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Full text of "Revue historique et archéologique du Maine"

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REVUE 

IIISTOUIQUE  ET  APvCHÉOLOGlOUE 

DU     MAINE 

1^ 


REVUE 

HISTORIQUE  ET  ARCHÉOLOGIQUE 


DU 


TOME   VINGT-QUATRIEME 


ANNÉE     188<S.      —    SECOND     SEMESTRE. 


Au  Siège  de  la  Société,  Place  du  Château,  1,  au  Mans 


MAMERS 

G.  FLEURY  &  A.  DANGIN 
imprimeurs 

Place  des  Grouas. 


LE  MAiNS 

PELLEG  il  AT 

LIBRAIRE-ÉDITEUR 
Rue  Sl-Jacques. 


1  888 


^*^/^     1  .,  A 


Hcliop'.  &  Wp-Lemercicr  &  C'.^  ■ 


UN 

LIVRE  D'HEURES 


DE   LA 


MAISON   DE   CHAMPLAIS 


I. 


L'art  et  l'érudition,  loin  de  se  nuire,  se  complètent.  Ce  que 
l'érudition  peut  avoir  d'aride  est  corrigé  par  ce  que  l'art 
apporte  d'élégance  et  de  charme,  en  même  temps  que  Féru  • 
dition  conserve  ses  qualités  distinctes  :  la  précision  et  la 
critique. 

Un  Livre  d'Heures,  enluminé,  rehaussé  de  miniatures,  qui 
est  en  même  temps  un  Livre  de  raison,  nous  semble  pré- 
senter un  double  intérêt,  et  au  point  de  vue  de  l'art,  dont  il 
est  un  spécimen,  modeste  il  est  vrai,  mais  néanmoins  pré- 
cieux, et  au  point  de  vue  de  l'étude  d'une  famille,  dont  il 
établit,  complète  ou  confirme  l'indication  de  l'origine,  de  la 
filiation,  des  services  et  des  alliances. 

Aussi  nous  nous  sommes  proposé  cette  étude  où  nous 
essayerons  de  donner  la  description  sommaire  d'un  lAvre 
d'Heures  établi  au  XV*^  siècle  pour  la  maison  de  Chami)Iais, 
et  advenu  à  un  des  sujets  de  notre  famille,  Marie  de  Bastard, 
mariée  en  1636  à  François  de  Champlais  (1),  dont  l'écu  ainsi 

(1)  Ce  Livre  d'Heures  esl  conservé  dan^  les  archives  du  château  de 
Dobert. 


6 


que  celui  de  sa  femme  ont  été  peints  en  une  des  miniatures 
qui  ornent  ce  manuscrit,  et  que  nous  avons  reproduite 
en  tête  de  notre  travail.  Nous  publierons  ensuite  avec  quel- 
ques annotations  les  divers  textes  contenus  en  marge  de  ce 
manuscrit,  dont  l'ensemble  n'est  peut-être  pas  indigne  du 
nom   de  Livre  de  raison,  ou  Livre  de  famille. 

l>es  diverses  sources  où  peut  s'alimenter  l'étude  des  famil- 
les dans  le  passé,  il  en  est  une  recommandable  entre  toutes 
par  la  précision  des  renseignements,  et  la  particularité  des 
détails  :  C'est  le  Livre  de  raison. 

Qu'est-ce  donc  que  le  Livre  de  raiso)i  ? 

C'est  le  mémorial  des  naissances,  des  mariages,  des  sépul- 
tures des  sujets  d'une  même  maison  ;  c'est  la  chronique  des 
laits  de  la  vie  domestique  ;  c'est  l'éphéméride  où  le  chef  de 
famille  consigne,  sous  des  formes  diverses,  les  événements 
de  sa  vie  et  de  la  vie  des  siens. 

A  qui  songe  à  la  grande  place  qu'occupaient  dans  l'esprit 
de  l'ancienne  société  française  les  idées  de  famille,  de  quelle 
vénération  était  environné  le  foyer  domestique,  il  est  facile 
de  comprendre  l'importance  qui  s'attaclie  à  un  Livre  de 
raison.  Commencé  par  une  génération  il  était  continué  par 
une  autre  (l).  L'histoire  de  la  famille  était  le  dépôt  sacré 
(fue  recevait  de  la  génération  passée  lu  génération  nouvelle, 
pour  le  transmettre  aux  générations  futures,  chargées  de 
l'accroître  en  vertus  et  en  hoimeurs.  La  tradition,  en  faisant 
vivre  le  passé,  était  le  gage  fidèle  que  le  présent  échapperait 
à  l'oubli  dans  l'avenir.  A  la  différence  du  temps  présent, 
où  le  jour  d'aujourd'imi  n'est  pas  assuré  du  jour  de  demam, 
la  vie  du  temps  passé  reposait  sur  l'hérédité,  qui  à  coup  sûr 
imposait  autant  de  devoirs  qu'elle  conférait  de  droits.  En 

(1)  M.  Moulard,  en  publiant  récemment  dans  la  Bévue  historique  et 
arclicoloijique  du  Maine,  t.  XXIII,  p.  lli  et  suivantes,  l'intéressant  Livre 
(le  f(i)nille  des  Le  Gendre,  qu'il  complète  par  les  plus  judicieuses  notes, 
nous  fait  savoir  que  commencé  en  1523  par  Symon  Le  Gendre,  le  Livre  de 
famille  est  continué  pendant  douze  ans,  jusquen  158!^,  par  son  fils  Denis, 
et  poursuivi,  jusqu'en  l'année  16G2,  par  R.  Le  Gendre. 


—  7  — 

transmettant  son  nom,  le  chef  de  famille  transmettait  l'obli- 
gation d'accomplir  les  charges  qui  incombaient  à  sa  race  ; 
et  le  vieux  manoir,  qui  depuis  plusieurs  siècles  avait  avec 
sécurité  abrité  ses  pères,  n'avait  pas  à  craindre  de  nouveaux 
maîtres. 

L'histoire  de  France  elle-même  n'était  que  la  tradition  de 
la  maison  de  Bourbon. 

M.  l'abbé  Esnault,  lo  savant  secrétaire  de  la  Société  histo- 
rique et  archéologique  du  Maine,  en  publiant  il  y  a  cinq 
ans  (1),  le  Livre  de  raison  rédigé  dans  le  premier  quart  du 
XVIIl^  siècle  par  Pierre  Henri  de  Ghaisne^  seigneur  de 
Classé,  d'une  famille  du  Maine,  à  laquelle  appartient  le  maré- 
chal de  Bourmont,  nous  indiquait  divers  livres  de  raison,  en 
nous  en  laissant  espérer  la  publication,  contenus  dans  ses 
importantes  collections  de  titres  et  de  documents,  et  relatifs 
à  des  familles  de  cette  province  :  celui  des  Le  Roy,  celui  des 
Le  Peletier,  des  Bodreau,  des  Le  Lée,  des  Boutelier  de 
Ghâteaufort  etc..  Combien  d'autres  subsistent  encore,  ajou- 
tait M.  l'abbé  Esnault,  qui  restent  inconnus  et  inériteraieid 
cependant  d'être  mis  en  lumière.  J'ai  V espoir  que  ces  souve- 
nirs du  passé  recevront  bon  accueil,  et  peut-être  arracheront- 
ils  de  Voubli  d'autres  documents  du  même  genre  qu'il  serait 
important  de  connaître  et  d'étudier. 

Encouragé  par  cette  pensée,  nous  osons  espérer  que  notre 
présente  publication  de  notes  et  de  renseignements  de 
famille  ne  sera  pas  dépourvue  de  quelqu'intérêt,  d'autant 
que  la  maison  à  laquelle  notre  étude  se  rattache  a  tenu  un 
rang  élevé  dans  la  province  du  Maine,  et  a  été  considérable 
par  ses  services  et  ses  alliances. 

IL 

La   maison   de   Champlais,  et  primitivement  de  Champe- 
(ij  Revue  lust.  et  arch.  du  Main:;,  t.  XIII,  p.  147  et  suiv. 


-  8 


lais  (1),  tirerait  sou  origine^  si  nous  eu  croyons  divers  armo- 
riaux,  d'une  souche  royale.  Elle  montre  par  ses  armes  et 
par  sa  généalogie,  nous  dit  le  Père  de  Varennes  dans  son 
traité  du  blason  (2),  être  descendue  de  Florus  roi  de 
Hongrie,  père  de  Saint-Martin  etde  Falasius,  sénateur  romain, 
son  prédécesseur.  Le  souvenir  de  cette  origine  se  trouve 
consigné  dans  le  Cœsar  Armoriai  (3)  ;  Champlais....  sort  de 
saint  Martin,  et  de  Florus,  roij  de  Hongrie. 

Il  est  vrai  que  l'écu  de  la  maison  de  Champlais  qui  porte  : 
Fascé  d'argent  et  de  gueules,  s'accorde  avec  une  des  parti- 
tions des  armes  du  royaume  de  Hongrie  :  au  premier,  de 
gueules  à  quatre  fasces  d'argent.  Quant  à  la  généalogie  des 
sujets  de  cette  maison  depuis  Florus  jusqu'au  premier  que 
nous  rencontrons,  nous  avouons  l'ignorer  complètement. 

A  côté  de  cette  première  hypothèse  d'une  origine  royale, 
le  Livre  d'Heures  qui  nous  occupe  nous  signale  une  autre 
origine,  qui,  poui-  n'être  pas  royale,  n'en  serait  pas  moins 
fort  recommandable,  et  d'une  ancienneté  peu  commune.  En 
effet  nous  lisons  dans  la  marge  d'en  bas  d'une  des  premières 
pages  de  notre  Livre  d'Heures  :  Champlais  tous  sortis  de 
Champelais  baillé  en  empanage  aux  Champelais  par  le 
duc  de  Bretagne  qui  avoit  seze  fils  et  seze  filles,  et  fut  ieel- 
luy  qui  fist  la  fog  et  hommage  comme  duc  de  Bretagne  à 
Dagobert,  rog  de  France,  lequel  estoit  auparavant  appelle 
royaulme  Armorique  et  porloient  telles  armes  :  trois  barres 
de  gueules  en  champ  d'argent. 

(1)  To\is  les  anciens  litres  sont  ortograpinés  Cliainpelais  jusqu'à  Jean 
de  C/utniplais  marié  à  Marie  de  Lonij'iail  en  iOi'l,  dont  le  nom  ro»i~ 
mence  à  être  ortographiê  Champlais  dans  le  conlract  demariar/e  de  1611. 
(Bibl.  liât.   Cahier  bleu,  Champlais  n"  1718,   nouveau  d'Hozier). 

(2)  Le  roij  d'arines,  ou  l'art  de  bien  former,  charger,  briser,  timbrer, 
parer,  expliquer,  et  blasonner  les  armoiries...  par  le  R.-P.  Marc  Gilbert 
(le  Varennes  de  la  compagnie  de  Jésus.  Seconde  édition  à  Paris,  chez  Jean 
iJillaiiie,  rue  Saint-Jacques,  à  l'image  Saint-Augustin,  proche  la  Poste, 
p.  Uô. 

('à)  B'ih\.  nal.  Pièces  originales,  vol  C6't.  Dossier  Champlais  n*  15545, 
pièce  cotée  35. 


Quoiqu'il  en  soit  de  l'origine  de  la  maison  de  Champlais, 
qu'elle  remonte  au  temps  de  Florus  ou  au  temps  de 
Dagobert,  il  ne  saurait  y  avoir  de  doute  ni  sur  son  ancien- 
neté ni  sur  sa  noblesse. 

Un  partage  de  famille  intervenu  entre  trois  frères  Cham- 
plais, le  5  mars  1497,  et  dont  nous  aurons  plus  loin  occasion 
de  parler,  atteste  que  la  maison  de  Champlais  est  une 
famille  illustre  et  ancienne,  venue  originairement  de  Breta- 
gne, estahlie  en  plusieurs  cJiarges  et  emplois  lionorahles, 
comme  il  paroit  par  plusieurs  baulx  et  anciens  titres  qui 
sont  encore  dam  la  maiso)i  des  seigneurs  de  la  Masserie  (du 
nom  de  Champlais)  demeurant  dans  le  pays  du  Maine 
depuis  un  très  long  temps  (1). 

C'est  en  effet  dans  la  seconde  moitié  du  XIV'^  siècle  que 
Georges  de  Champlais  épousa  Perronnelle  de  Montrottier 
dame  de  la  Masserie,  en  la  paroisse  de  Fay,  au  diocèse  du 
Mans,  et  établit  ainsi  sa  maison  dans  le  Maine. 

Ses  trois  arrière  petits-fils  firent  souche,  et  formèrent  trois 
branches.  L'unFouquet,  seigneur  de  la  Masserie,  continua  la 
branche  ainée  ;  le  second,  Colas,  forma  une  branche  établie 
d'abord  en  Anjou,  puis  en  Poitou  ;  le  troisième  forma  par 
son  mariage,  une  nouvelle  branche  dans  le  Maine,  celle  des 
seigneurs  de  Courcelles. 

La  province  du  Maine  compte  donc  à  juste  titre  la  maison 
de  Champlais  comme  une  de  celles  dont  elle  s'honore  et 
pour  les  services  rendus,  les  charges  obtenues,  et  les  allian- 
ces contractées  par  les  sujets  de  cette  maison,  tous  nés  et 
extraits  de  noblesse,  comme  l'établit  Pierre  de  Champlais, 
seigneur  de  la  Masserie,  le  28  mars  1540  (2),    et   ayant  tou- 

(1)  Les  titres  d'un  chevalier  de  Saint-Jean-de-Jérusalein  :  Camille  de 
Champelais,  seigneur  de  Courcelles,  par  le  marquis  de  Sécillon,  tirage  à 
part,  p.  17.  (Extrait  de  la  Rev.  fiisl.  de  rOucst).  Nantes  :  Imprimerie  de 
Vincent  Forest  et  Emile  Grimaud,  place  du  Commerce,  4.  1885. 

(1)  Deffense  et  généalogie  que  Pierre  de  Champlais,  escuyer,  s'  de  la 
Masserie,  a  mis  devant  nous  (François  Belot)  le  ?S  mars  i'y'iO... 
pour  être  tenu  exempt  de  subsides    rogaux.   (Bibliothèque   nationale- 


10 


jours  vécu  noblement,  c'est-à-dire,  qui  n'ont  point  dérogé  à 
leur  qualité,  qui  n'ont  cessé  d'être  d'épée,  ou  d'église,  ou 
de    servir  le  Roi  dans  ses  conseils  et  cours  souveraines. 

Aussi,  sans  vouloir  faire  l'histoire  de  la  maison  de  Cham- 
plais,  ni  en  établir  ici  la  généalogie  des  diftérentes  bran- 
ches^ nous  avons  pensé  que  l'intérêt  qui  s'attache  dans  le 
Maine  à  cette  maison  pourrait  peut-être  assurer  un  bien- 
veillant accueil  à  la  publication  des  textes  de  famille,  renfer- 
més dans  notre  Livre  tVHeures.  Tous  fort  concis,  quelque 
fois  même  un  peu  obscurs,  ils  nous  ont  semblé  demander 
des  annotations  dont  on  nous  pardonnera  l'étendue  et 
l'aridité. 

Mais  auparavant  nous  dirons  quelques  mots  du  Livre 
d'Heures  en  lui-même  et  des  miniatures  qu'il  renferme. 


m. 


Sans  oser  préciser  l'école  à  laquelle  appartient  notre 
manuscrit,  que  ce  soit  l'école  flamande,  italienne  ou  fran- 
çaise, nous  pouvons  en  fixer  l'époque  au  XV"  siècle.  Nous  y 
sommes  autorisé  par  les  caractères  de  la  calligraphie,  par 
l'étude  des  miniatures  dont  nous  remarquons  la  richesse  du 
coloris,  la  finesse  du  détail,  l'élégance  du  dessin  et  la  délica- 
tesse de  rornementation  (1). 

Pièces  originales,  vol.  G')'i.  Chaiaplais,  ii"  iâôtS).  —  Jaçiement  rendu  en 
l'élection  du  Maine  du  '28  mars  i5W,  par  François  Belol.  élu  en  ladite 
élection,  par  lequel  il  se  réservi;  de  faire  droit  à  Pierre  di:  Clinmplais, 
r,cu]ier,  seiiineu*-  de  la  Masserie,  sur  la  production  qu'il  luy  a  faite  de  sa 
f/énéalogie  et  noblesse  pour  être  tenu  e.re)npt  île  subsides  roijau.r  ainsi 
que  les  nobles  du  roiiaume. —  (Bibl.  nat.  CahiL'i'  bleu  •.Cliainplais.n"  4,390.) 
{^\)  Un  précieux  manuscrit  sur  volin  du  XV»  siècle  qui  avait  servi  de 
livre  d'Heures  à  Martlie  de  Souvré,  femme  d'Antoine  de  Lavardin,  cheva- 
lier de  l'ordre  du  Roi,  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre,  et  sœur  de 
Ciilles  de  Souvré,  maréchal  de  France,  était  en  même  temps  un  livre  de 
laisoM   où   se    trouvaioul  consijïiiés  les   principaux  actes   concernant  les 


—  11  - 

Ce  livre  d'heures,  de  dix-neuf  centimètres  de  hauteur 
et  de  quinze  centimètres  de  largeur,  comme  tous  les  livres 
d'heures  manuscrits  n'a  pas  de  titre.  Il  débute  par  le 
calendrier  des  douze  mois  de  l'année  dont  chaque  jour  est 
écrit  tantôt  en  noir,  tantôt  en  rouge.  Il  renferme  quatre- 
vingt-douze  feuilles  de  velin  de  grande  pureté,  de  très  belle 
conservation,  exemptes  de  toute  rognure  ;  chacune  de  ces 
quatre-vingt-douze  feuilles  contient  un  texte  de  seize  lignes 
entourées  de  grandes  marges  et  calligraphiées  en  caractères 
noirs  avec  majuscules  de  diverses  grandeurs,  en  couleurs  et 
en  or.  Les  paragraphes  se  terminent  par  des  traits  enlumi- 
nés plus  ou  moins  longs. 

En  ce  texte  sont  reproduits  divers  offices  des  morts,  et 
autres,  des  psaumes,  des  litanies. 

A  la  fin  du  livre  se  rencontrent  douze  feuillets,  les  uns  en 
papier  de  fil,  les  autres  en  parchemin  assez  grossier,  qui 
renferment  des  dissertations  d'une  écriture  courante,  sur 
des  textes  des  Saintes  Écritures.  Le  sentiment  religieux  était 
alors  si  profond  dans  les  âmes  que  personne  ne  s'étonnera 
de  trouver  annexées  à  un  riche  manuscrit,  où  les  faits  inté- 
ressant la  famille  étaient  pieusement  consignés,  plusieurs 
pages  toutes  remplies  de  pensées  chrétiennes.  La  mort  et  la 
Sainte-Eucharistie  en  sont  les  sujets  à  peu  près  exclusifs  :  le 
seigneur  de  Champlais  en  faisait  sa  lecture  fréquente,  et  vou- 
lait en  toute  circonstance  se  rappeler  que  si  cette  misérable 
vie  nous  conduit  à  la  mort,  c'est  en  Dieu  que  se  trouvent  : 
Resurrectio  et  vila  !  Nous  nous  contenterons  de  citer  briève- 
ment l'objet  de  quelques  unes  de  ses  dissertations  :  Caro  et 
sangtds  regnum  Dei  possidere  non  posmnt  ;  —  Sancta  ergo 
et  salubris  est  cogitatio  jtro  defiinctis  exorare  lit  a  peccatis 
solvanttir  ;  —  Litera  occldit,  spiritus  vivificat  ;  — Panis 
quem  ego  daho  caro  mea  est;    qui    rnenducat    hune  panem 

Lavardin  et  autres  alliés.  —  Il  figura  sous  le  numéro  1,085  dans  le  catal. 
de  la  bihl.  de  M.  Garde  (2"  partie).  Paris,  Bachelin.  juin,  1872.  Renseigne- 
ment communiqué  par  M.  Tabbé  EsnauH. 


V2 


vivet  i)i  eternum.  Leur  reproduction  in  extenso  ne  saurait 
trouver  place  ici,  sans  compter  que  notre  incompétence 
absolue,  jointe  à  un  sentiment  de  foi  et  de  convenance,  ne 
nous  permettrait  pas  d'y  ajouter  le  moindre  commentaire.  11 
suffit  d'avoir  signalé  ces  dissertations  religieuses  pour 
montrer  combien  les  vérités  de  notre  foi  catholique  occu- 
paient l'esprit  de  nos  pères,  et  combien  ils  en  voulaient 
demeurer  constamment  pénétrés,  puisque,  dans  le  même 
manuscrit  où  ils  consignaient  les  événements  de  famille,  ils 
inscrivaient  aussi,  avec  de  nombreux  développements,  les 
réflexions  de  l'ordre  le  plus  élevé  que  leur  inspiraient  les 
textes  des  Livres  Saints  et  des  Pères  de  l'Église.  Nous  ne 
sommes  pas  surpris  de  retrouver  à  maintes  reprises  cette 
pensée:  Il  est  sahUaire  de  piler  pour  les  morts.  C'ef^i  la 
dette  d'outre-tombe  que  Dieu  demande  pour  ceux  qui  ne 
sont  plus  à  nos  sentiments  de  famille,  comme  nous  nous 
devons  à  nous-mêmes  et  à  nos  traditions  d'imiter  leurs 
vertus,  et  d'honorer  leur  mémoire. 

Celui  qui  ne  prie  pas  pour  ses  morts  est  bien  près  de  les 
avoir  oubliés. 

La  partie  spécialement  intéressante  au  point  de  vue  artis- 
tique du  Livre  d'Heures  qui  nous  occupe,  ce  sont  les  quatre 
grandes  miniatures  (jui  s'y  rencontrent  :  la  première 
représente  la  Visitation  de  la  sainte  Vierge  ;  la  seconde, 
le  Couronnement  de  la  Vierge,  est  celle  que  nous  avons 
reproduite  en  tète  de  notre  travail  (1),  la  trosième  repré- 
sente le  roi  David  glorifiant  Dieu  (jui  lui  ;q)parait  du  haut 
des  cieux,  la  <{uatrième  nous  cHVe  une  douloureuse  scène 
iriiiliimiation  {1).  Nous  pensons  i|U('  la  re[)roduclion  d(^  l'une 

(1)  Nouî;  reportons  aux  pages  28  et  suivantes,  à  l'occasion  ilu  mariage  de 
François  de  Cliainplais  avec  Marie  de  F5astard,  l'étude  iIu  double  écu  de  leurs 
armoiries  que  soutient  l'ange  encadré  dans  la  gramle  majuscule  du  mot 
Converle,  premier  mot  du  texte. 

(2)  Dans  un  autre  manus<;rit  que  possède  la  hibliotlièque  de  Dobort,  et 
qui   rejiferme  le    livre  de  laison  d'une  vieille  famille  du  MainC;  celle  des 


de  ces  miniatures  permettra  de  se  rendre  compte  de  leur 
caractère,  et  des  qualités  diverses  qui  en  font  le  mérite. 
Nous  croirions  sortir  des  bornes  où  nous  devons  nous  tenir, 
si  nous  donnions  de  chacune  d'elles  une  description  détaillée: 
il  nous  suffira  de  constater  la  correction  du  dessin,  l'éclat  du 
coloris,  la  recherche  dans  le  détail,  la  finesse  de  l'exécution, 
l'harmonie  de  l'ensemble  qui  forme  un  tableau  complet. 
Nous  remarquerons  la  délicatesse  des  bordures  que  rehausse 
l'éclat  de  légers  feuillages  d'or  en  relief,  et  oii  l'artiste  a 
placé  des  personnages  secondaires,  dont  l'attitude  se  rap- 
porte au  sujet  principal,  tel  que  l'ouvrier  écrasant  le  limaçon, 
animal  impur,  dans  l'encadrement  de  la  scène  de  la  Visita- 
tion, tel  que  le  fossoyeur  négligemment  appuyé  sur  sa  bêche, 
à  côté  de  la  scène  d'inhumation. 

Chaque  scène  est  empreinte  du  plus  profond  sentiment 
religieux  qui  inspirait  l'arti.ste,  et  qu'il  a  su  communiquer  aux 
personnages  de  chaque  miniature  tant  dans  l'attitude  qu'il 
leur  donne,  que  dans  l'expression  que  reflète  leur  physio- 
nomie . 

Mais  j'ai  hâte  d'arriver  aux  notes  et  documents  qui  font  du 
Livre  d'Heures  le  Llcre  de  Raison  de  la  maison  de  Cliam- 
plais,  et  de  publier,  à  côté  de  tous  les  renseignements  de 
famille  et  de  filiation,  les  épitaplies  en  vers  et  les  diverses 
poésies  qu'il  contient. 

Toutefois,  je  dois  constater  qu'ils  sont  précédés  à  la  pre- 
mière page,  et  suivis  à  la  dernière,  de  passages  tirés  des 
Saintes  Écritures,  tels  que  ceux-ci  :  Nemo  potest  diwbns 
servire  dominis,  —  S.  Luc,  vj  ;  —  En  S.  Luc  IX''  chap  : 
Jehsus  parlant  à  ses  apostres  leur  dist  :  Ne  portez  rien  pour 

Dagues,  nous  retrouvons  également  parmi  les  miniatures  la  scène  de  la 
Visitation,  et  une  scène  d'inhumation.  Nous  aurions  à  signaler  de  curieuses 
différences  dans  le  costume,  dans  les  accessoires,  dans  la  composition  de 
l'ensemble.  Il  serait  intéressant  détudier  comment  de  façons  si  diverses 
ont  été  traités  les  mêmes  sujets,  tant  au  point  de  l'histoire  du  costume 
que  de  l'art  du  dessin  et  de  la  miniature;  mais  nous  serions  entraînés 
trop  loin  de  notre  sujet. 


14 


le  chemin,  ni  hâto)i,  ni  molette,  ni  pain,  ni  argent,  etn^ai/ez 
point  deux  luibillements  ;  —  d'extraits  de  Sénèque  :  Nemo 
bene  imperat  nisi  qui  ante  paruerit  imperio  ;  —  de  Salluste  : 
VEstat,  la  ville  et  la  compagnie  ne  peut  durer  ny  prospérer 
si  la  vertu  en  est  bannie.  Nous  trouvons  aussi  des  préceptes 
tels  que  celui-ci  :  Les  biens  de  ce  monde  sont  comme  les 
meubles  d'une  hostellerie  ;  nous  ne  nous  en  debvons  soussier 
que  pendant  que  nous  g  sommes,  et  en  avons  besoin  ;  et  cet 
autre  :  Quatre  vertus  pour  le  souverain  ou  gouver)ieur  : 

Piété 
Justice 
Vaillance,  et 
Clémence. 

C'est  au  bas  des  pages  du  calendrier  qu'ont  été  inscrits  en 
notre  Livre  d'Heures  les  renseignements  domestiques  sur  la 
maison  de  Champlais  que  nous  publions  ci-après,  dans 
l'ordre  où  ils  se  trouvent  consignés  sur  le  manuscrit. 


IV. 


I.  —  L'an  mil  cinq  cens  quarante-cinq,  la  vigille  de  Saint- 
Thomas,  fut  né  François  de  Champelais  (1),  filz  aine  de  Pierre 
de  Champelais  escuyer  sieur  de  la  Masserie  (2)  ;  Marie 
d'Andigné  (3)   fut  née  le  jour  de  Saincte-Gatherine    l'an    mil 

(1)  François  de  Cliamplais  était  tils  île  Pierre  de  Champlais  et  de  Char- 
lotte de  la  Iloudinière,  que  nous  allons  rencontrer  plus  loin. 

(2)  Voir  sur  le  fief  de  la  Masserie,  la  note  l  page  16. 

(3)  Marie  d'Andigné  était  fille  de  .lean  d'Andigné,  seigneur  de  l'Isle 
Briarid  et  de  Marie  Pelé,  comme  l'indique  un  acte  de  partage  reçu  par 
Brindeau,  notaire  au  .Mans,  le  26  septembre  1579,  entre  Louis  d'Andigné, 
seigneur  de  l'IsleBriand,  et  François  de  Champlais  son  beau-frère,  tant  de 
la  métairie  et  tene  de  la  Mabilière  eu  la  paroisse  de  Besson,  acquise  par 
feu  Jehan  d'Andigné,  que  de  la  succession  de  feue  Marie  Pelé  leur  mère. 


15 


cinq  cens-quarante  et  7.  Ils  furent  mariés  ensemble  le  jour 
sainct  André  l'an  mil  cinq  cens  soixante  et  treize. 

Jehan  do  Ghampelais  est  leur  filz  aisné  (1). 

II.  —  Guvon  de  Gliampelais,  mari  de  Marguerite  de 
Souvré  (2), 

Perronnelle  de  Montrotier  sœur  aisnée, 

Francoys  de  Champlais  sieur  de  la  Masserie, 

Jam  de  Champlais  (3). 

(Bibl.  nat.,  caliier  bleu  ;  Gliampelais  ii"  i390).  —  La  maison  d'Andigné, 
race  d'ancienne  chevalerie,  est  originaire  de  la  province  d'Anjou  où 
se  trouve  situé  Andigné  près  le  Lion  d'Angers.  Le  nom  d'Andigné,  écrit 
d'Hozier  (reg.  second,  t.  III),  peut  passer,  sans  aucune  difliculté,  pour  un 
des  plus  anciens  noms  qu'il  y  ait  dans  la  province  d'Anjou  ;  il  y  est  connu 
par  des  chartes  promulguées  en  102i>  et  ItôO.  Aussi  quelques  auteurs,  et 
parmi  eux  la  Chesnaye  -  Desbois  en  son  Dictionnaire  de  la  noblesse, 
(t.  I,  p.  252,  éd.  MDCCLXX),  lui  donnent  -  ils  à  tort  une  origine  poite- 
vine.—  Le  chevalier  de  Courcelles  dans  son  histoire  de  L'État  acluel  de 
la  Pairie  de  France,  (p.  13,  éd.  MDCCCXXVI),  compte  plus  de  quarante 
rameaux  de  cette  maison...  et  répandue  dans  l'.lnjou,  la  Bretagne,  le  Maine 
et  la  Touraine.  Depuis  les  croisades  où  elle  est  représentée,  jusqu'au 
siècle  dernier  où  plusieurs  de  ses  membres  ont  été  admis  aux  honneurs 
de  la  Cour,  elle  a  toujours  figuré  avec  distinction  dans  les  armées  du  Roi, 
dans  l'Eglise,  dans  les  Parlements,  dans  les  ordres  de  Malte  et  de  Saint- 
Louis  ;  et  de  nos  jours,  elle  n'a  cessé  de  tenir  un  rang  élevé,  digne  de  sa 
noblesse  et  de  son  ancienneté.  Armes  :  d'argent  à  trois  aigles  de  gueule, 
becquettes  et  ongles  d'azur.  (Bibl.  nat.  Cabinet  des  titres  :  Atlas:  Pro- 
vince d'Anjou,  p.  3,  n»  14. 

(1)  Jean  de  Champlais,  dont  nous  parlerons  ci-après,  épousa  en  IGll 
ilarie  de  Longueil. 

(2)  En  1453,  on  trouve  Jeanne  de  Champlais,  dame  de  Souvié,  paroisse 
de  Bazougers,  faisant  foy  et  hommage  à  Jean  de  Brée,  à  cause  du  lieu  du 
Coudray,  paroisse  de  Saint-Denis  du  Maine,  comme  tutrice  des  enfants 
rnineuis  issus  d'elle  et  de  Jean  de  Falays,  écuyer,  sieur  du  Coudray.  En 
liGO  on  la  trouve  mariée  en  secondes  noces  à  Jean  de  Maillé,  écuyer,  dans 
la  maison  duquel  passa  la  terre  de  Souvré.  (Extrait de  la  généalogie  de 
Quatrebarbes,  article  de  Brée). 

Denise  de  Falays,  dame  du  Coudray,  fille  de  Jean  de  Falays  et  de  dame 
de  Souvré,  épousa  Jean  des  Rotours.  {B\h\.  nat.  cabinet  des  titres.  Nouveau 
d'Hozier.  Généalogie  des  Rotours). 

Nous  remercions  notre  ami  M.  le  comte  de  Beauchesne  de  ces  rensei- 
gnements qu'il  a  bien  voulu  nous  donner. 

(3)  Les  quatre  lignes  ci-dessus  sont  transcrites  dans  notre  livre  de 
raison  d'autres   mains  que  le  texte  précédent  et  le  texte  suivant  qui  sont 


—  l(i  — 

III.  —  S'ensuit  les  s"'*  de  la  Masserie  (1)  de  congnoissance 
d'homme. 

Premier, 

Messire  Jehan  de  Millon,  chevalier  et  grand    Provost   de 
Paris  (2). 

l'un  et  l'aiitrc  (11' l;i  moine  écriture.  Nous  avons  liéjà  lencontré  ou  nous 
I  eiicontrerons  plus  loin  plusieurs  des  personiiiiges  dont  il  est  ici  fait 
mention. 

Guyon  de  Glianiplais  et  Pierre  de  Champlais,  son  fils  aine,  assistant  le 
3  mai  1403,  au  conliat  de  mariage  de  Jamet  de  Champlais,  (ils  deGeorget 
de  Champlais  alors  décédé,  et  de  Penonnelle  de  Montrotier,  promirent 
de  «  faire  tenir  et  avoir  agréable  le  dit  traité  et  accord,  à  la  dite  Perron- 
t)  nelle  de  Montourlier  (sic),  le  contrai  passé  devant  Palra^,  notaire  an 
»  Mans,  en  présence  de  Guion  et  de  Pierre  de  Cfuuuplais  .  et 
»  frère  Jean  Berthelot,  prieur  de  C haufour  » .  (Preuves,  en  172'i;  de 
Noblesse  de  Françoise  Emilie  de  Chaynplais,  agréée  pour  être  admise  an 
nombre  des  filles  demoiselles  de  la  maison  de  Saint- Louis,  fondée  par  le 
Roi  à  Saint- Cyr,  dans  le  parc  de  Versailles.  —  Bibl.  nat.,  cahier  bleu: 
Champlais,  n»  1718.  Nouveau  d'IIozier). 

Nous  avons  lieu  de  penser  que  François  de  Champlais,  sieur  de  la 
Masserie,  devait  être  (ils  de  Perronnelle  de  Montrotiei,  et  qu'après  sa 
mort  survenue  sans  enfants,  son  frère  Jamet  de  Champlais  devint  seigneur 
de  la  Masserie.  Ce  dernier  fit  souche,  comme  nous  allons  le  voir,  et  conti- 
nua  la   branche  de  sa  maison. 

(1)  La  Masserie,  terre  fieffée  en  la  paroisse  de  Fay,  au  diocèse  du  Mans, 
à  deux  lieues  de  la  ville  du  Mans,  appartenait  tout  d'abord  de  «  congnois- 
i)  sance  d'homme  »  à  la  famille  de  Millon,  d'où  elle  advint  par  mariage  en 
celle  de  Jlontrotier^  et  ensuite  en  la  maison  de  Cliamplais  par  le  mariage 
en  1370  de  Perronnelle  de  Montrotier  avec  Georget  de  Champlais,  dont  les 
descendants  demeurèrent  pendant  plusieurs  siècles  seigneurs  de  la 
Masserie.  En  1777,  suivant  ce  que  nous  dit  le  clianoine  Nepvou  de  la 
Manouilliére  dans  les  mémoires  si  intelligennnent  publiés  par  M.  l'abbé 
Esnault  (2  vol.  in-B"  imp.  Monnoyer,  Le  Mans  1877),  la  Ma.sserie  apparte- 
tenait  à  M.  Blondeau  des  Ardillers,  ancien  mousquetaire,  qui  a  une  jolie 
terre  dans  la  paroisse  de  Fug,  appellée  la  Masserie.  Il  mourut  sans 
alliance,  et  la  terre  passa  à  sa  sœur  mariée  à  Henri  Daniel  Nepveu. 

Dans  cette  paroisse  de  Fay  se  trouvaient  deux  autres  terres  fieffées,  la 
terre  de  Vendeuvre  et  celle  de  Broussin  à  laquelle  était  ainiexée  la  seigneu- 
rie de  paroisse  ;  l'une  et  l'autre  appartenant  à  la  maison  de  Champlais. 

(2).Iean  de  Millon  ou  Milon  appartenait  à  une  noble  et  ancienne  famille 
d'Anjou,  qui  a  paru  avec  honneur  dans  l'Eglise,  dans  la  Robe  et  dans   les 


—  17  — 

Jehanne  de  Millon  espousa  ung  nommé  de  Montrottier  et 
estoit  fille  aisnée  du  dict  Jehan  de  Millon. 

Henri  de  Montrottier  fut  seigneur  de  la  Masserie  par  la 
mort  de  son  frère  aisné,  et  estoit  prestre  le  dit  Henri. 

IV.  —  Perronnelle  de  Montrottier,  sœur  aisnée  du  dict 
Henry,  fut  son  héritière,  et  espousa  Georget  de  Champlais, 
escuyer  (1),  sorti  puisné  de  Champelais,  prais  Saint- 
Malo  en  Bretaigne,    et    sorti    des    ducs    de    Bretagne  {-2). 

V.  —  De  Georget  issit  Jamet  de  Champelais  (3). 

Cours  souveraines,  produisant  des  conseillers  au  Parlement,  des  maîtres 
des  Comptes,  des  conseillers  d'Etat,  un  Grand-Maître  des  eaux  et  tbrèts, 
des  aumôniers  du  Roi  et  des  évèques.  —  C'est  au  temps  de  Philippe  de 
Valois  de  1330  à  1334  que  Jer.n  de  Millon  fut  prévost  de  Paris.  Les  armes  : 
de  gueules  à  la  fasce  d'or  chargée  d'une  merlette  de  sable  et  accomjia- 
gnée  de  trois  croissans  d'or,  2  en  chef  et  i  en  pointe.  La  devise  :  Non  est 
qiio  noceat.  C'est  la  devise  que  portail  François  Milon,  maire  de  Tours,  en 
1G44.  Dictionnaire  des  devises  par  Chassant  et  Henri  Tausin,  t.  L  P-  220. 

(1)  C'est  en  1370  que  Georget  de  Champlais  épousa  Perronnelle  de  Mon- 
trottier. (Bibl.  nat.  Cahier  Lieu:  Champlais  n°  43t)0,  pièce  5).  Dans 
cette  pièce,  ainsi  que  dans  diverses  autres  contenues  soit  en  ce  même 
Cahier  bleu,  soit  dans  la  collection  intitulée  «  Pièces  originales  »,  à  la 
bibliothèque  nat.,  vol.  664  :  Champlais  15545,  le  nom  de  la  femme 
de  Georget  de  Champlais  est  écrit  :  Montourtier.  C'est  encore  sous  le  nom 
de  Montourtier  qu'elle  se  trouve  désignée  dans  la  publication  qu'a  faite 
dans  la  Revue  historique  de  l'Ouest,  M.  le  marquis  de  Sécillon,  des  titres 
d'un  chevalier  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  :  Camille  de  Champlais  seigneur 
de  Courcelles. 

M.  l'abbé  .Yngot,  que  la  Société  historique  et  archéologique  du  Maine 
compte  parmi  ses  membres  titulaires,  et  dont  les  travau.x  sont  à  si  juste 
titre  appréciés,  a  bien  voulu  nous  signaler  un  Vidirnus  du  doyen  d'Evron, 
ilaté  du  samedi  avant  la  fête  de  saint  Thomas,  apôtre,  1307,  donnant  un 
extrait  du  testament  de  feu  Jean  de  J/o)tto!t>'<(er,  fils  de  feu  Hugues  de 
Montourtier,  qui  lègue  à  l'abbaye  de  Fontaine  Daniel  où  il  a  choisi  sa  sépul- 
ture, lectum  meu7n  furnitum  velejus  estitnationetn  ;  il  fonda  déplus  dans 
la  même  abbaye  une  chapelle  d'une  messe  par  jour  et  dota  cette  chapelle- 
nie  de  biens  situés  en  Martigné.  —  Jean  de  Montourtier  est  qualifié, 
Armiger.    (Bibl.    nat.  Fonds  latin.   Cartulaire  de  Fontaine-Daniel). 

(2)  Nous  retrouverons  plus  loin  reproduite  de  nouveau  l'indication  de 
cette  origine  de  la  maison  de  Champlais. 

(3)  Jamet  de  Champlais,  écuyer,  fils  et  héritier  principal  de  Georget  de 
Champlais  et  de  Perronnelle  de  Montrottier,  dame  de  la  Masserie,  épousa 
par  contrat,  en  date  du  3  mai  1403,  Jeanne  de  Rouillon,  fille  de  Guillaume 

XXIV.     2 


—  18 


VI.  —  De  Jamait  issit  Pierre  de  Chainpelais  (i). 

VII.  —  De  Pierre  issit  Foucquet  de  Ghampelais  (2). 


de  Rouillon,  écuyer,  qui;,  du  consentement  d'André  et  de  Jean  de  Rouillon 
ses  enfants,  donne  à  la  dite  future  la  somme  de  quarante  livres  tournois, 
assignée  sur  riiébergement  et  domaine  de  la  Ragottière  et  sur  le  domaina 
de  Brochesac,  situés  dans  la  paroisse  de  Cliaufour.  Guyon  de  Cliamplais 
et  Pierre  de  Champlais,  son  nis  aine,  promettent  de  faire  latifier  le  dit 
contrat  par  Perionnelle  do  Montrotier.  Bibl.  riat.  Nouveau  d'Ho/.ier, 
caliier  bleu,  Ciiamplais  :  n"  1718.  —  La  famille  de  Rouillon,  originaire 
du  Poitou,  porte  :  (leijunidcs,  à  une  fasce  dor,  à  iine  derni-rriue  d'argent 
en  'pointe.  (Les  litres  d'un  chevalier  de  Saint-Jean  de  Jérusnleïn  : 
Camille  de  Ghampelais  seigneur  de  Courrelles.  par  le  marquis  de  Sécillon, 
tirage  à  part,  p.  h.') 

(1)  Pierre  de  Gliamplais  se  maria  en  1450.  Le  nom  de  sa  femme  n'est 
pas  ariivé  jusqu'à  nous.  Le  28  novembre  145S,  Cbarles,  comte  du  Maine, 
loçoit  hommage  de  Pierre  de  Gbam|ilais,  lils  de  .lamct  de  Gliamplais  et  de 
Jeanne  de  Rouillon,  seigneur  de  la  iMasserie,  pour  lu.  maison  du  l'nrtuu, 
et  partie  du  domaine,  heu  etjusiiee  de  la  Masserie  mouvant  du  chastel 
du  yians.  Il  transporte,  par  acte  du  9  avril  i47ô,  passé  devant  Poussier, 
notaire  au  Mans,  à  Fouquet  de  Gliamplais,  son  lils  aîné,  et  à  Josseline  Drouet 
sa  femme,  le  lieu  de  Brochesac  moyennant  certaine  somme  qui  avait  été 
constituée  en  dot  à  la  dite  demoiselle  lois  de  son  mariage  avec  ledit 
Fouquet.  (Bibl.  nat.  Pièces  originales,  vol.  GGi.  Gliamplais  :  n"  i55't5). 
—  Outre  Fouquet  de  Gliamplais,  son  lils  aine,  il  eut  encore,  comme  fils, 
Colas  et  Etienne  de  Gliamplais,  ainsi  que  nous  allons  le  voir. 

(2)  Fouquet  de  Ghamplais,  seigneur  de  la  Masserie,  avait  épousé,  dès 
avant  le  9  avril  1475,  Josseline  Drouet  c/ite  du  Hallai  (Bibl.  nat.,  cahier 
bleu,  Gliamplais  :  n"  439U),  comme  l'indique  l'acte  de  transport  que 
nous  venons  de  rappeler  à  cette  date.  Josseline  Drouet  portait  pour  armes: 
«  De  gueules,  frété  d'argent  ».  (Preuves  de  itohlesse  de  Françoise  de 
Champlais,  en  iOSO  pour  sa  réception  à  Saint-Cyr  ;  —  Titres  et  docu- 
ments pour  servir  de  preuves  à  l'histoire  de  la  ))iaison  de  Bastard. 
Branches  du  Maine,  t.  IX,  (1G75-IG99).  Le  24  novembre  [V.)T),  hommage 
est  rendu  au  roy  aux  assises  du  Mans,  par  Fouquet  de  Gliamplais  pour  le 
l'ort.iil  (ou  Portau),  la  maison  et  la  cour  de  la  Masserie,  le  domaine  qui 
en  dépeml,  le  lief  de  la  (ioutte  et  le  domaine  de  Bruiietièrc  ou  Bonnelière, 
le  tout  assis  en  la  paroisse  de  Fay,  et  à  luy  appartenant  pai'  le  décès  de 
Pierre,  son  père,  ainsi  que  ses  prédécesseurs  ont  acoustumé  faire  au 
temps  passé  (Bibl.  nat.  Pièces  originales,  vol.  004,  n»  15,545,  [lièce 
cotée  3.) 

Le  5  mars  1497,  intervint  le  paitage  de  la  succession  de   feu    Pierre  de 
Champlais,   entre  ses   trois   fils,   nobles    Foucquet   de  Champlais,  l'ainé 
seigneur  de  la  Masserie,  Colas  et  Etienne  de  Gliamplais,  les  puinés,seigneuis 
de  Vendeuvre.  Foucquet  eut  le  domaine  de  la  Masseï  ic,  le    Plessiers,   la 


—  19  — 

VIII.  —  De  Fucquet  (sicj  issit  Guillaume  de  Ghampelais  (1). 

IX.  —  De  Guillaume  issit  Pierre  de  Champlais  (2). 

Cucassière,  le  bordage  de  la  Huardière  et  continua  la  branche  ainée  dite 
de  la  Masserie  ;  Colas  et  Etienne  reçurent  d'autres  biens  et  formèrent 
l'un,  Colas  seigneur  de  la  Bourdillière,  une  branche  établie  en  Anjou  et  en 
Poitou,  l'autre,  Etienne  seigneur  de  Vendeuvre^  une  seconde  branche  fixée 
au  Maine  dite  de  Courcelles.  La  seigneurie  de  Courcelles  avait  été  apportée 
à  Etienne  de  Champlais  par  sa  femme  Jeanne  de  Poillé,  dont  le  père  Jean 
de  Poillé  ,  seigneur  de  Courcelles  ,  fut  présent  à  l'acte  de  partage 
du  5  mais  li97,  passé  devant  Gareau,  notaiie  de  la  cour  de  Bourgnouvel. 

(1)  Guillaume  de  Champlais,  (ils  de  Fouquet  d  e  Champlais  et  de  Josseline 
Drouet,  épousa  par  contrat  passé  le  30  septembi'e  1506,  devant  Lancelot 
Le  Cerclerc,  notaire  à  Chàteaugontier,  Eiançoise  Briant,  fille  ainée  de 
noble  homme  Lancelot  Briant,  seigneur  de  Brez,  qui  lui  donna  les  métai- 
ries de  la  Mouvairie  et  de  Chanbusson,  paroisse  de  Savonières,  et  ensuite 
la  somme  de  trois  cents  écus  d'or.  A  ce  contrat  avaient  figuré,  noble 
René,  seigneur  de  la  Jaille  et  de  la  Roche-Talbot,  Etienne  de  Champlais 
seigneur  de  Vendeuvre_.  oncle  du  futur  époux,  Jean  Tillon  proto-notaire  du 
Saint-Siège,  autre  Jean  Tillon  curé  de  Saint-Rémy,  Guillaume  Tillon,  sei- 
gneur de  Varennes  et  Pierre  Tillon,  seigneur  de  Villes.  (Bibliotlièque 
nationale  ,  cahier  bleu  :  Champlais  ,  n"  4,390  ).  De  son  coté  Guil- 
laume de  Champlais  avait  apporté  tous  les  biens  compris  dans  la 
donation  que  lui  avait  faite  son  père  le  12  septembre  1504,  npoiir  qu'il  put 
trouver  un  meilleur  parti.  »  (Bibl.  nat.  Pièces  originales,  vol.  66i, 
Champlais,  n"  15,545). 

Françoise  Briand  porte  pour  armes  :  «  d'argent  à  une  fasce  de  sable 
»  potée  entre  six  roquers  (rocs)  de  niènie  posés  trois  de  face  n.  (Bibl.  nat. 
Nouveau  d'Hozier,  cahier  bleu,  Champlais  :  1718). 

Guillaume  de  Champlais  n'était  pas  seul  enfant  de  Fouquet  de  Champlais 
et  de  Josseline  Drouet  :  il  avait  pour  sœur  Jeatme  de  Champlais,  mariée  à 
noble  Hardouin  Cailleau,  seigneur  de  la  Laubinière,  ainsi  que  l'atteste 
l'acte  de  partage  de  la  succession  de  Josseline  Drouet,  intervenu  le  9 
mars  1513,  entre  Guillaume  et  Jeanne  de  Champlais  en  présence  de 
Jacqueline  Le  Court,  lille  de  la  dite  Jeanne.  (Bibl.  nat.,  cahier  bleu, 
Champlais  :  n"  4,390.) 

(2)  Pierre  de  Champlais,  seigneur  du  Plessis-Foncquet,  fils  de  Guil- 
laume de  Champlais,  seigneur  de  la  Masserie,  et  de  Françoise  Briant, 
épousa,  par  contrat  passé  devant  Gilles  Honnouré,  notaire  de  la  cour 
royal  du  Mans^  le  26  janvier  1536,  damoiselle  Charlotte  de  la  Houdiniére 
fille  ainée  de  noble  homme  Mathurin  de  la  Houdiniére,  seigneur  de  Chan- 
tillé,  et  de  feue  damoiselle  Renée  Morice,  ses  père  et  mère.  Mathurin  de  la 
Houdiniére  constitue  en  dot  à  sa  lille,  entre  autres  choses,  le  droit  qu'il 
avait  en  la  terre  et  seigneurie  de  Savigné  .i  cause  de  sa  dite  femme.  Renée 
Morice,  etprotaet  de  la  vestir  et  accoustrer  de  soie  el  drap  de  laine,  bien 
et  honnestement  selon,  l'eslat  et  coustume  de  leur  maison.  (Bibl.  nat. 
Cabinet    des   titres,    Carrés  d'Hozier,   t.   166.)   Cet  acte   fut  passé   en 


—  20  — 

X.  —  De  Pierre  issit  François  de  Ghampelais  (1). 

XI.  —  De  François  est  issu  Jehan  de  Ghampelais,  et  de 
damoiselle  Marie  d'Andigné  (2). 

XII.  —  Tous  sortis  de  Ghampelais  baillé  par  empanage 
aux  Ghampelais  par  le  duc  de  Bretaigne  qui  avoit  seze  fils  et 
seze  filles,  et  fut  celluy  qui  fist  la  foy  et  hommage,  comme 
duc  de  Bretagne,  à  Dagobert  roy  de  France,  lequel  estoit 
auparavant  appelé  le  royaulme  Armorique,  et  portaient  telles 
armes  :  trois  barres  de  gueules  en  champ  d'argent. 

XIII.  —  L'an  mil  six  cens  honze,  le  dit  Jean  de  Ghampe- 

présence  de  noble  et  puissant  seigneur  messire  Baudouin  de  Champagne, 
chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Michel,  conseiller  et  chambellan  des  rois 
Louis  XII  et  François  h"',  baron  de  la  Suze  au  Maine,  seigneur  de  Bazouges, 
Loupehinde.  Cliaufl'onr,  Biouassin  et  autres  lieux,  de  noble  et  puissante 
dame  Jeanne  de  la  Chapelle-Raiusouin,  François  du  Bois,  seigneur  du  Bois 
et  de  Maquillé,  mariée  à' Catherine  de  Quatre-Barbes,  de  René  d'Orvaulx, 
seigneur  du  dit  lieu  et  de  la  Renaudière,  et  autres  gentilshommes.  (Bibl. 
nat.,  cahier  bleu,  Charnplais  :  n"  i,390.  Dictionnaire  de  la  noblesse  par  la 
Chesnaye-Desbois,  t.  IV,  p.  191.  Ed.  M  U  CC  L  XXII.) 

Pierre  de  Champlais  et  Charlotte  de  la  Houdinière  eurent  pour  enfants  : 
François,  Urbaine  et  Charlotte  que  nous  allons  rencontrer  ci-après. 

Charlotte  de  la  Houdinière  porte  pour  armes  :  d'argent  à  une  croLv  de 
sable  dont  les  quatre  extrémités  sont  terminées  par  une  fleur  de  lys. 
(Bibl.  nat.  Noiweau  d'Hozler,  cahier  bleu.  Champlais  n"  1718). 

(1)  François  de  Champlais,  seigneur  de  la  Masserie,  fils  de  Pierre  de 
Champlais  et  de  Chailotte  de  la  Houdinière,  avait  épousé  en  1573,  comme 
nous  l'avons  vu  plus  haut,  Marie  d'Andigné.  L'année  suivante,  le  18  juin 
1574,  il  transigea  avec  Antoine  de  la  Houdinière,  seigneur  de  Chantillé, 
son  fils  aine,  autre  Antoine  de  la  Houdinière,  seigneur  deSavigné,  marié  à 
Renée  de  Marcé,  sur  le  partage  de  la  succession  de  Mathurin  de  la  Houdi- 
nière et  de  Renée  Morice,  père  et  mère  du  seigneur  de  Chantillé,  etaieuls 
maternels  du  seigneur  de  la  Masserie.  (Bibl.  nat.,  cahier  bleu,  Cham- 
plais, n"  4,390.) 

Deux  autres  transa(;tiûns,  intervenues  l'une  le  12  février  157i-,  et  l'autre 
le  22  avril  de  la  même  année,  sur  le  partage  des  biens  de  feu  Pierre  de 
Champlais  et  de  feue  Charlotte  de  la  Houdinière,  nous  font  connaitie  les 
deux  sœurs  de  François  de  Champlais.  L'une  d'elles.  Urbaine,  avait  épousé 
Jean  de  la  Chevrière,  seigneur  de  la  Roche  de  Vaux,  le  21  septembre  15G3; 
l'autre,  Charlotte,  avait  épousé  Jacques  de  la  Fontaine  (Bibl.  nat.,  Cabinet 
des  titres.  Carrés  d'Uozier,  t.  16G,  n"':5;51,  :iii-2). 

(2)  Jehan  de  Champlais  épousa  en  1611,  comme  nous  allons  le  voir, 
Marie  de  Longueil. 


21 


lais  fut   marié  à  damoiselle  Marie   de   Longueil   (1),   fille 
puinée  de  monsieur  du  Rancher  (2),  conseiller   du   lloy   en 

(1)  Jean  de  Champlais,  demeurant  en  la  maison  noble  de  la  Masserie, 
fils  de  François  de  Champlais  et  de  Marie  d'Andigné,  épousa,  par  contrat 
passé  le  9  janvier  1611,.  Marie  de  Longueil,  fille  de  Nicolas  de  Longueil, 
seigneur  du  Rancher,  conseiller  au  Parlement  de  Bretagne,  puis  conseiller 
du  roi  en  son  Grand-Conseil,  et  de  feue  Geneviève  Croquet.  Jean  de  Cham- 
plais était  assisté  de  Michel  du  Bouchet,  seigneur  de  la  Forterie,  procureur 
deFrançois  de  Champlais  et  de  Marie  d'Andigné,  dWntoineAmariton,  avo- 
cat au  parlement,  marié  à  Catherine  de  Champlais,  de  Samuel  d'Andigné, 
seigneurde  la  Gaullerie,de  Louis  de  la  Court,  seigneur  duBoisdu  Coudray, 
cousins  du  futur  époux  ;  Marie  de  Longueil  était  assistée  de  son  père,  de  son 
oncle  Jean  de  Longueil,  seigneur  de  Maisons,  conseiller  du  Roi  et  maitre 
ordinaire  en  sa  chambre  des  Comptes,  de  Michel  Ripault,  conseiller  du 
Roi  en  ses  conseils  d'Etat  et  piivé,  ci-devant  président  aux  enquêtes  de  la 
cour  de  Parlement....  Par  ce  contrat  Jean  de  Champlais  reçut  de  ses 
père  et  mère  les  terres  et  seigneuries  de  la  Loge  et  de  la  Thomasserie 
au  pays  d'Anjou,  plus  diverses  sommes  à  eux  dues,  dont  l'une  s'élevant  à 
5,500  livres,  par  Jacques  de  la  Chevrière,  seigneur  de  la  Roche  de  Vaux. 
(Bib\.  nui.  Cabinet  des  titres.  Carrés  d'Hozici%  t.  166.  Champlais,  n»  344, 
cahier  bleu,  Champlais  n»  4,390). 

Devenue  veuve  en  premières  noces  de  François  de  Champlais,  Marie  de 
Longueil  épouse  en  secondes  noces,  Christophe  du  Bouchet  seigneur  du 
Vau,  et  en  troisièmes  noces  N...  seigneur  de  Longmortier.  (Nobiliaire  de 
France,  par  Saint-Allais,  t.  XIII,  p.  256  ) 

La  maison  de  Longueil,  une  des  plus  illustres  de  Normandie,  avait 
donné  un  compagnon  à  Guillaume  le  Conquérant  à  la  conquête  Je  l'Angle- 
terre, un  capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes,  chambellan  do  Charles 
d'Anjou,  roi  de  Naples  et  de  Sicile,  un  évêque  au  diocèse  du  Mans  au 
XIII"  siècle,  un  chevalier  tué  à  la  bataille  de  Poitiers,  trois  tués  à  Azin- 
court,  un  cardinal  évoque  de  Coulances  premier  président  de  la  chambre 
des  Comptes  de  Paris  au  temps  de  Chailes  VII,  un  évêque  au  diocèse 
d'Auxerre  en  1449,  des  conseillers  d'Etat  présidents  et  conseillers  aux 
Parlements  et  cours  souveraines,  un  évêque  au  diocèse  de  Léon  grand 
aumônier  de  la  reine  Anne  de  Bretagne  et  ambassadeur  du  Roi  dans  les 
Pays-Bas,  des  officiers  aux  armées  du  Roi,  un  capitaine  gouverneur  des 
châteaux  de  Versailles  et  Saint-Gei-main-en-Laye,  etc..  Les  armes  de  la 
maison  de  Longueil  sonl  :  d'azur  à  trois  roses  d'argent,  au  chef  d'or 
chargé  de  trois  ro.'ics  de  gueules.  Nicolas  de  Long'ieil,  seigneur  du 
Rancher,  hrisail  son  écu,  d'une  feuille  de  souci  d'or  en  cœur.  (Dictioti- 
na'ire  de  Moreri,  t.  VI.  p.  379  et  suivantes.  Dictionnaire  de  la  XobU-sse 
•3ar  la  Chesnaye-Desbois,  t.  LK,  p.  95  et  suiv.  édition  MDCCLXXV.) 

(•2)  Le  Rancher  était  une  terre  considérable  située  dans  la  paroisse  de 
Téloché  au  diocèse  du  Mans.  Elle  advint,  au  commencement  du  XV' 
siècle,  en  la  maison  de  Longueil  par  le  mariage  de  Jean  de  Longueil,  pré- 


OQ 


son  grand  conseil.  La  mère  du  dit  Jehan  mourut  trois  mois 
aprais  en  mai,  le  XXVI  may,  à  neuf  heures  du  matin  (1). 
Requiescat  in  pace.  Amen. 
XIV.  —  Le  XVI^  jour  de  juillet  à   mesnuit   mourut  Jehan 
de  la  Chevrière,   escuyer,    seigneur   de  la  Roche  de  Vaux, 
paroi.sse  de  Requeil,  mon  neveu  ('2),    qui    estoit  en   fiencés 

sident  au  Pailement  de  Paris  sous  Charles  VI,  avec  Anne  ou  Jeanne 
Bouju,  Jame  du  Raucher.  Une  des  branches  de  la  maison  de  Longueil 
avait  aussi  possédé  dans  la  province  du  Maine  la  seigneurie  de  Chevillé  en 
la  paioisse  de  ce  noni;,  (\l  la  seigneurie  dos  Clienets,  en  la  paroisse  de 
Boëssay,  par  le  mariage,  le  2  avril  1607,  de  Jacques  de  Longueil  avec 
Su/.anne  le  Barbier,  h('ritière  de  la  terre  des  Chenets  par  sa  mère,  Perrine 
Vaohereau,  fille  de  Robert  Vachereau,  gouverneur  de  Sablé  au  temps  de 
la  Ligue.  (D(c^  du  Maine,  par  le  Paige,  t.  L  p.  108.  —  Nobiliaire  de 
France  par  Saint-Allais.  t.  Xill,  p.  566.  —  Archives  de  Dobeit,  Titres  et 
docmnenls  de  la  maison  de  Bastard,  branches  du   Maine]. 

(1)  Marie  d'Audigné,  mère  de  Jean  de  Champlais,  nioinut  en  mai  1611 
quatre  ans  avant  son  mari  Fiançois  de  Cliamplais.  Ils  eurent  pour  enfants, 
ainsi  que  nous  l'apprennent  les  textes  que  nous  publions  :  Jean,  Charles, 
Matburin,  Françoise,  Aiiastayze,  Marquise. 

(2)  Il  s"agit  ici  d'un  neveu  de  François  de  Champlais  et  de  Marie 
d'Andigné  ;  en  effet  une  des  sœurs  de  François  de  Champlais,  Urbaine  de 
Champlais,  avait  épousé,  ainsi  que  nous  venons  de  le  voir,  le  21  septembre 
156:^,  Jean  do  la  Chevrière,  seigneur  do  la  Roche  do  Vaux,  lesquels  eurent 
un  lils  Jean  de  la  Chevrière,  dont  son  oncle  François  de  Champlais  consi- 
gne ici  l'époque  de  lamort,le  16  juillet  1611,  on  mémetemps  qu'ilindique 
i'époquo  de  la  mort  de  sa  propre  femme  qui  mourut  peu  anpuiavant  le 
s''  de  la  Roche. 

Les  terre  et  seigneurie  de  la  Roche  di^  Vaux,  paroisse  de  Requeil,  au 
diocèse  du  Mans,  étaient  possédées  dès  le  milieu  du  XIV  siècle  \niv  la 
maison  du  Rouchet  ide  la  Roche-Rouchet  et  du  Bouchot  aux  Corneilles), 
d'où  elle  passa  vers  la  lin  du  XV"*  siècle  en  celle  de  la  Choviière,  par  le 
mariage  d'Aliette  du  Bouciiel,  lille  de  GeoUioy  du  Rouchet  et  d'Elisabeth 
de  Thévalle  avec  Jacques  de  la  Chevrière.  (Note  communiquée  pai' M. 
l'abbé  Ledru,  d'après  les  archives  du  château  do  la  Rermondière  à  M.  le 
comte  P.  du  Plessis  d'Argentré.)  —  C'est  à  cette  maison  de  la  Chevrière 
qu'appartenait  Marguerite  de  la  Choviière,  (ille  de  Jean,  soigneur  de  la 
Roche  de  Vaux,  mariée  ,'i  Jean-B.iplisto-Louis  do  Oeaumanoii',  chevalier  de 
l'ordre  du  Roi,  baron  do  Lavardin  et  d'Antoigné,  sénéchal  du  Maine,  qui  con- 
duisait l'arrièie-ban  en  1635,  et  était  fils  de  Jean  de  Beaumanoir,  marquis 
de  Lavardin,  maréchal  de  France,  et  de  Catherine  de  Carmain,  com- 
tesse de  Negrepelisse.  (Ilist.  des  rjrands-offtciers  de  la  Couronne  par 
le  Père  Anselme,  t.  VII,  p.  386). 

La  terre  de  la   Roche    de   Vaux,   ayant    été  adjugée   à   François   de   la 


-   23  — 

avec  la  fille  de  M.  (mot  effacé)  seigneur  de  la  Faigne  près  le 
dit  lieu  de  la  Roche  (4)  ;  il  avait  esté  douze  jours  auparavant 
au  service  de  ma  feme.  Le  seigneur  d'Abatens(2),  qui  avoit 
esté  à  l'enterrement  de  ma  femme,  mourut  peu  auparavant 
le  s'"  de  la  Roche. 

Le  S""  de  la  Troussière  mourut  au  mesme  temps  mercredy 
4  Temps  (3). 

XV.  —  [Augustini  Ep.]  Ce  maismejour  mourut  Marie 
d'Andigné  dame  de  ciens  (lisez  céans).  Estoit  (4)  jeudi  à 
IX  heures  du  matin  1611. 

XVI.  —  Ce  46  avril  46'2'2  mourut  Anaslayze  de  Champekiis, 


Rivière,  conseiller  au  pailemenl  Je  Metz  au  XV1[«  siècle,  adviut  en  la 
maison  de  Mailly,  où  elle  est  demeurée  depuis  lois,  parle  mariage  en  170i, 
de  Louise-Madeleine-Josèphe  de  la  Rivière  avec   Joseph   de   Mailly. 

(1)  Les  seigneurs  de  la  l'aigne  formaient  une  branche  de  l'illustre 
maison  de  Montmorency.  René  de  Laval,  premier  du  nom,  seigneur  de 
la  Faigne  qui  a  donné  à  la  lin  du  XV^  siècle  ori,-;ine  aux  seigneurs  de  ce 
nom,  était  le  quatrième  fils  de  Guy  de  Laval,  chambellan  de  Charles  Yll^ 
grand-maitre  des  eaux-el-forèts  et  sénéchal  d'Anjou  au  temps  de  René, 
roi  de  Sicile,  duc  d'Anjou,  et  de  Charlotte  de  Sainte-Maure,  dame  de  la 
Faigne.  i Histoire  goncafogique  et  chronologique...  des  grands-ofliciers de 
la  couronne,  par  le  Père  Anselme,  t   111,  p.  6o(J  et  W3,  éd.   MDCGXXVIl). 

("2)  Hélie  d'.\batant,  écuyer  ,  seigneur  dAbatant,  la  Roche-Tabary , 
Anvers  et  autres  lieux,  lils  de  Georges  d'Abalant  l'un  des  cent  gentilshom- 
mes de  la  maison  du  Roi,  et  de  Françoibe  de  Paynel,  avait  épousé  Fran- 
çoise du  Bouchet,  dame  de  la  Roche-Tabary,  laquelle  Françoise  du 
Boucbet,  veuve  en  premières  noces  de  Louis  de  Coisnon,  seigneur  de  la 
Roche-Coisnon,  avait  épousé  en  secondes  noces  messire  Olivier  de  la 
Vove,  seigneur  de  Vaux,  chevalier  de  l'ordre  du  Roi.  L<»  seigneurs  de  la 
Roclie-Coisnon  au,  Maine,  par  M.  l'abbé  Ledru.  Revue  historique  et 
arch.  du  Maine,  t.  Vlll  et  IX.  —  HisI .  généalogique  des  Courlin,  par  le 
vicomte  de  Poli,  p.  111,  1«87. 

C?)  Ces  mots  :  u  Mercredy  4  temps  »,  se  trouvent  inscrits  dans  le  livre 
d'heures  en  côté,  dans  la  marge  du  mois  de  mai,  en  face  du  2'y-  jour  dont 
la  ligne  pi'écède  immédiatement  celle  où  le  calendrier  porte  la  fête 
d'Augustin  évêque,  .Augustini  ép.  Au-dessousiles  mots:  Mercredg  4  temps, 
se  trou\e  l'indication  du  moment  de  la  mort  de  Marie  d'Andigné.  qui 
trépassa  donc  le  26'  jour  de  mai  IGll,  le  jour  de  la  fête  de  Saint- 
-Augustin. 

(4)  Avant  le  mot  eslod,  il  y  aurait  lieu  vraisemblablement  d'ajouter  les 
mots:  la  sépulture... 


'24 


sœur  de  Jean  de  Champlais,  et  fille  de  Francoys,  espouse  de 
Girard  s""  de  la  Jonchère,  paroisse  de  Lucé-sous-Ballon  ;  le  dit 
Girard  s'appelle  Vanerye,  oncle  curateur  des  enfans  de  la 
Masserie,  sortis  de  Jean  de  Champelays  (1). 
Requiescat  in  pace, 

XVII.  —  Frère  Charles  de  Champelays,  sorty  cadet  de  la 
Masserie,  filz  du  dict  Francoys  de  Champelays  et  Marie 
d'Audigné  fut  mins  (lisez  :  mis)  en  religion  dans  le  monas- 
tère de  Saint-Calès  (2)  l'an  de  salut  1597,  et  chanta  sa  pre- 
mière mese  le  20  juillet  1608,  mourut  le  31"  marsKiil. 

Requiescat  in  pace. 
Dieu  face  florir  cy  bas  le  riche  champ  de  Palas  (anagramme 
de  Charles  de  Champlais). 

XVIII.  —  Mathurin  de  Champelay.'?. ,  puisné  de  la 
Masserie ,  filz  du  dict  Francoys  (3)  fut  donné  par  le 
maréchal  de  Bouas-dauphin  (4)  au  Rangrave  (5)  Listanbert 

(1)  Cette  indication  établit  qiio  Jean  de  Cliamplais,  frère  d'Anastayze,  et 
Marie  de  Longueil  sa  femme  eurent  plusieurs  enfants,  bien  que  dans 
notre  étude  nous  n'ayons  rencontré  qu'un  seul  enfant  né  de  leur  union, 
François  de  Champlais  seigneur  de  la  Masserie,  marié  à  Mario  de 
Rastard. 

(2)  Ce  monastère,  le  plus  ancien  du  Maine,  avait  été  fondé  dès  Tan  532, 
par  un  cénobite  nommé  Karileplms  ou  Calesius,  qui  le  construisit  aidé  des 
libéralités  de  Childebert  I^^"",  sur  la  rivière  l'Anille.  Occupé  par  les  Béné- 
dictins de  la  congrégation  de  Saint-Maur  il  subsista  jusqu'à  la  suppression 
lévolutionnaire  des  ordres  monastiques  à  la  fin  du  siècle  derniei".  Pendant 
la  première  moitié  du  XYII-^  alors  que  Charles  de  Champlais  était  moine  de 
Saint-Calais,  les  abbés  commandataires  de  ce  monastère  furent  Gilles  de 
Souvré,  fils  du  maréchal  de  France,  et  Charles  de  Souvré  neveu  de  son 
prédécesseur.  —  M.  l'abbé  Froger  vient  de  publier  le  cartulaire  de  l'abbaye 
de  Saint-Calais,  en  accompagnant  cette  publication  d'une  savante  in- 
troduction  sur   les    commencements   de   l'histoiic  de  cette   abbaye. 

(3)  Mathurin  était  fils  de  François  de  Champlais  et  de  Marie    d'Andigné. 

(4)  Urbain  do  Laval  Roisdaupbin,  marquis  de  Sablé,  fils  de  René  de  Laval 
et  de  Jeanne  de  Lenoncourt,  maréchal  de  France,  chevalier  du  Saint- 
Esprit,  gouverneur  du  Maine  et  de  l'Anjou  au  temps  de  la  Ligue,  joua 
un  rôle  important  dans  les  guerres  de  l'époque  dont  le  Maine  et  l'Anjou 
fuient  le  théàtie.  .Apres  avoir  tenu  contre  Henri  IV  qui  lui  avait  dit  le 
soir  de  la  journée  d'ivry  où  il  était  tombé  prisonnier  du  Roi  :  «  Vous  êtes 
le  seul  Monlinorencu  qui   cumhnHc  contre  inui,  »    Boisdauphin  changea 


t>5 


aleman,  où  il  fut  tué  au  servisse  de  l'Empereur,  aagé  de 
24  ans    l'an    1607. 

Requiescat  in  pace. 
XIX.  —  Francoyse  de  Ghampelays,  feille  enée  du  dict 
Francoys  de  Ghampelays  et  Marie  d'Andigné,  se  rendit  à 
l'âge  de  onze  ans,  outre  le  consentement  de  père  et  de  mère, 
religieuse  dans  l'abbaye  de  Fontevrault  (1)  par  le  conseil  de 
père  Ange,  capuchin,  sieur  de  Joyeuse  (2),  qui  en   vingt  lui- 

de  parti,  fit  sa  soumission  en  1595,  en  amenant  à  Totéissance  du  roi. 
Sablé,  Château-gontier  et  autres  places.  Nous  rappellerons  à  cette  occa- 
sion les  Documents  sxir  le  Maine  (1593-1595).  La  capitulation  de  Laval 
{Ibdi).  La  reconnaissance  d'Henri  IV par  Bo/srfanjj/* in  (1595),  que  pu- 
blia en  1882  M.  Arthur  Bertrand  dans  la  Revue  historique  et  archéolo- 
qique  du  Maine,  t.  XI,  p.  181  et  suivantes,  en  les  faisant  précéder  d'une 
intéressante  introduction. 

Par  une  lettre  du  3  novembie  1.599,  Henri  lY  avait  chargé  Boisdauphin 
d'une  première  mission  en  Allemagne.  Onze  ans  plus  tard  il  lui  en  confia 
une  seconde,  au  moment  où  souvrait  la  succession  des  duchés  de  Clèves 
et  de  Juliers  ;  quelques  jours  après,  le  roi  de  France  et  de  Navarre  tom- 
bait sous  le  poignard  de  Ravaillac.  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  létude  qu'a 
consacrée  dans  la  Reçue  du  Maine  (t.  H.  III,  IV)  à  la  vie  du  maréchal  de 
Boisdauphin  marquis  de  Sablé,  M.  l'abbé  Ambroise  Ledru,  l'auteur  de 
nombreux  travaux  si  recommandables  par  l'intérêt  qu'ils  présentent, 
et  l'érudition  dont  ils  témoignent. 

(b  de  la  page  précédente.)  Le  Ulre  de  Rhingrave  est  le  titre  que  por- 
taient depuis  le  VIII"  siècle  certaines  familles  dont  les  domaines  s'éten- 
daient au  bord  du  Rhin.  Les  Rbingraves  assistaient  aux  séances  de  l'Em- 
pire, et  portaient  le  titre  de  maréchaux  héréditaires  du  Palatinat.  Un  autre 
gentilhomme  du  Maine,  un  des  nôtres  par  son  mariage  avec  Madeleine  de 
Bastard,  sœur  de  Marie  de  Bastard  mariée  à  irançois  de  Champlais,  Urbain 
de  Hardouin,  seigneur  de  la  Girouardière,  servait  à  la  même  époque  dans 
les  armées  de  l'empereur,  ainsi  que  son  frère  aine,  Pierre-Charles  de 
Hardouin  mort  sans  alliance.  Les  archives  de  Dobeit  possèdent  le  manuscrit 
de  ses  campagnes  tant  en  Hongrie  qu'en  Bohême,  jusqu'au  12  mars  1611. 

(1)  La  célèbre  abbaye  de  Fontevrault,  près  Sauinur,  avait  été  fondée  en 
1099  par  Robert  d'Arbrissel  sous  la  règle  de  SainlrBenoit.  Bientôt  à 
l'ordre  de  femmes  vint  s'adjoindre  un  ordre  d'hommes.  Mais  ce  fut 
toujours  une  femme  qui  demeura  la  supérieure  générale.  Les  religieuses 
portaient  comme  costume  la  robe  blanche,  le  rochet  de  batiste  plissé^ 
la  guimpe,  les  bas  et  les  souliers  blancs,  la  ceinture  et  le  voile  noirs. 
Depuis  180't   l'antique  abbaye  a  été  transformée  en  maison  de  détention. 

(2)  Henii  de  .loyeuse,  dit  comte  du  Bouchage,  puis  duc  de  Joyeuse,  lils 
de  Guillaume,  vicomte  de  Joveuse     maréchal  de  France,  et  de  xMarie  de 


—  26  — 

mesme   consoler  le   dit  sieur  de   la  Masserie  le  23  aoust 

1610  (1). 

XX.  —  F.  de  Champelays  escuyer  sieur  de  la  Masserie, 

époux   de   Marie   d'Andigné,   a   suivy  ses  prédécesseurs  en 

valeur  et  prudence,  craint  et  aimé  de  ses  sujets,   mourut   le 

II"  jour   du    moys   d'octobre    1616,    aagé  de  [mot  effacé!  et 

douze  (2). 

Requiescat  in  pace. 

X\l.  —  Le  ciel  loge  tousjours  où  loge  la  prudence  ; 
Le  ciel  verse  toujours  sa  plus  belle  influence 

Balaiiiay,  (ille  de  René  de  Bataiiiay  comte  du  Boucliage,  avait  été  durant 
la  Ligue  lieutenant-général  d"\njou,  Touraine,  Maine  et  Perctie.  Devenu 
veuf  en  1587  par  la  mort  de  Catherine  de  Nogaret  de  la  Valettf ,  sipur  du 
duc  d'Epernon,  il  entra  dans  Tordre  des  Capucins,  et  fit  profession  sous  le 
nom  de  Père  Ange.  Peu  d'années  après  il  en  sortit  poui'  se  mettre  à  la 
tête  de  la  Ligue  en  Languedoc.  Liguerr  opiniâtre,  il  l'ut  des  derniers  à 
faire  son  acxommodement  avec  Ilenii  IV  qui  le  créa  mar.ohal  de  France. 
Joyeuse  rentra  de  nouveaii  dans  l'ordre  des  Capucins,  et  y  demeura 
jusqu'à  sa  moiL,  laissant  dans  ses  dernières  années  la  réputation  d'une 
grande  veitu.  La  date  de  1610  indiquée  ci-dessus  contredit  les  auteurs  qui 
donnent  comme  époque  de  sa  mort  l'année  1G08. 

(Il  Nous  ne  pouvons  nous  empéclier  de  remarquer  ce  que  renferme 
d'affecteux  et  de  touchant  ce  souvenir  laissé  dans  ce  livre  de  l'amilie. 
C'était  un  tro|)  gros  sacrifice  pour  le  seigneur  et  la  dame  de  la  Masseiie 
que  de  voir  les  grilles  du  cloitre  s'élever  entre  eu.x  et  leur  fille,  à  laquelle 
ils  n'avaient  pu  se  résoudre  à  donner  leur  consentement,  et  qui  avait  passé 
outre.  Mais  l'ancien  gouverneur  du  Maine,  actuellement  capucin,  le  Père 
Ange,  Henri  de  Joyeuse,  vient  lui-même  apporter  aux  parents  de  pieuses 
consolations  en  leur  disant  sans  doute  que,  comme  la  Madeleine  de  l'Evan- 
gile, la  novice  de  Fontevrault  avait  choisi  la  meilleure  part. 

{i)  Kiançois  de  Chaniplais  étant  né,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  précé- 
demment, en  15i5,  l'indication  de  sa  mort  au  mois  d'octobre  lOtG  nous 
permet  de  rétablir  le  mot  effacé  dans  le  texte  de  notre  livre  de  raison, 
l'rancois  de  Champlais  mourut  donc  i'kii'  iIc  soi.ianle  et  douze  ans.  Marie 
d'.Xndigiié,  sa  l'cinnie,  ('tait  morte,  connue  nous  l'avons  déjà  remarqué, 
cinq  ans  avant  lui,  en  IGII.  Contrairement  à  la  maxime  du  classicjue 
Lhomond  :  On  liait  ci-.u.r  ipic  inn  craint,  ici  nous  voyons  François  de 
Champlais  craint  et  aimé  de  ses  sujets.  C'est  qu'ici  le  mot  craint  évalue 
l'idée  de  respect  ;  de  même  que  le  mol  prudence  est  ici  synonyme  de 
la  droite  raison  appliquée  à  la  conduite.  Ce  qui  faisait  dire  à  Vauvonaigues: 
«  Il  ij  a  peu  de  vertus  sans  prudeme  i. 


—  27  — 

Sur  les  hommes  prudents  ;  et  les  Parques  encor. 
Qui  filent  leurs  destins,  ne  les  filent  qu'en  or  (1). 

XXII.  —  Nicolas  de  Champlais  sortant  des  estudes  ce 
Î2«  jour  d'avril,  l'an  fut  donné  IGo'i. 

XXIII.  —  Jehan  de  Champelays,  mari  de  Marie  de 
Longue  il,  filz  ené  du  dict  François  de  Champelais,  mourut 
peu  de  temps  avant  son  père  étant  capitaine  de  cent  hom- 
mes sous  le  sieur  de  Semur,  quy  est  le  'iG*-'  jour  d'apvril 
I(rl6. 

Requiescat  in  pace. 

XXIV.  —  N.  de  Champlais  sortit  de  Saint-Calais  le  mardy 
de  Pasques,  l'an  fut  donné  1629. 

XXV.  —  Marquize  de  Champelays,  cadette  de  la  Masserie, 
feille  du  dit  F.  de  Champelays  (2)  fut  minse  en  bas  aage,  la 
mesme  anée  que  son  frère  Charles  fut  mins  religieux  à 
S.  Cales  (3),  religieuse  à  Saint-Sulpice  en  Bretagne  (4),  à 
condition  qu'elle  auroit  la  survivance  d'une  tante  qu'elle 
avoit  à  la  Fontaine  S...  (5),  se  ([ui  arriva  l'année  même  de  sa 
profession.  Elle  mourut  l'an..  . 

(1)  La  place  qii'cn'ciipent  ces  quatre  vers  dans  notre  livre  de  raison  immé- 
diatement après  l'indication  de  la  rnoi  t  de  François  de  Champlais,  jointe 
aux  idées  qui  y  sont  exprimées,  comparées  à  celles  énoncées  pour  nous 
faire  connaitre  les  vertus  du  seigneur  de  la  Masserie,  nous  permettent  de 
considérer  ces  quati'e  veis  comme  son  épitaphe. 

(2)  Marquise  do  Cliamplais  était  fille  de  François  de  Champlais  et  de 
Marie  d'Andigné. 

(3)  Nous  avons  vu  que  Charles  de  Champlais  était  entré  au  monastère 
de  Saint-Calais  en  «  Tan  de  salut  1597  ». 

(4)  L'abbaye  de  Saint-Sulpice  était  située  à  trois  lieues  de  Rennes. 

En  même  temps  que  Robert  d'Arbrissel  fondait  à  la  fin  du  XI»  siècle  le 
monastère  de  Fontevrault,  Raoul  de  la  Futaye  fondait  celui  de  Saint- 
Sulpice  sous  la  lègle  de  Saint-Benoit.  Comme  à  Fontevrault,  il  y  avait 
deux  couvents,  l'un  d'hommes,  l'autre  de  femmes;  l'un  et  l'autre,  sous  lu 
direction  de  la  supérieure  du  monastère  des  femmes. 

C5)  Une  déchirure  dans  le  parchemin  de  notre  livie  d'heures  a  fait  dis- 
paraître  le    mot   qui    suit  ceux-ci  :   la   Fontaine  Saint- Mais    nous 

pouvons  y  suppléer.  R  s'agit  de  la  Funtaine-Saint-Marlin  au   diocèse   du 


—  28  - 

XXVI.  —  Le  17  Juillet  1(530  François  de  Champlais, 
escuyer,  sieur  de  la  Masserie,  fils  de  Jean  de  Champlais, 
escuyer,  sieur  de  la  Masserie,  et  de  damoiselle  Marie  de 
Longueil,  passe  son  contrat  de  mariage  avec  damoiselle  Marie 
de  Bastard  (1),  fille  de  Guillaume  de  Bastard,  écuyer,    sieur 

Mans.  En  effet  nous  lisons  dans  le  Dict.  lopngraphiqiie  de  la  Sarlhe,  par 
Pesche,  (t.  II,  p.  445)  qu'an  XII"*  siècle  Foulques  V  dWujou  fonda  le 
prieuré  de  Saint-Martin  auprès  de  la  fontaine  de  ce  no)n,  et  ij  plaça  des 
rcVuiieuses  de  l'ordre  de  Saint-Benoit,  qu'il  fit  venir  de  Vahbaije  de 
Saiiit-Sulpice  de  Bretarjne.  Ces  deux  abbayes  obéissaient  à  la  même  règle, 
l'une  dépendait  de  l'autre  :  d'où  il  est  naturel  qu'une  religieuse  de  Saint- 
Sulpice  fut  appelée  à  la  survivance  d'une  autre  religieuse  à  la  Fontaine- 
Saint-Martin. 

(I)  En  ce  contrat  de  mariage  passé  devant  Jacques  Robelot,  notaire  au 
Mans,  François  de  Champlais,  ayant  perdu  son  père  et  sa  mère,  fut  assisté 
par  niessire  Charles  de  Samson,  chevalier,  seigneur  d'Amené.  Marie  de 
Bastard,  née  au  château  de  Coudreuse,  paroisse  de Chantenay,  le2décem- 
bre  160'J  { Beqislres  des  actes  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  cette 
paroisse)  fut  assistée,  indépendamment  de  ses  père  et  mère,  d'Urbain  de 
Bastard,  seigneur  du  Hautbaigneux,  son  frère  aine,  et  Marie  Le  Pelletier, 
sa  femme,  en  j)résence  de  noble  et  discret  Jacques  du  Cliastel,  prêtre, 
piieur  d'Avessé  et  doyen  de  Brùlon  ,  de  noble  Pierre  de  Bastard,  curé 
d'.\siiières,  lie  Florent  de  Bastard,  seigneur  de  la  Rouillonnicre,  sesoncles, 
d'Uibain  de  Hardouin,  seigneur  de  la  Girouardière,  son  beau-frère,  capi- 
taine de  cent  cinquante  cavaliers  cuirassiers  dans  les  armées  de  l'Empereur 
en  Hongrie,  lieutenant  pour  le  Roi  au  gouvernement  de  Chàteau-Gonf  ier,  de 
noble  Louis  de  Bastard,  prètie,  leligieux  de  l'abbaye  de  Château-rilermi- 
tage,  son  frère.  (Bibl.  nat.  Pièces  originales,  vol.  (Wt,  n"  15,ô'i5,  Chani- 
plais,  pièce  33). 

Le  mariage  fut  célébré  le  31  juillet  H^'X  en  l'église  de  saint  Jean-Baptiste 
de  Chantenay,  par  maître  Rousson,  curé  de  cette  \^aroisse.  (Begis Ires  de 
Chantenag,  et  registres  dWsnières  où  mention  est  faite  de  la  célébration 
de  ce  mariage). 

Les  armes  de  François  de  Champlais  et  de  Marie  de  Bastard  nous  sont 
données  par  notre  li\re  d'heure!,  dans  la  miniature  que  nous  avons  repro- 
duite en  tète  de  cette  étude.  Ce  sont  du  reste  les  seules  qui  s'y  ici  contrei.'t 
enlimainécs.  Toutefois  nous  croyons  devoir  accompagner  la  reproduction 
de  leuis  deux    blasons   de   quehpu's  réllexions    et  corrections. 

Lécu  de  Champlais,  comme  l'atteste  cette  miniature,  doit  être  blasonné: 
d'argent  à  trois  fasccs  de  gueules  surmontées  de  trois  aigles  éplogées 
de  sable  ,  tel  qu'il  est  indiqiu'-  an  tome  II  des  Maisons  du  Boijau- 
tne,  Fonds  français,  nuuiéio  IH,G5G.  (Bibl  nat.)  Ce  sont  ces  mêmes  armes 
qu'indique  Vertot  daiis  V Histoire  des  chevaliers  de  Saint  -  Jean-  de- 
Jérusalem,  t.  VII,  p.  3i'2  où  l'on  lit  :  «  Gabriel  de  Ciiamplais  de    la    Bour- 


—  '29  — 

dillière  eu  1581  :  d'argent  à  trois  faces  de  gueules,  surmontées  en  chef 
de  trois  aigles  à  deux  têtes  de  sable,  diocèse  de  Poitiers  »;  de  même  la 
Chesnaye-Desbois  en  son  Dict.  de  la  noblesse,  t.  IV,  p.  208,  édition 
MDCCLXXII.  ;  de  même  aussi  le  Paige  dans  le  Dict.  topog.  du  Maine, 
t.  I,  p.  lil.  On  peut  voir  encore  aujourd'hui  ces  mêmes  armes  sur  une 
pierre  tombale  de  grande  dimension,  qu'a  bien  voulu  nous  signaler 
M.  l'abbé  Ledru,  et  qui,  provenant  de  l't'glise  de  Courcelles,  est  actuelle- 
ment déposée  en  dehors  de  la  dite  église,  et  se  trouve  dans  un  état  regret- 
table, voisin  de  l'abandon.  Un  seigneur  de  Cbamplais  de  Courcelles  y  est 
représenté  étendu  à  côté  de  sa  femme;  et  à  leurs  pieds  est  sculpté  l'écusson 
de  la  maison  de  Champlais  accompagné  des  trois  aigles  éplotjées.  Ce  sont 
encore  ces  mêmes  armes  que  nous  rencontrons  indiquées  en  nos  archives 
dans  un  tableau  généalogique  des  quartiers  de  noblesse  de  Camille  de 
Champlais,  seigneur  de  Courcelles,  établis  pour  sa  réception  en  1056  dans 
l'ordre  de  Malte.  (Arch.  de  Dobert  :  Titres  et  documents  de  la  maison  de 
Bastard.  Séries  reliées:  Branches  du  Maine,  tome  VII,  1030-1(359).  Et  à  cette 
occasion  nous  remarquerons  que  M.  le  marquis  de  Sécillon,  en  publiant 
dans  la  Revue  hist.  de  l'Ouest,  les  titres  de  ce  même  Camille  de  Champlais 
pour  être  reçu  chevalier  de  Malte,  libelle  ainsi  ses  armes,  sans  mention- 
ner les  aigles  :  d'argent  à  trois  fasces  de  gueules.  11  se  rencontre  en  cela 
d'accord  avec  le  libellé  des  armes  de  Françoise  de  Champlais,  fille  de 
François  de  Champlais  et  de  Marie  Dieuxivois,  dont  nous  aurons  occa- 
sion de  parler  ci-apiès,  telles  que  les  indique  d'IIozier  en  un  document 
conservé  en  nos  archives,  et  dressé  le  31  août  1686,  pour  étabhr  les  preuves 
de  la  noblesse  de  Françoise  deChamplais  pour  étrereçueà  Saint-Cyr.  M. de 
Sécillon  se  trouve  aussi  d'accord  avec  le  texte  de  notre  livre  de  raison  que 
nous  avons  publié  page  25  où,  comme  nous  l'avons  vu,  l'écu  des  Champlais 
est  ainsi  libellé  :  f/'0(s  iiarrtis  c/e  gueules  en  champ  d'argent,  sans  faire 
mention  des  aigles,  dont  de  même  ne  parle  pas  Palliot  en  sa  Vraye  et 
parfaite  sciencedes  armoiries  p.  32S,  éd.  MY)CL\l\ ,  où  on  lit  :  Champelais 
en  Anjou  et  Touraine  qui  se  disent  descendus  de  Florus,  rog  de  Hongrie, 
porte  fascé  d'argent  et  de  gueules  de  huit  pièces. 

Nous  n'avons  pas  pu  jusqu'ici  établir  à  quelle  époque  les  trois  aigles 
furent  introduites  dans  l'écu  des  Champlais,  ni  déterminer  si  c'était  là  le 
signe  distinctif  d'une  des  branches  de  cette  famille,  autre  que  la  branche 
établie  en  Poitou,  qui  subsistait  en  1667  et  qui  portait  :  de  gueides  à  trois 
faces  d'argent,  à  la  bordure  de  gueule  semée  de  besans  d'argent.  (Bibl. 
nat.  Fonds  français,  n"  18,656.  Maiso}is  du  royaume,  t.  II,  p.  411). 
Nous  ignorons  aussi  sur  quelle  tradition,  autre  que  la  similitude  d'armoi- 
ries, ou  sur  quel  texte  peut  s'appuyer  l'origine  citée  par  Palliot,  que  nous 
trouvons  indiquée  par  le  Père  de  "S'arennes,  ainsi  que  dans  le  César  ar- 
moriai, m-l6.  (Bibl.  nat.  Pièces  originales,  vol.  664;  Dossier  Cham- 
plais :  15,545). 

La  maison  de  Bastard  porte  pour  armes  :  d'or,  à  l'aigle  d'empire  ;  mi- 
parti  :  d'azur,  à  la  fleur  de  lys  d'or.  C'est  par  erreur  et  contrairement 
aux  monuments  héraldiques   les    plus   anciens  et  les  plus  probants  que 


—  30  — 

de  la  Parachère  (1)  (  sic  j ,  et  de  damoiselle  Marie  de 
Ségrais  ('2).  Le  dit  Francoys  de  Champlais,  escuyer,  sieur 
de  la  Masserie,  était  père  de  Marie  de  Champlais  (3)  qui 
épousa  maistre  Jean   Rousseau   de  Paradis,    bourgeois  au 

dans  la  iniiiintiue  de  notre  livre  d'Heures,  l'écu  de  Marie  de  Bastard  porte 
la.  fleur  de  lijs  ù  dextre  L't  l'a'ujle  à  scneslre  ei  ({we\es  pièces  sont  ainsi 
interverties.  Si  l'on  rencontre  ici  K'  lanibel,  c'est  qne  Marie  de  Bastard 
appartenait  aux  branches  du  Maine  qui  distinguaient  ainsi  leur  écu  des 
autres  branches  de  leur  famille,  tMablies  en  d'autres  provinces,  la  branche 
ainée  portant  les  armes  pleines.  ïoutotbis,  la  précisior  deiiianderaitque  le 
lambel  brisant  les  armes  de  Marie  de  Bastard  (de  la  branche  de  la  Paragère) 
h\\,  ii  trois pendaiilH  de  (jiunde><^  \.i\uA\?,  que  le  lambel  à  trois  pendants 
d'argent  était  la  brisure  de  la  branche  des  seigneurs  de  Dobert,  marquis 
de  Fontenay.  Les  manuscrits  de  Glievillard,  historiographe  et  généalogiste 
du  Roi,  ainsi  que  diverses  généalogies  de  la  maison  de  Champlais,  notam- 
ment celles  établies  pour  les  pi  ouves  île  Saint-Cyr,  en  1724,  et  du  chapitre 
de  Tournay,  en  IZVô,  indiquent  avec  exactitude,  i\  trois  pendants  de  gueu- 
les le  lambel  qui  brise  lécii  de  Marie  de  Bastard,  femme  de  François  de 
Champlais. 

(,1)  Guillaume  de  Bastard,  seigneur  de  laParagère(et  non  Parachère),  de 
Coudreuse,  de  Chantenay,  de  la  Boche  Saint-Brault,  du  tiers  de  la  chàtel- 
lenie  de  Champagne-IIommet,  au  Maine,  homme  d'armes  de  la  compagnie 
de  Jean  de  Thévalle,  comte  de  Bouille  et  de  Créance,  ensuite  de  Jean  de 
Beaumanoir-Lavardin,  était  re-té  fidèle  à  la  bannière  catholique  pendant 
les  guerres  de  la  Ligue.  Il  tomba  prisonnier  de  guerre  du  parti  protestant 
dans  la  lutte  qu'il  soutint  contre  le  régi.nent  du  sire  de  Saint-Denis- 
Maillot,  qui  pilla  le  château  de  Coudreuse.  (Lettre  de  rémission  du  23 
mars  1590.  Arch.  de  Dobert.  Titres  et  documents...  de  la  tnaison  de 
Bastard  ;  Séries  non  reliées  ;  série  de  Bastard  :  liasse  9,  pièce  30). 

La  Paraj/fTe  était  un  fief  en  Chantenay  apporté  en  1478  en  la  maison 
de  Bastard  par  le  mariage  d'Alexise  Gauquclin,  dame  de  Dobert,  de  la 
Paragère,  et  autres  lieux,  avec  Macé  de  Bastard,  seigneur  de  la  Frille  et  de 
Nolian  en  Berri,  bisaïeul  de  Guillaume.  (Titres  et  documents....  de  la 
maison  de  Bastard....  passim.) 

(2)  Marie  de  Ségrais,  dame  du  llautl)aigneux  et  du  Houx,  en  la  paroisse 
de  Sainl-^Iars  (rOutilb!',  au  diocèse  du  Mans,  était  (ille  de  Louis  de  Ségrais 
seigneur  du  Houx  et  de  Catherine  de  Montécler,  dame  du  llautbaigneux. 
Titres  et  dociDuents..  de  la  maison  de  Uastard  :  séries  uon  reliées  ;  .série 
de  Bastard  :  liasse  G,  pièce  2.  La  maison  de  Ségrais  porte  pour  armes  : 
d'azur  à  une  croix  d'or,  cantonnée  de  trèfles  d'argent.  (Bibl.  nat. 
Cabinet  des  titres  n"  14.  Province  d'Anjou,  p.  178). 

Ci)  Marie  de  Champlais  était  née  du  second  mariage  de  François  de 
Cliamplais  avec  Marie  de  Justinien.  En  eflVt  l'inventaiic  sommaire  des 
archives  de  la  Sarllic,  Ml  r.  de  la  Flèche,  jiaioisse   de  Pontvallain,    p.    4it, 


—  'M   — 

Mans  (1);  père  et  mère  de  Francoyse  Rousseau  de  Paradis, 
qui  épousa  le  s'"  Jacques  Cliappelain  ,  receveur  -  général 
du    marquisat    de    Lavardin  ('2). 

XXVII.  —  Par  contract  de  mariage,  Francoys  de  Champe- 
lays  escuyer,  sieur  de  la  Masserie,  fils  de  Francoys  de 
Champelays  et  de  damoiselle  Marie  de  Bastard  (3),  épouse 
damoiselle    Marie-Anne   de   Dieuxivois,   fille  de  feu  Pierre 

nous  montre  que  l'iançois  de  Champlais,  étant  devenu  veuf  de  Marie  de 
Bastard,  épousa  le  23  août  1G57,  dans  la  chapelle  seigneuriale  des  Touches, 
paroisse  de  Ponlvallain,  nohie  Marie  de  Justinien,  fille  de  feu  Sci|iioM  de 
Justinien,  et  de  dame  Madeleine  de  Chalopin. 

Marie  de  Justinien,  devenue  veuve  de  François  de  Champlais,  mourut  le 
21  juillet  1692,  et  son  corps  fut  inhumé  dans  l'église  de  Fay,  par  le  curé  de 
Pruillé-Ie-Chétif.  (Arch.  de  la  paroisse  de  Fay). 

Dans  l'acte  de  baptême  de  Jacques  de  Champlais  (aux  arch.  de  la  parr. 
de  Fay)  le  23  janvier  1609,  Marie  de  Chainjjlais,  marraine,  est  dite  fille  du 
seùjneur  de  la  Masserie  ei  de  Marie  c/t;  Ji(-s/(Ai(t;rt.  Les  registres  de  la 
paroisse  de  Saint-Benoit  du  Mans,  n"  1412^  nous  font  connaître  à  la  date 
du  5  mai  1742,  la  mort  de  Marie  de  Champlais  veuve  de  Jean  Rousseau  de 
Paradis. 

(1)  Un  membre  de  cette  famille  était  conseiller  au  siège  de  l'élection  de 
la  Flèche,  au  commencement  du  XVIll*  siècle  ;  sa  fille  avait  épousé  en 
premières  noces  Louis  Le  Febvre  du  Ressort,  conseiller  au  siège 
présidial  du  Mans,  et  en  secondes  noces  Jacques  Legoué  de  Riche- 
mont.  Nous  empruntons  de  nouveau  ces  renseignements  aux  Mémoires 
du  chanoine  Nepveu  de  la  Manouillière  (t.  I.  p.  291),  et  aux  annota- 
tions de  M.  l'abbé  Esnault.  Les  registres  de  mariages  de  la  paroisse  de  la 
Flèche  nous  font  connaitie  à  la  date  du  25  juin  1709,  le  mariage  de  Jean 
Rousseau,  sieur  de  Paradis,  âgé  de  24  ans,  fils  de  défunt  Charles  Rousseau, 
sieur  de  Paradis,  et  do  demoiselle  Le  Gaigneur  avec  Renée  Jacquine 
Grosse,  âgée  de  25  ans,  tille  de  René   Grosse  et  de  Françoise  Corvaisier. 

(2)  La  seigiieurio  de  Lavardin  ,  au  diocèse  du  Mans ,  jadis  du 
doyenné  de  Sillé-lc-Guillaume,  fut  érigée  en  marquisat  par  lettres 
patentes  du  4  juillet  1601,  au  profit  de  Jean  de  Beaumanoir , 
maréchal  de  France.  (  Voir  dans  la  Bévue  hist.  et  archcol.  du 
Maine,  t.  VI,  p.  198  et  suiv.,  les  judicieuses  notes  critiques  sur  les 
trois  Lavardin  de  l'ancien  diocèse  du  Mans,  par  M.  Alexandre  de 
Salies;. 

(3)  François  de  Champlais  n'était  pas  le  seul  fils  du  seigneur  de  la 
Masserie  et  de  Marie  de  Bastard.  Les  registres  de  la  paroisse  de  Fay 
nous  font  connaître  leurtîls  cadet,  Charles,  écuyer,  seigneur  du  Plessis, 
marié  le  24  juillet  1673,  à  damoiselle  Jacquette  de  Fruge,  fille  de  Louis 
de  Fruge,  sieur  de  la  Massonniere  et  de  damoiselle   Jacquette  Lenoir, 


—  32  — 

Dieuxivois,  de  la  ville  du  Mans,  et  de  damoiselle  Graffard  (1). 
Ce  contract  de  mariage  passé  devant  Bruneau  notaire  au 
Mans  le  XI  may  1G64  (2).  Du  d.  mariage  sont  plusieurs 
enfans  (3),  un  à  Paris,   l'autre   en   Bretagne  qui   s'appelle 

(1)  Marie-Anne  Dieuxivois  appartenait  à  lune  des  plus  vieilles  et 
honorables  familles  d'ancienne  bourgeoisie  de  la  ville  du  Mans,  reconi- 
mandables  par  la  dignité  de  leur  vie,  leur  esprit  de  tradition,  puis- 
santes par  leur  fortune  ,  leurs  alliances  ,  et  le  nombre  de  leurs 
membreS;,  et  souvent  pourvues  de  charges  importantes  dans  les  juri- 
dictions locales.  Dubuisson  dans  son  Ar)norial  de  France,  p.  iH,  t.  I, 
éd.  MDCCLVII,  libelle  ainsi  les  armes  des  Dieuxivois  :  d'azur  à  un 
chandelier  à  Irais  brandies  d'anjent,  accompagné  en  chef  d'un  soleil 
d'or.  D'Hozier  dans  les  preuves  de  noblesse  qu'il  dresse  en  1686  pour 
la  réception  à  Saint-Cyr  de  demoiselle  Françoise  de  Champlais,  l'une 
des  filles  de  Marie  Dieuxivois,  indique  l'or  comme  l'émail  des  branches 
du  chandelier  ;  de  même  aussi  dans  le  Nouveau  d'Hozier,  cahier  bleu  : 
Champlais,  n"  1718.  Bibl.  nat. 

(2)  Par  les  articles  du  contrat  de  mariage  accordés  le  20  avril  I66i, 
et  confirmés  le  20  mai  IGGi,  François  de  Champlais,  veuf  de  Marie  de 
Bastard,  sa  première  femme,  marie  le  futur  époux  comme  son  fils  aine 
et  principal  héritier,  et  lui  donne  par  avancement  d'hoirie  la  moitié  de 
la  maison  seigneuriale  et  de  la  terre  de  la  Masserie,  la  métairie  et 
domaine  du  l'Iessis-Fouquet,  le  lieu  et  métairie  de  la  Lucassière,  et 
s'engage  à  fournir  aux  futurs  époux  des  meubles  pour  meubler  une 
chambre.  La  mère  de  Marie-Anne  Dieuxivois  promet  de  son  côté  à  la 
future  épouse  en  avancement  d'hoirie  dix  mil  livres  tournois,  et,  con- 
tracte diverses  autres  obligations,  et  entr'autres  d'habiller  sa  fille  .selon 
sa  qualité.  Le  mariage  eut  lieu  au  Mans  le  2  jnin  1664  (Reg.  de  Saint- 
Pierre-de-la-Cour,  au  Mans,  2,100-2,148). 

Nous  remercions  ici  M.  l'abbé  Esnault  d'avoir  bien  voulu  nous  com- 
muniquer ce  contrat  de  mariage,  ainsi  que  divers  autres  titres  et  docu- 
ments concernant  les  Champlais,  et  dont  nous  avons  plus  d'une  fois 
tiré  un  utile  profit. 

(3)  Nous  rencontrons  parmi  les  enfants  de  François  de  Champlais  et 
de  Marie-Anne  Dieuxivois  :  1»  François,  baptisé  à  Fay,  le  11  juillet  1666, 
parrain  Charles  de  Champlais  son  oncle ,  et  marraine  Mario  de 
Dieuxivois  sa  tante,  (Bibl.  nat.  Carrés  d'Hozier,  t.  166,  n»  358)  ; 
S»  Jean,  baptisé  le  17  juin  1667  (reg.  de  Saint-Pierre-de-la-Cour,  du 
Mans,  2.142),  inlunné  h^  23  janvier  1669  (Reg.  de  Fay).  3»  Jacquine 
(reg.  de  Saint-Benoit  du  Mans,  1,023)  ;  4"  Marie,  parrain  maître  Pierre 
Cailleau ,  marraine  Marie  de  Justinien  sa  grand-mère  ;  5»  .Anne- 
Françoise  que  nous  trouverons  ci-après  marraine  de  sa  sœur  le  12 
janvier  1673  ;  6»  .lacques  baptisé  le  11  avril  1671,  parrain  vénérable  et 
discret  maître  Jacques    Ribault,    curé   de  Fay,  marraine   damoiselle 


33 


chevalier    et    capitaine    de    cavalerie,    et  qui   a    été  page 

chez (1). 

XXVIII.  —  Le  mardy  22  avril  1659,  Louis   de   Champlais, 

Marie  de  Champlais,  filJe  aisnée  de  monsieur  de  la  Masserie  et  de  Marie 
de  Justinien  ;  7"  Françoise  de  Champlais  baptisée  le  12  janvier  1673, 
parrain  François  de  Champlais  son  frère,  et  marraine  Anne-Françoise 
de  Champlais;  décédée  le  30  août  1691;  8"  Marguerite,  baptisée  le 
7  septembre  1678  ;  9«  Pierre,  baptisé  le  12  décembre  1682,  parrain 
vénérable  et  discret  maître  Anne  Amyot,  prêtre,  et  marraine  Françoise 
de  Champlais.  Les  archives  de  Dobert  possèdent  les  preuves  de 
noblesse  établies  par  d'Hozier  pour  la  réception  à  Saint-Cyr  de  plu- 
sieurs des  filles  de  François  de  Champlais  et  de  Marie  Dieuxivois. 

(1)  Lieutenant  des  gardes  de  M.  le  marquis  de  Lavardin  lieutenant- 
général  au  gouvernement  de  la  haute  et  basse  Bretagne,  François  de 
Champlais,  lils  aîné  et  principal  et  noble  héritier  de  François  de 
Champlais,  seigneur  de  la  Masserie,  et  d'Anne  Dieuxivois,  épousa  en 
1695  Marie  du  Bochet,  fille  de  Marc  du  Bochet,  seigneur  du  Plessis-Qui- 
nio,  paroisse  d'Asserac.évêché de  Nantes,  et  de  Marguerite  Le  Roy.  Dans 
son  contrat  de  mariage  intervenu  le  18  décembre  1695,  François  de 
Champlais  était  assisté  de  Jacques  de  Petit-Jean,  seigneur  de  la 
Roussardière,  (de  la  paroisse  de  Courdemanche,  au  diocèse  du  Mans), 
capitaine  des  gardes  du  marquis  de  Lavardin,  et  son  ayde  de  camp^ 
procureur  du  seigneur  et  de  la  dame  de  la  Masserie,  père  et  mère  ; 
Marie  du  Bochet,  assistée  de  sa  mère  veuve,  et  de  son  frère  unique 
François  du  Bochet,  demeurant  en  la  ville  d'Hennebont,  de  Vincent  du 
Boys,  sieur  du  Bot,  son  oncle  maternel,  demeurant  en  la  ville  deVannes, 
en  faveur  duquel  mariage  la  dame  Le  Roy  cède  à  sa  fille  la  terre  noble 
du  Plessis,  relevant  de  la  seigneurie  d"x\sserac.  (Bibl.  nat.,  cahier 
bleu,  Champlais  :  n"  4,390).  Du  Bochet  porte  pour  armes  :  d'azur 
à  deux  levrettes  d'urgent,  colletées  de  rjueules,  bouclées  d'or.  (Armo- 
riai général  de  Bretagne,  par  lîriant  de  Laubrière).  Mon,  Potier 
de  Courcy. 

Du  mariage  de  François  de  Champlais  et  de  Marie  du  Bochet  naquit 
le  30  décembre  1698,  un  fils  Guillaume,  baptisé  le  lendemain  en  la 
paroisse  de  Nolre-Dame-de-Paradis  d'Hennebont  ;  il  eut  pour  parrain 
Guillaume  du  Bochet,  seigneur  de  Penhoët,  et  pour  marraine  Marie- 
Anne  le  Paillon.  Capitaine  dans  le  régiment  de  cavalerie  de  Condé,  et 
l'un  des  gentilshommes  de  S.  A.  S.  Monseigneur  le  Duc,  il  fit  en  1724 
ses  preuves  pour  être  admis  au  nombre  des  chevaliei's  de  Saint-Lazare, 
comme  l'indique  la  mention  inscrite  en  marge  d'une  des  pièces  con- 
servées à  la  Bibl.  nat.,  dans  l'un  des  cahiers  dits:  Cahiers  bleus, 
titres  de  famille  :  Cliamplais,  n"  4,390. 

François  de  Champlais  et  Marie  du  Bochet  eurent  de  leur  union  : 
\°  Guillaume,  dont  nous  venons  de  parler  ;  2»  Jacques  ;  3"  Marie-.Vnne  ; 

XXIV,    3 


—  34  — 


baron  de  Courcelle  (4),  mourut  sur  le  menuict,  et  l'avoisveu 
le  lundy  14  avril  quy  esloit  le  fairier  de  Pasques. 

4"  Léon  (BiLl.  nat.,  cabinet  des  titres.  Carrés  d'Hozler,  t.  166; 
nos  359  et  360;  ;  5"  Françoise-Emilie,  baptisée  le  3  août  171  i  eu  la 
paroisse  de  Notre-Dame  d'Henneboiit,  et  pour  laquelle  des  preuves  de 
noblesse  furent  faites  en  1724  pour  sa  réception  au  nombre  des  filles 
demoiselles  de  la  maison  de  Saint-Louis  fondée  par  le  Roi  à  Saint-Cyr, 
dans  le  parc  de  Versailles.  (  Bibl.  nat.  Caiiier  bleu  ,  Champlais , 
n°  1  718,  Nouveau  d'Hozier)\  G"  François-Marie  baptisé  en  la  paroisse 
d'Asserac  le  4  octobrel717  (I{il)l.  nat.  Cart'ès  d'Hozier,  t.  166..),  présenté 
pour  être  reçu  chanoine  de  l'église  de  Tournay,  le  15  juin  1739,  et 
pour  le(iuel  d'Hozier  certilie  qu'en  conséquence  des  actes  ci-dessus  men- 
tionnés et  qui  ont  été  produits  pour  les  réceptions  de  Françoise,  de 
Jacquine,  et  de  Françoise-Emilie  de  Champlais  dans  la  maison  royale 
de  Sainl-Loiiis  à  Saint-Cyr  en  1086  et  il 2^,  ledit  François-Marie  de 
Champlais  justifie  une  possession  de  noblesse  constatée  par  titres  depuis 
Jamet  de  Chainphtis^  son  neuvième  aïeul  écuyer  sieur  de  la  Masserie,  l'an 
mil  quatre  cent  trois,  dont  l'un  des  petits-fils  a  for/né  la  branche  de 
Courcelles  éteinte  en  la  personne  de  Camille  de  Chamj)lais,  chevalier  de 
Malthe,  commandeur  de  Poitou,  )nort  iieutenant-yénéral  des  armées  du 
Bol,  au  mois  de  mai  il 06.  {Titres  et  documents  de  la  maison  de 
Bastard.  Branches  du  Maine.  Série  reliées,  t.  XI,    1725-1749). 

(1)  Nous  n'avons  pas  ici  l'intention  d'entrer  dans  le  ilétail  de  la  fdia- 
tion,  des  alliances,  di^s  services,  des  liels  et  seigneuries  des  sujets  de 
la  branche  de  Champlais  de  Courcelles,  dout  notre  livre  de  raison, 
IJarticuliérement  consacré  à  la  branche  des  seigneurs  de  la  Masserie, 
nous  indicfue  seulement  le  mariage  et  la  mort  de  Louis  de  Champlais, 
baron  de  Courcelles.  Nous  i)ensons  consacrer  quelque  jour  une  étude 
aux  Champlais  de  Courcelles  en  publiant  l'important  tableau  généalo- 
gique de  cette  branche  coutenu  en  nos  JU'ciiives.  Nous  nous  conten- 
terous  de  rappelc^r  aujourd'hui  les  auteurs  de  Louis  de  Champlais,  en 
remontant  jusqu'à  l'auteur  commun  d'où  sont  sorties  les  difTérentes 
brauches  de  sa  maison. 

Louis  de  Champlais,  l)aron  de  Courcelles,  dit  aussi  le  manjuis  de 
Courcelles,  natiuit  le  15  juin  1003  ;  il  fut  conseiller  du  Roi  eu  ses  con- 
seils d'Ftat  et  privé,  maréchal  des  camps  et  armées  du  Hoi,  iieuleuant 
commandaut  l'artillerie  dans  sou  armée  en  Italie,  lieutenant-général 
pour  sa  Majesté  au  gouvernement  de  la  ville  de  Lyon,  {)ays  de 
Lyonnais,  Forez  et  Beaujolais;  il  était  (ils  de  Charles  de  Champlais, 
seigneur  d.'  Courcelles,  secrétaire  du  Hoi,  et  de  Suzanne  de 
Montbourciii'r,  mariés  en  1602  ;  et  petit-fds  de  François  de  Cham- 
plais, égal'^ment  secrétaire  du  Roi,  et  de  .Iranue  de  lîeaumout, 
mariés  en  1563.  il  descendait  au  troisième  degré  de  François  de 
Cliaui|jlai.'i,  sf'igueur  de  Courcelles,  et  de  Hélène  du  l'uy-.lourdaiu 
mariés  eu  1513;  au  (juatriéme  degré  d'Etienne  de  Champlais,  ;//a('(re 


—  35  — 

Le  mercredy  28  mai  1659  l'on  a  faict  la  quarrantainne  du 
dict  seigneur  de  Gourcelle  oîi  un  Jésuitte,  le  Père  Mon- 
brun,  de  la  Flèche  (1),  a  faict  son  orayson  funèbre. 

Requyescat  in  pace. 

Le  dict  baron  de  Gourcelle  (2)  puiné  de  séans  et  sa  der- 
nière femme  (3)  avait  nom  Marie  de  Villeroy  (4),  sœur  de 
M.  le  Maréchal  de  Villeroy. 

iVhôtel  en  ia  maison  du  roi  Charles  VIII,  commissaire  d'artillerie, 
et  de  Jeanne  de  Poillé,  qui  lui  apporta  la  seigneurie  de  Courcelles, 
mariés  en  1480;  enfm  au  cinquième  degré  de  Pierre  de  Cliamplais, 
lequel,  connne  nous  l'avons  vu,  avait  eu  pour  lils  :  1°  Fouquet  marié 
dès  avant  4475  à  Josseline  Drouet,  et  auteur  de  la  branche  aînée,  celle 
des  seigneurs  de  la  Masserie  ;  2'  Etienne,  auteur  de  la  hrauche  de 
Courcelles,  et  3"  Colas,  seigneur  de  la  Bourdillière,  paroisse  de  Saint- 
Martin-de-Sanzay,  en  Anjou,  auteur  de  la  branche  qui  se  lixa  en  Poitou. 
A  cette  dernière  branche  appartenait  Jean  de  Champlais,  homme 
d'armes  de  la  compagnie  du  maréchal  de  Retz,  et  son  frère  archer 
dans  ladite  compagnie,  comme  l'indique  la  quittance  donnée  à  Brigno- 
les,  en  Provence,  par  ledit  Jean,  comme  héritier  de  défunt  Louis  son 
frère,  de  la  somme  de  cinquante  livres  tournois  jiour  gages  dus  au  dit 
défunt  sieur  comme  arclier,  pour  les  quartiers  de  janvier,  février,  mars 
1574.  (Bibl.  nat.  Pièces  originales;  vol.  (5lJ't,  n"  15545).  En  1581, 
Gabriel  de  Cliamplais  de  la  Bourdilliére  était  reçu  chevalier  de  Malte; 
et  un  siècle  plus  tard  environ  Louis  de  Champlais,  seigneur  de  la 
Bourdilliére,  obtint  le  24  septembre  1667  une  ordonnance  de  maintenue 
de  noblesse  de  M.  Barentin,  intendant  de  Poitou. 

(1)  Ce  fut  en  1603  que  Henri  IV  ayant  rappelé  les  jésuites  en  France 
conçut  le  projet  d'établir  un  collège  à  la  Flèclie  et  leur  en  confia  la 
direction. 

(2)  L'érection  de  la  baronnie  de  Courcelles,  au  diocèse  du  Mans,  élec- 
tion de  la  Flèche,  en  marquisat,  eut  lieu  par  lettres  patentes  du  mois  de 
mai  1667,  date  indiquée  dans  le  Dictionnaire  de  la  noblesse  de  la 
Chesnaye-Desbois,  t.  IV,  p.  208,  éd.  MDCCLXXII,  et  reproduite  par 
Pesche,  Dict.  statistique  de  la  Sarthe,  p.  127,  t.  IL  Toutefois,  dès  l'année 
1656  un  «  adveu  est  rendu  à  hault  et  puissant  seigneur  itiessire  Louis 
de  Champlais  par  dame  Marie- Magdeleine  du  Chesne,  veuve  de  défunt 
messire  Michel  de  Broc,  par  lequel  elle  reconnoist  estre  femme  de  foij 
lige  du  dit  seigneur  marquis  de  Courcelles  au  regard  de  la  dite  terre  et 
seigneurie  de  Courcelles,  à  cause  de  sa  dite  terre  de  Chemiré.y> 

(3)  Louis  de  Champlais  n'avait-il  pas  épousé  en  premières  noces 
Marguerite  de  Chevrière  qualifiée  épouse  de  Louis  de  Cliamplais,  dans 
un  acte  de  baptême  où  elle  figure  comme  marraine  à  la  date  du  10 
août  1623,  sur  les  registres  de  la  paroisse  de  Saint-Jean-de-la-Motte  ? 

(4)  Louis  de  Champlais  épousa  en  secondes  noces,  le  12  mars  1640, 


36 


Ici  s'airètent,  sans  autres  mentions  des  seigneurs  de 
Courcelles,  les  indications  que  renferme  notre  Livre  d'Heures 
sur  les  événements  de  famille  de  la  maison  de  Chimplais. 
Nous  rencontrons  alors  des  poésies  écrites  soit  dans  le  bas 
des  marges  du  manuscrit,  soit  dans  la  partie  des  feuilles  où 
le  texte  est  interrompu  à  mi-page,  soit  au  verso  ou  recto 
des  grandes  miniatures. 

La  mort  est  le  thème  exclusif  de  chacune  de  ces  poésies. 
Les  vertus  de  Marie  d'Andigné,  femme  de  François  de  Cham- 
plais,  les  ont  inspirées.  Et  le  poëte  ne  semble  être  autre 
que  son  mari  comme  le  témoignent  à  la  fin  de  l'une  des 
pièces  de  vers,  la  mention  :  F.  de  Champelais  me  fecit,  et 
son  nom  au  bas  de  plusieurs  autres. 

Marie  de  Neufville  de  Villeroy,  fille  de  Charles  de  Neufville,  marquis 
de  Villeroy  et  d'.\rlincourt,  clievalier  des  ordres  du  roy,  gouverneur  de 
Lyon,  and)assadeur  auprès  do  Paul  V,  et  de  Jacqueline  du  Harlay. 
Marie  de  XeulVille  de  Villeroy  était  veuve  en  première  noces  d'Alexan- 
dre de  Bonne,  seigneur  d'Auriac  ,  vicomte  de  Tallard  ;  elle  était 
sœur  de  Nicolas  de  x\eutville  ,  premier  duc  de  Villeroy  ,  pair 
et  maréchal  de  France.  Elle  mourut  en  1688  laissant  de  son  mariage 
avec  Louis  de  Champlais,  plusieurs  enfants  dont  trois  fils  :  i"  Charles, 
né  à  Paris  le  6  mai  16i5,  marquis  de  Courcelles,  lieutenant-général  de 
l'artillerie  de  France,  marié  en  1666  à  Marie-Sidonie  de  Lenoncourt,  si 
fameuse  par  sa  beauté,  ses  scandales  et  ses  aventures,  et  mort  sans 
postérité;  2"  Ferdinand,  né  le  11  juillet  1650  abbé  de  Saint-Méen,  au 
diocèse  de  Saint-Màlo  ;  3"  Camille  né  en  1653,  chevalier  de  Malte,  lieu- 
tenant-général des  armées  du  roi. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  davantage  sur  ces  divers  personnages  ; 
nous  serions  entraînés  hors  des  bornes  de  notre  étude. 

Le  seigneur  de  Champlais.  ('poux  tle  Marie  deVilleroy,  est  tantôt  a|)pelé 
Louis,  comme  il  est  désigné  ci-dessus  dans  notre  Livre  d'Heures;  tantôt 
Loiiif- Charles  comme  le  désigne  le  père  Anselme,  au  t.  IV,  p.  642,  de 
V Histoire  des  rjrands  officiers  de  la  couronne  ;  tantôt  Charles,  à  la  page 
286  du  même  tome  IV  de  l'Histoire  des  (jrands-officiers  de  la  cou- 
ronne. I*aul  Pougin  dans  la  notice  qui  précède  les  Mémoires  de  Sidonie 
de  Lenoncourt,  marquise  de  Courcelles,  éd.  Jaunet,  Paris,  1869,  désigne, 
à  la  page  7,  le  second  mari  de  Marie  de  Neufville  de  Villeroy  sous  le 
prénom  de  Charles.  Nous  remercions  ici  M.  Prière,  le  sympathique 
bibliothécaire  de  notre  société  historique  et  archéologique  du  Maine, 
de  son  obligeante  communication. 


37  - 


I 


Mon  Dieu,  mon  seigneur  gracieux, 
Je  te  prie  me  donner  ta  grâce, 
Afin  qu'un  jour  là  hault  ès-cieux 
Je  puisse  contempler  ta  face. 

De  GHAMPLAIS. 


II 


Cy  gist  une  digne  de  amer  (1) 
Par  son  nom  et  son  anagramme, 
Qui  en  son  vivant  a  heu  l'âme 
De  tous  jours  le  vray  Dieu  prier, 
Et  faire  bien  à  ung  chascun 
Sans  jamais  en  fâcher  aulcun. 
Prions  Dieu  que  tous  ses  peschés 
Par  Jésus-Christ  soient  effacés. 
Amen. 

Mon  Dieu  et  seigneur  glorieux. 
Je  te  prie  lui  donner  ta  grâce 
Affin  qu'estent  là  hault  ès-cieux 
El  voit  la  beaulté  de  ta  face  (2). 
Requiescat  in  pace. 


(1)  Digne  de  amer  anagramme  de  Marie  d'Andigné. 

(2)  L'exigence  de  la  mesure  el  les  nécessités  de  l'orthogi-aplie  s'ac- 
cordent mal  ensemble.  Nous  n'avons  pas  du  reste  la  pensée  de  recom- 
mander ces  vers  pour  le  soin  jaloux  de  la  versification,  la  richesse 
de  la  rime,  et  le  respect  de  toutes  les  régies  de  la  prosodie  ! 


—  :?s  — 

m 

De  Marie  d'Andigné  —  Digne  de  Aymer. 

0  mort,  0  mort,  cruelle  besle, 
0  que  tu  es  à  redouter 
Ta  traïzon  ne  se  peult  doulter 
Par  ceulx  qui  vivent  en  cest  estre. 
Tu  tues  (1)  les  rois,  tu  tues  les  princes, 
Et  n'épargnes  aulcuns  humains. 
Tous  sont  par  tes  mams  cruelles 
Assommés  par  touttes  provinces. 
Tu  tues  les  bons  et  les  maulvais, 
Tu  ruines  tous  sans  recognoistre  ; 
Tu  n'as  raison  non  plus  que  beste, 
Car  d'acception  tu  ne  fais. 
Tu  as,  dont  l'on  te  doibt  blâmer, 
Faict  mourir  une  damoiselle 
Qui  plus  que  aultre  avoit  le  zelle 
D'honorer  Dieu,  dingne  de  Aymer. 

F.  de  CHAMPELAIS. 


Conclusion  .  L'on  ne  me  doibt  blâmer 
D'Aymer  tousjours  celle  digne  de  Aymer 

Anagramme  :  François  de  Champelais  : 
Palas  de  France  ma  choisi  (2). 

(1)  Le  soin  de  l'euplionie  est  ici  bien  (nililir. 

(2)  Pour  ossiiyor  d'explifiuor  cet  aiiajjiranuno  niyfliolo^'iqnn,  nous 
sommes  amené  à  dire  que  François  de  Gliamplais,  l'auteur  fécond  de 
toutes  ces  poésies  que  lui  inspiraitle  souvenirdes  vertus  de  sa  femme, 
voulait  ainsi  comparer  Marie  d'Andigné  qui  l'avait  choisi  pour  époux  à 


-  39  — 

IV 

Marie  d'Andigné,  digne  d'Aymer. 

Ci-gist  soubz  se  fortuné  lieu 
Le  cosre  d'une  âme  parfaicte  ; 
Il  est  en  pouriture  infaicte 
Pour  estre  blanchie  devant  Dieu. 
Blanchie  je  dis  de  tous  ses  fais 
Quelle  a  cumis  estant  au  monde. 
Mais  elle  n'avoit  point  de  segonde 
Qui  l'imita  en  ses  biens  faictz. 
Ici  n'y  a  femme  qui  nairre 
Et  qui  ne  pèche  grandement  ; 
S'il  s'en  trouve  une  autrement, 
Qu'il  jette  la  première  pierre  ! 
Comme  une  perle  orientale 
Elle  estoit  fort  à  estimer, 
Et  comme  une  vierge  vestalle  (1) 
Toujours  estoit  digne  de  Aymer. 
Prions  Dieu  qu'il  oblie  les  faits 
De  tous  ses  malheureux  forfaits. 
Amen. 

F.  de  CHAMPELAIS. 


Pallas,  déesse  de  la  Sagesse,  de  la  Ciierre  et  des  Arts.  Marie  d'Andigné 
n'était-elle  pas  remplie  de  vertns  et  do  sagesse?  N'a-t-elle  pas  inspiré 
fi  ses  fils  la  passion  de  la  guerre,  que  l'un  d'eux  alla  faire  jus(pi'cn 
Allemagne?  N'a-t-elle  pas  inspiré  à  son  mari  l'art  de  la  poésie  ? 

(1)  La  comparaison  de  Marie  d'Andigné  à  une  vierge  vestale  est 
quelque  peu  risquée,  car  nous  lui  connaissons  six  enfants.  Moins  heu- 
reuse était  la  vestale  de  l'antiquité  qui  était  condamnée  à  être  enterrée 
vivante,  quand  elle  manquait  au  vomi  de  virginité, 


40 


Aftaiblis  de  courage 

Qui  distes  le  destin 

Avoir  ceste  avantage 

Vous  mener  à  la  fin 

Soit  au  bien  soit  au  mal  (1) 

Selon  le  cours  fatal, 

Gongnoissez  l'avantage 

De  votre  liberté 

Dieu  nous  donne  en  partage. 

Libre  la  volonté  ; 

Donc  les  effectz  en  fin 

Ruinent  le  destin. 

Ce  que  dessus  est  contre  ceux  qui  disent  que  fault  que  le 
destin  ;iit  lieu. 

Tel  a  sa  vie  presque  usée 
Qui  ne  sçait  pas  sa  destinée. 


VI 


Le  jeudy  26"  jour  de  may  1611  ti'épassa  sur  les  neuf  heures 
du  matin  damoiselle  Marie  d'Andigné,  femme  de  François  de 
Champelais,  escuier,  s""  de  la  Masserie,  —  Elle  estoit  en  son 
an  climatoir  :  i.xni  ans  ('2). 


(1)  Notre  poëte  ne  se  préoccupe  pas  de  juxtaposer  deux  rimes  mascu- 
lines sans  intercaler  entre-olies  une  rime  féminine  ! 

(2)  Climatoir  vieux  mot  employé  pour  cliinatcrique.  Climatérique  se 
dit  de  chaque  septième  année  de  la  vie  humaine,  et  particulièrement 
de  la  soixante-troisième,  qui  est  la  m'uviéinr  septénaire.  C'est  \\\i 
reste  des  rêveries  de  l'astroloffie. 


M 


Gi-gist  dans  cest  obscur  tombeau 
Le   corps  d'une  vraie  damoiselle 
Qui  avoit  envers  Dieu  le  zelle 
Que  doit  avoir  un  esprit  beau. 
Elle  portait  le  nom  en  sa  vie 
De  la  bonne  vierge  Marie. 
D'Andigné  était  son  ?ou.s-nom 
Alliance  de  grand  renom. 
Son  anagramme  sans  changer 
Se  rencontrât  digne  d'aynier. 
Très  digne  elle  esloit  d'être  aymée 
Et  par  sa  vertu  estimée. 
Sa  vie  a  été  fort  pieuse 
Et  envers  tous  officieuse. 
La  Parque  fist  finir  ses  pas 
En  son  année  soixante  et  trois  (i) 
Prions  tous  le  Roy  glorieux 
Qu'il  colloque  son  Ame  ès-cieux. 
Amen. 


F.  de  CHAMPELAIS  me  fecit. 


(1)  Avec  la  meilleure  volonté,  on  ne  peut  arriver  à  faire  rimer  pas 
avec  trois.  Nous  ferons  remarquer  que  quatre  vers  à  rimes  féminines 
se  succèdent  ici.  et  sont  suivis  par  quatre  vers  à  rimes  masculines. 
Les  vers  pourraient  être  ainsi  transcrits  sans  que  le  sens  en  fut 
altéré  : 

Très  digne  elle  estoit  d'être  aymée 
Et  par  sa  vertu  estimée  : 
La  Parque  finit  ses  pas 
En  son  année  soixante  et  trois. 
Sa  vie  a  été  foit  pieuse 
Et  envers  tous  officieuse  ; 
Prions  tous  le  Roy  glorieux 
Qu'il  colloque  son  âme  es  cieulx. 


î>2 


VII 


O.mort,  tu  me  convie  de  dire  : 
«.  Hélas  !  il  n'y  a  jour  en  cette  vie  humenne 
»  Qui  ne  tremble  de  peur,  ou  ne  sue  de  peine  ». 


VIII 

Épitaphe  de  Marie  d'Andigné  (1). 

Areste  toi,  passant,  aiens  ton  ame  atainte 
D'un  extrême  regret  de  voir  dans  ce  sercuieil 
Celle  pour  qui  le  pays  porte  ung  merveilleux  deuil 
Car  leurs  tristes  accents  le  témoignent  sans  fainte. 
Sa  grande  chanté,  sa  dévotion  sainte 
Ses  dignes  actions,  sa  débonnaire  humeur 
Luy  ont  faict  acquérir  ung  immortel  honneur, 
Dont  la  gloire  ne  peut  par  la  mort  estre  éteinte. 
C'est  Marie  d'Andigné  dont  l'esprit  vertueux 
N'avait  pour  objet  que  Dieu  devant  les  yeux 
L'honneur  de  son  mari,  le  soin  de  son  mesnage. 
Pour  l'amour  de  Dieu,  elle  aimait  son  mari  ; 
Elle  aymait  ses  enfans  estant  issus  de  luy. 
Et  d'aultre  ambission  n'anima  son  courage. 

(1)  Cette  pièce  de  vers  :  «  Épitaphe  de  Marie  cVAndigné  »  ainsi  que 
l'épitalie  qui  suit,  (ii"  IX),  ot  le  tombeau  de  DitKjne  de  Aymer  (n"  X) 
sont  transcrites  dans  notre  Livre  d'Heures  au  milieu  des  réflexions 
[lieuses  et  des  textes  des  Livres  -  Saints,  qui  terminent  le  ma- 
nuscrit. Ces  textes  des  Livres-Saints,  transcrits  d'une  niaiti  cou- 
rante sur  des  feuilles  de  fiapier,  el  non  de  velin  comme  le  reste  du 
manuscrit,  nous  ont  paru  par  leiu'  nature,  ainsi  que  les  disseilations 
qui  les  accompagnent,  ne  pas  devoir  être  reproduits  dans  notre 
travail.  Nous  n'avions  aucune  note,  aucun  commentaire  à  y  ajouter, 
et  il  suffira  de  dire  que  la  Sainte-Eucliaristie  y  occupe  une  grande 
place  pour  que  l'on  compreime  (pie  la  gravité  et  la  sainteté  du  suj(>t  ne 
nous  permettaient  pas  de  compriMidre  ces  textes  dans  la  publication 
de  notre  travail. 


~  43  — 

IX 

Aultre. 

Triste   pays,   c'est  en  vain  que  multiplie  ton  dueil 
Car  la  mort  se  faict  voir  aux  pleurs  inexorable. 
Des  vertus  le  séjour  gist  dedans  ce  cercueil 
Qui  témoignent  son  heur  et  la  perte  semblable. 


X 

Tombeau  de  Dingne  de  Aymer. 

Ci  gist,  ô  triste  mort  sous  cette  froide  pierre 
Ung  corps  dont  l'esprit  e.st  maintenant  dans  les  cieux. 
Car  la  terre  et  le  ciel  se  partagent  tous  deux. 
L'âme  demeure  au  ciel  et  le  corps  à  la  terre  ; 
Envieux  de  notre  heur  par  cest  invention 
Nous  ravissent  Fobject  de  la  perfection. 
La  mort  avait  voulu  come  par  violence 
Par  la  douleur  du  corps  en  séparer  l'esprit  ; 
Mais  Dieu  la  désavoue,  et  elle  se  garist, 
C'est  ain.ssi  qu'il  faict  voir  tous  jours  sa  providence 
Non  qu'il  veuille  priver  son  esprit  désireux 
D'en  jouir  et  se  voir  avec  les  bien  heureux, 
Aprais  avoir  ataint  soixante  et  trois  année 
Elle  tombe,  preint  ses  heures  en  sa  main 
Et  tous  remèdes  alors  sont  apliqués  en  vain  ; 
Prise  d'un  doux  sommeil  sa  vie  fut  terminée 
Dieu  ne  voulant  donner  sa  proie  à  la  douleur 
Ce  corps  qui  le  servant  fut  du  vice  vincueur. 
Me  semble  que  j'entends  une  voix  agréable 
Résonner  doulcement  et  parler  à  son  cueur  : 


Vv 


u  Maintenant  je  vous  donne  un  éternel  bonheur 
»  Venes,  ma  chère  amie,  il  est  bien  raisonnable, 
»  Tu  pleurois  ta  moitié,  j'excause  tes  désirs 
»  Donnant  pour  te  survivre  une  feme  à  son  filz  »  (1). 
«  Je  suis  à  vous  seigneur  »,  repart  son  âme  esprise 
D'un  extase  transport  qui  la  ravit  aux  cieux 
Où  elle  faict  séjour  entre  les  bienheureux. 
0  pront  et  cher  apel  désirable  surprise  ! 
C'est  ainsi  que  mon  Dieu  caresse  ses  amis 
Doulcement  leur  donnant  lieu  dans  son  paradis. 
Despeindre  ses  vertus,  je  ne  puis  l'entrepreindre  ; 
Leur  essence  est  du  ciel,  c'est  aspirer   trop  hault. 
Il  est  donc  impossible  en  parler  come  il  fault 
Car  nul  esprit  humain  ne  les  peult  pas  comprendre. 
C'est  pourquoi  ce  grand  Dieu  lui  donne  place  ès-cieux 
Pour  loier  immortel  de  ses  dignes  labeurs  (2). 
Dingne  de  Aymer 


Pour  terminer  et  résumer  cette  étude,  particulièrement 
consacrée  aux  Ghamplais,  seigneurs  de  la  Masserie,  nous 
croyons  devoir  rappeler,  sous  forme  généalogique  tous  les 
sujets  de  cette  branche  que  nous  avons  rencontrés  dans 
notre  livre  de  raison,  ou  que  nous  avons  cités  dans  nos 
annotations. 

I.  N...  de  Ghamplais, 

Il  eut  pour  fils,  vers  le  milieu  du  XIV^  siècle  : 
I"  Georget  qui  suit, 

(1)  Comme  nous  l'avon.s  vu,  le  mariage  du  (ils  aîné  de  Françoi.s  de 
Ghamplais  et  de  Marie  dWndigné  eut  liim  le  i)  janvier  1011,  précédant 
ainsi  de  quatre  mois  la  mort  de  Marie  d'.Vndigné  qui  trépassa  le  26  mai 
de  la  même  année. 

(2)  Dans  ces  deux  derniers  vers  la  rime  fait  totalement  défaut. 


—  fô  — 


2"  Guyon  de  Ghamplais,  marié  à  Marguerite  de 
Souvré,  lesquels  eurent  pour  fils  Pierre  ; 

Jeanne  de  Chanîplais,  dame  de  Souvré, 
mariée  au  milieu  du  XV^  siècle  avec 
Jean  de  Falays,  et  en  secondes  noces 
avec  Jean  de  Maillé. 

II.  Georget  de  Champlais  épousa  en  1370  Perronnelle 

de  Montrottier,  dame  de  la  Masserie. 
Ils  eurent  pour  fils  : 
1°  François, 
2"  Jamet  qui  suit. 

III.  Jamet  de   Champlais,   seigneur  de    la    Masserie, 

épousa  en  1403  Jeanne  de  Rouillon. 
Ils  eurent  pour  fils  : 
Pierre  qui  suit. 

IV.  Pierre  de  Champlai.s,  V'  du   nom,  seigneur  de  la 

Masserie  épousa  en  1450  N... 
Ils  eurent  pour  fils  : 

1°  Fouquet  qui  suit,  seigneur  de  la  Masserie, 
2"  Golas,  auteur  d'une  branche  établie  en  Anjou, 

puis  en  Poitou, 
3'J  Etienne,  auteur  de  la  branche  dite   de  Cour- 
celles,  également  au  Maine. 

V.  Fouquet  de  Ghamplais,   seigneur  de  la  Mas.serie, 

épousa  en  1475  Jo.sseline  Drouet. 
Ils  eurent  pour  enfants  : 
1'^  Guillaume  qui  suit, 
2"  Jeanne,  mariée  à  Hardouin  Gailleau,   seigneur 

de  Laubinière. 

VI.  Guillaume  de  Champlais,  I"''  du  nom,  seigneur  de 

la  Masserie,  épousa  en  1506  Françoise  Briand. 
Ils  eurent  pour  fils  : 
Pierre  qui  suit. 

VII.  Pierre   de   Champlais,  IP  du  nom,  seigneur  de  la 

Masserie,   épousa   en  1536    Charlotte    de    lu 
Houdinière. 


m 


Ils  eurent  pour  enfants  : 

l"  François  qui  suit, 

2"  Urbaine,  mariée  en  1563 à  Jean  delaCiievrière, 

seigneur  de  la  Roche  de  Vaux, 
3"  Charlotte,  mariée  à  Jacques  de  la  Fontaine. 
Vlir.         François    de    Champlais,    !«■'   du    nom,    seigneur 

de   la   Masserie,    né   en  1545,  mort  en  1616, 

épousa  en  1573  Marie  d'Andigné,  née  en  1547, 

morte  en  1611. 
Ils  eurent  pour  entants  : 
1"  Jean  qui  suit, 
'>  Charles ,    religieux   au   mona.stère  de   Saint- 

Calais,  mort  en  1641, 
3"   Mathurin,    né  en   1583,    tué   au   service   de 

l'empereur  d'Allemagne  en  1607, 
4"  Françoise,  religieuse  de  Fontevrault  en  1610, 
5"  Anastayze,  mariée  à   Girard,    seigneur   de    la 

Jonchère,  morte  en  16'22, 
6"  Marquise,    religieuse    à    l'abbaye    de    Saint- 

Sulpice   de  Bretagne,    puis  à   l'abbaye    d.3  la 

Fontaine-Saint-Martin. 

IX.  Jean  de  Champlais,  seigneur  de  la  Masserie,    capi- 

taine de  cent  hommes  d'armes,  mort  en  1616  ; 

il  épousa  en  1611  Marie  de  Longueil. 
Ils  eurent  pour  fils  : 
François,  qui  suit. 

X.  François  de  Champlais,  II*'  du  nom,  .seigneur  de  la 

Masserie,  épousa  en  1536  en  premières   noces 
Marie  de  Bastard,  née  en  1609. 
Ils  eurent  pour  fils  : 
1"  François,  qui  suit  : 

2"  Charles,    marié,    en     1673,    à    Jac(iuette    de 
Fruge. 

François  de  Chanqilais,  veuf  de  Marie  de 
Bastard,  épousa  en  secondes  noces,  en 


47 


1657,  Marie  de  Jnstinien,  morte  en  IGO^, 
dont  il  eût  :  Marie  de  Champlais,  mariée 
à  Jean  Rousseau  de  Paradis,  et  morte 
en  1742. 

XI.  François  de  Champlais^  III«  du  nom,   seigneur  de 

la    Masserie,    épousa    en    166i,    Marie-Anne 

Dieuxivois. 
Ils  eurent  pour  enfants  : 
1°  François  qui  suit, 
2"  Jean,  né  en  1607,  mort  en  1669, 
3"  Jacques,  né  en  1671, 
4"  Pierre,  né  en  1682, 
5"  Jacquine,  admise  au  nombre  des  demoiselles 

de  Saint-Cyr  (1), 
6«  Marie, 

7"  Anne-Françoise, 
8»  Françoise,  née  en   1673,    admise   au   nombre 

des  demoiselles  de  Saint-Cyr, 
9"  Marguerite,  née  en  1678. 

XII.  François  de  Champlais,  IV«  du  nom,  seigneur  delà 

Masserie,  né  en  1666,  lieutenant  des  gardes  de 

monsieur  le  marquis  de  Lavardin,    épousa   en 

1695  Marie  du  Bochet. 
Ils  eurent  pour  enfants  : 
1"  Guillaume  qui  suit, 
2"  Jacques, 
3"  Léon, 
¥  François  -  Marie,  né   en    1717,    chanoine   de 

Tournay, 
5»  Marie-Anne, 

(1)  La  maison  de  Saint-Cyr  contenait  250  demoiselles,  c'est-à-dire 
filles  nobles,  qui  depuis  sept  ans  jusfiu'à  douze  ans  y  étaient  reçues, 
élevées,  entretenues  de  toutes  choses  jusqu'à  vingt  ans,  et  cela  gratui- 
tement aux  frais  de  la  fondation.  Pour  l'admission  à  Saint-Cyr,  il  suffi- 
sait de  justifier  de  quatre  dégrés   de  noblesse  du  côté  paternel. 


^S! 


iS 


0"  Françoise-Emilie,  née  en  47-14,  admise  au 
nombre  des  demoiselles  de  Saint-Cyr. 
XIII.  Guillaume  de  Champlais,  IP  du  nom,  seigneur  de 
la  Masserie,  né  en  1698,  capitaine  de  cavalerie 
au  régiment  de  Condé,  chevalier  de  Saint- 
Lazare. 


Comte   de  BASTARD  d'ESTANG. 


LES  PROTESTANTS  DANS  LE  MAINE 


LE  TEMPLE  ET  LE  CIMETIÈRE  DE  L'ÉGLISE  I)L  MANS 


ET 


L'EGLISE  D'ARDENAY 


Lorsqu'au  milieu  du  XVI^  siècle,  les  doctrines  de  Luther 
et  de  Calvin  se  répandirent  en  France,  divers  édits  accor- 
dèrent un  certain  nombre  de  privilèges  à  la  nouvelle 
religion. 

VÉdit  de  janvier  (1562),  sorti  de  l'assemblée  formée  à 
Saint-Germain  par  les  députés  des  Parlem.ents,  leur  concéda 
quelques  libertés  de  culte. 

VÉdit  de  Poitiers  (7  septembre  -1577),  sanctionna  de 
nouveaux  droits.  Les  protestants  pouvaient  pratiquer 
dans  toute  la  France,  excepté  à  Paris  et  dans  un  rayon  de 
deux  lieues  autour  de  la  capitale.  Un  grand  nombre  de 
villes  de  sûreté  leur  étaient  accordées  pour  six  ans. 

L'Édit  de  Nantes  du  13  avril  1598,  confirma  toutes  les 
concessions  précédentes,  liberté  de  conscience,  droit  de 
réunion,  places  de  sûreté,  etc.,  et  en  ajouta  d'autres,  telles 
que  l'autorisation  de  s'assembler  par  députés,  tous  les  trois 
ans,  pour  présenter  au  gouvernement  les  réclamations. 

XXIV    4 


—  50  — 
I 

Au  Mans,  dès  le  l''''  janvier  1560,  le  ministre  de  Salvert 
i'unda  une  église  réformée  (]ui  fut  interdite  le  l'i  juillet 
150^2  (1). 

Aussitôt  après  VÉdlt  de  Nantes,  les  protestants  du  Maine 
reprirent  l'exercice  public  de  leur  culte. 

En  1599,  ils  ouvrirent  un  temple  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Ouen  au  Mans.  Quelques  années  plus  tard,  ce  local  étant 
devenu  trop  petit,  ils  eurent  à  se  préoccuper  d'en  avoir  un 
autre. 

Noble  Jehan  Pousset,  sieur  de  la  Tousche,  demeurant  en 
la  paroisse  de  la  Couture,  servit  puissamment  ses  coreli- 
gionnaires en  cette  occasion. 

Par  un  acte  passé  devant  M«  Syméon  Fréart,  notaire,  le 
4  novembre  1610,  puis  confirmé  le  7  mai  Kill,  il  fit  don  à 
l'Eglise  réformée  du  Mans,  d'une  pièce  de  terre,  nommée 
la  Roche,  contenant  trois  quarts  de  journal,  joignant  «  d'un 
»  bout  le  chemin  de  Sainte-Croix  à  Saint-Blaize,  d'autre 
»  bout  la  terre  de  M*^  Jehan  Bellenger,  sieur  de  laBataillère, 
);  et  des  deux  côtés  la  terre  de  la  veuve  Gervais  Guyton  ». 

Un  nouveau  temple  tut  aussitôt  mis  en  construction  sur 
ce  terraiii  et,  le  19  août  1617,  après  son  achèvement,  en 
présence  des  représentants  de  PEglise  réformée,  —  savoir  • 
Jehan  Vigueur  [sic],  ministre  ;  Jacques  Thomas,  sieur  de  la 
Roussière  ;  André  Bouju,  sieur  de  la  Vaye,  avocat  ;  Daniel 
Bouchereau,  marchand,  tous  demeurant  au  Mans  ;  etSymon 
Legendre,  sieur  de  Boissimon,  résidant  aux  Fougeraiz, 
paroisse  de  la  Chapelle-Saint-Aubin  ;  —  le  donateur  déclara 
«  que  pour  plus  grande  asseurance  et  vallidité  des  contrats 
»  précédants,  il  les  approuve,  ratiffie  et  a  pour  agréables, 
»  veult  et  entend  qu'ils  sortent  leur  plain  et  entier  etïet  et 

(1)  Registre  rhi  Consistoire  de  l  Eglise  du  Mans,  publié  par  M.  Chardon. 
Es-iui  sur  les  sépultures  du  Mans,  p.ir  Etoc-Demazy. 


—  51  — 

»  par  ces  présentes  constitue  le  porteur. d'icelles,  M^  Syméon 
»  Fréart,  son  procureur  pour  en  faire  faire  l'insinuation  au 
»  greffe  de  la  sénéchaussée  du  Mayne  », 

A  la  porte  du  temple  on  édifia  une  petite  maison  qui  servit 
de  logement  à  un  gardien  et  le  lieu,  fréquenté  par  les  protes- 
tants, changea  son  nom  de  la  Roche  contre  celui  de  Bel-Air. 
C'est  ce  que  nous  apprend  une  pièce  datée  du  19  novembre 
1639  et  qui  dit  :  «  Déclaration  que  le  général  de  l'Eglise 
y>  prétendue  réformée  de  la  ville  du  Mans,  représentée  par 
»  M"  Jean  Vigneu  (sic),  ministre  en  icelle,  par  M''  François 
»  Nicole,  advocat  au  siège  présidial  de  ladite  ville,  Jacques 
»  Pany,  marchand,  et  Estienne  Le  Tripier,  aussy  marchand 
»  orpfèvre,  anciens  de  ladite  église,  rend  au  roy  notre  sou- 
»  verain  seigneur....  d'une  portion  de  terre  cy  devant  appel- 
»  lée  La  Roche  et  de  présent  Bel-Air,  contenant  trois  quarts 
»  de  journau  ou  environ,  en  laquelle  leur  temple  a  esté 
»  construit  et  basty,  où  se  fait  le  service  de  ladite  religion, 
»  et  d'un  petit  logement  pour  retirer  et  loger  celui  qui 
»  garde  le  temple  et  qui  pour  récompense  jouist  du  surplus 
»  et  reste  de  ladite  terre....  laquelle  tient  et  relève  du  fief 
»  du  roy  et  chargée  d'en  payer  deux  sols  six  deniers  de 
»  cens  et  rante  et  dont  donation  avait  esté  faicte  à  ceux  de 
»  lad.  religion  par  défunt  noble  Jean  Pousset,  vivant  sieur 
»  de  la  Tousche.  Et  ont  lesdits  Vigneu,  Nicole  et  Panyesleu 
»  leur  procureur  spécial  pour  rendre  et  présenter  ladite 
»  déclaration  à  messieurs  les  commissaires  députés  par  le 
»  Roy....  » 

L'établissement  continua  de  prospérer  avec  le  concours 
des  fidèles  et  sous  la  garde  d'un  sacristain.  Peu  d'années 
avant  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  en  1682,  le  petit 
logement  fut  encore  loué,  pour  18  *  par  an,  à  François  Bataille, 
tisserand,  e.t  à  Marie  Hervié,  sa  femme,  qui  demeuraient 
avant  sur  le  territoire  de  Saint-Vincent.  Le  bail  fut  signé  par 
Jacques  Pillau,  orfèvre  de  la  paroisse  Saint-Benoît,  préposé 
à  cet  effet  par  ses  coreligionnaires. 


—  52  — 

Mais  en  1685  «  le  17  septembre  et  jours  suivans,  en  exé- 
»  cution  des  ordres  du  roy,  le  temple  des  hérétiques  de  la 
»  ville  du  Mans,  nommé  Bel- Air,  situé  derrière  l'enclos  de 
»  Maupertuis,  paroisse  Sainte-Croix,  fut  démoly.  Le  lundy 
»  15  octobre  suivant  M.  l'intendant,  étant  au  Mans,  fit 
»  assembler  les  Huguenots  et  leur  ministre  à  l'évèché. 
),  M.  l'évêque  leur  fit  une  belle  exhortation.  Le  lendemain 
»  M.  l'intendant  les  fit  encore  assembler  chez  lui  pour  les 
»  engager  à  se  convertir.  On  envoya  ensuite  chez  eux  des 
»  gens  de  guerre  et  on  leur  donna  beaucoup  de  taxes  :  cela 
»  occasionna  des  conversions  ». 

Le  temple  une  fois  détruit,  le  terrain  de  Bel-Air  fut  confis- 
qué et  accordé  à  l'Hôpital  général  et  Hôtel-Dieu  du  Mans, 
avec  les  autres  biens  des  consistoires  du  Mans,  de  Pringé  et 
d'Ardenay,  par  un  acte  royal  du  17  juillet  1690.  La  petite 
maison  du  sacristain  qui  était  restée  debout  et  l'enclos  furent 
loués,  en  1710,  à  René  Le  Romain,  marchand  cirier  et  à 
Magdelaine  Hermé  sa  femme.  Ceux-ci  ayant  acheté  précé- 
demment le  lieu  de  Froide-Cuisine,  situé  près  du  domaine 
de  Maupertuis  et  attenant  au  dit  enclos,  ne  tardèrent  pas  à 
obtenir  des  administrateurs  de  l'hôpital  la  conversion  de 
leur  bail  en  un  contrat  à  rente  perpétuelle.  Cette  opération 
leur  permit  de  réunir  les  deux  terrains  et  d'en  faire  un  seul 
établissement  où  ils  montèrent  une  blanchisserie  de  cire.  Il 
était  sitpulé  dans  le  contrat  (3  février  1717)  «  que  si  l'Édit  de 
»  Nantes  venait  à  estre  rétably  et  que  les  relligionnaires 
»  auxquels  apartenait  ce  petit  territoire  fussent  remis  en 
y)  possession  d'iceluy,  lesdits  sieur  Le  Romain  et  sa  femme, 
»  leurs  successeurs  et  ayant  cause  quitteraient  la  détention 
»  et  occupation  et  rendraient  les  choses  au  même  état 
))  qu'elles  .sont  actuellement  suivant  la  montrée  et  plan  qui 
»  en  seront  faits  ». 

Charles  Le  Romain,  fils  des  précédents,  étant  allé  demeu- 
rer à  Paris,  loua  d'aljord,  puis  vendit  la  blanchisserie  de 
cire  à  Chailes  Orry,   marchand  cirier,  époux  de  Marie-Anne 


53 


Le  Romain,  laquelle  rendit  encore  aveu,  le  11  avril  1787, 
aux  doyen  et  chanoines  du  chapitre  du  Mans,  seigneurs  et 
propriétaires  des  fiefs  de  la  prévôté  régale  du  dit  chapitre  (1). 

Quant  au  cimetière,  les  protestants  l'établirent  dans  un 
terrain  qui  leur  fut  concédé  pour  cet  usage,  par  l'autorité, 
afin  qu'ils  n'eussent  point  à  pénétrer  dans  l'enceinte  catho- 
lique. 

Pesche  dit  que  ce  cimetière  était  situé  entre  la  Vieille- 
Porte  et  la  rivière.  Etoc-Demazy  en  a  déterminé  l'emplace- 
ment entre  la  Vieille- Porte  et  l'entrée  principale  de  l'Hôpital. 
Cela  ne  s'accorde  pas  complètement  avec  une  pièce  notariée 
du  dernier  jour  d'avril  1647  ('2). 

Le  cimetière  des  protestants  aurait  été  situé,  jusqu'à  cette 
époque,  un  peu  plus  au  midi,  vers  l'intersection  des  rues  de 
l'Hôpital  et  du  Vert-Galant,  et  transporté,  alors,  plus  loin, 
entre  la  rivière  et  la  butte  du  Greffier. 

En  efiet,  le  30  avril  1047,  comparurent  devant  notaire  ; 
d'une  part,  Marie  Guillon,  \euve  de  noble  Jacques  Caron, 
demeurant  au  Mans,  paroisse  de  la  Couture,  et  Charles 
Caron,  son  fils,  écuyer,  sieur  de  Mortries,  demeurant  audit 
lieu  situé  paroisse  de  Savigné-l'Evèque  ;  d'autre  part, 
Estienne  Le  Trippier,  demeurant  paroisse  Saint- Benoît ,  et 
Marin  Pezé,  sieur  de  Beauvais,  demeurant  paroisse  du 
Crucifix,  tous  deux  maîtres  orfèvres.  Il  s'agissait  delà  vente, 
par  les  premiers,  d'un  jardin,  acquis  par  ces  derniers  «  au 
»  nom  et  comme  procureurs  des  habitans  de  la  ville  du 
»  Mans  faisans  profession  de  la  religion  prétendue  réformée  >>. 

Ce  terrain  situé  en  la  paroisse  de  la  Couture,  renfermait 
une  chambre  et  un  appentis  avec    cheminée.  11  contenait 

(1)  Les  documents  si  intéressants  et  si  nouveaux  dont  nous  avons  extrait 
tout  ce  qui  précède,  relativement  au  temple  protestant  du  Mans,  nous  ont 
été  communiqués  par  M.  Robert  Triger.  Non  s  lui  adressons  ici  de  sincères 
remerciements  auxquels  nos  lecteurs  joindront  à  coup  sûr  les  leurs. 

(2)  C'est  à  M.  l'abbé  G.  Esnault  que  nous  devons  la  connaissance  de  cette 
pièce. 


—  54  - 

environ  un  tiers  de  journal  et  joignait  «  aux  terres  du  lieu 
»  de  Chasteaux,  d'un  costé  au  chemin  de  l'abreuvoir  au 
»  Greffier  et  d'autre  bout  niix  maisons  et  issues  du  sieur 
»  Leballeur  *. 

Le  contrat  fut  fait  «  pour  la  somme  de  40  1.  tournois  de 
))  rente  annuelle  et  perpétuelle  payable  par  chacun  an  au 
»  jour  de  Pâques.  La  dite  rente  amortissable  au  sol  la  livre, 
»  sans  que  lesdits  preneurs  pussent  y  être  contraints. 

»  Et  ont,  lesdits  sieurs  Le  Trippier  et  Pezé,  déclaré  faire 
»  la  présente  prise  à  rente  pour  se  servir,  par  lesdits  sieurs 
»  de  ladite  religion,  de  partye  dudit  jardin,  de  cimetière 
»  pour  enterrer  et  inhumer  les  corps  de  ceux  de  ladite  reli- 
»  gion  ;  le  destinent  audit  uzage  au  lieu  et  place  de  celui 
»  qu'ils  avayent  cy  devant  et  qu'ils  ont  cédé  et  délaissé  aux 
»  religieuzes  de  la  Visitation  de  ceste  ville,  suivant  la  vol- 
»  lonté  de  Sa  Majesté  la  reine  régnante,  à  eux  faict  scavoir 
»  par  Madame  la  duchesse  de  la  Trémouille  et  autres....  » 

Ainsi  donc,  1"  il  ne  faut  pas  chercher  l'emplacement  du 
premier  cimetière  protestant,  dans  l'espace  que  limitent 
actuellement  la  me  Gambetta  et  le  bas  de  la  place  de 
l'Eperon,  mais  de  l'autre  côté,  au  coin  de  la  rue  du  Vert- 
Galant,  jusqu'où  s'étendait  l'enclos  des  dames  de  la  Visitation, 
établies  là  en  1643.  —  2°  Ce  terrain  fut  abandonné  et  rem- 
placé, plus  loin,  par  un  second  cimetière,  acheté  en  1647, 
et  qui  subsista  vraisemblablement  jusqu'à  la  révocation  de 
l'Edit  de  Nantes  (1685). 


IL 


Les  protestants  ne  s'étaient  pas  seulement  établis  au 
Mans  ;  ils  s'étaient  encore  répandus  dans  la  province. 

Quelques  seigneurs,  pratiquant  le  nouveau  culte,  abusaient 
de  leur  puissance  pour  jeter  le  trouble  dans  le  pays,  par  des 


—  55  — 

violences  et  des  crimes  (1).  D'autres  se  bornaient  à  entre- 
tenir des  foyers  de  calvinisme  et  à  subventionner  des  églises. 
Il  y  avait  des  prêches  dans  plusieurs  localités,  notamment  à 
Chenu,  à  Dissé-sous-le-Lude,  à  Janzé,  à  Luché,  à  Ardenay. 

A  Ardenay,  la  Réforme  prit  une  extension  toute  particu- 
lière, grâce  à  l'influence  de  deux  ou  trois  notables  familles, 
et  fut  tout  à  fait  organisée,  sous  le  patronage  de  Suzanne  de 
Voisins,  veuve  de  Louis  Le  Vasseur,  marquise  de  Cogners. 

L'Eglise  commença  à  fonctionner  au  mois  de  décembre 
lee^i,  comme  le  prouve  un  registre  de  baptêmes  et  mariages 
tenu  par  M.  Trippier,  pasteur  au  Mans,  qui  venait  officier  à 
Ardenay. 

Le  premier  acte  inscrit  est  un  baptême  et  est  daté  du  18 
décembre  1662.  Jacques  Trippier,  pasteur,  et  Suzanne  de 
Voisins  sont  parrain  et  marraine  de  l'enfant,  fille  de  Henry 
Froger,  chirurgien. 

Pour  l'année  suivante  166:^,  il  y  eut  quatre  actes  :  un  bap- 
tême et  trois  mariages. 

Le  baptême  fut  celui  de  Pierre-Gaspard  de  la  Goupillière, 
<.(  fils  de  messire  Chaiie  De  La  Goupillière  et  de  dame  du 
»  Voysin.  Il  eut  pour  parrain,  messire  Daniel  Le  Grand, 
»  seigneur  du  Petitboc,  et  pour  marraine  dame  Elizabeth  de 
»  Sainte-Marie,  9  aoust  )i.  La  cérémonie  fut  faite  par  Jacques 
Trippier  dans  la  maison  seigneuriale  de  la  Goupilhère. 

L'un  des  mariages,  célébré,  le  4  mars,  dans  la  maison  sei- 
gneuriale de  Loudon,  fut  celui  d'Alexandre  de  Godeul, 
écuyer,  sieur  de  la  Rochepetit,  avec  Madelaine  de  Courtonne, 
tous  deux  demeurant  à  Loudoi'. 

Un  autre  des  mariages  est  spécialement  intéressant.  Ce 
n'est  rien  moins  que  celui  du  pasteur.  Voici  l'acte  entier  : 
((  Le  vingt  et  un  d'aoust  mil  six  cent  soixante  et  trois,  épou- 


(l)  De  ce  nombre  fut  Jacques-Antoine  de  Ciiix  marquis  de  Conrvoyé  qui 
remplit  d'épouvante  une  partie  du  Bas-Maine.  (Dont  Piolin,  Histoire  de 
l'Égline  du  Mans,  t.  \l,  p.  31'2. 


5(j 


»  sèrent  dans  la  maison  seigneuriale  de  la  Goupillière,  Jac- 
»  ques  Trippier,  ministre  du  S'  Evangile  dans  l'Eglise  du 
»  Mans  et  d'Ardenay,  et  Ester  Le  Tort,  et  fut  leur  mariage 
»  beny  par  monsieur  de  Lerpinière,  ministre  de  Montoire, 
»  beau-frère  dudit  Trippier  ». 

1664  compte  trois  actes,  trois  baptêmes  ;  —  le  1«'',  du  25 
mai,  fait  dans  le  temple  d'Ardenay  est  celui  d'une  fille  de 
David  de  Longuemarre,  marchand.  —  Le  second  est  ainsi 
conçu  :  «  Le  neufième  d'octobre  mil  six  cent  soixante  et 
»  quatre  fut  baptizé  Jacques  Trippier  fds  de  Jacques  Trip- 
»  pier  pasteur  de  l'Eglise  du  Mans  et  d'Ardenay  et  de  Ester 
»  Letort;  fut  baptizé  par  sondit  père  dans  sa  maison  en  la 
»  ville  du  Mans,  située  en  la  paroisse  de  S'-Benoit  ou 
»  naguerre  pendoit  pour  enseigne  Loyson  bridé,  et  ce  à 
»  cause  qu'il  n'estoit  pas  venu  à  terme  et  que  n'ayant  pas 
»  apparence  de  vie  le  Baptême  Lui  fut  promptement 
»  administré  pour  satisfaire  seulement  et  contribuer  à  la 
»  consolation  de  la  mère  qui  le  desiroit  ardemment  ; 
»  il  eut  pour  parrain  Etienne  Trippier ,  son  oncle , 
»  marchand  orfèvre  au  Mans,  et  pour  maraine,  Madelaine 
»  Besnard,  femme  de  M^  Bibot  greffier  du  domaine  du  Roy 
»  au  Mans  ».  —  Le  troisième  est  le  baptême  de  Louise 
de  la  Goupillière  (  9  septembre  ).  Le  parrain  fut  Louis 
Le  Vasseur ,  seigneur  de  Fonteineveille ,  représenté  par 
Louis  de  Biar ,  de  la  maison  de  Saint-Georges  ,  et  la 
marraine,  Catherine  de  Courciiloji,  représentée  par  Eliza- 
bet-Marie  de  la  Goupillière. 

A  cette  époque  (septembre  l(i6i),  l'Eglise  d'Ardenay  était 
déjà  condamnée  à  périr.  Il  parait  que  les  protestants  y 
prenaient  des  allures  provocatrices,  gênaient  tous  les  ser- 
vices religieux  et  troublaient  l'ordre  public.  Plaintes  furent 
portées  contre  eux  au  parlement.  Un  premier  arrêt  ('21  mars 
1665)  mit  un  frein  à  la  solennité  des  exercices  ;  un  deuxième 
(li  août)  [orra  la  in;u'(iuis(^  de  Cogners  à  démolir  le  temple 


—  o/    — 

et  à  donner  asile,  dans  son  manoir,  aux  cérémonies  inter- 
dites (1). 

A  partir  de  ce  moment,  jusqu'en  4G68,  c'est-à-dire  pendant 
quatre  ans,  le  registre  ne  contient  que  trois  actes,  tous  rela- 
tifs à  des  enfants  du  ministre,  ce  qui  ne  plaide  pas  en  faveur 
du  nombre  des  fidèles  et  montre  au  contraire  que  les  édits 
avaient  arrêté  le  recrutement  du  troupeau. 

Judith  Trippier,  fille  de  Jacques  Trippier,  pasteur  de 
l'Eglise  du  Mans  et  d'Ardenay,  et  d'Ester  le  Tort,  «  fut  bap- 
»  tisée,  le  15  novembre  1665,  au  lieu  de  Belair.  Elle  eut  pour 
»  parrain  Jean  Trippier  marchand  orfèvre  au  Mans  et  ancien 
»  de  l'église,  et  pour  marraine  Judith  Pavée  sa  grand  mère». 

Le  2  mars  1667  naquit  Elizabeth  Trippier,  fille  des  mêmes, 
qui  «  fut  baptisée  le  sixiesme  dudit  mois  au  lieu  de  Belair 
»  par  M"  de  Vaussoudan  pasteur  et  eut  pour  parrain  Fran- 
»  çois  Ribot,  grefier  du  domaine  du  roy  au  Mans,  et  pour 
»  maraine  Elizabeth  Elisant  sa  grand  mère  ». 

Enfin,  Jacques  Trippier,  né  le  6  juin  1668,  reçut  le  bap- 
tême, des  mains  de  son  père  «  pasteur  de  l'Eglise  du  Mans 
»  et  d'Ardenay  et  eut  pour  parain  Daniel  de  Lerpinière,  son 
»  oncle,  pasteur  de  l'Eglise  de  Mondoubleau  recueillie  à  la 
»  Fredonnière  (2),  et  pour  maraine  Judith  du  Voisin,  dame 
»  de  la  Goupillière  et  Dolon  ». 

Cet  acte  est  le  dernier  inscrit  sur  un  registre  dont  le  texte 
nous  a  été  communiqué  par  M.  l'abbé  Esnault. 

Mais  d'autres  ont  été  conservé  au  milieu  des  archives  de 
l'état-civil  de  la  mairie  d'Ardenay  (1673-1699). 

Un  premier  groupe  correspond  à  l'année  1677.  Il  comprend 
quatre  baptêmes  et  deux  sépultures. 

«  L'enfant  de  Louis-Gaspard  Vanier,  natif  du  lieu  d'Arde- 
»  nai  et  de  Jeanne  Câpres,  native  du  lieu  de  Dubfen,  dans  la 

(1)  Dom  Piolin,  Histoire  de  l'Eglise  du  Mans,  t.  VI,  p.  314. 

(2)  Il  parait  que  l'Eglise  de  Mondoubleau,  avait  été  aussi  l'objet  de 
mesures  rigoureuses  et  se  trouvait  dans  le  même  cas  que  celle  d'Ardenay. 


-  58  — 

»  province  de  Gueldre  est  né  le  cinquième  de  juillet  et  a 
»  esté  présenté  au  sainct  baptesme  par  messire  Louis- 
»  Gaspar  Le  Vasseur  chevalier,  seigneur  d'Ardenai,  et  dame 
»  Amaranthe  de  Mirop,  sa  femme,  et  a  esté  nommé  Louis. 
»  Pépin,  ministre  de  l'Eglise  d'Ardenai  ;  Pierre  de  laGoupil- 
»  Hère,  ancien  ;  L.  G.  Verne,  ancien  ;  L.  G.  Le  Vasseur  ». 

((.  La  fille  de  Jean  Chappet,  natif  du  lieu  d'Othon,  et 
»  d'Esther  Vanier,  native  du  lieu  d'Ardenai,  est  née  le  vingt 
»  et  huitième  du  mois  de  juillet,  et  a  esté  présenté  (sic)  au 
»  sainct  baptesme  le  premier  d'aoust  par  Jonathan  Pezé,  du 
»  lieu  de  Vendosme,  et  Esther  Gervaise,  du  lieu  d'Ardenai, 
»  et  a  été  nommée  Esther  »  (mêmes  signatures  que  ci- 
dessus). 

«  Le  huitième  aoust  suivant,  la  dite  enfant  est  morte  et  a 
»  esté  inhumée  au  cimetière  que  nous  avons  dans  le  village 
»  d'Ardenay  »   (mêmes  signatures). 

«  René  de  Tahureau,  écuyer,  sieur  de  Maresché,  aagé 
))  environ  de  trente  neuf  ans,  est  mort  le  vendredi  vingt  et 
»  neufiesme  du  mois  d'octobre  au  matin,  et  a  esté  enseveli 
»  à  Courgeon,  le  sammedi  trentiesme  dudit  mois  ;  présens  : 
»  les  sieurs  de  Dollon  et  Courgeon,  anciens  de  l'Eglise 
»  d'Ardenay  ;  de  l'Estang,  Vanier,  Chapet,  et  mesdemoiselles 
»  de  l'Estang  et  de  Courgeon.  Fait  à  Ârdenai  —  Pépin; 
»  Pierre  de  la  Goupillière  ;  J.  Cluippet  ;  Anne  Souchay  L.  G, 
»  Venié  ». 

oc  L'enfant  de  Daniel  Mouchard,  natif  de  Dangeon  et  de 
»  Magdelaine  Pezé,  native  du  lieu  d'Authon,  est  né  le  l"^""  jour 
»  du  mois  de  novembre  et  a  été  présenté  au  sainct  baptesme 
»  par  Louis-Gaspard  Vanier  et  par  Esther  V;uiier,  et  a  esté 
»  nommée  Jeanne.  Pépin,  ministre  de  l'Eglise  d'Ardenay  ». 

«  L'enfant  de  Bernardin   Marion  et  de Massoroth  est 

»  né  le  3  novembre  1G76,  et  a  esté  présenté  au  sainct 
»  baptesme  par  le  sieur  Gaspar-Anthoine  de  Clermont  Lou- 
»  don,   chevallier,   et   demoiselle  Françoise    de  Musor,    le 


—  59  — 

»  quinzième  du  mois  de  décembre  mil  six  cent  soixante  dix 
»  sept.  Pépin  ». 

Le  cahier  est  terminé  par  ces  lignes  :  «  Je  soussigné  cer- 
»  tifie  que  les  actes  cy  dessus  sont  véritables  ;  en  foy  de 
»  quoy  jay  signé  la  présente  attestation  par  l'absence  du 
»  ministre  de  cette  église,  lequel  s'est  retiré.  Fait  à  Ardenay 
»  le  8"^  may  1679  —  L.  G.  Le  Vasseur  Ardenay,  ancien  de 
»  l'église  p.  r.  d'Ardenay  ». 

Le  second  groupe  est  de  1679  et  n'a  que  deux  actes  : 

1"  Le  mariage  de  Jean  de  Hallart,  écuyer,  né  à  Nimègue, 
avec  Madeleine  Brossar,  née  à  Aillières,  célébré  à  Ardenay, 
le  14  décembre,  par  M.  Gravisset,  ministre  de  ladite  Eglise, 
en  présence  du  sieur  Prépotin,  beau-frère  de  l'un  des  époux, 
de  Louis-Gaspard  Vannier,  de  Fremont,  et  de  Madeleine  Le 
Vasseur. 

2»  La  sépulture  de  Georges-Sam.uel  Morel,  écuyer,  décédé 
à  21  ans,  le  17  décembre,  faite  le  même  jour,  par  le  ministre 
Gravisset,  en  présence  des  sieurs  de  la  Montagne,  frère  du 
défunt,  de  Thouars,  d'Ardenay,  et  de  Prépotin. 

Ces  deux  actes  sont  certifiés,  le  10  mars  1680,  par  le 
ministre  de  l'église  d'Ardenay,  Gravisset. 

Le  foyer  du  protestantisme  à  Ardenay  était  entretenu  par 
Louis-Gaspard  Le  Vasseur.  Mais  il  mourut  le  23  novembre 
1682,  au  Mans,  ce  qui  porta  sans  nul  doute  un  préjudice 
considérable  à  ses  protégés.  Du  reste,  peu  de  temps  après, 
un  nouveau  coup  plus  formidable  encore  les  achevait  et  les 
faisait  disparaître,  comme  presque  tous  leurs  coreligion- 
naires de  la  région.  L'Edit  de  Nantes  était  révoqué  le  18 
octobre  1685,  et  les  rares  fidèles  demeurés  à  Ardenay,  s'em- 
pressaient d'abjurer  entre  les  mains  du  curé  le  28  octobre 
et  le  ']er  novembre  1685  et  le  10  mars  1686  (1). 

Bon  s.  J3E  LA  BOUILLERIE. 

(1)  Nous  devons  signaler  un  acte  récemment   découvert  par   M.    l'abbé 
Esnault.    11   apporte   un  nouvel  élément  à  la  connaissance  de  la  vie  deS 


60 


protestants  dins  lo  Maine  au  XVII"  siècle  ;  à  ce  titre  nous  en  reproduisons 
la  teneur  : 

«  Aujourd"huy  vingt  deusiesme   de  janvier   mil  six  cent  quatre-vingt, 
»  après  midy, 

«  Devant  les  notaires  royaux  au  Mans,  est  comparue  en  sa  personne 
»  damoiselle  Barbe  Pelloquin,  veuve  de  maistre  Samson  Perrot,  vivant 
>;  intendant  de  la  maison  de  monsieur  le  duc  de  la  Force^  native  de  la 
»  ville  de  Blois,  demeurant  au  Mans,  parroisse  du  crucifix,  laquelle  nous 
»  a  dict  et  déclaré  que  le  décès  de  son  dict  mary  estant  ai  rivé  dès 
»  l'année  1652,  Servais  Perrot,  ministre  de  la  religion  prétendue  réformée, 
»  issu  du  premier  mariage  dudict  delFunct  Perrot,  son  mary,  l'auroit  attirée 
»  en  la  maison  où  elle  a  demeuré  l'espace  de  plus  de  douze  années,  pen- 
»  dant  lesquelles  abusant  de  la  foiblesse  de  son  ancien  aâge,auroit  tellement 
»  obsédé  son  esprit  qu'il  l'auroit  entièrement  dépouillée  de  tout  son  bien 
»  et  léduicte  dans  la  dernière  nécessité  par  plusieurs  actes  qu'il  auroit 
»  extorqué  d'elle  par  les  quels,  non  content  de  la  somme  de  1,600  livres 
»  qu'elle  luy  auroit  donnée  manuellement,  provenant  du  don  testamentaire 
»  à  elle  faict  par  son  dict  deffunct  mary,  il  he  seroit  encore  taict  donner 
»  une  somme  de  l,'2O0  livres  par  une  obligation  passée  devant  Pineau, 
)'  notaire  à  Issoudun,  et  900  livres  qu'il  luy  devoit  pour  arrérages  d'intérêts 
»  apportée  en  mariage  avec  son  dict  defl'unct  mary,  et  mesme  le  principal 
»  de  la  ditte  somme  de  3,000  livres  après  son  déceds,  et  Tauioit  encore 
»  taict  lenoncer  à  son  douaire  de  150  livres  par  an  jusques  à  son  déceds  ; 
»  contre  tous  les  quels  actes  la  dicte  Pelloquin  a  protesté  de  se  pourvoi  i' 
»  en  chancellerie,  laquelle  protestation  elle  n'a  pu  faire  plus  tost,  attendu 
»  que  le  dict  Perrot  s'est  emparé  d'une  partie  des  minuttes  des  dicts  actes, 
»  et  que  des  autres  il  luy  a  esté  impossible  d'en  deslivrer  des  coppies  que 
»  depuis  peu  de  jours,  quelques  réquisitions  qu'elle  ait  peu  faire  aux 
»  notaires  que  ledit  Perrot  a  faict  venir  en  la  maison  pour  surprendre 
M  plus  facilement  la  dicte  Pelloquin,  destituée  de  tout  conseil.  Dont  et  de 
»  tout  ce  que  dessus  avons  à  lad.  Pelloquin,  ce  requérant,  décerné  le 
»  présent  acte  pour  luy  servii- et  valloir  ce  que  de  raison.  Faict  et  passé 
)>  audit  Mans,  maison  de  lad.  Pelloquin,  qui  a  signé  avec  les  tesmoings  à 
»  ce  requis  et  appeliez  ». 


LA 

BIBLIOTHÈQUE  ET  LE  MOBILIEB 

D'UN  LIEUTENAN  r  PxVRTIGULIER 

AU  SIÈGE   ROYAL   DE   CHATEAU-GONTIER 

SOUS  LOUIS  XIII 

(1626-1627) 


L 

Maître  René  Quantin. 

Le  5  octobre  1626,  M*^  René  Quantin,  conseiller  du  roi  et 
lieutenant  particulier  (1)  au  siège  royal  de  Château-Gontier  Ci), 
mourait  dans  sa  maison,  assisté  à  ses  derniers  moments 
par  sa  femme,  Jeanne  Gaultier,  son  fils,  M"  Jean  Quantin, 

(1)  Le  lieutenant  particulier  était  un  magistrat  qui  jugeait  en 
l'absence  du  lieutenant  général  dans  les  présidiaux  et  autres  justices 
royales.  (A.  Chéruel,  Dictionnaire  des  institutions,  mœurs  et  coutumes 
de  la  France,  t.  II,  pp.  663-664). 

(2)  La  baronnie  de  Chàteau-Gontier  appartenait  alors  à  la  maison  de 
Bourbon.  Louis  XIII  la  possédait  au  même  titre  que  le  roi  Henri  IV, 
son  père,  «  jusqu'au  mois  de  mai  1643,  qu'il  décéda.  Les  vassaux  de 
»  Chàteau-Gontier  firent  leurs  obéissances  entre  les  mains  des  ofli- 
»  ciers  du  siège  dudit  lieu  ».  {Généalogie  des  seigneurs  de  Châteaugon- 
<ier,  par  A.  de  Martonne.  Commission  hist.  et  arcli.  de  la  Mayenne. 
Procès-verbaux  et  documents,  t.  III  (I88-2-1883),  p.  301). 


G'-l 


et  sa  fille,  Françoise.  Trois  jours  après,  Jacques  Blanchet, 
licencié  en  droit,  ancien  avocat  au  même  siège  (i),  chargé 
de  représenter  le  lieutenant  général,  maître  René  Poisson, 
se  rendait  au  domicile  du  défunt,  accompagné  de  maître 
Jacques  Collin,  greffier,  pour  procéder  à  l'inventaire  et  au 
partage  du  mobilier.  La  veuve  et  sa  fille  étaient  présentes. 
Quant  aux  autres  parents  du  lieutenant  particulier ,  ils 
étaient  absents  à  l'époque  du  décès,  «  à  cause  de  la  conta- 
gion qui  estoit  et  est  encore  en  ceste  ville  et  forsbourgs  ». 
Depuis  le  printemps,  en  effet,  la  peste  désolait  Chàteau- 
Gontier.  Le  vendredi  17  juillet,  l'entrée  de  la  cité  avait  été 
formellement  interdite  aux  gens  qui  venaient  d'Angers  ou 
des  pays  voisins,  également  infestés  par  le  terrible  fléau. 
Nous  avons  déjà  raconté,  dans  un  précédent  travail,  les 
mesures  adoptées  pur  l'assemblée  de  la  Communauté  des 
habitants  pour  essayer  d'entraver  la  marche  de  ce  mal  fou- 
droyant. L'épidémie  persista  jusqu'au  milieu  de  l'été  de 
l'année  suivante  ('2). 

Nous  ignorons  si  maître  René  Quantin  avait  été  victime 
de  la  peste,  car  notre  document  n'indique  pas  à  quel  genre 
de  maladie  il  avait  succombé.  Toutefois,  il  est  probable  qu'il 
éprouva  les  atteintes  de  la  contagion  qui  décimait  la  ville. 
Le  l*^""  octobre,  il  avait  renoncé  à  ses  différentes  fonctions, 
comme  le  prouve  un  acte  signé  de  MM.  Guérin,  Collin  et 

(1)  Henri  IV,  en  créant  le  présidial  de  la  Fléclie,  enleva  au  pré.sidial 
du  Mans  la  Ijaronnie  de  Sainte-Suzanne  et  au  présidial  d'Angers  la 
baronnie  de  Cliâteau-Gontier  pour  composer  le  nouveau  ressort. 
Enfin,  en  1640,  la  baronnie  de  Château- Gontier  fut  pourvue  d'un  siège 
présidial  auquel  on  attribua  une  série  de  juridictions.  L'édit  de 
Louis  XIII  (pu  fixe  la  compositi(Mi  de  ce  siège  présidial  est  daté  du  7 
mars  IGiU.  Le  texte  de  ce  docunuMit  ligureà  la  bibiiotliéque  de  Chàteau- 
Gontier.  (L.  Maître,  Dict.  top.  du  dép.  de  la  Mayenne.  Introduction, 
p.  XXVII.  — Notice  hint.  sur  Chute au-Gontier.  Annuaire  du  dép.  de  la 
Malienne,  pour  1878,  pp.  299-3Û0). 

(2)  Voir  notre  étude  sur  la  Peste  de  Château-Gontier,  en  iOW  et 
i621 .  dapri's  des  documents  inédits,  Angers,  1881,  Germain  et  G. 
Grassin.  in-S». 


03 


Girard.  Quelques  jours  plus  tard,  il  s'éteignait  brusquement. 
Notre  personnage  avait  remplacé  en  1603  maître  René 
Baudouin,  lieutenant  particulier.  Le  17  octobre  1602,  il 
avait  acquis  de  maître  François  Fouquet  (1)  «  Testât  de 
conseiller  et  le  tiers  de  l'office  d'enquesteur  commissaire 
examinateur  (t2)  ».  Il  avait  acheté  le  25  juin  1617  la  terre 
de  Châtelain  vendue  par  Louise  de  Laubier.  L'acte  avait 
été  passé  devant  Orry,  notaire  au  Mans  (3).  Il  possédait 
aussi  les  Moulins-au-Bois  (4-)  et  diverses  autres  métairies. 
Sa  maison  de  Château-Gontier  était  grande  et  bien  amé- 
nagée. 

On  commence  donc,  le  8  octobre,  en  présence  de  Jeanne 
Gaultier,  assistée  de  maître  Charles  Lemoulnier,  licencié 
en  droit,  son  avocat,  l'inventaire  du  mobilier.  Dans 
c(  l'estude  »,  on  trouve  différents  meubles,  parmi  les- 
quels un  bahut  contenant  une  bourse  de  cuir  blanc 
renfermant  «  soixante  et  cinq  livres  treze  solz  en  quars 
d'escus  testons  et  autres  monnoys  blanches  ».  Une  autre 
somme  «  de  douze  livres  deux  solz  en  douzains  vieux  (5)  », 
déposée  dans  une  petite  écuelle  de  bois  rouge,  est 
laissée  à  la  veuve,  pour  ses  aumônes,  conformément  aux 
intentions  exprimées  par  son  mari.  La  salle  n'est  ornée 
que  d'un  buftet.  Dans  une  chambre  voisine  de  l'étude,  on 
remarque  «  un  grand  vieux  coffre  de  bois  de  chesne,  fermant 
de  clef,  dans  lequel  ladicte  damoyselle  Gaultier  a  dit  y  avoir 
des  pouppées  ».  L'inventaire  énumère  ensuite  une  série  de 
coffres,   de    bahuts,    de    cabinets,    de   «   vaisseaux  » ,   de 

(1)  Cette  famille  Fouquet  était  alliée  à  celle  du  célèbre  surintendant 
des  finances  de  Louis  XIV. 

(2)  René  Quantin  avait  payé  au[roi,  pour  ces  offices,  la  somme  décent 
cinquante  livres. 

(3)  Le  prix  de  la  vente  de  cette  seigneurie  était  de  onze  mille  livres. 

(4)  Cette  ferme,  aujourd'hui  détruite,  n'est  pas  mentionnée  dans  le 
Dict.  top.  du  dcp.  de  la  Mayenne. 

(5)  Le  douzain  valait  douze  deniers  ou  un  sou.  Il  y  avait  aussi  des 
demi-douzains. 


Gi 


«  presses  »  servant  à  conserver  le  linge,  la  vaisselle,  les 
papiers,  les  vieilles  hardes  et  les  effets  de  peu  de  valeur. 
Une  pièce  est  affectée  à  l'oratoire.  La  garniture  de  tapisserie 
de  la  salle  a  été  déposée  dans  la  galerie.  Le  nombre  des 
appartements  visités  est  de  douze.  Le  défunt  n'avait  pas 
l'habitude  de  garder  de  l'argent  chez  lui.  Il  l'employait  «  en 
constitutions  de  rente  et  augmentation  de  bâtiments  »,  car 
il  avait  le  goût  de  la  truelle.  Il  avait  fait  de  fréquentes  dé- 
penses pour  agrandir  et  embellir  sa  maison,  de  1618  à  1620. 
Le  lundi  23  novembre,  les  mêmes  personnages  sont 
réunis  de  nouveau  pour  continuer  l'inventaire.  Maître  Jean 
Quantin,  i.ssu  du  premier  mariage  de  René  Quantin  avec 
Renée  Jousse  (I),  companut,  assisté  de  maître  Jacques 
Chailland,  licencié  en  droit,  son  avocat  et  son  curateur.  La 
demoiselle  Gaultier  est  accompagnée  de  maître  Charles 
Lemoulnier,  son  avocat,  et  sa  fille,  Françoise,  est  suivie  de 
maître  Claude  Arnoul,  licencié  en  droit,  son  avocat  et  «  son 
curateur  en  cause  (2)  ». 


II. 

Tai  bibliothèque. 

Le  laborieux  dépouillement  des  papiers,  mémoires,  comp- 
tes, quittances,  enfouis  dans  une  suite  de  sacs,  ainsi  (|ue  l'in- 

(1)  La  famille  Jousse  occupait  un  rang  iini)ortant  dans  la  l)t)urgeoisie 
de  Chàteau-Gontier.  Ses  membres  remplirent  de  nondn-euses  fonctions 
pendant  i)lusieurs  siècles.  Plusieurs  furent  avocats,  lui  Jousse  était 
député  au  siège  de  l'élection  avec  J.  Rousseau  et  Pagie,  échevins 
en  1738.  {Notice  historique  sur  Cliâteau-Gontier.  ibid.,  p.  303). 

(2)  Le  manuscrit  dont  ces  détails  sont  extraits  et  qui  sert  de 
base  à  ce  travail  porte  sur  la  couverture  la  mention  suivante  : 
«  ^''  octobre  iOW.  Inventaire  des  tillres,  papiers  et  nieubles  demeurez 
»  de  la  cunnu^"  de  deffunct  noble  homme  M*"  René  Quantin.  vivant 
»  Lieuf-  part"'  ù  CJiaugontier,  et  de  datn^^"  Jeanne  Gaultier,  sa  veufve, 
>i  fait  audit  Chawjontier  le  VllI'^  octobre  iO-^li  ;  an  pied  duquel  est 
»  l'acte  de  partage  desdits  meubles  ». 


65 


ventaire  détaillé  de  la  bibliothèque  durèrent  du  23  novembre 
au  4  décembre.  Gomme  le  lecteur  le  verra,  l'énumérat ion 
"des  cent  trois  livres  laissés  par  maître  René  Quantin  est 
très  intéressante  et  très  curieuse.  La  liste  des  volumes 
«  trouvez  en  l'estude  dudit  deffunct,  apprêtiez  par  les  advo- 
catz  des  parties  »,  prouve  que  le  lieutenant  particulier 
était  un  magistrat  instruit,  ami  des  lectures  sérieuses,  qui 
avait  su  composer  une  remarquable  collection  d'ouvrages 
latins  et  français,  relatifs  à  Thistoire,  à  la  philosophie,  à  la 
religion,  à  la  controverse  et  à  la  politique.  Aucun  écrit 
frivole  n'a  trouvé  place  sur  les  tablettes.  Ouvrons  donc 
la    bibliothèque    et    faisons    en    l'examen  : 

«  Premier.  —  Un  livre  intituUé  UAzille  et  Deffense  des 
Pupilles,  prisé  dix  solz,  cy x* 

»  Un  autre  intitullé  L'Examen  des  Espritz  propres  aux 
Sçiances,  prisé  dix  solz,  cy x* 

»  Autre  intitullé  UYrenarchie,  de  Jean  Daller acq,  prisé 
huit  solz,  cy viii  ^ 

»  Les  Anthicquitez  d'Anjou,  par  Hiret  (1),  prisé  huit  solz, 
cy viii  * 

»  Autre  intitullé  Syamis,  Histoire  Romaxjne,  prisé  vingt 
solz ,  cy XX  * 

»  Autre  intitullé  Ambrosii  Callepine  Dixonariom,  prisé 
quarente  et  huit  solz,  cy xlviii  * 

»  Item,  un  autre  intitullé  Desçisions  de  Boyrina,  couvert 
de  parchemin,  prisé  vingt   et  cinq  solz,  cy.     .     .        xxv  « 

»  Item,  Les  Trois  Notaires,  de  Papon,  couvertz  de  veau 
rouge,  prisez  ensemble  quatre  livres,    cy.     ...         iv  ' 

»  Item,  Sintagina  Juris,  en  deux  vollumes  couvertz  de 
veau  noir,  prisez  quatre   livres,   cy iv  ' 


(1)  Cet  ouvrage,  publié  à  Angers,  en  1605,  chez  Anthoine  Hernault, 
IP  du  nom,  qui  avait  succédé  à  son  frère  Jean,  au  titre  d'imprimeur 
ordinaire  du  roi,  par  lettres  du  17  mai  1604,  fut  réimprimé  en  -161S  et 
considérablement  augmenté . 

XXIV.     5 


—  66  — 

»  Le  Codde  Henry  (1),  couvert  de  veau  rouge,  prisé 
soixante  solz,  cy lx  i 

»  Chopin^  Sur  la  Coustume  d'Anjou  (2),  en  un  voUume 
couvert  de  parchemin,  prisé  trente  et  deux  solz,  cy.   xxxii  ^ 

»  Item,  Jani  La)igleri  Olrnin  Semestre^  vieux  et  rompu, 
prisé  seize  solz,  cy xvi  * 

»  Les  Plaidez,  de  Monsieur  Robiot,  couvert  de  parchemin, 
prisé    vingt    solz,  cy xx  *= 

»  Pa>'aplirase  de  Ducal  sur  les  Pseanmes  de  David,  cou- 
vert de  parchemin,  prisé  trente  et  deux  solz,  cy.        xxxii  » 

»  Alliance  des  Loix  Roniaynes,  couvert  de  bazanne,  prisé 
trente  et  deulx  solz,  cy xxxii  * 

»  Le  Recueil  d'Arrestz,  de  Monsieur  Loiiet  (3),  commanté 
par  Brodeau,  prisé  soixante  solz,  cy lx  * 

»  Lidice  des  Droictz  Roijaux,  par  Bacqtiet,  couvert  de 
parchemin,  prisé  dix  solz,  cy x  * 

»  Les  E^tatz,  Empires  et  Principaultez  du  Monde,  couvert 
de  parchemin,  prisé  soixante  solz,  cy lx 


s 


(1)  r^e  Codde  Henrij  est  une  compilation  faite  sous  Henri  III  par  le 
prcsideut  Brisson. 

(2)  Chopin  (René),  savant  jurisconsulte,  né  près  de  la  Flèche  en  1537, 
mort  en  IGOG  et  annobli  par  Henri  III  pour  ses  traités  du  Domaine  et 
de  la  Police  ecclésiastique.  Son  Commentaire  sur  la  Coutume  de  Paris, 
publié  en  1596  et  dédié  au  roi  Henri  IV,  est  justement  célèbre. 

(3)  Georges  Louet,  sieur  de  la  Motte-d'Orvaux  et  duPlessis-Rémond, 
fds  de  Clément  Louet,  lieutenant  général  de  la  sénéchaussée  d'Anjou, 
né  à  Angers  vers  •15i0,  remplit  diverses  fonctions  ecclésiastiques  et  fut 
installé,  le  30  octobre  1598,  abbé  de  Toussaint.  Syndic  du  clergé  de 
France,  il  avait  fait  partie  de  la  commission  pour  le  dé  mari  âge  d'Henri  IV, 
qui  le  gratifia  en  reconnaissance  de  nombreuses  dignités.  Grand  archi- 
diacre do  Paris  depuis  le  13  mai  1599,  doyen  en  1601,  il  était  nommé  à 
l'évêché  de  Tréguier  (|ii,inil  il  niuuiut  à  la  Rochelle  le  4  octobre  1608, 
empoisomié  dit-on  pur  des  justiciers  du  Parlement  qu'il  ])Oursuivait.  Il 
fut  inluunédans  la  chapelle  des  évèques  à  Saint-Maurice  d'Angers.  On 
lui  doit  le  fameux  Recueil  d'arrêts,  par  ordre  alphabétique  de  matières, 
avec  notes  (Paris,  1G(i'2"),  réimprimé  déjà  onze  fois  avant  1633,  quand 
Brodeau  prit  la  peine  de  1'  «  allonger  d'un  Commentaire  ».  Il  a  com- 
posé aussi  ({autres  ouvrages  juridiques  [Bict.  kisl.  de  M.-et-L.  t.  II» 
pp.  547-5i8}. 


—  67  — 

»  Actions  et  Questions,  de  Pelleus,  en  deux  thosmes  cou- 
vertz  de  parchemin,  prisez  soixante  solz,  cy.     .     .        lx  « 

))  De  rHommeau,  Sur  la  Coustume  d'Anjou,  couvert  de 
parchemin,  prisé  vingt  solz,  cy ,         .     .        xx» 

»  Jubert,  commansé  en  latin  francés,    prisé   vingt   solz 

cy XX  « 

»  Desseings  des  Professions  nobles  illustres,  par  Anthoyne 
de  Laval,  couvert  de  parchemin,  prisé  vingt  solz,   cy.     xx  >* 

»  Notables  singullieres  questions  de  droit,  par  Menard  (1), 
prisé  quarente  solz,  cy xl* 

»  La  Praticque,  de  Mazuere,  prisé  seize  solz,  cy.         xvi  ^ 

»  Le   Trezor  de  V Elocquance  Françoise,   prisé  seize  solz, 

cy XVI  s 

»  Le  Procès  civil  et  criminel  Du  Bourg  (2),   prisé  seize 

solz,  cy XVI  s 

»  Traicté  gênerai  des  Criées,  prisé  seize  solz,  cy.  xvi  « 
))  Remarques  du  Droit  François,  de  Reiaond,   prisé  seize 

solz,  cy XVI* 

»  Les  Loix  abrégées,  prisées  dix  solz,  cy.     .     .     .  x  « 

»  Pledoyez,  de  Monsieur  Lebret,  prisé  seize  solz,  cy.  xvi  ■'' 
»  Praticque,  de  Monsieur  Lizet,  prisé  cinq  solz,  cy.  v  s 
»  Arrestz  antiens,  de  Papou,  prisez  seize  solz,  cy.  xvi  « 
»  Maxime  Generalle  du  Droit  François,  De  VHommeau, 

prisé  quinze  solz,  cy xv  » 

»  Item,  Un  Vieil  Coustumier  d'Anjou,  prisé  dix  solz,  cy.  x  « 
»  Questions  de  droit  et  de  praticque,  par  Rochette,  prisé 

huit  solz,  cy viii  « 

(1)  Sans  doute  Claude  Ménard,  né  à  Saumur  le  l<"-  septembre  1574, 
fils  de  Pierre  Ménard,  sieur  du  Tertre^  juge  de  la  prévoté  et  de  Marie 
Vallier,  auteur  de  nombreux  ouvrages  historiques,  mort  le  20  janvier 
1652,  chez  son  gendre,  au  château  d'Ardenne  en  Corzé,  inhumé  à 
Angers  dans  la  chapelle  des  Pénitentes.  (Voir  la  liste  de  ses  livres  dans 
le  Dict.  hist.  de  M.-et-L.,  t.  II,  p.  651-652.) 

(2)  Probablement  le  procès  du  fameux  Antoine  du  Bourg,  conseiller 
au  Parlement  de  Paris,  pendu  et  briilé  en  place  de  Grève  sous  le  règne 
de  François  II. 


s 


s 


s 


—  68  — 

»  Descizioiis,  diid'd  JiochelU',  prisé  huit  solz,  cy.  viii  * 
»  Le  Digeste  du  droit  pratiaque,  de  François  de  Ponsle, 

prisé  seize  solz,  cy xvi 

»  ResoUutions  poUiticques,  par  Jean  Marnix,   prisé  huit 

solz,  cy VIII 

»  Tliosme   second  des  Responces,  de  Carondas,  prisé  cinq 

solz,  cy V* 

»  Godille  des  Requestes,  prisé  cinq  solz,  cy.  .  .  V'* 
»  Chronicqiie  praticque  des  notaires,  par  Colhereau,  prisé 

cinq  solz,   cy v 

»  Les  Conceptions,  de   Llierosme  Caranbert ,    prisé   cinq 

solz,  cy V  * 

»  Coustume  du  Mayne,  prix  huit  solz,  cy.  .  .  .  viii  " 
»  Epitre  de  Cunacque,  vieil,  fripé,  prisé  cinq  solz,  cy.  v  ** 
y)  UListitution  du  Prince,  prisé  cinq  solz,  cy.  .  .  v* 
)■)  La   Demonomanye,   de   Bodin   (i) ,    prisée  seize   solz, 

cy XVI  * 

»  Le    Tliimée,    de   Platon,    en  françois,  prisé    huit   solz, 

cy.      .     , VIII  s 

»  La  Saize,  de  Carondas,  prisé  vingt  solz,  cy.  xx  " 
»  La  Theollogije  naturelle,    de   Ramond  Sehon   (2),   prisé 

seize  solz,  cy xvi 

»  Deux  vollumes  d'Istoires  de  France  septuenaire,  prisé 

vingt  solz,   cy xx-^ 

»  Une  vieille  Bible,  prisée  vingt  solz,  cy.  .  .  .  xx* 
»  Epitaites,  de  La  i*or<«^,  prisé  cinq  sols  (3),  cy.     .  v* 

(1)  La  Démonomanie,  de  .lean  Bodin,  ouvrage  singulier,  imprimé 
tour  à  tour  à  Piiris,  à  Anvers,  à  Lyon,  ù  llouen,  de  1580  à  lOOi,  fut  tra- 
duite eu  latin  et  en  italien,  liodin  était  né  au  village  des  Hanriiets, 
prés  Angers.  Son  ouvrage  iulitulé  De  la  BépubUquc  est  également 
renommé. 

(2)  La  Tliéologic  naturelle  de  Raymond  Sebon  a  été  traduite  en  l'ran- 
gais  par  Montaigne  en  1581.  Louvi'age  ne  vendait  à  Paris  chez  Guil- 
laume Chaudière. 

(.3)  Les  Épithites,  de  M.  de  la  Porte,  parisien;  Paris,  G.  liuon,  1580. 


s 


-  69  — 

»  La  Suicte   des  Diversitez,   Du   Bellay   (1),    prisé  cinq 

solz,  cy ys 

»  Le  Discours  de  VEstal,  prisé  huit  solz,  cy.     .     .     viii  ^ 

»  L'Hipoatrer,  prisé  quinze  solz,  cy xv  ^ 

»  Commentaire  de  VOrdonnanci  de   trente  neuf  (2),  par 

Constantin^    prisé  huit  solz,   cy viii  ^ 

))  Petites  Institutions  Francés  Françoize^  prisé  cinq  solz, 

cy V  « 

»  Traicté  des  Diverses  Jurisdictions  de  France ,  prisé 
trois  solz,  cy m  « 

»  Les  Polliticques,  de  Lipse  (3),  en  françois,  prisé  cinq 
solz,  cy V  s 

»  Office  du  Juge,  par  Biiret,  prisé  cinq  solz,  cy.     .         v^ 

»  Consiliatio  locquorom  communoz  Cartiné  Scripturé 
Sairé,  prisé  dix  solz,   cy x  ^ 

»  Vallere  Maxime,  couvert  de  veau  rouge.  —  J\(stin , 
couvert  de  veau  rouge.  —  .Tulles  Cezart,  aussy  couvert  de 
veau  rouge,  prisez  ensemble  seize  solz,  cy.    .     .     .        xvi  » 

»  Item,  trente  et  huit  petictz  vieux  livres  dliumanité,  les 
uns  lattins,  les  autres  françois,  prisez  dix  solz,  cy.         x*  ■>■> 

Dans  le  même  appartement,  on  trouve  ensuite  :  une  cara- 
bine, prisée  douze  livres  ;  une  épée,  prisée  trente-deux  sous  ; 
unjavelotdoré,  prisé  aussi  trente-deux  sous  ;  «  une  douzainne 

(1)  Vraisemblablement  Joachim  Dubellay,  deuxième  fils  légitime  de 
Jean  Dubellay,  sieur  de  Gonnord,  et  de  Renée  Chabot,  né  à  Lire 
(M.-et-L.),  en  1523,  célèbre  poète  français,  mort  des  suites  d'une 
apoplexie  le  l'^' janvier  1560  (n  s.)  Il  fut  inhumé,  croit-on,  à  Notre- 
Dame  de  Paris,  aux  cotés  de  l'archidiacre  Louis  Dubellay,  et  son  Toni- 
beati,  dont  lui-même  avait  fait  l'épitaphe,  fut  célébré  par  Ronsard, 
par  Rémi  Belleau  et  par  tous  ceu.x  qui  lavaient  applaudi  triomphant. 
(Voir  les  litres  de  ses  ouvrages  dans  le  D/r/.  hist.  de  M.-et-L.,  t.  H, 
pp.  68-G9.) 

(2)  C'est  l'Ordonnance  de  Villers-Cotterets,  rendue  en    1539. 

(3)  Le  chef-d'teuvre  de  l'illustre  philologue,  Juste-Lipse,  est  son 
Commentaire  de  Tacite.  Ce  savant,  d'origine  flamande,  né  en  1547, 
mourut  en  1606.  Ses  ouvrages  sont  très  nombreux.  La  collection  com- 
plète de  ses  oeuvres  a  été  publiée  à  Anvers,  1637,  6  vol.  in-fol.,  et  à 
Wesel,  1675,  4  vol.  in-8". 


s 


—  70  — 

et  demie  de  vaisselle  de  faiaence  »,  prisée  cinquante-quatre 
sous;  un  trébuchet,  avec  ses  balances,  prisé  huit  sous; 
seize  verres  «  de  christal  fougère  »,  prisés  quarante  sous  ; 
deux  boîtes  de  cire  blanche,  prisées  ensemble  cinq  sous  ; 
un  petit  bahut,  un  tapis,  un  petit  tablier,  une  chaise  de  bois 
noir,  quinze  ais  de  bois  de  chêne,  sur  lesquels  sont  placés 
les  livres,  avec  l'échelle  pour  les  atteindre  ;  une  écritoire 
de  plomb  avec  une  écuelle  à  poudre.  A  dix  heures  du  soir, 
le  1'"'  décembre,  l'inventaire  de  «  l'estude  »  est  terminé. 


III. 

Les  papiers. 

Examinons  maintenant  les  pièces  enfermées  dans  les  sacs 
et  mentionnons  les  plus  importantes  : 

«  Pre'nier.  —  La  mynute  d'unne  procuration  constituée 
par  ledit  deiïunct  Quanti n  par  devant  Girard  (1),  notaire  en 
ceste  Cour,  le  premier  jour  d'octobre  dernier,  signée 
Quantin ,  Guerin ,  GoJlin  et  Girard,  par  laquelle  icelluy 
deiïunct  avoit  constitué  pi'ocureur,  le  nom  du(iuel  est  en 
blanc,  pour  resigner  en  main  de  Sa  Majesté  ses  offices  de 
lieutenant  particullier,  civil  et  criminel,  conmiissaire  en- 
questeur  examinateur,  pour  un  tiers  et  encorres  celluy  de 
conseiller 

»  Item,  un  jugement  donné  au  siège  de  Laval,  le  dixiesme 
mars  mil  six  cens  vingt  et  cinq,  signé  Perier,  au  proffit  du- 
(lif  deiïunct  René  Quantin,   contre  Isaac   Gigault  et  René 

(1)  Le  nom  do  C(3  notaire  près  la  cour  royale  de  Ciiàteau-Goiitier,  en 
KJ'iG,  ne  figure  point  sur  la  liste  des  notaires  de  cette  ville.  Le 
plus  jiucien  des  personnages  cités  dans  ce  tableau  est  Moudin  père, 
(1(>53- 11)99).  (Voir  V Anmiaire  de  V arrondissement  de  Chùteau-G onlier, 
adtnhnstralif,  agricole  et  commercial,  accompagné  de  notices  historiques, 
lioui-  1878,  p.  105;. 


—  71  - 

Verger,  de  la  somme  de  six  mil  livres  et  iuterrestz,  pour  la 
vendition  des  Moullins  au  Boy. 

»  Item,  un  contrat  d'entre  noble  Nicolias  de  la  Marque- 
raie  (!},  lieutenant  gênerai,  maistre  François  Fouquet  et 
maistre  Jean  Nigleau,  au  pied  duquel  est  un  acte  receu  de 
Girard,  notaire,  le  dix  neufiesme  juin  mil  six  cens  deux, 
concernant  l'acquest  de  l'office  d'enquesteur  commissaire 
examinateur  ;  la  .seconde  pièce  est  une  coppie  receue  de 
Symon,  notaire,  le  dix  septiesme  octobre  mil  six  cens  trois, 
contenant  que  ledit  defïunct  René  Quanti n  auroit  acquis 
dudit  François  Fouquet  un  estât  de  conseiller  et  le  tiers  de 
l'office  d'enquesteur  commissaire  examinateur  pour  la 
somme  de  douze  cens  livres. 

»  Item,  un  bail  faict  par  ledit  deffunct  du  lieu  du  Tertre  (2), 
par  devant  Girard,  notaire,  le  septiesme  janvier  mil  six  cens 
vingt. 

»  Item,  un  bail  à  moityé  fait  par  ledit  deffunct  à  Ambroise 
Bourré  du  lieu  de  la  Guilloterie,  par  devant  Girard,  notaire, 
le  dix  neufiesme  janvier  mil  six  cens  vingt  et  trois. 

»  Le  contrat  de  retrait  fait  par  Monsieur  de  Saint- 
OtTange  (3),  sur  ledit  deffunct,  de  la  terre  de  Houssay. 

»  Item,  quittance  receue  de  Girard,  notaire,  le  septiesme 
febvrier  mil  six  cens  dix  huit,  contenant  que  noble  Robert 
Guilloteau,   sieur  du   Hallay,    a    receu  dudit  sieur  Quantin 

(1;  IMarqueraie  (la),  f.,  c""'  de  Sœudres  (M.-et-L.),  appartenait  en  1540 
aux  enfants  de  Perrine  Chevalier,  femme  d'Hugues  Blanchard  (Arch. 
de  M.-et-L.,  C.  106,  f»  15). 

(2)  Tertre  (le),  chat.,  m'"  et  f.,  c»"  de  Mée  (Mayenne).  Fief  vassal  de 
la  baronnie  de  MortiercroUes.  En  lOiS,  René  du  Tertre,  seigneur  du 
lieu,  rendait  hommage  à  René  de  Rohan.  Les  Trémignon  avaient  pos- 
sédé ce  château  au  moyen  âge.  {Chroniques  Craonnaises,  p.  534). 

(3)  La  famille  angevine  des  Saint-Offange  s'est  éteinte  au  XVHP 
siècle  dans  celle  des  Turpin  de  Vihiers.  Son  manoir  héréditaire  était 
depuis  le  XIV«  siècle  à  l'Éperonnière  de  Saint-Aubin  -  de- Luigné. 
François,  sieur  de  Hurtault,  et  Amaur y,  sieur  de  la  Houssaie,  furent 
deux  ardents  ligueurs  dont  l'histoire  a  été  souvent  retracée. 


—  72  — 

unze  mil  deux  cens  livres  pour  la  recousse  de  la  terre  du 
Houssay. 

»  Item,  le  rachat,  de  par  ledit  delïunctQuantin,  de  la  rente 
de  six  cens  livres  du  Houssay,  du  sieur  de  la  Roussière  (1)  et 
du  Haut-Boullay  (2). 

»  Item,  une  minute  d'obligation,  du  huictiesme  aoust  mil 
six  cens  vingt  et  cinq,  portant  condamnation  de  la  somme  de 
six  cens  livres  contre  damoyselle  Renée  de  Bonvoisin,  veufve 
Lancelot  de  Quatrebarbes. 

»  Item,  un  accord  reçu  de  Nigleau,  le  vingt  et  septiesme 
mars  mil  six  cens  dix,  entre  ledit  deffunct  et  damoyselle 
Marie  Doyrron,  touchant  l'office  de  trezoryer  paieurdela 
compagnie  de  Monsieur  de  Lavardin  (3). 

»  Item,  une  liasse  concernant  les  lieux  de  la  Grande  et  de 
la  Petite-Poterie  (4). 

»  Item,  une  liasse  des  affaires  contre  le  sieur  de  la 
Brossinière  (5),  pour  les  mestaries  de  Poupard  et  de  la 
Vieillière  en  Ghemazé. 

»  Item,  une  liasse  concernant  la  Beuzelinière  (6). 

»  Item,  un  compte  de  paiemens  et  recepte  de  deniers 
faictz  par  ledit  defl'unct  pour  la  dame  Jeanne  Lecercler  (7), 
sa  mère,  épouse  de  René  Quantin,  le  quatriesme  décembre 
mil  six  cens. 

y>  Item,  l'acte  de  provision  de  curatelle  de  maistre  René 

(1)  Roussière  (la),  f.,  c*  de  Chàtelais  (M.-et-L.).  En  est  sieur  Claude 
Ariioul,  avocat  au  prcsidial  de  Gliàteau-Gontier,  lG'i3-lG()0. 

(2)  iioulay  (le),  L,  c"«  de;  Marigué  (M.-et-L.). 

(3)  Ce  nom  n'était  pas  en  odeur  de  sainteté  dans  le  pays  de  Chàteau- 
Gontier  où  on  avait  gardé  le  souvenir  des  désordres  commis  jtendant 
les  guerres  de  religion  par  les  tioupes  de  M.  de  Lavardin,  allié  du  roi 
de  Navarre.  {Journal  de  Louvet). 

(4)  Poterie  (la),  h.  c^  de  Chemazé. 

(5)  Fief  vassal  du  marquisat  de  Chàteau-Gontier. 

(6)  Beuzelinière  (la),  f.,  c"*  de  Laigné.  Fief  de  la  baroimie  de  Craon. 
L'étang  a  été  desséché. 

(7)  Cette  ancienne  famille,  dont  les  memhres  ont  rempli  diverses  fonc- 
tions aux  XVII"  et  XVIU»  siècles,  existe  encore  à  Chàteau-Gontier. 


73 


Séguin  aux  enfaiis  mineurs  de  cleffunct  maistre  Robert- 
Jousse  et  de  Renée  Le  Gentilhomme,  ayeuls  maternels  dudit 
defïunct  maistre  Jean  Quantin,  faict  au  siège  le  vingt  et 
quatrième  aoust  mil  cinq  cens  quatre  vingt  et  six. 

»  Le  vingt  et  deuxiesme  novembre  mil  six  cens  huit  », 
Daniel  de  Juigné,  sieur  deMollière  (1),  s'oblige  à  paier  «audit 
defïunct  cens  trente  et  six  livres  deux  solz  pour  vendition 
de  la  Viellière,  parroisse  de  Chemazé. 

»  Une  pièce  concernant  le  bancq  de  lad.  Gaultier  en 
l'église  de  Saint-Rémy  de  Chasteaugontier. 

»  Item,  le  pappier  journal  dudit  delïunct,  relié  et  couvert 
de  parchemin,  au  second  feuillet  duquel  commencent  les 
articles  des  paiements  faitz  à  divers.  Premier.  —  A  Monsieur 
Fayau,  peintre,  trente  et  six  livres,  pour  sa  peinture  de  ma 
salle,  et  un  bouesseau  de  blé,  que  ma  femme  lui  a  baillé, 
vallant  cinquante  solz 

»  Rem,  un  soubzseing  privé ,  signé  Trochon ,  portant 
convention  pour  la  nourriture  des  capucins  prédicateurs,  le 
deuxiesme  mars  mil  six  cens  vingt  et  trois  (2). 

»  Rem,  vingt  une  pièces  consernant  les  bastimens  faictz  par 
ledit  deffunct  en  la  maison  où  il  est  decceddé  ;  marché  portant 
obligation  de  Jean  Sallard,  masson,  de  faire  les  cloisons  et 
murailles  ;  receu,  par  Jean  Levaur,  vingt  et  deux  livres  dix 

(1)  jMoUiére,  bourg,  c"  de  Chemazé.  Fief  de  la  baronnie  de  Chàteau- 
Gontier. 

(2)  Le  13  avril  1609,  il  avait  été  décidé,  d'une  commune  voix^  par  la 
communauté  des  habitants  réunis  en  assemblée,  que  les  PP.  capucins 
seraient  «  priés  d'avoir  un  couvent  proche  cette  ville.  Une  souscrip- 
tion fut  ouverte  et,  dés  le  12  juin,  elle  atteignait  la  somme  de  0,000 
livres.  On  avait  d'abord  songé  à  bâtir  le  couvent  dans  le  quartier 
du  Martray  ».  Un  homme  du  faubourg  otTrit  gratis  le  terrain  à  condition 
que  le  monastère  serait  à  Azé.  Enfin  l'assemblée  du  11  mars  1611 
arrêta  que  «  la  croix  et  bâtiments  du  dit  couvent  »  seraient  «bâtis  aux 
Trois-Maries  ».  Le  prince  de  Guémenée  fut  prié  le  22  mai,  par  les 
habitants,  «  de  vouloir  bien  se  transporter  au  lieu  où  est  destinée  la 
place  du  bâtiment  des  Capucins  pour  asseoir  et  y  poser  la  première 
pierre».  (A.  du  Chêne,  Notes  sur  Chàlcan-Gonlicr  an  commencement 
du  XVII"  siècle). 


7i  — 


solz,  pour  vendition  de  pierre  ardoisine  taillée  ;  quittance  de 
Fayau,  de  trente  et  six  livres,  pour  avoir  peint  une  salle  ; 
quittance  de  sept  vingt  et  une  livres  quatorze  solz  six 
deniers  payées  à  Henry  .Clievrier,  serrurier  ;  autres 
quittances  de  Jean  Sallard,  masson,  et  de  Laurent  Allard  ; 
quittance  de  Chantepie,  de  vingt  livres,  pour  ardoise  ; 
marché  passé  avec  Jacques  Quantin,  pour  la  charpente  ; 
transaction  entre  le  defTunct,  Gabriel  du  Bois  et  Pierre 
Nouel,  pour  lesdits  bastiments  ;  receu  de  trente  et  cinq 
livres,  donné  par  François  Lemelle,  terrassier  ;  autre  receu 
de  quinze  livres,  donné  par  Jacques  Fourmentin,  charpen- 
tier; receu  de  six  livres  dix  solz,  donné  par  François  Ecoy, 
chaussumier  ;  receu  de  vingt  et  six  livres,  donné  par  Fram- 
bault  Margotin  ;  receu  de  François  AUeaume,  «  battelier  », 
qui  donne  une  quittance  de  vingt  et  neuf  livres  ;  receu  donné 
par  Jacques  Cardif  et  Jean  Pigeon,  massons,  de  la  somme 
de  trois  cens  quatre  livres  ;  receu  de  Fayau,  qui  a  esté 
payé  de  la  vitrye  par  luy  fournye  à  raison  de  cinq  solz  le 
pied  ;  contrat  passé  entre  le  delîunct  et  Jean  Lattay  , 
marchand  de  bois,  et  quittance  dudit  Lattay,  de  vingt  et  sept 
livres  deux  solz  six  deniers,  qu'il  a  receues  pour  la  char- 
pente pour  luy  fournye  ;  quittance  de  Guillaume  Le  Gileux, 
pour  le  clou  par  luy  fourny  ;  quittance  de  René  Goisbault, 
menuisier,  qui  a  receu  cent  quatorze  livres  quinze  solz  ; 
quittance  donnée  par  Léonard,  cloutier. 

»  Item,  la  grosse  du  contrat  de  mariage  de  Robert 
Guilloteau,  sieur  du  Hallay,  avec  Catherine  Quantin,  receue 
devant  Blanchet,  notaire,  le  dixneufiesme  febvrier  mil  six 
cens  deux. 

»  Item,  une  coppie  des  comptes  de  la  Baronnie  de  Chas- 
teaugontier. 

»  Item,  le  contrat  de  la  vente  dudit  lieu  de  la  Beaume- 
rie  (i)  à  Jean  de  la  Barre. 

(1)  ntuiruf^rie  (la),  i'.,  c"«  de  Châtelain.  Fief  vassul  do  la  baronnie  de 
Chàteau-Gontier. 


—  75  - 

»  Quittance  de  cinquante  escuz,  pour  l'achat  de  la  terre 
d'Aviré  (1),  du  unziesme  juin  mil  cinq  cens  quatre  vingt  et  dix. 

»  Quittance  signée  Vacquier,  du  vingt  et  huitiesme  may 
mil  six  cens  deux,  portant  qu'il  promet  audit  deffunct  luy 
fournir  quittance  de  la  dame  de  la  Barre,  de  quatre  vingt 
trois  escus  un  tiers,  » 

«  Quittance  de  Pierre  Menoret,  bailly  de  Pouensé  (2). 

«  Mémoire  dudit  delïunct  concernant  le  voiage  de  Jean 
Quantin  à  Poitiers  et  lettre  dudit  Jean  Quantin,  en  latin, 
adressante  audit  deffunct. 

»  Mémoires  de  parties  d'appoticquaire. 

y>  Mémoire  des  prestres  qui  ont  assisté  à  la  sépulture  de 
ladicte  defïuncte  Jousse  et  de  ce  qui  leur  a  esté  paie. 

»  Mémoire  contenant  quittance  du  drap  mortuaire  ;  quit- 
tances du  luminaire  ,  de  la  sépulture  et  des  frais  des 
écussons  fournis  par  Fayau  ;  minute  du  testament  de  lad. 
Jousse  receu  de  Jouennaux  ,  nottaire. 

»  Quittance  des  services  de  Marguerite  Hamon  et  Jeanne 
Bouré,  servantes  de  lad.  deftuncte. 

»  Mémoire  de  la  rente  léguée  au  Collège  de  ceste  ville. 

»  Quittance  de  la  cellebration  d'une  messe  par  sepmaine 
en  l'églize  Saint-Bemy. 

»  Quittance  donnée  par  devant  Girard,  par  maistre  Bené 
Quantin,  sieur  de  la  Chesnaie,  père  dud.  deflunct,  le  uniesme 
juillet  mil  cinq  cens  quatre  vingtz  dix  neuf.  » 

ÏV. 

Le  mobilier. 
Le  2  décembre,  on  commence  l'inventaire  du   mobilier. 

(1)  La  seigneurie  d'Aviré  relevait  de  Chàteau-Gontier  et  était  com- 
mune aux  seigneurs  de  Bouillé-Téval,  puis  de  Rossignol.  Les  métairies 
de  l'Epinay  et  de  l'Aubriaie  en  dépendaient.  La  maison  dite  la  Cour 
dWviré  subsiste  encore  aujourd'hui. 

(2)  Pouancé,  chef-lieu  de  canton,  arr.  de  Ségré  (M.-et-L).  La  sei- 
gneurie était  titrée  de  baronnie  dès  le  XIV^  siècle. 


—  76  — 

Le  procureur  du  roi,  assisté  du  greffier,  est  présent.  André 
Maboner  et  Guillaume  Jarry,  maîtres  menuisiers,  remplissent 
les  fonctions  d'experts. 

Dans  la  salle  basse,  on  trouve  :  une  table  «  tirante  »  de 
bois  de  noyer,  portée  par  des  petites  colonnes  ;  un  buffet  de 
bois  de  noyer,  dont  le  bas  forme  armoire  et  ferme  à  clef  ; 
une  couchette  de  bois  de  noyer  ;  douze  grandes  chaises, 
dont  la  moitié  a  les  bras  garnis  de  cuir  doré,  de  Flandre  ou 
de  Turquie,  avec  passements  et  clous  également  dorés  ;  six 
petites  chaises,  sans  bras,  mais  semblables,  pour  le  reste, 
aux  précédentes  ;  une  bancelle  couverte  de  serge  verte  et 
ornée  de  la  même  façon  que  les  chaises  ;  une  autre  bancelle 
de  bois  noir  sans  garniture. 

Dans  une  pièce  voisine  :  «  une  vieille  petite  table  »  de  bois 
de  noyer  ;  un  vieux  banc  de  chêne  ;  une  paire  de  balances  ; 
une  bouteille  de  verre  clissée  ;  trois  armoires  en  bois  de 
chêne  ,  fermant  à  clef.  Cette  pièce  est  appelée  «  la  despence 
de  lad.  maison  ». 

Dans  «  l'entichambre  »  :  une  armoire  ancienne  où  l'on  met 
la  vaisselle;  un  cabinet  de  bois  de  chêne,  «  fermant  de  clef  »; 
un  grand  coffre  de  chêne  ;  un  autre  petit  coffre,  un  vieux  lit, 
aussi  de  chêne,  de  forme  antique  ;  «  un  travouil  et  un  fallot  ». 

Dans  la  petite  salle  de  la  maison:  un  lit  de  noyer  avec 
pommettes  dorées  et  bouquets,  une  couchette  de  noyer;  une 
petite  table  de  bois  de  noyer,  portée  sur  cinq  colonnes  et  qui 
se  tire  ;  une  autre  petite  table  servant  aux  repas;  neuf  grandes 
chaises  de  bois,  dont  cinq  à  bras  et  quatre  sans  bras,  garnies 
de  serge  verte,  avec  passements  et  clous  dorés  ;  deux  petites 
chaises,  sans  l)ras,  garnies  de  serge  verte,  et  deux  autres 
pareilles  couvertes  de  bois  ;  trois  petits  escabeaux  garnis  de 
.serge  verte;  un  lialiut  carré,  fermant  de  clef,  avec  sou- 
bassements ;  un  vieux  banc  à  dossier  en  noyer,  où  il  y  a  deux 
coffres,   placé  .sous  la  galerie  ;  un  petit  miroir  ;  un  souflfet. 

Dans  la  cuisine  :  une  grande  huche  de  bois  de  chêne, 
fermant  de  clef;   une  vieille  table  de  bois  de  noyer  ,  portée 


—   il   — 

par  des  tréteaux  ;  une  bancelle,  un  escabeau,  un  «  haistault  «^ 

Sous  le  portail  neuf  :  un  grand  coffre  de  bois  «  dans  lequel 
ne  s'est  trouvé  que  cocques  de  noix  »  ;  une  vieille  table  ;  une 
selle  pour  faire  la  lessive;  «  une  bencosse  à  habiller  porcqz  »; 
un  rouet  pour  filer  ;  une  seille,  un  godet  pour  boire  ;  un 
petit  coffre   de  bois;    «  un  demeau  >■>  et   une  mesure  (1). 

«  En  unne  cliambre  haulte  appelée  la  chambre  rouge  »  : 
une  table  sur  pattes,  qui  se  tire,  en  bois  de  noyer;  un 
cabinet  fermant  de  clef,  à  quatre  tiroirs  de  bois  de  noyer  ; 
deux  bois  de  lits  ;  deux  grandes  chaises,  sans  bras,  garnies 
de  serge  verte,  avec  clous  dorés  ;  un  petit  bahut  carré  avec 
soubassement  ;  un  autre  petit  bahut  rond  ;  un  autre  vieux 
petit  bahut  rond. 

((.  En  unne  petite  estude  à  costé  de  ladicte  chambre  où  est 
l'oratouère  »  :  un  grand  vieux  bahut  en  forme  de  garde- 
robe;  une  vieille  porte  sur  deux  tréteaux;  trois  «  barenchots 
à  mettre  fruict  cuit  »  ;  une  petite  boite  ;  un  petit  cuveau. 

Dans  une  autre  petite  «  estude  »  :  une  grande  paire  de 
«  presses  »  de  bois,  avec  quatre  armoires,  fermant  à  deux 
serrures  ;  un  grand  vieux  bahut  en  forme  de  garde-robe  ;  un 
petit  vieux  bahut  rond. 

»  En  unne  gallerie  respondant  sur  la  court  de  derrière 
estant  à  costé  de  lad.  estude  »  :  deux  tabourets  de  bois  de 
noyer,  couverts  de  tapisserie,  avec  clous  dorés  ;  deux  petits 
bahuts  ronds,  qui  ferment  à  clef;  un  grand  vieux  bahut 
rond,  aussi  fermant  à  clef  et  servant  à  mettre  tous  les 
papiers  de  la  famille  ;  une  selle  à  faire  la  lessive,  avec  une 
clisse  ;  une  perche  ;  un  vieux  petit  coffre  de  bois  de  chêne. 
Les  tabourets  recouverts  de  tapisseries,  qui  sont  «.  de  l'ou- 
vraige  de  Françoise  Quanlin  »,  ne  sont  pas  compris  dans 
l'inventaire. 

»  Item  est  de  même  d'un  tableau  qui  lui  a  esté  donné  par 
le  sieur  Moreau. 

(1)  Voir,  sur  les  mesures  de  contenance  pour  les  solides  en  usage 
dans  le  pays  de  Chàteau-Gontier,  les  Chroniques  Craonnaises,  p.  407. 


IH 


»  Fa\  1.1  rli.iiiibiv  (lu  garsûii  ->  :  uiii^  table,  un  lit  et  un 
vieux  coffre  de  bois  de  chêne  à  panneaux  ;  un  autre  coffre 
de  chêne  «  fait  à  ouvraige  »  ;  «  un  godendard»  ;  deux  «  claies 
à  nettoyer  habit  »  ;  une  paire  de  «  poussetes  »  ;  deux  selles 
de  cheval,  «  à  homme,  avecq  les  estriers  »  ;  une  autre  selle 
de  cheval,  «  servant  à  femme  »  ;  une  vieille  bride  ;  une 
vieille  paire  de  bottes  ;  «  unne  vieille  faucoimier  »  ;  un  rouet 
à  filer  et  un  «  barenchot  ». 

«  En  unne  gallerye  à  co.sté  où  y  a  paille  »  :  un  coffre  de 
chêne  fermant  à  clef  :  deux  «  baranchotz  »  et  un  «  travoueil  ». 

Dans  la  chambre  verte  :  une  vieille  table  de  noyer  ;  un  lit 
«  fait  à  l'anthicque  et  godronné,  avec  verges  de  fer  »  ;  une 
couchette;  un  vieux  buffet  de  noyer  «  godronné  »,  avec 
deux  portes  vitrées  ;  deux  grandes  chaises  de  bois  ;  un  vieux 
petit  bahut  rond  ;  «  unne  petite  malle  de  cuir,  couverte  de  cuir 
velu,  fermant  de  clef,  non  inventoriée,  appartenant  à  ladite 
Françoise  Quantin  et  ne  contenant  que  les  chemises  de  la- 
dicte  damoiselle  ». 

»  En  la  gallerye  de  sur  la  court  de  devant  »  :  une  chaise 
percée  ;  un  vieux  banc  ;  une  table  sur  tréteaux  ;  un  seau  ; 
deux  perches  ;  trois  fûts. 

Dans  une  étude  auprès  de  la  chambre  verte  :  «  un  tablier 
de  bois  fermant  de  clef  »  ;  deux  grandes  chaises  à  bras  ;  cinq 
tableaux. 

Dans  le  grenier  bas  :  un  millier  de  carreaux,  prisé  cin- 
quante sous  ;  «  deux  betuzcs  »  ;  un  millier  d'ardoises,  prisé 
cent  sous  ;  une  selle  à  aire  lessive,  prisée  trois  sous  ;  une 
autre  selle  destinée  au  même  usage  ;  «  unne  sarche  à  faire 
laissive  »  ;  tiois  échelles  de  pied  ;  deux  tréteaux  ;  «  cinq 
septiers  trois  bouesseaux  de  bled  seigle,  apretyé  à  raison 
de  treze  livres  le  septier,  qui  font  en  somme  toute  soixante 
neuf  livres  dix  sept  solz  six  deniers  ;  item,  neuf  bouesseaux 
d'avoyne ,  prisez  vingt  solz  le  bouesseau ,  qui  font  en 
somme  toute  neuf  livres;  item,  trois  bouesseaux  et  demy 
de    froument   rouge,    prisez  à  raison  de  quarente  solz  le 


—  79  — 

bouesseau,  qui  font  en  somme  toute  sept  livres  ;  item,  un 
demeau  d'orge,  prisé  dix  solz  ;  item,  treze  bouesseaux  de 
noix,  prisez  à  raison  de  dix  solz  le  bouesseau,  qui  est  en 
somme  toutte  six  livres  dix  solz  ;  item,  deux  cens  vingt 
livres  de  lin,  apretyé  à  raison  de  dix  livres  le  cent^  qui  est 
en  tout  vingt  et  deux  livres  ;  item,  deux  cens  douze  livres 
de  chanvre,  estimé  deux  solz  la  livre,  faisant  en  tout  vingt 
et  une  livres  quatre  solz.  Et  a  déclaré  ladicte  Gaultier  que 
sa  part  des  produits  du  lieu  de  la  Richotterye  (1)  n'a 
encores  esté  apretié,  pour  n'avoir  esté  partaigé.  » 

Dans  le  grenier  haut  de  la  maison  :  une  bancelle  de 
chêne  ;  cinq  c(  barenchotz  »  ;  deux  autres  k  barenchotz  »  ; 
((  vingt-neuf  septiers  de  blé,  prisés  treize  livres  le  septier,  le 
tout  mesure  de  cette  ville  de  Chasteaugontier,  faisant  en 
tout  trois  cent  soixante  dix  sept  livres  »  ;  «  un  demeau  de 
pois,  prisé  vingt  solz  »  ;  «  trois  demeaux  de  febves,  prisés 
cinquante  solz  ». 

Dans  la  cave  :  une  huche  de  bois  de  chêne  termant  à  clef; 
un  garde-manger  ;  «  deux  barenchotz  »  ;  «  deux  petits  sal- 
louers  ;  trois  petitz  poullains  et  une  quenouille  à  descendre 
vin  en  ladicte  cave  ;  un  tonneau  où  y  a  quelque  peu  de 
reste  de  vin  clairet  ;  unne  buce  vuide  ;  unne  pipe  de  cildre, 
provenue  en  ceste  année  au  lieu  du  Tertre  de  Mée,  aussy  à 
ladicte  Gaultier,  estimée  dix  livres;  un  charnier  dans 
lequel  y  a  un  porc  salle,  qui  vient  de  la  Richotterie  et  dont 
la  moitié  est  au  closier ,  le  tout  prisé  douze  livres  ;  un 
tour,  prisé  trente  sous.  » 

Dans  la  cour  :  «  cinq  chartéesde  gros  bois,  prisées  ensemble 
dix  livres  ;  trois  cens  de  fagot,  prisé  neuf  livres  ;  unne  mue  à 
mettre  poullaille,  prisée  dix  solz  ;  unne  civière  à  bras^  prisée 
trente  solz  ;  quatre  pièces  de  vieux  bois  ;  deux  pannes  de 
terre  à  faire  la  laissive  ;  unne  pelle  à  bescher,  une  vieille 
fourche  ferrée  et  une  petite  cobeche,  le  tout  prisé  quinze 
sols  ». 

(1)  Richotterie  (la),  f.,  c°«  de  Saint-Fort. 


-  80  - 

V. 

La  vaisselle,  V argenterie  et  les  bijoux. 

A  une  heure  de  l'après-midi,  le  même  jour,  les  parties 
sont  réunies  de  nouveau  pour  continuer  l'inventaire.  Jérôme 
Bernier,  «  maistre  pintier  (1)  »,  Samuel  Chelleur,  «  maistre 
orfebvre  »,  Gaspard  Lecourt,  «  maistre  poislier  et  chaudron- 
nier »,  François  Ledroit,  «  tapissier  »,  Mathurin  Henri, 
«tailleur»,  et  Pierre  CrouUet,  «  trompette  et  crieur  ordinaire 
proclamateur  (2)  »,  sont  présents.  Ils  prêtent  serment  de 
remplir  honnêtement  leur  mission  d'experts.  Ils  examinent 
successivement  la  vaisselle  commune,  ((  la  poislerie  d'airain 
et  autre  ferraille  »,  la  vaisselle  d'argent,  les  bijoux,  les  vête- 
ments, le  mobilier,  le  linge,  etc.  C'est,  avec  l'énumération 
des  livres,  la  nomenclature  la  plus  intéressante  de  notre 
manuscrit  : 

La  vaisselle  commune  de  toute  espèce  est  estimée  cin- 
quante et  une  livres  seize  sous,  plus  deux  chandeliers 
d'étain,  qui  sont  prisés  vingt  sous. 

On  inspecte  ensuite  «la  poislerie  d'airain  et  autre  ferraille  »  : 
«  Unne  grande  poisle  chaudière  ronde  de  trois  seillées,  pri- 
sée six  livres  ;  unne  autre  poisle  chaudière  ronde  de  deux 
seillées,  prisée  quatre  livres  ;  unne  autre  petite  poisle  chau- 
dière ronde  d'unne  seillée,  prisée  trente  et  deux  solz  ;  unne 
autre  petite  poisle  vieille  ronde  de  demie  seillée,  prisée  dix 
solz  ;  un  vieil  chaudron  d'unne  seillée,  prisé  quarente  solz  ; 
un  autre  chaudron  moyen,  prisé  trente  et  deux  solz  ;  un 
autre  chaudron  de  demie  seillée,  prisé  quarente  solz  ;  un 
autre  plus  petit  chaudron,  prisé  dix  solz  ;  trois  poislons, 
prisez  ensemble  trente  et  deux  solz  ;  unne  passete,   prisée 

(4)  Une  des  rues  de  Château-Gonlier  porte  encore  anjnunl  hui  le  nom 
de  «  rue  des  Pintiers.  » 
(2)  Le  tambour  de  ville  à  remplacé  le  crieur. 


—  81  — 

seize  solz  ;  trois  couvercles  d'airain,  prisez  seize  solz  ;  deux 
vieilles  poisles,  prisées  seize  solz  ;  unne  grande  marmite, 
prisée  vingt  et  ung  solz  ;  unne  autre  moienne  marmite,  prisée 
quinze  solz  ;  unne  autre  plus  petite  marmite,  prisée  quatorze 
solz  ;  trois  cuillers,  prisées  trois  solz  ;  trois  vieilles  poisles, 
avec  un  rechault,  le  tout  prisé  cinq  solz. 

))  Item,  un  trépied,  prisé  cinq  solz  ;  deux  vieilles  marmites 
rompues,  prisées  trois  solz  ;  unne  grande  paire  de  landiers 
de  cuivre,  de  la  salle,  prisez  dix  huit  livres  ;  unne  autre 
paire  de  petitz  landiers,  aussy  de  cuivre  rouge,  servant  à  la 
chambre  rouge,  prisez  huit  livres  ;  unne  paire  de  landiers, 
qui  servoient  à  la  petite  salle,  aussy  de  cuivre,  prisez  avecq 
les  chesnetz,  treze  livres  ;  deux  vieiz  chenetz,  qui  ne  sont 
pareilz,  prisez  vingt  et  cinq  solz  ;  unne  vieille  pelle  de  fer  ; 
unne  fourchete  et  un  garde-casse,  le  tout  prisé  trente  solz  ; 
unne  autre  paire  de  landiers,  qui  servoient  à  la  cuisine, 
avecq  deux  chesnetz,  le  tout  de  fer,  prisé  soixante  solz  ;  unne 
paire  de  landiers  de  fonte,  qui  estoient  en  la  chambre  du 
garson,  prisez  seize  solz  ;  quatre  chandelliers  pareilz  à 
collonnes,  prisez  ensemble  soixante  et  quatre  solz  ;  un  autre 
petit  chandellier  d'estude,  prisé  dix  solz  ;  un  autre  grand 
vieil  chandellier  à  l'anthicque,  prisé  quinze  solz  ;  deux 
lampes,  prisées  ensemble  trente  deux  solz  ;  trois  petits 
coings  de  fer  et  une  hache  de  nulle  valleur,  prisez  ensemble 
vingt  solz  ;  dix  couteaux  de  table,  prisez  ensemble  cinquante 
solz  ;  un  petit  rond,  estimé  trente  et  deux  solz  ;  trois  petites 
broches  de  fer,  prisées  ensemble  seize  solz  d. 

C'est  ensuite  le  tour  de  la  vaisselle  d'argent  :  «  Un  petit 
bassin  en  auvalle  d'argent  doré,  pezant  trois  marcqz  cinq 
onces  ;  un  pot  d'argent  doré,  pezant  deux  marqz  et  demye 
once  ;  deux  vinaigriers  d'argent  doré,  pezant  ensemble  un 
marcq  six  onoes  ;  un  autre  petit  vinaigrier  d'argent  doré, 
pezant  quatre  onces  deux  gros  et  demy  ;  deux  sallières 
d'argent    doré,    pezant   ensemble  un    marcq   une   once   et 

XXIV.    G 


8^2 


demye  ;  unne  autre  sallière,  pezant  six  onces  et  deniye  un 
gros  et  demy  ;  unne  douzainne  de  cuillers  d'argent,  aiant  le 
manche  quarré  et  le  bout  doré,  pezant  ensemble  quatorze 
onces  et  demye  un  gros  et  demy  ;  unne  autre  demye  dou- 
zainne de  cuillers  d'argent,  avecq  le  manche  plat,  et  deux 
autres  d'une  autre  faczon,  pezant  ensemble  sept  onces  six 
gros  ;  item,  demye  douzainne  de  fourchetes  d'argent,  trois 
onces  et  un  demy  gros.  Touttes  lesdictes  choses  cy  dessus 
rjvenans  ensemble  à  treize  marcqz  six  onces  demy  gros,  qui 
ont  esté  apprêtiez  par  ledit  Chelleur,  l'un  portant  l'autre,  à 
vingt  et  une  livre  le  marcq,  qui  font  ensemble  à  lad.  raison 
deux  cens  quatre  vingtz  huict  livres  trois  solz  six  deniers, 
sauf  erreur  de  calcul  ». 

On  examine  après  les  parures  et  les  bijoux  :  «  Item,  deux 
colliers  de  perles,  dont  y  en  a  plusieurs  rondes,  l'un  conte- 
nant deux  cens  quatre  vingt  trois  perles  et  l'autre  trois  cens 
quatre  vingt  dix  huict,  apretyées,  l'une  portant  l'autre,  à  six 
solz  pièce,  lesquelles  perles  lad.  Gaultier  a  dit  qu'elles 
luy  ont  esté  données  par  led.  defïunct  Quantin  par  son  con- 
trat de  mariage,  faisant  en  somme  toute  deux  cens  quatre 
livres  dix  solz. 

»  Item,  lad.  Françoize  Quantin  a  représenté  un  diamant, 
qu'elle  a  dit  luy  avoir  esté  donné  par  led.  detïunct,  led.  dia- 
mant apretyé  à  quarente  cinq  livres. 

»  Item,  lad.  Françoize  a  représenté  un  petit  collier  de  petites 
perles  de  sepmances  barocques,  pezant  trois  gros,  qu'elle  a 
dit  luy  avoit  esté  donnez  par  son  père,  apretyé  à  sept  livres, 

»  Plus  a  esté  trouvé  une  chesne  de  crhistal  en  ollives  gar- 
nies de  gerbes  d'or,  estimée  et  appretyée  soixante  livres.  » 

Ici,  une  di.scussion  inattendue  s'élève  entre  les  héritiers. 

«Item,  lad.  Françoize  Quantin  a  (ht  avoir  deux  pendans 
d'oreilles  de  petictz  diamans,  qu'elle  a  représentez,  qu'elle  a 
dit  la  plus  grande  partye  luy  avoir  esté  donnée,  depuys 
plusieurs  années,  tant  par  la  dame  de  Hellault,  son  ayeule 
maternelle,  que  pai-  lesdits  Quantin,  son  père  et  sa  mère^ 


83 


lesquelz  pendans  d'oreilles  sont  eu  son  peculle  et,  liiy 
appartiennent,  sans  qu'ils  puissent  venir  en  apretiation  ny 
estre  compris  au  présent  inventaire  et  les  a  représentez  seul- 
lement  affin  qu'il  ne  puisse  imputer  que  l'on  ;iit  caché  ny 
laissé  aucunne  chose.  Ledict  Quantin,  son  frère,  a  dit  n'avoir 
congnoissance  dudit  don  et  que  ce  qui  se  trouve  doibt  estre 
inventorié  et  apretyé.  Surquoy,  serment  pris  de  lad.  Gaultyer 
ensemble  et  de  lad.  Quantin,  qui  ont  veriffyé  que  lesd.  pen- 
dans d'oreilles  ont  esté  donnez,  pour  lad.  partye,  àlad.  Quan- 
tin, par  lad.  dame  de  Hellault,  et  que  ledit  Quantin  y  a 
contribué  d'un  petit  collier  d'or  pour  faire  faire  lesdiclz  pen- 
dans d'oreilles,  qu'il  luy  a  donné  véritablement,  et  les  a 
portez  depuis  cinq  ans  durant,  ensemble  led.  petit  colher 
de  perles  prisé  sept  livres,  avons  desdits  pendans  d'oreilles 
et  petit  collier  fait  et  faisons  dellivrance  à  lad.  Quantm, 
comme  aussy  des  habictz  qui  sont  à  son  usaige.  Signé 
Chelleur  ». 


VI. 


Les  vêtetnents  de  maître  liené  Quantin  et  de  Jeanne  Gaultier , 

sa    femme. 

Voici  maintenant  la  liste  des  nombreux  *  habictz  trou- 
vez en  grandes  presses,  dont  a  esté  levé  le  scellé  et  fait 
ouverture,  avec  les  clefz,  par  led.  Collin,  en  la  chambre 
estant  à  costé  de  la  chambre  rouge  : 

«  Une  robe  de  pallais,  de  sarge  raze,  garnie  de  taffetas,  à 
usaige  dudit  deffunct,  prisée  sept  livres,  cy.    ...        vu  i 

»  Item,  un  manteau  de  sarge  raze,  noir,  à  usaige  dudit 
deffunct,  prisé  douze  livres,  cy xin 

»  Item,  unne  autre  robe  de  pallais,  de  sarge,  parée  de 
de  velours,  à  usaige  dudit  deffunct,  prisée  vingt  livres, 
cy XX» 


—  84  — 

»  Item,  unne  sotanne  de  tafetas,  à  usaige  dudit  defïunct, 
prisée  douze  livres,   cy xii^ 

»  Item,  umie  douzainne  de  petictz  collectz,  usez,  àl'usaige 
dud.  deffunct,  prisez  vingt  et  quatre  solz,  cy.     .         xxiv» 

»  Item,  huict  fraizes,  à  l'usaige  dudit  deffunct,  estimées 
quatre  livres,  cy iv  i 

»  Item,  un  manteau  d'estamine,  doublé  de  tafetas,  à  usaige 
dudit  deffunct,  prisé  sept  livres,  cy vu  • 

»  Item,  deux  sotannes  d'estamine,  à  usaige  dudit  deffunct, 
prisées  ensemble   neuf  livres,  cy ix  ' 

»  Item,  unne  robbe  de  chambre  de  sarge  raze,  avecq  bou- 
tonnières, doublée  de  baguette,  à  usaige  dudit  deffunct, 
prisée  vingt  livres,  cy xx  ^ 

»  Item,  un  manteau  d'estamet,  à  usaige  dudit  deffunct, 
prisé  douze  livres,  cy xii  ' 

y>  Item,  un  autre  manteau  d'estamet,  doublé  de  baguette 
et  gariiy  de  boutonnières  par  le  devant,  à  usaige  dud. 
deffunct,  prisé  neuf  livres,    cy ix' 

«  Item,  un  autre  manteau  de  camelot  de  lisle,  à  usaige 
du  deffunct,  prisé  six  livres,  cy vi  • 

y  Item,  une  robe  de  pallais  de  sarge,  parée  de  taffetas, 
prisée   douze  livres,   cy xii' 

»  Iteni;  un  mante;iu  de  camelot  de  lisle,  à  usaige  dudit 
deffunct,  prisé  soixante  et  dix  solz,  cy lxx® 

»  Item,  unne  sotanne  de  satin,  à  usaige  dudit  deffunct, 
prisée  trente  livres,   cy xxx' 

»  Item,  unne  cazacque,  à  usaige  dudit  deffunct,  doublée 
de  sarge,  pri.sée  cinquante  solz,  cy l* 

»  Item,  un  capichon  de  camelot,  prisé  cinq  solz,  cy.        v* 

»  Item,  deux  vieilz  prepoinctz,  l'un  de  satin  et  l'autre 
d'estamine,  prisez  ensemble  quatre  livres,  cy.     .     .        iv' 

»  Item,  un  bonnet  quarré  et  un  chappeau,  à  usaige  dudit 
deffunct,  prisez  ensemble  quarente  solz,  cy.     .     .     .         XL* 

»  Item,  im  ballendrap  de  camelot  noii',  doublé  de  sarge, 
avecq  bouttons,  prisé  soixante  solz,   cy lx  * 


:  s 


s 


s 


-  85  - 

»  Item,  six  coueffes  de  nuict,  à  usaige  duel,  deffunct,   pr 
sées  dix  solz,   cy x 

»  Item,  un  bas  et  hault  de  chausse  de  sarge  raze,  à  usaige 
dudit  defîunct,  prisez  quarente  solz,  cy xl  * 

»  Item,  un  tapiz  de  jayette,  prisé  trente  solz,  cy.        xxx* 

f  Item,  un  bas  de  chausse  de  sarge  raze,  noir,  à  usaige  du 
dit  detïunct,  prisé  seize  solz,  cy xvi 

)^  Item,  un  autre  vieil  bas  de  chausse,  aussy  noir,  à  usaige 
dudit  deffunct,  estimé  huict  solz,  cy viii 

»  Item,  un  vieil  hault  déchausse  preijoinct  d'estamine,  à 
usaige  dudit  deff"unct,   prisé  dix  solz,  cy x  « 

»  Item,  huict  chemises  de  nuict,  à  usaige  dud.  detïunct, 
plus  que  my  usées,  prisées  quatre  livres  cy.     ...        iv  i 

»  Item,  unne  paire  de  gamaches  de  bure,  à  usaige  dudit 
deffunct,   prisé   huit  solz,  cy viii  * 

»  Item,   unne  cornette   de   pallais,   prisée  soixante  solz, 

cy LX* 

»  Item,  trois  douzainnes  de  chemises  de  lin,  à  usaige 
dudit  deffunct,  prisées  ensemble  vingt  et  huict  livres, 
cy xxviii  ' 

»  Item,  deux  vieilles  camisolles  de  fustainne  blanche,  à 
usaige  dud.  detïunct,  prisées  dix  solz,  cy x*  » 

La  garde-robe  de  la  dame  Jeanne  Gaultier  n'est  pas 
moins  bien  fournie  que  celle  de  son  mari  : 

«  Item,  unne  douzainne  de  chemises  de  lin,  à  usaige  de  lad. 
dame,  prisées  neuf  livres  six  solz  huit  deniers, 
cy IX  '  VI  s  VIII  d 

y^  Item,  unne  Juppé  de  vellours  en  fondz  de  suttin  blancq, 
à  usaige  de  ladicte  Gaultier,  prisée  quinze  hvres,  cy.        xv  ' 

»  Item,  unne  autre  Juppé  de  tafïetas,  bordée  depassemens 
d'argent,  à  usaige  de  ladicte  Gaultyer,  prisée  douze  livres, 
cy XII' 

»  Item,  unne  autre  juppe  de  satin  violet,  moucheté,  bordé 
de  gallon  d'argent,  que  lad.  Gaultyer  a  dit  luy  avoir  esté 
donnée  par  lad.  dame  de  Hellault,  lors  de  la  vendition   de 


-  86  - 

la  terre  du  Moullin  au  boy,  à  usaige  de  lad.  Gaultyer,  et 
ainsy  ne  debvoir  entrer  en  apreliation,  neantmoings  apretyée 
trente   livres,    cy xxx* 

»  Item,  dix  mouchoirs  de  toille  de  Hollande,  à  usaige 
de  lad.  dame,  prisez  cinquante  solz,   cy l  « 

»  Item,  unne  autre  juppe,  à  usaige  de  lad.  Gaultyer, 
lad.  jupps  de  satin  à  fleurs,  prisée  dix  livres,  cy.     .        x' 

»  Item,  quatre  collectz  de  nuictz,  à  usaige  de  lad.  Gaultyer, 
prisez  trente   solz,   cy xxx  « 

»  Item,  u:i  vieil  cotillon  de  camelot  sur  soye  rouge  avec 
passemens,  prisé  dix  livres,   cy x' 

>^  Item,  unne  demie  douzaiime  de  manchettes  à  usaige  de 
lad.  dame,  prisées  six  solz,  cy vi  * 

»  Item,  un  manteau  de  damars  noir,  à  usaige  de  lad.  dame 
Gaultyer,  avecq  doubles  nianches,  prisé  sept  livres, 
cy VII  ' 

»  Item,  un  autre  manteau  il'estamine,  à  usaige  de  ladite 
dame  Gaultyer,  led.  manteau  enrichy  de  passemens,  prisé 
quarente  solz,    cy xl  *= 

»  Item,  unne  demye  douzainne  de  couefïes  de  jour,  à 
usaige  de  lad.  dame,    i)risez  six  solz,  cy vi  ^ 

»  Item,  un  corset  à  manches  de  taffetas  gris,  à  usaige  de 
lad.  Gaultyer,  led.  corset  avecq  gallon  d'argent,  prisé  cent 
solz,  cy c  « 

»  Item,  unne  douzainne  de  chemises  neufves  non  inven- 
toriées et  que  ledict  Quantin  a  dit  qu'il  faut  aussy  inven- 
torier. 

»  Item,  unne  thoillette  et  un  sacq,  le  tout  de  vellours  gris 
brun,   ni)pretyô  à  sept   livres,  cy vit' 

»  Item,  unne  rol)e  d'estamino  estofl'ée  de  satin,  à  passe- 
mont,  [jiisée  soixante  solz,   cy i.x  '^ 

»  Item,  unne  cimarre  de  camelot  gris  moucheté,  à  usaige 
de  ladicte  dame  Gaultyer,  de  peu  de  vaileur,  prisé  à  trente 
solz,  cy xxx  s 


s 


•  —  87  - 

»  Item,  deux  vieilles  chemises,  à  usaige  de  lad.  dame, 
prisées  ensemble  cent  solz,   cy c 

»  Item,  unne  doublure  de  cottillon  frèze  grize,  prisée 
trente  solz,  cy xxx* 

»  Item,  huict  couefïes  de  nuict,  à  usaige  de  lad.  dame,  de 
toille  blanche,  my  usez,  prisées  trente  solz,  cy.     .         xxx  « 

»  Item,  unne  paire  de  fustaine  de  brassières,  à  usaige  de 
lad.  Gaultyer,    prisée  vingt  solz,  cy xx  ^ 

»  Item,  huict  fers  à  porter  rabatz  et  colleclz,  de  femme,  qui 
ne  sont  en  usaige,  prisez  huit  solz,  cy viii« 

»  Item,  deux  bas  d'estame  rouge  et  gris,  à  usaige  de 
femme,  prisez  quarente  solz,  cy xl« 

»  Item,  un  bas  de  soye  tanné,  de  nulle  valleur,  prisé  cinq 
solz,  cy , V  s 

»  Item,  un  manteau  et  deventière  de  femme  pour  monter 
à  cheval,  led.  manteau  et  deventière  de  camelot  noir,  prisez 
sept  livres,  cy vir  '  » 

Dans  le  même  appartement,  on  trouve  aussi  :  un  dessus  de 
buffet  garni  de  frange  de  soie  ;  un  tapis  vert  de  neuf  aunes  ; 
un  autre  tapis  vert  de  trois  aunes  et  demie  ;  «  une  housse 
de  serge  de  quan,  verte,  passementée  avecq  frange,  servant  à 
la  couschette  de  la  salle  »  ;  une  housse  à  cheval  en  velour.-. 


VII. 

Le  linge. 

Le  jeudi  3  décembre,  on  continue  l'inventaire.  On  exa- 
mine et  apprécie  le  moljilier  :  «  Un  ciel  de  lit  rouge,  i)asse- 
menté  de  trange  de  soye,  composé  de  trois  pantes,  quatre 
rideaux,  deux  bonnes  grâces,  la  mante,  trois  pommettes 
dorées  »,  et  «  le  tour  d'un  autre  lict  coulleur  Gingrolly, 
composé  de  quatre  pièces,  deux  bonnes  grâces,  garny  de 
petite  frange  de   soye  et  boutonnières,  avec  la  mante  de 


—  88  - 

mesme  coulleur,  trois  pommettes  dorées,  le  tout  en  lad. 
chainbre  rouge  ».  Le  tout  vaut  quatre-vingt-cinq  livres. 

Dans  la  chambre  verte,  on  relève  :  un  autre  bois  de  lit,  un 
pavillon  de  couchette  avec  passement  de  laine  ;  «  atroispantes, 
avec  un  doussier  de  damas  vert  »,  garnies  de  frange  de  soie  et 
doublées  de  satin  ;  trois  rideaux  ;  deux  bonnes  grâces 
de  taiïetas  vert,  garnies  aussi  de  IVange  de  soie  ;  «  le  fonds 
dudit  lit  aussy  en  satin  ».  La  dame  Quantin  dit  que  ce  lit  lui 
appartient  et  qu'il  lui  a  été  donné  par  ses  parents.  Sur  la 
demande  du  fils,  le  sieur  Quantin,  on  décide  que  cet  objet 
c(  sera  tiré  en  ligne  de  compte  >\ 

D'autres  lits  et  un  tour  de  lit  en  broderie  sont  énumérés 
dans  l'inventaire  avec  leurs  «  couettes,  mathelas  etorilliers  ». 
On  inscrit  aussi  vingt-neuf  livres  de  fil  de  lin,  en  deux 
paquets,  estimées  à  vingt-quatre  sous  la  livre,  soit  en  tout 
trente-quatre  livres  seize  sous,  et  une  pièce  de  toile  de  brin 
en  réparalicn.  Trois  bougies  jaunes  sont  estimées  quarante 
sous  et  quinze  pelotons  de  fil  à  coudre,  seize  sous.  On  note 
aussi  «  un  quartier  de  bureau  à  faire  semelles,,  une  pelisse 
et  un  vieil  langeul  il'enfant  ». 

On  inspecte ,  le  même  jour ,  les  serviettes  et  les 
draps  renfermés  dans  les  cotîres  et  les  bahuts  :  «  Sept 
douzainncs  de  serviettes  de  brin ,  estimées  soixante- 
quinze  solz  la  douzainne,  faisant  en  tout  vingt  et  six 
livres  cin([  solz  ;  une  douzainne  de  draps  neufs  de  toille 
Je  brin,  de  neuf  aulnes  le  couple,  faisant  ensemble  vingt  et 
sept  livres  dix  .solz  ;  une  douzainne  d'autres  draps  de  brin, 
my  usez,  prisez  neuf  livres  dix  solz  ;  quatre  autres  draps, 
presque  neufs,  de  toille  de  réparation  en  réparation,  prisez 
huict  livres  ;  dix  draps  d'estoupes,  my  usez,  de  huit  aulnes  le 
couple,  prisez  ensemble  quinze  livres;  niuic  d(Mni(>  dou- 
zainne de  nappes  de  rei)aralion,  de  deux  aulnes,  [)risées 
ensemble  sept  livres  ». 

Il  faut  y  ajouter:  une  douzaine  d'.uili'es  uajjpes  d'une  aune 
et  demie  chacune,  «  de  toille  de  l'c^jaraLion,  my  usez,  prisez 


89 


ensemble  cent  solz  ;  unne  douzainne  d'essuymains  neufz,  de 
grosse  toille,  prisez  ensemble  trente  solz  ;  huict  poches 
neufves,  prisées  ensemble  cent  solz  ;  trois  encherrouers, 
my  usez,  prisez  ensemble  vingt  et  cinq  solz  ;  unne  douzainne 
de  draps  neufs  de  toille  d'estoupe,  de  huit  aulnes  le  couple, 
prisez  ensemble  vingt  et  quatre  livres  ;  sept  douzainnes  de 
serviettes  de  toille  de  brin  en  brin,  prisées  vingt  et  six  livres 
cinq  solz  ;  deux  douzainnes  de  souille  de  pareille  toille,  de 
deux  aulnes,  prisées  ensemble  sept  livres  ;  unne  douzainne 
de  draps  de  brin  en  brin,  tout  neufs,  de  pareille  toille,  de 
neuf  aulnes  le  couple,  prisez  ensemble  trente  livres  ;  unne 
autre  douzainne  de  draps,  aussy  neufs,  prisez  trente  livres  ; 
sept  douzainnes  de  serviettes  de  toille  de  brm  en  brin,  neuf- 
ves, prisées  vingt  six  livres  cinq  solz  ;  unne  douzainne  de 
souilles  d'orilliers  de  toille  de  gros  lin,  prisées  ensemble  sept 
livres  dix  solz  ;  unne  demie  douzainne  de  draps  de  gros  lin, 
tous  neufs,  de  unze  aulnes  le  couple,  prisez  ensemble  dix- 
huict  livres  ;  cinq  autres  draps  de  lin,  my  usez,  de  dix  aulnes 
le  couple,  prisez  ensemble  douze  livres  ;  unne  douzainne  de 
nappes  de  toille  de  brin,  de  deux  aulnes,  unne  autre  dou- 
zainne de  toille  de  lin,  prisez  ensemble  treize  livres  ; 
unne  douzainne  de  couvrechefz  de  nuict,  de  lin,  prisez 
ensemble  soixante  solz. 

»  Unne  douzainne  d'essuimains,  prisez  ensemble  trente 
solz  ;  sept  douzainnes  de  serviettes  de  toille  blanche,  prisées 
ensemble  trente  livres  ;  cinq  autres  douzainnes  de  serviettes 
pareilles,  prisées  ensemble  vingt  et  quatre  livres  ;  cinq 
autres  serviettes  comme  ci-dessus,  prisées  ensemble  qua- 
rente  solz  ;  un  tablier  de  cinq  aulnes  de  toille  blanche,  prisé 
quatre  livres  ;  deux  draps  de  toille  blanche,  de  dix  aulnes  le 
couple,  prisez  ensemble  six  livres  ;  un  autre  drap  de  toille 
blanche,  garny  de  dentelle,  prisé  quatre  livres  dix  solz  ;  deux 
autres  draps  de  toille  blanche,  de  dix  aulnes  le  couple,  prisez 
ensemble  sept  livres  ;  deux  autres  draps  de  lin,  my  usez,  de 
unze  aulnes  le  couple,  prisez  six  livres  ;  deux  autres  draps, 


—  90  - 

prisez  six  livres  ;  deux  tabliers  de  toille  blanche,  de  cinq 
aulnes,  prisez  huit  livres  ;  deux  autres  petits  tabliers  de 
(juatre  aulnes,  prisez  six  livres  ;  un  demy  drap  de  toille 
blanche,  prisé  quarente  solz  ;  deux  tabliers  de  quatre  aulnes 
de  toille  blanche,  cent  dix  solz  ;  deux  autres  tabliers  pareils, 
prisez  six  livres  cinq  solz  ;  quatre  dessus  de  buffet,  de  toille 
blanche,  prisez  ensemble  sept  livres. 

»  Deux  bancquetouères  de  toille  blanche,  prisées  ensemble 
cinquante  solz  ;  vingt  et  deux  souilles  d'orilliers  de  toille 
blanche,  tant  grandes  que  petites,  prisées  ensemble  unze 
livres  ;  cinq  couvrechefs  de  nuit  de  toille  blanche,  prisez 
ensemble  cinquante  solz  ;  deux  grandes  souilles  d'orilliers  de 
toille  de  lin,  prisées  ensemble  quarente  solz  ;  septdouzainnes 
de  serviettes  de  brin  en  brin,  prisées  vingt  et  six  livres  cinq 
solz  ;  unne  douzainne  de  draps,  de  unze  aulnes  le  couple,  de 
toille  de  brin,  prisez  ensemble  quarente  livres  ;  unne  dou- 
zainne de  nappes,  de  deux  aulnes,  de  toille  de  lin  blanche, 
prisées  ensemble  quatorze  livres  ;  une  demie  douzainne 
d'autres  nappes,  de  pareille  toille,  d'unne  aulne  et  demie 
chasque,  prisées  ensemble  six  livres  ;  unne  vieille  nappe  de 
camelot,  parée  par  le  devant  de  taffetas,  prisée  vingt  et  cinq 
solz. 

»  Un  capot  de  tatïetas,  prisé  dix  solz  ;  (piatorze  vieilles 
serviettes  de  brin  en  réparation,  my  usées,  prisées  trente  et 
deux  solz  ;  trois  souilles  d'orilliers,  prisées  douze  solz  ;  un 
vieil  drap,  prisé  seize  solz  ;  une  douzainne  de  draps  de  brin 
en  brin,  de  neuf  aulnes  le  couple,  prisez  trente  livres  ;  deux 
autres  draps  de  toille  de  brin  en  réparation,  aussy  de  neuf 
aulnes,  prisez  quatre  livres  ;  une  douzainne  d'autres  draps, 
my  usez,  aussy  do  lu'in  en  l)rin  et  de  neuf  aulnes,  prisez 
vingt  livres  ;  quatre  autres  draps  pareils,  my  usez,  prisés 
cent  dix  solz  ;  deux  autres  vieils  draps,  prisez  soixante  solz  ; 
(Quatre  autres  vieils  draps  de  brin  en  réparation,  prisez  six 
livres  ;  neuf  autres  vieil  draps  pareils,  prisez  sept  livres 
quatre  solz  ;  deux  tabliers  de  toille  blanche,  de  quatre  aulnes, 


91 


prisez  sept  livres  ;  deux  costés  de  courtinnes,  de  peu  de  val- 
leur  ;  deux  douzainnes  de  mouchoirs  de  toille  blanche,  my 
usez,  prisez  vingt  et  quatre  solz. 

y>  Unne  douzainne  de  biais  de  toille  blanche,  my  usez, 
prisez  douze  solz  ;  unne  autre  douzainne  de  biais,  prisez 
vingt  solz  ;  quatre  canettes  de  toiles  blanche,  prisées  seize 
solz  ;  unne  douzainne  de  bandeaux  de  toille  blanche,  prisez 
douze  solz  ;  deux  douzainnes  de  serviettes  de  brin  en  brin, 
prisées  huit  livres  ;  unne  douzainne  d'autres  vieilles  ser- 
viettes, prisées  cinquante  solz  ;  une  autre  douzainne  pareil- 
les, prisée  trente  et  deux  solz  ;  quatorze  serviettes  de  lin, 
plus  que  my  usées,  prisées  quarente  solz  ;  seize  serviettes 
de  brin  en  réparation,  prisées  soixante  et  quatorze  solz  ; 
neuf  nappes  de  brin,  my  usées,  de  deux  aulnes,  prisée^ 
huict  livres  ;  sept  draps,  estant  en  lictz,  prisez  sept  livres  ; 
deux  poches,  prisées  seize  solz  ;  trois  vieilles  napes,  prisées 
vingt  solz  ;  dix  essuimains,  prisés  vingt  solz  ». 

Cette  énumération  est  vraiment  formidable  et  on  voit  que 
le  linge  était  le  luxe  de  nos  pères  ! 

Deux  K  pezetz  de  layne  »  sont  estimées  neuf  livres  seize 
sous  ;  ((  unne  chartée  de  foing,  avec  demie  chartéede  paille  », 
six  livres  ;  «  cinq  rouelles  de  pouppées  de  lin  »,  à  neuf  sous 
la  livre,  sont  estimées  trente  livres  froissons;  cinquante- 
quatre  livres  de  chanvre,  treize  livres  dix  sous. 


VIII. 

Les  inéiairies. 

Les  experts  se  transportent  ensuite,  le  7  décembre,  à  la 
maison  du  Tertre  de  Mée.  Mathurin  et  Louis  CrouUet, 
avec  Daniel  Guignard  et  son  fds,  bouchers,  assistent  à 
l'appréciation  des  bestiaux  de  la  métairie  et  des  autres  lieux 
voisins.    Le  niobilier  modeste  du  Tertre  est  promptement 


—  1>2  - 

inventorié.  A  la  Ricliotterie,  on  trouve:  «  neuf  demeaux  de 
noix,  quarente  livres  de  lin,  six  livres  de  chanvre,  une  demie 
mesure  de  pois  »,  dont  les  prix  sont  semblables  aux  précé- 
dents, et  «  six  mesures  de  poires  et  pommes  cuittes;  prisées 
quinze  solz  ». 

La  métairie  du  Tertre  renferme  «  vingt  et  huict  chefz  de 
bergeail,  prisez  trente  et  deux  solz  pièce,  qui  est,  pour 
moictyé,  vingt  et  deux  livres  huict  solz  ;  plus  unne  grande 
truye,  avecq  cinq  petictz  pourseaux  de  nourriture,  le  tout 
prisé  dix  neuf  livres,  qui  est,  pour  moictyé,  neuf  livres  dix 
solz.  Et  au  regard  des  porcqz  à  eflbuiller,  le  mestaier  leur 
a  dict  qu'ilz  uvoyent  esté  cy  devant  appretyez  à  vingt 
livres.  Quant  aux  bœufz  ,  vaches,  thores,  quevalles  et 
poullains,  ilz  appartiennent,  pour  le  tout,  au  mestaier 
dudit  lieu,  attendu  qu'il  tient  ledit  lieu  affermé  d'herbaige  ». 

A  la  métairie  de  Vaubertran  (i),  on  trouve  :  «  dix  neuf 
cheftz  de  bergeail,  prisez  trente  solz  pièce,  qui  est,  pour  la 
moictyé  du  maistre,  quatorze  livres  cinq  solz.  Item,  six 
nourri  tu  reaux,  prisez  dix  huict  livres,  (|ui  est,  pour  la 
moictyé,  neuf  livres  ;  plus  une  quevalle  en  poil  rouge 
brun,  avecq  son  poullain,  appartenant,  pour  le  tout,  au 
maistre,  prisez  ensemble  (juarente  livres.  Kl  ([uaiit  aux 
porcqz  à  elïouiller  en  ceste  année,  ilz  n'en  ont  vtni  et  ne 
leur  en  a  esté  représenté  aucuns,  ne  sçavoir  s'ilz  les  ont 
partaigez  ou  venduz.  Et  au  regard  des  bœufz,  vaches, 
tores,  cheveaux,  veaux,  quevalles  et  poullains,  autres  que 
ceux  cy  dessus,  ilz  appartiennent,  pour  le  tout,  au  mestaier 
dudit  lieu  de  Vaubertran,  ainsy  (|u'il  leur  a  dict  aussy  qu'il 
tient  aiïermé  d'herbaige   ". 

A   la  closerie  de  la   Guilloleric   C2),  on  r(^mar(|ue  ;    (^  trois 

(1)  \';mlieitr;iii  (Jii  Vauliei'tiuu,  1'.,  c'"^  dt;  Cliàlrlaiii. 

(2)  Ibid.  Cetto  ferme  est  aujourd'hui  détruite.  —  Voir,  sur  la  situation 
des  populcitions  ruralr-s  de  notre  régif)n,  à  rotte  époque,  dans  le  beau 
travail  de  .VI.  U.  lîaudiillart,  nieini)re  de  l'iu.stitut,  sui'  Les  Popidal  ions 
afjncoles  de  la  France,  les  deux  ili;ipitres  intitulés  Les  Popidalions 
agricoles  du  Maine.  —  Le^i  Popidalions  ayricoles  de  l'Anjou,  pp.  1-91. 


—  93   - 

mères  vaches,  deux  thores  et  deux  veaux  de  l'année  der- 
nière, le  tout  ensemble  appretyé  à  quatre  vingt  livres, 
faisant,  pour  moictyé,  quarente  livres  ;  plus  audit  lieu, 
seize  chefz  de  bergeail,  prisez  vingt  et  huict  solz,  pièce, 
faisant,  pour  moictyé,  onze  livres  quatre  solz  ;  plus  quatre 
petictz  porcqz  de  norriture,  prisez  douze  livres,  qui  est, 
pour  moictyé,  six  livres.  Et  au  regard  des  porcqs  à 
effouiller  en  ceste  année,  ilz  n'en  ont  veu  aucun  audit  lieu 
et  ne  leur  en  a  esté  représenté  par  le  closier  dudit  lieu,  ne 
sçavoir  s'ilz  ont  esté  venduz  ou  partaigez  ». 

A  la  Richotterie,  on  voit  :  «  trois  mères  vaches,  unne  thore 
venant  à  deux  ans  et  un  veau  de  l'année  dernière,  le  tout 
apretyé  ensemble  à  soixante  livres,  qui  est,  pour  moictyé, 
trente  livres  ;  plus  vingt  et  quatre  chefz  de  bergeail,  prisez 
trente  et  deux  solz,  pièce,  qui  ♦st,  pour  moictyé,  dix  neuf 
livres  quatre  solz  ;  plus  un  petict  porcq  de  nourriture, 
prisé  soixante  quatre  solz,  qui  est,  pour  moictyé,  trente  et 
deux  solz  ;  et  quant  aux  autres  porcqz  dudit  lieu,  ilz  ont 
esté  cy  devant  partaigez  entre  le  maistre  et  le  closier, 
et  a,  ledit  CrouUet,  dict  ne  sçavoir  signer.  Signé  D. 
Guignard. 

»  Quant  aux  porcqz  du  lieu  et  mestairie  du  Tertre,  qui 
estoient  cinq  à  effouiller  en  ceste  année,  ilz  estoient  de  sy 
peu  de  valleur  que  ne  furent  apretyez  à  la  Toussainctz  que 
vingt  livres,  qui  estoit  seullement  dix  livres  pour  la  part 
du  maistre,  lesquelz  le  me.staier  et  lad.  dame  Gaultier 
retinrent  pour  taire  engraisser  et  les  ont  ensemblement 
nourriz  de  grain,  dont  elle  a  achapté  sa  part  depuis,  sy 
bien  que,  pour  ce  regard,  elle  ne  doibt  estre  chargée  au 
au  présent  inventaire  que  de  la  somme  de  dix  livres  dont 
elle  se  charge  ». 

La  dame  Gaultier  reconnaît  aussi  avoir  reçu,  du  métayer 
de  Vaubertran,  onze  livres  cinq  sous,  pour  le  prix  de  la  part 
des  porcs  de  la  présente  année  qui  appartient  au  maitre  et  que 
le    métayer  a   rachetée.  A  la  Guilloterie,  deux   porcs  ont 


9i 


été  vendus,  pour  la  part  du  maître  également,  l'un  cent  sous 
et  l'autre  seulement  cinquante  sous.  Le  métayer  de  Vauber- 
tran  a  versé  quatre-vingt  livres,  à  valoir  sur  ce  qu'il  devait 
au  défunt  ;  il  a  fourni,  en  outre,  pour  la  présente  année,  à  la 
dame  Gaultier,  trente  livres  de  beurre  ;  celui  du  Tertre  en  a 
remis  aussi  trente  livres  ;  celui  de  la  Guilloterie,  quarante 
livres  ;  celui  de  la  Richotterie,  quarante  livres.  Le  prix  de 
la  livre  de  beurre  est  alors  de  deux  sous  ;  ce  beurre  a  été 
apporté  dans  des  pots.  Les  fermiers  ont  donné  vingt-cinq 
chapons,  qui  valent  huit  sous  le  couple. 

Depuis  la  mort  de  René  Quantin,  on  n'a  mis  au  moulin 
qu'un  setier  de  blé,  et  le  pain  a  été  distribué  aux  pauvres, 
le  jour  des  funérailles.  Quant  au  vieux  lard  et  au  vin,  il  en 
été  fait  une  faible  consommation  par  la  veuve,  ses  enfants, 
ses  serviteurs  et  les  «  collons  »  venus  à  l'enterrement  et  au 
service.  La  dame  Gaultier  a  acheté,  en  outre,  de  la  viande 
fraîche,  du  poisson  et  des  provisions,  dont  cependant  elle  ne 
réclame  pas  le  remboursement.  Toutefois,  elle  a  été  obligée 
d'emprunter,  pour  solder  «  les  fraictz  funeraux  et  autres 
menues  debtes  »,   et  elle  fournira  son  compte  explicatif. 

Le  8  janvier  lG'i7,  la  dame  Gaultier  déclare  avoir  reçu,  «  du 
sieur  de  la  Marre-Juffé  »,  la  somme  de  vingt-sept  livres,  pour 
prix  d'une  pipe  de  vin  clairet,  qu'elle  lui  a  vendue  la  semaine 
précédente  ;  elle  a  aussi  eu,  du  Tertre,  une  busse  de  vin 
semblable,  vendue  vingt-quatre  livres,  dont  la  moitié  lui 
revient  ;  elle  a  pris,  à  la  Guilloterie,  un  quart  de  vin  clairet, 
à  raison  de  douze  livres  la  busse,  «  qui  est,  pour  led.  quart, 
six  livres  »  ;  plus,  au  lieu  de  Vaubertran,  une  autre  busse  du 
même  vin,  d'un  prix  semblable. 

L'inventaire  est  clos.  L'ensemble  des  meubles  examinés 
représente  un  total  d'environ  quatre  mille  deux  cents  livres, 
non  compris  les  valeurs  trouvées  après  le  décès,  qui  ne 
s'élèvent  qu'à  soixante-cinq  livres,  et  les  sommes  dues  i^  tant 
par  ceduUes  ou  obligations,  que  pour  areages  de  rentes  ». 
On   avait  omis  d'estimer   une   montre,   donnée  pai-   René 


—  05  — 

Quantin  à  sa  fille,  Françoise,  et  une  petite  écuelle  d'argent, 
offerte  par  le  défunt  à  la  dame  de  Hellault.  Ces  objets  sont 
représentés  par  leurs  détenteurs.  La  minute  de  l'inventaire 
est  signée  :  «  Blanchet,  Galliczon,  Jeanne  Gaultier,  Jean 
Quantin,  Chailland,  Arnoul,  Lemoulnier  etCollin,  greffier 
susdict  ». 

Nous  espérons  que  le  lecteur  aura  pris  quelque  plaisir  à 
nous  suivre  dans  l'analyse  détaillée  de  ce  précieux  document, 
qui  peut  être  comparé  aux  pièces  les  plus  curieuses  et  les 
plus  instructives  du  commencement  du  XYII"  siècle.  Comme 
il  l'aura  constaté,  notre  inventaire  renferme  des  détails  nou- 
veaux et  intéressants  sur  les  familles,  sur  la  magistrature,  sur 
les  livres  préférés  des  esprits  sérieux  de  cette  époque,  sur  le 
mobilier,  sur  le  costume,  sur  la  vie  privée  à  la  ville  et  à  la 
campagne,  à  Château-Gontier  et  aux  environs,  au  temps  de 
Louis  XIIL  Ce  volume,  de  format  in-folio,  broché,  compte 
451  pages.  L'écriture  en  est  généralement  nette  et  lisible.  Il 
fait  partie  aujourd'hui  de  notre  collection  particulière  de  ma- 
nuscrits inédits,  relatifs  à  l'histoire  de  l'Anjou  et  du  Maine. 


André  JOUBERT. 


BIBLIOGRAPHIE  DU  MAINE 

ANNÉE      1887. 


Al:manach- Annuaire  de   la   Sarthe  pour  l'année  4887,  13e 

année.  Le  Mans,  Albert  Drouin,  1  vol.  in-32. 
Almanach   de   la   Sarthe   et  de  l'Ouest  pour  l'année  1887, 

contenant  le  calendrier,  foires  et  marchés  de  douze  dépar- 
tements, assemblées  de  la   Sarthe,   etc.,   etc.    Le   Mans, 

Beauvais,  1  vol.  in-3'i. 
Almanach  (Petit)  de  la  Sarthe  pour  l'année  1887.    Le  Mans, 

Beauvais,  in-o2. 
Almanach  de   la  Société  de  propagande  républicaine   du 

canton  de  Montfort,  année  1888.  Le  Mans,  A.  Drouin,  1  vol. 

in-32. 
Almanach  de  l'entrepôt  des  tabriciues  J.  Péan  pour  l'année 

1887.  Le  Mans,  A.  Drouin,  0(5  p.  in-32. 
Almanach  du  magasin  central,  Chauvin-Hersant,   à    Ballon 

(Sarthe),  pour  1887.  Le  Mans,  A.  Drouin,  1  vol.  in-32. 
Almanach  du  Maine  pour  l'année  1887,  12«  année.  Le  Mans, 

im[).  de  l'Avenir,  1  vol.  in-32. 
Almanach  du   Maine   et  de   l'Anjou,  agricole,  horticole  et 

commercial,  année  1887.  Château-Gontier,  Leclerc,  1  vol. 

in-10. 
Almanach  du   Petit   Bonhomme   Manceau,  1887,  3«  année. 

Le  Mans,  bureau  rue  Dubignon,   imp.    A.    Drouin,   1    vol. 

in-32. 
Al.manach    histori(iU6    et    patriolinue  ilu  département  de  la 

Sarthe,  pour  l'année  1887.  Le  Mans,  Calais   (Paris,    imp. 


—  97  — 

V.  Goupy  et  Jourdan  ;  Le  Mans,  Leguicheux  et  C'^),  1  vol. 
in-24,  144-52  p.,  avec  fig.  et  carie  du  département  de  la 
Sarthe. 

Almânach  Manceau  (le  Grand),  pour  l'année  1887,  conte- 
nant les  marchés,  assemblées  et  foires  de  la  Sarthe  et 
départements  limitrophes,  la  liste  des  maires,  adjoints  et 
curés  du  département  de  la  Sarthe,  etc.,  etc.,  plus  des 
éphémérides  historiques,  nécrologies  bibliographiques  et 
anecdotes  amusantes,  22'^  année.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer, 
1  vol.  in-:i'2,  224  p. 

Almanacii  Manceau  journalier,  pour  l'année  1887,  conte- 
nant les  foires  et  marchés  de  cinq  départements,  les  assem- 
blées de  la  Sarthe,  etc.,  etc..  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer, 
96  p.  in-32. 

Almânach  pour  1887  des  grands  magasins  de  nouveautés  de 
la  Belle-Fermière  à  Fresnay-sur-Sarthe.  Maison  boul'.  de 
la  Madeleine.  Le  Mans,  Drouin,  1  vol.  in-32. 

Almânach  républicain  de  la  Sarthe  pour  1887.  Le  Mans, 
A.  Drouin,  1  vol.  in-18. 

Almânach  Sarthois  1887,  contenant  des  faits  historiques 
spéciaux  au  Maine,  les  marchés,  assemblées  et  foires  de 
la  Sarthe  et  départements  limitrophes,  recettes  utiles, 
histoires  amusantes,  etc.,  etc.,  19'  année.  Le  Mans,  Legui- 
cheux et  C'e,  1  vol.  in-32,  192  p. 

Ami  (1')  des  familles,  almânach  de  la  Mayenne,  publié  par  la 
conférence  de  Saint-Vincent-de-Paul  de  Laval,  année  1887. 
Laval,  Chailland,  192  p.  pet.  in-16. 

Angot  (l'abbé  A.).  —  Les  Pocquelin  ecclé-siastiques  dans  le 
Maine.  Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  23  p.  in-8,  avec 
tableau  généalogique.  —  Extr.  de  la  Revue  hist.  et  arch. 
du  Mabte  et  tiré  à  100  exempl. 

Anis  (l'abbé).  —  Les  Mystères  représentés  à  Laval,  de  1493  à 
1538.  Laval,  Chailland,  in-8. 

ANNUAmE  administratif,  commercial,  historique  de  la  ville 
du  Mans  et  du  département  de  la  Sarthe,  1887-1888,  Tome 
IV.  Le  Mans,  E.  Lebrault,  1  vol.  gr.  in-18,  568  p. 

Annuaire  administratif  et  commercial  de  la  Mayenne,  4" 
série,  17^  année  (1887).  Laval,  Moreau.  1  vol.  in-12,  442  p. 

Annuaire   de   la   Sarthe   pour  1887.   Partie  administrative 

XXIV.     7 


98 


complétée  par  l'Indicateur  des   adresses   de    la   ville  du 
Mans.  Au  Mans,  Ed.  Monnoyer,  i  vol.  pet.   in-18,  XVIII- 
5(J0  et  108  p.,  plus  16  p.  de  tables  et  l'I  d'annonces. 
Annuaire  de  l'association  des  anciens  élèves  du   Collège   et 

du  Lycée  de  Laval,  1887.  Laval,  Moreau,  1  vol.  in-8. 
Assemblée  générale  des  actionnaires  de  la  Société  Talvande 
et  C'*',  le  3  avril  1887.  Rapports  présentés  par  j\L\L  Portet- 
Lavigerie  et  Talvande.  Le  Mans,  K.   Lebrault,    1 1   p.    gr. 
in-8. 
Association  amicale  des  anciens  élèves  du  Collège  de  N.-D. 
de  Sainte-Croix,   années  188i,   1885   et  1886.    Le  Mans, 
Leguicheux  et  G''',  48  p.  in-8. 
Association    amicale    des    anciens  élèves  de  l'institution 
libre  de  l'Immaculée  Conception  à  Laval.  Laval,  Chailland, 
in-8. 
Association  amicale  des  anciens  élèves  du  Lycée  du  Mans, 
9e  et  10«  années,  1885-1886.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  in-8. 
Association  catholique  de  Saint-François  de  Sales  pour  la 
défense   et  la   conservation   de    la    foi,  diocèse  du  Mans. 
Compte-rendu  de  l'année  1886.  Le   Mans,    Leguicheux  et 
Gi«,  16  p.  in-8. 
Association  des  médecins  de  la  Sarthe,   8«  bulletin   (1886- 

1887).  Le  Mans,  A.  Drouin,  32  p.  in-8. 
Association  libre  des  agriculteurs  de  la  Mayenne,  17"  bulle- 
tin.   Compte-rendu   des  séances   de    novembre    1886    et 
janvier  1887.  Laval,  Camille  Bonnieux,  32  p.  in-8. 
Association  médicale  de  la  Sarthe,  44"  année.  Discours   du 
d''  Lejeune,  président,  et  Rapport    du   d'"   Bourdy,   secré- 
taire.   Le    Mans,    Ed.    Monnoyer,    20    p.    in-8,    tiré    à 
150  exempt. 
Barbier  [A.).  —  Jean  II  d'Armagnac,  gouverneur  de  Lou- 
dun,  et  Urbain  (liandicr.  Poitiers,  Roy,  1  vol.  iii-8,  380  p. 
B.VRRÉ  (l'abbé  Louis).  —  Tractatus  de  Virtutibus  necnon  de 
Donis  Spiritus  Sancti,  cui  premittitur  tractatus  de  Passio- 
nibus,  juxta  mentem  D.  Thomœ,   ad  usum   sominariorum 
et  cien,  auctore  Ludovico  Barré,  in  seminario  Valleguido- 
nensi   sacrae  theologiaî    professore.    Parisiis  ,    Berche   et 
Tralin,  1886,  2  vol.  in-12. 


—  99  — 

Barthelet-Vigneau,  du  Mans.  —  Notice  sur  le  traitement 
des  matières  excrémentielles  ;  procédés  nouveaux  intéres- 
sant au  plus  haut  degré  l'économie,  l'agriculture  et  l'hy- 
giène. Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  16  p.  in-8. 

Belon  (Pierre)  du  Mans  et  la  presse  étrangère.  Le  Mans, 
imp.  de  V Avenir,  2  p.  gr.  in-fol.  à  6  col. 

Bigot  (R.).  —  De  l'intervention  du  magistrat  dans  l'aliéna- 
tion des  biens  des  incapables,  en  droit  romain  ;  de  l'admi- 
nistration légale  des  biens  des  enfants  mineurs  durant  le 
mariage,  en  droit  français.  Mayenne,  Nézau,  1  vol.  in-8, 
178. 

Bodereau  (Georges).  —  La  Bible,  poème.  Le  Mans,  E. 
Lebrault,  16  p.  in-8. 

Bouchot  (Henri).  —  Le  Portrait  de  Louis  II  d'Anjou,  roi  de 
Sicile,  à  la  Bibl.  nat.  Paris,  A.  Lévy,  1886,  10  p.  in-4  et 
2  pi. 

BouGLÉ  (D').  —  De  l'Expérience  et  de  la  raison  en  médecine. 
Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  '24  p.  in-12. 

—  La  Médecine  jugée  par  la  science  et  la  raison.  Le  Mans, 
Ed.  Monnoyer,  16  p.  in-8. 

BouRMONT  (comte  Amédée  de).  —  Les  Ponts  de  Vaas. 
Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  8  p.  in-8,  tiré  à  50  ex. 
et  extr.  de  la  Revue  hht.  et  arch.  du  Maine,  t.  XXII,  p. 
172-175. 

Bouvier  (l'abbé).  Programme  des  Conférences  ecclésiasti- 
ques du  diocèse  de  Laval,  pour  l'année  1887.  Laval, 
Chailland,  in-8. 

BOYLESVE  (le  P.  Marin  de),  S.  J.  —  Dieu  et  ses  Œuvres. 
Paris,  Haton,  1  vol.  in-8,  583  p. 

—  Philosophie.  Nouvelle  édition,  revue  et  augmentée.  Paris, 
Lecoffre,  1  vol.  in-8,  762  p. 

Broc  (vicomte  de).  —  La  France  sous  l'ancien  régime.  — 
Le  gouvernement  et  les  institutions.  Paris,  E.  Pion, 
Nourrit  et  Ci%  1  vol.  in-8,  428  p. 

BuEiL  (Jean  de).  —  Le  Jouvencel,  suivi  du  Commentaire  de 
Guillaume  ïringant.  Introduction  biographique  et  litté- 
raire, par  Camille  Favre.  Texte  établi  par  Léon  Lecestre, 
t.  I°^  Paris,  Laurens,  1  vol.  in-8,  CCCXXXII-231  p. 


—  lUO  — 

Bulletin  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  La 
Flèche,  i>'  année.  La  Flèche,  Besnier-Jourdain,  1  vol.  in-8, 
tiré  à  lOOexenipl. 

Bulletin  de  la  Société  philotechnique  du  Maine,  tome  VL 
Le  Mans,  E.  Lebrault,  1  vol.  in-8. 

Bulletin  du  cercle  des  instituteurs  de  la  Sarthe,  3"  année. 
Le  Mans,  E.  Lebrault,  in-8. 

Bulletin  du  comice  agricole  de  Chàteau-Gontier.  Château- 
Gontier,  Leclerc,  in-8. 

Bulletin  officiel  de  l'instruction  primaire  pour  le  départe- 
ment de  la  Mayenne,  année  1887.  Laval,  L.  Moreau,!  vol. 
in-8. 

Bulletin  officiel  de  l'instruction  primaire  pour  le  départe- 
ment de  la  Sarthe,  année  1887.  Le  Mans,  A.  Drouin,  1  vol. 
in-8. 

Bulletin  trimestriel  de  la  Société  d'études  philosophiques 
et  morales,  année  1887.  Mayenne,  Nézan,  in-8. 

Cœremoniale  monasticurn,  ad  usum  Congregationis  Gallicœ 
ordinis  Sancti  Benedicti.  —  Cieremoniœ  communes. 
Solesmis,  ex  typ.  Sancti  Pétri,  60  p.  in-IG. 

Caisse  des  retraites  ecclésiastiques  du  diocèse  de  Laval. 

Compte-rendu  de  l'année  1886.  Laval,  Chailland,  in-8. 
Caisse  des  retraites  ecclésiastiques  du   diocèse  du  Mans. 

Compte-rendu  de  l'année  1886.  Le  Mans,    Ed.    Monnoyer, 

36  p.  in-8. 

Calendhiei?  du  diocèse  du  Mans  suivant  l'Ordo,  à  l'usage 
des  fidèles,  31  «  année.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  64  p. 
in-32. 

Calendkikiî  liturgique  du  diocèse  de  Laval  pendant  l'année 
1887.  Lovai,  Chailland,  3l>  p.  in-3^i  (par  M.  Lebreton). 

Cantate  à  Pierre  Belon.  Paioles  de  A.  Leconte,  musique  de 
Ad.  Papin.  Le  Mans,  E.  Lebrault,  in-tol,  tiré  àlOOexempl. 

C.\RRÉ  IJE  BrssEROLLES  (J.-X.).  —  Les  vrais  et  les  faux- 
titres  de  noblesse  ;  liste  de  titres  concédés  à  des  familles 
de  la  Touraine,  de  l'Anjou,  du  Maine  et  du  Poitou.  Tours, 
Suppligeon,  iii  p.   in-8. 


—  101  - 

Cars  (duc  des)  et  Ledru  (l'abbé  A.)-  —  Le  Château  de 
Sourches,  au  Maine,  et  ses  seigneurs.  Le  Mans,  Pellechat 
(Poitiers,  typ.  Oudin),  1  vol.  in-8,  XlX-426  p.,  avec  grav. 

Celier  (Alexandre).  —  Essai  sur  l'administration  locale  en 
Italie  et  en  Espagne.  Étude  de  législation  comparée.  Rap- 
port présenté  au  Congrès  des  jurisconsultes  catholiques  à 
Lille.  Paris,  Pedone-Lauriel.  21  p.  in-8.  —  Extr.  de  la 
Revue  catholique  des  institutions  et  du  droit. 

Chambois  (l'abbé  Emile).  —  Table  des  matières  contenues 
dans  les  vingt  premiers  volumes  de  la  Revue  hist.  et  arch. 
du  Maine,  dressée  par  l'abbé  Emile  Chambois,  professeur 
à  l'Institution  Saint-Paul  de  Maniers.  Mamers,  G.  Fleury 
et  A.  Dangin,  62  p.  gr.  in-8  à  deux  col. 

Chambre  syndicale  de  la  boulangerie  de  Mamers.  Statuts. 
Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  in-8. 

CuARNAGÉ  (G.  de).  —  Les  Veneurs  ennemis.  Paris,  Pairault, 
1  vol.  in-16,  232  p. 

Chelot  (Emile).  —  Notice  sur  Albert  Guillier,  sa  vie,  ses 
travaux.  Angers,  Germain  et  Grassin,  188(5,  15  p.  in-8. 
Ext.  du  Rull.  di'.  la  Société  d'études  scientifiques  d'Angers, 
année  1885. 

—  Note  sur  les  calcaires  à  Perna  et  Megalodon  du  moulin  de 
Jupilles,  près  Fyé  (Sarthe),  par  MM.  G.  Boehm  et  Chelot. 
Lagny,  Emile  Colin,  12  p.  in-8,  avec  vign.  dans  le  texte. 
Extr.  du  Bulletin  de  la  Société  géol.  de  France,  t.  XV. 

Circulaire  aux  électeurs  du  département  de  la  Sarthe,  rela- 
tivement à  l'organisation  de  la  Fédération  du  centenaire  de 
la  Révolution.  Le  Mans,  imp.  de  VAvenir,  in-4. 

CoHix  (D'"  L.).  —  Etude  sur  la  variation  du  poids  du  corps 
dans  la  fièvre  typhoïde.  Thèse  pour  le  dottorat  en  méde- 
cine. Le  Mans,  A.  Drouin,  32  p.  in-i,  avec  fig.  et  pi  Tiré 
à  165  exempl. 

Comice  agricole  de  Laval.  Concours  annuel  de  1887.  Laval, 
Bonnieux,  in-8. 

Comice  agricole  du  Mans.  Concours  départemental  d'ani- 
maux reproducteurs,  année  1887.  Catalogue  des  animaux 
exposés.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  2(»  p.  in-8.. 

—  Ibid.  Liste  des  prix.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  15  p.    in-8. 


—  102  — 

Comité  catholique  du  diocèse  du  Mans  (Les  sept  premières 
années  du).  Rapport  présenté  à  S.  G.  l'évêque  du  Mans. 
Le  Mans,  Leguicheux,  27  p.  in-8. 

Comité  conservateur  de  la  Mayenne.  —  Adresse  aux  élec- 
teurs. Mayenne,  Nézan,  in-4. 

Commission  historique  et  archéologique  du  département  de  la 
Mayenne  Procès-verbaux  et  documents.  Tome  IV,  1884- 
1885.  Laval,  Léon  Moreau,  1  vol.  in-8,  :)76  p.,  avec  plan- 
ches et  vig.  dans  le  texte. 

Compte-rendu  de  l'assemblée  des  catholiques  tenue  au 
Mans,  le  11  avril  1887.  Rapport  sur  les  œuvres  du  comité 
catholique  du  Mans  depuis  la  dernière  assemblée  générale 
(par  le  baron  de  la  Rouillerie,  président).  Le  Mans,  Legui- 
cheux et  G'%  16  p.  in-8. 

Compte-rendu  des  recettes  et  dépenses  faites  pour  l'œuvre 
de  la  propagation  de  la  foi  dans  le  diocèse  du  Mans,  année 
1880.  Le  Mans,  Leguicheux  et  C'",  16  p.  in-8. 

Compte-rendu  des  recettes  et  dépenses  faites  pour  les 
œuvres  de  la  propagation  de  la  foi,  de  la  Sainte-Enfance 
et  de  Saint-François-de-Sales  dans  le  diocèse  de  Laval. 
Exercice  1886.  Laval,  Chailland,  20  p.  in-8. 

Compte-rendu  des  travaux  de  la  chambre  de  commerce  du 
Mans,  année  1886,  Le  Mans,  E.  Lebrault,  in-8. 

Comptoir  d'escompte  de  la  Sarthe.  Rapport  du  conseil  d'ad- 
ministration et  de  la  commission  de  surveillance  sur  les 
comptes  de  l'année  1886.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  8  p. 
in-4. 

Conférences  ecclésiastiques  du  diocèse  de  Laval,  année 
1887.  Laval,  Chailland,  4  broch.  in-8. 

Conseil  d'arrondissement  de  La  Flèche,  session  ordinaire  de 
1887.  P.apport  présenté  pai  le  sous-préfet.  La  Flèche, 
Resnier  Jourdain,  in-8. 

Conseil  d'atrondissement  de  Mamers,  session  ordinaire  de 
1887.  Rapport  présenté  par  le  sous-préfet.  Mamers, 
G.  Farré,  in-8,  tiré  à  80  exempl. 

Conseil  d'arrondissement  de  Saint-Calais,  session  ordinaire 
de  1887.  lîappoi't  présenté  par  le  sous-préfet.  Saint-Calais, 
Peltier,  24  p.  in-8,  tiré  à  150  exempl. 


103 


Conseil  général  du  département  delà  Mayenne.  Rapport 
du  préfet  et  procès-verbaux  des  délibérations.  Laval,  L. 
Moreau.  2  vol,  in-8. 

Conseil  général  du  département  de  la  Sarthe.  Rapport  du 
préfet  et  procès-verbaux  des  délibérations,  i'""  et  2'=  sess. 
ord.  Le  Mans,  A.  Drouin,  2  gros  vol.  in-8,  avec  tableaux. 

GoNTADES  (comte  G.  de).  —  Passais  et  ses  monuments 
mégalithiques.  Paris,  H.  Champion  (Argentan,  imp.  de 
rOryic),  Tl  p.  in-8,  avec  deux  dessins  de  M.  Jules  Tirard, 
représentant  la  Table  au  Diable  et  le  menhir  du  Perron. 

—  Canton  de  Domfront.  Essai  de  bibliographie  cantonnale, 
par  J.  Appert  et  le  comte  G.  de  Contades.  Mamers,  G. 
Fleury  et  A.  langin,  1  vol.  in-16,  XVI-162  p. 

CouANiER  DE  Launay  (l'abbé  E.-L.).  —  Histoire  des  religieu- 
ses hospitalières  de  Saint-Joseph  (France  et  Canada).  Paris, 
Palmé  (Le  Mans,  typ.  Ed.  Monnoyer),  2  vol.  in-8,  LX-303  p. 
et  415  p.,  illustrés  des  portraits  en  héliogravure  de  Jérôme 
Le  Royer  de  la  Dauversière  et  de  Marie  de  la  Ferre. 

Cours  de  géographie  départementale  à  l'u-sage  des  écoles 
chrétiennes.  —  La  Sarthe.  Le  Mans,  Leguicheux  et  G'", 
32  p.  in-8. 

CouRTiLLOLES  (E.  de).  —  Analy.se  de  divers  actes  du 
Tabellionnage  d'Alençon  (XVe  et  XVI«  siècles).  Alençon, 
Renaut-Debroise,  Il  p.  in-8.  —  Extr.  du  Bullet.  de  la 
Société  hist.  et  archéol.  de  VOnie. 

DÉAN  (Louis).  —  Contes  noirs  ;  première  série.  Le  Mans, 
E.  Lebrault,  24  p.  in-8. 

Deshayes-Dubuisson  (A.).  —  Désespéré.  Histoire  d'hier. 
Feuilleton  publié  dans  V Avenir  de  la  Sarthe,  journal 
in-fol. 

DÉSIGNÉ  (A.).  —  Les  Pa.sse-temps  d'iui  inanceau,  poésies. 
Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  1  vol.  in-8 

Destriché  (M""^),  de  Courdemanche.  —  Que.stion  agricole. 
Chàteau-du-Loir,  Alphonse  Menier,  8  p.  in-8.  Opuscule 
daté  de  la  Chollerie,  Courdemanche  (Sarthe),  janvier  1887. 

Discours  de  MM.  Rarouille  et  Rigot,  députés  de  la  Mayenne. 
Chàteau-Gontier,  Leclerc,  in-8. 


-  104  — 

DucHEMix  (V.)  et  Brindeau  (P.).  —  Cahiers  de  plaintes  et 
doléances  des  paroisses  de  la  province  du  Maine  pour  les 
Etats-Généraux  de  1789  ;  publication  d'après  les  originaux, 
commencée  par  feu  M.  Armand  Bellée,  archiviste  de  la 
Sarthe,  et  continuée  i)ar  M.  Victor  Duchemin,  son  succes- 
seur, avec  la  collaboration  de  M.  Paul  Brindeau,  archi- 
viste-adjoint. Tome  II.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  1  vol.  in- 
18,  VIII-60i>  p. 

DUPUY  (Tabbé).  —  Alloculion  prononcée  au  mariage  de  M. 
Robert  Triger  et  de  M*'"''  Fillion.  Mamers,  G.  Fleury  et 
A.  Dangin,  in-4. 

Durand  (V.).  —  La  nouvelle  Chanson  populaire  (en  8  cou- 
plets) :  Les  Tribulations  d'un  beau-père  ou  la  fin  d'un 
gendre,  paroles  de  V.  Durand,  sur  l'air  de  Papa  Nicolas. 
Le  Mans,  Ch.  Blanchet,  1  feuille  in-4. 

Farcy  (Paul  de).  —  Abbayes  de  l'évèché  de  Bayeux. 
^'-  fasc.  :  Cerisy  (1030-1791").  Laval,  L.  Moreau,  XI-29()  p. 
in-4,  avec  pi.  dessinées  par  l'auteur. 

Faucon  (A.),  avocat.  —  Une  Station  préhistorique  de  la 
forêt  de  Mayenne.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  12  p.  in-8. 
Extr.  du  Bull,  de  la  Société  cVai/ncul. ,  sciences  et  arts  de 
la  Sartlie.  Tiré  à  50  exempl. 

FÉDÉRATION  (la)  de  1889  daris  la  Sarthe.  Statuts.  Le  Mans, 
A.  Drouiii,  iii-i. 

FÊTE  de  bienfaisance,  1887.  Appel  aux  souscripteurs.  Le 
Mans,  Blanchet,  in-i. 

FÊTES  (les)  jubilaires  de  l'abbaye  de  Saint-Pierre  de  Soles- 
mes,  les  9,  10  et  11  juillet  1887.  Solesmes,  Babin,  in-8. 

Fillion. —  Evangile  selon  saint  Jean.  Mayenne,  Nezan,  in-8. 

Fleury  (Gabriel).  —  Recherches  sur  les  fortifications  de 
l'arrondi-ssement  de  Mamers,  du  X"  au  XVI"  siècle. 
Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  83  p.  in-8,  avec  une 
[)l.  et  vigiL  dans  le  texte.  Tiré  à  50  exempi.  et  extrait  de  la 
Revue  liist.  et  arch.  du  Maine. 

—  Catalogue  des  publications  historiques  et  archéologiques 
concernant  le  Maine,  en  vente  chez  G.  Fleury  et  A.  Dangin, 
imp.  à  Mamers  ^Sarthe).  Mamers,  Fleury  et  Dangin,  32  p. 
in-8  ,  avei;  (.'ucadremenls ,  formant  le  supplément  du 
t.  XX,  3"  livr.,  de  la  Revue  hisl.  et  archèol.  du  Maine. 


105 


Forges  (le  Dr  des).  —  Le  docteur  des  Forges  et  l'hôpital 
d'Evron.  Le  Mans,  Ch.  Blanchet,  7  p.  in-4. 

—  Réponse  du  docteur  des  Forges,  d'Evron,  au  docteur 
Sourdin.  Le  Mans,  Blanchet,  7  p.  in-4. 

Frain  de  la  Gaulayrie  (R.).  —  Vingt-trois  lettres  adres- 
sées par  l'intendant  général  de  la  maison  de  la  Trémoille 
à  l'advocat  fiscal  de  la  baronnie  de  Vitré  (1690-1700). 
Vitré,  Guays,  99  p.  in-i. 

Fremy  (Edouard),  premier  secret,  d'ambassade.  —  Origines 
de  l'Académie  française.  L'Académie  des  derniers  Valois 
(L570-L585),  d'après  des  documents  nouveaux  et  inédits. 
(Notes  siH'  Lazare  et  Jean-Antoine  de  Baïf,  Ronsard,  etc.). 
Paris,  Ernest  Leroux,  1  vol.  gr.  in-8,  VI-40'2  p. 

Froger  (l'abbé).  —  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Calais. 
Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  1  vol.  in-8,  XXVI-98p., 
avec  une  vue  de  l'abbaye. 

Gasselin  (Robert).  —  L'artillerie  allemande  dans  les  com- 
bats de  Wissembourg  et  de  Wœrth.  Nancy  et  Paris, 
Berger-Levrault,  66  p.  in-8. 

GÉNÉRAUX  et  chefs  de  la  Vendée  militaire  et  de  la  chouan- 
nerie, suivis  de  la  liste  alphabétique  des  chefs  de  division, 
et  officiers  (1793,  1799,  1815,  183^2).  Paris,  Retaux-Bray, 
1  vol.  in-fol.,  VI-12'2  p.  et  20  portt'aits  hors  texte. 

Gentil  (Ambroise).  —  Cryptogames  vasculaires  de  la 
Sarthe  ;  examen  des  espèces  qu'il  convient  d'admettre 
dans  notre  flore.  Le  Mans,  Edmond  Monnoyer,  16  p.  in-8, 
tiré  à  50  exempl. 

—  Note  sur  les  saules  de  la  Sarthe.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer, 
in-8. 

GiLLARD  (l'abbé).  —  Saint  Joseph,  sa  vie,  son  culte,  exerci- 
ces et  prières  en  son  honneur.  Laval,  Ghailland,  1  vol.  gr. 
in-32  Jésus,  328  p. 

—  Ibid.  Laval,  Ghailland,  1  vol.  in-18,  352  p. 

GoNDARD  (le  p.  J.),  s.  J.  —  Enfant,  je  t'aime!  Ghant  pour 
la  première  Communion  ;  paroles  du  P.  J.  Gondard,  S.  J., 
musique  de  M.  Piené  Quid'beuf,  organiste  de  Sainte-Croix. 
Le  Mans,  in-4. 

—  Les  Six  sous  de  Boieldieu.    Poésie   du   P.    V.    Delaporte, 


-   1(16  — 

S.-J.,  dédiée  à  M.  le  comte  A.  de  Pontmartin;  musique  du 

P.  .1.  Gondard,  S.  .1.  Pari^,  Delauchy  et  C'%  4  p.  in-4. 
GouPY  (L.).    —    La  transportation   en    Afrique,   pour  faire 

suite  au  coup  d'Etat  dans  la  Mayenne.  Domfront,  Renault, 

Gl  p.  18. 
GiÉRANGKK   (II.  P.  Dom  Prosper).    —    Notions  sur   la   vie 

religieuse   et   monastique.    Paris,    Mignard,    1   vol.  in-i'2 

carré  (édition  de  luxe). 
GuiGNARD  (D''  Gharles),  médecin  à  Mayet.   —  Velpeau  ;  sa 

jeunesse.  Tours,  E.  Mazereau,  45  p.  in-12. 
Haentjens  (A.)  —  Discours  et  lettres  politiques,  publiés  par 

G.  Fournier-Carville.  Le  Mans,  Blanchet,  '2  vol.  in-8,  VIII- 

398  et  419  p. 
Haton  de  la  gùupillière,  professeur.    —    Hydraulik  und 

hydraulische  Motoren.    Autoris.    Uebersetzg,    von    Vikt. 

Rauscher.    l.   Thl.   Hydraulik.  Leipzig,  Félix,  I  vol.  in-8, 

172  p.  et  71  fig. 
Hauréau  (Barthélémy).   Notice    .«;ur  les  sermons  attribués 

à  Hildebert  de  Lavardin.  Paris,  Imp.  Nationale,  62  p.  in-4. 
HÉDiN  (Marcel).  —  Société  d'encouragement  au  travail  du 

département  de  la  Sarthe.  Rapport  sur  le  résultat  du  con- 
cours,   prononcé   à   la   distribution  solennelle  du  6  mars 

1887,  suivi  de  la  liste  des  membres  de  la  Société.  Le  Mans, 

E.  Lebrault,  23  p.  in-8. 

—  Les  Ghamps  de  démonstration  et  d'expériences  dans  la 
Sarthe.  Le  Mans,  imp.  de  VAve)iir,  11-24  p.  in-8,  tiré  à 
110  exempl. 

Hennebert  (lieutenant-colonel).    —    L'Ecurie   horizontale. 

Travail  faisant  connaître  l'invention    du  colonel   Ba.sserie. 

Paris,    G.    Masson  (Gorbeil,  imp.  Crété).  48  p.  in-8,  avec 

une  grande  planche,  fig.    dans  le  texte    et  le   portrait  du 

colonel  Basserie. 
Hervé  (Louis),   directeur  di'   la    Gazelle  des  campagnes. 

—  Almanach  de  la  francc  rui-alc  cl  dos  syndicats  agricoles 
|)()iw  1888,  contenant,  outre  les  matières  ordinaires,  la 
première  liste  complète  des  syndicats  agricoles,  laliste  des 
laun'Mts  des  concours  régionaux,  ainsi  qae  des  articles  sur 
l'agriculture,  la  viticulture,  le  matériel  agricole,  etc.  Paris, 
Henri  Gautier,  1  vol.  in-18,  orné  de  jolies  vignettes. 


—  J07  — 

Hery  (Paulj.  —  Une  Promenade  à  rExposition  des  beaux- 
arts  au  Mans,  en  1886.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  16  p.  gr. 
in-g,  —  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture, 
sciences  et  arts  de  la  Sarthe,  tiré  à  100  exempl. 

—  Catalogue  des  tableaux  et  dessins  formant  la  collection 
de  M.  R.  Chàtel,  artiste  peintre.  Le  Mans,  E  Lebrault,  8  p. 
in-8. 

—  Catalogue  des  tableaux,  dessins  et  livres  formant  la  collect. 
de  M.  A.  Chaignon,  ancien  banquier  à  Sillé-le-GuiUaume. 
Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  7  p.  in-8. 

HuBLiN  (Léon).  -  L'ancien  Mans  illustré,  etc.  Quelques 
places  de  la  vieille  ville,  11"  livraison.  Le  Mans,  E- 
Lebrault,  20  p.  in-8,  avec  3  vig.  Tiré  à  100  exempl. 

—  Ibid.  Itinéraire  du  promeneur  à  tra.vers  la  vieille  ville. 
Description  de  quelques  rues.  Avant-propos  et  tables. 
12«  et  dernière  livraison.  Le  Mans,  E.  Lebrault,  40  p.  in-8, 
avec  un  plan  de  l'ancien  Mans.  Tiré  à  100  exempl. 

—  La  Place  de  la  Pvépublique  au  Mans.  Monographie 
accompagnée  d'un  plan  panoramique  des  établissements 
entourant  la  place  avant  la  démolition  de  la  Halle  rotonde. 
Le  Mans,  Ch.  Blanchet,  11-43  p.  in-8.—  Extrait  du  journal 
La  Sarthe  et  tiré  à  100  exempl. 

HupiER  (Ch.).  —  De  la  .suppression  des  trésoriers-payeurs 
généraux  et  des  receveurs  particuliers  et  de  la  réorganisa- 
tion des  services  directs  au  Trésor.  Le  Mans,  A.  Drouin, 
1  vol.  in-8. 

Indicateur  des  adresses  de  la  ville  du  Mans  et  de  sa  ban- 
lieue, 12,000  adresses,  1886-1887.  Au  Mans,  Ed.  Monnoyer, 
1  vol.  pet.  in-'i8. 

Impressions  d'un  touriste  sur  Lavardin  -  sur  -  Loir  et  ses 
monuments.  Saint-Calais,  Peltier,  32  p.  in-8,  tiré  à  150 ex. 

Joubert  (André).  —  Une  famille  de  seigneurs  calvinistes  du 
Haut-Anjou.—  Les  Chivré,  marquis  de  la  Barre  de  Bierné, 
XVIe-XVIlI"  siècles.  Nantes,  Grimaud,  1  vol.  gr.  in-8, 
234  p.,  avec  7  grav. 

—  Histoire  de  Menil  et  de  ses  seigneurs,  d'après  des  docu- 
ments inédits  (lOiO-1886).  Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin, 


108 


1  vol.  in-8,  '200  p.  et  8  gr;iv.  Tiré  à  150  exempl.    et  extr. 
de  la  Revue  Itist.  et  archéoJ .  da  Maine. 

—  L'Établissement  de  la  maison  d'Anjou  dans  le  royaume  de 
Naples,  d'après  des  documents  nouveaux  (1265-1'285). 
Angers,  Germain  et  Grassin,  42  p.  in-8.  —  Extr.  de  la 
Revue  de  VAnjoK,  t.  XIV. 

—  Histoire  de  Saint-Denis-d'Anjou,  X'^'-XVIIP  siècles.  Paris, 
Leclievalier  (Laval,  imp.  Moreau\  2  jjart.  en  1  vol.  in-8, 
178  p. 

—  Le  Château  de  Ramet'ort  de  Gennes  et  ses  seigneurs  aux 
XIV"  et  XV"  siècles.  Mamers,  Fleury  et  Dangin,  in-8,  tiré 
à  30  exempl. 

La  Bouillerie  (vicomte  Sébastien  de).  —  Notice  sur  Saint- 
Germain  du  Val.  Angers,  Germain  et  G.  Gras.sin,  11-65  p. 
in-8.  —  Ext.  de  la  Revue  de  V Anjou. 

—  Paroisse  et  commune  de  La  Chapelle-d'Aligné  (canton  de 
La  Flèche).  Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  63   p.    in-8. 

—  Extr.  de  la  Revue  hist.  et  archéol.  du  Maine. 
Labouré  (Ms'"  Guillaume).  —  L'Éducation  chrétienne.  Lettre 

pastorale  et  mandement  pour  le  carême  de  l'an  de  grâce 
1887.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  '24  p.  in-4  (n"  9). 

—  Itinéraire  de  Monseigneur  l'évêque  du  Mans  jtour  les 
visites  pastorales  de  l'année  1887.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer, 
4  p.  in-4  (n"  10). 

—  Lettre  pastorale  pour  annoncer  le  Jubilé  sacerdotal  de 
N.  S.  P.  le  Pape  Léon  XIIL  Le  Mans,  Ed  Monnoyer,  8  p. 
in-4  (n"  11). 

—  Lettre  circulaire  au  clergé  du  diocèse  du  Mans,  pour 
annoncer  l'ouverture  de  la  retraite  pastorale.  Le  Mans, 
Ed.  Monnoyer,  2  p.  in-4  (n^  11  bis). 

La  Jonquièhi-:  (marquis  de).  —  Le  cardinal  du  liellay. 
Alençon,  Renaut-de-Broise,  in-8.  —  Extr.  du  Bulletin  de 
Xdi  Société  arcJiéol.  di'.  fOrnc,  t.    VI,  [).  128-185. 

La  TKÉMoiij.h;  (le  duc  Louis  de).  —  Livres  de  comptes, 
1305-1406.  Guy  de  la  Trémoille  et  Marie  de  Sully  ;  publié 
d'a[)rôs  l'original,  par  Louis  de  l;i  Trémoille.  Nantes, 
Emile  Grimaud,  1  \(i!.  in-i,  Vl-278  p.,  papier  vergé. 


-      lOil   — 

—  Inventaire  de  François  de  la  Trémoille.  1542,  et  comptes 
d'Anne  de  Laval.  Publiés  d'après  les  originaux,  par  Louis 
de  la  Trémoille.  Nantes,  Emile  Grimaud,  1  vol.  in-4,  XXIV- 
21«)  p.,  papier  vergé. 

Launay.  —  Rapports  à  la  Société  des  agriculteurs  de  la 
Sarthe,  des  commissions  du  concours  d'enseignement 
agricole  et  du  concours  d'exploitations  rurales,  année  1887. 
Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  10  p.  in-8. 

Leconte  (Armand).  —  Cantate  à  Pierre  Belon,  dédiée  à 
M.  B.  Hauréau,  membre  de  l'Institut,  et  cbantée  par  la 
Société  chorale  du  Mans,  le  jour  de  l'inauguration  de  la 
statue  de  Pierre  Belon,  au  Mans,  le  9  octobre  1887.  Le 
Mans,  E.  Lebrault,  16  p.  in-8,  avec  portr.  et  dessins  sur  la 
couverture.  Tiré  à  100  exempl. 

Ledru  (l'abbé  Ambroise).  —  Le  Château  de  Sourches,  au 
Maine,  et  ses  seigneurs.  Observations  critiques.  Mamers, 
G.  Fleury  et  A.  Dangin,  VIII  p.  in-8.  Pire  à  100  exempl. 

—  La  Cathédrale  du  Mans,  lieu  d'asile  au  XIV*^  siècle. 
Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  12  p.  in-8.  —  Extr.  de  la 
Revue  hist.  et  arch.  du  Maine  et  tiré  à  100  exempl. 

Legeay  (F.).     -    Documents  historiques  sur    la    vente  du 

mobilier  des  églises  de  la  Sarthe  pendant    la  Révolution. 

Le  Mans,  Leguicheux  et  C'^  1  vol.  petit  in-8,   xiv-241   p. 

Tiré  à  50  exemplaires. 
Lemire  (Ch.).  —  Un  maréchal  et  un  connétable  de  France  : 

Le  Barbe-Bleue  de  la  légende  et  de  l'histoire.  Paris,  E. 

Leroux,  02  pages  grand  in-8,  avec  pi. 

LÉOPOLD  DE  Chéraxcé  (le  R.  P.).  —  Sainte  Marguerite  de 
Cortone  (1247-1297).  Paris,  Pion,  Nourrit  et  C'',  1  vol. 
in-8  carré,  xxiii-338  pages,  illustré  de  deux  eaux-fortes  de 
MM.  Paul  Le  Rat  et  Maurice  Deville,  de  six  héliogravures 
de  Dujardin,  d'.tprès  les  bas-reliefs  de  Jean  de  Pise,  de 
compositions  de  Hervier,  de  dessins  et  gravures  sur  bois 
et  de  vingt-cinq  tètes  de  chapitres  en  couleurs. 

Lesueur.  —  Création  d'une  académie  d'exercices,  compre- 
nant :  1'^  la  gymnastique  ;  2"  l'escrime  ;  3°  le  tir  ;  4"  l'équi- 
tation  ;  5"  le  dressage  des  chevaux  de  selle  et  de  trait  ; 
6°  la  formation  des  cochers,  au  Mans,  rue  Chanzy,  72.  Le 
Mans,  Ed.  Monnoyer,  IG  p.  in-18. 


110 


Lettre  eircakiire  de  la  T.  R.  Mère  Supérieure  générale  de 
la  Congrégation  des  Sœurs  de  Ruillé-sur-Loir.  Le  Mans, 
Ed.  Monnoyer,  23  p.  in-4. 

Lettre  circulaire  et  Mandement  de  MM.  les  Vicaires  capi- 
tulaires  du  diocèse  de  Laval  pour  le  carême  de  l'an  de 
grâce  1887.  Laval,  Chailland,  in-4. 

Levé.  —  Métliode  pour  enseigner  la  doctrine  chrétienne. 
Laval,  Chailland,  in-8. 

Liste  des  prêtres  qui  ont  assisté  à  la  retraite  ecclésiastique 
donnée  à  Laval,  au  Grand  Séminaire,  en  1887.  Laval, 
Chailland,  in-i. 

Liste  des  prêtres  qui  ont  assisté  à  la  retraite  ecclésiastique 
donnée  au  Grand  Séminaire  du  Mans  et  prêchée  par  le  R. 
P.  Letierce,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  du  25  au  30  juillet 
1887.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  8  p.  in-4. 

Livet  (A.).  —  Roulangers  aux  Pétrins,  chanson  sur  l'air  de 
la  Marseillaise.  Le  Mans,  Eug.  Massiette,  1  feuille  in-folio. 

Lochet  (l'abbé  J.-L.-A.-M.).  —  Manuel  du  Pèlerin  à  Notre- 
Dame  de  Torcé.  Deuxième  édition,  publiée  par  le  R.  P. 
Dom  Paul  Piolin,  prieur  de  Solesmes,  et  augmentée  d'une 
notice  sur  M.  l'abbé  Jacques-Louis-Antoine-Marie  Lochet, 
auteur  de  l'ouvrage.  Paris-Auteuil,  imp.  des  Apprentis- 
Orphelins,  Roussel,  1  vol.  petit  in-16,  xvi-149  pages,  avec 
planche. 

Maillard  (l'abbé  Charles).  —  Chroniques  paroissiales  de 
Maisoncelles,  diocèse  de  Laval.  Laval,  Chailland,  1  vol. 
in-16,  321  p.  Tiré  à  100  exemplaires. 

Mandements  du  Chapitre  de  l'Église  de  Laval.  Laval,  Chail- 
land, 2  broch.  in-4. 

Maréchal  (Mgr.  Victor),  évèque  de  Laval.  —  Lettre  pasto- 
rale de  Monseigneur  l'évêque  de  Laval  à  l'occasion  de  son 
arrivée  dans  son  diocèse.   Lav;d,  Chailland,  in-4. 

Martonnf-:  (A.  de).  —  Rapport  au  Préfet  de  la  Mayenne  sur 
les  archives  départementales,  présenté  au  Conseil  général 
pour  la  .session  d'août  1887.  Laval,  L.  Moreau,  30  p.  in-8. 

Meignan  (Mgr.),  archevêque  de  Tours.  —  Mandement  et 
Lettre  pastorale  pour  le  carême  de  l'année  1887.  Tours, 
Bou.serez,  in-i. 


—  111  — 

Menjot  d'Elbenne  (vicomte  Samuel).  —  Notice  sur  la  vie 
et  les  travaux  de  M.  l'abbé  Robert  Charles:,  vice-président 
delaSociété  historique  etarchéologique  du  Maine.  Mamers, 
G.  Fleury  et  A.  Dangin,  24  p.  grand  in-8,  avec  un  portrait 
en  héliogravure.  —  Extrait  de  la  Reviie  historiqueet  archéo- 
logique du  Maine. 
Misanthrope  (le),  journal  publié  au  Mans,  sous  la  direction 
de  M.  Denéchère,  gérant,  du  1''''  janvier  au  15  mars  1887. 
Le  Mans,  A.  Drouin,  six  numéros  de  8  pages  in-i  à  deux 
col.,  avec  deux  frontispices  différents. 
MoREAU  (E.).  —  Documents  pour  servir  à  l'histoire  des  rues 
de  Laval,  publiés  par  E.  Moreau.  Laval,  L.   Moreau,  ii-64 
p.  in-16. 
Moreau.   —  Les  Divertissements  provençaux  à  Paris,  en 
janvier  1887.  La  Tarasque,  les  Courses  de  taureaux.  Le 
Mans,  A.  Drouin,  16  p.  in-8.  Tiré  à  50  exemplaires. 
Morin  de  la  Beauluère  (L.).  —  Notice  historique   sur  la 
commune  de  Nuillé-sur-Vicoin.  Laval,  Moreau,  63  p.  in-8. 
Mouton  (Pierre).  —  L'Anarchiste  ;  poèmes  populaires.  Le 

Mans,  Ed.  Monnoyer,  16  p.  in-8. 
Œuvre  de  la  Propagation  de  la  foi  dans  le  diocèse  du  Mans. 
Compte-rendu   des   recettes   et   dépenses   faites   pendant 
l'année  1886.  Le  Mans,  Leguicheux  et  C'*^,  16  p.  in-8. 
Œuvre   de  la   Sainte-Enfance   dans   le    diocèse  du  Mans. 
Compte  des  recettes  et  dépenses  du  l^''  janvier  1886  au 
l^""  janvier  1887.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  8  p.  in-8. 
Ogier   d'Ivry   (Edouard).    —   Dernières  rimes  de  cape  et 
d'épée  :  choses  d'amour,  choses  de  guerre.  Paris,  Savine, 
1  vol.  in- 18,  308  p. 
Ordo  divini  officii  recitandi  missseque  celebrandse  in  tota 
diœcesi  Valleguidonensi  servandus,  pro  anno  1887.   Laval, 
Ghailland,  1  vol.  in-12. 
Ordo  divini   oflicii   recitandi  sacrique  peragendi  ad  usum 
insignis  ecclesise  Cenomannensis,    pro  anno  1887.  Ceno- 
mani.  Ed.  Monnoyer,  1  vol.  in-L2. 
Ordo  divini   officii  recitandi  sacrique  peragendi  in  ecclesia 
abbatiali  Sancti   Pétri  de  Solesmis,  pro  anno  1887.  Ceno- 
mani,  Ed.  Monnoyer,  1  vol.  in-12. 


11^2 


Palmarès  de  la  distribution  des  prix  de  l'Ecole  libre  de 
Notre-Dame  de  Sainte-Croix,  présidée  par  Mgr.  l'évêque 
du  Man>;,  le  !«■•  août  1887.  Le  Mans,  A.  Leguicheux  et  C'% 
•48  p.  in-8. 

Palmarès  de  la  distribution  des  prix  de  l'institution  Fouqué, 
au  Mans.  Le  Mans,  Leguicheux  et  C'",  40  p.  in-8. 

Palmarès  de  la  distribution  des  prix  de  l'institution  libre 
Saint-Paul  de  Mamers.  Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangiii, 
in-8.  Tiré  à  150  exeinpl. 

Palmarès  de  la  distribution  des  prix  du  pensionnat  des 
Religieuses  du  Sacré-Cœur  de  Jésus  au  Mans.  Le  Mans, 
Leguicheux  et  C'",  10  p.  in-8.  Tiré  à  100  exempt. 

Palmarès  de  la  distribution  des  prix  du  collège  de  Courde- 
manche.  Le  Mans,  Ed.  Moiuioyer,  in-8. 

Palmarès  de  la  distribution  des  prix  du  collège  d'Evron, 
Laval,  Jamin,  in-8. 

Palmarès  de  la  distribution  dc's  prix  du  Lycée  de  Laval. 
Laval,  Bonnieux,  in-8. 

Palmarès  de  la  distribution  des  prix  du  Lycée  du  Mans.  Le 
Mans,  E.  Lebrault,  in-8. 

Palustre  i^Léon).  —  La  Renaissance  en  France,  13''  livrai- 
son :  Maine  et  Anjou  (Sarthe,  Mayenne  et  Maine-et-Loire). 
Paris,  Quantin,  fascicule  in-fol.  (p.  113-170),  avec  quatre 
grandes  planches  et  illustrations  dans  le  texte  sous  la  di- 
rection de  Eugène  Sadoux. 

Pélp:rinagk  (huitième)  du  diocèse  du  Mans  à  Notre-Dame 
de  Lourdes,  présidé  par  Monseigneur  l'Évêque.  Le  Mans, 
Leguicheux  et  C''",  63  p.  in-10,  avec  musique. 

Perreau  (Joseph).  —  Historique  du  104''  régiment  d'infan- 
terie de  ligne,  d'après  les  documents  du  Ministère  de  la 
Guerre.  Le  Mans,  E.  Lebrault,  1  vol.  in-8. 

PÉTITION  contre  le  transfèrement  de  l'hospice  du  Mans.  Le 
Mans,  Ch.  Blanchet,  in-4.  Tiré  à  50  exempl. 

PÉTITION  circulaire  à  M.  le  Commissaire  enquêteur  et  rela- 
tive au  transfert  de  l'hospice  du  Mans.  Le  Mans,  Ch. 
Blanchet,  in-8. 

Planté  (Jules).  —  Une  Charte  originale  de  ^lanriro  TT,  sei- 
gneur de  Craon.  Laval,  Moreau,  in-8. 


—  iVA  — 

Processionale  monasticum  ad  usurn  coiigregationis  Gallicse 
ordinis  Sancti  Benedicti.  Solesmes,  E.  Babin,  in-8. 

Programme  pour  l'e.vamen  à  subir  à  l'évèché  du  Mans,  du 
15  octobre  au  15  novembre  1887,  par  les  prêtres  ordonnés 
depuis  1882  jusqu'à  1886  inclusivement.  Le  Mans,  Ed. 
Monnoyer,  in-4. 

Projet  d'incorporation  du  chemin  de  fer  de  Mamers  à  Saint- 
Calais  dans  le  réseau  de  l'Etat.  Notes  lues  à  la  séance  du 
Conseil  municipal  de  Saint-Cal^is,  séance  du  31  mai  1886, 
par  M.  Albert  Dugué,  conseiller  général.  Saint-Calais, 
Peltier,  7  p.  in-4.  Tiré  à  100  exempl. 

Pyrard  (François).  —  The  Voyage  of  François  Pyrard  of 
Laval  to  the  east  Indics,  the  Maldives,  Ihe  Moluccas  and 
Brazil  ;  translated  into  english  from  the  third  french  édi- 
tion of  1619,  an  edited,  with  notes,  by  Albert  Gray,  for- 
merly  of  the  Geylon  civil  service,  assisted  by  H.  G.  P. 
Bell,  of  the  Geylon  civil  service.  Vol.  I.  London,  printed 
for  the  Hakluyt  Society  Whiting  and  G^,  1  vol.  in-8,  avec 
une  vue  de  Laval,  10  dessins  dans  le  texte  et  une  grande 
carte  des  îles  Maldives. 

Quentin  (l'abbé  Aurèle).  —  La  Vie  des  Patriarches,  d'après 
le  texte  hébreu  Paris,  Oudin,  1  vol.  in-8,  avec  nombreuses 
cartes  et  gravures  empruntées  aux  loges  de  Raphaël. 

Queruau-Lamerie  (E.).  —  Notes  pour  servir  à  l'histoire  de 
la  corporation  des  orfèvres  de  Laval,  statuts  et  documents 
divers  (1661-1791).  Laval,  Mureau,  32  p.  in-8. 

—  Projet  d'établissement,  à  Laval,  d'un  arsenal  d'artillerie. 
Laval,  Moreau,  in-8. 

Quid'beuf  (Léon),  professeur  de  rhétorique.  —  L'Attention. 
Discours  prononcé  à  la  distribution  des  prix  du  collège 
Notre-Dame  de  Sainte-Groix,  le  l'"'  août  1887.  Le  Mans, 
Leguicheux  et  G'^,  28  p.  in-8.  Tiré  à  150  exempl. 

Raulin.  —  La  Procession  de  la  Fête-Dieu  et  les  corpora- 
tions de  Laval.  Laval,  Moreau,  in-8. 

Recueil  de  principes  sur  la  tenue  des  livres.  Le  Mans,  Le- 
guicheux et  G'<',  1  vol.  in-18. 

Recueil   des    actes   administratifs  de   la   préfecture  de  la 

Mayenne.  Laval,  L.  Moreau,  1  vol.  in-8. 

XXIV.     8 


—  114  — 

Recuei[.   des   actes  adminiytralifs   de   la    préfecture   de  la 

Sartlie.  Le  Mans,  A.  Drouin,  1  vol.  in-8. 
RÈGLEMENT   tt   Catalogue    de  la  Bibliothèque  de  Château- 

Gontier.  Ghàteau-Goiilier,  Leclerc,  in-8. 

Revue  historique  et  archéologique  du  Maine.  Tomes  XXI  et 
XXII.  Le  Mans,  Pellechat  (Mamers,  imp.  G.  Fleury  et  A. 
Dangin),  2  vol.  grand  in-8,  3'28  et  416  p.,  avec  pi.  et  vign. 
dans  le  texte. 

Revue  littéraire  du  Maine,  0*^  année.  Le  Mans,  E.  Lebrault, 
'1  vol.  in-S. 

Ricard  (Mgr.  Antoine).  —  Yie  de  Monseigneur  de  la  Bouille- 
rie,  archevêque  de  Perga,  évêque  de  Carcassonne,  coadju- 
teur  de  Bordeaux  (•1810-188'2).  Paris,  Palmé,  1  vol.  grand 
in-8,  xxiv-442  p.,  avec  portrait  en  héliogravure. 

RiciiAHi).  —  Mahaut,  comtesse  d'Artois  et  de  Bourgogne. 
Laval,  Chailland,  in-8. 

Roger  (P.).  —  Simples  notions  de  chimie  agricole.  Confé- 
rences suivies  d'une  Instruction  pratique  pour  l'achat  des 
engrais  chimiques,  et  (Fini  Tableau  de  la  composition 
moyenne  de  différentes  matières  intéressant  les  cultiva- 
teurs. Château-Gontier,  H.  Leclerc,  110  p.  in-8  de  te.xte  et 
de  tableaux. 

Roger  (Philibert).  —  Circulaire  de  M.  Philibert  Roger, 
rédacteur  du  Progrès  de  VOuest^  condamné  à  la  requête 
de  M.  Emile  Martin,  rédacteur  de  rAvenir  de  la  Sartlie,  h 
4,(300  fr.  d'amendes  et  dommages  intérêts  et  huit  jours  de 
prison.  Le  Mans,  Drouin,  in-'i.  Tiré  à  100  exempl. 

Rondeau  (Adolphe).  —  Le  cardinal  Lavigerie.  Paris,  31  p. 
in-8.  —  Extrait  de  la  Revue  du  Monde  laiih,  octobre  et 
novembre  1887. 

Ronsard  (Pierre  de).  —  Gùivres,  avec  une  notice  biogra- 
phique et  des  notes,  par  Ch.  Marty-Laveaux.  Tome  pr. 
Paris,  Lemerre,  1  vol.  in-8,  443  p. 

—  Œuvres  choisies,  avec  notice,  notes  et  commentaires,  par 
Sainte-Beuve;  nouvelle  édition,  revue  par  L.  Moland. 
Paris,  Garnier  frères,  1  vol.  in-8  cavalier,  avec  portrait. 

Roussel  (l'abbé).  —  Ahnanach  de  la  France  illustrée.  Paris- 
Auteuil;  imp.  des  Apprentis-Orphelins,  1  vol.  in-18,  avec 
grav. 


—  115  — 

—  Almanach  illustré  de  la  première  communion  ot  de  la 
persévérance.  Paris-Auteuil,  imp.  des  Apprentis-Orphelins, 
1  vol.  in-'18,  avec  grav. 

Sarthois  (le  Petit),  almanach  pour  1887,  contenant  un 
calendrier,  des  notices  agricoles  et  horticoles,  les  marchés 
et  foires  du  département  de  la  Sarthe,  les  foires  de  l'Orne 
et  de  la  Mayenne,  une  statistique  administrative  du  dépar- 
tement et  le  service  des  postes  et  télégraphes.  Le  Mans, 
Leguicheux  et  G'%  80  p.  in-32. 

Sarthois  (le)  illustré,  journal  (hebdomadaire)  du  dé- 
partement de  la  Sarthe  ;  publié  au  Mans,  sous  la  direction 
de  M.  E.  Lebrault,  du  4  octobre  1885  au  7  novembre  1886. 
Le  Mans,  E.  Lebrault,  58  numéros  de  8  p.  in-fol.,  avec 
nombreuses  grav.  dans  le  texte. 

Sauvé  (M&^).  —  Questions  religieuses  et  sociales  de  notre 

temps,  1  vol.  in-18  Jésus,  x-SS'J  p. 
Science  et  Foi,  ou  la  Méthode  scientifique  comparée  avec  le 

procédé  de  la  foi.  Livres  I  et  II  :  Les  dogmes.  Le  Mans,  A. 

Drouin,  t2  vol.  in-18. 

Sebaux  (Ms''  A.-L.),  évèque  d'AngouIème.  —  Mandement 
et  Lettre  pastorale  pour  le  carême  de  l'année  1887.  An- 
goulème,  Roussand,  in-4. 

—  Vie  de  Monseigneur  Jean-Baptiste  Bouvier,  évèque  du 
Mans,  2e  édition.  Angoulème,  Roussand,  1  vol.  in-18, 
344  p. 

Semallé  (Comte  Roger  de).  —  Souvenirs  littéraires  (en 
vers)  d'un  gentilhomme  campagnard.  Mamcrs,  G.  Fleury 
et  A.  Dangin,  1  vol.  grand  in-8,  ii-'275  p.,  papier  vergé. 

Senart  (E.).  —  Les  Inscriptions  de  Piyadasi.  Tome  II.  Les 
édits  sur  piliers  ;  les  édits  détachés  ;  l'auteur  et  la  langue 
des  édits.  Paris,  Leroux,  1  vol.  in-8,  618  p. 

Société  amicale  des  anciens  élèves  de  l'Institution  libre  de 
Mamers.  Compte-rendu  de  la  ■¥  réunion,  le  7  juillet  1886. 
Mamers,  G.  Fleury  et  A.  Dangin,  in-8. 

—  Ibid.,  5^  réunion,  6  juillet  1887.  Mamers,  G.  Fleury  et  A. 
Dangin,  in-8. 

Société  anonyme  des  mines  de  charbon  minéral  de  la 
Mayenne  et  de  la  Sarthe.  Assemblée  générale  ordinaire 


—  416  — 

des  actionnoires,  en  avril  1887.  Laval,  C.  Boniiioiix,  15  p. 

in-8. 
Société  d'assurance  mutuelle  immobilière  du  Mans  contre 

l'incendie.   Rapport  de  la  commission  pour  l'examen  du 

compte  du  58"  exercice  (1887).  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer, 

28  p.  in-i. 
Société  de  propagande  républicaine  du  canton  de  Montfort. 

—  Statuts.  Le  Mans,  A.  Drouin,  A  p.  in-8. 

Société  de  Saint-Vincent-de-Paul  du  Mans.  Procès-verbaux 
des  assemblées  générales  des  P)  juillet  et  8  décembre  1886. 
Rapport  par  M.  Armand  Surmont.  Le  Mans,  Leguicheux 
et  Gi%  26  p.  in-8. 

Société  de  secours  mutuels  de  la  commune  de  Bonnétable. 

—  Règlement.   Mamers,   G.  Fleury  et  A.   Dangin,  36  p. 
in-18.  Tiré  à  100  exemplaires. 

Société  de  secours  mutuels  de  la  commune  de  Dollon.  — 

Statuts.  Le  Mans,  A.  Drouin,  32  p.  in-8. 
Société  de  secours  mutuels  de  la  Compagnie  des  Sapeurs 

pompiers  de  la  commune  de  Briîlon.  —  Statuts.  Le  Mans, 

A.  Drouin,  32  p.  in-8. 

Société  du  matériel  agricole  de  la  Sarthe.   Procès- verbaux 

des  conférences  et  compte-rendu  des  travaux.  34" livraison. 

Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  in-8. 
Société  générale  de  secours  mutuels  de  la  ville  du  Mans. 

Compte-rendu  de  l'bxercice  1886.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer, 

64  p.  in-8. 
Société   philanthropique   des   Voyageurs   du    Mans   et    du 

département   de    la  Sarthe.    Le  Mans,  imp.  de  VAvenir, 

48  p.  in-8. 

Société  régionale  des  Pharmaciens  de  la  Sarthe,   de  l'Orne 

et   de   la  Mayenne.  —  Bulletin.  Le  Mans,  A.  Drouin,  24  p. 

in-8. 
Statuts  de  la  Société  d'encouragement   aux  Ecoles  laïques. 

Le  Mans,  E.  Lebrault,  1  vol.  in-8. 
Statuts  du  comité  républicain  du  canton  de  Ballon  (Sarthe). 

Lo  Mans,  A.  Drouin,  in-8. 
Syndicat  agricole  de   Saint-Gervais-en-Belin   (Sarthe).    — 

Statuts.  3«  édit.  Le  Mans,   Leguicheux  et  C"",  16  ji.  in-8. 


-   117  — 

—  Comptes-rendus  pour  le  premier  semestre  de  1887.  Le 
Mans,  LegLiicheux  et  C''',  in-i6. 

Syndicat  agricole  du  canton  de  Sablé.  —  Circulaire.  Le 

Mans,  Chenu,  in-8. 
Syndicat  du  hannetonnage  du  canton  deGorron.  Historique 

du  syndicat  et  résultats  de  la  campagne  de  1887.  Le  Mans, 

Ed.  Monnoyer,  8  p.  in-8. 
Talbert.  —  De  la  Prononciation  en  France  au  XVP  siècle. 

La  Flèche,  Besnier-Jourdain,  i  vol.  in-8. 
Triger  (Robert).  —  Un  Episode  de  l'histoire  du  Mans  au 

XYII*^  siècle.    Les  Prisonniers  de  Rocroy  à  l'abbaye  de 

Saint-Vincent  du  Mans,  en  16i;>.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer, 

32  p.  in-8.  Tiré  à  50  exemp. 

—  Notice  biographique  sur  M.  l'abbé  Cénéric  Moulinet,  curé 
de  Douillet-le-Joly.  Le  Mans,  Leguicheux  et  C"',  16  p. 
in-8.  —  Extrait  de  la  Semaine  du  Fidèle. 

Usages  ruraux  de  l'arrondissement  de  Chàteau-Gontier. 
Chàteau-Gontier,  Postie,  1  vol.  in-12. 

Valframbert  (Charles).  —  Piépertoire  politique  et  histo- 
rique de  188(3,  contenant  une  revue  politique  de  l'année, 
les  élections  sénatoriales  et  législatives,  le  compte-rendu 
du  Sénat  et  de  la  Chambre  des  députés,  les  lois,  décrets, 
circulaires  et  documents  divers  concernant  chaque  minis- 
tère, une  revue  des  beaux-arts,  de  la  nécrologie,  etc., 
publié  sous  la  direction  de  M.  Charles  Valframbert.  Paris, 
Quantin,  1  vol.  in-8. 

Verlet  du  Mesnil.  —  La  Sanctification  du  Dimanche.  Le 
Mans,  Leguicheux  et  C'%  40  p.  in-8.  Tiré  à  iOO  exempl.  et 
extrait  de  la  Semaine  du  Fidèle. 

Véron-Duverger.  —  Le  Régime  des  chemins  de  fer  français 
devant  le  Parlement  (1871-1887).  Paris,  Guillaumin,  1  vol. 
in-8,  375  p. 

Vie  de  saint  Hugues,  abbé  de  Ckmy,  102M100.  Solesmes, 
imp.  Saint-Pierre,  1  voL  in-8  iliu.stré  (par  le  R.  P.  Dom 
A.  L'Huillier.) 

L.  BRIÈRE. 


CHRONIQUE 


Depuis  quatre  mois  environ,  plusieurs  distinctions  honori- 
fiques ont  été  décernées  h  quelques-uns  de  nos  confrères. 
Nous  sommes  heureux  aujourd'hui  de  pouvoir  leur  offrir 
nos  félicitations,  au  nom  de  la  Société,  en  leur  exprimant  le 
regret  que  les  circonstances  ne  nous  aient  pas  permis  de  le 
faire  plus  tôt. 

Par  un  bref  du  Souverain  Pontife  Léon  XIII,  en  date  du 
6  mars  1888,  M.  le  baron  Emmanuel  de  la  Bouillerie  et 
M.  Alexandre  Celier  ont  été  nommés  chevaliers  de  l'ordre 
de  Saint-Grégoire-le-Grand. 

Par  arrêté  ministériel  en  date  du  25  mai  1888,  M.  l'abbé 
Esnault,  secrétaire  de  la  Société  historique  et  archéologique 
du  Maine  ,  correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  a  été  nommé  officier  d'académie. 

Enfin,  dans  sa  séance  annuelle  qui  a  eu  lieu  à  Paris  le 
dimanche  27  mai,  la  Société  d'Encouragement  au  bien  a 
décerné  une  médaille  d'or  à  M.  Léon  Hublin  pour  ses  études 
sur  le  Maine. 

Ces  distinctions,  si  bien  méritées,  sont,  chacune  dans  leur 
genre,  la  juste  récompense  de  longs  et  consciencieux  tra- 
vaux, mais  la  nomination  de  M.  l'abbé  Esnault  au  grade 
d'officier  d'académie  honore  plus  particulièrement  notre 
Société  dont  il  a  été  un  des  principaux  fondateurs,  et  à 
laquelle  il  ne  cesse  de  prodiguer,  depuis  bientôt  treize  ans, 
tous  ses  efforts  et  tout  son  dévouement.  Qu'il  nous  soit  donc 
permis  de  renouveler  ici  à  M.  l'abbé  Esnaull  l'expression  de 


-  119  — 

la  vive  satisfaction  qu'a  causée  parmi  nous  la  nouvelle  de  sa 
nomination. 

R.  T. 


Pour  la  première  fois  cette  année,  a  eu  lieu  à  Paris,  du 
9  au  14  avril,  un  Congrlu  scientifique  international  des 
Catholiques. 

Au  nombre  des  communications  les  plus  importantes  faites 
à  la  section  d'histoire,  nous  devons  signaler  un  mémoire  de 
M.  Paul  Fournier,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de 
Grenoble,  sur  l'origine,  la  date  et  la  provenance  des  Fausses 
Décretales.  Cette  question  ([ui  oifre,  comme  on  le  sait,  un 
intérêt  tout  spécial  pour  les  Manceaux,  a  soulevé  dans  le 
public  savant  de  vives  controverses  depuis  la  publication  du 
fameux  livre  du  docteur  Bernhart  Simson  :  Die  Entstehung 
der  pseudoisidorischen  Falscliungen  in  Le  Mans.,  Leipzig, 
1886,  in-8.  Elle  avait  déjà  été  l'objet,  en  1887,  d'un  premier 
travail  de  M.  Fournier,  inséré  dans  la  Nouvelle  Revue  histo- 
rique de  droit  français  et  étranger  (janvier-février  1887), 
travail  que  nous  avons  rapidement  analysé,  en  même  temps 
que  l'ouvrage  du  docteur  Simson  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe  (Tome 
XXXI,  p.  193). 

Or,  de  la  nouvelle  communication  de  M.  Fournier  au 
Congrès  international  des  catholiques,  il  résulterait  que  les 
Fausses  Décretales  auraient  bien  été  composées  au  Mans, 
vers  Tannée  850,  dans  l'entourage  de  l'évêque  Aldric,  pour 
réaliser  les  réformes  nécessaires  à  cette  époque  dans  l'Eglise 
de  France,  et  à  l'occasion  de  la  lutte  de  Nomenoë  contre 
l'épiscopat  breton. 

Ces  conclusions ,  toutefois ,  ne  sauraient  encore  être 
acceptées  sans  examen.  L'éminent  professeur  de  droit  cano- 
nique à  l'Ecole  des  Chartes,  M,  A.  Tardif,  conseiller  d'Etat 


—   l'iO  — 

honoraire,  déclare  dans  im  ouvrage  tout  récent  (Hidoire  des 
Sources  du  droit  canoniqiie  ,  Paris,  1887,  un  vol.  in-8, 
p.  149),  «  qu'on  n'est  pas  en  droit  jusqu'ici  d'affirmer  que  le 
»  diocèse  du  Mans  est  le  lieu  d'origine  des  Fausses  Decre- 
»  taies,  que  les  présomptions  restent  en  faveur  de  la  province 
»  de  Reims,  si  mieux  Ton  n'aime  dire  avec  M.  de  Schulte, 
»  dans  son  appréciation  du  Mémoire  de  M.  Simson,  que 
»  cette  question  est  plus  que  jamais  obscure  ». 

La  discussion  reste  donc  ouverte,  et  nous  tiendrons  les 
lecteurs  de  la  Revue  au  courant  de  cette  intéressante  con- 
troverse qui  attire  sur  notre  ville  du  Mans  l'attention  des 
principaux  énidits  français  et  allemands. 


Un  mois  après  le  Congrès  scientifique  international  des 
Catholiques,  le  mardi  2*2  mai  s'ouvrait  également  à  Paris  le 
Congrès  annuel  des  délégués  des  sociétés  savantes. 

Dès  la  première  séance,  notre  confrère,  M.  Gabriel  Fleury 
a  présenté  à  la  section  d'archéologie  la  suite  de  son  excel- 
lente étude  sur  les  Fortifications  du  Maine.  L'auteur,  dans 
ce  second  mémoire,  cherche  à  expliquer  les  différentes  mo- 
difications apportées  dans  la  construction  des  enceintes  en 
terre  du  X''  ;ni  XTT'^  siècle,  puis  il  décrit  les  châteaux  de 
Saint-Calais,  Pirniil  et  Bourg-le-Roi.  Sa  lecture  a  été  écoutée 
avec  un  vif  intérêt,  et  un  archéologue  bien  connu,  M.  Buhot 
de  Kersers  s'est  empressé  de  constater  que  les  conclusions 
de  M.  Fleury  étaient  identiques  à  celles  qu'il  avait  déjà  foi'- 
mulées  sur  les  enceintes  féodales  du  Berry. 

Nous  nous  abstenons  aujourd'hui  de  faire  connaître  ces 
conclusions,  notre  Revue  devant  publier  dans  une  de  ses 
prochaines  livraisons  le  Mémoire  de  M.  Gabriel  Fleury. 

La  même  semaine,  du  22  au  2.")  mai,   avait  lieu  à  l'Ecole 


121 


des  Beaux-Arts,  la  réunion  des  délégués  des  sociétés  des 
Beaux-Arts.  Dans  la  séance  du  nnercredi  23  mai,  un  membre 
de  la  Commission  historique  et  archéologique  de  la  Mayenne, 
M.  Tancrède  Abraham,  présentait  une  Note  sur  une  esquisse 
peinte  de  la  Bataille  d'Alexandre,  par  Le  Brun.  Cette  pein- 
ture a  été  composée  à  la  demande  de  Fouquet  pour  être 
exécutée  en  tapisserie,  et  l'esquisse  qui  fait  l'objet  de  la 
communication  de  M.  Tancrède  Abraham  appartient  actuelle- 
ment au  musée  de  Château-Gontier. 


Par  une  circulaire  en  date  du  19  avril  1888,  M.  le  Direc- 
teur des  Beaux-Arts  fait  appel  aux  Sociétés  savantes  des 
départements  pour  établir  le  classement  des  objets  mobiliers 
appartenant  à  l'Etat,  aux  Départements,  aux  Communes  et 
autres  établissements  publics,  dont  la  conservation  présente, 
au  point  de  vue  de  l'histoire  ou  de  l'art,  un  intérêt  national. 

Ce  classement,  on  se  le  rappelle,  a  été  prescrit  par  la  loi 
du  30  mars  1887,  sur  la  conservation  des  Monuments  et 
objets  ayant  un  intérêt  historique  et  archéologique.  Il  peut 
offrir,  pour  l'avenir,  une  très  grande  utilité  en  évitant  la 
dispersion  ou  même  la  destruction  d'objets  d'art  exposés 
jusqu'ici  à  des  actes  de  vandalisme.  Nous  nous  empresse- 
rons de  transmettre  à  M.  le  Directeur  des  Beaux-Arts  tous 
les  renseignements  que  nos  confrères  voudraient  bien  nous 
communiquer  en  vue  de  faciliter  l'exécution  de  la  loi  du 
30  mars  1887. 


La  plupart  des  membres  de  la   Société  historique  et  ar- 
chéologique  du   Maine  savent    depuis   longtemps  qu'il  se 


l'22 


célèbre  chaque  année,  à  Beaumont-sur-Sarthe,  le  lendemain 
de  la  Fête-Dieu,  une  fête  religieuse,  civile  et  populaire  très 
ancienne,  dite  Fête  de  la  Confrérie.  Nous  sommes  heureux 
de  leur  apprendre  que  le  i  juin  dernier,  la  Fête  de  la  Con- 
frérie, vieille  de  plusieurs  siècles  et  dès  lors  très  intéressante 
pour  l'histoire  des  mœurs  et  institutions  de  la  province,  a 
été  célébrée  avec  un  éclat  inaccoutumé.  D'une  part,  la  pro- 
cession traditionnelle  a  été,  comme  toujours,  très  brillante  ; 
d'autre  part,  la  journée  s'est  terminée  par  une  fête  véni- 
tienne sur  la  Sarthe,  une  retraite  aux  flambeaux  et  un  feu 
d'artifice,  organisés  par  les  soins  de  la  municipalité. 

On  ne  saurait  trop  féliciter  le  Conseil  municipal  et  les 
autorités  de  Beaumont  d'avoir  si  bien  su  conserver  les  tra- 
ditions historiques  de  leur  ville  ft  d\ivu)r  ainsi  donné  \\n 
nouvel  attrait  à  cette  anti(iue  fête  de  la  Confrérie,  toujours 
populaire  dans  la  région. 


MM.  Barbe  de  Conlie  et  Liger  du  château  de  Courmenant 
viemiont  encore  de  reconnaître,  près  du  Chevaigné,  à  la 
limite  des  communes  de  Tennie  et  Conlie,  en  bordure  du 
vieux  chemin  de  l'ancienne  abbbaye  de  Champagne,  les 
vestiges  d'un  établi.ssement  romain.  Cet  établissement,  qui 
s'accuse  particulièrement  dans  la  pièce  de  terre  appelée  le 
champ  Faraud  n"  73  au  plan  cadastral  de  Tennie,  occupait 
un  |)lateau  entre  deux  vallons  où  naissent  des  sources  aux 
eaux  abondantes  et  intarissables  ;  il  semblerait  s'étendre  sur 
une  superficie  de  sept  hectares  et  |ienl-èlre  .m-delà  de  la 
vallée  du  côté  tin  Chevaigné  où  l'on  a  remarqué  quelques 
débris  de  briques  à  rebord. 

Plusieurs  propriétaires  du  pays,  notamment  M.  Percheron, 
avaient  précédemment  recueilli  un  ceitain  nomln'e  de  me- 


123 


dailles  romaines  de  la  fin  du  III^'  siècle  sur  cet  emplacement 
où  des  substructions  restent  apparentes. 


Au  moment  de  terminer  cette  chronique,  nous  avons 
le  regret  d'apprendre  la  mort  d'un  de  nos  collègues  les  plus 
distingués  :  M.  le  comte  Paul  Le  Gonidec  de  Traissan,  décé- 
dé à  Laval  le  17  juin  dernier. 

Ancien  zouave  pontifical,  puis  chef  de  bataillon  aux  Volon- 
taires de  l'Ouest,  M.  le  comte  Paul  Le  Gonidec  de  Traissan 
avait  fait  la  campagne  de  1870  avec  une  vaillance  qui  lui 
valut  non  seulement  la  croix  de  la  Légion  d'honneur,  mais 
aussi  la  reconnaissance  et  l'estime  de  tous  ses  compagnons 
d'armes,  et  pour  mieux  dire  de  tous  ceux  qui  eurent 
l'honneur  de  le  connaître.  Depuis  cette  époque  il  s'était 
retiré  à  Laval,  oîi,  malgré  le  mauvais  état  de  sa  santé,  il  ne 
cessa  de  faire  le  bien  et  de  consacrer  sa  vie  aux  œuvres 
charitables. 

M.  le  comte  Paul  Le  Gonidec  de  Traissan  était  décoré  des 
ordres  de  Pie  IX  et  de  Saint-Grégoire-le-Grand  :  il  faisait 
partie  depuis  longtemps  de  notre  Société  comme  membre 
titulaire.  La  Frace  perd  en  lui  un  de  ses  fds  les  plus 
dévoués,  un  de  ces  courageux  soldats  qui  contribuèrent 
dans  les  circonstances  les  plus  tristes,  à  sauver  l'honneur 
du  drapeau. 


R.  T. 


I.IVUES   NOUVEAUX 


Histoire  populaire  de  saint-julien,  premier  évêque  du 
MANS,  par  le  P».  P.  dom  Paul  Pioliii,  bénédictin  de  la 
Congrégation  de  France,  président  de  la  Sodétê  historique 
et  archéologique  du  Maine.  Paris,  1888,  1  vol.  in-l^,  de  iii- 
'220  pages. 

Ainsi  que  son  tilie  rindi([ue,  ce  livre  ne  si'  présente  ni 
comme  nn  ouvrage  d'érudition,  ni  comme  un  ouvrage  de 
critique.  11  n'en  est  pas  moins  l'orl  intéressant  o[  s(M'a  lu 
avec  ))laisir  par  un  grand  nombre  de  nos  compatriotes. 
C'est  un  l'ésumé  clair  et  précis  des  importants  travaux  de 
de  notre  vénérable  président,  le  R.  P.  dom  Piolin,  sur  les 
origines  de  l'Eglise  du  Mans,  résumé  qui  s'adresse  à  la 
mas.se  des  lecteurs  [)lutot  qu'au  public  savant.  La  première 
partie  est  consacrée  au  récit  des  actions  de  saint  Julien  ; 
la  .seconde  expose  l'histoire  de  .son  culli'  au  travers  des 
siècles. 

I'>i'it  avec  cœur  et  avec  simplicité,  ce  iidil  livre  réi)ond 
de  toutes  manières  au  bul  (pi'il  se  [nopose  et  aux  motifs  qui 
l'ont  inspiré.  Il  p('iiétrf'i;i  partout,  (l.nis  les  chaumières  aussi 
bien  (|iie  dans  les  cliàtcaux,  cl  il  redira  à  tous  les  inappré- 
ciables bienfaits  de  cette  civilisation  (  hrclienne  apportée  de 
Rome  par  saint  Julien. 

Imi  188(3  déjà,  M.  l'abbé  Persigan,  cliaiioiue  titulaire  du 
.\laus,  avait    public  une   étude    critiipic   sur   Vapoalolal   de 


sahd  Julien,  dans  laquelle  il  s'efforçait  de  rassembler  tous 
les  documents  susceptibles  d'établir  la  date  bistorique 
de  l'évangélisation  du  Maine.  L'Histoire  populaire  de 
saint  Julien,  dont  le  plan  et  le  but  sont  absolument  diffé- 
rents, accentue  en  quelque  sorte  ce  pieux  mouvement  qui 
pousse  depuis  peu  les  catholiques  du  Maine  à  étudier  avec 
une  nouvelle  ardeur  les  origines  de  leur  Eglise. 

Tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'histoire  du  pays  seront 
heureux  de  constater  avec  nous  ce  mouvement  d'opinion. 
On  ne  saura  jamais  rendre  assez  hommage  aux  premiers 
évèques  de  la  Gaule,  qui  furent  tout  à  la  fois  de  généreux 
missionnaires,  et  d'intrépides  défenseur?  de  la  liberté 
et    de    la    dignité    humaine. 

Robert  TRIGER. 


Appendice    aux    lettres    adressées    par    l'intendant 

GÉNÉRAL    DE   LA  MAISON  DE   LA   TRÉMOILLE   A    L'ADVOCAT 
FISCAL    DE    LA    BARONNIE    DE  VITRÉ,    1696-1700.     —  Vitré, 

Guays,  1888.  —  56  pages. 

Cette  nouvelle  plaquette,  éditée  avec  le  goût  et  le  luxe 
qui  distinguent  tous  les  ouvrages  de  M.  Frain,  vient  com- 
pléter fort  heureusement  une  de  ses  précédentes  pubhca- 
tions,  la  correspondance  administrative  de  l'intendant  gé- 
néral de  la  maison  de  la  Trémoille.  Elle  donne  des  détails 
inédits  sur  les  de  Caqueray,  leurs  verreries,  leurs  .services 
militaires,  et,  en  général  sur  la  condition  des  gentilshommes 
verriers.  Elle  donne  aussi  le  récit  fort  amusant  des  <(  vicissi- 
tudes d'un  banc  seigneurial  ».  Cet  épisode,  qui  rappelle 
les  mémorables  exploits  de  la  dame  de  Sougé-le-Ganelon, 
au  pays    du   Maine  ,   révèle   une  fois  de  plus  les  mœurs 


l'2()   - 

curieuses  de  cette  société  provinciale  du  XYII"  siècle,  que 
M.  Frain  connaît  si  bien  et  sur  laquelle  il  a  déjà  publié 
de  si   intéressants  travaux. 

R.  T. 


PvECIlKl'.CllKS  lIlSTOinnUES  SUR  LA  VJLLE  IJE  SAINTE-SUZANNE, 

par  le  docteur  Ch.  Nory.  Sillé-le-Guillaume,  Veau-Besnar- 
deau,  1888,  in-8,  de  114  pages. 

Bien  qu'elle  soit  incontestablement  une  des  petites  villes 
les  plus  curieuses  et  les  plus  célèbres  du  Maine,  Sainte- 
Suzanne  n'avait  pas  été  l'objet,  depuis  longtemps,  d'une 
monographie  spéciale.  M.  le  docteur  Ch.  Nory  a  eu  l'excel- 
lente pensée  de  combler  cette  regrettable  lacune  et  il  vient 
de  publier  sur  Sainte-Suzanne  une  intéressante  notice, 
résultat  de  ses  recherches  dans  les  archives  de  la  ville  et  du 
bailliage. 

Son  travail  est  divisé  en  trois  parties  :  i"  Sainte-Suzanne 
et  les  guerres  anglaises,  2»  Organisation  de  Sainte-Suzanne 
})ioderne,  3°  Souvenirs  et  monuments  des  environs  de  Sainte- 
Suzanne.  Les  anciennes  archives  de  Sainte-Suzanne  ayant 
été  détruites,  ia  première  partie  est  malheureusement  la 
moins  riche  en  documents,  el  M.  Nory  est  réduit,  comme  il 
arrive  souvent  pour  cette  époque,  aux  récits  des  chroni- 
queurs. A  partir  du  XYI»  siècle  au  contraire,  les  sources 
deviennent  plus  abondantes  et  l'auteur  y  puise  de  nombreux 
détails  sur  l;i  b;ironnie,  les  gouverneurs,  les  juridictions, 
l'administration  ecclésiastique.  Enfin  il  termine  en  donnant 
une  analysa  des  actes  du  bailliage. 

L'ouvrage  est  accompagné  de  trois  photographies  repro- 
duisant les  anciennes  fortifications  de  Sainte-Suzanne. 

Détail  important  à  noter  :  Par  une  délibération  en  date  du 


—   l!>7  — 

15  février  1888,  le  conseil  municipal  de  Sainte-Suzanne  a 
donné  à  une  des  principales  places  de  la  ville  le  nom  du 
grand  patriote  manceau  du  XV"  siècle  :  Ambroise  de  Loré. 
C'est  un  exemple  que  d'autres  villes  plus  importantes  de- 
vraient tenir  à  honneur  de  suivre. 

R.  T. 


Parmi  les  livres  nouveaux  parus  depuis  notre  dernière 
livraison,  nous  devons  encore  signaler  particulièrement  à 
l'attention  de  nos  confrères  : 

i"  Le  tome  V  des  Procès-verhaux  de  la  commission  Jiisto- 
rique  et  arcJiéologique  de  la  Mayenne,  qui  contient,  comme 
toujours,  plusieurs  documents  inédits  sur  l'histoire  du  Maine. 
(Lettres  extraites  des  arcJnves  de  M.  le  duc  de  la  Trémouille, 
publiées  par  M.  l'abbé  Ledru  ;  Certificats  de  VEtat  religieux 
de  lanohlesse  du  Bas-Maine,  parM.  l'abbé  Ch.  Pointeau  etc.), 
et  auquel  est  annexé  le  tirage  à  part  de  la  Sigillographie  des 
seigneurs  de  Laval. 

'2°  La  première  livraison  du  tome  VII  du  Bulletin  de  la 
Société  Jtistorique  et  archéologique  de  VOrne,  avec  la  suite 
du  très  intéressant  travail  de  M.  de  Courtilloles  :  Analyse  de 
divers  actes  du  tabellionnage  d'il toiçoji  (XV-'-XYIe  siècles), 
et  plusieurs  articles  relatifs  à  l'histoire  du  Passais  :  Les  ori- 
gines du  Passais,  par  M.  Le  Faverais  ;  Les  fresques  de 
Véglise  Saint-Jtdien  à  Domfront  par  M.  F.  Loriot. 

3°  Un  tableau  comparatif  des  Prix  anciens  et  acluels  dans 
le  canton  de  Château-du-Loir,  de  172!2  à  1887,  inséré  par 
jVirae  Destriché  dans  le  dernier  Bulleti)i  du  comité  des  Tra- 
vaux historiques  et  scientifiques. 

4"  Deux  documents  médits,  fort  curieux  pour  l'histoire  des 
mœurs  et  institutions,  publiés  par  M.  E.  Moreau,  secrétaire 
de  la  commission  historique  et  archéologique  de  la  Mayenne  ; 


—   12S  — 

Les  usemenU  et  redevances  des  seigneurie  et  forêt  de  Bour- 
gon  (Mayenne),  Vannes,  Lafolye,  1888,  in-8,  et  Mémoire  sur 
la  processio)i  de  la  Fête-Dieu  à  Laval  en  JOOl,  Laval, 
Moreau,  1888,  in-l'i.  Cette  dernière  plaquette  fait  partie  de 
la  collection  de  documents  historiques  sur  le  département 
de  la  Mayenne,  dont  nous  avons  eu  occasion  de  parler  plu- 
sieurs fois  déjà, 

5'>  Enfui  un  charmant  volume  de  poésies  :  Primevères^  de 
notre  sympalhi([ue  confrère  M.  Georges  Loir.  Nous  ne  pou- 
vons lui  consacrer  un  compte-rendu  qui  sortirait  du  cadre 
ordinaire  de  notre  Revue,  mais  nous  tenons  à  lui  souhaiter 
au  moins  tout  le  succès  qu'il  mérite. 

Robert  TRIGER. 


D  après  luiy  portraU-  appartenant  O'  la,  Société. 
ci'AqruuLUttre   Sciences  et  Arts   de    la   Sartha- 


Louricii/o.) 


NOTES 

SUR 

ANTOINE  LE  COI^YAÏSIEK 
dp:  courteilles 

ET    SUR 

SON    HISTOIRE    DES    ÉVESQVES    DV    MANS 


I 


U Histoire  des  Evêquesdu  Mans,  par  Antoine  Le  Gorvaisier 
de  Courteilles,  est  un  des  classiques  de  l'histoire  du  Maine. 
Nous  ne  voulons  certes  pas  dire,  en  employant  cette  expres- 
sion, que  l'ouvrage,  sous  le  rapport  du  style,  soit  d'une 
élégance  ou  d'une  correction  remarquable,  ni  qu'au  fond, 
il  offre  une  érudition  forte  et  variée,  une  critique  toujours 
saine,  des  vues  toujours  sûres.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de 
discuter  les  opinions  de  Le  Gorvaisier  sur  certains  points 
importants,  notamment  .sur  l'époque  où  saint  Julien  serait 
venu  évangéliser  le  Maine.  Ges  opinions  furent  contredites 
de  son  vivant  ;  elles  l'ont  été  depuis  ;  elles  le  sont  encore 
par  nombre  de  personnes  éminentes  en  science  et  en  piété. 
Il  n'en  reste  pas  moins  acquis  que  Le  Gorvaisier  est  un  des 
plus  anciens  et  des  principaux  historiens  du  Maine.  Il  avait 
vu  et  su  beaucoup  de  choses.  Il  est  cité  partout.  Son  livre 
e.st  dans  toutes  les  bonnes  bibliothèques  de  la  province  et 
même  des  pays  voisins,  et  se  paie  assez  cher  à  l'occasion. 

XXIV.    9 


—  430  — 

Sous  ces  rapports,  du  moins,   il  peut  être  rangé  parmi  les 
classiques  de  l'histoire  du  Maine. 

La  vie  de  Le  Corvaisier  est  beaucoup  moins  connue  que 
son  ouvrage.  Tout  ce  qu'on  en  savait  jusqu'ici,  c'est  qu'il 
était  né  au  Mans,  qu'en  1637  il  était  conseiller  au  siège 
présidial  de  cette  ville,  et  lieutenant  criminel  au  même  siège 
en  4648,  date  de  la  publication  de  VHistoire  (4).  Une  heu- 
reuse fortune  ayant  réuni  en  nos  mains  certains  documents 
précis  et  authentiques  sur  ce  personnage,  nous  espérons 
que  les  curieux  de  l'histoire  du  Maine  nous  sauront  quelque 
gré  de  les  publier,  si  obscurs  qu'ils  laissent  encore  plusieurs 
points  de  sa  biographie.  C'est,  d'ailleurs,  une  sorte  de  resti- 
tution que  nous  faisons  aux  confrères,  érudits  autant  qu'obli- 
geants, à  qui  nous  en  devons  la  communication  désinté- 
ressée {'2). 


II 


Antoine  Le  Corvaisier  était  né  au  Mans,  le  43  mai  4608. 
C'est,  du  moins,  la  date  de  son  baptême  dans  l'église  parois- 
siale, aujourd'hui  supprimée,  de  Saint-Pierre-de-la-Cour  uu 
Grand-Saint-Pierre  (3). 

(1)  Le  Paige,  Dictionnaire  du  Maine,  t.  Il,  p.  245  ;  —  RenouariJ,  Essais 
historiques  et  littéraires  sur  la  ci-devant  province  du  Maine,  t.  II,  p.  99; 
—  ^.  Bespovlcs,  Bibliographie  du  Maine,  I,  p.  'AiM;  — Lepellotier  (de 
la  Sarthe;,  Histoire  complète  de  la  province  du  Maine,  t.  Il,  p.  M  ;  — 
B.  Hauréau,  Histoire  lit  té  raire  du  Maine,  t.  III,  p.  442  do  la  1''*  édition, 
(1845);  article  reproduit  textuellement  dans  la  seconde  (t.  VII,  p.  121). 
C'est  par  erreur  que  dans  ces  deux  (''dilions,  l'année  1G43  est  indiquée 
comme  date  de  la  publication.  Le  privilège  est  du  11  décembre  1G45  ; 
l'impression  fut  terminée  le  29  novembie  1647  ;  le  livre  ne  parut  qu'en 
1648,  seule  date  que  poitc  le  frontispice. 

(2)  MM.  l'ablié  Ksnault,  Brière,  Henri  Chardon,  Ernest  de  Courtillolos 
et  G.  Fleury,  tous  meinbres  de  la  Société  liislorique  du  Maine.  Un  autie 
memore  de  la  Société,  M.  Bellée,  de  regrettable  mémoire^  avait  égale- 
ment secondé  nos  recherches. 

(3)  «  Le  13  may  1608,  Anthoinc  filz  de  noble  ho«  Jacques  Corvasier, 
cons"'  du  Roy  au  siège  présidial   de  ceste  ville  et  de  damoyselle  Suzanne 


—  131  — 

Il  était  d'ancienne  et  bonne  famille. 

Son  père,  Jacques  Le  Corvaisier,  —  il  n'ajoutait  pas  encore 
à  ce  nom  celui  de  Courteilles,  —  était  noble.  Il  était,  lui  aussi, 
conseiller  au  présidial  du  Mans.  Devenu  veuf,  il  entra  dans 
les  ordres  (1). 

C'était  un  homme  lettré,  comme  le  prouvent  l'épitaphe  de 
l'évêque  Charles  de  Beaumanoir  de  Lavardin  et  une  épi- 
gramme  sur  le  livre  de  son  fils  qui  donne  ces  deux  pièces  (2). 

La  mère  d'Antoine,  Suzanne  Vasse,  était  également 
d'ancienne  et  noble  famille.  Les  Vasse,  seigneurs  de  Cour- 
teuvre  en  Villaines-la-Juhel  (Mayenne),  furent  maintenus  ou 
réintégrés  dans  leur  noblesse  par  lettres-patentes  du  3  août 
1651.  Ils  furent,  eux  au.ssi,  conseillers  et  lieutenants  crimi- 
nels au  présidial  du  Mans  et  dignitaires  de  l'Église  (3). 

Vasse,  son  espouse,  fut  baptizé  par  moy,  curé  soubsigné.  Parin,  vénb'«  et 
discret  M^  André  "Vasse,  doyen  de  ceste  église  s*:'  Pierre  ;  Marenne, 
damoyselle  Marie  Corvasier,  femme  de  mons''  le  P""  du  Fioy  de  ceste  ville.» 
Signé  :  Gesmerye. 

(Paroisse  de  Saint-Pierre-de-la-Cour.  Communication  de  M.  l'abbé 
Esnault). 

(i)  M.  Hauréau  (t.  IV,  p.  321)  suppose  que  ce  Jacques  Le  Corvaisier  de 
Courteilles  qui,  dans  les  vers  que  nous  citerons  tout  à  l'heure,  adi  cssés  à 
Antoine,  se  qualifie  de  «  vostre  meilleur  et  plus  affectionné  père...  prestre 
indigne  »,  n'était  pas  le  propre  père,  mais  un  des  grands  parents  d'An- 
toine et  que  la  paternité  qu'il  invoque  ici  n'était  qu'une  paternité  spiri- 
tuelle ou  d'affection.  En  réalité,  c'est  bien  de  l'ancien  magistrat,  devenu 
prêtre,  qu'il  s'agit.  Il  avait  été  baptisé  le  1"  novembre  1578.  Il  avait 
épousé  le  22  août  1GU4,  Suzanne  Vasse  ;  il  mourut  le  24  mars  1646  sur  la 
paroisse  Saint-Nicolas  du  Mans  et  fut  inhumé  dans  le  grand  cimetière. 
N.  Desportes,  de  ce  père  d'Antoine  a  fait  un  fils. 

Jacques  était  (ils  de  Julien  Le  Corvaisier,  sieur  du  Plessis,  et  de  Marie 
du  Breil. 

(2)  P.  885  et  feuillets  liminaires.  —  Toutes  deux  sont  fort  courtes  et 
d'un  tour  très  alambiqué.  M.  Hauréau  a  fait  à  Jacques  Le  Corvaisier 
l'honneur  de  lui  donner  une  place  dans  son  Histoire  lUtéraire  du  Maine, 
t.  IV,  p.  321. 

(3)  V.  sur  la  famille  Vasse,  Le  Paige,  V"  Villaines-la-Juhel,  et  Le  Gui- 
cheux,  Le  château  de  Chasseguerre,  les  seigneurs  de  Belin  et  d'Averlon, 
Fresnay,  1883,  in-8». 

Armoiries  des  Vasse  :   d'azur   à   la    fasce  d'or,  chargée  d'une  aigle 


—  132  — 

D'où  venait  aux  Le  Corvaisier  le  nom  de  Gourteilles'? 
Probablement  de  la  possession  d'une  terre.  Où  cette  terre 
était-elle  située  ?  Nous  ne  saurions  le  dire  avec  une  certitude 
absolue.  Les  localités  du  nom  de  Courteilles  sont  fort  com- 
munes en  France  et  particulièrement  dans  la  Sarthe.  M.  l'abbé 
Esnault  croit  que  les  Le  Corvaisier  étaient  propriétaires  du 
fief  de  Courteilles  dans  la  communs  de  Coulans,  où  se  trouve 
aujourd'hui  une  maison  de  construction  moderne  (1),  et  nous 
partageons  cette  opinion. 

éployée  de  sable,  accompagnée  de  3  èloiles  d'argent,  2  en  clic f  et  i  en 
pointe. 

(1)  Cauvin,  Statistique  de  V arrondissement  du  Mans,  p.  122  ;  —  Pesche, 
Dictionnaire  topographique,  historique  et  statistique  de  la  SariJie,  v" 
Coulans.  Ce  dernier  auteur  {\'°  iJoucelles)  attribue  aux  Le  Corvaisier  la 
seigneurie  de  la  terre  de  Courteilles,  dans  la  commune  de  Doucelies.  C'est 
une  erreur  :  cette  seigneurie,  au  temps  de  Le  Corvaisier,  appartenait  à  la 
Maison  de  Faudoas-Scrillac.  et  depuis  des  siècles  à  son  ascendance. 
(Archives  du  château  de  Sérillac). 

D'autres  fiefs  de  Courteilles  sont  signales  :  dans  la  commune  de  Sainte- 
Sabine,  celui-ci  propriété  des  Le  Court,  sieurs  de  Frédebise  ;  (Cauvin, 
Essai  sur  V Armoriai  du  diocèse  du  Mans,  v"  Court  (Le)  ;  —  Pesche,  v» 
>S'atn<e-.S'a6ine  ;)  dans  celle  de  Brains  (Cauvin^  7&.  v°  Brains)  ;  un  autre 
encore  appartenant  aux  Le  Clerc  de  .Tuigné  (notes  de  M.  de  Courtilloles). 
Enfin,  Cauvin  (Géographie  ancienne  du  diocèse  du  Mans,  v"  Cnrtillcc) 
mentionne  l'existence  ancienne  de  plusieurs  Curtillse  (Courteilles). 

Nous  connaissons  quatre  localités  de  ce  nom  dans  le  département  de 
l'Eure,  et  quatre  dans  celui  do  l'Orne  :  Tune,  faubourg  d'Alcnçon,  une 
autre,  commune  de  l'arrondissement  d'Argentan,  la  troisième  en  Saint- 
Fraimbault-sur-Pisse  (dépendant  autrefois  du  diocèse  du  Mans),  enfin,  la 
quatrième  dans  la  commune  de  Sure  à  cinq  kilomètres  de  Mamers.  Ce  der- 
nier Courteilles,  aujourd'hui  propriété  de  M.  G.  Fleury,  appartenait  jadis 
aux  Guestre  de  Courteilles. 

Celte  famille  fournit  au  bailliage  de  .\Iamers,  pendant  près  de  deux 
siècles,  une  succession  de  lieutenants  généraux  (Notes  de  M.  de  Cour- 
tilloles  et  de  M.  Fleury^  Ils  étaient  probablement  alliés  aux  Vasse,  car  ils 
possédaient^  en  1073,  la  terre,  fief  et  seigneurie  de  Planches,  près  Mamers, 
qu'ils  tenaient  de  Geneviève  Boivin,  veuve  de  Jacques  de  Chambes,  comte 
de  Monlsoreau,.  et  la  sœur  de  cette  dame,  Marie  Boivin  avait  épousé  Vasse, 
seigneur  de  Sables  ;  cette  dernière  étant  morte  sans  enfants,  son  héritage 
passa  à  la  fille  de  Geneviève. 

Les  Guestre  de  Courteilles  étaient  une  branche  de  la  famille  Guestre  de 
Préval,  de  la  Matrassière,  etc.,  qui  a  donné  un  abbé  à  l'abbaye  de 
Perscigne.  (Notes  de  M.  G.  Fleury.) 


133 


Les  Le  Corvaisier  possédaient,  en  outre,  la  châtellenie 
d'Oustillé,  qui  passait  pour  la  plus  ancienne  du  Maine,  pour 
moitié,  et  la  terre  seigneuriale  de  la  Fontaine-Vaumorin 
dans  la  même  commune  de  Saint-Mars  ;  elles  leur  prove- 
naient de  Marie  du  Breil,  épouse  de  Julien  Le  Corvaisier, 
sieur  du  Plessis,  d'abord  avocat,  puis  conseiller  au  Présidial 
du  Mans,  père  de  Jacques  et  ayeul  d'Antoine  (i).  Les  du 
Breil  en  étaient  eux-mêmes  possesseurs  avant  1489,  époque 
où  ils  en  rendaient  aveu  ("2).  Le  père  de  Marie  avait  été 
receveur  du  domaine.  L'ancien  château  d'Oustillé,  assez  fort 
au  moyen-âge,  a  été  remplacé  par  une  jolie  construction 
moderne. 

Les  Le  Corvaisier  de  Courteilles  appartenaient-ils  à  la 
même  famille  que  les  Le  Corvaisier  de  Bretagne  et  d'Anjou, 
dont  plusieurs  se  sont  fait  un  nom  dans  les  lettres  (3)  ?  Paen 
n'autorise  à  le  croire.  Il  est  plus  certain  qu'ils  étaient  alliés 
des  du  Bellay  (4). 

Du  mariage  de  Jacques  avec  Suzanne  Vasse,  naquit  un 
autre  enfant,  Marie,  qui  épousa  Jacques  Aubert,  conseiller 
au  Présidial  du  Mans  (5). 

(1)  Histoire  des  Evoques,  p.  S'il  ;  —  Mémoires  de  Nepveu  de  la  Ma- 
noiiillcre,  t.  II,  p.  269. 

(2)  Autres  aveux  par  les  Le  Corvaisier  en  1603  et  1659  ;  autre  par  Marie 
Le  Feuvre,  veuve  d'Antoine,  en  1663.  (Le  Paige,  \°  Mars  d'Oustillé  (S.)  ; 

—  Cauvin,  Essai  sur  la  statistique  de  l'arrondissement  du  Mans,  p.  76  ; 

—  Pesche,  V  Saint-Mars-d' Outillé.) 

(3)  M.  G.  Port,  Dictionnaire  historique,  géographique  et  biographique 
de  Maine-et-Loire,  \°  Le  Corvaisier.  N.  Desportes  croyait  que  les  deux 
familles  n'en  faisaient  en  réalité  qu'une  seule  ;  M.  Hauréau,  t.  IV,  p.  321, 
est  d'un  avis  contraire. 

(4")  Histoire  des  Evêques,  p.  827. 

(5)  Baptisée  dans  l'église  du  Grand-Saint-Pierre,  le  17  mars  1610.  «  Par- 
rain, noble  Michel  Vasse,  lieutenant  criminel  de  la  sénéchaussée  du 
Maine  ;  marraine,  demoiselle  Marie  Joubert,  femme  de  M.  le  Président  à 
ce  siège  ».  Elle  n'avait  donc  que  15  ans  lors  de  son  mariage  (5  septembre 
1625).  Elle  eut  un  fils,  né  au  Mans,  le  30  mai  1626,.  qui  devait,  lui  aussi, 
être  conseiller  au  Présidial  du  Mans  en  1653,  puis  lieutenant  criminel  en 
1661,  en  remplacement  de  son  oncle  Antoine  Le  Corvaisier.  (Communica- 
tion de  M.  l'abbé  Esnault). 


-    134  — 

Nous  n'avons  pas  de  détails  sur  les  premières  années 
d'Antoine,  mais  nous  savons  qu'il  dut  faire  de  bonnes  études 
classiques.  Il  s'essaya,  en  effet,  dans  la  poésie  française  et 
môme  dans  la  poésie  latine  (1).  Il   semble  aussi  qu'il  sût 

(1)  Voici  un  sixain  de  sa  composition,  imprimé  avec  d'autres  pièces 
laudalivcs,  en  tête  de  l'ouvrage  suivant  :  Les  divins  trophées  de  la  Croix 
du  Sauveur  plantés  sur  les  ruines  de  l'idolâtrie  de  l'e7npirejapo7iois, 
par  les  protho  ynartyrs  séraphiqiies  de  l'ordre  du  grand  sainct  François, 
depuis  peu  crucifiés  à  Kanfjazaqui ,  et  composés  par  le  R.  P.  F. 
François  d'Orléans,  Gardien  du  couvent  des  PP.  Cordeliers  Réformés 
du  Mans.  Au  Mans,  chez  Gervais  Olivier,  1634,  in-S". 

K  Sixain. 

Autres  fois  sainct  Thomas,  d"un  esprit  Prophétique, 
Dit  allant  visiter  le  Docteur  séraphique, 
Laissons  écrire  au  Saincl  la  vie  d'autres  saincts  : 
D'Orléans  aujourd'iniy,  sur  cette  conjecture, 
Que  ta  plume  s'occupe  à  de  mesmes  desseins, 
Puis-je  pas  t'appeller  un  sainct  Bonaventure  ? 

»  Par  monsieur  le  Corvasier,  sieui  de  Courteilles,  conseiller  du  Roy  au 
siège  Présidial  du  Mans  ». 

Et  deux  pièces  latines  en  tète  des  Mémoires  des  Comtes  du  Maine,  par 
Pierre  Trouillart,  sieur  de  Montferré.  advocat  au  Mans.  Au  Mans,  par 
Iliérome  Olivier,  imprimeur  près  S.  Julien,  et  Paris,  Libert,  lGi3,  in-12. 

K  Ad  illustrissimitm  et  reverendissimum  Henricum  Ludovicum  Cas- 
taneum  de  la  Roclie-Pozan .  Episcopuin  Piclavicnsem.  et  Ahbalem 
Cœnobii  S.  Pétri  de  Cultura. 

Iambi. 
(S  Doctrina,  pietas,  gloria  et  virtus,  tibi 
Struxere  (Magne  Prœsul)  îcternos  lares  : 
Sed  ad  perennis  pompam  et  ornamentum  domus 
Ne  quid  deessct  :  ecce  fumosas  patrum 
Imagines  in  atriis  Icngo  ordine 
Tibi  collocandas,  autor  in  donum  obtulit. 

»  .\ntonius  Le  Courvalsier  de  Courteilles,  Regius 
in  Cnria  prîcsidiali  Cenom.  Consiliarius  ». 

Aliud. 

«  ,'Eternum  durabil  opiis  ;  Mons-Ferreus   illud 
Muniit,  et  custos  Rupipossnns  adesl. 

Idem  .\.  Le  Courvaisier  de  Courteilles». 

Nous  éprouvons  toutefois,  un  scrupule  au  sujet  de  l'attributiou  du 
sixain.  Ce  Le  Corvaisicr,  qui  ne  prend  pas  de  prénom,  ne  serait-il  pas 
Jacques  qui  rimait  volontiers  et  dont  ce  sixain  rappelle  un  peu  la  manière 
prétentieuse  et  quintessenciée  ?  Antoine  n'avait  (jue  20  ans  en  1634. 


135 


l'italien,  à  en  juger  par  certaines  citations  qui  se  rencontrent 
sous  sa  plume. 

Il  entra  fort  jeune  dans  la  magistrature.  En  1634,  ou  du 
moins  en  1637  (1),  il  est  déjà  conseiller  au  Présidial  du 
Mans  ;  peut-être  son  père  avait-il  résigné  en  sa  faveur.  En 
1648,  il  était  devenu  lieutenant  criminel,  sans  doute  aussi  par 
la  résignation  de  son  oncle  Jean  Vasse  qui  avait  obtenu  cette 
fonction  vers  1615  et  l'occupait  encore  en  16 i6. 

Antoine  épousa  Marie  Le  Feuvre,  fille  de  Guillaume  Le 
Fcuvre,  écuyer,  sieur  de  la  Butte,  qui  prenait  le  titre  assez 
compliqué  de  «  Président-bailly-juge-royal  civil  et  criminel 
de  Sonnois  et  Peray  »,  et  de  Marie  Le  Pelletier  (2). 

(1)  Pesclie,  t.  III,  p.  420. 

(2)  Guillaume  Le  Feuvre  était  né  le  12  juin  1593,  de  Guillaume,  bailli  de 
Sonnois,  et  de  Chai  lotte  duTronchay.  (Registres  de  l'état  civil  de  Mamers.) 
Il  mourut  le  20  mai  1650,    et  sa   veuve  le  l"^''  novembre  1653. 

Ils  avaient  eu  plusieurs  autres  enfants. 

Marguefute,  qui  épousa  René  du  Hardaz,  écuyer,  seigneur  de  Cour- 
tilloles,  le  14  juin  1648.  Ils  furent  séparés  de  biens  le  11  décembre  1653, 
à  raison  de  poursuites  criminelles  exercées  contre  René.  Elle  mourut  à 
Courtilloles,  le  29  janvier  1672.  Ses  biens  firent  retour  à  ses  frères  et 
sœurs,  car  elle  n'avait  point  d'hoirs  directs.  René  institua  Léonor  du 
Hardaz,  son  petit-neveu,  son  légataire  universel,  mais  ce  dernier  étant 
mort  peu  après  sans  lioirs,  son  grand-père  Tliomas  du  Hardaz,  seigneur 
de  Fresnay,  devint  héritier  et  seigneur  de  Courtilloles. 

Guillaume,  écuyer,  sieur  de  Congé,  bailli  de  Sonnois  et  Peray,  marié 
à  Renée  Lair. 

Marie-Charlotte,  qui  épousa  le  27  août  1653,  Jean  Le  Maire,  cheva- 
lier, seigneur  de  Montlivault,  trésorier  de  France  en  la  généralité 
d'Alençon. 

Guillaume,  sieur  de  Moire,  sans  alliance  connue. 

Catherine  (mineure  encore  en  1654)  qui  épousa  Jacques  de  Boullemer, 
seigneur  de  Bresteau  et  de  Montigny,  conseiller  du  Roi,  gouverneur  de  la 
ville  et  château  d'Alençon. 

Les  Le  Feuvre  portaient  d'azur  à  2  Oàtons  noueux  d'or  en  sautoir, 
accompagnés  de  2  croissants  en  chef  avec  étoile  de  même  en  pointe. 

La  Bulte  était  un  petit  manoir  situé  dans  la  condmune  de  Marollette,  à 
1500  mètres  de  Mamers.  La  construction  primitive  doit  être  du  XVI« 
siècle;  elle  a  été  remaniée  dans  le  siècle  suivant,  probablement  à  la  suite 
d'un  siège  qui  l'aurait  ruinée  en  partie,  car  de  nombreuses  traces  de 
balles  se  remarquent  à  l'entour  des  anciennes  ouvertures.  Ces  ouvertures 


—  136  — 

Elle  lui  apportait  par  contrat  de  mariage  40,000  livres 
tournois  (1). 

Ils  n'eurent  pas  d'enfants. 

Antoine  Le  Corvaisier  mourut  au  château  de  Courtilloles 
(en  Saint-Rigomer-des-Bois),  le  7  octobre  1660.  Il  devait  s'y 
trouver  en  villégiature  chez  sa  belle-sœur,  M"'^'  du  Hardaz. 
Son  corps  fut  rapporté  au  Mans  et  inhumé  dans  l'église  des 
Jacobins  ('i).  Son  neveu,  René  Aubert,  fils  de  sa  sœur,  lui 
succéda  comme  lieutenant  criminel  et  comme  propriétaire 
et  seigneur  de  Courteilles. 

Sa  veuve  vivait  encore  en  1663. 


III 

Il  existe  dans  ïlconographie  cénomane^  que  MM.  Pesche 
et  Desportes  devaient  joindre  à  la  Biographie  faisant  suite 
au  Dictionnaire  de  la  Sarthe,  et  demeurée  inachevée  comme 
cette  Biographie  elle-même,  un  portrait  d'Antoine  Le  Cor- 
vaisier de  Courteilles  :  Figure  grave  et  fine,  nez  aquilin, 
beau  front,  cheveux  blancs.  Ce  portrait  avait  été  dessiné  par 
Pelletier  et  lithographie  chez  Monnoyer,  d'après  une  toile 
conservée  à  la  bibliothèque  de  la  Société  d'Agriculture^ 
Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe  et  dont  on  ignore  la  prove- 
nance. Nous  pouvons,  grâce  à  la  courtoisie  du  Bureau  de 
cette  Société,  présidé  par  M.  Gentil,  donner  de  l'original, 
une  reproduction  beaucoup  plus  exacte  (3). 

à  meneaux  en  croix,  sont  visible.s  encore  dans  les  murs  de  la  grange  qui  a 
remplacé  le  manoir  primitif.  Des  lucarnes  du  second  étage,  plus  de  traces  ; 
lostes  de  peintures  indéchiffrables  sur  d'anciennes  poutres.  (Communica- 
tion de  M.  Flcury.) 

(1)  Partage  entre  les  héritiers  Le  Feuvrc,  du  29  décembre  Woi,  au 
notariat  de  Mamers.  (Communication  de  M.  de  Courtilloles). 

(2)  «  Anthoinc  de  Courtcille,  Lieutenant  Criminel  du  Mans,  est  mort  à 
Courtilloles,  Le  Jeudy  7'"«  octobre  (1660)  à  10  heures  du  soir  et  a  esté 
porté  en  terre  en  L'Eglise  des  Jacobins  du  Mans».  (Registres  paroissiaux 
de  Saint-Rigomer.  Communication  de  M.  de  Courtilloles). 

(3)  Nous  ne  saunons  trop  remercier  nos  collègues  de  la  Société  histo- 


-  137  — 

A  la  vente  des  autographes  du  cabinet  Parison,  (mars 
1856),  une  lettre  de  Le  Corvaisier  au  P.  Sirmond,  le  Mans, 
août  1650,  3  gr.  p.  pleines  in-fol.,  passait  en  vente.  Nous  ne 
savons  à  qui  elle  fut  adjugée  ni  ce  qu'elle  sera  devenue.  Le 
Catalogue  (no  387)  l'indiquait  sous  le  nom  de  «  Le  Cervoisier, 
historien  de  l'Anjou  »,  et  ajoutait  que  cette  «  très  belle  lettre 
était  relative  à  des  recherches  pour  l'histoire  ecclésiastique 
du  diocèse  ». 

Nous  voyons  la  signature  A.  Le  Coruaisier  au  pied, d'une 
requête  tendant  à  communication  de  pièces  dans  un  procès, 
à  la  date  du  25  janvier  1642  (1).  L'écriture  en  est  large, 
ferme  et  posée. 


Sur  un  exemplaire  de  son  Histoire  des  Evêques,  conservé 
à  la  bibliothèque  publique  du  Mans,  dont  nous  reparlerons 
plus  loin,  se  trouvent  beaucoup  de  notes  marginales  de  la 
main  de  Le  Corvaisier  ;  mais,  de  ces  divers  autographes, 
aucun,  malheureusement,  n'a  trait  à  sa  vie  intime  et  privée. 


IV 

Nous  arrivons  à  ïHistoire  des  Évêques  du  Mans  qui  fut  le 
grand  événement  de  la  vie  de  Le  Corvaisier  et  qui  est  restée 

riqne  du  Maine  et  M.  Brière  en  particulier,  du  concours  empressé  qu'ils 
nous  ont  prêté  pour  cette  reproduction. 

(I)  Pièce  communiquée  par  M.  l'abbé  Esnault. 

D'autres  signatures  de  Le  Corvaisier  existent  aux  Archives  municipales 
du  Mans.  Les  Archives  départementales  ne  possèdent  rien  de  lui.  (Lettre 
de  M.  Bellée;,  archiviste  du  département,  16  juillet  187S). 


—  138  — 

son  principal  titre  aux  yeux  de  la  postérité.  Pour  ne  pas 
rompre  l'enchaînement  des  faits  qui  se  rattachent  à  cette 
publication,  nous  avons  cru  devoir  y  consacrer  un  chapitre 
séparé. 

Par  quelles  circonstances  particulières  Le  Corvaisier  fut-il 
amené  à  s'occuper  d'un  sujet  assez  étranger,  au  premier 
aspect,  à  ses  études  et  à  ses  fonctions  spéciales  1  Nous  ne 

M.  Brière  possède  un  fragment  inamisci  il  que  le  libraire  Bondu,  qui 
11'  lui  .ivait  cédé,  affirmait  être  de  la  main  de  Le  Corvaisier  et  destiné  à 
l'ormer  un  carton  à  la  vie  de  l'évêque  Pierre  de  Savoisy  ({).  COi).  Voici  ce 
fragment  : 

«  Cette  Princesse  (Marie  d'Anjou)  étoit  au  Mans  lors  do  la  querelle  de 
l'Evêq.  et  du  cliap.  p>-  la  Marche  de  la  procession  de  la  fête  Dieu.  Les 
chan.  s'imaginèrent  q.  leur  pclue  exemption  leur  donnoit  droictd'en  régler 
la  Marclie  et  la  cérémonie  ;  sauf  à  l'Evêq.  et  aux  corps  eccl'q  de  sy  joindre 
si  bon  leur  semblait  ;  ils  firent  publier  q.  la  procession  iroit  reposer  dans 
l'église  du  Prr,  abbaye  qui  est  le  lieu  de  la  sépulture  de  S'  Julien. 

»  Pierre  de  Savoisy,  E.  du  Mans,  en  donna  avis  à  Marie;  la  princesse,  qui 
avoit  pris  conseil  des  pf"  de  droit  de  rV'«  d'Angers,  ordonna  q.  les  portes 
par  où  l'on  va  à  l'abbaye  du  Pré,  fussent  fermées. 

»  Les  Comtes  qui  précèdent  la  cathodralo,  prirent  la  route  ord'''  ;  la 
cithed.  prit  le  cliomin  du  pont  l'errin  et  fut  obligée  de  revenir,,  pendant 
q.  l'Evéq.  prenant  le  S'  ciboire  de  l'église  de  S'  Benoit  suivit  les  comtiîs 
qui  alloient  a  Co<"ffort  ;  c'est  en  partie  cette  entreprise  du  chap.  qui  a 
donné  lieu  a  l'ariét  du  27  juin  1680  qui  déclare  l'exemption  du  chap. 
abusive  :  c'est  la  jurisp.  présente  (*).  J'en  ay  parlé  si  amplcm'  dans  mon 
Tr.  ihi  Dr.  françois  canonique  que  je  n'en  puis  rien  dire  icy  ». 

(')  «  Bibl.  canon.  VIjo  exemptions,  p.  ()2'2  ;  — V.  mém.  du  clergé,  to.  7, 
p.  652.  » 

Cette  attribution  n'était  pas  soutenable. 

L'écrivain  cite  un  arrêt  de  1686  et  la  Bibliothèque  canonique  qui  es* 
de  1689;  or  nous  avons  vu  que  Le  Corvaisier  était  mort  en  1660. 

Il  se  désigne  lui-même  comme  l'auteur  d'un  Traité  du  droit  canonique 
et  paraît  avoir  eu  des  rappoits  particuliers  avec  ITuiversité  d'Angers. 
C'était  dans  la  famille  des  Pocquet  de  Livonnicre,  angevins,  jurisconsultes, 
canonistes,  dont  les  manuscrits  éparpillés  de  tous  côtés  en  Hniilles  volan- 
tes, encombrent  les  dépôts  publics  d'Angers  et  les  collections  privées, 
qu'il  fallait  le  cliorclier.  L'éerituie  du  fragment  appartenant  à  M.  Brière 
est,  à  n'en  pouvoir  douter,  celle  de  Claude-Gabriel  Pocquet  de  Livonnière, 
né  à  Angers  le  21  octobre  168t,  mort  dans  la  même  ville  le  27  février  1762, 
avocat,  professeur,  doyen  de  la  Faculté  de  droit  de  sa  ville,  écrivain  et 
compilateur  infatigable.  (C.  Vo\[,  y"  l'on/uct  ;  —  Bévue  de  V Anjou,  mars 
1878). 


-  139  — 

saurions  le  préciser  ;  mais  cette  évolution,  comme  on  dirait 
aujourd'hui,  était  assez  dans  l'esprit  du  temps. 

Indépendamment  des  grands  travaux  d'histoire  ou  de 
critique  historique  que  vit  paraître  le  milieu  du  XVIP  siècle 
et  qui  ont  rendu  fameux  les  noms  de  Kircher,  Saumaise, 
Pétau,  Bignon,  Sirmond,  André  Du  Chesne,  Du  Gange, 
Mézeray,  Labbe,  Launoy,  Bollandus,  Baluze,  Samson,  des 
Sainte-Marthe  et  de  tant  d'autres  savants,  l'histoire  provin- 
ciale parait  avoir  été  à  ce  moment  l'objet  d'un  intérêt  parti- 
culier. Autour  de  Le  Corvaisicr,  se  multipliaient  les  tenta- 
tives analogues  à  la  sienne.  BouUiard  avait  donné  sa 
Parthénie  (1609)  consacrée  aux  souvenirs  du  pays  chartrain  ; 
Gilles  Bry,  son  Histoire  du  Perche  (1630).  Celle  de  Bretagne 
par  Le  Baud,  restée  longtemps  inédite,  venait  de  voir  le  jour 
(1638).  Guyon  (1647)  et  Le  Maire  (16 i8)  écrivaient  les 
annales  de  l'Orléanais.  Le  dominicain  Marin  Prouvère-Biche- 
teaux  avait  achevé  son  Histoire  ecclésiastique  du  diocèse  de 
Sées  (1624).  Dans  le  Maine  même,  Trouillart  publiait  ses 
Mémoires  des  Comtes  de  la  province,  et  Ménage  préparait  sa 
grande  Histoire  de  Sablé  qui  ne  parut  qu'en  1683.  Le  Cor- 
vaisier  donnait  donc  et  suivait  l'exemple. 

La  composition  de  son  livre  dut  lui  coûter  plusieurs 
années  de  travail.  Il  dit  lui-même  dans  son  épître  dé- 
dicatoire  à  l'Évêque  du  Mans  Emery  de  la  Ferté ,  qu'à 
l'avènement  de  ce  prélat  (1637)  il  avait  déjà  le  dessein 
bien  arrêté  d'écrire  l'histoire  du  Maine.  Il  parle  de  ses 
recherches  «  dans  les  trésors  et  dans  les  archives  des 
églises  »,  des  «  manuscrits  assez  fidels  »  qui  sont  tombés 
en  ses  mains,  du  soin  avec  lequel  «  il  a  compilé  tout 
ce  qu'il  a  jugé  digne  de  remarque  dans  nos  histoires  », 
des  savants  qu'il  a  consultés  «  Messieurs  Dupuy  frères  et  de 
Saincte-Marthe  aussi  frères  »  et  «  Monsieur  de  la  Mote  Le 
Vayer  ».  La  vérité  est  qu'il  a  puisé  à  beaucoup  de  sources 
diverses.  S'il  a  les  crédulités  et  les  préjugés  de  son  temps, 


—  140  — 

il  ne  les  exagère  pas  ;  il  montre  même  parfois  une  certaine 
critique. 

La  date  du  privilège  est  du  11  décembre  1645  ;  la  cession 
qu'il  en  fit  aux  frères  Cramoisy,  imprimeurs,  du  15  mars 
1646.  Peut-être  avait-il  été  retardé  par  les  démarches  que 
le  Chapitre  du  Mans,  choqué  de  ses  idées  sur  plusieurs 
points  et  notamment  sur  l'époque  de  l'apostolat  de  saint 
Julien,  fit  auprès  du  chancelier  Pierre  Séguier  pour  s'oppo- 
ser à  la  publication  de  l'ouvrage  (1)  et  qui  n'aboutirent  pas. 
L'évêque  du  Mans,  Emery  de  la  Ferté,  prélat  recomman- 
dable  par  sa  piété  et  sa  charité,  en  accepta  même  la  dédicace. 

L'impression  traîna  en  longueur.  Un  sieur  Martin  en  avait 
été  chargé  par  les  frères  Cramoisy,  comme  leur  cession- 
naire  ou  leur  agent.  Le  Corvaisier  n'était  pas  là  pour  la  sur- 
veiller. Les  relations  entre  Paris  et  le  Mans  étaient  rares  et 
difficiles  alors.  Il  parait  même  que  des  indiscrets  obtinrent 
la  communication  soit  du  manuscrit,  soit  des  épreuves,  et  se 
permirent  d'y  faire  des  changements  qui  contrariaient  les 
idées  de  l'auteur. 

Le  tirage  fut  terminé  le  20  novembre  1647,  et  l'ouvrage 
publié  en  1648  sous  ce  titre  :  Histoire  |  des  ]  Evesqves  | 
Dv  Mans,  |  et  de  ce  qvi  s'est  passé  |  de  plus  mémorable 
dans  le  Diocèse  pendant  |  leur  Pontificat.  |  A  Paris,  |  (chez) 
Sebastien  Cramoisy,  Imprimeur  ordi-  |  naire  du  Roy,  et  de 
la  Reyne  Régente  :  |  et  |  Gabriel  Cramoisy.  |  (rue  S. 
lacques,   aux  Cicognes.)  m.  dc.  XLVIII.  |  AVEC  PRIVILEGE 

DV  ROY  (2). 

(1)  Bondonnet.  p.  710; —  Dom  Piolin,  Histoire  de  l'Église  du  Mans'> 
t.  I,  p.  XLiv;t.  V[,  p.  215,  219. 

(2)  In-40.  —  16  p.  n.  ch.  pour  le  frontispice,  la  dédicace,  signée,  à  l'évê- 
que du  Mans  Emery  Marc  delà  Ferté,  une  lettre  dc  compliments  adressée 
à  l'auteur  par  son  oncle  Jean  A'asse,  «Conseiller  du  Roy  en  ses  Conseils 
d'Estat  et  Privé,  et  Lieutenant  Criminel  au  Siège  Présidial  et  Sénéchaus- 
sée du  Mans  »,  les  «  Epigrammes  »  et  la  Table  (la  liste  des  noms  des  évè- 
ques).  —  888  p.  ch.  —  2  p.  n.  cli.  pour  les  Errata,  et  54  p.  n.  ch.  pour  la 
Table  des  matières  principales  et  le  Privilège. 


141 


Les  adversaires  de  Le  Gorvaisier  s'étaient  sans  doute  tenus 
au  courant  de  l'impression  de  son  travail  et  avaient  dû  en  pré- 
parer la  réfutation  au  fur  et  à  mesure,  car  il  est  inadmissible 
que  cette  réfutation  laborieuse,  minutieuse  et  qui  forme  un 
énorme  volume,  ait  pu  être  rédigée,  composée  et  tirée  de  1648 
à  1650.  Elle  était  achevée  d'imprimer  dès  le  22  avril  1651. 

En  voici  le  titre  : 

LES  VIES  1  DES  |  EVESQVES  |  DV  MANS  1  restitvées  et 

CORRIGÉES,  I    AVEC  \  PLVSJEVRS  BELLES  REMARQVES  \  SVR 
LA  CHRONOLOGIE.   |  Par  Dom  Iean  Bondonnet  Benedic- 

Voici  les  deux  épigrammes  encomiastiques  qui  figurent,  avec  la  leUre, 
ultra  louangeuse,  de  Jean  Vasse.  en  tète  du  Livre  : 

«  Il  ne  faut  ne  marbre  ne  cuiure 
Pour  grauer  le  nom  de  celuy 
Que  l'on  voit  paroistre  auiourd'huy 
Au  frontispice  de  ce  Hure  : 

»  Car  puis  que  le  suiet  est  tel. 
Qu'il  est  aux  Prélats  honorable, 
Et  que  l'Eglise  est  perdurable, 
Il  sera  sans  doute  immortel 

))  Vostre  meilleur  et  plus 
affectionné  Père,  Iacqves  le 
Gorvaisier  de  Covrteilles, 
Prestre  indigne.  » 

«  Mes  vers  ne  peuvent  pas  eterniseï-  ta  gloire, 
Puis  que  tes  escrits  seuls  donnent  l'éternité. 
Tant  d'illustres  Héros  viuans  dans  ton  Histoire 
Feront  viure  ton  Nom  à  la  postérité. 

»  Plus  puissant  que  les  Saints  dont  les  diuins  Oracles 
Rendirent  autresfois  nos  Pères  admirez, 
Tu  redonnes  la  vie  aux  Faiseurs  de  miracles, 
Et  la  lumière  à  ceux  qui  nous  ont  esclairez 

»  Vostre  très  humble,  très  obéissant 
seruiteur,  et  très-cher  Cousin,  Roland 
le  Vayer  de  Rovtigny,  aduocat  en 
Parlement  ». 

On  voit  que  dans  tout  ce  monde,  l'esprit  de  famille  était  assez  largement 
pratiqué. 


—  142  — 

tin    de   Sainct    |    Vincenl   du  Mans,    et  PHetir   de   Sarcé. 
I  A  Paius,  I  chez  Edme  Martin  rue  S.   lacques  au  Soleil 

d'or,  I  M.  DC.  LI.  I  AVEC  PRIVILEGE  DV  ROY  (l). 

Mais  Le  Corvaisier,  de  son  côté  dut  profiter  de  quelques 
indiscrétions,  car,  à  la  veille  pour  ainsi  dire  de  l'apparition 
du  livre  de  Bondonnet  et  cherchant  à  en  conjurer  l'effet,  il 
lança  : 

DeFFENCE  I  ANTICIPÉE    |    DE  l'HlSTOIRE  DES  |  EVESQVES  DV 

Mans.  |  Contenant  j  Le  desadueu  de  quelques  additions  et 
fautes  insérées  \  dans  le  texte  à  Vinsceu  de  V Auteur  \  Av 
Mans.  |  Chez  Hierôme  Olivier,  Imprimeur  et  |  Libraire, 
demeurent  prés  l'Egl.  S.  Ivl.  |  m.  dc.  l. 

40  p.  in-4"  y  compris  le  frontispice. 

Au  verso  du  frontispice,  cette  sentence 

//  est  bien  aisé  de  reprendre 
et  mal-aisé  de  faire  mievx 

qui  exprime  la  même  idée  que  le  fameux  vers  si  souvent 
cité  : 

La  critique  est  ai.sée  et  l'art  est  difficile  (2). 

L'auteur  débute  ainsi  solennellement  : 

((  Encore  que  ie  sçache  que  dans  l'ordre  de  la  lustice  il 
e.st  non  seulement  inutile,  mais  quelquefois  périlleux  de  se 
iustifier  avant  que  d'estre  accusé,  d'autant  qu'une  deffence 
anticipée  aussi  bien  qu'une  précaution  trop  affectée  nuist 
plus  souvent  qu'elle  ne  sert,  et  laisse  dans  l'esprit  des  luges 
une  forte  impression  et  un  soupçon  violent  du  crime  dont 

(1)  24  p.  11.  ch.  poui'  le  frontispice^  l'épitrc  (Jt'dicatoire  à  1  evêque  Phil- 
bert-Emmanuel  de  Beaumanoir  de  Lavardiu,  l'avertissement  au  lecteur 
et  le  catalogue  des  évêques.  —  740  p.  ch.  (y  compris  la  Réponse  à  la 
Défense  anticipédj.  —  12  p.  n.  ch.  pour  la  table,  l'eirata  et  le  privilège. 

(2)  Ce  vers  souvent  attribué  à  Boileau  et  qui  est  en  effet  dans  sa  manière, 
est  de  Destouches,  Le  Glorieux,  A.  II,  se.  5. 


—  143  — 

on  tasche  de  s'excuser  :  Neantmoins  il  faut  advoûer  qu'il  y  a 
quelquefois  des  rencontres  dans  lesquelles  il  est  non  seule- 
ment important  et  nécessaire  de  proposer  ses  faicts  et  ses 
preuves  de  iustification  avant  que  d'y  estre  receu  ,  mais 
mesme  d'aller  au  devant  de  ses  accusateurs,  lors  que  nous 
croyons  qu'ils  peuvent  tirer  advantage  de  notre  silence,  et 
par  une  publique  déclaration  de  la  vérité  prévenir  le  des- 
sein qu'ils  ont  de  nous  accuser. 

»  C'est  ainsi  qu'ayant  esté  adverty  que  deux  (1)  personnes 
Ecclésiastiques  fort  sçavantes  se  préparoient  d'escrire  contre 
mon  histoire,  tant  pour  destruire  l'opinion  que  i'ay  voulu 

-NI 

establir  touchant  le  temps  de  la  missio  de  nostre  Apostre, 
que  pour  déchiffrer  beaucoup  d'autres  méprises  qu'ils  disent 
avoir  remarquées  contre  la  chronologie,  i'ay  creu  estre  obligé 
de  les  prévenir  par  ce  discours  apologétique,  et  d'anticiper 
leur  censure  par  ma  defîence  et  par  cet  acte  de  desadveu  que 
i'ay  voulu  doner  au  public,  crainte  que  l'on  ne  m'attribïiast 
plusieurs  fautes  qui  .sont  procédées,  les  unes  de  l'ignorance 
des  copistes,  et  les  autres  de  la  négligence  des  composteurs, 
qui-  par  une  facilité  que  l'on  ne  peut  excuser,  ont  permis 
que  q  lelques  personnes  incogneuës  s'advoiiant  de  mon  nom 
ayent  inséré  en  mon  absence  et  à  mon  insceu  dans  la  cop- 
pie  manuscrite  de  mon  ouvrage,  lorsqu'il  rouloit  soubs  la 
presse,  plusieurs  additions  fausses  ou  impertinentes,  de 
sorte  que  i'ay  esté  contrainct  de  m'en  plaindre  plusieurs 
fois  et  de  les  desavoïier  par  des  lettres,  dont  les  termes 
plains  de  chaleur  tesmoignoient  assez  la  passion  avec 
laquelle  ie  condamnois  ce  procédé  ». 

Avant  d'entrer  dans  le  détail  de  ses  griefs,  il  indique 
comme  ses  témoins,  a  Messieurs  Godefroy,  de  Ghantelou  et 
de  Chambray,  ...  trois  personnes  qu'il  estime  beaucoup, 
qu'il  hante  familièrement  et  dont  la  foy  est  irréprochable  .... 

(1)  Le  second  de  Bondonnet  dans  cette  polémique  devait  être  Gault, 
chantre  de  Saint-Jiilieii  du  Mans,  qui  mourut  pendant  l'impression  des 
Vies  des  Evesqites  (Avant-propos^  P-  ^)- 


—  144  — 

ils  sçavent  que  toutes  les  fois  qu'on  luy  envoyoit  de  Paris  les 
espreuves  de  son  ouvrage,  il  les  leur  communiquoit  et  se 
peuvent  souvenir  des  plaintes  et  des  reproches  qu'il  faisoit 

contre  les  Imprimeurs »  Il  invoque  aussi  le  témoignage 

de  M.  Le  Vayer  de  Boutigny,  son  cousin. 

....  ((  Les  livres  sont  comme  les  bastiments,  il  fault  y 
veiller  soigneusement  lorsqu'on  y  faict  travailler,  d'autant 
que  les  ouvriers  qui  sont  plus  curieux  du  profit  que  de  la 
gloire,  trompent  ordinairement  et  s'en  acquittent  comme 
d'une  corvée,  considérant  plustôt  le  payement  de  leurs 
salaires  que  la  perfection  de  la  besongne  à  laquelle  ils  sont 
employez,  outre  que  les  deffaults  ne  paroissent  point  que 
lorsque  l'ouvrage  est  achevé,  et  qu'il  est  mal-aisé  et  quelque 
fois  impossible  d'y  apporter  remède  (p.  9). 

....  »  Les  imprimeurs,  soit  pour  éviter  la  honte  et  le 
reproche  qu'on  leur  eust  peu  faire,  soit  pour  espargner  leur 
peine  et  leur  papier,  réduisirent  un  cahier  assez  ample 
(d'errata)  que  i'avois  moy-mesme  dressé,  et  que  ie  leur  avois 
envoyé,  en  une  fueille  et  demie  de  papier,  si  pressée  que 
l'on  ne  pût  pas  y  employer  les  fautes  les  plus  remarquables, 
et  principalement  celles  dont  mes  adversaires  se  pouvoient 
prévaloir  contre  moy....  »  (p.  29)  (i). 

Le  Corvaisier  reproduit  ses  lettres,  assez  aigres,  aux 
imprimeurs  Cramoisy  et  la  réponse  de  ceux-ci  qui  s'excusent 
de  ne  pouvoir  représenter  le  manuscrit. 

Les  principales  interpolations  dont  il  se  plaint  sont  les 
suivantes  : 

P.  339,  la  prétendue  intervention  de  saint  Bernard  auprès 
du  pape  Eugène  III  et  de  divers  autres  personnages,  en 
faveur  de  Tévèque  Avesgaud  qui  étoit  mort  longtemps  avant 
la  naissance  de  .saint  Bernard. 

P.  385,  la  date  de  la  mort  de  l'évêque  Goël  nu  Hool. 

(1)  La  liste  des  errata,  dont  beaucoup,  il  est  vrai,  sont  tout  à  fait  insigni- 
fiants, à  la  suite  de  la  Oelj'cnce,  ne  cornjirend  pas  moins  de  1 1  p. 


-   145  — 

P.  457,  le  passage  relatif  à  la  supériorité  de  l'abbaye  de 
Bellebranche  sur  les  autres  abbayes  de  Bernardins  au  Maine, 
et  aux  services  que  le  seigneur  des  Chenets  aurait  rendus  à 
cette  abbaye. 

P.  469,  la  mention  des  armes  des  Lavardin  aux  fenêtres 
de  l'abbaye  de  Champagne. 

Le  reste  de  la  Deffence  est  plus  particulièrement  consacré 
à  la  justification  des  opinions  de  l'auteur  relativement  à 
l'apostolat  de  saint  Julien,  de  saint  Liboire  et  de  saint  Dom- 
nole.  Il  maintient  au  III"  siècle  la  venue  de  saint  Julien  dans 
le  Maine. 

La  réplique  ne  se  fît  pas  attendre,  et  Bondonnet  se  hâta 
d'ajouter  à  son  livre  une  Response  soynmaire  à  la  Défense 
anticipée  du  sievr  de  Covrleilles,  qui  forme  30  p.  (709-740). 

Dans  sa  dédicace  à  l'évêque  Beaumanoir  de  Lavardin,  il 
compare  l'histoire  de  Le  Corvaisier  à  cet  homme  de  l'Evan- 
gile qui,  se  rendant  de  Jérusalem  à  Jéricho,  tomba  aux 
mains  des  voleurs.  «  Les  Prestres  et  les  Leuites  de  ce  Dio- 
cèse ont  bien  plus  fait  que  ceux  de  l'ancienne  loy,  qui  pas- 
sèrent outre  sans  s'approcher  de  ce  malade  :  et  ceux-cy  se 
détournants  de  leur  chemin  en  ont  approché,  et  mesmes  ont 
manié  ses  blessures,  autant  comme  il  y  en  a  qui  ont  fait 
lecture  de  son  Liure.  Mais  soit  pour  n'en  auoir  pas  voulu 
prendre  la  peine ,  ou  peut-estre  désespérants  de  la  santé 
d'un  corps  si  endommagé,  ils  ont  passé  outre  et  l'ont  quitté 
là.  le  suis  comme  le  panure  Samaritain  qui  n'ayant  pas  tant 
de  science  n'y  d'expérience  qu'eux,  mais  plus  d'espertmce 
et  de  pitié,  i'ay  soigneusement  manié  ce  suiet,  i'ay  fait  un 
dénombrement  exact  de  toutes  ses  playes,  pour  le  moins  des 
plus  considérables,  l'en  ay  mesuré  la  grandeur,  l'en  ay  sondé 
la  profondeur,  et  après  y  auoir  fait  une  infusion  du  vin  de 
mes  nécessaires  corrections,  de  l'huile  de  la  douceur  que  i'y 
ay  apportée  et  du  respect  que  ie  luy  ay  tousiours  conserué, 
i'ay  resserré  le  tout  par  de  fortes  ligatures  de  bons  raisonne- 
ments couchez  en  ce  Liure....  » 

XXIV.     10 


146 


On  voit  que  si  les  deux  adversaires  luttaient  entr'eux  d'ar- 
guments et  d'érudition,  ils  faisaient  aussi  assaut  de  méta- 
phores et  de  comparaisons. 

Bondonnet  est  un  éplucheur  perspicace  et  impitoyable. 
Il  relève  beaucoup  d'erreurs  échappées  à  Le  Gorvaisier  ;  son 
argumentation  est  plus  pressante  et  plus  rigoureuse  ;  mais 
on  peut  lui  reprocher  de  moins  exposer,  moins  raconter  que 
prendre  sans  cesse  à  partie,  et  souvent  sur  des  points  tout 
à  fait  secondaires,  un  adversaire  dont  on  n'a  pas  le  texte 
sous  les  yeux,  et  de  donner  à  sa  polémique,  surtout  dans  la 
Réponse  à  la  Défense  anticipée^  un  caractère  insupportable 
d'aigreur  et  de  personnalité  mal  déguisé  sous  des  formes 
patelines ,  de  consacrer  ainsi  de  longues  pages  à  vouloir 
prouver  que  les  erreurs  de  Le  Gorvaisier  sont  bien  véritable- 
ment les  siennes  et  non  celles  des  auteurs  qu'il  a  consultés, 
des  copistes  ou  des  typographes  qu'il  a  employés.  Quelqu'en 
fût  le  coupable,  il  suffisait,  ce  semble,  de  relever  ces  erreurs. 
On  dirait  que  le  critique  regrette  qu'elles  ne  soient  pas  plus 
nombreuses  encore,  et  qu'il  en  veut  à  Le  Gorvaisier  de 
l'avoir  prévenu  en  reconnaissant  de  lui-même  et  en  corri- 
geant à  l'avance  certaines  fautes.  Il  va  même  jusqu'à  sus- 
pecter sa  bonne  foi,  ce  qui  dépasse  les  bornes  tout  à  la  fois 
de  la  charité  chrétienne  et  de  la  liberté  critique,  et  à  lui 
dénier,  sans  avoir  l'air  d'y  toucher,  le  droit  de  s'occuper  de 
ces  questions  étrangères  à  la  spécialité  de  ses  fonctions,  ce  qui 
n'est  pas  plus  juste.  Le  Gorvaisier,  quelle  que  fût  la  vivacité 
avec  laquelle  il  .se  défendait,  ne  se  permet,  du  moins,  aucune 
personnalité  de  ce  genre  (1). 

(1)  DoiKloniict  (Jean),  né  au  Mans  en  1592,  avait  fait  prolession  chez  les 
Bénédictins  de  Saint-Vincent,  en  10)2.  Il  passa  quelques  années  à  l'Abbaye 
de  Saint-Germain-des-Prés  où  il  exerça  les  emplois  de  procureur  et  de 
célérier,  etre\int  dans  le  Maine  occuper  le  prieuré  de  Sarcé  qui  dépendait 
de  Saint-Vincent.  11  mourut  le  16  mars  KJGi.  (llauréau,  t.  111,  p.  144). 

Sur  la  question  de  lapostolat  de  saint  Julien,  lai  poh'uiiste,  plus  redou- 
table (jue  Le  Gorvaisier,  ne  tarda  pas  à  entrer  en  lice  avec  Bondomict. 
C'était  Jean  de  Launoy.  Il  [jublia  en  1(351  son  livre  fameux  :  Bisso'talioiies 


147  — 


Le  Gorvaisier  avait  songé  à  une  seconde  édition  revue, 
corrigée  et  augmentée  (1).  Elle  ne  parut  pas. 


Nous  connaissons  deux  exemplaires  de  VHistoire  des 
Évêques  doublement  intéressants  par  les  annotations  manu- 
scrites dont  ils  sont  chargés  et  par  les  noms  de  leurs  anciens 
possesseurs. 

L'un  se  trouve  à  la  bibliothèque  publique  da  Mans,  l'autre 
à  celle  d'Alençon. 

Le  premier  a  certainement  appartenu  à  Le  Gorvaisier. 
Les  marges  en  sont  couvertes  de  notes  de  son  écriture  et 
dans  lesquelles  il  parle  souvent  à  la  première  personne. 
Malheureusement,  ces  marges  ont  été  fort  atteintes  par  le 
couteau  d'un  relieur  maladroit  ;  les  derniers  mots  des  lignes 
latérales  et  même  des  lignes  entières  au  haut  et  au  bas  de 
certaines  pages  ont  disparu. 

Il  est  évident  que  Le  Gorvaisier  avait  préparé  ces  notes  en 
vue  de  la  nouvelle  édition  qu'il  projetait,  mais  elles  ne  pré- 
sentent pas  des  corrections  ou  de-;  additions  définitives. 
Quelques-unes  font  double  emploi  avec  le  texte  primitif; 
d'autres  avec  les  deux  errata  de  VHistoire  et  de  la  Deffence 
sans  le.«  reproduire  intégralement,  à  beaucoup  près  ;  d'autres 
renferment  des  additions  à  ces  errata. 


très  quarum tertia,  gaid  de  pritai  Cenomannorwn  antislUis  epucha 

senliendwn  iit,  explicatur,  1651.  Bondonnet  reprit  aussitôt  la  plume  et 
donna:  Refvtation  |  des  trois  |  dissertations  |  de  m"  Iean  de  Lau- 
NOY  I  Docteur  en  la  sacrée  |  faculté  de  Théologie  de  Paris.  |  CONTRE 
LES  MISSIONS  APOSTOLIQVES  \  dans  len  Guides  au  premier 
Siècle....  A  Paris,  |  chez  Iean  Piot,  rue  S.  Jacques,  à  la  Salernandre 
d'argent.  |  M.  D  C.  LUI.  |  AVEC  PRIVILEGE  DV  ROY. 

In-4i'. — 16  p.  n.  ch.  pour  le  frontispice,  la  dédicace  à  Tévêque  Emmanuel 
de  Beaumanoir  de  Lavardin,  l'avis  au  lecteur  et  le  privilège  qui  est  daté 
du  9  juin  1653.  —  38S  p.  ch.  —  4  p.  n.  ch.  pour  la  Table  des  matières. 

(1)  Advertissement  final  ;  —  Deffence  anticipée,  p.  28. 


-  148  — 

Ces  additions,  pour  la  plupart  insignifiantes,  consistent 
en  redressements  de  grammaire  ou  d'orthographe,  en 
variantes  de  style.  Parfois  Le  Corvaisier  remplace  un  texte 
plus  correct  par  un  autre  qui  l'est  moins  ;  ainsi,  à  la  p.  10, 
à  :  «  laissez  dans  l'oubly  »  il  substitue  «  laissez  dedans 
l'oubly  »  ;  à  la  p.  48,  au  lieu  de  «  dont  le  langage  et 
les  mœurs  lui  estoient  incogneus  >;,  il  écrit  «  lui  estoient 
incogneues  ». 

Il  fait  d'assez  nombreuses  intercalations  chronologiques, 
généalogiques,  géographiques  surtout.  Il  donne  la  synonymie 
en  français  de  beaucoup  d'anciens  noms  de  lieu  qu'il  n'avait 
cités  qu'en  latin  (p.  68,  69,  76,  86,  96,  etc.)  notamment 
dans  la  transcription  du  testament  de  saint  Bertrand.  Cette 
question  de  l'ancienne  géographie  paraît  l'avoir  fort  pré- 
occupé, car  en  marge  de  la  table  des  matières  principales  il 
a  inscrit,  par  ordre  alphabétique,  beaucoup  de  noms  de 
lieu,  avec  cette  note  indicative  :  «  verba  obscura  et  appella- 
tiones  proprige  quorumdam  locorum  jam  nunc  nobis  ignot... 
ex  testamento  S''  Bertrandi  et  Hadouindi  et  etiam  ex  Ponti- 
fical i  ». 

11  avait  écrit,  en  parlant  du  cardinal  de  Richeheu,  v(  le 
miracle  de  notre  siècle  ».  L'hyperbole  était  un  peu  forte; 
Richelieu  est  mort  ;  il  remplace  le  a  miracle  »  par  «  l'eston- 
nement»  (p.  881). 

Il  avait  vanté  la  «  maiesté  »  du  cardinal  du  Bellay,  dans 
sa  circulaire  aux  protestants  d'Allemagne  pour  les  assurer 
des  bonnes  dispositions  de  la  France  ;  majesté  se  change  en 
«  vivacité  »  (p.  833). 

Il  a  un  mot  sévère  pour  le  chroniqueur  Bourdigné  que  la 
plupart  des  contemporains  de  Le  Corvaisier  étaient  hanitués 
à  traiter  avec  plus  de  révérence  :  «  Je  crois  que  Bourdigné, 
historien  peu  digne  de  foi,  fait  des  contes  à  son  ordinaire 
lorsque  dans  la  première  partie  de  ses  Annales  d'Anjou,  aux 
chapitres  quinzième    et  seixieme ,    il  fait  mention  de  Gui 


—  149  - 

sieur  de  Laval  vers  l'an  quattre  cent  quattre  vint  quinze  » 
(p.  74)  (1). 

Il  n'a  garde  d'omettre  les  lignes  oubliées  (p.  3,  11,  13, 
168,  302,  428,  etc.)  et  les  interpolations  (p.  437,  459,  468, 
etc.),  objet  de  .ses  récriminations  principales  contre  ses 
imprimeurs. 

En  parlant  du  testament  de  l'évèque  Bertrand,  il  n'élève 
dans  ses  additions,  non  plus  qu'il  ne  l'avait  fait  dans  son 
livre,  aucun  doute  sur  son  authenticité,  encore  que  Launoy, 
qu'il  connaissait,  la  suspectât  déjà. 

Les  plus  longues  de  ses  notes  sont  consacrées  à  la  défense 
de  son  opinion  .sur  la  date  de  l'apostolat  de  saint  Julien.  Aux 
arguments  tirés  de  la  chronologie  et  des  textes  de  Grégoire 
de  Tours  et  de  Sulpice  Sévère,  déjà  produits  dans  son  His- 
toire, il  en  ajoute  un  d'un  ordre  tout  nouveau.  Ce  n'est,  il 
est  vrai,  qu'une  hypothèse,  mais  elle  a  du  moins  le  mérite 
de  n'être  présentée  qu'avec  une  réserve  extrême  :  «  On  peut 
conjecturer  et  présumer  avec  quelque  apparence  que  ceux 
qui  ont  les  premiers  écrit  que  S.  Julian  auroit  esté  envoyé 
par  S.  Pierre  ont  soubz  ce  nom  peut  estre  volu  désigner 
tous  les  papes  ses  successeurs,  de  la  mesme  façon  que  soubz 
celuy  de  Cœsar  on  comprend  tous  les  empereurs  romains  qui 
luy  ont  succédé,  ou  bien  l'on  peut  dire  qu'ils  se  sont   abusez 

dans  l'exphcation  de  ces  deux  lettres  capitales  S.  P 

se  mettent  ordinairement  par  abbreviation  non  seulement 
dans  les  [décrets]  bulles  et  autres  expéditions  du  Saint  Siège, 
mais  aussi  dans   les  histoires  ecclésiastiques  et  que  peut 

estre dans  les  csrtulaireset  cahiers  manuscrits  «  Sanctus 

Julianus  mis.sus  fuerat  a  S.  P.  in  G^llias  »,  ils  l'ont  interprété 
«  A  S.  Petro  »,   quoi  qu'il  se  deut  peut  estre  entendre  «  A 

(l)  «  Boiirdigné  raconte  et  discute  avec  le  sérieux  d'un  .\llemand  de  nos 
jours  les  billevesées  de  son  imagination  que  rien  n'arrête,  comme  s'il 
li.'iait  à  pleine  page  dans  quelque  recueil  inconnu  du  passé  ».  (G.  Port, 
Dictionnaire  historique,  rjéographique  et  biographique  de  Maine-et- 
Loire,  v  Bourdiijnéj. 


-  -150  — 

sancto  pâtre  »  ou   «  A  sancto  pontifice  »,  et  ceste  mesprise 

et  explication   qu'ils  ont  faitte  selon   ont  peut  estre 

donné  l'opinion  qu'ils  disoient  estre  venue  d'une  tradition 
fort  ancienne  (p.  43)».  II  cherche  aussi  à  étabhr  que  des 
erreurs  se  seroient  ghssées  dans  le  texte  des  leçons  des 
bréviaires,  et  en  infirment  l'autorité. 

Quelques  annotations  d'une  écriture  difïérente  de  celle 
d'Antoine  Le  Corvaisier  et  plus  moderne,  sont  mêlées  aux 
siennes.  Elles  n'ont  pas  grand  intérêt.  Le  nouvel  annotateur 
constate  (p.  853)  que  Robert  Garnier  était  «  son  trisayeul 
paternel  »  ;  c'est  donc  Jacques  Aubert  de  Gourteilles,  descen- 
dant, en  '^ffet,  du  fameux  poète.  Son  père,  prénommé  René, 
était  neveu  par  sa  mère  et  héritier  d'Antoine  Le  Corvai- 
sier (1),  ce  qui  explique  la  possession  de  ce  volume  aux 
mains  de  la  famille  Aubert  et  la  note  suivante  sur  une  des 
gardes  :  «  Les  remarques  et  apostilles  sont  de  la  main  de 
l'autheur,  grand  oncle  de  Marie-Anne  Aubert,  épouse  de 
Jacques  Chouet  de  Monlbizot,  mon  père  )>. 

Signé  :  Chouet  de  Mauny. 

Marie-Anne  Aubert,  fille  de  Jacques,  avait  épousé  Jacques 
Chouet  de  Maulny,  seigneur  de  Montbizot.  Après  elle,  le 
volume  a  passé  par  des  mains  inconnues  et  i)robablement 
indifférentes,  jusqu'au  jour  où  il  a  trouvé  à  la  bibliothèque 
du  Mans,  sa  place  véritable  et  définitive. 


VI 


L'exemplaire  de  la  bibliothèque  d'Alenron  ne  mérite  pas 
moins  d'être  décrit. 
La  plupart  des  notes  marginales  dont  il  est  surchargé  ne 

(1)  Mémoires  de  Nepveu  de  la  ManouUlère,  t.  I,  p.  7i. 


—  451  — 

sont  que  la  reproduction  des  errata  de  VHistoire  et  de  la 
Deffence,  du  moins  dans  la  première  partie  du  livre.  A  partir 
de  la  page  175,  l'annotateur  entre  personnellement  en 
scène.  Tantôt  il  fait  des  corrections  grammaticales  ou  des 
rectifications  chronologiques,  des  additions  souvent  de  peu 
d'intérêt  ;  tantôt  il  prend  à  partie,  non  pas  l'imprimeur, 
mais  l'auteur  lui-même,  avec  une  âpreté  et  un  sans-gêne  qui 
rappellent  un  peu  la  manière  de  Bondonnet,  quoiqu'il  se 
place  à  un  point  de  vue  tout  à  fait  gallican,  c'est-à-dire  fort 
diflérent  de  celui  du  Père. 
Voici  les  plus  importantes  de  ces  notes. 

P.  175,  1.  9.  —  Armes  prétendues  de  saint  Bertrand. 

«  Ce  qui  fait  voir  la  fausseté  du  manuscrit  est  que  les  armes  n"etoient 
point  en  ces  tems  la  en  usage  et  ne  l'ont  été  que  plus  de  5  siècles  depuis, 
mais  l'on  doibt  en  estre  d'autant  moins  surpris  que  tous  les  autres  manu- 
scrits des  quels  on  a  tiré  la  plus  grande  partie  des  récits  précédents  ne 
sont  pas  plus  autentiq.  et  ont  été  forgés  par  des  ecclésiastiques  intéressés 
et  que  les  moines  en  ont  les  premiers  donné  les  exemples  corne  a  été 
reconnu  p.u'  les  sauans  modernes  et  autres  ». 

P.  184.  —  Testament  de  l'évèque  Berthran. 

s.  Il  est  surprenant  que  l'auteur  ayt  donné  au  public  une  pièce  si  évi- 
demment fausse  après  que  luy  mesme  a  fait  les  remarques  qu'il  a  insérées 
auant  cette  coppie,  carjay  veu  ce  prétendu  original  auecq  feu  M.  de 
Chamilly,  abbé  de  la  Couture,  bon  antiquaire  et  connoisseur,  et  l'on  n'eut 
pas  de  peine  a  reconnoitre  que  cet  ouurage  est  d'un  moine  du  13  ou  14 
siècle  qui,  a  l'exemple  d'une  fourmilière  de  semblables,  se  disputoient  la 
gloire  d'en  fabriquer  pour  leur  propre  uttilité,  et  comme  le  P.  Mabillon 
auoit  donné  dans  ce  panneau  l'ayant  insérée  dans  ses  Analecta,  je  pris  un 
Jour  occasion  de  laborder  dans  le  cloitre  de  S' Germain  des  Prés  ou  je 
luy  fis  part  de  mes  observaons  sur  le  testament  ;  il  me  dist  qu'il  se  repen- 
toit  d'auoir  suiui  aueuglement  les  mémoires  que  luy  auoit  enuoyés  un 
nomé  Musserotte  (1)  chanoine  du  Mans  qui  auoit  extrait  les  registres  du 
cbapitre  dont  il  auoit  dans  la  suite  reconnu  les  errems  et  qu'à  l'égard  du 
testament    il  laissoit  au  public  la  liberté  d'en   croire   ce   qu'on    voudroit 

(1)  Julien  Musserotle,  reçu  clianoine  semi-prébendé  de  Saint-.Julien,  le 
IG  octobre  1662.  (Note  de  M.  l'abbé  Esnault). 


—  152  — 

(convainciri  ?  que  cela  tourneroit  a  la  confusion  des  anciens  moines.  Il 
adiûusta  pourtant  que,  si  je  luy  apporfois  des  observations  conuaincanfes, 
Ei'is  niihi  magnus  ApoUo  »  (il 

P.  684,  1.  24.  —  Jean  Fastol. 

«  Ce  Jean  Fastol  s'etoit  marié  au  Mans  auec  Jousseline  Le  Roy.  de  la 
paroisse  de  St  Pauin  de  la  Cité,  et  il  luy  en  coûta  500  '  pour  la  dispense 
par  ce  qu'il  n"etoit  pas  naturel  du  pays.  Les  euesques  sauoient  f"  leur 
profit  de  toute  mauièie  ». 

P.  746,  1.  14.  —  Philippe  de  Luxembourg. 

«  11  etoit  pourveu  du  vivant  de  son  père,  puisqu'il  conféra  les  ordres  au 
Mans  en  qualité  d'evesque  du  Mans  aux  i  Tems  du  même  mois  de  7bre  au 
quel  son  père  décéda  ce  que  j'ay  veu  des  lettres  de  Tonsure  qu'il  conféra 
à  Jean  Liaure  (?)  ». 

P.  749.  —  Le  même. 

«  On  peut  icy  parler  du  grand  procès  qu'il  eut  en  1484  contre  les  offi- 
ciers du  Mans  au  sujet  d'un  prisonnier  qui  s'étoit  réfugié  en  la  chapelle 
du  Gué  de  Mauny  où  les  officiers  le  reprirent,  ce  que  l'Evesque  ne  voulut 
passouftrir.  prétendant  qu'on  avoit  donné  atteinte  aux  droits  de  son  église 
et  a  cette  occasion  les  écritures  de  ce  procès  sont  bien  curieuses  ». 

P.  757.  —  Pierre  de  Courthardy,  restaurateur  du  couvent 
des  Jacobins. 

«  Tout  ce  récit  est  faux  ;  c'est  son  fils  qui  lit  bâtir  cette  chappelle  et 
qui  avoit  été  on  Italie  et  non  le  père,  et  encore  ne  tut  elle  bâtie  qu'après 

(1)  Le  testament  de  saint  Bertrand,  pièce  capitale  peur  l'histoire  du 
Maine,  est  admis  comme  authentique,  non-seulement  par  Le  Corvaisier 
et  par  Bondonnet,  mais  par  tous  les  historiens  que  nous  avons  pu  consul- 
ter :  Donti  Rivet,  Hintoire  littéraire  de  la  France,  t.  III.  p.  530  ;  le 
P.  Longueval,  Histoire  de  V Eglise  Gallicane,  Livre  ix  ;  Barnabe  Brisson, 
De  Formtdis  juris  ;  Chopin,  Coutume  d'Anjou,  Liv.  I,  art.  37  ;  Renouard, 
t.  I,  p.  IG5;  Pesche,  Biographie  et  Bibliographie  du  Maine,  \"  Bertrand 
(S.J  ;  Cauvin,  Géographie  ancienne  du  diocèse  du  Mans  ;  D.  Piolin,  t.  I, 
p.  32*2.  Launoy  en  suspecte  la  sincérité,  sans  se  prononcer  d'une  manière 
absolue.  «  Persuadeor  facile  lestainenlum  istud  post  Pippinutn  Caroli 
Magni  farealon  cnnfeclum,  aut  sanr  depravatura  fiiisse  y> .  (P.  217  de 
ses  Dissertatio)is,  édit.  de  1070).  La  sortie  violente  que  se  permet  ici 
'"annotateur,  nous  paraît  plus  que  bazardée  ;  rien  n'indique  que  l'illustre 
Mabillon,  mort  en  1707  seulement,  ait  changé  d'avis  sur  cette  question. 


153 


sa  mort,  comme  il  se  voit  par  son  testament  qui  est  conservé  chez  les 
Jacobins,  et  c'est  le  cœur  de  ce  fils  qui  fut  juge  du  Maine  comme  le  père 
l'auoit  été,  qui  est  dans  cette  chappelle  auec  le  corps  de  Jacquine  Auvée, 
sa  femme,  qui  exécuta  ce  testament  qui  est  de  l'année  1525.  Le  fils  s'appe- 
loit  Pierre  de  Courthardy  comme  le  père,  et  auoit,  suiuant  des  lettres 
patentes  de  Charles  8  de  l'an  1493,  obtenu  des  prouisions  de  lad.  charge 
de  Juge  du  Maine  pour  exercer  du  vivant  du  père  et  conjointement,  c'est 
a  dire  en  l'absence  de  l'un  et  l'autre.  Elles  sont  fort  curieuses.  Je  les  ay. 
Elles  portent  que  ce  fils  étoit  aux  universités  d'Italie,  âgé  seulement  de 
20  ans  et  le  Roi  veut  qu'à  son  retour  et  lorsqu'il  aura  atteint  22  ans  il 
puisse  tenir  et  exercer  le  dit  office  et  état  de  Juge  du  Maine,  en  considé- 
ration des  seruices  du  père  et  de  ses  prédécesseurs  de  ce  nom  employés 
en  différentes  ambassades  pour  son  seruice  et  celuy  des  comtes  du  Maine, 
ses  oncles  et  cousins,  à  la  maison  des  quels  ils  auoient  toujours  esté 
attachés  « . 

P.  759.  —  Le  même,  constructeur  de  l'hôtel  de  Cour- 
thardy. 

«  Cela  n'est  pas  vray. 

(>  Il  etoit  son  fils.  Cela  est  justifié  par  les  registres  de  l'abbé  de  la  Couture 
et  c'est  Jean  de  Courthardy,  doyen  de  S'  Pierre  et  chanoine  du  Maine, 
cousin  (?)  du  l*''  Président  qui  fil  bâtir  led.  liotel,  ainsi  il  y  a  erreur  en  tout 
ce  que  dit  l'historien  ». 

Le  neveu  de  Pierre  de  Courthardy,  chanoine. 

«  Jean  Tahureau,  fils  de  Colas  Tahureau,  écuyer,  seigneur  de  la  Cheualle- 
rie  en  Anjou,  et  d'Isabeau  de  Courthardy,  sœur  de  ce  Jacques  et  de  Pierre, 
premier  Président.  L'on  voit  les  armes  de  l'oncle  et  du  neveu  dans  la 
vitie  d'une  chapelle  près  celle  de  Notre  Dame  du  Chevet  à  main  gauche. 
Ce  Jean  Tahureau,  clianoine,  étoit  frère  de  Jacques  Tahureau,  lieutenant 
général  lors  de  la  réformation  de  la  Coutume,  le  quel  Jacques  étoit  aussy 
neueu  par  sa  mère  du  premier  Président  ». 

P.  827.  —    Les  entrailles    de  Du  Bellay  enterrées  dans 

l'église  de   Saint-Benoist  du   Mans  (sépulture  ordinaire  de  la 

famille  du  Breil). 

«  Ce  n'est  pas  vray  ;  ce  fut  dans  la  catliédrale  et  l'auteur  a  voulu  se  faire 
honneur  à  cette  occasion.  Le  registre  en  fait  foi  et  qu'elles  furent  mises 
auprès  du  corps  de  Fr.  de  Luxembourg,  suivant  son  testament  ». 


-   154  — 

P.  834.  —  Jean  du  Bellay  gardant  l'évêché  du  Mans  jus- 
qu'à sa  mort. 

«  Cela  n'est  pas  vray.  Il  s'en  démit  en  faveur  de  Charles  d'Angennes  en 
1557  et  retint  la  présentation  et  collation  des  bénéfices  quoiqu'il  n'en  eut 
plus  le  titre.  Etrange  abus  de  ces  tems  la;  c'étoit  avant  le  concile  de 
Trente  ». 

P.  869,  1.  1.  —  L'évêque  d'Angennes. 

«  En  1596,  il  fut  député  par  le  clergé  pour  faire  des  remontrances  à 
Henry  4  sui  des  plaintes,  dont  il  s'acquitta  dignement  et  auec  beaucoup 
d'honneur  à  Folembray  où  le  Roi  otoit.  Cette  harangue  se  void  imprimée 
et  est  fort  éloquente  et  très  uiue  ». 

P.  870,  1.  dern.  —  Le  même. 

«  Il  faut  voir  les  lettres  du  Cardinal  d'Ossat  qui  liiy  donnent  do  grands 
éloges  après  sa  mort . 

<|  li  y  a  des  procès  verbaux  des  visites  qu'il  faisoit  de  son  /liocèse  où  l'on 
voit  un  zèle  infatigable  et  les  soiens  (sic!  infinis  qu'il  pronoit  pour  infor- 
mer la  conduite  des  ecclésiastiques  religieux  et  autres  ». 

L'écriture  de  ces  annotations  appartient  à  la  fin  du  XVII^ 
siècle  ;  elle  est  d'une  main  ferme  et  exercée  et  offre  beau- 
coup d'analogie  avec  la  signature  Hoyau,  tracée  sur  l'une 
des  gardes. 

Quel  est  ce  Hoyau  ?  L'absence  de  son  prénom  nous  fait 
hésiter  entre  Honorât  et  François  Hoyau,  tous  deux  lettrés 
et  érudits,  tous  deux  fort  capables  d'avoir  fait  les  annotations 
dont  il  s'agit. 

1"  Honorât  Hoyau,  procureur  du  Roi  au  siège  de  la  pré- 
vôté royale  du  Mans,  était  un  curieux  émérite,  un  collec- 
tionneur  distingué,  en  correspondance  avec  les  érudits  et 
les  lettrés  de  son  temps  et  notamment  avec  Ménage  qui, 
dans  son  Histoire  de  Sahlé,  le  remercie,  à  plusieurs  reprises, 
des  renseignements  généalogiques  qu'il  lui  a  fournis  (1). 
Nous  n'avons  ni  la  date  de  sa  nai.s.sance,  ni  celle  de  sa  mort. 

(\)2^  partie,  édit.  in-i8,  p.  144,  185. 


155 


Nous  savons  seulement  qu'en  1658  il  était  parrain  de  Jacques, 
fils  de  son  frère  François  Hoyau,  marchand  cirier  en  la 
paroisse  Saint-Nicolas,  qu'il  épousa  Marie  Drouard  de  la 
Caillère,  qu'il  eut  un  fils,  également  nommé  Honorât,  baptisé 
à  Saint-Nicolas  le  8  novembre  1674,  qu'à  ce  moment  il  était 
déjà  procureur  du  Roi  en  la  prévôté. 

2"  François  Hoyau,  sieur  de  la  Paillerie,  trésorier  des 
gardes  du  corps,  né  au  Mans  le  8  octobre  i664,  était,  lui 
aussi,  d'une  érudition  variée  autant  qu'obligeante,  biblio- 
phile, correspondant  de  Gaignières  et  de  dom  Briant,  «  libre 
et  hardi  dans  ses  sentiments»;  il  mourut  en  1728,  sans 
avoir  été  marié  et  sans  avoir  rien  publié  (1). 

Nous  inclinons  à  attribuer  les  annotations  à  Honorât.  Elles 
semblent  dans  leur  ensemble  s'appliquer  à  un  ouvrage  de 
publication  récente.  Ce  qu'elles  ont  de  minutieux,  de  puéril 
même  s'explique  sous  la  plume  d'un  contemporain  attentif 
aux  moindres  détails,  prévoyant  peut-être  une  seconde  édi- 
tion où  ses  observations  pourraient  trouver  place.  François 
Hoyau,  né  en  1664,  n'aurait  pu  les  écrire  que  cinquante  ans 
après  l'apparition  du  livre,  quarante  ans  après  la  mort  de 
l'auteur,  tous  deux  déjà  bien  oubliés  :  piété,  colères,  redres- 
sements singulièrement  rétrospectifs  ! 

A  côté  du  nom  de  Hoyau,  sur  la  garde  de  l'exemplaire  de 
VHistoire  des  Évêqiœs  que  possède  la  bibliothèque  d'Alençon, 
se  trouve  celui  de  Tahureau,  d'une  date  postérieure. 

Ce  Tahureau  ne  peut  être  l'aimable  et  doux  poète  que 
Sainte-Beuve  a  appelé  le  Parny  du  XVI"  siècle.  Né  en  1527 
au  Mans,  moissonné  à  vingt-huit  ans,  il  était  mort  longtemps 
avant  la  naissance  de  Le  Corvaisier  (2). 

(1)  Le  Paige,  t.  II,  p.  252  ;  —  Belin  de  Béru,  Notes  manuscrites  (com- 
muniquées par  M.  Chardon)  ;  —  Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée,  1879, 
t.  I,  p.  105  ;  —  Hauréau,  t.  III,  p.  357  ;  —  Communications  de  M.  l'abbé 
Esnault. 

(2)  V.  sui'  Jacques  Tahureau  l'excellente  notice  de  M.  Chardon  {Revue 
du  Maine,  t.  XVI,  p.  297). 


-  156  - 

Constatons  toutefois  que,  dès  le  XVI'-'  siècle,  existaient 
entre  les  Tahureau  et  les  Hoyau,  les  relations  dont  le  rap- 
prochement de  leurs  noms  atteste  ici  la  persistance  deux 
siècles  plus  tard. 

Une  des  pièces  de  Jacques  Tahureau,  contre  les  /bus 
désirs  des  hommes,  est  dédiée  à  Jacques  Hoyau,  seigneur 
de  Beau-Chesne  (1).  Elle  se  termine,  à  la  manière  d'Horace, 
par  un  retour  à  l'amour  et  au  vin.  Ce  n'est  pas,  du  reste, 
une  de  ses  meilleures.  Voici  la  strophe  consacrée  à  la  folie 
des  poètes  : 

Mal-heureux  l'homme  qui  s'amuse 
A  trop  peigner  la  pauvre  Muse, 
Laquelle  pour  contentement 
Ne  luy  laisse  en  fin  qu'une  geinne 
D'ennuiz,  de  maux  et  d'erreurs  pleine. 
Dedans  la  prison  de  tourment. 

Dans  une  autre  pièce  Aux  Muses,  où  il  les  convie  à  visiter 
le  Maine  qui  leur  offre  tant  de  fervents  disciples,  il  s'exprime 
ainsi  : 

«  Voyez  ce  beau  lict  de  fleurettes. 
Voyez  ces  courtines  proprettes. 
Qu'avec  la  Vayrie  et  Hoyau, 
Mon  frère  vostre  Tahureau 
A  part  vous  dresse,  dans  l'ombrage 
De  ce  fueillu  sonnant  bocage  »  (2). 

Pierre  Tahureau,  lieutenant  particulier  en  la  sénéchaussée 
du  Maine,  baptisé  le  '24  avril  4673,  moui'ut  au  Mans  le  28 
aoiàtl7i7.  Il  avait  épousé  Françoise  Hoyau,  descendante  pro- 

(1)  Edition  Jonaust,  1870,  t.  I,  p.  127. 

(2)  P.  167.  I/autour  fait  ici  allusion  au.\  travaux  poéliciucs  île  son  frère 
aillé  Piont!  Tahureau,  qui  est  surtout  connu  comme  jurisconsulte.  C'est 
de  i:e  dernier  que  descendait  le  lieutenant-particulier. 


157 


bablement  de  Honorât  ou  de  François  (J).  Pierre  Tahureau, 
leur  fils,  se  maria,  le  2  mars  1739,  en  l'église  Saint-Nicolas. 

L'alliance  entre  les  Tahureau  et  les  Hoyau  ainsi  établie, 
on  comprend  très  bien  que  l'exemplaire  de  VHistoire  qui 
portait  les  annotations  de  l'un  des  Hoyau  ait  passé  aux 
mains  de  Pierre  Tahureau  et  qu'il  ait  inscrit  son  propre 
nom  à  côté  de  celui  de  l'ayeul  de  sa  femme. 

Il  avait  été  possédé  plus  tard  par  Morel  (2),  bibliophile 
alençonnais,  dont  il  porte  Vex-libris,  avec  cette  note  «  Très 
estimé  et  rare,  9  '  ». 

Comment  et  à  quelle  époque  a-t-il  passé  de  sa  bibliothè- 
que dans  celle  de  la  ville  d'Alençon  ?  Nous  ne  saurions 
le  dire. 

L.  DE  LA  SICOTIÈRE. 


(1)  Mémoires  de  Nepveu  de  la  Manouillère,  publiés  par  M.  l'abbé 
Esnault,  1. 1,  p.  118;  —  Communication  de  M.  Chardon. 

(2)  Morel  René-François,  né  à  Alençon  en  1742,  mort  dans  la  même 
ville  en  1813.  Il  avait  été  avocat,  puis  chef  d'institution  pendant  la  Révo- 
lution. Il  avait  réuni  une  bibliothèque  considérable,  mais  plus  remarqua- 
ble par  le  nombre  que  par  le  choix  ou  la  condition  des  volumes,  qui  fut 
vendue  aux  enchères  publiques  en  1813,  et  dont  les  débris  ont  longtemps 
encombré  les  boutiques  des  bouquinistes  d'Alençon. 

Mon  exemplaire  provient  de  la  même  bibliothèque  et  porte  cette  note 
de  la  main  de  Morel  :  «  rare  et  recherché,  9'  ». 


ESSAI 

SUR 

L'INSTRUCTION    PRIMAIRE 

AVANT     17  89 
DANS  LE  DOYENNÉ  DE  GREZ-EN-BOUÈRE 

(diocèse    de    LAVAL  ) 


Il  appartenait  à  l'évêque  du  Mans  de  pourvoir,  en  usant 
de  son  autorité,  à  l'instruction  des  enfants  dans  son  diocèse. 
C'est  pour  remplir  ce  devoir  de  sa  charge  que  Monseigneur 
Louis  de  Lavergne-Montenard  de  Tressan  insérait  dans  une 
ordonnance  épiscopale  du  29  septembre  1677  les  prescrip- 
tions suivantes  à  l'adresse  de  son  clergé. 


DES    ÉCOLES    POUR    L'INSTRUCTION    DE    LA   JEUNESSE. 


L 


«  L'un  des  commandements  donnés  de  la  part  de  Dieu  par 
»  le  Sage,  est  de  former  les  enfants  dans  leur  jeunesse,  ce 
»  qui  se  fait  principalement  dans  les  petites  Écoles.  Pour  cet 
7>  effet,  nous  ordonnons  à  tous  nos  doyens  ruraux  dans  leur 
»  ressort,   et  à  tous  les  curés  dans  leurs  paroisses,  d'en 


—  159  — 

»  établir  au  moins  une  pour  les  garçons,   et   une   pour  les 
»  filles  dans  chaque  paroisse. 


II. 


»  Celle  pour  les  garçons  sera  tenue  par  un  ecclésiastique, 
»  ou  un  maître  laïque  de  saine  doctrine  et  de  vie  irrépro- 
»  chable.  Celle  pour  les  filles  sera  tenue  par  une  veuve  ou 
))  fille  de  vertu  et  suffisance  nécessaire,  les  uns  et  les  autres 
»  choisis  par  les  curés  avec  les  marguilliers,  ou  procureurs 
»  fabriciers  des  paroisses,  et  à  nous  présentés  pour  être 
»  approuvés  et  autorisés  dans  cet  exercice  :  enjoignons  à 
»  tous  nos  doyens  ruraux  de  nous  rendre  un  fidèle  compte 
»  de  l'exécution  de  cet  article. 


III. 


»  Les  garçons  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit  de  bas 
»  âge,  ou  autres  considérations,  ne  seront  point  reçus  dans 
»  les  écoles  des  filles,  ni  enseignés  par  des  femmes,  et  les 
»  filles  de  même  ne  seront  point  reçues  dans  les  écoles  des 
»  garçons  et  enseignées  par  des  hommes,  le  tout  sous  peine 
»  d'excommunication  Ipso  facto,  tant  pour  les  maîtres  et 
»  maîtresses  que  pour  les  parents  qui  les  y  envoient.  Cepen- 
»  dant  nous  apprenons  avec  douleur  que  le  présent  article 
»  n'a  pas  toute  son  exécution,  soit  par  le  peu  de  soin  des 
»  curés  d'avertir  les  maîtres  et  les  maîtresses  d'école,  aussi 
»  bien  que  leurs  parents,  ou  par  la  dureté  des  uns  et  des 
■»  autres,  qui  négligeant  leur  propre  salut,  commettent  les 
»  enfants  aux  désordres  qui  nous  ont  obligé  de  faire  cette 
»  ordonnance  dès  notre  synode  du  15  septembre  1672.  Nous 
»  déclarons  que  lesdits  maîtres  et  maîtresses  d'écoles  ont 
»  encouru  la  peine  portée   par  notre   dite  ordonnance,  à 


—  160  — 

»  savoir  rexcommunication  Ipso  facto,  au  même  temps  qu'ils 
»  y  ont  contrevenu,  et  que  nous  entendons  y  comprendre 
»  les  maîtres  d'écriture,  sans  modification  ni  explication, 
»  et  n'en  exceptant  seulement  que  les  précepteurs  demeu- 
»  rant  dans  les  maisons  particulières,  ou  maîtres  d'écriture 
»  qui  peuvent  montrer  aux  filles  en  présence  de  leurs  mères, 
»  ou  de  celles  qui  en  tiennent  lieu.  Révoquons  en  tant  que 
»  besoin  seroit,  toutes  dispenses,  s'il  s'en  trouve  aucunes 
»  accoudées  de  nous  ou  de  nos  grands  vicaires,  les  déclarons 
»  nulles  et  de  nul  effet  :  et  nous  nous  réservons  à  nous  seul, 
»  ou  à  nos  grands  vicaires,  ou  autres  ayant  de  nous  pouvoirs 
»  particuliers,  l'absolution  des  susdites  excommunications, 
»  comme  nous  faisons  de  toutes  celles  qui  sont  portées  dans 
»  tous  les  autres  articles  de  nos  présentes  Ordonnances. 


IV. 

))  Les  maîtres  et  maîtresses  d'écoles  auront  soin  d'appren- 
»  dre  à  leurs  écoliers  à  prier  Dieu,  et  de  les  instruire  du 
»  catéchisme,  et  suivre  exactement  le  règlement  qui  leur 
»  sera  par  nous  donné  (1). 

Ces  prescriptions  furent  rééditées  par  les  successeurs  de 
M^""  Louis  de  Lavergne. 

Pour  montrer  dans  quelle  mesure  ces  ordres  du  prélat 
avaient  été  prévenus  ou  furent  suivis  (2),  il  faudrait  que  les 
établissements  d'instruction  eussent  tous  laissé  des  traces  de 
leur  existence,  et  un  grand  nombre  s'élevèrent  et  vécurent 
sans  qu'on  prit  soin  d'en  consigner  nulle  part  ni  l'origine, 
ni  la  durée  ;  il  faudrait  qu'aucun  des   documents   propres  à 

(1)  Ordonnances  synodales  du  diocèse  du  Mans.  Édition  de  1747,  p.  34- 
36. 

(2)  La  fondation  de  la  communauté  des  sœui  s  do  la  Charité  de  la 
Chapelle-au-Riboui,  dévouée  au  service  des  pauvres,  ;i  rédiication  des 
jeunes  lilles,  qui  se  lit  en  1682,  par  madame  Tliuiard,  sous  la  direction  de 
prêtres  zélés,  peut  bien  être  attribuée  aux  instructions  et  aux  ordonnances 
de  l'évèque  du  Mans.  Sed  de  his  alibi. 


—  ICI  — 

nous  renseigner  n'eut  disparu,  et  il  n'en  reste  que  des  débris; 
il  faudrait  au  moins  que  tous  les  titres  qui  subsistent  fussent 
consultés  minutieusement  et  c'est  encore  un  travail  presque 
impossible.  Pour  l'exécuter  sur  un  seul  doyenné  du  diocèse 
actuel  de  Laval,  il  nous  a  fallu  au  cours  de  recherches  plus 
générales  et  qui  nécessitaient  le  dépouillement  complet  de 
toutes  les  archives  locales,  prendre  soin  de  relever  les  moin- 
dres faits  qui  peuvent  éclairer  cette  question.  Les  quatre- 
vingts  volumes  du  greffe  des  Insinuations  Ecclésiastiques 
nous  ont  révélé  l'existence  de  quelques  écoles.  Les  registres 
paroissiaux  nous  en  ont  fait  connaître  plusieurs  autres.  Les 
archives  des  fabriques  eussent  été  d'excellentes  sources,  si 
elles  étaient  moins  rares.  Le  chartrier  des  Chesnaies,  les 
titres  de  la  Guenaudière  nous  ont  appris  plusieurs  faits. 
Enfin  les  minutes  des  anciens  notaires  nous  ont  donnés  les 
détails  les  plus  circonstanciés. 

Après  cela  il  reste  encore  beaucoup  à  apprendre,  et  davan- 
tage qui  ne  sera  jamais  connu.  Quoiqu'il  en  soit,  ce  travail 
sur  un  seul  doyenné  donne  un  aperçu  du  résultat  que  pro- 
duiraient des  recherches  d'ensemble  poussées  aussi  loin  sur 
tout  le  diocèse.  Dans  la  seule  circonscription  de  Grez-en- 
Bouère  (1)  aucune  paroisse  qui  n'ait  eu  son  école,  nous  trou- 

(1)  Grez-en-Bouère,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Chàteau- 
Goutier,  doyenné  dépendant  de  l'archiprêtré  de  Saint-Jean  de  Château- 
Gontier,  comprend  les  paroisses  suivantes,  dont  la  population  est  lappor- 
tée  d'après  un  des  dernieis  recensements. 

Grez-en-Bouère,  1629 

Ballée,  906 

Beaumont-Pied-de-Bœuf,  424 

Bouère,  2053 

Bouessay,  561 

Le  Buret,  501 

Préaux,  330 

Ruillé-Froidfond,  925 

Saint-Brice,  754 

Saint-Charles-la-F.,  :364 

Saint-Loup-du-l)oigt,  442 

Villiers-Charlemagne,  1308 

XXIV.       11 


J62 


verons  même  une  école  de  village  autour  de  la  chapelle  de 
Mariette.  Nous  y  verrons  que  le  clergé  fut  toujours  le  pre- 
mier à  créer  ou  à  provoquer  ces  fondations,  comme  à  les  sou- 
tenir ;  que  ce  furent  des  prêtres  qui  presque  partout  rempli- 
rent les  fonctions  d'instituteurs  de  la  jeunesse.  Il  sera  fait 
mention  pourtant  d'une  école  tenue  par  un  magister  laïque. 
Nous  aurons  à  signaler  la  différence  des  simples  établisse- 
ments primaires  ou  ne  s'enseignaient  que  la  lecture,  l'écri- 
ture et  l'arithmétique,  avec  les  petits  collèges  ou  les  élèves 
étaient  préparés  par  l'étude  du  latin  à  entrer  dans  les  maisons 
de  plein  exercice.  On  verra  au  XVIIP  siècle,  les  populations 
prenant  elles-mêmes  l'initiative  de  la  création  d'écoles  pour 
leurs  enfants,  et  en  faisant  les  frais.  Remarquons  enfin  que 
l'enseignement  était  toujours  gratuit  pour  les  pauvres,  et 
presquo  toujours  pour  tous,  puisque  les  dotations  faites  par 
les  bienfaiteurs  avaient  pour  but  de  pourvoir  à  la  subsistance 
du  maître. 

Il  est  évident  que  le  fait  de  l'existence  d'une  école  signalée 
à  une  époque  donnée  n'implique  pas  sa  continuité  et  sa  per- 
manence. Les  mieux  fondées  n'étaient  pas  à  l'abri  des  revers 
et  des  suppressions  forcées.  Pour  nous  faire  une  idée  exacte 
de  l'état  de  l'enseignement  avant  1789,  tenons  donc  compte 
des  intermittences  et  des  disparitions  ;  mais  à  condition  de 
reconnaître  aussi  que  nous  ignorons  un  grand  nombre  de 
fondations  faites  pour  l'enseignement.  S'il  n'est  pas  prouvé 
qu'une  école  a  duré  par  là  môme  qu'elle  a  existé,  il  ne  l'est 
pas  davantage  qu'elle  a  disparu  parce  qu'il  n'en  est  plus  fait 
mention  (1). 

B  ALLÉE. 

Il  V  avait  une  école  à  Ballée  dès  le  XVI«  siècle.    Les  deux 


(i)  Les  conclusions  de  cet  avoiit-propos  se  tioiivenl  plus  complètenieul 
confirmées  que  nous  n'aurions  osé  l'espérer  par  des  recherches  poursui- 
vies, depuis  111)  ,111  (pje  cet  article  est  écrit,  sur  un  champ  beaucoiip  plus 
vaste. 


-    163  - 

titulaires  que  nous  connaissons  étaient  laïques.  On  cite  en 
effet  parmi  les  témoins  de  l'acte  de  possession  d'un  bénéfice, 
en  1560,  et  après  les  ecclésiastiques,  Macé  Bondonnet, 
magister  ;  et  ce  titre  dans  un  acte  français  placé  après  le 
nom  qu'il  qualifie  n'est  pas  l'attestation  d'un  grade,  mais 
bien  l'indication  d'une  profession  (1). 

René  Leduc,  successeur  de  Macé  Bondonnet  dans  la 
même  fonction  est  dit  maistre  d'escolle  dans  un  acte 
de  1578  (2). 

Remarquons  pour  mémoire  que  Chemeré,  paroisse  limi- 
trophe de  Rallée,  mais  actuellement  d'un  autre  doyenné, 
possédait  aussi  une  école  au  XVP  siècle. 


BEAUMONT-PIED-DE-BŒUF. 

Nous  connaissons  deux  fondations  de  collèges  dans  la  seule 
paroisse  de  Beaumont.  La  plus  ancienne  fut  faite  dans  un 
hameau,  nommé  Mariette,  situé  à  la  limite  commune  de 
quatre  paroisses,  Beaumont,  Ballée,  Préaux  et  Le  Buret.  Le 
fondateur  fut  Jean  Portier,  curé  de  Préaux.  L'acte  de  dota- 
tion est  rappelé  dans  une  inscription  funéraire,  gravée  sur 
pierre  et  qui  se  lit  encore  dans  la  chapelle  de  Notre-Dame- 
de-Mariette. 

CY  .  GIST  .  LE  .  CORPS  .  DE  .   DEFFVNCT  . 

MISSIRE  .  JEAN  .  PORTIER  .  PRESTRE  .  VI  . 

VANT  .  CVRE  .  DE   .  PRÉAUX  .  QUI  .  A    .    F0.\   . 

DÉ      EN  .  CETTE  .  CHAPELLE  .  NOSTRE  . 

DAME  .  DE  .  MARIETTE  .  A  .  PERPÉTVITÉ  . 

DEVX.  .  MESSES  .  PAR  .  CHASQVE  .  SEP  . 

MAINNE  .  LVNNE  .  AV  .  LVNDY    .    LAV  . 

(1)  Insinuations  ecclésiasti(jues,  VIII,  iU"-!. 

(2)  Insinuât,  ecclcs.  XVI,  423. 


—  16i 


TRE  .  AV  .  SAMEDI  .  AVEC  .    VX  .  COLLE    . 

GE  .  A  .  FIN  .   QUE   .   LA  .  JEVNESSE  .  Y  .    SOIT  . 

INSTRVITE  .  l'AR   .    FONDATION  . 

PASSÉE    .    DEVANS   .  GVILLAVME  .  CHAR  . 

DON  .  NOTTAIRE  .  ROYAL  .  DEMEVRANT    . 

AV  .  RVRET  .  EN  .  DATTE  .  DV  .    IS'""  . 

MARS  .  1638  .   QVI    .  DECEDA   .  LE    . 

VOVS  .  DIREZ  .  SIL    .   VOVS   .  PLAIST  . 
A  .  SON  .  INTENTION  .  PATER  .   ET  . 
AVE  .    REOVIESCAT  .  IN    .  FACE  . 

Jean  Portier  qui  avait  ainsi  préparé  sa  sépulture  dans  les 
sanctuaire  de  la  Sainte-Vierge,  y  fut  inhumé  en  effet.  Son 
œuvre  se  perpétua,  car  le  souvenir  s'en  est  conservé  au 
village,  et  l'on  y  montre  encore  la  chambre  où  se  faisait  la 
classe. 

Le  fondateur  du  second  collège  de  Beaumont-Pied-de- 
Bœuf  fut  maître  René  Rousson,  curé  démissionnaire  de  la 
même  paroisse.  Il  était  neveu  de  Jean  Rousson,  prêtre,  curé 
de  Chantenay,  qui  sous  le  pseudonyme  de  Sousnor,  publia  le 
Dialogue  des  trois  vignerons  tnanceaux,  et  qui  lui-même 
entre  autres  bienfaits  fonda  le  collège  de  Chantenay  (1).  Avant 
d'occuper  la  cure  de  Beaumont,  René  Rousson  avait  été 
pourvu  de  celle  du  Buret  (16P2  à  1622),  puis  de  celle  de 
Chantenay  qu'il  quitta  avant  1644. 

L'acte  de  fondation  du  collège  de  Beaumont  fut  passé 
devant  Jean  Esnault,  notaire  à  Ballée,  le  16  juin  1651.  Dans 
le  préambule  il  dit  taire  cette  bonne  œuvre  :  «  reconnaissant 
»  les  biens  et  faveurs  ipril  a  plu  à  lu  Majesté  Divine  lui 
»  départir...,  voulant  en  bien  user...  principalement  vers  les 

(1)  Voir  un  ailicle  siirjeaii  Rousson  dans  Y  Histoire  liué.raire  du  Maine, 
de  M.  H.  llauréau,  ot  dans  VJlisloin'  de  l'Éijlise  du  Mans,  du  R.  P.  Doni 
P.  Piolin. 


—  465  — 

»  pauvres  de  la  paroisse  de  Beaumont...,  afin  de  participer 
»  aux  prières  des  jeunes  enfans....,  et  parce  que  de  long- 
»  temps  il  a  eu  cette  intention,  et  qu'autrefois  il  a  fait  fonc- 
»  tion  de  maistre  d'école,  et  craignant  de  ne  s'en  estre 
»  deument  acquitté...  ». 

Les  biens  légués  à  cette  fin  comprenaient  diverses  rentes 
s'élevant  à  un  total  de  148  livres,  <.(  et  une  maison  de  deux 
»  chambres,  un  grenier,  un  appenti,  une  petite  galerie,  une 
»  cour,  un  jardin,  un  autre  appenti,  avec  un  petit  esvier  et 
»  une  petite  longère  de  jardin  qu'il  avoit  acquis  au  bourg  de 
»  Beaumont  de  Pierre  Mont...,  prêtre,  curé  d'Aliuillé.  Une 
-y)  autre  maison  composée  d'un  bouge,  une  cheminée,  cham- 
»  bre  à  côté,  grenier  dessus.  » 

»  Ces  dons  étaient  faits,  nous  citons  textuellement,  pour 
»  l'entretien  d'un  maître  d'école,  lequel  sera  tenu  bien  et 
»  dûment  instruire  les  enfans  en  la  crainte  et  au  service  de 
»  Dieu.  Les  commençant  et  élevant  dans  la  grammaire,  à 
»  bien  écrire  et  chanter,  du  moins  le  plain-chant,  afin  qu'ils 
»  puissent  aider  avec  le  dit  maistre  d'écolle  à  célébrer  le 
»  service  divin. 

»  Le  titulaire  devra  se  faire  ordonner  aux  ordres  sacrés  ; 
»  il  ne  devra  être  ni  religieux,  ni  curé,  ni  vicaire,  ni  ayant 
»  charge  d'âme,  ni  sacriste. 

»  Il  sera  tenu  de  célébrer  ou  faire  célébrer  une  messe 
»  basse  sur  les  cinq  à  six  heures  du  matin  tous  les  premiers 
»  dimanches  du  mois  et  aux  quatre  festes  de  la  Sainte-Vierge, 
»  nostre  bonne  Dame  et  maistresse^  pour  servir  de  première 
»  messe  ;  et  deux  messes  chaque  semaine,  une  de  Beata, 
y>  l'autre  de  Requiem. 

y>  Le  maître  d'école  fera  chanter  aux  enfans  en  la  dite 
»  église  ou  en  sa  maison  devant  quelque  image  de  Notre- 
))  Dame,  le  salut  à  la  Vierge,  tous  les  soirs,  afin  d'exercer 
»  les  enfans  à  dévotion  et  service  de  Dieu  et  de  la  Sainte- 
»  Vierge. 

))  Veilleront  à  l'exécution  de  ces  clauses,  le  curé   ou   l'un 


\m 


■)■)  des  vicaires  résidants,  le  procureur  de  fabrique,  le  procu- 
^>  reur  syndic,  et  trois  des  principaux  roturiers  et  plus 
»  anciens  habitants. 

»  Pour  la  première  fois  le  fondateur  nommait  à  ce  nou- 
»  veau  bénéfice  François  Rousson,  son  neveu,  écolier 
»  étudiant  au  collège  de  La  Flèche.  Il  demandait  aussi  qu'on 
»  préférât  comme  titulaire  les  membres  de  sa  famille. 

y>  Avant  d'être  pourvu  le  maître  d'école  devait  être  inter- 
)•>  rogé  par  le  préfet  ou  régent  de  la  première  ou  deuxième 
»  classe  des  PP.  Jésuites  de  La  Flèche,  et  apporter  un  certi- 
ï)  ficat  constatant  qu'il  était  capable  d'instruire  les  enfants 
»  de  sorte  qu'ils  puissent  entrer  en  quatrième  ou  troisième 
»  classe  chez  les  PP.  Jésuites.  » 

Par  le  même  acte  qui  est  l'expression  de  ses  dernières 
volontés  le  testateur  voulait  être  inhumé  dans  la  chapelle 
Saint-Etienne  de  l'église  de  Beaumont.  Il  laissait  son  calice 
au  chapelain,  il  donnait  à  l'église  deux  custodes,  l'une  pour 
mettre  dans  le  tabernacle,  l'autre  pour  le  sacre,  et  égale- 
ment l'horloge  qu'il  avait  placée  dans  le  clocher  (1). 

Les  exécuteurs  testamentaires  de  René  Rousson  furent 
René  Epinard,  son  neveu  maternel,  et  son  successeur  dans 
la  cure  de  Beaumont,  Gervais  Rousson,  notaire  à  Arquenay, 
son  frère. 

Les  titulaires  connus  du  collège  de  Beaumont  furent  : 

François  Rousson,  désigné  par  le  fondateur. 

Pierre  Chenon,  prêtre  habitué  à  Beaumont,  décédé  en 
1695. 

Urbain  Lemonnier,  prêtre,  aussi  résidant  à  Beaumont, 
qui  fut  présenté  par  Pierre  Rousson,  clerc  du  diocèse  de 
Tours,  prieur  de  Romain,  y  demeurant,  paroisse  de  Mons, 
comme  aîné  de  la  famille.  Il  prit  possession  dans  la  maison 
du  collège  et  dans  l'église,  et  mourut  en  1705  ('2). 

René    Gérard,   prêtre,   qui    demeurait  précédemment   à 

(Il  Im'umul.  ecdés.  XL,  308-30'.). 

(2)  Iminuat.  ecclés.  XL,  309,  XLIV,  180. 


—  167  — 

l'abbaye  de  Bellebranche.  Il  fut  pourvu  par  l'évêque  du 
Mans,  sur  la  présentation  de  Pierre  Rousson,  bourgeois  de 
Tours,  qui  habitait  le  cloître  Saint-Gatien  (1). 

Joseph  Godiner,  prêtre,  devait  être  pourvu  en  1747.  Non 
content  de  se  dévouer  lui-même  à  l'éducation  des  garçons, 
il  fit  une  fondation  de  GO  livres  de  rente  dont  le  capital  fut 
placé  sur  le  clergé  du  Mans.  Le  revenu  devait  appartenir  à 
Marguerite  Malitourne,  épouse  de  Marie  Brocherie,  le  jeune, 
((  maîtresse  actuelle  des  écoles,  et  à  celles  qui  instruiront 
après  elle  gratuitement  les  pauvres  filles  de  la  paroisse  »  (2). 
Nous  ne  connaissons  pas  l'origine  de  cette  école  des  filles  à 
Beaumont. 

Joseph  Lemercier^  sous-diacre,  demeurant  en  la  paroisse 
Saint- Martin  de  Sablé,  fut  nommé  le  14  octobre  1783  par 
Charles  Hérisson,  curé,  Pierre  Gougeon,  procureur  de  fabri- 
que, et  plusieurs  autres  habitants  de  la  paroisse,  après  le 
décès  de  Joseph  Godbert.  Nous  ne  voyons  plus  intervenir 
l'évêque  du  Mans  dans  les  provisions  de  ce  bénéfice.  Il  refusa 
le  serment  schismathique  et  fut  déporté  en  1793  dans  l'île  de 
Jersey  (3).  Il  était  fils  de  Joseph  Lemercier  et  de  Anne 
Challe,  de  Saiiit-Vénérand  de  Laval  et  reçut  la  tonsure  au 
Mans  en  1775. 

Nous  venons  de  dire  quels  furent  les  maîtres  du  petit 
collège  de  Beaumont-Pied-de-Bœuf,  on  trouverait  sur  les 
registres  paroissiaux  de  nombreuses  mentions  du  nom  des 
écoliers  qui,  suivant  le  désir  du  fondateur,  remplissaient  à 
l'église  les  fonctions  de  la  cléricature  inférieure. 

BOUÈRE. 

Honorable  Charles  Delalande,  par  son  testament  du  21 
mai  1672  devant  Vincent  Sesbouë,  notaire    fonda  la   presli- 

(1)  Insinuât,  ecclés.  XLIV,  180. 

(2)  Arch.  de  la  fabrique. 

(3)  Arch.  de  la  fabrique  ;  —  Étude  de  M.  Mouézy,  notaire  à  Grez-en- 
Bouère. 


168 


monie  et  collège  de  Bouère.  Le  temporel  consistait  dans  une 
closerie  sise  au  bourg.  Il  est  dit  par  ailleurs  qu'une  maison 
dépendant  de  cette  fondation  avait  un  de  ses  pignons  vis-à- 
vis  de  la  petite  porte  de  l'église,  la  rue  entre  deux. 

En  1675,  Michel  Auvé,  curé  de  Bouère,  se  plaignit  de  ce  que 
Jean  Couleart,  sieur  de  la  Juguetterie,  fermier  du  temporel 
de  la  cure,  qui  avait  entre  autres  charges,  celle  de  pourvoir 
la  paroisse  d'un  prêtre  pour  administrer  les  sacrements  et 
instruire  les  enfants  aux  premières  messes,  ne  remplissait 
pas  ses  engagements.  Celui-ci  répondit  qu'il  avait  fait 
marché  avec  Marin  Gaultier,  prêtre,  puis  avec  M.  Ghantelou, 
mais  que  le  curé  pour  le  vexer  les  empêchait  de  dire  la 
messe.  C'est  ce  même  Marin  Gaultier  qui  dans  un  autre 
titre  est  appelé  chapelain  de  la  prestimonie  et  collège  de 
Bouère  (1). 

Jusqu'à  présent  nous  ne  connaissons  aucun  autre  rensei- 
gnement sur  le  collège  de  cette  paroisse  importante. 


nOUESSAY. 

Le  dimanche  24  janvier  1779,  les  habitants  de  Bouessay, 
convoqués  en  assemblée  générale,  avec  M.  Bion,  prêtre  et 
curé,  Bené  Charles,  procureur  syndic,  et  Jean  Lesage,  pro- 
cureur fabricien,  décident  que  n'ayant  point  de  prêtre  pour 
dire  une  première  messe  le  dimanche  et  les  jours  de  fêtes, 
ils  feront  une  souscription  pour  celui  ([ui  voudra  venir 
demeurer  à  Bouessay.  Les  messes  ([n'il  dira  seront  à  son 
intention,  sauf  celle  du  vendredi  qui  sera  en  l'honneur  de 
Saint-Sébastien,  pour  les  biens  spirituels  et  temporels  de  la 
paroisse. 

»  Et  s'il  lui  i)laît  de  montrer  à  lire,  écrire,  etc.,  aux 
);  cnfans  du  dit  Bouessay,  il  sera  payé  de  leurs  pères  et 
»  mères  ». 

(1)  Élude  de  M«  Mouozy. 


—  169  — 

Le  curé  s'inscrivit  pour  soixante  livres  (1). 


LE    BURET. 

Il  est  certain  que  l'instruction  se  donnait  au  Buret  aux 
enfants  par  un  des  prêtres  attachés  à  l'église  ;  on  désigne 
même  une  grande  salle  du  presbytère  comme  ayant  servi  de 
classe  ;  mais  les  titres  ne  nous  ont  rien  appris  sur  l'école  du 
Buret.  Bené  Bousson,  fondateur  du  collège  de  Beaumont,  et 
qui  dit  avoir  exercé  les  fonctions  de  maître  d'école,  avait  été 
curé  du  Buret. 

GREZ-EN-BOUÈRE. 

Le  collège  de  Grez-en-Bouère  était  très  ancien.  Les  titres 
font  mention  à  une  époque  reculée  de  la  rue  de  l'Ecole,  et 
quand  il  est  question  plus  tard  des  titulaires  du  collège  on  ne 
rappelle  jamais  la  fondation. 

Louis  Follenfant  exerçait  sans  doute  les  fonctions  de 
maître  d'école  à  Grez,  où  nous  le  trouvons  à  la  fin  du  XVIII'^ 
siècle,  lorsqu'il  devint  vers  1700  principal  du  collège  de 
Buillé-Froidfont.  Il  fut  plus  tard  curé  de  cette  dernière 
paroisse  (2). 

En  1747,  Me  Pierre  Chantelou,  prêtre,  titulaire  du  collège 
et  sacriste  de  Grez,  rend  aveu  à  la  Guenaudière  pour  une 
maison  et  jardin  sur  la  rue  de  Grez  à  la  Chapelle,  dite  rue 
de  l'École  (3).  Il  demeurait  déjà  à  Grez-en-Bouère  comme 
sacriste  en  1738,  puis  il  fut  pourvu  les  années  suivantes  1748, 
1749,  des  chapelles  de  la  Babinière,  à  Grez-en-Bouère,  et 
de  la  Bourlière,  en  Bouère  (4). 

(1}  Étude  de  M«  Mouëzy. 

(2)  Registres  paroissiaux. 

(3)  Arch.  de  la  Guenaudière,  dont  nous  devons  la  communication  à  M. 
le  comte  de  Villebois,  conseiller  général  de  la  Mayenne  pour  le  canton  de 
Grez-en-Bouère  et  maire  de  cette  commune. 

(i)  Insinuât,  ecclés.  LXIII,  id,  100. 


—  170  — 


PREAUX. 


Monsieur  le  colonel  Lebailly,  né  à  Préaux  le  8  juillet  177-2, 
nommé  officier  de  la  Légion  d'honneur  sur  le  champ  de 
bataille  de  Valentina,  colonel  commandant  le  33'"c  régiment 
d'infanterie,  le  20  avril  1813,  dit  au  début  de  ses  mémoires 
qu'il  écrivait  en  1821  : 

«  Nous  fûmes  seize  enfants,  j'étais  le  quinzième.  Je  n'avais 
»  qu'un  an  quand  je  perdis  ma  mère  ;  mon  éduca- 
»  tioii  fut  confiée  au  curé  de  la  paroisse.  J'appris  machina- 
»  lement  à  lire  et  à  écrire  et  l'arithmétique,  tout  cela  sans 
»  principe,  sans  même  apprendre  la  grammaire  française. 
»  A  douze  ans  je  fus  forcé  de  quitter  cette  pauvre  école  où 
»  je  n'appris  pas  grand'chose.  » 

Le  colonel  Lebailly  écrivait  ses  mémoires  la  dernière 
année  de  sa  vie.  Il  ne  dit  pas  que  le  curé  lui  fit  la  classe, 
mais  qu'il  se  chargea  de  son  éducation.  Nous  savons  par 
ailleurs  que  le  dernier  maître  d'école  de  Préaux  avant  la 
Révolution  fut  M.  Roussin,  vicaire  de  la  paroisse.  Le  digne 
curé  qui  éleva  le  jeune  orphelin  était  M.  Jean  Héroux,  qui 
mourut  pour  la  foi  en  1796  (1). 


HUILLÉ  -  FHUIUFONT. 


Non  seulement  les  titres  nous  apprennent  qu'il  y  eut  à 
Ruillé  un  collège,  mais  l'édifice,  qui  fut  habité  par  les 
maîtres  et  les  écoliers  existe  toujours,  et  son  seul  aspect 
extérieur  le  distingue  assez  pour  qu'on  reconnaisse  de  suite 
sa  destination  primitive.  La  fondation  se  préparait  mais 
n'était  pas  réalisée  en  1652.  En  cette  année  par  leur  testa- 
ment du  3  juillet,    Marguerite    Gouyau,  veuve  Arthuys,  et 

(I)  Notice  sur  Sainl-Martin-de-Préaux,  1884. 


—  171  - 

Marie  Arthuys,  sa  fille,  demeurant  au  lieu  de  la  Retousserie, 
lèguent  à  la  confrérie  de  Saint-Nicolas  de  Ruillé  deux  plan- 
ches de  vigne,  «  jusqu'à  ce  qu'il  se  trouve  érection  ou  fon- 
»  dation  de  collaige  pour  l'instruction  de  la  jeunesse  du  dit 
»  Ruillé  ;  auquel  temps  le  prêtre  pour  lors  régent,  en  jouira 
»  comme  de  la  dite  fondation  o. 

L'atttente  ne  fut  pas  longue.  Par  testament  devant  Rarbe 
Leprince,  notaire  à  Villers-Gharlemagne,  Antoine  Relluë  et 
Marie  Ghanteau,  sa  femme,  fondaient  définitivement  le 
collège  (1). 

Avant  cela,  s'ils  ne  trouvaient  pas  chez  eux  les  moyens  de 
s'instruire,  les  enfants  de  la  paroisse  n'avaient  pas  à  les 
chercher  bien  loin,  car  une  école  fonctionnait  régulièrement 
à  Fromentières  au  moins  depuis  le  commencement  du 
XVI«  siècle  (2). 

Nous  ne  connaissons  point  tous  les  régents  du  collège  de 
Ruillé-en-Anjou  ;  nous  avons  dit  ailleurs  que  Louis  Follenfant 
enfutpourvu  vers  l'année  1700.  En  1748,  François  Horeau, 
prêtre,  mourait  après  avoir  exercé  les  fonctions  de  principal. 
Il  eut  pour  successeur  Henry-Louis  Raudouin,  prêtre,  fils  de 
Julien  Raudouin,  sieur  de  L'Isle,  marchand,  et  de  Julienne 
Russebran,  qui  demeuraient  au  lieu  seigneurial  de  la  Grandw- 
Fontaine,  en  Ruillé.  Il  prit  possesssion  de  son  bénéfice  dans 
l'église,  au  maître-autel,  et  nous  remarquons  qu'il  avait  été 
présenté  par  François-Nicolas  de  Rediers,  curé,  et  Mathurin 
Ronneau  procureur  de  fabrique.  L'évèque  intervenait  aussi 
pour  la  collation,  comme   pour  un  bénéfice  ecclésiastique. 

La  paroisse  de  Ruillé-en-Anjou  eût  à  la  fin  du  XVIP  siècle 
un  curé  qui  laissa  une  haute  réputation  de  sainteté.  Il  se 
nommait  Julien  Rlandet,  et  disposa  d'une  fortune  considéra- 
ble en  œuvres  pies  pour  sa  paroisse,  par  testament  daté  du 


(1)  Arch.  de  la  fabrique. 

(2)  Insinuât,  ecclés.  XLII,  347. 


—  172  — 

11   août  1690.  Un  des  articles  de  ce  testament  portait  cette 
disposition  : 

«  Item,  le  dit  sieur  testateur  pour  soulager  traiter  et  médi- 
»  camenter  les  malades  de  la  dite  paroisse  de  Ruillé,  a  donné 
»  et  par  ces  présentes  donne  à  des  sœurs  nommées  les  Sœurs 
»  grises,  comme  il  y  en  a  dans  les  paroisses  et  aux  Invalides 
»  de  la  ville  de  Paris,  préférablement  à  toutes  les  autres, 
»  savoir  le  lieu  et  closerie  de  l'Infirmière,  avec  la  rente  de 
»  huit  livres  qui  luy  est  due  sur  iceluy  en  la  paroisse  de 
»  Villiers,  à  la  charge  des  autres  rentes,  tant  foncières  que 
»  féodales  qui  peuvent  être  dues  à  cause  du  dit  lieu,  que  les 
»  dites  Sœurs-Grises  acquitteront.  Item,  le  lieu  et  closerie 
»  des  Grands-Genetais  ;...  —  Item,  neuf  livres  de  rentes 
»  sur  certains  héritages  en  Sougé-le-Bruant  ;  —  Item,  la 
»  maison,  jardin  et  enclos  nommés  Bethlehem  au  bourg.  A 
»  charge  par  les  dites  Sœurs-Grises  de  faire  leur  résidence 
»  actuelle  au  dit  Ruillé,....  et  rendre  compte....  entre  les 
»  mains  des  sieurs  curé  et  procureurs  (1). 

Pour  l'exécution  de  cette  fondation  Monseigneur  de 
Lavergne,  évoque  du  Mans,  fit  venir  deux  Sœurs-Grises  à 
Ruillé.  Elles  y  demeurèrent  quelque  temps  ;  mais  les  héri- 
tiers ayant  fait  saisir  les  revenus,  elles  se  trouvèrent  hors 
d'état  de  soutenir  le  procès  et  n'ayant  personne  dans  la 
paroisse  qui  en  voulut  faire  les  frais  et  leur  procurer  les 
moyens  de  subsister,  elles  furent  obligées  de  se  retii-er. 

Quoique  dans  cette  fondation  il  ne  soit  parlé  que  du  soin 
des  malades  et  du  soulagement  des  pauvres,  le  seul  fait 
d'appeler  les  sœurs  de  Saint- Vincent -de -Paul,  montre 
qu'elles  devaient  également  s'adonner  à  l'éducation  des 
jeunes  filles,  car  toutes  les  fondations  semblables  compor- 
taient les  deux  fonctions. 

C'est  du  reste  ce  qui  se  réalisa  plus  tard.  Après  le  départ 
des  premières  sœurs  et  de  longs  débats  où  intervinrent   le 

(\)  Insinuai,  ccclàs.  LXJI.  ;ii7-35'K 


—  173  — 

curé,  M.  de  la  Planche  de  Ruillé,  seigneur  de  paroisse, 
et  les  habitants,  il  fut  d'abord  décidé  que  la  fondation 
de  M.  Grandet,  servirait  à  rétribuer  une  fille  ou  femme 
instruite  et  de  bonnes  mœurs,  qui  enseignerait  les  enfants 
et  soignerait  les  malades. 

Puis,  comme  à  cette  époque  les  sœurs  de  madame  Thulard, 
dites  d'abord  de  la  Chapelle-au-Riboul  puis  sœurs  de  la 
société  de  Sillé-le-Guillaume,  commençaient  à  se  répandre, 
et  à  taire  apprécier  leurs  services  et  estimer  leurs  vertus, 
on  les  appela  à  Ruillé.  Elles  y  exerçaient  leurs  fonctions 
charitables  en  l'année  1748.  La  fabrique  possède  en  effet 
plusieurs  reçus  signés  des  sœurs  Anne  Chapron  et  Renée 
Mézière.  Elles  touchaient  quarante  livres  par  quartier  (i). 


SAINT-BRICE. 

Les  habitants  de  Saint-Rrice  qui  n'avaient  pas  d'école 
fondée  par  des  bienfaiteurs  surent  eux-mêmes  se  pourvoir  sous 
ce  rapport.  Depuis  une  époque  que  nous  ne  pouvons  préci- 
ser ils  se  cotisaient  entre  eux  pour  faire  le  traitement  d'un 
vicaire  qui  en  même  temps  était  maître  d'école.  Les  souscrip- 
tions étaient  en  nature.  Les  métayers  donnaient  deux  bois- 
seaux de  froment,  les  closiers  et  les  meuniers  un  boisseau, 
les  chambriers  dix  sols.  Plus  anciennement  il  y  avait  un  cer- 
tain nombre  de  gerbes  ajoutées  à  ces  mesures  de  grains, 
puis  en  1759  il  fut  convenu  que  ces  gerbes  seraient  retran- 
chées «  mais  en  recompense  les  boisseaux  dénommés  au  dit 
»  acte  seront  donnés  combles  à  venue  d'aire  ». 

Tous  ces  arrangements  étaient  pris  dans  l'assemblée  du 
général  des  habitants  convoqués  à  l'issue  de  la  grand'messe 
«  en  corps  politique  ».  Le  prêtre  ainsi  choisi   promettait  de 

(1)  Arcli.  de  la  fabrique.  L'original  était  chez  M.  Legeai,  notaire  à 
Chàteau-Gontier. 


—  -17i  - 

romplir  les  fonctions  de  vicaire  et  de  sacriste  et  de  faire 
«  l'école  aux  enfants  de  la  paroisse.  Ceux  qui  envoyèrent 
»  leurs  enfants  paieront  tel  qu'il  appartient  »  où,  comme  il 
est  dit  ailleurs  «  le  maître  sera  payé  d'un  modique  salaire  ^>. 
Les  vicaires  maîtres  d'école  que  nous  connaissons  pour 
Saint-BricesontMM.  Chauvière,  Louis-Antoine Lefebvre  1759, 
Urbain-François  Leroyer,  prêtre  précédemment  attaché  au 
collège  de  Sablé  (1),  1701,  François  Chehère  (2),  1771, 
François  Pochard,  1781  (3) 


SAINT-CHARLES-LA-FORET. 

Nous  n'avons  rien  trouvé  d'assez  précis  sur  cette  paroisse 
fondée  en  1689  et  qui  vit  naître,  un  siècle  plus  tard,  Mgr. 
J.-B.  Bouvier,  évêque  du  Mans. 


SAINT-LOUP-DU- DOIGT. 

Au  XVe  siècle  les  assises  de  la  seigneurie  de  Saint-Loup  se 
tiennent  plusieurs  fois  dans  la  maison  cVécole  (4). 

Le  '20  décembre  1632,  par  testament  devant  M"  Cousin, 
notaire  à  Auvers-le-Hamon,  Jean  Regard  et  Louise  Neveu, 
son  épouse,  fondèrent  le  collège  de  Saint-Loup.  Il  y  eut  un 
codicile  à  ce  testament  ajouté  par  les  époux  le  28  mai  1649. 

(1)  Arch.  de  la  fabrique. 

(2)  Nous  trouvons  Urbain  Leroyer,  fils  de  Louis  Leroyer  et  de  Marie 
Bigot,  de  la  Poôlé,  qui  fut  tonsuré  au  Mans  en  1749.  {Ini>inuat.  ccdés.) 

(3)  On  trouveia  dans  Vliistoire  de  l'é(jlise  du  Mans,  et  dans  les  Recher- 
ches nnr  la  Trinité  de  Laval,  de  nombreux  faits  concernant  M.  Chehère, 
qui  après  avoir  débuté  par  les  modestes  fonctions  de  maître  d'école  et  de 
vicaire  de  Saiiit-Brice,  devint  chanoine  du  Mans,,  administrateur  du  tem- 
porel de  l'évêché  pendant  les  mauvais  jours  de  'i791-l792,  enfin  au  retour 
de  l'ordre,  cure  de  la  Trinité  de  Laval.  Il  était  né  à  Fromentières,  paroisse 
voisine  de  Saint-Brice. 

(4)  Arch.  du  cliàteau  des  Chesnais,  en  Bouessay. 


—  175  — 

Nous  n'avons  point  trouvé  l'acte  original  que  nous  aurions 
transcrit  ici,  mais  une  simple  mention  qui  en  est  faite  dans 
un  titre  postérieur. 

Nous  savons  par  un  compte  de  fabrique  de  la  paroisse  en 
quoi  consistait  la  dotation  du  collège  et  prestimonie  de  Saint- 
Loup.  C'étaient  :  «  un  lieu  situé  au  village  de  la  Goupillère, 
en  Beaumont;  15  livres  sur  un  pré  au  lieu  de  la  Morlière, 
en  Beaumont;  6  livres  sur  la  closerie  de  la  Fouperais,  en 
Saint-Loup  ;  la  maison  où  demeure  le  titulaire  du  dit  collège 
et  prestimonie,  au  bourg  de  Saint-Loup  ;  la  maison  nommée 
le  cadran,  au  dit  bourg  ;  un  emplacement  de  maison  où  il  y 
a  quelques  pierres.  » 

Les  obligations  du  principal  du  collège  étaient  :  «  de  faire 
»  l'école  tous  les  jours  ouvrables  deux  fois  par  jour...,  la 
»  première  à  huit  heures  du  matin,  la  deuxième  à  deux 
»  heures  après-midi...  ;  leur  montrer  avec  douceur  à  lire  et 
»  à  écrire  et  l'arithmétique,  et  les  instruire  en  la  religion 
»  catholique,  apostolique  et  romaine,  en  étant  payé  d'un 
»  salaire  modique  par  chaque  enfant.  Il  montrera  aux  pau- 
»  vres  gratis  et  acquittera  les  services  et  messes  dont  est 
»  chargé  le  dit  collège.  » 

Comme  le  principal  du  collège  remplissait  en  même  temps 
les  fonctions  de  sacri.ste,  aidant  le  curé  à  faire  l'office  divin, 
confessant  et  administrant  les  habitants,  il  recevait  à  ce  titre 
une  rétribution  en  grains  et  en  argent  des  paroissiens  ;  des 
métayers,  deux  boisseaux  ;  des  cloi.siers  un  boisseau,  des 
chambriers,  dix  sols.  Les  métayers  devaient  aussi  un  charroi 
par  an  quand  ils  en  étaient  requis  (1). 

La  situation  du  maître  d'école  de  Saint-Loup  était  comme 
on  le  voit,  plus  avantageuse  que  celle  de  Saint-Brice.  Il  ne 
faut  donc  pas  être  surpris  que  la  place  venant  à  vaquer  par 
décès  de  François  Chasteau,  Louis-Antoine  Lefebvre  quittât 
Saint-Brice  pour  la  solliciter.  Il  fut  admis,    après   concour.s, 

(1)  Étude  de  M*"  Mouëzy. 


—  176  — 

comme  le  plus  capajjle  de  ceux  qui  s'étaient  présentés, 
en  1760.  Quatre  ans  après  il  alla  demeurer  à  Saint-Christophe, 
près  Vallon.  Le  curé  et  les  habitants  choisirent  alors  M" 
François  Tregory,  prêtre,  qui  demeurait  à  Sablé,  et  devint 
en  1768  vicaire  de  La  Cropte.  Jean  Fresnaye,  natif  de 
Lignière-la-Doucelle,  demeurant  à  Ghassiilé,  le  remplaça. 
On  le  trouve  encore  en  fonction  en  1778. 


VILLIERS-eUARLE.MAGNE. 

Par  son  testament  du  5  décembre  1580,  maître  Guillaume 
Lebreton,  curé  de  Nuillé-sur-Vicoin  (1),  donne  à  la  fabrique 
une  maison  située  au  bourg  de  Villiers-Charlemagne,  pour 
.servir  de  maison  d'école,  il  ajouta  comme  dotation  plusieurs 
pièces  de  terre.  Cette  fondation  primitive  fut  depuis  augmen- 
tée par  divers  bienfaiteurs.  C'était  le  prêtre  sacristain  qui 
remplissait  les  fonctions  de  maître  d'école,  et  qui  jouis.sait 
de  la  maison  léguée  par  Guillaume  Lebreton.  Les  deux 
derniers  titulaires  avant  la  Révolution  furent  MM.  Gorbin  et 
Abafour  ('2). 

A.  ANGOT. 

(1)  Guillaume  Lebreton  qui  succédait  à  un  oncle  poilant  les  mêmes 
noms,  avait  été  curé  du  Genest,  et  possédait  un  canonicat  de  Saint-Michel 
de  Laval.  {Insinuât,  ecclés.  XV,  J89,  XVI,  217.) 

(2)  Arch.  de  la  fabrique. 


SUPPLEMENT 

AUX 

MCllElICllES  lUSTIIRiaiES 

SUR 

MAYET,  AUBIGNÉ,  COULONGÉ,  LAVERNAT,  SARCÉ, 
VERNEIL-LE-CHÉTIF  ET  VAAS  (MAINE). 


Depuis  la  pablicatiou  de  nos  Recliercltes  historiques  sur 
les  paroisses  composant  le  canton  de  Mayet  (1856-1859), 
nous  avons  trouvé  de  nouveaux  documents  dans  les  archives 
du  département  de  la  Sarthe,  nous  les  avons  analysés  très 
sommairement  afin  de  compléter  notre  travail  et  pour  satis- 
faire au  désir  qui  nous  en  a  été  exprimé  par  plusieurs  chro- 
niqueurs de  notre  histoire  du  Maine. 

Pour  avoir  tout  ce  que  nous  avons  écrit  sur  le  canton  de 
Mayet,  il  faut  ajouter  à  nos  Recherches  historiques  les  bro- 
chures suivantes  : 

i«  Mayet  avant  1789.  —  Noblesse  et  peuple.  —  Des  inhu- 
mations dans  les  églises  ; 

2"  Inventaire  sommaire  des  reglstrcb  de  Vélat  civil  anté- 
rieun^  à  1190  des  paroisses  d'Aubignë,  Coulongé,  Lavernat, 
Sarcé,  Vaas  et    Verneil-le-Chétif  ; 

3°  Vente  des  Mens  nationaux  du  canton  de  Mayet,  etc.; 

4"  Documents  inédits  ;  une  dénonciation  en  1191  ; 

5"  Vente  des  biens  nationaux  de  la  Sarthe.  —  Vente  du 
mobilier  des  églises  de  la  SartJie,  4  vol.  in-12. 

"  XXIV.    12 


—  178 


MAYET. 

IJIMES  DE  LA  PAROISSE  DE  :MAYET. 

1374.  —  Acte  par  lequel  le  chapitre  de  Saint-Julien  du 
Mans  s'engage  à  nommer  au  prévôt  de  Mayet  et  à  ses  succes- 
seurs un  homme  vivant  et  mourant,  et  à  lui  payer  une 
somme  de  G  livres  tournois  à  chaque  mutation  d'homme 
vivant  et  mourant^  pour  raison  d'une  dime  de  la  dite  paroisse, 
acquise  et  léguée  au  chapitre  par  M*'  Pierre  Papin,  l'un  de 
ses  memhres. 

Le  8  avril  1417  (1),  Adam  de  Glennes,  seigneur  des  Salles 
et  de  la  Roche-Mayet,  et  Jeanne  Savary,  sa  femme,  c<  donnent 
et  laissent  au  curé  de  Mayet  et  à  ses  successeurs,  la  sixième 
partie  des  dixmes  de  la  paroisse  de  Mayet,  laquelle  les  dits 
donneurs  ont  accoutumé  prendre  et  recevoir  chacuns  ans 
en  la  part  et  part  commun  que  les  chanoines  de  Monsieur 
saint  Julien  du  Mans  prennent  es  dixmes  de  la  paroisse  de 
Mayet.  » 

17  mars  1520,  déclaration  rendue  à  Olivier  Hamelet  ('2), 
seigneur  de  la  Roche-lMayet,  par  Michel  Quelin,  curé  de 
Mayet. 

Le  18  juillet  1534,  transaction  entre  les  chanoines  de 
Saint-Martin-de-Tours  et  de  Saint-Julien  du  Mans,  d'une 
part,  et  Michel  Quélain,  curé  de  Mayet,  dans  laquelle  les 
chanoines  du  Mans  expliquent  leurs  droits  en  ces  termes: 
((  qu'ils  sont  propriétaires  et  possesseurs  de  la  moitié  par 
indivis  avec  les  chanoines  de  Saint-Martin  de  Tours  de  la 
grande  dixmerie  de  la  paroisse  de  Mayet,  des  bleds  et  vins 
croissant  en  icelle,  qu'ils  tiennent  à  foi  et  hommage  de  Saint- 
Martin.  Par  ladite  transaction  qui    porte   augmentation    du 

(1)  Voy.  Bediercfies  historiques  sur  Mayet,  t.  I,  p.  228. 
(•2)  V.  Rech.  hisl.  sur  Maijet,  t.  I,  p.  229. 


—  179  — 

gros  deub  au  curé..,  il  est  parlé  de  la  dixmerie  du  prévôt  de 
Mayet  (l'un  des  chanoines  du  dit  Saint-Martin),  comme  ayant 
la  garde  et  l'administration  des  droits  de  ladite  édise  de 
Saint-Martin  et  soubs  les  dits  de  chapitre.  » 

Le  23  février  1563,  autre  .transaction  entre  les  dits  cha- 
noines de  Tours  et  du  Mans  et  René  Gaultier,  curé  dudit 
Mayet,  dans  laquelle  il  est  dit  que  les  curés  ne  prendront 
que  le  sixte  sur  les  dits  Saint-Julien. 

6  octobre  1586,  déclaration  rendue  à  Jean  Hamelet  (1), 
seigneur  de  la  Roche-Mayet,  par  René  Gaultier,  de  Mayet. 

11  juillet  1601,  aveu  rendu  par  Merlin  Aublanc,  prévôt  de 
Mayet,  à  Antoine  de  Girois,  seigneur  de  la  Roche-Mayet. 

17  avril  1650,  M«  Marin  Trouillet  étant  décédé,  ses  héritiers 
ont  reçu,  «  le  sixte  sur  la  moitié  qui  appartenait  au  chapitre 
du  Mans  de  toutes  les  espèces  de  bled  du  canton  de  la 
Picardière  et  des  Loges,  à  Mayet,  et  ils  en  ont  fait  raison  du 
temps  de  la  prise  de  possession...  » 


EGLISE    DE    SAINT-MARTIN. 

1505.  —  Transaction  entre  le  procureur  de  la  fabrique  et 
Adenet  de  Vezins,  écuyer,  frère  et  principal  héritier  de  l'eu 
Antoine  de  Vezins,  au  sujet  de  l'inhumation  du  corps  de  ce 
dernier  dans  l'église  de  Mayet. 

1666.  —  Résultat  d'assemblée  du  général  des  habitants  de 
Mayet  contenant  l'énumération  de  réparations  faites  à  la  dite 
église  par  M<^  Mathurin  Besnard,  prêtre,  bachelier  en  théolo- 
gie, leur  curé,  à  ses  dépens  ;  le  dit  acte  délivré  pour  servir 
((  d'un  monument  perpétuel  de  reconnaissance  des  libéralités 
dudit  sieur  curé.  » 

1667.  —  Ordonnance  de  Philbert-Emmanuel  de  Beauma- 
noir  de  Lavardin,  évèque  du  Mans,  concernant  les  droits  de 
place  et  d'inhumation  dans  l'église  de  Mayet. 

(1)  V.  Bech.  hist.  sur  Mayet,  1. 1,  p.  229. 


180 


1674.  —  Testament  de  Me  Julien  AUoyau,  prêtre,  curé  de 
Mayet,  portant  legs  à  la  fabrique  d'une  rente  de  18  livres 
tournois  sur  les  Grands-Champs,  près  le  bourg  de  Mayet, 
pour  la  fondation  à  perpétuité  d'une  messe  basse  tous  les 
samedis  en  l'église  dudit  lieu. 

Documents  concernant  une  rente  de  10  sous  sur  une 
maison,  jardin  et  terre  ;  autre  rente  de  3  livres  5  sous  sur 
une  maison,  cave  et  portion  de  jardin  au  lieu  des  Bois  de  la 
Boulaye,  situés  à  Mayet. 

1730.  —  Contestation  devant  l'official  du  Mans  entre 
M«  Philippe  Mi  Ilot,  prêtre,  curé  de  Mayet,  et  messire 
François-Pierre  de  Girois,  chevalier,  seigneur  de  Neuvy, 
la  Roche-Mayet  et  autres  lieux,  au  sujet  de  M*^  Barthélémy 
Merreau,  prêtre,  principal  du  collège  et  pourvu  de  l'office  de 
la  sacristie  de  l'église  de  Mayet. 


CHAPELLE  DE  SAINT-JEAN-BAPTISTE  DITE  DE  DARON. 

1673.  —  Aveu  à  Jean  de  Hodon,  écuyer,  seigneur  de 
l'Épinay  et  du  fief  et  seigneurie  de  Sarceau,  en  Sarcé,  comme 
héritier  de  daine  Renée  de  Ségrais,  épouse  de  messire  René 
de  Hodon,  chevalier,  seigneur  de  la  Gruellerie,  Vauloger, 
Haute-Perche,  son  père ,  \n\v  Jean  de  Sarrazin,  écuyer, 
.sieur  de  l.i  iirossardière,  titulaire  de  la  chapelle  de  Saint- 
Jean-Baptiste  de  Daron  (1),  desservie  en  l'église  de  Saint- 
Martin  de  Mayet,  pour  divers  biens  en  dépendant. 

1693.  —  Déclaration  rendue  par  M"  Jean  Dubut,  écuyer, 
titulaire  de  la  chapelle  de  Saint-Jean-Baptiste  dite  de  Daron 
de.sservie  en  l'église  de  Saint-Martin  de  Mayet,  à  messire 
Honorât  de  Bueil,  marquis  de  Bueil,  seigneur  de  la  Roche- 
Racan  et  autres  lieux,  «  pour  la  métairie  de  la  Raguenerie, 
située  à  Saint-Paterne,  en  Touraine,  dépendante  du  dit 
bénéfice.  » 

(1)  V.  Rech.  Iiist.  sur  Mm/cl.  t.  I.  p.  14't. 


—  181  — 

1779.  —  Aveu  rendu  au  fief  de  la  châtellenie  de  Saint- 
Martin  de  Mayet  par  M"  Joseph-Philippe  Le  Breton,  titulaire 
de  la  chapelle  Daron,  pour  le  lieu  de  la  Coquillonnière,  à 
Mayet,  dépendant  de  ladite  chapelle. 

1781.  —  Aveu  rendu  pour  la  métairie  de  la  Bouteuserie,  à 
Mayet,  par  M«  Joseph-Philippe  Le  Breton,  prêtre,  doyen  de 
l'église  royale  et  collégiale  de  Saint-Mesme  de  Chinon, 
officiai  en  la  même  ville  de  l'archevêque  de  Tours,  titulaire 
de  la  chapelle  Baron,  à  mesbire  Pierre  -  François-Benis- 
Gabriel-Henri  marquis  de  Girois,  chevalier,  seigneur  de 
Neuvy,  châtellenie  de  la  paroisse  de  Saint-Martin  de  Mayet, 
Sarceau,  la  Garrelière,  Vauloger,  Haute-Perche,  et  autres 
lieux,  capitaine  de  cavalerie  au  régiment  de  Bourgogne,  au 
regard  du  fief  de  Sarceau. 


CHAPELLE  DE  N.-D.  DE  SAINTE-CROIX. 

1667.  —  Ordonnance  de  l'évêque  du  Mans  concernant  le 
service  de  la  chapelle  de  Sainte-Croix  (1)  et  celui  de  la 
chapelle  de  Saint-Jean-Baptiste  de  Baron  desservie  en  l'église 
de  Mayet. 

Bequête  adressée  à  l'évêque  du  Mans  à  l'effet  de  provoquer 
la  translation  de  la  relique  de  Sainte-Croix  et  de  la  retirer  des 
mains  de  messire  Bené  de  Hodon,  chevalier,  seigneur  de  la 
Gruellerie. 

1687.  —  Procès-verbal  de  translation  dans  la  dite  chapelle 
de  Sainte-Croix,  de  la  relique  de  la  vraie  croix,  en  présence 
de  plus  de  1^2,000  personnes,  tant  de  Mayet  que  des  paroisses 
limitrophes,  et  des  principaux  représentants  de  la  noblesse 
dudit  lieu,  par  M^  Mathurin  Besnard,  prêtre,  curé  de  Mayet 
et  promoteur  de  l'évêché  du  Mans. 

(2)  V.  Récit,  liifit.  sur  Mayet,  t.  I,  p.  156. 


iS'2 


CHAPELLE  DE  X.-l).  DE   I.'ANNOiNCIATION    DE  OUITTION. 

1(j7'2.  —  Acte  par  lequel  messire  Jacques  de  Girois,  cheva- 
lier, seigneur  de  Neuvy  et  de  la  Roche,  de  Mayet,  reconnaît 
avoir  reçu  de  Papin,  l'indemnité  de  certains  fonds  affectés  à 
la  dotation  de  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Guittion  (1). 

17^22.  —  Déclaration  d'une  partie  du  temporel  de  la  cha- 
pelle de  Notre-Dame  de  Guittion  faite  à  dame  Marie  de 
Sarrazin  de  Vezins,  épousf  non  foiiuiiune  en  biens  de  mes- 
sire Joseph  de  Montesson,  clicvalier,  seigneur  de  Vezins  et 
autres  lieux,  par  M«  Louis-René  Duvau  prêtre,  titulaire  de 
la  dite  chapelle. 


ÉGLISE    ou    CHAl'ELLE    DE    SAINT-NICOLAS. 

Comptes  de  la  fabrique  de  la  chapelle  de  Saint-Nicolas  (2) 
rendus  par  Pierre  ChevaJHer  (  17i8),  par  darne  Marguerite 
Leloup  veuve  du  sieur  Jacques  Douttevin,  vivant  marchand 
(170.")),  par  Charles  Bouttevin,  aussi  marchand  et  procureur 
de  la  fabrique  (1789). 


CHAPELLE     DE     LA     TRINITE. 

1502.  —  La  chapelle  de  la  Trinité  (3)  a:u  château  de  Mayet 
a  été  fondée  par  dame  Cécile  Cuillette,  veuve  de  feu  Jean  de 
Hodon,  en  son  vivant  écuyer,  seigneur  du  château  et  forte- 
resse de  Mayet.  La  veuve  de  Hodon  était  tutrice  de  ses 
enfants  mineurs  :  Adam,  François,  Elie,  Charles  et  Julien. 

(1)  V.  Itccli.  Iiisl.  sur  Maijiil,  t.  1.  p.  17(1. 
i-2)  V.  licch.  hisl.  sur  Mayel,  I.  I,  p.  81 . 
ni)  V.  ncr.h.  hhl.  sur  Muijel,  l.  1,  |..  '208. 


—  183  — 

Cette  chapelle  était  dotée  des  titres  suivants  . 

1-457.  —  Titre  d'une  rente  de  3  livres  10  sous  sur  le  champ 
des  Guignons,  à  Mayet.  Contrat  d'acquêt  par  Marie  Bonnard, 
femme  d'Adam  de  Hodon,  notaire  et  secrétaire  du  Roi,  sei- 
gneur du  Château  de  Mayet,  d'une  rente  de  35  sous  assise  sur 
Taître  et  appartenance  de  l'Orberie^  à  Mayet,  vendue  par 
Guillaume  de  Vendômois,  écuyer,  seigneur  de  la  Pivardière, 
à  Mayet.  Reconnaissance  d'une  rente  de  18  boisseaux  de  mou- 
ture, valant  seigle,  assise  sur  le  moulin  des  Chevriers,  à  Mayet, 
donnée  par  messire  Urbain  d'Argy,  chevalier,  seigneur  de 
Baigneux,  demeurant  au  village  de  Saint-Nicolas,  représen- 
tant défunt  messire  Jean  d'Argy,  chevalier,  son  père,  pro- 
priétaire dudit  moulin  (1709).  Titre  d'une  rente  de  9  bois- 
seaux de  froment  et  2  chapons  sur  le  lieu  de  la  Gruellerie, 
à  Mayet.  Rente  de  15  sous  sur  17  hommées  de  vigne  au  clos 
des  Rivières,  à  Mayet.  Rente  de  4  livres  15  sous  sur  les 
vignes  de  la  Chapelle,  à  Mayet. 


MOULINS  DU  CHATEAU  ET  DU  MILIEU. 

1454.  —  Accord  entre  les  religieuses  de  Bonlieu  près 
Château-du-Loir  et  maître  Adam  de  Hodon,  notaire  et  secré- 
taire du  Roi,  seigneur  du  château  et  forteresse  de  Mayet,  au 
sujet  du  paiement  de  la  rente  de  2  septiers  de  froment  et  de 
3  septiers  de  mouture  que  les  religieuses  disaient  leur  être 
due  sur  le  moulin  du  Château  (1)  et  sur  le  moulin  du  Milieu, 
à  Mayet,  ce  qui  avait  été  contesté  par  ledit  Adam  ;  <(  cette 
rente,  soutenait-il,  eut-elle  été  due  autrefois,  ne  le  serait 
plus  maintenant  par  la  raison  que  par  l'inconvénient  de  la 
guerre  de  28  ou  30  ans  ou  environ,  iceulx  moulins  estoient 
et  sont  demeurés  en  ruyne  et  à  non  valoir  du  tout,  et  icy  a 
aucune  habitation  en  nul   d'iceulx,   aussi   ne  lui   valurent 

(l)  V.  Rech.  hinL.  sur  Mayet,  t,  T,  p.  199.  Ces  moulins  n'existent  plus. 


184 


oncques  rien  ne  n'y  eut  aucun  prouffit  durant  la  guerre  ni 
depuis  la  délivrance  du  pais  du  Maine  de  la  main  des 
Anglais.  » 

1480.  —  Sentence  du  bailli  de  Château-du-Loir  condam- 
nant M*^  Adam  de  Hodon,  seigneur  du  Château  de  Mayet,  à 
payer  à  l'abbaye  de  Bonlieu  4  boisseaux  de  froment  de  rente 
assis  sur  6  journaux  de  terre  au  carrefour  de  la  Gucherie, 
4  sols  et  1  maille  de  cens  sur  les  Roches,  et  2  septiers  de 
froment  et  3  de  seigle  de  rente  sur  les  moulins  de  Mayet. 

1503.  —  Accord  au  sujet  du  paiement  de  cens  et  rentes 
entre  les  religieuses  de  Bonlieu  et  demoiselle  Cécile  Cuillette 
veuve  de  Jean  de  Hodon,  écuyer,  seigneur  du  château  de 
Mayet,  tutrice  de  ses  enfants  mineurs. 


ESIGNE. 

1341.  —  Le  lieu  d'Esigné  doit  une  rente  de  5  boisseaux  de 
froment  au  prieuré  de  Château-l'Hermitage. 

1454.  —  Sentence  des  assises  du  fief  de  Sarceau  qui  réduit, 
du  consentement  d'Adam  More,  prieur  de  Château-l'Hermi- 
tage, la  rente  du  lieu  d'Ésignc,  qui  était  trop  chargée,  à 
5  boisseaux  de  froment,  mesure  de  Mayet. 

Essigné  ou  Esigné  s'étendait  sur  les  parois.ses  de  Mayet  et 
de  Verneil. 

1455.  —  Déclaration  rendue  par  Adam  More,  prieur  de 
Château-l'Hermitage,  à  noble  homme  Alain  Haussart,  écuyer, 
seigneur  de  la  terre  de  Sarceau,  à  cause  de  demoiselle 
Jeanne  Maréchalle,  son  épouse,  mentionnant  la  dite  rente 
du  lieu  d'Esigné. 

1404.  —  Acte  de  Jeanne  Maréchalle,  veuve  de  feu  Alain 
Haussart,  écuyer,  dame  de  Sarceau  et  «  gouverneresse  de 
monseigneur  de  Berry,  fils  du  feu  roi  Charles  d,  cède  au 
prieur  de  Château-l'Hermitage,  Adam  More,  5  boisseaux 
froment  de  rente  que  lui  doivent  faire  Pierre  Vaillant   et  sa 


—  185  - 

femme,  sur  divers  héritages  à  Mayet  et  pour  se  libérer  de  la 
rente  précitée  assise  sur  le  lieu  d'Esigné. 

1580.  —  Transaction  sur  procès  intervenu  en  la  cour  du 
Roi,  entre  les  religieux  de  Château-l'Hermitage  et  haut  et 
puissant  seigneur  Jean  de  Hamelet,  chevalier  de  Tordre  de 
Saint-Michel,  seigneur  de  la  Roche -Mayet  et  métairie 
d'Esigné,  en  Saint-Martin  de  Mayet,  portant  reconnaissance 
de  la  dite  rente  de  5  boisseaux  de  froment.  Témoins  : 
Joachim  de  Sarazin ,  écuyer ,  sieur  de  Vezins  ;  Jacques 
d'Argy,  écuyer,  seigneur  de  Baigneux,  et  W  René  Gaultier, 
curé  de  Saint-Martin  de  Mayet. 

LA   ROQUERIE. 

1435.  —  Demoiselle  Blanche  du  Pont,  dame  du  château 
des  Salles  de  Mayet,  veuve  d'Adenet  de  Glennes,  en  son 
vivant  seigneur  du  dit  lieu,  vend  à  W  Jean  Salles,  curé  de 
Mayet,  une  rente  de  trois  septiers  de  froment,  assise  sur  la 
métairie  de  la  Roquerie,  appelée  aujourd'hui  Roguerie  dite 
paroisse,  pour  la  somme  de  15  livres  tournois. 

1468.  —  Testament  de  Jean  Salles,  curé  de  Mayet,  par 
lequel  il  donne  une  rente  de  trois  septiers  de  froment,  assise 
sur  la  métairie  de  la  Roquerie,  à  la  cure  de  Mayet  à  la  charge 
de  services  religieux. 

LA    COQUILLONNIÈRE. 

1775.  —  Une  rente  de  4  boisseaux  de  froment,  mesure 
de  Mayet,  est  assise  sur  le  lieu  de  la  Coquillonnière,  sis  à 
Mayet,  au  profit  de  la  cure  de  Sarcé. 


LA    GROCHARDIERE. 


1420.  —  Vente  par  noble  Robert  de  Vendosmoys,  écuyer, 


186 


seigneur  de  Chources  (i),  à  Mayet,  aux  prieur  et  religieux 
de  Ciiâteau-rHermitage  d'une  foi  et  hommage  simple  avec 
3  sous  lournois  de  service  annuel  audit  écuyer  sur  lu 
Crochardière,  sise  à  Mayet,  plus  d'une  rente  annuelle  et 
perpétuelle  de  30  sous  tournois  mise  sur  les  choses  du 
domaine  de  Chources,  à  Mayet,  le  tout  pour  le  prix  de 
30  livres  tournois  payées  comptant. 

1405.  —  Procès  pendant  entre  les  religieux  de  Château- 
l'Hermitage  et  les  fermiers  de  la  Crochardière  devant 
M«  Jehan  Basnard,  bailli  de  Touraine,  «  des  ressorts  et 
exemptions  d'Anjou  et  du  Maine  ». 

1490.  —  Abonnement  par  Jehan  Carreau,  écuyer,  seigneur 
de  la  Carrelière,  à  Mayet,  à  Jehan  Simon,  sieur  de  Vaumorin, 
à  Mayet,  de  mener  paitre  et  pâturer  ses  bestiaux  de  la 
Crochardière  sur  les  landes  du  lieu  de  la  Carrelière,  moyen- 
nant chacun  an  6  boisseaux  d'avoine  et  2  gros  poulets. 

Ii98.  —  Bail  à  moitié  de  la  métairie  de  la  Crochardière 
par  les  religieux  ù  Jehan  Simon,  de  Mayet,  pour  sa  vie,  celle 
de  sa  femme  et  d'un  de  leurs  enfants. 

1527.  —  Acte  par  lequel  les  religieux  de  Château-l'Hermi- 
tage  échangent  avec  la  veuve  de  Jehan  Simon,  plusieurs 
pièces  de  terre  et  un  cours  d'eau  descendant  du  moulin  de 
Salvert,  à  Mayet,  au  moulin  à  tan  de  la  dite  veuve,  contre 
un  tiers  de  journal  de  terre  et  une  rente  inféodée  de  30  sous 
et  2  chapons,  avec  réserve  de  pouvoir  faire  construire  un 
nouveau  inoiiliii  cl  d'y  retirer  les  eaux. 

1503.  —  L'aliénation  de  la  métairie  de  la  Crochardière  est 
poursuivie  p;u'  noble  François  de  Hodon ,  seigneur  du 
château  de  Mayet. 

156i.  —  Bail  à  moitié  de  la  Crochardière  fait  par  Jacqu^  s 
de  la  Taillaye,  prieur  de  Chàteau-l'Hermitage,  à  Etienne 
Benoit   et  à  Matlnnin  Chalubert,  de  Mayet,  (pii  devront  en 

il)  On  lioiivc  ce  nom  écrit  :  Chources,  Chourses,  Cliourclics.  Soiirchos. 
etc. 


—  187  - 

outre  payer  annuellement  au  bailleur  12  chapons,  16  poulets, 
2  poids  de  beurre  salé,  des  œufs  frais,  et  de  5  en  5  ans  cinq 
aunes  de  toile  de  brin,  1  livre  et  demie  de  duvet,  2  livres  de 
plume  et  une  livre  de  cire  pour  l'église. 


CIIOURCES. 

1677.  —  Messire  Jacques  Bandeau,  économe  du  prieuré 
de  Chàteau-l'Hermitage  depuis  le  3  avril  1667,  s'est  trans- 
porté au  lieu  seigneurial  de  Chources,  à  Mayet,  afin  d'offrir 
à  la  marquise  de  Beaumanoir,  dame  de  Chources,  la  foi  et 
hommage  pour  raison  de  la  dite  métairie.  En  marge  est 
écrit  :  cette  foi  et  hommage  n'était  pas  due. 

1693.  —  Foi  et  hommage  rendus  par  messire  de  Monlezun 
de  Busca,  prieur  de  Château-l'Hermitage,  à  dame  Marie  de 
Neuchèze,  veuve  en  premières  noces  de  messire  Claude  de 
Beaumanoir,  lieutenant  pour  le  Roi  ès-provinces  du  Maine, 
Perche  et  Laval,  à  présent  épouse  de  messire  Charles  du 
Laurens,  chevalier,  comte  de  Beauregard,  et  non  commune 
en  biens  avec  lui,  dame  du  château  de  Mayet  et  de  la 
seigneurie  de  Sourches  (1). 

1781.  —  Déclaration  censive  rendue  par  messieurs  de 
Chàteau-l'Hermitage  à  messire  Claude  -  Philippe- Anne 
Thibault,  marquis  de  la  Roche-Tulon,  seigneur  de  la  chât':='l- 
lenie  de  la  Tour  de  Beaumont,  Beaudiment,  château  du  Fort 
des  Salles,  de  Mayet,  et  autres  lieux,  ancien  colonel  d'infan- 
terie, chevalier  de  Saint-Louis,  à  cause  de  son  fief  de 
Sourches,  dépendant  du  château  de  Mayet,  demeurant  en 
son  château  de  Beaudiment,  paroisse  de  Moussaie  et  la 
Madeleine,  province  de  Poitou. 

(1)  V.  Rech.  hist.  sur  Mayet,  t.  I,  p.  260  et  suiv. 


—  188 


L  EPINAY 


1i03.  —  Transaction  entre  Séguin  -  l'Enfant,  écuyer, 
seigneur  de  Varennes  et  de  la  Roche-Mayet,  et  les  religieux 
de  Cliàteau-l'Hermitage,  i)ai'  la(]uelle  le  premier,  en  échange 
de  17  livres  2  sous  7  deniers  maille  tournois  de  rente  qu'il 
devait  au  prieur  de  Varennes,  lui  donne  4  livres  de  rente 
sur  la  métairie  du  Chêne,  plus  7  livres  9  sous  3  deniers,  un 
quart  cens  et  rentes  sur  divers  héritages,  plus  le  décharge 
lie  19  sous  1  denier  de  rente  sur  la  métairie  d'Epinoyau 
(l'Epinay). 

LE   HOUX. 

1749.  —  Déclaration  à  la  commanderie  d'Artins  par  mes- 
sire  François  de  Girois,  chevalier,  seigneur  de  Neufvy,  la 
Roche-Mayet  et  autres  lieux,  demeurant  à  Mayet,  lequel 
avait  acquis,  entre  autres  biens,  en  17 ii,  la  métairie  du 
IIoux,  à  Mayet. 

LA    BOUGERIE. 

1632.  —  Bail  à  plusieurs  vies  du  lieu  de  Bourgerie,  appelé 
aujourd'hui  la  Bougerie  (1),  sis  à  Mayet,  affermé  par  messire 
Gaspard  de  Daillon,  conseiller  du  Roi,  en  ses  conseils  d'Etat 
et  privé,  évèque,  comte  d'Agen,  abbé  des  Châtelliers  et 
prieur  commendataire  de  Château-THermitage,  à  Pierre 
Fontenay. 

en A.MP    DU    TAPPOX. 

152'i.   —   Transaction  au  sujot  d'un   procès  relatif  à  une 
'Il  V.  liech.  Iiiil.  sur  Mayelf  t.  l,  p.  iJil. 


—  189  — 

rente  de  30  boisseaux  de  blé  sur  le  champ  du  Tappon,  à 
Mayet,  entre  noble  dame  Françoise  de  Villiers,  au  nom  et 
comme  tutrice  naturelle  de  noble  Geoffroy  de  Baïf,  seigneur 
de  Mangé,  à  Verneil-le-Chétif,  et  de  ses  autres  enfants  issus 
d'elle  et  de  messire  François  de  Baïf,  chevalier,  en  son 
vivant  seigneur  de  Mangé,  et  les  religieux  de  Chàteau- 
l'Hermitage.  (Voy.  sur  cette  famille  :  Recherches  historiques 
sur  Aubigné  et  Verneil,    p.    493.) 


LES    GUITTONNIERES. 

1350.  —  Bail  à  vie  consenti  par  les  religieux  de  Chàteau- 
THermitage  à  Julien  de  Vezins  et  à  Macée,  sa  femme,  d'une 
vigne  et  d'un  journal  de  terre  appelé  les  Guittonnières,  ou 
plutôt  les  Guillonnières,  à  Mayet,  moyennant  une  rente  d'un 
septier  de  seigle  et  de  i'-l  deniers  de  cens. 


LAUBEPIN. 

1419-1432.  —  Baux  de  Laubepin  pour  une  rente  annuelle 
de  3  septiers  de  seigle,  20  sous  tournois  et  2  poules. 

1482.  —  Bail  de  Laubepin,  à  Mayet,  consenti  par  les  reli- 
gieux de  Chàteau-l'Hermitage,  à  Jean  de  La  Porte,  à  sa 
femme  Marguerite,  et  au  plus  vivant  de  ses  enfants  nés  et  à 
naître,  pour  une  rente  annuelle  de  3  septiers  de  seigle, 
mesure  de  Mayet,  15  sous  tournois  en  argent  et  4  bonnes 
poules.  Le  lieu  de  Laubepin  dépendait  du  fief  de  la  Bougerie. 


LES    BUCHETIERES. 

1622-1668.  —  Déclarations  rendues  a  messire  Gaspard   de 
Daillon,  prieur  de  Château-l'Hermitage,  par  Louis  Guillot, 


—  190  — 

écuyer,   sieur   de  Launay,  à  cause  de  Marguerite  de  Hodon, 
son  épouse,  seigneur  du  fief  des  Buchetières,  à  Mayet. 


BOIS  -  DE  -  JOIE. 

1530.  —  Transaction  sur  un  procès  entre  messire  Loys, 
humble  prieur  de  Château-l'Hermitage,  et  M«  Martin  Fermé, 
prêtre,  par  laquelle  celui-ci  abandonne  la  sai.sine  et  posses- 
sion d'une  pièce  de  terre  et  bois  appelée  autrefois  la  Mar- 
chandière  et  à  présent  les  Planches  et  Bois-de-Joie,  à  Mayet, 
en  éch.inge  de  certaines  vignes  sises  à  Pendloup,  .Mayet. 


LA      GESIERE. 

La  Gé.sière  appelée  anciennement  la  Jugésière. 

151  i.  —  Frère  Guillaume  de  Germaincourt,  religieux  tlu 
prieuré  de  Château-l'Hermitage,  titulaire  de  la  chapelle  de 
Bocé  dépendant  du  prieuré,  donne  à  bail  le  lieu  de  la 
Jugésière  (1),  à  Mayet,  pour  un  loyer  annuel  de  5  septiers 
de  seigle,  mesure  de  Château-du-Loir,  et  50  sous  en  argent. 

159G.  —  Déclaration  rendue  à  la  seigneurie  de  Sarceau 
par  messire  René  de  Daillon,  prieur  cornmendataire  de 
Château-l'Hermitage,  pour  le  lieu  de  la  Jugésière. 

1781 .  —  Le  comte  de  Mailly  prétend  que  la  métairie  de  la 
Jugésière  relève  de  la  Faigne  et  en  a  fait  payer  aux  religieux 
de  Château-l'Hermitage  le  rachat  sur  le  pied  de  25  arpents 
quoiqu'elle  n'en  contienne  que  17,  en  1758.  Le  marquis  de 
Girois,  seigneur  de  Sarceau,  la  réclame  en  censif,  suivant 
une  déclaration  rendue  en  1596. 

1781.  —  Déclaration  rendue  pour  le  lieu  de  la  Jugé.sière 
par  les  religieux  de  Château-l'Hermitage  à  me.ssire  Pierre- 

(1)  V.  Recli.  hisl.  sur  Maijel,  1. 1.  p.  -292. 


191 


François-Denis-Gabriel-Henri,  marquis  de  Girois,  chevalier, 
seigneur  de  la  chàtellenie  de  Mayet,  la  Roche  -  Mayet, 
Bonneval,  la  Garrelière,  Vauloger,  Haute-Perche,  Brillaudin 
et  autres  lieux,  capitaine  de  cavalerie  au  régiment  de 
Bourgogne. 

LAUNAY. 

1565.  —  Bail  du  lieu  de  Launay  (1),  à  Mayet,  fait  par 
M"  Urbain  Bougard,  chapelain  du  prieuré  de  Chàteau- 
FHermitage,  à  Guillaume  Rocher,  moyennant  un  demi  poids 
de  beurre  salé,  2  chapons  et  6  poulets. 


AUBETERRE,  LA    BINQUINIÈRE,    LA   ROUZERIE. 

1781.  —  Métairies  d'Aubeterre,  de  la  Binquinière  et  de  la 
Rouzerie,  à  Mayet,  affermées  par  les  religieux  de  Chàteau- 
l'Hermitage  à  Pierre  Dupuy,  pour  300  livres  en  argent,  212 
boisseaux  de  froment,  «  ras  le  bois  »,  mesure  du  Mans, 
60  boisseaux  d'avoine  combles,  même  mesure,  6  poulardes, 
4  boisseaux  de  marrons,  6  boisseaux  de  noix  par  an. 


LES   PETITES -BOULES. 

1712.  —  Le  lieu  des  Petites-Boules,  à  Mayet,  est  affermé 
par  les  religieux  de  Château-l'Hermitage,  à  René  Dupuy,  pour 
une  rente  annuelle  de  12  livres  payable  à  la  seigneurie 
d'Aubeterre. 

LE   BOURNAIS. 

M.  Bouttevin,  propriétaire  à  Mayet,   en   faisant   restaurer 
(1)  V.  Rech.  hist.  sur  Mayet,  t.  I,  p.  33-2. 


—  192  — 

les  bâtiments  de  sa  métairie  du  Bournais,  a  découvert  une 
pierre  gravée  portant  l'inscription  suivante  : 

CETTE   PREMIÈRE    PIERRE    A    ESTÉ    POSÉE 
PAR    MONSIEUR   MARIETTE    DE    LA    BATAILLIÈRE, 
LICENCIÉ    ES-LOIX    ET    RECEVEUR    DES   TAILLES    DU 
CHATEAU,    D   YI    LE    'M    .ll'^X 


On  croit  que  la  date  de  l'année  est  1731,  d'après  un  autre 
chiffre  mis  sur  la  même  pierre.  (Note  donnée  par  M.  Gui- 
gnard,  docteur  médecin,  à  Mayet,  1887). 


AUBIGNE. 


EGLISE. 

1445.  —  Testament  de  dame  Jeanne  Boucher,  dame  de 
Bocé,  d'Aubigné,  reçu  par  xM"  Guillaume  Maschat,  curé 
d'Aubigné,  par  lequel  elle  lègue  aux  prieur  et  religieux  de 
Château-rHermitage  tous  les  frais  et  intérêts  résultant  de 
l'instance  entre  eux  au  sujet  d'une  rente  de  8  livres;  elle  fait 
des  legs  nombreux  à  son  inari,  à  l'église  d'Aubigné  et  à  ses 
domestiques. 

1719.  —  Testament  de  Charles  Fouqueré,  curé  d'Aubigné 
et  doyen  d'Oizé,  portant  legs  à  la  cure  d'Aubigné  du  droit 
de  dîme  qu'il  avait  ac(piis,  moyennant  :},000  livres,  de 
M.  Deffiat,  à  la  condition  que  les  curés  ses  successeurs 
payeront  chaque  année  à  l'hôpital  du  Lude,  une  rente  de 
100  livres  pour  l'entretien  de  deux  malades  d'Aubigné. 

En  1735,  une  sentence  de  la  justice  du  Lude  condamne 
Pierre-Gabriel  Yver,  curé  d'Aubigné,  à  payer  la  renie  ci- 
de.ssus  réduite  à  70  livres. 


—  193  — 

En  Tan  IV,  l'église   d'Aubigné   a   été   vendue   à  Antoine 
Guyon,  d'Aubigné,  pour  1,500  livres. 


CHAPELLE   DE   LA   MORELLERIE. 

1749.  —  La  chapelle  de  la  Morellerie  a  été  fondée  dans 
l'église  d'Aubigné  le  4  octobre  1553  (1).  Le  curé  d'Aubigné, 
M°  Pierre-Gabriel  Yver,  demande  des  renseignements  à 
M.  l'abbé  de  Roussecey,  vicaire-général  du  diocèse,  sur  la 
mesure  à  prendre  pour  réunir  le  temporel  de  la  dite  chapelle 
à  l'école  fondée  dans  la  paroisse  par  l'un  des  prédécesseurs 
dudit  curé. 

Consultation  est  donnée  sur  ce  sujet  par  un  avocat  de 
Beaugé. 

On  possède  aussi  plusieurs  baux  de  la  Morellerie. 


LA    BAUSSONNIERE. 

1405.  —  Aveu  de  la  Baussonnière  (2),  à  Aubigné,  sis  à 
proximité  du  chemin  par  où  l'on  va  d'Aubigné  au  moulin  de 
Varennes,  rendu  par  Jean  Guerriau  à  Guillaume,  abbé  de 
Vaas,  seigneur  de  Ghampeaux  et  de  Tissue. 

1466.  —  Aveu  pour  le  même  lieu  rendu  par  le  Martin 
Martigné  à  l'abbé  de  Vaas. 

1521.  —  Aveu  pour  le  même  lieu  rendu  par  Jacques  Moreau 
à  Gilles  de  Corner  dit  de  Langlade,  docteur  ès-lois,  abbé 
commendataire  de  Vaas. 

1548.  —  Aveu  pour  le  même  heu  rendu  par  Urbain  Simon 
à  François,  humble  abbé  de  Salonnes  et  de  Vaas. 

1556.  —  Aveu  pour  le  même  lieu  rendu  par  Jehan  Fortier 
le  jeune,  au  même  abbé. 


(1)  Y.Rech.  liist.  sur  Aubiçiiié  et  Verneil:,  p.  74. 
C2)  V.  Rech.  hist.  sur  Auh'njné  et  Venieil,  p.  221. 


XXIV    13 


—  194  — 

1601.    —  Aveu   pour   le   même   lieu   rendu   pai-   Michel 
Boussard  et  autres  à  Robert,  abbé  de  Vaas. 


CRANNES. 

1409.  —  Acte  par  lequel  Hubert  ou  Habert  de  Vendômois, 
écuyer,  seigneur  de  Grannes  et  d'Aubigné,  constitue  au 
profit  des  abbés  et  religieux  de  Vaas,  une  rente  annuelle  et 
perpétuelle  de  26  sous  6  deniers  tournois  assise  sur  tous  ses 
biens,  pour  le  prix  de  13  livres  tournois. 


CIIAMPEAUX. 

1490.  —  Baillée  à  toujours,  faite  pai'  les  religieux  de  Vaas 
à  Geoffroy  Boulld,  d'Aubigné,  d'un  champ  à  faire  pré,  sis  à 
Champeaux  ou  plulùi,  Ghamprond  (1)  à  Aubigné,  pour  la 
somme  de  3  deniers  et  5  sous  tournois  de  rente  annuelle. 


I.A   FONTAINE. 

1615.  —  Bail  du  cliamp  de  l'Épinay  près  la  Vieillerie,  par 
Pierre  de  Bageau,  écuyer,  sieur  de  la  Fontaine  et  du  Ruau, 
demeurant  au  lieu  seigneurial  de  la  Fontaine,  à  Aubigné,  à 
Fabien  Jeunier,  prieui-  de  Ghàteau-l'llermitage. 


LES    MORIEHS, 

1698.    —   Pièce   de  procédure   entre  les  religieuses    de 
Boidieu  près  Ghâteau-du-Loir,  adjudicataires  de  la   métairie 

(1)  Y.  liech.  Itisl.  sur  Aubuiné  et  Verneil,  p.  22.'1 


—  195  - 

des  Moriers,  à  Aubigné,  dépendant  de  la  succession  de 
François  de  Boisard,  écuyer,  sieur  de  Villegraton,  et  Jeanne 
Durand,  fille  et  héritière  de  Mathurin  Durand,  écuyer,  sieur 
de  Changé,  conseiller  auditeur  en  la  chambre  des  Comptes, 
au  sujet  de  la  répartition  des  deniers  provenant  de  la  vente 
de  la  dite  métairie  entre  les  créanciers  du  sieur  de 
Villegraton. 

L'ESTRE- AU -PETIT. 

1779.  —  Déclaration  au  commandeur  Léon  -  Hippolyte 
Lingier  de  Saint-Sulpice  de  la  commanderie  d'Artins  par 
Pierre-Victoire  de  Sarcé,  chevalier,  seigneur  de  Bossé, 
Dissay,  la  Sévaudièro  et  autres  lieux,  capitaine  au  régiment 
de  Guyenne,  demeurant  en  son  château  de  Bossé,  à  Aubigné, 
((  pour  des  pièces  de  terre  dépendant  de  L'estre-au-Petit, 
à  Aubigné  ». 

1780.  —  Déclaration  au  même  commandeur  par  Pierre  de 
Sarcé,  chevalier,  seigneur  de  Bossé,  la  PersilHère  et  autres 
lieux,  demeurant  à  Sarcé,  pour  le  moulin  du  Pont-de-Cœur, 
à  Aubigné. 


COULONGÉ. 


LA   CURE. 


1550.  —  Déclaration  rendue  pour  le  temporel  de  la  cure 
de  Coulongc  au  regard  de  la  seigneurie  et  châtellenie  des 
AigLiebelles,  à  Coulongé,  par  M^  Martin  François,  prêtre, 
curé  de  Coulongé,  à  M'^  Jean,  cardinal  du  Bellay,  êvêque  de 
Paris,  archevêque  de  Bordeaux,  évêque  du  Mans,  abbécom- 
mendataire  de  l'abbaye  de  Saint-Vincent  du  Mans. 

1679.   —  Déclaration  rendue  à  l'abbaye  de  Saint-Vincent 


—  196  — 

pour  le  fief  de  la  Raimbandière,  par  le  titulaire  de  la  chapelle 
de  ce  nom,  desservie  en  l'église  de  Coulongé. 

1715.  —  Déclaration  rendue  par  Germain  Cousin,  prêtre 
et  curé  de  Coulongé,  aux  religieux  et  couvent  de  l'abbaye 
de  Saint-Vincent,  pour  la  même  cure. 

1728.  —  Déclaration  rendue  pour  la  même  cuie,  à  l'abbaye 
de  Saint- Vincent,  pai'  M**  Grandhomme,  curé  de   Coulongé. 


CHARBON. 

1457.  —  Aveux  des  fiefs,  domaines  de  la  Turpinière  et  de 
Charbonnais  ou  Charbon  (1^,  sis  à  Luché  et  Coulongé,  rendus 
par  Louis  de  Tucé,  écuyer,  seigneur  de  Mervé  et  de  la 
Turpinière,  à  cause  de  Martine  Cantino,  son  épouse,  à  noble 
et  puissant  Beaudouin  de  Tucé,  chevalier,  seigneur  de  Tucé, 
de  la  Motte-Achard  et  de  Broussin.  Principaux  sujets:  le 
seigneur  de  Clermont,  pour  son  lieu  de  la  Tripardière  ;  le 
seigneur  de  Passau  pour  son  domaine  de  la  Grifferie,  et 
Janon  Hamelet,  seigneur  de  la  Roche-Mayet,  pour  son  fief 
de  la  Bérardière  (ou  plutôt  Biffaudière). 


LES    AIGUEBELLES. 

1544.  —  Baillée  à  perpétuité  de  1  arpents  de  terre  en 
lande,  au  fief  des  Aiguebelles  (2),  près  les  Maisons-Rouges, 
à  Coulongé,  pour  3  sous  de  rente  et  un  denier  de  cens. 

1()91-1782.  —  La  châtellenie  des  Aiguebelles  dépendait  de 
l'abbaye  de  Saint-Vincent  du  Mans  et  était  composée  des 
métairies  de  la  Hellerie,  de  Courcelles,  de  la  Grastière,  de 
la  Fontaine,  des  Aiguebelles,  de  l'Epinny,  du  Bourg,  de  la 

(1)  V.  Rech.  hinl.  sur  Coulonr/é,  p.  100. 

(2)  V.  Bec/i.  hisl.  sur  Coulonrfc,  p,  29. 


—  197 


Cadorière,  de  la  Gillardière,  du  moulin  de  Chenon,  d'une 
maison  et  jardin  au  bourg  et  du  champ  de  la  Pointe  ;  tous 
ces  biens  sont  situés  à  Coulongé. 


LA   ORASTIERE. 

1265.  —  Charte  de  Yves,  humble  abbé  du  Lorouer,  de 
l'ordre  de  Giteaux,  contenant  transaction  sur  procès  entre 
l'abbé  et  les  religieux  du  Lorouer,  d'une  part,  et  les  abbé 
et  religieux  de  Saint- Vincent,  d'autre  part,  au  sujet  de  trois 
septiers  de  seigle,  mesure  de  Sarcé,  et  de  3  mines  assignés  à 
l'abbaye  du  Lorouer  sur  le  bordage  de  la  Grastière,  sis  à 
Coulongé,  au  fief  des  religieux  de  l'abbaye  de  Saint- Vincent, 
p  ar  Jean  Durand,  du  Lude,  qui  avaient  été  retenus  par  ces 
derniers,  en  compensation  de  6  deniers  mansais  de  cens  que 
les  dits  religieux  du  Lorouer  avaient  fait  défaut  de  payer 
pendant  deux  ans.  Il  est  convenu  que  les  3  septiers  de  seigle 
et  les  3  mines  seront  perçus  à  l'avenir  par  les  religieux  de 
Saint- Vincent,  qui,  en  retour,  déclarent  libérer  de  toutes 
redevances  les  religieux  du  Lorouer  et  notamment  2  septiers 
de  blé,  l'un  de  froment,  l'autre  de  seigle,  de  rente  assise  sur 
leurs  terres  de  Sarcé. 


ACTES  DIVERS. 

i'266.  —  Charte  de  l'official  du  Mans,  par  laquelle  Guil- 
laume Rogier,  de  Coulongé,  donne  en  perpétuelle  aumône 
à  Dieu  et  à  l'abbaye  de  Saint- Vincent  tous  ses  biens  meubles 
et  immeubles  en  quelques  paroisses  qu'ils  soient  situés^ 
consistant  en  maisons,  prés,  terres,  vignes  et  autres  choses, 
pour  en  disposer  à  leur  volonté,  mais  seulement  après  son 
décès. 

1286.  —  Jean  Buton,  de  Coulongé,  a  vendu   à  Michau  Le 


—  198  — 

Toisier  et  à  Hélis,  sa  femme,  du  Lude,  1  quartier  et  le  quart 
d'un  quartier  de  vigne  assis  au-dessous  des  vignes  du  seigneur 
de  Vau,  à  Coulongé,  au  fief  des  Aiguebelles  de  l'abbaye  de 
Saint-Vincent  du  Mans.  Vente  faite  pour  i  livres  tournois 
que  le  dit  Jean  a  reçues. 

1288.  —  Lizarde  femme  de  défunt  Hubert  Lauderon, 
donne  quittance  à  Osenne,  jadis  femme  de  Jean  Tendonnel, 
de  Coulongé,  de  15  sous  tournois  pour  la  reconnaissance 
d'une  rente  d'un  septier  de  froment,  mesure  de  Mayet,  et  de 
4  deniers  tournois,  assise  sur  divers  fonds  de  terre  à 
Coulongé,  au  fief  de  l'abbaye  de  Saint-Vincent. 

1292.  —  Julien  Floier,  de  Coulongé,  vend  à  frère  Gefrey 
Boutevele^  moine  de  Saint-Vincent,  du  Mans,  11  sous 
mansais  et  un  denier  tournois  de  rente  assise  sur  une  vigne 
au  Val  de  Corge,  «  juste  la  vigne  Juliot  Lcmercier,  de  Sarcé  », 
contenant  un  quartier. 


LAVERNAT. 


LA      MONNERIE. 


1344.  —  Vente  en  la  cour  de  Mayet,  par  Simon  de  Vezins, 
Jeanne,  sa  femme,  et  autres,  aux  prieur  et  couvent  de 
Château-l'Hermitage,  d'une  rente  de  3  septiers  et  1  mine  de 
seigle,  sur  l'aître  de  la  Monnerie,  à  Lavernat,  pour  8  livres 
11  sous  tournois. 

LE   PONCE  AU. 

1417.  —  Vente  de  8  livres  de  rente  sur  la  terre  du  Pon- 
ceau  (1),  il  Lavernai,  au  profil  des  religieux  de  Chàteau- 
l'Hermitage  pour  100  livres  tournois  payées  conq)laiiL. 

(1)  V.  Rech.  Uial.  sur  Vaun  et  Lavernat,  p.  2tî8. 


199 


24  octobre  153i .  —  François  Leboucher,  écuyer,  seigneur 
de  Pounceau  (Ponceau),  fait  acte  de  foi  et  liommage  à 
François  de  Beaumanoir,  baron  de  Lavardin  et  seigneur  de 
Tucé,  à  cause  de  son  domaine  de  la  Joyentière. 


ACTES     DIVERS. 

1321.  —  André  Rogier  et  Agnace,  sa  femme,  et  Etienne 
Vaneau  et  sa  femme  donnent  au  couvent  de  Chàteau- 
l'Hermitage,  pour  le  salut  de  leurs  âmes,  1  septier  de  seigle 
de  rente  perpétuelle  assise  sur  des  choses  à  Lavernat. 

1484.  —  Echange  de  divers  fonds  de  terre  faits  entre 
Me  Jean  Ernoulx,  curé  de  Verneil  et  M<^  Jean  Doulcet,  curé 
de  Lavernat. 

17...  —  La  fabrique  de  Lavernat  a  un  titre  de  rente  de 
3  boisseaux  de  froment  assis  sur  le  lieu  du  Grand-Chevaigné, 
à  Luceau. 


SARCE. 

1663.  —  François  de  Sarcé,  chevalier,  seigneur  de  Sarcé, 
est  parrain  de  François  Lelièvre,  de  Luché. 

1766.  —  Louis-Pierre- Antoine  de  Sarcé,  chevalier,  seigneur 
de  Sarcé,  assi.ste  à  l'inhumation  dans  l'église  de  Luché,  de 
haut  et  puissant  seigneur  messire  Henri-Louis  d'Espagne, 
marquis  de  Venevelles,  ancien  premier  capitaine  du  régiment 
de  M^""  le  prince  du  Pont,  chevalier  des  ordres  royaux  et 
militaires  de  Saint-Louis  et  de  Saint-Lazare. 

1777.  —  Mariage  de  René-Alexandre  de  Sarcé,  chevaher, 
garde  du  corps  de  M'',  frère  du  Roi,  fils  majeur  de  Louis- 
Pierre-Antoine  de  Sarcé,  écuyer,  seigneur  de  La  Cour,  de 
Sarcé,    Bossé   et   autres   lieux,   et   de   dame    Eléonore    de 


—  i200  — 

Btirdou,   de  la  paroisse  de  Sarcé,  avec  demoiselle  Marie- 
Charlotte  Damours,    fille  de  M.  Bonaventure,  bailli   de  la 
ville  et  comté  du  Lude,  et  de  feue  dame  Charlotte  Molan  ; 
en  présence  des  père  et  mère  de  l'époux,  et  de  W  Pierre- 
Victoire  de  Sarcé,  écuyer,  seigneur  de  Bossé  et  autres  lieux, 
et  de   dame  Madeleine-Perrine-Catherine   de  La  Haye  de 
Mongazon,   demeurant  à  Aubigné,   ses  frère  et  belle-sœur, 
de  dame    Catherine  -  Suzanne  Gallois,    épouse    de    Louis- 
François  de  Sarcé,  chevalier,  lieutenant  de  vaisseau  du  Roi, 
demeurant  à   La   Flèche,   sa  belle-sœur,   des   demoiselles 
Eléonore-Jeanne,  Madeleine-Eulalie  de  Sarcé,   ses  sœurs, 
demeurant  à  Sarcé.  La  même  année  Pierre  de  Sarcé  assiste 
au  mariage  de  M"  Pierre-Uieudonné  Mauboussin,   conseiller 
du   roi   et   lieutenant  particulier    des    eaux    et    forêts   de 
Château  -  du  -  Loir,  avec  Jeanne-Henriette  Froger.  Catherine 
de  Sarcé  épouse  de  Jean  Beaufils,  maître  apothicaire  à    La 
Flèche  assiste  aussi  à  ce  mariage  qui  a  été  célébré  à  Bessé. 


VERNEIL-LE-CHETIF 


EGLISE. 

1631.  —  Déclaration  de  divers  licrilages  rendue  par  Pierre 
Hureau  à  W  Jacques  Drugeon,  prêtre,  curé  de  Verneil, 
seigneur  h'  cause  de  sa  cure,  des  fiefs  et  seigneuries  de  la 
Guasnerie,  la  Digroserie  et  Neuville. 

Les  titres  de  lu  fabrique  de  Verneil  portent  qu'une  rente 
de  12  boisseaux  de  seigle  et  25  sous  d'argent  est  due  au  fief 
de  Mangé,  sur  les  terres  de  l'église  de  Verneil  ;  une  autre 
rente  de  3  livres  12  sous  est  due  à  la  rabriipii'  pai-  les 
héritiers  Mignot. 

Le   compte   de   ral)ii([ue  de    1674  porte  cette   menlioii  : 


-  201  — 

«  pour  un  tabernacle  en  sculpture  et  figures,  doré,  azuré,  et 
fourni  au  maître-autel  dudit  Verneil  à  la  fête  de  Pasques 
Wl'I  a  été  payé  au  sieur  Mongendre,  du  Mans,  85  livres  ». 

FIEF    DE   GEOFFROI. 

4274.  —  Charte  de  Geoffroi,  de  Verneil,  par  laquelle  il 
donne  à  André  Arrabi,  bourgeois  de  Tours,  pour  le  récom- 
penser de  ses  bons  services,  18  arpents  de  terre  labourable 
et  une  dîme  sis  ès-paroisses  de  Saint-Christophe  et  de  Ville- 
Bouneau  au  fief  dudit  Geofïroi. 

1282.  —  Charte  de  l'official  du  Mans  attestant  la  donation 
aux  religieuses  de  Bonlieu  près  de  Chàteau-du-Loir,  par 
Gilette,  veuve  d'André  Arrabi,  pour  la  célébration  de  son 
anniversaire  et  de  celui  de  son  mari,  d'une  rente  de 
18  septiers  de  méteil  sur  la  métairie  de  la  Gobiannyère,  à 
Saint-Paterne,  au  fief  de  Geolïroi,  de  Verneil. 

LA    NOUILLIÈRE. 

1540.  —  Accord  sur  une  contestation  entre  Emery 
Chalopin,  prieur  de  Montsureau,  à  Vaas,  et  Julien  La  Miche, 
au  sujet  d'une  rente  de  6  boisseaux  de  froment  due  au  prieuré 
de  Montsureau  et  assise  sur  le  lieu  de  la  Nouillière,  à 
Verneil. 

1685.  —  Sentence  du  lieutenant-général  de  la  sénéchaus- 
sée de  Château-du-Loir  condamnant  René  le  Boischu  demeu- 
rant à  la  Nouillière,  en  Verneil,  à  payer  à  André  Mandroux, 
fermier  du  prieuré  de  Montsureau,  à  Vaas,  la  rente  de 
6  boisseaux  de  froment  citée  [)lus  haut. 

VAUPERROUX-LE-GRAND . 

1014.  —  La  baillée  de   Vauperroux-Ie-Grand,   à  Verneil, 


202  — 


dépendant  de  la  seigneurie  de  Mangé,  doit  de  cens  et  rente 
à  l'abbé  de  Vaas,  3  septiers  de  froment,  à  la  mesure  de 
Mayet,  et  2  chapons  de  rente  foncière. 


FIEF     DE      J>A     MOTTE. 


1363.  —  Bail  par  Etienne  Belenfant  à  Jehan  Lemonnier, 
de  l'aître  de  la  Picardière,  consistant  en  maisons,  roche, 
terre,  vignes,  bois,  sis  à  Verneil,  au  fief  de  la  Motte,  pour 
une  rente  annuelle  de  11  boisseaux  deux  tiers  de  froment. 


LA   SEQUARDIERE. 

1402.  —  Geoffroy  et  Laurent  Ridereau,  deMayet,  vendent 
h  Jehan  Le  Moulnier,  de  Verneil,  le  lieu  de  la  Séquardière, 
pour  42  sous  tournois  payés  comptant. 

1404.  -  "  Bail  de  Taître  de  la  Séquardière  faite  par  Macé 
Arciuonine  et  Denise,  sa  femme,  à  Jehan  Le  Moulnier,  pour 
une  rente  annuelle  de  10  sous  tournois. 

La  même  année  Jehan  de  Launay,  d'Aubigné,  cède  à 
Guillaume  Le  Moulnier,  de  Verneil,  tout  droit  qu'il  a  sur 
l'aître  de  la  Séquardière,  sis  au  fief  de  Colas  de  Mangé,  pour 
une  rente  annuelle  d'une  mine  de  froment,  mesure  de 
Mayet,  et  6  deniers  tournois. 

1407.  —  Vente  par  Jehan  Ligeon,  de  Mayet,  à  Jean  Le 
Moulnier,  de  Verneil,  d'une  rente  d'une  mine  de  froment, 
assise  sur  la  Séquardière,  pour  64  sous  tournois. 

1445.  —  Baillée  à  vie  par  les  religieux  de  Château- 
l'Hermitage  à  Denis  Véron,  de  Verneil-le-Chétif,  du  lieu  de 
la  Séquardière,  pour  16  sous  1  denier  et  2  poules  payables 
aux  «lils  religieux  «  eu  leur  houstcl  de  la  Thorinière  ». 

XVP  siècle.  —  Procès  entre  les  religieux  de  Château- 
rilermitage  et  Antoine  de  Baïf,  c:hevalier,  seigneur  de 
Mangé,  à  Verneil,  pour  le  lieu  de  la  Séquardière. 


—  203  — 


HOTEL    DE   LA   THORINIERE. 


140'2.  —  Reconnaissance  d'une  rente  de  8  sous  tournois 
assise  sur  le  champ  du  Vieux-Four,  à  Verneil,  payable  aux 
religieux  de  Château  -  l'Hermitage  en  leur  hôtel  de  la 
Thorinière,  par  noble  Nicolas  de  Mangé,  écuyer,  seigneur 
de  la  Pinardière  et  du  Petit-Mangé,  à  Verneil. 

ilS'l.  . —  Bail  à  rente  par  les  religieux  de  Château- 
l'Hermitage  à  M«  Jehan  Ernoulx,  curé  de  Verneil,  de  la 
tierce-partie  que  le  prieur  de  Chàteau-rHermitage  avait  le 
droit  de  prendre  sur  la  dime  de  la  Thorinière,  à  Verneil, 
moyennant  100  livres  tournois  payables  tous  les  ans  à  la 
recette  de  la  Thorinière  et  1  charretée  de  paille,  «  aussi 
chargée  que  possible  y>  prise  au  presbytère. 


LA    FORMANDIERE. 

1418.  —  Jean  Bourdais,  de  Verneil,  baille  à  vie  à  Jehan 
Mignot  et  à  Collette  sa  femme,  de  Verneil,  le  bordage  de  la 
Formandière  pour  1  septier  de  froment  et  10  sous  de  rente 
annuelle  et  à  charge  de  payer  6  sous  10  deniers  de  cens  au 
seigneur  de  Crannes,  '20  deniers  de  cens  à  la  seigneurie  du 
Petit-Mangé,  1  mine  de  froment  et  1  mine  de  seigle  au  prieuré 
de  Château-l'Hermitage  et  8  sous  de  rente  aux  religieux 
de  Vaas. 

LA    PELLERIE. 

1444.  _.  Vente  du  bordage  de  la  Pellerie,  sis  à  Verneil,  au 
fief  de  la  Gasnerie,  par  PhiUppe  Moreau,  du  Lude,  àM«Jean 
T.anglois,  prêtre,  moyennant  14  livres  tournois. 


204  - 


LA   RENARDIERE. 


14^6.  —  Bail  à  vie  du  lieu  de  la  Renardière,  à  Verneil, 
contenant  15  journaux,  fait  par  les  religieux  de  Château- 
l'Hermitage  à  Jehan  Lenfant,  de  Verneil,  pour  15  sous 
tournois  de  rente  annuelle  et  2  deniers  de  cens. 

1  '(1^9.  —  Baillée  à  vie  du  lieu  de  la  Renardière,  faite  par 
les  religieux  de  Château-l'Hermitage  à  Julien  Lenfant  et  à 
Marion,  sa  femme,  pour  45  sous  tournois  de  rente  annuelle 
et  2  deniers  de  cens. 

Autre  bail  au  même  en  1  i5(3. 

1476.  —  Procédure  entre  les  religieux  de  Château- 
l'Hermitage  et  Jehan  de  Baïf,  seigneur  de  Mangé,  au  sujet 
de  '2  deniers  de  cens  que  celui-ci  avait  droit  de  prendre  sur 
la  Renardière. 

Autres  baux  de  la  Renardière,  en  1654,  pour  35  livres,  en 
1668,  pour  92  livres  par  an. 

1510.  —  Baillée  de  la  Renardière  à  plusieurs  vies  i)ar  le 
prieur  de  Château-l'Hermitage  à  Jehan  Richardeau,  praticien 
en  cour  de  laie,  demeurant  à  Verneil,  pour  une  rente 
annuelle  de  41  sous  tournois,  2  chapons  et  2  deniers  de  cens. 

1593.  —  Bail  de  la  Renardière  fait  à  frère  Bauldry,  reli- 
gieux de  Château-l'Hermitage  et  l'un  des  religieux  de  la  cha- 
pelle claustrale  de  Saint-Michel  de  la  Rondelière,  pour  40 
livres  tournois  de  loyer. 

LA    FORGE,    LES    BORDEAUX    OU   LA   FONTAINE    AU   MILLET. 

1535.  —  Déclaration  rendue  au  regard  du  fief  de  la  Forge, 
à  Verneil-le-Chctif,  à  François,  humble  abbé  de  Vaas,  par 
Denis  Millet,  Denis  Gaullart  et  Guillaume  Coudray  pour  le 
lieu  des  Bordeaux,  autrement  de  la  Fontaine-au-Millet,  en 
Verneil,  situé  sur  le  chemin  allant  de  la  Croix-Ségleineau  au 
moulin  de  Verneil. 

1539.  —  Déclaration  rendue  par  les  religieux  de  Vaas,   au 


—  205  — 

regard  de  la  seigneurie  de  la  Faigne,  de  certaines  dépen- 
dances du  fief  de  la  Forge,  à  Verneil,  à  veuve  de  haut  et 
puissant  seigneur  Jean  de  Laval,  en  son  vivant  seigneur  de 
la  Faigne. 

1561 .  —•  Autre  déclaration  pour  le  même  lieu  rendue  par 
Marin  Millet  à  R.  P.  en  Dieu  François  de  la  Carrière,  évêque 
de  Sallonnes,  abbé  de  Vaas. 

1603.  —  Autre  déclaration  pour  le  même  lieu  rendue  à 
frère  Robert,  abbé  de  Vaas,  par  Julien  Champion. 

1606.  —  Autre  déclaration  rendue  par  les  religieux 
de  Vaas,  pour  le  lieu  de  la  Forge,  à  messire  Jehan  de 
Laval,  chevalier,  seigneur  de  Tartigny,  Gourné,  Montigny, 
La  Rouzière  et  la  châtelienie  de  la  Faigne. 

D'autres  déclarations  du  lieu  de  la  Forge  ont  encore  été 
faites  par  les  religieux  de  Vaas  en  1563,  1603,  1604, 1624  et 
1657. 

LA     DODINIÈRE. 

1472.  —  Bail  de  la  Dodinière  à  plusieurs  vies  faite  par  les 
religieux  de  Chàteau-l'Hermitage  à  Martin  Durand,  de 
Verneil,  pour  20  sols  et  2  deniers  de  cens  et  rente. 


ACTES    DIVERS. 

1286.  —  Vente  par  Simon  de  Sables,  écuyer,  et  Philippe, 
son  fils  aîné,  de  Verneil,  de  6  arpents  de  terre  et  2  arpents 
de  pré,  à  Verneil,  près  de  Lerraudière,  pour  60  livres  tour- 
nois payés  comptant  par  les  religieux  de  Château-l'Hermitage, 
acquéreurs. 

1292.  —  Simon  Thorin,  de  Verneil,  vend  aux  mêmes 
religieux  1  vigne  de  3  journées  de  bêcheur,  à  Verneil,  pour 
16  sous  tournois  payés  comptant. 

1309.  —  Macé  Dodin  et  Juliote,sa  femme,   de  Verneil, 


-  t206  — 

vendent  à  Pierre  Joubin  et,  à  Juliote,  sa  femme,  3  sous  et 
12  deniers  tournois  de  1  ente  annuelle  assis  sur  maisons  et 
terres  à  Verneil,  au  fief  des  religieux  de  Chàteau-l'Hermitage, 
moyennant  35  sous  de  monnaie  courante. 

1350.  —  Baillée  par  Pierre  Bouvier,  de  Verneil,  à  Thomas 
Bonsart,'  de  Verneil,  d'une  aître  avec  maisons,  terres, 
courtils,  bruyères,  arbres,  à  Verneil,  sur  le  chemin  de 
Verneil  à  Beaumont-pied-de-Bœuf,  pour  une  rente  annuelle 
de  7  sous  tournois  et  à  la  charge  de  payer  chaque  année  au 
prieur  de  Chàteau-l'Hermitage  4  boisseaux  de  seigle  et 
4  deniers  de  cens. 

1353.  —  Baillée  à  trois  viss  par  les  religieux  de  Château- 
THermitage   à  Jehan   Hérault,  de   Verneil,   d'un  champ  de 

4  jours,  à  Verneil,  sur  le  chemin  de  Verneil  à  Mayet,  pour 
une  rente  annuelle  de  20  sols  tournois  et  2  septiers  de  bon 
froment. 

1380.  —  Bail  à  trois  vies  par  les  religieux  de  Château- 
l'Hermilage,  à  Laurent  Lemercier,  de  Vaas,  de  deux  vignes 
de  trois  quartiers  et  d'un  bois  d'un  quartier,  sis  à  Verneil, 
pour  1«)  sous  tournois  de  rente  annuelle. 

1382.  —  Bail  par  les  mêmes  à  Jehan  Uucaz,  de  Verneil, 
d'une  vigne  de  4  hommées  sise  à  Ileisse,  à  Verneil,  pour 

5  .sous  tournois  de  rente  annuelle. 

1391.  —  Vente  par  Gillet  Sauvageau,  de  Verneil,  à  Jehan 
Lefebvre  du  Cormier,  à  Verneil,  d'une  rente  annuelle  de 
3  provendiers  de  froment,  mesure  de  Mayet  (le  provendier 
vaut  3  boisseaux),  assise  sur  1  quartier  de  vigne  à  Bocé,  à 
Verneil,  pour  CO  sous  tournois  payés  comptant. 

1411.  —  Bail  par  les  religieux  de  Chàteau-l'Hermitage  à 
Gervais  Pinsson,  de  Verneil,  d'un  champ  de  1  journal,  à 
Verneil,  pour  15  deniers  tournois  par  an. 

1434.  —  Bail  par  les  mêmes  religieux  à  Michel  Laye,  de 
Mayet,  d'une  vigne,  à  Verneil,  près  les  vignes  do  Mangé, 
pour  2  sous  6  deniers  de  devoir. 

1434.  —  Bail  parles  mêmes  religieux  à  Michel   Laye,   de 


207 


Mayet,  d'une  vigne,  sise  à  Verneil,  contenant  3  quartiers, 
pour  8  sous  tournois  de  rente  annuelle. 

1442.  —  Donation  par  Guillemette,  veuve  de  Jehan  Lucas, 
de  Verneil,  de  tous  ses  biens,  meubles  et  immeubles,  à  Denis 
Véron  et  Jeanne,  sa  femme,  de  Verneil. 

1469.  — •  Vente  par  Jehan  Testard,  de  Verneil,  à  noble 
Guillaume  d'Avaugour,  écuyer,  seigneur  de  Courtallain  et 
de  Boysriffin,  d'une  vigne  et  de  fresche  de  2  quartiers,  à  la 
charge  de  payer  au  prieur  de  Château-l'Hermitage,  à  la 
décharge  du  vendeur  une  rente  inféodée  de  4  sous  tournois. 
Témoins  noble  Jehan  de  Baïf,  seigneur  de  Mangé,  Ambroise 
Plinetaut?,  écuyer,  seigneur  de  Brillaudin  et  autres. 

1471.  —  Prise  à  rente  par  M^  Jean  Doulcet,  prêtre,  curé 
de  Verneil  ,  de  2  tiers  par  indivis  d'une  pièce  de  terre 
nommée  les  Prays,  pour  une  rente  annuelle  de  2  sous 
6  deniers. 

1472.  —  Provision  de  la  cure  de  Verneil  accordée  par  le 
pape  Sixe  IV,  à  M«  Jean  Ernoulx. 

1512.  —  Bail  par  les  religieux  de  Château-l'Hermitage  à 
M'^  Jehan  Richardeau,  praticien  en  cour  de  laie,  du  champ 
de  la  Clos-Gerbe,  à  Verneil,  près  les  vignes  au  seigneur  du 
Rocher,  pour  7  sols  6  deniers  de  rente  inféodée. 

1517.  —  Jamin  Hariquet  et  Perrine,  sa  femme,  vendent  à 
noble  homme  Jehan  de  Vendosmois,  écuyer,  seigneur  du 
F\.ocher,  à  Verneil,  1  pré  de  8  hommées  de  faucheurs,  pour 
80  livres  tournois. 

1548.  —  Vente  d'une  pièce  de  terre  labourable  faite  par 
Urbain  Roussard,  de  Verneil,  à  M«  Charles  Arnoulx,  prêtre, 
curé  de  Verneil. 

1682.  —  Fondation  par  Jean  Guiilot,  religieux  profès  de 
l'abbaye  de  La  Couture,  du  Mans,  en  l'église  des  bénédictines 
de  Chàteau-du-Loir,  à  son  intention  et  à  celle  de  ses  parents 
trépassés,  d'une  messe  à  célébrer  chaque  vendredi,  pour 
laquelle  il   donne  une  rente  annuelle  de  25  livres  5  sous  à 


—  208  — 

prendro  sur  la  veuve  et  les  héritiers  de   Jean   Bardet,   de 
Verneil-le-Chétif. 


VAAS. 

DESCRIPTION    DE     L'ABBAYE  DE  VAAS   d'APRÈS   UN  MANUSCRIT 
DES  ARCHIVES  DE  LA  PRÉFECTURE  DE  LA  SARTHE. 

Le  11  août  1770  l'abbaye  de  Vaas,  se  composait  :  D'un 
corps  de  bâtiment  construit  en  pavillon,  la  principale  façade 
au  midi  donnant  sur  la  rivière  du  Loir.  Ce  bâtiment  a  48  pieds 
de  façade  sur  39  de  longueur  ;  il  est  lié  et  attenant  à  un 
autre  bâtiment  plus  anciennement  construit. 

Le  bâtiment  construit  en  pavillon  a  un  étage  ;  au  rez-de- 
chaussée  il  y  a  salle  à  manger,  un  petit  salon,  corridor  au 
milieu  et  une  petite  office  ;  au  premier  étage  une  chambre, 
un  cabinet  servant  d'infirmerie,  une  autre  chambre  servant 
d'hôtellerie,  une  petite  antichambre,  des  lieux  de  commodité. 
Le  deuxième  étage  est  distribué  du  même  corridor,  d'un 
côté  vers  l'occident  deux  chambres  forment  la  bibliothèque, 
du  côté  de  l'ouest  une  chambre  servant  d'hôte  et  au  fond  la 
cage  de  l'escalier.  Ce  corps  de  bâtiment  construit  de  murs 
en  pavillon  à  la  française  est  couvert  d'ardoises. Vers  le  midi 
du  Pavillon  est  une  terrasse  soutenue  par  des  murs  donnant 
sui'  la  rivière,  qui  est  de  48  pieds  de  long  sur  8  de  large, 
aux  deux  bouts  ont  été  construites  deux  tonnelles  en 
charpente. 

Le  bâtiment  attenant  au  pavillon  et  joignant  l'église  a 
103  pieds  de  long  sur  '28  de  large  ;  distribué  au  rez-de- 
chaussée  d'une  cuisine,  cave,  corridor,  réfectoire,  vestibule, 
chambre  servant  au  chapitre,  autre  corridor  pour  la  commu- 
nication du  bâtiment  à,  l'église  ;  entre  l'église  et  le  chapitre  se 


—  209  — 

trouve  la  cage  de  l'escalier  construit  en  bois  à  trois  révolu- 
tions et  sous  le  premier  palier  se  trouve  un  garde  manger  ; 
au  2«  palier,  un  fruitier.  Au  premier  étage,  un  dortoir  dans 
toute  la  longueur  du  côté  de  l'c»rient,  au  bout  un  escalier 
pour  la  communication  du  corridor.  Il  se  trouve  du  côté  de 
l'occident  huit  chambres.  Il  y  a  entre  les  appartements  ser- 
vant de  cuisine  et  de  réfectoire  un  entresol  de  7  pieds  de 
hauteur  et  2  corridors  vers  l'orient  et  3  chambres  de  domes- 
tiques. Ce  bâtiment  est  construit  à  la  française,  sur  le 
comble  se  trouve  un  dôme,  couverture  en  ardoises.  Au  milieu 
du  premier  étage  est  un  balcon  de  pierres  dures  garni 
d'ornements  et  supportant  l'écusson  portant  les  armes  de  la 
maison.  Cette  façade  est  décorée  et  soutenue  par  2  pilastres 
ainsi  que  la  porte  du  milieu  avec  un  fronton  circulaire. 

Un  autre  bâtiment  nouvellement  reconstruit  au  bout  et  en 
retour  du  dernier  du  côté  de  l'orient  dans  l'angle  qui  forme 
la  croix  de  l'église  ;  ce  bâtiment  a  29  pieds  -4  pouces  de  long 
sur  21  pieds  9  pouces  de  large  ;  il  est  distribué  ainsi  :  au 
rez-de-chaussée  la  sacristie,  un  bûcher.  Au  premier  étage  : 
une  chambre  servant  de  chartrier  au-dessus  de  la  sacri.stie 
est  le  chauffoir  exploité  par  une  galerie  en  bois  et  une  porte 
de  communication  dans  le  dortoir.  La  charpente  en  pavillon 
couvert  d'ardoises.  Cour  close  de  murs  devant  le  dit  bâti- 
ment dans  laquelle  est  une  fuie.  Vers  l'orient  un  jardin 
séparé  de  la  cour  par  une  claire-vue  de  palis  brochet  sou- 
tenue par  8  piliers  ;  un  autre  jardin  potager  clos  de  murs, 
vers  midi  un  bras  de  rivière  où  se  trouve  un  pont  de  bois 
pour  la  communication  du  jardin  dans  une  ile  dans  laquelle 
a  été  construit  un  bâtiment  sur  poteaux  de  18  pieds  de  long, 
sur  12  de  large  couvert  en  tuiles. 

Église  conventuelle.  —  La  nef  a  9  toises  de  long  formant 
une  croix  tendant  du  midi  au  nord  sur  4  toises  4  pieds 
3  pouces  de  large.  Cette  nef  est  formée  d'un  bout  par  un 
pignon  vers  l'occident  et  de  l'autre  bout  terminée  par  deux 
pihers  qui-supportent  une  arcade  à  5   ogives,    auquel   à  un 

XXIV.     14 


—  210  — 

des  piliers  vers  le  midi  est  posée  la  chaire  à  prêcher.  Cette 
partie  est  éclairée  par  4  vitraux  :  2  au  nord  et  2  au  midi.  La 
voûte  est  construite  en  deux  parties  soutenues  par  deux 
piliers  ronds  attenants  au  mur  de  la  nef,  et  la  dite  voûte 
construite  en  croix  d'ogive  avec  nervures.  L'autre  partie  de 
la  nef  formant  comme  il  est  ci-devant  expliqué  une  croix, 
est  de  13  toises  3  pieds  de  longueur  sur  3  toises  4  pieds 

3  pouces  de  large  fermée  au  midi  et  au  nord  par  2  pignons, 
la  voûte  construite  en  3  parties,  et  sur  la  première  partie  du 
bout  vers  le  nord  se  trouve  la  cloche.  La  dite  voûte  soutenue 
par  des  piliers  arcades  ogives  et  nervures  dans  laquelle  se 
trouvent  adossés  au  mur  vers  l'orient,  2  autels  dont  un  est  à 
droite,  sous  l'invocation  de  Notre-Dame  du  Rosaire,  et 
l'autre  à  gauche  sous  l'invocation  de  saint  Norbert  ;  cette 
partie  est  ouverte,  de  la  principale  porte,  pour  l'entrée  de 
l'éghse  et  par  un  vitrail  au-dessus  de  la  dite  porte  ;  2  petits 
vitraux  vers  l'occident  donnant  jour  sur  le  dit  autel  de  Saint- 
Norbert,  l'autre  bout  est  aus.si  éclairé  par  un  vitrail  vers 
l'occident  donnant  jour  sur  ledit  autel  du  Rosaire,  à  côté 
dudit  autel  se  trouve  un  petit  vitrail  qui  a  son  ouverture 
dans  le  chauffoir. 

Le  chœur  a  7  toises  1  pied  de  long  sur  3  toises  4  pieds 

4  pouces  de  long.  La  partie  du  bout  du  chœur  est  construite 
en  cul  de  four  et  ledit  chœur  fermé  par  une  grille  de  fer  en 
forme  circulaire.  Le  chœur  est  éclairé  par  3  vitraux  du  côté 
du  nord  et  2  du  côté  du  midi,  le  grand  vitrail  au  milieu 
dudit  cul  de  four  a  été  supprimé  pour  y  placer  le  Christ  ;  la 
voûte  est  construite  en  2  parties  soutenues  par  des  piliers  ; 
une  arcade  ogive  faisant  la  division  de  la  nef  et  du  chœur  ; 
toutes  les  voûtes,  piliers  intérieurs,  murs  et  baies,  sont 
construits  en  pierres  de  taille.  Le  comble  est  construit  à  la 
française  formant  4  noues,  et  le  bout  vers  l'orient  sur  le 
chœur  en  cul  de  four,  le  tout  couvert  d'ardoises. 

Une  petite  chapelle  adossée  au  mur  de  la  nef  vers  l'orient, 
sous  l'invocation  de  Notre-Dame  de  Pitié   est   de   7   pieds 


—  211  — 

6  pouces  de  long  sur  10  pieds  6  pouces  de  large,  les  murs 
construits  en  cul  de  four  ainsi  que  la  voûte.  L'entrée  de  la 
dite  chapelle  se  trouve  au  côté  gauche  de  celle  de  Saint- 
Norbert  ;  elle  est  éclairée  par  2  petits  vitraux,  la  charpente 
construite  en  cul  de  four,  couverture  d'ardoises. 

Toute  l'église  est  couverte  en  ardoises.  Il  y  a  2  vitraux 
dont  un  construit  de  8  panneaux  et  5  rosettes,  l'autre  vers 
l'angle  construit  de  15  panneaux  et  5  rosettes. 

Maison  abbatiale.  —  Un  corps  de  bâtiment  façade  vers 
l'occident  ;  deux  autres  parties  en  retour  vers  l'orient  ayant 
leurs  façades  l'une  au  midi  et  l'autre  au  nord,  ces  trois 
parties  ensemble  ne  faisant  qu'un  même  corps,  avec  une 
tour  et  une  ancienne  tour  carrée  à  laquelle  sont  attenants 
vers  le  nord  un  autre  bâtiment  adossé  dans  lequel  est  un 
grand  escalier  et  la  grande  cour  d'entrée  vers  le  nord  ;  à 
l'orient  de  la  cour  est  un  grand  bâtiment  servant  de  remises 
et  écuries  et  à  l'autre  côté  de  la  cour  un  autre  bâtiment 
servant  encore  de  remises  et  de  chenil.  Devant  la  principale 
façade  est  une  terra.sse  et  ensuite  les  jardins  vers  l'occident 
dans  lesquels  est  une  pièce  d'eau  dans  toute  la  longueur  du 
nord  au  midi,  le  tout  clos  de  murs. 

Distributions  clans  les  bâtiments  :  Le  principal  corps  de 
bâtiment  faisant  face  à  l'occident  a  12  toises  3  pieds  3  pouces 
de  long  sur  5  toi.ses  1  pied  de  large.  La  partie  en  retour  vers 
l'occident  faisant  face  au  nord  est  de  9  toises  2  pieds  de  long 
sur  4  toises  de  large,  l'autre  partie  aussi  en  retour  vers 
l'orient  faisant  face  au  midi  à  partir  de  l'angle  jusqu'au 
bâtiment  carré  qu'on  nomme  la  Tour  est  de  9  toises 
2  pieds  de  long  sur  13  pieds  de  largeur,  tous  bâtiments 
construits  à  la  française  et  couverts  en  ardoises.  Le  bâtiment 
au  rez-de-chaussée  est  ainsi  distribué  :  une  antichambre,  un 
vestibule,  uu  grand  escalier,  une  salle  de  billard,  une  salle  à 
manger,  une  office,  deux  caves  sur  les  dites  pièces  ;  de 
l'autre  côté  du  vestibule,  une  grande  salle,  un  corridor,  trois 
pièces  voûtées,  deux  poulaillers,  une  petite  cour,    un  grand 


-  212  - 

escalier  pour  exploiter  le  premier  étage.  A.u  premier  étage  : 
trois  chambres,  un  vestibule,  un  cabinet,  un  petit  vestibule, 
un  corridor,  une  galerie  voûtée  qui  a  été  distribuée  de 
quatre  cabinets,  un  autre  cabinet,  des  lieux  de  commodité, 
en  retour  deux  chambres.  Du  côté  de  l'occident  :  trois 
chambres,  un  vestibule,  deux  corridors,  au-dessus  de  la 
galerie  trois  cabinets,  une  chambre,  tous  ces  bâtiments  à  la 
française,  couverts  d'ardoises. 

Un  autre  bâtiment  dans  l'angle  de  la  petite  cour  attenant 
au  bâtiment  principal,  joignant  le  tout,  est  de  19  pieds  de 
long  sur  13  de  large  dans  lequel  est  le  grand  escalier  couvert 
en  ardoises. 

Un  autre  bâtiment  qu'on  appelle  la  Tour  faisant  la  clôture 
de  la  nef  de  l'église.  Ce  bâtiment  a  36  pieds  de  long  et  est 
distribué  ainsi,  au  rez-de-chaussée:  une  grande  cuisine, 
petits  fours  à  pâtisserie,  un  puits,  une  grande  salle  à  manger, 
un  lavoir  ;  au  premier  :  une  chambre,  une  tribune  à  côté, 
deux  chambres,  un  vestibule  dans  lequel  est  l'escalier  à 
noyau  rond  en  bois  pour  l'exploitation  des  chambres  et 
grenier,  un  fruitier,  une  grande  chambre,  une  cage  d'esca- 
lier ;  au  troisième  étage  :  une  grande  chambre,  cage  d'esca- 
lier, grenier,  et  comble  en  pavillon  couvert.  Cave  sous  la 
cour  à  son  entrée  par  les  caves,  laquelle  a  11  toises  2  pieds 
de  long  sur  7  pieds  6  pouces  de  large. 

Un  autre  bâtiment  à  l'orient  de  la  grande  cour  qui  est  de 
13  toises  1/2  de  longueur  sur  3  toises  4  pieds  de  largeur.  Ce 
bâtiment  sert  de  remises,  écuries,  lieux  de  commodités, 
construit  de  murs  greniers  et  coxuble,  couvert  en  ardoises. 

Un  autre  bâtiment  à  l'occident  de  la  cour  faisant  face  à  la 
grande  route  de  la  ville  de  Vaas  au  Lude,  de  4  toises  4  pieds 
de  long  sur  5  toises  de  large,  le  dit  bâtiment  distribué  de 
deux  remises,  couverture  en  ardoises. 

La  cour  au  nord  du  principal  bâtiment  est  close  de  murs. 

Devant  la  principale  façade  vers  l'occident  est  une  terrasse 


—  213  — 

ensuite  les  jardins  dans  lesquels  est  une  pièce  d'eau,  le  tout 
clos  de  murs. 

Une  baie  de  porte  décorée  de  deux  pilastres  et  un  fronton 
circulaire,  dans  le  timpan  dudit  fronton  sont  les  armoiries 
des  anciens  abbés. 

La  glacière  est  dans  une  pièce  de  terre  labourable  située 
près  le  grand  cimetière  dépendant  dudit  temporel  contenant 
8  chaînées  ;  elle  est  en  partie  remplie  ;  couverture  en  paille. 

A  cette  époque  l'abbaye  de  N.-D.  de  Vaas  possédait  les 
Grands-Moulins,  les  iles  et  îlots  qui  se  trouvent  au-dessus,  la 
prairie  des  Gains,  les  étangs  de  Lavauderie  et  du  Milieu,  les 
métairies  Duplessis ,  du  Grand -Pin,  du  Petit-Pin,  des 
Planches,  de  la  Guibourgère,  à  Vaas  ;  le  bordage  des 
Closeries,  à  Vaas  ;  le  taillis  Dutertre  et  le  bois  de  la  Borde,  à 
Aubigné  ;  le  bordage  de  la  Guillaumerie,  à  Lavernat  ;  le 
chenevrail  Bacon  et  la  vigne  du  Four,  à  Montabon  ;  la  grange 
dîmeresse  et  dépendances  à  Luceau  ;  l'église  et  grange 
dîmeresse  de  Fiée  ;  la  métairie  du  Plessis  -  Garnier,  k 
Neuvy. 

Messire  Charles  de  Siochan,  licencié  en  théologie  de  la 
maison  et  société  de  Sorbonne,  chanoine,  vice-gérant  et 
vicaire-général  de  Soissons,  était  abbé  commendataire  de  la 
dite  abbaye,  en  1700. 

1770.  —  Le  chœur  et  cancel  de  l'église  de  Fiée  a  34  pieds 
de  long  sur  35  pieds  de  largeur.  Ledit  cancel  formant  3  pans 
égaux  et  séparé  de  la  nef  par  un  pignon  dans  lequel  se 
trouve  une  arcade  qui  fait  l'ouverture  du  chœur  et  est 
éclairé  par  un  vitrail,  charpente  à  la  française.  Cette  égli.se 
dépend  de  l'abbaye,  de  Vaas. 

1527.  —  Aveu  rendu  au  roi  François  I'-'',  au  regard  de  sa 
baronnie  de  Chàteau-du-Loir,  par  Philippe,  humble  abbé  de 
Vaas,  et  tout  le  couvent,  des  choses  et  droits  formant  l'an- 
cienne fondation,  dotation  et  augmentation  de  ladite  abbaye, 
savoir  :  «  l'houstel,  l'herbergement  et  forteresse  fermant  à 
pont-levis  dudit  lieu  de  Vaas,  courtilz,  jardrins  et  pourpris. 


—  214  — 

avec  un  colombier  à  pigeons,  et  l'infirmerie  dudit  lieu,  le 
moulin  à  blé  et  à  draps,  assis  en  la  rivière  du  Loir,  avec  les 
pêcheries,  portes,  écluses,  et  droit  de  contraindre  les  hommes 
et  subjets  à  tourner  aux  dits  moulins  ;  une  garenne  défen- 
sable  à  poissons,  en  la  rivière  du  Loir,  qui  dure  depuis 
l'embouchure  du  ruisseau  descendant  du  moulin  de  Porrion 
en  ladite  rivière,  jusqu'au  port  Liberge  ;  le  four  à  ban  de 
Vaas  avec  droit  de  contraindre  les  hommes  et  subjets  de  y 
venir  cuyre  leur  pain  ;  la  place  ou  anciennement  on  avoit 
halle,  avec  nostre  foyre  au  jour  sainct  Georges,  avec  les 
coustumes  et  estallaiges  des  denrées  vendues  et  estallées, 
et  droit  d'avoir  la  pugnicion,  la  correction  et  congnoissance 
des  excès  et  délitz  qui  pourraient  estre  faitz  à  ladite  foyre, 
et  commettre  garde  de  nos  subjets  à  garder  la  foyre,  et  les 
marchands  et  denrées  par  jour  et  par  nuict,  lesquelles  gardes 
sont  commises  de  par  nous,  et  font  le  serment  de  bien  garder 
ladite  foyre  et  marchans  dès  l'heure  des  vêpres  de  la  vigille 
sainct  Georges,  jusques  à  ce  que  ladite  foyre  soit  départie, 
avec  droit  de  faire  chevaucher  par  ladite  foyre  le  jour  sainct 
Georges  par  notre  bailly,  procureur  ou  sergent,  et  droit  de 
faire  bannyes  et  cryées  en  la  dite  foyre  de  par  vous,  notre 
sire,  baron  dudit  lieu,  etc.  » 

1666.  —  Un  autre  aveu  est  rendu  pour  les  mêmes  choses, 
au  roi  Louis  XIV,  par  François  de  Laupebin,  abbé  commen- 
dataire  de  l'abbaye  de  Vaas  (1)  et  de  celle  de  La  Boissière, 
ordre  de  Citeaux. 

1581.  —  Bail  du  temporel  de  l'abbaye  de  Vaas  consenti 
par  haut  et  puissant  seigneur  messire  Louis  de  Bueil,  cheva- 
lier de  l'ordre  du  roi,  et  son  conseiller  et  chambellan,  lieute- 
nant de  sa  compagnie  de  gens  d'armes,  gouverneur  des  îles, 
ville  et  château  de  Creusil,  seigneur  de  Racan  et  de  la 
Roche-au-Moine,  demeurant  audit  lieu  de  la  Roche,  paroisse 
de  Saint-Paterne,  p;iys  de  Touraine,    au    nom    et  Tcomme 

(1)  V.  Recli.  hisl.aii.f  Vaas  et  Lavenial.  [>.  is. 


—  215  — 

procureur  de  frère  Michel  Guyton,  abbé  de  Vaas,  à  Gervais 
Massé,  licencié  ès-droits,  avocat  au  siège  présidial  du  Maine, 
et  à  Jehan  Fergeau,  marchand  demeurant  à  la  Bruère,  pour 
un  loyer  annuel  de  1,100  écus  d'or  et  autres  charges. 

1591.  —  Bail  judiciaire  en  la  sénéchaussée  du  Maine,  des 
fruits,  profits  et  revenus  de  l'abbaye  de  Vaas,  saisis  à  la 
requête  du  procureur  du  roi  sur  l'abbé  de  Vaas,  pour  non- 
paiement  de  la  somme  de  27,453  écus  imposée  sur  le  clergé 
du  diocèse.  L'abbé  fait  opposition  audit  bail,  se  fondant  sur 
((  ce  qu'à  raison  des  troubles  et  guerre  civile  où  nous  som- 
mes de  présent  »,  il  n'a  pu  parvenir  à  vendre  certains 
héritages  pour  payer  sa  contribution. 

1724.  —  Bail  général  de  la  mense  abbatiale  consenti  par 
messire  Bené-Charles  Venier,  abbé  commendataire,  pour  un 
loyer  annuel  de  3,800  livres  et  autres  charges. 

1778.  —  Suptiim  par  adjudication  à  titre  de  ferme  des 
biens  de  l'abbaye  de  Vaas,  à  la  requête  de  messire  Joseph- 
Marie-Charles  de  Siochan,  abbé  commendataire,  sous  la 
réserve  de  l'approbation  d'un  prétendu  partage  du  temporel 
de  l'abbaye  fait  en  1667  entre  les  religieux  et  M.  de 
Laubepin,  leur  abbé. 


CHAPELLE   DE   LA   BESNERIE. 

1430.  —  Lu  chapelle  de  la  Besnerie  était  desservie  en 
l'abbaye  de  Vaas.  Acte  par  lequel  Macé  Richardeau  et 
Juliette,  sa  femme,  d'Aubigné,  prennent  à  bail  perpétuel, 
des  abbé  et  religieux  de  Vaas,  2  quartiers  de  pré  sis  au- 
dessous  de  Champeaux,  sur  la  rivière  du  Loir,  pour  une 
rente  annuelle  de  5  sous  tournois. 

1458.  —  Baillée  à  toujours  par  les  abbé  et  religieux  de 
Vaas,  à  Jehan  Bureau  de  la  métairie  de  la  Besnerie,  à  Vaas, 
pour  en  payer  annuellement  4  livres  tournois  de  rente. 

1470.    —   Déclaration   rendue    à  Jehan,  humble  abbé  de 


—  210  - 

Vaas,  au  regard  du  fief  de  Tissue,  par  Marie  et  Jehan  Bureau 
pour  la  métairie  de  laBesnerie. 

1535.  —  Sentence  de  Jehan  Gaucher,  conseiller  du  roi  et 
son  lieutenant  à  Ghâteau-du-Loir,  qui  condamne  Jehan 
JJureau  à  payer  la  rente  précitée  à  frère  Adrien  de  Goune- 
ville,  religieux  de  la  dite  abbaye  et  titulaire  de  la  chapelle 
de  la  Besnerie. 

1580.  —  Sentence  rendue  par  M"  Pierre  Bodineau,  licencié 
ès-lois,  conseiller  du  roi  et  de  monseigneur  frère  unique  du 
roi,  maître  des  requêtes  ordinaires  de  son  hôtel,  lieutenant 
civil  et  criminel  du  sénéchal  du  Maine  à  Château-du-Loir, 
qui  condamne  Pierre  Blanchard  à  payer  au  chapelain  de  la 
Besnerie,  frère  de  René  Guillemaux,  G  années  d'arrérages 
d'une  rente  de  7  sous  6  deniers  tournois  assise  sur  une  por- 
tion de  vigne,  au  lieu  de  Valette,  à  Vaas. 


CHAPELLE   DE   TARTIFUME 

La  chapelle  de  Tartifume  était  desservie  en  l'abbaye  de 
Vaas. 

1464.  —  Baillée  perpétuelle  du  bordage  de  Tartifume,  à 
Vaas,  contenant  17  arpents,  faite  par  les  abbé  et  religieux  de 
Vaas,  à  Martelin  Bardet  pour  une  rente  annuelle  de  14  livres 
tournois,  1  septier  de  seigle  et  2  sous  6  deniers  de  cens. 

1589.  —  Déclaration  rendue  par  Joachim  Bardet  et  autres, 
au  regard  du  fief  de  Gourberault,  aux  religieux  de  Vaas  pour 
le  bordage  de  Tartifume. 

1617.  —  Sentence  rendue  au  siège  de  Château-du-Luir 
par  M"  Louis  Desboys,  conseiller  du  roi,  lieutenant-général 
civil  audit  lien,  par  laquelle  François  Ripeneau  et  autres 
sont  condamnés  ù  payer,  dans  huit  jours,  aux  religieux  de 
Vaas  3  années  d'arrérages  de  la  rente  annuelle  de  Tartifume 
de  14  livres  tournois,  1  septier  de  seigle  et  2  sous  6  deniers 
de  cens. 


217 


CHAPELLE   DE   VAUVERT. 


La  chapelle  de  Vauvert  (i)  était  desservie  en  l'abbaye  de 
Vaas  ;  elle  a  été  fondée  par  Jehanne  veuve  de  feu  Pierre 
Poussin  et  Henri  Le  Barillier. 

1396.  —  Acte  par  lequel  Etienne  Tiberge,  de  Vaas,  aban- 
donne à  Jehan  Quetin,  religieux  de  l'abbaye  de  Vaas  et  titu- 
laire de  la  chapelle  de  Vauvert,  que  «  fonda  feu  Henri  Le 
Barillier  »,  un  quartier  de  vigne  pour  demeurer  quitte  d'une 
rente  annuelle  de  7  sous  6  deniers  tournois  et  un  demi  pro- 
vendier  de  seigle. 

1461.  —  Déclaration  rendue  pour  les  2  prés  Hardi,  à 
Marçon,  par  frère  .lehan  Drouart,  titulaire  de  la  chapelle  de 
Vauvert,  à  noble  Jehan  Malherbe,  écuyer,  seigneur  de  Poillé 
et  de  la  Roche. 

Î470.  —  Déclaration  rendue  par  Pierre  du  Vau,  prêtre, 
religieux  de  Vaas ,  chapelain  de  Vauvert ,  à  honorable 
homme  Pierre  Gaudin,  seigneur  des  Hayes,  à  Marçon,  pour 
6  boisselées  de  terre  audit  fief  des  Hayes. 

1471.  —  Baillée  à  toujours  du  lieu  de  Crousille,  à  Marçon, 
par  les  abbés  et  religieux  de  Vaas,  à  Jacques  Cleret^  de 
Chahaignes,  pour  en  payer  la  rente  de  15  sous. 

1476.  —  Baillée  faite  par  les  dits  abbé  et  religieux  de  Vaas, 
d'un  champ  en  Saint-Germain-d'Arcé  au  fief  de  Chambon,  au 
clos  de  Valon,  à  Jehan  Valloust,  de  Vaas,  pour  22  sous  6 
deniers  par  an. 

1482.  -  Baillée  du  lieu  des  Hayes  faite  par  les  abbé  et 
religieux  de  Vaas,  à  Jehan  Lemaistre,  seigneur  des  Hayes, 
de  Marçon,  pour  5  sous  tournois  de  rente  et  2  deniers  de 
cens. 

1489.  —  Baillée  du  pré  de  Maucoueil,  à  Marçon,  à  Jehan 

(H  V.  Rech.  Iiisl.  sur  Vaas  et  Lavernal,  p.  105. 


-  218  — 

Fermé,  de  Chahaignes,  moyennant  45  sous  tournois  de  rente, 
plus  les  cens  dûs  au  seigneur  de  Poillé. 

1492.  —  Baillée  à  trois  vies  faite  à  Pierre  Ruallen,  par 
Jehan ,  abbé  et  les  religieux  de  Vaas ,  pour  une  rente 
annuelle  de  40  sous  tournois,  payable  à  la  Toussaint,  du  lieu 
du  Vivier,  à  Montabon. 

1535.  —  Commission  donnée  par  Jehan  Gaucher,  conseiller 
du  roi,  lieutenant  du  sénéchal  du  Maine  au  siège  de  Ghàteau- 
du-Loir,  au  premier  sergent  d'assigner,  par  devant  le  dit 
siège,  à  la  requête  de  frère  Jidien  Plainchesne,  titulaire  de 
la  chapelle  de  Vauvert,  frère  René  Pinard,  se  prétendant 
aussi  chapelain  de  Vauvert,  et  qui,  à  ce  titre,  a  perçu 
indûment  une  rente  de  45  sous  tournois,  assise  sur  le  lieu  de 
la  Carrelière. 

1567.  —  Cession  laite  par  veuve  feue  Lucas  Gaullard,  de 
Vaas,  à  W  Pierre  Voysin,  prêtre,  procureur  et  receveur  delà 
dite  abbaye,  et  à  Denis  Leber,  de  Mayet,  de  14  sous  3  deniers 
de  rente  faisant  partie  de  celle  de  22  sous  6  deniers,  acquis 
par  ladite  dame  Gaullard,  suivant  l'édit  du  roi.  sur  le  tem- 
porel de  la  chapelle  de  Vauvert,  laquelle  cession  est  faite 
pour  I  i  livres  5  sous  tournois. 

1507.  —  Baillée  à  trois  vies  consentie  par  Jacques  Buat, 
titulaire  du  bénéfice  de  Vauvert,  à  Mathieu  Ruellon  et  à 
René  Hémon,  pour  une  rente  annuelle  de  100  sous  tournois. 

1593.  —  Sentence  du  siège  de  Chàteau-du-Loir,  qui  con- 
damne M' Christophe  Beduet,  enquêteur  pour  le  roi  audit 
siège,  et  autres  possesseurs  de  la  Carrelière  à  payer  aux 
religieux  de  l'abbaye  de  Vaas,  9  années  d'arrérages  de  la 
rente  de  45  sous  tournois  mentionnée  plus  haut. 

1608.  —  Transaction  sur  procès  au  sujet  du  pré  de 
Maucoueil,  à  Marçon,  entre  frère  Jules  de  Lestang,  religieux 
de  Vaas,  chapelain  de  Vauvert,  René  Rotier,  de  Chahaignes, 
et  M'-  Urbain  Guillemaux,  prieur  de  la  Madeleine  de  la 
Chartre. 

1615.    —   Trausaclion  sur  procès  entre  Jules  de  Lestang, 


—  219  — 

chapelain  de  Vauvert  et  les  détenteurs  du  lieu  du  Vivier,  par 
laquelle  ceux-ci  s'obligent  à  payer  audit  de  Lestang  52  livres 
pour  être  déchargés  de  l'obligation  de  restaurer  les  bâtiments 
dudit  lieu,  ruinés  par  vétusté  ou  par  le  malheur  des 
guerres. 

1617.  —  Procès  devant  la  sénéchaussée  de  Château-du- 
Loir  entre  Jules  de  Lestang,  chapelain  de  Vauvert,  et  Etienne 
Bignon  pour  la  possession  d'une  partie  du  pré  de  Moquerolle, 
à  Marçon. 

1647,  —  Acquisition  par  frère  Simon  Bellanger,  chapelain 
de  Vauvert,  d'une  raize  de  vigne  (38  chaînées)  au  clos  des 
Fontaines,  à  Montabon,  à  raison  de  6  livres  par  chaînée. 

1660.  —  Acte  du  lieu  du  Vivier  fait  par  Pierre  Mignot, 
marchand  à  Château-du-Loir,  à  fr'ère  Simon  Bellanger, 
chapelain  de  Vauvert,  qui  s'engage  à  payer  audit  Mignot, 
une  rente  annuelle  et  viagère  de  15  livres. 

1665.  —  Bail  du  lieu  du  Vivier  par  Simon  Bellanger, 
chapelain  de  Vauvert,  pour  «  70  livres  tournois,  2  poids  de 
chanvre  teille,  bon  et  marchand,  4  chapons  etl  fouasse  d'un 
demi-boisseau  de  fleur  de  froment  pétrie  au  lait  et  au 
beurre  ». 

CURE    DE   VAAS, 

16'23.  —  Vente  par  Jules  Begard  et  autres  à  M^  Madelon 
Loyseau,  prêtre,  curé  de  Vaas  (1),  d'un  corps  de  logis  situé 
auprès  de  la  rivière  du  Loir,  tenu  du  fiet  de  l'abbaye  de 
Vaas  sous  le  devoir  de  10  sous  tournois  et  3  sous  de /esta/^/e, 
de  deux  corvées,  l'iuie  à  faner  et  l'autre  à  vendanger,  de 
banalité  au  four  et  moulin  de  la  dite  seigneurie,  de  garde  au 
jour  saint  Georges,  pour  la  somme  de  330  livres  tournois. 

1627.  —  Baillée  perpétuelle  d'un  autre  corps  de  logis  audit 
M"  Loyseau,  faite  par  Michel  Prévost,  messager  ordinaire  de 

(1)  V.  Rech.  hitit.sur  Vaas  et  Lavernot,  p.  87. 


—  220  - 

Chàteau-du-Loir  à  Paris,  pour  une  rente  annuelle  de  12 
livres  tournois. 

4630.  —  Testament  par  François  Fautras,  sieur  de  la 
Croix  et  de  la  Renaudière,  demeurant  à  Vaas,  portant  legs  à 
la  cure  de  Vaas  de  21  boisseaux  de  seigle  et  de  2  livres 
15  sous  d'argent. 

1639. —  Déclaration  rendue  aux  commissaires-généraux  dé- 
putés par  le  roi  pour  la  recherche  des  droits  d'amortissement, 
par  frère  Louis  Robert,  prêtre  religieux  protes  en  l'abbaye  de 
Notre-Dame  de  Vaas  et  curé  de  Vaas. 

1695.  —  Quittance  d'une  somme  de  67  livres  5  sous 
7  deniers  pour  droit  d'amortissement  et  nouveaux  acquêts, 
délivrée  au  prieur-curé  de  Vaas,  par  Jean-Baptiste  Brunet, 
conseiller  du  roi  en  ses  conseils,  garde  du  trésor. 

1712. —  Procès-verbal  de  nomination  d'experts  et  rapports 
d'iceux  sur  l'état  des  bâtiments  de  la  cure  de  Vaas,  faits  à  la 
requête  de  M*^  Jean  Fouésil,  prêtre,  chanoine  réguher  de 
l'ordre  de  saint  Augustin,  prêtre  curé  de  Vaas. 


CHAPELLE   DE   ME  AUX. 

La  chapelle  de  Meaux,  desservie  en  l'église  de  Vaas,  a  été 
fondée  par  feu  messire  Jean  Le  Royer,  évêque  de  Meaux, 
dans  l'abbaye  de  Vaas. 

1445.  —  Baillée  à  toujours  consentie  à  Guillaume  de 
Lespinay  par  les  abbé  et  religieux  de  Vaas  pour  la  métairie 
de  la  Guerrière  à  Saint-Germain-d'Arcé,  «  contenant  24  ar- 
pents, sise  au  fief  de  la  seigneurie  de  Chambon,  pour  en 
payer  par  an  2  septiers  de  froment,  2  septiers  de  seigle  et  2 
septiers  d'orge,  au  titulaire  de  la  chai)elle  de  Meaux  (1), 
desservie  en  l'église  de  l'abbaye  de  Vaas  et  que  fonda  feu 
messire  Jean  Le  Royer,  jadis  évoque  de  Meaux.  » 

(1)  V.  Iteck.  /litit.  sur  Vaas  et  Lavemal,  p.  103. 


—  «221  — 

1449.  —  Bail  ù  toujours  fait  par  les  abbé  et  religieux  de 
Vaas,  à  Jehan  Le  Miche,  de  la  métairie  de  La  Prieuré,  à  Vaas, 
pour  en  payer  annuellement  au  titulaire  de  la  métairie  de  la 
chapelle  de  Meaux  5  septiers  de  seigle,  12  boisseaux  d'avoine, 
5  sous  tournois  et  2  poules. 

4550.  —  Déclaration  rendue  pour  la  rente  au  seigneur  de 
Chambon  par  frère  René  Pinard,  religieux  de  Vaas  et  chape- 
lain de  Meaux.  Titre  nouvel  donné  par  la  veuve  de  Julien 
Massé,  en  son  vivant  chirurgien  -  major,  demeurant  à 
Vaas,  à  M«  Vincent-François  Le  Camus,  notaire  royal  au 
Lude  (1774). 

1612.  —  Transaction  sur  un  procès  au  sujet  de  la  rente 
assise  sur  le  lieu  de  La  Prieuré,  contenant  18  arpents  67 
chaînées  1/2,  entre  M^  René  Guillemeaux,  prêtre,  chapelain 
de  la  chapelle  de  Meaux,  et  Martin  Boissard,  écuyer,  sieur 
de  Villegraton  et  autre  détenteur  de  la  Prieuré. 

1662.  —  Sentence  d'Adam  Deschamps,  lieutenant-général 
de  Beaugé,  par  laquelle  Louis  Rondeau,  détenteur  de  la 
tenue  de  La  Prieuré,  est  condamné  à  payer  la  rente  précitée 
(5  septiers  de  seigle,  12  boisseaux  d'avoine,  5  sous  tournois 
et  2  poules),  à  frère  Jacques  Martin,  prêtre,  religieux  de 
l'abbaye  de  Vaas,  et  titulaire  de  la  chappelle  de  Meaux. 
—  En  1727,  La  Prieuré,  de  Vaas,  relevait  censivement  de  la 
seigneurie  et  fief  du  Ruau,  membre  dépendant  du  Petit- 
Perray,  «  sous  le  devoir,  envers  la  dite  seigneurie  de  6  de- 
niers de  cens,  et  de  don  et  lègue  fait  par  le  seigneur  dudit 
Ruau  au  titulaire  de  la  chapelle  de  Meaux  ». 


CHAPELLE   DE   SAINTE-CATHERINE. 

1751.  —  Reconnaissance  par  les  détenteurs  de  la  baillée 
de  la  Cartillerie  d'une  rente  de  44  sous  due  à  la  chapelle  de 
Sainte-Catherine,  desservie  dans  l'église  Vaas,  et  de  3  bois- 
seaux de  blé  seigle  et  8  sous  de  cens  dus  à  l'abbaye. 


222  — 


PRIEURE   DE   MONTSUREAi: 


1627.  —  Déclaration  faite  à  frère  Fabian  Jeunier,  religieux 
profès  de  l'abbaye  de  Vaas,  prieur  de  Montsureau  (1),  par 
Floritnond  Robert,  pour  un  pré,  sis  à  Vaas. 

1629.  —  Autre  déclaration  faite  au  même  par  André 
Cheverieu,  pour  une  chaînée  de  terre,  à  Vaas. 


LES    GRANDS    MOULINS. 

17G4.  —  Sentence  de  Jacques-Hercule-François  Massue, 
conseiller  du  roi,  président,  lieutenant-général,  commissaire 
enquêteur  et  examinateur  en  la  sénéchaussée  et  siège  royal 
de  Château-du-Loir,  qui  déclare  résilié  le  bail  des  Grands- 
Moulins  de  l'abbaye  de  Vaas  consenti  par  messire  Paul 
Ghauchon,  prêtre,  docteur  en  théologie,  commandeur  des 
ordres  militaires  et  hospitaliers  de  Notre-Dame  du  Mout- 
Garmel  et  de  Saint-Lazare  de  Jérusalem,  aumônier  du  duc 
d'Orléans,  abbé  commendataire  de  l'abbaye  de  Vaas,  au  sieur 
Laurent  Fuzil,  attendu  que  ces  moulins  ont  été  toujours  hors 
cVétat  de  tourner  et  de  travailler. 

1780.  —  Sentence  du  siège  de  l'élection  qui  statue  que 
messire  Joseph-Marie-Gharles  de  Siochan,  prêtre,  licencié  en 
théologie,  chanoine,  vice-gérant  et  vicaire-général  de  Soissons, 
abbé  commendataire  de  l'abbaye  de  Vaas,  seigneur  dudit  Vaas 
et  du  Plessis-Garnier,  demeurant  ville  de  Soissons  et  actuel- 
lement en  sa  maison  abbatiale  de  Vaas,  sera  payé  par  privi- 
lège de  la  somme  de  600  livres  pour  une  année  de  fermage 
des  dits  Grands-Moulins,  sur  les  deniers  de  la  vente  des 
meubles  et  effets  saisis  sur  Jean  Rottereau  et  Anne  Loizeau, 
sa  femme,  ci-devant  fermiers  des  Grands-Moulins  de  Vaas. 

(1)  V.  Recli.  hisl.  sur  Vaas  cl  Laver nat,  p.  90. 


—  223  — 


LES   PONTS    DE   VA  AS. 


30  novembre  1382 .  —  «  La  Lettre  du  sire  de  Châteaufromont, 
chambellan  du  roi  et  du  duc  de  Calabre,  d'Anjou,  de  Tou- 
raine  et  comté  du  Maine,  lieutenant-général  dudit  seigneur 
et  de  madame  la  duchesse  ès-dits  duchés  et  comtés,  adressée 
au  sénéchal  de  ce  pays,  etc.,  pour  forcer  et  contraindre 
les  religieux  et  couvent  de  Vaas,  de  refaire  les  ponts  de 
Vaas  pour  passer  la  rivière  du  Loir  ;  lesquels  ponts  sonl 
depuis  longtemps  rompus  et  démolis  ».  Un  long  procès  s'en 
est  suivi  ;  les  religieux  disaient  que  les  ponts  étaient  autre- 
fois en  bon  état  et  qu'ils  avaient  été  détruits  par  les  ennemis 
du  roi  et  de  monseigneur,  et  par  les  gens  du  pays,  pour 
Futilité  publique  afin  que  les  ennemis  ne  pussent  passer,  et 
comme  leurs  rentes  et  revenus  sont  si  diminués  et  amoindris 
par  les  guerres  qu'ils  peuvent  à  peine  avoir  de  quoi  vivre  en 
faisant  le  service  divin  et  aussi  ils  répondent  «  qu'ils  ne  sont 
pas  tenus  à  la  réfection  des  ponts,  considérant  qu'ils  furent 
rompus  et  abattus  par  les  ennemis  et  autres  pour  le  profit 
commun  ». 

Par  suite  le  lieutenant-général  autorise  la  levée  à  Vaas  et 
dans  les  paroisses  voisines  d'une  aide  consentie  par  les 
habitants  pour  la  réfection  et  restauration  des  ponts  de  Vaas 
et  dont  le  montant  sera  recueilli  par  Laurent  Boyvin  commis 
à  cet  effet.  En  date  à  Tours  30  novembre  1382  (1). 


MOULIN   DE    POSSAC. 

l^eO.  —  Baillée  à  vie  du  moulin  de  Possac,  par  Jean,  abbé 
et  les  religieux  de  Vaas,  à  Laurent  Desgoutières,  prêtre.,  l'un 


(1)  V.  Les  ponts  de  Faa.9,  par  M.  A.  de  Bourmont  {Rev.  hist.  et  archéol. 
duMaine,\8Sl.} 


—  '224  — 

des  dits  religieux,  et  d'une  place  pour  construire  un  moulin 
et  d'une  pâture  d'un  quartier,  le  tout  situé  sur  l'étang  de 
Poursac,  sur  le  chemin  de  Vaas  à  Verneil  pour  une  rente 
annuelle  de  10  sous  tournois. 

1475.  —  Baillée  à  toujours  du  même  moulin  à  André 
Guillemeaux  pour  4  livres  10  sous  et  1  poule  de  rente  an- 
nuelle, 6  deniers  de  cens,  plus  les  droits  de  faitage  et  la 
garde  à  la  foire  de  saint  Georges,  et  2  corvées,  l'une  à  faner, 
l'autre  à  vendanger. 

LA    BEAUSONNIÈRE. 

1484.  —  Acte  passé  en  la  cour  de  Château-du-Loir  par 
lequel  Macé  de  La  Porte,  demeurant  à  la  Fouterive"?  diocèse 
de  Limoges,  donne  pour  l'amour  de  Dieu,  à  l'abbaye  de  Vaas 
une  rente  de  3  septiers  de  seigle  et  20  sous  qui  lui  sont  dus 
sur  le  lieu  de  la  Beaussonnière,  à  Vaas,  plus  une  autre  rente 
de  3  sous  tournois  à  lui  due  par  Jehan  de  Marne  sur  sa 
tannerie,  sise  sur  le  Loir,  à  Vaas. 

1540.  —  Lettres  du  roi  François  P''  données  à  la  requête 
de  François  Carreau,  abbé  de  Vaas,  relativement  à  un  procès 
intenté  aux  détenteurs  de  la  Beausonnière  par  Philippe 
Hamelet,  prédécesseur  dudit  Carreau,  décédé,  au  sujet  d'une 
rente  d'un  septier  de  froment,  mesure  de  Mayet. 


LA    VIEILLERIE. 

1396.  —  L'abbé  et  les  religieux  de  Gastines  baillent  à 
André  Vian  et  Guérite,  sa  femme,  de  Vaas,  la  moitié  de 
«  l'estre  de  La  Vieillerie  »,  pour  40  sous  tournois  de  rente. 

1485.  —  Potou,  abbé  de  Gastines,  baille  à  3  vies  à  Jehan 
Goupilleau,  de  Vaas,  le  bordage  delà  Vieillerie,  autrement  la 
Martraye,  de  10  arpents,  sur  le  chemin  des  Halles  de  Vaas  à 
Chenu,  pour  18  sous  de  rente,  8  sous  4  deniers  de  cens  et 


—  225  — 

3  boisseaux  de  seigle,  livrables  à  Montsureau  à  la  saint 
Nicolas  d'hiver. 

1518.  —  Alexandre,  abbé  commendataire  de  Gastines, 
baille  à  Pierre  Sécard,  de  Vaas,  la  métairie  de  la  Vieillerie 
de  12  arpents,  pour  35  sous,  6  boisseaux  de  blé,  2  chapons 
de  rente  et  1  denier  de  cens. 

1557.—  Pierre  «  Séquart  le  jeune  »,  vend  à  Michel  Perroux, 
prêtre  à  Vaas,  la  Vieillerie  pour  60  sous  tournois  que  le  père 
Séquart  avait  acquis  des  religieux  de  Gastines. 


LA   GASNERIE. 

I 

1273.  —  Vente  par  Macé  Bignotian  et  Marie,  sa  femme, 
de  divers  biens  à  la  Guarnerie  (Gasnerie),  de  Vaas,  au  fief 
de  Robert  de  la  Fosse. 

1419.  —  Baillée  h  3  vies  de  la  Gasnerie,  à  Vaas  et  Monta- 
bon,  au  fief  de  l'abbaye  de  Bonlieu,  par  les  religieuses  de 
Bonheu,  à  Gillet  et  à  Poupée,  d'un  «  aistre  appelé  la  Gasne- 
rie »,  pour  4  septiers  de  seigle  et  7  sous  tournois  de  rente. 

1483.  —  Autre  baillée  du  même  lieu  par  les  religieuses 
de  Bonlieu,  à  Sainton ,  Gillet  et  Jean  Poupée ,  pour 
4  septiers  de  seigle,  20  sous  tournois  et  2  chapons  de  rente 
annuelle. 

LA   BOURGONNIÈRE. 

1486.  —  Bail  du  lieu  de  la  Bourgonnière,  à  Vaas,  fait  par 
les  religieux  de  Chàteau-l'Hermitage  à  Jeanne  Courberault 
veuve  de  feu  Saincton  Voisin  et  au  plus  vivant  de  ses  enfants, 
pour  une  rente  annuelle  de  75  sous  tournois. 

1511.  _  Bail  de  la  Bourgonnière  à  plusieurs  vies  par  les 
religieux  de  Chàteau-l'Hermitage  à  Adam  Prieur,  pour  7 
livres  tournois  et  4  chapons  de  rente  annuelle. 

XXIV.    15 


226 


LA     CARTILLERIE. 

1526.  —  Déclaration  rendue  pour  le  lieu  de  la  Cartillerie, 
à  Vaas,  aux  prieur  et  religieux  de  Vaas,  par  Robine  veuve 
de  Jehan  Davy. 

1617.  —  Les  religieux  de  Vaas  reçoivent  3  boisseaux  de 
seigle  de  rente  .sur  le  lieu  de  la  Cartillerie. 

1751.  —  Reconnaissance  par  les  détenteurs  de  la  baillée 
de  la  Cartillerie  d'une  rente  de  44  sous  due  à  la  chapelle  de 
Sainte-Catherine  desservie  dans  l'égHse  de  Vaas,  et  3  bois- 
seaux de  blé  seigle  et  8  deniers  de  cens  dûs  à  l'abbaye  de 
Vaas. 

LA    TASSOUPIERRE. 

14()4.  —  Baillée  du  lieu  de  la  Tassoupierre,  à  Vaas,  sis  sur 
le  ruisseau  qui  descend  du  Moulin-Neuf  au  moulin  de  Porion, 
contenant  2  arpents,  faite  par  les  abbé  et  religieux  de  Vaas 
à  Simon  Peslier,  pour  une  rente  annuelle  et  perpétuelle  de 
10  sous  tournois  et  une  mine  de  seigle,  mesure  de  Chàteau- 
du-Loir, 

1541.  —  Déclarations  du  lieu  de  la  Tassoupierre  faites  aux 
religieux  de  Vaas  par  François  Carreau  ;  en  1602  par  Robert  ; 
en  1648-1607  autres  déclarations  faites  à  François  de 
Laubepin,  abbé  de  Vaas,  conseiller  du  roi,  seigneur  de  Bossé 
(à  Aubigné),  abbé  de  la  Boissière. 

En  1617,  les  religieux  de  Vaas  recevaient  6  boisseaux  de 
seigle  du  lieu  de  la  Tassoupierre. 


LES    URETONNIERES. 

152  i.  —  Déclaration  rendue  pour  le  lieu  des  Bretonnières 
de  30  arpents,  à  Vaas,  |jar  Perrot  Blaneliard  et  autres  à 
R.  I*.  en  Di<'H  lMiilip|)e,  abbé  de  Vaas. 


—  227  — 

XVIP  siècle.  —  Acte  de  vente  fait  par  Jelian  Blanciiart,  à 
Jehan,  humble  abbé  de  Vaas,  d'une  rente  annuelle  et  perpé- 
tuelle de  10  sous  tournois,  assise  sur  la  sixième  partie  indi- 
vise des  Bretonnières,  pour  9  livres  tournois. 

1657.  —  Autre  déclaration  faite  pour  le  même  lieu  à 
messire  François  de  Laubépin,  seigneur  de  Bossé  et  la  Per- 
sillière,  conseiller  du  roi,  titulaire  de  l'abbaye  de  N.-D.  de 
Vaas  et  de  celle  de  Ménot. 

1685.  —  Sentence  de  la  sénéchaussée  de  Ghàteau-du-Loir 
qui  condamne  René  Bardet,  détenteur  de  la  baillée  des 
Bretonnières  à  payer  à  messire  Charles  Barentin,  abbé  de 
Vaas,  30  années  d'arrérages  d'une  rente  de  2  poules  assise 
sur  ledit  heu. 

LA     LAVAUDERIE. 

1451.  —  Baillée  à  3  vies  de  la  Lavauderie,  contenant 
3  arpents  de  terre,  faite  par  les  abbé  et  religieux  de  Vaas,  à 
Laurent  Hérillart  et  Gasseline,  sa  femme,  de  Vaas,  pour  en 
payer  2  septiers  de  seigle,  mesure  de  Vaas,  et  20  sous  tour- 
nois, le  tout  de  rente  annuelle. 

1486.  —  Baillées  des  lieux  de  la  Lavauderie  et  de  la 
Berthotellerie  avec  2  étangs  et  1  moulin,  consenties  par  les 
abbé  et  religieux  de  Vaas,  à  Jehan  Hérillart,  de  Vaas,  pour 
une  rente  annuelle  de  6  livres  17  sous,  2  chapons  et  6  septiers 
de  mouture  valant  seigle,  mesure  de  Château-du-Loir,  le 
tout  payable  à  l'Angevine. 


ROCHEREAU. 

1471.  —  Baillée  perpétuelle  de  Rochereau,  à  Vaas,  faite 
par  Jean,  abbé  et  les  religieux  de  Vaas,  à  Guillaume  Le 
Pelletier,  de  Vaas,  pour  une  rente  annuelle  de  60  sous  tour- 
nois et  3  poules,  payable  en  l'abbaye  au  profit  et  usage  de 


—  228  — 

la  chapelle  qu'y  fonda  feu  l'abbé  Philippe  de  Lespinay,  et  à 
la  charge,  en  outre,  de  construire,  dans  l'espace  de  2  ans, 
sur  ledit  lieu,  une  maison  bonne  et  compétente,  et  de  mettre 
et  d'entretenir  les  terres  en  culture. 

1527.  —  Aveu  rendu  pour  le  lieu  de  Rochereau,  à  Vaas, 
par  Philippe,  abbé  et  religieux  de  Vaas,  à  la  baronnie  de 
Château-du-Loir. 

].A    GRIFFERTE. 

1535  —  Déclarations  rendues  aux  prieur  et  religieux  de 
l'abbaye  de  Vaas  par  Etienne  Bourgoing  pour  un  champ 
contenant  9  boisselées  ;  par  Jehan  Heullard,  et  Jean  Lefebvre 
pour  une  pièce  de  terre  nommée  la  mine  des  Sablons. 

1560.  —  Déclaration  rendue  par  Michel  Pelletier  pour 
une  maison  située  sur  le  chemin  (jui  va  des  ponts  de  Vaas  à 
l'abbaye.  Ces  objets  dépendent  de  la  baillée  de  la  Grifïerie. 


LIEU    DU    GRAND-PESLE. 

1541.  — Lettres  du  roi  François  I"''  accordées  aux  religieux 
de  Vaas  pour  t:onlraindre  Julien  Nadereau  à  leur  laisser 
libre  la. jouissance  et  disposition  du  lieu  du  Grand-Pesle,  à 
Nogent-sur-Loir. 

1545.  —  Baillée  à  plusieurs  vies  du  Grand-Pesle,  faite  par 
François  Carreau,  abbé  de  Vaas,  évèque  de  Salonnes  pour 
une  rente  annuelle  de  45  sous  tournois. 

1628.  -^  Le  chapitre  général  de  l'abbaye  de  Vaas,  présidé 
par  Jules  de  l'Estang,  prêtre,  prieur  claustral,  en  l'absence 
de  messire  Dominique  Séguier,  conseiller  du  roi  au  parle- 
ment de  Paris,  grand  doyen  de  l'église  de  Paris,  abbé  de 
Vaas,  charge  le  dit  prieur  de  se  transporter  sur  le  lieu  du 
Grand-Pesle  pour  s'informer  si  la  baillée  précédente  est 
expirée  et  quelle  peut-être  la  valeur  locative  dudit  lieu. 


—  229 


LA    BARRE. 


1568-1742.  —  Déclarations  du  lieu  de  la  Barre  ou  des 
Loges,  à  Vaas,  rendues  au  fief  de  la  Thorinière  appartenan  t 
aux  religieux  de  Château-l'Hermitage. 


LA   CAILLETIERE. 


1548.  —  Acte  par  lequel  Madelon  Lebèchu  se  reconnaît 
débiteur  envers  l'abbaye  de  Vaas  de  G  livres  5  sous  pour  les 
arrérages  de  5  années  de  la  dite  rente,  assise  sur  le  lieu  de 
la  Cailletière,   situé  sur  le  chemin  tendant  du  moulin  de 


Guébrunet  à  Aubigné. 


l'aitre    dutertre. 

1559.  —  Sentence  rendue  par  M"^  Julien  Gaucher,  licencié 
ès-droits,  lieutenant  du  sénéchal  du  Maine  à  Château-du-Loir, 
qui  condamne  les  détenteurs  de  l'Aitre  Dutertre  à  payer  aux 
religieux  de  Vaas  une  rente  de  24  sous  6  deniers  et  30  bois- 
seaux de  seigle. 

LA  hamardière. 

1447.  —  Frère  Olivier  Ferrant  de  l'abbaye  de  Gastines,  en 
Touraine,  baille  à  Jehan  Rolon,  de  Vaas,  «  l'estre  de  la 
Hamardière  composée  de  bâtiments  et  2  arpens  1/2  déterre, 
à  Vaas,  pour  29  sous  6  deniers  et  2  chapons  de  rente  et 
2  deniers  de  cens  ». 

1617.  —  Sentence  du  sénéchal  d'Anjou  condamnant  Jean 
Cureau  à  payer  à  Jean  Duchesne  les  arrérages  de  2  sols 
2  deniers  de  rente  due  sur  un  champ  de  la  Hamardière. 


—  '230  — 


LA  FOUSCHERIE. 


1410.  —  Bail  à  '^  vies  fait  par  les  religieux  de  Château- 
l'Hermitage  à  Guillaume  Laigneau,  à  Jeanne,  sa  femme,  et  à 
l'un  de  leurs  enfants  de  l'aistre  de  la  Fouscherie,  à  Vaas, 
pour  8  sous  de  rente  annuelle  et  à  la  charge  d'y  faire  cons- 
truire, avant  4  ans  révolus  une  maison  bonne  et  compétente. 


LA     BODINIERE. 

1508.  —  Bail  à  plusieurs  vies  fait  par  Adam,  prieur  de 
Château  -l'Hermitage ,  à  Michel  Dutertre,  d'un  champ  de 
3  quartiers  à  la  Bodinière,  à  Vaas,  pour  7  sols  6  deniers  de 
devoir. 

LA     VJGNE. 

1628.  —  Vente  d'une  rente  de  25  boisseaux  de  seigle, 
mesure  de  Ghâteau-dn-Loir,  et  50  sous  tournois  en  argent 
sur  la  baillée  de  la  Vigne,  à  Vaas,  consentie  par  Jean  Couette, 
écuyer,  sieur  de  la  Grifferie  et  de  la  Roche,  de  Vaas,  demeu- 
rant ;iu  lieu  seigneurial  de  la  Roche,  à  François  Fautras, 
sieur  de  la  Croix  et  de  la  Raudière,  y  demeurant,  paroisse 
de  Vaas,  pour  le  prix  de  224  livres  tournois. 


LA    BESNARDIERE. 

1085.  —  Messire  Charles  Jiai'entin,  abbé  commendataire 
lie  Vaas,  achète  une  rente  de  8  livres  15  sous,  assise  sur  le 
lieu  de  la  Besnardière,  à  Vaas,  pour  100  livres. 


231 


LA   BIFFERIE. 


1602.    —  Déclaration  du   lieu   de   la   Bifferie  à   Robert, 
docteur  en  théologie,  abbé  de  Vaas,  par  Pierre  Hérillart. 


LORIDIER. 


1771.  —  Vente  par  les  époux  René  Piron,  marchands, 
aux  époux  Louis  Chauveau  du  lieu  de  Loridier,  à  Vaas,  sur 
lequel  était  affectée  une  rente  de  50  livres. 


ACTES   DIVERS. 

1407.  —  Bail  à  trois  vies  par  les  religieux  de  Ghàteau- 
l'Hermitage  à  Macé  Coulleard,  à  sa  femme  et  son  vivant 
d'eux  trois,  de  2  arpents  de  terre  en  bois,  vigne,  et  bruyère, 
à  Vaas,  près  la  Gaherie,  pour  5  sous  tournois  de  rente. 

1475.  —  Acte  par  lequel  les  abbé  et  religieux  de  Vaas 
baillent  à  Philippon  Davy  et  à  ses  descendants  en  ligne 
directe  deux  pièces  de  terre  près  le  bois  du  Tertre,  à  la 
charge  d'y  construire  une  maison  sur  «  six  ataches  .»  bonne 
et  compétente,  dans  l'espace  de  six  ans,  et  d'en  payer  an- 
nuellement 15  sous  tournois  et  2  poules.  —  Déclarations 
rendues  à  Philippe  (1527),  à  François  Carreau  de  la  Garre- 
lière,  évêque  de  Salonnes  (1558),  à  frère  Michel  Guy  ton, 
prêtre  (1589) ,  à  Robert  et  autres  abbés  de  l'abbaye 
de  Vaas. 

1484.  —  Déclaration  rendue  pour  2  pièces  de  terre  près  le 
bois  du  Tertre  à  Jehan  Leproust,  abbé  de  Vaas. 

1485.  —  Vente  d'un  pré  de  3  quartiers  du  fiefde  Varennes, 
sur  la  rivière  du  Loir,  et  d'une  rente  de  25  sous  tournois  par 
Louis  le  Secrétaire,  d'Aubigné,   à   Jehan,    humble   abbé   de 


—  232  — 

Vaas,  pour  43  livres  tournois  payées  comptant  en  écus  à 
l'étoile,  valant  la  pièce  36  sous  6  deniers  tournois,  4  florins 
valant  chacun  17  sous  6  deniers  tournois,  2  florins  d'Aragon, 
valant  26  sous  3  deniers  tournois  l'un,  et  le  surplus  en  mon- 
naie courante. 

1487.  —  Délibération  capitulaire  à  laquelle  M^  Leproust, 
l'abbé  et  les  religieux  deVaas  consentent  baillée  perpétuelle 
à  René  Lefebvre,  de  Lavernat,  d'une  pièce  de  terre  en  gast, 
moyennant  12  deniers  de  cens  et  une  rente  annuelle  de  20 
sols  6  deniers. 

1488.  —  Vente  de  3  quartiers  de  pré  dans  la  prée  de  la 
Pointe,  à  Nogent-sur-Loir,  au  fief  de  Vaux,  faite  par  Perrot 
de  Vaas,  à  Jehan,  abbé  de  l'abbaye  de  Vaas,  pour  le  prix  de 
20  livres  10  sous  tournois. 

1489.  —  Autre  acte  par  lequel  l'abbé  et  les  religieux  de 
Vaas  baillent  à  titre  perpétuel  à  Julien  Picher,  Jehan  Picher, 
son  fils,  et  Michau  Chastellier,  son  gendre,  une  pièce  de 
gast  de  1  arpent  1/2  adjointe  à  la  pi-écédente  et  aux  terres 
de  la  métairie  du  Pin,  pour  12  deniers  de  cens  et  22  sous 
6  deniers  de  rente. 

1497.  —  Vente  par  Jehan  Regnault  à  Philippe  Potier,  clerc 
de  Vaas,  d'une  pièce  de  vigne  de  1  quartier  1/2  près  le 
Grand-Pin,  pour  10  livres  tournois  payés  comptant. 

1499.  —  Vente  par  Jehan  Picher,  à  Jehan,  abbé  de  Vaas, 
de  la  part  indivise  d'une  vigne,  à  Vaas,  contenant  1/2  arpent, 
pour  8  livres  tournois  payés  comptant. 

1511.  —  Les  religieux  de  N.-D.  de  Gastines  baillent  à 
Michau  Gullier  et  à  Jean  Bourdilleau,  de  Vaas,  un  champ  de 
3  arpents,  pour  25  sous  et  2  chapons  de  rente. 

1521.  —  Bail  par  Alexandre,  abbé  commcndatairc  de 
Gastmes,  aux  enfants  de  feu  Jean  Pinard,  de  2  champs  de 
2  arpents  12  boisselées,  à  Vaas,  près  la  métairie  deChambon, 
pour  6  boisseaux  de  seigle  et  I  [)(Mile  de  rente. 

'I5'18.  —  Champ  en  bois  et  bruyère  d'un  arpeiil,  ;i  Vaas, 
b.iillf'    par  les  religieux  de  Gastines  à  Martin  Melacourt,  de 


—  233  - 

Saint-Germain-d'Arcé,  pour  7  sous  2  poules   de   rente    et  6 
deniers  de  cens. 

1521.  —  Alexandre,  abbé  de  Gastines,  baille  à  Mathurin 
Breteuil  et  à  la  veuve  Colas  de  Mézières,  sœur  dudit  Mathurin, 
une  maison  et  3  arpents  de  terre  près  la  Peschouère,  7  ar- 
pents de  terre  sur  le  bord  du  chemin  de  Vaas  à  Saint-Jean- 
de-Beauvais,  un  arpent  de  pré,  sur  la  rivière  de  la  Fare, 
pour  '20  sous  tournois  et  18  boisseaux  de  seigle  de  rente  pen- 
dant la  vie  des  preneurs.  Après  leurs  décès,  leurs  héritiers 
seront  tenus  de  payer  chaque  année  une  rente  de  2  septiers 
de  seigle,  30  sous  tournois  et  2  chapons  sans  compter  les 
dîmes. 

1527.  —  Martin  Goupilleau,  de  Yaas,  vend  à  Pierre 
Séquart,  un  champ  de  6  bois.selées  sis  au  fief  deMontsureau, 
pour  7  livres  tournois. 

1529.  —  Abandon  d'une  pièce  de  terre,  sise  sur  le  bord  de 
la  rivière  du  Loir,  par  M"  Pierre  Desmarnes,  prêtre,  demeu- 
rant à  Vaas,  pour  demeurer  quitte  envers  l'abbaye  d'une 
rente  de  7  livres  tournois  assise  sur  ledit  héritage.  —  Sous 
Philippe,  abbé  de  Vaas. 

1570.  —  Sentence  de  Pierre  Bodineau,  lieutenant  civil  et 
criminel  à  Chàteau-du-Loir,  condamnant  Pierre  Chesneau 
à  payer  à  Julien  Robineau,  fermier  du  prieuré  de  Montsu- 
reau,  à  Vaas,  les  droits  de  vente  pour  un  contrat  que  le 
défendeur  avait  passé  avec  Michel  Perroux  et  les  arrérages 
d'une  rente  de  30  sous  et  2  chapons  due  sur  un  arpent 
de  vigne  au  clos  de    Montsureau. 

1603.  —  Déclaration  rendue  au  regard  du  fief  des  Barres, 
à  Luceau,  par  Jean  Marais  et  Bastien  Le  Royer,  pour  divers 
héritages  au  lieu  de  Ballon,  à  Beaumont-Pied-de-Bœuf,  à 
frère  Bobert,  humble  abbé  de  Vaas. 

1609.  —  Autre  déclaration  rendue  par  François  Barbin  à 
frère  Robert,  humble  abbé  de  Vaas,  pour  une  maison  et 
dépendances  du  lieu  de  Beauregard,  en  Luceau. 

1675.   -  -   Frère   François  Jacques,    chanoine  régulier  de 


—  234  - 

Notre-Dame  de  Vaas,  assiste  au  mariage  de  François- 
Bernard  Coussin  de  Luché,  avec  Madeleine  Jacques  de  la 
Hurbière,  du  Lude. 

1G88.  —  Sentence  du  siège  de  Chàteau-du-Loir  (jui  con- 
damne Jacques  Busson,  détenteur  de  la  maison  de  Vlmage 
Saint-Pierre,  à  Vaas,  à  payer  à  messire  Charles  Barentin, 
abbé  commendataire  de  l'abbaye  de  Vaas,  une  rente  de  65 
sous  assise  sur  cette  maison. 

1717.  —  Bail  à  rente  d'une  place  de  maison,  à  Vaas,  fait 
par  messire  Barentin,  abbé  de  Vaas  et  de  la  Boissière,  à  M« 
Jean  Fouésil. 

1739.  —  Reconnaissance  au  prieuré  de  la  Fontaine-Saint- 
Martin  de  2  sous  (3  deniers  de  rente  sur  le  moulin  de  Boisard, 
à  Oize,  par  Madelon-Timoléon  de  Savonnière,  seigneur  de 
la  Cour-de-Net,  à  Vaas,  mari  de  Renée  Le  Roy. 

4748.  —  Abandon  du  lieu  de  Guillemaury  aux  prieur,  cou- 
vent et  abbaye  de  Vaas,  par  M^  Joseph  de  Goulard,  prêtre, 
ancien  curé  de  Luceau,  pour  une  rente  annuelle  et  viagère 
de  40  livres. 

1788.  —  Parmi  les  rentes  appartenant  aux  bénédictines  du 
prieuré  de  Château-du-Loir  sur  les  aides  et  gabelles,  il  en 
est  une  de  25  livres  que  Martin  Menant,  bourgeois  de  Paris, 
originaire  de  Vaas,  ancien  secrétaire  de  M.  de  la  Bourdon- 
naye,  ancien  syndic  des  rentes  de  l'hôtel  de  ville  de  Paris,  et 
époux  de  Marthe  Largillière,  avait  léguée  aux  dites  religieuses 
par  son  testament  du  19  octobre  1743  et  qui  faisait  partie 
d'une  rente  de  47  livres  10  sous  venus  audit  Menant  de  la 
succession  de  François  Gaultier,  ancien  directeur  des  vivres 
de  France  et  d'Allemagne. 

1788.  —  Bail  à  ferme  de  25  chaînées  de  terre  près  le  lieu 
de  Roisneau,  au  prieuré  de  N.-D.  de  Ch;Ueau-du-Loir,  pour 
10  livres  par  an,  à  Cuillaume  Gillet,  marchand  à  Vaas,  par 
la  supérieure  de  Maria-Moinerie,  la  dépositaire  Marie  Corbin 
et  la  l)oursicre  Jeanne  Cornilleau  (1). 

(1)  Exlr.  de  l'inv.  somm.  des  arch.  de  la  préfecture. 


:>35 


AMPHITHEATRE. 


Nous  croyons  devoir  reproduire  les  principaux  passages 
d'un  article  de  M.  G.  Jousse,  publié  dans  la  Sat^Uie,  sur  un 
amphithéâtre,  à  Vaas  : 

«  Il  y  a  quelques  jours,  je  visitais  les  restes  d'un  édifice 
dont  maintenant  on  ne  distingue  plus  que  des  murailles 
s'élevant  à  peine  à  quelques  décimètres  au-dessus  du  sol.  Je 
veux  parler  d'un  amphithéâtre  bâti,  sans  aucun  doute,  au 
temps  de  la  domination  romaine  dans  les  Gaules  et  dont 
l'arène  a  peut-être  été  arrosée  bien  des  fois  par  le  sang  des 
gladiateurs.  Les  ruines  de  cette  construction  portent  dans  le 
pays  le  nom  de  château  de  Gane  (1). 

»  Peut-être  a-t-il  existé  dans  les  environs  de  Vaas  un 
château  ayant  appartenu  à  Ganelon  seigneur  de  Gane,  mais 
assurément  les  restes  de  l'édifice  qui  se  trouvent  à  cinq  cents 
pas  de  l'arche  de  Cherré  ne  sont  pas  ceux  d'un  castel  féodal. 
D'ailleurs  on  va  en  juger  : 

»  L'amphithéâtre  en  question  —  je  dis  amphithéâtre  par 
ce  que  je  me  figure  que  ces  ruines  ne  peuvent  provenir  que 
d'une  construction  semblable  —  a  la  forme  d'une  demi  cir- 
conférence ayant  un  diamètre  d'environ  quarante  mètres. 
L'intérieur  est  entièrement  rempli  de  murailles  demi-circu- 
laires qui  probablement  s'élevaient  autrefois  en  gradins, 
puis  par  d'autres  qui  relient  ces  premières  entre  elles.  Au- 
devant  de  cette  partie  de  l'édifice,  devait,  sans  aucun  doute, 
se  trouver  l'arène  ;  car  on  voit  encore  des  pans  de  murs,  qui 
partant  de  la  construction  que  je  viens  de  décrire,  semblent 
avoir  du  se  continuer  parallèlement  et  entourer  un  espace 
carré  ou  rectangulaire  réservé  aux  sanglants  combats  des 
gladiateurs. 

»  Gomme  on  le  voit,  il  n'est  guère  probable  que  ces  ruines 

(1)  V.  Rech.  hist.  sur  Vaas  et  Lavernal,  p.  132  et  suiv. 


-    236  — 

proviennent  d'un  château  fort  qui,  d'ailleurs,  aurait  été  mal 
situé,  attendu  qu'il  se  serait  trouvé  au  fond  d'une  étroite 
vallée. 

»  Dans  une  prairie  située  de  l'autre  côté  de  la  route,  et 
distante  d'environ  cinq  cents  mètres  de  l'amphithéâtre,  des 
vestiges  de  constructions  qui,  j'ai  tout  lieu  de  le  croire, 
étaient  des  bains  romains.  Malheureusement,  il  m'a  été  im- 
possible de  me  rendre  bien  compte  de  la  distribution  de  ces 
nouvelles  ruines,  car,  plus  encore  qu'au  château  de  Gane, 
les  fouilles  sont  insignifiantes.  J'ai  remarqué  seulement  que 
les  murs  sont  d'une  épai.sseur  plus  qu'ordinaire  et  que 
l'édifice  devait  être  très  vaste.  D'ailleurs  cette  prairie  sem- 
ble renfermer  dans  son  sein  une  grande  quantité  de  restes 
de  murailles,  qui  ne  sont  pas  à  une  grande  profondeur. 

»  Maintenant  quel  est  l'historique  de  tous  ces  restes  d'édi- 
fices et  de  constructions  remontant  à  des  temps  bien 
éloignés  ? 

»  Des  fouilles  seules  pourront  peut-être  nous  renseigner, 
et  ce  n'est  qu'avec  l'intention  de  donner  l'éveil  aux  amateurs 
d'antiquités,  aux  savants,  que  j'ai  écrit  ces  quelques   lignes. 

»  Avis  donc  aux  archéologues  qui  trouveront  dans  des 
recherches  d'amples  dédommagements  pour  leurs  peines, 
c'est-à-dire  de  précieuses  découvertes,  intéressant  ranti([uité 
et  l'histoire.  » 

CIMETIÈRE. 

Au  mois  de  septembre  1886,  on  a  découvert  à  Vaas,  un 
cimetière  assez  considérable  et  qui  paraît  remonter  au  XII'' 
siècle.  Les  cercueils,  en  grès  coquillier,  d'une  longueur  de 
1'"  î)5  et  d'une  largeur  de  0'"  55  à  0'"  (iO  à  la  tète,  et  aux  pieds 
()'"  ;}5  à  0'»  40,  sont  placés  sous  une  couche  de  terre  d'une 
épai.sseur  de  ()'"  '25.  Ils  sont  orientés  à  l'est  sur  un  triangle 
d'une  étendue  de  100"'  à  la  base,  et  situés  au  nord  de  Vaas, 


^237 


dans  le  champ  des  Derrières,  le  long  de  la  ligne  de  Vaas  à 
à  Aubigné,  à  30'"  environ  de  la  station  de  Vaas.  Une  dizaine 
ont  été  mis  à  jour,  et  on  peut  supposer  qu'il  y  a  une  dizaine 
de  rangs  à  découvrir.  Les  couvercles  sont  en  fragments,  et 
à  l'intérieur  on  ne  trouve  plus  que  de  la  terre  et  des  débris 
d'os. 

F.  LEGEAY. 


CHRONIQUE 


Depuis  la  |)iil)lication  de  la  dernière  livraison,    la  Conseil 
de  la  Société  historique  cA  archéologique  du  Maine,  a  admis: 

Gomme  membre  titulaire  : 

M.  DE  LA  BARRE  DE  NANTEUIL  (le  vicomte  Emmanuel), 
au  château  de  Moire,  par  Fresnay-sur-Sarthe  (Sarthe). 

Comme  membre  associé  : 

M.  DE  CUMONT  (le  comte),  maire  de  Crissé,  conseiller  gé- 
néral, au  château  de  l'Hôpitau,  par  Sillé-le-Guillaume 
(Sarthe). 


On  vient  de  découvrir ,  dans  le  département  de  la 
Mayenne,  un  dolmen  (iiii,  jusipra  co  jour,  était  demeuré 
complètement  inconnu. 

Il  s'élève  sur  une  hauteur,  près  du  hameau  de  la  Louve- 
tière,  dépendant  de  la  commune  de  Saint-Mars-de-la-Futaye, 
mais  plus  rapproché  de  celle  de  Saint-Berthevin-la-Tanière, 
dont  il  n'est  éloigné  que  de  '2,800  mètres  Nord-Ouest. 

Le  monument  alïecte  la  forme  régulière  d'une  allée  cou- 
verte. Il  est  presque  enfoui  dans  le  sol,  cumme  celui  de  la 
Contrie,  près  d'Ernôe,  avec  lequel  il  oilre  la  plus  grande 
analogie.    Il  est   mieux  conservé  du  côté  du  chevet  qu'à 


—  239   - 

l'extrémité  opposée.  La  pierre  plate,  posée  verticalement, 
qui  forme  le  chevet,  est  de  dimensions  colossales,  et  plu- 
sieurs dalles  du  toit  sont  également  d'une  taille  et  d'un 
poids  peu  communs. 

La  longueur  est  d'environ  dix  mètres. 

Il  était  facile  de  reconnaître,  à  première  vue,  que  le  sol, 
à  l'intérieur,  avait  été  depuis  bien  longtemps  foulé,  creusé, 
bouleversé  et  que  par  con.séquent  des  fouilles  avaient  peu 
de  chance  de  réu.ssir.  Le  propriétaire,  mis  en  éveil  par  les 
visiteurs,  a  fait  pratiquer  une  excavation  près  de  la  pierre 
du  chevet  ;  un  archéologue  a,  depuis  lors,  trouvé  dans  les 
déblais  deux  couteaux  en  silex  et  un  fragment  de  poterie 
orné  de  lignes  au  pointillé. 

Nous  espérons  recevoir  sur  ce  dolmen,  fort  beau,  paraît- 
il,  des  renseignements  plus  détaillés.  E.  M. 


En  rendant  compte  du  décès  de  M.  Almire  Bernard, 
ancien  notaire  et  ancien  maire  de  Saint-Pierre-sur-Orlhe 
(Mayenne)  nous  signalions  une  donation  faite  par  lui,  à  la 
Bibliothèque  de  Laval,  de  divers  manuscrits  consistant  prin- 
cipalement en  notes  recueillies  pendant  sa  longue  carrière. 
Nous  sommes  aujourd'hui  en  mesure  d'affirmer  que  ce  fonds 
comprend  non  pas  six  volumes,  mais  trente  volumes  et  une 
dizaine  de  liasses,  déjà  entrées  à  la  Bibliothèque  de  Laval. 


Notre  confrère,  M.  Liger,  continus  avec  succès  ses  inté- 
ressantes études  sur  les  anciennes  voies  romaines  de  la 
région.  Il  vient  encore  de  signaler  sur  le  plateau  de  la 
Grande  Guette,  aux  deux  tiers  de  la  distance  du  Mans  à 
Jublains  et  au  point  correspondant  à  la  dix-septième  heue 


2.4() 


gauloise,  non  loin  du  vieux  chemin  d'Évron,  l'existence 
d'une  station  romaine  dont  les  débris  jonchent  le  sol  sur 
une  superficie  d'environ  sept  hectares.  Dans  cet  espace,  on 
trouve,  paraît-il,  les  traces  de  deux  édifices  importants, 
comportant,  l'un,  un  carré  parfait  de  '21  mètres  de  côté, 
l'autre  un  carré  long  d'environ  33  mètres  sur  18.  Les  murs 
n'avaient  pas  moins  de  0"i  9(K  d'épaisseur. 

M.  Liger  nous  a  remis,  d'autre  part,  une  tuile  romaine 
trouvée  récemment  par  des  ouvriers  du  gaz,  dans  la  rue  de 
Paris,  au  Mans.  Ce  fait  confirme  l'opinion  de  l'abbé  Voisin 
d'après  lequel  la  direction  de  la  rue  de  Paris  serait  celle 
d'une  ancienne  voie. 


Le  château  de  Bonnôtable,  restauré  avec  tant  de  soin  et 
de  magnificence,  par  M.  le  duc  de  Doudeauville,  a  été  inau- 
guré le  dimanche  26  août  1888  par  des  fêtes  brillantes  qui 
laisseront  dans  la  contrée  un  long  et  excellent  souvenir. 
Nous  n'avons  pas,  dans  cette  chronique,  à  donner  le  récit 
de  ces  fêtes  dont  les  moindres  détails  ont  été  longuement 
racontés  i)ai'  la  presse  parisienne  et  par  la  presse  locale. 
Nous  croyons  seulement  devoir  conserver,  pour  les  lecteurs 
de  la  Bévue,  la  date  d'inauguration  du  château,  date  désor- 
mais très  importante  pour  l'histoire  de  l'édifice  et  pour  celle 
de  la  ville  de  Bonnétable. 

Nous  tenons  aussi  à  répondre  aux  désirs  qui  nuus  ont  été 
exprimés  par  plusieurs  de  nos  confrères,  en  rappelant  la 
date  précise  de  la  construction  du  château.  Ce  fut  le  15  juillet 
1476  que  Jehan  d'Harcourt,  autorisé  par  lettres  patentes  à 
rétablir  et  à  fortifier  son  château  de  Bonnétable,  traita  avec 
un  architecte  angevin,  Mathurin  Delandelles,  ([ui  prenait 
modestement  la  qualification  de  maçon,  et  lui  fit  établir  un 
curieux  devis,  dont  le  texte  a  été  publié  en  1859,  par   M.  F, 


—  241   - 

Piel  dans  une  Notice  sur  le  château  de  Bonnétahle.  Les 
ouvriers  se  mirent  aussitôt  à  l'œuvre,  mais  des  difficultés 
étant  survenues  en  raison  de  l'insuffisance  des  salaires,  les 
travaux  furent  suspendus.  Peu  après,  Jean  d'Harcourt  re- 
connut la  justesse  des  plaintes  qui  lui  étaient  adressées,  et 
le  7  janvier  1479  il  conclut  avec  Mathurin  Delandelles  un 
nouveau  marché,  dont  le  texte  a  été  publié  également  par 
M.  F.  Piel.  Reprise  sur  le  champ,  -la  construction  ne  semble 
pas  avoir  subi  de  nouvelle  interruption. 

Le  château  de  Jean  d'Harcourt  était  donc  un  intéressant 
spécimen  des  forteresses  élevées  après  la  guerre  de  Cent 
Ans,  à  la  veille  de  la  Renaissance,  au  moment  où  les 
sombres  demeures  seigneuriales  de  l'époque  féodale  com- 
mencent à  se  transformer. 

La  Notice  sur  le  château  de  Bonnétahle  de  M.  F.  Piel  a 
été  insérée  dans  la  Revue  de  VAnjou,  tome  IV  pages  65  et 
193,  tome  V,  page  1.  Angers,  Cosnier  et  Lacheze,  1859. 

R.  T. 


Nous  sommes  heureux  d'apprendre  à  nos  confrères  que 
dans  sa  dernière  session  (août  1888),  sur  le  rapport  présenté 
par  un  de  ses  membres,  M.  Renard,  et  sur  la  proposition  de 
M.  le  Préfet,  le  Conseil  général  a  bien  voulu  renouveler,  à 
la  Société  historique  et  archéologique  du  Maine^  pour  l'exer- 
cice 1889,  la  subvention  annuelle  de  1200  fr.  qui  lui  avait 
été  accordée  pour  l'exercice  1888  sur  le  rapport  de  M.  Bout- 
tié.  C'est  une  nouvelle  preuve  du  haut  intérêt  que  l'Assem- 
blée départementale  de  la  Sarthe ,  conformément  à  ses 
excellentes  traditions,  porte  toujours  au  développement  des 
études  historiques  et  artistiques. 


XXIV.    10 


—  ^242  — 

Par  décision  du  mois  de  juillet  dernier,  notre  collabora- 
teur et  confrère,  M.  André  Joubert,  a  été  nommé  membre 
d'honneur  de  VAcademia  ddle  Giovani  Italiani,  de  Naples, 
placée  sous  la  présidence  d'honneur  du  célèbre  historien 
César  Gantu. 


La  Société  historique  et  archéologique  di<  Maine  vient  de 
faire  une  nouvelle  perte  très  sensible  par  la  mort  de  M.  le 
comte  du  Buat,  arrivée  en  son  château  de  la  Subrardière, 
en  la  commune  de  Méral  (Mayenne).  Ce  triste  événement 
est  depuis  plusieurs  semaines  parvenu  à  la  connaissance  de 
tons  les  membres  de  la  Société,  car  la  presse  a  payé  un 
juste  tribut  d'hommage  aux  grandes  qualités  du  défunt. 

M.  le  comte  Charles  du  Buat  était  né  à  Laval  en  1804.  Par 
son  père,  il  descendait  d'une  très  ancienne  famille  de  Nor- 
mandie et  par  sa  mère  d'une  famille  non  moins  distinguée 
venue  de  Bretagne.  Elevé  dans  les  traditions  du  dévoue- 
ment le  plus  absolu  à  la  cause  de  la  royauté  légitime, 
Charles  du  Buat,  lorsqu'arrivèrent  les  événements  de  1832, 
prit  part  à  l'organisation  du  mouvement  qui  se  prépa- 
rait dans  l'Ouest,  et  (jui  fut  étoufïc  avant  d'avoir  pu  se 
produire. 

L'année  suivante  il  épousa  M"'^'  Clotilde  d'Anthenaise  et 
s'établit  à  sa  terre  de  la  Subrardière,  au  milieu  d'un  pay.s" 
sans  communications  et  où  l'agriculture  n'était  qu'une  rou- 
tine. Aussitôt  il  s'appliqua  à  l'étude  de  la  science  agricole  et 
en  peu  de  temps  il  lui  fit  faire  des  progrès  remarquables. 
Les  médailles  qu'il  a  remportées,  les  objets  d'art  qu'il  a 
obtenus  dans  tant  de  concours,  forment  une  véritable  collec- 
tion dont  le  joyau  est  la  prime  d'honneur,  c'est-à-dire  la 
plus  haute  recompen.se  agricole.  Elle  lui  fut  décernée  en 
1862.  Le  3  août  1875,  la  croix  de  la  Légion  d'honneur  lui  fut 


—  24:i  — 

offerte  pour  affirmer  la  continuité  de  sa  supériorité  agricole. 

Content  du  bien  qu'il  produisait  autour  de  lui,  M.  le 
comte  du  Buat  n'eut  pas  d'ambition  politique.  Pressé  par 
ses  amis,  en  1869,  il  accepta  la  candidature  législative  pour 
la  circonscription  de  Château-Gontier,  mais  il  l'abandonna 
dans  la  pensée  qu'un  autre  rendrait  plus  de  services  que  lui. 

La  seule  fonction  publique  qu'il  ait  occupée  a  été  celle  de 
maire  de  Méral,  fonction  qu'il  a  remplie  depuis  1848,  c'est" 
à-dire,  comme  il  aimait  à  le  rappeler  lui-même,  dès  le 
moment  qu'elle  est  devenue  élective,  et  qu'il  a  conservée 
jusqu'à  sa  mort.  Ses  administrés  ont  prouvé  par  leurs  regrets 
combien  il  leur  avait  rendu  de  services  et  combien  il  leur 
avait  inspiré  de  respectueuse  affection.  Dieu  seul  connaît  le 
nombre  des  infortunes  qu'il  a  secourues  ;  mais  il  n'a  pu 
cacher  tout  le  bien  qu'il  a  fait,  par  exemple  la  fondation  de 
l'hôpital  de  Méral  ;  la  reconstruction  et  Tameublement,  sans 
impôts  ni  emprunt,  de  l'église  paroissiale  ;  la  générosité 
quasi-princière  avec  laquelle  il  a  concouru  à  l'établissement 
des  Frères  de  Saint-Gabriel,  à  Clavières  et  dans  l'école  de 
Méral,  à  la  fondation  de  l'Université  catholique  d'Angers  et 
à  celle  d'une  école  libre  dans  la  commune  dont  il  avait 
l'administration. 

Ce  fut  au  miheu  de  ces  travaux  que  Dieu  le  rappela  à  lui 
le  12  juillet.  A  ses  funérailles  qui  eurent  lieu  le  17,  un  con- 
cours immense  venu  de  toute  la  contrée  attestait  la  grande 
place  qu'a  tenu  dans  le  pays,  surtout  par  sa  bonté  et  sa 
générosité  intelligente,  M.  le  comte  Charles  du  Buat.  Notre 
confrère,  M.  Jules  Planté,  notaire  à  Ballots,  au  nom  du 
conseil  municipal  de  Méral,  rendit  un  éloquent  et  juste 
hommage  à  ses  qualités  et  à  ses  vertus. 

,  Dom  Paul  PIOLIN. 


-  241  - 

Depuis  l'impression  de  la  dernière  livraison,  notre  Société 
a  eu  également  le  très  vif  regret  de  perdre  M.  Bouriat, 
maire  de  Changé,  conseiller  général  de  la  Sarthe,  l'un  de 
nos  membres  titulaires  les  plus  anciens. 

Né  à  Paris,  M.  Bouriat  n'était  venu  à  Changé  qu'après  son 
mariage,  mais  ses  bienfaits  et  les  services  qu'il  a  rendus 
donnent  à  cette  commune  le  droit  de  le  revendiquer  comme 
un  des  siens.  Il  connaissait  tous  les  habitants  de  Changé. 
Leurs  peines  étaient  ses  peines,  leurs  joies  ses  joies.  Nul  n'a 
jamais  fait  vainement  appel  à  ses  conseils,  à  ses  lumières,  à 
sa  charité. 

En  même  temps  qu'il  était  homme  de  devoir,  M.  Bouriat 
était  un  ami  dévoué  des  lettres  et  des  arts.  En  toutes  cir- 
constances, il  s'efforçait  de  contribuer  à  leur  développement 
et  la  Société  du  Maine,  en  particulier,  ne  saurait  oublier 
l'empressement  avec  lequel  il  se  fit  inscrire  sur  ses  listes 
comme  membre  a.ssocié  dès  l'année  1876,  époque  de  la 
fondation  de  notre  Revue.  En  1877,  M.  Bouriat  devenait 
membre  titulaire,  montrant  ainsi  tout  l'intérêt  qu'il  portait  à 
la  jeune  Société,  et  ce  bienveillant  intérêt  il  devait  le  lui 
conserver  pendant  douze  années  consécutives.  Les  obsèques 
de  M.  Bouriat  ont  eu  lieu  dans  l'église  d'Yvré-l'Evêque,  le 
lundi  16  juillet,  en  présence  d'une  assistance  considérable 
qui  avait  tenu  à  honneur  de  venir  rendre  un  suprême 
hommage  à  notre  regretté  confrère. 


R.  T. 


LIVRES  NOUVEAUX 


Le    graduel   de   la   bibliothèque  de    Limoges.    Notice 
et  extraits,  par  M.  L.  Guibert.  Paris,  1888,  in-S»  de  50  [i. 

Ce  très  intéressant  travail  a  paru  dans  le  Bulletin  du 
Comité,  section  d'histoire  et  de  philologie,  année  1887.  Il 
est  précédé  d'un  rapport  par  M.  Paul  Meyer,  membre  de 
l'Institut.  Gomme  ce  rapport,  parfaitement  motivé,  conclut 
à  la  publication  intégrale  de  la  communication  de  monsieur 
L.  CTuilbert,  nous  n'avons  pas  autre  chose  à  faire  qu'à 
constater  ce  fait,  c'est  le  meilleur  éloge  qui  puisse  le  recom- 
mander. 

Mais  comment  le  Graduel  de  la  bibliothèque  de  Limoges 
intéresse-t-il  les  Manceaux  '?  Il  les  intéresse  très  particulière- 
ment parcequ'il  a  été  donné  à  la  collégiale  de  Saint-Junien, 
au  diocèse  de  Limoges,  le  7  mai  1387,  par  l'abbé  de  Saint- 
Pierre  de  la  Gouture  au  Mans. 

Ge  prélat  était  Pascal  Hugonot,  né  à  Saint-Junien,  aujour- 
d'hui chef-lieu  de  canton,  département  de  la  Haute-Vienne. 
Il  embrassa  la  vie  monastique  et  devint  prieur  du  prieuré  de 
Saint-Hilaire-du-Harcouet  (  Saint  -  Hylaire-le-Bascoyst  dit 
l'épitaphe  de  son  tombeau  ).  Il  fut  ensuite  élu  abbé  de  Notre- 
l>ame-de-Lonlay  et  enfin  fut  élevé  au  poste  plus  important 
d'abbé  de  la  Couture,  au  Mans.  Son  administration  fut  des 
plus  heureuses.  Non-seulement  il  accrut  les  revenus  du 
monastère,  mais  il  fit  reconstruire  une  partie  des  bâtiments; 
il  enrichit  l'église  d'ornements  précieux  et  fit  exécuter  pour 


—  2W  — 

le  trésor  «  le  chief  de  M.  Saint-Bertrand.  »  Le  Saint-Siège 
lui  accorda  l'usage  des  insignes  pontificaux  et  le  privilège 
de  donner  la  bénédiction  épiscopale.  Il  était  docteur  en  droit 
canonique  et  renommé  pour  sa  prudence.  Ses  bulles  sont 
de  1375  et  il  mourut  le  3  octobre  1399.  Son  tombeau  qui 
était  en  cuivre  émaillé,  était  au  milieu  du  chœur  de  l'église 
abbatiale  de  la  Couture. 

Quant  au  Graduel  que  Pascal  Hugonot  ou  Huguenot  donna 
au  chapitre  de  Saint-Junien,  c'est  l'un  des  plus  importants 
monuments  liturgiques  que  possède  la  France  et  sou  étude 
apporte  beaucoup  de  profit. 

Dom  Paul  PIOLIN. 


Vie  du  R.-P.  Pierre  Ghaignon,  parle  P.  Xavier-A.  Séjourné, 
S.  .1.  Paris,  Rétaux-Bray,  1<S88.  In-12  de  III-418  p. 

Malgré  l'abus  trop  général  en  notre  temps  des  monogra- 
graphie  et  les  plaintes  fondées  qui  s'élèvent  de  toutes  parts  à 
ce  sujet,  nous  pensons  que  le  R.  P.  Séjourné,  S.  J.  a  eu 
raison  de  publier  la  Vie  du  R.  P.  Pierre  Ghaignon  dont  la 
longue  carrière  a  été  si  féconde  en  œuvres  utiles  pour  l'Eglise 
et  pour  la  société.  Il  y  avait  peu  de  religieux  en  France 
aussi  connu  que  le  P.  Ghaignon  ;  il  y  en  a  peu  (|ui  aient 
autant  prêché  que  lui  et  qui  aient  fait  entendre  leur  voix 
dans  un  au.ssi  grand  nombre  de  diocèses.  Sa  vie  écrite  avec 
fidélité,  simplicité  et  délicatesse,  réveillera,  surtout  dans  le 
clergé,  des  souvenirs  précieux.  Ges  souvenirs,  nous  en  som- 
mes .sûrs,  sont  à  peine  assoupis  ;  mais  leiu'  réveil  sera  d'un 
grand  profit  pour  tous. 

Lors  même  que  le  livre  du  R.  P.  Sùjuurné  ii'aui'ail  point 
ce  succès  universel  que  nous  croyons  pouvoir  lui  i)rédire  ; 
il  devrait  trouver  dans  notre  province  du  Maine    un   accueil 


—  247  — 

exceptionnel.  Chez  nous  nul  ne  peut  oublier  que  le  R.  P. 
Chaignon  est  un  compatriote  et  qu'il  comptera  toujours 
parmi  les  illustrations  mancelles  comme  orateur,  comme 
écrivain  ascétique  et  surtout  comme  prêtre  et  reli- 
gieux d'une  éminente  vertu  et  d'un  zèle  admirable.  Ce 
grand  serviteur  de  Dieu  a  beaucoup  travaillé  dans  notre 
province  ;  Laval  a  eu  le  bonheur  de  le  posséder  durant  de 
nombreuses  années.  Le  clergé  des  deux  diocèses  du  Mans  et 
de  Laval  lui  a  de  grandes  obligations  ainsi  que  presque  toutes 
les  communautés  religieuses  de  la  contrée.  C'est  avec  grand 
plaisir  que  l'on  retrouve  dans  les  pages  pieuses  et  spirituelles 
du  R.  P.  Séjourné  le  souvenir  de  beaucoup  de  localités  et  de 
beaucoup  de  personnes  qui  nous  intéressent,  nous  Manceaux, 
à  tant  de  titres. 

Dom  Paul  PIOLIN. 


Lettres  du  maréchal  de  Tessé  à  madame  ta  ducliesse 
de  Bourgogne,  madam,e  la  princesse  des  Ursins,  madame 
de  Maintenon,  M.  de  Pontcliartrain,  etc.  etc.  ;  publiées 
par  M.  le  comte  de  Rambuteau.  Paris,  Calmann  Lévy, 
édit   In-8°  de  XXXI-505  p.  1888. 

René,  sire  de  Froulai,  comte  de  Tessé,  marquis  de 
Lavardin,  vicomte  de  Reaumont  et  de  Fresnay,  baron 
d'Âunay,  d'Ambrières,  Châteauneuf,  de  Vernie,  etc.  grand 
d'Espagne,  maréchal  de  France,  chevalier  des  ordres  du  roi 
et  de  l'ordre  de  la  Toison-d'Or,  lieutenant-général  des  pays 
du  Maine,  du  Perche  et  du  couité  de  Laval,  etc.  etc.,  n'est 
poin',  un  grand  homme  assurément  ;  mais  c'est  une  figure 
remarquable,  et  pour  les  Manceaux  c'est  une  illustration 
qu'ils  ne  sauraient  oublier.  Avec  la  publication  de  M.  1p 
comte   de   Rambuteau   il   leur  sera  bien  plus  facile  de  faire 


—  t2i8  — 

connaissance  avec  ce  grand  seigneur  qui  fut  durant  quarante- 
cinq  ans  lieutenant-général  du  Maine. 

Tel  que  nous  le  peint  l'éditeur  de  ses  Lettres,  le  maréchal 
de  Tessé,  c'est  le  modèle  du  courtisan  :  ce  bel  homme  aux 
façons  engageantes,  accompli  dans  l'art  de  charmer,  qui,  de 
la  tranchée  d'un  siège  ou  de  la  chaise  de  poste  du  diplomate, 
tient  toujours  son  regard  fixé  sur  Versailles  :  pareil  au 
tournesol,  l'emblème  préféré  des  jours  de  carrousel,  il  attend 
un  rayon  de  l'astre  pour  fleurir.  Plaire  au  roi  tout  d'abord  ; 
ensuite  la  grosse  affaire  du  courtisan  c'est  Famour. 

L'époque  à  laquelle  nous  reporte  la  correspondance  de 
Tessé,  c'est  la  fm  du  grand  règne  :  madame  de  Maintenon 
domine,  Louvois  n'est  plus,  les  grands  maréchaux  de  France 
sont  morts  ou  hors  de  service  ;  et  le  roi  tient  —  pour  ce 
trône  d'Espagne  donné  à  son  petit-fils,  —  résolument  tète  à 
toute  l'Europe.  Il  y  a  des  rides  sur  son  visage,  comme  il  y  a 
de  grandes  plaies  dans  son  royaume  ;  mais  le  sourire 
olympien  du  maître  saura,  jusqu'au  bout,  grimer  toutes  les 
figures  ;  la  grâce  est  la  reine  de  Marly  aussi  bien  que  de 
Versailles,  et  Tessé  est  un  maître  en  cet  art  charmant  de  la 
révérance  et  du  baisemain. 

Mieux  vaut  le  voir  là  ([u'aux  armées  :  il  se  plaint  toujours 
et  annonce  des  désastres  pour  qu'on  lui  sache  gré  d'un  demi- 
succès  ou  qu'on  lui  pardonne  un  échec.  Un  jour  même  il 
oublie  trop  le  français  pour  ne  se  rappeler  que  Vécuyer  de 
la  duchesse  de  Bourgogne,  dans  la  molle  poursuite  (|u'ii 
donne  au  duc  de  Savoie,  après  la  levée  du  siège  de  Toulon, 
Louis  XIV,  un  grand  français,  lui,  ne  le  pardonnera  jamais  ; 
Tessé  pourra  se  montrer  à  l'Opéra  dans  la  loge  de  Villeroy, 
on  ne  le  reverra  plus  aux  batailles. 

Pour  amuser  ses  nobles  correspondantes,  il  l'aul  conter 
galamment  l'histoire  risquée  et  crayonner  le.stement  le  der- 
nier .scandale  mondain  :  il  y  excelle,  badinant  un  peu  de  tout. 
L'éditeur  le   donne   à   vif,    en    ses    propos   gaulois  :    ayant 


—  liO  - 

expurgé  les  plus  salés,  il  prie  son  lecteur  de  prendre  légère- 
ment les  autres. 

Outre  ces  récits  un  peu  risqués,  nous  reprocherons  à 
Tessé  sa  conduite  à  Rome  contre  le  pape  Clément  XI  et 
plusieurs  passages  de  ses  lettres  dans  lesquels  il  parle  du 
souverain  Pontife  presque  comme  un  hérétique.  Et  cepen- 
dant, malgré  ses  écarts  en  divers  sens,  Tessé  n'était  ni  un 
débauché  ni  un  mécréant  ;  mais  il  avait  ressenti  autant  que 
tout  autre  les  funestes  effets  du  gallicanisme  et  les  fausses 
maximes  d'une  société  qu'on  nous  représente  comme  rem- 
plie d'erreurs  mais  délicieuse.  On  sait  que  notre  compatriote 
finit  pieusement  sa  vie  chez  les  Gamaldules  de  Grosbois,  le 
30  mai  1725,  à  l'âge  de  soixante-quatorze  ans.  Son  corps 
fut  transporté  au  pays  du  Maine,  et  présenté  le  16  juin 
suivant  au  curé  de  l'église  paroissiale  de  Vernie,  où  il  avait 
ordonné  sa  sépulture,  par  le  Père  Nicolas-Antonin  O'Kenny, 
dominicain,  docteur  en  théologie  de  la  faculté  de  Paris,  qui 
prononça  son  oraison  funèbre  dans  la  même  église. 

Dans  la  correspondance  de  Tessé,  nous  avons  moins  cher- 
ché la  silhouette  de  la  société  vers  la  fin  du  XVII"  siècle,  que 
les  traits  qui  se  rapportaient  à  notre  chère  province  du 
Maine  et  à  la  famille  de  Froulai  qui,  à  cette  date,  y  tenait 
une  place  si  marquée.  Les  renseignements  sont  assez  rares 
sur  ces  deux  points,  mais  il  faut  se  souvenir  que  nous  n'avons 
qu'un  choix  des  lettres  toutes  adressées  à  la  duchesse  de 
Bourgogne,  à  la  sœur  de  celle-ci  reine  d'Espagne,  à  madame 
des  Ur.sins,  à  madame  de  Maintenon,  etc.,  et  pas  une  seule 
à  ses  proches.  Tessé  nous  y  apprend  que  sa  femme  n'était 
jamais  venue  à  la  cour  et  qu'elle  ne  désirait  pas  y  paraître  ; 
son  fils  aîné,  dont  il  semble  content,  parut,  lui,  de  très 
bonne  heure,  .son  père  lui  céda  l'une  de  .ses  principales 
charges  et  Pontchartrain  lui  porta  beaucoup  d'intérêt  ;  un 
second  fils,  au  contraire,  devint  une  sorte  de  bohème,  épousa 
la  fille  d'un  caissier  infidèle  du  célèbre  banquier  Bernard  et 
se  sauva  en  Suisse  ;  c'était  pour  ces  gens  que  la  Bastille  était 


—  250  — 

bonne  ;  s'il  avait  été  au  pouvoir  du  père  ce  cadet  aurait  été 
au  château  d'If  méditer  sur  les  folles  aventures.  Tessé  venait 
tous  les  ans  dans  le  naois  d'octobre  à  sa  terre  de  Vernie  ;  il  y 
chassait  avec  ses  voisins  ;  à  Tessé  il  trouvait  un  château  tout 
délabré  et  sans  fenêtres  garnies,  il  n'y  avait  de  chambre 
convenable  que  dans  une  tour.  Les  chemins  étaient  si  détes- 
tables qu'il  fallait  mettre  des  bœuts  aux  voitures  les  plus 
élégantes  et  celles-ci  devaient  être  solides  pour  arriver  à  bon 
port.  Aussi  le  maréchal  se  plaint-il  souvent  de  la  solitude 
complète  dans  laquelle  on  le  laisse.  On  le  voit  .s'occuper  de 
mettre  en  vente  sa  terre  de  Lavardin  (2  juillet  1704),  mais  il 
voudrait  qu'elle  ne  sortit  point  de  sa  famille. 

Le  8  mars  1712,  Louis  de  la  Vergue  de  Monthénard  de 
Tressan,  évèque  du  Mans,  venait  de  mourir,  et  aussitôt  le 
maréchal  de  Tessé  alla  trouver  le  P.  Le  Tellier  pour  faire 
donner  le  siège  de  saint  Julien  au  cardinal  de  la  Trémoille  ; 
il  en  écrivit  à  celui-ci  et  à  la  princesse  des  Ursins,  sœur  du 
prélat.  Mais  les  choses  ne  tournèrent  pas  comme  il  le  dési- 
rait et  le  cardinal  de  la  Trémoille  s'assit  sur  le  trône  archi- 
épiscopal d'Aucli.  Le  Mans  fut  moins  bien  partagé,  il  eut 
Pierre-Roger  du  Crévy  dont  le  règne  eut  peu  d'éclat. 

N'oublions  pas  un  échec  que  l'amour  propre  du  maréchal 
de  Tessé  eut  à  subir  au  Mans  :  il  eut  occasion  de  parler 
devant  le  présidial  de  cette  ville  ;  mais  il  s'embrouilla  et 
resta  court.  Ce  fait  e.st  certainement  antérieur  à  sa  grande 
fortune  à  la  cour,  il  lui  tenait  au  cœur,  car  il  y  revient  plu- 
sieurs fois  dans  sa  correspondance  (p.  20l,i'(-0). 

Mais  la  i)ièce  la  plus  importante  pour  nous  en  particulier, 
c'e.st  la  lettre  (|iril  écrivit  de  Mantoue,  le  12  mai  1702,  et 
(ju'il  adressa  au  ministre  Chamillart,  au  sujet  du  major  du 
Mans.  Je  la  transcris  toute  entière,  quoique  un  peu  longue, 
pour  donner  une  idée  de  la  ntanière  de  l'écrivain  e1  surtout 
pour  faire  connaître  un  document  qui  a  sa  valeiu'. 

(.(  Vous  vous  moquerez  de  moi,  Monsieur,  et  ce  ne  sera 
pas  la  pieuiière  fois  que  je  l'ai  mérité.  Je  ne  croyais  pas  que 


—  251  — 

de  Mantoue  je  dusse  jamais  vous  importuner  de  ce  qui  se 
passe  au  Mans. 

«  Cette  municipale  des  bons  chapons  n'a  jamais  eu  de 
gouverneur-particulier  et  nos  grands-pères,  gouverneurs  et 
et  lieutenants-généraux  de  la  province,  avaient  seulement  la 
coutume  de  mettre  un  gentilhomme  à  eux,  sous  le  titre  de 
major,  qui  n'avait  d'autorité,  de  commendement,  ni  de  fonc- 
tion, que  celle  de  porter  une  canne,  de  s'appeler  M.  le  major, 
et  de  briller  sous  les  halles  du  Mans,  aux  importantes  occa- 
sions de  tirer  de  l'arbalète,  et  de  faire  mettre  en  quelque 
sorte  d'ordonnance  les  milices  de  la  ville,  quand  il  s'agissait 
de  faire  pendre  quelqu'un,  ou  de  faire  quelque  cérémonie 
publique  ;  mais  jamais  de  rang,  de  commendement,  de 
séance,  ni  d'autorité. 

»  Quand,  après  la  mort  de  mon  grand-père,  M.  le  duc  de 
Gesvres  fut  gouverneur  de  la  province,  il  pourvut  un  nommé 
des  Sablons,  garde  du  roi,  de  cet  important  office,  dont 
jamais  il  n'a  fait  nulle  autre  fonction,  que  celle  de  porter 
une  canne,  et  se  défit  même  de  sa  canne  en  1680,  en  faveur 
du  sieur  de  Courcival,  pour  une  pièce  de  mille  ou  douze  cents 
livres. 

»  Sur  ce  principe  d'une  majorité  imaginaire,  le  sieur  de 
Courcival  commença  de  vouloir  régler  les  prétentions  de  sa 
majorité  sur  les  prérogatives  de  celles  de  Cambrai,  de  Lille 
et  d'Arras,  voulant  mettre  des  bourgeois  aux  portes  et  les 
faire  fermer  ;  pour  cela  il  eût  fallu  en  faire  de  neuves. 

»  Je  fis  dans  ce  temps-là  un  tour  en  province,  et  j'abolis 
toutes  les  prétentions  imaginaires  de  M.  le  Major  ;  il  écrivit 
à  M.  de  Louvois,  qui  vivait  alors,  aussi  bien  qu'à  M.  le  mar- 
quis de  Chciteauneuf,  secrétaire  d'État  de  la  province  ;  ils 
ordonnèrent  tous  les  deux  que  les  mêmes  choses  demeure- 
raient dans  l'état,  où  elles  avaient  été  depuis  deux  cents  ans, 
c'est-à-dire  que  le  sieur  de  Courcival  cesserait  ses  préten- 
tions, qui  n'étaient  [las  moindres  que  d'avoir  la  même 
autorité,  au  Mans,  que  celle  de  M.  le  gouverneur  de  la  pro- 


—  '25-2  — 

vince,  ou  celle  de  M.  le  lieutenant-général,  en  son  absence. 
Il  n'y  eut  point  d'arrêt  donné  sur  cela,  mais  feu  M.  le 
marquis  de  Chateauneuf  dità  M.  de  Courcival,  ou  lui  manda, 
que  l'intention  du  Boi  était  que  les  choses  demeurassent 
comme  elles  étaient  :  l'on  n'en  a  pas  entendu  parler 
depuis. 

»  Voilà  déjà.  Monsieur,  bien  du  verbiage  ;  je  vais  essayer 
de  le  finir  par  vous  représenter  que  tous  nos  pauvres 
Manceaux,  mes  compères,  sont  au  désespoir  que  M.  Le  Vayer, 
lieutenant-général  ,  lequel  est  un  parfaitement  honnête 
homme,  bon  citoyen,  qui  a  financé  considérablement  pour 
sa  charge  de  maire  perpétuel,  lequel  n'a  jamais  été  troublé 
dans  les  fonctions  de  sa  charge,  que  par  cet  imaginaire 
major  ;  que,  dis-je,  le  sieur  Le  Vayer  n'auroit  quasi  plus  de 
fonction,  et  qu'enfin  il  vaudroit  mieux  que  la  ville  donnât 
mille  écus  ou  quatre  mille  francs  à  M.  le  major,  pour  sous- 
traire son  imaginaire  emploi  qui  désole  tout  le  monde,  et  qui 
prétend  même  prendre  le  pas  sur  la  noblesse,  qui  m'en  a 
écrit  dix  lettres  ;  ou  que  le  Roi  enfin  ordonnât  que  les  choses 
demeurassent  à  l'égard  du  major,  comme  elles  ont  été  depuis 
cent  ans,  c'e.st-à-dire  sans  autre  fonction  que  celle  de  porter 
une  canne  et  de  s'appeler  ^L  le  major. 

)->  Vous  trouverez  ci-joint.  Monsieur^  les  deux  lettres  que 
m'écrivent  les  sieur  Le  Vayer  et  les  maire  et  échevins. 
J'écris  sur  cela  une  lettre  à  peu  près  pareille  à  M.  le  mar- 
quis de  la  Vrillière,  hormis  que  je  ne  lui  envoie  pas  les  deux 
lettres,  que  vous  trouverez  ci-jointes,  attendu  que  le  sieur  de 
Courcival,  se  croyant  militaire  par  sa  charge  de  major,  a  eu 
recours  à  vous,  pour  vous  prier  de  l'autoriser  dans  un  com- 
mandement, que  je  vous  répète  que  ses  prédécesseurs  n'ont 
jamais  eu,  et  qu'un  major  est  nécessaire  au  Mans,  où  il  n'y 
a  ni  château,  ni  garnison,  ni  état-major,  comme  il  est  néces- 
saire à  Vaugirard  ». 

Il    .serait   à   désirer  quf    la    publication    de  ce  document 


amenât  une  étude  sérieuse  sur  un  sujet  qui  agita  les  esprits 
durant  plusieurs  années. 

Dom  Paul  PIOLIN. 


Les  populations  agricoles  de  la  France,  par  H.  Bau- 
drillart,  membre  de  l'Institut.  Maine,  Anjou,  Touraine, 
Poitou,  Flandre,  Artois,  Picardie,  Ile-de-France.  Paris, 
Guillaumin,  i888,  un  vol.  grand  in-8,  de  xii-643  pages. 

Ce  nouveau  volume,  dans  lequel  M.  H.  Baudrillart  conti- 
nue ses  remarquables  études  sur  la  situation  matérielle  et 
morale  des  populations  agricoles,  offre  pour  les  érudits 
manceaux  un  intérêt  capital.  Le  premier  chapitre,  en  effet, 
est  exclusivement  consacré  aux  populations  de  la  Mayenne 
et  de  la  Sarthe.  L'auteur  y  examine  successivement,  dans  le 
passé  et  dans  le  présent,  leurs  mœurs,  leurs  institutions, 
l'organisation  de  leurs  familles,  leur  degré  d'instruction,  la 
valeur  et  la  division  des  terres  ;  enfin  il  complète  son  œuvre 
par  un  exposé  des  divers  systèmes  de  fermage  et  de  métayage 
et  par  un  résumé  des  conditions  générales  d'existence  des 
habitants  des  campagnes  du  Maine,  cultivateurs  et  ouvriers 
ruraux.  Un  compte-rendu,  si  développé  qu'il  soit,  ne  peut 
donner  une  idée  exacte  de  ce  beau  travail  :  nous  le  recom- 
mandons donc  particulièrement  à  l'attention  de  nos  lecteurs, 
en  les  engageant  à  l'étudier.  R.  T. 


Les  du  Yauborel,  normands  et  bretons,  par  E.  Frain. 
Nantes,  Vincent  Forest  et  Emile  Grimaud,  1887,  grand 
in-8,  110  pages. 

Ce  n'est  pas  seulement  l'intéressante  biographie  d'une 
vieille  famille  de  noblesse   pro\inciale  que  publie,  sous  ce 


t>54 


lili'c,  iioli'c  coiifrèro,  M.  E.  Fiaiii.  C'est  nu  nouveau  frag- 
nicnl  (le  riiistoirc  des  mœurs  etdes  instilulionsde  l'ancienue 
bociélé  Ijretonne  qui  vient  s'ajouter  aux  curieuses  études  que 
M.  Frain  nous  a  précédemment  données.  Nous  signalerons 
lonl  s])(''cialement,  dau'^  cette  brochure,  le  cl-iai)itrc  intitulé  : 
licite  tir  Vmihorel  ni  lo.  hnUi'iUon  île  milieu  de.  Vire: 
Commettl  an  XVI f]'  siècle,  la  itublesse  de  province  savait 
paijfr  riwjKil  thi  sanij.  On  y  trouve  des  détails  aussi  précis 
que  p(;u  cumins  sur  l'organisation,  le  rôle  et  la  valoin'  des 
troupes  de  la  milice  :  c'est  \me  page  fort  inslruclivc  d'his- 
toire militaire,  qu'on  lira,  nous  en  sommes  assniv,  avec 
beaucoup  de  plaisir  et  beaucoup  de  profit.  11.  T. 


NoTRS  TTisTOHinrEs  i:t  nMiLionnAPTiiouES  sun  le  waink 


230.  — Ceux  de  la  rclluion  iirélendue  réfurmée  de  Loudun 
ayant  rem(jnlré  à  b'rancois,  duc  de  La  Hochelbucanid,  (jne 
leur  synode  de  la  |)i'()\'ince  d'Anjou,  de  Tonrain(\  dn  Maine, 
(In  NCndnniois  cl  t\[\  Lundnnuis  se  doil  lenir  à  hundnn,  le 
jeudi  l'i  seph'uihre  I(i'i7,  d  nonune  ini  eouseiller  au  siéi;e 
l'oyal  de  l.ondnn  |)()ur  y  assister. 
Ibid.,  n"î)70. 

'231.  —  IjC  29  fé\  fier  1050,   Jean  de  ha    honlaine  (''cril    de 
Château-Thierry,  h  son  oncle  .launarl,  suhslilntdu  procureur 
général  ;i  Paris,  un<'  lellre  aiil.  signée,  relaliv(>;i  <les  atlaires 
(riul('i»'l  entre  sa  famille  cl  kulil  .lanuari. 
Ibid.,  n"i)84, 

232.  —  Dans  une  lettre  dn  31   juillet  1073,    l'ienv   l',;iyle 
ddune  des  détails  siu'  ha  Mothe  he  Vayei",  uiori  r^'ecnnueni . 

Ibid.,  n"  1021,   colleeliou  \'>.   l'illoii. 

233.  —  \Aiii  ni.u  IT.')'!.,  le  (•(•nile  de  Tressan   adresse,    de 


t255 


Toul,  ù  Vollaire,  une  UîLli'u  .uiLogi'apliu  .sigiiix!,  du  'A  \k  iii-i, 
relative  à  la  dispute  de  Vuilaire  avec  La  Coudamine. 
IhUL,  n"  1078,  collection  li.  Fillun. 
234.  —  Le  13  octobre  1758,  Je.ui -Jacques  Rousseau 
adresse,  de  Muiitiuoreiicy,  à  l;i  ui;ii(iuise  de  Cit'(|uy  uue 
lettre  autographe  signée,  de  "2  p  l/'-i  iu-'î,  »  iuk;  des  plus 
intéressantes  (pi'on  ait  de  Jean-.Iac((ues  ».  —  Vfnvenlaire 
en  donni!  un  long  cxiraii. 

Ibid.^  Il"  KJ85,  collection  l'>.  Killon. 
■235.  —    Le   2()   ventôse   an    XI    (17    mars  1803),   Volney 
adresse,  de  Paris,  au  général  Aiidréossy,  ambassadeui-  à, 
Londres,  une  lettre  autographe  signée,   atuiouf-ant   l'envoi 
de  la  traduction  en  anglais  de  son  livre  des  Ruines. 
Ibid.,  n"  lloO. 

236.  —  Par  inio  lettre  du  4  mars  1862,  Jules  Michelet 
demande  à  JJugast-Matiteux  (\('>  i-cnseignements  sur  Gilles 
do  liais,  doiil  il  a  besoin  pour  la  n'daclion  de  sa  Sorcière. 

Ihi.d.,  \r  1233. 

237.  —  Dans  une  autre  lettre  du  ::.■">  mars  1862,  J.  Michelet 
le  remercie  de  l'envoi  qu'il  vient  de  lui  faire,  et  rengage  à 
publier  le  dossier  de  copies  de  pièces  originales  siu-  Gilles 
de  Rais,  qu'avait  réuni   feu  Armand  Gu(;raud,  ini|)rimenr  à 

Nantes «  D'autres  (pie  vous  pourraient  faire  des  change- 

))  ments,  des  coupures  dans  ce  procès  de  si  énorme  inipor- 
))  tance,  et  le  plus  grand  après  cehh  du  Temple.  » 

Ibid.,  n«1234. 

238.  —  Le  20  juillet  1456,  les  Frères  Mineurs  de  Laval 
adressent  au  roi  René  d'Anjou,  une  lettre  i)Oiu-  le  remercier 
de  leur  avoir  fait  présent  d'un  tableau  de  sa  main.  «  0  f(ui 
pouroit  dignement  rescompen.ser  vostre  très  haulte  et  pr  ;- 
fonde  chérité,  par  laquelle  avez  prins  tel  labeur  de  nous 
compenser  ung  ymaige  de  pitié  portant  la  croix,  le  plus 
piteux,  le  niieulx  pourtraict,  selon  la  réalle  vérité  du  faict, 
que  touz  ceulx  qui  le  regardent  en  font  grant  admiration,  et, 


—  256  — 

en  le  regardant,  ont  de  leur  lédempteur  moult  grant  com- 
passion. » 

Ibid.,  n«  1580. 

239.  —  Quittance  signée  par  Marc  Duval,  peintre,  dessi- 
nateur et  graveur,  que  son  estampe  des  Trois  Coligny,  un 
des  chefs-d'œuvre  de  l'ai't  français  au  XVI«  siècle,  a  rendu 
justement  célèbre,  né  au  faubourg  Saint-Vincent  du  Mans, 
vers  -1530,  mort  à  Paris,  le  13  septembre  1581  : 

«  Je  paintre  et  varlet  de  chambre  du  Roy  de  Navarre 
»  ay  receu  de  Mon.sieur  iJnplessy  (Mornay)^  par  les 
»  mains  de  Monsieur  Delaunoy,  la  somme  de  trente  et 
»  six  livres  tournoiz  pour  le  petit  tableau  de  la  dilte 
»  Majesté,  que  il  m'a  commandé,  de  laquelle  somme  de 
»  trente  et  six  livres  tournoiz  je  le  tiens  quitte  et  moy 
»  satisfait,  en  foy  de  quoy  ay  signé  la  présente  quittance. 
»  Faict  à  Paris,  ce  xix"  d'octobre  mille  cincq  cens  soi- 
»  xante  et  dix  huict.  »  Marc  Duval. 

Ibid.,  nolSQQ. 

240.  —  Pièce  signée  par  riiiillaume  Fillochc,  doyen  du 
Chapitre  de  Reims,  7  mai  1410. 

Ibid.,  n"2491. 

241.  —  Par  une  pièce  signée  à  Paris,  le  23  mars  1633, 
Julien  Hayneufve,  et  plusieurs  de  ses  confrères,  désavouent 
plusieurs  livres  attribués  à  des  Jésuites,  et  que  les  dits  PP. 
déclarent  n'avoir  point  été  composés  par  quiconque  de  leur 
Compagnie. 

Ibid.,  n-'2508. 

242.  —  Le  17  septembre  1637,  Denis  Petau,  jésuite, 
adresse,  de  Paris,  à  son  confrère,  le  P.  François  Vavasseur, 
à  La  Flèche,  une  lettre  autographe  signée,  dans  laquelle  il 
parle  du  Job,  du  P.  Vavasseur,  à  (jui  il  reproche  de  ne  s'être 
pas  donné  assez  de  libertés  vis-à-vis  du  texte  original,  et 
de  sa  propre  Paraphrase  des  Psaumes,  qu'imprimait  alors 
Cramoisy. 

Ibid.,  n"2512.  G.  E. 


RECHERCHES 


SUR  LES 


FORTIFICATIONS 

DU     MAINE    (^) 


Dans  une  première  étude  sur  les  Fortifications  du 
Maine  (2),  nous  avons  décrit  toute  une  série  de  retranche- 
ments en  terre  relevés  par  nous  dans  l'arrondissement  de 
Mamers.  Aujourd'hui  nous  venons  développer  devant  vous 
le  résultat  de  nos  recherches,  pour  établir  les  transforma- 
tions produites  successivement  dans  les  fortifications  de 
cette  époque  et  les  motifs  de  ces  transformations. 

La  fortification  féodale,  comme  la  fortification  de  toutes 
les  autres  époques,  a  suivi  les  progrès  de  l'organisation 
foncière  ;  l'une  et  l'autre  n'ont  pas  été  le  résultat  d'une 
révolution  brusque,  mais  la  conséquence  d'une  formation 
progressive  quoique  lente.  Le  château  présente  un  dévelop- 
pement en  rapport  avec  le  nombre  d'individus  à  protéger, 
et  le  perfectionnement  dans   les    travaux  de  défense  est 

(1)  Mémoire  lu  au  Congrès  des  Sociétés  Savantes  à  Paris,  le  22  mai 
1888. 

(2)  Voir  Revue  historique  et  archéologique  du  Mairie,  tome  XXI, 
année  1887,  p.  25  à  96.  Les  Fortifications  du  Sonnois  du  A'"  au  XII* 
siècle. 

XXIV.     17 


—  ^258  — 

également  en  rapport  avec  la  durée  et  les  assises  du  pouvoir 
seigneurial. 

On  admet  généralement,  en  principe,  que  le  seigneur  a 
construit  son  habitation  sur  une  motte,  soit  pour  l'obser- 
vation, soit  pour  éviter  une  surprise.  Quand  la  fortification 
est  plus  importante,  cette  motte  est  enfermée  par  une  cein- 
ture de  talus  et  de  fossés  ;  dans  plusieurs  localités,  nous 
avons  retrouvé  à  côté  de  cette  première  enceinte  une 
seconde  ceinture  de  fossés  et  de  talus  qui  ne  nous  paraît 
pas  offrir  les  bases  d'une  défense  complémentaire  sérieuse, 
mais  plutôt  une  annexe  presque  indépendante. 

Dans  ce  dernier  cas,  la  motte  porte  la  demeure  du  seigneur, 
qui  vit  sur  cette  éminence,  isolé  de  son  personnel,  de  ses 
vassaux,  qu'il  surveille  et  qu'il  commande. 

La  première  enceinte  renferme  les  demeures  de  ses 
vassaux  en  armes,  qui  le  suivent  et  partagent  les  péripéties 
de  sa  destinée. 

Au-delà  dans  la  deuxième  enceinte  s'est  réfugiée  la  plèbe 
qui  demande  au  château  la  protection  qu'elle  ne  peut  obte- 
nir dans  la  plaine,  loin  du  bras  du  seigneur  qui,  à  cette 
époque  ne  protégeait  guère  en  dehors  du  cercle  que  pouvait 
tracer  son  épée. 

Les  constructions  en  terre  ainsi  comprises,  nous  four- 
nissent donc  les  principes  des  fortifications  en  pierres, 
élevées  postérieurement,  et  dans  lesquelles  le  donjon  rem- 
place la  motte,  le  baille  représente  la  première  enceinte, 
et  la  ville  remplit  la  deuxième  ceinture  de  défenses.  Quand 
les  architectes  ont  élevé  leurs  fortifications  en  pierres,  ils 
ont  apporté  une  seule  modification  au  système  employé,  ils 
ont  remplacé  par  des  matières  incombustibles  les  défenses 
en  bois  ;  mais  les  plans  sont  restés  les  mémos  rpiant  aux 
grandes  lignes. 

Pour  notre  déiiiunsUaLi(jii  nous  t'in}jiuiiloiis  au  Maine 
Liuis  exemples  :  Sainl-Calais,  Pirmil,  et  Bourg-le-Roi.  Ces 
localités  appartiennent  à  trois  arrondissements  différents. 


—  259  — 

Saint-Galais  nous  donne  le  château  de  son  chef-lieu  ;  La 
Flèche  nous  fournit  Pirmil  ;  et  à  Mamers  nous  prenons 
Bourg-le-Roi.  Nous  avons  choisi  ces  châteaux,  entre  tant 
d'autres  aussi  intéressants,  parceque,  avec  les  documents 
historiques  recueillis  par  nous ,  ils  nous  font  saisir  la 
transformation  succesiiive  de  leurs  enceintes  fortifiées, 
et  qu'ils  constituent  ainsi  des  types  autour  desquels 
nous  pourrons  classer  dans  la  suite  toutes  les  fortifications 
de  cette  époque  qu'il  nous  sera  permis  d'étudier  dans  la 
région. 

1°  Saint-Calais. 

Le  château  de  Saint-Calais  a  laissé  peu  de  traces  de  son 
ancienne  importance,  toutefois  on  y  voit  encore  une  motte 
artificielle  entourée  de  fossés.  Elevée  sur  la  crête  du  coteau 
qui  domine  la  ville  de  Saint-Calais,  elle  ne  se  trouve  pas 
cependant  à  l'extrémité  d'un  des  contreforts  de  la  colline, 


Fig 


1.    —    Saint-Calais 
Elévation  du  château 


a  b.  Fossé  extérieur.  —  c  6.  Talus  intérieur.  —  ccl.  Enceinte  au  pied 
de  la  motte.  —  D.  Donjon.  —  M.  Motte.  —  g.  Fossé  séparant  la  motte 
M  du  faîte  de  la  colline  /;. 


elle  est  défendue  de  ce  côté  par  une  enceinte  c  d  (voir  fig.  1) 
dressée  sur  la  crête.  Cette  enceinte  formée  par  un  talus  et 
un  fossé  contourne  un  plateau  c  d,  qui  s'étend  jusqu'au  pied 


260 


de  la  motte  M.  Cette  motte  est  terminée  par  une  plate-forme 
e  f,  d'un  diamètre  d'environ  vingt  mètres,  sur  lequel  un 
donjon  fut  construit.  Un  fossé  g,  isole  la  motte  du  terrain 
environnant  h  ;  la  hauteur  de  la  motte  au-dessus  du  fossé 
est  de  vingt-cinq  à  trente  mètres,  la  profondeur  du  fossé  de 
six  à  dix  mètres  ;  du  côté  de  l'enceinte  c  d  la  hauteur  de  la 
motte  n'atteint  que  dix  mètres  de  surélévation.  Ce  cliâteau 
est  orienté  de  l'est  à  l'ouest  dans  sa  plus  grande  longueur, 


<%^ 


-^^'J-iT 


Fig.   '2.   —  Saint  -  Calais 
Vue  du  donjon. 


la  motte  avec  son  donjon  est  élevée  à  l'est,  au  point  faible, 
c'est-à-dire  sur  le  côté  qui  n'est  piis  protégé  par  les  pentes 
naturellement  abruptes  du  coteau. 

Si  cette  enceinte  est  bien  conservée  et  facile  à  étudier 
dans  tous  ses  détails,  il  n'en  est  pas  de  môme  pour  qui  veut 
déterminer  la  nature  et  la  configuration  du  donjon  élevé  sur 
l.i  motte,    tellement  les  débris  qui  ont  échaj)pé  à  la  destruc- 


261 


tion  ont  peu  de  développement.  Les  points  les  plus  saillants 
sont  un  mur  e  G  (voir  fig.  8)  avec  des  contretorts  D  el  E 
entre  lesquels  est  élevée  une  tour  carrée  A  ;  à  côté,  à  l'est, 
un  bloc  de  maçonnerie  F,  h  l'ouest  un  autre  massif  de 
maçonnerie  se  composant  d'un  contretort  C  et  d'un  mur 


Fig.  3.  —  Saint -Calais 
Plan  du  donjon 


A.  Tour  élevée  entre  les  contreforts  D  et  E.  —  B.  Tour  d'escalier.  — 
C.  Contrefort  élevé  sur  le  mur  du  côté  de  la  ville. 


épais  dans  lequel  était  ménagée  une  tour  ronde  intérieure- 
ment, qui  devait  renfermer  un  escalier. 

Dans  le  mur  e  G,  le  point  G  est  un  angle  intérieur  parfai- 
tement appareillé  et  chaîné  ;  le  point  correspondant  g,  nous 
donne  l'angle  extérieur  ;    si  l'appareil  est  détruit  à  la  base, 


—  262  — 

dans  la  partie  supérieure  au  contraire  l'angle  formé  par  des 
pierres  de  roussard  est  très-visible.  Partant  de  ce  point 
déterminé  et  indiscutable  nous  trouvons  un  mur  de  un 
mètre  quatre-vingts  centimètres  d'épaisseur,  à  face  plane,  e 
G,  de  huit  mètres  quarante  centimètres  de  longueur,  sou- 
tenu à  l'extérieur  par  deux  contreforts  D  E,  de  un  mètre 
quatre-vingts  centimètres  de  largeur  sur  trois  mètres  cin- 
quante de  profondeur.  Ces  contreforts  rectangulaires  à  la 
base  se  terminent  par  un  glacis  très  allongé  ;  entr'eux 
deux  on  a  élevé  une  tour  carrée  à  l'intérieur,  de  deux 
mètres  de  côté.  Cette  construction  est  postérieure  à  celle  du 
corps  principal  du  donjon,  car  il  n'existe  aucun  lien  dans  la 
maçonnerie  pour  rattacher  ces  murs  au  grand  mur  e  G  ;  de 
plus  leur  peu  d'épaisseur,  quatre-vingts  centimètres,  com- 
parée à  l'épaisseur  du  mur  d'arrière,  qui  est  de  un  mètre 
quatre-vingts  centimètres,  indique  que  cette  tour  était  un 
accessoire,  utile  peut-être  pour  l'habitation  du  donjon,  et 
même  pour  la  défense,  mais  en  tous  cas  n'était  pas  une 
œuvre  vive. 

Eiit!'e  ce  mur  e  G,  et  le  massif  ouest  C  B,  une  large 
brèche  est  ouverte  sur  huit  mètres  trente  centimètres,  ce 
qui  nous  donne  une  longueur  sensiblement  égale  à  celle 
(lu  mur  debout  ;  il  est  donc  permis  de  supposer  que  sa 
construction  devait  être  établie  sur  lo  môme  plan,  (nous 
ne  nous  occupons  que  de  la  forme  primitive  et  laissons 
de  côté  les  adjonctions  postérieures)  ce  qui  nous  donne 
un  troisième  contrefort  a,  sur  cette  face  sud.  Une  autre 
preuve  que  la  partie  détruite  devait  être  semblable  à  celle 
encore  debout  est  fournie  par  la  présence  en  e,  derrière 
le  contrefort  />,  d'une  cheminée  et  d'un  trou  do  })()Uti-e, 
([ui  indiquent  le  milieu   de  l;i  salle  intérieure  du  donjon. 

Sur  la  face  Ouest  le  contrefort  G  existe  intact  dans  tous 
ses  détails;  il  est  identique  au  contrefort  E  de  la  face  sud, 
et  placé  dans  une  situation  semblable  ;  nous  pouvons  donc 


263 


proposer  pour  ce  côté  une  construction  analogue  à  la  pre- 
mière décrite. 

Sur  la  face  Est  le  bloc  de  maçonnerie  informe  F,  est  dans 
le  prolongement  du  point  G  et  à  même  distance  de  l'angle  g 
que  le  contrefort  E.  Il  peut  donc  être  la  base  d'un  contre- 
fort, et  permet  de  supposer  une  troisième  face  semblable 
aux  deux  autres,  puisque  leurs  angles  communs  sont  symé- 
triques. 

De  la  quatrième  face  il  ne  reste  absolument  rien,  et  si 
nous  lui  donnons  un  plan  identique  aux  autres,  c'est  par 
analogie  avec  les  autres  constructions  de  même  style. 

De  toutes  ces  remarques  et  hypothèses  il  résulte  que  nous 
proposons  pour  plan  primitif  du  donjon  :  un  carré  rectan- 
gulaire soutenu  sur  chacune  de  ses  faces  par  trois  immenses 
contreforts.  Quelques  années  plus  tard  on  a  élevé  une  ou 
plusieurs  tours  entre  les  contreforts.  Toute  la  plate-forme 
de  la  motte  était  couverte  par  le  donjon. 

On  peut  nous  faire  une  objection  sur  la  forme  carrée  que 
nous  adoptons,  de  préférence  au  plan  barlong  qui  s'emploie 
généralement,  d'autant  plus  que  nous  ne  pouvons  citer  au- 
cun point  limite  dans  la  direction  du  nord.  Nous  répondrons 
que  la  forme  carrée,  nous  est  imposée  par  la  plate-forme 
supérieure  de  la  motte  qui,  mesurant  vingt  mètres  de  dia- 
mètre en  tous  sens,  est  parfaitement  circulaire,  contraire- 
ment à  l'emploi  généralement  répandu  de  la  forme  elliptique. 
Le  carré  inscrit  dans  la  circonférence  est  donc  la  construc- 
tion la  plus  logique  et  le  corollaire  du  rectangle  allongé 
inscrit  dans  l'ellipse. 

Nous  connaissons  un  seul  dessin  ancien  représentant  ce 
château,  il  nous  est  fourni  par  Gaignières  dans  une  vue 
générale  de  Saint-Calais  (1).  Il  ne  semble  pas  s'accorder  avec 

(1)  Cette  vue  générale  de  Saint-Calais  dont  un  fac-similé  est  inséré 
dans  le  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Calais,  savamment  édité  par 
M.  l'abbé  L.  F roger,  fait  partie  de  la  Collection  Gaignièies,  conservée 
à   la  Bibliothèque  Nationale,   cabinet  des  estampes,   album   Sarthe, 


—  26i  — 

la  description  que  nous  venons  de  tracer,  mais  nous  esti- 
mons que  c'est  une  faible  preuve  contre  le  système  que 
nous  croyons  devoir  adopter.  Les  dessins  de  Gaignières  fort 
intéressants  et  que  l'on  est  souvent  trop  heureux  de  pouvoir 
citer,  ne  se  font  pas  estimer  généralement  par  l'exactitude 
des  détails  ;  leurs  dessinateurs  ont  plutôt  cherché  à  donner 
la  physionomie  générale  qu'à  fouiller  les  détails.  Aussi 
n'est-il  pas  surprenant  que  dans  un  dessin  d'horizon,  à 
l'arrière-plan,  nous  ne  trouvions  pas  les  formes  correctes 
que  nous  avons  tracées  ;  les  plans  des  collines  voisines  ne 
sont  pas,  au  reste,  mieux  rendus. 

Ce  donjon  est-il  l'œuvre  de  Guillaume  auquel  on  attribue 
la  création  du  château  de  Saint-Calais(l)?ou  bien  l'ensemble 
que  nous  venons  de  décrire  est-il  le  résultat  de  plusieurs 
occupations  ? 

Il  est  fort  possible  que  le  château  construit  par  Guillaume 
dans  la  première  moitié  du  XP  siècle,  se  composât  simple- 
ment d'une  motte  avec  son  enceinte,  et  que  le  donjon  ne 
fût  qu'une  construction  postérieure.  En  eftot  il  est  assez 
difficile  d'admettre  que  l'on  ait  construit  sur  des  terres 
fraîchement  remuées,  sur  le  bord  même  des  talus.  On  a 
bien,  il  est  vrai,  consolidé  le  donjon  par  des  contreforts 
énormes  pour  éviter  des  tassements  ;  mais  ces  contreforts 
eux-mêmes  reposent  sur  des  terres  meubles. 

Les  murs  sans  appareil  sont  construits  en  simple  blocage 

arrondissement  de  Saint-Calais.  Son  intitulé  est  :  «  Veiie  de  l'abbaye 
et  du  bourg  de  Sainct  Calais  dans  le  Maine  à  neuf  lieues  de  la  ville  du 
Maiis^  1695.  »  Une  petite  lithofiraphie  signée  Poltier  a  copié  on  pjirtie 
l'aciuarelle  de  Gaignières. 

(1)  Le  Cartulaire  de  Saint-Calais  nous  apprend  en  effet  que  le  Comte 
du  Maine,  Herbert  Eveille-Chien  autorisa,  de  1015  à  1036,  Guillaume  de 

Saint-Calais   à   élever   un    château.  —   Notum    sit  omnibus quod 

Willelnius  abiit  ad  Herbertuni  cenomanensem  comitem  prenomim' 
Canem  Excitantem,  requirens  ut  suo  consensu  faceret  castelluni  ad 
Sancfum  Cai^ileCum.  Ipso  autem  comes  respondit(>i  non  se  dimissuriun 
in  suarn  terrani  lacère  oppidum  nisi  ab  eo  acciperet  aliquod  magnum 
donuni....  (L.  Froger,  Cartulaire  de  Saint-Calais,  n°  20,  p.  50.) 


—  265  — 

avec  quelques  pierres  de  taille  seulement,  pour  consolider 
les  angles  ;  aucun  détail  ne  permet  de  préciser  l'époque  de 
construction  ;  au  bas  d'un  contrefort  on  remarque  cependant 
une  moulure  identique  à  celles  que  l'on  peut  observer  sur 
les  tours  de  Mondoubleau  ;  dans  cette  enceinte  également 
nous  avons  retrouvé  des  contreforts  semblables  à  ceux  de 
Saint-Calais. 

Nous  croirions  volontiers  que  le  château  du  XI"  siècle  se 
composait  seulement  d'une  motte  sans  constructions  en 
pierres,  avec  enceinte  en  terre  et  qu'au  XII"  siècle  seule- 
ment on  a  élevé  le  donjon  dont  nous  venons  d'essayer  une 
restitution  (1). 

Cette  construction  de  donjons  en  pierres  sur  motte  en 
terre  a  été  mise  en  doute  par  des  auteurs  sérieux,  elle  a 
soulevé  des  objections  très  vives  et  elle  rencontre  même 
beaucoup  d'incrédules.  Pour  nous  qui  voyons  tout  autour 
de  nous  ces  donjons  debout  sur  leurs  mottes,  nous  ne 
comprenons  guère  l'hésitation  ;  nous  constatons  ce  que 
nous  voyons.  M.  de  Caumont  (2)  a  lui-même  signalé  depuis 
longtemps  de  nombreux  exemples  de  ces  constructions  ; 
on  accepte  ses  affirmations,  mais  sous  réserves  malgré  son 
autorité.  Si  aucun  donjon  en  pierres  sur  motte  n'existait 
encore  de  nos  jours,  il  serait  permis  d'épiloguer  sur  la 
possibilité  des  constructions  en  pierres  sur  motte  factice,  et 
sur  la  plus  grande  probabilité  des  constructions  en  bois;  mais 

(1)  Nous  n'étudions  ici  pour  le  moment  que  les  fortifications  du  X« 
au  XIP  siècle,  et  c'est  à  dessein  que  nous  omettons  les  autres  fortifi- 
cations de  Saint-Calais,  qui  appartiennent  à  des  époques  postérieures, 
époques  que  nous  traiterons  plus  tard  et  successivement. 

(2)  Dans  son  Abécédaire  d'archéologie,  architecture  militaire  au  moyen 
âge,  page  408,  il  écrit:  «  Les  donjons  en  pierre  se  trouvent  le  plus 
souvent  assis  sur  des  escarpements  naturels  ;  plus  rarement  sur  des 
éminences  artificielles  ou  mottes,  probablement  parceque  ces  monti- 
cules en  terre  rapportée  ne  présentaient  pas  un  sol  assez  résistant 
pour  supporter  des  masses  aussi  pesantes.  Il  y  a  cependant  des 
exemples  de  tours  très  élevées  et  de  châteaux  en  pieri'e  établis  sur 
des  mottes  artificielles. 


—  266  — 

puisqu'ils  sont  là,  debout,  avec  tous  leurs  caractères  archi- 
tectoniques,  pourquoi  les  uier  ?  Devant  une  incrédulité 
semblable  à  celle  de  saint  Thomas,  nous  allons  essayer  de 
faire  toucher  nos  preuves  du  doigt.  Le  Maine  nous  fournit 
de  nombreux  exemples  (1)  de  donjons  en  pierre  encore 
debout,  aux  formes  variées,  élevés  sur  buttes  en  partie 
factices,  et  au  lieu  de  nier  leur  existence  nous  avons  cherché 
dans  quelles  conditions  ces  donjons  ont  été  élevés,  et  par 
quels  moyens  ils  ont  pu,  pour  la  plupart,  conserver  leur 
équilibre. 

D'abord,    dans  les  mottes  nous  avons   rencontré  deux 
modes  principaux  de  construction.  Les  unes  sont  absolu- 


Fig.  4.  —  Type  de  motte  factice. 

.1   il.   .\iveuu  du  soi  pnniitit'.  —  M.  Motte  eu  terres 
rapportées.  —  FF.  Fossé. 


ment  factices  (voir  fig.  4),  c'est-à-dire  élevées  sur  un  pla- 
te.in,  an  iiiuyeii  des  terres  qui  proviennent  des  fossés  de 
ceinture  ;  dans  ce  cas  la  motte  surgit  au-dessus  du  sol 
environnant,  parfois  même  les  fossés  sont  si  larges  et  si 
peu  profonds  qu'ils  passent  inaperçus  et  sont  pris  souvent 
pdur  nue  dépression  naturelle  du  terrain,  tandis  qu'ils  sont 
bien  creusés  de  main  d'homme  ;  la  culture  et  l'aftaissement 
du  sol  r(»nli'ihu(^nt  également  à  niveler  ces  travaux. 

(1)  Pour  notra  région  seule  nous  pouvons  citer  Sonne,  Bourg-le-Roi. 
Saint-Calais,  Saint-Rémy-du-Vlain. 

Dans  les  pays  environnants  nous  nommerons  Bellesme,  Montdou- 
bleau,  Montoire,  Lavardin. 


267 


L'autre  mode  de  construction  consiste  h  choisir  une 
élévation  naturelle,  dont  on  détache  un  point  par  une  section 
perpendiculaire  à  l'axe  de  la  colline  (voir  fig.  5).  Cette  sec- 
tion forme  un  fossé  large  et  profond,  et  les  terres  qui  en 
proviennent  sont  utilisées  à  surélever  un  peu  la  plate-forme 
de  la  motte,  ou  à  dresser  des  talus  sur  son  périmètre. 


Fig.  5.  —  Type  de  motte  factice 
A.  Niveau  du  sol.  —  F.  Fossé  creusé  pour  isoler  la  motte  M. 

Pour  les  donjons  nous  avons  également  deux  modes  de 
construction  correspondant  aux  deux  genres  de  mottes  que 
nous  venons  de  décrire. 

Quand  la  motte  a  été  isolée  du  terrain  environnant,  et  non 
surélevée,  le  donjon  est  posé  simplement  sur  le  sol,  sans 


Fig.  (1  —  Type  de  donjon  sur  motte 
A.  Niveau  du  sol.  —  D  I).  Murs  du  donjon.  —  F.  Fossé.  —  M.  Motte. 

fondations  (voir  fig.  6)  ;  l'épaisseur  des  murs  est  la  seule 
assise  pour  maintenir  l'équilibre.  Exemples  :  Saint-Rémy- 
du-Plain,  Saint-Galais. 


-  268  — 

Dans  les  fortifications,  au  contraire,  où  le  donjon  en 
pierres  est  contemporain  des  travaux  en  terre,  les  murs  du 
donjon  ont  été  dressés  sur  le  sol  primitif,  puis  quand  ils  ont 
été  élevés,  les  fossés  ont  été  creusés  tout  autour  ;  les  terres 
rejetées  du  côté  intérieur  de  l'enceinte,  se  sont  amassées 
au  pied  des  murs  et  ont  formé  la  motte  (voir  fig.  7).  En 
fait,  la  motte,  ainsi   construite,  est  postérieure  à  l'érection 


Fia.   7.  —  Type  de  noxjox  sur  motte 


'o 


.1  B.  Xivciiu   du  sol  |)rimitil'.  —   Il  I).  Murs  du  donjon.  — 
7'  /■".  l'osst'.  —  M.  Motte. 


du  (loDJon.  Ncnis  avons  étudié  cette  disposition  à  Soinic,  à 
Pirmil,  à  Bourg-le-Roi,  à  Assé-lc-Riboul,  etc. 

Dans  le  premier  genre  de  construction  les  inuis  sont 
élevés  droits  ou  avec  épatement  extérieur  ,  dans  le  second 
cas  au  contraire  l'épatement  est  intérieur,  pour  résister 
à  la  poussée  des  terres. 

Si  plusieurs  châteaux  ont  été  remplis  de  terre  intérieure- 
ment jusqu'à  la  hauteur  de  la  iil.itc-l'orme  extérieure,  d'autres 
au  contraire,  oui  cousorvé  toute  leur  profondeur,  l,i  motte 
n'existe  qu'cxtériciirciiicnt,  cl  rnih'ricur  csl  li.-iiiihihlc. 

Ce  que  nous  venons  de  développer,  en  |i;iil;iiil  des  don- 
jons, s'applifpio  également  aux  autres  tours  et  même  aux 


—  '269  — 

murs   d'enceinte,   qui   ont  été  construits  d'après  les  mêmes 
principes. 

2°   PiRMIL, 

Le  château  de  Pirmil  est  composé  d'une  motte  avec  deux 
enceintes  (voir  fig.  8). 


Fig.    8.    —    PiP.MiL 
Plan  du  château. 

A.  Ruisseau  dans  la  vallée.  —  B.  Première  enceinte.  —  B.  IJonjon.  — 
E.  Église.  —  F.  Deuxième  enceinte.  —  M.  Motte. 

Ce  camp  situé  à  l'extrémité  d'un  promontoire  comprend 
une  motte  M  dressée  à  la  pointe,  une  première  ceinture  B 
de  soixante-quinze  mètres  de  diamètre,  et  une  seconde 
enceinte  F  de  deux  cents  mètres  de  long  en  suivant  le 
faîte  de  la  colline,  sur  une  largeur  moyenne,  mesurée 
perpendiculairement,  de  cent  cinquante  mètres.  A  la  base, 
une  vallée,  traversée  actuellement  par  un  ruisseau  A  devait 
être  submergée  (voir  fig.  9). 

La  plate-forme  de  la  motte,  de  dix  mètres  de  diamètre, 


—  270  — 

domine  la  vallée  de  quarante  mètres  de  hauteur,  et  Ten- 
ceinte  intérieure  de  dou/.e  mètres  seulement. 

La  première  enceinte  B  D,  inaccessible  sur  toute  la  partie 
courbe  est  séparée  du  promontoire  par  un  talus  B  de  dix 
mètres  de  hauteur  en  moyemie  au-dessus  du  fossé  C,  ({ui 
mesure  quatre  mètres  de  lai-geur  au  fontl,  et  deux  mètres 
de  profondeur  par  rapport  à  l'enceinte  extérieure  F  B. 

Cette  deuxième  enceinte  F  B,  de  même  conliguration  que 
la  première,  mais  de  plus  grande  dimension,  a  perdu  ses 
travaux  de  défense  ;  on  ne  peut  que  les  suivre  dans  les 
constructions  du  bourg  et  les  travaux  de  sondage. 


Fig.    i).    —    PiRMIL 


'o 


Elévation  du  château  suivant  la  ligne  A  B  de  la  figure  S. 

A.  P.uisseau.  —  B.  Talus  de  la  première  enceinte.  —  C.  Kossé  de  la 
première  enceinte.  —  D.  Fossé  au  pied  de  la  motte.  —  M.  Motte. 

Telle  est  la  description  sommaire  que  nous  pouvons  faire 
de  l'ensemble  des  fortifications  existant  aujourd'hui. 

Ces  travaux  sont  certainement  d'origine  très  reculée,  car 
une  charte  du  cartulaire  de  Saint-Vincent  du  Mans,  que  l'on 
peut  dater  de  1098,  contient  la  vente  d'un  terrain,  devant  le 
château  de  Pirmil  et  à  l'intérieur  de  l'enceinte,  pour  ériger 
un  bourg.  En  reconnaissance  de  ce  fait,  les  moines  prennent 
l'engagement  de  construire  une  chapelle  dans  le  château  (1). 

(1)  Preterea  vendidi  eis  quandain  niansurani  Icnv  juxla  l'iliiniliiim 
sitam  et  II  agripennos  terre  ante  ipsum  castellum  existantes,  et    intra 


-  271  - 

Nous  avons  retrouvé  à  Pirmil  une  disposition  en  rapport 
avec  ce  texte. 

Dans  le  château  (intra  casteUumj  entre  la  motte  et  le 
premier  talus  d'enceinte  une  petite  chapelle  est  encore 
debout.  De  construction  plus  récente,  il  est  vrai,  elle  laisse 
voir  cependant  à  son  chevet,  noyés  dans  le  mur,  les  deux 
piliers  de  l'arc  triomphal  d'une  construction  du  commence- 
ment du  XII"  siècle. 

Dans  la  deuxième  enceinte  (ante  castellum  et  intra  castelli 
amhitum)  existe  le  bourg  ancien  de  Pirmil. 

Près  de  l'ancien  fossé  {juxta  Pilimilium)  se  trouve  l'an- 
cien prieuré  avec  son  église,  construction  de  la  fin  du  XII« 
siècle  et  qui  est  aujourd'hui  l'église  paroissiale. 

D'après  cette  charte  on  peut  donc  conclure  que  le  château, 
castellum,  comprenait  la  motte  M  avec  son  donjon  (1),  plus 
une  enceinte  B,  et  que  la  seconde  enceinte  circulaire  F 
protégeait  le  bourg  qui  s'était  formé  au  pied  du  château. 

Lurson  et  Sonne  nous  fournissent  des  exemples  iden- 
tiques. 

3"  BOURG-LE-ROI. 

Bourg-le-Roi  est  un  château  fort,  avec  une  ville  au  pied, 
enceinte  de  murailles. 

Le   château   fort,   élevé  à  l'extrémité  d'un   promontoire 

castelli  ambitum  partem  ejusdem  castelli  ad  burgum  faciendum,  et 

omnes  consuetudines  ejusdem  burgi, promiserunt  denique  michi 

quod  intra  Pilimilium  castellum  meum  capellam  ad  presens  facerent, 

quando  autem  eis  facultas  adesset,  lapideam  construerent Carlu- 

laire  de  Saint-Vincent  publié  et  annoté   par  l'abbé   R.  Charles  et  S. 
Menjot  d'Elbenne,  tome  premier,  n»  351,  colonnes  210-211. 

(1)  Nous  croyons  que  ce  donjon  était  en  pierres,  mais  nous  ne  pou- 
vons l'affirmer  n'ayant  rencontré  aucuns  vestiges  de  constructions 
anciennes.  Le  château  de  Pirmil,  ruiné  pendant  les  guerres  anglaises 
de  1322  à  1445,  n'a  pas  été  restauré.  On  remarque  sur  la  motte  les 
traces  de  nombreuses  fouilles  qui  ont  été  faites,  dit-on,  pour  l'extraction 
des  moellons  de  la  maçonnerie. 


272  ~- 

dominant  la  vallée,  est  construit  sur  une  petite  motte  M.  Il 
se  compose  d'un  donjon  cylindrique  A  en  pierres,  avec  che- 


Fig.  10.   —  lîOURG-l.E-ROT 

Plan  du  chûteaii. 

A.  Donjon.  -■  B.  Intervalle  entre  le  donjon  et  la  chemise.  —  C.  Che- 
mise. —  /).  Fossé.  —  E.  Talus.  —  F.  Fossé. 

mise  C  eu  pierres,  et  ceinture  do  fossés  et  i]o  talus  D,  E,  F, 
(voir  fjg.  10  ol  11). 


Fig.  11.  —  BOURG-LE-ROI 
Elévation  du  château  suivant  la  ligne  G  H  de  la  figure  iO. 

A.  Donjon.  —  B.  Intervalle  entre  le  donjon  et  la  chemise.  —  C.  Che- 
mise. —  D.  Fossé.  —  E.  Talus.  —  F.  Fossé. 

Le  donjon  A  d'un  diamètre  intérieur  de  sept  mètres  .avait 
des  murs  d'une  épaisseur  de  huit  mètres  trente  centimètres, 


—  273  - 

en  Jolocage  noyé  dans  un  mortier  épais  sans  charbon,  le 
parement  est  sans  appareil  avec  trous  de  boulain  carrés. 
Dans  la  partie  qui  est  encore  debout  on  ne  retrouve  aucune 
trace  d'ouvertures,  de  voûtes,  ni  d'étages,  à  l'exception  de 
quelques  trous  bien  petits  pour  recevoir  des  poutres  d'aussi 
longue  portée. 

La  chemise  C  séparée  du  donjon  par  un  intervalle  circu- 
laire B  de  six  mètres  de  rayon  était  formée  par  un  mur  d'un 
mètre  quatre-vingt-dix  centimètres  d'épaisseur,  de  forme 
circulaire  et  sans  contreforts  comme  le  donjon.  Dans  la 
maçonnerie ,  au  niveau  du  sol  intérieur ,  et  à  un  mètre 
au-dessus  du  sol  extérieur,  des  pièces  de  bois  non  équarries, 
de  vingt  à  trente  centimètres  de  diamètre,  étaient  noyées 
deux  par  deux ,  longitudinalement  et  sur  un  seul  rang , 
chacune  d'elles  à  environ  vingt  centimètres  de  la  paroi 
extérieure. 

Autour  de  cette  chemise  C,  à  huit  mètres  de  distance, 
un  talus  E  de  deux  mètres  avec  fossé  de  cinq  mètres, 
avait  été  élevé  ;  du  côté  communiquant  avec  le  faite  de  la 
colline  H,  ces  fossés  et  talus  avaient  été  établis  sur  une 
double  ligne  E,  F. 

Au  pied  de  cette  colline  deux  longs  murs  formant  un 
triangle,  avec  la  rivière  pour  troisième  côté,  enfermaient  le 
bourg. 

Ces  murs,  en  blocage  d'un  mètre  soixante  centimètres 
d'épaisseur,  protégés  par  un  fossé  peu  profond,  mais  de 
huit  mètres  de  largeur,  ont  encore  une  hauteur  moyenne 
de  huit  mètres  à  l'extérieur ,  et  de  six  mètres  à  l'inté- 
rieur. Deux  portes  ogivales  permettent  d'entrer  dans 
cette  enceinte.  Nous  pensons  que  ce  système  de  forti- 
fication a  été  modifié  au  XIII"  siècle.  Primitivement  l'en- 
ceinte devait  être  continue  ,  sans  portes  ,  et  l'entrée  du 
bourg  existait  selon  toute  probabilité  au  pied  de  la  butte 
où  le   château   s'élève.    L'intérieur    du  bourg  était  moins 

XXIV.     18 


274 


grand,  et  le  mur  de  chMure,  marchant  parallèlement  à  la 
rivière,  suivait  aussi  le  faite  d'un  repli  de  terrain  qui  coupe 
le  bourg  actuel  par  la  moitié.  Du  reste ,  sur  les  deux 
côtés  de  l'enceinte  on  voit  à  cet  endroit  très  visiblement  les 
deux  amorces  du  mur.  Plus  tard  le  bourg  ayant  pris  de 
l'importance,  ce  mur  a  été  rasé,  et  les  portes  d'entrée 
construites.  L'église,  du  XIII"  siècle,  est  construite  sur 
l'emplacement  de  ce  vieux  nnu-. 

Les  portes  de  ville  n'ont  point  été  construites  en  même 
temps  que  les  murs  d'enceinte  ;  elles  ont  été  accolées  en 
avant.  La  porte  est  ogivale,  de  trois  mètres  d'ouverture 
avec  massifs  en  blocage  de  deux  mètres  trente  centimètres 
de  côté.  Une  herse  fermait  le  côté  intérieur  ;  dans  la  voûte 
son  passage  largement  ouvert  est  encore  très  bien  conservé; 
à  la  porte  d'Anciimes,  des  traces  de  gonds  indiquent  que 
postérieurement  (U's  portes  à  vantaux  ont  remplacé  les 
herses. 

Lo  Livre  Blanc,  cai'tulaire  du  Chapitre  de  la  cathédrale 
(lu  Mans,  nous  fournil  des  textes  pour  toutes  ces  transfor- 
mations (1).  Bourg-le-Roi  a  été  acquis  par  Guillaume-le-Roux, 

(1)  Il rex  Augloruni,  et  dux  Normaiinoruin  et  Aquitanorum,  et 

cornes  Aiidegavoniiii Sciu.tis  quod  canonici  Beati  Juliani  Cenoma- 

nensis  concesserunt....   michi....   toirinn  quam  liahobant  in  villa  que 
dicitur  Ourgus  Episcopi libi-WS'i).  Liher  Albiis,  p.  iO. 

IlCenricus  II)  rex  Anglorum  et  dux  Normannorum  et  Aquitanorum  et 
cornes   Andegavorum 

Sciatis....  me  concessisse....  et  présente  carta  conlirmasse  canouicis 

ecclesie  Beati-.Iuliaiii  Cenomanensis pro  escambio  ville  que  dice- 

batur  Burgus  Episcopi,  ubi  edilicavi  castellum  meum...  1154-1-189.  Liber 
Al  bus,  p.  11. 

Hciiricus,  rex  Aiigliie...  .  confirmavi   liominibus  castelleti  niei  iiovi 

de  Beauvoii",  super   aquam  de   Moira quittanciam    per  totam 

terram   meam   de consuetudinibus   que  ad   me  pertinent.   Apud 

Sagiam.  Liber  Albus,  p.  M. 

Radulfus,    vicecomes   Bellimontis notuin    lieri  volo,  quod  habita 

(lin  contentioiie  iiiter  capituliuii  Ccuomanense,  ex  ima  parte,  et  domi- 
iiiiin  et  patreni  meurri,  ex  alla,  sujier  villa  tpie,  anti(|uilus  dicta  Burgus 
Episcopi,  uuiic  aulem  Burgus  llegis  appellatur  (puuu  i[uideni  buigum 
et  lundum  loci  prefatum  capitulum  suum  et  antiquis   temporibus  esse 


—  275  — 

Henri  II  y  a  construit  un  château  (1154-1189)  et  a  accordé  des 
privilèges  aux  hommes  qui  venaient  s'étahhr  dans  son 
bourg.  En  1205,  Raoul  de  Beaumont  transige  avec  les  cha- 
noines du  Mans,  pour  les  droits  qu'il  avait  sur  le  vieux 
bourg,  et  pour  ceux  qu'il  voulait  prélever  sur  le  bourg 
nouveau,  excepté  sur  l'église  qu'il  reconnaît  leur  appartenir 
en  propre. 

Ces  privilèges  accordés  à  Bourg-le-Roi  par  le  roi  d'Angle- 
terre furent  reconnus  et  confirmés  par  le  roi  de  Franco 
Charles  VIL 


CONCLUSIONS 

Pour  conclure,  résumons  nos  trois  descriptions  : 

1°  —  Le  château  de  Saint-Calais  (commencement  du  XI'^ 
siècle)  se  compose,  à  son  origine,  d'une  motte  avec  une 
enceinte  en  terre  ;  plus  tard  on  élève  un  donjon  en  pierres 
sur  cette  motte,  et  enfin,  au  pied  de  la  colline  où  se  dresse 
le  château,  une  ville  s'enferme  de  murs  autour  de  l'abbaye. 

2°  —  A  Pirmil  (fin  du  XP  siècle)  une  motte  est  formée 
avec  une  première  enceinte  ;  plus  tard  la  seconde  enceinte 
du  château  abrite  un  bourg  qui  se  crée  sous  la  protection 
d'un  prieuré  dépendant  de  l'abbaye  de  la  Couture  du  Mans. 

3°  —  A  Bourg-le-Roi  (XII«  et  XIIP  siècles)  un  château 
est  construit  sur  la  colline,  il  comprend  un  donjon  avec 
chemise  et  ceinture  de  fossés  et  de  talus  ;  dans  la  vallée, 

asserebat,  et  pater  meus  de  dono  illustriuiu  quondam  regum  Henrici 
et  Richardi,  filii  ejus,  vindicabat.  Tandem  hoc  compositio  intercessit, 
quod  pater  meus,  cum  assensu  etiam  meo.  concessit  antedicto  capitulo 
annuum  redditum sed  guerris  supervenientibus  non  est  ipsa  com- 
positio fmem  debitum  tune  sortita ita  compositum  est....  quod 

capitulum,  prêter  jus  suum  antiquum  de  veteri  burgo  et  terris  circa 
villam  sitis,  et  prêter  patronatum  ecclesie  qui  eorum  est  proprius, 
habeat  de  censibus  et  aliis  redditibus  meis  de  eodem  burgo  novo 
annuatim  et  perpetuum.  27  mai  1205.  Liber  Albiis,  p.  9. 


'270 


iiii(>  ville  lilu'c  fsl  ciV-i'c  h  \':\hr\  dos  murs  (INMiroinfo. 
Nttiis  |iiMi\(His  (loue  (lire  (iiic  l.i  t'orlilicMliou  iV-odalc,  pai"- 
taiil  (le  la  iiittllc  coimiie  prcinièrc  apidicalioii,  s'est  (h'X'e- 
l()|)|»i'e  siieeessi\('meiil  par  radjoiiel  ion  d'une  onde  denx 
eneeinles,  la  preniièi'e  allribut'e  an  eliàlean,  la  seeonde 
ivserxiM'  an\  lialiilaiils  in !'(''( »d(''s  ;  ipii'  les  talus  rw  leri'c  ci 
los  eenslrnelions  en  Ikiis  enl  elé  reni|)l;u'r>s  insonsibloniont 
par  les  nnu's  el  les  donjons  en  pierres;  en  nn  mol,  (pie  la 
vdie  an  Mil"'  siècle,  avee  son  t'Iifiiean,  son  baille  el  son 
(MR'einl(\  n'esl  (pie  le  ivsnllal  de  re\peri(Miee  des  sii'cU's 
pi-ec('denls  ;  (A\c  n'esl  ponil  ime  crealioii  nou\('ll(>,  mais  bioil 
une  i(l(''e  an(i('nn(\  d(''velopp(''(^  el  perl'eclionni'e  dans  ses 
proporlions  el  dans  ses  moyens  de  di''riMiS(\ 


C.A13U1EL  FI.EURY. 


I.  K  S 


l^JMSONS   ]){     ROI 

A  CHATEAU -G ONT llvi; 

AUX    XVI  h     KT    XVnr-    SIKCLKS 
D'APRÈS  DES  DOCUMENTS    [NÉDLTS 


Les  arcliiv(:'s  départementales  de  lu  Mayenne  n;nferrnenl, 
sur  l'état  des  prisons  du  roi  à  Ch;îteau-(Jorilicr,  de  1055  à 
1770,  sur  le  régime  qui  y  était  en  vigueur,  sur  le  nombre 
des  prisonniers  et  sur  les  catégories  diverses  de  détenus  qui 
s'y  succédèrent,  des  renseignements  noriil)reux  et  intéres- 
sants (1).  Cette  longue  et  curieuse  liste,  ({ui  (Mjnipte  seize  cent 
soixante-dix  noms,  comprend  des  voleurs,  des  mendiants,  des 
vagabonds,  des  assassins,  des  faux-sauniers,  des  déserteurs, 
des  soldats  insoumis,  des  faux-monnayeurs,  des  fous,  des 
débiteurs  insolvables,  des  perturbateurs  du  repos  public,  des 
galériens  évadés,  des  incendiaires,  des  empoisonneurs,  des 
filles  de  mauvaise  vie,  des  femmes  accusées  d'infanticide,  etc. 
Souvent  aussi  on  voit  des  individus  se  faire  écrouer  volon- 
tairement «  pour  l'entérinement  de  leurs  lettres  de  grâce  et 

(1)  Archives  de  la  Mayenne.  Sénéc/iaunsée  el  Sii'tic  l'résidial  de  Cfid- 
leau-Gontier,  série  B.  294H  (  16!)5-176B  ).  —  B.  iUV.)  M700-1777).  — 
B.  295()  n757-1773|  —  B.  2051  (1770). 


—  278  — 

rémission  )\  ou  «  pour  subir  interrogatoire.  »  Le  bourreau 
lui-même  est  emprisoimc  du  20  novembre  au  1"  décembre 
1761. 


I. 


VISITE  ET  POLICE  DES  PRISONS.  —  ÉVASIONS  DES  PRISONNIERS. 
—  RÉPARATIONS  FAITES  AUX  B.\TIMENTS. —  DÉMÊLÉ  ENTRE 
FRANÇOIS  GESLIN,  NOTAIRE  ROYAL,  ET  JACOB  GUITAU, 
LIEUTENANT-GÉNÉRAL  DE  LA  SÉNÉCHAUSSÉE.  —  TROUBLES 
DANS  LES   PRISONS  (1655-1781). 


Le  25  mars  1655,  Charles  Bridier,  assisté  de  M"  Jacques 
Collin,  se  transporte  «  aux  prisons  royaux  de  cette  ville,  où 
estant,  nous  avons  trouvé  René  Gallan,  concierge,  et  fait 
venir  dans  la  salle  basse  tous  les  prisonniers,  où  il  s'en 
est  trouvé  ung  emprisonné  pour  faute  de  gabelle  depuis 
huit  mois,  ung  depuis  deux  mois  et  ung  collecteur  de  la 
paroisse  de  Cosme,  six  pour  fraude  de  commerce,  condam  - 
nez  à  deux  et  trois  mois  »  (1).  Julien  Bruneau,  do  Houssay, 
était  détenu  en  1069  pour  «  juremens,  tapages  et  blasphè- 
mes »  (2).  On  adjuge,  le  22  janvier  1672,  à  Marin  Langevin 
et  à  la  dame  Cherbonneau,  sa  femme,  le  bail  à  ferme  du 
pain  des  prisonniers,  pour  une  année,  à  raison  de  9  deniers 
la  livre,  par  pain  de  deux  livres,  «  le  son  enlevé,  salé  et 
bien  cuit  et  sans  mauvaise  odeur  et  son  échantillon  présenté 
à  la  première  fourniture.  Les  pains  mal  conditionnés  et  ne 
contenant   pas  le  poids  seront   refusés  »  (3).    En  1073,  le 

• 

(1)   Archives  de   la  Mayenne.   Sénéchausuée  et  Siège  Présidial  de 
Chûteau-Gontier,  B.  2948. 
(2)Ibid.,  B.  2G8:{. 
Ci)  Ibid.,  B.  2948. 


—  279  — 

nommé  A...,  accusé  de  vols,  s'évade  avec  la  complicité  du 
domestique  de  M^  René  Neveu,  notaire  royal,  qui  était  aussi 
concierge  des  prisons  (1).  René  Gallichon,  conseiller  du  roi, 
visite  les  prisonniers  le  i^^  avril  1679, 

Une  nouvelle  inspection  est  faite  le  22  du  même  mois 
par  Me  Claude  Bernier,  lieutenant-criminel.  Le  concierge 
lui  déclare  que  les  détenus  sont  assez  paisibles  et  qu'il 
n'a  aucune  plainte  à  formuler  contre  eux  (2).  Ceux-ci,  de 
leur  côté ,  disent  qu'ils  sont  satisfaits  de  leur  gardien. 
Le  nommé  Groussin  expose  qu'il  est  enfermé  depuis  le 
20  novembre  1678  pour  une  faute  légère  et  que  sa  peine  est 
expirée,  «  sur  quoy  faisant  droit  à  sa  requête,  l'avons  élargi, 
sans  autre  formalité,  attendu  qu'à  la  fête  de  Noël  il  n'avoit 
pas  été  accordé  d'élargissement.  »  René  Gallichon,  conseil- 
ler du  roi,  lieutenant -général  en  la  .sénéchaussée  d'Anjou, 
assisté  de  Jean  Garnier,  son  greffier,  revient  le  l^'  décembre 
de  la  même  année  (3).  Il  enjoint  au  concierge  d'observer  les 
règlements  «  et  aussi  auxd.  prisonniers  de  bien  se  comporter 
et  d'observer  la  défense  de  jurer  et  blasphémer  le  saint  nom 
de  Dieu,  sous  peines  et  punitions  corporelles.  »  Il  se  rend 
également  à  l'hôpital  Saint-Julien,  où  il  interroge  la  sœur 
Marguerite  de  Saint-Jean-Baptiste,  supérieure  de  cet  établis- 
sement. Elle  lui  répond  que  tout  marche  bien.  Les  malades 
assurent  qu'ils  sont  convenablement  traités  «  et  proprement 
entretenus  de  linge.  »  Ils  .sont  au  nombre  de  dix. 

Un  des  soldats  du  sieur  Saint-Aubin  de  la  Faucille,  capi- 
taine au  régiment  de  la  Ferté,  est  sous  les  verrous  en  1680  (4). 
Gallichon  fait  une  nouvelle  visite  le  20  avril  1688.  Le  con- 
cierge lui  dit  qu'il  n'a  pas  à  se  plaindre  des  détenus  et  que 
le  pain  est  de  bonne  qualité.  Intervient  alors   M"  Jean  Juffé, 

(1)  Archives  de  la  Mayenne.  Sénéchaussée  et  Siège  Présidial  de 
Château-Gonlier,  B.  2696. 

(2)  Ibid.,  B.  2948. 

(3)  Ibid. 

(4)  Archives  de  la  Mayenne,  ibid.,  B.  2701. 


-  280  — 

«  prêtre,  chanoine  de  Saint-.Tust,  administrateur  préposé 
par  les  habitants  et  qui  a  accepté  la  charge  de  venir  esdites 
prisons  ».  Il  affirme  qu'il  ne  peut  «  se  rendre  le  maistre  des 
prisonniers,  lorsque  les  particuliers  apportent  eux-mesmes 
les  charités  »,  sans  qu'il  en  ait  été  préalablement  averti; 
«  à  quoy,  il  serait  nécessaire  de  pourvoir,  mesme  à  la  sûreté 
des  ornements  et  du  calice  de  la  chapelle,  pour  estre  mis 
entre  les  mains  d'une  personne  de  laquelle  on  peut  les  avoir 
toutefois  et  quant  il  se  présentera  des  ecclésiastiques  pour 
célébrer  la  messe  dans  la  chapelle  desd.  prisons  ».  Il  y  a  des 
fondations  qui  ne  sont  pas  acquittées,  notamment  celle  de 
M*'  Bordeau,  dont  M^  Jean  Allard,  prêtre  de  cette  ville,  est 
chargé,  ainsi  que  celle  de  M«  Pierre  Lorchon.  On  dit  la 
prière  le  matin  et  le  soir.  Il  serait  utile  de  fermer  la  chapelle 
pendant  la  journée.  Jufté  s'efîorce  d'empêcher  les  hommes 
de  communiquer  avec  les  femmes,  principalement  pendant 
l'hiver.  La  chambre  des  femmes  n'a  pas  de  cheminée,  et  i^ 
serait  urgent  d'y  aviser.  Le  lieutenant-général  ordonne  que 
les  chambres  hautes  seront  garnies  de  paille  fraîche,  en 
juillet  et  août,  selon  l'habitude  (i). 

Le  môme  jour,  il  va  à  l'hôpital,  où  il  est  reçu  par 
la  dame  (<^  OUive  Duchemin,  dite  sœur  Sainte-Catherine, 
supérieure  de  la  maison,  »  par  «  noble  François  Du- 
blineau,  un  des  administrateurs,  »  et  par  la  dame  Ca- 
therine Bionneau  ,  épouse  de  M«  René  Guérin ,  sieur  de 
la  Gendronnière ,  conseiller  du  roi  au  siège  présidial 
et  également  administrateur  de  l'hospice  (2).  Tout  va 
bien,  cependant  on  désirerait  que  le  Lableau  concernant  les 
pauvres  malades  qui  sont  admissibles  «  fut  signé  et  que  les 
chirurgiens  conférassent  les  uns  avec  les  autres  sur  l'état 
des  malades  et  qu'ils  se  donnassent  la  peine  de  venir  eux- 
mêmes  les  traiter.  »  Les  salles  sont  en  parfait  état  d'ordre  et 

(1)  Archives  de  la  Mu'jenne,  ibid.,  B.  ^'.tiS. 
(2;  ////■(,/. 


—  281  — 

de  propreté.  Les  pauvres  assurent  qu'ils  sont  très  contents 
de  leur  sort  et  qu'ils  ne  pourraient  pas  être  mieux. 

Jacques  Grandet,  conseiller  du  roi,  procède  à  l'inspection 
ordinaire  les  24  mars  et  19  décembre  1692. 

Les  femmes  de  la  prison  se  plaignent,  le  26  décembre  1693, 
qu'on  ne  leur  renouvelle  pas  la  paille  assez  souvent  (1). 
Plusieurs  détenus  expliquent,  le  13  décembre  1695,  à  Jacques 
Grandet,  leurs  griefs  contre  le  concierge.  Pierre  Dumas, 
Etienne  Bourneuf,  René  Godebille,  renfermés  pour  divers 
crimes,  Julien  Moustault  et  Perrine  Eschard,  veuve  de  Jean 
Lemesle,  faux-sauniers,  Pierre  Goisbeau  et  Marin  Genest, 
condamnés  «  pour  droit  d'aydes  ,  »  ainsi  que  René 
Trioche  sont  successivement  entendus.  Moustault  a  été 
maltraité  et  traîné  par  les  cheveux,  «  led.  concierge  luy 
disant  que,  quand  lesd.  gens  de  la  justice  l'auroient  vu, 
il  n'en  seroit  pas  davantage  que  de  l'évasion  de  Bobard, 
cy  devant  prisonnier  pour  vol  et  assassinat  ».  Trioche 
raconte  que,  plusieurs  personnes  étant  venues  lui  appor- 
ter à  manger,  on  leur  a  refusé  l'entrée  des  prisons.  Gode- 
bille,  Dumas  et  la  femme  Eschard  sont  satisfaits  de  leur 
situation.  Genest  et  Goisbeau  font  une  réponse  analogue  et 
Goisbeau  ajoute  qu'il  a  été  battu  par  Trioche  et  Dumas,  qui 
l'ont  traîné  par  les  cheveux  dans  le  préau.  La  femme  du 
concierge,  en  l'absence  de  son  mari,  proteste  contre  ces 
allégations  mensongères.  Les  fers  sont  mis  aux  pieds  de 
Moustault  et  de  Dumas,  par  Pierre  Cailleau,  marchand  ser- 
rurier, demeurant  au  faubourg  d'Azé,  sur  l'ordre  de  Grandet, 
qui  assiste  à  l'opération  (2). 


II. 


Au  mois  de  mars  1702,   François    Boulay,    de    Château- 
Gontier,  s'évade  des  prisons.  Il  est  repris  peu  après.  Fran- 

(1)  Arch.  de  ta  Mayetuie,  ihid. 

(2)  Ibid.,  B.  2748 


—  282  — 

çois  Pillegault,  conseiller  du  roi,  lieutenant  de  la  maréchaus- 
sée, fait  sa  visite  les  22  mars  1704  et  10  avril  1705.  Jacob 
Guitau,   lieutenant-général  de    la   sénéchaussée,  se   trans- 
porte le  3  avril   1706  à  l'hôpital,   où  il   est  accueilli  par 
la    dame    Renée   Deniau ,   supérieure.    Le   7    avril    1708 , 
Pillegault    inspecte    de    nouveau    les  prisons.   Le  15  no- 
vembre 1723,   c'est  le  tour  de  François    Dublineau,    sei- 
gneur du  Châtelier,  conseiller  du  roi,  assesseur  civil,  lieu- 
tenant-particulier-criminel,  accompagné  de  Jean    Garnier, 
son  greffier.  Le  concierge  lui  affirme  qu'il  a   donné  lecture 
des  ordonnances   et  règlements  concernant  la   police  des 
prisons  et  que  nul  n'y  contrevient.  Les  détenus  reconnaissent 
que  le  concierge  leur  fournit  la  paille  en  quantité  suffisante, 
quand  ils  en  ont  besoin,  «  qu'il   n'use    d'auscun    sévice    ni 
aultres   mauvais  traittements   en  leur  endroit  ».  Mais  ils  se 
plaignent  du  boulanger  dont  le  pain  n'est  ni    levé,  ni    salé. 
De  graves  désordres  avaient  troublé  la  paix  de,  la  prison,  la 
même  ajinée.  Les  nommés  Jean   M...,    «de   Montreuil-sur- 
Mayenne  »,  Jean  H...,  de  la  Brù latte,  René  H...,  de  Pomme- 
rieux,  Jacques  B...,  de  Craon,  Jean  V...,  de   Craon,   étaient 
accusés  d'avoir,    en   exécution   d'im  complot  qu'ils  avaient 
formé  entre  eux,  étouffé  la  femme  du  geôlier,  tenté  d'étran- 
gler celui-ci,  volé  de  l'argent  et  des  vêtements  dans  le  loge- 
ment de  leurs  victimes,  et  de  s'être  ensuite  évadés  «  des  dites 
prisons  ».  Des  sentences  prévôtales  condamnèrent  les  rebelles 
à  être  appliqués  à  la  question  ordinaire   et  extraordinaire, 
à  avoir  les  bras,  jambes,  cui.sses  et  reins  rompus  et  à  être 
mis  sur  la  roue  «  pour  y  expirer  quand  il    plaira  à   Dieu  »  ; 
au   bas  de  ces  sentences  sont  des  post-scriptum  ordonnant 
que  les  condamnés  seront  étranglés  secrètement,  après  avoir 
reçu  vifs,  les  uns  quatre,  les  autres  douze  coups  de  barre. 
Marie  V...,  femme  de  Jean  B...,  accusée  de  vols  domestiques 
et  nocturnes,  de  complicité  dans  l'assassinat  de  la  veuve  Davy, 
hôtesse  à  Craon,  et  aussi  de  complicité  dans  le  vol  commis  dans 
les  prisons  de  Chàteau-Gontier,  où  elle  était  détenue  lors  du 


283 


complot  ci-dessus  mentionné,  fut  également  condamnée  à 
être  pendue  et  préalablement  appliquée  à  la  question  ordi- 
naire et  extraordinaire.  Pour  mettre  leur  criminel  projet  à 
exécution,  les  détenus  avaient  profité  du  mauvais  état  des 
prisons  et  avaient  pénétré  dans  la  chambre  du  geôlier  en 
passant  à  travers  un  plafond  défoncé  (1). 

Julien  B...,  domestique,  accusé  de  vol  avec  effraction  au 
préjudice  de  sa  maîtresse  la  dame  Allain,  veuve  de  Louis 
Royer,  chevalier,  seigneur  de  Champagnolles,  demeurant  à 
Brissarthe,  réussissait,  en  '1724,  à  s'évader  des  prisons  de 
Ghâteau-Gontier  (2).  Le  13  mars  de  la  même  année,  le  pro- 
cureur inspectait  les  prisons  pour  s'assurer  de  la  qualité  du 
pain.  Le  29  mars  1725,  René  Le  Masson,  sieur  du  Haras, 
conseiller  du  roi,  juge  magistrat  de  la  sénéchaussée  d'Anjou 
et  siège  présidial  de  Ghâteau-Gontier,  faisait  la  visite  habi- 
tuelle. Louis  Dubouïs,  concierge,  et  Joachim  Gimier,  guiche- 
tier, se  plaignent  d'avoir  à  garder  un  trop  grand  nombre  de 
détenus,  car  ceux-ci  forment  un  groupe  «  de  38  à  40,  ce  qui 
fait  qu'il  est  presque  impossible  de  les  contenir  et  avoir  soin, 
à  cause  du  peu  d'étendue  desd.  prisons  ï>.  Le  défaut  de  lits 
les  oblige  à  faire  coucher  la  plupart  des  condamnés  sur  de 
la  paille  étendue  sur  le  carreau  et  la  maison  est  si  étroite 
qu'il  est  impossible  d'empêcher  la  fréquentation  des  prison- 
niers de  l'un  et  de  l'autre  sexe.  Depuis  longtemps,  Dubouïs 
réclame  les  réparations  absolument  indispensables,  surtout 
aux  planchers  de  la  chambre  criminelle  et  de  celle  qui  est  à 
côté  de  la  petite  pièce  servant  de  chapelle.  Il  court  risque 
d'être  tué  par  ses  pensionnaires  «.  par  la  facilité  qu'il  y  a  de 
descendre  dud.  plancher  en  la  chambre  qu'il  occupe,  où  il 
couche,  seul  endroit  où  il  peut  se  retirer,  lad.  facilité  pro- 
venue de  ce  que  les  soliveaux  sont  trop  escartez  les  uns  des 
autres  »  (3).  Le  pain  est  de  mauvaise  qualité.    On   augmen- 

(1)  Arch.  de  la  Mayenne,  B.  2949. 

(2)  Ibid. 

(3)  Ibid. 


—  284  — 

tera  aussi  le  nombre  des  fers  pour  dompter  «  les  violents  ou 
malcontants  ».  Les  planchers  seront  remis  à  neuf. 

Le  3  juin  de  la  même  année,  sur  les  trois  heures  de  rele- 
vée, Denis-Georges  Guillebault  de  la  Roberie,  premier  avocat 
du  roi,  substitut  du  procureur  -  général,  accompagné  de 
Jean-Joseph  Garnier,  greffier  ordinaire,  arrive  à  la  prison, 
où  il  trouve  M.  Dublineau,  assesseur,  et  M.  Letessier  des 
Forges,  lieutenant  de  la  maréchaussée,  également  convoqués 
pour  constater  une  évasion  accomplie  la  nuit  précédente. 
Guillebault  est  surpris  de  voir  les  clefs  aux  mains  d'un  cava- 
lier de  la  maréchaussée.  Il  en  demande  la  raison.  On  lui 
répond  que  c'est  par  précaution  «  pour  éviter  et  prévenir 
les  soupçons  de  la  conduite  de  Dubouïs  à  l'occasion  de  lad. 
évasion  ».  Le  substitut  ripo.ste  «  qu'il  eust  été  du  règlement  » 
de  l'en  avertir  et  que  «  la  garde  sagement  établie  ne  l'auroit 
dû  estre  que  sur  sa  réquisition,  qu'il  estoit  un  peu  trop  tard 
pour  une  si  sage  précaution  ».  11  requiert  le  sieur  Jouanneau 
de  lui  remettre  la  clef  de  la  porte  d'entrée  et  celle  du  guichet, 
«  ce  qu'il  auroit  fait  si,  en  même  temps,  MM.  Dublineau  et 
Letessier  montant  dans  la  chambre  de  l'interrogatoire,  nous 
avons  représenté  à  mond.  sieur  Dublineau  que  mond.  sieur 
Letessier  étoit  partie  inutile  et  ne  pourroit  régulièrement 
assi-ster  au  procès-verbal  qui  estoit  nécessaire  de  faire  »  pour 
découvrir  comment  le  prisonnier  avait  pu  s'enfuir. 

L'a.ssesseur  et  le  lieutenant  n'en  persistent  pas  moins  à  ré- 
diger leur  rapport  dont  Guillebault  réclame  la  lecture,  «  afin 
de  requérir  pour  le  bien  de  la  justice  ce  que  de  raison  »,  mais 
les  deux  autres  s'y  refusent.  Aussitôt  le  substitut  mande 
M''  François  Geslin,  notaire  de  cette  cour,  et  Gelée,  hussier, 
((  afin  d'éviter  de  nous  voir  rien  imputé  ».  De  leur  côté, 
Dublineau  et  Letessier  appellent  à  la  rescousse  Duval,  le 
procureur  de  la  maréchaussée,  qui  est  fort  mal  reçu  par 
Guillcbaull.  Entrant  alors  dans  la  chambre  du  concierge,  le 
substitut  l'interroge  sur  les  circonstances  de  l'évasion.  Le 
geôlier  lui  dit  i\\w.  c'est  le  nommé  René  Ghesny,  «  accusé  de 


—  285  — 

fausse-monnaie  et  de  vol  d'argenterie  »,  renfermé  depuis 
peu  dans  un  cachot  situé  dans  le  grenier,  qui  a  réussi  à 
s'échapper.  L'audacieux  coquin  avait  feint  d'être  atteint  de 
la  fièvre,  quand  le  sieur  de  la  Fuye,  maître  chirurgien,  était 
venu  le  voir,  la  veille,  sur  les  quatre  heures  du  soir,  et  il  avait 
prié  Dubouïs  de  lui  ouvrir  la  porte  de  son  cachot  pour  aller 
bc  coucher,  car  il  était  trop  malade  pour  assister  à  la  prière 
du  soir.  Chesny  s'était  sauvé  par  une  ouverture  pratiquée 
dans  la  toiture.  Il  avait  «  couvert  lad.  coupure  avec  de  la 
terre  détrempée,  ce  qui  empeschoit  qu'on  s'aperçiit  de  son 
dessein.  Ce  qui  a  pu  faciliter  la  scieure  desd.  planches,  c'est 
qu'une  ordonnance  de  mond.  sieur  Dublineau,  du  30  avril 
dernier,  ordonna  de  l'air  dans  les  chambres  des  prisonniers, 
pour  en  arrêter  les  maladies,  dont  plusieurs  et  Dubouïs  et  sa 
femme  étoient  attaqués  ».  On  remarque  que  le  faux-mon- 
nayeur  s'est  servi  «  de  la  corde  dont  il  supportoit  sas  fers  (1)  ». 
Le  9  juin,  le  concierge,  soupçonné  de  complicité,  est  arrêté 
et  transféré  le  14  juin  dans  les  prisons  de  Tours.  Le  nommé 
Pierre  Lecocq,  accusé  d'avoir  fourni  de  «  l'argent  et  autres 
instruments  »  pour  favoriser  également  la  fuite  de  Grespy, 
est  arrêté  le  23  juin  et  mené  à  Tours  le  4  juin  1726  (2). 


m. 


Les  réparations  des  prisions  étaient  devenues  absolument 
urgentes.  L'insalubrité  causée  par  l'accumulation  des  déte- 
nus ainsi  que  le  manque  d'air  amenèrent  plusieurs  catastro- 
phes. Les  deux  chapelains,  un  médecin  et  presque  tous  les 
prisonniers  moururent  de  maladie  pestilentielle  (3).  L'année 
suivante,  1726,  à  la   requête  du   procureur  du   roi,    on  fit 

(1)  Arch.  de  la  Mayenne,  ibid. 

(2)  Ibid. 

(3)  Ibid.,  B.  2440. 


—  286  — 

saisie,  entre  les  mains  de  François  Geslin,  notaire  royal  à 
Château -Gontier,  que  nous  venons  de  nommer,  des  sommes 
dues  par  celui-ci  aux  sieur  et  dame  deBailieul,  propriétaires 
du  marquisat  de  Château-Gontier  (1).  Cet  argent  devait  être 
employé  à  la  réfection  du  palais  (2)  et  des  prisons  royaux 
de  la  ville.  Geslin  avait,  en  effet,  différé  depuis  longtemps, 
sous  divers  prétextes,  de  procéder  aux  travaux  reconnus 
indispensables. 

Le  20  janvier,  Jacques  Limousin,  accusé  de  vol,  s'était 
évadé.  M«  Jacob  Guitau,  seigneur  de  la  Marche,  conseiller 
du  roi,  lieutenant-général  en  la  sénéchaussée  d'Anjou  et 
siège  présidial  de  Château-Gontier,  fut  chargé  de  rendre 
une  ordonnance  contre  Geslin  pour  le  contraindre  à  obéir. 
Geslin,  furieux,  s'en  vengea  en  publiant  un  libelle  diffama- 
toire contre  tous  les  officiers  de  la  sénéchaussée,  et  particu- 
lièrement contre  Guitau,  qui,  pour  se  justifier,  produisit 
des  certificats  de  tous  les  corps  de  la  ville.  Voici  celui  du 
clergé  :  «.  Nous  soussignés  curés,  prêtres  et  autres  ecclésias- 
tiques composant  le  clergé  de  Château-Gontier,  certifions  à 

(1)  Archives  de  la  Mayenne,  i&id.  —Nicolas-Louis  de  Bailleul  (1714-1739), 
marquis  de  Chàteaii-Gontier,  fut  reçu  président  au  Parlement  en  survivance 
de  son  prrc,  lu  18  juin  1714.  Des  documents  certains  attestent  qu'il  fit 
hommage  au  roi,  pour  son  marquisat  en  1737,  conjointement  avec  ses 
tantes  et  ses  cousines.  A  la  suite  d'une  licitation  faite  le  12  mai  1739;,  la 
terre  de  Château-Gontier  passa  à  son  neveu  Félix  Aubry,  marquis  de 
Vastan,  héritier  de  Madeleine-Louise  de  Bailleul,  sa  mère,  qui.  pour  cette 
acquisition,  paya  730,000  livres.  (Léon  Maître,  Ta})leltcs  chronologiques  ei 
historiques  de  la  succession  des  seigneurs  de  Laval,  de  Mayenne  et  de 
Chàteau-Gatdier,  \).  31).  (Voir,  dans  le  Biillcliii de  la  Contmission  hist. 
et  arch.,  de  la  Mayenne,  t.  III,  (188'2-18«3),  p.  '2S1-292,  la  liste  des  membres 
de  la  famille  de  Bailleul  qui  furent  seigneurs  de  Château-Gontier,  d'après 
la  Généalogie  inédite  publiée  par  M.  A.  de  Martonne,  ardiiviste  do  la 
Mayenne.  Cette  liste  diffère  de  celle  (jui  a  été  leproduite  pai' M.  Léon 
Maître.) 

(2)  Le  7  septembre  1727,  les  délibérations  du  maire  et  des  échevins 
eurent  lieu  «  en  la  salle  du  cliàteau  de  Giziers  »,  servant  d'auditoire,  «  at- 
tendu la  démolition  du  Palais-Uoyal  du  dit  lieu  n.  [Régis  1res  des  délibéra- 
tions de  la  Communauté  des  habitants  de  la  ville  de  Château-Gontier. 
Arch.  anciennes  de  la  Mairie). 


—  287  — 

nos  seigneurs  de  Parlement  que  M*"  Guitteau,  lieutenant- 
général  de  cette  ville,  est  un  magistrat  de  distinction  et  sans 
aucun  reproche,  qu'il  a  toujours  vécu  en  bon  chrétien,  été 
charitable  envers  les  pauvres,  fort  populaire,  zélé  pour  le 
bien  public,  un  très  sage  père  de  famille,  ennemi  du  luxe  et 
de  la  vanité  ;  que  lui  et  la  dame  son  épouse  et  ses  enfants 
ont  toujours  été  d'un  bon  exemple,  capables  de  servir  de 
modèle  à  toute  la  ville.  En  foi  de  quoi  nous  avons  donné  et 
signé  ces  présentes  à  Chàteaugontier  le  17  juin  1727  ». 

Les  noms  des  signataires  suivent  :  «  Moulin  (ou  Noulin), 
curé  de  Saint-Rémy  (1).  —  Martin,  ancien  curé  de  Saint- 
Jean  (2).  —  Deshayes,  curé  de  Saint-Jean  (3).  — G.  Despinay 
de  risle-Adam,  curé  d'Azé  (4).  —  F.  Despinay  de  l'Isle- 
Adam  vicaire  d'Azé.  —  Georges,  curé  de  Bazouges  (5).  — 
Arthuis,  vicaire  de  Bazouges.  —  P.  Chauviré-AUaire.  —  De 
la  Fuye.  —  Garnier.  —  Bonneau.  ^  Pelletier.  —  Bufïeran. 
—  Pineau.  —  De  l'Hommeau.  —  Marais,  principal  du 
Collège  (6).  —  Liger.  —  Anger.  —  Frouin.  —  J.  Langevin, 
prêtre  de  l'Hôtel-Dieu.  —  Marais.  —  Halbourg  ».  On  remar- 
que ensuite  l'attestation  du  Chapitre  Saint-Just,  parlant 
comme  chef  du  clergé  de  la  ville.  Elle  est  datée  du 
lendemain  20  juin  et  signée  :    «   Boucault,   doyen  (7).  — 


(1)  René  Mouliu  ou  Noulin,  curé  de  Saint-Rémy,  du  14  mai  1710  au  21 
mai  1728. 

(2)  Madelon  Martin,  curé  de  Saint-Jean,  résigne  à  son  neveu,  après 
oG  ans  d'exercice  le  19  décembre  1670. 

(3)  François  Deshayes,  curé  de  Saint-Jean,  le  31  juillet  1726,  exerce  en- 
core en  1761  ;  mais  une  lacune  de  liuit  années  existe  là  dans  les  anciens 
registres,  qui  ne  permet  pas  de  préciser  sa  mort,  ni  l'entrée  en  fonctions 
de  son  successeur, 

(4)  C.  d'Espinay,  curé  d'Azé,  du  23  avril  1723  au  mois  d'octobre  1766. 

(5)  Pierre  George,  curé  de  Bazouges,  de  1716  à  1756. 

(6)  Gilles  Marais,  principal  du  Collège,  né  à  la  Jumellière,  près  Cholet, 
mort  le  29  décembre  1733. 

(7)  Barthélémy  Boucault,  chanoine  du  chapitre  de  Saint-Just  et  de  Saint- 
Etienne,  cité  dans  un  titre  de  17Ui. 


—  ^288  — 

L.  Bionneau  (1)  —  Rafïray.  —  P.  Rigault.  —  Sollier.  — 
Paigis  ». 

L'attestation  des  gentilshommes  est  signée  par  «  MM.  Gal- 
lichon.  —  Du  Guesclin.  —  De  Loresse.  —  De  Quatrebarbes. 

—  Du  Bois-Jourdan.  —  Du  BuatdelaSoubrardière.  —  M.  de 
la  Soubrardière.  —  Gallichon  de  Gourchamps.  —  De  la  Barre 
du  Teilleul.  —  Le  chevalier  de  la  Planche  [de  Ruillé].  — 
Du  Tertre  de  Sancé.  —  L.-J.  de  Madaillan.  —  J.-B.  de  Sour- 
dille.  —  E.  Déaii  de  Luigné.  —  F.  Déan  de  Luigné  ».  Offi- 
ciers de  l'élection:  «  Planchenault.  —  Besnard.  —  R.  Richard. 

—  Trochon,  procureur  du  roy.  —  Le  Mercier,  greffier  ».  — 
Administration  des  hôpitaux  :  «  Dublineau,  syndic  de  la  ville. 

—  Fouassier,  procureur  du  roy.  —  De  Bonnefoy.  —  Syette. 

—  GoUin.  —  Jousse.  —  De  Fleurance.  —  Douart.  —  J.  Bes- 
nard.  —   Deschamps.  —  Denoes  ».   —  Avocats:    «  Allain. 

—  Thoumin.  —  Jousse.  —  Gollin.  —  Allaire.  —  Le  Te.ssier. 

—  Le  Gercler.  —  Leridon.  —  Bionneau.  —  Bouchard.  — 
J.  Bouchard.  —  Maignan.  —  Bruneau.  »  —  Notaires  : 
«  Meignan.  —  Raffray.  —  Noël.  —  Millet.  —  Mahier.  — 
Garnier.  —  Maingot.  —  Desnoes  ».  —  Bourgeois  et  princi- 
paux habitants  :  «  Arthuis.  —  Huard.  —  Trochon  de  Moiré. 

—  Ghailland.  —  Bonneau.  —  Lasnier.  —  Péan.  —  Chauviré. 

—  Gilles.  —  Geshn.  —  Bionneau  de  la  Fuye.  —  Jarry.  — 
Bruneau.  —  Séguin.  —  Gh.  Séguin.  —  Patry.  —  M.  Séguin. 

—  J.  Paigis.  —  Nocl.  —  Mahier.  —  Piau.  —  Sizé.  —  Le 
Gamus.  —  Rousseau...  »  ('2).    Guitau   avait  eu  souvent  de 

(1)  Louis  Bionneau,  correcteur  en  1720. 

(2)  Ces  pièces  sont  annexées  au  Mémoire  signifie  pour  M'  Jacob 
Guitau,  conseiller  du  Ro\i,  lieutenant-général  en  la  si'nesc haussée 
d'Angers  et  sirgc  présidial  de  Chàteaugontier,  intimé,  défendeur  en 
prise  ù  partie  et  demandeur  contre  François  Geslin,  notaire  royal  à 
Chàteaugontier,  demandeur  en  prise  ù  partie  et  défendeur.  —  Nous 
devons  la  communication  de  ces  documents  à  M.  Guiliei',  de  Laval^  qui  a 
bien  voulu  nous  les  confier,  grâce  à  ToljUgeant  intermédiaii'e  de  notre 
excellent  ami  M.  Emile  Moreau,  dont  les  savants  travaux  sont  si  appréciés 
des  critiques  compétents. 


—  289  — 

piquants    démêlés    avec  les  magistrats  du  présidial  et  il 
avait  de  nombreux  ennemis  (1). 

En  1730,  Joseph  B...,  de  Chûtillon  en  Bretagne,  accusé 
d'avoir  tenté  d'assassiner  le  guichetier  des  prisons  de  Ghâteau- 
Gontier,  où  il  était  détenu,  et  de  s'évader,  était  condamné  à 
être  rompu  vif  (2).  Le  22  décembre  1747,  André  Oger,  soldat 
au  régiment  d'Angoumois,  détenu  comme  déserteur,  s'évade. 
Un  soldat  du  régiment  du  Dauphin  était  poursuivi  en  1748 
pour  avoir  enfoncé  la  porte  de  ces  mêmes  prisons  et  en  avoir 
enlevé  deux  individus  détenus  pour  faux-saunage  (3).  Le 
26  décembre  de  la  même  année,  on  réintègre  le  nommé 
André,  voleur,  qui  s'était  évadé.  Une  procédure  fut  instruite 
en  1752  contre  trois  prisonniers,  accusés  d'avoir  tenté  de 
s'enfuir  à  l'aide  de  fausses  clefs  en  étain,  après  avoir  limé 
leurs  fers  et  excédé  de  coups  le  guichetier,  ainsi  que  la  mère 
et  la  femme  du  concierge.  L'un,  qui  était  déjà  un  forçat  évadé, 
fut  condamné  aux  galères  perpétuelles,  l'autre  à  trois  ans  de 
galères  et  le  troisième  acquitté  (4).  François  B....,  autre 
détenu,   en   1766,   porta  des  coups  mortels  à  la  mère  du 

(1)  On  conserve  à  la  Bibliothèque  d'Angers,  parmi  les  documents  inédits, 
un  très  curieux  mémoire  manuscrit  pour  «  M''  Le  Chat,  sa""  de  Marigné^ 
contre  M.  le  président  de  Bailleul  et  Jacob  Guisteau,  époux  de  Renée 
Dublineau,  lieutenant-général  à  Chàteaugontier  »,  daté  du  8  février  1717 
et  commençant  ainsi  :  «  Réfléchissant  sur  la  conduite  et  iiianières  d'asir 
de  M«  Jacob  Guisteau,  lieutenant-général  indigne  à  Chàteaugontier,  filz  du 
valet  et  servant  de  la  messagerie  d'Angers  à  Paris,  et  auparavant  à  la 
BouchefoUière,  chez  M.  Fouquet,  on  reconnaist  que  ce  jeune  homme  na 
pas  de  savoir  ny  de  jugement,  du  moins  dans  sa  profession,  mais  seule- 
ment de  l'orgueil,  de  l'ambition  et  de  l'envie  avec  de  lavarice  et  de  la 
vengeance...  «  Il  y  a  trois  parties  et  les  réponses.  (Manuscrit  918,  f.  49). 
—  Les  registres  du  présidial  et  les  registres  des  délibérations  de  la  Com- 
munauté des  habitants  de  la  ville  de  Chàteau-Gontier  contiennent  d'inté- 
ressants détails  sur  les  conflits  très  violents  et  très  fréquents  de  Guitau 
avec  divers  magistrats  ainsi  qu'avec  les  officiers  du  corps  de  ville. 

(2)  Archives  de  la  Mayenne,  B.  2757.  —Le  prisonnier  avait  volé,  la  nuit, 
un  cheval  à  la  veuve  Besnier,  fermière  de  la  terre  de  Soulgé   {Ibid). 

(3)  Ibid.,  B.  2774. 

(4)  Ibid.,  B.  2779. 

XXIV.     19 


—  ^290  — 

concierge  et  parvint  à  s'évader  (1).  Le  roi  Louis  XV  accorda 
en  1781  des  lettres  de  pardon  à  Pierre  -  René-Joseph 
Prudhomme,  soldat  au  régiment  de  Normandie,  accusé  à 
son  tour  de  tentative  d'évasion  des  prisons  de  Château- 
Gontier  ('2).  Des  lettres  patentes  du  roi  avaient  fixé  en  1774 
le  tarif  des  droits  de  havage  de  l'exécuteur  des  sentences 
criminelles  (3). 


IL 


EXTRAITS  DES  LIVRES  D'ÉCROU.  —  EXAMEN  ET  ANALYSE  DES 
DIVERSES  CATÉGORIES  DE  DÉTENUS  RENFERMÉS  DANS  LES 
PRISONS  DE  CHATEAU-GONTIER  (1700-1777). 


I. 


La  liste  intégrale  des  détenus  renfermés  dans  les  prisons 
de  Chàteau-Gontier,  de  1700  à  1777,  comprend,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  seize  cent  soixante-dix  noms  diffé- 
rends,  avec  l'indication  des  crimes   ou   délits    qui    moti- 

(1)  Archives  de  la  yia\ienne,  D.  2795. 

(2)  Ibid.,  B.  2812. 

(3)  Und.,  B.  278.  —  Des  visites  avaient  été  faites,  pour  constater  l'état 
des  prisons,  le  6  avril  1767  et  le  2  avril  1768,  par  Louis-Daniel  Lemasson, 
seigneur  du  Haras,  conseiller  du  roi,  lieutenant-pailiculier  civil  et  criminel 
eti  la  sénécliaussoe  et  siège  présidial  de  Cliàteau-Gontier.  «  Attendu  les 
approches  de  la  fête  de  Pâques,  dit  le  magistrat  dans  son  premier  procès- 
verbal,  nous  nous  sommes  transporté  dans  lesd.  piisons,  où  estant,  nous 
avons  demandé  aux  prisonniers  s"ils  s'acquitteroient  du  devoir  de  la  reli- 
gion. Ils  ont  répondu  qu'ils  en  avoient  l'intention  cit  ont  déclaré  n'avoir 
aucune  plainte  à  formuler  ni  contre  le  concierge,  ni  contre  la  fourniture 
de  pain.  Avons  ensuite  visité  les  chambres  et  cachots,  que  nous  avons 
trouvé  en  bon  ordre  ».  Lors  de  sa  seconde  inspection,  Lemasson  constate 
qu'il  n'y  a  «  aucun  prisonnier  criminel,  sinon  8  mendiants,  qui  ont  été 
constitués  prisonniers  depuis  peu.  —  Sans  aucune  plainte  ». 


—  291  — 

valent  soit  leur  arrestation  par  les  archers  de  la  ma- 
réchaussée, soit  leur  comparution  volontaire  devant  le 
geôlier  chargé  de  les  écrouer.  Cette  longue  énumération,  qui 
est  cependant  incomplète,  puisqu'il  existe,  dans  ces  docu- 
ments, une  lacune  importante  comprenant  la  période  qui  va 
de  1706  à  1723  (1),  renferme  des  détails  très  intéressants 
pour  l'étude  de  la  moralité  des  habitants  du  Haut-Anjou  au 
XVIIIe  siècle.  Elle  mérite  donc  d'être  résumée,  analysée  et 
annotée  sommairement. 

Les  infractions  aux  obligations  imposées  par  le  service 
militaire  à  ceux  qui  avaient  «  tiré  le  billet  noir  »  donnent 
lieu  à  soixante  arrestations  dans  le  court  espace  de  quelques 
années,  du  25  mars  1701  au  6  juillet  1705.  Les  prévenus  sont 
accusés  soit  de  désertion,  soit  d'indiscipline,  soit  de  refus  de 
se  rendre  à  leurs  corps  ou  de  négligence  dans  l'accomplisse- 
ment de  ce  devoir.  On  incarcère  aussi  les  parents  ou 
les  amis  des  insoumis,  qui  avaient  pris  l'engagement  de  les 
astreindre  à  se  présenter  et  qui  ont,  au  contraire,  favorisé 
leur  fuite.  Les  remplaçants  qui  gardaient  l'argent  et  ne 
venaient  pas  à  leur  poste  étaient  également  poursuivis.  Le 
cas  le  plus  fréquent  est  celui  des  soldats  de  milice  des 
paroisses  qui  n'assistent  pas  au  tirage  ou  qui  s'obstinent  à  ne 
pas  rejoindre  le  régiment  auquel  ils  sont  incorporés  (2).  Leur 
arrestation  est  demandée  tantôt  par  le  procureur  syndic  de 
ces  paroisses,  tantôt  par  la  généralité  de  Tours,  par  M.  le 
subdélégué,  par  les  habitants  eux-mêmes,  par  les  officiers 
des  régiments  de  Saintonge,  d'Orléans,  de  Baraille,  de 
Froulay,  de  Briouze,  de  Beaufort,  de  Laval,  de  la  Motte,  etc., 

(1)  Le  recueil  factice,  coiiservé  aux  Archives  de  la  Mayenne,  est  en 
assez  médiocre  état.  Les  livres  d'écrou  sont  faits  d'une  série  de  feuilles 
volantes,  où  souvent  manquent  plusieurs  pages. 

(2)  Les  Cahiers  de  doléances  du  Bas-Maine  en  1789  réclament  l'abolition 
de  la  milice  et  du  tirage  au  sort.  On  propose  la  création  d'un  fond  pour 
l'acliat  des  miliciens.  (Voir  Bellée,  Duchemin  et  Brindeau,  CaJders  des 
plaintes  et  doléances  des  paroisses  de  la  province  du  Maine.  Le  Mans, 
1877-1887.) 


—  292  — 

parle  prévôt  provincial  et  par  d'autres  personnes.  Beaucoup 
de  soldats  portent  des  surnoms  tels  «  que  Sans-Chagrin,  Bel- 
Air,  Joli-Cœur,  La  Fonçade,  La  Grenade ,  La  Tulipe , 
Jasmin,  La  Violette,  La  Jonquille,  La  Fleur.  »  D'autres  sont 
baptisés  du  nom  de  leur  province  :  «  Provençal,  Breton, 
l'Angevin  ;  »  enfin  les  qualités  morales  ou  extérieures  servent 
à  en  désigner  quelques-uns  :  «  Françœur,  La  Volonté,  La 
Douceur,  Beauvisage,  Belhomme,  Bel-Amy.  »  D'autres  doi- 
vent leur  dénomination  à  leur  caractère,  leur  penchant:  «  Pot- 
de-Vin,  Vide-Bouteille,  Brin-d' Amour  ;  »  enfin  on  trouve  les 
surnoms  joyeux  de  «  La  Joie,  La  Gaieté,  Belle-Humeur.  »  Les 
habitants  des  paroisses  payaient  les  volontaires  qui  offraient 
de  prendre  rang  dans  l'armée  et  réclamaient  leur  argent 
quand   le  milicien  désertait. 

Le  26  octobre  1701,  on  emprisonne  Julien  (raingnard, 
«  soldat  de  milice,  faute  de  s'être  rendu  pour  le  service 
du  roy ,  conformément  au  traité  qu'il  avoit  fait  avec 
ses  paroissiens  »,  qui  lui  avaient  versé  une  somme  de  cent 
quinze  livres,  «  suivant  la  quitance  consentie  par  lui  devant 
Esnault,  notaire  royal  de  cette  ville».  Souvent  la  prime 
était  peu  élevée.  Ainsi,  le  28  juin  1702,  Antoine  Lépine, 
soldat  dans  la  compagnie  de  René  Petit,  sieur  de  la  Bour- 
daiserie,  lieutenant  au  régiment  de  Baraille,  remettait  deux 
écus  neufs  à  l'un  des  valets  du  meunier  des  Trois-Moulins  de 
Château-Gontier  (1),  pour  son  engagement.  Toutefois,  après 
avoir  accepté  le  paiement,  celui-ci  refusa  de  suivre  le  recru- 
teur qu'il  maltraita,  «  excéda  de  coups  »  et  «  mit  tout  en 
sang  ».  Le  forcené  se  rua  ensuite  sur  le  lieutenant,  sur  le 
meunier  et  sur  sa  femme,    qu'il  accabla   de    violences.   La 

(1)  Les  trois  moulins  étaient  situés  au  pied  même  du  vieux  château  sur 
la  rive  droite  de  la  Mayenne.  Une  tour  à  créneaux,  qui  devait  être  en 
dehors  des  fortifications,  était  encastrée  dans  ces  moulins.  Voir,  dans 
l'album  de  Chdteau-Goatier  et  ses  environs,  la  première  des  trente  eaux- 
fortes  par  Tancrède  Abraham,  qui  représente  Château-Gontier  et  les 
Vieux  Trois-MouUns.  Une  ruelle  s'appelle  encore  aujourd'hui  a  ruelle 
des  Trois-Moulins.  » 


—  293  — 

maréchaussée  accourut  enfin,  s'empara,  non  sans  peine,  de 
ce  furieux  caché  dans  le  grenier,  le  garrotta  et  le  conduisit 
dans  les  prisons.  La  durée  de  l'incarcération  des  déserteurs, 
des  indisciplinés  ou  des  insoumis  variait  généralement  entre 
deux  et  six  jours.  Souvent  même,  on  élargissait  dès  le  len- 
demain les  miliciens  réfractaires,  pour  les  conduire  à  leur 
régiment. 

Le  messager  de  Château-Gontier,  appelé,  en  1701,  Nicolas 
Champion,  était  fréquemment  chargé  de  mener  les  accusés 
ou  les  condamnés  soit  à  Paris,  soit  à  Angers,  soit  à  Laval  ou 
à  Craon.  Quand  ceux-ci  étaient  gravement  malades,  on 
les  envoyait  à  l'hospice  de  la  ville,  sauf  à  les  réintégrer  dans 
les  prisons,  lorsque  la  guérison  était  constatée.  La  liste  des 
gens  qui  se  présentaient  devant  le  geôlier,  pour  être  écroués, 
afin  de  faire  procéder  à  l'entérinement  des  lettres  de  grâce 
et  de  rémission  qu'ils  venaient  d'obtenir  ou  pour  subir  leur 
interrogatoire,  était  assez  considérable.  Les  rafles  de  men- 
diants et  de  vagabonds  par  les  archers  de  la  maréchaussée 
ne  parvenaient  pas  à  purger  les  villes  et  les  campagnes. 

Le  6  juin  1704,  on  incarcère  Marie  Barbier,  de  la  paroisse 
de  Longue,  qui  est  ensuite  emmenée  aux  Pénitentes  d'Angers, 
par  ordre  de  i'évêque.  Les  prisonniers  pour  dettes  étaient 
nombreux.  Le  3  février  1705,  Louis  Lebrun,  «  garde-corps 
de  Sa  Majesté  »,  demande  à  être  écroué,  pour  «  parvenir  à 
l'entérinement  des  lettres  de  grâce,  rémission  et  pardon  qui 
lui  ont  été  délivrées  par  la  Grande  Chancellerie  »,  au  mois  de 
novembre  de  l'année  précédente,  «  pour  raison  d'homicide 
commis  sur  la  personne  de  feu  Robert  Bancoust  ».  Certains 
condamnés  étaient  transférés,  à  l'expiration  de  leur  peine, 
dans  d'autres  prisons,  ou  étaient  amenés  de  divers  heux  dans 
celle  de  Château-Gontier.  Le  14  mars,  Geoffroy  Madiot, 
accusé  de  meurtre,  est  incarcéré.  On  l'exécute  le  2  juillet 
suivant.   Marc  Cabaret,    mendiant,    accusé    d'avoir    voulu 


—  294  — 

mettre  le  feu  à  la  Masure  d'Azé  (1)  et  dans  plusieurs  autres 
endroits,  est  emprisonné  le  26  octobre.  La  maréchaussée  est 
toujours  occupée  à  poursuivre  et  appréhender  les  vagabonds 
qui  pullulent  (2). 

De  4723  à  1753,  le  nombre  des  crimes  augmente.  Les 
voleurs  de  grand  chemin  et  les  vagabonds  se  multiplient. 
Le  7  septembre  1723,  Pierre  Macé,  René  Geslot  et  Nicolas 
Garreau,  lieutenant  et  gardes  aux  gabelles,  établis  au  poste 
du  Chêne-Coupé,  paroisse  de  Houssay,  ressort  de  Craon  (3), 
s'emparent  de  Jean  Hodeline,  soupçonné  d'avoir  tué  Pierre 
Simon.  Le  lendemain,  8  septembre,  on  arrête  Jacques 
Biguide,  accusé  de  meurtre  sur  la  personne  de  La  Joulière. 
Trois  jours  après,  le  condamné  est  exécuté  sur  la  place 
publique  de  Château-Gontier.  Le  13  du  même  mois,  on  em- 
prisonne Marie  Viel,  femme  Juigné,  accusée  de  vol  et  d'as- 
sassinat. Elle  est  menée  au  supplice  le  19  février  de  l'année 
suivante.  Le  14  octobre,  Charles-François  de  Madripon, 
capitaine  des  fermes  du  roi  au  dépôt  de  la  Valette  (4),  Jean 
Deshayes,  lieutenant-ambulant  (5),  Jean  Godier,  lieutenant 
de  brigade,  et  François  Fouassier,  garde  -  capitaine  du 
de  ressort  de  Château-Gontier,  arrêtent  Jean  Girard,  natif 
de  la  ville  d'Ancenis,  voleur  de  grand   chemin. 

Le  11  janvier  172i,  incarcération,  pour  sédition  populaire, 

(1)  Masure  (la),  logis  et  f.  c"«  d'Azé  (Dict.  topographique  de  la  Mayenne, 
p.  208). 

("2)  La  maréchaussée  de  Château-Gontier,  qui  n'était  autrefois  qu'une 
dépendance  du  prévôt  d'Angers,  avait  été  créée  provinciale  à  la  fin  du 
XVII^  siècle.  Il  y  avait  un  prévôt,  un  chevalier  du  guet,  un  lieutenant,  un 
assesseur,  un  commissaire  des  montrées,  un  procureur  du  roi,  un  exempt, 
un  greffier  et  quinze  archers.  ("Voir  les  Mémoires  de  M.  de  Miroménil 
intendant  de  Tours,  dressés  par  ordre  de  la  cour  en  1G97,  pour  Monsei- 
gneur le  duc  de  Bourgogne). 

(3)  Houssay,  canton  de  Château-Gontier,  ancienne  paroisse  du  doyenné> 
du  comté  de  Laval  et  de  réleclion  de  Château-Gontier. 

(4)  Il  existe  dans  la  région  plusieurs  lieux  qui  portent  ce  nom  de  "Valette 
ou  de  la  Valette.  (Voir  le  Dicl.  topocj.  de  la  Mayenne,  p.  223). 

(5)  Voir,   sur  l'organisation    de  la   gahelle,    le   Dicl.  des  instittUions^ 
moiurs  et  coiilunies  de  la  France,  t.  I,  p.  460. 


—  295  — 

de  Michel  Meignan,  Michel  Vallet,  René  Rousseau  et  Charles 
Chesnion,  qui  sont  mis  aux  fers.  Le  6  mars,  arrestation^  par 
les  archers  de  Craon,  de  Jean  Rouard,  natif  de  Pontorson, 
accusé  de  vol  et  d'assassinat.  Le  41  avril,  c'est  le  tour  de 
Claude  Roulay,  aussi  accusé  de  meurtre.  On  lui  met  les  fers 
aux  pieds.  Les  vols  de  chevaux  sont  très  fréquents.  Le  3  mai, 
incarcération  de  Renée  Rouvet,  servante  à  la  Chapelle- 
Craonnaise,  accusée  d'avoir  tué  son  enfant.  Le  20  du  même 
mois,  Mathurin  Marchandie,  accusé  d'avoir  volé  plusieurs 
chevaux,  en  compagnie  de  René  Rareau,  est  pendu.  Julien 
Rellanger,  de  la  paroisse  de  Brissarthe,  condamné  pour  vol, 
subit  le  même  supplice  le  30  août.  Le  19  du  même  mois, 
Avertin  Deniau ,  employé  aux  gabelles ,  natif  de  Brain- 
sur-Longuenée  (1),  accusé  d'avoir  tué  un  homme,  avait  été 
écroué.  Il  obtint  des  lettres  de  rémission,  après  deux  ans  de 
détention. 


II. 


La  misère  est  toujours  grande.  Une  centaine  de  men- 
diants et  de  vagabonds  sont  emprisonnés  du  1  au  10 
septembre  1724.  Ils  sont  envoyés  à  l'Hôpita]  d'Angers  (2). 
Le  12  septembre,  à  la  requête  du  procureur  du  roi  et 
en  conséquence  de  l'arrêt  du  Parlement  de  Paris  rendu 
le  30  août,  Jean  Jarry,  prêtre,  curé  de  la  paroisse  de 
Menil,  est  incarcéré  (3).   Le  3  février  1725,  il  est  transféré 


(1)  Brain-sur-Longuenée,  canton  du  Lion-d'Angers  (M.-et-L.).  La  sei- 
gneurie de  la  paroisse  appartenait  aux  châtelains  de  la  Beuvrière. 

(2)  L'hôpital  Saint-Jean  l'Évangéliste.  (Voir  VInventaire  analytique 
publié  par  M.  C.  Port  en  1870.) 

(3)  Le  curé  de  Menil  était  accusé  de  relations  scandaleuses  avec  sa  belle- 
sœur.  11  fut  condamné  à  faire  amende  honorable  devant  la  principale  porte 
de  l'église,  à  l'issue  de  la  grand'messe  de  paroisse,  à  neuf  ans  de  bannisse- 
ment de  l'Anjou  et  du  Maine  et  de  la  vicomte  de  Paris  et  à  20  livres  d'au- 
mône envers  les  pauvres.  Il  protesta  de  la  nullité  de  cette  sentence  et 
interjeta  appel  au  Parlement,  (Arch.  de  la  Mayenne,    B.    2750.   —   Voir 


—  296  — 

par  le  messager  dans  les  prisons  de  l'Officialité  d'Angers, 
puis  conduit  le  31  mars  à  Paris.  Cinquante  nouveaux 
vagabonds  sont  arrêtés,  du  i2  au  23  septembre,  et  di- 
rigés ensuite  sur  Angers,  comme  les  précédents.  Pierre 
Guillard,  meunier  au  moulin  de  la  Charré,  paroisse  de 
Montreuil,  accusé  de  plusieurs  assassinats,  est  incarcéré  le 
26  décembre.  Le  16  janvier  1725,  on  emprisonne,  pour  dette, 
François  Geslin,  garde  du  roi  dans  la  compagnie  de  M.  le 
duc  de  Villeroy  ;  l'écrou  est  levé  le  25  avril,  «  sur  caution- 
nement fourni  par  le  sieur  des  Planches-Planchenault  de 
payer  les  sommes  pour  lesquelles  il  est  retenu  ».  Le  29  jan- 
vier, on  incarcère  François  Bouchard,  cordonnier,  originaire 
de  Nantes,  pour  défaut  de  passe-port.  René  Gaudais,  vaga- 
bond, accusé  de  vols,  est  enfermé  le  10  mai  et  exécuté  le  9 
janvier  de  l'année  suivante.  Le  24  mai,  on  emprisonne  Jean 
Brosset  et  Jean  Audereau,  qui  sont  pendus  le  9  juin. 

Le  24  septembre,  emprisonnement  de  Georges  Doucet  et 
René  Gaudin,  assassins.  Un  mois  après,  Gandin  est  remis  à 
l'exécuteur  pour  être  fustigé  et  marqué.  Doucet  est  conduit 
au  palais  pour  demander  pardon  à  Dieu,  au  roi  et  à  la 
justice.  Le  5  novembre,  emprisonnement  de  Nicolas  Leduc, 
assassin,  condamné  à  mort  le  12  janvier  1726.  Le  30  janvier 
1729,  incarcération  de  René  Tardif,  dragon  du  roi.  Le  30  mai, 
emprisonnement  de  Pierre  Thezé,  incendiaire  ;  sa  femme  le 
rejoint  en  prison  le  8  juillet.  Le  27  août,  emprisonnement  de 
Joseph  B.,  breton,  et  de  Jean  Avril,  milicien,  aussi  breton, 
voleurs  de  chevaux.  Le  premier  est  condamné  à  être 
rompu  vif  et  le  second  mis  en  liberté.  Le  14  novembre  1730, 
emprisonnement  de  Pierre  Landelle,  assassin.  Le  4  janvier 
1731,  arrestation  du  nommé  Ory,  garde  de  gabelles.  Le  26 
novembre,  emprisonnement  de  J^ouis  Mauvinet,  huissier,  et 
de  Laurent  Joulin.  Les  condamnés  étaient  souvent  menés  à 


notre  Histoire  de  Metiil  et  de  ses  seigneurs^  d'après  des  documents  inédits, 
(1040-1886).  E.  Lechevalier,  Paris,  1888.) 


—  297  — 

Paris,  ((  en  appels  devant  le  Parlement  »,  ou  conduits  dans  les 
prisons  de  la  Conciergerie.  Le  sieur  Gandon,  messager  de 
Paris,  demeurant  à  Sablé,  remplaçait  quelquefois  le  messager 
de  Château-Gontier.  Le  24  décembre  1733,  emprisonnement 
de  François  Cottereau  et  de  François   Bernard,   faux-mon- 
nayeurs.  Le  24  juin  1734,  incarcération  de  François  Moulard, 
«  tissier  et  tambour  de  ville  ».  Le  2  février  1735,  le  chevalier 
de  Bouille,    capitaine   au  régiment  de  Gondrin,  écroue  lui- 
même  son  soldat,  Jean  Dorsemaine.  De  1723  à  1735,  on  ne 
compte  qu'une  douzaine  de  miliciens  mis  en  prison.  Le  4  no- 
vembre 1735,  incarcération  de  Pierre  Hiret,  assassin.  Le  30 
juillet  1735,  Pierre  Halleur,  huissier  à  cheval,  est  transféré 
au  Grand  Châtelet  de  Paris,  par  Louis  Duraux,  «  exempt  de 
la  compagnie  de  robe  courte  du  dit  Paris,  en  vertu  de  l'or- 
donnance de  M.  le  heutenant  criminel  ». 

Le  19  mai  1739,  à  la  requête  du  procureur  de  la  maré- 
chaussée, on  écroue  Etienne  Gard,  assassin.  Le  29  août, 
arrestation  de  Jean  Rondeau,  accusé  d'avoir  écrit  une  lettre 
anonyme  de  menaces  au  curé  de  Bierné.  Le  3  octobre,  par 
ordre  de  M^  le  lieutenant  de  la  généralité  d'Alençon  et 
de  M.  de  Coulonge,  lieutenant-criminel  de  Château-Gontier, 
sont  incarcérés  :  Michel  Monvel,  dit  du  Rocher,  Charles 
Mire,  dit  Sans-Crainte,  Philippe-Joseph  Desrues,  dit  Saint- 
Léger,  tous  les  trois  soldats  de  la  compagnie  des  Indes.  Le 
29  septembre  1741,  Jean  Cassel,  fou,  est  arrêté  et  conduit, 
le  l*^'"  novembre,  à  Bicêtre.  Quinze  miliciens  déserteurs  et 
un  soldat  de  la  compagnie  de  Boissan,  au  régiment  de 
Chartres,  sont  emprisonnés,  de  1735  à  1742.  Le  24  juin  1742, 
on  s'empare  de  Perrine  Chêneau,  «  accusée  d'avoir  fait  des 
motions  populaires  à  l'occasion  des  blés  ».  Le  24  juillet,  on 
arrête  François  Hamme,  «  faux-saulnier  »  et  assassin.  Le 
17  septembre  1743,  arrestation  de  Jacques  Legros,  accusé 
d'avoir  tué  sa  femme.  Le  4  décembre,  on  incarcère  Marie 
Gasté,  accusée  de  c  contravention  aux  ordonnances  du  roy 


—  '298  — 

sur  les  filles  enceintes  (1).  »  Le  11  juin  1745,  on  écroue  Jean 
Després  «  collecteur  de  sel,  de  la  paroisse  Saint-Gault  ».  Le 
17  juillet,  exécution  de  Jacques  Lefebvre.  Le  15  janvier  1746, 
arrestation  des  Hamelin,  père  et  fils,  laboureurs,  demeurant 
au  lieu  de  Gornouailles,  au  village  de  Saint-Denis,  paroisse 
de  Bazouges,  accusés  d'assassinat. 

Le  29  août,  à  la  requête  de  Louis  Rabeau,  meunier  au  mou- 
lin de  Port-Joulain  de  Marigné  près  Daon  (2),  le  premier 
huissier  au  présidial  se  transporte  chez  René  Jarry,  métayer, 
demeurant  au  bourg  de  Coudray,  qui  doit  à  Rabeau  cinq 
cents  livres,  «  pour  pris  de  bestiaux  »,  et  constitue  le  débiteur 
prisonnier.  Jarry  demande  à  Thuissier  de  l'accompagner  à 
Coudray,  c(  en  la  maison  du  nommé  Paillard,  dit  La  Pierre, 
hoste,  demeurant  audit  bourg,  pour  y  boire  une  chopine  de 
vin,  en  ayant  besoin,  et  pour  avoir  un  habit,  une  culotte  et 
des  guestres  »,  ce  qui  lui  est  accordé  par  son  gardien,  d'hu- 
meur débonnaire.  Tous  les  deux  boivent  donc  «  une  peinte 
de  vin  blanc,  après  quoy,  ajoute  philosophiquement  le  pre- 
mier huissier,  nous  avons  marché  sur  Chàteaugontier,  où, 
estant  arrivé  sur  les  quatre  heures,  avons  écroué  ledit 
Jarry  ».  Le  8  décembre  1747,  on  incarcère  Jacques  Des- 
champs, «  praticien  »,  demeurant  à  Ghâteau-Gontier.  Le 
l^'""  octobre  1748,  à  la  suite  des   troubles   de   Cessé  (3),   on 


(1)  Voir,  aux  Archives  de  la  Mayenne,  B.  2952-2960,  les  neuf  registres  qui 
mentionnent  les  déclarations  de  grossesses,  de  1708  à  1792. 

(2)  Ce  moulin  n'existe  plus  aujourd'hui. 

(3)  Voir,  sur  celte  seigneurie,  notre  Notice  hlstonqiic  sur  le  château  du 
Port-Joulain  et  ses  seigneurs,  Angers,  Germain  et  Grassin,  1883.  —  A  la 
fin  du  mois  de  mai  1789,  cinquante  habitants  de  Daon,  inquiets  de  la 
cherté  des  grains  qui  semblait  présager  une  disette  prochaine,  envahis- 
saient ce  moulin,  accablaient  le  meunier  do  menaces  ainsi  que  sa  famille, 
et  lui  déclaraient  qu'ils  lui  prendraient  sa  kw'me  (Arch.  de  la  Mayenne, 
B.  Cliâteau-Gontier,  1789). 

(4)  Cossé-lo-Vivion,  arrondissement  de  Cliàtoau-Gontior.  Les  registres 
des  procédures  et  sentences  du  Présidial  ne  contiennent  aucun  renseigne- 
ment sur  ces  troubles. 


—  299  — 

arrête  Pierre  Dubois,  le  principal  auteur  de  la  sédition  popu- 
laire. 

De  1742  à  1750,  on  emprisonne  une  douzaine  de  miliciens 
déserteurs,  dont  plusieurs  du  régiment  d'Anjou.  Le  15 
février  1747,  M.  de  Levaré,  capitaine  au  régiment  de 
Gondrin,  écroue  Jacques  Le  Tassier,  son  soldat.  Le  23 
février^  arrestation  d'Etienne  Larchevèque,  dit  Sans-Quar- 
tier, «  soldat  du  régiment  de  la  Couronne  -  Infanterie  », 
accusé  de  vol.  Le  3  juillet,  on  arrête,  pour  désertion,  Pierre 
Oger,  «  soldat  au  régiment  de  Cavalerie-d'Omond  ».  Le 
11  juillet,  c'est  le  tour  d'André  Oger,  «  soldat  au  régiment 
d'Angoumois  ».  Le  9  août  1748,  on  écroue  .lean  Buffet,  «  sol- 
dat au  régiment  d'infanterie  de  Monaco  »,  Jean  Gilles,  «  sol" 
dat  de  la  compagnie  du  chevalier  de  Biars,  au  bataillon  de 
Mayenne  »,  et  Jean  Raveau,  «  soldat  au  régiment  d'infanterie 
de  Monaco  »,  accusés  de  désertion.  LeSoctobre,  arrestation  de 
de  Guillaume  Secretin  et  de  René  Auray,  soldats  des  gardes- 
françaises,  accusés  de  désertion  et  de  viol.  Le  29  septembre 
1749,  incarcération  de  Nicolas  Pierron,  dit  Maridor,  et  de 
Jean  Savary,  «  cavaliers  du  régiment  de  Dauphin-Étranger  ». 
Le  29  novembre,  arrestation,  pour  désertion,  de  Jean- 
Baptiste  Maillard,  «  soldat  du  régiment  de  la  Fère-Infan- 
terie(l).  »  Huit  autres  déserteurs,  dont  le  régiment  n'est  pas 
désigné,  sont  aussi  fanprisonnés. 

(1)  On  conserve  aux  Archives  du  Ministère  de  la  Guerre  la  pancarte  sui- 
vante placardée  par  les  racoleurs  de  ce  régiment  : 

A   LA.  BELLE  JEUNESSE. 

ARTILLERIE      DE      FRAÎ^CE 

(CORPS  royal) 

RÉGIMENT   DE   LA    FÈRE,   COMPAGNIE   DE   RICHOUFFTZ. 

De  par  le  Roy. 

Ceux  qui  voudront  prendre  parti  dans  le  Corps  Royal  de  l'Artillerie, 
régiment  de  la  Fère,  Compagnie  de  RichoulTtz,  sont  avertis  que  ce  Régi- 
ment est  celui  des  Picards;  l'on  y  danse  trois  fois  par  semaine,  on  y  joue 
aux  Battoirs  deux  fois,  et  le  reste  du  temps  est  einployé  aux  Quilles,  aux 
Barres,  à  faire  des  Armes.  Les  plaisirs  y  régnent,  tous  les  Soldats   ont  la 


—  300  — 


III. 


Les  émeutes  contre  la  circulation  des  grains  deviennent 
bientôt  fréquentes. 

Le  21  mars  1750,  François  Duval,  voleur,  est  pendu.  Le 
29  juin,  incarcération  de  Mathurin  Guéry,  accusé  d'assas- 
sinat. Le  14  août,  on  incarcère  Mathurin  Le  Bret,  «  se  disant 
frère  hermitte  ».  Le  10  septembre,  arrestation  de  Louis 
Floréal,  «  déserteur  dans  la  marine  ».  Le  25  octobre  1751, 
incarcération  de  Louis  Chemineau,  «  soldat  de  la  compagnie 
Dupont,  au  régiment  de  Royal-Comtois  ».  Le  20  novembre, 
on  écroue  Marin  Rapin,  «  garçon  tissier,  accusé  de  faux- 
saunage.  »  Le  1«''  janvier  1752^  on  arrête,  «  pour  séditions 
populaires  concernant  les  bleds  »,  François  Oger,  François 
Nail  ainsi  que  sa  femme  et  Joseph  Lebreton.  Le  22  octobre, 
arrestation  de  Jean  Hubert,  «  soldat  au  régiment  de  Cambrais, 
compagnie  de  Mauvert.  »  Le  19  mars  1753,  incarcération  de 
Claude-Pierre  Pelu,  «  soldat  au  régiment  royal  de  Roussillon- 
Cavalerie  ».  Le  3  août  1753,  arrestation  de  Pierre  Jérôme, 
dit  la  Douceur,  «  soldat  cavalier  au  régiment  de  Blésois  ». 
Le  26  juillet,  incarcération  de  Jean  Trocherie,  assassin  et 
voleur.  Le  nombre  des  voleurs  et  des  vagabonds  ne  cesse  de 
s'accroître.  On  en  enfermait  des  bandes.  Lel"""  octobre  1754, 
six  mendiants  sont  extraits  des  prisons  et  conduits  «  dans  la 

haute-paye,,   bien  récompensés,  des  places  de  Gardes   d'Artillerie,   d'Ofli- 
ciers  de  fortune,  à  soixante  livres  par  mois. 

Il  faut  s'adresser  à  M.  De  Richouiftz,  en  son  Cliàteau  de  Vauchelles, 
près  Noyon  on  Picardie.  Il  récompensera  ceux  qui  lui  amèneront  de  beaux 
hommes. 

Pareilles  afiiches  sont  sur  la  porte. 

A  Noyon,  de  l'imprimerie  P.  Rocher,  imprimeur  de  la  ville.  — Voir,  sua 
lorganisation  militaire  de  la  France  à  la  veille  de  la  Révolution,  l'Armée 
roi/ale  eu  1780,  par  Albert  Uuruy,  Paris,  Calman-Lévy,  1888.  —  Voir 
aussi  l'intéressante  étude  de  M.  Albert  Babeau  sur  Le  soldat  sons  l'Ancien 
Régime. 


301 


tour  grenetière  de  Saumur  »  (1).  Le  26  août  1755,  arresta- 
tion de  Joseph  Moreul,  déserteur  du  régiment  de  Piémont. 
Le  14  septembre,  on  écroue  Etienne  Daunay,  «  accusé  d'avoir 
assassiné  les  ouvriers  du  sieur  curé  de  Bouillé-Ménard  »  (2). 
Le  11  juin  1757,  on  incarcère  François  Jardinais,  déserteur 
du  régiment  d'Auvergne. 

Le  31  janvier  1757,  le  chevalier  de  Bouille  fait  mettre  son 
soldat,  François  Blin,  au  cachot.  Le  messager  de  Chàteau- 
Gontier  à  Paris  a  nom,  à  cette  époque,  Louis.  Le  20  avril  1758, 
on  incarcère  Pierre  Retin,  qui  refuse  de  rejoindre  le  régi- 
ment de  Languedoc,  où  il  est  engagé  en  qualité  de  dragon.  Le 
13  avril,  on  écroue  trois  métayers  qui  ne  veulent  pas  «  char- 
royer  le  bois  de  marine,  qui  se  trouve  sur  la  terre  de 
l'Entourterie,  paroisse  de  Grez  »  (3).  Le  23  septembre,  arres- 
tation de  Julien  Gauthier  et  de  Pierre  Cassé,  déserteurs  du 
régiment  de  Brissac.  Le  16  octobre,  le  capitaine  Freney 
écroue  le  nommé  Girard,  soldat  au  régiment  de  Normandie. 
Le  27  novembre,  arrestation  de  Pierre  Severé  et  Jean 
Moulliet,  déserteurs  «  de  la  compagnie  de  M.  de  Brassi,  des 
colonies  françaises  ».  Le  17  février  1759,  on  extrait  des 
prisons  de  Laval,  pour  le  conduire  à  Château-Gontier, 
Nicolas-Joseph  Boulogne,  «  soldat  invalide  de  la  compagnie 
de  M.  Desbouchers,  en  garnison  à  Saint-Malo.  »  Le  14  juin, 
on  écroue  Pierre  Ménard,  «  soldat  du  régiment  royal  des 
vaisseaux».  Le  21  juillet  1768,  on  incarcère  Jean  Ménard, 
dit  l'Angevin,  «  se  disant  soldat  aux  greniers  de  France  ». 
Le  16  août,  on  dirige  sur  Château-Gontier  Jean  Godivier, 
«  aide-canonnier  ». 
Le  6  décembre,  on  incarcère  Jean  Gilles,  dit  Saint- 
Ci)  C'était  sans  doute  une  dépendance  de  l'Hospice  de  la  Providence  fondé 
par  Jeanne  de  la  Noue  en  1693  et  établi  en  1716  dans  l'Hôtel  des  Trois- 
Anges.  On  y  recevait  les  vieillards  pauvres  et  les  mendiants. 

(2)  Jacques-Antoine  Godreuil,   du   diocèse  de  Coutances,  fut  curé  de 
Bouilly-Ménard  de  1731  à  1762. 

v3)  Entourterie  (F),  ferme,  paroisse  de  Grez-  en-Bouère.  Fief  vassal  de  la 
chàtellenie. 


—  302  — 

Germain,  «  soldat  du  régiment  du  Roi-Infanterie,  compagnie 
des  grenadiers  d'Hirecourt  ».  Une  cinquantaine  de  miliciens 
et  d'autres  soldats  déserteurs,  dont  le  régiment  n'est  pas 
indiqué,  sont  également  emprisonnés,  de  1750  à  1760. 

Le  3  juin  1761,  Julien  Tessé,  soldat  du  régiment  de  Brie, 
est  écroué.  Le  7  du  même  mois,  on  lève  l'écrou  de  François 
Boisgonthier,  pour  le  conduire  à  l'armée  du  Rhin.  Le  11  jan- 
vier de  la  même  année,  on  arrête,  pour  assassinat,  le  nom- 
mé Jean  Marin,  et,  le  28  février,  Pierre  Corbin,  de  Fromen- 
tière,  accusé  du  même  crime.  Le  11  juillet  1762,  arrestation 
de  René  Pelletier,  «  soldat  au  régiment  de  la  Vieille-Marine  )r 
Le  18  décembre,  René  Buttier,  dit  Robichon,  forçat  évadé, 
condamné  pour  vol,  est  pendu.  Le  19  novembre  1763,  on 
écroue  René  Rousseau,  marchand,  accusé  de  vol  et  d'assas- 
sinat. Le  30  août  1764,  Pierre  Rousseau,  voleur,  est  pendu. 
Le  22  juin  de  la  même  année,  Charles  Chevron,  «  déserteur 
des  recrues  françaises  du  régiment  de  Touraine  »,  est  arrêté. 
Le  11  juillet,  plusieurs  marchands  d'Azé  sont  emprisonnés, 
«  pour  cause  de  non  paiement  de  la  somme  de  cent  vingt 
livres,  à  la  requête  de  messire  Jean-Baptiste  de  la  Planche, 
chevalier,  seigneur  de  Ruillé-en-Anjou  (1).  » 

Le  2  novembre,  «  a  été  écroué  Pierre  Roulin,  contrebandier 
et  vagabond,  accusé  de  violence  ».  L'écrou  est  levé  le  24  mai 
1765,  pour  le  conduire  à  Laval,  «  en  attendant  le  passage  de 
la  chaîne  (2)  ».  Le  2()  juin  1766,  on  arrête  Jean  Testu,  «  accusé 

{■[)  Ruillé-Froidfond,  C'  de  Grez-en-Bouère.  Ancienne  paroisse  du 
doyenné  de  Sablé,  de  l'élection  de  Chàteau-Gontier  et  du  comté  de 
Laval. 

(2)  On  désignait  sous  le  nom  de  chaîne  le  convoi  des  forçats  que  Ion 
conduisait  au  bagne.  —  «  On  nous  enchaîna  par  le  cou,  deux  à  deux,  avec 
une  grosse  chaîne  de  la  longueur  de  trois  pieds^  au  milieu  de  laquelle  il  y 
avoit  un  anneau  rond.  Après  nous  avoir  tous  enchaînés,  on  nous  fit  tous 
mettre  à  la  file,  couple  devant  couple;  et  alors  on  passa  une  longue  et 
grosse  chaîne  dans  tous  ces  anneaux,  si  bien  que  nous  nous  trouvâmes, 
tous  enchaînés  ensemble.  «  La  chaîne  était  conduite  par  nu  capitaine.  Le 
poids  des  chaînes  était  d'environ  «  cent  cinquante  livres  pesant  pour 
chacun.  »  Les  archers,  placés  sous  les  ordres  du  capitaine,  faisoient  pieu- 


—  303  — 

de  faux-saunage  et  d'assassinat».  Le 27  juillet,  incarcération 
de  Guillaume  Poirier,  dit  Tranquille,  «  déserteur  du  régiment 
de  Berry,  compagnie  de  Duvernais  ».  Le  19  septembre,  on 
emprisonne  Jean-Bernard  Menant,  «  soldat  du  corps  des  cara- 
biniers ».  Le  11  octobre,  on  écroue  François  Vallet,  dit  la 
Verdure,  caporal  des  recrues  provinciales  d'Alençon,  accusé 
d'avoir  tué  un  homme.  Il  est  relâché  le  22  avril  17G7,  après 
avoir  reçu  des  lettres  de  rémission.  Le  11  novembre,  arres- 
tation de  Mathurin  Guimeau,  accusé  d'assassinat.  Le  19  avril 
1767,  Mathurin  Jousseau,  assassin,  est  écroué.  Le  22  avril, 
on  emprisonne  Pierre  Bouvier,  déserteuri  du  régiment  de 
Gondé,  conduit  à  Dunkerque,  au  mois  de  juin.  Le  28  mai, 
Guillaume  Garnier,  accusé  d'assassinat,  est  incarcéré.  Le 
17  juin,  (v  a  été  écroué  André  Simon,  pour  refus  de  se  ren- 
dre à  l'isle  de  Ré,  pour  y  servir  en  qualité  de  soldat,  pendant 
huit  ans,  dans  le  régiment  de  Saint-Domingue  ».  Le  31  août, 
René  Beaudoin,  voleur  et  assassin,  est  pendu.  Une  douzaine 
de  mihciens  et  d'autres  soldats  déserteurs,  dont  le  régiment 
n'est  pas  nommé,  sont  incarcérés  de  1760  à  1770.  Plusieurs 
portent  les  sobriquets  de  la  Rose,  la  France,  Sans-Rémission, 
l'Angevin,    etc.    La    hste    des    mendiants   et  des    voleurs 

voir  le.5  coups  de  nerf  de  bœuf  ou  de  bâton  sur  le  dos  des  condamnés  qu^ 
refusoient  de  marcher.  Pour  le  trajet  de  Paris  à  Marseille,  en  J 712,  le 
capitaine  recevoit  vingt  écus  par  tête  de  galériens  rendus  vivants  à  desti- 
nation et  rien  pour  ceux  qui  mouroient  en  chemin.  Les  malades  étoient 
jetés  pêle-mêle  dans  des  chariots.  Les  prisonniers,  mal  nourris,  couchoient 
dans  les  écuries  où  la  chaîne  étoit  clouée  au  râtelier,  «  de  manière  que  nous 
ne  pouvions  nous  coucher  ni  même  nous  asseoir  que  difficilement  sur  le 
fumier  et  les  immondices  des  chevaux.  »  Ils  étaient  généralement  infectés 
de  vermine  et  atteints  de  maladie  repoussantes.  Beaucoup  succombaient 
pendant  le  trajet  à  ces  traitements  barbares.  (Mémoires  d'un  protestant 
condamné  aux  galères  de  France  pour  cause  de  religion,  écrits  par  lui- 
même,  etc.,  nOO-lUS,  nouvelle  édition,  Paris,  1865,  pages  326  et  sniv.). 
—  Les  condamnés  aux  galères  étaient  d'abord  livrés  au  supplice  du  fouet, 
marqués,  puis,  quand  ils  étaient  en  nombre  suffisant,  réunis  en  cliaine  et 
conduits,  de  ville  en  ville,  jusqu'au  lieu  de  leur  destination.  On  les  enchaî- 
nait ensuite  sur  les  galères  chacun  à  leur  banc.  [Dictionnaire  des  Institu- 
tions, mœurs  et  coutumes  de  la  France,  t.  II,  p.  964.) 


—  304  — 

augmente.  Les  faux-sauniers  sont  aussi  très  nombreux  (1). 
Les  émeutes  et  les  émotions  populaires  étaient  très  fré- 
quentes dans  les  environs  de  Château-Gontier  et  dans  la 
ville  même  au  XYIII"  siècle.  Le  20  août  1765,  on  arrête  les 
nommés  Lavardin,  Boucher,  Lalande,  cordonniers  ;  Moque- 
reau,  fils,  «  boisselier  »  ;  la  femme  de  Chevreul,  maçon  ;  la 
femme  de  Richard,  journalier  ;  lafemme  deBruneau,  mercier; 
la  nommée  Roze,  «  tous  domiciliés  en  la  ville  de  Sablé,  accu- 
sés d'avoir  suscité  une  émotion  populaire  au  sujet  de  l'expor- 
tation des  blés  et  d'y  avoir  été  parties  » .  On  les  relâche  le  9  octo- 
bre. Le  '23  du  même  mois,  incarcération  de  Marguerite  Tellier, 
femme  de  Toussaint  Houdellier  ;  Françoise  Houdellier,  fille  ; 
Claude  Laurent,  fille  ;  Marie  Brière,  fille  ;  Vrillère,  fille  ;  La 
Chapon,  veuve  Placé  ;  La  Reine,  femme  de  François  Boucher; 
Marie  Dubourg,  fille,  «  toutes  domiciliées  de  la  paroisse  d'A- 
voise  »,  accusées  du  même  délit.  Ces  prisonnières  sont  élar- 
giesle4  janvier  1766.  Lel3  juin  1765,  Jacques  Després,  Etienne 
Langlois,  Jacques  Bréhommeau,  Gabriel  Guillet,  Clémence 
Langlois  et  Andrée  Langlois,  filles,  sont  emprisonnés  pour  un 
motif  semblable.  Préhommeau  meurt  en  prison.  Després  et 
Guillet  sont  bannis  le  22  novembre  1766  :  les  autres  sont  élar- 
gis. Le  19  juin  1766,  on  enferme  Marie  Bourdais,  femme  de 
Guillaume  Dodard,  voiturier;  Jeanne  Choizé,  fille;  Marguerite 


(1)  La  gabelle  était  odieuse  aux  populations.  Les  paroisses  de  la  Mayenne 
furent  unanimes  en  1789  à  réclamer  sa  suppression.  Ce  système  était  tel- 
lement liai  que^  sur  le  simple  bruit  que  les  autorités  do  Craon  voulaient 
défendre  cet  impôt  détesté,  les  gens  de  la  région  se  soulevèrent.  Les 
Cahiers  de  doléances  comparent  la  lutte  entre  les  gabeleurs  et  les  faux- 
sauniers  à  une  guerre  civile.  «  Les  faux-sauniers,  dit  un  historien,  avaient 
pour  eux  la  sympathie  du  public.  S'ils  étaient  pour  les  agents  du  fisc  des 
outlaws,  dignes  des  plus  sévères  ciiàtiments,  aux  yeux  do  leurs  compatriotes 
ils  demeuraient  de  braves  gens,  faisant,  pour  le  profit  général,  la  plus  légi- 
time des  guerres  au  plus  exécré  des  monojioles  ».  (Les  premiers  troubles 
de  la  Révolution  dans  la  Maijenne.  Elude  sur  l'état  des  esprits  dans  les 
différentes  régions  de  ce  département  depuis  le  coimnencement  de  il 89 
jusqu'à  la  fin  de  d702,  par  V.  Duchemin,  terminée  et  publiée  par  Robert 
Triger,  Mamers,  1888,  pp.  188-189). 


—  305  — 

Bourdon,  femme  de  T.  Terrier;  Renée  Hersant,  fille,  et  René 
Ramier^  manœuvre,  toujours  pour  la  même  cause.  Le  23  octo- 
bre 1769,  on  écroue  Marie  Quinton,  femme  de  Pierre  Cour- 
teille,  et  Jeanne  Doignant,  femme  de  Jean  Basille,  également 
pour  «,  avoir  suscité  une  émotion  populaire  »  à  l'occasion 
du  départ  des  grains  (1). 

Le  3  mars  1770,  Philippe  Seureau,  voleur,  est  rompu  vif. 
Le  12  octobre,  on  incarcère  Pierre  Gazeau,  «  soldat  du  régi- 
ment de  Dauphiné,  compagnie  de  Granville  ».  Les  mendiants, 
qui  s'accroissent  sans  cesse,  sont  transférés  au  dépôt  de 
Baugé  (2),  où  on  en  conduit  soixante-et-onze  dans  une  seule 
année.  Le  chiffre  des  vagabonds  arrêtés  en  1771  dépasse  la 
centaine.  Le  25  mars,  on  emprisonne  Guillamme  Poirier, 
«  soldat  déserteur  du    régiment  de  Béarn-Infanterie  ».  Le 

d)  Les  émeutes  contre  la  circulation  des  grains  furent  fréquentes  aussi 
dans  le  comté  de  Laval  au  XVIII''  siècle.  Le  peuple  se  souleva  à  Laval  en 
1725,  à  Ernée  en  1766^  à  Laval  de  nouveau  en  1782,  à  Mayenne  le  30  avril 
1789,  puis  à  Daon,  près  de  Chàteau-Gontier,  le  27  mai  de  la  même  année. 
La  difficulté  des  subsistances  était  une  des  causes  principales  de  l'agita- 
tion des  esprits  dans  ces  contrées  à  la  veille  de  la  Révolution.  «  Le  2  octo- 
bre au  soir,.  Pierre  Bruneau,  garçon  boulanger  à  Craon,  voiturait  dans 
cette  dernière  ville  du  grain  acheté  à  Chàteau-Gontier.  A  une  demi-lieue 
de  Laigné,  il  est  attaqué  par  une  troupe  armée  de  fusils  et  de  bâtons.  L'un 
des  agresseurs  lui  tire  un  coup  de  fusil  et  le  blesse  grièvement  ;  la  cha- 
rette  est  pillée.  Un  des  pillards  disait,  en  emportant  une  charge  de  blé  : 
«  J'ai  plus  gagné  à  faire  ce  coup  qu'à  fabriquer  une  aune  de  toile  ».  Le  19 
du  même  mois,  auprès  d'Ernée,  des  troubles  éclataient  pour  leméme  sujet. 
A  Laval  des  rumeurs  sinistres  circulaient.  Le  24  octobre,  plusieurs  fem- 
mes de  Cossé-ie-Vivien  s'emparaient  de  quatre  charges  de  blé  qu'on  por- 
tait au  moulin  de  Touche-Baron  et  se  les  partageaient  publiquement  sous 
les  halles.  »  En  1790.  les  désordres  continuèrent  et  les  greniers  furent 
saccagés.  Au  mois  de  novembre,  les  mutins  forcèrent  la  prison  de  Château- 
Gontier  et  en  arrachèrent  les  détenus  enfei'més  pour  avoir  voulu  s'opposer 
à  la  circulation  des  grains,  {Ibid.,  pp.  b,  6,  48,  49,  52,  Gi  etc.) 

(2)  Il  existait  alors  à  Baugé  un  hospice  civil  fondé  par  Marthe  de  la 
Beausse,  née  dans  cette  ville  en  1602,  morte  en  1676,  qui  avait  établi  dans 
cette  maison  les  Hospitalières  de  Saint- Joseph.  Le  pays  de  Baugé  était  lui- 
même  alors  désolé  par  les  voleurs,  les  mendiants,  les  «  faux-saulniers  »  et 
les  «  gabeleux  >,  ces  «  brigands  à  cheval  qui  ravagent  les  ensemejicés  et 
les  prairies  ». 

XXIV     20 


—  306  — 

25  mai  1772,  on  arrête  Jacques  Drouiii,  accusé  de  viol.  Ce 
crime  est  rare.  Le  13  juin,  on  incarcère,  pour  désertion, 
Louis  Guinée,  «  soldat  au  régiment  d'Orléans-Infanterie  ». 
La  proportion  des  mendiants  emprisonnés  reste  la  même.  Le 
4  mars  1773,  arrestation  de  Joseph  Palard,  «  soldat  au  régi- 
ment d'Aquitaine  ».  Le  23  août,  on  écroue  Jean  Delanoë, 
assassin.  De  1773  à  1777,  le  chiffre  des  vagabonds  détenus 
ne  change  pas.  Les  vols  et  les  désertions  diminuent  (1). 

Nous  terminerons  ce  travail  en  priant  M.  Chiron^  biblio- 
thécaire-adjoint de  la  ville  de  Laval,  qui  a  bien  voulu  nous 
aider  dans  le  laborieux  dépouillement  des  livres  d'écrou,  que 
nous  venons  d'analyser,  de  recevoir  ici  l'expression  de  nos 
très  sincères  remerciements. 


André  JOUBERT. 

(1)  Les  déserteurs  furent  nombreux  dans  toute  la  France  au  XVIIP  siècle. 
Les  recrues  désertaient  souvent.  En  1759,  «  il  en  reste  la  moitié  en  che- 
min, et  ce  qui  arrive  tard  est  tout  nu  ».  En  1709^  pour  les  faire  parvenir 
sûrement  à  destination,  on  les  «  conduisait  enchainés  comme  dos  forçats 
de  galères  »  ;  mais,  dit  M.  Albert  Babeau,  de  pareilles  précautions  ne 
peuvent  être  qu'exceptionnelles.  (Voir  Mémoires  sur  une  nouvelle  consli- 
tution  militaire,  par  M.  de  Marassé.  Archives  de  la  Guerre.  Doc.  Gén.,  I. 
—  Médiiations  militaires^  par  La  Rochelambert.  Archives  de  la  Guerre. 
Doc.  Gén.,  L  —  Albert  Babeau,  Le  soldat  sous  l'Ancien  Régime.] 


RUINES  ROMAINES 


DE 


LA  FRÉTINIÈRE 


LE    TEMPLE 


Les  ruines  romaines  de  la  Frétinière  se  révèlent  dans  les 
champs  de  la  ferme  de  ce  nom,  sur  le  territoire  de  la  com- 
mune de  Rouez,  à  cinq  kilomètres  de  Sillé-le-Guillaume  et  à 
peu  de  distance  de  la  route  départementale  du  Mans  à 
Mayenne.  Elles  occupent  le  versant  sud-ouest  d'un  coteau 
s'inclinant  vers  le  ruisseau  appelé  le  Berdin,  qui  passe  au 
pied  (1). 

(1)  Nous  avions  déjà  remarqué  des  fragments  de  tuiles  à  rebords  dans 
le  vieux  chemin  qui  traverse  les  ruines  antiques  de  la  Frétinière  ;  mais 
nous  n'avons  vu  là  que  le  fait  d'un  encaissement  provenant  des  débris  de 
construction  romaine  et  pouvant  venir  d'assez  loin.  Nous  savions  donc 
qu'il  y  avait  eu  des  constructions  antiques  dans  le  pays,  mais  nous  les  sup- 
posions  plus  au  sud-est  du  côté  du  Mont-Jouvin. 

Le  25  août  1887  étant  en  tournée  archéologique,  en  compagnie  de 
M.  Robin  de  Courgout,  notre  attention  tut  portée  sur  des  fragments  de 
terre  cuite  mis  à  découvert,  par  la  charrue,  dans  les  champs  de  la  Fréti- 
nière. Ces  champs  furent  inspectés  et  des  renseignements  que  nous 
reçûmes  sur  les  particularités  du  labour  et  sur  l'aspect  des  blés  au  mo- 


308 


Ces  ruines  qui  couvrent  une  superficie  d'environ  huit 
hectares  sont  donc  celles  d'une  agglomération  importante 
qui  avait  son  temple  et  ses  édifices  secondaires. 

Les  pièces  de  terre  appelées  le  Grand  Champ  et  la  Grande 
Corvée  (Planche  I"""),  sont  celles  où  les  vestiges  de  construc- 
tions antiques  sont  les  plus  apparents.  C'est  dans  cette  der- 
nière pièce  de  terre  qu'était  le  Temple,  dont  nous  avons 
retrouvé  les  fondations. 

L'établissement  romain  de  la  Frétinière  date  du  commen- 
cement du  deuxième  siècle  (1)  ;  il  périt  par  les  flammes  à 
une  époque  qu'on  ne  saurait  préciser. 

A  la  ville  antique  dût  cependant  succéder  une  bourgade 
chrétienne ,  qui  fût  bâtie  au  nord  -  ouest  des  ruines 
romaines.  On  trouve  des  vestiges  de  cette  bourgade  dans  le 
champ  qui  borde  le  chemin  de  Crissé  et  dans  les  pièces  de 
terre  portant  le  nom  de  champs  de  l'église  (2).  Parmi  ces 
vestiges  on  ne  rencontre  pas  les  moindres  traces  de  tuiles 
romaines  mais  les  débris  d'ardoises  épaisses  comme  on  les 
employait  dans  le  pays  au  IX'""  siècle  et  aux  époques  subsé- 
quentes y  abondent. 

Aujourd'hui  grâce  à  nos   recherches,   la  géographie   des 

ment  de  leur  floraison,  il  résulta  poui'  nous  la  conviction  que  nous  étions 
sur  des  ruines  importantes. 

Le  lendemain  on  procéda  à  des  sondages  qui  eurent  pour  effet  d'indi- 
quer de  nombreuses  substructions  ;  colles  qui  parurent  sinon  les  plus  im- 
portantes, du  moins  les  plus  caractéiistiques  furent  celles  du  champ  de  la 
Grande-Corvée  où  des  fouilles  ausitôt  entreprises  sous  notre  direction  et  à 
nos  frais  mirent  à  nu  les  fondations  du  temple. 

Dûment  averti,  notre  estimable  ami,  M.  Barbe  juge  de  paix,  de  Conlie  et 
archéologue  distingué,  accourut  sur  place  et  suivit  nos  travaux  avec 
sollicitude. 

Sans  l'autorisation  et  le  concours  de  M.  Salmon,  fermier  de  la  Fréti- 
nière, nous  n'aurions  pu  compléter  ces  importantes  découvertes.  Le  pays 
lui  doit  donc  toute  sa  reconnaissance. 

(1)  Deux  monnaies  d'Hadrien  ont  été  trouvées  dans  un  bloc  de  maçon- 
nerie du  temple. 

C2)  La  tradition  en  ce  qui  concerne  l'existence  d'une  église  dans  les 
champs  qui  en  portent  le  nom,  est  encore  vivace  dans  le  pays. 


__  309  — 

Gaules,  dans  le  pays  de  Sillé,  est  enrichie  de  huit  centres  ou 
établissements  gallo-romains  dont  on  n'avait  jamais  soup- 
çonné l'existence  :  le  Pouteau  à  Rouillon,  qui  fut  apparem- 
ment l'ancienne  Callemarcium  ;  Neuvy,  la  Frétinière  à 
Rouez,  qu'on  croit  avoir  été  la  Gurta-Bosana,  le  Vivier  à 
Crissé,  les  Chevaignes  à  Tennie,  le  Mont-Saint-Calais  qui  dût 
être  le  Mont  Ebratrammo,  le  Pont  sur  le  ruisseau  appelé  le 
Palais  faisant  la  limite  des  départements  de  la  Sarthe  et  de 
la  Mayenne  ;  la  Croix-Ponteau  et  la  Grande-Guette  à  Torcé. 

Toutefois  nous  devons  dire  que  la  découverte  de  l'hypo- 
causte  de  Neuvy  ne  nous  appartient  pas  (1)  ;  elle  fût  faite 
par  M.  Renout  dans  sa  propriété  avec  le  concours  de 
M.  Barbe  juge  de  paix  de  Conhe  qui  aussi  signalait  les  ruines 
de  Chevaigné,  presque  en  même  temps  que  nous  et  qui  de 
plus  avait  déjà  recueilli  des  renseignements  sur  une  trou- 
vaille de  monnaies  romaines  précédemment  faite  par 
M.  Percheron  à  peu  de  distance  de  ces  ruines. 

Les  cercueils  du  Pouteau  à  Rouillon  et  de  la  Groix-Ponteau 
à  Torcé,  en  tant  que  vestiges  francs  et  moyen-âge,  avaient 
bien  été  précédemment  découverts,  mais  sans  aucune  indica- 
tion de  ruines  romaines. 

La  destruction  de  la  ville  antique  de  la  Frétinière  fut  com- 
plète et  ce  qui  pût  échapper  au  feu  dût  être  renversé  et  dis- 
persé ;  la  charrue  enterra  le  reste  et  le  silence  se  fit  là  où 
jadis  avait  circulé  une  foule  bruyante.  A  côté  de  ces  ruines 
oubliées  dans  les  âges  postérieurs,  la  féodahté  planta  les 
fourches  patibulaires  de  la  justice  seigneuriale  d'un  fief  dont 
on  ne  connaît  pas  même  le  siège. 

Deux  champs  de  la  Frétinière  portent  effectivement  les 
noms  de  Grand  et  Petit  Gibet.  A  tort  ou  à  raison  on  peut 
croire  que  ce  furent  là  les  champs  de  justice  de  la  baronnie 
de  Sillé. 


(1)  Les  fouilles  de  cet  édifice   ont   été   exécutées,   pour   partie,   à  nos 
frais. 


—  310  — 

La  Frétinière  dont  il  n'est  fait  aucune  mention  comme 
seigneurie  n'était  qu'un  simple  domaine  du  fief  de  Coulettre 
ainsi  qu'il  résulte  d'un  titre  portant  la  liste  des  hommages 
rendus  à  la  baronnie  et  seigneurie  de  Lavardin,  en  1470,  et 
dont  le  texte  suit  : 

«  19  février  1470  :  Pierre  d'Avaugour  (1),  seigneur  de  Gour- 
»  lettres,  pour  sa  métairie  de  la  Frétinière,  alias  de  Coulonges, 
»  la  moitié  de  l'étang  d'Echarbeau  et  des  perrières  à  ardoises 
»  et  partie  du  féage  de  Courlettre  ('i)  (Archives  du  Mans  Pi, 
j)  Billard,  t.  II,  p.  28)  ». 

Et  encore  le  mot  alias  du  texte  paraît-il  impliquer  que  la 
Frétinière  faisait  alors  partie,  ou  du  moins  avait  fait  partie 
du  domaine  de  Coulonges  désigné  dans  une  bulle  du  pape 
Grégoire  IX,  de  1234,  contenant  la  nomenclature  des  métai- 
ries constituant  le  domaine  de  l'abbaye  de  Champagne  sans 
que  cette  bulle  porte  le  nom  de  la  Frétinière,  qui  alors, 
(1234),  n'était  probablement  pas  détachée  de  Goulonges,  ni 
même  fondée  comme  métairie  particulière  (3). 

Si  la  Frétinière  n'eût  d'autre  illustration  que  celle  de  ces 
fourches  patibulaires,  dans  la  période  du  moyen-âge,  au 
moins  peut-elle  revendiquer  les  honneurs  d'une  existence 
glorieuse  du  temps  des  Romains  ;  ses  ruines  attestent  un  des 


il)  En  1399  on  trouve  le  nom  do  Joli  d'Avaugour  dans  un  acte  de  Guil- 
laume de  Courceriers.  Un  d'Avaugour  fut  évèque  du  Mans  et  rannoria' 
du  Maine   note  une  famille  d'Avaugour  établie  en  Bretagne. 

(2)  L'étang  d'Echarbeau,  dont  on  voit  encore  la  chaussée,  contenait  envi- 
ron 12  hectares  ;  il  absorbait  le  ruisseau  de  Berdin,  au-devant  de  la  Fréti- 
nière et  s'étendait  jusqu'au  bas  du  coteau  où  sont  situées  les  ruines  de 
l'agglomération  romaine. 

(3)  In  quibus  bec  propris  diiximus  vocabulis  exprimenda.  locu  ipsu  in 
quo  prelaclu  inonasteriu  lituge  ou  perlin  suis  de  ïertro.  de  vcstri  abbatia 
de  Asneriis  de  Wignoliis,  de  Procardière,  de  Borfestu,  de  Chastelier,  de 
Maiovoles,  de  Gucrnoillier,  de  Montraculo,  de  la  Clioisneliere,  de  la 
Guischodière,  de  Rivopotroso,  de  Cnloncjiis  et  de  Cboan,  Grangias  eu  om- 
nibus pertin.  suis  in  llambert  in  Segria  et  in...  de  .lamberto.  Ecclesiis  ex 
donobone  mem.  Maur.  Ccnorn.  etc.,  etc.  (Extra'tl  de  la  bulle  du  pape 
Grégoire  JX  jinrlant  la  date  de  123-'i). 


PI.  II 


—  311  - 

établissements  antiques  les  plus  importants  qui  aient  été 
découverts  dans  le  département  de  la  Sarthe  ;  elles  occupent 
plus  de  huit  hectares  et  son  temple  par  ses  proportions  égale 
ceux  des  plus  grandes  villes  de  l'époque  romaine  (1). 

La  majeure  partie  de  l'agglomération  était  dans  les  pièces 
de  terre  appelées  le  Grand  Champ,  le  Petit  Champ,  la  petite 
et  la  Grande  Corvée  et  apparemment  dans  le  pré;,  du  côté  de 
la  source  qui  n'est  pas  sans  notoriété. 

Les  ruines  du  temple  de  la  Frétinière  se  trouvent  à 
soixante-dix  mètres  de  la  route  départementale  du  Mans  à 
Mayenne  et  à  dix  mètres  du  chemin  de  Tennie  à  Crissé  par 
l'abbaye  de  Champagne,  dans  le  champ  de  la  Grande 
Corvée.  (Planche  I  et  II). 

Cet  édifice  d'une  forme  oblongue  avait  29'"  90  de  longueur 
sur  16"'  65  de  largeur,  mesures  prises,  hors  d'œuvre  ;  il  se 
composait  : 

D'un  portique  d'entrée  A  (Planche  I),  appelé  Pronaos  par 
les  Grecs  et  Vestibulum  par  les  Romains. 

D'un  sanctuaire  B,  partie  principale  de  l'édifice  et  occu- 
pant son  milieu  ;  c'était  le  Naos  des  Grecs  et  la  Cella  des 
Romams. 

D'un  opisthodome  D,  ou  trésor,  faisant  suite  à  la  Cella  et  se 
terminant  à  la  post-face  du  temple. 

Le  Vestibulum  régnant  sur  toute  la  face  de  l'édifice  avait 
trois  mètres  de  largeur  mesure  prise  entre  le  pare- 
ment intérieur  des  murs  qui  le  formaient  ;  il  compor- 
tait une  colonnade  bien  indiquée  par  l'épaisseur  du  mur  qui 
la  supportait.  Cette  colonnade  formait  la  façade  du    temple. 

La  Cella  se  composait  de  trois  nefs  divisées  par  des  colon- 
nes LLLLL  dont  on  retrouve  les  soubassements  et  fondations  ; 
elle  mesurait  19"i  32  dans  sa  plus  grande  largeur.  La  largeur 
de  sa  nef  principale  était  de  7"'  60  mesure  prise  sur  les  axes 


(1)  Les  temples  gallo-romains  des  villes  delà  Gaule  étaient  généralement 
comme  celui  de  Jublains,  de  petite  dimension. 


312 


des  colonnes  ;  celle  de  chacune  des  nefs  latérales  était  de 
3'"  60  mesure  prise  entre  les  mêmes  axes  de  colonnes  et  les 
parements  intérieurs  des  murs  du  pourtour,  en  fondation. 

C'est  dans  la  Cella,  sur  l'axe  de  la  grande  nef,  à  son  extré- 
mité près  de  l'Opisthodome  qu'était  la  statue  de  la  divinité 
(œdictda)  H,  dont  le  soubassement  mesurait'!'"  90  sur  1™  90 
de  côtés. 

L'Opistliodome  (1)  occupant  le  reste  de  la  superficie  du 
temple  à  la  suite  de  la  Cella  avait  4"'  60  de  largeur  ;  il  conte- 
nait deux  massifs  dont  un  formait  saillie  dans  une  des  nefs 
de  la  Cella,  et  diverses  distributions  parmi  lesquelles  on  dis- 
tinguait une  cachette  de  1'"  90  sur  1"'  90,  une  chambre  de 
3™  40  sur  2'"  50  et  un  plus  grand  espace  qui  devait  com- 
porter des  subdivisions  qu'il  n'est  pas  possible  de  déter- 
miner. 

Ce  mur  de  face  supportant  les  colonnes  du  Vestibulum 
avait  1"»  45  d'épaisseur  en  fondation  ;  il  était  assis  à  1"'  00 
au-dessous  du  niveau  du  sol  sur  deux  lits  de  grosses  pierres 
hourdées  en  mortier  de  chaux  et  sable  tiercé  de  ciment  de 
tuilots  ;  le  reste  de  sa  hauteur  apparente  jusqu'à  0'"  30  au- 
dessous  du  niveau  des  terres  était  construit  en  moellons  de 
tuf  aussi  hourdés  en  mortier  de  chaux  sable  et  ciment  de 
tuilots  ;  ces  maçonneries  étaient  proprement  parementées. 

Les  autres  murs  du  pourtour  y  compris  celui  qui  séparait 
le  Vestibulum  de  la  Cella  avaient  0">  95  d'épaisseur  et  étaient 
construits  d'une  manière  identique  à  celui  de  la  façade. 

Les  soubaseements  en  fondation  des  colonnes  intérieures 
de  la  Cella  et  qui  mesuraient  1"' 00  carré  étaient  exclusive- 
ment formés  de  briques  plates  de  0'"  27  sur  0'"  39  de  côtés 
et  0'"  05  d'épaisseur.  Cette  maçonnerie  hourdée  en  mortier 
de  ciment  de  tuilots  à  gros  joints  était  soigneusement  pare- 
mentée  et  appareillée.  Elle  descendait  à  0'"  90  dans  le  sol. 


(1)  L'Opisthodome  était  la  partie  extrême  du  temple  où  l'on  déposait  les 
objets  précieux  du  culte  et  même  le  trésor  publie. 


—  313  — 

La  mesure  des  entre-colonnements  prise  sur  les  axes  était 
de  4'"  48.  Les  travées  extrêmes  avaient  5'"  18  entre  les  axes 
des  colonnes  et  le  parement  intérieur  des  murs  contraire- 
ment aux  règles  voulues  de  la  symétrie  ne  portait  point  de 
dosserets. 

Le  massif  E  était  fondé  comme  les  murs  de  pourtour, 
mais  le  massif  F  descendait  moins  profondément  dans  le 
sol. 

La  fondation  du  soubassement  de  la  statue  du  Dieu  était 
construite  en  grandes  briques  appareillées  comme  les  sou- 
bassements des  colonnes  de  la  Cella. 

C'est  au  pied  de  cet  œdicule  qu'on  a  trouvé  62  pièces  de 
monnaie  du  Haut-Empire,  parfaitement  conservées  pour  la 
plupart  ;  ces  monnaies  qui  toutes  étaient  en  billon  parais- 
sent avoir  été  déposées  dans  un  vase  en  terre  cuite  noire 
dont  on  n'a  pu  déterrer  que  les  débris.  La  plupart  de  ces 
monnaies  sont  d'Antonin,  de  Lucille  fille  de  Marc-Aurèle,  de 
Crispine  femme  de  Commode,  de  Marc-Aurèle  et  de  Faustine. 

Les  objets  recueillis  dans  le  cours  des  travaux,  indépen- 
damment des  médailles  précitées,  sont  : 

1°  Deux  monnaies  d'Hadrien  (117-136)  trouvées  en  pleine 
maçonnerie  du  mur  latéral  de  gauche,  en  face  la  troisième 
colonne.  Cette  trouvaille  a  une  grande  importance  car  elle 
fixe  l'âge  de  l'édifice  par  la  raison  que  ces  monnaies  n'ont 
pu  être  introduite  dans  la  maçonnerie  qu'au  moment  de  la 
construction  (1). 

2"  Un  certain  nombre  de  monnaies  du  Bas-Empire  en  po- 
tain  et  de  petit  module,  éparses  dans  les  terres  (2). 

(1)  L'une  :  Tête  laurée  ;  légende  :  IIADRIANVS  AVG  .  COS  .  III  ;  — 
Revers  fruste  ;  exergue  :  SC. 

L'autre  :  même  tête  ;  Légende  :  HADRIANVS  AVGVSTVS  ;  Revers  : 
Une  femme  debout,  tenant  d'une  main  une  corne  d'abondance  ayant  à  ses 
côtés  deux  enfants  dont  l'un  tient  une  feuille  de  palme  ;  légende  : 
HILARIT...;  exergue:  COS  .  III. 

(2)  A  diverses  époques,  suivant  la  déclaration  du  fermier,  il  a  été  trouvé 
d'autres  pièces  de  monnaie  dans  le  champ  de  la  Grande-Corvée. 


314 


3°  Une  brique  plate  circulaire  de  0'»  27  de  diamètre,  trou- 
vée par  M.  Salmon  fils,  sous  le  soc  de  la  charrue,  au-devant 
de  la  deuxième  colonne  de  droite,  sur  le  sol  de  la  Cella. 

¥  Un  grand  nombre  de  morceaux  de  terre  cuite  dont  la 
réunion  compose  des  briques  formant  la  moitié  d'une  cir- 
conférence de  0'"  51  de  diamètre. 

Ces  derniers  objets  et  beaucoup  d'autres  de  même  nature, 
trouvées  dans  la  Cella,  démontrent  que  cette  partie  de  l'édi- 
fice formait  deux  étages  puisque  les  fragments  de  colonnes 
qu'elle  contenait  accusent  deux  diamètres  différents. 

5°  Les  débris  de  dallage  en  pierre  blanche  de  0"'  05  d'épais- 
seur trouvés  dans  de  Vestibulum  et  à  côté. 

6"  Une  quantité  prodigieuse  de  fragments  de  tuiles  à 
rebords  et  de  clous  provenant  de  la  charpente  des  combles, 
au  pied  du  mur  de  pourtour  et  sous  les  nefs  latérales  de  la 
Cella.  Dans  la  nef  principale  ces  objets  sont  très  rares. 

70  Quelques  petits  cubes  de  mosaïques  de  0™  01  en  marbre 
blanc  et  noir  et  des  débris  de  carreaux  de  marbre  blanc 
d'Italie,  dans  la  Cella. 

8'>  Des  tessons  de  poteries  rouges  pseudo-samiennes,  avec 
des  reliefs  représentant  des  chasses,  dans  la  Cella,  près  de 
la  statue  du  Dieu. 

9°  Un  grand  nombre  de  tessons  de  vases  en  poteries  noire, 
grise  et  rouge  pour  la  plupart  de  grossière  fabrication,  dans 
rOpisthodomc. 

10"  Des  débris  de  carrelage  en  terre  cuite  dans  de  diverses 
dimensions,  aussi  dans  l'Opisthodome. 

11"  Un  morceau  de  vase  en  poterie  rouge  d'assez  bonne 
fabrication  avec  d'autres  débris  de  vases,  près  de  la  deuxième 
colonne  de  la  Cella,  dans  la  nef  de  droite. 

12"  Des  fragments  de  vase  en  verre  irrisé,  très  mince. 

Au  reste,  ces  sortes  d'objets  pullulent  à  l'intérieur  et  autour 
de  l'édifice;  ce  n'e.st  qu'occasionnellement  que  nous  les  avons 
déterrés,  car  nos  fouilles  avaient  uniquement  pour  objet  de 
retrouver  les  sections  horizontales  des  murs  afin  d'être  en 


—  315  — 

mesure  de  reconstituer  le  plan,  et  sous  ce  rapport  nous  avons 
complètement  réussi. 

Tous  les  murs  restent  en  place  dans  leurs  fondations,  les 
soubassements  des  colonnes  et  de  la  statue  de  la  divinité 
seuls  ont  été  endommagés  par  les  visiteurs  qui,  à  mesure 
que  nous  les  mettions  à  découvert  en  emportaient  les  grandes 
briques  plates  dont  pourtant  quelques  unes  ont  été  déposées 
au  musée  de  Courmenant  avec  tous  les  objets  que  nous  avons 
recueillis. 

Certains  murs  ont  aussi  été  démolis  dans  leurs  parties  les 
plus  hautes,  par  le  fermier,  en  vue  de  faciliter  ses  labours. 

Des  traces  d'incendie  apparaissent  sur  la  plus  grande 
partie  de  la  superficie  de  l'édifice,  particulièrement  au  pied 
des  murs  de  pourtour,  qui  supportaient  la  charpente  des 
combles.  Toutefois  les  traces  sont  moins  nombreuses  dans  la 
nef  centrale  de  la  Cella. 

Mais  c'est  particulièrement  autour  de  la  statue  du  dieu 
qu'on  remarque  de  véritables  amas  de  cendres,  de  charbons, 
de  masses  agglutinées,  de  matières  calcinées  pêle-mêle  avec 
de  nombreux  débris  de  briques  noircies  et  fendillées  par 
l'action  la  plus  violente  du  feu. 

Un  si  terrible  embrasement  sur  un  point  oîi  il  devait  y 
avoir  si  peu  de  matériaux  de  construction  propre  à  ahmenter 
le  feu  dénote  un  fait  intentionnel. 

On  ne  peut  guère  se  méprendre  sur  l'origine  de  cet  acte 
de  destruction,  que  l'histoire  générale  nous  indique,  en  nous 
montrant  les  chrétiens  renversant  les  temples  et  en  brûlant 
les  idoles  du  paganisme,  lorsque  la  religion  nouvelle  fut 
triomphante. 

La  destruction  de  la  statue  de  Jupiter,  dans  le  temple  des 
Artins,  par  Saint-Julien  est  un  fait  similaire  ,  dans  le 
Maine  (1). 

(1)  Audivit  ibi  orgaiia  et  omnes  geiuis  musicarum  sonore  et  Ludes  maxi- 
mes fieri  vidit....  vidit  ibi  S'-Julianus  statuam  magnitudinis  cubitorum 
duodecim  (Bibliothèque  du  Mans,  ms.  241). 


—  316  — 

Quoique  le  temple  de  la  Frétinière  ireût  point  d'émicycle 
nous  avions  d'abord  pensé  que  c'était  un  de  ceux  que  l'on 
nomme  basiliques,  lieu  où  l'on  rendait  la  justice  et  où  Ton 
faisait  négoce  ;  mais  des  études  plus  approfondies,  et  la 
découverte  du  mur  de  séparation  de  la  Cella  et  de  l'Opistho- 
dome  ont  démontré  la  présence  d'un  temple  dédié  à  une 
divinité  (1). 

La  disposition  du  soubassement  de  la  statue  du  dieu  que 
nous  n'avions  d'abord  pu  préciser  et  que  nous  avons  ensuite 
pu  apprécier  est  une  preuve  de  cette  destination. 

Il  est  à  remarquer  que  ce  soubassement  forme  avec  la 
saillie  du  massif  E  et  le  renfoncement  du  massif  F  un  espèce 
de  cachette  qui  rappelle  certaines  pratiques  du  culte  payen 
dont  les  auteurs  font  mention. 

Quelle  fût  la  divinité  à  laquelle  le  temple  était  dédié?  nul 
ne  peut  le  savoir.  On  peut  néanmoins  préjuger  un  sanctuaire 
de  Mercure,  car  les  édifices  élevés  en  l'honneur  de  ce  dieu 
étaient  ordinairement  placés  sur  le  forunj  et  là  l'emplace- 
ment du  forum  semble  indiqué  par  l'absence  des  habita- 
tions sur  une  certaine  étendue,  au  devant  de  sa  façade  au 
midi. 

En  tout  état  de  choses,  sur  les  données  certaines  du  plan 
que  nous  venons  de  préciser  et  à  l'aide  de  fragments  de 
colonnes  trouvés  dans  la  Cella,  il  est  facile  de  reconstituer  le 
monument  dans  son  élévation  ;  car  les  règles  qui  présidaient 
à  ces  sortes  d'édifices  étaient  à  peu  près  uniformes. 

Il  devait  être  de  l'ordonnance  de  ceux  qu'on  nommait 
temples  à  antes,  in  antis  c'est-à-dire,  flanqué  à  ses  angles, 
en  façade,  de  piliers  carrés  formant  têtes  des  murs  latéraux. 

Entre  les  antes  étaient  quatre  colonnes  de  0'"  90  de 
diamètre  (2),  supportant  la  corniche  avec  son  architrave,  sa 
frise  et  son  fronton. 

(1)  La  maçonnerie  K,  planche  II,  qui  avait  toutes   les    apparences  d'un 
soubassement  de  colonne  était  un  fragment  du  mav  procité. 

(2)  Le  nombre  des  colonnes,  leur  diamètre  et  leur  entrecolonnemcnt  est 
donné  par  la  longueur  de  la  façade  et  l'épaisseur  des  murs  en  fondation. 


—  317  — 

L'ordre  d'architecture  appliqué  au  monument  devait  ap- 
partenir au  dorique,  comme  étant  le  plus  simple  et  le  plus 
propre  à  ces  sortes  d'édifices. 

Nous  reproduisons  (planche  III),  l'élévation  de  face  rétabhe 
suivant  ces  données. 

Les  fragments  de  briques  circulaires  trouvées  dans  les 
décombres,  accusant  deu\  diamètres  différents,  il  en  résulte 
que  les  nefs  latérales  de  la  Gella  avaient  deux  étages.  En 
outre  ces  briques  donnent  le  diamètre  des  colonnes  qu'elles 
composaient  :  0™  56  pour  celles  du  rez-de-chaussée,  et  0'"  33 
pour  celles  du  premier  étage,  en  tenant  compte  de  leur 
enduit  et  de  l'épaisseur  du  stuc  qui  les  recouvrait. 

Les  nefs  latérales  étaient  couvertes  par  des  toits  se  profi- 
lant selon  les  lignes  du  fronton  du  portique  de  façade  ;  il 
n'en  pouvait  être  autrement  et  les  nombreux  débris  de  tuiles 
à  rebords  ainsi  que  les  amas  de  cendres  et  de  charbons  pro- 
venant des  charpentes  incendiées  l'attestent  assez. 

La  nef  du  milieu  de  la  Cella  était  liypètre,  c'est-à-dire  à 
ciel  ouvert  ainsi  que  le  démontre  l'absence  presque  com- 
plète de  traces  d'incendie  dans  cette  partie  de  l'édifice,  et 
aussi  les  débris  de  colonnes  de  différents  diamètres,  car  les 
temples  hypetre'^  et  les  basiliques  étaient  presque  les  seuls 
qui  eussent  deux  étages. 

L'Opisthodome  était  entièrement  couvert,  par  un  comble 
à  deux  rampans  et  aussi  suivant  les  lignes  du  fronton  de 
façade.  Ce  comble  devait  suivant  l'usage  antique  s'avancer 
de  quelques  mètres  sur  la  grande  nef  de  la  Cella,  jusqu'au 
dessus  de  la  statue  du  dieu,  afin  de  la  préserver  des  injures 
du  temps. 

Cette  statue  dût  être  colossale  si  l'on  en  juge  par  les 
dimensions  de  son  soubassement  ;  elle  était  probablement  en 
bois  doré  comme  la  plupart  de  ces  idoles  (1). 


(1)  Dans  les  temples  grecs  et  romains  la  statue  de  la  divinité  avait  quel- 
quefois dix  ou  quinze  mètres  de  haut. 


—  318  — 

Il  ne  reste  aucuns  éléments  pour  reconnaître  si  les  murs 
de  l'édifice  étaient  en  pierre  ou  en  moellon  appareillés  dans 
leur  élévation  ;  en  tous  cas  on  ne  peut  douter  qu'ils  ne 
fussent  lisses  et  sans  ornements ,  suivant  les  pratiques 
romaines. 

Il  est  également  hors  de  doute  que  ces  murs  n'étaient  per- 
cés d'aucune  ouverture,  autre  que  la  porte  d'entrée,  suivant 
les  règles  adoptées  par  les  temples  autres  que  les  basi- 
liques. 

Les  antes  et  les  colonnes  du  vestibule  ne  pouvaient  être 
construites  qu'en  marbre  ou  en  pierre  de  taille. 

Les  colonnes  intérieures  de  la  Gella  étaient,  au  contraire, 
en  briques  circulaires,  comme  nous  l'avons  déjà  dit. 

Les  débris  épars  trouvés  dans  les  décombres,  par  la  place 
qu'ils  occupaient,  démontrent  à  l'évidence  que  le  pavage  du 
Vestibulum  était  en  dalles  de  pierre  blanche  de  0"'  06  d'épais- 
seur ;  que  celui  de  la  Cella  se  composait  de  carreaux  de 
marbre  de  0'"  015  d'épaisseur  et  en  mosaïques  de  marbre  ;  que 
celui  de  l'Opisthodome  était  formé  de  carreaux  de  terre  cuite 
de  0'"  14  carrés  et  de  0'"  035  d'épaisseur. 

On  ne  peut,  sans  doute,  déterminer  d'une  manière  certaine 
de  quelle  nature  étaient  les  parements  des  murs  intérieurs  ; 
mais  il  est  supposable  qu'ils  étaient  comme  tous  ceux  du 
temple  romain  en  mortier  de  chaux,  sable  et  ciment  de 
tuilots,  recouverts  de  stuc. 

Les  plafonds  des  nefs  latérales  de  la  Gella  devaient  être 
ornés  de  caissons  en  bois  ;  ceux  de  l'Opisthodome  ne  pou- 
vaient être  que  lisses  et  à  solives  apparentes. 

La  Cella  était  probablement  couverte  d'un  vélum  manœu- 
vrant au  moyen  d'une  poulie  comme  dans  les  édifices  simi- 
laires. 

L'escalier  montant  au  premier  étage  régnant  sous  les  nefs 
lalcrales  de  la  Cella  et  de  l'Opisthodome  était  apparemment 
pratiqué  dans  les  massifs  E  ;  il  ne  reste  pas  trace  de  ces 
dispositions.  Ces  .sortes  d'escaliers  qui  étaient  ordinairement 


—  310  — 

de  petite  dimension  se  plaçaient  quelquefois  dans  l'épaisseur 
des  murs  et  même  dans  l'intérieur  d'une  des  colonnes, 
quand  c'était  possible. 

Le  massif  F  devait  servir  à  préserver  les  trésors  du  temple 
et  à  en  rendre  l'accès  inaccessible  aux  voleurs. 

Les  autels  des  sacrifices  et  des  offrandes  se  trouvaient  en 
dehors  du  temple  quand  il  était  entouré  d'un  péribole,  où  en 
l'absence  de  cette  enceinte  dans  le  vestibule. 

Sous  les  temples  romains  il  n'y  avait  jamais  de  sous-sols  ni 
de  caves,  et  tous,  sauf  les  basiliques,  n'étaient  éclairés  que 
par  la  porte  et  par  en  haut. 

Le  temple  de  la  Fretinière  est  orienté  au  sud-ouest  con- 
trairement aux  règles  ordinaires  qui  prescrivaient  d'en 
établir  la  façade  à  l'orient  ou  à  l'occident.  Il  y  eût  cependant 
chez  les  Romains  d'assez  nombreuses  exceptions  à  cette 
règle  qui  chez  les  Grecs  était  inflexible,  à  moins  que  les 
dispositions  du  sol  ne  s'y  opposassent  impérieusement. 

Il  ne  reste  aucuns  vestiges  de  la  charpente  qui  fut  consu- 
mée par  le  feu  ;  mais  les  règles  générales  de  la  construction 
chez  les  Romains  étant  presqu'invariables  pour  ces  sortes 
d'ouvrages,  il  est  possible  de  la  reconstituer  sur  les  données 
du  plan  de  l'édifice  dont  on  a  les  mesures  exactes. 

La  charpente  des  édifices  antiquesne  diffère  guère  de  celle  de 
nos  jours  que  par  l'échantillon  des  bois  qui  était  beaucoup 
plus  considérable  et  aussi  par  la  substitution  du  bardeau  aux 
lattes  ou  à  la  volige. 

Les  fragments  de  tuiles  qui  pullulent  dans  les  décombres 
permettent  également  de  reconstituer  la  couverture  exacte- 
ment ;  elle  était  formée  de  tuiles  à  rebords  tegula-œ  et  de 
tuiles  courbes  imbrex-ices .  Les  tuiles  à  rebords  se  posaient 
sur  bardeau,  par  rangs  et  de  telle  sorte  que  les  joints  du  rang 
supérieur  recouvrissent  le  rang  inférieur  de  trois  ou  quatre 
centimètres  ;  les  tuiles  courbes  se  posaient  par  emboîtement 
sur  les  joints  verticaux  des  briques  à  rebords  et  aussi  par 
recouvrements. 


-  3'20  — 

A  l'extrémité  inférieure  de  chaque  rangée  de  briques 
courbes,  on  ajoutait  un  ornement  appelé  antefixe  et  dont  on 
a  retrouvé  des  débris  ;  le  faîte,  ou  angle  supérieur  de  la  cou- 
verture, était  recouvert  d'un  cours  de  tuiles  faîtières  qui 
n'ont  pas  laissé  de  traces. 

Les  briques  du  temple  de  la  Frétinière  ont  0™  39  de  long 
sur  ()'"  '11  de  large  et  0'"  045  d'épaisseur  ;  elles  forment  un 
carré  long  parfait,  sont  sonores  au  choc  d'un  corps  dur,  de 
couleur  rouge,  soigneusement  corroyées  et  régulièrement 
cuites. 

Les  tuiles  à  rebords  (legulœ),  sont  de  deux  sortes  : 

Les  unes  forment  un  carré  long  régulier  de  0'"  43  de  lon- 
gueur 0™  32  de  largeur  et  0"'  037  d'épaisseur  ;  elles  sont  de 
la  même  fabrication  que  les  briques. 

Les  autres  affectent  la  forme  trapésoïdale,  ont  0'"  40  de 
long  sur  0"'  30  d'un  bout  et  0"'  27  de  l'autre  et  O"»  03  d'épais- 
seur ;  elles  sont  brunis  et  moins  cuites  que  les  précédentes; 
leur  rebord  a  moins  de  saillie,  et  est  irrégulier  ;  elles  donnent 
un  son  sourd  et  la  matière  qui  les  compose  est  pailleuse, 
mal  corroyée. 

Les  premières  ont  tous  les  caractères  du  haut  Empire,  les 
secondes  accusent  une  époque  postérieure. 

Les  débris  de  celles-là  se  trouvent  dans  la  couche  infé- 
rieure de  décombres  ;  les  fragments  de  celles-ci  se  rencon- 
trent à  un  niveau  plus  élevé  ;  mais  toutes  sont  mêlées  à  des 
couches  de  cendres  et  de  charbons. 

La  différence  du  genre  de  fabrication  de  ces  tuiles  et  la 
place  qu'elles  occupent  dans  le  sol,  indiquent  clairement 
que  l'édifice  fût  brûlé  une  première  fois  avant  sa  destruction 
complète  par  un  deuxième  incendie,  et  la  comparaison  de 
leurs  échantillons  atteste  que  la  restauration  du  temple 
n'eût  pas  lieu  avant  la  fin  au  troisième  siècle,  époque  à 
laquelle  s'accentua  la  négligence  dans  le  choix  des  matériaux 
de  construction  qui  était  un  temps  du  haut  Empire  l'objet 
d'une  surveillance  souvent  excessive. 


—  321  — 

Les  tuiles  de  recouvrement  (imhrices),  de  la  première 
époque  diffèrent  également  de  celles  de  la  seconde  ;  celles-là 
forment  le  dos  d'âne  et  sont  plus  épaisses  ;  celles  de  la 
seconde  sont  courbes  et  plus  minces.  Ces  deux  sortes  de 
tuiles  présentent  les  mêmes  différences  de  fabrication  que 
les  tuiles  à  rebords  (tegulœ)  auxquelles  elles  s'appliquaient. 

Le  mode  de  couverture  des  romains  est  bien  connu  quant 
à  la  disposition  des  tuiles  ;  mais  tous  les  auteurs  ont  glissé 
sur  la  question  de  savoir  comment  ces  tuiles  étaient  fixées 
au  toît.  Seul  entre  tous  nous  avons  indiqué  le  procédé  em- 
ployé pour  cet  objet,  au  cours  d'une  étude  publiée  en  1876 
dans  la  Gazette  des  arcliitectes,  sous  le  titre  de  Fouilles  de  la 
Cité  de  Paris.  Voici  comment  l'on  procédait  : 

Lorsque  les  chevrons  de  la  charpente  du  toit  étaient  posés, 
on  y  clouait,  en  dessus,  une  couche  de  bardeaux  de  chaque 
0'"  10  de  largeur  sur  0'"  03  d'épaisseur  en  ayant  soin  d'écar- 
ter ces  bardeaux  les  uns  des  autres  de  0'»  04  ou  0'"  05. 

On  plaçait  ensuite  des  planches  volantes  en  dessous  en  les 
étayant  provisoirement,  puis  on  posait  la  tuile  à  bain  de 
mortier  de  0'"  03  à  0'"  04  d'épaisseur  sur  le  plancher,  de 
telle  sorte  que  le  mortier  entrât  dans  les  interstices  qui 
régnaient  entre  les  bardeaux  et  y  formât  quelque  chose 
comme  une  série  de  tenons,  de  nature  à  compléter  la  solidité 
de  l'œuvre.  La  tuile  creuse  (imhrices)  qui  recouvrait  le  joint 
était  de  même  scellée  en  mortier  sur  la  brique  à  rebord  avec 
d'autant  plus  de  facilité  que  l'espace  régnant  entre  celles-là 
au  droit  de  leur  moindre  largeur  donnait  prise  au  mortie-i'  qui 
y  pénétrait  et  y  adhérait. 

Une  fois  le  mortier  pris  on  retirait  les  planches  posées 
provisoirement  en  dessous  et  le  tout  était  alors  d'une  solidité 
parfaite. 

On  le  voit  la  couverture  romaine  était  par  le  fait  une 
œuvre  de  maçonnerie;  elle  avait  l'inconvénient  de  donner 
un  poids  lourd  auquel  on  obviait  par  la  force  des  bois  qui 

XXIV.     21 


—  32t>  — 

étaient  ubondants  et  à  bas  prix  ;  mais  avait  l'avantage  d'être 
imperméable,  inaccessible  aux  coups  de  vent  et  en  somme 
d'une  solidité  à  toute  épreuve. 

On  sait  que  les  toits  romains  avaient  peu  de  pente  sans 
quoi  la  méthode  sus  indiquée  n'eut  pu  recevoir  son  applica- 
tion. 

On  a  trouvé  dans  les  décombres  du  temple  de  la  Frétinière 
des  fragments  de  mortier  encore  adhérents  aux  tuiles  et  l'on 
a  pu  à  plusieurs  reprises  apercevoir  dans  ces  fragments  de 
mortier  la  saillie  qui  entrait  entre  les  bardeaux  et  qui  for- 
me comme  nous  l'avons  dit  un  espèce  de  tenon  de  0"'  02  à 
0'"  03  d'épaisseur. 

Outre  leur  usage  pour  l'exercice  du  culte,  les  temples 
payens  étaient  de  vérital)les  musées  ;  on  y  voyait  des  statues 
en  marbre  et  en  bronze  ;  des  idoles  en  bois  doré  ou  colorié, 
souvent  revêtues  de  riches  habits  ;  des  tableaux  en  bois  ap- 
pendus  aux  murailles,  comme  des  ofl'randes  religieuses  ;  des 
portraits  points  qui  souvent  avaient  été  votés  par  les  villes 
aux  citoyens  ayant  bien  mérité  de  la  patrie  ;  des  tablet- 
tes votives  peintes  ou  sculptées  en  bois,  en  marbre  ou  en 
bronze  ;  des  vases,  des  ustensiles  ;  des  vêtements  ;  des  orne- 
ments ;  des  armes  ;  des  trônes  ;  des  sièges  votifs  en  bois  ou 
en  bronze  ;  des  candélabres  en  marbre  ou  en  métal  ;  des 
tables  en  bois  à  trois  ou  quatre  pieds  sur  lesquelles  on  dis- 
posait des  fruits,  diverses  oblations  et  les  repas  sacrés  que 
l'on  préparait  pour  les  dieux. 

Knfm  dans  plusieurs  temples,  on  voyait  des  statues  éques- 
tres, des  chevaux,  des  bœufs,  des  chars,  le  tout  en  bronze, 
pt  des  lits  qui  servaient  dans  les  pompes  sacrées  et  sur 
lesquels  les  prêtres  couchaient  les  statues  des  dieux. 

Les  fouilles  de  la  ville,  proprement  dite,  restent  à  faire. 

F.   iJGEP.. 


LES 

COESMES 

SEIGNEURS  DE  LUGE  ET  DE  PKUILLÉ 

(DEUXIÈME  PARTIE) 

(Finj 


GHAPITRE  VIL 

JEANNE   DE   COESMES. 

JEANNE  DE  COESMES  ET  SON  MARI  LOUIS  DE  MONTAFIÉ 
HABITENT  LUCÉ.  —  LEURS  ENFANTS.  —  MORT  DE  LOUIS  DE 
MONTAFIÉ.  —  LETTRES  D'HENRI  III  ET  DE  CATHERINE  DE 
MÉDICIS  AU  PAPE.  —  ÉPISODE  DE  LA  VIE  DU  MARÉCHAL  DE 
LAVARDIN.  —  LETTRE  DU  CARDINAL  DE  RAMBOUILLET.  — 
AVEU  DE  THOMAS  DE  CLERMONT.  —  ÉCHANGE  DE  BIENS 
ENTRE  JEANNE  DE  COESMES  ET  LES  CHANOINES  DE  PRUILLÉ. 
—  JEANNE  DE  COESMES  SE  REMARIE  AVEC  FRANÇOIS  DE 
BOURBON,  PRINCE  DE  CONTY.  —  LE  SEIGNEUR  ET  LA  DAME 
DE  LUCÉ  DE  1582  A  1601. 

Avec  ce  chapitre  VIL  nous  terminons  la  deuxième  partie 
des  Coesmes  seigneurs  de  Lucé.  Jeanne  de  Coesmes,  mourut 
en  1601,  après  avoir  épousé  Louis  de  Montafié  et  François 
de  Bourbon.  A  sa  mort,  les  terres  de  Lucé  et  de  Bonnétable 
devaient  passer  à  sa  fille  Anne  de  Montafié,  femme  de 
Charles  de  Bourbon,  comte  de  Soissons. 


—  324  — 


§1. 


Par  suite  darrangements  faits  avec  la  veuve  de  Jean  de 
Coesmes,  le  comte  de  Montafié  et  sa  femme  habitèrent  au 
château  de  Lucé  (1).  Ce  fut  là  (]ue  le  nouveau  seigneur  reçut 
une  lettre  datée  du  Mans,  le  7  septembre  1575,  où  l'on 
remarque  ces  lignes  :  «  L'on  tient  en  ce  lieu  (du  Mans)  que 
»  sommes  à  la  guerre^  et  l'on  a  eu  quelque  advertissement 
»  du  lieu  où  a  esté  porté  l'argent  du  Roy  qui  fut  prins  y  a 
»  huit  jours,  et  qu'il  y  a  en  quelque  maison  le  nombre  de 
»  quatre  vings  chevaulx,  et  que  l'on  faict  entreprinse  sur 
»  ceste  ville,  ofi  nous  donnerons  ordre,  Dieu  aydant,  mesmes 
»  que  l'on  veult  piller  quelques  maisons,  soit  d'argent, 
»  joyaulx  et  chevaulx  ('i)  ».  Malgré  l'inquiétude  qui  régnait 
au  Mans,  la  ville  ne  fut  pas  attaquée  ;  les  catholiques  conti- 
nuèrent à  y  dominer,  bien  que  le  gouverneur  Nicolas 
d'Angennes  penchât  pour  les  politiques  (3). 

Le  5  septembre  1575,  un  fils  naquit  au  comte  de  Montafié. 
Son  acte  de  baptême  est  ainsi  enregistré  dans  le  Papier 
baptismal  de  Saint-Facile  de  Lucé  :  «  Le  5"  jour  de  septem- 
»  bre  1575,  fut  nay  un  filz  de  dame  Jeanne  de  Coaesmes, 
»  espouse  de  hault  et  puissant  seigneur  Ludovic  de  Montafié, 
»  comte  du  dict  lieu,  Tïolles?  Piouart?  et  Marnay,  chevalier 
»  de  l'ordre  du  roy,  nostre  sire,  et  gentilhomme  ordinaire 
»  de  sa  chambre,  heutenant  de  monseigneur  le  Grand 
»  Prieur  de  France,  baron  de  Lucé  et  Pruillé  l'Esguiller, 
))  à  cause  de  sa  dicte  espouse,  auquel  jour  le  dict  seigneur 
»  tenoit  ses  hommages  au  chastel  du  dict  Lucé,  assisté  de 
»  ses   officiers  de  justice,    scavoir  M*'^  Estienne  Chereau, 

{[)  Papiers  Prel.  —  Les  arcli.  du  chat,  de  f.ucé  renferment  un  grand 
nombre  de  lettres  en  langue  italienne,  jiarticulièrement  des  massives  de 
tù7-2,  ('crites  i)ar  les  sœurs  de  Louis  de  Montalié,  Anlunia  et  Ludooica,  et 
par  Thomaso  di  Slrappiano,  mari  il  A  nlonict. 

Ci)  Areh.  du  cliàt.  de  Lucé. 

(3i  Dom  Piolin,  Ilist.  de  l'é(jlise  du  ilana,  t.  V,  p.  515. 


32ri 


»  bailly.  Marin  de  Guybert,  lieutenant  du  dict  bailly,  Pierre 
»  Allaire,  procureur  fiscal,  et  Pierre  Garanger,  greffier  ("1)  ». 

Cet  enfant,  nommé  Charles,  fut  baptisé  dans  «  la  maison 
»  seigneurial  de  Lucé,  pour  sa  débilité  (2)  »,  le  20  février 
1576.  Il  eut  pour  parrains  et  marraine,  François  Loret,  fils 
de  Claude  Loret,  Claude,  fils  de  Claude  Rippier,  et  Françoise, 
fille  de  défunt  Julien  Prudhomme.  «  Icelluy  enfant  ne  vescut 
»  que  environ  quatre  heures  après  le  baptême,  et  fut  inhumé 
»  au  cueur  de  l'église  dudict  Lucé,  le  lendemain  ;  et  furent 
»  présens  au  baptesme,  monsieur  du  Ponseau,  médicin, 
»  lequel  a  faict  rapport  que  le  dict  enfant  ne  pouvoit  estre 
y>  transporté  que  soubdain  il  ne  mourust,  M^^  Marin  de 
»  Guybert,  lieutenant,  Pierre  Garanger,  greffier,  Michel 
»  Dutertre,  Estienne  Duboys  et  plusieurs  autres  (3)  ». 

Plusieurs  mois  avant  la  naissance  de  Charles,  Elisabeth 
de  L'Espine  avait  écrit  cette  lettre. 

«  A  monsieur  le  conte  de  Montafié,  chevalier  de  l'ordre 
»  du  Roy,  à  Paris. 

»  Monsieur,  je  ne  scaurais  trop  vous  remercier  du  bien  et 
»  honneur  qu'il  vous  a  pieu  me  taire,  ayant  eu  souvenance 
»  de  moy  par  votre  recommandation  mise  en  la  lettre  de 
»  madame  la  Comtesse,  laquelle  maintenant  se  porte  fort 
»  bien  et  ne  veulx  oublier  à  vous  dire  que  depuys  votre 
»  parlement  elle  c'est  trouvée  fort  mal,  tant  pour  vostre 
y>  absence  (4)  que  pour  la  maladye  du  remuement  de  vostre 
»  enfant  qui  continue  d'heure  en  heure  à  remuer  bien    fort  ; 

(1)  Registres  paroissiaux  de  Lucé. 

(2)  Le  5  décembre  1575,  Jeanne  de  Coesmes  écrivait  à  Pierre  Gallois  : 
«  Mon  fils  s'est  trouvé  un  peu  mal,  il  est  sy  grand  que  l'on  luy  donnerait 
))  un  an  ».  Arch.  du  chat,  de  Lucé. 

(à)  Reg.  par.  de  Lucé. 

(4)  Jeanne  de  Coesmes  ne  pouvait  s'habituer  aux  absences  de  son  mari. 
On  lit  dans  une  lettre  adressée  de  Coullon ,  le  2  novembre  1574;  par 
Guillaume  Frelin,  au  comte  de  Montalié,  ù  Turin  :  «  Madame  la  contesse 
»  est  bien  faschée  et  bien  marrye  quelle  n'a  point  de  vos  nouvelles,  et  si 
»  vous  ne  venez  bientost,  je  vous  asseure  que  Madame  la  contesse  sera 
))  désespérée.  Je  vous  supplie,  Monseigneur,  si  vous  ne  pouvez  venir  cy 
ï>  toust,  pour  le  moins  de  luy  envoyer  de  voz   nouvelles   bien   souvent   et 


326 


y)  madicte  dame  ne  fut  jamais  si  gentille  qu'elle  est  de  jour- 
»  d'huy  avec  son  petit  ventre.  Elle  ne  tient  aultre  propos 
»  que  de  vous  et  de  madame  vostre  mère ,  et  ne  désire 
»  aultre  chose  que  de  vous  voir  tous  deux  par  desà. 

»  Je  laisse  ce  propos  pour  vous  dire  que  ce  jourd'huy  j'è 
»  entendu  par  deux  bourgeoises  de  Lucé,  qui  estoient  venues 
^>  icy  près  à  des  nopces  de  leurs  parens,  qui  maintenaient 
»  fermement  que  madame  de  Lucé,  vostre  belle  seur,  n'est 
»  poinct  grosse,  et  mandent  à  ma  dicte  dame  la  comtesse 
»  que  quelque  chose  que  l'on  luy  dye  qu'elle  n'en  croye 
»  rien  et  qu'elle  ne  l'est  poinct  (1).  Je  vous  supplye  humble- 
y>  ment,  monsieur,  persuader  madame  vostre  mère  s'en  venir 
y>  le  plus  tost  qu'elle  pourra  pour  en  voir  une  fin.  En  cest 
»  endroict,  je  vous  baise  bien  humblement  les  mains  et  prye 
»  Nostre-Seigneur  vous  donner, 

);M  onsieur,  en  parfaicte  santé,  longue  vie,  heureuse  et 
y>  contente  vye, 

»  A  Bormestable,  ce  XIX"  apvril  1575. 

»  Vostre  très  humble  et  très  obéissante  servante. 

»  Elisabeth  de  l'ESPINE,  de  Paradis,  de 
»  Bonnestable  (2)  ». 

Entre  le  5  septembre  1575  et  le  20  février  157H,  Jeanne  de 
Goesmes  écrivit  à  son  mari,  qu'elle  appelle  son  père,  une 
lettre  ;iiiisi  conçue  : 

«  A  monsieur  le  conte  de  Montafié. 
»  Mon  père,  quant  j'ay  receu  la  lettre  qu'il   vous   a   pieu 

»  par  homme  exprès,  car  rWo  ne  lait  que  iilorer  et  se  tourmanter,  et 
»  sommes  tons  ennuie/,  et  fort  tourmentez,  de  la  voir  ainsi  désolée  et  tour- 
»  mentez  ».  Arcli.  du  cliàt.  de  Lucé. 

(1)  Cette  question  de  la  grossesse  de  Françoise  de  Maridort  était  impor- 
tante pour  les  Montafié  à  cause  de  la  succession  de  Bonnétable  et  de  Lucc. 

(2)  Arcli.  du  cliât.  de  Lucé. 


—  327  — 

)■)  m'escripre,  j'avois  desjà  bien  entendu  qu'estiès  party,  et 
»  me  revoit  l'on  dit  en  sy  grant  effroy  que  j'an  ay  cuydé 
»  debvenir  folle  et  mourir  tout  ensemble  ;  mais  Dieu  m'a 
»  voullu  ancorre  laisser  pour,  attandant  vostre  retour,  le 
»  prier  sans  cesse  vous  voulloir  faire  la  grasse  d'accomplir 
»  vos  souhais.  Je  vous  suplie  très  humblement,  mon  père, 
»  vous  souvenir  toujours  de  luy  et  avoir  mémoyre  qu'il  ne 
»  delaysse  jamays  seus  quy  ont  leur  recours  en  luy  et  ferme 
»  esperansse  en  ses  promesses.  Quant  à  moy,  je  me  promais 
»  bonne  yssue  du  malheur  où  je  suys  pour  m'assurer  qu'an 
»  le  supliant  de  votre  soudain  retour,  de  bon  cœur,  il  m'oc- 
»  troyra  et  vous  donnera  contentement.  Pensés  bien,  mon 
»  père,  je  vous  suplie  très  humblement  à  se  que  vous  ferès 
»  pour  la  seureté  de  vostre  personne,  et  pour  l'amour  de 
»  Dieu  ne  vous  accompagnes  de  personne  que  vous  ne 
»  connoissyès  fort  bien,  et  sy  vous  ne  vous  voullès  garder 
»  dour  vous,  au  moins  gardés  vous  pour  vostre  fis  (Charles) 
»  et  vostre  fille  (votre  femme)  qui  vous  ayme  plus  mille  fois 
»  que  sa  vie  propre,  qu'elle  donneroit  de  bon  cœur,  sy  en 
»  la  perdant  elle  vous  pouvoit  sauver  de  quelque  malheur... 
»  Je  vous  suplye  me  continuer  en  vos  bonnes  grâces  et  nous 
»  aymés  bien  le  petit  (Charles)  et  moy,  qui  vous  bayse  très 
»  humblement  les  mains. 

»  Adieu  mon  père,  adieu  mon  âme,  adieu  mon  tout. 

»  S'est  vostre  très  humble  et  très  obéissante  fille  à  jamais. 

»  Mon  père,  l'on  dit  que  les  soldats  de  Lavardin  vont  au 
»  Pont-de-Gennes.  Madame  vous  prie  que  vostre  troupe  ne 
»  loge  point  pour  l'amour  de  monsieur  de  Sotre  ?  ;  s'il  vous 
»  plai.st  vous  me  ro.anderès  si  nous  rebaillerons  sette  terre  à 
»  ferme.  Ma  mère  (Anne  de  Pisseleu)  vous  bayse  sant  mille 
»  fois  les  mains  (1)  ». 

Dés  la  fin  de  l'année  1576,  le  1 4  septembre,  une  fille  na- 
quit à  Louis  de  Monlafié.  Elle  fut  baptisée  à  Lucé,  le  !<='  jan- 

(1)  Ârch.  du  chat,  du  Lucé. 


—  328  — 

vier  1577,  «  par  vénérable  et  discret  maistre  René  de 
((  Rousty,  prestre,  grand  archidiacre  de  l'église  monseigneur 
»  Sainct-Julian  du  Mans,  raaistre  et  administrateur  de 
»  l'hostel  Dieu  de  Coefort  ».  Elle  «  fut  portée  et  tenue  par 
»  noble  Jehan  Hamelin,  seigneur  de  La  Roche-de-Mayet  et 
»  chevalier  de  l'ordre  du  Roy  »,  et  eut  pour  «  parrain  très 
»  hault  et  très  puissant  frère  Henry  d'Angoulesme,  grand- 
»  prieur  de  France  »,  et  pour  «  marraines,  haultes  et  saiges 
»  dames  Anne  de  Pisseleu,  veufve  de  hault  et  puissant  Loys 
»  du  Coaesmes,  mère  de  dame  Jehanne,  dame  de  Lucé,  et 
»  Renée,  espouse  de  hault  et  puissant  messire  Jehan  de 
»  Chourses,  seigneur  de  Malicorne  ».  On  lui  donna  le  nom 
de  Suzanne  (1). 

Le  21  Juillet  1577,  naquit  une  autre  fille  nommée  Anne  ; 
elle  fut  baptisée  à  Lucé  le  4  août  de  la  même  année.  Son 
parrain  était  «  noble  messire  Jehan  Hamelin,  seigneur  de  La 
»  Roche-de-Mayet,  chevalier  de  l'ordre  du  Roy  »,  et  ses 
marraines  «  damoiselles  Jehanne,  espouse  de  noble  Jacques 
»  de  Raillet,  seigneur  des  Hayes  de  Tresson,  et  Jehanne  de 
»  La  Chenzière  (2)  espou.se  de  noble  Pierre  Pinard,  seigneur 
>j  des  Roches  de  Marson  et  de  Vaubertran  (3)  ». 

Suzanne  allas  Urbaine  de  Montafié  épousa  Louis  de  La 
Châtre,  maréchal  de  France,  et  mourut  sans  enfants.  Anne 
héritière  de  Lucé  et  de  Ronnestable,  fut  unie  le  27  décembre 
1601,  à  Charles  de  Bourbon,  comte  de  Soissons  (4). 

(1)  Reg.  paroissiaux  de  Lucé. 

(2)  Peut-être  faut-il  lire  Chevrière. 

(3)  Reg.  paroissiaux  de  Lucé . 

(4)  P.  Anselme,  t.  V,  p.  141,  t.  VII,  p.  ;j71.  —  Suzanne  aliùs  Urbaine  et 
Anne  de  Montafié  furent  plusieurs  fois  marraines  à  Lucé.  157!},  1(3  septem- 
bre ;  baptême  de  «  Suzan,  fils  de  M"  IMerie  Levayer  et  de  Rolande  de  Ciii- 
»  bert,  sa  femme  »  ;  mairaine  «  .Suzanne  de  Wontalié,  lille  de  deifunct 
X  inessire  Loys  de  Montafié,  vivant  seigneui'  de  la  tene  et  seigneurie  de 
)'  Lucé  )).  1580,  27  mai;  Anne  de  Montafié,  mariaine.  1583,  4  juin;  baptême  de 
Suzanne,  fille  de  M"-'  .Michel  Ûulcitre  et  de  Fiançoise,  sa  fcnmie  ;  j)arrain, 
noble  Adrien  de  Promentières,  seigneur  des  Estangs  ;  marraines,  demoi- 
selles  Suzanne   et   .\\\nv    de    .Montali('.    filles   de   feu  Louis  de  Montafié. 


—  329  — 

L'union  de  Louis  de  Montafié  et  de  Jeanne  de  Coesmes  ne 
fut  pas  de  longue  durée  ;  elle  fut  brisée  par  la  mort,  le  7  oc- 
tobre 1577.  «  Hault  et  puissant  seigneur  messire  Ludovic  de 
»  Montafié,  comte  du  dict  lieu,  au  pais  de  Piedmont,  cheva- 
»  lier  de  l'Ordre,  seigneur  baron  de  Lucé,  à  cause  de  dame 
»  Jeanne  de  Coaesmes,  son  espouse,  décéda  au  pays  de 
»  Provence,  le  7  octobre  au  dict  an  (1577)  (1)  ».  Le  il  octo- 
bre, le  comte  de  Raiz  donna  un  mandement  ainsi  conçu  : 
«  Le  conte  de  Raiz,  mareschal  de  France,  gouverneur  et 
«lieutenant-général  pour  le  Roy  en  Provei  ce  et  admirai 
»  des  mers  de  Levant,  à  tous  gouverneurs  des  villes  de 
»  nostre  gouvernement  de  Provence,  cappitaines,  chefz  et 
»  conducteurs  des  gens  de  guerre,  etc.  salut.  S'en  allans  les 
»  sieurs  de  Grimaldi,  de  Noue,  deMoren?,  de  Chasteauneuf, 
»  de  Nigerolles,  d'Amur?,  de  Pont-de-Pierre,  du  Parc,  de 
»  Vignolle,  j^our  conduire  en  Piedmont  le  corps  de  feu  le 
y>  conte  de  Montafié,  avec  le  sieur  Galloys,  son  maistre 
»  d'hostel,  ses  valletz  de  chambre,  paiges,  argentier,  som- 
»  mellier  et  pallefrenier,  estans  en  nombre  de  trente  cinq 
»  chevaulx,  quelques  lacquais  et  gens  de  pied,  nous  vous 
»  mandons  et  expressément  ordonnons  que  vous  ayez  à  les 
»  laisser  librement  et  seurement  passer  par  chacuns  de  voz 
»  pouvoir,  jurisdicttion  et  droitz,  sans  leur  faire,  mettre  ou 
f>  donner....  aulcun  trouble  ou  empeschemenî,  ains  leur 
»  faire  bailler  libre  passaige  par  tout  et  les  vivres  qui  leur 
»  seront  nécessaires,  en  payant  ;  et,  oultre  ce,  mandons  aulx 
»  consulz,  manans  et  habitants  des  villes  où  ilz  auront  cà 
»  passer  en   nostre  gouvernement,   de  leur  faire,    fournir 

1583,  30  juillet  ;  baptême  de  Suzanne,  fille  tle  M«  Jacques  Landereau  ; 
marraines,  demoiselles  Suzanne  et  Jeanne  (sic,  pour  Anne)  de  Montafié. 
1589,  4  mars  ;  baptême  de  Pierre,  fils  de  M-  Pierre  Allaire  le  jeune,  et  de 
Marie,  sa  femme  ;  parrains,  maître  André  de  Guibert,  avocat,  demeurant 
en  la  paroisse  de  la  Coultuie  au  Mans,  et  maître  Pierre  Allaire,  l'aîné  ; 
marraine,  demoiselle,  l^rbaine  aliùs  Suzanne  de  Montafié.  Reg.  parois- 
siaux de  Lucé. 

(1)  Rerj.  par.  (Je  Lucé. 


—  330  — 

»  l'escorte  et  seureté  nécessaires  pour  leur  passaige....  En 
»  tesmoing  de  quoy  nous  avons  signé  ces  présentes,  à 
»  Avignon,  le  11"  d'octobre  1577.  —  De  Gondy.  —  Par  mon 
»  dict  seigneur,  Lyotart  (1)  ». 

La  mort  de  Louis  de  Montafié  fut  un  coup  terrible  pour 
Jeanne  de  Coesmes.  En  février  1578 ,  celle-ci  écrivit  à 
Pierre  Galloys,  écuyer,  maître  d'hôtel  de  son  défunt  mari  : 
«  MoiL-tieur  Gallois,  j'ay  receu  la  painture  que  m'avez 
»  envoyée  qui  a  esté  trouvée  de  tout  le  monde  fort  bien  faite, 
»  et  vous  remercie  de  la  peyne  qu'an  avet  prise  ;  Je  suys 
»  bien  fort  ayse  de  l'avoir,  mays  je  ne  l'ay  point  ancorre 
»  veue  pour  avoir  mon  malheur  trop  ressent  pour  le  renou- 
»  veller  ancorre  davantage,  le  ressentant  plus  que  le  premyer 
»  jour.  Je  ne  vous  puis  mander  aultre  chose  sinon  qu'il  est 
»  presque  découvert  assurément  la  m.anterie  de  ma  belle- 
»  seur  à  son  grant  regret  ;  quant  à  moy,  madame  de  Lucé  (2), 
»  ma  mère,  vous  poura  dire  Testât  en  quoy  l'on  tient  de 
»  sertain  (jue  je  suis,  qui  me  fera  finir,  et  priray  Dieu  vous 
»  avoir  en  sa  garde. 

»  A  Bonnestable,  se  22  febvrier. 

»  Vostre  bien  bonne  amye 

»  LUCÉ  (3)  ». 


§11. 


La    succession    du    comte   de    Monlalié  fut  contestée  à  sa 
veuve.  René  de  Nigerolles  écrivit  à  ce  propos,  le  19  novem- 

(1)  Arcli.  du  clifit.  de  Lucé. 

(2)  Anne  de  Pisseleu. 

(3)  .'Vrch.  du  chat,  de  Luco. 


—  331  — 

bre  1577,  à  Jeanne  de  Coesmes  à  Lucé,  les  lignes   suivantes. 

«  Madame,  estant  en  se  lieu  de  ïiclle,  je  me  suis  enhardi 
de  vous  escripre  pour  vous  advertir  de  se  qui  se  passe  de 
par  dessà,  s'est  que  en  toutes  vauix  maysons,  tant  Montaffié, 
Tillole,  Maret  que  Rouart ,  madame  la  contesse  de 
Estropiano  (i)  y  a  mis  des  soldars  dedans  pour  la  garde,  et 
nous  gardons  la  campaigne,  et  vous  assure  que  ilz  font  une 
grande  despanse,  et  disent  que  Montaffié  et  Tillole  leur 
apartient.  Il  seroit  bon  de  avoir  des  lestres  de  faveur  du 
Roy  adressantes  à  mons'"  de  Savoye,  et  seroit  bon  de  les 
luy  fayre  tenir  par  quelques  ungs  qui  luy  fise  bien  enten- 
dre vaulx  affaires ,  vous  advertissans  que  madame  la 
contesse  de  Paucallier  vous  y  poura  bien  servir,  vous 
assurant,  madame,  que  se  seroit  une  grande  faute  de  lesser 
perdre  ung  sy  beau  lieu  que  est  setuisy,  par  faulte  de  soli- 
citude,  et  le  plustost  que  y  pourez  mectre  ordre  sera  le 
meilleur,  car  ilz  ne  se  endorme  pas.  Il  y  a  trois  semaine 
que  nous  sommes  arrivés  en  se  peis  avec  une  partie  de 
vostre  train  ;  laquelle  contesse  d'Estropiano  ne  nous  a 
point  voulu  lesser  entrer  en  pas  une  de  vaulx  maysons,  ne 
donner  moyen  de  vivre,  sinon  que  jeudy  dernier  elle  m'a 
envoyé  faire  ses  excuses  disant  que  je  ne  trouvasse  mau- 
vais que  elle  ne  nous  avoit  lessé  entrer  en  quelques  unes 
des  susdites  maysons,  pour  se  qu'elle  a  promis  au  susdit 
duc  de  les  luy  mectre  entre  les  mains  toutes  les  foys  que 
elle  en  sera  par  luy  requise,  et  que  elle  y  a  obligé  tout  son 
bien,  et  que  se  qu'elle  en  faict  s'est  pour  vaulx  filles  ;  mais 
les  cris  qui  se  font  par  les  villes  se  font  au  non  de  son  filz. 
Cristofle  ,  présent  pourteur  ,  vous  en  poura  conter 
comme  tout  se  passe  ;  il  va  par  devers  vous  pour 
vous  fayre  entendre  la  fason  de  quoy  ilz  trectent  voz 
subgectz  et  vostre  bien;  et  feray  fain  pour  vous  baiser  bien 

il)  Antonia.  (emme  de  Tho)naso  di  Slrappiano,  sœur    de   Ludovic  de 
ontafic. 


—  332  — 

»  hungblement  les  mains,  et  prie  Dieu,  Madame,  qui  vous 
»  veille  donner  en  sente  très  heureuse  et  longue  vie.  Vostre 
»  très  obeyssant  et  plus  affectionné  serviteur  pour  vous 
»  servir  à  jamais. 

»  René  de  NYGEROLLES  (1)  ». 

Le  pape  était  suzerain  des  biens  des  de  Montafié  (2).  Le  roi 
de  France,  Henri  III,  crut  devoir  lui  écrire  : 

ft  Très  Sainct  Père,  nous  avons  dès  le  moys  de  janvier 
»  dernier  passé  supplyé  Vostre  Saincteté  avoir  en  recom- 
»  mandation  la  maison  de  Montaffié  en  ce  qui  en  deppend 
»  sur  les  occasions  de  la  saisye  qui  a  esté  faicte  de  l'oierie  et 
»  biens  délaissez  par  le  feu  conte  de  Montaffié,  comme  aussi 
y>  nous  faisons  encores,  d'ordonner  que  la  possession  etjouys- 
»  sance  d'iceulx  soit  mise  entre  les  mains  de  la  comtesse,  sa 
»  veufve,  et  enfans  qui  en  sont  légitimes  héritiers  et  les  vrais 
»  successeurs,  à  quoy  nous  avons  esté  meuz  par  Fadhérance 
»  des  maisons  et  biens  des  prédécesseurs  du  dict  feu  conte 
»  de  Montafié  avec  cette  couronne,  soubz  la  protection  et 
»  adveu  de  laquelle  leurs  personnes  et  biens  ont  toujours 
»  esté  conservez  et  deffenduz,  d'autant  que  de  la  charge 
»  qu'avoit  esté  donné  à  celluy  qui  fut  depesché  de  nostre 


(1)  Arcli.  du  cliàt.  do  Lucé. 

(2)  1578,  8  mars,  de  Rome.  Lettre  de  .1.  Nicot  à  Anne  de  Pisseleu,  où  il 
est  queslion  des  biens  laissés  par  le  comte  de  Montafié.  «  Le  pape  en  est 
»  souverain  seigneur  et  ayant  droit  de  pi'olation  à  rencontre  des  arclie- 
»  vesque  de  Thurin  et  de  Pavie,  seigneurs  médiatz  en  directité  des  fiefz 
M  de  Montafié  et  de  Tillolo.  Il  prêtent  que  les  dicts  fiefz  sont  venuz  en 
>;  caducité  par  le  doced/  de  vostre  gendre,  le  comte  de  Montaffié,  mort 
))  sans  lioirs  rnasles  h'gitimes  de  son  corps,  et  a  par  son  lirief  mandé 
»  mettre  eu  sa  main,  non  les  dits  fiefz  seulement,  mais  maintes  pièces 
»  allodiales,  qui  est  l'entière  succession  de  Georges,  bisaïeul  de  vostre 
»  gendre,  laquelle  ayant  esté  dispersée  en  maintes  brandies,  s'estoit 
»  finablement  ralliée  en  la  personne  de  vostre  gendre...  »  Arch.  du  cbàl. 
de  Lucé. 


333 


part  vers  Vostre  Saincteté  n'en  est  encores  riens  reussy  à 
nostre  intencion.  Continuant  ceste  mesme   requeste,  nous 
la  supplions,  autant  affectueusement  qu'il  nous  est  possible, 
que  le  bon  plaisir  soit  de   voulloir  faire  cesser  tous  les 
empeschemens  et  troubles  mis  par  les  officiers    de  Vostre 
Saincteté   sur  la  jouyssance  des   dictes  terres,  et  avoir 
agréable  que  où  il  y  auroit  lieu  de  reversion  de  fief  ou  que 
pour  raison  de  quelques  autres  difficultez  prethendues  par 
Vostre   Saincteté  la  dicte  main-levée  seroit  surcize,  le  tout 
soit  assoupy  comme  nous  le  désirons  bien  fort,  suyvant  la 
dévotion  dont  nous   en  avons  cy-devant  escript  à  Vostre 
Saincteté,  tant  pour  la   cause   de  soy  assez   favorable   et 
laquelle  nous  sommes  tenuz  embrasser  que  pour  l'interrest 
notable  :[ue  y  avons,  oultre   les  mérites   et    services  des 
prédécesseurs   de    la  dicte  dame  qui  ont  toujours  combatu 
et  porté  les  armes  pour  la  deffence  de  la  Saincte  Religion 
catholique,    appostolique    et    roumaine,    lesquelz,  estans 
représentez  et   mys  en  considération;  rendront  tousjours 
leurs  héritiers  et  successeurs  envers  nous  dignes  des  recom- 
mandations  qu'ilz   en   peuvent  désirer,    et    pareillement 
vouloir  commander  à  ses  officiers  de  se  désister  et  départir 
de  telles  saisies,  et  recepvoir  la  dicte  confesse  de  Montafié 
en  ses  raisons,  lesquelles  Vostre   Saincteté  entendra   plus 
particulièrement   par  le  s''  d'Abaen,  nostre  ambassadeur, 
l'ayant  chargé  vous  en  faire  touttes  les  instances,  requestes 
et  remonstrances.  Et  a  tant  nous  supplions  le  Créateur  que 
icelle  Vostre  Saincteté  il   veille   longuement  préserver  et 
maintenir  au  bon  régime  et  gouvernement  de  nostre  mère 
Saincte  Eglise. 

»  Escript  à  Paris,  le  premier  jour  d'avril  1578  (1)  ». 

(1)  Arcli.  du  chat,  de  Lucé.  Copie. 


-  334  — 

De  son  côté,  la  reine  Catherine  de  Médicis  écrivit  : 

»  Très  Sainct  Père,  nous  vous  avons  cy-devant  escript  en 
»  faveur  de  la  veufve  et  en  fans  du  feu  conte  de  Montafié,  sur 
»  la  saisy  faicte  des  terres  qu'il  leur  a  delayssée  par  testa- 
»  ment,  à  la  requeste  de  vos  officiers,  et  supplier  leur  en 
»  accorder  la  main-levée,  suyvant  la  requeste  que  le  Roy, 
»  nostre  très  chier  seigneur  et  lilz,  vous  en  faisoit  de  sa  part; 
»  et  parcequ'il  a  continuée  encores,  n'en  ayant  esté  satisfaict 
»  ny  en  advis  de  vostre  volonté  sur  icelle,  nous  y  avons 
»  voulu  adjouter  la  présente  à  mesme  effort,  et  supplier 
»  encores  Vostre  Saincteté  autant  affectueusement  qu'il  nous 
»  est  possible  de  considérer  les  justes  occasions  qui  nous 
»  meuvent  d'espouzer  ceste  cause  d'affection,  estant  chose 
»  charitable  et  de  soy  assez  favorable,  oultre  l'interest  parti- 
»  culier  que  lo  Pvoy,  mondict  seigneur  et  filz,  a  pour  la  con- 
»  servation  de  ses  droictz,  joinct  la  recommandation  de 
»  ceulx  de  la  maison  de  Lucé  dont  est  yssue  la  dicte  veufve, 
»  qui  se  sont  montrez  tousjours  singulièrement  zelléz  à  la 
»  protection  et  deftence  de  la  saincte  religion  catholique, 
»  appostolique  et  romaine,  ce  qui  doibt  tant  plustost  incliner 
»  Vostre  Saincteté  à  leur  accorder  ce  qu'ilz  désirent  d'elle, 
»  dont  la  supplions  de  rechef  et  le  Créateur  de  la  vouloir 
»  maintenir  au  bon  régime  et  gouvernement  de  nostre  mère 
»  saincte  Eglise. 

»  Escript  à  Paris,  le  It""  jour  d'apvril  157(S  (1)  ». 

Le  corps  de  Louis  de  Montafié  n'était  pas  encore  enterré 
le  21  juin  1578.  Le  billet  suivant  écrit  de  La  Pécaudière,  par 
Jeanne  de  Coesmes,  à  Pierre  Gallois  alors  en  Piémont  en 
témoigne. 

«  Gallois,  je  trouve  en  se  lieu  de  La  Pecaudière,  Laygnau 
»  et  l'Ecossais.   Vous   me    mandes   par   eus  de  fort  boimes 

(1)  Ai'cli.  du  chat,  de  Lucé.  Copie. 


—  335  — 

»  nouvelles  ;  je  m'en  vois  bien  joyeuse  à  cette  occasion  et 
»  avec  bonne  espérance  de  donner  bien  ordre  à  nos  affaires, 
»  et  y  estre  plustost  dix  ans  que  je  n'en  voye  une  bonne  fin. 
»  J'espère  en  venir  bientost  à  bonne  fin,  car  j'ay  pour  moy 
»  et  mes  filles,  Dieu,  la  rayson  et  du  bien  et  fort  bon  courage 
»  de  ne  sesser  jamais  que  nous  n'ayons  se  qui  nous  apartient. 
»  Plus  que  tout  le  reste  me  fâche  s'est  que  V enterrement  de 
))  feu  7nons^'  le  conte,  rnon  mari,  est  ancore  à  faire.  Pour  rien 
»  du  monde  je  n'yrois  qu'il  ne  le  fust  ;  et  par  ce,  je  vous  prie, 
»  incontinant  la  présante  ressue  baillés  de  l'argent  pour  faire 
»  ouvrir  la  terre  et  le  lui  metès,  et  puis  quant  j'y  seray,  je 
»  feray  faire  la  serymonye.  Le  cœur  me  crève  qu'il  faille 
»  que  je  parle  ancore  de  sella.  Venez-moy  trouver  à  une 
»  journée  de  Carignan  où  j'yray  tout  droit  d'ycy.  Faites  nous 
»  trouver  un  beau  logis  et  des  provizions,  comme  vous  poura 
»  dire  se  gentilhomme. 

»  Vostre  milleure  maistresse, 

»  LUCÉ  (1)  ». 


un. 


Une  Vie  du  maréchal  de  Lavardin  ("2)  renferme  l'épi- 
sode que  nous  allons  rapporter  ici  malgré  les  erreurs  qui 
peuvent  déparer  le  récit.  «Lavardin,  dit  notre  manuscrit, 
»  songeait  au  mariage,  et  il  recherchoit  la  dame  de  Lucé, . 
»  veufve  de  feu  mon.sieur  de  Montafier,  tué  au  siège  de 
»  Lusignan  (3),  femme  en  secondes  nopces  de  M""  de   Gonty, 

(1)  Arch.  du  chat,  de  Lucé. 

{^  Vie  du  maréchal  de  Lavardin,  md,m\scY\\.  àe  la  Bibliothèque  nat., 
fonds  français,  n"  498,  fol.  1  à  19. 

(3)  Le  comte  de  Montafié  mourut  en  Provence  en  1577.  Ce  fut  son  beau- 
frère  Jean  de  Coesmes,  seigneur  de  Lucé  et  de  Bonnétable,  qui  fut  tué  en 
1574  au  siège  de  Lusignan. 


—  :33G  — 

et  mère  de  feu  inadanie  la  comtesse  de  Soissons  ;  il  avoil 
pour  rival  en  cette  recherche  le  jeune  Randan,  demi  favori 
de  Henry  III*^.  La  dame  de  Lucé  avoit  plus  d'inclination 
pour  Lavardin  que  pour  Randan  qu'elle  fist  prier  de  ne 
venir  point  chès  elle  tant  que  Lavardin  serait  au  pais  du 
Maine,  car  elle  estoit  pour  lors  dans  son  chasteau  de 
Bonnestable,  et  craignoit  que  se  rencontrant  ils  ne  se 
battissent.  Randan,  picqué  de  cela,  creut  qu'il  y  alloit  de 
son  honneur,  il  résolut  de  faire  ce  voyage,  si  bien  accom- 
pagné, qu'il  ne  sembloit  pas  qu'il  deust  rien  appréhender. 
Il  partit  avec  deux  cens  chevaux  et  grand  équipage. 
Lavardin  ayant  appris  sa  venue  alla  au  devant  du  rival,  et 
envoia  un  gentilhomme  nommé  Champrond,  pour  le  recon- 
noistre.  Lavardin,  l'ayant  reconnu,  le  charge,  essuyant  tous 
les  coups  qu'on  tira  sur  luy,  luy  donna  du  pistolet  dans  la 
teste  dont  il  mourut,  et  mist  avec  trente  cavaliers  les  deux 
cens  chevaux  en  déroutte.  Cette  rencontre  s'estant  faitte 
dans  le  Perche,  dans  un  chemin  ci'eux,  un  mulet  espou- 
vanté  du  bruit  des  armes,  passant  auprès  de  Lavardin, 
espaulla  son  cheval  avec  un  coiTre,  et  jetta  Lavardin  par 
terre,  se  sauva  dans  un  champ.  L'escuyer  de  Randan, 
voulant  venger  la  moil  de  .son  maître,  vint  attaquer 
Lavardin  (jui  après  un  long  combat  tua  l'escuyer  et  monta 
sur  son  cheval  pour  joindre  ses  amis  qui  le  cherchoient  de 
tous  costés,  et  se  retira  au  pais  du  Mayne  en  crainte  d'être 
opprimé  par  la  cholère  du  roy  —  Randan  estant  fort  consi- 
dérable et  sa  mère  dame  d'honneur  —  se  sauva  en 
Guienne  auprès  du  roy  de  Navarre  qui  estoit  pour  lors  à 
Montauban,  s'estant  de.sjà  déclaré  pour  luy  ». 

Cette  histoire  est  probablomenL  auLlienlique,  mais  elle  ne 
concerne  pas  la  veuve  de  Louis  de  Montafié.  Elle  doit  s'appli- 
quer à  Françoise  de  Maridort,  dont  le  mari  fut  tué  à  Lusignan. 
Une  lettre  de  Jeanne  de  Coesines,  datée  de  Lucé,  le  5  sep- 
tembre 1575,  ne  saurait  laisser  subsister  le  doute  à  ce  sujet; 


—  337  — 

elle  y  dit  à  Pierre  Gallois  :  «  Lavardin,  se  dit-on,  va  espouser 
»  ma  belle-sœur,  toutefois  il  dit  que  non  (1)  ». 

Lavardin  se  maria,  en  1577,  avec  Catherine  de  Garmain, 
fille  unique  de  Louis  de  Garmain,  comte  de  Négrepelisse,  et 
de  Marguerite  de  Foix.  Françoise  de  Maridort  s'unit  à  Charles 
de  Ghambes  et  Jeanne  de  Coesmes  prit  en  secondes  noces, 
en  1581,  François  de  Bourbon,  prince  de  Conty. 


§  IV. 

Jeanne  de  Coesmes  avait  à  Rome  de  puissants  protecteurs 
disposés  à  lui  prêter  leur  concours.  Au  nombre  de  ces  per- 
sonnages, il  faut  ranger  le  cardinal,  évêque  du  Mans,  Charles 
d'Angennes  de  Rambouillet.  Celui-ci  adressa  le  23  janvier 
1581,  la  lettre  suivante  à  la  comtesse  de  Montafié. 

«  Madame,  je  suis  encore  en  cest  estât  qu'il  m'est  du  tout 
»  impossible  de  vous  escripre  comme  je  vouidrois,  car  quoy 
»  que  depuis  trois  ou  quatre  jours  mes  grandes  doulleurs 
»  m'aient  laissé,  je  me  remetz  si  bellement  que  je  n'ay 
»  encores  ne  force  ne  cervelle.  Aussitost  que  je  me  porteray 
»  mieulx,  je  ne  fauldray,  si  Dieu  plaist,  à  recompenser  ceste 
»  faulte.  Monsieur  l'ambassadeur  me  vient  tout  à  ceste  heure 
»  demander  qu'en  son  audience  qu'il  a  eue....  le  pape  luy  a 
»  promis  de  vous  faire  bientost  despescher.  Monsieur  le  car- 
»  dinal  de  Gosme  luy  en  a  dict  de  mesmes,  lequel,  à  ce  que 
»  m'a  dict  Bonisseau,  vous  escripra  bientost  et  envolera  des 
»  depesches  qui  vous  contenteront.  Nous  verrons  ce  qui  en 
»  sera.  J'entends  que  l'évesque  de  Servia  ?  qui  est  icy  tire 
»  tousjours  en  arrière  le  plus  qu'il  peult.  Si  se  doivent-ilz 
»  demain  assembler  monsieur  le  patriarche  de  Jérusalem  et 
»  luy  ;  Dieu  veuille  qu'ilz    facent    quelque    chose    de    bon. 

(1)  Arch.  du  chat,  de  Lucé. 

XXIV.      22 


338 


»  Maintenant  que  je  commence  à  me  mieulx  porter,  en  ceste 
»  affaire  comme  en  tout  autre  chose,  je  me  sentiray  bien 
»  heureulx  de  vous  pouvoir  faire  service,  et  m'y  emploieray 
))  d'aussy  entière  affection  qu'après  m'estre  humblement 
»  recommandé  à  vostre  bonne  grâce, 

»  Je  prie  Dieu  vous  donner, 

»  Madame,  en  santé,  i)rospérité,  très  longue  et  très  heu- 
»  reuse  vie. 

»  De  Rome,  ce  23  janvier  1581^ 

»  Vostre  obéissant  serviteur  et  parent, 

»  Cardinal  de  RAMBOUILLET  (1)  ». 

Le  23  août  1581,  Thomas  de  Clermont,  chevalier,  seigneur 
de  Saint-Georges,  rendit  aveu  pour  sa  ville,  domaine  et 
seigneurie  de  Saint-Georges,  à  lu  veuve  du  comte  de 
Montafié,  à  cause  de  sa  baronnie  de  Lucé.  Parmi  les  hommes 
de  foi  de  Thomas  de  Clermont,  on  remarque  : 

«  Guillaume  de  La  Bodinicre,  escuyer,  seigneur  de  La 
»  Pommeraye,  foy  et  hommage  simple  et  ung  cheval  de 
»  service,  quant  il  y  eschet,  pour  raison  de  son  hostel,  terres 
»  et  appartenances  de  La  Pommeraye,  scitué  au  val  de 
»  Ferrières,  paroisse  de  Lhomme. 

»  Jacques  Huart,  sieur  de  La  Guynardière,  foy  et  hom- 
»  maige  simple  et  ung  cheval  de  service,...  pour  raison  de 
»  .son  lie!'  des  Juguenières,  sis  en  Courdemenche,...  et  de 
»  ses  fiefs  de  La  Sourgetière  et  des  Nouet...  es  seigneuries  de 
»  Ruillé  et  d'Aigrefoing... 

;)  Jehanne  Vazeux,  en  lieu  de  Jehan  Guibert,  pour  une 
»  pièce  de  terre  nommée  la  pièce  de  l'Ousche  Mansays. 

»  Michelle   Huguet  et  .lehan   Badère,    foy   et    hommage 

(1)  Arch.  du  chût,  de  Lucé. 


—  339  — 

»  simple,  cinq  solz  tournoys  de  service  au  jour  de  la  feste 
»  aux  trespassez,  pour  raison  de  leur  mestairie  de  La  Colli- 
»  nière,  anciennement  appelée   La  Davyère... 

»  M"  Rolland  de  Marcé,  escuyer,  eeigneur  de  La  Bouche- 
»  tière^  et  ses  cohéritiers  héritiers  de  deffuncte  Catherine  de 
»  Guybert,  qui  fut  héritière  de  défunct  M^  Georges  de  Guybert, 
»  escuyer,  foy  et  hommaige  simple  pour  raison  de  six  livres 
»  tournoys  de  rente  qu'ilz  ont  droit  de  prendre  sur  le  lieu  de 
»  La  Collinière,  au  jour  et  feste  de  Toussainctz. 

»  Jehan  Liiet,  à  cause  de  sa  femme  Jehanne  Odeau,  foy  et 
»  hommaige  simple  et  deulx  solz  six  deniers  de  service  au 
»  jour  saint  Christofle  pour  le  bordaige  de  La  Dauderie... 

»  Pierre  des  Noyers,  escuyer,  sieur  dudit  lieu  et  de  Poix, 
»  h  cause  de  damoiselle  Magdalene  Leboucher,  son  espouze, 
»  foy  et  hommaige  simple...  pour  raison  de  sa  mestairie  de 
»  Poix  et  ung  vieil  aistre  nommé  le  Petit-Poix,...  ledit  lieu 
y>  de  Poix  scitué  en  laparoissede  Saint-Mars-de-Locquenay.» 
D'après  cet  aveu  de  Thomas  de  Clermont,  la  justice  patibu- 
laire de  Saint-Georges  était  «  sise  en  le  chemin  de  Saint- 
»  Georges  à  Saint-Kalays  et  le  chemin  de  Saint-Georges  à 
»  Venczay  (1)  ». 

Le  8  novembre  de  la  même  année  1581,  c(  maistre  Françoys 
)•)  de  Goaesmes,  escuyer,  messire  Michel  Dionneau  et  messire 
»  Michel  Vérité,  prêtres,  chanoines  de  l'église  collégiale  de 
»  monsieur  Sainct  Julian  de  Pruillé  l'Esguillier  »,  cédèrent 
à  Jeanne  de  Goesmes  la  métairie  de  La  Gonterie  ;  celle-ci 
leur  transporta  en  retour  tous  ses  droits  sur  le  lieu  de  Vieux- 
Moulin  (2). 

§  V. 

Jeanne  deCoesmes  se  remaria  le  17  décembre  1581  (3),  avec 

(1)  Arch.  du  chat,  de  Lucé. 
('2)  Arch.  du  chat,  de  Lucé. 
(3)  Certains  auteurs  placent  ce  mariage  au  1"  janvier  1582, 


—  340  — 

François  de  Bourbon,  prince  de  Conty,  fils  de  Louis  I«''  de 
Bourbon,  prince  de  Coudé,  et  d'Eléonore  de  Roye,  fille  de 
Charles,  sire  de  Roye,  comte  de  Roucy,  et  de  Madeleine  de 
Mailly,  dame  de  Conty.  François  de  Bourbon  était  né  le 
19  août  1558.  Il  fut  souverain  de  Châteauregnault,  chevalier 
des  ordres  du  roi,  gouverneur  d'Auvergne,  de  Paris,  du 
Dauphiné  et  chevalier  du  Saint-Esprit.  Dans  les  actes  de 
l'époque,  la  veuve  de  Louis  de  Montafié,  est  dès  lors  appelée: 
«  Haulte  et  puissante  dame,  madame  Jehanne  de  Coaesmes, 
»  espouse  de  très  hault  et  illustre  prince,  Franczois  de 
»  Bourbon,  chevallier  des  ordres  du  roy,  cappitaine  de  cent 
»  hommes  d'armes  de  ses  ordonnances  (1)  ». 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  retracer  ici  la  vie  du 
prince  de  Conty  et  de  rechercher  dans  les  Mémoires  du 
XVP  siècle  ce  ([\n  a  Irait  à  notre  nouveau  seigneur  de  Lucé 
et  de  Bonnétable.  La  fin  de  ce  chapitre  sera  simplement 
une  nomenclature  analytique  d'actes  concernant  Jeanne  de 
Coesmes,  son  mari,  ou  le  pays  de  Lucé.  Nous  reproduirons 
cependant  dans  leur  entier  quelques  lettres  qui  nous  sem- 
blent intéressantes,  en  ayant  soin  de  n'y  ajouter  que  de  très 
sobres  commentaires. 

1582,  'il  mars,  23  mars,  10  avril.  Le  prince  de  Conty  va 
jouer  au  «  jeu  de  paulme  »  de  Bonnétable  avec  plusieurs 
gentilshommes,  en  particulier  avec  MM.  de  La  Chevalerie  et 
de  Vignolles  (2). 

1582,  22  juin.  Jeanne  de  (Coesmes,  étant  au  château  de 
Bonnétable,  baille  à  ferme,  par  devant  Mathurin  Desportes, 
notaire  audit  Bonnétable,  la  métairie  de  I^a  Remoullière,  pour 
200  livres  par  an,  à  Jean  Barrier,  marchand  laboureur,  en 
présence   de   «    nobles  Jehan   do   Macé,   escuyer,    maistre 

(1)  Arcli.  du  cliùl.  de  Lvicé. 

(2)  «  Parties  pour  présenter  à  i\r.  le  maistre  d'hostel  de  monseigneur  le 
))  prince,  de  la  partie  de  François  Landais,  fermier  du  jeu  de  paulme  de 
»  Bonnestablc  ».  Arch.  du  cliàt.  de  Lucé. 


—  341  — 

y>  d'hostel  »  du  prince  de  Conty,  «  Jean  Jarry,  argentier  de 
»  madame  de  Lucé,  mère  de  ladite  dame  de  Bonnestable,  et 
»  maistre  Estienne  Boyer  ». 

1582,  30  octobre.  «  Le  s""  de  Cangié,  maistre  d'hostel  de 
»  monseigneur  le  duc  d'Alençon,  »  demande  au  roi  le  prieuré 
de  Grandmont,  vaquant  par  la  mort  de  Bernardin  de  Saint- 
François,  évèque  de  Bayeux.  —  M«  Louis  Jousseaulme,  clerc 
du  diocèse  du  Mans,  demande  aussi  le  dit  prieuré  «  en  la 
»  faveur  de  M''  le  prince  de  Conty  ». 

1582,  !20  décembre.  De  Bome.  Paul  de  Foix,  archevêque 
de  Jérusalem,  remercie  madame  de  Lucé  de  ses  compliments 
à  l'occasion  de  sa  promotion.  Il  lui  promet  de  favoriser  de 
tous  ses  moyens  le  futur  évêque  de  Bayeux.  Il  recomman- 
dera aussi  bien  vivement  auprès  du  Saint-Père  les  intérêts 
de  mesdemoiselles  ses  filles. 

1584,  '27  août.  Catherine  de  Médicis,  «  à  ma  cousine  la 
))  princesse  de  Conty. 

«  Ma  cousine,  j'é  entendu  que  le  maréchal  de  Matignon 
»  désire  de  recouvrer  le  évèché  de  Bayeulx  pour  son  second 
»  filz,  je  serès  bien  ayse  qu'il  en  feust  gratifié,  m'assurant 
»  que  en  ce  fesant  que  le  pansions  que  je  mis  dessus  seront 
»  telement  aseurrye  que  ceulx  à  qui  je  leys  e  donné  n'an 
»  seront  en  poyne,  ce  que  je  vous  prye,  car  vous  savez  que  sa 
»  esté  à  cette  condytion  qu'à  voste  requeste  je  balys  Févêché 
»  et  m'aseurent  que  feyré  de  sorte  que  gratifyer  le  dyst 
»  marychal  de  Matignon,  ce  que  je  vous  prye  bien  fort  pour 
»  ay.stre  de  me  bons  amys,  et  ausy  que  la  seureté  sera  pour 
))  les  dys  pansionères,  et  je  sayre  bien  ayse  de  savoyr  que  le 
»  tout  souyt  au  contentement  de  tous  les  partys  et  en  ayant 
»  dist  autant  à  Bonineau  je  m'en  remetre  à  ce  que  plus  parti- 
»  culièrement  il  vous  en  dyra,  et  feyre  fin,  pryant  Dieu  vous 


-    342  — 

»  avoyr  en  sa  saincte  et  dygne  guarde.  De  Chenonceaulx,  ce 
XXIP  d'aoust  1584. 

»  Vostre  bonne  cousine 

»  CATHERINE  (1)  ». 

1585,  26  septembre.  Le  roi  Henri  HI  au  prince  de 
Conty. 

»  Mon  cousin,  j'ay  reçeu  vostre  lettre  du  '29"  jour  d'aoust 
»  dernier  passé,  que  Boneau  m'a  baillée,  sur  la  quelle  je  vous 
»  respondray  quant  à  la  requeste  que  me  faictes  touchant 
»  l'évesché  de  Bayeux,  duquel  celluy  qui  s'en  trouve  à  pré- 
y>  sent  pourveu  l'a  esté  en  vostre  faveur,  que  quand  il  viendra 
»  à  vacquer  par  son  trespas  j'auray  en  cela  bonne  souve- 
»  nance  de  vous  en  gratifier  tel  personnaige  que  me  vouldrez 
»  présenter  à  ceste  effect,  sans  qu'il  soit  besoing  de  l'expédi- 
»  tion  du  brevet  de....  que  me  demandez.  Et  sur  ce  faisant 
»  fin,  je  supplieray  le  Créateur,  mon  cousin,  qu'il  vous  aict 
»  en  sa  sainte  garde. 

»  Escript  à  Paris,  le  26"  jour  de  septembre  1585. 

»  HENRY. 

»  BRULARD  (2)  ». 

1585,  27  octobre.  Le  prince  de  Conty  et  sa  femme  «estant 
»  de  présent  en  leur  chastel  de  Lucé  »  donnèrent  procura- 
tion générale  «  à  noble  François  de  Bonysseau,  conseiller  et 
»  superintendant  de  leurs  maison  et  affaires  »,  par  devant 
«  Estienne  Reffoul,  notaire  royal  ;ui  [)ays  et  comté  du  Maine, 
»  demeurant  en  la  ville  de  Lucé,  en  présence  de  noble  Jehan 

(1)  Arch.  du  rliàt.  do  Lucé. 

(2;  Arcli.  du  chàl.  de  nonnétablo.  Papiers  Picl. 


—  343  — 

•>•)  de  Macé,  escuier,  s''  de  Noes,  maître  d'hostel  du  prince  de 
»  Conty,  Anthoine    Leroy,    son   secrétaire,   et  Jehanne   de 

»  Macé  (1)  )\ 

La  tranquillité  à  Bonnétable  et  aux  environs  n'existait 
guère  en  1585.  Dans  un  compte  de  fabrique  de  Saint- 
Georges-du-Rosay,  de  cette  année,  il  est  dit  que  le  procureur 
avait  baillé  à  JuUian  Levasseur,  Loys  Drouin  et  Hierosme 
Lapoustouère,  marguilliers,  20  francs  pour  aller  à  Saint- 
Denis-des-Goudrais  prier  le  capitaine  «  de  compagnies  de  gens 
»  d'armes  y  estans  de  ne  venir  loger  audit  Saint-Georges  ». 
Le  même  procureur  exprime  plus  loin  ses  craintes  à  l'égard 
des  Huguenots  :  «  Item,  ayant  entendu  ceulx  de  la  nouvelle 
»  opinion  se  vouloir  eslever,  auroit  osté  la  croix  et  autres 
»  précieux  joyaulx  de  ladite  église  de  Saint-Georges  et  les 
»  auroit  transportés  et  fait  transporter  en  lieu  de  seureté, 
»  pour  laquelle  vacation  et  de  ceulx  qui  l'auroient  assisté 
»  demande  20  f.  (2)  ». 

1587,  16  juillet.  «  Par  devant  Loys  Roze  et  François 
»  Croiset,  notaires  du  roy  au  Chastelet  de  Paris,  nobles 
»  hommes  Franczois  Lejeune,  seigneur  de  Malerbe,  demou- 
»  rant  à  Folet,  parroisse  de  Saint-Pierre-du-Lorouer,  pais 
»  de  Touraine,  et  Ghristofle  Jacquart,  secrétaire  de  monsei- 
»  gneur  et  madame   de  Conty,  comme  procureurs  desdits 

»  seigneur    et    dame, assistez    de    messire    Loys    de 

»  Vaudetard,  chevalier  de  l'ordre  du  roy,  chambellan  de  la 
»  maison  des  dits  seigneur  et  dame,  de  Francoys  de  Bréville, 
»  escuyer,  maistre  d'hostel  d'iceulx  seigneurs,  et  de  maître 
»  Vincent  Mustel,  advocat  en  la  court  de  Parlement,  estant 
»  de  leur  conseil  »,  vendent  «  à  noble  homme  et  saige 
»  maistre  Pierre  du  Lac,  aussy  advocat  en  ladite  court  de 
»  Parlement,  demeurant  à  Paris^   rue   de  Bussy,   les  fiefs, 

(1)  Arch.  du  chat,  de  Lucé. 

(2)  Pap.  Pie]. 


—  344  — 

y>  terres  et  seigneuries  de  Coulon  et  Villeperdue,  assizes  au 
»  pays  de  Berry  »,  qui  avaient  été  affermés  le  13  juin  1582, 
((  par  feue  haulte  et  puissante  dame  Anne  de  Pisseleu  (1)  ». 

La  bataille  de  Coutras  eut  lieu  le  20  octobre  1587.  Toutes 
les  troupes  de  l'armée  protestante  étant  réunies,  le  roi  de 
Navarre  dit  à  ses  cousins  qui  l'entouraient,  le  prince  de 
Condé,  le  prince  de  Gonty  et  le  comte  de  Soissons  : 
((  Messieurs,  je  n'ai  qu'une  chose  à  vous  dire  :  Souvenez- 
»  vous  que  vous  êtes  de  la  maison  de  Bourbon.  Vive  Dieu  ! 
»  je  vous  ferai  voir  que  je  suis  votre  aine  !  —  Et  nous  vous 
»  montrerons  que  nous  sommes  de  bons  cadets,  répondit 
»  Condé  (2).  » 

1588,  28  novembre.  Procuration  portant  que  René  de 
Boislanfray,  escuyer,  seigneur  de  Fontaine,  «  ne  pouvant 
»  comparoir  en  personne  pour  sa  maladye  »,  avait  nommé 
et  constitué  comme  son  procureur,  M'^  Charles  Huger,  avocat 
à  Lucé,  pour  faire  et  jurer  deux  fois  et  hommages  simples  au 
prince  de  Conty,  l'une  pour  Fontaine,  l'autre  pour  sa  terre, 
fief  et  seigneurie  du  Perray. 

1588,  28  novembre.  Olivier  du  Bouchet,  écuyer,  seigneur 
de  Roziers,  confesse  être  «  homme  de  foy,  vassal  et  subject  » 
du  prince  de  Conty,  pour  raison  des  terres  et  seigneuries  de 
Roziers  et  du  Petit  Vauboyer. 

1588,  29  novembre.  Charles  de  Pontavice,  écuyer,  seigneur 
de  Courbéon,  rend  foi  et  hommage  simple  au  prince  de 
Conty,  à  cau-c  do  Courbéon. 


^VI. 


L'année  158!)  devait  voir  s'accomplir  des  événements 
remarquables  dans  le  Maine.  Le  plus  important  i\il  la  prise 
du  Mans  par  Henri  IV.  Avant  le  2  décembre,  date  de  ce  fait 

(1)  Ardi.  du  chat,  de  Lucé. 

(2)  Hitit.  des  princes  de  Coudé  par  le  duc  dAumule,  l.  Il,  p.  17*2. 


—  345  — 

d'armes,  notre  province  fut  parcourue  par  de  nombreuses 
compagnies  et  mise  au  pillage  par  des  soudarts  tant  royalistes 
que  ligueurs.  Lucé  ne  fut  pas  épargné  ;  les  registres  parois- 
siaux en  font  foi  :  «  Le  mardi  17  mai  1589,  lit-on  dans  l'un 
»  d'eux,  se  départit  de  ce  lieu  l'armée  de  monseigneur  le  duc 
»  de  Maienne  par  luy  conduite,  qui  y  séjourna  par  deux 
»  jours,  et  fist  grand  et  tel  pillage  en  ceste  ville,  paroisse  et 
»  lieux  prochains,  qu'il  ne  peust  estre  estimé  ;  et  mourut  en 
»  une  marnière  à  la  Guinevaudière  quatre  hommes  suffoquez 
»  par  l'air  enclos  dedans,  un  soldart,  Francoys  Gigout  et  son 
»  filz  et  un  aultre  incogneu  ».  Le  duc  de  Mayenne  revenait 
de  Tours  où  il  avait  subi  un  échec  ;  le  même  jour  il  était  au 
Mans  et  laissait  en  passant  à  Bois-Dauphin  quelques  secours 
et  sept  pièces  de  canon.  Les  hgueurs  étaient  alors  tout-puis- 
sants dans  le  Maine  ;  l'autorité  du  prince  de  Conty,  nommé 
gouverneur  de  la  province  par  le  Béarnais,  y  était  à  peu  près 
nulle.  Nous  trouvons  dans  les  papiers  de  F.  Piel  que  le  roi 
Henri  IV  vint  à  Lucé  en  novembre  avant  d'assiéger  Le  Mans. 
Les  registres  paroissiaux  sont  muets  à  ce  sujet  ;  ils  ne  consta- 
tent que  l'entrée  d'un  nommé  Saco  dans  la  ville,  le  10  octo- 
bre 1589. 

Pendant  les  années  1589  et  1590,  le  prince  de  Conty  et  sa 
femme  adressèrent  à  M.  de  La  Forterie,  (probablement 
Michel  du  Bouchet)  qui  avait  été  chargé  de  la  garde  du 
monastère  de  Château-l'Hermitage,  les  lettres  suivantes  : 

1589,  '26  octobre.  De  Tours.  Jeanne  de  Goesmes  àM.  de  La 
Forterie. 

«  Mons'"  de  La  Forterie,  j'ay  preveu  longtemps  y  a  que  les 
»  moynes  de  Ghasteaux  (1)  reduiroient  leur  abbé  en  Textré- 
»  mité  où  ilz  puisent  l'avoir  reduict  et  le  mettre  en  despence 
»  par  moyen  de  la  garnison  qu'ilz  poursuyvent  d'y  establir. 
»  Vous  qui  estes  homme  de  jugement  et  faictes  profession 

(1)  Chàteau-l'Hermitage. 


346 


»  d'honneur,  jugez  bien  que  ce  n'est  à  aultres  fins,  veu  qu'es- 
»  tans  ecclésiastiques  il  n'y  a  point  de  propos  qu'ilz  doibvent 
»  entrer  en  ombraige  de  ceulx  de  la  Ligue  qui  ne  touchent 
»  rien  de  ce  qui  est  destiné  pour  le  service  de  l'église,  non 
»  plus  aussy  de  ceulx  qui  tiennent  le  party  du  Roy,  pour  le 
»  respect  de  nous.  C'estoitbien  acez  à  gens  qui  ne  demandent 
»  que  de  vivre  en  bons  relligieux  et  en  seureté  de  leurs  per- 
)>  sonnes  que  vous  commandissiez  en  leur  maison,  estans 
»  digne  de  commander  en  plus  grandes  et  plus  fortes  qu'elles 
»  n'est.  Il  n'est  pas  possible  que  monsieur  de  Chatelliers, 
»  mon  cousin,  puisse  trouver  bons  tous  ces  deportemens  et 
»  n'aura  guères  d'obligacion  à  ceulx  qui  sont  cause  de  ces 
»  désordres  et  qui  se  servent  de  l'injure  du  temps  à  travailler 
»  le  monde  et  acquérir  des  ennemys,  n'ayant  esté  faict 
»  aulcune  entreprise  sur  eulx  ny  occasion  qui  les  presse  de 
»  mettre  sy  forte  garnison  en  leur  maison.  Il  n'y  a  point  de 
y  double  que  vous  ne  soiez  trouvé  plus  agréable  que  nul 
»  aultre  quant  les  choses  iront  selon  l'ordre  qu'elles  doibvent 
»  aller,  m'asseurant  tant  de  vostre  prudence  et  discrétion  que 
»  ne  vouldriez  favoriser  ny  vous  rendre  chef  à  l'exécution 
»  des  conseilz  et  délibérations  sy  préjudiciables  au  bien  delà 
»  dite  abbaye,  le  revenu  de  laquelle  n'est  destiné  pour  servir 
y>  aux  gens  de  guerre  ny  pour  y  nourir  la  confusion  qui  le 
»  suyvrait  d'un  tel  desbordement.  Mon  dit  cousin  sera  bien 
»  mary  d'entendre  ses  fascheuses  nouvelles  et  que  les  dits 
»  relligieux  ayent  retranché  les  aulmosnes  acoustumées  ;  ce 
y>  ne  seroit  pas  œuvres  de  piété.  Hz  poursuivent  le  fermier  à 
»  ce  que  j'ay  entendu  par  peynes  et  emprisonnement  de  sa 
»  personne;  la  fin  fera  congnoistre  leurs  intantions  et  donnera 
»  contantement  à  ceulx  qui  auront  bien  faict  et  regret  aux 
■i>  aultres  d'avoir  pris  peyne  pour  se  mettre  en  mal  aise  et 
»  offenser  les  amys  et  voysins  qui  ont  moyen  de  se  resantir 
»  du  bien  ou  du  mal  qu'ilz  auront  receu.  Et  vous  plaise 
»  prendre  la  peyne  d'y  establir  quelque  bon  ordre  au  meilleur 
»  mesnaige  qui  se  pourra.   Ne  doui)lcz  pas,  monsieur  de  La 


-  347  — 

y>  Forterye  que  soyez  bien  avoué  sans  soufrir  que  le  dit  ter- 
»  mier  soit  plus  longuement  travaillé  ny  tiré  en  procès  au 
))  Mans,  car  vous  estes  trop  honneste  homme  de  penser  que 
-y)  monsieur  mon  cousin  veulle  permettre  qu'il  y  aille  plaider. 
»  La  consiance  de  vostre  honnesteté  et  de  l'amitié  que  nous 
»  portez  ne  me  permet  faire  ceste  lettre  plus  longue  que 
»  pour  prier  Dieu,  monsieur  de  La  Forterye,  vous  avoir  en  sa 
»  garde. 

»  Vostre  bien  affectyonné  amye 

»  La  princesse  de  CONTY. 

»  A  Tours,  ce  XXVI'^  jour  d'octobre  1589.  » 

Lettre  non  datée  de  Jeanne  de  Coesmes  à  «  M.  de  La 
»  Forterye  gouverneur  de  Chasteaulx  (1)  à  Chasteaulx  ». 

«  Mons'"  de  La  Forterie,  j'eusse  desjà  faict  response  à  vos 
»  deux  lettres  que  nostre  bailly  de  Lucé  m'a  envoyé  n'eust 
»  esté  que  j'attendoys  trouver  quelque  expedyant  pour  satis- 
»  faire  à  la  cryrye  des  moines  de  Chasteaulx  qui  me  semble 
»  n'estre  à  autres  fins  que  pour  raectre  l'abé  en  despence, 
»  n'y  ayant  point  d'apparence  qu'ilz  doibvent  craindre  ceux 
»  de  la  Ligue  tant  qu'ilz  ne  font  point  la  guerre  aux  ecclé- 
»  siastiques  moins  encores  ceulx  du  party  du  Roy  auquel  n'y 
»  a  homme  qui  ne  respecte  les  domaines  de  Monsieur,  mon 
))  mary,  et  tout  ce  qui  sera  advoué  de  lui  et  en  sa  protection. 
»  Nous  ne  sommes  pas  sy  destituez  de  moyens  que  ne  puys- 
»  sions  prandre  ny  avoir  revanche  des  bons  offices  et  cour- 
»  toysie  qu'on  nous  faict  et  à  nos  amys  en  nostre  considéra- 
»  cion,  remectant  le  tout  à  vostre  prudence  et  bon  jugement 
)^  pour  en  user  ainsy  que  verrez  bon  estre.  Si  les  relligieux 
»  ont  tel  zèle  qu'ilz  doibvent  avoir  à  leur  honneur  et  à  la 
»  conservacion  de  leur  maison,    il    me  semble   qu'ilz  sont 

(1)  Cliàteau-l'Hermitage. 


348 


»  assez  fortz  pour  empescher  les  desseings  des  meschans. 
»  Néanmoings  je  leur  feray  accorder  xx  livres  par  moys  pour 
»  la  dite  garde.  Quant  à  vous,  monsieur  de  La  Forterye,  je 
»  vous  prye  croyre  que  mondit  sieur,  mon  mary,  et  moy  scau- 
»  rons  bien  recongnoistre  le  plaisir  que  nous  ferez,  n'estant 
»  nostre  intention  que  personne  du  monde  perde  avec  nous. 
»  Tout  le  contantement  que  nous  en  espérons  ce  sera  par 
y>  vostre  moyen.  Faictes  y  donc,  je  vous  prye,  ce  que  jugerés 
»  estre  de  nécessité  et  croyez  que  en  tout  ce  qui  touchera 
»  vostre  particullier,  bien  et  advancement,  vous  verrez  par 
»  efîect  combien  je  suys 

»  V''^  bien  affectyonnôe  amye. 

»  La  princesse  de  CONTY  (1). 

»  Monsieur  de  La  Forterye,  je  vous  recommande  encore 
»  une  fois  sest  aftayre;  je  ne  puys  vous  celler  le  mécontante- 
»  ment  que  j'ay  de  se  que  les  moynes  s'opynyatrent  à  se  quy 
»  est  contre  toute  rayson.  y> 

4590,  0  février.  De  Bonnétable.  Le  prince  de  Conty  à 
»  Monsieur  de  La  Forterye  à  Chasteau. 

«  Monsieur  de  La  Forterye,  oultre  l'affection  que  je  scay 
»  vous  avès  tou-sjours  porté  à  ce  quy  me  touche,  je  vous 
»  priray  de  voulloir  tenir  la  main  à  ce  qui  est  de  mon  parti- 
»  cullier  interest  pour  le  prieuré  de  Gha.steau,  duquel  je  vous 
»  prye  ne  permettre  l'entrée  à  quelque  personne  que  se  soit 
»  qui  ne  soit  serviteur  du  roy  monseigneur,  affin  que  les 
y>  pernicionx  desseings  de  quel([ues  factieux  qui  y  sont  à 
»  présent  no  puissent  nuyre  à   nos   affaires,  vous   a.sseurant 


(1;  Cette  sigualuio  et  le  posl-sciiptum  soiil   de   lu   niaiu  do    Jeanne  de 
Goesmes. 


—  349  — 

»  qu'en  aultre  occasion  vous  me  trouvères  aultant  bien  dis- 
»  posé  à  le  recognoistre  que  le  scaurez  désirer  de 

»  Votre  plus  affectionné  amy, 

»  François  de  BOURBON. 

))  Bonnestable  le  vi^  febvrier  1590  ». 

1590,  !«'■  avril.  De  Bonnétable.  Jeanne  de  Coesmes  à  M.  de 
La  Forterie. 

«  Monsieur  de  La  Forterye.  J'ay  esté  advertye  par  monsieur 
»  de  Rembouillet  du  malheur  qui  est  arivé  à  Chasteaux.  Il 
»  me  semble  que  je  debvoys  en  estre  au.ssi  tost  avertye  par 
»  vous  qui  este  là  pour  commander.  J'ay  tousjours  espéré 
»  que  auriez  seing  de  la  conservation  de  la  place  comme  nous 
»  en  avez  tousjours  asseuré  monsieur  mon  mary  et  moy, 
»  par  vos  lettres,  aussy,  qu'elle  vous  sert  de  retraite.  Je  vous 
»  prye,  monsieur  de  La  Forterye,  me  mander  si  c'est  chose 
»  que  ne  voulliez  continuer  par  ce  que  je  avizeroys  d'en  faire 
»  aultre  chose  et  y  mettre  personne  qui  en  puisse  respondre, 
»  comme  je  feré,  incontinant  ayant  receu  votre  response,  et 
»  vous  prye  que  ce  soyt  par  ce  porteur  ,  me  recommandant 
»  à  vos  bonnes  grâces.  De  Bonnestable,  ce  premier  jour 
»  d'apvril  1590. 

»  Jeanne  de  COESMES. 

»  Je  vous  prye,  par  ce  que  je  suys  pressée  des  gouverneus 
»  de  donner  ordre  en  sette  place,  me  fèré  mander  si  en  voul- 
»  lès  respondre  parce  qu'aussi  tost  votre  responce  ouye  j'y 
»  mettray  quelqu'un  quy  m'an  assurera  s'il  ne  vous  plaist  y 
»  antandre  (1). 

(!)  Ce  post-scriptum  est  de  la  main  de  Jeanne  de  Coesmes  ainsi  que  la 
signature. 


350 


1590,  21  juillet.  Jeanne  de  Goesmes  à  «  M.  de  La  Forterie, 
»  à  Chasteaux  ^). 

«  Monsieur  de  La  Forterie,  j'ay  receu  la  lettre  que  m'avez 
))  escrite,  et  pour  response  à  icelle  je  vous  diray  que  mon- 
»  sieur  mon  mary  et  moy  ne  sommes  nullement  délibérez 
»  d'entretenir  des  soldats  pour  la  conservation  de  la  maison 
»  de  Chasteaux  parce  que  nous  n'avons  nul  moïen  de  satis- 
»  faire  aux  fraiz,  quant  à  présent,  joint  l'asseurance  des  reli- 
»  giôux  que  nous  avons  là  dedans,  et  si  pour  vostre  commo- 
»  dite  il  vous  plaist  d'y  demeurer  nous  serons  bien  aizes  que 
»  vous  y  conserviez  comme  vous  avez  fait  par  le  passé,  et 
»  pour  la  peine  que  vous  y  avez  prise  si  nous  avons  moïen 
»  de  la  recognoistre  nous  nous  y  emploirons  de  la  même 
»  affection,  laquelle  vous  me  trouverez  tousjours  en  toutes 
»  occasions. 

»  Votre  bien  affectyonnée  amye. 

»  Janne  de  COAESMES  (1). 

Le  23  février  1592,  le  prince  de  Gonty,  «  lieutenant- 
»  général  pour  le  roi...  es  armées  de  Poitou,  Anjou,  Touraine, 
»  le  Maine,  Berry,  Blaisois,  Vendo.smois,  Dunois,  hault  et 
»  bas  Limousin,  le  grand  et  le  petit  Perche  »,  donna  une 
sauvegarde,  datée  du  «  camp  de  Bonnestable  »,  à  Charles 
de  Chambes,  comte  de  Montsoreau,  mari  de  Françoise  de 
Maridort  (2). 

La  bataille  de  Craon  eut  lieu  le  23  mai  de  la  même  année. 
Les  princes  de  Conty  et  de  Bombes  y  commandaient  l'armée 
royale  qui  fut  battue  par  le  duc  de  Mercœur  et  Bois- 
Dauphin  (3). 

(1)  Signature  aiitograplio. 

(2)  Cliartrici-  de  Sourches.  Fonds  Montsoreau. 

(3)  A.  Ledru^  Urbain  de  Laval  Bois-Dauphin,  ji.  iO  et  suiv. 


351  — 


VII. 


Dans  ce  dernier  paragraphe,  nous  continuerons  à  donner 
l'analyse  d'actes  conservés  aux  archives  du  château  de 
Lucé.  Ensuite,  nous  terminerons  cette  deuxième  partie  des 
Coesmes,  par  le  décès  de  Jeanne,  dernière  de  son  nom  à 
Lucé,  et  la  mort  de  François  de  Bourbon. 

1590,  10  juillet.  François  de  l'Espervier,  écuyer,  seigneur, 
à  cause  de  sa  femme,  du  lieu  et  métairie  de  La  Chasse- 
loyère,  paroisse  de  Villaines-sous-Lucé,  ofire  de  faire  foi  et 
hommage  simple  au  prince  de  Conty,  pour  raison  de  sa 
baronnie  de  Lucé. 

1593,  8  octobre.  Par  devant  Macé  Aulbin,  notaire  juré  en 
la  cour  du  roi  à  Tours,  nobles  hommes  Charles  Bouet,  sieur 
de  La  Noue,  et  Michel  du  Tertre,  demeurant  à  Lucé,  procu- 
reurs de  hault  et  puissant  seigneur  monseigneur  François 
de  Bourbon,  prince  de  Conty,  et  de  très  haute  et  puissante 
dame,  madame  Jehanne  de  Coesmes,  son  épouse,  vendent 
à  «  damoyselle  Christophlette  du  Mesnil,  veufve  de  feu 
»  Adrian  de  Fromentières,  vivant,  escuyer,  sieur  des  Estangs 
»  l'Archevesque,  représentée  par  Nicolas  Aliot,  marchant, 
»  demeurant  à  Saint  Vincent  du  Lorouer,  un  pré  nommé  le 
»  pré  de  l'Arche,  situé  dans  la  paroisse  de  Saint-Vincent  »  et 
autres  choses,  pour  450  écus  soleil. 

1594,  7  février.  Otïre  de  foi  et  hommage  au  prince  de 
Conty,  par  Pierre  des  Noyers,  écuyer,  mari  de  Renée  de 
Boislanfray,  pour  les  lieux  du  Verger,  La  Goupillière,  Fon- 
taines et  Le  Perray. 

1594,  6  mai.  Procuration  par  Charles  Le  Camus,  écuyer, 
mari  de  demoiselle  Marguerite  Le  Chesne ,  seigneur  du 
lieu  de  La  Corbinière,  en  la  paroisse  de  Villaines,  pour  faire 
foi  et  hommage  au  prince  de  Conty,  pour  raison  du  lieu  de 
La  Corbinière. 

1595,  17  mai.    Marguerite  de  Pontavice,   fille  aînée  et 


352 


principale  héritière  de  défunt  Charles  de  Pontavice,  écuyer, 
seigneur  «  de  Corbuon  »,  se  transporte  au  château  de  Lucé  pour 
trouver  monseigneur  le  prince  de  Conty  afin  de  lui  rendre  foi 
et  hommage  à  cause  de  la  terre  et  seigneurie  «  de  Corbuon  ». 

1595,  9  décembre.  Damoiselle  Ambroise  de  Clcrmont , 
héritière  de  messire  Thomas  de  Glermont,  vivant;,  chevalier, 
seigneur  de  Saint-Georges,  olïre  foi  et  hommage  au  prince 
de  Conty,  pour  raison  de  la  terre  de  Saint-Georges. 

1597,  28  juillet.  Demoiselle  Elisabeth  de  La  Chastaigneraie, 
veuve  de  Charles  de  Pontavice,  <(  seigneur  de  Corbuon  »,  offre 
foi  et  hommage  au  prince  de  Conty. 

1597,  5  novembre.  François  Danguy,  avocat  au  Mans , 
procureur  de  dame  Jacqueline  de  Montigny,  jure  foi  et 
hommage  à  François  de  Bourbon,  à  cause  de  sa  baronnie  de 
Lucé,  pour  la  terre  et  seigneurie  de  La  Ratelière,  à  Saint- 
Mars-d'Outillé. 

1598,  9  septembre.  Messire  Hardouin  de  Glermont  com~ 
paraît  en  personne  au  château  de  Lucé,  où  était  monseigneur, 
pour  lui  offrir  foi  et  hommage  pour  raison  de  la  terre  et 
seigneurie  de  Saint-Georges. 

1599,  31  mars.  Messire  Eustache  de  Conflans  offre  foi  et 
hommage  au  baron  de  Lucé  pour  raison  du  lieu,  terre  et 
seigneurie  de  La  Ratelière. 

1599,  3  avril.  Dame  Louise  de  Villiers  fait  foi  et  hommage 
pour  la  même  terre. 

1601,  5  avril.  Charles  de  Piart,  écuyer,  seigneur  de  La 
Bellangerie,  offre  foi  et  hommage. 

1001,  10  avril.  M'^  Pierre  Garanger ,  prêtre,  curé  de 
Saint-Pierre-de-la-  Cour,  seigneur  du  fief  de  La  Pimpardière 
en  Villaines,  olïre  foi  et  hommage. 

1001,  5  juillet.  Procuration  de  Jacques  de  Lelï'e,  écuyer, 
seigneur  de  Vaux-le- Vicomte,  à  Louis  de  Leffe,  son  fils, 
pour  faire  foi  et  hommage  au  prince  de  Conty,  pour  raison 
de  la  terre  et  seigneurie  de  A^aux. 

1001,  11  décembre.   Procuration  de  Charles  de  Brissart, 


—  353  — 

écuyer,  à  Jacques  Barreau  «  pour  comparoir  au  chasteau  de 
»  Lucé,  devant  monseigneur  le  prince  ou  messieurs  ses 
))  officiers,  pour  faire  et  jurer  la  foy  et  hommaige  à  mon- 
»  seigneur  pour  la  terre  et  seigneurie  de  Challes  » . 

Jeanne  de  Coesmes  avait  donné  deux  filles,  Urbaine  et 
Anne,  à  son  premier  mari,  Louis  de  Montafié.  Son  second 
mariage  avec  le  prince  de  Conty  demeura  stérile. 

La  dame  de  Bonnétable  et  de  Lucé,  dernier  rejeton  direct 
de  Brisegault  de  Coesmes.  mourut  le  26  décembre  1601. 
«  Ces  jours  derniers  de  décembre  1601  (disent  les  Registres 
»  paroissiaux  de  Dehault)  décéda  noble  dame  Jehanne  de 
»  Coaysme,  mère  de  dame  Anne  de  Montafié,  dame  de 
»  Bonnétable,  épouse  de  François  de  Bourbou,  prince  de 
»  Conty  (1).  y> 

François  de  Bourbon  ne  mourut  que  le  3  août  1614,  après 
avoir  pris  en  secondes  noces,  en  1605,  Louise-Marguerite  de 
Lorraine,  fille  de  Henri  I,  duc  de  Guise.  «  Il  était  bègue, 
»  sourd  et  de  plus  atteint  d'un  tremblement  nerveux.  Il  avait 
»  dû  à  son  rang  plutôt  qu'à  son  mérite  la  lieutenance- 
»  générale  de  toutes  les  provinces  dont  la  Touraine  était  le 
»  centre.  Cependant  la  bravoure  se  trouvait  au  fond  de 
»  cette  nature  incomplète,  et  il  y  avait  dans  ses  veines  une 
»  goulte  de  ce  sang  de  Condé  qui  allait  atteindre  sa  plénitude 
»  d'expansion  sous  le  règne  de  Louis  XIV  ('i).  » 

Le  portrait  de  Jeanne  de  Coesmes  a  été  exécuté  par  un 
peintre  de  la  famille  des  Quesnel  (3). 

V.  ALOUIS.       A.  LEDRU. 

(1|  Papiers  Piel. 

(2)  André  Joubert,  Etude  sur  les  misères  en  Arijoii,  p.  182. 

(3;  «  Portrait  de  Jeanne  de  Coesmes,  princesse  de  Conty,  à  mi-corps, 
»  tournée  à  droite.  Médaillon  ovale.  Autour,  le  nom.  En  bas,  quatre  vers: 
»  Ce  portrait  plain  d'honneur,  etc.  Thomas  de  Leu  sculpsit.  —  Quesnel, 
»  pinxit.  »  Les  Monuments  de  l'Histoire  de  France,  Hennin^  10*  vol. 
p.  275. 

XXIV.     23 


CHRONIQUE 


Depuis  la  publication  de  la  dernière  livraison,  le  Conseil 
de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Maine,  a  admis: 

4"  Comme  membres  titulaires  : 

MM.  De  CHAMILLART  DE  LA  SUZE  (le  comte),  au  château 
du  Plessis,  par  Noyen  (Sarthe). 
LIGER,  ancien  Inspecteur  divisionnaire  de  la  voirie 
de  Paris,  déjà  membre  associé. 

2»  Comme  membre  associé  : 

M.  TALVANDE  DE  MAUNY  (Maurice),  rue  Chanzy,  5,  au 
Mans. 


Dans  une  de  ses  dernières  séances,  le  Conseil  a  décidé 
d'accorder  le  patronage  de  la  Société,  pour  l'année  1888, 
aux  ouvrages  suivants  : 

Le  Siège  de  La  Ferté-Bernard  en  ioOO,  publié  par  M.  G. 
Fleury,  un  volume  grand  in-8. 

Recherches  historiques  sur  Saint-Léonard-des-Bois  et 
Saint- Paul- le- Gaultier  (canton  de  Fresnay),  par  M.  Moulard, 
un  volume  in-8. 


—  355  — 

Conformément  aux  articles  16  et  17  de  nos  statuts,  les 
fondateurs  et  les  membres  titulaires  se  sont  engagés  à 
souscrire  à  un  exemplaire  de  ces  ouvrages.  Une  circulaire 
adressée  à  chacun  d'eux,  annoncera  ultérieurement  l'appa- 
rition des  deux  volumes  et  les  conditions  spéciales  faites  à 
nos  confrères. 

Nous  espérons,  en  outre,  pouvoir  mettre  en  distribution, 
d'ici  peu,  l'introduction  et  les  tables  du  Cartulaire  de  Saint- 
Vincent,  que  notre  confrère,  M.  le  vicomte  d'Elbenne,  ter- 
mine en  ce  moment. 


Une  nouvelle  intéressante  nous  arrive  de  Laval. 

La  Commission  historique  et  archéologique  de  la  Mayenne, 
fondée  en  1878  et  qui  n'avait  pu,  jusqu'ici,  par  suite  de  la 
modicité  de  ses  ressources,  publier  que  tous  lus  deux  ans 
environ  un  volume  de  Procès-verhaux  et  Documents,  annonce, 
à  partir  du  l"''  janvier  1889,  la  publication  régulière  d'un 
Bulletin  trimestriel,  formant  chaque  année  un  volume  in-8. 

Cette  amélioration  est  due  à  la  bienveillance  du  Conseil 
général  de  la  Mayenne  qui  a  augmenté  récemment  le  chiffre 
de  la  subvention  allouée  à  la  Commission,  et  aussi  à  la  libé- 
ralité d'un  de  nos  confrères,  M.  A.  Joubert,  qui  a  offert 
généreusement  un  don  annuel  de  500  francs. 

La  Commission  reste,  comme  par  le  passé,  une  Commis- 
sion administrative,  composée  de  membres  titulaires  et  de 
membres  correspondants,  nommés  par  arrêtés  de  M.  le 
Préfet  de  la  Mayenne,  mais  afin  de  propager  le  goût  des 
études  historiques,  il  a  été  décidé  que  les  particuliers 
pourraient  s'abonner  au  nouveau  B^(llelin. 

Cette  décision  de  la  Commission  historique  et  archéolo- 
gique de  la  Mayenne,  nous  apporte  une  nouvelle  preuve  du 
développement  que  prennent  chaque  jour,  dans  notre  région, 


—  356  — 

les  études  historiques,   favorisées  et  encouragées    depuis 
treize  années  déjà  par  notre  'Société. 


Les  travaux  de  restauration  qui  s'exécutent  en  ce  moment 
dans  la  nef  de  la  Couture,  viennent  de  mettre  en  relief  deux 
magnifiques  chapiteaux,  empâtés  jusqu'ici  sous  une  épaisse 
couche  de  badigeon. 

Ces  chapiteaux  sont  situés  du  côté  de  l'Evangile  ;  ils 
appartiennent  à  la  dernière  époque  du  roman,  ou  mieux  à 
l'époque  de  transition,  et  certains  détails  sont  déjà  gothiques. 

Le  premier  groupe,  placé  au-dessus  de  la  chaire,  présente 
un  admirable  ensemble  de  volutes,  de  feuilles  d'acanthe  et 
d'enroulements,  fouillés  à  jour  avec  une  étonnante  habileté, 
dans  un  bloc  de  pierre  de  Bernay.  Le  second  groupe  repro- 
duit une  scène  symbolique  :  des  oiseaux,  au  long  bec,  qui 
viennent  se  prendre  dans  les  filets  d'un  chasseur,  derrière 
lequel  est  perché  un  énorme  hibou,  d'une  facture  très 
remarquable. 

Ces  deux  morceaux  de  sculpture  qu'on  ne  peut  attribuer 
qu'à  des  artistes  de  premier  ordre,  ont  été  moulés  par  les 
soins  de  notre  confrère  M.  Pascal  Vérité,  architecte  diocé- 
sain, et  nous  espérons  qu'un  jour  leur  reproduction  prendra 
place  au  musée  du  Trocadôro,  au  milieu  des  chefs-d'œuvre 
de  la  sculpture  du  Moyen  âge. 

Fait  intéressant  à  noter  :  les  deux  côtés  de  la  nef  de  la 
Couture  présentent,  comme  construction,  des  différences 
très  notables.  Le  côté  de  l'Evangile,  où  se  trouvent  les  cha- 
piteaux dont  nous  parlons  plus  haut,  est  bâti  en  excellente 
pierre  de  Bernay,  tandis  que  le  côté  opposé,  celui  des 
cloîtres,  est  construit  en  pierres  d'une  qualité  inférieure  et 
d'une  provenance  difficile  à  déterminer. 


—  357  - 

On  se  rappelle  qu'il  y  a  dix-huit  mois  environ,  un  certain 
nombre  d'archéologues  du  département  s'étaient  émus  de 
nouveau  de  l'extrême  lenteur  apportée  à  la  restauration  de 
plusieurs  verrières  anciennes  de  la  cathédrale  du  Mans  (1). 
Envoyées  à  Paris  depuis  de  longues  années,  ces  verrières 
n'avaient  pas  repris  la  place  qu'elles  devaient  occuper  , 
et  leur  présence  était  signalée,  en  1886,  au  grand  étonne- 
ment  des  Manceaux,  dans  les  collections  du  musée  des  Arts 
Décoratifs. 

Ce  fait  avait  soulevé  des  protestations  dont  la  presse 
locale  s'était  fait  l'écho,  protestations  bien  naturelles  après 
l'enlèvement  si  regrettable  d'un  riche  et  magnifique  vitrail 
à  La  Ferté-Bernard.  De  son  côté,  interprète  fidèle  de  tous 
ceux  qui  s'intéressent  aux  richesses  artistiques  de  notre 
région,  la  Commission  des  Monuments  historiques  de  la 
Sarthe  avait  émis  officiellement  le  vœu  que  les  verrières  en 
question  soient  replacées  à  la  cathédrale  dans  le  plus  bref 
délai  possible. 

Transmis  par  M.  le  Préfet  de  la  Sarthe  à  M.  le  Ministre 
des  Beaux-Arts,  ce  vœu  est  aujourd'hui  réalisé  en  partie. 

Il  y  a  quelques  mois,  on  a  replacé  dans  la  chapelle  Saint 
Louis  les  deux  verrières  de  saint  Nicolas  et  de  saint  Éloi, 
et,  d'après  les  termes  de  la  réponse  de  M.  le  Ministre  des 
Beaux-Aits  au  vœu  de  la  Commission  des  Monuments  histo- 
riques ((  la  verrière  dite  de  Sainte  Anne  et  de  la  Vierge^ 
»  qui  reste  encore  à  Paris,  sera  replacée  des  que  les 
»  ressources  locales  le  permettront.  » 

Nous  sommes  heureux  de  prendre  acte  de  cette  promesse, 
que  nous  devons  à  une  bienveillante  communication  de 
M.  le  Préfet  de  la  Sarthe,  et  qui  sera  accueillie  avec  une 
réelle  satisfaction  par  la  plupart  des  membres  de  notre 
Société. 


(1)  Voir  Congrès  archéologique  de  France.  —  Séances  générales  tenues 
au  Mans  et  à  Laval  en  1878.  Tours,  Bouserez,  1879,  p.  188,  189. 


—  358  — 

La  verrière  de  Sainte  Anne  et  de  la  Vierge  occupait 
autrefois  la  septième  lancette  de  la  chapelle  du  Chevet.  Elle 
offre,  dit  M.  Hucher,  dans  son  magnifique  ouvrage  sur  les 
vitraux  de  la  cathédrale  du  Mans,  «  un  seul  sujet  peint  à  la 
»  fin  du  XV*^  siècle  ou  au  commencement  du  XVI«  :  Sainte 
»  Anne  instruisant  la  sainte  Vierge.  La  scène  se  passe  sous 
»  une  riche  ornementation  à  trois  étages  superposés  ;  une 
y>  bordure  de  lleurs  de  lys  florencées,  alternant  avec  des 
»  couronnes,  entoure  le  sujet.  » 

La  Légende  de  saint  Éloi  et  celle  de  saint  Nicolas  étaient 
également  placées  dans  la  chapelle  du  Chevet  (12'=  et  IS" 
lancettes).  Elles  datent  de  la  seconde  moitié  du  Xllh'  siècle. 
Les  figures  sont  belles  et  exécutées  avec  soin,  d'un  dessin 
très  avancé  et  drapées  très  élégamment. 

Afin  que  nos  confrères  puissent  se  rendre  compte  plus 
facilement  de  leur  restauration,  voici  leur  description 
sommaire,  d'après  l'ouvrage  de  M.  Hucher  : 

Verrière  de  saint  Étoi.  —  /'"''  panneau:  Saint  Éloi  mis  au 
tombeau.  —  S"^  panneau,  à  droite  :  Saint  Éloi,  une  épée  à  la 
main,  coupe  la  corde  par  laquelle  un  jeune  homme  est 
pendu  à  une  potence.  3^  panneau  :  Saint  Éloi  rappelle  ce 
jeune  homme  à  la  vie.  4"  panneau:  Le  saint  évèque  voyage 
à  cheval.  5«  panneau:  Saint  Éloi,  vêtu  en  forgeron,  tient 
avec  ses  tenailles  le  noz  d'un  grand  diable  vert,  symbole  de 
l'opiniâtreté  et  de  la  vigueur  avec  lesquelles  saint  Eloi  a 
poursuivi  le  triomphe  de  la  religion  chrétienne.  6"  panneau  : 
Saint  Éloi,  en  évèque,  avec  une  longue  barbe  par  opposi- 
tion au  premier  panneau  oi^i  il  est  représente  imberbe.  7'^  et 
8^  panneaux  :  Saint  Éloi  en  Concile. 

Verrière  de  Saint  Nicolas.  ■ —  Au  sommet  de  Vogiœ  :  Deux 
anges  encensant.  3*^  panneau,  h  droite  :  Histoire  du  Juif  et 
de  l'image  de  Saint  Nicolas.  4"  panneau  :  Saint  Nicolas 
admoneste  les  voleurs.  5«  et  (P  panneaux  :  Résurrection  des 
trois  jeunes  gens.  7",  8",  9'^  et  10^  panneaux  :  Légende  de 
l'enfant  à   la  coupe.    ii«  et  12^  panneaux  :  Saint  Nicolas 


—  359  — 

remet  aux  parents  l'enfant  sauvé  des  flots.  7^«  et  74"  pan- 
neaux  :  Messe  de  Saint  Martin. 

•Ces  deux  verrières,  auxquelles  il  est  regrettable  qu'on 
n'ait  pu  assigner  une  place  plus  favorable,  occupent  actuelle- 
ment deux  fenêtres  latérales  dans  la  chapelle -S'am^  Lowîs. 
Leur  restauration  a  coûté  fort  cher.  Nous  souhaitons  néan- 
moins que  les  travaux  soient  continués  le  plus  rapidement 
possible,  et  que  la  verrière  de  Sainte  Anne  et  de  la  Vierge 
soit   bientôt  rendue   à   notre  belle   cathédrale. 

Au  reste,  il  est  permis  d'espérer  que  ce  résultat  sera 
bientôt  atteint.  Tout  récemment  en  effet,  dans  sa  séance  du 
10  novembre,  la  Commission  des  Monuments  historiques  a 
prié  M.  le  Préfet  de  vouloir  bien  demander  au  ministère  des 
Beaux-Arts  le  devis  de  la  restauration  de  la  verrière  de 
Sainte  Anne  et  de  la  Vierge,  et  elle  a  exprimé  le  vœu  que 
ce  devis  lui  soit  soumis  dans  le  plus  bref  délai  possible,  afin 
de  solliciter  les  secours  nécessaires  à  sa  prompte  exécution. 


On  nous  apprend,  au  moment  de  terminer  cette  chro- 
nique, qu'il  vient  d'être  trouvé  sur  le  territoire  de  la 
commune  de  Sarcé,  dans  un  fossé,  à  trente  ou  quarante 
centimètres  de  profondeur,  un  bracelet  antique  en  bronze. 
D'après  le  premier  examen,  ce  bracelet  semblerait,  nous  dit 
un  de  nos  collègues,  remonter  à  l'époque  gallo-romaine. 
Nous  donnerons  ultérieurement,  s'il  y  a  lieu,  une  description 
exacte  de  ce  curieux  objet. 


R.  T. 


—  360 


NOTES  HISTORIQUES    ET   BIBLIOGRAPHIQUES    SUR    LE   MAINE 


243.  —  Le  18  août  1671,  Jean-Baptiste  Thiers  adresse,  de 
Chamrond,  à  M.  Bulteau,  une  lettre  autographe  signée, 
1  p.  1/4  in-8.  ((  Il  a  reçu  ses  remarques  sur  son  ouvrage  de 
la  Fréquente  exposition  du  Saint-Sacrement.  Il  le  remercie 
de  ses  observations.  Il  enverra  à  M.  de  Gaussainville  les 
treize  derniers  chapitres  du  livre,  et  il  le  prie,  dès  à  présent 
de  les  examiner  de  la  même  manière  qu'il  a  fait  des  pré- 
cédents.  ». 

Ibid.,  no  2530. 

244.  —  Dans  une  lettre  autographe  signée,  datée  de  Saint- 
Denis-en-France,  le  15  février  1709,  Dom  François  Louvard 
parle  de  son  édition  projetée  des  Œuvres  de  saint  Grégoire 
de  Nazianze.  Il  remercie  son  correspondant  de  la  commu- 
nication d'un  précieux  volume  qu'il  lui  conseille  de  donner 
à  la  bibliothèque  de  Saint-Donis  ou  à  celle  de  Saint-Germain- 
des-Prés. 

Ibid.,  n"  2538. 

245.  —  Le  26  floréal  an  X  (16  mai  1802),  l'abbé  Et.  Bernier, 
ancien  curé  de  Saint-Laud,  d'Angers,  adresse  au  premier 
Consul  Bonaparte,  une  lettre  autographe  signée,  datée  de 
Néri,  près  Chemillé,  dans  laquelle  il  rend  compte  d'une 
tournée  qu'il  vient  de  faire  en  Vendée. 

Ibid.,  n"  2554. 

246.  —  Le  13  août  1832,  Ms^  Le  Febvre  de  Cheverus, 
archevêque  de  Bordeaux,  adresse  à  M.  Mathieu,  notaire, 
adjoint  de  cette  ville,  une  lettre  autographe  signée,  «  où  il 
affirme  que,  depuis  juillet  1830,  il  n'y  a  jamais  eu  de  dra- 
peau blanc  fleurdelysé  dans  sa  maison.  » 

Ibid.,  n"  2555. 

G.  E. 


LIVRES  NOUA^EAUX 


Vie  de  Mgr.  C.  Wicart,  premier  évêque  de  Laval,  et 
histoire  de  l'érection  de  cet  évêché,  par  m.  e.-l. 
Couanier  de  Launay,  chanoine  honoraire.  Laval,  Chaiiland, 
un  voL  in-8,  xi-652  pages. 

Cet  ouvrage  que  vient  de  pubUer  récemment  M.  le  cha- 
noine Couanier  de  Launay,  présente  pour  l'histoire  du  Maine 
un  double  intérêt. 

Tout  d'abord,  il  nous  donne  une  biographie  très  complète 
et  très  étudiée  du  vénérable  prélat,  que  sa  nomination  au 
siège  épiscopal  de  Laval,  en  1855,  devait  rattacher  au  Maine 
par  des  liens  si  étroits.  Ms'"  Wicart  revit  tout  entier  dans 
cette  œuvre.  On  le  suit  avec  attachement  dans  les  années  de 
son  enfance,  au  sein  d'une  famille  chrétienne ,  sous  la 
direction  d'une  mère  éminente  ;  on  le  retrouve  vicaire  à 
Saint-Jacques  de  Douai,  directeur  du  Petit  Séminaire  à 
vingt-quatre  ans,  puis  doyen  de  Sainte-Catherine  de  Lille, 
où  son  zèle  ardent  et  sa  parole  éloquente  produisent  les 
plus  heureux  effets,  enfin  vicaire  général  de  M?'"  Giraud  et 
évêque  de  Frejus,  de  1845  à  1855. 

La  seconde  partie  du  livre,  qui  donne  pour  la  première 
fois  l'histoire  détaillée  de  l'érection  de  l'évêché  de  Laval,  est 
plus  importante  encore  au  point  de  vue  local.  L'intérêt  devient 
de  plus  en  plus  vif,  les  renseignements  précieux  se  multi- 
plient, des  personnages,  aimés  et  vénérés  du  clergé  manceau, 
revivent  sous  la  plume  de  l'auteur  ;  peu  à  peu  on  voit  le  nou- 


362 


veau  diocèse  s'organiser  et  se  consolider,  en  dépit  des  diffi- 
cultés inévitables  de  la  première  heure. 

En  résumé,  pour  employer  les  expressions  de  M.  le  cha- 
noine Couanier  de  Launay,  dans  sa  préface,  «  c'était  une 
»  belle  figure  d'évêque  que  celle  de  Monseigneur  Wicart  et 
»  qui,  placée  à  son  point,  dans  la  perspective  du  temps, 
»  semble  plus  grande  encore  ».  Cependant,  M.  Couanier  de 
Launay  a  voulu  être  sobre  d'éloges  ;  il  ne  s'est  pas  même 
cru  obligé  de  voiler  quelques  faiblesses,  «  dont  Monseigneur 
»  était  envers  lui-même  le  plus  sévère  justicier  ».  Le  livre, 
par  cela  même  qu'il  est  vrai,  n'en  offre  que  plus  d'attrait,  et 
tous  les  amis  de  Monseigneur  Wicart  seront  heureux  que  le 
premier  évêque  de  Laval  ait  trouvé  un  historien  si  bien 
inspiré . 


Petit  Tableau  des  Ravages  faits  par  les  Huguenots, 
DE  1562  A  157-4,  dans  Vancien  et  le  nouveau  diocèse  de 
Séez,  par  l'abbé  J.-B.-N.  Blin,  chanoine  honoraire,  curé 
de  Durcet.  Avignon,  Séguin  frères  1888,  in-8  de  178  pages. 

Sous  un  titre  modeste,  ce  dernier  ouvrage  de  M.  le  cha- 
noine Blin,  l'un  des  meilleurs  historiens  du  diocèse  d^  Séez> 
contient  plusieurs  détails  inédits  et  des  documents  précieux. 
Une  partie  de  l'ancien  diocèse  du  Mans,  le  Passais  par 
par  exemple,  étant  aujourd'hui  compris  dans  le  nouveau 
diocèse  de  Séez,  l'auteur  fait,  à  plusieurs  reprises,  de  très 
heureuses  incursions  dans  l'histoire  religieuse  du  Maine. 
Nous  signalerons,  entre  autres,  au  chapitre  IV,  le  récit  des 
pillages  et  des  dévastations  commises  à  Domfront  et  dans 
les  environs,  par  les  partisans  iU\  Monlgommery.  Ce  récit 
.s'appuie  en  partie  sur  un  document  inédit,  que  M.  l'abbé 
Blin  doit  à  l'obligeance  de  notre  confrère,  M.  Jules  Appert, 


—  363  — 

et  qui  établit  avec  une  précision  rigoureuse  «  qu'en  l'année 
y>  1533  l'abbaye  de  Lonlay  fut  bruslée  de  nuict  fortuitement, 
»  et  en  l'année  1574,  le  dernier  jour  de  mars,  bruslée  par 
t>  les  Huguenots,  qui  pour  lors  estoient  en  Domfront,  con- 
»  duits  par  un  nommé  Pissot,  et  ce  de  propos  délibéré,  en 
»  telle  sorte  que  lesdicts  religieux,  comme  ils  disent,  ne 
»  peurent  autre  chose  faire  que  asaulver  leurs  personnes, 
»  etc.  ».  Nous  signalerons  aussi  le  récit  circonstancié  du 
siège  de  Domfront,  d'après  le  Journal  de  François  de  Bois- 
pitard,  et  surtout  un  document  très  intéressant  pour  le 
Maine,  extrait  d'un  livre  rare  et  peu  connu  :  Le  secret  des 
finances  de  France,  descouvert  et  departy  en  trois  livres,  par 
Nicolas  Froumenteau,  publié  pour  ouvrir  les  moyens  légi- 
times et  nécessaires  de  paier  les  dettes  du  roy,  descharger 
ses  suhjects  des  subsides  imjwsés  depuis  trente  et  ung  an,  et 
recouvrer  tous  les  deniers  prins  à  Sa  Majesté,  MDLXXXI. 
C'est  un  relevé  du  nombre  des  prêtres,  gentilshommes, 
soldats  et  manants  massacrés,  et  du  nombre  des  maisons 
détruites  ou  brûlées  pendant  les  guerres  de  religion,  dans 
les  Diocèse,  Bailliage,  Election,  Prévostés  et  Chastellenies  du 
Mans. 

Quant  au  but  et  à  l'esprit  du  livre,  M.  le  chanoine  Blin  les 
expose  en  ces  termes  dans  sa  prétace  .  c(  Il  nous  a  semblé 
»  qu'il  serait  bon,  après  plus  de  trois  cents  ans,  de  remettre 
»  sous  les  yeux  des  Catholiques  le  spectacle  des  vexations 
»  de  tout  genre  que  leurs  pères  ont  endurées  pour  la  cause 
»  de  leur  religion....  Tout  le  monde  y  gagnera  :  les  Catho- 
»  liques  verront  combien  il  en  a  coûté  à  leurs  pères  pour 
»  garder  le  dépôt  de  la  foi.  Nos  frères  séparés,  que  nous 
»  sommes  loin  de  haïr,  que  nous  aimons  au  contraire  sincè- 
»  rement  pour  Dieu,  pourront  voir  aussi,  s'ils  le  veulent, 
»  comme  dans  un  miroir  fidèle,  le  portrait  très  ressemblant 
»  de  leurs  ancêtres.  »  C'est  assez  dire  que  l'auteur  s'attache 
avant  tout  à  rétablir  la  vérité  historique,  et  l'on  ne  peut  que 
l'en  féliciter.  R.  T. 


TABLE    DES    MATIÈRES 


DU   VINGT-QUATRIEME   VOLUME 


Pages. 

Un  Livre  d'Heures  de  la  Maison  de  Cliamplais, 
par  M.  le  comte  de  Bastard  d'Estang.       .       .  5 

Les  Protestants  dans  le  Maine.  —  Le  Temple  et 
le  Cimetière  de  l'Église  du  Mans  et  l'Église 
d'Ardenay ,  par  M.  le  baron  Sébastien  de 
la  Bouillerie 49 

La  Bibliothèque  et  le  Mobilier  d'un  lieutenant- 
particulier  au  siège  royal  de  Château-Gontier 
sous  Louis  XIII  (1626-1627),  par  M.  André 
Joubert 61 

Bibliographie    du    Maine    (année   1887),    par 

M.  Louis  Brière 96 

Note  sur  Antoine  Le  Gorvaisier  de  Gourteilles 
et  sur  son  Histoire  des  Évesques  du  Mans,  par 
M.  L.  de  La  Sicotière 129 

Essai  .sur  l'Instruction  primaire  avant  1789  dans 
le  doyenné  de  Grez-en-Bouère  (  diocèse  de 
Laval),  par  M.  l'abbé  A.  Angot.       .       ,       .  158 

Supplément  aux  Becherches  historiques  sur 
Mayet,  Aubigné,  Goulongé,  Lavernat,  Sarcé, 
Verneil-le-Cliétif  et  Vaas  (Maine),  por  M.  F. 
Legeay ,       .       .       .       .  177 


365  — 


Pages 


o"- 


Recherches  sur  les  Fortifications  du  Maine,  par 
M.  Gabriel  Fleury 257 

Les  Prisons  du  roi  à  Château-Gontier,  aux  XVIP 
et  XVIIIe  siècles,  d'après  des  documents  iné- 
dits, par  M.  André  Joubert.  ....  277 

Ruines  romaines  de  la  Frétinière,   par  M.   F. 

Liger 307 

Les  Coesrnes,  seigneurs  de  Lucé  et  de  Pruillé 
(suite  et  fm),  par  MM.  Victor  Alouis  et  l'abbé 
Ambroise  Ledru 323 


OUVRAGES  ANALYSES   DANS    LES   LIVRES   NOUVEAUX 


Histoire  populaire  de  Saint  Julien ,  premier 
évoque  du  Mans,  par  le  R.  P.  dom  Paul  Piolin, 
bénédictin  de  la  Congrégation  de  France,  pré- 
sident de  ia  Société  historique  et  archéologique 
du  Maine 124 

Appendice  aux  lettres  adressées  par  l'intendant 
général  de  la  Maison  de  La  Trémoille  à 
l'avocat  fiscal  de  la  baronnie  de  Vitré  (1696- 
1700).     .       .       , 125 

Recherches  historiques  sur  la  ville  de  Sainte- 
Suzanne,  par  le  docteur  Gh.  Nory.      .       ,       .  126 

Nouvelles  bibliographiques 127 

Le  Graduel  de  la  Bibliothèque  de  Limoges.  No- 
tice et  extraits,  par  M.  L.  Guibert.     .       .       .  245 

Vie  du  R.-P.  Pierre  Chaignon,  par  le  P.  Xavier- 
A.  Séjourné,  S.  J 246 

Lettres  du  maréchal  de  Tessé  à  madame  la  du- 
chesse de  Bourgogne,  madame  la  princesse 
des   Ursins,   madame  de  Maintenon,   M.  de 


—  366  — 


Pages. 


Pontchartrain,  publiées  par  M.  le  comte  de 
Rambuteau 247 

Les  populations  agricoles  de  la  France,  par  H. 
Baudrillart ,  membre  de  l'Institut ,  (Maine  , 
Anjou ,  Touraine ,  Poitou,  Flandre,  Artois, 
Picardie,  Ile-de-France) 253 

Les  du  Vauborel,  Normands  et  Bretons,  par 
M.  E.  Frain 253 

Notes  historiques  et  bibliographiques  sur  le 
Maine,  par  M.  l'abbé  G.  Esnault.       .       .       .        254,  360 

Vie  de  Ms^"  Wicart,  premier  évoque  de  Laval  et 
histoire  de  l'érection  de  cet  évêché  par  M.  E.- 
L.  Couanier  de  Launay,  chanoine  honoraire.  361 

Petit  Tableau  des  ravages  faits  par  les  Huguenots 
de  1562  à  1574,  dans  l'ancien  et  le  nouveau 
diocèse  de  Séez,  par  l'abbé  J.-B.-N.  Blin, 
chanoine  honoraire,  curé  de  Durcet.       .       .  362 


CHRONIQUES 


Nominations,  118 

Congrès  scientifique    international  des  Catho- 
liques :  les  Fausses  decretales 119 

Congrès  des  Sociétés  savantes  :  les  Fortifications 

du  Maine 120 

Classement  des  objets  mobiliers  appartenant  aux 

établissements  publics 121 

La  Fête  de  la  Confrérie  de  Beaumont.       .       .  122 

Découverte  archéologique  près  Conlie.       .       .  122 
Nécrologie  :  M.  le  comte  Paul  Le  Gonidec  de 

Traissan 123 

Membres  nouveaux 238,  354 


—  367  — 


Pages 


o^ 


Découvertes    archéologiques    récentes.       .       .  238 

Le  château  de  Bonnétable 240 

Subvention  accordée  par  le  Conseil  général.       .  24d 

Distinction  honorifique 242 

Nécrologie  :    M.   le  comte   Charles  du   Buat  et 

M.   Bouriat 242-244 

Nouvelles  bibliographiques 354 

Les  chapiteaux  de  la  Couture 356 

Les  vitraux  de  la  Cathédrale.     .....  357 

Bracelet  gallo-romain  découvert  à  Sarcé.     .       .  358 


PLANCHES   ET   VIGNETTES 


Frontispice  du  Livre  d'Heures  de  la  Maison  de 

Ghamplais 3 

Portrait  de   Le  Corvaisier    de   Courteilles.       .  129 
Fac-similé  de  signature  de   Le   Corvaisier  de 

Courteilles 137 

Saint-Calais,  élévation  du   château.       .       .       .  259 

Saint-Galais,  vue  du  donjon 260 

Saint-Calais ,   plan   du   donjon.       .       ...       .  261 

1er  Type  de  motte  factice 266 

2e  Type  de  motte    factice 267 

1er   Type  de  donjon  sur  motte 267 

2e  Type  de  donjon  sur  motte 268 

Pirmil,  plan  du  château 269 

Pirmil,  élévation  du  château 270 

Bourg- le -Boi,    plan  du   cliâteau.        .       .       .  272 

Bourg-le-Roi,  élévation  du  château.     .       .       .  272 

La  Frétinière,  plan^  planche  1 311 

La  Frétinière,  plan  du  temple,  planche  II.       .  311 

La  Frétinière,  élévation  du  temple,  planche  III.  317 


—  368  — 


NOMS   D  AUTEURS 


MM. 

V.  Alouis. 

A.  Angot. 

O^  de  Bastard  d'Estang. 

Bon  s.  de  La  Bouillerie. 

L.  Brière. 


323 

458 

5 

49 

96 


G.  Esnault. 
G.  Fleury. 


254,  360 
257 


MM. 


A. 

Joubert. 

61, 

277 

L. 

de  La  Sicotière. 

129 

A. 

F. 

Ledru. 
Legeay. 

323 
177 

Liger. 

307 

R. 

P.  dom  P. 

Piolin. 

245 

-253 

R.Triger.  119-128,241 

,  253-363 

Mamers.  —  Typ.  G.  Fleury  el  A.  Dangin.  —  1888. 


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