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REVUE
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
DU MAINE
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REVUE
HISTOHIOUR ET AHCHÉOLOGIQUE
DU MAINE
TOME QUARANTIEME
ANNÉE 1896. — SECOND SEMESI'P.E.
AU SIÈGE DE LA SOCIETE
Maison dite de la reine Bérexgère, Grande-Rue, 11,
AU Mans.
Ll^ MAiNS
A. DE SAINT -DENIS
MAMEHS
G. FLKURY & A. DANGIN
imprimeurs
l'iaoe lies Ciroiias.
L I R R A I R E - E D I r i: 1 1 H
Hue St-Jac(|ues.
1 896
GÉNÉALOGIE
DE LA
MAISON DE CLERMONT-GALLEMNDE
MARQUIS DE CLERMONT-GALLERANDE,
DE REYNEL ET DE MONTGLAS, COMTES DE CHEVERNY,
BARONS DE BROUASSIN
PRINCES SOUVERAINS DE DELAIN , BARONS DE RUPT
(MAINE ET ANJOU, ILE DE FRANCE, CHAMPAGNE)
AVANT - PROPOS
Il est toujours permis d'être fier d'une ascendance
historique ; plus encore lorsque, considérée en son ensemble,
elle vous apparaît dans le lointain des âges immuablement
fidèle au Devoir ; mais combien d'avantage quand au legs
des aïeux on a ajouté sa part de réputation personnelle,
avant de la transmettre aux continuateurs de sa race !
Toute une vie vouée au noble culte de l'Art, traversée
d'un intermède d'activité militaire à un moment de nos
annales contemporaines où l'on ne revêtait l'uniforme que
par dévouement, donnait au marquis Adhémar de Clermont-
Gallerande un droit particulier à s'intéresser au passé sécu-
lièrement glorieux de ceux de qui il sortait. Ce fut sous
l'empire de cette pieuse pensée envers les siens qu'il me
pria, voici tantôt trois ans , de donner une forme définitive
à la généalogie de sa famille.
6
Une fatalité singulière l'avait toujours poursuivie. Le
Laboureur et Moréri , seuls cités en ce qui la concerne,
avaient ignoré les quatre premiers siècles de son existence.
Un autre l'avait bien prise à ses débuts; mais son œuvre,
enfouie dans un recueil traitant de la noblesse d'une province
très distante de celle qui avait vu naître et grandir les
Clermont , était restée presque complètement ignorée ,
malgré le nom de son auteur (un des d'Hozier) , qui aurait
semblé devoir suffire à assurer sa notoriété. Il n'était pas
jusqu'aux immenses et consciencieuses recherches d'un
Clermont de la fm du XYIII" siècle , qui , demeurées
manuscrites et d'ailleurs trop volumineuses pour être livrées
jamais à l'impression, ne fussent ainsi condamnées à l'oubli.
Je laisserai au lecteur le soin de juger des difficultés que
j'ai pu rencontrer dans l'accomplissement de ma tâche
d'après la liste, dressée plus loin, des documents utilisés
pour la présente étude. Je préfère mentionner, — hélas! pour
mémoire, — la parure exceptionnelle dont M. de Clermont-
Gallerande rêvait de l'enrichir, portraits des principaux
figurants de cette procession d'ombres héroïques , croquis
des scènes brillantes ou tragiques au milieu desquelles elle
se déployait ; c'était promettre à la fois un exercice fécond à
son crayon d'une touche toujours si spirituelle et une
satisfaction très douce au sentiment filial. L'obligation de
liquider d'importantes commandes de peinture, en cours
d'exécution lorsque je remis mon travail entre ses mains
durant l'automne de 1894, puis la maladie et la mort ont
mis bon ordre à l'espoir qu'il me manifestait encore en
juillet 1895 de bientôt se mettre à l'œuvre. J'acquitte une
dette de respect et d'affection en écrivant en tète de ces
pages, publiées aujourd'hui à peu près telles qu'elles lui
furent soumises il y a dix-liuit mois (1), le nom de leur
(1) La principale modilication au texte primitif — outre le triste com-
plément do l'article consacré au défunt et l'ouverture d'un nouvel article
pour son successeur, le marquis Aymard de Clermont-Gallerando (Voir
initiateur, du vigilant protecteur, de l'ami dévoué que j'ai
perdu en sa personne.
SOURCES
I. Pièces ayant fait partie du chartrier du Château de
Gallerande brCdé en 1792 et connues par les copies, extraits
ou analyses qu'en avait pris Louis-Gaspard-Joseph de
Glermont, pour ses propres travaux (voy. ci-après, B vi) ;
II. Pièces constituant le chartrier du Château de la
Piltière , acheté en 1744 par Louis-Georges de Glermont et
depuis resté dans sa famille ;
III. Pièces constituant le dossier Glermont dans les
sections suivantes du Cabinet des Titres au département
des manuscrits de la Bibliothèque Nationale :
a. Pièces originales, vol. 783 n; fine et 784 iiiit. ;
h. Dossiers hleus , vol. 196 ;
c. Carrés d'Hozier, vol. 191 ;
d. Nouveau d'Hozier, vol. 100;
IV. Extraits des registres de l'État-Civil de Mareil-sur-
Loir (Sarthe), de Taverny (Seine-et-Oise) et du Mans.
B
I. Le Laboureur, Généalogie de la Maison de Glernwnt-
en Anjou (dans son édition des Mémoires de Michel de
Gastelnau ; Paris, 1659, 2 vol. in-f'^ ; t. ii, p. 486-490).
Il commence à Louis II, « douzième seigneur de Glermont »
(n" 13 ci-après) et s'arrête, savoir : dans la branche aînée
ci-après, n» 29 et 30i — est la refonte des n»s 49 et 20, nécessitén par
d'importantes communications reçues en janvier et avril 1895.
8 —
avec Henri I (n" 17); dans la branche des seigneurs de
Saint-Georges, marquis de Montglas, avec François de Paule
{n° 40) ; dans la branche des marquis de Reynel avec Louis II
(no 44) ; il donne en entier la branche des barons de Bussy
(no«3J-36).
II. Charles -René d'Hozier , Généalogie de la Maison
de Clermont d'Anihoise, marquis de Reynel en Champagne,
originaires d'Anjou , produite par devant vous M. de
Caumartiii, intendant en Champagne, au mois dejuiniôlO.
[Cette généalogie fait partie du recueil publié sous le nom
du Marquis de Caumartin et sous le titre de Recueil
général de la noblesse de Champagne ; Paris, 1673, 2 vol.
in-f", non paginés ; — ■ tleux exemplaires détachés s'en trou-
vent dans les PiKCES Originales (vol. 784), un autre dans
les Dossiers Bleus (vol. 196), à la Bibliothèque Nationale
(voy. ci-devant, A m a et A m &).]
Il commence à Robin I (n» 1) et s'arrête, dans la branche
aînée [comme le Laboureur] avec Henri I (n" 17), dans la
branche des marquis de Reynel avec Louis III (11° 47);
il donne en leur entier les branches des barons de Bussy
(nos 33-36) et des seigneurs de Saint-Georges , marquis de
Montglas (11°^ 37-41) ; il cite comme source pour les premiers
Clermont « une ancienne généalogie ».
III. MoRÉRi, Généalogie de la Maison de Clermont (à ce
mot, aut. m de son Grand Dictionnaire historique ; Paris,
1759, 10 vol. in-f-).
Reproduction de la généalogie de Le Laboureur, mais
donnant de plus la branche des seigneurs de Saint-Aignan
(nos 21-23), la branche des seigneurs de Loudon , marquis
de Clermont- Gallerande , jusqu'à Pierre -Gaspard inclus
(n<js 2i-26), complétant la branche des marquis de Montglas
(n"41) et continuant la branche des marquis de Reynel
jusqu'à Jean-Baptiste I inclus (n« 49).
IV Bertin du Rociieret , Généalogie de la Maison de
Clermont-en-Anjou , conservée en ms. dans les Dossiers
y
Bleus (vol. 190) à la Bibliothèque Nationale (voy. ci-devant
Aiii^).
11 donne toutes les branches de la Maison de Clermont
et tous les membres de chacune d'elles jusques et y compris,
dans la branche des seigneurs de Loudon , marquis de
Glermont-Gallerande, les enfants de Charles-Léonor (n» 25);
dans la branche des marquis de Reynel , parmi ceux de
Jean-Baptiste I (n'^ 49) dont il ne cite pas la mort, arrivée
le 18 septembre 1761); il ne connaît que l'aîné, Jacques-
Louis-Geoiges , et mentionne la fille de ce dernier sans
indiquer qu'elle fut mariée (elle le fut au commencement
de l'an 1761). Ces deux dernières circonstances placent sa
rédaction au milieu de cette année 1761.
V. Généalogie [sans nom d'auteur] de la très ancienne
Maison de Clermont-Gallerande faittes en ill3 sur les tittres
conservés au trésor du château de Gallerande , -paroisse de
Pringé au Maine , desquels tittres inventaire a été fait par
ordre clironologique , conservée en ms. au Château de la
Piltière.
Elle commence à Robin I (n" 1) et s'arrête avec Pierre-
Gaspard (n^ 26) et Charles-Georges , son neveu et l'héritier
du marquisat patronymique (n» 32) ; elle ne mentionne que
les aînés , plus les cadets qui à diverses reprises possédèrent
le marquisat sans être pour cela devenus chefs de la
famille (1). Elle contient cette mention : * Ne se sont trouvés
» de titres conservés auparavant mil-deux-cent-soixante-et-
y> cinq (2) ; non seulement ils peuvent être péris par vétusté
» {Tempus edax rerum), mais il est prouvé par une enqueste
» solennelle faitte le huit février 1464 (3), requeste de Louis
» de Clermont , seigneur dudit lieu et de Gallerande , que ,
» vers l'an 1400 (4), le château de Gallerande fut pris par les
(1) Voy. ci-après, n" 25 et 32.
(2) Sic pour 1465; voy. quelques lignes plus bas.
(3) 1465 nouveau style.
(4) Exactement en 14'22 (Le Paige, BicUunnaire de la Sarthe, au mot
GALLEKANDE).
— 10 —
» Anglois , SLii lesquels il fut repris par les gens du parti du
» roy, qui y mirent le feu ; dans cette (sic) incendie les plus
» anciens titres peuvent avoir été consumés ». Elle cite en
outre « une généalogie conservée et employée audit inven-
taire chronologique » (probablemen*: la même dont une
copie servit à d'Hozier en 4670 ; voy. ci-devant, B ii.)
Enfin il convient d'ajouter que , en marge de chaque
article, elle énonce sommairement avec sa cote l'acte ou les
principaux actes ayant servi à établir la filiation de celui qui
en fait l'objet (plusieurs de ces actes (1) ont été conservés
en analyses, extraits ou copies intégrales par L.-G.-J. de
Glerinont ; voy. le n" suivant).
VI. Louis - Gaspard - Joseph de Clermont , Histoire
généalogique, héraldique et chronologique de la Maison de
Clermont - Gallerande au Maine , conservée en ms. au
Château de la Piltière.
Il donne au complet toutes les branches de la Maison de
Clermont depuis Robin I (n" 1) jusques et y compris le père
de l'auteur (n" 26) et son cousin Charles - Georges de
Clermont (n» 32) , ce dernier seul représentant avec lui et ses
enfants de sa famille au moment de l'achèvement du travail.
— Voici sa curieuse préface :
« Je certifie que toutes les preuves contenues dans cette
» histoire, je les ai puisées sur les monumens authentiques
» conservés au trésor du château de Gallerande ; que les
» testamens, contrats de mariage, quittances, brevets (2), je
» les copiés mot à mot. Quant aux événements et aux dates,
» je les ai copiés fidèlement dans les meilleurs auteurs et
» gazettes du temps ; j'ai même conservé quelques titres
(1) Les donations de Guillaunne de Lonray et d'Agnès de Beaumont à
Auberée de Lonray, fille de l'un et nièce de l'autre, 4 novembre 1265
(citées ci-après, n" 5) ; le testament de Robin III, 2 février 1330 (cité ci-
après, n» 6) ; etc.
(2) Plusieurs des transcriptions intégrales ou partielles visées ici se
trouvent reproduites non pas dans ï Histoire rj(hiéalo(jiquc mais dans les
nombreux volumes du Supplément à l'Histoire généalogique du
M
» originaux (1). Le trésor du cliûteau de Gallerande et les
)) pièces justificatives de l'ancienneté de la Maison de
» Clermont - Gallerande étoient dans le meilleur ordre
» jusqu'en 1789 ; elles auroient même été mises dans un
» ordre plus parfait , puisqu'il cette époque des féodistes y
» travailloient depuis environ deux ans à en faire l'inven-
)) taire chronologique et les classer selon les époques
« et années : Monsieur, fière du roi Louis XVI, qui étoit
» duc d'Anjou et comte du Maine par ;ipanage , avoit exigé
» de Charles-Georges , marquis de Clermont-Gallerande et
» baron de Brouassin, les aveux de ses terres dépendantes
» du comté du Maine. Mais, la Révolution de France étant
» arrivée à cette époque , les révolutionnaires factieux de
» La Flèche se transportèrent au château de Gallerande et
» exigèrent qu'on leur remît et les travaux déjà avancés des
» féodistes et les titres honorifiques qui pouvaient constater
» l'ancienne origine de cette maison, lesquels ils firent
» brûler, de sorte qu'il n'en existe plus.
» Au Mans, ce 12 mai 1805,
» L.-G.-J. DE Clermont. »
Ajoutons que l'auteur n'a connu parmi les généalogies
ci-devant énumérées que celles de Le Laboureur, de Moréri
et la Généalogie anonyme de 1113.
même auteur, conservés mss., au château de la Piltière. Sur l'his-
toire de cette généalogie et de ses suppléments je prends la liberté
de renvoyer le lecteur à ma précédente étude . Clermont-Gallerande :
autour d'iDie fa»iUle seigneuriale du Haut-Maine ; — Revue hist.
et arcli. du Maine, 1894 ; à part, Paris, Picard, 1894, in-8"; p. 40-45
du tirage à part.
(1) Brevet de lieutenant-général d'Aunis et Saintonge pour Pierre-
Gaspard, marquis de Clermont-Gallerande, 24 novembre 1751 ; — Gé-
néalogie de la très ancienne Maison de Clermont faille en illS ; —
Table des ijuattre lignes roïalles des seignews de Loudon, etc.
— il -
G
— Anselme (Le P.), Histoire généalogique de la Maison
de France et des grands-officiers de la Couronne; Paris,
1726-1733, 9 vol. in-f«.
— Cleers (Hugues de), De majoratu et senescalliâ
Francise comitibus Andecavorum coUatis ; — impr. plusieurs
fois, en dernier lieu aux p. 285 et suiv. des Chroniques des
comtes d'Anjou^ éd. Paul Marchegay et Salmon; Paris,
1856, in-8o.
— État militaire de la France ; Paris, 1758-1792, 35 vol.
in-12.
— Gallia Christiana ; Paris, 1715-1865, 16 vol. in-fo.
— d'Hozier (Jean -François), Recueil des chevaliers de
Saint-Michel ; — impr. dans la Revue nobiliaire, années
1879 et 1880, et dans la Revue dliistoire nobiliaire et d'ar-
chéologie héraldique [faisant suite à la Revue nobiliaire^
année 1882.
— Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire ;
Paris, 1872, in-4o.
— Le Gorvaisier de Gourteilles, Histoire des évoques
du Mans ; Paris, 1648, in-4o.
— Le Paige, Dictionnaire du Maine ; Le Mans, 1777,
2 vol. in-4o.
— Luynes (duo de). Mémoires, éd. L. Dussieux et
E. Soulié ; Paris, 1860-1865, 17 vol. in-8o.
— Marlet (Léon), Le Comte de Montgomery ; Paris,
1891, in-8".
— Mémoires du duc de Nevers , publ. par Marin Leroy
de Gomberville ; Paris, 1665, 2 vol. in-fo.
— MouRiN, La Réforme et la Ligue en Anjou ; Paris,
1858, in-8o.
— Pe.sche, Dictionnaire historique de la Sarthe ; Paris,
1829-1841, 5 vol. in-8''.
— Recueil des instructions aux ambassadeurs de France
— 13 —
depim le traité de Westplicdie jusqu'à la RévoltUion
Française: Portugal ; publ. par le vicomte de Gaix de Saint-
Aymour ; Paris, 188G, in-80.
— Saint - Allais , Annuaire historique de l'ancienne
noblesse ; 2'no année, Paris, 1835, in-S".
— Saint-Simon (duc de). Mémoires^ éd. Chernel, Paris,
1851-1858, 20 vol. in-80.
— Welschinger, Le maréchal Ney ; Paris, 1893, in-S".
ABREVIATIONS
c. G. : Pièces provenant des chartriers de Gallerande et
de La Piltière (voy. ci-devant, A i et A 11) ;
p. 0. : Pièces Originales (voy. ci-devant, A m a);
D. B. : Dossiers bleus (voy. ci-devant, A m b) ;
c. H. : Carrés d'Hozier (voyez ci-devant, A m c) ;
N. H. : Nouveau d'IIozier (voy. ci-devant, A m d) ;
Orig. : Original :
Extr. : Extrait ;
An. : Analyse.
GÉNÉALOGIE
DE LA
MAISON DE CLERMONT-GALLERANDE
« La maison de Clermont-Gallerande passe
depuis trop de siècles pour une des familles que
l'Anjou a contées toujours entre les plus consi-
dérables de la province poui- douter que son nom
ne soit pas aussi ancien que Tusage de se
surnommer de sa seigneurie et qu'elle ne l'ait
pas pris de la principale de ses terres dès le
commencement de l'institution des fiefs , de
même que les autres grandes Maisons du
Royaume. »
(d'Hozier, Gén. de la Maison de Clermont-
d'AmboiseJ.
§ 1. Seigneurs de Clermont, de Gallerande, etc.
Marquis de Gallerande
[1576-1701].
Éteints en 1742.
Armes : D'azur à trois chevrons d'or, le ^^remier écimé (i).
— Supports : Deux lions d'or (2).
I
I . RoRiN I (3), seigneur de Clermont(4), vivait au commen-
(1), (2) Cf. ci-après, la première des notes relatives au § 6.
(3) Clermont ou Clermont-Gallerande, aujourd'hui commune du can-
ton et de l'arrondissement de La Flèche, Sarthe.
(4) Appelé .( RoBEdT >\ par d'Hozier et Berlin du Rocheret.
— 15 —
cernent du XI» siècle (1). Il épousa N. de La Suze, de qui il
eût Rémi de Clermont, dont l'article suit.
II
2. Rémi, seigneur deClermont, vivait en 1073. - Il épousa
N. de Nevers, fille de Guillaume I, comte de Nevers,
d'Auxerre et de Tonnerre, et d'Ermengarde de Tonnerre, de
qui il eut Pierre de Clermoni, dont l'article suit.
III
3. Pierre, seigneur de Clermont, vivait en 1143. — Il
épousa N. d'Aulnai, fille et héritière de iV., vicomte d'Aulnai,
de qui il eut
1. Robin de Clermont, dont l'article suit;
2. N. de Clennont, vicomte d'Aulnai, tige d'une branche
qui dura au moins jusqu'au commencement du XVi^ siècle,
époque où l'on trouve un Jehan de Clermont, vicomte
d'Aulnai (2).
IV
4. RoRiN II (3), seigneur de Clermont puis de Garlande ou
de Gallerande, par son mariage avec l'héritière de ce fief (4),
de qui il eut :
(1) El non « du XIP siècle », selon d'IIozier et Berlin du Rocheret : la
date où vivait son fils (voy. le n" 2) s'y oppose.
(2) Quittances de lui des 11 juin et 7 novembre 1385, 20 février 1386
(1385 u. s.), 10 octobre et 13 novembre 1388, 17 août 1402, (Orig., P. o.,
V. 783). — Aulnai, dans l'ancien Poitou, auj. commune du canton de
Moncontour, arr. de Loudun, Vienne.
(3) Appelé (( Robert », comme son bisaïeul, par d'Hozier et Bertin du
Rocheret.
(4) On trouvera à V Appendice une dissertation sur ses précédents pro-
priétaires et son vrai nom. Quoiqu'il soit de eelui-ci, je lui donnerai, selon
l'usage, sa forme actuelle : Gallerande, château dépendant auj. de la
con^mune de Luché-Pringé, canton du Lude, arr. de La Flèche, Sartlie.
Ainsi qu'on le verra ci-après (n» 15) par l'énumération des terres qui
— 16
i. Hubert ou Humherl (1) de Clermont, dont l'article suit;
2. N. de Clermont, qui épousa iV., seigmîur de Mervé (2).
Robin II, seigneur de Clermont, vivait vers 1210.
V
5. Hubert ou Humbert , seigneur de Clermont et de
Gallerande, vivait en février 1275 (1274 vieux style) (3). — Il
avait épousé en novembre 1265 (4) Auberée de Lonray, fille
de Guillaume de Lonray, chevalier (5), de qui il eut :
furent érigées en marquisat l'an 1576 pour le iiuitiéme descendant de
Robin II, les domaines unis de Clermont et de Gallerande, comprenaient
outre Clermont et Gallerande, les terres suivantes: Luché , Pringé
(auj. comm. unique du canton du Lude, arr. do La Flèche, Sarthe), Ma-
reil-sur-Loir (auj, comm. du cant. et de l'arr. de la Flèche), Le Plessis-
/IHoui/i (ferme dépendant auj.de la comm. de Mareil-sur-Loir), Le Plessis-
Marchais (ferme dépendant auj. de la comm. de Clermont). Il esta re-
marquer qu'elles ne furent jamais, jusqu'à leur réunion en titre de
marquisat, énumérées séparément (^sauf Le Plessis-AUouin et seulement
par René de Clermont, vice-amiral de France, (Actes des 16 mars 1511
[1510 V. s.] et 4 janvier 1518 [1517 o. s.], cités ci-après, n» 13).
Gallerande et la majeure partie du futur marquisat de ce nom faisaient
partie du Maine ; mais Clermont était situé en Anjou ; de là les diver-
gences qu'on a pu observer à la lecture des titres des différentes généa-
logies qui ont précédé celle-ci, relativement à la province d'origine des
Clermont. — Cf. TAppendice.
(1) Cette dernière forme est donnée par d'Hozier et Bertin du Rocheret,
mais elle peut être la bonne ; on y aurait tenu compte d'une abréviation
habituelle au Moyen-Age et qui aurait été négligée par l'auteur de la
Généalogie anonyme de ill3 et par L.-G.-J. de Clermont : « Hûmbertus =
Hu»ibertus ».
(2) Et non « iV de Marnay », comme le disent d'Hozier et Bertin du
Rocheret.
(3) Date d'une transaction entre « Hubert de Clermont, chevalier » et
« Pierre de Brouassin, chevalier », (An., g. c).
(4) Date [« mercredy emprès la fête de tous les saincts » (4 novembre)
« en l'an mil-deux-cens-et-soixante-cinq »] d'une donation proptcr nuplias
de Guillaume de Lonray à <<. Hubert de Clermont » (Copie, c. c).
(5) Et non « la fille d'André de Lonray », comme le disent d'Hozier et
Bertin du Rocheret.
Auberée de Lonray était cousine germaine d'Agnès, dame d'Alençon,
vicomtesse de Beaumont, qui avait épousé, le 12 février 1253, Louis de ,
17
1. Henri de Clermont, mort avant son père (1) ;
2. Robin de Clermont, dont l'article suit.
VI
6. R-OBiN III ('2), seigneur de Clermont et de Gallerande,
vivait en i'SO'-I. Il fit le 12 février 1330 (1329 r. s.) son testa-
ment (3), par lequel « pour exécuter, dit-il, le testament de
Monsieur mon père », il fondait « une chapellenie en l'église
de Pringé », qu'il élisait pour lieu de sa sépulture, ce qui
fut exécuté à sa mort, arrivée le 2 avril 1339 (4). — Il avait
épousé Batine de Tournemine (5) , fille de Geoffroy de
Tournemine, seigneur de La Hunaudaye, de qui il eut :
1, Jean de Clermont, dont l'article suit ;
Brienne, troisième lille de Jean de Brienne, roi de Jérusalem (sa sœur
Yolande avait épousé l'empereur Frédéric II) ; par un acte du 4 novembre
1265, Loui!> et Agnès lirent don propter nnptias à Auberée de Lonray du
droit d'usage dans la forêt de la Mélinaye. à charge de leur faire tenir
chaque année à Pàqiies-lleuries (le dimanche des Rameaux) une paire
d'éperons dorés (An., c. g.)-
(1) Cité avec son frère puiné dans un acte de Jean I de Clermont, du
28 avril [« mardy après la Saint-Georges x] 1355 (Copie, c. c).
(2) Appelé « Robert o, comme son aïeul, par d'Hozier et Berlin du
Rocheret.
(3) Copie, c. c. — Il s'y intitule « Robin, cire de Clermont et de
Garlande, chevalier ». — L'acte d'enregi.->trement par l'autorité ecclésias-
tique dans lequel il est comme encarté l'appelle « Robertus de Claromonte,
miles ».
(4) Sa dalle tumulaire existe encore dans l'église de Pringé, mais
exhaussée sur quatre balustres du plus disgracieux effet, à la suite de
certains travaux effectués dans l'église au XVIII"^ siècle.
(,5) Dans le te.stament de son mari elle est appelée simplement « Batine »;
dans la Gén. an. de 1113 et dans celle de L.-G.-J. de Cleimont elle est dite
« Batine de La Hunaudaye » ; d'Hozier et Bertin du Rocheret la nomment
■( Jacqueline de Tournemine ». Mais Tournemine et La Hunaudaye, c'est
tout un (Voy. au mot Touunemine le Dicl. hht. de Moréri, qui d'ailleurs
ne cite pas M^e de Clermont parmi les enfants de Geoffroy); la source
commune de d'Hozier, de Bertin du Rocheret et de la Gén. an. de 1773
est cette « ancienne généalogie » que le premier et la troisième citent tous
deux. Quant à la diirérence de prénom, elle est tranchée par le texte du
XL 2
— 18 —
2. Robin ou Robert de Clermont (4), « maréchal de Monsei-
gneur le duc de Normandie [le dauphin Charles, régent de
France, pendant la captivité de son père, le roi Jean-le-Bon]
et son lieutenant au baillage de Caeii » (2) assassiné sous les
yeux de son maître, le 12 février 1357, par ordre d'Etienne
Marcel, prévôt des marchands de Paris.
VII
7. Jean I, seigneur de Clermont et de Gallerande, vivait
en 1320 et mourut après le 28 avril 1355 (3). — Il avait
épousé N., fille de Geoffroy de Cleers, de qui il eut :
1. Louis de Clermont, qui épousa Laudantine de Poillé,
fille de Jean de Poillé, seigneur de Boissey, et mourut avant
son père (4), ne laissant qu'une fille, Jeanne de Cdermont,
mariée avant le 28 avril 1355 (5) à Jean de Broc, chevalier ;
2. Jean de Clermont, dont l'article suit;
3. Catherine de Clermont, mariée à François de La Haye-
Passavant.
testament de Robin III en faveur de la variante de la Gén. an. de i773 ;
cf. les erreurs de noms propres de d'Hozier et de Bertin du Rocheret,
relevés ci-devant (n"^ 4 et 5) à propos de la fille de Robin II et de la
femme d'Hubert de Clermont.
(1) La première forme (sous le diminutif de « Robinet ») dans le testa-
ment de son père, la seconde dans l'acte visé ci-dessous et dans l'Histoire ;
pour leur coexistence, cf. ci-devant, n°s 1, 4 et 6.
(2) Avis du trésorier des guerres au receveur-général des aides du
bailliage de Caen, 1"' mars 1356 [1357] n. s., (Orig., p. c. v. 783). —
Cf. Froissart,
(3) Date [« mardy après la Saint-Georges » 13.55] d'un accord entre lui
et le père de sa bru (Copie c. c.) ; il s'y nomme « Jehan de Clermont,
chevalier ». — Dans un acte de l'évèque du Mans du 18 août [« quartà
die lune post festam beatae Mariœ-Magdalaine »] 1354 il est appelé
«Johannes de Cla.-omonte, dominus de Garlanda, miles ».
(4') D'après le contenu de l'acte du 28 avril 1355 cité dans la note précé-
dente.
(5i Ibid.
— 19 —
VIII
8. Jean II, seigneur de Clermont et de Gallerande, puis
de Mervé (1) par son mariage avec N., fille aînée de Macé,
seigneur de Mervé (Cf. ci-devant, n" 4) et de Jeanne Picard,
de qui il eut :
1. Louis de Clermont, dont l'article suit;
2. N. de Clermont, mariée : 1" à Geoffroy de Mauloy,
chevalier ; 2" à Jean d'Estiolles, chevalier ;
3. Pierre de Clermont , seigneur de Malemort , capitaine
d'une compagnie d'hommes d'armes, vivant en 1399 ('2).
IX
9. Louis I, seigneur de Clermont, de Gallerande et de
Mervé (3), vivait en 1390 et mourut après le 10 juin 1399(4).
(i) Mervé, château dépendant auj. de la cornraiine de Luché-Pringé,
canton du Lude, arr. de La Flèclie, Sarthe.
(2) « Pierre de Clermont, qui servoit avec deux escuyers aux guerres de
Guyenne contre les .\nglois, l'an 1399 » (D'Hozier). — Les titres de
seigneur de Malemort et de capitaine d'une compagnie d'hommes d"armes
« sous Monseigneur de Coucy. capitaine-général du païs de Guïenne » lui
sont donnés, par une quittance (Copie du XVII'^ siècle, mais reproduisant
très exactement l'original sur lequel elle a été prise, P. G., v. 783), dont
la date est mutilée et l'était déjà sur l'origmal : « 10 juillet mil .... » ; la
citation de c Monseigneur de Coucy » [Enguerrand VII] la place entre la
mort d'Edouard III, roi d'Angleterre (21 juin 1377), avant laquelle il ne
voulut pas se mêler des discordes entre la France et l'.Vngleterre, et son
départ pour la croisade contre les Turcs, où il succomba (1396;. Cette
précieuse quittance est revêtue d'un fac-similé du sceau de Pierre de
Clermont : d'azur à trois chevrons d'or le premier écimé, à un chef de? ;
comme supports : deux lions accroupis ; comme cimier : un heaume sur-
monté d" « une teste regardant en haut », selon l'expression du copiste du
XVIP siècle.
(3) Il s'intitulait « Loys de Clermont, chevalier >; (Quittances des 20
août, 10 septembre, 1"" décembre 1389 ; Orig., P.O., v. 783; — 8 sep-
tembre 1382 ; copie, c. c.)
(4) Son fils aine (voy. Tarticle suivant) prend les titres de « seigneur de
Clermont etc. » dans son contrat de mariage de cette date.
— 20 —
— Il avait épousé N., fille d'Abraham, seigneur de Beuvron,
de la noblesse de Sologne, de qui il eut :
1. Jea7i de Clermont, dont l'article suit ;
2. Eiistache de Clermont, dont l'article suit celui de son
frère aîné.
3. Robin de Clermont , tué à la bataille de Verneuil
(17 août 1424), sans avoir contracté d'alliance ;
4. Catherine de Clermont, qui épousa Jean de Fontenay,
seigneur d'Andigny, de la noblesse du Maine ;
5. P}iili}rpe de Clermont, qui épousa Pierre Bessonneau,
maître-général et visiteur de l'artillerie, capitaine des
Ponts de Ce ;
6. Jeanne de Clermont, qui épousa Macé de Fontenay ;
7. Marie de Clermont, dame de Mervé, qui épousa Jean,
seigneur de Lavardin, de la noblesse du Maine (1).
8. N. de Clermont, qui épousa Hubert (2), seigneur des
Cormes, de la noblesse du Maine.
X
1 0- Jean III, seigneur de Clermont, de Gallerande, puis
[par alliance] vicomte du Grand-Montrevault (3), fit en 1410
son testament, par lequel il instituait divers legs aux églises
de Clermont, Mareil, Pringé et Luché (4) et mourut en 1416.
— Il avait épousé, par contrat du 18 juin 1399 (5), Jeanne
Chenu, dame du Grand-Montrevault, veuve de Jean de Basle,
de qui il n'eut pas de postérité.
(1) Probablement le père de ce Foulques dont la fille apporta la sei-
gneurie de Lavardin eu dot à Jean de Beaunianoir, ancêtre à la cinquième
génération du maréclial de Lavardin (P. Anselme, t. VIT, p. 384).
(2) Ou Humbert? (Voy. ci-devant n» 5).
(3) Montrevraull, auj. ch.-l. de cant. de Tarr. de Cholet, Maine-et-Loire.
(4) An., G. c.
(5) Extr., c. G.
— 21 —
Xbis
1 I . EusTACHE, seigneur de Clermont et de Gallerande,
vicomte du Grand-Montrevault [après la mort de son frère
aîné], puis [par son second mariage] baron de Bohardy (1)
et seigneur de Saint-Georges (2), vivait en 14i'2 et mourut
avant le 30 mars 1444 (3). — Il avait épousé en premières
noces N. de Basle, fille du premier mariage de sa belle-sœur,
Jeanne Chenu, avec Jean de Basle, de qui il n'eut pas
d'enfants. — Devenu veuf, Eustache de Clermont épousa en
secondes noces Jeanne de L'Isle-Bouchard, dame de Bohardy
et de Saint-Georges, fille puînée de Jean, baron de L'Isle-
Bouchard et de Bohardy, seigneur de Saint-Georges, et de
Jeanne de Bueil (4), de qui il eut :
1. Louis de Clermont, dont l'article suit ;
2 Jacques de Clermont, qui fût le compagnon d'armes de
Jean de Brézé, sénéchal de Poitou, à la surprise de Verneuil
(19 juillet 1449) et à la tentative de débarquemeni des
troupes françaises à Sandwich (28 août 1457) ;
3. N. de Clermont.
XI
12- Louis II, seigneur de Clermont et de Gallerande,
vicomte du Grand-Montrevault, baron de Bohardy, seigneur
de Saint-Georges (5), fut chambellan de René II, roi des
(1) Bohardy, hameau dépendant auj. de la comm. et du caiil. de
Montrovault, arr. de Cholet, Maine-et-Loire.
(2) Saint-Georges-sur-Loire, auj. ch.-l. de cant. de l'arr. d'Angers,
Maine-et-Loire.
(3) Date d'un acte où son fils aine (voy. l'article suiv.) prend les titres de
« seigneur de Clermont, etc. ».
(4) Leur tille ainée, Catherine, maiiée, le 2 juillet 1425, à Georges^ sei-
gneur de la Trémoille, lui apporta en dot la seigneurie de l'Isle-Bouchart
(P. Anselme, t. IV, p. 185).
(5) 11 s'intitulait « Louis de Clermont et de Galerande, seigneur desdits
lieux » et signait « LoYS DE Clermont » (Quittance délivrée par lui à son
— 22 —
deux Siciles, duc d'Anjou (le bon roi BenéJ et admis le
25 août 1448 dans l'ordre des chevaliers du Croissant, fondé
par ce prince le 11 du même mois. Il mourut en 1477. — Il
avait épousé Marguerite de La Haye-Passavant, de qui il eut :
i. Louise de C 1er m ont, mariée : 1" par contrat du 20 janvier
1460 (1459 V. s.) (1), à Jean Araenard, seigneur de Chanzé;
2" après le 10 avril 1472 (2), à N. de Brie.
Devenu veuf, Louis II de Clermont avait épousé en
secondes noces Marie Malet, fille de Jean II Malet, seigneur
de Graville, et de Marie de Montberon, sa seconde femme (3),
de qui il eut :
2. René de Clermont, dont l'article suit.
— Devenue veuve, Marie Malet, dame de Clermont, se
remaria le 8 juillet 1484, à Antoine de Beaumont, seigneur
de Bury et de Chef-Boutonne.
XII
13. René, seigneur de Clermont et de Gallerande ,
vicomte du Grand-Montrevault, baron de Bohardy, seigneur
de Saint-Georges, puis [par son second mariage], seigneur de
Traves (4), Saint-Chéron (5) et Châtellier (6), fut maître
beau-père d'une année de la rente constituée en dot à sa femme, 30 mars
1444 [1443 t'. s.] ; copie c. c.) — C'est à lui que commencent les généa-
logies de Le Lnboureur, et de Moréri, qui l'appellent Louis I ; voy.
l'AVAXT-PROPOS.
(1) Copie, G. G.
(2) Date d'une dispense de consanguinité accordée à Louise de Clermont
par l'évêque d'Angers ; (An., G. G.)
(3) Sœur consanguine de Louis Malet de Graville, amiral de France en
1486.
(4) Traves^ auj. comm. du cant. de Scey-snr -Saône, arr. de Vesoul,
Hante-Saône.
(5) Saint-Chéron, autrefois en Champagne, d'après l'énoncé d'un acte
rendu par lui le 4 janvier 1518 [1517 u. s.]; (copie, G. G.) — .Je n'ai pu
d 'terminer son emplacement actuel.
(6} Il s'intitulait, tantôt « René de Clermont, chevalier, seigneur dudit
lieu » (Quittances des 12 janvier 1492 [1491 v. s.]; orig., p. c, v. 784 ; —
19 juillet 1512, 16 octobre 1515, 25 août et 12 septembre 1524 ; orig., p. o.,
v. 783), tantôt « René, seigneur de Clermont et de Gallerande », (Aveu par
- 23 —
d'hôtel du Roi et i'un des gentilshommes ordinaires de sa
chambre, capitaine d'une compagnie de centhommes d'armes
de ses ordonnances, gouverneur de Honfleur et vice-amiral
de France. Il mourut après le 12 septembre 15'24 (1). —
Il avait épousé Perrette d'Estouleville, fille de Michel, sei-
gneur d'Estouteville, et de Marie, dame de La Roche-Guyon,
de qui il eut :
1. Louis de Clermont, dont l'article suit;
2. René de Clermont, tige de la branche des seigneurs de
Saint-Georges (voy. ci-après, § 6, n"^ 37-42) ;
3. Avoie de Clermont, mariée à Jacques de Pellevé,
seigneur de Cully et d'Aubigny.
— Devenu veuf, René de Clermont avait épousé en secondes
noces, par contrat du 28 novembre 1497 (2), Jeanne de Tou-
longeon, dame de Traves, etc., fille de Claude deToulongeon,
seigneur de Traves, etc., et de Guillemette de Vergy, de qui
il eut :
4. François de Clermont, seigneur de Traves, gentilhomme
de la chambre du Roi (3), tué en duel en Italie l'an 1555 ; il
avait épousé en 1527 Hélène Gouffier, veuve de Louis de
Vendôme, vidame de Chartres, fille d'Arthur Gouffier, duc
de Roannois, seigneur de Roisy, grand-maître de France, et
d'Hélène de Hangest, de qui il eut Hélène de Clermont,
lui rendu au duc d'Alençon, vicomte de Beauinont, 9 janvier 1487 1 148(3
V. s.]; (an., c. G.) ou « ... seigneur de Clermont, Gallerande, Plessis-
Allouin, vicomte de Montrevault », (Quittance à lui délivrée, 27 janvier
1492 [li9l V. s.] ; (orig., c. c); — Aveu par lui rendu au duc de Lorraine,
baron de Sablé, 16 mars 1520 [1519, v. &.]; (an., c. c); une seule fois à ma
connaissance il se para de tous ses titres seigneuriaux, — dans l'acte pré-
cité de 1518. — Il signait « R. de Clermont » (Quittances précitées de
1512 et 1514).
(1) Date d'une de ses quittances précitées ; — et non « 1523 », selon
tous les généalogistes de sa famille.
(2) An., G. c.
(3) Quittance du 8 janvier 1530 [1529 «.«.], signée « F. de CLERMONT»
et scellée d'un écusson portant : d'azur à trois clievrons d'or, le premier
écimé d'un croissant de.fl. ; (Orig., p. o., v. 783).
'24
dame de Traves, dite la belle de Traves, fille d'honneur
d'Éléonore d'Autriche, reine de France, qui épousa Antoine
d'Aure, seigneur de Grammont, vicomte d'Aster ;
5. Claude de Clermont, seigneur de Toulongeon, qui épousa
Perrette de La Chambre, fille de Charles de La Chambre,
seigneur de Sermoyé, chevalier de l'ordre de l'Annonciade,
de qui il eut Charlotte de Clermont, mariée trois fois : i" h
Jacques de Vienne, baron de Commarin, fils de François de
Vienne, seigneur de Pymont, et de Charlotte de Luxembourg,
mort en 1566 ; 5" à Théophile de Grammont, fils d'Antoine
d'Aure, seigneur de Grammont, vicomte d'Aster, et d'Hélène
de Clermont, son cousin-germain ; 3° à Claude de La Croix,
vicomte de Semoines ;
6. Christophe (i) de Clermont, religieux à l'abbaye (2) de
Corneux (3) (diocèse de Bezançon) ;
7. René de Clermont, mort jeune ;
8. Jeanne de Clermont, qui épousa Charles de Coué,
seigneur de Fontenailles ;
9. Marthe (4) de Clermont, chanoinesse et aumônière au
chapitre noble de Remiremont (diocèse de Toul) (5);
10. Catherine de Clermont, religieuse à l'abbaye de Bon-
Lieu (diocèse du Mans) ;
11. Renée de Clermont, religieuse à l'abbaye Sainte-Claire
de Pont-à-Mousson (diocèse de Toul) (6).
(1) Le Laboureur, d'Hozier, Moréri, Bertin du Rocheret ; — « Thomas »,
selon L.-G.-J. de Clermont.
(2) Et non « abbé » selon tous les généalogistes de sa famille ; cf. le
catalogue des supérieurs de ce monastère dans la Gallia Christiana, t. xv
(1880), col. 311-31 G.
(3j Et non «La Corneille» (Le Laboureur, d'Hozier_. Bertin du Rocheret),
ni (. Corneille » (Moréri), ni « Saint-Corneille de Gray » (L.-G.-,I. de Cler-
mont). — Corneux (en latin : Corneolus), est un hameau dépendant auj.
de la comm. de Saint-Braingt, cant. et arr. de Gray, Haute-Saône.
(i) D'Hozier, Moréri, L.-G.-J. de Clermont; — « Mathie » (Le Labou-
reur); cf. la note suivante.
(5) Omise par Bertin du Rocheret.
(6) La liste qui précède les enfants de René de Clermont est celle
donnée par L.-G.-J. de Clermont, la meilleure, ce me semble, puisque
— 25 —
XIII
1 4- Louis III, seigneur de Clermont et de Gallerande,
vicomte du Grand-Montrevault, puis [par alliance] baron da
Sexfontaines (1), puis [par engagement] baron de Preuilly et
seigneur du Blanc-en-Berry (2), se signala aux journées de
Guinegate (1513), et de Pavie (1525), fut maître d'hôtel du
roi et mourut entre le 19 janvier 1543 (3) et le 5 janvier
1545 (4). — Il avait épousé, avant le 16 février 1529 (5),
Renée d'Amboise, fille de Jean d'Amboise, seigneur de
Reynel, et de Catherine de Saint-Blin, dame de Vignory et
de Sexfontaines, de qui il eut :
1. Georges de Clermont, dont l'article suit ;
2. Jean (6) de Clermont, vicomte du Grand-Montrevault (7),
mort sans alliance avant son père ;
seul l'auteur a évité la double erreur commise par ses devanciers touchant
Jeanne de Clermont (ne pas confondre avec une autre Jeanne, femme du
sieur de Fontenaillesi, soi-disant fille de René et abbesse de Sainte-Croix
de Poitiers, — en réalité fille de Louin III et abbesse de La Trinité de
Poitiers ivoy. l'art, suivant). — Il est à noter que d'Hozier et Moréri, ce
deinier se séparant ici contre sa coutume de Le Laboureur, attribuent
Christophe de Clermont (n" 6 de la présente liste) au premier lit avec le
n" 2 et le placent entre son frère Louis et son frère René. Bertin du Ro-
cheret le range aussi dans le premier lit, mais avec le n" 3 entre son frère
Louis et sa sœur Avoie.
(1) Il porte les divers titres qui précèdent dans une cédule du 16 février
1529 [1528 i'. s.] (An., c. c). — Sexfontaines^ auj. comm. du cant. de
Juzennecourt, arr. de Chaumont, H?Hte-Marne.
(2) Il [lorte ces nouveau.x titres dans un extrait des Registres du Parle-
ment à lui relatif, du 6 mars 1540 (1539 v. s.\ et dans une quittance du 19
janvier 15i3 [1542 i'. s.] (Orig., p. c, v. 784). — Preiiilhj, auj. ch.-l. de
cant. de l'arr. de Loches, Indre-et-Loire. — Le Blanc-en-Berry , auj. ch.-l.
d'arr., Indre.
(3) Date de sa quittance précitée.
(4) Date (1544 i'. s.) d'un acte notarié, où Renée d'Amboise figure comme
veuve (Orig., p. c, v. 784).
(5) Renée d'Amboise figure comme sa femme dans la cédule préi;itée de
cette date.
(6)L.-G.-J. de Clerniont ; — plus probablement que « Louis » (Le
Laboureur, d'Hozier, Moréri, Bertin du Rocheret) ; cf., en effet, le prénom
du n" 4 de la présente liste.
(7) Et non pas « seigneur de La Celle » (Le Laboureur, d'Hozier, Moréri,
- 26 -
3, Jacques de Clevmont, tige de la branche des barons de
Bussy et de Sexfontaines(voy. ci-après, § 5, no^ 33-36) ;
4 Louis de Clermont, abbé de Cerisy (diocèse de liayeux),
aumônier du Roi, mort en décembre 1555 (1) ;
5. Jeanne de Clermont, née en 1521, abbesse de la Trinité
de Poitiers (2), à partir du 20 janvier 1538 (1537 i'. s.) (3)
par résignation de Marie d'Amboise, sa tante maternelle,
morte le 15 décembre 1586 (4).
XIV
I 5- Georges I, seigneur de Clermont et de Gallerande,
vicomte du Grand-Montrevault, baron de Bohardy, puis
[par rachat (5) en date du 16 août 1562 (6)] de Mervé, puis
Berlin du Rocheret) ou « .... et seigneur de La Celle « (L. G. -.T. de Cler-
mont) : Georges I (voy. l'art, suivant) est le premier Clermont qui porta
le titre de cette seigneurie.
(1) Gallia Christiana, t. XI (1759), col. 412.
(2) Et non pas « de Sainte-Croix de Poitiers « (Le Laboureur,
d'Hozier, Moréri, Berlin du Rocheret) ; L.-G.-J. de Clermont est le seul à
ne pas avoir donné dans l'erreur commune.
(3) El non pas « en 1587 », comme le veut L.-G.-,T. de Clermont, le seul
qui ait fixé la date de cet événement ; cT. la note suivante.
(4) Toutes ces dates, y compris la (iliation de Jeanne de Clermont (Cf.
l'article précédent et dans celui-ci la première note à elle relative), d'après
la Gallia Christiana, t. II (1720), col. 1308-1309, qui, en outre, reproduit
son épitaphe ; elle y est dénommée (< Jeanne de Clermont d'Amboise ». —
On connaît une quittance de « Jebanne de Clermont, humble abbesse du
moustier de la Sainte Trinité de Poitiers », s. d. (Orig., p. c, v. 784).
(5) Cf ci-devant, n" 9.
(6) An., G. G. — De tous ces titres il ne portait que celui de « seigneur
de Clermont » (Quittances de lui, 21 janvier 1561' [1563 v. s.], 28 mars 1567,
4 juillet 1569 ; orig., p. o., v. 783). — Dans une de ces quittances celle du
23 mars 1567 il se nomme non pas « Georges de Clermont » mais, « Georges
de C/er»îOH/-d".'lm6oîse », joignant ainsi le nom de sa mère à celui de
son père. (Cf. l'épilaphe de sa sœur, citée dans la note précédente ; dans
une autre, du 3 février 1564 [1563!'. s.] ; orig., P. o , v. 783), « G, de Cl.,
seigneur d'Amboise », au lieu de « G. de Cl. seigneur dudit lieu de Cler-
mont». (Quittances précittés. — Il signait ■:( G. de Clekmont » (Docu-
— '27 —
[probablement par son deuxième mariage] seigneur de La
Ferté-Loupière et de La Celle-Saint-Cyr (1), puis marquis
de Gallerande par érection sous ce titre, en date d'août 1576,
des seigneuries de Clermont, Gallerande, Mareil, Luché,
Pringé, Le Plessis-Allouin et Le Plessis-Marchais (2), cheva-
lier de Saint-Michel en 1563 (3), capitaine d'une compagnie
de trente (4), puis cinquante (5) lances des ordonnances du
Roi, mort avant le 10 février 1581 (6). — Il avait épousé
Perrenelle de Blanchefort, fille de François de Blanchefort,
seigneur de Saint-Janvrin, et de René de Prie, de qui il
eut :
1. Georges de Clermont, dont l'article suit ;
2. Louise de Cl'rmont , qui épousa Joseph d'Oineau ,
seigneur de Sainte-Souline, de la noblesse du Poitou ;
3. Edme de Clermont (7), vicomte du Grand-Montrevault,
par donation de son père, en date du mois de mars 1573 (8),
mort avant lui sans alliance (9).
— Devenu veuf, Georges I de Clermont avait épousé en
ments précités). — Son écnsson était écarleJé: an i et 4 d'azur à trois
chevrons d'or, celui du chef écimé, qui est de Clermont ; au 2 et 3 pallé
d'or et de gueules de six pièces, qui estd'AjiBOiSE (J.-F. d'Hozier [parent
de l'auteur de la généalogie, souvent citée, des Clermont], Recueil des
chevaliers de Saiiil-Michel).
1 1) Il ne prend ce titre que dans le contrat de son troisième mariage ;
voy. plus loin. — La Ferté-Loupière, auj. comm. du cant. deCharny, air.
de Joigny, Yonne. — La Celle-Saint-Cijr, auj. comm. du cant. de Sauit-
Julien-du-Sault, arr. de Joigiiy, Yonne.
(2) An., ce; — An., p. o , v. 784.
(3) J.-F. d'Hozier, 1. c.
(4) Ibid. — Quittances précitées.
(5) Quittances précitées des 21 janvier 1564 et suiv.
(6) Date de l'acte de partage de la succession eutre ses enfants (An.,
G. G.).
(7) Inconnu de tous les généalogistes, sauf de L.-G.-J. de Clermont.
(8) An., c. c.
(9) L'acte de partage de la succession de Georges I de Clermont, 10
février 1581 (An., c. C.}, ne fait pas mention de lui comme ayant-droit.
28
deuxièmes noces, entre 1562 (1) et 1565 (2), Anne d'Allègre,
dame de Viteaux et de Précy, veuve d'Antoine Duprat, sei-
gneur de Nantouillet, fille et héritière de François d'Allègre,
seigneur de Précy, et de Charlotte de Châlon, comtesse de
Joigny, dame de Viteaux, de qui il n'eut pas de postérité.
— Devenu veuf de nouveau, Georges de Glermont épousa en
troisièmes noces, par contrat du 17 février 1573 (3), Anne de
Savoie, veuve en premières noces de François de Saluées,
comte de Cardé, et en deuxièmes noces d'Antoine de Glermont
d'Amboise, marquis de Reynel (voy. ci-après, n" 42) fille de
Claude de Savoie, comte de Tende, gouverneur de Provence,
et de Marie de Ghabannes, de qui il n'eut pas de postérité.
XV
16- Georges II de Glermont, marquis de Gallerande,
vicomte du Grand-Montrevault, baron de Bohardy, etc. (4),
puis [par alliance] seigneur de Saint-Aignan (5), était cheva-
(1) Acte notarié daté de Gallerande le 22 mai 1562 et dressé à la requête
de Georges I" de Glermont et de sa deuxième femme Anne d'Allègre (sic,
et non « Jeanne dWllègre », selon L.-G.-J. de Glermont), par lequel celle-
ci demande un délai de six mois pour prouver qu'elle est descendante de
Jean de Châlon (Orig., c. c; récemment acquis par le feu marquis
Adhémar de Glermont-Gallerande).
(2) Date du testament fait par sa femme en sa faveur et au préjudice
des huit enfants issus de son premier mariage, — ce qui donna lieu en
1576 à l'édit dit des secondes noces (L.-G.-J. de Glermont).
(H) Gopie, G. H, V. 191 ; — An., c. c.
(4)11 porte les mêmes titres dont son père avait joui dans son contrat
de mariage, cité plus bas, et dans deux actes de vente consentis en sa
faveur les 1" février 1581 etl" octobre 1585 (Orig., c. c); naais d'habitude
il se qualifiait simplement comme son père « marquis de Gallerande,
chevalier de l'ordre du Roy ». (Quittances des 2 mai 1603, 6 juillet et l^^
décembre 1611 ; orig., p. o., v. 783). — 11 se faisait généralement appeler
« Georges de Gleimont », d'après les documents précités, sauf dans l'un
d'eux celui Ju 1" décembre 1611, où il est dit «Georges de Glermont
d'Amboise ». — Il signait: « Gr.KimoxT » (Quittances de 1611, précitées).
(5) Saint-Aignan, auj. comm. du cant. de Marolles-les-Braults, arr. de
Mamers, Sarthe.
— 29 —
]ier de l'ordre de Saint-Michel en 1571 (1) ; capitaine d'une
compagnie de cinquante lances des ordonnances (2), il fut
nommé « conseiller du Roy en ses Conseils d'État et privé »,
entre 1581 et 1585 (3), embrassa vers ce temps le calvi-
nisme, ce qui lui fit perdre ses charges précédentes, reçut
du roi de Navarre, chef des réformés, le commandement-
général de son artillerie en 1587 (4), recouvra le comman-
dement de sa compagnie des ordonnances à la suite de
l'avènement de ce prince au trône de France (2 août
1589) (5) et bientôt après, sa charge de conseiller du Roi (6),
fut fait maréchal de camp en 1592 (7) ut gouverneur de
Castres à l'avènement de Louis XIII (8), fonction qu'il paraît
avoir exercée très peu de temps (9). Il mourut entre le 1"
décembre 1611 (10) et le l'"' novembre 1614 (11). — Il avait
(1) Il prend ce titre dans son contrat de mariage, cité plus bas ; les pro-
motions avaient lieu chaque année le jour de la saint Michel (29 sep-
tembre), soit deux, jours avant la rédaction de Tacte ou il est marqué
comme en étant déjà investi. — Non porté dans le Becueil des cfiev. de
Saint-Michel de J.-F. d'Hozier.
(2) 11 en prend le titre dans un acte du 17 février 1581 (An.;, c. c).
(3) Comparer les iutitulés des actes précités du 17 février 1581 et du
1" octobre 1585.
(4) Brevet du 1«'' mai 1587 (An., c. c).
(5) Brevet du 30 octobre 1589 (.An., c. c); son commandement y est
limité à trente hommes d'armes « la compagnie qu'avoit commandée son
père », ajoute le brevet ; ce fait ainsi que les intitulés de l'acte du 9 février
1595, cité ci-dessous, et des quittances précitées de 1603 et IGU, rétablis-
sent la vérité.
(6) Il en reprend le titre pour la première fois dans le procès-verbal
d'une revue de la compagnie passée le 9 février 1595 en présence du
commissaire des guerres i^Copie, c. c).
(7) Brevet du 2 février 1592 (An., c. c).
(8) Ce titre lui est donné dans des lettres d'état à lui octroyées le 4 dé-
cembre 1010, afin de lui assurer un délai de six mois pour le paiement de
ses dettes (Extr., c. G.) ; il n'en est pas question dans des lettres sembla-
bles du mois de mai de la même année (An., c. c).
(9) Il n'en prend pas le titre dans ses quittances précitées des 6 juillet
et 1" décembre IGil.
(10) Cf. la quittance précitée de cette date.
(11) Dans une quittance de cette date, son fils aine (voy, l'art, suivant)
prend le titre de « marquis de Gallerande » (Orig., p. o., v. 783).
— 30 -
épousé, par contrat du '27 septembre 1572 (i), Marie Clutin,
fille unique et héritière de Henri Clutin, seigneur d'Oisel, de
Villeparisis et de Saint-Aignan, ambassadeur de France en
Ecosse, et de Louise-Françoise de Thouars (2), de qui il eut :
1. Henri de Cdermont, dont l'article suit ;
2. Marie de Clermont, qui épousa Jean-Antoine de Saint-
Simon, seigneur, puis (février 1620) marquis de Courtomer(3);
3. Judith de Clermont , qui épousa : 1° Centurion de
Pardieu , baron de Boudeville ; 2°, en 1636 , Pierre de
Croismares , troisième fils de Nicolas de Croismares et
d'Elisabeth de Novince ; 3° (4) N. de la Roquebudos, marquis
de Gra vélines ;
4. Charlotte de Clermont, qui épousa : 1° Jean Chabot,
baron de Sainte- Aulaye et de Marguerite de Durfort ; 2° par
contrat du 8 septembre 1618 (5) , Georges d'Argenson ,
seigneur d'Avesnes, de la noblesse du Maine (6) ;
5. Isabelle-Louise ou Elisaheth-Louise de Clermont, qui
épousa: i" en 1625, Gédéon de Botzelser-Asperen, baron de
Langherack, ambassadeur des Provinces- Unies en France ;
2° Jacques-Nompar de Caumout, duc de La Force.
XVI
17. Henri I de Clermont, marquis de Gallerande,
vicomte du Grand-Montrevault, etc. (7), puis noble véni-
(1) Extr.,c. G.
(2) Elle lui survécut au moins dix ans ; son testament est du 27 juin 1G25
(An., G. G.).
(3) Ces Saint-Simon, marquis de Courtomer, n'ont aucun rapport avec
les Rouvroy, créés ducs de Saint-Simon en la personne du père de l'au-
teur des Mémoires.
(4) Ce troisième mariage de Judith de Clermont n'est pas mentionné
par Berlin du Rocheret.
(5) An., G. G.
(6) Bertin du Rocheret intervertit l'ordre de ces deux mariages.
(7) 11 ne prenait dans les actes que le titre de « marquis de Gallerande »
— 31 —
tien (1), était lieutenant au régiment de Royal-Infanterie en
1661 ('J); il abjura le calvinisme en 1624 (3), devint plus
tard « conseiller du Roy en ses conseils d'Etat et privé » (4),
s'engagea par traité en date du 13 mars 1647 (5) au service
de la République de Venise en qualité de colonel-général de
la cavalerie française et allemande, testa le '27 mai suivant
au château de Saint-Aignan (6) et mourut en 1561 (7). — Il
avait épousé, par contrat du 10 juillet 1620, Louise de
Polignac, veuve de Henri Poussart, baron du Vigean, fille de
Gabriel de Polignac et de Léa Boutant (8), de qui il eut :
(Quittance du 1" novembre 1614 ; orig., p. c, v. 783 ; acte de procédure
de 1649, cité ci-dessous). — Il signait « Henry de Clermont ». — Pour
ces diverses causes, je ne peux lui attribuer, nonobstant l'aflirmation
formelle d'un annotateur du XVII' siècle, une quittance du 30 septembre
1615, débutant ainsi : « Nous {un blanc) Clermont dict Gallerande.... »
et signée « Clermont dict Gallerande » (Orig., p. c, v. 783). Il m'a
clé du reste impossible d'identifier ce personnage ; peut-être faut-il voir
en lui quelque bâtard du marquis Georges II.
Un portrait de Henri I de Clermont conservé au château de la Piltière
avec beaucoup d'autres portraits de famille porte dans le coin à gauche
l'inscription suivante :
HENRY DE CLEPvMONT D'AMBOISE
noble vénitien
marquis de gallerande
COLONEL-GÉNÉRAL DE L'.^RMÉE FRANÇAISE POUR
LE SERVICE DE LA RÉPUBLIQUE DE VENISE.
D'après ces énoncés (Cf. ci-après) il aurait été peint après mars 1647.
(PiVoy.lanote précédente in fine.— Il dut recevoir celte dignité lorsqu'il
fut engagé au service de Venise ; car il n'en prend la qualité dans aucun
des actes cités ci-dessous, pas même dans le contrat de mariage de son
fils, antérieur de six mois ; cf. ci-dessous, note 4.
(2) D'après les lettres d'état à lui octroyées par le Roi le 5 mars 1611
(An , G. G.).
(3) Certificat de l'évèque du Mans, 27 janvier 1624 (An., c. G.).
(4) 11 n'en prend la qualité que dans le contrat de mariage de son
second fils, Georges de Clermont, 8 octobre 1646; Orig., p. o., v. 783).
(5) An., G. G.
(6) Copie, c. G. — Ce testament ne fut enregistré au Châtelet de Paris
que le 17 mai 1664.
(7) Gén. an. de il73.
(8) La sœur consanguine de M™« de Clermont, Anne de Polignac, épousa
Gaspard III de Coligny maréchal de France.
- 32 —
1. Henri de Clermont, dont l'article suit ;
2. Georges de Clermont, tige de la branche des seigneurs
de Saint-Aignan (voy. ci-après, § 2, n"^ 2 I -23) ;
3. Louis de Clermont, tige de la branche des seigneurs de
Loudon, devenue branche aînée en 1742 (voy. ci-après, § 3,
nos 24-32).
— Devenu veuf, Henri I de Clermont avait épousé en deu-
xièmes noces Charlotte Hatte, fillede Pierre Hatte, seigneurde
Saint-Marc, conseiller au Parlement de Paris, et de Françoise
de Bullion, de qui il n'eut pas de postérité (1). — Devenu
veuf de nouveau, il avait épousé en troisièmes noces, par
contrat du 8 mai 1638 (2), Jeanne de Guillon, veuve de
Daniel Tilenus, fille de Daniel de Guillon, seigneur de Laage
et de Marie Prévost, de qui il n'eut pas de postérité (3),
XVII
I 8- Henri H de Clermont, marquis de Gallerande, etc.,
né le 6 juin 1621, mort en 1667 (4). — Il avait épousé, avant
le 14 août 1649 (5), Renée Monet, d'une famille noble du
Calaisis, de qui il eût :
i . Louis de Clermont, dont l'article .suit (6) ;
2. Louise de Clermont (7), qui épousa, le 28 octobre
1662 (8), Gaspard de Champagne, comte de La Suze ;
(1) Alliance inconnue de d'Hozier.
(2) An., G. G.
(3) Alliance inconnue de tous les généalogistes, sauf, bien entendu, de
L.-G.-J. de Clermont, qui nous en a conservé la preuve.
(4) Gén. an. de illS.
(5) Renée Monet ligure comme sa femme dans un acte de cette date
(Orig., p. c, V. 7!^i).
(6) « \}n fils » (D"Hozier, Moréri, Berlin du Rocheret) ; — « Louis de Cl. »
{Gén, an. de i773, L.-G.-,l. de Clermont).
(7) « Une fille, mariée au comte de La Suze » (D'Hozier, Bertin du Ro-
cheret ; — « Louise de Cl. mariée » (Moréri, Gén. an. de ilTS,
L.-G.-J. de Clermont.)
(8) Extrait des registres paroissiaux de Pringé (Copie, G. c.).
— 33 -
3. Blanche de Clermont{l), abbesse de Saint-Rémy-des-
Landes, (diocèse de Chartres), morte le 15 août 1G91 (2).
XVIII
1 9. Louis IV de Clermont, marquis de Gallerande (3),
(1) Inconnue de d'Hozier et de h Gén. an. de i773 ; — « Une fille,
abbesse de Saint-Rémy-des-Landes » (,Moréri,. Berlin du Rocheret ; —
« Blanche de Cl.,, abbesse etc. ». (L.-G.-J. de Cleimont).
(2) Gallia Christiana, t. VIII (174i), col. 1300 ; — cf. Bertin du
Rocheret: « morte en lG9i»; — et non o, morte en 1096 » (Moréri, L.-G.-J.
de Clermont).
(3) Il s'intitule simplement « Louis de Clerniont-Garlande >) dans une
quittance, signée « Glermûxt-Gaulaxds v, qu'il délivra le 23 juillet
1672 (Orig., p. o., v. 78i), et voici pourquoi :
Au décès de son père le marquis Henri II, la terre de Gallerande avait
été saisie par ses créanciers. Elle ne fut dégagée en vertu du droit de
retrait lignager, le 14 novembre 1689, par Georges-Henri de Clermont,
seigneur de Saint-Aignan, cousin du précédent propriétaire (Cf. ci-après,
n" 22) que pour être, bientôt après, aliénée au profit de Louis Colbert,
comte de Liguières; de par les mêmes droits, Jacques des Royers, seigneur
de La BrisoUière, au nom de sa femme, Gabrielle de Champagne-La Suze,
petite-fille du marquis Henri II i voy. l'art, précédent) la lui racheta, le 18
juillet 1698 ; il la rétrocéda, le 19 septembre 1699, à un certain Laurent
Thomé, des mains de qui elle fut reprise, toujours en vertu du droit de
retrait lignager, le 15 mars 1701, par Charles-Léonor de Clermont,
seigneur de Loudon (voy. ci-après, n° 25), qui releva le titre de marquis
de Gallerande (tous ces documents en analyses, c. c).
Néanmoins le titre de marquis de Gallerande est donné à Louis IV de
Clermont, fils du marquis Henri II, par des documents officiels, ainsi des
lettres royaux, du 10 juillet 169i(Impr., D. B., v. 190), l'acte de baptême
d'un enfant dont il fut le parrain le 22 juin 1712 (Registres paroissiaux de
Taverny ; communication de M. Anlonin-Lefèvre-Ponlalis, membre
de l'Inslitai), un acte de notoriété dressé le 23 février 1718 à la requête
de sa veuve en présence de plusieurs membres de la famille de Clermont
(Copie, c. c), un acte de vente dressé par devant notaires à la requête
de sa fille, li avril 1732 (Comm. de M. Lefèvre-Pontalis, à qui cet acte
appartient). De même ont fait Moréri, Bertin du Rocheret et la Gén. an.
de 1113. — Dans une donation à lui faite par sa tante maternelle, Suzanne
.Monet, 3 décembre 169i, il est qualifié « marquis Louis, comte de Cler-
inont-Gallerande » {Comm. de M. Lefèvre-Pontalis, à qui cet acte appar-
tient). Une quittance notariée délivrée en son nom, 15 janvier 1697,
XL 3
— 34 —
né au château de Gallerande le il juin 1650 (1), était aide
de camp en 1672 (2), « servit dans les troupes de M. l'arche-
vesque de Cologne, prince de Liège » en cette qualité la
mémo année (3) , fut nommé cornette au régiment de
Chartres-Cavalerie en 1678 (4) et mourut à Taverny (5) le
5 ('?) septembre 1712 (6). — Il avait épousé N. de Hotpen,
d'une famille noble du pays de Liège, de qui il n'eut pas de
postérité. — Devenu veuf, il épousa en secondes noces,
mais secrètement (7), Marie - Françoise de La Motte de
Montpellé, de qui il eut :
l'appelle n comte de Glermoiit de Garlande » (Orig., p. o., v. 784). Son
acte d'inhumation (voy. ci-après) le nomme «Louis de Clermont, comte
de Garlande ». — G'est égalumont à lui comme marquis de Gallerande,
que fut rendu ligurativement, le 11 juin 1683, Thommagc du fief de la
Piltière, qui devait plus tard entrer dans les possessions directes de sa
famille (voy. ci-après n" 25) ; j'ai reproduit l'acte notarié (Orig., c. c.) qui
nous en a conservé la trace de celte curieuse cérémonie dans mou étude
précitée Clcrmont-Gallsrande : autour d'une famille seigneuriale du
Haut-Mai:e.
(1) Extrait des registres paroissiaux de Pringé (Copie, c. c).
(2) Quittance précitée du 23 juillet 1672.
(3) Gén. an. de ill3.
(4) Brevet du 26 juillet 1678 (.\n., c. c).
(5) Dans la maison que lui avait donnée sa tante Suzanne Monet (voy.
ci-dessus). — Tavemy, auj. comm. du cant. de Montmorency, arr. de
Pontoise, Seine-el-Oise.
(6) Son acte d'inhumation, 6 septembre 1712, ne dit pas à quand remon-
tait le décès (Begistres paroissiaux de Taverny ; comm. de M. Lefèvre-
Pontalis).
(7) Cela résulte implicitement de l'acte de notoriété qu'elle fit dresser le
23 février 1718 pour établir la filiation de ses enfants (Copie, C. G.) —
Cependant Bertin du Rocheret avait indiqué cette alliance, avant que
L.-G.-J. de Clermont n'en donnât la preuve. L'auteur ajoute ce qui suit au
nom de la seconde femme de Louis IV de Clermont : « ..., dame de
Taverny (ce qui est faux ; comm. de M. Lefèvre-Pontalis, d'après un
tiavail en portefeuille sur l'histoire de Taverny) ; v*^ 1740 ; elle fut v% ma
bonne amie, morte 1743 m") ; — « w' » doit être l'abréviation de veuve, mais
son veuvagi! remontait bien en deçà de 1740, — ou même de 1743, si l'on
veut lire à la fui • morte 1143 ; [pour : 1743, morte ; c'est-à-dire : veuve
en i743 ; morte depuis] ; elle vivait encoie lors de la vente précitée par
sa fille du li avril 1752. Reste la mention «ma bonne amie », assez
curieuse et digne à ce point de vue d'être signalée.
— 35 —
1. Marie-Louise-Tliérèse de Clevmont-GaUeramle, née au
commencement de juillet 1707 (1), qui porta d'abord le
titre de « Mademoiselle de Clermont d'Amboise », fut demoi-
selle d'honneur, puis (1740) dame du palais, puis dame
d'honneur d'Elisabeth d'Orléans, reine d'Espagne (2), et,
après sa mort (174'2), de la duchesse de Penthièvre (3), fonc-
tions dans lesquelles elle se faisait appeler « marquise de
Clermont » (4) ;
2. Louis-François de Clermoiit-Gallerande, dont l'article
suit ;
3. Jean de Clermont-Gallerande, né au commencement de
janvier 1710 (5), déjà chevalier de Malte à la date de février
1718 (6), mort avant le 14 avril 1752 (7).
XIX
20- Louis-François de Clermont-Gallerande (8), né à
tl) Norn et date d'après l'acte de notoriété précité du 23 février 1718. —
Elle naquit ailleurs qu'à Taverny, car elle n'est pas inscrite sur les
registres paroissiaux de cette localité (Comm. de M. Lefèvre-PontalisJ ;
elle n'est citée que par Bertin du Rocheret et L.-G.-J. de Clermont.
{■2) Bertin du Roclieret. — Cf. Duc de Luynes, t. II, p. 219.
(3) Luyues, l. c.
(4) Id. — C'était le titre qu'avait porté son irère Louis-François (voy.
l'art, suiv.); il lui est donné par l'acte de vente précité du 14 avril 175-2. —
« La reine d'Espagne avait obtenu par une grâce particulière du Roi que
Mme de Clermont fût appelée 3/ada;ne, quoique non mariée. » (Luynes, l. c.)
(5| Mêmes observations que pour sa sœur Marie-Louise-Thérèse.
(6) Il ligure avec ladite qualité dans l'acte de notoriété précité de
cette date.
(7) D'après l'acte de vente précité de cette date, sa sœur Marie-Louise-
Thérèse est i' seule héi'itière » de leur frère Louis-François.
(8) Ce nom d'après son acte de baptême cité ci-dessous et l'acte de
notoiiété précité du 23 février 1718. — Le changement de patronyme
(« Clermont-Gallerande » au lieu de « Clermont »), noté soit ici soit dans
l'article précédent, à propos des enfants de Louis IV de Clermont, passa
très vite dans Tusage. Parlant de leur parent Louis de Clermont, marquis
de Montglas (voy. ci-après, u" 41), dont les père, oncle, etc. avaient
conservé l'ancienne forme dans les :!ctes authentiques, Saint-Simon (t. IX,
p. 33, année 169:)) dit : « 11 étoit Cleruionl-Gallerande ».
36
Taverny, le 7 juillet 1708 (1) , lieutenant au régiment
d'Auvergne-Infanterie en 1722 (2), colonel du régiment de
Vermandois-Infanterie en 1738 (3) , puis du régiment
d'Auvergne-Infanterie en 1740 (4), chevalier de l'ordre royal
et militaire de Saint-Louis (5), tué à la défense de Prague le
22 août 1742, sans avoir contracté d'alliance.
§ 2. — Seigneurs de Saint-Aignan
Éteints en 1734
Armes : D'azur à trois chevrons d'or, le premier écimé,
qui est de Clermont (6). — Supports : Deux lions d'or (7).
2 I . Georges de Clermont, seigneur de Saint-Aignan (8),
(1) Registres paroissiaux de Taverny (Comm. de M. Lefèvre-PontalisJ .
— « Au commencement de juillet 1708 », d'après l'acte de notoriété
précité du 23 février 1718. — Des généalogistes antérieurs a L.-G.-J. de
Clermont, seul, Bertin du Rocheret l'a signalé. Il l'appelle « le marquis
de Clermont-Gallerande », peut-être par confusion avec son cousin
Georges-Jacques de Clermont^ seigneur de Saint-Aignan, qui avait porté
ce titre et commandé avant lui Auvergne-Infanterie (voy. ci-après, n" 23),
car, bien que ce titre ou son équivalent, « marquis de Clermont »,. lui soit
rétroactivement donné par sa sœur dans l'acte de vente précité du 14 avril
1752, dans l'acte de mariage de son parent Armand-Henri de Clermont,
seigneur du Tronchet (,voy. ci-après, n» 31), où il ligure en qualité de
témoin, le 2 août 1740, il s'intitule simplement « Louis-François de
Clermont-Gallerande » (Registres paroissiaux de Saint-Jean-en-Grève à
Paris ; extr. orig., n. h., v. 100; copie, G. H., v. 191).
(2y Bertin du Rocheret; L.-G.-J. de Clermont (qui n'a pas connu l'œuvre
du précédent).
(3; Brevet du 29 mai 1738 (.\n., c. c.) ; — 1788 (Bertin du Rocheret).
(4) Bertin du Rocheret ; L.-G.-J. de Clermont (même observation que
ci-dessus).
(5) Avant le 2 aoîit 1740, dote de l'acte de mariage précité d'Armand-
Henri de Clermont, où il en prend la qualité.
(G), (7) Cf. ci-après, la première des notes relatives au § 6.
(8) Il poite le titre de « marquis de Saint-.Mgnan » dans une quittance
du 23 juin IGô,") et dans un acte de procédure du 17 février 1679 (Orig.,
— 37 —
deuxième fils de Henri I de Glermont, marquis de Gallerande
(voy. ci-devant, n^ 1 7), et de Louise de Polignac, né le
14 août 1622, vivait en 1655 (1) et mourut avant (2) le
17 février 1679. — Il avait épousé, par contrat du 8 octobre
1646 (3), Madeleine Gaudon, fils de Samuel Gaudon, seigneur
de la Rai Hère, et de Jeanne Menjot (4), de qui il eut (5) :
1. Georges-Henri de Glermont^ dont l'article suit;
2. Louis de Glermont^ mort sans alliance ;
3. Anne-Louise de Glermont, morte jeune ;
A. Ék'0)iore de Glermont, morte sans alliance.
XVIII
22- Georges-Henri de Glermont, seigneur de Saint-
Aignan (6), né au château de Saint- Aignan le 10 janvier
p. G., V. 783), ainsi que dans un factum inriprimé sans date en faveur de sa
femme contre lui (Ibid.j ; de même de sa veuve dans deux arrêts du
Parlement, 22 avril 168i- et 19 juillet 1706 (Copie, c. c.)' et dans un
factum imprimé s. d. en faveur de celle-ci contre leur fils (d. b., v. 191));
dans son contrat de mariage, 8 octobre I6i(i (Orig., p. o., v. 783) il est
qualifié « comte de Saint-Aignan » ; de même, par tous les généalogistes
de sa famille. Aussi bien s comté » ou « marquisat » n'était-il qu'un titre de
courtoisie ; il n'y a nulle part trace de titres royaux qui aient érigé en l'un
ou l'autre la seigneurie de ce nom, venue aux Glermont des Ciutin (voy.
ci-devant, n" 16). — 11 signait : « ClerMont de Saixt-Aign.\n » (Quit-
tance précitée du 23 juin 1G55).
(1) Quittance précitée du 23 juin de cette année.
(2) Dans le factum précité de cette date figure sa veuve.
(3) Orig., p. o., v. 783.
(4) Elle mourut le i""' janvier 1717 (Moréri, Berlin du Rocheret) ; — en
1712, selon L.-G.-J. de Glermont; — d'Hozier et la GJ/i. a*t. rft; :/77.î>,
sont muets à cet égard.
(5) Liste fournie par la Gén. an. de 1113: L.-G.-J. de Glermont l'a
suivie en la déformant [pour l'harmoniser avec les autres ?] comme suit :
« Georges-Henri », « Anne »_, v Louise », « Éléonor », « Antoine » ; —
Moréri ne connaît, avec Georges-Hemù, que « un fils, mort jeune », sans
doute le «Louis» de la Gén. an. de i773 ; — Bertin du Rocheret ne
mentionne que Georges-Henri.
((5) Dit « le comte de Glermont » dans un factum impr. s. d. pour sa
mère et contre lui et dans un autre pour sa coUocation (d. b., v. 196; ; —
« G. -H. de Glermont-d'Araboise, comte de Glermont », dans un arrêt du
- 38 —
1653 (1), capitaine au régiment Mestre-de-camp-général-
cavalerie en 1689, brigadier de cavalerie en 1696, maréchal
de camp en janvier 1702, tué au siège de Mantone au mois
d'avril de la même année. — Il avait épousé, en 1672,
Marie-Madeleine Bitault , fille unique de René Bitault ,
seigneur de Cliizé, et de Madeleine de Coulonges, de qui
il eut :
1 . G eor g es- Jacques de Clermont, dont l'article suit ;
2. Louise-Françoise de Clermont, morte au Mans en 1727
sans avoir contracté d'alliance (2);
3. Marie-CatJierine de Clerinoit (3), née à Paris le 26
mars 1701 (4), vivait encore le 30 juillet 17M (5).
Parlement du G juin 1G98 (Copie, c. c.)et dans deux fantum impr. s. d. l'un
de lui contre ^larguerite Bottrel, l'autre de Marguerite Bottrel contre lui
(d. b., V. 196) ; — « le sieur de Saint-iVignan >• également dans ce dernier;
— « G.-H. comtede Clermont-d'Amboisede Saiiif-Aignan » et « G.-H., comte
deClermont » dans un factum impr. s. d. d'Anne Pasquier contre lui (Ibid.j;
— tantôt « G.-H. de Cl., comte de Saint-Aignan », tantôt « G.-H. de
i",lermont-d'.\mboise, comte de Saint-Aignan », tantôt « G.-H. de Clermont-
d'Amboise de Saint-.\ignan » dans des lettres royaux impr. du 1G juillet
1694 (D. B., V. 196). — Sur la cause déterminante de tous ces plaidoyers»
cf. ci-devant, n" 19, la note relative a la sortie de la terre de Gallerande
des mains de la branche aînée après 1667 et son rachat en 1689 par la
brandie de Saiiit-.\ignan. Georges-Henri de Clermont est appelé : « G.-H.
de Cl., seigneur de Saint-Aignan, le comte de Clermont » par Moréri ; —
« G. H. de Clermont-d'Arnboise, comte de Saint-.\ignan » par Bertin du
Rocheret; — « G.-H. de Cl., marquis de Saint-Aignan », par la (ïe'u. an.
de 1113.
(i) Extr. de baptême, selon le rite réformé, 19 janvier 1653 (An., g. c.)
('2) Cette mention est attribuée par Moréri à « une fille » et par L.-G.-J.
de Clermont à Marie-Catherine, dont tous deux s'accordent à placer
la naissance avant celle de Louise-l'Yançoise ; propositions également
inadmissibles, vu l'acte prouvant que Marie-Catherine vivait encore en
1744 (voy. la note suiv.) et la date du décès de leur père. — Son prénom
est laissé en blanc dans la liste des enfants de Georges-Henri de Clermont,
seigneur de Saint-.\ignan, donnée par Bertin du Rocheret et n'est pas
même représentée par un numéro d'ordre dans la Gén. an. de iT73.
(3) Ignorée de Bertin du Rocheiet ; — « Marie-Catherine », sans autre
mention dans la Gén. an. de iT13 ; — pour ce qui est dû, après discussion,
aux autres généalogies, cf. la note précédente.
(4; Moréri, L.-G.-J. de Clermont.
(5) Date du baptême de Charles-Georges de Clermont (voy. ci-après.
- 39 -
XIX
23- Georges-Jacques de Clermûnt, seigneur de Saint-
Aignan fl), né en 'J689, fut colonel du régiment d'Auvergne-
Infanterie en 1716, inspecteur d'infanterie en -1722, brigadier
d'infanterie en 1734, et chevalier de l'ordre royal et militaire
de Saint-Louis. Il mourut le 0 juin 1734 des suites d'une
blessure reçue la veille à Colorno près Parme. — Il avait
épousé, le 14 janvier 1728, Louise-Diane-Francoise de
Clermont, fille de Pierre-Gaspard de Clermont, marquis de
Clermont-Gallerande, et de Gabrielle d'O, sa cousine (voy.
ci-après, n" 26), de qui il eut :
N. de Clermont^ mort en bas-âge (2).
§ 3. Barons de Mervé, seigneurs de Loudon
et du Tronchet,
Marquis de Gallerande ou Clermont-Gallerande
[1701-17r)6, puis 1824 et années suivantes]
Marquis de Reynel et de Montylas, comtes de
Cheverny,
Princes souverains de Delain
[depuis 1824]
Seule branche existant aujourd'hui
Armes : D'azur à Irois chevrons cVor, le premier écimè,
n» 32), dont elle fut marraine. Elle est appelée dans l'acte : o ^larie-
Catherine de Clermont de Saint- Aignan ».
(1) Dit: « le marquis de Clermont » dans les Mémoires du duc do
Luynes, t. i, p. 104, 105 ; — ii G.-J,. de CI., marquis de Saint-Aignan,
le comte de Clermont, dSins 'Sloiévi] — « G.-J. de Clermont-d'Amboise,
comte de Saint-Aignan », dans Berlin du Rocheret.
(2) L.-G.-J. de Clermont.
— 40 —
qui est de Glermont (1). — Supports : Deux lions d'or (2).
XVII
24. Louis de Glermont (3), baron de Mervé (4), puis
[par alliance] seigneur de Loudon (5) et du Tronchet (6),
troisième fils de Henri I de Glermont, marquis de Gallerande
(voy. ci-devant, n" 17), et de Louise de Polignac, né en
1626 (7), mort avant (8) le 23 juin 1655 (9). — Il avait
épousé, par contrat du 29 mars 1652 (10), Suzanne Morin,
dame de Loudon et du Tronchet, fille aînée et principale
(1), (2) Cf. ci-après, la première des notes relatives au § 6.
(3) « Loys de Clerrnont-d'Amboise » (Généalogie ms. de la famille de
Loudon, citée plus loin).
(i) Et non « Méru », selon tous les généalogistes, même L.-G.-J. de
Glermont, qui a connu les preuves du contraire. Cette erreur provient de
la confusion, constante autrefois, entre Vu et le v. La gén. ms, des
Loudon, citée plus loin, porte tiès distinctement à quatre reprises, à
propos de la femme de notre personnage, « Madame de Mérité » ; et, au
contraire, une quittance précitée de son frèi'e le seigneur de Saint-Aignan,
'23 juin "1655, l'appelle « baron de Merwé ». — Ce titre n'est pas donné à
Louis de Glermont dans le testament précité de son père. Sa sœur, Louise,
comtesse de la Suze, avait reçu en dot, par son contrat de mariage précité,
le revenu d'une partie de cette seigneurie.
(5) Et non « Loudun », comme le dit Bertin du Rocheret. — Il n'en
porta jamais le titie (Gén. ms. des Loudon. — Qi'ittance précitée de
Georges de Glermont, seigneur de Saint- .\ignan, 23 juin 1655). — Loudon,
auj. hameau de la comm. de Paiigué-l'Évéque, cant. et arr. du Mans
(Sarthe).
(6) Même observation que pour la- seigneurie de Loudon. — Le Tronchet,
auj. comm. du cant. de Beaumont-sur-Sarthe. arr. de Mamers (Sarthe).
(7} Selon Bertin du Rocheret ; — en 16'22, selon Moréii et L.-G.-J. de
Glermont ; les autres généalogies sont muettes sur ce point.
(8) Mais très peu de temps avant : comparer la date de son mariage et le
nombre de ses enfants.
(9) Georges de Glermont, seigneur de Saint-Aignan, délivre la quittance
précitée de cette date, tant en son nom que comme ayant-droit de « M'*^
Louis de Glermont, baron de Mervé ».
(10) .\n., c. c, — Cf. la date de '165'2 assignée à son mariage par Bertin
du Rocheret ; elle est ignorée de tous les autres généalogistes, sauf de
L.-G.-J. de Glermont, qui l'indique d'après l'acte visé ci-dessus.
— 41 -
héritière de Henri Morin, seigneur de Loudon et du
Tronchet (1), et de Suzanne de Nonant-le-Comte, de qui
il eut :
1. Charles- Léonor de Clermont, dont l'article suit ;
2. Gaspard- Antoine de Clermont , « le chevalier de
Clermont » tué à la bataille de Nerwinden (1693) ;
3. 4. Deux enfants, morts en bas-âge.
XVIII .
25. Charles-Léonor de Clehmont (2), baron de Mervé,
(1) Un curieux manuscrit du XVI" siècle (Oiig., c. G.), intitulé : Table
des 4 lignes Roïalles (extraites d'un plus grand nombre! des Seigneurs
c/c Loi«/o/i, nous dit qu'Henri Morin descendait à la seizième génératiou
de « Henry I, roy de France, et Anne de Russie, fille du roy lardslas », ^
à la treizième à la fois de Robert de France, comte de Dreux, [sixième fils
de Louis VI, roi de France] et d'Enguerrand H, sire de Coucy, — à la
sixième, à la fois de « Raoul, sire de Coucy et Agnèz de Hainaut, tante
paternelle des empereuis Beaudouin et Henry de Constantinople, de
rimpératrice Agnèz [femme de ce dernier] et d'Elisabeth de Hainaut,
Roine de Fiance [première femme de Philippe H Auguste] », et de « Marie
de Dreux, princesse roïalle de France », femme de « Guillaume III Moiin,
chevalier, seigneur de Loudon et du Tronchet », — à la cinquième, de
« Marie du Guesclin, Maison alliée à celle de Rohan et de laquelle il y a
eu un Connestable de France » [femme de Jean Morin, fils de Guillaume HI
Morin], — à la quatrième de « .lelianne de Tlievailles, arrière-grandlante
de S. A. Claire-Clémence de Maillé, Princesse de Condé » [femme de
Guillaume IV Morin, fils de Jean Morin|.
L"auteur de cette intéressante généalogie la termine ainsi : n Susanne
Morin, dame de Loudon, épouse Loys de Clermont-d'Amboise, chevalier,
baron de Mervé, descendu par douze lignes féminines du Roy Saint-Louis ».
(2) A lexempie de son père ivoy. l'art, précédenti, il s'intitulait « Char-
les-Léonor de Clermont-d'Amboise » et signait de même d'habitude (Quit-
tances des 21 septembre 1682, 27 décembre 169U, 17 mars 1691 ; orig.,
p. o., V. 783(. Une fois cependant, si l'intitulé reste tel que ci-devant,
la signature est k Charles-Léonor de Cler.moxt » (Quittance du 20 dé-
cembre 1687 ; orig., p., c, v. 78'f). Son contrat de mariage, 23 avril 1681
(Extr., c. Cl, ainsi qu'un arrêt du Parlement du 8 août 1704 (Copie, G. G.;
l'appellent c Ch.-L. de Clermont de Loudon » ; — un autre arrêt du Parle-
ment, du 6 juin 1698 (Copie, c. c.i « Ch.-L. de Clermont-d'.Vmboise » ; —
deux autres, 22 avril 1704 et 18 juillet 1707 (Copies, G. G.), et une assi-
42
seigneur de Loudon et du Tronchet (1), puis marquis de
Gallerande [par achat de- la terre de ce nom (1701)] (2),
commandeur des ordres unis de Notre-Dame du Mont-
Carmel et de Saint-Lazare, mort le 17 avril 1715. — Il avait
épousé, par contrat du 23 avril 1681 (.3), Madeleine de
Mormez de Saint-Hilaire, fille de Pierre de Mormez, marquis
de Saint-Hilaire, lieutenant-génér ;1 de Tartillerie (4), et de
Judith Frichet, de qui il eut :
1. Pierre-Gaspard de Clermont, dont l'article suit ;
2. Louis-Georgi's de Clermont, seigneur de Loudon,
puis [par acquisition, en date du 21 février 1744] de la
Piltière (5), « le comte de Glermont », né en 1684 ; il servit
dès 1698 aux Mousquetaires, fut nommé colonel à la suite du
régiment d'Auvergne-Infanterie en 1720, lieutenant-colonel
du régiment Orléans-Infanterie en 1734, chevalier de l'ordre
giiation en justice, adressée en son noni (Orig., c. c.) « Ch.-L. de
Glermont ».
(1) « Comte de Loudon » dans son contrat de mariage et ses quittances
précités, c'est-à-diie de 1681 à 1697 ; — « marquis de Loudon. Mervé,
etc. », dans l'arrêt du ^^ avril 168i; — « seigneui' de Loudon, Mervé, etc. »,
dans celui du 6 juin 1698. — Même observation, du reste, que pour le
« comté » ou « marquisat » de Saint-Aignan ; cf. ci-devant, n" 21.
(2) Voy. ci-devant, n" 19 nolus. — Il porta ce titre (ainsi dans Tarrêt
précité du S août 171)4), et encore pas très régulièrement (dans l'assigna-
tion précitée du iO décembre 1703, il n'est qualifié que « seigneur de
Gallerande et a; très lieux »), mais d'ailleurs peu de temps; dès le
19 juillet 1706, dans une requête au Parlement (Copie, c. c). il ne prend
plus que la qualité de « marquis de Clermont, seigneur de Loudon » : dans
un arrêt de la même cour, IS juillet 1707 (Copie, c. c), il n"est plus que
« seigneur de Gallerande, Loudon, Mci'vé, etc. » ; enfin, dans l'acte de vente
de la seigneurie de Mervé, 19 janvier 1711 (Copie, G. G.), il est mentionné
simplement comme « comte de Loudon », tandis que son fils aine est
intitulé « marquis de Gallerande ». — Berlin du Rocheret l'appelle « mar-
quis de Clermont et de Gallerande » ; dans toutes les autres généalogies
il est « le marquis de Gallerande ».
(3) Extr., c. c.
(4) Celui qui eut le bras emporté par le même boulet qui tua le maréchal
de Turenne,
(5) La Pillicre, château dépendant auj. de ia comm. de Mareil-sur-
Loir, cant. du Lude, arr. de La Flèche (Sarthe).
- 43 —
royal et militaire de Saint-Louis en 1737, brigadier d'infan-
terie en 1738, premier gentilhomme de la chambre du duc
d'Orléans en 1742 (1), maréchal de camp en 1743 ; il mou-
rut le 3 mai 1758 sans avoir contracté d'alliance ;
'3. Madeleine- Henriette, de Clevmont ^ dame de Saint-
Aignan, & Mademoiselle de Clermont », née en 1087,
morte en 17(il, sans avoir contracté d'alliance ;
4. Armxnd-IIenri de Clermont, tige des seigneurs du
Tronchet (voy. ci-après, § 4, ir'^ 3 | et 32) ;
5. Charlottc-Éléonore de Clermont , « Mademoiselle de
Loudon » (2), née en 1696 (3), morte sans avoir contracté
d'alliance (4).
(1) I.uynes. t. IV. p.S-2 ; cf. Bertin du Rocheret; — 17.y2, selon L.-G.-.T.
de Clermont ; — Moréri et la Gén. an. de 111,3 .sont muets sur ce point.
(2) L.-G.-J. de Clermont.
(3) Moréri, Bertin du Rocheret ; — en 1689, selon L.-G-.-.I. de Clermont.
(4) Charlotte-Éléonore de Clermont fut mstituée par Angélique Frichet,
sa grand'tante rnalernelle, légataire universelle (Testament notarié, fait à
La Haye le 22 juillet 1717 ; copie, c. c, d'après une expédition datée du 22
juillet 1719 [sans doute après la mort de la testatrice ]) « à condition que sa
dite nièce [lisez : petite-nièce] et héritière universelle sera tenue et obli-
gée de venir, un an après le décès de ladite testatrice, dans ce pays pour y
demeurei' et faire piofession ouverte de notre sainte religion réfoiinée... »
Nous savions déjà que Georges II de Clermont embrassa le protestan-
tisme vos lô'^'G. mais que son fils aîné. Henii 1, Fabjura en 1624 (voy. ci-
devant, n » 16 et 17(; que, dans la blanche des seigneurs de Saint-.\ignan,
Georges-Jacques de Clermont, second et avant-dernier de celle-ci, fut
baptisé en 1653, selon le rite de Genève (voy. ci-devant, n" 22), ce qui
permet de conjecturer que son fils, en qui elle s'éteignit, demeura comme
lui fidèle à la foi de ses père, grand-père et arrière-grand-père ; le
caractèie très catholique des ordres unis du Mont-Carmel et de Saint-
Lazare, dont Charles-Léonor était, on vient de le voir, un des hauts digni-
taires, ne permet pas do doutei' qu'il ne lut revenu à la religion des
ancêtres d'Henri 1 de Clermont, mais il fut probablement le premier de la
brandie des seigneurs de Loudon à le faire, car l'acte qui a donné matière
à la présente note prouve une conversion assez récente pour que les
enfants de Charles-Léonor fussent nés dans la religion dont Angélique
Frichet exigeait « la profession ouverte » de la part de celle d'entr'eux
qu'elle s'était choisie pour succéder à ses biens.
44 —
XIX
26- Pierre-Gaspard de Clermont (1) , marquis de
Gallerande ou Clermont-Gallerande (2), puis [par acquisition,
30 septembre 1718] (3), baron de Brouassin (4), né en 1682,
fut successivement mestre de camp du régiment de Clermont-
Dragons, puis du régiment de Royal-Cavalerie ; capitaine
(1) Il fut pendant un temps appelé « M. de Clermont-d'Amboise « (Saint-
Simon, t. IX, p. 30 ; année 1711), à l'exemple de son père (voy. l'article
précédent) ; en 1738 encore, il est nommé ainsi dans la promotion
d'officiers-généraux du 24 février de cette année, citée par le duc de
Luynes (t. il, p. 44) ; toutefois ce dernier ne l'appelle jamais que « M. de
Clermont » ou « M. de Clermont-Gallerande ». — Il signait « DeClermoxt ».
(Articles de la capitulation d'Ath, 8 octobre 17'(5 ; copie, c. c, d'après le
double que lui avait envoyé le marquis de Voyer d'Argenson, ministre de
la guerre).
('2) La première appellatioi , seule correcte, est employée dans l'acte de
vente précité de la seigneurie de Mervé, 11 janvier 1711, et dans la confir-
mation de l'érection des terres de Clermont, Gallerande, etc., en mar-
quisat, mai 1719 (Extr., c. c.) Mais un usage différent s'établit : on souda
son titre et son nom ; voy. Gazette de France, Mercure de France^ etc. ;
sur la plaque de marbre noir qui désignait dans le bourg de Clermont la
maison, bâtie en 1745, où se rendait la justice seigneuriale on lisait :
Marquisat de Clermont-Gallerande (a); ce fut également au « sieur
marquis de Clermont-Gallerande « que fut confié le gouvernement de
Saintonge et .-\unis (Lettres de provision du 24 novembre 1751, orig., ce. )
Il n'y eut du reste à cet usage rien d'absolument définitif, ainsi qu'on le
verra ci-après (n" 32) à l'article du successeur de Pierre-Gaspard au
marquisat. Lui-même, s'il est nommé « marquis de Clermont-Gallerande »,
par Moréri, ainsi que par L.-G -.T. de Clermont, écrivant au commence-
ment du XLV siècle d'après ses souvenirs d'enfanee, il est appelé « mar-
quis de Gallerande » par la Gén. an. de i7T3 ; — Bertin du Rocheret ne
prend point parti ; il le désigne sous le titre de « marquis de Cler-
mont » qu'avait quelquefois porté son père après lui avoir cédé la
possession du marquisat.
(3) An., G. c.
(4) Les lettres patentes précitées confirmant l'érection du marquisat de
Gallerande lui incorporent la baronnie de Brouassin, tout en lui laissant
son titre féodal distinct. — Brouassin, auj. hameau de la comm. de
Mansigné, cant. de Pontvallain, arr. de La Flèche (Sarthe).
(a) La maison e.xiste encore, mais veuve de sa plaque, déposée aujom'd'hui au
cliàteau de La Pillière, résidence du chef de la famille de Clermont.
— 45 —
des gardes du duc de Berry, petit-fds de Louis XIV, en
1711 ; chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis,
brigadier de cavalerie et capitaine des gardes du duc de
Chartres, fds du duc Philippe d'Orléans, régent de France,
en 1719 ; chevalier des ordres unis de Notre-Dame du Monl-
Carmel et de Saint-Lazare et bailli de Dôle (1) en il22 ;
premier écuyer du duc Louis d'Orléans en 1723 ; chevalier
de l'ordre du Saint-Esprit en 1724 ; mestre de camp du
régiment d'Orléans-Gavalcrie en 1726 ; maréchal de camp en
1734 ; lieutenant-général en 1738 ; gouverneur de Neuf-Bri-
sach en mars 1743 ; il prit ensuite une part importante
aux opérations de la guerre de la Succession d'Autriche,
notamment aux batailles de Fontenoy (1745), Raucoux (1746)
et Lawfeld (1747) ; fut nommé gouverneur de Saintonge et
Aunis par lettres-patentes en date du 24 novembre 1751 et
il mourut le 27 octobre 1756. — Il avait épousé, par con-
trat du 7 avril 1706 (2), Gabrielle-Françoise d'O, seconde
fdle de Gabrielle-Claude d'O , marquis de Franconville,
et de Marie-Anne de Lavergne de Guilleragues, dame d'atours
de la duchesse d'Orléans, puis de Mesdames, filles de
Louis XV (3), de qui il eut :
1. Louis-Georges-Hippolyte de Clermont, né en 1708,
mort le l*^"" janvier 1714 ;
2. Louise-Diane- FriUiçoise de Clerviioni (3), née en 1710,
qui épousa : i» Georges-Jacques de Clermont, seigneur de
Saint-Aignan, son cousin, mort en 1734 (voy. ci-devant,
n° 23) ; 2°, par contrat du 5 mars 1738, Louis de Brancas,
duc de Villars, pair de France et grand d'Espagne de la
première classe, veuf en premières noces de sa cousine,
Marie de Brancas, fils de Louis-François de Brancas, duc de
(1) 11 succédait dans cette charge à son cousin Louis de Clermont,
marquis de Montglas, comte de Cheverny (voy. ci-après, n" 41).
(2) An., G. G.
(3) Luynes, t. VIII, p, 237 (juin 1747) ; t. X, p. 323 (septembre 1750). —
Elle .survécut à son mari [Ibid., t. XV, p. 208).
— 46 —
Villars, et de Marie-Madeleine Girard, (dit cv le duc de
Brancas » depuis qu'il s'était démis (1709) de son duché-
pairie en faveur de Louis-Antoine de Brancas, i'ainé de ses
enfants du premier lit), dont elle devint veuve le 24 janvier
1739 ; son père, n'ayant pas d'enfant mâle au moment de son
premier mariage, lui avait constitué en dot, sous réserve
d'usufruit, la terre de Gallerande, qu'elle vendit le 15 juillet
1772, à son cousin-germain Charles-Georges de Clermont,
seigneur de Clermont (voy. ci-après n^ 32) ; elle fut dame
d'honneur de Madame Henriette, deuxième fille de Louis XV,
puis de la Dauphine, sa belle-fille (1), puis de la comtesse de
Provence, belle-sœur de Louis XVI ; elle mourut en 1788 ;
3. Louis-Gaspard-Joseph de Clermont, dont l'article suit.
XX
27. Louis-Gaspard-Joseph de Clermont, dit « le comte
de Clermont-Gallerande » ('2), même après que le décès de
son cousin-germain Charles-Georges de Clermont, en 1824,
lui eût rendu le titre de marquis de Gallerande ou Clermont-
Gallerande, et de baron de Brouassin, ayant appartenu
originairement à l'aîné de sa famille et avec eux ceux de
marquis de Reynel et de Montglas, de comte de Cheverny,
de prince souverain de Delain, et de baron de Rupt, dont ce
dernier avait hérité (voy. ci-après, n-^ 32), né à Andol-
sheim (3) , le 17 avril 1744 (4) ; il étudia d'abord pour
(i) Luynes, t. II, p. 20 (26 janvier 1738) ; t. X, p. 35i. (octobre 1750).
(2) C'est le titre sous lequel il avait été présenté au roi le 20 mai 1785
(Noms des personnes admises aux Honneurs de la Cour de 1715 à 1789
dans VAnn. hist. de Saint-.Mlais, 2'' année (1835), p. 2i4). — Il signait
« L.-G.-J. DE Clehmont ». (Papiers de famille diveis, c. c.)
(3) Andolslœim, avant 1871 cli.-l. de canton de Fair. de Colmar, Ilaut-
Rhin ; aiij. en Alsace-Lorraine; à peu de distance de Neuf-Brisach,
dont son père avait été nommé gouverneur ti'eize mois auparavant.
(4) D'après son acte de décès (Registres de l'Étal-civli de Maieil-
sur-Loir).
— M —
entrer dans les ordres , puis s'enrôla dans le régiment
d'Orléans-Cavalerie où il passa rapidem(Mit cornette, puis
(iTT'J) capitaine, puis (1780) chef d'escadron; démissionnaire
en 1785 , il devint colonel des gardes nationaux df la
légion de la Saillie en 1815 ; il mourut au château de la
Pillière, le 28 mai 1837. — 11 avait épousé, le 3 mai 1785 (1),
Elisabeth - Hyacinthe Lorfébure , fille de Jean - Baptiste
Lorfébure et de Hyacinthe de La Croix (2), de qui il eut :
1... de Clerinont-Galleninde (3), mort-né au château de
La Piltière le 2 septembre 1786 (4) ;
2. César-Georges de Cli'r)nont-Gallerande, né au châ-
teau de La Piltière, le 18 février 1789, mort au même lieu
le 26 septembre 1791 (5) ;
3. Alexandrine de Clermont-G aller ande^ morte en 1818 (6);
4. Théodore-Louis- Apollinaire de Clermont-Gallerande,
dont l'article suit ;
5. Adolphe - Armand - Louis- Gaspard de Clermont-
Gallerande (1), « le chevalier de Glermont », né au Mans le
4 décembre 1798 (8) ; il fut nommé garde du corps du roi en
1815, capitaine aul<"" cuirassiers de la Garde Ptoyale en 1822,
grade dans lequel il fit la campagne d'Espagne (1823) et
démissionna à la suite de la Révolution de 1830 ; il mourut
au Chalet, près Clermont, le 20 novembre 1863 ;
(1) Date citée dans l'acte de naissance de sa lille Alniire, signalé plus bas,
(2) Elle mourut au château de la Piltière, le 4 janvier 1844.
(3) (Jette forme du nom patronymique, pour lui, ses frères et sœurs et
tout le reste de la descendance de Louis-Gaspard-Joseph de Clermont, est
donnée par les registres de l'État-civil de Mareil-sur-Loir et du Mans;
elle avait été déjà usitée au XVII'^ siècle, (voy. ci-devant, n"^ 19 et 20).
(4), (5) Registres paroissiaux de Mareil-sur-Loir.
(6) Elle n'est portée ni sur les legistres de l'état-civil ae Mareil-sur-
Loir, ni sur ceux du Mans, les deux communes entre lesquels se partage
la résidence de ses parents à l'extrême fin du XVIIl'^ siècle.
(7) Pesche, art. Clkhmont.
(8) •( 14 frimaire i'an VI de la République Française ». (Registres de
]'état-civil du Manfi ; coDDnunicalioit' de M. Robert Triger, vice-président
de la Société historique et archéologique du Maine.)
— 48 —
6. Almire-Alexandrinn-Louise de Ctermont-Gallerande,
née au Mans le 13 novembre 1804 (1), qui épousa en 1826
Jean, baron de Schaller , patricien de Fribourg (Suisse) ,
commandant au S'^ régiment des grenadiers de la Garde
Pioyale (Gardes -Suisses) , depuis inspecteur des troupes
fédérales, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-
Louis, officier de l'ordre de la Légion d'honneur, décoré de
la médaille de la Fidélité Helvétique, morte le 14 août 1880.
XXI
28- Théodore-Louis-Apolltnaire-Ernest de Clermont-
Gallerande, marquis de Clermont-Gallerande, de Reynel
et de Montglas, comte de Gheverny, baron de Brouassin,
prince souverain de Delain, baron de Rupt, etc., « le comte
de Glermont-Gallerande », né au Mans (2), le 1«"' octobre 1793,
s'engagea en 1813 comme vélite au régiment des lanciers
rouges de la garde, fut tait la même année chevalier de la
Légion d'honneur sur le champ de bataille d'Hanau ; garde
du corps du Roi en 1814, chef d'escadron et officier d'ordon-
nance du marquis d'Autichamp, général en chef de l'armée
catholique et royale opérant en Vendée contre les troupes de
Napoléon Bonaparte en 1815, capitaine-commandant au
22" chasseurs à cheval (chasseurs de la Vendée) en 1820,
puis au lOû dragons et démissionna à la suite de la Révolution
de 1830 ; il est mort au château de la Piltière le 21 mars 1878.
— Il avait épousé Rose-Louise Quilliard, veuve du colonel
Puissant de Suzainnecourt (3), de qui il eut :
1. Blanche- Louise de Clermont-Gallerande, née au
château de la Piltière le 11 juin 1836, morte au même lieu
le 20 août 1837 ;
(1) « 22 biuinaire, an XIII ». fibid., ici.)
(2) « 10 vendémiaire l'an II de la République Française ». [IbicL, id.J
i'à) Morte au château de La Piltière, le 5 juin 1890.
— 49 -
2, Adhémar-Louh-Gaspard de Clermont-Gallerande, dont
l'article suit.
XXII
29. Adhémar-Louis-Gaspard de Clermont-Gallerande,
marquis de Clermont-Gallerande, de Reynel et de Montglas,
comte de Cheverny, baron de Brouassin, prince souverain de
Delain, baron de Rupt, etc., « le vicomte, puis le comte de
Clermont-Gallerande », né à Chatoillenot (Haute-Marne) le
29 novembre 1837, artiste peintre, mort au château de La
Piltière le 6 octobre 1895. — Il avait épousé, le 11 avril 1863,
Marie-Anne-Ernestine de Schaller, fille de Jean, baron de
Schaller, et d'Almire-Louise-Alexandrine de Clermont-
Gallerande, sa cousine-germaine, de qui il a eu :
1. Aymar-Louis-Marie-Ernest de Clermont-Gallerande^
dont l'article suit ;
2. Diane-Louise-Marie de Clermont-Gallerande.
XXIII
30- Aymar - Louis - Marie - Ernest de Clermont -
Gallerande, marquis de Clermont-Gallerande, de Reynel et
de Montglas, comte de Cheverny, baron de Brouassin, prince
souverain de Delain, baron de R.upt, etc., né au château
de La Piltière le 18 septembre 1865, actuellement lieutenant
au 20*^ régiment de chasseurs à cheval.
LÉON MARLET.
(A suivre.)
XL 4
LE TOMBEAU
DE
JEAN DE CHANLAY
ÉVÈQUE DU MANS
A L'ABBAYE DE PBEUILLY
Il y avait en France deux abbayes du nom de Preuilly,
toutes deux placéas sous le vocable de la Vierge, l'une au
diocèse de Tours, l'autre au diocèse de Sens.
Cette dernière dont nous allons nous occuper était située
entre Provins et Montereau.
Elle avait été fondée en 1118, par Thibault le Grand,
comte de Champagne, et la comtesse Adèle sa mère (1).
L'abbaye de Preuilly était la cinquième fille de Cîteaux,
elle donna elle-même naissance à trois autres abbayes cé-
lèbres, Vauluisant, diocèse de Sens, fondée en 1127, Barbeau,
même diocèse fondée en 1145, la Colombe, fondée en 1146,
au diocèse de Limoges.
Pendant près d'un siècle nous voyons la famille de Chanlay
se constituer la bienfaitrice de l'abbaye.
1193. Renard de Chanlay fait un legs pour entretenir le
luminaire de l'église de Preuilly.
(1) Notice sur l'abbaye de Preuilly, Seine-et-Marne, par M. Eugène
Grésy, membre résidant de la Société impériale des Antiquaires de France.
Paris, Laliure, 18)7, Inochure, 58 p. 8<' fig.
— 51 —
4217, ler mai, Etienne de Ghanlay, prêtre étant sur le
point de faire le pèlerinage de Jérusalem, donne à l'abbaye
du consentement d'Etienne son neveu, quatre setieis de blé.
1223, à son retour il fonda un obit en ajoutant à ses libé-
ralités le quart du moulin de Ghanlay avec l'île, le lit de la
rivière et toute la saussaie. Cette donation fut approuvée en
1228 , par son oncle Regnauld abbé de Saint - Germain
d'Auxerre. Girard de Ghanlay, chevalier, avait laissé deux
fils, Etienne et Jean : Etienne a son anniversaire marqué
dans un ancien obituaire de Preuilly pour avoir donné, en
1265, quarante bichets d'orge livrables en sa maison de
Ghanlay (l). Il fit encore d'autres concessions avec Huguette
sa femme. Il n'est donc pas surprenant que son frère Jean
évêque du Mans, ait été enterré à Preuilly.
Ge prélat, décédé à Preuilly même, le 29 août 1291 (2),
avait désiré reposer près de ses ancêtres, dont les sépultures
figuraient dans le cloître à gauche en y entrant par le chœur.
C'étaient des tombeaux arqués sans inscriptions et sur
lesquels étaient couchés des figures sculptées.
L'un d'eux représentait un chevalier armé ayant son écu
devant lui et dans le fond de la niche qui l'abritait étaient
semés plusieurs écussons au champ d'argent chargé d'une
croix d'azur. Un autre tombeau offrait aussi l'effigie d'un
homme d'armes tenant son écu blasonné de même et repo-
sant les pieds sur un lion ; à ses côtés était figurée sa
femme ayant un chien sous ses pieds. L'attribution de ces
tombeaux nous est confirmée par le cartulaire de Preuilly.
L'épitaphier manuscrit des environs de Paris donne la
description de 28 tombeaux qui se voyaient autrefois à
Preuilly. A gauche du maître autel, plus bas que la tombe
de l'évêque Gautier qui occupait le milieu du sanctuaire
(1) Ghanlay, près .Toigny.
(2) Voir une note de notre (collègue M. l'abbé Froger, dans la Province
du Maine de 1895, p. 335, d'api^ès un article piiblié par M. Hauréau dans
le Journal des Savants.
— 52 —
était une lame de cuivre jaune représentant un évêque crosse
et mitre sous une arcade ogivale ; autour était gravée cette
épitaphe en vers léonins que nous restituons tels qu'ils
auraient dû être écrits.
Fons et honor cleri, jacet hic qui jura tueri
Ecclesie studuit, mortuus iste hiit
J. de Ghanleyo natus, sed munere Ayo
Spretis mundani^', fuit hic presul Cenomanis
Plenus erat morimi, sustentator miserons w
Divinse \egis pugil hic deftensor et egis
Qui bona cuncta movet, huic celi gaudia donet,
0 bone Christe, lui da si posse îvui.
Sur l'archivolte, au côté droit, de l'arcade on lisait :
SEPVLTVS FVIT H^ ANNO DNI M" CC
NONAG" 1° IIII" KL SEPTEMBRIS.
Au milieu était cette mention curieuse :
M^i" GIRARZ SENONIDES ME FECIT
Giraz de Sens était donc le nom de l'artiste qui avait gravé
cette lame de cuivre.
C'est sous cette tombe que fut trouvée en 1856 la sépul-
ture de Jean de Chanlay. On y découvrit une crosse émaillée
et deux émaux cloisonnés d'or qui ont été publiés par le
R. P. Arthur Martin.
D'après le dessin de la dalle tumulaire de Jean de Chanlay
exécuté pour Gaignières la mention du ciseleur diffère com-
plètement de celle de l'épitaphier. La légende est la suivante :
f jiAisT : G : PALV : ME : feis
^l^A<I■;5S^Uoc5;m0•U0Td.•slUHSob^t>;^,^çd■:Bl^;2(AJ
55
Maître Palu a simulé l'empreinte d'un sceau circulaire,
tête de lion au centre. La légende entre filets sur le pourtour
l'épitaphe primitive de Jean de Chanlay fut remplacée par
la suivante :
Hic fuit domimis de Clianleto
Cenomanensts Episcopus, uinguinis
Nobilitate sua in miseros charitate,
insigni pro ecclesia zelo, summa
erga Deum pietate, Prœsul illustrlssimi
sepultus anno domini 1291 4*
Calendas septemhris, reqiiiescat in pace.
.MARQUE DE L ARTISTE QUI EXECUTA L EPITAPHE
DE JEAN DE CHANLAY
Les deux petits émaux trouvés dans le tombeau de Tévêque
du Mans sont d'une véritable importance pour l'histoire de
la peinture en émail, à cause de la distinction du style et de
l'exquise délicatesse du travail.
Chacun de ces deux bijoux est formé de deux plaques
superposées. Celle de dessous est en cuivre, découpée au
centre pour diminuer son poids, et bordée de petits trous
pour être cousue sur une étoffe ; un petit rebord tout près
des trous sert à enchâsser la seconde plaque, qui est en or
enrichi d'émaux cloisonnés. Les cloisons sont formées de
rubans d'or très minces et haut d'un millimètre et demi.
— 56 -
C'est par ces rubans que sont séparées les couleurs partout
de teinte unie.
Réduits à faire connaître le monument par son ossature
en or nous donnerons, pour être complets, l'indication des
couleurs.
La plaque de la figure I est relevée au centre par une
grappe en saillie, celle-ci se détache sur une rose à huit
lobes en violet foncé, d'où s'échappent des trèfles blancs
rayonnant sur un fond de vert d'eau translucide. Ce fond est
cerné par des lobes tracés en sens inverse des premiers et
renfermés dans un cercle au milieu de ces lobes ; des demi-
PLAQUES DE GANTS
quatrefeuilles jaunes, appuyés sur le cercle, se découpent
sur un azur translucide. Au-delà du cercle, et dans une large
bordure à fond violet translucide, de petits quatrefeuilles
bleu clair et blancs alternent de manière que les blancs
soient au-dessous des demi quatrefeuilles jaunes . Dans
l'autre émail fig. II, dont l'hexagone est le principe une
petite rose à émail vert translucide remplace la grappe
— 57 —
saillante et sert de centre à des pétales anguleux à fond
rouge ; six trèfles sortent de la rose verte et remplissent la
rose rouge ; trois jaunes et trois blancs. Cette rose rouge
s'épanouit au centre d'une rose à fond vert translucide au
centre également anguleux ; de ces nouveaux pétales
s'étendent trois trèfles dont le point de départ est une sorte
de bulbe ; les six bulbes sont alternativement bleu turquin
et gris perlé. Le trèfle à gauche est toujours blanc, le trèfle
à droite toujours jaune, et celui du sommet alternativement
bleu turquin et rouge. La grande rose est inscrite dans un
cercle. Dans les triangles ouverts entre les pétales s'enrou-
lent;, toujours dans le même sens, des rinceaux terminés par
un trèfle rouge sur un azur translucide. Une étroite bordure
cerne l'ensemble, et porte de petits disques blancs ou jaunes
sur un fond vert translucide.
Plusieurs émaux ont été altérés par les sels de la terre,
rongés en plusieurs endroits comme certains vitraux expo-
sés à de fâcheuses influences atmosphériques, et beaucoup
d'autres fendillées. Le rouge surtout a presque entièrement
disparu ; on s'aperçoit que l'émailleur pour ménager la
précieuse substance, s'était borné à en placer une couche
légère sur une autre matière non vitrifiée et si je ne me
trompe, résineuse, on peut conjecturer avec beaucoup de
vraisemblance la place occupée par les deux bijoux dans les
ornements pontificaux. Si les riches émaux étaient aux
hautes époques un accessoire presque obligé de l'orfèvrerie
monumentale, où ils s'associaient aux filigranes, aux re-
pousses et aux pierres précieuses, la peinture en broderie les
accueillait parfois comme elle faisait pour les perles et les
pierres précieuses. Il n'est pas trop rare de les rencontrer
ou du moins de rencontrer leur trace sur les mitres, au
milieu des deux vides que partage l'orfroi vertical. On voit
entre ces deux vides, sur une mître de saint Emeran de
Ratisbonne, les vestiges d'une plaque ronde et cousue que
le temps a fait disparaître.
- 58 —
Si nous voyons là les traces de la couture, nous voyons
ici de quelle manière elle s'opérait et combien les trous
larges et rapprochés de ces plaques permettaient de la
rendre solide ; l'inconvénient à éviter était le passage brus-
que du travail de la bijouterie à celui de la broderie d'une
nature et d'un travail si différents. Pour y obvier l'artiste
avait recours à l'intermédiaire de perles. Les perles fines,
enfilées dans de petits anneaux qui se conservent encore,
avaient en outre le double avantage de dissimuler la hauteur
de la plaque et de couvrir le travail de couture. N'eussions-
nous pas la date du prélat qui porta ces beaux émaux, il ne
serait pas trop téméraire de l'établir approximativement
d'après ce que nous savons des modifications successives
introduites dans la forme des mitres ; plusieurs, du moins
des plus anciennes, c'est-à-dire des XP et XIP siècles,
portent des rinceaux des deux côtés de l'orfroi vertical.
Telle est celle de Saint-Gaudens à Sens. C'est sur une mitre
dont l'orfroi a le cachet de la fin du XII^ siècle que se re-
marque à Saint-Ecouen la place des émaux. A partir du
XlVe siècle les sujets de piété envahissent les violes ou des
roses fantasques, des compartiments d'architecture en bro-
derie remplissent l'intervalle.
Les deux émaux trouvés dans le tombeau de Jean de
Chanlay ont été acquis il y a trois ans par le musée du Lou-
vre et on peut les voir exposés dans une des vitrines de
la galerie d'Apollon.
En même temps que ces deux émaux on trouva près des
ossements de Jean de Chanlay une crosse émaillée assez
simple et beaucoup moins ornée que la plupart de celles de
cette époque. Pour cette raison le musée du Louvre ne l'a
pas acquis. Picproduite dans les MoniimenU historiques de
Seine et Marne, nous en donnons ici un simple croquis.
Le corps de l'évêque du Mans était inhumé à gauche
du maître- autel de Preuilly (côté de l'évangile ) au bas
du chœur. Il n'y avait plus trace de cercueil. — Le
- 60 —
milieu du chœur, dans l'axe du maître autel, était occupé
par le tombeau de Gautier évêque de Chartres ; fouillé en
même temps que celui de notre évêque par M. Husson, ce
tombeau fut trouvé ne contenir que l(^s ossements sans
cercueil. Delà crosse sans doute en bois il restait seulement
la pointe de bronze conique avec une moulure et une petite
cuvette que l'on voit sur tous les dessins de crosse de cette
époque.
*
Les 11 et 12 mars 1862, M. Husson a fait dans le chapitre
de Preuilly des fouilles qui ont amené la découverte des
tombes suivantes :
N"!. — Tombe maçonnée en petites pierres recouverte
par des dalles minces en pierre tendre et toutes fendues par
le milieu. La terre est répandue et remplit la fosse qui a
déjà été fouillée on découvre des ossements épars dans cette
terre ; à quelques centimètres plus bas et reposant sur le
fond non carrelé est un second squelette qui n'a pas été
remué.
N^" 2. — Tombe sans maçonnerie contenant deux squelettes
superposés. Les os du premier sont en désordre.
N" 3. — Tombe maçonnée sans pavage. Ainsi que les
numéros 4 et 5 avec de fortes dalles mais de petites dimen-
sions à l'exception de la pierre séparative entre le 4 et le 5
qui est d'une seule pièce non égale en épaisseur. Ces trois
tombes ainsi que celles numéros 6 et 7, n'ont pas été
fouillées.
Aux numéros 3 et 5 les corps ont été déposés sans
cercueils de bois.
Au numéro 3 , on voit le squelette nu , mais reposant
comme dans les suivantes sur un matelas formé par des
radicelles d'orme. Ce matelas arraché d'une pièce a amené
dehors tous les ossements.
VI
H l-
JJ-
— 62 —
N" 4. — Le squelette est moins endommagé, la tête à une
superbe denture ; le sujet paraissait grand ; ses tibias sont
encore engagés dans des brodequins de cuir, lassés en
lanière de cuir, les semelles se sont détachées, le cuir a un
aspect rougeâtre et cède à la moindre pression. Les deux
chaussures sont infléchies vers la gauche, la pointe en l'air.
On remarque sur le front un reste de linceul noir, d'étoffe
grossière, qui semble être de la laine. On a retrouvé un
fragment de linge jauni qui se brise sous les doigts.
No 5. — Le squelette est petit la tête est bourrée à l'inté-
rieur d'un chevelu de radicelles, la mâchoire inférieure a
disparu. Ce corps est très détérioré les radicelles ont envahi
tout l'intérieur des os.
N" 6. — Tombe sans maçonnerie, le corps n'a pas été
touché il y a trace d'un cercueil en bois. La terre recouvre
les os.
N" 7. — Tombe comme la précédente le corps a été
inhumé sans cercueil.
N» 8. — Tombe qu'on a préparé, car la terre a été remuée
mais il n'y a trace d'aucun ossement et il est probable,
qu'elle n'a jamais servi à ensevelir (1).
Jules CHAPPÉE.
(1) Liste des abbés de Preiiilly.
1. Artaud, 1118-1139. - 2. Nigelle, 1139-1160.-3. Hugues, 1160-1183.
— 4. Guy 1183-1195. — 5. Etienne, 1195-1198. — 6. Jean P>-, 1198-1210.
— 7. Aman ou Armand, 1210-1222. — 8. Pierre I"', 1222-1225. — 9. Guil-
bert, 1225-1238. — 10. Eudes, 1238-1243. — 11. Pierre II, 1243-1246.—
12. Nicolas, 1246-1249. — 13. Michel, 1249-1253. — 14. Prosper, 1254-1261.
— 15. Norbert, 1261-1270. — 16. Dudon, 1270-1278. — 17. Simon ^^ 1279-
1296. — 18. Imbert, 1296-1298. — 19. Gilbert, 1298-1316. — 20. Jacques de
Dijon, 1312-1332. -21. Hervé, 1332-1358.-22. Geoffroy, 1358-1362.—
23. Pierre 111,1362-1368.-24. Etienne II de Foissy, 1368-1380, devint
abbé de Clairvaux. — 25. Simon II, 1380-1384. — 26. Guerin ou Gueiic,
63
1384-1419. — 27. Jean II de Rosoy, 1419-1434. — 28. Pierre IV de Rebais,
1434, ne fut qu'un mois à peine abbé et mourût. — 29. Jean III te fort,
1434-1436. — 30. Jean IV de Bresie, 1436-1462. — 31. Vincent de Chalon,
1462-1486. — 32. Jean V Farel, 1486-1505. — 33. Pierre V de Vilienovette,
1505-1511. — 34. Matthieu Riollet, 1511-1536, dernier abbé régulier. —
35. Jacques d'Escoubleau, 1536-1543. — 36. Henri d'Escoubleau, 1543-1614.
— 37. François I^'' de Sourdis, 1614-1625. — 38. Jean-Baptiste de Ville-
neuve, 1625, nov. et déc — 39. François II de Villeneuve, 1628-1678. —
40. Louis de Forbin de la Marthe, 1678-1684. — 41. Toussaint de Forbin de
Janson, 1684-1713. — 42. Louis-Abraham d'Harcourt de Beuvron, 1713-
1723. — 43. .\ntoine-Jérome Boyvin de Vauroui, 1723-1763. — 44. Marc-
Antoine d'Apchon, 1763-1784. — 45. Charles-François de La Rochefoucauld,
1784-1789.
A l'abbaye de Preuilly se trouvait en outre une tombe avec cette
inscription :
Scy Gits Jean Ch^'" sire de Montigny qui trépassa en lan de l'incarnation
notre Feigneur M.cc.Lxxviii le dernier may Priez Dieu pour lame de H
que Dieu en ait mercy. — Bibl. de Provins. — Mss. du chanoine Ythier.
Pierre tombale au Mans, dans la collection Chappée.
L'INSTRUCTION
AU XVIIP SIÈCLE
DANS LES ANCIENNES PAROISSES
DE LA CIRCONSCRIPTION D'INSPECTION PRIMAIRE
DE SILLÉ- LE -GUILLAUME
( SARTHE )
CANTON DE BALLON " '
VILLE DE BALLON
Petites Écoles de Garçons
La petite ville de Ballon, fièrement assise à l'extrémité
d'un promontoire qui domine les plantureuses vallées de la
Sarthe et de l'Orne-Saosnoise, a conservé jusqu'à nos jours
quelque chose de son origine féodale. Son vieux château
qui s'élève au nord de l'agglomération actuelle, était, au
moyen-âge, l'une des principales places de défense de la
Province du Maine. Du haut de l'une de ses tours, l'œil
découvre un immense horizon et peut contempler un
panorama magnifique.
Avant la Révolution, la ville de Ballon comprenait deux
paroisses et une population totale d'environ 3,000 âmes. Ce
n'est que vers 4836, que l'une d'elles, Saint-Mars ohtint son
autonomie et devint une commune spéciale. Il ne sera
— 65 —
question ici que de l'ancienne paroisse de Saint-Georges,
laquelle a formé la commune actuelle de Ballon. Tout ce qui
concerne Saint-Mars forme un article spécial qu'on trouvera
placé à son rang alphabétique.
La paroisse de Saint-Georges s'était acquis, au siècle der-
nier, une assez remarquable prospérité grâce à ses fabriques
de toiles e tde serge. Elle dut avoir de bonne heure des écoles
pour les enfants de l'un et l'autre sexe. Mais il n'est pas possi-
ble, quant à présent, d'en faire connaître les fondateurs, pas
plus que ceux qui ont pu primitivement les diriger. Tout ce
qu'on peut affirmer, c'est qu'il y avait à Ballon, en 1788, des
établissements pour l'instruction des enfants de la paroisse.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire du
Maine conservée à la Mairie, les Officiers municipaux de
Ballon déclarent « que les écoles de la paroisse de Saint-
» Georges sont gouvernées par deux maîtres au choix du
» curé et approuvés par Mgr l'évèque du Mans ; que leurs
» titres sont étayés par des legs et aumônes faits par difie-
)> rents particuliers et surtout par les seigneurs de Ballon ».
Malgré de minutieuses recherches, il ne m'a pas été possible
d'avoir sur ces écoles des renseignements plus complets.
J'ai pu cependant, en fouillant l'état civil, retrouver le
nom des deux maîtres « approuvés » qui exerçaient à Ballon
avant la Bévolution. Le plus ancien est /. Fouqué qui paraît
avoir rempli les fonctions de maître d'école pendant une
trentaine d'années. Il figure comme témoin dans plusieurs
actes , avec sa profession nettement indiquée. L'autre
P. Provost, originaire de Congé-sur-Orne, est qualifié dans
un document de « maître de pension » ce qui porte à croire
qu'il avait quelques internes et qu'il enseignait les éléments
du latin. Ces deux maîtres cumulaient, croit-on, avec leurs
fonctions d'enseignement, la profession de tisserands.
On sait qu'avant 1789, il fallait pour exercer les petites
écoles, une autorisation de l'évèque. Dans les premières an-
XL 5
— Gê-
nées de la Révolution on n'exigea des maîtres qu'une simple
déclaration accompagnée du serment civique. Aussi compte-
t-on à Ballon, en 1791, six maîtres d'école, dont les noms et
les signatures figurent sur le registre des délibérations de la
municipalité : ce sont : /. Fouquë et P. Provost dont il a été
question plus haut ; puis viennent F. Fouqué. J. Bignon.
J.-G. Bouvet et F. GuUton. Tous ces maîtres « font le ser-
» ment d'être fidèles à la Nation, à la Loi, au Roi, à la
» Constitution et promettent de ne rien enseigner qui puisse
être contraire à la Constitution Française ».
Petites Écoles de Filles
Il y avait à Ballon, dès le commencement du XYIII" siècle,
une maîtresse d'école chargée d'mstruire les filles de la
paroisse Saint-Georges. Dans une relation d'incendie consi-
gnée à l'état civil, il est question d'une veuve « Martiniere,
metresse d'écolle ». C'est le seul document qu'il m'a été
donné de retrouver dans les archives d'avant 1789. Pourtant
plusieurs pièces postérieures permettent d'affirmer qu'il y
avait un petit collège de filles à Ballon, quelques années
avant la Révolution.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire, les
Officiers municipaux de Ballon déclarent que les écoles de
la ville sont gouvernées par deux maîtres « et une maîtresse
choisie par le curé et approuvée par l'évêque ». D'autres
actes confirment l'existence de ce petit collège. C'est d'abord
une délibération du Conseil général de Ballon du 12 décem-
bre 1790 qui décide « que la fille aînée de la dame Lenoir
» jouira jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné par
» l'Assemblée Nationale, d'une pièce de terre attachée au
» collège des filles de la paroisse de Saint-Georges, à la
» charge par elle de se coniormer aux intentions du fonda-
» teur en enseignant les enfants pauvres ». De plus, dans un
état des maisons de charité fondées pour l'instruction, on
- 67 -
porte le i5 avril 1791, après ceux de Saint-Mars, (c le collège
» des filles de Saint-Georges pour un revenu de quarante
» livres ».
La fille aînée de dame Lenoir dont il est question plus
haut, a-t-elle exercé à Ballon avant la Piévolution ? Tout
porte à le croire, car le 18 juillet 1791, elle prête le serment
civique en compagnie de Marie Lenoir, sa sœur et de Marie
Bodereau. Dans ce cas elle aurait continué ses fonctions
pendant les premières années de la période révolutionnaire
et ne les aurait quittées qu'au moment où le décret du 7 Ijru-
maire an II, défendait aux anciennes maîtresses d'être em-
ployées dans les écoles nationales.
BEAUFAY
Petite École de Garçons
L'importante paroisse de Beaufay avait, dès le XVII"
siècle, un petit collège pour l'instruction des garçons. Mais
cet établissement ne fut réellement fondé que le '21 décembre
1661 par acte passé devant M" Fillette, notaire à Montfort-
le-R-Otrou. Aux termes de cet acte. M" Bené Touschet,
prêtre, curé de Beaufay et doyen rural de Ballon, donne à
sa paroisse plusieurs pièces de terre ou de pré et ce une
» maison sise au bourg de Beaufay, où le sieur Robin tient
» à présent le collège de la jeunesse, à condition que la dite
» maison et les choses qui en dépendent servent à loger et à
» rétribuer » le prêtre chargé de l'instruction de la jeunesse.
Ce maître d'école devait être « choisi et nommé » par le
curé de Beaufay, le procureur de fabrique et cinq notables
(( tant nobles que roturiers ». Il était obligé de demeurer
dans la maison donnée par le curé, de montrer le plain-
chant à ses élèves et de leur faire réciter chaque soir, après
la classe, un De Profundis pour le repos de l'âme du
testateur.
— 68 —
Quelques années plus tard, le 8 septembre 1665, M*^ René
Robin, ancien maître d'école, devenu curé de Beaufay,
augmenta d'une maison et d'un jardin la donation faite au
curé par son oncle , sans autres charges que quelques
services religieux. Le '24 janvier de l'année suivante, il au-
torise le sieur Lochet à appuyer un appentis au mur du
collège, moyennant une rente annuelle et perpétuelle de
40 sous et en réservant un corridor pour l'entrée des élèves.
Le premier maître d'école de Beaufay dont les archives
fassent mention est donc René Robin. Ses successeurs ne
nous sont pas connus. Leur nomination avait lieu devant
notaire. Une partie des minutes du notaire de la paroisse
ayant disparu il n'est pas possible d'avoir des renseignements
de ce côté avant 1745. Pourtant on sait par un acte posté-
rieur que M*^ François Marchesseau a été titulaire du collège
de Beaufay avant cette époque. On croit qu'il fut remplacé
par M" Menant qui, dans un contrat du 16 janvier 1745,
reconnaît devoir plusieurs rentes à la fabrique de la paroisse.
Il démissionna et fut remplacé par M^ Marin-Étienne
Rouillon.
Les minutes du notaire de Beaufay ayant été conservées
depuis 1750 environ, il nous a été possible de dresser la
liste des principaux du collège de la paroisse depuis cette
époque jusqu'à la Révolution. Le 18 août 1753, ce bénéfice
est présenté à René Poisson, vicaire de Nouans, lequel
ne l'accepte pas. On l'offre alors à Julien Moulé, vicaire de
Beautay. Le procureur de la Fabrique « remontre » donc le
4 novembre suivant '( que pour l'instruction des enfants de
» la paroisse, il est nécessaire de nommer un principal, au
» lieu et place de M^ Etienne Rouillon qui en était pourvu».
Après avoir délibéré, les paroissiens c( nomment J. Moulé,
y> qu'ils reconnaissent digne et capable de montrer et d'en-
» seigner aux enfants de la paroisse ».
Il fut remplacé le 8 septembre 1765 par M" Etienne Auhry,
prêtre vicaire de Beaufay. M" Aubry eut, puui' successeur
69
M« Louis Péan, qui mourut le 6 octobre 'J78;5. M"^ Couppé
vint ensuite et fut le dernier principal du petit collège de
Beaufay. Il dut cesser ces fonctions dans les premiers mois
de 1792.
Conformément aux décrets de la Constituante, les biens
formant la donation du collège furent mis à la disposition de
la Nation. Un expert se rendit à Beaufay pour en faire l'esti-
mation. Le procès-verbal qu'il rédigea à cette occasion est
intéressant, car il nous fait connaître la situation du collège
à la fin de l'ancienne monarchie.
L'immeuble situé au Couvier, en Beaufay, était occupé le
26 octobre 1791, par Ib citoyen Couppé, principal et vicaire
de Beaufay. « La maison est composée d'une pièce à che-
» minée, deux petits cabinets au bout, une autre chambre
» à coucher, aussi à cheminée, dans laquelle est l'escalier
» pour monter dans les greniers, une petite cour close de
» murs où est le puits et un petit hangar servant de bûcher,
» une porte pour entrer dan;- le jardin qui contient un quart
» de journal, entouré de haies, dans lequel est un heu
» d'aisances, le tout en un tenant avec la cour et bâtiments ».
Ces bâtiments ont été en partie transformés , mais l'ancienne
salle de classe a été conservée. C'est une pièce en retour de
la maison principale, d'une superficie de vingt mètres carrés
environ, basse d'étage, dans laquelle l'air et la lumière ne
pénètrent que par une porte et une étroite fenêtre. C'est
dans ce local que, pendant deux siècles, une partie des
garçons de Beaufay, a reçu les premiers éléments de l'instruc-
tion.
Le premier instituteur laïque de Beaufay est un nommé
Aveline, originaire, croit-oii, de Briosnes. Il figure dans
plusieurs actes de 1792 et de 1793. Sa signature est bien
formée.
Petite école de filles.
Il y avait à Beaufay, avant la Bévolution, une petite école
de filles. Son existence nous est révélée par le procès-verbal
— 70 —
d'expertise du collège dont nous avons parlé plus haut.
L'expert Jeudon, de Champagne constate « qu'au bout de la
» maison du principal est une autre maison occupée par la
» maîtresse d'école des fdles du dit Beaufay, sous laquelle il
» y a une cave et grenier dessus ». C'est sans doute le
premier groupe scolaire qui ait existé dans la circonscrip-
tion d'inspection primaire de Sillé-le-Guillaume.
Une lettre adressée le 19 octobre 1810 par le maire de
Beaufay au recteur de l'Académie d'Angers confirme l'exis-
tence de cette petite école. Le magistrat municipal dit « qu'il
existait avant la Révolution deux maisons : un collège de
» garçons et un collège de filles ». Le gouvernement les
ayant vendues, la commune ne possède aucun moyen d'in-
struction pour les enfants. Il ajoute que des écoles seraient
pourtant bien nécessaires.
COURCEBŒUFS
La paroisse de Courcebœufs perdue dans les bois, n'avait
en 1789, ni maître, ni maîtresse d'école.
Le premier instituteur dont les archives fassent mention
est Pierre Lesourd, originaire de Rouessé-Vassé et curé de
Courcebœufs depuis 1786.
Le décret du 8 Mars 1793 exemptait de la vente comme
biens nationaux les bâtiments servant ou pouvant servir à
l'usage des collèges et de tous autres établissements d'instruc-
tion des deux sexes. L'abbé Lesourd put conserver la jouis-
sance de son presbytère en y établissant une école. On ne
sait à quelle époque il commença à faire la classe. Tout ce
qu'on peut afnrmer c'est qu'il figure avec la qualification
d'instituteur dans le compte-rendu d'une fête patriotique
oélébrée à Ballon en 1796.
Un document de la fin du XVIII^ siècle nous fait connaître
l'état de l'instruction dans la paroisse de Courcebœufs à
cette époque. L'instituteur primaire est toujours Pierre
71
Lesourd dont il a été question plus haut. Il se présenta devant
le jury d'instruction du Mans le 9 germinal an VII, et fut
nommé à Courcebœufs le 17 du même mois par l'Adminis-
tration centrale. Son école n'était pas nombreuse, cinq ou six
élèves l'été et le double pendant l'hiver. La classe se faisait
au presbytère deux fois par jour. D'après les conseillers
municipaux, le curé Lesourd avait, pendant la période révo-
lutionnaire , contribué à maintenir , dans la commune ,
l'union, la concorde et la soumission aux^ lois. Il enseignait
les droits et devoirs de l'homme et tout ce qui est propre à
former i de bons époux, de bons pères et de bons citoyens ».
COURCEMONT
Petite Ecole de Garçons
La paroisse de Gourcemont avait, avant 1789, une petite
école de garçons, dont la fondation devait remonter au
XVI" siècle. Elle existait déjà quand, le 17 août 1602, le
chapitre cathédral accorde à la paroisse une indemnité pour
un objet cédé en faveur de l'école. Dans le même acte il
oblige le maître à venir au Mans faire sa profession et prou-
ver sa capacité ; enfin il se réserve le droit de fief dans le
cas où l'école ne serait pas tenue.
La dotation de cette école comprenait une maison et un
jardin ; la maison se composait de deux pièces : l'une très
exigiie, à peine éclairée, servait de chambre à coucher,
l'autre de plus grandes dimensions était destinée à la classe :
c'était une salle humide, basse d'étage, d'une superficie de
vingt mètres carrés environ. C'est dans cette pièce que
l'instituteur faisait sa cuisine.
L'instituteur de Gourcemont, au moment où commence la
Révolution française, était M. Richard qui cumulait avec ses
fonctions d'enseignement celle de sacriste de la paroisse. Il
naquit à Saint-Denis-des-Coudrais vers 1726. Sa signature
— 72 -
apparaît dans les actes de l'état civil pour la première fois
le 5 août 1752, peu de temps après l'arrivée du curé Amellon,
ce qui induit à penser qu'il dut sa place de sacristain à cet
ecclésiastique. Dans les actes notariés où il figure souvent en
qualité de témoin instrumentaire, il est qualifié de maître
d'école. Sa signature se trouve apposée dans l'acte du
3 mars 1769 qui fonde l'école des filles de Courcemont.
Marié une première fois à Marie Rapicault, il épouse en
deuxièmes noces Marie Péan. Enfin 11 meurt le 3 ventôse
An II, c'est-à-dire le 13 mars 1794. On rapporte qu'il fut
tellement impressionné le 6 mars, par la descente de la
petite cloche, qu'il en mourut quelque temps après.
Son fils Augustin Richard le remplaça dans ses doubles
fonctions de sacristain et de maître d'école. Il naquit à
Courcemont le 5 octobre 1778 et commença à enseigner peu
de temps après la mort de son père. Sa présence est signalée
dans les principales fêtes qui sont célébrées à Ballon de
1796 à 1800. Sa signature figure aussi plusieurs fois, avec
sa profession d'instituteur public dans le registre des délibé-
rations du conseil municipal de cette ville. Il se maria
vers 1809 à Marie Chaillou et remplaça ensuite son beau-
père comme notaire de Beaufay.
Petite École de Filles
Il y avait aussi à Courcemont, avant la Révolution, une
petite école de filles. On ne sait à qui elle doit d'avoir été
établie, ni à quelle époque remonte sa fondation. Tout ce
qu'on peut dire c'est qu'elle fut au milieu du XVIII« siècle,
l'objet d'une importante dotation. La maîtresse qui la tenait
alors était Marguerite Gypteaii, originaire de la paroisse
Saint-Germain-l'Auxerrois, à Paris. Sa signature ne figure
pas dans les actes de l'état civil ; c'est pour cette raison
sans doute que le nom de cette institutrice a été si longtemps
ignoré .
73
Il semble qu'elle exerçait depuis longtemps à Courcemont
quand elle se décida à augmenter les revenus de l'école.
Dans un acte de donation entre-vifs du 30 mars 1769 elle
déclare « que son intention est de faire une fondation de
» maîtresse d'école de charité dans la paroisse de Cource-
» mont pour l'instruction gratuite des filles d'icelle y>. Elle
ajoute que « portée de son zèle à procurer dès à présent,
» comme à l'avenir, aux pauvres filles de la paroisse, une
); éducation nécessaire, persuadée que les jeunes filles, par
» leur instruction et connaissance des livres pieux, se trou-
» veiont en état de les communiquer à leurs enfants, elle
» cède, quitte, transporte et délaisse à perpétuité, pour la
» subsistance d'une maîtresse d'école de charité, dans la
» paroisse de Courcemont, le lieu et bordage du Grand
» Coulombiers près de la chapelle de Saint-Genou, en
» Souligné-sous-Ballon ;>.
La donation était faite, à condit'on, pour les maîtresses
d'école, d'acquitter les droits dus au seigneur de la Freslon-
nière, de faire célébrer deux grandes messes le jour de
l'Ascension « voulant et entendant la donatrice que si la
» maîtresse d'école s'avisait de négliger l'acquittement des
» dits services, le sieur curé de Covn'cemont et marguilliers
» du dit lieu, demeurent autorisés à la contraindre par voie
» de droit ».
Dans cet acte curieux à plus d'un titre, le choix de la
maîtresse est prévu. Elle e.st nommée par une Commi.ssion
composée du curé et de quatre notables. « Sous condition
» que l'élection de la ditte maîtresse d'école de charité sera
» faite par le curé de Courcemont et quatre notables habi-
» tants de la paroisse, gens d'honneur, de probité et de
» bonnes mœurs, à son choix, qui s'assembleront chez luy
» pour aviser à cette nomination qui se fera de préférence
» d'une fille de la famille de la fondatrice, s'il s'en présentait
» une jugée capable d'enseigner par le curé et les dits
» notables ». A défaut de fille appartenant à la famille de la
— 74 —
donatrice, la commission devait choisir une « fdle capable,
» zélée, de piété et propre à donner aux jeunes filles l'in-
» struction convenable. »
Les conditions d'âge ne sont pas oubliées : « Pourvu
» toutefois qu'elle soit âgée de 24 ans et à la condition
» qu'elle établira sa demeure à Courcemont.
Le programme de l'enseignement est soigneusement déli-
mité : « Laquelle instruction consistera dans la lecture, le
» calcul, à apprendre à prier Dieu et le catéchisme du diocèse
» à son possible ».
La maîtresse choisie par la Commission devait se faire
approuver par l'Évèque du Mans ou les Grands vicaires. On
ne peut la révoquer dans la suite que si elle manque à
remplir ses devoirs « ce que la fondatrice soumet au juge-
» ment du curé et du général des habitants ». La donatrice
» entend que si la paroisse de Courcemont était sans
» maîtresse d'école quelque temps, soit parce que le curé
» ne voudrait en choisir une , soit qu'il n'y en eût pas dans
» la paroisse, le Procureur et marguilliers aviseraient au
» meilleur emploi à faire de la donation ».
Enfin Marguerite Gypteau déclare en terminant que son
intention est de jouir sa vie durant des biens légués à l'école
« désirant, sous son agrément, pour maîtresse d'école de
» ladite paroisse, avec elle, Julienne Vannier qui lui aide à
» faire les petites écoles et qu'elle destine à remplir la dite
» place de maîtresse de charité à Courcemont.
Elle mourut dans cette paroisse le i5 avril 1779 à l'âge
de 60 ans On croit que ce fut Marie Péan, femme de Jean
Richard qui lui succéda et exerça jusqu'à ce que la loi
défendit aux anciennes maîtresses d'enseigner dans les écoles
nationales.
Anne Badin la remplaça. Sa signature bien formée figure
plusieurs fois dans les actes de l'état civil. Enfin son nom
est mentionné plusieurs fois dans le compte-rendu des fêtes
75
républicaines et [)atrioti(|ues célébrées à Ballon à la fin du
XVII I« siècle.
LA GUIERCIIE
Petite École de Garçons
D'après M. Bellée, c'est le vicaire (lui faisait l'école aux
garçons de la paroisse de La Guierche vers 1730. Cependant
les fonctions de vicaire ne supposaient pas nécessairement
celles de maître d'école, car dans plusieurs traités entre les
habitants et leur vicaire il n'est fait aucune mention de
l'obligation pour ce dernier de faire l'école.
Il y a d'ailleurs eu à La Guierche avant la Révolution, un
maître laïque. Son nom figure dans les actes de l'état civil et
les minutes de notaire. Il s'appelait François EsnauU. Avant
d'exercer comme maître d'école, il avait pendant de longues
années rempli la charge d'huissier. Il jouissait dans la
paroisse d'une assez grande considération car ses conci-
toyens le nomment procureur de la fabrique. Sa signature
annonce quelqu'un qui a fait des études plus qu'écolières.
C'est lui que les habitants chargent, en mars 1789, de
rédiger leur cahier de plaintes et doléances. Il n'a garde
d'oublier les écoles. Les paroissiens demandent « qu'à la
» place des glanes, il soit fait aux: vicaires une pension de
» GOO livres fournie par la paroisse et qu'ils soient tenus
» d'instruire les jeunes garçons ». Il disparaît en 1794,
Pas irace d'École de Filles
Je n'ai trouvé, dans les archives, aucune trace de l'exis-
tence d'une petite école de filles. Il n'y en avait probable-
ment pas, car dans leur cahier de plaintes et doléances les
habitants demandent « qu'il soit établi dans chaque bourg
» un hospice dont les femmes ou sœurs seraient chargées
» de l'éducation des filles ».
— 76 -
SAINTE-JAMME-SUR-SARTHE
Petite École de Garçons
J'avais toujours pensé que la paroisse de Sainte-Jarame-
sur-Sarthe, n'était pas dépourvue d'école de garçons avant
la Révolution. Déjà en août 1888, M. (iônet, instituteur de
cette commune m'écrivait que, d'après la tradition, c'était
le vicaire qui faisait l'école dans son logement appelé le
Vicariat, mais aucun document authentique n'était encore
venu confirmer cette assertion. Ce n'est même qu'en janvier
189-4 qu'il m'a été donné de mettre la main sur une pièce qui
établit d'une façon indiscutable l'existence d'une petite école
de garçons à Sainte-Jarnme-sur-Sarthe avant 1789. Cette pièce
est la nomination comme maître d'école, de M^ Leballeiir,
vicaire de la paroisse, passée devant M" Thuillier, notaire,
le 19 mai 1770.
Nous savons par cet acte que M" Michel Emery curé de
Sainte-Jamme a légué « à perpétuité pour un maître d'école
» qui résiderait dans la par(>isse une somme de cent cinquante
» livres de rente à prendre sur le Clergé de France, à charge
» par le dit M" d'école d'enseigner les pauvres enfants de la
paroisse ». Le curé et le marguiller en exercice à qui appar-
tenait la nomination de ce maître, devaient le « choisir
» parmi les natifs de la paroisse, s'il s'en trouvait un capable,
sinon, un étranger ».
Le même document nous apprend que la place de maître
d'école de Sainte-Jamme était vacante depuis huit mois par
suite de la nomination de M" Pierre Paulmier à la cure de
Ballon. C'est « pourquoy il est intéressant pour les dits
» pauvres qu'il soit nommé en sa place un autre maître
» d'école ; auquel effet, et ne pouvant les dits sieurs compa-
» rants mieux faire que de jeter leurs vues, pour remplir la
» dite place sur M*-' Pierre Leballeur, prêtre, vicaire de la
77
y) paroisse qui a, fait l'école avec exactitude depuis quelque
» temps qu'il demeure à Sainte-Jamme, en conséquence les
» dits sieurs Chevalier, curé, et Oourdais, procureur de
» fabrique, ont par ces présentes nommé pour M« d'école le
» dit s' Leballeur, présent et acceptant, à la charge par lui
» d'enseigner de son mieux les pauvre» garçons d'icelle
); paroisse ».
Petite École de Filles
La fondation à Sainte-Jamme d'une a petite école de filles »
est aussi due à M° Hemery ou Emery, curé de la paroisse.
Dans un acte du 42 août 1744, ce prêtre déclare « qu'il
» désire ériger en la paroisse de Sainte-Jamme une école
» charitable pour l'instruction des pauvres filles ». Dans ce
but et afin d'assurer un fonds pour l'entretien de cet établis-
sement il constitua à Pierre Champroux marchand et à sa
femme, une somme de mille livres produisant un revenu de
cinquante livres destiné à la maîtresse chargée de la nouvelle
école.
Une fois l'école établie, M" Hemery songe à en nommer la
maîtresse. Son choix se porte sur Frcui.çoise Gajet. veuve de
Pierre Letourmy laquelle il « nomme pour faire l'école tous
» les jours ouvrables à toutes les pauvres filles de la
» paroisse ».
Quatre ans plus tard, le 28 octobre 4748, M^ Hemery
assure l'existence de l'école qu'il avait fondée, par une dona-
tion en forme et une libéralité en faveur des pauvres.
K Désirant pourvoir à l'instruction des pauvres filles de la
)' paroisse et faciliter les moyens de les élever dans la religion
» catholique, apostolique et romaine, il fonde une escolle de
» filles pour enseigner par charité, à lire^ écrire, prier et
» servir Dieu, à la charge pour les métresses d'écolles de
» résider dans la paroisse et de tenir soir et matin les petites
» écolles, d'irrstruire gratuitement les pauvres filles, et de
» donner du bouillon aux pauvres d;^ la paroisse ».
— 78 -
Le curé Hemery donnait à cet effet aux maîtresses d'école
de Sainte-Jamme et à celles qui devaient leur succéder, une
rente annuelle et perpétuelle de cent cinquante livres affectée
sur les métairies de Vaujolly etde la Brosse, eu Sainte-Jamme,
plus les cinquante livres constituées au profit de Ghamproux.
Il s'en réservait la nomination sa vie durant et la passait à
ses successeurs après sa mort. En cas d'amortissement la
rente de cinquante livres devait être de nouveau constituée
ou, si on le jugeait meilleur, le capital employé à construire
une maison pour les maîtresses d'école.
Celles-ci étaient obligées de résider dans la paroisse de
Sainte-Jamme, à condition, cependant d'être exemptées de
la taille et autres impositions. Dans le cas où les habitants
ne voudraient pas leur accorder cette faveur, elles demeu-
reraient libres de s'établir dans la paroisse qu'elles jugeraient
convenable.
Au début, il n'y avait donc qu'une maîtresse d'école. Mais
comme il lui était impossible de faire la classe et de soigner
les malades, on en tut deux. Ces maîtresses ont exercé
jusqu'à la Révolution Française. La dernière est Anne
Trouvé dite Lacroix qui mourut dans sa maison du Louvre
le 4 frimaire an IIL' Le Louvre qui avait été acquis d'une
somme provenant du remboursement de la constitution
Champroux, fut vendu au profit des héritiers de l'abbé
Hemery.
SAINT- JEAN-D'ASSÉ
Petites Ecoles de Garçons
M. Bellée dit qu'il y avait à Saint-Jean-d'Assé, avant la
Révolution, une école de garçons tenue par des prêtres ;
que cette école était gratuite, la dîme étant considérée parle
curé com.me formant un traitement suffisant pour celui qui
en était chargé. Il résulte en effet des renseignements qui
m'ont été communiqués par M. Montanger, iilstituteur, que
- 7!)
l'abbé Petit faisait l'école à quelques élèves qui le trou-
vaient d'une sévérité excessive. On croit aussi que son
successeur l'abbé Dorgueil faisait la classe dans la boulan-
gerie du presbytère.
X côté de ces écoles dont l'existence ne nous est révélée
que par la tradition, il y en avait une autre tenue par un
maître laïque. J'ai trouvé en efîet, dans un grand nombre
d'actes notariés le nom de « François Renard, maître d'école
au bourg de Saint-Jean-d'Assé ». Il figure comme témoin
dans presque toutes les minutes de 1785 à 1790. Il exerce
aussi les fonctions de crieur public, ainsi que le prouve le
billet suivant : « J'ai François Renard, maître d'écolle, de-
» meurant à Saint-Jean-d'Assé soussigné, publié le billet tel
» qu'il est de l'autre part, ainsi qu'il est d'u.sage, à Saint-
» Jean, le dimanche 26 avril 1789 ». Son écriture est nette,
régulière et très lisible. Sa signature ne figure qu'une seule
fois à l'état civil, avec sa profession de maître d'école nette-
ment indiquée.
Il naquit à Assé-le-Riboul le 15 novembre 1749. C'est lui
qui, dans un acte de pension du 15 octobre 1786, promet, à
des conditions déterminées de loger un orphelin « le cou-
» cher, le chauffer, le nourrir et blanchir, le traiter humai-
» nement sans rien lui reprocher, au surplus l'envoyer aux
» instructions, comme aux petites écoles et aux catéchismes
» et l'élever dans la religion catholique , apostolique et
» romaine, selon son état ». '
Il quitta la commune vers 1793, car on n'en retrouve
aucune trace à partir de cette époque. Son successeur fut
Séraphin Laurent, notaire. Dans une délibération du 14 sep-
tembre de la même année, nous lisons que « les officiers
» municipaux, agent et notables de Saint-Jean-d'Assé, assem-
» blés au temple de la Raison à l'effet de nommer un insti-
» tuteur public, au scrutin a été nommé par 24 voix, le
» sieur Séraphin -Laurent qui a exhibé son certificat de
» civisme déHvré au Mans ».
- 80 —
Petite École de Filles
Il y avait d'après M. Bcllée, à Saint-Jean-d'Assé, avant la
Révolution, plusieurs « petites écoles de filles » tenues par
des femmes. Elles ne possédaient aucun revenu et étaient
payantes.
CHEVAIGNÉ
L'ancienne petite paroisse de Chevaigné dont le territoire
est enclavé dans celui de Saint-Jean-d'Assé, avait un maître
d'école avant 1789. Dans un compte de tutelle du '2 juillet
1785, il est question d'une somme de 9 livres payée à René
Vayer, maître d'école.
NOTP.E-DAME-nES-CHAMPS
Petite Éecle de Filles
La petite paroisse de Notre-Dame-des-Champs, en Saint-
Jean-d'Assé, avait une petite école de filles, au commence-
ment du XVlIIo siècle. Elle fut fondée par M« Chassevent,
curé, mais ne possédait aucun revenu. Ce prêtre décida
Louise Morin à se consacrer à Dieu, sans vœu « pour
» l'instruction des enfants dans la foi et la loi de J. G. et de
» l'Eglise, dans la pratique de la prière et dans la lecture,
y> l'écriture et les travaux manuels ». On ne sait si elle
subsista. »
joué-l'abbé
Pas trace d'écoles,
SAINT -;MARS- sous -BALLON
Petite Ecole de Garçons
La paroisse de Saint-Mars-sous-Ballon qui, avec celle de
Saint-Georges formait , avant la Révolution , la ville de
Ballon, avait (lè>; la seconde moitié du XVH« siècle, une
— 81 —
petite école pour l'instruction des garçons. Cet établisse-
ment fut fondé le 30 octobre 1688 par M^ André Valiquet,
prêtre habitué de la paroisse. Voici un extrait de son testa-
ment : « le dit sieur Valiquet fonde comme dessus un collège
» ou petite école de garçons au bourg dudit S' Mars, pour
» l'instruction des garçons de la paroisse, aus^i à perpétuité,
» qui sera tenue et enseignée chaque jour ouvrable par le
» prêtre qui jouira des choses ci-dessus et ci-après, lequel
» outre se fera raisonnablement payer par ceux qui en
» auront le moyen, et sera tenu d'enseigner sans aucune
.» récompense aux pauvrer, d'icelle paroisse ».
Dans le principe la dotation du collège ne consistait que
dans la maison du fondateur, un jardin et quelques quartiers
de vigne. Cependant le titulaire touchait encore quarante-
cinq livres pour célébrer la première messe et faire la
recommandation de l'abbé Valiquet. Ce titulaire devait,
« être un prêtre de la famille du fondateur, ou à défaut un
» prêtre né dans la paroisse, élu et choisi par le curé de
» S' Mars, le procureur de Fabrice, et deux des plus proches
» parents du donateur ».
L'abbé Valiquet mourut en janvier 1701 à l'âge de 77 ans,
dans sa maison du bourg qui, après son décès devint le
collège et qu'on a longtemps désignée sous le nom de
Vicariat. Il eut pour successeur Jacques Guignier, son
parent. Il n'entre pas dans mon dessein d'énumérer tous les
principaux qui ont exercé à Saint-Mars au XVIII" .siècle. On
en trouvera d'ailleurs la liste dans l'ouvrage que M. Aubry a
consacré à cette paroisse. L'important est de savoir que le
collège fut constamment tenu jusqu'à la Révolution française.
Cependant les revenus assignés par l'abbé Valiquet ne
tardèrent pas à être trouvés insuffisants. C'est ce qui engagea
Mo Hardy, curé de la paroisse à les augmenter. Dans son
testament olographe du 15 novembre 1729, il s'exprime
ainsi : « Comme les fonds laissés par M^ Valiquet, ne sont
XL 6
— 82 —
» pas suffisants pour entretenir un prêtre dans la dite paroisse
» de S'-Mar?, je donne et lègue à la dite écolle de garçons
» une somme de 2000 livres qui sera prise sur mes biens
» après mon décès et employée en un fonds ou rente consti-
» tuée de cent livres, dont le maître d'écolle et ses succes-
» seurs jouiront à perpétuité à condition et non autrement
» que ce maître d'écolle sera prêtre, ou dans les ordres
» sacrés, qu'il sera résidant dans la paroisse, qu'il enseignera
» à lire, écrire, qu'il montrera, soir et matin, tant le latin
» que le plain-chant, qu'il enseignera les pauvres de cette
» paroisse par charité à lire et écrire, et afin qu'il y ait un
» sujet capable de faire l'école, je veux et entends qu'il sera
» choisi par le curé mon successeur, le procureur de fabrique,
» les curé et juge de Ballon qui s'assembleront à cet efl'et et
» décideront à la pluralité des voix.
Dans un résultat du 17 août 1731, le général des habitants
de Saint-Mars, appelé à donner son avis sur la donation faite
au collège par le curé Hardy, n'accepte la libéralité que
sous bénéfice d'inventaire. Peut-être savait-il que son pasteur
était plus généreux que riche. Bien lui en prit ; car la liqui-
dation de la succession terminée, il ne restait pour le collège
qu'une somme de onze cents livres.
Des personnes charitables intervinrent dans le but de
réaliser le vœu du curé Hardy. Dans un acte du 29 septembre
1731 , « on expose que les fonds ci-devant donnés pour
» établir une escolle de garçons à S^-Mars, n'étant pas suffi-
)) sants, M*^ Hardy avait donné par son testament deux mille
» livres pour cet effet, mais qu'après ses dettes payées, il
» n'en restait de disponibles que onze cents. A ce sujet est
» intervenu le sieur Poisson, bailly de Ballon, lequel voulant
» concourir aux motifs du dit défunt, a offert de délivrer la
)) i omme de douze cents livres qui lui ont été déposées entre
» les mains par des personnes charitables ». Le successeur
du curé Hardy, Tabbé Dalivoust, s'inscrit pour une somme
de' deu.x CcMils livres. On parvint donc à réunir ainsi par
- 83 -
souscription, en faveur du collège de Saint-Mars, une somme
de deux mille cinq cents livres environ.
Au lieu de constituer cette somme, on en employa le
montant à l'acquisition d'un bordage, nommé la Vaidière.
Aux termes du contrat passé à ce sujet le 29 septembre 1731 ,
le prix de cette propriété devait être soldé de la manière
suivante : Onze cents livres promises par Lemore, procureur
de fabrique, provenant de la succession Hardy, douze cenfs
offertes par Poisson et deux cents par le curé Dalivoust.
« En conséquence la Grande Vaidière appartiendra à l'école
» des garçons, à condition que le maître d'école soit prêtre,
» ou dans les ordres sacrés, qu'il résidera dans la paroisse
» de S'-Mars, sans pouvoir être vicaire, qu'il enseignera à
» lire et à écrire et la langue latine, matin et soir, qu'il
» montrera le plain-chant à ceux de la dite paroisse qui
» voudront l'apprendre, et enseignera les pauvres de la dite
» paroisse de S'-Mars et de Ballon par charité et sans aucune
» rétribution, à lire, écrire, prier et servir Dieu et qu'il entre-
» tiendra les bâtiments de l'école en bon état de réparations ».
Enfin ce maître devait être nommé par une commission com-
posée du curé de Saint-Mars, de celui de Ballon, du pro-
cureur de Fabrique et du juge de cette dernière ville.
Le dernier principal du collège de Saint-Mars fut M^ Julien
Charpentier qu'on représente « comme exact à remplir ses
» fonctions d'enseignement et comme doué d'heureuses
» dispositions pour la musique ». Il fut pourvu du bénéfice
vers 1782. Comme on avait négligé de faire aux bâtiments
du collège les réparations d'usage, le nouveau principal prit
à loyer une chambre dans le bourg. Il n'en fallait pas davan-
tage pour provoquer la réunion de l'assemblée paroissiale.
Le procureur de fabrique « remontre » à cette occasion aux
habitants « que depuis deux ans ou environ M« Julien
» Charpentier a été pourvu de la place de principal au
» collège de cette paroisse de laquelle dépend un corps de
» bâtiment qu'il aurait négligé d'habiter, ce qui pourrait en
— 84 —
» entraîner la ruine ; que d'ailleurs la chambre qu'il occupe
» au bourg est trop petite, que l'escalier qui y conduit est
» trop difficile, ce qui a éloigné les étudiants accoutumés à
» se rendre dans la classe ordinaire qui ne comporte aucun
» des empêchements énoncés >->. L'assemblée paroissiale
après miîre délibération, autorise son procureur de fabrique
de faire les diligences nécessaires pour que les testaments
de M°=* André Valiquet et Laurent Hardy soient respectés.
Dans le cas où le principal refuserait plus longtemps d'habi-
ter les bâtiments du collège et de faire l'école dans la classe
ordinaire, elle l'autorise à louer la maison. M'' Charpentier
intervient dans l'acte et déclare qu'il n'est tenu d'habiter les
bâtiments du collège que quand les réparations nécessaires
y seront; faites ; et que dans tous les cas les habitants ne
sont pas fondés à disposer du local à leur guise.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire, les
Officiers municipaux de Ballon nous font connaître la situa-
tion du collège des garçons de Saint-Mars quelque temps
avant la Révolution. Ils déclarent « qu'il y a un prêtre prin-
» cipal du collège de Saint-Mars, lequel est choisi par
» MM. les curés de Ballon, de S' Mars, le Bailli et le Procu-
» reur de Fabrique ». Les conditions imposées par le curé
Hardy existaient donc toujours. A cette époque c'était
M" Charpentier qui était encore principal.
Conformément aux décrets de la Constituante les biens
formant la dotation du collège furent mis à la disposition de
la Nation, mais leur aliénation partielle n'eut lieu que plus
tard. Le principal put donc dans les premières années de
la Révolution continuer de faire l'école, comme par le passé.
Cependant la municipalité avait dès cette époque la haute
main sur l'enseignement. On la voit en effet décider le
V2 décembre 1790 « que la salle où le principal du collège
» des garçons tient ses écoles, servira de logement aux
» commissaires qui seront nommés par l'Assemblée primaire,
» pour faire le recensement des bulletins de vote ».
— 85 —
Le 20 février 1791, le principal Charpentier prête le ser-
ment civique exigé des fonctionnaires. Mais il ne dut pas
rester longtemps à S' Mars passé cette date. Il fut remplacé
par F. Fouquet, le même sans doute dont la prestation de
serment ept mentionnée sur le registre des délibérations de
la municipalité de Ballon le 18 juillet 1792. Ce nouveau
principal n'e.Kerça que peu de temps. Désigné par le sort
pour aller combattre les ennemis de la Patrie, il eut pour
successeur Viennot^ greffier de la municipalité de Ballon.
Voici un extrait de la délibération prise à ce sujet le 7 octo-
bre 1793.
« Considérant que le départ du citoyen Fouqué, maître
» du collège des garçons de S' Mars est prochain, pour servir
» la Patrie, vu qu'il a été désigné par la voix du sort pour
» acquitter en partie le contingent de cette commune dans
» le recensement décrété le 22 juillet dernier, voulant pour-
» voir au remplacement dudit Fouqué, afin que l'éducation
» de la jeunesse ne puisse souffrir de son départ » la muni-
cipalité, « oui le Procureur de la commune en ses conclu-
sions », a délibéré et arrêté « qu'il sera nommé un nouveau
)) maître de collège, et de suite le corps municipal a chois
» et nommé le citoyen Pierre Viennot, lequel accepte et
» promet de remplir aussi humainement que fidèlement les
» fonctions qui lui sont confiées, d'entrer en exercice sitôt
» le départ de Fouqué, au moyen de quoi ledit Viennot
» jouira à compter de ce jour des fruits et revenus des
» immeubles non aliénés dépendant du collège, s'en mettrai
» en possession et jouissance, à charge d'en user en bon
» père de famille ».
Petite École de Filles
La fondation à Saint-Mars-sous-Ballon, d'une « petite école
de filles » est aussi due à M*' Valiquet, prêtre de la paroisse.
Par son testament du 30 octobre 1688 » il fonde une escolle
86
» pour enseigner aux filles d'icelle paroisse à prier et servir
» Dieu, à lire et à écrire ». Il donne à cet effet, aux « filles
» qui seront proposées et désignées pour tenir la dite école,
» le lieu et bordage de Moulins, proche le bourg, ainsi qu'il
» se poursuit et comporte ». Les maîtresses pouvaient per-
cevoir une rétribution raisonnable de ceux qui auraient le
moyen de payer, mais elles devaient enseigner gratuitement
les pauvres et les enfants de la famille du donateur. Elles
étaient tenues en outre à faire célébrer chaque année une
messe pour le repos de l'âme du fondateur. A ces conditions
« elles auront la libre jouissance du dit lieu de Moulins où
» elles feront leur demeure ».
Le mode de nomination des maîtresses est soigneusement
indiqué « et seront les filles pour enseigner, choisies et
» eslues comme dessus est dit », c'est-à-dire de la même
façon que le principal par le curé de la paroisse, le procu-
reur de la Fabrique et deux des plus proches parents du
fondateur. La première maîtresse d'école fut Anne Duhoust
qui enseigna à Saint-Mars pendant près de soixante ans et
qu'on qualifie de (( vertueuse fille » dans son acte de sépul-
ture. Elle eut pour compagnes Jeanne Bertlie qui mourut en
4692 et ensuite Marguerite Fortis.
Il faut croire que les fonds laissés par l'abbé Valiquet
étaient devenus insuffisants, puisque nous voyons M'^ Laurent
Hardy, curé 'de la paroisse, les augmenter le 16 mars 1723,
par une nouvelle donation. Ce prêtre « mû par un motif de
» piété et d'affection pour la paroisse de Saint-Mars, princi-
» paiement pour ce qui regarde l'instruction de la jeunesse,
» aïant considéré que les fonds donnés par M*" André
•» Valiquet d'heureuse mémoire, à l'école des filles ne sont
» pas suffisants pour nourrir et entretenir des maîtresses
» d'école et les engager par ce moyen d'employer leur tems,
» à la décoration de l'église, et l'instruction des enfants »
donne par acte entre vifs et irrévocable, aux maîtresses
d'école de la paroisse de Saint-Mars plusieurs rentes mon-
— 87 -
tant ensemble à cent dix livres. Celte donation était faite
aux conditions suivantes : « Les maîtresses blanchiront gra-
» tuitement le linge de l'église et dresseront les autels ».
Elles étaient de plus obligées de montrer gratuitement aux
pauvres filles de la paroisse « à lire, écrire, prier et servir
» Dieu ». On leur permettait d'exiger une rétribution raison-
nable des écoliers dont les parents pouvdient payer.
Dans son testament olographe du 15 novembre 1729
M'' Hardy revient sur la donation qu'il a faite à l'école des
filles, pour la confirmer. « De plus, dit-il, à l'égard des fonds
» que i"ai légués pour l'entretien des maîtresses qui doivent
» instruire les filles de ma paroisse je persi.ste dans l'entier
» abandon que j'ai fait à condition que les dites maîtresses
» seront choisies, comme pour l'école des garçons », c'est-
à-dire par une commission composée du curé de Saint-
Mars, de celui de Ballon, du bailli de cette ville et du pro-
cureur de Fabrique, à la pluralité des voix. M<= Laurent
entend et veut pareillement qu'elles enseignent « à lire,
» écrire, prier et servir Dieu, sans aucune rétribution, comme
» aussi elles seront obligées de blanchir le linge de l'église.
» Je veux et entends, ajoute-t-il, qu'au jour de ma mort il
» soit délivré aux dites maîtresses d'écob tout le linge qui
» se trouvera chez moi, à condition que ce linge serve à la
» maison d'école ».
Anne Duboust dont la signature figure dans la donation
de 17-23 à côté de celle de Marguerite Fortis, précéda de
quelques années, le curé Hardy dans la tombe. Elle mourut
en effet en 1728 après avoir laissé par testament tout son
linge à sa compagne et à celles qui lui succéderaient. Mar-
guerite Fortis restée seule, s'associa alors Magdelaine
Guyard qualifiée dans un acte de seconde « maîtresse
d'école ». Elle mourut le 30 octobre 1732, peu de temps
après le curé Hardy. A cette occasion, son neveu, notaire à
Souligné, se rend à Saint-Mars, pour dresser, en présence
de Magdelaine Guyard, seconde maîtresse d'école, l'inven-
— 88 —
taire des effets laissés par la défunte. De leur côté, le curé
de Saint-Mars, le Procureur de la Fabrique et le bailli de
Ballon, chargent de la même mission, en ce qui concerne
les meubles appartenant à l'école, M" Louzier, notaire royal
à Saint-Mars. Au cours de ces formalités, ils apprennent
que par testament du 11 avril 1717, Anne Duboust et Mar-
guerite Fortis s'étaient fait donation de leurs effets pour la
survivante et à la mort de celle-ci pour les maîtresses qui
leur succéderaient à l'école. La dotation du collège se trou-
vait donc augmentée des effets laissés par Anne Duboust et
Marguerite Fortis.
Magdelaine Guyard s'associe dès l'année suivante,' une
compagne nommée M. Toury. Le nom de ces deux mai-
tresses figure dans un acte authentique de 1733. M. Toury
ne fit que passer, car quelques années plus tard, nous
trouvons comme auxiliaire de la maîtresse d'école de Saint-
Mars, une dame du nom d'Anne Clianteau. M. Aubry qui a
écrit l'histoire religieuse de la paroisse était donc insuffi-
samment renseigné quand il prétend qu'à la mort de Mar-
guerite Fortis, ce furent des sœurs de La Chapelle-au-
Riboul qui la remplacèrent.
Les soeurs de La Chapelle-au-Riboul , qu'on désigne
souvent dans les actes, sous le nom de Sœurs de la Société
de Sillé-le-Guillaume, ne vinrent à Saint-Mars qu'à la ren-
trée des classes de 1736. Il résulte en effet d'un acte passé
devant le notaire de Saint-Mars, le 8 novembre de cette
année, que le recollement des meubles de l'école des filles a
été fait en présence de « Anne Chanteau et Magdelaine
» Guyard, filles, ci-devant maîtresses de l'école des filles de
» S' Mars, de Marie Bruno et d'Aline Delavarë, sœurs de la
» Charité de Sillé-le-Guillaume, envoyées pour tenir les
» petites écoles, de François Dalivoust , curé , de Denis
» Poisson, bailly de Ballon et de Charles Laumonnier, pro-
» cureur de la Fabrique ».
Les signatures des nouvelles maîtresses ne sont guère
— 89 —
mieux formées que celles des anciennes. Leur instruction
générale ne parait pas non plus beaucoui) plus élevée, si on
en juge par la quittance suivante qui porte la signature de
Marie Bruno, oc Je metreisses d'écolles de la paroisce de
» S' Mars de Ballon , soussignées , reconnais avoir reçu
» d'Etienne Leconte, bordager de la paroisse de S' Ouen, la
» somme de quarante livres quatre sols pour venir en dé-
» duction de son deub sur la rente de trente trois livres qu'il
» est tenu faire chacun an aux dites écolles dont d'autant
» quitte sans préjudice du surplus courant autres deubs,
» droits et actions, laquelle somme m'a été payée par les
» mains de Charles Laumonnier, procureur de fabrique,
» provenant des deniers de la vente des meubles faite par le
» dit Leconte, le 2 décembre 1737, devant M" J. Louzier,
» notaire royal, auquel a été payé quatre livres dix sols pour
» ses honoraires, vacations et contrôle, à Jouanneau, huissier,
» pour frais d'exécutions, celle de 6 livres et au commissaire
y> trente-cinq sols, au moyen de quoy le s"" Laumonnier en
» demeure bien et valablement quittes et déchargés sans
» recours ni recherches. Fait ce treize febvrier mil sept cent
» trente-huit. Japrouve lecrit cidessus et de l'autre par.
» Marie Bruno ».
La seconde supérieure de l'école de Moulins, fut Morgue-
rite Lavaré ou Delavaré dont le nom figure déjà dans les
actes à côté de celui de Marie Bruno, dès 1736. Elle exerça
les fonctions de maîtresse d'école à Saint- Mars pendant
45 ans et mourut le 20 septembre 1781, à l'âge de 70 ans.
Elle fut sans doute remplacée par s"" Françoise Clievalier
qui est qualifiée de supérieure du collège des filles de
Saint-Mars en 178(j. Dans cet acte elle consent à prendre
comme pensionnaire, une jeune fille, moyennant 120 francs
par an. L'établissement recevait donc des internes.
Cependant les biens légués par l'abbé Voliquet et la rente
de 1 10 livres donnée au collège par le curé Hardy, étaient
devenus insuffisants quelque temps avant la Révolution pour
90
l'entretien de l'école. C'est du moins ce qu'il semble résulter
d'une délibération de l'assemblée paroissiale du 27 août
1786. Dans cette réunion, Joseph Laumonnier, procureur de
la fabrique « expose » aux habitants que « M"^ André Valiquet
» ancien vicaire de la paroisse aurait légué à la fabrique
» cent onze livres de rente à prendre sur différents particu-
» liers pour la nourriture et entretien de deux sœurs de la
» maison du Riboul qui se donneraient à l'éducation des
» filles de la paroisse; que dans tous les tems, les dits habi-
» tants ont ressenti l'avantage d'une pareille institution, mais
» qu'ils en seraient bientôt privés s'ils refusaient un secours
» que la cherté des vivres et le défaut de pensionnaires
» exigent dans le moment actu d ; que le blanchissage des
» linges de l'église, évalué à au moins trente livres par an
» pourrait être confié aux sœurs ; enfin qu'en augmentant
» leur pension pendant quelques années jusqu'à la somme
» de quatre-vingts livres, ce serait un petit sacrifice dont les
» habitants se ressentiraient peu. »
On ne peut s'empêcher de remarquer que le Procureur de
fabrique est inexactement renseigné en attribuant à l'abbé
Valiquet une fondation qui est en réalité due au curé Hardy.
D'un autre côté, cette donation faite en 1723 l'était au profit
des maîtresses d'école de Saint-Mars et non spécialement
pour les sœurs de La Chapelle-au-Riboul qui n'y furent
appelées que quinze ans après. Quoi qu'il en soit, les habi-
tants après avoir examiné la proposition du procureur de la
fabrique et avoir c( conféré entre eux consentent qu'il soit
» payé aux sœurs pendant six ans, si les circonstances
» l'exigent, ce qu'ils laissent à la discrétion de Laumonnier
» et à celle de ses successeurs, la somme de cent quatre
» vmgts livres par an au lieu de celle de cent onze qui leur
» avait été attribuée par le dit sieur Valiquet, à charge que
» les dittes sœurs blanchiront ou feront blanchir à leurs
» frais, tout le linge nécessaire à l'église ». Le traitement
des maîtresses d'école de Saint-Mars était donc, quelques
— 01 -
années avant la Révolution de 180 livres, sans compter les
revenus du hordage de Moulins dans lequel était installée
la classe.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire, en
1788, les officiers municipaux de Ballon déclarent « qu'il y a
à Saint-Mars un collège de filles dirigé par « deux sœurs de
» La Chapelle-au-Riboul qui possèdent une maison et un
» jardin ».
Au commencement de la Révolution, la supérieure de
Saint-Mars est Jeanne- CaUierine Preverd. Le nom de sa
compagne à cette époque ne nous est pas connu. L'opinion
publique était un peu excitée contre elles, car dans une
délibération du conseil municipal de Ballon, le maire dit
que « les sœurs du collège de filles de Saint-Mars ont éprou-
» vé des insultes depuis quelque temps de certains particu-
» liers » A cette occasion le corps municipal fait défense à
qui que ce soit de les injurier.
Les sœurs de La Chapelle-au-Riboul quittent Moulins le
30 juillet 1792. Le 15 février de l'année suivante le Directoire
du district du Mans demande à la municipalité de Ballon
les renseignements suivants : « 1° Depuis quel temps
» Marie-Magdelaine Martin et Jeanne- Catherine Preverd,
» ci -devant sœurs de la Charité de la congrégation de
» La Chapelle-au-Riboul , exerçaient leurs fonctions dans
» la paroisse de Saint-Mars ; quelle est l'époque à laquelle
» elles ont quitté leurs fonctions ; les effets qui garnissent
» la maison ont-ils été fournis aux dépens des revenus de
» leur travail et de leur économie. »
Le conseil municipal répond que « Marie-Magdelaine
» Martin et Jeanne Catherine Preverd ont exercé leurs fonc-
» tiens au collège des filles de Moulins en cette commune,
fl la première pendant 18 mois consécutifs et la seconde pen-
)j dant trois ans. Que le 31 août HOt^, elles ont quitté le
» collège dans l'intention qu'elles avaient manifesté de se
» soustraire aux dispositions de l'arrêté du Directoire du
— 92 -
» département du 3 juillet précédent qui les assujettissait
» au serment civique. Que le jour précédent et le dit jour
» 31 août, inventaire des meubles de la dite maison de
» Moulins fut fait par la municipalité qui y établit une gar-
» diataire dont les fonctions ont cessé à l'époque où les
» dites Martin et Préverd ont été remplacées ; que déli-
» vrance fut faite aux dites sœurs de tous les habits et linges
» à leur usage journalier et personnel ; qu'enfin tous les
» meubles qui garnissent la maison de Moulins, appar-
» tiennent à cette commune vu que plusieurs citoyens
» les ont donnés en différents temps et que le seul objet
» fourni par les dites Martin et Préverd, consiste en une
» horloge avec sa boîte existant encore à la maison de
» Moulins. »
Elles furent remplacées par une institutrice laïque du
nom de Anne-Louise Renoul., femme Yzeux.
MONTBIZOT
Pas cVécole de Garçons
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire , les
habitants de Montbizot ne nous donnent aucun renseigne-
ment en ce qui concerne l'existence d'une petite école de
garçons.
Petite école de Filles
La paroisse de Montbizot qui comptait en 1788, une popu-
lation de 600 âmes au-dessus de 7 ans, avait une petite
école de filles dès la première moitié du XVIIIc siècle. Cette
école fut fondée le 10 juin 1734 par M" Louis Cornilleau,
curé de la paroisse. Voici un extrait de son testament :
« Après que mes héritiers auront pris la moitié franche et
» exempte de toute charge de mes meubles vifs et morts en
» quelque part et endroit qu'ils soient, j'ordonne que l'autre
— 93 —
» moitiéz soit employée où le prix d'icelle aux réparations
» du presbytère et de ses dépendances, et s'il y a du surplus
» à celles du chœur et sanctuaire de l'église du Bizot, en
» tant que j'y suis obligé pour ma part. S'il reste encore
» quelques deniers à employer après, je prie ceux des habi-
» tants du dit lieu qui ont du zelle de la Providence et de la
» religion, d'en faire un saint usage et employ, ou d'ageter
» une maison pour une escolle de filles et autres lieux rai-
» sonnables. On me fera honneur si l'on consulte mes
» héritiers pour cet employ qui sera toujours fait pour
» la plus grande gloire de Dieu ; l'avis de mon très hono-
y> rable successeur prévaudra pour ce sujet. »
Il faut croire que les obligations testamentaires du curé
remplies, il resta encore une certaine somme et que les
habitants, du consentement de son successeur, se décidè-
rent pour l'acquisition d'une maison d'école. On trouve en
effet à Montbizot, peu d'années après le décès de l'abbé
Cornilleau, une maitres^se d'école qui « enseigne les petites
» filles ». Elle s'appelait « Louise Chaudet », et son nom
figure à plusieurs reprises dans les actes de l'état civil.
Elle fut remplacée on ne sait à quelle époque et la place
occupée jusqu'à la Révolution.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire , les
habitants de Montbizot déclarent : « Qu'il n'y a dans leur
» paroisse ni hospice, ni hôpital, mais seulement une sœur
» qui fait les fonctions de maîtresse d'école pour les jeunes
» filles et qui visite librement sans prendre denier, les
» pauvres pour leur porter quelque soulagement. La fonda-
» tion de cet établissement comporte un logement et cin-
» quante livres de rente légués par testament. La maîtresse
» instruit, catéchise, offre ses services, sous l'inspection du
» curé à qui seul le droit en est réservé. »
A la Révolution, cette maison qu'on connaissait sous le
nom de Collège, ne fut pas aliénée. Elle figure sur la ma-
trice cadastrale sous la désignation d'Ecole Nationale. Quand
— 94 —
en 1831, un instituteur fut appelé à Montbizot, on l'installa
dans cette maison. C'est dans ce local qu'est aujourd'hui
tenue l'école des filles.
SOUILLÉ
Pas d'écoles.
SOULIGNÉ-SOUS-BALLON
Petites écoles de Garçons
La paroisse de Souligné-sous-Ballon ne paraît pas avoir
possédé, avant la Révolution, une école de fondation pour
l'instruction des garçons. La prestimonie qui existait à cette
époque ne comportait pour le titulaire d'autre charge que
la célébration de la première messe, ainsi que le constate
un résultat du 31 mars 1750. C'était habituellement le vicaire
qui jouissait des revenus attachés à ce bénéfice, mais sans
être tenu à faire Técole.
Cette localité n'était pourtant pas complètement dépour-
vue de moyens d'instruction, car il y avait des « maîtres
d'école ambulants » qui allaient de ferme en ferme offrir
leurs services, et dont le rouvenir s'est conservé jusqu'à
nous. L'existence de ces maîtres nous est révélée à Souligné
dans un acte authentique curieux à plus d'un titre. Dans ce
document « René Chnrhonneau », maître des petites écoles
demeurant à Ballon, se plaint d'avoir été traité de « sorcier »
par un habitant de Saint-Mars. Voulant « se reparer de tels
» discours » il fait comparaître plusieurs bordagers de Saint-
Mars et de Souligné qui déclarent le connaître « pour
» honnête homme, pour avoir demeuré chez les uns et
» enseigné les petites écoles chez les autres, et s'être com-
» porté tant en ses discours et entretiens avec décence, le
» reconnaissent pour honnête homme et non buspoct des
i) sottises et calomnies qui lui ont été proférées par le dit
» Mégret. »
- 95 —
Un autre texte confirme l'existence à Souligné de maîtres
ambulants pendant les premières années de la Révolution :
c'est une délibération du 19 juillet 179'2. « Aujourd'hui, s'est
» présenté devant nous. Maire, Officiers municipaux et
» procureur de la commune de Souligné, Jacques Doiiet^
y> maître d'école volontaire, se transportant dans l'intérieur
» des maisons des citoyens afin d'instruire les enfants une
» partie de l'année, sans aucun bénéfice seulement que la
» paie des pères et mères des dits enfants ». Cet instituteur
volontaire se présente pour prêter le serment civique exigé
des maîtres et maîtresses d'école par le Directoire du
département. « Il jure d'être fidèle à la nation, à la loi et
» au Roi, de maintenir de tout son pouvoir la Constitution
» et de veiller avec soin sur la conduite des enfants qui lui
» seront confiés ». Jacques Douet était en même temps que
maître d'école « greffier de la Municipalité ». Il fut rem-
placé, en l'an III, dans ses fonctions d'enseignement par le
citoyen Nicolas Moreau.
Petite école de Filles
La fondation à Souligné-sous-Ballon, d'une petite école de
filles remonte à la fin du XYII^ siècle. Le l*^'' juillet 168G,
M« Antoine Blondeau, prêtre de l'Oratoire et curé de Saint-
Vincent du Mans, acquiert, par contrat passé devant Jean
Leroi, notaire, de « Catherine Vavasseur et Eléonore Alliot »
le bordage de Bois-Bellant, ainsi que plusieurs pièces de
terre « pour l'entretien d'une école de filles ». Cette acqui-
sition est faite pour le prix de mille soixante-cinq livres
« provenant d'aumônes qui lui ont été mises entre les mains
» pour la fondation d'une école de filles dans une paroisse
» du Maine ».
Le 16 août suivant, ce prêtre expose que « mû de dévo-
» tion et suivant les bonnes intentions des personnes qui lui
» ont mis entre les mains les deniers pour une école de
06
» filles, il donne à perpétuité pour servir de fondation à
-i cette école qui sera établie dans la paroisse de Souligné
» tous les biens acquis par lui, le premier juillet suivant ».
Cette école sera « régie et gouvernée, par telle personne
qu'il lui plaira choisir dans le diocèse à charge par celle
qui en sera chargée « d'enseigner les petites filles en la dite
» paroisse et circonvoisines , à lire et prier Dieu, leur
» apprendre le catéchisme et la créance de l'église catho-
» lique et romaine ».
Après avoir établi le programme de l'enseignement
M^ Blondeau songe à nommer les titulaires de l'établisse-
ment qu'il vient de fonder; et les maîtresses qu'il choisit
sont précisément les personnes de qui il avait acquis le
bordage de Bois-Bellant. Ce fait porte à croire que ces maî-
tresses exerçaient déjà à Souligné avant 168(3, « et parce
» qu'il a bonne connaissance de la suffisance et bonne con-
)) duite de Catherine Yavasseur et Éléonore AUiol, filles,
» demeurant en la ditte paroisse de Souligné, et de Marie
» Lemaire, aussi fille, demeurant en la ville de Paris et de
» leur zèle pour l'instruction des jeunes filles et de la pro-
» fession qu'elles font en la religion catholique et romaine,
» de leur dévotion et bonnes mœurs, il les a nommées dès
» à présent pour exercer la dite école, conjointement ou
» séparément si bon leur semble ». Il était permis à ces
maîtresses de s'établir dans une paroisse voisine, mais leurs
remplaçantes devaient résider à Souligné. « Lesquelles
» successeurs seront expressément tenues de résider en la
» dite paroisse de Souligné, et non ailleurs, et même dans
» le bourg si faire se peut, et après le décès de Vavasseur,
» Alliot et Lemaire et de la dernière d'elles, Mgr l'Evêque
» du Mans et le curé de Souligné choisiront telles filles ou
» veuves que bon leur semblera pour exercer la dite
» école en la dite paroisse aux conditions sus-dites ».
L'école fut établie probablement au bourg de Souligné,
conformément au vœu exprimé par l'abbé Blondeau. Dans
— Ul —
UQ acte du 8 septembre 1688 M'"<^ du Boucher fait remise, à
Catherine Vavasseur et Eléoiiore Alliot, quahiîées de maî-
tresses d'école établies à Souligné, d'une indemnité qui lui
est due pour la vente de Bois-Bellant, « en considération de ce
» que ce don a été fait pour le bien public ». Cependant les
maîtresses ne s'installèrent d'abord que dans une maison
louée. Le 27 décembre 1700, Eléonore Alliot et Catherine
Renard, maîtresses d'école de Souligné, acquièrent, par acte
passé devant M« Le Ghanteau, notaire, de Pierre Richard,
en échange d'une pièce de terre, la maison et terrain de la
« Chaponnerie ». C'est dans cette maison restaurée à diffé-
rentes époques qu'a été tenue l'école des filles, jusqu'en
1885 et sur ce terrain qu'a été édifié le nouveau local.
Kléonore Alliot mourut en 1712 et sa compagne Marie
Renard en 1725. Renée-Marie Moulreiix qui leur succéda
exerça à Souligné pendant cinquante-six ans à la satisfactipn
générale. Sa signature en fine bâtarde, est bien formée. Elle
eut pour auxiliaire d'abord Marie Rivière qui commença à
enseigner en 1743, et ensuite Marie Masaori qui exerça à
partir de 1709. Renée-Marie Moutreux mourut au collège de
Souligné en mars 1781 . C'est alors que les deux maîtresses
suivantes s'adjoignent Françoise- Alexandrine Bolhean.
Le 16 juin 1781, sœur Renée-Marie Rivière, « maîtresse
» de l'école de la Charité des filles de Souligné » déclare
devant le notaire de la paroisse « qu'elle demeure à l'école
» depuis quarante ans, qu'elle a été approuvée pour en
» remplir les fonctions par Monseigneur illustrissime et
» Révérendis.sime Evèque du Mans, dans le cours de ses
» visites épiscopales qu'il a faites dans son diocèse, la dite
» approbation en date du 16 novembre 1778 ; qu'elle a
» succédé à la sœur Moutreux, sa compagne décédée au
» collège dans le courant du mois de mars dernier ».
Le collège recevait des pensionnaires principalement des
enfants de cultivateurs. Les maîtresses n'avaient que leur
XL 7
— 98 —
mobilier personnel comprenant des meubles et effets acquis
de leurs économies. Les locaux auxquels était adjoint un
jardin suffisant, comprenaient : un appartement d'attente
qui servait de classe par intervalle, la chambre des sœurs,
un dortoir, une cuisine et un réfectoire.
Les maîtresses d'école de Souligné, bien que portant une
sorte d'habit religieux, n'appartenaient à aucune congréga-
tion enseignante. Mais on les désignait cependant sous le
nom de sœurs, dénomination donnée à la campagne aux
personnes qui se vouaient soit à l'enseignement, soit au
soulagement des pauvres malades.
La Révolution n'eut, dans les premières années, aucune
influence sur la marche de l'école des filles de Souligné.
Les maîtresses d'école prêtent en 1792, sans la moindre diffi-
culté le serment civique imposé aux fonctionnaires. « Le
y> 19 juillet 1792 est comparue R.enée Rivière, Françoise-
» Alexandrine Dolbeau, Marie Lemasson, toutes trois sœurs
» de charité de notre commune, lesquelles ont juré indivi-
» duellement d'être fidèles à la Nation, à la Loi et au Roy,
» et de maintenir de tout leur pouvoir la Constitution du
» Royaume, et de veiller avec soin sur la conduite dfs
» enfants qui leur sont confiés. »
Le décret ordonnant la vente des biens formant la dotation
des écoles et collèges fut accueilli à Souligné avec une doulou-
reuse émotion. Le conseil général de la commune adressa à
cette occasion, aux administrateurs du département de la
Sarthe, un éloquent plaidoyer en faveur de leur école de filles
et des maîtresses qui la dirigeaient. Ils déclarent qu'ils ont
appris avec la plus grande surprise que la maison qui sert
pour les écoles de leur paroisse va être vendue. t( Obligés par
» nos fonctions de veiller à l'intérêt général, nous vousdécla-
» rons ouvertement que catte vente ne peut avoir lieu, sans
» charger la République d'une dépense inutile. Notre
» commune, suivant le décret de l'Instruction publique doit
:» avoir une école primaire, et pour cet établissement il faut
— 09 —
y) un local commode. Cette maison est la seule qui puisse
» convenir ; en vain en chercherait-on une dans la paroisse,
» il serait impossible de la trouver. Exigerait-on une nou-
» velle construction? Ce serait vouloir aigrir les esprits et
» occasionner des frais considérables et à pure perte. La
» justice et le bien public s'opposent à cette vente, et la
» demande que nous formons pour sa conservation est
» fondée sur l'équité et la raison même. Nous ne nous
» opposons point à la vente des autres fonds annexés à cette
)) école, si les décrets l'ordonnent ; mais dans ce cas, nous
» formons une demande fondée sur la plus exacte justice.
» Trois filles qui se sont consacrées à l'instruction des
» enfants de cette commune et qui ont passé à cette louable
•» occupation la plus grande partie de leur vie, vont se
» trouver sans état et sans pain. La première, sœur
» Rivière, âgée de 73 ans, à instruit les enfants depuis
» cinquante ans sans interruption ; la deuxième , sœur
» Masson, âgée de 37 ans, a mstruit depuis 1-4 ans ; la troi-
» sièrae sœur Dolbeau, âgée de 38 ans, a instruit depuis 13.
» Nous demandons pour ces filles une pension de retraite
» qui les mette à l'abri du besoin. La République qui traite
» si favorablement des Religieuses qui vivaient pour elles
); seules, ne sera pas moins généreuse pour des filles qui se
» sont consacrées à l'instruction publique et au soulagement
» de l'humanité et qui se sont conformées à toutes les lois
» et par leur serment civique et par la peine qu'elles ont
i) eue de graver dans le cœur et l'esprit de leurs élèves les
» principes de la Constitution. Nous espérons que vous
); donnerez une attention particulière à nos demandes ; votre
ï justice vous portera à nous les accorder, et nous vous
y> déclarons avec la franchise et la fraternité qui nous unit
» que n us ne souffrirons point la vente de cette maison
» que préalablement vous n'ayez fait foi à la présente. »
— 100 —
TETLLÉ
Petite école de Garçons
Il y avait à Teille, dès le commencement du XVIP siècle,
une «. Pre&timonie » dont le titulaire devait instruire les
enfants de la paroisse. Dans le principe, cet établissement
ne fut fondé, on ignore à quelle époque, par Jean Dubut,
prêtre, que pour la célébration « d'une première messe
chaque dimanche de l'année, dans l'église de Teille ». René
Germain, aussi prêtre augmenta, par testament, de quelques
biens, cette prestimonie « pour aider à la rétribution de la
» dite messe et l'instruction des enfants de la paroisse pour
» le catéchisme et les petites escolles ». Enfin Mathurine
Gaignery donne aussi par dispositions testamentaires, une
somme suffisante pour la célébration d'une seconde messe,
le dimanche, dans l'église de Teille. C'est assurément à cette
dernière libéralité que fait allusion Pesche, quand il dit que
« la Prestimonie de la Gagiierie, dotée d'une maison et de
» vingt livres de revenu, était destinée à l'entretien d'une
» école de garçons faite par le vicaire ».
On croit que le Petit-Plessis, appelé encore aujourd'hui
l'Ecole, faisait primitivement partie de cette prestimonie.
Dans un résultat du 24 juin 1774, il est question de ce petit
bordage. « Le procureur syndic de Teille remontre aux habi-
» tants que la principalle maison du Petit-Plessis, vulgaire-
» ment Lécolle est prête à tomber ». Il propose pour en
éviter la perte de la démolir et d'en employer les matériaux
à la construction d'une maison d'école pour les sœurs.
La maison où est installée actuellement l'école des garçons
et désignée, avant 1789, sous le nom de Vicariat, faisait
aussi partie de cette Prestimonie. Ce qui semble le démon-
trer, c'est que cette maison et ses dépendances furent alié-
nées le 4 juillet 1791 sous le nom de « maison et jardin de
» la Pre&timonie ou Vicariat de la commune de Teille. »
— loi —
Ainsi, il semble établi que les vicaires ont fait la classe à
Teille, au moins pendant la première moitié du XVIII"
siècle, mais comme les fonds légués pour l'école étaient
modiques, ils n'ont, dans la suite, rempli leurs fonctions que
d'une façon intermittente. C'est ce qui engagea le' curé de
la paroisse, M" Thomas-Julien Hatton à fonder une école
laïque. Cette résolution paraît étrange de la part d'un prêtre;
elle est pourtant réelle. Dans son testament olographe du
16 juillet 1782 M« Hatton donne « quinze cents livres pour
» une école de garçons à Teille, qui ne pourra être faite que
» par un laïque ». Comme le curé de Teille ne mourut que
quelques années avant la Révolution, il ne fut pas possible
de réahser le vœu qu'il avait formé en 1782.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire , les
habitants de Teille déclarent que « leur paroisse qui compte
» environ 600 habitants au-dessus de 7 ans, ne possède ni
» hospice, ni hôpital, ni collège, ni Maître d'école ».
Le premier instituteur dont les archives fassent mention,
à Teille est Jean Bompierre. Il commença ses fonctions vers
1793, au moment oi^i fut rendu le décret qui interdisait aux
maîtresses d'école nommées par les ecclésiastiques et les
fondateurs d'exercer dans les écoles nationales. Dans quel-
ques documents postérieurs il est dit que le citoyen Bom-
pierre « est entré dans la maison de l'école des filles en
1793 ». Ce maître avait à Teille une certaine considération.
On le nomme membre du conseil général de la commune,
puis agent national, et enfin officier de l'état civil. Il quitte
la commune en l'an X.
Petite école de Filles
La paroisse de Teille qui comptait, comme on vient de le
voir, 600 habitants au-dessus de 7 ans, avait dès la fin du
XVII« siècle, une maitres.se d'école chargée d'instruire les
— iOt> —
filles. Il résulte en effet d'un acte de l'état civil que « le
^) quatorzième octobre 1694 » fat « inhumée dans l'église,
«proche les fonds baptismaux, par M. le Curé de Notre-
» Dame des Champs, le corps d'honeste fille Renée Gaignard,
» vivante metraisse d'école de cette paroisse ».
Renée Gaignard est-elle la première qui ait exercé à Teille
des fonctions d'enseignement'? On ne saurait l'affirmer d'une
façon positive. Tout ce qu'on peut dire c'est que l'état civil
ne révèle aucun autre décès de maîtresse d'école avant
4694. Cette « honeste » fille était sans doute étrangère à la
paroisse, car on ne trouve, à cette époque, aucune famille
de Teille, du nom de Gaignard. D'un autre côté, si elle avait
eu des parents, mention aurait été faite de leur présence
dans l'acte de sépulture. Elle exerçait donc à Teille en vertu
d'une nomination régulière, et non par charité, comme le
faisaient dans leur paroisse certaines personnes pieuses,
avant la Révolution.
A-t-elle exercé longtemps à Teille ? On est assez porté à
le croire. Dans son acte de sépulture, on ne se contente pas
de la qualifier « d'honeste fille », on ajoute qu'elle a été
inhumée dans l'église, près les « fonts baptismaux ». Or il
y avait alors à Teille trois cimetières : le premier dans
l'église pour les personnes de distinction ; le second autour
de l'église pour les gens de moindre importance, et enfin le
grand cimetière pour les indigents, les journaliers, les
domestiques et les étrangers. C'est apparemment à cause de
la grande considération dont elle jouissait comme maîtresse
d'école qu'elle eut l'honneur d'être enterrée dans l'église,
et cette considération n'avait pu s'acquérir qu'après un long
séjour dans la paroisse.
On ignore si elle fut remplacée. Pendant près de quatre-
vingts ans, nous n'avons aucun renseignement concernant
l'école des filles de Teille. Il faut croire qu'il n'y en avait
plus quand M» Hatton y fut nommé curé et que c'est à lui
que la paroisse en dut le rétablissement. Sur sa requête,
— 103 —
l'évêque du Mans supprime la confraii'ic du Saint-Sacrement
et en applique une partie des revenus à la fondation d'une
école de charité pour l'instruction et l'éducation des jeunes
filles de Teille. M. Hatton y ajoute deux journaux de terre et
un ancien presbytère, afin de procurer une honnête subsis-
tance à la maîtresse d'école, laquelle ne devra jamais être
une femme mariée, mais une fille ou veuve, ou personne de
communauté, choisie et nommée par le curé de Teille seul,
par l'évêque ou les grands vicaires. « La maîtresse d'école
» ou les sœurs de communauté devront enseigner gratuite-
» ment aux pauvres et autres petites filles à lire et à écrire
» de 7 à 10 heures du matin et de 1 à 4 le soir, conduire
» tous les jours les enfants à la messe, leur faire réciter les
» prières, leur enseigner le catéchisme. Elles auront un
» jour de congé par semaine, le mercredi, et un mois aux
» vacances pendant la récolte. Elles seront de bonne vie et
» mœurs et de saine doctrine et se garderont bien de s'ingé-
» rer dans les affaires de la paroisse. Le curé aura le droit
)) d'inspection sur la dite école et veillera à ce qu'elle soit
» bien tenue ».
Pour procurer aux futures maîtresses d'école un local
convenable, M'' Hatton fit édifier, dans le champ du Pressoir,
près du bourg, la maison où est installée aujourd'hui l'école
laïque, et dont un grand nombre d'habitants se rappellent
l'aspect, avant les modifications exécutées en 1853. Cette
construction se fit aux frais du curé et avec des matériaux
provenant en partie du Petit-Plessis : C'est du moins ce qui
semble résulter d'une décision prise le 24 juin 1774 par le
général des habitants de la paroisse. « Jacques Blot, procu-
» reur syndic , remontre aux habitants que la principale
» maison du Petit-Piessis, vulgairement LécoUe est prête à
» tomber, pourquoy il serait nécessaire d'en faire la démo-
» lition pour en éviter la perte ». La question ayant été
examinée, on convient de démolir cette maison et d'en
10 i
employer les matériaux à « la construction d'une maison
» d'écolle pour les sœurs dudit Teille ».
Une fois la maison construite, M^ Hatton appela pour
desservir l'école qu'il venait de fonder deux sœurs de La
Ghapelle-au-Riboul. La supérieure s'appelait Marie Robert
et sa compagne Marie David. Elles durent commencer à
enseigner à Teille vers 1775 ou 1776. Sœur Marie Robert
figure dans un acte de pension du 4 avril 1777. Dans un
autre acte du 11 avril 1779, elle consent à recevoir, comme
interne à son école, la mineure Marie Maufay et sa sœur, à
« leur montrer et enseigner à lire, écrire, l'arithmétique, à
» coudre en linge, à filer de l'étain, à marquer, et à prier
» Dieu trois fois le jour ».
Les habitants de Teille sont appelés le 27 janvier 1779 à
donner leur avis au sujet de la Confrairie du Saint-Sacre-
ment. D'après une ordonnance de l'évèque du Mans « les
» deniers provenant de la Confrairie doivent être employés
» pour faire des remèdes au profit des pauvres de la paroisse,
» ou pour l'école des garçons, ou à d'autres usages que le
» curé ou les paroissiens jugeront le plus convenable. Les
» sœurs de Charité résidant en la paroisse jouiront des dits
» fonds de la confrairie incontinent après la troisième publi-
» cation de l'ordonnance sous la réserve de faire un service
» le lendemain de l'Octave du Saint-Sacrement. L'autre part
» du bien qui composait l'ancienne Confrairie doit être
» attribuée à l'école des tilles pour, par les maîtresses
» d'école en jouir ainsi qu'elles le décideront ». Cette déci-
sion fut approuvée par l'assemblée paroissiale. Le 28 février
de la même année les sœurs Robert et David, louent à
divers particuliers les biens de l'ancienne prestimonie qui
leur ont été accordés par l'évèque du Mans. Le revenu de
ces biens formant une rente de 93 livres.
Dans son testament olographe du 16 juillet 1782 , M"
Hatton donne à la parois-e de Teille « la maison où logent
» les sœurs et le^ terres qu'il y a mises pour l'école des
— 105 —
» filles, ou si ses héritiers veulent rentrer dans ces fonds,
» ils donneront à la place cinq mille livres. Il veut de plus,
» sans rien changer aux dispositions ci -dessus que les
» meubles qu'il a donnés à l'école des filles suivent le sort
» de cette maison et les fonds dont jouissent les sœurs et
» qu'il a donnés poui cette école ».
Les sœurs de La Chapelle-au-Riboul durent quitter Teille
aux vacances de 1785. Il résulte en effet d'un acte du 4 juillet
de cette année-là « que Marie Robert' et Marie David, sœurs
» d'écolle de charité de Teille, étant sur le point de sortir
» de la paroisse, vendent quantité de meubles et effets de
» transport difficile ». L'adjudication se monte à 55 livres.
Le curé de Teille choisit pour les remplacer une maîtresse
laïque, originaire de Fresnay. Elle s'appelait /Inné Chesneau.
Il modifia aussi ^ en 1786, son testament par un codicille
dont voici la teneur : « Au cas qu'on désunisse les biens de
» la Confrairie de l'établissement de l'école des pauvres
» tilles, ou qu'ils viennent à se détruire, soit que mes héri-
» tiers y rentrent ou de quelque manière que ce soit, Anne
» Chesneau, fille que je nomme pour tenir cette école con-
» fermement au droit de nomination que j'en ai et que je
» me suis réservé, jouira sa vie durant de la maison par moi
» bâtie, des meubles qui y sont et de toutes les terres que
» j'ai achetées pour cette école et dont ont jouit ses devan-
» cières ou des revenus que l'argent qui reviendrait de tous
» ces objets, produirait, s'ils étaient vendus, et ne sera tenue
» que de faire l'école aux pauvres filles de la paroisse. Si la
» maison et les terres par moi bâtie et achetées venaient
» dans la suite à être employée à tout autre usage, qu'à
» l'école des pauvres filles, le tout retourne au profit des
» hôpitaux de Beaumont et de Ballon ou à leur défaut à mes
» héritiers »..
Dans leur réponse à la Commi.ssion Intermédiaire, les
habitants de Teille déclarent: « Qu'il n'y a dans leur pa-
106
» roisse, aucun hospice, aucun hôpital, ni collège, ni maître
» d'école. Il y a seulement une maîtresse d'école ou sœur
» pour l'instruction des enfants, ne soignant que très peu
» les malades. Avant qu'elle fut pourvue de cet établisse-
» ment deux sœurs de l'institution de La Chapelle-au-
» Riboul en jouissaient, lesquelles outre l'instruction qu'elles
» donnaient aux enfants, soignaient beaucoup de malades,
» et dont on retirait un grand profit et un bien prodigieux.
» Mais comme le fonds où elles faisaientleur habitation avait
» été donné par le défunt curé de la paroisse, il les a fait
» sortir. La nature de l'établissement et principalement pour
» instruire les enfants, ce n'est autre chose qu'une réunion
» faite par Mgr l'Evèque du Mans, il y a dix ans, des biens
» d'une ancienne confrairie du Saint-Sacrement ».
ROBERT.
(A suivre.)
CHRONIQUE
Depuis la publication de la dernière livraison, le Conseil
de la Société a admis :
Comme membres titulaires :
MM. De BEAU MONT (le comte Charles), au château de
Chatigny, par Fondettes (Indre-et-Loire).
De VEZINS (le marquis Joseph), au château de Mali-
corne (Sarthe), et 102, rue de Grenelle, à Paris.
Comme membres associés :
MM. LEMERCIEK (l'abbé), curé de Beaumont-Pied -de-
Bœuf, par Chàteau-du-Loir (Sarthe).
TISON (Henri), licencié en droit, à Savigné-l'Évèque
(Sarthe).
Madame Perron
Si la Société historique et archéologique du Maine a le
précieux honneur de compter parmi ses membres plusieurs
femmes d'intelligence d'élite, elle éprouve aussi un deuil
particulièrement cruel quand la mort vient rayer sur la liste
de nos contrères un de ces noms qui nous sont chers.
Aussi, grands ont été nos regrets de perdre M'»« Perron
qui nous appartenait depuis nombre d'années.
— 108 —
Fille d'un des héros des guerres épiques du premier
Empire, le maréchal Oudinot, duc de Reggio, elle joignait
à l'éclat de cette origine les grâces de son intelligence déli-
cate et la distinction de ses manières charmantes. Ses vertus
et l'élévation de ses sentiments la rendaient femme supé-
rieure, avec l'art incomparable de faire le bien , et par
l'emploi généreux des dons de la fortune et par la séduction
de ses exemples.
Fixée au château de Malicorne, elle avait bien voulu ne
pas rester étrangère à l'histoire de la province du Maine, et
s'intéresser à nos études et h nos travaux : aussi sa sympa-
thie et ses encouragements n'ont jamais fait défaut à notre
Société : la culture de l'esprit était chez elle une tradition
de famille, et elle était à cet égard, comme à tous autres, la
digne fille de la maréchale Oudinot, duchesse de Reggio,
née de Goucy, dame d'honneur de M'"" la duchesse de Rerry,
et dont les mémoires sur la vie du maréchal ont été
accueillis du public avec la plus grande et légitime faveur.
La conversation et les lettres de M»'" Perron avaient gardé,
d'une époque déjà loin de nous et digne de nos regrets, la
plus attrayante distinction dans le langage et dans la corres-
pondance.
Ceux qui avaient l'honneur de la connaître, qui avaient
pour elle le plus respectueux attachement et auxquels sa
mort laisse une peine profonde, peuvent toutefois se dire
qu'en la perdant toute entière, ils n'ont cependant perdu
que la moitié d'elle-même ; et j'espère ne pas manquer à la
discrétion due à la douleur en portant ainsi ma pensée sur
M™« la marquise de Vesins, sa sœur, qui était une autre
elle-même, qui lui survit, comme elle survit à tous ceux de
ses plus proches que Dieu a ravis autour d'elle.
Si M'"" Perron n'avait pas d'enfants, du moins un des fils
de sa sœur, le comte Charles de Vesins, était devenu comme
son fils adoptif, et avait allumé la flamme de son foyer, si
souvent visité par la mort.
109
Il était aussi des nôtres, membre de notre Société histo-
rique et archéologique du Maine; et en évoquant aujourd'hui
ce souvenir d'outre-tombe, je salue la venue parmi nous de
son fils le marquis de Vesins qui, héritier des traditions
d'une race de vieille chevalerie, veut bien nous permettre,
pour continuer le passé, d'mscrire son nom au nombre de
nos confrères.
Comte de BASTARD.
Une acquisition récente permet en ce moment à notre
confrère M. Adolphe Singher de commencer le dégagement
de sa Maison dite de la Reine Bérengère, siégé de notre
Société, du côté de l'ancienne Cour Pôté. Sur l'emplace-
ment des constructions démolies on prépare la création d'un
jardin qui communiquera directement avec le cloître et re-
cevra les morceaux de sculpture ou d'architecture trop
importants pour être exposés dans les appartements
intérieurs.
Dans son numéro du l"'" juin dernier, la Revue critique
d'histoire et de littérature que dirige M. A. Chuquet, l'émi-
nent historien des guerres de la Révolution, consacre, sous
la signature de M. Jules Combarieu, un long article à une
intéressante découverte faite récemment par un bénédictin
de Solesmes, le R. P. dom Mocquereau, et exposée dans le
tome IV de la Paléographie musicale qui vient de paraître.
« On sait, dit M. Combarieu, les travaux qui ont déjà été
consacrés, en particulier par M. L. Havet, à l'étude du
cursus, c'est-à-dire au rythme des fins de phrases chez les
prosateurs anciens, soit pour la reconstitution de certains
textes, soit pour la détermination de leur origine et de leur
110
authenticité. Au cours de ces recherches s'est posé un
nouveau problème : dans le plain-chant, qui est la prose de
la musique, y a-t-il aussi un cursus? En 1881, M. Noël
Valois porta de ce côté son attention ; sa curiosité avait été
éveillée par l'expression « styius gregorianus » employée
comme synonyme de « prose rythmée » dans la Poëtria de
Jean l'Anglois. Mais l'auteur de ÏÉtude sur le njUinie des
huiles pontificales avait bientôt abandonné son hypothèse ;
et depuis cette tentative avortée, la question du cursus
musical était un locus desperatus de la philologie.
« Avec une pénétration qui lui fait grand honneur, dom
Mocquereau a repris le problème ; il a montré l'erreur de
méthode qui avait provoqué l'échec de son devancier, et il
a tourné l'obstacle en distinguaut deux choses dont la
confusion avait égaré M. Noël Valois : la question d'origine
ou de structure d'une mélodie, et la question d'adaptation
des divers textes psalmodiques à cette mélodie
(( Une fois engagé dans la bonne voie, dom Mocquereau a
poussé ses investigations aussi loin que possible. Voici le
curieux problème par l'examen duquel il a conclu. On sait
qu'il y a eu deux espèces de cursus littéraires : l'un classi-
que et métrique, fondé sur la quantité, l'autre plus moderne
et rythmique, fondé sur l'accent. Le cursus métrique a-t-il
exercé, lui aussi, quelque influence sur la formation des
mélodies ? La question a évidemment une grande portée ;
car, si on pouvait y répondre par l'affirmative, il faudrait
faire remonter la composition des pièces musicales jusqu'aux
siècles reculés où florissait le cursus métrique. Après avoir
examiné les cadences VExsuUet et des préfaces actuellement
en usage au mi.ssel romain, dom Mocquereau se déclare
(( porté à croire, sans cependant l'affirmer absolument » que
ces cadences sont dues à l'influence d'un cursus métrique.
(( Dans cette thèse, tout est solide, lumineux, et donne
beaucoup à penser. Une telle démonstration a des consé-
quences d'un haut intérêt, dont la première concerne l'au-
m
thenticité des mélodies grégoriennes, niée par M. Gervaërt
et désormais hors de contestation. Lorsque les Bénédictins
ont commencé à reconstituer l'œuvre musicale de Sainl-
Grégoire, on leur a dit : les manuscrits sur lesquels vous
vous appuyez ne remontent pas au-delà du IX^ siècle :
comment prouver que vos mélodies sont une œuvre de la
fin du IX" siècle? A quoi on peut répondre aujourd'hui par
le raisonnement suivant : Le cursus du plain-chant a été
évidemment emprunté à la langue latine, oi^i le planim était
fort en honneur (on le trouve à toutes les pages et à toutes
les lignes des divers sacramentaires, dans la poésie rythmi-
que comme dans la versificalion classique des anciens, oîi
il constituait la finale de l'hexamètre dactylique). Or, le
cursus iUtéraire a cessé d'être employé par les écrivains à
partir du VII*^ siècle: c'est la conclusion à laquelle sont
arrivés, après une sérieuse enquête, MM. W. Meyer, Noël
Valois, l'abbé Couture. On doit donc reconnaître que les
cadences musicales sont contemporaines du modèle qui les
a fixées, c'est-à-dire antérieures au Y 11'^ siècle »
Nous sommes heureux de joindre nos félicitations à celles
que le R. P. dom Mocquereau reçoit de toutes parts pour
« cette belle découverte qui inaugure une science nouvelle,
la philologie musicale », et qui fait honneur à notre pays du
Maine en même temps qu'à l'érudition bénédictine. R. T.
Comme complément aux détails donnés par M. Salomon
Reinach sur la Tète antique de la collection Singher, dans
l'intéressant article que nous reproduisions récemment, notre
collègue M. Jules Chappée nous informe qu'il avait acheté
lui-même ce marbre, en 1888, à Rome, d'un marchand
d'antiquités qui n'avait pu lui donner aucune indication pré-
cise. Tous les amateurs auxquels M. Chappée avait eu occa-
sion de montrer son acquisition avant de la céder à
- 112 —
M. Singher, « avaient été d'avis que c'était un travail romain,
» h la môme échelle que certaines sculptures du Parthénon »,
mais rien n'autorise à présumer qu'il en provient.
La l/iographie de notre regretté président le R. P. dom
Piolin, publiée il y a quelques mois par notre excellent ami,
M. A. Celier, vient d'atteindre sa seconde édition (Laval,
Chailland ; Paris, Bloud et Barrai, un vol. in- 16, de 192 p.)
Cette nouvelle édition a reçu quelques retouches et quelques
développements qui en augmentent le prix. Sous un format
plus commode, elle .se répandra auprès d'un plus grand
nombre de lecteurs et fera connaître encore davantage la
vie du savant et modeste religieux dont le souvenir demeure
toujours vivant dans le Maine. Dès mainteliant nous tenons
à féliciter l'auteur, au nom de tous nos collègues, du succès
si bien mérité que consacre cette rapide réimpression, lait
très rare pour les travaux d'hi.stoire locale. ' R. T,
Bien que le sujet ne rentre pas directement dans le cadre
ordinaire des travaux de cette Revue, nous nous empressons
de signaler ici l'important ouvrage que vient de publier
M. Roger Graffin, avocat, docteur en droit et membre de
notre Société : Le domaine privé de la Commune (Paris,
Larose, 1896, in-8). En outre d'une étude très complète et
d'une utilité très pratique sur la condition juridique des
biens de la Commune , ce livre nous apporte , dans une
longue introduction historique, des détails précis et fort ins-
tructifs sur l'origine et l'histoire des biens communaux depuis
l'époque romaine jusqu'à la Révolution : il présente par suite
un intérêt tout particulier pour tous ceux qui s'occupent de
monographies communales, et il peut leur servir de guide
dans les multiples et difficiles questions .soulevées par l'étude
de la propriété territoriale. R. T.
CONFRÉRIE
DES
PRÊTRES DU DOYENNÉ DE BEAUMONT
ÉRIGÉE EN l'Église paroissiale de vivoix
SOUS LE PATRONAGE DE LA SAINTE VIERGE
La Confrérie des prêtres du doyenné de Beaumont, érigée
en l'église paroissiale de Vivoin, est une des plus anciennes
associations pieuses du diocèse du Mans. Nous avons voulu
connaître son histoire et nous rendre compte de son
fonctionnement. A l'aide des nombreux documents, qu'a mis
à notre disposition ^I. l'abbé Pioget, curé de Vivoin, il
nous a été possible de la suivre pas à pas pendant le
cours de cinq siècles, de vivre avec ses membres et de les
voir agir, d'assister à leurs réunions et de prendre part à
leurs fêtes. C'est le résultat de nos recherches que nous
présentons aujourd'hui au lecteur; nous essaierons démettre
en œuvre devant lui les matériaux que nous avons amassés,
trop heureux si nous parvenions à lui faire partager l'heu-
reuse impression que nous avons ressentie en soulevant un
coin de ce voile qui cache à nos yeux le passé. Faire
connaître et apprécier la vénérable Confrérie de Vivoin tel est
le but de ce travail, « entrepris en Thonnour et révérence
de la benoiste Vierge Marie. »
XL 8
— 114
I. — FONDATION DE LA CONFRERIE. — CONFRERES. — CONDI-
TIONS d'admission. — NOMBRE DES CONFRÈRES. — LEURS
CHARGES. — PRIVILÈGES SPIRITUELS.
Nous ne saurions indiquer exactement quand fut fondée
la Confrérie de Vivoin (1). Elle existait déjà depuis un temps
assez long en 1306, lorsqu'en furent rédigés les premiers
statuts. Ils portent en effet une peine contre les frères « qui
par longtemps sont restés défaillants » aux assemblées
générales (2).
Le titre sous lequel est désignée cette association nous
porte à croire qu'elle fut instituée exclusivement en faveur
des prêtres du doyenné, cependant, dès l'année 1306, elle
était ouverte à tous et comptait parmi ses membres d'autres
ecclésiastiques ainsi que des laïcs de l'un et l'autre sexe (3).
Tout chrétien « de bonne vie et mœurs », à quelle classe de
la société qu'il appartint, pouvait alors en faire partie. Il
devait pour sa réception verser une somme, dont la quotité,
variable suivant sa condition, était fixée par les règlements.
Les curés du doyenné imposés primitivement à cinq sols (4),
payaient en 1581 la même cotioation que les autres
prêtres (5). Ceux-ci ne sont pas, dans les premiers statuts,
distingués des laïcs, comme ces derniers ils sont tenus
d'assurer à la Confrérie un revenu annuel de cinq sols ou
(1) Nous ne croyons pas soutenable l'opinion qui fait remonter la confrérie
de Vivoin au IX^ siècle et lui donne saint Aldric comme fondateur; elle ne
s'appuie en effet sur aucun document.
(2) Statuts de 1306, art. 15. — Nous trouvons dans le cartulaire du
prieuré la mention d'une « frairie » des douze de Beaumont (confraternia
duodenœ de BellomonteJ, dont les biens furent unis en 1247 à ceux de la
Maison-Dieu de Vivoin. 11 ne nous parait pas impossible que sous ce titre
soit désignée l'association des prêtres du doyenné. (Cart. de Vivoin,
f° 184.)
(3) Stat. de 1306, passim.
(4) Idem, art. le^
(5) Stat. de 1581.
— 115 —
de quatre boisseaux de froment (l), ce n'est que plus tard
qu'ils furent reçus moyennant un droit d'entrée de soixante
sols et l'engagement d'acquitter un nombre de services dont
les honoraires se seraient élevés à quarante sols (2).
Il était permis aux laïcs de se libérer immédiatement de
la rente qu'ils devaient servir, en effectuant un versement
de cinq livres. Cette pratique leur fut d'ailleurs imposée à
tous par une délibération du chapitre général de 1581 (3).
Quelquefois une partie de la somme était remise au confrère
qui en raison de sa situation sociale pouvait être appelé à
rendre des services à la société. C'est ainsi qu'en 1517 on
ne demanda de Georges Daube que quatre livres « oultre
les services qu'il promit faire en son estât de sergeant et de
notaire » (4). Il y eut aussi, comme nous le verrons dans la
suite des « entrants », qui pour leur réception, s'engagèrent
à prendre à leurs frais le dîner que l'on avait coutume
d'offrir aux frères et sœurs le jour de la tète patronale.
Lorsque le postulant avait passé l'âge déterminé par les
statuts, il payait pour son entrée le double de la cotisation
de ceux de sa condition. Au XYII^ siècle la limite d'âge
était de quarante-cinq ans ; Marguerite Belot, veuve Jehan
Royer, versa en conséquence l'année 1681 « dix livres à
cause quelle était suraagée de quarante-cinq ans » (5). Au
siècle suivant on recevait les confrères jusqu'à cinquante
ans. Les membres du chapitre, tenu le 13 septembre 1751 ,
ayant eu à examiner la demande d'admission qu'adressaient
(1) Stat. de 1306, art. 1".
(-2) Michel Bruyère, prêtre, qui fut reçu en 1581, est le premier auquel
nous voyons imposer cette condition. Histoire de la Confrérie (ras. aux
archives de Yivoin), chap. I, art. i<"', (» 11.
(3) Stat. de 1581.
(4) « Georges Daube pour avoir esté receu confraire en la dicte confrarie
en l'an de ce compte la somme de quatre livres tournois oultre les services
qu'il a promist faire en son estai de sergeant et notaire. » Comptes de
iôil à iô2i, f° 24.
(5) Hist. de la confrérie, chap. 1, art. 1", f 12.
IK)
certaines personnes qui avaient dépassé cet âge, décidèrent
de s'en tenir à l'ancien usage, afin de ne pas multiplier le
nombre des services que chaque confrère faisait célébrer
pour les trépassés. Ils convinrent cependant que l'on pour-
rait recevoir les postulants ayant plus de la cinquantaine,
s'ils s'engageaient à ne jamais réclamer les cinq sols donnés
au jour de la fête patronale et à faire dire autant de messes
qu'il y avait eu de décès depuis leur cinquantième année.
Afin de pouvoir contrôler leur âge, on enjoignait aux nou-
veaux confrères d'apporter avant leur réception leur extrait
de baptême (1). La limite d'âge fut ramenée à quarante-cinq
ans à' la fin du XVIIP siècle (2). Les prêtres en faveur
desquels avait été spécialement érigée l'association y étaient
primitivement admis à tout âge, les statuts de 1787 sont les
premiers qui les obligent à verser six livres et à dire huit
messes après quarante-cinq ans (3).
Les réguliers pouvaient eux-mêmes faire partie de la
Confrérie à la condition de payer cent sols à la société et
dix sols au procureur et de se pourvoir « du congé de leur
prélat pour faire les services et constitution » (4).
Le nombre des confrères a varié suivant le temps. Ils
assistèrent cent soixante-seize à la fête patronale de 1540 (5),
en 1693 ils étaient deux cent quatorze ainsi répartis : qua-
(1) Procès-verbaux des chapitres généraux. Délibération du 13 sept.
1751.
(2) Slat. de 1786, chap. II, art. 1".
(3) Idem, art. 3.
(4) Hist. de la confrérie, cliap. I, art 1", ^ Vl. « Le lundy 13<^ de 7 bre
1455 fut ordonné que houme religieux ne sera receu frère, sinon qu'il poie
premièrement cent sols tournois et dix sols pour les procureurs, avec
congé de son prélat de fère les services et constitutions de point en point.
Reg. Viol., p. 20iJ. » — Stal. règlements et conslitxitioiis de la confrairie
de Vivoin, P 10.
{h) « En l'an v^ quarante le lundi d'après la Notre-Dame angevine
auquel jour comparurent aud. service en l'église de Vivoing le nombre de
huyt vingts seze frères. » Comptes rendus de 1537 à i543, f» 137.
— 117 -
ranle-six prêtres, soixante-huit frères et cent sœurs (1),
L'association qui, l'année 1055, comptait encore soixante-
neuf prêtres, cent trois frères et cent soixante-huit sœurs (2),
n'avait plus en 1756 que cinquante prêtres et soixante
laïcs (3).
La réception des nouveaux membres se faisait le Jour de
l'assemblée générale. Le procureur donnait lecture des
statuts aux postulants, après quoi ceux-ci devaient promettre
« par foy et jurer sur les saincts évangiles les tenir de point
en point et d'article en article sans en aller en contre » (4).
Le serment était ainsi conçu : Je promets et jure garder
les statuts et ordonnances d'icelle confrairie, qui m'ont esté
données a entendre de mots après mots. Cette formule sem-
ble avoir été en usage pour tous indistinctement jusqu'en
l'année 158'i, à partir de laquelle les prêtres juraient dans la
forme suivante : je jure sur mes saincts ordres garder et
accomplir, etc. (5). Au XYIII^ siècle le serment fut aboli
parcequ'il y avait contradiction, nous disent les statuts de
1786, à exiger d'une personne le vœu de remplir des engage-
ments auxquels elle pouvait se soustraire sans péché ; on
demandait alors simplement du nouveau confrère la pro-
messe d'observer les constitutions (0).
Dès qu'il avait prêté le serment, le postulant était reçu au
baiser de paix. « En signe de bonne foy et de bonne et vraie
fraternité (il devait) beser de la bouche tous les autres par
avant entré en la dicte frarie (7) ». Le nombre des frères
ayant augmenté et rendu cette pratique longue et difficile,
les statuts de 1581 , fixèrent que désormais le baiser de
(1) Livre d'acquit des services.
(2) Idem.
(3) Procès-verbaux des chapitres généraux. Délibération du 13 septembre
1756.
(4) Stat. de 1300, art. 13.
(5) Histoire de la conf., chap. I, art. '2«.
(6) Stat. de 1780, chap. II, art. 1".
(7) Stat. de 1300, art. 13.
— 118 —
paix serait donné au procureur seul, représentant toute la
Confrérie : « Et en signe de veux baiser de la bouche au
procureur qu'après les fera enregistrer et écrire au livre de
la réception des confrères et sœurs » (1).
Une fois admis dans la société il n'était pas permis à un
membre de s'en retirer et de se libérer de ses engagements,
s'il n'en avait auparavant obtenu la permission du chapitre
général. Pour cela il devait verser vingt sols applicables aux
besoins de l'œuvre (2) ; cependant lorsque son extrême
pauvreté lui rendait trop onéreuses les charges qu'il avait
assumées on lui faisait grâce de cette somme. Ce fut le cas
d'une sœur, qui, après avoir exposé aux confrères, réunis
le 15 mars 1523, sa misère excessive, reçut d'eux l'autorisa-
tion de se retirer sans frais de la Confrérie (3).
Les noms des confrères et la date de leur réception étaient
inscrits par le procureur sur des registres spéciaux, que l'on
conservait encore à Vivoin à la fin du dernier siècle. Ces
diptyques aujourd'hui perdus fourniraient de précieux ren-
seignements sur les familles nobles du pays ; nous trouvons
en effet dans les rares documents que nous avons pu consul-
ter l'indication de puissants personnages, qui, pendant leur
vie firent partie de la Confrérie. Ce sont, au XIV« siècle :
Marie de Boislandon (4) ; Brisegaud de Rousay, écuyer, et
Jehanne, sa femme (5) ; Huet de Saint-Berthevin, l'ainé,
(l)Stat. de 1581.
(2) Stat. de 1306, art. 11.
(3) Reg. viol., ^ 254.
(4) Pour être reçue sœur elle donna à la confrérie quatre sols de rente
annuelle. Acte du lundi après Sainte-Croix 1311.
(5) « Brisegauld de Rousay, escuyer, pour être accueilli luy et Johane sa
femme et Juliote la Bouesselle, mère de lad. Johane, frères, et participans
en toutes les messes, prières et ouraisons et aultres bienfais, qui seront
faiz et célébré en la confrairie des prestres du doienné de Beaumont foia-
dée en l'esglise de N. D. de Vivoin, en l'onour et révérence de la benoiste
vierge » lègue quinze sols de rente annuelle et perpétuelle. Acte du lundi
après l'amjevine 1374.
— 119 —
écLiyer, et Marguerite, sa femme (1) ; Macé du Val, écuyer,
seigneur de Meurcé (2) ; Philipot Tragin, écuyer, seigneur
de Coulombiers (3) ; Michel de Coursserant (4) ; Jehan de
Mellays de Saint-Aubin-de-Locquenay (5) ; Osanne de Par-
thenay (6) ; Jehan de Quinchamps d'Assé-le-Riboul (7) ;
Agnès du Pont, femme de Jehan de Saint-Marceau (8) ;
Jehan le Bâtard des Usages (9), et Huete des Usages, dame de
Dangeul (10). Au XV<^ siècle nous voyons figurer parmi les
confrères : Raignauld Tragin, seigneur de Coulombiers (il) ;
Jehan de Moire, seigneur de Moire-la-Haute en la paroisse
(1) Huet de Saint-Berthevin et Marguerite sa femme pour être reçus
confrères firent don à la confrérie le 25 octobre 1397 d'une rente de quinze
sols. A défaut de paiement de cette rente les procureurs de la « frarie aux
prestres de Vivoing » poursuivirent de 1400 à 1500 le donateur et après
lui Huet de Fontenay s^ de Sougé, qui déclara ne pas être son héritier.
Rernembrances des comtes du Maine, A.rcli. Nat. (note communiquée par
Monsieur le vicomte Menjot d'Elbenne.)
(2) Macé du Val, seigneur de Meurcé, prieur de N.-D. du Val, vendit le
lundi après la Saint-Benoist d'été 1377, à la confrérie, dont il était membre,
dix livres de rente.
(3) Extrait du testament de Philipot Tragin, passé devant la cour du
doyen de Beauniont le samedi après la Nativité N.-D. i397 : «Item volo
et precipio quod fratres et sorores confraternie presbyterorum decanatus
de Bellomonte, fundate in ecclesia béate Marie de Vivonio, intègre
solvantur super omnes res meas immobiles de sommma trium solidorum
turonensium annui et perpetui redditus quolibet anno in futurum in festo
nativitatis béate Marie viryinis per manus heredum meorum, usque dicti
heredes traddant situatum bonum et corapetentem in feodo meo, vel quod
ipsi heredes solvant sommam sexaginta solidorum turonensium cum
arreragiis debitis, que somma trium solidoiurn redditus reddere debui
dicte confraternie, ut essem fratrem dicte confraternie et omnem heredi-
tatem meam et heredes meos de presenti onero ». En 1405 la rente de
trois sols était servie par Rainaud Tiagin, fils du donateur.
(4) Cf. Charte de fondation des chapelles.
(5) Idem.
(6) Idem.
(7) Idem.
(8) Idem.
(9) Idem.
(10) Idem.
(11) Idem.
— l'20 —
de Placé (1), et Jehanne de la Fosse, veuve de Jehan de
Vernie, dame de Grottay (2). Au XVI<' siècle les confrères
nobles étaient : François de Mesenge, chevalier, seigneur de
la Bussonnière (3) ; Jehan de Neuvy (4) ; Marie de Baudet (5) ;
Benée Affaggart (6) ; Baouline de Vernie, dame de Moire-
la-Haute, veuve de messire Thierry de Clamorgan, cheva-
lier (7) ; Mery Garnier, seigneur de Lucé (8) ; René Bodin,
sieur de Beaurepaire (9) ; René de Saint-Germain et Mar-
guerite d'Argences, son épouse (10) ; Jehan de la Vallée,
écuyer, seigneur de Saint-Victeur, et Macime de Fontaines
son épouse (il) ; Jehan de Lespinay, seigneur de Saint-Thé-
(I) Cf. Charte de fondation des chapelles.
('2) Jeanne de la Fosse donna, au XV« siècle, cinq sols dus par quelques-
uns de ses vassaux de Crottay. [Inventaire des titres de la confrérie fait
le 25 octobre iô95).
(3) François de Mésange légua, le 30 septembre 1514, la rente de dix
livres, cinq sols et dix chapons, aux chapelains de la confrérie. (Idem.) Il
vendit à la confrérie pour la somme de deux cent quarante-deux livresi
une pièce de terre soumise au retrait iignager. En 1ô20, après son décès,
son frère, Christophle de Mesenge, chevalier, seigneur de la Brichardière,
exécuta ce retrait. [Comptes rendus de i520-iîJ21, ï° 128.)
(4) Les héritiers de Jehan de Neuvy payèrent en 1517 la rente de cinq
sols, qu'il avait constituée pour sa réception [Comptes rendus de i517 à
d5W, f» 12.)
(5) Marie de Baudet paya en 1517 la rente de cinq sols constituée le jour
de sa réception {Idem, f" 5.)
(G) Demoiselle Renée AtTagart fut enterrée le 15 mars 1517 ; son service
de septime eut lieu à Coulombiers le 8 avril 1518. (Idem, f" 51.)
(7) Raouline de Vernie entra dans la confrérie en 1518. [Idem, f" 26.)
Elle mourut en 1520, sa sépulture eut lieu le 16 janvier. (Comptes rendus
de i520 ù I52I, f»132.)
(8) Mery Garnier fut reçu confrère en 1518 [Comptes rendus de ibll à
i5W, f" 21) ; la confrérie acheta de lui le 20 mars 1517 deux journaux de
terre situés à Lucé et le 7 avril 1518 deux autres journaux en la même
paroisse. (Idem, (^^ 66 et 70.)
('.)) René Bodin entra dans la confrérie en 151'J, (/c^c»», f» 35) ; il fut
enterré le 25 octobre 15iO [Comptes de 1537 à 1543, f" 116.)
(10) Entrèrent dans la confrérie en 1519. (Comptes de 1511 à 1520,
^37.)
(II) Ils furent reçus confrères en 1510. [Comptes de 1511 à 1520, f" 37.)
Mi.cime de Fontaine fut enterrée le 8 juin 1542 (Comptes de 1537 à 1543,
{" 126.)
121
bault (1) ; Ysabeau de Thieslin, dame de Rousay, veuve de
Girard de Tucé, chevalier, seigneur de Brestel, et Perrine
de Tucé, sa fille (2) ; Guérînot Chouenneau, seigneur de la
Chouennière en Ségrie et de Moire (3) ; François de Mauny,
seigneur de Saint-Aignan, et Renée de Villeblanche, son
épouse (4) ; demoiselle Jehanne La Vexel (5) ; René de
Baucher, seigneur de Vegron et de la Forest, et demoiselle
de Maigné, son épouse (6) ; Michelle Pisaye, veuve de Guil-
laume Loistron, dame de la Martinyère (7) ; Marie de Mari-
dort, veuve de Christophle de Bailleul (8) ; Marie de li
Valée (9) et Marguerite Pienoul, dame de Teille (10). Nous
possédons les listes des confrères du XYII'- siècle aussi
reculons-nous devant les nombreuses citations, qu'il nous
faudrait faire pour énumérer tous ceux qui, en raison de
leurs titres ou de leur situation mériteraient une mention
spéciale. A côté de ces noms, qui personnifient la puissance
et la fortune d'alors, s'en trouvent de plus humbles de bour-
geois, de cultivateurs et d'artisans.
Par le tait de sa réception dans l'association chaque
(1) Jehan de Lespinay entra dans la confrérie en 1519 {Comptes de
1511 à 1520, f" 7.)
(2) Par acte du lo novembre, Ysabeau de Thieslin légua vingt sols de
rente annuelle et perpétuelle pour être reçue, elle et sa fille, Perrine de
Tucé, sœurs dans la confrérie, (Co)tiples de 15W à 1521, f" 73.) Elle
vendit au procureur le 25 juin 1520 une pièce de pré contenant dix
hommées, située en la paroisse de Rouessé, (Co^î^Jies de 1511 à 1520,
f" 73.)
(3) Fut reçu confrère en 1521. {Comptes de 1520 à 1521, î" 125.)
(4; Furent reçus en 1521. [Idem, f" 126.)
(5) Admise en 1521, {Idem, f" 125.)
(6) Reçus confrères en 1521. (Jc?t'»H.) Ils constituèrent pour leur réception
une rente de dix sols tournois de rente sur la métairie de la Forest et sur
deux hommées de pré situées à Assé-le-Riboul [Comptes de 1531 à 1543,
f'J 123.~) René île Baucher fut enterré le 22 mai 15il {Idem, f" 123).
(7) Entra dans la confrérie en 1521, [Comptes de 1520 à 1521, (" 126).
(8) Entra dans la confrérie en 1538 [Comptes de 1537 à 1543, f« 39.)
(9) Fut enterrée le 10 février 1541 [Idem, f» 122.)
(10) Sa sépulture eût lieu en l'église de Teille le 8 mars 1541 {Idem,
f» 123.)
— 122 -
membre contractait des obligations vis-à-vis des autres. La
première était de prier pour eux et d'offrir à Dieu ses bonnes
œuvres à leur intention. Cette communion fut en effet la
raison première de l'établissement de la Confrérie, comme
nous l'apprennent les statuts de 1306 : « Tous les frères et
sœurs sont participans et consors et accompaignés en tous
les biens faits, prières et oraisons quelconques les uns des
autres à mort ou à vie perpétuellement et à toujoursmez » (1).
Les prières que les confrères devaient dire, laissées d'abord
à la discrétion de chacun, furent fixées par le chapitre de
1755 à la récitation quotidienne de trois Pater et de trois
Ave ou à celle de l'antienne Suh tuum chaque matin et du
psaume De profundis le soir (2).
Les confrères se devaient encore prêter un mutuel secours
dans leurs besoins et s'entr'aider dans la gestion de leurs
affaires temporelles. « Si aucun des frères ou sœurs de la
frarie a mestier de consail et daide des autres, nous disent
les statuts, il peut requérir un ou plushours des autres
frères tel comme il luy plaira pour estre a son consail les
quieulx ne le pouront refuser jusques à trois fois ou doienné
de Beaumont aux dépens de ceux qui seront requis.,., et si
le requéreur a affaire plus de trois fois oud. doienné ou
dehors.... qu'il soit au dépend du requéreur » (3). Cet article
fut ainsi reproduit dans les règlements de 1786 : « Les
confrères peuvent prendre conseil les uns des autres
dans leurs affaires et aucun ne doit refuser son avis lorsqu'il
est requis » (4).
Dans toutes les peines de la vie les membres de la Confré-
rie trouvaient aide et appui. Dans chaque paroisse trois
d'entr'eux avaient charge « de consoler les désolés » et de
subvenir à leurs besoins, de visiter ceux qui étaient malades
(1) Stat. de 1306, art. 12.
(2) Procès- verbaux des Chap. Génér. Délibération de 1755.
(3) Stat. de 1306. Art. 10.
(4) Stat. de 1786. Ch. IV, art. 2.
— 123 —
et de les « avertir de leur salut » enfin de faire l'aumône à
ceux qui étaient dans l'indigence (1).
C'est dans la maladie que l'on a surtout besoin d'être
soulagé et réconforté, aussi en l'an 1306 fut-il décidé : « que
si aucun frère ou sœur .... est en infirmité de son corps, en
article de mort ou autrement, les trois plus prouchains
prêtres de celuy ou celle sont tenus le visiter et luy admi-
nistrer les sacrements de Sainte Eglise et doivent estre
revestus en sourpelys et estole et si il avenoit que celuy qui
seroit en infirmité alast de vie à trespas ils seront tenus luy
fère et dire son service » (2).
Lorsque le viatique était porté à un confrère mourant tous
ceux qui habitaient la même localité que lui étaient obligés
d'accompagner le Saint-Sacrement et d'assister à la céré-
monie en priant pour le malade (3).
S'il décédait, les prières des survivants ne devaient pas
alors s'interrompre. A son entrée dans la Confrérie, chaque
prêtre qui n'était pas du doyenné s'engageait « a fere
remembrance en son secret pour tous les .... trespassés et
especialement par les troys Dimanches prouchains après ce
que aulcun .... sera venu à sa cognoissance (et d'en faire)
commémoration et remembrance en son opfice et en son
esglise parrochiale » (4). Les confrères avaient l'obligation
de faire offrir ou d'offru' le Saint Sacrifice pour les défunts.
Le nombre des messes qu'ils devaient acquitter était pri-
mitivement de trois pour chaque décédé, ainsi que l'avaient
réglé les statuts de 1306 : « Tous les frères et sœurs gens
lais sont tenus dire ou fere dire ou dire chacun trois messes
pour chacun trépassé d'icelle confrarie se tout comme il
sera venu a leur cognoissance en quelque lieu qu'il sera
(1) Stat. de 1581.
(2) Stat. de 1306, art. 2. — En 1551, on alloua au procureur les sommes
qu'il avait payées pour le soulagement des infirmes.
(3) Stat. sans date.
(4) Stat. de 1306, art. 1*^.
N
— 124 —
trespassé » (1). En observant le contexte de ce règlement on
peut se convaincre que l'expression gens lais désigne non-
seulement les laïcs, mais encore les prêtres ne résidant pas
dans le doyenné de Beaumont (2). Les curés de ce doyenné
n'étaient donc pas astreints à dire les trois messes, ce devoir
ne leur fut que plus tard imposé. En 1445 on réduisit les
messes à deux ; les « gens d'église » restèrent cependant
tenus à en dire trois pour les prêtres décédés : « Et au
regard des gens d'Eglise seront tenus à trois messes l'un
pour l'autre comme anciennement a esté accoustumé » (3).
Dans la suite on ne demanda plus des confrères que de faire
célébrer une seule fois le Saint Sacrifice par défunt. Nous
ne savons à quelle époque fut faite cette réduction qui était
déjà acceptée en 1742.
Afin que personne ne put arguer de l'ignorance dans
laquelle il était de la mort d'un confrère, les statuts de 1581
ordonnèrent de mettre par écrit les noms des trépassés de
l'année et de les afficher à la porte de l'église de Vivoin le
jour de la fête patronale (4). Les laïcs apportaient à la con-
vocation suivante le certificat de l'acquit des services et le
procureur, auquel ils les remettaient, le notait sur un registre
spécial (5).
En accomplissant ces œuvres de charité, les confrères de
Vivoin, pouvaient gagner de précieuses indulgences. Dès l'an
1536, sous le pontificat du pape Paul III, à la demande du
cardinal Jean du Bellay, évéque du Mans, et du curé de
Vivoin, Luc Frubert, le Sacré Collège des cardinaux en
accorda à perpétuité cent jours à tous ceux qui, après avoir
fait une aumône pour la réparation et l'entretien de l'église
(1) Stat. de 1306, art. 4.
(2) On peut s'en convaincre en lisant l'article !<''' de ces statuts.
(3) Décision du chapitre de 1445 (S/af. règlements et const'Uutions de la
conf., f" 9.)
(4) Stat. de 1581.
(5) Idem.
— 125 —
de Vivoin, la visiteraient aux jours de Noël, de la Nativité et
de l'Assomption de la Sainte Vierge, des Rameaux et de la
fête de saint Barthélémy, et y diraient le Pater et VAve pour
le repos des âmes de Luc Frubert, de ses parents et amis
défunts et des bienfaiteurs de la paroisse (1). L'original de
la bulle qui concédait ces indulgences était conservée au
XVIIP siècle et faisait l'admiration « des curieux et des
antiquaires particulièrement par ses vignettes, ses dorures
et ses sceauz » (2). Elle n'avait pas été donnée en faveur des
confrères mais de l'église paroissiale alors en restauration.
Le pape Paul Y, par une autre bulle, datée de Rome le 10
des calendes de juillet 1611, enrichit la congrégation des
prêtres du doyenné de Beaumont de faveurs nombreuses (3).
Chacun des confrères gagnait une indulgence plénière, si,
contrit et confessé, il s'approchait de la table sainte le jour
de sa réception. Le même privilège lui était accordé à l'ar-
ticle de la mort si, confessé et communié, ou tout au moins
vraiment pénitent, il invoquait de cœur ou de bouche le
saint nom de Jésus. Il pouvait encore gagner la même indul-
gence le lundi après la Nativité de la Sainte Vierge, à la
condition de recevoir les sacrements de Pénitence et d'Eu-
charistie, de visiter l'église de Vivoin depuis les premières
vêpres jusqu'au soleil couchant et d'y faire dévotes prières
pour l'exaltation de la Sainte Église, pour l'extirpation des
hérésies et la réunion des hérétiques à l'Église Romaine,
pour le salut et la conservation du Souverain et pour la paix
entre les princes chrétiens.
Sept ans d'indulgence et autant de quarantaines étaient
aussi octroyés à tous les confrères, qui, après s'être confessés
et avoir reçu l'Eucharistie, viendraient prier à ces intentions
dans la même église les jours de l'Annonciation, de la Puri-
(1) Histoire de la Confrérie. Chap. des privilèges, art. 2, f" 82.
(2) Statuts de 1755, ch. II, art. i.
(3) Cf., pièces justificatives.
— 126 —
fication, de la troisième férié de la Pentecôte et de la fête
de saint Barthélémy depuis les premières vêpres jusqu'au
soleil couchant.
Autant de fois qu'il exerçait une œuvre de piété pour
laquelle la Confrérie était instituée, chacun de ses membres
bénéficiait de la rémission de soixante jours de pénitence,
qui lui avait été imposée ou dont il était redevable. Les
œuvres énumérées dans la bulle sont : d'assister aux offices
de la congrégation, ou aux assemblées publiques ou secrètes
tenues dans un but de piété ; d'accompagner le Très-Saint
Sacrement lorsqu'on le portait aux malades, et dans le cas
où on ne pouvait le faire, de réciter à genoux le Pater et
VAve ; de prendre part aux processions de la Confrérie et de
la paroi: se ; d'ensevelir les morts ; de consoler les malades
et les affligés ; de loger les pèlerins ; de travailler à mettre
la paix et à calmer les dissensions ; de réciter par amour et
par charité cinq Pater et cinq Ave pour les trépassés ; de
remettre dans le chemin du salut ceux qui s'en seraient
écartés, enfin d'enseigner aux ignorants les Commandements
de Dieu et ce qui est nécessaire au salut.
Ces indulgences furent accordées à perpétuité à la condi-
tion que la Confrérie ne s'affilie jamais à une autre plus
importante, sous quelque prétexte que ce soit ; elles peuvent
donc être gagnées encore de nos jours. La bulle qui les
confère est toujours conservée à Vivoin et la teneur en est
lue chaque année aux confrères réunis le lundi qui suit la
Nativité de la Sainte Vierge.
II. — ADMINISTRATION DE LA CONFRERIE. — LE DOYEN. — LE
PROCUREUR. — LES CONSEILLERS. — CONSEIL DE LA
CONFRÉRIE. — STATUTS.
Le curé de Vivoin était le supérieur de la Confrérie et
portait le titre de doyen. C'est lui qui présidait le chapitre
— 127 —
général et le conseil privé et qui avait charge de veiller à
l'exécution des statuts (1).
L'administration de la société était confiée à l'origine à
deux frères qui pendant trois années consécutives exerçaient
les fonctions de procureurs. Le temps de leur gestion écoulé,
ils choisissaient eux-mêmes deux de leurs confrères pour
les remplacer. Ceux-ci ne pouvaient refuser cette charge à
moins que déjà ils ne l'eussent remphe (2). Quoique les
règlements réclamassent deux procureurs l'usage de n'en
avoir qu'un seul fut de honne heure accepté.
La nomination de ces officiers faite primitivement par
ceux qui les avaient précédés, fut dans la suite confiée à
une commission et plus tard à tous les prêtres réunis en
chapitre général (3). Ils entraient en charge à la Toussaint
qui suivait leur élection et en sortaient au même jour une
fois la période de leur exercice terminée (4). Cette période
fixée à trois ans se prolongea aux époques difficiles jusqu'à
quatre et même six années ou fut réduite selon les circons-
tances à un ou deux ans. Elle fut régulièrement limitée à ce
dernier terme par le chapitre de 1769. Les membres de ce
chapitre, afin d'éviter les difficultés renaissant à chaque
élection, réglèrent que conjointement avec le procureur
serait nommé un commissaire qui, après la seconde année
le remplacerait et qu'alors le procureur sortant deviendrait
conseiller. De cette façon on aurait de deux ans en deux
ans à choisir un commissaire (5). A. la solennité de 1776
l'on rétablit l'ancien usage de conserver le procureur trois
années en exercice. Il pouvait être prorogé dans sa charge
un ou deux ans après son triennat lorsque le chapitre
(1) Stat. de 1755, ch. VI, art. 2.
(2) Stat. de 1306, art. 7.
(3) Procès-verbaux des chapitres généraux, passim.
(4) Cf. Comptes rendus des procureurs.
(5) Procès-verbaux des chapitres généraux. Délibération du 11 septembre
1769.
— 128 —
le jugeait à propos, mais jamais il ne devait gérer la procure
au delà de six années consécutives (1).
Ses devoirs étaient de veiller en « bon père de famille » à
l'entretien et à la conservation des biens de la Confrérie, il
devait passer les baux des immeubles et en conserver les
titres ; percevoir les rentes et payer les dépenses (2). Il
faisait les réparations nécessaires, marchandait les ouvriers
leur procurait les matériaux et surveillait les travaux. C'est
encore à lui qu'incombait la charge de recevoir les nouveaux
confrères et de les inscrire sur les dyptiques, de recevoir les
acquits des messes et de faire célébrer les services ; en un
mot il avait le soin de tout le temporel de la Confrérie.
A la fin de son exercice il donnait un compte exact de
sa gestion qu'examinait une commission déléguée par le
chapitre général. Pour la rédaction de ce compte il prenait
conseil de personnes entendues en affaires, auxquelles la
Confrérie donnait un salaire (3). Elle payait en outre les
vacations de ceux qui examinaient les comptes (4) ainsi que
les dépenses qu'ils faisaient pendant le temps qu'ils y consa-
craient (5). L'allocation des sommes versées par le procu-
(1) Procès-verbaux des chapitres généraux. Délibération du 9 septembre
177G.
(2) et. Comptes des procureurs.
(3) <( Pour le conseil qui a iceulz dressez où il a vacqué par quatre jours
luy et son clerc LX^ » Comptes de i517 à i5W, î" 107. « Pour son conseil
à lui a dressé le présent compte où il a vacqué un mois ou environ xx". »
Comptes de 1537 à 15A8, f» 179.
(4) « Pour la vacation des auditeurs où ils ont vacqué par deux jours
LX^ » Comptes de i517 à i520, f" 107. — (^ Pour M« Pierre Jousselin,
lieutenant de Beaumont, l'un des commissaires et auditeurs, qui a vacqué
par tout ledicl temps de l'audition d'iceux qui est quinze jours c^ » —
« Pour Me Thierry Regnault licentié es loix procureur g"i du duché de
Beaumont qui a esté esleu par messieurs les auditeurs pour veoir et
entendre les comptes sept escus sols vallans quinze livres quinze sols. » —
« Pour le .sallaire de messieurs les commissaii'es et audicteurs des presens
comptes ils ont touz dict que afin de demeurer dans les prières de h frarie
ne prendront rien » Comptes de 1527 à i5à3, f' 179.
(5) Pour la deppense faicte par les confraires presens à l'examen de ces
comptes et autres audicteurs d'iceulx c*. » Comptes de i5i7 à 1520,
— 129 —
reur sans raisons suffisantes ou dont il ne pouvait justifier
l'emploi lui était impitoyablement refusée. En 1541 Louis
Busson qui réclama vingt-deux sols dépensés à Goulombiers
le jour des services de Gervaise Martin « à boyre parcequ'il
ne povait s'en retourner sans boyre », ne put obtenir d'être
remboursé de cette avance (1).
Le procureur s'il était curé devait exercer gratuitement
ses fonctions pendant le premier triennat. Il fut refusé en
conséquence à Michel Lepaige ce qu'il demandait pour avoir
assisté à la composition et à l'examen des comptes de 1517 à
1520 (2). En 1551 l'on accorda dix livres par an de salaire au
procureur « parceque n'étant point curé il n'était pas
tenu de gérer la procure sans gage » (3).
Au delà de trois années d'administration le curé avait lui-
même droit à une rétribution ; c'est pourquoi Michel Lepaige
porte sur son compte de quatrième année : « Pour les gaiges
de ce procureur d'avoir servi de procureur et de recepveur
l'an de ce compte (1520-1521) et oultre le temps introduit
par les statuts 49 1. (4) ». Louis Busson demanda que pour
avoir été six ans en charge il lui fut payé dix livres par an.
Les auditeurs ne les lui accordèrent que pour le second
triennat, s'appuyant sur l'article des règlements, qui enjoi-
gnait aux curés de servir les trois premières années de
procureur gratuitement (5).
Des gratifications furent cependant accordées aux procu-
f» 107. — « Pour ce que Jehan de Cuysnières se plaignoit de la dépense
faicte a sa maison en examinant les comptes luy fut ordonné payer la
somme de douze sols. » Comptes de i5W à i52i, f" 147.
(1) Comptes de 1581 à 1543, f» 122.
(2) (( Pour le sallaire de ce procureur davoir asisté a iceulx faire dressez
pour ses gaiges et vaccacions d'estre a l'examen diceulx — note marginale
— pour ce que les statuts porte que chacun curé doit servir par trois ans
sans aucuns gaiges avoir, ceste partie luy est rayée » Comptes de i5i7 à
i5W, f" 107.
(3) Histoire de la confrérie, chap. du procureur, art. 2, n" 12, f» 144.
(4) Comptes de i52U à i521, f» 140.
(5) Comptes de i531 à i543, f^' 169.
XL 9
— 130 —
reurs à certaines époques. En 1520, on alloua cent sols à
Michel Lepaige « en considération des services et bonne
conduite es affaires de la confrérie (1) ». Le procureur
avait en outre le droit de se faire indemniser de toutes les
dépenses qu'il faisait pour l'utilité de la société, s'il était
obligé de se déplacer il touchait un viatique. Il recevait en
outre annuellement les honoraires, à lui légués par des con-
frères pour l'accomplissement de certains services, ainsi que
dix sols par défunt pour convoquer les prêtres aux enterre-
ments.
Le salaire de ceux, qui pendant plus de trois ans avaient
été en exercice ou qui n'étaient pas curés, de dix livres par
an en 1581, fut élevé à douze livres en 1563 et fut excep-
tionnellement « en raison des troubles publics » de trente
livres en 1580 (2).
Lorsque le procureur entrait en charge, son prédécesseur
lui remettait entre les mains les titres de propriété et les
divers registres de la Confrérie, ainsi que les meubles et les
ornements qu'elle possédait ; à la fm de sa gestion il en était
dressé un inventaire afm de constater s'il n'en avait rien
soustrait ou perdu. Les archives étaient renfermées dans un
coffre fermant à deux clefs dont l'une restait en sa posses-
sion l'autre était chez le curé de Vivoin. Les ornements
consistaient en 1521 : « en deux chappelles, fournies de
tunicques, chasubles, chappes, quatre estolles, quatre fer-
moirs, l'une de taffetas et l'autre d'estamyne noire ; en une
chasuble de camelot viollet estolle et fermoir ; en deux
calices d'argent et deux livres messels, l'un vieil en par-
chemin et l'autre en moullé et papier (3) ». Les vases sacrés
et les vêtements sacerdotaux que possédait l'association à
l'époque de la Révolution étaient si riches et si nombreux,
que, lorsqu'en 1793 ils furent portés au district de Fresnay,
(1) Comptes de i5i7 à i520, i» 108.
[ij Histoire de la confrérie, ch. du procureur, art. 2, f" i4i.
(3) Comptes de i520 à i52'l, f" 149.
— 431 —
les administrateurs crurent que c'étaient tous ceux du
doyenné de Beaumont (1).
Le sacriste de la Confrérie, placé sous les ordres du pro-
cureur, avait la garde des objets du culte. Pour son salaire
il recevait, au XVIII° siècle, vingt livres, à la condition :
de fournir le pain pour toutes les messes de l'année, le
vin nécessaire à celles de la fête patronale et une pinte
d'huile en ce jour pour la lampe ; de faire blanchir pour
cette fête cinq grandes aubes avec leurs ceintures, trois
petites pour le thuriféraire et les acolytes, les nappes des
autels, trois lavabos, cinq corporaux, douze amicts et douze
purificatoires. Il avait en outre l'obligation de tenir l'église
propre, de la fermer, d'en expulser les mendiants et de
chasser les chiens du chœur ; de sonner les cloches et de
ne pas permettre qu'on badine en le faisant, d'empêcher les
jeux dans le cimetière, enfin de nettoyer tous les dimanches
les bénitiers et de les remplir d'eau bénite (2).
Il semble qu'au début de la Confrérie le procureur était
seul chargé de l'administration. Les statuts de 1306 ne
parlent pas en effet du conseil de l'association, ce n'est que
dans les comptes de 1537 à 1543 que l'on en trouve la pre-
mière mention (3). Au XVHIo siècle ce conseil se composait
de cinq membres : du doyen, qui en était le président, du
procureur en exercice, de celui qui l'avait précédé en cet
office et de deux conseillers. Ceux-ci nommés par le chapitre
général étaient choisis parmi les curés du doyenné ou du
moins parmi les prêtres résidant à moins de deux lieues de
(1) Pesche voci Vivoin.
(2) Précis des statuts.
(3) « Se sont assemblez par deux foys messires le prieur de Saint-
Marceau, le doyen de Beaumont, le curé de Doucelles, le curé de Vivoing,
les deux chappelains des chappelles de lad. confrarie, le lieutenant de
Beaumont Jehan Rousseau, s"" de Belaer, pour veoir aux affaires et négoces
de lad. confrarie dont fut faict despense par lesd deux jours de la
somme de trente et ung sols que poya le procureur par l'ordonnance des
dessusdicts. « Comptes de i531 à i543, f» 142.
— 132 —
Vivoin. Si un de ses membres mourait dans le courant de
l'année avant la réunion générale, le curé de Vivoin appe-
lait à sa place le plus ancien des confrères. Ce conseil avait
mission de pourvoir aux affaires ordinaires de la Confrérie.
Il était en effet à cette époque défendu au procureur de faire
aucune dépense pour acquisitions nouvelles ou pour répa-
rations qui excédât dix livres, sans prendre avis du curé
de Vivoin ; tous deux ne devaient pas disposer pour un
même objet de plus de trente livres. Lorsqu'il y avait
nécessité de faire une dépense supérieure à trente livres, le
conseil était réuni. Il pouvait autoriser l'emploi de cent
livres. Pour une réparation urgente réclamant une alloca-
tion plus élevée on convoquait en plus deux autres confrères
de sorte qu'il y eut sept délibérants et leur décision, inscrite
sur le livre de la Confrérie et signée par tous, était soumise à
l'approbation du chapitre général suivant (1).
Les plus anciens statuts de la Confrérie que nous connais-
sions furent dressés en 1306 (2). Ils furent suivis avec les
additions et corrections apportées, jusqu'en 1581. Le 20 sep-
tembre de cette année on les rédigea à nouveau. Ces deux
recueils de statuts étaient consignés dans un manuscrit
gothique aujourd'hui perdu ; nous ne possédons plus que la
copie qu'en fit au XVIIP siècle l'abbé Guiet, grand chapelain
de Saint- Pierre -la- Cour, « homme fort versé dans l'an-
tiquité (3) ».
(1) Stat. de 1755, ch. VI, art. 2.
(2) Ils sont intitulés : « Ce sont les constitutions, statuts et ordonnances
de la confrarie des prestres du doienné de Beaumont, fondée en l'esglise
parrochialle de Nostre Dame de Vivoing en l'honneur de Dieu et la vierge
Marie, par messire James, reclour de Doucelles ; par messire Jehan,
rectour de Vivoing ; par messire Guillaume, rectour de Dangeul ; par
messire Denis, rectour de René; par messire Michel, rectour de Beaumont;
par messire Raoul, rectour de Placé ; par messire Jehan, rect()ur de
Disse ; par messire Guillaume, rectour de Charencé et fut le lundi après
l'angevine en l'an de grâce 1I30(). »
(3) Stat. de 1755, chap. 11, art. 2.
— 133 —
Au chapitre de 1752, le curé de Vivoin représenta « qu'il
était à propos, pour la plus grande gloire de Dieu, l'honneur
de la Confrérie et l'édification des confrères, de rédiger les
statuts d'une manière conforme à l'esprit des anciens prêtres
fondateurs et pratiquables pour tous les membres, en y
ajoutant les usages présents autorisés par la coutume et la
piété des fidèles ». En conséquence l'assemblée nomma
neuf commissaires, qu'elle chargea de revoir les archives
et de travailler à la rédaction des constitutions. Ils devaient
les copier avec l'office de la sainte Vierge, qui se chantait
le jour de la fête patronale, et un recueil de prières, et les
présenter à l'évêque du Mans (1).
L'année suivante le travail n'était pas encore achevé, les
commissaires donnèrent lecture d'un Précis des Statuts, qui
fut accepté par le chapitre général en attendant l'ouvrage
complet. Il fut terminé en 1755 et soumis à l'approbation de
Monseigneur de Froulay. Celui-ci crut prudent de ne pas en
permettre l'impression. Il enjoignit néanmoins à tous les
confrères d'en suivre exactement les prescriptions. M. l'abbé
Renaudeau, ancien curé de Vivoin, put se procurer un
exemplaire de ces statuts, dont il prit copie. Ils sont intitulés
Anciens statuts de la Confrérie de Vivoin. Après une longue
dissertation sur les anciennes associations pieuses, ils font
l'histoire de celle de Vivoin, puis donnent le texte des
nouvelles constitutions.
L'on songea à nouveau à une révision et à l'impression
des statuts en 1776. Le procureur, qui fut chargé de les
rédiger, obtint en 1786 ïimpriniatur de l'évêque du Mans (2).
(1) Procès-verbaux des chapitres généraux.
(2) Ils furent imprimés la même année sous ce titre : STATUTS / DE LA
GONFRAIRIE/ DES PRÊTRES/ DU DOYENNÉ/ DE BEAU.MONT/ érigée / SOUS
l'invocation & la protection / de la tres-Sainte Vierge, dans l'Eglise /
Paroissiale de Vivoin, Diocèse du Mans / AU maxs / de l'imprimerie
DE PIVRON / Imprimeur-libraire, rue Marchande / m.dcc.lxxxvi. / —
René Pasquet, curé de Meurcé, procureur, rendant ses comptes en 1790,
demanda Tallocation de soixante-douze livres qu'ils avaient dépensées
pour faire imprimer les statuts.
— 134 —
III, — REVENUS ET CHARGES DE LA CONFRÉRIE. — MESSES. —
CHAPELLENIES. — SERVICES DES TRÉPASSÉS.
Les versements faits par les nouveaux confrères ou les
rentes par eux constituées assuraient à la Confrérie des
revenus annuels , qui la mettaient à même d'acquitter
les services auxquels elle était tenue. Ces revenus variaient
suivant le nombre plus ou moins grand des entrants et les
dépenses suivant les frais des réparations faites aux immeu-
bles et la quantité des décès. La Confrérie prenait en effet
à sa charge les sépultures de ses membres défunts. Do 1517
à 1520 on reçut cinquante-huit confrères et la recette
atteignit sept cent quatre livres, huit sols (1) ; les mises
furent de sept cent bix livres, quatre f^ols, deux deniers (2).
L'année suivante le revenu fut de quatre cent quarante
livres et la dépense de quatre cent trente-huit livres, trois
sols, onze deniers (3). A la fin de ses années de gestion
(1537-1543), Louis Busson avait reçu onze cant quatre-
vingt-dix-sept livres, huit sols, un denier, sur lesquels il
avait employé neuf cent quatre-vingt-dix-sept livres, neuf
sols, onze deniers , il lui restait en outre quarante-sept
livres, onze sols, de créances à recouvrer (4). La recette de
la Confrérie s'éleva de 1762 à 1766 à deux mille cent soixante
sept livres, neuf sols, sept deniers (5) ; de 1760 à 1771 à
huit cent soixante-seize livres, dix-neuf sols (6); de 1787 à
1790 à trois mille trois cent vingt livres, quarante-six sols (7).
La dépense atteignit deux mille trois cent quatre-vingt-dix-
huit livres, quinze sols, six deniers, pour la première pé-
{[)Comples de i5il à i520, f° 48.
(2) Idem, f" 107.
(3) Comptes de ioW à i52'l, f»« 129 et 147.
(4) Comptes de i531 à i543.
(5) Comptes de il62 à il66, f» 10.
(6) Comptes de il 69 à illi, l" 7.
(7) Comptes de il81 à 1190, f" 9.
— 135 —
riode (1) ; cinq cent cinquante-trois livres, deux sols, pour la
seconde (2) et six cent soixante-quatre livres, sept sols, pour
la troisième (3). Une partie de la mise était employée à
l'acquisition des biens fonds. Michel Lepaige en acheta pour
quatre cent quatre-vingt-cinq livres, neuf sols deux deniers,
pendant son premier triennat (4) et pour deux cent soixante-
six hvres, dix-sept sols, six deniers, la quatrième année de
sa gestion (5). La dépense pour acquêts nouveaux, faite par
Louis Busson pendant les six ans qu'il fut procureur, monta
à cinq cent vingt-trois livres, trois sols (6). Le 9 novembre
1437, la Confrérie avait acquis pour trente salus d'or, de
Guillaume Pichard et d'Agnès sa femme, le bordage de
Beaumortier. Ce lieu, qui contenait, outre la maison et les
jardins, huit journaux de terres labourables, faisait au fief
de Boislandon, quatre sols de cens, dont il fut déchargé, le
20 juin 1468, par la dame de cette seigneurie (7).
Les immeubles de la Confrérie étaient loués tout d'abord
par baux à vie, ce genre de location fut interdit en 1578,
comme ne rapportant pas assez, mais on conserva les an-
ciennes baillées faites jusqu'à cette époque (8).
Nous n'énumérons pas tous les biens qu'avait la société à
la fin du siècle, si elle les possédait encore de nos jours,
fait observer M. l'abbé Renaudeau en ses chroniques, elle
aurait, étant donnée la diminution de l'argent, un revenu
annuel de deux mille sixcents francs. Après la Révolution il ne
lui restait plus que trente-six francs, quatre-vingts centimes,
Cl) Comptes de 1703 à 1766, f» 10.
(2) Comptes de 1709 à 1771, {° 7 .
(3) Comptes de 1787 à 1790, f» 9.
(4) Comptes de 1517 à 1520, f»^ 66-76.
(5) Comptes de 1520 à 1521, f»' 131-139.
(6) Comptes de 1537 à 1543, P^ 146-152.
(7) Actes originaux aux archives de la fabrique de Vivoiii. — Beaumortier
fut baillé, le 24 janvier 1154, à Jehan Maufay pour quarante sols de rente
et, en novembre 1513, à M^ Jean Fourmy « clerc estudiant en l'université
de Paris » pour quatre livres de rente.
(8) Stat. de 1755, chap. II, art. 4.
— 136 —
dont s'empara la fabrique de la paroisse en vertu du
Concordat.
La plus lourde charge de la Confrérie était de faire
acquitter ces messes et services que lui imposaient ses
constitutions. Il fut établi dès Torigine que l'on célébrerait
dans l'église de Vivoin trois messes par semaine à l'inten-
tion des confrères vivants et trépassés (1). Jehan Toulemer
de la paroisse de Saint-Samson au doyenné de la Roche-
Mabille en fonda deux autres à perpétuité, la première le lundi
au matin « à soleil levant », la seconde à un autre jour de
la semaine. Pour en assurer la dotation il légua onze livres
tournois de rente, par un acte passé en la cour de Beaumont,
le 13 septembre 1395, auquel Robine, sa femme, donna son
assentiment le 10 septembre 1397 (2). Un an plus tard, les
membres du chapitre général tenu le lundi après l'angevine
1398, considérant « que notable et proufitable chouse est de
penser ou proufit de l'âme de chacun tant vif que trespassé »
décidèrent de faire désormais dire une messe chaque jour (3).
Pour sa célébration la présence d'un prêtre était nécessaire,
c'est ce qui engagea à réclamer en 1401 l'érection des deux
chapelles de la Confrérie. Adam Châtelain, à qui fut adressé
la requête, chargea Jean Braindel, curé de Fresnay, de
s'enquérir si la société possédait des revenus suffisants pour
en servir les honoraires. Son rapport ayant été favorable ;
après avoir entendu de la bouche de Jean Michart, curé de
Montbizot et de Jean Corne, bourgeois de Beaumont, procu-
reur de la Confrérie, l'énumération des rentes affectées à
leur donation , Adam Châtelain consentit en 1481 , à
ériger les deux chapellenies sous le vocable de Saint-Ger-
main. Elles étaient à la nomination de l'évêque du Mans,
qui ne pouvait les conférer qu'à des prêtres membres de la
« frarie » depuis au moins un an. Robine, veuve de Jehan
(1) Histoire de la confrérie, Chap. des charges, f'^ 122.
(2) Copie de l'acte de fondation, Arcliives de Vivoin.
(3) Statuts^ règlements et constitutions de la confrérie, f» 7.
137
Toiilemer, grâce au don duquel cette fondation avait pu être
faite, eut le privilège d'y présenter les premiers titulaires.
Gomme il pouvait se faire qu'alors aucun confrère ne fut
dans les conditions requises pour en être pourvu, elle eut la
faculté de choisir pour cette fois un autre prêtre. La pré-
sentation revenait ensuite au curé de Vivoin assisté du
procureur ou d'un curé nommé dans une des quatre réu-
nions annuelles. Ce dernier en cas de désaccord entre le
curé et le procureur sur le choix du sujet à présenter tran-
chait le différend.
Les chapelains devaient dire chacun à leur tour la messe
pendant une semaine : le dimanche de l'office du jour, le
lundi du Saint-Esprit, le samedi de Notre-Dame, les autres
jours de Requiem et à chacune d'elles réciter la Collecte
pour les défunts. Dans ces sept messes étaient comprises,
celles qui devaient faire célébrer la Confrérie et les deux
fondées par Julien Toulemer (1). Une ordonnance de 1499
enjoignit aux titulaires des chapelles, de sonner à plein son,
avant de monter à l'autel neuf ou dix coups avec l'une
des cloches de l'église et après « avec icelle cloche gober
cinq ou six coups (2) ».
Le tribunal de l'officialité, par une ordonnance, rendue le
23 juillet 1678 à la requête de dom Marie, prieur de Saint-
Hippolyte, et de Nicolas Rabier, curé de Vivoin, condamna
maîtres Legeay et Surgan, qui n'acquittaient plus fidèlement
les services (3). Les revenus de leur bénéfice ayant diminué
et rendu aux chapelains leurs charges trop lourdes, ils en
demandèrent la réduction à Jacques du Boysmotte, vicaire
général. Celui-ci après avoir consulté le curé de Vivoin et le
curé de Meurcé et reçu leur consentement, décida, le 16 jan-
vier 1694, que désormais les chapelains ne seraient plus obli-
(1) Cf. Charte de fondation des chapelles.
(2) Statuts règlements et constitutions de la confrérie, f» 15.
(3) Archives de Vivoin.
— 138 —
gés de dire pour la Confrérie qu'une seule messe par semai-
ne, chacun à leur tour (1).
La Confrérie avait abandonné pour la dotation des cha-
pelles quarante livres tournois de rente que lui étaient tenus
faire certains particuliers, dont elle remit les obligations
entre les mains des titulaires. De crainte que par leur négli-
gence leurs biens ne vinssent à dépérir, Adam Châtelain les
contraignit de donner chaque année au chapitre général
l'état de leurs revenus et d'indiquer les pertes qu'ils avaient
subies. Le l"'" janvier 154(3 Marin Richard et Gilles Beslin
rendirent au Roi déclaration du temporel de leurs chapelles ;
il se composait de deux journaux et demi de terre, d'un
champ contenant quatre « boessaux de se meures » et des
rentes de trente-neuf livres, dix -huit sols, douze deniers,
trente-cinq boisseaux de froment, dix chapons et une poule,
souvent mal servies. Au dépend de ses biens les chapelains
devaient payer aux seigneurs de fiefs les redevances féodales
et se fournir des ornements et vases sacrés nécessaires pour
la célébration des saints mystères (2). Parmi les rentes énu-
mérées dans l'aveu figurent celles de dix livres, cinq sols
et seize chapons, qu'avait léguée le 30 septembre 1514
François de Mésange, seigneur de la Bussonnière, et celle
de six livres tournois que faisait la Confrérie ; sur cette der-
nière rente, le premier chapelain touchait trois livres, dix
sols, et le second deux livres, dix sols, à la condition d'assis-
ter à la solennité annuelle.
Des dons furent plus tard faits aux deux chapellenies; elles
possédaient au XYII*^ les bordages de la Suzannerie et des
Buttes ; les fiefs de Frebusson et de Bois-d'Orton en Maresché
avec tous les droits qui en dépendaient ; enfin la Flairie à
Teille. Ce dernier lieu était loué trente-six livres en 1636,
cinquante livres en 1709 et soixante en 1738 ; il appartenait
(1) Archives de Vivoin.
(2) Ibidem.
— 139 —
au premier chapelain, qui en conséquence devait faire un
séjour de vingt-quatre heures chaque année chez le curé de
Teille. Malgré ces donations les revenus d*^ ces deux béné-
fices avaient sensiblement diminué à la fin du XVII*' siècle ;
en 1G94, le premier chapelain n'avait plus que quarante-et-
une livres de rentes annuelles, sur lesquelles étaient perçus
les décimes ordinaires et extraordinaires et les dépenses
pour l'entretien des messes.
Comme nous l'avons dit les titulaires des chapelles de-
vaient assister à la fête patronale. Le chapitre général de
1787, considérant qu'ils ne s'y trouvaient que rarement,
décida qu'ils ne toucheraient la rétribution à laquelle ils
avaient droit que lorsqu'ils y seraient venus en personne ou
s'y seraient faits représenter (i).
Ils assistaient en outre à l'office, qui se célébrait le samedi
de chaque semaine. Il était composé d'une grande messe
précédée d'une procession autour de l'église au retour de la-
quelle on chantait un Subvenite. Nous ne savons à quel
temps il fut fondé, il l'était déjà en 1517 : les comptes du
procureur mentionnent en effet en cette année les hono-
raires donnés aux prêtres qui avaient assisté à ce service ("2).
La charge des funérailles de ses membres trépassés in-
combait aussi à la Confrérie. Dès que l'un d'eux était décédé,
ses parents en avertissaient le procureur, qui l'annonçait à
tous les confrères et faisait porter le luminaire et les orne-
ments au lieu où devait avoir lieu l'inhumation. Pour son
salaire celui-ci recevait dix sols prélevés sur tous les biens
du défunt selon ce qui fut statué en 1306 : Que le procureur
(1) Procès-verbaux des chapitres généraux. Décision du 10 septembre
1787.
(2) « Aux curés et chappelains de Vivoing pour une messe dicte à note
en l'honneur de notre Dame au jour du samedi en l'esglise de Vivoing
avecques procession et prière pour les vivans et Subvenite pour les
trespassés, de nouveau érigée et statuée estre dicte par les curé dud.
doyenné de Beaumont et procureur d'icelle confrarie, la somme de cent
sols tournois par an. » Comptes de iôil à 1520, f" 49.
— 140 —
« ou celuy estably de fere assavoir les jours des sépul-
tures auroient sur le meuble du trépassé dix sols une fois
payés et se il n'avoit de quoy les dix soûls seraient pris sur
le meuble de la frarie ». Tous les confrères se rendaient
aux obsèques de ceux qui étaient morts dans le doyenné, à
moins d'avoir une excuse légitime qu'ils devaient présenter
dans les huitjours. S'ils y manquaient ils étaient condamnés
à payer au profit de la Confrérie, une amende d'une livre de
cire. Lorsque le défunt était revêtu du caractère sacer-
dotal, des prêtres « en surplis et estoles » le portaient au
cimetière, d'autres ce en habit de diacre » le mettaient dans
la fosse et jetaient la terre sur son corps ; les laïcs vêtus de
brun se tenaient autour de la bière (1).
Les confrères n'étaient cependant pas tenus d'aller aux
sépultures de ceux qui étaient décédés hors du doyenné ;
ils venaient seulement au service que l'on célébrait en
l'église de Vivoin. La cérémonie de l'enterrement achevée
le procureur fixait la date du sepme, auquel chacun devait
assister sous peine d'être condamné à l'amende d'une livre
de cire.
Il paraît, par la décision du chapitre de 1481, qu'alors les
prêtres du doyenné avaient seuls l'obligation de se rendre
aux enterrements et aux services. Il leur fut en effet rappelé
à ce chapitre qu'ils devaient y venir en personne ou se faire
remplacer par un chapelain et y dire chacun leur messe à
l'intention du défunt. S'ils y manquaient sans excuse légi-
time (( deuement vérifiée par serment in verbo sacerdotis ou
par preuve dedans huit jours » ils étaient contraints à verser
deux sols, six deniers, employés à faire célébrer des messes
pour l'âme du trépassé. Le procureur était en droit s'ils se
refusaient à payer cette amende de les y forcer « par justice
comme de leurs propres dettes». Les curés reçus dans la
Confrérie pour cinq sols et qui ne résidaient pas dans leur
(1) Stat. de 1306, art. 2.
— 141 —
bénéfice devaient enjoindre à leurs chapelains d'aller h leur
place aux services, sous peine d'être mis « dehors de la
frairie (1) ». Déjà il avait été statué en 1415 que lorsqu'un
curé de Beaumont abandonnerait sa cure, il ne serait fait
pour lui aucun service à moins toutefois qu'il ne donnât le
surplus de son prix d'entrée (2).
Les commissaires chargés d'examiner les comptes de
Louis Busson , curé de Saint - Calais, décidèrent, l'année
1544, que désormais les services seraient célébrés par dix ou
douze prêtres seulement, appelés par le procureur. De crainte
que, attirés par l'appât de la rétribution, d'autres ecclésias-
tiques ne s'ingérassent à ces cérémonies, ils voulurent que
dorénavant les procureurs aient soin de mettre par écrit les
noms de ceux qu'ils avaient convoqués et d'apposer « le
brevet à l'huisserie à l'entrée du chœur de l'esglise (3) ».
Les laïcs ne sont plus à cette époque tenus de venir aux
funérailles de leurs confrères, ils doivent néanmoins prier
pour eux. Afin qu'ils n'ignorent pas leur décès et que s'ils le
veulent ils puissent venir leur rendre les derniers devoirs, le
chapitre de 1548 ordonne que lorsque « quelqu'un des frères
ou soeurs sera mort il y aura annonciateure, qui transportera
les cierges ou lieu ou le service se fera tant premier que
deuxième et qu'il sera vêtu d'une haire de toile de couleur
jaune où sera des deux costés l'image de Notre-Dame et
garny d'une clochette qu'il sonnera dans la ville, bourgs et
lieux accoutumés auparavant le commencement dudit ser-
(1) statuts, règlements et constitutions de la confrérie, f" II.
[I] « Si aucun curé du doienné receu en la frarie a cause de sa cure
espsente dou bénéfice hors du doienné et vat de vie à trespassement, les
frères et sœurs d'icelle ne seront tenus dy fere nul service especial mais
non obstant n'est pas privé des bienfaits et prières de lad'« frarie, et
non pourtant si il vouloit augmenter lad"= frarie, les frères et sœurs luy
feront son devoir comme dessus est dit. » Statuts, règlements et constitu-
tions de la confrairie, f" 8.
(3) Comptes de i531 à i543, f» 111.
— 142 —
vice (1) ». Nous croyons que ce curieux usage de crier les
morts existait à l'origine même de la Confrérie et qu'il fut
simplement remis en usage par la délibération de 1548;
nous trouvons en effet dans les comptes-rendus de 1517 à
1543 des sommes allouées « pour le portaige du luminaire
et annonçaige des trespassés ».
Les statuts de 1581 modifièrent les règlements relatifs aux
obsèques des confrères. Les douze prêtres représentant la
société n'allaient dans la paroisse du défunt que .si elle
n'était distante que de moins de deux lieues ; dans le cas
contraire une cérémonie funéraire se célébrait dans l'église
de Vivoin (2).
Ces statuts sont les premiers qui nous apprennent quel
était l'office que l'on célébrait pour les trépassés. A leur
sépulture et à leur septime, on disait pendant deux jours
consécutifs les vigiles et douze messes dont l'une de la sainte
Vierge et les autres de Requiem. Les règlements de 1306
nous apprennent qu'à cette époque les corps des confrères
morts dans le doyenné étaient aussitôt après leur décès
transportés au prieuré bénédictin où se faisait la cérémonie:
(( Fut estably que si aucun frère ou sœur avenoit tré-
passer de cet siècle ou doienné de Beaumont tous les autres
sont tenus être presens a le porter au moustier et estre
presens à tout le service de son enterrement (3) ». En 1742
le service des trépassés se composait de six messes, trois
basses et trois chantées ; la dernière de Requiem dite à
diacre et sous-diacre avec trois chappiers était suivie du
Libéra devant la représentation et du répons Solem avec
l'oraison en l'honneur de la Sainte Vierge. A l'assemblée
du 14 septembre 1767, ces messes furent réduites à quatre :
deux chantées et deux basses en la paroisse du défunt et
autant en l'église de Vivoin (4).
(1) Stat. reglem. et constit. de la conf., f» 17.
(2) Cf. Stat. de 1581.
(3) Stat. de 130G, ait. 3.
(4) Procès-verbaux des ohap. généraux. Délibération du 14 sept. 1767.
U3
Les frais funéraires étaient payés par la Confrérie. Quel-
quefois les défunts laissèrent des sommes pour lui rendre
cette charge moins lourde. Ce fut le cas de noble damoi-
selle Raouline de Vernie, dame de Moire-la-Haute, enterrée
le 16 janvier 1520, qui « à sa dernière volunté donna qua-
rante sols tournois pour subvenir à faire la dépense de son
enterraige et sepme ». A la même époque le procureur
reçut de maître Estienne Groignet , chanoine d'Angers,
cinquante sols tournois pour récompenser la Confrérie de
ce qu'elle avait fait pour défunt Henri Groignet, son frère (1).
Les dépenses des sépultures et septimes s'élevèrent de
1517 à 1520 à quarante- quatre livres, quatre sols, deux
deniers (2), de 1520 à 1521, à vingt-et-une livres, vingt-et-
un sols, dix deniers (3); de 1537 à 1543, à soixante-seize
livres, onze deniers (4). En 1537 on convint que pour leur
assistance « à ces cérémonies les douze prêtres recevraient
chacun douze deniers et que l'on donnerait la même rétri-
bution au sacristain de la paroisse pour sonner les cloches
et au procureur de fabrique pour fournir le vin et les orne-
ments (5). L'année 1560, il fut alloué dix-huit deniers aux
curés et quinze deniers aux autres prêtres. Plus tard les
curés et le procureur de la Confrérie touchèrent deux sols,
six deniers, les prêtres quinze deniers et le sacriste douze
deniers ; en 1570, les curés et le procureur avaient droit à
.six sols et les prêtres à cinq sols. Tous les prêtres furent
indistinctement payés, en 1574, six sols, et en 1580 dix
sols (6). L'année 1767, le chapitre régla que les curés pren-
draient les services à leur charge et percevraient de ce chef
deux livres dix sols (7).
(1) Comptes de i520 à i52i, f" 128.
(2) Comptes de ioil à i5W, f^^ 50-57.
(3) Comptes de i520 à i52i, f"> 132-135.
(4) Comptes de 1531 à i543, f" 111-129.
(5) Idem, f» 111.
(6) Histoire de la confrérie, ohap. H, art. l"", f" 43.
(7) Procès-verbaux des chapitres généraux. Délibération du 14 septembre
17G7.
- 144 —
La coutume existait au XV^ siècle de donner les jours des
sépultures un repas aux confrères présents. Condamnée
comme abusive en 1450 (1), elle n'en continua pas moins
dans les années suivantes. Les comptes du procureur de
1469 portent en effet les sommes dépensées aux dîners des
services, en 1472 chacun paya son écot (2). Nous voyons le
même abus persister pendant le XVI« siècle : « Le mardy
après l'angevine \^ xix fut faict l'enterraige de Philippe La
Prevoste auquel fut faict la deppense de la somme de dix
sols six deniers, et le sourpelus prins du reste du relicqua
du disner du siège de la Confrarie (3) ». Le 16 janvier 1520
à la sépulture de Raouline de Vernie, l'on paya pour le
repas trente-huit sols (4). « Le mardi et mercredi xvi et xvii
septembre (1538) furent faictz les services d'enterraige et
sepme de feu Colin Dauge cousta seulement dix sols pour ce
qui leur fut donné du vin, pain et viande du reliquat du
disgner de la Confrarie qui avoit esté le jour précédent en
l'oustelerye (5) ».
Les certificats de l'accomplissement des services étaient
donnés par le curé chez lequel ils s'acquittaient, sur un
registre que signaient les prêtres assistants ; le procureur
déhvrait l'attestation de ceux faits à Vivoin. La formule
usitée était : Je certifie a tous qu'il appartiendra que le ser-
vice de la confrarie de Notre Dame a été fait en mon église
pour le par chacun de (6) ».
Les archives de la paroisse de Vivoin conservent deux
registres d'acquit allant de 1644 à 1656.
(1) « Les jours que les confrères s'assemblent pour faire les services des
trespassés soit obit soit sepme ne se fera aucune dépense après lesd,
services soit qu'ils soient célébrés dans l'esglise dud. Vivoing soit dans le
doienné de Beaumont, » Slat. Règl. et const. de la conf., fo 9.
(2) Histoire de la confrérie, cb. II, art. I^"", f» 47.
(3) Comptes de i5il à i520, f» 54.
(4) Comptes de i5-20 à i52i, f» 132.
(5) Comptes de i537 à i543, f° 112.
(6) Histoire de la Confrérie, Ch. des charges, f" 122.
— 145 —
En plus de ces services la Confrérie en faisait célébrer
certains autres pour la dotation desquels quelques-uns des
confrères avaient abandonné des sommes d'argent ou
constitué des rentes (1).
L.-J. DENIS.
(A suivre.)
(1) Julien Moulard, sieur de CroUay, prêtre, fonda au XVH* siècle un
service avec vigiles le jour de la fête de Saint Julien, et une grand'messe à
diacre et à sousdiaci e qui serait chantée en l'iionneur de ce saint apôtre
chaque vendredi de l'année. — Le 19 juillet 1640, Renée Moulard aban-
donna à la confrérie une somme de vingt-cinq livres pour qu'il soit dit,
aux fêtes de Saint-Joseph et de Sainte-Anne, les premières et secondes
vêpres, matines et la grand'messe, et le lendemain du jour de Sainte-Anne
une messe de Bequiem avec vigiles. — Dès 1639 Ton faisait à Vivoin un
oflice le lendemain de la Présentation pour M'^ Christophe de Vassé, prieur
de Rouessé. — Michel Le Geay, prêtre, par son testament du 14 septembre
1641 et son codicille du 2 novembre suivant, fonda deux services qui
devaient être célébrés pour le repos de son âme; le premier en la chapelle
de Saint-Michel le jour de la fête de cet archange et l'autre le lendemain
en léglise de Vivoin. — Jehan Voysins, sieur de Corbon, légua à la
confrérie, le 19 novembre 1642, un capital de trois cent vingt livres
pour célébrer, à son intention, à celle de Françoise Rougeteau sa première
femme et de défunte Perrotte sa seconde, une messe de Beata le premier
samedi de chaque mois, et le jour de la Saint-Jean-Baptiste vigiles et trois
grand'messes. Il demandait en outre que l'on chantât aux mêmes inten-
tions le Stabat suivi de l'oraison avant les premières vêpres de lAnnon-
ciation, de l'Assomption et de la Chandeleur. — Par acte du 10 septembre
1657, Elisabetli Savary chargea la confrérie de célébrer le jour de la
Visitation l'office entier de cette fête et un service des morts le lendemain,
en retour elle fit don de quatre cents livres. — Un vicaire de Maresché,
Pierre Loppé, donna le 3 juillet 1688, deux titres de rente de vingt-deux
livres dix sols pourque l'on fasse célébrer chaque année en l'église de
Maresché, le lendemain du siège « l'office double de première classe » et
le lendemain un service funèbre. {Communication de M. l'abbé Legouay,
curé de Maresché.)
XL 40
LA PAROISSE
DE
LA S U Z E
AU XVe SIÈCLE
D'APRÈS LES COMPTES DE FABRIQUE
On conserve au presbytère de La Suze quelques comptes
rendus aux paroissiens, par les procureurs de fabrique,
pendant le XV^ siècle. Nous allons nous en servir, pour
exposer le plus brièvement possible, de quelles ressources
l'église de La Suze était alors pourvue et quel emploi en
était fait. Les plus anciens de ces comptes commencent en
l'année 1420 et s'arrêtent en 1427. Un second groupe com-
prend une période plus longue, s'étendant de 1461 à 1490.
Il est à propos d'observer que la date à laquelle les pro-
cureurs entraient en charge, variait singulièrement. On les
voit se reconnaître responsables de l'administration des
deniers de la fabrique, tantôt au 1 novembre (1), tantôt
à la Saint - André, soit au 30 novembre (2), tantôt à
l'Angevine, soit au 8- septembre (3). Le temps pendant lequel
ils exerçaient, n'offre pas plus de régularité ; ils abandon-
naient leurs fonctions, tantôt après cinq années d'exercice
et tantôt après une seule. Enfin, à partir de 1461, il n'y eut
(1) Comptes de 1474.
(2) Comptes de 1420.
(3) Comptes de l'tGl.
— 147 —
plus qu'un seul administrateur, tandis que, de 1420 à 1427,
il y en avait eu deux.
Les revenus dont ils disposaient, provenaient, pour une
part, des rentes servies par les détenteurs ou les locataires
des immeubles appartenant à la fabrique. Ces biens-fonds,
au nombre de douze (1) et d'importance d'ailleurs très
diverse, étaient affermés, en 1420, pour une somme totale
de quatre-vingt-seize sols par an. En 1427, ils n'étaient plus
loués que quatre-vingt-deux sols trois deniers. Les recettes
éventuelles (2) atteignaient un chiffre relativement bien plus
élevé. En 1420, elles s'élevèrent à dix livres, cinq sols, non
compris cinq livres de cire qui furent employées pour le
luminaire de l'église ; en 1422, elles furent de douze livres
sept sols six deniers, mais les cinq années suivantes, il n'en
est plus fait mention. On en devine aisément la cause. Les
Anglais qui, dès 1417, s'étaient établis sur la frontière ouest
du Maine, enhardis par leurs succès, battaient déjà la cam-
(1) Le plus important était celui qui s'appelait la Maison-Dieu et qui était
alTermé pour la somme de trente-deux sols.
(2) Ces recettes éventuelles provenaient, soit de la vente faite par le
procureur de fabrique, d'objets hors d'usage, tels « une sallade », casque
du franc archer, cédé en 1474, à Macé Badin, pour cinquante sols ; « un
vieil manteau de drap vendu à messire Jehan Mestivier, x s. » en 1484 ;
soit du produit des ruches établies sur les terres appartenant à la fabri-
que ; ainsi, en 14'20, Etienne Desrée paie cinquante-cinq sols « pour
avectes » ; un « demy vesseau d'apvette qui estoit à la Jarriau (est) vendu
au plus offrant, vu s. vi d. » en 1474; soit des legs une fois payés faits en
faveur de l'église, comme celui de dix livres, qui fut reçu, en 1423, « des
héritiers de feu maistre Jean de la Forest » ; soit de. la vente des produits
en nature, tels que du beurie, offerts par les fidèles à la fabrique, laquelle,
pour le recevoir, se munissait de vases spéciaux, comme en témoigne
l'article suivant ■
« Item en potz achatez pour la bouete à mectre le beurre qui est donné
àlad. bouete, xii d. » Comptes de 1478.
148
pagne (1) ot ne craignaient pas de s'aventurer jusque
sous les murs du Mans. Il n'y avait plus de sûreté
nulle part, et les bourses se fermaient toutes seules.
Jamais cependant la fabrique n'aurait été secourue plus
à propos. Les procureurs avaient en effet à faire face
à de multiples dépenses. Les seigneurs de fiefs auxquels
ils devaient des cens, et parmi eux nous trouvons, le
seigneur de La Suze (2), « le segreyer de Longaulnoy (3) »,
le seigneur de la Roche (4), celui de la Vivencière (5) et le
prieur de Roëzé, ne leur faisaient point grâce des dix sols,
dix deniers oboles qui étaient inégalement repartis entre
eux cinq. Il fallait par ailleurs pourvoir aux frais du culte.
Le luminaire des fêtes de Noël, de Pâques et de saint Julien,
martyr, coûta, seul, pour l'année 1421, douze livres quatre
sols huit deniers. On acheta pour deux sols six deniers
d'encens. On paya « à un appelé Houdomen pour une
chappelle à porter Dieu le jour du sacre, » vingt-trois sols
quatre deniers. Le doyen de Vallon étant venu visiter l'église,
n'y trouva point tout en ordre. On lui bailla treize sols quatre
deniers « affm de les supporter de plusieurs choses dont il
les chargeait ». On donna trois sols quatre deniers au procu-
reur qui était allé au Mans chercher le saint chrême, et cinq
sols, à un homme de peine qui avait travaillé pour la
fabrique. Des frais de justice, dont ni l'occasion ni le sujet
ne sont clairement indiqués, s'élevèrent à quarante sols. Ce
(1) « Item pour la paine et despence de Katherine la Fortine qui fut
envoyée au Mans quérir du cresme, pour ce que le procureur n'y ouzoit
aller pour doubte des Angloys qui estoient sur le pays, v s. » Comptes
de 1423-24.
(2) Le seigneur de La Suze était alors Jean de Craon. Cf. Bertrand de
Broussillon, La Maison de Craon, t. II, p, 70 et seq.
(3) Cf. Union historique et littéraire du Maine, t. I, p. 376-381.
Philippe "VI de Valois dans le Maine, par l'abbé Ledru, et t. II, p. 296-300.
(4) La seigneurie de La Roche était alors possédée, croyons-nous, par
la famille de Patras.
(5) La Vivencière, située à un kilomètre de La Suze ; nous ignorons
quels en ont été les possesseurs.
— 149 —
dernier article, mit le budget en déficit, d'environ deux livres.
On l'équilibra à l'aide de l'excédant des années précédentes,
mais cet excédant n'était pas inépuisable, aussi dut-on im-
médiatement se priver de ce luxe de torches et de cierges
qui occasionnait de si grands frais. Néanmoins, on continua
d'y consacrer une somme d'environ quatre livres. Des
dépenses plus urgentes s'imposaient, dont la guerre était la
cause et que l'on n'aurait su remettre à plus tard. En 142t2,
les Écossais, tristes et fâcheux alliés du roi de France, rom-
pirent l'une des portes de l'église (4). On la répara vaille
que vaille. Nous n'oserions, puisque nos comptes ne les en
chargent pas, imputer à la mémoire de ces malandrins, la
réfection forcée dont la toiture du même édifice fut l'objet,
en 1422. Ce travail fut exécuté par Guillaume de Bouchevreau,
qui y consacra trente-neuf journées, rétribuées à raison de
quatre sols, deux deniers, l'une. Il employa quatre milliers
de tuiles creuses, payées vingt sols le mille (2). On les
amenait, à pied d'œuvre, à l'ouvrier auquel on fournissait
également les échelles dont il avait besoin.
Les procédés dont on usa dans le paiement de ces fourni-
tures et de ces travaux, laissent voir déjà à quelles extrémités
on en était réduit dans les transactions commerciales. La
misère des temps avait amené l'affaiblissement des espèces
monétaires, aussi les procureurs prennent-ils la peine d'in-
diquer ce qui a été soldé, soit en forte, soit en faible monnaie.
Puis la vie sociale s'arrêta brusquement. Il faut avoir passé
en pays envahi, le terrible hiver de l'année 1870-71, pour
(1) « Item, pour rapparailler la claveure du petit liuys de l'église que
les Escoqzais avoient rompue, u s. vi d. » Comptes de 14'21-22.
Item, pour journées et despence d'un cherpentier qui apparailla le petit
huys de l'église que les Escoczais avoient derompu ». Comptes de 14'22-2'3.
(2) « Item, paie à Guillaume de Bouchevreau qui fut par trente-neuf
journées à coupvrir sur l'église par marché fait avecques luy pour chacun
jour tant poui- journée que pour despence, iiil s. Il d., vallant viil 1. ïi s.
VI ». Premièrement, pour quatre milliers de tuille creuse prinse chiex
Gascelin, chacun millier xx s., valant un 1. » Comptes de 1422-23.
— 150 —
savoir quels troubles apporte dans les relations journalières
la présence continuelle de l'ennemi. On vit au jour le jour ;
tout est remis à des temps meilleurs, et nous ne disons rien
des tracasseries et parfois des criantes injustices dont les
vaincus sont victimes. Qu'advient-il quand l'occupation
ennemie se prolonge vingt-cinq ans durant ou à peu près,
quand les envahisseurs forment des bandes indisciplinées.
La Suze toutefois semble avoir souffert, moins que mainte
autre localité, de ces calamités publiques. Lorsque, en effet,
nous pouvons reconnaître de nouveau le jeu régulier de
l'administration fabricienne, celle-ci dispose de ressources
notablement accrues. Douze années se sont, il est vrai,
écoulées déjà, depuis le départ définitif de l'Anglais, mais, si
les pertes subies, comme en tant de paroisses, avaient été
énormes, ce laps de temps n'aurait pas été suffisant pour
reconstituer l'avoir de la fabrique dans des conditions
meilleures que celles dont nous avons indiqué tout d'abord la
teneur.
Les immeubles dont le procureur perçoit les revenus,
sont tout à la lois, et plus nombreux et affermés à de
meilleures conditions. Ainsi le plus important de ces biens-
fonds, celui de la Maison-Dieu, rapporte quarante-cinq sols
de loyer, en 1461, contre trente-deux, en 1420 Pour la
période triennale qui va de 1461 à 1464, les recettes furent
de trente-trois livres huit sols trois deniers ; elles s'élevèrent
donc, année moyenne, à environ onze livres deux sols. Une
agglomération urbaine autrement importante, celle de Saint-
Galais, n'accusait pas, à la même époque, un revenu beau-
coup plus élevé, pour un nombre d'habitants assurément
plus grand (1). Dans ce total de onze livres, étaient compris :
1° les droits payés pour les inhumations faites dans l'église,
et qui, à raison de vingt-cinq sols pour chacune, produisirent,
en 1461, soixante-quinze sols ; 2° les offrandes déposées par
(1) Cf. L. Froger, La paroisse et l'église Notre-Dame de Saint-Calais,
in-i"; p. 8.
151
les fidèles au banc d'œuvre, dans ce qu'on nommait alors
« la bouete », et qui, en l'année précitée^ ne dépassèrent
pas huit sols six deniers.
Si peu importantes que nous apparaissent, au premier
coup d'œil, ces différentes ressources, elles suffisaient néan-
moins, soigneusement ménagées, à l'entretien de l'église et
aux frais du culte, si bien qu'au bout des trois ans, la mise
totale ayant été de vingt-six livres, quatre sols, cinq deniers,
le procureur put accuser un excédant de sept livres, trois
sols, dix deniers. Pour être absolument véridique, il convient
d'ajouter que, dans les réparations, on s'était borné au strict
nécessaire. Les cinq tenêtres du chœur avaient été pourvues
de verrières très ordinaires ; on avait élevé une courtine sur
l'autel Notre-Dame ; la serrure du tabernacle avait été
reparée ; un copiste, nommé Jobbin, avait transcrit un livre
au compte de la fabrique (1).
Peu à peu, la fortune publique .^'étant reconstituée et
l'aisance étant devenue générale, les paioissiens de La Suze
se déterminèrent, en 1473, à entreprendre la réfection com-
plète de la charpente et de la couverture du chœur de leur
église. A cet effet, ils se cotisèrent, ou pour parler plus
exactement, après en avoir reçu la permission de l'autorité
ecclésiastique, ils repai tirent sur eux tous, au prorata de la
(1) « Item, poia led. procureur pour l'aparreil de cinq vitres du chans-
seau, Lxx s.
Item, poia led. procureur pour allonger les barres de fer de la vitre de
devers la dove et pour en fere deux neuvaines, la somme de m s. ix d.
Item, poia led. procureur à Jehan Baudouyn et Guillaume Taret qui
furent quatre jours à faire la charpenterie à meptre la tente sur l'autel
Notre-Dame, m s. viii d.
Item, print led. procureur en lad. bouete, dix deniers pour bailler au
messaiger qui alla à Saint-Ouen queriz le livre que Jobbin laisoit pour la
fabrique.
Item, poia led. procureur pour le résidu du livre qui estoit dû à Jobbin,
la somme de xx s.
Item, poia led. procureur à Jehan Lemoulnier pour abiller la serrouse
du tabernacle, v d. ob. » Comptes 1401-62.
— 152 —
fortune présumée de chacun, une imposition, nommée
« taux », qui tut versée entre les mains du procureur. Elle
produisit une somme de dix-huit livres. Un seigneur de
l'endroit y ajouta une offrande de sept livres dix sols. Les
espèces sonnantes déposées dans le tronc ou la « bouete »
s'élevèrent à sept livres dix sols trois deniers oboles, chiffre
de beaucoup supérieur à celui des années précédentes. La
vieille charpente, mise en vente, et les déchets du bois qui
avait été employé pour la nouvelle, furent adjugés pour
quatre livres six sols trois deniers. Une femme offrit un
chêne (1).
Le bois qui fut mis en œuvre, provenait des futaies de La
Houssaie, de Louplande, de Préaux et du Bois-Barbet.
La charpente, exécutée par Micheau Barouille, pour la
somme de sept livres, fut levée, le 13 et le 14 novembre
1473. A cette occasion, on servit aux ouvriers un repas dont
une épaule de bœuf semble avoir été la pièce de résistance.
Les chevrons furent montés un mois plus tard. Les charpen-
tiers, ne résidant pas à La Suze, y étaient logés aux frais de
(1) « Itern, compte le procureur avoir reçu de messire Philippe de la
Noe, pour trois milliers de taille qui avoit esté descendue de dessus le
chanceau et baillée aud. curé, comme au plus otrrant, à la somme
de XVIII s III d. le millier, Liiii s. ix d.
Item, dudit curé pour la veille charpenterie qui estoit sur led. chan-
ceau, la somme de xxv s.
Item, pour certain bois qui estoit demeuré de celui dont on a fait la
lacté à mectre sur led. chanceau, lessé à Jacquot Dugué, comme le plus
offrant, à la somme de vu s. vi d.
« Item, compte iceluy procureur avoir reçu des paroissiens par le menu,
la somme de xviii 1. t. à luy baillées à lever sur lesd. paroissiens par
certain taux fait et baillé aud. procureur, ainsi cy mis, xvin 1.
Item, compte iceluy procureur avoir reçu de Monseigneur de Broce la
somme de vu 1. x s. qu'il donne pour aider à la léparation de l'église et
pour ce, VII 1. x s.
Item, pour faire abattre un cliesne, pour paie et despens, xx d., lequel
chesne Tlieffaine la Barbote avoit donné, pour ce, xx d. » Comptes de
1473.
— 153 —
la fabrique (1). Le maçon, Guillaume Savary, servi par deux
manœuvres, Guillaume Moreau et Mathurin Picouleau (2), se
chargea des travaux de maçonnerie que cette restauration
occasionna.
L'ardoise, achetée à Malicorne, à raison de quarante sols
le mille, fut amenée par des charretiers qui, par harnais et
par jour, recevaient trois sols quatre deniers. Douze milliers
de clous à couronne, payés quatre sols sept deniers le mille,
servirent à la fixer.
Les couvreurs ne montrant pas un grand empressement à
entreprendre le travail qu'ils avaient soumissionné, le pro-
cureur dut aller leur adresser une sommation. Eux aussi se
gîtèrent chez un hôtelier, mais sans qu'il leur en coûtât
rien, et, leur besogne terminée, ils reçurent un salaire de
onze livres (3).
L'année suivante, toutes les verrières de l'église furent
(1) c( Item, le lundi xiii^ jour de novembre et le mardi ensuivant fut
levée la charpenterie du chanceau de Téglise, dont led. procureur poia
pour les despens des gens qui levèrent lad. cliarpenterie pour lesd. deux
journées, la somme de x s. vu d.
Item, à Guillaume Baudouyn poia led. procureur pour une espauUe de
beuf et autre viande pour la levée de lad. besogne, la somme de x s.
Item, le mardi xiiiii^ jour dud. moys de décembre, pour la despense du
charpentier, sou varlet et des couvreux qui montèrent les chevrons sus
les pilliers dud. chanceau, la somme de x.x d.
Item, a paie led. procureur à Micheau Barouille pour la charpenterie
qu'il a faicte sur led. chanceau ainsi qu'il appert par le marché faict avec
luy parles paroissiens, la somme de va 1. » Comptes de 1473.
(2) « Item, le mercredi xv jour de février iin'= lxxiii (v. s.) pour la
despence faicte par Gillet Savare qui acheva les pilliers dud. chanceau, de
maczonnez, et de Guillaume Moreau et Mathurin Picouleau qui furent à le
servir^ la somme de iiii s. « Comptes de 1473-74.
(3) « Le v^ jour de septembre, l'an dessus dit lxxiii pour led. procureur
pour la despence de Pierre Guyschart qui estoit venu à La Suze pour
marchander à couvrir le chanceau de l'église, c'est assavoir pour son
disner dud. jour x d. ; pour le vin de marché, paie chez Jaquet Dugué et
pour une mesure d'avoine au cheval dud. couvreux, pour le tout, ii s. il d.
Item, pour un voiage que led. pi-ocureur fist à retourner à Luché,
sommer led. Guyschard et ses persoiinters de venir parachever lad. beso-
gne, paia led. procureur, ii s-
— 154 —
réparées (1). Une moitié de la nef ayant été recouverte en
1475, le surplus le fut en 4478 (2).
Après avoir ainsi mis en état le gros œuvre de l'édifice,
on songea à en orner l'intérieur et à le pourvoir d'un mobilier
convenable. Un peintre le décora en 1481 (3).
La statue de saint Julien de Brioude, patron de l'église,
fut restaurée (4). Les calices furent, en 1482, l'objet de
Item, à Jehan Rouelle, pour avoir logié les couvreux pendant le temps
qu'ils ont couvert led. chanceau, la somme de vu s. vi d.
Item, dud. Guyschart pour sa paine et sallaire d'avoir couvert led.
chanceau, la somme de xi 1. t. ; ainsi qu'il appert par les marchez faiz par
lesd. paroissiens avec led. Guyschart, et pour ce, cy mis, xi 1. »
(1) « Item, à Robert Moreau, vierier, pour la réparation des vitres de
l'église, fut marchandé à luy à la somme de trente-cinq s. avecques une
charretée de boys qui luy fut promise qui cousta xv d. ; aussi en vin de
marché fut deppendu aultres xv d. en toute somme, xxxu s. vi d. »
Comptes de 1474.
Cinquante ans après, en 1525, un autre verrier, Claude Orry, répara les
mêmes verrières. Comptes de Jehan Devaulx,
(2) « Item, fut marchandé à ung nommé le Roy, demeurant au Grant
Saint George pour couvrir la neef de l'église, pour le cousté qu'il couvrist
et pour le logeis de luy et de ses varletz, cousta, lx s. » Comptes de 1475
« Item, à René Denyau par marché fait avec luy pour couvrir l'un des
costez de l'église, pour paye et despens, la somme de cinquante solz »
Comptes de 1478-79.
(3) « Item, en l'année CCGG iiii xx et ung fut faict marché par led. pro-
cureur, avec le paintre de faire certaines paintures en l'église, es pré-
sence de Jehan Troillart, René Gaignart, Michel Savigné et autres ; en
despence du jour dud. marché, m s. nu d. Item, aud. paintre, pour led.
marché, lvi s. i,x d. et pour deux aulnes de toille que led. procureur
bailla aud. paintre, qui est de la fabrice, pour ceulx qui descendirent le
crucifi, pour le habillez, vu d. qui est pour le tout, lvii s. iiii d.
Item, pour les despens dud. procureur de quant il aida à chaufaulder
en l'église pour faire les paintures comprins choppine de vin et deux
denrées de pain, xviii d. ob.
Item, au paintre qui a besogné en l'église, XL s. »
(4) « Item, à Guillemin Tarel par marché fait avecques luy ès-présence
de René Gaignart et Pierre Cheval, xii s. vi d. t., pour avoir fait ung
esseul pour le groux saint de l'église dud. lieu de La Suze, pour ce, xii s.
VI d.
Item à Colin Bernières pour les forgeures dud. saint, viii s. v d. es
présence de René Gaignart et Jean Mestivier et pour le pain et vin à
— 155 —
réparations importantes ; elles causèrent de réels ennuis aux
paroissiens. L'orfèvre qui s'était chargé du travail, et qui
résidait alors au Mans, en sortit pour s'établir à Morannes
en Anjou. C'est là que le procureur dut se transporter, pour
forcer l'ouvrier, une monition de l'official à la main, à rendre
l'objet qui lui avait été confié (1). Tout se passa paisiblement
en 1484, quand un autre orfèvre promit « d'habiller » un
second calice (2).
L'instrument de paix fut réparé cette même année (3). On
s'était précédemment pourvu « d'un petit bassin pour chauffer
l'eau pour baptiser les enfans » (4). On renouvela les vases
aux saintes huiles (5). Les livres de l'église furent complétés.
ceulx qui descendirent et qui remontèrent led. saint, deux unzains qui est
pour tout, X s. III d. » Comptes de 1479-84.
(1) « Item, du jour qu'il fut marchandé avecques l'orfèvre du Mans pour
habiller le calice de La Suze, en pain et vin, ii s. x d.
Item, quant led. procureur fut à Morenne sommer led. orfèvre qui y
estoit allé demourer, de rendre led. calice, luy cousta en despence pour
luy et pour une jument qu'il avoit mené, et pour ung fer à icelle jument,
m s. X d.
Item, pour un rogat de mons"" l'official du Mans, pour traicter led.
orfèvre au Mans, pour ce qu'il demeurait en Anjou, iiii s. un d.
Item, en pion mis en la verge dud. caHce le jour que il fut benoist
xvii d. Item, aud. orfèvre pour poyement dud. calice et par appoincte-
ment fait avecques luy, par Jacques Dugué, .Tehan Troillart, Guillaume
Charbonnier, Micheau Savigné et aultres plusieurs, et en oultre xxviii s .
donnés par Madame, et de verges rompues données par aucunes personnes,
la somme de xii s. » Comptes de 1482.
(2) Item, pour les despens dud. procureur de quant il fut au Mans j
porter le calice de l'église pour estre habillé, xii |d.
Item, pour le habillaige dud. calice, x s.
Item, pour une once d'argent que led. procureur fisf, mectre oud. calice,
XX VII s. VI d.
Item, en oultre lad. once, demy groux d'argent, vallant xviii d.
Item, pour la dorreure dud. calice, xvii s. vi d. » Comptes de 1484.
(3) « Item, pour habiller la paix, x.xii d. » Comptes de 1484.
(4) « Item, ponr ung petit bassin qui a esté achaté pour chaulïer l'eau
pour baptiser les enfans, iiii s. ii d. » Comptes de 1478.
(5) « Item, pour le change des petiz orffeulz de l'église et pour la touche
qui est en l'estuy du cresnie, m s. un d. » Comptes de 1479-80.
« Item, pour une ampole pour porter la onction aux malades par la
— 156 —
Un copiste, André Lemelle, auquel on fournit toutes les
matières dont il avait besoin pour exécuter son œuvre,
transcrivit l'office de la Visitation qui manquait, soit à
l'antiphonaire, soit au missel. Il ajouta « les passions » à ce
dernier volume (1). Le pupitre sur lequel ces livres étaient
déposés pendant les offices, fut refait en 1487 (2).
C'est à cette même époque que la croix de procession fut
achetée. Tout d'abord, le procureur s'était entendu avec un
orfèvre qui, moyennant la somme de trente sols, avait pris
l'engagement de remettre en bon état, celle qui servait déjà
à l'église, mais les paroissiens mécontents de cet arrange-
ment et désireux de posséder une croix neuve, renvoyèrent
leur mandataire près du même ouvrier. Pour être assuré de
procurer à ses commettants un objet qui leur donnerait
toute satisfaction, le procureur prit la peine d'examiner la
croix que possédait l'église Saint-Benoît du Mans, puis il en
commanda une semblable à l'orfèvre qui convint de la fournir
à un jour convenu. Seulement quand, l'échéance arrivée, on
paroisse, achatée au Mans, par led. procureur, le vii^ jour de juin
iiii': un XXII, VII s. un d. » Comptes de 1479-84.
(1) « Item, pour le libvre où est le service de la Visitation Notre-Dame,
que led. procureur a fait faire et pour lequel il a poyé la somme de xiii s. »
Comptes de 1479-84.
« Item, à André Lemelle par marché faict avecques luy de reliez et
habillier certaine partie des livres de l'église, et pour faire et escripre les
passions, la somme de lxv s.
Item pour deux peaux de veau achatées pour recouvrir lesd. livres, v s-
Item, pour deux peaux de parchemin, m s. vi d.
Item, pour demye once de vermillon, demye once de verniz et demye
once de colle, xiii d. » Comptes de 1484-85.
« Item a poié lesd. procureur pour le parchemin des passions qui ont
été fait faire pour servir à l'église et pour le parchemin du mesel de lad.
église, IX s. Il d. » Comptes de 1486-90.
(2) « Item, à Colas Bourgoing par marché fait avecques luy par led.
procureur, la somme de quatre livres tournois, pour poye et despens
d'avoir fait de son mestier de menuyserie le grand lecterel de l'église
avecques deux acoudouers, en vin de marché, cinq solz.
Item, a poié led. procureur à Colas Bourgouing menuisier pour un
lectril qu'il a fait à l'église, vingt-sept sols six deniers. » Comptes de
1486-90.
— 157 —
alla la lui réclamer, il refusa de s'en dessaisir. Bien que les
comptes n'en disent rien, peut-être ce refus était-il motivé.
Soupçonnant la loyauté de l'ouvrier, le procureur eût été,
ce semble, bien aise d'expérimenter et d'essayer son œuvre,
avant de lui en verser le prix, mais l'orfèvre n'entendait pas
de cette oreille, et, sept fois de suite, il trouva des prétextes
pour justifier le retard qu'il mettait à présenter son travail.
Las d'attendre, les paroissiens lui firent adresser par le
lieutenant du sénéchal du Maine, une sommation d'avoir à
leur livrer la croix. 11 la donna alors, mais contre argent
comptant. On la porta d'abord à Malicorne, sans trouver
personne qui fût en état d'en vérifier le titre, puis à La
Fontaine-Saint-Martin, où on la reconnut de bon aloi(l).
Dans ce même temps, le procureur faisait acquisition
d'une bannière, d'aubes et de surplis. Ces derniers objets
furent façonnés au Mans avec la toile ourdie et tissée à La
(1) « Item, le jour que led. procureur alla au Mans, par le commande-
ment des paroissiens pour faùe habille)' la croiz de l'église à ung orfèvre,
auquel il marchanda à la somme de trente sols tournois pour la despence
dud. procureur, led. jour, ii s.
Item, pour ce que lesd. paroissiens ne furent pas cor.tens dud. marché,
retourna led. procureur aud. lieu du Mans, et marchanda avecques led
orfèvre de fere lad. croiz toute neuve à la somme de dix livres tournois.
Item, pour veoir la croiz de Saint Benoist du Mans pour faire celle dud.
lieu de La Suze au patron, x d.
Item, de quant le procureur retourna aud. lieu du Mans pour avoir lad.
croiz, lit adjourner led. orfèvre par devant le lieutenant de mons'' le sen-
néchal par un sergent du Mans auquel il poya pour sa peine, xii d.
Item, du jour que led. procureur retourna aud. lieu du Mans, quérir
lad. croiz pour ung pot de vin qu'il donna à celuy qui luy presta de l'ar-
gent pour poier led. orfèvre, xv d.
Item, aud. orfèvre pour la faczon et dôrreure de lad. croiz, ixl .
Item, de quant led. procureur alla à Malicorne et porta lad. croiz pour
la faire visiter à quelque orfèvre ou à aucuns monnoyeurs, pour ce que
led. jour il y avoit assemblée aud. lieu de Malicorne, mais ne trouva au-
cuns à qui fere visiter lad. croiz, poya pour sa despence, xii d.
Item, pour la Visitation de lad. croiz à La Fontaine Saint-Martin et pour
les despens dud. procureur, ii s.
« Item, pour la painture du bâton de la croix et pour l'ajutez, deux
solz. » Comptes de 1486-90.
158
Suze , par un tisserand, au compte de la fabrique (1).
A la différence de la plupart des églises d'alors, dépour-
vues de sacristie, celle de La Suze en possédait une où les
clercs revêtaient pour les cérémonies, les vêtements sacrés,
habituellement serrés dans des coffres ou bahuts destinés à
cet usage (2).
II va de soi que le jour où ces achats devinrent possibles,
on revit aux principales solennités de l'année, le brillant
luminaire (3) dont on avait été forcé de se priver au moment
de l'invasion anglaise.
II
En dehors des dépenses qu'imposait le service religieux,
nous voyons encore la fabrique faire les frais des instruments
dont les fossoyeurs se servaient pour creuser au cimetière
les fosses des morts (4) ; prendre à sa charge, comme du reste
(!) « Item, pour l'enseigne neufve de l'église, quarante sols tournois ;
pour la frange de lad. enseigne, m s. ix d., et pour la paine de l'avoir
cousue, VIII d., pour ce, XLiiil s. v d. »
<(. Item, pour la faczon de six sourpeliz que led. procureur a fait faire
au Mans pour servir à l'église, de certaine pièce de toille qui avoit esté
fête pour lad. église, xxx s. t.
« Item, à une femme qui a habillé les sourpeliz et les aulbes de l'église,
II s. »
« Item, pour les despens d'un homme qui a hourdy une pièce de toille
pour l'église, doze deniers. Pour la farine et, pour gresse mise dans lad.
toille, trois deniers et pour la faczon, dix-sept sols. » Comptes de 1486-94.
(2) « Item, pour une serreure que led. procureur a fait mectre en la
huche du revestiaire en laquelle on met les ornemens et les libvres de
l'église, III s. » Comptes de 1884-85.
(3) Pour donner une idée de l'argent que l'on y consacrait, nous cite-
rons cet article :
(( Item, pour le cierge benoist et deux boulons (gros cierges) le tout
pesant unze livres de cire, vallant la livre ouvrée, six solz troys deniers
qui est pour le tout, Lxvm s. ix d. » Comptes de 1486-90.
(4) « Item,, pour une palle ferrée pour faire les fousses au cymeterres,
iiix s. VI d. » Comptes de 1478.
— 159 -
les ordonnances royales l'y obligeaient, l'entretien du franc
archer (1). Elle entretenait aussi à la Maison-Dieu, un lit qui,
pensons-nous, était destiné aux indigents (2). En cas d'épi-
démie elle devait, selon toute apparence, prendre des mesures
pour combattre la contagion (3). Le procureur avisait encore
à ce que l'impôt ou la taille fût répartie à temps entre les
contribuables (4). Il veillait à ce que le presbytère fût
entretenu en bon état, n'hésitant pas à faire mettre sous
séquestre les biens de la cure sur le revenu desquels les
frais occasionnés par les réparations, devaient être pré-
levés (5). Cet article de nos comptes est un des rares
« Item, pour une tremche qui a esté achatée pour faire les fousses ou
cymetere pour les trespassez, v s. » Comptes de 1478.
(1) « Item, par le commandement de Jaquet Dugué, Guillaume Gaignon
et autres des paroissiens, a esté baillé par led. procureur à Jehan Saucaire,
de Roizé, pour envoyer à Aras au franc-archer dud. lieu de La Suze, ainsi
qu'il avoit esté mandé par le roy, notre sire,, la somme de xxxv s. »
Comptes de 1478-79.
(2) « Item, a paie led. procureur pour avoir fait esquerder la laine de
quoy a esté faict la couverte du lit de la maison Dieu, viii s. ; pour demye
livre de gresse qui a esté mise en lad. layne, vi d. ; au tixier qui a fait
lad. couverte, ii s. vi d. ; et mesmes pour le fouUage de lad. couverte, ii s.
qui est pour le tout, xiii s. » Comptes de li77.
(3) « Item, fut baillé à feu Ghristoile Nerrie et feu Jean Rouault par la
main de Jehan Troillart, pour aller à Angers au conseil pour l'inconvé-
nient de la mortahté qui a esté à La Suze, la somme de xxx s. » Comptes
de 1478-79.
(4; « Item, le vu' jour de février où temps de ces présents comptes
(1478), pour la despence dud. procureur, Rogier Dugué, MicheletSavigné,
Jehan Troillart, Pierre Cheval, Micheau Savigné, Micheau Cocheri et Colin
Lemoulnier qui estoient allez à Roizé pour sommer les paroissiens dud.
lieu pour faire le taux de la taille, ainsy qu'il estoit accoustumé de
faire, v s. vi d. » Comptes de li78.
(5) « Item, pour les despens de René Gaignart et dud. procureur de
quant ils allèrent au Mans pour faire séquestrez les choses de la cure de
La Suze pour la réparation du presbytaire, ii s. xi d. ob., et pour led.
séquestre impétrer de monsieur l'official, vu s., qui est pour le tout,
x s. XI d. ob. » Comptes de 1482.
« Item, pour le cost du séquestre de la tierce partie du revenu de la
cure de La Suze, fait à la requeste des paroissiens pour deffaut des répa-
rations du presbytaire dud. lieu, viii s. « Comptes de 148G-90.
— IGO —
exemples que l'on pourrait citer de l'ingérence des fabriciers
en pareille occasion.
Nous ne saurions terminer cette étude sans insister,
comme déjà nous l'avons fait ailleurs, sur l'importance des
fonctions et du rôle du procureur. C'est à lui et à lui seul
que l'administration des revenus de la fabrique est confiée.
Il a soin, il est vrai, de solliciter souvent l'avis de ses com-
mettants auxquels il demande modestement, quand il leur
rend ses comptes, de vouloir bien lui allouer une indemnité,
pour la perte de temps que l'exercice de sa charge lui a
causée (1).
Par contre, c'est tout exceptionnellement que le curé
apparaît, même en cette dernière circonstance. Lorsqu'il
est présent, il y occupe la première place ; ainsi, maître
Philippe de laNoë e.st-il nommé, en 1475, avant tous ceux qui
se sont réunis pour entendre le détail des recettes et des mises
que le procureur accusait. Mais nous n'avons pas à signaler
un seul fait analogue. Cela tient, pensons-nous, à ce que,
simple commendataire, il laissait le soin d'administrer sa
paroisse, aux vicaires dont les noms figurent en effet, à la
place du sien, à l'audition des comptes. Il en va de même,
et nous nous en sommes assuré, au XVI" siècle. Par consé-
quent, à La Suze comme ailleurs, il faut arriver au XVIP,
pour voir une réaction sérieu.se se manifester, et le véritable
pasteur de la paroisse ne plus considérer sa cure comme un
simple bénéfice, dont les revenus étaient bons à toucher,
quitte à se décharger sur autrui, moyennant une indemnité
plus ou moins élevée, du ministère ecclésiastique.
L. FROGER.
(1) « Item, led. procureur dit avoir servy cest année, et dont il ne l'a
pas receue plaise aux paroissiens meptre ce qu'il leur plaira pour
sond. service. » Comptes de 1477.
GÉNÉALOGIE
DE LA
MAISON DE CLERMONT-GALLERANDE
MARQUIS DE CLERMONT-GALLERANDE,
DE REYNEL ET DE MONTGLAS, COMTES DE CHEVERNY,
BARONS DE BROUASSIN,
PRINCES SOUVERAINS DE DELAIN , BARONS DE RUPT
(MAINE ET ANJOU, ILE DE FRANCE, CHAMPAGNE)
§ 4. Seigneurs du Troncliet,
Mai^juis de Gallerande ou Clermont-Gallerande
[1772-1824]
Éteints en 1824
Armes : D'azur à trois chevrons d'or, le premier écinié,
qui est de Clermont (1). — Supports : Deux lions cVor (2).
XIX
3 I . Armand -Henri de Clermont, seigneur du Tronchet,
« Je chevalier » puis « le vicomte de Clermont » (3), troisième
(4), (2) Cf. ci-après, la première des notes relatives au § 6.
(8) L.-G.-J. de Clermont. — Bertin du Rocheret ne lui donne que la
première qualification. — Il est dit simplement « A. -H. de Clermont »
XL 11
— 162 —
fils de Charles-Léonor de Clermont, marquis de Gallerande,
seigneur de Loudon et du Tronchet, et de Madeleine de
Mormez de Saint-Hilaire (Voy. r.i-devant, n" 25), fut colonel
d'infanterie et chevalier de Saint-Louis ; il mourut le 5 janvier
•1776. — Il avait épousé, le 2 août 1740 (1), Marie-Charlotte
de Bragelongne, veuve de Pierre Allain de La Vigerie, maître
des requêtes au Parlement de Paris, fille de François-Charles
de Bragelongne., brigadier et inspecteur d'infanterie, de qui
il eut:
1. Bernard-Henri de Clermont, né à Paris le 18 juin
17M (2) mort en bas-âge (3) ;
2. Armand-Françoia-Thibaud (4) de Clermont, né le 30
juillet 1742, capitaine au régiment de Royal-Cravatte-Cavale-
rie, puis (1761) colonel du régiment de Penthièvre-Infanterie,
mort de la petite vérole, le 27 juin 1765, sans avoir contracté
d'alliance ;•
3. Charles-Georges de Clermont, dont l'article suit.
XX
32- Charles - Georges de Clermont, seigneur du
Tronchet, puis [par acquisition, 15 juillet 1772; voy. ci-
devant, n" 26] marquis de Gallerande ou Clermont-Galle-
dans son acte de mariage (1740) et dans l'acte de baptême de son fils aîné
(1741) et « vicomte de Clermont » dans l'acte de baptême de son dernier
enfant (1744).
ri) Extrait des registres de la paroisse de Saint-Jean-en-Grève à Paris,
(Orig., N. H., V. 100 ; — copie, G. H., v. 191) ; — et non « le 1" août »,
d'après toutes les généalogies. (Cette dernière date est sans doute celle du
contrat do mariage).
(2) Ondoyé ce jour-là, baptisé le lendemain. (Extrait des registres de la
paroisse Saint-Jean-en-Grève à Paris; orig., n. h., vol. lOO ; — copie,
G. H., V. 191). — Cf. la note suivante.
(3; On peut du moins le supposer, car il n'est mentionné dans aucune
des généalogies de sa famille.
(1) Ce dernier prénom d'après Berlin du Rocheret.
— 4G3 -
rande (1) et baron de Brouassin, puis [par héritage, 10 août
1792 ; voy. ci-aprês, 11° 50] marquis de Montglas et de Reynel,
comte de Clieverny, prince souverain de Delain, baron de
Rupt, né à Paris le 30 juillet 1744. Il s'engagea en 1756 au
régiment des Mousquetaires du Roi, devint cornette (1758),
puis capitaine (1760) au régiment d'Orléans-Cavalerie, avec
lequel il fit la campagne de Hanovre et en fut fait mestre-de-
camp-lieutenant en 1766 avant l'âge réglementaire. Chevalier
de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1771, brigadier
de cavalerie en 1780, maréchal-de-camp en 1784, il émigra
en 1791, mais revint, en avril 1792, se mettre à la disposition
de Louis XVI ; incarcéré pendant la Terreur, il ne dut son
salut qu'à l'exécution de Robespierre et de ses complices.
Durant le reste de la période révolutionnaire (1794-1814), il
vécut dans l'obscurité ; il n'en sortit un instant, en 1800,
que pour remplir au nom du roi Louis XVIII près du pre-
mier consul Bonaparte une mission secrète qui aurait avancé
de quatorze ans la fin des malheurs de la France, si Bonaparte
avait accepté de jouer le rôle réparateur de Monck. En
récompense de ses services, il fut, lors de la rentrée du Roi
en possession effective de son trône (1814) , élevé à la
pairie et au grade de lieutenant-général. Commandeur (1816),
puis (l'^'" janvier 1823) grand-croix de Tordre royal et mili-
taire de Saint-Louis, il mourut le 19 avril 1824. — Auteur
(1) Il s"intitulait « Charles-Georges de Clermont, marquis de Gallerande,
baron de Brouassin », dans une ordonnance de voirie du 10 mai 1784,
(Placard irapr., c. G.) ; mais la même année il était rangé sous le nom de
« marquis de Clermont-Gallerande » parmi les maréchaux de camp dans
VEtat militaire de France, édition de 1785. (11 s'était même fait pré-
senter sous ce second titre dix ans avant l'acquisition territoriale, qui lui
donna le droit de le porter; — noms des personnes admises aux Honneurs
de la Cour, 10 janvier 176"2, dans Saint-AUais, loc. cit.) Il fut également
élevé à la pairie en la même qualité, et c'est de la même façon qu'il est
compté parmi les juges du maréchal Ney, accusé de haute trahison,
(Appel nominal du 6 décembre 1815, dans l'intéressant volume de
M. Welscliinger sur cette cause célèbre, p. 406-409), et comme auteur de
Mémoires. — Il signait : Clermont-Gallerande. (Lettres autographes,
c. c.)
— 164 —
de Mémoires particuliers j)Our servir à l'histoire de la
Révolution française, publiés après sa mort (Paris, 1826,
3 vol. in-S"). — Il avait épousé, le 11 mai 1771, Claudine-
Gésarine de La Tour du Pin-Montauban, veuve de iV.,
marquis d'Eschoisy, guidon de la compagnie des Gendarmes
Anglais de la Maison du Roi (tué à la bataille de Minden, 1759),
de qui il n'eut pas d'enfants et qui mourut à Paris le 22 avril
1805. Il avait à son instigation, fait donation de la terre de
Gallerande à la marquise de Fontenille, sa nièce par alliance,
mais sous une condition suspensive. S'étant brouillée en
1808 avec les donataires, il voulut révoquer purement et
simplement la donation. Ayant rencontré à cela des diffi-
cultés, il se tira d'affaire en vendant son domaine à un
négociant de Nantes, le 18 juin 1808 (1). A sa mort, ses titres
passèrent au chef de sa famille, Louis-Gaspard-Joseph de
Clermont (Voy. ci-devant, n" 27).
§. 5. Barons de Bussy et de Sexfontaines
Éteints en 1627
ARMES : Pallé d'or et de gueules de six pièces, qui est
d'Amboise (2).
33. Jacques de Glermont, baron de Sexfontaines, seigneur
en partie de Reynel (3), puis [par donation de son oncle
(1) Il appartient aujourd'hui au comte de Raillé.
(2) Conséquence de la substitution dont il est parlé plus loin.
(3) Ce titre lui est reconnu par d'Hozier, mais il ne le porta jamais
(Actes des 25 juillet 1558, 25 septembre 1563, 10 juin 1570; orig., p. G.,
V. 78'i;) et ses descendants directs firent de même (Voy. ci-après, n^^ 34-
36). En tout cas, la possession d'une partie de la terre de ce nom, ne
donnait en aucune façon à cette branche de la famille de Clermont, droit
au titre de « marquis de Reynel » dont notre personnage fui titré après
sa mort. (Procuration de Jeanne de Romécourt, sa veuve, 19 mars 1588;
orig., p. G., V. 784) et que portèrent à l'envi tous ses descendants directs
(Voy. ci-après, n"' 34-36) ; car, malgré l'indivision de la seigneurie de
— 165 —
maternel le cardinal Georges d'Amboise, sous condition de
substitution de nom et d'armes (1)] baron de Bussy (2), et
dès lors dit Jacques d'Amboise (3) , « M. de Bussy
d'Amboise » (4), troisième fils de Louis III, seigneur de
Clermont et de Gallerande, et de Renée d'Amboise (Voy. ci-
devant, n" 14), fut capitaine d'une compagnie de trente
lances des ordonnances du Roi (5) et chevalier de l'ordre de
Saint-Michel (6). Il mourut avant le 19 mars 1588 (7). —
Reynel entre sa mère et ses ayant-droits, d'une part, et la fille unique de
son frère et les ayant-droit de <'-elle-ci, d'autre part, ce fut en faveur de
celle-ci qu'elle fut érigée en marquisat. (Cf. ci-après, n" 42 1. — Des
généalogistes de la famille de Clermont, Bertin du Rocheret est seul à
donner ce titre de marquis de Reynel à ceu.Kqui l'ont porté ainsi indûment.
— Rtiynel, aujourd'hui commune du canton d'Andelot, arr. de Chaumont,
Haute-Marne.
(1) P. Anselme, t. YII (1733), p. 127 ; — et non a juxtaposition de nom
et d'armes », d'après toutes les généalogies de la famille de Clermont ;
Bertin du Rocheret accentue l'erreur habituelle en appelant « Clermont
d'Amboise « ces ex-Clermont, maintenant devenus des d'Amboise, et
« Clermont de Renel » les vrais Clermont d'Amboise, marquis de Reynel
(Voy. ci-après, n" 42).
(2) Bussy-eii-Barrois, aujourd'hui hameau de la commune de Saiilx-
en-'\Voëwre, arr de Fresnes-en-Woë\vre, Meuse.
(3) D'après les textes précités (Cf. ci-après, n^s 34-36, ceux relatifs à
ses descendants) ; — et non « Jacques de Clermont d'Amboise, » comme
il est dit dans toutes les généalogies, sauf celle de d'Hozier. Le P. Anselme
lui-même a donné tout d'abord (t. III [1728]), en appelant « Henri de
Clermont d'Amboise » le dernier rejeton de cette branche (Voy. ci-après,
noSGi, dans l'erreur courante, que des recherches ultérieures lui ont
permis de rectifier (t. VII [1733J).
(4), (5) « RooUe de la monstre et reveue faicte en armes de la compagnie
de trente lances... dont a charge Monsieur de Bussy d'Amboise », 22 avril
15(39. (Orig., Archives Nationales de Fiance, carton K. 98, pièce 3).
(6) En 1563 i^J.-F. d'Hozier, Rec. des chevaliers de Saint-Michel). —
L'auteur lui attribue à cette occasion un écusson mi-partie de Clermont et
d'Amboise, ce qui constituerait pour lui une dérogation à la règle héral-
dique posée ci-dessus, à moins qu'il n'ait été abusé par le faux-semblant
de juxtaposition de nom et d'armes, également corrigé ci-dessus. Cette
seconde hypothèse est la plus plausible ; car jamais, dans les quittances
citées ni ci-devant ni ci-après, il ne s'est fait appeler que «. Jacques
d'Amboise » : pourquoi aurait-il fait pour les armes ce qu'il ne faisait pas
pour le nom ?
(7] Date d'une procuration de sa veuve. i,Orig., p. o., v. 784.)
— 466 —
Il avait épousé Catherine de Beauvau, dame de Mognéville,
fille de N. de Beauvau , seigneur de Mognéville , et de
Madeleine d'Haussonville, de qui il eut :
1. Louis d'Amhoise (1), « M. de Bussy d'Amboise (2) y), né
i\n 1549 ; il fut d'abord attaché au service d'Henri de France,
duc d'Anjou, trère puîné de Charles IX, qu'il accompagna
en Pologne (3), lorsque ce prince en eût été élu roi, mais
qu'il quitta bientôt pour venir prendre une part glorieuse à la
quatrième guerre civile en qualité de colonel d'un régiment de
gens de pied (4) et fut grièvement blessé au siège de Luslgnan
(octobre 1574) ; il reparut à la cour au commencement de
1575 et, au lieu de reprendre rang dans la maison de son
ancien maître devenu le roi Henri III, il s'attacha au frère
de ce dernier, François, duc d'Alençon, dont il fut vite le
favori ; sa vie dès lors se passa à chercher des querelles et
à les vider l'épée à la main ; en 1576, il reçut du Roi le
commandement d'une compagnie de cinquante lances des
ordonnances (5) et- du prince le gouvernement de l'Anjou,
dont il venait d'être gratifié en augmentation d'apanage (6),
(1) Il signait « d'Amboise » (Lettre à M. de Villeroy, 5 janvier 1579 ;
orig.. Bibliothèque de l'Institut, collection Godefroy, t. CCLix.) — Dans
r « Accord » avec « les prélats, nobles et députés des villes représentant
les États-Généraux des Pays-Bas >., où il agissait comme mandataire de
son maître, le prince François, 20 août 1573. (Orig., Arch. Nat., carton K
1546, pièce 71), il s'intitule abusivement « marquis de Reynel » (Cf. la pre-
mière des notes relatives à son père.)
(2) Brevet d'une compagnie des ordonnances, 8 mai 1576 (orig., Arch.
Nat., carton K 100, pièce 32.)
(3j « Liste des princes, seigneurs, gentilhommes et autres qui accom-
paignent le roi de Polongne » (Orig., Bibliothèque Nationale, mss., fonds
français, vol. 3193, f" 349.) — Il en existe une édition contemporaine,
pleine de fautes d'orthographe. (Lyon., 1574, in-S".)
(4) Voy. mon livre Le comte de Montgomery, p. 166.
(5) Brevet du 8 mai 1576 précité ; cf. 1' « Accord » du 20 août 1578
précité.
(6) Lettre du duc d'Alençon et d'.\njou à la municipalité d'Angers,
15 mai 1570 ; dans Mourin, La Réforme et la Ligue en Anjou, p. 138.
— 167 —
avec le titre de premier chambellan (1) ; « colonel -général
de l'infanterie de Monseigneur, frère du Roy » (2) dans son
expédition de Flandre (1578), il périt au retour (19 août 1579),
assassiné par Charles de Chambes, seigneur de Montsoreau,
dont il avait séduit la femme ; il n'avait pas contracté
d'alliance ;
2. Hubert d'Amboise, seigneur de Mognéville (3) du chef
de sa mère, tué au siège d'Issoire (1577) sans avoir contracté
d'alliance ;
3. Georges d'Amboise, dont l'article suit ,
4. Renée d'Amboise, qui épousa Jean de Monluc, seigneur
de Balagny, fils naturel de Jean de Monluc, évêque de
Valence et d'Anne Martin, créé maréchal de France en 1596 ;
elle mourut en octobre 1595 du désespoir qu'elle ressentit
de voir Cambrai, dont son mari était gouverneur, tombé aux
mains des Espagnols ;
5. Marguerite d'Amboise, qui épousa, le 6 avril 1597,
Olivier de Chastellux, vicomte d'Avallon, et mourut en 1605 ;
6. Françoise d'Amboise, qui épousa N., seigneur de La
Ferté-Imbault.
— Devenu veuf, Jacques d'Amboise s'était remarié à
Jeanne de Romécourt, fille de Jean de Romécourt, seigneur
de Massault, et d'Edmée de Brabant, de qui il eut :
7. Renée d'Amboise, qui épousa Jean de La Fontaine
d'Ognon, fils de François de La Fontaine d'Ognon, baron de
Massignan, et de Charlotte de Soyécourt, et qui mourut le
10 décembre 1607.
34- Georges d'Amboise, baron de Bussy etde Sexfontaines,
(1) « Estât des gages de la Maison de Monseigneur », 5 août 1576, dans
Mémoires du duc de Nevers, t. I, p. ô77.
(2) « Accord » du 20 août 1578 précité.
(3) Mognéville, aujourd'liui coinmuue du canton de Revigny, arr. de
Bar-le-Duc, Meuse.
— 168 -
seigneur de Mognéville (1) et en partie de Reynel, gentil-
homme de la chambre du Roi (2), chevalier de l'ordre de
Saint-Michel (3), mort entre 1587 et 1596 (4). — Il avait
épousé, avant 1587, Lucrèce de Castel-San Nazare (5), fille
de Jean de Castel-San Nazare, seigneur de Mornay, de qui il
eut :
1. Hélène d'Amhoise, qui épousa, avant 1622 (6), Henri
de Quincampoix, comte de Vignory;
2. Charles d'Amhoise, dont l'article suit.
XVI
35- Charles d'Amboise, baron de Bussy et de Sexfon-
taines, seigneur de Mognéville et en partie de Reynel, « le
marquis de Bussy » (7), mort entre mai 1624 (8) et mai
il) Tous ces titres, — plus (abusivement ; voy. ci-devant la première des
notes relatives à son père) celui de « marquis de Reynel », dans un arrêt
du Parlement du 14 août 1592 (Copie, c. H., v. 191) et dans deux com-
missions des 4 décembre 1596 et 22 juillet 159S (Orig., p. o., vol. 784),
de sa veuve, agissant comme tutrice de leurs enfants, « Hélène et Charles
d'Amboise ». — Dans un acte par devant Me Le Monnyer, notaire, de
l'année 1587 (cité par Jal, loc. cit.), il s'intitule « marquis d'Amboise,
baron de Bussy ».
(2) D'après l'acte notarié de 1587 précité.
(3) D'après les actes précités de 1596 et 1598.
(4) Dans l'acte précité de 1587, il figure en personne ; dans ceux de 1596
et 1598, c'est sa veuve qui agit.
(5) Elle figure dans l'acte précité de cette date.
(6) Obligation souscrite par « dame Hélène d'Amboise, comtesse de
Vignory », 15 août 1622 (Copie, g. h., v. 191). — Elle était déjà veuve en
1631 (Obligation souscrite par '< dame Hélène d'Amboise; veuve demessire
Henri de Quincampoix », 6 mars 1631 ; copie, c. h., v. 191).
(7) Comme son père et son grand-père, il se faisait abusivement donner
le titre de « marquis de Reynel » (Voy. deux arrêts du Parlement rendus
contre lui, 13 mars et 8 avril 1614 ; copies, c. h., v. 191). — Par la suite
il s'en dessaisit (!) au profit de son fils et se fit dès lors appeler « le mar-
quis de Bussy » 'Accord pai'devant notaire entr^'eux oii chacun poiie les
qualités susdites, mai 1624 ; cité par Jal, loc. cil.)
(8) Date de l'accord précité avec son UIs, où il figure en pei'sonne.
— 169 -
1627 (1). — Il avait épousé Jeanne de Monluc, fille de Jean
de Monluc, seigneur de Balagny, maréchal de France et de
Renée d'Amboise, sa cousine-germaine (2), de qui il eut :
Henri d'A)nhoise^ qui suit.
XVII
36- Henri d'Amboise, baron de Bussy et de Sexfontaines,
seigneur de Mognéville et en partie de Reynel (3), « le mar-
quis de Bussy d'Amboise », tué en duel le 12 mai 1627 par
François de Rosmadec, comte des Chapelles, sans avoir
contracté d'alliance.
§ 6. Seigneurs de Saint - Georges,
unarquis de Montglas, comtes de Cheverny,
princes souverains de Delain, barons de Rupt, etc.
Éteints en 1727
Armes : D'azur à trois chevrons d'or, le premier écimé,
qui est de Clermont (4). — Supports : Deux lions d'or (5).
(1) Date de la fin tragique de son fils (Voy. l'art, suivant) : dans une
lettre citée par L. -G.- J. de Clermont), que le meurtrier écrivit à cette
occasion à Jeanne de Monluc, il n"est pas (ait mention du père. — Tou-
tes les généalogies placent à tort sa mort en 1615.
(2) Devenue veuve, Jeanne de Monluc se remaria, le 2 juin 1631, à
Henri de Mesme, président à mortier au Parlement de Paris.
(6) On a vu ci-devant que dès 162i il prenait la qualilication mensongère
de « marquis de Reynel » ; cependant les contemporains ne l'appelaient
pas ainsi, mais « le marquis de Bussy d".\mboise » ; voy. les Mémoires de
Richelieu, de Bassompierre, etc.
(4j Armes de François de Paule de Clermont, marquis de Montglas,
seigneur de Saint-Georges (Voy. ci-après, n" 40), d'après le P. Anselme,
(t. IX [1733], p. 195.) — Cette absence de brisure coirespond exactement
à l'assertion de L.-G.-J. de Clermont : « Les marquis de Reynel portaient
écartelé au 1 et 4 de Clekmont, au 2 et 3 d'Amboise... Les autres
branches de la Maison de Clermont avaient les armes pleines et pour
supports deux lions d'or. » (Sur ce dernier point, cf. ci-devant, n» 9 noie,
la description du sceau de Pierre de Clermont, (ils de Louis I, seigneur
de Clermont et de Gallerande.) — Notez cependant les exceptions relevées
ci-devant, n»^ 9 noie, 12 note, 15 note.
(5) 'Voy. la note précédente.
— 170 —
XIII
37- René de Clermont, seigneur de Saint-Georges, puis
[par alliance] prince souverain de Delain (1) , baron de
Rupt (2), deuxième fils de René, seigneur de Clermont
et de Gallerande, et de Perrette d'Estouteville (Voy. ci-
devant, n" I 3), épousa Philiberte de Goux, veuve de Jean
Le Roi, baron de Pleurs, fille unique et héritière de Jean de
Goux, prince souverain de Delain, baron de Rupt, grand-
chambellan de l'Empereur Charles-Quint, et de Catherine
de Vienne, de qui il eut :
4. Thomas de Clermont, dont l'article suit.
— Devenu veuf, René de Clermont s'était remarié à Fran-
çoise d'Amboise, fille unique et héritière de Jacques d'Am-
boise, baron de Bussy, de Sexfontaines et de Reynel, et
d'Antoinette d'Amboise , dame de Ravel, sa cousine (3), de
qui il eut :
2. Antoine de Clermont^ tige des marquis de Reynel (Voy.
ci après, § 7, n^^ 42 - 50) ;
3° Autre Antoine de Clermont, dit le jeune, d'abord reli-
gieux (d'où le surnom qu'il porta toute sa vie, « le moine de
(1) Delain (aujourd'liui commune du canton de Dampierre-sur-Salon,
arr. de Gray, Haute-Saône), est qualifié dans les quittances émanant du
dernier des membres de cette branche qui en ait pris le titre (Voy. ci-après,
nos 40 et 41) tantôt de « souveraineté » (16 juillet 1697), tantôt de
« principauté » (7 janvier 1698), tantôt, — comme Rupt, mais, il est vrai,
conjointement avec celui-ci, — de « seigneurie » (5 janvier 1705). —
Moréri la traite de u souveraineté » ; Bertin du Rocheret de « princi-
pauté » ; d'Hozier n'en parle que comme d'une « terre « appartenant,
comme la « terre )> de Rupt, à Thomas de Clermont, seigneur de Saint-
Georges (Voy. l'art, suivant).
(2) lliqjt, aujourd'hui commune du canton de Scey-sur-Saône, arr. de
Vesoul, Haute-Saône. — La présence près de là d'un autre village appelé
Vy-lès-Rupt (aujourd'hui commune du canton de Dampierie-sur-Salon,
arr. de Gray, Haute-Saône) indique assez la proximité des terres de Rupt
et de Delain. (Cf. la note précédente"). Toutes deux faisaient partie de la
Franche-Comté ; on sait que cette province n'appartient à la France que
depuis le traité de Nimègue (1678).
(3) Devenue veuve, Françoise d'Amboise se remaria à Charles de Croy,
comte de Porcien, seigneur de Seninghen (Cf. ci-après, n" 42).
— 171 —
Bussy ))), puis marié à Gliaiiotte de Miremont, fille de
François de Miremont, seigneur de Queux, et de Jeanne
d'Eltz, dame de Loupy, de qui il eut Jacques de Clevmont,
qui tut père lui-même de Jacques II de Clermont, tué à la
bataille de Nordlingen (1645) et Françoise de Clermont,
mariée à N. de Beaujeu ;
4. Anne de Clermont, qui épousa Antoine de Vienne de
Beaufïremont, marquis de Listenois ;
5. Adrienne de Clermont, religieuse à l'abbaye (1) de
Saint-Menoux (diocèse de Bourges) ;
6. Françoue de Clermont, religieuse à la même abbaye.
XIV
38. Thomas de GlermOxNT, seigneur de Saint-Georges,
prince souverain de Delain, baron de Rupt, mort et enterré
à Rupt le 8 octobre 1595. — Il avait épousé Jeanne de
Perriers, dame de La Jaille-Yvon, fille de Jacques de Perriers,
seigneur du Bouchet, de la noblesse d'Anjou, et d'Ambroise
de Maillé ('2), de qui il eut :
1. Hardouin de Clermont, dont l'article suit ;
2. Anihroise de Clermont, qui épousa Amaury de Saint-
Otïange, seigneur de la Moussaye, capitaine du château de
Rochefort-sur-Loire en Anjou.
XV
39- Hardouin de Glermont, seigneur de Saint-Georges,
prince souverain de Delain, baron de Rupt, puis [par alliance]
marquis de Montglas (3), marié, le 13 octobre 1593, à Jeanne
(1) Et non « abbesse », selon toutes les généalogies ; (cf. le catalogue des
supérieures de ce monastère dans la Gallia-Christiana, t. IX [1751].
(2) Morte le i" novembre 1578.
(;i) Montglas, aujourd'luii bameau de la commune de Cerneux, canton de
Viilers-Saint-Georges, arr. de Provins, Seine-et-Marne.
— 17t> —
de Haiiay, fille unique et héritière de Robert de Harlay,
baron, puis (1G14) marquis de Montglas, et de Françoise de
Longuejoue, gouvernante des Enfants de France, fils et filles
de Henri IV, de qui il eut :
1. François de Paule de Clermont, dont l'article suit :
2. Victor de Clermont (1), mort entre 1655 (2) et 1G63 (3),
sans avoir contracté d'alliance.
XVI
40. François de Paule de Clermont (4), marquis
de Montglas , seigneur de Saint - Georges , prince souve-
rain de Delain, baron de Rupt, puis [par engagement]
seigneur de Provins (5) , puis [ par alliance ] comte de
Gheverny (6), né le 19 janvier 1620 , colonel du régiment
de Navarre - Infanterie, puis maréchal - de - camp, grand-
maître de la garde-robe du Roi en 1644 , chevalier de
l'ordre du Saint - Esprit en 1661 , mort en 1674. —
Auteur de Mémoires sur l'histoire de son temps (1635-1660),
publiés après sa mort ; 1'"'' édition, Amsterdam, 1726, 4 vol.
in-S" ; souvent réimprimés depuis. — Il avait épousé, le
8 février 1645, Cécile-Elisabeth Hurault, dame de Cheverny,
l'une des filles de Henri Hurault, comte de Cheverny, gou-
(1) Il signait : « de Clermont-Saint-Georges ». (QuiUances des
22 octobre 1644, 13 octobre 1647, 7 mars 1652, 12 juin 1655 ; orig., p. c,
V. 783) ; — son frère aine et lui y figurent conjointement comme « marquis
de Montglas, seigneurs de Saint-Georges »).
(2) Quittance précitée du 12 juin de cette année.
(3) Voy. la note suivante.
(4) H signa d'abord « de Clermont-Montglat » (Quittances précitées
de 1644, 1647, 1652, 1655, délivrées conjointement avec son frère); puis,
plus tard, « Montglat » (Quittance délivrée par lui seul avec les titres de
marquis de Montglas, seigneur de Saint-Georges et de Provin^>, 16 novembre
1663 ; orig., p. o., v. 783).
(5) Quittance précitée du 16 novembre 1663 ; cf. celles de son lils, de
1697 à 1711, citées à l'art, suivant.
(6) Cheverny, aujourd'hui commune du canton de Contres, arr. de Blois,
Loir-et-Cher.
— 173 —
verneur de Chartres et de Blois, et de Marie Gaillard de la
Morinière (1), de qui il eut :
1. Louis de Clermont, dont l'article suit :
2. Anne-Victoire de Clermont^ née le 30 septembre 4647,
abbesse de Gif (diocèse de Paris) en 1667, morte le 2 février
1687 (2) ;
3. Cécile-Claire-Eugénie de Clermont, qui épousa, le 2
septembre 1681, Jean-Étienne de Thomassin, marquis de
Saint-Paul.
XVII
4 I . Louis de Clermont, marquis de Montglas, comte de
Cheverny, seigneur de Saint-Georges et [par engagement]
de Provins, prince souverain de Delain, baron de Rupt (3),
né en 1645, gentilhomme d'honneur du Dauphin, fils de
Louis XIV (4), gouverneur et bailli de Provins (5), grand
bailli de Dôle (6) ambassadeur extraordinaire du Roi près le
roi de Danemark (7), puis (8) près la République de Venise,
puis près l'Empereur, mem^e du conseil des Affaires étran-
gères en 1715, gouverneur du duc de Chartres, fils aîné du
duc (Philippe) d'Orléans, régent de France, en 1716, conseiller
(i) Morte le 17 février 1695.
(2) GaUia-Christiana, t. VII (1744), col. 601 et 602.
(3) Il s'intitula d'abord « Louis de Clermont-Montglat , comte de
Cheverny o (Quittance à lui délivrée, 17 juillet 1577 ; orig., p. o.^ v.
784), puis « Louis de Clermont, marquis de Montglat (suivent tous les
titres ci-dessus énumérés) » (Quittances de lui^ 16 juillet 1697, 7 janvier
1698. 27 janvier 1703, 20 mars 1705, 5 octobre 1711 ; orig., p. c, v. 78i).
— Il signait « L. de Clermont-Cheverny «, (Quittances de 1697 et ann.
suiv. précitées). — « Il ne fut jamais appelé que M. de Cheverny >i, dit
Saint-Simon {Mémoires, t. II, p. 330 et 334 ; t. IX, p. 302 ; t. XIV, p. 100 ;
t. XIX, p. 308).
(4), (5), (6), Quittances précitées, de 1697 et ann. suiv.
(7) « Cy-devant ambassadeur extraordinaire pour le Roy en Danemark »
[Ibid.)
(8) Le reste de ses qualités d'après les généalogies.
- -174 —
d'épée en 1719, mort le 6 mai 1722. — Il avait épousé, en
1680, Marie Johanne de La Carre, fille de Jacques-François-
Johanne de La Carre, marquis de Saumery, grand-bailli de
Blois, et de Catherine Charron, de qui il n'eut pas d'enfants
et qui mourut elle-même le 18 janvier 1727, après avoir été
gouvernante des filles du duc (Philippe) d'Orléans, régent
de France (1). — Il avait institué son cousin Jean-Baptiste-
Louis de Clermont d'Amboise, marquis de Reynel (Voy. ci-
après, n° 49), son légataire universel.
§. 7. Marquis de Reynel et de Montglas,
Comtes de CJieverny^
Princes de Delain, Barons de Rupt.
[Issus des Seigneurs de Saint-Georges]
Éteints en 1792
Armes : Ecartelé, au i et 4, dfazur à trois chevrons d^or
le premier écimé, qui est de Clermont; au 2 et 3, pallé
d'or et de gueules de six pièces, qui est d'AMBOisE (2). —
Supports : Dewaî hommes sauvages (3). — Devise: Terrse
atque pelagi purpureus dies (4).
XIV
42- Antoine de Clermont, deuxième fils de René de
Clermont, seigneur de Saint-Georges (Voy. ci-devant, n" 37), et
de Françoise d'Amboise, dame, puis (octobre 1560) marquise
de Reynel [l'érection étant faite conjointement en sa faveur
(1) Saint-Simon, t. XIV, p. 100.
(2), (3), (4) L.-G.-J. de Clermont. — D'Hozicr donne à cette branche les ar-
mes pleines des Clermont, ce qui donnerait lieu de supposer que la brisure
(ecartelé au 2 et 3 d'Amboise) fut admise postérieurement au marquis
Louis III (Voy. ci-après, n" 47), auquel il s'arrête.
— 175 —
et en faveur d'Antoine de Croy, comte, puis prince de
Portien, issu de son second mariage avec Charles de Croy
comte de Porcien, seigneur de Seninghen] (1). Il joignit le nom
de sa mère à celui de son père et ne fut jamais appelé
qu' Antoine de Clermont d'Amboise ('2), usage que toute sa
postérité a conservé ; il devint marquis de Reynel par le
décès sans postérité de son frère utérin, Antoine de Croy
(5 mai 1567). — Il signala sa valeur dans les rangs des
Réformés aux batailles de Saint-Denis (1567) et de Moncon-
tour (1569). La terre dont il portait le titre donna lieu à un
long procès avec son oncle Jacques de Clermont, devenu
(( Jacques d'Amboise » (Voy. ci-devant, n" 33), procès qui fut
cause de sa mort : l'aîné de ses cousins, le célèbre Bussy
d'Amboise le rencontra au milieu du massacre de la Saint-
Barthélémy (157*2) et le tua de sa main. — Il avait épousé,
Jeanne de Longuejoue, fille de Thibauld de Longuejoue,
seigneur d'Yverni, et de Madeleine Briçonnet, de qui il eut :
1 . Louis de Clermont d'Amboise, dont l'article suit.
— Devenu veuf, Antoine de Clermont d'Amboise s'était
remarié à Anne de Savoie, veuve de Jacques de Saluce,
comte de Cardé, fille de Claude de Savoie, comte de Tende,
gouverneur de Provence, et de Marie de Chabannes (3), de
qui il eut :
2. Louise de Clermont d'Amboise (4), qui épousa N. de
Pontaillier ;
3. Marthe de CZennont d'Amboise (5), qui épousa Balthazar
(1) Analysé dans d'Hozier, Preuves.
(i) Il est appelé à tort « Antoine d'Amboise », de même que ses enfants
sont appelés à tort <•. Jacques et Françoise d'Amboise » dans une sentence
rendue à Chaumont le 19 décembre 1580 (Copie, c. H., vol. 19'1).
(3) Devenue veuve pour la seconde fois, Anne de Savoie se remaria à
Georges 1 de Clermont, marquis de Gallerande (Voy. ci-devant, n» 15.)
(4) Inconnue de Le Laboureur.
(5) C'est elle sans doute qui figure sous le nom doublement fautif de
a Marie d'Amboise » dans un acte notarié de lGi6, cité par Jal, loc. cit.
- 176 —
Flotte de Montauban, comte de La Roche, baron de
Montmaur ;
4. Jacques de Clevmont d'Amhoise (1), qui périt an siège
de Montauban (1621) ;
5. Françoise de Clermont d'Amhoise (2), qui épousa
Alexandre d'Argenson.
XV
43- Louis I de Clermont d'Amboise, marquis de Reynel,
gouverneur et bailli de Chaumont-en-Bassigny, tué le 3
novembre 1615 en s'efïorçant d'empêcher la jonction avec le
gros de 1' t Armée des Princes » de 6,000 mercenaires
Allemands levés par eux. — Il avait épousé Anne Lallemant,
fille unique et héritière de Jean Lallemant, seigneur de
Marmagne, et de Marie Lhuillier de Boullencourt, de qui il
eut :
1. Louis de Clermont d'Amhoise dont l'article suit;
2. Jeanne de Clermont d'Amhoise, qui épousa, en 1619,
Michel de Fayolles de Melet, baron de Neufvi, delà noblesse
du Périgord.
XVI
44. Louis II de Clermont d'Amboise (3), marquis de
Reynel, gouverneur et bailli de Chaumont-en-Bassigny,
(1) Inconnu de Le Laboureur, de d'Hozier et de Berlin du Rocheret.
(2) Inconnue de Le Laboureur, de d'Hozier, de Moréri et de Berlin du
Rocheret.
(3) Appelé par erreur « Louis d'Amboise, marquis de Resnel » dans
l'acle notarié de 161b précité, dans une autre pièce authentique dn
4 janvier 1626, dressé à la requête de sa cousine « Hélène d'Amboise
[elle, bien nommée ainsi ; voy. ci-devant, n" 34], comtesse de Vignory »
(Orig., p. o., V. 784), ainsi que dans deux sentences rendues par lui les
12 mai 1631 et 3 février 1635 (Copies, c. H., v. 191). — Son père, au con-
traire, est correctement appelé « Louis de Clermont d'Amboise » dans
plusieurs actes notariés de la même étude qui possède celui de 1616.
— 177 —
mestre de camp d'un régiment de cavalerie (1), épousa, par
contrat du 6 février 1622 (2), Diane de Pontaillier, fille de
Jean-Louis de Pontaillier, seigneur de Talmey, et d'Anne de
Vergy, de qui il eut :
1. Bernard de Clermont d'A'tnboise, dont l'article suit ;
2. Cleriadus de Clermont d'Amhoise, dont l'article suit
celui de son frère Bernard ;
3. Louis de Clermont d'Amhoise, dont l'article suit celui
de son frère Cleriadus ;
4. Nicolas de Clermont d'Amboise (3), mort jeune ;
5. Georges de Clermont d'Amhoise (4) mort jeune ;
6. Marie de Clermont d'Amhoise^ (5), morte jeune ;
7. François de Clermont d'Amhoise, mestre de camp, puis
abbé de Saint-Clément de Metz (6), puis marié, après
1670 (7), sous le nom de « comte de Reynel » (8), à Françoise
de La Rochette, dame de Sercy, de qui il eut une fille,
Marie-Françoise-Jnstine de Clermont d'Amhoise (U), qui
épousa Jean-Baptiste de Toulongeon, comte de Champlitte ;
8. Jean de Clermont d'Amhoise, capitaine d'infanterie, tué
au siège de Chauny (1652) ;
9. Just de Clermont d'Amhoise (10), né le 10 mars 1636; il
prit à 14 ans du service dans le régiment de Magalotti,
(1) D'après les généalogies ; — c( colonel des gens de pied )■>, d'après
l'acte précité de 161G.
(2) Analysé par d'Hozier, preuoes ; — et non pas « en 1621 » (Le Labou-
reur, Moréri, Bertin du Rocheret, L.-G.-J. de Clermont).
(3) Inconnu de Bertin du Rocheret.
(4) D'Hozier, seul, le mentionne.
(5) Même observation.
(6) Gallia Chrisiiana, t. XIII (1785), col. 875.
(7) Date à laquelle s'arrête d'Hozier, qui ignore cette seconde évolution.
(8) Moréri, îoc. cit. infra.
(9) Moréri, à l'art. Toulongeon (au t. X du Grand Dictionnaire Histo-
riqué\, non à l'art. Clermont ; cf. sur elle un acte de procédure du
26 novembre 1718 (Orig., p. o., v. 784).
(10) II s'intitulait « Just de Clermont d'.Vmboise de Reinel » et signait
« Jusï DE Clermont d'Amboise» (Quittances des 15 avril 1673 et 31 jan-
vier 1676 ; orig., p. o., v. 784).
XL 12
— 178 —
commandé par son frère aîné le marquis Bernard (Voy. l'art,
suivant), assista aux sièges de Bar-le-duc, de Château-
Porcien et de Rethel (1650), commanda l'arrière-garde à la
retraite de Djijelli (1664), reçut quelques années après le
commandement du régiment de Reynel-Cavalerie, laissé
vacant par Télévation de grade d'un autre de ses frères
(Voy. l'art. 47). Promu au grade de colonel-général de
la cavalerie, il défendit victorieusement Werle contre les
troupes de l'électeur de Brandebourg, contribua au gain de
la bataille de Seneffe (1674), fut fait brigadier de cavalerie
en 1675, dirigea en cette qualité la retraite des troupes fran-
çaises après la mort du maréchal de Turenne (27 juillet 1675)
et se retira ensuite au couvent des Minimes de Braccancourt
(diocèse de Châlons-sur-Marne), où il mourut, le 16 février
1702;
10. Madeleine de Clermont d'Amboise, chanoinesse à
Sainte-Glossinde de Metz ;
11. Anne de Clermont d'Amhoise, qui épousa Robert
d'Anglebelmer, comte de Lagny, seigneur de Passy et de
Juvincourt.
XVII
45. Bernard de Clermont d'Amboise, marquis de Reynel,
gouverneur et bailli de Chaumont-en-Bassigny, capitaine du
régiment de Magalotti, tué au siège de La Mothe-en-Barrois
(1645), sans avoir contracté d'alliance.
XVII bis
46- Cleriadus de Clermont d'Amboise, chevalier de
Malte, puis par le décès de son frère aîné (Voy. l'art, précé-
dent), marquis de Reynel, gouverneur et bailli de Chaumont-
en-Bassigny, mestre de camp du régiment de Reynel-
- 179 -
Cavalerie, puis maréchal de camp, mort à la fin de juillet
4656 des suites des blessures reçues le 17 du même mois à
l'attaque de Valenciennes, sans avoir contracté d'alliance.
XVII ter
47. Louis III de Clermont d'Amboise , marquis de
Reynel (1), fut mestre de camp du régiment de Reynel-Cava-
lerie, après son frère le marquis Cleriadus (voy. l'article
précédent), puis colonel-général de la cavalerie française
et fut tué d'un boulet de canon au siège de Cmbrai le 11
avril 1677. — Il avait épousé, par contrat du 22 juin 1665 (2),
Marie-Angélique de Cousin de Saint-Denis, fille de Philippe de
Cousin, marquis de Saint-Denis, et de Marie de Rouville (3),
de qui il eut :
1. Louis de Clermont d'Ainhoise^ dont l'article suit ;
2. Louis-Just de Clermont d'Amboise, « l'abbé de Reynel »,
qui vivait encore en 1757 (4) ;
3. Marie - Isabelle - Angélique - Madeleine de Clermont
d'Amboise (5), née le 11 février 1660, abbesse de Saint-Paul-
lès-Beauvais le 26 mars 1712, morte en janvier 1744 ;
4. Claire-Eugénie de Clermont d'Amboise, religieuse au
même monastère, dont elle devint abbesse après sa sœur (6).
(ij II s"iiititulait « Louis de Clermont d'Amboise, marquis de Reynel s et
signait « DE Clermont d'Amboise-Renel » (Quittances des 5 juin 1657,
12 janvier 1658 et 11 mai 1657 ; orig., p. G., v. 784).
(2) Analysé dans d"Hozier, Preuves.
(3) Morte le 31 décembre 1719.
(4) Avant le 15 avril 1573, date d'une quittance où Just de Clermont
d'Amboise, son frère puiné et son successeur au commandement du régi-
ment de Reynel-Cavalerie (Voy. son article sous le n" 45), prend le t'ûvo. de
mestre de camp de ce régiment.
(5) Elle est appelée « .. de Clermont d'Amboise de Renel » par la Gallia
Christiana [t. IX [1751], col. 818). — probablement d'après sa signature ;
cf. ci-dessus, ce qui est dit pour son père.
(6) Même observation. — Cette dame a été ignorée par tous les généalo-
gistes.
— 180 —
XVIII
48- Louis IV de Clermoxt d'Amboise, marquis de
Reynel (1), gouverneur et bailli de Chaumont-en-Bassigny,
mestre de camp du régiment Mestre-de-camp-général,
mourut à Liège de la petite vérole le l^'- juin 1702. — Il avait
épousé, le 8 août 1761, Marguerite-Thérèse Colbert de
Croissy, fille de Charles Colbert, marquis de Croissy et de
Torcy, et de Marguerite Béraud (2), de qui il eut :
Jean-Baptiste-Louis de Clermont d'Amboise, dont l'article
suit.
XIX
49. Jean-Baptiste I Louis de Clermont d'Amboise,
marquis de Reynel, puis [par héritage, voy. ci-devant, no41]
marquis de Montglas, comte de Cheverny, seigneur de Saint-
Georges, prince souverain de Delain, baron de Rupt (3),
c( le marquis de Clermont d'Amboise » (4), né posthume le
12 octobre 1702, fut fait en 1723 colonel du régiment de
Santerre, à la tête duquel il coopéra au siège de Kiehl (1733);
(1) Du vivant de son père, il s'intitulait « chevalier de Reynel » et signait
« DE Clermont d'Amboise, chevalier de Reynel » (Quittance du
28juini653;orig-., p. o., v. 784). Devenu chef de sa branche, il signa
« Clermont d'Amboise » (Quittance du 24 mai 1685 ; orig., Ibid.)
Dans un acte notarié du 4 août 1700, cité par ,lal, loc. cit., figure conjoin-
tement avec lui « Charles-Balthazar de Clermont d'Amboise », qu'aucune
généalogie ne cite et que nul indice personnel ne me permet de placer à
son rang dans cette branche.
(2) Devenue veuve, Marguerite-Thérèse Colbert de Croissy se remaria,
le 5 janvier 1704, à don Francesco-Maria-Soinole, duc de Sanpietro, grand
d'Espagne. Elle devint dame du palais de la reine d'Esdage et mourut le
27 janvier 1709. Un exemplaire du faire-part de ses funérailles est
conservé p. o., v. 784 ; (Imprimé in-4<' oblong).
(3) Tous ces litres lui sont donnés par Moréri ut par la Gén. an. de i760.
t4) Il se fit appeler ainsi à partir de 1737 environ ; jusque-là on le
nommait correctement « marquis de Reynel » (Duc de Luynes, Mémoires,
t. II, p. m, 88, 252, 253, etc.) — « M. de Renel, marquis de Clermont
d'Aniljoisc », porteVÉlat Militaire, édition de 1758,
181
brigadier en 1734, maréchal de camp en 1738, lieutenant-
général en 1744, gouverneur de Mont-Dauphin en 1749, il
mourut à Paris le 18 septembre 1761. — Il avait épousé
le 7 septembre 1722, Henriette Fitz-James, fille de Jacques
Fitz-James, duc de Berwick, de Fitz-James et de Liria,
grand d'Espagne, maréchal de France (1), et d'Anne de
Buckley, sa seconde femme, de qui il eut :
1. Jacques-Louis-Georges de Clermont d'Amhoise, né en
1726, colonel du régiment de Bretagne-Infanterie, tué par
accident le 18 octobre 1746 ; il avait épousé, le 2 mars 1745,
Marie-Henriette-Anne du Jonquoy, de qui il eut Thomasse-
Thérèse de Clermont d'Amhoise, née posthume en septembre
Î746, mariée, le 3 avril 1761, à Jacques de Choiseul, comte
de Stainville, morte en 1789 ;
2. Jean-Baptiste-Charles-François de Clermont d'Amhoise,
qui suit ;
3. Diane-Jacqueline-Louise de Clermont d'Amhoise, née le
21 mars 1723, qui épousa, i°, le 4 janvier 1763, Marie-
François-Auguste de Goyon de Matignon, comte de Gacé ;
2^ N., marquis de La Vaupallière ;
4. N. de Clermont d'Amhoise, née le 27 janvier 1761,
abbesse d'Hières (diocèse de Paris), morte en 1770.
— Devenu veuf, Jean - Baptiste - Louis de Glermont-
d'Amboise s'était remarié , le 7 septembre 1749, à
Marie -Sylvie -Charlotte de Rohan- Chabot, fille de Guy-
Auguste, duc de Rohan- Chabot , et d'Yvonne-Sylvie du
Breil de Rais, de qui il n'eut pas d'enfants et qui, de-
venue veuve, se remaria à Gharles-Just, prince de Beauvau,
capitaine des gardes du corps du Roi.
XX
50- Jean-Baptiste II Charles-François de Clermont
(1) Fils naturel de Jacques II, roi d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande.
182
d'Amboise, marquis de Reynel et de Montglas, comte de
Gheverny, seigneur de Saint-Georges, prince souverain de
Delain, baron de Rupt, « le chevalier » puis « le marquis de
Clermont d'Amboise » (1), né le 6 août 1728, colonel du
régiment de Bretagne-Infanterie en 1746, brigadier d'infan-
terie en 1756, ambassadeur près le roi de Portugal (1767),
puis près le roi des Deux-Siciles, maréchal de camp en 1780,
chevalier de l'ordre du Saint-Esprit en 1783, tué le 10 août
1702 en défendant le palais des Tuileries contre les insur-
gés. — Il avait épousé, en juin 1769, Antoinette de Moustier,
fille de N., marquis de Moustier (2), de qui il n'eut pas de
postérité. — Par sa mort, ses biens et titres passèrent à son
cousin Charles-Georges de Clermont, marquis de Clermont-
Gallerande (Voy. ci-devant, n" 32).
LÉON MARLET.
(1) Le premier titre dans les différentes éditions de VÉtal Militaire de
la France comprises entre 1758 et 1780, ainsi que dans les instructions
qui lui furent remises au moment de son départ, comme représentant la
personne du Roi, pour le Portugal {Recueil des instructions : Portugal,
art. XXIV) ; — le second titre dans les éd. de 1761 et années suivantes de
VÉtat Militaire. On remarquera qu'il fit cet échange non à la mort de son
père, mais dix-neuf ans plus tard, à l'occasion de sa promotion au grade
de maréchal de camp.
(2) Morte en 1775.
— 183 —
APPENDICE
Garlande ou Gallerande
UNE ALLIANCE DE LA FAMILLE DE CLERMONT-GALLERANDE
AU XIII'' SIÈCLE
On a vu, par les actes cités ci-devant, que les deux
vocables Garlande et Gallerande ont été employés concur-
remment depuis le XIV'^ siècle au moins jusqu'au commen-
cement du XVIP siècle (1) sans qu'on puisse donner de
préférence historique à l'une ou à l'autre, sinon en tenant
compte d'une tradition consignée par Louis-Gaspard-Joseph
de Clermont dans la généalogie manuscrite qu'il a laissée
de sa maison et suivant laquelle celle-ci se rattacherait par
la femme de Robin II aux trois frères de Garlande ,
qui se succédèrent dans les fonctions de sénéchal de
France de 1108 à 1150 ('2). A défaut de preuve absolue
de ce fait, que j'ai vainement cherchée, après Pesche (3),
on peut alléguer, — outre l'incertitude du nom, que
cet auteur n'a pas songé à invoquer à l'appui de sa thèse
en faveur de la parenté unissant les Clermont et les Garlande,
— la présence sur le territoire actuel du bourg de Clermont
(1) Rappelons-les sommairement néanmoins : « Garlande » (n" 6),
« Garlande ■» et & Gallerande » (n" 7), « Gallerande « (n^s 11, 13, 16,
17), « Garlande » et « Gallerande » (n» 19) ; « Gallerande » (n' 20: 1708,
1718, 1740) ; tout cela d'après les intitulés d'actes émanant de membres de
la branche aînée, éteinte en 1742 (Voy. ci-devant n° 20) ; les seigneurs de
Loudon, devenus alors aines, mais déjà en possession auparavant du
domaine au nom litigieux, l'appellent toujours ^i Gallerande » (n^^ 25 :
1704, 1707, 1711 ; n» 26 : 1719, 1745, 1751, etc..)
(2) Le P. Anselme ne connaît pas cette alliance dans sa généalogie de la
famille de Garlande (t. VII, p. 117 et suiv.)
(3) Dict. Itist. de la Sarthe, art. G.^llerande, Clermont.
— 184 —
d'un hameau, aujourd'hui encore appelé Château-Sénéchal
et plus anciennement, dit-il, Château-Guillaume (1), ainsi
que le singuher débat qui s'éleva entre le roi Louis VI et
Foulques V, comte d'Anjou, à propos de la haute charge de
sénéchal, quand Anseau de Garlande en fut investi (1108). Le
comte se prétendit lésé dans son droit héréditaire sous
prétexte que le premier sénéchal avait été son trisaïeul, le
comte Geoffroy I, et sans se préoccuper : 1" e?t droit si
Geoffroy I avait été créé sénéchal à titre héréditaire ; 2° eu
fait si entre lui et Anseau de Garlande il n'y avait pas eu une
interruption de tout un siècle remplie par huit titulaires
viagers. Pour comprendre l'importance qu'il attachait à ne
pas se laisser dessaisir de ses prétendus droits à cette
fonction, il faut savoir que, depuis qu'il y avait une monar-
chie française, elle était la plus haute à laquelle on pût
aspirer dans la hiérarchie administrative et militaire, mêine
avant celles de connétable et de chancelier, qui par la suite
héritèrent chacune pour moitié de son lustre quand on cessa
de la conférer. Lorsqu'Anseau de Garlande périt au siège du
Puiset (1118), le débat durait encore, du moins dans l'esprit
du comte d'Anjou ; car le Roi en admettait si peu l'existence
que, sitôt la dignité litigieuse devenue vacante par cet événe-
ment, il la confia au frère du défunt, Guillaume de Garlande.
Mais là-dessus la guerre éclata entre la France et l'Angle-
terre ; le comte d'Anjou refusa au Roi le service militaire, en
raison du déni de justice dont il était, selon lui, l'objet.
Force fut à Louis VI d'entrer par politique en accommode-
ment avec son orgueilleux vassal. Après bien des pourparlers,
le comte lui reconnut le droit de choisir tels sénéchaux
viagers qu'il voudrait; mais il conservait néanmoins, lui, le
titre héréditaire qu'il revendiquait, et, en mémoire de ce,
Guillaume de Garlande et ses successeurs, dont le premier fut
(1) Ibid., art. Chàleaic-Séncchal.
- -185 —
son frère Etienne (1120-1150) durent lui prêter hommage (1),
Château-Sénéchal pourrait donc avoir été à l'origine un fief
érigé sous ce titre par le comte d'Anjou comme monument
de sa victoire ; son autre nom de Château-Guillaume serait
celui du premier des sénéchaux vassaux. Le certain est
que, longtemps après, nous trouvons les Clermont, vassaux
du seigneur de Château-Sénéchal pour la partie de leur terre
patronymique, située en Anjou ; le reste relevait de la
baronnie de Sablé, ainsi que de tout ce qui dans le domaine
de Gallerande appartenait non à l'Anjou, mais au Maine ;
Gallerande lui-même, au contraire, était en Anjou (2). Ces
obscurités, je le répète, me semblent impénétrables si l'on
ne veut s'appuyer que sur des textes précis qui font totale-
ment défaut. Seule la tradition du mariage de Piobin II avec
la fille d'un des frères Garlande, — plus exactement, de
Guillaume de Garlande, — les éclaircit.
Notons, en passant, que aucune des trois seules généalo-
gies de la maison de Clermont qui, avec celle de Louis-
Gaspard-Joseph de Clermont remontent en deçà du XVP
siècle, — celle de d'Hozier (1670), celle du Bertin du
Rocheret (vers 1760) et l'anonyme de 1773, — n'aident à
résoudre la difficulté, la femme de Pvobin II étant nommée
par les deux premières « la dame de Gallerande », par la
troisième « la fille du sire de Gallerande ». — Notons aussi,
(1) Hugues de Cleers [l'un des négociateurs Angevins], De majorata et
senescalUà... — Sa famille devait s'allier, deux siècles plus tard, à la
famille de Clermont (Voy. ci-devant, n" 7).
(2) Acte de foi et hommage rendu par Georges I de Clermont au seigneur
de Château-Sénéchal pour la partie de Clermont qui en relève, 20 juillet
1588 ; kl. par le même rendu au baron de Sablé pour la partie de Clermont
qui en relève, 21 octobre 1598 ; id. par le même à Urbain de Laval,, mar-
quis de Sablé, de son château et terre de Gallerande en ce qu'il y en a de
tenues mouvant dudit Sablé, 27 novembre 1603 ; id. par le même au roi
Henri IV à cause de sa baronnie de La Flèche, des parties de Gallerande
tenues de Sa Majesté, 16 janvier 1610 ; id. par Henri II de Clermont à
Henri de Maillé, seigneur du Château-Sénéchal, des parties de Clermont
qui en relèvent (An., ce.)
— 186 —
sans en tirer aucune conséquence, la présence au XIII^
siècle dans le Maine d'un « Gui de Gallerande, escuyer, de
la paroisse de Beaufay » (l),dont Le Corvaisier de Courteilles
cite un acte de 1255 dans son histoire des évèques du
Mans (2).
LISTE DES SEIGNEURIES AYANT APPARTENU A UNE CERTAINE
ÉPOQUE A LA FAMILLE DE CLERMONT
Aulnai (Vienne), n" 3
Blanc - en - Berry (Le)
(Indre), n" |4
Bohardy ( Maine - et -
Loire), n^ | |
Brouassin (Sarthe), n» 26
Bussy - en - Barrois
(Meuse), n" 33
Celle - Saint - Gyr (La)
(Yonne), n" | 5
Gheverny ( Loir - et -
Cher), n" 40
Clermont, Clermont-
Gallerande , Cler -
mont - en - Anjou
(Sarthe), n" |
Mognéville (Meuse), n" 33
Montglas ( Seine - et -
Marne), n» 39
Montrevault (Maine-et-
Loire), n" 1 0
Piltière (La) (Sarthe), n^ 25
Plessis - Allouin ( Le )
(Sarthe), n" 4
Plessis- Marchais (Le)
(Sarthe), n" 4
Preuilly (Indre - et -
Loire), n° 1 4
Pringé (Sarthe), n" 4
Beynel (Haute-Mar-
ne), n» 33
Rupt (Haute - Saône), n" 37
(1) Beaufay, aujourd'hui commune du canton de Ballon, arr. du Mans,
Sarthe ; — à 50 kilomètres environ de Clermont.
(2) Cette indication est reproduite dans le Dict. du Maine de Le Paige,
art. LoMBRON, et dans le Dict. de la Sarthe de Pesche, même article.
Ce dernier, pour les besoins de sa cause, a cru devoir appeler ce person-
nage (( Guy de Gallerande ou Garlande ».
— 187 —
Delain (Haute-Saône), ii'^ 37
Farté -Loupière (La),
(Yonne), n" | 5
Grand-Montrevault (Le);
(voy. Montrevault),
LoLidon (Sarthe), n» 24
Luché-Pringé(Sarthe), n» 4
Mervé (Sarthe), n» 8
Mareil-sur-Loir (Sar-
the), no 4
Saint-Aignan (Sarthe), n" | 6
Saint - Georges - sur -
. Loire (Maine - et -
Loire), n" | |
Sexfontaines (Haute-
Marne), n" 14
Traves (Haute-Saô-
ne), n" 13
Tronchet (Le) (Sar-
the), n" 24
LISTE CHRONOLOGIQUE DE QUELQUES MEMBRES DE LA FAMILLE
DE CLERMONT AYANT PARFOIS PORTÉ DANS LES ACTES OU
DANS LES ANCIENS MÉMOIRES DES NOMS DIFFÉRENTS DE
CEUX QUE LEUR DONNENT HABITUELLEMENT LES GÉNÉA-
LOGIES.
Clermont d'Amboise (M. de).
Voy. Clermont (Georges I de), marquis de Gallerande
(151.-1587), §1, no 15,
— (Georges H de), marquis de Gallerande
(15..-161), §1, no 16.
— (Henri I de) , marquis de Gallerande
(....-1651),' §1, no f7(l).
— (Louis de), seigneur de Loudon (1626-1655),
§ 3, no 24.
— (Charles-Léonor de), seigneur de Loudon,
puis marquis de Gallerande, (165 . -1715),
§ 3, no 25.
(1) Peut-être aussi Henri II de Clermont (n" 18), mais non son lils
Louis IV de Clermont, qui inaugura le patronyme ((, Clermont-Gallerande )>;
voy. ci-devant, m' 19.
— 188 —
(Georges - Henri de), seigneur de Saint-
Aignan, (1653-1702), § % n" 22.
(Pierre-Gaspard de), marquis de Clermont-
Gallerande, (1682-1756), § 3, n° 26.
(Georges-Jacques de), seigneur de Saint-
Aignan, (1689-1734), § 2, n» 23.
Clermont d'Amboise (M^'o de).
Voy. Glermont-Gallerande (Marie-Louise-Thérèse de),
(1707-17. .), § 1, n<' 19.
N. B. Ne pas confondre ces différents « Clermont-
d'Amboise », marqim de Gallerande, seigneurs de Loudon,
ou seigneurs de Saint- Aignan, avec leurs parents les
« Clermont-d'Amboise », marquis de Reijnel, § 1, n" 42-50.
— Se souvenir aussi que les généalogistes ont souvent
appelé par erreur « Clermont-d'Amboise » les membres de
toute une branche de la famille de Clermont qui avait aban-
donné son nom d'origine pour celui d' « Amboise », patro-
nyme de la mère du fondateur (§ 5, n^^ 33-36, 15 . .-1627).
— 189
TABLE
DES DIFFERENTES BRANCHES DE LA MAISON DE CLERMONT
I. — Branche aînée, éteinte en 1742 (n^^ |-20)-
IL — Seigneurs de Saint-Aignan, éteints en 1734 (n^* 2 ( -
23).
III. — Seigneurs de Loudon, marquis de Clermont-Galle-
rande, actuellement subsistants (n°s 24-30)-
IV. — Seigneurs du Tronchet , marquis de Clermont-
Gallerande, éteints en 1824 (n"* 3 | -32)-
V. — Barons de Bassy, éteints en 1627 (n»* 33-36)-
VI. — Marquis de Montglas, comtes de Cheverny, seigneurs
de Saint-Georges, éteints en 1727 (no> 37-41)-
Vlt. — Marquis de Reynel, éteints en 1792 (42-50)-
— 190
ADDITIONS ET CORRECTIONS
19. — Françoise de la Motte de Montpellé, seconde femme de Louis IV,
marquis de Gallerande, vivait encore en 1763, de même que
l'aîné de ses enfants, Marie - Louise - Thérèse de Clermont
[Mémoire pour Marie-Louise-Tliérese, marquise de Clermont-
Gallerande [sic ; Cf. le titre qui lui est donné dans le texte
d'après d'autres actes), daine Louise - Diane - Françoise de
Clermont - Gallerande, duchesse de Brancas, les demoiselles
Magdeleine- Henriette et Charlotte-Éléonore de Clermont, etc.
contre messire Jacques de Villiers, seigneur du Theil, etc ;
Paris, Brunet, 1763, in-4° de 85 p. ; Communication de M. le
comte de Contades, reçue au cours de l'impression de la présente
étude).
22. — Marie-Madeleine-Bitault, femme de Georges-Henri de Clermont,
seigneur de Saint-Aignan, mourut en 1742 (Même factum, p. 15).
— Leur troisième enfant, Marie-Catherine, était née à Saint-
Aignan le 16 septembre 1691 ( corriger dans le texte la date
donnée par Moréri, souvent fautif, et d'après lui par L.-G.-J. de
Clermont) et mourut à Paris le 23 décembre 1761 (Même factum,
p. 2).
25. — Madeleine-Henriette et Charlotte-Éléonore de Clermont, fille de
Charles-Léonor, marquis de Gallerande, vivaient encore toutes
deux (corr. pour la première la date donnée dans le te.\te) en
1763 (Même factum, titre donné plus haut).
L'INSTRUCTION
AU XVIIP SIÈCLE
DANS LES ANCIENNES PAROISSES
DE LA CIRCONSCRIPTION D'INSPECTION PRIMAIRE
DE SILLÉ- LE -GUILLAUME
( SARTHE )
CANTON DE BEAUMONT-SUR-SARTHE
VILLE DE BEAUMONT-SUR-SARTHE
Petit collège de garçons.
Il y avait à Beaumont-le-Vicomte, un petit collège de
garçons, dès la fin du XATP siècle. Cet établissement fut
fondé le 30 Octobre 1664 par M<^ Jacques Lemaitre prêtre et
curé de la paroisse. Dans son testament, cet ecclésiastique
(( fait don à perpétuité au général des habitants, d'une
y> maison, jardin et issues, situés au faubourg de la Croix,
» pour le logement d'un maistre d'escolle, prêtre natif de la
» ville et paroisse, qui enseignera les enfants d'icelles, les
» catéchisera, eux -et les paroissiens les dimanches et festes
» à l'issue des vêpres ».
Le principal devait en outre célébrer plusieurs messes
pour le fondateur et ses parents. Dans le principe, il était
192
nommé par une Commission composée du curé, des officiers
de justice de la sénéchaussée et du procureur de fabrique.
La maison donnée par le curé, remaniée à l'intérieur et à
l'extérieur, sert encore aujourd'hui de logement à l'institu-
teur primaire.
On croit que le premier principal du collège de Beaumont
a été M^ Louis Tliibault, prêtre. Dans l'acte de présentation
de son successeur, on met à sa charge les réparations
« ainsi que l'exigent les termes de la fondation et le long
» temps pendant lequel il en a joui ». Or, la fondation,
comme on l'a vu, est de 1664, l'acte de présentation de 1687,
soit entre l'une et l'autre un intervalle de 33 ans. Tout au
plus n'a-t-il eu que quelques prédécesseurs.
Il fat remplacé par M" Jean-Baptiste Ermenault, prêtre
originaire de Beaumont. Les présentateurs exposent le 15
octobre 1687 « que la place de maistre d'écolle est à présent
» vacante, attendu que M^ Louis Thibault, prêtre, ci-devant
» commis et étably à icelle, a été pourvu à la cure de
Doucelles où il est obligé de résider » en sorte que depuis
un mois il n'y a plus d'école. Ils proposent en conséquence,
pour le remplacer, M^ Jean-Baptiste Ermenault, car il ne se
trouve personne plus capable de remplir cette place et pré-
sentant « les qualités et dispositions requises et nécessaires. »
Pendant près d'un siècle, les renseignements manquent
sur le collège de Beaumont et sur les principaux qui ont pu
le diriger. On pourrait cependant établir la liste de ces
derniers, car ils ne sont pas sans figurer soit à l'état-civil,
soit dans les minutes des notaires. Mais ces renseignements
n'ont qu'une importance secondaire. Nous savons en effet
que cet établissement existait encore à la fin de l'ancienne
monarchie. Sa dotation fut même augmentée, comme on
va le voir, vers 1777 ou 1778, d'un revenu de trois cents
livres provenant de la suppression d'un ancien couvent.
Vers 1634, un sieur de Brunelière et sa femme fondèrent
à Beaumont un couvent de religieuses cordelières de Sainte-
193
Claire et vulgairement désignées sous le nom de Clairettes.
Ce couvent fut supprimé par un arrêt du conseil le 15 janvier
1757, à condition d'en employer les revenus « au bouillon
des pauvres ou à l'entretien d'une école gratuite. »
Pendant quelques années la confrairie de charité, disposa
de ces ressources, mais des difficultés étant survenues à ce
sujet, on se décida d'un commun accord, à soumettre le
diftérend à l'évèque du Mans, et à s'en rapporter à sa
décision. Le prélat, après avoir examiné les lettres patentes
relatives à l'emploi des revenus provenant de l'ancien cou-
vent, ordonna, pour se conformer aux intentions royales,
« d'assigner trois cents livres pour doter le collège de
Beaumont ». Le principal, à la nomination des habitants
devait être approuvé par l'Ordinaire.
Les arrérages furent réclamés par M'' Lorin, alors prin-
cipal et servirent à solder des réparations qu'on avîiit été
obligé de faire aux bâtiments. Le produit de cette donation
augmenta sensiblement les revenus du collège et lui assura
une plus grande prospérité. Le principal put recevoir un
plus grand nombre d'écoliers et s'adjoindre un auxiliaire
chargé de surveiller le dortoir et faire la classe aux petits.
J'ai pu mettre la main sur la nomination du dernier piin-
cipal du collège de Beaumont. Cet acte est passé le 14 avril
1789, quelque temps après le décès de M« Valentin Lorin.
Le curé, les officiers de la sénéchaussée et le procureur de
fabrique, avant de prendre une décision ferme croient de
leur devoir consulter les habitants. « Ils ont, disent-ils,
» cru honnête de les consulter sur le choix du sujet, sans
» néannjoins que cette demande puisse préjudicier au droit
» qu'ils ont. » Ils choisissent et nomment pour principal du
collège AP- René Bedeau, prêtre habitué de la paroisse de
Saint-Benoît du Mans « faisant ordinairement les fonctions
» d'enseigner ». Ce maître devait jouir de tous les droits et
attributions attachés à ses fonctions et d'une somme de trois
XL 13
- 494 —
cents livres de rentes anciennes affectées sur la maison et
dépendances des religieuses et appartenant à M. Delelée.
Les renseignements fournis par les officiers municipaux
de Beaumont, à la Commission Intermédiaire du Maine, nous
font connaître la situation du collège de la paroisse à la fin
de l'ancienne monarchie. Ces officiers déclarent qu'il y a
dans leur ville « un collège où l'on enseigne le latin jusqu'en
» rhétorique inclusivement. Cet établissement a été fondé
» en 1664. Il n'y avait alors que la maison du faubourg de la
» Croix et le jardin y attenant. En l'année 1779, il a été doté
» par délibération des habitants et du consentement de
» M&'" l'Évèque de trois cents livres de rente qui proviennent
» de la vente de l'emplacement de l'ancien bâtiment des
» religieuses supprimées et vendu à M. de Perrochel. L'ad-
» ministration du collège est confiée particulièrement aux
» officiers municipaux et de justice. Les biens cédés à la
» ville par les religieuses sont également régis par les officiers
» municipaux ».
Me Bedeau continua ses fonctions pendant les premières
années de la Révolution ; mais la prospérité de l'établisse-
ment parait avoir diminué à cette époque. Dans une délibé-
ration du 15 avril 1791, le principal déclare que « vu la
» modicité des revenus du collège, il lui est impossible de
» payer une rente de vingt sept livres pour la location d'une
» petite maison attenant au collège, d'autant plus que depuis
» le peu de temps qu'il a joui du bénéfice, il a fait des
» augmentations indispensables, telles qu'une classe et une
» cour pour les amusements des pensionnaires ; que cepen-
» dant, comme l'Assemblée Nationale pourrait prendre des
» mesures avantageuses pour l'éducation, il serait prudent
» de continuer la location de la dite maison. »
Le principal Bedeau, ayant été nommé quelque temps
après à la cure de Changé, le collège de Beaumont demeura
inoccupé pendant une partie de la période révolutionnaire.
— 195 —
Petites écoles de garçons.
A côté du collège où les enfants des familles aisées pou-
vaient faire des études latines complètes, il y avait encore à
Beaumont des « petites écoles de garçons ». Dans leur
réponse à la Commission Intermédiaire, les officiers muni-
cipaux déclarent « qu'il y a dans leur ville deux maîtres
» d'écriture qui tiennent en même temps les petites écoles. ».
L'an de ces maîtres nous est connu; il s'appelait Pierre
Dessaux et son nom figure dans plusieurs actes authentiques.
Ils continuent d'exercer pendant les premières années de
la Révolution ; leur nombre s'est même augmenté de moitié.
Le 8 août 1792, l'administration les invite à prêter le serment
civique. A cette époque on en compte quatre, ce sont:
J.-René Malherbe , Pierre Dessaux , Bernard Esnaiilt,
Mathurin Labhé; leurs signatures sont fermes, bien formées
et annoncent une instruction plus qu'écolière.
Les instituteurs de Beaumont mentionnés le 18 fructidor
an II sont :
1° Bernard Esnault, âgé de 34 ans, qui enseigne la langue
française, l'écriture et l'arithmétique ;
2" Pierre Dessaux, aussi domicilié à Beaumont et âgé de
48 ans ; enseigne la langue française, l'écriture et l'arithmé-
tique ;
3° Mathurin Labbé, demeurant à Beaumont, âgé de 44
ans ; enseigne les mêmes matières que ses collègues.
Petites écoles de filles.
On croyait généralement que les Clairettes qui avaient à
Beaumont un monastère assez important, s'occupaient un
peu de l'instruction des jeunes filles pauvres de la paroisse.
Dans l'enquête qui précéda la suppression de leur couvent,
plusieurs notables de Beaumont affirment que ces religieuses
(( n'ont jamais été d'aucun secours soit pour les pauvres
— 196 —
» malades, soit pour l'instruction de la jeunesse » ce qui
porte à penser qu'elles n'ont jamais fait l'école.
La fondation d'une « petite école de filles » à Beaumont
est due à Magdelaine Barbin. Aux termes d'un codicile de
1737, elle veut et entend qu'il soit pris sur le lieu de la
Gaudine, en Vivoin, « chacun an et à perpétuité, la somme
» de soixante livres destinée h l'entretien d'une maîtresse
» d'école de charité approuvée qui instruira les jeunes filles
» dans la religion et qui leur apprendra à lire et à écrire » .
La donatrice stipulait que cette somme serait touchée par
la fille du fermier de la Gaudine et à son défaut par une
personne apte à remplir les fonctions de maîtresse d'école.
S'il ne s'en trouvait aucune l'argent devait être employé au
bouillon des pauvres.
Cette petite école existait encore au moment ou commence
la Révolution française. Voici la déclaration faite à ce propos
par les officiers municipaux, à la Commission Intermédiaire
du Maine. « Il y a à Beaumont deux maîtresses d'école pour
» les filles à qui est attribuée une rente de 60 livres. Cette
» somme ayant été donnée par délibération des habitants et
» du consentement de Mff»' l'Évêque avant l'établissement
» des soeurs, ces maîtresses ont continué d'en jouir. Mais il
» serait plus convenable de la réunir à la communauté des
y> soeurs et d'y joindre, s'il était possible, une nouvelle
)) somme de soixante livres pour se procurer une troisième
» sœur. »
Les maîtresses de la petite école de filles de Beaumont
continuèrent à exercer pendant les premières années de
la Révolution française. On ignore toutefois leurs noms et il
est impossible de dire si elles figurent parmi les six qui
prêtent le serment civique en 1792 et qui sont : « !« La veuve
» Verdier ; 2° la demoiselle Abot ; 3" la femme Lambert, née
» Bourgouin; 4" la fille Pageot ; 5° Marie Barbe ; 6° la femme
» Lambert, née Maignan. »
— 197 —
Les institutrices de Beaumont mentionnées le 29 fructidor
an II sont :
l» Marie Barbe Maignan, femme de l'instituteur Esnault,
âgée de 35 ans ; elle enseignait la langue française.
2" Valérie Culerier, femme de René Ricordeau, âgée de
41 ans ; elle enseignait la langue française et l'écriture.
3" Françoise Cordier, femme d'André Legros, qui ensei-
gnait aussi la langue française.
Ecole de Charité dirigée par les Sœurs.
L'établissement d'une école de sœurs à Beaumont ne
remonte qu'à l'année 1779. Il règne à propos de cette fonda-
tion une telle obscurité qu'il est nécessaire d'y apporter un
peu de lumière, en indiquant dans quelles conditions elle a
eu lieu.
Sur le terrain oii passe aujourd'hui la grand'route du
Mans à Alençon et où sont édifiés l'Hôtel-de-ville et l'école
des filles, existait au XVIP siècle un couvent de Clairettes
qui fut supprimé, comme nous l'avons vu, par arrêt du 15
janvier 1757. Dans l'enquête qui eut lieu à ce sujet, plusieurs
notables de Beaumont et des environs déclarent que le
monastère est abandonné et n'est d'aucune utilité. Ils
demandent que les biens qui en dépendent soient attribués
aux sœurs de La Ferté-Bernard,. dont les revenus sont
insuffisants et dont la situation semble digne d'intérêt. Ces
t^œurs tiennent en efïet une école publique à La Férié ; elles
enseignent bien. Avec ces revenus, elles pourront, préten-
dent-ils, former des maîtresses pour les écoles voisines.
L'évêque du Mans, sur le rapport d'une commission
chargée d'étudier cette affaire, prononça le 30 mai 1757 la
suppression du couvent des Clairettes et en attribua les
revenus aux sœurs de La Ferté-Bernard, aux clauses et
conditions énumérées dans l'acte de fondation. Cette sup-
— 198 -
pression fut confirmée par lettres patentes du 3 juin de la
même année, enregistrées le 18 décembre suivant.
Il faut croire que les sœurs de La Ferté-Bernard se trou-
vèrent dans l'impossibilité de remplir les charges qui
grevaient la donation. C'est pour cette raison, sans doute,
que le 4 juin 1768, elles signèrent, avec les habitants de
Beaumont, une transaction confirmée par lettres patentes
enregistrées le 20 juillet 1771, aux termes de laquelle,
l'ancien couvent de Beaumont et ses dépendances étaient
donnés à (.< la ville et communauté du dit Beaumont-le-
y> Vicomte, à condition d'en employer les revenus, soit au
» l)ouillon des pauvres, soit à l'entretien d'une école gratuite
» pour l'instruction de la jeunesse. »
Il y avait à Beaumont, à cette époque, comme dans la
plupart des petites villes du Maine, une Confrairie de Charité
pour le soulagement des pauvres malades. Ce fut le bureau
de cette association qui administra pendant plusieurs années,
les biens provenant de cette transaction.
Le 20 janvier 1777, les habitants de Beaumont, pour
s'assurer un revenu fixe et certain, aliénèrent une portion
de l'ancien couvent, à M. de Perrochel, seigneur de Moitron,
moyennant uns rente annuelle et perpétuelle de trois cents
livres. C'est sur cet emplacement que ce seigneur fit édifier,
quelques années après, la belle maison qui sert aujourd'hui
d'hôtel de ville à Beaumont. M. Lehault, docteur médecin,
oflrit d'acheter l'autre portion aux mêmes conditions. Ses
propositions furent agréées et un acte de vente fut passé à
cet effet le 6 juin 1777.
Mais il paraît que pour la seconde aliénation, on avait
négligé de consulter l'intendant de Tours. Cet administrateur
fit casser, par arrêt du conseil du 21 août, l'acte de vente
consenti en faveur de M. Lehault, et révoquer les officiers
municipaux qui l'avaient permise. Cet arrêt porte que «. le
» roi étant informé que certains officiers municipaux de la
» ville et communauté de Beaumont-le- Vicomte, au Maine,
— 199 —
» se seraient ingérés de disposer de biens fonds et domaines
» qu'il a plu à Sa Majesté de donner à la dite communauté
» des habitants à la charge d'en employer les revenus, soit
» au bouillon des pauvres, soit à l'entretien d'une école
» gratuite pour la jeunesse ; que ces officiers auraient, sans
» autorisation, baillé à titre de rente foncière à René Lehaut,
» les terres ci-devant, pour trois cents livres annuelles, casse
» le contrat du G juin et fait défense aux notaires d'en refaire
» un autre. »
Peu de temps après, il s'éleva entre les habitants quelques
difficultés au sujet de l'administration du bureau de la Charité
et de l'emploi des revenus provenant des biens de l'ancien
couvent. On décida de se soumettre à l'arbitrage de l'évèque
du Mans. Le prélat, comme nous l'avons vu, après avoir
pris connaissance des lettres patentes, décida d'attribuer
trois cents livres au collège de la ville. Il exigea d'un autre
côté que le surplus du revenu fut employé à l'établissement
et à l'entretien de deux sœurs de charité de la congrégation
de Sillé-le-Guillaume auxquelles on accorderait une «maison
» manable et suffisamment meublée, une pension annuelle
^^ de deux cent soixante livres, à condition d'instruire les
» jeunes filles et de prendre soin des pauvres malades. »
La maison du bordage dépendant de l'ancien couvent
pouvait convenir de l'avis de l'évèque lui-même, en y faisant
quelques augmentations, pour l'installation des sœurs. Le
curé de Beaumont fait alors remarquer à Sa Grandeur c( que
» la Providence lui offrait les moyens pour mettre en bon
» état la dite maison destinée aux sœurs. f> Moyennant la
somme de mille livres qui lui sera délivrée par le procureur
de la Charité et une pareille somme qu'il a lieu d'espérer
« de certaines personnes qui ne veulent pas être connues, »
il compte non seulement pouvoir faire exécuter les agran-
dissements nécessaires, mais encore doter la maison d'un
mobilier convenable.
L'Assemblée générale des habitants de Beaumont appelée
200
à délibérer sur ce sujet, consent à l'établissement des sœurs,
mais n'accorde que cinq cents livres, au lieu de mille, pour
l'appropriation du logement des maîtresses. Enfin le i'^'" août
1779, le général des habitants de Beaumont donnait pleins
pouvoirs à MM. Delelée et Lehaut, pour traiter avec la supé-
rieure générale des sœurs de Sillé-le-Guillaume, madame
Françoise Beunoust, sœur du principal de Sillé.
Dans l'article premier de ce traité, il est stipulé «. que sur
» les produits des biens fonds actuellement existants en
» nature, lesquels consistent en une maison, un ancien
» bordage et autres biens qui en dépendent encore, outre
» ceux aliénés à M. de Perrochel, il soit pris une somme
» annuelle de deux cent soixante livres pour subvenir à
» l'existence des deux sœurs de la charité. » On convient en
outre de leur accorder l'ancienne maison de ce bordage pour
leur logement personnel. Le général des habitants permet
de plus au curé de le faire réédifier, en se servant des maté-
riaux et même de l'ardoise de l'ancien couvent déposés au
collège des garçons. Mais il demeure entendu que les sœurs
auront un jardin de grandeur suffisante sans que le curé
puisse rien exiger des habitants pour la restauration de la
maison.
La supérieure générale s'obligeait de son côté, à envoyer
à Beaumont, deux sœurs chargées d'enseigner à lire et à
écrire aux jeunes filles de la ville, de les instruire de la
doctrine chrétienne, et de plus de soigner les malades, selon
les indications du bureau de charité auquel elles devaient
s'adresser pour avoir les remèdes.
Il était également stipulé qu'on fournirait aux sœurs les
meubles et ustensiles nécessaires au ménage jusqu'à concur-
rence de six cents livres ; mais il est bien spécifié que cette
dépense regarde exclusivement le curé.
Enfin on ajoute qu'il sera loisible aux supérieures de la
communauté de rappeler, quand bon leur semblera, les
sœurs appelées à diriger l'école, et de leur en substituer
201
d'autres en leur place, en état de bien remplir les fonctions
d'hospitalières et de maîtresses d'école. De même que les
habitants de Beaumont auront le droit de demander le chan-
gement de ces maîtresses, et leur remplacement par d'autres.
Cependant, pas plus la ville de Beaumont que la commu-
nauté n'auront le droit de remercier ou de retirer les sœurs
sans l'agrément de l'évêque du Mans et de ses successeurs.
La maison mise à la disposition des sœurs pour leur loge-
ment ne fut sans doute pas reconnue propre à sa destination.
Au lieu de la faire approprier, comme dans le principe il en
avait l'intention, M" Yvard, curé de Beaumont, songea à en
bâtir une plus commode. C'est l'immeuble dans lequel est
encore aujourd'hui installée l'école des filles. Grâce à la
générosité de personnes dévouées, il fit édifier une belle
maison qui dut passer à cette époque pour un véritable
palais scolaire.
Dans une délibération du 12 mars 1782, M« Yvard recon-
naît volontiers que la maison qu'il fait construire, est sur
le terrain de la ville. Aussi renonce-t-il formellement pour
lui et pour ses héritiers « à faire aucune demande dorestitu-
» tion, dommage etc. » Il avoue que « pour faciliter et même
» exécuter plus facilement un établissement si utile, sans
» être à charge aux habitants, il avait promis et s'était engagé
» de faire approprier à ses dépens la maison du bordage
» dépendant de l'ancien couvent supprimé. » Il reconnaît
également qu'il a promis de fournir aux sœurs des meubles
convenables. Pour remplir ses engagements inspirés par
l'intérêt des pauvres et des jeunes filles, il est décidé d'avoir
recours à une construction neuve. Au lieu de détruire la
maison du bordage dont la ville peut encore tirer quelques
revenus il préfère édifier « sur le fond de la ville qui lui a
» été indiqué une maison convenable. » Comme celui qui
bâtit sur le fond d'autrui ne peut à juste titre avoir aucun
droit de propriété, le curé déclare « renoncer à faire aucune
» demande en restitution, dommages et intérêts, ou autre de
- 202 —
» quelque espèce que ce soit pour la maison et dépendances
» situées sur l'ancien couvent des religieuses supprimées et
» qui appartient aujourd'hui à la ville, ni aucun des meubles
» qui se trouvent dedans. »
Malgré ces déclarations formelles, il y eut à la mort de ce
prêtre une réclamation de la part de ses héritiers, non pas
au sujet du terrain, mais à propos des meubles qu'il avait
fournis et des nombreuses dépenses qu'il avait faites en
faveur de l'établissement des sœurs. Cette affaire se termina
par une transaction qui n'a pas grande importance pour
nous et qui parait avoir ménagé les prétentions des inté-
ressés.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire du
Maine, les officiers municipaux de Beaumont nous font
connaître la situation de l'école des sœurs de leur ville,
quelque temps avant la Révolution. Ils déclarent « qu'il y a
» dans la ville de Beaumont, un établissement de deux sœurs
» de la Chapelle-au-Riboul, dont l'une est chargée de
» l'instruction gratuite des filles et l'autre du gouvernement
» des pauvres. Cet établissement n'est que de l'année 1779,
» fait en présence et du consentement de M^^ l'Évêque du
» Mans, par une délibération du général des habitants en
» date du premier août. On les a dotées de deux cent soixante
» livres de rente, pour chacun an, laquelle rente provient
» d'un bien abandonné à la ville par les religieuses de La
» Ferté-Bernard, en vertu d'une transaction passée entre
» elles et les habitants. Feu M^ Yvard, ci-devant curé de la
» ville, a fait construire à ses frais, et avec quelques bien-
» faits particuliers, une assez belle maison qu'elles habitent. »
Les deux sœurs qui exerçaient à Beaumont, au moment
où commence la Révolution s'appelaient l'une Leplat et
l'autre Lesage. Elles prêtent le 27 semptembre 1791 le ser-
ment civique exigé des instituteurs et des fonctionnaires
publics. Leurs signatures sont bien formées, leur écriture
est une espèce de petite bâtarde qui a de grandes analogies
— 203 —
avec notre écriture française actuelle. En avril 1792, elles
retractent le serment qu'elles avaient prêté quelque temps
auparavant. On appose les scellés chez elles et on met dans
leur maison un gardien des meubles. Plus tard on installa
un corps de garde dans leur établissement.
Les sœurs continuèrent néanmoins à tenir une école par-
ticulière ou privée. On croit qu'elles s'établirent à la Croix-
Verte, en Maresché. L'administration s'alarma de l'existence
de cette école. Le 9 ventôse an VI, elle prit la décision
suivante : « L'administration considérant que les citoyennes
» Leplat et Lesage ci-devant sœurs, ont refusé le serment
» civique prescrit par la loi du 9 fructidor ; qu'elles ne don-
» nent à leurs élèves aucun livre de la Convention, mais
» d'autres livres qui ne peuvent rappeler à leur âme que des
» sentiments de fanatisme, qu'elles ne leur font point observer
» les décades, et n'assistent à aucune fête républicaine,
» ordonne la suspension de l'école tenue par les dites
» citoyennes. »
ASSÉ-LE-RIBOUL
Petite école de garçons
La paroisse d'Assé-le-Riboul qui comptait, en 1788,
1,022 habitants au-dessus de 7 ans, ne pouvait être dépour-
vue de moyens d'instruction pour les enfants. Aussi l'exis-
tence d'un maître d'école à Assé est-elle établie dès 1780
par l'acte de sépulture suivant : « Le 17 juin 1780, le corps
» de Moulinneuf journalier, baptisé en cette église depuis
» environ soixante ans, décédé d'hier en cette paroisse, à
» été inhumé par moi, curé soussigné, dans le grand cime-
» tière en présence de Guillaume Moulinneuf msii\.re d'école
> et de Pierre Lalande ». Ce maître, fils de Guillaume
Moulinneuf et de Marie Beaury naquit à Assé le 8 octobre
1751. Il se maria le 1<^'' octobre 1782 à Louise Levrard et
— 204 —
mourut quelques mois après son mariage. Dans son acte de
sépulture on le qualifie de journalier.
Guillaume Moulinneuf ne fut sans doute pas remplacé
dans ses fonctions d'enseignement, car dans leur réponse
à la Commission Intermédiaire du Maine, les habitants
d'Assé-le-Iliboul, se plaignent de l'absence de maître et de
maîtresse d'école. « Nous n'avons malheureusement, disent-
» ils, dans notre paroisse ni hôpital, ni sœur pour soigner
» les malades, ni chirurgien, ni maître d'école, chose qui
» serait absolument nécessaire dans une si grande paroisse. »
A part quelques enfants qui pouvaient fréquenter les écoles
de Beaumont, les autres restaient dans l'ignorance, car le
clergé local ne paraît pas s'en occuper comme il le faisait
dans quelques paroisses.
Dans leur cahier des plaintes et doléances rédigé le 7 mars
1789, les habitants d'Assé demandent de nouveau la création
d'écoles pour l'instruction de leurs enfants. « Nous n'enten-
» dons point porter des mains avides sur les biens de l'Église;
» il serait cependant à souhaiter que tous ceux qui les pos-
» sèdent les employassent selon l'intention des fondateurs,
» c'est-à-dire pour l'honnête subsistance des ministres em-
» ployés au soin des âmes... et le surplus à fonder des écoles
jf> de l'un et l'autre sexe dans les paroisses de campagnes où
» régnent absolument l'ignorance et la corruption des
» moeurs. »
Ces vœux ne furent en partie réalisés qu'à l'époque de la
Convention. Le second maître d'école dont il est fait mention
dans les archives d'Assé, est Jecui Forget dont la famille
était originaire de la Normandie. On pense qu'il fit des études
à peu près complètes, car dans un acte de l'état-civil, on le
qualifie de « grammérien. » 11 ne commença à faire l'école à
Assé que dans les premiers jours de l'année 1793. Dans les
actes de l'état-civil qu'il a tous rédigés, comme greffier de
la municipalité, il figure souvent comme témoin, avec la
désignation de maître d'école d'abord, puis avec celle d'insti-
— 205 -
tuteur à partir de l'an IL La lisibilité de son écriture et la
correction de son orthographe prouvent que c'était un maître
capable pour l'époque.
On sait que dans un de ses premiers projets de décrets sur
l'instruction publique, la Convention fixait à 600 livres le
traitement des instituteurs des communes de moins de
1,500 âmes. C'est le chiffre qui fut accordé au maître d'école
d'Assé, pour 1794, par les membres du district de Fresnay-
sur-Sarthe. Un fragment du registre des délibérations du
Conseil général de la commune, porte la mention suivante
relative aux dépenses de l'année 1794 : « Traitement du
» maître d'école, 400 livres. Supplément de traitement fixé
» par la loi du 4 ventôse an II, et liquidé par l'arrêté du
» district de Fresnay, le 21 floréal dernier, 200 livres. »
Petite école de filles.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire, les
habitants d'Assé-le-Riboul exposent : « qu'il n'y a pas de
» maîtresse d'école » dans leur paroisse.
CHERANGE
Petit collège de garçons.
Il y a eu au XVIP siècle un petit collège de garçons dans
la paroisse de Chérancé. Il fut fondé le 18 juillet 1638 par
M^ Jean Aubry, curé de la paroisse. On n'en trouve aucune
trace au siècle suivant.
Petite école de filles.
Pas trace d'école de filles à Chérancé avant la Révolution.
Vers la fin du XYIII^ .siècle Jeanne Dallier, femme Quentin,
est institutrice dans cette commune.
— 20G —
SAINT - CHRISTOPHE - DU - JAMBET
Pas trace d'écoles avant 1789.
COULOMBIERS
Le curé fait la classe aux garçons avant la Révolution.
Pas d'école de filles.
DOUCELLES
Pas d'école avant 4789.
SAINT - GERMAIN - DE - LA - COUDRE
Petite école de garçons.
Il a dû y avoir dans cette paroisse, un maître d'école avant
la Révolution. Dans un acte authentique du 23 mars 1783,
il est en effet question d'un sieur : « Urbain Guilmin, ancien
» pédagogue, demeurant ci-devant paroisse de Saint-Germain
» de la Coudre ». Il quitta cette localité lors de l'établisse-
ment d'une école de sœurs.
En 1793, un nommé René Lebrun exerça aussi pendant
quelques années les fonctions d'instituteur dans le local que
sœurs durent abandonner à cette époque.
Ecole de Charité dirigée par les Sœurs.
La création à Saint-Germain-de-la-Goudre, d'une école de
filles est due à M" Rouilly du-Glos, curé de la paroisse. Par
acte passé devant Aubert, notaire à Beaumont, il acheta le
28 avril 1783, un terrain sur lequel il édifia une maison pour
— 207 —
loger les sœurs. Cette maison et ses dépendances étaient
évaluées à 1500 livres. C'est celle qui sert encore d'école de
filles.
Dans un acte passé devant Martigné, notaire au Mans,
M*' Rouilly déclare le 17 novembre 1784 que « voulant pro-
» curer des secours habituels aux pauvres malades et une
» instruction régulière aux jeunes filles de la paroisse, il
» faisait don à la communauté des sœurs de Sillé-le-
» Guillaume » d'une maison qu'il a fait construire dans le
bourg de Saint-Germain.
Les sœurs durent entrer en possession de ces immeubles
vers Pâques 1785. La donation était faite à condition, pour
la supérieure « d'envoyer et entretenir à perpétuité deux
» sœurs chargées de gouverner les malades et de montrer
)■) aux jeunes filles pauvres de la paroisse à lire, écrire,
» calculer et de les instruire surtout des principes de leur
); religion ». Il est stipulé qu'au cas où il surviendrait
quelques contestations au sujet de cette dotation ou des
affaires de l'établissement, l'Évèque du Mans ou son vicaire-
général les trancherait d'une façon définitive et sans appel.
Dans un résultat du 12 juin 1785 les habitants de la
paroisse acceptent la libération de leur curé et le remer-
cient (( comme bien intentionné et zélé pour le bien et utilité
» qu'il veut bien se donner envers les pauvres enfants ».
M'' Rouilly consacra en outre une somme de cinq mille
francs pour acheter sur le clergé une rente de deux cent
cinquante livres pour assurer un traitement aux sœurs.
Le souvenir de cette fondation s'est conservé à l'école
dans une plaque de marbre qui surmonte la porte d'entrée
de la maison.
Les deux sœurs qui tenaient l'école au moment où com-
mence la Révolution française étaient Lenoir et Barbe
Fournier. Elles prêtèrent d'abord le serment civique exigé
des institutrices et des fonctionnaires ; ensuite elles se retrac-
tèrent et quittèrent la paroisse.
— 208 —
Elles furent remplacées djins leur maison, comme nous
l'avons vu, par un instituteur nommé Pierre Lebrun.
JUILLÉ
Petit collège de garçons.
La petite paroisse de Juillé qui comptait en 1788, 380 per-
sonnes au-dessus de 7 ans, avait au XYII^^ siècle un petit
collège de garçons. Cet établissement fut fondé en 1671 par
M. Dubouchet.
Mais ce collège n'existait plus en 1788. Dans leur réponse
à la Commission Intermédiaire du Maine, les habitants de
Juillé déclarent en effet « qu'il n'y a point de collège dans
» leur paroisse, mais il y a des fonds pour en établir un. »
Petite école de filles.
(( Il n'y a pas non plus d'école de filles, mais on pourrait
» trouver les moyens d'avoir une maîtresse d'école.
MARESCHE
Pas trace d'écoles.
SAINT -MARCEAU
Pas trace d'écoles,
PIACÉ
On ne trouve aucune trace d'écoles à Placé, avant la
Révolution. Vers la fin du XVIII" siècle, il y a dans
— 209 —
cette commune un instituteur du nom de Josepli Londiere
II résulte en effet d'une délibér. tion de l'tidministration
cantonale de Bourg-le-Roi, que « sur la réclamation faite
)> par l'agent de la commune de Placé, du citoyen Joseph
» Loudière praticien, demeurant commune de Saint-Marceau,
» pour instituteur de Placé. Vu le certificat délivré le 4 bru-
» maire, constatant que le dit Loudière s'est comporté sans
» reproche, dans la commune d'Assé. Considérant qu'il est
» reconnu par son civisme et sa moralité, qu'il est en état
» d'instruire la jeunesse ; de lui reçu le serment prescrit par
» l'article '2 ; le commissaire présente le citoyen Joseph
» Loudière pour être instituteur dans la dite commune de
» Placé à la charge par lui de se présenter devant le jury
» d'instruction de Mamers. » 6 floréal an VIL
SEGRIE
Petite école de garçons.
La paroisse de Ségrie qui comptait en 1788, une popula-
tion d'environ 1500 âmes, avait un petit collège de garçons
dès la fin du XVI« siècle. Voici ce que dit à ce sujet M. Bellée,
ancien archiviste de la Sarthe. « Le 10 avril 1597, vénérable
» et discret M" Guillaume Gosson, prêtre vicaire en l'église
» du Mans et chapelain de Saint-Maur, paroisse de Gourdaine,
» reconnaissant que ses moyens et la plus grande partie
» d'iceux sont provenus de la peine qu'il a prise à instruire
» la jeunesse et faire service à l'église desquels, pour la
» décharge de sa conscience, il désire disposer selon les
» saints décrets et constitutions ecclésiastiques. A ces causes,
» il en a ainsi ordonné, en outre de son bien et domaine des
» Pâtis, situé en la paroisse de Sainte-Jamme, comme il est
» composé de maison, grange, pressoir, étable, jardin, seize
» journeaux de terre et dix hommées de pré ». Le dit Cosson
XL 14.
— 210 —
« lègue et donne à perpétuité, à un précepteur, qui fera,
» s'il est prêtre sa demeure en la paroisse de Ségrie, lieu de
D la nativité dudit Cosson, pour prier Dieu pour lui, ses père
» et mère et pour acheminer la jeunesse à l'honneur, crainte
» et amour de Dieu ».
Les prescriptions relatives à l'enseignement sont dans
cet acte, beaucoup trop vagues pour avoir pu donner de
bons résultats. Il était facile de s'y conformer en apprenant
aux enfants ni à lire ni à écrire. Le titulaire de cette fonda-
tion n'était pas tenu d'un autre côté à montrer aux enfants
pauvres. L'instruction de ces derniers dut donc être fort
négligée. C'est ce qui engagea un prêtre originaire de Ségrie
à fonder, au milieu du XYIIP siècle, un collège de garçons
dans sa paroisse natale.
Dans un document authentique du 21 juin 1752 « M^Fran-
» çois-Jacques-Hormain, doué d'une bonne et pieuse inten-
» tion envers les pauvres de la paroisse de Ségrie, et voulant
» charitablement procurer l'instruction gratuite aux jeunes
» garçons de la paroisse » constitue une somme de 11, 250
» hvres sur les religieux de la Couture pour produire une
» rente annuelle de 375 livres.
Deux jours après, par acte passé devant M'^ Jean Couppard
« il fait don irrévocable et fonde par ces présentes à perpé-
» tuité dans la paroisse de Ségrie, une école de charité pour
» l'instruction gratuite des garçons ». Aux termes de l'acte
de fondation, cette école devait être tenue par un prêtre
« apte et dévoué » nommé par l'évêque du Mans. A cette
occasion, M° Hormain supplie le prélat de ne point con-
sentir à ce que cette école soit érigée en bénéfice « mais de
» la donner à tel prêtre et pour tel temps que Ms'' l'Kvêque
» jugerait à propos, afin que les garçons de la dite paroisse
» soient mieux instruits ». C'est l'un des rares cas où apparaît
l'amovibilité des principaux de collèges. Dans presque toutes
les écoles de fondation, le titulaire était inamovible. Il fallait
— 211 —
que M« Hormain connût bien les inconvénients de ce système
pour prendre dos précautions h ce sujet.
Le principal du collège de Ségrie, était tenu de faire
« régulièrement les écoles deux fois par jour dans le bourg
» du dit Ségrie, gratuitement et conformément au règles du
y> diocèse ». Il était de plus obligé de célébrer chaque
semaine trois messes basses à l'intention du fondateur.
Enfin M*= Hormain stipule que la donation n'aura d'effet réel
que du jour de son décès.
Ce prêtre mourut le 29 décembre 1755 et peu de temps
après on constate sur les registres de l'état-civil la signature
du principal du collège de Ségrie. Le premier fut Bénard
qui exerça vraisemblablement de 1755 à 1760. A Pâques 1756,
il loue d'Anne ilefay, pour six années, une maison composée
d'une salle basse, chambre froide à côté, une grande chambre
sur ces deux pièces, cave au-dessous, grenier en dessus, une
boulangerie derrière avec un petit jardin, le tout pour
soixante livres. Cette maison existe encore à Ségrie. On
conçoit que, le principal louant une maison pour son école,
il n'y ait pas eu à Ségrie, comme dans d'autres paroisses,
un local portant avant la Révolution le nom de collège.
M^ Leprince qui le remplaça ne fit que passer à Ségrie.
Il eut pour successeur M^ Turyneuu dont le nom figure dans
plusieurs actes et qui exerça les fonctions de principal
jusqu'en 1770. A cette époque M" Combis des Marais lui
succéda et resta à Ségrie jusqu'en 1792. Il tenait sa classe
au bourg, dans une maison appelée le Pavillon et située près
le champ de la ville. La maison qu'il payait 40 livres par an
se composait : d'un bâtiment, chambre à côté, deux chambres
hautes, grenier sur le tout et cave sous la maison avec une
petite grange au bout.
A cette époque le traitement du principal se composait
des trois cent soixante-quinze livres léguées par M*^ Hormain
et du revenu de la Prcstimonie du Pâtis fondée par Guillaume
Cosson au XYI^ siècle. Le 19 juillet 1782, M" Pierre Combis,
_ '212
prêtre, titulaire de la chapelle et prestimonie du Pâtis, loue
les biens qui dépendent de ce bénéfice à Julien Fournigault
pour la somme de 300 livres. Le principal du collège de
Ségrie avait donc un traitement de 675 livres environ qui en
vaudraient aujourd'hui plus de quinze cents.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire du
Maine, les habitants de Ségrie déclarent que dans leur
paroisse qui compte 1,300 habitants au-dessus de 7 ans « il
» y a un principal maître d'école. Cet établissement a été
» fondé il y a environ 30 ans par M. Hormain prêtre de
» Ségrie, dont l'abbaye de la Couture du Mans fait 375 livres
» au maître d'école ». M. Combis des Marais exerça à Ségrie
pendant les premières années de la Révolution. Il quitta la
commune vers 1792 et fut remplacé, croit-on par le sacriste.
École de Charité dirigée par les Sœurs.
La fondation à Ségrie d'une école de Charité pour l'instruc-
tion des fdles est due à mademoiselle Charlotte Hormain,
parente du fondateur de l'école des garçons. Dans un acte
authentique du 15 octobre 1748, mademoiselle Hormain,
domiciliée à Ségrie a. douée d'une bonne intention envers les
» pauvres de la paroisse de Ségrie, et voulant leur procurer
» le soulagement dans leurs maladies et l'instruction aux
» jeunes filles de la paroisse » déclare qu'elle a constitué sur
l'hôpital général du Mans, une somme de dix mille hvres
au denier trente, à condition par cet établi.ssement de payer
annuellement à deux sœurs de charité de Sillé-le-Guillaume,
en deux termes « deux cents livres de rentes annuelles et
» perpétuelles ».
Daus le même acte, la bienfaitrice donne en outre pour
loger les sœurs « une maison composée d'une chambre à
» cheminée, une autre froide au bout de la dite maison,
» caves sous la dite chambre avec les issues et dépendances
» siluées au bourg de Ségrie. Elle leur donne de plus les
— 21:î -
yy meubles et ustensiles qui sont dans la dite maison dont
» les sœurs auront l'usage et propriété ainsi que des sus-dits
» bâtiments et rentes à perpétuité, lesquels meubles ont été
); évalués à soixante cinq livres. »
Cette fondation était faite à la condition « d'entretenir
» deux sœurs de la société de Sillé pour instruire gratuite-
» ment les filles de la paroisse de Ségrie, de gouverner et
» médicamenter les pauvres malades. La communauté pourra
» quand bon lui semblera rappeler ses sœurs en en substi-
» tuant et renvoyant d'autres capables en leur lieu et
» place.
Dans leur réponse à la Commission Intermédiaire les
habitants de Ségrie déclarent « qu'il y a dans leur paroisse
» deux sœurs de charité maîtresses d'école et qui gouver-
» nent les malades. Cet établissement a été fondé il y a
» trente ans par demoiselle Hormain. L'hôpital du Mans fait
» aux sœurs deux cents livres de rente annuelle.
Les sœurs de Ségrie, refusèrent le serment civique. Leur
maison fut vendue le 18 pluviôse, An V. L'acte est ainsi
intitulé « vente d'une maison et jardin d'environ 7 perches,
» le tout occupé en 1790 par les ci -devant sœurs de La
» Chapelle-au-Riboul, dites sœurs grises ». Elle fut acquise
au prix de 720 livres par Jean Launay^ marchand de bois à
Ségrie.
LE TRONCHET
Petite école de garçons.
D'après M. Geslin, maire actuel du Tronchet et ancien
instituteur de la commune, le curé de la paroisse faisait le
matin la classe aux enfants. Il avait même de nombreux
élèves parmi lesquels le père de M. Geslin.
— 214 —
VERNIE
Petite école de garçons.
D'après M. Blanchard, ancien curé de Vernie, qui a écrit
les chroniques de sa paroisse, il y avait dans cette commune
quelques années avant la Révolution, une école de garçons
tenue par un prêtre. Le premier maître d'école a été, pense-
t-il, le curé Fronteau qui instruisait les enfants, dans sa
belle maison du bourg, près l'église. Cette maison complète-
ment transformée appartient aujourd'hui à la famille Latouche
du Mans. Outre la rétribution payée par les riches, M. Fron-
teau recevait annuellement une somme de 150 livres pro-
venant de la prestimonie du Saint-Rosaire. Il s'enfuit au
Mans en 1792 pour ne point prêter le serment civique. La
commune se trouva ainsi sans instituteur jusqu'en 1801.
Ecole de Charité dirigée par les Sœurs.
M. Blanchard rapporte aussi dans ses chroniques que le
comte de Tessé, seigneur de Vernie, fonda au NVIIP siècle,
dans sa paroisse, une école de Charité tenue par les sœurs
de la Chapelle-au-Riboul. On ignore la date précise de cette
fondation ; on croit toutefois qu'elle est postérieure à l'éta-
blissement des Tulardines à Sillé-le-Guillaume en 1720.
Il est certain qu'il y avait à Vernie au moment où com-
mence la Révolution une petite école de filles dirigée par
des sœurs de la Chapelle-au-Riboul. La maison où elle se
tenait existe encore, bien que totalement transformée. La
ruelle qui y conduit a conservé le nom de « ruelle des
sœurs ». Outre leurs fonctions d'enseignement les maîtresses
d'écoles soignaient les malades. Une rente de 290 livres était
attachée à cet établissement.
Le seul document authentique que j'ai trouvé, relatif à
215
l'école de Vernie, est un acte de pension passé entre Anne
Chevalier et les sœurs de Vernie. Le 41 décembre 1759
devant M*^ Joachim Coustard, notaire à Vernie-le-Foulay ont
(( comparu en personnes Anne Gérard et Marie Jouvin,
» sœurs de la congrégation de La Chapelle - au -Riboul,
» demeurant au dit Vernie, et René Beaury, tisserand, cura-
» teur institué de Anne Chevaher, fille mineure ». Les sœurs
s'engagent à prendre la jeune Chevalier en pension « la
« coucher, la reblanchir, la nourrir tant saine que malade,
» lui montrer à lire et écrire du mieux qu'il leur sera
» possible, de lui apprendre à prier Dieu, le tout pour
» iOO livres par an ».
Le 27 juillet 1792, ces deux sœurs furent appelées à prêter
le serment civique. Sur leur refus, on ferma l'école. Voici
un extrait du procès-verbal relatif à cette affaire. « Aujourd'hui
27 du mois de juillet 1792, sur les dix heures du matin. Nous
» officiers municipaux de Vernie, assemblés en la maison
» commune en exécution de l'arrêté du département de la
» Sarthe, du 3 de ce mois, relativement au serment civique
» à prêter par les sœurs de cette paroisse, dans les formes
» mentionnées au dit arrêté, sont comparues sœurs Jeanne
» Dubois et Marie Droiiet, toutes deux sœurs de charité de
» le congrégation de la Chapelle-au-Piiboul, faisant et tenant
» les petites écoles, lesquelles les obligent de prêter le
» serment civique de la Constitution française ; lesquelles
» sœurs, ont refusé de faire le serment requis, disant que
» l'Assemblée Nationale n'avait point encore prononcé sur
» leur congrégation qui n'est établie que pour le gouverne-
» ment des malades et qu'elles ne croient point être assujetties
» au serment. Vu leur refus, leur faisons défense de montrer
» ni enseigner les petites écoles aux jeunes filles de cette
» paroisse et à tous autres qu'au préalable, elles n'aient
» satisfait à la loi.
— 210 —
VIVOIN
Petite école de garçons.
C'est en compulsant les registres du contrôle de Beaumont
que j'ai trouvé la mention de l'existence d'un maître d'école
à Vivoin, avant 1789. M. Godard, instituteur de cette
commune, a bien voulu faire pour moi, quelques recherches
à l'étude de M" Guittet, notaire à Beaumont. Mais il a com-
muniqué le résultat de ses investigations à une personne
qui les a fait paraître dans un numéro de cette Re.vue, de
sorte que je ne donne rien d'inédit en ce qui concerne l'école
des garçons de Vivoin avant la Révolution.
Le dimanche 29 juillet 1742, l'Assemhlée paroissiale de
Vivoin se réunit sous le « ballet » de l'église à 1 issue de la
grand'messe. On reconnaît d'un commun avis « qu'il y a
)) dans la paroisse beaucoup de jeunesse qui a très grand
» besoin d'instruction. Les parents qui ont bien du mal à
» élever leurs enfants, ne peuvent s'occuper de les instruire,
» et cependant il serait très utile à cette pauvre jeunesse
» d'être instruite et élevée dans la religion catholique, apos-
» tolique et romaine ». C'est pour cette raison que les admi-
nistrateurs de la Charité de Vivoin « consentent qu'il soit
» délivré à un maître qui enseignera et instruira la pauvre
» jeunesse de la dite paroisse de Vivoin, la somme de soixante
» douze livres pour chacun an. »
La nomination du maître d'école appartenait aux adminis-
trateurs de la Charité et aux habitants qui consentent que la
somme de 72 livres, soit prise « sur les deniers provenant
» de la Charité dont en sera tenu compte au receveur d'icelle
» par les quittances qu'il en représentera de celui qui
» instruira la dite jeunesse, tout et aussi longtemps qu'il
» plaira aux dits administrateurs et habitants. »
Le maître d'école était tenu de catéchiser la jeunesse
— 217 —
» d'apprendre aux garçons à lire et écrire, ceux qui en sont
» capables et de ne refuser personne desquels ne percevra
» aucune livre, auquel cas la somme de 72 livres re lui serait
» payée ; et tant que le présent consentement puisse être
» tiré à conséquence pour l'avenir, n'aura lieu qu'autant
» qu'il sera approuvé par le général des habitants. »
Petite école de filles.
Il n'a pas été établi jusqu'ici, du moins à ma connaissance,
qu'il y ait eu une école de filles à Vivoin avant 1789. Je ne
sais s'il a existé avant cette époque une école de fondation ;
tout ce que je puis affirmer c'est que vers la moitié du XVIII"
siècle, il y avait dans cette paroisse deux « demoiselles
chargées de l'instruction des filles. »
Dans un document authentique de 1751, leur présence à
Vivoin est formellement constatée. Le 24 juin de cette année
là, le sieur Héliand, procureur-syndic « remontre aux habi-
» tants que messire Charles-Laurent de Chenevière, chevalier,
» seigneur de Glatigny, premier président au Présidial du
» Mans, a choisi deux demoiselles pour enseigner aux filles
» de la paroisse, la lecture, l'écriture et la religion, et pour
» médicamenter les pauvres malades lorsqu'elles en seront
» requises. Le dit seigneur demande aux habitants de
» décharger les dites demoiselles du logement des soldats,
» de la taille, capitation et généralement de toutes charges
» publiques qui pourront arriver à l'avenir. » Cette requête
fut accordée d'un avis unanime.
Malgré des recherches minutieuses, je n'ai pu à mon
grand regret, trouver dans les archives le nom de ces deux
maîtresses d'école. Je ne suis pas non plus arrivé à savoir
s'il y en avait d'autres avant elles.
ROBERT.
(A suivre.]
CHRONIQUE
Depuis la publication de la dernière livraison le Conseil
de la Société a admis comme membre associé :
M. FALLU DU BELLAY, sous-lieutenant au 138" régiment
d'infanterie, à Bellac (Haute-Vienne).
Le Conseil général de la Sarthc a bien voulu renouveler à
l'unanimité dans sa session d'août, sur la proposition de
M. le Préfet, la subvention accordée chaque année à la So-
ciété. Nous prions l'assemblée départementale d'agréer l'ex-
pression de nos sincères remerciements.
M. CAILLAUX
L'intérêt qu'a rencontré la Société historique et archéolo-
gique du Maine ne s'est pas limité aux chercheurs et aux
érudits seuls, mais s'est étendu jusqu'à ceux-là mêmes que
les soucis de la vie publique semblaient, dans notre entou-
rage, devoir tenir les plus éloignés de nos travaux quotidiens,
relatifs au passé.
Aussi sont-ils également profonds nos sentiments de re-
connaissance et notre attachement pour ceux de nos con-
frères qui veulent bien être des nôtres au milieu de leurs
graves et absorbantes occupations : c'est dire les regrets que
— 219 —
nous laisse la mort de M. Caillaux, récemment décédé, et
qui, dès l'origine de notre Société, nous appartenait.
11 avait fait sa patrie de prédilection du département de la
Sarthe, et le département de la Sarthe avait, alors, compris
quels services il pouvait attendre de sa haute valeur.
Élève de l'école polytechnique, ingénieur de la compa-
gnie des chemins de fer de l'Ouest, M. Eugène Caillaux
attacha son nom, dès le début, dans notre province aux
grandes lignes de Laval et d'Angers. Aux jours les plus
sombres de 1870-1871, la ville du Mans trouva prêt son
dévouement, et n'a pas oublié les services que lui avait
permis de rendre sa situation de conseiller municipal. — Et
si l'archéologie s'accommode mal des nécessités de l'édilité
moderne, il faut néanmoins rendre hommage aux grands
travaux dont il dota la ville du Mans.
Quand, quelques .semaines plus tard, dans le deuil de la
patrie, le ciel un moment se rasséréna à l'horizon, il fit partie
de ce groupe d'hommes d'honneur et d'intégrité que le
département de la Sarthe envoya siéger à l'Assemblée
Nationale, il y a un quart de siècle. Membre du Conseil
général, député, sénateur de la Sarthe, membre de comités
divers dans le département, plusieurs fois ministre, resté
maire de sa commune, M. Caillaux témoigna dans ces
situations différentes des qualités qui le distinguaient.
Esprit élevé, intelligence nette et précise, doué d'un tem-
pérament d'autorité, comprenant et acceptant la responsa-
bilité, déterminant autour de lui une légitime influence,
possédant l'art d'exercer un ascendant que lui assuraient ses
connaissances profondes et exactes, comme sa supériorité
intellectuelle et sa force de travail, M. Caillaux fut un de ces
hommes qui se font une place dans leur génération, et dont
survit le souvenir durable.
La compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la
Méditerranée sut apprécier le prix de son concours, et
— 220 —
apporta un beau couronnement à sa vie en l'appelant à la
tête de son conseil d'administration.
Il y a bien des années déjà, en d'autres temps, celui qui
aujourd'hui écrit ces lignes, jeune fonctionnaire alors d'une
administration préfectorale qu'ont dispersée les événements
contemporains et l'œuvre de la mort, avait eu occasion
d'approcher M. Gaillaux dans l'exercice de la vie publique.
Aussi les sentiments qu'il exprime lui sont-ils inspirés par
la fidélité du souvenir qu'il garde à celui qui n'est plus.
Comte DE BASTARD.
M. l'abbé Duchesne, directeur de l'Ecole française de
Rome, consacrait il y a quelques mois, dans le Bulletin
critique, un article bibliographique aux Œuvres de Julien
Havet que vient de publier la librairie Leroux, on insistant
plus particulièrement sur l'étude des deux livres relatifs à
l'histoire épiscopale du Mans, les Gesta Aldrici et les Actu$
episcoporum Ceno')nanensium . Dans cet intéressant article,
M. l'abbé Duchesne ne croit pas devoir admettre les con-
clusions de M. Havet en ce qui concerne les déterminations
des auteurs.
« Le titre des Gesta, dit-il, contredit formellement J.
» Havet : Gesta domni Aldrici Cenomanicse urhis episcopi a
» discipulis suis, et il est confirmé par l'auteur de l'un des
y poëmes manceaux en l'honneur d'Aldric : Eius scripsere
» omnia dtscipuU ». — Si le rédacteur de la préface des
Gesta parle au singulier, c'est que les di<5ciples d'Aldric
s'étant partagé le travail, l'un d'eux aura été chargé de la
préface. — Si les Gesta rapportent sur la vie d'Aldric des
circonstances intimes, le rédacteur les aura appris?s de lui.
Ce disciple, d'ailleurs , pouvait être germain comme son
évêque, ce qui expliquerait la médiocrité de son latin etc.
— 221 —
En somme il n'est pas suffisamment démontré, pour M. l'abbé
Duchesne, qu'Aldric soit l'auteur des Gesta, comme l'avance
M. Havet. « La vie d'Aldric engage la responsabilité de cet
» évèque au même degré que les biographies du Liber pon-
» tificalis engageaient celle des papes. Les auteurs n'écri-
» valent pas à l'insu de leurs héros : ceux-ci se laissaient
» encenser; ils ne s'encensaient pas eux-mêmes ».
D'autre part, d'après M. l'abbé Duchesne, J. Havet eut
formulé une opinion trop précise en soutenant que « les
» Actwi ont été écrits par le chorévêque David qui gouver-
» nait l'évêché du Mans ». Il préfère celle de Weizacker, à
savoir que « le récit a été fabriqué pour montrer que le
» chorépiscopat du Mans était légitime ». Pour affirmer que
les Actus sont l'œuvre du chorévêque David, « il faudrait,
» ajoute-t-il, prouver : 1" que ce chorévêque se trouvait
» réellement dans le cas de l'exception prévue parles Actus;
» 2° qu'il n'avait autour de lui aucun partisan, aucun secré-
» taire capable de manipuler les chartes et les traditions
» Entraîné par son indignation contie le malheureux David,
» Julien Havet est allé jusqu'à lui reprocher d'avoir inventé
» les autres chroniques qu'il raconte avoir fonctionné avant
» lui dans le diocèse du Mans. Ceci me semble bien fort. Le
» dernier Marolus, a vécu sous le règne de Gharlemagne ;
» beaucoup de per.sonnes, au Mans, pouvaient l'avoir vu et
» être renseignées sur sa carrière Je crois donc qu'il y a
» lieu de faire plus d'état des Actus, en ce qui regarde les
» anciens chorévêques, que J. Havet ne le pensait ».
Par contre, M. l'abbé Duchesne reconnaît que M. Havet
a fait un usage ingénieux des dates consulaires conservées
dans les Actus à propos de la mort des évéques Videur et
Turibe, bien que « cela dérange grandement la chronolo-
» gie adoptée au Mans depuis le IX'^ siècle ». Il avoue tou-
tefois en même temps « qu'il a renoncé à fonder quoi que
» ce soit sur les listes épiscopales mancelles ». Les multiples
questions soulevées par la critique moderne sur les sources
— 222 —
de l'histoire du Maine restent donc toujours obscures et
laissent le champ libre à de nouvelles études que nous
appelons de tous nos vœux. R. T.
Histoire d'Écommoy et de ses environs , par Adolphe
Renard, instituteur. Écommoy, imp. J. Motreuil, 1890,
1 vol. in-12, de 380 pages avec gravures.
Retracer l'histoire d'une ville que l'on habite depuis dix
ans et que l'on aime, n'est jamais une œuvre inutile, dit
très justement l'auteur dans sa préface. M. A. Renard a donc
obéi à un sentiment des plus louables en écrivant cette
Histoire d'Ecommoy dont il a bien voulu offrir un exemplaire
à la bibliothèque de notre Société. Nous tenons tout d'abord
à l'en remercier ; il a le mérite d'avoir entrepris, le premier,
la monographie d'un canton qui n'avait été jusqu'ici l'objet
d'aucune étude particulière.
Dans les chapitres correspondant txux périodes antérieures
à 1789, on trouvera des détails sur les principales familles
du pays, les d'Averton, les de Scepaux, les de Chauvigné,
les de Chantelou, les de Chapizeau, les d'Effiat, et sur la
célèbre seigneurie de Fontenailles de laquelle dépendait la
seigneurie de la paroiss^j : on trouvera aussi d'intéressants
extraits des anciens Registres paroissiaux et des documents
sur l'instruction primaire, tels que la mention en 1(351 de
Marguerite Boulai d, du Tiers Ordre de Saint François ,
(( laquelle enseignait avec grande piété », et le testament de
Cosme Lambert, prêtre, maître d'école au Lude « fondateur
» de l'instruction primaire dans le canton, qui fut dans son
» humble sphère un bienfaiteur de l'humanité ».
Dans la partie moderne, très développée, l'auteur expose,
d'après les documents administratifs, tous les épisodes de la
vie locale pendant la révolution et l'époque contemporaine.
Signalons en outre quelques pages curieuses sur les légendes,
— 223 —
les superstitions, l'industrie et l'agriculture locales, et une
note biographique sur le modeste et savant géologue Albert
Guillier, originaire d'Écommoy.
Plusieurs appréciations seraient peut-être contestables, et
nous regrettons, notamment, que M. A. Renard n'ait pas
présenté en d'autres termes (page 125) l'œuvre admirable de
charité chrétienne et d'humanité établie depuis peu dans
l'ancien château de Fontenailles. En revanche , nous ne
pouvons que l'approuver lorsqu'il constate (page 121) que de
nos jours on fait « la course aux rubans », comme on la
faisait jadis aux titres ; et surtout lorsqu'à propos d'un
arrêté fort intolérant du 5 pluviôse an VIT, il revendique
(page 182) « la liberté pour tous ». R. T.
La Conjuration de Cinq - Mars, avec une préface de
M. Alfred Mézières, de l'Académie française, par M"" J.-P.
Basserie, Paris, Perrin, 1896, un vol. in-12.
A bien des titres ce livre dû au talent très apprécié d'une
de nos compatriotes, M"'* J.-P. Basserie, est digne de toutes
les sympathies. Les appréciations si flatteuses dont il a déjà
été l'objet dans la presse et les pages que M. Alfred Mézières
lui a consacrées, nous dispensent d'en faire un nouvel éloge
et d'en donner l'analyse. Toutefois, nous ne voulons pas
attendre davantage pour le signaler aux lecteurs de cette
Revue qui tiendront à honneur, nous n'en doutons pas, de
joindre leurs encouragements à ceux que M'^" Basserie a
déjà reçus et de contribuer ainsi au succès d'une œuvre
historique, très délicatement écrite, d'un véritable mérite et
d'un très touchant intérêt. R. T.
224 —
En Congé, Promenades et séjours, par M. Marius Sepet,
Paris, Douniol, 1896, in-12.
Avec la fin des vacances et le retour des soirées d'automne
arrivent ces heures de repos, qui ne sont pas sans charmes,
où l'on aime à reporter ses souvenirs sur les excursions des
semaines précédentes, à recommencer par la pensée, sans
fatigue et en prenant sou temps, le chemin joyeusement
parcouru au soleil de juillet ou d'août. C'est donc le moment
favorable entre tous pour appeler l'attention sur le charmant
livre dans lequel M. Marius Sepet vient de révéler son talent,
déjà si connu, sous une forme nouvelle, des plus attrayantes.
Ce livre est un recueil de récits et d'impressions de vacances,
rapportés des côtes pittoresques de la Bretagne et de la
Vendée. La fantaisie y tient une certaine place et la note
personnelle se dégage en plus d'une page, vive, humoristique
mais toujours juste. Le touriste, cependant, reste doublé
d'un savant et d'un savant catholique qu'aucun des grands
souvenirs de l'histoire nationale ne laisse indifférent. En
maints passages se retrouvent des considérations religieuses,
morales et littéraires, des descriptions archéologiques, des
observations historiques et sociales. L'auteur atteint ainsi
un double résultat dont on ne saurait trop le féliciter ; il
distrait et il instruit. C'est un guide sûr, précis, intéressant,
avec lequel il est singulièrement agréable et fructueux de
revoir le Mont-Saint-Michel, Saint-Malo et Saint-Servan, la
baie de Saint-Brieuc, Pempoul et Saint-Pol-de-Léon, le
Poitou et les Sables d'Olonne, et même de pousser une rapide
reconnaissance jusque dans la vallée du Rhône, sur celte
terre de Provence si riche en traditions et en incomparables
monuments. R. T.
J
HILDEBËRT DE LAVVRDIN
ÉVÉQUE DU MANS, ARCHEVÊQUE DE TOURS
(1056-1133)
PREMIÈRE PARTIE
SA VI K
GhxVPITRE Premier
SOURCES DE ^HISTOIRE ET RIBLIOGRAPHIE
Hildebert, évèque du Mans, puis archevêque de Tours, à
la fin du XP siècle et au commencement du XIP, est un
prélat fameux dans l'histoire des lettres latines du Moyen-
Age. Pour écrire sa biographie avec les développements
qu'elle comporte, nous avons eu à consulter divers docu-
ments dont l'examen, très importait au point de vue
critique, doit servir d'introduction à notre récit.
§ ï.
SOURCES DIPLOMATIQUES
Nous parlerons d'abord des Sources diplomatiques. Un cer-
tain nombre de chartes portent le nom d'Hildebert, soit
qu'elles aient été concédées par lui, soit qu'il y figure comme
témoin. Mais ce n'était pas dans les dépôts du Mans et de
LX 15
— 226 -
Tours, que nous avions chance d'en trouver beaucoup : les
archives départementales sont pauvres pour ces époques
éloignées.
DÉPARTEMENTS. — Au Maus, le fonds de l'évêché remonte
à 1324 seulement, celui du Chapitre à 1334, et les premières
Chartes originales de l'abbaye de la Couture (1), comme de
celle de Saint-Vincent, portent le sceau de Guy d'Etampes ,
le successeur d'Hildebert. Seuls, le fonds de l'église collé-
giale de Saint-Pierre-de-la-Cour et celui du prieuré des
moines de Saint-Aubin d'Angers à Avezé (Sarthe) offrent
quelques actes intéressants, recueillis par dom Piolin aux
pièces justificatives de son Histoire de V Eglise du Mans
(t. III).
A Tours, les registres de l'archevêché ont été brûlés
presque en totalité à la Révolution ; quelques liasses de
titres domaniaux, quelques documents relatifs à la juridic-
tion archiépiscopale, ont seuls échappé à la destruction et
permettent, tant bien que mal, d'apprécier la valeur des
possessions temporelles des archevêques de Tours (2); mais,
si vous voulez constituer un dossier sur l'administration
d'Hildebert, les éléments vous feront totalement défaut. —
Après l'archevêché, vient le Chapitre de l'église métropo-
litaine. Des documents nombreux et anciens nous donnent
une idée de la richesse et des prérogatives de ce Chapitre et
il en est de même de l'église collégiale de Saint-Martin,
(1) Sanclus Petrus de Cultura. — L'abbaye de la Couture est aujour-
d'hui occupée par la préfecture et les services départementaux. Saint-
Vincent est devenu le séminaire. Ces deux monastères étaient situés
en dehors de la vieille ville, ainsi qu'un troisième, de l'autre côté de
la Sarthe, Notre-Dame-du-Pré, abbaye de religieuses dès le temps
d'Hildebert, qui a conservé son église et perdu ses bâtiments. Quant
à ceux de Saint-Pierre-de-la-Cour, on a mis à la place un lycée de
filles, et le lycée de garçons a hérité du collège des Oratoriens (au
moyen âge, prieuré de Saint-Ouen, qui appartenait aux moines de
Saint- Aubin d'Angers).
(2) Voyez la Notice qui sert de préface au Catalogue des archives
d'Indre-et-Loire, par M. de Grandmaison.
— 227 —
dont on a conservé les inventaires (analyses des pièces avec
citations) , tandis que les originaux périssaient ; mais
l'abbaye de Fontaine-les-Blanches est'la seule dont un par-
chemin présente le nom d'Hildebert, archevêque (1127). —
L'évêque du Mans est plus heureux, même à Tours : il est
mentionné à propos du prieuré fondé par les moines de
Marmoutier (Indre-et-Loire), à Villiers-Charlemagne, dans
la Mayenne (1M4), et de celui dépendant de Saint-Julien de
Tours à Beaumont-la-Chartre (1096).
Nous espérions aussi rencontrer le seing d'Hildebert dans
les archives de la Mayenne, de l'Orne et de Loir-et-Cher,
puisque le premier de ces départements, à l'exception des
environs de Château-Gontier, le second pour la Ferté-Macé
et Domfront, le troisième pour Montoire et Lavardin, dé-
pendaient du diocèse du Mans. Or seules les archives de
Loir-et-Cher nous ofTrent trois titres où est mentionné
Hildebert. Il donne sa garantie à la promesse faite par
Gaimard, seigneur de Lavardin, qui avait été excommunié
par les moines, d'abandonner tous ses droits sur les vins
et pressoirs du prieuré de Marmoutier à Lavardin ; — il
met l'abbaye de Saint-Georges-du-Bois , pour punir les
moines de leur indiscipline, sous la dépendance de Mar-
moutier ; — et enfin son nom sert à dater approximative-
ment l'acte par lequel Hugues, fils de Bobert, et Eudes de
Fréteval affranchissent une colliberte. Ces trois chartes,
aujourd'hui éditées (1), avant de figurer au dépôt de Blois,
se trouvaient à Tours dans les archives de Marmoutier,
Des collections de chartes séparées, passons aux recueils
de copies qui en furent faits par les intéressés pour les
besoins de leur administration et de leurs procès et qui
constituent comme des originaux du second degré ; c'est ce
qu'on appelle les Cartulaires.
Un volume du plus haut intérêt pour nous est, à ce titre,
(I) Voy. plus loin : Cartulaire blésois de Marmoutier.
— 228 —
le « Livre blanc » du Chapitre de Saint-Julien, église cathé-
drale du Mans, conservé à la bibliothèque de cette ville
sous le n° 259, et qui fut composé pour la plus grande part
au XIIP siècle avec les pièces antérieures. L'abbé Lottin,
qui en avait entrepris la publication, a donné les deux pre-
mières parties, les seules qui nous concernent, en 18G9 (1).
Hoël, le prédécesseur d'Hildebert, notre évêque lui-même
et Guy d'PJtampes y figurent à plusieurs reprises. — A la
bibliothèque du Mans aussi se trouve le cartulaire de l'abbaye
de la Couture. Dom Piolin en avait imprimé des extraits,
lorsqu'il fut publié intégralement par les Bénédictins de
Solesmes (2).
Quant aux monastères des pagus voisins, qui avaient des
possessions dans le diocèse, mentionnons le cartulaire des
moines de Marmoutier à Vivoin (Sarthe). Il contient (Bib.
du Mans, fo 136) une reconnaissance de propriété par
l'évêque Hildebert, mais qui est datée de 1090, date certai-
nement fautive (3). Le cartulaire de Savigny (aux archives
de la Manche) relate le don fait aux moines par le seigneur
de Mayenne et confirmé par Hildebert. On y voit aussi que
l'évêque assistait en 1119 le roi Henri pi- d'Angleterre,
quand il prononça en faveur de cette abbaye.
Du cartulaire de l'archevêché de Tours, il existe aux
archives d'Indre-ot-Loire une excellente copie ancienne ,
exécutée au XVni" siècle pour l'archevêché par dom de
Bétancourt ; c'est là qu'on peut le mieux étudier la nature
et l'importance des prérogatives d'un archevêque de Tours
(1) C/iarlularium hisirjnis ecclesiss Cenomannensis quod dicitiir Liber
albus Capititli. Le Mans, 1869, in-4". — Voy. sur cet ouvrage resté
inaclievé la Notice.... de M. Léopold Delisle [Bibliothèque de l'École
des chartes, t. XXXI).
(2) Cart. des abb. de la Couture et de Solesmes. Le Mans, 1881, in-4o.
(3) Carta de confirmatione domtis Sancti Albini ab Ildeberto, Ceno-
mannensi episcopo. La date, ajoutée en marge, est d'une écriture mo-
derne. L'abbé Denis, qui a publié cette charte, à la page 119 de son
Cartulaire du prieuré de Saint-Hippolyte de Vivoin et de ses annexes
(Paris, 189i), la croit des environs de 1125.
'■2-2[)
au moyen âge. Ce cartulaire a été publié dans les Mémoires
de la Société archéologique de Touraine, tomes XXXVII
et XXXVIII, 1893 et 1894, par M. Louis de Grandmaison. Il
s'intitule: Liber bonarion cjentiura vel bonorum aciuum. Il
débute par une liste des archevêques depuis saint Gatien,
liste dans laquelle Hildebert n'est même pas nommé,
puisque de Gislebert, son prédécesseur, on passe à Hugues
sans transition ! Mais on trouve en entier la Ijulle du pape
Innocent, de juin 1199, qui explique longuement les origi-
nes et les péripéties du différend entre les évêques ou
archevêques de Dol et les archevêques de Tours, différend
auquel prit part Hildebert. — Le cartulaire de l'abbaye de
Cormery est à la biblioLhèque de Tours, mais il ne fait pas
mention d'Hildebert. — Celui de Noyers, abbaye située
vers le confluent de la Creuse et de la Vienne, a été édité
au tome XXII des Mémoires de la Société archéologique de
Touraine, d'après une copie manuscrite de la bibliothèque
de Poitiers, par l'abbé C. Chevalier, en 1872 ; il donne le
texte d'une charte citée par la Gallia chrintiana à l'article
Hildehertus.
Bibliothèque nationale. — Pour ce qui est des autres
abbayes des diocèses du Mans et de Tours, les originaux,
chartes ou cartulaires, ont péri ; mais heureusement les
grands érudits du XVIP siècle et du XVIIP nous viennent
en aide. Ils connaissaient ces vastes recueils de titres qui
ont été détruits à la Révolution et en avaient fait des copies,
des extraits ou des mentions, qui, de Saint-Germain-des-
Prés, ont passé à la Bibliothèque nationale et qui servent
puissamment h reconstituer l'histoire.
Ainsi, nous n'avons plus l'original du «. Cartulaire de
Saint- Vincent » pour les actes anciens ; mais une copie
exécutée au XVIP siècle par les soins de Gaignières forme
la seconde partie du manuscrit 5444 du fonds latin de la
Bibliothèque nationale, et M. Bilard s'est servi de cette copie,
— t>30 —
en 1850, pour compléter celle, fort incomplète, qui existait
à la bibliothèque du Mans (1).
Mabille, à force de recherches dans les collections de la
Bibliothèque nationale, à réussi h reconstituer l'ordre et le
sujet des chartes de la « Pancarte noire » de Saint-Martin
de Tours ; mais Hildebert n'y est pas mis en cause.
Marmoutier avait plusieurs cartulaires ou recueils de
titres de propriétés correspondant aux diverses régions où
se trouvaient ses possessions. C'était, pour le diocèse du
Mans, le Chartiilarium Cenomannense^ aujourd'hui disparu,
mais qui fut connu de Baluze et de dom Housseau (2).
Grandes étaient aussi les richesses des monastères
angevins, comme Saint-Aubin (3) et Saint-Nicolas ; elles ont
servi, avec le Chartularium Cenomannense de Marmoutier,
les cartulaires des monastères tourangeaux de Beaulieu,
Preuilly, Turpenay etc., à alimenter la collection des Docu-
ments inédits pour l'histoire de la Tour aine, de V Anjou et
du Maine, collection réunie au XVIIP siècle par les Béné-
dictins et notamment par dom Etienne Housseau , dont
elle porte le nom. Elle fut acquise par la Bibliothèque royale,
en 1811, de dom Villevieille, et elle est reliée en 39 volumes
cotés 1 - 30, avec un volume supplémentaire qui porte le
n" 31 (4). Les actes concernant spécialement la Touraine
(1) MM. l'abbé R. Charles et S. Menjot d'Elbeane ont entrepris la pu-
blication de ce cartulaire dont ils ont donné un premier volume.
(Mamers et le Mans, 1886, in-i».)
(2) Le Cartulaire de Marmoutier pour le Dunois et celui pour le
Vendômois ont été publiés d'après des manuscrits de la Bibliothèque
nationale, mais Hildebert n'y figure pas. — Il n'est pas nommé davan-
tage, si ce n'est à l'appendice et pour les chartes empruntées au
Charlulariwn Cenomaanense, dans le Cartulaire blésois de Marmoutier
et le Cartulaire de la Trinité de Vendôme, recueils factices par l'abbé
Métais. — Quant au Cartulaire tourangeau de dom Chantelou, c'est
moins un répertoire des chartes qu'une étude biographique sur les
abbés de Marmoutier.
(3) Le cartulaire de Saint-Aubin n'a pas péri, mais il est la propriété
de M. Grille, ancien bibliothécaire.
4) Voyez Bibliotlibque de l'École det> chartes, t. XXXIL
- 231 —
ont été analysés par Mabille (Bibl. nationale. Catalogue
no 66) (i). Les tomes III et IV de la collection renferment
copie des chartes pour la période qui nous occupe : le l""",
de 1075 à 1100 ; — le 2«, de 1100 à 1139 (2).
L'Histoire de Bretagne n'a pas été seulement préparée,
mais écrite par le Bénédictin dom Lobineau et les '< preuves »
que dom Morice y a jointes {Probata) contiennent plusieurs
chartes qui, tirées d'un ancien cartulaire de Tabbaye de
Redon, ne figurent pas dans le manuscrit de ce cartulaire
édité par M. Aurélien de Gourson (3) ; or, comme Hildebert,
en sa qualité de métropolitain, a été mêlé aux événements
de la Province, nous avons là encore un groupe de docu-
ments qui n'est pas à dédaigner.
Tableau des Actes. — Telles sont les sources diploma-
tiques (4) que nous fournissent les collections des départe-
ments et celles de Paris, touchant l'histoire de notre héros.
Indépendamment de l'usage que nous pourrons faire, au cours
de cette étude, de telle ou telle charte, nous allons énumérer
par ordre chronologique tous les actes datés qui font mention
d'Hildebert. Nous ne donnons pas seulement, comme dom
Beaugendj'e (5), les diplômes qu'il a concédés ; empruntant
(1) Ce catalogue a paru d'abord au tome XIV des publications de la
Société archéologique de Touraine, puis séparément à Tours, 1863, in-8'^.
(2) On distingue dans cette collection, faite de pièces et de morceaux,
plusieurs écritures. Des savants laïques y ont apporté leur contingent;
l'un d'eux, à propos du jugement prononcé sur l'affaire Salomon
(année 1116, n» 1367) trouve que le clerc criminel s'en tira à bien bon
compte, par un simple serment, et il fait des réflexions amères sur
l'indulgence de la juridiction du clergé à l'égard des siens.
(3) PariS; 1863 (Documenta inédits de l'histoire de France).. — Ce
manuscrit appartient à Ma"" l'archevêque de Rennes.
(4) Il faut y joindre les Obituaires, ou calendriers mortuaires, dont
M. Aug. Molinier a dressé le catalogue dans l'état actuel. (Paris, 1890.)
ip) Hildeberti opéra. Dans Migne, Patrol. to«. t. CLXXI. Diplomata
(après les lettres). Beaugendre n'a d'ailleurs donné que six diplômes;
les sept autres ont été ajoutés par l'éditeur de son travail dans la
collection Migne, le chanoine Bourassé.
t>3t>
le cadre beaucoup plus étendu de la Gallia chridiana, nous
ne négligeons aucun des documents diplomatiques suscepti-
bles de nous renseigner sur les événements de sa vie et en
particulier sur ses voyages.
Comme archidiacre:
i et 9. — Du Chapitre de Saint-Pierre-de-la-Cour, au Mans.
— Février 1096 (date établie par la présence d'Urbain II,
qui vint entre le 15 et le 26 pour prêcher la croisade ,
d'après les Régenta de Jaffé). Hildebert signe l'acte
par lequel un nommé Normand Riboule rend aux
chanoines la prévôté que ses ancêtres avaient usurpée,
et une autre charte qui leur restitue l'église de Cormes.
(Imprimé dans D. Piolin, 49 et 50. — Copie manuscrite du
XVIII" siècle aux Archives de la Sarlhe, G. 479.)
3. — Du Mans. — 1096. Il confirme aux moines de
Saint- Vincent la possession de l'église de Saint-Pierre-du-
Lorouer (1). (D. Martène, Ampl. Coll. I, 562. — Cartulaire
de Saint-Vincent : imp. n" 283, ms. p. 120.)
4. — Du Mans. — 25 juillet 1096, l'évêque Hoël étant au
lit de mort. Il est témoin de l'arrangement conclu sur le
cens dû au Chapitre, pour la terre de Vauboan, par les
moines du prieuré de Beaumont-la-Chartre, dépendant de
Saint-Julien de Tours. (Liber albua, 190. — Archives d'Indre-
et-Loire, H. 479.)
Comme evêqiie du Mans:
5. — Il signe « Cenomannensis episcopus » au con-
cile de Saintes. — Mars 1097. On sait donc par là ,
malgré les assertions contraires, qu'Hildebert était déjà
(1) De Laboratorio. — Oratorium, clans l'Indre-et-Loire, adonné, par
dérivation do la forme altérée Loratoriuni, Le Louroitx et, par voie
directe, Aii^ouer, deux noms qui participent, l'un pour ses premières
syllabes, l'autre pour sa linale, de notre La Loroucr.
233
sacré évèque du Mans à cette date ; autrement , il
s'intitulerait « évèque élu ». On trouve le jour même de sa
consécration au cartulaire de Saint-Vincent (4). C'est le jour
de Noël, et nous ajoutons : Noël 1096, date qui servira de
base à notre récit pour la chronologie toute entière. (Mansi,
Concil. t. XX et Mabillon, Amiales, t. V.)
6 et 7. — })u Mans. — 20 juin 1097. Il confirme aux
moines de Saint-Nicolas d'Angers leurs églises dans son
diocèse. (Collection D. Hoiisseaii, 1011 et 1017 bis.)
8. — D'Angers, à la cour du comte Geoffroy. — 6 novem-
bre 1098. Il juge avec ses pairs d'une contestation entre les
abbés de Saint-Nicolas et de Saint- Aubin au sujet de la forêt
des Echast (2). (Coll. D. H. 1022.)
9. — Du Mans. — La date porte xvii des kalendes de
janvier, l'an de l'Incarnation 1098, indiction vi, l'an II de
l'épiscopat d'Hildebert. Le 17 des kalendes de janvier, c'est
le 16 décembre. Que le millésime s'arrêtât à Noël ou à
Pâques, l'année exprimée, le 16 décembre, concordait avec
la nôtre. Je date par conséquent : « 16 décembre 1098. » La
seconde année de l'épiscopat doit aller, nous présumons, du
25 décembre 1097 au 25 décembre 1098, ce qui est vérifié.
Quant au chiffre de l'indiction, il concorde avec l'année 1098,
dès qu'on fait partir du l^"" janvier 313 la première période
indictionnelle (3). En un mot, cette charte, que n'a pas men-
tionnée la Gallia, confirme ses hypothèses sur la date de
consécration de l'évêque Hildebert ; elle est écrite en faveur
des moines de Saint-Aubin d'Angers, pour leur église de
Saint-Ouen au Mans. (Beaugendre, I ; D. Piolin, 69 a. —
Ms. dans Baliize, 120 ; Gaignières, fonds latin 17036.)
(1) « Die cfua idem Iklebertus a pnedicto archiepiscopo in sede
sua positus est, qui scilicet Xatalis Domiui erat.... « (N" 350 de l'im-
primé ; page 149 du manuscrit.)
(2) Cut'iarum.
(3) La formule M-3'12/15 donne pour reste 6. Donc 1098 est la
G« année d'une période indictionnelle.
— 234 -
iO. — D'Angers, à la cour du comte Geoffroy. — i099. Il
prononce avec ses pairs entre les moines de Saint-Aubin et
de Saint-Nicolas qui se disputaient le bois de Pruniers (1),
près d'Angers. {Coll. D. H. 1028.)
a. — Du Mans. — Novembre 1100. Fondation du prieuré
d'Avezé, dépendant de Tabbaye de Saint-Aubin. (D. Piolin,
63. — Original aux Archives de la Sarthe, H. 290.)
12. — De la Flèche. — 1102. En faveur des moines du
prieuré de Malicorne contre Gandin, seigneur de ce lieu.
(Imp. D. Piolin, 69 b. — Ms. Collon D. H. 1216 et Gaignibres.)
13. — D'Angers, à la cour de l'évèque. — 1104. Hildebert
souscrit à un nouvel accord conclu entre les moines de
Saint-Aubin et de Saint-Nicolas au sujet de la forêt des
Echast.
14. — De Nantes, à la cour de l'évèque. — 1105. Souscrit
à un décret de l'évèque Benoît, instituant des chanoines
dans l'église Saint-Médard de Doulon. {D. Morice, Prob.
t. I, col. 509 et D. Martène, Thésaurus, t. I, p. 316.)
15. — Du Mans. — 1106. Confirme les possessions des
moines de Saint-Vincent dans son diocèse. (Beaug. XI et
D. Martène, Ampl. Coll. 1, 606.)
16. — De Tours, par-devant le pape Pascal IL — Mars
1107. Est témoin du jugement rendu contre les moines de
Noyers au sujet de l'église de Crouzilles. {Cartulaire de
Noyers, n" 357.)
17. — Du concile de Troyes. — Mai 1107. Souscrit à un
diplôme rédigé en faveur des moines de Cluny. (D'après une
lettre de Pascal II à Hugues, abbé de Cluny, ap. Rer. Gallic.
script, t. XV, p. 38.)
18. — Est au concile de Loudun. — 1109. (Labbe, Mansi,
Concil.) Approuve l'accord conclu entre Marmoutier et
les chanoines de Chemillé au diocèse d'Angers. (Impé d'Ache-
(1) Dom Ilousseau écrit Prunières, qui traduit mieux le Pninarias
de la Gailia, mais il n'y a pas de localité de ce nom au Dictionnaire
des postes pour notre région.
- 235 —
ry, Spicil. t. I, Rer. Gallic. script, t. XV et Maratu (1), n" 4.
— Ms. Gaignières, f. 1. 5441, II.)
19. — D'Etival-en-Charnie. — 1109. Fondation de rabl)ayc.
(Vidimus de 1285 par Raoul de Beaumoiit, impé par D.
Piolin, 53 et ms. dans Gaignières, f. 1. 17097.)
20. — De Malicorne. — 1109. Va trouver Gaudin de
Malicorne avec l'abbé de Saint- Vincent et le pousse à renon-
cer aux droits qu'il revendiquait contre le prieuré de Saint-
Guingalois de Marmoutier, (Cartulaire de Saint-Vincent.]
21. — Du Mans. — 1109. Sanctionne le don d'une vigne
fait par le chanoine Engelbaud à l'abbé de Saint-Vincent.
(Cartulaire de Saint- Vi)icent.)
22. — Du Mans. — 1111. Confirme les possessions des
moines de Saint-Aubin dans son diocèse. {Liher albiis, 110
et D. Piolin, 59. — Vidimus du 13 novembre 1582 aux
Archives de la Sartlie, H. 267.)
23. — Du Mans. — 1112. Fait rendre aux moines de
Saint-Aubin, trois églises par Raoul, vicomte du Lude.
(Collon D. H. 1316.)
24. — Du Mans. — 1112. Hildebert remet à l'abbaye de la
Couture, moyennant finances, des églises qu'il avait recou-
vrées sur les laïques (2). {D. Piolin, 51 et Cartulaire de la
Couture, n^ 33.)
25. — Du Chapitre de Marmoutier. — 1114 (3). Donne
aux moines l'église de Villiers-Charlemagne. {Beaug. XII et
Baluze, Miscellanea, t. III, p. 63. — Collon D. H. 1351.)
26. — D'Angers, dans la cour de l'évêque. — 1116. Est
juge dans la cause du meurtrier Salomon. {Collon D. H.
1367.)
(1) Abbé Maratu. Girard, évêque d'Angoulême. Dans le Bulletin histo-
rique de la Charente (ISG't).
(2) Parmi ces églises figure celle d'Avesia (Avoise), qu'il ne faut pas
confondre avec Avesiacum (Avezé), cité plus haut.
(3) L'inventaire de Marmoutier, aux Archives d' Indre-et-Loire, men-
tionne cet acte avec la date fausse de 112i.
— 236 -
37 et 28. — D'Angoulème (1). — 17 février 4117. Approuve
l'accord entre l'abbé de l'Ecluse et celui de Tulle au sujet
de l'église Saint-Nicolas d'Aurioles. (Impé Baluze, Hid .
Tuiel, append. col. 441) et, dans le même concile, la con-
vention faite par l'abbé de Limoges et celui de Saint-Etienne-
des-Vaux. (Ms. f. 1. 10124.)
29. — De la Flèche. — 1117. Souscrit à une charte de
Foulques, comte d'Anjou et du Maine, par laquelle le prieuré
de la Fontaine-Saint-Martin (Sarthe) est donné aux reli-
gieuses de l'abbaye de Saint-Sulpice de Rennes. {Gaignières,
f. 1. 17048.)
30. — Du Chapitre de Notre-Dame d'Evron. — 1118.
Donne l'église de Louvigné (2), près Laval, à l'abbé de
Marmoutier. (Beaug. II. — Ms. Baluze, l'IO ; Gaignières,
f. 1. 5441, I.)
3i. — Du concile d'Angoulème. — 1118. Souscrit au
décret par lequel le lieu dit Tusson est adjugé au monastère
de Fontevrault. (Impé Maratu, n° 23 et Clijpeus nasc. ord.
Fonteb. t. I.)
32. — D'Argentan. — 25 décembre 1119 (3). Assiste le roi
(1) M. Hauréau, dans la Gallia, dit que cette charte fut composée et
signée à Tulle (Tu tel se). Mais, dans le texte donné i)ar Baluze, on lit:
« Engolismse convenerunt y». — D'autre part, si l'abbé Maratu n'a pas
commis la même erreur, il a eu tort de donner comme quantième le
19 avril (on lit XIII des kalendes de mars et non de mai). — Cela posé,
nous rapprocherions volontiers cette charte de notre n» 31, en suppo-
sant que, l'année commençant à Pâques, février 1117 corresponde
à notre 1118, mais l'indiction X, mentionnée dans les n^^ 27 et 28,
nous force à les mettre à part (puisque l'année 1117 peut seule con-
corder avec l'indiction X), et nous inclinons à l'hypothèse de l'abbé,
qu'il y aura eu deux conciles d'Angoulème, en 1117 et 1118. Ilildebert
aura donc fait deux fois le voyage; mais comme nous l'avons dispensé
d'aller à Tulle, le déplacement que nous lui imposons n'a rien
d'exagéré.
(2) Liipiniacam. Louvigné (Mayenne), plutôt que Louvigny (Sarthe),
d'après Le Paige, Dictionnaire du Maine.
(3) Le texte porte : Anno quo rex Anglormn dimicavit et debellavit
regem Francorum. (Bataille de Brenneville ou Brémule, 1119.) Dans
le corps de l'acte, on lit : apud Argenteium (Argentan ?) et en suscrip-
tion ; apud Bajocas (à Bayeux).
— 237 —
Henri P"" d'Angleterre, quand il prononce entre l'abbaye de
Saint-Etienne de Caen et celle de Savigny au sujet do l'au-
mône de Mortain. (//d6e)-f-D(6/)43rr(>H (1) et 6V(^iif(, XI, Ins-
trum. — Ms. dans Cartulaire de Savigny.)
33 et 34. — Du Mans. — 1120. Approuve les dons du
seigneur de Mayenne et de RoJjert Pavon, clerc de l'église
du Mans, propriétaire de Notre-Dame de Mayenne, à Mar-
moutier. {Bemig, III et VIII et D. Piolin,6i. — Ms. Baluze,
120.)
35. — Du Chapitre de Notre-Dame de Josaphat au diocèse
de Chartres. — 11 janvier 1121. Souscrit aune charte de
l'évèque Geoffroy, {Gallia, VIII, Instrum. - Ms. Col^" Du
Chesne, vol. IV, p. 189.)
S6. — Du Mans. — 1125. Confirme leurs possessions aux
moines d'Évron, (Beaiuj. IV.)
Comme archevêque de Tours :
37. — De Tours. — 1126. Hildebert confirme aux moines
de Missy l'église de Sainte-Maure. (Ms. D. Etiennot, f. 1.
12739.)
38. — De Tours. — 7 août 1127. Il sanctionne la donation
faite par le sire de Château-Regnault aux religieux de
Fontaine-les-Blanches {Gallia, XIV, Instrum. Transcription
par l'official, aux Archives d'Indre-et-Loire, H. 112.)
39 et 40. — De Redon, au monastère de Saint-Sauveur.
— 23 et 24 octobre 1126 ou 1127. « Réconciliation » de
l'église à la suite des violences qui y avaient été commi-
ses et donation faite par Olivier de Pontchâteau (D. Morice,
Prob. col. 553 et 555. Cartulaire publié par Aurélien de
Courson, n^ 347 et Appendice, 70.)
41. — D'Angers. — 1128. Assiste à la translation des
reliques de saint Aubin dans une châsse neuve. {D. Morice,
Prob. t. I, col. 559.)
42. — De Tours. — 1128. Donne aux chanoines de
(1) De ven. Hildeberti vita. Baveux, 1855. Pièces justificatives.
— 2:^8 —
Toussaints, à Angers, l'église de Saint-Hilaire de Tours,
restituée par Simon Machaud, chevalier. (Collon B. H. 1 498.)
43. — De Turpenay, en Touraine. — ll'iO. Fondation de
l'abbaye. (D'après un fragment du cartulaire, déchiffré dans
la Collon D. H. t. XV.)
44. — De Sens. — 1132. Souscrit avec Geoffroy, évoque
de Chartres, et Etienne, de Paris, à un diplôme concernant
quelques églises données à l'abbé de Bonneval. (Gallia,
XII, Instrum.)
45 et 46. — De Redon, au monastère de Saint-Sauveur. —
Février 1133. Consacre la chapelle de l'infirmerie à sainte
Marie-Madeleine, préside un concile ou synode d'évêques
et souscrit à une donation de Guégon de Blain. (D. Morice,
Prob., t. I, col. 568, 569 et 570 et Appendice au cartulaire
publié, n" 74.)
§ II.
SOURCES NARRATIVES
ŒUVRES d'HILDEBERT ET DE SES CORRESPONDANTS
Parmi les Sources narratives, celles qui émanent d'Hilde-
bert lui-même et de ceux qui furent en relation avec lui
doivent naturellement être consultées en première ligne.
Lettres. — Ses lettres nous fournissent quelques rensei-
gnements ; mais nous ne croyons pas devoir aborder dès à
présent l'examen critique des divers manuscrits qui les
renferment : pareille étude trouvera plus loin sa place (1).
Notons seulement, dans l'édition qu'a donnée dom Beau-
gendre (Migne, Patrol. lat. t. CLXXI Hildeberti opéra), les
(1) 11^ partie, chapitre 1"^.
— 23!) —
lettres II, 8 ; — II, 17 et 18 ; — III, 7 et 21, à consulter pour
l'histoire de Vévèque du Mans.
Dans la lettre II, 8, Hiklebcrl s'excuse auprès dos légats
du Pape de ne pas s'être rendu au concile de Poitiers, et,
en expliquant ses empèchennents , fait l'historique des
troubles causés par l'invasion de Guillaume le Roux, roi
d'Angleterre et duc de Normandie, dans le Maine ; — dans
les lettres II, 17 et 18, il raconte son arrestation et son em-
prisonnement à Nogent-le-Rotrou par le ministre du comte
du Perche, ennemi des Manceaux, et dans la lettre III, 7,
les péripéties de son voyage au retour de Rome ; — dans la
lettre III, 21, enfin, il est déjà archevêque, mais il envoie
par écrit son témoignage dans un procès à l'abbé de Saint-
Vincent du Mans, et, faisant un retour en arrière, il fixe des
dates qui nous serviront de points de repaire pour sa
biographie.
Voilà tout ce que nous avons pour l'histoire de son
épiscopat dans la correspondance d'Hildebert. Il faut y ajou-
ter deux lettres qni lui furent adressées par Yves de
Chartres (Migne, Patrol. lat. t. CLXII, n^^ 74 et 277) et huit
par Geoffroy de Vendôme (t. GLVII, 1. III).
La lettre 277 fut écrite par Yves, évoque de Chartres,
à Hildebert, à la suite d'une dénonciation que le parti des
chanoines hostiles à son élection avait faite des désordres
qu'ils lui reprochaient et qui le rendaient indigne, disaient-
ils, des fonctions épiscopales. Yves de Chartres renvoya les
accusations à l'intéressé en l'invitant à réfléchir.
Certains auteurs, désireux d'épargner à l'illustre évoque
du Mans cette mortification, ont soutenu que la lettre était
apocryphe , les autres qu'elle n'était pas à l'adresse
d'Hildebert.
Juret, éditeur d'Yves de Chartres (1), prétend que la
lettre était destinée à un Aldebert, qui ne serait point le
(1) Dans Migne.
— '240 —
même que notre personnage : « Aldeherto Cenomannensis
ecclesiœ electo ». C'est en effet ce qu'on lit. Mais d'abord,
celui dont il s'agit a été archidiacre de l'église du Mans et
puis « évêque élu » au temps d'Yves de Chartres, et où le
placer dans l'ordre des faits, sinon dans le cadre de cette
biographie? Ensuite, nous avons des exemples de Alde-
hertus et autres formes, tenant lieu de celle qui a prévalu ;
telle est la suscription de la lettre III, 1, d'Hildebert dans
Beaugendre (1), ou encore sa souscription à un diplôme de
l'évêque de Nantes en 1105, mentionné le quatorzième de
notre série.
Il reste à soutenir, comme l'a fait Beaugendre (2), que la
lettre n'est point d'Yves de Chartres et qu'elle fut supposée.
Or, nous la lisons parmi les siennes dans les manuscrits
2485 et 2487 de la Bibliothèque nationale. A la vérité, dans
le 2485, elle est la dernière du recueil ; mais, dans l'autre
manuscrit, elle se lit entre deux lettres copiées de la même
écriture et qui furent manifestement composées par Yves
de Chartres.
Quant aux lettres de Geoffroy, abbé de la Trinité de
Vendôme, à Hildebert, elles sont pleines de récriminations
au sujet des empiétements de la comtesse de Vendôme ou
d'Hamelin de Montoire sur les biens que possédait l'abbaye
dans le diocèse du Mans, ou bien elles concernent l'atîaire
du moine Jean, habile architecte, qui avait obtenu la per-
mission de venir travailler à la cathédrale du Mans et qui
resta dans cette ville malgré les ordres répétés de son
supérieur ; d'autres enfin ont rapport à l'élection disputée
de Rainaud de Martigné, évêque d'Angers.
Les lettres où on trouve l'historique de la querelle
d'Hildebert, archevêque de Tours, avec la cour de France,
sous Louis le Gros, et des discordes intestines qui s'ensui-
virent dans le diocèse , se lisent dans Beaugendre , au
(1; Credidi me peccaturum.
(2) Hildebevti vita, par Beaugendre, dans Migne.
— 241 —
livre II. Mais il ne faut pas se fier à l'ordre dans lequel
il les présente, et, quant aux manuscrits, ils n'offrent pas,
au poinl de vue chronologique, un meilleur groupement.
Par bonheur, la suite des lettres se reconstitue aisément
d'après leur contenu.
La lettre II, 33, n'est adressée à personne en particulier ;
supplique et remontrance au roi, reproches aux évêques
qui se montrent indifférents, plaintes sur le malheur des
temps, on y fait allusion à ce qui vient de se passer sans
donner aucun détail précis. La lettre II, 34, est plus narra-
tive, plus explicite : l'archevêque y rappelle que, un an
environ après son arrivée à Tours, le roi a disposé, sans le
consulter, des charges de doyen et d'archidiacre ; il raconte
ses vaines démarches à la cour de France, la confiscation
qui s'ensuivit, et il demande au légat ses bons offices, pour
le réconcilier avec Louis VI.
Prenons les lettres qu'il adressa au pape Honorius. La
lettre II, 38, est la première de celles oi^i il lui parle de ses
démêlés avec la cour de France. « Quantis.... .sanctitatem. »
Les rapports se détendirent sur ces entrefaites ; car, dans
la lettre II, 40, Hildebert s'excuse auprès du Pape de n'avoir
pas terminé une affaire dont il l'avait chargé, par la nécessité
où il fut de répondre aux avances du roi qui l'invitait à la
cérémonie du couronnement de son fils Philippe à Reims
(Pâques 11 29). Mais la réconciliation n'était pas entière; elle
le devint grâce à l'intervention du r(ji d'Angleterre, Henri I""",
qu'Hildebert remercie par la lettre II, 46.
Les lettres II, 36, 37, 38, racontent la querelle du doyen
Raoul, celui-là même que choisit Hildebert par opposition
à la volonté royale, avec le chanoine Nicolas, le guet-apens
dont Nicolas fut victime de la part du frère du doyen,
l'instruction judiciaire et la mort de Raoul. Seulement, la
lettre 38 est antérieure à la lettre 37 ; la lettre 38 seule parle
de la seconde audience où intervint le légat Girard et du
XL 16
— 242 —
départ pour Rome de Raoul, qui fut assassiné en chemin.
Hildebert en fut tellement irrité, qu'il écrivit une lettre de
protestation contre l'abus des appels en cour de Rome, et
c'est le n'' II, 41 ; dans le II, 47, il se plaint encore que le
Pape ait levé des excommunications prononcées par lui.
Les lettres II, 30, II, 31 et II, 35, concernent les rapports
du métropolitain, archevêque de Tours, avec la Bretagne,
tant à propos de la succession de l'archevêque Baudry au
siège de Dol que du concile convoqué à Nantes par le duc
Gonan III. Quant au n° II, 44, c'est une lettre adressée à
Hildebert par saint Bernard, pour le prier de faire acte de
soumission au Pape reconnu par l'épiscopat français ,
Innocent II, et de se détacher d'Anaclet, proclamé anti-pape.
Sermons, Poésies, etc. — Parmi les sermons d'Hildebert,
un seul a une valeur historique : c'est celui d'après lequel
il aurait été présent au concile de Chartres, en 1124, et y
aurait joué un rôle. On trouve ce sermon dans le manuscrit
de la Bibliothèque nationale f. 1. 2487, ainsi que dans un
manuscrit de la Bibliothèque ambrosienne (à Milan) , et
dom Brial a édifié là-dessus une petite dissertation fort
intéressante qui a paru dans les Mémoires de V Académie
des inscriptions (1).
Les poésies d'Hildebert nous donnent l'écho de ses sen-
timents dans plusieurs occasions mémorables de sa vie ;
citons les deux pièces l'elatives à son voyage à Rome (De
Roma), le poème sur son exil en Angleterre (De Exsilio siio
lïher) et la réponse à une jeune fille, restée malheureuse-
ment inconnue, qui lui avait envoyé des vers pour le con-
soler. (Ad Virginem quamdam versu peritissimam.)
Enfin, Hildebert a écrit un ouvrage historique, la « Vie de
saint Hugues » (2), abbé de Gluny, où il a occasion de
{i)Vhis exactement: Mémoires de l'Institut. Clai>se cV histoire, t. IV,
1806.
(2) Saint Hugues, né en 1024, sixième abbé de Cluny (1049-1109), légat
— t>43 —
relater quelques souvenirs personnels. On doute au pre-
mier abord qu'il en soit l'auteur incontesté, car il s'intitule
simplement : « Hildebertus , professione sacerdos , vita
peccator », et il y eut plus d'un Hildebert dans le clergé au
XII" siècle ; mais, quand il raconte qu'il vint à Cluny, en
qualité d'archidiacre, avec l'évêque Hoël, son prédécesseur
{antecessor noster Hoellus), le doute n'est plus permis. Dom
L'Huillier, moine de l'abbaye de Solesmes, qui a écrit en
1888 la Vie de saint Hugues^ avec une science digne en
tout point des meilleurs ouvrages des Bénédictins de l'an-
cien régime, dom L'Huillier affirme dans son introduction
que notre prélat s'est contenté de mettre en plus beau lan-
gage le récit des moines Gilon et Ezelon, au risque d'en
effacer la précision et la valeur documentaire. Mais Hilde-
bert lui-même, dans sa préface, ne se porte garant que des
choses qu'il a vues de ses propres yeux, et les deux ou
trois passages très courts visés par cette déclaration sont
les seuls qui intéressent notre sujet.
§111
SOURCES NARRATIVES
CHRONIQUEURS
Les Gesta. — Si la correspondance d'Hildebert est bonne
surtout pour éclairer son histoire comme archevêque de
Tours, en revanche nous avons pour son épiscopat une
précieuse chronique. C'est le récit qu'a donné un clerc de
la cathédrale, dans les « Actes des évêques du Mans »,
recueil fait à l'imitation du Liher pontificalis (1).
de Grégoire VII, mit les ressources de l'Ordre au service de ses idées
de réforme et de domination tliéocratique. On peut dire que Cluny
atteignit à l'époque de saint Hugues son apogée.
(1) Tours n'a point la pareille, et pourtant le plus ancien livre épisco-
— 244 -
Nous en possédons deux textes. L'un est le manuscrit de
la bibliothèque du Mans n" 224, reproduit par Mabillon dans
ses Vetera analecta (p. 313) ; l'ouvrage y est intitulé Actus
pontificum Cenomannis in urhe degenthim ; chaque « Vie »
particulière a le titre de Gesta (1). L'autre texte est la copie
faite par André Du Chesne au XVII« siècle (Bibliothèque
nationale. Baluze, XLV, p. 131) d'après un manuscrit au-
jourd'hui perdu. Cette copie se trouvait dans la bibliothèque
de Colbert et fut communiquée à Mabillon par Baluze ; mais,
pour les « Vies » qu'il possédait complètes (et c'est le cas
pour notre Hiklebert), Mabillon ne s'en servit pas. M. Julien
Havet, à qui nous devons ces détails, avait soigneusement
comparé les deux exemplaires dans l'étude qu'il préparait
sur les Gesta Aldrici (2) ; son travail a paru dans la Biblio-
thèque de V École des chartes^ t. LIV, 1893.
Le manuscrit d'où André Du Chesne a tiré sa copie devait
être du XIP siècle, puisqu'il s'arrêtait au milieu de la vie
de Guy, le successeur d'Hildebert. Ses possesseurs avaient
ajouté de siècle en siècle , jusqu'au XVIP , le nom des
évêques qui étaient venus ensuite. — Le manuscrit du
Mans est du Xllfe siècle, mais il semble qu'il en représen-
tait un du XII", parce qu'il offre une lacune après l'évêque
Guillaume, le second successeur de Guy (1186). On l'aura
recopié vers le temps de la mort de Geoffroy de Loudun
(1255), dont la « Vie » a été ajoutée. Nous supposons que
les Vies mêmes des deux successeurs de Guy n'étaient pas
pal fait à rimitation des monographies des Papes qui nous soit par-
venu est le chapitre De Episcopis Turonicis de Grégoire de Tours. Mais
l'œuvre n'a pas trouvé de continuateur.
(1) Réédité par Beaugendre et par Migne, Patrol. lat. t. CLXXI. C'est
à cette édition que nous renverrons le lecteur.
(2) Aldric, évêque du Mans au IX^ siècle, auteur présumé ou inspi-
rateur des « Fausses Décrôtales » et de divers autres recueils de con-
trefaçon. Avant les travaux de MM. Simpson et Julien Havet^ l'opinion
dominante voulait que ces ouvrages eussent été fabriqués à Reims, au
temps d'Eljbon.
— 245 —
dans le premier original. En effet les Actus sont précédés
d'un catalogue des rois de France et d'un catalogue des
évêques, écrits à la même éjjoque que le reste du manuscrit
et continués par des additions de diverses mains. Or, la
partie de première main s'arrête, dans le catalogue des
rois, à l'avènement de Louis VII (1137) et, dans le catalogue
des évêques, à la vacance qui suivit la mort de Guy (1135).
On peut donc se demander si nos deux manuscrits ne
seraient pas deux copies d'un même original, exécuté ou
achevé vers 1137, lequel nous serait parvenu dans le ma-
nuscrit Du Chesne un peu tronqué, et augmenté dans
l'autre postérieurement des vies de Hugues, Guillaume et
Geoffroy de Loudun.
Telle est l'hypothèse de M. Julien Havet. Maintenant, à
comhien d'écrivains différents devons-nous attribuer ces
biographies? Est-ce le même auteur ou des auteurs diffé-
rents, qui ont composé les Vies de Hoël, Hildebert et Guy '?
La première phrase de la Vie d'Hildebert, dans Mabillon et
dans le ms. 224, est obscure ; mais, dans la copie de Du
Chesne, elle donne des renseignements. On y lit : « Explelis
)) prout potui diiorum episcoporum, domni videlicet Arncddi
» Clique domni Hoelli, gestis, venerahilis quoque Hildeherti,
)^ non imparis 77ieriti, actus describere disposiii.... — Après
» avoir achevé comme j'ai pu les Vies de deux évêques,
» Ariiauld et Hoèl, j'ai entrepris d'écrire également l'histoire
» du vénérable Hildebert, dont le mérite n'est pas moindre. »
Ainsi, c'est le même clerc qui a écrit les Vies d'Arnauld,
de Hoël et d'Hildebert. Il mentionne la mort d'Hildebert ;
« on peut donc encore, dit M. Havet, lui attribuer avec
» vraisemblance la Vie de Guy, ou, tout au moins, la partie
» de cette Vie commune aux deux manuscrits ». Disons les
Gesta Guidonis, sans restriction ; car, dans l'une comme
dans l'autre leçon, l'auteur annonce, dès le début, qu'il
racontera la mort du prélat (1). Sa composition s'arrêtait en
(1) « Gesta et obitum Guidonis Cenomannensis episcopi, quibus-
^246
1135 ; c'est dire qu'il vécut dans le second quart du XII*'
siècle, eu un temps oîi le souvenir des actes d'Hildebert au
Mans ne datait pas encore de bien loin. Aussi n'a-t-il pas
mis en tète de cette biographie, comme pour celle des deux
prédécesseurs, ce petit mot d'excuse : prout potiii, « comme
j'ai pu ». Il était trop bien renseigné pour ne pas conter
hardiment.
Ce clerc écrivait en assez bon latin ; il ne dédaignait pas
de rythmer ses anathèmes à l'adresse des rois orgueilleux et
des hérétiques par du Virgile, témoin celte fin de vers (1) :
Hoc volvenda dies en attulit ultro (2).
Passons au récit des faits que « les jours en se déroulant
amenèrent d'eux-mêmes ». Il ne constitue point une source
indépendante de la correspondance : l'auteur a consulté les
lettres d'Hildebert ; il en préfère le témoignage à ses souve-
nirs ou aux renseignements qu'on a pu lui donner, et il y
renvoie plusieurs fois ; mais on trouve dans les Gesta ce
qui manque dans la correspondance, un récit suivi et dé-
taillé, dont la chronologie est satisfaisante.
Si Baronius et les auteurs de VHistoire littéraire y avaient
donné toute leur attention, ils se seraient épargné de vaines
conjectures en ce qui touche les voyages d'Hildebert à Rome
et en Italie. Baronius croit qu'il y alla en 1107 (3) et
dam ibi competenter iiisertis, quse suo tempore noscuntur accidisse,
strictim adnotare decrevimus. »
(1) Dans Migne, 94 D.
(2) Iris, déesse de l'arc-en-ciel, envoyée de l'Olympe par Junou au
roi des Rutules, lui dit (Enéide, IX, 5 et suiv.) :
Turne, qiiod optanti diuH>ii promillerc nemo
Aude r et , volvenda dies en attulit ultro.
J^neas, urbe et sociis et classe relicta,
« Turnus, ce que pas un des dieux n'aurait osé promettre à tes
vœux, voici que les jours, en se déroulant, l'ont amené d'eux-mêmes.
Enée abandonne sa ville, ses compagnons, sa Hotte »
(3) Baronius. Annales ecclesiastici. Année 1107.
— 247 —
V Histoire littéraire a adopté cette opinion. Consultons les
Gesta. On y voit Hildebert partant pour Rome immédiate-
ment après la rentrée d'Hélie au Mans (1100), et le récit ne
comporte pas entre ces deux faits un intervalle de sept
années. Ainsi le voyage s'accomplit dans les toutes pre-
mières années du XIP siècle, et, si Hildebert en projeta un
autre, ce fut quinze ans plus tard.
Vers 1117, dit notre clerc, parut dans le diocèse du Mans
l'hérésiarque Heni'i, au moment oili l'évêque venait de se
mettre en route pour l'Italie. Il rebroussa chemin,, semble-
t-il , pour prêter main-forte à ses chanoines contre le
terrible prêcheur. Ainsi fut enti^epris et interrompu le
second voyage d'Hildebert à Rome. Quant au troisième,
celui du concile de Latran, la lettre III, 4, d'Hildebert nous
apprend qu'il devait s'y rendre, mais l'auteur des Gesta
n'en parle pas.
Orderic Vital. — Avec Orderic Vital, qui vécut dans le
même temps (1), l'horizon politique s'élargit. On voit alors
que l'expédition de Guillaume le Roux dans le Maine a fait
partie d'un vaste plan de campagne dirigé contre la monar-
chie française, qu'il s'agissait d'attaquer à la fois, de face
par le Vexin, de flanc par le pays chartrain, et ainsi on
comprend mieux par contre-coup les revirements de la
politique normande dans le pays qui nous occupe. De même,
quand le comte d'Anjou, une fois devenu comte du Maine,
entra en lutte avec le roi d'Angleterre, on voit qu'il était
l'allié de Louis VI le Gros et soutenait Guillaume CUton,
fils de Robert Gourteheuse et prétendant au duché de
Normandie que détenait son oncle Henri P'".
Orderic Vital raconte les choses d'un point de vue plus
élevé que n'est celui des petits intérêts d'une église locale.
(1) Né eu 1075, mort en 1143, il était de vingt ans plus jeune qu'Ilil-
debert et moufut dix ans après lui.
~ t>48 -
Aurait-il un véritable esprit de patriotisme normand? Non.
Il écrit de fort belles phrases sur le malheur de cet empire
que la gloire du Conquérant avait élevé si haut et que l'in-
dolence de Robert laissa momentanément s'abimer dans
l'anarchie (1), mais ce sont les intérêts de l'Église dans la
province qui le passionnent. C'est pour les avoir laissés
péricliter qu'il en veut au duc malheureux et incapable ;
Guillaume le Roux, impie et débauché, est moins maltraité
parce qu'il est plus ferme, et Henri pr, le maître hypocrite,
ayant su ^administrer, a toutes les sympathies du chroni-
queur (2). Orderic veut la paix, nécessaire à la prospérité
des établissements religieux. Parce que les Manceaux ,
placés entre la domination normande et l'épée angevine,
faisaient la guerre tantôt pour l'une tantôt pour l'autre,
afin de mieux leur échapper, notre Normand natif d'Angle-
terre, « Anghgena », traite assez durement ce petit peuple,
brave, dit-il, mais bien léger ! On le voit, ce n'est pas d'hier
que les Français ou les ancêtres des Français se sont vu
reprocher leur légèreté (3)
L' « Histoire ecclésiastique )>, (car tel est le titre porté par
(1) « Ecce quibus aerumnis superba profligatur Normaniiia, qua3
nimis olim victa gloriabatur AiigUa et, uatui-abbus regni liUis trucida-
tis sive fugatis, usurpabat eoruin possessiones et imperia Nuiic,
sicut Babylon, de eodem bibit tribulationum calice, unde nequiter alios
solita est inebriare. » (VIII, 15.)
(2) Guillaume de Malmesbury, autre clii'oniqup.ur contemporain,, pro-
fesse la même sympathie pour Henri I" Beau Clerc. Mais tel n'était
pas l'avis de Henri de Huntindon. D'après lui. Henri I" se posa en
défenseur de la morale tout en menant une vie dissolue, et il eut l'art
de faire aimer son administration à l'Eglise en la pressurant. Certes,
c'était un liabile liomme
(3) « Nam quidam Cenomannen&ium, qui quasi naturali semper
inquietudine agitantur et mobilitate sua pacem turbant ipsique tur-
Jjantur (VII, 10.) Ils troublent la paix du monde et se troublent
eux-mêmes. » Cf. le chroniqueur angevin de Saint-Aubin ;
« .VIore suo sibi fraudautibus et a se deficientibus » (année 1098.)
Le malheur des Manceaux fut d'avoir leur histoii-e écrite par leurs
voisins et ennemis.
— 249 —
la chronique d'Orderic Vital,) constitue une source tout à
fait indépendante des Gesta, comme des Lettres, et il n'y
a pas d'apparence que l'auteur ait reçu des renseignements
directs de l'église du Mans ; il interrogeait les pèlerins, les
chevaliers qui passaient par son couvent de Saint-Evroult
et il faisait profit de ce qu'd entendait. Malheiu'eusement,
ses dates sont embrouillées, mais M. Léopold Delisle, dans
l'excellente édition qu'il a donnée comme complément et
révision de celle de M. Aug. Leprévost pour la Société de
l'histoire de France (1) a réussi à tirer de 1' « Histoire
ecclésiastique » d'Orderic une chronologie qui se lit à la fin
du dernier volume et renvoie aux diverses pages du récit.
Orderic Vital est un écrivain agréable. Il compose volon-
tiers des harangues à la mode antique, mais ces discours
sont appropriés au caractère du personnage à qui il les
prête. Il a fait l'éloge d'Hildebert.
Guillaume de Malmesbury (mort vers 1150) (2) a fait aussi
l'éloge d'Hildebert ; les autres chroniqueurs anglais, Robert
de Huntindon (3), Florent de Worcester (4) et Siméon de
Durham (5), n'ont pas parlé de lui, mais ils mentionnent
l'expédition de Guillaume le Roux dans le Maine. Robert de
Torigny, abbé du Mont-Saint-Michel, nous apporte un fait
nouveau dans sa chronique (6), quand il dit que l'église de
Savigny, abbaye fondée vers 1105, fut dédiée le 1" juin
1124, et que l'évêque du Mans assistait à cette cérémonie.
Chroniques françaises. — Quittons les Etats du roi
d'Angleterre, duc de Normandie Les Gesta dominorum
(1) Sa notice est au cinquième volume.
(2) De Gestis regum Aiujlonun et De Gestis pontificum Anglorum
Ap. Rer. Anglic. script., 1601.
(3) Histnriarnni Ubri oclo.
(4) Chronicon ex chroaicis.
(5) De Gestis regum /lug/on<»(. Mais, au lieu d'un ouvrage composé
comme celui de Guillaume, c'est une chronique par années.
(6) Edition L. Delisle, 1848.
- 250 —
Ambazensium ou « Gestes des seigneurs d'Amboise », édi-
tés par MM. Salmon et Marchegay avec les Chroniques des
comtes d'Anjou (Société de Vhistoire de France], nous ont
fourni quelques détails sur Lavardin, pays natal d'Hildebert.
Les « Chroniques des comtes d'Anjou » ou Gesta conéuluni
Andegavensium ne peuvent être consultées sans précaution.
M Mabille, dans sa préface à l'édition Salmon, a soigneuse-
ment distingué les diverses rédactions qui se superposèrent.
Ainsi, on lit quelque part que Foulques le Jeune prit la
croix à Tours en ll'iO et fut alors témoin d'un miracle par
lequel Dieu manifestait sa protection toute spéciale à Mar-
moutier ; mais cela est une addition du moine Jean, qui a
lui-même emprunté cette légende au continuateur de
Guillaume de Jumièges (1) ; au contraire, Foulques le Jeune
prit la croix au Mans à l'Ascension de li^S, et l'abbé Eudes,
le plus ancien rédacteur des Gesta consulmu. et le seul
digne de foi, y assistait. En un mot, ces chroniques ont
besoin le plus souvent d'être confirmées, soit par Orderic
Vital, soit par les chroniques des églises d'Anjou (édition
Salmon) ; ainsi le fait que nous venons de rappeler est men-
tionné par la « Chronique de Saint-Serge » d'Angers.
Les chroniques de Touraine ont été écrites par des
moines : celle de Pierre fils de Béchin, qui remonte à l'an
1140 environ, par un chanoine de Saint-Martin de Tours ;
le Chronicon Turonense magnum et 1' « Histoire de Saint-
Julien de Tours », par un moine de cette abbaye. Moine
aussi (2) était l'auteur de la charmante Narrntio de com-
mendatione Turonicve provincice ou « Eloge de la province
de Touraine ». Pour tous ces écrivains, le clergé séculier
est quantité négligeable : il ne fait pas partie apparemment,
comme les vignes et les monastères, de la parure de la
(1) Il mourut en 1090, mais son « Histoire des Normands » fut conti-
nuée par un anonyme. Dans Du Cliesne, Hisl. Norman, antlq. scripL,
1619.
(2) M. Salmon pense que ce l'ut Jean de Marmoutier. Il aurait été
bien vieux à cette époque ! En tout cas, ce fut un moine.
— 251 —
Loire (1)! Jean de Marmoutier, ou Fauteur quel qu'il soit de la
Narratio, donne seulement une liste très sèche des archevê-
ques jusqu'à son temps (^), à peine de quoi reprendre haleine
entre une peinture idyllique des prairies des bords du Cher
et l'éloge bien senti des Tourangelles. Fontame-les-Blanches
est le seul monastère dont la chronique mentionne la parti-
cipation à son histoire de l'archevêque Hildebert, comme il
est le seul, nous l'avons vu, dont les chartes le mettent en
cause.
Dans le domaine royal , la chronique de Saint-Pierre-
le-\'if de Sens, écrite par le moine Glarius (3) , signale
l'évêque du Mans au concile de Fleury en 1110 ; Suger,
auteur de la « Vie de Louis VI », ne paraît pas soupçonner
l'existence d'un conflit entre son maître et l'archevêque de
Tours ; mais a-t-il parlé davantage des difficultés de Louis
le Gros avec les autres prélats? Enfin la chronique de
Morigny (-4) dit qu'Hildebert fut convoqué au concile
d'Etampes, en 1130, bien que nous n'ayons aucun docu-
ment établissant sa participation à cette assemblée (5).
(I) '( Cii'cumambiunt eam (Ligeritn, la Loire), sitfc in eadein, insulse
quarnplures, monasteriis, pratis, vineis.... delectabiles. » [Narratio.]
(•2) M. l'abbé Duchesne, s'inspirant d'un article de M. Léopold Delisle
dans l'Histoire littéraire (t. XXIX] sur les fastes épiscopaux de l'an-
cienne France, a composé en 1890 un travail intitulé : Catalogues épis-
copaux de l'ancienne Province de Tours. Il y signale deux listes seu-
lement qui vont jusqu'à l'époque d'Hildebert : 1" celle de la Grande
Chronique, qui donne sur la durée de son épiseopat des dates inexac-
tes ; — 2° celle du second recueil de Saint-Aubin d'Angers, qui le cite
mais n'a pas de chronologie. — Il nous semble qu'on doit ajouter le
catalogue du Liber bonarum gentium (Cartulaire de l'archevêché)
édité par M. de Grandmaison en 1892, et qui, on l'a vu plus haut,
dépasse l'époque d'Hildebert sans le mentionner.
(3) Il avait été d'abord moine de Fleury ou Saint-Benoît-sur-Loire
(XIP siècle) Cette chronique est dans Duru, Bib. histor. de l'Yonne,
t. II, (1863).
(4) Morigny, prés d'Etampes. Ap. Rer. Gallic. script., t. XII.
(5) Ont fait l'éloge d'Hildebert du côté des Français : Pierre de Biois
(fin du .\II« siècle), Albéric de Ïrois-Fontaines (XIII« siècle) et la chro-
nique d'Auxerre.
— 252 —
Tels sont les renseignements fournis par les chroniqueurs
de l'époque.
§ IV
BIBLIOGRAPHIE MODERNE
Au XVIc siècle, Baronius, cardinal de l'Eglise romaine, a
mentionné plusieurs fois Hildebert dans ses Annales eccle-
siastici (1), notamment à l'année 1088, où il est fort mal-
traité à propos de la mort de Bérenger, l'hérésiarque repenti,
dont il avait composé l'épitaphe, trop élogieuse au gré des
orthodoxes plus papistes que le Saint Père lui-même. —
Bayle, au XVIP siècle, a également insisté sur les reproches
d'immoralité et d'insoumission à l'égard du Pape, mais
l'auteur du Dictionnaire critique le faisait dans un tout autre
esprit, avec l'ironie du scepticisme et même, semble-t-il,
une sorte de joie maligne.
La première Histoire des évêques du Mans a été écrite,
dans les temps modernes, par Antoine Le Corvaisier de
Courteilles, conseiller au siège présidial du Mans, lieute-
nant criminel du roi Louis XIV. C'est un classique de
l'histoire du Maine ; le style est bon et la valeur cri-
tique laisse bien loin derrière elle les récits légendaires
dont on se délectait jusqu'alors. L'ouvrage allait paraître,
quand on apprit que l'auteur reportait l'apostolat de
saint Juhen dans le Maine du premier siècle de l'ère
chrétienne à la fm du troisième. Il sembla aux Man-
ceaux qu'on attaquait leurs traditions les plus chères en
diminuant l'antiquité de leur église, et un moine bénédictin
de Saint- Vincent, dom Jean Bondonnet, prit sa bonne plume
pour réfuter l'ouvrage avant même qu'il fût imprimé. Le
(1; Ouvrage revu et annoté pm* le P. Puyi au X\H« siècle.
— 253 -
Gorvaisier, pour conjurer rofTcl du volume qui se préparait,
se hâta de rectifier un grand nombre de dates et de petits
faits où il prêtait le flanc à la critique, notamment pour
l'époque de la mort de l'évèque Hoël, et Y Histoire des évo-
ques du Mans parut, munie d'une : Défense anticipée de
cette Histoire (1648). Bondonnet publia néanmoins son tra-
vail, en 1651. Il est intitulé : les Vies des évêqiies du Mans,
restituées et corrigées, avec plusieurs belles remarques sur
la chronologie. Le rude polémiste prend à partie son adver-
saire avec une ardeur furieuse dans les plus minces détails
et, bien qu'il ait quelquefois raison, déplaît par son âpre
té (1). — De son côté, Jean Maan, chanoine de Tours au
XVIP siècle, a traité d'Hildebert archevêque dans son Histo-
ria ecclesise metropoUtanœ Turonensis. Les assertions de
ces divers auteurs, ainsi que la Cenomannia de dom
Briant (2) et le récit parfois fantaisiste de dom Beaugendre
dans sa Vita Hildeberti, jointe à l'édition des œuvres
(1708) (3), ont été soumis à la critique par les rédacteurs (4)
de ïHistoire littéraire de la France, en 1759 (tome XI), et,
profitant de ces observations, dom Piolin a écrit vers 1860
son Histoire de V Église du Mans (5).
Pour nous arrêter à celui qui occupait le siège épiscopal
en l'année 1100, à Hildebert, disons que M. Hauréau, le
savant éminent que l'érudition vient de perdre, est l'homme
de France qui s'est le plus occupé d'Hildebert. D'abord,
c'est M. Hauréau (pii a continué la Gallia christiana , cet
imposant monument de l'érudition bénédictine interrompu
par la Révolution ; il a écrit en entier le tome XIV concer-
(1) Voyez : La Sicotière, Le Corvaisier de Courteilles (1888) ; — abbé
Denis, Dom Jehan Bondonnet (1896).
(2) Histoire du Maine restée inédite. A la Bib. nat., f. 1. 10037.
(3) Dans Migne, Patrol. lat. t. CLXXI. Avec la reproduction des Gesla
et les notes de Loyauté.
(4) C'étaient, pour, le tome XI : D. Maurice Poncet, D. Colomb, D.
Charles Clémencet, D. François Clément.
(5) Le Mans, 1854-1803, G vol. in-8».
— 254 —
nant la Province de Tours. Il a consacré à Hildebert des
articles dans son Histoire littéraire du Maine (1) et dans la
Nouvelle Biographie générale de Firmin-Didot. (1861).
Puis , il le rencontra souvent dans les manuscrits et il
eut occasion de lui retirer beaucoup d'ouvrages en prose
ou en vers qu'on lui attribuait sans raison, quelques-uns
au préjudice de sa renommée (2). On trouve le résultat de
ces recherches dans les Notices et extraits de quelques ma-
nuscrits de la Bibliothèque nationale (3). M. Hauréau a
repris la question pour les petits poèmes dans son livre
sur : Les Mélanges poétiques d' Hildebert de Lavardin (A).
Ces ouvrages ne nous ont pas été d'une utilité immédiate,
puisque notre travail n'embrassait pas l'examen des œuvres
d'Hildebert, cette étude n'étant plus à faire ; sans doute il y
avait mieux à trouver dans ces écrits, que des indications
littérales : il fallait (mais y avons-nous réussi le moins du
monde !) il fallait imiter le ton humoristique qui y règne et
qui vivifie par l'esprit une matière souvent ingrate
M. Hauréau n'avait pas traité la partie historique ni ne
s'était beaucoup occupé des Lettres : sans quoi notre sujet
eût été épuisé.
Plus en conformité avec celui-ci, fut soutenue en 1855,
devant la Faculté des lettres deCaen, par Hébert-Duperron,
principal du collège de Bayeux (5), une thèse latine bien
présentée, mais courte et faite d'après les ouvrages de
(1) Le Mans, 1843-1852 et Paris, 1870-1876.
(2) Des serinons de Pierre le Mangeur (c'est-à-dire le dévorateur de
livres)^ de Geoffroy Babion ou le Babouin et de Pierre le Lombard ; le
Physiolorjus de Thibaud ; le Mathematiciis de Bernard Sylvestris et la
Pasbio sanctse. Agnelis de Pierre Riga (publiés en 1895, par M. Hau-
réau) ; le TracUUns, ouvrage tliéologique d'Hugues de Saint- Victor.
(.3) Edition in-S". Epars dans l'édition in-4<' des Notices publiée par
l'Académie.
(4) Paris, 1882.
(5) De ven. Hildeberti vita et scriptis thesim proponebat
Facultati litterarum Cadomensi V. Hébert-Duperron, Bajocensis
gymnasii reclor. Bajocis, 1855, in-S".
— !255 —
seconde main (1). — Vingt ans plus tard, la Société archéo-
logique du Vendômois, a publié dans son bulletin , sous la
signature P. de Déservillers : Un Évêque au A'/" dècle,
Ilildebert de Lavardin et son temps (2). Mais c'est une
apologie de l'épiscopal au moyen âge plutôt qu'une biogra-
phie critique. En résumé, bien que notre sujet ne fût pas
précisément nouveau, nous pensons qu'il y avait intérêt à
grouper et à critiquer des notions, éparses, à les présenter
dans un nouveau récit, sous le jour oi:i la science moderne
veut que nous regardions l'histoire.
Pour la connaissance des taits généraux de l'époque et
l'appréciation du caractère des rois, reines ou premiers
ministres à qui eut affaire notre prélat, nous ne pouvions
mieux faire que de lire l'ouvrage de M. Luchaire sur le
règne de Louis VI le Gros (3) (1108-1137) et l'ccHistoire
d'Angleterre » de Lingard (4), et, quant aux personnages
marquants qui vécurent dans son milieu ou qui participè-
rent au même mouvement politique, littéraire et intellectuel,
il importait de consulter :
Pour Yves de Chartres, mort en 1115, l'abbé Foucault (5);
Pour Marbode, né en 1035, écolâtre à Angers, évêque de
Rennes à partir de 1096, mort en 1123, M. Léon Ernault (6) ;
Pour Baudry, né en lOiO à Meung-sur-Loire , abbé de
H) Sauf pour les documents empruntés à l'abbaye de Savigny, et
que nous n'aurions pas eu l'idée de rechercher sans les indications de
M. Hébert-Dupen-on.
(2) La fin a paru dans le Bulletin de la Société archéologique de Tou-
raine (tome 111). Edité à Paris, 1876.
(3) Louis VI le Gros. Annales de sa vie et de son rèrjne (Paris, 1890),
table et analyse de documents précédées d'une introduction métiio-
dique et narrative. Cf., du même: Hist. des insl. monarch. de la France
sous les premiers Capétiens /'Paris, 1883).
(4) '4823-1831.
(5) Thèse de tliéologie, Chartres, 1883.
(6) Ouvrage posthume, publié par son frère Emile Ernault et Félix
Robiou, professeurs . Piennes, 1890.
— '256 —
BoLirgueil au diocèse do Tours (1089-1107), archevêque
de Dol (1107-1130), l'abJoé H. Pasquier (1) ;
Pour Geoffroy de Vendôme, né à Angers, abl)é de la
Trinité (1093-113-2), M. Luc Compain (2) ;
Pour Girard, évèque d'Angoulème et légat, mort la même
année 1132, l'abbé Maratu (3) ;
Pour saint Bernard, né en 1090, abbé de Clairvaux en
4115, l'abbé Vacandard (4).
Enfin, nous avons recouru, pour les antiquités du Maine,
aux ouvrages de M. l'abbé A. Voisin et de M. Hucher ; pour la
géographie, aux dictionnaires topographiques de la province
du Maine par Le Paige (5), de la Sarthe, par J.-R. Pesche (6),
de la Mayenne, par Léon Maître (7), d'Indre-et-Loire, par
Carré de Busserolle (8) et à l'atlas de M. Longnon (9).
Adolphe DIEUDONNÉ.
(A suivre.)
(1) Un poète chrétien à la /iii du XI'' siècle. Batulri Angers, 1878
(2) Bib. de V Ecole des hautes études, fasc. 86.
(3) Dans le Bulletin historique de la Charente, 1864.
(4) Paris, 18'J5, 2 vol. iu-8'>.
(5) 1777, 2 vol. in-8o.
(ô) 1842, 6 vol. in-S".
(7) 1878, in-4«.
(8) Dans les Mémoires de la Société arehcolofjique de Touraine, 1878
1883, 5 vol.
(9) Atlas historique de la France, 1885-1889.
LA PAROISSE
DE LOMBRON
DE 1450 A 1789
D'APRÈS LES COMPTES DE FABRIQUE
Dans une étude sur la paroisse de Congé-sur-Orne, parue
ici même, nous avons expliqué quelle était, avant 1789,
l'organisation de ce petit rouage administratif, la fabrique,
et comment il fonctionnait. Les détails dans lesquels nous
sommes entré, nous dispensent de revenir sur ce point, et
nous nous bornerons simplement, après avoir indiqué de
quelles ressources financières disposait le procureur, à si-
gnaler quel usage en fit ce représentant de la population,
d'accord avec ses commettants. Du coup, on pourra recon-
naître quels ont été pendant près de trois siècles et demi, les
événements les plus saillants de la vie communale de cette
agglomération d'habitants.
I
Lombron, bourg et commune du canton de Montfort, de
l'arrondissement du Mans, forme une paroisse qui, avant le
Concordat de 1801, dépendait du doyenné et de l'archidia-
XL 17
258
coné de Montfort, et qui, maintenant, fait partie du doyenné
de ce nom o.t de l'archiprètré de Notre -Dame-de--la-Couture.
Le dernier recensement accuse une population totale de
1367 habitants. Il n'y en avait que 1217 en 1780. La cure,
jouissant d'un revenu de 1600 1., était à la présentation de
l'abbé de Saint-Calais qui nommait également le titulaire
du prieuré de Bresteau, autrement dit Saint-Jean-de-la-
Pelouze, situé sur la même paroisse. D'après une tradition
déjà ancienne, mais dont il est impossible de discerner
l'origine, le bourg primitif aurait été situé près do ce prieuré.
Quoi qu'il en soit de ce vieux souvenir auquel nous atta-
chors peu d'importance, les habitants étaient sûrement
groupés autour de l'éghse actuelle, dès le milieu du XV"
siècle, et même, vu l'importance de cet édifice religieux,
construit assurément au XII« siècle, il nous parait très pro-
bable que, dès cette époque, le gros de la population s'était
déjà établi là où elle réside actuellement.
Le plus ancien document que nous connaissions, où figure
sûrement le nom de la paroisse de Lombron, remonte à la
fin du XI' siècle (1). En 1234, un chevalier, Jean de Fleuré,
céda à son frère, les droits qu'il possédait « in parro-
chia de Lombronio (2) ». En 1275, du consentement de
l'évêque, Guillaume Roland, il y eut un échange entre le
chapitre Saint-Julien, du Mans, et le curé de Lombron, ce
dernier s'engageant à servir une rente annuelle de dix livres
aux chanoines qui, de leur côté, lui cédaient la part des
dîmes qu'ils possédaient sur sa paroisse (3). Dans le même
temps, entre 1274 et 1277, ils en acquirent une autre partie,
grâce aux libéralités de l'évêque, Geoffroy d'Assé (4). Celles
que possédait au même lieu, Guy de GalJande, chevalier,
(1) Cf. Cartuîaire de l'abbaye de Saint- Vincent, publié par MM. Rob.
Charles et S. Meiijot d'Elbenne, n» 778.
(2) Cf. Liber albus capituli, p. 357.
(3) Cf. Liber albus capituli, p. 393.
(4) Cf. Le Corvaisier de Courteilles, Histoire des Évesqucs du Mans,
p. 529.
— 'lod —
de la paroisse de Beaufay, furent, en 1275, données à l'église
cathédrale do Mans (1).
Ces menus faits, s'ils prouvent l'existence de la paroisse,
n'indiquent pas comment elle se gouvernait. Et puisque l'oc-
casion nous en est offerte, nous le demanderons à ceux qui
prendront la peine de lire ce travail : Au cours de leurs
recherches ou de leurs lectures, auraient-ils jamais rencontré
quelques circonstances, des titres authentiques, démontrant
que, dès le XIII'' siècle, les intérêts moraux et matériels des
paroisses étaient, dans notre région, régis par un procureur,
élu par ses concitoyens. Pour nous, un "Lel état de choses
n'a dû se constituer que vers le milieu du XIV" siècle, et
voici ce qui nous le donne à penser. Dans le livre des Francs-
fiefs rédigé en 1367 (2), on voit des procureui's payer un
amortissement pour les biens-fonds légués à la fabrique
dont ils sont les mandataires, tandis que, dans un registre
de même nature, tenu en 1314, ces mêmes administrateurs,
non plus que les fabriques elles-mêmes, ne sont jamais
mentionnés. Les abbés, les prieurs, les curés soldent l'in-
demnité à laquelle ils sont taxés par un commissaire spécial,
pour leur abbaye, leur prieuré ou leur cure, mais une fois
encore, jamais on n'y parle des procureurs de fabrique ;
n'est-ce pas un indice que ces derniers n'avaient pas encore
tout au moins une existence légale.
Cette digression achevée, et elle ne nous a point trop
éloigné de notre sujet, nous nous hâtons d'ajouter que les
plus anciens titres qui nous renseignent sur la fabrique de
Lombron, ne remontent qu'à l'année 1449. A cette époque,
elle fonctionnait très régulièrement , administr^ée qu'elle
était par deux procureurs. Dès l'an 1509, il n'y en eut plus
(1) Cf. Le Corvaisier de Gourteilles, Histoire des Evesques du Mans,
p. 548. Cet auteur nomme le donateur, Guy de Gallerande, mais dans la
donation dont il est fait mention dans le Liber albus capitiiii, p. 371, il
est appelé « Guido de Gallandia ».
(2) Arch. nat... P. 1343. Le registre de 1314 se trouve à la Bibl. nat.,
fonds français, n° 873(3.
— 2G0 —
qu'un et il en fut ainsi jusqu'à la Révolution. Mais avant de
les voir à l'œuvre, il importe de se faire une idée nette et
précise des ressources dont ces administrateurs disposaient.
IL
Au milieu du XV^ siècle, les diverses recettes figuraient
sous ces trois rubriques : Rentes perpétuelles, rentes de hlé,
fermes muahles. Les premières se composaient d'abord,
d'une redevance de deux deniers par famille, les veufs n'en
donnant qu'un (1), payable à la fête de Pâques, et affectée à
l'achat du cierge pascal. En 1450, elle s'élevait à cinq sols
sept deniers. Y figurait ensuite la moitié des oblations pré-
sentées tous les ans à la fête de l'Ascension, dans la cha-
pelle Saint-Michel-de-la-Barre (2). L'année précitée, elles
furent estimées quatorze deniers oboles. Sous la seconde
rubrique, rentes de hlé, on comprenait la dîme d'wne gerbe
que devait chaque fermier au jour de la fête de saint Barthé-
lémy, soit le 24 août (3). Cette dime, adjugée au dernier et
(1) « Ont droit lesd. procureurs de prendre chacun an le jour de Pasques
sur chacun paroissien pour le cierge benoisl deux deniers, excepté les
mestoiers, lesd. deux deniers, vallant en somme, v s. vi d. ». Comptes
de 1450.
« Ont vallu les doubles de Pasques à lad. fabrique en ce présent compte,
que les paroissiens de lad. paroisse sont tenus prendre chacun an sur les
neuf deniers des droitures du curé, pour faire le cierge beneist, c'est
assavoir chacune couple de mesnaige, chacun deux deniers et les veufs
demi à l'équipollent, xxiiii s. un d. Comptes de 1517-18. Cf. sur les
droitures, P. Moulard, Analyse d'anciennes archives de Fresnay-le-
Viconite, p. y.
(2) « Item, pour la pocession que le curé dud. lieu doit chacun an à
saint Michel de la Bare, le jour et feste de l'Ansencion, ont acoustumé
lesd. procureurs de prendre la moistié des oblacions e1 n'est mémoire du
contraire^ pour ce, xiii d. ob. » Comptes de 1450.
(3) « Ont droit lesd. procureurs de prendre chacun an sur chacun la-
boureur de lad. paroisse, le jour saint Bartholomer, sur chacun d'iceulx
une gerbe, lesquelles gerbes ont esté baillées à Michel Tesnière, pour
ceste présente année, ccmme au plus offrant et dai^ain enchérisseur, pour
le prix et somme de vu s, vi d. Comptes de 1450. Cf. sur un revenu ana-
logue, P. Moulard, Analyse d'anciennes archives de Fresnay -le-Vicomte,
p. 8.
— 261 -
plus haut enchérisseur, produisit, en 1450, sept sols six
deniers. Une autre dîme, dite de la Ruecte fut aussi mise à
l'enchère et cédée pour six sols, trois deniers (1). Enfin un
certain Jehan Brahaing, d'Angers, devait à la fabrique une
rente de six boisseaux de seigle et de trois boisseaux d'orge,
assise sur son bordage de Riolays (2). Les fermes muahles,
c'est-à-dire les rentes que payaient les fermiers des terres
appartenant à la fabrique, procuraient un revenu annuel de
quatre livres dix-sept sols, en ce, non compris la rente de
dix sillons et d'une plesse de terre qui n'avaient point
trouvé preneurs (3).
Il n'y a pas lieu de s'étonner du chiffre en apparence Sj
minime de ces recettes. Nous rappellerons en passant, qu'au
même temps, elles ne dépassaient guère dix livres par an,
dans une paroisse assurément plus importante, celle de
Notre-Dame de Saint-Calais (-4). Le bas prix de la main
d'œuvre et des objets usuels y correspondait. Elles s'ac-
crurent lentement d'abord, et probablement dans la propor-
tion où se reconstituait la fortune publique, si cruellement
(1) Item, ont droit lesd. procureurs de prandre chacun an, la disrae de
la Ruecte, sise en Brestel, tant blez, potaiges que autres choses quelcon-
ques, lesquelles ont esté baillées à Jehan Materaz. comme darain enché-
risseur pour le prix et somme de vi s. m d. » Comptes de 1450.
(2) (c Item, est tenu faire Jehan Brahaing, d'Angiers, chacun an à lad.
fabrice pour son bordage de Riolays... au jour de Toussaint, vi boesseaux
de seigle et trois boesseaux d'orge... » Comptes de 1450.
(3) En dehors de ces revenus réguliers, la fabrique, en certains cas et
pour des dépenses extraordinaires, était autorisée par l'autorité religieuse
compétente, à percevoir sur tous les paroissiens, une redevance nommée
taux, repartie sur chaque famille au prorata de sa fortune présumée.
C'est ce que nous apprennent les deux articles suivants : « Item, quant le
taux de lad. église fut fait, fut despendu par ceux qui le firent, c'est à
savoir, Macé Brahaing, Guillaume Martin, Philippot Ledeslae, Jehan
Byatrix et plusieurs autres, xx d. )> Comptes de 1449. « Item, vacquèrent
lesd. procureurs à Montfort, irapectrer une citacion de mons"" le doien,
affin de faire ung taux pour la réparation de lad. église, tant pour citacion
que pour despens, xi.\ s. » Comptes de 1450.
(4) Cf. L. Froger^ La paroisse et l'église Notre-Dame de Saint-Calais,
in-40, p. 8.
— 262 —
éprouvée de 1418 à 1448 parles pillages des bandes anglaises
ou françaises. En 1479, elles s'élevaient à dix livres neuf
sols trois deniers. Dès le commencement du XVI^ siècle, les
donations dont la fabrique fut l'objet, les legs qu'elle recueil-
lit, à titre onéreux ou non, c'est-à-dire qu'elle fût ou non,
chargée pour en jouir, de faire acquitter divers services
religieux, devinrent, pendant deux cents ans, de plus en
plus nombreux. Nous en avons fait le relevé, d'après un
inventaire rédigé en 1792. A supposer qu'aucune des
fondations qui avaient été ainsi établies, n'ait été omise,
on trouve que, de 1500 à 1600, il y en eut vingt-et-une,
d'importance diverse, et vingt-huit, de 1600 à 1700. Et dans
ces chiffres, on ne comprend pas les legs que les paroissiens
aisés inscrivaient sur leur testament et qui consistaient en
une somme d'argent, plus ou moins considérable, une fois
versée.
L'afflux successif de ces dons élargit peu à peu le cadre
du budget des recettes, sans néanmoins en modifier notable-
ment l'organisation. Cependant, il y en eut parmi les revenus
de la première heure qui vinrent à disparaître, d'autres au
contraire que l'on voit se former peu à peu. Parmi les pre-
miers, ceux qui provenaient de la redevance prélevée sur
celle que les fidèles offraient à leur curé, à l'occasion de la
fête de Pâques, ne sont plus mentionnés à partir de 1546.
L'année précédente, ils étaient descendus à quatorze deniers
après avoir été de vingt-quatre sols quatre deniers, vingt-
huit ans plus tôt (1). Ils furent remplacés d'ailleurs par une
offrande volontaire présentée aux plus grandes solennités de
l'année et qui semble avoir été provoquée par des conces-
sions d'indulgence. C'est ce que le rédacteur des comptes
appelle « les pardons (tZ) ». Cette offrande, on ne la soldait
(1) Cf. la note citée plus haut, p. 260.
(2) « A valiu le pardon du jour deNouel (1533) en l'église de Lombron, xii
s.; le jour de la N.-D. de mars, vu s.; le jour de Pasques, xxiis.; le pardon
de la teste de la Peiithecoste,, xnii s.; du jour saint Michel, vu s.; »
— 2(î;3 —
pas toujours en numéraire, et les produits divers de la ferme
y figuraient à côté des oblations en sols ou en deniers (1).
C'est un tribut du même genre que l'on voit s'établir peu
à peu au XVl*' siècle, sous le nom de « la Guilanneuf » ('2).
D'abord passager, et ne se reproduisant qu'à des intervalles
plus ou moins rapprochés, il devient permanent au XVII^
siècle, et, à dater de cette époque, les fidèles donnent à ceux
qui vont officiellement quêter à domicile, des subsides en
nature qui sont ensuite vendus aux enchères au profit de la
fabrique. Plus tard, et sur la fin du XYII" siècle, un revenu
nouveau s'ajouta aux précédents. Il provenait de la location
des bancs de l'église établis aux dépens de ceux qui les
occupaient (3) et qui néanmoins en payèrent, à partir de
Comptes de 1533-34. « Mis pour la despence de moy et de mon cheval le
jeudi dou cenne (Jeudi-Saint) que allé au Mans porter la busie du pardon
de sainct Michel de la Barre, pour la conseiller. )> Comptes de 1527.
(1) « Receu pour les œufs et pommes des pardons du jour de Pasques et
de sainct Michel-de-la-Barre et de l'église de Lombron, xviii s. » Comptes
de 1537.
(2) C'est en 1554 qu'il en est fait mention pour la première fois dans cet
article des comptes : « Item baillé pour le procès meu pour la Guilanneuf,
contre Michel Rousseau, la somme de vingt sols tournois. » Ce furent les
enfants qui recueillirent d'abord ces offrandes, comme le prouve cet
article : « Item, receu pour la Guillanneuf faite par les enfants, en ceste
année pour faire les cierges, la somme de cinq escuz sol. )) Comptes de
1580. Ils furent remplacés plus tard par des jeunes gens auxquels se
joignait quelquefois un joueur de violon : « Premier, led. rendant a paie
la somme de huit livres à Jacques Verdier, joueur de viollon, à déduiie
sur dix livres dix sols à luy accordée pour ses sallaires de s'estre transporté
avec Mathurin .\vice et Pierre Rogouin, à recueillir la Guillanneuf. »
Comptes de 1665. On trouve également la Guilanneuf établie à Douillet,
au milieu du XVI» siècle. Cf. RobeitTriger,Éfude historique sur Douillet-
le-Johj, p. 121.
(3) « Plus, a receu led. rendant compte de Salomon Hupier, de Michel
Rousseau, de Mathurin Saveneau, de Mathurin Renvoizé et ses cohéritiers,
de Julien Regouyn, de la vefve Mathurin Cousin, de Noël Le Trouin, de
Hiérosme Bontemps, de Marin Chevalier de la Ragottière, de Jean Gruau,
de tous les desnommez ci-dessus, chacun, quinze sols, et encore de
Martin Diray, onze sols, et de la vefve Michel Beaumont, dis sols, fai-
sant en somme toute huit livres onze sols, quelle somme a esté pour
chacun d"eu.\ poser et placer des scelles dans lad église. » Comptes de
1644.
— 264 -
cette époque, le loyer. Ce. loyer ne fut d'abord que de cinq
sols par an ; il progressa peu à peu et, en 1789, il était de
deux livres.
Toutes ces ressources se rangeaient méthodiquement
dans l'un ou l'autre des chapitres du compte-rendu que
le procureur soumettait aux paroissiens. L'ordre de ces
chapitres a peu varié. Nous avons dit quels ils étaient
en 1450. Cent ans après, en 1550, il y en avait quatre : 1" Les
rentes perpétuelles ; 2" les fermes muables, parmi lesquelles
étaient comptées les redevances de blé dues à la fabrique ;
3° les recettes extraordinaires où figuraient les oblations
que présentaient les fidèles pour gagner les pardons ou
indulgences concédées à l'occasion des grandes solennités
religieuses ; celles qu'ils offraient en faveur des trépassés ;
le produit de la vente des fruits du cimetière ou des objets
appartenant à la fabrique et tombés hors d'usage ; le droit
que l'on payait pour être inhumé dans l'église ; les legs que
délivraient une fois pour toutes les exécuteurs testamen-
taires de certains bienfaiteurs de l'œuvre fabricienne ; 4° la
recette des vins et huile.
A partir de 1587, les rentes perpétuelles, sans pour cela
changer de nature, furent inscrites sous ce nouveau titre :
menuz deniers et laizs. Les autres revenus continuèrent
d'être mentionnés sous leurs mêmes rubriques. La quête de
la Guilanneuf tendait dès lors à se reproduire tous les ans.
C'est en 1609, que la redevance des blés fut enregistrée
pour la première fois, dans un article spécial du budget où
elle continua de figurer à part jusqu'en 1789. A cette
dernière date, les recettes de l'année courante et de la pré-
cédente se décomposaient ainsi : 1° grains dus à la fabrique
et vendus à son profit , soixante-dix-huit livres, cinq sols,
quatre deniers ; 2" anciens legs dits menus deniers, onze
livres, quatre sols, dix deniers ; 3" vin et huile, vingt-deux
livres, deux sols ; 4° rentes foncières constituées, deux cent
quatre-vingt-douze livres, dix-huit sols, huit deniers ; 5" fer-
— 265 -
mages des biens appartenant à la fabrique, cinq cent quatre-
vingt-deux livres, six sols, six deniers ; 6" location de qua-
rante-huit bancs, en raison de deux livres par banc, sauf
deux à quatre livres cinq sols et un à quatre livres, seize sols,
deux cent six livres, douze sols ; 7" location des bancelles,
quarante-sept livres, seize sols ; 8° recettes extraordinaires,
quatre-vingt-huit livres ; soit un total de mille trois cent
vingt-neuf livres, quinze sols, quatre deniers, par consé-
quent d'environ six cent soixante-cinq livres par an.
En se reportant au revenu dont la fabrique jouissait en
1450, on peut ainsi comparer le point de départ à celui
d'arrivée. Voici maintenant quels en furent les étapes suc-
cessives, de cinquante en cinquante ans. Arrivées à treize
livres, quatre sols, quatre deniers, en 1500, les recettes
montèrent à cinquante-huit livres, neuf sols, huit deniers,
en 1550 ; à cent quarante-huit livres, treize sols, neuf de-
niers, en 1600 ; à deux cent quatre-vingt-neuf livres, quinze
sols, sept deniers, en 1650 , à deux cent quatre-vingt-dix-
neuf livres, sept sols, trois deniers, en 1700 (1) ; à trois cent
cinquante-quatre livres, trois sols, trois deniers, en 1750.
Nous avons maintenant à examiner à quel usage elles furent
consacrées et quel en fut l'emploi.
L. FROGER.
(A suivre.)
(1) Dans cette somme, est comprise la valeur en monnaie des redevan-
ces en vin, huile et cire, qui précédemment figuraient bien sur le budget,
sans que toutefois le prix en numéraire fut spécifié.
L'ABBAYE
DE
CHAMPAGNE
ÉTAT ACTUEL
Foulques Riboul, seigneur d'Assé, Emme de Vanssai sa
femme, et leurs enfants, Hubert et Béatrix, fondent, le
24 novembre 1188, l'abbaye de Notre-Dame de Cham-
pagne (1), et y placent des religieux de Savigny.
L'acte est dressé en présence de Renaud évêque du Mans,
et de Michel Bureau, évéque d'Avranches, de Juhel de
Mayenne, Hamelin de Ghaource, Guillaume d'Assé, Bernard
de La Ferté, Raoul Leporc et d'autres seigneurs.
Le 24 octobre 1270, l'évêque Freslon consacre de nou-
veau l'église de ce monastère, dont il avait réparé les
dégâts causés par la guerre.
Les fondateurs et plusieurs de leurs descendants y reçu-
rent la sépulture.
L'acte de fondation a été relevé par M. Léopold Delisle
dans le chartrier de l'abbaye de Savigny, et publié en partie
par M. E. Hucher dans sa Notice sur Sillé-le-Guillaume et
ses environs.
(1) Commune de Rouez, Sarthe.
i'.|!i^P<i
^^^^-t^ c<W/i/.
^■AXmfiiUht . \%it-
ABBAYE DE CHAMPAGNE
1. Porte d'entrée. — 2. Abbaye de Champagne en 1842.
- 268 -
L'original est aux Archives nationales dans le carton L.
1146. 3. Il est encore muni d'un fragment du sceau de
F. Riboul , représentant un chevalier armé. On y lit les
lettres de la légende: f sigi is ribolle. Le sceau de
l'évêque est perdu.
Dans le cartulaire de Savigny (Archives de Saint-Lô)
f° 119, cette charte est intitulée : Pactio cum Fulcone Ribole
de abbatia de Campania. Sigillum Raginaldi episcopi et
Fulconis Ribole.
Dans VAmplissima Collectio de dom Martène, t. I, col. 987,
se trouve en outre une autre charte de Gui, abbé de Citeaux,
datée de 1189, par laquelle, sur le rapport des abbés de la
Cour Dieu et de Barzelle, venus sur les lieux, il autorise
l'établissement de l'abbaye.
D ne reste plus aujourd'hui de l'abbaye de Champagne
que les bâtiments situés autour du cloître du côté ouest, et
la moitié de ceux situés au sud (1).
Les bâtiments de l'ouest, quoique remaniés au XVIIP
siècle et au commencement du XIX'' siècle, ont conservé
leur caractère, en partie du moins. Il est facile de les resti-
tuer tels qu'ils étaient à l'origine. Au rez-de-chaussée, une
série de salles voûtées sur colonnes ; au-dessus, des gre-
niers avec charpente apparente. Les dessins de M. Ricor-
deau nous dispensent d'entrer dans d'amples détails, disons
seulement que ces bâtiments étaient construits sans luxe,
les voûtes en moellons, les chapiteaux très simples sans
sculptures (2).
(1) Voir le plan cadastral. — Champagne est aujourd'hui comme en
1842. Seul le petit cèdre que l'on voit à gauche, est devenu un arbre
énorme.
Au pignon (à droite) se voit une petite lucarne. D'après la tradition,
les religieux malades entendaient la messe de cette lucarne qui donnait
dans la chapelle. La chapelle se serait alors avancée jusqu'au milieu
du pignon, ce qu'il n'a pas été possible de constater.
(2) L'abbaye de Clermont, près Laval, construite à la même époque
que Champagne, possède encore debout tous ses bâtiments. Celui de
l'ouest est en tout semblable à celui de Champagne. Voûté sur colonnes,
— 269 —
Au-dessus régnait un grand grenier, dont la charpente
intacte présente encore beaucoup d'intérêt.
Ce qui reste des l)âtiments sud sert aujourd'hui d'habi-
tation au fermier. On y trouve deux pièces, des couloirs
voûtés en pierre, au XVIIIo siècle, remaniés et sans intérêt.
Dans le jardin ou parterre qui se trouve devant le bâti-
ment ouest ont été construits au siècle dernier deux
pavillons insignifiants.
Du cloître lui-même qui avait à l'extérieur 30 mètres
de côté il ne reste rien, M. Hucher, qui le déclare existant
encore en 1856 a été induit en erreur. Personne dans la
contrée ne se souvient de l'avoir vu. Il a dû être détruit en
il a ses fenêtres romanes qui ont disparu à Champagne dans les rema-
niements modernes. A Clermont ce bâtiment sert aujourd'hui d'étable.
Ce bâtiment qui dans les abbayes cisterciennes servait de celliers
n'existe plus à l'Épau.
— 270 —
même temps que l'église vers 1805. Le puits qui se trouvait
au centre du carré existe encore avec sa margelle en pierre
de taille assez bien conservée. Tout auprès on a planté un
cèdre aujourd'hui superbe, qui se voit de fort loin au-
dessus des bâtiments.
r^WNÎ^'
PLAN CADASTRAL
On peut toutefois retrouver des traces de l'emplacement
du cloître en faisant tomber avec précaution l'enduit mo-
derne des bâtiments bordant le cloître. On découvre alors
un enduit rouge en très mauvais état, sur lequel était tracé
^■î V- V
ABBAYE DE CHAMPAGNE
Plan général.
— 272 —
en couleur blanche un appareil de pierre. De nombreuses
inscriptions en cursive du XIV" et du XV^ siècle s'y peuvent
lire ; nous croyons avoir déchiffré celle-ci : « Jehan
d'Ingrant (1) ». Il y a aussi des dessins, guerriers à cheval,
blasons, des proverbes, etc. Malheureusement il est im-
CROIX DU PIGNON
possible de les rétablir à l'heure présente. Lorsqu'on a
voulu appliquer l'enduit moderne, on a piqué à coups de
pioche l'ancien enduit qui se montre aujourd'hui semé de
trous très rapprochés, ne laissant que trop peu de surface
sans brèche.
De l'église, du chapitre, de l'abbatiale et des autres con-
(1) Jehan d'Ingrant ou d'Ingrandes était seigneur de Gourmenant au
XV« siècle.
— 273 —
structions il ne reste rien, toutefois on peut en retrouver
des traces sur les anciens plans du cadastre :
La colonie, parcelles 816-817-818.
L'abbatiale, 821.
Un ruisseau contourne une partie des bâtiments de
l'abbaye pour aller faire tourner un moulin un peu plus
loin. Enfin dans les cours et jardins se retrouvent à chaque
pas des égoûts et aqueducs souterrains, en partie sans
usage aujourd'hui.
L'abbaye comme toutes celles de Citeaux est construite
dans une vallée. L'eau potable lui était fournie par une
source captée dans un champ au sud du monastère, à 500"»
environ ; la source et l'édicule qui la surmonte sont encore
visibles ; les tuyaux seuls d'adduction sont brisés et souvent
la charrue en amène les fragments à la surface du sol. Ils
sont en terre cuite de 0™ 07 de diamètre sur 0'» 60 environ
de longueur et les joints étaient faits au plomb.
Une autre fontaine d'eau excellente se trouve près de
l'emplacement de l'abbatiale.
Jules CHAPPÉE.
MODILLON A L' ABBAYE DE CHAMPAGNE
XL. -18
CONFRÉRIE
DES
PRÊTRES DU DOYENNÉ DE BEAllMONT
ÉRIGÉE EN l'Église paroissiale de vivoin
SOUS LE PvVTRONAGE DE LA SAINTE VIERGE
IV. — SIEGE. --OFFICE RELIGIEUX. —CHAPITRE GENERAL. —
DINER.
La fête patronale, appelée le Siège de la Confrérie, se
célébrait à Vivoin le lundi après la Nativité de la sainte
Vierge (1). Les statuts de 1306 font une obligation grave à
tous les confrères d'y assiter (2) ; une décision , prise
quelques années après, retranche de Tassociation ceux qui
y manqueraient trois années consécutives. Au chapitre de
1418 ce délai fut porté à six ans, après quoi l'exclusion serait
définitivement prononcée contre tout délinquant (3). La
(1) La saillie Vierge était la patronne de la confrérie. Au commence-
ment de notre siècle on découvrit à Vivoin dans les fossés des tanneries
une vierge antique en marbre blanc, que l'on considère comme un clief-
d'œuvre de l'art statuaire du XV« siècle et qui est vraisemblablement
l'ancienne image de la Société. Nous en donnons le dessin au commen-
cement de cette étude.
(2) Statuts de 1306. Art. 8.
(3) « Pour se soit que fut ordonné qui sera défaillant pendant trois ans
continuellement l'un en sus l'autre de se rendre audict lieu seroit privé
NOTRE-DAME DE VIVOIN
— 275 —
nécessité de venir au siège fut rappelée à la réunion du
14 septembre 1500 : nous le voyons par une faveur accordée
à Jean Esnault prêtre, « d'estre regardé comme confrère
quoiqu'il ne se trouvât pas au siège de la confrairie attendu
son infirmité, non obstant les statuts du 14 septembre 1500 ».
En remerciement il donna chaque année sa vie durant une
« busse » de vin du cru de Ballon, pour être bu au dîner de
l'assemblée générale (1).
Les règlements dressés en 1581 fixèrent à ti'ois ans le
temps maximum d'absence toléré avant d'être chassé de la
Confrérie : « Si aucun frère ou sœur étoit défaillant par trois
ans saus comparoir à la convocation de la dite contrarie si
ce n'étoit qu'il fut détenu de maladie, en iceluy cas il seroit
fors clos et débouté mis hors d'icelle (2) ». Cette règle fut
rigoureuaement maintenue jusqu'à la Révolution.
En 1306 le service qui se faisait le jour du siège se^ com-
posait de deux messes, l'une de Requiem précédée des
vigiles , l'autre de Beata ; les prêtres devaient y assister
» revestus de leurs sourpelys et estoles ». A chacune des
deux messes les confrères venaient à l'offrande apporter
leurs aumônes. Le luminaire était de vingt-quatre cierges,
Le procureur avait charge d'inscrire en ce jour les noms
des trépassés de l'année et d'en afficher la liste à la porte de
l'église afin que chacun puisse en prendre connaissance et
faire dire les messes qu'il devait pour eux (3).
Dès l'an 1440 la coutume était établie de chanter un Libéra
le Dimanche soir veille du siège ; le procureur réclama en
effet à cette date cinq sols qu'il avait payés en vin « aux
gens d'esglise qui sistèrent ledit Libéra (4) ».
(les bienfaits d'icelle frarie ce a esté faict cl corrigé jusqu'à six ans. »
Stat. rèfjlem. et const. de la conf., f" 8.
(1) Hiàt. de la conf. Ch. III. art. !'='■ , sect. 3.
(2) Stat. de 1581.
(3) Stat. de 1306. Art. 8.
{\) « La vigille de la convocation de lad. confrarie après la lin des
— ^216 —
Au chapitre général, tenu le 20 septembre 1581, il fut
convenu « que les vigilles des morts qui se (disaient) le jour
de l'assemblée se diraient à l'avenir le Dimanche de devant,
solennelles par douze prostrés confrères, lesquelles (seraient)
mandés par le procureur assister audit service à trois heures
après midy ; et pour le salaire des assistants revestus de
leurs surpelys et bonnets en leur tête (serait) payé à chacun
trois sols ». Le lendemain l'on chantait les matines de la
Nativité précédées de deux messes basses, la première de
Requiem et la seconde en l'honneur du Saint Esprit (1). A
la fin des matines avait lieu inie procession à l'église du
prieuré, puis on commençait la grand'messe. Un prêtre
montait en chaire avant le Credo ; il rappelait aux confrères
leurs devoirs et leurs obligations et ranimait leur dévotion
envers la Mère de Dieu (2). Le prédicateur de la fête pa-
tronale était admis dans la congrégation sans verser le prix
d'entrée ; il était simplement obligé à dire l'année de sa
réception quatre messes pour les défunts. C'est vraisembla-
blement à ce titre que figurent sur les listes de la Confrérie
plusieurs religieux mendiants ; nous trouvons sur celle de
1636, le nom du père Sylvestre de Valongnes, capucin, et
ceux de frère Grégoire de Laon du même ordre et de frère
Pacosme Fabies, religieux de Saint-Antoine, sur celle de
1655. Le père Daraase d'Eu, capucin, lecteur en théologie,
fut l'orateur du siège de 1648 (3).
L'offrande, qui d'après les statuts de 1306 devait être faite
aux deux messes n'est plus exigée par ceux de 1581 qu'à la
dernière. Le luminaire est aussi réduit à six cierges de trois
vespres en la manière accoustumée fut dict un Libéra a haulte voix en
l'esglise de "Vivoin, pour les frères et seurs d'icelle confrarie vivans et
trespassez de lad. confrarie et pour ce fut payé par le ced. procureur en
vins aux gens d'esglise qui sistèrent lod. Libéra ». Comptes de 1537 à
d543, f» 138.
(1) Stat. dei58L
(2) Idetn.
(3; Registres d'acquit des services.
— 277 —
livres « qui seront ardents pendant que se fera le divin
service (1) ».
Le Très-Saint-Sacrement était exposé a mane usque ad
fineni ultimarum vesperarum. Cet usage déjà ancien fut, à
la requête des confrères, approuvé le 9 septembre 1673 par
Monseigneur Louis de Lavergne Montenard de Tressan et
en 1736 par un de ses successeurs Monseigneur Gliarles de
Froulay (2).
Nous constatons dans les comptes du commencement du
XVIIle siècle que le lendemain de la solennité se faisait un
service de trois messes avec vigiles chantées pour les défunts.
En 1704, il fut alloué au procureur une somme de trois
livres, sept sols qu'il avait payée aux six ecclésiastiques qui
avaient acquittés ce service.
Les statuts imprimés en 1786 nous donnent le détail des
offices célébrés le jour du siège. Us commençaient le
Dimanche à deux heures du soir par la récitation des premiè-
res vêpres ; à cinq heures étaient chantées les matines de
la Nativité. Le lendemain à cinq heures après que le Saint-
Sacrement avait été exposé, l'on disait une messe basse
suivie de Prime. Tierce se récitait à neuf heures et demie
puis avait lieu la procession à l'église du Prieuré. Au retour
se chantait la grand'messe, avant le Credo le prédicateur
montait en chaire et prononçait son discours. A l'Olïertoire
le procureur ou le curé de Vivoin, lisait à haute voix la liste
des trépassés depuis la dernière solennité. La messe termi-
née, le célébrant entonnait Sexte que le chœur continuait.
None, dite à deux heures du soir, précédait les vêpres et les
compiles. Le Salut du Saint Sacrement terminait la journée,
on y chantait la prose de la Nativité, Domine Salvuni fac
Regem, et Bone Pastor. La bénédiction donnée, le grand
(1) Stat.de 1581.
(2) Hist. de la Gonf. CJiap. des privilèges, honneurs et prérofjalives.
— 278 —
chantre commençait le Salve Regina pendant que les offi-
ciers se retiraient à la sacristie. Aucun ecclésiastique n'était
admis au chœur sans son surplis et ne devait se refuser à
remplir une fonction lorsqu'il y était invité.
L'office du lendemain consistait en la célébration des
vigiles des morts et de trois messes : l'une en Thonneur du
Saint Esprit, la seconde de Beata et la troisième de Requiem.
A la fin de cette dernière étaient chantés les répons Audi
nimc, et Multx filiœ avec l'oraison Pro congregatione. A ce
.service assistaient : le curé de Vivoin, l'ancien et le nouveau
procureur et les conseillers ; pour leurs honoraires ils rece-
vaient chacun vingt-cinq sols (1).
Le jour du siège avait lieu le chapitre général. « Tout le
service fait et accomply, nous disent les premiers statuts
(les frères), se doivent mettre ensemble pour parler des
comptes, des rentes par rets ou autrement et des chouses
(1) Stat. de 178G, Chap. P''. — Des offices fondées par quelques-uns des
confrères étaient acquittés le jour du siège. Vers l'an 1460 Jehan Gadoys
donna à l'association six sols de rente à prendre sur une maison située à
Lucé pour qu'il soit chanté en ce jour un Sabvenite à l'intention de
Jeannette veuve Maurice Beiche {Hist. de la conf. Ch. des charges,
art. i" f''92). Au même temps Jehan Laubin, curé de Maresché, fonda une
messe et un Subvenite ; pour le Subvenite il versa sept livres^ pour la
messe il constitua une rente de dix sols. {Idem, p 95). — A la même
époque, Jean Gilbert le Jeune, prêtre, abandonna trois journaux de terre
pour une messe et un Subvenite. (Id. f" 06.) Plus tard Jehan de Maigné,
curé de Vivoin, obligea les confrères à chanter un Subvenite après le
repas, et en conséquence leur laissa deux journaux de terre, fidein.j Vers
1167, Jeanne épouse de.... Leboucher fit don à la confrérie d'une
pièce de vigne en Assé-le-Riboul, pour un Subvenite [Idem, /"» 96).
Ysabeau de Thieslin fonda aust-i un Subvenite par acte du 13 septembre
1519. (Comptes de i5il à 1530, f° 74.) Pierre Jousselin, châtelain de
Beaumont et Julienne Vasse, sa femme constituèrent le 9 septembre 1527
quinze sols de rente pour la dotation d'un Subvenite « à notte », après la
messe du Saint Esprit. {Hist. de la conf. Ch. des charges, f" 97.) Guil-
laume Frubort, curé de Vivoin, donne le 12 novembre 1567 un pré nommé
le pré Mulot, près Boaumortier, pour un Libéra devant l'autel de la
Sainte Vierge à la fin de la messe de Requiem, pour faire la recomman-
dation pour lui et ses amis trépassés à la fin de celle de Notre-Dame et
pour un Recjuiescat in pace à haute voix avec Pater et Ave. {Idem, f" 98).
279
touchant le proufit d'icelle frarie (1) ». A l'époque de la
fondation des chapelles la réunion pour traiter des affaires
temporelles se tenait quatre fois par an. La charte d'érection
nous apprend en effet que la nomination des titulaires
appartenait au curé de Vivoin, au procureur et à un curé
élu dans une des quatre réunions qui se faisaient annuelle-
ment (2).
En 1581, tous les membres de la confrérie prenaient part
au chapitre général : « les confrères et sœurs se doivent
retirer en un lieu secret sans noise et grand bruit pour
aviser des faits de ladite confrairie (3) ». Plus tard les
prêtres seuls y furent admis; à la convocation de 1758 il fut
réglé qu'ils y auraient voix par rang d'ancienneté dans
l'association (4).
Ce chapitre général se tint primitivement après la grand
messe (5), en 1581 il avait lieu à la fin du repas (6), au
XVIII'' siècle il était réuni après la bénédiction du Saint-
Sacrement. Le doyen de la confrérie l'annonçait en ces
termes : « Ad Capitulum accédant sacerdotes in nomine
Domini ». Tous les prêtres venaient alors se ranger devant
l'autel de la sainte Vierge pour y réciter le Veni Sancte ;
puis ils entraient à la sacristie, lieu ordinaire de la séance (7).
Le procureur faisait l'appel de tous les membres présents,
communiquait les demandes d'admission qui lui avaient été
adressées et exhibait les attestations et les extraits de bap-
tême apportés par les postulants. Dès que les membres du
chapitre avaient délibéré, les nouveaux confrères étaient
introduits et l'on procédait à la cérémonie de leur réception.
(1) Stat. de 1306. Art. 8.
(2) Charte d'érection des deux chapelles.
(3) Stat. de 1581.
(4) Procès-verbaux des chapitres généraux. Décision du il septembre
1758.
(b) Stat. de 13(36. Art. 8.
(6) Stat. de 1581.
(7) Stat. de 1755, Chap. 0, Art. 1".
— 280 —
Toutes les questions intéressant la société : réformes des
constitutions (1), dépenses extraordinaires (2), achats impor-
tants (3), aumônes à faire (4), étaient ensuite soumises. Le
doyen les proposait et demandait l'avis de chaque membre
en commençant par le procureur, interrogeant ensuite les
autres par rang d'ancienneté. Pour qu'un projet pût être
adopté, il devait réunir la moitié des voix plus une ; lorsque
les avis étaient également partagés, le parti dans lequel était
le doyen l'emportait. Les propositions des laïcs pouvaient
être mises en discussion lorsque le chapitre le jugeait à
propos.
Tous les trois ans il nommait le procureur et ses deux
assesseurs les conseillers, qui avec le doyen formaient le
conseil de la confrérie et réglaient, ainsi que nous l'avons
dit, les affaires survenant pendant le courant de l'année.
C'est encore au chapitre qu'il appartenait de choisir les
commissaires chargés d'examiner les comptes du procureur.
Ces commissaires rendaient compte de leur mission à la
solennité suivante et exposaient l'état des biens de la
confrérie.
Le procureur servait de greffier à l'assemblée et mettait
par écrit tout ce qu'elle avait décidé. Ses décisions signées
par tous les membres avaient dès lors force de loi et devaient
être observées par les confrères au même titre que les
constitutions.
Une fois que la matière des délibérations était épuisée,
le doyen levait la séance et les prêtres se rendaient à
(1) Ftat., règl. et constit., passim.
(2) Stat de 1755. Cliap. 0. Art. 2.
(3) En 1774, le chapitre autorisa la dépense de cinq cents livres pour
acheter das chnpes ; l'année suivante il consentit à allouer deux cents
autres livres, « pour compléter en franges fines lesd. ornements ».
(4) Le chapitre fit en 4555 une aumône de soixante sous tournois, en
15.58 d'un « écu sous à un confrère impotent, malade et langoureux », en
1595 de dix « écus sous » à un autre qui exposa lui-même sa misère en
pleine assemblée. (Stat. de 1755. Chap. 2. Art. 4.)
— 281 -
nouveau à l'autel de la Sainte-Vierge pour y réciter le Sub
tuum. Les mesures prises par le chapitre étaient alors
promulguées du haut de la chaire devant les laïcs restés
dans l'église.
Un repas était servi à tous les frères le jour de la fête
patronale. Les confrères , lisons-nous dans les statuts de
1306, « se doibvent retraire en ung lieu honneste de la ville
où les procureurs d'icelle frarie seront tenus faire provision
de boire et de manger honnestenient au despend de chascung
si les biens de la dicte frarie ne poivent suffire ». Tous
avaient l'obligation d'y assister comme à l'office, si quelques-
uns en étaient empêchés, ils étaient tenus à en avertir le
procureur cinq ou si.x: jours avant, afin qu'il ne fit pas de
provisions pour eux : « en cas qu'ils ne certifieront pas leurs
excuses dedans iceluy terme, ils seront contraints de poier
autant comme chascung qui présent y seroit et mettront les
procureurs ung pouvre au lieu du défaillant » (1). A ce
repas quatorze pauvres mangeaient « à table assise, pain
vin et chair tous leur suffire », au dépend de la confrérie (2).
Le dîner se tenait primitivement dans un « lieu honneste »
au choix du procureur ; en l'année 1464, Guillaume Pichart
donna pour cet usage une maison, qui en raison de sa desti-
nation fut appelée le Réfectoire. Elle relevait du vicomte de
Beaumont auquel elle faisait cinquante sols de cens par an.
Par acte du 23 juillet 1467, Jehan, duc d'Alençon, aban-
donna cette redevance à la Confrérie (3). Le Réfectoire fut
loué le 27 août 1511 à Jehan de Cuygniesres et Jacques
Champion, pour la rente de cinquante-trois sols tournois,
avec charge de le réparer « et d'y faire veues bonnes,
honnestes et convenables tellement que les confrères y
puissent honnestement faire leur assiecte, et davantage leur
bailler lieu ledict jour, le jour d'avant et le jour d'après à
(l)Stat. de 1306. Art. 8.
(2) Idem. Art. 9.
(3) Inventaire des titres de la confrérie fait en 1595.
— 282 —
raectre et retirer le pain, vin et autre chose nécessaire
pour le service de la dicte feste (1) ». L'année 1617, on
aménagea un appartement pour y recevoir les frères ; on
ouvrit une large fenêtre de pierres de taille « avec troys
potences », le plancher fut refait sur une poutre que donna
Jehan de Courthardi, prieur de Vivoin, une cheminée avec
manteau de bois fut élevée ; enfin on blanchit à la chaux les
murailles intérieures. Pour meubler cette salle on fit des
tables et « huyt longues selles a seoir les gens de la Congré-
gation (2) ».
Le repas avait lieu en 1306 après le chapitre général (3), les
statuts de 1581 réglèrent qu'il serait donné après la grand'
messe. Dès qu'il était terminé les confrères allaient à l'église
« rendre grâce à Dieu et à la Vierge Marie (4) ». La dépense
n'était, d'après les premiers statuts, à la charge de la Confré-
rie que si ses biens étaient suffisants, au cas contraire
chaque frère payait son écot. Quelquefois des confrères nou-
vellement reçus l'offraient à leurs frais. Ce fut le cas de
Guillaume Mauffée, qui pour être admis dans la Société
avec Roberte sa femme, s'engagea en 1511, à le donner
l'année suivante (5).
Pour un motif semblable, Macé de Launay promit en
1463 de fournir pendant six ans douze boisseaux de blé pour
le siège (6). A celui de 1463 on fit l'achat « de douze boes-
seaux de froment à raison de deux sols le boesseau ; d'une
pipe de vin prise au Mans, qui coûta y compris le fût et le
charroy soixante-dix-neuf sols, six deniers ; d'une vache
grasse qui coûta cinquante sols ; et de six moutons qui coû-
tèrent quarante-six sols. Le résidu du dîner fut réservé par le
(i) Archives de Vivoin,
(2) Tout le travail coûta à la confrérie quarante-deux livres deux sols
deux deniers. [Comptes de loi! à 1520, f°^ 58-65.J
(3) Stat. deiaOG. Art. 8.
(4) Stat. de 1581.
(5) Hist. de la conf. Chap. i". Art. i", /"" 15.
(6) Idem. Chap. P". Art. 1", f° 14.
283
receveur pour en tenir compte aux frères et aux sœurs (4) ».
Depuis le XVI<^ siècle , les repas furent payés sur les
fonds de la Société. Pour celui de 1518, le procureur Michel
Lepaige donna « à Jehan Mymbré, la somme de vingt sols
et le surplus pour l'entrée dud. Mymbré et sa femme d'avoir
esté receu confrères en la Confrérie (2) ». Le diner de
l'année suivante coûta trente-deux livres, seize sols, deux
deniers, plus cinq sols « pour les œufs et le beurre à mectre
es crostes de pastés (3) », celui de 1520 revint à trente-
deux livres, seize sols, un denier (4), et celui de 1521 à
trente-six livres, six sols, un denier (5).
Louis Busson, curé de Saint-Calais-en-Sonnois, qui exerça
les fonctions de procureur du premier novembre 1537, au
premier novembre 1543, détaille ainsi dans ses comptes les
dépenses qu'il lit pour le repas de 1538 (6).
« Cys après ensuyvent les parties et mises fai êtes au
bancquet et disnée de la confrarie.... qui fut le lundi d'après
la Nativité Nostre-Dame v ^ xxxviii.
Pour le payement de douze boesseaux de blé froment
achaptez de Morice Nycollas chacun boesseau neuf sols, six
deniers revenant à. cxiiiis.
Item, a esté achapté de François Lecomte de Beau-
mont, une pipe de vin blanc pour le repas dudict disner qui
cousta dix livres, dix sous, de ce. x 1. x s.
Item a esté achapté vingt cinq livres de lart à larder les
viandes du disner qui cousta chacune hvres deux sols reve-
nans à la somme de cinquante sols tournois de ce l s.
En sel a saller les viandes du disner ii s. vi d.
Pour le payement de six veaulx, vingt quattre livres de
(i) Hist. de la conf. Chap. 3 Art. 3, f" 66.
(2) Cornistes de 1511 à 1520, f" 50,
(3) Idem.
(4) Idem.
(5) Comptes de 15-20 à 1521, f" 136.
(ti) Comptes de 1531 à 1543, /"» 130-133.
— 284 —
suif esleu, quattre membres de moulton, un franc coul et
ung jarinneau de bœuf et pour les gaiges du boucher davoir
achapté, fourni et abillé les viandes dudict disnée quinze
livres neuf sols de ce xv 1. ix s.
Item pour le poyement de cinq douzaines de chappons
quattre douzaines de poullets achaptez de François Bigot la
somme de huit livres quattorze sols de ce viii 1. xiv s.
En espiceries achaptées a servir au disner a esté paie... à
Jehan Legodays lxiiiis. m d.
Pour le sallaire du paticier faict venir d'Ail enczon exprès
par le lieutenant de Beaumont pour faire la paticerye audict
disner xxxi s. vi d.
En vin qui cousta a marchander avec led. paticier m s. un d.
Par cedict procureur a esté paie a Gervaise Herel.... pour
avoir servi et fourni de cuysinyers, bois pour faire le feu et
cuysine à cuyre les viandes et fourny de lynge à la table,
iceluy reblanchi, la somme de cinquante sols de ce l s.
Item au voyrier qui a fournir de voyres et pour son
déchet . XI s.
Au boullanger qui a boullengé le pain fourny de boys
outre les soudyers qui luy demeurent xx s.
En beurre, fromage et œufs xvii s.
En verjust vin aigre, prunes, noez, poyres et charroy n'en
demende rien pour quelque peu de vin et autres fragmens
qui sont demourez dudict disgner outre ce qui a esté donné
aux pauvres
A esté paie.... au menuysier qui a rabillé et assis les
tables, brichets et assiettes fourni de bois pour ce faire pour
poye et despens x s.
A deux femmes qui firent le lavandage au jor du disner et
pour un grand pot à faire le potaige qui après ledict disner
fut cassé a esté poyé. viii s. un d.
En une livre de chandelle de suif. xviii d.
L'aumosne des pouvres a esté faicte du reliqua et
desserte des vins du disner. »
— t285 -
Comme on peut le constater, ce repas fut copieux; celui de
l'année suivante à peu près semblable coûta à la Confrérie
soixante-douze livres, un sol, six deniers (1). Au siège de
1543 on marchanda avec Gervaise Herel, qui prit l'engage-
ment de traiter les frères moyennant un salaire de cinquante-
cinq livres (2). Le dernier dîner dont nous trouvions la
mention eut lieu en 1639 ; cent trente-neuf personnes y
assistèrent et les frais s'élevèrent à la somme de soixante-
douze livres, sept sols, six deniers (3).
La vaisselle, qui servait en cette circonstance était louée
ou empruntée. Le procureur réclama en 1570, quinze sols
« poar l'acliapl d'un pot d'estaim pour rendre à Israël
Thouars, auquel on en avoit emprunté un autre pour servir
au jour de siège, lequel fut perdu » (4). Son successeur fit la
demande d'être remboursé de la somme qu'il avait donnée
au lieutenant de Beau mont et à Jehan Rougeteau afin de les
indemniser de la perte qu'ils avaient faite de deux broches
de fer le jour de la convocation de 1539. Les commissaires
chargés d'examiner ses comptes la lui refusèrent, parcequ'il
devait répondre des choses a lui confiées et ne les remettre
aux cuisinières qu'à la condition de les rendre en bon état
ou de les payer sur leurs gages (5). En 1521, tous les objets
appartenant à la Confrérie consistaient en « quarante-une
escuelles et huict plats signés et merqué au merc de la
confrarie (6) ».
La guerre, la famine ou la contagion, qui dévastèrent le
pays contraignirent à différentes reprises de suspendre le
diner. Ce turent d'abord les Anglais ; en 1417 ils s'emparè-
rent de Beaumont et brûlèrent une maison située près du ci-
(1) Comptes de i537 à i543, f° i36.
(2)Id(3>H,fol41.
(3) Comptes de 1639.
(4) Comptes de i5il à i520, p 65.
(5) Comptes de 1537 à 1543, f" 136.
(6) Comptes de 1511 à 1520, f» 140.
- 28G —
metière(l). L'année 1432, maîtres deFresnay et de Bellôme,
ils voulurent surprendre les Français logés à Vivoin.
Trois mille d'entre eux partirent donc de Saint-Céneri ,
dont ils faisaient le siège, et après avoir marché toute la nuit
tombèrent à la pointe du jour sur la garnison française. Ils
en firent un tel carnage que les cris des victimes s'enten-
dirent jusqu'à Beaumont. Ambroise de Loré, qui occupait
cette ville, averti par ces clameurs, se mit à la tête de ses
troupes ; il accourut à Vivoin et battit les Anglais dans la
plaine des Gaudines (2).
A la guerre succéda la peste, qui sévit dans la contrée
depuis 1500 jusque vers 1570. On ne donna pas de repas à
Vivoin au siège de 1500, non plus qu'en 1515 « obstant la
peste rigoureusement urgente (3) », douze prêtres s'assem-
blèrent cependant pour faire le service divin. Le chapitre
général tenu à la solennité suivante décida que l'on obser-
verait cette pratique, lorsque pour des raisons légitimes, il
n'y aurait pas de réunion (4). La contagion fut grande à
Beaumont en 1524 et 1526 ; en cette dernière année le lieu-
tenant particulier dut tenir des plaids au mois d'octobre
« dans la tasse des bois de Juillé (5) ».
L'an 1531 la peste ayant un peu diminué, la convocation
se fit et le banquet se donna le lundi après l'angevine (6).
Deux ans plus tard quoique tous les frères se fussent réunis
à Vivoin « ne fut faicte assiette ny disner pour la cherté des
vivres (7) ». Cette même cause fit que l'on s'abstint de servir
le repas en 1541 et 1542 (8). Le procureur crut cependant
(4) Archives de l'Hôtel de Ville de Beaumont citées dans les Statuts de
1755. Chap. 2. Art. 4.
(2) Idem. — Pesche, voci Vivoin.
(3) Stat. de 1785. Chap. II, art. 4.
(4) Stat., règl. et const. de la conf. f" IG.
(5) Stat. de 1755. Chap. II, Art. 4.
(G) Comptes de i531 à i543, Z"» i30.
{!) Idem, f- 137.
(8) Idem, f"= 139 et 140,
— 287 —
à ces trois solennités pouvoir héberger aux frais de la Con-
frérie le doyen, les deux chapelains et les prêtres qui
avaient été employés à l'église. On consentit à lui allouer à
la reddition de ses comptes la somme qu'il avait avancée
pour cela ; mais on lui défendit de faire dans la suite de
telles dépenses « au peine de reddition de ce qu'il y
mectroit (1) ».
La peste reprit en 1544, dans le doyenné, mais Vivoin
semble avoir été épargné ; Pierre Jousselin tint en cette
année ses plaids sous une vigne située près du prieuré (2).
Le repas ne fut donné qu'aux pauvres à la solennité de
1550 « pour l'utilité de la confrarie ». La délibération du
chapitre de ce jour fixe que désormais le diner n'aura lieu
que de trois ans en trois ans et que néanmoins « conformé-
ment aux anciens statuts, treize pauvres seront refectionnés
à table assise, en la maison de la frarie, tant au jour que le
dîner se fera que aux autres jours du siège (et que lorsqu'il)
y aura dîner pour les frères, pendant que les frères dîneront,
aussi dîneront les pauvres » (3).
Les troupes protestantes, chassées du Mans par la miracu-
leuse intervention de sainte Scholastique, s'enfuirent en
Normandie ; elles attaquèrent Beaumont, dont les habitants
leur refusaient l'entrée, et s'en rendirent maîtres le 10 juillet
1562. Vivoin eut à souffrir en cette circonstance. En 1563
« il ne fut faict banquet à cause du danger de la peste et
mauvais tems qui regnoient » (4). Cet état de choses dura
quelques années ; par lettres patentes du 14 janvier 1579,
Henri III permit à Vivoin de se fortifier, l'on fit pour cela
une levée de sept cents livres sur les habitants. Ceux-ci vers
le même temps donnèrent neuf cents livres à Monsieur de
Vendôme pour obtenir de lui une sauvegarde et s'exempter
(1) Comptes de i537 à 1543, f' i38.
(2) Stat. de 1755. Chnp. IL Art. 4.
(3) Stat., règl. et const. de la conf. 18.
(4) Idem.
— 288 —
du pillage de ses soldats. C'est encore h la même époque
que le sieur de la Chesnaye fut nommé gouverneur de la
ville de Vivoin et que la permission fut accordée à ses bour-
geois d'avoir « armes offensives et deffensives, de la main-
tenir en bon estât et d'y tenir garnison pour le service du
Roy ». Pendant cette période si agitée la confrérie ne cessa
pas de se réunir et de tenir ses chapitres. La guerre recom-
mença en l'an 1582 ; en cette année le procnreur porta les
titres de la congrégation au presbytère de Beaumont où ils
restèrent environ un mois « vu les troubles de guerre » (1).
Lorsque le repas n'était pas donné aux confrères on leur
distribuait une somme d'argent. Cet usage semble avoir pris
naissance à la solennité de 1540 à laquelle « par l'avis des
plus apparents frères et sœurs fut ordonné être payé à chacun
frère et sœur assistant au service, trois sols quatre deniers
pour son dîner (2). L'année 1550, la distribution était de
quatre sols auxquels, seuls avaient droit ceux qui étaient
présents. Au chapitre général on obligea le procureur à
inscrire ceux-ci sur un registre que devaient viser deux ou
trois confrères (3).
La somme donnée pour le repas fut de cinq sols au siège
de 1563 et d'un demi teston à celui de 1580. On convint à ce
dernier que les confrères n'auraient part à la distribu-
tion que la seconde année après leur réception (4). Il était
donné cinq sols à tous les membres de la confrérie, lorsqu'il
fut décidé au chapitre de 1767 que l'on n'en recevrait pas de
nouveaux s'ils ne s'engageaient à ne jamais en réclamer le
versement et que, vu la pauvreté de la société, l'on prierait
les anciens d'en faire remise (5). Quelques-uns s'étant plaints
(1) Stat. de 1753. Chap. IL Art. A.
(2) Comptes de 1537 à 1543, f 137.
(3) Stat., règl. et const. de la conf., f» 18.
(4) Idem, f»^ 18 et 19.
(5) Procès-verbaux des chapitres généraux. Délibération du 14 sep-
tembre 1767.
— 289 —
de ne plus recevoir cette somme, il fut statué, le 9 septembre
1771, que désormais elle serait donnée à ceux qui en feraient
eux-inêmes la demande, au procureur, le jour de la convo-
cation (1).
Nous avons vu les commissaires, chargés d'examiner les
comptes de 1541, protester contre la coutume de donner à
dîner les jours où il n'y avait pas de repas général, aux
prêtres employés à l'office. Cet abus s'introduisit à nouveau
au XVIIIe siècle ; pour y remédier, le chapitre de 1767,
demanda aux ecclésiastiques de bien vouloir remplir leurs
fonctions sans exiger ce dîner. Il devait alors néanmoins en
être servi un pour le doyen, le célébrant et le procureur. Le
curé de Vivoin était chargé de le donner et avait reçu pour
cela une pièce de terre située en la Grande-Gaudine de
Vivoin (2). En 1771, comme les chapiers, les diacres et les
sous-diacres étaient admis à ce repas, les revenus du bien
affecté à cette dépense ne couvraient plus les frais ; l'on
abandonna cinquante livres au curé de Vivoin en le priant
de traiter en outre tous les confrères qui viendraient le
lendemain, en son église, prier Dieu pour les trépassés (3),
V. — SUPPRESSION DE LA CONFRÉRIE A LA RÉVOLUTION. —
SON RÉTABLISSEMENT EN 1801.
Le dernier siège de la Confrérie avant la Révolution fut tenu
le 12 septembre 1791. On nomma en ce jour un successeur
au procureur maître Gaillard d'Aillières, curé de Dangeul,
parti pour l'exil. Le doyen, maître François Lemoine, l'y
suivit vers la fin d'octobre, et fut remplacé par un intrus
Louis Leroy, qui présida la réunion en 1792 et en 1793.
(1) Procès-verbaux des chapitres généraux. Délibération du iO septem-
bre il8i.
(2) Idem. Délibération du iO septembre i767.
(3) Idem. Délibération du 14 septembre 1771.
XL 19
290
Supprimée cette dernière année, la Confrérie fut rétablie
après la pacification religieuse. Le lundi 14 septembre 1<S01,
se célébra la fête patronale, à laquelle assista une nom-
breuse assemblée de fî:lèles. Pierre Bigot, vicaire à la Cou-
ture, prononça le discours et lut la liste des confrères
décédés depuis 1791. C'étaient, pour la plupart, des prêtres
confesseurs de la foi, morts sur la terre étrangère, ou qui
avaient succombé en dépensant leurs forces dans l'accom-
plissement du saint ministère. A leur tête était inscrit le
nom du saint évêque du Mans, Ms^"" de Jouffroy de Gonssans,
décédé à Paderborn, en 1799. On ne peut se défendre d'une
émotion profonde à la lecture de ce long martyrologe ; elle
dut arracher les larmes des auditeurs, auxquels elle rappelait
de si douloureux souvenirs. Quelques-uns de ceux qui s'en
étaient allé chercher asile à l'étranger, étaient revenus ; de
ce nombre le curé de Vivoin, François Lemoine, et maître
Gaillard d'Aillières.
La Révolution avait apporté de grands changements à
l'ordre social tout entier. Désormais l'ancien fonctionne-
ment de la Confrérie devenait impossible à rétablir. Le
temporel en avait été aliéné, il ne restait plus aucun des
revenus d'autrefois pour soutenir les chapelles et accomplir
les services de fondations ; leur suppression s'imposait. On
refit les statuts à la solennité de 1808, en les rendant appli-
cables pour le nouvel état de choses. Approuvés par M&'' de
Pidoll, ils furent imprimés en 1811. D'après ce nouveau
règlement, les prêtres s'engagent pour leur réception à dire
trois messes et les laïcs versent trois francs. Les confrères
sont tenus chaque année à faire dire une messe pour les
défunts et à payer le jour du siège vingt-cinq centimes
applicables aux besoins de la Société. La Confrérie ne doit
plus pour chaque membre décédé qu'une messe et un répons
des morts dans sa paroisse, encore ses parents sont-ils invi-
tés à envoyer les trente-cinq sous d'honoraires du curé.
— 291 -
Le cérémonial de la fête patronale fut compose à nouveau
en 1839 et reçut l'approbation de M§^'' Bouvier.
Notre pieuse association n'a pas cessé en notre siècle
d'être en honneur dans le diocèse du Mans. Elle a compté
parmi ses membres d'illustres personnages, il nous faut citer
entre tous Nosseigneurs, dePidoll, Garon, Bouvier, Nanquetle
et Fillion. Chaque année, la fête patronale se célèbre dans
l'église du prieuré où se dessert la paroisse et aujourd'hui
encore une centaine de confrères viennent y prendre part.
Puisse ce nombre augmenter et les fidèles manceaux, héri-
tiers de la foi de leurs ancêtres, comprendre comme eux
l'utilité de l'association pour la prière et venir nombreux
s'affilier dans la confrérie de Vivoin.
L.-J. DENIS.
PIÈGES JUSTIFICATIVES
STATUTS DE LA CONFRÉRIE DE VIVOIN
STATUTS DE L'AN 1306 DONT COPIE SE TROUVE DANS
UN REGISTRE VIOLET (PAGE 200).
Ce sont les constitutions, statuts et ordonnances de la
Confrairie des prêtres du doienné de Beaumont fondée en
l'Église parrochiale de Notre Damo de Yivoin en l'honneur
de Dieu et de la Vierge Marie par Messire James rectour de
Doucelles, par Messire Jehan, rectour de Vivain, par Messire
Guillaume, rectour de Dangeul, par Messire Denis, rectour
de René, par Messire Michel, rectour de Beaumont, par
Messire Raoul, rectour de Placé, par Messire Jean, rectour
de Disse, par Messire Guillaume, rectour de Charencé et fut
le lundy après l'angevine en l'an de grâce 1306.
1" Premièrement fut ordonné que, quiconque soit rectour
ou doienné de Beaumont et vieult être de lad'" Confrarie il
poira cinq sols une fois pour son entrée estre appliqués ou
prouffit d'icelle confrarie et si c'est un homme lay, il donra
cinq ou sis soûls ou quatre bouesseaux de froment de rente
par lettres obligatoires et par si bonne assiete, que jamès ne
puissent mourir, et sera chacun prêtre tenu fère remem-
brance en son secret pour tous les frères et seurs qui seront
trespassés, et spécialement par les trois dimanches prou-
chains après ce que aucun des frères et seurs d'icelle con-
293
frairie seront venus à la connoissance dud. prêtre et sem-
blablement sera tenu chacun prêtre en faire commémoration
et remembrance par trois dimanches prouchains en son
opfice et en son église parochial.
2° Item fut étably que si aucun frère ou sœur d'icelle
confrarie est en infirmité de son corps en article de mort
ou autrement, les trois plus prouchains prêtres de celuy, ou
celles, sont tenus les visiter et luy administrer lessacremens
de Sainte Esglise et doivent être revêtus en sourplis et en
estole, et si il avenoit que celuy qui seroit en infirmité alast
de vie a trépas ils seront tenus lui fére et dire son service.
3° Item fut establi que si aucun frère, ou sœur dicelle
confrarie avenoit trépasser de cest siècle ou doienné de
Beaumont tous les autres frères et sœurs sont tenus être
presens a le porter au moustier et être presens a tout le
service de son enterrement en painne d'une livre de cire
être appliqué ou proufit de la d'<^ confrairie, c'est a scavoir
si led' trépassé est prêtre, les prêtres le doivent porter tous
revêtus de sourplys et de estoles, et especialement ceux qui
l'enterreront en la fousse doivent être revêtus en habit de
diacre ; et se c'est lay, les lays doivent être environ disans le
service comms dit est tous revêtus et par semblable doivent
être tous presens au jour de semel en tel état, comme dit
est et suivant celle paine comme devant appert, ce quoy il
leur soit fait assavoir par personne a ce étably ou se ils n'ont
excuse raisonnable, laquelle ils doivent vérifier dedans huit
jours en paine d'une livre de cire a appliquer comme devant
est dit.
4° Item fut estably que tous les frères et sœurs gens lais
d'icelle confrairie son tenu dire ou fère dire chacun trois
messes pour chacun trépassé d'icelle confrarie, se tout
comme il sera venu à leur cognoissance en quelque lieu que
il sera trépassé.
5° Item fut estably que si le trespassé est ensepulturé hors
le doienné de Beaumont l'on n'est contraint d'y aller en rien.
- 294 -
sinon de pure voulente et aussi ceux du doienné de Beau-
mont ne seront contraints de aler hors dud' doienné a
l'obsecle ou sepme dud' decede, et si le trépassé est hors du
doienné de Beau mont les frères et sœurs sont tenus d'être
presens en l'Esglise de Notre-Dame de Vivoin pour fere le
service dud' trépassé, comme si le corps etoit présent par
ce qu'il leur soit fait assavoir par personne à ce établie et
illec fere assavoir un autre jour a fére le sepme dud' trépassé
et y être presens, et en telle paine comme dessus appert.
6» Item fut estably que le procureur de la d'« frarie ou
celuy qui seroit estably de fere assavoir les jours dessudits
auront sur le meuble du trépassé dix sols une fois paies et
se il n'avoit de quoy les dix soûls seront prins sur le meuble
de lad''' frarie.
7» Item est estably que deux frères de lad'*' frarie porteront
l'office de procuration de lad'« frarie par trois ans continuels
et iceux trois ans accomplis, ils éliront deux autres frères
d'icelle, tels comme ils vesront que bons et proufitables
seront pour porter l'office de procuration par la manière
que devant appert lesquiels ne pouront la refuser se par
avant ne l'avoient été.
8" Item est établi que 'tous les frères et seurs d'icelle
frarie se doivent assembler par chacun an en la ville de
Vivoin le lundy prouchain après l'angevine de deux heures
de présence en l'église parochiale de Vivoin, et illec dire
vigilles de morts et puis la messe de Requiem pour les tré-
passés d'icelle frarie et puis après une autre messe solen-
nelle de Notre Dame et y avoir vingt quatre cierges de cire
offrans tous a chacune des deux messes et y être tous les
prêtres revestus de sourpelys et de estole et puis tout le
service ainsi fait et accompli se doivent mettre ensemble
pour parler des comptes, des rentes par rets, ou autrement
et des chouses touchant le prouffit d'icelle frarie et tout ce
parfait et accompli pour la journée comme dit est, se doi-
vent retraire en un lieu honnête de la ville ou les procureurs
- t295 —
d'icelles frarie seront tenus faire provision de boire et de
manger honnêtement au dépens de chacun se les biens de
lad"^ frarie ne poivent suffire, et se aucuns des frères ou
seurs d'icelle étoient empeschés, ou ne vouloient venir à
icelle journée, ils doibvent certifier ou mander aux procu-
reurs leur excuse cinq ou six jours par avant, afin qu'ils ne
fassent point de provision pour eux, et en cas qu'ils ne cer-
tifieront leur excuse dedans celuy terme, ils seront contraints
de poier autant comme chacun qui présent y seroit, et
mettront les procureurs pour chacun défaillant ung pouvre
au lieu du défaillant.
9" Item est aussi estably que Ton doit avoir quatorze
povres au plus a icelle journée les queuls doivent manger à
table assise pain, vin, et char tout leur suffire aux dépens
de lad'« frarie tant comme l'en dira le service et les messes
comme dessus est dit.
10° Item est estably que si aucun des frères ou seurs de
lad*" frarie a mestier du conseil et d'aide des autres, il peut
requérir un ou plushours des autres frères tel comme il lui
plaira pour être à son consail, les quieuls ne le pourront
refuser jusques à trois fois ou doienné de Beaumont aux
dépens de ceux qui seront requis contre toutes personnes,
se dépend ne Iwj ajjpartiennent de chair quil ne doit ny
être de raison (1) et si le requéreur a affaire plus de trois
fois ou d' doienné ou dehors il est qu'il y soit aux dé-
pens du requéreur, et ne l'ouseroit ne ou qu'il devroit refu-
ser si il ne avoit excuse raisonnable.
11° Item fut estably que si aucun confrère ou sœur de la
d'° confrarie se voulait yssir et mettre hors des prières et
aumônes desd'^ frères et sœurs et ne y vouloit point être en
omettant la foy et serment que ils ont les uns envers
les autres fere le peut en poiant vingt soûls pour son yssiie
a estre appliqués ou prouffit d'icelle confrarie.
(1) Xota. — Ce qui est souligné ne s'entend pas.
— t>y6 —
12" Item est estably et ordonné que tous les frères et
sœurs de lad'*^ confrarie sont participans, consors, et accom-
paignés en tous les bienfaits, prières, aumônes, oraisons
quelconques les uns des autres à mort ou à vie fasse perpé-
tuellement à toujourmez.
13" Item fut estably que quiconque vieult entrer comme
frère et sœur de lad'" confrarie doit promettre par foy et
jurer sur saincts (1) tenir garder et accomplir bien en
loiaulment de point en point et d'article en article toutes les
constitutions cy devant nommés sans en aller en contre et
en signe de bonne foy et de bonne et vraie fraternité, charité
et amour tenir les uns aux autres doivent beser en la bouche
tous les autres par avant entrés en lad'^ confrarie.
14" Item est estably que au jour du siège de la dite con-
frarie les procureurs d'icelle doivent avertir et montrer par
écrit tous les noms des trépassés en cette année afin que
chacun dit ou fasse dire les messes qu'il a promises et sans
deloy.
15" Item et pour ce que plushours des frères et sœurs de
lad'c confrarie sont et ont été par longtems defaillans (plus
n'en dit le présent article).
Nota. — Les statuts cy dessus et des autres parts ne sont
que des copies qui ne sont pas totalement exactes, ou pour
mieux dire tous les statuts cy insérés ne sont que des
copies.
STATUTS DU 20 SEPTEMBRE DE L'AN 1581
Sont et s'ensuivent les articles, statuts et ordonnances de
la confrairie érigée en TÉglise parochiale de Notre-Uame de
Vivoin en l'honneur de Dieu, et de la très glorieuse sacrée
vierge Marie par les curés du doienné de Beaumont ; et par
iceux fut nommée la confrairie aux prestres h perpétuité des-
(I) Il y a apparence que le copiste à omis évangiles.
— 297 —
servie en lad'o Église le lundy après l'angevine autrement dit
la Nativité de Notre-Dame, et tous les confrères et sœurs se
doivent assembler chacun an et assister à matines dites
solenellement aux messes qui se disent tant pour les vivans
que trépassés, et aussi assister à la procession en bon ordre
les gens d'église en leurs surpelys, semblablement l'offerte
de la dernière messe qui est de Notre-Dame avec oblation.
Item le dimanche devant led' jour est ordonné que le pro-
cureur de lad'° confrairie assemblera douze prêtres confrères
en icelle lesquels avec leurs sourpelys diront vigiles des
morts solenelles en lad'^ église et pour y assister led' curé
leur distribuera a chacun trois sols et tout ce fait tant pour
les vivans que pour les trépassés.
Lad'e confrairie fut érigée le lundy prouchain d'après la
nativité Notre-Dame dite Angevine par lesdits curés en l'an
1306 et icelle décrétée (1) par révérend père en Dieu et de
bonne mémoire Adam évoque du Mans en l'honneur de Dieu
et de la glorieuse sacrée Yierge Marie, et depuis lesd^* curés
y ont accueillis tous les autres gens d'Église et gens laïcs (2),
pour et a l'augmentation du divin service et de la singulière
sincère et très grande dévotion zèle et affection du peuple,
et pour l'augmentation d'iceux bienfaits, bon exemple et
édifications, tous les dessusd'^ d'un accord avec mûre déli-
bération ont statué ce qui ensuit
C'est à scavoir que tous les gens d'Eglise qui voudront
entrer en lad'^ confrtiria paieront pour leur ingression
soixante sols tourn., outre diront ou feront dire et célébrer
pour les fondateurs frères et sœurs d'icelle vivants et tré-
passés en messes divin service quarante sols tourn. et au
plutôt que faire se pourra.
Item a été ordonné que tous les gens laïcs , nobles et
(J) 11 y a erreur. Ce n'est pas le décret de la fondation de la Confrairie
mais des deux chapelles de la Confrairie.
(2) Les laïcs ont été reçus et accueillis avant l'an 1581 puisque dès l'an
1306 ils étaient admis (Voir le 1"'' art. des statuts de 1306).
— t>98 -
roturiers qui voudront être reçus en lad'» confrairie paieront
chacun cent sols tournois le tout pour appliquer au profit de
lad'*^ confrairie.
Item a été ordonné que tous les confrères et sœurs de
quelque qualité ou condition qu'ils soient seront reçus par
les procureurs d'icelle confrairie devant lequel seront tenus
faire le serment d'entretenir, observer, garder et accomplir
toutes les constitutions, statuts et ordonnances de lad'c con-
frairie lesquels leur seront donné à entendre par led' procu-
reur, et en signe de veux bailler le (se trouve icy un mot
mal copié qui ne signifie rien, apparemment qu'il y a dans
l'original baiser, la suite le fait voir) de la bouche aud' pro-
cureur qui après les fera enregistrer et écrire au livre de la
réception desd'^ confrères et sœurs.
Item a été statué et ordonné qu'il sera fait six cierges
pesant chacun trois livres en l'honneur de Dieu et de la glo-
rieuse vierge Marie, lesquels seront ardants pendant que se
fera le divin service, et qu'après le service fait et le repas
pris, les dits confrères et sœurs se doivent retirer en lad'"
Eglise de Vivoin et la rendre grâces à Dieu et à la Vierge
Marie en priant pour les fondateurs frères et sœurs d'icelle
confrairie tant pour les vivants que trépassés et cela fait
lesd^s confrères et sœurs se doivent retirer en lieu secret
sans noïse et grand bruit pour aviser des faits de la d'e
contrai rie.
Item a été ordonné que le jour du siège de lad*" confrairie,
il soit distribué à treize pauvres treize sols.
Item est statué et ordonné que tous les confrères et sœurs
vivans et trépassés de lad^« confrairie, sont et seront parti-
cipants en tous les bienfaits, suffrages, prières et oraisons
les uns des autres à toujoursmez.
Item est statué et ordonné que tous les frères et sœurs de
la présente confrairie, comme tous frères et sœurs par cha-
rité dans sa paroisse consoleront les désolés leur subvien-
dront dans leurs nécessités et si ils sont en infirmités de
— 290 -
maladie l^s visiteront et avertiront de leur salut, si ils sont
pauvres leur feront aumônes charitables.
Item a été statué et ordonné que si aucun confrère ou
seur étoit défaillant par trois ans continus sans comparoir à
la convocation de lad*" confrairie, si ce n'étoit qu'il fut
détenu de maladie, en iceluy cas, il seroit fort clos et dé-
bouté et mis hors d'icelle.
Item a été statué et ordonné que quand il décédera l'un
des confrères ou sœurs, les vivants de la confrairie luy doi-
vent dire ou faire dire deux messes tous incontinent qu'ils
en seront avertis.
Item a été statué et ordonné que quand il décédera l'un
des confrères ou sœurs d'icelle confrairie le corps d'icelle
confrairie par la diligence du procureur ou autres gens
d'Église confrères d'icelle confrairie jusqu'au nombre de
douze seront tenus aller sur les lieux ou ils seront enterrés
mais qui n'excèdent plus de deux lieues de Vivoin et, ou ils
excéderoient lesd'^ services se feront à Vivoin ou est desser-
vie lad'c confrairie par deux jours, là ou il sera dit chacun
jour, vigilles et douze messes, dont l'une de Notre Dame et
l'autre de Requiem, et pour le salaire desd'* gens d'Église
leur sera distribué aux dépens de lad'*^ contrairie par le pro-
cureur à chacun dix sols.
Item a été ordonné que les parents du trépassé seront
tenus avertir led. procureur de la mort de leurs parents,
lequel procureur bientôt après sera tenu en faire les ser-
vices et seront baillés dix sols aud. procureur pour ses
peines de convoquer les autres gens d'Eglise et assister
auxd's services.
Item led' procureur est tenu faire partir le luminaire pour
être allumé pendant que les services se feront des frères et
sœurs là ou ils seront enterrés mais qui n'excèdent plus
de deux lieues de Vivoin.
Item est statué et ordonné que si les parents du trépassé
fussent SI pauvres qu'ils n'eussent le moien de bailler lesd'''
— 30U —
sols au procureur, en ce cas led^ procureur ne laissera pas
à aller faire les services et les prendra sur le revenu de
lad'*^ confrairie.
Ilem est ordonné que le procureur mettra le jour du siège
par écrit les noms de ceux qui seront décédés dans l'année
et les affichera à la porte de l'église de Vivoin, le jour de la
convocation qui est à tel jour qu'il est aujourd'hui, à cette
fin que chacun en ait connaissance pour en faire son acquit.
Item à cette fin que mémoire perpétuelle soit faite de
cette confrairie et que par le longtemps elle ne puisse dé-
cheoir ne dépérir et abollir pour l'avenir, les frères et sœurs
d'icelle ont érigée et fondée deux chapelles à perpétuité
deûement fondées et dotées ainsi qu'il appert par le décret
d'icelle confrairie la copie duquel est écrite dans un des
livres lequel est couvert de vert faisant mention que Julien
ïholemer et sa femme donnèrent à perpétuité seize livres
tournois de rente, plusieurs autres qui ont donnés de leurs
biens pour la dotation d'icelles chapelles lesquels ne doi-
vent demeurer en ingratitude mais en nos prières, suffrages
et oraisons.
Item les chappelains desd''^^ chapelles doivent tous les
jours de la semaine messes pour et à l'intention des fonda-
teurs frères et sœurs tant vivans que trépassés ; la l'" est au
dimanche de l'office du jour, au lundy du S'-Esprit, au
sabmedy de Notre-Dame et aux autres jours des trépassés.
Item et davantage lesd'* confrères et sœurs ont ordonné
une messe être dite au samedy de Notre-Dame à notes avec
procession à l'entour de l'Église dudit Vivoin et au retour
être dit un Suhvenite par les gens d'Église dud' Vivoin et
pour icelle messe leur être délivré la somme de dix livres
par le procureur.
Voilà les statuts de notre confrairie qui n'est petite chose
que d'être participants en tant de prières suffrages et
oraisons et en la coiiuTiunauté de la charité les uns des
autres, par quoy mes confrères et sœurs faisons en si bien
— :îoi —
notre devoir et acquit que en la fin nous puissions avoir la
joie éternelle. Amen.
Item le 20 septembre 1581 a été ordonné au chapitre tenant
en l'Église dud^ Vivoin par les députés du général des con-
frères et soeurs que les vigiles des morts qui se disent le jour
de l'assemblée se diront à l'avenir le Dimanche de devant
1
solennelles par douze prêtres confrères de lad'^ confrairie
lesquels seront mandés par le procureur d'icelle confrairie
assister aud^ service au lieu de Vivoin a trois heures après
midy, et pour le salaire des assistants revêtus de leurs
surpelys, et bonnets en leur tète, leur sera paie par le pro-
cureur à chacun trois sols tourn. et le jour de l'assemblée
sera dit matines de la nativité Notre-Dame solennelles et
devant lesdites matines sera dites deux messes, la l'^ des
trépassés et l'autre du S'-Esprit, toutes solennelles, à la fin
se commenceront lesd'^s Matines, après se fera la procession
accoutumée, et une messe de l'office de la Nativité Notre-
Dame, le tout fait à l'intention desd'^ confrères et sœurs
vivants et trépassés (voiée liasse statuts).
II.
CHARTE DE FONDATION DES DEUX CHAPELLES
Universis prestntibus banc paginam seu presens publi-
cum instrumentum inspecturis, Adam, permissione divina
cenomanensis episcopus, salutem et sinceram caritatem in
co qui de nichilo cuncto creavit. Quoniam que aguntur in
tempore lapsu labuntur temporis et delentur propter homi-
num eabilem et artam memoriam, nisi a notariis depicta et
testimonio scripture fuerint commendata. Propterea dilecto-
rum nostrorum confratrum et sororum confratrie ut dicitur
nuncupate confratrie presbyterorum decanatus de Bello-
monte nostre cenomannensis diocesis in ecclesia béate
Marie de Vivonio dicti diocesis fundate, pridem scilicet anno
— 302 -
domini noslri Jhesu Xristi milesimoquadringentesimo primo
mense februario, receptis peticione necnon et supplicatione
sub forma et effectu qui sequitur, videlicet quod jam pridem
et nunc suarum, predecessorumque et successorum suorum
in dicta confratria specialiter Julioti Tolemer et ejus uxoris
qui ut asserunt dicte confratrie sexdecim libras turonenses
annui et perpetui redditus concesserunt, aliorumque quo-
rumcumque dicte confratrie sicut confratrium animarum
remedium sicientes et salutem, ad finem maxime quod dicta
confratria futuris temporibus exoneretur de septimanam
missarura que pro dictorum Tolemer et ejus uxoris suorum
que benefactorum animarum salute dictas sexdecim libras
turonenses redditus seu monete ad valorem recipiendo pro-
curatores dicte confratrie qualibet ebdomada celebrari
facere promiserunt Ipsi fratres et sorores duas perpétuas
capellanias in dicto ecclesia de Vivonio per duos capellanos
ita habiles et ydoneos quod infra annum a die collationis
cujuslibet capellanie ad sacerdotium valeant promoveri, et
de facto promoveantur nisi jam fuerint promoti, et qui ante
collationem hujusmodi dicte confratrie per annum integrum
confratres extiterint in ipsis capellaniis, et qualibet ipsarum
respective per nos et successores nostros cenomanenses
episcopi quibus dictorum capellaniarum collatio pertinebit
futuris temporibus ; ad presentationem et nominationem
videlicet, pro prima vice, uxoris dicti Tolemer, de capellanis
quos eligere voluerit eciamsi non sint confratres dicte con-
fratrie ut prescribitur, ita quod similis electio ad ceteros
respectu careat et effectu ; et ceteris temporibus quociens
casus vacationis contigerit ad presentationem rectoris dicte
ecclesie de Vivonio nec non procuratoris dicte confratrie
pro tempore existentis aut unius curatorum dicti decanatus
residentis tamen in eodem decanatu de Bellomonte confra-
tris dicte confratrie qui ad hoc nominabitur et eligetur per
confratres dicte confratrie in sua congregatione seu convo-
catione ; ita tamen quod a dicta congregatione seu convoca-
— 303 —
cione , que fleri débet quater singulis amis, nominari debe-
bunt ad hoc successive per ordinem singuli dictorum recto-
ruin residencium ut prefertur usque ad aliam convocationem
et tali sic nominato ex suo ordinis tempore vacationis
spectabit et pertiuebit una cum prediclis jus presentandi
et presentatio dictarum capellaniarum aut unius eorura
successive et respective instituendos, deserviendas a dictis
capellanis et quolibet ipsorum per ordinem ut sequitur
videlicet a quolibet per septimanam integram successive
qualibet die de una missa scilicet: Dominica de dicta, Lune
in ortu solis vel circa de Spiritu Sancto et Sabbati de Beata
Virgine Maria ceteris que diebus de Requiem ita quod in
qualibet missa dicatur collecta de defunctis, fundare et
quamlibet ipsarum de viginti libras turonenses seu monete
currentis annui et perpetui redditus cujus situationes et
declarationes pênes nos tradiderunt in scriptis et que infe-
rius discriduntur dotare proposuerunt et proponunt licencia
et assensu et decreto nostris prius habitis et obtentis.
Volentes et ordinantes prefati supplicantes ut futuris peri-
culis que per experienciam viderunt et precipiunt ad des-
tructionem beneficiorum minere possint tucius precavere,
quod singuli capellani dictarum capellaniarum de cetero
in posterum qualibet convocatione generali et congregatione
dictorum fratrum que fieri debebit et débet die Lune post
nativitatem be^te Mî^vrie Virginis in ecclesia de Vivonio
predicta tradent in scriptis fideliter sua assertione jura-
mento vallata omnes res et redditus hereditarios suarum
capellaniarum una cum impedimentis et diminucionibus
reddituum et rerum dictarum capellaniarum si que accidant
ut per diligenciam dictorum confratrum et auxilium dictis
beneficiis succuratur ne propter taciturnam negligentiam
vel dolum dictorum capellanorum dotes et res dictarum
capellaniarum ut sepe visum est valeat deperire, suppli-
cantes nobis ut premissa laudare, approbare ratificare et
auctoritate nostra ordinaria nostri assensus decreti patroci-
— 304 —
nio confirmare vellemus. Notum facimus et ad perpetuam
rei memoriam per présentes attestamus quod, super hiis
mature procedentes, certum discretum fidelem commissa-
rium videlicet Johannem Brandel presbyterum nunc ecclesie
de Freneyo rectorem, ad partes etlocasituationum dictorum
reddituum et rerum litteratorie destinavimus ad nos infor-
mandum fideliter inquirendum utrum premissa si fièrent
firma et stabilia possent remanere adeo quod hujusmodi
capellanie perpétua bénéficia existant resque et redditus
supradicti sufficerent ad fundationem et dotationem pre-
dictas et de ceteris supra bec attendendis débite inquiri
fecimus. Super quibus dicti nostri commissarii débita nobis
în scriptis jacta relatione comperimus dictos fratres et
sorores légitime pro fundatione et dotatione dictarum dua-
rum capellaniarum cessi^se et transtulisse prout et adhuc
discret! viri Dominus Jobannes Michard presbyter rector
ecclesie de Montebisoti et Jobannes Conne burgensis dicte
ville de Vivonio confratres et aliorum dicte confraternie
confratrum et sororum procuratores sufficienter et littera-
torie constituti habentes ad bec potestatem et mandatum
spéciale prout nobis légitime constitit et constat per litteras
authenticas super hoc conjectas eorem nobis personnaliter
constituti donarunt, cesserunt transtulerunt et quitarunt ac
sumptibus et expensis dicte confratrie indempnare et amor-
tisare promiserunt capellanis in ipsis capellanis jnstituendis
garantizare liberare et defendere ab omnibus et contra
omnes quociens opus erit sub ipsorum dicteque confratrie
confratrum ac sororum ejusdem presencium et futurorum
ypotheca et obligatione bonorum non obstante quod dator
sive datores ad garantizationem rei date minime teneantur
cui exceptioni expresse renunciarunt res et redditus perpe-
tuos quorum declaracio sequitur et esttalis : et primo viginti
solides turonenses redditus quos facere tenetur Jobannes
Ghaillouel de Rouesseyo ad festum omnium sanctorum ad
causam tradicionis certarum hereditatum, prout patet per
— 305 —
litteras curie de Fresnayo. Item septem solidos turonenses
quas facere tenetur Petrus Dougie de Rouesseyo ad festum
omnium sanctorum ex simili causa prout patet per litteras
curie de Bellomonte. Item tredecim solidos turonenses
redditus quos facere tenetur dictus Dougie pro simili tradi-
tione prout patet per litteras dicte curie ad festum omnium
Sanctorum. Item viginti solidos turonenses redditus quos
facere tenetur Golinus Matevache de Rouesseyo ad causam
tradicionis certarum hereditatum prout apparet per litteras
curie de Fresnayo. Item octo solidos turonenses redditus
quos facere tenentur heredes defuncti Haberti Fouchereul
et Glemencie ejus uxoris de dicta parrochia super certis
rébus traditis ad redditus ad testum omnium sanctorum
prout patet per litteras curie de Fresneyo. Item octo solidos
turonenses redditus quos facere tenetur Johannes Mattevache
de dicta parrochia ad festum omnium sanctorum ad causas
cujusdam tradicionis hereditatum prout patet per litteras
curie cenomanensis. Item decem solidos turonenses reddi-
tus quos facere tenentur uxor et heredes defuncti Egidii
Duchemin ad festum Purificationis béate Marie Virginis ad
causam cujusdam tradicionis hereditatum prout patet per
litteras curie cenomanensis. Item sex solidos turonenses
redditus quos facere tenetur Golinus Galet de Rouesseyo ad
festum omnium sanctorum ad causam cujusdam traditionis
hereditatum prout patet per litteras curie de Fresnayo.
Item viginti sex solidos turonenses redditus quos facere
tenentur heredes defuncti Johannis Matevache de Rouesseyo
ad festum omnium sanctorum ad causam tradicionis here-
ditatum prout patet per litteras curie Beltimontis. Item
viginti duos solidos turonenses redditus quos facere tenentur
heredes Johannis Fouchereul de Rouesseyo ad festum
omnium sanctorum pro simili causa prout patet per litteras
de Fresnayo. Item octo solidos turonenses redditus quos
facere tenentur uxor et heredes defuncti Mathei Galet et
XL 20
— 306 —
Guillermete ejus uxoris ad festum ad causam certe tradi-
cionis proul apparet omnium sanctorum per litteras super
hoc confectas. Ilem octo decim solidos turonenses redditus
quos facere tenentur uxor et heredes defuncti Giloti Du
Ghenne ad festum omnium sanctorum pro simili causa
prout patet per litteras super hoc confectas. Item tredecim
solidos turonenses redditus quos facere tenetur Michael
Galet ad festum omnium sanctorum. Item decem sohdos
turonenses redditus quos facere tenetur Johannes Matevache
ad festum omnium sanctorum prout patet per litteras super
hoc confectas. Item decem solidos turonenses redditus quos
facere tenentur uxor et heredes defuncti Michaelis de
Coursserant. Item quinque solidoo turonenses redditus quos
facere tenetur Johannes Gandelee de Burgo Régis. Item très
solidos turonenses redditus quos facere tenentur uxor et
heredes defuncti Johannis de Mellayr de Sancto Alhino de
de Loquenayo pro defuncto ejus pâtre. Item decem solidos
turonenses redditus quos facere tenentur heredes defuncti
Robini Quartier ad festum omnium Sanctorum ad causam
tradicionis hereditatum prout apparet per litteras curie
Bellimontis et de Fresnayo et heredes defuncti Gaufridi Le
Henz de ipsamet tradictione ad festum prout patet per duas
litteras de Fresncyo. Item quinque solidos turonenses
redditus quos solvere tenentur heredes supradicti pro
simili causa ad terminum medie quadragesime. Item très
solidos turonenses redditus quos facere tenetur Raginaldus
Tragin pro deffuncto Philippo Tragin alias Payen ejus pâtre
de Columbariih. Item très bossellos frumenti redditus ad
mensuram Bellimontis quos facere tenentur heredes defuncte
Ysabellis La Pescharde super quamdam peciam terre sitam
in Moncruchet in parrochia de Golumbariis quam ad
presens tenet Johannes Mouton. Item decem solidos turo-
nenses redditus quos facere tenetur Gervasius Bouvier ad
festum omnium sanctorum ut patet per litteras super hoc
confectas. Item quinque solidos et sex denarios turonenses
— 307 —
redditus quos facere tenetur rector de Charenceyo pro
defuncto Guillermo Olivier super vineas quas defunctus
dominus Johannes Moreau donavit dicte ecclesie de Cha-
renceyo. Item sex solidos turonenses redditus quos tenetur
facere Fulco Chauvel pro se et uxore sua. Item quatuor
solidos turonenses redditus quos facere tenetur Guillermu.'^,
Guiter de Doucellis pro defuncto Guillermo de Litteris.
Item octo solidos turonenses redditus quos facere tenetur
uxor et heredes Gaufridi Neveu de Piaceyo pro heredibus
predictis. Item octo solidos turonenses redditus quos facere
tenentur uxor et heredes defuncti Robini Chaucel de Piaceyo.
Item decem solidos turonenses redditus quos facere tenetur
Johannes de Moire dominus de Moire in parrochia de
Piaceyo pro se et uxore sua. Item octo solidos turonenses
redditus quos facere tenetur Johannes de Gourgenart pro se
et uxore sua. Item quindecim solidos turonenses redditus
quos facere débet et tenetur dictus Hugo pro defuncto
Brisegaldo de Rosay uxore et matre ipsius. Item octo solidos
turonenses redditus quo tenetur facere Johannes Le Texer
alias Logeau pro se et uxore sua. Item sex solidos turonen-
ses redditus quos facere tenentur heredes defuncti Michaelis
Pahouel de Yivonio pro se et uxore sua. Item quatuor soli-
dos turonenses redditus quo-^ facere tenetur Guillermus
Pelart de Vivonio pro defunct Johanne Barat. Item quatuor
boisselleos frumenti redditus quos facere tenetur dictus
Pelart ad causas tradicionis certarum hereditatum. Item
quatuor solidos turonenses redditus quos facere tenentur
uxor et heredes defuncti Mathei Guibert de Monceaux pro
defuncto Guillermo Ernays. Item quinque solidos turonenses
redditus quos facere tenetur Pùchardus Foullet et ejus uxor
de Bellomonte. Item octo solidos turonenses redditus quos
tenetur facere Dionisius Reliant pro defunctis pâtre ipsius
et uxore dicti patris. Item très solidos turonenses redditus
quos tenetur facere uxor defuncti Johannis de Mellayo de
Mulceyo pro defuncta Osanna de Partenayo. Item octo
— 308 —
solidos turonenses redditus quos tenetur facere Johannes
Convenant de Mulceyo pro duabus peciis terre. Item quatuor
solidos turonenses redditus quos facere tenetur Thomas
Bruneau, pro una pecia terre sita supra stannum de Mulceyo
in feodo Graffin. Item sex solidos turonenses redditus quos
facere tenentur uxor et heredes defunti Guillermi Deniau
de Mulceyo pro defuncto Guillermo Germain. Item octo
solidos turonenses redditus quos facere tenentur uxor et
heredes defuncti Johannis Le Barbier de Fresneyo. Item
duos solidos turonenses redditus quos facere tenentur here-
des defuncti Guillermi Garengier de Sancto Johanne de
Asceiis pro defuncto Johanne Guiton. Item viginti solidos
turonenses redditus quos facere tenentur uxor et heredes
defuncti Johannis de Quinchamp de Asceyo le Riboule.
Item decem solidos turonenses redditus quos facere
tenentur heredes defuncti Johannis Rualen et ejus uxoris
quondam burgensis cenomannensis de Vivonio. Item decem
solidos turonenses redditus quos facere tenetur dominus
Johannes Du Pont pre&byter pro se et pro Agnete ejus
sorore uxore Johannis de Sancto Marcello de Vivonio supra
quandam peciam vinee sitam in parrochia de Marescheyo
in clauso de Champmoysi. Item sex solidos turonenres
redditus quos facere tenetu\' Johannes Martin de Vivonio
pro defuncto Petro Beatriz presbytère. Item sex boissellos
frumenti redditus quos facere tenetur Guillermus Le Veil
de Vivonio pro defuncta domina de Pouzcay. Item duos
boissellos frumenti redditus quos facere tenetur Jametus
de Maleval de Vivonio pro dcfunctis pâtre et matre ipsius.
Item decem solidos turonenses redditus quos facere tenetur
Johannes Le Bastard de Usagiis pro se et uxore sua. Item
quatuor solidos turonenses redditus quos facere tenetur
Johannes Bataille de Nouens pro defuncto Johanne de
Landuon. Item quatuor boissellos frumenti redditus quos
tenetur facere uxor defuncti Le Queu de Nouens ad causam
tradicionis certarum hereditatum. Item decem solidos turo-
— 309 —
nenses redditus quos tenetur facere Matheus Michiel de
Daniolio pro defuncta de Hueta de Usagiis domina de
Daniolio. Item triginta solidos turoneiises redditus quos
facere tenetur dominus Johannes Roux presbyter pro tradi-
tione certarum hereditatum. Item decem solidos turonenses
redditus quos facere tenetur dominus de la Bussonnière in
parrochia de Marescheyo pro pâtre et matre ipsius. Item
decem solidos turonenses redditus quos facere tenetur.
Guoffridus de Verneyo et ejus uxor pro se et pro defuncto
Martino Vallier de Marescheyo. Item quinque solidos redditus
quos facere tenentur uxor et heredes domini de Mulceyo
pro defuncto Arragon et ejus uxore. Item quatuor boissellos
frumenti redditus quos facere tenentur Johannes et Johannes
Les Fourmons de Reneyo pro defuncto Johanne Le Sollier.
Item sex boissellos frumenti redditus quo^^ facere tenetur
dominus de Montebaut pro defimcto ejus pâtre supra deci-
mam de Luceyo. Item sex boissellos frumenti redditus ad
mensuram de Sagonio quos tenetur facere Andréas Gilbert
de Magno Campo pro defuncto Petro Perraut presbytère.
Item decem solidos turonenses redditus quos facere tenetur
Guillermus dominus de la Chouenne in parrochia de Segreia
pro defuncto ejus pâtre. Item quinque solidos turonenses
redditus quos facere tenetur Radulfus Bêler de Bellomonte
pro defuncto ejus pâtre et Martina ejus uxore. Item quadra-
ginta solidos turonenses redditus quos facere tenetur Lam-
bertus Menart Sancti Germani de Corulo ad exonerationem
dicti Conne ad festum omnium sanctorum. Item decem
libras et octodecim denarios turonenses redditus super aliis
quibuscumque bonis dicte confratrie presentibus et futuris
et super fratribus et sororibus ejusdem confratrie per manus
procuratoris dicte confratrie dictis capellanis sufficientem
liberam amortisatam tradiderint situationem. Quos redditus
et res universas et singulas supradictas dicti confratres
Iradent per sufficientem declaracionem tam in lundis peciis
tenutis feodis quam aliis quibusvis declarationibus munitis
— 310 —
sub sigillis authenticis et signis notariorum fidelium in
scriptis fideliter redactis cum sufficientibus litteris trans-
portus et cessionis de dictis rébus et redditibus eisdem
capellaniis et capellanis ipsarum factis seu faciendis coram
judice seu judicibus laicis. Et quia nobis plenarie constitit
et constat dictos redditibus et res sufficere pro fundatione
et dotatione dictarum duarum capellaniarum secundum
onus servicii superius declarati. Nos cum dictis procurato-
ribus et eorum supplicationibus inclinati divini cultus
augmentum prccipue perpendentes ut dicte capellanie
perpétua bénéficia existant de redditibus et rébus suppra-
dictis ut premictitur in manibus nostris assignatis et cessis
dictas duas capellanias dotamus, fundamus et creamus dota-
tionemque fundationem et creationem hujusmodi laudamus
ratificamus et approbamus capellanii in eisdem capellaniis
instituendis servicium divinum superius ennarratum et
eorum cuilibet in quantum quemlibet tangit imponentes et
ipsos ad hoc astrictos et obligatos existere perpétue decer-
nentes, omnia et singula suprascripta nostra auctoritate
ordinarie presenti nostri decreti muniminis impositione me-
lioribus modo, via jure et forma quibus possumus roboran-
tes et confirmantes in quorum omnium et singulorum fidem
et testimonium premissorum sigillum nostrum presentibus
litteris inde per modum decreti confectis una cum signis et
subscriptis notariorum infra signatorum qui nobiscum ad
bec interfuerunt fecimus apponi. Datum et actum Genomani
in domo nostra pontificali cenomanensis anno domini millé-
sime quadringentesimo quinto secundum computationem
ecclesie gallicane, indictione tercia décima die vero vicesima
quarta mensis aprilis post Pascha, Pontificatuf; sanctissimi
in Christo patris et domini nostri Benedicti divina provi-
dencia pape decimi tertii anno undecimo. Presentibus vene-
rabilibus et discretis magistrib Felice Sanctis in decretis
licenciato et Petro Juppin magistro in arlibus Trecensis et
311
et Laudunensis diocesis et pluribus aliis testibus ad premissa
vûcatis specialiter et rogatis.
Ego Andréas (Lendoys?) clericus cenomanensis diocesis
baccalaureus in legibus publicis auctcritate imperiali notarius
dicti que Reverendi patris scriba dotation!, fundacioni crea-
cioni ratificacioni approbacioni ac
Et quia ego Jacobus Ravenelli de Palyaco Trecensis
diocesis publions apostolica et imperiali auctoritate notarius
una cum notario publico et testibus suprascriptis coram
dicto domino Adam cenomanensis episcopo ad dotacionem
creationem ratificationem approbacionem decreti que pre-
sentis interpositionem et ad omnia et singula dum sic ut
premititur aggerentur et fièrent presens interfui eaque sic
fieri vidi et audivi ideo huic presenti publico instrumenlo
mea manu propria scripto signum meum unicum, ipsius
Reverendi patris appensione sigilli apposui consuetum in
fidem et testimonium premissorum requisitus et rogatus.
aliis premissis et singulis omnibus dum sicut pre-
mititur aggerentur et fièrent cum notario publico
subscripto et testibus supra scriptis presens interfui.
Original sur parchemin du cabinet de M. J. Cliappée.
III
INDULGENCES
ACCOUDÉES PAR LE SACRÉ COLLÈGE DES CARDLXAUX
EX FAVEUR DE L'ÉGLISE DE VIVOTN
Ostiensis Joannes , Dominicus Portuensis , Bonifacius
Gabinensis episcopi, Antonius titulo Sanctse Mariai trans
Tiberim, Vincentius titulo Sanctee Driscœ, Marinus titulo
Sancti Marcelli, Andréas Matheus titulo Sancti Clementis,
Franciscus titulo Sanctse Crucis in Jérusalem, Francisons
titulo Sanctœ Praxedis, Antonius titulo Sanctorum Quatuor
coronatorum, Joannes titulo Sanctte Cœciliee, Jacobus titulo
— 312 —
Sancli Curiaci in Thermis presbyteri ; Innocentius Sanctse
Mariœ in Dominica, Paulus Sancti Eustachii, Alexander
Sanctœ Mariœ in Via Lata, Joannes Sanctorum Cosmœ et
Damiani, Nicolaus Sanctae Mariée in Cosmedin, Augustinus
Sancti Adriani, Franciscus Sancti Marci, Hercules Sanctee
Mariée novœ, Nicolaus Sancti Théodori, Hieronimus Sancti
Georgii ad vélum aureun, Orettus sanctorum Sergii et Bacchi,
Alexander Sancti Laurentii in Damaso et Guido Sancti Viti
in sacello martyris, diaconi, miseratione divina sacrosanctse
Romanse ecclesise cardinales, universis et singulis Christi
fidelibus prsesentes nostras litteras inspecturis salutem in
Domino sempiternam Quanto frequentius fidelium mentes
ad opéra charitatis inducimus tanto salubrius animarum
suarum saluti consuluimus ; cupientes igitur ut parrochialis
ecclesia beatse Marise de Vivonio cœnomanensis diœcesis ad
quam, sicut accepimus, dilectus nobis in Christo Lucas
Frubert ipsius parrochialis ecclesice rector, ac noster
Joharmes titulo Sanctœ Gsecilee presbyter cardinalis fami-
liaris continuusque commensalis singularem gerit devotionis
aiïectum, congruis frequentetur honoribus et a Christi
fidelibus jugiter veneretur ac in suis structuris et sedificiis
débite reparetur, conservetur et manu teneatur, nec non
libris, calicibus, luminaribus, ornamentis ecclesiasticis ac
rébus aliis divino cultui in ibi necessariis decenter mu-
niatur ; atque Christi fidèles ipsi eo libentius devotionis
causa confluant ad eamdem et reparationem, conservationem
manutentionem ac municionem prœdictas manus promptius
porrigant adjutrices, quo ex hoc ibidem dono cselestis gratiœ
uberius conspexerint se refectos ; nos cardinales prsefati
videlicet quilibet nostrum per supplicationibus dicti Lucse
nobis super hoc humiliter porrectis inclinati de omnipotentis
Dei misericordia ac Beatorum Pétri et Pauli apostolorum
ejus auctoritate confisi, omnibus et singulis utriusque Jésus
Christi fidelibus vere psenitentibus et confessis qui dictam
parrochialem ecclesiam in singulis videlicet nativitatis
- 313 —
Domini nostri Jésus Christi ac Nativitatis et Assomptionis
Beatœ Mariée -Virginis, dominicœ Palmarum et Sancti
Bartholomei festivitalibus et diebus a primis vesperis usque
ad secundas vesperas inclusive dévote visitaverint annuatim
et ad prfemissa manus porrexerint adjutrices necnon ora-
tionem Dominicam cum Salutatione Angelica pro dicti Lucae
postquam ab bac luce migraverit, ac parentum, consangui-
neorum, affinium et amicorum suorum, nec non dictse
Ecclesise benefactorum et abonim Christi fidelium pro
tempore defunctorum animarum salute inibi dévote recita-
verint pro pingulis festivitatibus et diebus prsefatis quibus ac
fecerint centum dies de injunctis eis peenitentiis misericor-
diter in Domino relaxamus prsesentibus perpetuis futuris
temporibus duraturis in quorum fidem litteras nostras hujus
modi lîeri nostrorumque sigiiiorum jussimus appensione
communiri.
Datum Romœ in domibus nostris anno a nativitate Domini
millesimo quingentesimo trigesimo sexto die vero octava
mensis martii, Pontificatus sanctissimi Domini nostri Domni
Pauli divina providentia papee tertio anno secundo.
IV
HOMMAGE RENDU AU ROI PAR LES CHAPELAINS
Sensuyt la declaracion du temporel rentes et revenuz des
chapelles de la confrairie de notre Dame fondée et desservie
en l'esglise porrochiale de Yivouing que nous Martin Richart
et Gilles Belin prebtres tenons et possédons qui sont de
l'aumône, fondacion et dotacion desd. chapelles laquelle
declaracion nous rendons au roy notre souverain seigneur
et obéissons a son Commandement et bon plaisir et ordon-
nance faicte pour raison des francs fiefs, nouveaux acquests
et mains mortes sans toutefïois prejudicier aux droicts des
— 314 —
amortissements faicts de&d. choses par le feu roy de bonne
mémoire père dud. seigneur en l'an mil cinq cents vingt-
deux et autres droitz des amortissements et libertez octroyez
aux gens d'Esglise par les prédécesseur roys. Pour raison
des choses cy après déclarées.
Et premier nous confessons tenir ung journal et demy de
terre ou environ en deux pièces sis en la parr» de Vivouing
ou fie de Billedoulx la première joignant les terres du curé
de Vivoing, aboutant d'un bout les terres de Soufflecalloe,
l'autre pièce d'un couste lesd. bois de Soufflecalloe d'autre
bout a Geffroy Bellanger.
Item ung journal de terre sis en lad. parr« de Vivoing en
deux pièces la première joignant d'un couste Xristofle
Maufîé d'un bout aux terres Toussainct CouUon , l'autre
joignant les terres du prieuré de Vivouing d'un bout au
chemin tendant de Vivoing à Monceault tenant de lad.
seigneurie de Monceault.
Item quattre boesseaux semeures de terre sis en la par-
roisse de Vivoing joignant d'un costé aux près feu M^ Aldric
Tatin d'un bout a Prévale appartenant aux enffans feu M*'
Guillaume Gilbert tenant de Myrebeau.
Item six boesseaux de froment à prendre sur les deux
planches de la grant dismerie de Lucé tenant de la seigneurie
de Lucé.
Item vingt huyt sols tournois sur les herutyers de feu
Arnou Besnier en la parr" de Collumbier et Rouessay tenant
de Grantchamp.
Item quinze sols tournois sur troys journeaux de terre qui
furent feu Bernier Lecoq esquels il y a une maison o lad.
parre de Rouessay et Collumbiers tenant de Grantchamp,
Item cinq sols tournois que nous est tenu faire Martin
Jousset de Meurcé sur une pièce de terre sise en lad. parr*'
de Meurcé le tout au terme de Toussaincts chacun an tenant
de Meurcé.
Item la somme de vingt huyt sols tournois sur la veuve
— 315 —
Estienne Lemarançais de Rouessay aud. terme de Toussai nets
pour raison d'une pièce de terre nommée la Couldraye
tenant de Grantchamp.
Item la somme de neuf livres quattre sols huyt deniers
tournois et dix chappons que nous sont tenus faire chacun
an aud. terme de Toussaincts Jehan Rousseau, Thomas
Bouguereau et les enfans et héritiers feu René Aveline pour
raison de leurs choses des boys d'Orton sis en la paroisse de
Maresché tenant de la Bussonnière et ce que deppend desd.
bois d'Orton.
Item vingt sols sur la terre de Sougé dont ne suysmes
point paiement mais sont denyez par le seigneur de
Sougé.
Les enffans feu Jehan Robineau de Doucelles quattre sols
tourn. aud. terme de Toussaincts. Jehan Richart au terme
de Toussainct chacun an quattre sols pour raison de quattre
pièces de terre sis en parr'' de Doucelles. Robin Prévost (?)
a cause de sa femme... douze sols pour raison d'une pièce de
terre nommée Pretyaine (?) sise en la paroisse de Mouetron.
La veuve Jehan Leprebtre de Meurcé au terme de Tous-
saincts chacun an pour cause du lieu de la six sols
tourn. Franczoys Aubert pour raison d'une pièce de terre
nommée Gaste Lucé sise en la paroisse de Nouons au
terme de Toussaincts Pierre Le Roy et Pierre Nicollas a
cause de leurs femmes au terme de Toussaincts chacun an
sont tenus faire cinq sols. Jullien Gartyer au terme de Tous-
saincts chacun an est tenu faire six sols pour raison de deux
quartiers de vigne. Le corps de la confrarie de Notre Dame
de Vivoing nous est tenu faire chacun an au terme d'angevine
six livres tournois. La fabrice de Sainct Germain nous est
tenu faire chacun an au terme de Toussaincts la somme de
quarante sols pour rai.son du lieu de la Coustière. Jehan Le
Roy nous est tenu faire chacun an au terme de Toussaincts
quinze sols tournois pour raison du lieu de Labrullaire sis es
la paroisse de Taillé. Jehan Janvier et la veusve Guyon
— 316 —
Moullay nous sont tenus faire chacun au terme de Tous-
saincts dix sols tournois. Les enffans et héritiers feu Jehan
nous sont tenus faire aud. terme de Toussaincts chacun an
pour raison d'une hommée de pré sise a Nouens cinq sols
tenant de Nouens. Jehan Berruyer et Jehan Charpentier
chacun an aud. terme dp Toussaincts dix sols tourn. tenant
de Grantchamp. Gelain Lemarchant a cause de sa femme
nous est tenu faire aud. terme de Toussaincts six sols tourn.
Macé Tyberge aud. terme de Toussaincts quattre sols.
Thomas Quyeslin pour raison du lieu nommé la frarie de
Yivoing nous est tenu faire au terme Sainct André chacun
an soixante sols tourn. et une poule. M"^ Michel Oubert et
Guyon Le Roux nous sont tenus faire au terme de Tous-
saincts chacun an six boesseaux de froment sur la maison
et jardins dud. Oubert tenant de Grantchamp. La veusve
Peccate, Jehan Pahoueau du Mans, MarcialCorbin, M<^ Jehan
Grassin prebtre nous sont tenus faire au terme de Tous-
saincts chacun an deux boesseaux de froment. Jehan Cabaret
au lieu de feu Jehan Biberon pour raison de sa maison où il
est demeurant nous est tenu faire au terme de Toussaincts
quattre boessaux de froment tenant de Nouens. M'^ Macé
Billart p'""", Jehan Grassin sont tenu faire aud. terme de
Toussaincts chacun an nous sont tenu faire six boesseaux de
froment dont ne suysmes poyez que de troys boesseaux.
Toutes lesquelles choses tenons au divin service qui sont
de l'ancienne fondacion et dotacion desd. chapelles à la
charge de dire ou faire dire chacun jour de la sepmaine par
nous touz les deux messe en lesglise parrochialle de
Yivoing pour les fondateurs augmentateurs frères et seurs
vivans et trespassez desd. chapelles et confrarie savoir au
dimanche de l'office, au lundi du benoist Sainct Esprit, au
sabmedi de Notre Dame et aux autres jours de Requiem ; et
aussi à la charge de fournir de luminaire, calices et orne-
ments nécessaires a faire le divin service tous les jours de
l'an, faire les obéissances aux seigneurs de fiefz telles quelles
— 317 —
sont dues a nos dépens et pourchasser lesd. renies desquelles
suysmes mal poyez. Et il n'y a aucun acquest de don nou-
veaulx donné ne laissé auxdites chappelles. Laquelle decla-
racion et choses en icelles contenues par noz saincts ordres
affermont contenir vérité. En tesmoing de vérité avons signé
cette présente declaracion de nos seings manuels de M«
Pregent Martin notaire royal et de M« Pierre Fouqué prati-
cien en court laye cy mis à nos requestes. Le premier jour
de Janvyer l'an mil cinq cents quarante-six.
RiCHART. Belin. Fouqué. Martin.
Original en parchemin. Archii'es de Vivoin.
V.
BULLE DU PAPE PAUL V
Paulus episcopus servus servorum Dei, universis Ghristi
fidelibus présentes litteras inspecturis salutem et apostoli-
cam benedictionem.
Super Gregem dominicum divinitus vigilantise nostrse
creditum prout ex alto conceditur , intenti speculatoris
exercentis officium, ad ea per quse Ghristi fidèles prœser-
tim confraternitates inter se ad pia et mœritoria opéra
exercenda invitantes et sancta Dei templa visitantes salutem
suam, Deo propitio valeant promereri, nostrfe con^idera-
tionis aciem libenter intendimus : ipsosque ad id spiritua-
libus muneribus indulgentiis reorum et peccatorum remis-
sionibus invitamus. Gum itaque sicut accepimus in parro-
chiali ecclesia de Vivonio, alias de Vivoin cenomanensis
diœcesis una pia et devota utriusque sexus Ghristi tidelium
confraternitas sub invocatione Beataî Marias Virginis ad
Dei omnipotentis laudem et animarum salutem canonice,
■MH
non tamen pro hominibus specialis artis instituta existât^
CLiJLis dilecti filii confratres quam plurima caritatis opéra
exercere consueverunt nos cupientes ut dictae confraterni-
tatis contraires in hujusmodi priorum operum exercitio
confoveantur ac magis ad ea opéra exercenda confortentur
necnon alii Christi fidèles ad confraternitatem ipsam ingre-
diendam promptius incitentur ; dictaque ecclesia in débita
veneratione habeatur et ab ipsis Christi fidelibus congruis
frequentetur honoribus, illique eo libentius ad Ecclesiam
hujusmodi d votionis causa confluant quo ex hoc dono
cœlestis gratise uberius conspexerint se esse refe<îtos, de
omnipotentis Dei misericordia, ac beatorum Pétri et Pauli
apostolorum, ejus auctoritate confisi, omnibus et singuHs
prœdicti sexus Christi fidehbus vere pœnitentibus et con-
fessis qui dictam confraternitatem de cœtero ingredientur
et in ea recipientur, die primo illorum ingressus et recep-
tionis hujusmodi, si sanctissimum Eucharistise sacramen-
tum sumpserint ; necnon tam ipsis quam omnibus et singulis
aliis nunc et pro tempore existentibus dictœ confraternitatis
confratribus et vere pœnitentibus ac si fieri possit confessis
et sacra communione refectis, alias saltem contritis in
eorum mortis articulonomen Jesu corde vel ore invocanti-
bus ; prœterea eisdem confratribus similiter vere pœniten-
tibus et confessis, sacraque communione refectis, qui dictam
ecclesiam primo die Lunœ post festum nativitatis ejusdem
Beatse Marise Virginis a primis vesperis usque ad occasum
solis diei hujusmodi, singulis annis dévote visitaverint et
inibi pro exaltatione Sanctae Matris Ecclesiœ, hœresum extir-
patione et hœreticorum ad unitatem ecclesiœ catholicse
reductione, ac Romani Pontificis sainte et pace, acinfidelium
conversione et inter christianos principes conservanda pace,
cowcordia et unione, pias ad Deum preces elïuderint quo
die praedicto id pro tempore fecerintplenariamindulgentiam
Gt omnium peccatorum suorum remissionem apostolica
auctoritate tenore prsesentium in Domino concedimus et
— 319 —
elargimus. Prseterea dictis confratribus pariter vere pseniten-
tibns et confessis ac eadem sacra communione refectis ffui
dictam ecclesiam in Annuntiationis et Purificationisejusdem
Beatse Mariœ virginis ac Feria tertia Pentecostes nec non
Sancti Bartholomei apostoli festivitatuin diebus a primis
vesperis nsque ad occasum solis diei singularum festivitatum
earumdem et dévote visitaverint et ut supra oraverint,
qualibet vice septem annos et totidem quadragenas. Poste-
rius eisdem confratribus qui divinis officiis in dicta ecclesia
more confratrum celebrandis, seu congregationibus pubb'cis
vel secretis ejusdem confraternitatis, pro quocumque opère
et exercitio interfuerint aut sanctissimumEucharistiaeSacra-
mentum dum ad infirmes defertur comitat" fuerintvel qui id
facere impediti fuerunt ad id dato signe, flexis genibus semel
orationem Dominicam et Salutationem Angelicam pro eodem
infirroo recitaverint seu processionibus ordinariis vel extraor-
dinariis tam predictse confraternitatis quam aliis quibuscum-
que de ordinarii loci licentia celebrandis, aut sepeliendis
mortuis officiosi interfuerint, vel infirmos ac in tribulatio-
nibus et augustiis constitutos consolati fuerint, aut pauperes
peregrinos hospitio exceperint vel pacem cum inimicis
composuerint, aut quinquies Orationem Dominicam et toties
Salutationem Angelicam pro animabus confratrum ejusdem
confraternitatis in Dei caritate defunctorum dixerint, seu
demum aliquem ad viam salutisreduxerintac ignorantes Dei
prsecepta et quse ad salutem sunt docuerint quoties aliquod
ex pr£edictis piis operibus egerint, toties sexaginta dies de
injunctis eisaut aliis quidem debitis penitentiis auctoritate et
tenore premissis et misericorditer in Domino relaxamus.
Prœsentibus, perpetuis futuris temporibus duraturis ; volu-
mus autem quod si ipsa confraternitas alicui archiconfrater-
nitate aggregata sit vel in futurum aggregetur seu quavis
alla ratione pro ejus indulgentiis consequendis, aut de illis
participandis uniatur, aut alla quœdam instituatur, prières
— 320 —
seu quaevis aliœ litterœ apostolica} de super obtentse nulla-
tenus eis sufiVagentur sed ex tune prorsus nullse sint, eo
ipso quodque si confratribus prœdictis ratione prsemissarum
aliqua alia indulgentia perpétue, vel ad certum tempus
nondum elapsum duratura per nos concessa fuerit, prcedictse
litterse nullius sint roboris vel momenti.
Datum Romae apud Sanctura Marcum anno Incarnationis
Dominicae millesimo sexcentegimo undecirao, decimo kalen-
das julii, Pontificatus nostri anno septimo.
Gratis pro Deo.
Original. Archives de Vivoin.
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avec la parole ; Étude des procédés oratoires depuis l'anti-
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Guenet et C'^), 1 vol. in-18 jésus, 181 p.
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contenant le calendrier, foires et marchés de douze dépar-
tements, assemblées de la Sarthe, etc., etc. Le Mans, A
Bernachin, 1 vol. in-32.
Almanach (Petit) de la Sarthe, pour l'année 1895. Le Mans,
A. Bernachin, in-32.
Almanach des magasins de l'entrepôt des fabriques, maison
J. Péan, année 1895. Le Mans, Hétrot, Guenet et C'«, 1 vol.
in-18.
Almanach du Maine et de l'Anjou, agricole, horticole et
commercial, année 1895 (par Leclerc). Château-Gontier,
Leclerc, 1 vol. in-18.
Almanach du Maine pour l'année 1895, 20" année. Le Mans,
A. Bernachin, 1 vol. in-32.
Almanach illu.stré de la Croix du Maine pour l'année 1895.
Le Mans, A. Leguicheux et C'% 1 vol. in-16.
lx 21
- 3'22 —
Almanach Manceau (le Grand) pour l'année -1895, conte-
nant les marchés, assemblées et foires de la Sarthe et
départements limitrophes, la liste des maires, adjoints et
curés du département, etc., etc, plus des éphémérides
historiques, nécrologies bibliographiques et anecdotes
amusantes, 30'^ année. Le Mans, Ed. Monnoyer, 1 vol.
in-32, 224 p.
Almanach Manceau journalier pour l'année 1895, conte-
nant les foires et marchés de cinq départements, les
assemblées de la Sarthe, etc., etc. Le Mans, Ed. Monnoyer,
96 p. in-32.
Almanach républicain de la Sarthe pour 1895. Le Mans,
Hétrot, Guenet et 0'°, 1 vol. in-32.
Almanach Sarthois, 1895, contenant un calendrier, les
marchés, assemblées et foires du département de la Sarthe
et des départements limitrophes, les noms et adresses des
messagers qui desservent le Mans, des notions pratiques
sur le service des postes, télégraphe, tramways, voitures
de place et omnibus, des recettes utiles et bons mots.
26" année. Le Mans, A. Leguicheux et C''', 1 vol. in-32,
192 p.
Ami (L') des Familles, almanach de la Mayenne publié par la
conférence de Saint-Vincent-de-Paul de Laval, année 1895.
Laval, Chailland, 1 vol. in-16, 192 p.
Ami (L') du Foyer, almanach du Perche et du Saonnois
(Orne, Eure-et-Loir et Sarthe), par Perchon de l'Orne,
pour l'année 1895. Mortagne, Daupeley, 1 vol. in-16, 192 p.,
avec vignettes.
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complétée par l'Indicateur des adresses de la ville du
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par M. de Segonzac, plus 12 p. de tables et 72 d'annonces.
Aquenza (Gius.). — Essai sur Pierre de Ronsard. Palerme,
Remus Sandron, 15 p. in-8.
Association amicale des anciens élèves de l'École libre de
N.-D. de Sainte-Croix, compte-rendu. Le Mans, A. Legui-
cheux et C'% 70 p. in-8.
Association amicale des anciens élèves de l'École primaire
supérieure de Mamers. Le Mans, Hétrot, Guenot et C'%
8 p. in-8.
Association amicale des anciens élèves de l'Immaculée
Conception. Laval, Chailland, in-8.
Association amicale des anciens élèves du collège de Châ-
teau-Gontier. Château-Gontier, Postel, in-32.
Association amicale des anciens élèves du Lycée de Laval.
Laval, Leroux, in-8.
Association amicale des anciens élèves du Lycée du Mans,
18" année. Assemblée générale de septembre 1894. Le
Mans, Ed. Monnoyer, 32 p. in-8.
Association catholique de Saint-François de Sales, pour la
défense et la conservation de la foi dans le diocèse du
Mans. Compte-rendu de l'année 1894. Le Mans, A. Legui-
cheux et C'% 16 p. in-8.
Association de prévoyance et de secours mutuels des mé-
decins de la Sarthe, exercice 1894-1895, 25*^ assemblée
générale. Le Mans, Hétrot, Guenet et C'<^, 56 p. in-8.
Association des anciens élèves de l'Institution secondaire
libre de Saint-Calais. Compte-rendu de la 3° assemblée
générale. Saint-Calais, Renard-Busson, 32 p. in-8.
324
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blessés. Comité du Mans. Assemblée générale, avril 1895.
Le Mans, E. Lebrault, 32 p. in-8.
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Victeur au Mans, prieuré de l'abbaye du Mont-Saint-Michel
(994-1400), orné de six fac-similé et complété avec des
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et fils (Mamers, imp. Fleury et Dangin), 1 vol. in-8, xvi-
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Saint-Aubin, Te année. Le Mans, Ed. Monnoyer, in-8. —
Tiré à 50 exempl.
Bulletin agricole du Maine. — Syndicat de N.-D. des
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1 vol. in-8.
— 3t2(i —
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publié sous la direction de M. T. Brière, 6" année (1895).
Le Mans, Assoc. ouvr. de l'imp. Drouin, 1 vol. in-8, 192 p.
Bulletin de la Commission hist. et archéol. de la Mayenne,
2e série, tome Vil (1895). Laval, L. Moreau, 1 vol. in-8,
avec planches et vign. dans le texte.
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in-8, 420 p., à deux colonnes.
3t>8
CiiAi'PÉE (Jules). - Notes sur deux volumes rares de la
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in-8, avec fig. — Extr. de la Revue hist. et archéol. du
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leine du Plessis-Milcent, la forge du Port-Brillet et ses
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1 vol. petit in -.4, papier teinté, avec plans, vues,
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double dessinée par M. A. Cottereau.
GouTARD (l'abbé Albert). — Notes historiques et biographi-
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Pineau, curé de Vallon. Le Mans, Leguicheux et C'", 32 p.
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GouTARD (l'abbé Albert). — M. l'abbé Victor Nouet, curé de
Saint-Denis-d'Orques (1841-1895). Le Mans, Leguicheux
et C''^, 12 p. in-8. — Extr. de la Semaine du Fidèle.
Daniel (Lucien). — Gontribution à l'étude de la Flore de la
Mayenne. Le Mans, Ed. Monnoyer, 12 p. in-8. — Tiré à
50 exempl.
Daudet (Ernest). — La police et les Ghouans sous le
Gonsulat et l'Empire (1800-1815). Paris, Pion et Nourrit,
1 vol. in-18, 364 p.
Delagenière (D^' h.). — Des opérations pratiquées sur les
annexes de l'utérus. Le Mans, Ed. Monnoyer, 1 vol. in-8.
— Indications et technique de la castration abdominale totale.
Le Mans, Ed. Monnoyer, 48 p. in-8.
Delépine (l'abbé). — Sacé, autrefois et aujourd'hui, Laval,
H. Leroux, 1 vol. in-8. — Extr. du Bulletin de la Commis-
sion hist. et archéol. de la Mayenne.
Denis (l'abbé Louis). — L'Épitaphe de Gervaise Mailloche,
curé de Gonnerré, 1472-1503. Mamers, G. Fleury et A.
Dangin, 8 p. in-8, avec 1 pi. — Extr. de la Revue hist. et
archéol. du Maine et tiré à 100 exempl.
Deshayes (l'abbé Félix), chanoine, professeur au Grand-
Séminaire. — Mémento juris ecclesiastici, publici et privati,
ad usum Seminariorum et Gleri. Pans, Berche et Tralin,
1 vol. in-18, xii-741 p.
Diego-Joseph de Gadix (le bienheureux), prêtre mission-
naire de l'ordre des Frères-Mineurs Gapucins, 1743-1801.
— Abrégé de sa vie. Le Mans, Leguicheux et G''^, 00 p.
in-12, avec portrait.
— 331 —
— Diego de Cadix, Frère-Mineur cdpucin, béatifié par N. S.
P. le Pape Léon XIII, le 22 avril 1894. Triduum solennel
célébré par les Religieux de la Province de Paris. —
Triduum du Mans. Paris, J. Mersch, 1 vol. in-8, 123 p.
DoNATi (Lieutenant). — Le Prytanée national militaire de La
Flèche. La Flèche, Majou, viii-45 p. in-4, avec grav.
Doumer-Gall. — Le Souterrain de Salains, roman calaisien.
Saint-Calais, Renard-Busson, 80 p. in-8. Tiré à 100 exempl.
Doyen (P. -A.), né à Surfonds. — L'Effondrement de Gardon-
nière, légende du Maine, in - 8.
Drault (Jean). — Chapuzot au Dahomey. Paris, Henri
Gautier, s. d. (1895), 1 vol. in-18, 300 p., avec de nomb.
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Durozel. — Tout Le Mans la verra. Revue locale repré-
sentée pour la première fois à l'Eldorado, le 8 février 1894.
— Allons-y ! Revue locale représentée à l'Eldorado en janvier
et février 1895.
Duval (Louis). — Un historien delà Vendée militaire : Léon
de La Sicotière. Vannes, Lafolye, ii-lO p. in-8, avec portr.
— Extr. de la Revue du Bas-Poitou.
Élèves du Collège X.-D. de Sainte-Croix (1870-1895). Le
Mans, Leguicheux et C'% 1 vol. pet. in-16, 162 p. avec
encadrement.
Esxault (l'abbé Gustave). — Inventaire des minutes an-
ciennes des notaires du Mans (XVIP- et XVIIL' siècles),
dressé par l'abbé Gustave-René Esnault, publié et annoté
par l'abbé Em -Louis Chambois. Tomes I et II. Le Mans,
Leguicheux et C'^, 2 vol. in-8, vi-324 p., iv-320 p.
Exécution de l'assassin de Mareil-sur-Loir, Complainte (en
vers) par V. D. Le Mans, imp. Moderne, une feuille in-fol.
Fanneau (l'abbé T. -H.). — Trois lettres d'un bon français h
Messieurs les Sénateurs. In-8.
Favre (Louis). — Étienne-Denis-Pasquier, chancelier de
France (17G7-1862). Souvenirs de son dernier secrétaire.
Paris, Perrin et C'", 1 vol. in-8, orné d'un portr. en taille-
douce.
- -xyi -
Fleury (Gabriel). — Les anciennes Confréries de charité
dans le Maine et leurs statuts. Mamers, G. Fleury et A.
Dangin, 88 p. in-8.
— Notes historiques sur Mamers. III, Le Grenier à sel.
Mamers, Fleury et Dangin, 16 p. in-4 (p. 89-104).
— Ibid. IV. Le Prieuré et l'église Notre-Dame. Mamers,
Fleury et Dangin, 1 vol. in-4, 104 p. (p. 105-208), avec
planches et figures.
Froger (l'abbé L.). — La paroisse et l'église Notre-Dame
de Saint-Calais, étude historique et archéologique. Mamers,
G. Fleury et A. Dangin, 55 p. in-4, illustrées de 3 photo-
typies et de nombreux dessins de MM. J. de la Poterie et
A. Ricordeau.
Gauthier (Pierre), organiste à N.-D. du Pré. — Le Prin-
temps, chanson en musique composée sur une mélodie du
Mystère de saint Julien. In-4.
Gavouyère (A.), doyen de la Faculté de droit d'Angers. —
Conférence sur la loi dite d'abonnement, donnée au Mans,
le 3 novembre 1895. Le Mans, bureau de La Croix du
Maine (imp. Leguicheux et C'"), 15 p. in-8.
Gilbert (Mfc''" Charles-Joseph-Louis-Abel), évèque du Mans.
— Lettre pastorale sur « Dieu et l'Homme » et Mandement
pour le carême 1895. Le Mans, Ed. Monnoyer, 20 p. in-4
(no 4).
— Lettre de MS'''' l'Évèque du Mans aux communautés de
son diocèse, sur le projet d'un nouvel impôt. Le Mans, Ed.
Monnoyer, 4 p. in-4 (n" 5).
-- Itinéraire de Monseigneur l'Évêque du Mans pour les
visites pastorales de l'année 1895. Le Mans, Ed. Monnoyer,
8 p. in-4 (n" 6).
— Lettre circulaire à MM. les curés, vicaires et prêtres du
diocèse du Mans, sur la Retraite pastorale. Le Mans, Ed.
Monnoyer, juillet 1895, 2 p. in-4 (n" 7).
— Lettre circulaire promulguant l'Encyclique pontificale
Adjidricem populi Cliristiani. Le Mans, Ed. Monnoyer,
14 p. in-4 (il" 7 bis).
Graffin (l'abbé Roger). — Patrologia Syriaca, accurante
R. Graffin. Pars prima. Tomus II, Aphraatis demonstra-
tiones vocalibus instruxit, latine vertit, nolis illustiavit
D. Johan. Parisot. Paris, Firmin-Didot et C'% 1 vol. gr. in-8.
Gruau (l'abbé Ch.), curé de Mulsans, diocèse de Blois. —
Histoire populaire de Saint-Genou. Ulois, Migault et G'",
1894, A3 p. Jn-12.
GuÉRiN (F.). — Gatalogue de la Bibliothèque de la ville du
Mans. Premier supplément. Le Mans, Assoc. ouvr. de
l'imp. Drouin, 1894, 1 vol. in-8.
— Ibid. Deuxième supplément, suivi du Gatalogue de la
bibliothèque du D'' Étoc-Demazy. Le Mans, Assoc. ouvr.
de l'imp. Drouin, 1 vol. in-8, 381 p.
Guy (Auguste), ancien instituteur libre. — Étude historique
sur Bonnétable, depuis son origine jusqu'à nos jours.
Bonnétable, Prévost-Guillemin, 1 vol. in-8, vi-367 p.
Harel (Gustave). — A Travers les branches (Nouvelles et
récits). Paris, Lecène, Oudin et C'% 1 vol. in-18, 239 p.
HÉDiN (Marcel). — Société d'encouragement au travail du
département de la Sarthe. Distribution solennelle du 10
février 1895. Rapport sur le résultat du concours. Le Mans,
E. Lebrault et fils, 28 p. in-8.
Hery (Paul). — Rapport au Conseil de Prud'hommes du
Mans, lu à l'audience solennelle du Concours des récom-
penses ouvrières, le 10 février 1895. Le Mans, E. Lebrault
et fils, 16 p. in-8.
Hervé (D"" P.). — Note sur trois cas de plaies pénétrantes
de poitrine suivie d'autopsie. Le Mans, Ed. Monnoyer, 16 p.
in-8. Tiré à 50 exempl. et extr. du Bulletin de la Société
d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe.
HucHER (Ferdinand). — Catalogue du Musée archéologique
du Mans ; deuxième partie, comprenant la description des
objets entrés dans ce Musée depuis l'année 1809 jusqu'à la
date du l^r janvier 1895. Le Mans, Ed. Monnoyer, iv-5'2 p.
m-8, avec 6 pi. phototypiques et nombr. fig. dans le texte.
Indicateur des offices des dimanches et fêtes pour l'année
1895. Le Mans, Ed. Monnoyer, 8 p. in-32.
Jaguelin (A.). - Causeries sur la terre et l'astronomie.
Laval, Goupil, 1894, 1 vol. in-8, non mis dans le com-
merce.
— :m
Jagot. — Rapport aux membres de l'Union Vélocipédique
sur les travaux de la Société pendant l'année 1894, pré-
senté et lu à la 3e assemblée générale du 20 janvier 1895.
Le Mans, in-8.
JoussE (Gustave). — 1894 au Mans et dans la Sarthe. Le Mans,
Bernachin et C'«, 1 vol. in-12, 202 p.
La Blanchère (R. Moullin de). — L'Aménagement de l'eau
et l'installation rurale dans l'Afrique ancienne. Paris, imp.
nationale, 1 vol. in-8, 113 p.
La BouiLLERiE (baron Sébastien de). - Étude sur la petite
propriété rurale. Rapport à l'Assemblée des catholiques
tenue au Mans, le 27 mars 1895. Paris, Lamulle et Poisson.
1 vol. in- 10, 107 p. — Extrait du Bulletin de Vhislruction
chrétienne du Mans.
Leblanc (Edmond). - La Cour du Ribay (Mayenne). Laval,
imp. Lavalloise (E. Moreau), 36 p. in-8. — Extr. du Bullet.
hist. et archéol. de la Mayenne.
Ledru (l'abbé Ambroise). — La Cathédrale du Mans (^Saint-
Julien). — A travers la Cité. Le Mans, Leguicheux et C'",
1 vol. in-18, x-172 p., avec planches et nombr. vign. dans
le texte.
Legeay (F.). — Note sur l'église de Saint-Benoit, paroisse
du Mans. — Les Artistes de la Sarthe au Salon des Champs-
Elysées, en 1894. Le Mans, Ed. Monnoyer, 88 p. in-8. —
Extrait du Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et
aris de la Sarthe et tiré à 25 exempl.
— Notice biographique sur le colonel Basserie. Le Mans,
Ed. Monnoyer, ii-14 p. pet. in-8. Tiré à 60 exempl.
Lehautcourt (Pierre). — Campagne de la Loire en 1870-
1871 (Josnes, Vendôme, Le Mans). Paris, Berger-Levrault,
1 vol. in-8, 448 p., avec 13 cartes.
Le Paige (le chanoine André-René). — Dictionnaire topo-
graphique, historique, généalogique et bibliographique de
la province et du diocèse du Mans. Tome II. Réimpression
de Nezan, à Mayenne, 1 vol. in-8 raisin, 549 p.
Le Vayer (Paul). — Les Ruines d'Oisseau-le-Petit. — Travail
publié dans V Ouest artistique et littéraire,\ï° de janvier 1895
— :i35 —
LÉvEiLLÉ (l'abbé Hector). — Petite Flore de la Mayenne,
contenant l'analyse et la description sommaire des plantes
vasculaires de la Mayenne. Laval, Goupil (Le Mans, typ.
Ed. Monnoyer), 1 vol. in-18 jésns, 252 p.
— Notice biographique .sur M. Edouard Guéranger, ancien
pré.'^ident de la Société d'agriculture, science.s et arts de la
Sarthe. Le Mans, Ed. Monnoyer, 16 p. in-8. — Extr. du
Bulletin de la Société des Arts.
— Le Monde des Plantes, revue bimensuelle, 4" année. Le
Mans, Ed. Monnoyer, 1 vol. gr. in-8, avec grav.
LiGER (F.). — Description des ruines romaines d'Oir-seau-le-
Petit (Sarthe). Mamers, Fleury et Dangin, 12 p. in-8.
— Les Sésuviens ; la Civitas Araegenue. Paris, Champion,
in-8.
— Les Coriosolites, Reginea, Fano-Martis et Coriallo. Laval,
H. Leroux, 1 vol. in-8, avec pi. — Extr. du Bulletin de la
Commission hist. et archéol. de la Mayenne.
Liste des prêtres qui ont assisté à la retraite ecclésiastique
donnée à Laval, au Grand-Séminaire, en juillet 1895.
Laval, Chailland, in-4.
Liste des prêtres qui ont assisté à la retraite ecclésiastique
donnée au Grand-Séminaire du Mans et prèchée par le
R. P. Renac, archiprêtre d'Auch, du 22 au 27 juillet 1895.
Le Mans, Ed. Monnoyer, 8 p. in-4.
MaiGjSAN (Albert). — Peintures murales au presb ytère de
Parce. Mamers, Fleury et Dangin, 12 p in-8, avec fig. et
planches. — Extr. de la Revue hist. et archéol. du Maine.
Marlet (Léon). — Clermont - Gallerande. Autour d'une
famille seigneuriale du Haut-Maine. Mamers, Fleury et
Dangin, 48 p. in-8. Tiré à 100 exempl. et extr. du Bulletin
de la Société hist. et archéol. du Maine.
Mautouchet (Albert), — Essai d'iconographie cénomane.
Mameis, G. Fleury et A. Dangin, 1 vol. gr. in-8, 86 p.,
avec 24 portr. — Extr. de la Revue hist. et archéol. du
Maine et tiré à 50 exempl.
Meignan (le cardinal), archevêque de Tours. — Mandement
et Lettre pastorale pour le carême de l'année 1895. Tours,
Rouserez, in-4.
336
— L'Ancien Testament dans ses rapports avec le Nouveau
et la critique moderne. De l'Eden à Moïse. Paris, LecofTre,
1 vol in-8, XLvni-535 p.
— T/Ancien Testament dans ses rapports avec le Nouveau
et la critique moderne. De Moïse à David. Paris, Lecoffre,
1 vol. in-8, LX--512 p.
Mellerio (L.), professeur agrégé au Lycée Janson de Sailly.
— Lexique de Ronsard. Paris, 1 vol. in-18, lxxvi-252 p.
— Extr. de la Bibliothèque elzévirienne.
Memorare. Souvenir des obsèques du colonel Vicomte de
Roquefeuil, décédé au château de Dobert (Sarthe), le 7
novembre 1895. S. 1. n. d. (Le Mans, 1895), 16 p. iii-16.
— Ext. du Nouvelliste de lu Sartiui, n" du 13 novembre
1895.
Menjot d'Elrenne (Vicomte). — Saint-Hilaire-le-Lierru.
Notice historique publiée dans V Union liist. et littér. du
Maine, année 1894, p. 366-372, avec 1 planche.
— La Défaite des Reîtres à Connerré, le 2 décembre 1589.
Le Mans, Leguicheux et 0'% 16 p. in-8, avec 1 plan de
Connerré en 1771. — ^ Extr. de V Union liid. et littér. du
Maine.
— Monument funéraire de François Le Gras, seigneur du
Luart, maître des requêtes, dans l'église des Cordeliers du
Mans. Le Mans, Leguicheux et G'^, 16 p. in-8, avec 1 pi.
— Extr. de La Province du Maine.
MÉTAis (l'abbé Gh.). — Gartulaire de l'abbaye cardinale de
la Trinité de Vendôme. Tome IIL Paris Picard, 1 vol. in-8,
viii-503 p.
Meunier (Maurice). — Le Rêve. Pièce en un acte en vers,
représentée pour la première fois, sur le théâtre du Mans,
le 17 janvier 1895. Le Mans, Gustave Harel, in-12.
Mignon (l'abbé A.). — Les Origines de la scolastique et
Hugues de Saint-Victor. Paris, Lethielleux, 2 vol. in-8,
386, 410 p. — L'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres vient de décerner une l"' mention à l'auteur de ce
remarquable ouvrage (juin 1896).
Miré (Henri de), — 9, Grande - Rue, castel de la reine
Bérengère. Revue locale en trois actes, représentée chez
— :«7 —
le général de Brye et la comtesse de Brye, an Mans, les 17
et 48 février 1895. Le Mans, Ed. Monnoyer, 72 p. in-18.
Monographie de la Société chorale du Mans. Le Mans, imp.
du Nouvelliste de la Sarthe, 20 p. in-8.
Montesquiou-Fezenzac (R. de). — Parcours du rêve au
souvenir (troisième ouvrage carminal). Paris, Charpentier
et Fasquelle, 1 vol. in-18, iv-424 p.
Montmorency (Jeanne de), duchesse de la Trémoille, et sa
fille, la princesse de Condé (1573-1629). Nantes, Grimaud,
1 vol. in-4, iv-196 p.
Mouchard (l'abbé A.). — La Victoire de Coulmiers. Discours
prononcé en l'église de Coulmiers, le 10 novembre 1895,
pour le xxV' aniversaire du 9 novembre 1870. Orléans,
H. Herluison, in-8.
Moulard (P.). — Une Famille d'artistes ruraux : Les Dienis
de Fresnay. Mamers, Fleury et Dangin, 10 p. in-8. — Extr.
de la Revue hist. et arclwol. du Maine et tiré à 50 exempl.
— Analyse d'anciennes archives de Fresnay-le-Vicomte. Le
Mans, E. Lebrault et fils, 85 p. in-8.
Œuvre de la Sainte-Enfance dans le diocèse du Mans.
Compte-rendu des recettes et dépenses du l^'- janvier 1894
au 1«'' janvier 1895. Le Mans, Ed. Monnoyer, 16 p. in-8.
Office du bienheureux Jean-Baptiste de la Salle. Le Mans,
Ed. Monnoyer, 16 p. în-8.
Ordo divini officii recitandi missaeque celebrandse in tota
diœcesi Valleguidonensi servandus, pro anno 1895. Laval,
Chailland, 1 vol. in-12
Ordo divini officii recitandi sacrique peragendi ad usum
insignis ecclesise Cenomanensis, pro anno 1895. Cenomani,
Ed. Monnoyer, 1 vol. in-12, 168 p.
Ordo divini officii sacrique peragendi juxta ritum romano
monasticum in abbatia Sancti Pétri de Solesmis pro
anno domini 1895. Solesmis, typogr. Sancti Pétri, 1 vol.
in-12, 129 p.
Paléographie musicale. Les Mélodies liturgiques ou Recueil
de fac-similés phototypiques des principaux manuscrits de
chant liturgique grégorien, ambrozien, mozarabe, gallican,
XL 22
— 338 —
publiés parles RR. PP. Bénédictins de Solesmes. Solesmes,
imp. Saint-Pierre, 1 vol. ni-4 carré.
Pasquier (le chancelier). — Histoire de mon temps. Mé-
moires du chancelier Pasquier. 2" partie : Restauration,
III (1824-1830). Tome VI. Paris, Pion et Nourrit, 1 vol.
gr. in-8, 491 p.
Pasty de la Hylais (E.). — La Baronnie de Bouloire, par
l'auteur du Bas-Vendômois historique et monumental. Le
Mans, Pellechat, ii-95 p. in-8, avec 4 planches.
Perraudière (Xavier de la). — Scarron, poésie humoris-
tique. In-8.
Persy (D'" P.). — Ma première application du Sérum anti-
diphtérique. Le Mans, Ed. Monnoyer, 8 p. in-8.
PiCHON (l'abbé F.). — Notice sur l'abbé Grosbois, chanoine
honoraire, économe du Séminaire du Mans. Le Mans,
Leguicheux et C'°, 10 p. in-8. — Extr. de la Semaine du
Fidèle.
— Notice sur M. l'abbé J.-M. Outin, vicaire-général de M^""
l'Évêque du Mans. Le Mans, Leguicheux et C'", 16 p. in-8.
— Extr. de la Semaine du Fidèle.
Pioger (l'abbé). — Dieu dans ses œuvres. Le Monde des
plantes et ses merveilles. Paris, Firmin-Didot, 1 vol. in-8,
xi-383 p.
Pointeau (l'abbé Ch.). — Histoire du pèlerinage et de la
chapelle de Notre-Dame de la Crue. Laval, Goupil, 1 vol.
in-8 avec vignettes.
Poirier-Béalu — Petite Géographie du département de la
Mayenne, contenant une carte coloriée par canton. —
Département de la Mayenne. Mayenne, Poirier-Béalu,
1894, 8 p. in-4 à deux col , avec une carte color.
Porcher (Edmond), avocat. — Le Miracle de Saint-Valéry,
poème couronné par la Société d'agriculture, sciences,
arts et belles-lettres d'Évreux, et édité à ses frais. Évreux,
1 vol. in-8.
PoTTiER (André), de Maresché. — Les Droits de succession
des enfants naturels. Thèse pour l'agrégation. Paris,
Rousseau, 1 vol. in-8.
— 3:^9 —
Programme des Conférences ecclésiastiques du diocèse de
Laval pour l'année 1895. Laval, Chailland, in-4.
Programme du concours départemental de la Mayenne.
Laval, Auvray, in-8.
Province (La) du Maine. Union historique et littéraire.
Recueil mensuel publié sous la direction des abbés Anibr.
Ledru, Ern. -Louis Dubois et Henri Bruneau. Tome IIL
Le Mans, Leguicheux et C'", i vol. in-8, 384 p., avec
planches et vign. dans le texte.
Quentin (l'abbé Aurèle). — La dernière publication du
docteur Jérémias sur l'époque d'Izdubar. Travail publié
dans la Revue de Vhhtoire des religions. Paris, Ernest
Leroux, in-8.
Rapport du conseil de surveillance des ardoisières de la
Mayenne. Laval, Auvray, in-^.
Rebut (Didier), professeur au Lycée. — Histoire du Lycée
du Mans depuis sa fondation, en 1599, par l'évèque Claude
d'Angennes, jusqu'en. 1811. Mémoire présenté au Congrès
des Sociétés savantes, en 1895. Le Mans, Ed. Monnoyer,
56 p. in-8.
Recueil des actes administratifs de la préfecture de la
Mayenne, année 1894. Laval, L. Moreau, 1 vol. in-8.
Recueil des actes administratifs de la préfecture de la
Sarthe, année 1894. Tome LXXIV. Le Mans, Assoc. ouvr.
de l'imp. Drouin, 1 vol. in-8.
Renard (Adolphe). — Le Combat d'Écommoy (11 janvier
1871), d'après le récit du commandant des Francs-Tireurs
Auguste Pointignon. Écommoy, J. Motreuil, 1894, 8 p.
in-8.
Revue historique et archéologique du Maine, tomes XXXVH
et XXXVIIL Le Mans, Pellechat (Mamers, imp. Fleury et
Dangin), 2 vol. gr. in-8, 336, 352 p., avec portr., grav. et
vign. dans le texte.
Revue httéraire et artistique du Maine, organe de l'Académie
du Maine, 14^ année. Le Mans, E. Lebrault, 1 vol. in-8,
304 p., avec portr.
Richard (Louis), directeur de l'École de la rue Erpell. —
Miscellanées (en vers) : Aspirations et Inspirations, Inti-
— 340 -
mités. Paris, libraires-associés (Le Mans, imp. Ed.
Monnoyer), 1 vol. in-8, 130 p.
Rivières (baron de). — Le Testament de Gaspard Daillon
du Lude. Publié dans la Revue du département du Tarn,
n" de janvier-février 1805, p. 27.
Robert (R.-P. Charles), de l'Oratoire de Rennes. —
Anthyme-Denis Cohon, évêque et comte de Dol. Son rôle
pendant la Fronde. Rennes, imp. Marie Simon, 58 p. in-8,
avec portrait.
RoBiQUET (Paul). — L'Anarchie administrative, le Clergé et
la Municipalité d'Ernée (Mayenne). Travail publié dans la
Revue hisioritiue, n" de septembre-octobre 1894.
RociiE-SÈVRE (Jean de la). — Les derniers jours de Rarbe-
Rleue (Gilles de Rais). Paris, Lamulle et Poisson, 1 vol.
in-12.
Roger, notaire à Auvers-le-Hamon. — Les Syndicats agri-
coles paroissiaux. Rapport à l'assemblée des catholiques
tenue au Mans le 27 mars 1895. Le Mans, Leguicheux et
C'«, 24 p. in-8.
RouGÉ (vicomte J. de). — Origine de la race égyptienne.
Paris, in-8. — Extr. des Mémoires de la Société des Anti-
quaires de France.
RouGER (Henri), né à La Chartre. — Chants et Poèmes.
Paris, Lemerre, 1 vol. in-8.
RouLLEAU, inspecteur-adjoint des forêts au Mans. — Plan
de la Forêt domaniale de Rercé, complété et mis à jour en
1894. Le Mans, Ed. Monnoyer, 1 feuille in-fol.
Roussel (l'abbé). — Almanach de la France illustrée, année
4895. Paris-Auteuil, imp. des Apprentis-Orphelins, 1 vol.
in-18, avec grav.
— Almanach illustré de la première communion et de la
persévérance, année 1895. Paris-Auteuil, imp. des Appr.-
Orphelins, 1 vol. in-18, avec grav.
Salomon (D'' L.). — L'Alcool et la dépopulation de la France.
Le Mans, Hétrot, Guenet et C'% 1 vol. in-18.
Sartiiois (Le Petit), almanach pour 1895 contenant un
calendrier, des notices agricoles et horticoles, les marchés
et foires de l'Orne et de la Mayenne, une .statistique admi-
— 341 —
nistrative du département et le service des postes et télé-
graphes. Le Mans, A. Leguicheux et C'% 80 p. in-32.
Senart (Emile). — Notes d'épigraphie indienne. Paris,
Imp. nationale, 1 vol. in-8, avec planches.
Société anonyme des mines de charbon minéral de la
Mayenne et de la Sarthe. Assemblée générale d'avril
1895, à Laval, et Rapport du conseil d'administration sur
la situation de la Société et sur les opérations du dernier
exercice (par le président Aimé Blavier). Laval, Auvray,
15 p. in-8.
Société d'assurance mutuelle immobilière du Mans contre
l'mcendie. Assemblée annuelle ordinaire de mai 1895, et
Rapport de la commission pour l'examen du compte du
65" exercice (1894). Le Mans, Ed. Monnoyer, 28 p. in-4.
Société de Saint- Vincent-de-Paul. Conférences du Mans.
Procès-verbaux des assemblées générales des 19 juillet 1893
et 13 décembre 1894. Rapport annuel par MM. de Brébisson
et Alex. Gelier. Le Mans, Leguicheux et C'^ 16 p. in-8.
Société de tir du 28« régmient territorial d'infanterie. Pro-
gramme du concours de 1895. Le Mans, A. Bernachin et
C'% 20 p. in-32, avec 1 fig.
Société générale de secours mutuels entre ouvriers du
Mans et de la banlieue. Exercice 1894, 59^ année. Compte-
rendu. Le Mans, Ed. Monnoyer, 64 p. in-8.
Société régionale des pharmaciens de la Sarthe, de l'Orne
et de la Mayenne. Compte-rendu de l'assemblée générale
du dimanche 26 mai 1895. Le Mans, Hétrot, Guenet et C'%
20 p. in-8.
SouBRE (Auguste). — Souvenirs de 1870-1871. Le Mans,
A. Bernachin, br. in-12.
Statuts de la Compagnie d'éclairage par le gaz des villes
du Mans et de Vendôme. Le Mans, Ed. Monnoyer, 16 p.
in-8.
Statuts de la musique de Savigné-l'Évèque. Le Mans, Blan-
chet, 8 p. in-8. Tiré à 100 exempl.
Statuts de la Société de recours mutuels de la subdivision
des sapeurs-pompiers de Sillé-le-Guillaume. Le Mans, Ed.
Monnoyer, 12 p. in-12.
— 342 -
Syndicat agricole du canton de la Ferté-Bernard. Bulletin,
7« année. Le Mans, Ed. Monnoyer, in-8.
Syndicat agricole du canton de Marolles-les-Braults. Bulle-
tin, 7e année. Le Mans, Ed. Monnoyer, in-8.
Syndicats agricoles des cantons de Sablé et Brûlon. Bulletin,
7e année. Le Mans, Ed. Monnoyer, in-8.
Syndicat départemental des médecins de la Sarthe. Le
Mans, Ed. Monnoyer, 16 p. in-8. Tiré à 75 exempl.
Syndicat du commerce de l'épicerie et de la droguerie du
département de la Sarthe. Compte-rendu de la 14^ assem-
blée générale tenue en décembre 1894. Le Mans, Ed. Mon-
noyer, 16 p. in-8. Tiré à 80 exempl.
Tamisey de Larroque. — Notice inédite sur J.-B. Gault,
évêque de Marseille, ancien curé de Sainte-Eulalie de
Bordeaux, par Gaspard de Simiane, surnommé le chevalier
de La Coste. Bordeaux, Demachy, Pech et C'«, 32 p. in-8.
— Extr. de la Revue catholique de Bordeaux.
Tasciier de la Pagerie (la Comtesse Stéphanie de). —
Mon Séjour aux Tuileries, 3<= série (1866-1871). Paris,
OUendortî, 1 vol. in-18, 326 p.
ToucHET (M»''), évêque d'Orléans. - Allocution prononcée,
le 10 novembre 1895, devant le monument élevé en l'hon-
neur des soldats tombés à la bataille de Coulmiers, le 9
novembre 1870. Orléans, H. Herluison, in-8.
Union vélocipédique (L') de là Sarthe. Bulletin, 3« année.
Le Mans, E. Lebrtiult, in-4.
Union (L') vélocipédique Lavalloise. — Statuts. Laval, Mittre
et Sottano, in-32.
Ur (Charles). — Ouverture du tombeau du roi René à la
cathédrale d'Angers, le 16 septembre 1895. Angers,
Germain et Grassin, in-8.
Vie de Mfe''" George-Massonnais, évêque de Périgueux et de
Sarlat, né à Saint-Denis-de-Gastines (Mayenne). Laval,
Goupil, 1 vol. in-8, avec portrait.
Ville du Mans. Composition et ordre de marche de la
Cavalcade du Progrès, comprenant les arts, les jeux et les
sports à travers les âges, du dimanche 21 avril 1895, au
— :]i3 —
profit des pauvres. Notice explicative de la cavalcade et
des chars. Le Mans, Ed. Monnoyer, 66 p. in-18.
VoîsiNE (l'abbé Auguste), directeur du patronnage de Saint-
Augustin à La Ferté-Bernard. — Médéric, le Bandit des
Pyrénées, drame en 3 actes. Le Mans, Leguicheux et G'%
1 vol. in-i2.
YzEUx (0.). — De Paris au Mans par le Coche, en 1765. Le
Mans, Ed. Monnoyer, 16 p. gr. in-8, avec une carte. —
Extr. du Bulletin de la Société cV agriculture, sciences et
arts de la Sarthe et tiré à 100 exempl.
L. BRIEBE.
UNE
STATUE DE SAINTE CÉCILE
A LA CATHÉDRALE DU MANS
Sainte Cécile , la jeune et noble martyre devenue la
patronne des musiciens, a été de tout temps l'une des
saintes les plus connues et les plus populaires. Son nom,
qui par un rare privilège unit aux gloires de la Rome
antique les plus émouvants souvenirs de la Rome chré-
tienne, a franchi rapidement toutes les frontières et pénétré
chez tous les peuples, depuis les bords du Tibre jusqu'aux
rivages brumeux de l'Armorique.
Au Mans, dès le IX^ siècle, sainte Cécile est honorée d'un
culte public et tout spécial. En 834, douze ans seulement
après que le pape Paschal pi" a retrouvé son corps dans les
catacombes, le grand évêque Aldric lui consacre un des
autels de sa nouvelle cathédrale ; par une remarquable
coïncidence cette dédicace solennelle de la cathédrale de
saint Aldric, demeurée célèbre dans les annales de l'Église
du Mans, a lieu le 21 novembre, « vigile de la fête de sainte
Cécile (1) ». Au XI^ siècle, une paroisse du diocèse, près de
Château-du-Loir, est placée sous le patronage même de la
(1) Geala lJu)itni Aldrici, édition Charles et Fioger. Mamers, 188'J,
p. li et 15, note marginale du X1V« siècle.
SAINTE CECILE
Statue de la Cathédrale du Mans
— 345 —
sainte et la vieille église de Sainte-Cécile, enlacée par les
vignes, domine de nos jours encore les rives pittoresques
du Loir (1). Plus tard, le nom de Cécile apparaît dans les
Cartulaires manceaux, pieusement porté par des femmes
chrétiennes (2).
La Renaissance, elle aussi, rend hommage à sainte Cécile.
Elle élève à la cathédrale du Mans, sous les grandes orgues,
un nouvel autel, luxueusement décoré, où on l'invoque en
même temps que sainte Marguerite et sainte Marthe (3).
Elle lègue en outre à la Bibliothèque actuelle de la Ville un
exemplaire du curieux opuscule du théologien belge Josse
Clichtove : De laudihus sacratissime Virginis et martyris
Cecilise (4), Ce livre, qui célèbre l'illustre vierge avec tant
d'enthousiasme, est daté de 1516, imprimé en caractères
gothiques et dédié, par un rapprochement que nous aimons
à signaler, à un prélat manceau d'origine, Louis Guillard,
évèque de Tournai, plus tard évêque de Chartres, fils de
(1) La paroisse de Sainte-Cécile-sur-Loir, réunie en 1807 à celle de
Fiée, avait été donnée dés lOGGà l'abbaye de Marinoutier par Gervais de
Cliàteau-du-Loir, en même temps que l'église de Saint-Guingalois. Voir
l'abbé R. Charles, Saint-Guingalois de Chàteau-dii-Loir . Mamers, 1879,
in-8" p. 1 if.
(2) Cecilia, filia Bernardi (1055 à 1064). Livre blanc, édition 1869, in-4»
p. 62 ; Sezilia, uxor Gaufredi Burou (XUP siècle), Cartulaire de Saint-
Videur au Ma7iii, édition Bertrand de Broussillon, 1895;, in-8, p. 158.
(3) V. ci-dessous une inscription de 1635. — Dans le Procès-verbal du
pillage de l'Église du Mans en io62, publié par le R. P. dom Piolin,
Histoire de l'Église du Mans, V, p. 705, cet autel est ainsi décrit : « Plus
» sous les grosses orgues ont monstre la place d'un aultiel et contretable
"■■) de pierres de taille, laquelle contretable estoit de colonnes à deux ordres
» l'un sur l'autre, ledit aultiel fort enrichy d'ouvraiges, imageries et bien
» estoffé ». Les Plaintes et doléances du Chapitre ajoutent : « Item,
» rompu et brisé les imaiges de l'autel soubx les grandes orgues, scavoir
» une Nativité Notre Seigneur avec les pastoureaux qui le venaient visiter,
» un imaige saincte Marthe, un imaige sainct Ambroys, les imaiges d'une
» Annunciation Notre Dame, etc. » Bien que sainte Cécile et sainte Mar-
guerite fussent invoquées, d'après l'inscription de 1635, au même autel que
sainte Marthe, leurs « imaiges » ne sont point mentionnées.
(4) Bibl. du Mans, Histoire, n" 1643. — .lodoeus Cliclitove, de Nieuporl,
mort à Chartres le 22 septembre 1543.
— 346 —
Charles Guillard, de Souligné-sous-Vallon , président au
Parlement de Paris. A l'éloge de sainte Cécile se trouve joint
celui de s^^int Louis, De laudihus sancti Ludovici régis
Francise, du même auteur, comme pour rapprocher une
fois de plus dans les collections municipales du Mans les
gloires de l'Église et celles de la Patrie.
Vers la fin du XVP siècle, époque où l'art musical et no-
tamment la musique sacrée prend un brillant essor, sainte
Cécile est déjà fêtée par les musiciens, dans certaines églises
du Mans.
Dès 1576, en effet, le chapitre de Saint-Pierre-la-Cour
accorde une gratification extraordinaire à ses chantres et à
ses vicaires, à l'occasion de la fête de sainte Cécile (1). A
partir de 1591, la subvention est renouvelée régulièrement
chaque année ; son chiffre s'élève peu à peu de 30 sols à
quatre livres tournois, et son but est défini en termes qui ne
comportent aucun doute : « Pro festo sanctœ Ceciliœ (1592,
1596, 1597). — Pro solemnitate festi sanctse Cecilix (1600).
— Pro miisica in festo sanctx Ceciliœ virginis cantanda
(1601). — Ut festum sanctse Cecilix festive , jucunde ,
jocose et hilare célébrant (1608 à 1613), etc. » — En 1597, le
chapitre a même décidé que tout vicaire qui manquerait
l'office de la Sainte Cécile serait mis en prison, ce in carcerem
mittetur ! » (2)
11 est donc inexact d'écrire, « qu'au commencement du
XVII« siècle, les musiciens ne célébraient pas au Mans,
d'une manière solennelle, la fête de Sainte Cécile leur
patronne (3) ». Ils la célébraient au contraire fort agréable-
ment et fort joyeusement (festive, jucunde et hilare], à
Saint-Pierre la Cour au moins.
Cependant, ce n'est qu'en 1633 que le culte de sainte
Cécile prend, à la cathédrale du Mans, toute son importance.
(1) Arch. de la Sarthe, G, 557.
(2) Registras d<is Délibérations Capitulaires de Saint-Pierre-la-Cou)'-
Arch. de la Sarthe, G. 488 à 490.
(3) La Province du Maine, Union historique et littéraire, 1894, p. 343.
— 347 —
Par Lin acte notarié du 18 février de cette année, le cha-
noine Bernardin Le Rouge après avoir obtenu de ses con-
frères l'autorisation de transformer la Sainte Cécile en fête
semi-double, fonde, entre les maîtres de Psallette des dio-
cèses circonvoisins et « tous autres musiciens de leur con-
naissance », un concours annuel de « motets à la louange
de sainte Cécile », dont « le plus méritant doit être chanté
solennellement en l'église le jour de la fête. » La même
année 1633, il fait exécuter par le sculpteur manceau
Charles Hoyau une statue en terre cuite de sainte Cécile et
deux ans après, en 1635, il la place sur un autel dédié à la
sainte Vierge, à sainte Marthe, à sainte Cécile et à sainte
Marguerite, qu'il fait relever à ses frais, sous les orgues,
pour remplacer l'autel de la Renaissance détruit par les
Protestants.
M. Anjubault, en 186'2, et M. l'abbé E. Chambois, en 1894,
ont consacré à la fête de sainte Cécile au Mans deux notices
historiques qui réunissent d'abondants détails sur le cha-
noine Bernardin Le Rouge, le concours de la sainte Cécile
depuis 1633 jusqu'à la Révolution, et la statue de sainte
Cécile par Charles Hoyau , mais ni l'un ni l'autre n'ont
donné la reproduction de cette statue, si intéressante au
point de vue artistique (1). En matière d'art, la meilleure
description ne suppléant jamais à la reproduction même de
l'œuvre, nous sommes heureux de pouvoir aujourd'hui
combler une regrettable lacune, répondre à un désir maintes
fois exprimé et apporter ainsi à notre tour notre modeste
hommage à sainte Cécile, à la veille même de sa fête.
Rappelons tout d'abord que l'autel érigé par le chanoine
Le Rouge, pour recevoir la statue de sainte Cécile était situé
dans le transept méridional entre les orgues et la chapelle
(1) Anjubault, La Sainte Cécile au Mans, depuis i633, Le Mans,
Monnoyer, 18G2, in-8. — L'abbé £. L. Chambois, La Fête de Sainte-Cécile
à la Cathédrale du Mans {1033-1748), Le Mans, Leguiclieux, 1894-, in-8.
~ 348 —
du sépulcre, ainsi que l'indique l'inscription suivante, seul
reste, aujourd'hui, du monument détruit en 1769 sousl'épis-
copat de Ms'' de Grimaldi :
DEO . OPTIMO . MAXIMO .
HOC ALTARK DEO : IN HONOREM BEATISSBLîi VmGINIS
DEIPAR.E MARLE , AC SANCTARUM MARTH.E , C^GILLE ET
MARGARIT^ CONSECRATUM , FURENTE BELLORUM CIVILIUM
AESTU , MAJORI EX PARTE DIRUTUM , MAGISTER BERNAR-
DINUS LE ROUGE, CENOMANENSIS PRESBYTER, JURIS UTRI-
USQUE LICENTIATUS, HUJUS ECCLESI.E CANONICUS, AC FESTI
DICTEE BEAT.E C^CILLE FUNDATOR ; SUMPTIBUS SUIS , DE
CONSENSU ET AUCTORITATE CAPITULI, RESTAURARI, IMAGI-
NIBUS QUE DECORARI CURAVIT. ANNO SALUTIS MVl'^'^. XXXV.
DOMINE, DILEXI DECOREM DOMUS TU^. PS AL. 25.
Des placages de marbre rose et noir, des ornements en
relief d'un assez bon style mais un peu mutilés, encadrent
l'inscription gravée sur une plaque de marbre noir. Au
dessus étaient les armes du chapitre : « d'azur à trois fleurs
de lis d'or, 2 et 7, et trois clefs d'argent, 1 et 3. » Au dessous
celles du fondateur : c( d'rtzitr à trois annelets d'or, 2 et i,
séparés par une fasce d'argent. » (1). A côté de la statue de
sainte Cécile se trouvaient, d'après Maulny, celles de sainte
Mai the et de sainte Marguerite « assez délicatement taillées. »
Bernardin Le Rouge avait demandé à y placer aussi les
images de saint François et de saint Bernardin ; on ne sait
si elles furent exécutées, ou s'il faut les rechercher dans
les traits indécis de deux personnages peints sur le mur (2).
Retirée depuis longtemps de la cathédrale, la statue de
sainte Cécile est actuellement conservée au Musée de la
Psallette.
(1) Anjubault, La Sainte Cécile au Mans, p. 4.
C-I) Anjubault, Ibidem, p. 4.
— 349 —
Malgré le respect dont elle y est entourée, on ne peut
que renouveler le vœu, émis jadis par M. Anjubault, de
son prochain retour à la cathédrale : les amateurs d'art
pourraient l'y étudier plus facilement et elle y raviverait
assurément le culte traditionnel de la population du Mans
pour la gracieuse patronne de la musique.
Le groupe, en terre cuite, mesure 1™ 20 de hauteur sur
1"! 35 de largeur. Assise sur un siège antique, la sainte
touche de ses doigts délicats le clavier d'un orgue. Ses yeux,
ses traits expriment l'invocation. Une couronne de fleurs
surmonte ses cheveux qui flottent sur le dos en ondes
soyeuses. « Le manteau long, noblement drapé, la robe
brodée, la chaussure romaine sont d'un bel effet et très
digne de la fille des Csecihi » (1). Nous croyons qu'à l'origine
la .statue était peinte et richement décorée : dans tous les
cas, quelques détails indiquent qu'elle devait porter, comme
certaines statues italiennes, de véritables bijoux et pos.séder
un écrin spécial, dont la pieuse admiration du chanoine
Le Piouge avait sans doute fourni les premières parures.
Sur la face la plu>s apparente du support de l'orgue on lit
cette inscription: Ex donoB. Le Bouge^ preshiteri, juribus
licenliati, ecclesice canonici, festi beatœ Cxciliœ fundatoris.
— C. Hoyau. F. 1633. Sur le côté, en avant, se voit un
écu?.son aux armes du donateur en partie effacées.
Cette statue de .sainte Cécile, il faut le reconnaître tout
d'abotd, n'est pas suffisamment inspirée par le sentiment
religieux. Elle n'offre point le caractère de piété qu'on
aimerait à y trouver, mais bien plutôt le caractère mondain
d'une jeune femme du XV!!*^ siècle, élégante et déjà ma-
niérée. Elle est loin dès lors de l'admirable statue de Maderno
si vraie, si émouvante, qui touche si profondément en
évoquant le souvenir de la vierge chrétienne mourante. Par
contre, elle se rapproche beaucoup des statues du sépulcre
ii) An juhauM, Ibidem, p. 5.
— 350 —
actuel de la cathédrale du Mans qu'on attribue d'ailleurs au
même artiste, Charles Hoyau : on peut notamment la com-
parer à la Madeleine dont la tête présente avec celle de notre
sainte Cécile plusieurs points de ressemblance (1).
La composition, un peu trop recherchée dans ses formes,
n'en est pas moins charmante, et fait un incontestable
honneur au talent du sculpteur Hoyau. On a dit avec raison
que la plastique mancelle n'avait rien produit de plus joh,
de plus gracieux, et que cette œuvre de maître élait puissam-
ment marquée du cachet de l'individualité (2). C'est ainsi,
après tout, que la Société du XVIP siècle se représentait la
jeune patricienne, et si nous préférerons toujours l'image
de la martyre qui élève les âmes à Dieu, il ne saurait nous
déplaire de l'entrevoir une fois dans tout l'éclat de sa
jeunesse, de sa beauté et de cette élégance aristocratique
que Cécile, par égard pour sa dignité et sa situation sociale,
avait gardée aux yeux du monde. Les généreux sacrifices
qu'elle a faits au Christ n'en paraissent que plus méritoires
et plus touchants.
La pensée de reproduire ici pour la première fois l'œuvre
de Charles Hoyau, d'après une photographie due à l'intel-
ligente initiative de notre regretté collègue M. l'abbé Robert
Charles, nous a procuré en outre la surprise d'une découverte
intéressante.
La statue de sainte Cécile, à la cathédrale du Mans a été
gravée dès 1636, sur un dessin de l'auteur lui-même l Nous
donnons ci-contre une réduction de cette rarissime gravure,
oubliée jusqu'ici à la Bibliothèque du Mans, entre les pages
d'un exemplaire in-folio du Traité de V harmonie du Père
Mersenne (3).
(1) Henri Chardon. Le sépulcre de la Cathédrale du Mans, Le Mans,
Monnoyer, 1869, p. 30.
(2) Henri Chardon, Ibidem, p. 30.
(3) Bibl. du Mans. Sciences et Arts, n" 443S. — Le même recueil contient
des Messes à quatre voix de Pierre Colin et de Claude Goudimel, (155'2-
15G4), ahisi que huit Cantiques du XVI^ siècle à la Sainte Vierge.
c
G
<
>.
E
6
— :î51 —
La gravure, de 0'" 22 1/2 sur 0'" 18, est signée : « C. Hoijau
Inven. — A. Trippier fecit. » A quelques différences près,
elle représente la statue de sainte Cécile telle que nous
l'avons décrite, mais ornée de ses bijoux, une parure en
perles. Au-dessus de la tète de la sainte, l'artiste à dessiné
la croix émaillée, avec l'invocation Scinda Cxcilia ora pro
nobis, qui, aux termes de la fondation du chanoine Le Rouge,
devait être donnée en prix au lauréat du concours. Près de
l'orgue, un ange debout tient un livre de chant qu'il pré-
sente à sainte Cécile. A gauche, un deuxième ange l'accom-
pagne avec une guitare; à droite deux autres anges, avec un
violon et une harpe. Dans les angles supérieurs, les armes
de France et de l'Église du Mans. Sur le socle de l'orgue,
celles de Bernardin Le Rouge, et, plus bas, les mots Eccl.
Cenom.
Cette gravure, si curieuse pour l'art local, forme l'en-tête
d'une lettre imprimée en placard, in-folio, et adressée le 5
septembre 1637 par le maître de Psallette de la cathédrale
du Mans, Louis Hunault, à ses confrères « Messieurs les
» Maistres de musique », pour les inviter à prendre part au
concours de la Sainte -Cécile. Un tel document complète
heureusement les recherches de nos prédécesseurs et permet
de mieux se rendre compte du mode d'organisation du
concours : il mérite, après 259 ans, les honneurs de la réim-
pression :
A Messieurs les Maistres de Musique.
Messieurs,
Si ceux d'entre vous qui ont receu des grâces spéciales
pour exceller en la Musique, ont dessein, selon qu'il se
pratique tous les ans en plusieurs villes célèbres de ce
Royaume, de rendre tesmoignage de leur industrie et leur
dévotion envers Madame Saincte Cœcile Vierge et Martyre
— 352 —
Patronne des Musiciens dont la Feste doibt estre solemnelle-
ment célébrée en l'église du Mans. On les convie par la
présente, d'employer quelques heures de leurs honnestes
loisirs à la composition d'un Mottet à cinq parties du tiers
mode de Glaudin le jeune à l'honneur de ladite Saincte sur
le sujet cy dessoubs escripl : et l'envoyer, ensemble la par-
tition au net avec leur devise en pacquet clos et scellé en
cette ville à quelque ami de fiance, qui seurement le délivre
es mains de Monsieur le Rouge Chanoine dans l'huictième
jour dudit mois, pour estre iceluy Mottet, avec tous les
autres qui d'ailleurs seront envoyez à mesme fin, exacte-
ment veuz et concertez dans la Psallette à la Feste de Sainct
Martin ensuivant : Et ce en présence de Messieurs les Com-
missaires et experts à ce députez, qui y procéderont fort
légalement : Et comme depuis l'institution de la Feste en
ladite Eglise, tenue pour l'une des plus anciennes de France,
ayant esté fondée par Monsieur Sainct Julian, contemporain
des Apostres, on y a tousjours gardé la justice, avec toutes
sortes de circomspections nécessaires : Lesdits sieurs en
adjugeront les prix au seul mérite, sans qu'aucun sçache les
noms et qualitez des autres Autheurs sinon seulement celuy
qui sera commis à faire l'ouverture des pacquets : Auquel la
Religion du secret est inviolablement recommandée. Je croy
qu'estes assez advertits de travailler selon les reigles, et ne
vous émanciper point à des licences contraires à l'art, et
condamnées par tous les bons Maistres. Faites s'il vous plaist
vos diligences dans ledit huictièmc Novembre, passé quel
jour on ne recevra plus de compositions pour cette année.
Ledit Mottet sera solemnellement chanté en chœur à l'offer-
toire de la Messe : et par après transcript dans les Livres de
l'Eglise pour mémoire à la postérité, et à la louange du
Compositeur, qui en outre selon l'intention du Fondateur en
recevra comme un remerciement honoraire, par les mains
du Maistre de Psallette d'icelle Eglise, une petitte Croix d'or
esmaillée à peu près semblable à la figure cy-dessus impri-
— :]^'A —
mée. Si en la présente occasion ou en autre, je vous puis
rendre quelque service, je m'y employray de bon cœur,
comme estant,
Messieurs,
Vostre bien humble et affectionné serviteur Louis
HuNAULT, Prestre indigne, Maistre de Musique
en l'Eglise du Mans.
Au Mans, ce 5
Septembre, 1637,
[A.U bas, à gauche :]
0 Beata Csecilia, quse fada es sponsa Chrisli, accipe coro-
nam de manu ejus purpuream, coronam gloriœ et Ixtitiœ :
venite coronemus eam coronis multis. Venite et videte ^ipon-
sam Cœlestis régis, redimitam rosis, violis, liliis, et floribics
virtutum. Venite laiidenius Virginem et celehremus Marty-
rem in jubilo, in voce et cantu, cum cythara et organo.
Alleluya.
[A droite :]
MUSICIENS QUI ONT EMPORTÉ LE PRIX
au Mans, es années précédentes.
M. Blondin, Maistre de Musique en la Saincte Chappelle de Paris, en
l'an 1033.
M. Joliet, Maistre de Musique en l'église de Chartre, en l'an 1634.
M. Mathou demeurant à Paris, en l'an 1635.
M. Candale, Maistre de Musique en l'Eglise de Tours, en l'an 1630.
Un détail surtout est à remarquer dans cette lettre de
M. Louis Hunault. C'est l'extrême souci d'impartialité qui
préoccupe les organisateurs du concours et leur dicte
« toutes sortes de circomspections nécessaires. » Jusqu'ici,
XL 23
- 354 —
croyons-nous, les sages précautions prises pour garantir
l'indépendance absolue du jugement des commissaires
n'avaient pas encore été mises en relief avec autant de
précision.
Nous n'avons pas à refaire, pour les époques postérieures,
l'historique du concours de la Sainte-Cécile qui se maintient
sans interruption à la cathédrale du Mans pendant un siècle,
et y reparaît momentanément en 1783 et 1784, sous l'in-
fluence du célèbre Lesueur (1). Mais nous pouvons ajouter
que la Sainte-Cécile, célébrée plus tôt à la collégiale de
Saint-Pierre-la-Cour, s'y révèle aussi sous sa forme primitive
jusqu'à la dernière heure. En 1785 et 1786, le chapitre
accorde toujours une subvention spéciale aux « psalteurs »
à raison de la tète de sainte Cécile, et même il y ajoute une
gratification importante pour c< le serpent » (2). De tout
temps, il est vrai, « Messieurs de Saint-Pierre » s'étaient
piqués d'aimer la musique, de favoriser les artistes et de
rivaliser en cela comme en tout avec leurs confrères de
Saint-Julien.
En terminant ces quelques notes, modeste bouquet de
fête à l'occasion de la Sainte-Cécile de 189(3^ nous devons
(i) Au sujet de la Sainte Cécile en 1784, Michel Boyer écrit dans sa
Notice biographique musicale et littéraire sur François Marc, p. 9. :
« J'étais arrivé au Mans la veille de la fête de Sainte Cécile (1784), tout à
» propos pour assister et prendre part à la répétition de la bonne musique
» que Marc faisait exécuter ce jour-là. C'était alors une grande solennité
» pour la musique du Mans. Je vois encore le nombreux orchestre qui
» remplissait le chœur magnifique de notre cathédrale et le grand aigle
» du pupitre d'où pendait la brillante croix d"or qu'avait obtenue cet adrni-
» rable Quem ad moduni couronné au coucours et redemandé chaque
B année. »
(2) Registres des Délibérations capittdaires de Saint-Pierre-la Cour.
Arch. de la Sarthe, G. 512 et 513. Le but de la gratification est spécifié de
la manière suivante en 1682 : « A M« Louis Lebatteux, nostre maître de
» Psallette la somme de six livres que nous luy donnons pour avoir fait
» chanter la musique à la feste de Sainte Cécille, laquelle somme nous
» ordonnons estre distribuée à tous nos vicaires » G. 495.
— 355 —
constater que les Manceaux du XIX" siècle ont fait mieux
encore que leurs aïeux pour la gloire de sainte Cécile.
Ils ont placé sous son patronage de nombreuses et vail-
lantes sociétés musicales, évoqué sa poétique image par des
œuvres intéressantes dans leurs expositions artistiques (1)
et rappelé plusieurs foissonsouvenir dans la presse locale (2).
Enfin, sous des formes diverses, ils lui ont rendu à Solesmes
et à la cathédrale du Mans de pieux hommages.
A Solesmes, le Pi™^ P. dom Guéranger, en écrivant son
grand ouvr; ge sur Sainte Cécile ei la Société romaine aux
deux premiers siècles a élevé à la fille des Cœcilii un monu-
(1) Dès 1836, lors de la première exposition des Beaux-Arts au Mans,
M.Henri de La Gondie exposait une Sainte Cécile, d'après le Doininiquiji.
A l'exposition rétrospective de 1880 figuraient deux remarquables tableaux
de la même sainte, appartenant à des amateurs manceaux : une Sainte
Cécile sur bois, de l'Ecole Italienne du XV« siècle (à M. D. Gaumé) et une
Sainte Cécile de l'Ecole Espagnole (à M. Thorel). En 1886, la statue de
Hoyau était fort admirée à l'exposition organisée par M. Iléry. En 1890,
M. Matignon, l'un de nos meilleurs peintres de la Sarthe, envoyait une
Sainte Cécile au Salon des Champs-Elysées, etc., etc. Prochainement nous
nous réservons de faire connaître une autre œuvre consacrée dans la
Sarthe à sainte Cécile, œnvre d'une délicatesse charmante
(2) En dehors des nombreux comptes-rendus annuels de la Sainte Cécile,
nous citerons une gracieuse poésie d'Hector de Saint-Maur, publiée dans
le Journal de Chàteau-du-Loir et la Chronique de l'Ouest du 27 novembre
1861, à l'occasion de la bénédiction d'une cloche à Sainte-Cécile-sur-Loir :
Ecoutez nous,
Sainte Cécile
Priez pour nous
O Sœur des anges
Élevez à Dieu nos louanges.
Défendez-nous de son courroux,
0 sœur des anges.
Priez pour nous !
D'autre part, le Progrès, du 13 juillet 186i réclamait instamment le
rétablissement du concours de la Sainte Cécile, dans un article consacré
à la notice de M. Anjubault, et la Semaine du Fidèle du 21 novembre 1885
publiait quelques pages intéressantes sur Sainte Cécile et l'art chrétien.
356
ment scientifique et artistique qui l'a fait connaître et aimer
davantage dans le monde catholique tout entier. Il lui a
élevé en outre un sanctuaire déjà célèbre dans cette « noble
et gracieus3 » église de Sainte-Cécile de Solesmes où l'on
admire avec tant d'intérêt les excellentes reproductions des
deux plus belles statues de la Sainte : la Sainte Cécile mou-
rante, par Maderno, et la Sainte Cécile du jubé d'Albi.
A la cathédrale du Mans, on a replacé l'une des chapelles
du chœur sous le vocable de sainte Cécile et célébré sa fête
à plusieurs reprises par de grandes solennités musicales,
pendant qu'une heureuse coïncidence faisait donner, après
celui de Julien, le nom de Cécile à ce colossal bourdon dont
la voix puissante remue toujours la population mancelle et
la ramène souvent encore, en masses imposantes, aux pieds
du Dieu pour lequel Cécile a versé son sang.
Robert TRIGER.
CHRONIQUE
Depuis la publication de la dernière livraison, le Conseil
de la Société a admis, comme membre associé :
M. DE Là THÉARDIÈRE (Louis), au château de La Tou-
chasse, par Château-Gontier (Mayenne).
Le vendredi 13 novembre, la Société a eu l'honneur de
recevoir à la Maison dite de la reine Bérengère, M. le comte
de Marsy, directeur de la Société française d'Archéologie,
et a tenu à cette occasion une séance générale dont nous
publierons le compte-rendu dans la prochaine livraison de
la Revue.
L'ordre du jour était ainsi fixé :
i« Allocution du Président,
2» Discours de M. le comte de Marsy.
3° Entretien sur la station j^réhistorique de Juigné-sur-
Sarthe, avec présentation d'échantillons, par M. le Docteur
Dufossé.
4° Lincendie de V Hôtel-de- Ville du Mans en 1720, par
M. Robert Triger.
Une découverte intéressante de peintures murales vient
d'être faite à la cathédrale du Mans.
358
En commençant dans la dernière semaine d'octobre ,
grâce à la généreuse initiative de l'archiprêtre, M. le cha-
noine Chanson, des essais de nettoyage des murs de la nef,
on a dégagé sous le badigeon, au-dessus et autour de la
grande porte de la place du Château, un ange et plusieurs
tètes d'un dessin très pur et d'une grande délicatesse
d'expression.
Les travaux se poursuivent en ce moment et amèneront
peut-être le dégagement de nouveaux h^agments, bien qu'il
n'y ait guère d'espoir de retrouver intactes les scènes prin-
cipales.
Ces peintures devaient faire partie en effet d'un Jugement
dernier que les Protestants détériorèrent avec une fureur
aveugle, en 1562, ainsi que nous l'apprennent expressément
plusieurs documents de l'époque.
Dans le Procès-verhal du pillage de l'Église, publié par le
R.-P. Dom Piolin, Histoire de VÉglise du Mans, tome V,
p. 706, on lit déjà ce passage trop clair : « Aussy ont montré
» plusieurs images d'ung Jugetnent général paint et figuré
» sur et aux costés dudit portail par le dedans de laditte
» église, qui aparaissent difformes, effacez et cassez à coup
» de pic ou autrement, notamment aux faces et visaiges. »
Les Plaintes et doléances du Chapitre, restées jusqu'ici
manuscrites, sont plus explicites encore: « Item, lesdits
» Bouju, de Veignolles, leurs complices et alliez avaient,
y> avec bastons invasibles, piccoté et esgratigné le visaige de
» la Représentation Notre Seigneur Jésus-Christ, biffé et
)) rompu dix visaiges d'aultres représentations faisant partye
» des images d'un Jugement en platte paincture et à huille
/) qui estoit au-dedans de la principalle porte de ladicte
» église, et en ce faict dommaige de soixante solz tournois ».
Il n'est pas plus permis dès lors de se faire illusion.
L'œuvre déplorable de destruction a été systématiquement
commencée avant même que le badigeon ne soit venu
l'achever, et les nombreuses peintures qui décoraient la
- ;359 —
cathédrale n'ont pas plus trouvé grâce devant le vandalisme
huguenot que les merveilleuses sculptures du Jubé. Seule,
la lecture attentive des Plaintes et Doléances du Chapitre
peut donner l'idée des trésors artistiques que contenait jadis
la cathédrale du Mans, et des pertes irréparables causées
aux arts comme à la foi par la cupidité et la haine des
sectaires de 1562.
A défaut des tableaux d'ensemble, les détails sont intéres-
sants. Aussi doit-on se féliciter des découvertes qu'on vient
de faire et qui demandent à être suivies avec une grande
attention. Non seulement elles feront mieux connaître l'an-
cienne décoration murale de la cathédrale du Mans, mais
elles seront curieuses à comparer avec les magnifiques pein-
tures des voûtes de la chapelle du Chevet, exécutées sous
l'épiscopat de Gontier de Bagneaux (1367-1385).
Ces peintures découvertes en 1842 par M. Delarue, ont
été successivement l'objet de savants articles de MM. d'Es-
paulart, l'abbé Voisin et Henri Laffilée. Au point de vue
artistique, elles ont été très consciencieusement étudiées par
un peintre bien connu, M. Eugène Chatel. Nous pos.sédons,
en outre d'excellentes photographies de l'aquarelle de
M. Chatel, aujourd'hui au musée du Mans, les études mêmes
faites sur place par l'artiste, à l'époque de la découverte.
Nous nous proposons de les publier un jour dans cette
Revue, en même temps que les fragments retrouvés cette
semaine dans la nef, afin de faciliter la comparaison entre
les deux décorations.
Ajoutons aussi qu'on vient de constater des traces de
peintures sur plusieurs chapiteaux de la nef. Sous le badi-
geon se retrouvent des couleurs (rouge, jaune et noir) dont
les combinaisons devaient faire ressortir avec plus de vi-
gueur les détails de la sculpture.
Nous reviendrons plus tard, s'il y a lieu, sur ces différen-
tes découvertes. R- T.
— 360 —
Nous sommes heureux d'annoncer que dès maintenant
M. Goupil, éditeur à Laval, a terminé la réimpression de
deux rarissimes plaquettes : Lettre du Solit tire Philalite à
un de ses amis touchant le livre de l'Invasion de la tulle du
Mans par les Religionnaires en i56^2, et Philalite confondu,
ou le Faux ami de la Vérité. Cette dernière surtout, qui
forme un très élégant volume petit in-4'', de 156 pages, sur
papier vergé, était devenue depuis longtemps introuvable.
Grâce à l'intelligente initiative de M. A. Goupil, les biblio-
philes manceaux ont désormais en mains tous les éléments
de la célèbre polémique entre l'avocat Blondeau et le curé
de Moulins, l'une des plus piquantes de l'histoire du Mans
au XVIP siècle.
M, A. Goupil nous offre en même temps une nouvelle
édition, très soignée, en deux volumes in-8, des Lettres sur
la Chouannerie par J. Duchemin des Cepeaux. Cet ouvrage
est connu depuis longtemps comme l'un des plus impor-
tants pour l'étude de la Chouannerie. L'édition de M. Goupil,
augmentée d'une excellente table des noms de personnes et
de lieux, et enrichie de cinq portraits très curieux, sera
donc accueillie avec faveur : elle deviendra, on peut le dire,
indispensable à tous les travailleurs.
Nous avons en outre à signaler la publication: par M.
l'abbé Chambois, du tome III de Vhiventaire des Minutes
des notaires du Mans, d'après les notes de M. l'abbé G.
Esnault, (Le Mans, Leguicheux, in-8"), et de VObituaire des
Ursulines du Mans, 1621 à 1790, (Laval, Goupil, 1896) ; par
M. René Gadbin, de Quelques Notes stir rhisioire de Vim-
primerie à Château-Gontier aux XVI 11^ et XIX^ siècles
(Laval, Goupil, 1896) ; et par M. Moulard, de recherches
historiques sur le Fief et seigneurie de Malejfre en Arçonnay,
(Le Mans, Monnoyer, 1896, in-8).
_ 3(il _
Nous n'avons pas à répéter ce que nous écrivions récem-
ment sur l'intérêt des anciennes minutes des notaires du
Mans. Un grand nombre de familles y rencontrent des ren-
seignements utiles, et l'œuvre dans son ensemble formera
un recueil de documents inédits pour l'histoire de la société
mancelle aux XVII« et XVIIIc siècles. On ne peut donc
qu'encourager l'éditeur, M. l'abbé Chambois, à la mener à
bonne fin et à la compléter par une table détaillée des
noms de personnes.
Dans les recherches de M. Moulard sur le Fief et seigneurie
de Maleffre, on trouvera une analyse du Chartrier de
Malefïre jusqu'ici inexploré et mis à la disposition de
l'auteur, avec une bonne grâce parfaite, par M. Léon
Hommey, d'Alencon ; puis une notice biographique sur le
général de Boisdeffre, chef d'État-Major de l'armée. La
famille de Boisdeffre appartient au Maine par de nombreux
liens, et M. Moulard a été heureusement inspiré en reven-
diquant pour notre pays l'éminent général, si justement
apprécié par la France et la Russie.
R. T.
La Commission historique et archéologique de la Mayenne
se propose de publier très prochainement un grand ouvrage
intitulé : Glossaire des Patois du Bas-Maine, que l'auteur,
M. Georges Dottin, s'efforce, par ses longues et conscien-
cieuses recherches, de rendre aussi complet que possible.
Elle a fait dans ce but un appel pressant aux érudits « qui
auraient noté ou qui voudraient bien noter les mots dignes
d'être signalés » et elle a attiré principalement l'attention
de ses correspondants « sur les mots patois ayant rapport à
l'agriculture et aux divers métiers ».
La Société historique et archéologique du Maine s'est
— 3G2 — ■
empressée de répondre à l'appel en communiquant à
M. Georges Dottin, par l'intermédiaire du très distingué
président de la Commission, M. Emile Moreau , divers
documents extraits de ses archives.
«
JouÉ-DU-Bois : Paroisse, Fiefs, Commune, du XV" siècle
A LA FIN DU XVIIIo SIÈCLE, par M. l'abbé G. Macé, curé-
doyen d'Athis, Alençon, Renault - De Broise, 1895, in-S»
de 228 pages.
La commune de Joué-du-Bois est située dans le canton de
Carrouges (Orne), sur la ligne de faîte des collines de Nor-
mandie. L'ouvrage de M. l'abbé Macé ne rentre pas dès lors
directement dans notre bibliographie locale, et cependant
dans le Maine comme en Normandie on la lira avec un réel
profit. Consciencieusement étudié d'après de nombreux
documents, ce travail apporte à notre histoire régionale
plusieurs épisodes instructifs.
Le procès, au sujet du droit de patronage, entre le seigneur
de Basmont et l'évêque de Séez, les mésaventures lamen-
tables du syndic Jean Gautier, sont particulièrement caracté-
ristiques : ce sont des traits de mœurs, d'un intérêt général,
qui font mieux connaître l'ancienne société. M. l'abbé Macé
a mis en relief avec un soin extrême les différents rouages
de l'administration civile, avant 1789, dans une paroisse
rurale. Par là même il a su donner à sa monographie une
ampleur inattendue et en faire un chapitre fort intéressant
de l'histoire des deux derniers siècles : il serait à désirer que
cet excellent exemple fut plus souvent suivi. Pi. T.
- 3(33 —
Da Programme du Congrès des Sociétés savantes pour
1891, nous extrayons les questions suivantes :
Dans la Section d'histoire et de philologie :
Déterminer les systèmes suivis dans les différentes pro-
vinces pour le changement du millésime de l'année de
l'incarnation ; s'attacher à l'examen des séries d'actes éma-
nés d'une même chancellerie ou d'une même juridiction. In-
diquer autant que possible l'époque à laquelle chaque usage
a disparu.
Signaler, dans les archives et bibliothèques, les pièces
manuscrites ou les imprimés rares qui contiennent des
textes inédits ou peu connus de chartes de communes ou de
coutumes.
Faire connaître les divertissements publics ayant un ca-
ractère de périodicité régulière et se rattachant à des cou-
tumes anciennes, religieuses ou profanes; rechercher de
préférence ceux qui sont particuliers à une région, et indi-
quer quelles différences ou quelles analogies ils présentent
avec les jeux ayant existé ou subsistant encore dans d'autres
parties de la France.
Recueillir les renseignements qui peuvent jeter de la lu-
mière sur l'état du théâtre et sur la vie des comédiens en
province depuis la Renaissance.
Établir comment se faisait le transport des correspon-
dances avant le règne de Louis XIV et comment les nou-
velles politiques et autres, de la France et de l'étranger, se
répandaient dans les différentes parties du royaume, du
XVe au XVIII« siècle.
Dans la Section d'archéologie du moyen âge :
Signaler, par département, les sources ou les fontaines
qui ont été au moyen âge ou sont encore de nos jours un
— 8(34 —
objet de dévotiou ou un lieu de pèlerinage. Indiquer le saint
sous le vocable duquel elles sont placées, les jours et les
cérémonies du culte qui s'y pratique, etc. Examiner si ces
coutumes pieuses ne sont pas des survivances antiques.
Dresser la liste, avec plans et dessins à l'appui, des édi-
fices chrétiens et des monuments sculptés d'une province
ou d'un département réputés antérieurs à l'an 1000.
Signaler, dans chaque région de la France, les centres de
fabrication de l'orfèvrerie pendant le moyen âge. Indiquer
les caractères et tout spécialement les marques et poinçons
qui permettent d'en distinguer les produit'^'.
Dresser, pour un département, un arrondissement ou un
canton, la liste des objets intéressant l'histoire ou l'archéo-
logie qu'il conviendrait de mettre sous la sauvegarde de la
loi du 30 mars 1887.
TABLE DES MATIÈRES
DU QUARANTIEME VOLUME
Pages.
Généalogie de la Maison de Clermont-Galle-
rande, par M. Léon Maiiet, bibliothécaire au
palais du Sénat 5, 161
Le tombeau de Jean de Chanlay, évêque du
Mans, à l'abbaye de Preuilly, par M. Jules*
Chappée 50
L'instruction primaire au XVIIP siècle dans
les anciennes paroisses de la circonscription
d'inspection primaire de Sillé-le-Guillaume,
Sarthe. — Cantons de Ballon et de Beaumont-
sur-Sarthe, par M. Robert, inspecteur pri-
maire 64, 191
Confrérie des prêtres du doyenné de Beaumont,
érigée en l'église paroissiale de Vivoin, sous
le patronage de la sainte Vierge, par M. l'abbé
L.-J. Denis 113, 274
La paroisse de La Suze au XV^ siècle, d'après
les comptes de fabrique, par M. l'abbé Louis
Froger 146
Hildebert de Lavardin, évêque du Mans, arche-
vêque de Tours (1056-1139), par M. A.
Dieudonné 225
- 36(i —
La paroisse de Lombron, de ii50 à 1789,
d'après les comptes de fabrique, par M. l'abbé
Louis Froger 257
L'abbaye de Champagne, état actuel, par
M. Jules Chappée 266
Bibliographie du Maine, pour 1895, par M.
Louis Brière 321
Une statue de sainte Cécile à la cathédrale du
Mans, par M. Robert Triger 344.
CHRONIQUES ET BIBLIOGRAPHIES
Admission de nouveaux membres 107,218,357
Nécrologies : M"»e Perron, M. Caillaux. . . . 107,218
Dégagement de la Maison dite de la Reine Bé-
rengère 409
Une intéressante découverte de paléographie
musicale 109
A propos de la tête en marbre de la collection
Singher 111
Notice sur le R. P. Dom Piolin (2e édition), par
M. A. Celier 112
Domaine privé de la Commune, par M. Roger
Graffin 112
Subvention du Conseil général 218
Les auteurs des Gesta Aldrici et des A du s
episcopormn Cenomanensium, d'après M.
l'abbé Duchesne 220
Histoire d'Écommoy, par M. A. Renard . . 222
La Conjuration de Cinq-Mars, par M"" Basserie. 223
En Congé, par M. Marins Sepet 224
Séance générale du 13 novembre 1896. . . 357
Découverte de peintures murales à la cathé-
drale du Mans 357
Plaquettes réimprimées par M. Goupil. . . 300
— 3G7 —
Lettres sur la Chouannerie, par M. Duchemin
des Cepeaux 360
Inventaire des Minutes des notaires, d'après les
notes de M. l'abbé Esnault 360
Fief et seigneurie de Maleffre en Arçonnay, par
M. Moulard 360
Glossaire des Patois du Bas-Maine, par M. G.
Dottin 361
Joué-du-Bois, du XV^ siècle à la fin du 7i Ville
siècle, par M. l'abbé G. Macé 362
Programme du Gongrès des Sociétés savantes
à la Sorbonne en 1897 363
PLANCHES ET VIGNETTES
Tombeau de Jean de Chanlay, évêque du Mans,
à l'abbaye de Preuiily 53
Marque de l'artiste qui exécuta l'épitaphe de
Jean de Ghanlay 55
Plaques de gants 56
Grosse émaillée 59
Abbaye de Preuiily. — Plan de la salle du cha-
pitre et des tombes 61
Abbaye de Champagne, porte d'entrée. . . 267
— Abbaye de Champagne en 1842. . . 267
— Coupe des bâtiments 269
— Plan cadastral 270
— Plan général 271
— Croix du pignon 272
— Modillon 273
Notre-Dame de Vivoin 275
Sainte Cécile, statue de la cathédrale du
Mans 345
Sainte Cécile, gravure ancienne 351
— 3H8
NOMS d'auteurs
Mi\I.
MM.
G'e de Bastard.
107,218
L. Froger.
146, 257
L. Brière.
321
L. Marlet.
5, 161
J. Chappée.
50, 266
Robert.
64, 191
L. Denis.
113, 274
R. Triger.
111, 223, 344, 361
A. Dieudonné.
225
MAMERS.
TYP. G. FLEURY ET A. DANGIN.
1896.
GETTY CEN
ER LIBRARY
3 3125 00697 4592