*•  de  Botuerbl,  née  Thérèse-Marie-Jacquette 
Cardin  de  la  Bourdonnayb,  morte  à  Rennes  le  15  juin,  dans  sa  66*  année. 

M«*  la  comtesse  flARScoêT  de  Kerinoant,  douairière,  décédée  le  17  juin. 
Née  le  11  avril  1806  à  Saint- Pierre-de-Port,  île  (ruemesey  (Angleterre)  où 
safamille  avait  émigré,  M^^«  Félicité -Caroline  de  VossBY.perdit,  toute  jeune 
encore  sa  mère,  M^^*  de  la  Bourdonnaye.  Son  père,    Pamiral  comte  de 
Vossey,  ce  type  du  gentilhomme  dont  Saint- Brieuc  se  rappelle  la  bonté 
etta  courtoisie,  lui  avait   transmis  avec  toutes  les  traditions  d*une  foi 
vive;  Phonneur  chevaleresque  et  les  charmes,  maintenant  si  rares,  da 
vieil  esprit  français.  —  M.  Pierre-Raoul  Le  Qubn  d^Entreheusb  ancien 
élève  de  lE*cole  des  chartes,  ancien  conseiller  de  préfecture  de  la  Sarthe, 
conseiller  d'arrondissement,  mort  à  Nantes  le  22  juin,  à  Page  de  38  ans. 
La  mort  de  Raoul  Le  Quen  n*est  pas  seulement  pour  sa  famille  une  perte 
cruelle  *,  c'en  est  une  bien  grande  pour  ses  amis,  qui  aimaient  souvent  à 
chercher  en  lui  un  guide  sûr  et  éclairé  ;  pour  le  pays  aussi,  qui  pouvait 
compter  sur  son  dévouement.  Homme  d'intelligence  et  de  coeur,  membre 
actif  de  toutes  les  œuvres  de  la  ville  de  Nantes,  il  laisse  partout  des 
regrets  et  le  souvenir  des  multiples  services  qu'il  a  rendus    —  Homme 
d'étude,  travaillant  sans  cesse  et  aimant  les  recherches  historiques,  il  i'y 
adonnait  avec  ardeur,  comprenant  tout  le  profit  que  Pon  pôut  tirer  des 
levons  du  passé  et  ne  restait  étranger  à  aucune  des  questions  que  sou- 
lèvent aujourd'hui  les  intérêts  de  la  classe  ouvrière.  C'était  en  un  mot  an 
esprit  sérieux,  ramenant  tout  à  la  vraie  science,  à  celle  que  Pon  puisse 
dans  la  foi  et  les  exercices  d'une  piété  fervente  et  raisonnée.  —  M*^*  Sté- 
phanie Caeoiv,  trésorière  de  Pœuvre  de  Saint- François  de  Sales,  pour  le 
diocèse  de  Nantes,  morte  dans  cette  ville  le  22  juin  à  P&ge  de  75  ans.  — 
M'^*  Marie  Jêoou  d'Herbelinb,  morte  à  Nantes  le  26  juin  à  Vège  de  76  ans. 

M.  Gharles-Marie-Joseph  Champion,  colonel  en  retraite,  of  cier  de  la 
Légion  d'honiieur,  chevalier  de  l'ordre  du  Mérite  militaire  de  Savoie  et 


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dîi  Medjidié  de  Turquie,  décoré  de  la  médaille  militaire  de  Grimée, 
mort  le  26  juin  à  Rennes  à  Tàge  de  71  ana.  —  M.  Tabbé  Mohtfort, 
ancien  rectenr  de  Telgrac  (Finistère),  de  1S65  à  1889,  décédé  dans 
les  derniers  jours  de  juin.  —  M.  de  LiNOLB,  ancien  percepteur;  mort 
noyé  le  1*'  juillet  dans  le  naufrage  du  oateau  de  pèche  la  Jeeaine  cPAre, 
en  vue  de  Saint-Malo.  —  M.  le  docteur  Houruis,  conseiller  général  du 
canton  du  Faou  (Finistère),  décédé  dans  les  premiers  jours  de  juillet.  — 
M.  Louis-Marie-Joseph  SiaNTB-GLàiRiE-DfiviLLE  ,  décédé  à  Rennes  le 
i*' juillet  à  l'âge  de  47  ans.  —  M.  Tabbé  Yves  Le  Guen,  néàMilizac 
en  1836,  ancien  vicaire  de  Beuzec-Gap-Sizun,  puis  vecteur  des  Iles  Gle- 
nansetde  Penhars,  enfin  recteur  de  Lanildut  depuis 'tM3,  décédé  le 
3  juillet.  —  M,^^  Parent  de  Gorzon,  née  Ladocie-Marie-Caroline  du 
Babil  Lb  Breton,  décédée  à  Rennes  le  5  juillet  à  Tâge  de  31  ans.  — 
M.  Louis  Gousset  inspecteur  honoraire  de  TAcadémie  de  Rennes,  offi- 
cier de  rinstruction  publique,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  décédé  à 
Nantes  le  7  juillet  à  l'âge  de  65  ans.  —  M.  André  Loyamt,  notre  jeune 
et  sympathique  conft'ère  de  la  Société  archéologique  de  Nantes,  enlevé 
le  12  juillet  à  ra£fection  de  sa  famille  et  de  ses    nombreux  amis. 


NORMANDIK,  MAINE,  ANJOU. 

Nous  avons  à  déplorer  ,dans  ces  trois  provinces,  les  pertes  de  ii^^  Gène- 
viève-Thérèse-Ëmilie-Isaure  deBLocQusL  ob  Groix  db  Wismbs,  comtesse 
Louis  du  Parg,  morte  à  Valognes  le  30  avril  dans  sa  72*  année.  -—M.  le 
marquis  de  Vbrdum  db  la  Grenab,  marié  à  M^^*  Marie  de  SAiKT-GuiLis, 
décédé  dans  les  derniers  jours  de  mai  en  son  château  près'  d'Avratoches. 
—  M.  le  colonel  de  Boorroulon,  ancien  commandant  du  &7*  régiment 
d'infanterie  à  Baint-Quentin,  mort  à  Laval  dans-  les  premiers  jours  de 
juin.  Sorti  de  Saint-Gyr  en  1856,  le  colonel  de  Bourboulon  avait  de  beaux 
états  de  service,  et  était  l'un  des  officiers  les  plus  distingués  de  l'armée 
française.  -  M.  du  Làc  de  Feugères,  mort  au  Lude  le  4  juin,  à  l'âge  de 
87  ans,  ancien  conseiller  à  la  cour  des  comptes,  officier  de  la  I^égion 
d'honneur  et  médaillé  militaire,  M.  du  Lac  était  le  père  du  R.  P.  da 
Lac,  «  rector  of  Sant-Mary*s  Goliege  »  à  Gantorbéry  (Angleterre). 

Après  une  carrière  des  plus  honorables  ;  après  avoir  vécu  au  milieu  de 
ce  que  l'on  est  convenu  d'appeler  «  le  grand  monde  »  api  es  avoir  pris  une 
part  active  aux  événements  de  1830  et  de  1848  ;  avoir  payé  sa  dette  à  la 
patrie  en  revêtant  l'habit  de  simple  soldat  pendant  le  siège  de  f^aris  en 
1870-1871  (0  avait  alors  plus  de  67ans  !)  ;  M:  du  Lac  avait  voulu  con- 
sacrer ses  dernières  années  à  se  préparer  à  la  mort  dans    une  solitude 


aussi  complète  que  possible,  près  d'une  famille  quHl  aifectionnait  d*aDS 
flacon  toute  particulière.  —  M.  Gombis  aide-vétérioaire  à  l'école  de  can- 
lerie  de  Saumur,  stagiaire  à  l'école,  mort  le  3  juin  des  suites  d'une  choie 
de  cheval. 


POITOU   ET  SAINTONGE. 

Dans  ces  deux  provinces,  nous  signalerons  les  décès  de  M.  Veillon  de 
BoisMARTiR,  décédé  au  Havre  les  derniers  jours  de  mai.  —  M.  Tabbé 
Auguste  PAVAQBàU,  décédé  le  8  juih.  Né  à.Mortagoe  le  29  décembre 
1834,  il  fut  ordonné  prêtre  le  17  décembre  1859,  successivement  profes- 
seur au  collège  Richelieu,  vicaire  à  Olonne,  à  l'Ile  d'Elbe  et  à  Foossaif, 
puis  curé  de  Xanton,  il  était  retiré  au  diocèse  de  Versailles  depuis  i881. 

—  M.  Alfred  Monnbt,  ancien  député,  ancien  sénateur  des Denx-Sè vrac, 
mort  subitement  à  Paris  le  8  juin.  —  Le  R.  P.  Alexis  Vezirb,  endistedc 
la  inaison  d'Abbeville,  ancien  professeur  à  Tinstitution  Richelieu,  mort 
vers  la  mi  juin.  —  M»**  Blanche-Louise- Sdmée  db  GoRLisa,  veuve  de 
M.  flenri-Léopold  Potiir  db  Pomm^roy,  ofticier  de  la  Légion  d'houneur. 
ancien  chef  d'escairon  de  hussards,  mort  à  Saintes  le  6  avril,  à  Tâge  de 
66  ans.  Fille  de  M.  Charles  de  Corlieu  et  de  Mt^*  Joséphine  de  Gorltea,  sa 
cousine,  et  descendante  des  de  Gorlieu  de  l* Angoumois ,  dont  plusieurs 
ont  marqué  dans  les  lettres  et  Téchevlnage  d'Angoulême.  Elle  était  Déeà 
Nantes  en  1824  —  M.  Eugène  M\RiOGHBiU  db  Bonnsmobt,  ancien  adjoint 
an  maire  de  la  Rochelle,  mort  le  6  avril,  à  l'âge  de  84  ans.  —  M  Thomas- 
Félix  GrAY  DB  LA  GEi\RTiiiB,  dostour  OU  médeclue,  décédé  à  Cognac  le  ?^ 

.  mai,  à  Tâge  de  77  ans.  —-  M.  Eloy-JeanVictor  La  Bbrqb,  officier  de  la 
Légion  d*honneur,  capitaine  d'artillerie  de  marine  retraité,  venf  de 
Mil*  Marie-Ëlisa  Friocourt,  décédé  à  Rochefort  le  5  juin,  à  Page  de  70  ans. 

—  M  Charles-Julien  Rohibux,  consul  de  Belgique  à  La  Rochelle,  décédé 
dans  cette  ville  le  13  juin,  à  Tâge  de  52  ans. 

Jehan  de  la  Savinaye. 


Vannes.  —  Imprimerie  Eugène  LAFOLYK. 


DIVISAIRE  DE  BRETAGNE 


LES  RÈGLES  DE  LA  DEVISE 


NOUS  l'avons  dit,  dans  notre  avant-propos^  la  devise 
est  chose  surannée,  personne  n'en  fait  pllis  ;  en 
donner  les  règles  semble  donc  un  anachronisme 
inutile,  nous  allons  cependant  essayer  de  résumer  les  lois 
posées,  par  les  meilleurs  auteurs,  tant  italiens  que  français. 
Il  est  nécessaire  de  les  connaître  pour  bien  comprendre  les 
devises  déjà  faites,  et  peut-être  seront-elles  utiles  à  quelques- 
uns  de  nos  lecteurs,  si  l'envie  leur  prend  de  ressuciter  des 
usuî^es  oulîllés  6t  perdus.  .    ♦ 

La  variété  de  formes  sous  lesquelles  nous  apparaît  ladevise 
larenil  difficile  àd^nnir.  Cependant  le  P.  Bouhours  y  aréussf, 
et  nous  lui  laissons  la  parole  :  «  La  devise,  dit-il,  est  une 
métaphore  et  une  métaphore  rfc  proportion^  qn\  représente 
un  objet  par  un  autre  avec  lequel  \\  a  de  la  ressemblance.  <» 
Toute  devise  implique  donc  une  comparaison,  et  c'est  à  cdle 
condition  qu'elle  est    bonne,   La   devise  do   lleuri   111,  par 

T.    VI.  --  DOCUMENTS.    —   VI'  ANNÉE,  5*   UV.  IS 


^268  DEVISAI  RE  DE   BRETAGNE 

exemple  :  deux  couronnes  à  terre  et  une  en  l'air,  avec  ces 
'mots  :  Manet  ultima  cœlo,  (la  troisième  m'attend  au  ciel), 
n'est  pas  régulière,  car  il  n'existe  aucun  point  de  comparai- 
son entre  Henri  III  et  ses  couronnes.  Au  contraire,  la  fameuse 
devise  de  Louis  XIV  :  un  soleil  avec  ces  mots  :  Nec  pluribus 
impar,  est  excellente,  car  le  roi  y  est  comparé  au  soleil,  et  sa 
sagesse  à  la  lumière  de  cet  astre. 

Sur  la  définition  qui  précède,  reposent  les  règles  données 
par  les  maîtres.  Presque  toutes  ont  pour  but  d'assurer  la 
justesse  delà  métaphore  et  de  la  rendre  irréprochable.  On 
peut  les  réduire  à  cinq  propositions  principales,  et  l'évoque 
italien  Paul  Jove  les  formulait  ainsi,  vers  la  fln  du  XV' 
siècle 

Règle  de  PaulJove. 

!•  Qu'il  y  ait  juste  proportion  de  corps  et  d'âme,  c'est-à- 
dire,  entre  les  figures  et  les  paroles. 

2*  Que  la  devise  ne  soit  ni  si  obscure  qu'elle  ait  besoin 
d'une  sibylle  pour  l'interpréter,  ni  si  claire,  que  chacun  la 
puisse  aisément  concevoir. 

3<»  Qu'elle  soit  agréable  à  voir,  les  corps  étant  pris  des 
astres,  des  éléments,  des  animaux,  des  ouvrages,  des 
instruments  et  des  arts. 

A?  Qu'il  n'y  ait  point  de  figure  humaine. 

5"*  Que  le  mot  soit  court,  sans  être  obscur,  et  qu'il  soit 
dans  une  autre  langue  que  celle  de  la  personne  qui  porte 
cette  devise. 

Après  lui  ce  nombre  a  été  diminué  jusqu'à  deux  seulement 
et  augmenté  jusqu'à  douze  et  plus,  mais  sa  division  nous 
parait  suffire  et  nous  l'adoptons  dans  ce  qui  va  suivre. 


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Googfei  - 


Pour  faire  une  bonne  devise,  il  faut  donc  une  figure  et  des 
paroles,  et  que  les  termes  employés  pour  les  désigner,  soient 
d'un  heureux  choix  :  la  figure  ou  emblème,  s'appelle  corps,  les 
mots,  âme.  On  a  voulu  ainsi  exprimer  le  rapport  intime  qui  ^ 
doit  exister  entrç  les  deux  éléments  de  la  devise,  comme 
entre  les  deux  parties  constitutives  de  Thomme.  De  plus, 
Temblèmeest  saisi  par  le  sens  et  la  pensée  qui  s'en  dégage, 
plus  immatérielle,  si  nous  pouvons  nous  exprimer  ainsi, 
n'est  que  traduite  par  les  signes  alphabétiques.  Mais  aucun 
de  ces  deux  éléments  ne  doit  empiéter  sur  l'autre  ou  le  di- 
minuer, et  rester  seul  en  lumière  pour  le  cacher-  aux  yeux 
ou  à  la  pensée  ;  à  plus  forte  raison,  ne  peuvent-ils  se  produire 
séparément.  Voici  Jeux  devises,  où  la  porportion  de  corps 
et  d'âme  est  gardée,  et  qui  peuvent  servir  de  modèle.  Elles 
ont  été  composées  par  des  panégyristes  d'Olivier  de  Clisson  et 
de  Bertrand  du  Guesclin.  L'une  a  pour  corps  une  tour  de 
laquelle  sort  une^gerbe  de  flammes,  avec  ces  mots  :  Nescit 
vis  ista  /eweri,  (cette  force  ne  peut  être  contenue),  par  allusion 
à  l'activité  que  le  connétable  déploya  du  fond  de  la  prfson 
où  l'avait  enfermé  le  duc  de  Bretagne.  Les  flammes  de  sa 
puissante  intelligence  forcèrent  les  murailles  de  son  cachot, 
comme  le  feu  d'un  violent  incendie  force  les.  murailles  les 
plus  solides.  L'autre  a  pour  corps  un  flambeau  près  de  s'é- 
teindre, et  pour  âme  ces  mots  :  Etiam  moriendo  coruscat.  (Il 
brille  môme  en  mourant.)  Du  Guesclin  assiégeait  le  château 
de  Randon,  lorsque  sa  dernière  maladie  le  surprit,  et  le  der- 
nier jour  de  sa  vie  fut  une  dernière  victoire;  on  lui  apporta 
les  clefs  du  château  quelques  minutes  seulement  après  son 
dernier    soupir.  Dans  ces  deux  devises,  Tidée    qu'indique 


remblème,  est  bien  traduite  par  les  paroles,  et  la  proportion 
bien  gardée;  l'un  ne  se  présente  pas  à  Tesprit  aux  dépens 
deTautre  ;  maisils  se  complètent  mutuellement  et  harnao- 
nieusement,  à  tel  point  que  si  Ton  essayait  de  les 'séparer, 
ils  n'auraient  plus  aucune  signiflcation  Tun  sans  Tautre.  Il 
y  a  même  entre  le  dessin  et  les  mots  une  certaine  harmonie 
agréable  aux  yeux  comme  à  la  pensée,  et  ce  n'est  pas  le 
moindre  charme  de  ces  deux  devises  et  de  celles  qui  leur 

ressemblent.  Mais  hélas!  bien  peu  peuvent  leur  être  com- 

* 
parées.  Tantôt  un  emblème  énorme  et  compliqué  est  accom- 
pagné d'un  seul  mot  qui  l'explique  à  peine  ;  tantôt  un  dessin 
minuscule  a  pour  âme  une  phrase  entière  ;  ainsi  la  devise 
de  Coëtanlem,  où  se  voit  sous  un  lys  ce  verset  dlsaïe  :  Ger- 
minavit  sicut  lilium  et  florebit  in  œternum  ante  Dominum. 
(Il  a  germé  comme  le  lis  et  il  fleurira  éternellement  devant 
le  Seigneur).  Bien  mieux,  il  en  est  qui  n'ont  point  de  corps. 
et  ce  sont,  disent  les  vieux  auteurs,  des  âmes  errantes,  de 
vrais  feux  follets  voltigeant  sans  se  fixer  nulle  part  et  dont  on 
entend  la  voix  sans  les  apercevoir.  Ce  défaut  était  très  com- 
mun, surtout  dans  l'antiquité.  On  retrouve  de  ces  devises 
fausses  en  exergue  autour  des  pièces  de  monnaie,  gravées 
sur  les  sceaux,  inscrites  sur  les  murs  et  les  tapisseries,  pla- 
cées au-dessous  de  certaines  armoiries  ;  telles  sont  :  Le  veni^ 
vidi,  vici,  de  Jules  César;  le  :  Pour  ce  qu'il  me  plaît  d'Olivier 
de  Clisson  ;  Vaultre  riauray,  de  Tournemine  ;  et  enfin  la  de- 
vise de  l'illustre  maison  de  Bourbon  :  Espérance,  que  Ton 
voyait  encore  en  iôOO,  brodée  sur  les  tentures  de  la  salle  du 
Conseil  d'Etat. 

.  Aussi  mauvaises  sont  les  devises  sans  âmes.  En  voici 
quelques-unes  :  le  cheval  et  Vaigle  des  légions  romaines,  le 
griffon  d'Ollivier,  V échiquier  de  Salomon  de  Bretagne,  puis 
celles  que  nous  retrouvons  dans  les  chroniqueurs  :  Proissard, 
Monchelet,  Olivier  de  la  Marche  et  les  autres  historiens  :  le 
fusil  des  ducs  de  Bourgogne,  le  chardon  des  ducs  de 
Bourbon,  les  roses  blanches  et  rouges  d'York  et  de  Lamarck 


Elles  sont  certainement  incorrectes,  mais  il  faut  le  dire,  elles 
sont,  pour  la  plupart,  antérieures  à  la  bonne  époque,  ou 
appartiennent  à  des  capitaines  se  souciant  fort  peu  des  règles 
et  des  professeurs  ;  peut-être  aussi  ont-elles  perdu  ce  qui 
leur  manque  en  traversant  les  âges  pour  venir  jusqu'à  nous 
et  onVelIes  été  complètes  autrefois.  Leur  grand  défaut  est 
d'abord  de  ne  point  contenir  de  comparaison  suffisante,  et 
ensuite  d'offrir  plusieurs  interprétations  différentes  à  l'esprit; 
en  uti  mot  elles  manquent  de  précision  et  de  clarté. 


II. 


La  devise  ne  doit  pas  être  trop  obscure.  Les  choses  trop 
difficiles  excitent  d'abord  l'esprit,  mais  elles  ne  tardent  pas 
à  le  fatiguer,  il  se  rebute  et  les  abandonne.  Saint  Jérôme, 
raconte-t-on,  pâlissait  depuis  plusieurs  jours  sur  les  satyres 
de  Perse.  Désespérant  de  parvenir  à  comprendre  les  obcu- 
rités  dont  elles  sont  pleines,  il  jeta  le  livre  au  feu,  en  disant  : 
Tu  neveux  pas  être  entendu,  aussi  ne  te  veux-je entendre. 
Il  fit  bien  et  cependant  Perse  est  un  auteur  renommé,  et 
saint  Jérôme,  on  nous  l'accordera,  était  une  intelligence  peu 
ordinaire.  Que  serait-ce  donc  si  les- auteurs  de  devises 
adressaient  à  la  foule  des  énigmes  dignes  du  sphinx.  Si 
l'emblème  est  énigmatique,  les  paroles  doivent  en  être  la  clef. 
Tout  le  monde  n'a  pas  lu  le  livre  d'Erasme  :  obscura  claritas 
et  lesdipe  OEsont  rares.  Déplus,  souvent  ces  sortes  de  rébus 
sont  de  mauvais  goût,  et  nous  ne  croyons  pas  qu'il  faille 
beaucoup  imiter  l'ancienne  devise  des  Medicis;  c'était  un 
diamant  entouré  de  plumes,  avec  ces  paroles  :  semper 
or  damas  in  pœnis  ,  jouant  ainsi  sur  la  consonnance 
des  mots  peine  et  penne.  Au  temps  des  carrousels,  des 
tournois  et  des  joutes  on  prohibait  la  multiplicité  des 
figures.  Il     fallait  que    la   devise    puisse    se   saisir    d'un 


272  DEVISAIRE  DE   BRETAGNE 

seul  coup  d'œil,  autrement  il  eut  été  difficile  d'en  conce- 
voir le  sens  général  et  à  fortiori  de  se  rendre  compte 
des  détails,  pendant  le  court  intervalle  qu'exigeaient  une 
ou  deux  panades.  Pour  le  môme  motif,  on  ne  pouvait  employer 
que»  des  animaux,  des  plantes  et  des  objets  ordinaires  et 
communs,  et  encore  dans  leur  véritable  signification.  Sans 
cette  précaution,  il  eut  fallu  supposer  aux  spectateurs  une 
science  approfondie  de  Thisloire  naturelle.  Le  mot  et  la 
figure  devaient  donc  être  assez  simples  et  assez  frappants 
pour  se  graver  dans  la  m«!^moire.  La  réflexion  permettait 
ensuite  aux  esprits  les  plus  lourds,  de  deviner  et  d'ajouter 
leurs  critiques  ou  leurs  applaudissements  à  ceux  de  leurs 
voisins,  qui,  plus  subtils  avaient  compris  tout  d'abord. 
L'unité  dans  les  figures  est,  on  le  voit,  nécessaire.  Sont- 
elles  cependant  réduites  à  la  représentation  d'un  seul  objet? 
Non  certes,  mais  il  doit  y  avoir  une  figure  principale,  très 
voyante,  autour  de  laquelle  viennent  se  grouper  les  autres. 
Ainsi  il  est  permis  de  représenter  une  lune  entourée  d'étoiles, 
une  enclume  accompagnée  du  marteau  et  des  tenailles,  etc, 
Si  plusieurs  figures  forment  un  tout,  elles  sont  admises  aussi: 
un  firmament  constellé  d'étoiles,  une  palette  chargée  de 
couleurs,  un  rocher  battu  par  les  flots,  la  pluie  et  les  vents 
sont  de  bons  corps  de  devises,  pourvu  que  l'exécution  ne 
nuise  pas  à  l'idée  et  que  le  pinceau  de  l'artiste  la  rende  clai- 
rement. Si  la  devise  ne  doit  pas  être  obscure,  il  faut  se  garder 
de  la  composer  uniquement  pour  las  cerveaux  épais  dont 
nous  parlions  tout  à  l'heure.  Il  ne  faut  pas  que  le  premier 
rustre  venu  puisse  la  comprendre,  et  si  le  voile  ne  peut  pas 
être  trop  sombre,  on  doit  éviter  une  transparence  complète. 
Ce  n'est  pas  une  devise  que  le  mot  :  Roma  mis  au  bas  d'une 
statue  représentant  la  République  romaine  ;  c'est  une  simple 
inscription  :  Una  hirundo  non  facit  ver  (une  seule  hirondelle 
ne  fait  pas  le  printemps),  n'en  est  pas  une  non  plus;  c'est  la 
simple  constatation  d'un  fait.  Trop  claire  encore  la  devise 
des  Le  Chauff  :  Pretiumnec  vile  laborum  (noble  prix  de  nos 
labeurs)  placée  au-dessous  de  leurs  armoiries.  11  faut  un  peu 


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Goc^k-  — 


DE  VIS  AIRE   DE   BRETAGNE  273 

plus  de  difTiculté  pour  piquer  la  curiosité,  et  d'ailleurs  Tâme 
de  la  devise  n'en  étant  que  la  moitié^  il  ne  faut  pas  qu'elle 
adiève  le  sens  à  elle  seule  ;  il  est  nécessaire  qu'elle  lai9se 
quelque  chose  à  faire  à  remblème.  «  La  peinture,  dit  Adrien 
d'Amboise,  doit  s'entendre  par  la  lettre  et  la  lettre  par  la 
peinture.  »  Un  phénix,  à  demi-hrûlé  sur  un  brasier,  avec  ces 
mots  :  Ut  vivaty  est  un  assez  bon  modèle  ;  il  faut  pour  l'ex- 
pliquer savoir» que  le  phénix  renaît  de  ses  cendres,  et  l'âme  : 
Ut  vivat,  n'a  seule  aucun  sens. 


m 


Che  soprà  susso  babia  bella  vista  (que  sur  toute  chose  la 
devise  ait  belle  apparence),  dit  Paul  Jove.  En  effet,  la  devise 
rappelle  presque  toujours  un  dessein  ou  une  action  héroïque, 
et  les  êtres  laids  et  difformes  ne  sauraient  lui  convenir.  De 
plus,  c'est,  avons-nDus  dit,  une  métaphore,  une  comparaison, 
et  l'on  ne  peut  comparer  les  vilaines  choses  aux  belles,  ni 
s'en  servir  pour  les  exprimer.  Cherchons  donc  ailleurs.  Rien 
n'est  plus  facile.  Les  sujets  nobles,  agréables  et  piquants, 
abondent.  Le  champ  de  la  devise  est  vaste,  et  pour  ainsi 
dire,  sans  limites.  La  nature  toute  entière,  avec  ses  mille 
ressources,  la  métaphysique  et  l'infinité  des  êtres  moraux 
et  imaginaires,  sont  là,  tentant  l'œil  et  Tesprit.  Cherchez- vous 
,  un  corps  pour  votre  devise  ?  vous  pouvez  puiser  à  pleines 
mains  dans  les  trésors  de  la  nature,  ou  dans  ceux  de  votre 
imagination,  vous  contenter  de  ceux-ci  ou  de  ceux-là,  ou 
bien  encore  en  faire  un  heureux  mélange.  Vous  pouvez 
prendre  pour  emblème  :  le  soleil,  la  lune,  les  étoiles,  un 
oiseau,  un  poisson,  un  lion,  un  serpent,  un  arbre,  une  fleur, 
un  diamant,  un  bloc  de  marbre,  etc.,  peindre  un  dragon,  un 
sphinx,  un  hippogriffe,  une  hydre,  les  monstres  du  zodiaque  ; 
réunir  le  serpent  à  l'arbre,  placer  le  diamant  dans  le  bec  de 
l'oiseau,  lesphinxsous  un  ciel  étoile,  le  dragon  sur  des  fleurs. 
A  peine  les  maîtres  ont-ils  restreint  votre  essor  par  cer- 


274  DEVISAIRE   DE    BRETAGNE 

taines  prohibitions,  et  tentent-ils  de  guider  votre  choix 
et  votre  goût  par  quelques  conseils.  Le  corps  de  la  devise, 
disent-ils,  doit  être  réel  ou  fabuleux  :  réel,  s'il  se  trouve 
dans  la  nature,  fabuleux  s'il  adopte  les  formes  que  la  fable  a 
consacrées,  mais  il  ne  doit  jamais  être  chimérique,  contre 
nature  et  représenter,  par  exemple,  un  astre  hors  du  firma- 
ment ou  un  animal  hybride  et  invraisemblable.  Un  croissant 
avec  une  colonne  entre  ses  deux  pointes  qu'elle  empêche  de 
se  joindre,  est  donc  une  devise  défectueuse.  Défectueuse 
aussi,  celle  où  l'on  voit  une  statue  ailée.  Le  premier  de  ces 
deux  emblèmes  fut  cependant  choisi  après  la  bataille  de 
Tiépante,  par  le  prince  Colonna,  il  y  ajouta  ces  mots  :  Netotum 
impleat  orbem,  pour  montrer  qu'il  avait  empêché,  par  sa 
victoire,  les  Turcs  d'envahir  le  monde.  Le  second  est  du  prince 
de  Salerne  :  Amor  addidit,  (L'amour  les  a  ajoutées),  disait-il. 
Les  allégories  ne  sont  pas  non  plus  permises  :  une  bêche  de 
fossoyeur  ne  peut  représenter  la  mort,  ni  un  laurier  la  vic- 
toire. La  devise  de  Beschard,  avec  ces  mots  :  Memorare 
novissima tua.  (So\iwienS'io\  delà  dernière  fin),  n'est  donc 
pas  régulière.  Cependant,  on  psut  excuser  ici  ce  léger  défaut, 
parce  que  les  bêches  ont  été  pour  ainsi  dire  imposées  par  le 
nom.  Il  faut  surtout  se  garder,  soit  que  l'on  s'adresse  à  la 
fable,  soit  qu'on  fasse  son  choix  dans  la  nature,  d'offrir  aux 
yeux  une  peinture  repoussante,  horrible  ou  même  seulement 
difforme,  comme  les  crapauds,  les  araignées,  les  vers  de 
terre,  Cerbère  et  ses  trois  gueules,  les  Harpies,  les  instru-» 
ments  des  métiers  les  plus  vils,  comme  le  tire-pied  des  cor- 
donniers, le  racloir  des  lanneurs,  les  crochets- du  commis- 
sionnaire, la  hotte  du  chiffonnier.  Le  serpent  fait  presque 
toujours  horreur  et  ne  devrait  pas  entrer  dans  la  devise,  mais 
lé  P.  Bouhours  lui  fait  grâce  par  plusieurs  raisons.  D'abord  il 
a,  dit-il,  un  caractère  symbolique,  ensuite  certaines  espèces, 
le  basilic  entre  autres,  sont  ornées  de  vives  couleurs,  et 
présentent  un  agréable  aspect. 

{A  suivre).  E.  de  Bocerkt. 


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Gob^Ir 


■ffr/J 


NOTES  HISTORIQUES 


SUR  LA 


PAROISSE  DE  CAMPBON 

(Suite). 


1652. —  Le  17  avril,  fut  enterré  en  la  chapelle  de  iVo/r^-* 
Dame,  le  corps  de  missire  Roland  Charpentier,  du  village 
de  la  Magouais,  âgé  de  62  ans.  Signé  :  Rouvraye. 

1653.  —  Le  23  janvier,  fut  ensépulturé  en  l'église  de 
Campbon,  devant  lautel  Saint-Nicolas,  missire  Julien 
Lemarié,  prêlre. 

Le  30  septembre,  fut  baptisée  Claude,  fille  de  Jean  Michiel, 
escuyer,  sieur  de  la  Verrie,  et  demoiselle  Renée  de  Saint- 
Aubin,  sa  compagne  ;  fut  parrain,  haut  et  puissant  messire 
François  de  Cambout,  seigneur  marquis  de  Pontchâteau,  et 
marraine,  demoiselle  Claude  Guesille,  espouse  de  messire 
François  du  Mourier,  seigneur  de  la  Brosse,  Saint-Rémy. 

Signé  :  François  du  Cambout,  marquis  de  Pontchâteau  ; 
Claude  Guesille  ;  Jan  Michiel  ;  Achille-Ferdinand  de  Porcaro  ; 
Frère  Charles  de  Saint-Ange,  religieux  de  la  Mercy  et  pro- 
cureur général  pour  les  comptes  de  Bretagne  ;  Charles  de 
Moayre  ;  J.  Bourdays  et  J.  Dallibert. 


276  NOTES   fflSTORIQUES 

1654.  —  Le  13  avril,  fut  enterré  par  moi  soussigné,  recteur 
de  Campbon,  en  l'église  de  Drefiféac,  le  corps  de  défunt 
escuyer  Pierre  Le  Guennec,  sieur  de  la  Hirtays,  en  Campbon 
et  y  décédé.  Le  dit  sieur  mourut  pour  avoir  été  mordu  d'un 
petit  chien  enragé,  cinq  mois  et  demi  après  la  morsure, 
signé  :  Rouvraye. 

1655.  —  Le  18  mars,  missire  Jean  Orain,  du  village  de  la 
Rivière,  célébra  ssipremière  messe  en  la  chapelle  du  château  de 
Coislin,  en  présence  de  messire  François  de  Cambout,  mar- 
quis de  Pontchâteau,  et  autres. 

Le  9  mai,  missire  Robert  Orain  célébra  sa  première  messe 
en  l'église  de  Campbon. 

1656.  — Le  20  mars,  furent  conjoints  au  mariage,  en  l'église 
de  Campbon,  par  vénérable  et  discret  missire  François 
Couynet,  recteur  de  Bouvron,  noble  homme  Jacques  Petit, 
sieur  delà  Louytais,  de  la  paroisse  de  Doulon  et  honorable 
femme  Perrine  Blondeau,  nièce  du  recteur,  de  la  paroisse  de 
Morannes,  en  Anjou.  Signé  :  Rouvraye. 

1657.  —  Le  1*' janvier,  missire  René  Glotin,  prôtre  de  la  Gau- 
bretière,  célébra  sa  première  messe  à  haute  voix  ;  missires 
Guillaume  Sourget  et  François  Caillou,  prêtres  de  la  frairie 
de  Morts  remplissant  l'office  de  diacre  et  de  sous-diacre. 
Signé  :  Rouvraye. 

Le  23  janvier,  fut  ensépulturé  en  l'église  de  (ïampbon,  près 
l'autel  de  Saint-Michel,  le  corps  de  défunte  demoiselle 
Guyonne  Gout»re,  femme  de  Guy  de  Saint-Aubin,  escuyer, 
sieur  de  la  Morandays,  par  moi  seul.  Signé  :  Rouvraye. 

Le  10  avril,  furent  par  moi  soussigné,  recteur  de  Campbon, 
appliquées  les  cérémonies  du  baptême  à  une  fille  de  Jean 
Michiel,  escuyer,  sieur  de  la  Verrye  et  demoiselle  Renée  de 
Saint-Aubin,  son  espouse,  née  le  30  janvier  1654,  nommée 
Jeanne,  par  noble  homme  Ambroise  Chauvel,  sieur  du 
Bois  et  dame  Jeanne  Rangeard,  femme  de  Denys  Michiel, 
escuyer,  sieur  de  la  Prévostaye. 


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SUR  LA   PAROISSE   DE   CAMPBON  277 

Signé  :  Chauvel",  Jane  Rangeard.  H.  Le  Brun,  Moulnîer, 
Guyschon,  de  Tremaudan,  RouVraye,  recteur,  etc. 

Le  môme  jour,  fut  baptisée  Olive,  fille  des  mômes,  et  fut 
parrain ,  noble  et  discret  missire  Pierre  Chomart,  prêtre, 
recteur  de  Pontchâteau,  et  marraine,  dame  Olive  de  France, 
femme  de  François  de  Besné,  escuyer,  sieur  de  la  Haye  de 
Besné  ;  la  dite  fille  née  le  11  février  dernier. 

Signé  :  P.  Chomart,  H.  Le  Brun,  P.  Couaisnon,  Guyschon, 
Meignen,  de  Tremauden,  Rouvraye,  recteur. 

1658.  —  Le  4  novembre,  furent  appliquées  les  cérémonies 
du  baptême  à  un  enfant  baptisé  au  logis,  par  nécessité,  fils 
d'escuyer  François  Foureau  et  demoiselle  Bonaventure 
Joiian,  sa  femme,  sieur  et  dame  de  la  Pirotaye,  et  l'enfant 
nommé  par  escuyer  Jean  de  Marbré,  sieur  du  Fresne,  parrain, 
et  marraine,  Jeanne  Jouan,  veuve  d'escuyer  Charles  de 
Kercabuz,  sieur  de  la  Pommeraye. 

Signé  :  Jan  de  Marbré,  Jane  Joîian,  Guy  dô  Saint- Aubin, 
Jan  Michiel,  Olive  Loysel,  Marie  de  Champeaux,  Anne  de 
Marbré,  P.  Foureau,  et  Rouvraye,  recteur. 

Le  25  novembre,  fut  enterré  devant  l'autel  de  Saint-Michel, 
en  l'église  de  Campbon,  le  corps  de  défunt  escuyer  Guy  de 
Saint- Aubin,  sieur  delà  Morandays,  mari  en  secondes  noces 
de  demoiselle  Olive  Loysel,  décédé  en  la  maison  noble  du 
Guygnio,  le  24  du  dit  mois,  et  fut  fait  l'enterrement  par  moi 
soussigné,  recteur  de  Campbon.  Signé  :  Rouvraye. 

1659.  —  Le  Mercredi  des  Cendres,  26  février,  sur  les  sept 
heures  du  soir,  décéda  au  château  de  Coislin,  messire  Fran- 
çois du  Cambout,  marquis  de  Pontchâteau,  maître  de  camp 
dans  les  armées  de  Sa  Majesté,  non  marié,  flls  de  feu  messire 
Charles  du  Cambout,  baron  de  Pontchâteau,  chevalier  des 
ordres  du  roi,  gouverneur  des  ville  et  chasteau  de  Brest  et 
lieutenant  de  Sa  Majesté  en  Basse-Bretagne,  et  le  lendemain 
27  du  mois,  son  corps  fut  inhumé  dans  le  chœur  de  l'église 


de Campbon  par  moi  soussigné,  curé  de  C4ampbon.  Signé: 
Rouvraye. 

Le  6  mars,  sur  les  sept  heures  du  soir,  décéda  en  la  maison 
paternelle,  au  bourg,  missire  Yves  Mabilais,  prêtre^  ci-devant 
recteur  de  Malleville,  prieur  de  la  Bouvre  en  Saint-Pierre  de 
Bouguenais,  chapelain  de  Vaumônerie  de  Campbon,  et  le 
lendemain,  son  corps  fut  ensépulturé  au  côté  et  proche  l'autel 
de  Notre-Dame,  par  moi  soussigné.  Signé  :  Rouvraye. 

Le  8  avril,  fut  enterré  dans  le  chœiir  de  Téglise  de  Camp- 
bon,  par  moi  soussigné,  le  corps  de  Jean  de  Quélo,  fils  de 
messire  René  de  Quélo,  sieur  de  Cadouzan,  conseiller  au 
Parlement  de  Bretagne,  de  la  paroisse  de  Saint-Dolay,  petit 
pensionnaire  au  presbytère  de  Campbon^  âgé  de  huit  ans. 
Signé  :  Rouvraye. 

1660.  —  Le  26  octobre,  fut  baptisée  Renée,  fille  d'escuyer 
François  Foureau  et  demoiselle  BonaventureJouan,sa  femme, 
sieur  et  dame  de  la  Pirotaye  ;  et  fut  parrain  ,  escuyer  Hié- 
rosme  Jouan,  flls  de  M.  de  Kercassier,  et  marraine,  demoi- 
selle Renée  de  Kercabuz,  fllle  de  défunt  M.  de  la  Pommeraye, 
de  Guérande.  Si^né  :  Hiérosme  Joùan,  Renée  de  Kercabuz, 
Ch.  Foureau,  Philippe  de  Marbré,  Jane  Joiian,  Rouvraye,  etc. 

1661.  —  Le  26  mars,  sur  les  sept  heures  du  matin,  décéda 
missiro  Robert  Guischon,  prêtre,  ci-devant  recteur  de  Saint- 
Gildas-deS'Bois,  chapelain  du  Bois-Jolt/y  en  Quilly,  de  la  Gau- 
traie,  en  IJouée,  et  le  lendemain  après  la  grand-messe,  son 
corps  fut  inhumé  en  Téglise,  devant  Tautel  de  Notre-Dame, 
par  moi  soussigné.  —  Signé  :  Rouvraye. 

Le  dimanche  29  mai,  missire  Julien  Verger^  prêtre,  du 
village  de  Coustable,  célébra  sa  première  messe  à  haute  voix 
dans  Téglise  de  Gampbon.  Signé  :  Rouvraye. 

1662.  —  Le  10  octobre,  fut  baptisée  une  fllle  de  messire 
François  Foureau,  nommée  Jeanne  ;  parrain,  escuyer  Michel 
Le  Boteuc,  flls  de  M.  de  Coëssale,  et  marraine,  demoiselle 
Jane  Joiian,  fllle  de  M.  de  Ifercassier. 


SUR  LA  PAROISSE   DE   GAMPBQN  279 

1663.  —  A  la  fin  du  mois  de  novembre,  -missire  Yves 
Dallibert  signe  les  actes. 

Le  6  décembre,  vénérable  et  discret  missire  Pierre  Rou- 
vraye,  recteur  de  Campboti^  décéda  dans  sa  maison  presby- 
térale,  environ  midi,  et  le  lendemain  sur  les  onze  heures  du 
matin,  son  corps  fut  ensépulturé  dans  le  chœur  de  Téglise, 
proche  la  marche  du  grand  autel,  du  côté  de  l'Evangile,  par 
vénérable  et  discret  missire  François  Busson,  recteur  de 
Prinquiau.  îSigné  :  Dallibert. 

Le  18  décembre,  Missire  Jacques  Bourdays,  prêtre,  natif  de 
Moraivies^  en  Anjou,  fut  mis  en  possession  par  missire 
Jean  Peustrard,  prêtre,  du  diocèse  de  Nantes,  demeurant  en 
la  paroisse  de  Campbon,  du  vicariat  perpétuel  de  Campbon, 
vacant  par  la  mort  de  feu  missire  Pierre  Rouvraye,  son  oncle. 

De  môme  que  son  oncle,  le  nouveau  vicaire  perpétuel 
signe  tous  les  actes. 

1664.  —  Le  20  avril,  missire  Nicolas  Bellaire^  prêtre,  du 
village  du  Champ-Blanc,  célébra  sa  première  messe  à 
haute  voix  en  l'église  de  Gambon. 

1667.  —  Les  20  mars,  11  avril  et  17  avril,  MM,  François 
Bommale^  Roland  Tregret  et  Aubin  Criaud,  prêtres,  célé- 
brèrent leur  première  messe  en  l'église  de  Campbon.  Signé  : 
J.  Bourdays. 

1668.  —  Le  12  janvier,  fut  inhumé  le  corps  de  feu  missire 
René  Glotin,  prêtre,  âgé  de  50  ans,  chapelain  de  la  Moinerie^ 
en  Savenay,  natif  de  Campbon  et  du  village  de  la  Crohonais, 
signé  :  J.  Bourdays. 

1671. —Le  dernier  jour  de  novembre,  fut  inhumé  en  l'é- 
glise de  céans,  le  corps  de  feu  missire  Jean  Peustrard, 
prêtre,  âgé  de  81  ans,  demeurant  à  la  Baye-Mériais,  proche 
le  bourg  de  Campbon,  en  présence  ^es  seize  prêtres  natifs  et 
habitués  en  la  paroisse  et  autres.  Signé  :  J.  Bourdays. 

1672.  —  M.  Robert  Dallibert,  prêtre. 


280  NOTES  HISTORIQUES 

1674.  —  Lar  cure  de  Saint'Sébastieri'CVAigne'lez-Nantes, 
Sanctus  Sebastianus  de  Aqiiis ,  et  non  Saint-Sébastien  en 
Biscaye,  comme  le  prétend  Tauteur  du  registre  de  la  paroisse 
de  Campbon,  ayant  été  offerte  à  missire  Jacques  Bourdays, 
il  donna  sa  démission  de  vicaire  perpétuel  à  Gampbon^  et 
le  25  avril,  missire  Robert  Dalliberty  son  vicaire ,  ayant  été 
désigné  par  le  chapitre  de  Nantes  pour  le  remplacer,  il  revint 
te  22  juin  pour  son  installation. 

Missire  Jacques  Bourdays  avait  fait  exécuter  des  travaux 
importants  à  l'église,  en  1671  et  1672.  A  peine  ces  travaux 
étaient-ils  terminés  que  le  tonnerre  tomba  sur  le  clocher 
qu'il  découvrit  et  entra  dans  l'église  dont  il  détruisit  les  nou- 
veaux lambris. 

Le  général  de  la  paroisse  dut  se  faire  autoriser  par  le  Par- 
lement de  Bretagne  à  lever  sur  les  paroissiens  la  somme 
nécessaire  pour  ces  réparations. 

Nous  suivons  le  dépouillement  de  nos  registres  en  produi- 
sant deux  actes  différents  de  prise  de  possession  de  la  cure, 
signés  de  M.  Robert  Dallibert  : 

Le  dimanche  24  juin,  j'ai  pris  possession  de  la  cure  de 
Campbon  et  y  fut  mis  en  possession  par  noble  et  discret 
missire  Jacques  Bourdays,  doyen,  recteur  de  Saint-Sébastien- 
d' AigneS'lèS' Nantes ,  mon  prédécesseur,  de  la  paroisse  de 
Marannes,  en  Anjou.  Signé  :  R.  Dallibert. 

Le  dimanche  24  juin  1674,  fôtej  de  saint  Jean  Baptiste, 
missire  Robert  Dallibert,  prêtre,  recteur  de  cette  paroisse,  fils 
d'honorables  personnes,  Denys  Dallibert  et  Françoise  Legen- 
til homme  sa  femme  et  compagne,  du  village  de  la  Croletais, 
fut  mis  en  posi  jiôion  de  la  cure  de  Campbon,  par  noble  çt 
discret  missire  Jacques  Bourdays,  prêtre,  doyen,  recteur  de 
Saint-Sébastien-d'Aignes-lez-Nantes,  natif  de  la  paroisse  de 
Marannes,  en  Anjou  et  ci-devant  recteur  de  cette  paroisse,  à 
la  mort  de  feu  missire  Pierre  Rouvraye  son  oncle,  en  1663, 
ledit  Dallibert  âgé  de  29  ans.  Signé  :  R.  Dallibert,  recteur  de 
Campbon.  » 


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SUR  LA  PAROISSE   DE   GAMPBON  281 

1675.  —  Le  10  avril,  fut  inhumé  par  moi  soussig-né,  recteur, 
le  corps  de  défunt  missire  François  Cailion,  prêtre  et  chape- 
lain, du  village  de  la  Caillonais,  âgé  de  62  ans.  Signé  :  R. 
Dallibert.         # 

1676.  —  Le  5  janvier,  fut  inhumé  en  l'église  de  Vhle  de 
Bouin,  le  corps  de  missire  Julien  Verger,  prêtre^  originaire 
de  cette  paroisse,  âgé  de  46  ans. 

Le  9  avril,  fut  inhumé  par  moi  soussigné,  recteur,  le  corps 
de  défunt  Julien  Tregret.  prêtre,  du  village  de  la  Turcûudais^ 
âgé  de  70  ans,  en  la  chapelle  de  Notre-Dame.  Signé  :  R. 
Dallitîert. 

Le  13  juillet,  fut  baptisé  Georges-César  Provins,  fils  de 
nobles  gens.  César  Provins  et  Françoise  Polligné,  sieur  et 
dame  de  la  Haye  Mériais  ;  Parrain,  noble  homme  Georges 
Urvoy,  sieur  du  Coudray,  et  marr^aine,  Françoise  Davy.  Et  a 
été  baptisé  par  moi,  recteur  de  Malleville. 

Signé  :  Françoise  Davy,  Urvoy,  Perrine  Poligné,  César 
Provins,  Dallibert,  P.  Meignen,  recteur  de  Malleville,  etc. 

Le  18  octobre,  fut  inhumé  le  corps  de  noble  homme  Michel 
Provins,  sieur  de  l'Espine,  époux  de  demoiselle  Jane  de 
Moayre,  âgé  de  75  ans.  Signé  :  Dallibert,'recteur. 

1679.  —  Le  20  janvier,  fut  inhumé  le  corps  de  défunt  Jacques 
Guischard,  prêtre,  du  village  de  la  Gouè'rie,  âgé  de  70  ans. 
Signé  :  R.  Dallibert,  recteur. 

Le  3  novembre,  fut  inhumé  le  corps  de  défunte  demoiselle 
Renée  de  Saint-Aubin,  veuve  de  messire  René  Bertho  de 
Bocquehan,  âgée  de  52  ans.  Signé  :  R.  Dallibert,  recteur. 

1680.  —  Le  27  décembre,  fut  inhumé  par  moi  soussigné, 
recteur,  en  l'église  de  céans,  le  corps  de  défunt  missire  Julien 
Robin,  prêtre  de  cette  paroisse,  natif  du  village  de  Magouet, 
âgé  de  76  ans.  Signé  :  Dallibert,  recteur. 

1681.  —  Le  19  août,  furent  reçus  à  la  bénédiction  nuptiale 


282  NOTES    HISTORIQUES 

en  l'église  de  céans,  messire  Honorât  Baye,  fllsde  feu  messire 
Claude  Baye,  vivant  chevalier,  seigneur  de  la  Gohardière  et 
dame  Renée  Méries  sa  veuve,  de  la  paroisse  de  Savenay, 
et  demoiselle  Jane-Françoise  Edenin,  fille  d'escuyer  Pierre 
Edenin  et  demoiselle  Renée  Poureau,  sieur  et  dame  de  la 
Bigraisière. 

Signé  :  Honorât  Baye  ;  P.  de  Saint-Aubin  ;  R.  Dallibert, 
recteur;  J.  Garnier,  recteur  de  Savenay. 

1685   —  Le  1"  mai,  fut  bénite  par  moi  soussigné,  recteur 

de  Campbon,  par  la  permission  de  Monseigneur  Tillustris- 

sime  et  révérendissime  missire  Gilles  de  Beauveau,  évoque 

de  Nantes,  la  chapelle  de  Sainte-Anne  de  Brivé,  construite 

« 
dans  cette  paroisse  aux  frais  des  habitants  de  la  dite  f raine, 

où  assista    processionnellement    missire    Pierre  Meignen, 

recteur  de  Savenay  et  du  peuple  de  toute  partie. 

Signé  :  P.  Briand,  Robondin,  R.  Dallibert,  recteur  de 
Campbon,  Meignen. 

Le  30  mars,  furent  bénites  par  moi  soussigné,  recteur  de 
Campbon,  deux  cloches  dans  notre  église  :  la  plus  grosse  de 
1500  et  la  plus  petite  de  250,  lesquelles  ont  été  fondues  en  la 
chapelle  de  Saint-Victor,  par  honorable  homme  Pierre  Aubry, 
de  Lorraine,  à  deux  sols  par  livre. 

La  grosse  cloche  a  été  nommée  Armande^  par  noble  homme 
Henri  Le  Brun,  sénéchal  du  Duché  de  Coislin  et  par  demoi- 
selle Perrine  Guy  ton,  veuve  de  noble  homme  Henri  Le  Brun, 
sénéchal  du  Duché,  père  du  dit  sénéchal  d'aujourd'hui. 

La  petite  a  été  nommée  Magdeleine,  par  messire  François 
Moulnier,  greffier  de  céans  et  demoiselle  Françoise  Guihard, 
femme  et  compagne  de  messire  François  Guyschon,  procu- 
reur fiscal  au  siège  du  Duché. 

Signé  :  Henry  Le  Brun,  Moulnier,  Perrine  Guyschon, 
R.  Dallibert,  recteur. 

1686.  —  En  septembre  et  octobre  il  y  a  une  grande  morta- 
lité et  nous  voyons  environ  150  enterrements. 


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SUR  LA  PAROISSE   DE   CAMPBON  283 

16^8.  —  Le  16  septembre,  fut  baptisée  Jeanne,  fille  d'es- 
cuyer  Honorât  Baye,  sieur  de  la  Gohardière  et  dame  Jane- 
Françoise  Edenin,  sa  compagne  ;  fut  parrain,  noble,  véné- 
rable et  discret  Alexis  Baye,  prêtre,  dudit  lieu  de  la  Gohar- 
dière, et  marraine,  demoiselle  Jeanne  Foureau,  fille  de  M.  de 
laPirotaye,  oncle  paternel  de  la  dite  dame  de  la  Gohardière. 

Signé  :  A.  Baye,  Jeanne  Fourreau,  R.  Tregret,  prôlre, 
Paviot,  prêtre,  François  Fourreau,  Honorât  Baye^  Dallibert, 
recteur. 

1689.  —  Le  9  novembre,  fut  inhumé  le  corps  de  noble 
homme  César  Provins,  sieur  de  laHaye-Meriais,  veuf  de  Fran- 
çoise Poligné,  époux  de  Françoise  Mabilais,  âgé  de  45  ans. 

Le  28  décembre,  fut  inhumé  le  corps  de  Missire  Roland 
Tregret,  prêtre,  âgé  de  47  ans.  Signé  :  R.  Dallibert,  recteur. 

M.  R.  Tramblay,  prêtre. 

1691.  —  Le  3  janvier,  fut  baptisé  Jean-François,  fils  d*é- 
cuyer  Honorât  Baye,  sieur  de  la  Gohardière  «t  dame 
Jeanne-Françoise  Edenin,  son  épouse,  demeurant  à  leur 
maison  du  Bois  de  la  Lande;  parrain,  messire  Joseph  Ro- 
gon,  époux  de  dame  Marguerite  du  Goudray,  damedeBesné. 

Signé  :  Joseph  Rogon,  Marguerite  du  Goudray,  François 
de  Besné,  François  Fourreau,  Honorât  Baye,  R.  Dallibert, 
recteur. 

1692.  —  Le  23  mai,  fut  faite  par  moi  soussigné,  recteur  de 
Campbon,  la  bénédiction  de  la  petite  cloche  de  cette  église, 
sur  laquelle  est  Timage  de  Saint  Martin,  abbé  de  Vertou, 
patron  de  cette  paroisse,  laquelle  a  été  refondue  en  la  cha- 
pelle de  Saint-Victor,  par  les  sieurs  Pierre  et  Nicolas  Aubry, 
de  Lorraine. 

Signé  :  R.  Dallibert,  recteur. 

1693.  —  Le  8  mai,  fut  inhumé  le  corps  d'écuyer  Honorât 
Baye,  mari  de  Jeanne-Françoise  Edenin,  sieur  et  dame  de  la 
Gohardière,  âgé  de  47  ans. 

Signé  :  Dallibert,  recteur. 

T.   VI.   —  DOCUMENTS,   VI*  ANNÉE,  5%  UV.  19 


284  NOTES  HISTORIQUES 

• 

A  cette  époque^  les  prêtres  de  Gampbon  étaient  :  MM. 
René  Fondin,  Jan  Tregret,  Jan  Paviot,  Guillaume  Sauva^et, 
Guillaume  Caillon,  Pierre  Dallibert,  Robert  Cran,  Pierre 
Briand,  François  Gérard,  Julien  Daufray,  Henri-Gabriel  de 
TEscorce. 

1698.  —  Le  20  janvier,  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de 
céans,  à  la  grande  porte  de  Téglise,  le  corps  de  missire  Pierre 
Briand,  prêtre,  du  village  de  la  Villalée,  âgé  de  43  ans. 

Le  16  juillet,  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  église, 
proche  la  croix,  le  corps  de  feu  noble  homme  René  Loysel, 
sieur  du  Guynio,  fils  de  noble  homme  Pierre  Loysel  et  de- 
moiselle Marquise  de  Saint-Aubin,  seigneur  et  dame  de 
Grossac,  âgé  de  40  ans,  demeurant  au  lieu  noble  de  la  Ho- 
randays,  trouvé  noyé  dans  le  marais  de  Brivé,  proche  Cois- 
labo,  allant  à  la  pêche.  Signé  :  J.  Méries,  J.  Paviot,  prêtre, 
R.  Dallibert,  recteur. 

Le  11  décembre,  fut  inhumé  le  corps  de  vénérable  et  dis- 
cret Missire  Pierre  Dallibert,  prêtre,  chapeiain  de  la  chapel- 
lenie  fondée  par  feue  Marie  Gérard,  demeurant  au  village  de 
la  Crolleiais,  et  âgé  de  78  ans.  Il  fut  enterré  dans  le  cime- 
tière, proche  les  marches  de  la  croix. 

Signé  :  Dallibert,  recteur. 

1699.  —  Le  10  mai,  Monseigneur  Hllustrissime  et  Révé- 
rendissime  Evoque  de  Nantes  fit  sa  visite  et  donna  la  con- 
firmation à  tous  ceux  qui  se  présentaient,  en  compagnie  de 
M.  le  doyen  de  Nantes.  Il  a  reçu  le  compte  de  la  fabrique  que 
lui  présentèrent  Roland  Gérard,  Pierre  Davy  et  Jacques  Ni- 
colas, fabriqueurs  sortants,  et  entrant  en  charge  :  Robert 
Bellain,  Jacques  Boudazain  et  Pierre  Bécigneul. 

Signé  :  R.  DAlliJDert,  recteur. 

1701.  —  Le  17  février,  fut  inhumé  dans  le  cimetière,  à  la 
grande  porte  de  Téglise,  à  main  gauche  en  sortant,  le  corps 
de  Missire  Robert  Cran,  prêtre  de  cette  paroisse,  âgé  de  74 


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SUR  LA  PAROISSE   DE   GAMPBON  285 

ans,  premier  chapelain  de  la  chapelle  SaintC'Anne  de  Brivé, 
du  village  de  la  Turcaudais. 

Le  6  avril,  furent  reçus  à  la  bénédiction  nuptiale  par  moi 
soussigné;  recteur,  écuyer  Jan  Alexandre  du  Maz,  sieur  de 
Limur,  fils  de  défunt  écuyer  Claude  du  Maz  et  dame  Char- 
lotte de  Vaugiraud,  sieur  et  dame  du  Glen,  ses  père  et  mère, 
de  la  paroisse  de  Glénac,  évèché  de  Vannes; 

Bt  demoiselle  Louise  de  l'Escorce,  dame  de  la  Hirtays» 
fille  de  défunt  écuyer  Gabriel  de  l'Escorce,  sieur  du  Rocher, 
et  dame  Renée  Le  Guennec,  ses  père  et  mère,  de  cette  pa- 
roisse. 

Signé  :  Jan  Alexandre  du  Maz,  Denyse  de  l'Escorce,  Marie- 
Anne  Bertrand,  Jean  Pelage  du  Maz,  Jan-Prançois  des  Forges, 
R.  Dallibert,  recteur. 

Le  7  octobre,  fut  inhumé  le  corps  de  vénérable  et  discret 
missire  René  Fondin,  prôtre  de  cette  paroisse,  âgé  de  49 
ans.  Signé  :  R.  Dallibert. 

1702.  —  MM.  Gilles  Moriceau ,  Mathurin  Peustard ,  Jan 
Peillet,  Guy  Lesiour,  Pierre  Charpentier,  R.  Gérard,  Fran- 
çois Abin,  prêtres. 

1704.  —  Le  11  juin,  missire  Robert  Dallibert  signe  pour  la 
dernière  fois. 

Le  23  juin,  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de  céans,  proche 
la  croix,  le  corps  de  vénérable  et  discret  missire  Robert 
Dallibert,  vivant  recteur  de  cette  paroisse,  âgé  de  60  ans. 

Signé  :  J.  David,  prôtre  ;  J.  Paviot,  prôtre  ;  M.  Feustard, 
prôtre;  M.  Bourneuf,  recteur. 

La  cure  de  Campbon  était  alors  placée  dans  un  pré  qui  dé- 
borne la  chapelle  de  Saint- Victor  dont  les  murailles  servaient 
de  clôture  à  une  partie  de  la  cour. 

Cette  maison  se  composait  de  sept  pièces,  dont  trois  en 
bas  et  quatre  en  haut. 

En  mourant,  le  recteur  Dallibert,  la  laissait,  ainsi  que  l'é- 
glise, dans  le  plus  pitoyable  état  :  ni  lui,  ni  le  général  de  la 


286  NOTES   HISTORIQUES 

paroisse,  ni  les  chanoines  de  la  cathédrale,  curés  primitifs, 
n'en  avaient  prjs  souci,  aussi  tout  s'écroulait.  Nous  allons 
voir  ce  qu'il  en  advint. 

he  27  îum,  mtssire  Alexandre  floyon  fut  présenté  bm  vica- 
riat perpétuel  de  Campbon  et  le  6  juillet,  nous  voyons  sa 
signature  sur  le  registre,  mais  elle  n'y  reparaît  plus.  Le  sieur 
Rogon  ne  voulut  accepter  les  logements  ni  l'église  avant 
qu'on  eût  fait  les  réparations  nécessaires,  et  quand  il  vit  qu'il 
ne  pouvait  rien  obtenir,  il  donna  sa  démission  et  obtint  la 
cure  de  Savenay  où  nous  l'avons  déjà  rencontré. 

1705.  —  Le  23  mars,  missire  Joseph  de  Marques,  originaire 
de  Nantes,  obtint  la  place  de  vicaire  perpétuel  de  Campbon  et, 
à  partir  du  11  avril,  nous  trouvons  sa  signature  sur  les  Re- 
gistres avec  celles  des  autres  prêtres  de  la  paroisse. 

Le  nouveau  recteur  de  Campbon  n'était  point  un  homme 
ordinaire,  et  Messieurs  les  chanoines  de  Nantes  durent 
bientôt  reconnaître  que  celui-ci  du  moins,  ne  laisserait  point 
péricliter  entre  ses  mains,  les  droits  qu'il  tenait  de  l'édit 
de  1695. 

M.  de  Marquas  ne  se  déconcerta  pas  comme  son  pré- 
décesseur devant  le  mauvais  état  de  la  cure  :  Il  commença 
par  affermer  dans  le  bourg  une  maison,  puis  il  assigna  le 
général  de  la  paroisse  pour  le  contraindre  à  faire  au  pres- 
bytère toutes  les  réparations  nécessaires. 

Celui-ci  refusa  et  s'en  prit  aux  héritiers  de  missire  Robert 
Dallibert. . 

Ces  derniers  déclarèrent  qu'ils  n'étaient  pas  tenus  à 
faire  toutes  les  réparations  et  ils  obtinrent  gain  de  cause 
devant  la  justice. 

Alors,  le  général  se  retourna  vers  les  chanoines  de  la 
cathédrale  de  Nantes,  curés  primitifs,  qui  percevaient  les 
deux  tiers  des  dîmes  de  la  paroisse. 

De  son  côté,  missire  de  Marques  demanda  que  ces 
Messieurs  fussent  dépossédés  de  la  partie  qu'ils  occupaient 


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SUR  LA   PABOISSE  DE  GAMPBON  287 

dans  la  cure,  dans  le  jardin  et  dans  les  écuries,  il  voulait 
enfin  rester  le  maître  chez  lyi,  le  jour  où  il  lui  serait  donné 
d'y  rentrer. 

Le  procès  s'engagea  et  chacun  fit  valoir  ses  raisons,  nous 
verrons  plus  tard  quel  en  fut  le  résultat. 

1705.  —  MM.  G.  Moriceau  et  M.  Meignen,  prêtres. 

1706.  —  Le  2  février,  fut  inhumé  dans  le  cimetière,  le  corps 
de  missire  Guy  Toiles,  prêtre  de  cette  paroisse^  décédé  hier 
au  village  de  la  Douettée,  âgé  de  67  ans.  Signé  :  de  Marques 
recteur  deCampbon. 

1707.  -  M.  J.  Ruai,  prêtre.  • 

1709.  —  Le  13  mai,  furent  reçus  à  la  bénédiction  nuptiale, 
écuyer  Michel  de  Saint -Aubin,  flls  d'écuyer  Pierre  et 
dame  Françoise  du  Coudray  ses  père  et  mère,  de  la  paroisse 
de  Lavau,  et  demoiselle  Marie  Hébert,  fllle  d'écuyer  Jacques, 
et  dame  Catherine  de  la  Guerche,  ses  père  et  mère,  delà 
paroisse  de  la  Ghâtaignerais,  évêché  de  Luçon  et  demeurant 
depuis  dix  mois  dans  cette  paroisse. 

Signé  :  Michel  de  Saint-Aubin,  Marie  Hébert,  Guyenne 
Meignen,  Françoise  Loysel,  Honorât  Baye,  Méries,  J.  Ruai» 
R.  Gérard,  de  Marques,  recteur. 

1710.  —  MM,  J.  Lebeau,  prêtre,  Jean  Dréal,  vicaire. 

1711.  —  Le  12  janvier,  a  été  baptisé  Pierre,  né  ce  jour,  flls 
d'écuyer  Michel  de  Saint-Aubin,  sieur  du  Vigneau  et  dame 
Marie  Hébert  sa  compagne  ;  parrain,  écuyer  Pierre  de  Saint- 
Aubin,  seigneur  de  la  Chaussée,  chef  de  nom  et  d'armes,  et 
marraine,  demoiselle  Françoise  Loysel ,  compagne  d'hono- 
rable homme  Jan  Méries,  sieur  de  la  Ville  Fouere. 

Signé  :  Françoise  Loysel,  Pierre  de  Saint- Aubin,  J.  Méries, 
Michel  de  Saint-Aubin,  De  Marques,  recteur. 
MM.  J.  Bourgeois  et  P.  Ertaud,  prêtres. 
Sur  les  dernières    feuilles    du    registre    de  1711  nous 


288  NOTES  HISTORIQUES 

trouvons  copié  d'un  long  arrêt  de  la  cour  de  Rennes,  rendu  le 
27  juin  dé  la  dite  année,  à  la  requôte  de  missire  Joseph  de 
Marques,  recteur  de  Campbon,  contre  le  général  des  parois- 
siens dudit  Campbon,  leâ  héritiers  de  feu  missire  Robert 
Dallibert,  en  son  vivant  vicaire  perpétuel  de  celte  paroisse, 
les  nobles  et  discrets  doyen,  chanoines  et  chapitre  de  la 
cathédrale  de  Nantes. 

Nous  en  extrayons  ce  qui  suit  : 

«  Faisant  droit  à  la  dite  requête,  condamnant  le  grénéral 
de  la  paroisse  a  réparer  et  rétablir  les  logements  du  près* 
bytère,  les  mettre  en  état  d'habitation  pour  le  sieur  de 
Marques,  vicaire  perpétuel  ;  condamnant  les  doyen,  chanoines 
et  chapitre,  d'abandonner  pour  le  logement  du  dit  de  Mar- 
ques, la  portion  par  eux  prétendue,  jardin,  écurie,  étables,  et 
à  les  mettre  en  état  de  réparations  dans  un  délai  de  trois 
mois  ;  Néanmoins  le  dit  de  Marques  donnerait  une  chambre 
et  un  lit  pour  un  chanoine  lorsqu'il  viendrait  faire  les 
fonctions  curiales  aux  quatre  fêtes  de  Tannée  ; 

Condamnant  les  héritiers  de  Robert  Dallibert  à  réparer 
également  dans  les  trois  mois,  la  portion  dont  ledit  Dallibert 
avait  joui  comme  vicaire  perpétuel  ; 

Les  grosses  réparations  restant  à  la  charge  du  général  et 
les  menues,  à  celle  des  héritiers  Dallibert  ; 

Condamnant  le  dit  général  a  payer  70  livres  par  an  pour  le 
logement  pris  à  ferme  au  bourg  de  Campbon,  de  David  du 
Gasset,  du  jour  de  la  prise  de  possession  du  recteur  ; 

Condamnant  le  chapitre  à  libérer  et  indemniser  qui  de 
droitdes  frais  de  la  procédure  qui  amena  cette  condamnation. 

Le  jugement  ordonne  en  outre  que  par  devant  l'Alloué  de 
Savenay*,  les  Lebrun  frères,  Pierre  Doceul,  Gilles  et  François 
Meignen,  Jean  et  Michel  Méries  et  Louis  Nicolas,  qui  sans 
doute  avaient  dû  tenir  contre  recteur  des  propos  déshonnôtes, 

'  V Alloua  eBi  un  juge,  c'est  ie  lieutenant  du  Sénéchal,  ce  n*e8t  doncpv 
un  nom  d'homme  comme  récrit  l'auteur  du  registre  de  la  paroisse  de 
Campbon  qui  l'appelle  le  nommé  V Alloué  de  Savenay* 


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J 


SUR  LA  PAROISSE   DE   GAMPBON 


289 


reconnaissent  de  Marques  pour  homme  d'honneur,  non  noté 
des  injures  mentionnées  dans  leurs  requêtes,  et  ce,  en  pré- 
sence de  six  notables  paroiSiSiens  au  choix  du  demandeur; 
les  condamne  aux  dépens;  ordonne  que  le  présent  arrêt 
sera  lu  en  chaire  au  prône  de  la  grand'messe,  un  dimanche, 
par  le  premier  prêtre  requis  ; 

Ordonne  que  les  titres  de  la  paroisse  seront*  remis  aux 
archives  sous  trois  clefs  qui  seront  données,  Tune  à  de 
Marques,  l'autre  au  procureur  fiscal  de  la  juridiction  et  la 
troisième,  aux  marguilliers  en  charge.  » 

Ensuite  est  écrit  :  «Cet  arrêt  fut  rendu  le  27  juin  17H, 
après  six  ans  de  procédure,  et  a  coûté  18000  livres  de  frais  et 
des  peines  incroyables  à  toutes  les  parties. 

€  Priez  Dieu  pour  celui  qui  l'a  fait  rendre  !  » 

(A  suivre),  de  la  Pateluère. 


DMISAIRE  DE  BRETAGNE 


-«OH 


LES  RÈGLES  DE  LA  DEVISE 


IV 


LB   corps  humain  est  ce  qu'il  y  a  de  plus  noble  dans  la 
nalure,  et  si  Dieu  l'a  pétri  d'argile 

€  Os  homini  subliqie  dédit,  cœlumque  tueri. 
Jussit,  et  tendere  ad  sidcra  vultus.  # 

il  permit  à  l'homme  de  porter  haut  la  lôle  et  de  tourner 
son  visage  vers  les  astres)  Ovide. 

A  ce  titre  il  rentrerait  dans  le  cadrQ  de  la  devise  et  en 
serait  un  des  plus  beaux  ornements.  Cependant  tous  les 
bons  auteurs  l'en  ont  exclu,  sauf  Ruscelli.Aresi  et  Tesauro,  et 
la  raison  qu'ils  donnent  de  celte  exclusion  est  péremptoire. 
Ne  l'oublions  pas,  la  devise  est  essentiellement  une  compa- 
raison métaphorique  entre  elle-même  et  celui  qui  la  porte. 
«  Elle  a  pour  but,  de  montrer  la  proportion  qui  existe  entre 

f.   VI.   —  DOCUMENTS.   -«-   VI*  ANNÉE,   6"   LIV.  20 


292  JDBVISAIKE  UE  UllETA.GXE _  . 

l'homme  cl  la  figure,  3ur  quoi  la  similitude  est  fondée*.  »  II  est 
impossible  de  comparer  une  chose  àeîle-môme:  le  corps  hu- 
main à  Ihomme.  ELirouverail-on  quelques  sujets  de  compa- 
raison en  tiC  un  homme  et  un  aulro, celte  comparaison  ne  serait 
pas  métaphorique.  «  Le  propre  de  la  métaphore,  dit  encore  le 
P.  Bouhours,  est  de  transporter  une  signification  de  son  lieu 
propre  à  un  sujet  étranger,  coquine  se  peut  faire  à  l'égard- de 
laction d'un  homme  et  de  celle  d'un  autre  homme,  étant  tous 
deux  de  la  môme  essence  et  dans  le  môme  ordre.  »  Ainsi  les 
devises  de  plusieurs  rois,capilaines  et  savantsdu  dix-septième 
siècle,  sont  fausses,  malgré  la  pensée  souvent  ingénieuse 
qui  les  a  inspirées.  Lancelot  de  Taille,  capitaine  et  auteur 
dramatique,  portait  un  homme  foulant  un  monde  aux  pieds» 
et  serrant  à  la  main  une  pique  sur  la  banderolle  de  laquelle 
était  écrit  cet  hémistiche  de  Virgile  :  Non  inferiora  seciitus, 
(N'a  pas  fourni  une  carrière  moins  glorieuse).  On  peignit 
pour  Philippe  II.   après  l'abdication  de  Charles-Quint,  un 
.Hercule  portant  le  ciel,  avec  ces  mots  :   Ut  quiescat  Atlas. 
(i-uur  qu'Atlas  se  repose). 

A  propos  de  la  réforme  de  la  monnaie  d'Henri  III,  en  1577, 
Adrien  d'Amboise  proposa  de  frapper  des  jetons  sur  lesquels 
on  verrait  le  Dieu  des  richesses  assis  sur  un  cube,  les  ailes 
ployées,  les  yeux  bandés,  et  garolté  de  grosses  chaînes  d'or 
avec  ces  mots  écrils  sur  le  cube  :  Sedet  œtcrnitmque  sedcbii. 
Celte  image  bizarre,  trouvée  alors  très  belle  et  très  signifi- 
cative, voulait  dire,  paraît-il,  que  l'on  espérait  ta  fixation  dé- 
finitive de  la  valeur  et  de  l'alliage  des  monnaies.  Malgré  les 
figures  humaines  d  Hercule  et  de  Plutus,  ces  deux  dernières 
devises  ne  furent  pas  universellement  blâmées.  Certains 
maîtres  acceptaient  volontiers  les  dieux  de  la  fable.  Ils  ou- 
bliaient que  toute  la  religion  des  Grées  et  des  Latins  était 
fondée  sur  l'antropomorphisme,  et  que  les  attributs  dont  ces 
prétendus  dieux  étaient  munis,  les  costumes  extravagants 

»  Entretiens  d'Ariste  et  d'fîugèn^. 


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DEVISÂIUB   DE  BRETÂGNS  203 

dont  ils  étaient  parés  ne  suffisaient  pas  à  leur  ôter  la  forme 
humaine.  Jupiter  et  son  tonnerre,  Hercule  avec  sa  massue 
et  sa  peau  de  lion,  Bacchas  avec  son  thyrse,  Silène  et  son 
tonneau,  l'Amour  et  son  arc,  etc.,  sont  donc  prohibés.  Il  en 
est  de  mémo  de  Satan,  à  qui  Ton  adonné  ja  figure  d'un 
homme  hideux  et  convulsé,  des  fées,  des  nains  et  de  toutes 
les  formes  sous  lesquelles  on  s'est  plu  à  représenter  les 
mauvais  esprits.  On  no  doit  faire  grâce  aux  portraits  et  aux 
statues  qu'à  une  seule  condition  :  c'est  qu'ite  entrent  dans  la 
devise,  non  comme  portraits  et  reproductions  de  la  figure 
humaine,  mais  comme  œuvres  d'art.  La  comparaison  qu'on 
en  tire  n*a  alors  aucun  rapport  avec  la  personne  dont  les 
traits  ont  été  peints  ou  sculptés,  telle  cette  devise,  où  l'on 
voit  une  main  armée  d'un  ciseau,  achevant  la  statue  d'un 
grand  homme  :  Perficitur  diim  cœditur  (En  la  frappant  on  la 
rend  plus  parfaite),  lit-on  sur  le  socle.  En  cela,  il  n'est 
ici  question  d'aucune  figure  spéciale,  et  la  statue  représen- 
terait-elle Alexandre  ou  César  que  cela  n'ajcfuterait  rien  i 
l'idée. 

Mais  la  main  tenant  un  ciseau  suffirait  à  gâter  cette  devise. 
Les  différentes  parties  du  corps  humain  ne  sont  pas  plus 
admises  que  le  tout.  Il  paraît  choquant  et  monstrueux  à  plu- 
sieurs auteurs  dje  les  voir  séparées  et  coupées,  comme  une 
oreille  en  l'air,  un  œil  au  bout  d'un  sceptre,  un  cœur  au  haut 
d'une  pyramide,  une  main  coupée  sur  un  livre.  Il  est  cepen- 
dant permis  de  figurer  une  main  sortant  d'un  nuage,  parce 
qu'alors  elle  n'est  pas  coupée  et  que  le  reste  du  corps  est 
supposé  caché  par  ce  nuage.  Los  maîtres  nous  semblent  ici 
bien  sévères,  et  nous  passerions  outre,  au  moins  pour  la 
main.  C'est  du  reste  le  sentiment  de  plusieurs  bons  juges 
dans  la  matière,  entr'autres  celui  d'Aresi.  «  Elle  est,  dit-il, 
d'une  nature  particulière,  et  propre  à  fonder  non-seulement 
une  comparaison,  mais  aussi  une  métaphore.  »  Il  en  apporte 
un  exemple  tiré  de  la  distinction  et  de  l'inégalité  des  doigts, 
qui  rendent  la-  main  plus  belle,  et  pour   ''aire  une  devise,  il 


294  DEVISAI  RE  DE  BRETAGNE 

ajoute  ces  paroles  :  Disparitate  pulchrioVy  (l'inégralité  me 
rend  plus  belle).  Il  préfend  exprimer  par  là  que  la  diversité 
des  esprits  et  des  humeurs  rend  la  société  des  hommes  plus 
agréable. 


Le  mot  de  la  devise  est,  pour  ainsi  dire,  son  nom,  dit  Adrien 
d'Amboise.  «  C'est  un  vieil  proverbe,  puisqu'un  beau  nom 
ne  coûte  non  plus  à  donner  qu'un  laid,  les  pères  ne  doivent 
jamais  estre  chiches  ou  négligens  d'en  procurer  un  beau  à 
leurs  enfants.  Ainsi  les  autheurs  des  devises  ne  doivent  leur 
espargner  quelque  beau  et  délectable  subiet,  ny  aussi  quelque 
beau  mot  pour  y  servir  d  ayde.  »  Il  n'en  est  pas  toui-à-fail 
ainsi.  L'âme  dte  la  devise  ne  la  nomme  pas,  ce  serait  la  rendre 
trop  claire,  et  contrevenir  à  ce  que  nous  avons  dit  précédem- 
ment. Elle  doit  en  faciliter  l'interprétation,  et  cacher  le  sens 
juste  assez  pour  piquer  la  curiosité  et  exciter  l'esprit  La 
clarté  ne  dépend  pas  du  grand  nombre  de  mots,  et  souvent 
un  seul  en  dit  plus  qu'une  douzaine.  Mais,  là  encore  est  un 
juste  milieu  dépendant  de  mille  circonslances;  il  fautdu  tact 
et  du  goût  pour  le  rencontrer.  On  convient  généralement 
qu'un  mot  employé  seul  a  trop  de  sécheresse  et  de  dureté,  il 
est  disgracieux  à  l'œil  comme  à  Toreille.    Par  exemple,  le 
Fac  (agis),  des  chanoines  de  Guérande,  WEternitati  (A  l'éter- 
nité) de  Pierre  Le  Marchant,  trésorier  de  France  à  Caen.  Le 
premier  n'a  qu'une  syllabe  et  le  second  en  a  cinq  et  tous  deux 
sont  sans  harmonie.   Deux  ou  trois    mots  valent  mieux. 
VAtavis  et  armis  des  Chasteigner;  le  Percussus  surgo  des  Cha- 
bot, ont  du  nombre  et  sont  agréables  à  entendre.  En  somme, 
on  peut  aller  jusqu'à  trois  mots  de  trois  syllabes,  et  dire  ce 
qu'Aristote  disait  des  convives  d'un  festin  bien  ordonné  : 


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DEVISAIRE  DE  BRETAGNE  295 

«  Au  moins  autant  que  les  Grâces,  jamais  plus  que  les  Muses.  » 
Ce  précepte  n'est  pas  si  exclusif  qu'il  ne  souffre  une  excep- 
tion en  faveur  de  la  poésie.  Le  rythme  du  vers  chatouille 
Toreille,  et  les  maîtres  autorisent  quatre  ou  cinq  mots  et 
plus,  surtout  dans  les  vers  italiens  dont  la  cadence  est  si 
gracieuse.  On  peut  donc  choisir  pour  sa  devise  un  hémis- 
tiche d'un  poiite  ou  môme  un  vers  tout  entier,  mais  c'est  là 
tout  ce  qui  est  accordé  et  l'emploi,  du  plus  court  distique 
est,  à  leur  avis,  une  faute.  En  outre,  ce  que  Ton  recherche 
dans  le  vers  c'est  l'harmonie,  il  faut  donc  bien  se  garder  de 
tailler  à  tort  et  'à  travers  dans  Tœuvre  des  poètes  et  de  la 
défigurer.  Deux  mots  pris  au  milieu  d'un  vers,  enjambant 
d'un  hémistiche  sur  l'autre,  ne  sont  plus  que  de  la  prose,  et 
souvent  assez  mauvaise.  Il  faut  donc  chercher  avec  soin,  et 
si  Ton  tient  absolument  à  tirer  Tftme  de  sa  devise  d'un  bon 
auteur,  il  n'en  manque  pas  :  la  Bible,  les  sentences  des 
philosophes  anciens  et  modernes,  les  proverbes  et  les  dictons 
populaires  tant  de  fois  recueillis,  les  poètes  grecs  et  latins 
dans  l'antiquité,  et  la  multitude  des  poètes  modernes  de  tous 
les  pays;  voilà,  nous  semble-t-il,  une  mine  inépuisable.  Si 
l'on  donne  aux  paroles  de  l'auteur,  un  sens  différent  du  sien, 
la  devise  n'en  sera  que  plus  spirituelle.  Par  exemple,  Virgile 
dit  en  parlant  de  la  renommée  :  Mobilitate  viget^  viresque 
acquirit  eundo^  on  a  appliqué  ingénieusement  Mobilitate  vigei, 
à  une  horloge,  et  Vires  acquirit  eundo,  à  une  rivière.  Ce 
genre  dé  travestissement  n'est  pas  difficile  à  opérer  et 
quelques  érudits  du  bas  empire,  à  qui  l'on  ne  peut  refuser, 
à  défaut  de,  talent,  une  mémoire  heureuse  et  une  patience  à 
toute  épreuve,  l'ont  bien  prouvé.  Ils  se  sont  attachés  à  écrire 
des  poèmes  uniquement  composés  d'hémistiches  de  Virgile 
et  leurs  œuvres,  appelées  centons,  sont  un  curieux  monu- 
ment du  mauvais  goût  byzantin.  Une  de  ces  pièces,  compa- 
rables au  manteau  d'Arlequin,  a  pour  auteur  Probo  B^alconia 
et,  composée  sous  Théodore  le  Jeune,  contient  toute  l'histoire 
du  vieux  et  du  nouveau  Testament.  Un  savant  du  moyen- 


296  DEVISÀIHE  DE  BUBTAANE 

âge,  rilalien  Lœlini  a  donné  clans  le  même  travers;  et 
presque  Ions  les  faiseurs  de  devises,  le  P.  Lemoine  et  le 
P.  Méneslrier  entr'aulres,  ont  largement  puisé  dans  Virgile 
et  dans  Horace. 

Qu*il  soit  tiré  d'un  prosateur,  d'un  poète,  ou  du  cerveau  de 
celui  qui  le  cherche,  que  le  nombre  de  ses  syllabes  soit  pair 
ou  mieux  impair,  pour  se  conformer  à  Tadage  :  Impari  nu- 
méro gaudet  divinitas,  qu'il  soit  court  ou  s'allonge  en  hexa- 
mètre, le  mot  de  la  devise  doit  être  vrai,  c'est-à-dire  ne  rien 
exprimer  qui  ne  soit  contenu  dans  le  corps,  et  ne  donner  à  ce 
corps  aucune  propriété  qu'il  n'ait  en  lui-môme ,  ni  aucun 
sentiment  dont  il  ne  puisse  faire  preuve.  D'après  cela,  toas 
les  mots  qui  expriment  une  pensée  morale,  ou  qui  ont  rapport 
seulement  à  la  personne,    ne   sont  pas  justes,    comme  : 
Domine,  probasti  me,  pour  l'or  dans  le  creuset;  Ardo  y  adoro, 
pour  lencens  allumé  dans  l'encensoir;  At  lacrymis  mea  vita 
viret ,  pour  lamaranthe    dans   l'eau;    car  ces   paroles  ne 
peuvent  s'entendre  sans  fausseté,  ni  de  Tor,  ni  de  l'encens, 
ni  de  Tàmaranthe  ;  l'or  ne  parle  pas  à  Dieu,  l'encens  ne  peut 
adorer,  et  personne  ne  vit  jamais  pleui*er  l'amarantlie.  Si  le 
mot  ne  convenait  quà  Ta  figure  il  serait  aussi  défeYîtueux;  il 
faut  qu'il  se  rapporte  à  la  figure  et  à  la  personne,  et  soit 
cDUçu  en  termes  assez  équivoques  pour  s'appliquer  à  chacun 
en  particulier  et  aux  deux  ensemble  Un   exemple  le  fera 
mieux  comprendre.  Outre  son  :  Que  sais-je?  Montaigne  avait 
une  autre  devise,  c'était  deux  épis,,  dont  l'un  très  gros  se 
penche  vers  la  terre,  l'autre  très  mince,  reste  droit  sur  sa 
tige  :«  Plus  il  est  plein,  plus  il  s'abaisse;  plus,  il  est  vide, 
plus  il  se  relève.  »  A  part  la  trop  grande  longueur  du  mot, 
cette  devise  est  excellente.  Le  sens  littéral  est  que  sa  pesan- 
teur courbe  l'épi,  mais  le  sens  moral  est  plus  profond  :  les 
sots  ont  seuls  de  la  jactance,  a  voulu  dire  l'auteur  des  Essais, 
et  le  savant  véritable  est  modeste.  Ici  les  deux  sens  frappent 
d'un  seul  coup  l'esprit  qui  compare,  et  se  rend  en  môme 
temps  compte  de  la  figure  et  de  la  chose  figurée.  De  plus. 


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DEVISAIRE   DE   BRETAGNE  267 

cette  devise  confient  une  antithèse,  et  cela  n'est  pas  son 
moindre  agrément.  La  herse  dus  Hersart,  avec  ces  mots  : 
Evertit  et  arquai  ;  un  miroir  et  :  Omnibus  et  nulli,  sont  des 
modèles  à  imiter,  surtout  si  Ton  peut  rencontrer  deux  mots 
ayant  à  peu  prèi  lu  même  consonnance,  sans  avoir  la  môme 
signification.  Patiarut  potiar,  a-t-on  dit  pour  un  papillon 
qu'attire  un  flambeau.  D'ailleurs  le  mot  sera  toujours  bon. 
du  moment  qu'il  sera  spirituel  et  ingénieux. 

Afin  d'ajouter  encore  à  cette  ingéniosité,  on  a  recommandé 
le  changement  de  langue,  et  ce  précepte  a  été  suivi  assez 
scrupuleusement.  Les  Français,  les  Italiens,  les  Espagnols 
un  peu  moins  poat-Ôtre,  se  sont  prêté  leur  langue  maternelle, 
et  le  latin,  le  grec,  voir  même  Thébreu,  n'ont  pas  été  oubliés. 
Tant  que  des  prélats  instruits,  de  doctes  académies  et  des 
hommes  d'éludé  sont  seuls  à  se  servir  de  ces  deux  derniers  et 
savants  idiomes,  ils  se  comprennent  entre  eux  et  ça  leur 
suffît,  mais  si  des  hommes  d'épée  comme  les  Montmorency, 
dont  la  première  devise  est  a7cXavoo(sans  errer)avec  une  étoile 
pour  corps,  si  des  femmes,  comme  la  reine  Catherine  de 
Médicis,  dont  la  devise  est  un  arc-en-ciel,  avec  ces  mots 
^ôi;  9c;oi  Y)  c;  yaAf.vr.v,  (qu'il  porte  la  lumière  et  la  tranquillité), 
adoptent  le  grec  ou  l'hébreu,  c'est  évidemment  une  faute  de 
goût  et  une  erreur  de  jugement.  Ces  devises  sentent  trop 
la  main  du  chapelain  et  deThistoriographe.  Il  vaudrait  mieux 
qu'elles  fussent  plus  simples,  et  que  ceux  qui  les  portent, 
pussent  en  être  cru  des  auteurs.  Les  langues  vivantes  de 
nos  pays  frontières  sont  toutes  représentées  dans  les  devises. 
On  les  rencontre  dans  toute  la  France,  mais  principalement 
italiennes  près  des  Alpes,  espagnoles  au  pied  des  Pyrénées, 
flamandes  dans  le  Nord,  allemandes  sur  les  bords  du  Rhin. 
Gependatit,  chose  digne  de  remarque,  nous  n'avons  presque 
pas  de  devises  anglaises,  tandis  que  les  Anglais  possèdent 
un  grand  nombre  de  devises  françaises.  «  Et  pourtant,  dit 
Larrousse,  si  les  Normands  du  duc  Guillaume  le  Conquérant 
ont  envahi  et  subjugué  la  Grande-Bretagne,  par  contre  nos 


238  DKVISAmE   IJE   BRETAPiNE 

A*oisins  d'Oûlre-Manché  ont  occupé  assez  4ongtét&^^ne 
partie  du  sol  français,  notamment  la  Guyenae.  0^ii  qbe  la 
race  anglo-saxonne  vient  plus  facilement  à  hoiis  que  nous 
n'allons  à  elle.  »  Il  ne  faut  pas  oublier  les  langues  €t  les 
patois  de  l'intérieur  de  la  France.  Plus  d'un  vieux  diclon 
populaire,  plus  d'un  vers  de  fabliaux  ou  de  chansons  s'est  vi 
transporter  sur  le  listel  d'un  écusson  fameux,  et,  Basques 
et  Picards^  Limousins  et  Gascons,  Bas-Normands  et  Bretons  y 
ont  fait  assaut  d'esprit  et  de  fine  raillerie.  Le  Breton  surtout 
convient  merveilleusement  à  la  devise,  de  sa  concision  expres- 
sive jaillit  l'idée  avec  plus  de  force,  et  la  singularité  bizarre 
et  heurtée  des  mots  leur  donne  du  piquant  et  leur  kisse 
l'attrait  mystérieux  de  tout  ce  qui  louche  aux  Celles. 

E.  DE  BoeERET. 


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NOTES   HISTOHIQ'JES 


St'R   LA 


PAROISSE   DE   CAMPBON 


(Suite.) 


1712.  —  Le  24  juillet,  a  été  baptisé  Micliel,  flls  d'écuyér  Michel  de 
Sainir Aubin,  sieur  du  Vigneau,  et  dame  Marie  Hébert^  sa  compagne, 
demeurant  en  ce  bourg;  parrain,  écuyer  François  de  Besné, 
83igneur  dudit  lieu,  et  marraine,  dams  Marie  Avril,  compagne 
d'éciiyer  Pierre  de  Saint-Aubin,  sieur  de  la  Chaussée. 

Signé  :  Marie  Avril,  François  de  Besné,  Françoise  Loysel,  Michel 
de  Saint-Aubin,  de  Marqués,  recteur,  etc. 

1713.  —  MM.  Judic,  G.  D3spinose,  Julien  Richard.  Jan  Tregret, 
G.  Briand.  prêtres  et  vicaires. 

1717.  —  Le  15  juin,  furent  reçus  à  la  bénédiction  nuptiale,  noble 
homme  Damien  Rouyer,  sieur  de  la  Pinellière,  âls  de  feu  noble 
homme  Urbain  Rouyer,  sieur  de  Varennes,  avocat  au  parlement  de 
Paris,  et  demoiselle  Marie  Delaunay,  ses  père  et  mère,  de  la  paroisse 
de  Yigneux,  d'une  part  ;  et  demoiselle  Marie-Anne  Gérard,  fille  de 
noble  homme  Rolland  Gérard  et  demoiselle  Guyenne  Meignon,  ses 
père  et  mère,  d'autre  part. 

Signé  :  Rouyer,  Anne  Gérard,  de  Marques,  recteur,  etc..  etc. 

Le  29  juin,  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse,  le 
corps  de  vénérable  et  discret  missire  Robert  Dallibert,  prêtre  de 
cjtte  paroisse,  âgé  de  40  ans.  Signé  :  Paviot^  piiôtre,  M.  Meignen. 


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300  NOTES  HISTORIQUES     ' 

prêtre,  G.  Moriceau,  prêtre,  P.  Charpentier,  prêtre,  Yves  Davy, 
prêtre,  G,  Briand.  prêtre. 

1720.  »  Le  25  novembre^  fut  inhumé  dan»  le  cimetière  de  cette 
paroisse,  le  corps  de  missire  Jan  Tregret,  prêtre,  décédé  hier  au 
village  de  la  Bosse,  âgé  de  42  ans.  Signé  :  J.  Richard,  prêtre,  vicaire. 

M.  G.  Roger,  prêtre. 

\TZ2.  —  Le  5  février,  ont  été  reçus  à  la  bénédiction  nuptiale, 
écuyer  Honorât  Baye,  sieur  de  la  Gohardiôre,  flis  d'écuyer  Honorât 
Baye,  aussi  sieur  de  la  Gohardière,  et  dame  Jane  Edenin,  ses  père 
et  mère,  et  Janne  Orain,  fille  de  Yves  et  Françoise  Lcgentilhomme. 

Signé  :  Honorât  Baye,  Michel  de  Saint-Aubin,  Françoise  Bizeul, 
la  de  Marques,  Lorieux,  do  Marques,  recteur,  etc. 

17*23.  —  MM.  Plissonneau  et  Briand,  prêtres. 

17:^4.  —  MM.  De  Faye  et  M.  Morin,  vicairos. 

1725.  »  MM.  Bodin,  G.  Rolland,  P.  Lebeau  et  P.  Meignen, prêtres. 

Joseph,  fUs  d'écuyer  Jacques  Loaisel,  sieur  de  la  Ricardelays,  et 
dame  Marguerite  Gazet,  a  été  baptisé  le  7  juin  ;  parrain,  messire 
François  Gazet,  écuyer,  sieur  du  Ghastelier,  et  marraine,  dame 
Apolline  Le  Meneust,  vouve  d'écuyer  Joseph  Gazet. 

Signé  :  Apolline  U^  Meneust,  François  Gazet  du  Ghastelier,  Marie 
Loyselde  Bino,  Renée  Gazet,  François  Paul  deBino,  Jacques  Loalsel, 
Bodin,  prêtre,  et  M..  Morin.  vicaire. 

M.  P.  Meignen,  prêtre. 

1727.  —  Le  corps  de  missire  Joseph  de  Marques,  recteur  de  cette 
paroisse,  &gé  de  52  ans,  décédé  le  3  avril,  a  été  inhumA  le  cinq  du 
présent  mois  dans  le  cimetière  do  cette  paroisse.  La  cérémonie  faite 
par  missire  Yves  Galerne,  recteur  de  la  paroisse  de  Bouvron,  en 
présence  des  soussignés. 

Signé  :  J.  Paint,  Morin,  vicaire,  P.  Lebeau,  vicaire,  M.  Meignen, 
prêtre,  P.  Meignen  de  la  Salle. 

Ce  fut  sous  l'administration  de  M.  de  Marques,  pendant  le  carême 
de  1709,  que  le  R.  P.  Grignon  de  Montfort  donna  à  Campbon  une 
mission  qui  dura  sept  semaines  et  fit  beaucoup  de  bien  dans  la  pa- 
roisse. Pendant  ce  temps,  le  bon  père  s'ocîupa  non-seulement  du 
salut  des  àmos,  mais  encore  il  entreprit  de  restaurer  l'église  et  il  y 
réussit  avec  le  seul  concours  de  la  population. 

Sur  la  fin  de  cette  mission,  dit  un  de  ses  collègues,  M.  Desbatières 
le  R.  P.  faillit  perdre  la  vie  à  Campbon  :  ces  deux  pères  devaieot 


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SUR  LA  PAROISSE  DE  GAMPBON  301 

se  rendre  k  Pontch&ieau,  pour  visiter  les  travaux  du  Calvaire, 
lorsque,  la  veille  au  soir,  une  femme  vint  trouver  le  P.  Desbatières 
et  lui  dit  efâ  pleurant  qu*il  fallait  bien  se  donner  de  garde  d'aller  à 
Pontchàteau  avec  le  P.  de  Montfort,  car  cinq  hommes  devaient  s*ap- 
poster  sur  le  chemin  pour  les  assassiner,  elle  les  avait  entendus 
tramer  leur  complot  et  se  donner  rendez-vous  à  quatre  heures  du 
matin. 

La  tradition  prétend  que  ces  cinq  hommes  étaient  du  village  de 
lUonlmignac  et  qu'ils  s'étaient  postés  dans  le  bois  de  Bâtine, 

Le  P.  de  Montfort,  prévenu  de  ce  danger  ne  fit  d'abord  qu'en 
rire,  mais  il  consentit  cependant  à  rester  à  Campbon  et  Ton  apprit 
depuis  que  les  gens,  qui  avaient  sans  doute  été  payés  pour  l'assas- 
siner, l'avaient  attendu  tout,  le  jour.  On  chercha  à  compromettre 
dans  cette  tentative  la  personne  du  recteur  de  Marques  qui  se 
trouvait  alors  à  Nantes  où  l'on  prétendait  qu'il  aurait  tenu  certains 
propos  qui  pouvaient  faire  supposer  qu'il  était  au  courant  de  l'affaire. 
Nous  n*en  croyons  rien,  mais  cette  calomnie  ne  nous  surprend 
pas  lorsque  nous  songeons  que  le  fameux  procès  intenté  par  le 
recteur  au  général  de  la  paroisse,  aux  héritiers  Dallibert  et  au 
chapitre  de  la  cathédrale  était  alors  en  suspens  et  que  dès  lors,  de 
grandes  inimitiés  s'étaient  élevées  contre  M.  de  Marques,,  non-seule- 
ment à  Campbon,  mais  encore  à  Nantes. 

Le  18  mai  1727,  nous  voyons  la  signature  de  MUsire  André  Godin^ 
recteur  de  Campbon. 

M.  Nourisson,  prêtre. 

172S.  —  Le  19  octobre,  a  reçu  la  cérémonie  du  baptême,  Jacques, 
fils  d'écuyer  Jacques  Loaisel,  s'  de  la  Ricardelays,  et  dame  Mar- 
guerite Gazet,  son  épouse  ;  parrain,  noble  homme  Joseph  Bruneau, 
s'  de  l'Aubretière,  advocat  &  la  cour,  et  marraine,  demoiselle  Mar- 
quise Anne  Josse,  demoiselle  de  Beausoleil. 

Signé  :  Marquise  Anne-Josse  de  Beausoleil,  Marie  Hébert  de  Saint- 
Aubin,  Guyenne  Meignen ,  Françoise  Meignen,  Anne  Mérot,  Pé- 
lagie-Yvonne Josse,  F.  Meignen,  Brun:  au  de  l'Aubretière,  Jacques 
Loaisel,. J.  Tregret,  vicaire*.. 

1729.  —  Le  26  décembre,  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette 
paroisse,  le  corps  de  missire  Guy  Roger,  prêtre,  âgé  de  40  ans,  dé- 
cédé hier  au  village  de  Magouët.  —  Signé  :  M.  Meignen,  prêtre* 
Rolland  Glotin,  P.  Meignen,  prêtre,  A.  Godin,  recteur. 

*  Cet  enfant  devint  prêtre  et  mourut  it  l'âire  de  GO  ans,  le  &  novembre  1788, 
rectear  de  Saint-Etienne  de  -Montlue.         -    >   - 


/ 


302  NOTES  HISTORIQUES - 

1730.  —  Le  20  juin,  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  |to- 
roisse,  le  corps  de  noble  et  discret  missire  Pierre  Meignen,  sieur  de 
la  Salie,  prêtre,  décédé  hier  en  ce  bourg,  fi.gé  de  64  ans. 

Signé  :  Danard,  prêtre  ;  F  Charnacé,  religieux  de  Saint-François  ; 
R.  Girard  ;  des  Hettières  de  Loréal  ;  Russon  ;  Poligné  ;  M.  Meigeen, 
prêtre  ;  G.  Moriceau,  prêtre  ;  J.  Tregret,  prêtre  ;  A.  Godin,  rect«Hr. 

1732.  —  Le  30  septembre,  a  été  bénite  la  petite  cloche  de  cette 
paroisse  par  noble  et  discret  missire  André  Godin,  recteur,  sous  le 
nom  de  Henry  ^Françoise,  A  été  parrain,  noble  homme  Henry 
Meigneu,  sieur  de  la  Piumétays,  sénéchal  du  duché  de  Coislin,  pairie 
de  France,  au  siège  de  Coislin,  en  l'absence  et  au  nom  de  haut  et 
puissant  seigneur,  Monseigneur  Charles  du  Cambout,  éYéqiie  de 
Metz,  duc  de  Coislin,  pair  de  iP'rance,  \^'  aumônier  du  Roy.  oomman* 
deur  de  Tordre  du  Saint-Esprit,  seigneur  de  cette  paroisse ,  et 
marraine,  demoiselle  Françoise  Godin,  demoiselle  de  la  Durandlère. 
sœur  du  sieur  recteur  ;  laquelle  cloche  a  été  fondue  par  le  sieur 
.  Emmanuel  Michel,  fondeur. 

Signé  :  F.  Godin,  H.  Meignen,  Rolland,  J.  Mérot,  Roland  Glotio, 
Duchesne,  Lorieux,  PoUigné,  Rouyer,  Michel,  fondeur,  M.  Meignen. 
prêtre,  G.  Moriceau,  prêtre,  A.  Godin,  recteur,  etc. 

1735.  »  MM.  Gilles  Briand  et  Bouvron,  prêtres  et  vicaires. 

Le  7  Juin,  ont  été  reçus  à  la  bénédiction  nuptiale,  écuyer  Honorât 
Baye,  veuf  de  dame  Jane  Orain,  et  dame  Marie-Jeanne  Merles,  âlie  de 
noble  homme  Jean  et  demoiselle  Françoise  Loyseh  les  deux  de  cette 
paroisse.  Signé  :  Honorât  Baye,  Marie  J.  Mérlès,  Perrine  Méfiés, 
Marquise  Mérlès.  Marie  Rolland,  Louise  Rolland,  J.  Tregret,  vicaire. 

1736.  »  M.  Briand  Lambert  de  Boisjan,  vicaire . 

1737.  —  Le2mai,  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse, 
le  corps  de  Louise  de  TEscorce,  dame  de  la  Hirtais,  déeédée  hier  à  sa 
terre  de  la  Hirtais,  ftgée  de  66  ans.  Signé  :  J.  Tregret,  prêtre, 
M.  Meignen,  prêtre,  Bouvron,  prêtre,  Phi  lippe,  A.  Godin,  recteur. 

1738-1740.  —  MM.  F.  Fauchier,  J.  Lesongeur,  J.  F.  Glais, 
Yauborel,  J.  Dallibert,  vicaires. 

Nous  voyons  également  un  prédicateur  dominicain  qui  porte  le 
pom  de  Beaudeduict. 

1742.  —  Le  30;  janvier,  ont  été  admis  &  la  bénédiction  nuptîftte, 
écuyer  Louis  Butet,  sieur  de  la  Pannetière,  flls  majeur  de  feu  éciryer 
Louis  Butet  et  dane  Renée  Massiguet,  de  la  paroisse  de  Oaéraiide, 


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et;  demoiselle  Marguerite  Rolland,  fille  majeure  de  feu  noble  homme 
«l^'H  Rolland,  Bieur  de  la  Vallée,  et  dame  Perrine  Mérlès,  de  cette 
paroisse  ;  en  présence  de  messire  Honorât  Baye,  sieur  de  la  Gohar- 
dière,  demeuriint  à  saterredu  Bois  de  la  Lande,  de  noble  maître 
Frapçois  Rolland,  sieur  de  Tlsle,  avocat  au  parlement,  lieutenant 
du  marquisat  de  Blain,  de  demoiselle  Rose  Butet  de  la  Pannetière, 
sœur  de  Tépoux,  demeurant  à  sa  .maison  de  Boilabo,  paroisse  de 
Guérande,  de  demoiselle  Jane  Marie  Baye,parente  des  deux  conjoints, 
etc.  Signé  :  F.  Glais,  vicaire,  etc. 

1743.  —  M.  J.  Legentilhomme,  vicaire. 

Le.  l**"  octobre,  mariage  de  messire  Charles  Oliivier  de  laBéhinière, 
veuf  de  Françoise  Vistet  et  Thérèse  Daviers,  fllsdeCharleà  Oliivier, 
avocat  &la  cour,  et  de  Catherine  Jouneau,  ses  père  et  mère,  de  la 
paroisse  de  Vlgneux,  et  demoiselle  Marie  Meignen,  fille  de  messire 
François  Meignen,  sieur  de  la  Chaussée  et  demoiselle  Anne  Mérot, 
de  cette  paroisse. 

Le  30  octobre,  fut  inhumé  le  corps  de  vénérable  et  discret  mis- 
sire  Gilles  Moriceau,  prêtre,  décédé  hier  à  Balasson,  âgé  de  67  ans . 
Signé:  J.  Legentilhomme,  prêtre.  C*  Bouvron,  prêtre,  A.  Godin, 
recteur 

1744.  »  Le  13  mai,  a  été  enterré  dans  le  cimetière  dé  cette  pa- 
roisse, le  corps  do  Julien  Château^  frère  tertiaire  de  Vordre  de 
SaifU^François^  décédé  le  1 1  du  courant  à  V Ermitage  de  Planté^  âgé 
de  46  ans.  Ont  assisté  au  convoi  :  Henry  Frère-j«iian,  Gilles  Frère- 
jotîan,  et  Guy   Cbàteau,  frère  du  défunt. 

Signé  :  J.  Dallibert,  vicaire,  G.  Frère-joiian,  Henry  Frère-joUan. 

A  |a  suite  est  écrit  : 

«  Le  susdit  frère  Julien  Château  vécut  21  anssous  l'habit  de  religieux, 
desquels  il  en  passa  sept  sans  chaussures.  Pendant  les  autres,  il  porta 
des  sandales  par  obéissance,  après  avoir  longtemps  résisté.  U 
demeura  six  ans  dans  une  petite  grotte  plus  semblable  aux  refuges 
des  bétes  qu*à  un  asyle  humain,  d*où  il  sortit  pour  être  transféré  à 
Termitage  de  Planté,  oii  il  fut  jugé  plus  nécessaire  à  l'édification 
et  instruction  des  fidèles  de  ces  quartiers,  que  Téloignement  de 
réglise  paroissiale  obligeait  de  demeurer  dans  Tignorance  des  prin- 
cipaux mystères  de  notre  religion. 

Il  se  soumit  à  cette  translation,  oii  il  vécut  Tespace  de  quipze  ans, 
de  la  manière  du  monde  la  plus  dure,  ne  mangeant  qu'une  .fois,  le 
jour,  sur  les  quatre  heures  du  soir.  Il  s'était  interdit,  hors  le  temps 
demaladie,  Tusage  du  vin,  des  viandes,  du  poisson  et  des  œufs. 


304  NOTÉS  laSTORlQUEÔ 

éi  pendant  un  temps,  le  pain  blanc,  dont  il  fût  cependant  obligé 
d'user  par  ordre  de  ses  supérieurs,  attendu  qu'il  s*était  fait  une  loi 
de  Tivre  d*aumônes  à  lui  offertes  librement,  sans  so  permettre  la 
liberté  d*en  demander,  à  quels  besoins  quUl  se  vit  réduit,  et  s'il  eût 
refusé  le  pain  blanc,  il  se  fut  vu  dans  une  perpétuelle  nécessité  de 
manquer  de  tout.  11  couchait  presque  toujours  sur  io  bois,  avant 
sous  la  tôte  une  bûche  entaillée  qui  lui  servait  de  traversier,  se 
levant  à  minuit.  Toujours  vêtu  d^étofîe  grossière,  sans  linge,  aifliant 
la  solitude  jusqu'à  s'interdire  toute  conversation  avec  les  hommes. 

Des  carêmes  entiers,  refusant  à  toutes  femmes  l'entrée  de  sa 
grotte,  à  moins  que  ce  né  fût  par  ordre  de  ses  supérieurs  et  en 
leur  présence. 

Charitable  envers  les  pauvres,  jusqu'au  point  de  distribuer,  dans 
les  cahimités,  les  aumônes  qui  lui  étaient, faites,  avec  un  si  grand 
désintéressement  qu'il  so  voyait  souvent  réduit  à    manquer  du 
nécessaire  à  la  vie.  Il  prenait  souvent  la  discipline  et  celle  dont  il 
so  servait  était  de  fer,  armée  de   pointes  et  d'éperons.  II  ne  lisait 
presque  jamais  la  vie  des  Saints  qu'il  ne  répandit  un   torrent  de 
larmes.  Infatigable  dans  les  exercices,   on  le  voyait  les  dimanches 
et  fêtes,  liuît  heures  &  genoux,  et  dans  certain  temps,  quinze.  Il 
vendit  son  bien  peu  après  sa  piise  d'habit,  dont  il  employa  le  prix 
en  œuvres  pies.  Il  ât,  au  commencement  de  sa  vie  érémitique,  un 
voyagea  Rome;  auparavant  il  en  avait  fait  un  au  mont  Séran.  à 
Saint-Servais  de  Matreii  et  à  Saint-Jacques  en  Galice,  sans  que  la 
dissipation,  qui  paraît  inséparable  des  voyages,  ait  causé  aucune 
altéiation  à  l'intégrité  de  ses  moeurs  ni  à  la   solidité  de  sa  piété. 
Les  treize  dernières  années  de  sa  vie,  il  n'en  fit  aucun.    Pendant 
quelque  temps,  il  ne  reçut  que  des  pommes  de  terre.  Il  a  passé  quel- 
quefois depuis  le  mercredi-saint  jusqu'au  vendredi  au  soir,  sans 
nourriture  que  l'Eucharistie.  On  lui  a  vu  faire  dix-sept  lieues  sans 
manger.  Il  allait  tous  les  jours  à  la  messe  et  ft^équentait  les  sacre- 
ments. >  Signé  :  A.  Godln,  recteur  de  Campbon. 

Le  registre  delà  paroisse,  fait  en  1847,  prétend  qu'on  voyait  encore 
à  cette  époque,  du  côté  nord  de  la  chapelle  de  N.-û.  de  Planté 
et  tout  auprès,  quelques  traces  du  petit  jardin  q^e  cultivait  Julien 
Château. 

1745.  —  M.  de  la  Chapelle,  vicaire. 

1747.  —  Le  23  novembre,  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette 
paroisse,  le  corps  de  missire  Joseph  PoUigné,  clerc  tonêurè^  dis  de 
messire  Pierre  PoUigné,  procureur  fiscal  de  Derval,  et  demoiselle 


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SUR  LA  ^AROISSE  DE  CAMt>BON 

Jeanne  Gérard,  son  épouse,  décédé  hier  en  ce  bourg,  âg 
—  Signé  :  de  la  Chapelle,  vicaire. 

1741).  —  MM.  F.  Ohcix,  J.  Demars,  P.  Chotard,  pr 

175():  —  Bénédiction  de  la  cloche  de  St-Michel, 
bien  que  la  reconstruction  du  clocher,  par  lés  soi^ 
discret   Jean  Tregret,  de  la  Juhelais^  prêtre,  dr 
chapelle. 

Le  li)  aoiit<  fut  faite  par  nous  recteur  souss' 
de  l'ordinaire,  la  bénédiction  de  la  cloche  de 
Michel,  frairio  du  3Ions,  en  cette  paroisse,  ' 
nom  cCAnne  par  messire  Cyprien  Moysen,  p 
cureur  fiscal  du  marquisat  de  Coislin,  et  d 
de  messire  Henry  Meignon,  sieur  de  la 
marquisat,  parrain  et  marraine;  laquelle 
fut  élevée  et  placée  dans  le  clocher 
à  neuf  la  présente  année.  Le  tout  en^ 
plusieurs  autres  assistants  que  la  r 
monie  y  avaient  appelés.  —  Signé  : 
prêtre,  Anne  Camus  de  la  Plume* 
Plumetays,  A.  Godin,  recteur  de  ( 

Le  !iO  octobre,  ont  été  reçues 
d*écuyer  Pierre  Pineau,  sieur 
écuyer  Alexandre  Pineau  et  r* 
de  Vilhoin,   de  la  paroisse  d 
Jeanne  Meignen  de  la  Fonc^ 
Meignen,  sieur  de  la  Chaus* 
de  Coislin,  et  demoiselle  A 
d'autre  part,  par  nous  ' 
donné  la   bénédiction   r 
dudit  sieur  de  la  Char 
Meignen,   conseiller 
Meignen,  ses  frères, 
et  procureurs  dudf 
Cambon,  excepté  } 
Saint-Denys  de  Nr 
Anne  Marquise  J 
la  Voirie,  Pierr 
recteur,  etc. 

1753.  —  M 


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306  NOTES  HISTORIQUE» 

1756.  »  Le  10  juin,  a  été  inhumé  dans  le  cimotiëre  do  cette  pa- 
roisse, le  corps  de  noble,  vénérable  et  discret  ciîssire  André  Oodin, 
prêtre,  recteur  de  cette  paroisse,  décédé  le  8  du  présont  à  sa  mai- 
son presbytérlale,  kgé  de  55  ans.  Ont  assisté  au  convoi  les  sous- 
signés :  M.  Langlois  de  la  Rpussière,  recteur  do  la  Chapelle- 
Launay  ;  J.  Ouériff,  recteur  de  Besné;  Richard,  recteur  de  Quillv; 
F.  Oheix.  prêtre  ;  P.  Caillou,  prêtre  ;  C.  Bouvron,  prôtro  ;  Brossaud, 
prêtre  ;  Charpentier,  prêtre  ;  J.  Dallibert,  prêtre  ;  Le  Marié,  prêtre  ; 
P. -P.  Qaborit,  recteur  de  Prinquiau. 

Ce  fût  le  24  juin  que  missire  Gabriel  Lecomte^  prêtre  de  ce  diocèse, 
précédemment  chanoine  de  Saint'Pierre  Moulinais^  en  Anjou,  et 
recteur  de  J  ans,  en  ce  diocèse,  prit  possession  de  la  cure  de  Campbon. 

MM.  P.  Caillou  et  J.  Vaillant,  prêtres. 

1758.  —  Le  26  septembre.  Monseigneur  T Illustrissime  et  Révéren- 
dissime  Pierre  Mauclerc  de  lA  Muzanchère,  évêque  de  Nantes,  a 
visité  cette  paroisse,  accompagné  de  M.  l'abbé  de  Hercé,  vicaire 
général.  Signé  :  <}.  Lecomte.  recteur. 

MM.  Le  Marie'',  vicaire  ;  G.  Gattepaille,  prêtre. 

1759.  —  Le  4  juillet,  a  été  bénite  par  nous,  recteur  soussigné,  la 
petite  cloche  de  cette  paroisse,  laquelle  a  été  nommée  Françoise- 
Marie,  par  messire  François  Cresté  de  la  Neuville,  chevalier,  officier 
du  régiment  de  Royal-Dragons,  et  par  dame  Marie-Françoise  du 
Being,  veuve  d'écuyer  Rejié  de  Martel,  dame  du  Série,  soussignés, 
en  présence  des  soussignés  et  de  plusieurs  autres. 

Signé  :  Marie-Françoise  du  Being  de  Martel  ;  Cresté  de  la  Neu- 
ville ;  F.-J.  Le  Page,  cordelier  ;  F.-J.  Le  Faucheux,  cordelier  j  G. 
Gattepaille,  prêtre;  G.  Le  Comte,  recteur. 

17(S2.  —  Le  9  novembre,  a  été  inhumé  au  cimetière,  le  corps  de 
Henriette  Le  Lou  de  Beaulieu,  demoiselle,  fille  de  messire  N.  Le  Ion 
et  de  dame  N.  de  la  Roche-Palliëre,  décédée  hier  au  Série,  âgée  de 
31  ans.  Signé  :  R.  Le  Marié,  prêtre;  J.  Vaillant,  prêtre  ;  G.  Le  Comte, 
recteur. 

1765.  ^  M.  A.  Bédard.  prêtre. 

1766.  —  Cette  année,  fut  supprimée  par  ordre  du  Parlement,  la 
barrique  de  vin  qu'on  avait  coutume  depuis  fort  longtemps  de  dis- 
tribuer à  ceux  qui  faisaient  leur  communion  pascale  le  jour  des 
fêtes  de  Pâques,  en  raison  des  abus  quf  eh  résultaient. 

L'usage  qui  existait  également,  de  distribuer  à  chacun  un  petit 
pain  de  la  valeur  d*un  sou,  disparut  peu  à  peu. 


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SUR  LA  PARCr^eE   DE  CAxMPBON  307 

1767,  -  «  L€i  11  février,  fut  faite  la  clôture  de  la  mission  qu'ont 
donnée  en  cette  paroisre  les  Messieurs  ie  Sainte-Laurent^  aux  frais 
et  coûts  de  demoiselle  Duchesne,  veuve  du  Plessis,  et  à  la  faveur 
des  générosités  des  paroissiens. 

Commencée  le  4«  jour  de  janvier,  y  ont  travaillé  :  MM.  Bénard, 
supérieur.  Durocher,  Hacquet,  Javelot,  Renaud,  Hervé^  Le' Cornée, 
et  un  catéchiste  sous-diacre,  nommé  Le  Méhauté,  .qui  étaient  avec  les 
prêtres  habitués  en  cette  paroisse  :  Vénérable  et  discret  Gabriel  Le 
Comte,  recteur,  et  MM.  Vaillant  et  Bédard,  vicaires,  Tregret,  Dalli- 
bert,  Legentilhomme,  Demars,  Charpentier,  Crîaud,  et  un  diacre 

nommé  Bédard. 

Le  succès  avec  lequel  ont  travaillé  ces  Messieurs,  à  la  faveur  du 

grand  concours  du  peuple  à  leurs  instructions,  les  fait  exhorter  à 

choisir  ce  temps  comme  le  plus  propre  à  faire  mission,  si  jamais  on 

en  demande  en  la  paroisse.  » 

1768.  —  Le  8  janvier,  miwire  Jean  Va i7/ah^  originaire  de  la  pa- 
roisse de  Missillac  et  vicaire  à  Campbon,  prend  le  titre  de  recteur. 

Le  25  juillet,  a  été  donnée  par  nous  recteur  de  la  Chapelle-Lau- 
nay,  la  sépulture  ecclésiastique,  au  corps  de  missiro  Gabriel  Le 
Comte,  ancien  recteur  de  cette  paroisse,  décédé  hier  au  presbytère, 
ftgé  de  62  ans,  après  avoir  reçu  les  sacrements  de  TÉglise.  La  sépul- 
ture à  été  faite  en  présence  des  soussignés.  Signé  :  Richard,  recteur 
de  Qiiilly;  Jonic,  recteur  de  Prinquiau;  Bertho,  vicaire  de  Besné  ; 
Ginguené,  recteur  de  Drefféac  ;  J.  Audrain,  recteur  de  Pontchâteau  î 
Charpentier,  prêtre.;  J.  Desmars,  prêtre:  J.  Vaillant,  recteur;  A, 
Bédard,  prêtre,  vicaire  :  P.  Lemarié.  vicaire  ;  J.  Dallibert,  prêtre; 
J.  Legentilhomme,  prêtre  ;  M,  Langlois  de  la  Roussière,  recteur  de 
la  Chapelle-Launay. 

1770.  —  «  Le  4  février,  au  chapitre  général  de  la  paroisse  de  Camp- 
hon,  tenu  ledit  jour  en  corps  politique,  en  la  sacristie,  après  le 'son 
de  la  cloche  en  la  manière  accoutumée,  aux  uns  de  billet  de  convo- 
cation publié  dimanche  dernier  au  prône  de  la  grande  messe,  signé 
au  certificat  :  Bédard,  vicaire  ;  sur  le  réquisitoire  de  Jan  Oheix,  et 
autres  notables  délibérants  et  marguiUiers  en  charge  : 

A  l'endroit  a  comparu  missire  Jean  Legentilhomme,  prêtre,  ori- 
ginaire du  village  de  LAubmais  et  y  résidant,  qui  a  représenté  qu'il 
désirait  fonder  une  Mission,  qui  se  fît  de  dix  en  dix  ans,  au  mois  de 
mai,  et  fonder  également  200  messes  de  l'office  du  jour,  dites  par  les 
missionnaires  à  chaque  mission  et  &  voix  basse,  à  l'exception  de  trois, 
laquelle  mission  durera  sept  ou  huit  semaines. 

T.   VL    —  DOCUMENTS.   —   VI®   AN^ÉE,   6*   LIV.  21 


»5U»  NOTES  HISTORIQUES 

En  conséquence,  ledit  sieur  Legeniilhomme  donne  et  lègue  à  la  fa- 
brique de  Gampbon  deux  contrats  de  constitution  qui  doivent  rap- 
porter chaque  année  cent  francs  de  revenus,  pour  subvenir  aux 
frais  de  lamission^ 

Sur  quoi,  la  chose  mise  en  délibération,  les  notables  représentant 
le  général  ont  déclaré  accepter  ledit  don  fait  à  la  fabrique.  » 

Cette  mission  n'eût  lieu  qu*une  seule  fois,  en  1782,  puis  la  Révo- 
lution arriva  et  détruisit  toutes  les  fondations. 

1771.  —  Le  2Î  janvier,  fut  inhumé  dans  Téglise  de  la  paroisse  de 
Gu.  nrouôt,  à  l'entrée  du  chœur,  par  le  recteur  de  la  dite  paroisse,  le 
corps  de  très  haut  et  très  puissant  seigneur,  messire  Charles-Georges- 
René  du  Cambout,  chef  de  nom  et  d*armes,  marquis  dudit  lieu  et  de 
Coislin,  chevalier,  seigneur  vicomte  de  Carheii,  seigneur  de  Pont- 
corhan,  rEpinais-Chafaut,  le  Boulais  et  fiefs  y  annexés,  baron  de 
Coôtrivas,  Keravion,  etc.,  maréchal  des  camps  et  armées  du  roy,  né 
à  Carheii,  de  haut  et  puissant  seigneur.  Pierre  Armand  du  Cambout 
et  dame  Renée-Angélique  de  Talhouét-Keravion,  le  15  février  1728, 
marié  à  Paris  au  mois  d'avril  1750,  à  haute  et  puissante  dame,  Ma- 
ric-Anne-Mélanie-Françoise-Adélaïde  de  Mailly,  décédé  à  son  château 
de  Carheii  le  20  janvier  1771.  Ont  assisté  au  convoi  :  baut  et  puis- 
sant messire  Charette  de  BriorJ,  beau-frère  de  haut  et  puissant 
messire  Pierre  du  Cambout,  frère  du  seigneur  défunt  et  un  nom- 
breux concours  de  ses  vassaux  et  habitants  des  paroisses  voisines, 
ainsi  que  les  prêtres  ci-après  nommés,  savoir  :  MM.  Lebeau,  rec- 
teur de  Guenrouêt  ;  Richard,  recteur  de  Quilly  ;  Thélot,  recteur  de 
Plossé  ;  Génouin,  recteur  de  Fégréac  ;  Ginguené,  recteur  do  Drefléaci 
Brossaud,  vicaire  de  Guenrouôt  ;  Landron,  vicaire  de  Guenrouôt; 
Minguet,  vicaire  de  Plessé;  Ménager,  vicaire  de  Sévérac,  et  autres. 

Ce  jour,  30  de  janvier,  ditnn.a  été  célébré  dans  la  dite  église, 
paroisse  de  Guenrouôt,  un  service  solennel  pour  ledit  seigneur  dé- 
funt, auquel  ont  assisté  le  dit  messire  Pierre  du  Cambout,  son  frère 
unique,  plusieurs  autres  personnes  de  distinciion,  les  officiers  de 
ses  juridictions  et  un  nombreux  clergé.  Signé  :  Bédard,  vicaire  de 
Campbon. 

1775.  —  Le  5  avril,  a  été  inhumé  au  cimetière,  le  .corps  de  missire 
Jean  Legentilhomme,  fondateur  de  la  mission  de  cette  paroisse,  fils 
de  Michel  et  de  Marguerite  Bellain,  décédé  hier  au  lieu  de  la  Moire^ 
trie,  âgé  de  56  ans,  après  31  ans  de  préti'ise  et  exercice  du  ministère 

*  Les  messes  basses  se  payaient  alors  douze  sols. 


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SUR  LA  PAROISSE  DE  CAMPBON  309 

en  cette  paroisse  (il  desservait  la  chapelle  de  Bessac).  Signé  :  Bédard, 
Ticaire,  J.  Vaillant,  recteur. 
M.  P.  Chaussun,  prêtre*. 

Le  30  juillet,  a  été  inhumé  au  cimetière,  le  corps  de  vénérable  et 
discret  missire  Jean  Vaillant,  recteur  de  cette  paroisse,  décédé  hier 
à  son  presbytère,  âgé  de  58  ans,  après  huit  ans  de  rectorat  et  vingt 
d*exercice  du  ministère  en  cette  paroisse. 

Ont  assisté  à  Tinhumation  les  soussignés  : 

Signé  :  Jonic,  recteur  de  Prinquiau  ;  M.  Langlois  do  la  Roussière, 
recteur  de  la  Chapelle  Launay  ;  J.  Audrain,  recteur  de  Pontchâtieau  ; 
Ginguené,  recteur  de  Drefféac  ;  Maussion,  recteur  de  Malleville  ; 
Brossaud,  vicaire  de  Guenrouôt;  Charpentier,  prêtre;  J.  Demars, 
prêtre  ;  Bertho,  vicaire  de  Besné  ;  Richard,  recteur  de  Quilly;  Bé* 
cigneul,  prêtre  ;  J.  Dallibert,  prêtre  ;  P.  Chaussun,  vicaire;  Bedard, 
vicaire. 

Le  28  septembre,  nous  voyons  la  signature  de  missire  Charles 
Badaud^  recteur^  né  à  Saint*Saturnin  de  Nantes  et  nommé  &  la  cure 
de  Campbon  le  8  août. 

1776.  —  Le  5  février,  a  été  inhumé  au  cimetière,  le  corps  de  missire 
Jean  Tregret>  fils  des  feus  Jean  et  Denyse  Garnier,  décédé  hier  à  sa 
maison  de  la  Juhelais^  âgé  de  78  ans,  après  douze  ans  de  vicariat 
dans  la  paroisse,  2G  ans  au  service  de  la  chapelle  Saint-Michél  et  dix 
ans  de  paralysie.  —  Présents,  les  soussignés  et  un  très  grand  nombre 
de  paroissiens. 

Signé  :  Bédard,  vicaire;  P.  Chaussun,  vie;  C.  Badaud,  recteur. 

1777.  —  MM.  H.  Briand  et  Chambily,  prêtres. 

1778.  —  Au  baptême  de  Pierre-Mario  Pichot,  flls  de  maître  Alain 
'Pichot,  avocat  à  la  cour  et  procureur  fiscal  du  marquisat  de  Coislin, 

fut  parrain,  Pierre-Louis  du  Cambout,  flls  de  messire  Pierre,  mar- 
quis du  dit  lieu  et  de  Coislin,  baron  de  Keravion,  vicomte  de  Carheil, 
etc.,  et  marraine,  demoiselle  Sophie  du  Cambout^  sœur  du  parrain, 
qui  ont  signé  avec  d*autres. 

Signé  :  P.  L.  du  Cambout,  Sophie  du  Cambout,  Adélaïde  du  Cam« 
bout,  A.  Pichot,  Chambily,  vicaire,  C.  Badaud,  recteur,  etc. 

1779-1781.  —MM.  J.-B.  Macé,  Gastepaille,  Moysan,  J.  Bessard, 
vicaires. 

*  Né  à  Besné,  le  9  avril  174b,  mort  curé  de  Sainte-Reine  le  15  septembre 
1815. 


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310  NOTES   HISTORIQUES 

Le  8  aoftt  1779,  M«»  Frétât  de  Sarra,  évêque  de  Nantes,  visita  la 
paroisse  de  Campbon  et  y  donna  la  confirmation. 

Ce  fut  pendant  cette  Tisite  qu*il  fut  décidé  qne  Ton  ferait  un  rè- 
glement pour  établir  les  droits  de  la  fabrique  sur  le  luminaire,  les 
ornements  et  les  sonneries. 

1782.  —  M.  V.  F.  C.  Tilly,  vicaire. 

La  mission  décennale  fondée  par  M.  Legentilhommie  eut  lieu  cette 
année.  Elle  fut  donnée  par  les  missionnaires  de  Saint-Laurent, 
MM.  Urien,  Javelot.  Suppiot,  Arquet,  Renaud  et  Mequignon. 

1783.  —  M.  P.  Cran,  vicaire. 

1784.  —■  M.  J.  M.  Couvrand,  vicaire. 

Le  8  septembre,  a  été,  par  nous  recteur  soussigné,  baptisée  Adé- 
laïde-Emilie, née  d'hier  en  ce  bourg  du  légitime  mariage  de  mes- 
sire  Barthélémy  Huet  du  Pavillon,  procureur  fiscal  du  marquisat 
de  Coislin,  et  dame  Anne  Boutard  de  TOrgerie;  parrain,  messire 
Louis  Godet,  chevalier  de  Ch&tillon,  et  marraine,  demoiselle  Adélaïde 
du  Cambout,  fille  de  haut  et  puissant  seigneur  messire  Pierre  du 
Cambout,  comte  du  dit  lieu,  marquis  de  Coislin,  baron  de  Keravion, 
vicomte  de  Carheil,  etc. 

Signé  :  Adélaïde  Coislin  du  Cambout  ;  Louis  Godet,  chevalier  de 
Chatillon  ;  Godet  de  Chatillon  ;  Huet  ;  C.  Badaud,  recteur,  etc. 

MM.  Henri  Briand  et  Plissonneau,  vicaires. 

1785.  —  Le  1"  janvier,  a  été  inhumé  le  corps  de  missire  Robert 
Charpentier,  prêtre,  décédé  d'hier  au  lieu  de  Bocquehan^  âgé  de 
59  ans,  fils  de  Rolland  et  de  Perrine  Bouvron  ;  en  présence  de  mis- 
sire Henri  Briand,  prêtre,  Joseph-Marie  Couvrand,  vicaire. 

Signé  :  J.-M.  Couvrand,  H.  Briand,  C.  Bailaud,  recteur. 


PÉRIODE  RÉVOLUTIONNAIRE. 


1790.  —  M.  Charles  Badaud  fut  un  des  103  prêtres  nantais  qui 
Signèrent  l'adresse  à  l'Assemblée  nationale,  pour  protester  contre 
le  serment  de  fidélité  qu'on  voulait  exiger  des  ecclésiastiques.  H  fi* 
connaître  à  ses  paroissiens  sa  manière  de  voir  sur  ce  point  et  sa 
résolution  sincère  de  ne  jamais  trahir  sa  conscience. 

Cet  acte  de  fermeté  lui  valut  une  dénonciation  à  l'Assemblée  na- 
tionale, et  à  la  séance  du  26  novembre,  il  fut  désigné  en  particulier 


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par  le  citoyen  Voidel  pour  avoir  osé  protester  publiquement  contP3 
le  décret  du  12  juillet. 

1791.  —  IX^s  les  premiers  jours  de  janvier,  M.  Badaud  se.  vit 
poursuivi  par  Taccusateur  public  près  le  tribunal  du  district  pour 
avoir  prononcé  en  chaire,  le  2  janvier,  un  discours  incendiaire, 
engageant  ses  paroissiens  à  persister  dans  leurs  sentiments  religieux 
et  à  se  défier  des  maximes  des  nouveaux  philosophes,  vouant  à 
Tanathème  quiconque  usurperait  les  bien»  de  TEglise. 

Au  mois  de  février,  la  cure  et  ses  dépendances  furent  vendues. 

Au  21  juillet,  nous  voyons  encore  la  sig'naturo  de  M.  Badaud  & 
l'acte  de  baptême  de  Louis-Joseph  Huet  du  Pavillon.  Le  26, 
M.  Badaud  recevait  Tordre  de  quitter  sa  cure  pour  faire  place 
à  Vintrus  qui  venait    d'arriver  escorté  par  300  cavaliers. 

Depuis  lors,  M.  Badaud  erra  ça  et  là  dans  la  paroisse  et  les 
paroisses  voisines  jusqu'au  10  avril  1794,  jour  où  il  fut  arrêté. 

Dénoncé  par  un  de  ses  paroissiens,  du  village  de  Bessac^  il  fut 
recherché  près  du  village  de  la  Fouays  par  une  troupe  républicaine 
qui  avait  déjà  traversé  le  village  sans  le  voir,  lorsqu'un  homme 
du  Verger,  qui  venait  après  les  autres,  l'aperçut  et  le  signala  à  la 
troupe  qui,  revenant  sur  ses  pas,  le  saisit  et  le  conduisit  à  Savenay. 

Après  un  interrogatoire  sommaire  dans  lequel  il  déclara  posséder 
quelques  eflfets  chez  son  frère,  rue  des  Halles,  à  Nantes,  on  le  con- 
duisit dans  le  cimetière  où  on  le  lusilla,  le  27  germinal  an  II, 
16  avril  1794,  renonçant  au  projet  que  l'on  avait  eu  de  l'exécuter 
sur  la  place  au  moment  du  marché,  dans  la  crainte  qu'il  ne  fut 
délivré.  11  était  âgé  de  près  de  60  ans.  Son  corps  repose  sous  la 
tour  de  Téglise  actuelle  de  Savenay. 

Le  sieur  P.,  dénonciateur  de  M.  Badaud,  reçut  300  francs  pour  ré- 
compense de  sa  trahison,  mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  du  fruit  de 
son  crime  :  Etant  allé  quelques  jours  après,  avec  sa  charrette  et  ses 
bœufs,  chArcher  des  pièces  de  bois,  il  s'enivra  et  étant  monté  sur  sa 
charrett  j.  celle-ci  versa  et  en  tombant  il  fût  écrasé  par  une  bille*. 
Le  prix  du  sang  ne  lui  avait  pas  profité  plus  qu'à  Judas. 

Au  mois  de  juin  1792,  M.  Henri  Briand,  né  à  Campbon,  chapelain 
de  Saint-Michel,  fort  avancé  en  âge,  fut  arrêté  à  Savenay  et  conduit 
à  Nantes  où  il  périt  dans  la  noyade  du  17  novembre,  avec  un  habi- 
tant de  Campbon  nommé  David", 


*  Registre  de  la  paroisse, 
s  Regpistrè  de  la  paroisse. 


312  NOTES  HISTORIQUES 

A/.  Couvrand,  Joseph-Marie,  né  au  village  de  .  la  Grée,  paroisse 
d'Ëscoublac,  était  vicaird  à  Gampban  lorsqu'il  refusa  le  serment; 
il  se  retira  d*abord  dans  sa  paroisse  natale,  puis  il  revint  à 
Campbon  et  se  cachait  au  village  de  Bécigneul  chez  deux 
vieilles  ûlles,  lorsqu'il  fut  dénoncé  par  un  nommé  A.  B.  demeurant 
au  \ï\\a.ge  du  Nubie.  C'était  dit-on  un  assez  bon  homme,  mais  il 
exerçait  les  ionctions  de  maire  et  comme  tel  il  était  vivement 
pressé  et  on  le  menaçait  de  lui  enlever  la  vie,  s'il  ne  faisait  con- 
naître la  retraite  de  M.  Couvrand. 

Ce  fut  donc  lui  qui  conduisit  la  troupe  à  la  maison  où  il  savait 
que  se  réfugiait  le  vicaire,  mais  il  n'en  fut  pas  moins  arrêté  avec 
lui  et  les  deux  vieilles  filles  qui  le  logeaient,  le  24  juin  1794,  et  fusillé 
avec  Tune  d'elles  et  M.  Couvrand,  dans  le  cimetière  qui  entourait 
l'église.  Ils  furent  jetés  tous  les  trois  dans  la  même  fosse,  en  face 
de  la  porte  du  Rosaire' . 

ilf .  Robert  Plissonneau  était  né  à  Campbon  et  chapelain  de  Sainte- 
Anne;  signalé  comme  particulièrement  odieux  aux  républicains  qui 
après  avoir  arrêté  M.  Couvrand  disaient  de  lui  :  c  Nous  avons 
cette  fois-ci  Couvrand,  il  ne  nous  reste  plus  que  ce  b.  de  Plisson- 
neau que  nous  aurons  avant  quinze  jours  !  » 

Malgré  cet  acharnement,  M.  Plissonneau  échappa  à  toutes  les 
poursuites  et  continua  pendant  les  mauvais  jours  à  exercer  secrè- 
tement les  fonctions  du  saint  ministère  dans  la  paroisse  de  CampOoo. 

Il  était  aidé  dans  son  travail  par  M.  Charleé  David,  du  village  du 
Broussais  dont  nous  parlerons  plus  tard. 

Le  calme  rétabli,  M.  Plissonneau  fut  adjoint  au  curé  de  Saint- 
Nicolas  de  Redon,  pour  Tadministraiion  de  la  paroisse,  il  y  mourut 
le  21  septembre  1805. 

Au  chapitre  de  Bouée,  nous  avons  vu  comment  finit  M.  Piene 
Cran  né  à  Campbon  et  arrêté  en  cette  paroisse,  au  village  de  Bâline, 
le  23  mai  1793. 

Le  5  prairial  an  II,  24  mai  1794,  M.  Jean  Grain,  diacre,  du  village 
de  la  Fouays,  fut  arrêté  au  lieu  dit  le  Point-^u-Jour ,  d'après 
le  billet  envoyé  au  département,  et  d'après  le  registre  de  la 
paroisse,  près  du  village  du  Grand-Seuvre,  par  des  volontaires  du 
5^*  bataillon  de  la  Manche,  sur  la  dénonciation  d'un  habitant  du 
bourg.  Conduit  à  Savenay,  il  y  rencontra  M,  Judic,  originaire  de 
Prinquiau,  qu*on  venait  d'arrêter  dans  sa  paroisse. 

'  He^ifltre  de  la  paroisse. 


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314  NOTES  HISTORIQUES      •      - 

Il  arriva  à  Cam^bon  vers  neuf  heures  du  matin,  au  moment  od 
M.  Couvrand  ayant  dit  la  pramlèra  m:)SS9,  M.  Bidau  1  S3  disposait  à 
dire  la  grande  ;  il  s'empressa  de  prendre  possession  de  Féglise,  ce 
que  voyant,  un  certain  nombre  de  personnes  charitables  allèrent, 
prévenir  MM.  Badaud  et  Couvrand  qui  étaient  à  la,  cure  et  se 
hâtèrent  de  pourvoira  leur  sûreté  par  la  fuite. 

Après  avoir  célébré  la  messe  devant  un  petit  nombre  d'assistants, 
Julien  Lemûtro  se  rendit  chez  un  nommé  T.  M.,  où  il  déjeuna, 
puis  il  fit  appel  à  toutes  les  filles  du  bourg  de  se  rendre  chez  le 
sieur  M  ,  où  Ton  passa  la  soirée  entière  à  danser. 

Julien  Lemaitre  fut  celui,  prétend-t-on,  qui  s'en  tira  le  mieux.  Ce 
misérable  ne  resta  à  Campbon  que  deux  mois  et  demi  ;  on  ne  sait  d'où 
il  venait  ni  où  il  s'en  fut' . 


Jean   Lepuil. 

Le  8  octobre  de  la  môme  année,  un  nomma  Jean  LepuU  (le 
registre  de  paroisse  dit  Jacques  Lepuil),  né  à  Mùr,  diocèse  de 
Saint-Brieuc,  le  5  janvier  1757,  ancien  religieux  Carme,  vint 
prendre  la  place  de  Julien  Lemaitre^  mais  il  n'y  resta  qu'un  mois  à 
peine.  «  Les  jours  qu*il  y  passa,  dit  Tanteur  du  registre  de  la  pa- 
roisse, furent  des  jours  de  tristesse  et  il  se  reprochait  sans  ces$e 
d'avoir  trahi  sa  conscience  et  son  Dieu.  Ne  pouvant  plus  y  tenir,  il 
abandonna  Campbon  et  on  assure  qu'il  rétracta  son  lierment  et 
rentra  dans  le  sein  de  l'Eglise  catholique.  » 

Nous  voudrions  bien  ajouter  foi  à  cette  assertion,  mais  sur  le 
tableau  des  pensionnaires  ecclésiastiques  du  département,  adressé 
au  ministre  des  finances  le  15  germinal  an  IX  (5  avril  1801),  nous 
voyons  le  nom  de  Jean  Lepuil,  résidant  à  Nantes  ;  or,  pour  figurer 
sur  ce  tableau  il  fallait  présenter  un  acte  de  prestation  de  serment 
et  de  non-rétractation.  Jean  Lepuil  fut  nommé  vicaire  à  Siint-Pèro- 
en-Retzen  1805,  il  y  mourut  le  19  décembre  1822. 

Le  calme  qui  revint  après  le  départ  de  Lepuil  permit  à 
M.  Brian d,  vicaire  de  Campbon,  de  reparaître  et  d'exercer  publique- 
ment les  fonctions  du  saint  ministère,  ce  qu'il  fit  jusqu'au  10  avril 
1792,  époque  à  laquelle  les  troubles  recommencèrent  de  nouveau. 


Ue^istre  de  la  paroiate. 


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François  Leduc. 


Le  registre  de  la  paroisse  prétend  que  le  troisième  curé  constitua 
tionnel  de  Gampbon  fut  un  nommé  François  Leduc,  prôtro  créé  par 
Minée,  évéque  intrus  du  diocèse.  Il  vint  à  Gampbon  dans  les  der- 
niers jours  de  Tannée  1792  et  y  resta  jusqu'à  la  fin  de  la  Révolution. 
C'était  un  homme  de  peu  d'instruction  qui  allait  de  porte  en  porte 
requérir  les  gens  pour. les  conduire  à  sa  messe. 

Il  est  mort  à  Nantes  en  1807,  faisant  les  fonctions  de  garde-bar- 
rière sur  la  route  de  Rennes*. 

D*un  autre  c6té,M.  Ledoux.  dans  son  histoire  de  Savenay,  prétend 
que  le  troisième  curé  constitutionnel  de  Gampbon  se  nommait 
Leduc  ou  Duc-^acquet,  Nicolas^ Achille-Clément,  né  le  18  août  1765, 
religieux  carme  le  14  novembre  1786,  diacre  le  19  novembre  1789, 
prêtre  le  30  mars  1793,  vicaire  à  Saint-Nicolas  du  1«'  avril  au 
!•'  octobre  suivant.  Il  fut  appelé  à  la  cure  de  Gampbon  le  !•'  no* 
vembre  1793. 

Il  existe  une  contradiction  entre  ces  deux  récits,  M.  Leduc  n'ayant 
pu  être  nommé  desservant  en  1792  s'il  ne  fut  ordonné  prêtre  que 
le  30  mars  1793. 

Toutefois,  nous  croyons  plutôt  à  Texactitude  de  la  version  de 
M.  Ledoux  en  lisant  sur  le  tableau  dont  nous  avons  déjà  parlé  à 
Tarticle  précédent»  le  nom  de  Leduc  Achille-Glément,  né  le  10  août 
1765,  résidant  à  Gampbon. 

De  1800  à  1801,  la  paroisse  de  Gampbon  lut  desservie  par  M.  Ré~ 
iaillaud,  Aimé-Pierre^  né  à  Gampbon  le  18  janvier  1765,  et  par  M.  Du- 
bourg,  François^Juîien^  né  également  dans  la  paroisse  le  9  sep- 
tembre 1763  et  qui  n'avait  pas  quitté  le  pays  pendc^nt  la  Révolution. 
En  1802,  M,  David  Charles^  né  au  villagedu  Broussais^  en  Gampbon^ 
le  7  juillet  1761,  et  qui  avait  passé  le  temps  de  la  Révolution  caché 
dans  sa  paroisse  natale  et  dans  celle  de  Pontch&teau  dont  il  était 
vicaire,  fut  appolé  à  la  cure  de  Gampbon  où  il  mourut  le  23  janvier 
1818. 

Il  conserva  M.  Retaillaud  comme  vicaire  jusqu'en  1810,  époque  à 
laquelle  ce  dernier  fut  nommé  curé  à  Saint-Hilaire  du  Dois. 
Quant  à  M.  Dubourg,  il  fut  appelé  le  25  janvier  1807  à  la  cure  de 

Registre  de  la  paroisse. 


316  NOTES  HT3T0RIQUES 

Pontchàteau   quMl    administra  jusqu*en   1818.   époque   à  laquelle 
M.  David  étant  mort  à  Campbon.  il  demanda  et  obtint  de  le  rem- 
placer dans  sa  paroisse. 
Il  y  mourut  le  17  mars  182?. 

Nous  ne  saurions  ajouter  aucune  réflexion  au  récit  de  ces  faits  qui 
disent  assez  par  eux-mêmes  que  pendant  la  Révolution  comme 
auparavant,  les  prêtres  de  Campbon,  dignes  fils  de  la  parois^se, 
surent  conserver  intacte  la  réputation  de  fidélité  et  de  fermeté  dont 
cette  population  est  ûère? 

Sur  les  pieuses  reliques  des  saints  d'un  autre  Age  vint  alors  cou- 
ler le  sang  des  martyrs  et  nous  pouvons  *  dire  avec  le  Pasteur 
que  nous  avons  déjà  cité.  Leur  poussière  parle  plus  éloquemmcnt 
que  les  maîtres  dans  Tart  de  bien  dire,  et  la  lumière  qui  émerge  de 
leur  tombeau  éclaire  mieux  les  Ames  que  les  plus  beaux  discours.  > 

Dubois  de  la  Patelliârk. 


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CHRONIQUE 


FIDÈLES  à  leur  vieille  renommée,  les  travailleurs  de  nos 
provinces  do  l'Ouest,  ont  mis  largement  à  profit  le 
temps  des  dernières  vacances  et  nombreuses  sont  les 
productions  de  tous  genres,  que  nos  collègues  ont  mis  au 
jour  pendant  les  trois  derniers  mois  écoulés.  Si  notre 
cadre,  déjà  bien  chargé,  ne  nous  permet  pas  de  faire  ressortir 
comme  nous  le  voudrions,  les  mérites  à  des  titres  divers,  de 
ces  œuvres  nouvelles,  du  moins  tiendrons-nous  à  honneur  de 
signaler  toutes  celles  qui  nous  sont  particulièrement  connues. 

,     BRETAGNE. 


Guionvac'h.  —  Une  des  plus  curieuses  publications  bretonnes 
parues  ces  temps  derniers,  est  sans  contredit  :  Guijonvach,  chro- 
nique bretonne,  publiée  par  L.  de  Kerardven,  (Louis  DuGlhol]  et 
rééditée  par  la  Société  des  Bibliophiles  bretons.  Ce  charmant  ou- 
vrage, orné  d'un  frontispice  et  de  nombreuses  illustrations  de  Th. 
Busnel,  débute  par  une  remarquable  introduction  de  notre  confrère, 
René  Kerviler,  et  sort  des  presses  de  rimprimerie  A.  Le  Roy,  à 
Kennes,  qui  lui  a  donné   tou9  ses  soins.  Nous  sommes  donc  heureux 


318  ,  .     ^       dHHONTQUE 

de  mettre  sons  les  yeux  à  nos  lecteurs  Tintéressant  compte  ren<)a  qai 
suit,  de  cet  ouvrage  in-i<^  de  xziv-208  p.^  dû  à  la  plume  de  notre  coa- 
frère,  M.  Albert  Macé. 

«  La  Société  des  Bibliophiles  bretons  et  de  THistoire  de  Bretagne 
vient  de  rééditer  ayec  Télégance,  le  soin  et  le  goût  qui  sont  la  ca- 
ractéristique de  ses  publications  et  les  font  tenir  en  si  hante  estime 
par  les  amis  du  livre,  un  curieux  tableau  des  mœurs  du  pays  Breton. 

Guionvac*h  est  la  simple  et  haïv«  histoire  d*un  orphelin  d'hu- 
meur vagabonde  et  sauvage,  recueilli  et  élevé  par  les  paysans  du  tK- 
lage  de  la  Saudraie,  tour  à  tour  matelot^  déserteur  par  amour  do  sol 
natal,  contrebandier^  pilleur  d'épaves,  dominé  par  la  néfaste  influence 
de  Magdeleine,  la  folle,  qui  se  venge  sur  le  fils  de  l'abandon  du  pè'-e, 
ramené  au  bien  par  la  douce  affection  de  Marivonic,  la  jolie  fille  du 
meunier  Gueanaû.  L<)  roi  lui  a  fait  grâce,  le  meunier  lui  donne  si 
fille.  Le  jour  du  mariage,  en  voulant  sauver  sa  fiancée,  sur  laquelle  se 
jette  son  fidèle  chien  Minn-dû,  devenu  enragé,  il  tombe  dans  le  torreot 
de  la  Saudraie  et  disparait  sous  la  roue  du  moulin  qui  le  broie,  tandis 
que  la  folle,  du  haut  de  son  rocher,  redit  son  refrain  de  vengeance  : 
«  Arroae,  arrose  ton  moulin^  Guennaû,  il  veut  tourner  avec  du 
sang.  » 

Tandis  que  se  déroule  la  trame  légère  de  ce  roman,  l'auteur  évoque 
et  fait  revivre  les  mœurs,  les  coutumes,  les  usages  de  notre  province, 
les  pieuses  croyances  auxquelles  la  Bretagne  est  toujours  restée  ûâèle, 
les  légendes  gracieuses  ou  terrifiantes,  les  t}pes  et  les  chants  popn* 
laires.  C'est  la  veillée  dont  les  heures  fuient  rapides,  pendant  que  les 
jeunes  filles  chantent  des  sonen  et  que  le  tailleur,  cette  éternelle  victime 
des  railleries  des  bretons,  ou  la  mendiante,  conte  Th'istoire  de  la  biche 
blanchede  sainte  Ninnoc'h  dont  le  passage  annonce  un  malheur  prochain. 
C'est  la  lutte  des  douaniers  et  des  fraudeurs  dans  l'anse  de  Couragan.  i^ 
bénédiction  des  coureaux  de  Groix  où  les  barques  de  Rianiec,  sortant 
du  fond  de  leur  baie,  semblent  voguer  au  milieu  des  pommiers  ;  c'est 
le  cabaret  des  mendiants  sous  la  falaise  de  Kernitrà,  le  chant  (ia 
fiancé,  les  noces  bretonnes,  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Pitié  et  l'é- 
vangétisationde  minuit,  le  cimetière  où  les  morts, sommeillant  à  l'ombre 
du  clocher  près  duquel  ils  ont  vécu,  aimé  et  souffert,  soulèvent  parfois 
la  pierre  de  leur  tombeau  pour  adresser  un  suprême  appel  à  ceux 
qu'ils  ont  quittés.  Tous  ces  tableaux  où  le  fantastique  et  le  réel,  Is 


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CHRONIQUE  319 

légende  et  la  vérité  s^alUent^  s^onissent  et  se  coaroadent,  sont  brossés 
de  main  de  maître  :  ils  charment  et  sédoisent  le  lecteur  comme  le 
roman  le  plus  passionnant. 

Le  livre,  dont  Texécution  typographique  est  parfaite,  sort  drs 
presses  de  M.  Alphonse  Le  Roy  :  l'illustration  a  été  couQée  à  M.  Th. 
Busnel  dont  la  plume  campe  et  fait  mouvoir  avec  une  merveilleuse 
exactitude  dallures,  de  gestes  et  d'attitudes,  les  types  décrits  par 
Técrivain.  Qui  n  a  rencontré,  dans  une  ferme  hre*onne,  le  gracieux 
profil  de  Marivonicet  la  silhouette  du  rude  meunier  Guennaii  ?  Dom 
RéguideU  le  vieux  recteur,  qui  prend  part  à  la  partie  de  houles  avec 
les  anciens  du  pays  ,n*est  un  inconnu  pour  personne,  et  les  pèlerins  qui 
Tont  prier  au  sanctuaire  de  Sainte-Anne  d'Auray,  la  patronne  de  la 
Bretagne,  ont  tons  fait  l'aumône  à  Yan  Penforn  et  à  Marie  Bernfoên. 
Au  frontispice  du  volume,  près  de  la  chapelle  dont  quelques  rayons  de 
lune  dessinent  les  grandes  lignes  au  milieu  de  la  nuit^  Guioovarc'h, 
affolé  par  la  danse  des  lavaidières  qui  tordent  les  suaires  des  morts, 
poursuivi  par  les  korrigans,  les  teuz  et  les  chats  noirs,  se  cramponne 
au  pied  du  calvaire  et  cherche  un  suprême  abri  près  de  Celui  «  qui  a 
souffert  de  nos  souffrances  et  pleuré  de  nos  larmes.  » 

Une  excellente  notice  due  à  notre  infatigable  collègue  de  la  Société 
des  Bibliophiles  breton»,  M.  René  Kerviler,  fait  connaître  Tauteur  de 
Gvcionvac'h  :  Louis- Antoine  Dufilhol,  né  à  Lorient.  le  20  mai  1791, 
fit  de  fortes  études  sous  la  direction  de  l'abbé  Le  Priol  et  fut  reçu  le 
troisième  à  l'école  polytechnique.  Mais  pour  ne  pas  imposer  à  sa 
famille,  dont  les  ressources  étaient  modiques,  les  frais  onéreux  de  son 
entretien,  il  entra  dans  TUniversité  impériale,  devint  maître  d'études 
et  simple  répétiteur,  et  conquit,  dans  l'exercice  de  ces  modestes  fonctions, 
les  grades  de  licencié  ès-lettres,  licencié  ès-sciences  et,  docteur  en 
médecine.  M.  de  Kerdrel,  maire  de  Lorient^  l'appela  dans  cette  ville 
pour  diriger  le  collège  que  Ton  venait  de  créer  et  qui  devint  collège 
communal,  puis  lycée.  Il  dirigea  en  1830  le  lycée  de  Nantes,  puis  fut 
appelé  à  Rennes  où  il  prit  une  part  active  au  mouvement  littéraire  très 
accentué  qui  s'y  produisait  à  ce  moment,  avec  Armand  de  la  Durantais, 
Boulay-Paty,  Charles  Boyer,  Brizeux,.  Hello,  Hippolyte  Lucas,  Bmile 
Souvestre,  Turquety  de  la  Pilorgerie  et  M"**  Desbordes- Val  more.  Les 
Etudes  bretonnes  qu'il  publiait  en  1833  dans  la  Reviie  de  Bretagne 
et  qui  ont  été  jointes  &  Guionvac*h  dans  l'édition  de  1835  eurent 
assez  de  retentissement  pour  que  Brizeux,  qui  devait  traiter  le  même 


320  CHRONIQUE 

sujet  dans  son  poëme  des  Breton^^  crût  nécessaire  Je  prendre  date  d'ai- 
tériorité.  Nommé  inspecteur-recteur  en  Corse,  Dufilhol  demanda,  aa 
bout  de  deux  ans,  à  rentrer  sur  le  continent  et  fut  nommé  recteur  de 
TÂcadémie  de  Rennes.  Mis  en  congé,  puis  en  retraite  anticipée  en  1 847, 
à  la  suite  de  deux  conflits  avec  le  mluistère,  il  dut  à  rinlerveatîon 
active  de  M  Jules  Simon  uae  double  compensation  bien  méritée  :  il 
fut  nommé  officier  de  la  Légion  d'honneur  et  chargé .  du  rectorat  de 
l'Académie  de  Montpellier. 

Quand  l'heure  du  repos  eût  sonné  pour  lui,  il  revint  à  Reanes  où  il 
consacra  ses  dernières  années  à  TétU'le  et  à  la  charité.  Une  foule  émue 
assista  à  ses  obsèques  et,  sans  distinction  d*opinions,  tous  les  journaux 
de  la  ville  rendirent  hommage  à  la  mémoire  de  cet  homme  de  grande 
science,  de  travail  et  de  devoir. 

L'histoire    de  la  publication  de  GuioYtvac'k  est  assez  piquante. 
M.  Dufilhol  avait  envoyé  ses  études  à  M.  Jules  Simon  en  le  chargeant 
de  les  faire  imprimer.  «  —  Tu  t'arrangeras  avec  l'éditeur  et  tu  garde- 
ras pour  toi  les  bénéfices.  —  Le  rare,  écrit  M.  Jules  Simon  à  M.  René 
Kerviler,  est  que  je  trouvai  un  éditeur.  Ge  fut  un  certain  Ëbrard,    qui 
était  douanier  et  libraire ,    et  qui  a  édité,  outre  Guionoac'fi^,    un 
ouvrage  sur  Camille  Desmoulins.  Par  exemple,  je  ne  tronvai  pas  de 
bénéfices,  et  j'eus  bien  de  la  peine  à  acquitter,  en  plusieurs  année? , 
la  det'eque  je  contractai  avecËbrard  pour  la  pubHcation  du  volume.  » 
Une  note  bibliographique  de  M.  Arthur  de  la  Bjrderie,  membre  de 
l'Institut,  président  de  la  Société  des  Bibliophiles  bretons,  signale 
comme  cause  de  l'oubli  qui  étouffa  Guionv2C*h,  Téclatant  succès  des 
Derniers  Bretons  d'Emile  Souvestre,  où  le  mérite  et  le  talent  de 
l'auteur  furent  puissamment  servis  par  l'immense  publicité  de  la  Revue 
des  Deux-Mondes,  Quel  fut  le  sort  du  Guionoac'/i  de   1835  et  de  sa 
couverture  jaune-clair?  Fut-il  condamné  à  recouvrir  le  poivre  et  la 
cannelle  ou  dut-il  se  réfugier  dans  la  hotte  du  chiffonnier?  On  Tignore  : 
on  sait  seulement  qu'il  disparut,  qu'aujourd'hui  les  exemplaires  en 
sont  presque  introuvables  et  que  la  luxueuse  publication  de  la  Société 
des  Bibliophiles  bretons  venge  Thomme  et  l'œuvre  d'un  injuste  oubli. 

ÂLDERT  Mage. 


Lettres  et  Mandements  du  duc  Jean  V.  —  A  côté  de  celle 
publication  charjiante  qui  ne  peut  manquer  d'intéresser  tous  nos  lec* 


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teurs  bretoQS,  la  Société  des  Bibliophiles  a  livré  au  mois  d*aoûi  à  ses 
membres  le  second  volume  des  Lettres  et  Mandements  de  Jean  V, 
duc  de  Bretagne,  comprenant  tous  les  actes  de  ce  souvuraia  de  1407  à 
V4I9  et  formant  le  tome  V  des  Archives  de  Bretagne*,  Est-il  besoin 
de  dire  que  dans  ce  nouvel  ouvrage,  notre  savant  confrère  M.  Bené 
Blanchard  a  .?)oatré  la  môme  érudition  profonde  des  textes  et  le  môme 
soin  scrupuleux  dans  Tétude  et  Texposé  de  tous  les  documents  qu'il 
nous  donne?  Ce  volume  qui  vient  nous  apporter  le  texte  ou  l'analyse 
de  984  nouvelles  pièces  est  un  véritable  monument  élevé  à  la  gloire  de 
la  Bretagne  et  une  sonrce  inépuisable  de  précieux  renseignements  pour 
rhisioirede  notre  pays  et  de  ses  nombreuses  familles  chevaleresques.  Les 
travailleurs  y  trouveront  bien  des  détails  ignorés  susceptibles  de  jeter 
un  jour  tout  nouveau  sur  les  débuts  de  ce  quinzième  siècle  encore 
ir.complètement  connu  et  bur  l'administration  de  Jean  V,  l'un  des  ducs 
dont  à  bon  droit  s*honore  le  plus  la  Bretagne. 

Notes  historiques  sur  quelques   paroisses  du   diocèse 
DE  Nantes^  —  Notre  zéléconfière,  M.  H.  du  Bois  de  la  Patellière, 
vient  de  faire  paraître  un  ouvrage,   qui,   tout  nouveau  en  son  genre, 
mériterait  d'avoir  de  nombreux  successeurs.  Pénétré  de  l'importance 
capitale,  qu'a  pour  l'histoire  des  familles,  l'analyse  des  anciens  registres 
paroissiaux,  M.  de  la  Patellière,  vient,  avec  une  admirable  patience,  de 
dépouiller  les  anciens  registres  de  huit  paroisses  des  environs  de  Nantes, 
et  nous  présente  aujourd'hui  le  recueil  de  tous  les  actes  importants  de 
baptême,    mariage  ou  sépulture  des  paroisses  de  Saint-Etienne  de 
Mofilluc,  CordemaiSy  Couëron,  Le  Temple-Maupertuis^    Vigneux, 
Sdutron^  Saint' Herblain  et  Indre,  C'est  la  première   fois,  du  moins 
en  Bretagne,  qu'est  publié,  croyons-nous,  un  recueil  de  co  genre,  en 
dehors  des  Inventaires  et  analyses  d'Arclîives  municipales,  dressés 
parles  archivistes  départementaux.  On  comprend  dès  lors  tout  l'iniérôt 
de  cet  ouvrage,  non  seulement  pour  les   familles  qui  ont  habité  ces 
paroisses  ou  leurs  alliés,  mais  encoie  pour  tous  ceux  qui  s'intéressent 
aux  documents  généalogique^:.  Un  grand  nombre  de  familles  y  trouveront 
leur  filiation  depuis  le  seizième  siècle  et  presque  tous  les  membres  de 
la  noblesse  du  comté  nantais  apparaissent  successivement  dans  ces 

•  Un  vol.  in-4*  vergé  264  p.  Nantes,  imp.  Vincent  Forest  et  Emile  Grimaud. 
>  Un  vol.  in-S»  385  pages.  Vannes,  impr.  Eugène  Lafolye. 


322  CHRONIQUE 

actes,  soit  comme  iotéresdés»  8oit  comme  parrains  ou  marraines  oa  à 
titre  d'amis.  —  On  ne  saurait  donc  trop  remercier  M.  delà  Pateîlière 
de  cette  utile  publication. 

Tableaux  généalogiques'.  —  Une  autre  publication  que  nous 
ne  saurions  trop  recommander  à  nos  lecteur?,  soit  comme  un  mod^Me 
du  genre^  soit  à  cause  des  multiples  et  Intéressants  renseignements 
qu'elle  fournit^  vient  de  nous  être  donnée  par  notre  savant  confrère, 
M.  Edouard  Frain  de  la  Gaulayrie.  Sous  le  tirre  de  Tableaux  généR- 
logiques.  Notices  et  documents  inédits  ou  soutien  du  Mémoire  où 
il  est  fait  mention  de  plusieurs  familles  établies  k  Vitré  et  pa- 
roisses environnantes  aux  XV^,  XV/',  XVII  et  XVII f,  siècles, 
M.  Frain  a  réuni  les  nombreux  document:»  qu'il  a  recueillis  au  roan 
de  ses  recherches  et  donne  les  très  curieuses  filiations  d'un  grand 
nombre  de  familles  bretonnes.  Véritable  historien  du  paya  de  Vitré, 
notre  vaillant  confrère  vient  d'ajouter  une  nouvelle  pierre  angulaire  à 
rédiûce  qu'il  élève  avec  tant  de  compétence  et  tant  de  soins. 

Livres  et  ouvrages  divers.  —  Parmi  les  autres  publications 
récentes,  nous  signalerons  particulièrement  :  Le  nouveau  tombeau  de 
saint  Yves  à  Tréguier.  Description  du  monument.   Explication  his- 
torique de  toutes  les  statues  par  notre  confrère  Arthur  de  la  Borderie. 
In-18,  39  p.  Vannes,  imp.  Lafolye.  — Saint  Yves,  aliàs  :  Saint-Yve^. 
Notes  et  Souvenirs.  Mémoire  présenté  au  Congrès  de  l'Association 
bretonne  à  Dinan  en  iSOOj  par  le  baron  de  Wolbock,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur  In-8*,  64  p.   Paris    imp.   Mouillot;  — L* Eglise 
protestante  de  Cleusné  h  Rennes,   par  Tabbé  Paris- Jal  lober  t.  In-$* 
25  p«  Rennes,  Plihon  et  Hervé,  éJiteurs  ;  —  Le  Régime  reprèsentstil 
en  France,  par  M.  Gatta;  ancien   magistrat.    In-8*^  Paris,  LecofTre, 
éditeur  ;  —  Soniou  Breiz-lzel.  Chansons  populaires  de  Basse-Bre- 
tagne, recueillies  et  traduites  par  F.  M.  Luzel  avec  la  collaboration 
de  A.  Le  Braz.  Soniou,  poésies  lyriques.  Tome  !•'.   In-8*   PsriB, 
Emile  Bouillon,  éditeur  ; —  Les  Noces  sanglantes,  drame  Nantais 
j  ar  notre  confrère  Olivier  de  Gourcuff  avec  Préface  de  Paul  Eudel. 
In- 12,    Vannes,  imp.  Lafolye; —  La  Bretagne  armoricaine  psf 
N.  Quellien.  Paris  J.  Maisonneuve,  éditeur  ;  ^Les  Bretons  à  Jeanne 

«  Un  vol.  in-40  80  pages  (!•'  fascicule),  Vitré,  impr.  Lécuyer.  frères. 


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CHRONIQUE  323 

d'ilfc.  Iq-16>  carré  avec iili^tratioQs  de  Paul  GUardla;  Gorbeil,  iunp. 
Greté.  Reanes,    H.  Gaillière,  éditeur  ;  —   Listeê  épiscop&les  de  la 
province  de  Tours.  Le/t  anciens  catalogues  épiscopatix  de  la  pro^ 
vince  de  Tours,  par  l'abbé  Dachesae»  membre  de  l'Iasbitat»  gr.  iQ-8* 
raisin.  Paris,. E.  Thoria,  éditeur;  — Histoire  du  général  de  Sonis 
par  J.  de  la  Paye.  Un  vol.  in-8*  orné  de  huit  portraits,  en  gravures  hors 
texte,  3*  édition.  Paris,  Blond  et  Barrai;  —  Mémorial  des  familles 
Bullour  de  Boishalbran  et  Joseph  Le  Sage,  par   un  de  leurs   des- 
cendçints,  M..  Joseph  Le  Bage-Buliour,  avocat,  ancien  maire  de  Dinan^ 
gr.  in-8®  i  43  p.  et  planches.  Dinan,  imp.  Bazouges.  «^  Le  comte  de 
la  Touraille,  soldat,  philosophe  et  poète  au  XVI ll^  siècle,  par  te 
vicomte  Xavier  de  Bejlevue.  In-S"  15  p.  Vannes»  imp.  Lafolye;  — 
Les  jeux  populaires  de  l'enfance,  par  Louis  Ësqiiien.  Petit  in- 18,  de 
76  p.  Rennes,  H.  Gaillière,  éditeur  ;  —  Kerduel  ou  les  Missionnaires 
du  XVIP  siècle  au  pays  de  L%nnion,   par    Tabbé  France,   curé 
doyen  de  Lannion,  chanoine   honoraire.  In-48^  jésus,  296  p.. Saint- 
Brieuc,  imp.  Prudhomme  ;  —  La  Bretagne  aux  temps  néolithiques 
par  le  baron  Halna  du  Fretay.   In-S**  69  p«  Quimper,   imp.  Gharles 
Cotonnec  ;  —  Un  hôpital  d'enfants  à  Moscou,  par  le  docteur  Paul 
Aabry,  de  Saint-Bcieuc.  In-8^  15  p.  Paris,  imp.  Schlœber  ;  —  Vingt 
jours  sur  les, côtes. de  Normandie  fit  de  Bretagne  à  Vile  de  Jersey. 
Guide- Album  du  touriste  par.  Gonstant,  de  Tours.  Format  allongé  avec 
400  p,  de  texte  et  110  dessins,  par  les  principaux  artistes.    Paris, 
Quantin,  éditeur;  —  VOndine.  de  Rhuis,  par  Pierre  Maêl.  In- 18, 
Jésus,  PariSf  E,  Dentu,  éditeur  ;  —  L'nc  fête  publique  à  Vannes  k 
Voecasion  de  l'inauguration  du  cime/îère  (27  pluviôse  an  IX)  par 
Léon  Lallement,  secrétaire  de  la  Société   polymathique  du  Morbihan. 
In-B""  9  p.  Vanoes,  imp.  Galles  ;  —  Le  siège  de  Guérande  en  1793. 
Extrait  du  registre  du  Gonseil  du  district  de  Guérande  et  de  la  muni- 
cipalité réunis,  le  31  mars  1793,  publié  avec  notes,  par  E.  de  Boceret. 
In-8^  18  p.  Guérande,  imp.  Georges  Gigant  ;  —  Evolutions.  Poésies, 
par  Pierre  Kerlaëc.  In-18,  jésus.  Evreux,  imp.   Le  ^érissey  ;  —  ^ane 
de  Kerlois  par  Francis  Bazooges  in-i2  de  320  p.  Paris^Tequi,  éditeur. 
La  chapfille  saint  Barthélémy  en  Saint-Julien  de    ConcelU 
(Loire-Inférieure)^  par   l'abbé  Pétard,  missionnaire  de  l'Imm** 
Conception,  Nantes,  imp.  Bourgeois  ;  —  Confessions  d'u^ 
liste,  par  Ernest  Merson,   Paris,  Savine,  éditeur  ;  -^ 
dernières  distributions  de  prix  dans  les  écoles   ^ 

T.  VI.  —  DOCUMENTS.  —  VI*  ANNÉE  16  U' 


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324  CHRONIQUE 

soyez-^n  fiers  !  Discours  prononcé  le  9  août  4890,  par  M  le  soos- 
préfet  de  P.  (Loire-Inférieure).  Réflexions  dédiées  à  l'orateur,  ptr 
Frédéric  Ultor.  In-S**,  102  p.  Vannes,  impr.  Lafolye  ;  —  Les  aven- 
tures d*  Y  oonnic  KergoaL  Scènes  et  contes  de  l'ancien  et  dunouveau 
régime f  par  L.  Arnoulin.  In-S»,  Paris,  Bloud  et  Barrai,  éditeur;  — 
Le  Bulletin  du  3Î'  congrès  archéologique  de  l'Association  bretonne 
tenu  à  Saint'Pol  de  Léon  du  iO  au  15  septembre  188^.  Ia-8%  ÎOû 
p.  Saint-Brieuc,  imp.  Prudhomme  ;  —  Le  Bulletin  de  la  Société  pa- 
lymathique  du  MorbiJian,  deuxième  trimestre  de  1890.  Io-8*,  156 
p.  Vannes,  imp.  Galles  ;  —  Dans  la  première  livraison  dn  tome  IV  da 
Mémoires  de  la  Société  archéologique  et  historique  des  Côtes-^u- 
Nord  :  Notice  sur  les  paroisses  de  Tredias,  Saini-Urit^lle,  i'm- 
gnac,  Languédias,  Vabbaye  de  Beaulieu,  Megrit  et  Tremeur  âux 
environs  de  Broons,  par  M.  Tabbé  G.  L.  S.  ;  —  Dans  plusieurs  nu- 
méros du  Journal  de  Rennes  :  La  réforme  des  présidiaux  au  XVIIP 
siècle ,  par  Albert  Macé  ;  —  Ujie  visite  à  Langonnet  (juillet 
1890),  par  l'abbé  Guillotin  de  Gorson  dans  le  Journal  de  Renntts  du 
22  août  et  le  Comté  de  Montmoron  en  Romazy,  par  le  même  dans 
le  Journal  de  Rennes  du  24  octobre  1890  ;  —  Annales  de  la  Société 
académique  de  Nantes  et  de  la  Loire  Inférieure,  !•'  vol.  de  la  Vil* 
série  (1890),  !•'  semestre.  In-8%  238  p.  Nantes,  imp.  Mellinet.- 
Dansles  quatre  dernières  livraisons  (livr.  4,  5,  6  et  7)  du  tome  V'àe 
la  Revue  des  provinces  de  l'Ouest  :  Les  derniers  Jansénistes,  Un* 
juinais  diaprés  sa  correspondance,  par  Léon  Séché  ;  —  Le  trésor 
de  S&int'Cildas  de  Rhuys,  par  M«'  X.  Barbier  de  Montault  ;  —  Le 
ch&teau  de  L%ngeais^  par  Maurice  Brincourt  î  —  Le  service  de  Mi- 
rabeau et  la  déclaration  des  droits  de  l'homme,  par  Albert  Macé  : 
—  Les  camps  à  trois  enceintes,  par  Bugène  Vimont  ;  —  Le  petit 
Oiseau,  conte  de  Basse-Bretagne,  par  P.  Sébillot  ;  —  Un  prisonnier 
d'Etat  h  Belle-Ile-en-mer,  par  Albert  Macé  ;  —  Le  Saint-Esprit  en 
Plédéliac  et  son  dernier  prieur,  chapelain  de  du  Guesc/in,  par  le 
comte  de  Ghalus  ;  —  La  Normandie  monumentale,  par  Jean  de  la 
Rouxière  ;  —  Notice  sur  la  destruction  et  la  restauration  du  tom' 
beau  d'Agnès  Sorel  k  Loches,  par  Ch.  de  Grandmaison  ;  —  «nfia  1* 
suite  de  l'important  Nobiliaire  breton  de  M.  le  comte  Régis  de  r£^ 
tourbeillon  donnant  les  Notices  relatives  aux  familles  de  la  Mortrsyef 
de  Condest,  de  la  Granelaye,  de  Laigue,  d'Arz,  Glect  du  Breil, 
du  Gourvinec,  de  Lambert  de  Boisjan  et  de  la  Havardière,  Cw 


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tard,  de  Noyai,  Le  GM  de  Cunfiou  et  de  Kerlinou,  de  Ruys,  de 
Coëtlagat,  de  Bellingànt,  de  Brehier,  de  Barac'h  de  Loiidnnec  ;  •— 
Dans  la  3*  livraison  du  tome  IV  de  la  Revue  de  Bretagne  et  de  Ven* 
dée  (septembre  1890).  Les  Débuts  du  duc  d^ Aiguillon  en  Bretagne, 
par  Barthélémy  Pocquet  ;  —  Documents  inédits  pour  servir  k  Vhis^ 
toire  de  Noirmoutiers  sous  Louis  XI Vf  par  A.  Joubert  ;  —  Marion 
du  F&ouët  (fin),  par  J.  Trévédy  ;  —  Souvenirs  d'un  vieux  capitaine 
de  frégate,  par  J. "M  -V.  Kerviler  ;  —  Lé  congrès  breton  de  Dtnan. 
—  Les  fêtes  de  Tréguier,  par  René  Lafolye  ;  —  Lettres  à  l'auteur  de 
la  Géographie  historique  des  CôteS'du-lford,  par  notre  confrère  J* 
Trevedy,  dans  l'Indépendance  bretonne  du  mois  d'octobre  1890.  — 
Les  Pendus,  par  P.  Sébillot.  In-8*,  19  p.  Vannes,  imp.  E.  Lafolye, 
éditeur.  —  Il  n'est  pas  bon  de  trop  pleurer  les  morts,  par  P.-M. 
Lozel.  In-S**,  11  p.  Vannes,  imp.  E.  Lafolye  ;  —  Jehan  Mesehinotj 
poète  d'Anne  de  Bretagne^  par  J.  Trévédy.  In-8%  19  p.  Vannes»  imp. 
Lafolye»  éditeur. 


NORMANDIE. 


En  Normandie,  nous  signalerons  :  Souvenirs  de  captivité  (1870« 
1871),  par  Georges  Masron.  In-8^,  101  p.   Alençon,  imp.  Renautde 
Broise;  —  Histoire  du  74*  régiment  d'infanterie.  In-8*,   207  p.  et 
gravures.  Paris,  imp.  Baudouin  ;  -*-  Les  cris  de  guerre  chez  les 
différents  peuples,  par  le  baron  0.  de  Watteville.  Paris,  Lechevalier, 
éditeur;  — ^  Les  Traditions  en  Chalosse^  par  J.  de  la  Porterie.  In-8^ 
11p.  —  Les  ex'libris  normands.  Ex-libris  de  M.  Serais,  avocat. 
In-8*,  1 1  p.,— de  Dominique^Bamabé  Turgot,  évéque  de  Sëcz.  In.8% 
17  p.,  —  de  Jacques- Alexandre^Charles  Lallement,  évéque  de  Séer 
10-12^  pages,  par  G.  de  Gontades.  Alençon,  imp.  Renaut  de  Broif 
'^  Les  Noces  de  Sathan^  par  Jules  Bois.  In-16,  14  p.  Evrenx,  ' 
Le  Hérissey  ;  —  Le  Sabbat  des  Sorciers^  par  Bourneville  et  E. 
turier,  2*  édition.  In-8**,  38  p.  et  gravures.  Evreux,  imp.  Le  Hi' 
^  La  Muse  à  êiimi,  par  Anatole  de  Nesselrode.  Préface 
Levy.  Li-18  jésus,  II  256  p.  Evreux,  imp.  Le  Hérissey  ;  — 
de  Normandie,  Etretat.  Son  origine^  ses  légendes,  f 


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326:  CHRONIQUE 

leurs  habitants.  OrxYTBgt  illustré  avec  vue  générale  et  plan^parE. 
Parmentier,  sous-chef  de  bureau  au  ministère  de  l'Instruction  publique. 
In-18  Jésus,  230  p.  Angers,  imp.  Burdin; —  L^Enquête  philolû- 
gique  de  1812  dans  les  arrondissements  d'Alençon  et  Morts$ne, 
par  L.  DuyaU 


MAINE 

Nous    avons    à  enregistrer  parmi   les  publications  intéressant  le 
Maine  :  L'Assemblée  provinciale  de  V Anjou,  du  Maine  et  de  la 
Touraine  en  1889,  par  le  vicomte  0.  de  Rougé.  In-48  jésus,    270  p. 
Angers»  imp.  Lachèze  et  Dolbeau  ;  —  Documents  authentiques  pour 
servir  à  Vhistoire  de  la  constitution  civile  du  clergé  dans  le  dépar- 
tement de  la  Mayenne,  par  Frédéric  Le  Coq  ;  —  Notice  sur  la  vie 
et  les  travaux  de  M.  Eugène  Hucher,  par  Robert  Triger.  In-8*, 
102  p.,  portrait  et  planches.   Mamers,  imp.  Fleury  et  Dangin  ;  — 
Mémoire  historique  sur  ChâteaU'Gontier,  rédigé  en  1781  par  le 
marquis  d'Autichamps  et  publié  par  A.  Joubert.  In-8*,  15  p.^  Laval, 
imp.  L.  Moreau  ;    —  L'Eglise  de  Notre-Dame  de  la  Couture  au 
Mans.  La  nef  et  la  façade  occidentale,  par  l'abbé  Ernest  Dubois. 
In-8<»,  34  p.  Mamers,  imp.  Fleury  et  Dangin  ;  —  Un  exemplaire  an- 
noté de  Vhistoire  de  Ssblé,  par  G.  Ménage,  par.  A.  Joubert.  In-8% 
34  p.  Mamers,  imp.  Fleury  et  Dangin  ;  —  Vie  de  saint  Serené,  pro- 
tecteur du  Maine  et  de  l'Anjou,  par  dom  Piolin  ;  —  Le  Pèlerinage 
de  Siaulges,  par  le  môme  ;  —  Notice  historique  sur  Andouillé,  par 
O.  Gaton.  In«8*,  Mayenne,  imp.  Poirier-Bealu  ;  —  La  Légende  de  la 
'Cloche  (vers),  par  Elle  Frébault.*  In-8*,  jésus,  7  p.  Mayenne,  imp. 
Nezau  ;  —  Enfin,  le  tome  II  de  la  deuxième  série  du  très  intéressant 
•Bulletin  de  la  Commission   historique  et  archéologique  de  la 
Mayenne  dans  lequel  nous  sigaalerons  tout  particulièrement  :  Les 
voyages  de  Daniel  Le  Hirbec^  de  Laval  aux  Antilles,  aux  Pays^ 
Bas  et  en  Italie ,   texte  publié  par  M.  de  la  Beauluère  atec  nne 
Introduction  et  des  Notes  de  M.  L.  Moreau.  I.  Voyage  aux  Antilles 
et  dans  les  Pays-Bas;  —  Note  sur  le  bailliage  des  Templiers  de 
ChàteaU'-Gontier  (XI-XVIII*  s.),  par  André  Joubert  ;  —  Lassay,  ses 
écoles  et  ses  collèges  (suite  et  fin),  par  l'abbé  J.  Gillard  ;  —  Aveu  du 


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CHRONIQUE  '  327 

comté  de  Laml  (f552)  contenant  la  réformàtion  de  celui  de  144$, 
par  Tabbé  Gouanier  de  Launay,  chanoiae  hoaoraîre  ;  —  Notes  sur 
Vancien  Laval  :  Le  Pavillon  de  la  porte  du  château  de  Laval  et  la 
maison  voisine,  par  M.  J.-M.  Richard  ;  —  Sigillographie  des  aeû 
gneurs  de  Craon,  remarquable  travail  dû  à  MM.  A.  Bertrand  de 
Broussillon  et  Paul  de  Farcy. 

ANJOU 

En  Anjou,  nous  signalerons  à  nos  lecteurs  :  Fontevravlt^  son  his* 
toire  et  ses  monuments,  par  Tabbé  Bossebosuf.  In-8*,  114  p.  Tours» 
imp.  et  lib.  Bouserez  ;  —  Saint-^Aignan ^  Thésée  et  Montrichard. 
In-8',  31  p.  Tours,  imp.  Deslis^  frères  ;  —  L'Instruction  primaire 
avant  il 89  dans  les  paroisses  actuelles  du  diocèse  d^Angers^  par 
M.  Charles  Urseau,  licencié  en  théologie,  vicaire  à  Saint-Jacques 
d'Angers.  Angers,  Henri  Briand,  éditeur;  —  Noces  d'argent  de 
M.  Vabbé  Claude^  chanoine  honoraire,  supérieur  de  l'Institution 
de  Combrée  (30  juin  T'  juillet  1890).  In-8%  60  p.  Angers,  imp. 
Burdin  et  C'"  lib.  Briaud^  éditeur;  -^  Lettres  inédites  de  Vabbé 
Bernier,  publiées  et  annotées  par  A.  Joubert.  In-à<>,  24  p.  Angers, 
imp.i  Germain  et  Grassin;  —  Le  surintendant  Nicolas  Fouquet 
(1615-1685),  d'après  un  ouvrage  nouveau,  par  A.  Joubert.  In-8%  16  p.  • 
Angers,  imp.  Germain  et  Grassin  ;  —  Les  Lanternes  à  Angers  sous 
V Ancien  Régime  (XVII'-XVIII«  s.),  d'après  des  documents  inédits, 
par  A.  Joubert.  In«8®,  16  p.  ;  —  Rapport  de  la  Chevardière  et  Mi^ 
nier  k  la  Commune  de  Paris,  le  15  mai  1793,  publié  par  notre 
confrère,  M.  André  Joubert. 

POITOU 

Dictionnaire  historique  et  généalogique  des  familles 
DU  Poitou.  —  Parmi  les  ouvrages  les  plus  intéressants  publiés  ré« 
cemment  en  Poitou,  nous  devons  signaler  d'une  façon  toute  spéciale, 
les  deuxième  et  troisième  fascicules  du  Dictionnaire  historique  et 
généalogique  des  familles  du  Poitou',  publiés.par  MM.  H.  et  P, 

•  ln-8*  carré,  Poitiers,  Ou^o,  éditeur* 


328  CHRONIQUE 

Beauchet-Filleau.  Chacun  connaît  la  valeur  de  cet  ouvrage  han  d« 
pair,  si  goûté  et  si  recherché  de  tous  les  travailleurs  de  nos  proirinees 
de  rOuest.  Dans  ces  deux  nouveaux  fascicules,  les  savants  auteurs  ont 
•été  comme  par  le  passé,   à  la  hauteur  de  leur  t&che   immense  et  à 
rinstar  de  M.  René  Kerviler  pour  la  Bretagne,  ils  nou«  donnent  pov 
le  Poitou  une   véritable  Encyclopédie  des   familles ,   où    ils    ont  sa 
réunir  avec  une  érudition  des  plus  sûres  et  après  de  multiples  re- 
cherches une  énorme  quantité  de  documents  que  chacun  peut  consulter 
avec  fruit.  Il  n'est  pas  une  seule  famille  marquante  en  Poitou  qni 
n'y  puisse  trouver  sur  les  siens  quelque  détail  jusqu'à  présent  ignoré  oo 
quelque  précieux  renseignement  ;  et  ceux-ci  ont  toujours  d'autant  plai 
de  valeur  que  les  consciencieux  auteurs  ont  eu  à  cœur  de  citer  géné- 
ralement les  sources.  Au  nombre  des  familles  sur  lesquelles  dans  ces 
deux  fascicules  abondent  les    documents   divers,  nous    citerons  les 
familles  :  Audayer,  Audeberte,  Augier,  Augierde  Moussac^  Augier 
de    CremierSy  Augier  de   la   Terraudière^    Augron,    d'Aunay, 
d'Aiwseurc,  d'Authon,    Auvynet,    d'Aux,  d*Auzy,   d'AvaugouK 
d'Àviau,  Àvice,  Avril,  Aymar,  Aymé,  Aymer,  Àymon,  Ayrault, 
d*Ayron,  d*Àzag,  Babaud,  Babault,  Babin,  Babin  de  la   Touche- 
Bourneuil,  Babin  de  Rouville  et  de  Rancogné,  Babin  de  LignaCj 
Babin  des  Bretinières,  Babinet,  Badestrand,  Badereau,  deBaglion, 
de  Baigneux  de  Courcival^  Banchereau^  Barachin^  de  Barbarin 
Barbe,  de  Barbeyrac,  Barbezières,  Barbier,  de  la  Barde^  BarloU 
Baron,    Barraud,  Barrault^   de  la  Barre,  Barton,    Bascher  de 
Beaumarchais^   Le  Bascle,  Bastard,   de  Beauçay^   de  Baudéan, 
Baudouin,  Baudry  d'Asson,  Le  Bault,  de  Baye,  de  Beauchamps, 
de  Beaucorps,  de  Beaumont,  de  Beaupoil^   de  Beauregard,  de 
Beausobre,  de  Beauvau,  de  Beauvollier^  de  Beckillon,  Begaud^  de 
Béjarry,  Le  Bel,  Belhoir,    du  Bellay,  de  Belleville,  Beliiard^ 
Beranger,  de  la  Beraudière,  Beraudin,  Berlaud^  Bernard^  Ber- 
nardeau,  de  Brenezay,  etc.,  etc. 

G<*  R.    DE    L'ESTOURBBILOOH. 

,  Livres  et  ouvrages  divers.  —  Nous  signalerons  par  ailleurs  : 
Fiefs  et  justice  du  Bas-Poitou  par  A.  Bitton.  In-8*  1!4  p.  ï^ 
Boche-sur- Yon,  imp.  Servant;  — Historique  du  iSV  régiment  d'in* 
fanterie  par  le  lieutenant  Jacquin*  In-S^  170  p.  Fontenay,  imp. 
Gouraud  ;  —  Niort  à  travers  les  rxies,  pwr  Plock,  Ih-8*  wû*  de 


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CHRONIQUE  829 

10   planches  lithographiques  dessinées  par  Charles  Besnard,  Niort, 
inop.   Gravat-Ëschillet  et'  Lemercier.  —  Le  Donjon  de  Niort  et  son 
origine  anglaise  par  J.  Berthelé.  Grand  in-S""  20  p.  et  plan.   Niort. 
Anx  bureaux  de  la  Revue  poitevine  ;  —  Les  Amitiés  et  les  Epreuves 
de  dom  Fonteneau  d'après  une  correspondance  inédite.  In-8*  56  p. 
Poitiers,  imp.  Biais  ;  •—   Rec/ierc/ies  sur  la  famille   Levesque,  de 
Saint'Maixent  et  ses  alliances,  In-8°  Saint-Maixent,  imp.   Reversé; 
—  Deux  Loudunois  sous  la  Terreur,  Les  abbés  Dupaty,  publié  par 
Tabbé  Leroux  dans  la  Semaine  religieuse  de  Po\tiers  ;  —  Nos  frètes 
les  animaux.  L'intelligence  des  animaux,  par  Henri  Bourgeois.  In- 
18,  La  Roche-sur- Yon,  imp.  Servant;  —  Guide  au  Sables  d'Olonne 
et  aux  environs  avec  plan  de  la  ville  et  carte  de  la  région  par 
Harry  Ia-16,  109  p.  avec  vignettes.  Tours,  imp.  Arnault  ;  Les  Sables, 
lib.  Mayeux  ;  —  Documents  inédits  pour  servir  à  Vhistoire  de  Nor- 
moutiers  sous  Louis  XIV  par   i.   Joubert.   In-8°  i\  p.  Vannes, 
LafoK^e;   —   Une  fonte  de  cloches  au  temps  jadis.  In-8*»  11  p. 
Poitiers,  imp.  Biais  ;  —   De  quelques  populations  du  Bas^Poitou 
par  J.  Laumonier.  Gr.  in-8^,  6  p.  Fontenay.  Aux  bureaux  de  la  Revue 
du  Bas-Poitou  ;    —   Une  page  de  généalogie  vendéenne  par  René 
Vallette.  Gr.  in-8'*  M  p.  Fontenay.  Aux  bureaux  de  la  Revue  du  Bas- 
Poitou  ;  —  Une  excursion  archéologique  au  Langon  (Vendée)  pa 
René  Vallette.  Vannes,  imp.  Lafolye  ;  —  Dans  la  deuxième  livraison 
de  la  3'  année  de  la  Revue  du  Bas-Poitou.  Découverte  d'une  cha» 
pelle  du  XV t  siècle  dans  Véglise  du  lioumeau  (Vendée)  par  0.  de 
Rochebrune  ;  —  Autour  du  Drapeau  blinc.  Biographies  inédites 
des  Vendéens  et  des  Chouans  par  M.  de  la  Fontenelle  de  Vandoré  ; 
•—  Un  dolmen  inédit  à   Xanton^Chasserion  (Vendée)    par  Louis 
Brochet  ;  Chartes  concernant  la  fondation  de  N.-D.  de  la  Blanche 
à  Noir  moutiers  par  le  docteur  Viaud-Grand-Marais  ;  —  Le  Synode 
de  Poiré'^ur-Vie  par  M.  de  Gouttepagnon  ;  —  Dans  la  troisième 
livraison  d^  la  troisième  année  de  la  même  Revue  :   Carnet  archéo^ 
logique  par  0.  de  Rochebrune  ;   —  Les  pèlerinages  de  la  sainte 
Vierge  dans  le  diocèse  de  Luçon  par  le  R.  P.  E.  Drochon  ;  —  Les 
Sièges   de  Vabbaye  de  Saint-Michel-en-V Herm    (1568-1569)   par 
L.  Brochet  ;  —  Une  poignée  de  documents  sur  Vabbaye  de  la  Grai- 
nefière .par  L.  Ghappot  de  la  Ghanonie  ;  —  Le  journal  d'un  Fon- 
tenaisien  pendant  la  Révolution  par  A.  Bitton  ;  —  Le  livre  d'or  de 
Luçon  par  L.  Ballereau  ;  enfin  Tintéressante  Chronique  de  R.  de 


330  <3HH0NîQUE 

•ThîTareay;  -^  Journal  militaire  du  chevalier  de  iMchaêi,  ûffisUt  au 
Pàçitnentde  Beauvoisis  (17 ^2-1761)  publié  et  saooté  i»«?:>SmUe 
Biaift,  archÎTiste  d*An£pouldinei  Iq-8<»  36  p.  Angoulèoi^»  .4P|V  ^3i9^ 
seignac. 


VARIA. 


Lettre  du  Cardinal  Rampolla  a  l'auteur  ds  la  .L]^osnde 
MoMSEiGNUR  SAINT  YvES.  —  M.  le  vicomte  Arthur  du  Bois 
de  la  Villerabel,  auteur  de  «  la  Légende  Merveilleuse  deMonsti. 

^gneur  Sainci'YveSy  »  ayant  fait  hommage  de  son  beau  livre 
au  Souverain  Pontife,  vient  de  recevoir  de  Rome  la  lettre 

.suivante  : 

«  Illustrissime  Monsieur^ 

«  Le  Saint  Père  a  reçu  la  lettre  qui  lui  a  été  adressée  par 
votre  Seigneurie  le  15  du  mois  de  juillet,  ainsi  que  lé  livre 
intitulé  Légende  de  Saint- Yves.  Sa  Sainteté  a  daigné  agréer 
cet  acte  de  filial  dévouement  de  votre  Seigneurie,  et,  en  me 
chargeant  de  la  remercier  en  son  auguste  nom,  eîlem'a  expri- 
mé qu'Elle  lui  accordait  de  cœur  à  elle,  à  ses  jeunes  enfants 
et  à  toute  sa  famille,  la  bénédiction  apostolique. 

<(  En  remplissant  ce  mandat  d'honneur  de  Sa  Sainteté,  il 
m'est  doux  de  me  déclarer,  avec  des  sentiments  de  considé- 
ration distinguée, 

«  Son  très  affectionné  pour  le  servir, 

«  M.  Gard.  Rampolla, 

«  Rome,  !•'  août  1890. 

«  A  Monsieur  le  vicomte  Arthur  du  Bois  de  la  Villerabel, 
Saint-Brieuç  (France), 


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DÈoauvi^RTE  iHJ  GBRGUBiL  D*UNB  Rbligibusb. —  En  exécutaot 
rôcemsientdes  travaux  dans  la  cour  de  la  caserne  du  Colom- 
bier à  Rennes,  des  ouvriers  n'ont  pas  été  peu  surpris  de  dé- 
couvrir un  superbe  cercueil  de  religieuse  qui  n'était  autre 
que  celui  de  la  fondatrice  de  la  Maison  de  Retraite  de  Rennes 
Anne-Marie  de  Budes,  flUede  Jean  de  Budes,  conseiller  au 
Parlement  de  Bretagne,  et  de  Jeanne  Brandin,  était  née  hn 
novembre  1651  et  mourut  au  couvent  de  la  Visitation,  au 
Colombier  qu'elle  avait  fondé  avec  sa  mère,  le  vendredi  16 
novembre  1674. 

Kn  dotant  le  monastère  des  Filles  de  la  Sainte-Vierge, 
appelées  si  souvent  les  Dames  Budes  par  les  Rennais,  Jeanne 
Brandin,  fille  de  Roch  Brandin,  seigneur  de  Belair,  et  de 
Léonarde  Drouet,  ne  fit  qu'accomplir  les  dernières  volontés 
de  sa  fille  Anne-Marie  Budes. 

Les  deux  Soutairbs  de  Bbsné.  —  A  propos  du  touchant 
*  pèlerinage  accompli  au  mois  d'août,  par  un  grand  nombre 
de  paroisses  du  diocèse  de  Nantes  au  sanctuaire  des  vénérés 
solitaires  de  Besné,  saint  Friard  et  saint  Secondel,  notre 
sympathique  confrère  M.  Joseph  Rousse  a  publié  dans  le 
journal  Y  Espérance  du  Peuple,  les  jolis  vers  suivants  que  nous 
sommes  heureux  de  faire  connaître  à  nos  lecteurs. 

SAINT  FRIARD  ET  SAINT  SECONDEL 

Dans  leur  obscurité,  c'était  vraiment  des  sages, 

Saint  Friard  et  saint  Secondel  ; 
De  leur  îlot  désert  borné  de  marécages. 

Ils  ne  regardaient  que  le  ciel. 
Le  maître  et  le  disciple  avaient  jugé  le  monde^ 

Ses  honneurs,  ses  fausses  vertus  ; 
.  Et  tous  d'eux  s'étaient  fait  une  règle  profonde 

De  vivre  et  de  mourir  inconnus. 
Ils  creusaient  de  leurs  mains  les  sillons  de  la  terre. 

Des  pauvres  i^paîsc^ient  la  faim  ; 


833  CHRONrQUE 

Durs  pour  eux  seulement,  ils  plaignatent  la  misère. 

Qui  tourmente  le  cœur  humain. 
Mais  leur  humilité  devait  être  leur  gloire  ; 

Saint  Félix  vint  prier  près  d'eux  ; 
Treize  siècles  n'ont  pu  qu'illustrer  leur  mémoire  ; 

Oui  leurs  tombeaux  sont  glorieux  I 
Car  j'ai  vu  les  Bretons,  en  multitude  immense» 

Sous  l'azur  des  cieux  rayonnants, 
Parmi  les  étendards  que  la  brise  balance, 

Ck)urbés  devant  leurs  ossements. 
Ils  les  suivaient  joyeux  et  pressés  dans  la  plaine, 

Au  bruit  des  chants  et  des  tambours. 
Vers  le  jardin  ombreux  et  la  vieille  fontaine 

Où  s'étaient  écoulés  leurs  jours. 
Sur  le  bords  des  marais  où  les  roseaux  frémissent, 

Où  règne  un  silence  éternel, 
11  est  charmant,  avec  ses  lauriers  qui  fleurissent, 

Le  jardin  de  saint  Secondel. 
Sa  fontaine  qui  dort  sous  un  dôme  de  pierre. 

Au  milieu  des  champs  de  blé  noir. 
L'oratoire  où  son  àme  exhalait  sa  prière, 

liCs  yeux  se  plaisent  à  les  voir. 
Et  dans  la  crypte  sombre  où  les  deux  saints  reposent. 

Il  est  doux  de  penser  qu'aux  cieux 
Finiront  nos  douleurs  et  les  maux  qui  les  causent  ; 

Mais  il  faudrait  vivre  comme  eux. 

Joseph  Rousse. 


Les  Lauréats  de  la  pomme.  —  Sur  la  liste  des  lauréats  du 
concours  littéraire  de  la  Pomme,  qui  vient,  de  tenir  son 
13'  congrès,  au  mois  d'août,  à  Avranches,  nous  remarquons 
les  noms  suivants  : 

PoÉsiis  :  Forêt  de  Scissy  et  grande  marée  de  709, 

!•'  prix,  récompense  du  Gouvernement,  décernée  à  M.  Her- 
pin,  avocat,  2,  rue  de  T Abbaye-Saint-Jean,  à  Saint-Malo. 

Prose  :  La  Tangue. 

!•  Médaille  de  vermeil  àM.  J.  Pillatre,  inspecteur  de  l'En- 
registrement et  des  Domaines  i-Quimper  (Finistère- 


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2*  Médaillé  d'argent  à  M.  Morin,  professeur  au  collège  de 
SainUServan. 

Mention  honorable  à  M.  le  D' Henri  Bonnel,  rue  de  la  Vic- 
toire à  Saint-Malo. 

Les  fouilles  de  l'ancienne  cathédrale  d'Aleth.  —  Des 
fouilles  très  intéressantes  viennent  d'être  opérées,  à  Saint- 
Servan,  sur  les  ruines  c^e  l'ancienne.cathédrale  d'Aleth,  sous 
la  direction  de  M.  Tabbé  Duchesne,  membre  de  l'Institut.  On 
a  découvert  les  fondations  de  l'ancienne  église  à  deux 
chœurs,  dont  l'un,  aujourd'hui  chapelle  de  Saint-Pierre,  est 
demeuré  intact.  Cette  église  remonterait,  d'après  les  appré- 
ciations du  savant  professeur,  aux  environs  de  l'an  1000. 
Elle  aurait  donc  abrité  les  évoques  d'Aleth  pendant  cent 
cinquante  ans  environ,  puisque  ce  fut  vers  1150  que  Jean  de 
Chatillon,  vénéré  plus  tard  sous  le  nom  de  saint  Jean  de  la 
Grille,  transféra  son  siège  sur  le  rocher  de  Saint-Aaron  et 
donna  ainsi  naissance  au  très  illustre  diocèse  de  Saint-Malo. 

(Semaine  religieuse  de  rarchidiocèse  de  Rennes.)      i 

Sacre  d'évêque.  —  Le  8  septembre  a  été  célébré  dans 
l'église  Sainte-Croix  d'Orléans,  au  milieu  d'une  aflluence  con- 
sidérable^ le  sacre  de  M«'  Hautin,  évoque  d'Evreux.  Le  prélat 
consécrateur  était  M«'  CouUié,  évoque  d'Orléans,  assisté  de 
M»'  Lamarche,  évoque  de  Quimper  et  de  Nosseigneurs  Re- 
nouard,  évoque  de  Limoges.  Etaient  présents  :  M«"  Hugonin, 
évêque  de  Bayeux,  Laborde,  de  Blois,  Goux,  de  Versailles, 
Boyer,de  Clermont,  Lagrange,  de  Chartres,  d'Hulst,  prélat 
romain,  recteur  de  Hnstitut  catholique  de  Paris. Les  armes  du 
nouvel  évoque  d'Evreux  sont  :  d'or  à  la  croix  de  Jérusalem  de 
gueules,  au  chef  d'azur,  chargé  du  bras  de  Jésus-Christ  et  de 
celui  de  saint  François  d* Assises,  surmontés  d'une  croix  cTor. 

Décoration.  —  Nous  apprenonsavec  plaisir  que  M.  le  comte 
Georges  d'Aviau  de  Piol'enc,  vient  d'être  par  un  bref  de  Sa 


334  C{IRONIQUK 

Saiateté  Léon  XIII  promu,  commandeur  ûe  l'Ordre  de  Pie  IX, 
en  récompense  des  services  rendus  par  lui  à  l'église  <^fh€^ 
lique  en  Orient. 


MARIAGES. 

BRETAGNE. 

Mariage  célébré  i  Paris  le  12  juillet  en  l'église  8aiQt«Fraiiçoi8-Xa- 
vier,  par  M.  l'abbé  de  la  Gaibourgère,  curé  de  Saint-Georges  de  la 
Villette,  du  Y^  Charles  FLEoaiOT  db  Langlb,  lieutenant  au  8*  dragons, 
fils  du  contre-amiral  comte  Camille-Louis  Fleuriot  de  Langle,  et  de  la 
comtesse  née  de  la  Monneraye, 

Atoc  :  ' 

Mademoiselle  Hélène  db  Morgan  de  Rivry^  fille  de  M.  Paul  de 
Moigan  de  RiTry. 

-'   Mariage  célébré  le  17  juillet  au  château  de  Coëtlan  près  Saint- Léry 
(Gôtes-du-Nord),  de  M.  le  Y^  .qb  Baqlioh  db  la  Doffbeix, 
Avec  : 
Mademoiselle  Anne  db  Roquefbuil. 

Mariage  célébré  à  Paris  le  22  juillet  en  Téglise  Saint-Thomas  d*A- 
quin,  de  M:  Henri-Louis-André  Bbbnot  db  Charbant,  sous-lieutenant 
au  il*  régiment  de  chasseurs,  fils  du  colonel  Barnot  de  Charrant,  et 
de  Madame  née  Pougin  de  la  MaisonneuTe, 

Avec  : 
Mademoiselle  Marie- Anne-Elisabeth  Goillo    du   Bodan  ,   fille  de 
Fèlix-Bàrthélémy  Guillo  du  Bodan,  ancien  auditeur  au  Conseil  d'Etat, 
et  de  Caroliue-Christine-Amélie  Duvivier. 

Mariage  célébré  le  31  juillet  au  château  d'Allerey  (Saône-et  Loir^), 
de  M.  Armand  LiBAULT  db  la  Chbyasnbrib,  capitaine  au  12«  régiment 
de  hussards  à  Dinan, 
Avec  : 

Mademoiselle  Béatrix  db  MAisra^. 


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Mtrhige  célébré  à  Paris  k  7  août  de  M.  Jules- André-Gharlea-Marie 
GoBH«An  usa  EssAaTs» 
Avec  : 

Mademoiselle  Lonise-Mathilde  Le  Bas,  fille  du  regretté:  comman- 
dant du  génie  Le  Bas,  tué  pendant  le  second  siège  de  Paris»  et  de 
Madame^née  Golle. 

Mariage  célébré  le  i  f  août  à  Aurajr,  de  M.  Faal-François- Marie  de 
ToaQUAT  DE  LA  GouLBAiB,  fils  de  M.  Paul-Marie  de  Torquat  de  la  Cou- 
lerie  et  de  Madame,  née  Roumain  de  la  Touche. 
Avec  : 

Mademoiselle  Victorine-Marie-Emma-Gabrielle  Goyot  de  Salins, 
fille  de  M.  Yictor-Marie-Joseph  Guyot  de  Salins  et  de  feue  Madame, 
née  Marie-Antoinette  La  Vallée  de  la  Gilardrie. 

Mariage  célébré  le  20  août  en  la  chapelle  de  Tévôché  de  Vannes,  par 
Sa  Grandeur,  Ms'  Bécel,  évoque  de  Vannes^  de  M.  Jacques*Maurice- 
Laureot  Le  Bault  de  la  Morimière^  fils  de  M.  Le  Bault  de  la   Mo- 
rinière  et  de  Madame,  née  de  la  Forest  d'Armaiilé, 
Avec  : 

Mademoiselle  Marie-Emestine-Maclovie  Le  Mintiee  de'  LÂHéLEc , 
fille  du  vicomte  Le  Mintier  de  Lehelec,  conseiller  municipal  de  la  ville 
de  Vannes  et  de  Madame,  née  du  Mesnildot. 

Mariage  célébré  le  2  septembre  dans  la  chapelle  dn  château  du 
QuoDgOi  près  Rohan  (Morbihan),  de  M.  Joseph  Guyot  de  Salins,  lieu- 
tenant d'artillerie. 

Avec  : 

Mademoiselle  Marie  Faneau  de  la  Hqeie,  fille  de  Tancien  conseiller 
général  du  Morbihan. 

Mariage  célébré  à  Orléans  le  4  septembre  de  M.  GEoaoBS-HENaY  de 
Villeneuve,  lieutenant  au  30*  régiment  d'artillerie. 
Avec  : 
Mademoiselle  Jeanne  de  Bissy,  fille  du  V^*  et  de  la  V'***'  de  Bissy, 

Mariage  célébré  vers  la  mi-septembre  de  M.  Gontran-Anne-Joseph 
PoRTiu,  avocat,  attaché  au  parquet  du  procureur  général  à  Rennes, 

Avec: 

Mademoiselle  Marguerite-Marie-Emilie  Salmov* 


336  CHRONIQUE 

Mvriage  célébré  Tèrs  la  mi-septémbré  dd  M.  Hearî  de  Ul  Motte- 
RouGB,  lieutenant  au  18*  régiment  de  chasseurs  à  Spinal^  fils  de  M.  de 
la  Motte- Rouge^  inspecteur  général  des  Haras. 

Avec  : 
Mademoiselle  Alice  de  Bonkeau. 

Mariage  célébré  à  Saumar  le  23  septembre,  de  M.  René  D'AnaBNCé, 
juge  au  tribunal  civil  de  Vendôme. 
Avec  : 

Mademoiselle  Esther  Laumohiba. 

Mariage  célébré  vers  le  29  septembre  de  M.  Victor-Marie  Robiou, 
sous-inspecteur  de  TËnregistrement  au  Mans,  fils  de  notre  excellent 
confrère  M.  Félix  Rabiou,  professeur  honoraire  à  la  faculté  des  lettres  de 
Rennes. 

Avec  : 
Mademoiselle  Françoise-Bertrande-Marie  Dbsnodye. 
Mariage  célébré  dans  les  derniers  jours  de  septembre  de  M.  Renault, 
lieutenant  au  2'  régiment  de  chasseurs. 

Avec  : 
Mademoiselle  Pâan  db  Pontfily. 

Mariage  célébré  dans  les  derniers  jours  de  septembre,  de  M.  Georges 
de  Rémond  du  Ghaylas,  lieutenant  d'artillerie. 

Avec  : 
Mademoiselle  Maria  de  Solhinihag  du  Hbnant. 

Mariage  célébré  dans  les  derniers  jours  de  septembre  en  Téglise 
Saint- Philippe  du  Roule  à  PariS|  de  M.  Paul  G uynbhbr,  lieutenant 
au  420*  régiment  d'infanterie  à  Sedan. 

Avec  : 
Mademoiselle  Julie  Doynel  de  SAiNT-QuEimNy  d'une  vieille  famille 
de  Normandie. 

Mariage  célébré  vers  la  mi-octobre  au  château  de  Gierre  (Haute* 
Vienne)  du  V^*  Aplhonse  de  SAinx^MELBuc, 

Avec  : 

Mademoiselle  Marie-Thérèse  de  Boisoeaaud    de  Lavaublarche, 


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CHRONIQUE  337 

Mariage  célébré  vers  la  mi-jctobre  de  M.  le  G^'  d'Ai.BYviLLB,  d'tne 
ancienne  famille  irlandaise  qui  ^nt  se  fixer  en  Bretagne  à  la  snite  de 
Jacques  II, 

Avec  : 
Madame  la  V^*'*  de  Butler^  dame  d'honneur  de  la  Comtesse  de  Paris. 
Mariage  célébré  à  Vannes  le  45  octobre  de  M.   Emile  Û'OiblaUt, 

Avec  : 
Mademoiselle  Glaire  de  Guinebault,   fille  de  M.  de  GuinebauU  et 
de  M"^*,  née  Poinçon  de  la  Blanchardière« 

Mariage  célébré  le  16  octobre  en  la  chapelle  du  château  de  la  VoU 
tais»  près  Ploërmel,  de  M.  René  de   PsnaoBAN, 

Avec  : 

Madeneiselle  Berthe  Le  PaovosT  de  la  Voltais,  fille  de  fen  M.  le 
G^*  Le  Provost  de  la  Voltais  et  de  Madame^  née  Brunet  du  Guilliers. 

Mariage  célébré  à  Paris  le  i  6  octobre  en  Téglise  de  la  Magdeleîne 
de  M.  Leroux,  ingénieur  des  arts  et  manufactures, 

Avec  : 

Mademoiselle  Jeanne  David  de  Pbnanrun,  nièce  de  M.  Ollivier, 
sénateur  des  Gôtes-du-Nord. 

Mariage  célébré  à  Redon  le  22  octobre  de  M.  Gharles-Emile-Marie 
Richard  de  Latodr^  contrôleur  des  contributions  directes  à  Blois, 

Avec  : 
Mademoiselle  Marie-Louise  de  la  Momnerayb. 

Mariage  célébré  dans  les  derniers  jours  d'octobre  de  M.  le  V^* 
Pierre  Paultrb  de  Lamotte,  capitaine  au  8"  régiment  de  hussards. 

Avec  : 

Mademoiselle  Jacqueline  de  Rodqé,  fille  du  V^*  Jacques  de  Rour  ' 
et  petite  fille  du  V*  Emmanuel  de  Rongé,  Tillustre  égyptoloo*' 

Mariage  célébré  dans  ies  derniers  jours  d'octobre  ^ 
Potier  de  Gourgy,  lieutenant  au  160'  régiment  de  ^' 

Avec  : 


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338  CHRONIQUE 

Mademoiselle  Marié  ob  Maistrb,  fille  da  V<*  de  Maistra  et  de  It 
I  V**"*,  oëe  de  Gamatan. 

1  Mariage  célébré  le  27  octobre  en  Téglise  Saint-Clément  de  Nantes, 

par  Sa  Grandeur  Mc'  Le  Coq,  évoque  de  Nantes^  de  M.  Edmood-Gbdr- 
i  Marie  db  Garheil^ 

\  i  Avec  : 

Mademoiselle  Berthe-Marie  de  LoaaEaiL. 

Muriage  célébré  à  Paris  le.  6  novembre,,  en  l'église  de  Bainte-GIo- 
tilde,  de  M.  le  comte  ISeoflroy  os  Vihieo,  lieutenant  au  6*  ré^otentde 
cuirassiers, 

Avec  :  ' 

Mademoiselle  Béatrix  ob  Dubeort  oe  Givbag,  fille  da'  comte  de 
Durfort  de  Givrac,  conseiller  général  de  la  Loire-Inférieure. 

Mariage  célébré  dans  les  derniers  jours  d'octobre  de  M.  de  PBiieoBRif, 
«ide-commissaire  de  la  marine. 

Avec  : 

Mademoiselle  he  Kbbouallan. 

*  Mariage  célébré  le  14  novembre  en  la  chapelle  de  Tlmmaculée- 
Gonception  de  Nantes,  par  M.  l'abbé  Gabriel,  archiprétre  de  la  Cathé- 
drale» de  M.  Gemille  Bbillaud  db  Laujardièbb,  avocat  à  Nantes. 

^vec  : 
Mademoiselle  Marie-Henriette  Gubrby  db  Bbaubbgabd.  • 


MAINE  ET  NORMANDIE. 

Mariage  célébré  à  Paris  dans  les  derniers  jours  de  juillet,  en  la  cha- 
pelle des  Garmes  de  la  rue  de  Yaugirard,  du  comte  OUvier-Marie 
d'Alinbt  d'Elva,  troisième  fils  d'Auguste- Armand  d'Aliney  d'EIva, 
maire  de  Ghangé  (Mayenne),  et  d'Alix  de  Quélen, 

Avec  : 

Mademoiselle  Julie-Henriette  d'Abnois  de  Gaptot,  veare  da  comte 
de  Merval.  : 


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■  MtriagatMlébréà  Paris  dans  les  premiers  jours  d'août,  de  M.  Ma- 
rie-Frédérie-LoUis  de  Messby,  lieutenant  au  27*  régiment  de  dragons, 
,     Avec  :       . 
-M«d«mois6lte  Angèle-Pélicie-Marie  db  Sahoodé. 

Mariage  célébré  le  I«  octobre  en  l'église  de  Monthireau  (Eure-et- 
Loir),  par  M«^  Potron,  évolue  de  Jéricho,  de  l'ordre  des  Franciscains, 
commissaire  général  de  Terre-Sa'into,  de  M.  le  vicomte  os  Boissekard' 

,     Awc  : 

Madenioiseite  Marie  d'Anthenaisb. 

Mariage  célébré  à  Falaise  dans  les  premiers  jour*  d'octobre  du  baron 
de  Pritzbdbr,  fiis  de  l'amiral  baron  de  Pritzbuër,  ancien  préfet  mari- 
time  de  Rochefort,  récemment  décédé, 

Avec  : 

Mademoiselle  Marie-Andrée  db  l*  Fhbshayb,  auj  du  baron  de  la 
Presnaye,  et  de  la  baronne,  née  de  Muy. 

Mariage  célébré  le  «  octobra  au  château  d'Aigneauï,  près  Saint-LÔ 
par  M" Germain,  évéqne  deCoutances,  de  M.  le  vicomte  ob  U  Loyèee 
80us.lientenant  au  6»  régiment  de  dragons  à  Evreux,   fils  du   colonel 
comte  de  la  Loyère, 

Avec  • 

Mademoiselle  os  Sainte-Marib  d'A.gneaix,  fille  du  comte  Georges 
de  Sainte-Marie  d  Aigneaui  et  de  la  comtesse,  née  de  Bellefonds. 


ANJOU 

Mviage  célébré  le  26  juin,  de  M.  le  baron  Méry  de  Go«tadbs.  fils 
du  vicomte  Gaspard- Edmond-Erasme  de  Gonudes  et  de  Madame  née 
Marguerite-CharloUe  de  Broc,  ' 

Avec  ; 

Mademoiselle  Q.brielle  du  Bousobla^c,  fille  du  vicomte  He.ri  du 
Bourgblanc  et  de  la  vicomtesse,  née  Amélie  de  Keridec. 

T.  VI.  —  DOCUMENTS.  —  VI'  ANNÉE  10  UV.  23 


â40  CHRONIQUE 

y 

Mariage  cclébié  à  Paris,  le  12  août,  de  M.  André  Dugamp,  liente- 
oant  au  66*  régiment  d'infanterie  à  Tours, 

Avec  : 

Mademoiselle  Cécile  Legointrb,  fille  da  comte  Louis  Lecointre, 
ancien  député  de  la  Vienne. 

Mariage  célébré  à  Paris,  le  18  août  en  Téglise  Saint-Pierre  de 
Ghaillot,  du  comte  Maxime  de  la  Bonninièrb  ob  Beàu&iont,  lieutenant 
au  14*  régiment  de  chasseurs,  fiU  du  marquis  de  la  Bonninière  de 
Beaumont  et  de  la  marquise,  née  de  la  Motle-Baracé  de  Senonnes, 

Avec  : 
Mademoiselle  Jacqueline  Sagnieb. 

Mariage  célébré  à  Orthez,  le  21  août,  de  M.  Louis  Gourdon,  aTOcat, 
fils  du  grand  indiytriel  de  ce  nom,  d'une  vieille  famille  d'Anjou, 

Avec  : 

Mademoiselle  Louise  Guesnelong,  fille  de  M.  le  sénateur  Chesnelong 

Mariage  célébré  au  château  de  Pierrefitte  (Indre-et-Loire),  vers  la 
mi-septembre,  de  M.  le  baron  de  Lamothe, 

Avec  : 
Mademoiselle  Germaine  de  la  Pierre  de  Fremeur. 


POITOU 

Mariage  célébré  le  23  juillet,  en  l'église  de  Mirnay,  de  M.  Antony 
Majou  de  la  Débutrie, 

Avec  : 

Mademoiselle  Marie-Thérèse  de  Grbssac,  fille  de  M.  de  Gressac  et  de 
feue  Madame,  née  de  Wacquant. 

Mariage  célébré  lé  4  août,  en  Téglise  de  Mignaloux,  près  Poitiers, 
de  M.  Marie-Joseph-Alphonse-Henri  de  Lcstrag^  lieutenant  au  26*  ré- 


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CHRONIQUE  341 

giment  d'artil  lerie,  fils  de  Jean-Grescent- Albert  de  Lnstrac,  colonel 
d'artillerie  en  retraite,  officier  de  la  Légion  d'honnear  et  de  Madame, 
née  Marie-Blanche- Valérie  Lafeuillade, 

Avec  : 

Mademoiselle  Anne-Marie  de  la  Corbière,  fille  d'Ernest^  marqnis 
de  la  Gorbièie  et  de  la  marquise,  née  Cécile- Louise- Camille  Guyot 
de  la  Tour. 

Mariage  célébré  le  28  août  à  Saint- Victurnion  (Charente),  de  M. 
Yrieix  de  Jammes. 

Avec  : 

Mademoiselle  Magdeleine  d'HuaoMNEAo. 

Mariage  célébré  à  Paris  le  23  septembre  en  l'église  de  Saint- Louis 
en  risle,  de  M.  Henry  Ferey  du  Couoraye,  fils  d'an  ancien  magistrat 
à  la  cour  de  Paris, 

Avec   : 

Mademoiselle  Marianne  Pighon,  petite  fille  du  baron  Plchoa,  pré* 
sident  de  la  Société  des  Bibliophiles  frauçais  et  de  la  marquise  douai- 
rière de  Miramon. 

Mariage  célébré  le  24  septembre  eu  Téglise  de  Saint- André  de  Niort  ^ 
de  M.  le  G^*  de  Lastig  Saint-Jal, 

Avec  : 

Mademoiselle  Marie  de  Clairvadx. 

Mariage  célébré  le  2  octobre  en  Téglise  Saint-François  de  Sales  à 
Paris,  de  M.  Félix  MAorpREor  ob  Rodernibr, 

Avec  : 

Mademoiselle  Renée  de  Laiiho3Sb  db  Varbilhbs-Soxmières, 

Mariage  célébré  dans  les  premiers  jours  d'octobre  de  M.  le  G^*  de 

ROFFIONAG. 

Avec  : 
Mademoiselle  de  Boissibu. 


342  CHRONIQUE 


NECROLOGIE. 

Les  pertes  éprouvées  dans  ces  quatre  derniers  mois  par 
nos  provinces  de  TOuest,  ont  été  aussi  nombreuses  que 
cruelles  et  plus  d'un  de  nos  confrères  s'est  vu  atteint  encore, 
par  des  deuils  d'autant  plus  pénibles  qu'ils  ont  été  parfois 
plus  inattendus. 

BRETAGNE. 

Eq  Bretagne  nous  avons  à  déplorer  les  décès  :  du  R.  P.   Charles 
Bathouis,  s.  J.  doctear  en  médecine,    né  à  Nantes  en  1836^  mort  en 
Chine  le  8  juin  ;  —  M"'  la  comtesse  Horric  db  BBAUOAiaB,  morte  le 
4  juillet  des  suites  d'une  maladie  de  cœur,  à  Thôtai  Terminus  à 
Aix-les-Bains,  à  Tàge  de  50  ans  ;  —  M"'   Marie-Jeanne-Lonlse  de 
Pasiorbt,  marquise  de  Rouoé  du  Plessis-Bbllièhe,  morte  au  château 
de  Moreuil  (Somme],  le  5  juillet,  veuve  sans  enfants  de  M.  Henri  de 
Bougé,    marquis  du  Plessîs-Bellière^  ancien  ofâcier  de  cavalerie, 
décédé  au  château  de  Horeuil,  le  26  juin  4888.  Elle  était  fille  unique 
d'Amédée  David,  marquis  de  Pastoret^    ancien  gentilhomme  de  la 
Chambre  de  Charles  X,  sénateur  sons  le  second  Empire  en  1859, 
et  d*Alphonsine  de  Montfermeîl  ;  —  M.  Jules  Thirbhy,  Tun  des  doyens 
du  Conseil  municipal   de  Quintin,  mort  dans  cette  ville  dans  les  pre- 
miers jours  de  juillet;  —  M"^  Marîe-Blanche-Adélaîde  Lb  Boiobb  db  u 
TouB,   vicomtesse  Jules  Le  Cavblieb   de  Cuvbbvillb,  belle-fille  da 
contre-amiral  vicomte  Le  Cavelier  de  Cuverville,  commandeur  de  la 
Légion  d'honneur,  commandant  la  division  navale  de  U  Atlantique  nord, 
et  femme  de  M.  Jules  Le  Cavelier  de  Cnverville,  enseigne  de  vaisseau, 
morte  à  Eaux-Bonnes  (Basses-Pyrénées),  le  6  juillet  à  Tàge  de  22  ans; 
—  M"'  DE  LA  Bione- Villeneuve,  née  Joubpain  db  Coutangbs,  épouse 
de  M.  de  la  Bigne- Villeneuve,  capitaine  commandant  au  24*  régiment 
de  dragons  à  Dinan,  morte  dans  cette  ville,  le  43  juillet  à  Tàge  de 
32  ans  ;  —  M*"*  Alain  db  Bbauvais,  née  Louise  Binaeo,  morte  â 
Rennes,  le  1 4  juillet  à  Tâge  de  24  ans  ;  —  M"*  Donnabiss^i  net 


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Marie-Hortense- Adélaïde  Galles,  morte  à  Lorient,  le  15  juillet  à  l'Age 
de  41  ans  ;  —  M"*^  Stéphanie- Anna  Gambaro^  belle-sœar  de  M.  le 
général  Lemaitre,  commandant  la  43*  brigade  d'infanterie  à  Vannes, 
morte  à  Vannes  le  15  juillet. 

M.  l'abbé  Constantin  Guérin,  curé-doyen  de  Redon,  chanoine  hono- 
raire de  l'église  métropolitaine  de  Rennes,  mort  le  48  juillet  à  l'&ge  de 
63  ans.  Né  à  Gabard,  il  fut  successÎTement  ficaire  à  Monterai  et  Com- 
bourg,  recteur  de  Saint-Jean  sur  Vilaine  et  de  Romillé^  curé  de  Saint- 
Méen  en  1876  et  de  Redon  en  1886  où  il  remplaça  le  regretté  M.  Tho- 
mas ;  —  M***  Magdeleine  Marie-Louise  Gabrielle  de  Mbnou,  morte 
au  château  de  Brequigny  près  de  Rennes,  le  18  juillet  à  l'âge  de  26 
ans  ;  —  M.  l'abbé  François  Samoel,  diacre  d'office  de  l'église  Saint- 
Etienne  de  Rennes,  mort  le  19  juillet  à  l'âge  41  ans;  — M.  Paul- 
Marie- Vincent  Picot  ob  Plédran,  époux  de  M"*  Léontine  Boyeldieu, 
mort  à  Redon  le  24  juillet  à  Tâge  de  48  ans; —  H.Jean-Baptiste 
AuBRY,  ancien  notaire  à  Nantes,  mort  dans  cette  ville  le  24  juillet  i 
l'âge  de  70  ans  ;  —  M.  l'abbé  Rio,  recteur  de  Saint-Gildas  de  Rhuis, 
mort  le  27  juillet  i  l'âge  de  65  ans  ;  —  M.  l'abbé  Balbsmb,  aumônier 
de  l'hospice  des  Sourds-Muets  à  Guingamp,  mort  le  28  juillet,  à 
l'âge  de  53  ans  ;  —  M.  l'abbé  Guillou,  de  la  paroisse  de  Saint-Similien 
de  Nantes,  précepteur  chez  M.  le  comte  de  Belleyue,  mort  le  29 
juillet  à  Penvénan  (C.-du-Nord)  d'une  congestion  en  prenant  un  bain  ; 
—  M.  Lucien  Brisset,  capitaine  au  105*  régiment  de  ligne,  morti 
Nantes  le  31  juillet  à  l'âge  de  35  ans  ;  —  M.  le  docteur  Pbrquis,  mé- 
decin à  Corseul  depuis  de  longues  années  et  la  Providence  des  pauvres 
de  cette  région,  mort  dans  les  derniers  jours  de  juillet.  — M,  l'abbé 
SouLA BAILLE,  rcctcur  de  Saint-Guéno,  (G.-du-N.^,  âgé  de  61  ans;  — 
M*"*  veuve  Michel  de  GaioNÊ,  morte  à  Saint-Brieuc,  dans  les  premiers 
jours  d'août  à  l'âge  de  69  ans. 

M.  l'abbé  Nayl,  vicaire  à  Mauron  depuis  1876,  ancien  vicaire  à 
Guilliers,  mort  dans  les  premiers  jours  d'août  ;  —  M.  l'abbé  Laurent, 
recteur  de  Brec'h,  ancien  vicaire  à  Moréac,  et  recteur  de  Péaerf,  décédé 
dans  les  premiers  jours  d'août  ;  —  M.  l'abbé  Gollober,  aumônier  de 
la  marine  en  retraite,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  dans  les 
premiers  jours  d'août  à  Loc'h-Maria-Berrien,  sa  paroisse  natale  à  l'âge 
de  62  ans  ;  —  M,  l'abbé  Lallemand,  aumônier  de  la  marine  en  retraite, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Brest  le  7  août  à  l'âge  de  49 
ans;    —  M.  Tabbé   Toussaint    Boocard,  curé  de  Sainte-Croix  de 


344  CHRONIQUE 

Nantes,  chanoine  honoraire,  mort  à  Nantes  le  8  août.  Né  à  Saint« 
Viand  en  4821,  M.  Tabbé  Boucard  avait  été  ordonné  prêtre  en 
1846,  puis  nommé  en  4869  curé  de  Sainte«Groix  de  Nantes  où  il 
laisse  d'unanimes  regrets  ;  «—  Le  T.  G.  F.  Antonîn  Brbuil,  de  Tins- 
truction  chrétienne,  mort  à  Nantes  le  9  août  à  l'âge  de  83  ans  ;  — - 
Le  R.  P.  Louis,  ancien  gardien  du  couvent  des  Capucins  do  Nantes, 
mort  à  Lahore  le  42  août.  Il  était  parti,  il  y  a  quelques  années 
pour  THindonstan    pour     s'y  consacrer  au    service    des    lépreux. 

—  M.  l'abbé  TauFFAun,  aumônier  des  Dames  de  Saint-Thomas 
de  Villeneuve  à  Marcillé-Robert  (Ille-et- Vilaine) ,  mort  le  13 
août  dans  sa  72*  année  ;  —  M.  Tabbé  Autin,  recteur  de  Lanrenan, 
mort  dans  sa  famille  à  Loudéac  vers  la  mi-août  ;  —  M.  Louis  Davtl 
(de  son  nom  Ludovic-Joseph-Gonsalve^Amédée  PouPAar),  écrivain  dis- 
tingué auteur  de  2a  Maîtresse  légitime,  né  le  31  juillet  4830,  mort  le 
48  août.  —  Le  R.  P.  Dom  Benoit  (abbé  Pierre  Berokh),  né  à  Moutoir 
en  1820,  mort  abbé  de  la  Trappe  de  Gethsemani  (Etats-Unis  d'Amé- 
rique) le  48  août  ; —M.  le  docteur  Baume,  directeur  honoraire  des 
asiles  d'aliénés,  chevalier  de  la  légion  d'honneur,  père  de  nos  con- 
frères MM«  Louis  et  Gabriel  Baume,  mort  le  18  août  ;  —  M^**  Marie- 
Marthe-Garollne  de  Jaeghbb,  morte  i  Rennes,  le  19  août  à  l'âge  de 
63  ans  ;  —  M.  Alexandre^François  Giléb,  ancien  président  de  la 
Ghambre  et  du  tribunal  de  commerce  de  Nantes,  chevalier  de  la 
légion  d'honneur,  mort  le  20  août  à  la  Perverie  près  Nantes  à  Tàge  de 
72  ans  ;  —  S.  G.  M>'  Bblodino,  évoque  in  pàrtibus  d'Hériopolis, 
évoque  de  Port-au-Prince,  chanoine  honoraire  de  8aint-Brieuc ,  mort 
inopinément  le  24  août  dans  son  oratoire  d'Hillion  près   Saint-Brieuc  ; 

—  M.  Michel-François  de  Fbeslon,  mort  à  Rennes,  le  27  août  à  l'âge 
de  65  ans  ;  —  M.  le  vicomte  Alban  de  Frangheville,  mort  le  27  août 
au  château  de  Truscat  près  Sarzeau,  des  suites  d'un  accident  de  voi- 
ture â  l'âge  de  46  ans  ;  — »  Le  T.  G.  F.  Johinien  de  l'Instruction  chré- 
tienne chevalier  de  la  légion  d'honneur,  ofôcier  de  l'Instruction  pu.- 
blique,  mort  à  Brest  en  août  à  Tâge  de  86  ans,  après  70  ans  de  vie 
religieuse.  Depuis  4829^  il  avait  été  Directeur  des  écoles  communales 
de  Blaye,  Mont-de-Marsan  et  Sedan  et  avait  été  nommé  à  Brest  en 
4852.  En  4880,  les  décrets  de  laïcisation  l'ayant  chassé  de  recelé 
communale,  il  se  retira  i  l'école  libre  Saint-Georges  de  Brest,  où  il 
vient  de  mourir  ;  —  Le  R.  P.  Emmanuel  (abbé  Pierre  Lsaoï),  né  à 
Maisdon  en  4812,  mort  à  Tabbaye  de  la  Trappe  de  Gethsemani  (Etats- 


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Unis  d'Amérique)  dans  les  dernierg  jours  d'août  ;  -^  M**  HonauLt,  àée 
Cécile  RouoBAE»  wm  CouessoN,  morte  à  Rennes  le  1"  septembre  à  Tâge 
de  74  ans  ;  —  M.  Edouard  Gueouillaume,  mort  à  Nantes  le  10  sep- 
tembre à  TÀge  de  49  ans  ;  —  M'^*  Marie-Elizabeth  de  Botlbh,  morte 
à  Nantes  le  10  septembre  à  l'âge  de  13  ans  ;  -*  M.  le  capitaine  Bar«a 
HiÈBB,  du  118*  régiment  d'Infanterie,  tué  malheureusement  dans  une 
alerte  de  nuit  par  un  cheval  emporté,  le  vendredi  12  septembre  au 
soir,  à  Savenay,  au  cours  des  manœuvres  du  XI*  corps  ;  —  M.  Gustave 
de  GooYON  deBsaufort,  mort  vois  le  12  septembre  à  Plerguer  près 
Saint-Malo  à  l'âge  |^e  78  ans  ;  —  M.  Michel* Adrien  Gdillbt  de  la 
Brosse,  mort  à  la  Jahotière  près  Nantes  le  1 3  septembre. 

M.  Edouard  Quesnet,  archiviste  du  département  d'IUe- et- Vilaine, 
officier  de  Tlnstruction  publique,  correspondant  du  ministère  depuis 
1845,  mort  à  Rennes  le  12  septembre  dans  sa  77*  année.  Né  à  Gharen- 
ton  en  1813,  il  aurait  débuté  en  1839  comme  auxiliaire  d'Augustin 
Thierry  pour  la  préparation  du  Recueil  des  documents  inédits 
relatifs  k  l'histoire  du  Tiers  Etat.  Chargé  en  1846  de  classer  les  ar- 
chives judiciaires  de  Beauvais,  il  avait  été  nommé  archiviste  d'IUe-et'^ 
Vilaine  le  25  avril  1853  ;  —  M.  Tabbé  Padiou,  aamôûier  des  sœurs 
franciscaines  de  saint  Philbert  de  Grandlieu,  mort  le  18  septembre  ;  -^ 
M.  l'abbé  J.  B.  Bosnel,  curé-doyen  de  Rethiers,  mort  le  20  septembre 
dans  sa  8'2«  année  ,  —  M,  Charles-François  Loysel,  directeur  des  con* 
tributions  indirectes  à  Rennes,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  « 
officier  d'académie,  chevalier  de  Notre-Dame  de  li  Guadalupe,  mort  à 
Rennes  le  23  septembre  ;  ^-  M"^*  veuve  Renée  Rooui,  née  Sainte-Rose 
DiMiON,  morte  à  Nantes  le  23  septembre  à  l'âge  de  1 0 1  ans  ;  —  M.  l'abbé 
Joseph  Leglbrg,  ancien  recteur  de  Saint-Gonlay  ([Ile-et-Vilaine,  mort 
vers  le  22  septembre  dans  sa  50*  année  ;  —  M.  Tabbé  d'EspiNOSB, 
mort  vers  la  mi-septembre  à  l'âge  de  35  ans.  Il  s'était  consacré  aux 
missions  et  en  avait  fondé  plusieurs  de  ses  propres  deniers.  On  lui 
doit  entre  autres,  la  création  d'une  florissante  paroisse  sur  les  bords  du 
Missisipi  dont  il  était  depuis  longtemps  le  pasteur  vénéré.  La  sœur  de 
l'abbé  d'Espinose  a  épousé  le  vicomte  de  Fontaine  de  Rebescq,  ancien 
magistrat  ;  —  M'^®  Guresiien  de  Trêvembuc,  sœur  du  comte  de  Tré« 
veneuc,  sénateur  des  Côtes  du  Nord,  morte  les  premiers  jours  d'oc- 
tobre ;  —  M.  l'dbbé  Derribn,  ancien  vicaire  de  Cancale  où  il  s'était 
retiré  depuis  une  vingtaine  d'années^  mort  dans  cette  ville  le  2  octobre 
à  Tàge  de  73  ans. 


34Sf 


CHRONIQUE 


M^£!baries  du  BottaoBsorBuc,  capitaine  d«   vaisseau   en   retira/ 
comaaaadeujp  de  k  Légioa  d'honneur,  mort  le  3  octobre  Agé  de  79  ans  ; 

—  M.  :PiNAULT,  adjoint  au  maire  de  Pleugueneiic  (Ilfe-et-'Vilaiaè) 
mort  le  4  octobre  ;  —  M.  Tabbé  Bsllec,  aumAnier  de  Tliôpital  de 
Pontivy,  mort  le  5  octobre  ;  —  M'*«  Ânne*Marie  HoMilie  HEtrares 
KBaaoBT,  morte  le  7  octobre  à  Vannes  à  l'âge  de  65  ane  ;  —  M  Tabbé 
Joseph-Marie  GoasL,  aumônier  de  Taction  de  grâces  à  Ma«ron  depnii 
4884,  mort  le  7  octobre,  né  à  Malestroit  le  21  décembre  184*9,  il  atait 
été  ordonné  prêtre  le  28  février  1874,  pnis  nommé  successivement 
professeur  du  collège  Stanislas  à  Ploêrmei,  et  économe  du  Petit- 
Beminaire  de   cette  ville,   avant  d'occuper  son   poste  de    Mauron  ; 

—  M.  Gabriel* Pierre-Marie- Jade  Roll^md  db  Ranqsbyé,  mort  au 
château  du  Rocher  près  Guipry  (Ule-et- Vilaine)  le  7  octobre  à  l'âge  de 
55  ans  ;  —  M.  l'abbé  François  Loua  y,  vicaire  à  la  Bazooges  du  Désert 
mort  le  7  octobre  à  l'âge  de  33  ans.  Il  était  vicaire  de  cette  paroisse 
depuis  six  ans. 

'  M.  Armand  Rousseau,  ancien  élève  de  l'école  polytechnique,  foas- 
lieutenant  d'artillerie  à  l'Ecole  d'application  de  Fontainebleau  fils  de 
M.  Rousseau,  conseiller  d'Etat^  président  du  conseil  général  du 
Finistère,  mort  à  Kerenun  en  Treflez,  le  9  octobre  à  l'âge  de  22  ans  ; 

—  M.  d'AsiEs,  général  de  division  en  retraite,  commandeur  de  la 
Légion  d'honneur,  qui  avait  commandé  une  division  à  l'armée  de  TEst 
en  1870,  mort  le  12  octobre  à  l'âge  de  71  ans  ;  —  M^""  Renée-Françoise 
deHAUDaEssY,  morte  â  Nantes  le  1 2  octobre  à  Tâge  de-76  ans;  —» M"^*  la 
comtesse  du  Po.'VTAviGB,  née  Marguerite  ûEGASEMPaLde  BassBiEux,  morte 
au  château  des  Renardières  paroisse  de  Landéan,  près  Fougères ,  le 
14  octobre  à  l'âge  de  56  ans.  Femme  d'une  haute  distinction  et  d'un 
rare  mérite,  elle  laisse  d'universels  regrets  ;  —  M°^*  Léonie-Josépbine 
Ghabdom,  sœur  converse  de  la  Charité  Saint-Louis,  morte  â  Vannes  le 
14  octobre  â  l'âge  de  37  ans  ;  —  M.  Hervé  de  SsaÊ,  de  Saint-Briêuc 
mort  le  15  octobre  à  Paris  dans  sa  1*8*  année  ;  —  M^  l'abbé  L.  J. 
Goupil,  recteur  de  Peillac  (Morbihan),  chanoine  honoraire  de  fiées, 
mortle  16  octobre.  Né  à  Bréhand-Loudéac,  le  29  juillet  1836,  M.  Félix- 
Julien  Goupil  fut  ordonné  prêtre  le  20  juillet  1860*  et  nommé  deux 
jours  après  vicaire  à  Beignon.  En  1876,  il  fut  nommé  recteur  delà 
Gacilly  d'où  il  fut  transféré  â  Peillac  en  1876  ;  —  Le  capitaine  Gabbot 
ancien  ofQcier  au  4  18*  régiment  de  ligne  à  Qoimper,  capitaine^major 
au  4'  tirailleurs  tonkinois,  décédé  le  15  octobre  à  rh6pitald'Haï»PhoBg  r. 


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CHRONIQUE  347 

M.  BpNAUY,  aspirant  de  marine,  noyi  dans  le  Nil  près  de  Ghysseh  le  4  5 
octobie.;  -*-  iLugttste  Toulmoughb»  l'auteur  de  tant  de  charmants  tableaux 
que  la  gravure . et  Ja  photographie  ont  rendue  populaires,  mort  à  Paris  à 
son  domicile  de  la  rue  Victor  Massé  le  16  octobre.Né  à  Nantes^en  1829, 
To.ulmouche  vint  très  jeune  à  Paris  pour  y  étudier  la  peinture.  Il 
entra  dans  Talelier  de  Gleyre,  sous  la  direction  duquel  il  fit  de  rapides 
progrès  et  à  dix-neuf  ans  il  envoyait  son  premier  portrait  au  Salon.  11 
exposa  ensuite  toute  une  série  de  toiles  représentant  des  scènes  intimes 
dont  il  puisa  la  plupart  des  motifs  dans  la  vie  élégante  et  mondaine. 
Les  plus  connues  sont  :  Après  déjeuner,  La,  Terrasse,  Le  premier 
chagrin^  Le  lendemain  du  bal,  Un  mariage  de  raison.  Le  Lilas 
blano,  etc.  Le  peintre  de  ces  gracieux  tableaux,  peuplés  de  femmes  si 
jolies,  si  élégantes,  si  parisiennes,  avait  obtenu  plusieurs  médailles 
dont  une  de  deuxième  classe  à  l'exposition  universelle  de  1889.  Il 
était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

M°^*  Jeanne-Françoise  Delachaise,  épouse  de  M.  Ernest  Mbbson , 
directeur  du  journal  l'Union  bretonne,  morte  à  Nantes  le  17  octobre 
à  r&ge  de  73  ans  ;  -— >  M.  Tabbé  Julien-Clément  FoufiAOs,  ancien  curé 
de  la  Pàquelais,  mort  à  Nantes  le  18  octobre  à  Tàge  de  75  ans  ;  --« 
H.  Edmond-Marie- Vincent  de  la  Pxnsonnais,  mort  au  château  de  la 
Pinsonnais  près  Nozay  (Loire-Inf.),  le  19  octobre  à  l'âge  de  80  ans  :  — 
M.  Tabbé  Louis  Bouri^b,  mort  à  Rennes,  le  20  octobre  â  l'âge  de  3  i 
ans  ;  —  M.  l'abbé  Joseph  Doaoâ,  profesieur  au  collège  de  Vitré,  mort 
le  20  octobre  à  Rennes,  à  l'âge  de  29  ans  ;  —  M.  l'abbé  Laurent,  su- 
périeur des  sœurs  garde-malades  des  Pauvres,  mort  â  Nantes  le  21 
octobre.  Né  â  Herbignac  en  1822,  il  avait  été  ordonné  prêtre  en  1847 
et  successivement  professeur  au  Petit-Séminaire  et  vicaire,  â  Notre- 
Dame  de  Bon-Port  ;  —  M.  l'abbé  Jean-Marie  Goppbns,  aumônier  de 
la  Heiraite  à  Lorient,  mort  le  23  octobre.  Né  â  Auray,  le  29  décembre 
1851,  il  fut  ordonné  prêtre  le  il  mars  1876.  Nommé  quelques  mois 
plus  tard  vicaire  â  Palais,  il  devint  en  1882,  aumônier  de  la  Colonie 
agricole  et  maritime  de  Belle-Île  et  fut  transféré  à  la  Retraite  de 
Lorient.  le  19  septembre  1885  ;  —  M""*  Stéphanie-Marie  Hamon^ 
religieuse  de  chœur  de  la  Visitation  de  Rennes,  morte  le  24  octobre  â 
l'âge  de  57  ans  ;  —  M.  Marie- Armand-Roger  db  Hillbrin,  mort  à 
Nantes,  le  25  octobre  à  Tâge  de  63  ans; — M.Gustave-Pierre-Marie  db 
Bbchbkbg,  mort  â  Rennes,  le  25  octobre  â  Tâge  de  60  ans  ;  —  M.  De- 
nis, doyen  du  barreau,  de  Rennes,  ancien  conseiller  général,  mort  à 


348  CHRONIQUE 

BeauYoir,  commane  de  Bazouges  sons  Hédé,    le  56  octobre;    «- 
M.  Hippolytè  Ghavahoa,  rédacteur  ea  chef  de  l'Océan  à  Brest,    mort 
i  Mautauban  de  Bretagne^  le  28  octobre  à  l'âge  de  58  ans  ;  —  M"^  P. 
Le  Jednb  db  la  MAariifAis,  née  Joséphine- Aimande-Elise  Ghescartais, 
morte  i  Nantes^  le  29  octobre  à  l'âge  do  68  ans  ;  -—  M*^  la   marquise 
DE  Brug-Momtplaisir^  décédée  au  château  de  Bmc,  commune    de  Gné- 
mené-Penfao,  le  30  octobre.   Elle  laisse  cinq  filles  :  W^^  de  Bruc- 
Montplaisir,  la  baronne  de  Boisaubin,  la  yicomtetse  de  Sapiaaod»  la 
baronne  de  Goy  et  M"*  de  Sury  d'Aspremont;  ~  M.   Clair»  Adrien 
Lb  Masnb,  décédé    à  Orléans,  le  30  octobre  ;  —  M.  le  général  da 
Temple,  décédé  à  Paris,  le  3  novembre  à  l'âge  de  67  ans.  Ancien  capi- 
taine de  frégate,  M.  du  Temple  après  avoir  fait  les  campagnes   de 
Grimée  et  du  Mexique,  avait  pris  du  service  à  terre  en  1870  et  étadt 
devenu  général  à  titre  auxiliaire  à  la  2*  armée  de  la  Loire,  bods   les 
ordres  du  général  Ghauzy.  Après  la  guerre,    élu  député    d'Ille-et- 
Vilaine  à  TAssemblée  nationale  de  1874,  il  siégea  à  l'extrôme   droite 
et  ne  cessa  de  s'y  montrer  monarchiste  et  chrétien.   Il   fut  l'un  des 
quatre'  députés  qui  refusèrent  de  ratifier  le  traité  avec  l'Allemagne  ;  — 
M.   Henri  Fbacoq  du  Leslay,   tué  malheureusement  par  son   frère 
Gaston,  dans  un  accident  de  chasse,  survenu  à  Gourin  le  31  octobre, 
à  l'âge  de  35  ans  ;  —  M.  Daliqant,  capitaine  d'infanterie  en  retraite  che- 
valier de  la  légion  d'honneur,  mort  à  Bello-Ile-en-Mer  le  31  octobre  ; 
-^  M.  Jacob  Baahow,  doyen  de  la  Colonie  anglaise  de  Dinan,  frère 
de  M.  le  major  Barrow  de  l'armée  des   Indes,  décédé  à  Dinan  le  î 
novembre  à  l'âge  de  81  ans;  —  M°^*  Prosper  de  Léon  i^es  OaMBAUZ,  née 
Millrt  de  la  Turtaudièrb,  décédé  à  Rennes  le  3  novembre  à  l'âge  de 
64  ans.  -^  M"^  Clarisse  Michblet  de  Montrboil,  veuve  de  M.   le  doc- 
teur AussANT,  morte  à  Saint- Grégoire,  près  Rennes,  le  3   novembre  à 
l'âge  de  87  ans  ;  —  M.  le  général  de  brigade  en  retraite  Sbbvbl,   com- 
mandeur de  la  légion  d*honneur,  mort  le  9  novembre.  Né  à  Etonnes  le 
3  novembre  1821,  le  défunt  sortait  du  génie»  Il  était  lieutenant-colonel 
en  1870  et  fut  nommé  général  de  brigade  en  1880  ;  —  M""*  de  Sotbs» 
née  DoiYDEL  de  Kerqonano,  mère  de  M.  de  Soyer,  lieutenant*colonel  du 
47"  régiment  d'infanterie  à  Saint-Malo,  morte  à  Baden,    près  Vannes, 
le  1*'  novembre  ;  —  M.  l'abbé  F.  Michel,  ancien  vicaire  de  Langro- 
lay,  né  â  Mûr  (Gôtes-du-Nord  en  18G4,  mort  dans  sa  famille  à    Plerin 
le  2  novembre  ;  —  M.  le  docteur  Marhec,  ex-médecin  en  chef  de  la 
marine,  officier  de  la  légion  d'honneur,  décédé  à  Vannes,  le  9  novembre. 


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Le  B.  P.  Fjbajiçois,  dans  le  inonde  M.  Ilenri  Daniel,  gardien  du  cou- 
vent dea  Pères  RécolleU  de  Nantes,  décédé  dans  cette  ville  le  11  no- 
vembre. Né  à  Nantes  en  4835,  il  était  frère  de  M'' Daniel,  ancien 
aqm&nier  des  xooaves  Pontiflcauz  ;  le  B.  P.  Pomia,  8.  J.,  décédé  à 
Nantes,  le  12  novembre  i  l'âge  de  71  ans.  Né  à  Saint^Martin  de  Gonnée 
(Mayenne),  le  15  juillet  1829,  il  était  entré  dans  la  Compagnie  de 
Jésus  en  1841  et  appartenait  depuis  30  ans  à  la  Résidence  de  Nantes. 
On  loi  doit  la  fondation  des  Bibliothèques  populaires  et  de  l'œuvre  des 
bons  livres,  qui  fait  taut  de  bien  parmi  nps  classes  laborieuses. 

NORMANDIE,  ^ 

En  Normandie,  noua  avons  à  déplorer  la  perte  de  :  M"*  Héliodora 
DB  Seran ,  vicomtesse  douairière  db  ViLLENBuvE-BARosMOirr, .  morte  au 
château  de  Balaison  près  Douvaines  (Haute-Savoie)  dans  la  première 
quinzaine  d'août.  Elle  était  fille  du  comte  de  Seran  et  de  la  comtesse  née 
de  Sabran-Pontevez  et  avait  épousé  en  1828  Jean-Baptisle,  vicomte  de 
Villeneuve-Bargemont,  capitaine  de  vaisseau,  chevalier  de  saint  Louis, 
officier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  le  6  oclobre  1861.  La  famille  de 
Seran  en  Normandie  est  connue  dans  cette  province  depuis  Antoine 
Seran,  écuyer,  conseiller  assesseur  de  Bayeux  en  1697  ;  ^-  M"^*  veuve 
FizBAUx  DB  LA  Martel,  morto  au  château  de  Saint- Yaubourg  (Seine- 
laférieure)  le  18  août. —  M"**  la  marquise  db  Verdun  delà  CiBinus, 
née  Âliette-Marie  de  saimt-Gillbs,  morte  au  château  de  la  Grenue 
près  Avranches,  le  SO  août  à  Tàge  de  64  ans  ;  —  M.  le  général  L« 
Baron,  né  en  1802,  mort  dans  sa  propriété  d'Offranville  près  Dieppe 
le  21  août.  Ancien  élève  de  l'école  polytechnique,  ayant  construit  les 
forts  d'Issy  et  du  Mont-Valérien,  le  général  Le  Baron  fut  blessé  a 
Magenta  comme  chef  du  génie  du  corps  d'armée  de  Mac«Mahon.  En 
1870,  il  organisa  le  génie  de  la  défense  de  Paris  et  joua  un  rôle  actif 
pendant  Je  siège.  Il  était  commandeur  de  la  Légion  d'honneur.  —  M.  le 
comte  Eugène-Marie  d'ANDioNÉ  de  BEAUREaARD,  mort  le  5  septembre 
au  château  du  Champ  de  la  Pierre  près  Garrouges  (Orne)  à  l'âge  de 
83  ans  ;  -*  M.  Alexandre  db  Bonnechose,  mort  au  château  de 
Montcroix  près  Bayeux  vers  la  mi-septembre  à  Tâge  de  93  ans  ;  — 
M°**  la  comtesse  douairière  de  Poisbuz,  morte  au  couvent  des  dames 
du  Bon-Sauveur  à  Gaen  vers  la  mi-septembre.  —  M.  Eugène  Toueangin, 
fils  de  l'ancien  trésorier  payeur-général  de  l'Orna,  et  gendre  de  l'amiral 


350  CHRONIQUK 

VéroD,  «énateardltle-et-Vitaine,  mort  ao  château  des   MjAsièi^  pr^ 
Aleoçon  le  il  octobre  ;  '-*  M.  Barbcbr  du  Bdo^OE,  mort    eabitement  le 
10  octobre  ea  son  château  de  Quenet  près  Goaches  (Eure)^à  Tége  de 
56  ans.  Membre  des  'plas  influents  de  la  Société  de    Géographie, 
M.  Barbier  du  Bocage  donnait  une  collaboration  très  gotrtée  i  plusieurK 
publications  scientifiques.  Il  était  Tâmede  la  Société  libre  de  VEure  et 
avait  donné  d'importants  travaux  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France 
(section  de  Sylviculture).  Il  laissa  une  fille  qui  a  épousé  le  marquis  dé 
Preaulx  ;  —  le  H.  P.  Hobbrt,  aacîen  supérieur  de  Tabbaye  du  Mont* 
Saint-Michel  où  il  suscita  des  fêtes  magnifiques  et   un   grand  concoars 
de  pèlerins,  mort  vers  le  12  octobre  â  Pontiguy  ;  —   M.  le  Marqaîs 
Henri  de  DAMfANy  capitaine  au   1"*  régiment  d'infanterie  de  marine, 
mort  le  1 3  octobre  à   Cherbourg,   victime  dd  ses  séjours    réitérés  en 
Annam,  au  Tonkin  et  à  Madagascar.    Eu  lui  s'éteint  la   famille  des 
Damian,  seigneur  de  Vernèque.  —M.  le  baron  de  Laagb  de  Bellefaye, 
ancien  inspecteur  principal  des  douanes  â  Rouen,  ancien  directear  an 
Havre,  décédé  dans  cette  dernière  ville,  le  28  octobre  à  Tâge  de  soixante 
et  onze  ans, à  la  suite  d'une  longue  et  douloureuse  maladie.  M.  de  Laage 
de  Bellefaye  était  entré   dans  l'administration  des  douanes  le  4*'  mai 
1836,  et  avait  successivement  occupé  les  fonctions  d'inspecteur  séden- 
taire et  d'inspecteur  princi[ial  à  Rouen.  Nommé  directeur  à  Perpignan, 
le  1^'  août  iS7^,  il  avait  occupé  le  môme  poste  à  la  Rochelle  depuis 
le  !•'  juillet  1875,  et  avait  enfin  été  nommé,  le  !•'  janvier  4879,  en 
même  qualité  au  H&vre,  où  il  prit  sa   retraite  le  1*'  juillet  f88i.  I^ 
était  cbevalier  de  la  Légion  d'bonneur,  chevalier  de  l'ordre  de   Saint 
6régoire-le-Grand,  commandeur  de  Tordre  d'Isabelle-la-Catholique  et 
officier  d'Académie  et  issu,  par  sa  mère,   du  baron  Ghaptal,  l'illnstre 
savant  dont  un  lycée  de  Paris  porte  le  nom.  —  M.  le  général  de  division 
DB  FoNTANQEs   DE  CoDZAN,   décédé    au  château  de  Noyers,  près  les 
Andelys  (Eure),  le  3  novembre  à  l'âge  de   74  ans. 

• 
MAINE 

La  province  du  Maine  a  perdu  ces  temps  derniers  :  M"*  Aimée  du 
Bailly,  marquise  de  Vaujuas-Lanoan,  morte  au  château  de  Presnay, 
le  26  juin  dans  sa  83»  année;  —  M.  le  comte  Anatole-Charles  des 
Nos,  marquis  de  Palnard,  maire  de  Chailland  (Mayenne),  décédé  le 
13  juillet  au  château   de   Clivoy,  dans  sa  76'  année;   —  LaR.  M. 


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GHR0NIQU15  351 

• 

abbesse  des  Trappistines  de  Laval,  en  religion  :  eoetir  MAiu&>EMJCAiraBL» 
nor^  le  31  juillet; —  M.  l'abbé  Julien  Bouaillon»  né  en  1835  à 
SaîQt-Galais  du  Dôiert,  ^nccessivement  vicaire  à  Saint-Marc  sur 
Golmoat.  à  Andonillé  et  à  Saînt-Samson^  naort  curé  de  Laubrières 
le  i*'  août  ;  «-  M.  Tabbé  Joseph  Malassib,  aumônier  des  sœurs  de 
Ruillé  sur  Loir,  mort  le  7  août  âgé  de  57  ans.  D'abord  professeur  an 
Séminaire  de  Précigné,  il  fut  ensuite  vicaire  à  Saint-Georges  du 
.  Rosay  et  à  Bonnétable,  puis  curé  de  Saint-Marc  la  Bruyère  ;  -*- 
M™*^  Marguerite^^Marie-Louise-Adélaïde  Le  Pelletiw  d:'.  Moefontaihb, 
marquise  douairière  de  Boisgbslin,  morte  à  Paris  le  10  août  à  Tàge 
de  80  ans.  Elle  était  fille  de  Home- François- Léon  Le  Pelletier  de 
Morfontaine  et  de  sa- cousine  Suzanne- Louise  Le  Pelletier  de  Sain t- 
Fargeau.  Elle  avait  épousé  M.  Edouard-Raymond-Marie,  marquis  de 
Boisgeslin,  pair  de  France,  maréchal  de  camp,  chevalier  de  Malte  et 
commandeur  de  Saint-Louis,  au  château  de  Saint-Fargeau  (Yonne), 
le  15  mars  4827.  La  famille  Le  Pelletier,  originaire  du  Maine  a 
pour  auteur  connu,  Julien  Le  Pelletier^  fils  de  Pierre,bailli  de  Tourvoye 
au  Maine  en  i508  ;  —  M.  Tabbé  Paul  GARifiBa,  né  à  Laval  en  1811, 
décédé  dans  cette  ville  le  21  août  après  avoir  été  vicaire  à  Âron, 
puis  curé  de  Blandouêt  ;  —  M.  Tabbé  Auguste  GpDBFaoT,  né  à  Sablé 
en  1820,  mort  dans  sa  ville  natale  le  21  août.  Il  avait  été  vicaire  à 
Parigaé  TEvéque  et  à  la  Bazoges,  puis  curé  des  Aulneauz,  de  Sainte- 
Gerotte  et  de  Louailles  ;  —  M.  le  baron  Michel  de  Rsqnier,  mort  à 
Laval  le  6  septembre  à  l'ftge  de  64  ans  ;  —  M^^*  Elisabeth-Jeanne  Lb 
MoTHBux  ou  Plessix,  morte  au  Mans  le  10  septembre  à  l'âge  de  22 
ans  ;  —  M"'*  la  vicomtesse  de  Bastard  d'Estaivo,  née  Alezandrine- 
Louîse-Armandine  de  Leozb,  veuve  de  son  cousin  le  vicomte  de 
Bastard  d'Estang^  procureur  général  sous  Gharles  X,  ancien  président 
honoraire  à  la  cour  d'appel  de  Paris,  morte  le  42  septembre  au  châ- 
teau de  Dobert,  commune  d'Avoise  (Sarthe)  à  l'âge  de  77  ans;  — 
M.   l'abbé  Glo^is  Gouin,  né  à  Segrie  en  1852,  directeur  du  grand  ^ 

séminaire  du  Mans,  mort  à  Gonlié  le  20  septembre  ;  —  M™"  Lbbrbton,  / 

née  Podpard-Doplbssis,  femme  du  Sénateur  de  la  Mayenne,  morte  y 

le  15  octobre  au  château  de^ Saint-Melaine  dans   sa  62**  année;  — 
M.  Gharles,  du  Laurbns,  mort  ifcu  château  de  Montcroix  le  23  octobre 
à  l'âge  de  72  ans  ;  —  Le  R.  P..  Dom  Gootubibr,  abbé  du  monastère 
Saint- Pierre  de  Solesmes  depuis  15   années,    supérieur  général    ' 
}>énédictins  de  la   Congrégation  de  France,  consuïteur  de  ^ 


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332  CHRONIQUE 

GoogrégatioQ  de  Tlndex,  chanoîaa  d'honnear  des  églises  da  Mans,  de 
VaDQes  et  Langres,  qui  avait  saccédé  à  Tillustre  Dom  Gaérangrr; 
mort  le  29  octobre  à  TAge  de  74  ans.  C'était  un  homme  émioent  et 
d'une  haute  valeur  qui  sera  profondément  regretté  de  tous  ceux  qui 
Tout  connu;  —  M.  le  marquis  de  Champaqné»  conseiller  général  du 
canton  de  Graon,  mort  le  4  novembre  à  l'âge  de  62  ans;  -«M. le 
marquis  oe  la  Soze,  conseiller  général  du  canton  de  Màlicorne  (8arthe), 
décédé  le  9  novembre. 

ANJOU. 

En  Anjou,  nous  avons  à  enregistrer/ la  perte  de  M.  l'abbé  Obniau, 
ancien  curé  du  Voide,  auteur  de  Timportante  Histoire  des  guerres  de 
la  Vendée,  mort  le  26  juillet  à  Tâîje  de  82  ans-;  —  M"«  la  marquise 
de  Broc,  morte  chez  sa  fille,  la  vicomtesae  de  Gontades,  le  29  Juillet  à 
Angers; — M.  le  comte  de  Sainf-Pbrx,  ancien  zouave  pontiGcal,  et 
maire  de  la  commune  de  Bouzillé  près  Ghantonceaux  (M.  et  L.)  mort 
lé  29  juillet  à  l'âge  de  47  ans  ;  —  M"*  la  vicomtesse  du  Fou,  née  de 
GoNTADBs-GizEux,  bellc-âlle  du  comte  du  Fou,  maire  dé  Nantes  sous 
la  Restauration,  morte  au  château  de  la  Brulaire  paroisse  de  Geste 
dans  les  premiers  jours  d'août;  —  M.  Fleury  de  Fos,  fils  de  M.  deFos 
ancien  officier  de  marine^  mort  à  Erigné  (M.-et-L.)  le  4  août  à  l'âge  de 
28  ans  :  —  Le  H.  P.  Vaillant,  missionnaire  dô  la  Gompagnie  de  Maiie 
mort  le  18  août  à  Saint  Laurent-sur-Sèvre  ;  —  M.  Ernest  Faligan, 
docteur  en  médecine,  licencié  ès-lettres,  mort  à  Ostende  à  la  fia 
d'août,  il  <*.  a  iris  pour  sujet  de  sa  thèse  de  licence  :  La,  Légende 
de  Faust  et  .  .^ssa  une  monographie  intitulée  :  Sur  une  origine 
satanesque  des  Plantagenets,  in-8**  ;  —  M.  Joseph  de  Crozé  db 
GlesmeS;,  mort  le  31  août  au  château  de  la  Durandière  àTâgede 
83  ans  ;  —  M"*®  Emestine  d' Augustin  de  Bourguisson,  en  religion  : 
R.  M.  Marie-Thérèse  de  Baint-Joseph,  ancienne  prieure  du  Garmel  de 
Tours,  morte  en  son  monastère  le  8  septembre  dans  sa  72*  année  ;  — 
M.  le  comte  Xavier  de  Messey,  mort  au  château  de  Loncheray  le  «^ 
septembre  à  Tâge  de  33  ans;  —  M'^""  Hélène  de  Maillé,  chanoinesse  de 
Sainte-Anne  de  Bavière,  fille  du  feu  duc  et  de  la  duchesse  née  d'Os- 
mond,  morte  le  10  octobre  dans  sa  44*  année.  Elle  était  nièce  du  comte 
Armand  de  Maillé,  député  de  Maine  et  Loire  ;  -*  M.  Tabbé  Frooi'^i 
aumônier  du  Bon-Pasteur  d'Angers,  mort  le  30  octobre  dans  sa  35* 


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année  ;  —  M.  le  comte  Tripibh  db  Lozé>  moire  de  Vern,  près  Candé  ; 
(M.-et-L),  mort  le  4  novembre. 

POITOU  ET  SAINTONGE. 

Multiples  sont  aussi  les  deuils  de  ces  deux  provinces,  pour  lesquelles 
nous  signalerons  notamment  les  décès,  de  M.  l'abbé  Isle  de  Beaughbsnb 
curé  de  Mormaison  mort  le  9  juin  à  Tâge  de  65  ans  ;   —  M.  Josepb 
Babinbt,  décédé  à  Lusignan  (Vienne)  le  15  juin  à  J'âge  de  85  ans  ;  — 
M.  le  vicomte  Gbarles-Marie-Georges  de  Tuoest,  mort  au   château  de 
Visais,  commune  de  Beruges  (Vienne),  le  16  juin  à  Tftge  de  43  ans  ; 
—  M,   Victor-Auguste  Loué,  architecte,  inspecteur  des  travaux  du 
diocèse  de  Luçon,   officier  d'académie  mort  le  30  juillet  à   l'âge  de 
54  ans  ;  —  Mme  Guillemot  de  Liniers,  née  Jenny-Elisa-Césarine  de 
la  Marque,  morte  au  château  de  Régnier  près  la  Trémouille    (Vienne] 
le  8  août  dans   sa  78^  année  ;  —  M.   l'abbé  Achille   Ridouard,  né  à 
Tbenezayen  1844,  mort  à  Thouars  le  8  août.   D'abord   vicaire   à  la 
-Motte  Bainte-Heraye,  puis  à  Notre-Dame  de   Niort,    il  fut    ensuite 
aumônier  de  la  prison  de  Thouars,  puis  des  Dames  de  la  retraite   de 
cette  ville  ;  -  M.  le  général  de  brigade  en  retraite  Guiot  de  la  Ro- 
chère,  qui  commandait  le  6*  régiment  de  cuirassiers  aux   fameuses 
charges  de  Reichshoffen,  mort  le  4  août  dans  sa   72*  année.  Né   à 
A  vailles  (Vienne)   le  18  novembre  1818,  il  sortait  du   rang  et  fut 
nommé  colonel  le  27  février  i869  et  généiral  de  brigade  en  1880.  La 
même  année  il  avait  été  nommé  grand  officier  de  la  légion  d'honneur  ; 
—  M.  l'abbé  Gamdoin,  chanoine  titulaire,  mort  à  Lv  j/%./fb  i^l    août  à 
Tàge  de  76  ans  ;  —  M°"*  Henriette   de  Mayicaro,  cu  Itesse  Robert  de 
Lêzardiérb,  morte  le  23  août  au  château  de  Badiole  (Vendée).  —  Le 
R.  P.  Th.    d#  Bbauvoys,  de  la  compagnie  de  Marie^   depuis    1869, 
mort  le  23  août  à  Saint-Laurent-sur-Sèvre.  Néâ  Andard,  il  avait  été 
pendant  30  ans^  professeur  au  collège  de  Gômbrée  ;  —  M^^^  Julie  Fran- 
çoise-Eléonore  de  Mbsghinbt,  morte  à  Saint-Etienne-la-Gigoigne,  le  6 
septembre  dans  sa  75*  année  ;  —  M.  Henri  de  Puybbrneau,  maire  de 
Fougerais  depuis  1845,    ancien  conseiller  général  du    canton  de  la 
Roche-sur- Yon^  ancien  député  de  la  Vendée  en    1871,  mort  au  châ- 
teau de    Buchignon  le  15  septembre  à  l'âge  de  79  ans  ;   —  M"'**  la 
comtesse  du  Hamel,  née  de  Maqmb,  morte  au  château  de  Gastets  (Gi- 
ronde) le  21  septembre  à  l'âge  de  73  ans  ;  -*  M.   Félix-Marie  de  la 


35  i  CHRONIQUE 

GiiASiDiàRÊ,  conseiller  géûéral  du  canton  de  Rocheservière   (Vendée), 
mort  le  26  septembre  au  châ'cati  de  la  Source  à  Tâge   de  71  ans  ;  — 
M.  le  marquis  de  la   Rochetulon,  ancien  colonel  de  mobiles,  ancien 
député  à  l'Assemblée  Nationale  de  1871,  père  du  comte  de  la   Rocbe- 
tulon,  marié  à  M^^*  de  Eondy,  et  élu  le  5   ocfobre  dernier,  conseiller 
général  de  la  Vienne,  mort  le  15  octobre    au  cbâteau  de    Baudîmont 
près  Vouneuil  sur  Vienne.  Né  en  1827,  il  était  fils  du   marquis  de  la 
Rochetulon,  capitaine  de  cuirassiers  au  régiment  de  la  reine,  gentil- 
bomme  de  la  chambre  de  Giiarles  X  et  de  Marie  de  Durfort  de  Givrac; 
—  M.  du  Gâaiieau  de  la  Méguèmie^  mort  le  46   octobre  à  Tâge  de  78 
ans;  —  M.  Tabbé  René  Bbssonnbt,  chanoine   bouoraire  de  Poitiers, 
cbevalier  de  la  légion  d'honneur,  officier  d'académie   depuis  SO  ans 
curé  de  la  paroisse  Saint- Jean- Baptiste  de  Gh&tellerault,   mort  le  16 
novembre  à  l'âge  de  88  ans  ;  —  M.  Tabbé  Emile  Bertrand,  dirccteaj 
et  économe  du  séminaire  des  Sables-d'OIonne,  mort  le  22  octobre  ;  — 
M.  IsAMBBRT,  professeur  de  la  faculté  des  science  de  Poitiers,  mort  le 
2  novembre,  M.  le  V^  Jules  de  Ghabot,  père  de  M.  Gérard  de  Cha- 
bot, conseiller  général  du  canton  de  Ch&tillon,  mort  à  Angers  le  8  oo- 
vembre;  ^  M.  de  la  Foxchardière,  auteur  de    nombreux  travaux 
insérés  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  VOuest, 
décédé  i  Poitiers  le  12  novembre  à  Tâge  de  82  ans.  —  M.  Théophile 
Jean-Louis,   comte   de    Brbmond   d*Ars,     Président    de  la    Société 
des  Arts  et  monuments  historiques  de   la  Charente-Inférieure, 
ami  personnel  du  comte  de   Ghambord,  décédé   sans  alliances  dans 
les  premiers  jours  de  juillet  au  château  de   Vénérand  à    Tâge  de  72 
ans.  Il  était  fils  du  comte  Jules-Alexis  de  Bremond  d* Ars,    baron  de 
Saint-Fort,  mort  en  1838  et  de  fnue  Marie«Eutrope-Mélanie  de  Sartre, 
veuve  de  Joseph  Louis  de  Gaigneron  ;   —   M.   Tabbé  Joseph  Du* 
PEUX,    vicaire  de   Saint-Genys,   mort    le   30    juillet  à  Saint-Martin 
du    Guast  à  l'âge  de  29  ans  ;  —  M.  l'abbé  Jeaa  Renaud,  curé  de 
Lqrignac,  mort  le   21    août  dans  sa   79    année;  —  M.    le  comte 
PouQET,  capitaine  de  frégate  en  retraite,  mort  à  Rochefort,  le  34  août 
à  l'âge  de  82  ans  ;  —  M.   Victor  de  Saint  Estèvb,  veuf  de  M"*  Omess 
DB  Saint  Marsault  de  Ghatelaillon,   mort  au  château  de  Ghaillonnay 
le  3  septembre  dans  sa  81*  année. 

Jehan  de  la  Savinayk. 


Vannes.  —  Imprimerie  Eugène  LAFOLYË. 


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KKVUb    HlbTUKll^Ut    Ut   LUUtbl 


Vf    ANNÉE 


TABLE    DES    MATIÈRES 


NOTICES  ET  MÉMOIRES 


Le  Bienheureux  Ruaud,  premier   âbbé  de  LAiiTaax.   —  Abbé 
OniLLoux 1 

Notes  d'Ieonographie.  Les  Thèses  bretonnes  illustrées  des  XYII* 
et  XVIII*  siècles.  —  (?•  db  Palts 37,  282 

Recherches  sur  les  Origines  littéraires  de  l'Ancienne  Province  de 
Bretagne  (suite).  —  Dom  Plaine 50.  278,  418,  687 

L'Abbaye  de  Bois-GroUand  en  Poitou  {suite  et  fin),  —  Constant 
VïRGBR 58.  163 

L'Enseignement  secondaire  ecclésiastique  dans  le  diocèse  de  Nantes, 
après  la  Révolution  (suite).  —  Abbé  Ricordbl.     .    76«  141, 336, 560 

L'Episcopat  nantais  à  travers  les  siècles  (suite).  —   J.  na  Kbr- 
SAUSON 88,  193,  581,  609 

Cassard,  capitaine  de  vaisseau  (1679-1740),  (lut^a  et /In.)  —  S.  db 
LA  Nicoluérb-Tbuboio 96 

Notices  historiques  sur  Prigny  et  les  Moutiers    (suite).  —   Abbé 
Allabd.     ., •     ...    112,  248,  615 

Les    Vitréens     et   le    Commerce    intemationaL    (suite).     -- 
FaADsr 121,270,550 

Un  abbé  de  Saint-Aubin  d'Angers  (le  cardinal  de  Denonville) 
1493-1540.  —  IP*  DB  BRISAT 180,206,474 


TABLES  DES  MATIÈRES 

Chartes  inédites,  tirées  des  archives  de  Pampelune  et  de  Soria, 
relatives  à  Du^uesclin  et  à  ses  compagnons  d'armes.    —  Dom  du 

COBTLOOQUBT 205.  597 

Deux  Bulles  inédites   du   XVI*    siècle.  —  Mr   X.    Babbier  db 

MOWTAtJLT 293 

Les  130  Nantais.  Relation  inédite  de  leur  voyage   à   Paris  en 

1794.— C^DiLA  GuèKl 305,485 

Les  Grands  Scuyers  de  Bretagne.  —  J-Trâvâdt.  .  329,  539,  C^ 
Histoire  de  cinq  tableaux  de  Jean  Cousin.  —  L.  A.  Bossbbœcff.  362 
Le  Clergé  du  diocèse  de  Nantes  en  1791.  —  Alfred  LjlljliA.  .  378 
Btude  sur  une  paroisse  bretonne  :  Brandi vy. — Abbé  Quuxoux.  427 
La  vérité  sur  la  paternité  des  peintures  de  la  coupole  et  du  vieux 

chœur  de  la  cathédrale  de  Nantes.  —  E.  Boismin SS& 

Souvenirs  dominicains  dans  le  diocèse  de  Saini-Brienc.  (suite), 
—  R.  P.  Chapotim 660 


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REVUE  HISTORIQUE  DE  L'OUEST 


VI>    ANNÉE 


TABLE    DES    MATIÈRES 


DOCUMENTS 


Catalogue  des  gentilshommes  d'Anjou  lors  de  la  Rôformatlon  de 
la  Noblesse  de  1666.  —  Voisin  de  la  Noirays.  intendant  de  Tours. 
—  P.   DB  Farot 1,  87 

Documents  inédits  sur  la  Normandie,  le  Maine  et  TAnjou.  —  Juge- 
ment de  Maintenue  de  noblesse.prononcô  en  1667,  en  faveur  de  la 
famille  de  Vauloger.   —  René  du  Lys 20,  102 

Fondation  de  la  Gonflrôrie  du  Rosaire  à.  Plougrescant.  —  Abbé 
J.  M.  Lucas 55 

Autobiographie  du  pasteur  protestant  bi^eton,  Philippe  Le  Noir 
1656.—  0.  dbGourcuff 81 

Notes  historiques  sur  la  paroisse  de  Campbon.  —  Dubois  db  la 
Patbllikre 134,  245,275,  2W 

Divisaire  de  Bretagne.  —  E.  Priour  de  Boceret.     .     177, 267, 2dl 

Deux  lettres  inédites  du  général  Scevola  Sabatier.  —  C«*  R.  db 
L'Estourbeillon 247 

jChronique.  —  Jbhak  db  la  Savinayb.     .     .    i8.  lié,  284,  251,  217 


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TABLE  DES  MATIERES 

PAR  NOMS  D  AUTEURS 


NOTICES   ET  MÉMOIRES 


Abbé  Allard.  —  Notices  historiques  sur  Prigny  et  les  Montiers 
(9uite) ■ 113,248.615 

Mf  Barbisr  di  Momtault.  »  Deux  bulles  inédites  du  XVI* 
siècle 293 

E.  BoiSMBN.  —  La  vérité  sur  la  paternité  des  peintures  de  la  coupole 
et  du  yieuz  chœur  de  la  cathédrale  de  Nantes 525 

L.  A.  BossBBŒtJF.  —  Histoire  de  cinq  tableaux  de  Jean  Cousin.    362 

M^*  DB  Brisay.  ~  Un  abbé  de  Saint-Aubin  d'Angers  (le  cardinal 
de  Denonville)  1493-1540 130,  286,  474 

R.  P.  Ghapotin.  —  Souvenirs  Dominicains  dans  le  diocèse  de 
Saint-Brieuc 660 

DoM  DU  CoBn.osQnBT.  —  Chartes  inédites  tirées  des  archives  de 
Pampelune  et  de  Soria,  relatives  à  Duguesclin  et  à  ses  compagnons 
d'armes 205,  597 

Frain.  —  Les  Vitréens  et  le  commerce  international 
(suite) 121,270,550 

C^*  DE  LA  GuÂRB.  —  Los  136  Nantais.  Reliition  inédite  de  leur  voyage 
à  Paris  en   1794 ' 305,  485 

Abbé  Guilloux.  —  Le  Bienheureux  Ruaud,  premier  abbé  de 
Lanvaux 1 

Etude  sur  une  paroisse  bretonne  :  Brandivy 42"^ 

J.  DB  Kbrsauson.  ~  L'Ëpiscopat  nantais  à  travers  les  s^^ 
(suite) : 88,  193 

Alfred  Lallié.  —  Le  Clergé  du  diocèse  de  Nantep 

S.  DE  LA  Nicollière-Teijetro.   —  Cassard,  ca^^' 
<  1^79-1740)  (suite  et  fin) 


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TABLB   DBS    MATIÈRES 

C**  DE  Palys.  —  Notes  d'Iconographie.  Les  Thèses  bretonnes  illus- 
trées des  XVII»  ^t  XYIII»  siècles 37,22« 

DoM  Plaine.  —  Recherches  sur  les  origines  littéraires  de  Tancienne 

province  de  Bretagne  (jwiYe) 50,278,418,687 

L'abbé  Ricordbl.  —  L'Enseignement  secondaire    ecclésiastique 

dans  le  diocèse  de  Nantes  après  la  Révolution  (suite),    76, 141,  336, 560 

J.  Trévédt.  —  Les  Grands  Ecuyers  de  Bretagne.    .    329.  539,  650 

Constant   Verger.    —   L'Abbaye  de  Brois-Grolland    en    Poitou 

(suite  et  fin) 58,   163 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


PAR  NOMS  D  AUTEURS 


DOCUMENTS 


Alain  db  Botmâlas.  —  Compte  rendu  des  lettres  et  mandements 
de  Jean  V,  duc  de  Bretagne,  par  M.|René  Blanchard.    .     .     .    59-60 

L.  DE  LA  Brièrs.  —  Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres. 
Un  Bénédictin  laïque 65-68 

Dubois  de  la  Patbllièrb.  ~  NoteE  historiques  sur  la  paroisse  de 
Campbon 134,235,275,299 

C^  R.  DE  l*Estourbbillon.  —  Deux  lettres  inédites  du  général 
Scevola  Sabatier 247 

Compte  rendu  du  Dictionnaire  historique  des  familles  du  Poitou, 
par  MM.  H.  et  P.  Beauchet  Filleau 62-63,  327 

Une  famille  de  grands  prévôts  d'Anjou  aux  XVIP  et  XYIII*  siècles. 
Les  Constantin,  seigneurs  de  Varennes   et  de  la  Lorie.    21 1-214 

P.  DU  Farct.  —  Catalogue  des  gentilshommes  d'Anjou,  lors  de  la 
Réformation  de  noblesse  de  1666.  Voisin  delà  Noirays,  intendant 
d©  Tours 1,  87 

0.  DE  QouaouFF.  —  Compte  rendu  du  supplément  du  Livre  doré  de 
THÔtel  de  Ville  de  Nantes,  par  MM.  A.  Perthuis  et  S.  de  la  Nicol- 
lière-Tegeiro 149-151 

P.  DB  LiSLE  DU  DRâNEUC.  —  Compte  rendu  de  la  généalogie  de  la 
maison  de  Cornulier,  par  le  C^  Ernest  de  Cornu  lier.     .     .    204-206 

L'abbé  J.-M.  Lucas.  —  Fondation  de  la  confrérie  du  Rosaire  à 
Plougrescant 55 

René  du  Lys.  ~  Documents  inédits  sur  la  Normandie,  le  Maine,  et 
TAi^ou.  Jugement  de  maintenue  de  noblesse  prononcé  en  1667,  en 
faveur  de  la  famille  de  Vauloger 20, 102 


TABLE   DES  MATIÈRES 

Albert  Macé.  —  Compte  rendu  de  l'essai  sur  la  OéoArapbie  de 
Bretagne  avec  la  carte  des  fiefs  et  seigneuries  de  cette  province  par 
M.  A.  de  la  Borderie 317-3» 

Ck)mpte  rendu  de  Guionyach'.  Chronique  bretonne  publiée  par 
L.  de  Kerardven 211-214 

C^*  DE  Marst.  --•  Etude  sur  le  procès  de  Jehanne  la  Puoelle,  par 
M.  l'abbé  du  Bois  de  la  YiUerabel 251-253 

£. Priour  de  Bocbrbt.  —  Devisaire  de  Bretagne.     .    «177,  207, 291 

Joseph  Rousse.—  Poésie  sur  saint Friard  et  saint  Seconde!  à  propos 
d'un  pèlerinage  à  Besné  (6  août  1890) 331-332 

Jehan  de  la  Savikate.  —  Chronique.     .     .    58,  146,  204,  251,  317 


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