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Full text of "Revue homoeopathique Belge 15.1888-89 - 16.1889-90"

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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


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TABLE DES MATIÈRES 

^ i 


Aconitnm. — Péritonite puerpérale, 
176, 178. — Indispositions 
cholériformes, 194. — Con¬ 
jonctivite vernaie, 284. — 
Pneumonie catarrhale chez 
les enfants, 287. 

Actea. — Troubles dentaires, 152. 

Agartcus. — Pertes séminales, 87. 

Allopathie (Les larcins de 1*), 31, 62, 
127,158, 351. 

Ammonium mur.. — Gastrite chro¬ 
nique, 44. 

Angine diphthéritique (Deux cas d’), 8. 

Angine glanduleuse, 168. 

Angine herpétique, 304. 

Angine pultacée, 304. 

(ntânontum crud.. — Gastrite chro¬ 
nique, 18. 

Antipyrèse dans les maladies infec¬ 
tieuses (L f ), 259. 

Antithermiquei (Encore les), 1. 

Apis mcU.. — Angine diphthéritique, 
9,10. — Troubles dentaires, 
123. — Erythème de l'oreille, 
286. — Angine pultacée, 304. 
— Paralysie, 317.— Rhuma¬ 
tisme, 351. 

Argentum nitr.. —Gastrite chronique, 
18. — Gastralgie, 172. — 
Conjonctivite vernaie, 284. 

Arnica . —Troubles dentaires, 152. 

Arnulphy (D* 1 ), 113. 

Arsenicum. — Gastrite chronique, 19. 
— Eczéma, 83. — Néphrite 
parenchymateuse, 108, 109, 
110, 112. — Sciatique, 114, 
115. — Angine glanduleuse, 
169. - (Esophagite, 170. — 
Gastralgie, 172. — Indiges¬ 
tion, 173. — Sciatique, 197. 
— Psoriasis, 218. — Con¬ 
jonctivite vernaie, 285. — 
Rougeole, 304. — Vomisse¬ 
ments nerveux, 365. 

Association centrale des homœopathes 
belges, 5, 97,193, 298. 

Aurum fol.. —Angine diphthéritique, 
12. — Maladie de Basedow, 
365. 


Aurum mur.. — Néphrite parenchy¬ 
mateuse, 109, 110,112. 

Babcock (D r ), 287. 

Bacille (De la propagation du bacille 
delà tuberculose), 58. 

Badiaga. — Maladie de Basedow, 
364. 

Baryta carb ..— Maladie de Basedow, 
364. 

Baryta mur..—Maladie de Basedow, 

364. 

Basedow (La maladie de), 362. 

Bclladona. — Gastrite chronique, 20. 
— Néphrite parenchyma¬ 
teuse, 111. — Troubles den¬ 
taires, 123. — Angine glan¬ 
duleuse, 168. — Gastralgie, 
172. — Migraine, 188. — 
Epilepsie, 198. — Paralysie, 
315. — Maladie de Basedow, 
364. 

Bibliographie. — Traité des maladies 
de l'enfance, par le D* Marc 
Jousset, 63. — Assainisse¬ 
ment de la ville de Cannes, 
par le D r Gruzu, 219. — 
Description et emploi théra¬ 
peutique des douze médica¬ 
ments biochimiques du D r 
Schüssler, par le professeur 
Orth, 256. 

Bismuthum nitr. , — Gastrite chro¬ 
nique, 20. 

Blackley(Dr), 155. 

Blake Edw., (D* 1 ), 116,150,157,158. 

Boccock (D*y, 315. 

Boericke(D r ), 22, 145. 

Bord de la mer (Le), 33, 65,225, 295, 
321, 353. 

Bromum. — Maladie de Basedow, 
364. 

Browne (D 1 *), 288. 

Bryonia. — Gastrite chronique, 2Q.— 
Sciatique, 114. — Troubles 
dentaires, 152.— Pneumonie 
catarrhale chez les enfante., 
287. — Rougeole, 304. -- 
Lumbago, 368» 


201845 

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Cactus grandi/. . — Maladie de Base- 
dow, 364. 

Calcarea carb .. — Gastrite chronique, 
21. — Eczéma, 84, 285.— 
Coliques hépatiques, 143. — 
Malad.e de Basedow, 364. 

Calcareaphorph.s 22. — Ec.éma, 84. 

Calcarea sulph , 145. 

Calendula .— Troubles dentaires, 152. 

Calomel. — Troubles dentaires, 121. 

< ’amphora . — Indispositions choléri¬ 
formes, 194. 

Cannes (Assainissement de la ville de), 
219. 

Canthari8. —Néphrite parenchyma¬ 
teuse, 110. — lEsophagite, 
170. — Œsophagisme, 171. 
— Indispositions cholérifor¬ 
mes, 195. 

Carbo vegetabilis. — Gastrite chro¬ 
nique, 21. — Troubles den¬ 
taires, 152. — Angine glan¬ 
duleuse, 169. — Indigestion, 
173. 

Cardans inar.. — Gastrite chronique, 

Cataracte (La), 252. 

Causticnm. — Para’ysie, 317. — 
Lumbago, 368. 

Cedron. — Paralysie, 316. 

Centenaires (I^es centenaires de 1886), 
128. 

Céphalalgie, 287. 

Chamoinilla. — Troubles dentaires, 
121. — Gastralgie, 172. 

Changement de remède (Le;, 97. 

Chauvet (D r ;, 362. 

Chelidonium maj.. —Gastrite chro¬ 
nique, 38. 

Chevalier (1)«% 13, 38, 77, 174,212, 
246. 

China. — Gastrite chronique, 39. — 
Troubles dentaires. 152. 

Chirurgie (Ledossier de la), 342. 

Chlorure de sodium. — Collapsus 
cardiaque, 127. 

Cina. — Gastrite chronique, 44. 

(.innaber .— Troubles dentaires, 152. 

Cocculus. —Gastrite chronique, 44. 
Troubles dentaires, 120. — 
Œsophagite, 171. 

Cœur ( Glonoine dans les affections 
du), 182. * * 

CoJocynthis. - Sciatique, 116. 

Congrès international d’homœopathie, 
375. 

Conjunctiviti8 vernalis, 28l. 


('onium mue.. — Eczéma, 84. 

Cooper (D r ), 154, 156. 

Critiques (L’homœopathie et ses), 137» 

Criquelion (1)»*), 97, 108, 276. 

Cronin (Dr), 155. 

('rotai a s horr.. — Hémophilie, 90. 

Cumul de la médecine et de la phar- 
cie (Du), 97. 

Cuprum. — Epilepsie, 198. 

Cuprum açet.. — Néphrite parenchy¬ 
mateuse, 111. 

Cure de mer (La), 33, 65, 225, 295 1 
321,353. 

Découverte (Une découverte allopa¬ 
thique), 190. 

de H... (D r ;, 45. 

De Mulder (D r ), 289. 

Dents (Troubles dentaires directs et 
réflexes), 116,150. 

De Ridder (D r ), 193. 

DeweyfD**), 22, 145. 

Diphthérie, 288. 

Dobbelaere (Dr), 220. 

Dosimétrie (L’honueopathie n’est pas 
la), 45. 

Dossier de la chirurgie (Le), 342. 

Dudgeon (D r ), 155. 

Duncan (D r ), 198. 

Dyspepsies (Du régime dans les), 367. 

Eczéma, 82,285. 

Enfance (Traitement des maladies de 1’) 
63. 

Enfants (Comment il faut examiner 
les), 198. 

Epithéliome du larynx, 158. 

Erythème de l’oreille, 285. 

Euphrasia. — Conjonctivite vernale, 
285. 

Farrington (D p ), 188. 

Ferrum .— Troubles dentaires, 119. 
— Maladie de Basedow, 364. 
— Vomissements nerveux, 
367. 

Ferrum acet.. — Gastrite chroni¬ 
que, 44. 

Freschi (Dr), 174. 

Gaddes(D r ), 156. 

Gastralgie, 171. 

Gastrite chronique, 13, 38. 

Gaudy (Dr), 98. 197, 290,304. 


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Gelseminton. — Angine diphthéri- 
tique, 12. — Sciatique, 114. 
— Troub’es dentaires, 119, 
156. — Diplopie, 277.— In¬ 
continence d’urine, 277. 

Gisevius (D r ), 13, 38. 

Glonoine , 31. — Aftèctious du cœur, 
182. 

Goldabrough (D p ), 155. 

Gramm (D r ), 285. 

Graphites.— Eczéma, 84. — Pso¬ 
riasis, 217. — Maladie de 
Basedow, 364. — Vomisse¬ 
ments nerveux, 365. 

Gregory(D r ), 90. 

Gmzu (D r ), 219. 


Haie (DO. 162, 278. 

Hamamelis virg.. — Hémorrhagies, 
127. — Hémorrhoïdes, 127. 

Hémophilie (Un casd’), 90. 

Hepar suif..— Angine diphthéritique, 
9, 10, 12. — Eczéma, 84, 
285. — Troubles dentaires, 
153. — Augine glanduleuse, 
169. — Psoriasis. 218. 

Hughes (D r ), 156. 

Ifydrastis eau .. — Gastrite chronique, 
44. —• Myomes utérins, 62. 

Hygiène (Conseil d’hygiène et de salu¬ 
brité de la Seine , 95. 

fjyosciamus . — Tremblements ner¬ 
veux, 278. 

Ignatia . — Gastrite chronique, 44. 

— Troubles dentaires, 152. 
— Œsophagisrae, 171. — 
Gastralgie, 172. 

Indigestion, 173. 

Indispositions cholériformes, 193. 

lodium. — Angine glanduleuse, 169. 

— Phtisie pulmonaire, 288 
— Maladie de Basedow, 361. 
— Vomissements nerveux, 
365. 

Ipecacuanha. — Gastrite chronique, 
44. — Indigestion, 173. — 
Vomissements nerveux. 364. 

I is versicolor. — Migraine, 189. 

Irrégularités de la cure de mer (Les), 
295. 


Jousset M. rD r ), 63. 

Jousset P. (DO, 53, 137, 168, 170, 
171, 173,364,367. 


'Kali bichr. . — Angine diphthéritique, 
12. — Néphrite parenchyma¬ 
teuse, 108. — Troubles den¬ 
taires, 152. 

K ali carb.. — Gastrite chronique, 45. 

Kreosot. — Paralysie, 318. — Vomis¬ 
sements n 2 rveux, 366. 

Liaccan.. —Diphthérie, 288. 

Lachesis. — (Esophagisnie, 171. — 
Paralysie, 316. 

Lambreghts, fils (D0, 22, 85,143,182, 
281,299, 315,337. 

Larcins (Les larcins de l’allopathie), 
31,62, 127, 153, 361. 

Leake(D0, 143. 

Li.*ue homéopathique belge, 98. 

Lilienthal (D p ), 362. 

Lycopodium. — Gastrite chronique, 
39. — Eczéma, 83 — Mala¬ 
die de Basedow, 3(34. 

L y copus virg.. — Maladie de Base¬ 
dow, 364. 

Lumbago (Traitement du), 368. 

Machlan (D0, 288, 

Maguétisme animal, 5. 

Malaxa, 337. 

Martiny (D0, 1, 5, 31,33, 58, 61, 62, 
64, 65, 97, 93, 127, 158, 195, 
198, 220, 225, 252, 257,295, 
299, 304 , 321, 342, 351,353. 

Médecins ( Les médec ns refroid is- 
seurs), 1. 

Melitotus. — Migraine, 189. 

Mer eu vins .— Eczéma, 82, 83. — 
Système nerveux, 85. — Cho¬ 
rée, 88. — Néphrite paren¬ 
chymateuse, 109..— Angine 
glanduleuse, 169. — Pso¬ 
riasis, 218. — Conjonctivite 
vernale, 285. 

Mercurius ant. suif.. — Eczéma, 82. 

Mercurius biiod.. — Eczéma, 82. 

Mercurius corr..— Eczéma, 82. — 
Pertes séminales, 87. — 
Tioubles dentaires, 118, 152. 

Mercurius cyan.. — Angine diphthé- 
ritique, 9,10, 12. — Angine 
pultacée, 304. 

Mercurius tlulc.. — Troubles dentai¬ 
res, 152. 

Mercurius iod.. — Eczéma, 82. 

Mercurius oxyd. rubtr. — Eczéma, 
82,84. 

Mercurius vie.. — Chorée, 90. 

Mezereum > Eczéma, 84. 


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Migraine (quelques médicaments de 
la), 188. 

Millefolium . — Phtisie pulmonaire, 
288. 

Morrhuol , 278. 

Mnriaie ci ammoniaque. — Pneumo¬ 
nie catarrhale chez les en¬ 
fants, 287. 

Myomes utérins, 62. 

Naja. - (Esophagite, 171.— (Eso- 
phagisme, 171. 

'Satrum mur.. —Gastrite chronique, 
40. — Maladie de Basedow, 
3o4. 

Nécrologie, 220, 289. 

Néphrite parenchymateuse, 108. 

Citrate a ample. — Maladie de Base¬ 
dow, 304. 

Norton 'D r ), 281. 

Notes cliniques, 113, 285. 

Nouvelles et variétés, 91,128,160,190. 

Nux vomica. — Gastrite chronique, 
40. — Troubles dentaires, 
152. — Angine glanduleuse, 
168.— Gastralgie, 171. — 
Indispositions cholériformes, 
194, 195.— Conjontivite ver- 
uale, 284. — Paralysie, 315, 
316, 318. — Vomissements 
nerveux, 365. — Lumbago, 
368. 

Observations de médecine pratique, 
276. 

(Esophagisme, 170. 

Œsopbagite, 170. 

Olcum crot.. — Eczéma, 84. 

Opium .— Gastralgie, 172. — Indi¬ 
gestion, 174. — Vomisse¬ 
ments nerveux, 366. 

Oreillons, 304. 

Orth (Prof r ), 250 

Pain de Soya (Le), 160. 

Paralysies (Traitement des), 315. 

Parole (Des troubles de la), 246. 

Péritonite puerpérale, 174. 

Pliosphoi'us. — Gastrite chronique, 
4L — Eczéma, 84. — Né¬ 
phrite parenchymateuse, 108, 
109, 110, 112. — (Esopha- 
gite, 170. — Conjonctivite 
vernale, 284. — Pneumonie 
catarrhale chez les enfants, 
287. — Oreillons, 304. — 
Maladie de Basedow, 364. 


Phtisie pulmonaire, 288. 

Plathia. — Gastralgie, 173. 

Plumbum. — Gastralgie, 172. — 
Vomissements nerveux, 366. 

Pneumonie catarrhale chez les enfants, 
287. 

Psoriasis, 216. 

Pulmtilla. — Gastrite chronique, 42. 
— Troubles dentaires, 120. 
— Indigestion, 173. — Péri¬ 
tonite puerpérale, 177. — 
Vomissements nerveux, 366. 

Purpura, 286. 

Répétiiion des doses (La), 97. 

Revue des journaux homéopathiques 
anglais, 116,150. — d'Amé¬ 
rique, 22, 85, 143, 182,281, 
315. — de France, 137, 168. 
362. 

Rhumatisme, 351. 

Rhus to.v.. — Eczéma, 83. — Sciati¬ 
que, 116. — Conjonctivite 
vernale, 

286. — 

304.— 

Roth (D r ), 154. 

Rougeole, 304. 

Buta. — Purpura, 286. 


Saccharine (La), 61. 

Salubrité (Conseil d’hygiène et de salu¬ 
brité de la Seine), 95. 

Sanguinaria. — Migraine, 188. 

Schepens (D r ), 8, 98, 137, 168, 304, 
362. 

Schüssler (Les remèdes de), 22, 145, 
256. 

Schwartz (D r ), 100. 

Sciatique (La), 113. 

Scorbut (Le), 225. 

Scrofulose (La), 77, 212. 

Sepia. — Gastrite chronique, 42. — 
Angine glanduleuse, 169 — 
Psoriasis, 217. — Conjonc¬ 
tivite vernale, 284.—Maladie 
de Basedow, 364. — Vomis¬ 
sements nerveux, 366. 

Seutin L. (D**), 69, 100, 129, 161, 197, 
204, 239,266, 305, 327, 369. 

Seutin (Ph"), 69, 100, 129, 161, 204, 
239, 266, 305, 327, 369. 

Sherman (D r ), 287. 

S il i ce a* — Eczéma, 84. — Maladie 
de Basedow, 364. 


zoo. — rurpura, 
Angine herpétique, 
Lumbago, 368. 


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Smith (Dr), 318. 

Salantes. — (Esop h âgisme, 171. 

Soya(Le pain de), 160. 

S pige lia. — Migraine, 189. 

Spongia. — Maladie de Basedow, 
364. 

Stannum. — Céphalalgie, 287. 

Stictapuhn.., 318. 

Stramon ium. — Pertes séminales, 87. 

—Tremblement nerveux,278. 

Strychnine . — Troubles dentaires. 
154, 156. 

Sublimé con \.— Angine diphthéri- 
tûjue, 9, 13. -Troubles den¬ 
taires, 121 

Sulfate de quinine. — Bourdonne¬ 
ments d’oreilles, 278. 

Sulfnr. — Gastrite chronique, 43. — 
Eczéma, 83. — Néphrite pa¬ 
renchymateuse, 108. — Trou¬ 
bles dentaires, 152, 153. — 
Angine glanduleuse, 168. — 
Psoriasis, 216. - Conjoncti¬ 
vite vernale, 285. — Maladie 
de Basedow, 364. — Lum¬ 
bago* 368. 

Surmenage physique (Le), 91. 

Tabac (Le)» 69, 100, 129, 161, 204, 
239, 266, 305, 327, 369. — 
Vomissements nerveux, 366. 

TarenUda .— Tremblement nerveux, 
278. 


Tartai'ue emet.. — Néphrite pareil 
chymateuse, 108. — Indi* 
gestion, 174. — Pneumonie 
catarrhale chez les enfants, 
287, — Lumbago, 368. 

Theridion. — Migraine, 189. 

Thuya. — Epitheliomedu larynx, 158. 

Triturées (Les), 159. 

Troubles de la parole (Des), 246. 

Troubles dentaires directs et réflexes» 
116,150. 

Tuberculose (De la propagation du 
bacille de la), 58. 

Vau Blaeren (D r ), 304. 

Van Ooteghem (D r ), 8. 

Variétés et nouvelles, 91, 128, 160, 
190. 

Venins. — (Esophagite, 171. — (Eso- 
phagisme, 171. 

Veratrmn. — Gastralgie, 173. — Vo 
missements nerveux, 366. 

Vérité (La vérité sur l’homœopathie), 
53. 

Verres cassés (Les), 195. 

Vésicatoire (Les victimes du), 299. 

Victimes (Les victimes du vésicatoire), 

Vomissements nerveux, 366. 

Wanstall(D r ), 85. 

Windelband (D r ), 77, 212. 

Wossa (D r ), 246. 

Wuillot (D*-), 45,'278. 


FIN. 


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REVUE H0MŒ0PATH1QUE BELGE 

15 e Année. AVRIL 1888. N°l. 


ENCORE LES ANTITKERMIQUES, 

Les médecins refroidissears, 

par le D r Martin y . 

Nous avons publié un premier article (1), au sujet des 
antithermiques ; nous y avons montré clairement l’illu¬ 
sion des médecins croyant guérir un malade en le 
refroidissant, soit par des moyens directs, tels que la 
glace, l’eau froide et les bains froids, soit par des médi¬ 
caments internes ayant la propriété d’abaisser la tem¬ 
pérature du corps. Nous avons répété à satiété que ce 
refroidissement artificiel devait être un moyen cruel, par¬ 
fois inutile et souvent dangereux. 

Le professeur allopathe Peter, dans ses cliniques, s’était 
déjà élevé contre cette méthode ; il avait justement fait 
remarquer que le patient n'est pas malade parce qu’il a 
trop chaud, mais que c’est parce qu’il est malade que sa 
température est forte. C’était le cri du bon sens. Refroidir 
un malade c’est empêcher la nature de réagir franche¬ 
ment contre l’infection de l’organisme. 

Aujourd’hui, à propos du traitement des typhisés, le 
même professeur fait une nouvelle et dure leçon à ses 
confrères qui continuent toujours à refroidir leurs ma¬ 
lades, et à les refroidir jusqu’à la mort*. Nous avons la 
conviction que presque tous les malades de notre pays 
sont aujourd’hui soumis à l'emploi des moyens refroidis¬ 
sants ; or, voyez ce que Pèter dit de cette pratique : 

(I) Voir dernier volume, p. 321. 


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Nos devanciers voulaient au moins traiter la fièvre; nos contemporains 
combattent la chaleur : ils veulent « refroidir le fiévreux ». 

De nos jours, en effet, en Allemagne, un médecin systématique, Brand, 
a proposé de refroidir le malade pour empêcher les fermentations, causes 
de chaleur. Il compare le dothiénentérique à un tonneau contenant du 
moût de bière en fermentation et où celle-ci s’arrête dès que la tempéra¬ 
ture est abaissée à 14° centigrades. Il propose en conséquence de plonger 
le dothiénentérique dans un bain froid à 18°, et cela pour arrêter la fer¬ 
mentation morbide. 

Il n'y a là, évidemment, qu'une apparence spécieuse, car si l'on peut 
réaliser 14° cent, dans le moût de la bière, on ne le peut dans le corps 
humain (ce serait la mort); par conséquent, les bains froids ne peuvent 
physiquement arrêter la fermentation dothiénentérique. S’ils agissent — 
et le fait est incontestable — c’est dynamiquement qu'ils le font. Nous le 
verrons bientôt. 

Quoi qu’il en soit, Brand fait plonger toutes les trois heures les dothié- 
nentériques dans un bain froid, du début à la terminaison de la dothié- 
nentérie. 

La médication réfrigérante , qui a eu un précurseur il y a cent ans, 
Currie, est appliquée militairement en Prusse, mais il s'en faut bien 
qu'elle soit adoptée généralement en Allemagne, car à Hambourg même, 
et tout récemment, on en a démontré le mal fondé et l'impuissance. Le 
docteur Glaeser vient de publier, en 1887, une « Etude sur la température 
dans 200 cas mortels de fièvre typhoïde avec quelques réflexions qui 
s'éloignent de Vopinion commune » D'après ses observations, ce médecin 
est persuadé, contrairement à une opinion qui tendrait à se généraliser, 
que la température dans les cas de fièvre typhoïde qui se sont terminés 
par la mort est inférieure, en moyenne, à la température des cas qui ont 
abouti à la guérison. Il a eu la patience d’examiner le tracé de 3.000 cas 
de fièvre typhoïde dont 200 furent mortels, de 1877 à 1887, à l'hôpital de 
Hambourg. Il a comparé ces tracés à celui que donne Wunderlich comme 
exemple d’une fièvre typhoïde d'intensité moyenne, se terminant par la 
guérison; la courbe atteint 40° le soir du 4 e jour, se maintient aux envi¬ 
rons de 40° jusqu’au 15 e jour et revient à la normale le 22 e jour. Sur 200 
cas mortels, 15 seulement ont eu une température dont la moyenne se 
soit élevée au-dessus de celle donnée dans le tracé de Wunderlich. 

L'auteur proteste, d'ailleurs, en terminant, contre “ le fanatisme de 
çertains médecins pour Vantipyrèse. 11 condamne la méthode des bains 


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— 3 — 


froids qui lui paraît cruelle et inutile. L’élévation de la température lui 
paraît, non pas la cause, mais seulement l’indice du danger. Rien ne 
prouve qu’il faille quand même abaisser la température. » 

Ce sont là des conclusions auxquelles je m’associe formellement, d’au¬ 
tant plus volontiers que je les ai, dès 1877, publiquement soutenues dans 
une discussion soulevée par moi à la Société médicale des hôpitaux de 
Paris, c’est-à-dire dix ans avant le médecin de Hambourg Dans cette 
discussion, je n’avais pas seulement dit que la médication par les bains 
roids était cruelle et inutile; j’avais ajouté, en le prouvant, qu’elle était 
“ périlleuse ». 

Je vou$ donnerai plus tard les chiffres détaillés de la statistique mor¬ 
tuaire à l’hôpital Rodolphe (de Vienne) et à l’hôpital Béthanie (de Berlin), 
à la suite du traitement de la fièvre typhoïde par l’eau froide ; à l’hôpital 
Rodolphe, la mortalité a oscillé entre 15 % et 27 °/ 0 (atteignant même en 
1876 la mortalité excessive 30%); à l’hôpital Béthanie (de Berlin), la 
mortalité a oscillé entre 10 °/ 0 et 18 °/ 0 . On voit que ces chiffres ne sont 
rien moins que favorables à la médication réfrigérante par l’eau froide. 

Les médications systématiques que je vous ai signalées tout à l’heure, 
avaient au moins comme excuse un prétexte rationnel, mais la médication 
réfrigérante n’a pas même ce prétexte; elle est éminemment irrationnelle. 
L’hyperthermie, que visent les médecins réfrigérateurs, n’est pas la cause 
des accidents observés, elle n’est pas plus la cause des accidents nerveux 
(délire ou contracture) qu'elle n’est la cause des troubles digestifs, des 
phlegmasies ou des hémorrhagies qui peuvent survenir dans le cours de la 
dothiénentérie. Il est donc inutile de la combattre. 

Nous avons vu ensemble des faits nombreux où il y a eu 40° sans délire 
ni accidents graves, non seulement dans la dothiénentérie, mais dans la 
pneumonie, la péritonite, le rhumatisme. 

J’ajoute qu’il est, d’ailleurs, difficile de l’atteindre, cette hyperthermie, 
et de réaliser brusquement l’hypothermie. 

La chose est surtout difficile avec les bains froids, après chacun des¬ 
quels on observe un abaissement de quelques dixièmes de degré, puis un 
retour rapide à l’hyperthermie primitive; d’où la nécessité de renouveler 
le bain froid de trois en trois heures, du début à la terminaison de la 
maladie. 

La chose est moins difficile — je veux dire le refroidissement du 
malade — par les médications réfrigérantes internes. Ainsi, par l’admi¬ 
nistration du sulfate de quinine à doses massives, l'antipyrine, de l’anti- 


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— 4 — 


fébrine, de la thaï line, de la kairine, on a brusquement abaissé la 
température'de deux à trois degrés; le malade est empoisonné ; mais ce 
n’est pas là, à proprement parler, notre mission professionnelle. 

D’alllèurS, la mort subite a été parfois la suite et la conséquence de 
cette brusque hypothermisation : le malade avait été trop refroidi 

Ainsi, mort subite, après l’administration de 4 à 5 gr. de sulfttte de 
quinine à dose massive et mort subite à la suite de l’administration de 

I à 2 gr. d’antifébrine ou dethaliine : c’est-à-dire refroidissement jusqu’à 
là mort. 

Ce sont là des faits sur lesquels je reviendrai et que je me contente 
(^indiquer ici dans cette vue d’ensemble des médications systématiques 
qui visèntsoit une unité morbide (la dothiônentérie), soit une fraction de 
cette unité (la lésion), soit l’élément pathogénique (le bacille), soit un des 
effets de son action morbifique (la chaleur fébrile) — et n’oublient que le 
malade. 

N’allez pas croire que la voix du professeur de Paris 
sera écoutée ; on continuera, pendant longtemps encore, 
à rôfroidir les malades ; l’emploi du thermomètre est au¬ 
jourd’hui complètement introduit dans laclientèle civile ; 
dans presque toutes les familles on possède un thermo¬ 
mètre médical et on en connaît l’emploi ; on l’applique à 
propos de la moindre indisposition sans l’ordonnance du 
médecin ; lorsque le thermomètre marque 38° ou 39 0 , on 
demande au médecin d’intervenir, ôt celui-ci est tout fier 
de pouvoir administrer des remèdes qui font tomber la 
fièvre et il donne à l’un du sulfate de quinine, à l’autre 
dé l’antipyrine, à un troisième de Tantifébrine, etc. ; natu¬ 
rellement le thermomètre baisse et le malade ou son 
entourage croit que c’est un signe d’amélioration. Je me 
demande même si les trois quarts du temps le médecin 
ne le pense pas aussi, tellement cette méthode de l’anti- 
thermie a été préconisée ; le médecin est tout fier de 
posséder des remèdes qui font ainsi « tomber la fièvre ». 

II entretient par conséquent les malades dans cette illusion 
qu’il partage peut-être lui-même et continue l’emploi des 


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. — 5 — 

médicaments refroidissants ; or, qu’est-ce en réalité ce 
refroidissement artificiel ? 

M. le professeur Peter viçnt de nous le dire, c’est un 
véritable « empoisonnement », et il ajoute avec une ironie 
plus ou moins sarcastique : « Ce n’est pas là, à propre¬ 
ment parler, notre mission professionnelle ». 

Non, la mission du médecin est de guérir, mais l’emploi 
des moyens allopathiques, surtout ceux qui sont connus 
sous la rubrique de «médications énergiques», sont, le plus 
souvent, des moyens d’empoisonnement, qu’il s’agisse de 
médications antithermiques, de médications altérantes, de 
médications évacuantes, de médications révulsives, etc. 
C’est le cas de répéter le cri d’alarme d’un vieux médecin : 
Pauvre médecine, pauvres médecins, pauvres malades ! 

D r Martiny. 


ASSOCIATION CENTRALE DES HOMEOPATHES BELGES. 

. -t- 

. Président , Secrétaire , 

D r Schepens. D r Schwartz. 

Séance du 10 avril 1888. 

Le procès-verbal de la précédente séance est adopté. 

Plusieurs membres s’excusent de ne pouvoir assister à la 
réunion. 

A l’article travaux manuscrits, le 0 e Martiny entretient ses 
confrères de la question du magnétisme animal. Les homœo- 
pathes ne peuvent se désintéresser des travaux publiés 
journellement au sujet du magnétisme ; l’histoire même de cette 
science qui occupe tant les savants, les moralistes et les philo¬ 
sophes de notre époque, est remplie d’enseignements à l’adresse 
de nos confrères,les allopathes officiels,qui nous jettent journel¬ 
lement & la tête les mots de charlatanisme, duperie, etc. N’en 


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— 6 — / 


ont-ils pas fait tout autant pour les médecins magnétiseurs, et 
cela pendant plus de cent cinquante ans ? « Dupeurs et dup駻, 
clamaient à l’envi toutes les voix officielles en parlant des ma¬ 
gnétiseurs et de leurs adeptes. 

Aujourd’hui tout est changé et sous peu les corps savants 
tresseront des couronnes à tous les magnétiseurs célèbres qu’ils 
vilipendaient hier encore. 

Quand j étais étudiant en médecine,les professeurs mettaient 
sur le même rang les médecins masseurs, les magnétiseurs, les 
homœopathes : tous de§ charlatans j il y a quinze ans déjà que 
le massage est adopté; le magnétisme vient de l’être ; l’homœo- 
pathie n’attendra plus longtemps. Comment nos confrères allo¬ 
pathes n’y prennent-ils pas garde? Notre avis est que plusieurs 
d’entre eux y ont déjà réfléchi, mais si du jour au lendemain on 
peut devenir masseur ou magnétiseur, il n’en est pas ainsi s’il 
s’agit de devenir homœopathe. Ici il faut étudier plusieurs 
années, il faut faire et surtout voir faire par des homœopathes 
expérimentés l’application de nos remèdes au lit des malades 
et cela pendant un temps assez long. Si tel ou tel professeur de 
médecine s’apercevait que l’homœopathie est la vraie médecine, 
pourrait-il du jour au lendemain administrer des globules à 
ses malades ? Il faudrait qu’il commençât à étudier nos patho- 
génésies, à lire nos ouvrages de thérapeutique, etc., etc.; à 
moins qu’il ne dise à ses malades: vous.avez une bronchite, 
une pleurésie, une fièvre catarrhale avec tels ou tels sym¬ 
ptômes prédominants ; comme je n’ai pas encore eu le temps de 
faire une étude suffisante de l’homœopathie, je me vois forcé de 
retourner chez moi et d’étudier votre cas, de consulter les 
répertoires, etc. ; une fois ce travail fini je vous enverrai une 
prescription ; et c’est ainsi qu’il devrait pourtant agir pendant 
des mois et des mois s’il voulait pratiquer consciencieusement 
la médecine homœopathique. 

Voilà une des principales raisons qui fera reculer quelque 


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temps encore la plupart des médecins ; mais qu’ils le veuillent 
ou non, il faudra bien qu’ils y arrivent : les homœopathes 
américains, qui sont aujourd’hui plus de dix mille, mettent l’épée 
dans les reins de nos savants officiels de l’Europe ; ceux-ci 
feraient moins de résistance s’ils pouvaient du jour au lende¬ 
main pratiquer l’homœopathie comme ils pourraient faire, du 
massage et du magnétisme ; ils n’ont eu aucune peine de se décla¬ 
rer partisans du magnétisme et pourtant les faits que celui-ci 
dévoile sont bien autrement étonnants, stupéfiants ! 

Le magnétisme, messieurs, n’est pas du nouveau pour nous ; 
il y a plus de douze ans que nous avons fait des expériences à 
cet égard ; nous avons alors reproduit devant plusieurs savants 
et médecins la plupart des faits extraordinaires que vous con¬ 
naissez tous : sommeil magnétique, insensibilité, catalepsie, 
etc., etc. Nous avons même fait un jour ces expériences devant 
un médecin, aujourd’hui membre de l’Académie, qui est partisan 
ardent du magnétisme, depuis que celui-ci est devenu science 
officielle seulement, car il a eu la franchise ou la naïveté, pour 
ne pas dire autre chose, de nous déclarer, il n’y a pas bien 
longtemps, qu’il avait^ une sorte de réparation à nous faire, en 
ajoutant : « Quand j’ai vu vos expériences magnétiques il y a 
« une douzaine d’années, j’avoue que je n’y ai pas cru, mais 
«c aujourd’hui je reconnais que tout ce que vous m’avez montré 
< était vrai et exact ». 

Nous faisions alors cette expérience qui nous paraissait con¬ 
vaincante : nous magnétisions une pièce de monnaie et nous 
la posions sur un tapis, puis nous quittions le salon en priant 
une personne de la société de placer autour ou à côté de cette 
pièce magnétisée, cinq au six autres pièces semblables ; nous 
rentrions ensuite dans le salon accompagné de la personne que 
nous magnétisions habituellement ; celle-ci prenait une des 
pièces de monnaie en main; au bout d’une minute environ elle 
la rejetait en disant : 


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— 8 — 


«Cen’estpas celle-là ». Avait-elle pris au contraire la pièce 
réellement magnétisée, que ni moi ni elle ne connaissions, elle 
8*endormait^moins dune minute après l’avoir prise. Pour que 
cette expérience réussît parfaitement il était nécessaire que le 
sujet eût ëté magnétisé huit ou dix jours de suite. Les magnéti¬ 
seurs savent que plus un sujet a ôté magnétisé régulièrement, 
plus il est sensible à l’influence du magnétiseur. 

Nous avons la conviction que tout n est pas dit ni découvert 
au sujet du magnétisme et que l’avenir réserve encore bien des 
surprises; beaucoup de maladies seront heureusement influencées 
par les passes magnétiques ; nous venons tout récemment 
encore d'appliquer la méthode de la suggestion chez une 
personne qui souffrait de douleurs violentes et de vomissements 
nerveux : les douleurs et les vomissements cessèrent comme par 
enchantement. 

Le D r Van Ooteghem,qui,lui aussi,s'est occupé de magnétisme 
autrefois, confirme ce que leD r Martiny vient de dire; il rappelle 
les singulières pratiques des fakirs de l’Inde, qui,au fond,ne sont 
que des manifestations du magnétisme animal. 

La séance est levée à 5 heures. 


Deux cas d’angine diphthé rl tique, 

par le D r Schkpens, de Gand. 

1* cas. — Le 12 février de l’année dernière je fus appelé 
chez M u * K. ; elle était âgée de 22 ans, d’une taille en-dessous 
" de la moyenne, blonde et jouissant habituellement d une bonne 
santé. Depuis trois jours elle se sentait lasse, fatiguée, brisée, 
ayant des frissons, de temps en temps des agitations nocturnes 
et un peu de douleur à la gorge, surtout par la déglutition. 
En entrant dans la chambre cependant bien aérée où se tenait 
la malade, je fus frappé par une odeur nauséabonde, gangré- 


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— 9 — 


neuse, sui gmeris, qui me fit croire immédiatement à une 
affection diphthéritique. Je trouvai la malade fort affaissée, le 
teint rouge, les yeux brillants, la peau sèche et brûlante ; les 
glandes du cou étaient très engorgées et excessivement doulou¬ 
reuses au toucher; les amygdales, la luette et le tiers postérieur 
du voile du palais étaient tuméfiés et recouverts d'une épaisse 
membrane d’un jaune sale exhalant à un très haut degré l'odeur 
gangréneuse propre à la diphthérie, car c’était bien à cette 
maladie que j'avais affaire. Le,thermomètre marquant 39 6 5. 

Malgré cette fièvre assez intense, je profitai de ce que la 
déglutition était encore possible, pour permettre à la malade 
de prendre cinq ou six fois dans la journée du bouillon de veau. 
Je fis enlever de la chambre les tapis, les rideaux, tant du lit 
que des fenêtres, et ordonnai de chauffer la chambre par un feu 
de bois entretenu jour et nuit. 

Comme traitement je prescrivis : 

Cyanure de mercure , 3 ê trituration, dix centigrammes, 

Hepar sulfur., 3 e trituration décimale, dix centigrammes, 
Apismelif ., 3 e dilution, deux gouttes ; 
je fis dissoudre chaque remède dans dix cuillerées d'eau que 
je fis prendre à la malade par cuillerée de demie en demie 
heure alternativement de chacun des trois remèdes et je donnai 
comme gargarisme du sublimé corrosif au 1/10.000 e . 

Ce traitement fut continué jour et nuit. 

13 fév., t. m. 38°5; t. s. 39°4, même traitement. 

14 » t. m. 38°5; t. s. 39° ,même régime et même traitement. 

15 » t. m. 38° ; t. s. 38°5, » » » » 

16 » t. m. 37°3; t. 8. 37°8, » » » » . 

17 » t. m. 37°3; t. s. 37°3, » . » » » 

Le 18 février la température était normale, la malade déclara 
se trouver très bien et avoir très faim et cependant la gorge 
restait tapissée de fausses membranes ; je permets du bouillon 
-en plus grande quantité, du lait et des œufs. 


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10 — 


A dater du 19 février les fausses membranes se détachent 
laissant une surface rouge, irritée, qui rend la déglutition plus 
douloureuse qu’elle ne l’était au commencement de la maladie. 

Jusqu'au 20 février j’ai fait continuer l'administration des 
remèdes jour et nuit de demie en demie heure, de même que le 
gargarisme ; puis, pendant quatre jours je l’ai donné jour et 
nuit d’heure en heure,et enfin jusqu’au 1 mars le jour seulement 
et de deux en deux heures. A ce moment, sauf un peu de fai¬ 
blesse, la malade était complètement guérie. 

2 e cas. — Une petit fille de huit ans, blonde, très élancée, 
jouissant habituellement d'une bonne santé et n’ayant eu 
aucune maladie d enfant, fut prise tout à coup dans la matinée 
du 14 mars de l’année dernière de céphalalgie intense, de fris¬ 
sons violents, d’abattement considérable et d'une prostration 

/ 

complète des forces. A mon arrivée, vers midi, je trouvai, 
l’enfant au lit, les yeux détournés de la lumière et dans une 
indifférence complète pour tout ce qui l’entourait. La peau 
était chaude, brûlante ; les glandes du cou étaient engorgées 
et excessivement douloureuses au moindre contact ; la déglu¬ 
tition était peu douloureuse et cependant les amygdales étaient 
très rouges, très gonflées et couvertes en partie d’un dépôt de 
matières grisâtres qui exhalait l’odeur fétide caractéristique de 
la diphthérie. Le thermomètre marquait 40°2. De l'ensemble de 
ces symptômes je conclus que j’avais affaire à une angine 
diphthéritique grave et j’instituai immédiatement le traitement 
suivant : 

Cyanure de mercure , 3 e trituration, dix centigrammes. 

Heparsulf 3* trituration décimale, dix centigrammes. 

4/ws melif., 3 e dilution, deux gouttes ; 
je fis dissoudre chaque remède dans six cuillerées d’eau et j’en 
fis administrer jour et nuit par cuillerée de demie en demie 
heure, alternativement de chaque remède. 

Le 15 mars les deux amygdales,la luette, la paroi postérieure 


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du pharynx et le voile du palais surtout à gauche étaient recou¬ 
verts d*une épaisse couche d’une fausse membrane grisâtre 
exhalant une odeur putride très prononcée. 

T. m. 39° ; t. s. 39°,5; même traitement,bouillon de veau et 
lait comme régime. 

Le 16 mars, outre les symptômes précédents, je trouvai la 
face œdématiée, les fosses nasales étaient tapissées de fausses 
membranes qui empêchaient la respiration par le nez et obli¬ 
geaient la malade à tenir constamment la bouche ouverte ; la 
voix ét ât très faible et nasillarde ; les urines contenaient une 
grande quantité d’albumine. 

T.m.38%5; t.8. 39°. Mêmes remèdes auxquels j’ajoute kali- 
bichrom. 3 e trituration, dix centigrammes. 

17 mars, f. m. 38°,5 ; t. s. 38°,8. Aucune modification dans 
l’état local ; même régime et même traitement. 

18 mars, t. m. 38° ; t. s. 38°,5. Même traitement. 

19 mars, t. m. 38°; t. 8. 38°,3. Une grande portion de fausse 
membrane s’est détachée à gauche laissant à nu une surface 
ulcérée qui rend la déglutition très pénible. 

20 mars, t. m. 38° ; t. s. 38°, 5. Pas de changement ; même 
régime et même traitement. 

21 mars, t. m. 38° ; t. «. 38°,5. Je constate le matin que la 
face est fort œdématiée, ilÿ a une somnolence très prononcée et 
une soif intense ; les urines sont fort albumineuses. 

Même régime et même traitement. 

22 mars, t. m. 37°, 5 ; t. s. 37°, 5 ; la somnolence a disparu 
et l'oedème de la face a diminué 

23 mars, t. m. 37°,5 ; t. s. 38°. La malade se trouve bien ; 
elle demande' à manger mais se plaint d’une vive douleur en 
avalant ; les fausses membranes ont en très grande partie 
disparu mais la gorge reste très rouge et très irritée. Même 
traitement. Comme régime, du bouillon de veau, du lait et trois 
œufs crus dans la journée. 


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— 12 — 


Je fais continuer l’administration des remèdes jour et nuit 
toutes les demies heures jusqu’au 27 mars. A cette date, il n’y 
a plus apparence de fièvre, la gorge est complètement dégagée 
mais reste encore rouge et la déglutition provoque encore des 
douleurs assez vives. Les fosses nasales commencent à se 
dégager de leurs fausses membranes et la respiration n est plus 
tout à fait impossible par le nez. 

Je fais continuer mais le jour seulement et d’heure en heure : 
cyanure de mercure , 3 e trituration ; hepar , 3 e trituration décim. 
et hali bichrom ., 3 e trituration. 

Le 30 mars les fosses nasales sont libres et la respiration se 
fait facilement; la déglutition se fait sans douleur mais les 
liquides retournent quelques fois par le nez à cause d’un certain 
degré de paralysie des muscles de la déglutition et la voix reste 
faible et nasillarde. Elle mange avec plaisir de la viande deux 
fois par jour. 

Le 2 avril, au moment où je croyais pouvoir cesser toute 
médication, je constate une paralysie du membre supérieur 
droit limité surtout au muscle deltoïde. Comme il y avait encore 
un écoulement purulent par le nez, je donne : 

Aur. fol., 3* trituration, dix centigrammes dans trois cuille¬ 
rées d’eau ; gelsemin . 3 ê dilution décim.,trois gouttes dans trois 
cuillerées d’eau,à alterner par cuillerée de deux en deux heures. 
Je conseille une alimentation substantielle, le séjour au grand 
air (par autant que le temps le permet) et des frictions sèches 
sur la colonne vertébrale deux fois par jour pendant cinq 
minutes, et après quinze jours de ce traitement la petite malade 
était complètement guérie. 

J’ai relaté ces deux cas parce que dans leur traitement je me 
suis servi des basses triturations, que j’ai très fréquemment 
répété les doses et que j'ai continué cette répétition fréquente 
jusqu’à la fin de la maladie, c’est-à-dire pendant quinze jours à 


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- 13 


trois semaines et que je n’y ai pas vu le moindre inconvénient, 
au contraire. 

Depuis quelque temps un certain nombre de médecins homœo- 
patfaes appliquent localement, chaque fois que l’occasion s’en 
présente, le ou les remèdes qu’ils administrent à l'intérieur ; ils 
agissent ainsi notamment dans le traitement de certaines 
tumeurs^de certains ulcères et même dans les affections de la 
peau comme l’exzéma, etc.C’esten vertu de ce même principe que 
dans le premier cas nous avons administré le sublimé corrosif en 
gargarisme ; ce médicament, outre ses propriétés antiseptiques 
puissantes, ne peut dans l’espèce qu'activer l’action de nos 
médicaments internes, parce que le sublimé est homœopathique- 
ment indiqué dans l’angine diphthéritique. Dans tous les cas, 
chaque fois que nous avons employé ce moyen adjuvant il nous 
a paru que nous en avons retiré de sérieux avantages. 

Nous y avons renoncé dans le 2 d cas à cause de l’âge de la 
malade. 

D r SCHEPENS. 


GASTRITE CHRONIQUE, 

d’après le rapport et les discussions du Congrès médical de Berlin, par 
le D r Gisevius, de Berlin. Traduction du D r Chevalier, de Charleroi. 

Quoique en publiant ce travail, je n’aie qu’un désir, celui de 
classer, avec leurs symptômes caractéristiques, les médica¬ 
ments employés dans la gast rite chronique, tels que nous les 
avons observés au lit des malades, il est cependant urgent de 
donner une idée générale de cette affection, en récapitulant 
son étiologie, sa symptomatologie, etc. (Voir l’ouvrage de 
P. Niemeyer). 

La gastrite chronique s’établit d’emblée comme entité mor¬ 
bide, ou succède à la gastrite aiguë, ou bien encore survient 


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à la longue, précédée de dérangements dans les fonctions 
de l’estomac, qui caractérisent les différentes dyspepsies. 
C’est ainsi qu’elle se déclare chez les personnes esclaves de la 
bonne chère, ou chez celles qui abusent des médicaments, 
surtout des narcotiques, qui font un usage immodéré du café 
ou du tabac fort. Elle survient également chez les buveurs 
de spiritueux, et il est à remarquer que l’alcool est d’autant 
plus nocif dans ses résultats qu'il est plus concentré ; c’est 
ainsi quelle se montre le plus vite et d’une façon très intense 
chez les buveurs d’eau-de-vie. 

Il n'est pas raré non plus qu’elle soit la suite de débauches, 
de vie sédentaire, d'études fatigantes ou de dépression morale 
de longue durée. 

La gastrite chronique survient secondairement comme 
complication d’affections d’autres organes entraînant chez 
ceux-ci un ralentissement dans la circulation du sang, et par 
là des congestions sanguines dans la muqueuse stomachale : 
ainsi dans toutes les affections du foie, avec gêne dans la cir¬ 
culation par compression de la veine-porte. 

Plus souvent encore dans les maladies du cœur, des pou¬ 
mons, de la plèvre, telles que les affections valvulaires, 
l’emphysème, la cirrhose pulmonaire, dans lesquelles la 
surabondance sanguine du cœur droit empêche l'écoulement 
du sang et congestionne par contre-coup le foie et l’estomac. 
Elle accompagne également les maladies qui reconnaissent 
pour cause un affaiblissement du sang, comme l’anémie, la 
chlorose, les hémorrhoï les, la goutte, le marasme, etc., puis 
l’ulcère rond de l’estomac, le cancer et autres dégénérescences 
de cel organe. 

Parmi les symptômes les plus essentiels, il en est un qui 
est surtout constant, c'est le poids, pas toujours très fort, mais 
très gênant,existant au creux épigastrique, avec ia sensation 
de plénitude, et qui augmente surtout après le repas. 


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Puis un boursouflement, même une voussure de l'estomac, 
produite par une sécrétion anormale de gaz et un séjour trop 
prolongé des ingesta. 

Enfin, plus la muqueuse stomachaie, infiltrée de sérosité, 
fonctionne lentement, plus longtemps dure l’action défec¬ 
tueuse du suc gastrique, qui devient alcalin et par là donne 
lieu à une décomposition anormale et à une grande quantité 
de gâz. Ceux-ci cherchent à s’échapper et il en résulte un 
second symptôme qui manque rarement, les renvois, qui 
tantôt sont inodores, tantôt rappellent les aliments mangés 
antérieurement, et sont en général âcres et acides par la 
fermentation des substances amylacées et leur décomposition 
en beurre et acide lactique. Quelquefois, ils ramènent égale¬ 
ment des parcelles d’aliments sentant le rance, qui remontent 
dans l’oesophage et le gosier ; de là la sensation de brûlant 
(pyrosis), qui est un symptôme très important. Dans la gas¬ 
trite chronique simple il est rare de rencontrer les vomisse¬ 
ments de matières alimentaires, mélangées de glaires, ayant 
une odeur et un goût particuliers, comme aussi les sarcines 
ventriculi. De temps en temps, les personnes qui ne boivent 
pas rendent avec beaucoup d’efforts et de renvois, une matière 
glaireuse, s’étirant en longs filaments et ressemblant à une 
solution concentrée de gomme. Chez les alcooliques, au con¬ 
traire, se montre la vomit us matutinus qui consiste en une 
certaine quantité de pituite, dont ils jse débarrassent le matin 
sans grands efforts ; cette matière provient en grande partie 
des glandes salivaires, sécrétée en quantité pendant la nuit ; 
elle se dépose dans l’estomac. Parfois, il y a également un 
endroit douloureux à la région épigastrique, et dans le dos ; 
mais cette douleur n’est pas constante, et elle augmente par 
la pression extérieure. 

La nutrition est défectueuse, souvent il y a perte complète 
de l’appétit, le patient mange à contre-cœur et se trouve de 


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suite rassasié, aussitôt qu’il a pris quelques bouchées ; il y a 
du reste, sous ce rapport, de grandes différences chez les 
malades : les uns supportent beaucoup mieux les aliments 
lourds que les légers, chez d’autres, c’est le contraire ; on 
peut dire cependant que sans exception, les aliments flatueux 
ou préparés dans la graisse, ne sont pas du tout supportés. 
Souvent il survient après une diète prolongée, une espèce de 
faim canine avec sentiment de défaillance, qui, une fois as¬ 
souvie, donne lieu aux symptômes mentionnés plus haut. Les 
buveurs recherchent surtout les aliments fortement épicés,mais 
il n’en supportent pas 'de grandes quantités. La soif est 
rarement augmentée. 

Les selles sont en général paresseuses, arrivent parfois 
très tôt au sortir du lit et sont liquides ; d’autres fois, mais 
plus rarement, elles sont fréquentes. L’abdomen est souvent 
gonflé de gaz, et l’évacuation de vents produit un certain 
soulagement, mais dans ces cas, nous avons le plus souvent 
affaire à une entérite chronique, qui vient compliquer la 
première affection. Les urines, presque toujours chargées, 
déposent de forts sédiments. 

Souvent la gastrite chronique est accompagnée d’une inflam¬ 
mation de la bouche et du pharynx avec grande salivation ; 
chez les alcooliques cette complication est constante, et do là 
ces quantités de glaires qu’ils sont obligés d’expectorer chaque 
matin. 

La langue est habituellement couverte d’un enduit jaune 
épais, limité quelquefois à la racine de cet organe ; le goût 
est fade, pâteux, aigre, amer, rance surtout le matin, et 
l’haleine, quand le malade est à jeun, est très mauvaise. 

L’inflammation se propageant aux voies biliaires, les mala¬ 
des ont un teint pâle, jaune, et en suite du défaut de nutrition, 
la peau devient terne, sèche et il y a amaigrissement. Parfois 
se présente une douleur sourde au front ou à la tête, avec 


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engourdissement des facultés mentales, plus souvent des alté¬ 
rations psychiques, caractérisées par de la dépression, un 
découragement complet, une grande excitabilité, de l’hypo- 
chondrie ; chez les femmes une grande disposition aux pleurs ; 
chez beaucoup de ces malades, le sommeil est très léger 
pendant la nuit.et pendant le jour il y a une tendance insur¬ 
montable à dormir. 

Sous l'influence d’une médication et d'une diététique bien 
entendues, la gastrite chronique se termine la plupart du 
temps par la guérison ; dans des conditions contraires, le 
pronostic serait très défavorable. 

Par suite d’altérations profondes dans la muqueuse, il peut 
se développer des lésions organiques dans l'estomac allant 
jusqu’à l’ulcération ; d’un autre côté, par suite de l’hypertro¬ 
phie de la muqueuse, il peut se produire un rétrécissement 
(sténose) du pylore, qui retienne encore plus longtemps les 
ingesta dans l'estomac et donne lieu à une décomposition 
dont j’ai mentionné les différents symptômes. Enfin par là 
également se produisent ces dilatations considérables de l'es¬ 
tomac, ces sténoses organiques, et ces coarctations cicatricielles 
qui persistent après la guérison de l'ulcère de l'estomac. La 
gastrite chronique, qui accompagne les affections d'autres 
organes, constitue une complication très grave et d'un pro¬ 
nostic défavorable. Du reste, abstraction faite des suites plus 
haut mentionnées de la gastrite, auxquelles il faut ajouter la 
sténose du pylore, les cas qui se terminent par la mort sont 
rares, et sont précédés de dépérissement et d'hydropisie. 

Il est presque impossible de donner des règles générales de 
* diététique pour le traitement de la gastrite chronique, attendu 
que ce qui convient à l’un, n'est pas toléré par l'autre, et 
réciproquement. En tous cas il faut éviter : le café fort, le 
spiritueux, le pain lourd, les fromages, les légumineuses, les 
aliments salés et épicés ou flatulents, les corps gras ou cuits 


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dans la graisse. On prescrira le pain de gruau de froment, 
surtout dans les cas de constipation ; l’usage exclusif de lait, 
frais ou bouilli, écrémé ou sous forme de lait battu, d’après 
l'idiosyncrasie des malades ; des soupes de lait au sagou ou 
au gruau de froment. Dans beaucoup de cas, il faut prescrire 
une diète substantielle: des sardines à l’eau, du bouillon bien 
dégraissé,des rôtis froids, du jambon cru, de petites quantités 
d’un vin généreux, etc. Le beefteak est très recommandable. 
Aucun malade ne supporte une grande quantité d’aliments 
à la fois, mieux vaut donner souvent et peu à la fois, toutes 
les 3 ou 4 heures ; les aliments ne seront ni trop chauds ni trop 
froids, toujours mastiqués avec soin ; on se reposera après 
chaque grand repas et on évitera de se comprimer l’estomac. 

Passons maintenant à l’indic tlion des principaux remèdes : 

Antimonium crudum. — Très important dans la gastrite 
chronique, succédant à une surcharge de Vestomac par 
excès d'alimentation ; renvois avec goût des aliments et 
haleine mauvaise , langue chargée et jaune ; anorexie com¬ 
plète et de longue durée, dégoût même de la nourriture, 
avec sensation de faim, nausées, soif, pesanteur à l’estomac, 
même des douleurs ; céphalalgie, vertiges, herpès labialis. 
Selles avec gaz très odorants et coliques, diarrhée renfermant 
des aliments non digérés. 

Argentum nitricurn. — Remède e;xcellentdans les cas chro¬ 
niques, caractérisés par une grande accumulation de glaires, 
nausées et vomissements glaireux , anxiété , palpitations 
et vertiges ; la plupart du temps il y a de la sensibilité au 
toucher des dernières vertèbres dorsales {spinal irritation) 
avec irradiation dans tout le dos ; on prescrira Varg . nitric. % 
aussi dans ces cas souvent désespérés, où l’on pourrait croire 
n’avoir affaire qu’à une cardialgie nerveuse, et caractérisés 
par un réveil en sursaut la nuit, occasionné par des crampes 
à l’estomac, une sensation de plénitude jusqu’à menace d'écla- 


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ter, renvois bruyants et nombreux, pyrosis, douleurs très 
ibrtes, etc., symptômes qui doivent faire penser à une inflam¬ 
mation ou une ulcération de la muqueuse stomacale. ~ 
Arsenicum. — Exerce son action dans les catarrhes chroni¬ 
ques très développés et très graves, accompagnés d'un état de 
faiblesse générale accentuée, surtout avec lésions du côté du 
cœur et accompagnée d’une soif insatiable, d'un désir très 
prononcé pour (es boissons froides, que les malades ne peuvent 
cependant pas supporter, même en faible quantité. Après avoir 
apaisé la soif, ou la boulimie , qui se montre également chez 
ces malades, au moyen de petites quantités de boissons ou 
d’aliments, ou bien même quelquefois sans rien avoir pris, il 
se déclare tout d'un coup une sensation excessivement forte 
de feu dans l'estomac et le ventre , comme si ces parties et 
l’oesophage étaient corrodés par une substance fortement 
caustique ; il y a en outre de 1anxiété , de fortes palpitations 
et une tendance à la lipothymie ; des rapports , des nausées 
et des vomissements aigres . Ces accès se reproduisent 
plusieurs fois par jour , durent 1/4 d'heure à 1 heure y puis 
calment; parfois ils reviennent à intervalles régulier *. 
Grande douleur au creux épigastrique , en même temps 
froid aux extrémités , sueur froide à la tête , pâleur de la 
face et des lèvres, vertiges, voix faible à peine distincte, 
enrouement ; les intestins se signalent par des selles fortes, 
brûlantes, putrides, renfermant des aliments non digérés, et 
parfois du sang noir, avec de fréquentes coliques. Dans des 
cas plus légers, notamment ceux liés à une cardialgie ner¬ 
veuse, la boulimie et les douleurs quelle entraîne à sa suite, 
cèlent ordinairement à de petites quantités d’aliments. L'^r- 
senie doit être prescrit également de préférence à tout autre 
remède dans les catarrhes chroniques chez les personnes chlo¬ 
rotiques avec lésion de l'estomac, dans l’ulcère rongeant de 
cet organe chez les vieux buveurs ; dans les cas de cachexie 
cancéreuse il apporte également un soulagement. 


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Belladona . — Des douleurs très fortes à Vestomac , qui 
parfois éclatent subitement, parfois sont continuelles, brûlan¬ 
tes, en même temps qu’un gonflement avec grande sensibilité 
de Vépigastre au toucher, demandent au début et dans les 
commencements de Vaffection l’emploi de la belladone \ 
les malades cherchent à calmer ces douleurs en se penchant 
en arrière, et trouvent dans ce moyen un soulagement momen¬ 
tané ; elles s'irradient jusque dans le dos, limitant (par 
irritation spinale) son action dans les ganglions sympa¬ 
thiques de la partie supérieure de la région dorsale de la 
moelle (pour la partie inférieure voir argent, nitric.) ; sym¬ 
ptômes de congestion vers la tête , tels que rougeur de la 
face, bouffées de chaleur à la tête et h la figure ; si, en outre, 
il s’y déclare des pulsations et des battements pendant le som¬ 
meil, c’est une indication de plus pour belladone , surtout 
quand la cause de l’affection consiste en un refroidissement, 
et qu’il existe une hypérémie de la muqueuse stomacale ; si 
cependant à la suite de ce refroidissement il y a plutôt hyper¬ 
esthésie gastrique, il faut lui préférer Yatropine. 

Bismuthum nitricum . — Quand les douleurs se montrent 
sous forme de crampes à l'estomac, comprimant fortement 
cet organe, avec exaspération constante après le manger, 
surtout de substances acides ou de pain ; ces douleurs ner¬ 
veuses s’irradient jusque dans les épaules ; il peut se montrer 
une faiblesse d'estomac avec pyrosis et forte salivation, 
accompagnée de tranchées, de gargouillements, borbo- 
rygmes et du besoin d'aller à la garde-robe sans résultat ; 
lourdeur de tête et de l’intelligence, qui sont en relation 
directe avec les affections de l’estomac. 

Br y onia. — Après des irrégularités dans le régime comme 
après avoir bu trop froid , avoir mangé trop de fruits , de 
choucroute, de choux , il se déclare des douleurs à l’estomac 
ou un poids, comme si c était une pierre, ordinairement à un 


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degré modéré, mais augmentant après chaque repas, comme 
après un mouvement et surtout un faux pas. Points de 
côté et gêae de la respiration ; langue blanche ou jaune très 
chargée, présentant des granulations, une sécheresse de la 
bouche continue ou arrivant peu après le repas, sans soif 
extraordinaire, désir d'aliments froids; renvois pas trop 
incommodes* mais des éructations accompagnées d’aliments 
et de salivation; appétit pas tout à fait éteint, le goût mau¬ 
vais. On vante encore l’usage de la bryone dans les catarrhes 
chroniques caractérisés par un désordre dans les mouvements 
péristaltiques, comme cela arrive chez ceux qui mènent une 
vie sédentaire ou qui présentent une forte constipation ; dans 
ces cas on alterne nux vomica avec bryone et on fera dispa- 
raître plus sûrement les complications de ces obstip. alvi : 
douleurs de tête, gonflement du ventre. On prescrit encoro 
la bryone dans les cas de gastrite chronique avec accès de 
fièvre, provoqués par un refroidissement ou un chagrin, et 
compliqués des symptômes caractéristiques de l’irritation 
biliaire. 

Car carea carbonica. —Dans les gastrites chroniques chez 
les enfants scrofuleux ou rachitiques au teint terne, aux 
tissus bouffis; dans les cas de renvois simples, avec arrière- 
goût des aliments; pour le pyrosis, le calcarea se place à 
côté du nux vomica. 

Carbovegetabilis. —lise prescrit dans les gastrites chro¬ 
niques anciennes, négligées, ou mal traitées, chez des per¬ 
sonnes affaiblies ou cachectiques, sans le moindre appétit 
excepté pour les choses aigres et piquantes, surtout chez les 
buveurs d’eau-de-vie; chez ceux qui souffrent après avoir 
mangé de la graisse et surtout des aliments acides ou flatu- 
lents, des pâtisseries (après pulsatillé), etc., qui gonflent 
l’estomac et les intestins et que les renvois soulagent ; 
bouche acide, pyrosis, faiblesse, nausées, beaucoup de vents ; 


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lourdeur, douleur à l’estomac arec sensation de plaie, et 
nécessité de se coucher; selles paresseuses, dures, marron- 
nées, rarement liquides, crampes à l'estomac avec grande 
sensibilité à la région épigastrique (après nux vomica). 

Carduusmarianus. — Excellent remède dans les gastrites 
de longue durée par suite d’engorgement du foie et de pléthore 
du ventre; les douleurs dans la région hépatique sont carac¬ 
téristiques,coliques hépatiques avec parfois des calculs biliaires, 
affection contre laquelle Rademacher emploie toujours ce 
médicament, et qui s’est montré très souvent efficace. 

Le D r Windelband le recommande aussi, il a fait avec ce . 
remède des expériences personnelles. 

Traduction du D r Chevalier. 

(A continuer .) 


MM DSS JOURNAUX BOKKOPATHIQUES D’AIÉBIQUE 

par le D** Lambreqhts, fils, d’Anvers. • 

Les remèdes de SchUssler, 

par les D rt Bobrickk et Dewey. 

Calcarea phosphorica. 

Synonymes. Calci phosphas precipitata. Calcis phosphas. 
Phosphate de calcium précipité. Phosphate de calcium. 

Nom vulgaire. — Phosphate de chaux. 

Propriétés chimiques. — Formule Ca 3 (PHO 4 ) 2 . 
Le D r Hering le prépare en versant lentement de l’acide phos- 
phorique dilué sur de l’eau de chaux, jusqu’à ce qu’il se forme 
un précipite blanc. Ce précipité est ensuite lavé et seche au bain- 
marie. 


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— 23 — 


Le phosphate de chaux est insoluble dans l’eau et dans 
l’alcool; il est soluble dans l’acide nitrique dilué et les autres 
acides, et jusqu’à un certain point dans l’eau gazeuse. 

Préparation .—Pour l’usage homœopathique, le phosphate 
de chaux est préparé par trituration, d’après les indications de 
la pharmacopée américaine. 

Données physiologiques et chimiques . — Cale . phosph. 
est un élément indispensable à la croissance et à la nutrition 
du corps. On le rencontre dans le plasma et les corpuscules du 
sang, dans la salive, le suc gastrique, les os, le tissu conjonctif, 
etc. D donne aux os leur solidité. Il a une affiuité chimique 
spéciale pour l’albumine qui constitue pour lui une base orga¬ 
nique dans les cellules des tissus, et doit se trouver nécessaire¬ 
ment dans toutes les sécrétions qui renferment de l’albumine 
ou des matières albuminoïdes. U contribue à la formation des 
globules du sang; aussi est-il le remède principal de l’anémie et 
de la chlorose. Il joue un grand rôle dans le développement de 
tous les tissus mous, car il favorise l’activité cellulaire en four¬ 
nissant la première base aux nouvelles cellules. C’est donc le 
grand médicament de la croissance. 

Action générale . — Cale . phosph . exerce une action cu¬ 
rative sur toutes les maladies dépendant d’un trouble des molé¬ 
cules do chaux dans le corps,tel qu’il s’en produit,par exemple, 
dans la formation tardive du cal aux extrémités des os fractu¬ 
rés, dans la croissance anormale et la nutrition défectueuse des 
os : rachitisme et affections semblables. La sphère d’action de 
ce remède comprend donc toutes les maladies des os provenant 
d’un état morbide du sang. 

Il constitue, en outre, un aliment pour les tissus mous, dans 
les cas de mauvaise nutrition ou d’un arrêt dans la croissance 
des cellules ; de là son emploi pendant la dentition, dans les 
convulsions et spasmes survenant chez les enfants faibles ou 
scrofuleux. 


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— 24 — 


Un autre point important, c’est son action régénératrice après 
les maladies aiguës. 11 agit alors soit directement soit indirec¬ 
tement en préparant la voie pour d’autres remèdes et en stimulant 
le système à leur action; il constitue donc un précieux remède 
intercurrent. Schüssler admet que le phosphate de chaux 
favorise d’une manière indirecte la formation des globules rou¬ 
ges du sang, par son action nutritive et stimulante sur les glo* 
bules blancs qui donnent naissance aux globules rouges. 

Au point de vue pratique, ce remède possède des propriétés 
toniques remarquables ; de là son emploi dans les maladies de 
langueur, les fièvres hectiques, lorsque les phosphates se trou¬ 
vent en excès dans l’urine, dans l’anémie des personnes jeunes 
croissant trop rapidement, dans les affections accompagnées de 
pertès épuisantes, telles que leucorrhée, bronchite chronique, 
diarrhée des tuberculeux, sueurs nocturnes, abcès, ulcères scro¬ 
fuleux, etc. 

Symptômes et indications caractéristiques. — Moral. 
Défaut de mémoire. Oubli, anxiété. Mauvaise humeur, irritabi¬ 
lité chez les enfants. Indiqué après les* chagrins, la colère, le 
désappointement. 

Tête et cuir chevelu. Vertige des personnes âgées. Cépha¬ 
lalgie avec sensation de froid dans la tête. La tète est froide ail 
toucher. Maux de tête avant et pendant la seconde dentition, 
plus prononcés aux régions des sutures, aggravés par les fatigues 
intellectuelles, et par l’humidité et les variations de tempéra¬ 
ture. Céphalalgie des jeunes écolières d’un tempérament ner¬ 
veux, surtout lorsqu’il existe de l’agitation et de la diarrhée 
produite par l’ingestion d’aliments acides,tels que les confitures. 
Les fontanelles tardent à se former ; la boîte crânienne est 
molle et mince. Ulcères scrofuleux au sommet de la tête. Hy¬ 
drocéphale aiguë ou chronique. Indiqué aussi pour provenir 
cette maladie. 

Yeux. Affections spasmodiques des paupières, lorsque tnu- 


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gnes.phosph. ne réussit pas. Amaurose et cataracte. Inflammation 
sèche des yeux pendant la dentition (ferr.phosph.). Photophobie. 
Le malade ne peut lire à la lumière du gaz. Ulcères de la cor¬ 
née. Opacités consécutives aux ophthalmies. 

Oreilles. Sensation de froid dans l’oreille externe. Douleurs 
dans les os autour des oreilles. Otalgie avec douleurs rhuma¬ 
tismales chez les enfants scrofuleux atteints d’engorgements 
ganglionnaires. 

Nez. Bout du nez froid. Nez gonflé et ulcéré chez les enfants 
scrofuleux. Rhume de cerveau avec sécrétion nasale albumi- 
neuse.Catarrhe chronique des fosses nasales chez les anémiques 
et les scrofuleux. Polypes nasaux étendus et pédonculés. Ozène 
(alterné avec cale., fluor.). 

Face. Névralgies rhumatismales débutant ou s’aggravant 
pendant la nuit. Face couverte de boutons. Teinte jaunâtre, 
terreuse. Sueurs froides. Douleurs dans les os de la mâchoire 
supérieure. Tuméfaction des glandes parotides et sous-maxillai¬ 
res avec otalgie. Lupus. Taches de rousseur. 

Bouche. Mauvais goût dans la bouche, le matin. Le malade 
ne veut pas ouvrir la bouche par suite de la douleur que provo¬ 
quent les amygdales engorgées. 

Langue. Langue gonflée,engourdie, raide, couverte de papu¬ 
les. Enduit blanchâtre. 

Dents. Les dents se développent trop lentement Douleurs 
pendant la dentition. Chute précoce des dents. Convulsions 
pendant la dentition (après magnes, phosph.) Maux de dents 
avec douleurs aigues, déchirantes, aggravées pendant la nuit. 
Gencives douloureuses et enflammées, ou gencives pâles. 

Gorge. Douleurs dans la gorge, surtout en avalant. Amygdalite 
chronique et diphthorie. Engorgement chronique des amygda¬ 
les. Maux de gorge par l’exercice prolongé de la parole chez 
les professeurs, les prêtres, etc. 

Symptômes gastriques. Fièvre gastrique. Ardeur de l’es- 


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— 26 — 


tomac. Douleur après le manger avec sensibilité à la pression. 
Les souffrances de l'estomac sont aggravées par l’ingestion de la 
plus petite quantité de nourriture. Les nouveaux-nés vomissent 
fréquemment et facilement. Douleurs d’estomac avec débilité 
générale. Vomissements après l’ingestion de boissons froides et 
glacées. Céphalalgie et diarrhées aggravées en mangeant. Goût 
prononcé pour le lard, le jambon, les viandes salées et fumées. 
Abdomen affaissé et flasque, ganglions mésentériques engorgés. 
Coliques chaque fois quon essaie de manger. 

Abdomen et selles . Coliques. Diarrhée de matières vertes 
muqueuses, indigérées, avec gaz fétides. Selles liquides, irritan¬ 
tes, fétides et abondantes. Il rend de grands services dans les 
diarrhées causées parles chaleurs de l’été,dans les diarrhées chez 
les sujets atteints de marasme, et chez les enfants pendant la 
dentition. Douleurs autour de l’ombilic provoquant des cris chez 
les nouveaux-nés. Il est indiqué également pour enlever la pré¬ 
disposition aux vers chez les malades faibles et anémiques. Cal¬ 
culs biliaires. Il prévient leur formation. 

Hernies abdominales. Suintement chronique d’hémorrhoïdes. 
Fissures à l’anus. Fistule à l’anus alternant avec des symptômes 
du côté de la poitrine, ou chez les sujets qui ont des douleurs 
dans toutes les articulations à chaque changement de tempéra¬ 
ture. Constipation avec selles sanguinolentes, surtout chez les 
vieillards,lorsqu’il existe en même temps une grande dépression 
mentale, des vertiges, de la céphalalgie et une toux chronique. 

Hernies chez les anémiques. Fièvre typhoïde et entérique. 
Tabès mésentérique. Pus fétide dans les selles. Douleurs à 
l’anus. Douleurs violentes à la partie inférieure du sacrum, se 
produisant après la défécation et durant toute la journée. 

Organes génito-urinaires. Incontinence d’urine la nuit avec - 
débilité générale. Envies fréquentes d’uriner. Douleur aiguë 
dans l’urèthre. Enurésie des vieillards et des petits enfants. 
Diabète sucré avec symptômes pulmonaires. Albuminurie (alterné 


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— 27 — 


avec kali phosph.) Gonorrhée chronique chez les anémiques, 
avec démangeaisons et sensibilité du canal. Gonflement des 
testicules et du scrotum. Gravelle, calculs et dépôts phospha- 
tiques. Augmentation de la sécrétion urinaire avec sédiment 
floconneux. 

Indiqué comme préventif de la gravelle. Hydrocèle. 

Chez la femme . Faiblesse et souffrances dans la région uté¬ 
rine. Déplacements utérins avec douleurs rhumatismales. Pro¬ 
lapsus de la matrice avec sensation d’affaissement, surtout après 
la défécation. Battements dans les parties génitales avec sen¬ 
sations voluptueuses. Indiqué contre la tendance à la mastur¬ 
bation chez les enfants scrofuleux. Douleurs violentes dans le 
dos, en même temps que douleurs à la matrice. Sensibilité aux 
régions sacro-iliaques. Leucorrhée, écoulement d’une matière 
semblable au blanc d’œuf, plus prononcé le matin, avec excita¬ 
tion sexuelle et répugnance pour tout mouvement. Règles trop 
hâtives chez les jeunes filles. Menstruation pendant la lactation. 
Chez les adultes, règles tardives, de couleur foncée, surtout 
chez les rhumatisées, précédées d’excitation sexuelle et accom¬ 
pagnées ou suivies d’une grande faiblesse et de douleurs rhu¬ 
matismales. Douleurs semblables à celles de la parturition pen¬ 
dant les règles. 

Grossesse . Douleurs brillantes et sensibilité dans les seins 
qui semblent tuméfiés. Lait altéré, bleuâtre et d’un goût salé, 
que l’enfant refuse de prendre. Consomption après ou pendant 
la grossesse. Prolapsus de la matrice chez les femmes débilitées. 

Organes respiratoires . Toux avec expectoration de matiè¬ 
res jaunâtres, albumineuses, plus abondantes le matin, avec 
gorge sensible et sèche. Douleurs de poitrine à la pression. 
Douleurs au sternum et à la clavicule avec contraction du tho¬ 
rax et respiration difficile. Crachotements fréquents pour rendre 
la voix plus claire. ' 

Symptômes pulmonaires associés avec fistules à l’anus. Toux 


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— 28 — 


chronique des phtisiques qui souffrent de froid aux extrémités. 
Phtisie débutante chez les anémiques. Transpiration abondante 
surtout à la tête et au cou.Coqueluche dans les cas opiniâtres ou 
chez les enfants pendant la dentition, surtout lorsqu’ils sont de 
constitution chétive. Catarrhes chez les scrofuleux et les gout¬ 
teux anémiques. 

Organes circulatoires . Palpitations du cœur avec, anxiété, 
suivies de faiblesse et de tremblement surtout dans les mollets. 
Persistance du trou de Botal. 

Dos et extrémités . Spina bifida. Lumbago. Incurvations 
de la colonne vertébrale. Irritation spinale. Sensation de four¬ 
millement et d’engourdissement dans les membres. Rhumatisme 
aggravé par la chaleur, mais surtout par le froid et les chan¬ 
gements de température disparaissant au printemps et reve¬ 
nant en automne. Rhumatisme dans les articulations avec froid 
et engourdissements. Engourdissement des membres avec froid 
ou sensation comme si des fourmis grimpaient sur les parties 
affectées. Goutte rhumatismale aggravée la nuit et par le 
temps froid. Douleurs dans tous les membres avec grande fai¬ 
blesse. Engourdissement des mains. Douleurs d’ulcération à la 
racine des ongles des doigts. Coxarthrocace à la 3 # période. 
Hygroma. Inflammation des bourses séreuses. Douleurs dans le 
tibia. Incurvation des jambes chez les enfants rachitiques. Gon¬ 
flement des épiphyse». Hydarthrose. Les enfants apprennent 
difficilement à marcher par suite de la faiblesse des chevilles. 
Ulcères fistuleux aux articulations des pieds et aux malléoles. 
Périostites et ulcères syphilitiques. Rhumatisme articulaire 
aigu. 

Symptômes nerveux . Convulsions pendant la dentition, 
sans fièvre. Crampes,spasmes de tout genre là où magnes.phospk 
échoue.Convulsions pendant la croissance et chez les vieillards,et 
aussi chez les sujets où les sels de chaux sont en quantité insuf¬ 
fisante, comme chez les anémiques et les scrofuleux. Névralgies 


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commençant la nuit et revenant à périodes fixes, surtout lorsque 
les douleurs sont profondes et semblent venir des os. Paralysie 
rhumatismale. Langueur et fatigue en montant les escaliers. 
Douleurs déchirantes aggravées la nuit et par le mauvais temps. 
Douleurs avec sensation de .fourmillement, d’engourdissement et 
de froid ou semblables à des chocs électriques et ne durant que 
quelques minutes. 

Sommeil . Somnolence surtout chez les vieillards, associée à 
des idées sombres. Difficulté de s’éveiller le matin. Cris des 
enfants pendant la nuit. 

Symptômes fébriles . Sueurs nocturnes abondantes des 
phtisiques. Sueur froide à la face avec froid dans toutle corps. 
Fièvre intermittente chronique chez les enfants scrofuleux. 

Peau. Peau sèche, froide et parcheminée. Teinte cuivrée de 
la peau aveep apules. Excoriations. Démangeaisons à la peau 
chez les vieillards. Eczéma avec croûtes jaunes blanchâtres ou 
vésicules chez les personnes anémiques. Eruptions chez les 
anémiques, scrofuleux et goutteux. Taches de rousseur. Herpès 
aigu ou chronique avec démangeaisons. Lupus. Prurigo. Prurit 
chez les vieillards. Prurit vaginal chez les femmes âgées. Exsu¬ 
dations albumineuses de la peau. Tubercules à la face. Ulcéra¬ 
tions scrofuleuses de la peau avec suppuration des os. Furoncles. 
Acné rosacé. 

Tissus. Cale, phosph. est indiqué dans Panémie et la chlorose, 
car il fournit un élément essentiel aux jeunes corpuscules du 
sang, surtout chez les personnes à face jaunâtre, terreuse, dans 
les exostoses, les ostéo^hytes, les maladies des os, le rachitisme, 
le défaut d’union dés os fracturés, le spina bifida, les polypes, 
le tabès, la diathèse phosphatique, les affections hydropiques, 
Pémaeiation, la leucémie, le bronchocèle, le goitre, les kystes, 
la tumeur blanche, les affections du pancréas, l'inflammation des 
bourses séreuses, et les douleurs dans les tendons et les articu¬ 
lations. 


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— 30 — 


Modalités . — Les symptômes du cale, phosph. sont géné¬ 
ralement aggravés par le froid, l'humidité et les variations de 
température. Beaucoup de symptômes sont améliorés parle 
repos au lit. 

Administration. —Les basses triturations telles que la 3 e et 
la 6 e sont les plus employées, quoique les 30 e et 200 e puissances 
aient donné également de magnifiques résultats. Schüssler 
prescrit généralement la 6*. Les doses massives sont inutiles 
et même nuisibles. 

Relations. — Cale, phosph. ressemble beaucoup à cale, 
carb.; mais dans cale, phosph. le malade est généralement 
émacié et présente un teint blanc ou jaunâtre. Cale, phosph. cor¬ 
respond mieux aux affections aiguës des poumons. Il occupe une 
place intermédiaire entre cale. carb. et phosph. et remplace 
ce dernier avec grand avantage. 

Cale, phosph. et berberis sont deux médicaments qui ren¬ 
dent de précieux services dans les fistules à l’anus. Tous deux 
présentent des symptômes pulmonaires analogues, surtout ceux 
qui sont consécutifs à des opérations chirurgicales. Dana les 
céphalalgies anémiques des jeunes écolières, il produit d’aussi 
bons effets que magnes, phosph. Dans la carie dentaire, il res¬ 
semble à fluor, acid., magnes., phosph. et silicea. Dans 
l’épilepsie à ferrum phosph., kali muriat., haliphosph. 
et silicea. Dans le diabète, h kali phosph., natr. phosph . 
Dans les affections vermineuses, à natr. phosph. Dans l’hydro¬ 
céphale et l’anémie, à china. Dans la neurasthénie, cale, 
hypophosph . lui est préférable. Dans le3 sueurs abondantes, 
après les maladies épuisantes, il est comparable à la psorine. 
Dans le rhumatisme articulaire aigu, il doit être administré 
après natr. muriat. et kali phosph., s’il existe encore des 
traces de la maladie. Dans le lupus, il est comparable à kali 
muriat.. Le lait battu et le koumiss sont des aliments d’une 
grande importance chez les vieillards, car l’acide lactique 


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— 31 — 


qu’ils contiennent dissout le phosphate de chaux, et empêche 
ainsi l’ossification des tendons,^ des parois artérielles, etc. 
Dans l’anémie et la chlorose, il ressemble à natr. muriat ., 
lorsqu’il y a constipation, palpitation dans la position couchée, 
couleur terreuse de la face ; à helonias , lorsqu’il y a dépression 
mentale, débilité et urine phosphatique; à silicea dans l’anémie 
des nouveaux-nés maigres et chétifs, avec tendance au rachi¬ 
tisme ; à ferrum, cuprum et arsenicum , etc. 

D r Làmbreghts, fils. 


Les larcins de l’&llop&thie, 

par le Dr Martiny. 

On sait que la nitro-glycérine est depuis longtemps employée 
par les homœopathes sous le nom de glonoïne. Elle a été 
magistralement étudiée par le D r Hering. Voici que les 
allopathes ont « découvert » quelle guérit les névralgies et les 
migraines. 

Nous lisons dans le Bulletin médical : 

M. Troussiévitch obtient d'exoellents résultats de l’emploi de la nitro¬ 
glycérine, non seulement dans le mal de mer (voir Bulletin Médical , 
n° 29, p. 496), mais aussi dans les différentes formes de céphalalgie et de 
migraine, notamment dans celles qui proviennent d’une névrose vaso- 
constrictive pure et où l’action vaso-dilatatrice du médicament en expli¬ 
que facilement l’effet analgésique et souvent curatif. 11 ne faut pas oublier 
que l'ischémie cérébrale peut, à part les influences purement nerveuses, 
dépendre encore d’un vice dans la composition et la répartition du sang. 
Aussi en prescrivant la nitro-glycérine, faut-il y associer un régime 
tonique et l’usage du fer, de l’arsenic, du quinquina. 

On peut s’attendre à un bon résultat de ce traitement dans les cas où 
les symptômes indiquent avec évidence l’origine vaso-constrictive du 
mal, c’est-à-dire quand les douleurs sont paroxystiques, augmentent sous 
l'influence de la compression des carotides et diminuent dans la position 
déclive de la tête et quand la face est pâle pendant l'accès. « 


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-32 — 


Dans les céphalalgies d'origine névro-hypérémique, la nitro-glycérine 
soulage beaucoup plus rarement et n'agit que d'une façon indirecte en 
amenant une dérivation du sang vèrs les autres régions où les vaisseaux 
ont été artificiellement dilatés par la nitro-glycérine. 

Dans les céphalalgies qui dépendent d'une hypérèmie passive du cerveau 
(par suite d’affections des poumons, du cœur et du foie), la nitro-glycérine 
est contre-indiquée. 

La céphalalgie rhumatismale peut aussi être favorablement influencée 
par elle. 

A tous les modes d'emploi de la nitro-glycérine, M. Troussiévitch 
préfère l'instillation, sur la langue, d'une goutte de la solution alcoolique 
au 1 /100* du médicament. 

Avec ce mode d'emploi,l’absorption est plus rapide,l’effet thérapeutique 
plus intense que lorsqu'on administre la nitro-glycérine par l'estomac. 

Pour tâter l'effet du médi cament et la susceptibilité du malade, on 
commence par verser sur la langue une seule goutte de la solution au 
1/100*. Puis on répète et on augmente les doses. On fait prendre, par 
exemple, trois gouttes par jour, et on augmente d'une goutte tous les 
trois jours. 

D 1 * Martiny 


SOMMAIRE. 


ENCORE LES ANTITHERMIQUES. — Les médecins 
refroidisseurs, par le D r Martiny .. 1 

Association centrale des homœopathes belges. Séance 
du 10 avril 1888 5 

Doux cas d’angine diphlhéritique, par le D r Schepens, de 
Gand. 8 

Gastrite chronique. Traduction du D r Chevalier, de 
Charleroi .13 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers. 22 


Les larcins de l’allopathie, par le D r Martiny .... 31 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


15* Année. MAI 1888 . N° 2. 


LE BORD DE LA MER,™ 

par le D r Martiny . 


La cure de mer (suite). 

En tenant compte de ce que nous venons de dire, on 
peut facilement s’expliquer un fait que bon nombre de 
personnes ont pu constater comme nous. Quand on - 
prolonge trop longtemps son séjour au bord de la mer et 
qu’on y vit réellement de la vie de la plage, respirant 
presque constamment l’air réellement marin, il n’est pas 
rare de voir suryenir chez un certain nombre de sujets, 
des signes de malaise dans les diverses fonctions ; on 
perd rapidement ce qu’on avait gagné le premier mois, 
la mer « fatigue », le sommeil n’est plus réparateur, 
l’excellent appétit disparaît, il survient des souffrances 
variées. D’aucuns s’imaginent volontiers que puisqu'un 
mois de séjour à la plage leur, a été utile, ils doivent s'ar¬ 
ranger de façon à y séjourner deux ou môme trois mois : 
mais ils s’aperçoivent bientôt des inconvénients d’un 
séjour prolongé. On ne peut raisonner au sujet de l’air 
marin comme à propos de l’air de la campagne ; celui-ci 
est un air pur, un vrai aliment tout à fait dépourvu de 
substances médicamenteuses, tandis que l’air marin con¬ 
tient des remèdes, sous une forme finement divisée, par 
conséquent très actifs ; l’air de la campagne et, jusqu’à 

(1) Voir les deux volumes précédents. 


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— 34 — 


un certain point, l’air qui circule à une distance de quel¬ 
ques centaines de mètres de la côte est un air pur qu’on 
peut absorber impunément, tandis que l’air marin, l’air 
de la plage et de la digue, renferme des remèdes. Cer¬ 
taines organisations s’y habituent comme d’autres s’habi¬ 
tuent, sans en ressentir des effets nuisibles, au tabac, au 
café fort, aux liqueurs ; d’autres au contraire ne peuvent 
en continuer l’usage sans que l’organisme se révolte. 
Quoique nous reviendrons encore sur ce fait, disons dès 
maintenant qu’il y a pourtant une catégorie assez nom¬ 
breuse de sujets qui peuvent séjourner fort longtemps à 
la mer et en éprouver des effets de plus en plus bienfai¬ 
sants ; ce sont les sujets atteints d’un de ces vices consti¬ 
tutionnels contre lesquels les médicaments marins sont 
efficaces, par exemple certaines manifestations de la 
scrofulose et même de la tuberculose; de pareils sujets 
peuvent rester avantageusement des mois et des mois 
sur la plage; ils absorbent journellement le remède 
qui leur convient et tant qu’ils ne sont pas guéris le 
séjour de la plage leur est salutaire ; pourtant la satu¬ 
ration arrive plus tôt qu’on ne le croit communément. 

C’est précisément chez ces personnes qui ont séjourné 
troplongtempssurla plage ou qui ont pris tropde bains, ou 
des bains dans de mauvaises conditions, que nous avons 
constaté à leur retour des effets, plus ou moins 
nuisibles, de vrais symptômes d’intoxication maritime. 
On prend, nous le répétons encore, trop peu de précau¬ 
tions, on se laisse trop aller à cette espèce d’excitation 
agréable, mais souvent trompeuse, du bord de la mer ; on 
y va pour s’amuser plutôt que dans un but d’hygiène et de 
santé ; bon nombre de personnes y vont troubler leurs 
fonctions et n’en retirent aucun bon effet ; qu’on ne le 
perde pas de vue, le séjour à la mer est une cure, une 
cure sérieuse, que l’on fait sans s’en douter, même en 


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— 35 — 


s’abstenant de bains; bien dirigée, bien comprise, cette 
cure peut être un véritable exercice hygiénique, qui 
retrempe les personnes bien portantes et double leurs 
forces; un grand nombre de malades, de presque toutes 
les catégories, même ceux qui souffrent du cœur et du 
foie, peuvent y retrouver la santé ; la médication mari¬ 
time offre de précieuses ressources ; les moyens qu’elle 
met à la disposition du médecin et du malade sont très 
variés : tantôt puissants et complexes, tantôt doux et sim¬ 
ples. Elle résume en elle l’action de la plupart des eaux 
minérales, elle a l’air pur et vif comme celui des monta¬ 
gnes, elle offre les ressources de l’hydrothérapie, 
elle est toujours accompagnée de distractions faisant 
oublier les soucis et les petites misères de la vie; celles- 
ci paraissent des bagatelles quand l’homme se trouve 
devant le grandiose spectacle de l’océan, si beau, si varié 
dans son aspect, dans son mouvement. Que de fois n’avons- 
nous pas entendu des personnes nous dire sur la digue : 
* Ici je ne pense plus à mes affaires, je ne lis même plus 
les journaux »; cette cure se fait dans l’air le plus salubre, 
exempt de miasmes et de microbes, on n’est entouré que 
de personnes gaies : à la mer on ne trouve que des 
visages souriants. 

L’air ozonifié et dense de la mer favorise les combus¬ 
tions organiques, le foyer de la vie est plus ardent et 
demande par conséquent plus d’aliments, plusde combus¬ 
tibles ; des matériaux mal élaborés qui encombraient les 
organes y sont mis en mouvement, brûlés et chassés de 
l’économie par les divers émonctoires, la peau d’abord, 
que la vie de la plage fouette constamment, les urines 
qui sont plus chargées des débris de cette vive combus¬ 
tion, etc. ; ainsi s’explique ce grand bien-être que tant 
de monde éprouve à la digue, de là cette espèce d’at¬ 
traction que la mer exerce pour ceux qui la connais- 


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— 36 — 


sent, de là cette vogue croissante des villes de nos côtes, 
vogue qui s’accentuerait bien plus encore si l’on savait 
mieux se comporter, si l’on prenait plus de précautions, 
au début surtout, pour habituer peu à peu l’organisme 
à tous les chocs bienfaisants que le traitement marin va 
lui donner. 

Nous ne connaissons pas de malades, ni de maladies 
qui ne puissent être favorablement influencés par la médi¬ 
cation marine bien dirigée. 

Aussi comprenons-nous cette espèce d’enthousiasme 
lyrique de certains médecins lorsqu’ils parlent de la mer 
et de ses guérisons miraculeuses ; écoutez le professeur 
Burgraeve (1) : 

« On doit considérer la mer comme la source de la 
vie. 

« Si vous voulez retremper vos forces allez au bord de 
la mer. 

« Tendres mères, si vous voulez que vos enfants rede¬ 
viennent vigoureux, de malingres qu’ils deviennent dans 
nos villes encombrées,faites leur respirer le plus souvent 
possible l’air salubre de la côte. 

« Aux poitrinaires donnons l’air de la mer qui seul 
peut encore les sauver tandis que l’air des plateaux élevés 
les tuerait infailliblement (2). 

« Que ceux dont les travaux de l’esprit ont épuisé 
l’énergie physique et morale aillent demander à la mer 
une énergie nouvelle. 

« Oui, allons à la mer le plus souvent que nous pour¬ 
rons et restons-y le plus longtemps possible, car la 
SANTÉ n’est QUE LA. » 

(1) A la mer, ou conseils pour la santé, par le professeur Burgraeve. 
Paris 1877. 

(2) Aujourd'hui, pourtant, la plupart des médecins disent que c'est 
dans les stations élevées qu'il faut envoyer les poitrinaires. 


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— 37 — 


Tous les auteurs qui ont traité le sujet ne sont pas 
précisément aussi enthousiastes ; néanmoinsla même note 
domine dans presque tous les articles qui traitent de la 
cure maritime; les études sur le traitement marin ont été 
faites pour la plupart par des médecins habitant les plages 
elles-mêmes ; ils ont tenu des notes, rédigé des observa¬ 
tions, dressé des statistiques et ils ne constatent pour 
ainsi dire que des guérisons ou au moins des améliora¬ 
tions; malheureusement les malades, une fois partis du 
bord de la mer, sont perdus de vue et les effets consécutifs, 
les seuls qui sont réels et durables ne sont pas connus; 
c’est aux médecins praticiens des villes de l’intériei^r 
qu'incombe le devoir de compléter ceÿ observations, et 
d’interroger leurs clients quelque temps après leur retour 
du bord de la mer, et ils seront, comme nous, loin de par¬ 
tager l’optimisme absolu de presque tous les auteurs ; à 
côté des cures quasi miraculeuses, des améliorations, 
nous avons constaté parfois des aggravations dans l’état 
de santé de nos clients : c’est une mère de famille qui 
nous avoue qu’un de ses enfants y est devenu plus ner¬ 
veux, qu’un autre en est maigri; c’est un goutteux qui 
voit ses accès devenir plus violents, plus longs, plus 
irréguliers, c’est un rhumatisé qui souffre beaucoup plus 
qu’auparavant, c’est un autre qui y a gagné des névral¬ 
gies, des migraines, un catarrhe de l’estomac, un engor¬ 
gement du foie, mais, hâtons-nous de le dire, presque 
toujours ces sortes d’aggravations sont dues à une 
mauvaise façon de vivre, à un manque de précautions et 
surtout un manque de direction médicale pendant la cure. 

Que de fois n’avons-nous pas envoyé à la mer des per¬ 
sonnes qui ne suivaient notre conseil qu’avec une arrière- 
pensée parce qu’une première cure faite l’année précédente 
leur avait peu réussi. Mais nous avions soin de leur 
tracer une ligne de conduite; et presque toujours, giâce 


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— 38 — 


à nos indications, la seconde cure donnait des résultats 
très satisfaisants ; nous avons souvenir notamment d’un 
cardiaque que nous avons presque forcé d’aller à Blan- 
kenberghe, seulement au lieu de lui permettre de se loger 
sur la digue, nous lui avons recommandé de s’établir dans 
l’intérieur de la ville, de ne séjourner que deux heures par 
jour sur la plage, d’aller se promener à la campagne lors 
des grands vents; son régime avait été scrupuleusement 
détaillé; dès lors sa nutrition qui était souffrante et déla¬ 
brée s’est notablement améliorée et le séjour à la mer,qui 
lui avait été quasi funeste l’année auparavant, lui a 
donné un regain de vie et de santé. 

Nous ne saurions trop le répéter, la médication marine 
est la plus puissante, la plus variée de toutes les médica¬ 
tions balnéaires ; elle peut non seulement fortifier les 
affaiblis, mais améliorer, sinon guérir, presque toutes les 
maladies et tous les malades, mais elle doit être bien 
appliquée et elle exige une direction sage faite par un 
médecin expérimenté. 

(A continuer.) * D r Martiny. 


GASTRITE CHRONIQUE, 11 ’ 

d'après le rapport et les discussions du Congrès médical de Berlin, par 
le D r Gisevius, de Berlin. Traduction du D r Chevalier, de Charleroi. 

Chelidonium majus. —Dans le cas de goutte et de dyscra- 
sies qui se montrent sous forme d’exanthèmes chroniques, de 
tumeurs hémorrhoïdales, de rhumatismes chroniques, et sont 
liés avec une gastrite chronique ou en sont la cause, nous 
recommandons ce remède ; il s’est encore montré très salu¬ 
taire dans les gastrites liées à la malaria ou aux affections du 
foie, caractérisées par une abondante sécrétion de bile ; le 

(i) Suite, voir vol. précédent, p. 13. 


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plus souvent il y a en même temps uns diarrhée blanchâtre 
blanc-jaunâtre, couleur d’argile, au lieu de selles bilieuses : le 
goût est amer, bilieux et il y a des vomissements de bile. 

China. — La gastrite existe depuis longtemps, mats les 
douleurs ne sont pas très fortes, s'irradient jusque dans le dos 
et se calment par la compression sur le dos ou l'épigastre. 
Faiblesse d’estomac avec sensation de plénitude, surtout chez 
les femmes qui allaitent, perte d’énergie, faiblesse ; après des 
pertes de sang, dans la convalescence de maladies graves où 
rassimilalion ne se fait pas et où les malades ne peuvent se 
relever. Chez les personnes soumises à des émanations atmos¬ 
phériques ou telluriques de mauvaise nature, chez celles qui 
par leurs travaux doivent respirer des odeurs malsaines, et peu 
d'air frais, qui sont frileuses et très sensibles aux courants- 
d'air, il se développe souvent une gastrite, curable par china 
et caractérisée par un goût fade, aigre ou amer des aliments ; 
langue fortement chargée ; anorexie, ou très faible appétit; 
après le repas, renvois sans goût ou amers, pyrosis, même 
vomissements alimentaires ; beaucoup de gaz avec constipa¬ 
tion, on bien borborygmes avec une selle très liquide et ren¬ 
fermant des aliments non digérés; mélancolie ou caractère 
emporté; penchant à se coucher, peutse reposer étant couché, 
mais sans sommeil, ou un sommeil interrompu. 

Enfin china se donne aux buveurs qui ont le teint ictérique. 

Lycopodium .— Dans les gastrites chroniques tenaces,sur¬ 
tout quand elles compliquent des maladies de la rate, du foie 
ou des reins, qui ont altéré beaucoup la nutrition, ont occa¬ 
sionné un grand amaigrissement, avec un teint pâle ou ver¬ 
dâtre, dégoût pour la viande, grande avidité des douceurs; 
saveur amère en bouche, sensation de compression de l'esto¬ 
mac jusqu'au gosier et dans le dos, douleur au creux épigas¬ 
trique provoquée par la compression, les hypochondres sont 
serrés comme dans un cerceau, au point que les malades 


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— 40 — 


doivent desserrer leurs habillements; état flatulent, constipa¬ 
tion opiniâtre. 

Natrummuriaticum .—Le goût est salé, fade ou bien nul, 
ainsi que l’odorat qui est affaibli; les glaires sont sécrétées 
en grande quantité et sont d'un aspect vitreux ; les ali¬ 
ments acides, le pain, la graisse, le lait occasionnent ou 
aggravent la maladie; dégoût des aliments qu’on a cependant 
toujours aimés; parfois faim canine avec sentiment de satiété 
après la première bouchée; grande soif, incommode; envie de 
vomir, renvois inodores, pyrosis, nausées, poids à l’estomac, 
gonflement de la région épigastrique avec battements, cons¬ 
tipation. Grande nonchalance des malades ; tendance au 
sommeil pendant le jour et insomnie la nuit . 

Nux vomica . — Sensation sourde de poids à Testomac, 
douleurs crampoïdes, qui rayonnent jusque dans le dos et se 
calment en se penchant en avant , en se pelotonnant ou en 
appliquant quelque chose de chaud sur la région stoma¬ 
cale ; langue belle et très peu chargée, avec irritation de la 
bouche, anorexie, goût amer ou aigre; grande acidification 
produite par la digestion difficile des substances amylacées 
leur transformation en beurre et acide lactique, ainsi que d j > 
spiritueux en acide acétique; de là, sentiment de feu dans 
l'estomac, renvois aigres,pyrosis, nausées et vomisisements ; 
ces derniers arrivent ordinairement le matin (vomitus matu- 
tinus), tympanite de restomac, gonflement du ventre, de là 
ructus et flatus, soulagés par les selles. Grande difficulté de 
digestion, obstruction, ou selles douloureuses, petites, mar- 
ronnées; même dans les cas où l’on a abusé des purgatifs très 
énergiques, le nux vomica produit son action, alors que déjà 
des modifications sont survenues dans la texture des parois de 
restomac; les douleurs augmentent le matin et en plein air. 
Céphalalgie frontale et lourdeur de tête, avec vertiges , 
humeur colérique, surtout pendant la digestion; la vie séden- 


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taire, le surmenage intellectuel, les grands chagrins, l’abus 
du café, du tabac, l'existence des hémorrhoïdes soqt autant 
d’indications pour le nux vomica. 

Phosphorus .—Gasiritede longue durée, langue blanche et 
sèche, goût dominant amer ou aigre, soif très intense ; ano¬ 
rexie, ou faim canine , sentiment de satiété après avoir 
mangé une petite quantité; sentiment de vide dans l'estomac 
avec de fréquents renvois qui soulagent; brûlant à l'estomac, 
douleurs, qui, comme la faim, sont soulagées par un peu d’ali¬ 
ments mais pour peu de temps ; ordinairement les douleurs 
sont très fortes, accompagnées de renvois, de nausées, même 
déjà pendant le repas. 

Le gonflement et la plénitude de l’estomac à l’épi- et à 
l'hypcgastre durent des heures, jusqu’à la fin de le diges¬ 
tion, et obligent les malades à desserrer leurs vêtements. 
Epigastre très sensible à la pression, les douleurs s'irradient 
jusque dans le dos ; battements au creux épigastrique, tyrn- 
panite de l’abd< mon, borborygmes, selles nombreuses et 
indolores, suivies parfois de défaillances, ainsi que de fai¬ 
blesse. On prescrit le phosphore, chez les personnes, qui, 
par suite d'une nourriture peu convenable ou trop faible (1), 
(où le pain ranci joue le plus grand rôle) sont atteintes 
d'anémie, de maigreur et de caducité ; ou encore chez 

(1) Notre collègue, Windelband, publie ce qui suit à propos du 
phosphore : Depuis plusieurs années, il m'a été donné de trouver un 
grand nombre d'applications de ce remède dans les environs de Berlin, 
chez des paysans, la plupart pauvres, des journaliers, des forains ou 
petits fermiers, qui, exposés aux intempéries, accablés de lourds travaux, 
et n’ayant pour toute nourriture que du mauvais pain noir et des pommes 
de terre, sont atteints de cachexie avec tous les symptômes de gastrite 
chronique, où le phosphore a remporté d’éclatants succès. Je pourrais 
citer des centaines de cas de guérisons inscrites dans mes carnets, et 
même de nombreuses observations, où on avait soupçonné une phtisie 
commençante à cause du catarrhe bronchique qui se montre chronique¬ 
ment chez ces cachectiques. 


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celles qui, par suite de l'onanisme, de pollutions ou d’excès 
vénériens, présentent un abattement du corps et de l’esprit, 
des vertiges, des taches noires devant les yeux avec une 
grande faiblesse de l’estomac. Le phosphore est égale¬ 
ment indiqué dans les gastrites très anciennes, où la phy¬ 
sionomie n’indique rien, mais où la durée de la maladie, la 
décomposition toujours anormale des aliments, qui se signale 
par des renvois continuels, et l’expuition des pituites, par 
un pyrosis des plus brûlants, etc., jusqu’à amener une 
hypertrophie de la muqueuse stomacale, un rétrécissement 
de l’estomac avec érosions et ulcérations des parois. 

Pulsatilla. — Langue glaireuse , la bouche remplie de 
glaires , evpuition de grosses glaires , goût pâteux, fade, 
rance, comme de la viande pourrie, ou du suif, etc. ; parfois 
absence de goût et perte de Vodorat ; anorexie , nausées 
fréquentes f dégoût des aliments chauds , surtout de la 
viande et des choses grasses ; comme ces substances, ainsi 
que les gâteaux , les fruits , les glaces , provoquent souvent 
la maladie, elles irritent chaque fois qu’on les prend. 
Désir des choses aigres ; Vabdomen est tympaniqux, il 
y a du gargouillement et des borborygmes, qui ne se 
calment pas par l’émission de vents ; parfois, il y a compli¬ 
cation d’entérite chronique avec de nombreuses selles 
liquides , glaireuses , arrivant surtout la nuit ; sentiment 
de vide dans la tête, avec vertiges et hémicranie , tendance 
aux pleurs (hystérie), pâleur de la face , grande lassi¬ 
tude , grands frissoyis ; il faut prescrire la pulsatille , de 
même dans la gastrite chronique des femmes chlorotiques , 
ainsi que dans les gastrites chroniques, dépendant de con¬ 
gestion veineuse y suite d’affections d’autres organes, tels 
que le cœur , les poumons , surtout avec palpitations car¬ 
diaques ; mais dans ces cas, c’est comme remède intercurrent. 

Sepia. — Langue blanche, goût doux, aigre ou pâteux, 


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haleine forte ; expectoration le matin de glaires visqueuses, 
qui collent au palais, et occasionnent des vomissements, 
elles s’étirent comme de la colle et demandent beaucoup 
d efforts pour être évacuées. — Peu d’appétit, la nourriture 
goûte cependant assez; d’autres fois boulimie .même voracité 
pour des aliments particuliers ou épicés \ soif légère, quel¬ 
quefois très forte, sensation de poids ou de gonflement à 
l’estomac, porté au point de combler le creux du scrobi - 
cule cordis ; pyrosis très accentué remontant le long de 
Fœsaphage\YQXwo\$ pénibles; aigres, nidoreux, spasmes de 
la gorge, étranglements et vomissements aigres ; gonflement 
du bas-ventre , ténesme anal , constipation, selles dures ; 
exacerbation de ces symptômes après le repas, pendant la 
digestion , avec sentiment de grande faiblesse. Parfois de 
l’anxiété, avec de courts vertiges, en marchant ou en s’éle¬ 
vant de chaise, douleurs et abasourdissement de la tête. 

Sul/ur Mêmes symptômes que pour nux vomica , mais 
plus accentués, dans les gastrites de longue durée, avec 
digestion laborieuse, et stase dans le système de la veine- 
porte, chez les hémorrhoïdaires et les hypochondriaques, 
avec douleur à l’estomac par suite de congestion de cet or¬ 
gane, et la gêne de la circulation sanguine dans l’abdomen 
pendant la digestion ; douleurs de reins et ténesme à cause 
de la constipation habituelle ; chez ceux qui ont abusé des 
purgatifs et des mercuriaux, qui sont atteints de dartres ou 
d’autres affections scrofuleuses. Le sul/ur est recommandé 
contre les vomissements chroniques, contre les aigreurs, les 
glaires, contre lepaississement des parois stomacales; contre 
la perte d’appétit dans la convalescence avec constipation 
opiniâtre (1). 

(I) Le D r Tràger fait la remarque que l'on trouve souvent des sarcines 
dans les vomissements chroniques ; il engage ses confrères à examiner 
ce» derniers au microscope, et leur assure une guérison certaine de ces 
v omi s se ments par sul/ur. si l'on y a découvert des traces de sarcines. 


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Parmi les autres médicaments, on prescrira : 

Ammonium muriaticum. — Quand il y a aversion pour 
les aliments, en même temps que sensation de vide, de faim 
et de plénitude à l’estomac, avec grande quantité de gaz 
dans l’abdomen, qui disparaissent par les selles. 

Cina. — Chez les enfants très anémiques, perte d'appétit, 
alternant avec une faim canine, selles dures avec ou sans 
vers ; les enfants changent souvent de couleur dans la 

figure et cela sam came connue. 

% 

Cocculus . — Dégoût formel des aliments et des bois¬ 
sons, nausées jusqu’à la défaillance, surtout en voiture ; 
douleurs crampoïdes à l’estomac, immédiatement après le 
repas, grande quantité de gaz , renvois, gonflement du 
ventre et torture produite par les flatuosités (coliques). 

Ferrum aceticum. — Goût dominant de terre ou de 
pourriture, vomissements sans pesanteur à l’estomac, après 
avoir pris peu de nourriture, selles diarrhéiques, nausées ; 
surtout chez les personnes anémiques. 

Hydrastis canadensis. — Catarrhe durant depuis long¬ 
temps, avec douleur sourde à l’estomac, sensation de défail¬ 
lance, vomissements acides, qui émoussent les dents, consti¬ 
pation; soupçon de carcinome. 

Ipecacuanha — Médicament supérieur dans les cas de 
langue chargée, blanche ou jaune, goût pâteux, dégoût des 
aliments et des boissons, même du tabac, dont on usait tous 
les jours, malaise provenant dun froid ou de surcharge de 
Vestomac, vomissements d'aliments non iigèrès, ainsi que 
diarrhée., avec coliques dans le bas-ventre, surtout quand ces 
symptômes reviennent tous les jours ou tous les deux jours 
à heure fixe. L’ ipéca s'emploie souvent dans les cas de gas¬ 
trite aiguë. 

lgnatia. — Gastrite chronique chez des personnes hysté - 


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riques , et surtout quand des inquiétude * ou des affections 
tristes en sont la cause. 

Kali carbonicum . — Surtout dans le cas de pyrosis, avec 
douleurs réflexes dans le pleocus thoracicus sive pectoralis, 
— plaintes continuelles de douleurs à la poitrine avec 
catarrhe chronique à l’estomac ; — il est également indiqué 
quand il y a grande acidification des urines. 

Traduction du D<* Chevalier. 


L’HOMŒOPATHIE N EST PIS U DOSIMETRIE, 

par le D r L. de H. — Traduction du D r Wuillot, de Malines. 

Un article de la Revista de Medicina Dosimetrica , du n° 108 de 
mars dernier, ayant pour titre : Homœopathie, Dosimétrie et 
Allopathie, et signé Louis Marco, nous inspire les réflexions 
suivantes : 

Nous nous serions occupé plus tôt de ce sujet si labondance 
des matières ne nous en eût empêché, mais comme dit le pro¬ 
verbe : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire. » Nous en 
sommes même d’autant plus heureux que les numéros 108 et 
101) de la susdite Revue , nous fournissent l’occasion de démon¬ 
trer, à laide des faits cliniques qu’ils rapportent, l’exactitude 
des principes fondamentaux de l’école homœopathique. 

Le D r Marco cherche à démontrer, dans l’article en question, 
que l’homœopathie et la dosimétrie sont deux choses complè¬ 
tement différentes, d’autant plus que la dosimétrie et l’allopa¬ 
thie sont de la même famille et que celle-là peut être appelée 
l’allopathie de l’avenir (comme si nous disions musique de 
Wagner). 

Nous sommes parfaitement d’accord avec ces appréciations 
générales de l’article susdit, et non seulement nous appuyons 


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l’idée que l’homœopathie est l’antithèse de la dosimétrie, mais 
nous regretterions qu’il pût y avoir confusion entre elles. 

Il est bien entendu que nous mettons toute personnalité à 
part, car nous sommes convaincu que nos collègues qui ont 
recours à la dosimétrie pour traiter leurs malades sont de très 
bonne foi, mais nous pensons qu’ils sont dans l'erreur, comme 
ceux qui, du premier au dernier, patronnent la doctrine et la 
pratique allopathique. Cependant, en combattant la dosimétrie 
nous devons aussi signaler les idées qu’elle a empruntées direc¬ 
tement aux principes philosophiques et pratiques de notre 
école. 

Il est certain que des différences très grandes nous séparent 
de cette école, et non moins évident qu’elle n’est point l’allopa¬ 
thie de l’avenir mais la transition des erreurs allopathiques aux 
vérités scientifiques homœopathiques. Comme cette proposition 
peut sembler prétentieuse et inspirée par un amour exagéré 
pour nos idées, nous croyons de notre devoir de signaler les 
points de contact qui, le temps aidant, finiront par fondre toutes 
les opinions dissidentes et former la seule doctrine de la véri¬ 
table science médicale. 

Faisons abstraction des formes externes que revêt la dosimé¬ 
trie sur le terrain delà pratique, car si elle a emprunté la forme 
globulaire avec ses granules, l’allopathie l’a imitée avec beau¬ 
coup de préparations distraites de la médecine homœopathi- 
que ; cela ne signifie rien et ne saurait atteindre les bases 
fondamentales qui dirigent l’une ou l’autre pratique. 

Le globule homœopathique représente, comme le granule , 
l’unité posologique, car chaque globule en homœopathie est 
l’expression indubitable d’un seul et unique médicament, aussi 
pondérable que peut l’être un granule, car on sait la quantité de 
médicament qu’il contient, et cela se déduit du calcul mathé¬ 
matique. En effet, la proportion de substance active qui entre 
dans la composition de la teinture-mère étant connue, il est 


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certain que nous connaissons celle qui entre dans une dilution 
plus élevée, préparée conformément aux préceptes de la poso¬ 
logie homœopathique. 

Nous ne connaissons pas seulement de cette manière, l’exis¬ 
tence de la substance active dans le globule homœopathique, 
mais on l’apprécie encore par la vue, au moyen d’appareils 
sensibles comme le spectrographe qui la décèle jusqu’à la 
30® dilution, ce qui prouve que l’impondérabilité d’une sub¬ 
stance ne signifie pas qu’elle manque absolument du poids. Cela 
résulte de ce que la science physique n’est pas suffisamment per¬ 
fectionnée pour nous permettre de fixer les corps très divisés, 
et nous sommes moins coupable qu’elle. 

Le principe de l’unité du médicament est si important en 
homœopathie qu’il contribue à édifier ses principes fondamen¬ 
taux. Elle a été la première à signaler ce mode de pratique, 
fondé sur l’expérimentation pure, le seul qui puisse servir de 
base fixe pour connaître les actions médicinales dans l’état 
physiologique. À qui, sinon à l’iiomœopathie, doit-on l’étude et 
la connaissance détaillée des actions physiologiques des médi¬ 
caments? Avant elle, avait-on pensé à autre chose qu’à recueillir 
les actions thérapeutiques par les effets des remèdes empiri¬ 
quement employés chez l’homme malade ? Et si, plus tard, on fit 
l'étude physiologique de ces actions au point de vue allopathi¬ 
que, elle fut si incomplète et si variable que le plus grand nom¬ 
bre des effets médicamenteux passèrent inaperçus ou ne reçurent 
point le rang d’importance auquel ils avaient droit. En consé¬ 
quence l’unité de médication est un principe qui, par le fait et 
par droit de priorité, appartient de toute propriété à l’homœo- 
pathie, et il est à remarquer qu’aujourd’hui cette façon d’em¬ 
ployer les agents curatifs entre comme base des opinions 
dosimétriques, et s’est même étendue aux procédés allopathiques. 
Qui n’a remarqué l’immense différence qui existe entre les pres¬ 
criptions allopathiques modernes, si simples dans leurs for- 


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mules, qui comprennent seulement un médicament, et les 
anciennes recettes, qui, sous une même rubrique, réunissaient 
huit, dix et plus de substances actives sous prétexte d’aider, de 
corriger ou de dissoudre le médicament principal ; mais ces 
prétextes n’empêchaient pas ces substances de produire cha¬ 
cune, à l’intérieur de l’organisme, ses effets propres et spéciaux, 
physiologiques et thérapeutiques, forts différents entre eux. 

Que le globule homœopathique soit homogène, de saveur 
lactée, pure et incolore, comme le dit dans son article le 
Dr Marco pour le différencier du granule dosimétrique qui est 
hétérogène, constitué d’un noyau de sucre, d’une couche de 
substance active et d’un revêtement de sucre, c’est exact ; nous 
n’aurions rien à objecter au sujet de la différence qu’il établit, 
si elle ne renfermait l'idée de présenter le globule homœopa¬ 
thique comme dépourvu de toute substance active dans sa 
masse. 

Le globule homœopathique contient évidemment une sub¬ 
stance médicinale en quantité plus ou moins grande, puisque 
depuis l’imbibition du globule avec la teinture-mère d’une sub¬ 
stance, jusqu’à une dilution au-dessus de la 30 e , il est possible 
de prouver sa présence au moyen des yeux ou d’appareils très 
sensibles suivant le degré des doses. 

Jamais l’homœopathie ne détermine à priori la quantité du 
globule nécessaire à un cas donné, de même que la dosimétrie 
fixe la dose de ses granules à postmori. Nous sommes dans les 
mêmes conditions, seulement la dosimétrie emploie des sub- 
stancesqui sont des épées-à deux tranchants qui peu vent aggraver 
ou soulager suivant la somme d’action qu’ils développent et qui 
exigent beaucoup de prudence et de vigilance pour ne pas pro¬ 
voquer une intoxication grave ou mortelle. Si l’homœopathie 
détermine à posteriori la dose du médicament (et nous enten¬ 
dons par dose non le nombre de globules, mais la dilution 
de la substance), ce n’est pas qu’elle craigne l’intoxication qui 


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pourrait se produire avec les granules dosimétriques, mais parce 
que la réceptivité et la susceptibilité individuelles étant variables, 
chacune aura besoin d’une dilution déterminée d’un médica¬ 
ment donné pour en être impressionné au même degré. 

Il résulte de ceci que la différence ne réside pas dans la déter¬ 
mination à priori du nombre de globules, puisque celle-ci se 
fait à posteriori toujours et dans chaque cas, l’essentiel est 
la dilution appropriée, qui, pour cette raison, s’appelle dose 
appropriée. La différence capitale entre la dosimétrie et l’ho- 
mœopathie tient à la manière dont s’établit le choix des remè¬ 
des et qui, heureusement pour nous, est entièrement dissembla¬ 
ble de celle de la dosimétrie, puisqu’elle repose sur le similia 
similibus et l’autre, comme lallopathie, sur la contraria con - 
trariis . 

Malgré cette différence essentielle il en est de la dosimétrie 
comme de l’allopathie, chose bien naturelle puisqu’elles appar¬ 
tiennent à la même famille, elles empruntent à l’hoihœopathie 
des médicaments actifs, mais tandis que celle-ci possède pour 
chacun d eux une échelle graduée impressionnabilité, indi - 
viduelle pour ainsi dire, qui permet d’approprier la dose à 
chaque cas sans produire d’accident, la dosimétrie et l’allopa* 
thie sont confondues l’une et l’autre dans la funeste préoccupa¬ 
tion de chercher à fixer des limites à la nature, comme s’il était 
donné à l’homme, dans l’état actuel de nos connaissances, de 
pouvoir dire : tu iras jusqu'ici dans tes phénomènes, sans 
dépasser d'une ligne . Vaine prétention que l’expérience con¬ 
tredit chaque jour ! 

La dosimétrie loue excessivement les grands, les magnifiques 
résultats que la colchicine a donnés dans le traitement de la 
goutte et du rhumatisme, comme le démontrent les observations 
publiées récemment dans son journal ; mais dans ces cas, comme 
dans beaucoup d’autres, ce n’est point la loi du contraria con - 
trariis qui a déterminé le choix du remède et il serait difficile 


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de donner une explication satisfaisante des effets curatifs. 

La dosimétrie se torture l’esprit et regarde dans toutes les 
directions pour tâcher de découvrir l’origine de ces effets sur¬ 
prenants de la colchicine dans l’organisme rhumatismal ou gout¬ 
teux, et l’explication lui convient, quelle quelle soit, du moment 
où elle ne conduit pas directement à la démonstration de la loi 
des semblables. Il doit résulter de cela qu’après avoir cherché, 
examiné minutieusement, imaginé et forgé une explication qui 
satisfasse son entendement, elle reste dans l’incertitude et finit 
par dire je ne sais pourquoi elle produit ces effets. Le résultat est 
si favorable à la colchicine qu'il nous semble y avoir en elle 
quelque propriété spéciale qui lui confère les vertus que nous lui 
reconnaissons comme agent antirhumatismal. (Page 114 de la 
Revue dosimétrique , n° 109.) 

En somme, il ressort de cette explication que la colchicine 
agit dans le rhumatisme, en dosimétrie, par des propriétés que 
cette école même lui reconnaît. 

En d’autres termes plus clairs et plus précis nous pouvons 
dire, avec l’assurance que donne la science positive aux faits 
qu’elle instruit,que l’indication que le colchique couvre en dosi¬ 
métrie est, inconsciemment pour elle, de Phomœopathie pure. 

Quiconque parcourra le manuel le plus élémentaire de matière 
médicale homœopathique à l’article des effets purs du colchicum 
sur l’organisme sain, ne manquera pas de remarquer les carac¬ 
tères de certaines formes rhumatismales contre lesquelles ce 
médicament est d’une incontestable utilité. 

Que l’on compare les cas cliniques que cite le journal dosi¬ 
métrique, comme preuves des succès obtenus par la colchicine , 
avec la pathogénésie du colchicum d’où on retire cet alcaloïde, 
et on pourra acquérir de cette façon une explication naturelle 
et expérimentale de ses effets. L’intelligence sera ainsi abritée 
sous le pavillon scientifique et positif, toujours dressé, de la loi 
des semblables. 


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Que dit la clinique dosimétrique par rapport aux cas dt, 
goutte et de rhumatisme guéris avec cet agent médicinal ? Elle 
cite les observations suivantes : 

1° Un homme de 30 ans, d’une constitution régulière, d’un 
tempérament mixte, éprouvait depuis 15 ans à l’épaule gauche 
une douleur supportable quand le membre était immobile, mais 
extrêmement violente quand il voulait le mouvoir ; il la ressen¬ 
tait également la nuit quand il restait quelque temps sur le côté 
gauche, ou cherchait à changer de côté. 

2° Un autre de 45 ans souffrait annuellement d’une attaque 
de goutte, dans l’un ou les deux pieds, qui durait de 10 à 
15 jours. 

3° Un sujet affecté de diverses souffrances qui devaient être 
plus ou moins liées au rhumatisme ; il ressentait depuis l’âge 
de huit ans de violentes douleurs dans les deux pieds avec 
inflammation en différents endroits, surtout à la région plan¬ 
taire des gros orteils. Inappétence, constipation et nuits insup¬ 
portables. Pas de fièvre, mais pouls débile, comme résultat de 
l’hyposthénie des souffrances antérieures, de la diète et des 
douleurs des derniers jours ; 

4° Une dame de 54 ans, de bonne constitution, souffrant 
depuis neuf ans tous les hivers d’attaques de rhumatisme qui 
la tenaient au lit trois à quatre mois et se manifestaient par la 
tuméfaction des extrémités thoraciques et abdominales, des 
douleurs aiguës qui rendaient les mouvements impossibles, ano¬ 
rexie, langue saburrale, urines rares, foncées et à sédiment 
briqueté, insomnie opiniâtre. 

Que dit la matière médicale homœopathique pure relative¬ 
ment aux symptômes que produit le colchicum chez l’homme 
sain ? Elle dit en résumé ce qui suit : 

1° Symptômes généraux: Douleur déchirante, rhumatismale 
et arthritique dans les membres et d’autres parties du corps, 
surtout par un temps chaud. Elancements dans les articula- 


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lions. Douleurs accompagnées de débilité paralytique et de 
paralysie réelle. Exacerbation des symptômes depuis la chute 
du jour jusqu’à son lever. Faiblesse générale, et, comme consé¬ 
quence, sensibilité douloureuse de tout le corps, au point de ne 
pouvoir se remuer sans éprouver une douleur à faire crier. 

2° Fièvre .—Fièvre rhumatismale avec courbature doulou¬ 
reuse des articulations des mains et des pieds, douleurs dans les 
épaules, les hanches et les reins. 

3° Sommeil . — Insomnie par surexcitation nerveuse, 

4° Estomac . — Nausées. Vomissements alimentaires. Estomac 
très sensible au toucher. 

5° Ventre. — Pression extérieure à la partie supérieure du 
ventre. Coliques avec douleurs déchirantes. 

6° Evacuations . — Diarrhée dysentérique de mucosités 
blanchâtres. 

7° Urines. — Emission peu abondante d’urine foncée, avec 
ténesme et sentiment d'ardeur. Sédiment blanchâtre dans 
Purine. 

6° Tronc. — Tension lancinante entre les omoplates. Dou¬ 
leurs d’excoriation dans les reins durant le mouvement. 

9° Bras. — Dilacération dans les bras, les mains et les 
doigts. Contraction crampoïde dans les doigts.Engourdissement 
à la pointe des doigts. 

10° Jambes. — Dilacération dans les jambes, les pieds et les 
phalanges des orteils. Tuméfaction des jambes. Fourmillement 
dans les phalanges des orteils comme lorsqu’ils se gèlent. 

Il suffira de ces quelques indications pour comprendre que les 
cas cliniques que la dosimétrie nous renseigne comme guéris 
par la colchicine , présentent la plus grande analogie avec l'action 
de colchicum sur l’homme sain, et que cette école a dû se laisser 
guider par nos propres principes pour recourir à ce remède 
dans certaines formes de goutte et de rhumatisme. 

Les faits donneraient lieu à bien d’autres considérations si 


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nous ne craignions de nous étendre trop, telles que les classes 
et les formes de rhumatismes dans lesquelles convient ce médi¬ 
cament ; mais nous dirons pourtant que la colchicine , pas plus 
que le colchique ne réussira toujours dans toutes les souf¬ 
frances rhumatismales et arthritiques. Sa sphère d’action se 
trouve limitée par ses effets généraux, qui, à notre avis, 
se rapportent spécialement aux rhumatismes et arthrites de 
forme aiguë, se développant surtout chez les personnes de 
tempérament quelque peu lymphatique, à la suite de l’im¬ 
pression du froid humide, et caractérisés par des douleurs déchi¬ 
rantes, tensives et fourmillantes qui provoquent des secousses 
violentes et déterminent un certain état de lassitude, analogue 
à de la faiblesse paralytique, qui s’étend de bas en haut ; ou 
bien des douleurs articulaires lancinantes qui s’aggravent le 
soir et surtout par le mouvement. 

Il résulte de ce que vient d’être dit, que Thomceopathie 
est l’école médicale la plus positive et la mieux fondée sur la 
raison et l’expérience; que la dosimétrie y a puisé la base de sa 
doctrine, quant à l'unité de médication ; que là où elle obtient 
ses succès les plus brillants et ne trouve pas les raisons qui les 
expliquent, il y a lieu de les rapporter à riiomœopathie ; 
qu’enfin la pratique dosimétrique deviendra, malgré elle, le 
passage obligé de l’école traditionelle vers la rationnelle et 
moderne bomœop'athie. (El crilerio medico.) 

Traduction du D r Wüillot. 

Nous reproduisons avec plaisir l’article suivant paru dans 
VHomœopathie populaire : 

LA VÉRITÉ SUR L’HOMŒOPATHIE. 

Appel aux médecins de bonne volonté, 

parle D 1 * P. Joussbt, professeur de Clini pie à l’Hôpital St-Jacques. 

Dans deux ans,nous célébrerons le Centenaire de THomœo- 


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— 54 — 


pathie, et cette doctrine, qui a résisté aux attaques d’ennemis 
acharnés et, il faut le dire, aux défaillances d’amis mala¬ 
droits, cette doctrine, qui reste debout depuis un siècle quand 
tant d’autres systèmes s’écroulent autour d’elle, est encore 
fort mal connue de la plupart des médecins. 

Il y a trois choses qui font la gloire de Hahnemann et la 
puissance de l’homœopathie. C’est l’étude expérimentale des 
médicaments sur Y homme sain, la loi d’indication dont la 
formule est : Similia , Similibus Curantur , c’est, enfin, 
l’emploi habituel des doses non perturbatrices. En dehors de 
ces trois choses, tout n’est que système, hypothèse ou erreur 
dans la réforme de Hahnemann. 

Or, sur quoi porte toujours la critique de nos adver¬ 
saires ? Sur le dynamisme et les raisons plus ou moins fantai¬ 
sistes qui ont été données pour expliquer l’action des doses 
infinitésimales. 

Comment ! on a devant soi un homme qui a assis sur l’ex¬ 
périmentation des médicaments et sur les indications positives 
la thérapeutique moderne, et on voudrait réduire toute l’ho- 
mœopathie à une simple question de globules ou de dyna¬ 
misme ! 

Hahnemann, parla réforme delà matière médicale, est le 
grand initiateur de la thérapeutique moderne : il en est véri¬ 
tablement ]e maître et le guide. 

Qui donc, avant lui, se préoccupait de l’action physiolo¬ 
gique des médicaments ? Ei qui, depuis lui, omet ce chapitre 
dans ses études thérapeutiques ? 

Non seulement Hahnemann a jeté la base d'une matière 
médicale positive, mais, en prenant pour règle d’indication le 
similia similibus , il a créé, pour la première fois en méde¬ 
cine, une thérapeutique exempte d’hypothèse. En effet, qu’en¬ 
seigne la réforme de Hahnemann ? Opposer à l’ensemble des 
symptômes ou des lésions qui constituent une maladie, un 


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— 55 — 


ensemble de phénomènes produit par une substance médica¬ 
menteuse sur Thomme sain, sans s’occuper de la cause pro¬ 
chaine , toujours hypothétique, de la maladie. Par exemple, 
opposer au choléra caractérisé par des évacuations par le 
haut et par le bas, les crampes, le refoidissement et le 
collapsus, le vérati^um qui, à doses toxiques, produit des 
vomissements, des diarrhées, des crampes,du refroidissement 
et le collapsus, sans se préoccuper de savoir si le choléra est 
une gastro-entérite, un empoisonnement ou le produit d’un 
microbe. Les symptômes et les lésions d’une maladie sont des 
faits d’observation, les phénomènes produits chez l’homme 
sain par des médicaments sont des phénomènes d’expé¬ 
rimentation ; il m’y a donc point place à l’hypothèse dans 
cette thérapeutique, et nous avons eu raison de dire bien 
des fois que l’homœopathie était la thérapeutique positive. 

Eh bien, je dis que, devant cette grande figure de Hahne- 
mann, tout médecin doit s’incliner avec respect et que cher¬ 
cher la petite bête devant d’aussi grandes choses, c’est se 
faire tort à soi-méme. 

La thérapeutique positive a été fondée par Hahnemann, et 
J.-P. Tessier a fourni, sur cette doctrine, une vérification 
clinique officielle que seul il était en situation de donner, 
puisque seul il était médecin des hôpitaux de Paris. 

La démonstration clinique faite à l’hôpital Sainte-Margue¬ 
rite (1) réunit toutes les conditions de certitude : démonstra¬ 
tion publique, faite par un homme compétent ; surveillance 
d’une administration défiante ; continuation de l’expérience, 
pendant trois ans, sur des centaines de malades ; expériences 
- comparatives avec le traitement allopathique, appliqué par 
t des médecins distingués, dans le même temps et dans le même 

(1) Aujourd'hui transformé en hôpital d'enfants, sous le nom d’Hôpital Trous¬ 
seau. 


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hôpital.Peut-on rêver une réunion de conditions plus com¬ 
plètes pour juger une doctrine thérapeutique? 

Aussi, nous ne nous lasserons pas de reproduire cet inté¬ 
ressant historique. 

En 1847,J.*P. Tessier,médecin de l’hôpital Sainte-Margue¬ 
rite, résolut de vérifier publiquement rhomœopathie ; il en 
prévint ses deux collègues du même hôpital, Valleix et 
Marotte. Il fut résolu, d’un commun accord, que cette véri¬ 
fication serait faite sur la pneumonie, et il fut convenu que 
toutes les pneumonies seraient dirigées dans le service de 
Tessier. 

Le premier malade entra le 19 novembre 1847 et fut cou¬ 
ché au n° 16 de la salle Saint-Benjamin. Décrire l’anxiété de 
Tessier pendant les six jours qui furent nécessaires pour ar¬ 
river à la convalescence serait difficile. Il revenait à l’hôpital 
jusqu’à trois fois par jour; énfin, le malade guérit. Un second, 
puis un troisième malade se succédèrent ; tous guérirent et 
le premier cas de mort arriva le 27 mars 1848. Les observa¬ 
tions, au nombre de 41, furent recueillies par les internes 
du service et publiées en 1850. Il y avait 38 guérisons et 
3 morts. 

Et pendant ce temps quelle était l’attitude des deux collè¬ 
gues de Tessier, Valleix et Marotte ? 

Après avoir encouragé l’expérience de leur collègue, ils se 
retirèrent devant le sucés inattendu de l’homœopathie et 
quelques mois après, ils dénonçaient à M. Davaine, alors 
directeur de l’Assistance publique, les agissements scanda¬ 
leux-d’un médecin qui avait eu le mérite et le courage de 
croire que l’observation était la règle suprême de la théra¬ 
peutique. Honteuse dénonciation de la part de ses auteurs, 
recours odieux au bras séculier dans une question qui ne 
relevait que de la conscience médicale; mais heureuse dénon¬ 
ciation par ses résultats. M.Davaine, en effet, fit une enquête 


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— 57 — 


qui dura trois ans et, de cette enquête, ressortit la supério¬ 
rité incontestable du traitement homœopathique sur le traite¬ 
ment allopathique. Voici les chiffres : 

Service allopathique: 3,724 entrées : 412 morts,moyenne 
11,30 pour cent. 

Service homœopathique : 4,663 entrées : 339 morts, 
moyenne 8,55 pour cent. 

En plus la durée du séjour fut beaucoup moindre dans le 
service homœopathique, puisqu’il a reçu pour le même nom¬ 
bre de lits 939 malades déplus en trois ans. 

Rien ne manque à cette démonstration. 

Que lui a-t-on objecté ? 

Le silence et l’espérance de la voir disparaître dans 
l’oubli. 

Si l’homœopathie était une question purement scientifique, 
une semblable expérience l’aurait depuis longtemps résolue. 
Mais les problèmes de thérapeutique se compliquent de ques¬ 
tions d’amour-propre et d’intérêts qui les passionnent et les 
obscurcissent. 

Nos adversaires ne nous pardonneront jamais nos succès de 
clientèle et si Valleix et Marotte se sont abaissés jusqu’à 
dénoncer J.-P. Tessier au directeur de l’Assistance publique, 
je connais des médecins, à Paris, qui nous feraient traîner, 
pied nus, en grève, s’ils en avaient le pouvoir. 

Nous devons ajouter que l’homœopathie a beaucoup pro¬ 
gressé depuis cent ans. Non seulement la matière médicale a 
été perfectionnée, mais la doctrine a été dégagée de ses exa¬ 
gérations et de ses orreurs. 

Il a été établi que l'homœ )pathie n’était ni toute la méde¬ 
cine, ni toute la thérapeutique. 

On a fait une large part aux médications accessoires : 
hydrothérapie, électricité, eaux minérales, etc... 

Les indications de la médication palliative, si précieuse 


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— 58 - 


dans le traitement des maladies incurables et dans celui du 
symptôme douleur ont été fixées. La plupart des médecins 
homœopathes ont déclaré bien haut que les doses infinitési¬ 
males ne devaient pas être exclusivement employées, que la 
posologie variait avec les maladies et les médicaments et que 
la clinique était la seule règle de la dose. 

Nous déclarons, en outre, que l’homœopathie n’a rien d’une 
secte ni d’une petite église ; qu’elle repousse avec horreur, 
je ne dis pas seulement les remèdes secrets, mais même les 
préparations secrètes des médicaments comme ceux de Jeni- 
chen autrefois, et ceux de Mattéi aujourd’hui. 

Hahnemann nous a honorés en plaçant la thérapeutique 
sur des bases vraiment scientifiques, et nous considérons 
comme des félons les médecins qui, par excès de naïveté, ou 
pour des raisons moins avouables encore, compromettent 
cette grande doctrine dans une pharmacopée mystérieuse. 


De la propagation du bacille de la tuberculose, 

par le D r Martiny. 

Sous ce titre, nous lisons dans la Semaine médicale : 

M. Cornet (de Rcichenhall). — C’est le résultat de recherches faites 
pendant deux ans, dans le laboratoire de M. Koch, à Berlin, que j’ai 
l’honneur de vous soumettre. Les animaux ayant servi à, ces recherches 
ont été au nombre de mille environ. 

La question posée était celle-ci : Où existe le bacille de la tuberculose, 
en dehors des organismes ? Existe-t-il, par exemple, dans la poussière 
aérienne des chambres habitées par des phtisiques, à des endroits qui ne 
sont jamais souillés par les crachats ou les mains des phtisiques, qui n'ar¬ 
rivent jamais en contact immédiat avec les provenances de l'organisme 
malade ? 

Je ne puis expliquer ici tout au long la méthode à laquelle je me suis 
finalement arrêté, ni indiquer toutes les précautions indispensables dont 
je me suis entouré pour avoir des résultats absolument irréprochables. Ce 
point de technique fera l'objet d’une prochaine publication. Mais je peux 
dire que toutes ces précautions ont été rigoureusement prises. 


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Les expériences ont été faites dans des locaux différents ; en voici les 
résultats mis en regard de chaque genre d'établissements. 

Vingt et une salles'(Vhôpital remplies de phtisiques: L'inoculation de la 
poussière aérienne a produit la tuberculose chez la moitié des animaux. 

Trois asiles d'aliénés (ces malades meurent souvent de phtisie) : La 
poussière de l'un de ces asiles a été trouvée infectieuse. 

Deux prisons cellulaires: Pas d'infection ; mais ce résultat est dû peut- 
être à un changement de méthode. 

Cinquante-trois chambres particulières habitées par des phtisiques : 
Résultat positif pour la moitié. 

Plusieurs salles d'hôpital habitées par divers malades ; salle de clinique 
chirurgicale; auditoires de Vuniversitè , etc. : Résultat négatif, aucune 
infection. 

Poussière recueillie sur les murs extérieurs des maiso?ts dans treize mies 
des différents quartiers de Berlin : Aucune infection. 

Ma place de travail dam le laboratoire flà ouf ai disséqué des ce?itaines 
de cadavres tuberculeux , pendant deux ans : Même résultat absolument 
négatif. (Ce résultat prouve l'importance des moyens à notre portée pour 
noua protéger contre l'infection.) 

En somme: 311 poussières provenant d'endroits habités par des 
phtisiques mais soustraits à l'attouchement direct, m'ont donné 59 infec¬ 
tions; 77 poussières d'endroits sans phtisiques n'ont donné lieu à aucune 
infection. 

Il est intéressant de noter que la poussière provenant de chambres 
habitées par des phtisiques se servant constamment et exclusivement de 
crachoirs ne m'a donné aucune infection ; la poussière infectieuse prove¬ 
nait toujours de chambres habitées par des phtisiques qui crachaient sur 
le plancher ou dans le mouchoir. Ce fait était tellement constant que je 
ûnissàis par savoir d’avance le résultat futur et que je pouvais diagno 
stiquer la virulence possible ou l'innocuité certaine de la poussière d'après 
les habitudes du malade. On peut tirer de cette constatation des conclusions 
importantes sur la relation qui existe entre la propreté hygiénique et le 
danger de la propagation du virus. 

A l’occasion de ces recherches j'ai pu étudier encore deux autres points : 
1° la voie prise par le bacille pour entrer dans l'organisme. Toutes mes 
autopsies ont confirmé la manière de voir de M. Koch à cet égard ; n'im¬ 
porte le point où javais inoculé la poussière virulente, c’étaient toujours 
les ganglions lymphatiques les plus voisins du point d'inoculation qui 
étaient les plus ou les seuls malades ; 2° la transmission par hérédité. 
Tandis que l'utérus, le placenta et tous les organes de la mère étaient viru- 
lents, l'embryon ne l'était pas 


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A la fin de mes recherches, j'ai fait quelques essais thérapeutiquesj'ai 
cherché à procurer l'immunité aux tissus vivants, en les saturant pour 
ainsi dire avec des solutions médicamentcus3s ; dans ce but, j'administrai 
aux aniiqaux le maximum absolu inapplicable à l'homme. J’ai essayé de 
cette manière le tanin, l'acétate de plomb, l'infusion d'ail (par le rectum), 
la pinquine, l'hydrate de soufre, le menthol, le sublimé (par voie hypoder¬ 
mique, avant l'infection par inhalation ; — plusieurs animaux mouraient 
intoxiqués par le sublimé, mais tous étaient tuberculeux), la créoline, la 
créosote (avant et après l'infection), — tous sans aucun résultat. Il est 
vrai que l'on ne peut pas directement appliquer ces résultats à l'homme ; 
mais l'impossibilité de conférer de cette manière l'immunité aux tissus 
organiques me paraît démontrée. 

Avouez que ces essais thérapeutiques sont peu consolants ; 
malgré les doses énormes administrées, il n’y a pas eu de résul¬ 
tats; tous les médicaments préconisés par l’école allopathique 
dans la phtisie n’ont rien produit. À quoi aura servi aux nom¬ 
breux tuberculeux la découverte du bacille de la tuberculose ? 
Pour guérir la tuberculose il faut,l’expérience l’a prouvé, mettre 
l’organisme dans les meilleures conditions de nutrition ; c est le 
résultat qu’on obtient habituellement par un traitement homœo- 
pathique bien approprié avec des doses atténuées, mais ce n’est 
pas, comme le prouvent d’une façon péremption ces expérien¬ 
ces, en saturant les malheureux malades, de créosote, de tanin, 
d’acétate de plomb, etc., qu’on parvient à les guérir. Les remè¬ 
des homœopathiques qui sont si finement divisés vont peut-être 
agir, eux, directement sur les bacilles ; grâce à cette extrême 
division ils arrivent peut-être à pénétrer la trame la plus fine 
des tissus et modifier la vitalité des bacilles. 

L’on voit que ce n’est pas en saturant les malades de remè¬ 
des violents qu’on les guérit. 

D r Mautiny. 


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- 61 


La saccharine, 

par le Dr Martiny, 

Tout le monde connaît aujourd’hui ce nouveau produit, 
doué d’un pouvoir édulcorant de beaucoup supérieur au sucre 
ordinaire ; la saccharine est appelée aussi sucre de houille . 

À peine était-il connu que les médecins s’empressèrent de 
le recommander pour les diabétiques. 

Or, il paraîtrait que ce produit n’est pas aussi inoffensif 
qu’on le disait, chez les diabétiques. 

.Vous lisons dans le Patriote : 

Le sucre de houille ou saccharine .— M. Worms a fait une intéressante 
commumication k l'Académie de médecine de Paris sur la saccharine, ce 
nouveau produit d'extraction de la houille dont la découverte date de 
quelques années à peine. La saccharine communique aux liquides où elle 
se trouve mélangée une saveur identique à celle du sucre de canne; mais 
son pouvoir édulcorant est 280 fois plus considérable. 

Ce pouvoir est tel qu'un gramme de saccharine donne un goût sucré 
nettement appréciable à 70 litres d’eau distillée. Chose étrange, les four¬ 
mis, les abeilles, les guêpes ont une aversion très marquée pour les pro¬ 
duits sucrés avec cette substance. L’homme, au contraire, ne peut faire 
la différence entre deux liquides édulcorés, l'un avec 14 grammes de 
sucre, l'autre avec 3 centigrammes de saccharine. 

Cette substance est-elle inoffensive? Comme elle donne seulement 
l’illusion du sucre, on s’est empressé de la prescrire aux diabétiques, aux¬ 
quels l’usage du sucre de canne est interdit. M. Worms, que ses travaux 
sur le diabète conduisaient naturellement à étudier la question, a recher¬ 
ché si la saccharine pouvait être administrée sans inconvénients aux gly- 
cosuriques. 

Les résultats de ses expériences ne sont pas encourageants et il conclut 
qu'il y a certainement un risque à introduire la saccharine dans l’alimen¬ 
tation des diabétiques ; elle provoque des troubles digestifs plus ou moins 
sérieux et il est nécessaire d’en surveiller avec soin l’emploi. 

M. Worms appelle, en terminant, l’attention sur un point qui intéresse 
à la fois l'hygiène publique et une de nos industries nationales. En Amé¬ 
rique, on trouve déjà dans le commerce une substance sucrée, mélange de 
glucose et de saccharine, qui fait concurrence au sucre de canne. Sur les 
frontières de l’est de la France, on vend, sous le nom de sucre de Cologne, 
une substance jaunâtre qui est sans doute une préparation analogue, et ce 
sucre de Cologne ne coûte que 25 centimes la livre. 


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— 62 — 


Le sucre de canne et le sucre de betterave sont évidemment menacés 
Le prix de la saccharine, 130 fr. le kilo, est le seul obstacle qui s'oppose à 
l'invasion de ce nouveau produit allemand. Le jour où le prix de fabrica¬ 
tion sera abaissé, l'industrie sucrière recevra une atteinte sérieuse. 

M. Dujardin-Beaumetz appuie les observations présentées par M- 
Worms. La question de la saccharine a un double intérêt, au point de 
vue thérapeutique et au point de vue de l'hygiène. La siccharine arrête 
le pouvoir digestif du suc gastrique et du suc pancréatique ; elle peut 
donc troubler les fonctions de l'estomac. 

Il est certain, d'autre part, que les industriels ont déjà commencé à 
substituer le sucre de bouille au sucre de canne ou de betterave, surtout 
dans la fabrication des confitures. 

D«* MARTIN Y. 


LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE, 

par le D r Martin y . 

Nous lisons dans la Gazelle thérapeutique du mois de janvier : 

Traitement des myomis utérins pur Chydraslis canadtnsis . 

L'observation rapportée par le D r Vinc. Schmidt est relative à une 
femme âgée de 46 ans, qui avait été mariée deux fois. Depuis l'âge de 
14 ans la menstruation avait toujours été régulière. It va 15 ans, la 
malade fit une fausse couche de trois mois. Dans le courant de 1804 un 
léger gonflement occupa la partie inférieure de l'abdomen, la tumeur 
augmenta de volume et la menstruation devint irrégulière, il y eut des 
mètrorrhagies et des douleurs siégeant dans l’abdomen, les reins et les 
aines. Lorsque Schmid examina la malade, celle-ci était pâle et affaiblie 
par les hémorrhagies, et une tumeur volumineuse se sentait immédiate— 
au-dessous de l'ombilic Aucun signe de grossesse Circonférence abdo¬ 
minale à 10 centimètres au-dessous, 1 mètre 2 centimètres ; enfin l'om¬ 
bilic était à 19 centimètres du pubis et à 44 centimètres de l’appendice 
xyphoïde. La tumeur avait le volume d'une tête d'adulte, elle était dure 
et occupait la ligne médiane ; une autre plus petite était située à droite 
et au-dessous de la précédente. Le toucher vaginal permit de sentir la 
tumeur, et les mouvements communiqués par le doigt à l'utérus 83 
transmettaient au néoplasme. 

Malgré l’aflàiblissement provoqué par les hémorrhagies, la malade ne 
voulut pas consentir à une opération et le D r Schmidt prescrivit des sti¬ 
mulants, le tamponnement du vagin avec le perchlorurc, et donna par 


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jour une demi-cuillerée à thé de teinture d'hydrastis canadensis. Leg 
hémorrhagies s’arrêtèrent et, après 15 jours, la tumeur s’était affaissée 
légèrement. Après un traitement prolongé, la menstruation devint régu¬ 
lière ; quatre m.ns après, la tumeur avait considérablement diminué de 
volume et l’état général était aussi satisfaisant que possible. L’hydrastis 
cauadensis a été recommandé par nombre d’auteurs dans le traitement 
désaffections utérines et, d’après l’observation rapportée, son usage paraît 
sérieusement indiqué dans le traitement des fibro-myomes puisque d'après 
Valent. Schmidt il a supprimé dans son cas la nécessité d’une intervention. 

Depuis plus de vingt-cinq ans, les homœopathes emploient 
thydrastis canadensis dans les engorgements de diverses natures 
et avec succès. Il y a peu de temps que ce remède a été signalé 
comme une nouveauté par les journaux de l’ancienne école et 
voici un cas heureusement guéri qui confirme pleinement tout 
ce que les homœopathes ont dit au sujet de thydrastis cana¬ 
densis ; mais quand un homœopathe avançait un fait du genre 
de celui-ci, nos confrères allopathes souriaient ou prétendaient 
carrément que Thomœopathe se trompait ; aujourd’hui c’est 
un médecin de grand nom qui parle ; il a guéri au moyen de 
thydrastis une tumeur dure, du volume de la tête d’un adulte ; 
il aurait obtenu le même résultat si au lieu de donner une demi- 
cuillerée & thé de la teinture, il s’était borné à en administrer 
une seule goutte et n’aurait pas risqué de voir le tube digestif se 
révolter contre la dose qu’il a administrée. 

Autre réflexion : la malheureuse patiente a eu bien raison de 
ne pas consentir à une opération puisqu’elle a guéri sous l’in¬ 
fluence d'hydrastis canadensis ; que serait-il advenu si elle avait 
voulu se soumettre au bistouri du chirurgien ? 

D r Martin y. 


BIBLIOGRAPHIE. 

TRAITÉ DES MALADIES DE L’ENFANCE, par le Marc 
Joüsset. — Paris, librairie J.-B. Baillière et fils, 1888 . 

Le D* Marc Jousset marche sur les traces de son père ; il vient 


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de publier l’excellent volume dont nous donnons le titre ; la 
description des maladies de l’enfance y est faite avec cette pré¬ 
cision et cette clarté qui caractérisent l’ouvrage du D r Jousset 
père: Eléments de médecine pratique. Ce volume est tout à 
fait au courant de la science et, comme le dit l’auteur, il a mis 
à contribution, dans ses descriptions, les ouvrages classiques les 
plus récents ainsi qu’un grand nombre de thèses et de mémoires. 

La partie thérapeutique qui accompagne chaque description 
contient, dit l’auteur, les indications des principaux médica¬ 
ments homœopathiques qui peuvent être prescrits chez les 
enfants, sans oublier toutefois, dans un exclusivisme étroit, les 
moyens utiles qui proviennent de l’empirisme et de la pratique 
de l’école officielle, ni ceux qui découlent des médications colla¬ 
térales; hydrothérapie, eaux minérales, électricité, etc. Certai¬ 
nes opérations, comme la trachéotomie, l’ouverture des adénite^ 
suppurées du cou, etc., qui sont autant du domaine de la méde¬ 
cine que de la chirurgie, sont décrites avec soin. 

Nos sincères félicitations au D r Marc Jousset. 

D r Martiny. 


SOMMAIRE 

LE BORD DE LA MER, par le D p Martiny. ... 33 

Gastrite chronique [suite ).Traduction du D r Chevalier, 

de Charleroi.38 

L’homœopathie n’est pas la dosimétrie. Traduction du 

D r Wuillot, de Malines. 45 

La vérité sur l’homœopathie.53 

De la propagation du bacille de la tuberculose, par le 

D r Martiny .58 

La saccharine, par le Dr Martiny .61 

Les larcins de l’allopathie, par le D r Martiny . . 62 

Bibliographie.63 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

15* Année. JUIN 1888. N® 3. 


LE BORD DE LA MER™, 

par le D r Martiny . 


La cure de mer {suite). 

Tous les auteurs qui se sont occupés de la cure de 
mer se sont naturellement enquis de l’état de santé des 
habitants des côtes' et le résultat le plus général de leurys 
recherches est que les populations voisines du bord de 
la mer sont robustes et bien portantes ; mais ces obser¬ 
vations se rapportent non seulement aux sujets qui habi¬ 
tent tout contre la digue ou sur la digue même,mais aussi 
à ceux des localités situées plus loin, parfois même à plus 
d’un kilomètre de la mer ; on n’a pas fait la distinction 
non plus au sujet des habitants des falaises et des hau¬ 
teurs, assez élevées au-dessus du niveau de la mer pour 
-que les poussières marines qui, comme nous l’avons vu,ne 
s’élèvent jamais très haut dans l’atmosphère, ne parvien¬ 
nent que rarement jusqu’à leurs demeures ; enfin on n’a 
pas tenu compte de l’état habituel de telle ou telle mer et 
de la prédominance de certains vents ; il est certain, par 
exemple, que la Méditerranée, qui n’a pas de marée, ne 
dégage pas autant de poussières salines que les mers 
mouvementées ; enfin les localités dont les vents domi • 
nants sont des vents de terre sont aussi moins fréquem¬ 
ment exposées aux émanations marines ; en un mot, les 

(l) Suite. Voir vol. précédents et vol. cour* p. 33. 


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observateurs n’ont pas fait de différence entre les per¬ 
sonnes qui sont presque constamment exposées, aux 
poussières microscopiques de la mer, vivant presque 
toujours dans un air réellement marin,et les autres sujets 
qui, par suite de la situation de leurs demeures, ne res¬ 
pirent que de temps en temps l’air de la mer et trouvent, 
pendant de longs intervalles de temps, un air pur, salubre, 
dégagé de poussières salines; c’est pour avoir négligé 
d’établir .cette distinction que les. conclusions des diffé¬ 
rents auteurs ne sont pas probantes. 11 y a une différence 
énorme, comme nous venons de le voir, entre l’air qui 
plane au-dessus de la mer et celui qui se trouve habi¬ 
tuellement au-delà, à quelques centaines de mètres de la 
digue, entre l’air du pied d’une falaise, et celui que 
l’on respire au haut de cette falaise, etc. Les statistiques 
ne tiennent pas compte de ces différences, aussi ne sont- 
elles pas concluantes ; prenons, par exemple, la scrofule: 
y a-t-il beaucoup de scrofuleux parmi les habitants des 
côtes? Les statistiques et presque tous les auteurs répon¬ 
dent qu’elle y est relativement rare ; nous sommes de 
leur avis s’il s’agit des habitants des côtes, pris dans leur 
ensemble, mais nous sommes d’une opinion contraire 
s’il est question des personnes qui habitent réellement, 
la digue et respirent presque constamment un air marin 
complet, c’est-à-dire qui sont exposées presque conti¬ 
nuellement aux émanations marines ; il est bon de rappe¬ 
ler encore ici que la plupart des habitations du bord de 
la mer sont presque partout assez éloignées de la mer 
même ou assez élevées au-dessus de son niveau, et ce 
n’est que de temps en temps, lors des vents violents, que 
les. poussières salines y arrivent ; la plupart du temps 
l’air qu’on y respire est un air déjà complètement dé¬ 
pouillé de ces poussières, c’est-à-dire un air terrestre pur, 
exempt de microbes et ozonifié; rien d’étonnant dès lors 


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— 67 — 


que les personnes vivant dans un air si bienfaisant soient 
bien portantes et ne présentent pas de manifestations 
strumeuses ; comme nous l’avons constaté, il en est tout 
autrement dans les demeures où domine l’air réellement 
marin, chargé des émanations marines ; là on trouve un 
nombre assez marqué de personnes chétives, entachées de 
scrofule' ; si toute la famille n’est pas atteinte c’est que 
certaines organisations finissent par s'habituer à cet air, 
comme certains sujets s’habituent à des émanations plus 
ou moins toxiques ; mais chez ces proches voisins de 
la digue, le chiffre des scrofuleux dépasse la moyenne 
générale ; c’est ainsi que doit s’expliquer pourquoi le 
nombre des scrofuleux est si grand dans les ports de 
mer , car, comme l’avoue à son grand étonnement le 
D r Van Merris (1), « il existe cependant une exception à 
la règle générale, et qui semblerait mettre en doute 
l’action constamment bienfaisante du voisinage de la 
mer... tous les grands ports sont des entrepôts où se 
fabrique sans interruption la scrofule ». Ce fait ressort 
de toutes les statistiques et non seulement pour la 
scrofule mais pour un grand nombre d’autres affec¬ 
tions chroniques ; le I) r Van Merris a soin d’ajouter, il 
est vrai, que si la scrofule y est plus fréquente, c’est 
« indépendamment et en dehors pour ainsi dire de l'air 
marin, c’est par suite de l’accumulation et de la con¬ 
centration de toutes les causes réunies de la déchéance 
organique ». Notre conclusion est toute différente, c’est 
l’air marin que nous accusons, mais c’est l’air marin 
complet avec ses poussières médicamenteuses tel qu’on 
le respire sur la digue et sur la plage. Dans les ports de 
mer, la mer arrive réellement dans le cœur de la ville, les 
grands bassins sont entourés d’habitations, et quelle que 


(1) Z/t scrofule et les bains de mer , p. 146. 


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soit la direction du vent, les poussières marines rencon¬ 
trent toujours des poitrines humaines qui les respirent et 
les absorbent pour ainsi dire continuellement ; et bien ! 
les organisations qui ne parviennent pas à la tolérance 
absolue doivent y dégénérer. Si l'air marin ne devait pas 
être ici mis en cause, pourquoi la scrofule serait-elle plus 
fréquente dans les ports de mer que dans d’autres villes 
tout aussi malsaines? pourquoi y trouverait-on, comme 
au Havre, la scrofule chez 25 pour cent des enfants en 
bas-âge, comme le rappelle le D r Van Merris ? 

Nous l’avons dit, c’est la grande loi des semblables qui 
s’affirme, une fois de plus. Puisque l’air marin guérit 
souvent la scrofule, il doit, quand il est respiré d’une 
façon continue, la donner à un certain nombre de sujets et 
surtout à l’enfance qui est d’une si grande réceptivité. 

C’est on vertu de la loi des semblables que les scrofu¬ 
leux de l’intérieur des terres viennent se guérir au bord 
de la mer et ils peuvent y séjourner tant qu’ils ne sont 
pas complètement, guéris et qu’ils ont besoin de prendre 
journellement des remèdes sous forme de poussières 
marines; cet air les transforme à vue d’œil et ils le tolèrent 
admirablement et longtemps jusqu’à guérison complète. 

L’enfance étant presque toujours un peu entachée de 
lymphatisme on comprend aisément pourquoi presque 
tous les enfants sont si heureusement influencés par la 
mer, tandis qu’un certain nombre d’adultes la suppor¬ 
tent difficilement ; pourtant il n’est pas rare de trouver 
même des enfants (ceux qui étaient peu lymphatiques) 
dont la santé se trouve bien d’un premier mois de séjour 
sur la plage, mais qui tolèrent difficilement une cure plus 
longue, parce qu’un premier mois a suffi pour guérir les 
légères manifestations lymphatiques dont ils étaient 
atteints. 

Rappelons à nos confrères de l’ancienne école un fait 


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analogue connu depuis longtemps sous le nom de « tolé¬ 
rance médicamenteuse»: plus un remède est bien indi¬ 
qué, mieux il est supporté, toléré par l’organisme, le 
tartre émétique chez certains pneumoniques, par exem¬ 
ple, etc. (i). 

Mais il existe une autre série de faits qui viennent 
apporter une preuve nouvelle de l’influence parfois nui¬ 
sible de l’air marin complet, sur certaines organisations 
quand elles le respirent d'une façon plus ou moins per¬ 
manente : nous voulons parler des lésions scorbutiques. 
L’historique du scorbut est plein d’enseignements pré¬ 
cieux à cet égard. 

continuer'.) D r Martiny. 


Le tabac. 

Nicotiane, pelun , herbe à la reine , herbe du grand-prieur , herbe de 
Ste-CrotXy herbe à tous les meux, nicoliana tabacum (solanées), 

par Em. Seutin, pharmacien, et L. Skut in, docteur en médecine, à Bruxelles. 

Tabac ou nicotiane , nicoliana tabacum . L . 

Caractères généraux. — Calice en tube à 5 divisions, 

5 étamines ; corolle infandibuliforme, à 5 lobes, et à 5 plis ; 

5 étamines égales renfermées dans le tube ; ovaires à 2 loges 
multi-ovulées ; stigmate entête; capsule entourée par le calice 
persistant, biloculaire. 

La nicotiana tabacum est une plante forte, glutineuse, . 
recouverte dans toutes ses parties d’un duvet très court, ses 

é!) Le tartre émétique était jadis administré à presque tous les pneu¬ 
moniques indistinctement à une dose très forte ; or il suffit le plus 
souvent de cinq centigrammes pour produire des vomissements, tandis 
que certains pneumoniques supportent quarante et même cinquante 
centigrammes sans la moindre nausée; cette tolérance se présente lorsque 
le tartre émétique est le vrai médicament du mal ; aussi les médecins 
avaient-ils constaté, sans se rendre compte de la cause, que l’émétique 
guérissait lorqu’il était bien toléré. 


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tiges sont droites, hautes de 1 m. 00 c. environ, rameuses, 
chargées de feuilles alternes, sessiles, demi-anoplexicanles, fort 
grandes,d’un vert pâle, ovales-oblongues,très entières; ses fleurs 
sont roses, ses semences ridées et très petites,et de couleur bru¬ 
nâtre. 

Tabac rustique , nxcotiana miUca. 

Cette plante est velue et glutineuse comme la précédente; 
mais elle ne s'élève qu’à Ici hauteur de six décimètres à un 
mètre; ses feuilles sont pétioléos, épaisses et4’un vert foncé; ses 
fleurs sont petites, pairculécs, d’une couleur vert-jaunâtre. 

Historique. — Ces deux plantes sont originaires d’Amérique; 
la première espèce a été importée en France en 1500, par Jean 
Nicot., ambassadeur près de la cour de Lisbonne ; de là lui est 
venu le nom de nicotiane et aussi celui d’herbe à la reine, à 
cause de Catherine de Médicis, à qui Nicot fit présent des 
semences; quant au nom de tabaco, qui a prévalu chez presque 
tous les peuples du monde, il est tiré de celui de l’ile Tabago, 
où la plante croissait en grande abondance et où les Espagnols 
l’ont trouvée d’abord : le nicotiana rustica a été connu un peu 
plus tard ; toutes deux jouissent des mêmes propriétés et sont 
employées à la fabrication du tabac. Les feuilles du tabac sont 
âcres, émétiques et drastiques à l’intérieur; mais elles sont aussi 
stupéfiantes, et causent le délire, des convulsions et la mort, 
lorsque leur principe délétère se trouve introduit dans la circu¬ 
lation. 

Composition chimique. — Malgré les nombreux travaux 
entrepris par beaucoup de chimistes distingués, nos connais¬ 
sances sur la composition chimique de cette plante offrent de 
nombreux desiderata. 

Les feuilles fraîches de tabac renferment: gomme, mucilage, 
acide tannique et gallique, chlorophylle, matière pulvérulente 
verte, huile jaune ayant l’odeur, le goût et les propriétés de la 


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plante, résine jaune-pâle, nicotine qui est oléagineuse, incolore 
quand elle est pure, mais passant au brun au contact de l’air. 
Formule C*° H u Az 2 . 

Vauquelin a été le premier chimiste qui a signalé la nicotine 
en 1809, six ans après la découverte de la morphine (1803), le 
premier alcaloïde connu ; plus tard, Posselt et Ueiman ont 
étudié la nicotine, qui a été ensuite l’objet des travaux de 
MM. Boutran, Ortigosa, Henry Barrai, Schlœsing, et nos com¬ 
patriotes Melséns et Stas. 

L’odeur de la nicotine est assez faible à froid, à une tempéra¬ 
ture peu élevée, elle devient âcre et vireuse. Soluble dans Peau, 
l’alcool et l’éther et les huiles grasses, elle bout Vers 250°, mais 
en subissant déjà un commencement de décomposition.Ala tem¬ 
pérature ordinaire, une baguette imprégnée dacide hydrochlo- 
rique que Ton en approche se couvre de fumées blanches. Ses 
vapeurs sont tellement irritantes qu’on respire avec peine dans 
une salle où l’on en a vaporisé quelques gouttes. C’est une base 
puissante neutralisant les acides pour former des sels ; d’autre 
part elle précipite les sels métalliques. La nicotine est déplacée 
de ses combinaisons salines par l’ammoniaque, la potasse, la 
soude, la chaux, la baryte et les principaux réactifs des alca¬ 
loïdes. 

Les tabacs du Lot-et-Garonne sont les plus riches en nico¬ 
tine: 7,9Get7,24, puis viennent les tabacs du Nord, Ile-et- 
Vilaine 6,58 et 6,29, Virginie, 6,87, Maryland, Havane, 2,29 
et 2. Il est des tabacs du Levant, de la Grèce, de la Russie, de 
Hongrie qui en contiennent moins encore (1). 

Modifications que la fermentation fait subir au tabac. — La 

(1) Les doses indiquées ici sont celles mentionnées par les auteurs, mais il 
arrive que cette quantité de nicotine est bien plus élevée, car on a vu dans cer¬ 
taines années, les tabacs du Lot fournir jusqu’à 10 et 11 p. c. de nicotine, ceux 
du Nord, Ile-ot-Vilaine 8 et 9 •>. c. et ceux des autres localités suivre une aug¬ 
mentation proportionnelle. 


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fermentation à laquelle on soumet le tabac donne naissance à 
l’ammoniaque; une partie de cet alcali sature les divers acides 
du tabac,et se substitue à la nicotine qui, devenue partiellement 
libre, se volatilise. 

Malgré l’odeur très forte du tabac préparé, il contient moins 
de nicotine que les feuilles sèches. (Tardieu.) 

Le tabac à priser subit une double fermentation et renferme 
moins de nicotine encore que les autres. Le tabac à priser ne 
renferme guère que 2 p. c. de nicotine. 

La nicotine se trouve dans la fumée du tabac. M. Melsens 
évalue à 1 décigratnme la quantité de nicotine que peuvent four¬ 
nir 16 grammes de tabac. 

Nota. — D’après certains chimistes, le tabac produirait son 
action toxique, au moyen de trois produits : 1° une huile vola¬ 
tile (la nicotianine); 2° un alcaloïde volatil (la nicotine) ; 3° une 
huile empyreumatique qui se formerait pendant la combustion. 
D après ces données,la façon la moins dangereuse de fumer sera 
celle qui arrête une certaine partie de ces trois produits. Les 
narguillés, les pipes indiennes, dans lesquels le tabac brûle 
lentement, dont la fumée passe à travers de l’eau aromatisée, 
présenteraient donc le maximum d’innocuité (1). 

Puis viendraient les pipes russes, à longs tuyaux, et les pipes 
allemandes à réservoir qui retiendraient une partie des sub¬ 
stances nocives (2); les pipes en terre dure arrêtent moins bien 
ces produits. 

Mais de toutes les^ façons de brûler le tabac, les plus mau¬ 
vaises sont le cigare et la cigarette: par ces deux modes, les 
produits toxiques arrivent immédiatement dans la bouche, et 
peuvent être absorbés en partie; dans la cigarette, dont 


(1) Malheureusement ces pipes ne sont pas portatives. 

(2) Produit résineux, demi-liquide, qui se condeuse dans l’intérieur des pipes 
et qu'on désigne vulgairement sous le uom de jus; contient une proportion consi¬ 
dérable denicotine;il foudroie rapidement les animaux qu'on expose à son action. 


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— 73 - 


l'enveloppe est en papier, la combustion de ce dernier vient 
ajouter de nouveaux produits dé’étères à ceux énumérés plus 
haut. 

Nicotine . — La nicotine est un poison violent, qui, par la 
rapidité et l'intensité de son action, ne peut être comparé qu’aux 
plus redoutables agents toxiques, l’acide prussique,l’aconitine et 
l'atropine Une à deux gouttes suffisent pour foudroyer des ani¬ 
maux, tels que lapins, chats, chiens; une goutte versée sur la 
langue d’un chien de taille ordinaire amena la mort en moins 
de 3 minutes (Herzelius). A dose plus faible la nicotine déter¬ 
mine chez les animaux des mouvements convulsifs et des trem¬ 
blements effrayants (Blatin). Quelques gouttes instillées dans la 
bouche donnent immédiatement la mort à l’homme. C’est donc 
sur le cadavre qu‘il faut chercher les signes de l'empoisonne¬ 
ment, la peau qui entoure la bouche est quelquefois brûlée et 
les lèvres blanches, racornies, couvertes de croûtes, la langue 
ta tôt grisâtre, volumineuse et dénudée, la membrane rnu- 
queuséde labouche,xlu pharynx et l’œsophage peuvent présenter 
les mêmes altérations. Si le poison a été donné à dose assez 
forte, la face interne de l’estomac est rouge, injectée, parsemée 
de plaques noirâtres, sans ulcération ; tous les tissus exalent 
une odeur particulière, qui rappelle celle du tabac (l). 

Réactifs de là nicotine. — Le chlore gazeux réagit : 

1° A froid sur la nicotine,et lui donne une couleur rouge de 
sang; 

2° En mélangeant des solutions assez étendues d’iode et de 
nicotine dans l’éther, il se dépose au bout de quelque temps de 
belles aiguilles d’un rouge de rubis, formées par la combinaison 
directe de l’iode et de la nicotine, formule C î0 H 14 Az 3 l 3 , 
appelé iodo-nicotina; 

3° La nicotine précipite en blanc les sels de mercure, de 


(I) Tardieu et Roussin. Et h de sur l'empoisonnement, pages 027 à 953. 


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plomb, d’étain, de zinc, et en bleu les sels de cuivre; en jaune 
le bichlorure de platine; le chlorure d’or donne un précipité 
jannc-roageâtre; Fiodure de potassium ioduré,un précipité brun 
de ko mes, qui se résout en gouttelettes huileuses rouges et pe¬ 
santes.qui se «transforment spontanément sous forme cristalline. 

Nota . — Bien des travaux remarquables ont été publiés sur 
le tabac et surtout sur son alcaloïde, par plusieurs chimistes 
émineuts; ils furent entrepris surtout à partir de ce drame 
lugubre et célèbre qui a eu tant de retentissement, non seule¬ 
ment en Belgique,mais dans le monde entier ! L’habile chimiste, 
M. le professeur Stas, fut chargé de l’analyse. Le poison fut 
découvert et reconnu. 

Les procédés analytiques suivis par ce savant si distingué, et 
dont notre pays a le droit d’être fier, sont et resteront encore, 
d’après les témoignages les plus élogieux des plus célèbres chi¬ 
mistes étrangers, des modèles à suivre dans des recherches 
toxicologiques similaires. 

Les trois modes de consommer le tabac s’appellent priser, 
chiquer et fumer. Nous avons déjà parlé de ce dernier ; nous 
ajouterons à ce que nous avons dit que l’on ne doit jamais 
fumer à jeûn, ni avant les repas, ne jamais fumer dans sa 
chambre à coucher, ne pas consommer plus de deux à trois 
cigares par jour, un cigare après chaque repas, interposer 
entre le cigare ou la cigarette et les lèvres, des tubes en 
ambre ou en bois. La nicotine, qui ne se vaporise qu’à 250 
degrés, se redépose vite dès qu’elle a franchi le fourneau 
incandescent ; aussi la cigarette ou le cigare seront jetés dès 
qu’ils auront été fumés aux trois quarts ; ils ne seront jamais 
rallumés si ce n’est au moment où ils viennent de s’é¬ 
teindre. Presque tous les fumeurs dépassent sans préjudice 
apparent les limites ici imposées, mais il en est d’autres qui 
verront se dérouler une série d’accidents sérieux ou même mor¬ 
tels,épée de Damoclès suspendue sur la tète clés malheureux qui. 


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décuplant les dangers du tabac, par ceux de l'alcool ou d autres 
boissons, bière,vins, etc., ne sont bien qu’assis devantun verre, 
la pipe à la bouche, soit chez eux, soit dans un café, ou au 
cercle dont l'atmosphère est empoisonnée par la fumée de tous. 

Accidents qui menacent les fumeurs à outrance* — Irritation 
des lèvres, des dents, de la langue, du pharynx, de l’œsophage • 
et de l'estomac. Le ptyalisme s’observe as ez souvent chez ceux 
qui abusent du tabac. La pharyngite granuleuse, la surdité, 
des ophthalmies nombreuses, aiguës et chroniques, il fait engen¬ 
drer encore d'autres affections plus terribles, qui sont désignées 
sous les noms de cancer et d’amaurose ; mais n'oublions pas la 
toux laryngée, incessante, qui se rencontre si fréquemment ; 
nous avons actuellement sous les yeux un exemple saisissant 
de cette dcrniè’ e, chez une personne à laquelle nous portons le 
plus vif intérêt, et que nous n’avons pu faire renoncer à de 
grands excès de cigares. Puisse cette affection ne pas se trans¬ 
former en une grave maladie de poitrine. 

Des priseurs. — C'est, sans doute, une douce satisfaction que 
colle de pri:.er, mais derrière le plaisir n’y a-t-il pas un réel 
danger? Lorsqu'on commence à priser, on le fait avec modéra¬ 
tion, mais on oublie trop tôt les conseils de la prudence, et 
voilà les doigts qui présentaient jadis timidement devant le 
nez quelques atomes du parfum tabagique, y engloutissant 
des quantités considérables de la poudre noire. La sensibi¬ 
lité émoussée de la muqueuse réclame des quantités toujours 
croissante®, l’odorat se perd, la muqueuse nasale s’épaissit, 
devient le siège d’ulcération, de dartres et parfois même de 
polypes; par continuité de tissus, la peau du nez rougit, les 
voies lacrymales, la trompe d’Eustache s’irritent, la poudre 
franchissant les fosses nasales postérieures, enflamme le pha¬ 
rynx, le larynx et jusqu’à l’œsophage et l'estomac (1). 

(1 , L'analyse chimiqu ,a a pu retirer do la nicotine des organes dos grands pri¬ 
eurs. 


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Aussi, à celui qui est sur le point de glisser sur cette pente 
fatalè, voici le conseil amical que donne M. le docteur Pecholier, 
l’auteur de l’article sur le tabac dans le Dictionnaire encyclopé¬ 
dique des sciences médicales : « Puisez, dit-il, sans trop d’appré¬ 
hension, de temps à autre dans la tabatière d’un ami, mais 
gardez-vous bien d’en avoir une à vous-même. » 

Nota. — On a remarqué depuis longtemps que le tabac à 
priser contient de très notables proportions de plomb (1), lors¬ 
qu’il a été conservé dans des vases ou des feuilles de ce métal. 
En 1859, M. Laitner a reconnu qu’une feuille de plomb enfer¬ 
mée pendant un mois.au milieu de tabac à priser avait perdu 
5 °/ 0 de son poids et se trouvait perforée d’une multitude de 
petits trous. La quantité de plomb enlevée de la sorte peut 
déterminer de véritables empoisonnements. Une feuille de papier 
interposée entre la feuille de plomb et le tabac n’empêche pas 
le transport du plomb dans le tabac, et l’on a remarqué que la 
feuille de papier, voisine de celle du plomb, devient en peu de 
temps assez plombifère pour noircir complètement par l'hydro¬ 
gène sulfuré. 

Chiquer . — C’est le 3 e mode de consommer le tabac ; il est 
aussi dangereux qu’il est répugnant ; outre le terrible danger 
d’avaler tout entier son terrible collutoire, le chiqueur court 
tout au moins celui d’avaler sa salive empestée ; s’il ne l’avale 
pas, ilia crache en abondance extrême, cause de dépérissement 
et de dyspepsie. La bouche et l'haleine deviennent puantes ; 
les dents jaunissent et se rongent peu à peu, les lèvres, les joues, 
les gencives peuvent devenir le siège d’une inflammation chro¬ 
nique ; et que d’alcool il faut pour éteindre ce feu-là! Les 
chiqueurs sont relativement peu nombreux et ne se recrutent 


(1) On a trouvé jusqu’à 2 grammes de plomb par kilog. de tabac. Un malade 
qui depuis 10 ans consommait uue livre de ce tabac par mois, avait pris pendant 
oe laps de temps 180 grammes de plomb. Il portait, d’aiUeurs, tous les signes 
d’iutoxication saturnine. 


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que dans la lie de la population (1), et cependant, on trouve 
encore des hommes appartenant à la bonne société qui se sont 
donné la triste passion de la chique! Mallebranche, l’un des 
plus grands philosophes français, avait contracté cette fatale 
habitude ; il mourut d’un cancer de l’estomac. Le professeur 
Petit Pradel, attaché à la marine militaire, avait aussi cette 
manie et il mourut d’un cancer du pylore. 

(.4 continuer). Seutin Ph n et D r L. Seutin. 



son traitement homœopathique comparé au traitement 
allopathique, 

par le B** Wixdelband, de Berlin. —Traduction du D * Chevalier, 
de Charleroi. 

De toutes les maladies de l’enfance, ce sont ces altérations 
profondes du sang, que l’on désigne sous le nom général de 
scrofulose, qui sont les plus répandues et les plus graves. Il est 
donc ~du plus grand intérêt de discuter publiquement ces affec¬ 
tions, non pas tant pour le médecin qui a à traiter ces diffé¬ 
rentes lésions et avant tout à les prévenir, mais afin que tout 
père de famille, qui s’intéresse au bien-être de ses enfants, 
puisse chercher, par des moyens appropriés, à éviter l’éclosion 
et le développement de ces maladies, qui causent tant de ra¬ 
vages au sein de cette pauvre humanité, ou qu’uue fois quelles 
existent, il les fasse traiter par des moyens médicamenteux qui 
puissent les arrêter dans leur course désastreuse. 

Pour bien préciser le sens du mot scrofule, disons d’abord 
que nous entendons par là un trouble de nutrition et de déve- 

(1) Pechoiier. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales , pp. 233 
à 285. 


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loppement du corps chez l’enfant, caractérisé par des symp¬ 
tômes du côté de la peau, des muqueuses, des articulations des 
os, des organes des sens et surtout du système lymphatique, 
amenant un grand dérangement dans la nutrition générale, qui 
imprime à l’individu le cachet d’un état maladif, que tout le 
monde reconnaît facilement. 

La division de la scrofulose en forme torpide et aiguë nous 
semble de peu d’importance pour la discussion présente, et n’a 
qu’une influence miuiine au point de vue de la thérapeutique, 
attendu qu’il ne s'agit daus c;s conditions que d'un cas indivi¬ 
duel et qu'il nous importe peu de savoir si tel enfant a la peau 
tendre et fine, s’il estmaigre et délicat, très ou très peu irritable, 
s’il est bouffi avec une tendance à l’obésité, s'il a le nez, le ventre 
gros, ou s’il est d’uue complexion élégante et transparente. 
Dans les deux formes, le caractère essentiel de la maladie ré¬ 
side dans la grande excitabilité du sys ème lymphatique avec 
prédisposition de la peau aux éruptions, et prédisposition des 
os à l’inflammation. Quant au traitement, chaque cas particu¬ 
lier demande une médication spéciale. Les deux formes de scro¬ 
fule sont héréditaires ou acquises. Et si la médecine moderne, 
dans son interprétation étroite et matérialiste, ne considère pas 
la scrofule comme une dyscrasie, comme un certain vice du 
sang, qui renferme un principe scrofuleux, si elle n’a pas en¬ 
core découvert la bacille ou microbe de cette affection, si, dis-je, 
elle ne considère pus la scrofulose comme un empoisonne¬ 
ment du sang, l’hérédité par la transmission évidente de la ma¬ 
ladie des parents aux enfants prouve qu’il y a cependaut dans le 
sang et dans les liquides du corps un quelque chose que nos sens 
mal exercés ne sont pas eucore parvenus à découvrir ou que 
nous ne déc mvriions peut-être jamais, comme c’est le cas pour 
beaucoup de maladies. Nous connaissons du reste les diverses 
conditions, les différentes formes sous lesquelles cette maladie 
peut se développer et nous pouvons la combattre avec plus ou 


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moins de bons résultats, comme nous pouvons, dans les jcas où 
elle n’est pas acquise, mais héréditaire, amoindrir le plus pos¬ 
sible les causes auxquelles elle doit son origine. 

Nous savons que les parents qui ont été scrofuleux dans leur 
jeunesse, que ceux qui sont atteints, ou l’ont été, d’affections 
cancéreuses, syphilitiques ou tuberculeuses, ont la plupart du 
temps des enfants scrofuleux ; nous savons également que les 
unions qui se font entre consanguins produisent presque tou¬ 
jours les mêmes résultats avec, en outre, une grande faiblesse de 
l’intellect ; de là, par analogie, nous pouvons dire que beaucoup 
d’autres vices corporels et de défauts intellectuels passent des 
parents aux enfants. Pouvons-nous du reste renier l’hérédité, 
quand nous voyons certaines autres affections, telles que la 
phtisie et les maladies nerveuses, se transmettre des parents aux 
enfants, quelquefois des grands-parents aux petits-enfants, en 
sautant une génération ? Nous croyons peu, en présence des 
formes si variées de la phtisie, que le bacille soit la cause essen¬ 
tielle de cette maladie et qu’il soit nécessaire d’en trouver un 
peut-être semblable pour l'édification de la scrofule. Il y a du 
reste des choses que la nature ne dévoile pas et qu’elle tient 
comme, par exemple : le principe de la vie, l’action intime des 
médicaments, l’influence de l’atmosphère, du climat, etc., dans 
un profond et insondable secret. 

Nous devons, dans ces cas, nous en tenir aux manifestations 
extérieures, étudier les formes sous lesquelles les maladies 
héréditaires peuvent se montrer et préparer ensuite nos moyens 
pour les combattre. -Nous pouvons du reste les analyser et les 
traiter, comme beaucoup d’autres maladies, d’après leurs sym¬ 
ptômes et suivant les principes de la similitude. Nous approfon¬ 
dirons ce point quand nous parlerons du traitement de la scro- 
fulose. 

Si nous considérons maintenant les modes de traitement des 
deux écoles, l’allopathique et l’homœopathique, nous voyons que 


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les mesures générales à prendre pour l’amélioration des qualités 
du sang, et pour un traitement médical convenable, se rencon¬ 
trent des deux côtés. 

I! est facile à comprendre que l’on ne peut pas nourrir un en¬ 
fant en bas-âge au moyen de féculents ; qu'il lui sera d’une 
grande utilité d’être transporté d’un endroit malsain, dans un 
site propre, ensoleillé, où il pourra respirer un bon air; qu’il 
convient de donner à un enfant une nourriture tonique et con¬ 
forme à son âge. Mais alors même qu’on observe exactement 
toutes les prescriptions hygiéniques, que le genre de vie et la 
nourriture sont parfaits, il arrive que des cas de scrofule ne se 
guérissent pas, cela se rencontre aussi bien dans les rangs les 
plus élevés de la société, où cette maladie est assez répandue, 

4 que dans la c lasse la moins opulente, où l’on trouve les formes 
les plus graves de la maladie. 

La-diététique, l’hygiène, le fonctionnement de la peau, etc., 
sont des prescriptions de traitement identiques pour tous les 
médecins. 

Comment maintenant l’allopathie traite-t-elle ces viciations 
du sang? En premier lieu et surtout il y a le traitement local. 
Les affections externe -, tellos que l’eczéma, l’impétigo, le pso¬ 
riasis, l’ecthyma, seront traitées tout naturellement par une 
médication externe. Ce seront des pommades à l’oxyde de zinc, 
au précipité blanc, des lotions au sublimé, du goudron sous, 
toutes les formes, du savon vert, même des caustiques, tels que 
la potasse dans les cas d’eczéma, d’impétigo, des pommades au 
calomel, le nitrate acide de mercure, le nitrate d’argent; con¬ 
jointement avec le traitement externe, on institue dans beau¬ 
coup de cas dyscrasiques une médication externe, des dériva¬ 
tif*, de l’iode, etc. Le psoriasis est traité par le savon vert, le 
goudron, l’eau froide selon la méthode de Priessnitz, les solu¬ 
tions de sublimé et enfin l’acide chrysophanique. Pour le 
traitement de ces exanthèmes, on fait un grand étalage de 


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remèdes qui ne profitent guère au patient, et qui souvent ne lui 
sont d’aucune utilité. Quant au traitement interne, nous n'avons 
qu'à citer l’huile de foie de morue, le café de glands de chêne, 
le calomel et la rhubarbe, ou de la rhubarbe mélangée à de la 
magnésie, etc., l'iode et ses composés, l’iodure de potassium et 
l'iodure de fer* 

Dans la classe aisée de la société, les bains salés sont em¬ 
ployés en première ligne. Cette méthode curative, qui ne peut 
être employée que par un petit nombre de personnes, est sans 
contredit la meilleure et elle sera prescrite par tout médecin 
instruit. Mais, malheureusement, on abuse de l’emploi des bains 
salés, et pour ce motif on ne recueille pas tous les effets qu’on 
en attend. Les ablutions salées dans les maisons de bains sont 
employées pour les enfants faibles ou délicats, seulement on les 
fait parfois avec une fréquence irréfléchie. Des femmes sont 
souvent venues me consulter pour leurs enfants atteints de 
scrofule, et m’affirmaient n’avoir obtenu aucun succès malgré 
un bain donné tous les jours pendant 3 mois, 6 mois et même 
un an, comme si un bain chaud était une bagatelle et ne devait 
pas finir par affaiblir le corps le plus solide. Il n’est pas plus 
logique, d'autre part, d'attendre les vacances pour faire faire 
aux enfants une cure de 28 à 30 bains ! Sous cette forme trop 
précipitée, les bains salés ne produisent que des désordres. 
J’ai vu des enfants revenir de leur cure considérablement 
amaigris. Pour que ces bains soient profitables, et ils le sont 
sans aucun doute quand l'application en est logique, il faut 
qu’ils soient pris dans un temps plus long et en moindre quan¬ 
tité. 

Pour clore l'exposé du traitement allopathique dans les 
affections strumeuses, il nous reste encore à parler des localisa¬ 
tions de ces maladies aux yeux, dont le traitement consiste en 
applications de pommades au précipité rouge, de collyres astrin¬ 
gents et corrosifs, traitement qui force les enfants à venir tous 


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les jou 1*8 à la clinique pendant des 3 et des 6 mois ! Et enfin 
viennent des désordres les plus profonds, la suppuration des 
glandes, la carie des os, affections dans lesquelles l’intervention 
chirurgicale, douteuse et temporaire, ne doit pas être méprisée, 
mais considérée comme un pis-aller, alors que nous savons tous 
qu’il n’y a que la médication interne bien appropriée qui puisse 
prévenir ces complications si fâcheuses. Le défaut capital du 
traitement allopathique, c’est le manque de remèdes spécifiques 
pour les différentes formes de cette diathèse, et l’impossibilité 
de pouvoir individualiser les rares médicaments qu’il possède ; 
de l’iode et toujours de l’iode, voilà le seul spécifique qui doit 
guérir toutes les différentes manifestations de la scrofule et qui, 
malheureusement, réussit dans si peu de cas. 

L’homœopathie, en revanche, dispose d’une série de médica¬ 
ments appropriés à chaque forme spéciale de la scrofulose. 

Nous exposerons d’abord ceux employés pour les manifesta¬ 
tions externes de la scrofule. 

Eczéma. — Le principal médicament dans ces cas est le mer¬ 
cure dans ses différentes préparations : merc. solubis h'ihne - 
manni (hydrarg. amidato-nitricum oxydulatum), mercur. antû 
moniat. sulforntus . mercurius corrossivus,oxydatu$ ruber, iodatus 
flavus et biiodatus. L)e tous ces composés, celui auquel nous 
donnons la préférence est lesolubilù. Il convient pour ainsidireà 
toutes les formes et aux différents stades de l’ezcéma scrofuleux. 

Nous avons fréquemment l’occasion, dans notre polyclinique, 
de traiter des enfants scrofuleux porteurs d’eczémas très éten¬ 
dus, localisés à la face ou à la tête et qui se guérissent en 2 ou 
4 semaines, sans le moindre traitement externe. Seuls de grands 
soins de propreté de tout le corps et la chute des croûtes par 
l’huile d’olive suffisent extérieurement. 

Le mercure est spécialement indiqué dans les formes sordides, 
avec engorgement glandulaire et tendance à la suppuration. 
Par l’administration de ce remède, nous voyons également 


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disparaître ces gonflements inflammatoires de la peau, suite 
d’eczémas. Quand l’éruption eczémateuse a disparu, ce qui par¬ 
fois demande assez de temps, à cause de sa fréquence à récidiver, 
nous donnons pendant un assez long temps du sulfur et surtout 
les premières atténuations du spiritue sulfuris, qui en même 
temps sert de reconstituant de l'économie. 

Si l’eczéma est humide, nous prescrivons souvent le rhus 
toadcodendron , et après la disparition des vésicules, nous don¬ 
nons, comme après le mercure , le suifur . Dans les cas d’impétigo 
opiniâtre, le mercure ou le rhus sont également indiqués. 

D'autres médicaments, tels que lycopodium et arsenic , ont 
aussi leurs indications dans les cas chroniques. Le premier se 
donne à des triturations élevées, jamais en dessous de la 6*, et 
cela parce que le lycopodium se laisse difficilement broyer et qtie 
souvent à l’examen par la loupe on le trouve intact. On peut 
également employer la teinture en basses dilutions, mais nous 
lui préférons toujours les triturations. L’indication spéciale pour 
le lycopodium , que nous n’employons du reste que quand le 
mercure ne produit pas d’effet, consiste dans l’état de faiblesse 
des malades, avec constipation opiniâtre, et un grand prurit, 
reconnaissable chez les enfants assez âgés par des grattements 
continuels (et chez les petits par une agitation très grande) sur 
les plaques eczémateuses en suppuration. 

L 'arsenic, que nous prescrivons de la 4 e à la 6 e trituration, 
convient aux enfants cachectiques, atteints en même temps de 
diarrhée avec selles puantes et lien tériques, fortes transpirations 
pendant la nuit avec beaucoup d’agitation, insomnie occasion¬ 
née parles démangeaisons brûlantes, qui les forcent à se gratter 
jusqu’au sang, grande soif, œdème des paupières, du scrotum, 
du pénis, ou autre hydropisie. 

Dans les cas de grosses croûtes avec engorgement inflamma¬ 
toire des glandes du cou et de la nuque, nous avons, sur le 
conseil de Kafka, retiré de grands avantages de l’administration 


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de hepar sulfuris cxlcareum 3 e et de conium maculatum 2 e ou 3 e . 

Ou intercalera dans le traitement également le calcarea 
phosphorica ou carbon ica, ou bien le phosphore, dans le cas de 
rachitisme concomitant ; le calcarea quand aucun symptôme 
spécial n’existe, à part l’éréthisme de l’enfant, et le phosphore, 
quand il y a catarrhe de l’estomac, de l’intestin ou des bronches. 
Si parfois une affection osseuse, par exemple la carie, se montre f 
ou une otorrhée chronique, un gonflement des épiphyses, on 
peut prescrire silicea 3* à 5 e . Pour les cas d’eczémas rebelles, 
humides, croûteux, on donne graphites 3 e à G 0 . 

Les autres composés de mercure, tels que mercurius oxydatus 
luber et mercur. sulfuratus antimonialus , sont employés dans 
les affections scrofuleuses des yeux: conjonctivite, kératite, 
blépharo-adénite; ce dernier çemède surtout, d’après le conseil 
de Goullon, dans les cas de kératite. Quand il s’agit d’une blé- 
pharo-adénite, nous nous servons, d’après l’exemple de Kafka, 
d’une pommade au précipité rouge, 0.05 pour 8 â 10 grammes 
d’onguent simple. Nous pourrions, je crois, parfaitement nous 
en passeret arriver à un bon résultat, d’autant plus que, malgré 
que ce soit le même médicament que nous donnons intus et 
extra, beaucoup de confrères trouveront peut-être que ce n’est 
pas homœopathique que d’agir ainsi. 

Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’employer Yolwm 
crotonis recommandé par Kafka, qui, d’après sa pathogénésie, 
doit trouver son application dans les cas de rash eczémateux 
humides et chauds. Il en est de même du mezereum , qui s’em¬ 
ploie dans les formes sèches, lichennoïdes. 

Nous avons, je crois, épuisé toute la série des remèdes contre 
l’eczéma scrofuleux et nous pourrons en toute confiance attendre 
la concurrence de l’allopathie, ainsi que le démontrent journel¬ 
lement notre pratique privée et notre polyclinique. 

(A continuer.) Traduction du D r Chevalier. 


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85 ~ 


/ 


\ 


REVUE DES JOURNAUX HOWEOPATR1QUES D’AMÉRIQUE, 

par le D r Lambreghts, fils, d’Aovers. 


De l'action du mercure sur le système nerveux, 

par le D r Wanstall, de Baltimore. 

Il n’existe probablement aucun remède qui soit susceptible 
d’applications thérapeutiques aussi étendues que le mercure , 

Les effets qu'il produit sur le système nerveux sont très mar¬ 
qués et méritent & ce titre d’attirer toute notre attention. S’ils 
ont été peu ou point mis à profit dans la pratique jusqu’à ce 
jour, c’est que nous avons tellement l’habitude de prescrire ce 
médicament pour combattre les lésions inflammatoires et les 
altérations du sang, que nous perdons de vue son efficacité dans 
les affections purement fonctionnelles. 

D’après Richard Hughes, les effets névrotiques du mercure 
se manifestent spécialement sur le système musculo-moteur et 
sur la sphère de la pensée et de l’impressionnabilité : Le trem¬ 
blement mercuriel, dit-il, est aussi caractéristique que la sali¬ 
vation. On le rencontre surtout chez les ouvriers qui travaillent 
dans les mines de mercure et dans les usines où l’on emploie ce 
métal. 

D’après Béart, les phénomènes de la mercurialisation peu* 
vent éclater soudainement, mais le plus souvent ils se déve¬ 
loppent d’une manière lente et continue. 

Le premier symptôme appréciable est une faiblesse dans les 
bras, puis survient le tremblement. II est d'abord peu pro¬ 
noncé; mais il devient bientôt très intense et envahit tous les 
muscles de façon à simuler de véritables convulsions et à rendre 
impossibles pour le malade la marcho, la parole et la mastica¬ 
tion. 

Tous les mouvements volontaires, tels que par exemple l’action 


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de porter la nourriture à la bouche, sont accompagnés de vio¬ 
lents soubresauts. On a comparé ce tremblement à celui de la 
chorée, du delirium tremens et de la paralysie agitante. 

Quant aux effets du mercure sur la sphère de la pensée et 
de l’impressionnabilité, voici comment s’exprime le D r Wood : 
Le phénomène nerveux le plus marqué de la mercurialisa¬ 
tion est une augmentation de la susceptibilité aux impressions. 
Des causes légères troublent l’égalité de l’esprit et les influences 
désagréables de toute nature produisent plus que leurs effets 
ordinaires. Il n’est pas rare de rencontrer un état chagrin et 
acariâtre de l’emportement, un caractère irritable et à ces 
souffrances s’ajoutent souvent de l’agitation, de l’insomnie et 
un malaise général. 

L 'éréthisme mercuriel a été très bien décrit également par 
Naumyn : Tout événement inattendu, dit cet auteur, excite le 
malade à un haut degré. La visite et la conversation du méde¬ 
cin le jettent dans un état de trouble qui peut aller jusqu’à la 
syncope. Il devient pâle et bégaie en répondant aux questions 
les plus simples. Tour accomplir un travail*ordinaire, il doit 
faire les plus grands efforts, et il lui est impossible d’en venir à 
bout s’il voit ou s’il pense qu’il est surveillé. Il éprouve de 
l’inquiétude et de l’anxiété sans le moindre motif. Il est 
sujet à des insomnies pénibles ou son sommeil est inter¬ 
rompu par des rêves effrayants, des maux de tête ou des palpi¬ 
tations de cœur. Dans les formes plus graves il existe souvent 
des hallucinations. 

Voici un cas où le mercure réussit à faire disparaître des 
troubles nerveux de ce genre : 

Monsieur W., étudiaut, vint me consulter le 17 mars 1883. 
Il avait le tempérament nerveux très prononcé, et était 
atteint, depuis quelque temps, de pertes séminales fréquentes 
non accompagnées d’érections. 

Ces symptômes disparurent rapidement sous l’influence de 


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bains de siège froids. Il était affecté en outre d’un tic convulsif 
spécial dont il n avait pu se défaire. Ainsi lorsqu’il lisait à haute 
voix en classe, et qu’il se sentait écouté par ses condisciples, il 
éprouvait aussitôt un tremblement des lèvres et de la langue 
qui nuisait beaucoup à l’articulation des sons. 

De temps en temps, sous l'influence d’une émotion plus vio¬ 
lente que d'habitude, pendant un examen par exemple, ces sym¬ 
ptômes devenaient beaucoup plus marqués,et il se produisait une 
véritable raideur spasmodique de la langue et des mâchoires, 
qui lui interdisait complètement l'usage de la parole. Je pres¬ 
crivis d’abord agaricus 3/100, une dose trois fois par jour, et 
je continuai ce traitement pendant 20 jours, mais sans obtenir 
la moindre amélioration. 

J'essayai alors stramonium 3 x ; au bout de 24 jours, le 
malade m’annonça qu’il allait beaucoup mieux, et me pria de 
lui prescrire le même remède. 

Le 2 juillet il vint me consulter de nouveau ; le tremblement 
de la langue et des lèvres avait reparu, et était aussi prononcé 
qu’auparavant. Je répétai stramonium . 

Le 21 août le mal avait empiré ; le tremblement des lèvres 
et de la langue était beaucoup plus visible, et sous l’influence 
de la moindre émotion, il était incapable de prononcer une 
parole. Après avoir étudié minutieusement la pathogénésie du 
mercurius corrosivus, j’administrai ce remède à la 3° tritu¬ 
ration décimale, 5 grains par jour. 

Le 6 septembre aucune amélioration sensible ne s’était 
encore produite. Le malade se plaignait d’une aggravation des 
symptômes chaque fois qu’il prenait la poudre. Les mâchoires 
se contractaient alors, et la douleur s’étendait jusque dans la 
bouche. Je prescrivis merc. corros. 30 e . 

Le 4 octobre, l'état du malade s’était notablement amélioré; 
cependant il éprouvait encore une légère aggravation à chaque 
prise du médicament. 


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J’ordonnai alors merc. corros. 200 e . 

Le 8 novembre, le malade m'annonça qu’il était complète¬ 
ment guéri, et depuis cette époque il n’éprouve plus le moindre 
ressentiment de son mal. 

Pour le choix du mercure dans le traitement .de ce cas, je 
me suis basé sur les symptômes suivants que* je trouvai dans 
l’encyclopédie d* Allen: Tremblement des commissures de la 
bouche, surtout en parlant. Tremblement de langue, parole 
difficile par suite du tremblement des lèvres et de la langue, 
contraction des masséters, rendant difficile et impossible l'arti¬ 
culation des sons. Bégayement. Le malade peut à peine parler 
d’une façon intelligible par suite de l’agitation dans laquelle il 
se met quand on lui adresse la parole. 

Voici un cas de chorée traité avantageusement par le mer¬ 
cure . 

Tillie M. est âgée de 11 ans et pensionnaire de l’asile des 
orphelins. Elle est forte et bien développée, mais non encore 
réglée. Les antécédents de la famille sont incertains. Avant la 
maladie dont elle souffre actuellement, elle a toujours été bien 
portante, et n'a jamais été plus nerveuse que les autres filles 
de son âge : Elle a dans le même établissement une sœur plus 
âgée qu’elle, et qui, à l’exception dune fracture du bras 
qu’elle s’est faite en tombant, a toujours joui d’une excellente 
santé. Tillie n’a jamais eu de rhumatisme; le cœur est intact, 
et il est impossible de découvrir la moindre cause morale qui 
ait pu engendrer la chorée. 

Depuis quelques semaines ses compagnes avaient remarqué 
que lorsqu’elle causait, elle tenait l’aiguille et l’ouvrage d’une 
façon tout à fait anormale, et qu’à table elle laissait fréquem¬ 
ment tomber son couteau et sa fourchette. 

Bientôt des symptômes plus sérieux se produirent pendant 
une promenade qu’elle faisait au parc avec d’autres enfants. En 
marchant elle avait des mouvements brusques des bras et des 


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jambes, qui augmentèrent à tel point, qu’on fut forcé de la 
reconduire en voiture. 

Lorsque je la vis pour la première fois, elle était incapable dô 
marcher. Les mouvements choréiques étaient surtout prononcés 
au bras droit qui était devenu pour elle hors d’usage. C’est avec 
de grandes difficultés qu’elle parvenait à saisir des objc ts volu¬ 
mineux et elle ne pouvait les garder longtemps dans la main. Le 
bras gauche était atteint également mais à un moindre degré. 
La jambe droite était le siège de soubresauts violents qui ren¬ 
daient la marche difficile. 

Je prescrivis tarentula 12 e . 

En dépii de ce traitement, le mal fit de rapides progrès, sur¬ 
tout du côté droit; tous les muscles volontaires étaient envahis 

Le 23 août, la malade fut obligée de garder le lit, n’étant 
plus capable de se tenir debout. La nuit, elle dormait relati¬ 
vement bien, mais ses membres s’agitaient constamment ou 
restaient contracturés sur le corps. La parole était altérée; 
c’est à peine si elle pouvait articuler quelques sons. Elle avait 
un appétit féroce, et dévorait littéralement sa nourriture. Les 
selles étaient régulières. 

Je cessai la tarentule et j’administrai agaricus 30®. Je 
conseillai en même temps des lotions froides à l’éponge. 

Le 30 août, la maladie s’était encore aggravée. Les mouve¬ 
ments choréiques étaient incessants et universels, sauf pendant 
la nuit, et encore le sommeil était interrompu par de fréquents 
soubresauts. La parole était absolument inintelligible et la 
déglutition difficile. Il n’existait aucun trouble psychique bien 
marqué, aucune impatience ni aucune irritabilité de caractère. 
L’appétit était resté le même. On était obligé de la surveiller 
constamment au lit, afin de prévenir les chutes et les blessures, 
età certains moments on devait lui lier les mains pour empêcher 
qu’elle ne déchire ses vêtements ou les couvertures de son 
lit. 


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Les remèdes précédents ayant échoué, j’essayai merc . viv. 
6/10, 5 grains par jour. 

Au bout de 48 heures, une amélioration sensible se déclara, 
et, quelques jours après, la malade put être transportée de son 
lit dans un feuteuil. Je continuai le même médicament. La con¬ 
valescence fut rapide. Le 4 septembre, l’enfant put se lever et 
parler d'une façon distincte. Le 1 er octobre, la guérison fut 
complète. Jusqu’ici il ne s’est pas encore produit de récidive. 

(Hahnemannian Monthly.) 

Un cas d'hémophilie, 

par le D r Gregory, Connecticut. 

Le 12 avril 1887, je fus appelé à donner mes soins à un 
enfant nouveau-né, qui présentait un suintement de sang par le 
nombril. L’enfant était sombre et somnolent, il avait la cornée 
jaunâtre et la peau terreuse. Je lui donnai pendant cinq jours 
phosph. 200 e , arnica 200 e , et lachesis 200 e ; en outre je fis 
une application locale d’extrait de Pond (composé d 'hamamelis, 
fcrrum persulphicric.et argent . nitric.). Ces moyens ne par¬ 
vinrent pas à arrêter l’hémorrhagie.Àu contraire, après quelques 
jours il se produisit des épistaxis fréquentes, composées d’un 
sang noir et fluide. Un médecin allopathe, appelé en consul¬ 
tation, déclara que la maladie était constitutionnelle et que 
rien ne pouvait sauver l’enfant. Et en effet, le mal empirait 
chaque jour. Des hémorrhagies se produisaient par le nez et par 
la bouche, et des ecchymoses se montraient aux genoux, aux 
coudes et au scrotum. Le 23 avril l’enfant était très mal ; tout 
sou corps était recouvert d’ecchymoses. Je prescrivis sulphur. 
acid. 200 e . 

Les symptômes s’aggravèrent encore; Purine et la salive 
devinrent sanguinolentes. J’essayai alors ars . 200 e , mais je n’en 
obtins aucun effet. La peau devenait Jroide, et la poitrine se 
remplissait de râles. 


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J’eus secours à rhus et à phosph. et je fis appeler le 
I> Wells, de Brooklyn. 

Après avoir examiné l’enfant, le D r Wells déclara qu*il 
n’avait jamais vu que deux cas semblables; il les avait guéris 
par le crotalus. Il prescrivit donc crotalus horrid. 200®, une 
poudre dans de l’eau, à prendre une cuillerée toutes les demi- 
heures. Un mieux sensible se déclara aussitôt et le petit malade 
fut complètement rétabli au bout de quelques semaines. 

Depuis cette époque, j’ai eu quelquefois l’occasion d’essayer 
crotalus horrid . dans cette affection grave. Il m’a toujours 
donné de beaux résultats. ( American homœopathist.) 

D r Lamhreghts, Fils. 


VARIÉTÉS. 


Le surmenage physique. — Depuis longtemps l’étiologie générale 
avait accordé une influence plus ou moins pernicieuse à la fatigue dans la 
genèse des maladies. Mais son rôle n’a pu être bien défini que lorsque 
les progrès de la chimie physiologique et de la physiologie pathologique 
ont permis d’en comprendre le mécanisme. 

Jusque-là, à part quelques exemples qui frappaient par leurs accidents 
brusques, on n’avait guère supposé que le surmenage physique pût être 
une cause exclusive de maladie. 

Les travaux d’Arloing, de Bouley, de Revilliod et surtout les leçons 
professées par M. le professeur Peter ont bien montré toute la place qui 
revient aux excès de travail physique dans la pathologie humaine. La 
thèse récente de M. Rendon (1) résume enfin heureusement l'enseigne¬ 
ment de M. Peter sur lautotyphisation. 

Le surmenage physique, en effet, n'a pas simplement pour consé¬ 
quence de mettre l’individu en état de réceptivité morbide, comme on l’a 
dit, mais il développe par lui-même de nombreux accidents dont la 
physiologie pathologique en relève directement. Un grand nombre de 


(1) Victor Rendon. Fièvres de surmenage , 1880. 


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phénomènes, qui avaient d'abord paru étrangers aux excès de fatigue ou 
développés seulement à leur occasion, leur appartiennent réellement, 
c'est là ce qu'a démontré l'observation clinique. 

On sait que le travail musculaire, en dehors de la consommation plus 
abondante d'oxygène, entraîne la formation de produits de désassimila¬ 
tion qui doivent être éliminés surtout par l'urine. 

Ces produits, dont quelques-uns sont particulièrement toxiques et 
que le professeur Gauthier a décrits sous le nom de leucomaïnes, peuvent 
devenir une source de dangers pour l'organisme s'ils se produisent en 
trop grande quantité ou si les émonctoires, reins et foie, cessent de rem¬ 
plir leurs fonctions ou deviennent seulement insuffisants. Cette anto- 
intoxication n'est pas simplement une vue de l’esprit. Elle est démontrée 
à la fois par les caractères chimiques et physiologiques que prend l'urine 
au moment de la crise qui signale la disparition des symptômes. 

L'urine qui, jusqu'alors, était rare et albumineuse, cesse de l'être, elle 
devient abondante et il se produit souvent une véritable débâcle d'urée. 
Cette augmentation excessive de.l'urée et probablement des matières 
extractives paraît dépendre du surmenage,car un travail modéré augmente 
surtout la consommation de l’oxygène sans élever la production dans de 
notables proportions. 

Mais ce sont surtout les travaux de M. le professeur Bouchard sur la 
toxicité des urines qui prêtent un appui solide à la théorie de l'auto— 
intoxication. A l’état ordinaire, les urines de la veille possèdent un pou¬ 
voir beaucoup plus toxique que les urines de la nuit. 11 est vrai de dire 
qu on n'a pas expérimenté d'une façon spèciale sur l'urine des surmenés. 
Ce que l'on sait d'après les expériences de MM. les professeurs Bouchard 
et Lépine, c'est que les urines fébriles ou môme les urines émises seule¬ 
ment dans l'état de courbature sans fièvre sont plus toxiques que les 
urines normales et contiendraient, en outre, d’après MM. Feltz et 
Bhrmann, des poisons anormaux. 

Enfin la rétention des produits toxiques dans le sang et dans les 
tissus se manifeste surtout du côté du système musculaire après la mort 
par la rigidité cadavérique, d'autant plus prompte à survenir que l’ifidi- 
vidu est plus fortement surmené, et cette rigidité paraît due surtout à la 
présence de l'acide sarcolactique. La rapidité de la putréfaction est encore 
un des caractères post mortem du surmenage, quelles que soient les tenta¬ 
tives de théories proposées pour expliquer le phénomène. C'est au surme¬ 
nage que sont encor^ dus parfois les accidents d’intoxication qui suivent 
l’ingestion de la viande fournie par des animaux surmenés ou forcés. Il ne 
faut pas oublier, et ceci est un point capital pour la physiologique 
pathologique des accidents, que le cœur est altéré au même titre que les 
muscles de la vie de relation. On constate de la myocardite, des lésions 
dégénératives de la fibre musculaire et la dilatation aiguë du ventri¬ 
cule droit ou môme des deux ventricules. 


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Les manifestations symptômatiques du surmenage physique sont 
nombreuses, mais un caractère les domine toutes, c’est l’état typhoïde, 
l'adynamie qui peut être accompagnée ou non de fièvre. L’aspect extérieur 
peut en imposer pour une fièvre typoïde : le malade est hébété, apathique, 
plus ou moins prostré, sa démarche est chancelante, une lassitude ex¬ 
trême, une courbature violente qui va jusqu’à la douleur force le malade 
au repos. Parfois, cette douleur est plus intense et particulièrement 
localisée chez les enfants aux zones épiphysaires et aux articulations, 
ailleurs c’est une véritable rachialgie qui peut faire songer au début 
d’une variole. La céphalalgie n’est cependant jamais aussi vive que dans 
la fièvre typoïde, elle appartient surtout aux cerveaux surmenés. 

Les troubles digestifs complètent l’analogie de l’état typhoïde : la lan¬ 
gue est blanche ou sale, les fièvres sont tremblantes, fuligineuses, l’haleino 
est mauvaise ; la diarrhée existe et donne lieu au gargouillement iléo- 
caecal. Les matières sont très fétides. 

Il est commun d’observer de l’incoordination des mouvements et des 
idées. Les sourbresauts de tendons et le délire n'apparaissent d’ailleurs 
que dans les cas les plus rares et les plus graves. Le phénomène de la 
corde ou du nœud musculaire, qui se produit lorsqu’on ? pince vivement 
le corps d’un muscle, du biceps par exemple, se montre aussi souvent 
dans les fièvres de surmenage que dans la fièvre typhoïde. 

L’élévation thermique n'est pas constante, mais elle peut s’élever à 39° 
ou 40> et s’y maintenir quelques jours ; en général, elle cède brusquement 
au bout de deux ou trois jours de repos absolu, et cette défervescence est 
marquée par des sueurs abondantes, l’émission d’une urine copieuse, 
haute en couleur, et chargée d’urée. La rate peut être hypertrophiée, le fait 
est rare ; on peut aussi constater l'apparition de taches rosées différentes 
de celles de l’éruption typhique par leur transformation en taches purpu¬ 
riques ou ecchymotiques. Cette tendance aux hémorrhagies se manifeste 
encore par les épistaxis. 

L’absence de phénomènes broncho-pulmonaires rompt l’analogie qui 
rapproche le surmené du typhique ; si l'on observe quelques accidents 
de ce côté, ils sont généralement dus à l’influence concomitante du 
froid. 

Il n’en est plus de môme du cœur, qui ressent très profondément l’in¬ 
fluence de la fatigue ; son tissu perd de son élasticité et de sa consistance 
et se laisse distendre. Les contractions cardiaques perdent de leur énergie 
et c’est moins le choc net de la pointe qu'une ondulation de toute la région 
qu'on sent par l’application de la main. Le malade accuse des palpita¬ 
tions, de la dyspnée ; la pression sur la région précordiale est douloureuse, 
signe indiqué par M. Peter. La matité est très étendue et l'auscultation 
fait entendre un souffle systolique. Enfin, le pouls trahit l’état du cœur 
par sa petitesse et ses inégalités. 


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s 

— 94 — 

Les choses peuvent aller plus loin, si la fatigue a été poussée à l'extrême. 
Le cœur se laisse dilater, les vaisseaux perdent leur tonicité et l'on voit 
survenir l'œdème des extrémités inférieures, la bouffissure de la face 
comme dans les affections non compensées du cœur. Le fait n'avait pas 
échappé à Beau qui rapporte un cas de ce genre chez une jeune fille surme¬ 
née par un véritable excès de danse. Les désordres graves que produit le 
surmenage du côté du cœur peuvent être la cause d'une mort subite en 
préparant une syncope cardiaque. 

En cet état, la situation est pleine de périls et l'on peut voir survenir 
des accidents de la plus haute gravité. La thrombose, la gangrène 
spontanée ont été observées par M. Révilliod et par M. le professeur 
Le Fort ; elles peuvent être la conséquence à la fois de la dyscrasie créée 
par l’auto-intoxication et des troubles trophiques dus à l'épuisement 
nerveux. 

L'albuminurie, qui est observée surtout dans les cas graves, peut recon¬ 
naître pour cause des infractus des reins ; l'albumine, qui se montre 
parfois en très grande quantité dans l'urine, disparaît spontanément par 
le repos au bout de quçlques jours. D'autres causes d'ailleurs peuvent 
provoquer cet accident, les troubles de la circulation par exemple et 
l'action nocive des lcucomaïnes sur le rein. 

La myosite suppurce, qui se développe quelquefois dans les muscles 
plus particulièrement en action dans la marche, montre ainsi ses rapports 
avec la fatigue excessive. 

Enfin les suffusions sanguines, les hémorrhagies multiples oui survien¬ 
nent du côté de la peau et des muqueuses et qui colorent parfois les sécré¬ 
tions. témoignent de l'altération profonde que subit le sang dans les cas 
graves de surmenage. C'est dans ces conditions que peut survenir un état 
comateux rapidement mortel. 

La variété et gravité des accidents imposent le diagnostic de leur véri¬ 
table cause. Les phénomènes peuvent se montrer sous les apparences 
d'une grippe, d'un embarras gastrique, du début d'une maladie grave, 
comme la variole, mais surtout sous celles d'une fièvre typhoïde à son 
début. 

Plus rarement, les accidents font croire à une affection cardiaque, une 
myocardite, l'étendue de la matité, le caractère des bruits plus sourds et 
affaiblis donnent l'idée de l'existence d'une péricardite, l'albuminurie en 
impose pour une néphrite ; dans tous ces cas, la connaissance de la 
notion étiologique, qu'il faut toujours rechercher, est de la première 
importance. 

Il est enfin, chez l'enfant, des affections qui se rattachent au surme¬ 
nage par la cause, c'est l’ostéo-myélite au premier degré et la fièvre dite 
décroissance. Les symptômes généraux sont les mêmes dans tous les cas, 
mvis le travail excessif qui se produit dans les zones épiphysaires provo¬ 
que des douleurs localisées à leur niveau. Le travail de croissance qui a 


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lieu dans ces points rend donc l'enfant très accessible aux effets de la 
fatigue prolongée, d’où cette conclusion pratique que si l'exercice modéré 
est une nécessité dans l'hygiène de l'enfance, il faut éviter d'un autre côté 
tout ce qui devient un surmenage, les marches forcées et les excercices 
violents. Ce rapide aperçu pourra peut-être montrer la place qui revient 
dans l'étiologie générale et la pathologie au surmenage physique parfois 
associé au surmenage intellectuel chez les jeunes gens. Nous n'avons pu 
qu’indiquer les points importants de ce chapitre de pathologie dont 
le lecteur lira avec intérêt les développements dans la thèse de M. Rendon. 
(France médicale.) 

• • 

Conseil d’hygiène et de salubrité de la Seine. 

Dans la dernière séance du conseil d'hygiène et de salubrité de la 
Seine, M. Lépine, secrétaire général de la préfecture de police, a 
fait connaître qu'il avait reçu du chef du laboratoire municipal une 
communication sur laquelle il a appelé toute l'attention du conseil. 
11 s'agit de l’apparition dans les matières alimentaires du nouveau 
produit, la saccharine, dont nous avons parlé à plusieurs reprises, et 
notamment dans notre dernière causerie scientifique. Voici la subs¬ 
tance de cette communication : 

Le 11 mai courant il a été déposé au laboratoire un échantillon de 
vin de Champagné, de saveur très sucrée, mais avec un arrière-goût 
désagréable. L'analyse y a décélé une proportion d’extrait très faible 
(16 gr. 6 de litre), très peu de sucre réducteur (2 gr. 4), l'absence 
complète de saccharose et la présence de saccharine. Le déposant n'a 
pu encore nous indiquer l'origine de ce vin. 

Les inventeurs de la saccharine ont fabriqué d'abord ce produit 
pour l'usage médical, comme un adoucissant au régime des diabéti¬ 
ques; mais ils no cachaient pas leur intention, aussitôt que le prix de 
revient le permettrait, de le lancer dans l'industrie pour augmenter 
le pouvoir édulcorant des glucoses, dont le cours est peu élevé, et de 
créer ainsi une confiserie à bon marché en faisant une concurrence 
sérieuse au sucre de canne ou de betterave. 

Iis sont arrivés aujourd'hui à leur but et livrent à l'industrie des 
sirops de glucose et glucose massés, additionnés de saccharine par 
kilogramme équivalent à leur poids de sucre de betteraves et se ven¬ 
dent 33 marks ou 41 fr. 25 c. les 100 kilos; ceux à 2 grammes de 
Saccharine par kilogramme sucrent autant que le double de leur poids 
de sucre de betterave et se vendent 43 marks ou 53 francs 75 c , les 
100 kilos. 

M. Lépine a fait observer que l'usage et la mise en vente do ce 
nouveau produit pouvaient mettre en péril les intérêts du Trésor, de 
l'agriculture et de l'industrie sucrière. 11 y a lieu, en tout cas, pour 


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le conseil, de rechercher s'il n'offre pas de danger pour la santé 
publique, et, même dans le cas où il serait inoffensif, il paraît évi¬ 
dent que la saccharine ne possède pas les qualités nutritives et ali¬ 
mentaires du sucre. 

En conséquence, il a prié le conseil de vouloir bien examiner 
cette question. 

Celle-ci a été renvoyée à une commission composée de MM, Peli- 
got, Jungflcisch, Riche, Armand Gautier, Proust et Dujardin-Beau - 
metz. 

Dans la même séance, M. Armand Gautier a fait connaître au con¬ 
seil que l’on vendait aujourd'hui à Paris, particulièrement dans les 
environs des Halles centrales, un liquide destiné, d'après les indus¬ 
triels qui le débitent, à étamer les ustensiles de cuisine, et au besoin 
à transformer le cuivre en argent. Il a examiné ce liquide, qui n’est 
autre que du nitrate de mercure concentré, sel aussi dangereux que 
le sublimé corrosif. Grâce à ce liquide, les acquéreurs, et particu¬ 
lièrement les gens de cuisine, amalgament inconsciemment leurs 
ustensiles sous prétexte de récurage, puis la préparation culinaire 
entraîne ce mercure dans les aliments au grand détriment de la po¬ 
pulation parisienne qui n'est pas prévenue. 

M. Armand Gautier a donc cru devoir faire cette communication 
au conseil, désireux qu'il est, d'une part, que l'administration arrête 
le débit d'une substance aussi dangereuse (et il croit savoir qu'à cet 
égard elle a déjà pris quelques mesures), d'autre part, afin que, 
grâce à la publication du proces-verbal de cette séance, ces faits 
arrivent à la connaissance du public qui, prévenu, saura sans doute 
se défendre contre cette dangereuse pratique, qui donnerait lieu à 
une poursuite devant le tribunal correctionnel par application de 
l'ordonnance du 20 octobre. (France Medicale.) 


SOMMAIRE. 

LE BORD DE LA MER (suit/:), par le D r Martiny . 65 

Le tabac, par MM. Em. Seutin, Ph° et leD r Léon Seutin, 

de Bruxelles.69 

La scrofulose. Traduction du D r Chevalier, de 

Charleroi.77 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 

le D' Lambreghts, fils, d’Anvers. 85 

Variétés. . 91 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


15» Année. JUILLET 1888. N® 4. 


ASSOCIATION CENTRALE DES HOMEOPATHES BEIGES. 

Président , Secrétaire , 

D r Schepens. D p Schwartz. 

Séance du 3 juillet 1888. 

Le procès-verbal de la séance précédente est adopté. 

Le Dr Martiny présente quelques considérations au sujet du 
cumul de la médecine et de la pharmacie et il demande aux con¬ 
frères présents s’ils sont d avis, comme lui, d’exposer cette ques¬ 
tion à la Chambre des représentants. 

Différentes opinions sont émises à ce sujet, mais la question 
ayant été introduite un peu ex abrupto, on demande d’en re¬ 
mettre la discussion à la prochaine séance. 

On reprend ensuite la discussion sur la répétition des doses et 
le changement de remède. 

Le D r Criquelion est d’avis qu’il faut répéter la dose d’autant 
plus fréquemment que les affections auxquelles on oppose le 
médicament sont plus aiguës et plus virulentes, r*omme c’est 
également une raison d’en abaisser les atténuations. Les affec¬ 
tions torpides et chroniques, dont les modifications s’opèrent len¬ 
tement, ne réclament que des doses éloignées et des atténua¬ 
tions élevées. Il ne croit pas pourtant que le rapprochement 
des doses puisse troubler l’évolution curative de la maladie. 
Quant au changement des remèdes, il ne peut en être ques¬ 
tion que si ceux-ci n’ont pas été primitivement absolument 
homœopathiques, ou s’ils ne le sont plus. Une étude très atten¬ 
tive peut nous en instruire, comme aussi un arrêt dans l’amélio¬ 
ration progressive du mal. Il faut bien voir pourtant si un 


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changement clans l’atténuation ne conviendrait pas, ce qu’une 
conviction bien motivée de la parfaite homœopathicité de notre 
médication peut nous engager à faire. 

Les D” Schepens et Gaudy pensent qu’il faut se guider sur la 
rapidité et le mode d’évolution de la maladie, répétant les doses 
dans les cas aigus, les éloignant dans les cas chroniques. 

Le D r Gaudy rappelle qu’il lui est arrivé à différentes repri¬ 
ses, dans des cas aigus, d’observer une aggravation chaque 
fois qu’il éloignait les doses. 

Le D r Martiny ajoute que dans des cas de diphthérie, il a pour 
principe de faire même réveiller les malades la nuit pour leur 
administrer le remède à dose fréquente; il est convaincu que 
c’est cette manière de faire qui lui a valu des succès dans 
plusieurs cas considérés comme désespérés. 

L’heure étant trop avancée pour aborder les $ 5 et 6 de 
l’ordre du jour, le D r Martiny fait part aux confrères d’un projet 
d’établissement d'une Ligue homœopathique belge, à l’ins¬ 
tar de celles qui existent depuis des années en Allemagne et de 
celle qui a été créée l’année dernière en Angleterre. Il propose 
de nommer une commission pour élaborer un règlement qui sera 
présenté à l’Association, dans sa réunion d’octobre. 

La séance est levée à 5 1/2 heures. 

Gomme suite à la proposition du docteur Martiny, de for¬ 
mer une ligne homœopathique et pour répondre à des con¬ 
frères ayant émis des doutes sur l'efficacité d’une ligne ho¬ 
mœopathique, dans laquelle, selon l’idée du docteur Martiny, 
on admettrait non seulement des praticiens, mais encore toutes 
les personnes manifestant des sympathies pour Hiomœopatliie, 
je me permettrai de citer deux faits qui viennent de se produire 
en Allemagne. 

D’abord l’ouverture, à la date du 1 er juillet dernier, dans la 
ville de Leipzig, d’un hôpital homœopathique de 60 lits, hôpi* 


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tal complètement indépendant de toute intervention officielle, 
dont les fonds ont été réunis peu à peu et grâce à la générosité 
de nombreux- bienfaiteurs non praticiens, membres de diffé¬ 
rentes sociétés homœopathiques, quineso sont pas contentés 
d’apporter à cette œuvre leur obole en argent, mais dont diffé¬ 
rents comités de dames ont contribué à l’installation en s'occu¬ 
pant de la confection du linge, des literies, etc., nécessaires à 
l’établissement. A différentes reprises déjà, le monde médical 
avait essayé d’établir en Allemagne pareille œuvre, mais ses 
efforts avaient toujours échoué. On peut donc dire que c’est 
grâce à l’intervention de l’élément, je dirais presque laïque, 
qu’on a pu cette fois la mener à bonne fin. 

Le second fait consiste dans la circulaire du ministre de l’in¬ 
térieur du royaume de Wurtemberg,circulaire du 20 avril 1888, 
complétant les instructions du 17 juillet 187G et laquelle établit 
qu’à l’avenir rhomœopathie (principes et base de la méthode) 
fera partie de l’examen imposé aux médecins qui demandent 
une fonction dans l’Etat ainsi que l’examen des médecins légistes 
(3° section,examen oral).—Voilà donc un pays où l’homoeopathie 
est reconnue officiellement ; peu à peu les autres pays de 
l’Allemagne suivront. Mais ce serait une étrange illusion que 
d’attribuer ce résultat aux seuls efforts du monde médical. Ce 
qui commence à lui donner cette force, c’est que non seulement 
elle est très répandue dans le peuple et à la campagne où les 
instituteurs et les prêtres la recommandent et la pratiquent, 
mais que de plus elle a trouvé de nombreux protecteurs dans 
les classes supérieures et officielles, exerçant une autorité dans 
le gouvernement; nombre de fonctionnaires et des plus hauts 
placés sont affiliés aux sociétés homœopathiques, s'y intéressent 
et leur prêtent leur appui. Et il faut bien reconnaître que c'est 
cet appui qui pèse surtout quand il s’agit d’obtenir une faveur 
officielle. Ce qu’il peut en Allemagne, il le peut aussi dans notre 
pays, et c’est une raison pour l’intéresser directement à la cause 


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en attirant dans la ligue projetée tous ceux, partisans de 
l’homoeopathie, qui peuvent lui apporter cet appui. 

Dr Schwartz. 


Le tabac (1), 

par MM. Em. Skutin, Th 11 , et le D r L. Seltin, à Bruxelles. 

Ce que nous venons de dire prouve combien le tabac est un 
poison redoutable ; en effet, quand on songe qu’avec du tabac 
qui contient 6 p.c. de nicotine,on peut retirer de 4 kilogrammes 
de cette plante desséchée 240 grammes de ce terrible alca¬ 
loïde, et comme deux à trois gouttes suffisent pour foudroyer 
un homme, prenons ce dernier chiffre (3 gouttes) ; l’on a donc 
à sa disposition de quoi faire mourir 1,600 personnes ! Et 
voilà la plante, qui contient un toxique aussi énergique, qui a 
su soumettre à sa puissance, à sa domination, plus de 800 mil¬ 
lions d’hommes!... C’est-à-dire la plus grande partie de l’uni- 
vers !... Serait-elle douée, à l'égard de notre pauvre humanité, 
d’un pouvoir magnétique et vraiment fascinateur ? Ou bien 
serait-elle douée des parfums les plus suaves et quon aime à 
respirer toujours? Ou bien encore, sa saveur serait-elle déli¬ 
cieuse, et laisserait-elle après elle le plus doux et le plus agréable 
souvenir? Mais il n’en est pas ainsi, loin de là, car elle n’exhale 
qu’une odeur méphitique, délétère et repoussante, qui donne 
des vertiges et des nausées, etc. ! Quant à sa saveur, elle 
est d’une âcreté vraiment insupportable, et puis, qu’on ne 
’oublie pas, c’est que prise intérieurement à la dose de quelques 
grammes, la nicotiana peut donner la mort!... Doit-on s’en 
étonner quand on‘ sait qu’un cigare préparé avec du tabac du 
nord de la France, ou du tabac d’Obourg, de notre pays, et 
pesant 7 grammes, contient 42 centigrammes de nicotine (six- 

(1) Suite. Voir volume courant p. 09. 


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centigrammes par gramme de tabac) ? Et voilà pourtant la ter¬ 
rible plante qui a su s’imposer à la société toute entière, aux 
savants comme aux ignorants, aux grands comme aux petits, 
aux riches comme aux pauvres; et pour comble, c’est de voir des 
enfants, en très bas âge encore,contracter cette triste et funeste 
habitude, et qui peut avoir pour eux les plus fatales consé, 
quences ! Le tabac est déjà si souvent pernicieux ux adolescents 
même aux adultes, et combien ne doit il pas l’être davantage, 
quand il s’agit d’enfants de 8, 10 à 12 ans ! Autrefois, deux 
nobles professions avaient su se soustraire courageusement à sa 
tjranie, c’était le sacerdoce, c’était la médecine ; mais aujour¬ 
d’hui, prêtres et médecins fument sur toute la ligne ; en le 
faisant, n’ont-ils pas porté quelque atteinte à leur dignité, à 
leur considération? Et puis, quant à ceux qui exercent la 
belle profession médicale, n’auraient-ils pas dû tous s’unir 
pour combattre ce véritable ennemi de l’humanité? Mais, nous 
l’avons déjà dit, le corps médical presque tout entier a eu le 
grand tort de s’enrôler sous sa triste bannière; aussi, presque 
tous les médecins fument, il en est même qui le font avec pas¬ 
sion, et de la manière la plus abusive, et qui seraient bien plus 
disposés à le défendre qu’à lui faire la guerre. C’est une chose 
regrettable à undouble point de vue ; d’abord, c’est que l’abus (1 ) 
constitue pour eux-mêmes un danger réel, semblable à celui 
qu’encourent tous les autres fumeurs (2). Nous savons que 
parmi les fumeurs, il en est un certain nombre chez lesquels la 
tolérance s’établit d’une manière complète et qui pourront fumer 
toute leur vie, sans avoir jamais à se plaindre de la nicotiana ; 
on peut appeler ces hommes de vrais privilégiés; mais on ne doit 
pas pourtant trop les bercer d’illusions à cet égard, car pour 

(1) Nous ne combattons ici que l'abus. 

(2) Les docteurs Teste, Joly, Leroy de Méricourt, et d’autres que nous pour¬ 
rions citer, en out été les tristes victimes et ne sont parvenus à se guérir qu’en y 

renonçant tout à fait. 


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— 102 - 


notre part nous avons connu bien des hommes qui ont pu fumer 
impunément pendant 20, 25, 30 ans, et qui sc sont vus après 
cela atteints d’affections tristes et pénibles, et dont la plupart 
étaient complètement méconnues et qui faisaient le désespoir 
de la médecine!... Et pourquoi? C’est que la vraie cause 
était restée ignorée ; un faux diagnostic avait été porté, qui ne 
pouvait produire qu’un néfajste traitement! De telles erreurs 
sont commises le plus souvent par des médecins qui sont eux- 
mêmes de grands fumeurs, et qui s’adonnent avec d’autant 
plus de volupté au tabac qu’ils croient qu’ils n’auront jamais 
à compter avec le tabac. Dans de pareilles conditions, les 
hommes qui pratiquent l’art de guérir, même les plus émi¬ 
nents, ne sont-ils pas exposés à porter d’erronés diagnostics 
sur les maladies si nombreuses, si variées, si insidieuses, si 
graves, que le tabac peut produire? Cette considération si 
importante ne devrait-elle pas engager tous les jeunes gens 
qui veulent étudier et arriver à la noble profession médicale, 
à ne jamais contracter une aussi déplorable habitude!... La 
prudence et la sagesse conseillent de ne pas la prendre, cette 
malheureuse habitude, car, quand on se l’est donnée et qu’on 
l’aime avec passion, il est non seulement difficile d’y renoncer, 
mais parfois impossible. J’ai connu des jeunes gens qui l’ont 
tenté, le tabac étant nuisible à leur santé ; mais après neuf à, dix 
jours de renonciation, ils ont été obligés de le reprendre, tant ils 
craignaient de devenir fous, par une abstention plus prolongée! 

Disons-le sans détour, il y a aujourd’hui un tel engouement 
pour le tabac qu’il serait incompréhensible, si l’on ne savait aussi 
combien parfois est grande et puissante la contagion de 
l’exemple, si l’on ne savait aussi combien parfois les hommes 
se laissent facilement entraîner aux plus tristes comme aux 
plus déplorables abus. Il faut réagir, il en est temps ; le 
flot monte tous les jours davantage!... Depuis le jour où Jean 
Nicot fit cadeau à Catherine de Médicis d’un peu de cette graine 


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recueillie chez les sauvages, quel espace franchi ! quelle pro¬ 
gression (l)î progression telle qu’en France, où le tabac se trouve 
sous le régime de la régie, on trouve par des chiffres les preu¬ 
ves péremptoires de la consommation de plus en plus grande 
de tabac. 

En 1832, l’impôt fiscal du tabac rapportait 28 millions ; 

En 1842, le tabac donnait déjà 80. millions ; 

En 1852, le tabac produisait 120 millions; 

En 18G3, le tabac produisait 216 millions ; 

Enfin, en 1888, on parle de 300 millions. 

Dans notre pays, ou le commerce du tabac est libre, il est 
bien difficile d’apprécier la quantité qui y est consommée, 
mais ce que nous pouvons assurer avec certitude, c’est que, 
toute proportion gardée, on fume beaucoup plus en Belgique 
qu’on ne le fait en France. En 1871, dans les conférences que 
nous avons données alors, nous estimions déjà que notre pays 
consommait au moins en une année pour 50 millions de francs 
de tabac!... Cinquante millions consacrés à l’achat d’une 
plante fétide, délétère, et qui ne peut être pour un très grand 
nombre d’hommes qu’une cause d’affections et de tristes misères! 
Ce n’est pas seulement de l’aberration, mais aussi de la folie! 
Pour tout homme qui envisage d’une manière sérieuse et avec 
tout le calme de la raison cette palpitante question du tabac, il 
ne peut que s’en affliger et en gémir, et avec l’illustre Montain, 
n’est-on pas tenté de se demander si cette plante, fatale par 
l’abus qui en estfait, n’a pas été envoyée par le Nouveau-Monde 
pour se venger de l’ancien? 

Nousavonsdoncle droit de dire que parcette énorme consom¬ 
mation du tabac,.toujours progressive, la société se trouve 
sérieusement lésée dans sa fortune présente, mais plus atteinte 
encore dans sa fortune d’avenir ! 


(1) Pecholier. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. 


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Quelle est cette fortune, dit le professeur Imbert, que nous 
citons ici textuellement , sinon toute cette jeunesse dans laquelle 
la société se recrute incessamment, dépôt de ses plus chères es¬ 
pérances! Or, toute la jeunesse, il ne faut pas se le dissimuler, 
fume,et,à cette heure, cette funeste habitude est générale parmi 
les jeunes gens comme parmi les adolescents, et même assez 
fréquente chez les enfants. 

Nous l’avons déjà dit et nous le répétons, le jeune homme, et 
à plus forte raison l’enfant,sont exposés à de plus grands dangers 
que l’homme adulte; pour eux l’immunité est beaucoup plus rare; 
de là péril et dommage pour leur santé, leur intelligence, leur mo¬ 
ralité. Si Thomme fait peut supporter sans danger une certaine 
dose de poison, il n’en est pas de môme pour l’homme qui est à 
faire. Les jeunes fumeurs, sans parler d’autres accidents dont 
ils peuvent être la victime, se donnent gratuitement des maux 
d’estomac, perdent parfois l’appétit, la nutrition se fait mal, et 
h cette heure où la croissance rapide exige une nourritur o 
abondante et réparatrice, ils maigrissent, s’étiolent et prennent 
des teints cachectiques. 

Le tabac,dit encore le professeur Imbert,qui éloigne du tra¬ 
vail, rend la jeunesse inactive et oisive; faut-il après cela, dit- 
il. s’étonner de trouver chez les jeunes fumeurs tant d’incapacité 
et de médiocrité, faut-il s’étonner encore de l’abaissement du 
niveau des études, niveau qui s’abaisse de plus en plus, à me¬ 
sure que s’élève davantage la fumée de nos jeunes gens !... 

Ce serait ici le moment de demander avec l’éminent D r Joly, 
d’où peut venir le vide,qui s’opère dans la population masculine, 
pendant la période la plus florissante de la vie, et ce qui a pu 
en emporter les éléments les plus virils ! La statistique de la 
mortalité peut seule nous l’apprendre,en permettant de constater* 
chez les hommes de 30 à 50 ans, un plus grand nombre de 
décès, dus aux maladies des centres nerveux, à toutes les formes 
des maladies mentales, aux ramollissements du cerveau et de la 


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• 105 


moelle épinière, en un mot à cette longue série d’affections qui 
viennent accuser tous les genres d’ivresse, physique, morale, in¬ 
tellectuelle, mais où l’on peut toujours voir figurer en première 
ligne les effets de l’abus du tabac. 

Ab ! il est triste et pénible d'arrêter sa pensée sur tout ce que 
les hommes, mais surtout les jeunes gens, perdent en santé, en 
intelligence par les malheureux cigares et les tristes tuyaux ^le 
la pipe ! Quant au capital immense dissipé en méchantes fumées, 
nous l’avons déjà dit, il constitue un chiffre énorme et désolant. 

Maintenant qu’est-ce qui pousse l’homme à user tous les jours 
de poisons, ou de substances nuisibles à sa santé physique et mo¬ 
rale et pernicieuses à sa vie même ? Y a-t-il là un besoin ins¬ 
tinctif ? Cela n’est pas probable, car personne n’a fumé le tabac 
ou l'opium pour la première fois, sans en éprouver de l’aversion 
et parfois aussi des souffrances bien pénibles !...Un auteur a dit 
qu’il y avait dans notre nature un besoin d’éprouver des sensa¬ 
tions et d’occuper nos sens. Pour le fumeur le plaisir des yeux 
entre pour une grande part dans la somme des sensations qu’il 
éprouve ; au moins assure-t-on que l’on n'a jamais vu fumer un 
aveuglede naissance; on prétend, dit encore le professeur Imbert, 
que les fumeurs qui deviennent aveugles, cessent de fumer, pour 
prendre l’habitude de la prise; le plaisir des yeux est si réel, 
ajoute le même auteur, que le véritable fumeur ne veut pas 
fumer dans les ténèbres. S’il s’éveille pendant la nuit, et qu’il 
veuille satisfaire sa passion habituelle, il allume sa lampe ou sa 
bougie, il veut jouir par les yeux et voir tournoyer dans l’air, 
cette bienheureuse fumée qu’il lance de sa bouche en magnifi¬ 
ques et agréables spirales,et qui procurent aux fumeurs de dou¬ 
ces et si charmantes rêveries !... 

Mais abandonnons toutes ces considérations, et envisageons 
pour un instant l’abus qui est fait du tabac, au point de vue du 
tort considérable qu’il fait à la fortune de la société en général. 
Pour l’ouvrier, dit le professeur Imbert, qui dépense chaque 


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— 106 — 


jour 15 à 20 centimes pour son tabac, n’est-ce pas parfois 
une gêne réelle, une source de misères; c’est souvent un morceau 
de pain enlevé à ses enfants. Quant à l’homme riche qui fume 
beaucoup, la dépense de son tabac est toujours sérieuse, c’est 
parfois de la prodigalité, et par conséquent une faute, une 
insulte à la misère. Oui, la dépense du tabac est parfois si 
grande, qu’elle suffirait souvent à nourrir toute une pauvre 
famille, et l’on peut soutenir qu’à tous les degrés de la société, 
le grand fumeur, surtout le fumeur de cigares, arrivé à l’âge de 
50 ans, à déjà mangé sous cette forme, une partie de la dot de 
sa fille, s’il ne l’a mangée toute entière. 

Abdel-Kader, ce barbare qui a résisté 15 ans aux armes de la 
France, nous a laissé sur le tabac une leçon digne d’être rappor¬ 
tée. Dans sa captivité, il racontait ainsi les détails de son admi¬ 
nistration: dans mon armée, disait-il, le jeu, les liqueurs, le vin, 
le tabac étaient sévèrement proscrits. Ce dernier cependant 
n’était pas défendu par notre religion, mais mes soldats étaient 
pauvres et je ne voulais pas qu’ils contractassent une habitude 
qui devient parfois si forte que l’on a souvent vu des iudividus 
laisser leurs femmes et leurs enfants dans le plus complet 
dénuement, et vendre jusqu’à leurs propres vêtements pour 
satisfaire leur passion !... 

Un tel récit ne vient-il pas mettre en relief le grand tact, la 
rare sagacité, l’admirable prévoyance d’Abdel-Kader ! C’était 
pourtant un barbare, mais un barbare de génie. Cette défense, 
il la justifiait par les motifs les plus sérieux et les plus 
péremptoires. En présence de mesures aussi sages que pré¬ 
voyantes, prises par ce barbare, mettons en regard celles qui 
sont adoptées par un grand nombre de maisons vouées à 
l’instruction de la jeunesse et nous aurons lieu de nous deman¬ 
der de quel côté se trouve la barbarie ?Oui, dans ces maisons, 
l’on permet de fumer, une ou deux fois dans le courant de la 
semaine ; funeste condescendance s’il en fût jamais et qui ne peut 


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donner qu’une habitude funeste et précoce à des jeunes gens, à 
des adolescents ; habitude qui ne peut avoir que la plus perni¬ 
cieuse influence tant sous le rapport physique qu’intellectuel; et 
si maintenant l’on demande à ces chefs d’institution quel est le 
grand mobile d’une pareille concession, ils ne pourront vous 
répondre, car cette concession ne constitue qu’une triste 
réclame, un perfide attrait lancé à la jeunesse ; c’est une con¬ 
duite inqualifiable qu’on ne saurait trop stigmatiser et flétrir! 
Nous savons très bien qu’il y a en France, à Paris surtout, 
des maisons d’instruction, se trouvant sous la dépendance du 
gouvernement, où l’on fume chaque jour d’une manière régle¬ 
mentaire ; nous le savons, mais ce que nous savons aussi, c’est 
que ces maisons ne brillent pas par les succès de leurs élèves, et 
cependant dans ces maisons, nous apprend encore M. le D r Joly, 
on fait tout pour favoriser le goût du tabac, et pour y 
arriver plus sûrement, on a soin de placer dans les quartiers 
respectifs des élèves, tout ce qu’il faut pour le satisfaire ; comme 
s’il fallait, ajoute le même .auteur, absolument débuter par le 
cigare dans des études sérieuses, et comme si un pareil novi¬ 
ciat était bien nécessaire à la carrière des sciences, des armes. 
et des belles-lettres. L’expérience ne paraît pas l’avoir prouvé 
jusqu’à ce jour, car dans ces écoles bien connues, l’ont peut 
compter chaque année autant de fruits secs que d’élèves qu 1 
se sont distingués dans les exercices de la pipe et du cigare. 

D’après ce que nous venons de dire du tabac, nous croyons avoir 
le droit d'avancer que l’usage de cette plante tel qu’il est prati¬ 
qué, n’a pas de raison d’être, et qu’il serait impossible même 
de trouver une raison tant soit peu sérieuse qui le justifiât. La 
gourmandise, l’ivrognerie, la débauche sont des vices odieux et 
abjects, mais ils ont au moins une origine organique et ce se- 
r ait leur excuse, si on pouvait excuser de pareilles dégradations! 
Quant au tabac, nous le répétons, malgré que certains poètes 
l’ont chanté, il n’exiBte aucun motif tantsoit peuplausible quon 


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puisse faire valoir en sa faveur. Bien loin de là, on a le droit de 
lui imputer les plus tristes, les plus douloureux griefs; on a le 
droit encore de lui lancer de nombreuses et lamentables accu¬ 
sations b.. 

Les quelques faits, que nous allons citer, prouveront d’une 
manière péremptoire la justesse de nos appréciations. 

(A continuer.) 

Seutin, Ph n , et D r L. Seutin. 


Trois cas de néphrite parenchymateuse chez des 
cardiaques, 

par le D r Criquclion, de Mous. 

M. le chevalier de C., âgé de 73 ans, est d’une consti¬ 
tution très robuste. En 1885 il a présenté des accidents bron¬ 
chiques avec de l’oppression facile, de l’arythmie, un peu de 
bruit de galop et de l’oubli de respirer. 

En 1886 je constate un souffle un peu rude au l r temps et 
de l'oedème aux jambes ; la taux avait reparu ; il y avait de 
lœdèmeaux bases des poumons, surtout à gauche, et crachats 
gras, quelquefois un pou spumeux ; les symptômes dispa¬ 
raissent sous l’influence de ars. 6 e et phosphorus 6 e , aidés 
intercurremment de tartarus erncticus et de kali bichromi - 
cum ; j’eus aussi à combattre de l'épanchement pleurétique 
qui céda à ars. 6 e et sulphur 6 e . 

En 1887 les mêmes phénomènes cardiaques et pulmonaires 
se représentent : toux, oppression, engorgement et œdème 
des bases, arythmie, bruit de galop, souffle au premiër temps 
et à la base. Ils résistent à la même médication. Je trouve de 
l'albumine dans les urines; l’œdème des jambes augmente; 
elles sont eczémateuses ; la langue est rouge, luisante, sèche ; 
les urines sont courtes, brunes ; les bourses sont gonflées : je 
donne rhus, apis , arsenic , rien n’y fait. Il y a beaucoup 


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d’agitation, impossibilité de rester au lit, unegrande oppression 
qui rend même la mastication difficile. 

Je prescris ars.6 e , phosphorus 6 e , aur. muriatic. et mer- 
cv.rius. 

Au bout de quinze jours une amélioration remarquable 
survient; l’oedème commence à disparaître; les urines 
quoique colorées deviennent plus abondantes ; la circulation 
plus régulière. Le pouls reste toujours faible, mais il devient 
régulier, sans arythmie, présentant à peine une petite inter¬ 
mittence ; il n’y a plus de bruit de galop. Le malade dort 
bien, mange facilement, n’est plus oppressé et se trouve très 
heureux. Cette amélioration progressive se continue et l'albu¬ 
mine disparaît des urines. A peine celles-ci présentent-elles 
par la chaleur et par l’acide nitrique un petit nuage laiteux 
qui persisté encore, quoique le malade soit on ne peut mieux. 

Il y a un an quo cette amélioration se maintient, sous 
l’influence du traitement qui est continue. 

Madame S., de Bavay, a 50 ans. Elle est très vive et 
même très colérique ; s’occupant beaucoup d'affaires, elle a 
eu beaucoup de contrariétés et de chagrins. Ses premières 
souffrances remontent à 4 ans. Elle s’aperçut alors pour la 
première fois qu’elle était oppressée en gravissant une côte ; 
depuis elle a toujours eu des oppressions faciles, augmentant 
au moindre mouvement; les palpitations étaient fréquentes. 

Cet état a fait des progrès constants jusqu’au moment où je 
fus appelé. A mon arrivée je trouve la malade toute délacée, 
étendue dans un fauteuil, en proie à une agitation extrême, 
manquant d'air, parlant difficilement, les yeux anxieux, 
implorant des secours et repoussant tout le monde : elle 
tombait de sommeil et se réveillait en sursaut ; les jugulaires 
battaient fortement; la respiration étaittrès difficile, sifflante; 
on distinguait très bien à la base, surtout à droite, les 


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nombreux râles de l’œdème pulmonaire; il y avait un peu de 
toux sèche et peu de crachats. Le cœur était en détresse; les 
bruits étaient mous, sourds, sans éclat ; la pointe se montrait 
un peu au-dessous de la normale. 

Le pouls était un peu large, mais sans tension. Les parois 
du ventre étaient œdématiées, sans qu’il y eût d’ascite ; les 
jambes très grosses ne diminuaient pas le matin. Les urines 
étaient courtes, troubles, fréquentes et occasionnaient un 
ténesme presque continuel et extrêmement douloureux. Elles 
donnaient lieu à un dépôt très abondant de phosphates amrao- 
niaco-magnésiens qui se dissolvait dans un excès d acide. Les 
urines décantées et traitées par l’acide nitrique présentaient 
un précipité très abondant d’albumine. La pauvre femme était 
soumise à un traitement énergique ayant pour base la digitale, 
le bromure de potasse et les piqûres de morphine; elle prenait 
12 à 15 œufs par jour, y compris le blanc, et le jus d’une 
livre do viande. 

Le 22juillet 1887,je lui prescrivis ars.,pho$phoru$ y aurum 
muriaticum et rantharis alternés de deux heures en deux 
heures et la soumis au régime du lait et des crèmes. 

. Le 25 juillet je la revis ; il y avait une légère détente ; la 
circulation s’était améliorée; la respiration était plus facile, 
les battements plus réguliers; je distinguai un bruit présys¬ 
tolique ; le ténesme vésical avait considérablement diminué ; 
il y avait toujours de fréquents réveils en sursaut, quoi¬ 
qu’elle dormit quelquefois trois quarts d’heure. Et les urines 
contenaient beaucoup de sels d’ammoniac et de magnésie. Je 
fis continuer la médication. 

30 juillet. A ma visite suivante le mieux s’accentue : les 
fonctions circulatoires, respiratoires et urinaires se font 
mieux ; le ténesme a disparu ; les bruits du cœur sont moins 
sourds ; le sommeil est plus prolongé. 

Le 2 août, je trouve la malade dans une situation meilleure 


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encore ; l’anasarque diminue, Pœdème pulmonaire tend à 
disparaître, la respiration se fait bien ; la malade dort quel¬ 
quefois deux heures; les urines sont faciles et plus abondantes, 
un peu plus claires et ne contiennent presque plus d’albumine. 
La malade est heureuse. 

Cependant le 4 août elle présente vers le soir les signes 
d’une grande agitation; il y avait un besoin de locomotion 
irrésistible ; M mo S. était méchante, impérieuse et extrê¬ 
mement difficile, le regard brillant; cet état se continue; le 
lendemain l’on me fait venir immédiatement : je la trouve 
alors présentant un peu de stupeur avec les pupilles dilatées 
et de la résolution dans les membres: je lui prescris belladona 
et cuprum aceticum . 

L’albumine avait complètement disparu et les urines étaient 
redevenues tout à fait claires, sansdéfôt. A ma visite sui¬ 
vante, le 8 août, je trouvai heureusement la malade rentrée 
dans un calme complet, ayant retrouvé l’intégrité de son 
intelligence et des mouvements. L’œdème disparaissait presque 
complètement, les bruits du cœur restaient sourds mais 
normaux, la respiration ôtait facile, l’œdème pulmonaire 
avait disparu, les urines étaient claires, sans plus de traces 
d’albumine. A peu de temps de là la guérison pouvait être 
considérée comme complète ou à peu près, car M mo S. 
pouvait vaquer tranquillement à ses affaires, pourvu qu'elle 
ne voulût pas y mettre trop d’activité et faire une trop 
grande dépense de mouvements. Il aurait fallu continuer 
encore pendant quelques mois le traitement de l’affection du 
cœur, qui se caractérisait par de l’asthénie, bien qu’il y eût, 
je crois, un peu d’hypertrophie excentrique. 

M me de B..., d’Ath, a soixante ans. Elle porte une tumeur 
squirrheuse du sein pour laquelle elle était allée consulter 
^e professeur de Roubaix, qui reconnut chez elle l’existence 


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d’une albuminurie et qui pour ce motif refusa de l’opérer. 

Cette dame me fît appeler le 5 avril. Elle était oppressée, 
et cette anhélation ne lui permettait pas le moindre effort. 
Les jambes étaient gonflées jusqu’aux cuisses, la face était 
bouffie et les paupières présentaient l’œdème pathognomo¬ 
nique, les battements du cœur étaient faibles, sans irrégularité 
ni souffle. 

Je prescrivis ars.6 e ,phosph. 6 e ,anr. mur. 6 e et je continuai 
ce traitement sans désemparer jusqu’en février 1888. 

L’amélioration se déalara au b>ut de quelques semaines ; 
l’anhélation était moins facile, les battements du cœur plus 
forts, la respiration meilleure, les urines assez abondantes et 
assez claires. L’œdème rétrograda peu à peu et disparut 
complètement ; les urines devinrent tout à fait belles, mais 
elles conservent encore un peu d’opalescence sous l’action de 
l’acide nitrique. Cette dame perdit son teint pâle et blafard ; 
ses chairs devinrent colorées et aujourd’hui elle se porte tout 
à fait bien. — J’ai dû plusieurs fois pendant le traitement 
intercaler le soir une dose de aux vomica à cause d’un 
embarras gastrique qui se représentait souvent. 

J’administrais les médicaments en les alternant de jour en 
jour. 

J’ai cru devoir relater ces trois observations parmi toutes 
les autres, parce qu’elles étaient toutes trois consécutives à 
une affection du cœur avec ou sans lésion des valvules, mais 
présentant toutes trois des caractères asthéniques. 

Commentont agi ces trois médicaments ars .&, phosphorus 
6 e et a arum nmriaticum 6 e ? Ils sont en même temps homœo- 
pathiques à l’aff ction rénale et à l’affection cardiaque: et c’est 
peut-être là tout le secret de leur vertu. Mais ont-ils eu une 
action primitive sur lo cœur et la néphrite albumineuse n’a- 
t-olle guéri que secondairement ? 


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Je ne le crois pas, surtout en présence du deuxième cas 
que je rapporte, où, malgré la violence et la gravité de la 
lésion, l’affection rénale a guéri très vite, plus vite même que 
le cœur, qui n’a pas retrouvé toute son intégrité organique 
et fonctionnelle. 

D r Criquelion. 


NOTES CLINIQUES 

du D r Victor Arnulphy, fils, de Nice. 1 

La sciatique. 

La sciatique est une de ces affections qui prouvent incontes¬ 
tablement la supériorité des moyens thérapeutiques de 
l’homoeopathie sur ceux employés par l’école officielle. 

Il est peu de maladies, en effet, qui lassent aussi souvent 
la patience de nos confrères allopathes, car elle résiste d’une 
façon désespérante à tous leurs efforts, même les plus éner¬ 
giques (c’est le mot consacré). 

Voilà pourquoi dès le début de ma pratique,j’eus à soigner un 
certain nombre de malades qui, après avoir vainement subi 
« toute la lyre » du traitement allopathique, invoquèrent les 
secours de la méthode hahneraannienne. Bien leur en prit car 
leurs espérances ne furent point déçues. 

Je vais raconter brièvement l’histoire des cas les plus remar¬ 
quables : 

Observation I. — G... menuisier, âgé de 35 ans, tempéra¬ 
ment sanguin, constitution athlétique, me fit appeler le 18 
février 1886. Cet homme souffrait depuis plus de six mois 
d’une sciatique à la jambe gauche, suite d’un refroidissement. 
Au début, la douleur était tolérable et le patient pouvait 
marcher un peu en s’appuyant sur un bâton ; mais, depuis 
environ trois mois, il gardait le lit et le moindre mouvement 


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lui arrachait des cris déchirants. Le médecin-major du régi¬ 
ment lui avait fait prendre du salycilate de soude, lui avait 
appliqué des ventouses et des vésicatoires; rien ne lui avait 
apporté le moindre soulagement. Enfin, après avoir pris des 
bains électriques qui aggravèrent beaucoup son état, C... se 
décida à essayer de l’homœopathie. 

Je le trouvais couché sur le dos s’efforçant de garder 
l’immobilité la plus absolue et souffrant en outre depuis deux 
jours d’une céphalalgie tellement violente que, disait-il, les 
douleurs de sa jambeen étaient presque effacées.La face était 
rouge, congestionnée, les yeux à demi fermés, la peau moite, 
les urines rares et chargées, insomnie. P. 90. T. 38°, 5. 

Voulant d’abord faire cesser la céphalalgie, je prescrivis 
gelsemin . 1 x, 20 gouttes dans 200 grammes d’eau, une 
cuillerée chaque demi-heure. 

Le 17, céphalalgie diminuée, le malade a pu prendre un peu 
de repos pendant la nuit et dit ressentir plus fortement sa 
douleur sciatique depuis la fesse jusqu’au talon. Gclsem. tou¬ 
tes les heures. 

Le 20. La tête est dégagée mais la sciatique est dans toute 
sa force, lu aggravation par le mo uvement est tellement 
caractérisée que j’ordonne brgonia 3 e , une goutte toutes les 
deux heures. 

Le 22. Amélioration,le malade peut so retourner doucement 
dans son lit; il est content et plein d’espoir. Brgonia 6 e , 
une goutte toutes les quatre heures. 

Le 24. Même état. La douleur ne s’exaspère plus par le 
mouvement. J’ordonne arsen. alb . 6'trit., dix centigr. dans 
150 grammes d eau, une cuillerée toutes les 3 heures. 

Le 28. L’amélioration n’a cessé de faire des progrès. C. . 
a pu mettre le pied à terre et faire quelques pas dans sa 
chambre, bien soutenu par deux personnes. Prescription : 
arsen . 30°, 3 glob. matin et soir, pendant 8 jours. 


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Le 8 mars il marche à l’aide de son bâton. Etat général 
excellent. Sacch. lact. pendant 8 jours puis reprendre arsen. 
30 e , comme dessus. 

Le 23 mars, C... venait à mon cabinet me remercier avec 
effusion pour l’avoir en si peu de temps arraché à ce qu’il 
appelait « son enfer ». 

Vingt jours plus tard, cet homme pouvait reprendre son 
travail et depuis plus de deux ans la guérison ne s’est pas 
démentie. 

Observation II. —M. B...,capitaine de cavalerie en retraite, 
âgé de 58 ans, célibataire, vint me voir le 28 juin 1886. Il 
sortait de l’hôpital militaire où une violente poussée eczéma¬ 
teuse l’avait forcé d’entrer, n’ayant personne auprès de lui 
pour le soigner. 

Pendant sa convalescence il restait longtemps à lire ou à 
causer assis sous une galerie ouverte et attrapa une sciatique 
à la jambe gauche. 

Le traitement consista en applications journalières de dix 
ventouses sur la cuisse.Chaque ventouse produisait sur la peau 
une immense bulle pleine de sérosité qu’il fallait ouvrir immé¬ 
diatement. Le médecin mis au courant de ce fait déclara que 
la sciatique sortirait par là et qu’il fallait continuer l’appli¬ 
cation des ventouses. 

On la continua tant et si bien qu’au bout de 12 jours, 120 
ventouses avaient été appliquées sur toute l'étendue de la 
cuisse et il ne restait plus de place pour en faire d’autres, 
l’épiderme étant soulevé partout. Et pourtant la sciatique 
n’avait pas voulu profiter de ces nombreuses portes qu’on lui 
ouvrait pour s’en aller. Ce fut le patient qui, fatigué de cette 
médication aussi barbare qu'inefficace, sortit de l’hôpital pour 
se faire soigner homœopathiquement. * 

Il boitait passablement mais souffrait moins en marchant 
qu’au repos. 


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116 — 


Il lui était impossible (signe caractéristique certain de la 
sciatique) de relever la jambe gauche maintenue dans Vexten¬ 
sion complète sans ressentir une violente douleur au point 
sciatique fessier. Tenant compte de ce symptôme : améliora¬ 
tion par le mouvement, j’ordonnai rhus 3 e , trois granules 
toutes les trois heures à sec sur la langue’. 

Le 30 juin le capitaine vint me voir ; il se plaignit de ce 
que le rhus avait déterminé l’éruption sur tout le corps de 
quelques vésicules assez grosses remplies de sérosité et ayant 
causé une vive démangeaison, tandis que la douleur sciatique 
n’avait pas cédé. 

(J’ai eu maintes fois l'occasion de remarquer que chez ce 
malade, très sensible à l’action des médicaments, les remèdes 
administrés même à la 6 e dilution produisent quelquefois des 
effets physiologiques.) 

Je prescrivis colocynthis 6 e , deux granules toutes les 4 heu¬ 
res,pendant trois jours. 

Le 5 juillet, le capitaine était beaucoup plus ingambe; il ne 
boitait presque plus, la douleur avait disparu, ne laissant 
qu’un peu de raideur. Colocynthis 6°, deux fois par jour seu¬ 
lement. 

Le 12 juillet la guérison était complète, sans retour jusqu'à 
ce jour. Dr V. àrnulphy, fils. 


BEVUE DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES ANGLAIS. 


Troublés dentaires directs et réflexes, 

Travail lu à la a British homœopathic society # par le D r Edward T. Blake. 

Pour la facilité, j’emploierai le mot « cacodontique » quand 
je voudrai désigner des dents malades, le mot « anodontique > 
quand il s'agira de désordres dus à l'absence de dents, qu'elle 
soit congénitale ou résulte de leur destruction. 


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Les maladies de l’appareil dentaire produisent des effets 
variables sur l’organisme. Ces effets peuvent être très apparents 
ou bien, au contraire, fort éloignés de la cause qui les produit, 
à telle enseigne que la relation, qui existe entre ces deux fac¬ 
teurs, peut nous échapper très facilement. 

Nous ne nous occuperons guère des troubles locaux pour 
lesquels nous nous référons au dentiste. Mais il existe toute 
une classe de troubles généraux,qui sont dus à la présence de 
mauvaises dents et que, à tort, l’on peut attribuer à une autre 
cause. Ce sont ces cas qui, au lieu d’échouer chez le terrible 
dentiste, feraient mieux de tomber dans les mains moins 
cruelles du médecin. 

Ces deux branches de l’art de guérir, la médecine et la 
thérapeutique dentaire, s’appuient souvent l’une sur l’autre, et 
si l’on ne se départait point du rapport qui existe entre elles, 
bien des sources d erreur seraient évitées. 

L’influence des troubles dentaires sur l’organisme peut se 
manifester de trois façons différentes : 

1° par des troubles nutritifs. 

2° » » > nerveux. 

3° » » » d’ordre septique. 

A la dernière catégorie appartiennent les cas de septiémie 
et de pyémie. Ces cas sont plus fréquents qu’on ne serait 
porté à la croire. Nous parlerons aussi du parallélisme qui 
existe entre les phénomènes produits par l’absorption du pus 
dentaire et du pus blennorrhagique. 

. I.— Troubles nutritifs. 

Les premiers ..d’entre eux concernent l’estomac. 

Dyspepsie dentaire . 

Elle a 4 causes ordinaires : 

La première résulte d’une action réflexe. 


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La deuxième, du défaut de trituration et d’insalivation des 
aliments. 

La troisième, du fait que la muqueuse gastrique est irritée 
directement par les matières septiques provenant de gencives 
ou de dents malades. 

La quatième, d’une viciation de l’air inspiré, par suite de la 
présence de mauvaises dents dans la bouche. 

Action sur le système lymphatique . 

Les ganglions lymphatiques péribuccaux sont souvent 
hypertrophiés; cela résulte presque toujours de l’irritation 
locale. Des parcelles de matières purulentes arrivent directe¬ 
ment en contact avec la glande, et il se produit là une altéra¬ 
tion, que l’on ne peut faire disparaître qu’en détruisant la 
cause qui la produit : la dent cariée. 

Ces nodosités péribuccales sont bien des ganglions lympha¬ 
tiques hypertrophiés et non des adénomes avec lesquels on les 
confond souvent en les croyant d’origine scrofuleuse. La 
preuve que ces hypertrophies ganglionnaires peuvent résulter 
d’une infection de voisinage, est fort bien mise en évidence par 
le cas suivant : 

Cas I. — Lymphomes cervicaux, périostite alvéolo - 
dentaire et anémie profonde. — M 110 Edith L., âgée de 28 
ans, petite, de constitution faible, a eu, il y a quelque, temps, 
deux adénites indurées à l’angle de la mâchoire, du côté 
gauche. 

L’anatomie nous enseigne que l’induration intéressait les 
ganglions profonds, car ceux-ci revinrent à leur état normal 
après l’extraction d’une molaire inférieure du côté gauche. 

Avant que cette personne se fût présentée chez moi, le 13 
juillet 1887, un grand nombrede médicaments lui avaient été 
administrés. Je donnai mercur . corr. 30 e , indiqué par la rou¬ 
geur inflammatoire qui existait aux gencives, la pharyngite 


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granuleuse, la constipation d’origine hépatique, la suspen¬ 
sion des fonctions hématopoiétiques du foie, une miction 
fréquente et abondante, la transpiration des pieds, la présence 
de ganglions dans l'aisselle droite et d’un rash vésiculeux 
entre les doigts. v 

J’exerçai la compression sur les ganglions et les enduisis 
d’oléate de mercure. Les préparations ferrugineuses étaient 
indiquées, car ferrum. produit une douleur localisée au niveau 
des espaces intercostaux supérieurs. La santé devint meil¬ 
leure sous l’influence du traitement mercuriel, mais les glan¬ 
des ne changèrent point de volume. 

La malade se plaignait d’une forte douleur, presque conti¬ 
nue, au niveau des nerfs occipitaux, surtout à gauche. Le nerf 
occipital est la branche interne de la division postérieure du 
2 e nerf cervical. Cette douleur fut calmée par gelsemium 1 x. 

Les glandes restèrent de même, de sorte que le 26 septem¬ 
bre, j’essayai de les faire disparaître par l’électrolyse. Me 
rappelant que derrière ces ganglions se trouvent la carotide, 
la jugulaire interne, l’hypoglosse, etc., j’attirai les glandes en 
avant et fis pénétrer les aiguilles loin des vaisseaux et des 
nerfs. 

Ce moyen ne fut, pas plus que les autres, suivi de succès et 
ce n’est qu’à la suite de l’extraction de la dent cariée que les 
glandes commencèrent à diminuer. Et, sans aucun médica¬ 
ment, l’amélioration poursuivant son cours, finit par aboutir 
à la guérison parfaite. 

Diarrhée . — Constipation . 

Quelques cas embarrassants de « selles irrégulières » peu¬ 
vent être dus à la présence de mauvaises dents. Certains 
sujets sont constipés parce que la mastication ne s’opère pas 
convenablement chez eux, que ce défaut soit dû à l'absence de 


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— 120 — 


dents ou à l'insouciance du malade. Chez d'autres, la même 
cause peut provoquer la diarrhée Enfin, il en est chez qui ces 
phénomènes morbides alternent. 

11 est bon de défendre l usage de la viande chez ceux dont 
les dents sont en mauvais état ; la mise en pratique _de ce con¬ 
seil est souvent suivie d’une grande amélioration. Les servan¬ 
tes surtout (qui d'habitude mangent trop et trop vite) sont 
atteintes d'entérite due à un travail incomplet de la part de 
l’appareil masticateur. Un cas type de l’espèce nous est fourni 
par l’exemple suivant : 

Cas II.— Colique anodontique avec anémie .— A. H.ser¬ 
vante, âgée de 20 ans, n’ayant plus été réglée depuis 3 mois, 
fut prise, pendant la nuit, de douleurs intenses au niveau du 
colon transverse. La douleur céda bientôt à cocculus I e au 
100° et la chaleur appliquée sur l'abdomen. 

On ne put, à priori , apprécier la cause de cette douleur, 
car la malade ne se rappelait pas avoir pris froid ni avoir eu 
une indigestion. 

Du reste, la langue était propre, et rien n’indiquait qu’il 
existât une lésion organique. Mais, en examinant la bouche, le 
mystère fut éclairci : non seulement la personne en question 
n'avait pas de molaires, mais encore, les incisives et les cani¬ 
nes se trouvaient dans un fort mauvais état. 

Le jour suivant elle prit puisât il la 3 x,ce qui fit reparaître 
les menstrues en 24 heures. 

Plus tard, cette jeune fille eut un phlegmon de la main et 
finalement elle dut entrer à Phôpital pour se guérir d'une 
ostéite intéressant l’os iliaque 

Il est probable que ces conditions morbides successives 
furent dues à l’altération des dents. 

II. — Troubles nerveux. 

La plus fréquente des névralgies est la trifaciale. Jamais le 


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— 121 — 


médecin ne doit vouloir préciser la cause d'une telle névralgie 
sans user du miroir buccal ni de fins stylets. Nous savons 
tous combien nous pouvons rendroheureux les malades qui 
sont atteints d'une névralgie d’origine dentaire, en leur met¬ 
tant un tampon d'ouate phéniquée dans la det malade et en 
leur faisant prendre chamomilla . 

La douleur peut cependant reparaître, quoiqu'il ne soit 
pas absolument nécessaire qu’une dent cariée produise tou¬ 
jours de la douleur. 

S’il y a périostite, le calomel ou le sublimé corrosif sont 
indiqués de la 3 e décimale à la 6 e au 100 e ; de plus il est bon 
de défendre le café, le thé et les boissons acidulées. 

Cas III. — Névralgie occipitale et dents de sagesse coif¬ 
fées. — M lle Emmeline D., âgée de 27 ans, vint me voir- en 
septembre 1884 ; depuis l’âge de 14 ans elle souffrait de dys¬ 
ménorrhée et d’une douleur continue intéressant le cuir 
chevelu. 

Je trouvai une légère déviation, à droite, de la colonne ver¬ 
tébrale, au niveau de la région’ dorso-lombaire. La dysmé¬ 
norrhée, elle, pouvait être attribuée à de l’endométrite et à de 
la rétroflexion utérine. 

Le trajet de la douleur que ressentait la malade correspon¬ 
dait très exactement à celui des deux nerfs sus-orbitaires et 
des deux grands occipitaux. 

Le sus-orbitaire est,vous le savez,une branche de l’ophthal- 
mique,première branche de trifurcation du trijumeau. Le grand 
occipital, une des branches du deuxième nerf cervical, est sou¬ 
vent douloureux lorsque le foie ou le cœur.étant pathologique¬ 
ment atteints, agissent l’un sur l’autre d'une manière réflexe. 

Je trouvai que cette malade avait les deux dents de sagesse 
supérieures complètement recouvertes par les gencives. J'ai 
débridé le chapeau et enlevé une dent cariée. 

Je viens d'apprendre que cette opération a été suivie d’une 


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amélioration persistante et, contrairement à ce que j’atten¬ 
dais, beaucoup plus marquée pour les nerfs occipitaux que 
pour le trijumeau. 


Troubles visuels. 

Beaucoup de maladies des yeux ont une origine dentaire. 
Mon ami Morton Smale, le doyen de l’hôpital dentaire, m'a 
rapporté des cas d’iritis, de conjonctivite et de photophobie 
comme ayant le même point de départ. 

Et entre tous, voici un cas intéressant, où il est question 
d’un malade qui déclarait être aveugle quoiqu’il ne le fût 
point. Après qu’on lui eût enlevé quelques dents malades 
il affirma avoir recouvré la vue. 

Cas IV. —■ Ambliopieréflexe dépendant d'une irritation 
dentaire. — M 11 ® Florence S., âgée de 15 ans, n’a jamais été 
malade et ne semble pas être hystérique. 

Les deux yeux furent bons jusqu’au 8 avril 1887, époque à 
laquelle la vue commença à faiblir graduellement, pour abou¬ 
tir à la cécité qui fut complète le 15 du même mois. Nous ne 
pouvons guère recueillir de renseignements anamnestiques. 
Les parenls sont fort bien portants. Ils déclarent que leur 
enfant n’a plus été fort bien depuis l’époque à laquelle on 
l’a vaccinée. Elle a eu la coqueluche, la rougeole et la scar¬ 
latine,mais aucune de ces maladies n’a été suivie de complica¬ 
tions. 

Elle était bien réglée depuis un an ; toutes les sécrétions 
étaient normales. L’analyse de l’urine n’a rien dévoilé de par¬ 
ticulier. 

J’ai examiné attentivement tous les organes et n’ai noté 
qu’un peu de faiblesse de l’appareil respiratoire. Depuis quel¬ 
que temps la malade se plaignait de ses dents. Les pupilles 
étaient dilatées et insensibles. L’accommodation, tant pour 


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— 123 — 


l’intensité lumineuse que pour la distance, était imparfaite. 
Regardant une fenêtre elle ne pouvait voir que difficilement 
les traverses qui séparent les carreaux de vitre et ne pouvait 
absolument pas se rendre compte des dessins figurés sur le 
carreau inférieur. -, 

Cette jeune fille était pâle et apathique, la vitalité semblait 
faible, la nutrition mauvaise. Je conseillai de donner à la vue 
le plus de repos possible et prescrivis bellad. 30', un globule 
le soir. 

Ayant envoyé la malade chez mon ami, le D r Robert Cooper, 
celui-ci me confirma, quoique le tympan gauche de la malade 
fût perforé, qu’il n’y avait rien à l’appareil auditif qui pût 
suggérer l’idée d’un rapport pathologique existant entre l’oeil 
et l’oreille. Le D r Cooper croyait plutôt que l’affection oculaire 
était due â l’enclavement des dents. 

Je demandai aussi au D r Knox Shaw de faire un examen 
ophthalmoscopique, il m’envoya le rapport suivant le 29 avril 
1887 : 

« J’ai vu Florence S. chez laquelle je n’ai guère trouvé 

< d’altération au fond de l’œil. Il n’y a certainement 
« pas de rétinite, dans le moment, et il serait difficile de 
« croire que cette affection ait pu exister. Les nerfs optiques 
« sont hyperémiés et légèrement gonflés, mais nettement 
« limités. Je serais porté à croire qu’il y a eu de l’œdème de 
« cesnerfs, résultant d’une irritation réflexe. Je crois, comme 
« le D r Cooper, que l’affection oculaire a pour origine une 

< altération des dents. La malade est hypermétrope. Je con- 
« seillerais bellad. ou apis et l’usage de verres en rapport 
« avec le degré de sa vue ». 

Ensuite, j’envoyai ma malade à l’hôpital dentaire. M. Morton 
Smale,qui conseilla l’extraction de quatre dents enclavées et le 
plombage de deux dents cariées, m’écrivit ceci le 12 mai : 

« Je crois que tous les phénomènes morbides que pré- 


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— 124 — 


« sente votre malade sont d’ordre hystérique. Je l’ai envoyée 
« à Jules, médecin ophtalmologiste à l'hôpital Saint-Marys, 
« le priant d’examiner ses yeux, voici ce qu’il m'a coramu- 
« niqué : 

« — La jeune fille que vous m’avez envoyée aujourd’hui 
« est atteinte d'ambliopie hystérique. La réfraction est nor- 
« male, et la vue bonne. Au moment de son arrivée elle ne 
« put lire que difficilement, mais au moment de me quitter, 
« sa vue était redevenue fort bonne, ce qui prouve que la 
« cécité dont elle semble être atteinte n'est que le produit de 
« son imagination ». 

La femme du pasteur du village où habite la jeune fille 
m'écrivit le 20 mai 1887 : 

« Florence S. s’est fait extraire deux dents. En arrivant chez 
« elle, elle a lu un journal, ce quelle n’avait pu faire depuis 
« 3 semaines. Elle m’a dit avoir recouvré la vue en revenant 
« de l'hôpital ». 

Elle s’est encore fait extraire deux autres dents et plomber 
quelques autres. Cinq jours plus tard, j’ai reçu une lettre 
écrite de sa main. 

Cas V. — Conjonctivite phiycténulairc et dents malades. 
— M. Henry Power m’a cité le cas suivant : Un enfant lui 
fut apporté, atteint de conjonctivite phlycténulaire. Sans 
examiner la bouche, M. Power affirma l’existence de dents 
cariées. Le fait était exact et 10 jours après l'enlèvement des 
dents malades, les yeux furent ramenés à leur état normal. 

Cas VI. — Strabisme et dents malades, —GwendolineG., 
âgée de 5 ans, a la peau blanche, les cheveux noirs et la 
denture mauvaise; elle présente un strabisme convergent de 
l'œil gauche. 

Le droit externe comme les péroniers latéraux, du reste, 
sontdes muscles qu'unrien atteint dans leur puissance d’action. 
Ce sont des organes qui travaillent tôt et ne se développent 


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—* 125 —' 


que tard ; voilà pourquoi, dans les affections musculaires de 
l’œil comme dans les difformités de la jambe, ce sont ces 
muscles qui sont le plus souvent atteints, ce qui explique 
pourquoi le strabisme convergent est si fréquent, et pourquoi 
aussi il est inconséquent de pratiquer la ténotomie des muscles 
internes. 

On a considéré, pendant longtemps, le strabisme convergent 
comme étant dû à une contraction spasmodique du droit 
interne, mais maintenant, il est admis généralement que c’est 
la parésie du droit externe qui, seule, en est la cause, que 
cette parésie soit due à la dégénérescence du muscle ou à 
l’action innervatrice trop faible de la 6 e paire. 

Je diagnostiquai une paralysie réflexe du droit externe 
gauche, due à la carie dentaire. J’ai appris deux ans plus tard 
qu après s’être fait enlever et plomber les dents malades, la 
patiente vit se produire une grande amélioration dans l’état 
de son œil gauche. 

M Henry Power a recueilli des cas d’ulcération de la cornée, 
pouvant être attribués à une action réflexe dorigine dentaire. 
Ces cas peuvent être rapprochés, dans leur essence patholo¬ 
gique, des ulcères profonds des extrémités. 

On peut encore accuser l’état défectueux des dents d’être 
la cause de bien des maladies nerveuses telles que l’épilepsie, 
le trismus, le tétanos généralisé, les convulsions infantiles, 
les monoplégies des membres supérieurs, l’amaurose et la sur¬ 
dité. 

Lorsque les dents supérieures sont malades, c’est surtout 
à des névralgies de nerfs sus ou sous-orbitaires que l’on aura 
aflaire. Les névralgies des nerfs auditifs, auriculo-temporal, 
maxillaire inférieur, au contraire, répondent plutôt à l’état 
défectueux des dents inférieures. Quant à la corde du tympan, 
on comprend que, par sa situation intermédiaire et ses con¬ 
nexions multiples, elle doive pouvoir donner lieu à des actes 


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réflexes, tels que ceux qui intéressent les ganglions de Meckel, 
le ganglion otique, le sympathique, le glosso-pharyngien, le 
pneumogastrique, le plexus carotidien, le nerf auriculaire et 
les deux branches supérieures du trijumeau. 

Nous avons déjà pu constater des réflexes cérébraux d’ori¬ 
gine dentaire, et, parmi ces cas, l’un d’eux est célèbre, c’est 
celui de l’hôpital Saint-Léonard : 

Un homme, Agé do 46 ans, souffrait de violents maux de 
tête, de fatigues de l’esprit et d’autres sensations analogues. 
Des étincelles de feu semblaient traverser son cerveau. En un 
mot, il souffrait tant, qu’il fut obligé de changer de profession. 

Eh bien, après enlèvement des dents desagesse supérieures, 
ce qui fut fait d’après les conseils du D r Cooper, cet homme 
fut débarrassé complètement de l’effrayant cortège de sym¬ 
ptômes qui le martyrisait. 

N 

Appareil urinaire . 

Il est rare que l’on établisse un rapport entre les appareils 
dentaire et urinaire. Cependant John Hunter relate un cas 
d’urétlirite purulente due à l’irruption d’une nouvelle dent, 
et, ce qui plus est, il affirme que son malade souffrait d’uno 
attaque de gonorrhée, chaque fois qu’une nouvelle dent faisait 
son apparition. 

Nous connaissons déjà le rapport qu’il y a entre les mala¬ 
dies de l’appareil dentaire et le rhumatisme, rapport identique 
à celui qui existe entre cette dernière affection et la blennor- 
rhée. 

Voici maintenant, pour finir, quelques cas intéressants de 
rhumatisme symptomatique .(The Monlhly homœopathic review.) 

'(A continuer.) 


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— 227 — 


LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE, 

par le D r Martin y. 

Depuis longtemps le médicament hamamclis virginica est 
employé par l’école homœopathique contre les hémorrhagies 
et les hémorrhoïdes ; or, nous lisons ceci dans les journaux 
allopathiques : 

De l’action de l’hamamklis virginica (Shoemaker. Jirilish medical 
Jour. 1376 . 87). — L’auteur a pu constater l’efficacité de ce médicament 
contre les hémorrhagies et dans d’autres affections, par exemple dans 
les diarrhées subaiguës et chroniques indolores. Son action est plus 
certaine encore si on lui associe de petites doses d'opium et de noix 
vomique, comme dans la formule suivante, qu’il préconise : 

Teinture d’opium .... XX gouttes. 

Teinture de noix vomique. . 2 grammes. 

Extrait fluide d’hamamelis . 30 — 

Une demi-cuillerée à thé à prendre toutes les trois heures. 

L’hamamelis réussit très bien à l’intérieur et à l’extérieur sous forme 
de frictions (20 0/0) dans le cas d’hémorrhoïdes douloureuses et 
saignantes. 

* 

* * 

Le sel de cuisine recommandé par le allopathes . — Les 
adversaires de Hahnemann se sont moqués à différentes 
reprises du Maître lorsqu’il recommandait ce remède dans 
différentes maladies. Or, voici qu’ils reconnaissent à leur tour 
une action médicale a p sel marin : 

Dü CHLORURE DE SODIUM CONTRE LE COLLAPSUS CARDIAQUE, par 

M. Rosenbusch. — La solution contient 6 p. c. de sel marin et une 
goutte de potasse caustique. Ce liquide doit être filtré et bouilli. 

L’auteur injecte 10 à 40 grammes de cette solution et observe, quelques 
minutes après, une augmentation des battements du cœur. Les indications 
de cette méthode sont les suivantes : S’agit-il de collapsus rapide, il 
administre 20 à 30 grammes de cette solution dans les vingt-quatre 
heures. La faiblesse cardiaque est-elle consécutive à des efforts de vomis¬ 
sements ou bien à la diarrhée, il fait usage de 500 à 1.500 grammes de 
la solution de chlorure de sodium de Cantani, qui renferme 3 grammes 
de carbonate de soude et 4 grammes de chlorure de sodium. Pour com¬ 
battre lecollapsus consécutif des hémorrhagies stomacales ou pulmonaires, 
il administre 20 à 40 grammes de la solution, quotidiennement, et 
diminue la dose de moitié quand le collapsus cardiaque a pour cause une 
affection chronique ou la cachexie. ( Berlin . ftlin. Wochens . et Courrier 
médical .) 

D r Martiny. 


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— 128 — 


VARIÉTÉS. 

X»es centenaires en 1886 . — Les centenaires sont rares, plus rares 
même que l'opinion populaire le ferait supposer, car les vieillards ont 
parfois la vanité de se vieillir comme les jeunes femmes ont celle de sc 
rajeunir. 

En 1871, le recensement de la population de la Bavière portait 37 
centenaires. Après vérification faite sur les registres de l'état civil, il se 
trouva qu’il n'y avait qu'une femme qui eût passé cent ans. 

Au Canada, sur 82 personnes qui passaient pour être mortes cente¬ 
naires, l'administration, curieuse de chercher la vérité sur ce sujet, 
trouva que 9 centenaires seulement étaient mortes à plus de cent ans. 

Pareille enquête vient d'être faite en France. Au dernier recensement 
184 personnes étaient inscrites comme centenaires. Or, il s'est trouvé 
que 101 l'avaient été indûment. 

Sur les 83 personnes admises comme centenaires, 67 l’ont été sur la 
déclaration de leurs proches sans qu'on ait pu fournir de pièces authen¬ 
tiques à l'appui. Le ministère n'a reçu les pièces justificatives que pour 
16 centenaires. Parmi eux était un vieillard, né en Espagne, baptisé en 
1770, ayant par conséquent plus de 116 ans en mai 1886 : il vivait encore 
au commencement de juin 1888. 

Parmi les centenaires les femmes sont en majorité (52 femmes et 31 
hommes); les veufs et surtout les veuves prédominent. 

(i’est dans le sud-ouest de la France, et principalement au pied des 
Pyrénées, qu'on rencontre le plus de centenaires. 

Je pense, en résumé, que défalcation faite des exagérations, il doit y 
avoir au moins une cinquantaine de centenaires en France; d'où, en 
calculant sur les naissances de 1771 à 1779, la génération qui a traversé 
Je dix-neuvième siècle aurait eu 1 chance sur 18,000 d'arriver à l'age 
de cent ans. {Bulletin médical.) 


SOMMAIRE. 

Association centrale des homéopathes belges. — 


Séance du 3 juillet 1888 .07 

Le tabac (suite), par le MM. Km. Seutin, Ph n et le D r 

Léon Seutin, de Bruxelles.100 

Trois cas de néphrite parenchymateuse chez des car¬ 
diaques, par le D r Criquelion, de Mons .... 108 

Notes cliniques du D r Y. Arnulphy, de Nice . . . 113 

Revue des journaux homœopathiques anglais . . . 116 

Les larcins de l’allopathie, par le D r Màrtiny . . . 127 

Variétés. *.* ... 128 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


15* Année. AOUT 1888. N° 5. 


Le tabac (1>, 

par MM. Em. Seutin, Ph", et le D r L. Seutin, à Bruxelles. 

1. — Le docteur Joly, dans sa remarquable brochure sur le 
tabac, nous rapporte la triste fin d’un jeune homme de 18 ans. 
Il était venu voir un de ses oncles, intendant dans une ferme non 
loin de Paris. L’oncle était absent ; fatigué de la route, fatigué 
d’attendre, et puis le jour était à son déclin, il crut quil n’avait 
rieu do mieux à faire que de se coucher et de se reposer dans 
le lit de son oncle. Il s’endormit bientôt comme on s’endort à 
cet âge. Sur ces entrefaites l’oncle revint accompagné de deux 
amis, passionnés fumeurs comme lui. Tous les trois sc mirent à 
fumer pendant assez longtemps ; enfin les deux compagnons se 
retirèrent ; l’oncle à son tour se disposa à aller se reposer 
auprès de son neveu, mais en approchant la lumière, il remar¬ 
qua la pâleur livide de son visage ; au toucher il était glacial, 
plus de pouls, plus de respiration ; épouvanté, il appelle ; on 
accourt, mais, soins inutiles, le pauvre jeune homme avait suc¬ 
combé à tous les accidents de l’asphyxie et de la congestion 
cérébrale. 

2. — Le docteur Hastings dit n’avoir jamais vu d’épilepsie plus 
grave que celle d’un enfant, qui avait pris l’habitude de fumer 
outre mesure depuis deux ans environ ; cette terrible affection, 
dont la cause avait été méconnue, fut traitée inutilement par 
tous les moyens dont la médecine dispose. M. le D r Hastings, qui 
avait fait des études sérieuses sur le tabac, reconnut la vraie 
cause de cette redoutable affection ^l’enfant fut mis dans l’impos¬ 
sibilité de satisfaire sa passion, et il fut bientôt guéri. 

1) Suite. Voir volume courant, pp. 09 et 100. 


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— 130 — 


3. —Le D r S&muelWriglitl[l)racon te qu’on l'appela pourvoir an 
homme qui était, disait-on, à toute extrémité;il était entièrement 
glacé, pâle et couvert d’une sueur froide et visqueuse; les pulsa¬ 
tions des artères temporales étaient imperceptibles; on n’enten¬ 
dait plus les bruits du cœur, et la seule preuve de l'existence de 
la vie était un profond soupir que le malade poussait toutes les 
quiuze ou vingt secondes. Il apprit que le pauvre homme, vou¬ 
lant obtenir quelque soulagement de ses hêmorrhoïdes, s’était 
avisé de s'asseoir sur un vase contenant 15 à IG grammes de 
tabac mélangés avec des charbons ardents. 11 y était resté pen¬ 
dant quelques minutes et avait fini par tomber dans l’état de 
colapsus le plus complet. Sinapismes sur les extrémités infé¬ 
rieures, frictions sur la région précordiale, l’eau-de-vie est 
administrée. La réaction se fit, et la guérison fut prompte. 

4. — Le D r Collas rapporte trois observations où il a vu, sous 
l’influence d’applications externes de tabac (deux fois les feuilles 
fraîches, sur le scrotum, une fois une lotion dans les aisselles), 
les malades tomber dans un état des plus graves, pouls petit, 
intermittent, d’une fréquence extrême, vomissements, diarrhée, 
sueurs froides, pouvaient faire croire à une attaque de choléra. 

' 5.— Unhommeavait fait bouillir 48 grammes de tabacen pou¬ 
dre dans 200 grammes d’eau,et prit cette décoction en lavement; 
à l’instant même, des douleurs violentes abdominales se firent 
sentir, brûlure intérieure qui lui arrachait des cris. Quoiqu’il 
eût rejeté en partie ce lavement,les douleurs continuèrent accom¬ 
pagnées de nausées, de vomissements et de fortes contractions 
des muscles abdominaux; il eut ensuite des contractions 
violentes et involontaires générales ; la face devint pourpre et 
contractée; yeux fixes et dilatés, pouls petit, concentré, inter¬ 
mittent, à 45 pulsations, respiration lente, extrémités froides. 
Il tomba dans la torpeur, se réveillait pour vomir, puis retom- 


(1) London médical gazette, 1846» 


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— 131 — 


baitde suite dans un profond sommeil. Ce6 accidents se termi¬ 
nèrent par la guérison. (Archiv. gèn. de méd ., T. XXXVIII.) 

(>. — Un médecin légiste anglais rapporto qu’un malheureux 
aliéné, qui voulait en finir avec la vie, se borna à mâcher et à 
avaler quelques feuilles de tabac: 24 heures après, il succombait 
au milieu des plus terribles souffrances. 

7. —Un soldat fort,vigoureux,eut l’imprudence de parier avec 
des camarades, qu’il saurait avaler une cuillerée à café de suc 
résidu de tabac fumé; il gagna son pari, mais ce fut au détri¬ 
ment de sa vie, car sa mort fut aussi rapide que foudroyante. 

8. —Le poète Santeuil fut aussi une triste victime du tabac!... 
II avait été invité à un dîner chez le prince de Coudé ; là se 
trouvaient quelques jeunes gens qui voulurent lui jouer un tour 
de leur façon,et n’hésitèrent pas à projeter dans sa tasse de café, 
un certaine quantité de tabac en poudre ; le poète but sa tasse 
de café en toute confiance: sa mort fut aussi prompte que celle 
du malheureux soldat dont il vient d’être parlé. 

9. — L’absorption de la fumée du tabac a pu produire quelque¬ 
fois les accidents les plus graves. On a vu des enfants présenter 
des symptômes graves d’empoisonnement pour avoir aspiré au 
tuyau de pipes vides mais déjà culottées, c’est-à-dire imprégnées 
du jus de tabac. 

10. —Un vigneron, pour gagner un pari, fuma vingt-cinq pipes 
de tabac dans un jour; il avait à peine terminé cette prouesse, 
qu’il fut pris de vertiges, d’étourdissements, de vomissements 
violents et continuels et il perdit connaissance; il conserva dix- 
huit mois des maux de tête et des vertiges (1). 

11. — Au mois de décembre 1865, à Decley, chef-lieu du 
département de la Manche, un jeune homme de quatorze ans, 
voulant apaiser un mal de dent dont il souffrait beaucoup, 
s’avisa de fumer. Un paquet de tabac de 15 centimes suffit 

(l) Uhion médicale , 1885. 


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- 132 — 


pour le faire tomber sans connaissance et il expira dans la 
soirée (1). 

12. —M. le docteur Blatin, dans ses recherches expérimen¬ 
tales sur la nicotine, a institué sur les animaux des expériences 
p.our pouvoir bien observer les effets produits sur eux par l’in¬ 
toxication chronique. Pour cela, il administra 15 à 30 centi¬ 
grammes de tabac, deux ou trois fois par jour, pendant plus de 
deux mois, à deux chiens. La substance toxique était soigneuse¬ 
ment mélangée avec leurs aliments; au bout de peu de jours de 
traitement, on put déjà observer des désordres du côté du 
cœur; quoique l’intermittence des battements soit normale dans 
la race canine, celle que Ton constatait était caractéristique. 
Les mouvements du pouls étaient désordonnés ; des repos d’une 
effrayante longueur précédaient ou suivaient des oscillations 
tellement rapides qu'il était presque imposible d’en compter le 
nombre; peu à peu, la durée des repos augnlenta, celle des 
oscillations suivit une marche inverse, les contractions car¬ 
diaques diminuèrent d’énergie et tout le système circulatoire 
fut chaque jour en s’affaiblissant; les mouvements respiratoires, 
également faibles et lents,s'amoindrirent encore chaque jour. 

Les vomissements qui se déclarèrent dès le début ne persis¬ 
tèrent pas longtemps, les digestions devinrent pénibles, l’appétjt 
diminua d’une façon considérable et il y eut, pendant quelque 
temps, des alternatives de constipation et de diarrhée, des 
coliques douloureuses semblaient parfois frapper ces animaux > 
de stupeur, les urines s’échappaient à chaque instant, presque 
involontairement, la sécheresse des muqueuses de la bouche et 
du pharynx était telle,dans le principe,que la déglutition deve¬ 
nait fort pénible,les gencives se gonflèrent et saignèrent de bonne 
heure, les dents ne tardèrent pas à s’ébranler, quelques-unes 
même se détachèrent sur la fin, la muqueuse do la bouche, des 


(1) Blatin. Recherches sur la nicotine et le tabac , pp. 74 et 75. 


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— 133 — 


fosses nasales, du pharynx, de la trachée, se ramollit et se 
tuméfia, les poils devinrent rudes, hérissés, puis tombèrent; un 
éloignement absolu pour les approches sexuelles suivit bientôt 
le ramolissement et l’atrophie des testiciiles, les muscles volon¬ 
taires subirent aussi la même altération et enfin arriva la para¬ 
lysie des extrémités postérieures, les pupilles, dilatées presque 
dès le début, ne présentaient aucune sensibilité aux impressions 
lumineuses les plus vives, la vision s’affaiblit de plus en plus et 
une cécité complète se montra dans les derniers temps de la vie; les 
yeux, larmoyants, se baignèrent finalement d’un pus ichoreux, 
et les paupières se couvrirent d’ulcérations gangréneuses; une 
surdité presque complète survint; peu à peu, ces pauvres ani¬ 
maux tombèrent dans l’affaissement, le marasme et, les uns 
après les autres, finirent par périr épuisés. 

Leur autopsie montra un cœur pâle, mou, légèrement atro¬ 
phié ; un sang pauvre en globules rouges, fluide et dépourvu de 
fibrine, la putréfaction marcha avec rapidité, sans être précé¬ 
dée de roideur cadavérique. 

13. — Le 7 février 1S64, le docteur Lebriertfut appelé au 
village de Kerdreiu, arrondissement de Brest, pour donner des 
soius à Brigitte V..., meunière, âgée de 46 ans, encore réglée. 
D’une maigreur extrême, la constitution de cette femme avkit 
été très bonne; mariée deux fois, elle avait eu cinq enfants. In¬ 
consolable de la perte d’un de ses enfants, elle chercha tous les 
moyens de s’étourdir, et par une singulière dépravation du 
goût, se mit à manger du tabac de toutes espèces : tabac à 
fumer, à priser, à chiquer, elle >n prenait environ pour deux 
francs par semaine; quand le docteur arriva près de la malade, 
elle était, pour ainsi dire, aphone ; de sa voix enrouée, elle 
articulait péniblement quelques sons confus, la respiration était 
difficile, suspirieuse; le pouls faible, lent, intermittent. Le cœur 
battait à peine, la pupille dilatée était insensible à la lumière ; 
l’œil hagard ne pouvait plus bien diriger la main vers les ob- 


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— 134 — 


jets présentés ; la cécité était presque absolue, une surdité com¬ 
plète n’existait pas, mais l'oreille était devenue très paresseuse, 
le faciès était pâle, amaigri, hébété ; la langue tremblottante, 
rouge, sèche, effilée; il y avait une dysphagie très pénible, tant 
les spasmes du gosier étaient prononcés; le ventre était rétracté* 
les selles ovillées ne s’effectuaient dejniis longtemps qu’au moyen 
de lavements ou de purgatifs ; au début, au contraire, il y 
avait eu de fortes évacuations alvines et des vomissements : 
c’était la période d’excitation; mais bientôt survint de l’inap¬ 
pétence, les parois intestinales ne tardèrent pas à être frappées 
de stupeur, comme tout le reste du corps et la période de pros¬ 
tration arriva; l’émission de l’urine était involontaire, il y avait 
des faiblesses, des sueurs froides et des insomnies, le médecin 
ne put rien faire en présence* d’un tel état. Quand il revit la 
malade, le surlendemain, la voix était éteinte comme celle d’uu 
cholérique ; la déglutition était impossible ; la poitrine se soule¬ 
vait à peine ; le murmure respiratoire et les mouvements du 
cœur étaient presque insensibles, tous les organes s’étaient en^ 
quelque sorte endormis sous l’influence du tabac; la mort arriva 
quelques heures plus tard (1). 

Nota. — En comparant l’empoisonnement progressif par le 
tabac de cette pauvre femme, suivi de mort, avec les expér 
riences faites par le D r Blatin sur les animaux, on peut voir 
combien les symptômes sont les mêmes chez les hommes et chez 
les animaux. 

14. — M. le D r Bouisson, professeur à la faculté de médecine 
de Montpellier, a fait le sujet d’un travail des plus intéressants 
où il a rapporté des faits nombreux; d’apès lui l’épithélioma ou 
cancer des lèvres, autrefois très rpre, s’est répandu proportion¬ 
nellement au développement qu’a pris en France la consomma¬ 
tion du tabac. 

(1) Journal de chimie médicale , 1864. 


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— 135 — 


L’habitude de fumer n’a pas pénétré heureusement encore, 
parmi les jemmes; aussi sur soixante et un cas d’épithélioma de 
la lèvre inférieure, six seulement appartenaient à des femmes. 
On a pensé que le contact prolongé d'un corps chaud, comme le 
tuyau de ces pipes courtes, quon appelle bfûle-gueules, pou¬ 
vait être une cause déterminante du cancer des lèvres; pourtant, 
l’affection débute quelquefois sur des parties de la lèvre qui 
n ont pas eu de contact avec la pipe. 

Voici un cas publié par M. Merat : dans une herborisa¬ 
tion à Fontainebleau, il vit un homme couché par terre et en 
état de mort apparente ; cependant cet homme lui demanda 
d’une voix faible, s’il avait du tabac, et sur sa réponse négative, 
il retomba de suite sans connaissance; cet état ne cessa qu’a- 
près qu’on lui eût procuré quelques prises du tabac, il put alors 
raconter que parti le matin sans sa tabatière, il avait marché 
jusqu’à ce qu’il se trouvât dans l’impossibilité de continuer sa 
route, par suite de la privation qu’il ressentait (1). 

15. — Je n’oublierai jamais, dit le docteur Gorgel (2), ce ma¬ 
telot de l’Antigone, qui vint me trouver pour un mal de gorge. 
Voyant à la saillie de la joue qu’il mâchait quelque chose : 
Comment, lui dis-je, vous avez mal à la gorge, et vous chiquez! 
Major, répondit-il, depuis trois jours je n’ai plus de tabac ! et 
en même temps, il tira de sa bouche un peloton d’étoupe gou¬ 
dronnée; j’eus pitié de cet homme et je partageai avec lui un 
peu de tabac. 

En 1831, près de St-Etienne, une mine fut submergée ; sept 
ouvriers mineurs purent échapper en se réfugiant dans uu étage 
supérieur sans issue. Ils restèrent sept jours dans cet affreux 
réduit, n’ayant pour toute nourriture que le cuir de leurs sou¬ 
liers. On peut juger avec quel empressement ils acceptèrent les 
aliments qu’on leur offrait lorsqu’ils furent sortis de là; mais 

(\) Union médicale, 1862. 

(2) Dictionnaire de médecine et de chirurgie. T. XV. 


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— 136 — 


I’un d’eux repoussa la tasse de bouillon qu’on lui présentait, 
déclarant que ce dont il avait le plus pressant besoin, c’était de 
fumer une pipe de tabac. 

Lusage du tabac, sous quelque forme que l’on en fasse 
usage, dégénère en un besoin plus impérieux que la faim; aussi, 
pour ces gens-là, la perte du goût du tabac est, ainsi que la 
perte de l’appétit, un des premiers symptômes de maladie; le 
retour de ce goût, comme celui de la faim, annonce la convales¬ 
cence (1). 

16. — Tremblement des mains. — Le Docteur Selwyn Mar¬ 
rie raconte que, faisant un jour une opération chirurgicale, il 
fut saisi d’un tremblement tellement intense, que l’instrument 
lui échappa des doigts. M. Marrie rattache ce phénomène au 
tabac dont il abusait; ausj>i, lorsqu’il en usait avec modération, 
ce symptôme ne se reproduisait pas. 

Un médecin de Paris, fort distingué et très connu, qui prise 
beaucoup, a dans les mains un tremblement assez fort pour 
l’empêcher d’écrire; chaque fois que le tremblement disparaît, 
s’il prise de nouveau, le tremblement revieut. Nous avons ob¬ 
servé souvent des tremblements de cette nature, et dans plu¬ 
sieurs cas, il nous a été donné de les voir guérir par la simple 
cessation de l’usage du tabac. 

17. — Vertiges.—Les fumeurs habituels y sont extrêmement 
sujets. Un médecin, âgé de 52 ans, fumeur passionné, éprouva 
de la pesanteur de tête, grand abattement; tout tourne autour 
de lui, et il est obligé de se fixer à un objet ou mieux encore de 
se coucher sur le dos; on ne remarque aucun trouble ni dans les 
sens, ni dans rintelligence. Après l’accès, il reste un sentiment 
de faiblesse, surtout dans les jambes, et la démarche devient 
tellement incertaine que le malade est obligé de donner le bras 
à quelqu’un ou de se tenir aux maisons. Un de ses confrères lui 

(1) Blatin. Recherches physiologiques sur la nicotine et le tabac, p. 144* 


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- 137 — 

conseilla de s'abstenir de fumer; il y consentit, et dès ce mo* 
ment, il retrouva dans la marche une sûreté inusitée et ses 
accès cessèrent. 

18. — Intermittences dans les battements du cœur dues aux 
troubles apportés par la nicotine dans l’i.iervation cardiaque.— 
Beaucoup de personnes y sont sujettes sans l'avoir remarqué ; 
quelques autres, au contraire, en éprouvent un sentiment très 
pénible et très inquiétant; quoi qu’il en soit, c’est un phénomène 
fréquent et peu de gens y échappent. 

Voici ce que dit M. le docteur Decaisne de ces intermittences : 

J’ai pu constater en moins de trois ans, dans quelques 
communes du département de l’Oise, 21 cas d’intermittence du 
pouls, chez de grands fumeurs, indépendants de toute lésion 
organique du cœur ; sur ces fumeurs, sept virent disparaître 
complètement les désordres du cœur, par l’abstention absolue ou 
presque absolue, de la pipe ou du cigare, en moins d’un mois. 

M. le docteur Blatin en tire les conclusions suivantes ; 

1° L’abus du tabac à fumer peut produire sur certains sujets 
un état que j’appellerai nicotine du cœur, et qui se tra¬ 
duit par des intermittences dans les battements de cet organe, 
et dans les pulsations de l’artère radiale; 

2° Il suffit, dans certains cas, de suspendre ou du moins de 
réduire l’usage du tabac à fumer pour voir disparaître entière¬ 
ment ou diminuer l’irrégularité dans les fonctions du cœur. 

{A continuer .) Seutin, Ph n , et I) r L. Seutin. 


HVU8 DES JOURNAUX HONŒOPATHIQUES DE EIASCE, 

par le D r Schepens, de Qand. 


L’homœop&thie et ses critiques, 

par le D r P. Jousset. 

Il serait difficile de résumer l’article paru sous ce titre dans 


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— 138 — 


le n° d'avril 1888 de 1 9 Art médical ; nous le reproduisons 
en entier: 

L'exposition critique de rhomœopathie publiée par M. Ro- 
chard, dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences 
médicales , constitue une mauvaise action autant qu'un mau¬ 
vais article. 

Cet exposé est une mauvaise action parce qu’il continue la 
série des critiques sciemment incomplètes et par conséquent 
mensongères en usage contre rhomœopathie. Quand donc nos 
adversaires retrouveront-ils le cangfroid nécessaire aux luttes 
scientifiques et quand renonceront-iis à se battre contre les 
moulins à vent créés par leur imagination? 

Pendant ce temps rhomœopathie continue contre la routine 
et l’erreur une guerre dont le centenaire pourra être célébré 
en 1890. 

Au lieu d’exposer loyalement ce qui constitue la grande 
réforme de Hahnemann : Fétu le expérimentale des médica¬ 
ments sur l’homme sain et la loi d'indication tirée du Si milia 
Similibus , M. Rochard choisit la partie systématique de la 
doctrine, ccst-à-dire la pathologie et le dynamisme médica¬ 
menteux et il pmrfond les erreurs que J. P. Tessier réfutait 
déjà il y a trente-huit ans avec uue autorité et daus un autre 
style que lecritiquedu Dictionnaire encyclopédique. Est-ce 
faire preuve d une intelligence médicale bien grande et d'un 
sens critique élevé que de s’amuser à épiloguer sur la défini¬ 
tion de la mala lie et sur les expli ations fantaisistes de Faction 
des doses inîinit ^imalo< «pnnd on a levant <o\ l'homme qui a 
fon lé la matière môdicile expérimentale et a rendu possible 
Papplieation du Si t/ *Hia $i„ti/ihus par la création de cette 
matière médieali* oxpémnemaler Jusqu'à Hahnomann, nul, pas 
mémo Stork, n’a expert ni» nté les médicaments sur l'homme 
sain dans le but de connaître toutes les actions des médica¬ 
ments sur l'organisme vivant. Hahnemann et ses élèves ont 


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— 139 — 


étudié par cette méthode des centaines de médicaments et la 
Grande Encyclopédie d’Allen, qui résume la matière médi¬ 
cale homoeopathique,comprend l’histoire des actions physiolo¬ 
giques de toutes les substances médicamenteuses : action sur 
l’homme sain, toxicologie et expérimentation sur les ani¬ 
maux. 

Hahnemann, par sa réforme de la matière médicale, est le 
grand initiateur de la thérapeutique moderne ; qui donc avant 
lui se préoccupait de Yaction physiologique des médicaments 
et qui donc depuis lui omit ce chapitre dans ses études théra¬ 
peutiques ? 

Non seulement Hahnemann a jeté la base dune matière 
médicale positive, mais, en prenant pour règle d’indication le 
Similia Similihus , il a créé une thérapeutique exempte 
d’hypothèse. En effet, qu'enseigne la réforme de Hahnemann : 
opposer à l’ensemble des symptômes ou des lésions qui con¬ 
stituent une maladie, un ensemble de phénomènes produit par 
une substance médicamenteuse sur l’homme sain. Opposer au 
choléra caractérisé par des évacuations par le haut et par le 
bas, les crampes, le refroidissement et le collapsus, le vera- 
tnm qui, à doses toxiques, produit des vomissements, des 
diarrhées, des crampes, du refroidissement et le collapsus. 
les symptômes et les lésions d’une maladie sont des faits 
d’observation, les phénomènes produits chez l’homme sain par 
des médicaments sont des phénomènes d’expérimentation. 11 
D’y a donc point place à l’hypothèse dans cette thérapeutique 
et nous avons eu raison de dire bien des fois que rhoraœopa- 
thie était la thérapeutique positive. 

Eh bien, je dis que, devant cotte grande figure de Hahne- 
toann, tout médecin doit s’incliner avec respect et que cher¬ 
cher la petite bête devant d’aussi grandes choses, c’est se 
foire tort à soi-même. 

Mais, Hahnemann est, même en pathologie, un homme 


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140 — 


autrement puissant que ses critiques. Voyons sa définition de 
la maladie qui a exercé la verve railleuse de M. Rochard. 

Hahnemann définit les maladies : des changements invi¬ 
sibles qui ne sont révélés que par des symptômes. 

M. Rochard s’imagine avoir pulvérisé Hahnemann quand 
il a objecté qu’il n’y a pas que des symptômes; que les sym¬ 
ptômes reposent sur des lésions organiques et que le dyna¬ 
misme pathologique de Hahnemann n'est qu’un vitalisme 
exagéré. 

M. Rochard, qui est si compétent en pathologie spéciale, ne 
semble pas se douter des problèmes de la pathologie générale; 
il ignore jusqii’à la langue de cette science. Son argumentation 
démontre qu’il n’a même pas compris la question qu’il traite 
avec tant do désinvolture. 

Sans cela, il saurait que les lésions sont, des phénomènes 
de même ordre que les symptômes, dans ce sens que les lésions 
sont, comme les symptômes, une expression de la maladie ; 
que la maladie est un état du corps vivant caractérisé par 
un ensemble de lésions et de symptômes ; que les lésions et 
les symptômes reçoivent cet état du corps vivant, delà mala¬ 
die, un cachet particulier, cachet qui permet de transformer 
la lésion et le symptôme en signe et de remonter ainsi au 
diagnostic de la maladie ; il saurait que la cause vraie (la 
cause prochaine des anciens) est un état particulier de l’orga¬ 
nisme dénommé prédisposition, que cette prédisposition 
repousse ou accepte l’action des causes externes, infectieuses 
ou non, de la malade» ; que cette prédisposition, quand elle 
permet à la cause externe d’exercer son action, fait évoluer 
la maladie d’une manière bénigne ou maligne. 

Eh bien, M.Rochard a-t-il vu, avec ou sans microscope, l’état 
de l’organisme appelé prédisposition ? A-t-il vu l'état du 
corps qui constitue la maladie et gouverne les symptômes et 
les lésions ? Non, sans doute, il n’a vu, comme Hahnemann. 


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— 141 — 


que ce qui est visible, des symptômes et des lésions présen¬ 
tant certains caractères qui permettent de nommer des mala¬ 
dies déterminées : variole, pneumonie, érysipèle, choléra, 
etc., etc. Mais il n’a jamais vu ni la variole, ni la pneumonie, 
ni le choléra. Hahnemann avait donc raison de dire que la 
maladie est constituée par un changement invisible du corps 
vivant caractérisé par des phénomènes visibles, symptômes 
et lésions. Car, encore une fois, le mot symptôme est une 
expression générique qui pomprend tout ce qui apparaît de la 
maladie, troubles fonctionnels et lésions organiques. 

La définition de la maladie donnée par Hahnemann n’a 
donc rien d’absurde. Elle prouve chez son auteur une compé¬ 
tence absolue dans les questions de pathologie générale. 

Pourrait-on en dire autant de la critique do M. Itochard ? 

M. Rochard, arrivé à la démonstration clinique, a bien le 
courage de rapporter les expériences ridicules d’Andral à la 
Charité et les tentatives, entachées de fraudes, de Bailly à 
l’Hôtel-Dieu, et il ne dit pas un mot des quatorze ans de pra¬ 
tique homoeopathique de J. P. Tessier dans les hôpitaux de 
Paris, Sainte-Marguerite, Beaujon et l’hôpital des enfants. 
L’Assistance publique possède les éléments delà statistique du 
traitement homoeopathique dans les hôpitaûx pendant qua¬ 
torze ans ; on passe cette démonstration capitale sous silence 
et on vient nous parler des cinq malades traités à la Charité 
par Andral, et des cinq mois de pratique de l’homoeopathie dans 
le service de Bailly à l’Hôtel-Dieu. Comment qualifier un tel 
procédé de polémique ? 

Du reste la lumière a été faite sur ce point par l'adminis¬ 
tration des hôpitaux et l’histoire de l’homceopathie à Sainte- 
Marguerite est pleine d’enseignements qu’il ne faut pas se 
lasser de mettre en lumière. 

En 1847, J. P. Tessier, médecin de l’hôpital Sainte-Mar¬ 
guerite, résolut de vérifier publiquement l’homceopathie ; il en 


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— 142 - 


prévint ses deux collègues du même hôpital, Valleix et 
Marotte. Il fut résolu, d’un commun accord , que cette véri¬ 
fication serait faite sur la pneumonie ot il fut convenu que 
toutes les pneumonies seraient dirigées daus le service de 
Tessier. 

Le premier malade entra le 19 novembre 1847 et fut couché 
au n° 16 de la salle Saint-Benjamin. Décrire l’anxiété de 
Tessier pendant les six jours qui furent nécessaires pour arri¬ 
ver à la convalescence serait difficile. Il revenait à l’hôpital 
jusqu’à trois fois par jour ; enfin le malade guérit. Un second, 
puis un troisième malade se succédèrent, tous guérirent et le 
premier cas de mort arriva le 27 mars 1848. 

Les observations, au nombre de 41, furent recueillies par 
les internes du service et publiées en 1850. Il y avait 38 gué¬ 
risons et 3 morts. 

» 

Et pendant ce temps quelle était l’attitude des deux collègues 
de Tdssier, Valleix et Marotte 1 Après avoir encouragé l’expé 
riencede leurcollègue,ils se retirèrent devant le succès inatten¬ 
du de Thomœopathie, et, quelques mois après, ils dénonçaient à 
M. Davaine, alors directeur de l’Assistance publique, les 
agissements scandaleux d’un médecin qui avait eu le courage 
de croire que l’observation était la règle suprême de la thé¬ 
rapeutique. Honteuse dénonciation de la part de ses auteurs, 
recours odieux au bras séculier dans une question qui ne 
relevait que de la conscience médicale, mais heureuse dénon¬ 
ciation par ses résultats. M. Davaine, en effet, fit une enquête 
qui dura trois ans et de cette enquête ressortit la supériorité 
incontestable du traitement homœopathique sur le traitement 
allopathique. Voici l$s chiffres : 

Service allopathique : 3724 entrées : 412 morts, moyenne 11,30 p. c. 

Serviej Jtoiiueopathique : 4663 entrées : 339 morts, moyenne 8,55 p. c. 

En plus, la durée du séjour fut beaucoup moindre dans le 


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143 — 


service homœopathique puisqu’il a reçu pour le même nombre 
de lits 939 malades de plus en trois ans. Qu’objecter à cette 
expérience ? Elle a été conduite par M. Davaine, homme 
éclairé et supérieur aux passions médicales ; elle a duré trois 
ans ; elle a porté sur un chiffre considérable de malades ; elle 
a été publique ; elle a été faite par un médecin de valeur ; 
elle a eu pour matière des malades traités dans le même 
temps et dans le même hôpital. Rien ne manque à cette expé¬ 
rience. Que lui a-t-on objecté ? Rien que le silence et l’espé¬ 
rance de la voir disparaîtrp dans l’oubli, et aujourd’hui, quand 
il s’agit de la démonstration clinique de la thérapeutique 
homœopathique, on ne nous parie pas des quatorze années de 
la pratique homœopathique de M J. P. Tessier dans les hôpi¬ 
taux de Paris et de la statistique de M. Davaine. Est-ce loyal ? 

Il nous semble inutile de suivre M. Rochard dans les détails 
d’une argumentation qui frappe continuellement dans le vide. 

Nous ne pouvons que regretter qu’un homme du talent et 
de l’honorabilité de M. Rochard se soit compromis dans une 
semblable polémique. D r Sohepens. 


REVUE DIS JOURNAUX HOMEOPATHIQUES D'AMÉRIQUE, 

par le D r Lambreghts, fils, d’Anvèrs. 


Galcarea carbonica. dans les coliques hépatiques, 

par le Leake. 

Il y a trois ans, je fus appelé à donner mes soins à M mfl B., 
âgée de 61 ans. C’était une femme d’une constitution lympha¬ 
tique et d’un embonpoint assez prononcé: elle pesait environ 
200 livres. Depuis vingt ans elle souffrait de coliques hépati¬ 
ques, et les médicaments de l’ancienne école ne lui avaient 


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- 144 — 


jamais apporté d’amélioration bien sérieuse. Aussi depuis 
quelque temps déjà avait-elle cessé toute médication, car, 
disait-elle, les médecins ne savaient lui donner que des anes¬ 
thésiques, et, si elle devait mourir, elle préférait mourir à sa 
manière. Cependant comme son mal empirait chaque jour, 
sur les conseils d’un parent, elle se décida à essayer l’homœo- 
pathie. 

Les attaques débutaient brusquement sans symptôme pré¬ 
curseur, par une douleur déchirante sous l’omoplate droite, 
s'étendant de là vers l’épigastre et l’hypocondre droit. Ses dou¬ 
leurs étaient parfois si violentes et si intolérantes que la malade 
so roulait par terre en poussant des cris terribles, déchirait 
ses vêtements et s'arrachait les cheveux. Les crises duraient 
environ 15 minutes et se terminaient généralement par des 
vomissements de matières bilieuses liquides renfermant quel¬ 
ques masses compactes. Ces masses étaient formées par une 
agglomération de petits cristaux légèrement jaunâtres qu’on 
pouvait isoler facilement par le lavage. A la fin d’une crise 
dont je fus témoin, la malade avait vomi une grande quan¬ 
tité de ces petits calculs de la grosseur d’un pois et de formes 
très variées. 

Me rappelant combien le professeur Allen, de New-York, 
préconise l’emploi de cale. carh. dans les coliques hépatiques, 
je dissolvai 10 grammes de ce médicament à la 12* dans un 
verre d’eau dont je fis prendre une cuillerée toutes les cinq 
minutes. Après la 3* doso, la malade fut considérablement 
soulagée. Se figurant qu’elle avait pris un opiacé, elle me 
déclara quelle n’avait jamais pris un remède de ce genre dont 
faction eût été aussi rapide. Elle continua l’usage du cale, 
carh. pendant un mois, 3 doses par jour. Les crises diminuè¬ 
rent de fréquence et d’insensité, et finirent par disparaître 
complètement. Jusqu’ici il n’y a pas encore eu de récidive. 
{Hahncmannian munthly.) 


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— 145 — 


Les remèdes de Schüssler, 

par les IX 4 Boericke et Dbwey. 

Catcarea sulphurica . 

Synonymes. — Calcii sulphas, calcium sulphate. 

Nom lyulgaire. — Gypse, plâtre. 

Propriétés chimiques . — Formule Ca So 4 . Il se rencontre 
à l’état anhydre dans la nature sous la forme de gypse, 
d’albàtre et de sélénite; on le trouve aussi dans beaucoup 
d'eaux minérales ; il leur communique une dureté spéciale. 
Il cristallise en prismes volumineux lamellaires (sélinite) ou il 
forme des masses terreuses compactes (gypse). Chimiquement 
il constitue une poudre fine blanche, cristalline, soluble dans 
400 parties d’eau, insoluble dans l'alcool, l’acide nitrique et 
les acides hydrochloriques. 

On peut l’obtenir en précipitant une solution de chlorure 
de chaux par l’acide sulfurique. 

Préparation. — On le prépare par trituration d’après les 
indications de la pharmacopée américaine. 

Données physiologico-chimiques. — Calcar.sulph.exerce 
une action très marquée sur la suppuration. Il guérit les sup¬ 
purations des membranes muqueuses et des cavités séreuses, 
de même que les ulcères tuberculeux ouïes abcès de l’intestin, 
les ulcères de la cornée, etc. Il so rencontre surtout dans le 
tissu conjonctif. 

Action générale. —Il est surtout indiqué lorsque les tissus 
malades, après s’être débarrassés de leur contenu purulent 
primitif, continuent à sécréter du pus; en un mot, lorsque la 
suppuration tend à devenir chronique. Il est indiqué dans 
toutes les affections où la suppuration dure trop longtemps, 
même quand elle a son siège dans le tissu épithélial. Il agit 
principalement sur le tissu conjonctif; l’absence de ce sel 


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* 146 . — 


dans une partie quelconque du tissu conjonctif entraîne la 
suppuration. 

Symptômes et indications caractéristiques. 

Moral . — Humeur variable. 

Tête et cuir chevelu. — Croûte de lait chez les enfants, 
lorsqu’il existe une sécrétion purulente ou des croûtes jaun⬠
tres. Abcès du cuir chevelu. Céphalalgie avec nausée et sensa¬ 
tion comme si les yeux étaient enfoncés. Craniotabes, vertiges 
avec nausées excessives. 

Yeux. —Abcès profonds de la cornée (silicea) Inflammation 
des yeux avec sécrétion d’un pus épais et jaunâtre. Hypopyon 
pour déterminer l’absorption du pus (après silicea). Rétinite. 
Ulcérations profondes de la cornée. Cornée trouble avec pus 
dans la chambre antérieure et sensation d’un corps étranger, 
dans l’œil. Besoin de bander les yeux. Blessure de l’œil par 
un éclat.Kératite et conjonctivite phlycténulaire,surtout quand 
elles sont accompagnées de Tengorgement des ganglions cervi¬ 
caux. Héraiopie. Contractions des paupières. 

Oreilles. — Surdité avec sécrétion purulente, parfois mêlée 
de sang, provenant de l’oreille moyenne (après silicea). Papules 
autour de l’oreille. 

Nez. — Rhume de cerveau avec sécrétion d’un pus épais, 
jaunâtre, souvent mêlé de sang. Epistaxis. Ecoulement d’une 
seule narine. Irritation des bords du nez. Sécrétion jaunâtre 
des narines postérieures. 

Face. — Papules et pustules sur la face. Tuméfaction des 
joues avec menace de suppuration. Papules douloureuses 
dans la barbe. Eruptions herpétiques sur la face. 

Bouche. — Irritation de la surface interne des lèvres. 

Langue. — Langue flasque, goût acide, savonneux, âcre. 
Enduit jaunâtre à la base.Inflammation avec suppuration de la 
langue. Enduit grisâtre ressemblant à de l'argile. 


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— 147 — 


Dents. — Maux de dents d’origine rhumatismale. Maux de 
de dents avec gencives gonflées et douloureuses ; joues tumé- 

Gorge. — Suppuration dans la gorge. Ulcérations de la 
gorge avec sécrétion jaunâtre. Amygdalite à la période de 
suppuration. Diphthério du voile du palais ; gonflement des 
piliers du pharynx. Esquinancie avec sécrétion purulente. 

Symptômes.gastriques. — Désir pour les fruits, le thé et 
le bordeaux, soif vive, appétit augmenté. Nausées. 

Abdomen et selles. — Diarrhée purulente mêlée de sang. 
Dysenterie avec selles purulentes sanieuses. Ulcérations intes¬ 
tinales dans la fièvre typhoïde. Abcès douloureux à la marge 
de l'anus. Douleur dans la région du foie, dans le côté droit 
du pelvis, suivie de faiblesse et de nauséo. Diarrhée par varia¬ 
tions de température. Prolapsus de l’anus. Constipation avec 
fièvre hectique et respiration difficile. Evacuations intestina¬ 
les muqueuses ressemblant à du pus. 

Organes urinaires et sexuels. — Pour hâter la cicatrisa¬ 
tion dans les cas de bubons (alterné avec silicea). Gonorrhée 
avec écoulement puruleut, sanieux. Abcès de la prostate. 
Suppurations chroniques de la syphilis. Ulcérations des gan¬ 
glions. Spermatorrhée. Cystite dans la forme chronique, 
lorsqu’il y a sécrétion de pus. Règles tardives, de trop longue 
durée, avec céphalalgie, contractions, grande faiblesse. Zwin- 
genberg a guéri une néphrite scarlatineuse à l’aide de ce 
médicament. 

Système respiratoire. — Toux avec expectoration puru¬ 
lente sanieuse et fièvre hectique. Empyème.Collection de pus 
dans le tissu pulmonaire et les cavités pleurales. Douleur dans 
toute la poitrine. Pneumonie au 3 e degré. Raucité opiniâtre. 
Bronchite à la période de sécrétion. Consomption, catarrhe 
avee expectoration épaisse jaunâtre en grumeaux. Croup 
(après kali muriat.). Chez les enfants toux violente avec 


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— 148 - 

douleurs de poitrine, selles verdâtres et éruptions herpétiques. 

Grossesse. — Mastite, engorgement des seins,abcès (après 
silicea ). 

Organes circulatoires. — Péricardite à la période de 
suppuration. 

Dos et extrémités. — Douleurs dans le dos et le coccyx. 
Raideur des doigts. Anthrax dans le dos. Dernier degré de 
panaris quand la suppuration persiste. Rhumatisme aigu et 
chronique. Coxarthrocace avec suppuration. Ce remède alterné 
avec ferr. phosph. suffit à guérir cette affection. Plaies en 
suppuration. Sensation de brûlant et démangeaison à la plante 
des pieds. Névralgie chez les personnes âgées. 

Symptômes nerveux. — Contractions. Faiblesse et lan¬ 
gueur. 

Sommeil. — Somnolence pendant le jour. Insomnie pen¬ 
dant la nuit. Rêves. 

Symptômes fébriles. — Typhus lorsque la diarrhée s’éta¬ 
blit. Fièvre hectique produite par la formation de pus, avec 
toux et brûlant à la plante des pieds, éruptions herpétiques 
sur la face, les oreilles, la poitrine et les mains. 

Peau. — Furoncles, pour diminuer la suppuration. Bles¬ 
sures, plaies, contusions avec sécrétion d’un pus fétide, lors¬ 
que la cicatrisation est trop lente â se faire. Brûlures au 2 d 
degré. Engelures à la période de suppuration. Croûte de lait 
chez les enfants. Exsudations purulentes de la peau. Ulcères, 
furoncles, papules, pustules. Variole au stade de suppuration. 
Ulcères des membres inférieurs avec sécrétion purulente co¬ 
pieuse.Papules dans le cuir chevelu laissant suinter une gout¬ 
telette de sang quand on les gratte. 

Tissus .—Abcès dans la profondeurdestissus. Après silicea, 
il active leur cicatrisation. Sécrétions muqueuses par la toux, 
leucorrhée, gonorrhée, etc. Suppuration des ganglions lym¬ 
phatiques. Ulcérations des ganglions. Suppuration dans les 
articulations. 


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— 119 — 


Variations , — Aggravation et retour des symptômes après 
le travail et le lavage dans l’eau froide. 

Administration .— Cale, sulph. peut être employé égale¬ 
ment à l'extérieur dans certaines affections, telles que le 
panaris, les ulcères, les abcès, etc. Pour l’usage interne on se 
sert généralement de ô x ou 12 x dilution ou trituration. 

Dans les maladies des yeux, les basses triturations sont 
préférables. 

Relations. — Cale . sulph. ressemble à hep . sulph., mais 
possède une action plus profonde et plus intense. Il rend de 
grands services surtout lorsque Faction de hepare st épuisée. 
Il est utile également après kali muriat . quand celui-ci n'a 
pas produit un effet suffisant. 

Parmi les médicaments homœopathiques, apoeynum ren¬ 
ferme une grande proportion de cale, sulph . 

Le sulpliate de chaux peut être comparé à calendula 
dans les suppurations; à kali muriat . dans la croûte de lait 
et autres affections cutanées, dans la tuméfaction des joues, le 
croup et la dysenterie; à na.tr . sulph. dans l'hydropisie à la 
suite de la scarlatine; à silicea dans l’induration et la suppu-* 
tion des ganglions, les ulcères de la cornée, l'amygdalite, la 
mastite et les engelures. 

Daos les névralgies il occupe une place intermédiaire entre 
les douleurs très aiguës de magnes, phosph. et les douleurs 
avec paralysie de kali phosph. A\ est surtout indiqué chez les 
personnes âgées. 

Dans le 3 e stade de l’inflammation (la résolution) il est indi¬ 
qué après kali muriat. si la sécrétion est sanguinolente et 
épaisse; si elle est jaunâtre et muqueuse, kali sulph. vaut 
mieux. Dans l'anthrax, anthracine est préférable. Cale.sulph. 
est également très utile après l’emploi des remèdes aigus tels 
que kali muriat. y hellad , lorsque la guérison n'est pas com¬ 
plète. D r Lambreghts, fils. 


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— 150 — 


REVUE DES JOURNAUX HOMIEOPATIOUES ANGLAIS. 

Troubles dentaires directs et réflexes (1). 

Travail lu à la « British homœopathic society i par le D r Edward, T. Blake. 

III. — Troubles d’ordre septique. 

Cas VII. — Rhumatisme goutteux ctmauvaises dents . — 
Henri V., habitant dans des conditions telles, que l'humidité 
ne peut pas être accusée comme cause du rhumatisme dont 
il est atteint, vient me trouver après avoir été chez plusieurs 
de mes confrères. Comme eux, je ne pus parvenir à 
soulager ce malade. Cependant, l'examinant à nouveau avec 
beaucoup de minutie, je remarquai l'état particulièrement 
défectueux de ses dents. 

Eh bien, encore une fois, de suite après avoir mis en bon 
état les mâchoires de cet homme, les symptômes qui le gênaient 
disparurent complètement. Quatre ans se sont passés depuis 
et ce malade est toujours bien portant. 

Cas VIII. — Gingivite et douleurs musculaires géné¬ 
ralisées. — M Ue Clémentine S., âgée de vingt-sept ans, rési¬ 
dant à Lyon, vint me consulter le 27 mars 1886. Quoique se 
nourrissant parfaitement bien, cette demoiselle est faible, 
émaciée. 

Cet état de choses me semblait étrange, lorsque, frappé par 
l’odeur de son haleine, j’examinai la bouche de cette malade. 
Je trouvai les gencives enflammées, spongieuses, couvertes 
de granulations, suppurant facilement, les dents n’étant, 
d’ailleurs, pas indemnes non plus. 

Elle portait un râtelier fort bien conditionné, mais qui avait 
l’inconvénient detre appliqué sur des racines. Entre paren- 


(1; Suite. Voir vol. courant j>. 110. 


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— 151 — 


thèses, c'est là une chose qui ne devrait jamais se faire. Cotte 
malade, hystérique du reste, avait l’esprit irritable, éprouvait 
de la somnolence avant le repas, de la douleur dans les muscles 
des extrémités, elle s’éveillait on sursaut pendant la nuit 
(anémie spinale) et, naturellement, ne se trouvait pas reposée 
le matin. 

Pour un rien elle se couvrait de sueur, l'action de se baisser, 
seule, lui donnait le vertige. Elle avait la tête lourde et se 
plaignait d’être incommodée par des battements dans les 
tempes; elle perdait les cheveux et éprouvait des chatouille¬ 
ments au cuir chevelu. 

Les ganglions cervicaux étaient gonflés et douloureux, les 
yeux proéminents (la glande thyroïde n était pas hypertro¬ 
phiée). Il y avait une sensation de coupure derrière les yeux, 
l’accommodation était difficile, par suite de la parésie de l'iris, 
la pupille mesurait un demi-centimètre. 

La malade ne pouvait pas lire pendant plus de cinq minu¬ 
tes sans avoir la vue fatiguée. Les larmes coulaient abon¬ 
damment quand elle ouvrait les yeux à la liynière du jour. Il 
existait du catarrhe rétro-nasal, de la pharyngite granuleuse. 
L’appétit était faible, la soif grande. Elle avait souvent des 
rapports et des nausées, ainsi que des défaillances. Il y a six 
mois, elle avait eu une douleur dans le côté gauche de l’ab¬ 
domen et, il y a un an, du prurit anal. Quelquefois elle per¬ 
dait du sang par l’anus et elle ressentait du prurit vulvaire 
qui la gênait beaucoup. Pendant tout l’hiver elle s'est plainte 
de douleurs dans la poitrine,,au sommet droit, et à la partie 
antérieure du même côté. L'auscultation cependant ne révéla 
aucun symptôme. Dans le décubitus dorsal la malade avait 
des palpitations. Le pouls était à 90. 

Elle avait toujours ou trop chaud, ou trop froid. Pendant 
'hiver elle avait constamment éprouvé de la douleur a la 
région rénale droite et, cependant, l’analyse de i'urme lue 


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152 


prouva qu’il n’y avait rien d’anormal à l’appareil urinaire ; 
cette douleur semblait être une myalgie du carré lombaire. Il 
existait un herpès à l’index gauche et de la douleur au talon 
droit. Les deux pieds étaient gonflés et douloureux. 

Cette malade se trouva mieux après avoir pris mercur . 
corros . .‘I e , puis ignatia I e , carbo vegetabis 6% brgone I e , 
gummi guttea 6 e , china 1 e , arnica \ Q y actea 3x, sulph . 3x, 
nux vomica I e , mercur. dulcis 6e, cinnabar 6 e et kali 
bichromicum 3x. 

Après chaque repas, j’avais conseillé d’enduire les gencives 
de phénol iodisé, et de se rincer la bouche avec une solution 
chaude de calendula. J’ordonnai de manger des oranges et 
de la salade. 

L’amélioration se fit surtout sentir après l’emploi des chlo¬ 
rures mercureux et mqrcurique et du cinabre. 

L’eau de Flitwickx (1) rendit'aussi beaucoup de services, 
mais cependant la malade ne fut complètement remise qu’après 
l’enlèvement des dents malades. Avant cela, elle empoison¬ 
nait complètement son organisme en respirant un air littéra¬ 
lement vicié et en avalant de la salive viciée par des matières 
septiques. 

Cas IX. — Psoi'iasis . Rhumatisme goutteux . Absence 
complète de dents molaires .—Le 27 février 1887, arrive chez 
moi un Écossais, Alexandre R., âgé de trente ans. Il y avait 
dix ans qu’il ne se trouvait pas bien, mais c’est surtout depuis 
son arrivée à Londres, il y a quinze mois, que son état a em¬ 
piré. 11 n’existe pas de maladies diathésiques dans sa famille. 
Il a été vacciné deux fois; d’abord, étant enfant, ensuite, h 
l’àge de quinze ans. Il est couvert de taches psorlasiques qui 
n’ont pas de teinte cuivreuse. Il éprouve beaucoup de chatouil¬ 
lement au niveau des parties malades, chaque fois qu’il trans- 

(1) Une eau minérale naturel le. riche en principes ferrugineux et en acides 
organiques provenant d'uo terrain tourbeux situé dans le comté de Bedford. 


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— 153 — 


pire, ce qui arrive facilement chez lui, après le moindre 
exercice. Il rêve pendant la nuit, reste fatigué à son réveil. 

11 y a quelque temps son état mental s’en est ressenti ; il a 
été poursuivi par une sensation de (terreur indéfinissable et, 
après cela, il a éprouvé de la céphalalgie. Il éprouve encore 
des chatouillements au cuir chevelu. Les oreilles sont sèches , 
et furfuracées. 

Le teint, au lieu d’être rose et clair, comme il l’était, est 
devenu pâle et terreux. Au réveil, la langue est couverte 
d’un enduit jaunâtre épais. La gorge est sèche et granuleuse. 
L’ingestion de viande produit, chez lui, de la flatulence. Les 
selles sont régulières mais dures et divisées en Scyballes. 
Quelquefois il existe du prurit anal. La miction est fréquente. 

Le malade éprouve des palpitations après la moindre émotion 
ou l’exercice le plus faible. Il a des douleurs rhumatismales 
dans le dos et les épaules et a vite froid aux genoux. 

Sulphur changea beaucoup cette condition morbide mais 
le malade ne fut complètement guéri qu’après la croissance de 
nouvelles dents. 

Ce cas est très instructif et voici un détail qui, certes, vous 
intéressera : 

Ce malade avait été traité par l’arsenic et l'antimoine à forte 
dose; il en est résulté, pour lui, la perte des dents et de la 
santé, tout en n’ayant pas été débarrassé de l’affection cutanée 
contre laquelle ces médicaments avaient été administrés. 

J’ajoute qu’avant de donner sulphur , j’ai voulu débarras¬ 
ser cet organisme de toute influence médicamenteuse, et, 
comme antidote dft ces médicaments, j’ai prescrit hepar sut- 
phuris 30*. 

Et maintenant. Messieurs, abordons la question do l’hygiène 
des dents : 

Les dents peuvent être nettoyées le matin et doivent l’être 
le soir. Il est bon d’employer, à cet effet, une brosse douce, 


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154 


de la pmdre désinfectante et, surtout, de Peau chaude . 

Si les dents sont entretenues de cette façon, il semble im¬ 
possible que le tartre puisse s’y accumuler ; or, la présence 
de dépôts de cotte matière constitue la cause invariable de la 
perte des incisives inférieures. Il faut surtout vérifier l’état de 
la partie postérieure des dents inférieures de devant. 

En finissant, je vous dirai qu’il n’y a pas de règle sans 
exceptions et que, do même que la plupart des vieillards et 
des jeunes enfants se portent parfaitement bien, quoiqu’ils 
n’aient pas de dents du tout, il y a aussi des adultes qui, se 
trouvant constamment en plein air, peuvent digérer ce qu’ils 
mangent et se porter comme tout le monde, malgré la pré¬ 
sence, dans la bouche, de nombreuses dents cariées. 

Discussion. 

Le Dr Roth dit qu’il a peu d’expérience concernant le 
sujet qui vient d’être traité par le Dr Blake. 11 estime que ce 
dernier aurait dù plus s’appesantir sur l’hygiène de la bouche. 
Il rapporte aussi un cas où la suggestion, qui fut opérée par 
le Dr Liébault, de Nancy, sur une de ses malades, empêcha 
celle-ci do ressentir de la douleur pendant qu’on lui arracha 
plusieurs dents. 

Le D r Cooper a été frappé de voir combien sont fréquents 
les cas où la surdité peut êire attribuée à l’irritation des dents 
de sagesse. Entre autres, il rapporte lu cas d’un jeune homme 
ayant un abcès au cou ; à l’hôpital Saint-Thomas on voulut 
percer l’abcès, mais, après avoir examiné attentivement la 
denture du patient, il vit qu’il existait une dent de sagesse 
malvenue. Il fait ensuite mention d’un autre cas où la surdité, 
due ù la pression exercée par une dent de sagesse ; s’établit 
lentement ; le seul médicament qui fit du bien à ce malade fut 
strychnine 12 x. L’extraction de la dent ne rétabliras tou- 


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— 155 — 


jours complètement l’ouïe, et c’est la dont de sagesse qui con¬ 
stitue l'un des facteurs les plus fréquents do la surdité. Les 
secondes molaires sont plus souvent cause des éruptions cuta¬ 
nées et des convulsions ; celles qui produisirent ces accidents 
étaient ordinairement mamelonnées. 

Quand de telles dents sont causes de convulsions, il faut les 
enlever ; seulement ici se présente une difficulté : C’est celle de 
savoir quelle est la dent qui est qause du mal. Enfin, il men¬ 
tionne un cas où une dent de sagesse, restée enclavée dans 
la mâchoire, produisit beaucoup d’irritation. 

Le D* Cronin cite le cas d’une jeune femme chez laquelle 
il y eut des poussées de phlyctène qui ne cessèrent leur appari» 
tien qu’après l’enlèvement d’une dont cariée. 

Le D r Dudgeon invoque, à l’appui de ce qui précède, 
l’opinion populaire exprimée par les termes « dent de l’œil ». 
Il trouve très intéressant la connexion que le D r Cooper a 
établie entre la surdité et l’état de la dent de sagesse. Ainsi, 
pour ne citer que lui-même, il affirme qu’il est atteint d’un 
peu de surdité et privé de dents de sagesse. 

Pour ce qui regarde l’hygiène dentaire, il dit que l’on croit 
généralement que si les Ecossais ont de meilleures dents que 
les Anglais ç’est parce qu’ils se nourrissent de gruau d’avoine. 

Le D r Goldsbrough dit, à l’appui de ce qu’a avancé le 
le LP Cooper, que jamais les racines des dents ne se fusionnent 
avec l’os maxillaire, et il croit, ayant examiné beaucoup de 
crânes, étant étudiant, que les dents peuvent se fusionner par 
leurs extrémités, après avoir produit l’absorption de l’os, et 
rendre ainsi leur extraction impossible. 

Le D r Blackley remercie le D r Blake pour le rapport qu’il 
vient de faire et il regrette de ne pas avoir entendu citor plus 
de cas d’essence nerveuse. Il a un malade qui a eu des con¬ 
vulsions lors de l’irruption des secondes molaires et de la 
première dent de sagesse. 11 prenait comme calmant. 90 


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— 156 — 


grains de bromure d'ammonium par jour, puis il a pris du 
bromure de sodium. Enfin, ce malade vint se faire soigner 
chez lui, il lui fit cesser cetto médication et prendre strychnia. 
Son patient put acquérir les trois dernières dents de sagesse sans 
être aussi péniblement atteint que précédemment ; il n'eut, à 
l'occasion de cette nouvelle irruption dentaire, que de légers 
prodromes d'accès convulsifs. Cet homme était d'une constitu- 
» tion très forte, quoique membre d’une famille névropathique. 

M. Gaddes qui, comme deutiste, a beaucoup d’expérience 
au sujet de ce qui précède, affirme que très souvent il a eu 
l’occasion de constater combien sont vrais les faits avancés 
par leD r Blakley. Ainsi, un homme à qui l’on vient d'arracher 
une dent crie : « Oh ma tête \ {T'éprouve une douleur sembla¬ 
ble à celle dont je souffrais constamment ». 

Un autre jeune homme avait, en même temps qu’une 
dent cariée, une éruption au menton qui ne put guérir 
qu'après l’extraction de la dent malade. 

Une foule de symptômes nerveux sont dus à un état défec¬ 
tueux des dents. 

Le D r Hughes demande au I) r Cooper ce qu’il appelle 
« une dent mamelonnée »; veut-il signifier par ce terme, des 
élevures de l'émail ? 

Le D r Coopqr répond que oui ; il a souvent trouvé de telles 
dents lorsque la mâchoire est peu développée. 

Dans le cas qu'il a cité, ce fut la présence de celte dent, à 
forme particulière, qui produisit les symptôme, mais la cause 
efficiente était un vice constitutionnel. 

LeD r Hughes croit que le cas d’ainbiiopie pourrait être quali¬ 
fié d'hystérique, car ce mot explique mieux l’origine de Paffec- 
tion. Le D r Blake l'a fort intéressé en parlant des droits interne 
et externe. La paralysie produite par gelsemium influence 
d'abord le droit externe. 

Pour finir, il cite deux cas où il a vu le scorbut se mani- 


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— 157 — 


fester chez dos individus qui excluaient toute substance végé¬ 
tale de leur alimentation. 

Le D r Edouard Blake répond au D r Roth, qu’il a oublié 
de signaler l'importance qu'il y a à limer les dents tous les six 
mois. 

Depuis 20 ans il recommande à ses malades de se servir 
d’une poudre dentifrice dont voici la formule : 

R. Acidi. carbolic. (glacial) gr. x. 

Pulv. Cinnamomi 3 j. 

Sodæ Bicarbonat 3 i i. 

Cretæ Précipit 3j. 

à bien triturer, puis tamiser en poudre fine. 

En réponse au Dr Gooper, le Dr Blake dit que les molaires 
mamelonnées résultent d ? un arrêt de développement pendant 
la période embryonnaire des dents. La dent est trop grosse, 
proportionnellement ; en réalité, elle ne l'est pas. Cela tient 
à ce que, chez les enfants rachitiques, la tête exerçant une 
pression trop considérable, empêche la mâchoire inferieure de 
se développer. Au reste, ces dents mamelonnées se rencon*- 
trent très souvent, en même temps que les côtes en chapelet, 
chez les enfants rachitiques. 

Quant à la cause de l'ostéo-arthrite dans la pyémie passive: 
le pus est-il absorbé et transporté vers les centres nerveux ? 
ou est-ce un phénomène trophique d'ordre réflexe ? C'est 
probablement à la deuxième manière d'envisager les choses - 
qu’il vaut mieux se rapporter, l'amélioration ayant succédé 
trop vite à l’enlèvement de la partie malade. 

Il ne partage pas l’opinion du D r Dudgeon pour ce qui 
regarde le fait que les enfants écossais auraient le système 
osseux plus solide, par suite de l'usage qu’ils font, comme 
aliment, du gruau d’avoine. D’après le Dr Blake, cette supério¬ 
rité constitutionnelle serait due plutôt à ce que la mère se 


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— 158 — 

nourrit de cette substance pendant la gestation. Beaucoup de 
cas do carie dentaire survenant pendant la grossesse sont 
dus à une salivation incoercible ; d’autres, plus nombreux, à 
la déperdition constante de substances minérales que fait la 
mère en faveur des os du fœtus. 

S'adressant au président, le Dr Blake refuse de qualifier 
d'hystérique, le cas d’ambliopie dont il a fait mention, car ce 
terme n’explique rien. En réalité, l’image produite sur !a 
rétine était nette, mais la perception était fausse. 

Il existe quelquefois des cas extraordinaires dans la patholo¬ 
gie dentaire : Il n’y a pas longtemps, ayant enlevé une dent à 
un jeune garçon, je ne fus pas peu surpris de voir, appendu 
au sommet de la racine, un morceau de gomme élastique. Ce 
malade avait mâché un élastique de son soulier et un morceau 
de cette substance avait pénétré dans la cavité de sa dent 
malade. La pression exercée journellement par la mastication 
fît que le morceau d’élastique s’enforça graduellement, jusqu’à 
traverser en partie le trou nourricier de la dent. 

Le D r Blake estime que le cas de gingivite était une mani¬ 
festation scorbutique due, en partie, à l’absence d’alimentation 
végétale. (The monthly hoiuœopathic rcincw.) 


US URCINS DE L’ALLOPAIHIE. 

par le D r Martin y. 

Nous trouvons dans le Bulletin médical : 

Traitement palliatif de Vépithéliome du larynx par la 
teinture de thuya, 

M. Baratoux.— La teinture «le thuya occidentalis ayant été employée avec 
succès dans le traitement des végétations des organes génitaux et même 
de l’épithéliome du coi ultérin, j’ai fait usage de cette teinture dans uue 
série de tumeurs du nez, de la gorge et du larynx. Dans ces derniers orga¬ 
nes, la teinture du thuya a produit rapidement, chez douze malades, une 


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159 —- 


•Jiiiparition complète de la fétidité de l'haleine, une diminution des sécré- 
tionsetmême un affaissement très notable de la masse épithéliomateuse 
au point d’obtenir une survie de deux ans p,u moins sans aucune interven¬ 
tion chirurgicale dans des cas ou l'extirpation du larynx était contre- 
indiquée. 

M. Dujardin-Beaumetz.— La teinture de thuya, prise à l'intérieur à la 
dose de vingt gouttes, agit efficacement contre toutes les végétations der¬ 
moïdes et particulièrement Contre les verrues. 

M. Rbliol et. — J'ai employé la teinture de thuya contre les papillomes 
delà vessie chez deux malades que je suis depuis quatre ans.L'un, méde- 
cin, m'avait demandé de faire.la taille pour racler la v«ssie. L'opération 
faite, il se rétablit, et bien que j'aie dû intervenir encore deux ans après 
par l'urètre, il n'y en eut pas moins une amélioration considérable dans 
l'état local et général. Chez l'autre malade, également opéré et que je vois 
souvent, la teinture de thuya a excercé une action non moins favorable 
tant sur les urines que sur l'état général. 

M. Buuloumié. — Lorsque les hémorrhagies sont faibles la teinture de 
thuya à la dose de vingt à trente gouttes rend des services signalés dans 
lescas de tumeurs vésicales. Lorsque les hémorrhagies sont abondantes je 
commence le traitement par la teinture d’hamamelis virginica. 

M. Bakatoux. — La teinture de thuya à l’intérieur est un remède popu¬ 
laire en Bretagne contre les verrues. 

M. Duchesne. — La magnésie donnerait dans les mêmes conditions de 
bons résultats au bout de quinze jours à trois semaines. 


Les triturées , 

On vient d'introduire en Angleterre un genre de préparations pharma¬ 
ceutiques très appréciées aux 1 Etats-Unis, et que l’on désigne sous le nom 
triturées ou de triturâtes. Les triturâtes contiennent un médicament fi minent 
tritnré avec le sucre de lait. Il en résulte une poudre très fine, facile à 
doser et agréable qui rend de grands services lorsqu’il sagit d’adminis¬ 
trer des médicaments de mauvais goût et alors surtout que ces médica¬ 
ments s’adressent à des malades difficiles ou à des enfants. 

Conmeon le voit, non seulement on nous prend nos médi¬ 
caments, mais aussi on adopte notre façon de préparer les 
remèdes, seulement en n’ose pas, pour ne pas paraître homœo- 
pathe, employer exactement le nom donné par Hahnemann 
et l'on dit triturées ou triturâtes , au lieu de trituration . 

Nous ne nous en plaignons pas, chers confrères, mais au 
moins ayez le courage de dire que vous adoptez peu à peu 
l’homoeopathie.Les temps nous paraissent proches; il arrivera 
sous peu, pour, rhomœopathie, ce qui est arrivé pour le 
magnétisme; après lavoir vilipendée pendant quatre-vingt-dix 


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— 160 — 


ans, on lui ouvrira les portes officielles comme on les pilvre 
aujourd’hui au magnétisme. 

Pour terminer nous conseillons vivement à nos confrères * 
allopathes d’employer le thuya dans les épithélioma, n’im¬ 
porte quel organe ils ont envahi, et nous pourrions citer un 
certain nombre de cas graves condamnés par les médecins 
officiels que nous avons guéris par le thuya ; disons en passant 
à nos confrères de l’ancienne Ecole que le thuya n’est pas le 
éeul remède que nous employions contre les végétations; il y a 
aussi le teucrium mare , la chaux , le nitri acidum , le guaco , 
le galium , etc., etc. 

Dr Martiny. 


NOUVELLE. 


Le pain de soya. — Le soya est une légumineuse originaire de 
l’Asie et que l’on cultive aujourd’hui en Autriche-Hongrie. Il donne une 
farine très azotée, supérieure même à la viande par le chiffre de matière 
protéique. Ce pain, d'un goût assez agréable, ne contient qu’une propor¬ 
tion très minime de substance amylacée et sucrée, ce qui permettra de 
l'employer chez les diabétiques. [France médicale.) 


SOMMAIRE. 

Le tabac (suite), par MM. Em. Seutin, Phn, et le D«* 

LéonSEUTiN, de Bruxelles.129 

Revue des journaux homéopathiques de France, par le 

D r Schepens, de Gand.137 

Revue des journaux homéopathiques d’Amérique, par 
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers 143 

Revue des journaux homéopathiques anglais . . .150 

Les larcins de l’allopathie, par le D r Martiny . . . 159 

Nouvelle.. . 160 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

iô® Année. SEPTEMBRE 1888. N® 6. 


Le tabac (IJ, , 

par MM. Em. Skutin, Ph n , et le D r L. Sr*;TiN, à Bruxelles. 

19. — Au mois de septembre 1861, M. le D*’ Decaisue ren¬ 
contra à Florence un journaliste parisien, paraissant jouir d'une 
bonne santé, et le vit trois ou quatre fois s’arrêter et se tâter 
le pouls avec anxiété. 

Interrogé, il répondit que deux ans auparavant, ayant 
éprouvé des palpitations qui le fatiguaient beaucoup,il lui arriva 
un jour, qu'il se tâtait le pouls, de s’apercevoir que les mouve¬ 
ments de son cœur n’étaient pas réguliers et qu’un battement, 
ainsi qu’une pulsation de l’artère radiale, manquaient de temps 
en temps; il demeura convaincu qu'il était atteint d’une maladie 
du cœur. 

Il se fit soigner par un médecin qui lui imposa un régime 
sévère, deux mois de repos, quelques saignées et des piaules 
de digitale; il éprouva des syncopes, des étourdissements, une 
grande prostration des forces et (le l’insomnie, sans pour cela 
v °ir disparaître l’intermittence des battements du cœur, qui 
parut au contraire devenir plus fréquente. 

D renonça alors à tous les remèdes, et s’observa avec atten- 
tlon ; il s’aperçut bien vite que ces intermittences devinrent 
plus fréquentes quand il fumait plus que de coutume. 

Au lieu de douze à quatorze cigares qu'il fumait par jour, il 
ne ufuma que sept ou huit, et avait remarqué que son pouls 
devenait plus régulier. 

^I- le docteur Decaisne observa qu’après le douzième et le 

(i) Suite. Voir volume courant, pp. 69, 100 et 129 


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— 162 — 


seizième battements, il y avait un repos complet égalant en 
longueur le temps que mettent deux battements pour se produire. 
La même interruption se manifesta dans les pulsations de l'artère 
radiale. 

M. le docteur Decaisne u’hésita pas à rattacher ce phéno¬ 
mène au tabac, et fit promettre à son malade de s’abstenir de 
fumer. En effet deux mois après il put constater par l’auscul¬ 
tation et l’examen du pouls, répétés à plusieurs reprises, que 
tout était rentré dans l’ordre et qu'il ne restait plus de trace 
de ces singuliers accidents; depuis cette epoque les intermit • 
tences n’ont jamais reparu. On pourrait multiplier les observa¬ 
tions d’intermittence des battements du cœur par suite de 
l’usage du tabac; quiconque voudra observer soigneusement les 
fumeurs qui l’entourent pourra constater cet accident à des 
degrés d’intensité divers. Nous connaissons, dit M. le docteur 
Blatin, un grand nombre de personnes qui les éprouvent chaque 
fois qu’elles usent du tabac avec excès ; beaucoup même, sur 
notre conseil, ont diminué les doses ou supprimé entièrement 
l’usage et ont vu disparaîtra leurs malaises. 

20. — M. le docteur Blatin fait observer que des intermit¬ 
tences dans les battements du cœur à l’angine de poitrine, la 
distance est courte et peut être facilement franchie. 

Un médecin, âgé d’une cinquantaine d’années, paraît jouir 
d’une bonne santé, bien qu’il ait un appétit assez faible, 
ef des digestions laborieuses, conséquence d’un goût très 
prononcé qu’il a pour les cigarettes, — il vient en 1859 
parler au docteur Beau de palpitations pénibles dont il est 
pris tout à coup, soit le jour, soit la nuit, avec angoisse 
profonde et irrégularité du pouls. Il a remarqué du reste lui- 
même qu’il est affecté de ces attaques, surtout quand il a fumé 
plus que d’habitude. Il se résigne à se priver pour toujours du 
tabac et, à partir de ce moment, n’a plus de suffocations; 
seulement, se trouvant un jour dans une réunion de fumeurs, 


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— 103 — 


il eut la nuit suivante une attaque d’angine; ce fut pour lui une 
dernière preuve. 

21. — Le mois d’août 1861, un médecin âgé de 35 ans $ 
fumant une cigarette à jeun, fut pris tout à coup d’un sentiment 
profond et insupportable d’angoisse à la région du cœur, avec 
constriction transversale dans la partie supérieure de la poi¬ 
trine; il lui était impossible de marcher et même de parler; son 
pouls était à peu près nul, et ses mains se refroidirent complè¬ 
tement. Des personnes qui étaient près de lui, le voyant 
s’arrêter tout à coup et fléchir furent obligés de l’emporter chez 
lui. Il fut consulter le docteur Beau et lui apprit que depuis 
longtemps il mangeait fort peu et sans appétit et qu'il fumait, 
à la lettre, depuis le matin jusqu’au soir. Sur le conseil du 
docteur Beau, il se résigna à ne plus fumer, et n'eut pas de 
nouvelle attaque. 

22. — M. le docteur Beau raconte le fait d’un médecin de 
province qui fumait avec excès, et auquel il arrivait souvent, 
pendant la nuit, d’être réveillé par une sensation de constriction 
du thorax, avec palpitations et irradiations névralgiques dans 
le cou. Ces phénomènes duraient un quart d’heure environ et 
le laissaient assez longtemps ému et fatigué ; après quoi il 
pouvait se rendormir. Dès que l’habitude de fumer n exista 
plus, les malaises ne tardèrent pas à cesser. 

23. — M. le docteur Beau donne le narré del’affection d’un 
nommé St-Marc, âgé de 29 ans, entré le 18 juillet 1869 àla Cha¬ 
rité, salle St-Louis, n° 11, et dont il était le médecin en chef. 

Cet homme a été pris brusquement, il y a environ deux ans, 
d’une attaque qui s’est répétée un très grand nombre de fois 
depuis cette époque. 

Cette attaque est caractérisée par une douleur vive à la 
région précordiale, qui s’irradie dans l’épaule gauche. Cette 
douleur s’accompagne d'une oppression, avec tendance à la 
défaillance; il y a en même temps, pâleur de la face, petitesse 


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do et \z > la n-. le malade dh ressentir dxms les 

jam r- n\~ tc.l-: . /:! e^: obligé de -‘asseoir poor w 

[r**, tomber. Cette at^s pie dure environ cx j à dix minutes &a 
bout devjaebes tout rentre dans l’ordre. 

Outre cette angine de poitrine, car c’en était une bien 
caractérisée, le malade était aussi affecté de dyspepsie datant 
d une époque antérieure au débat de ses attaques. Il est atteint 
aussi cTune phan ngo-laryngite granuleuse. Ce malade ne fume 
pas, mais prise pour deux s jus de tabac par jour. 

On lui fait alors comprendre tout le danger qu'il y a pour lui 
de continuer une habitude qui est la cause probable de ses 
souffrances ; il ce^se de priser ; au !>oui de deux jours amélio¬ 
ration notable ; au bout d’un mois il va très bien, la dyspepsie 
et la pharyngite granuleuse sont améliorées de beaucoup. 

M. le docteur Beau n’hésite pas à considérer l’habitude de 
priser, comme la cause de l’angine de poitrine; aussi il a suffi 
au malade de ne plus priser pour voir sa maladie angineuse se 
dissiper, comme tous les autres cas d’angine dus au tabac. 

Nota. — Dans la production de cette affection, le sexe à une 
influence considérable. Sur >8 cas, le docteur sir John Corbes 
a compté 80 hommes et 8 femmes ; M. le docteur Lartigue, sur 
07 cas, 00 hommes et 7 femmes, or on sait combien l’usage du 
tabac est peu répandu dans la partie féminine de la population. 

24. — L ’Abeille médicale cite le cas d’un jeune officier 
atteint d’asthme essentiel, par l’habitude qu’il avait contractée 
de fumer beaucoup; après trois semaines d’un traitement appro¬ 
prié et de l’abandon définitif du tabac on put constater une com¬ 
plète guérison maintenue depuis cette époque. 

25. — Une personne de 45 ans affectée depuis deux ans envi¬ 
ron d’asthme essentiel.Scs accès,éloignés dans le début,s’étaient 
rapprochés peu a peu au point de revenir au moins toutes les 
semaines; elle fumait beaucoup et avait remarqué que, chaque 
fois quelle faisait un excès de tabac, l’accès survenait dans la 


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— 165 — 


nuit; le séjour prolongé dans un café lui produisait le même 
phénomène. Le tabac fut supprimé et, dès ce jour, les atteintes 
du mal furent en s'éloignant de plus en plus et en diminuant 
d'intensité, jusqu’à leur disparition complète (1). 

Action physiologique du tabac et de la nicotine sur 
l'estomac . 

Lorsqu’on tient un animal sous lmtiuence de petites doses 
de nicotine, l’activité de la sécrétion du suc gastrique se trouve 
augmentée et les mouvements des parois de l’estomac sont plus 
accusés; avec de fortes doses,au contraire, ou par l’usage long¬ 
temps continué du* poison,le suc gastrique diminue de quantité 
dans des proportions considérables et l’estomac n'offre plus que 
de faibles et insuffisantes contractions : l’animal peut à peine 
digérer et les plus petites portions d’aliments ne peuvent passer 
que lentement et après un travail laborieux. 

Le tabac dans l’estomac agit surle pneumogastrique et l’excite 
ou le paralyse suivant les doses. Il n’est pas de moment pour 
celui qui fait usage du tabac, où sa funeste habitude devienne 
plus impérieuse qu’après le repas. C’est qu’en ce moment la 
nicotine devient un auxiliaire de la digestion, mais ce n’est 
jamais impunément qu’un élément étranger à l'organisme inter¬ 
vient d’une façon habituelle dans le jeu régulier d’une fonction 
et le tabac ne tarde pas à produire les phénomènes qu’il était 
d’abord destiné à combattre ; quotidiennement excité, le pneumo¬ 
gastrique se fatigue, s'affaiblit, les digestions deviennent plus 
lourdes, plus pénibles, il faut des doses plus élevées de nicotine 
pour stimuler l’activité de l’estomac. A chaque stimulation suc¬ 
cède un affaissement proportionnel ; l’anorexie survient ; l’ap- 


(1) Blatin. ïlecherohcs physiologique£ et cliniques sur la nicotine et le 

tabac, pp. 150 et 160» 


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— 166 — 


pétit disparaissant, l'alimentation est insuffisante ; le dépérisse¬ 
ment commence et le sujet se trouve emprisonné dans un cercle 
vicieux qui va se rétrécissant de jour en jour et dont il ne 
pourra sortir qu'au prix des plus grands efforts. Là se trouve 
la véritable origine d'un grand nombre de dyspepsies (1). 

Quel que soit du reste le nombre relatif des gastralgies d’ori¬ 
gine nicotiquc, on ne peut les nier, et voici un exemple où l'action 
du tabac ne saurait être mise en doute. 

26. — Un militaire retiré du service, âgé de 37 ans, était 
tombé insensiblement dans la consomption, sans autre affection 
antécédente et concomitante que de l'anorexie et de la dyspepsie. 
Soumis a des traitements divers sans le moindre succès, le doc¬ 
teur Roque apprit qu’il faisait grand usage du tabac et qu’il en 
éprouvait une salivation abondante. Cet usage avait* en effet, 
déterminé une sorte de fluxion habituelle vers les glandes sali¬ 
vaires, d’où dépendaient le ptyalisme, l'abolition presque totale 
des fonctions digestives et, conséquemment, la faiblesse et le 
marasme auquel il était réduit; le médecin exigea de son malade 
la réduction graduelle des doses de tabac et enfin arriva à le 
supprimer complètement. Le malade fut docile, et aidé d’une 
bonne alimentation, la guérison fut achevée au bout de 3 mois (2). 

Action de la nicotine et du tabac sur Vorgane de 
la vision. 

Il fait momentanément contracter l’iris, et ne tarde pas 
à provoquer sa dilatation et produit ainsi une mydriasc 
nicotiquc . Beaucoup de fumeurs habituels présentent des dila¬ 
tations plus ou moins appréciables de la pupille. 

Tous les médecins spéciaux ont affirmé que la cécité est un 


(1) ReiUe Macdonald, d’Edimbourg. The Lancet, 1861. 

(2) Mémo&c de médecine et de chirurgie pratiques . Tome Y. 


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— 167 — 


symptôme qui se manifeste souvent, sous l'influence de la nico¬ 
tine. Mackensie, le premier, annonça que la majorité des 
amaurotiques par qui il était consulté, avaient l'habitude de 
chiquer, ou plus souvent de fumer de grandes quantités de 
tabac (l). Sichel et Desmarres vinrent ensuite apporter des 
observations tellement concluantes d’amblyopies causées par 
l’abus du tabac, que de ce jour l’amaurose nicotique fut acquise 
à la science. Ces illustres praticiens rapportent des cas où des 
amauroses complètes et rebelles à tons les traitements furent 
guéries, sous leur direction, par la seule cessation de l’usage 
du tabac. Ils prétendent avoir acquis la conviction que peu de 
personnes peuvent consommer pendant longtemps plus de 
20 grammes de tabac à fumer par jour, sans que leur vision 
et souvent meme leur mémoire s’affaiblissent (2). 

27. — Sur 27 cas de double amaurose idiopathique, le D r Hut- 
chinson a trouvé 23 fumeurs avérés (3). i 

Un employé du chemin de fer fumait toute la journée. Il 
ne tarda pas à remarquer que sa vue baissait et bientôt 
il devint incapable de remplir ses devoirs. 

Congestion cérébrale . 

Les médecins les plus autorisés reconnaissent que la fré¬ 
quence de otte affection est trois fois plus considérable chez 
l’homme que chez la femme qui fait si rarement usage de tabac. 

Voici ce que dit M. le docteur Legrand du Soulle dans un 
mémoire présenté à l’Académie des sciences, sur le dévelop¬ 
pement de la congestion cérébrale sous l’influence du séjour 
dans les cafés. 

[A continuer .) Seutin, Ph n et D r L. Seutin. 

(1) Mackeusie. Maladies de, l'œil, t. II. p. 830. 

(2) Sichel. Union médicale , 1860. Annales d'occ 1865. 

(3; Hutchinsou. Annales d'occ . 1864. 


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I 


— 168 — 


REVUE DES JOURNAUX ROKEOPATBIQUES DE FIANCE, 

t par le D r Schepkns, de Gand. 


L'angine glanduleuse et son traitement, 

par le D f P.Jousset. 

L’angine glanduleuse est toujours une affection diathésique 
survenant surtout chez les hémorrhoïdaires, les goutteux et 
les dartreux ; elle est commune chez les prédicateurs, les 
avocats et les professeurs ; elle sévit dans l’àge adulte, de 25 
à 35 ans. 

Cette affection est constituée par un enrouement variable, 
par le besoin fréquent de faire une expiration brusque et 
bruyante ; c’est le hume des Anglais. Elle est produite par 
une inflammation chronique de la muqueuse pharyngo-laryn- 
gée avec hypertrophie des glandules de la muqueuse et parfois 
développement vasculaire par places. 

Les principaux médicaments sont : 

1° Belladona, 12 e et sulfur, 30 e dilutions, alternés cha¬ 
cun pendant quatre jours, avec un repos de quatre jours entre 
les deux médicaments. Belladone répend à la sécheresse de 
l’arrière-gorge, à la rougeur de la membrane muqueuse, à la 
toux, à un certain degré de surdité, à l’enrouement et à 
l’aphonie. Suif tir répond aussi à la sécheresse de la gorge 
avec enrouement ou aphonie et tussiculation incessante. 

2° Nux V07nica, 12 e dilution est surtout indiqué chez les 
hémorrhoïdaires quand il y a une petite toux Sèche avec senti¬ 
ment de brûlure douloureuse ,détachant avec peine une toute 
petite quantité de mucus du larynx, l’enrouement et l’aphonie 
complète. 


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3° Carbo vegetabilis, 12* et 30* dilutions, convient quand 
il y a : enrouement allant jusqu’à l’aphonie; petite toux sèche 
par chatouillement dans le larynx avec sensation de sécheresse. 

4° Scpia, 6® dilution, et aussi la première trituration, est 
indiqué par un sentiment de cuisson et de grattement dans le 
pharynx avec excrétion plus ou moins fréquente de mucosité 
tenace, dure et semblable à un grain de millet ou à une 
grosse perle grisâtre ; parfois l’expectoration est grasse, ver¬ 
dâtre, épaisse, rappelant une pointe d’asperge ; avec cela 
enrouement, aphonie et râclements continuels. 

5° Indium, premières triturations, est surtout recommandé 
dans cette affection quand il y a un certain degré de surdité. 
Un sentiment d’excoriation, des mucosités difficiles à déta¬ 
cher, la tussiculation et l’enrouement précisent l’indication 
de Y iode. 

6° Mercurius. Richard Hughes considère le mercure et 
Yiode comme les deux médicaments principaux de l’angine 
glanduleuse. 

7° Hepar sulfuris, de la première jusqu’à la 6® dilution.est 
le médicament classique de l’angine glanduleuse ; ses princi¬ 
pales indications sont : sécheresse et grattement dans la gorge 
avec crachottements continuels, enrouement, douleur dans 
le larynx par la toux et même par la respiration. 

8° Arsenicum, basses dilutions. C'est le principe actif des 
eaux du Mont-Dore qui sont souvent indiquées dans le traite¬ 
ment de l'angine glanduleuse. Il est indiqué par un enroue¬ 
ment allant jusqu’à l’aphonie. 

Aurum, tartanes emeticus et kali bichromicum ont 
été préconisés dans le traitement de l’angine granduleuse,mais 
leurs indications n’ont pas été nettement fixées jusqu’ici. 
(Art médical, avril 1888.) 


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Traitement de l’œsophagite et de l’œsophagisme, 

par le D r P. Joussbt. 

I.— Œsophagite. — On distingue rœsophagite érythéma¬ 
teuse et l'abcès de l’œsophage. L'œsophagite essentielle est une 
maladie très rare ; elle se caractérise par une douleur intense 
siégeant derrière le sternum, s'étendant du bas du pharynx 
jusqu'à l’œsophage, quelques fois très marquée en arrière le 
long de la colonne vertébrale,s’aggravant par la déglutition et 
amenant alors une régurgitation convulsive des aliments et 
des boissons s’accompagnant d'une expuition fréquente de 
mucosités. Il y a un mouvement fébrile variable p une soif 
vive que les malades ne peuvent satisfaire et beaucoup de 
malaise et d’anxiété ; cette maladie se termine par la guéri¬ 
son du T au 14 e jour. 

L 'abcès de Vœsophage est une affection plus grave accom¬ 
pagnée de fièvre, parfois même de délire et de convulsion ; la 
douleur est plus limitée que dans la forme précédente et la 
dysphagie est considérable. Cette maladie peut déterminer 
Yœdème de la glotte et la perforation de Vœsophage ; 
elle se termine habituellement par la guérison dans le cours 
de la troisième semaine. 

Traitement . Les alcalins, les acides, la cantharide , le 
phosphore et Y arsenic produisent à haute dose une œsopha¬ 
gite qui devient parfois gangréneuse ; tous ces médicaments 
déterminent la douleur sur le trajet de l’œsophage, la dys¬ 
phagie, les régurgitations, la soif avec impossibilité de la 
satisfaire et un degré de fièvre variable ; mais la clinique est 
très pauvre sur les indications thérapeutiques. 

1° Phosphorus répond à une douleur brûlante au cardia 
et dans l’oesophage, dysphagie, régurgitations amères et san¬ 
guinolentes, expuition continuelle de salive. Richard Hughes 
l'apporte un cas de guérison par phosphorus après l’échec d’ar- 
senicum . 


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— 171 — 


2° Cocculus. Ce médicament produit la dysphagie et 
une douleur brûlante le long de l’œsophage. 

3* Les venins et en particulier le naja ont été indiqués 
dans le traitement de l’œsophagite. 

II. — Œsophagisme. — Cette affection est caractérisée 
par l’impossibilité plus ou moins complète d’avaler, avec 
spasme des muscles de la déglutition et de l’œsophage. Ordi¬ 
nairement ce spasme survient tout à coup ; il est surtout pro¬ 
noncé pour les aliments solides et il s’accompagne quelques 
fois de spasme des muscles de la glotte et de symptômes 
d’étranglement. 

Les principaux médicaments de l’œsophagisme sont : 

1* Les solünées qui conviennent surtout quand la dyspha¬ 
gie s’accompagne de l’horreur des liquides ; 

2® Les venins , lachesis, cantharis et surtout naja quand 
la déglutition forcée fait disparaître les accidents ; Richard 
Hughes recommande beaucoup naja et lui attribue un grand 
nombre de guérisons ; qnand l’état nerveux, la tristesse et 
les pleurs sont très prononcés chez le malade, il faut accorder 
la préférence à ignatia. Doses : sixième dilution et au-dessus. 

Le cathétérisme de l’œsophage et le massage du pharynx 
ont donné quelques succès. (Art médical , mai 1888.) 

Traitement de la gastralgie, 

par le D r P. Jousset. 

La gastralgie s’observe principalement chez les hystériques, 
les chlorotiques, les hypochondriaques, les goutteux et les 
dartreux. 

Les principaux médicaments de la gastralgie sont : 

1° Nux vomica indiqué par une douleur excessive, con¬ 
strictive comme par une griffe d’oiseau ; alternatives de ser¬ 
rement et de constriction; quelquefois seulement de brûlure. 
La douleur survient le matin, vers la fin de la nuit et après 


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les repas; elle s’aggrave par le toucher. Doses : de la 12* à 
la 30 e dilution. 

2° Ignatia produit des douleurs analogues ; le sentiment de 
distension est plus marqué que pour nux vomica. 

La clinique a démontré que nux vomica convient même 
pour le traitement de fond de la maladie tandis qu 'ignatia est 
plus approprié au traitement de l’accès douloureux. Doses * 
12« et 30 e dilutions. 

3° et 4° Chamomilla et belladona sont deux médicaments 
d’accès. Chamomilla est indiquée par une douleur de crampe 
excessive qui semble écraser le cœur; meurs ènoi'mes et 
cris d’anxiété. 

Belladona répond à une douleur de crampe au creux de 
l’estomac, douleur atroce, lancinante, forçant à renverser le 
tronc en arrière ; aggravation par le moindre attouchement. 
Doses et mode d’administration : 3° dilution; on alterne 
les deux remèdes plus ou moins fréquemment selon l’inten¬ 
sité de la douleur. 

6° Arsenicum est indiqué par une douleur brûlante énorme, 
pressive, comme si le cœur allait être écrasé, soif, anxiété, 
tendance à la syncope ; douleurs nocturnes et diarrhée. 
Doses : le plus souvent la 6 e et la 12° (dilutions, mais 
toutes les doses ont donné des succès. 

6° Argentum nitricum conseillé par Hartmann dans les 
gastralgies liées à des règles trop fortes. Douleur pressive, 
plus forte la nuit et s’accompagnant quelquefois de diarrhée 
survenant pendant les repas) Doses : I e trituration. 

7° et 8°. Plumbum et opium . Le premier est indiqué dans 
la gastralgie rebelle simulant une affection chronique et 
accompagnée d’amaigrissement et de teinte jaune de la peau ; 
douleurs excessives s’étendant à l’abdomen et diminuant par 
la pression ; amélioration ou cessation des douleurs après le 
vomissement d’une matière glaireuse, transparente, analogue 


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— 173 — 


à du bl&oc d’œuf. La constipation est considérable. Doses et 
modes d’administration : Dilutions élevées : 12 e et 30e. 

La clinique a démontré que l’alternance d 'opium avec 
plumbum était une combinaison très efficace. 

9° Platina est indiqué chez les hystériques, de préférence 
à la 30 e dilution. 

10° Veratrum, aux premières dilutions, est utile dans les 
accès violents avec sueurs froides. 

Le D r Jousset a souvent observé que l’usage du café, même 
du café au lait, entretenait et ramenait les accès de crampes 
d’estomac. ( Art médical, juin 1888.) 


Traitement de l'indigestion. 

par le D r P. Jousskt. 

Les principaux médicaments de l’indigestion sont : 

1° Ipéca,àe la 3 e à la 6 e dilution, une dose toutes les demi- 
heures. L’ ipéca est indiqué par un état nauséeux avec malaise, 
vomissements alimentaires, diarrhée, anxiété avec sueurs et 
sentiment d’une grande faiblesse. 

2® Pulsatilla aux mêmes doses est indiqué par des nausées 
avec éructations putrides, refroidissement, petits frissons, 
b&illement, eau à la bouche. Indiqué surtout quand l’indiges¬ 
tion est causée par des aliments gras, la charcuterie et la 
pâtisserie. 

3° Carbo vegetabilis,k la 12« ou la 30 dilution,est indiqué 
quand l’indigestion est causée par des aliments en putréfac¬ 
tion, viandes faisandées, poisson gâté, fromages forts. 

4® Arsenicum, à la 3 e dilution, convient dans les indiges¬ 
tions par les fruits et les glaces; les indications spéciales 
i’arsenicum sont : une anxiété excessive avec crainte de la 
mort, refroidissement, lipothymie, peau froide et état cholé¬ 
riforme. 


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5 0 Tartarus, aux premières triturations,est indiqué par les 
mêmes symptômes qu 'ipéca avec état comateux, face rouge 
et somnolence. 

\ 

6° Opium, aux premières triturations, est le médicament 
de la forme grave avec symptômes apoplectiques, contraction 
des pupilles et absence complète d’évacuations. 

Les vomissements provoqués soit mécaniquement soit par 
Yipéca sont utiles dans les cas graves; les infusions de thé et 
de camomille agissent souvent comme vomitifs. (Art mé¬ 
dical, juin 1888.) 

D r Schkpens. 


DEUX CAS DE PÉRITONITE PUERPÉRALE O, 

par le comte Ghkrard Freschi. — Traduction du D r Chevalier, de Charleroi. 


I. — Le 7 mars 1888, vers le soir, on vint m’annoncer que 
Catherine Stéphani, la femme d’un de mes fermiers, qui huit 
jours avant s’était accouchée, et dont l’enfant était mort 
quasi subitement, était elle-même à la mort. 

Frappé de cette nouvelle inattendue, et ne pouvant quitter 
la chambre pour cause de maladie, je priais M rae M., la sœur 
de Charité de mes fermiers, de bien vouloir s’enquérir dans 
cette brave famille de la maladie et de vouloir me préciser 
l’état de la patiente. En voici les renseignements exacts : 

La femme n’avait accusé aucun malaise sérieux jusque la 
veille 8 mars au soir ; mais un peu avant minuit, elle fut 
tout d’un coup saisie de frissons, suivis de grande chaleur et 
de .soif; le ventre était gonflé et le siège de douleurs qu’aug¬ 
mentaient le moindre mouvement ou le plus petit attouche- 

(1) Traduit de la Rivista omcopalica, juillet 1888. 


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/ 


— 175 — 

ment: insomnie, gémissements, peur de mourir ; et cet état 
était allé en s’aggravant toute la nuit et la journée du 7 mars. 

Mais le mari,espérant que cette complication naturelle que 
Dieu avait envoyée, allait s’en aller comme elle était venue, 
ne se dépêcha guère d’appeler son médecin. Du reste celui-ci 
habite assez loin, et on connaît les heures habituelles aux¬ 
quelles il fait sa tournée dans le village. Aussi ne fit-on rien 
pour la malade et, prenant le sommeil léthargique de la 
patiente pour un bon repos et une accalmie de la douleur, 
tout le monde s’en fut à ses travaux, laissant Catherine aux 
soins de la belle-mère, et un gamin en vedette pour surveiller / 
le passage du docteur. Celui-ci arriva dans la soirée, plus 
tard que d’habitude; l’affection avait marché à pas de géant, 
de sorte que quand il se fut approché du lit de la parturiante 
et l’eut examinée, il hocha la tête, déclara le cas perdu et 
fit de suite appeler le prêtre. Il prescrivit néanmoins, par 
acquit de conscience, de la morphine et du sulfate de qui¬ 
nine, que M m * M. jugea inutiles d’envoyer chercher, enga¬ 
geant fortement la famille de tenter les ressources de la 
divine homœopathie. 

Voici maintenant les symptômes subjectifs et objectifs 
qu’elle put retenir et qu’elle vint me narrer, non sans espoir, 
de pouvoir, s’il en était encore temps, conjurer le fatal 
pronostic du médecin allopathe : 

Fièvre très intense {le thermomètre du docteur avait 
marqué 42°), soif insatiable d'eau froide, assoupissement 
interrompu par le délire et les gémissements, respiration 
très courte , face rouge , ventre météorisé, ballonné, très • 
douloureux au moindre contact’, décubitus dorsal et 
immobile’, arrêt complet des lochies depuis le jour de 
raccouchement , les seins flasques. 

J’avais donc affaire ici à une péritonite puerpérale, et 
c’était la première fois de ma vie, circonstance qui m’aurait 


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— 176 — 


enlevé le couragô d’assumer une si grande responsabilité, si 
d’une part l’impuissance avouée de l’allopathie n’avait justifié 
mon intervention et d’autre part mon ancienne pratique de 
Thomoeopathie ne m’avait imposé un devoir sacré. 

Les symptômes ci-dessus mentionnés appelèrent mon atten¬ 
tion sur acon. y be/l. et puisât .; mais l’urgence du cas ne 
me laissant pas le temps d’apprécier les symptômes différen¬ 
tiels de ces médicaments, je donnai la préférence à acon. y 
suivant en ceci la pratique du Maître. 

J’envoyai donc de suite 5 globules d 'aconit 30 e ,à faire fon¬ 
dre dans 8 cuillerées d’eau, à prendre une cuillerée toutes les 
heures, jusqu’à ce que fussent calmées l’ardeur de la fièvre et 
la soif ; puis éloigner les intervalles jusqu’au lendemain ; avec 
la recommandation de venir de suite me prévenir, si aucune 
amélioration ne s’était montrée après 5 heures de traitement. 
Je ne reçus aucune nouvelle, je me mis au lit, attendant tran¬ 
quillement et avec confiance le lendemain. Et le lendemain 
m’apporta de bonnes nouvelles. 

Déjà de grand matin le docteur était ailé voir la malade, 
accompagné dun confrère de San Vito al Tagliamento ; à sa 
grande surprise, le thermomètre marquait 39° et la figure, 
dont les traits étaient si altérés la veille au soir, était très 
calme. Néanmoins ils ne se dissimulèrent pas la gravité du 
cas, et furent très réservés envers la famille quant au pro¬ 
nostic, afin de ne pas faire naître un espoir qu’ils ne parta¬ 
geaient pas ; il répétèrent la recette de la veille, qui s’était mon¬ 
trée si efficace . 

Tout ceci me fut rapporté par le mari de*la malade. Cet 
homme assez intelligent pour interpréter directement le 
maintien et les paroles des deux consultants, sans être trop 
alarmé, s’était empressé de venir me rendre un compte exact 
de l’état de sa femme. Elle avait passé assez bien la moitié de 
la nuit, et semblait ressuscitée, grâce au remède fourni, qui 


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I 


— 177 — ' 

bientôt avait fait tomber la fièvre et cessé la soif, calmé l’agi¬ 
tation nerveuse et les souffrances abdominales. Elle avait 
maintenant une diarrhée de matières bilieuses, fétides et brû¬ 
lantes ; mais pas le moindre signe de lochies. 

D’après ces paroles, il était évident que Y aconit avait donné 
tout ce qui était en son pouvoir, mais qu’il devait céder le 
pas maintenant à un autre remède mieux indiqué par les 
nouveaux symptômes, à puisât . qui répondait au symptôme 
diarrhée, à l’absence des lochies, et au caractère doux de la 
patiente. Je lui administrai donc le 8 mars, une dose de 5 glob. 
puis. 200* dans de l’eau, à prendre une cuillerée toutes les 2, 
puis toutes les 3, puis toutes les 4 heures jusqu’à cessation 
complète de la fièvre et des symptômes concomittants. Le 9, 
la diarrhée cessa ainsi que la fièvre et les symptômes du 
côté du ventre, et le 10 apparurent les lochies qui décidèrent 
complètement de la guérison. 

II. — Peut-être 15 jours de là, un second cas de fièvre 
puerpérale s’offrit à ma pratique. Thérèse Marzin, la femme 
d’un autre fermier, était en train de donner le sein à son 
nouveau-né, et n’était probablement pas assez couverte, quand 
elle fut subitement prise de frissons, suivis d’une fièvre ar¬ 
dente qui la tint agitée et sans sommeil toute la nuit. Le 
lendemain, à l’heure de^a tournée, le médecin fut appelé, et 
après un soigneux examen, qui lui fit froncer les sourcils et 
hocher la tête, et quelques questions, il écrivit une recette 
qu’il conseilla au mari de faire prendre le plus vite possible 
chez le pharmacien. Le mari, tout effrayé, vint en hâte me v 
trouver, en me suppliant de lui donner le même remède que 
celui qui avait guéri la Catherine ; il me remit en même temps 
la prescription du médecin, afin que je pusse juger de la 
maladie. Or, d’après celle-ci et les explications de Marzin, il 
n’y avait pas de doute, c’était une péritonite puerpérale. 

Mais il me manquait les symptômes observésjsurtout par le 


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— 178 — 


médecin ou accusés par la malade : la fièvre, la soif, l’ex¬ 
pression et la couleur du visage, la respiration. Pétât de la 
langue, du ventre, des seins, les sensations, les excreta, etc. 

Ma pauvre femme, me répondit-il, est inquiète et harassée 
comme si elle avait fait une grande course ; elle gémit, se 
plaint, a peur de mourir ; la soif est vive, la langue sèche et 
blanche, le ventre développé comme si elle devait encore 
s’accoucher, et très sensible au plus petit attouchement, 
Técoulement de sang est faible et très fétide. Elle a donné le 
sein à l’enfant, mais celui-ci a mal à la bouche et aux lèvres 
et ne veut plus ou ne sait plus téter. 

Comme on le voit, la fièvre puerpérale ne pouvait pas être 
mieux caractérisée et le pouvoir absolu d 'aconit était encore 
irréfutable. Aussi j’administrai comme dans le cas précédent 
acon. 30 e , et comme il avait été donné plus à temps, ses effets 
furent plus prompts et la victoire plus facile sans aucun autre 
remède. 

Avis et considération. — Afin de convaincre les allopa¬ 
thes de la vérité de l’homœopathie, j*ai l’habitude de leur faire 
savoir, chaque fois qu’il m’arrive de m’ingérer dans leur clien¬ 
tèle sur la demande expresse des malades; j'ai donc demandé 
aux deux maris des malades en question,d’a vouer loyalement 
au médecin traitant et à son collègue, que leurs recettes 
n’avaient pas été préparées, que ce n’était pas aux doses mas¬ 
sives de leurs médicaments, employés empiriquement, ou 
d'après des données pseudo-scientifiques, mais bien aux atté¬ 
nuations extrêmes, aux dynamisations infinitésimales d’un 
seul remède à la fois, expérimenté au préalable sur une per¬ 
sonne saine et administré ensuite selon la loi des semblables, 
qu'étaient dues les deux splendides victoires obtenues dans 
une maladie où, d’après les statistiques allopathiques, la mor¬ 
talité est de 30 p. c., alors que par le traitement homœopathi- 
que pur et simple elle tombe à J£ p. c. 


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— 179 -* 

La supériorité incontestable que montre l’homœopathie dans 
chaque cas de maladie, et la remarque que les affections qui 
ont été traitées cito , tuto et jucunde n’ont presque pas de 
convalescence, déviaient intéresser au plus haut point tout 
médecin consciencieux et rengager à essayer cette méthode 
de traitement ; et si l'amour de son semblable est pour quel¬ 
que chose dans sa vocation de médecin, il devrait étudier cet 
art divin et se faire l’apôtre de l’homœopathie. A moins qu’il 
ne lui en coûte de répudier l’aucienne médecine et de recom¬ 
mencer de nouvelles études, après tant d’années de travail et 
tant de sacrifices ? Mais il n'en e3t rien. Il lui faudrait moins 
de temps et de fatigues pour se familiariser avec la doctrine 
homœopathique,qu’il lui en faut pour s’assimiler tout ce fatras 
de théories, d’hypothèses et de connaissances plus ou moins 
baroques, dont on bourre le cerveau dçs pauvres jeunes allo¬ 
pathes, et qui leur sont indispensables pour l'exercice de leur 
art ; d'un autre côté le système de Hahnemann est si simple, « 
et par conséquent vrai, que celui qui n’est pas complètement 
dépourvu de quelques notions scientifiques, comprend à la 
première lecture YOeganon, et qu'une fois le principe fonda-, 
mental bien connu, il n’est pas nécessaire de connaître les 
pathogénésies des médicaments, pour trouver à l’aide d’un 
bon Manuel, le remède le plus approprié aux symptômes 
offerts par le malade. 

Nous ne sommes plus, Dieu merci, au temps peu éloigné 
encore cependant, où un médecin communal risquait de perdre 
sa place en traitant par la méthode homœopathique les malades 
qui le demandaient, et qui étaient persuadés de sa supériorité 
par les résultats observés ; ce qui précisément arriva, il y a 
déjà quelque temps dans deux communes successives, à Ginto 
(Treviso) et Mirano (Vénétie) par suite de la méchanceté du 
médecin provincial, à feu le D r Angelo Pasi, que j’avais con¬ 
verti à f homœopathie et qui ne trouva asile et tranquillité, 


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* __ 180 — 


qu’à Assisi d’abord, puis à Piperno où il mourut quelques 
années après, regretté et pleuré par toute la population. Non, 
aujourd’hui un médecin convaincu de la vérité de la loi des 
semblables et de la puissance des doses infinitésimales, n’a 
plus aucune excuse pour ne pas prendre à cœur une chose 
qui intéresse tant l’humanité ; et en ne le faisant pas, il 
abaisse sa profession, qui est un sacerdoce, au vil métier de 
charlatan. 

Mais il est moralement impossible qu’un véritable prêtre 
d’Hygie, qui a passé dans les études médicales les plus belles 
années de sa jeunesse afin de pouvoir dignement exercer une 
profession, si hérissée de difficultés, si peu large en satisfac¬ 
tions morales et en rendement matériel, ne se fasse pas un 
devoir de conscience de faire part de ses convictions sur la 
valeur de l’homœopathie, et dans son enthousiasme n’engage 
ses collègues et ses clients à expérimenter les effets curatifs 
produits par elle ; chose d’autant plus facile, qu’il est . plus 
estimé dans le pays par son savoir, sa prudence et l’amour 
de sa profession. 

N’est-ce pas peut-être ainsi, que des dispensaires homœo- 
pathiques ont pu s’introduire dans quelques villes d’Italie, 
alors que tout était encore sous l’empire de l’allopathie. Des 
exemples louables de sollicitude ont été donnés par les admi¬ 
nistrations et les statistiques médicales de ces contrées, qui ne 
sont pas plus favorisées quant au climat, ont démontré toute 
l’étendue des bienfaits qui en ont résulté. Je ne saurais rien 
souhaiter de mieux à l’Italie, que d'avoir dans chaque com¬ 
mune un médeciQ homœopathe, ange gardien de la santé et 
de la vie. 

Maistee souhait, de nos jours, est plus facile à faire qu’à 
accomplir. Il nous faudrait 8259 médecins homœopathes de 
pure marque, et nous en avons à peine 69, de quoi en donner 
un à chaque province. 


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— 181 — 


Il faut donc penser à en former et, par conséquent, à trou¬ 
ver et employer les moyens nécessaires pour poursuivre ce 
noble but. % 

Nous avons dit que le premier moyen, la condition sine 
qua non d’augmenter le nombre des disciples d’Hahnemann 
ici, c’est la conviction de la vérité de l’bomœopathie, et l’im¬ 
portance absolue de l’observation rigoureuse des préceptes et 
des règles du maître immortel : 

Il faut préciser le diagnostic de l’espèce et de l’individua¬ 
lité morbide (Organon 84-99), l’indication thérapeutique, 
le choix du remède (§§ 146-148), la dilution et le mode 
d’administration ; ce sont ces préceptes et ces règles qui for¬ 
ment la base de l’homoeopathie et qui peuvent donner lieu, 
quand elles ne sont pas observées, à toutes ces détractions 
delà part de l’allopathie. 

Le meilleur moyen de convaincre tout le monde des bontés 
de l’homoeopathie, c’est de vulgariser les cas de maladies 
sporadiques, endémiques, épidémiques, contagieuses, aiguës 
ou chroniques, qui ont été guéries complètement et facilement 
par les remèdes homœopathiques ; et ces cas on ne peut les 
offrir au public qu’au moyen d’une clinique, ou plutôt d’un 
hôpital, où la loi des semblables soit appliquée franchement 
et exactement,où aucune autre médicamentation que l’homœo- 
pathie ne soit permise ; et où l’on se conforme en tous points 
au système èt à la thérapeutique de Hahnemann. 

Si dans cet hôpital, il y eût une salle où le chef de clinique 
ou un de ses assistants, donnât de temps en temps une confé¬ 
rence soit sur TOrganon, soit sur des cas importants de 
clinique, ou bien sur les résultats obtenus par l’expérience 
do nouveaux remèdes, et cela en présence de jeunes médecins 
désireux de connaître loyalement la vérité en médecine, si 
d’un autre côté il y eût une publication périodique de tout ce 
qui s’y fait, je crois que notre société aurait le droit de se 


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glorifier, à juste titre, d’avoir fondé une institution, qui ne 
pourrait manquer de faire le triomphe de la divine homœo- 
pathie. 

Espérons que cela arrivera, et qu’un généreux ami de la 
vraie médecine dotera la société d’un établissement semblable. 
Quod est in votis. 

Traduction du D r Chevalier. 


EEÏDI DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES D'AMÉRIQUE. 

par le Dr Lambreghts, fils, d’Anvers. 


Glonoïne dans les affections du cœur, 

par le D r Hale, de Chicago. 

Dans un de nos précédents articles j’ai déjà attiré l'atten¬ 
tion sur l’efficacité de gloniïine dans les cas de défaillance du 
cœur et de collapse soudain, 

Glonoïne agit plus promptement que les stimulants conte¬ 
nant de l’ammoniaque ou de l’alcool. Il est plus sûr que le 
nitrite d’amyle quoique moins rapide dans son action. 

Dans le collapse qui accompagne les fièvres pernicieuses, 
dans la syncope de la fièvre typhoïde à un stade avancé, dans 
la faiblesse menaçante du cœur au cours d’une pneumonie, et 
même dans la prostration'extrême du choléra, il constitue un 
médicament d’une valeur inestimable qui peut sauver le mori¬ 
bond lorsque la digitale et le strophantus n’ont plus le 
temps d’agir. 

Dans tous ces cas il excite la vitalité défaillante des gan¬ 
glions cardiaques et prépare la voie pour d’autres remèdes à 
administrer ultérieurement ; il prolonge la vie pendant des 
heures, lorsque la terminaison fatale est inévitable. 


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— 183 — 


Lorsqu’on le donne à la dose de 1/100 ou 1/50 de goutte, 
le cœur répond à son action au bout de 15 minutes. 

Glonoïne, ainsi appelé par Hering, n’est que de la nitro¬ 
glycérine pure. Ce fut l’Ecole homœopathique qui l’employa 
en premier lieu comme médicament. 

Plus tard l’Ecole allopathique commença à étudier égale¬ 
ment ses effets physiologiques et à l’administrer d'après la loi 
des contraires. Les deux Ecoles ont obtenu à l'aide de ce 
remède des résultats inespérés dans certaines affections 
graves et mortelles ; aussi constitue-t-il un bel exemple des 
effets curatifs que peut produire un médicament administré 
dans des conditions opposées. Ceux qui ont étudié ce remède 
dans la pathogénésie de Hering ont une idée générale de son 
action sur l’économie. 

Mais cette pathogénésie ne peut être comprise parfaitement 
si on ne l’étudie à la lumière de la pathologie moderne ; sans 
cela les symptômes de glonoïne paraissent ressembler à ceux 
de tous les stimulants vasculaires. 

Le cœur semble être excité d’une façon extraordinaire par 
ce médicament, et lance le sang dans tous les organes du 
corps mais surtout dans le cerveau avec une intensité assez 
rive pour produire de véritables congestiqns. 

Le point important à considérer dans ce phénomène, c’est 
qu e glonoïne ne stimule pas primitivement le cœur en agissant 
directement sur cet organe ; mais il agit directement et en 
premier lieu sur les centres vaso-moteurs du cerveau; il pro¬ 
duit la paralysie des nerfs vaso-constricteurs, et comme 
conséquence la paralysie de la tunique musculaire des vais¬ 
seaux sanguins. Les vaisseaux se dilatent et le champ circu¬ 
latoire s’élargit considérablement. Il en résulte une demande 
plus grande de sang dans les vaisseaux,-une diminution de la 
résistance des parois vasculaires, et par conséquent une 
augmentation de l’action et de la foree du cœur. 


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Cette théorie explique très bien la congestion apparente, 
l’accroissement de l’énergie du cœur et la turgescence vascu¬ 
laire qu’on observe dans la pathogénésie de glonoïne. 

Ce point fixé, voici quelques affections cardiaques où glo¬ 
noïne peut être employé avec succès comme remède antipathi¬ 
que et homœopathique : 

Angine de poitrine .— Les recherches de Potain, Huchard, 
Herard,etc,, semblent démontrer que l’angine de poitrine est 
due à Fischémie des vaisseaux sanguins du cœur lui-même, 
ischémie produite par la diminution de calibre de ces vais¬ 
seaux. Cette diminution de calibre est le résultat d’un spasme 
des nerfs vaso-constricteurs du myocarde, ou de l’ossification 
des parois vasculaires. Dans ce dernier cas, les remèdes restent 
souvent inefficaces. 

Dans le cas de spasme, glonoïne ou sa congénère amyl- 
nitrite agissent souvent d’une manière remarquable et peu¬ 
vent sauver le malade d’une mort prochaine; glonoïne possède 
en effet la propriété de dilater presque instantanément les arté¬ 
rioles en paralysant ses nerfs constricteurs ; il permet ainsi 
au sang d'affluer dans les vaisseaux du cœur, et fait cesser 
cette horrible anxiété précordiale qui caractérise les attaques 
d’angine de poitrine. 

Pour des raisons semblables glonoïne constitue un excellent 
remède dans les cas d’anémie cérébrale due à l’insuffisance de 
valvules aortiques. 

L’anémie cérébrale provoque souvent des accès de syncope 
qui mettent la vie du malade en danger, si on n'y remédie 
promptement. 

La dyspnée cardiaque est soulagée d’une manière rapide 
par glonoïne. 

Cette forme de dyspnée est généralement produite par une 
constriction des artères dans les poumons. Le cœur est 


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— 185 — 


impuissant à vaincre cet obstacle, et le malade est en danger 
de suffocation.Une dose appropriée de glonoïne fait disparaî¬ 
tre en quelques minutes cet état inquiétant en dilatant les 
vaisseaux sanguins. 

Palpitations de cœur. — Ce trouble du cœur est souvent 
causé par une constriction due aux nerfs vaso-moteurs. Dans 
ces cas, la face, les mains et les autres surfaces du corps 
deviennent froides ei sont baignées d’une sueur glacée ; les 
battements du cœur se précipitent et deviennent irréguliers, 
car cet organe s’épuise à lancer le sang dans les capillaires 
contractés; si cet état se prolonge, le cœur se paralyse et 
meurt en diastole. 

Dans ce cas une dose de glonoïne dilate les capillaires fer¬ 
més; le cœur se calme et le danger est écarté. 

Mais l’emploi de glonoïne n’est pas restreint à la classe des 
affections mentionnées ci-dessus ; on l’administre encore avec 
succès dans des conditions diamétralement opposées, c’est- 
à-dire dans la paralysie des vaso-constricteurs. Il constitue 
alors un remède véritablement homœopathique. 

La vieille Ecole n’ayant pas foi dans la loi des semblables 
considère ce médicament comme contre-indiqué et même 
dangereux dans ces cas; ceci est exact pour les doses massives, 
mais non pour les petites doses, comme notre expérience 
clinique nous l*a suffisamment prouvé. 

Plusieurs formes de congestion cérébrale sont dues à la 
parésie des nerfs vaso-constricteurs des vaisseaux cérébraux, 
qui reçoivent alors une plus grande quantité de sang. Cet état 
n’est pas sans danger pour les vieillards qui ont les artères 
fragiles, car souvent il est le point de départ d’une extrava¬ 
sation apoplectique. Dans ces cas la 3 e dilution centésimale de 
glonoïne constitue un précieux remède. 

La dilatation du cœur avec amincissement des parois est 
encore une affection où glonoïne est parfaitement homœopa- 


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thique. En même temps que cette dilatation, il existe souvent 
un relâchement des tuniques artérielles, car le cœur esttrdp 
fail e pour remplir complètement les vaisseaux de sang.' 

Glonoïne joue alors le rôle d’un véritable tonique et aide le 
cœur à récupérer sa puissance. 

Enfin dans l’irritabilité cardiaque produite par une fatigue 
mentale ou par l’abus de l’alcool et du tabac, glonoïne est un 
des médicaments qui m’adonné les meilleurs résultats. 

Voici quelques cas cliniques : 

I. — Irritabilité du cœur due à l’abus du tabac. 

M. T. B., âgé de 71 ans, vint me consulter le 21 septembre 
1886. Le malade a toujours été un grand chiqueur et un 
grand fumeur. Il y a 10 ans, il a été atteint de palpitations 
et de douleurs vives à la pointe du sternum; sur la recom¬ 
mandation d’un médecin, il cessa le tabac; mais les sym¬ 
ptômes s’étant améliorés, il reprit bien vite ses anciennes 
habitudes. A présent il se plaint de violentes palpitations et 
de ouleurs atroces à la poitrine. A l’examen je constatai 
que le cœur avait son volume normal, mais les battements 
étaient irréguliers et accélérés, environ 120 à la minute. 

Je proscrivis l’usage du tabac, et j’administrai une goutte 
de la 100 e dilut.de glonoïne ,trois fois par jour. Le 28 décem* 
bre le malade vint m’annoncer qu’il lui avait été impossible 
d’abandonner complètement le tabac, mais qu’il avait pris 
exactement mes remèdes. Il en avait éprouvé un grand soula¬ 
gement, car depuis quelques semaines il pouvait dormir sur 
le côté gauche sans éprouver le moindre trouble. Je trouvai 
le cœur beaucoup plus calme ; les battements étaient régu¬ 
liers. 

L’amélioration continua jusqu’en janvier 1887 ; les sym¬ 
ptômes cardiaques avaient alors complètement disparu, malgré 
que le malade se fût constamment refusé à s’abstenir de 

tabac. 


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— 187 — 


II. — Double lésion aortique compliquée d’angine de poi¬ 
trine. 

J. M., âgé de 40 ans, était atteint de sténose et d’insuffi¬ 
sance des valvules aortiques, avec hypertrophie et dilatation 
du cœur. Il y avait en outre complication d’accès d’angine 
de poitrine» qui survenaient deux ou trois fois par jour, et plus 
fréquemment pendant la nuit; aussi le malade craignait de 
se mettre au lit et le sommeil lui était impossible. / 
L’affection étant trop avancée pour être curable, la prin¬ 
cipale indication consistait ici à faire cesser les accès d’angine 
de poitrine. Ungrand nombre de médicaments tels que Y opium, 
le bromure de potasse, la valériane,Yassa fœtida , avaient 
déjà été employés mais sans produire le moindre résultat. Je 
prescrivis une goutte de la première dilution de glonoïne,trois 
fois par jour, et une goutte toutes les 15 minutes à l’approche 
des accès. 

L’effet fut remarquable ; les attaques diminuèrent de fré¬ 
quence et d’intensité. 

Le malade mourut quelques temps après, mais ses souf¬ 
frances furent considérablement soulagées par l’emploi de 
glonoïne. 

III. — Palpitations cardiaques d’origine nerveuse. 

J. S.,âgé de 25 ans, vint recourir à mes soins en mai 1887. 
Il présentait une grande irritabilité du cœur due à un état 
nerveux et à une disposition hypochondriaque. A l’examen, 
les battements du cœur étaient accélérés, brefs et renforcés, 
mais il n’y avait pas la moindre trace d’affection orga¬ 
nique. 

Il avait pris plusieurs médicaments qui restèrent sans 
effet. Sous l'influence de glonoïne,\es palpitations disparurent 
et le malade se trouva complètement guéri. ( Hahnemannian 
mnthly.) 


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y 


— 188 — 

Quelques médicaments de la migraine, 

par le D r Farrington. 

Sanguinaria. — Ce médicament est un des plus efficaces 
que nous possédions. 11 produit une véritable céphalalgie. 

Les douleurs débutent ordinairement le matin à l’occiput 
et sont très intenses ; le malade enfonce la tête dans l’oreiller, 
car la pression lui procure du soulagement. Les douleurs 
gagnent ensuite le sommet de la tête et viennent se fixer 
sur l’œil droit. 

Lorsque la migraine est à son maximum d’intensité, le 
malade ne peut supporter le bruit ni la lumière ; il vomit la 
bile ou les aliments contenus dans l’estomac ; les vomisse¬ 
ments sont jaunâtres ou jaune-verdâtres. Si le malade peut 
dormir il est soulagé. 

La douleur est parfois si vive qu’elle peut amener le délire. 
Sanguinaria n’est pas seulement un remède palliatif,il guérit 
radicalement la migraine. 

Belladona. — La migraine de belladona présente à peu 
près les mêmes caractères ; mais l’intolérance pour la lumière 
est plus prononcée. Le moindre bruit semble augmenter la 
douleur; le malade ne peut supporter qu’on marche dans sa 
chambre; il pousse des gémissements lorsqu'on touche à 
son lit. 

Ces deux médicaments ont donc beaucoup de ressemblance; 
en pratique sanguinaria est plus utile dans la forme gas¬ 
trique de la migraine. 

En outre dans belladona les pieds sont froids et la tête est 
presque toujours chaude, ce qui n’existe pas dans la sangui¬ 
naria. 

Dans belladona le malade se trouve mieux lorsque la tète 
est soutenue par des oreillers ; dans sanguinaria il préfère le 
decubitus dorsal. 

Enfin ce symptôme important: douleur venant de l’occiput 


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— 189 —. 


et s’étendant sur la tête et les yeux, n’est pas si prononcé 
dans belladona que dans sanguinaria. 

Iris versicolor est un excellent remède contre les mi¬ 
graines périodiques telles qu’on les rencontre, par exemple, 
chez les professeurs. Les accès de céphalalgie surviennent 
ordinairement tous les six ou sept jours, et sont accompagnés 
de vomissements, de battements dans la tête, de douleurs sus- 
orbitaires ; les douleurs se jettent souvent sur les yeux et 
produisent une cécité passagère. 

Melilotus produit une céphalalgie assez violente pour pro¬ 
voquer le délire, et des douleurs pulsatives dans toute la 
tête aussi intenses que celles de glonoïne; il peut même déve¬ 
lopper des symptômes simulant la manie. 

Il semble au malade que son cerveau va éclater. Dans une 
expérimentation qu’on institua chez une dame, il se produisit 
en même temps qu’une violente migraine, un prolapsus de 
l’utérus et des palpitations de cœur. 

Théridion. — Ce remède est indiqué dans les migraines 
des femmes hystériques. 

Il ressemble beaucoup à la belladona , et contient égale¬ 
ment dans sa pathogénésie l’intolérance pour le bruit et le 
mouvement. La grande sensibilité au moindre bruit est un 
phénomène caractéristique de théridion. 

Il y a en outre de l’hyperesthésie, des nausées, de l’aggra¬ 
vation par les mouvements. 

Spigelia produit des douleurs névralgiques sur l’œil 
gauche ; ces douleurs commencent ordinairement au cou ; 
elles sont peu accusées le matin, arrivent à leur maximum 
vers midi, et décroissent le soir. Le malade éprouve une sen¬ 
sation étrange, comme si la tête était ouverte en arrière. 
(California homœopath.) 


D r Lambreghts, fils. 


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VARIETES. 


Une découverte allopathique. — La Gazette des Hôpitaux consacre 
un article sur : l'Usage de Vacide phènique dans les maladies de la 
jieau. — C’est à M. le D r Augagneur, médecin lyonnais, que l’humanité» 
est redevable de cette découverte ; mais laissons parler la Gazette ; 

< M. le D r Augagneur vient, dans les derniers numéros de la Province 
« médicale , de faire connaître le résultat d’un traitement qu’il ejgploie 
« depuis quelque temps pour obtenir la guérison de certaines affections 
« cutanées. 11 s'agit de l’usage interne de l'acide phènique. Cet agent 
« thérapeutique ne paraît pas agir ici comme antiseptique et antiparasi¬ 
te taire, et son mode d'action reste encore inconnu et complètement 
« inexplicable. » 

Ce qui paraît étonner si fort la Gazette des Hôpitaux est loin de pro¬ 
duire le môme effet chez les médecins homœopathes qui ne voient dans 
ces faits que la consécration de leur doctrine : si milia, similibus 
curantur , et la loi de similitude suffit à le leur expliquer. 

La Gazette continue : 

«c Von sait, en effet, combien l'application exter?ie d'acide phènique 
« donne souvent lieu à l'apparition d'eczéma , d'abord local , puis bientô 
* généralisé . C’est au point que certains chirurgiens, et des meilleurs, ont 
« dû renoncer complètement à l’emploi de cet agent si merveilleux. Par 
« quel mécanisme Vabsorption d'acide phènique par la voie digestive pro - 
< duit-elle un résultat absolument opposé ! » 

Cet aveu, dénué d’artifice, est bon à retenir. Voilà donc un médicament 
qui, de leur propre aveu, produit l’eczéma et qui guérit cette même 
affection, et cela ne fait que les étonner ; ils se garderaient bien de réflé¬ 
chir. Cela ne leur ouvre pas les yeux ; car il n’est de pires aveugles que 
ceux qui ne veulent point voir. M. Augagneur lui-même n’en donne 
pas une explication suffisante, il se borne à enregistrer les faits : 

<c Le succès est constant dans le prurigo des enfants et dans les pru- 
i rigos en général ; l’eczéma est amélioré dans les formes sèches et lichen- 
« oïdes, etc. » 

Le chirurgien lyonnais engage vivement les praticiens à employer 
l’aoide phènique, à l’intérieur, dans les affections cutanées, et, il faut 
avouer que les observations qu’il rapporte sont fort convaincantes : 

« Plusieurs de nos malades, dit-il, avaient été traités auparavant par 
« d’autres médications, et aucune n'avait don né des résultats aussi prompts 
« et aussi nets, nous pouvons ajouter aussi durables. » 


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L'habileté et la compétence reconnues de M. Augagneur, nous font un 
devoir de signaler cette nouvelle méthode. 

Loin de nous la pensée de vouloir contester la compétence deM. Auga¬ 
gneur, et encore moins son habileté ; mais la découverte qu'il vient de 
faire n’est pas nouvelle. Depuis longtemps les médecins homœopathes, 
guidés par les effets que produit l'acide phénique sur la peau, ont em¬ 
ployé ce médicament dans certaines affections cutanées, correspondant 
à son action pathogènétique. Noüs pourrions ajouter aux observations 
deM. Augagneurdes observations non moins concluantes de l’effet cura¬ 
tif de l'acide phénique. 

Déjà, vers la fin de 1886, dans le service d'oculistique du D r Parente&u, • 
à l'hôpital Saint-Jacques, nous eûmes à traiter une femme atteinte 
d’eczéma lichenoïde généralisé, qui se présentait à la consultation des 
yeux pour un ectropion. Ce renversement des paupières reconnaissant 
pour cause unique l'eczéma, nous nous abstînmes de toute opération et 
nous contentâmes de soigner la malade au moyen d'acide phénique 
(6 e dilution). Le résultat fut qu'en moins de trois semaines la malade fUt 
entièrement guérie. 

Qu'il nous soit permis de lui demander si c'est le hasard seul qui 
l'a guidé dans le choix de ce médicament pour l’eczéma (?) 11 nous est 
permis d'en douter; car il s'est passé à Lyon, en 1886, un fait qui a eu 
un assez grand retentissement dans le public médical. Le 23 juillet 
1886, M. le D r Imbert de la Touche, médecin à Lyon, envoyait au Bulle¬ 
tin itomœopcuhique , le relevé semestriel d’un dispensaire ouvert à Lyon. 

Le succès de notre consultation, écrit-il, a été la cure d'un eczéma 
généralisé occupant toute la surface du corps chez une femme de 63 ans. 
Cette affection datait de 12 années. Cette malade* qui Avait fréquenté 
divers services hospitaliers spéciaux et qui avait été considérée comme 
incurable, s’est donné le malicieux plaisir de faire constater sa guérison, 
en pleine rue, à deux de nos confrères allopathes qui furent forcés de 
convenir qu'il y avail là une action thérapeutique évidente. Cette femme 
fut radicalement débarrassée de cette affection dans ^'espace de quatre 
semaines, par l’acide phénique à l'intérieur. 

A propos de l'action de l'acide phénique sur la peau, M. le D r Noack 
vient de confirmer ses effets dans un eczéma hypertrophique avec retrous¬ 
sement de la lèvre inférieure, ce qui donnait ad visage du patient un 
aspect des plus difformes. L’acide phénique (3 e trit.) fit disparaître 
complètement cette véritable infirmité au grand étonnement du malade 
qui avait abandonné presque tout espoir de guérison. 

Voilà donc les médecins lyonnais obligés de reconnaître la guérison, 
par le traitement homœopathique, d'une femme qu’ils regardaient comme 


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irablc. Indè ira dans tout le camp Efllopathique du Rhône, colère 
ugle qui n'a pas su s’arrêter devant le ridicule. 

,'association des médecins du Rhône, dont «faisait partie M. le 
mbert, ne trouva rien de mieux, pour se venger, que d'expulser de son 
i, ce médecin qui se permettait de guérir des malades avec d'autre* 
édes « que ceux, seulement Doctœ facultatis ». L'assemblée générale 
membres de l'Association, ne reculant pas devant une ridicule mon- 
osité, adopta un article additionnel à ses statuts, qui était ainsi 
ju : « Tout docteur en médecine qui reconnaîtra des doctrines oon- 
res à celles qui sont officiellement professées dans la Faculté de 
ait, et les appliquera dans sa pratique, ne pourra être admis dans le 
dicat de l'Association, ou cessera d'en faire partie s’il y avait été 
îédeinment accueilli. » 

On n'est pas bête comme ça », s’écrie M. Francisque Sareey, dans 
chronique humoristique à ce sujet, parue dans le numéro du 10 août 
7 (journal La France ). A la suite de cette chronique, une polémique 
gagea entre M. Sareey etM. Victor Augagneau? rédacteur en chef de 
¥ovince médicale , — journal qui vante aujourd'hui les effets de 
ide phénique dans les maladies de la peau. * 
uel est ce M. Victor Augagneau? Y a-t-il là une simple similitude 
oms, en ce cas bien curieuse? 

uoi qu’il en soit, étant donné le retentissement qu'a eu le scandale 
mais, nous ne serions pas loin de croire que cette fameuse découverte 
3 faite après coup, et que l’habile D r Augagneur ne se soit donné le 
e mérite d’enfoncer une porte déjà ouverte. (Homœopathie populaire.) 


SOMMAIRE. 

* 

Labac (Suite), par MM.Em. Seütin, Ph. et le Dr Léon 

>eutin, de Bruxelles.161 

/ne des journaux homœopathiques de France, par 

3 D r Schepens, de Gand.168 

ix cas de péritonite puerpérale, traduction du 

)*• Chevalier, de Charleroi.174 

^uedes journaux homœopathiques d’Amérique, par 

3 D r Lambreghts, fils, d’Anvers.182 

•iétés. 190 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

15* Année. OCTOBRE 1888 . N° 7. 

ASSOCIATION CENTRALE DES HOMŒOPATRES BELGES. 

Président, Secrétaire, 

Dr SCHEPENS. Dr SCHWARTZ. 

Séance du 9 octobre 1888. 

La séance est ouverte à 3 heures. 

Le procès-verbal de la réunion précédente ne donne lieu à 
aucune observation. 

Le D r De Ridder relate le cas ci-après d’ 

Indispositions cholériformes, 

par le D r De Ridder, de Meirelbeke. 

Le lundi de la kermesse de Meirelbeke,en septembre 1888, 
je fus appelé de bon matin chez Y. atteint, ainsi que sa femme 
et deux de ses enfants, de vomissements bilieux, de selles fré¬ 
quentes, de vives douleurs abdominales avec soif intense et 
céphalalgie. En prévision d'unempoisonnement dont la cause 
m’échappait, je prescrivis de l’eau albumineuse, de la ma¬ 
gnésie blanche et de l’eau à satiété. Le résultat fut loin d’être 
satisfaisant. Pendant la journée les deux autres enfants de 
V. demeurant avec lui s’alitèrent ainsi qu’une petite fille du 
voisinage. L’analogie des symptômes présentés par cette 
malade fit découvrir facilement la cause de l’empoisonnement. 
Cette enfant était arrivée chez Y. le dimanche à la fin du 
dîner et y avait mangé un peu de riz au lait. 

Le riz qui avait servi à la préparation de ce mets fut trouvé 
mélangé à une forte proportion de carbonate de soude. 
L’analyse chimique, faite ultérieurement, y démontra la pré¬ 
sence d’au moins dix pour cent de sel de soude du commerce. 


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Ce mélange s’était fait fortuitement pendant le transport de 
ces marchandises, par la rupture des sacs en papier qui les 
contenaient et, quoiqu’elle le sût, la ménagère avait négligé 
de laver le riz. A ma visite du soir tous les symptômes con¬ 
statés persistaient et avec plus d’intensité. V. présentait de 
la réaction fébrile avec céphalalgie atroce qui disparaissait en 
étendant la tète sur le tronc. Je lui administrai aconit . La 
mère avait moins de fièvre, mais était plus affaissée et accu- 
sai f surtout de fortes douleurs stomacales. Je lui donnai nux 
vomica. La fille V., Henriette, âgée de neuf ans, était consi¬ 
dérée par l’entourage commo irrémédiablement perdue; elle 
était dans un état de prostration extrême, ne reconnaissait 
plus personne, vomissait machinalement, perdait des selles 
vertes, fétides, avec pouls fréquent, peau refroidie et pupilles 
dilatées. Je lui administrai de cinq en cinq minutes une goutte 
de teinture de camphre avec ordre de continuer scrupuleu¬ 
sement le même remède jusqu’à amélioration évidente et d’en 
ralentir ensuite l’emploi graduellement. 

Les autres malades présentaient des symptômes moins 
alarmants ; chez eux la douleur à l’estomac et à l’abdomen 
prédominait ; ils prirent nux vomica. Le mardi matin il y 
avait une amélioration générale, peu sensible chez les 
parents, très appréciable chez ceux qui étaient le moins 
atteints. Henriette, qui la veille était à toute extrémité, me 
reconnaissait maintenant: elle présentait un peu de fièvre, 
des vomissements verdâtres, des selles très liquides,bilieuses, 
légèrement sanguinolentes, une soif intense avec de fortes 
douleurs stomacales. Je lui donnai aconit et nux vomica 
alternés. 

Tous les malades gardaient encore le lit : tous accusaient 
une grande pesanteur dans les membres inférieurs. Vers le 
soir un enfant de sept ans put se lever ; le mercredi deux 
autres, qui avaient ressenti le plus tardivement l'influence des 


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matières absorbées, ainsi que la petite fille du voisinage. Le 
jeudi le père put se lever et la mère put en faire autant pen¬ 
dant quelques heures. Henriette se leva le vendredi : elle 
présentait depuis deux jours une éruption vésiculeuse autour 
des narines et quelques aphtes sur la muqueuse de la lèvre 
inférieure. Dès lors mes visites devinrent inutiles: la guérison 
s’opérait chez tous très rapidement après la première amélio¬ 
ration. 

Le samedi je fus rappelé pour le fils aîné de Y. qu’on venait 
de ramener de Ledeberg ou il était tombé malade ainsi que sa 
tante et sa cousine qui, avec lui, avaient dîné chez Y. 
le dimanche de la kermesse. Ces deux dernières s’étaient 
améliorées au bout de peu de jours. Mais le fils V. vomissait 
encore, avait des selles fréquentes avec des douleurs vives à 
la région vésicale, accompagnées de mal en urinant avec 
désir fréquent d’uriner. Il prit cantharis et nux vomica al¬ 
ternés ; le lendemain il était un peu mieux et le surlendemain 
je le trouvvai levé: dès lors il guérit rapidement et put 
retourner à sa besogne quelques jours plus tard. 

D r De Ridder. 

Le D* Martiny fait part à l’assemblée de l’observation 
suivante : 

Les verres cassés, 

par le D r Martiny. 

Pendant longtemps j’ai hésité à entretenir mes confrères 
d’un singulier phénomène, que j’ai pourtant observé à plu¬ 
sieurs reprises, quoiqu’il paraisse extraordinaire et surpre¬ 
nant. Quand on fait dissoudre les remèdes homœopathiques 
dans un verre d’eau, il arrive assez fréquemment qu’une 
fissure se produit dans le verre et que le liquide s’écoule par 
cette fissure. Les premières fois que des malades traités par 
moi m’ont parlé de ce phénomène, j’ai naturellement attribué 


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le fait au hasard : le verre était fêlé d’avance, il avait reçu 
un choc, l’eau était très froide et le verre plus chaud, etc., 
etc. ; mais tant de malades m’ont raconté successivement 
l’histoire de verres cassés, que je me suis, en fin de compte, 
demandé si le fait devait réellement être attribué au hasard; 
les uns m’écrivaient que « nos remèdes devaient être bien 
violents puisqu’ils faisaient éclater les verres», d’autres ma¬ 
lades me demandaient si je leur avais prescrit du « fulminate 
de mercure», etc. Je m’enhardis donc à en parler en particu¬ 
lier à quelques-uns de nos confrères et pour ne pas influencer 
leur réponse, je leur adressai ma question dans ces termes : 
N’avez-vous jamais rien observé quand les remèdes homœo- 
pathiques sont dissous dans un verre d’eau? Et la réponse a 
presque toujours été celle-ci : Gomment, vous l’avez donc 
observé aussi, des verres qui cassent. Et le confrère ajoutait : 
Je n’osais pas le dire, tant cela me semblait étonnant... Et 
chacun avait un certain nombre de faits semblables à me 
raconter. 

Nous ne saurions trop le répéter, nous n’affirmons pas que 
le fait soit réellement dû au remède, mais nous affirmons, et 
plusieurs de nos confrères l’affirment comme nous, qu’un 
assez grand nombre de fois des verres contenant des remèdes 
homœopathiques en solution aqueuse ont été trouvés brisés 
sans qu’aucun choc, aucune violence extérieure aient eu 
lieu ; un de nos malades a même entendu le verre se briser 
jet a nettement perçu un craquement qui se produisait dans le 
verre. 

- Le fait que nous avons si fréquemment observé et que tous 
nos confrères, à peu d’exceptions près, ont constaté comme 
nous, est-il le simple effet du hasard ou bien est-il réellement 
dû à la présence du remède dans l’eau,lorsque certaines con¬ 
ditions secondaires se trouvent réunies? Nous ne pouvons 
résoudre la question, mais nous avons crû utile d’attirer 




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Tattention du monde médical homœopathique sur le fait. 
Une foule de questions se présentent immédiatement à l’esprit: 
Si ce phénomène est vrai, dans quelles circonstances se pro¬ 
duira-t-il : tous les remèdes le déterminent-ils ? La dilution 
est-elle indifférente,,la qualité du verre, la quantité plus ou 
moins forte d*eau, etc., etc.? 

Nous ne voudrions pas émettre d’avis à cet égard, il fau¬ 
drait avant tout que le fait fut bien avéré. 

C’est donc une enquête que nous proposons à tous ceux qui 
se servent des remèdes homœopathiques et nous les convions 
tous à donner une réponse. Nous insistons auprès des direc¬ 
teurs de tous les journaux homœopathiques du monde pour 
qu’ils mettent leurs lecteurs au courant de la question et 
bientôt nous saurons ainsi si nous avons été, mes confrères 
et moi, la dupe d’une illusion, ou si les faits, que nous avons 
observés un grand nombre de fois, sont uniquement dus à un 
singulier hasard. 

Plusieurs des confrères présents, notamment le D r Gaudy, 
rapportent quelques cas de verres qu’on a trouvés cassés dans 
les conditions rapportées par le D r Martiny. 

Tous les membres présents à la réunion s’engagent à faire 
une sorte d’enquête à ce propos. 

Le D r Gaudy cite trois cas de sciatique avec douleur 
la nuit, sécheresse de la bouche, soif, cercle noir autour des 
yeux, un peu de diarrhée, tendance à changer de position 
alors même que ce changement déterminait une augmen¬ 
tation de la-douleur. At'senic 1000 6 donna une guérison 
radicale. Un autre cas de sciatique double guérit par le 
même remède après avoir présenté une heure d’aggravation 
médicamenteuse. 

LeD r Seutin cite un cas d’épilepsie existant chez une 
jeune personne depuis 10 ans avec accès toutes les semaines, 


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accompagnée de gastralgie et crampes dans les jambes. 
Cuprum 3 e et belladone 3 e ont donné une guérison com¬ 
plète. 

Le D r Martiny a également eu un cas de guérison do 
cette affection par les mômes médicaments. 

La séance est levée à 5 1/2 heures. 


COUVENT IL FAUT EXAMINES LES ENFANTS, 

par le D r T. C. Düncan, 

professeur de clinique des maladies des enfants au Collège médical 
homœopathique de Chicago. 

Traduit de l’anglais par le D r Martiny. 

Au simple examen d'un os, le naturaliste sait reconstituer 
Tanimal primitif; les médecins chinois diagnostiquent les 
maladies uniquement par le pouls. Ceci prouve simplement 
qu’on peut obtenir beaucoup par une étude sérieuse et une 
observation rigoureuse des faits. Agassiz, le naturaliste, 
tenait ses élèves des journées entières à l’étude d’un poisson. 
Le médecin doit procéder ainsi pour examiner les enfants 
malades. 

Un observateur attentif est à même de formuler de vrais 
principes pour reconnaître leurs maladies et en relever les 
traits caractéristiques. Nous sommes généralement trop habi¬ 
tués à étudier l’enfant malade et nous nous préoccupons fort 
peu de Tentant sain. IL faut une longue observation et une 
comparaison attentive des faits pour établir des rapports 
réels entre Tentant malade et l’enfant à l’état physiologique. 
La connaissance de Tenfant à l’état physiologique doit servir 
de point de départ pour reconnaître ses maladies. 

Comme d’habitude nous ne voyons à découvert que la 
face", la tête et les mains, nous devons souvent nous en tenir 
là pour en tirer des indications précises. 


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A Taide des notions que nous avons sur son développement 
normal, sur ses maladies congénitales et sa croissance, nous 
sommes en état d’établir un jugement sur l’état actuel de la 
santé de l’enfant. Kst-i! malade ? Est-il insuffisamment nourri? 
Fst-il nourri à l’excès ? Ce dernier cas n’est pas le plus facile. 

Quand je vois un enfant pour la première fois, je me place 
de manière à pouvoir l’embrasser du regard, et pour cela 
je l’examine d’aussi loin que possible. S’il dort, j’en profite 
pour me faire donner des renseignements, soit par la mère, 
soit par la nourrice. 

S’agit-il d’une maladie aiguë? Je m’enquiers des fautes 
de régime ou des maladies qui auraient pu la motiver. Je 
m’informe de son âge, de son poids lors de sa naissance ; 
a-t-il été nourri artificiellement ou bien a-t-il été élevé au 
sein. Je m'informe, dans ce dernier cas, de l’état de santé 
de la mère ou de l i nourrice. Dort-elle bien ? A-t-elle bon 
appétit? Est-elle bien menstruée ? Ses selles sont-elles régu¬ 
lières? Ces questions nous fixeront sur la vigueur de la nutri¬ 
tion de l’enfant. Je vérifie également la quantité et la qualité 
du luit. L’enfant paraît-il satisfait après avoir pris le soin? 
Demande-t-il le sein toute la nuit? Dans l’affirmative, je 
m’attends à trouver des troubles fonctionnels dans les organes 
digestifs, une complexion chétive et une mère faible. L’enfant 
a-t-il le sommeil tranquille ? Ses garde-robes sont-elles régu¬ 
lières et normales? Urine-t-il souvent? ou bien ses urines 
sont-elles rares? Comme la seule occupation de l’enfant, dans 
les premiers temps de la vie, consiste à manger et à dormir, 
s’il s’en départit, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Le 
nombre, par 24 heures, des selles d’un enfant, est de une à 
trois; s’il y en a plus, c’est l’indication d’une faiblesse de la 
membrare muqueuse du tube digestif et nous devons nous 
appliquer à en découvrir la cause. Si les urines sont rares, on 
doit se souvenir que cet état peut être héréditaire. Sont-elles 


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— 200 — 


abondante.» P Dans ce cas, ou bien il y a un état catarrhal, ou 
bien la nourriture de l’enfant est trop aqueuse ou trop douce. 

Ces points soigneusement établis, il faut toujours avoir 
présents à l’esprit : 1° l’état normal, physiologique ; 2° les 
antécédents ; 3° la maladie probable ou les maladies qui s'en 
rapprochent. Une erreur qui se commet le plus généralement, 
c’est de poser d’abord le diagnostic qui ne doit être établi 
qu’en dernier lieu. Il va sans dire que si l’enfant est sous le 
coup d’une impression morale, il faudrait attendre qu’elle ait 
disparu pour fixer le diagnostic. 

La face ovale est la forme de face normale chez l’homme 
formé; elle se rencontre quelquefois de bonne heure dans 
l’enfance. La face ronde est la forme habituelle de l’enfant. La 
forme ovoïde en est une variante due au développement. La 
forme ovoïde, qui persiste ou qui s’accentue, indique une acti¬ 
vité par trop grande des organes digestifs ; dans ce cas je 
m’attends à trouver chez l’enfant des selles fréquentes, des 
excrétions abondantes, peu de sommeil et des éruptions. C’est 
le type de l’enfant lymphatique. Il y a ici urgence de sur¬ 
veiller si la quantité de lait est suffisante, car, si l’enfant est 
élevé au seiD, le lait qui est très riche, n’est pas souvent abon¬ 
dant.Quand l’enfant engraisse, parce qu’il mange trop ou prend 
trop souvent le sein, il est anxieux et méchant, somnolent ; 
c’est que la nourriture en excès semble suppléer aux besoins 
du sommeil ; il se forme des éruptions parce que les capillaires 
lymphatiques superficiels n’arrivent pas à absorber la trop 
grande quantité de sucs qui se déversent dans les tissus, et 
dépérissent. 

Si la forme ovoïde est accentuée plutôt àla partie supérieure 
de la face qu’à la partie inférieure, elle dénote une suractivité 
du système nerveux ; de là, une longue série de phénomènes 
nerveux : l’enfant a peu de sommeil, il se trémousse, crie, 
demande à manger sans cesse, pousse des vagissements en 



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201 — 


allant à selle, urine fréquemment, etc. Cet état peut être 
héréditaire ou acquis. Les antécédents renseigneront à cet 
égard. S’il est héréditaire, cela provient de la mère par suite 
d'une prédisposition constitutionnelle ou acquise pondant la 
grossesse ; je soumets l’enfant, aussitôt que possible, sinon 
complètement, à une alimentation artificielle, du moins en 
partie, pour peu qu’on ne puisse remédier promptement à cet 
état nerveux en guérissant la mère elle-même. Si l’enfant est 
bien venu à sa naissance, il y aurait lieu alors d’en accuser 
son alimentation, ce dont il faudra s'assurer en demandant 
comment l’enfant est nourri. C’est ainsi qu’on arrive à 
trouver la cause qui a provoqué cet état nerveux chez l’enfant. 
Pour y remédier, il faudra apporter un soin tout spécial & 
sa nourriture. La plupart du temps ce sont les appareils qui 
servent à la nutrition, biberon, etc., qui en sont les vrais cou¬ 
pables (défaut de construction, malpropreté, etc.), c’est pour¬ 
quoi je les vérifie moi-même. Les évacuations alvines nous 
fixeront sur la quantité de nourriture qu’il prend. Toutes les 
fois que cela peut se faire, j’examine les langes, particulière- 
menten été; la quanti té des garde-robes, leur consistance, 
aussi bien que leur couleur, aident au diagnostic. 

Si l’enfant est constipé, j’examine toujours le rectum, sur¬ 
tout si le petit malade pousse des cris en allant à selle et si 
les selles sont épaisses. 

Les voies urinaires peuvent venir aussi en aide au diagnos¬ 
tic. Je m’assure à cet effet si les langes sont souvent changés, 
je m’enquiers de leur humidité, de leur couleur et de leur 
odeur. Les maladies de ces organes sont très fréquentes chez 
les enfants. Si l’enfant se raidit, nous devons observer l’état 
de ces organes aussi bien que celui du cerveau. S’il rétracte 
les cuisses vers le ventre, nous devons, sauf chez un enfant 
tout jeune, suspecter un trouble entérique ; voyez aussi alors 
8 H n’y a pas rétention d’urine ou bien hernie. 


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202 — 


Pour examiner la langue, je place le doigt sur la lèvre 
inférieure ou la gencive de la mâchoire inférieure,en appuyant 
légèrement. La langue se présente toute seule. Il suffit d’en 
voir le premier tiers. 

Pour constater la dentition, je touche les gencives des deux 
côtés. Rappelez-vous l’influence exercée sur ce travail de la 
nature par les diathèses acide ou alcaline. Dans la diathèse 
acide, ce sont habituellement les dents supérieures qui per¬ 
cent les premières. 

Pour les affections de la gorge, je fais un examen exté¬ 
rieur. Si la gorge fait mal à l'enfant, il recule quand on appro¬ 
che la main de sa gorge et, s’il y a de l’enflure,on le constate 
par le toucher. Ce n’est qu en cas d’uue forte tuméfaction 
que j’applique une cuiller, ne fût-ce que pour donner satis¬ 
faction aux parents et pour ma plus grande sécurité. La lan¬ 
gue de l’enfant n’est p^s facilement dépressible, mais quand 
il crie, on peut facilement voirie fond de sa gorge. Si non, 
je presse la langue au moyen du manche d’une cuiller à café. 
Un simple coup d'œil suffit d’habitude. 

Dans les affections pulmonaires et bronchiques, j’ausculte 
simplement l’enfant en plaçant les deux mains sous ses bras et 
me plaçant derrière lui; c’est plus que suffisant dans la plu¬ 
part des maladies de ces organes. L’application de l’oreille 
ennuie l'enfant et ne donne pas de meilleurs résultats. C’est 
seulement chez les enfants d’un certain âge que j’ausculte la 
poitrine. La toux est le meilleur guide dans ces affections. 
Prenez pour type un spécimen de toux et comparez-le avec 
la toux de l’enfant en notant les diverses intonations ou les 
différences caractéristiques, et vous saurez à quoi vous en 
tenir. Je surveille attentivement la toux rauque et une toux 
avec fièvre m’inquiète (broncho-pneumonie, bronchite et 
pneumonie croupale). La nature de la toux et la position que 
prend l’enfant en toussant me font diagnostiquer la maladie 


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— 203 — 


et m'indiquent le remède. Ce n'est que rarement que je tâte le 
pouls chez les enfants, et c’est aussi rarement que je prends 
la température. Le seul toucher de la peau me guide quant 
à la fièvre et à l’activité du système circulatoire. J’observe 
attentivement la respiration. J’en note l’irrégularité et je 
tiens compte de sa force et de sa fréquence. 

Sous prétexte d’examiner le nombril ou l’état des entrailles, 
jobserve l’effet que le desserrement des vêtements produit sur 
l’enfant. On peut ainsi examiner soigneusement le côté anté¬ 
rieur et le côté postérieur de tout son corps. Les points à 
examiner principalement sont : le scrotum, le pénis ou la 
vulve, la vessie, l’ombilic, les intestins, le foie, l’estomac, les 
poumons, les épaules, la colonne vertébrale, les reins et 
l’anus, sans omettre le cœur qu’on peut facilement ausculter. 
Je note soigneusement l’effet que produisent sur l’enfant les 
diverses positions qu’il prend lors de cet examen. On doit 
observer aussi la conformation générale de son corps ; dif¬ 
fère-t-elle du type normal ? 

L’état chaud ou froid des pieds, des mains, des oreilles et 
du nez, aide au diagnostic et au choix du médicament. L’état 
du sommeil de l’enfant est un facteur important et un guide 
précieux. L’état des organes digestifs, le sommeil et les selles 
doivent former le trépied sur lequel nous devons baser notre 
diagnostic. 

Souvenez-vous que chez l’enfant au-dessous de deux ans, les 
organes qui sont physiologiquement moins développés, sont 
ceux qui souffrent les premiers, tandis que chez ceux qui ont 
dépassé cet âge, c’est le contraire qui arrive d’habitude. Ces 
données en tête, un coup d’œil suffit souvent pour poser le 
diagnostic ; autrement, la prédisposition maladive, les sym¬ 
ptômes subjectifs et objectifs et la comparaison qu’ils suggè¬ 
rent trancheront la question. Il en est de même du choix du 
remède. Le médecin qui s’en rapporte à l’interprétation des 


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symptômes, telle qu’elle est présentée par la mère, ne connaît 
rien des maladies des enfants. Dans les affections de ces petits 
êtres, le grand secret consiste à savoir voir et comparer. 

Chez les enfants plus âgés, le mode d’examen ne diffère pas 
beaucoup de celui des enfants très jeunes. L’âge, la taille, 
le poids, les prédispositions constitutionnelles et de croissance 
des viscères céphaliques, thoraciques et abdominaux, font 
prévoir les lésions anatomiques qui nous serviront au 
diagnostic. Les goûts de l’enfant, ses dispositions natu¬ 
relles et l’état de son sommeil, nous révèlent sa vigueur 
physiologique. Ses souffrances et le point d’où elles partent 
nous donnent la solution du problème,et ceci exige un examen 
aussi attentif que celui que nous avons décrit pour l’enfant 
en bas-âge. 

Traduction du D r Martint. 


Le tabac (1), 

par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles. 

Dans un grand nombre de cas, les individus chez lesquels 
la fréquentation des cafés est dégénérée en habitude invétérée, 
finissent, après un temps très variable, par subir & des degrés 
différents, une sorte d’empoisonnement dont le principal carac¬ 
tère est un afflux du sang vers le cerveau qui finit par amener 
une congestion vers cet organe. Cet empoisonnement & forme 
congestive, se distingue, d’une façon très nette, de tous les phé¬ 
nomènes observés sous l’influence des boissons alcooliques. Eu 
effet, il ne s’agit point du tout ici des lésions spéciales qu’en¬ 
traînent les habitudes de l’ivrognerie. La variété d’intoxication 
dont nous parlons se remarque chez un grand nombre d’hommes 
très sobres, ne faisant jamais d’excès, mais qui, après avoir pris 
leur tasse de café, souvent sans addition d’eau-de-vie, séjournent 

(1) Suite. Voir volume courant, pp. 69, 100, 129 et 161. 


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— 205 - 


tous les jours une ou plusieurs heures dans l’estaminet ; ils 
s'étiolent, se congestionnent et s’asphyxient, tout simplement 
en demeurant dans un air malsain et en respirant un air irres¬ 
pirable et trop chaud. 

Maintenant, combien faut-il de temps pour voir apparaître 
quelques-uns des symptômes caractéristiques de cette intoxica¬ 
tion? Cela est bien difficile à apprécier, mais on peut dire, que 
pour les uns il faudra deux à trois années de fréquentation 
assidue des estaminets, pour d’autres cinq à six et huit années 
pour présenter les signes prémonitoires appartenant à la pre • 
mière période ; mais une fois que la pâleur de la face, la dys¬ 
pepsie et la céphalalgie passagère se déclarent, l'intoxication 
est éîidente, et si les mêmes causes persistent, les mêmes effets 
persistent aussi et vont en s’aggravant. 

Lorsqu’on songe à la fréquence de la paralysie générale chez 
les hommes, à sa rareté chez les femmes, quand on songe que 
cette maladie débute fréquemment par une congestion ; quand 
on considère enfin la puissante influence qu'exerce l’atmosphère 
des cafés, des cercles, sur le développement des congestions, on 
est porté à expliquer la différence si notable qui existe, sous ce 
rapport, entre les deux sexes, par cette circonstance que les 
hommes seuls, en dehors de toute cause d’alcoolisme, se soumet¬ 
tent à l’influence congestive que nous avons signalée (1). 

Un des effets les plus ordinaires du tabac sur le cerveau est 
la diminution de certaines facultés intellectuelles auxquelles 
parfois il devient même nécessaire, pour fonctionner, de l’exci¬ 
tation temporaire que leur porte le poison qui les détruit. La 
pâleur livide du teint, l'irrésolution du caractère, la passive 
quiétude empreinte sur la physionomie, le manque absolu 
d’énergie, la perte plus ou moins complète de la mémoire, sont 
les traits caractéristiques de la plupart de ces fumeurs acharnés 

(1) Bl&tin. Recherches physiologique* et cliniques sur la nicotine et le tabac, 
PP. 160 à 175. 


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— 206 — 




qui ne sont heureux que lorsqu’ils ont le cigare ou la pipe entre 
les lèvres, à moins Qu’ils ne joignent encore à cette passion (ce 
qui est fréquent) celle des boissons alcooliques. 

Un des résultats les plus communs de l’action prolongée du 
tabac sur le cerveau est la diminution plus ou moins complète de 
la mémoire (1). 

Il nous suffira de rapporter le cas remarquable de M. l'abbé 
Moiguo, l’éminent rédacteur des Mondes . On y verra l’influence 
pernicieuse qu’avait le tabac sur les facultés de ce savant. Nous 
laissons du reste la parole à M. l’abbé Moigno : 

Plusieurs fois dans notre vie, dit-il, dans la jeunesse et dans 
l’âge mûr, nous avons pris et quitté la tabatière ; nous finissions 
toujours par nous apercevoir que la poudre excitante nous 
était nuisible et nous prenions la forte résolution d’y renoncer 
pour toujours; en 1861, alors qu'il nous futdonnéde reprendre 
l’impression de nos Traités de mathématiques , pendant que 
nous composions le Traité des variations et que nous com¬ 
mencions la rédaction de nos Leçons de mécanique analyti¬ 
que % nous abusions vraiment du tabac en poudre ; nous en pre¬ 
nions de 20 à 25 grammes par jour, nous nous surprenions sans 
cesse puisant dans la fatale boîte, et ingurgitant par le nez le 
fatal stimulant, dont l’effet était, d’une part, d’engourdir, de 
contracter le cerveau, de placer le système nerveux dans un 
certain état de raideur que nous ne saurions pas définir ; de 
l'autre, d’éteindre rapidement la mémoire non seulement du pré¬ 
sent, mais du passé. Comme nous avons appris plusieurs lan¬ 
gues, par leurs mots racines, au nombre de 12 ou 1500 pour 
chacune,il était facile de savoir ou de sentir que chaque jour un 
grand nombre de ces radicaux s’échappaient du trésor où ils atten¬ 
daient à l’état latent,qu’on leur fîtappelpour sedéclarerpréseuts; 
et le recours au dictionnaire devenait chaque jour plus impérieux ; 

(1) Blatin. Recherches physiologiques et chimiques sur la nicotine et le 
tabac , p. 177. 


v 


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— 207 — 


effrayé de cet amoindrissement considérable, nous prîmes, le 
1 er septembre 1861, à dix heures du matin, la résolution éner¬ 
gique de renoncer au tabac, même au cigare, que nous fumions 
deux ou trois fois par jour, en secret, pour donner à notre 
esprit, sans cesse en excercice, le temps de se détendre. Près de 
six années se sont écoulées sans quune pincée de l’odieuse pou¬ 
dre ait effleuré nos narines, sans qu’une bouffée de fumée de tabac 
soit sortie de nos lèvres et nous pouvons affirmer que nous res¬ 
terons fidèles jusqu'à la mort à la résolution que nous avons 
prise. Elle a été pour nous le point de départ d’une véritable 
résurrection de la santé, de l’esprit et de la mémoire ; nos idées 
sont devenues plus lucides, l’imagination plus vive, le travail 
plus facile, la plume plus agile, et nous avons vu revenir peu à 
peu cette armée de mots de toutes les langues qui avait pris la 
clef des champs. Notre mémoire, en un mot, a recouvré toute 
sa richesse, toute sa sensibilité, elle est même si docile,nous ose¬ 
rions dire si accablée, qu’elle nous effraie quelquefois, parce 
qu’en atteignant les limites du possible, elle semble nous menacer 
d’une névrose; que le tabac et surtout le tabac à priser soit 
l’ennemi personnel de la mémoire, qu’il la détruise peu à peu, 
quelquefois même très promptement, on ne saurait pas en dou¬ 
ter. Plusieurs des personnes avec lesquelles nous sommes en 
relation, M. Dubrun par exemple, le chimiste célèbre, ont 
couru les mêmes dangers que nous et les ont conjurés de la 
même façon, en renonçant au tabac, qui, nous ne craignons pas 
de l’affirmer, fait mal au plus grand nombre de ceux qui en ont 
l’habitude,parce que pour un priseur ou un fumeur qui en use il* 
est quatre-vingt-dix-neuf fumeurs ou priseurs qui en abusent 

Nota . — Sous l’influence de ce redoutable poison on a pu 
voir se développer des hallucinations des sens, préludes, souvent 
redoutables, d’affections mentales beaucoup plus graves. 

28. — Observation d’hallucination que nous empruntons à 
la thèse inaugurale du Dr Ehrhart : 


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208 — 


M. X.., âgé de 46 ans, d’un tempérament nervoso-sanguin 
et d’une bonne santé apparente, était depuis assez longtemps 
adonné à l’usage fréquent du tabac; il avait déjà éprouvé, après 
avoir trop fumé, de l’embarras dans la parole et dans les mou¬ 
vements des lèvres, lorsque fumant un jour d’été par un ciel 
serein, un temps calme et un éclatant soleil, il fut très surpris 
de voir tomber une pluie abondante ; cette pluie tombait incli¬ 
née comme par un vent violent. 

Inquiet M. X... prêta une plus grande attention, et étendit la 
maiu ; il ne tombait pas d’eau, ses vêtements étaient secs et 
l’hallucination durait toujours; à ce moment il fut pris de palpi¬ 
tations du cœur extrêmement violentes, il jeta son cigare et au 
bout d’un instant les palpitations cessèrent et la vision s’éva- 
nouit. 

A plusieurs reprises, ces phénomènes se produisirent, son 
caractère devint morose, irascible, enfin il abondonna le tabac 
et quelque temps après tous les accidents avaient disparu. Se 
croyant guéri, il reprit le cigare de nouveau, les palpitations, 
les éblouissements, les hallucinations reparurent; enfin.il aban¬ 
donna tout à fait le tabac, et depuis sa santé a toujours été 
excellente. 

Aussi donc, il n'est pas douteux — l'expérience et l’observa¬ 
tion le démontrent—que le tabac n’agisse, et n’agisse avec énergie 
sur les centres nerveux ; lorsque l’on considère un certain nom¬ 
bre d’affections, dont l’étiologie est loin d’être faite encore, et qui 
frappant spécialement les hommes, semblent, jusqu’à un cer¬ 
tain point, respecter les femmes, on est en droit de se demander 
si la nicotine n’y intervient pas pour une part beaucoup plus 
grande qu’on pourrait le croire tout d’abord (1). 

L’ataxie locomotrice atteint dans des proportions remarqua¬ 
blement plus grandes les hommes que les femmes (2) ! 

(1) Blatin. Recherches physiologiques et cliniques sur lanicotine et le tabac f 
p. 177. 

(2) Trousseau et Duchenne. 


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— 209 — 




L’atrophie cérébrale des adultes, sur cent sujets affectés, on 
ne trouve que deux femmes (1). 

L’atrophie musculaire a été jusqu’ici le lot spécial des 
hommes adultes (2). 

L'hypocondrie atteint trois fois plus d’hommes que de 
femmes (3). 

» La paralysie progressive des aliénés frappe quinze fois plus 
d’hommes que de femmes (4). 

Que les hommes soient plus souvent atteints des affections 
diverses qui naissent sous l'influence des agents extérieurs, cela 
se conçoit aisément, leur genre de vie, dilféreut de celui des 
femmes, les y expose sans cesse. Mais pour les maladies des 
centres nerveux, parmi les causes qui influent puissamment 
sur leur production et qui, pour la plupart, sont communes aux 
deux sexes, le tabac n’en est-il pas une dont l’homme ait à peu 
près jusqu’ici Te monopole ? (Blatin). 

M. le I) r Joly, membre de l’Académie de médecine, et qui a 
tant étudié cette grande question du tabac, n’hésite pas adiré 
que cette funeste plante a contribué largement et contribue tous 
les jours encore, conjointement avec les liqueurs alcooliques,au 
développement progressif des maladies mentales, et plus parti¬ 
culièrement de cette forme d’aliénation si vaguement dénommée 
sous le titre de paralysie générale ou progressive, et qui compte 
aujourd’hui pour plus de 60 pour cent dans le chiffre total des 
aliénés. 

Chose bien remarquable, cette forme de paralysie, que l’on ne 
rencontrait que bien rarement,et dans des proportions presque 
invariables, il y a 70 ans, alors que la consommation du tabac 
était elle-même restée à peu près invariable, la paralysie géné- 

(1) Erlenmeyer. 

(2) Trousseau et Duchenne. 

(3) Michea, Dubois, Damier. 

(4) Calmtil. 


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— 210 — 


a suivi presque régulièrement, dans son développement, 
!<* mouvement ascendant du produit fiscal du tabac, comme lui 
tant subordonné et pour ainsi dire nécessaire. Chaque année, 

I *puis 1830, a vu s’accroître en même temps et dans des rap¬ 
ports constants le chiffre de consommation du tabac et celui 
maladies mentales, comme deux faits connexes et insépa¬ 
rables. 

tais l’on dira peut-être que ce n’est qu’une simple coïnci¬ 
dence ; et ny aurait-il donc entre les deux faits aucune relation 
cause à effet ? Etrange coïncidence, il faut le dire, et qui 
itérait d’être constatée pour la singularité du fait. 

\Iais, comme les faits s’imposent et ne se discutent pas, don- 
nous ici des chiffres relevés dans les statistiques officielles, et 
l’on pourra alors apprécier ét juger en toute connaissance de 
c se. 

)n France, de 1818 à 1830, on comptait 8,000 aliénés. 

Le produit du tabac était alors de 28,000,000 

En 1842, on comptait 15,000 aliénés. 

Le produit du tabac était de 80,000,000 

l in 1862, il y avait 44,000 aliénés. 

Le produit du tabac était de 180,000,000 

m 1876 le chiffre des aliénés, propor- 
tioi gardé;', aurait atteint le chiffre de 64,300 aliénés. 

Le produit du tabac aurait été de 240.000,000 
En 1887, onze années après, le nombre 
aliénés se serait élevé à plus de 80,250 aliénés. 

Le produit fiscal atteindrait 300,000,000 

Nota. — Les chiffres que nous donnons ici ne supputent que 
nombre des aliénés séquestrés. Si l’on y ajoute celui des 
nés traités à domicile, on arrivera pour toute la France à 
chiffre qui équivaudrait à 100,000 individus !... Si ce ne 
sont là encore que de simples coïncidences,, on se demandera 




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— 211 — 


pourquoi la maladie fait si spécialement acception des indivi¬ 
dus qui subissent l’influence du tabac, et d’un tabac plus ou 
moins saturé de nicotine ; pourquoi les militaires, les marins, 
qui surpassent le reste de la population dans les excès de la 
pipe et du cigare, figurent toujours aussi en première ligne dans 
le chiffre des aliénés paralytiques (Girard de Cailleux);pourquoi 
les personnes qui, au contraire, s’abstiennent de fumer, les fem¬ 
mes par exemple, sont rarement atteintes de paralysie générale; 
pourquoi, enfin, toutes les populations qui ne fument pas ou 
qui ne fument qu’un tabac sans nicotine ou même d’autres 
substances encore plus inertes, telles que le houblon, le thé, 
l’auis, etc., sont encore si généralement exemptes de paralysie 
générale. 

Nous le savons, depuis un certain temps, une réaction favora¬ 
ble s'est opérée en faveur du tabac parmi d’assez nombreux méde. 
cins (la plupart il est vrai appartenant & la France). La régie 
est riche et puissante, et se montre généreuse, à l’égard de ceux 
qui la servent et qui la défendent. Il est triste de constater 
que ses défenseurs se trouvent presque tous dans le corps 
médical ! Ils ne peuvent cependant ignorer que cette plante 
est bien réellement une des plus cruelles ennemies de l’huma¬ 
nité toute entière ! Des faits innombrables et qui ne peuvent 
être contestés en constituent bien les preuves les plus 
péremptoires ! Ah ! ils ont des yeux, mais ils ne veulent 
pas voir, ils ont des oreilles et ne veulent pas entendre !... 
Ils mettent une telle ardeur à la défendre qu’ils voudraient la 
revêtir de la robe d’innocence, et la faire passer pour un tendre 
agueau, incapable de faire le moindre mal ! Aussi, aux yeux de 
ces apologistes intéressés, on doit faire fi de tous les travaux les 
plus remarquables, s’appuyant sur les faits les plus authenti¬ 
ques et émanant des hommes les plus distinguée, tels que les 
Melier, les Joly, les Imbert-Gourbeyre, les Blatin, les Depierris, 
les Moreau de Tours, les Merat, les Beau et de tant d’autres dont 


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l'énumération serait trop longue, À leurs yeux encore, il n’y a 
plus qu’un seul coupable, c'est l’alcool qui est l’auteur de toutes 
les misères humaines, mais spécialement des maladies mentales. 
Nous sommes loin de nier l'influence malheureuse des spi¬ 
ritueux sur le chiffre actuel de ces lamentables affections, 
influence qu’il ne faut pas moins déplorer pour la santé publi¬ 
que que pour la morale privée. (Joly) 

Malgré ces considérations, toutes les autorités citées plus 
haut n’hésitent pas à reconnaître que l’abus du tabac doit être 
placé au premier rang des causes de la paralysie générale des 
aliénés. Voici les raisons péremptoires qu’ils donnent à l’appui: 

Nous avons vu, disent-elles, des paralytiques ne buvant que 
de l’eau, mais fumant au delà de toute mesure ; elles ont pu ob¬ 
server des cas nombreux de paralysie chez des fumeurs qui 
savaient s’abstenir de tous spiritueux. 

M. le D l Grisolles cite un malade qui, avec des habitudes de 
sobriété sous d’autres rapports, fumait une partie du jour et 
de la nuit et avait fini par tomber graduellement dans un état 
voisin de la démence paralytique, lorsque sagement averti de la 
cause de sa maladie et de tous les dangers qu’il devait en 
attendre, s’il n’y mettait un terme immédiat, il sut s’exécuter 
résolument et guérit bien vite. 

(A continuer.) Secjtin, P», et D r L. Seütix. 


U SCROFULOSB, " 

son traitement homœopathique comparé au traitement 
allopathique, 

par 1»* D r Windf.i.baM). «le* Berlin. — Traduction du D r Ciïkvauer. 
do Charleroi. 

Avant de c «nlinuer la description des maladies scrofuleuses 

I) Suite Voir vol. rnurnnt p. 77. 


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— >13 — 


et de leur traitement homœopathi iuo, qu’il me soit permis do 
répondre à une objection, qui m’a été faite par mes collègues 
tant allopathes qu’homo3opathes, concernant mon opinion sur 
l’origine et l’essence de la scrofulose. Cette objection est 
d’autant plus sérieuse, que la plupart des médecins actuels, 
avec les idées microbiennes qui ont cours, croient que, comme 
la tuberculose, la scrofule a son bacille et que même ces deux 
affections, qui ont certaines analogies entre elles, sont dans 
certains cas deux processus identiques. Et puis il sera 
peut-être intéressant de connaître l’opinion d’un médecin, qui, 
comme moi, est entré dans la pratique avec les connaissances 
de son temps, c’est-à-dire alors qu’on ne parlait pas encore de 
bactéries, et qui avec son petit bagage de connaissantes en 
pathologie et en thérapeutique, s’est lancé dans la puissante et 
efficace homœopathie. Pour tout un chacun, celui qui n’ac¬ 
cepte pas la théorie des microbes'et qui no croit pas que la 
médecine doit être ! aséo sur cos micro-organismes, est un 
ignorant. Loin de moi la pensée de nier les résultats obte¬ 
nus par les savantes recherches du I> Koch et d’autres: j’ad¬ 
mets même que,par les cultures des bacilles de la tuberculose, 
on puisse engendrer de nouveaux cas de tuberculose, bien que 
jusqu’à ce jour on n’ait expérimenté que sur des animaux et 
qu’on n’ait pas encore d une manière certaine inoculé arbi¬ 
trairement des bacilles tuberculeux à personne. L’inocu¬ 
lation du reste d’une affection par un bacille, ne démontre pas 
encore suffisamment que cette affection ait été produite uni¬ 
quement par le bacille.D’autres causes pmvent y contribuer 
et l’observation ne varietvr d’un transfert par un microbe 
d’une maladie dans la masse sanguine d’un homme b ; en 
portant est encore à faire. Jusqu’ici le mode do tran fert est 
encore plongé dans une obscurité complète, et on peut so 
demander si les bacilles déposés sur une muqueuse saine ou 
mis en contact avec celle-ci par aspiration et amenés éven- 


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— 214 — 


tuellement dans l’appareil de digestion, sont en état de 
procréer la tuberculose. Iis doivent s’accrocher bien fort, 
car que feraient sans cela les pauvres médecins qui ne rêvent 
que bacilles ! Il y a de quoi frémir, quand on pense au 
nombre incalculable de coccus, de bactéries, de bacilles et 
d’autres microzoaires qui fourmillent autour de nous ; 
comment peut-on encore avoir le courage de vivre, de courir, 
do respirer, de faire de la gymnastique, de monter à cheval, 
de mettre l’une ou l’autre fonction en plus graude activité, 
alors que pour la plus petite irrégularité, une faute dans la 
nutrition, un refroidissement, une petite plaie à la peau, etc., 
il y a un coccus aux aguets, prêt à se précipiter sur l’organe 
lésé pour produire un typhus, une pneumonie, etc. P Et 
comme les notions exactes des microbes manquent, le seul 
renseignement qu’on donne à propos de ces derniers, la seule 
planche do salut qui doive remplacer l’explication qui fait 
défaut, c’est le nom du liquide nourricier propre à chique 
microbe, où celui-ci pourra se développer et se perpétuer. 
C’est une notion que l’on peut considérer d’une manière géné¬ 
rale comme très juste, mais qui manque de précision et de 
preuve matérielle. C’est là le défaut de la cuirasse. Comme 
beaucoup de personnes, je dirai même la plupart, ne pré¬ 
sentent pas le vrai terrain de culture, il se fait que les micro¬ 
bes, avec leurs innombrables qualités nocives,p issent sans les 
atteindre. Quant à moi, si Dieu me prête vie, j'attendrai 
patiemment les progrès de la théorie microbienne, et j’utiliserai 
plus tard comme médecin et thérapeute, les remèdes bacil¬ 
laires d’après la loi de similitude, comme je le fais actuelle¬ 
ment pour les autres remèdes. Naturellement, il faudra que 
nous prenions la précaution de désinfecter ces micro-orga¬ 
nismes afin de ne pas administrer avec certitude une maladie 
au lieu d’un remède. 

Toutefois, je ne crois pas encore que le bacille de la tuber- 



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— 215 — 


culose, qui, du reste disparaît probablement dans les cas de 
guérison (1), soit la seule cause de cette maladie, de même 
qu’il n’y a pas à nier i’existence de ce microbe dans le plus 
grand nombre de cas de tuberculose bien établis. Du teste, la 
tuberculose n’occupe, comparée aux maladies pulmonaires, à 
la phtisie par exemple, qu’une place secondaire, car si nous 
envisageons le nombre immense de phtisies pulmonaires, nous 
voyons que le nombre de tuberculoses est relativement 
restreint, affirmation qui ne s’appuie sur aucun examen micros¬ 
copique, mais qui n en sera pas moins acceptée par tous les 
praticiens qui ont une grande clientèle, surtout s’ils réflé¬ 
chissent au nombre considérable de phtisies pulmonaires qui 
se guérissent très bien. J’ai pris depuis quelque temps pour 
principe, chaque fois que j’ai à traiter une maladie des pou¬ 
mons, même la plus légère, d’examiner les crachats au point 
de vue des bacilles, et je veux essayer ainsi d’établir une sta¬ 
tistique des phtisies pulmonaires et de la tuberculose. 

De ce que beaucoup de scrofuleux deviennent tôt ou tard 
phtisiques, ou donnent un fort contingent de tuberculeux dans 
leurs descendants, cela n’a absolument pas à entrer en ligne 
de compte, et rien ne prouve par là non plus la proche parenté 
ou l’identité des deux processus. On peut parfaitement expli¬ 
quer que les scrofuleux soient plus aptes à gagner la tuber¬ 
culose par leur mauvais état de santé, leur peu de résistance 
vitale, alors que les gens sains, solides, donnent très peu de 
prise à cette affection. Le grand argument jusqu’à présent 
manque, on n’a pas encore trouvé le microbe de la scrofu- 
lose. Il se peut qu’il existe et qu’il se propage seulement par 
ses spores, que l’on n’a pas non plus encore découverts, tout 
aussi bien que l’on ne trouve pas de bacilles dans le pus 
d’abcès tuberculeux appelés abcès froids, et que néanmoins ce 

(1) Consulter les publications très intéressantes du D r Dettweiler de Falken- 
fitein (Taunus) sur les cures de la tuberculose dans son établissement. 


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— 216 — 


même pus inoculé a reproduit la tuberculose. Que l’on trouve 
ou que Ton ne trouve pas le bacille de la scrofule, une preuve 
qui met hors de doute la différence entre la scrofulose et la 
tuberculose se tire de l’action extraordinairement curative 
du mercure dans la scrofulose, alors qu’il se montre complè¬ 
tement contraire dans la tuberculose et pousse la maladie 
vers une terminaison néfaste. Jusqu’à présent toute la théorie 
microbienne a très peu fait au point de vue thérapeutique ; 
toute sa puissance s’exerce dans la prophylaxie des maladies,et 
c’est probablement dans cette partie qu’elle se développera 
dans l’avenir. En dépit des recherches ingénieuses et malgré 
que presque toutes les maladies aient un microbe comme prin¬ 
cipe étiologique, nous continuerons à administrer nos'médi¬ 
caments et à augmenter, avant tout, nos connaissances 
physiologiques et l'action toxicologique des remèdes, par des 
expérimentations sur des personnes saines. Sous ce rapport 
n ms devons mentionner tout spécialement les travaux du 
professeur Hugo Schulz,de GreifswaM, qui est un remarquable 
pionnier du progrès, et lui souhaiter parmi les professeurs 
beaucoup de successeurs aussi zélés que lui. Après cette di¬ 
gression, qui nous a cependant paru nécessaire, revenons-en 
à nos exercices pratiques, et avant tout aux maladies de la 
peau, qui ressortissent de la scrofule: 

Celle qu’il est du plus grand intérêt de connaître c’est le 
psoriasis scrofuleux. J'ai déjà dans le 1 er volume de 
notre journal, à l'article « recherches policliniques» appelé 
l’attention sur l’action éminemment curative du sulfur dans 
les cis de psoriasis, et j’ai cité un grand nombre de malades 
qui ont été traités et guéris par ce médicament. Dans le 
courant des années subséquentes, les preuves de l’action du 
sulfur sur ces maladies ont encore augmentât si je ne puis 
fournir aujourd'hui une statistique exacte, il est hors de doute 
que le souf re agit d’une manière spéciale sur cette affection, 




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— 217 — 


si difficile h déraciner par d’autres remèdes internes. J’appuie 
particulièrement sur ce point, c’est le soufre seul qui jouit 
d’une action curative particulière dans les cas de psoriasis 
scrofulosa. Dans les autres formes il agit peu ou pas. Si le 
lecteur voulait lire quelques-uns des cas relatés plus haut, il 
aurait lieu de s’en féliciter. A propos d’une de* ces observa¬ 
tions, celle do Richard K..., le n° 228, je dois ajouter qu’il y a 
eu récidive après 3 ans de guérison, mais qu’il a suffi de 
quelques semaines d’administration de su,lfur pour le guérir 
de nouveau. Des cas semblables se sont montrés depuis la 
publication de notre premier volume en 1882 en grand nom¬ 
bre, sans aucune autre thérapeutique externe ; bien entendu 
les bains furent prescrits avec lotions savonnées et grands 
propreté de la peau ; il serait difficile de préciser combien de 
cos bains et lotions ont été donnes, car cela ne peut être 
contrôlé à la polyclinique. Et s’il est difficile de faire prendre 
à notre clientèle régulièrement des bains, cela se rencontre 
aussi dans la société et dépend des habitations. La plupart 
des gens n’ont pas de chambre de baia, il y en a peut-être 
dix mille dans les classes supérieures, et pas encore tous 
songent à se payer ce luxe ; silence alors pour les classes 
inférieures où se recrute la polyclinique. 

Donc de tous les remèdes du psoriasis scrofuleux, c’est le 
soufre qui occupe le premier rang. Parmi les autres se trouve 
lo graphites, qui jouit de la propriété de pouvoir être alterné 
avec le sulfur, afin de rappeler l'action de ce dernier médi¬ 
cament, quand elle paraît se ralentir. 

Nous avons obtenu nombre de cures de psoriasis au moyen 
de graphites. Le plus souvent nous nous sommes servis de la 
3* trituration et n’avons rien observé d’atténuations plus 
élevées. 

Après le soufre , le meilleur remède c’est le sepia, que 
nous prescrivons en général à la 3 e trituration comme pour 


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le graphites et dont nous administrons 3 à 4 doses par jour. 
Nous pouvons certifier que nous n’avons pas obtenu de bons 
effets des dilutions de sept a faites, soit avec do b is>es tritura¬ 
tions, soit avec la teinture, mais que nous avons bien réussi 
avec les triturations. Dans les cas opiniâtres, d’après le con¬ 
seil (le Kafka, nous nous sommes bien trouvés de descendre 
alternativement des hautes triturations (Kafka dit dilutions) 
aux plus basses, pour remonter ensuite. 

L arsenic a été naturellement employé dans quelques cas 
de psoriasis scrofulosa récalcitrants, et nous a rendu service. 
C’était principalement quand il y avait grande déchéance 
vitale, caractérisée par de la maigreur, un teint malheureux, 
nutrition défectueuse, suractivité cardiaque, et puis la soif 
pathognomonique de Y arsenic, avec catarrhe chronique de 
l’estomac et diarrhée. Dans ces cas, avec la disparition du 
psoriasis, on voyait un mieux sensible se montrer dans toutes 
les fonctions et dans l’état général. 

Parmi les autres médicaments, nous devons citer hepctr 
sulfuris calcanéum, qui nous a donné plusieurs beaux 
résultats. Nous lavons employé quand le psoriasis n’éxait pas 
très étendu, mais formait quelques vastes plaques avec 
grand engorgement des glandes lymphatiques, qui avaient 
une tendance à l’abcédation. Il y avait en même temps catar¬ 
rhe des premières voies, de la muqueuse laryngo-bronchique, 
enfin les symptômes d'hepar. Malgré la recommandation de 
Kafka pour le phosphore , ce remède que nous prisions tant 
dans la scrofule, nous n’avons obtenu aucun effet dans le trai¬ 
tement du psoriasis. 

Nous avons peu obtenu également du mercure , cette 
panacée de la scrofulose. L 'iodiire de mercure , que nous 
donnions de préférence dans une solution à'iodure de ka¬ 
lium, était la meilleure préparation Les frictions mercuriel¬ 
les nous ont donné peu de résultafs, c’était principalement 


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dans les formes qui avaient une certaine relation héréditaire 
arec la syphilis.Dans ces cas mêmes, le mercurius biiodatus , 
qui est le remède par excellence de la syphilis, ne réussissait 
pas. Du reste, c’est pour nons une énigme insondable de voir 
le mercure nous faire défaut dans le traitement du psoriasis 
scrofuleux, alors que dans les autres formes de scrofule : la 
conjonctivite, le rachitisme, h s engorgements ganglionnaires, 
les douleurs articulaires, synovitis, eczéma, herpès, lichen, 
etc., il produit des effets si merveilleux. 

Tels sont les remèdes qui nous ont le plus réussi dans le 
traitement du psoriasis scrofuleux. Quant aux autres : 
mezereum, iode , fer iodé, ledum palustre , cale . phosph ., 
silicèa, rubia tinctorum i rhus y etc., nous ne pouvons rien 
eu dire quant à leur valeur. 

(A continuer). Traduction du D r Chbvàlier. 


BIBLIOGRAPHIE. 

assainissement de la ville de cannes. — 

Rapport présenté au conseil communal par le D r Grüzi\ 
roértecin homœopathe à Cannes. 

Gomme toutes le \ villes qui voient affluer chez elles un 
grand nombre d'étrangers et de malades, la ville de Cannes 
so préoccupe naturellement d’éloigner d'elle toutes les causes 
^insalubrité et, à ce titre, la question des égouts joue un 
premier rôle; non seulement il faut une bonne canalisation 
des égouts, mais il faut aussi choisir la place où les matières 
des égouts doivent être déversées : c’est le déversement à la 
mer qui, paraît-il, est la solution la plus convenable au point 
de vue de la santé publique ; certainement d’autres solutions 
Pavaient intervenir, notamment celles do 1 épuration par le 
sel et de l’utilisation agricole des produits, mais il paraît que 
les terrains des environs de Cannes ne se prêtent nulleihent 
au traitement des eaux d’égout : ce serait créer de gaieté de 


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— 220 — 


cœur, dit le rapport, à nos portes même, un vaste dépotoir 
capable « de développer les germes les plus infeclueux ». 
Bref c’est le déversement à la mer qui offre le plus d’avan¬ 
tages : dans la mer, les matières, a i lieu de séjourner près 
de la jetée, sont entraînées au large par Faction combinée des 
courants et de la vague. Les consi lérations d’utilité des 
matières s’effacent naturellement devant celles do la salu¬ 
brité, surtout p iur une ville comme Cannes où les étrangers 
viennent chercher avec la chaleur lin air pur et exempt de 
tous miasmes. 

(Test aussi la solution qui, d’après ce qu’on nous apprend, 
a été adoptée par le conseil communal. 

D r Martiny. 


NÉCROLOGIE. 

Le D p Dobbelaere, qui vient de mourir à Bruges, était 
un des rares survivants de ce que l’on pourrait appeler la 
deuxième génération des médecins hom éopathes belges à la 
tète desquels brillait Moeremans ; c’est à oelui-ci que Dobbe¬ 
laere dut sa conversion à l’homæopathie ; il a puissamment 
contribué à la propagation de l’homieopathie dans les Flan¬ 
dres ; le Cercle homœopathique des Flandres l’avait 
nommé président et plus tard président d’honneur. 

Nous reproduisons ci-après une note lue par le D r Eugène 
De Keghel au Cerc'e médical hnniœop•dhique des Flan¬ 
dres : 

A la mémoire du D r A. Dobbelaere, de Bruges, 

Président d'honneur du Cercle Médical homœopathiqae des Flandres. 

« 11 y a environ trois mois, lors de notre dernier banquet 
commémoratif de la naissance d’Hahncmann, nous expri¬ 
mions le regret de ne plus voir à la place d’honneur cette 




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— 221 


noble tête de vieillard à la physionomie radieuse, inspirant 
à la fois le respect et la sympathie. Nous formions en ce mo¬ 
ment des vœux pour son prochain rétablissement, mais nous 
étions loin de nous douter que bientôt il serait allé rejoindre 
dans la tombe ses devanciers, les premiers présidents de notre 
Cercle, les D râ Dumont et Stockman. 

« Avant de laisser le voile de l’oubli s'étendre sur sa vie, 
remémorons en quelques mots les divers titres du défunt à 
la reconnaissance de ses concitoyens. 

«Reçu docteur en Médecine en 1846,il alla s’ét ablir d’abord 
à Waarschoot. Il y pratiqua la médecine allopathique jus¬ 
qu’en 1854, époque de sa conversion à rhomœopathie. Une 
fuis en possession des principes de la doctrine hahneman- 
nienne, il se sentit trop à l’étroit dans la commune de 
Waarschoot. En 1855 il vint se fixer à Bruges. Son renom 
s’étendit promptement dans les villes et les communes envi¬ 
ronnantes et notamment dans les villes de bains d’Ostende 
c t de Blankenberghe, mises connaissances médicales étaient 
appréciées par la colonie étrangère. 

« Dobbelaere ne borna pas sa sphère d’action à sa seule 
sollicitude bien connue pour les malades. Il nous a laissé 
plusieurs écrits, fruits de ses méditations et de ses observa¬ 
tions cliniques. En 186'^, il publia son Avis aux mères ou 
Préceptes cfor pour l'éducation physique et morale des 
enfants. C’est, un recueil d’aphorismes renfermant de 
^ines notions sur l’hygiène, l’instruction et l’éducation des 
enfants. Citons-en ce passage où l’auteur s'élève contre 
I usage des narcotiques chez l’enfant : 

« Il en succombe des milliers par les substances opiacées 
« employées par des mères ou des nourrices insouciantes qui 
« *e précautionnent contre les cris de leur nourrisson qu’elles 
« narcotisent pour s’assurer une nuit tranquille et un sommeil 
« sans trouble. Le sirop de pavot, celui d’anis si fréquemment 


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« employés par l’ignorance et l’indolence, deviennent à cer— 
« taines doses de véritables poisons : ils étouffent les cris, 
« mais stupéfient, abrutissent et tuent l’enfant. Rudoyez cet 
« innocent, grondez-le, battez-le, soyez injustes et méchants, 
« mais ne l’empoisonnez pas!» 

« En 1862, Dobbelaere publia un opuscule intitulé : 
Tlomowpathie . Samenspraak tusschcn een apotheker 
van het oude en een doktor van het nieuwe stelsel , dia¬ 
logue entre un pharmacien de la vieille école et un médecin 
adepte do la nouvelle. En se servant de la langue connue de 
la grande majorité de ses concitoyens, en ayant recours à la 
forme de dialogue, Dobbelaere agissait en homme pratique. 
11 parvenait ainsi à faire pénétrer dans les masses et notam¬ 
ment dans les campagnes flamandes, les vérités scientifiques 
dépouillées de toute allure transcendante. Cette modeste 
publication peut nouss3rvir d’exemple. Sachons suivre la voie 
tracée par notre défunt confrère. Par des espèces de tracts 
à la portée du vulgaire, répandons la bonne nouvelle jusque 
dans les plus humbles demeures. Nous répondrons ainsi aux 
exigences de l’esprit sceptique et scrutateur de notre époque, 
(pie des cures en apparence miraculeuses savent éblouir, mais 
ne parviennent pas toujours à convaincre. 

«Dans son opuscule sur Y Air de la mer, les bains de mer 
et leur influence sur la santé , publié en 1876, Dobbelaere 
fait ressortir le danger de l’abus des bains de mer et l’action 
bienfaisante du séjour le long de la côte, par la seule inspi¬ 
ration de l’air de la mer imprégné de particules salines, 
d’atomes de brome et d’iode. 

« Dobbelaere fut un collaborateur actif des revues homœo- 
pathiques. 

« Dés l’année 1859, nous trouvons sous sa signature dan 
YHomœopathe belge , la relation d’un cas de paralysie 
générale , celle d’un cas remarquable (Yambfyopie amauro - 



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— 223 — 


tique ; d’un cas de surdité complète guéri par la faradisation 
aillée de l’administration de mercure suivi de hepar; d’un cas 
de cécité subite guéri par aconit, et bell. ; d’un cas de 
lypémanie guéri par ignat., bell. et mercur. 

< En mai 1800, il publia dans la mémo revue une guérison 
de catarrhe de la vessie par nux vom., dulc., et merc. et 
■s taphys. , conjointement à la faradisation localisée. La même 
année, en septembre, deux guérisons de gastralgie et la 
relation d’une douleur paralytique du bras droit avec 
gonflement arthritique du poignet et des doigts p&vrhus 
aidé de la faradisation localisée. Encore la même année on 
décembre, la relation d’un cas d 'oppression avec surdité 
existant depuis trente ans, guéri par hepar, ainsi que la 
relation d’un cas de dysphagie. En mars 1862, nous trouvons 
encore de lui la relation d’un cas de céphalalgie guéri par 
bell... 

« Comme le démontre l'énumération de ses écrits, Dobbe- 
UEREne se bornait pas à l’emploi exclusif de la thérapeutique 
bahnemannienne, il savait au besoin mettre à contribution la 
puissance de l’électricité. S’il préconisait le séjour dans les 
localités balnéaires, il savait aussi largement user des 
ressources de l’hydrothérapie en' général. Depuis bien des 
années il avait à cet effet établi de vastes installations hydro¬ 
thérapiques dans l’hôtel spacieux qu’il occupait à Bruges. 
Enfin, last not least, un des tout premiers dans notre pays, 
>1 opéra des cures par le magnétisme animal, cette science si 
longtemps répudiée par le monde médical officiel, mais qui 
xient enfin de franchir le seuil de nos Académies. 

* La création de notre Cercle Médical homéopathique 
des Flandres fut saluée avec bonheur par le vieil athlète de 
l’homœopathie. Comme membre, il prit une- part active à 
nos discussions. Il fit entre autres la relation d’une guérison 
d’un ulcère gangréneux par ars. et lachesis. 


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- 224 — 


« Après la mort du D r Stockman, nos suffrages l'appe¬ 
lèrent h la présidence du Cercle, fonctions qu'il remplit jus¬ 
qu'à la fin de l'année dernière. 

« Depuis tout un temps, cassé par l’àge et les infirmités, 
Dobbelaere avait renoncé à la pratique de lamélecine. Son 
état maladif le tenait éloigné de nos réunions. Aussi avait-il, 
au commencement de cette année, exprimé le désir de ne 
plus voir renouveler son manlat de président. Ce fut alors 
que lo Cercle, voulant lui donner un témoignage de recon¬ 
naissance pour ses services rendus tant à l'homéopathie en 
général qu’à notre Société en particulier, lui décerna le titre 
de Président O' honneur. 

« Il ne lui était pas réservé de garder longtemps ce titre. 
Les suites d'une goutte invétérée l'enlevèrent à l'affection 
de sa famille. 

« (Jue cet aperçu d’une existence dignement remplie soit 
un dernier hommage à la mémoire de notre Président 
d’honneur par ses confrères, par ses collaborateurs en 
Hahnemann et tout spécialement par les membres du Cercle 
Médical homœopathique des Flandres ». 


SOAIMAIUE. 

Association centrale des homéopathes belges.—Séance 103 

du 9 octobre 1888 .. 

Comment il faut examiner les enfants. Traduction 

du D r Marttxy.198 

Le tabac (Siitc), par MM. Em. Seutix, Pli. et le D r Léon 

Seutix, de Bruxcli .204 

La scrofulose (Suite). Traduction du D r Chevalier, de 

Charleroi.212 

Bibliographie.249 

Nécrologie.220 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

15* Année. NOVEMBRE 1888. N° 8. 


LE BORD DE LA MER, 

par le D r Martiny. 

La cure de mer (Suite). 

Le scorbut. — Tous ceux qui ont lu l’histoire de la 
navigation et les relations des grandes expéditions mari¬ 
times des siècles précédents savent que les braves marins 
eurent à lutter, non seulement contre les flots et les tem¬ 
pêtes, mais aussi contre un ennemi en face duquel le cou¬ 
rage et le génie étaient impuissants. Cet ennemi, appelé 
alors le fléau des navires, c’était le scorbut : dès qu’un 
vaisseau s’aventurait au loin et surtout pendant un 
certain temps sans toucher terre, il recevait presque tou¬ 
jours la visite de cet hôte si justement redouté; générale¬ 
ment, quelques hommes de l’équipage, sans en excepter 
les plus robustes, sentaient leurs forces décliner; ils 
pâlissaient,prenaient une teinte bleue,puis leurs gencives 
devenaient douloureuses et s'ulcéraient, en laissant suin¬ 
ter un sang pâle, presque corrompu ; des hémorrhagies 
plus ou moins abondantes partaient de divers organes : 
selles sanguinolentes, urines de sang, crachements de 
sang et, au bout d’un certain temps, parfois même après 
quelques jours seulement, les hommes les plus forts, doués 
des organes les plus sains, étaient méconnaissables ; un 
grand nombre succombaient, parfois môme presque tout 
l’équipage était malade, et on citait des navires sur 
lesquels il n’était plus resté assez d’hommes valides pour 
les ramener au port. Les malheureux marins aspiraient, 

ü) Suite. Voir vol. précédents et vol. cour* pp. 33 et 65, 


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- 226 — 


comme par un instinct irrésistible, au moment d’atterrir 
et, de fait, l’expérience avait appris qu'il suffisait de tou¬ 
cher terre pour voir le mal enrayé. Et, règle générale, à 
ceux qui n’étaient pas malades depuis longtemps, quel¬ 
ques journées passées sur terre, en pleine atmosphère 
terrestre, suffisaient à leur guérison. 

D’où provenait cette terrible maladie? Naturellement, 
on accusa l’atmosphère marine d’être la cause première 
du scorbut, et des esprits éclairés, des savants de grande 
valeur, déclarèrent qu’il serait toujours défendu à l’homme 
de quitter la terre pour trop longtemps et de s’avancer au 
loin dans l’étendue des mers. De hardis capitaines ne 
tinrent pourtant pas compte de ces conseils et, réellement, 
plusieurs équipages revinrent après de longues traversées, 
sans avoir eu un seul scorbutique à bord ; mais pendant 
le voyage on avait observé les règles les plus sévères de 
l’hygiène et de la propreté; on avait bien nourri les mate¬ 
lots, on leur avait donné des vins généreux, etc., etc.; peu 
à peu,on acquit ainsi la conviction que le noir fléau de la 
navigation pouvait être évité,ou du moins considérablement 
atténué dans ses ravages, par une hygiène bien comprise 
et par une alimentation très réparatrice, voire même un peu 
stimulante; de là à conclure que l'air marin ne joue aucun 
rôle dans le scorbut, il n’y avait qu’un pas ; il fut rapi¬ 
dement franchi, d’autant plus qu’on s’apercevait qu’à bord 
de la plupart des navires, l’hygiène avait précédemment 
toujours été mal comprise; très souvent les plus vulgaires 
règles de lapropreté n’y étaient même pas suivies.Pourtant, 
malgré l’observance la plus stricte des lois de l’hygiène, 
malgré la distribution aux hommes d’aliments réconfor¬ 
tants, de vins toniques, certains navires étaient encore 
arrêtés en route par l’apparition du scorbut. Dès lors, que 
fallait-il incriminer ? On crut trouver la cause du mal dans 
le froid humide, puis dans certaines conditions défec- 


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— 227 — 


tueuses des aliments, les salaisons, la mauvaise conser¬ 
vation des viandes, le manque de légumes frais, de 
viande fraîche, etc. ; mais on trouva de nombreux exem¬ 
ples de navires qui avaient eu des légumes et des viandes 
fraîches en abondance et qui n’avaient pourtant pas été 
à l’abri du scorbut; de là nouvelles discussions et disser¬ 
tations entre les médecins. Aucune des causes invo¬ 
quées, prise isolément, ne suffisait pourtant pour expliquer 
l’origine du mal; aussi, pour se mettre d’accord, on les 
accepta toutes : le scorbut, disait-on, est la consé¬ 
quence de la réunion à bord des navires de plusieurs mau¬ 
vaises conditions d’hygiène : agglomération d’un grand 
nombre de personnes sur un espace relativement res¬ 
treint, froid humide, manque d’une bonne eau potable, de 
légumes frais et de viandes fraîches,etc., etc. On prit des 
précautions très nombreuses pour obvier à tous ces incon¬ 
vénients et, de fait, le nombre des navires contaminés 
devint.de moins en moins important ; personne ne pensa 
plus, dès lors, à accuser l’air de la mer; et puis on 
avait cru constater que ce n’était pas seulement sur la mer 
qoe se déclarait le scorbut. Il existait aussi une maladie 
plus ou moins pareille, appelée le « scorbut de terre » ; 
celui-ci se montrait précisément lorsqu’un certain nombre 
de personnes se trouvaient réunies dans de mauvaises 
conditions hygiéniques, dans les camps, dans les prisons, 
dans les hôpitaux encombrés, lors des temps de disette, etc. 
On n’accusa donc plus l’air de la mer et, aujourd’huiencore, 
presque tous les médecins sont convaincus que le scorbut 
es t la conséquence des mauvaises conditions hygiéniques 
des navires et qu’il est tout à fait indépendant de l’air 
•ûarin ; en Angleterre, le service de santé de la marine, 
tout fier du succès des règles hygiéniques qu’il avait 
Prescrites, déclara même solennellement que le scorbut 
était dompté, et dans les tableaux de la mortalité des ma- 


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— 228 — 


rins la colonne « scorbut» fut supprimée : le scorbut était 
rayé officiellement des cadres nécrologiques de la marine 
anglaise. Depuis quelques années pourtant, de bons obser¬ 
vateurs firent remarquer que,pour les navires à long cours, 
le scorbut n’est pas aussi éteint qu’on le croyait ; ils 
firent même observer que si l’on avait supprimé le scorbut 
dans les statistiques, on y avait ajouté d’autres rubriques, 
telles que purpura hérnorrhagica, diathèses hémorrha¬ 
giques,aie. On était donc loin d’avoir supprimé le scorbut 
comme on s’en était vanté (1). 

(1) Nous empruntons quelques observations sur le scorbut h l'excellent 
article publié par le Dictiontiaire des Sciences médicales du D r Dechambre. 
C'est à la fois un résumé historique du scorbut et une dissertation impar¬ 
tiale sur ses causes, sa nature, sa pathogénie et son traitement. Voici 
entre autres une des conclusions de l'auteur de cet article : En résumé, 
dit l'auteur, il résulte de ce long historique, et c'est peut-être sa 
meilleure justification, que le scorbut, loin d'être une maladie éteinte ou 
près de s'éteindre, est encore parfaitement vivace. Il apparaît toujours 
comme l'odieux compagnon de l'homme, toutes les fois que celui-ci veut 
essayer de se soustraire à certaines conditions d’hygiène et d’existence 
dans la limite desquelles la nature l’a décidément emprisonné. Braver 
le froid et l'humidité extrêmes, affronter les plus cuisantes injures des 
climats polaires, on le pourra certainement pendant quelques instan ts 
mais jamais sans courir le risque d'être frappé du scorbut. 

En fait, le scorbut existe de nos jours, soit dans l'ombre, soit parfois 
en plein soleil, comme aux seizième, dix-septième et dix-huitième siècles; 
il est atténué, amoindri, il est plus rare, soit : mais c'est toujours le 
scorbut, c’cst-à dire cette altération encore inconnue, mais intime et pro - 
ionde de l’organisme, qui casse les forces de la vie quaud elle n'éteint pas 
celle-ci. Cette déchéance fatale n’a pas de patrie, pas de station géogra¬ 
phique distincte. Le scorbut s'abat sur le navigateur sous l'équateur 
comme aux pôles ; il surgit surtout dans les parages où la navigation 
est rude, périlleuse et pleine de fatigues, aux pôles, près des grands caps 
du monde, partout où l'homme entre en lutte avec les privations et les 
labeurs à outrance. 

Sans doute, le scorbut n’est plus le cauchemar du marin sur les 
océans, ce n'est plus le désespoir du médecin navigateur, ce n'est plus le 
fléau si redouté des armées. Cependant, il demeure encore, comme on 1 a 
vu récemment, le frein que la fatalité, qui domine toujours nos œuvres, 
a placé devant notre audace, comme une borne d'Hercule vers les régions 
les plus reculées des pôles. 


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— 229 — 


Pour notre part, après avoir lu l’histoire du scorbut 
et les nombreux travaux qui ont été publiés à ce sujet, 
nous avons acquis la conviction que ce qu’on appelait 
justement le « scorbut de mer » est réellement la 
conséquence de l’absorption plus ou moins prolongée 
de l’air marin, et la maladie est d’autant plus prompte 
à se déclarer et plus intense que l’équipage se trouve 
dans de plus mauvaises conditions hygiéniques et 
par conséquent moins apte à résister aux influences 
nocives. 

Nous avons dit précédemment que la loi des semblables 
et l'action des petites doses, ces deux grands principes 
de l’homoeopathie, sont comme deux phares lumineux 
projetant une brillante clarté sur l’action de la mer chez 
l’homme ; à son tour ce que l’observateur attentif constate 
au bord de la mer devient une démonstration complète, 
irréfutable et grandiose de nos principes. 

Lorsque dans le cours de mes recherches et de mes 
études sur la cure marine j’ai vu se soulever, grâce à la 
connaissance des lois de l’homœopathie et do l'action des 
petites doses, le voile épais de ténèbres qui recouvre 
aujourd’hui encore pour l’immense majorité des savants, 
l’histoire, l’étiologie, la pathogénie et la thérapeutique 
du scorbut, j’ai été pris d’un élan d’admiration et d’en¬ 
thousiasme pour le grand génie de Hahnemann qui, pré¬ 
cédant son siècle de plus de cent ans, a découvert la loi 
des semblables et l’action des doses infinitésimales. 
Quand on connaît ces deux grands faits, qui finiront tôt 
ou tard par dominer toute la médecine, les prétendues 
contradictions qu’on retrouve chez les savants au 
sujet du fléau des navigateurs s’évanouissent, l’histoire 
du scorbut devient claire : C’est une véritable intoxication 
de l’organisme lorsque celui-ci absorbe pendant un temps 
plus ou moins long et d’une façon continue les médica- 


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— 230 — 


inents infinitésimaux tenus en suspension dans l’atmo¬ 
sphère marine. 

Quand on eut constaté que le scorbut se déclarait non 
seulement en mer mais aussi sur terre, personne n’osa 
plus attribuer le scorbut à l’air de la mer, cet air reconnu 
comme si pur, si salubre et si bienfaisant ( 1), et la question 
, arut définitivement tranchée ; dans la genèse du scorbut 
on ne devait incriminer que les mauvaises conditions 
hygiéniques, puisque des circonstances semblables se 
trouvant réunies sur terre, loin de la mer, le scorbut 
apparaissait aussi. Mais s’est-on suffisamment enquis si le 
scorbut de terre » est bien la môme maladie que le scorbut 
de mer? Cette question est loin d’être résolue et certes les 
probabilités sont pour la négative ; il suffit de parcourir 
i histoire des épidémies de scorbut de terre pour s’en con¬ 
vaincre et pour s’assurer qu'on a donné le nom de scorbut à 
des maladies parfois très différentes, affectant les camps, 
les prisons, les hôpitaux, etc. Du reste pour un grand 
nombre d’observateurs tant anciens que modernes le scor¬ 
but de terre n’est pas semblable au scorbut des navires : 
ce scorbut de terre s’appelle aussi/mrpwm hémorrhagica 
ou maladie de Werlhoff ; il indique aussi une déchéance 
profonde de l’organisme : mais il est assez rare, si l’on ne 
tient pas compte des cas de scorbut qui se développaient 
jadis le long des côtes et qui pourraient fort bien être attri¬ 
buables à l’influence de l’air marin et n’avoir été au fond 
autre chose que le vrai scorbut de mer, comme, par exem¬ 
ple, lors des sièges des ports de mer ; d’un autre côté 
on ne doit pas perdre de vue que le scorbut était jadis 


(1) Lind, l'auteur d'une étude remarquable sur le scorbut, repousse 
( paiement l'influence nocive de ces vapeurs particulières a l'Océan et qui 
demanderaient à être neutralisées par les qualités de l'atmosphère terres¬ 
tre; il rejette ces qualités occultes et malsaines de l'Océan. (Dechambre. 
l)>ctionnaire des Sciences médicales . Article : Scorbut .) 


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— 231 — 


endémique dans certaines contrées du littoral où il n’en 
est plus question aujourd’hui, précisément parce qu’au- 
jourd’hui la mer est mieux endiguée dans tous les pays et 
qu’il n’existe plus comme jadis de nombreuses régions où 
elle pénétrait très profondément dans les terres à marée 
haute, de sorte que l’atmosphère de ces régions était au 
fond une vraie atmosphère marine (1). En lisant l’histoire 
et ce que l’on appelle aujourd’hui la « géographie » du 
scorbut, on reste convaincu que lorsque le vrai scorbut 
se montre, la mer n’est pas loin ; et si l’on peut citer des 
exemples de scorbut se déclarant loin de l’air marin, ils 
sont très rares et alors l’on est en droit de demander si au 
lieu d’avoir été le ..vrai scorbut ce n’était pas plutôt le 
purpura héraorrhagica ou même le typhus exanthéma¬ 
tique (2). 

Aussi la symptomatologie du vrai scorbut est loin d’être 
bien établie; elle est très confuse, ce qui est bien étonnant 
pour une maladie qui fut si fréquente et si meurtrière à 
une époque qui pourtant n’est pas loin de nous. C'est pré¬ 
cisément parce que l’on n’a pas assez fait la distinction 
entre les deux scorbuts; et nous avons la conviction 
que sous le nom du scorbut de terre on a décrit les ma¬ 
ladies les plus diverses. 

Et quand bien même les deux affections, scorbut de 
terre et scorbut de mer, seraient semblables, supposons- 

(1) On a même prétendu que les habitants des Pays-Bas n'ont pu 
s'affranchir du scorbut qu'en élevant leurs fameuses digues dans le but 
de consolider et de dessécher le sol marécageux de leurs pays. (Dechambre. 
Dictionnaire des Sciences médicales . Article : Scorbut.) 

(2) Il y a un autre fait qui vient singulièrement battre en brèche l'opi¬ 
nion de ceux qui croient que le scorbut de mer est identique au scorbut de 
terre; c'est l'analyse chimique du sang : les expériences faites avec du 
sani; de vrais scorbutiques de terre ont prouvé que le sang était défibriné 
tandis que le sang des scorbutiques (?) delà Salpêtrière, par conséquent 
des scorbutiques de terre, présentait au contraire une augmentation de 
la fibrine. 


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— 232 — 


le un instant, cela indiquerait uniquement que l’économie 
humaine, placée dans de mauvaises conditions hygiéni¬ 
ques, entre plus ou moins promptement dans un état de 
misère physiologique profonde, mais il reste prouvé 
aujourd’hui que sur mer, de mauvaises conditions hygié¬ 
niques ne sont pas nécessaires pour que le mal se 
déclare ; le scorbut a, en effet, très fréquemment atteint 
des navires munis de vivres et de boissons de première 
ualité, de viandes fraîches, de légumes, des navires où 
les lois de l’hygiène étaient ponctuellement observées, où 
il n’y avait ni encombrement, ni aucune cause nocive, 
autre que celle de l’air marin ; il reste donc historique¬ 
ment avéré que le scorbut peut atteindre sur mer des 
hommes vivant dans les meilleures conditions d’hygiène, 
tandis que pareille chose ne se présente jamais sur 
terre ; lorsque l’homme se trouve dans de bonnes con¬ 
ditions d’hygiène et qu’il respire un air terrestre, c’est- 
à-dire non chargé des poussières marines, il ne gagne 
amais le scorbut ; il en est tout autrement quand il 
s’aventure sur mer. Là, au milieu des meilleures con¬ 
ditions d’hygiène et de régime, malgré l’air vif, ozonifié, 
exempt de microbes, le scorbut fait très souvent son 
apparition. C’est donc bien la mer et la mer seule qui, 
dans ces circonstances, donne le scorbut. Voilà l’ensei¬ 
gnement des faits, voilà la seule conclusion logique qui 
vient à l’esprit de tout homme qui, sans idées préconçues, 
a lu l’histoire du scorbut. 

Quand on attribue le scorbut à l’absorption plus ou 
moins continue des nombreuses particules infinitési¬ 
males flottant dans les basses couches de l’atmosphère 
marine, tout s’explique, toutes les prétendues obscurités 
qui enveloppent la pathogénie du scorbut s’évanouissent. 

On comprend alors pourquoi l’air terrestre est si sou¬ 
verain pour guérir le scorbut au début, pourquoi l’instinct 


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— 233 — 


de la conservation pousse les malheureux scorbutiques 
vers la terre (1). 

On comprend pourquoi l’expérience a prouvé que le 
scorbut est plus à craindre lors des mauvaises traversées, 
lorsque la mer est très agitée, c’est-à-dire lorsque les 
particules salines qui flottent à sa surface sont plus nom¬ 
breuses (2). Toutes les expériences ont prouvé que c’est 

(1) Mais les savants de nos jours se moquent plus ou moins spirituelle¬ 
ment de tout cela, ils traitent du haut de leur grandeur cette aspiration 
instinctive des malheureux scorbutiques ; lisez plutôt : 

D’autres assertions, mais encore bien moins consistantes que les pre¬ 
mières, voudraient faire du scorbut une affection particulière, naissant 
dans des foyers spéciaux dont les conditions essentielles sont le manque et 
l'insuffisance du milieu atmosphérique habituel ; c’est l’absence de l’air 
natal, de l’air de la terre, de l’atmosphère continentale, de la verdure, 
-c’est le séjour prolongé dans l’air marin, la situation contre nature de 
l’homme entre les flots et les cieux, qu’il faudrait incriminer en premier 
lieu (Hubault). Cette prétendue nocivité de l'air éminemment salubre et 
vivifiant, au contraire, qui développe et suractive la respiration de 
l’homme de mer, ne pourrait, en tout cas, en aucune façon, s'appliquer 
au scorbut de terre. Et puis enfin, comme l’a spirituellement dit Le Roy 
de Mericourt, le traitement et la prophylaxie de ce singulier scorbut 
seraient des plus faciles, et ressembleraient fort à cette plaisanterie d’un 
genre douteux qui consisterait à faire faire par le mousse du navire une 
provision de sacs de terre avant le départ pour la campagne de mer. 

Etrange et cruelle illusion, en vérité, que cette fantaisie de l’imagina¬ 
tion qui pousse les infortunés scorbutiques à soupirer après l’air de la 
terre comme après un remède à leurs souffrances, mais que ne peut 
partager le médecin dont l'expérience et le savoir peuvent apprécier à 
leur juste valeur les senteurs embaumées et l’atmosphère terrestre, par¬ 
fois si remplie de dangereuses émanations, en face de la pureté et des 
qualités éminemment salubres de ces souffles vierges des océans que n'ont 
depuis longtemps ternis ni l'haleine des hommes ni les miasmes telluri¬ 
ques. (Dechambre. Dictionnaire des sciences médicales . Article: Scorbut.) 

Notons en passant cette prétention peu rare parmi certains médecins 
de pouvoir tout expliquer. Comme si l’expérience ne démontrait pas, à 
chaque instant, que des explications qui paraissaient vraies au jour ne le 
sont plus du tout le lendemain : toujours l'orgeuil scientifique des 
académiciens 

(2) Mais ce qu’on ne saurait dénier, c’est la constatation de ce fait 
dont fourmille l'histoire de l'étiologie du scorbut» à savoir : que, toutes 


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— 234 — 

par les grands vents, et dans les mers mouvementées que 
les particules salines infinitésimales sont plus abondantes 
dans l’air marin. 

Il ne sera plus nécessaire de dénaturer les faits pour 
vouloir prouver que le scorbut est dû à l’humidité parce 
que, dans les localités situées au bord de la mer, le scor¬ 
but est plus fréquent (1 ). 

On s’explique aussi pourquoi le meilleur des antiscor¬ 
butiques est de faire de fréquentes relâches (2). 

On ne sera plus surpris pourquoi toutes les autres rai¬ 
sons invoquées jusqu’ici pour expliquer l’apparition du 
scorbut sur les navires n’ont pas résisté à l’examen des 
faits : 

« Il ressortira suffisamment de cet aperçu sur la patho¬ 
génie du scorbut, dit l’auteur de l’article Scorbut dans le 
Dictionnaire des Sciences médicales, que les recherches 
du passé sont impuissantes à en déceler la nature ; qu’au 
lieu de s’épuiser en efforts stériles de raisonnements et 
d’hypothèses en tournant dans le cercle étroit des ancien- 

choses égales d’ailleurs, celui-ci s'est soudain montré à l'occasion d'un 
gros temps, d'une tempête, de vents contraires, d'accidents de mer. 

(Dech ambre. Dictionnaire des Sciences médicales. Article ; Scorbut.) 

(1) Lind, dont l'autorité n'est jamais inutilement consultée sur la 
matière, va jusqu'à admettre que c'est à l'humidité relative du sol et de 
l'air qu'est due la plus grande fréquence du scorbut, tant à Amsterdam 
qu'à Dordrecht (Ronssæus). 

Que n'a-t-on pas dit de la nocuité générale et de la prédisposition 
spéciale au scorbut, des maisons flottantes et imprégnées d'une éternelle 
humidité qui se nomment les navires? Sans doute il est permis de ne 
voir fréquemment dans ces accusations banales qu'un lieu commun pour 
la genèse de la maladie qui nous occupe. ( Loco cit.) 

(2) En général, pour ce qui est de l’étiologie spéciale du scorbut qui a 
fait de si fréquentes et parfois de si sévères apparitions parmi les passa¬ 
gers, on a accusé les chefs suivants : l'encombrement, la longueur des 
traversées et la rareté des relâches, le besoin de renouveler celles-ci* de 
les échelonner, de les réglementer pour ainsi dire, comme étant le meil¬ 
leur de tous les antiscorbutiques. (Loco cit.) 


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— 235 — 


nés méthodes, il faudra tenter des voies nouvelles. Les 
conditions générales extérieures du scorbut nous sont 
trop connues pour ne pas laisser la conviction que l’inévita¬ 
ble fatalité des événements humains entretiendra pour 
longtemps encore la réapparition du fléau. Maladie 
navale, carcéraire, obsidionale, fruit amer de la misère et 
de la privation d’un genre particulier, mais inhérent à 
des circonstances souvent inférieures à la puissance de 
l’hygiène, nul procès morbide n’est plus fait pour exer¬ 
cer la pénétration du médecin que cet ensemble surpre¬ 
nant de phénomènes dont l’évolution lente et mesurée 
semble procéder de la nature des phénomènes que crée 
parfois l’expérimentation sur les animaux ». 

Eb bien, que l’auteur de ces lignes étudie l’action des 
médicaments à dose infinitésimale et il verra que la voie 
nouvelle dont il parle est toute tracée depuis plus de 
cent ans : Hahmemann l’a indiquée aux savants et aux 
médecins ; c’est à lui, le père de l’expérimentation pure, le 
plus grand observateur des temps modernes, que revient 
l’honneur de l’avoir trouvée. 

Mais, dit-on, si c’étaient les émanations du chlorure de 
sodium,comment se fait-ilqueles populations qui ne vivent 
que de salaisons et que les ouvriers des mines de sel ne 
souffrent pas de scorbut ; la réponse sera facile à faire ; 
d’abord il n'y a pas que du chlorure de sodium dans l’at¬ 
mosphère de la mer, mais un grand nombre d’autres 
corps qui jouent peut-être le premier rôle dans la produc¬ 
tion du scorbut; et enfin, dans les mines de sel, celui-ci n’y 
est pas répandu sous forme de poussières impondérables 
dans l’air que les ouvriers y respirent. Sur mer, au con¬ 
traire, le mouvement des eaux, les vagues, les marées, 
etc. pulvérisent à l’état de particules microscopiques les 
substances que la mer tient en suspension et en dis¬ 
solution ; elles peuvent ainsi, grâce à leur extrême divi- 


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• 236 — 


sion, pénétrer dans les profondeurs les plus reculées de 
l’organisme (1) 

Il y a une énorme différence, pour celui qui est au cou¬ 
rant de l’action des petites doses, entre le chlorure de 
sodium brut ou même en solution et le sel réduit à l’état 
de poussières tellement ténues que le microscope même ne 
parvient pas à les révéler, mais dont l’analyse spectrale 
peut aujourd’hui démontrer la présence. 

Enfin,dira-t-on encore, comment se fait-il que tous les 
marins ne deviennent pas scorbutiques,eux qui sont jour¬ 
nellement aux prises avec l’air marin? La plupart sont 
au contraire robustes et bien portants. Avant d’aller 
plus loin on peut se demander si cette dernière proposi¬ 
tion est bien vraie; les marins sont-ils en général bien 
portants? A lire les statistiques on se persuade facilement 
du contraire; le chiffre des malades dans le service de la 
marine est plus élevé que dans les armées de terre; puis 
a-t-on tenu compte des déchets, non seulement pour la 
marine militaire, mais aussi pour la marine marchande ? 
Sait-on combien de jeunes gens ayant embrassé la pro- 

(1) Quand il s'agit du scorbut sur mer, certes il serait par trop banal 
d'accuser les principes salins, car non-seulement les marins vivent, et 
surtout il y a deux siècles, vivaient principalement de viande et de pois¬ 
son salés, mais aussi ils sont comme plongés au milieu d’une atmosphère 
saturée d’efflorescences salines, l’air qu’ils respirent, les vêtements qu’ils 
portent, les objets qu’ils touchent étant perpétuellement imprégnés de 
chlorure de sodium. 

Quant à la vraie théorie du chlorure ou des sels de sodium accumulés 
dans le sang, par suite de l'abus des vivres salés, ou de la respiration des 
atmosphères salées, elle a été battue en brèche, d'abord par les expérien¬ 
ces de Lind, aussi par la rareté des accidents scorbutiques, dit-on, chez 
les populations du pôle Nord, qui ne vivent que de viande et de poisson 
salés durant une grande partie de l'année, et enfin par l'absence du scor¬ 
but parmi les ouvriers employés aux travaux des mines de sel gemme et 
ces peuplades nombreuses qui vivent au milieu des déserts et au bord des 
grands lacs salés des continents asiatique, africain et américain. (De- 
chambre. Dictionnaire des Sciences médicales. Article: Scorbut.) 




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— 237 


fession de marin ont du l’abandonner pour cause de santé, 
de même qu’un grand nombre d’apprentis sont obligés 
de renoncer à, la profession de peintre en bâtiments 
parce qu’ils gagnent la colique de plomb après un essai 
plus ou moins long? Et puis, nous l’avons déjà dit, un assez 
grand nombre d'hommes finissent par s’accoutumer à 
l’absorption des poussières marines, à les supporter,à les 
tolérer; c’est à la condition, il est vrai, d’avoir une bonne 
hygiène, une bonne alimentation, etc. ; c’est avant tout à la 
condition de respirer de temps en temps de l’air terrestre, 
de n’ètre pas exposés uniquement à l’air marin pendant 
très longtemps,comme c’était souvent le cas dans les pre¬ 
mières époques de la grande navigation ; les voyages 
étaient alors beaucoup plus longs et les ports et les rel⬠
ches étaient rares.Tout est bien changé aujourd’hui, et si 
le scorbut est devenu beaucoup moins fréquent, c’est que 
les marins sont bien nourris et qu’ils ont plus souvent 
que jadis l’occasion de respirer l’air de la terre; néanmoins 
si certains marins sont absolument réfractaires, d’autres 
peuvent, tout en étant du reste dans les meilleures condi¬ 
tions d’hygiène,être atteints de scorbut ou de symptômes 
analogues, et. il ne se passe pas d’année que plusieurs 
navires rentrent au port ayant des scorbutiques à bord, 
ou du moins des malades qui jadis eussent été considérés 
comme des scorbutiques, car il ne faut pas perdre de vue 
que jadis on appelait scorbut presque toutes les maladies 
contractées pendant les traversées, du moins toutes celles 
qui étaient accompagnées d’un dépérissement profond 
d’une chute rapide des forces, d’hémorrhagies, etc.; c’est 
même une des raisons pour lesquelles la symptomatologie 
d’une maladie si importante est encore embrouillée au¬ 
jourd’hui. 

Résumons-nous. Quand un certain nombre d’hommes 
restent exposés nuit et jour, sans interruption et pendant 


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— 238 — 

un temps plus ou moins long, aux émanations de la mer, 
il en est qui n’éprouvent absolument rien d’anormal; ils 
résistent et sont réfractaires; d’autres deviennent plus ou 
moins souffrants mais finissent par s’habituer à ces éma¬ 
nations, à les tolérer, surtout lorsqu’ils sont soumis à un 
régime tonique, même un peu stimulant ; enfin d’autres 
deviennent réellement malades, gagnent des malaises 
variés qui finissent par amener un dépérissement, une alté¬ 
ration plus ou moins profonde du sang, en un mot des 
symptômes plus ou moins graves mais variés auxquels 
jadis on donnait le nom de scorbut, tandis que de nos 
jours plusieurs de ces cas sont classés sous une autre 
rubrique dans le cadre nosologique. Ces affections plus 
ou moins variables mais ayant comme caractère commun 
d'améner finalement une chute considérable des forces, une 
déchéance profonde de l’organisme, sont la conséquence de 
l’absorption permanente et de plus ou moins longuedurée 
des particules infinitésimales qui flottent sur la surface 
de la mer. Aucune des autres raisons qui ont été avan¬ 
cées pour expliquer l’apparition du scorbut n’est restée 
debout. Voilà l’enseignement des faits, voilà ce qui ressort 
à toute évidence pour tout esprit impartial lorsqu’on 
s’est mis au courant de l’histoire du scorbut. 

Quelle est, dès lors, au point de vue thérapeutique, la 
conclusion logique decette observation? La voici. Puisque 
la mer, ou plutôt l’absorption plus ou moins continue 
des particules médicamenteuses qui flottent dans l’air de 
la mer, amène en fin de compte un dépérissement pro¬ 
fond de l’organisme, la plupart de ceux qui, pour d’autres 
motifs,sont arrivés à une semblable déchéance organique, 
trouveront dans l’absorption de l’air marin et dans le 
séjour au bord de la mer le remède de leur état maladif : 
c’est ce que nous voyons se vérifier tous les ans. C’est 
pourquoi tous les affaiblis et les épuisés viennent à la mer 


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— 239 — 


reprendre force et santé, pourvu que certains de leurs 
organes ne soient pas trop malades pour pouvoir réagir 
favorablement ; voilà la vraie, la seule explication pour 
les homœopathes des miracles que la cure de mer opère 
tous les ans, pour le plus grand bienfait des malheureux 
malades qui sont atteints pour des causes diverses de 
symptômes plus ou moins semblables à ceux qui ont été 
décrits sous le nom de scorbut de mer : ainsi s’explique 
la vogue croissante des villes du littoral, vogue qui 
grandira encore au fur età mesure que l’on étudiera mieux 
les indications de la cure de mer ; semblable étude sera 
singulièrement facilitée par l'analyse des symptômes du 
scorbut de mer, que la science doit considérer en dernière 
analysecomme une énorme expérimentation sur l’homme 
sain de l’atmosphère marine. La grande loi des sem¬ 
blables, l’action profonde des petites doses et l’œuvre 
géniale du père de la vraie médecine expérimentale ne 
peuvent pas avoir de preuve plus complète et plus gran¬ 
diose. D r Martiny. 

(A continuer.) 


Le tabac (1), 

par MM. Em. Seutin, Ph D , et le D r L. Seuti.s, à Bruxelles. 

M. le D r Maillot, l’honorable président du conseil de santé 
de l'armée, en France, a consigné ce fait important que, dans le 
cltiffre progressif des cas de paralysie générale qui s’offrent 
chaque année à l’inspection, il s’en trouve uu certain nombre, 
plus qu’on ne l’avait pensé, qui étaient autant d’exemples de 
sobriété, à l’endroit des spiritueux, mais qui avaient fait de 
grands abus de la pipe ou du cigare. Les soldats qui, comme 
on le sait, changent quelquefois volontiers leur ration de vivres 
pour des provisions de tabac, ont fourni de nombreux exemples 

(1) Suite. Voir volume courant, pp. 69, 100, 129, 161 et 204. 


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240 — 


de paralysie, sans que Ton ait pu accuser en eux aucun abus de 
spiritueux. 

Nous avons pu, dit encore M. le Dr Joly, constater un autre 
fait plus général encore, et non moins probant, c’est que dans 
certaines provinces de la France, dans leSaintonge, le Limou¬ 
sin, la Bretagne, où l’on ne fume que peu encore, mais où l’on 
consomme énormémeut d’eau-de-vie, la paralysie générale est 
à peu près inconnue. - 

D’après ce concours de faits et de témoignages, il nous paraît 
suffisamment prouvé, que si l’abus des spiritueux doit être pris 
en sérieuse considération dans la question de développement 
des maladies mentales, il y a lieu d’attribuer plus spécialement 
à l’abus du tabac la cause essentielle de la paralysie générale 
des aliénés, et qui compte aujourd’hui un nombre si considérable 
dans le chiffre total des aliénés (1). 

Les faits assez nombreux que nous avons cités et que nous 
avons puisés à des sources authentiques,prouvent d’une manière 
péremptoire combien sont nombreuses les maladies produites 
par le tabac; à ces faits nous aurions pu en joindre des milliers 
d’autres,mais ne suffisent ils pas déjà, pour prouver à l’évidence 
combien la nicotiane est un toxique éminemment délétère au 
point de vue de l’homme ? Mais nous pouvons ajouter qu’il ne 
l’est pas moins au point de vue des animaux, et aussi des végé¬ 
taux ; nous allons citer deux faits qui ne laisseront pas le moin¬ 
dre doute à cet égard. Le premier se rapporte à un fermier des 
Flandres, qui cultivait le tabac sur une assez grande échelle ; 
pour le sécher, il se servait de paille qu’il avait l’habitude de 
convertir de suite en fumier; mais, dans un but d’économie, il 
crut qu’il pouvait donner cette paille en litière à ses animaux ; 
c’est ce qu’il fit, mais le lendemain il trouva deux de ses 
animaux, étendus sans vie, et tous les autres plus ou moins 

(1) Joly. Etudes hygiéniques et médicales sur le tabac, pp. 44 et 45. 


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— 241 — 


malades ; que s’était-il donc passé? Les animaux,faute de mieux, 
mangèrent leur litière ; les uns en avaient pris plus, les autres 
moins. Un médecin-vétérinaire, mandé en toute hâte, reconnut 
bien vite la-véritable cause, et de la mort et de la maladie des 
animaux. Il fit conduire immédiatement en prairie les animaux 
sùrvivants, fit enlever cette paille empoisonnée, bien laver et 
aérer l’étable, et remplacer cette paille délétère par de la 
nouvelle, et quelques jours suffirent pour rétablir tous les 
animaux malades (1). 

Ce fait ne démontre-t-il pas à toute évidence que le tabac 
est une substance excessivement vénéneuse puisqu’il a pu, par 
son seul contact, communiquer ses propriétés toxiques à une 
substance inerte comme de la paille, et la rendre tellement délé¬ 
tère qu elle a su donner la mort à des animaux aussi grands, 
aussi forts, aussi lymphatiques que des bœufs ! 

L’éminent D* Meliier, qui a aussi tant étudié cette grande 
question du tabac, a fait des expériences pour connaître quelle 
serait son influence sur les végétaux. Il a donc soumis à l’in¬ 
fluence de sa fumée différents arbustes, tels que des orangers, 
des chrysanthèmes, etc., et, après un certain laps de temps,il a 
vu leurs feuilles passer du pâle au jaune, puis se dessécher, 
tomber, et les arbustes mourir. 

Nous avons parlé déjà de la nicotine, mais nous avons oublié 
de mentionner la propriété qu’elle possède de se déposer en se 
condensant, sur les parois froides du verre ; réparons cette 
omission et disons que cette propriété est exploitée en Amérique, 
dans certaines manœuvres criminelles, pour enlever à un 
homme sa conscience et sa liberté,et commettre ainsi les atten¬ 
tats les plus graves. 

Là où la vie est facile à gagner pour tout le monde, le rude 

(1) Le tabac constitue pour tous les animaux sans distinction, un 
poison redoutable. 


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- 242 — 


métier de la navigation trouve peu d’hommes disposés à le 
faire,malgré les salaires élevés qui y sont attachés —et pour¬ 
tant la marine a besoin de matelots. Les navires sont parfois 
si nombreux dans les ports,qu’à défaut de marins volontaires 
pour les équiper, ou s’en procure par la surprise et la force. 

Des bandes de vauriens, qu’on appelle des embaucheurs, 
traitent avec les capitaines (les navires pour leur livrer à 
bord, au moment où ils lèvent l’ancre, le nombre d’hommes 
qu’ils désirent ; ces trafiqueurs de chair humaine, dès qu’ils 
voient sur les quais un homme qui leur convient, le séduisent 
par toutes sortes de politesses et finissent par l’entraîner dans 
quelque cabaret où ils ont des complices. 

On demande à l’invité ce qu’il veut boire,et on le sert dans 
un verre qu’il voit prendre sur le comptoir. Ce verre est ren¬ 
versé ; il parait propre, et rien ne pourrait faire supposer 
que le malheureux qui va s’y désaltérer, y laissera toutes ses 
facultés de sentir, et approchera aussi prés qu’on peut le famé 
de la mort, sans mourir. 

Qu’a-t-il fallu pour donner à ce verre des propriétés si 
mystérieuses et si terribles ? une chose des plus simples : 
lâcher dans son intérieur, avant de s’en servir,quelques bouf¬ 
fées de fumée de tabac, tirées d’un cigare ou d’une pipe : et 
le verre est empoisonné ! il contient sur ses parois une pel¬ 
licule invisible qui est de la nicotine, qui se dissout dans le 
liquide, quel qu’il soit, qu’aura demandé la victime. 

Le pauvre diable boit sans la moindre suspicion, sans 
trouver la saveur du tabac au milieu de l'épaisse fumée dont 
ses ravisseurs ont soin de l’inonder. 

Sitôt qu’il a pris ce breuvage diabolique, on emmène 
l’homme hors de la taverne. L’ivresse narcotique le saisit, 
obscurcit sa vue, engourdit sa raison; il perd tout sentiment 
de lui-même. Un canot attend sur le quai ; on l’embarque 
comme on ferait d’un, ivrogne ordinaire et c’est un homme 


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— 243 — 


empoisonné, presqu’un cadavre, que l’on hisse à bord au bout 
d’une corde, et qui ne sortira de sa léthargie nicotique que 
lorsqu'il se trouvera en pleine mer, sur le pont d’un navire, 
pour y faire le service, sans pouvoir se rendre compte 
comment fl est arrivé là ? 

C’est ce que l’on appelle, sur la terre de la libre Amérique 
sanffhayer un matelot. 

Combien, de par le monde, de morts subites qui déroptent 
la science et la justice, ne doivent-elles pas avoir pour cause 
ce moyen si facile de commettre des crimes (1) ? 

Quand nous avons parlé des dangers attachés à la pipe et au 
cigare, nous avons omis de parler de cette catégorie d’hom¬ 
mes à conviction robuste, et qui se piquent d’amour-propre 
de ne pas cracher en fumant. Ils posent comme une excep¬ 
tion dans la grande famille des consommateurs ; et quand on 
leur dit que fumer épuise, ils vous répondent avec un ton de 
satisfaction d’eux-mêmes : mais moi, je n’expectore pas ; que 
font-ils alors de la salive, que la nicotiane appelle dans leur 
bouche ? Ils l’avalent où ils la gardent jusqu’à ce qu’elle 
soit absorbée par la membrane muqueuse de la bouche. 

Eh bien,par leur procédé qu’ils croient une perfection dans 
l’art de fumer, ils remplacent un mal par un autre plus grave, 
ils ne perdent pas la salive, il est vrai, mais ils absorbent 
one quantité beaucoup plus grande du principe toxique en 
dissolution , ils ne font donc que perdre au change : en 
résumé, la santé du fumeur ou du chiqueur qui crache est 
beaucoup moins exposée que s’il ne crachait pas (2). 

Nous avons omis de parler du foie, réparons encore cette 

(1) Depierris. Physiologie sociale. Le tabac qui contient le plus violent 
des poisons, abrège-t-il l'existence ? Est-il cause de la dégénérescence 
physique et morale des sociétés modernes? pp. 144 à 146. 

(2) Loco cil., pp. 174 et 175. 


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— 244 


omission, car il constitue un des organes de l’appareil diges¬ 
tif qui a le plus constamment à souffrir des effets du tabac; 
le narcotisme, passager si l’on veut, mais plusieurs fois 
répété dans la journée, que produit l’absorption delà nicotine, 
amène dans le travail de cette énorme glande une perturba¬ 
tion telle, que la double sécrétion dont elle est chargée, la 
bile et le sucre, ne peut plus s’accomplir dans un ordre nor¬ 
mal ; il y a alors obstruction, et de cette obstruction naît 
l’hépatite chronique. 

Ce foie augmente de volume et de poids, la bile séjournant 
trop longtemps dans les canaux qui la sécrètent, s’y épaissit, 
y forme des grumeaux, puis des calculs, qui donnent avant 
d’arriver dans le canal digestif, de ces douleurs hépatiques si 
désespérantes (1). 

Disons un mot encore d’une maladie nouvelle,mystérieuse 
dans son apparition, qui semble coïncider avec les progrès 
de l’envahissement du tabac: la pellagre (maladie de la peau). 
Vers la fin du xvm e siècle, des médecins d’Italie signalaient, 
dans la vallée duPô, une maladie nouvelle, et dont les symp¬ 
tômes les plus apparents étaient une éruption de matière 
séro-albumineuse se desséchant en forme d’écailles sur la 
face, le cou, la poitrine et les mains. 

L’éruption n’est qu’un sjunptôme, le vrai caractère de la 
maladie réside dans une cachexie générale où dominent ces 
symptômes morbides du système nerveux cérébro-spinal. 

Symptômes généraux : lassitude et douleur profonde dans 
le dos et les lombes, faiblesse, tremblement des membres, 
apathie,tristesse profonde,tendance au suicide,penchant pour 
le meurtre ; lorsque la maladie est plus avancée apparaît la 
manie appelée folie pellagreuse ; puis la démence paralytique 
et la mort qui n’arrive souvent qu’aprés de longues années. 

(1) Depierris. Physiologie sociale . Le tabac, pp. 174 et 175. 


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— 245 — 


\ 


Cette maladie a sévi en Lombardie, en Espagne, en 
France (dans la Champagne). 

Jusqu’ici on ne connaît pas la cause intime de la pellagre, 
qui crée en notre espèce une dégradation qu’ignoraient nos 
ancêtres. On a cependant observé deux faits aujourd’hui 
incontestables : 

1° Que la pellagre, dans les populations où elle sévit, 
débute par leruption écailleuse de la peau ; 

2° Que dans les maisons d’aliénés, les fous deviennent 
pellagreux ; c’est-à-dire que tantôt la folie devance la pel¬ 
lagre, et tantôt la pellagre devance la folie. 

Et comme on ne peut plus douter aujourd’hui que c’est 
l’abus du tabac qui jette dans les misères de la folie tant de 
malheureuses créatures* c’est aussi le tabac qui engendre 
parmi nous cette lèpre moderne qu’on appelle la pellagre. Si 
nous sommes, dit M. le docteur Depierris, si affirmatif dans 
notre opinion suc la cause de la pellagre, c’est que dans notre 
pratique médicale, nous avons eu l’occasion bien des fois de 
l'observer sur des marins, grands consommateurs de tabac. 

Mais assez sur une maladie qui n’a pas fait encore irrup¬ 
tion dans notre pays, que nous sachions du moins, mais 
comme on fait en Belgique le plus déplorable abus du tabac, 
il est prudent que l’on soit sur ses gardes. 

Si le tabac est réellement la cause principale de cette hor¬ 
rible maladie, c’est une affection nouvelle à ajouter à toutes 
celles qu’il sait si bien produire. M. le docteur hollandais 
Van Hasselt a publié un excellent traité de toxicologie 
dans lequel il énuméré plus de vingt maladies différentes 
causées par le tabac; il a soin du reste de citer à l’appui les 
noms d’un grand nombre de médecins qui les ont observées. 

Nous le savons, il y a des médecins qui s’amusent à 
nier et atténuer les faits ; ils feraient beaucoup mieux d’étu¬ 
dier la question que de la trancher sans examen préalable. 


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— 246 — 


Ah ! pourquoi une enquête sérieuse n’est-elle pas ordonnée, 
sur cette grande question du tabac ? 

Non seulement les faits connus seraient amplement 
confirmés, mais ils formeraient avec les idées nouvelles un 
des tableaux les plus tristes et les plus effrayants!... Mais 
on ne manquera pas de nous objecter que la moyenne de la 
vie humaine s’est élevée,chez presque tous les pays civilisés, 
par des causes multiples, ce qui n’empoche pas le tabac 
d’avoir contribué pour sa part à la mortalité ; et puis peut-on 
nier qu’il empoisonne l’existence de beaucoup d’individus en 
les frappant d’une foule d’infirmités trop réelles ? 

Et il est, a priori, de toute impossibilité que des organis¬ 
mes qui absorbent tous les jours des quantités de nicotine, 
n’en soient pas morbidement impressionnés. 

Nous reconnaissons néanmoins qu’il existe ùne immunité 
relative pour bon nombre d’individus ; et voilà pourquoi le 
fumeur, qui jouit momentanément de cet avantage, ne peut 
croire qu’il en est de même de tous ses coreligionnaires. 

D’aucuns soutiennent que la violence du tabac s’émousse 
par l’habitude, c’est vrai pour beaucoup, c’est faux pour un 
plus grand nombre encore. S’il y a une habitude qui préserve 
il y a aussi par contre une habitude qui nuit et qui tue, et 
c’est là le grand danger pour les fumeurs, chiqueurs et pri- 
seurs de profession ; l’habitude devient tyrannique et c’est 
alors que le poison fait ses plus grands ravages. 

(A continuer.) Em. Seütin, Ph n , et D r L. Seutin. 

DES TROUBLES DE LA PAROLE 

et de leur traitement homœopathique, 

par le D* Wossa. — Traduction du D*“ Chevalier, de Charleroi. 

. Hahnemann a un mérite qui jusqu’à ce jour n’a pas été 
assez apprécié, c’est que d’un côté il a étudié et annoté les 


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différents états physiologiques et pathologiques du cerveau 
et de ses fonctions et les a réunis dans un cadre symptoma¬ 
tologique exact, et que d’un autre côté, par ses expériences 
physiologiques des médicaments, il a vérifié ceux qui,par leur 
action, répondaient à ces différents symptômes. 

C’est de cette façon que les changements et les troubles 
provoqués dans l’émission de la parole par certaines maladies 
comme par certains remèdes, ne lui ont pas échappé et que 
l’on trouve dans l’homœopathie des indications précieuses 
pour cette classe si difficile de maladies sur lesquelles les 
physiologistes, les pathologistes, les psychologistes et les 
linguistes ont attiré tout récemment l’attention du corps 
médical. 

Déjà en 1854,Rückert, dans le 1 er tome de son volumineux 
Répertoire , a publié un chapitre court mais très intéressant 
sur les troubles de la parole . Dans sa préface p. 67, il dit : 
« d’après les phrénologues, la parole qui, comme l’àme, a le 
pouvoir de faire comprendre aux autres ses sentiments et ses 
pensées au moyen de mots, a son siège dans un point spécial 
du cerveau et son instrument qui est la langue : de façon que 
la faculté de parier peut cesser par suite de la paralysie de 
cet organe, sans que pour cela le cerveau soit lésé, et vice- 
versa. Plus souvent cependant il arrive que le cerveau et la 
langue sont atteints simultanément et il est parfois difficile de 
savoir lequel de ces deux organes a été le premier atteint ». 

Plus on s’éloigne du rivage, dit le proverbe, plus la mer 
est profonde ; plus on cherche à pénétrer ce mystère de la 
parole, plus les chemins sont tortueux. Il faudrait d’abord 
être fixé sur la cause première de la parole chez l’homme en 
général, puis sur la formation et le développement de celle-ci 
chez chacun. Il conviendrait ensuite de rechercher comment 
les sensations de l’ouïe et de la vue s’établissent et comment 
elles se transforment en sons et ceux-ci en paroles ; il fau- 


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— 248 — 


drait enfin expliquer comment ces paroles prennent une forme 
articulée, grammaticale et logique. 

Quelques dates nous aideront dans cette étude : le phré- 
nologueGall a eu le premier l’idée de localiser la parole dans un 
point spécial et limité du cerveau. Il sépara l’idéation des 
mots de celle des paroles et en plaça le siège dans le lobe 
frontal du cerveau , derrière et au-dessus de Vorbite. 
L’idéation des mots, d’après Gall, consiste dans une mémoire 
spéciale des mots et ne dépend nullement de l’intelligence. 

Déjà sur les bancs de l’école, il avait remarqué chez ses 
condisciples une grande différence à ce sujet : la mémoire et 
la facilité d’apprendre par cœur coïncidaient avec de grands 
yeux (yeux de bœuf) ; les yeux petits et se dirigeant vers la 
terre caractérisaient au contraire une grande facilité d’ élo¬ 
cution . 

Dax, un médecin français, remarqua que les troubles de la 
parole coïncident avec les lésions du lobe frontal gauche. Il 
avait constaté dans un grand nombre de cas d 'hémiplégie 
avec troubles de la parole , la paralysie du corps a droite 
et la lésion cérébrale à gauche . 

En 1861, Broca a trouvé le point anatomo-pathologique 
de l’aphasie : l’intégrité de la 3 e , peut-être aussi de la 2 e cir¬ 
convolution gauche est essentiellement nécessaire pour 
l’articulation de la parole (centre d’élocution de Broca). 

Un médecin américain, sur 260 cas d’hémiplégie avec 
aphasie , constata 243 fois que la lésion cérébrale était à 
gauche et 17 fois seulement à droite , donc une proportion de 
243 : 17 ou de 14,3 : 1. Les lésions de l’hémisphère gauche 
accompagnées d’aphasie consistaient surtout en ramollisse¬ 
ments produits par embolie ou trombose de l’artère de la fosse 
de Sylvius ; les épanchements sanguins, les abcès, tout gon¬ 
flement quelconque de cette partie du cerveau donnaient le 
même résultat. Il n’est pas douteux que les affections cardia- 


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— 249 — 


ques jouent un grand rôle dans les lésions par embolie. 

Un cas qui se présente rarement, c’est une lésion de la 
3* circonvolution gauche n'amenant pas d'aphasie . On 
peut l’expliquer par la loi des compensations, c’est-à-dire 
que dans ce cas l’hémisphère droit, qui est sain, entre en 
action pour remplacer l’autre. 

Pour démontrer la localisation de l’élocution dans l’hémi¬ 
sphère gauche, Broca a rattaché ce fait à ce que la plupart 
des gens sont droitiers. Chez eux, l'hémisphère cérébral 
gauche est plus cultivé (il devrait même précéder le dévelop¬ 
pement de l’hémisphère droit) et surtout exercé chez ceux 
qui font des travaux de mains. 

Si cette partie du cerveau vient à être lésée, la partie 
droite peut la suppléer et la personne devient gauchère pour 
ce qui concerne l’élocution. L’autopsie d’une femme de 
47 ans, épileptique depuis son enfance, démontra l’absence 
complète de la circonvolution cérébrale gauche qui entoure 
la fosse de Sylvius; malgré cette anomalie la femme avait 
appris à lire et à écrire, elle savait aussi coudre, mais de la 
main gauche. 

La localisation de la parole, selon Broca, est-elle d’une 
grande utilité? Il n’existe pas dans le cerveau de centre ou 
de siège de la parole, pas plus qu’il n’existe de siège de l’âme 
dans un centre quelconque. 

L’organe central de la parole consiste plutôt en un grand 
nombre d’appareils ganglionnaires distincts, reliés entre eux 
par d’innombrables liens, qui remplissent une série de fonc¬ 
tions immatérielles, sensorielles et motrices, dont la résul¬ 
tante constitue seulement alors la parole. On peut même se 
demander si ces appareils ne servent qu’à la parole. 

Doit-on aussi considérer le cerveau (la substance cérébrale) 
comme le siège de l’intelligence ? La parole est un miroir 
fidèle de l’esprit, et tous les troubles survenant dans l’état de 


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l'esprit (et T anatomie aurait de la peine à les localiser dans 
le cerveau) auront leur retentissement sur la parole. De là 
quelle source considérable de désordres dans la parole! Tantôt 
un malade perd la mémoire des mots et des intonations de 
façon qu'il ne trouve pas les mots pour exprimer ses pensées 
(aphasie amnétique), tantôt il n’est pas en état de donner aux 
mots leur réelle signification, il se méprend, il dit des choses 
contraires et parfois incompréhensibles. Il commet des fautes 
contre les règles de grammaire, de syntaxe, contre la struc¬ 
ture des phrases. 

Une autre série de troubles de la parole dépend du défaut 
d’articulation des sons. C’est toute une affaire que la compo¬ 
sition des mots, l’arrangement des lettres pour une articula¬ 
tion sonore ; pour cela il faut une suite de contractions bien 
ordonnées, bien harmonisées des organes de la poitrine, du 
larynx, et d’autres organes externes qui produisent des sons 
pour les voyelles et pour les consonnes. 

L’étude plus approfondie des progrès de la physiologie et 
des changements anatomiques du système nerveux dans les 
cas de paralysie progressive du bulbe, de la dégénérescence 
de la moelle allongée, de celle des cordons gris de la moelle 
épinière, a démontré à levidence que l’articulation normale 
et la prononciation des lettres dépendent de l’intégrité des 
noyaux moteurs de la moelle allongée, surtout de ceux des 
nerfs hypoglosse, vague, accessoire et facial. Si le processus 
pathologique fait des progrès dans le cas de paralysie du 
bulbe, s’il passe d’un système ganglionnaire à un autre, d’un 
noyau à un autre ; l’articulation des sons devient de plus en 
plus faible : l’une consonne après l’autre, l’une voyelle après 
l’autre devient confuse, les mots simples sont de plus en plus 
embrouillés, il en résulte un bredouillement qui finit par un 
bégayement incompréhensible. 

Et par la succession des faits, les muscles des organes qui 


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servent à l’articulation, tels que ceux des lèvres, de la langue 
et du palais se paralysent, et empêchent l’élocutionides mois 
simples ou articulés. Dans tous ces cas l'intelligencepeut être 
parfaitement intacte. 

L’étude de la dissémination de Iêl sclérose dans des foyers 
du cerveau et de la moelle, a démontré plusieurs faits intéres¬ 
sants et qui trouvent ici leur place. 

Dans la forme cérébro-spinale, les troubles de la parole 
(anomalies de l’articulation) ou du moins ceux de la voix ne 
manquent jamais. Les paralysies du glosso-pharyngien les 
compliquent fréquemment et donnent lieu à des tremblements, 
puis enfin au bégayement. Quelquefois la voix n’est que 
monotone, elle perd sa modulation, parfois elle est nasillarde. 
L’élocution se fait lentement, malgré les efforts les plus 
grands ; elle devient scandée , c’est-à-dire que les syllabes 
sont séparées l’une de l’autre par des pauses. 

Il faut cependant distinguer cette manière scandée, entre¬ 
coupée de parler, de celle due à la paralysie des aliénés.Ceux- 
ci entremêlent sans ordre les syllabes et les lettres des mots, 
ils diront par exemple au lieud ^palladium—padacUium ou 
pladdalium, c’est ce qu’on pourrait appeler le bronchement 
des syllabes. Le malade atteint de sclérose disséminée dira 
Pal—la—di—um. 

On n’a pas jusqu’ici séparé assez le bégayement àubalbu- 
tiement et cependant cette différence a son poids.Le bégaye¬ 
ment se produit quand la contraction des muscles de la 
phonation et leur action pour la prononciation des voyelles 
et des consonnes sont empêchées ou arrêtées par une cause 
quelconque. Cette cause dans le bégayement est la paralysie 
bulbaire, comme aussi la sclérose centrale ; celle-ci peut 
cependant être également périphérique, par exemple se trou¬ 
ver dans les nerfs moteurs de la langue; ou bien encore, 
mais dans ce cas la cause est plutôt mécanique, dans un 


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défaut de la mâchoire, de la langue, des dents ou du palais. 

Le balbutiement , au contraire, se produit chaque fois que 
la liaison des consonnes et des voyelles (la vocalisation des 
consonnes) ne peut se faire par suite d’un état spasmodique 
des muscles de la phonation. Le point de départ de cette con¬ 
traction est central, c’est une excitation qui agit sur les nerfs 
des muscles de la phonation et qui parfois est très faible, 
comme par exemple une fluxion dentaire, une certaine timi¬ 
dité d’esprit ; l’irritation produite par les vers se porte de la 
périphérie au centre. 

De même que la parole peut être modifiée par la maladie, 
de même l’écriture peut l’être ; si, dans le premier cas il y a 
paraphasie, dans le second l’écriture et la lecture sont trou¬ 
blées, et ainsi qu'on peut perdre la mémoire dun mot , 
on peut perdre celle d'un caractère d'écriture , dè sorte 
qu’on est dans l'impossibilité d’écrire ou de lire ce qui est 
écrit ou imprimé. 

Les centres nerveux qui commandent à la parole et à 
l’écriture sont probablement distincts, mais se trouvent dans 
une relation étroite. On connaît la perte de la mémoire des 
noms chez les personnes d’àge qui jouissent cependant encore 
de toutes leurs facultés ; plus tard cela devient une vraie 
infirmité (amnesia senilis), elles perdent la mémoire non seu¬ 
lement des noms des objets usuels, mais celle des choses 
abstraites et même de faits tout récents. 

{A continuer .) Traduction du D r Chevalier. 


LA CATARACTE, 

par le D r Màrtiny. 

Nous croyons être utile en mettant sous les yeux de nos 
lecteurs Tarticle suivant, qui résume un point de diagnostic 


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opératoire très controversé, et nous nous empressons de dire 
que si les règles de l'opportunité de l'opération sont telles 
que les donne M. Trousseau, nous avons fréquemment eu 
l'occasion de constater qu’on ne les observe pas toujours. 
Ceci dit, voici l'article : 


Cataracte. 

A quel moment faut-il opérer ? 

par M. le D*“ Trousseau, de la clinique nationale des Quinze-Vingt. 

Telle est la question que peuvent se poser les praticiens éloignés des 
grands centres ophtalmologiques, qui ont à conseiller un voyage long et 
coûteux aux patients atteints de cette affection de l'œil ; n'arrive-t-il pas 
encore que le médecin soit interrogé sur l'opportunité d'une opération ? 

J'espère, par cette courte étude, éviter quelque embarras à mes con¬ 
frères non spécialistes ; je vais tâcher de fixer les points les plus inté¬ 
ressants et de répondre aux questions capitales. 

Comment reconnaît-on la présence d'une cataracte ? — Quand l'affec¬ 
tion est ancienne, le diagnostic est des plus faciles ; le champ pupillaire 
est occupé par le cristallin dont la couleur blanche, grisâtre ou jaunâtre 
tranche sur le bleu ou le brun de l'iris. 

Si la cataracte n'est pas encore complète ou si sa teinte n’est pas affir¬ 
mative,on aura recours à l'éclairage oblique, c’est-à-dire qu’à l'aide d’une 
lentille tenue obliquement entre l’œil et un foyer de lumière, on concen¬ 
trera, sur la pupille, un faisceau lumineux qui rendra visible le trouble 
du cristallin. 

On emploiera encore le simple miroir ophtalmoscopique sans loupe et 
on ne tardera pas à constater que l'opacification du cristallin empêche 
d'éclairer le fond de l’œil dont la coloration rougeâtre n’apparaît plus. 

La cataracte bien reconnue est-elle opérable ? — Règle générale, une 
cataracte est opérable lorsque l’œil est sain (en dehors de la lésion du 
cristallin) et lorsque la santé du patient est suffisamment bonne. Parmi 
les circonstances propres à influencer la décision, il y a donc : 

P Celles qui tiennent au globe oculaire ; 

Celles qui dépendent du reste de l’organisme ; 

3° Une opération de cataracte ne peut donner de résultat satisfaisant 
qo autant que le fond de l'œil est bon. On interrogera le malade sur ses 
antécédents oculaires, les affections locales qu'il a pu avoir, l'état de sa 
vue avant l’apparition de la cataracte. Etait-il myope, hypermétrope? 

Ainsi on pourra être mis Bur la trace d’une ancienne atropie papil- 


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— 254 — 


laire, d'une vieille choroïditc qui diminueraient singulièrement les effets 
heureux de l'opération L'examen de l'autre œil, s'il n'est pas couvert, 
peut rendre un grand service, car souvent les affections profondes sont 
symétriques.Certaines cataractes sont symptomatiques de maladies telles 
que le décollement de la rétine, le glaucome. 

C'est alors que l'étude de la perception lumineuse est à recommander. 
On projettera sur l'oeil un faisceau de lumière en priant le malade d’an¬ 
noncer rapidement l'apparition de la lueur ; cm promènera dans toute 
l'étendue du champ visuel une bougie allumée. 

Lorsque la perception sera imparfaite, trop localisée ou nulle, mieux 
vaudra déconseiller l'opération. 

On instillera avec avantage l'atropine pour vérifier si la pupille est 
dilatable ; des synéchies trop considérables restreindraient les chances de 
succès. 

On fera le palper de l'œil pour rechercher la tension à l'aide de deux 
doigts placés sur la partie la plus élevée de la paupière supérieure fer¬ 
mée. Un œil trop dur révélerait le présence d’un glaucome, un œil trop 
mou, un décollement rétinien ou une liquéfaction dû corps vitré ; l'ab¬ 
stention serait donc indiquée. 

On n'opérera pas en cas d’altération des annexes de l'œil : une blé¬ 
pharite, une conjonctivite chronique, un larmoiement,à plus forte raison 
une dacryocyslite, rendraient indispensable un traitement préparatoire 
pour éviter la suppuration de la plaie corséenne 'susceptible d’être 
infectée par les microbes pathogènes de la conjonctive ou des voies 
lacrymales. 

2° Un examen attentif de l'état général des patients est indiqué. Il est 
rare qu’à l’âge où le cristallin s'opacifie, l'ensemble de l’organisme soit 
indemne de toute altération. Tel présentera les signes d'une artério¬ 
sclérose, tel autre sera un brightique, tel autre un diabétique confirmé. 
Celui-ci aura de la bronchite et de l'emphysème, celui-là une affection du 
cœur ou du foie. 

Je ne crois pas que ces divers états pathologiques soient une contre- 
indication formelle à l'opération, mais on devra les prendre en sérieuse 
considération et ne tenter l'extraction qu'après avoir pris les précautions 
nécessaire* pour éviter un accident irrémédiable. Une hémorrhagie grave 
dans le corps vitré ou dans la chambre antérieure est-elle à craindre chez 
un scléreux par exemple ? On pourra prévenir la complication par un 
traitement médical préparatoire et par des préparations d'ergotine don¬ 
nées à l'intérieur ou en injections sous-cutanées quelques jours avant 
l’opération. 

Chez le bronchitique, on cherchera par la morphine et les opiacés à 
calmer les quintes de toux qui provoqueraient l'issue du corps vitré ou 
gênerait la coaptation du lambeau. 

La cataracte diabétique peut-elle être opérée ? 


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Sans hésiter, je réponds oui, mais à condition de prescrire un régime 
rigoureux et de n’opérer que pendant un abaissement marqué de la quan¬ 
tité de sucre. Une saison préalable à Vichy peut être une garantie de 
succès. 

Chez les diabétiques, on ne peut le nier, on observe assez souvent des 
complications post-opératoires : mais il faut proclamer hautement que, 
grâce à l’antisepsie, elles sont de plus en plus rares. Le grand facteur 
des désastres réside dans l'infection de la plaie. Si nous supprimons 
cette cause par une antisepsie rigoureuse, les germes n’existant pas sur 
les lèvres de la section, il nous importera peu que le milieu soit plus ou 
moins favorable à leur développement. C'est là une grosse question sur 
laquelle je regrette de ne pouvoir insister. 

Je citerai pourtant une statistique : 

J'ai tenu un compte précis de vingt opérations que j’ai fàite* sur des 
diabétiques. J’ai eu 17 succès, 1 hernie de l’iris qu’on ne peut attribuer 
à la diathèse et 2 iritU dont une suppurative; en somme pas un œil 
perdu puisque, dans ces deux derniers cas, j’ai plus tard pratiqué 
2 iridectomies dont une a donné un brillant résultat et l’autre uu résultat 
médiocre. 

Doit-on opérer avant la maturité de la cataracte ? — Autant que 
possible, on attendra que la cataracte soit bien mûre, c’est-à-dire que le 
champ pupillaire ne laisse plus passer de rayons lumineux ; qu’on ne 
paisse plus, avec le miroir, éclairer le fond de l’œil et que le malade en 
distingue plus que le jour et la nuit. 

L’opération faite à la période de maturité offre bien plus de chances de 
succès. En effet, il est plus aisé d’enlever les masses corticales qui ont 
ose à grande tendance à former des cataractes secondaires. 

Si le sujet ne peut voir a*sez pour gagner sa vie, on est autorisé à 
devancer l’heure de l’opération ; il est alors très avantageux de faire pré¬ 
céder l’extraction d’une iridectomie faite un mois ou deux avant la ten¬ 
tative finale. 

L’iridectomie favorise la maturation,rend plus aisée l’issue des masses, 
assure un meilleur nettoyage de l’œil. 

Doit-O7i opérer un œil quand l'autre est sam ? — L'opération ne doit 
«tre tenféeque si l’œil opposé est déjà atteint de la cataracte ; en effet, 
après l’extraction, l’œil opéré est devenu hypermétrope de 10 à 12 diop¬ 
tries et a besoin pour voir, d’un fort convexe. Le malade préférera tou¬ 
jours se servir de l’œil normal et par suite,ne verra toujours que d'un œil. 
On ne peut déroger à cette règle, que quand le patient insiste lui-même 
pour être opéré ; on se trouve dans certaines conditions qui rendent difficile 
an nouveau déplacement. 

Doit-on opérer les deux, yeux en même temps ? — Non, car des 
conditions défavorables peuvent agir sur les deux organes au même 
fcoment, conditions qui peuvent, pour l’un des yeux, ne plus exister plus 


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— 256 # — 


tard. Si un échec survient lor« de la première opération, le second œil 
reste comme une précieuse ressource. 

En résumé : On doit opérer quand l'œil et ses annexes sont sains, 
quand le sujet est bien portant, quand la cataracte est mûre, quand les 
deux yeux sont atteints et quand on est sûr de l’antisepsie. — On 
n’opèrera qu’un œil à la fois. {Revue gén. de Clin, et de T/térap.) 

Le bon vouloir, l’inspirateur du moment (?), les exigences 
du médecin et du malade font souvent mettre ces règles à 
l’arrière-plan.N’est-ce pas l’avis de nos confrères ? 

D r Martiny. 


BIBLIOGRAPHIE. 

DESCRIPTION ET EMPLOI THÉRAPEUTIQUE DES 
DOUZE MÉDICAMENTS BIOCHIMIQUES DU DOCTEUR 
SCHÜSSLER. — Par F. J. Orth, professeur.Toulouse 1889. 

M. Orth, directeur du Journal populaire de médecine 
homœopathique, vient de faire paraître en un petit volume la 
description et l’emploi thérapeutique des médicaments du D r 
Schüssler. 

Ces remèdes sont très connus des lecteurs de la Revue ho¬ 
mœopathique belge qui en a donné à plusieurs reprises déjà 
les indications. Le livre de M. Orth résume très bien les 
indications de ces remèdes dans la plupart des maladies. 

D Martiny. 


SOMMAIRE. 


LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny. . 225 
Le tabac (Suite), par MM. Em. Sedtin, Ph. et le D r Léon 

Seutin, de Bruxelles.239 

Des troubles de la parole et de leur traitement homceo- 
pathique. Traduction du D r Chevalier, deCharleroi. 246 

La cataracte, par le D r Martiny.252 

Bibliographie.256 


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REVUE HOMŒO PATHIQUE BELGE 

15 e Année. DÉCEMBRE 1888. N° 9. 


LES ANTITHERMIQUES, 

par le D r Martiny . ** 

Revenons encore une fois sur ce sujet et examinons si les 
moyens que la thérapeutique allopathique met h la disposition 
du médecin pour abaisser la température des malades sont 
utiles ou nuisibles. Nous nous sommes déjà prononcé à ce 
sujet (1) depuis longtemps : « En voulant refroidir le malade 
n empêchons-nous pas,disait le l) r Peter,une réaction utile de 
la maladie?» Cette haute température n’est-elle pas nécessaire 
pour que l’organisme lutte avantageusement contre l'infec¬ 
tion de l’économie ? C’était le crï du bon sens, mais les sa¬ 
vants n''écoutèrent pas cette voix, ils instituèrent des expé- 
riencesplus ou moins séduisantes dans lesquelles les microbes 
étaient soumis pendant un temps plu* ou moins long à des 
températures fébriles élevées, et les microbes ne s’en portaient 
pas plus mal ; dés lors la cause des antithermiques était 
triomphante; « à quoi bon, disait-on, laisser subsister une tem¬ 
pérature élevée chez-les malades, puisque cette température 
reste, d’après nos expériences (sous le microscope bien enten¬ 
du), sans influence sur les microbes ; or, cette température, 
personne ne le conteste,aflaiblit rapidement les malades; nous 
avons des moyens héroïques qui font rapidement tomber cette 
température au niveau do la normale, employons-les donc et 
nous évitons ainsi une grande cause d’épuisement pour l’or¬ 
ganisme ï; et de nouveau ce fut le bon temps pour les bains 

(1) Voir Revue homœopathiçue belge. Février 1889 et avril 1888. 


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froids, pour le sulfate de quinine, l'antipyrine, l’antifébrine, 
la phénacétine ; la clinique s'était pourtant prononcée de 
son côté, les antithermiques ne donnaient pas de résultats 
favorables, les malades mouraient comme auparavant, plus 
qu’auparavant disaient les statistiques ; — peu importe, le 
microscope, les cultures, microbiennes les expériences de 
laboratoire disaient oui, la clinique disait non,et jusque main¬ 
tenant ce furent néanmoins les expériences de laboratoire 
qui dictèrent aux médecins allopathes leur ligne de conduite. 
On prescrivit des antithermiques à presque tous les fébrici¬ 
tants : les malades mouraient plus fréquemment qu’aupar- 
avant, peu importe, ils mouraient avec la température abais¬ 
sée : ils mouraient selon les règles de l’art ; il n’y a pas 
encore trois mois que nous nous entendions reprocher par 
un de nos confrères de ne pas vouloir employer les antither¬ 
miques: « On peut être homœopathe, nous disait-on, mais il 
faut pourtant user d’un moyen qui est un vrai progrès». — 
Singulier progrès en réalité que l’expérience au lit des 
malades ne confirmait nullement. Et puis, voyez comme la 
thérapeutique était simplifiée : il suffisait d’appliquer le ther¬ 
momètre et quand il s’élevait au-dessus de la moyenne on 
administrait les merveilleux antithermiques ; telle était la 
loi et les prophètes de la thérapeutique — et les malades 
mouraient toujours, mais ils pouvaient mourir contents, les 
ingrats. ils mouraient sans fièvre. 

Aujourd’hui que de nombreuses victimes de l’antithermie 
reposent en paix,voici venir la réaction,la réaction salutaire 
du bon sens, et les microscopistes eux-mêmes ont trouvé une 
explication nouvelle; ils prouvent que si la chaleur n’est pas 
nuisible aux microbes,elle favorise le travail «des phagocytes» 
dont le rôle est de manger et de digérer, par conséquent 
de détruire, les produits pathogènes, les microbes et autres 
corps étrangers & l’organisme : or les phagocytes se trouvent 


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bien d’une grande chaleur, plus ils ont chaud mieux ils tra¬ 
vaillent, mieux et plus ils digèrent ; dès lors il ne faut pas 
abaisser la température des malades ! 

Mais citons plutôt en entier le travail qui nous a inspiré 
les réflexions qui précèdent et que nous trouvons da ns F Union 
médicale y du 11 décembre : 

L’antipyrèse dans les maladies infectieuses. 

La question de l’antipyrèse dans les maladies infectieuses est une des 
plus importantes qui puissent so poser actuellement en thérapeutique 
générale; nous n'avons pas l'intention de la traiter complètement et vou¬ 
lons seulement présenter quelques considérations sur l’état actuoi de la 
question en exposant les idées que vient de développer avec talent le 
professeur Richard Pott (de Halle-sur-Saale). 

Ainsi qu'il le fait d'abord remarquer, le traitement de la fièvre parut 
longtemps une chose fort simple. La température étant regardée comme 
donnant la mesure de l'altér.ition du sang, tous les symptômes secondaires 
de la fièvre : modifications des échanges organiques, troubles de la circu¬ 
lation et de la respiration, symptômes nerveux, furent rattachés à l'hy- 
perthermie. En fait, le trouble des centres régulateurs de la chaleur était 
regardé comme la cause primitive essentielle de tous les symptômes 
fébriles. 

C'est seulement dans ces dix dernières années que l'on s'est convaincu 
qu’il fallait, dans la fièvre des maladies infectieuses, admettre une cause 
commune à l'hy per thermie et aux troubles divers qui l'accompagnent. Il 
est reconnu actuellement par tous que ces maladies sont occasionnées par 
la présence, dans le corps humain, de micro-organismes qui troublent le 
cours normal des échanges nutritifs. Quand l’infection se produit, l’orga¬ 
nisme réagit contre elle par les centres caloriques, qui entrent aussitôt en 
action quand il se produit une influence nocive quelconque. Le trouble de 
la régulation de la chaleur est donc le premier et le plus sûr des signes de 
toute fièvre infectieuse. 

Il taut faire remarquer immédiatement que l’action de la cause varie 
selon l'organisme atteint, et que, pour la même maladie infectieuse, deux 
malades pourront présenter des élévations de température très différentes. 
C’est ainsi que, tandis que, chez, des enfants, le thermomètre montera à 
an degré élevé, il s'élèvera peu ou même restera à la normale chez le 
vieillard et le cachectique. La marche de la fièvre est encore très varia- 


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ble, selon l'espèce de la maladie infectieuse, cyclique ou non, et il nous 
suffira d'indiquer ce fait. 

L'augmentation, ou plutôt la mesure de la température, est le seul 
symptôme qui nous permette, dans les maladies infectieuses, d'établir 
avec une approximation grossière la gravité de l’infection. 

Au Congres de Wiesbaden de 1885, Liebermeister avait posé les con¬ 
clusions suivantes devenues célèbres : 

1° Dans un grand nombre des cas de maladies fébriles, l'élévation de 
la température constitue un danger. 

2° Dans ces cas, le médecin doit combattre l'hyperthcrmie. 

Ces conclusions furent alors acceptées sms opposition. 

Cependant, dans ces dernières années, il se produisit un certain nom¬ 
bre de faits tendant à faire rejeter ces propositions qui paraissaient d'abord 
si bien établies. 

Les adversaires les plus absolus de toute antipyrèse sont Unverricht (1) 
. et Naunyn <2). 

On a d'abord insisté sur ce point que. expérimentalement, on n'avait 
pas encore fourni la preuve de la nécessité qu'il y avait à éviter réchauffe¬ 
ment du sang. D’après les expériences de Naunyn, le surchauffement du 
corps paraît d'une importance absolument secondaire pour la santé 
générale. Des lapins enfermés dans des chambres chaudes purent être 
conservés int »cts pendant des semaines avec une température moyenne 
de 4R5. Ils purent même supporter des élévations au-dessus de 42° et 43°. 
Dans ce cas, la température doit être atteinte graduellement et il faut 
donner de l'eau en abondance. Dès que la température atteint 44 à 45°, 
et souvent plus tôt, les animaux succombent. La mort surviendrait alors 
par rigidité du cœur et des muscles fCl. Bernard). 

Des hommes même (3) ont pu supporter de hautes élévations passa¬ 
gères sans troubles essentiels. 

Quand la température du milieu extérieur atteint un certain degré, 
celle du sang s'élève, l'appareil de régulation ne pouvant plus remplir 
son service. La quantité de vapeur d'eau que contient l'air ambiant a une 
grande importance. L'évaporation, qui est un facteur capital de la régu- 

(1; Ueber Ficber (Deutsche mcd. Woch. 1883). — Fortsch. d. Med. 1883, 
p. 448. — Ueber moderne Fieberbehandlung . — Corr. Bl. ail. artzl. 
Vercins v. Thuringeu , 1888. 8. 

(2) Arch. f. expr. Pa?h„ Bd. 18, p. 49.— Menschen, Mang, D. HaUe, 1885. 

(3) Simakowski : Zeitschr. fur Berl , XXI, p. 1. — Koch, ibid. p. 447. 


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ation, est forte ou aible, suivant l'état hygrométrique de l'atmosphère. 
C'est ainsi que, comme Weber l'a montré chez des néphrétiques, la 
chaleur du corps s’élève, dans un bain,à 37°5. L’évaporation de la sueur 
manquant, le sang s'échauffe fatalement. Le vêtement qui recouvre la 
la peau est encore un facteur très important. La température s'élève 
rapidement quand un homme est placé dans une chambre où il y a un 
air très chaud et très humide. Souvent alors apparaît la dyspnée de 
chaleur. Contrairement à Hartwich, Naunn ne croit pas que, dans ces 
cas, les centres d'innervation du cœur et des vaisseaux soient influencés* 
La destruction de l'albumine augmente peu. 

Cependant, si intéressantes que soient les expériences de Naunn» 
elles ne démontrent pas complètement l'innocuité de l'élévation de la 
température dans les maladies infectieuses (1). 

En effet, le fébricitant se trouve dans des conditions tout autres que 
celles d'un sujet sain dont la température est élevée artificiellement Tous 
les appareils de régulation de ce dernier étant intacts, il n'est pas 
ctonnant qu'il puisse lutter. Les parties externes sont souvent plus 
chaudes que l'intérieur du corps ; le pouls et la respiration ne sont pas 
accélérés chez les animaux lentement surchauffés. Le fébricitant ne se 
trouve pas en ► i favorable position. Chez lui, non seulement la tempé¬ 
rature s'élève, mais la régulation de la chaleur est troublée par l'infec¬ 
tion causale ; de plus, enfin, les parties périphériques sont souvent plus 
fraîches que les centrales. 

Mais Naunn a fourni d'autres arguments plus cliniques eh faveur de 
l’innocuité de l’élévation de température. La mortalité de chaque maladie 
infectieuse ne correspond pas toujours à la hauteur de la température. 
Quand même dans les typhus exanthématique et abdominal, quand 
même dans la pneumonie, la hauteur de la température donnerait la 
mesure de la gravité de l'affection et de la grandeur du danger, il y a, 
dans- la fièvre récurrente, des jours où le patient ne court pas plus de 
risques et, où le thermomètre monte à 40 et 42°. D'autre part, dans la 
fièvre typhoïde, la mort survient souvent avec des phénomènes cérébraux 
très menaçants, bien que la température soit basse ; tandis que, dans 
d’autres cas à températures élevées, le sensorium reste libre et la 
maladie se termine favorablement. De même la pneumonie, habituelle¬ 
ment si fébrile, évolue chez les vieillards et les cachectiques en élevant 


(1) Voir Hoffmann : Vorler . ueber allgemeine Thrrapic, 1885, p. 441. 


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en général très peu la température ; néanmoins, dans ces cas, le pro¬ 
nostic est presque absolument défavorable. 

Enfin, dans certaines fièvres typhoïdes, chacun sait que parfois les 
malades supportent des températures de 40-41° pendant des semaines 
sans que, pour cela,la mort soit fatale. 

Après avoir affirmé l'innocuité de la température fébrile, les adver¬ 
saires de l'antipyrèse font un pas de plus. Ils disent : l'évolution de la 
température dans les maladies infectieuses n'est pas seulement sans dan¬ 
ger, mais elle est une réaction nécessaire, directement curative de l'orga¬ 
nisme contre les microbes qui l'ont envahi. Voici donc l'ancienne, la 
vieille notion de l'utilité de la fièvre, de son action curative, purifiante, 
qui reprendrait du crédit. 

On doit être frappé de la régularité avec laquelle l'organisme réagit 
lors de la pénétration de micro-organismes pathogènes par l'élévation de 
la température du sang. Il faut presque, dit R. Pott, reconnaître dans 
ce fait inexpliqué une loi de la nature. 

Récemment, V. Hosslin (1) et Fiukler (2) ont développé les raisons 
qui donnent à penser que la fièvre est un « appareil utile de la nature », 
une arme de l'organisme contre lesferments et les micro-organismes qui 
l'infectent. Une forme de réaction si largement répandue, paraissant 
commune à tous les animaux à sang chaud, comme Zuntz (3) le remar¬ 
que, ne se comprendrait pas si elle ne s'était pas montrée utile pour l'or¬ 
ganisme dans la lutte pour l'existence. Mais, poursuit Zuntz, si le 
parasite, cause de la maladie fébrile, sort vainqueur de cette lutte, ce 
qui est souvent le cas, on doit penser que l'organisme étranger a pris le 
dessus, éveillant chez l’individu atteint les réactions qui sont néces¬ 
saires à son développement. Ainsi, dans toute maladie infectieuse, on 
doit chercher d’abord si la fièvre est une réaction curative de l'organisme, 
ou si, inversement, elle favorise le développement des parasites infec¬ 
tieux. 

Il est certain que la virulence des nombreux micro-organismes est,sinon 
annihilée, au moins affaiblie notablement par de hautes températures. 
Mais les températures actives ou bien sont plus hautes que celles que 
l'on observe dans les maladies infectieuses, ou bien doivent agir pendant 
des semaines. Ainsi, par exemple, la virulence des bacilles du charbon 

(1) Vire hoir s Arch ., 1888, p, 95. 

(2) Pflugcrs Arch., Bd. 29, p. 98. 

(3) F&rtsch. d. Med,, 81, p. 217. 


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ne s affaiblit qu'après environ trente jours d'une température constante de 
40° C. (Pasteur, Koch, Chauveau). Les pneumocoques de Friedlandler, 
maintenus pendant sept jours à une température de 38 5 à 41°5, con¬ 
servent leurs propriétés nuisibles. Les spirochètes de la fièvre récurrente 
c ontinuent encore leurs mouvements à des températures (60° d'après Lit- 
ten, — 41°, d'après Kofsky) qui dépassent de beaucoup les plus hautes 
chaleurs fébriles. Les bacilles tuberculeux eux-mêmes, qui sont très sen- v 
sibles à la température, supportent la fièvre la plus accentuée, bien que, 
d après Koch, leur développement soit entravé par une température de 
42* continuée pendant trois semaiues. Les poules, dont la chaleur nor¬ 
male est 42°, sont très exposées à la tuberculose. 

11 résulterait de cet exposé que, pour la plupart des micro-organismes 
pathogènes, la meilleure température, c’est-à-dire celle à laquelle ils se 
développent et s'accroissent le mieux, se trouve exactement dans les limi¬ 
tes delà température du sang augmenté par la fièvre. Les faits existants 
plaident donc contre l'opinion que la chaleur du sang, même élevée,puisse 
annihiler ou au moins atténuer les produits pathogènes. 

Beaucoup plus plausible, quoique encore un peu hypothétique, paraît 
l'explication que Metschnikoff (l)a donnée, en s'appuyant sur ses obser¬ 
vations, sur l'action des phagocytes. Il appelle ainsi toutes les cellules 
amyboïdes du tissu conjonctif et du sang à qui échoit un rôle actif dans 
tous les processus inflammatoires et dans toutes les maladies fébriles. 
Getauteur admet, comme un fait certain, qu'il se produit dans les cel¬ 
lules amyboïdes une espèce de digestion des produits pathogènes et 
autres corps étrangers qui seraient mangés. Les cellules amyboïdes sont 
très sensibles vis-à-vis des températures. « Il y a une lésion intime entre 
leur activité et les variations du thermomètre. Les globules blancs du 
sang chauffés à 45-46° sont rendus plus actifs, d'où il résulte que des 
températures fébriles doivent exagérer l'activité des phagocytes. 

« La même chose est démontrée par l’immigration de ces cellules, lors 
des maladies fébriles, dans les muscles et dans les cerveau où sont man¬ 
gées les parties affaiblies. En outre, il est démonté que, dans beaucoup 
de ces maladies, il y a augmentation de la quantité des cellules qui 
reuferment des globules rouges du sang. Tout cela conduit à penser que 
les températures fébriles.dans les maladies infectieuses,facilitent la lutte 
des phagocytes contre les parasites pathogènes». La chaleur fébrile ne 


(1) ForUchritte d. Med ., 1884. 


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tuerait donc pas lçs bactéries directement, mais l'élévation de la tem¬ 
pérature exercerait une action indirecte dirigée Sur l'activité des phago¬ 
cytes. 

En transportant les idées de MetschnikofF dans la pratique,il en résulte 
ceci : comme pendant la fièvre l'activité des phagocytes est augmentée et 
ceux-ci ont une action curative dans la lutte contre les produits pa¬ 
thogènes, la suppression de l'état fébrile doit être considérée comme une 
erreur thérapeutique grave. 

Le rôle phagocytaire a été étendu par MetschnikofF aux cellules géan¬ 
tes des tubercules. Cette opinion a été combattue par Weigert(l), qui 
regarde les phénomènes comme pouvant être interprétés dans le seus 
d'une dégénérescence du protoplasma entourant les bacilles; il admet de 
plus que la dégénérescence des bacilles, quand elle est certaine, n'a lieu 
que sur des bacilles morts sous l’action de facteurs étrangers aux cellules. 
Nous croyons devoir renvoyer ceux que cette question intéresse à la ré¬ 
ponse de Metschnikofi, parue dans les Annales de l'Institut Pasteur 
(25 novembre 1888). 

Quel que soit le résultat de cette dernière discussion, il convient de se 
demander comment ce qui était autrefois considéré comme dangereux, à 
savoir les hautes températures, est devenu non seulement innocent,mais 
curatif. C'est dans nos connaissances récentes sur l’étiologie des fièvres, 
qu'il faut chercher l'explication de cette contradiction. 

La fièvre est sans conteste la suite de l'infection. Mais cette infection 
est causée par l'action spécifique de micro-organismes bien déterminés. 
Il ne reste qu'à établir leur mode d'action.Ou bien les micro-organismes 
pathogènes sont directement excitateurs de la maladie et de la fièvre, ou 
bien il faut accorder une certaine importance à leurs propriétés chimi¬ 
ques. Il est de plus vraisemblable qu'ils agissent comme ferments. 

Mais on doit, dit Pott, encore invoquer une autre cause. Le motif prin¬ 
cipal pour modifier nos opinions sur les dangers de la température fébrile 
réside, si paradoxal que cela puisse paraître, dans l'action prompte et 
sûre de nos médicaments antipyrétiques modernes. Pott regarde, en effet, 
et nous faisons sur ce point toutes nos réserves, l'antipyrine, l'antifé- 
brine, la phénacétine, comme pouvant donner des résultats qui n'ont 
jamais été obtenus avec les bains froids. 

Cependant ces résultats se bornent à abaisser à la normale la tempé- 


(1) Fortschritte d. Mcd. t n° 21, 1 e ** novembre 1888. 


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rature fébrile et à la maintenir presque conslarrment dans, la limite 
physiologique. On a ainsi obtenu le triomphe de ne pas voir se déve- 
opperle deuxième accès de fièvre dans la récurrente. Serait-ce là l’idéal 
de l'antipyrèse ? t 

Malheureusement, des phénomènes toxiques peuvent survenir après 
l'administration de ces médicaments et prendre parfois un caractère 
menaçant. Ils sont trop connus pour que nous y insistions. 

Si ces accidents, ce qui n’est pas, pouvaient être évités en surveillant 
et en dôsant le médicament, l’action de ce dernier devrait-elle être 
recherchée ? Eh bien, non î 

En effet, en écartant les températures fébriles, on n'attaque en aucune 
façon la maladie elle-même qui continue à évoluer. Cet abaissement de 
température est si inutile, qu’Alexander (1) a constaté que le nombre des 
spirochètes augmentait dans la récurrente, après l'abaissement de la 
température avec l’antipyrine. En fait, les nouveaux antipyrétiques ne 
sont nullemônt des spécifiques et ne s'adressent qu’à des symptômes de 
la maladie. 

Nous l’avons dit ici même et ailleurs (2), et nous croyons devoir le 
répéter: il n'y a qu'une seule médication qui réponde à la fois et à l'élé¬ 
vation de la température et aux autres symptômes graves des maladies 
infectieuses, c'est l’eau froide appliquée selon la méthode de Brand. 
L'école de Lyon, en tête de laquelle on doit placer Glénard, Tripier et 
Bouvcret, a montré tout le parti que l’on pourrait tirer de l’emploi judi¬ 
cieux des bains dans le typhus abdominal ; nous sommes h eureux de 
voir l'Ecole de Paris, représentée par ses plus jeunes membres (3), se 
préparer à marcher sur ses traees. 

Paul Chéron. 

On le voit, si Ton semble abandonner les antithermiques 
médicamenteux, on conserve encore l’eau froide : nous ne 
croyons pas être grand prophète en prédisant que nous ne 
sommes plus éloignés de l’époque où l’eau froide elle-même 
sera abandonnée ; car comment admettre qu’il puisse être 
salutaire de plonger plusieurs fois par jour un typhoïde 

(1) Brest. Zeitschr 1884, n° 11. 

(2) I nion médicale , 1888- Gazette des hôpitaux , 1888, n 0s 60 et 66. 

(3; Juhel-Renoy, Richard, Du Cazal, Josias. 


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dans une baignoire d’eau froide? Et du reste l’expérience au 
lit du malade est loin de confirmer les beaux succès que 
es prôneurs de la méthode de l'eau froide lui attribuent. 

D r Màrtiny. 


Le tabac (1), 

par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D' L. Seutiw, à Bruxelles. 

Maintenant, est-il possible de fixer la dose prudente au- 
dessous des doses évidemment toxiques ? Nous ne le pensons 
pas, c'est là une question d’individualité. Tel fumeur pourra 
impunément fumer plusieurs pipes ou cigares par jour, tan¬ 
dis que son voisin s’intoxiquera avec la meme dose ; il est 
toutefois évident que c’est surtout chez les grands fumeurs 
que l’on constate les accidents les plus sérieux et les plus fré¬ 
quents. En principe, l’abus du tabac commence le jour où l’on 
fume pour la première fois, et ce serait perdre son temps que 
de vouloir déterminer pour chacun avec précision où finit 
l’usage prudent de cette substance (2). 

Si Ton demande maintenant, pour tous ceux qui usent du 
tabac d’une manière quelconque, combien il en est qui ne 
ressentent aucun effet fâcheux de cet agent toxique, il sera 
bien difficile de répondre; toutefois, nous croyons être encore 
au-dessous de la vérité, en soutenant que la moitié au moins 
doit être atteinte plus ou moins gravement par le poison du 
tabac. On a contesté les effets désastreux du tabac sur l’in¬ 
telligence, et l’on a parlé des écrivains, des hommes 
célèbres qui fument beaucoup et impunément, mais on a eu 
soin d’oublier dans cette nomenclature tous ceux qui en 
avaient souffert. 

(1) Suite. Voir volume courant, pp. 09, 100, 129,161,204 et 239. 

(2) imbert-Gourbeyre. Leçons sur le tabac , p. 54. 


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Il y a des médecins qui ont prétendu que sous l’influence 
de la fumée du tabac, le travail est plus facile et l’esprit plus 
lucide. C’e^d l’opinion, entre autres, du savant D r Becquerel, 
mais cette étrange manière de voir est contredite par la 
grande généralité de leurs confrères allopathes, et à plus 
forte raison par les travaux consciencieux des disciples de 
Hahnemann, qui,à l’exemple de leur Maîtré, font de l’action 
pathogénétique des médicaments une étude exacte et appro¬ 
fondie. 

Que nous dit, en effet, l’école homœopathique, d’accord en 
cela avec tous les faits signalés par l’école rivale ? Elle nous 
enseigne que le tabac produit une forte envie de dormir après 
les repas, de l’insomnie nocturne, une mélancolie sombre, 
parfois de l’angoisse, de l’inquiétude, de l’agitation, de l’éloi¬ 
gnement pour le travail et la conversation, de l’affluence 
d’idées confuses, du vertige et de la pesanteur excessive de 
la tête. Y a-t-il dans ces effets primitifs du tabac, des symp¬ 
tômes qui soient de nature à rendre l'esprit plus lucide, 
l’intelligence plus ouverte et le travail plus facile (t)? 

N’insistons pas davantage sur ces détails scientifiques, 
mais qu’il nous soit permis de faire appel à notre bon sens 
pratique, à l’observation personnelle, et qu’on veuille bien 
nous dire si l’on a jamais vu que les culotteurs de pipes fussent 
habituellement des gens d’intelligence et d’esprit ? 

Oui, l’on peut être intelligent, quoiqu’on fume ; mais com¬ 
bien de belles intelligences, d’un autre côté, ont été amoin¬ 
dries et ont péri par le tabac ? Nous en avons cité plusieurs 
exemples péremptoires, et qui ne laissent aucun doute à cet 
égard. 

On a donc le droit de dire que le tabac est un ennem 
invisible qui fait, sans qu’on s’en doute, les plus grands rava- 

(1) Imbert-Gourbeyre. Leçons sur le tabac. 


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ges :-en effet, ne le voit-on pas tous les jours et de tous les 
côtés pénétrer dans la place sans rencontrer aucun obstacle, 
et pourquoi ? C’est qu'il n’v a pas suffisamment de médecins 
qui l’étudient et en signalent les effets désastreux ; il a ses 
entrées d’autant plus libres, qu’il est d’accord, la plupart du 
temps, avec les mêmes sentinelles médicales qui souvent en 
usent pour leur compte, le tolèrent pour les autres, le recom¬ 
mandent quelquefois, et même en nient le danger, au moins 
quant à la fréquence et à la gravité. 

On dit encore pour la défense du tabac qu’il est employé 
comme médicament, et qu'on peut bien en user puisque les 
médecins l’utilisent (1). C‘est là précisément ce qui le con¬ 
damne, et ce qui nous fait conclure logiquement à sa suppres¬ 
sion absolue, en dehors de la pratique médicale. 

Dés le commencement de son apparition en France, le 
tabac avait surtout été employé comme un médicament. 
Il existe un règlement de police du temps de Louis XIII et 
du cardinal de Richelieu (1635) qui défendait la vente de 
cette plante à tout autre qu’aux pharmaciens, sous peine 
d’une amende de quatre-vingts livres, et interdisait son 
usage sous peine de la prison et du fouet : les rares pharma¬ 
ciens d’autrefois sont remplacés aujourd’hui par les quarante 
mille débitants, qui reçoivent une prime d’encouragement à 
l’effet de vendre le plus de tabac possible Que les temps sont 
changés! En principe, le tabac devrait être réservé, exclusi¬ 
vement réservé, à l’exercice de la médecine et n’être 
employé que comme médicament, mais on ne doit pas espérer 
de revenir jamais à cette destination primitive, en présence 
des habitudes prises, et des intérêts majeurs qui s’y ratta¬ 
chent (2). 

Le tabac est aujourd’hui bien rarement employé en 

(1) Imbert-Gourbeyre. Leçons sur le tabac. 

(2) Imbert-Gourbeyre. (Ibidem.) 


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médecine : Trousseau et bien d’autres auraient voulu l’expul¬ 
ser de la matière médicale, tant ils considéraient son usage 
comme excessivement dangereux. 

Mais si les doses auxquelles on le prescrivait offraient un 
danger réel, pourquoi ne pas les diminuer et les rendre tout 
à fait inoffensives, tout en conservant leurs propriétés cura¬ 
tives ? Et puis, qu’on le sache bien, c’est que tout vrai 
médicament ne puise sa puissance thérapeutique que dans 
son pouvoir morbifique; qu’il ne peut faire du bien, que parce 
qu’il fait essentiellement le mal ; c’est bien là la grande loi 
des semblables ; c’est donc à l’école de Hahnemann, l’illustre 
fondateur de l’homœopathie, qu’il faut aller pour étudier à 
fond cette plante célèbre, et en comprendre toutes les appli¬ 
cations possibles ; mais pour connaître toutes ces appli¬ 
cations, il faut que l’homœopathie soit en possession 
d’une pathogénésie complète de cet important médicament ; 
il faut, enfin, que des médecins dévoués à l’homœopathie 
fassent pour lui ce que le fondateur et ses élèves ont fait 
pour nos précieux polychrestes, aconit , arsenic, belladone, 
noix vomique, opium , etc., etc. Les docteurs Harthreb et 
Trinks ont ébauché cette pathogénésie, mais lorsqu’elle 
sera parfaitement édifiée, le tabac occupera une place 
d’élite dans notre matière médicale homœopathique, et à 
l’instar de nos plus puissants médicaments, il sera appelé à 
soulager et à guérir de nombreuses et redoutables affections. 

Nous pensons avoir prouvé surabondamment combien le 
tabac est doué de propriétés délétères, et malgré cette cer¬ 
titude, un médecin a osé proposer à l’Académie des sciences 
d’introduire d’office dans les maisons d’éducation l’usage de 
fumer, comme mesure salutaire et conservatrice des mœurs 
de la jeunesse française. L’Académie, bien inspirée, pour toute 
réponse, passa à l’ordre du jour. 

Eh quoi, fait observer le professeur Imbert-Gourbeyre, 



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pour conserver les mœurs de la jeunesse, on serait obligé 
d’infiltrer quotidiennement dans ses veines un poison lente¬ 
ment homicide, poison de l’intelligence, poison du cœur et de 
la vie animale et végétative! Quelle est donc, ajoute-t-il 
encore, cette médecine grossièrement matérialiste qui n’a 
d’autre moyeu moralisateur qu’un procédé d’énervation? 
Ce sont là les tristes résultats d’un enseignement médical 
sceptique et hostile h toute philosophie spiritualiste. 

Nous ne citerons pas le nom de ce médecin, autant par 
respect pour son titre que par égard pour la science : si c’est 
une simple plaisanterie qu’il a voulu faire, la question était 
infiniment trop grave pour se permettre de l’adresser à un 
aréopage aussi haut placé, aussi éminent que l’Académie des 
sciences ; en soumettant sa proposition à cette dernière, 
plutôt qu’a l’Académie de médecine, il avait l’espérance 
qu’elle y serait plus favorablement accueillie; son espoir fut 
déçu, car l’Académie ne le jugea pas digne de la moindre 
discussion, et comme nous l’avons déjà dit plus haut, passa à 
son ordre du jour!.. 

Sévère appréciation, mais justement méritée, car une 
proposition aussi triste qu’elle était malheureuse, ne pouvait 
émaner que d’un cerveau malade, ayant subi peut-être les 
funestes influences de la nicotine. Ah ! d’autres fanatiques du 
tabac pourront surgir encore (ils sont bien nombreux) et qui 
ne manqueront pas de faire de nouvelles tentatives pour qu’il 
soit conseillé et adopté, comme le plus excellent modérateur 
aux passions de la jeunesse. 

En présence d’une semblable éventualité, nous croyons 
sage encore de mettre en regard quelques observations 
péremptoires et de nature à faire réfléchir les plus incrédules. 

Ces observations, nous les puiserons dans l’ouvrage de 
M. le docteur H. A. Depierris, intitulé Physiologie sociale 
Le Tabac . 


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— 271 — 


Ce travail est certainement l’un des plus remarquables 
qui aient paru sur cette plante célèbre, et déjà nous lui 
avons emprunté quelques pages importantes, sur certaines 
propriétés de la nicotine ; nous tenons à dire ici en passant 
que nous avons lu et relu ce livre si intéressant, avec le plus 
vif intérêt. 

Aussi, nous le recommandons à ceux qui font abus du tabac, 
sous quelque forme qu’ils l’emploient; plusieurs, en le lisant et 
le relisant attentivement ont su se donner la force et le courage 
de rompre en visière avec leur funeste passion (il en faut énor¬ 
mément pour vaincre une habitude contractée depuis un 
grand nombre d’années) ; si cet ancien adage latin, habitus 
est secunda natura (l’habitude est une seconde nature) est 
toujours vrai, on peut dire quil l’est surtout quand il s’agit 
du tabac : on a vu de grands fumeurs amenés à la prison de 
Mazas à Paris, où les prisonniers ne peuvent pas fumer, 
tomber malades, se paralyser même par suite de cette pri¬ 
vation ; le tabac leur est rendu par prescription du docteur 
et l’on voit sous son influence leurs affections se guérir 
avec une promptitude remarquable. 

En revoyant notre travail, nous nous apercevons que nous 
avons omis une observation intéressante et douloureuse tout 
à la fois ; réparons encore cette omission ; elle ne sera pas à 
la place qu’elle devrait occuper, mais n’importe, pourvu 
quelle soit un utile avertissement, c’est l’essentiel. 

Il s’agit ici d’une dame irlandaise, mère d’une nombreuse 
famille ; ses enfants étaient atteints de vers ascarides contre 
lesquels elle avait employé plusieurs traitements infructueux ; 
elle avait entendu dire que le tabac, en lavements, était un 
moyen infaillible pour faire périr ces petits vers, qui se 
tiennent surtout dans le bas-intestin des enfants. 

Elle partagea, entre deux de ses fils, un de douze et l’autre 
de dix ans, le contenu d’une seringue en étain d’un demi- 


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— 272 — 


litre environ. Un troisième enfant, âgé de sept ans, s’était 
enfui quand sa mère préparait la part qui lui revenait dans 
le lavement ; elle courut après lui, et le ramena bientôt à la 
maison. Quelle fut la terreur de cette malheureuse mère, 
quand elle vit ses deux enfants se tordre sur le plancher 
dans les convulsions atroces d’une douleur muette ! Elle 
court effarée chez ses voisins, pour chercher du secours. On 
appelle le docteui* Depierris qui arrive à la hâte. Les deux 
enfants étaient morts ! Dix minutes s’étaient à peine écoulées 
entre l’administration des lavements et le dernier signe de 
vie. 

Le tabac était encore dans le vase ou^la malheureuse 
femme avait fait l’infusion de tabac. C’était le même tabac 
que son mari fumait. 

Le docteur a évalué qu’elle avait mis à peu près 15 grammes 
de tabac dans six cents grammes d’eau. Il’n’a jamais vu,dit-il, 
de scène plus déchirante. Pauvre femme qui, dans la pensée 
de bien faire, venait de donner la mort aux deux aînés de ses 
enfants ! Voilà pourtant où conduit l’ignorance des choses 
qui semblent les plus usuelles. On fume le tabac par la 
bouche, on le chique, on le prise en poudre par les narines ; 
pourquoi ne le prendrait-on pas en lavement? 

On s’en garderait bien, d’abord, si l’on savait que c'est un 
poison ; et si l’on savait, de plus, que l’activité des poisons 
est en rapport avec la rapidité de leur absorption, et que 
l’intestin est la partie la plus absorbante de l’organisme (1). 

Nous avons été aussi témoin de quelques faits identiques 
à celui rapporté par M. le docteur Depierris, mais dont les 
conséquences ne furent pas aussi terribles. La dose du toxique 
n’avait pas dépassé un gramme et demi, pour deux enfants, 
de sept à huit ans ; mais elle était trop forte encore, car 

(1) D r Depierris. Physiologie sociale , pages 89 et 90. 



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— 273 — 


pendant plusieurs heures, le docteur qui les soignait crut 
qu’il ne pourrait les guérir ; mais peu à peu les symptômes 
s’amendèrent, et, après quelques jours, on pouvait les consi¬ 
dérer comme guéris. 

Les deux faits que nous venons de rapporter, et que nous 
aurions pu joindre à beaucoup d’autres, sont douloureux; ils 
le sont d’autant plus que les pauvres mères ont agi ici tout 
à fait inconsciemment ; ah ! si elles avaient connu les pro¬ 
priétés délétères de cette plante redoutable, jamais elles ne 
l’auraient employée ; jamais elle ne serait devenue dans 
leurs mains un terrible instrument de mort qui devait en 
quelques minutes précipiter deux enfants dans la tombe, et 
rendre les deux autres tellement malades qu’on désespéra de 
les sauver ! Ce sont là des accidents d’autant plus tristes 
que très souvent ils sont irréparables ! 

Nous devons encore parler des cas d’empoisonnement qui 
S3 produisent malheureusement trop souvent, et cela encore 
par négligence des parents, ou plutôt parce qu’ils ne 
connaissent pas assez combien ce tabac est redoutable ; 
s’ils le connaissaient, laisseraient-ils suspendues à la muraille, 
à la portée de leurs enfants, leurs pipes culottées et dont ils 
sont si fiers (1) ; mais si des enfants viennent à aspirer dans 
ces pipes saturées de nicotine, il ne faudra que quelques 
minutes pour voir les enfants complètement empoisonnés, 
tomber subitement comme s’ils étaient frappés du haut mal ; 
nous avons été témoin de ce triste spectacle. 

C’était chez un pauvre ménage, où il y avait 3 garçons, 
lun de 13, l’autre de 11 et le troisième de 9 ans; ils étaient 
armés chacun d’une pipe culottée, qu’ils étaient parvenus à 
enleverde la muraille; et les voilà s’évertuant à aspirer le mieux 
et au plus vite à ces tuyaux qui ne pouvaient que leur amener 

(1) Pour bon nombre de fumeurs, savoir amener une pipe à ce point voulu 
qa’elle mérite de recevoir le nom de culottée, est un honneur très apprécié. 


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— 274 — 


dans la bouche le plus terrible des poisons : la nicotine ! Ils 
en sont bientôt les tristes victimes,car peu après ils sont pris de 
vertiges, de malaises,de nausées; ils sont là étendus tous les 
trois, comme frappés de la foudre ; leurs yeux sont fixes, 
leurs visages rouges, livides; les deux plus jeunes ont 
l’écume à la bouche et sont atteints de mouvements convul¬ 
sifs qui se répètent; leur respiration est gênée, stertueuse; 
tous leurs membres (surtout du plus jeune) sont agités de 
mouvements convulsifs; chez le plus jeune, encore, les déjec¬ 
tions sont involontaires. La perte de connaissance est com¬ 
plète chez tous les trois. 

On frictionna et on réchauffa les trois malades, en leur 
faisant également respirer de l’éther, des sels ammoniacaux. 
L’aîné revint à lui au bout de 6 minutes, le second reprit con¬ 
naissance après 12 minutes, le troisième,que l’on crut perdu, 
ne la récupéra qu’au bout de 20 minutes. Pour ce dernier, ce 
fut une résurrection, car pour lui la mort l’avait presque tou¬ 
ché: il semblait qu’elle avait bien saisi sa proie, et que le 
pauvre enfant dut fatalement mourir ! Mais comme ses frères, 
il sut triompher de cette cruelle épreuve! Après ce terrible 
accès, il y eut chez eux stupeur et assoupissement, pesanteur 
de tète, accablement général, et ne conservèrent aucun 
souvenir de ce qui s’était passé. Ils revinrent donc à la vie 
mais en gardant sur leurs traits une expression de lan¬ 
gueur hébétée, et dans tout leur corps une prostration 
extrême. 

Nota. — Quand on se trouve en présence des symptômes 
effrayants que présentent les enfants et toutes les personnes 
empoisonnées par le tabac, on est frappé de la similitude 
d’action de la nicotine sur le système nerveux, avec le haut 
mal, l’épilepsie. Aussi, pour nous, qui sommes convaincus de 
la vérité de la loi des semblables, nous ne pouvons nous 
empêcher de nous demander si l’on ne trouvera pas dans 


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- 275 - 


cette nicotine un puissant et héroïque médicament pour com¬ 
battre efficacement cette triste et lamentable affection, qui a 
nom d’épilepsie ? 

Lorsque sa pathogénésie sera bien établie, et nous dési¬ 
rons vivement qu’elle le soit au plus tôt, elle constituera 
certainement un des principaux médicaments à opposer à 
une affection déclarée incurable par l’ancienne médecine ; 
l’homœopathie la guérit assez souvent et elle la guérira plus 
fréquemment encore, quand elle aura à sa disposition un 
agent doué de si grandes, de si admirables propriétés médici¬ 
nales qui, si nous ne nous trompons pas dans nos apprécia¬ 
tions, seront parfaitement appropriées à l’affection du haut 
mal, véritable malheur pour les familles sur lesquelles elle 
vient s’abattre. 

Réflexions .— Dans les cas que nous venons de rapporter, 
comme dans tant d’autres similaires, l’ignorance a seule été 
la cause des nombreux accidents qui se sont trop souvent 
produits; cette ignorance, ne peut-on pas la faire disparaître? 
Le gouvernement ne peut-il obliger toutes les maisons vouées 
à l’instruction de la jeunesse, à tous les degrés, qui sont 
sous sa dépendance, à donner un cours de botanique élémen- 
tame, dans lequel on s’attacherait surtout à faire connaî¬ 
tre aux enfants les propriétés délétères du tabac qui se 
trouve aujourd’hui dans toutes les mains. Qu’on fasse devant 
eux quelques expériences sur les animaux, et qui ne leur 
permettraient pas de douter des propriétés vénéneuses de ce 
végétal. Qu’on les prémunisse et qu’on les mette en garde 
contre les dangers attachés au tabac ; qu’on les avertisse 
à combien de maladies tristes et pénibles ils sont exposés, 
s’ils se laissent entraîner à d’aussi déplorables habitudes ; 
qu’on ne cesse enfin de leur dire que le tabac est 
réellement le poison le plus violent qui existe dans le règne 
végétai ; qu’on les prévienne également que consommer le 


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— 276 — 


tabac d’une manière journalière, c’est s’imposer une rente, 
qui peut atteindre parfois un chiffre bien élevé qui pourrait 
être employé à un bien plus noble usage. 

La jeunesse entière, prévenue ainsi des dangers nombreux 
et des inconvénients qui s’attachent à sa consommation, ré¬ 
fléchira avant de contracter des habitudes néfastes, causes 
bien souvent de misères et de douloureuses affections ! Aver¬ 
tie des dangers attachés à sa consommation habituelle, elle 
saura à son tour donner d’utiles avertissements aux pères 
et mères et qui suffiraient déjà à les empêcher d’y recourir 
s’ils en avaient la pensée. Il y a ici une lacune dans les 
règlements qui régissent les maisons vouées à l’instruction 
de la jeunesse, et il serait vraiment à désirer qu’elle fût 
comblée au plus tôt. 

EM. SEÜTIN, PH n et D r L. Seütin. 

{A continuer .) 


Observations de médecine pratique, 

par le D«* Cmqurlion, de Mons. 

Une dame de soixante-huit ans reçoit sur l’œil droit un 
coup de baguette donné par un enfant de trois ans. Il n’en 
résulte aucune ecchymose ; trois ou quatre jours après, elle 
s’aperçoit que sa vue change, devient moins distincte et quelle 
lit beaucoup plus difficilement. Quelques semaines plus tard, 
fermant par hasard un œil, puis l’autre, elle reconnaît que la 
vue est différente pour les deux yeux, l’une plus nette, l’autre 
plus confuse. Plus tard encore se montrent des phénomènes 
de diplopie non équidistante, c’est-à-dire que regardant au 
loin un arbre, elle en voit deux sur une ligne d’horizon et 
une ligne visuelle différentes. 


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— 277 — 


Il existait en même temps un peu de céphalalgie périorbi- 
taire. Je dois ajouter que cette dame lisait beaucoup avec de 
très mauvaises lunettes ; pour y mieux voir, elle plaçait sur 
sa table une lampe à pétrole et, se posant elle devant, son 
journal derrière et la lampe au milieu, elle entourait celle-ci 
de ses bras. Elle lisait de cette façon plusieurs heures du¬ 
rant. Je m’abstiens de noter quelle influence fâcheuse un 
pareil procédé devait avoir sur l’œil et sur le cerveau. 

Cette diplopie et cette céphalalgie périorbitaire avec de 
la constipation duraient depuis trois mois lorsque je vis cette 
dame. Je lui prescrivis gelseminmn semperv. 6 e , et huit 
jours après elle était complètement guérie. 

Ce cas me rappelle celui d’une petite fille de dix ans atteinte 
d’incontinence d’urine depuis plusieurs années. Le jour, elle 
ne pouvait pas retenir ses urines et elle pissait dans ses 
jupes; la nuit, elle urinait sans s’éveiller ; ses besoins étaient 
fréquents et non douloureux. Je l’eus en traitement pendant 
dix mois. Elle prit nux vomica 6°, cina 6®, equisetum 6®, 
belladona 6°, causticum 6 e , ferrum 6 e , pulsatilla 6®; rien 
n’y fit ; puis je lui donnai gelseminum 6°, deux gouttes dans 
200 grammes d’eau simple. Dix jours après, la miction était 
moins fréquente ; elle retenait mieux ses urines, et trois 
semaines plus tard la guérison était complète. 

César M., de La Longueville, âgé de G3 ans, est atteint 
depuis deux ans d’un tremblement de tout le corps avec 
grande faiblesse des membres inférieurs et fatigue très 
rapide. Il ne peut que difficilement faire usage de ses mains 
et c’est à peine s’il peut manger seul. Il se plaint en même 
temps de céphalalgie prédominant à droite et de bourdonne¬ 
ments d’oreilles. Cet homme est grand, de complexion forte 
et de charpente osseuse. C’est un campagnard aisé. 


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— 278 — 


14 janvier 1885. — Il prend agaricus 3 e et solubilis 6% 
pendant trois mois sans amélioration. 

17 avril 1885. — Même état sauf une fatigue plus grande. 

h juin 1885.— Peu de changement : Tarcntula 30 
monium 30 e . 

19 juillet 1886.— Légère amélioration du tremblement et 
delà céphalalgie; le bourdonnement persiste: Tarentula 30 e , 
stramonium 30 e . 

4 septembre 1886. — Le tremblement diminue sensible¬ 
ment ; les forces reviennent ; la céphalalgie s’améliore. Le 
bourdonnement d’oreilles persiste au lit : Tarentula 30 e , 
hyosciamus 30*. 

12 novembre 1886. — L’affection continue à s'améliorer. 
Persistance du bourdonnement d’oreilles : Tarcntula 30 e , 
sulfat quinin. 6 e . 

2 janvier 1887. — Le tremblement a considérablement 
diminué: la céphalalgie a disparu.Le bourdonnement d’oreilles 
ne se montre plus que la nuit au lit : Tarentula 30 e , 
hyosciamus 30 e , sulfat quinin. 6 ’. 

4 mars 1887.—La guérison s’affermit, les bourdonnements 
disparaissent. A peine y a-t-il quelquefois un peu de trem¬ 
blement sous l’influence de causes émotionnelles. 

Cet homme est revenu cet été 1888 me consulter pour sa 
femme. Pour lui, il est parfaitement guéri et cette guérison 
se maintient depuis plus d’un an et demi. 

D r Criquelion. 


MORRHUOL, 

par le D r Hàle. — Traduction du D r Wuillot, de Malices 

Cette substance contient les principes médicinaux qui se 
rencontrent dans l’huile de foie de morue et qu’on en extrait 
au moyen de l’alcool à 90°. L’alcool se colore et laisse à l’éva- 


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— 279 — 


poration un résidu liquide de couleur sombre, très amer et 
aromatique, cristallisant partiellement à la température 
ordinaire : il contient des combinaisons d'iode, de brome, de 
phosphore, d’acide phosphorique, des sels de chaux et de 
magnésie, du soufre, des acides biliaires et autres. 

L’huile ainsi traitée devient inodore et insipide et ressem¬ 
ble à une huile animale quelconque. C’est pourquoi l’action 
curative de l’huile de foie de morue se trouve dans le mor- 
rhuol. L’huile administrée sans cet extrait pourra faire 
engraisser , à la façon du beurre, de la crème, du saindoux, 
ou des autre_s huiles grasses. Si le lecteur se rappelle l’article 
« Huile de morue » de ma Therapeutic of New Retnedies, 
publié il y a environ dix ans, il remarquera qu’alors déjà 
j’exprimais l’opinion que dans les principes constituants 
de celte huile nous trouverions ses véritables propriétés 
curatives. J’écrivis alors : 

« Le fait de rencontrer dans l’huile de foie de morue quel¬ 
ques-uns des antipsoriques en faibles quantités, lui donne une 
réelle valeur dans certaines maladies à forme chronique. 
Elle guérit la même classe de maladies que celles pour les¬ 
quelles nous prescrivons iodium , phosphorus , calcarea et 
sulphur . Quantité d’expérimentations vérifiées avec grand 
soin font voir qu’aucune autre huile ne possède la même 
action curative. Avec elle on pourra augmenter l’embon¬ 
point, mais la maladie ne sera pas enrayée, etc. ». 

Venait ensuite une liste des maladies qui avaient été trai¬ 
tées avec succès par l’huile de foie de morue. Toutes ces 
maladies étaient le résultat d’une diathèse scrofuleuse ou 
rachitique. 

On a observé que les huiles brunes, les plus riches en 
morrhuol , étaient les plus efficaces. Que les huiles claires, 
celles qui ont été purifiées, engraissaient, mais n'effectuaient 
pas la guérison. 


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— 280 — 


En 1884 M. Chaputeaud entreprit des recherches, et en 
déduisit l’idée capitale suivante déjà prévue par moi dès 
1878 : Il serait possible de remplacer l’huile de foie de morue 
ou de la modifier de telle façon qu’elle perdît ses inconvé¬ 
nients en conservant ses propriétés. 

L’huile est un aliment eu égard à sa propriété de déve¬ 
lopper l’embonpoint, et un agent curatif spécifique relative¬ 
ment à son principe actif. On a trouvé que le morrhuol 
représente vingt-cinq fois son poids d’huile de foie de morue. 
En d’autres termes qu’un drachme de morrhuol représente 
vingt-cinq drachmes d’huile. Je crois que l’on pourrait encore 
réduire ce poids. Actuellement on fabrique des capsules de mor¬ 
rhuol renfermant chacune quatre grains de ce principe.C’est 
une matière brunâtre, épaisse et visqueuse rappelant par sa 
saveur celles de ses éléments constituants. 

Je pense que cette substance pourrait se préparer par tri¬ 
turation jusqu’à la sixième et plus, et que sous eetle forme elle 
manifesterait ses effets curatifs spécifiques aussi bien, 
sinon mieux, qu’à dose massive. C’est une chose à expéri¬ 
menter en pratique, ce qui, j’ose l’espérer, se fera bientôt. 

Dans un opuscule publié récemment on relate un grand 
nombre de cas typiques dans lesquels l’usage de ces capsules 
donna les résultats les plus satisfaisants. 

J’y ajoute une énumération des maladies et des états dans 
lesquels le morrhuol s’est, montré plus efficace : tuberculose 
au début, catarrhe chronique des bronches, scrofulose des 
enfants, phtisie dans les deux premières périodes, tumé¬ 
faction et suppuration des glandes, etc. 

Même à de hautes doses il n’altère jamais l'estomac et ne 
produit ni nausées ni vomissements ; au contraire il augmente 
l’appétit, rend la digestion plus^facile et régularise les fonc¬ 
tions intestinales, quand il y a constipation rebelle.Ses effets 
se manifestent promptement avec l’amélioration de l’état 


; 


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— 281 — 


général. En somme, nous possédons dans le morrhuol un 
agent donnant les mêmes succès que ceux résultant de l’ad¬ 
ministration de l’huile de foie de morue. 

Le professeur Germain Sée résume ses observations de la 
manière suivante : 

1° Amelioration de l’appétit et régularité des fonctions 
digestives ; 

2° Augmentation de poids et dureté plus grande des 
chairs ; 

3° Proportion plus élevée d’urée dans l’urine ; 

4° Diminution de la toux. 

Je conseillerais son usage dans tous les cas d’anémie chez 
les enfants ou les adultes scrofuleux, dans les cas de rhuma¬ 
tisme et de goutte chroniques, et même dans l’intoxication 
paludéenne invétérée. Si l’administration du morrhuol , tout 
en améliorant la digestion et l’assimilation, ne fait pas 
engraisser, nous pouvons aider son action en prescrivant 
de* aliments comme la crème, le beurre, le saindoux ou 
d’autres matières grasses exemptes de toute odeur ou saveur 
désagréables. (El consultor homœopatico f octobre 1888.) 

Traduction du D r Wuillot. 


IÏVU1 DIS JOURNAUX H0IŒ0PATB1QDIS D’AIÉRIQI'B, 

par le D r Lambreghts, fils. 


Conjuactlvltls vernalis, 

par le D* Norton, de New- York. 

Le D r Norton, de New-York, publie dans le Hahncman- 
nian monthly , un excellent article sur une forme de con¬ 
jonctivite encore peu connue, la conjonctivite vernale. 


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— 282 — 

Beaucoup d’auteurs la classent parmi les variétés rares de 
conjonctivite ; d’autres n’en font pas même mention. 

D’après le D r Norton, l’affection commence au printemps 
de là son nom) par les symptômes ordinaires d’un simple 
catarrhe de la conjonctive, injection modérée, photophobie, 
larmoiement, sensation de cuisson dans les yeux. Ces symp¬ 
tômes persistent pendant quelques semaines et sont plus ou 
moins prononcés d’après la température ; ils s’améliorent par 
le froid et s’aggravent par la chaleur. 

Au bout d’un certain temps, on voit apparaître sur le bord 
de la cornée une petite élévation jaune-rougâtre bien limitée, 
ou parfois irrégulière ; d’autres fois il se forme une série de 
ces papules, et alors on pourrait croire à l’existence d’une 
conjonctivite phlvcténulaire. Mais un examen plus attentif 
permet de reconnaître que ces petites élévations sont épaisses, 
massives et vascularisées ; elles empiètent d’ordinaire sur le 
limbe cornéon et n’ont aucune tendance à l'ulcération. Toute 
la conjonctive oculaire est plus ou moins injectée, mais elle 
présente cette couleur rouge pâle des conjonctivites chroni¬ 
ques et non le rouge vif des conjonctivites aiguës. 

La conjonctive palpébrale présente des changements bien 
marqués. Au début il n’y a qu’une simple injection catarrhale; 
plus tard les culs-de-sac supérieurs et inférieurs se tuméfient, 
prennent une couleur grise-jaunàtre ou jaunc-rougeàtre et 
sécrètent de petits flocons muqueux,ou sont recouvertes d’une 
couche de mucus très peu dense. La portion de la muqueuse 
qui tapisse le cartilage tarse est envahie en dernier lieu ; ses 
pupilles se développent et s’amassent ; aussi à cette époque 
l’on croit souvent à la présencede granulations,et l’on institue 
un traitement intempestif. 

Lorsque la conjonctive palpébrale est ainsi envahie, la 
sécrétion muco-purulente devient plus abondante, les pau¬ 
pières s’agglutinent le matin, et il se produit du larmoiement. 


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— 283 — 

de la photophobie et un sentiment de chaleur et de cuisson 
dans les yeux. 

Les symptômes les plus importants et les plus caractéris¬ 
tiques de la conjonctivite vernale sont l'époque de son appa¬ 
rition, sa marche et ses récidives périodiques. Elle commence 
toujours au printemps, vers le mois de mars ou d’avril, dès 
que la température s’élève. Le temps pluvieux et humide ne 
semble exercer aucune influence sur sa marche, mais la cha¬ 
leur l’aggrave et le froid l’améliore d’une manière très sen ¬ 
sible. La maladie progresse graduellement jusque vers le 
milieu de l’été ; alors elle diminue insensiblement et disparaît 
tout à fait vers les mois d’octobre et de novembre. 

Pendant l’hiver les yeux sont dans leur état normal, mais 
dès que le printemps s’annonce, les premiers symptômes 
apparaissent. 

Cette affection peut persister pendant de longues années, 
avec des intervalles d’aggravation et* d’amélioration. Le 
D r Norton cite un cas où elle a récidivé 20 années successives. 

La conjonctivite vernale affecte invariablement les deux 
yeux, quoique à un degré différent. On la rencontre presque 
toujours chez les enfants et chez les adultes, et elle ne pa¬ 
rait dépendre ni d’un trouble constitutionnel,ni d’une affection 
locale de l’œil. 

Le pronostic est en général favorable, car il est rare 
qu’elle laisse après elle des lésions permanentes de la cornée, 
de la conjonctive ou des paupières. 

Traitement . — L’emploi des astringents et des caustiques 
n’a pour effet que d’augmenter l’inflammation. Aussi il est 
d’une importance capitale que cette conjonctivite soit bien 
reconnue, et qu’elle ne soit pas traitée comme une conjoncti¬ 
vite catarrhale phlycténulaire ou granuleuse. Il faut éviter 
toute application locale, si ce n’est peut-être dans la période 
d’acuité, l’eau froide ou l’eau chaude, selon que le malade le 


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— 284 — 


désire, et encore les résultats qu’on en obtient sont très sujets 
à caution. 

La glace ou les compresses glacées peuvent rendre quelque 
service, surtout lorsque l’inflammation est très vive et qu’il 
y a beaucoup de rougeur et de chaleur dans les yeux. 

Le biborate de soude et l’eau camphrée procurent parfois 
du soulagement ; ils peuvent aider à la guérison, lorsque les 
symptômes aigus s’étant dissipés, l’injection pâlit et la sécré¬ 
tion diminue. 

La meilleure médication consiste dans l’emploi des médica¬ 
ments homœopathiques suivants : 

Sepia. — En étudiant la pathogénésie de ce remède, l’on 
voit qu’il comprend à peu près tous les symptômes de la mala¬ 
die : rougeur de la conjonctive, larmoiement, sécrétion 
agglutinant les paupières le matin, sensation de chaleur, de 
cuisson, de pression dans les yeux. L’époque de l’aggravation, 
le matin et le soir, constitue une indication caractéristique 
pour ce médicament. L’amélioration pendant le jour doit faire 
songer à sepia . 

Une autre indication, c’est l’aggravation des symptômes 
oculaires par la chaleur et la présence des symptômes géné¬ 
raux et gastriques de sepia. 

Nux vomica . — Les phénomènes objectifs de nux vomica 
ne diffèrent pas beaucoup de ceux de sepia. Le malade est 
plus mal le soir, mais il se sent mieux pendant le jour et le soir. 
La photophobie est aussi plus marquée le matin. On le don¬ 
nera de préférence lorsque les symptômes gastriques corres¬ 
pondent à ce médicament. 

Aconitum peut être indiqué dans la période aiguë de 
l’affection, lorsqu’il existe de la fièvre, et beaucoup dé rou¬ 
geur, de chaleur et de sécheresse dans les yeux. 

Argentum nitr. ou puisât ., lorsque la sécrétion est abon¬ 
dante et non irritante. 


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— 285 — 


Arsen., euphras., merc ., lorsqu’elle devient irritante. 

Rhtis tox., lorsque le larmoiement est considérable. 

Sulph., à la dernière période, lorsque le malade se plaint 
encore de douleurs dans l’œil. 

Notes cliniques, 

par le D r Gramm, de Philadelphie. 

Eczéma — Le 26 avril dernier j’eus k soigner une petite 
fille âgée de 5 mois. 

Quelques jours après sa naissance la peau des régions géni¬ 
tales et anales devint le siège d’une inflammation et d’une 
sécrétion aqueuse. Ces phénomènes persistèrent pendant quel¬ 
ques semaines sans changement bien marqué ; mais alors le 
mal fit de rapides progrès et envahit les cuisses, les jambes et 
les grandes lèvres. Une éruption de même nature se forma 
également à la partie antérieure du cou et à la nuque. 

L’exâmen des parties malades me permit de constater une 
infiltration considérable de la peau avec tendance au déve¬ 
loppement de petites vésicules, qui, en se rompant et en sé 
desséchant, donnaient naissance à des cro'.tes jaunâtres. La 
sécrétion était assez abondante ; sur le reste du corps, il exis¬ 
tait quelques papules isolées. 

J’administrai calcar . carb. et hepar. sulph . Je revis la 
petite malade le 4 mai suivant, et je pus constater une amélio¬ 
ration considérable. Les parties malades étaient moins infil¬ 
trées, et la sécrétion avait diminué beaucoup. Je continuai la 
. même médication. Deux semaines après il ne restait plus de 
la maladie qu’une légère rougeur. 

Erythème de Voreille. — Madame P., âgée de 70 ans, 
8 était aperçue depuis quelques jours que la peau de l’oreille 
droite et des régions avoisinantes était devenue d’un rouge 
vif; elle y éprouvait en même temps une sensation de raideur 
at quelques démangeaisons. 


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J’administrai apis 6 e . Deux jours après elle vint m'annon¬ 
cer que les démangeaisons avaient cessé ; je constatai aussi 
que la rougeur de la peau avait beaucoup diminué. 

Elle prit encore apis 30 e pendant une semaine, apres quoi 
la guérison fut complète. 

Purpura . — Madame X.. âgée de 13 ans, portait sur la 
face externe de la jambe droite un eczéma qui datait de 
trois ou quatre ans. 

Outre cela, il s’était produit depuis quelques semaines sur 
les deux jambes une éruption présentant un groupement, 
symétrique. Son apparition avait été précédée d’une attaque 
de rhumatisme caractérisée par un malaise général et par des 
douleurs dans les chevilles, les genoux et les poignets. 
L’éruption consistait en petites taches rouges, arrondies, bien 
circonscrites, non proéminentes et ne disparaissant pas par 
la pression. 

Un examen attentif me permit de constater que j’avais 
affaire à de petites hémorrhagies interstitielles, et je portai 
le diagnostic de purpura d’origine rhumatismale. 

Je prescrivis ruta 3 e et le repos dans la position hori¬ 
zontale. 

Après cinq jours de ce traitement, les douleurs rhumatis¬ 
males avaient beaucoup diminué et il ne s’était plus produit 
de nouvelles taches ; les anciennes étaient devenues bleuâtres 
et verdâtres comme dans les ecchymoses. 

Je continuai la même médication. 

Au bout de 21 jours, les taches hémorrhagiques avaient 
complètement disparu et les symptômes généraux s’étaient 
considérablement amendés. Mais alors, à la suite d’un refroi¬ 
dissement, la malade fut atteinte d’un nouvel accès de rhu¬ 
matisme sans complication de purpura. Les symptômes de 
cette affection réclamant plutôt rhus tox. % je prescrivis ce 
médicament et discontinuai ruta . Six semaines de cette 


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médication suffirent pour dissiper toutes les douleurs rhuma¬ 
tismales et diminuer considérablement les démangeaisons 
violentes provenant de l’eczéma. (Hahnemannian monthly.) 

Stannum dans la céphalalgie, 

par le D r Babcock. 

Le D r Babcock rapporte un cas intéressant de céphalalgie 
de longue durée, guéri en 3 jours par stannum 3 e tritura¬ 
tion. 

Le malade était atteint 4 ou 5 fois par an d’une douleur 
intense au-dessus de l’œil droit, qui persistait pendant plu¬ 
sieurs jours. Cette douleur était parfois si vive qu’elle empê¬ 
chait tout travail, et lui causait des insomnies pénibles. Elle 
présentait en outre ce caractère important de crescendo et 
de decréscendo de stannum . Le sulfate de morphine admi¬ 
nistré par les allopathes ne procurait qu’un faible soula¬ 
gement. 

Stannum enleva le mal en quelques jours; jusqu’ici, il 
n’y a pas eu la moindre récidive. 

Pneumonie catarrhale chez les enfants, 

par le Dr Sherman. 

Le D r Sherman emploie Xaconit 2 e ou 3 e aussi longtemps 
que la température est au-dessus de la normale. Dans la pre¬ 
mière période, il l’alterne parfois avec phosphore ; mais il 
préfère bryone lorsque la toux est sèche, brève, saccadée et 
accompagnée de douleurs vives à la poitrine. 

Dans la seconde période, lorsqu’il existe de gros râles, il 
considère le tartre émétique comme le meilleur remède. 

Il recommande de ne pas le prescrire à une trop basse 
atténuation, car il affaiblit le cœur. Si l’expectoration est 
tenace et difficile, il conseille le muriate d'ammoniaque 
I e dilution. 


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Phtisie pulmonaire, 

par le D r Machlan. 

Un homme âgé de 27 ans, de parents tuberculeux, présen¬ 
tant un souffle et des râles caverneux ainsi qu’une sonorité 
tympanique aux second et troisième espaces intercostaux du 
côté droit, a été guéri par iodiurn 6 e , continué pendant 
3 mois. Le D r Machlan, qui rapporte le cas, ajoute que 
millefolium T. M. avait arrêté instantanément les hémor¬ 
rhagies pulmonaires qui s’étaient produites plusieurs fois 
dans le cours du traitement. 

Lac caninum dans la diphthérie, 

par le 1> Browne. 

Le D r Browne publie un cas de guérison par le lac cani¬ 
num d’une diphthérie qui avait résisté à lachesis , kali bichr. 
et merc . iod. L’enfant avait des hémorrhagies par le nez et 
par la bouche. 

Une sécrétion purulente et sanguinolente s’échappait des 
narines et excoriait les lèvres. Il existait une grande agita¬ 
tion, une touxcroupale ; la respiration était embarrassée, les 
amygdales très gonflées et recouvertes de fausses membranes 
épaisses. 

D r Lambreghts, fils. 


SOMMAIRE. 

Les antithermiques, par le L) r Màrtiny .257 

Le tabac (Suite), par MM. Em. Seütin, Ph. et le D r Léon 

Seutin, de Bruxelles.266 

Observations de médecine pratique, par M. le D r Cri- 

qüelion, de Mons. 276 

Morrhuol. Traduction du D r Wüillot, de Malines . . 278 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 
le D r Lxmbreghts, fils.281 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


i5» Année. JANVIER 1889. N° 10. 


NÉCROLOGIE. 

Mort du docteur De Mulder. 

Notre excellent confrère, le docteur Marc De 
Mulder, vient de mourir à la fleur de l’àge, des suites 
dun refroidissement gagné en allant soigner ses ma¬ 
lades. L’énorme affluence de personnes qui ont voulu 
assister à ses funérailles prouve combien notre con¬ 
frère était apprécié et estimé. De Mulder, on peut le 
dire, n’avait que des amis, et, malgré sa franchise 
parfois un peu rude, chacun' rendait justice à son 
caractère droit, loyal et bienveillant ; déjà sur les 
bancs des écoles il avait conquis Tamilié de ses con¬ 
disciples et il a su la conserver même parmi ceux qui 
sont restés fidèles aux enseignements de l’ancienne 
Ecole. D’un autre côté. De Mulder était affectionné 
de ses malades ; il leur était si dévoué, il savait si 
bien compatir à leurs souffrances et à leurs misères 
qu’ils voyaient en lui non seulement un médecin, mais 
un homme de cœur prenant part à leurs souffrances. 

Lorsque le docteur Yan Yreckom, un des anciens 
médecins homœopathes de Bruxelles, vint à mourir, 
De Mulder lui succéda non seulement dans la clientèle 
civile, mais aussi au dispensaire Hahnemann ; il avait 
su apprécier la valeur de M. Van Vreckom et il le prit 
pour modèle; les malades de la ville ne s’aperçurent 


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— 290 — 


guère du changement, car le remplaçant était aussi 
simple, aussi dévoué, aussi complaisant que le prédé-. 
cesseur. Au dispensaire, les pauvres ne s'aperçurent 
pas non plus queM. Van Vreckom les avaient quittés, 
car De Mulder leur prodigua ses soins désintéressés 
jusqu’au jour où il s’alita pour ne plus se relever. 
De Mulder avait tout à fait pris à cœur l’œuvre du 
dispensaire Hahnemann. C’est lui qui l’a en grande 
partie soutenu après là mort du docteur Mouremans 
et du docteur Jahr. Il fut, comme les homœopathes 
avaient l’habitude de dire, le pilier du dispensaire 
Hahnemann. Trois discours ont été prononcés à la 
maison mortuaire : un par le commandant de la garde 
civique dont M. De Mulder était le médecin, un par 
son collègue médecin de la garde civique et un par 
le docteur Jules Gaudy, son ami particulier qui l’a 
soigné dans sa maladie avec un dévouement et une 
assiduité admirables. Nous nous empressons de repro¬ 
duire in extenso le discours du docteur Jules Gaudy, 
qui a parfaitement rappelé ce que fut De Mulder 
comme époux, ami et médecin homœopathe. 

D r Martin y. 

Discours du docteur J. Gaudy. 

La mort frappe à coups redoublés dans les rangs 
des homœopathes belges. Il y a quelques années à 
peine les Gauthier, les Carlier, les Mouremans, les 
John Brixhe nous étaient enlevés ; vétérans de nos 
luttes, ils avaient fourni leur carrière glorieuse, et 
nous léguaient, avec leur exemple, leur expérience 


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— 291 — 


et leurs conquêtes ; quelques années plus tard elle 
nous enlevait Geens et Yan Vreckom dans la force 
de 1 âge et la maturité du talent ; il y a un an à 
peine s’éteignait à Bruxelles une des lumières de 
Fhomœopathie ; aujourd’hui ce sont Dobbelaere et 
De Mulder qui succombent, deux soldais moins glo¬ 
rieux, mais non moins vaillants. Que de morts en 
peu d’années, que de yides dans la phalange hahne- 
mannienne ! Quel regret pour ces courageux lutteurs 
de devoir abandonner le combat alors qu’ils entre¬ 
voient la victoire, à ce moment suprême où le soleil 
de l’homœopathie se lève à l’horizon d’une science 
nouvelle, où toutes les découvertes delà science con¬ 
vergent vers nous, où les travaux admirables de ses 
adversaires lui préparent inconsciemment un triomphe 
éclatant et prochain ! 

Vous tous qui avez embrassé la cause de la nou¬ 
velle doctrine, et qui la propagez par vos cures, votre 
foi, vos écrits ou vos discours, serrez-vous autour de 
ce cercueil, promettez-vous dans une commune étreinte 
le concours de toutes vos forces pour sa défense et sa 
py'opagation . 

Marc De Mulder est né en Flandre ; il marqua de 
bonne heure sa prédilection pour l’étude. Après sa 
rhétorique il entra à l’Université de Gand et acheva 
ses études à Bruxelles. Dans sa première année d’hô¬ 
pital il contracta un épouvantable typhus, résultat 
d’un empoisonnement miasmatique auquel beaucoup 
d’entre nous ont payé leur tribut; ses deux camara¬ 
des atteints en même temps que lui succombèrent ; la 
forte organisation de De Mulder le sauva, mais la vie 


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avait été atteinte dans ses sources vives, il s’en res¬ 
sentit toujours. 

Après avoir conquis ses diplômes, DeMulder s’établit 
d’abord à Damme; la santé de sa jeune femme souffrant 
de ce séjour,il fut obligé d’abandonner ce poste et vint 
s’établir dans un des faubourgs de Bruxelles. Une 
épreuve cruelle l’y attendait, elle décida de sa carrière. 

M me De Mulder fut atteinte d’un mal cruel contre 
lequel vinrent échouer tous les efforts de l’ancienne 
médecine desservie par ses plus nobles représentants. 
Désespéré de n’y pouvoir rien, et voyant cette pau¬ 
vre victime n’ètre plus que l’ombre d’elle-même, dans 
un effort suprême et faisant violence à ses convic¬ 
tions et ses sentiments, il vint me demander de lui 
déclarer sur l'honneur si je croyais pouvoir, par la 
nouvelle méthode, sauver sa femme. Je lui promis de 
la guérir en huit jours et je tins mes engagements : 
elle fut sauvée. Je ne saurais vous dépeindre la joie 
de ce brave garçon venant m’annoncer tout en lar¬ 
mes ce bonheur inespéré. Il fit serment d’étudier 
l’homœopathie, et, contrairement au grand nombre, 
il tint sa promesse. Depuis lors il ne cessa, non plus 
que sa femme, de me témoigner son amitié et sa 
vive reconnaissance, et leur cœur leur en inspirait 
constamment de nouvelles expressions. 

Sous la direction du savant Van Yreckom il s’adonna 
avec ardeur à l’étude de cette science nouvelle ; il 
dut à son professeur ainsi qu’à un travail opiniâtre 
une parfaite connaissance des actions médicamenteu¬ 
ses, qui constituait chez De Mulder une incontestable 
supériorité. 


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Doué d’un sens droit, d’un jugement sain, d’un 
esprit d’observation remarquable, il fut toujours un 
hahnemannien pur, et ne composa jamais avec ses 
anciennes croyances. 

Il était franc jusque la rudesse, et dans l’étreinte 
de sa main on sentait passer tout son cœur ; ses 
malades vous diront qu’en partageant notre deuil ils 
ne savent ce qu’ils doivent pleurer le plus en De Mul- 
der, ou le médecin ou l’ami, tant les deux sentiments 
se confondaient facilement dans son cœur. 

Sa loyauté se refusait à toute intrigue et jamais il 
ne sut la plier à ce que l’on est convenu d’appeler le 
savoir-faire, cette source principale de bien des suc¬ 
cès dans la carrière de quelques médecins. DeMulder 
ne pouvait se prêter aux complaisances coupables, 
aux capitulations de principes, aux basses intrigues, 
aux indélicatesses professionnelles qu’il exige. 

Il est surtout un des côtés de son caractère que je 
ne puis passer sous silence et que je réserve pour 
la fin comme le complément naturel de sa grande 
bonté: je veux parler de son inépuisable charité. Quel 
dommage que la discrétion m’impose le silence sur 
bien des traits d’une charité toute chrétienne et que 
sa modestie cachait avec un soin jaloux. C’était bien 
de lui que l’on pouvait dire que sa main gauche igno¬ 
rait ce que donnait sa main droite. C’est sous l’em¬ 
pire de ce sentiment qu’il se dévoua avec un zèle 
sans pareil à une œuvre de bienfaisance. Il fut le 
membre le plu> actif et le plus dévoué du dispen¬ 
saire Hahnemann ; il soutint longtemps presque seul 
tout le poids de cette écrasante besogne. Son opinià- 


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— 294 — 


tre insistance et l’exemple de son dévouement y ame¬ 
nèrent d’autres confrères et l’on peut dire que sans 
lui cette institution de bienfaisance aurait cessé 
d’exister depuis longtemps. C’est là, parmi ses pau¬ 
vres, qu’il fallait voir Marc De Mulder pour connaître 
son cœur et l’aimer comme il méritait de l’être ; avec 
quelle bonté il savait d’un mot parti du cœur relever 
leur courage et leur force, leur faire partager sa 
confiance en la guérison, avec quelle conscience il 
étudiait leur maladie. Que ne peut-il entendre le con¬ 
cert de bénédictions de tous ces malheureux qu’il a 
guéris, soulagés ou consolés, être témoin de leurs 
regrets ! Quelle couronne pourrait lui faire autant 
d’honneur, et quel témoignage pourrait lui être aussi 
doux? 

Adieu, cher De Mulder, nous te garderons toute la 
vie le souvenir du meilleur des amis, du plus loyal des 
hommes, du plus dévoué des confrères ; les pauvres te 
garderont le regret de leur bienfaiteur et de leur pro¬ 
vidence. 


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— 295 — 

LE BORD DE LA MER,“> 

par le D r Martiny. 

La cure de mer (Suite). 

Les irrégularités de la cure de mer. — Quand un 
malade arrive à une station minérale quelconque, telle 
que Vichy, Carlsbad, Ems, Royat, etc., le médecin 
des eaux, parfois même le médecin de sa localité, lui 
indique exactement et jour par jour le traitement à 
suivre: autant d’eau minérale à boire au début, autant 
vers le milieu, autant à la fin de la cure; un bain de telle 
ou telle température, un séjour de tant de minutes dans 
les salles de pulvérisation et d’inhalation, une douche de 
telle ou telle force, etc., etc. Ce qui est ordonné par 
le médecin peut être ponctuellement exécuté par le 
malade: semblable précision est impossible à obtenir 
pour le traitement marin. Ici la température varie, le 
mouvement de la mer varie, la direction du vent varie, etc. 
Si le vent pousse directement à la mer, le promeneur 
n’éprouve même aucune influence marine, il respire l’air 
terrestre que le vent qui vient des terres lui amène. 

Si la ville du littoral qu’il a choisie est douée d’un air 
pur et sain, c’est heureux ; si au contraire l’air qui plane 
au-dessus de cette ville est infecté par des émanations 
plus ou moins nuisibles, le vent apporte sur la digue ces 
émanations,et au lieu de l’air pur et salubre de la mer, le 
promeneur respire par les vents de terre un air vicié; par¬ 
fois même,par un beau temps, devant une mer splendide, 
le vent de terre apporte sur la digue un air malsain, 
méphitique,qui s’élève de la ville où pendant les temps de 
vogue il y a encombrement par suite de l’exiguité des 
logements ; d’autres fois ce sont des émanations provenant 

(1) Suite. Voir vol. précédents et vol. cour* pp. 33, 65 et 225. 


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de marais voisins ou de canaux, de ports où l’eau est 
stagnante, qui corrompent l’air de la digue et de la 
plage. Nous reviendrons sur ce sujet quand nous traite¬ 
rons du choix d’une station balnéaire marine. 

Pour le moment nous voulions seulement montrer com¬ 
bien à la mer les différentes influences peuvent varier, au 
point que dans certaines circonstances celui qui quitte sa 
maison, sa campagne, ses habitudes, ses affaires pour 
venir respirer l’air salubre et stimulant de la mer, est au 
contraire entouré, même sur la digue, de l’air malsain, 
méphitique de la ville, des rivières ou des canaux qui cou¬ 
lent lentement et péniblement leurs eaux croupissantes à 
la mer ; souvent même le lit des fleuves ou des rivières 
s’élargit considérablement en arrivant à la mer et devient 
ainsi très peu profond;de sorte qu’il se découvre sur une 
grande surface à marée basse ; en se retirant les eaux 
abandonnent du limon et des détritus de toute nature qui 
répandent des émanations et des odeurs malsaines. 

Une cure de mer faite dans de semblables conditions 
peut avoir des conséquences plus ou moins fâcheuses, 
cela va de soi ; c’est pourquoi il est si important que le 
public des bains de mer se rende bien compte de tout ce 
qui peut avoir de l’influence sur la cure. Les conditions 
atmosphériques jouent aussi un rôle important et peuvent 
modifier complément l’action d’un séjour sur la plage ; la 
cure d’une année peut être tout différente dans ses effets 
de la cure de l'année suivante. C’est surtout la direction 
du vent qui doit être observée; il est rare que celle-ci soif 
exactement perpendiculaire à la digue; lorsqu’elle a une 
direction plus ou moins oblique, il est presque toujours 
possible au promeneur de se diriger de façon à recevoir 
de l’air marin,soit en se rapprochant très près des vagues, 
soit en s’avançant sur les jetées, les brise-lames et les 
estacades, etc. En un mot quand le vent est plus ou moins 


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— 297 — 


contraire, il est presque toujours possible de trouver dans 
un grand nombre de plages des endroits où arrive l’air 
marin, et celui qui'fait une cure doit faire en sorte que 
chaque jour il absorbe pendant quelque temps de l’air 
marin, sans quoi la journée est perdue et la cure inter¬ 
rompue,ce qui peut avoir des conséquences plus ou moins 
sérieuses. Les personnes qui prennent des bains ont sous 
ce rapport un certain avantage, car même par un vent 
absolument contraire, elles respirent l’air marin pendant 
toute la durée de leur bain (1). 

Les îles, surtout les îles peu étendues, ont, sous ce rap¬ 
port, un avantage complet, car il est toujours possible d’y 
trouver de l’air marin, n’importe la direction du vent. 

Les considérations précédentes paraîtront de peu de 
valeur à ceux qui ne sont pas au courant de l’action des 
doses infinitésimales, à ceux qui ont conclu que l’air ma¬ 
rin ne diffère en somme guère de l’air des champs ou 
des montagnes, mais tous les observateurs sérieux savent 
que l’air marin est autre chose et que c’est à cet air que 
reviennent la plupart des effets de la cure de mer (2). 

Les temps pluvieux sont détestables quand on vit à la 
campagne, ils le sont moins sur nos plages sablonneuses 

(1) Par ce qui précède, on peut voir combien il est utile que non seu¬ 
lement les médecins, mais même les personnes du monde, puissent se 
rendre un compte plus ou moins exact de la cure marine, la manière 
dont on doit se comporter à la mer pouvant varier d'un jour à l'autre par 
les temps plus ou moins troublés ; l'essentiel est de respirer journelle¬ 
ment pendant-un temps plus ou moins long l'atmosphère marine ; par les 
grands vents venant directement de la mer, une promenade dans les dunes 
suffit à la cure. Le vent est-il moins fort ? Il faut aller sur la digue et 
même se rapprocher plus près des vagues si le vent est peu prononcé. 
La direction du vent est-elle oblique vers la terre ? Il est préférable de 
s'avancer tout près de la mer et quand le vent est contraire, c'est-à-dire 
lorsqu’il vient directement de la terre, il serait bon de s'avancor sur les 
estocades ou sur les brise-lames ou même de suivre de très près la mer 
qui se retire à marée basse. 

(2) Voir entre autres le livre de Gaudet, déjà cité. 


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— 298 — 

de Ja mer du Nord. En effet, dès que la pluie cesse de 
tomber, le sable est sec et permet de se promener' ; à la 
mer la pluie ne laisse pas de longues traces, un court 
rayon de soleil efface tout et fait oublier sur le champ 
l’ondée qui vient de tomber; sur nos magnifiques plages 
belges, quand la pluie arrive en dehors des heures habi¬ 
tuelles des promenades, on ne s’en aperçoit guère et dès 
qu’elle cesse, on se promène sur le sable sans ris¬ 
quer de se mouiller les pieds. 

On peut faire une bonne cure marine par un temps plu¬ 
vieux, et c’est à la mer qu’on est le moins incommodé 
par la pluie : les personnes qui sont loin du littoral l’ou¬ 
blient trop facilement, elles retardent leur arrivée dans 
nos villes balnéaires et un grand nombre s’abstiennent 
même d’y venir par les temps pluvieux, perdant ainsi les 
bienfaits d'une cure utile que la pluie n’aurait guère con¬ 
trariée (1). 

(A continuer.) D 1 ' Martiny. 

ASSOCIATION CENTRALE DES HOMŒOPATHBS BELGES 

Président , Secrétaire, 

D' SCHEPENS. D r SCHWARTZ. 

Séance du 15 janvier 1889. 

La séance est ouverte à 3 heures. 

Le procès-verbal de la réunion d’octobre est lu et adopté 
sans observations. 

(I) Ainsi,en 1888, la saison a été pluvieuse et le nombre des baigneurs 
a été beaucoup moins considérable, parce qu'on ne se rappelle pas que 
c'est à la mer que les temps pluvieux sont le moins désagréables. 

Nous étions à la mer pendant les mois de juillet et d'août; nous pouvons 
assurer que personne ne s'est beaucoup inquiété de la pluie : dès que 
celle-ci cessait de tomber, tout le monde courait sur la plage, les enfants 
y élevaient leurs montagnes et leurs forteresses de sable, et quand arri¬ 
vait un rayon de soleil, la plage prenait ses airs de fête et la mer réflétant 
les gros nuages en même temps que la lumière du soleil n'en était que plus 
brillante dans ses teintes et plus grandiose dans son aspect. 


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299 — 


Le D r Lambrechts s’excuse de ne pouvoir assister à la 
réunion, se trouvant en ce moment à Malaga, où il s’est 
rendu à la prière d’une personne amie de l’homœopathie, 
pour y mettre en pratique et répandre cette méthode de 
traitement. 11 promet de tenir les membres de la Société au 
courant des particularités qu’il observera pendant son séjour 
en Espagne. 

Le D r Martiny donne ensuite lecture du petit travail 
suivant : 

Les victimes du vésicatoire, 

par le Dr Martiny. 

Nous avons jadis publié un article intitulé: Les martyrs du 
vésicatoire (1). Dans cet article nous avons prouvé suffisam¬ 
ment qu’un grand nombre de malades se laissent inutilement 
tourmenter par les vésicatoires,c’est-à-dire sans profit aucun 
pour la guérison de leur maladie. Nous avons choisi, pour 
prouver notre dire,une des maladies dans lesquelles a priori 
le vésicatoire semblerait devoir être utile : la pleurésie aiguë 
ou chronique. En ce qui concerne la pleurésie aiguë les chefs 
de l’école allopathique se divisent en deux camps nettement 
distincts. Dans le premier on soutient que pour être utile 
l’emplâtre de cantharides doit être appliquée tout au début, parce 
qu’alors seulement la plèvre pariétale est encore assez per¬ 
méable pour que le liquide puisse la traverser pour être attiré 
dans l’ampoule du vésicatoire ; lorsque la pleurésie est plus 
avancée, c’est-à-dire au bout d’un jour ou deux, la plèvre 
est devenue imperméable par suite des dépôts fibrineux qui, 
non seulement tapissent sa surface, mais infiltrent son tissu ; 
par conséquent mettre un vésicatoire,lorsque la pleurésie est 
confirmée, est une manœuvre inutilement douloureuse. 

(1) Voir Revue homœopathique belge , année 1882-83, p. 102. 


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— 300 — 


Dans le second camp on prétend, au contraire, qu’appliquer 
tout au début le vésicatoire gêne les mouvements thoraciques 
et paralyse les muscles intercostaux,favorisant ainsi le dépôt 
du liquide dans la plèvre. 

La conclusion est facile à tirer : mieux vaut, dans la pleu¬ 
résie aiguë, ne pas employer de vésicatoire puisque dans le 
début il peut favoriser l’arrivée de l’épanchement, et qu’une 
fois celui-ci bien établira plèvre est devenue tellement impé¬ 
nétrable que le vésicatoire ne peut plus avoir d’action ; mais 
les médecins l’ordonnent quand même, pour « occuper » le 
malade, et puis, comme l’avoue avec une ironie légèrement 
cynique M.Germain Sée, parce que «le bon public continue à 
« croire que l’eau de l’ampoule vésicatoriale vient de la 
« plèvre ». 

Le procès du vésicatoire nous paraît donc complètement 
plaidé dans la pleurésie: on ne l’emploie plus que pour 
occuper, pour amuser le malheureux malade qui croit que 
l’eau qui vient dans le vésicatoire est sortie de la plèvre. 
Ceci n’aurait guère d’inconvénient si le vésicatoire n’avait 
d’autre effet que de tourmenter le patient, mais outre la dou¬ 
leur qu’il cause, il offre parfois de graves mécomptes, il 
donne toujours un peu de fièvre et enfin il affaiblit, comme 
l’avoue M. le professeur Germain Sée. A propos de la pleu¬ 
résie la cause est donc entendue: le vésicatoire est pour le 
moins inutile. 

Mais il y a une autre maladie où le vésicatoire sem¬ 
blait devoir conserver la vogue: c’est dans l’endocardite, 
et surtout l’endocardite qui se déclare dans le cours du rhuma¬ 
tisme articulaire; celle-là semblait devoir être tout à fait justi¬ 
ciable du vésicatoire ; lorsque l’endocarde paraissait s’entre¬ 
prendre lors du rhumatisme articulaire" vite Ton couvrait la 
région précordiale d’un immense vésicatoire après avoir au 
préalable pratiqué une ou deux saignées, appliqué de nom- 


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— 301 — 


breuses ventouses scarifiées ; le vésicatoire était de rigueur, 
personne ne pensait, n’osait même s’y opposer, et nous con¬ 
naissons des homœopathes qui ne s’y refusaient pas, sous 
prétexte qu’alors il fallait agir localement d’une façon éner¬ 
gique, ajoutant que l’action de nos remèdes était peut-être 
trop lente dans cette occurrence ; au lieu d’un vésicatoire on 
en aurait mis deux l’un sur l’autre si c’était possible; or voilà 
qu’aujourd’hui un des grands chefs de l’école allopathique 
vient déclarer ex cathedra à ses élèves que le vésicatoire et 
les sangsues étaient non seulement inutiles mais nuisibles et 
que, en affaiblissant les malades,ils permettent aux microbes 
qui sont en réalité au fond de ces endocardites de se déve¬ 
lopper et de poursuivre leur travail de destruction. Or, ce 
travail est d’autant plus actif que le terrain sur lequel ils 
opèrent est plus affaibli. 

Mais citons les paroles de M. Germain Sée : 

Or, nous avons, comme vous l'avez vu, remanié complètement l'his¬ 
toire pathogènique de l’endocardite. Dans tout ce bouleversement, 
qu’est devenue l’endocardite rhumatismale, celle que l’on considérait 
comme toujours verruqueuse et jamais ulcéreuse ni infectieuse ? 

Eh bien ! elle aussi est microbienne. Pour soutenir cette opinion, je 
pourrais vous dire que le rhumatisme lui-même est une maladie infec¬ 
tieuse et que l’endocardite rhumatismale est due à l’organisme encore 
iucoonu de l’affection, ce qui nous dispense d’avoir à le montrer. 
Cette hypothèse, que je ne puis encore vous confirmer, ne vous satis¬ 
ferait pas. Mais à chaque instant vous avez vu que, dans les 
endocardites rhumatismales,on avait trouvé des microbes tout comme dans 
les formes ulcéreuses. Je reconnais que la constatation des microbes a 
été moins fréquente dans les cas d’endocardite verruqueuse, mais cela 
peut s’expliquer facilement. L’endocardite verruqueuse moins grave ne 
tue les malades que très tardivement, par asystolie, à un moment où 
l'endocardite n’existe plus, où il ne reste plus que les cicatrices valvu¬ 
laires, qu’elle a déterminées. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que, sur 
ces valvules où l'endocardite n'est plus en activité, on ne retrouve plus 
le microbe qui l'a causée. 


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— 302 — 


Néanmoins, vous avez vu que Fraenkel et Saenger ont vu des micro¬ 
bes dans certaines endocardites verruqueuses. 

Comme les microbes paraissaient moins abondants, on crut que - la 
nature des parasites avait une importance et que leur forme bénigne 
correspondait à une invasion microbienne moins abondante. Peut-être 
aussi faut-il tenir compte de l'activité différente des divers microbes qui 
peuvent produire l’endocardite, cela est très Vrais3inblable ; mais nous 
ne sommes pas encore assez avancés pour rien affirmer à cet égard. 
Mais il y a encore un facteur dont l'importance est au moins aussi 
grande, c'est le malade lui-même.Suivant qu'il sera robuste ou débilité, 
il résistera ou succombera. Il s'établit, en effet, une lutte dont l’issue 
dépend autant de la vigueur de l'attaque que de celle de la défense. 

Vous le voyez, les notions actuelles transforment complètement tout ce 
que nous savions jusqu'ici sur l’endocardite. Cette maladie n'est plus 
une inflammation, comme on le croyait jadis, c’est une infection micro¬ 
bienne, et cette constatation n'a pas seulement un intérêt théorique, elle 
a des conséquences thérapeutiques de la plus grande importance. 

En effet, jusqu'à présent, on traitait l’affection par des antiphlogisti¬ 
ques, on appliquait au devant du cœur des vésicatoires, des pointes 
de feu, des ventouses scarifiées pour lutter contre une préten¬ 
due inflammation. Actuellement que nous savons qu'il ne s’agit pas 
d'inflammation, nous devons nous dispenser de tous ces moyens qui sont 
forcément inefficaces et qui ont le grave tort de débiliter le malade et de 
le rendre par suite bien moins en état de résister à l'infection microbienne 
dont Y endocardite est la manifestation. {Bulletin médical ,5 décembre 1888.) 

Conclusion. — Il y a plus de cinquante ans que ce système 
est appliqué aux malheureux souffrant d’endocardites; com¬ 
bien y en a-t-il qui n’eussent pas succombé s’ls n’avaient pa9 
été traités par les antiphlogistiques et les vésicatoires? 

Cet aveu de M. Germain Sée est plus gros de conséquences 
qu’on ne pourrait le croire a priori; non seulement le vésica¬ 
toire doit être proscrit dans l’endocardite qui est une maladie 
microbienne, mais on doit le rejeter pour las mêmes motifs 
dans toutes les autres maladies microbiennes, et elles sont 
nombreuses aujourd’hui ; plus la science avance et plus on 
trouve de maladies à microbas ; c’est au point qu’on pourra 


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■ ^ 


— 303 — 

bientôt se demander si parmi les maladies aiguës il y en a qui 
ne soient pas microbiennes.Dés lors plus de vésicatoires dans 
les maladies aiguës, puisque le vésicatoire en affaiblissant le 
malade affaiblit sa résistance au développement des microbes; 
par conséquent, pour être logiques et conséquents, nos con¬ 
frères allopathes ne doivent plus prescrire de vésicatoires ni 
dans la pneumonie, ni dans la phtisie, ni dans un grand 
nombre de maladies aiguës. Mais nous sommes bien persuadé 
que pendant de longues années ils continueront encore à 
ordonner « de bons et larges vésicatoires » à leurs malades 
pneumoniques et phtisiques, etc.,par la raison que le vésica¬ 
toire est un remède à effet certain — sur l'imagination des 
pauvres malades et des assistants —; et s'il est destiné à dis¬ 
paraître de la pratique des hôpitaux il fera encore longtemps 
florès dans la clientèle civile, le bon vésicatoire. 

Et la saignée ! Elle avait fini par perdre du terrain chez les 
successeurs immédiats de Broussais, mais depuis une quin¬ 
zaine d’années elle a repris un regain de faveur; si on ne fait 
plus tant la saignée du bras, les sangsues et les ventouse s 
scarifiées sont largement mises à contribution ; et pourtant 
voilà tout cet appareil antiphlogistique condamné par la 
science actuelle. 

Quand on réfléchit à tout ce que nous venons de dire, ne 
doit-on pas donner raison à la grande masse du public qui ne 
considère pas toujours les médecins comme des guérisseurs et 
n’avons-nous pas raison de répéter ce que nous avons déjà 
dit plusieurs fois : tous les malades qui meurent ne succombent 
pas tons au progrès normal de leur maladie; la médecine fait 
souvent pencher la balance du mauvais côté. Ceci nous rap¬ 
pelle l’aveu sarcastique d’un vieux professeur de l'époque de 
la méthode des saignées coup sur coup. Arrivé au lit d'un 
malade il s’avise de demander à l'interne combien de saignées 
le malade avait subies : soixante-deux, répond l’éléve ahuri. 


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Et le professeur de répondre sans se déconcerter : «Ceci 
vous apprendra, Messieurs, que les malades sont plus résis¬ 
tants qu’on le croit communément ». 

D r Maütlny. 

A propos de ce travail le D r Schepens introduit une petite 
digression concernant les remèdes externes et palliatifs et 
exprime le vœu de voir mettre à l’ordre du jour d’une pro¬ 
chaine réunion la Question de « savoir jusqu’à quel point et 
dans quelles conditions il convient au médecin homœopathe 
de recourir aux moyens palliatifs ». 

Le D r Van Blaeren se rallie à ce vœu et cite un cas de 
douleur dentaire dans lequel la guérison complète ne fut 
obtenue qu’en mettant en usage en même temps des remèdes 
internes et externes. 

A propos des Maladies épidémiques et des médicaments 
de la saison , le D r Martiny cite quelques cas d’oreillons, guéris 
par puisâtille ; des cas de rougeole nombreux,contre laquelle 
bryone lui parait plutôt le spécifique que pulsatille . 

Le D r Gaudy rappelle les bons effets d 'arsenicum contre 
les suites de la rougeole, même dans des cas désespérés. 

Le D p Schepens cite trois cas d’angine observés dans la même 
maison; l’un, un enfant, angine herpétique suivie de zona, 
guéri par rhus ; le deuxième, également un enfant, angine 
pultacée, guérie par cyanure de mercure et apis; le troi¬ 
sième, le père, angine paraissant d’abord phlegmoneuse, suivie 
d’éruption scarlatiniforme très forte. Les deux enfants avaient 
eu la scarlatine l’année précédente. Le D r Schepens se demande 
si le virus ne s’est pas conservé dans cette maison pour se ma¬ 
nifester de nouveau,les conditions étant favorables, à une année 
d’intervalle. Et à ce propos il relate, de concert avec le 
V Martiny, un cas bien remarquable de contagion, dans une 


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— 305 


famille où, un enfant étant tombé malade de la scarlatine, 
tous les autres enfants ayant été éloignés immédiatement, 
étaient restés indemnes pendant tout le temps de leur éloi¬ 
gnement ; rentrés dans la maison après deux mois dans une 
partie isolée de celle dans laquelle s’était trouvé le malade, 
ils avaient tous contracté la maladie. Après leur guérison on 
les avait conduits à la campagne où ils séjournèrent quelque 
temps; la campagne resta vide après leur départ pendant 
quelques semaines. Une autre famille vint alors s’y installer 
et ses enfants furent atteints à leur tour de la même affection. 
Rien n’avait été négligé pour faire disparaître toute trace du 
virus. 

Conclusion à tirer de là: Ne jamais se prononcer trop 
légèrement sur la non-transmissibilité quand il s’agit d’affec¬ 
tions contagieuses. 

A la suite de cette petite relation on procède au renouvel¬ 
lement du bureau pour l’année 1889. Sont nommés: Président, 
le docteur Criquelion; Secrétaire, M. Carez, pharmacien. 
Ces messieurs promettent de faire tous leurs efforts pour 
faire prospérer la société. 

La séance est levée à 5 1/2 heures. 


Le tabac (1), 

par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Sbutin, à Bruxelles. 

Maintenant, disons deux mots encore du péril qu’on 
encourt à séjourner dans une atmosphère plus ou moins 
chargée de vapeurs de tabac ; nous en avons dit deux mots 
dêji, mais il est bon d’y revenir et de démontrer d’une 

(1) Suite. Voir volume courant, pp. 69, 100, 129, 161, 204, 239 
et 266. 


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— 306 - 


manière péremptoire combien est vicié cet air qu’on res¬ 
pire dans les estaminets, les cafés, les cercles, les fumoirs 
publics et privés, et meme dans les compartiments spéciaux 
des chemins de fer, réservés à messieurs les fumeurs. Pour 
le comprendre, il suffirait de savoir (nous l’avons déjà dit, 
répétons-le encore) que la fumée de tabac tîent elle-même en 
suspension, dans de* propartions nécessairement variables 
suivant la provenance des tabacs, en moyenne 7 p. c. 
de nicotine. 

Qui ne sait qu’un grand nombre de personnes, mais surtout 
des femmes et des enfants, ne peuvent séjourner quelque 
temps dans un milieu nicotisé, sans éprouver des maux de 
tête, des nausées, des étourdissements, des défaillances et 
même des syncopes? Beaucoup de fumeurs qui s’éloignent 
volontiers du foyer domestique pour aller se délecter plus à 
l’aise dans los fumoirs publics, y trouvent plus encore des 
effets d’intoxication nicotique. 

Voici un fait, rapporté par M. le docteur Ségalas, et que 
devraient bien méditer tant de nos pauvres jeunes gens qui 
n’hésitent pas à passer une partie de leur existence dans les 
milieux rappelés plus haut. Voici ce fait : il se rapporte à un 
jeune homme, qui passait une partie de sa vie dans un cercle 
où, tout en respirant un air saturé de vapour de tabac, il 
consommait plus de vingt cigares dans les vingt-quatre 
heures du jour et de la nuit. Il n’en fallait pas tant pour porter 
atteinte à sa santé, et bientôt, en effet, il vit ses fonctions 
digestives s’altérer, sa mémoire et son intelligence s’affaiblir, 
toutes ses forces musculaires défaillir au point de tomber 
dans l’impuissance anaphrodisiaque. Il avait des projets de 
mariage, et justement préoccupé du cas d’empêchement qu’il 
n’avait pas prévu, il alla prudemment consulter l’éminent 
docteur Ségalas, qui sut facilement l‘éclairer sur la véritable 
cause de tous les désordres survenus dans sa santé et sur les 


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moyéos tout simples d’y remédier. Il se borna en effet à lui 
conseiller, pour tout traitement, d’occuper autrement ses 
loisirs,de changer ses habitudes de vie et de régime,de quitter 
le cigare et de fuir les lieux ni cotisés. 

Cés conseils furent aussi docilement écoutés que fidèlement 
observés, et quelques semaines après, le jeune homme était 
rendu à tous les attributs de la santé, à toutes les conditions 
d aptitude au mariage. 

Nous avons suffisamment démontré,par des faits nombreux, 
combien la santé, le bien le plus précieux qui puisse être 
donné à l’homme, reçoit du tabac, surtout par l’abus qui en 
est fait, les atteintes les plus tristes et les plus lamenta¬ 
bles !... Ce terrible alcaloïde qui les produit et dont nous 
avons déjà parlé s’appelle nicotine ; elle produit la mort par 
effet foudroyant, sitôt qu’on l’introduit dans l’organisme par 
quelque voie que ce soit. Ce phénomène instantané s’explique 
par l’action de cette substance sur le système nerveux qui 
est la source de la vie. 

Que se passe-t-il dans cette œuvre de destruction si terrible? 
A l’autopsie des cadavres qu’a tués la nicotine, l’œil ne décou¬ 
vre rien qui ait pu causer la mort. Tout ce que l’on peut 
constater, c’est que la vie est éteinte, telle quelle le serait 
par l’électricité, la foudre. Il y a encore cette différence, que 
la foudre a une force matérielle ; elle enflamme le ciel, fait 
trembler les mont ignés, creuse la terre, renverse les arbres, 
les édifices, fond les métaux. La nicotine, elle, quand elle 
foudroie, ne présente qu'une goutte, un atome, un rien. Dans 
l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons expliquer 
que par deux mots : poison, empoisonnement, la redoutable 
puissance que la nicotine a sur l’organisme. Gomment expli¬ 
quer qu une infime partie d’une substance végétale, déposée 
sous l’épiderme, à l’un des points les plus éloignés de notre 
corps,envahisse instantanément tout notre organisme en pleine 


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vie, et y détruise cette vie avec plus de rapidité que ne le 
feraient la blessure, la mutilation les plus graves, un boulet 
qui couperait notre corps en deux, un train de chemin de fer 
qui broierait nos chairs et nos os. On peut constater un fait, 
mais on ne peut en approfondir les causes intimes; mais ce 
que nous sayons, c’est que le tabac produit le ramollissement 
de la substance cérébrale et rachidienne. 

Le ramolli, qûoique plus récent que le petit crevé, n’en 
n’est pas moins une réalité! Le petit crevé, c’est l’enfant qui 
cherche à se faire homme avant terme : c’est le fruit sec de 
T humanité, destiné à périr avant d’être mûr. Mais pendant 
son existence éphémère, ça vit, ça use tout le présent, comme 
par pressentiment que ça n’a pas d’avenir et que ça ne vivra 
pas 30 ans; ça passe comme le bruit et la fumée, que ça fait 
sans rien laisser après soi. 

Le ramolli, au contraire, a vu s’épanouir en toute vigueur 
la fleur de sa jeunesse; il a eu son printemps, son été ; sa vie 
a été pleine de labeurs et de fruits pour la société. Il a servi 
son pays dans les emplois publics, la magistrature, l’armée ; 
il a par son génie élargi les limites de la science et des arts. 
D’une constitution, primitivement forte et vigoureuse, si 
rien n’était venu fatalement l’altérer, il aurait pu franchir 
avec aisance et bonheur les deux dernières étapes de la vie, 
la maturité et la vieillesse, ces âges d’or où l’homme recueille 
en félicité, en considération, en dignité, tout ce qu’il a semé 
de travail et de bien dans son existence active. 

Mais quelle organisation si puissante pourrait résister à 
l’action délétère du tabac ? De même que la goutte d’eau qui 
tombe use avec le temps le roc, de même l’atome du poison 
qui s’infiltre journellement en nous sous forme de fumée, 
qu’il s’appelle opium, arsenic ou nicotine, use notre orga-_ 
nisme et détruit une à une toutes ses énergies (1). 

(1) Depierris. Physiologie sociale. Le ta> ac, pp. 272 et 274. 


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Et c’est ainsi que sombrent, en pleine force de vie, de 40 à 
50 ans, ces natures à constitution physique taillée en hercule, 
aux facultés brillantes, aux conceptions profondes ; un jour 
on s’aperçoit que leur caractère change, qu’ils sont moins 
gais, moins causeurs. 

Il faut leur répéter les mots qu’ils semblent ne pas claire¬ 
ment entendre, leur rappeler les faits récents qu’ils semblent 
avoir oubliés. Leur vue s’affaiblit; ils prennent avant le temps 
des lunettes pour la rendre meilleure; leur marche chancelle, 
ils prennent un bâton pour la soutenir. Quand on a été quel¬ 
que temps sans les voir, on dit d’eux, avec une expression 
d’étonnement et de tristesse: oh! comme il a vieilli! 

C’est qu’en effet, ils marchent rapidement à la caducité. 
Une fois leur vigueur entamée, cette constitution robuste, 
qui avait été pendant 20, 30 ans réfractaire à l’action du 
tabac, se brise, comme la digue d’un fleuve que l’eau a long¬ 
temps respectée et qu’elle entraîne sitôt qu’elle a pu ébrécher 
un point de sa surface. 

Alors, on les voit décliner tous les jours, l’idée les aban¬ 
donne, la parole leur fait défaut, le mouvement se refuse à 
suivre leur volonté : ils sont ramollis ! comme on les appelle 
vulgairement dans le monde. Cette dénomination est vraie, 
car leur décadence rapide coïncide toujours avec un ramollis¬ 
sement du cerveau et de la moelle épinière. 

Y a-t-il un spectacle plus affligeant que de voir (1) dans la 
saison des beaux jours, dans les rues, sur les promenades 
publiques, ces quantités d’infirmes, en apparence jeunes 
encore, mais brisés avant le temps, dans leurs facultés de 
sentir :t de se mouvoir? Ils se pendent au bras d’un domes¬ 
tique, d’un parent, d’une épouse, d’une infirmière, même sur 
deux béquilles ; les malheureux essayent en tremblant des 

(1) Depierrii. Physiologie sociale . Le tabac, p. 275. 


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pas incertains, comme des enfants auxquels on apprend à 
marcher. 

D’autres, plus engourdis dans leurs mouvements, se font 
promener dans de petites voitures et s’agitent encore au milieu 
de ce monde dont ils ont aimé l’entrain et la vie. Un pied 
dans la tombe, ils luttent ainsi, par un reste d’énergie, contre 
la sombre infirmité qui les voue sans espoir à la mort. 

C’est dans cet état, dit M. le docteur Depierris, qu’il ren¬ 
contra un jour à Paris un homme qu’il avait beaucoup connu 
dans ses relations de médecin de marine. 

Il se promenait dans le petit square de la chapelle 
expiatoire de Louis XVI, quand sa vue s’arrêta, comme saisie 
par l'ombre de quelqu’un qu’il lui semblait connaître ; c’était 
un impotent qu’on promenait dans les allées du jardin. Il con¬ 
naissait cet homme, mais il ne pouvait se rendre compte, ni 
qui il était, ni où il l’avait vu, tant il était changé. 

Alors, dans un effort de souvenir, il se dit à lui-même : 
mais c’est E. P... ! C’est l’amiral ! Il prononça son nom en lui 
tendant la main, comme on fait à un vieil ami, que l’on ren¬ 
contre et que l’on n’a pas vu depuis 20 ans. L’amiral leva 
vers lui de grands yeux égarés et qui semblaientluidire : Je ne 
vous connais pas. 

L’amiral parle difficilement, lui dit alors la dame qui l’ac¬ 
compagnait ; il a perdu toutes ses facultés, il est paralysé. 

Cette rencontre si inattendue avait tellement impressionné 
le docteur, qu’il quitta le pauvre infirme en lui serrant les 
mains, dans un mouvement d’expression et de tristesse aussi 
muettes que l’était son indifférence pour lui qu’il ne connais¬ 
sait plus. 

Le docteur Depierris apprit par un de ses collègues de la 
marine,qu’il y avait déjà bien longtemps que le pauvre amiral 
se. trouvait dans cet état, contre lequel il n’y a plus rien à 
faire — ramolli! Ah! mon cher ami, ajoutait-il,si vous saviez 


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- 311 - 

combien j’en ai vu finir ainsi parmi ceux qui faisaient leurs 

premières armes dans la marine! Rappelez-vous un.tel. 

un tel.un tel (il ne finissait pas de citer des noms), ces 

jeunes et beaux officiers, alors si pleins de vie, d’espérance 
et d’avenir? Eh bien, tout ça est mort !... 

C’est le service actif de la marine qui les afait périr. — Non, 
mon ami, ce n’est pas ça! Ce qui les tue sans qu’ils paraissent 
s’en douter^ bien que je ne me suis jamais lassé de leleur crier 
bien fort, c’est le tabac. 

Si vous saviez, ajoutait le docteur Depierris, toute la peine que 
j’ai eue à en tenir à flot un grand nombre qui se sont abimé la 
constitution en culottant des pipes, vous en seriez étonné. Il 
en est qui ne vivent plus qu’à l’aide de la sonde, qui doit vider 
plusieurs fois par jour lour vessie, que la nicotine a para¬ 
lysée; mais c’est l’histoire de la cruche, à force d’aller à 
l’eau, elle se brise; la vessie, elle, à force d’être sondée se 
perce par des iausses routes où s’égare la sonde ; ou bien 
elle s’enflamme, et c’est la cystite chronique ou le cancer qui 
terminent lo plus souvent au milieu des angoisses les plus 
cruelles, leur malheureuse existence (1). 

Tenez, continua-t-il, il y en a un qui va prendre le com¬ 
mandement de l’escadre de la Méditerranée, X..., vous le rap¬ 
pelez-vous? Quel brillant officierai était! 11 asu, parsonmérite, 
se pousser jusqu'à l'amirauté; mais c’est fini deluiîS'il n'avait 
pas usé par le tabac tout ce qu'il y avait en lui d'énergie, 
d’intelligence, de force de caractère, quels services il pour¬ 
rait rendre à la marine, à la France, jeune comme il est 
encore et dans un sihaut grade! Mais qu'attendre d'une orga¬ 
nisation dont la nicotine a détraqué tous les ressorts ? Il ne 


(1) C’est aiosi que s’est éteint le 12 octobre 1875, à 17 ans, un des plus grands 
maîtres de la statuaire contemporaine, le si regretté Carpeaux. Le nicolisme 
qui.avant l’age mûr, avait stérilisé déjà son génie,usa dans une agonie de 5 ans, 
cette existence trop tôt ravie aux gloires de la France et à la légende des art*. 


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312 — 


tient plus que par un souffle, et au premier coup de cape à la 
mer, il sombrera. 

Le docteur ne se trompait pas dans ses prévisions. L'ami¬ 
ral n'attendit pas d'être en mer pour mourir; à peine avait-il 
pris le commandement de son escadre qu’il succomba de lan¬ 
gueur par consomption nicotineuse, à bord de son vaisseau, 
en rade de Toulon. 

En 1850,M. le docteur Depierris fît la connaissance^ San- 
Francisco, d’un homme jeune encore, que quelque ouragan 
semblait avoir jeté, comme tant d’autres, sur cette terre 
d'épreuves et d'espérances. Il était médecin, ce qui les avait 
rapprochés par confraternité professionnelle ; ils demeuraient 
l’un à côté de l’autre, mais cet homme vivait inactif, au milieu 
de cette population ardente aux affaires. Il passait une partie 
de ses jours étendu dans un hamac, d’où pendait une longue 
pipe dont il ne cessait d’aspirer avidement la fumée. 

Le docteur Depierris, croyant que son inertie venait du 
manque de confiance en lui-même, lui disait un jour ; vous 
connaissez la médecine, pourquoi ne la pratiquez-vous pas ? 
Il y a ici place pour tout le monde. — Oui, la médecine, j’en 
ai su un peu autrefois, mais j’ai tout oublié dans les prisons 
et dans l’exil. 

A ces mots qu’il prononçait avec une émotion profonde, sa 
figure s’anima ; ses yeux brillèrent aussi ardents que le feu de 
sa pipe,dont il tirait la fumée par des aspirations convulsives, 
un sentiment d’indignation et de colère sembla le dominer. 

Oh ! les misérables, reprit-il, .à présent qu’ils sont au pina¬ 
cle, ils oublient ceux qui les y ont poussés ! Il raconta 
alors qu'il avait quitté sa carrière de médecin militaire pour 
s’attacher au parti de Louis-Napoléon ; qu’il avait partagé sa 
mauvaise fortune, et qu’aux jours de succès on l’avait envoyé 
en Californie, où devait le suivre bientôt sa nomination à un 
consulat. 


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— 313 



Mais cette nomination ne venait pas ; et, de même que 
sous les verroux du château de Ham, quand il expiait son 
crime de haute trahison contre le gouvernement de Louis- 
Philippe, il cherchait, dans le narcotisme du tabac, un soula¬ 
gement à sa captivité par l’oubli de la vie, de même,dans son 
isolement à San-Francisco, il demandait à sa grosse pipe 
danoise de la résignation et de la patience jusquà des jours 
meilleurs; et il attendait. Il y avait dans cette nature d’homme 
quelque chose d’original et d’excentrique qui tenait presque 
de Thallucination qui domine souvent les nicotinés, dont il 
était un type déjà bien avancé. Aussi, le docteur doutait 
parfois de la réalité de tout ce qu’il lui disait sur ses anté¬ 
cédents aventureux et ses espérances. 

Un jour qu’il était bien disposé, le docteur lui dit: Pourquoi 
alors ne restiez-vous pas en France? Le prince vous aurait 
moins perdu de vue, et si vous avez été l’un de ses compa¬ 
gnons de hasards et d’infortunes, l’occasion ne lui eût pas 
manqué de vous en être reconnaissant, aujourd’hui qu’il peut 
tout. 

— Quand j’ai quitté la France,le Président ne pouvait rien 
pour moi, et puis je ne pouvais avoir en France aucune posi¬ 
tion politique. Lors de notre arrivée à Boulogne, sur le stea¬ 
mer anglais City of Paris, j’étais le fauconnier de l’expédition ; 
c’est moi qui portais l’aigle que j’avais dressé à aller s’abattre 
sur la tête du neveu de l’Empereur. Si tout avait réussi, nous 
enlevions la France à Boulogne, comme Napoléon la recon¬ 
quit & Fréjus, après sa fuite de Pile d’Elbe ; mais la France 
fut indifférente ; elle y reviendra ; Louis a le pied dans l’étrier, 
son règne arrivera, vous le verrez. 

En effet, le Président se fit empereur et lui devint consul. 
H eut, dans la carrière diplomatique, un avancement très 
rapide. En 1870, je le retrouvais à Paris consul général en 
retraite pour infirmités. Mais quelles infirmités, grand Dieu ! 


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— 314 — 

Elles étaient si affligeantes qu’on les cachait à tout le monde. 
Je ne fus admis à le voir qu’en ma qualité d’ancien ami, et 
surtout à mon titre de médecin. Il ne vivait plus, il végétait. 
C’était un cadavre dont la mort n’avait pas désagrégé les 
éléments pour les rendre à la terre. Il n’avait plus ni voix, ni 
regard, ni intelligence, ni mouvement ; tout était éteint, et 
pourtant il vivait, il était assis, à demi-étendu, sur un fauteoil 
en forme de lieu d’aisance, pour deux fonctions qui s'accom¬ 
plissaient en lui sans qu’il en eût conscience. 

A ses côtés vivait une sainte femme, qui avait épousé cet 
idiot par le plus généreux dévouement, pour lui donner les 
soins que réclamait cette triste situation, car c’était lente¬ 
ment qu’il s’était affaissé jusqu’à la dégradation profonde où 
il se voyait tombé. Ce pauvre ami, lui dit-elle, s’il avait suivi 
mes conseils, s’il avait pu avoir assez d’ascendant sur lui- 
même, assez de volonté, il ne serait pas arrivé au misérable 
état où il est aujourd’hui; mais il était sur une pente dange¬ 
reuse où il est bien difficile de s’arrêter, car j’en ai vu beau¬ 
coup comme lui. 

Le docteur lui demanda s’il était déréglé dans ses habi¬ 
tudes, s’il faisait abus d’absinthe, de whisky ou d’autres 
liqueurs alcooliques. 

Non, jamais, monsieur; s’il prenait quelquefois des liqueurs, 
ce n’était que très sobrement, mais ce dont il usait beaucoup, 
et dont je n’ai jamais pu réussir à le déshabituer, c’est de 
tabac. C’est le tabac, rien autre que le tabac, je puis vous 
l’assurer, qui a tué, une à une, toutes ses facultés qui étaient 
pourtant bien actives. Depuis dix ans, j’assiste à cette lente 
agonie de son intelligence et de son corps. Enfin,si Dieu m’en 
donne la force, car j’en ai le courage, j’accomplirai mon œuvre 
jusqu’au bout ; je 11 e me séparerai jamais de mon cher 
malade pour le confier à une maison de santé, où i! mourrait 
peut-être, du jour où mes soins lui manqueraient. Il me 


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— S15 — 

quittera avant que je ne le quitte.— Pauvre femme ! c’était 
elle qui devait le quitter la première. Un de ce» misérables 
aux instincts meurtriers l’assassina dans la chambre,aux pieds 
mêmes de son mari, sans que la parole ou le mouvement 
aient pu revenir au malheureux infirme qui demeura impas¬ 
sible et inconscient devant cet horrible crime. 

(A continuer.) Em. Seutin, ph" et u r L. Seutin. 


IIVDI DUS JOURNAUX HOKEOPATHIQUES VAIÉRIQD8, 

par le D r Lambreghtb, fils. 


Traitement des paralysies, 

par le D r Boocock . 

Le D r Boocock publie dans XAmerican homœopathist 
divers cas intéressants de paralysies qui ont cédé prompte¬ 
ment à la médication homœopathique. 

I. — Isaac B., âgé de 72 ans, fut atteint subitement d’hé¬ 
miplégie de tout le-côté droit. Le médecin de la famille étant 
absent, je fus appelé à donner mes soins au malade. Je le 
trouvai en pleine connaissance,mais incapable d’articuler une 
parole. La bouche était déviée du côté gauche et les muscles 
buccaux étaient le siège de contractions cloniques très pro¬ 
noncées. Les mouvements et la sensibilité avaient complète¬ 
ment disparu dans la jambe et le bras droits. 

Je prescrivis nux vom . 3 e et bellad, 3 e alternés, une 
cuillerée toutes les cinq minutes. Au début, le malade fut 
dans l’impossibilité d’avaler sa potion. 

Lorsqu’on lui donnait à boire, c’était comme si on versait 


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— 31« — 


le liquide dans un tube rigide ; on l’entendait tomber dans 
l’estomac. Après la seconde dose, j’eus la satisfaction d’aper¬ 
cevoir déjà quelques mouvements de déglutition. 

Je résolus alors de continuer les mêmes remèdes, une 
cuillerée toutes les dix minutes. Après quelques heures, la 
déglutition put se faire parfaitement et le malade réussit 
même à expectorer une glaire qui obstruait les voies 
aériennes. Je couvris alors la tête d’une flanelle imbibée d’eau 
très chaude, et, au bout de quelque temps,je constatai que les 
mouvements commençaient à revenir dans les membres para¬ 
lysés ; le malade pouvait déjà remuer le bras droit, et pro¬ 
noncer quelques paroles d’une manière assez distincte. 
Lorsque je le vis le jour suivant, l’amélioration avait fait de 
grands progrès, la paralysie avait presque complètement 
disparu. Sur ces entrefaites, le médecin de la famille, qui 
était venu lui rendre visite, lui fît quelques injections de 
morphine dans le but de combattre les insomnies dont il se 
plaignait surtout. Ce traitement fut fatal. 

Le lendemain, on trouva le malheureux Isaac B. mort 
dans son lit. 

IL — Madame B., âgée de 60 ans, accusait depuis quelque 
temps déjà un certain trouble dans les idées et une perte 
presque complète de la mémoire, lorsque soudainement elle 
perdit l’usage de la parole, en même temps que se produisait 
une paralysie de la sensibilité dans les extrémités supérieures 
et inférieures. Je fus appelé peu de temps après cet acci¬ 
dent, et je prescrivis lachesis 6 e contre la perte de la mémoire 
et de la parole, et cedron 6 e contre ^insensibilité des extré¬ 
mités. 

Le lendemain, je trouvai la malade beaucoup mieux. La 
parole lui était revenue ; elle parvint à m’expliquer qu’elle 
éprouvait comme des piqûres d’aiguille dans les mains et les 
pieds, et une sensation de pesanteur dans les bras et les 
jambes. J’administrai alors nux et cedron , 


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L'amélioration fut rapide; au bout de quelques semaines, la 
malade se trouva complètement guérie. Depuis cette,époque, 
elle ne cesse d’avoir les trois médicaments indiqués à côté 
d’elle, et aussitôt qu’elle ressent le moindre vertige ou la 
moindre sensation de pesanteur dans les membres, elle s’em¬ 
presse d’en prendre une dose et s*en trouve toujours bien. 

III. — Mademoiselle Fawning, âgée de 15 ans, avait été 
récemment atteinte de scarlatine. Quatre semaines après la 
guérison, ses parents me firent mander. Je constatai chez 
la malade une déviation assez prononcée de la bouche à 
droite, et une certaine difficulté de la parole. 

Un médecin allopathe l’avait traitée pendant quelque temps, 
mais le mal avait résisté à tous ses efforts. Convaincu que 
j’étais en présence d’un cas d’hydropisie du cerveau avec 
compression, je me décidai à prescrire apis 3 6 . J'avais tou¬ 
ché juste; au bout de 15 jours,il ne restait plus aucune trace 
de paralysie. 

IV. —Paralysie des cordes vocales. — M me C. était aphone 
depuis une dizaine d’années. Elle avait consulté les meilleurs 
spécialistes des États-Unis, mais sans obtenir la moindre 
amélioration. On lui avait dit que son cas était incurable. 
Sur les conseils d’un membre de sa famille, elle se décida à 
essayer rhomœopathie. A l’examen de la gorge, je constatai 
une paralysie complète des cordes vocales. La malade ne 
pouvait parler qu’à voix basse. Je lui donnai causticum 1« 
à prendre 4 globules toutes les 4 heures. Après une semaine 
de ce traitement, jV)servai un mieux manifeste ; la voix 
était plus claire et les cordes vocales se mouvaient d’une 
manière sensible. Je continuai le même médicament à la 
3 e , puis à la 6 e . Au bout d’un mois la guérison fut complète. 

V. —M®* H. souffrait de trismus à la suite d’un froid qu’elle 
avait pris. Il lui était presque impossible d’ouvrir la bouche ; 
les muscles du côté gauche surtout étaient fortement contrac- 


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— 318 — 




tés. Le médecin de la famille n’ayant pu la débarrasser 
cette affection, elle eut recours à l'homœopathie; kmosot 
réussit & la guérir au bout de quelque temps. 

VI. — M"° P. était atteinte d’une paralysie du bras droit. 
Elle en attribuait la cause à une excursion à cheval qu’elle 
avait faite par un vent froid. Tous les moyens externes 
avaient échoué. Je lui conseillai de prendre nuæ 3* et kreo- 
sot 3«; sous l’influence de ces deux remèdes, la paralysie 
disparut au bout d’une semaine. 

Sttcta palmonaria, 

par le D r Cjuu^ston Smith, de Philadelphie. 

Sticta pulmonaria est un médicament dont les médecins 
homœopathes se servent peu, et qui cependant exerce une 
action très marquée sur les muqueuses nasale et bronchique. 
Administré à basse comme à haute dilution, il guérite souvent 
d’une manière rapide les rhumes de cerveau et de poitrine,de 
même que le catarrhe chronique dos fosses nasales. 

Voici les symptômes quil produit sur l’homme sain : 

Moral. — Confusion dans les idées. 

Tête. — Sensation comme si ld tête était trop étroite, 
comme si le cerveau était comprimé. Douleurs lancinantes 
dans le côté droit de la tête. Céphalalgie catarrhale, accom¬ 
pagnée parfois de nausées et de vomissements. 

Yeux. — Sensation de brûlant dans les conjonctives, dou¬ 
leurs dans le globe oculaire, surtout lorsqu’on ferme les yeux 
ou qu’on dirige le regard d’un point à un autre. 

Nez. — Le malade éprouve le besoin de se moucher con¬ 
stamment,mais la sécrétion est nulle. La muqueuse des fosses 
nasales est sèche et douloureuse; elle est recouverte de 
croûtes qui se détachent difficilement. 

Gorge. — Le voile dû palais présente une telle sécheresse 
que le malade éprouve de la douleur en avalant. 


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tf'8* 



— 319 — 


La toux, est toujours sèche et s'aggrave constamment 
pendant la nuit, empêchant le malade de dormir. Elle est 
violente, douloureuse, s’accompagnant de céphalalgie dans 
la région frontale. Elle est produite par un chatouillement 
dans le larynx et ensuite sous le sternum ; parfois elle est 
croupale. Enfin elle fatigue beaucoup le malade et l’empêche 
de se coucher et de dormir. 

Quelques symptômes propres à ce médicament méritent 
encore d’attirer l’attention. Ainsi il semble au malade que ses 
jambes flottent librement dans l’air ; il éprouve une douleur 
allant du sternum à l’épine dorsale, et une sensation comme 
s’il se produisait une fermentation dans l’abdomen. Enfin il 
ressent une pulsation au côté droit du sternum s’étendant 
jusque dans l’abdomen. 

Plusieurs remèdes ont des points de ressemblance avec 
sticta pulmonaria : ainsi la sensation de pression à la 
racine du nez se rencontre également dans nux vom.; mais 
dans ce dernier il se produit une sécrétion liquide pendant le 
jour, et les symptômes s’aggravent le matin, ce qui n’existe 
pas dans sticta. 

La sécheresse des fosses nasales est aussi un symptôme 
important de arum triphyl . Dans sticta le malade éprouve 
le besoin constant de se moucher, mais, malgré ses efforts 
répétés, il ne peut obtenir la moindre sécrétion. Dans arum 
triphyl. les fosses nasales sont obstruées et sèches, mais 
il se produit cependant une sécrétion continuelle qui pro¬ 
voque l'excoriation des narines et de la lèvre supérieure. 

Beaucoup de personnes croient qu’il est impossible do gué¬ 
rir un catarrhe nasal aigu ou chronique. Pour ma part 
je suis persuadé que si l’on choisit avec soin le médicament 
lo plus conforme aux symptômes observés, il est peu d’affec¬ 
tions de ce genre qui résistent à la médication homœopa- 
thique. 


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— 320 — 


Voici deux cas de guérison obtenus à l’aide de sticta 
pulmonaria : 

I. — Une dame était atteinte d’un accès d’influenza qui la 
faisait beaucoup souffrir. Elle ne voulait suivre aucun traite¬ 
ment, car le médecin allopathe qui l’avait soignée dans ses 
attaques antérieures n’avait pu lui procurer le moindre 
soulagement. 

Sur les instances d’un membre de sa famille elle se décida 
néanmoins à essayer l’homœopathie. Je lui prescrivis une ou 
deux gouttes de teinture-mère de sticta dans un demi-verre 
d’eau, à prendre une cuillerée à thé toutes les deux heures. 
Quelques jours après tous les symptômes avaient disparu 
à son grand étonnement. 

II. — Un monsieur vint me consulter pour un catarrhe 
chronique du nez qui datait d’uno quinzaine d’années. Il me 
dit qu’il devait constamment se moucher, mais qu'il ne par¬ 
venait pas à obtenir la moindre sécrétion. 

A l’examm, je constatai que là muqueuse des fosses 
nasales était recouverte de croates sèches et très adhérentes. 
La respiration par le nez était impossible. Je prescrivis 
sticta puhn. 0 e . La guérison fut complète au bout de 
quelques mois. (Homœopathic physician.) 

D r Lambreohts, fils. 

SOMMAIRE. 

Nécrologie.289 

LE BORD DE LA MER {Suite), par le D r Martiny . 295 

Association centrale des homœopathes belges, séance 

du 15 janvier 1889. 298 

Les victimes du vésicatoire, par le D 1 * Martiny . . . 299 

Le tabac {Suite), par MM. Em. Seütin, Ph“ et le D r Léon 

Seutin, à Bruxelles . . 305 

Revue des journaux homœopathiques d'Amérique, par 
le D r Lambreghts, fils.315 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


15* Année. FÉVRIER 1889. N® 11. 


LE BORD DE LA MER, “> 

par le D* Martiny. 


La cure de mer {Suite). 

La cure de mer considérée au point de vue hydrothé¬ 
rapique. — Les personnes qui ne se contentent pas de 
respirer l’air de la mer et qui prennent des bains ont tout 
intérêt à connaître l’influence du bain de mer considéré 
au point de vue hydrothérapique ; nous l’avons dit plus 
haut, le bain de mer est une opération compliquée, c’est une 
manœuvre hydrothérapique à laquelle le baigneur est 
soumis, manœuvre très complexe en elle-même, très 
variée comme le mouvement de la mer et de l’air qui 
plane à la surface ; le bain du lendemain peut être sous 
le rapport hydrothérapique absolument différent de celui 
de la veille : cela dépend du mouvement plus ou moins 
violent des vagues, de la force du vent, etc., etc. ; cela 
dépend aussi de la température de l’eau et de la tempé¬ 
rature de l’air; il est important dès lors que chaque 
malade sache un peu par lui-même comment il doit se 
comporter dans les différentes circonstances. Aussi 
croyons-nous utile d’entrer dans quelques détails au sujet 
de l’hydrothérapie et de son mode d’action sur l’orga¬ 
nisme humain, afin que chacun puisse mieux se rendre 
compte de l’importance et de la valeur des conseils que 
nous donnons à propos du bain de mer. 

(1) Suite. Voir vol. précédent et vol. courant pp. 33, 65, 225 et 295. 


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— 322 — 


Comme toutes les grandes découvertes médicales,comme 
la circulation du sang, comme l’auscultation et le magné¬ 
tisme, comme l’homœopathie, l’hydrothérapie a été au 
début fort mal reçue par les Académies et les médecins 
officiels; ils traitaient du haut de leur grandeur les 
médecins à l'eau froide ; aujourd’hui l’hydrothérapie est 
toutà fait en honneur; Prisnitz, son véritable inventeur et 
promoteur, qualifié jadis d’ « affreux charlatan », est 
appelé maintenant « paysan de génie » ; les établisse¬ 
ments d’eau froide, très clairsemés autrefois, sont au¬ 
jourd’hui très nombreux et éparpillés partout, surtout en 
Allemagne et en Suisse; tous, ils ont beaucoup de pen¬ 
sionnaires ; l’hydrothérapie est recommandée dans 
presque toutes les maladies qui affligent l'espèce humaine; 
des études nombreuses, des recherches expérimentales 
minutieuses ont été faites depuis une vingtaine d’années; 
les appareils hydrothérapiques ont été modifiés et perfec¬ 
tionnés ; un grand nombre de médecins sont « fanatiques » 
de l’eau froide et font de l’hydrothérapie le pivot de leur 
thérapeutique, surtout dans les affections chroniques (1). 


(1) Comme médecin homœopathe nous ne pouvons qu'applaudir à cette 
tendance, voici pourquoi : quand nos confrères de l'ancienne Ecole 
prescrivent à leurs malades des doses énormes de remèdes, la plupart 
dtt temps insuffisamment étudiés, nous ne pouvons nous défendre «Tua 
certain sentiment de crainte; l'Ecole allopathique a, il est vrai, prt* 
pour habitude d’expérimenter au préalable les substances médicamen¬ 
teuses sur les animaux, mais malheureusement l'expérimentation se fait 
presque toujours à doses toxiques, et fréquemment sur des animaux mutilés 
auparavant, ou curarisés; les lapins et les cobayes sont les victimes expia¬ 
toires de ces recherches ; mais on se berne à constater la plupart du temps 
la manière dont les remèdes font mourir et l’on cherchera dose maxima. 
Les études de l'action physiologique (?) des remèdes, faites par nos con* 
feéres de Pancicnne Ecole, ne sont eu dernière analyse que l'étude de 
l’action toxicologique des substances médicamenteuses ; la vraie action 
physiologique profonde, intime, souvent de très longue durée, u"y est 
guère mentionnée et est pour ainsi dire passée sous silence. Chez nos 
confrères, pour qu'un remède ait une réelle valeur, il faut qu’il possède 


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L'hydrothérapie ne devient nuisible qu’entre des mains 
absolument inexpérimentées ; pourtant il ne faut jamais 
perdre de vue que c’est une arme puissante et ne pas en 
abuser ; c’est une médication de grande valeur que nous 
employons souvent nous-même et que nous plaçons sur 
la même ligne que les eaux minérales et les remèdes 
homoeopathiques : elle remue profondément l’organisme, 
fait fonctionner activement l’enveloppe cutanée et déter- 

une action toxicologique puissante ; il faut qu'il tue rapidement un cobaye 
ou un lapin pour ne pas être relégué dans la classe des remèdes inertes , 
infidèles ou inusités; ils sont nombreux aujourd'hui ces remèdes déclarés 
iftéftéa ; et la matière médicale des Ecoles officielles ne comporte plus 
guère que des poisons ; un grand nombre d'excellents remèdes du règne 
végétal sont aujourd'hui éliminés des traités de thérapeutique sous pré¬ 
texte qu'ils ne sont pas assez actifs. Aussi le nombre des remèdes usités 
chez nos Confrères se restreint-il de jotfr en jour : ils n'emploient plus guère 
que les substances dites « énergiques », e’est-k-iHre toxiques, et qui ôtrt 
souvent de tristes conséquences. C'est une des raisons pour laquelle nous 
applaudissons aux grands progrès de l'hydrothérapie. C'est pour des rai¬ 
sons semblables qüe, parmi les médications dé l'ancienne thérapeutique, 
celle qui noos répugne le moins, qui nous paraît 1& plus inoffehéive éôt fà 
AèdÜéàtk)* antiphlogistique, c'est-à-dire les saignée» générales et locale» 
(sangsues, ventouses) ; la raison en est facile à saisir : quand on soutire à 
un sujet trois ou quatre onces de sang, on sait exactement ce qu'on a fait, 
et l'organisme humain est si admirablement aménagé qu’il a vite réparé 
cette petite perte de sang ; dahs certaines circonstances des saignées 
locales et générales peuvent même avoir leur utilité ! Quand, au contraire, 
nos confrères emploient des remèdes, leurs doses sont si fortes que, dans 
uü grand nombre de cas, des effets nuisibles doivent survenir, d’autant 
plus que les actions de ces remèdes sont fort peu connues. Qu'on n’aillé 
pas extofre que nous exagérons à plaisir et qüe les actions des femèdés 
•ont bien connues ; il nous suffira de dire que, le désaccord le plus com¬ 
plet règne encore aujourd'hui dans l’Ecole allopathique au sujet de 
médicaments anciens comme le monde, tel que l'opium, par exemple ; les 
tarants igûoreiit encofe si, sous l'influence du sommeil morphinique, 
lu tête est Congestionnée ou anémiée. D'après certains auteurs, l'opium 
est un excitant tandis qu'il est un calmant pour le» autres, etc., etc.; 

S ntité de remèdes sont ddns le môme cas; nous applaudissons donc, 
» nnférSt des malades, aux progrès de l'hydrothérapie, qui, au 
moins, lorsqu'elle ne guérit pas, n'empoisonne pas. 


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— 324 — 


mine souvent des crises plus ou moins aiguës, des pous¬ 
sées à la peau, etc. Comme les cures minérales, comme 
la cure maritime, l’hydrothérapie produit parfois des 
résultats remarquables, dans les affections chroniques et 
diathésiques. Les brôs de mer, surtout ceux de la mer 
du Nord, sont de vrais bains hydrothérapiques compliqués 
de douches variées ; il faut, si l’on veut se rendre compte 
de leurs effets, être au courant de l’influence de l’hydrothé¬ 
rapie et de l’eau froide sur l’organisme humain ; voilà 
pourquoi nous voulons donner quelques détails à ce sujet. 
Plongez un homme subitement dans l’eau plus ou moins 
froide, ou donnez-lui une douche, il éprouvera une série 
de phénomènes qui varient d’intensité seulement, suivant 
les sujets, le degré du froid et la durée de son application : 

« Le sujet est vivement ému par la surprise désagréa¬ 
ble du froid; il lui semble que son corps tout entier se 
serre, revient sur lui-même. Ses membres s’étendent, se 
raidissent, tressaillent, sont secoués par un tremblement 
plus ou moins violent. Il ressent une vive oppression, il a 
de la peine à soulever sa poitrine qui lui parait être 
comme serrée dans un étau ; il doit se livrer à un effort 
pour faire pénétrer l’air dans ses poumons. Pour vaincre 
cette résistance, il se fait une première inspiration cram- 
peuse, comme sanglotante, pendant laquelle le dia¬ 
phragme se contracte convulsivement, devient horizontal 
et refoule en bas les viscères abdominaux ; les parois du 
ventre proéminent. A cette inspiration saccadée, convul¬ 
sive, souvent entrecoupée d’un grand cri involontaire, il 
en succède d’autres plus profondes, plus tranquilles et 
plus efficaces. 

« La peau pâlit, devient exsangue, elle prend un 
aspect chagriné dû à la saillie des glandes sébacées et 
des bulbes pileux qui sont poussés au dehors par la 
contraction des fibres musculaires lisses du derme qui 


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— 325 — 


s y insèrent. Elle se couvre de chair de poule. Sa sensi¬ 
bilité est légèrement émoussée ; elle n’a plus sa finesse 
tactile ordinaire, le contact avec les objets qui la frôlent 
n’est pas senti avec autant de netteté. La tète est un peu 
alourdie, l’esprit moins agile, la pensée moins libre. 

« Ces effets primaires ne sont pas, de longue durée. 
Ils cessent en même temps que l’application froide, sou¬ 
vent même ils se dissipent, pendant que le froid agit 
encore, pour faire place à des phénomènes diamétrale¬ 
ment opposés. L’impression si antipathique du froid est 
remplacée par une sensation toute contraire de chaleur 
et de bien-être, qui parcourt tout le corps comme une 
effluve bienfaisante. La tête se dégage, l’idéation devient 
plus facile, l’esprit est plus frais et plus reposé, l’humeur 
plus riante, le courage relevé, l’entrain augmenté ainsi 
que la force de volonté. Le monde extérieur apparaît 
sous des couleurs moins sombres ; les sens ont gagné 
plus d’acuité. 

« La peau a récupéré toute la délicatesse de son 
organisation. On dirait qu’elle est gonflée, plus souple; 
elle est parcourue par des picotements agréables aux¬ 
quels certaines personnes trouvent plus ou moins d’ana¬ 
logie avec ceux que produisent des courants galvaniques. 
Elle a pris un coloris qui va d'un imperceptible piqueté 
rose jusqu’à une teinte uniformément rouge ou purpurine. 
Elle est fraîche au toucher quoique le sujet y ressente 
une chaleur plus ou moins vive, souvent mordicante. 

« Le poids qui surchargeait le thorax a disparu comme 
par enchantement, la respiration est aisée, l’air pénètre 
sans difficulté dans les poumons, on l’aspire à larges 
traits et avec volupté. La poitrine fait l’effet comme si 
elle avait plus d’ampleur. 

« Les muscles ont repris leur souplesse, ils donnent 
la sensation d’un surcroît de vigueur ; aussi est-on mieux 


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— 326 — 


disposé à la marche et comme entraîné à se livrer à 
l’exercice. C’est en quelque sorte un rajeunissement du 
corps aussi bien que de l’esprit. 

« Le sujet qui a été soumis à l’action générale du froid 
n’a pas la conscience d’autres phénomènes développés 
dans son organisme que ceux que nous venons de décrire. 
Cependant, l’excitation thermique est loin de se limiter 
à ces effets (1). * 

Le froid produit en outre toute une série d’éffets inti¬ 
mes, de changements plus ou moins profonds dans l’éco¬ 
nomie qui ont été fort bien étudiés depuis quelques 
années. Lorsque la cure hydrothérapique est bien dirigée 
et bien faite, elle stimule l’activité des fonctions du sys¬ 
tème nerveux, réveille l’appétit et rend la digestion plus 
facile, régularise la circulation, rétablit les fonctions de 
la peau et augmente la combustion intime des tissus ; 
« La matière vivante est brûlée plus à fond, dit le 
D r Scheuer, jusqu’à ses résidus extrêmes, eau, acide car¬ 
bonique, urée, et autres substances excrémentitielles. Les 
produits de la nutrition retardante ne s’entassent pas 
dans le corps. » 

Une cure hydrothérapique simple étant déjà une cure 
puissante, on comprendra aisément qu’elle aura une 
valeur plus grande encore au bord de la mer ; le bain, en 
effet, est pris dans une eau fortement chargée de prin¬ 
cipes médicamenteux, électrisée et toujours en mouve¬ 
ment, dans une atmosphère presque complètement 
dépourvue de miasmes, chargée de poussières médica- 


(1) Scheuer. Essai sur Vaction physiologique et thérapeutique de Iky* 
drothèmpie % pp, 19 et suivantes. Dans ce remarquable travail, notre 
confrère a clairement expliqué, d'après les dernières découvertes et expé¬ 
rimentations, les diverses actions de l'hydrothérapie, et quoiqu'il ait en 
principalement pour objectif l'hydrothérapie appliquée aux états ohtoro- 
anémiques, son livre n'en est pas moins une étude remarquable de 
l'hydrothérapie en général. 


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— 327 — 


menteuses, électrisée et agitée par le vent qui produit de 
vraies douches d’air sur les parties du corps restant à 
découvert pendant le bain. On comprend ainsi de mieux 
en mieux quelle réunion de circonstances favorables, 
quels facteurs puissants et complexes, quelle variété de 
ressources la mer offre au médecin et au malade ; on 
comprend les miracles que la mer fait chaque année et, 
malgré les énormes imprudences qui s’y commettent, il 
y a en somme fort peu de personnes qui s’en trouvent 
mal; en effet, à côté de ses effets perturbateurs puissants, 
la mer donne son air pur, ozonifié, n’ayant que fort peu 
d’acide carbonique et les remèdes charriés par son atmo¬ 
sphère sont au fond les remèdes modificateurs des princi¬ 
pales diathèses, le lymphatisme, la scrofulose, etc., et 
ces remèdes n’ont en dernière analyse un effet défavo¬ 
rable que lorsqu’ils sont absorbés en excès et pendant 
absolument trop longtemps. 

(A continuer.) D r Martint. 


Le tabac (1), 

par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles. 

Si tous les nicotinés, arrivés à cet état incurable, pou¬ 
vaient mourir, ce serait au moins un soulagement pour la 
société et les familles, pour lesquelles ils sont un bien lourd 
fardeau ; ils n’affiigeraient pas si longtemps qu’ils le font, les 
regards et le cœur, par le spectacle navrant de leurs infirmités 
et de leur décrépitude. Mais il en est beaucoup chez qui 
l’existence se maintient quand même, lorsque les sens, l’in¬ 
telligence. les facultés affectives, le mouvement n’existent 

(1) Sotte. Voir volume courant, pp. 69, 100, 129, 161, 204, 239, 
266 et 305. 


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— 328 — 


plus. Ils n’ont plus rien de l’humanité que la forme et la 
chair : ils ne vivent plus, ils végètent. 

Ah ! qu’il est douleureux de voir s’étioler ainsi, dans la 
stérilité du narcotisme,et s’éteindre dans la mort prématurée 
tant de ces intelligences primitives, bien cultivées, pleines de 
vie, bondissant d’enthousiasme vers les hauteurs des connais¬ 
sances humaines ! 

Combien de ces organisations d’élite, pleines d’espérance 
et d’avenir, se fanent et disparaissent, laissant leur oeuvre 
inachevée, au milieu de la route ; et pourtant, cette œuvre 
ils, auraient pu la terminer si belle, si brillante, si splendide! 
Mais la plante fatale est venue arrêter leur élan, leur essort! 
Elle leur a ravi d’abord ce bien si précieux qui a nom 
de santé, et sans laquelle l’homme le mieux doué ne peut 
rien. Et quant à leur génie il s’est voilé et endormi dans les 
vapeurs stupéfiantes de la nicotine. 

Oui, la nicotine stérilise nos facultés intellectuelles, mais 
elle exerce aussi une action dépressive sur les aptitudes mé¬ 
caniques, industrielles et commerciales par lesquelles l'homme 
manifeste ses hautes prérogatives et progresse dans la civi¬ 
lisation et le bien-être. L’homme ne doit pas seulement à son 
intelligence sa supériorité dans la création, il la doit aussi à 
sa main. Aussi la main est le plus prévilégié de tous nos 
organes dans la répartition du fluide nerveux ou du principe 
de vie. Elle est le siège d’un de nos sens les plus importants, 
le sens du toucher, ce qui la met en communication avec le 
cerveau, à qui elle rapporte toutes les sensations (1), et dont 
elle reçoit tous ses commandements et toutes les facultés 
d’agir. 

Aussi, dans le nicotisme, qui affecte surtout l’encéphale, 
la main perd-elle, comme l’intellect, ses qualités les plus pré¬ 
cieuses. 

(1) Depierris. Physiologie sociale, pp* 306 et 307 4 


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— 329 — 


Et si roQ.suit les jeunes fumeurs, dans leur apprentissage, 
on verra comme ils sont lents à apprendre. Tout ce qui sort 
de leur main manque de propreté et du fini auxquels on 
reconnaît le parfait artisan. Voilà pourquoi les bons ouvriers 
deviennent si rares dans toutes les manufactures. Ah ! si Ton 
pouvait compter tous ces pauvres artisans dont la nicotine 
engourdit et fait trembler la main, le nombre en serait sans 
limite. 

Si l’on passe des ouvriers aux commerçants, et qu’on 
observe ceux qui sont adonnés à l’abus du tabac, on remar¬ 
quera bientôt que pour réussir il leur manque deux acti¬ 
vités importantes : celle du corps et celle de l’esprit. Or, la 
nicotine les engourdit toutes les deux. De là, défaut d’ordre, 
de jugement, d’esprit spéculatif. Delà, les faillites si fréquen¬ 
tes de nos jours et qui ruinent le crédit et les intérêts du 
commerce (1). 

De l 9 action perversive de la nicotine sur le sens moral . 

Le sens moral, qui est le couronnement de toutes les per¬ 
fections humaines, la manifestation par excellence de l’àme, 
n’est pas exempt, lui non plus, des atteintes perversives du 
tabac. 

Le sens moral, c’est cette faculté qu’a l’homme de distin¬ 
guer le bien du mal ; elle le porte à aimer l’un et à détester 
l’autre. 

C’est du sens moral que découlent toutes ces belles qualités 
appelées justice, clémence, douceur, charité, etc. Il a pour 
maxime : No fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on 
te fasse. 

Si le sens moral existait chez tous les hommes,l’ordre et la 
paix régneraient sur toute la terre. Mais le sens moral, qui 
est une de nos perfections, n’est-il pas lui-méme bien fragile, 

(1) Depierris. Physiologie sociale , pp. 308 et 309. 


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— 330 — 


bien changeant, et se laissant malheureusement modifier, 
avec une bien grande facilité, par tout agent modificateur 
du cerveau. 

En effet, la colère qui ne résulte que d’une impression pas¬ 
sagère de l’âme, n’étouffe-t-elle pas quand elle éclate, toutes 
les inspirations du sens moral ? Ne fait-elle pas, en un instant, 
de l’homme le plus honnête, le plus sage, le plus patient, un 
insensé, un insulteur, un meurtrier ? 

Si nous passons à l’ivresse alcoolique et que nous exami¬ 
nons l’effet qu’elle produit sur le sens moral, ne voyons-nous 
pas qu’elle le paralyse et l’enchaîne à tel point que l’homme 
n’ayant plus conscience de lui-même, de sa dignité, de son 
honneur, de ses devoirs, s’abaisse jusqu’aux dernières limites 
de la dégradation et du crime ? 

Quant au narcotisme du tabac, il constitue l’ivresse lente, 
chronique qui, agissant sur tous les centres nerveux à la fois, 
produit des perturbations inévitables dans le sens moral, 
comme elle en produit dans toutes nos autres facultés sen¬ 
sitives. 

L’ivresse narcotique est moins tapageuse dans ses effets 
que l’ivresse alcoolique ; ce que l’une fait par accès, l’autre le 
fait par lenteur et continuité. L’ivresse nicotineuse assombrit 
le caractère de l’homme, elle fane la fraîcheur de sa jeunesse, 
en intervertissant toutes les inspirations du sens moral. 

Elle substitue l’égoïsme à la générosité, la rancune à la 
clémence, la haine à l’amitié ; elle égare la raison, dans le 
, discernement du bien et du mal. Toutes ces anomalies, incon¬ 
nues autrefois, sont désignées par les noms de névrosisme, 
état nerveux, névropathie pratriforme. 

Dans le névrosisme, on constate l’inquiétude, l’impatience 
morale, la fatigue de tout, l’indifférence à tout ; ce sont les 
étouffements, les palpitations, les hoquets, la toux nerveuse, 
les hallucinations, les insomnies. De là naissent les bizarreries 


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331 — ' 


de caractère, les monomanies, les folies lucides, dont on 
trouve les types les plus originaux parmi les fumeurs (1). 

C’est par altération du sens moral, sous la triste in¬ 
fluence du tabac, que l’homme sent s’éteindre en lui les aspi¬ 
rations à la vie, si impérieuses chez tous les êtres, et qui 
constituent l’instinct de la conservation personnelle. 

Aimer la vie,se cramponner à toutes ses aspérités, à toutes 
ses amertumes, plutôt que mourir, c’est la loi naturelle. 

Les suicides étaient rares autrefois, mais sous l’àge du 
tabac, l’homme est engourdi, tout lui pèse, tout l’ennuie, il 
ne tient plus à rien, pas même à la seule chose au monde qu’il 
aimait avec passion; son tabac le dégoûte, et, un beau jour, 
sans raison aucune, il se tue ! Lès statistiques nous montrent 
que le nombre des suicides, depuis 1830 jusqu’à nos jours, 
a suivi la progression toujours ascendante de la consommation 
du tabac. Pour ceux qui pourraient douter, il serait facile 
d’entasser ici bien des exemples, mais c’est inutile, car les 
journaux ont soin de les publier. A Paris, on a pu constater 
dans une seule journée cinq suicides et trois tentatives du 
même genre, dont les motifs réels n’ont pu être découverts. 
N’arrive-t-il pas souvent que l’on ne peut ouvrir son journal 
le matin, quel qu’il soit, sans être frappé de ces trois mots : 
encore un suicide (épidémie de suicide). 

Les statistiques nous enseignent que la moyenne annuelle 
des suicides, qui pour la France était, de 1825 à 1830, de 
1,729, arrivait graduellement en 1872 à 5,275. Daps ce 
chiffre effrayant des suicides, on n’a tenu compte que de ceux 
qui ont eu la mort pour résultat. Il n’est pas fait mention des 
tentatives infructueuses de se détruire, qui sont au moins 
aussi fréquentes que les suicides réels. Le suicide est quatre 
lois plus fréquent chez l’homme que chez la femme, pai*ce que 

(1) Depierris. Physiologie sociale , pp. 311 et 312. 


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— 332 — 


la femme ne s’adonne pas comme l’homme à l'ivresse nar¬ 
cotique qui pousse au dégoût de la vie. 

Cette manie du suicide tend surtout à envahir l’armée (1), 
à qui on accorde le privilège d’acheter à prix réduit, à la 
la régie, les tabacs inférieurs, parce qu’ils sont plus grossiers 
et contiennent en grande proportion les nervures ou côtes 
de la feuille. Cette partie de la plante est la plus dangereuse, 
car elle contient des quantités beaucoup plus considérables 
de nicotine que les parties lisses de la feuille. 

Pauvre conscrit ! Sa nouvelle position le rend rêveur et 
mélancolique : un vieux s’en aperçoit et l’accoste. Eh bien, 
jeune incorporé, qu’est-ce qui se passe là dedans (en lui 
touchant amicablement la tête) ? On songe à papa, à maman 
et peut-être bien aussi à la petite payse. Tiens, fais comme 
moi, mon brave, bourre une pipe, et les chagrins s’envole¬ 
ront avec la fumée du tabac. 

Ce conscrit fume peut-être sa première pipe, il en devient 
naturellement malade. Ces premières atteintes lui 'donnent 
des appréhensions et des angoisses. Il craint de devenir 
sérieusement malade loin de sa famille, l’idée de l’hôpital 
surtout lui fait peur. Sous l’empire de ces causes morales, 
autant que par le narcotisme du tabac, ses forces nerveuses 
s’affaissent. Il tombe dans les langueurs qui mènent rapide¬ 
ment aux affections typhoïdes, auxquelles succombent tant 
de jeunes soldats, dans la première année de leur arrivée 
au corps. 

Si la force physique résiste, la force morale souvent suc¬ 
combera ; car, loin de dissiper la mélancolie, les vapeurs 
narcotiques du tabac poussent à la tristesse, à l’hypocondrie. 

Le jeune conscrit cherche alors la distraction dans la 
fumée du tabac, s’ennuie partout, se dégoûte de tout. Il n’v 

(1) Depierris. Physiologie sociale. 


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» 1 - 


— 333 — 

a plus pour lui ni présent, ni avenir. Rien, non rien ne saurait 
le faire sortir de sa mélancolie, et comme tous les rêveurs 
que la perversion du sens moral, sous l’influence du tabac, 
pousse au suicide, il se donne la mort (1). 

Ces actes blâmables de faiblesse sont causés bien souvent 
par l’inconduite, mais ils sont accomplis quelquefois sous 
l’influence de quelques souffrances physiques ou morales,pour 
lesquelles on ne saurait se défendre d’un sentiment de dou¬ 
loureuse pitié. Ce qu’il y a de plus grave, c’est que le suicide 
tend à se propager par l’exemple. 

Nous admettons toutes les causes qui peuvent porter 
l’homme à commettre cette insigne folie, mais il en est une, 
dont on ne se préoccupe guère et qui devrait surtout attirer 
l’attention; c’est que si l’on se suicide autant dans l’armée, 
n’est-ce pas, parce qu’on y consomme d’immenses quantités 
de tabac? 

M. le docteur Depierris intitule le 19 e chapitre de son 
. volume sur la nicotiane : Le tabac pousse au crime . 

C’est là une bien grave accusation, et qui a soulevé les plus 
chaleureuses protestations de la part de ses partisans les plus 
passionnés. A leurs yeux, la nicotiane est aussi innocente que 
le petit enfant qui vient de naître, c’est-à-dire, incapable de ; 
faire le moindre mal. 

Une semblable accusation est donc injuste et imméritée; 
elle a droit au contraire à tous leurs éloges puisqu’elle sait 
leur procurer de douces, agréables et délicieuses jouissances. 
Ah! pour eux il est innocent de tout le mal dont on l’accuse, 
et l’on voudrait après cela, qu’il fût capable de pousser los 
hommes à commettre les faits les plus tristes, les plus crimi¬ 
nels, les plus lamentables ! 

Sans vouloir nous immiscer dans un semblable débat, nous 


(1) Depierris, Physiologie sociale . 




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— 334 — 


devons cependant constater qu’à côté de ce type d’hallucinés 
qui se donnent la mort, sans faire de mal à personne, il ^st 
un autre ordre de dégénérés plus répandus et plus redou¬ 
tables que la même aberration pousse à tuer les autres. 

Ce sont ces misérables qui impriment au front du 
xix* siècle la honte d’avouer, que le flot de la criminalité 
monte, monte toujours, et dépasse par ses crimes mon¬ 
strueux, les temps les plus mauvais du moyen âge (1). 

Le 15 juin 1844, Donan Gadol, banquier, fut assassiné 
par son fils, dans la petite ville de Pontoise (Seine-et-Oise). 
Ce fut dans ce procès célébré qu’un magistrat vint faire cette 
épouvantable révélation: la France,en dix ans, a vu commettre 
quatre-vingt-quinze parricides ! 44 ans se sont écoulés depuis 
cette époque, et il serait curieux de connaître la statistique 
des parricides commis pendant cet intervalle. 

Qu’est donc devenu l’esprit de famille dans une société sem¬ 
blable, et quelles sinistres causes peuvent donc multiplier à 
ce point les exemples d’un crime presque inconnu autrefois ? 

La société antique le considérait comme un crime inouï, le 
parricide n’était pas même prévu par les législations de la 
Grèce et de Rome, qui ne voulaient pas croire à sa possibi¬ 
lité. Et aujourd’hui, que l’on fait tout pour l’instruction de la 
jeunesse, et que rien n’est négligé pour la propagation des 
sentiments de devoir et d’honneur, qui sont les vrais garants 
de la moralité, aujourd’hui encore qu’il est fait appel à la 
religion, à la vulgarisation des bons exemples, par l’abné* 
galion, l’amour, le dévouement, enfin par tout ce qui con- 
stitue la vertu,comment de tels crimes peuvent-ils se produira 
encore? Ah ! oui, ils se produisent sans relâche, et l’on peut 
dire que les hommes qui s’en rendent coupables obéissent 
aux mêmes penchants que la bête fauve, qui tue pour le 


(1) Depierria. Physiologie sociale . 


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— 335 — 


plaisir de tuer. Ces hommes s’abatteot de toute la cruauté 
de leurs instincts sur la société, comme sur une proie, et 
repus de meurtres, viennent cyniquement dire à la justice : 
oui, nous avons tué... tuez-nous à notre tour. 

Mais ces crimes, d’ou peuvent-ils surgir ? Ils ne viennent 
pas du manque d’éducation ou de l’ignorance, car on les voit 
sûrgir de toutes les classes de la société. Ce n’est donc pas 
dans l’ordre moral qu’il faut en rechercher les causes, mais 
bien dans l’ordre physiologique. 

Et cependant on veille sur l’enfance; les crèches, les salles 
d’asile, les orphelinats que l’on élève pour elle, n’en sont-Us 
pas des preuves péremptoires ? A l’égard des adultes une loi 
qui punit l'ivresse n’a-t-elle pas été décrétée par les Cham¬ 
bres? En France une ordonnance de police défend aux cafe¬ 
tiers de recevoir des jeunes gens au-dessous de 18 ans. Des 
mesures de police ferment, à certaines heures du soir, les 
débits de liqueurs; tout cela est très moralisateur, mais 
malgré tout, le niveau moral ne monte pas. 

Pourquoi ? C’est qu’il y a là un cruel ennemi contre lequel 
la jeunesse et l’enfance ne sont pas suffisamment préservées. 

. Cet ennemi c’est le tabac. Quand les cabarets, les tavernes, 
les cafés sont fermés, lui ne cesse d’attirer les passants, aux 
faux presque sinistres de sa lanterne rouge. Il est toujours ou¬ 
vert, à toutes les heures et à la clientèle de tous les âges. C’est 
là que trop souvent l’enfant vient apporter au débit de tabac, 
en échange du plus violent de tous les poisons, le sou que la 
charité lui a donné pour acheter du pain (1). 

Autrefois, de rares enfants se cachaient pour fumer, il 
semblait qu’ils avaient la conscience qu’ils faisaient une 
action honteuse. Aujourd’hui on les voit par groupes dans les 
carrefours, dans les rues, dans les établissements publics. 

(1) D r Depierris. Physiologie sociale , pp. 332 et 333* 


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— 336 — 


Ils ont de 8 à 12 ans, et les voilà luttant, à qui suppor¬ 
tera le mieux la fumée narcotique du tabac. A 16 ans, ils 
sont passés maîtres ; ils fument dans la compagnie des 
hommes ét affichent prétentieusement leur brevet de virilité 
par l’élégance avec laquelle ils manient indistinctement la 
cigarette, le cigare, la pipe, et l’on en voit qui ne reculent 
pas devant la chique. 

Ah ! dit encore M. le docteur Depierris, que nous citons 
ici textuellement, quels beaux hommes, quels robustes 
gaillards ça fera! A l’âge où les forces digestives ont besoin 
de toute leur énergie pour fournir au corps, par l’aliment, les 
éléments de sa croissance, le tabac apporte sa perturbation 
narcotique dans l’organisme. 

C’est là le sinistre inconnu que les législateurs et les mora¬ 
listes recherchent pour expliquer tant d’anomalies sociales 
qui nous débordent. Alors, en effet, commencent les désordres 
physiologiques qui sont le prélude et la cause la plus pro¬ 
chaine des désordres moraux. Généralement les jeunes 
fumeurs perdent l’appétit, par conséquent ils s’alimentent 
moins. Quand il a mangé, soit par l’engourdissement de 
l’estomac, soit par l’absence de sucs salivaires que les expec¬ 
torations ont enlevés aux aliments, il tombe dans un état de 
dyspepsie, et sa nutrition devenant insuffisante et imparfaite, 
il éprouve un temps d’arret dans sa croissance ; il est donc 
déjà dégénéré, et n’est-ce pas là une des causes les plus 
puissantes de l’abaissement de la taille des hommes dans 
notre société moderne? 

Mais l’action du tabac, qui a une si funeste influence sur 
la croissance du corps, a une influence bien plus rapide sur le 
système nerveux. Dans ces jeunes organisations si impres¬ 
sionnables, le narcotisme engourdit les facultés de l'intelli¬ 
gence, et toute la vie, corps et esprit tombent en langueur. 

Les malheureux enfants le sentent bien, ils sont sans forces 


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— 337 — 


et sans énergie ; la fièvre d’intoxication les abat et les altère, 
et, pour étancher leur soif et remonter leur vigueur, ils 
courent à la buvette, qu’elle s’appelle estaminet, caveau, 
cabaret, taverne, café, peu importe, et là, on boit la bière à 
grands traits ; mais les consommations qu’ils préfèrent sont 
les breuvages alcooliques; ils sont en eflet l’antidote, le 
contre-poison du tabac, et dés qu’ils se sont désaltérés dans 
ces boissons ardentes, ils sentent qu’elles les fortifient. C’est 
ainsi que l’habitude de fumer mène au besoin de boire, qui 
devient bientôt un plaisir. 

(4 continuer.) Em. Seutin, ph d , et D r L. Seütin. 


MALAGA, W 

par le D* Lambreghts, file. 

Malaga est unedes villes les plus importantes de l’Andalousie, 
par l'activité de son commerce et de son industrie, et par le 
chiffre de sa population qui devient chaque jour plus consi¬ 
dérable. On y compte actuellement environ 120,000 âmes. 

Située au bord de la Méditerranée dansline pleine délicieuse 
entourée de toutes parts de hautes montagnes appartenant 
aux Sierras Nevada, Ronda et Antequera, elle occupe, grâce 
h la douceur de son climat, le premier rang parmi les stations 
hivernales de l’Europe. Malheureusement les montagnes qui 
l’environnent laissent d’un côté une ouverture donnant passage 
au vent du Nord-Ouest appelé communément terrai qui, 
lorsqu’il souffle sur la ville en hiver, produit gun refroidis¬ 
sement notable de la température ; en été il est sec, brûlant 
et chargé de fines particules de sable qui exercent une action 

(1) Cette intéressante communication a été adressée à Y Association 
ventrale des Homœopathes belges par notre excellent confrère, le docteur 
hambrqghts, fils, qui a été appelé à diriger pendant quelques mois le 
^■peniaire homœopathique de M&laga. 


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338 — 


fîmes te sur les muqueuses, surtout sur les bronches et les 
conjonctives. Aussi il n’est pas rare de voir se développer, à 
certaines époques, une véritable épidémie dè bronchites, de 
conjonctivites et de pneumonies. 

Depuis quelques années, les conditions hygiéniques de 
Malaga se sont beaucoup améliorées : de larges artères ont 
été tracées au milieu des quartiers pauvres, et les rues prin¬ 
cipales sont munies d’égouts collecteurs. L’eau y est fraîche et 
excellente; elle est amenée au moyen d’un long aqueluc des 
montagnes de Torremolinos, village situé à environ 10 kilom. 
de la ville'. L’état sanitaire est très satisfaisant. On n’y ren¬ 
contre aucune maladie endémique, si ce n’est quelques fièvres 
intermittentes surtout dans les quartiers voisins du Gualda- 
medina, espèce de torrent qui reste desséché pendant la plus 
grande partie de l’année. J’ai pu observer quelques cas de 
ces fièvres qui ont cédé rapidement à arsenic 3° et 6«. Malgré 
les progrès sensibles réalisés dans ces derniers temps, il reste 
encore bien des choses à faire si Malaga veut attirer dans 
ses murs un grand nombre d’étrangers, et rivaliser avec les 
stations hivernales du midi de la France. 

En général le climat de Malaga est sec et chaud. Voici les 
moyennes de température observées pendant les douze mois 
de l’année 1887, le thermomètre centigrade étant placé à 


'ombre et exposé au Nord : 



Janvier . . . 

. . 12° 

Juillet. . . . 

. . 25o7 

Février . . 

. . 11°2 

Août .... 

. . 25o9 

Mars . . . 

. . 14o« 

Septembre . .' 

. . 22°7 

Avril . . . 

. . 15° 

Octobre . . . 

. . 17°2 

Mai. . . . 

. . . 18°1 

Novembre. . . 

. . 15<>4 

Juin . . . 

. . . 22°7 

Décembre. . . 

. . 12° 


Gomme on peut le voir à l’inspection de ce tableau, Malaga 
jouit d’un climat privilégié. Sauf lorsque le terrai souffle, 
les journées d'hiver sont agréables et délicieuses ; je ne 


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— 339 — 


puis mieux les comparer qu’à nos plus belles journées du 
mois de mai en Belgique, Le soleil est très chaud vers le 
milieu du jour ; de là une différence de température souvent 
assez notable le matin et à l’ombre. 

En été la chaleur est tempérée par la brise de la mer. 
Aussi la plage de Malaga est-elle fréquentée à cette saison 
par les habitants de Grenade, de Séville* et de Gordoue qui 
y viennent chercher un refuge contre les chaleurs tropicales 
de l’intérieur de l’Andalousie. 

Le climat de Malaga est sec par excellence. D’après les 
observations qui y ont été faites pendant 10 années successives, 
le nombre de jours pluvieux ne s’élève qu’à 29 annuellement, 
soit donc 44 de moins qu’à Madère, 41 de moins qu’à Alger 
et 45 de moins qu’à Nice. Le ciel est constamment pur et 
serein; lorsque la pluie survient, elle tombe à larges gouttes 
et à torrents comme dans les contrées tropicales, mais elle 
dure rarement plus d’un jour. Le sol étant composé surtout 
de sable et de graviers, l’eau s’infiltre rapidement dans les 
interstices ; aussi quelques heures après les plus fortes 
averses, les rues et les chemins n’en présentent plus de 
traces. 

Les vents prédominants à Malaga sont par ordre de 
fréquence : 

Le vent de l’Est ou levante, qui est froid et humide en 
hiver et très frais en été. 

Puis vient le terrai ou vent du Nord-Ouest, très froid et 
très violent en hiver, sec et brûlant en été. 

Lovent du Nord n’existe pas grâce aux montagnes élevées 
lui protègent la ville de ce côté. 

Lés vents du Sud sont chauds et agréables en hiver ; en été 
ils sont parfois torrides. 

La neige et la gelée sont inconnues. Il est rare que le ther¬ 
momètre descende plus bas que 10° au-dassus de zéro. 


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— 340 — 


Yoici les maladies qui, d’après un grand nombre d’obser¬ 
vations, sont le plus favorablement influencées par le climat 
de Malaga : 

La phtisie pulmonaire à son début. Malaga jouit 
d’une immunité singulière contre la phtisie ; la mortalité est 
de 34 pour 1000, tandis qu’elle s’élève à 100 et même 125 
pour 1000 dans les contrées du nord et du centre de l’Europe. 
La plupart des malades succombant à la tuberculose sont des 
étrangers qui y viennent chercher une guérison chimérique 
à une période trop avancée de la maladie. 

L’atmosphère sèche, tonique et modérément chaude de 
Malaga, semble produire un arrêt dans la marche des tuber¬ 
cules. Cette action est surtout marquée dans les phtisies 
caractérisées par des sueurs nocturnes profuses, une expec¬ 
toration abondante et un état de faiblesse et d’aflaissement 
considérable. 

L’asthme catarrhal et la bronchite chronique des vieillards 
s’améliorent également d’une manière sensible sous l’influence 
de ce climat, pourvu que les malades prennent la précaution 
d’éviter les vents froids et violents. 

Le climat de Malaga exerce une action très marquée sur 
la scrofule. Toutes les manifestations de cette diathèse, telles 
que engorgements ganglionnaires, mésentérites, suppurations 
chroniques, etc., sont rapidement modifiées sous l’influence 
de l’air vif de la mer et des montagnes. 

Malaga convient également aux dyspeptiques. Autrefois les 
médecins craignaient d’y envoyer leurs malades atteints de 
celte affection, parce que l’alimentation y était défectueuse, 
et la viande dure et indigeste. 

Mais, depuis quelques années, des progrès sérieux ont été 
réalisés sous ce rapport et on peut trouver actuellement dans 
les bons hôtels de la ville, une nourriture convenable et 
appropriée à tous les estomacs. 


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— 341 — 


Les hypocondriaques et les mélancoliques retireront de 
grands avantages d’un séjour à Malaga. La beauté du ciel et 
de la mer, l’aspect riant des campagnes ornées d’une végéta¬ 
tion luxuriante, ne peuvent qu’opérer une heureuse diversion 
à leurs idées noires. 

Enfin l’atmosphère sèche et chaude de Malaga est très utile 
aux malades atteints de rhumatisme et de goutte, surtout à 
ceux dont les souffrances sont aggravées par le froid humide ; 
mais ils devront s’abstenir du vin de Malaga qui exerce une 
action funeste sur la diathèse. On y consomme deux espèces 
de vin : le malaga seca, vin de table fort et alcoolisé, et le 
malaga dulce ou lagrima, qui est destiné surtout à l’exporta¬ 
tion. Les médecins indigènes conseillent généralement aux 
rhumatisants et aux goutteux l’usage du vin de Montilla. 

Dans les environs de Malaga, à Carratraca, il existe une 
source d’eau minérale sulfureuse et arsenicale qui jouit d’une 
grande vogue pour la cure des affections de la peau, du rhu¬ 
matisme et du catarrhe chronique des bronches, de la vessie 
et des voies digestives. 

Malaga possède une centaine de médecins allopathes. 
L’homœopathie n’y a fait son apparition qu’en 1885, grâce au 
zèle et au dévouement d’une dame charitable anglaise, Miss 
Browne, qui y fonda ün dispensaire afin de mettre les pau-. 
vres à même de recevoir les soins gratuits d’un médecin 
homœopathe. Sous son influence* il se forma en outre une 
junta ou société composée de 5 membres effectifs choisis parmi 
les personnes influentes de la ville, et d’un grand nombre de 
membres honoraires ou socios. Cette junta a pour objet de 
soutenir le dispensaire, et de travailler en même temps à la 
propagation de la nouvelle méthode dans toutes les classes de 
la société. Le dispensaire homœopathique ou Centro consul - 
tivo homœopatico , est situé au centre de la ville, Galle de 
Comedias, 43. 


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— 342 — 


Il so compose d’un cabinet de consultation, d’une salle 
d'opération et d’une salle d’attente. Un lit est mis à la dispo¬ 
sition d’un malade pauvre qui préfère le traitement homœo- 
pathique au traitement allopathique des hôpitaux de Malaga. 
Plus tard, lorsque la junta sera en possession des fonds 
nécessaires, elle établira un plus grand nombre de lits, et 
créera ainsi insensiblement un petit hôpital homœopathique. 
Sous la direction du D r Rubio, ce dispensaire ne tarda pas à 
conquérir une grande vogue ; en 1886, il fut fréquenté par 
plus de 2500 malades. 

L’homœopathie possède un avenir brillant à Malaga. Comp¬ 
tant un grand nombre de partisans parmi la colonie étrangère 
et les principales familles espagnoles de la ville, avantageu¬ 
sement connue et appréciée par la classe pauvre, elle ne peut 
manquer de se développer et de se propager d’une manière 
rapide, surtout lorsqu’elle possède des défenseurs aussi zélés 
et aussi dévoués que Miss Browne et les membres de la junta. 

D r Lambreghts, fils. 


LE DOSSIER DE LA CHIRURGIE. 

par le D r Martiny. 

Pour démontrer l’inutilité relative des opérations sanglantes 
et terribles qu’on fait subir aux malheureuses f .mmes atteintes 
d’affections de l’utérus et du sein, il nous suffira de publier 
tout au long le résumé de la séance du 7 novembre de la 
Société de chirurgie , de Paris : 

M. PolaiUon. — En 1882, j’ai annoncé que le cancer limité au eol 
pourrait être curable par une amputation partielle, et, en outre, que 
l’ablation totale de l’uitérus par le vagin, d’après les statistiques con¬ 
nues, était une opération encore trop incertaine, au point de vue de la 
récidive, pour devoir être recommandée. 


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— 343 - 


Depuis lors, je n’ai pas changé d’opinion. J'ai pratiqué six hystérecto¬ 
mies vaginales, qui m’ont donné deux morts et quatre succès opératoires. 

Sur ces quatre succès opératoires, la première femme a eu une récidive 
en moins d’une année. 

La seconde, opérée en avril, a une récidive à l’heure actuelle. 

La troisième, opérée en avril, a une récidive depuis quelques mois. 

La quatrième, opérée en août dernier, a une récidive constatée le 
mois dernier (1). 

Ainsi, une mortalité de 33 pour 100 et une récidive rapide dans le cas 
de succès opératoire , tel est le bilan de mes hystérectomies vaginales. (2) 

Tout en espérant que la mortalité diminuera dans l’avenir, je ne crois 
pas que l’hystérectomie vaginale puisse jamais égaler, en bénignité, l’am¬ 
putation du col. 

Au point de vue des récidives, j’ai eu de bien meilleurs résultats avec 
les amputations partielles,que j’ai pratiquées au nombre de vingt. Neuf 
fois les opérées ont paru radicalement guéries ; neuf fois elles ont été très 
améliorées, bien qu'il restât une induration suspecte ; dans un dix-neu¬ 
vième cas, la marche de la maladie n’a pas été enrayée, et, dans un 
vingtième, la malade a succombé par le chloroforme. 

Des neuf femmes qui m’ont semblé guéries, trois sont revenues avec une 
récidive, deux ans et quatre mois pour l’une, douze et quatorze mois pour 
les deux autres, après l’opération ; quant aux six autres, je ne les ai pas 
revues. ' 

J’ajouterai deux faits de guérison, obtenus en ville, après l’amputation 
du col, l'un depuis 1881 et l’autre depuis 1883 ; le diagnostic de cancer 
fbt confirmé par le microscope. 

Dans l’amputation du col, le procédé opératoire que je préfère, est la sec¬ 
tion avec le serre-nœud galvanique, en me réservant de détruire ulté¬ 
rieurement, si cela est nécessaire, tout point suspect du moignon avec des 
flèches au chlorure de zinc. 

Dans ces conditions je m’hésite donc pas à regarder l’ablation partielle 
comme préférable ; mais elle ne pourra être curative qu'à la condition 
d'intervenir de bonne heure. 

L’hystérectomie vaginale,au contraire, sera indiquée toutes les fois que 
le cancer est très étendu; c’est la seule opération rationnelle en pareil cas. 

(1) Peu de jours après l’opération, peut-être même pendant l’opération. 
iN.D. L. R.) 

(2) En réalité six insuccès sur six opérations. (N. D, L. R.) 


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— 344 -r 


M. Tillattx. — Tout en reconnaissant que Thystéréotomie vaginale 
totale mérite la plus grande considération, je ne crois pas qu'elle doive 
constituer la méthode générale de traitement pour le cancer de la matrice. 

Contre cette affection on peut appliquer trois genres d'opérations. L'une, 
qui sera purement palliative et qui consiste dans une exérèse partielle, 
s’adresse au cancer trop étendu pour être opéré radicalement et qui pro¬ 
voque des hémorrhagies ou des écoulements abondants. En agissant ainsi, 
on rend encore quelques services aux malades. 

Dans les autres cas on a le choix entre la résection cunéiforme du col 
et l'hystérectomie totale. A la première période du cancer,i’hystèrectomic 
partielle doit avoir la préférence. Plus tard l’hystérectomie totale est seule 
applicable. 

En effet, de nombreux exemples nous démontrent que la récidive n’est 
pas plus rapide après l'extirpation cunéiforme du col qu’après l’extirpation 
totale, et, si je voulais rappeler les statistiques lues ici par M. Pozzi, j'y 
trouverais ce résultat singulier que l’ablation partielle a fourni une 
guérison de plus longue durée que l'extirpation totale. 

M. Bouilly s'est élevé contre les opérations parcimonieuses appliquées 
à la cure du cancer de l'utérus, qu'il a, à ce point de vue, comparé aux 
cancers du sein et de la langue. Ce sont là des terrains pathologiques 
absolument différents, qui ne peuvent être mis en regard les uns des 
autres ; d’ailleurs, enlever toute une langue pour un noyau cancéreux de 
la pointe, ou une verge entière pour un épithelioma du gland, me paraît 
une méthode par trop radicale. 

Quant à la gravité de l'opération totale, j'estime,ce qui me semble peu 
discutable, qu'elle fera toujours, malgré ses perfectionnements, courir à la 
malade plus de dangers de mort que l’hystérectomie partielle. 

En tous les cas, je ne considère ni comme juste ni comme logique de 
comparer les résultats de deux opérations pratiquées dans les circon¬ 
stances les plus dissemblables ; aussi, si l'on voulait établir une compa¬ 
raison au point de vue des résultats, je ne la verrais possible qu'entre 
l'abstention pure et simple et l'hystérectomie totale, qui n'intervient que 
par suite d’impuissance de toute autre opération. 

M. Marchand . — Bien que le nombre des cas que je possède soit 
restreint, iis démontrent pourtant l’innocuité relative des excisions 
partielles et leur efficacité, concordant en cela avec les statistiques de 
MM. Verneuil et Hofmeier. 

Depuis 1878, j’ai pratiqué dix-huit amputations partielles du ool pour 


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\ 


— 345 — 

cancer (1), quatre fois avec Pécraseur linéaire, huit fois avec l'anse 
galvano-caustique,et depuis 1884, j’ai fait six fois au bistouri l*amputatio r 
supra-vaginale ; je n’ai eu que deux décès, Tun par péritonite et l’autre 
par ouverture de la cavité de Douglas. 

Des quatre premières malades, l’une est guérie depuis sept ans, sans 
récidive actuelle, la deuxième a succombé au bout de quinze mois avec 
récidive dans le bassin, la troisième au bout de quatorze mois avec réci¬ 
dive locale ; quant à la quatrième, je ne l’ai pas revue. 

L’anse galvanique m’a donné un décès signalé plus haut et sept succès 
opératoires, malgré deux accidents sans suites fâcheuses, une fistule 
vésico-vaginale et une péritonite pelvienne suppurée. 

En somme, les résultats de ces 12 opérations sont les suivants : 

Un décès par ouverture de la cavité de Douglas ; 

Une malade perdue de vue ; 

2 malades guéries encore, après 7 ans et 5 ans ; 

2 malades suivies, sans récidives pendant 18 mois et 12 mois ; 

3 mortes de récidives, après 18, 15 et 14 mois ; 

3 mortes après 12,8 et 4 mois. 

Quant à mes 6 opérées par le bistouri, l’une est morte rapidement de 
péritonite généralisée, une deuxième est morte de récidive dans les liga¬ 
ments larges après 11 mois, et une troisième de généralisation, après 30 
mois ; une quatrième ne présente pas de récidive depuis 3 ans ; quant aux 
deux autres, elles n’ont pas été revues. 

D’autre part, j’ai pratiqué 7 fois Phystéreotomie vaginale pour des 
cancers très avancés : 4 décès, imputables au choc opératoire, à la périto¬ 
nite et à la pelvi-cellulite, et 3 guérisons opératoires, tels sont mes 
résultats. De mes 3 opérées guéries, l’une est morte de récidive après 
17 mois, une deuxième d’étranglement interne tardif; quant à la troisième, 
elle est en bon état. 

Ces sept extirpations totales ont donné lieu à trois accidents opératoires, 
une ouverture de la vessie*, une fisoule recto-vaginale et une hémorrhagie 
abondante. 

Je ne prétends pas juger de la valeur de l’hystérectomie vaginale sur 
ces quatre cas malheureux, mais je rappellerai que les meilleures statis- 

(1) 11 ne faut pas perdre de vue que le diagnostic du cancer de l’utérus n’est 
pas facile et que bon nombre de femmes qui ont refusé l’opération pour le 
prétendu earcinéme ont parfaitement guéri par la suite. (N. D. L. R.) 

(- , , 


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— 846 — 


tiques actuelles établissent que la mortalité opératoire est supérieure de 
moitié à celle des hystérectomies partielles. 

L'ablation totale oe pourra être exclusivement choisie que le jour où 
Ton aura démontré la supériorité des résultats éloignés. Actuellement, le 
nombre des récidives vient répondre assez défavorablement. Cette facilité 
de la récidive s'explique facilement, si l'on songe qu’elle a lieu de préfé¬ 
rence dans la zone celluleuse péri-urétine, c’est-à-dire dans un tissu 
contre lequel aucun procédé opératoire n'a d'action. 

L'anatomie pathologique nous a encore appris que les lésions organi¬ 
ques de l’utérus se systématisent volontiers, et qu'à ce point de vue col et 
corps restent souvent indépendants ; aussi, je suis convaincu que si 
l'ablation est assez profonde, la récidive ne se fait que rarement dans le 
reste de l'organe. 

M. Richelot. — Si plusieurs d'entre nous préfèrent l’hystérectomie à 
l'amputation partielle de l'utérus, c’est parce qu’ils espèrent en obtenir, 
pour un certain nombre de cas, la guérison définitive. C'est pour cela 
que je pense qu’il était moins intéressant de calculer la survie moyenne 
des opérées, que de eompter le nombre des récidives. 

M. Verneuil a protesté, et M Kirmisson a déclaré qu’aucun chirurgien 
ne pouvait penser sérieusement à la cure radicale du cancer de l'utérus (l). 

Cependant, depuis qu'il y a des cancers, tous les chirurgiens me parais¬ 
sent agir comme s'ils croyaient à la guérison possible. Je crois même que 
presque tous les chirurgiens (Tune expérience un peu longue ont par devers 
eux un ou plusieurs faits qui la démontrent, pour le sein en particulier . 

Sans doute, il n'est pas absolument légitime de comparer le cancer de 
l'utérus au cancer du sein, puisque dans oe dernier cas, ayant sous la 
main la glande mammaire, le trajet lymphatique et.les ganglions de l'ais¬ 
selle, nous pouvons tout enlever. L'hystéreotomie, au contraire, ne 
supprime que l'utérus ; les lymphatiques du ligament large et les gan¬ 
glions pelviens lui échappent. 

Mais ce qui est possible, et ce que nous espérons, c'est que, dans un cas 
donné, l'ablation totale enlève tous les germes de récidive non encore 
propagés aux annexes, tandis qu’une amputation partielle en aurait laissé 
quelques-uns ; en d'autres termes, que la première donne une guérison 
radicale là où la seconde n'aurait donné qu’un résultat palliatif. 

(1) A la boane heure ! Aucun chirurgien, au moins celui-ci l'avoue, ne peut 
penser sérieusement à la cure radicale du cancer 1 !î Voilà la vérité, mais 1» 
chirurgiens opèrent quand même ; pourquoi, on est en droit de se le demander. 

(M.D.L.E.) 


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/ 


— 347 — 

Voilà comment la survie, après l'ablation totale de l’utérus, ne peut être 
plus longue que si elle est illimitée ; et voilà comment la seule raison 
d’être de l'hystérectomie est la recherche d’une guérison complète. 

S’il m'est démoutré que cette recherche est une illusion, je n'abandon¬ 
nerai pas l'hystérectomie vaginale, mais je la réserverai aux cancers qui 
envahissent notoirement la muqueuse utérine et à ceux qui débutent par 
elle. Pour les cancers limités au col, je ferai la sus-vaginale; en ne laissant 
que le fond de l'utérus et en faisant une large résection des culs-de-sac 
vaginaux, j’éviterai les repullulations immédiates, et j'aurai des survies 
aussi longues qu’après l'hystérectomie. , 

Et maintenant, quand pourrons-nous dire si nos malades sont guéries? 
La réponse n’est paé facile aujourd’hui, et voilà ce qui donne à M. Ver- 
neuil la partie belle. Mais il en sera tout autrement d'ici une ou deux 
années, lorsque nous connaîtrons les statistiques portant sur un grand 
nombre d’années. 

En ce qui me concerne, j’ai sept malades guéries actuellement qui 
avaient des cancers peu développés (1 J. Celles-là* sont dans de bonnes 
conditions, en apparence. Si, dans deux ans, je les* ai perdues ou si je 
n'en conserve qu'une ou deui.par hasard, il faudra bien modifier mon 
opinion dans le sens que j'indiquais tout à l'heure. Si, au contraire, je 
les conserve toutes ou si je n’en perds qu’une; si, en outre, quelques 
nouvelles opérées dans les mêmes conditions favorables s'ajoutent à la 
série ; si j'ai par suite, 6 ou 7 malades ayant passé 2 ans, 3 ans et 4 ans, 
j'aurai alors le droit, non de porter sur ces malades un jugement absolu, 
— car on voit quelques survies plus longues aboutir à la récidive — 
mais de déclarer que les opérations partielles n'ont jamais donné d'aussi 
bons résultats, et que nous pouvons encore, avec les indications précises 
dès maintenant connues, pratiquer l'hystérectomie vaginale. 

M. Reynier. — A l'heure actuelle, la question de savoir si l'hystérec- 
tomie partielle doit être préférée à l’hystérectomie totale ne peut être 
résolue, parce que l’opération n’ayant encore que trois ans de date, nous 
n’avons pas de statistiques suffisantes. 

En tout état de cause, ce qui doit dès aujourd'hui engager à préférer 


(1)Ces cancers «peu développés» me paraissent très sujets à caution; n'étaient- 
oe pas de simples engorgements qu’un traitement interne bien entendu aurait 
facilement guéris, tandis que l’opération a mis les jours des malades en danger? 
(N. D. L. R.) 


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— 848 


l’hygtérectomie totale, c’est que, faite dans les cas où l'on serait tenté de 
faire une résection partielle, elle est seule capable de docner, non seule¬ 
ment une survie, mais une véritable guérison. 

Pour mon compte, j'ai fait deux amputations du col, et j’ai eu deux 
récidives avant la cicatrisation. Par contre, j'ai fait deux hystérectomies 
totales : je ne sais si la récidive sera proche, mais j'ai eu au moins le 
plaisir de voir mes malades s'en aller guéries (1). 

M. Routier. — Dans un travail que j’ai lu au Congrès de chirurgie de 
1888 (voir Bulletin Médical , n° 22 , p. 361 ', je mentionnais trois hysté¬ 
rectomies vaginales, que j’avais pratiquées pour des cancers utérins. 
Depuis cette époque, j'en ai fait quatre autres. Dans ces différents cas, 
j'ai noté une facilité relative de l'ablation totale, bien que chez plusieurs 
de mes dernières opérées, j'aie éprouvé une certaine difficulté à abaisser 
l'utérus; c'est là une circonstance fâcheuse, qui peut devenir une 
contre-indication à l'opération. Les résultats de mes quatre dernières 
opérations ont été les suivants : Une malade est morte quelques mois 
après l’opération de carcinOme ? généralisé ( 2 ). Une deuxième, âgée de 
cinquante-sept ans, "qui avait déjà subi plusieurs curetages utérins, vit 
aujourd’hui sans trace de récidive, elle présente une survie de treize mois. 
Ma troisième opérée, âgée de cinquante-six ans, malade depuis 
quatorze mois, a été hystérectomisée au commencement de 1888, il n'y a 
pas de récidive actuelle. Quant à la quatrième, chez laquelle la maladie 
remontait à quatorze mois, elle a été opérée cette année et offre aujourd'hui 
une survie de sept mois et demi. 

L'histoire de ces malades peut être divisée en deux périodes. Une pre¬ 
mière, præ-opératoire,pour laquelle je trouve une moyenne de vingt mois; 
et une deuxième, post-opératoire, qui est en oours d'évolution et qui 
semble, pour trois d'entre elles, devoir être favorable. 

M. Terriüon montre un malade auquel il a fait une double résection de 
maxillaire inférieur pour dés sarcômes. (Le Bulletin médical.) 

Quelques réflexions : « J’ai, dit M. Polaillon, pratiqué six 
hystérectomies vaginales qui m’ont donné deux morts et 

(1) S'en aller guéries , entendons-nous, c'est-à-dire qu’elles ont quitté les 
salles peu de temps après l’opération; mais que sont-elles devenues par la suite f 
(N. D. L. R.) 

(2) Le carcinôme se serait-il généralisé si la malade n’avait pas été opérée I 
(N. D. L. R,) 


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quatre succès opératoires . » Ces deux morts ont , donc 
succombé rapidement aux suites de l’opération; on est en droit 
de se demander, vu les difficultés que présente le diagnostic du 
cancer de l’utérus : 1° si elles étaient réellement atteintes de 
cancer; 2° dans l’affirmative, combien de temps elles auraient 
vécu si elles ne s’étaient pas soumises à l’opération? 

Que dites-vous de l’euphémisme : succès opératoire , pour 
des malheureuses qui ont eu des récidives, peu de temps 
après l’opération ? Ces récidives sont naturellement plus graves 
que la maladie primitive et laissent une chance moindre de 
survie. Il est bon à noter que pour un chirurgien « succès 
opératoire * veut dire que le patient n’est pas mort pendant 
l’opération ni quelques jours après celle-ci. 

Tout est à retenir dans ce compte rendu, mais notons en 
passant ce que dit incidemment M. Richelot à propos du 
cancer du sein : « Il croit que presque tous les chirurgiens 
« d’une expérience un peu longue ont, par devers eux, un 
« ou plusieurs faits qui démontrent la guérison du cancer, 
« pour le sein en particulier. » Quel triste aveu ! Il croit , il 
n’en est donc pas bien sûr, que presque tous les chirurgiens 
d’une expérience un peu longue (il y en a donc, parmi ces 
vieux chirurgiens, qui n’ont jamais constaté de guérison 
après l’ablation d’un sein cancéreux !), ont par devers eux 
un ou plusieurs faits probants, — ceux qui ont pu constater 
une seule guérison, méritent déjà d’être cités — et pourtant 
l’opération du sein est une des plus simples et des plus fré¬ 
quentes, que les plus humbles chirurgiens pratiquent pour 
ainsi dire journellement et cela pour arriver, après une 
longue expérience, à avoir pour la plupart d’entre eux, pas 
même tous, un ou deux faits seulement pouvant démontrer 
que la guérison du cancer du sein est possible par l’opération. 

Faut-il encore s’étonner de voir de vieux chirurgiens être 
désillusionnés sur leur art et jeter la trousse aux orties? 


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350 — 



Quand les gens du monde et même les médecins qui ne 
s’occupent pas de chirurgie entrent pourtant en conversation 
avec tel ou tel chirurgien à propos des affections cancéreuses, 
il a toujours de nombreux succès à proclamer : il a guéri par 
l'opération M me X, M r Y et M Ue Z., etc. Quand vous lui 
demandez timidement : était-ce bien un cancer ? Il répond 
affirmativement avec la plus grande assurance ; cela se con¬ 
çoit, car enfin s’il déclarait que l’affection n’était pas cancé¬ 
reuse, on pourrait lui répondre : Pourquoi n’avez-vous pas 
auparavant essayé, pendant un temps moral, le traitement 
interne? Toutes les tumeurs que le dit chirurgien a opérées 
étaient, proclame-t-il, de vrais cancers; on sait néanmoins 
combien le diagnostic du cancer est difficile et de nom¬ 
breux cas déclarés comme étant de la pire espèce, ont 
guéri naturellement parce que le patient n’a pas voulu se 
laisser opérer. — Mais pour les chirurgiens, toutes ou presque 
toutes les tumeurs qu’ils ont opérées étaient des cancers.— 
Tel est leur langage quand ils causent avec des profanes en 
chirurgie ; toute autre est, comme on vient de le voir, leur 
manière de parler quand ils sont réunis et dissertent entre 
eux : alors ils mettent en doute les succès les uns des autres 
et finissent par se demander si jamais l’opération a guéri un 
seul cancéreux ; tout au plus osent-ils dire que les vieux 
chirurgiens ont peut-être vu un ou deux cas de guérison 
de cancer du sein par l’opération ; on est donc en droit de 
se demander si, dans la grande majorité des cas, il n’eût pas 
été préférable d’attendre la guérison d’un traitement interne 
bien appliqué, surtout lorsqu’il s’agit du cancer du sein, 
lequel permet une longue survie, car l’expérience a appris 
que le cancer opéré se répercute facilement et fréquemment 
sur un organe interne et alors son évolution est beaucoup 
plus rapide et plus promptement fatale. 

D r Martiny. 


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— 351 — 


LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE, 

par le D p Martiny. 

On lit dans V Union Médicale : 

Piqûres d'abeilles contre le rhumatisme. — M. Terc indique, dan» 
la Wiener medidnische Presse , un moyen singulier d'immunité contre le 
rhumatisme. Il consiste à saturer l'économie du venin d'abeilles. M. Terc 
aurait remarqué que chez les rhumatisants, la tuméfaction, qui résulte 
habituellement des piqûres d'abeilles, ne se produit pas d’emblée et qu'à 
la longue elle ne se produit même plus du tout. A ce moment le rhumati¬ 
sant serait guéri et provisoirement à l'abri des récidives. 

M. Terc a appliqué son procédé dans 173 cas qui ont nécessité 
39,000 piqûres ! Il dit avoir obtenu des succès dans des cas aigus, mais 
surtout dans des cas chroniques désespérés. 

Je me rappelle avoir, il y a peut-être quinze ans, parlé à 
un professeur de médecine, des succès que les homœopathes 
obtenaiont par l’emploi du venin de l'abeille dans un grand 
nombre de maladies ; il se mit à sourire en disant : comment 
l’idée est-elle venue à l’esprit des homœopathes d’employer 
le venin de l’abeille? C’est tout simple, répondis-je: plusieurs 
personnes avaient observé qu’à la suite d’une piqûre toute 
forluite de l’abeille, certains malades, notamment certains 
ophthalmiques, se trouvèrent les uns guéris, les autres amélio¬ 
rés de leurs souffrances ; un des plus illustres médecins de la 
première génération des homœopathes procéda alors & l’ex¬ 
périmentation physiologique du venin de l’abeille ; il suivit les 
préceptes de Hahnemann pour cette expérimentation et il 
édifia la pathogénésie d 'apis mellifera , une des plus belles 
pathogénésies qui avait été faites depuis Hahnemann. Grâce 
aux travaux de Hering nous connaissons aujourd’hui les indi¬ 
cations de ce remède dans beaucoup de maladies. 

Hering a, suivant les principes posés par Hahnemann, 
administré des doses plus ou moins petites & différentes per- 


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362 — 


sonnes qui ont annoté scrupuleusement ce qu’elles ont 
éprouvé, sans omettre aucun symptôme et en réunissant les 
diverses observations il a édifié la pathogénésie d'apis melli- 
fera. 

Maintenant que le venin de l’abeille s’introduit dans la 
thérapeutique allopathique, voici, selon toute vraisemblance, 
ce qui va se passer : un ou plusieurs professeurs de l’école 
allopathique administreront à un certain nombre de lapins, 
de chiens, de cobayes, à des doses énormes, le venin de 
l’abeille jusqu'à ce que les animaux en meurent, et ils 
examineront si ces pauvres bêtes meurent avec le cœur en 
systole ou en diastole, si tel ou tel organe, foie, poumons, 
reins sont anémiés ou congestionnés, si les muscjes sont con¬ 
tractés ou relâchés, etc., et ce qu'on appelle aujourd'hui chez 
nos adversaires « l’expérimentation physiologique » d'apis 
sera faite; on en tirera des indications plus ou moins hasardées 
sur l’emploi d’apts dans les diverses maladies ! Gomment 
voulez-vous qu’une pareille façon de faire soit suivie de suc¬ 
cès thérapeutiques ! Et pourtant c’est ainsi que cela se passe 
pour la plupart des remèdes employés en allopathie,parce que 
nos confrères ne veulent pas essayer les remèdes à dose 
légère, et qu’ils s’imaginent que pour connaître l’action d’un 
médicament il faut l’expérimenter à dose toxique. 

D r Màrtiny. 


SOMMAIRE. 

LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Màrtiny . 321 
Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph n et le D r Léon 

Seutin, à Bruxelles. 327 

Malaga, par le D r Làmbrbchts, fils.337 

Le dossier de la chirurgie, par le D r Màrtiny . . . 342 
Les larcins de l'allopathie, par le D r Màrtiny . . . 351 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


IV AmitE. MARS 1889. N" 12. 


y LE BORD DE LA MER, 

par le D p Martiny. 

La cure de mer {Suite). 

La cure de mer et la physiologie. — Peut-on, dans 
l’état actuel de la science, donner une explication physio¬ 
logique suffisante des modifications intimes que produit la 
mer sur l’économie humaine ? Nous sommes obligés de 
répondre par la négative. Tandis que d’autres méthodes 
curatives, d’autres moyens thérapeutiques ont été soigneu¬ 
sement étudiés et expérimentés, la cure marine n’a jus¬ 
qu’ici tenté aucun physiologiste de valeur ; personne 
ne s’en est sérieusement occupé, et la cure de mer, si 
répandue aujourd’hui, semble avoir été oubliée par les 
savants. 

On ne trouve dans les annales de la science que de 
rares expérimentations sommaires, sans ensemble et 
sans suite ; une des principales raisons qui, selon nous, 
a éloigné les physiologistes de cette étude, c’est que dans 
les écoles officielles on s’obstine à vouloir ne pas tenir 
compte de l’action des doses infinitésimales sur l’orga¬ 
nisme. Quand on nie l’influence de ces particules infini¬ 
tésimales répandues dans l’atmosphère de la mer, la 
cure maritime n’est plus, nous l’avouons, qu’une cure 
d’air simple, agrémentée d’hydrothérapie pour les per¬ 
sonnes qui prennent des bains ; l’expérience de chaque 
année — les savants ne l’ignorent pas — dit le contraire : 

0) Suite. Voir vol. précédent et vol..courant, pp. 33, 65, 225, 295 
*321. 


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— 354 — 


un séjour à la mer produit d’autres effets qu’un 
séjour à la campagne, même chez les personnes qui 
s’abstiennent de bains ; pour faire une pareille étude de 
physiologie expérimentale, il faudrait au préalable ad¬ 
mettre l’action des infiniment petits sur l’organisme 
humain, puis on devrait rechercher au moyen d’analyses, 
que la découverte de l’analyse spectrale rendrait aujour¬ 
d'hui plus faciles, quelles sont les substances qui flottent 
ainsi dans l’air marin, quelles sont les conditions qui 
favorisent leur présence en quantité plus ou moins grande, 
etc.; une fois ces données acquises, il faudrait établir des 
expériences sur l’homme sain en prenant pour guide les 
règles que Hahnemann et ses successeurs ont établies 
pour l’expérimentation pure des remèdes; puis il faudrait 
consulter, comme nous l’avons indiqué déjà, l’histoire du 
scorbut, dont les symptômes sont en réalité des symp¬ 
tômes toxiques des remèdes de la mer ; on arriverait 
ainsi à connaître dans son ensemble l’influence que la mer 
et les remèdes de son atmosphère exercent sur l’homme 
bien portant; enfin, comme conséquence, on pourrait pré¬ 
ciser les maladies, les prédispositions morbides, les états 
constitutionnels et diathésiques, les cachexies que la mer 
peut guérir ou modifier avantageusement. Quand pareille 
étude aura été instituée, alors seulement l’action de la 
mer sera réellement connue, mais tant que les phy¬ 
siologistes des écoles s’obstineront à ne pas tenir compte 
de l’influence des remèdes à petite dose mais finement 
divisés, l’étude de l’action de la cure marine n’avancera 
pas : on dirait, en effet, en présence de la pénurie de 
travaux sur le sujet, que les physiologistes eux-mêmes 
sentent que la science n’est pas dans la bonne voie ; du 
reste tous les bons observateurs déclarent, l’un après 
l’autre, que la cure marine, même sans les bains, a un 
cachet tout spécial, quelle produit des guérisons que 


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l’on attendrait en vain de l’air pur des champs ou des 
montagnes ; qu’on constate au bord de la mer des symp¬ 
tômes particuliers chez les malades et les personnes 
bien portantes ; qu’on y observe des aggravations qui sur¬ 
prennent, etc.; peu importe, les savants officiels ne 
veulent pas en convenir, dans la crainte de paraître faire 
cause commune avec les homœopathes ; ils ne veulent 
pas admettre que ces petites poussières marines, 
quantités négligeables par leur masse, mais très puis¬ 
santes par leur extrême division, puissent avoir un rôle 
sur l’organisme ; voilà la vraie raison pour laquelle la 
science officielle est si pauvre quand il s’agit d’expliquer 
le mécanisme de l’action de la cure de mer. Diverses théo¬ 
ries ont pourtant été ébauchées plutôt qu’approfondies 
sur le sujet ; elles se résument toutes dans cette idée : les 
circonstances variées qu’on trouve réunies au bord de la 
mer convergent toutes vers un seul but : amener une 
combustion organique plus vive, plus complète, un 
mouvement chimique plus intense dans les tissus ; 
des observateurs ont analysé les urines de différents 
sujets pendant la cure et ont cru pouvoir conclure de 
ces analyses qu’en réalité les urines étaient plus riches 
en urates et en urée qu’à l’état normal.Ce qui est certain, 
c’est qu’au bord de la mer, surtout pendant une série de 
bains, elles sont plus riches en chlorures, mais ces ana¬ 
lyses ne sont pas encore assez nombreuses ni assez com¬ 
plètes pour qu’on puisse en>tirer une conclusion précise, 
d’autant plus que les résultats des différents observateurs 
sont loin d’être concordants. Disons en passant qu’il faut 
en général être sobre d’interprétations physiologiques sur 
le mécanisme des guérisons, surtout lorsqu’il s’agit de 
.phénomènes intéressant ce qui se passe dans la profon¬ 
deur des tissus, quand on veut expliquer leur nutrition, 
leur réparation, la manière dont sont éliminées les sub- 


►K'. 


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— 356 - 


stances dont le rôle est terminé, etc. Nous avons déjà 
vu sombrer bien des théories paraissant solidement éta¬ 
blies sur un grand nombre de faits ; à peine une théorie 
est-elle émise, que d’autres surgissent; quiconque a suivi 
les progrès de 4a physiologie depuis vingt ans a pu se 
convaincre combien rapidement les théories passent! Les 
laits seuls restent et c’est à ceux-là seuls qu’il faut s'atta¬ 
cher. Qu’on fasse quelques efforts pour les coordonner, 
qu’on tâche de découvrir ainsi les lois qui les régissent, 
soit ; mais qu’on veuille les expliquer dans leur essence 
même, nous croyons qu’on fera souvent fausse route. 
Bien des livres, à l’époque où ils ont paru, étaient par¬ 
faits, toutes les objections y étaient prévues, discutées et 
réfutées, et aujourd’hui bon nombre sont tombés dans 
l’oubli ; un seul fait vrai et bien observé vaut mieux pour 
la science que les plus belles théories. Bornons-nous 
donc, en ce qui concerne la médication marine en par¬ 
ticulier, à constater que, bien dirigée, elle finit chez un 
grand nombre de sujets par activer la nutrition, que 
beaucoup do personnes y retrouvent de la vigueur et de 
l’appétit, qu’un grand nombre de maladies y sont heu¬ 
reusement modifiées et guéries, grâce aux différents fac¬ 
teurs que nous avons successivement étudiés et parmi 
lesquels nous accordons une large part aux particules 
médicamenteuses de l’atmosphère marine ; mais tenons 
note aussi de l’expérience clinique dans les maladies ; 
quand bien même les raisonnements les mieux établis, 
les plus scientifiques en apparence, tendraient à prouver 
que telle ou telle affection doit être guérie ou améliorée 
par la cure marine, si les faits viennent contredire les 
données et les spéculations de la science, rangeons-nous 
du côté des faits, du moment qu’ils sont bien observés ; 
si l’expérience prouve que tel genre d’affection est défa¬ 
vorablement influencée par la cure marine, croyons 


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— 357 — 

l’expérience plutôt que les beaux raisonnements; c’est ce 
que nous n’avons pas perdu do vue dans le chapitre que 
nous consacrons aux indications et contre-indications du 
traitement marin. 

Le célèbre professeur allemand Virchow, notamment, a 
publié quelques recherches au sujet de la cure de mer ; à 
l’occasion de plusieurs séjours faits sur les côtes de la 
Poméranie, il s’est occupé, lui aussi , de la cure de mer; na¬ 
turellement lui, le savant officiel, n’a tenu aucun compte 
des poussières de l’atmosphère marine ; il semble même 
ne guère se préoccuper des substances que l’eau de la mer 
tient en dissolution, et s’il tient quelque compte des sub¬ 
stances qui s’y trouvent en quantité plus ou moinsnotable, 
il n’ajoute aucune importance h celles qui, dans les analy¬ 
ses de l’eau de mer, ne figurent qu’à l’état de traces : pour 
l’école officielle une substance ne peut avoir d’action sur 
l’organisation que si elle en a sur la balance ; dès qu'une 
question touche de près ou de loin au domaine des petites 
doses de l’homœopathie, vite les savants officiels rentrent 
sous la tente, malgré l’évidence des faits, de peur de «pa¬ 
raître donner raison aux merveilles de l’homœopathic» (1) 

Or Virchow, n’admettant ni l’action des poussières ma¬ 
rines ni même l’action de certaines substances que l'eau 
de mer ne contient qu’à l’état de traces, conclut en der¬ 
nière analyse que l’action des bains de mer doit être 
attribuée à la température relativement froide de la mer 
et au mouvement des eaux, lequel produit sur le corps du 
baigneur l’effet de douches froides (2) ; il admet, il est vrai, 
l’influence d'un air pur, ozonifié, pas trop sec, comme l’air 
marin, mais il n’est pas question dans son étude de l’im- 


(1) Ainsi s’exprimait un de nos adversaires dans une discussion à pro¬ 
pos des eaux minérales. * 

(2) Arclriv fur pathologische Anatomie und Physiologie , années 1854 
et 1858. 


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portance que pourraient avoir les nombreuses substances 
que l’eau de la mer tient en dissolution, ni surtout des 
poussières que l’air marin charrie et dont la présence dans 
cet air est si manifeste;le professeur allemand s’est borné, 
dans les expérimentations du bord de la mer, à constater 
l’influence que le bain produisait sur la température du 
corps ; son travail est plutôt une étude d’hydrothérapie 
qu’une étude de la cure marine. Il en devait être ainsi; 
c’est la seule conséquence logique que peut admettre celui 
qui regarde l’eau de la mer comme une eau plus ou moins 
saléeet qui fait abstraction des autres principes qu’elle con¬ 
tient,à petites doses c’est vrai,de même que l’air de la mer. 

L’observation générale s’élève contre une pareille con¬ 
clusion : la cure marine est une cure hydrothérapique, 
c’est vrai, mais elle est encore autre chose,et l’expérience 
est là pour démontrer que les bains de mer ont une autre 
action que les douches froides. 

Tout ce qui a été écrit récemment au sujet de la cure 
marine se résume en dernière analyse à considérer son 
action comme la résultante de bains et de douches froides 
avec une eau fortement salée; quand les auteurs ont ajouté 
que cette cure se fait dans une atmosphère habituellement 
mouvementée ( 1 ), exempte de miasmes, contenant très peu 
d’acide carbonique et plus d’ozone que l'air terrestre, ils 
paraissent avoir tout dit et n’attachent guère d’importance 

(l) Le D r Benecke, pas plus que le professeur Virchow, ne fait la 
part des remèdes infinitésimaux de l’air marin, mais il accorde une grande 
importance au mouvement de l’air de la plage ; il a fait une série d’expé¬ 
riences pour prouver que le refroidissement 8 y produit plus rapidement 
que dans les plaines et les montagnes : le corps perdant plus rapidement 
son calorique au bord de la mer, les efforts de l’économie pour lutter 
contre ce refroidissement progressif, amènent une combustion plus active, 
et une oxydation plus complète des tissus ; ainsi s’expliquerait, d’après 
Benecke, pourquoi certaines constitutions chétives supportent l’air des 
montagnes, qui exige moins de réaction, mais n’ont pas assez de force 
pour lutter contre le refroidissement plus rapide du bord de la mer. 


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— 359 — 

aux substances médicamenteuses qui flottent dans l’air 
marin. 

Néanmoins les médecins des plages, les bons observa¬ 
teurs, qui sont aux prises avec la réalité des faits, les 
médecins praticiens sont d’accord pour déclarer que la cure 
marine est autre chose qu’une cure d’air de campagne, 
qu’une cure d’hydrothérapie; et les nombreux malades qui 
vont à la mer chaque année sont de leur avis : la cure 
marine, même le simple séjour sur la plage, sans bains, a 
une action spéciale, différente d’un séjour de campagne, 
différente d’une cure hydrothérapique; prétendre le con¬ 
traire, c’est soutenir une opinion qui est en contradiction 
avec ce qui s'observe chaque année sur le bord de la mer. 

Du reste cette opinion ne date pas d’hier; le D r Gaudet, 
de Dieppe (1), attribuait déjà, eu 1844, une grande partie 
de la cure à l’influence de l’air marin. 

Et enfin, en 1865, le D r Martinencq, chirurgien de la 
marine, établissait une série d’expériences pour étudier la 
composition de l'air marin dans diverses conditions 
atmosphériques (2). 


(1) Quoique datant de 1844, c'est un des ouvrages les plus conscien¬ 
cieux qui aient été publiés sur le sujet. On y trouve consignés les résul¬ 
tats d'une grande expérience, d'autant plus précieux pour nous qu'ils 
ont été observés à Dieppe. Gaudet était trop sagace observateur pour ne 
pas faire une large parta l'influence de l'air marin : « Dans l'estimation, 
dit-il, de tous les effets hygiéniques et thérapeutiques des bains de mer, 
la part de ceux qui sont propres à l'air de la mer, doit toujours être faite, 
souvent même dans une importante mesure ». 

Le livre du D* Gaudet est l'œuvre d'un scrupuleux observateur, et 
comme ou l'â dit, la plupart des médecins qui ont écrit des travaux sur la 
cure marine ont puisé à pleines mains dans l'ouvrage du D r Gaudet. 
(Recherches sur les effets hygiéniques et thérapeutiques des bains de mer. 
— Paris 1844.) 

(2) M. le Dr Martinencq, chirurgien de la marine, se posait déjà en 1865 
cette question : 

« L'air marin contient-il quelques parties des matériaux dont est com¬ 
posée l'eau de la mer »? Et il demandait déjà alors une analyse exacte de 


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— 360 — 


Dans ces derniers temps, comme nous l’avons vu au 

l'air de la mer. Cette analyse n'étant pas encore faite il arrivait à la suite 
de plusieurs expériences aux conclusions suivantes : 

1° Que l’air marin, pendant le calme ou les brises modérées, n'agit que 
par ses qualités propres et indépendantes des matériaux composant l'eau 
de mer ; 

2° Que les qualités salines qu'il acquiert quelquefois, ne lui sont ajou- 
èes que par des vents assez forts jjour pulvériser la superficie de la mer, 
et mêler cette poussière d'eau salée à la partie voisine de l'air agité et 
déplacé par le vent régnant ; 

3° Que ce mélange n'a lieu, sur les bords de la mer surtout, qu'avec les 
portions les plus basses de cet air ; 

4° Que, très exceptionnellement, ce mélange atteint la hauteur d'un 
premier étage ; qu'il ne s'étend guère aussi qu'exceptionnellement à plus 
de 50 à 60 mètres ; 

5° Que, par^conséqucnt, les maisons des stations maritimes, qui sont 
pour la plupart bâties à des distances plus grandes des bords de la mer, 
ne permettent qu'cxceptionnellement à leurs habitants de respirer nn air 
doué des qualités de l’eau de mer ; 

6° Et,que si l'on veut remplir cette indication,il faut,ou habiter des mai¬ 
sons très peu éloignées du bord de l'eau pendant les grands vents battant 
en côte, ou parcourir les mers à bord d’un navire, qui tôt ou tard sera 
soumis à l’influence d’un grand vent ou d'une tempête même, et pourra, 
étant enveloppé plus ou moins souvent d'un air mêlé à une dose plus ou 
moins considérable de poussière d'eau salée, faire ainsi subir au navire et 
à ses habitants l’action des parties salines contenues dans l'eau de mer, 
et la constituant ; 

7° Enfin, qu'il n’est rien enlevé de plus à l’eau de mer que de l’eau sim¬ 
ple à l'état de vapeurs par l’action du calorique solaire ; et que, par con¬ 
séquent, l'évaporation incessante et énorme des mers ne fournit à 
l'atmosphère que des vapeurs du composé d'hydrogène et d’oxygène 
appelé eau. (fl ne faut pas ignorer que les expériences du D r Marti ne ncq 
ont été établies sur le bord de la Méditerranée, mer beaucoup moins mou¬ 
vementée que la mer du Nord. ) 

Ce que nous venons de dire est vrai de la quantité des matières conte¬ 
nues dans l’eau de mer appréciable par nos moyens ordinaires d'analyse, 
mais un nouvel instrument est venu au secours de l’insuffisance de nas 
organes, et de ceux connus jusqu’à présent. C'est le spectroscope. VoyeE 
dans la revue des cours scientifiques n° 45, 1864 (Cours de M. Lueea, 
chimiste napolitain), ce passage remarquable, page 643: « Ce procédé pour 
reconnaître les métaux est d'une extrême sensibilité ; et pour s'en con¬ 
vaincre il suffit de rappeler l'expérience de Bunsen et Kirehoff. Trois 
milligrammes de chlorate de soude mêlés à un peu de sucre de lait furent 


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chapitre de l’air de la mer, la question n’a guère fait de 

brûlés dans une chambre de la capacité de soixante mètres cubes ; or, le 
spectroseope situé à une grande distance de l’endroit où se produisait la 
combustion, indiquait la ligne jaune caractéristique du sodium. 

« Par un calcul très simple on constate que l'air a dû porter, par secon¬ 
de, 1/3 de bîllionième de gramme de sel de soude ; et que par conséquent 
on en doit conclure, qu'avec un pareil instrument, on peut reconnaître une 
fraction de matière que ne pourraient pas révéler tous les autres moyens 
dont la scienco dispose. » 

< L'excessive sensibilité de cette réaction explique pourquoi l’air des 
laboratoires et des lieux voisins de la mer présente presque constam¬ 
ment la réaction du sodium. 

H suffit, en effet, d'agiter un objet ou d'épousseter un livre pour que la 
réaction du sodium se produise subitement, et cela grâce à la grande 
diffusion dans la nature du chlorure de sodium si abondant dans les eaux 
marines. » 

Nous n'avions donc pas tort de ne pas admettre l'absence absolue des 
matières qui composent J'eau de mer, dans l’air qui pèse sur elle. Si la 
plupart de ces matières ont paru jusqu'à présent non susceptibles de vola¬ 
tilisation, c'est, sans doute, que nous n'avions pas encore trouvé le moyen 
pouvant indiquer le.? proportions extrêmement minimes par lequelles cer¬ 
taines de ces matières, sinon toutes, peuvent se volatiliser. 

L'ignorance affirme carrément, la vraie science doit toujours laisser 
prudemment une porte ouverte pour l'imprévu, et l'inconnu surtout, qui 
est encore bien plus considérable que le connu. 

Ainsi donc, si par le moyen du spectroseope on venait à découvrir que 
des doses de ces mêmes matières, inappréciables par les moyens ordi¬ 
naires, sont cependant contenues en plus grande quantité dans l’air des 
stations maritimes que partout ailleurs, il faudrait en conclure définitive¬ 
ment que cet air agit toujours, en quelque lieu des plages maritimes qu'on 
se trouve, autrement que par toutes ses autres qualités seules. 

À l'œuvre donc ! intelligences d'élite qui savez assez bien manier ces 
instruments d'analyse, pour dérober à la nature ses secrets les plus intr 
mes. Douez la science d'une analyse plus profonde et définitive de l'air 
marin, et la seule base d’une discussion vraiment scientifique et fruc¬ 
tueuse sera trouvée ; et des conclusions positives et sûres sur la valeur 
thérapeutique de cet agent si puissant et si répandu, pourront enfin être 
prises et rallier tous les bons esprits. 

Quant à nous, après avoir noté les points essentiels à éclaircir, nous 
demandons la permission de nous effacer par sentiment de notre incom¬ 
pétence expérimentale. A chacun sa tâche, il y en a bien suffisamment 
pour tous !... (De l'air marin et de son influence sur l'organisme en gène - 
rai et en particulier sur celui des phtisiques pulmonaires .—Paris, 1865). 


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— 363 — 


progrès, l’étude de l’air de la mer, sa composition, ses 
variations, ses rapports avec l’air terrestre, demande 
encore à être faite et ce n’est que lorsque cette première 
étude sera terminée que l’action physiologique de la cure 
marine pourra être sérieusement entreprise. 

En attendant nous devons nous contenter de ce qu’on 
peut appeler l’expérience clinique, c’est-à-dire de l'ob¬ 
servation des faits qui se passent chaque année sur les 
plages. 

En d’autres termes, dans l’état actuel de la science il 
est impossible, sans consulter l’expérience clinique, de 
savoir si la cure de mer est certainement utile dans telle 
ou telle classe d’affections. Les indications générales 
que nous possédons actuellement sont plutôt le résultat 
d’observations plus ou moins empiriques que des déduc¬ 
tions rigoureuses tirées d’expérimentations instituées 
d’après une méthode scientifique proprement dite. 

(i4 continuer). D r Martiny. 


REVUE DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES DE FRANCE, 

par le D r Schbpens, de Gand. 

Maladie de Basedow, 

par le D r Lilibnthal. — Traduction du D r Chauvet. 

D'après Rosenthal la première manifestation pathognomo¬ 
nique de cette affection est une irritation du cœur qui se 
montre toujours après quelque cause excitante ; puis, même 
au repos, accélération du pouls (120 à 160 pulsations par 
minute), action arythmique du cœur et pulsations et murmures 
dans les carotides, dans les vaisseaux de la glande thy¬ 
roïde, etc. 

Après des semaines ou des mois la glande thyroïde se 
tuméfie , surtout sur lin dfe ses lobes ; en même teinps, quel- 


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363 — 


qnefois plus tôt ou plus tard, un ou les deux yeux présen¬ 
tent une saillie marquée, les paupières sont très ouvertes 
et elles ne se ferment plus qu’imparfaitement. Stilhvag a 
observé l’absence des mouvements de latéralité des deux 
bulbes avec conservation du pouvoir do convergence des 
yeux. Dans beaucoup de cas la cornée perd sa sensibilité, sa 
surface se desséche, se ternit, et Graefa, en a vu 14 lois 
l'ulcération. _ 

Les manifestations concomitantes du goitre exophtalmique 
sont la parésie de la paupière supérieure, la paralysie faciale 
partielle et la paralysie bilatérale des abducteurs ; les troubles 
de l’appareil sensatif et vaso-moteur ; l’anesthésie partielle ou 
des sensations névralgiques sur le trajet du trijumeau; la 
tuméfaction œdémateuse des paupières, de la conjonctive et 
l’augmentation de la température avec sensation de chaleur 
et de sueur, etc., etc. Eulenburg ajoute encore aux symp¬ 
tômes précédents qui peuvent d'ailleurs manquer en partie : 
la dépression d’esprit, les céphalalgies, les vertiges, la perte 
de la mémoire, l'insomnie, la boulimie, l’anorexie, etc ; il y a 
aussi souvent des troubles menstruels. 

Le pronostic est généralement défavorable à cause des 
altérations cardiaques consécutives ; quelquefois la gros¬ 
sesse est avantageuse. 

Traitement. — La diététique est ici de la plus grande 
importance ; éviter toutes les excitations physiques ou 
morales ; avoir une alimentation légère, nourrissante (lait et 
végétaux) à l’exclusion absolue de toutes les boissons exci¬ 
tantes (café, thé, liqueurs); rechercher le séjour continu à l’air 
frais, surtout à la campagne. Les eaux ferrugineuses ont été 
reconubandée* ; la galvanisation du sympathique cervical agit 
avantageusement sur le goitre et l'exophtalmie, non sur le 
cœur; elle parait améliorer l’état général. Beaucoup de 
pathologie, peu de thérapeutique.même en homœopathie. 


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— 364 — 

Les remèdes les plus utiles dans cette affection ^ont : 

1° Nitrate d'amyle. — L’olfaction de ce remède a guéri 
quelquescas; il a dans sa pathogénie: lesyeux saillants, fixes 
et les vaisseaux de la conjonctive injectés ; il convient surtout 
quand y il a de fréquentes bouffées de chaleur à la face et à 
la tête; oppression, etc. Malheureusement son action est très 
fugitive. 

2° Cactus grandiflor . — On l’a avantageusement pres¬ 
crit pour combattre les symptômes du cœur. 

3° Ferrum. — L’iodure et l’acétate ont produit des résul¬ 
tats favorables quand l’affection s’est montrée après une 
suppression des règles et qu’il y avait saillie des yeux, hyper¬ 
trophie de la thyroïde, palpitations du cœur et nervosisme 
extrême. 

4° Lycopus virg . doit, d’après les expérimentations, être 
un remède utile; mais les quelques bons résultats obtenus ne 
sont pas aussi marquants qu’on pourrait le supposer. 

5° Spongia a dans sa pathogéniè : exophtalmie, dilatation 
de la thyroïde et palpitations de cœur; beaucoup de malaises 
et de frayeurs faciles spécialement la nuit ; élancements dans 
le globe de l’œil et brûlement autour avec larmoiement à la 
lumière. 

On a encore employé : noir, muriat . ; baryta carbon.; 
belloft. : brom. ; indium; phosph.; silicea: sut fur.; badia- 
ga\ baryta muriat ; ealcar . carbon . ; aurum ; sep. ,* gra¬ 
phites et lycop. 

Dans tous les cas avec beaucoup de patience et de persé¬ 
vérance nous pouvons espérer ramener l’état normal de la 
santé. (Bibliothèque homœopathique, octobre 1888.) 

Traitement des vomissements neftreox, 

par le D r P. Joüsset. 

Cette affection est caractérisée par des vomissements fré- 


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365 — 


quents de nature muqueuse, bilieuse ou alimentaire ; par des 
douleurs parfois excessives ; par une marche irrégulièrement 
périodique d’une durée toujours assez longue. A l’autopsie on 
ne constate aucune lésion. 

En dehors des vomissements des hystériques et des vomis¬ 
sements incoercibles de la grossesse, on doit rattacher les 
vomissements nerveux à la gastrite chronique toxique ou non 
ou à une dyspepsie avec ou sans dilatation de l’estomac. 

Les principaux médicaments de cette affection sont : 

1° Ipéca. — Très utile même dans l’état fie grossesse quand 
il y a : état nauséeux continuel ; sialorrhée, vomissements 
muqueux, vomissements alimentaires aussitôt après le repas ; 
vomissements fréquents, diarrhée: ce dernier symptôme n’est 
pas nécessaire. Doses : Premières triturations décimales à 
la 6 e dilution. 

2° Nux vomica . — Indiqué par des vomissements violents 
survenant surtout le matin et accompagnés d’une constipation 
opiniâtre. Les vomissements se composent de mucus stomacal 
ou de bile ; ils sont généralement acides et douloureux, aug¬ 
mentent par le mouvement et diminuent par la position 
couchée. Doses : 6 e et 12° dilutions. 

3° Graphites. — Il donne dans sa pathogénie : nausées 
prolongées le matin avec anxiété, refroidissements, lipothy¬ 
mie ; vomissements aqueux avec salivation abondante et 
crachement continu. Les vomissements sont souvent alimen¬ 
taires et surtout composés de boissons. La conservation de 
l’appétit malgré les vomissements est une indication du 
fjraphites. Doses : 6 e et 12 e dilutions. 

4° Arsenicum. — L 'arsenic est surtout indiqué quand les 
vomissements existent déjà depuis longtemps, qu’il y a fai¬ 
blesse, amaigrissement, refroidissement, petitesse et fré¬ 
quence du pouls, lipothymie, délire et hallucinations, douleurs 
brûlantes à l’estomac, anxiété et agitations. Doses : de la 3 e 
à la 30 e dilution. 


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1 


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5° Veratrum . — Indiqué quand les vomissements sont 
violents et nombreux, accompagnés de sueurs froides et de 
lipothymie. Les vomissements sont alimentaires, muqueux ou 
bilieux. Doses : Teinture-mère à la 6 ê dilution. 

6 f Pulsatilla. — L’indication de \r pulsatilleest caracté¬ 
risée par le froid, le dégoût pour les aliments gras, la répul¬ 
sion pour les boissons et la sialorrhée. Doses : 3 e et 6 e dilu¬ 
tions. 

7° Tabacum. — Convient quand le vertige intervient dans 
la production des vomissements et que ceux-ci sont accom- 
gnés de sueurs froides ; il a été souvent utile dans le- mat 
de mer. Dose : première trituration décimale. 

8° et 9° Plumbum. Opium. — La caractéristique de cette 
alternance est le vomissement glaireux déterminé par des 
douleurs de ventre et de la constipation. Doses : plumbum 
12® à 30°, opium 12«. 

10° Ferrum. — Le fer produit des vomissements muqueux 
abondants le matin avec spasmes du pharynx et pyrosis ; 
des vomissements alimentaires aussitôt après le repas et la 
nuit. Doses : 6 e à 12 e dilution. 

11° Iodium est indiqué quand il y a des vomissements 
opiniâtres, violents, incessants, de matière alimentaire ou 
bilieuse. Ces vomissements sont compatibles avec un certain 
degré d’appétit quoiqu’ils soient souvent précédés de nausées; 
il y a aussi amaigrissement considérable. Doses : quelques 
gouttes de teinture à la 6 e dilution. 

12° Kreosotum est indiqué par les nausées, la salivation 
avec froid et frisson par tout le corps, les vomituritions sur¬ 
tout le matin à jeun et les vomissements d’eau et de mucosités. 
Dose : première dilution. 

13° Sepia est indiqué quand les vomissements sont accom¬ 
pagnés d'efforts considérables qui finissent par faire reje* 
ter du sang. Doses : La clinique est encore trop pauvre 


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— 287 — 

sur ce point pour qu’il soit possible de fixer les doses. 
(Art médical, octobre 1888.) 

Xta régime dans les dyspepsies, 

par le D*“ P. Joussrr. 

Le régime a une importance considérable dans les dys¬ 
pepsies et beaucoup de dyspeptiques guérissent sans autre 
traitement qu’un régime approprié. En règle générale il faut 
nourrir le malade sans fatiguer l’estomac. 

Le D r Leven, qui guérit ses malades par le régime seul, a 
institué plusieurs catégories de régime selon la gravité de la 
maladie. 

Dans les états graves le déjeuner se compose de café ou de 
thé au lait ; le deuxième repas : potage au lait, tapioca ou 
vermicelle, œuf à la coque, sur le plat ou brouillé avec très 
peu de beurre ; fruits cuits ou fromage de Gruyère pour 
dessert. Le dîner se composera des mêmes aliments. Ni pain, 
ni vin ; le pain sera remplacé par des gâteaux secs, biscuits 
ou des pommes de terre bouillies. Gomme boisson de l’eau ou 
du thé au lait et dans l’intervalle des repas du lait à discré¬ 
tion. Dans des cas moins graves il permet un peu de viande 
tous les deux ou trois jours à un repas seulement et toujours 
" sans pain. Il donne de préférence du mouton ou du poulet 
rôtis, de la langue fumée, du jambon maigre, etc. Il permet 
parfois le ris de veau, la cervelle ou même un poisson, mer¬ 
lan ou sole. 

Dans des cas encore moins graves il permet un peu de 
pain; de la viande tous les jours à un repas d’abord, puis aux 
deux toujours des viandes rôties. Comme légumes il permet : 
la chicorée, la laitue cuite, les épinards, les haricots verts, 
les carottes, les arlichauts, etc. 

En résumé, il évite le pain, le vin rouge* les alimentsgras, 


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J 



— 368 — 


l’huile et le beurre et il ne donne qu’exceptionnellement le 
bœuf et le veau. 

Le D r Jousset fait remarquer que le D r Leven est trop sys¬ 
tématique et qu’il ne tient pas assez compte des dispositions 
et des répugnances individuelles. {AH médical, novembre 
1888.) 

Traitement du lumbago, 

par le D r P. Joisset. 

Les principaux médicaments du lumbago sont : 

lo Bryonia est indiqué quand la douleur lombaire est très 
vive et quelle est aggravée par le mouvement et par la pres¬ 
sion ; cependant une pression large comme lorsqu’on est 
couché sur le dos soulage un peu la douleur. Les basses tri¬ 
turations et même la teinture-mère conviennent le mieux. 

2° Nux vomica a aussi dans sa pathogénie des douleurs 
lombaires 'aggravées par le mouvement et le toucher ; mais 
ses douleurs sont constrictives avec irradiation dans les 
flancs et engourdissements dans les jambes et les cuisses. 
Les basses atténuations conviennent le mieux. 

3 j Rhus toxicodendï'um est indiqué par des douleurs de 
brisement et de contusion dans les lombes avec aggravation 
par le repos au lit et soulagement par la marche. Richard 
Hughes l’indique aussi quand le lumbago est la suite d’un 
effort. Jou&set croit que sa réputation est usurpée. 

4° Sulfur s’emploie dans le lumbago chronique quand les 
douleurs sont moins vives et diminuent en marchant. 

5° Causticum convient quand la douleur est très forte au 
point de couper la respiration, augmentée par le mouvement 
et surtout quand le malade veut s’asseoir. 

6° Tartarus éméticus est beaucoup préconisé par Bürh. 
{Art médical , novembre 1888.) 

D r Schepeiss. 


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— 369 — 

Le tabac (1), 

par MM. Em. Seutin; Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles. 

Voilà ces adolescents dominés par deux passions, dont 
l’ime pousse nécessairement à l’autre. Aussi, c’est presque pn 
axiome : tout fumeur est buveur. Il y a cependant des excep- . 
tions, mais n’importe, ce sont bien là les deux poisons qui 
portent les plus cruelles atteintes à l’organisme ; et lorsque 
les adolescents sont devenus hommes, si toutefois ils y arri¬ 
vent, car la mortalité est grande dans cette transition sous 
un pareil régime, à quelque classe sociale qu’appartiennent 
ces jeunes sujets voués à l’habitude du tabac, déchus dans 
leurs qualités physiques comme dans leurs facultés intellec¬ 
tuelles et morales, ils perdent successivement toutes leur 
énergie : ardeur au travail, amour pour l’étude s’évanouis¬ 
sent en eux. Ce'qu’ils recherchent c’est le repos et la rêverie 
vague, sans but, qui sont les deux manifestations du narco- 
tisme. 

S’ils ont de la fortune, ils la dissipent ou la gèrent mal, et 
s’ils n’en ont pas, ils sont incapables de trouver en eux-mêmes 
les moyens de pourvoir honorablement à leur existence. 

C’est alors que ces frelons de la ruche humaine, qui se 
sont toujours tenus à l’écart du travail, réveillés par le 
sentiment du besoin, yeulent avoir eux aussi parmi les heu¬ 
reux de ce monde, un rang qu’ils n’ont pas su conquérir en 
se rendant utiles ; ils se posent en déclassés, en incompris, 
en déshérités par l’injustice ou le mauvais fonctionnement 
des institutions sociales ; et de parasites de la société qu’ils 
étaient, ils en deviennent les ennemis. 

(1) Suite . Voir vol. cour 1 pp. 69, 100, 129, 161, 204, 239,266, 305 
et 327. 


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— 370 — 


C’est dans ces cerveaux fermés aux idées justes que 
prennent naissance toutes les théories subversives de Tordre 
social dans ses bases matérielles et morales. Beaucoup 
d’entre ces rêveurs excentriques attendent, du triomphe de 
leurs idées, une position meilleure ; d’autres, moins platoni¬ 
ques, sont tourmentés du démon de la convoitise : tout ce 
qu’ils voient aux autres leur fait envie; ils veulent, par tous 
les moyens, se l’approprier et en jouir. 

C’est de cette catégorie de dégénérés que sortent les 
vagabonds, les escrocs, les voleurs, les faussaires, les assas¬ 
sins, qui, de nos jours, viennent si largement apporter leur 
tribut à ce que Ton appelle « le flot toujours montant de la 
criminalité *. Dans ces natures, il n’a fallu souvent que quel¬ 
ques années de l’effet dégradant du tabac sur leur organisme 
pour stérilisér et détruire tout ce que la civilisation, l’éduca¬ 
tion de famille, la morale de Téglise, avaient jeté de germes 
des plus belles et aimables qualités, dans des âmes primiti¬ 
vement pures, pour les abaisser, par dégénérescence, aux 
plus mauvais instincts des âges de barbarie : la rapine, te 
vol et l’assassinat. 

Combien ne pourrait-on pas citer de ces misérables qui ont 
commis les crimos les plus nombreux et les plus épouvan¬ 
tables, condamnés par la justice des hommes à subir le dernier 
supplice ; ne les voit on pas marcher à la mort en narguant 
cette ipême justice et en jetant à sa face les bouffées de loar 
tabac ? La pipe à la bouche, ils demandent à la bouffarde 
qu’elle leur donne une contenance devant l’échafaud, comme 
ils y puisaient dans le passé, l’entraînement et la férocité 
pour commettre leurs crimes. 

Citons un seul fait, que nous puiserons encore dans le 
volume si remarquable de M. le docteur Depierris, sur le tabac. 
11 se rapporte à Tun de ces nicotinés féroces qui tuenf pour 
les motifs les plus frivoles, pour les intérêts les plus insjgoi - 


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- 371 - 


flants. Nous en laissons le récit tout entier à M. le docteur 
Depierris. 

C’était vers 1812. J’avais, dit-ii, pour voisin de campagne, 
dans la banlieue de Toulon, au quartier de Malbourquet, une 
famille de pauvres gens, du nom de Ferrandin, gagnant leur 
vie par le travail des champs. Je remarquai un jour leur jeune 
fils, de 16 à 18 Uns, fumant avec tout le chic d’un vieux 
matelot une belle pipe en terre rouge, montée sur uii long 
tuyau élastique, roulé autour de son bras, en forme de ser¬ 
pent. 

Tu dois, mon garçon, consommer en tabac tout ce que tu 
gagnes, lui dis-je en plaisantant, car tu fumes souvent, et ta 
pipe est large. 

Du tabac, répliqua-t-il; j’en ai tant que j’en veux, pour 
moi et les amis encore, et ce n’est pas du caporal, c’est 
de l’officier. Quand j’en veux, je vais le matin sur le quai. 
Quand l’aspirant est à jeun, il allume son cigare pour faqui- 
ner, mais ça n’a pas assez d’estomac pour le fumer ; le cœur 
lui soulève, il le jette. Moi je le ramasse et, en deux 
heures, je fais ma provision pour huit jours et je ne fume^que 
du bon. 

L’enfant devint homme, usant de plus en plus du procédé 
qu’il avait trouvé pour se dispenser de son impôt à la régie* 
Mais à mesure que la passion du tabac le gagnait, elle le 
détachait de l’habitude du travail. Elle pervertit en lui toutes 
les qualités humaines ; il devint bête fauve. 

Il Vint un temps qu’on ne parlait plus, aux environs de 
Toulon, que dé vols et de meurtres. On assassinait dans les 
maisods de campagne, on assassinait sur les grandes routes. 
La police était aux abois ; la terreur était partout; on n’osait 
plus sortir lorsque tombait la nuit. 

Un matin, cette sinistre nouvelle courut comme un glas de 
mort dans les populations consternées : on a assassiné, cette 


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— 372 — 


nuit, toute la famille X.. dans sa maison de campagne, entre 
Ollioules et la Seyne ! 

Une jeune fille de 18 ans, l'unique enfant de la famille, 
avait échappé à ce carnage, comme par une volonté de la 
Providence, pour apporter la lumière dans ces grands.crimes 
où les auteurs se cachent et se dérobent aux châtiments. 

Toute la famille avait été, la veille, passer la soirée chez 
des voisins, à quelques centaines de pas de distance. La jeune 
fille y avait une amie de son âge, et quand l’heure de se reti¬ 
rer arriva, elle dit à sa mère : laissez-moi coucher cette nuit 
avec Marie ; je rentrerai demain de grand matin. Et la pauvre 
enfant qui, dans quelques heures, allait être orpheline, don¬ 
nait à sa mère un dernier baiser en lui disant : à demain. 

En effet, la jeune fille fut, le matin, la première éveillée 
du quartier, et rentrait toute joyeuse à la maison paternelle. 
Elle en était tout prés et le chien qu’elle appelait ne venait 
pas à sa rencontre ; sa vieille grand’mére, toujours si mati¬ 
nale, n’avait pas encore ouvert la croisée de sa chambre. 

Devant ce silence inaccoutumé, la pauvre enfant se sent 
tout à coup saisie d’un pressentiment sinistre. Elle appelle 
son père, sa mère, sa grand’mère ; aucune voix ne répond. 
Elle frappe à la porte, qui cède à la moindre pression qu’elle 
lui donne. Un nuage de fumée sort de l’appartement et 
l’aveugle. 

Une odeur de chair bràlée la suffoque. Elle court, affolée 
de terreur, à la maison voisine : le quartier s’éveille, on 
accourt ; la justice arrive, elle trouve trois cadavres jetés sur 
un monceau de meubles, le tout à demi consumé; le feu qu’on 
y avait mis s’étant éteint de lui-même, dans sa propre fumée. 

Sur ces cadavres est un bâton souillé de sang et des cer¬ 
velles des crânes qu’il a brisés ; le feu l’a respecté. C’est par 
lui qu’a été commis ce grand crime ; c’est liii qui va dénoncer 
l’assassin. 


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— 373 — 


Je connais ce bâton, dit la jeune fille, dont un rayon de 
joie vint illuminer, un instant, le front assombri dans la plus 
profonde des douleurs. C’est mon père qui l*a donné à Fer- 
randin, l’autre soir. Ferrandin parlait à mon père de Pierre, 
le charretier, qu’on avait assassiné sur la route de Seyne ; il 
disait : on tue partout, maintenant, et j’ai peur de passer, le 
soir, par ces chemins si déserts. 

Venez, lui dit mon père, je vais vous donner un bâton pour 
vous rassurer et, au besoin, pour vous défendre si Ton vous 
attaque. 

Mon père prit sa serpe et coupa le bâton dans cette touffe 
de chênes, là-bas... J’étais avec eux; c’est la même branche 
d'arbre ; je la reconnais. On va dans les chênes verts, que 
montre la jeune fille; on y trouve la branche fraîchement 
coupée qui ressort de la terre, on porte sur ce tronc le bâton 
ensanglanté... C’était bien la tige qui en avait été détachée. 

Ce jour-là, j’étais dans ma résidence qui dominait les 
jardins de Castigneau, où vivait, dans une petite maison 
isolée, la famille Ferrandin.. Je voyais des gendarmes à 
cheval, galoper dans la plaine et prenant position, comme 
pour une arrestation importante. Je descendis pour m’informer 
de ce que c’était; et je vis défiler devant moi la force armée 
de la justice, conduisant Ferrandin. 

Qu’a-t-il fait? demandai-je. 

Il a assassiné toute une famille !... cria la foule qui l’ac¬ 
compagnait au liéu du crime où on allait faire sa confronta¬ 
tion avec les Victimes. 

La justice avait mis la main sur un grand criminel ; la 
société allait enfin être vengée de tous les crimes commis par 
uu pareil monstre ; et chacun se remettait des terreurs que 
tant de crimes impunis avaient causés, quand tout à coup, la 
nuit, on entend partout dire en ville : Ferrandin s’est 
échappé... 


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— 374 — 


Et c'était bien vrai ; Ferrandin avait repris sa liberté. 
Quatre ou cinq jours après ün çhassenr vint annoncer en 
tremblant au parquet de Toulon qu’à deux lieues de la ville, 
il venait d’être désarmé de son fusil et de ses munitions, par 
ün individu qui l’avait menacé de mort, s’il faisait des révé¬ 
lations. A ce trait d’audace, on reconnut Ferrandin. Plus de 
six mille hommes, soldats, citoyens armés furent mis à sa 
poursuite. 

On organisa une battue en grand, comme pour une chasse 
à la bête fauve. 11 se vit cerné par une ligne de baïonnettes, 
au travers desquelles il ne pouvait espérer se frayer un 
pâssâge. Un officier de police l’approcha et lui dit avec dou¬ 
ceur : 

Ferrandin, rends-toi. 

Si tu avances, répond le criminel, tu es mort. 

L’officier fait un pas, et Ferrandin, d’un coup de son fusil, 
le tue. Il allait tuer un autre officier de police, quand un 
paysan lui lâcha en pleine figure un coup de feu qui l’aveugla. 

Il mourut, ce misérable, quelques jours après des suites dé 
sa blessure, les pièces de conviction trouvées chez lui l’ont 
fait reconnaître coupable d’un très grand nombre d'assas¬ 
sinats. 

Voilà où ont conduit cet homme les bouts de cigares des 
officiers, qu’il ramassait quand il était enfant... Il com¬ 
mença à 12 ans sa vie de fuineur et de désœuvré ; à 24 ans, 
le tabac, pervertissant en lui tous les sentiments d’huma¬ 
nité, l’avait abaissé par dégénérescence morale, jusqu’à l’état 
de monstre. 

(4 continuer.) Èm. SeütIn, ph°, et D 1, L. Seutin. 


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— 375 — 


CONGRES INTERNATIONAL D'HOMŒOPATHIE. 


Nous avons reçu la circulaire suivante, que noup jioqs 
empressons de reproduire en engageant yivement nos con¬ 
frères à se rendre au Congrès d’homœopathie ? 


Monsieur et très honoré confrère ^ 

Ainsi que nous l'avons tait savoir dernièrement, les sociétés hoipœo- 
pathiques de Paris ont décidé de provoquer une réunion des médecins 
homœopathes pendant l'Exposition qui va s’ouvçir.' 

Depuis lors, le Gouvernement de la République française a bien voulu 
nous accorder, comme en 1878, de placer notre Congrès parmi les Con¬ 
grès officiels de l'Exposition. Nous venons donc vous inviter à participer 
aux travaux du Congrè&homœopathique international qui se réunira à 
Paris, les 21, • 22 et 23 août prochain, dans les salles de conférences du 
Tromdëro. 

Nous espérons que vous répondrez à notre appel et que vous voudrez 
contribuer à propager avec nous la vérité thérapeutique. Les médecins 
qui pratiquent suivant la doctr ine deHAHXBMANN dans des pays si éloignés, 
ont besoin de se rapprocher de temps à autre, de réunir dans un fond 
commun les résultats de leur expérience personnelle pour faire progresser 
Hiomoeopathie ; ils contribueront ainsi à démontrer que cette doctrine 
repose sur des bases véritablement scientifiques ; ils établiront qu'elle 
donne des résultats favorables dans ses applications à la cure des 
maladies. 

Nous prions nos confrères étrangers de faire connaître autour d’eux, 
de communiquer & leurs sociétés scientifiques, de publier dans leurs jour¬ 
naux l'appel que nous leur adressons, parce que plus notre Congrès sera 
nombreux, plus il pourra porter de fruits. 

Les médecins, pharmaciens et vétérinaires seront membres titulaires; 
ils pourront envoyer des mémoires, et prendre part aux discussions du 
Congrès. 

Le Congrès comprendra, en outre, comme membres adhérents, les 
amis de l'homoeopathie qui voudront bien apporter ainsi à notre doctrine 
un témoignage de sympathie; ils pourront assister aux séances du Congres, 
mais simplement comme auditeurs. 

Les cotisations ont été fixées, comme en 1878* à 20 francs pour les 
membres titulaires et à 5 francs pour les membres adhérents. 

Pour que les travaux du Congrès soient intéressants et fructueux, il est 
nécessaire que les sujets de discussion spiept connus à l'avance de tous 


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les membres du Congrès, nui pourront ainsi préparer leurs arguments. 
Les auteurs de mémoires ou de communications devront donc nous en 
envoyer, avant le 15 juin, le résumé et les conclusions ; la Commission 
d'organisation pourra faire un classement de ces travaux pour réunir 
dans une même discussion ou dans une même séance ceux qui présen¬ 
teraient des relations; la Commission fera en outre imprimer ces résumés 
et les adressera à tous-les membres du Congrès qui auront envoyé leur 
adhésion avant le 15 juin. 

Les mémoires qui nous parviendront après cette date ne pourront être 
discutés au Congrès que si cette Assemblée le décide par son vote. 

Les séances auront lieu à 4 heures de l'après-dînèc. Le bureau du 
Congrès sera élu dans une première séance, qui aura lieu par exception, 
à 10 heures du matin, le mercredi 21 août, dans la salle du Trocadéro. 

Veuille/, agréer, etc. 

Le Président^ Le Secrétaire , 

1)' Léon SIMON. D r MARC JOUSSET. 

Les mémoires et les communications rentreront dans une 
des catégories suivantes : 

1° Matière médicale et thérapeutique générale ; 

2° Thérapeutique appliquée ; 

3° Propagation de rhomœopathie: enseignement, hôpitaux. 

Comité d’organisation : M. le D r Simon (Léon), D r Chàn- 
cerel, D r Compagnon, D r Gonnard, D r Jousset, P., D r Love, 
D r Marc Jousset. 

Les adhésions, mémoires, communications, doivent être 
adressés avant le 15 juin, au secrétaire M, le D r Marc 
Jousset, Boulevard St-Germain, 241, Paris. 


SOMMAIRE. 


LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny . 353 

Revue des journaux homœopathiques de France, par 
le D r Schepens, de Gand. ........ 362 

Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph n et le D r Léon 

Seütin, à Bruxelles .369 

Le congrès d’homœopathie.375 


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Revue Homceopathipe 

BELGE 

publiée par M. le D r MARTINT 

Faisant suite au Journal du dispensaire llahnemann du docteur U0DB8HAM8 



BRUXELLES 

BUREAU DE LA REVUE 

69, RUE D’ARLON, 69 


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TABLE DES MATIÈRES 


A cidum carb. — Néphrite post-acar¬ 
ia tineuse, 153. 

Aconititm. — Parturition, 91. — 
Urticaire, 252. — Goutte 
noueuse, 322, 323. — Né¬ 
vralgies, 343. — Typhus 
exanthématique, 371. 

A ctca roc . — Partu rition ,93.—Goutte 
noueuse, 321. — Névralgies, 
344. 

Allen (Dr), 372. 

Alternance des médicaments (L*),225. 

Amblyopie nicotinique, 57. 

Ambra. — Incontinence d’urine, 158. 

Anacardium. — Troubles de la pa¬ 
role, 89. 

Antimonium crud. — Dyspepsie, 151. 

Antithermiques (Les). 193. 

Apis meU. — Néphrite post-ecarlati- 
neuse, 154. — Kystes de l'o¬ 
vaire, 157. — Maladies de la 
peau, 222. 

Arnica .— Phtisie pulmonaire, 323. — 
Névralgies, 343. 

Arsenicum. — Néphrite post-scarla¬ 
tineuse, 156. — Asthme, 
178. — Fièvre iutermitteute, 
178. — Variole, 207. — Rou¬ 
geole, 208. — Maladies de la 
peau, 222. — Herpès, 248. 
— Urticaire, 251, 252. — 
Induenza, 291. — Choléra, 
295. — Névralgies, 343. — 
Typhus exanthématique, 372. 

Arsenicum iod . — Tuberculose pul¬ 
monaire, 263, 322, 323. 

Artério-sclérose (De T), 121. 

Association centrale des homœopathes 
belges, 102,129,193,239. 

Atropine . — Troubles de la parole, 
20 . 

Aurum. — Syphilis, 122. — Chute 
des cheveux,218. 

Badia (D r ), 370. 

Baptisia . — Induenza, 292, 


Baryta. — Inflammation des amyg¬ 
dales, 208. 

Belladona. — Troubles de la parole, 
19. — Cystite chronique du 
col, 63. — Parturition, 92.— 
Variole, 207. — Elephan- 
tiasis, 216. — Maladies de la 
peau, 222. — Urticaire, 251. 
— Induenza, 295. — Névral¬ 
gies, 343. — Typhus exan¬ 
thématique, 371. 

Bibliographie. — New catalogue of 
Standard homœopathic pu¬ 
blications. The Hahnemann 
publisbing house, 921, Arch 
Street, Philadelphia, 309. — 
372. 

Bismuthum. — Névralgies, 343. 

Bord de la mer (Le), 1,33, 65, 97. 

Bryonia. — Néphrite post-scarlati¬ 
neuse, 154. — Broncho-pneu¬ 
monie, 178.— Urticaire,250, 
252. — Induenza, 291. — 
Névralgies, 343. 

Burkhard(D r ), 143, 215, 246, 275. 

Cactus grand. — Névralgies, 343. 

Caféine. — Hydropisie, 184. 

Cahis (D r ), 252. 

Calcarea. — Urticaire, 252. 

Calcarea carb. — Parturition, 93. — 
Névralgies, 343. 

Calcarea phosph. — Tuberculose pul¬ 
monaire, 263,322.— Névral¬ 
gies, 344. 

Calmants (Les), 193. 

Camphora. — Choléra, 295. 

Cannabis ind. — Troubles de la pa¬ 
role, 89. 

Cannabis sat. — Troubles de la pa¬ 
role, 89. 

Cantharis. — Névralgies, 344. 

Capsictim. — Névralgies, 344. 

Cardans. — Elephantiasis, 216. 

Çaulophyllum. — Parturition, 93- — 
Névralgies, 344- 


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Gausticum. — Troubles de la parole, 
27. — Affection glandulaire, 
208. — Inflammation des 
amygdales, 208. — Herpès, 
248. 

Ccdron. — Névralgies, 344. 

Chamomilla. — Parturition, 92. — 
Maladies de la peau, 222. — 
Folie des femmes enceintes, 
282. — Névralgies, 344. 

Chelidonium. — Névralgies, 344. — 
Hydrocèle, 365, 366. — Or¬ 
chite, 366. 

Chevalier (D**), 19, 81, 143, 180, 215, 
246, 275, 338, 362. 

China. — Erysipèle, 179. — Dyspep¬ 
sie, 179. — Folie des femmes 
enceintes, 283. 

Chininum ars. — Herpès, 248. — Né¬ 
vralgies, 344. 

Chininum sulph. — Fièvre intermit¬ 
tente, 178.— Névralgies, 344. 

Chirurgie (Le dossier de la), 127. — 
Chirurgie et homœopathie, 
338, 362. 

Cicuta vir. —Troubles de la parole,89. 

Cina. — Névralgies, 345. 

Clematis. — Cystite blennorrhagique, 
325. 

Cocculus. — Névralgies, 345. 

Coffea crud. — Névralgies, 345. 

Colchioum. — Affection glandulaire, 
208. 

Coliques hépatiques, 324. 

Cdocynthis. — Iléus, 103. — Né¬ 
vralgies, 345. 

Congrès international d’homœopathie, 
225. 

Conium. — Polype intra-utérin, 30.— 
Cystite blennorrhagique, 325. 

Copaiva. — Urticaire, 252. 

Criquelion (D r ), 30,107,149,205,206, 
290. 

Crocus sai. —Troubles de la parole, 90. 

Ci'oton tig. — Névralgies, 345. 

Cuprum. — Choléra, 295. — Névral¬ 
gies, 345. 

C uprum ac. — Folie des femm?s en¬ 
ceintes, 283. 

Cystite blennorrhagique, 325. 

Cystite chronique du col, 61. 

Déontologie médicale, 51. 

Devoirs du médecin auprès des mou¬ 
rants (Les), 51. 

Diététique contemporaine (Coup-d’œil 
sur la), 149. 


Digitalis purp. — Néphrite post¬ 
scarlatineuse, 155. — Asys- 
tolie, 178. — Migraine, 178. 
Hydropisie, 180. 

Dioscoi'ea vil. — Entéralgie, 325. 
Dossier de la chirurgie (Le), 127. 
Di'osera. — Phtisie, 178, 322. 
Dulcamara. — Urticaire, 250, 252. — 
Cystite blennorrhagique, 325. 
Dyspepsie (Nouveaux remèdes améri¬ 
cains contre la), 285. 

Eczéma, 275. 

Electro-homœopathie (L*), 227. 
Elephantiasis, 215. 

Engorgement de la prostate, 61. 
Eupntorium pcrf. — Influenza, 292. 
Euphrasia. — Troubles de la parole, 
89. 

'Fcrrum met. — Chlorose, 178. — 
Névralgies, 345. 

Ferintm perchl. —Maladie de Bright, 

326. 

Fcrrum phosph . — Névralgies, 345. 
Folie (Traitement de la folie des fem¬ 
mes enceintes), 282. 

Gaudy (D r ), 206, 207. 

Gelsemium. — Parturition, 94. — 
Névralgies, 346. 

Glonoin. — Syncope par défaillance 
cardiaque, 326. 

Gnaphalium . — Sciatique, 327. 
Goutte noueuse (De la), 321. 
Graphites. — Ichthyosis, 149. — 
Elephantiasis, 216. — Chute 
des cheveux, 218. — Herpès, 
248. 

Graves (Maladie de), 127. 

Gregg (DO, 372. 

Guaco. — Polype intra utérin, 30. 

H amamelis. — Elephantiasis, 216. 

— Névralgies, 346. 
Hellvborm niger. — Néphrite post¬ 
scarlatineuse, 155. 

Hepur S. G. — Dyspepsie, 151. — 
Urticaire, 252. — Herpès, 
248. — Influeuza, 295. — 
Pleurésie, 325. 

Hôpital homéopathique en Italie (Un), 
123. 

Hôpital St-Jacques (Clinique théra¬ 
peutique à P). 175. 
Hydrastis. — Pharyngite chronique, 

327. 


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Hydropisie (De la thérapeutique de 
l’hydropisie, suite d’affections 
organiques du cœur), 180. 

Hyoscyamus. — Troubles de la pa¬ 
role, 22. — Paralysie agi¬ 
tante, 60. — Parturition, 91. 
—Folie des femmes enceintes, 
283. — Phtisie pulmonaire. 
323. 

Hypericum perf. — Tétauos, 94. 

Hypnotiques (Les), 193. 

Hystérie, 350. 

Ichthyosis, 148. 

Ignatia. — Folie des femmes encein¬ 
tes, 283. — Névralgies, 346. 

Iléus (Un cas d’), 102 . 

Incontinence d’uriue, 158. 

Influenza, 289. 

Iodure de potassium (Encore 1*), 257. 

Iodure de sodium. —Asthme, 178. 

Ipéca. — Asthme. 177. — Broncho- 
pneumooie, 178. — Urticaire. 
252. — Phtisie pulmonaire, 
323. 

Iris versicolor. — Dyspepsie, 285.— 
Névralgies, 346. 

Journal homo?opathique (Uu nou¬ 
veau), 369. 

Jousset (Dr P.), 121, 175,305,321,322. 

K ali bichr. — Néphrite post-scàrlati- 
neuse, 155. — Névralgies, 
346. 

Kali brom.— Troubles de la parole. 88. 

Kali carb. — Bronchite, 350. 

Kali chlor. — Elephantiasis, 216. 

Kali hydr. — Asthme, 259. 

Kali iod. — Syphilis. 122. — Hydre 
l'isie, 185. 

Kali phosph. — Névralgies, 316. 

Kali suif. —Maladies de la peau, 222. 

Kalmia . — Insuffisance des valvules 
mitrales du cœur, 309. 

Kystes deTovaire, 157. 

Ltachesis. — Troubles de la parole, 
87. — Névralgies, 346. 

Lactose. — Hydropisie, 181. 

Lambreghts(D r ). 57,91, 102,153,186, 
207, 282, 312. 

Lapis. — Polype intra-utérin, 30. 

Larcins de l’allopathie (Les), 63, 222. 

Latrodectus mactans , 186. 

Ledum. — Tétanos, 96. 

Leeser (Dr), 338, 362. 


Lilium tigr. — Prolapsus utérin, 
159. — Folie des femmes 
enceintes, 283. 

Lithium carb. — Affection glandu¬ 
laire, 208. — Dyspepsie, 286. 

Lobelia infl. — Dyspepsie, 286. 

Loi des semblables (Encore une preuve 
de la), 255. 

Lycopodium. — Troubles delà parole, 
83. — Parturition, 93. — 
Maladies de la peau, 222. — 
Urticaire, 252. — Névral¬ 
gies, 347. 

"NLagncsia carb. — Névralgies, 347. 

Magnesia phosph .— Névralgies,347. 

Martiny (D r ), 1, 33. 63, 65, 97, 105, 
107, 127, 161, 193, 206, 222, 
242, 255, 257, 259, 289, 353, 
372. 

Médecine palliative et la toux (La) ,259. 

Médecine pratique (Observations de), 

30. 

Médeciue vétérinaire, 351. 

Médicaments complexes, 227. 

Médicaments externes (Les), 105. 

Mer et les personnes malades (La), 
353. 

Mcrcurius. — Syphilis, 121, 178. — 
Dysenterie, 179. — Elephan¬ 
tiasis, 216. — Maladies delà 
peau, 222. — Herpès, 248.— 
Influenza, 296. — Névral¬ 
gies, 347. 

Mcrcurius biiod, — Syphilis, 122. 

Mcrcurius corr. — Syphilis, 123. —- 
Néphrite post-scarlatineuse, 
156. — Typhus exanthéma¬ 
tique, 371. 

Mei'curius (Onguent).— Syphilis,122. 

Mercurin s proto-iod.— Syphilis, 122. 

Merçurius s"bl.eorr .— Syphilis, 122. 

Mczcreum. — Herpès, 248. — Névral¬ 
gies, 347. 

MiUefolium. — Hémorrhagies, 177. 

— Phtisie pulmonaire, 323. 

Myrica ccr. — Dyspepsie, 287. 

Natrum mur. — Urticaire, 252. — 
Névralgies, 347. 

Néphrite post-scarlatineuse (Traite¬ 
ment de la), 153. 

Névralgies (De l’opportunisme dans le 
traitement des), 129. 

Nitriac. — Syphilis, 123.— Herpès, 
248. — Coliques hépatiques, 
324. 


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— VII - 


Nouvelles, 64, Ï89, 351, 374. 

Nux vom. — Amblyopie nicotinique, 
58. — Paralysie agitante, 60. 
— Parturition, 93. — Iléus, 
103. — Névralgie sus-orbi¬ 
taire, 178. — Asthme, 178.— 
Fièvre intermittente, 178. — 
Herpès, 248. — Urticaire, 
251, 252. — Névralgies, 347, 
369. 

Observations cliniques, 57. 

Oenotherabiennis. — Dyspepsie,287. 

Oleum caj. — Dyspepsie, 287. 

Opium.— Folie des femmes enceintes, 
284. 

Owens (Dr), 153. 

Palliatifs (Les médicaments externes 
et les), 105. 

Paralysie agitante, 59. 

Parole (Des troubles de la), 19, 81. 

Parturition (Indication des remèdes 
homœopathiques dans la), 91. 

Peau (Maladie de la), 143,215,246,275. 

Petite vérole (La), 107. 

Phcnicum ac. — Variole, 208. 

Phosphore. —Amblyopie nicotinique, 
58. — Paralysie agiiante,60. 
— Troubles de la parole, 86. 
— Phtisie, 178. —Variole, 
207. —* Infiuenza* 295. — 
Elephantiasis, 216. — Chute 
des cheveux, 218. — Urti¬ 
caire, 252.— Névralgies, 347. 

Phosphore ac. — Urticaire, 252. — 
Phtisie pulmonaire, 323. 

Phtisie pulmonaire (Considérations sur 
le traitement de la), 322. 

Platina. — Polype intra-utérin, 30. 
— Troubles de la parole, 85. 
— Folie des femmes encein¬ 
tes, 284. — Névralgies, 348. 

Pleurésie, 324. 

Plumbum. — Iléus, 104. — Goutte 
noueuse, 322. 

Plumbum ac. — Coliques des che¬ 
vaux, 351. 

Pneumonie (À propos de la congestion 
de la), 305. 

Podophyllum. — Dyspepsie, 288. 

Populus trem. — Dyspepsie, 288. 

Proëll (D r ), 308. 

Prolapsus utérin, 159. 

Pulsatilla. — Cystite chronique du 
col, 61. — Affections utéri- 
* nés, 63.— Parturition, 92.— 


Chlorose, 178. — Herpès» v 
248. —* Urticaire, 250, 25£. 
— Folie des femmes.encein¬ 
tes, 284. — Névralgies, 348. 

Pulsatilla nuit. — Dyspepsie, 288. 

Purgatifs (Les), 193. 

Hanunculus bulb. — Coliques hépa¬ 
tiques, 324, 325. — Zona, 
325. 

Régime en homœopathie (Le), 252. 

Règne végétal (Quelques considéra¬ 
tions à propos des remèdes 
tirés du), 161. 

Remèdes nouveaux récemment intro¬ 
duits dans la thérapeutique 
allopathique (A propos de 
quelques), 242. 

Revue des journaux homœopathiques 
d’Amérique, 91, 153, 186, 

282, 342,— De France, 121, 
175, 305, 321. 

Rhododendron . — Névralgies, 348. 

Rhus tox . — Variole, 207. — Rhu¬ 
matisme chronique, 222. — 
Herpès, 248. — Urticaire, 
250, 251, 252 — Névral¬ 
gies, 348. 

Roca (D r Nogué), 369. 

S abina. — Sycose, 147. 

Sanguinaria. — Névralgies, 348. 

San'acenia purp . — Petite vérolfe, 
107, 207. 

Schadler (D r ), 180. 

Schepens (D r ), 102, 105, 106, 121, 
175, 205, 305, 321. 

Scilla marit. — Néphrite post-scar¬ 
latineuse, 156. 

Secale com. — Parturition, 93. — 
Urticaire, 252. 

Semple (D**), 186. 

Sénéya. — Néphrite post-scarlati¬ 
neuse, 154. 

Sepia. — Polype intra-utérin, 31. — 
Elephantiasis, 216. — Her¬ 
pès, 248.— Urticaire, 252. 
— Folie des femmes enceintes, 

283. — Névralgies, 348. 

Seutin (D0, 9, 40, 73, 109, 136, 169, 

208, 209, 232, 269, 299, 327. 

Seutin (Ph“),9, 40, 73, 109, 136, 169, 
209,232, 269,299, 327. 

Silicea. — Affection glandulaire, 208. 
— Elephantiasis, 216. — 
Phtisie pulm., 323. — Né¬ 
vralgies, 348. 


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— VIII — 


Sizygium jamb. — Diabète sucré, 32. 

Spigelia. — Troubles de la parole, 81. 
— Névralgies, 348. 

Stannum . — Névralgies, 349. 

Staphysagria . — Névralgies, 349. 

Stratnoni um. — Troubles de la parole, 
24. — Folie des femmes en¬ 
ceintes, 285. 

Sulfur. — lchthyosis, 149. — Phtisie, 
178. — Variole, 207. — 
Maladies de la peau, 222. 
— Herpès, 248. — Urticaire, 
252. — Folie des femmes 
enceintes, 285. — Pleurésie, 
325. — Névralgies, 349. — 
Hvdrocèle, 365. — Orchite, 
367. 

Sycose, 147. 

Tabac (Le), 9, 40, 73, 109, 136, 169, 
209, 232, 269, 299, 327. 

Tarent ula hisp . — Névralgies, 349. 

Terebenthina. — Néphrite post-scar¬ 
latineuse, 154. — Névral¬ 
gies, 349. 

Tessier (Dr), 324, 325. 

Tétanos, 94. 

Théridion. — Hystérie, 350. 


Thuya. — Cystite chronique du col,61. 
— Sycose, 147. — Variole, 
207. — Névralgies,^149. 
Tlaspi. — Hémorrhagies, 1*4. 

Toux (La médication palliative et la), 
259. 

Typhus exanthématique avec compli¬ 
cation pulmonaire, 370. 

U rtica erem. — Urticaire, 250, 251, 
252. 

Urticaire, 249. 

Van Blaeren, 129. 

Variétés. 64,189, 374. 

Veratrum alb. — Choléra, 177, 295. 
— Urticaire, 252. — Folie 
des femmes enceintes, 285. 
— Névralgies, 349. 

Veratrum rtr. — Folie des femmes 
enceintes, 285. 

Verbascum. — Névralgies, 349. 

Wossa (D r ), 19, 81. 

Wuillot(Dr), 252. 

Zincum . — Troubles de la porole, 86 
— Névralgies, 350. 


FIN. 


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REVUE HOMŒQPATHIQUE BELGE 

10® Année. AVRIL 1889. N®1. 


LE BORD DE LA MER 

par le-D r Martiny. 

Indications et contre-indications 

Nous venons de le voir, l’expérimentation physiolo¬ 
gique de l’action de la mer sur l’homme sain n’est pas 
assez avancée pour qu’on puisse dire, a priori, si la cure 
marine sera utile dans telle ou telle circonstance : c’est 
l’expérience qui est le souverain juge de la question, et 
malgré les statistiques et les travaux qui ont été publiés 
au sujet des indications et contre-indications de la mer, 
le problème est loin d’étre résolu. En parcourant ces 
travaux, on est frappé du peu de précision qu’on y ren¬ 
contre au sujet de ces indications ; franchement on 
croirait que la mer doit guérir tous les maux, que c’est 
la panacée universelle ; feuilletons, par exemple, le Traité 
pratique des bains de met' du D r Verhaeghe, d’Ostende, 
et nous y trouverons les indications suivantes : 

1° Affections qui ont pour origine une faiblesse 
générale ou locale : 

a) Digestions mauvaises, lentes et pénibles, flatulences, 
diarrhées habituelles. 

b) Croissance trop rapide ou précoce. 

c) Pollutions ; impotence virile. 

d) Transpirations excessives habituelles. 

2” Maladies nerveuses : 

Hypochondrie. Hystérie ou attaques de nerfs, spas¬ 
mes. Vertiges. Migraine et autres maux de tête nerveuxi 

i Suite* Voir volumes précédents. 


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— 2 — 


Grande irritabilité nerveuse des organes des sens. Ex¬ 
tinction de la voix par cause nerveuse. Toux nerveuse. 
Coqueluche. Asthme. Palpitations nerveuses et angine 
de poitrine (j?). Gastralgie et crampes d’estomac. Vomis¬ 
sements nerveux. Entéralgie. Névralgie en général. 
Attaques épileptiformes (?). Chorée ou danse de St-Guy. 
Tremblements nerveux. Crampes dans les extrémités. 
Faiblesses nerveuses et paralysies. Ambliopie ou faiblesse 
de la vue. Douleurs dans les vieilles cicatrices. Ataxie 
locomotrice progressive. 

3° Affections rhumatismales et goutteuses. 

4° Affections catarrhales chroniques : 

Dispositions particulières à s’enrhumer. — Coryzas 
chroniques. — Angines chroniques; — Engorgement 
chronique des amygdales. — Enrouement chronique et 
habituel. — Bronchites ou rhumes de poitrine. — Toux 
chronique. — Coqueluche.— Affections asthmatiques. — 
Etat muqueux avec abondance de glaires. 

5° Disposition à la phtisie. 

6° Pléthore abdominale : 

Affections hémorrhoïdales ; engorgements chroniques 
de quelques organes abdominaux. — Gastrite chronique. — 
Catarrhe intestinal. 

7° Disposition aux hémorrhagies. 

8“ Affections du système lymphatique ou tempéra¬ 
ment lymphatique exagéré. 

9‘’ Affections scrofuleuses. 

10° Quelques maladies de la peau : 

I/urticaire chronique, la lepra vulgaris, le psoriasis, 
le lichen chronique, le pithiriasis et même l'eczéma 
chronique; l’impétigo et l’ethyma. 

11° Affections syphilitiques tertiaires. 

12° Fièvres intermittentes rebelles et chroniques. 


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13° Maladies propres aux personnes du sexe : 

Dysménorrhées, ménorrhagies, leucorrhées.— Prédis¬ 
positions aux fausses couches. — Prolapsus ou descente 
de l’utérus et autres déplacements. — Engorgement chro¬ 
nique du col utérin. — Granulations et ulcérations du 
col. — Engorgement dos ovaires. — Stérilité. — 
Engorgement dos seins. 

Toutes les maladies de l’espèce humaine figurent, à peu 
d’exceptions près, dans ce tableau ; il se présente pour la 
mer ce qui se passe, du reste, pour d’autres cures miné¬ 
rales ; elle peut guérir presque toutes les maladies indis¬ 
tinctement, cela dépend de la cause, du sujet, des circon¬ 
stances, etc. En dressant ce tableau le D r Verhaeghe 
est jusqu’à un certain point dans le vrai. Dans le cours 
de sa longue expérience il avait vu des personnes 
atteintes des diverses maladies qu’il énumère, trouver 
la guérison au bord de la mer ; il avait vu des asthma¬ 
tiques, par exemple, s’améliorer et même guérir, mais 
d'autres aussi auxquels la mer faisait mal; des personnes 
prédisposées à la phtisie qui s’en trouvaient bien, mais 
d’autres dont 1 état s’aggravait, etc., etc. Toutes les eaux 
minérales sont dans le même cas, elles ont à leur actif 
des guérisons remarquables de presque toutes les mala¬ 
dies ; il y a peu d’eaux minérales qui ne puissent reven¬ 
diquer de vraies cures de goutte par exemple, mais c’est 
parce que la goutte a différentes formes, différentes varié¬ 
tés, qu’elle se modifie par la durée, par les habitudes et 
les maladies concomitantes, en résumé parce qu’à côté de 
la goutte il y a le goutteux ; de ce qu’un traitement aura 
guéri un malade il ne s’ensuit pas nécessairementqu’il gué¬ 
rira un autre malade paraissant atteint de la même affec¬ 
tion nominale ; chacun est malade à sa manière, chacun a 
aussi sa manière d’être guéri, ce qui guérit l’un n’est pas 



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— 4 — 


forcément efficace chez l’autre.Les classifications actuelles 
des maladies peuvent servir pour les étudier avec suite 
et méthode, mais sont beancoup moins utiles pour trouver 
leur traitement ; c’est pourquoi le vrai médecin doit non 
seulement rechercher de quelle maladie le sujet est 
atteint, mais il doit s’efforcer de trouver comment il en est 
atteint, c’est-à-dire comment son organisme réagit contre 
cette maladie, comment il la supporte, quels résultats, 
quelles lésions elle a déterminées; voilà les raisons pour 
lesquelles on ne peut dresser une liste simplemenLnomi- 
nale des maladies dans lesquelles la cure de mer est utile; 
mais en revanche on peut, en se basant plutôt sur l’expé¬ 
rience clinique que sur les théories proprement dites, 
déterminer les formes de telle ou telle affection dans les • 
quelles la cure de mer peut rendre des services ; c’est ce 
que nous nous efforcerons d’indiquer le plus clairement 
possible. On pourra s'expliquer ainsi la prétendue contra¬ 
diction qu’on trouve chez un grand nombre d’observa¬ 
teurs consciencieux qui prétendent les uns que telle 
maladie est heureusement influencée par le séjour de la 
plage tandis que d’autres avouent qu’elle s’y aggrave. 

Ici c’est avant tout l’expérience clinique qui devra nous 
servir de guide, mais l’expérience clinique complète, c’est- 
à-dire ne se bornant pas seulement à constater l’état du 
malade pendant qu’il est encore sur la plage, mais l’ob¬ 
servant aussi après la cure, quand il a quitté la mer, 
quand il est rentré dans ses foyers depuis quelque temps 
déjà : car on se tromperait étrangement si l’on croyait que 
ceux qui paraissent se mieux porter sur la digue conti¬ 
nueront à éprouver par la suite des effets salutaires de 
leur cure, une fois qu’elle sera terminée ; il faut en un mot 
tenir compte avant tout des effets définitifs. Nous avons 
effleuré la question lorsque nous avons dit un mot au sujet 
des effets primitifs, des effets secondaires et des effets 


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5 


consécutifs ou tardifs des cures minérales en général. 
Or, ce sont les effets consécutifs, les seuls qui soient 
durables et réellement curatifs, que le médecin doit scru¬ 
puleusement enregistrer, et ces effets, quand il s’agit de 
la cure de mer, sont parfois tout différents des effets pri¬ 
mitifs ou secondaires, c’est-à-dire des symptômes et des 
sensations que le malade accuse quand il est encore sur la 
plage. Que de fois n’avons-nous pas vu des personnes qui, 
tant quelles séjournaient sur la plage, ne tarissaient pas 
d’éloges à propos de leur cure, mais qui, après celle-ci, 
s'apercevaient que leurs souffrances s’étaient plutôt ac¬ 
centuées et que leur maladie s’était aggravée l A la mer, 
surtout pendant les premiers temps et quand la durée du 
séjour n’est pas longue, un grand nombre de personnes 
sont excitées par l’air vif, stimulant de la plage, par les 
distractions et les plaisirs; elles prennent cette excitation 
pour une réelle amélioration, tandis que plus tard elles 
s’aperçoivent que la somme de leurs misères est plus 
grande après la cure. Le médecin des plages doit se 
métier de cette sorte d’excitation que produit au début le 
séjour de la plage chez un grand nombre de sujets, il doit 
scrupuleusement observer son malade, ne jamais négliger 
surtout de porter ses investigations sur l’appareil de la 
circulation qui est si vivement influencée par la mer, afin 
de ne pas prendre, lui aussi, pour une amélioration réelle, 
celle qui n’est que factice et finit en dernier lieu par être 
préjudiciable. L’état du pouls, l’état du cœur, la colora¬ 
tion de la face, les qualités du sommeil, rien ne doit être 
perdu de vue ; souvent aussi ce qui trompe le malade et 
même le médecin au début, c’est l’appétit. Grand nombre 
de personnes sentent d’abcrd leur appétit s’accentuer, 
et leur digestion se faire plus régulièrement, et cela ne 
contribue pas peu à leur faire croire, parfois bien à tort, 
que le séjour de la plage leur sera salutaire ; heureuse- 


L. 


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— 6 — 


ment cette excitation de l’appétit n’est pas en général de 
longue durée, et ce symptôme est suffisamment connu par 
les habitués des plages qui s'empressent de dire aux nou¬ 
veaux arrivés que ce bel appétit ne dure qu’un temps. 

Quand il s’agit de la cure de mer ce sont donc les effets 
consécutifs que le médecin doit annoter et l’on a trop 
perdu de vue ces effets consécutifs et tardifs pour ne tenir 
en note que les effets primitifs ou secondaires qui se pas¬ 
sent pendant la cure même. Car il faut noter aussi que 
souvent l’excitation du début est de très courte durée ; au 
bout de quelques jours seulement surviennent des symp- 
tômeé pénibles qui durent parfois pendant toute la cure et 
feraient ainsi croire quelle sera nuisible au malade tandis 
que celui-ci, vers la fin de la cure, ou même quelque 
temps après, se sent mieux, et voit, une fois rentré chez 
lui, disparaître les maux qui le tourmentaient. Que de 
fois n’avons-nous pas entendu certains rhumatisés, par 
exemple, nous dire plusieurs semaines après la cure, qu’ils 
avaient laissé leur rhumatisme à la mer, après y avoir eu 
des crises douloureuses ; des goutteux, après avoir été 
tant soit peu tourmentés pendant la cure, sentent leurs ar¬ 
ticulations plus souples, leurs membres plus robustes, etc. 
Ce sont ces effets consécutifs et tardifs qu’il faut donc 
annoter scrupuleusement, et, pour les constater, certains 
médecins sont parfois mieux placés que les médecins des 
plages eux-mêmes (1). 


(1) A propos de ces effets tardifs des cures minérales ci de la cure 
de mer en particulier, nous devons déclarer encore que le médecin 
homœopathe aura son observation mise facilement en éveil par la 
raison que Hahnemann avait depuis longtemps attiré l'attention des 
observateurs sur la longue durée d'action des remèdes, dont plusieurs 
font sentir leurs effets plus longtemps qu'on le croyait avant lui : il avait 
vu des remèdes agir encore plusieurs semaines après leur administration, 
et, naturellement, il l’avait déclaré et avait même désigné approximative¬ 
ment la duréç d'action de ohaque médicament, Ses adversaires s'étaient 


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En présence de cette apparition parfois fort tardive des 
effets consécutifs de la cure marine, nous ne saurions 
trop engager nos confrères à surveiller leurs malades 
quelque temps après leur retour ; cette observation est 
utile et féconde en enseignements : elle est nécessaire 
pour pouvoir arriver à bien définir dans l’avenir quelles 
sont les maladies, les variétés et les formes des maladies 
auxquelles la cure marine est utile ; mais pour atteindre 


moqués de lui sous ce rapport comme de tant d'autres de ses opinions 
dont on ne rit pourtant plus aujourd'hui, ils avaient qualifié de rêveries 
cette idée de la longue durée des remèdes ; cela se comprend de la part de 
médecins qui donnent journellement et même plusieurs fois par jour des 
doses énormes de médicaments et croient que vingt-quatre ou tout au 
plus quarante-huit heures après son administration l'action d'un remède 
est épuisée ; mais les eaux minérales qui ont tant de ressemblance avec 
nos médicaments sous le rapport de leur constitution et de leur composi¬ 
tion ont prouvé combien Hahnemann est dans le vrai : tous les médecins 
des stations minérales déclarent que l'action de leurs eaux dure long¬ 
temps, des semaines et parfois des mois après la cure. 

Cette manière d'administrer ainsi les remèdes à dose forte et de répéter 
le lendemain la même dose que la veille sans tenir compte de la durée 
de l'action du médicament a donné lieu parfois à de graves accidents ; 
il y a eu, pat* exemple, des cas mortels avec la digitale et la noix vomique 
et d'autres remèdes encore : un malade supporte bien un jour une forte 
dose de ces médicaments mais,lorsque l'on renouvelle la dose le lendemain, 
l'action de celle-ci s'ajoute à la précédente et des symptômes graves sur¬ 
viennent; aujourd'hui dans l'ancienne école on tient jusqu'à un certain 
point compte de cette accumulation des doses lorsqu'il s'agit de substances 
toxiques violentes, mais on n’y prend guère garde pour la plupart des 
remèdes.Eh bien, nous devons le déclarer, le nombre des médicaments dont 
l'action s'accumule ainsi est plus grand qu'on ne le croit, et si cette accu¬ 
mulation ne produit pas toujours des effets promptement graves, elle en 
détermine parfois de très sérieux dont les médecins ni les malades ne se 
doutent même pas. 

Parmi ces remèdes nous pourrions citer un grand nombre de ces sirops 
toniques, de ces vins fortifiants, de ces prétendus réparateurs de forces 
quisout aujourd'hui dans toutes les familles ; on en prend régulièrement 
une dose par jour sans se douter que peu à peu ces remèdes amènent des 
modifications profondes, des irritations permanentes et des altérations 
pluq ou moins graves c|e la santé. 


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— 8 — 


ce but et faire cette sorte d’enquête, chaque médecin doit 
apporter son contingent d’observations ; il doit surtout ne 
pas omettre d’enregistrer les effets consécutifs et tardifs 
qui sont les plus importants ; mais citons un exemple et 
prenons-le parmi les phtisiques au sujet desquels on a 
tant discuté la cure de mer : nous donnions depuis nombre 
d’années des soins à une jeune fille atteinte de tubercu¬ 
lose pulmonaire ; sous l’influence du traitement, du 
régi me, etc., la maladie avait pris une tournure favorable, 
la fièvre avait cessé, ainsi que les sueurs nocturnes, le 
poids avait augmenté, les crachats étaient devenus pres¬ 
que uniquement muqueux, la caverne paraissait en voie 
de guérison, pas de symptômes stéthoscopiques pouvant 
faire appréhender une infiltration nouvelle ; sans nous 
demander avis la malade va passer un mois à la mer; -à 
son retour elle vient se soumettre à notre examen, chan¬ 
tant les louanges de la mer qui lui a donné des forces, un 
appétit de maçon, etc. Il ne nous fallut pas un long exa¬ 
men pour constater que ces prétendues forces étaient en 
fin de compte dues à une excitation quasi-fébrile de la 
circulation ; à l’auscultation la respiration était devenue 
saccadée dans les environs de la caverne ; peu de temps 
après, survint un crachement de sang, puis une forme 
aiguë de la phtisie pulmonaire. Sans aucun doute les 
effets primitifs de la cure avaient trompé la malade, et les 
effets consécutifs de cette excitation du séjour de la plage 
furent déplorables. Nous avons déjà observé des exemples 
tout différents pour la même maladié:des phtisies à forme 
plus ou moins lente détruisant lentement mais complète¬ 
ment les forces, par suite de l’abondance des sueurs et des 
crachats ; arrivés au bord de la mer les malades semblent 
aller moins bien, ils toussent plus, gagnent même mo¬ 
mentanément de la fièvre, sont plus abattus, etc., mais, 
une fois rentrés chez eux, ils s’aperçoivent que les sueurs 


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— y — 


et les crachats sont moins abondants, la toux moins fré¬ 
quente ; cette espèce d’excitation fébrile produite par la 
-mer est le point de départ d’une amélioration réelle. 

On se tromperait donc étrangement si l’on ne tenait pas 
scrupuleusement compte des effets consécutifs et tardifs et 
Ion ferait complètement fausse route : que chaque méde¬ 
cin praticien observe donc bien ses malades après la cure, 
même longtemps après, et les indications et contre-indica¬ 
tions du traitement marin seront plus précises et plus 
vraies, 

(A continuer.) D 1 ' Maktiny. 


Le tabac (1) 

par MM. Km. Seutin Ph» et le D r L. Skutin, à firuxel'es. 

Nous avons déjà dit que le tabac était une des principales 
causes de la folie. En effet, avant le règne du tabac, la folie 
était une maladie très rare dans rhumanité. Nous savons 
très bien que dans notre Belgique, et dans tous les pays de 
l’Europe, on met volontiers tout le mal qu’il produit sur le 
compte de l’absinthe (en France), du gin (en Angleterre), 
du genièvre (en Belgique), etc. 

Cest là une grande erreur qui ressort des faits péremp¬ 
toires que nous avons signalés, mais qui ressort surtout de ce 
qu’aux Etats-Unis, où l’on boit relativement peu de liqueurs 
alcooliques, on compte plus d’aliénés que dans nos pays 
d’Europe, par la seule raison que l’on y fume autant et que 
l’on y chique davantage. 

Si l’alcoolisme était la cause de la folie chez l’homme, la 
France, qui est un des pays où l’on compte le plus d’aliénés, 
serait celui où l’on devrait en rencontrer le moins, car elle 
serait la plus sobre des nations si l’on s’en rapporte à une 

(l) Suite. Voir volume précédent. 


I 


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— 10 — 

statistique de la Tribune médicale . D’après cjtte statisti¬ 
que il meurt annuellement d’ivrognerie: en Angleterre 50,000 
individus; en Allemagne 40,000; en Russie 10,000 ; en Bel¬ 
gique 4,000 ; en France 1,500; aux Etats-Unis, 38,000. 

Il est un fait très important à noter, c’est l’état réfractaire 
à l’action des médicaments chez les alcoolisés et les nicotinés, 
et que l’on observe surtout dans le traitement des maladies 
spécifiques et contagieuses; quand la syphilis ou les affections 
cutanées les atteignent, il est bien rare qu’on puisse les guérir 
complètement, tant la force curative,qui est une loi naturelle 
chez tous les êtres organisés, se trouve affaiblie chez eux par 
l’effet déprimant de la nicotine et de l’alcoolisme, et c’est ainsi 
que s’explique l’erreur profonde des consommateurs de tabac, 
quand ils croient, par son usage persévérant, se mettre à l’abri 
des invasions des épidémies régnantes ; ce sont eux, au con¬ 
traire, qui en sont les plus sérieusement frappés. 

Trois grands faits contemporains d’épidémies vienneut à 
l’appui de cette assertion. 

En 1832, le choléra parut pour la première fois en France. 
Il sévit sur les populations consternées sous les formes les 
plus destructives, et n’enleva à la France que 79,585 habi¬ 
tants, pendant plus de trois ans qu’il pàrcourut le pays. Alors 
l’usage du tabac était encore très restreint chez les Fran¬ 
çais; il ne faisait que commencer son essor. 

En 1849, la régie rapportait déjà bien des millions à la 
France, car la consommation du tabac s’était grandement 
accrue. Le choléra survenait assez bénin dans ses sym¬ 
ptômes^ pourtant,à celte seconde visitil emporta 110,100 
existences dans une année. 

En 1884,il reparut encore. La consommation du tabac mon¬ 
tait, montait toujours, le choléra coucha cette année 160,000 
créatures dans les sépultures ! 

Çes ravages de l’épidémie ont doqc toqjqups été çrQissàïd s 


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proportionnellement à la consommation du tabac, et s’il en 
est ainsi, le tabac mérite-t-il de figurer parmi les remèdes 
réellement préventifs de cette redoutable affection ? 

M. le docteur Depierris, dans son chapitre XXII, traite des 
dégénérescences héréditaires causées par le tabac. 

Nous devons nous demander d’abord, si le tabac est apte à 
produire des dégénérescences. A cette demande on ne peut 
répondre que par l’affirmative la plus absolue : des milliers 
de faits n*en constituent-ils pas les preuves les plus péremp¬ 
toires ? Nous savions déjà combien est effrayante la morta¬ 
lité des enfants dans la 1° année de leur existence, nous 
savons encore qu’ils payent à la mort, un lamentable tribut, 
avant d’avoir atteint leur 7 e année. 

Ceux qui survivent donnent, avant d’arriver à la puberté, 
leur contingent aux chiffres des statistiques de 1869, qui 
constatent qu’alors il existait en France : 39,933 idiots et 
crétins, 58,808 goitreux, 21,214 sourds-muets, 4,726 aveu¬ 
gles de naissance, sans compter les pieds-bots, et ces 
malheureux, presque tous victimes des erreurs de leurs pères, 
étalent au milieu des splendeurs du dix-neuvième siècle, les 
tristes résultats de la dégénérescence humaine. Ces signes 
de dégénérescences se constatent : l°dans l’abaissement de 
la taille ; 2° dans les difformations osseuses ; 3° dans l’écart 
plus ou moins grand des formes de la tète ; 4° dans l’alté¬ 
ration et la chute précoce des dents ; 5° dans l’apparition 
tardive des phénomènes de la puberté. Une des causes de 
dépérissement d’un individu, c’est d’avoir un appareil dentaire 
défectueux, surtout dès son enfance ; il ne peut dès lors don¬ 
ner à sa digestion que des matériaux mal élaborés. Mau¬ 
vaises dents font toujours un mauvais estomac. 

Les dents sont rares chez les fumeurs et surtout chez les 
chiqueurs, et les quelques chicots cariés qui leur restent trem- 
Wwtfs dans leurs alvéoles, ont uqe teinte roqsse carac^é? 


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— 12 — 


ristique. Il s’exhale de leur bouche des odeurs nauséeuses 
de carie, qui vous arrivent avec l’empyreume tabagique ; 
mais on se consolerait de tout cela en disant : ils l'ont voulu, 
ça leur convient d’avoir une bouche comme ça, en échange 
des suavités que leur donne la nicotine. 

Mais ce qui attriste, c’est de voir les descendants do ces 
édentés volontaires apporter, en naissant, les germes de 
mutilation dont ont souffert leurs pères. Combien ne voit-on 
pas d’enfants dont les premières dents sont détruites par la 
névrose avant le terme de leur chute naturelle? Combien de 
belles jeunes filles, tourmentées par des douleurs sans fin, ne 
parviennent à faire durer un peu leurs dents que par les 
soins du chirurgien-dentiste,qui, chaque année, tasse de nou¬ 
velles feuilles d’or, d’argent ou d’étain, dans les vides que la 
carie ne cesse d i v creuser, jusqu’à ce qu’elles tombent ? 
Combien de jeunes femmes, dévastées avant l’àge mur, 
corrigent par des râteliers d’emprunt» ces ravages d’une 
vieillesse prématurée ? Que de souffrances tous ces pauvres 
êtres auront à endurer dans la vie, parce qu’il a convenu à 
leurs pères de jouer avec le tabac, et de leur léguer ce cachet 
disgracieux et parfois repoussant de dégénérescence imprimé 
sur leurs dents. 

Ces conséquences funestes de l’hérédité ne se bornent pas 
à faire passer chez les enfants les désordres organiques des 
parents ; ils héritent aussi, pour ainsi dire, des manies et 
des inslincts de leurs pères. 

N’est-ce pas réellement un instinct, que ce besoin de téter 
une pipe ou de màchotter du tabac? Ces enfants naissent avec 
ce môme instinct. C’est lui qui, plus peut-être [que l’instinct 
d’imitation, les a poussés si jeunes vers une habitude qui 
empoisonnera toute leur vie. 

C’est tellement vrai, qu’en Amérique, cette terre classique 
de la chique, le besoin de chiquer est si impérieux chez les 


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— 13 — 


petits enfants, garçons et tilles, que le commerce fabrique et 
vend, pour la satisfaction de ces instincts, de petits tronçons 
de caoutchouc, que les boys (garçons) et les g iris (fillettes) 
mâchottent des jours entiers. 

Quand le boy (garçon) devient un peu plus grand, il quitte 
le caoutchouc pour le tabac, pour se poser en homme, et la 
girl (fillette), devenue madame, passe de longues heures de 
sa vie à se dessécher l’estomac et la poitrine en pétrissant 
entre ses dents * son insipide et inusable caoutchouc ; 
comme si par dégénérescence, autant que par imitation, elle 
était toujours condamnée à mâcher comme faisaient ses pères. 

Disons un mot seulement de la stérilité, qui peut frapper 
également les deux sexes, par dégénérescence héréditaire. 
Cet état est caractérisé par une faiblesse de complexion, et 
qui tend de plus en plus à restreindre le nombre des hommes 
valides pour les cadres des armées. 

Quant aux femmes douées d’aussi fragiles constitutions, si 
elles parviennent parfois à devenir mères, elles seront cer¬ 
tainement dans l’impossibilité d’allaiter leurs enfants ; la 
dégénérescence nicotineuse a tellement tari la mamelle des 
femmes, tant chez les nourrices à gages que chez les mères, 
qu’on ne sait plus souvent ou aller les chercher, et ce n’est 
pas une des moindres causes de la mortalité des enfants. Et 
qu’on le sache bien, si le lait de la femme manque à la 
première année de l’enfanoe, aucun lait de nos animaux 
domestiques ne saurait le remplacer dans ses qualités essen¬ 
tielles. Quant à toutes ces fécules, inventées par la cupidité 
commerciale, que patronne la mode, elles sont loin de valoir 
la simplicité du pain cuit à l’eau et assaisonné d’un peu de sel. 

Un des caractères les plus essentiels des dégénérescences 
est celui de la transmission héréditaire, mais dans des condi¬ 
tions bien autrement graves que celles qui règlent les lois 
ordinaires de l’hérédité ; l’observation démontre que les pro- 


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C ogle 



— 14 — 


cédés des êtres dégénérés offrent des types de dégradation 
progressive. D’après cette loi naturelle de la dégénéres¬ 
cence, qui fait qu’un être dégradé dans un type normal, 
engendre toujours des êtres plus dégradés que lui, on doit 
comprendre avec quelle rapidité baisserait le niveau d’une 
société dans laquelle la cause efficiente de la dégradation 
agirait également et sans relâche sur les pères et sur les fils, 
dans la série descendante de leur génération. Citons ici l’exem¬ 
ple que donne le docteur Depierris, dans son travail sur le 
tabac. Supposons, dit-il, une tribu de race éthiopienne venant 
s’implanter en France, dans un climat bien tempéré, sous le 
ciél de la France, beaucoup moins chaud que le ciel de Séné- 
gambie : cette tribu dégénérera. Sa mortalité y sera d’abord 
plus grande que dans son climat naturel, sa fécondité y dimi¬ 
nuera, les enfants s’y élèveront difficilement, au point qu’on 
pourrait affirmer qu’à la quatrième ou cinquième génération, 
toute cette tribu, eût-elle été de cent mille habitants, aura 
disparu, passant de père en fils, par des degrés plus marqués 
de dégradation, pour arriver à la stérilité. 

C’est ce qui fait qu'en Franco, où la race noire jouit de 
toutes les prérogatives de la race blanche, où elle pourrait 
prospérer en liberté par le travail, on ne voit pas une seule 
famille de couleur se perpétuer. 

En cette circonstance, qu’a-t-il fallu pour abâtardir d’abord 
et pour éteindre ensuite toute cette race pleine de vitalité et 
d’énergie ? Un peu de chaleur en moins, comme un peu de 
chaleur en plus fait dégénérer la race blanche sous les climats 
tropicaux. 

Ce qu’un peu de chaleur, en plus ou en moins, par une 
action continue, accomplira toujours sur l’organisation 
humaine la mieux trempée, comment à plus forte raison, un 
poison violent comme le tabac, qui agit avec la même persé¬ 
vérance, ne saurait-il le faire ? 


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C’est là, dit le docteur Depierris, qu’est le secret tant 
cherché de notre dégénérescence. 

Et en supposant qu’une inspiration providentielle vienne à 
écarter le tabac de la bouche de tous les hommes, le mouve¬ 
ment de dégénérescence est tellement prononcé que, long¬ 
temps encore, les générations à venir verront ce qui afflige 
en ce moment la nôtre. 

Ce qui persistera, surtout, c’est la dépression intellectuelle 
et morale dont la jeunesse donne aujourd’hui l’exemple. 

Si le tabac ne faisait que déformer l’homme dans sa consti¬ 
tution physique, la Société en souffrirait relativement peu. Le 
type humain perdrait dans sa beauté, l’on aurait des poitri¬ 
naires, des scrofuleux, des bossus, des boiteux, des rabou¬ 
gris, des nains, des crétins. Tous ces disgraciés ne sont pas 
dangereux pour une société : ils s’y confondent et s’y 
éteignent sans bruit, sans scandale. 

Mais ce qui est un sujet de troubles et de dangers dans une 
grande civilisation, ce sont ces retours vers la barbarie, où 
sont poussés, par la dégénérescence, les fils de ceux dont le 
tabac a ébranlé le système nerveux jusque dans les profon¬ 
deurs les plus mystérieuses. 

Les descendants de nicotinés, s’ils continuent dans l’usage 
du tabac les erreurs de leurs pères, sont pervertis dans leurs 
facultés. Ils perdent dans quelques générations tout ce que 
la culture des siècles avait apporté de civilisation et de pro¬ 
grès à leurs ancêtres. Ils reculent, d’un seul bond, aux temps 
primitifs de l'humanité; ils en ont toutes les faiblesses, toutes 
les défectuosités, tous les vices. Aujourd’hui, l’on fait tout 
ce qu’il est possible de faire pour instruire et moraliser la 
jeunesse. Pourtant, à côté des élèves qui travaillent avec 
succès, il en est un nombre considérable qui ont de l’aversion 
pour l’étude. Ils sont épais, bornés, apprennent avec lenteur 
et oublient vite. Tout ce qui est règlement, discipline, travail. 


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1 


-la¬ 
ies irrite ; leurs nerfs sont détraqués, incapables d’applica¬ 
tion. Ils ne recherchent que la liberté, l’indépendance, et, 
incapables de se créer honnêtement des moyens d’existence, 
ils se jettent par bandes dans le vagabondage, la mendicité, 
le vol; et dès que leurs bras commencent à sentir la force, ne 
reculant plus devant aucun crime, ils demandent à la Société, 
à main armée, pour satisfaire leurs besoins et leurs vices, ce 
qu’ils ne savent pas ou ne veulent pas gagner par le travail. 
C’est ce que l’on voit aux Etats-Unis, ce pays qui est, lui 
aussi, ravagé par le nicotisme. 

Dans ce pays, si la jeunesse est prématurément vicieuse, 
ce n’est certainement pas par manque d’instruction. CTest le 
pays du monde où l’instruction se donne avec le plus de libé¬ 
ralité. Là, tout s’enseigne sous une forme purement gratuite; 
mais dans ce pays, pourquoi tant d’écoliers, tant d’étudiants 
qui fréquentent les classes, y en a-t-il un aussi grand nombre, 
qui n’y apprennent rien, ou bien peu de chose ? La raison, 
c’est que leur nature est frappée de dégénérescence, et qu’elle 
est désormais incapable de toute application et de toute 
culture. 

Là où le travail est bien rémunéré et honoré, on est frappé 
de voir des bandes d’enfants oisifs et vagabonds de 12 à 
18 ans, conspirant sur la voie publique contre la propriété et 
les personnes. 

Ce sont ces bandes qui constituent la pépinière des malfai¬ 
teurs qui déshonorent l’univers. Ils s’appellent voleurs, 
assassins, incendiaires !.... 

Ce débordement de criminalité aux Etats-Unis, dit encore 
le doctour Depierris, est une anomalie toute moderne, qui 
a frappé l'attention de ces républicains austères, habitués 
à voir l’homme grandir par la liborté, dans la moralité et 
la science. 

Ce n’est donc pas les institutions politiques et so- 


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— 17 


diales tpii ont amélioré lesr hommes au lieu de les dégrader, 
que l'on doit accuser, mais où trouver la vraie cause du 
mal! Et s’il y a de grands coupables, où sont-ils? Le 
docteur Depierris en accuse deux qu’il envisage et il a bien 
raison, comme les deux plus grands ennemis de l'humanité 
tout entière: le tabac d’abord, et, en second lieu, l’alcool, 
qui est le complice naturel, inévitable de l’œuvre de dégra¬ 
dation que le poison tabagique devra produire sur les hom¬ 
mes, partout où ils auront été assez faibles pour se laisser 
séduire par sa trompeuse ivresse. 

Si de l'Amérique nous passons en Europe, et si nous sui¬ 
vons les effets du tabac sur les populations énergiques de la 
Corse, de la Sicile, de la Sardaigne et de l’Espagne, nous 
nous trouvons en présence de toutes les mauvaises passions 
humaines s’agitant dans le crime. 

En Sicile, où les hommes passent la plus grande partie de 
leur vie dans l’indolence et la paresse, à fumer le tabac, c’est 
la Maffia qui désole ce malheureux pays, qu’elle tient & la 
merci de toutes ses cupidités, par la terreur de la menace et 
l’exécution du couteau. 

Les maffiosi sont des individus qui veulent vivre et s’enri¬ 
chir par le crime. Cette ténébreuse société a une justice qui 
lui est propre. Ses verdicts sont inexorables. Un témoin 
condamné par la Maffia est tué dans les 24 heures. A 
Palerme, la Maffia est invisible. Il y a la haute et la basse 
Maffia, dans lesquelles s’enrôlent les malfaiteurs de toutes 
les classes sociales. Les maffiosi des villes volent, assassi¬ 
nent dans les villes ; les maffiosi des campagnes sont les 
brigands qui vont par bandes de dix ou de vingt individus, 
semant l’épouvante et la terreur partout où ils passent. 

En France et en Belgique, le niveau de la criminalité suit, 
plus que jamais, une progression ascendante. On en attribue 
la cause k tous ces jeunes dégénérés qu’aucune éducation n’a 


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— 18 — 


pu corriger. Ils naissent avec les plus mauvaises disposition^ 
de l’esprit, ils sont sans affection pour la famille, sans atta¬ 
chement pour le foyer, sans patriotisme, sans amour-propre, 
se vautrant sans dignité dans les excès de toute sorte où les 
poussent leurs mauvais instincts et leurs passions pré¬ 
coces. 

Ce sont, dit Marel {Traité des maladies mentales ), des 
natures dégénérées et perverties. Le vagabondage, le crime, 
les propensions à la débauche, forment le triste bilan de leur 
existence morale. 

Tous ces jeunes vauriens se constituent en bandes diverses, 
et désignées sous différents noms : bande gélinier, ou des 
chevaliers de la casquette noire; après eux viennent les 
bandes non moins criminelles des cravates vertes, d’Argen- 
teuil, des bonnets de coton, des habits noirs ; et l’on voit des 
femmes assez dégradées pour s’affilier à toutes ces légions 
de vauriens. 

Toutes les femmes et les filles accusées de complicité dans 
les crimes commis par les diverses bandes qui ont infesté 
Paris, sont enfermées à St-Lazare, dans le quartier des 
prévenues. 

La plus grande privation pour elles est la privation du 
tabac. Il leur est défendu de fumer sous des peines quelque 
fois sévères. Elles parviennent cependant à se procurer du 
tabac, par les moyens les plus bizarres ; mais lorsque ces 
trucs sont découverts, ces malheureuses, pour satisfaire à ce 
goût devenu une passion, enlèvent des brins de paille à leurs 
paillasses, les mélangent avec du tabac à priser et roulent 
leurs cigarettes dans du papier à lettres; où fument-elles? 
On peut le deviner. La plus grande surveillance est exercée 
dans les ateliers, les chambres, la pistole et les cours : elles 
font donc comme les collégiens... 

Le prix du tabac monte ainsi à des hauteurs insensées. 


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— 19 — 




Le prix du paquet se paie jusqu’à six francs, qui vaut eu 
ville vingt-cinq sous. 

Quand le tabac fait défaut, elles se mettent à deux ou trois 
pour fumer des débris sans nom, qu’elles retrouvent dans 
leurs poches, 

St-Lazare compte 1,500 femmes prévenues ou condamnées 
à des peines ne dépassant pas 18 mois (1). 

(.1 continuer.) Seütin, Ph", et D* L. Seutin. 


DES TROUBLES DE LA PAROLE 

et de leur traitement bomœopathique (3) 

par le D r Wossa. — Traduction du D r Chevalier, de Charleroi. 


Après cette courte exposition des symptômes et de la 
théorie des trouble» <W la parole, voyons ce que la pharma¬ 
codynamie et la clinique homéopathiques nous enseignent à 
ce sujet. 

En première ligue viennent les médicaments appartenant 
à la classe des narcotiques, tels que belladone, jusquiame, 
' stramonium , cannabis indica et saliva, kalium broma - 
tum, etc. 

Belladone. — Si nous considérons que ce médicament 
porte surtout son action sur le côté droit du corps, et par 
conséquent sur l’hémisphère gauche du cerveau, nous pou¬ 
vons, d’après la théorie de Broca, présumer qu’il doit avoir 
une influence très grande sur la parole. Les expérience» 
nous montrent que belladone a une action très étendue sur 
le lobe frontal, que l’on considère comme le centre de 
l’activité cérébrale; mais malgré tous les essais, on n’a pas 
encore pu découvrir de quelle manière belladone et son 

(1) Depierris. Physiologie sociale. Le tabac, pp. 308 à 412, 

(2) Suite. Voir volume précédent. 


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— 20 — 


alcaloïde l 'atropine agissent sur le cerveau et sur la moelle 
épinière. Nous devons donc nous en tenir aux symptômes 
donnés par les expériences. Ce sont diaprés Hahnemann : 

Mémoire très faible : il oublie ce qu’il vient de dire et ne 
se rappelle plus de rien: il ne. pense pas comme il faut, il 
oublie de suite ce qu’il vient de voir ou de lire. Faiblesse des 
organes de phonation, bégayement, pupilles dilatées (2 à 
3 heures après l’administration du remède). Parole ditiicile 
avec respiration difficile, et grande lassitude (après de 
l’anxiété). 

La parole lui devient de plus en plus difficile, sa voix est 
silllante. 

Voix très basse, avec céphalalgie, comme si le cerveau 
allait éclater, surtout au-dessus des orbites, de manière ii ne 
pouvoir ouvrir les yeux, et à devoir les tenir fermés, avec 
grande mydriase des pupilles. 

Tremblement, bégayement de la langue. Il balbutie comme 
un ivrogne. 

Tendance à la perte de la parole. Il ne fait plus entendre 
de son. Mutisme. 

Atropine. — Par rapport h cet alcaloïde, nous trouvons 
dans les Nouveaux remèdes américains,te llale,les signes 
suivants : 

Divagations et incohérence de langage, avec grimaces et 
fréquents accès d’un rire sauvage et nullement justifié. Dans 
la conversation, il doit s'arrêter au milieu d’un sujet et 
demander de quoi il parlait. Embarras de la parole. Il ne 
sait pas faire mouvoir la langue dans la bouche et avec peine 
la faire sortir; symptômes de paralysie de la laugue. 

Observations cliniques . — I. — l T n homme de Pians 
gagna subitement, pendant la nuit, à la suite d’une céphalal¬ 
gie très forte, une attaque d'apoplexie avec perte de la 
sensibilité et de la motilité de la moitié droite du corps. 


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Tous les organes des sens sont affaiblis,' la voix est éteinte, 
la bouche tiraillée. Par moments, des mouvements convulsifs 
agitent les muscles du côté sain (gauche). La salive coule 
continuellement de la bouche, dysphagie. Pouls plein et fort, 
les yeux sont injectés et proéminents, la figure est tuméfiée; 
soif vive, depuis quelques jours constipation. L’intelligence 
et l'esprit sont intacts; le patient se rend très bien compte 
de son état présent et futur, il témoigne par signes son 
inquiétude. * 

Après avoir pris une dose de belladone 30 e , il se déclara 
pendant un quart d‘heure mie recrudescence de céphalalgie 
et de rougeur de la face, ainsi que des contractions dans les 
muscles du visage ; puis survint un assoupissement avec 
sueurs profiises qui dura 2 heures. A son réveil il pouvait par¬ 
ler, le mouvement et le sentiment des parties paralysées de 
la moitié droite de corps revinrent au bout de 24 heures. 

IL — Une femme de 52 ans, d’une complexion assez forte, 
d’un caractère doux, à la suite d’un refroidissement, perdit 
subitement la parole, pouvant à peine bredouiller comme les 
petits enfants : Tintelligence était intacte ; avec cela des 
contractions de la face, déglutition difficile et tremblement 
continuel. Avant cette affection, elle avait une grande anxiété 
et des palpitations du cœur. Après avoir pris belladone 30 e 
elle s’endormit de suite et à son réveil elle parlait de nouveau 
bien. * • 

III. — Un jeune homme de 15 ans avait été atteint de 
chorée, qui fut guérie par cocculus. Mais il persista un bal¬ 
butiement, que belladone 30 e guérit complètement en huit 
jours de temps. 

L’aphasie après une attaque d’apoplexie n’est pas rare et 
belladone est souvent indiquée également pendant l’hyperémie 
cérébrale. Ce qui nous a frappé dans la I e observation, c’est 
surtout cette circonstance, que l’activité psychique est restée 




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saine, alors que les organes des sens étaient affaiblis et que 
la parole était perdue avec des signes non équivoques d’hé¬ 
miplégie à droite. Il y avait ici paralysie du glosso-pha- 
ryngien en même temps que dysphagie. La même chose 
dans la deuxième observation pii le nerf glosso-pharyn- 
gien et le facial étaient seuils atteints. Dans le 3® cas, le 
trouble de la parole consistant en balbutiement était un 
symptôme de chorée. Faisons remarquer aussi que dans les 
observations 1 et 2, le sommeil a suivi l’administration de la 
belladone. Ce sommeil, qui est d’une si grande importance 
pour le rétablissement de l’activité cérébrale, doit être con¬ 
sidéré comme un symptôme favorable, comme une preuve 
que le remède dans ces cas était bien le véritable simile. 

Belladone s'est montrée cliniquement efficace dans les 
psychopathies, non seulement dans les cas d’exaltation, mais 
aussi de dépression. Elle exerce son action bienfaisante, aussi 
bien dans les cas de loquacité excessive, allant jusqu’aux 
injures, aux jurons, que chez ceux qui ont une aversion de 
parler, qui sont indolents et apathiques vis-à-vis du monde 
extérieur. Belladone est indiquée dans les cas d’hyperémie 
cérébrale (qui peut exister également avec une face pâle) 
quand les pupilles sont dilatées, qu’il y a des mouvements 
convulsifs dépendant surtout des nerfs glosso-pharyngien et 
facial. 

Jusquiame . — I. — Une fille de 21 ans, forte et bien por¬ 
tante, perdit la voix à la suite d'une frayeur ; elle fut com¬ 
plètement muette; les mouvements de la langue étaient 
difficiles avec un sentiment d’engourdissement, de paralysie 
de cet organe; les mouvements de mastication et de dégluti¬ 
tion se faisaient parfaitement, céphalalgie assez forte, 
régies régulières. 

Belladone 12 e fut donnée pendant 8 jours sans résultat. 
Alors prescrivit ju&quidm 12 fl ,en solution, upe cuillerée 


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à soupe par joui*. Après la 5 e prise, il y eut, pendant la 
nuit, un mouvement convulsif de tout le corps et réapparition 
de la voix. 

II. — Dans les expérimentations de mercurius solubilis 
par Hahnemann, nous trouvons la relation suivante, con¬ 
cernant une femme : Perte do la voix et de la parole. Elle en¬ 
tend tout très bien, mais ne peut répondre que par signes, et 
malgré toutes ses tentatives à vouloir parler, elle ne parvient 
pas à articuler une syllabe ni à faire entendre un son ; figure 
tirée, elle pleure sur son état. Gela durait depuis 3 jours. 

Cet état d’aphasie et d’aphonie remarqué par Hahnemann, 
comme produit par merc. solub ., fut guéri complètement 
par jusquiame, de manière que cette femme put de nouveau 
parler parfaitement bien et d’une voix claire. 

III. — Une jeune fille de 12 ans, à la suite d’une fièvre 
nerveuse, fut atteinte d’une espèce de chorée : vacillement 
constant de la tête d’un coté et de l’autre, parole confuse , 
embrouillée , réponses sottes et pas convenables ; les mains 
veulent toujours saisir quelque chose ; tout ce qu’on lui dit 
excite le rire; sommeil peu calme; pendant la nuit , elle 
a une toux sèche , les lèvres sèches , de la soif, boulimie .— 
Jusquiame 9 e , une goutte. Après une heure de sommeil agité, 
la peau devint moite; le lendemain, son état s’était tout à fait 
amélioré. Plus tard,la guérison fut complétée par belladone . 

IV. — Chorée chez une fille de 12 ans ; tous les muscles 
sont animés de mouvements désordonnés, m ime la langue, 
qui est toujours en mouvement. Elle a l'air de comprendre , 
cependant il y a 0 mois qu'elle n'a dit un mot. Nuits 
tranquilles. Sulfur 30 e fut donné pendant 9 jours sans résul¬ 
tat. Jusquiame 12 e fut administrée pendant une semaine, 
une dose trois fois par jour. Après 8 jours, guérison. Elle 
put marcher, tous les muscles s étaient câlinés et la parole 
Itii était revenue. 


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— 24 — 


Chez trois autres malades de 6,‘ 9 et 12 ans, la chorée fut 
guérie également par la jusquiame ; seulement, chez eux, au 
lieu de la perte de la parole, il y avait un bégayement incom¬ 
préhensible. ^ 

Nous n’avons pas traité ici de l’action physiologique du 
remède sur l’acte de la parole : elle n’est pas en effet assez 
claire. 

Hahnemann tire des observations d’autres auteurs les 
symptômes : mutisme, parole impossible, folle, elle perd 
la voix, elle dit des bêtises, elle raconte des choses 
qu’un homme n’oserait pas dire, bavarde, il marmole toutes 
sortes de choses en lui-même, et quand il lit, il mélange des 
mots inconvenants, phrases inintelligibles. 

Stapf a annoté (probablement avec des doses plus faibles 
«lu médicament) les symptômes suivants : il parle davantage, 
et plus vite et d’une manière plus animée. Comme avec bella¬ 
done on remarque, par l’administration do \& jusquiame, de 
la dysphagie, de l’enrouement jusqu’à l’aphonie. Elle a, en 
outre, une action très puissante sur la coordination des mou¬ 
vements, qui peut, comme dans la chorea major > arriver à 
une licence complète. 

Les guérisons citées plus haut et obtenues par la jus- 
quiame sont d’autant plus sérieuses que les troubles 
de la parole dont il est question, ne sont pas la conséquence 
d’une hémorrhagie cérébrale. L’aphasie de ce dernier 
genre peut en effet, quand l’extravasat est résorbé, dispa¬ 
raître spontanément. 

Stramonium. — II parle peu et ne bégaie que sur cer¬ 
tains mots , qu'il divise sur un ton élevé. Sa manière de 
parler s’éloigne complètement de fa modulation habituelle , 
le ton en est beaucoup plus élevé et plus fin , et toujours le 
même ; il ne petit pas prononcer entièrement un mot , il 
Ve'nlend lui-même et il s'en chagrine. 


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Il doit s’évertuer longtemps avant de pouvoir prononcer un 
mot ; il bégaie et balbutie seulement. Marmottement continue 
ou bien cris jusqu’à l’enrouement. La plupart du temps il est 
muet, il montre du doigt ce qu’il désire. 

La langue est quasi paralysée, elle tremble quand on la 
fait sortir de la' bouche. L’incoordination des mots est très 
prononcée avec stramonium . 

Une petite fille de 4 ans était atteinte depuis quelques se¬ 
maines de secousses périodiques, courtes, de la moitié droite 
delafucj, qui bientôt s’étendirent aux mains et aux pieds de 
ce coté. ÂpVès, il y eut des vomissements alimentaires. Les 
accès se montrèrent toutes les 5 à 10 minutes, débutant par 
des cris, perte de la parole . Urines et selles involontaires. 
Belladone et jusquiame furent sans résultat. Le zincum 
Met\ calma les crampes et fit cesser les cris ainsi que les 
vomissements. L’enfant est sans connaissance, tient les mains 
sur les parties génitales ; pupille* dilatées, mais pas d’insen¬ 
sibilité. Jusquiame 30 e , en solution, soulagea partielle¬ 
ment; la nuit, rires convulsifs, le jour, envie de pleurer. — 
Aphonie complète . Stramonium 30% en solution, deux fois 
par jour. Amélioration rapide ; après 14 jours, guérison 
complète. 

Cette affection cérébrale est remarquable sous tous les 
rapports et, chose étonnanto, il n’y eut pas de fièvre. — Les 
mouvements convulsifs du côté droit de la face et les crampes 
des membres, prouvent le siège de l’affection dans le lobe 
gauche du cerveau et nous expliquent l’existence de l’apho¬ 
nie. 

Stramçn. s’est montré d’un très grand pouvoir curatif dans 
les cas les plus difficiles de chorée et a fait très souvent dis» 
paraître le bégayement. Plus le cerveau était atteint, plus 
' notre préférence pour ce remède était grande. Le cas suivant 
est très intéressant, parce que le diagnostic entre une psy- 


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— 26 — 


chopathie et la danse de Saint-Guy a été si difficile à porter, 
qu’on était prêt à interner l’enfant malade dans une maison 
de santé. 

Un garçon de 11 ans était depuis 15 semaines dans l’état 
suivant : il chancelle comme s’il avait des vertiges, sa marche 
est vacillante, il lui est impossible de marcher droit devant 
lui, il doit être conduit. La tète est tirée en arrière, tremble¬ 
ment des bras et des jambes, grande motilité de tous les 
muscles, les muscles volontaires n’obéissent plus. Il porte 
souvent les mains à la région des reins,se courbe en arrière, 
la figure indique la souffrance ; tire la bouche de côté. L’ex¬ 
pression de la face est idiote et troublée, insensible à toute 
excitation. L'œil est hagard et pleure ; les pupilles sont dila¬ 
tées et peu mobiles. Perte du soutenir , il ne sait plus les 
fables qu’il avait apprises dans le temps et oublie ce qui est 
arrivé quelques jours avant. Quand il veut parler, ce qui 
n’arrive après plusieurs demandes , il bégaye, témoigne 
d’une grande fatigue avec convulsions des muscles de la face. 
La bouche est tiraillée tantôt à droite, tantôt à gauche. Appé¬ 
tit plutôt augmenté, grande soif, le ventre est dur et gonflé. 
Diarrhée après une constipation de plusieurs jours. Urines 
rares, fréquents renvois, comme suite de contractions spas¬ 
modiques de la gorge, tendance au vomissement. Respiration 
faible, courte; pouls petit et dicrote, grand froid aux mains 
et aux pieds avec rougeur de la face, figure boursouflée. 
Sommeil agité, il remue les bras, ronfle et prononce souvent 
des mots inarticulés. Le matin au lever, il heurte table et 
chaises, bien qu’il voie ces objets. Auparavant docile, il est 
maintenant égoïste, très anxieux, et très craintif cependant 
en présence d’étrangers. Jusqu’ici le traitement n’Svait rien 
produit. Stramon . 9 e fut donné à la dose d’une goutte le 
matin. Le lendemain il parle déjà sans qu'on l'y force et ' 
ÿbabille tout seul, Le 3 e jour il s’assied èi table, sçs weurer 


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•T." " 


— 27 — 

méats sont assez calmes, sa marche plus certaine, quoique en¬ 
core vacillante. Caractère comme auparavant. Stramon. fut 
repris. Après 3 jours, tous les mouvements convulsifs avaient 
disparu. (Quelques symptômes réclamèrent china 12 e ). Il fut 
et resta guéri. 

Ensuite d’un soleil ardent,céphalalgie et chaleur. Mal à la 
nuque surtout en se baissant en avant,la malade doit soutenir 
la tête, aussi bien en se penchant qu’en se levant. Avec cela 
faiblesse dans les idées et les souvenirs, elle ne trouve pas 
les expressions justes; très sensible aux contradictions. 
Stramon . la guérit. 

Nous avons vu comment belladone , jusquiame et stra¬ 
monium concourent dans les cas de troubles de la parole (et 
sans trouble également) dans leur action curative; mais on 
n’est pas encore fixé si stramon . agit surtout sur la moelle 
allongée, si belU et jusq. portent leur action sur le nerf 
vague et accessoire. 

Causticum . — Ce précieux remèle, qui, par son action 
psychopathique, ressemble d’une part aux narcotiques,d’autre 
part aux antipsoriques et surtout à calcarea , a pour sym¬ 
ptôme principal : il prononce souvent des mots de travers et 
confond les syllabes et les lettres, ainsi, par exemple, il dira 
au lieu de se moucher en courant , se mourant en coucher. 
Ce trouble qui consiste dans le bronchement des syllabes , fut 
constaté plusieurs fois par Rummel dans ses expérimentations 
de causticum. Notre littérature nous montre de quelle valeur 
peut être un seul symptôme, quand il est caracléristique ; 
causticum a encore d’autres symptômes, par exemple l’in¬ 
coordination des mouvements volontaires, paralysie des mus¬ 
cles et d’abord de la langue. 

I. — Un homme d’âge moyen fut traité au printemps pou r 
syphilis par mercurius ; tout d'un coup, après une promenade 
à la campagne, ij perdit la parole, au point de ne pouvoip 
articuler que les mots ; $a, N*i 


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Il n'y avait pas de paralysie de la langue, mais une grande 
faiblesse et un tremblement de tout le corps avec céphalalgie 
frontale qui l’obligeait à froncer les sourcils. 

Acidum nili'ic. ne produisit aucun résultat. Caustic. con¬ 
tinué à différentes dilutions (80 e , 0 e ) pendant plusieurs 
semaines, le guérit à part une petite hésitation dans les mots 
renfermant beaucoup de consonnes. 

II. — Une femme, bien portante du reste, après un coryza 
Huent de 3 semaines, eut une céphalalgie sourde avec perte 
de la mémoire. Oubli du sens des mots, elle confond /es 
mots (paraphasie). Une seule dose de candie, la guérit com¬ 
plètement. 

III. — Une femme bien en chairs, cholérique, âgée de 
30 ans, souffrant depuis toujours de rhumatismes, de consti¬ 
pation et de pléthore, se trouva après rétrocession d’un 
catarrho dans l’état suivant : elle ne pouvait qu’à grande 
peine en bégayant ou chuchotant, et en tiraillant la bouche 
à droite avec des douleurs de langue, prononcer quelques 
mots d’une manière incompréhensible, après quoi elle tom¬ 
bait en défaillance. Outre cela, elle présentait une faiblesse 
paralytique du bras droit, au point de ne rien pouvoir saisir, 
lever ou tenir en main. Caustic. 30 e . Après 6 jours, nouvelle 
répétition, guérison en 14 jours. 

IV. — Un jeune homme de 17 ans bégayait depuis son 
enfance, meme en parlant très lentement, avec une sensation 
de paralysie de la langue, qu’il pouvait à grande peine re¬ 
muer dans la bouche. Une dose caustic . 30 e le guérit radica¬ 
lement. 

V. — Une femme de 00 ans, faible, après un refroidisse¬ 
ment, fut paralysée du côté droit. Xux vornico et coccul. 
furent sans effet. Le pied et la main sont œdématiés. Le mou¬ 
vement est parfois complètement aboli dans ces parties, pas 
d’insensibilité. La parole est hésitante, elfe ne sait pas arti- 


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— 2o - 



culerle mot qu’on lui fait prononcer. Caractère triste,déses¬ 
péré. Anorexie, constipation, insomnie, sensation de quelque 
chose de velu dans la figure. Huit doses de miisticum , 
données successivement, améliorèrent l’élocution et les mou¬ 
vements des membres et la guérirent complètement. 

VI.- — Une femme, âgée de 70 ans, fut frappée soudaine¬ 
ment d’une glossoplégie et d’une paralysie du bras droit; elle 
ne savait plus articuler un mot, la langue était gonflée, la 
déglutition impossible ; la plupart des aliments lui ressortent 
par la bouche, ils doivent lui être introduits jusqu’au fond de 
la gorge pour qu’ils descendent dans l’œsophage. Caustir. 30" 
fut donné toutes les 2 heures. Maintenant elle parle bien, 
mange beaucoup mieux et sait filer de la main paralysée ; 
quelques doses de causticum la remirent complètement. 

Vil. — Unè fille de 12 ans, bien portante jusqu’à il y a 
2 ans, fut atteinte d’une éruption maligne, combattue très 
vite par des moyens externes. Peu après elle devint pâle et 
maigre; la marche était incertaine, elle perdit la mémoire. 
Depuis un an elle a des mouvements irréguliers de la bouche, 
des yeux, de la tête, des mains et des pieds. Peu à péii elle 
désapprit à lire, à écrire, à tricoter, à coudre ; la parole 
devint embarrassée et finit par un bégayement inintelligible. 
Le coté droit du corps était paralysé. Le^ désordres muscu¬ 
laires continuèrent jour et nuit au point qu’elle n’avait plus 
de repos. On lui avait frotté de l’onguent stibié sur les che¬ 
villes et donné du zim à fortes doses sans résultat. 

Le 4 elle prit caustic. 30 e . D’heure en heure les convulsions 
s’amendèrent; cette nuit elle put dormir 3 heures tranquille¬ 
ment. Le 8 caustic. fut répété: de jour en jour elle alla 
mieux et récupéra l’usage de la parole etput,le G e jour, s’asseoir 
et se promener seule dans la chambre. Le 8 e jour, après une 
indigestion, il y eut une rechute. En 21 heures 2 doses 
d 'ignatia 30° et puis caustic . pendant 8 jours et pendant 


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— 30 — 


quelques semaines encore les 2 remèdes furent alternés. La 
3* semaine elle put aller se promener, elle savait coudre, 
tricoter, et fin septembre elle retourna en classe (1). 

(.4 continuer.) Traduction du D r Chevalier. 


Observations de «m»»— pratique 

par le D r Cttigt Bi.ioN, de Mo». 

1. —En mars 1885, Joséphine D., d’Irchonwelz, pré» 
Ath, vient me trouver à Mons ; elle est âgée de 48 ans ; tonte 
sa famille m’est très attachée, car 22 ans auparavant, j’avais 
soigné sa sœur Jenny, plus âgée qu elle ; celle-ci était affectée 
d’un polype intra-utérin qui l’avait rendue exsangue et 
mourante. Un vieux praticien des environs l’avait traitée 
pour son retour d’âge, et, ne l’ayant jamais visitée, avait 
méconnu l’existence de ce polype ; j’informai la famille que 
cette fille était vouée à une mort certaine, et que s’il restait 
une lueur d’espoir, c’était dans l’opération. Celle-ci fut 
acceptée quoique je n’eusse rien promis; j’extirpai la tumeur 
in extremis , et bien que j’eusse dû au préalable dilater le 
col de la matrice, l’opération eut un plein succès à la grande 
surprise et à la grande joie de tout l’entourage. 

Joséphine portait, elle, une énorme tumeur dans la fosse 
iliaque droite : elle était très dure, non rénitente, mobile, 
indolore, occupant tout le flanc droit jusque près des fausses 
côtes et dépassant l’ombilic en haut et à gauche. Ses règles 
étaient fort irrégulières et le plus souvent hémorrhagiques. 
Je lui prescrivis platina 6 e , conium 6 e , guaco 6 e et lapis 
alhas 6% alternés de semaine en semaine. 

Cette femme suivit son traitement avec une persévérance 
exemplaire, ne l’interrompant que rarement et pendant peu 
de temps. Elle venait tous les 5 mois se soumettre à mon 
examen. 

Au bout de six mois je constatai un mouvement de régres¬ 
sion assez sensible, qui subit quelquefois un temps d’arrêt, 

(1) Lire vol. précédent p. 317 un cas de paralysie des cordes vocales 
guérie par camticum . 


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— 31 — 

autant que je pouvais m’en rendre compte dans une affection 
dont la marche était si lente. 

En septembre 1886, sur son observation qu’à l’époque de 
ses règles, il lui semblait que la tumeur augmentait de 
volume, ce qui pouvait bien n’être qu’une sensation subjec¬ 
tive ou tout au moins une impression liée à une congestion 
utérine, je modifiai ma prescription en substituant sepia à 
platina : sepia 6 e , conium 6*, guaco 6®, lapis albus 6 e . 

Un an après, en \ 887,1a tumeur avait continué à décroître; 
elle n’allait plus qu’à trois travers de doigt des fausses côtes 
et ne dépassait plus rombilie ni la ligne médiane; mais comme 
la malade était toujours sujette à des métrorrhagies fré¬ 
quentes, j’en revins à ma première prescription et lui donnai 
de nouveau : platina 6 e , conium 6 e , r/uaco lapis albm 6 e . 
Cette médication je nè la modifiai plus et cette femme suivit 
son traitement jusque dans les premiers jours de février der¬ 
nier sans accident et avec un sentiment d’aise toujours plus 
marqué ; elle ne vint que trois fois me consulter pendant 
l’année 1888. La tumeur diminuait toujours. 

Elle vint me revoir le 12 avril 1889. Grand fut mon éton¬ 
nement ; il me fut impossible de retrouver la plus petite 
trace de cette énorme tumeur qui avait, quatre ans aupara¬ 
vant, le volume d’une tête d’enfant à terme et qui devait être 
un fibrome, en raison de son siège, de sa grande dureté, de 
l’absence de fluctuation et de toute apparence cloisonnée. 
Celte femme était radicalement guérie. 

Je produis cette observation parce qu’elle est assez remar¬ 
quable et aussi parce qu’elle porte en elle un grand enseigne¬ 
ment pratique; nous devons nous garder de modifier trop rapi¬ 
dement et trop souvent nos prescriptions, quand nous croyons 
nos indications bien établies; le peu de persévérance que beau- 
coupde médecins apportentdans l’application de leur traitement 
— surtout dans ces affections à marche très lente — soit 
qu’ils manquent de conviction, soit qu’ils se laissent influen¬ 
cer par les impatiences du malade, sont souvent cause, dans 
les affections de l’espèce, d’insuccès qui auraient pu ou dû se 
transformer en guérisons complètes ; j’en ai eu maintes fois la 


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— 32 — 


preuve. Le docteur Martiny élève cette règle de conduiteà la 
hauteur d’un principe. C’est du reste une idée hahnemannienne. 

IL — M. Ernest G., de Fresnes,. près Vieux-Condé, 
est cardiaque et hémorrhoïdaire. Je le soigne depuis plu¬ 
sieurs années. 11 va très bien, monte les côtes, chasse, fait de 
longues courses sans en être incommodé. II a 42 ans, son 
teint est fleuri, la peau fraîche: il mange bien et est d’une 
sobriété très grande. 

Il vient me trouver le 7 décembre 1888, se plaignant de 
lassitude, d’accablement, do soif vive et d’urines abondantes. 
Il mange bien et digère bien. 11 a des hémorrhoïdes brûlantes. 
Je trouve du sucre en assez grande quantité dam ses 
urines. Il a maigri et pâli. Sizygium jambolanum l f , 
une goutte tous les jours dans quatre cuillerées deau; régime 
des diabétiques peu sévère. Je ne lui défends que les férules, 
les sucreries et la bière. Je lui permets la croûte de pain. 

o. 1.89, — La soif a disparu, il y a moins de lassitude, la 
quantité de sucre a diminué; meme prescription. 

26. 1. 89. — Le sucre a entièrement disparu ; même 
prescription. 

23. 2. 89. — La guérison se maintient ; je permets le pain, 
la bière et un peu de pommes de terre ; même prescription. 

20. 3. 89. — Il n’y a pas de traces de sucre ; le teint est 
redevenu fleuri et les forces sont complètes ; je cesse la 
médication. 

20.4. 89. — Sujet reste guéri. Je lui recommande une 
certaine modération dans l’usage des féculents et l’engage à 
surveiller ses urines. D r Criquelion. 

SOMMAIRE. 

LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny . 1 

Le tabac (Suite), par MM. Em. Sectin, Ph n et le D r Léon 

Seutin, à Bruxelles. 9 

Des troubles de la parole et de leur traitement homœo- 
pathique. (Suite). — Traduction du D r Chevalier, 

de Charleroi.19 

Observations de médecine pratique, par le D r Criqüe- 
mon, de Mons. 30 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

16 e Année. MAI 1880. N° 2. 


LE BORD DE LA MER (l) 

par le D r Martiny 

Les personnes bien portantes au bord de la mer 

Comme nous l’avons déjà dit, un très grand nombre 
de personnes se rendent à la mer, non pas précisément 
dans le but de se guérir de telle ou telle affection déter¬ 
minée, mais pour y rencontrer des amusements, des plai- 
, sirs, et même pour y faire bonne chère ; enfin, il y en a 
d’autres qui, sans être souffrantes, disent quelles vont 
« s’y fortifier » ; elles croient que la vie de la plage leur 
« donne des forces*. Sont-elles dans le vrai? Le séjour 
du bord de la mer, les bains sont-ils réellement utiles, 
augmentent-ils les forces de l’organisme et les personnes 
bien portantes peuvent-elles toujours sans inconvénient 
séjourner au bord de la mer? Pour notre part, nous 
croyons que presque tous les sujets retireront un notable 
avantage pour leur santé d'une saison plus ou moins 
longue passée sur la digue : l'organisme s‘y fortifie, gagne 
plus de résistance aux fatigues et une certaine immunité 
contre les maladies ét les épidémies. La santé, chacun le 
sait, est chose relative ; on peut être plus ou moins bien 
portant: telle personne dont les fonctions s’exécutent 
- régulièrement est plus résistante aux influences nocives, 
est capable d’une plus grande somme de travail que telle 
autre qui pourtant n’est pas malade. C’est surtout à 
des^sujets pareils, à des organismes minoris resistantiœ 
comme on les appelait jadis, que la mer sera utile ! Elle 

(1) Suite. Voir volumes précédents et volume courant, p. 1. 


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les rendra plus robustes, elle leur donnera des forces, 
comme on dit vulgairement. Que se passe-t-il donc? La 
vie du bord de la mer, nous l’avons vu, stimule la nutri¬ 
tion : la combustion organique y est plus vive, le foyer de 
la vie est plus ardent, l'oxydation des tissus est plus 
complète, les organes ne s'encombrent pas des matériaux 
de ce qu’on nomme aujourd’hui les matériaux de la nutri¬ 
tion retardante, les fonctions s’exécutent plus vivement, 
les tissus ne s’encrassent pas. Joignez en outre les effets 
des bains qui agissent comme une vraie cure hydrothé¬ 
rapique et vous vous ferez une idée de l’influence heu¬ 
reuse que la mer exerce sur les personnes considérées 
comme étant bien portantes. A première vue on serait 
tenté de croire que tous ceux qui se portent bien doivent 
absolument être heureusement influencés par la mer; dans 
la pratique il n’en est pas toujours ainsi et l’expérience qui, 
ici comme en toutes choses, doit être le souverain juge, 
nous apprend que si la plupart des gens bien portants se 
trouvent bien d’un séjour plus ou moins prolongé à la 
plage, il y en a un certain nombre à qui la mer est plutôt 
nuisible, mais pour peu qu’on réfléchisse à ce que nous 
avons exposé précédemment, on trouvera facilement la 
raison pour laquelle il doit en être ainsi. En effet, et 
malgré qu’on pourrait nous reprocher de le rappeler trop 
souvent, l’air de la mer n’est pas seulement un air pur, 
vivifiant, électrisé, exempt de microbes, mais c’est'aussi 
un air contenant des principes médicamenteux variés 
que toutes les organisations ne peuvent pas impunément 
absorber. Ainsi s’explique ce phénomène extraordinaire, 
cette espèce de contradiction apparente qui a frappé tous 
les observateurs ; tandis que des organisations chétives, 
maladives, supportent admirablement la vie complète de 
a plage, séjour continu à la digue, respiration constante 
de l’air réellement marin, des organismes robustes, des 


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— 35 — 


hommes en pleine force deviennent souffrants ! Encore 
une fois il n’y a que ceux qui sont au courant de la mer¬ 
veilleuse action des petites doses qui pourront s’expliquer 
complètement ce phénomène en apparence contradictoire : 
d’un, côté un enfant frôle, malingre, chétif, qui semble 
renaître à la vie en respirant continuellement à pleins 
poumons'l’air marin, de l’autre un homme robuste, plein 
de santé, que la mer agace, et qui ne supporte la vie de • 
la plage qu’à la condition de s’en éloigner de temps en 
temps et de quitter pendant quelques heures par jour la 
zone vraiment maritime pour respirer l’air terrestre pro¬ 
prement dit. Le nombre de ceux que la mer agace, au 
début surtout, est relativement plus grand qu’on le croit 
communément, et il serait plus grand encore sans cette 
circonstance que l’air du bord de la mer n’est pas toujours 
de l’air réellement marin. En effet, chaque fois que lo 
vent vient de terre, l’air de la plage n’a plus les qualités 
de l’air marin, et si le vent de mer est faible ou si sa 
direction est oblique, son influence ne se fait pas sentir 
bien loin de la digue. 

Ne perdons jamais de vue l’action médicamenteuse de 
l’air de la mer : ce n’est pas seulement un air stimulant 
et tonique, c’est aussi un air chargé de remèdes ; pour le 
supporter parfaitement il faut une certaine accoutumance 
ou il faut que le sujet soit malade et que ces remèdes 
soient précisément ceux qui sont indiqués {Uns sa ma¬ 
ladie ; mais chez beaucoup de personnes l’organisme 
s’habitue vite à ces remèdes après quelques légères in¬ 
commodités au début, et puis les remèdes de l’air marin 
sont, comme nou6 l’avons dit, des remèdes indiqués dans 
les grandes diathèses de l’espèce humaine, et chacun 
sait que l’on peut être en puissance de diathèse et être 
relativement bien portant ; de là vient que certaines per¬ 
sonnes soi-disant bien portantes supportent si facilement 


A 


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— 36 — 


d’emblée l’air marin, parce qu’en réalité il y a peu de 
personnes qui ne soient un peu sous l’influence d’une 
diathèse quelconque, et puis du reste grand nombre de 
personnes, sans aucune espèce de tare diathésique, 
finissent, après quelques légères incommodités au début, 
par supporter sans inconvénient les poussières marines, 
parce que la tolérance s’établit, et alors pour elles l’air 
marin n’est en dernière analyse qu’un air pur, électrisé, 
vivifiant. Voilà pourquoi le nombre des personnes que le 
séjour de la digue agace est si restreint, pourquoi le bord 
de la mer est utile à tant de monde pour ne pas dire à 
tout le monde. 

Allez donc à la mer, gens bien portants, prenez au 
début quelques précautions pour tâter votre susceptibilité 
aux influences des médicaments de la mer ; si c’est 
nécessaire, n’en respirez pas trop les premiers temps de 
votre séjour et presque tous vous en retirerez forces et 
profit pour votre santé. 

La mer n’agit pas d’une façon uniforme sur tous les 
sujets : une première catégorie, et c’est ja plus nombreuse 
parmi ceux qui sont réellement robustes, n’y ressentent 
pas grand chose : une fois l’excitation des premiers jours 
passée, ils sont tout satisfaits de voir leur appétit plus 
prononcé, leur marche, leurs mouvements plus faciles, 
les médicaments de l'air marin ne paraissent guère les 
atteindre; au bout de quelques semaines ils sont complè¬ 
tement acclimatés et ils jouissent ainsi de toutes les heu¬ 
reuses influences du séjour de la plage : air pur, exempt 
de miasmes, ozonifié, nutrition plus active, etc. Ils peu¬ 
vent ainsi passer toute une saison et, rentrés chez eux, 
ils ont une provision de vie et de santé : ils étaient 
habitués aux médicaments de l’atmosphère maritime, 
leur organisme les éliminait d’une façon ou l’autre sans 
trouble pathologique ; ils pourraient sans inconvénient 


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— 37 — 


prolonger leur séjour ou même habiter définitivement le 
bord de la mer. C’est ainsi du reste que l'organisation 
humaine s'habitue fréquemment à certaines influences 
médicamenteuses et même toxiques. Voyez, par exemple, 
ce qui se .passe à propos du tabac : l’un peut fumer impu¬ 
nément pour ainsi dire toute la journée, un autre doit se 
modérer, enfin un troisième ne parvient pas à faire usage 
du tabac. Tel peintre en bâtiment n’a jamais présenté de 
symptômes plombiques, tel autre en ressent de légers, et 
enfin certains apprentis sont de bonne heure obligés de 
renoncer au métier. Il est inutile de multiplier les exem¬ 
ples, ils sont nombreux et chacun les connaît. 

Toutes les personnes qui s’acclimatent ainsi facilement 
à la mer peuvent en retirer les plus heureux résultats pour 
leur santé. L’exercice, les promenades sur la plage dans 
un air pur et stimulant donnent une impulsion heureuse 
à tous les ressorts de l’organisme, toutes les fonctions 
s’exécutent avec plus de force, de régularité et beaucoup 
de sujets trouvent à la mer de quoi réparer en un mois de 
temps les effets des fatigues de la vie pendant le restant 
de l’année. Nous ne connaissons pour ces organisations 
fortes pas de meilleur moyen de se remonter et c’est pro¬ 
bablement ces personnes qui font de la mer un éloge 
parfois exagéré, jugeant tout le monde à leur aune. 
De semblables organisations pourraient résister sans 
secousses, à la condition d’être bien nourries d’aliments 
réparateurs, à la dure vie du marin et du pêcheur. Une 
seconde catégorie de sujets ne peuvent supporter la mer 
que pendant un temps plus ou moins limité : pendant un 
mois ou deux leur santé générale se fortifie sur la plage, 
ils gagnent en force et en vigueur, mais au bout d’un 
temps plus ou moins long la tolérance cesse, on dirait 
que la glace est rompue, des malaises variés surviennent : 
névralgies, coliques, inappétence, insomnies; ils doivent 


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— 38 — 


quitter la mer sans trop tarder, s'ils veulent retirer encore 
de bons effets de leur cure après leur départ. Enfin il est 
une troisième catégorie de personnes bien portantes qui 
ne peuvent supporter la mer : elle leur fait mal, elle les 
agacé ; ce sont surtout certaines personnes nerveuses et 
impressionnables. Nous en connaissons chez qui la vue de 
la plage détermine de l’excitation quasi maladive, de l’in¬ 
somnie, qui maigrissent considérablement et qui doivent 
s'éloigner de la plage. 

Le plus grand nombre des personnes bien portantes 
peuvent donc aller passer une vacance à la plage, toutes 
ou presque toutes y gagneront de la force, de l’énergie; 
c’est à notre avis le meilleur moyen pour donner à l’orga¬ 
nisme humain, surtout à celui des jeunes gens, mais avant 
tout des enfants, une sorte de coup de fouet hygiénique 
qui, dans bien des circonstances, peut enrayer, dès son 
origine, les maladies les plus graves et effacer les traces 
de certaines prédispositions constitutionnelles. Mais,même 
les personnes les mieux portantes ne doivent jamais 
perdre de vue que la vie de la plage est autre chose que 
la vie de la campagne, qu'à la mer on absorbe continuel¬ 
lement de vrais remèdes répandus dans l’atmosphère, cer¬ 
taines organisations peuvent tolérer ces remèdes pendant 
longtemps, d’autres en éprouvent plus ou moins vite des 
malaises qui sont autant de cris d’alarme qu’il faut par¬ 
fois écouter. 

Les personnes bien portantes peuvent-elles et doivent- 
elles prendre des bains de mer ? 

Nous croyons que presque toutes les personnes bien 
portantes peuvent le faire, à l’exception pourtant des 
personnes âgées et de la plupart des jeunes enfants. Le 
bain de mer froid, nous l’avons vu, est une manœuvre 
hydrothérapique, une succession de vraies douches toni¬ 
ques, très utiles aux jeunes gens et aux personnes ro- 


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— 39 — 


bustes ; il vient singulièrement seconder mais aussi com¬ 
pliquer Faction de la mer et exige, de la part de celui qui 
le prend, du tact et de l’observation : il ne doit jamais 
perdre de tue les recommandations que nous avons 
faites, car on peut prendre une vingtaine de bains qui 
tous auront été suivis d'un effet bienfaisant ; au vibgt et 
unième, par suite d’une imprudence, ou d'un concours 
extraordinaire de circonstances plus ou moins fortuites, la 
réaction ne se fait pas convenablement et des symptômes 
graves peuvent survenir ; toujours il faut se rappeler que 
le bain de mer est une opération compliquée, une secousse 
puissante de l’organisme et surtout ne pas oublier qu'une 
fois hors de l’eau son action persiste encore ; se demander 
aussi chaque fois avant d’y entrer, si l’on est dans les 
conditions que l’expérience a démontré être les plus favo¬ 
rables ; et alors c’est un exercice à la fois hygiénique, 
hydrothérapique et gymnastique. 

Il ' existe pourtant toute une catégorie de personnes 
bien portantes, du reste, chez lesquelles la- réaction se 
fait mal t qui ne se « réchauffent pas ». Après quelques 
tentatives timides, si le même manquede réaction persiste, 
elles ne doivent pas insister. Nous en connaissons aussi 
chez lesquelles la réaction est franche et rapide, mais 
le système nerveux paraît trop impressionné, elles con¬ 
servent des secousses,des tremblements,la mer les effraie, 
lés agace douloureusement ; inutile d’insister longtemps 
chei de pareils sujets. 

Le bain de iner est donc souvent un heureux complé¬ 
ment de la vie de la plage,il ajoute son action bienfaisante 
et tonique aux autres influences saldtaires du bord de la 
toer. 

(4 continuer.) D r Màrtint. 


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— 40 — 


' Le tabac (1) 

par MM. Em. Seütin Ph n , et le D r L. Seutin, à Broxel'es. 

Maintenant, voyons quels sont les changements apportés 
par le tabac dans,les rapports sociaux. Disons-le sans détour, 
ils sont loin d’être favorables à la civilisation, et pour peu 
que le tabac continue à progresser encore, ne doit-on pas 
redouter de voir disparaître de la société toutes ces belles 
et aimables qualités qui ont noms de bienveillance, de poli¬ 
tesse, d’urbanité et d’aimable délicatesse? On ne manquera 
pas de taxer nos craintes de puériles et d’exagérées; nous le 
désirons vivement, maison ne pourra pas contester que déjà 
elles ont reçu les plus cruelles atteintes; en pourrait-il être 
autrement ? Ne savons-nous pas que l’homme qui a la passion 
d’une chose, mais surtout la passion du tabac, devient à son 
insu, un froid et triste égoïste ; quand le besoin du cigare ou 
de la pipe se fait sentir, il devra le satisfaire à tout prix, peu 
lui importe les souffrances qu’il va peut-être occasionner; 
pour lui, l'essentiel, c’est de satisfaire sa passion ; quant au 
reste, il ne s’en inquiète guère, et ce sera le moindre de ses 
soucis!... Nous n’avons pas l’habitude de voyager, notre pro¬ 
fession ne le comporte pas, et néanmoins, dans nos rares 
voyages, nous avons été parfois le triste témoin d’actes 
inqualifiables, commis par des fumeurs, et qui refusaient 
obstinément d’accéder aux demandes polies d’abstention qui 
leur étaient adressées, soit par des dames, soit par d’autres 
personnes que le tabac semblait indisposer fortement. 
Conduite indélicate s’il en fût jamais, et qui mérite d’être 
stigmatisée et flétrie ! L’abus du tabac, envisagé à ce seul 
point de vue, serait déjà bien déplorable, s’il est vrai qu’il 
peut pousser les hommes à méconnaître et à fouler aux pieds 
les devoirs imposés par les plus simples convenances. 

(1) Suite. Voir volume précédent et vol. courant, p. 9. 


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Maintenant, si nous nous reportons au commencement de 
ce siècle, on se rappelle qu’il y avait alors un foyer de famille, 
dont les femmes constituaient la principale attraction dans 
toutes les classes de la société; on se réunissait, on se fré¬ 
quentait, c’était la vie sociale dans tout son naturel, son 
charme et son entrain. Les jeunes gens se trouvaient heu¬ 
reux d’être admis dans la société des jeunes filles, il était 
beau de les voir se disputer les regards, les attentions, les 
préférences des dames de famille, des riches héritières, des 
belles, des gracieuses, de toutes celles, en effet, "qui pou¬ 
vaient apporter le plus d’attraits à l’union que l’on rêvait; 
car alors on finissait toujours par se marier. Si l’on compare 
le temps passé au temps présent, quel changement ne s’est-il 
pas produit dans les relations sociales? Ne «emblerait-il pas 
que les hommes veulent vivre éloignés de la femme : cet 
éloignement, il semblerait vraiment incompréhensible, si l’on 
ne savait qu’ils y sont poussés par un triste sentiment 
d’égoïsme qui les domine. L’égoïsme, en effet, sépare les 
êtres autant que l’amour les rapproche. 

L’homme fiiit la compagnie de la femme; il se montre 
indifférent à l’attraction de ses charmes (1). 

Aujourd’hui les estaminets, les cafés, les clubs, les cercles, 
les tabagies font la concurrence aux salons de famille et, 
tandis que ces établissements publics regorgent de clientèle, 
le foyer domestique est solitaire. Le père l’a quitté, les fils 
l’ont quitté pour aller, chacun de son côté, chercher dans la 
compagnie des hommes, des distractions qu’ils ne peuvent plus 
trouver auprès de l’épouse et des filles, de la mère et des sœurs. 

Ces pauvres délaissées s’ennuient d’être seules; pour 
ramener à elles ces indifférents et ces fugitifs, elles emploient 
tout ce que leur inspire les attentions les plus délicates. Dans 

(1) DepierrLs. Physiologie sociale , pp, 226 à 228. 


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— 42 — 


beaucoup de maisons on organise des réceptions d’apparat et 
de cérémonie, et quelque soin que l’on mette à inviter ua 
grand nombre de messieurs, le nombre des dames est toujours 
supérieur à celui des cavaliers. 

Quand l’orchestre invite à la danse, les maîtres de maison 
courent dans les appartements, aux tables de jeu, auxfumoir*, 
pour stimuler d’indifférents jeunes gens, qu’attendent de 
belles et jeunes femmes, fatiguées de posor s ir leurs fauteuils. 

Autrefois quand on disait d’une dame : elle a remporté son 
tabouret du bal, c’est-à-dire qu’on ne l’y avait pas fait danser, 
il fallait que son âge, ou quelque disgrâce physique l’eùt ren¬ 
due bien respectable. Aujourd’hui, c’est chose fort commune 
que de voir sortir du bal bien des toilettes séduisantes qui 
n’ont pas été défraîchies par la main des danseurs* 

Actuellement des jeunes gens se mêlent à la vie des salons, 
bien plus par convenance et par devoir que par attrait; pour 
s’en éloigner, longtemps ils ont eu un prétexte ; on les enten¬ 
dait dire entre eux : les soirées de Madame X sont « sciantes 
on n’y fume pas. 

En effet, il faut rendre cette justice aux dames \ elles ont 
lutté tant qu’elles ont pu contre l’envahissement contagieux 
de la mauvaise habitude du tabac. Elles ont longtemps boudé 
contre des adorateurs qui venaient mêler aux parfums de 
leurs salons, les émanations nauséeuses de leurs chiques, de 
leurs cigares ou de leurs pipes. Ce fut alors une véritable 
conspiration de la puissance de l’homme contre la faiblesse 
de la femme. Les dames ont cédé, par ennui de l’existence 
sans la société des hommes. Les hommes, au contraire, en 
compagnie d'une cigarette, d’une pipe ou d’un cigare, savent 
très bien se passer de la société des femmes (1), Voilà comment 
le tabac entra forcément dans le bon ton. 

(1) Depierris. Physiologie sociale, pp. 229 et 230. 


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— 43 — 


% les jeux, la danse avaient leur salon dan» le mondé élé¬ 
gant, le dieu des peaux-rouges d’Amérique voulut aussi y 
avoir le sien ; et pour lui on créa les fumoirs. Le ftimoir est 
aujoord’hui le complément obligé d’un appartement réputé 
convenable, et il exige même une place d’bonneur dans le 
voisinage de la salle à manger et du premier 9&lon. Dans les 
ménages, qui n’ont pas un local spécial à fumer, le fumoir s 
-est par toute la maison. 

Les dames ont lait la concession du fumoir, et ont pu par 
& en retirer quelques-ons du café et du cercle, pour les 
ramener au salon de compagnie. Mais le fumoir est un vrai 
lieu enchanteur, pour tous los jeunes gens aimant le tabac ; 
ils s’y trouvent si bien qu’ils ne savent pas le quitter ; ils 
sont heureux d’y être, heureux encore de rivaliser, entre 
eux, de grâce, à fumer le cigare, la cigarette, la pipe bien 
eulotiée, ou bien un gros Havane, maintenu par un bout 
d’ambre. Lâ, chacun étale sa petite coquetterie dans le genre. 

Là, l’élégance est muette, inutile de se mettre en frais d’ama¬ 
bilité, comme dans la société des dames, où l’on pourrait 
s'exposer, sans cela, à passer pour un jeune homme insigni¬ 
fiant ou nul. 

Dans une société ainsi composée, tout est étiquette, tout 
est guindé, tout est froid. Les rôles paraissent avoir changé. 

Ce ne sont plus les hommes qui font la cour aux femmes, ce 
sont les jeunes filles qui luttent d’amabilité et de grâces, pour 
leur plaire et les charmer ! Et si parfois, elles croient avoir 
remporté une victoire sur un indifférent, bientôt elles s’aper¬ 
çoivent de leur erreur, et reconnaissent que ceux qu’elles 
avaient distingués et qu’elles auraient aimés, ne répondront 
java» à leur douce et gracieuse affection ! Trompeuse illu¬ 
sion, décevante espérance ? 

A quoi donc attribuer une telle indifférence de l’homme 
pour la femme ? Les hommes se marient aujourd’hui bien 


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— 44 . 


moins qu’ils ne le faisaient autrefois. Seraient-ils effrayés des 
dépenses du ménage ? Effrayés encore de l’entretien élevé 
de la toilette d’une femme, et puis, craignant encore peut- 
être le coût onéreux de l’entretien des enfants ? 

Mais ce sont là de fausses allégations ; les charges de la 
famille ne sont pas plus grandes aujourd’hui qu elles n’étaient 
jadis. On dépense plu , il est vrai, mais on gagne davantage, 
il y a compjn-ation. 

Si les difficultés étaient réelles, elles pèseraient plus 
sur les classes pauvres de la Société, et c’est néanmoins dans 
ces classes que les mariages sont le plus nombreux. 

Les mariages sont plus rares dans les classes riches, et là, 
la fortune ne manquerait pas pour faire le bonheur matériel 
d’un ménage. 

Nous ne pensons donc pas que ce soit un calcul de .pré¬ 
voyance qui empêche malheureusement tant d’hommes de se 
marier (1) ; non, ce n’est pas l'intérêt qui l’empêche de se 
donner une famille, des enfants, qui doivent être la joie de 
l'avenir. Ah ! il y a une cause cependant qui pousse tant 
d’individus à rester célibataires, et en la cherchant bien, ne 
la trouverions-nous pas encore dans les vapeurs stupéfiantes 
du tabac, sur les sentiments les plus expansifs de l’homme ! 
Et n’avons-nous pas le droit de conclure que c’est le désir 
éteint et l’abaissement de l’homme par la nicotine, qui le 
rend si indifférent pour la femme ? 

L’indifférence dos jeunes gens et des hommes mûrs pour, 
les réunions que pare et qu’anime la société des femmes est si 
grande, les salons de compagnie sont si déserts, que les mères 
de famille, qui aiment à voir la jeunesse s’agiter autour 
d’elles, ont créé les bals d’enfants ; on S3 serait bien gardé 
autrefois d’initier aux folies légères de la danse des enfants 


(1) Dopierris. Physiologie sociale , p. 222. 


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— 45 — 

de six à douze ans; il a bien fallu en venir là, pour empêcher 
la vieille tradition de la danse de disparaître de nos habi¬ 
tudes (1)^. 

Et vous, pauvres jeunes gens, qui sacrifiez tous les senti¬ 
ments les plus généreux, les plus élevés, les plus nobles, à 
cette triste plante de Jean Nicot, de Catherine de Médicis, 
et qui a nom de tabac! C’est pourtant l’ennemi cruel du genre 
humain, et vous n’hésitez pas, néanmoins, à en faire votre 
compagnon inséparable ! Compagnon néfaste, compagnon de 
malheur ! Compagnon maudit, car il s’impose aujourd’hui, je 
dirai à tous les âges ; ne voyons-nous pas souvent des 
enfants de huit à douze ans, armés de la pipe ou du cigare, 
se promener dans nos rues, et faisant fièrement jaillir de 
leurs lèvres des bouffées de fumée de tabac, et qui semblent 
dire aux passants : admirez-nous, ne sommes-nous pas déjà 
des hommes ? Oui, des hommes, mais à vingt-cinq ans, vous 
en aurez plus de cinquante, si le tabac ne vous a pas fait 
descendre dans la tombe, mais s’il vous a laissé la vie, il 
aura desséché vos organismes par ses vapeurs stupéfiantes, 
et sous sa triste influence, tous les appareils organiques de 
vos économies seront frappés de langueur, de faiblesse et 
de prostration. 11 faudra alors continuellement les stimuler 
par des boissons alcooliques, lutte incessante de la nicotine 
et de l’alcool, ces deux poisons de l’existence humaine, qui 
se recherchent toujours pour s’atténuer, sans jamais se dé¬ 
truire. 

Toutes les énergies les plus vives de vos âges, vous les 
aurez perdues, et l’on pourra vous dire : vous êtes des blasés, 
voulant vous donner un air de philosophe, vous aurez soin 

de le proclamer vous-même.Blasés, c’est-à-dire, que tout 

ce qui rappelle le plus doux sentiment : l’amour, la femme, 

(1) Depierris. Physiologie sociale , pp. 233 et 234. 



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— 46 — 


les enfants, fatiguent l’homme. S’il est marié, le foyer con¬ 
jugal lui pèse ; aussi, il s’en éloigne le plus qu’il-peut; pour 
chercher des distractions en compagnie de tout ce qü'il aime, 
son tabac. S’il s’agit des ressources du ménage, il est d'un 
égoïsme révoltant; aussi, a-t-il soin de prendre la plus grands 
part pour lui. S’il n’est pas riche, que de privations la 
dépense de son tabae ne va-t-il pas imposer à la malheu¬ 
reuse femme et aux pauvres enfants, mais qu’importe à ce 
père indifférent que sa famille souffre des plus pressants 
besoins, pourvu qu'il trouve le bonheur dans sa pipe ! Ce ne 
sont pas les seules misères qu’ils auront à supporter de cet 
homme méchant et brutal. lia auront à endurer encore sa 
mauvaise humeur et ses mauvais traitements. 

C’est aux Etats-Unis, ce pays oh l’on consomme peut-être 
le plus de tabac, que l’on voit s’étaler sous les yeax de la 
justice, toutes les scènes de violences domestiques, qui dissol¬ 
vent dans le divorce des unions mal assorties. Les causes 
invoquées par les femmes, pour être délivrées de leurs maris, 
reposent presque toutes sur deux motifs : cruauté, délais¬ 
sement. 

Cette, aversion, ce dégoût pour la femme et la famille ne 
mènent pas seulement h la violence, ils poussent aussi parfois 
aux crimes. 

Les annales de la justice nous montrent très souvent 
des hommes, tuant des femmes, des enfants, froidement, par 
le seul motif, qu’ils en étaient dégoûtés, qu’ils ne les aimaient 
plus et ne pouvaient plus les sentir. 

Un des portraits qui resgort le plus dans ce type d'hommes 
dégradés est celui d’Elicabide. 

Un jour, tout Paris s’émut d’un grand crime. 

Aux premières lueurs du matin, des voituriers trouvèrent 
sur les bords du canal de la Villette un enfant dont le crâne 
avait été fracassé par un meurtrier. 


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— 47 — 


Son extérieur et ses vêtements démontraient qu’il appar¬ 
tenait à une classe élevée de la société. 

Qui avait tué cet enfant ? Quel mobile avait pu pousser à 
ee crime ? La justice informa, fit les plus nombreuses recher¬ 
ches, mais en vain. 

C’était au moment où Canal venait de découvrir son pro¬ 
cédé de conservation des corps, par injection de substances 
métalliques corrosives dans les vaisseaux de la circulation; le 
petit cadavre hit soigneusement embaumé ; ses traits par¬ 
faitement conservés, il resta exposé en public pendant plus 
d’une année et l’on causait toujours du petit massacré de la 
Yillette, sans que jamais aucune indication vînt jeter le moin¬ 
dre jour sur ce crime si couvert de mystère. Bien long¬ 
temps après, des promeneurs trouvèrent dans un bois aux 
environs de Bordeaux, un monceau de cadavres ; une jeune 
femme et trois enfants assassinés étaient enfouis peu profon¬ 
dément sous terre. Le meurtrier de toute cette famille fut 
bientôt découvert : c’était Elicabide. 

Elicabide était utf homme de trente et quelques années, il 
avait reçu une éducation soignée, il fit la connaissance d'une 
jeune fille, qu'il détourna de ses devoirs, pour vivre avec elle 
en dehors du mariage. 11 la rendit quatre fois mère. Il vivait 
dans la dissipation de l’estaminet, et le tabac pervertit bien¬ 
tôt sa nature affectueuse et aimante. 

Il aurait pu donner à cette femme, à ses enfants, une posi¬ 
tion régulière ; mais l’amour venant à manquer, ce qui était 
attraction devint fardeau, ce qui était plaisir devint dégoût. 

Un jour rentrant dans son égoïsme de blasé, ils se dit à 
lui-même : que fais-je de cette femme et de ces enfants ? 

Je n’ai pour eux aucune affection, ils me fatiguent... Si je 
m’en débarrassais. 

Et Q mit près de deux ans à exécuter son crime. 

Dés qu’Elicabide eût senti le besoin de se débarrasser de 


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— 48 


sa famille, il voulut d’abord faire disparaître son fils ; il dit à 
la mère : Je veux donner à notre aîné une éducation qui 
sera pour lui et nos autres cufants tout un avenir. Je vais le 
confier à des amis de Paris, qui me le demandent ; ils veille¬ 
ront sur lui comme nous le ferions nous-mêmes. La mère 
se consola de la séparation de son enfant, dans la pensée 
que c’était un sacrifice à faire à son bonheur. Pauvre femme! 
elle ne devait plus le revoir. 

Le père l’amena et l’assassina dans un faubourg de Paris, 
la nuit, sur la voie publique, et repartit pour Bordeaux sans 
avoir communiqué avec personne ; quelle investigation 
humaine aurait pu découvrir un si profond criminel, s'il ne 
s’était révélé lui-même à la justice ? 

Pourquoi Elicabide attendit-il plus d’une année pour 
accomplir le second et le plus terrible épisode de son crime ? 
Que se passa-t-il dans cette nature dépravée qui fit ajourner 
si longtemps la promenade au bois, qui devait couvrir, dans 
la profondeur silencieuse de ses ombrages, les dernières tra¬ 
ces de sa brutalité monstrueuse ? 

Ce n’est point le remords du premier crime, ce n’est point 
le spectre sanglant de cet enfant qu’il assassina froidement 
au milieu des quartiers solitaires de Paris, qui demandèrent 
grâce pour les autres victimes qui restaient encore à 
immoler. 

Le paroxisme des désordres morbides qui bouleversaient 
cet organisme détraqué et le poussaient au meurtre, avait 
tout simplement cessé, pour se manifester encore, mais plus 
tard. 

11 est à remarquer qu’à l’instar de toutes les maladies 
nerveuses, les troubles produits dans l’organisation par 
l’abus des poisons, alcool ou tabac, ont une tendance à se 
manifester sous la forme d’accès plus ou moins réguliers, plus 
ou moins éloignés. 


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— 43 — 


C^ost ce qui caractérise le delirium tremens, l’état aigu 
de l’intoxication alcoolique et nicotineuse unissant leur dou¬ 
ble puissance pour abrutir les hommes. 

Sous l’intiuence de ces perturbateurs du système nerveux, 
des crises se déclarent presque soudainement sans symptômes 
qui annoncent leur venue, comme l’épilepsie, l’hystérie. Les 
malades entrent dans des états d’excitation terribles ; ils 
briseraient, tueraient, sans conscience de ce qu’ils font.C’est 
l’état aigu de cette infirmité honteuse ; l’état chronique a 
moins d’exaltation, mais il n’en n’est pas pour cela moins 
dangereux; il a aussi ses accès,et c’est dans ces moments de 
crise intermittente et passagère que ces mono-maniaques 
exécutent, en plein discernement, tout ce que leur imagina¬ 
tion délirante a longtemps médité en mal. 

Voilà comment Elicabide, dégradé dans toutes ses facultés 
d’aimer, tua toute sa famille, femme et enfants, dans deux 
accès d’antipathie et de dégoût, sans jalousie, sans colère, 
cesdeux grands conseillers ducrime.dl marcha tranquillement 
dans l’exécution complète de son plan sans qu’aucun retour à 
la raison, aucun sentiment d’humanité, aucun remords aient pu 
l’arrêter, même après l’accomplissement de son premier crime 
de la Villette, dont il aurait certainement compris l’horreur, 
s’il avait pu conserver pour les siens un peu d’affection. Mais 
la triste nicotine dont il avait fait un si déplorable abus, 
avait fait déborder sa coupe de glace sur toutes ses facultés 
physiques et morales; depuis longtemps déjà, non seulement 
il n’aimait plus, mais n’éprouvait plus pour sa famille que la 
plus triste indifférence et le plus profond dégoût (1). 

Citons un second fait, et qui semblerait confirmer que le 
tabac pousse réellement au crime (2) : 

Thomas Carr, demeurant dans l’Ohio (Amérique), avait 

(1) Depierris. Physiologie sociale. Le tabac, pp. 242 à 244 

(2) Ibidem. 


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— 50 — 


demandé la main d’une de ses voisines, Louise Fox, âgée de 
13 ans. Les parents lui répondirent que leur fille était trop 
jeune pour se marier, mais que dans deux ans, s’il persistait 
dans son intention, et qu’il eût alors trouvé un moyen 
honorable de gagner sa vie, ils ne feraient pas d’objection 
à leur union. 

Mécontent de ce consentement conditionnel et à longue 
échéance, Garr s’éloigna en proférant d’horribles menaces. 
Gomme il avait la plus mauvaise réputation, les époux Fox, 
craignant qu’il ne se portât à quelque extrémité contre leur 
fille Louise qui était servante dans une maison du voisinage, 
chargèrent leur jeune fils d’aller la chercher et de la rame¬ 
ner à la maison. Le frère et la sœur revenant ensemble, 
rencontrèrent Garr qui les suivit quelque temps à distance de 
40 à 50 pas, puis se précipitant subitement sur Louise, la 
renversa dans un fossé et tira un rasoir de sa poche. 

A cette vue, le jeune Fox, saisi d’épouvante, se mit à 
courir en appelant au secours, vers la résidence de ses parents 
dont il était tout proche, et revint bientôt avec sou père. 
Mais l’infortuné ne trouva plus que le cadavre de sa fille. 
Quelques minutes avaient suffi à Garr pour l’égorger. 

Outre une énorme entaille qui s’étendait d’une oreille à 
l’autre, séparant presque la tête du tronc, la pauvre enfant 
avait le corps labouré de coups de rasoir; enfin, détail 
incroyable, l’assassin avait trépigné sur le corps palpitant de 
son innocente victime. 

Traduit devant la cour, en juin 1869, il fut condamné à 
être pendu. La veille de l’exécution, des ministres de la reli¬ 
gion sont allés le visiter, et ont tout fait pour tâcher d’amener 
au repentir ce grand coupable ; mais leurs exhortations les 
plus touchantes devaient rester stériles ; après les avoir 
écoutés un instant en ricanant, il les a interrompus par ces 
mots : «Je ne vous demande pas tout ça; ce que je veux, 


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— 51 — 


c’est qu’on me pende de grand matin, afin d’arriver en enfer 
à temps.pour le déjeuner. » 

Le lendemain, revenu à de meilleurs sentiments, il pro¬ 
nonça avant de mourir, quelques bonnes paroles, et engagea 
vivement tous ceux qui l’écoutaient à s’abstenir toujours de 
tabac et d’alcool ; car c’était ce qui l’avait rendu méchant, 
c’était ce qui l’avait perdu. 

Ce jeune homme n’avait que 24 ans, et, de son propre 
aveu, avait commis 16 homicides. 

(A continuer .) Seütin, Ph n , et D r L. Seütin. 


DÉONTOLOGIE MÉDICALE 

Les devoirs du médecin auprès des mourants 

Une fois le danger de mort reconnu et le pronostic bien et 
dûment établi, que faut-il dire? A qui faut-il parler, et à quel 
moment ? Telles sont les questions que le médecin doit néces¬ 
sairement ae poser et résoudre pour chaque malade, et que 
je vais successivement passer en revue. 

. I 

Que faut-il dire? Et d’abord est-il toujours nécessaire de 
parler? Le médecin est-il obligé, en conscience, d’avertir le 
malade ou sa famille, toutes les fois qu’il y a péril certain ou 
probable de mort? La réponse ne saurait être, ce me semble, 
qu'affirmative. 

L’ordre social, le bien de la société impose au médecin, 
quelles que soient ses opinions religieuses ou celles de ses 
clients, l'obligation de parler et de parler à temps. La famille, 
ainsi prévenue, est à même défaire venir les parents absents 
et surtout de mettre ordre à ses affaires. 


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— 52 — 


Pourquoi le médecin est-il appelé dans une famille? Sans 
doute c’est pour soigner le malade, mais c’est aussi pour faire 
connaître la terminaison probable de la maladie. Après le 
traitement, ce qui intéresse surtout la famille, c’est le pro¬ 
nostic. Le malade va-t-il guérir ou non? N’est-ce pas l*une 
des questions qu’on nous fait le plus fréquemment ? Pourquoi 
le médecin, qui parle toujours dans la première alternative, 
garderait-il le silence dans la seconde? Ne serait-ce pas - 
tromper la famille et manquer à l’engagement implicite qu’il 
a pris vis-à-vis d’elle en acceptant de soiguer le malade ? 
Gela est si vrai qu’il n'est pas rare d’entendre certaines 
personnes se plaindre d’un médecin, non parce que leur 
parent est mort, mais parce qu’il est mort sans que ce méde¬ 
cin les aie prévenues à l’avance de cette terminaison fatale. 

Le devoir strict du médecin, en n’importe quelle circon¬ 
stance, me parait donc être d’avertir le malade ou sa famille 
que le cas est grave et qu’il peut se terminer par la mort. 
Mais là s’arrête l’obligation qui relève directement de la pro¬ 
fession médicale. C’est à la famille à tirer les conséquences 
civiles et religieuses de cet avertissement. 

Cependant le médecin chrétien n’a pas le droit de se désin¬ 
téresser complètement à cet égard. Ce que la justice ne lui 
impose pas, la charité le lui demande. 

Il est plus à même que personne pour juger de l’opportu¬ 
nité de faire administrer les derniers sacrements, et il a ses 
entrées libres auprès du malade et de sa famille. Cette 
situation exceptionnelle rend plus pressant le devoir de cha¬ 
rité qui s’impose à lui, comme à tout chrétien mis en présence 
d’un mourant. 

Innocent III et saint Fie V ont promulgué des décrets qui 
ordonnent au médecin, sous peine de péché grave, de préve¬ 
nir les malades de se confesser, et qui lui commandent même 
de ne plus visiter ceux qui, au bout de trois jours, ne 


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l’auraient pas encore fait. Ces décrets ne sont pas en vigueur 
en France, mais, s'ils ne nous obligent pas en conscience, ils 
nous montrent du moins l’importance que l'Eglise attache à 
ce devoir de charité, puisqu’elle l’avait transformé en devoir 
de justice. 

Le médecin chrétien doit donc penser à l’àme de son client. 
Connaissant par expérience combien les familles chrétiennes 
se font illusion sur l’état de leur parent malade, il ne doit pas 
se contenter d’annoncer l’imminence d9 la mqrt, il doit 
encore avertir qu’il est temps d’appeler le prêtre. 

Toutefois, — il importe de le remarquer, — ce faisant, il 
ne. fait pas acte de médecin, mais acte de chrétien, acte de 
charité, et la charité oblige plus ou moins suivant les circon¬ 
stances. S’il doit désirer faire venir le prêtre auprès de tous 
ses malades en danger de mort, il doit être aussi, surtout à 
notre époque, très prudent dans la réalisation de ce désir. 

Lorsqu’il ne connaît pas les opinions religieuses de ses 
clients, la prudence peut demander qu’il se contenle de dire, 
par exemple : « Le cas est grave et peut se' terminer par la 
mort ; si donc vous avez des précautions à prendre, soit ppur 
les affaires d’intérêt, soit pour la conscience, il est temps d’y 
penser. » 

Utile pour les cas si nombreux à Paris où le médecin ignore 
la religion de son malade et où nul emblème religieux (cru¬ 
cifix, chapelet, images, etc.) ne vient le renseigner à cet 
égard, cette formule me paraît encore suffire pour l’accom¬ 
plissement des deux obligations de justice et de charité, 
lorsque le malade est notoirement connu comme protestant, 
juif ou libre-penseur. 

Pour les jeunes enfants, il est souvent utile, surtout à 
notre époque et à Paris, de demander s’ils sont baptisés et de 
les baptiser, lorsqu’il y a urgence. Quant aux enfants plus 
âgés, mais qui n’ont pas encore fait leur première communion. 


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— 54 — 


la charité oblige à leur égard tout comme pour les adultes. 
Mais, en raison de l’ignorance ordinaire des parents, il est 
bon, en certainces circonstances, de leur dire : « Vous savez 
que même à cet âge vous pouvez faire venir un prêtre auprès 
de votre petit malade. » 


II 

Une autre question se présente maintenant. A qui faut-il 
parler ? Au malade ou à sa famille ? 

En général, il ne faut jamais parler au mourant. La pru¬ 
dence le demande : un malade qui reçoit un tel avertissement 
de la bouche même de son médecin, le considère presque 
toujours comme un arrêt de mort et se laisse parfois aller au 
désespoir et au suicide. Il en est des exemples. 

Cependant ce n’est pas une raison pour lui dire : « Mais 
certainement vous guérirez. » A ces interrogations parfois 
bien pressantes du malade, il convient de répondre par une 
de ces phrases banales qui, sans rien dire de précis, lui 
donnent néanmoins un peu de consolation, par exemple : 
« C’est une affaire sérieuse, mais on en a vu revenir de plus 
loin ; nous allons faire tout notre possible. » 

Ainsi le médecin n’est pas toujours obligé de parler lui- 
même au mourant ; il suffît bien souvent qu’il engage les 
parents à l’avertir. Mais si les parents répondent : € Je n'ose¬ 
rai pas, je n’oserai jamais lui en parler. » S’ils refusent de le 
prévenir, que doit faire alors le médecin ? Chercher à réali¬ 
ser indirectement ses désirs, par exemple, en prévenant le 
curé de la paroisse, une sœur de Charité, ou encore une 
personne pieuse amie de la famille. 

Enfin, dans le cas où personne ne peut ou ne veut prévenir 
le mourant, le médecin est-il toujours obligé de lui parler 
lui-même ? 

Si la distinction que j’ai posée tout à l’heure est juste, si 


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faire venir le prêtre est un devoir de charité et non pas un 
devoir de justice, il est évident que le médecin, même dans 
le cas supposé, n’est pas toujours obligé de parler lui-même 
ou malade. La conduite à tenir dépend des circonstances et 
ne saurait être partout identique. 

Le principe qui doit l’inspirer, c’est que, dans le cas où 
personne ne veut prévenir le mourant, la charité oblige le 
médecin à lui parler lui-même, mais dans la mesure seulement 
où il croit que son intervention sera efficace. 

Gomment apprécier cette mesure ? En quels termes préve¬ 
nir le malade? Ce sont là des questions fort délicates, dont 
la solution dépend d’une saine appréciation des faits particu¬ 
liers et qu’il est impossible de trancher en théorie. Tout ce 
que l’on peut dire, c’est qu’il vaut mieux avoir plus que moins 
de charité et qu’il est toujours bon de laisser au malade 
quelque espoir de guérison. La prière et la confiance en 
Dieu, voilà les deux moyens de se tirer d’affaires en pareil 
cas. 

En résumé, la prudence demande au médecin qu’il ne 
parle lui-même au malade; la justice ne lui en fait jamais un 
devoir; la charité seule peut le lui demander, mais en 
certaines circonstances seulement. 

III 

Il reste encore un troisième point à étudier, à quel 
moment faut-il parler ? 

Le médecin doit parlêr, dés qu'il y a péril certain ou pro¬ 
bable de mort, et il importe qu’il ne parle pas trop tard. Ce 
serait exposer le malade à ne pas recevoir convenablement 
les derniers sacrements et sa famille à ne plus pouvoir mettre 
ordre à ses affaires. 

L’obligation n’est remplie qu’autant que le médecin parle 


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— 50 — 


à un moment où le malade a et aura probablement encore 
quelque temps sa connaissance. 

Il arrive parfois qu’on est appelé seulement au dernier 
moment et qu’on voit pour la première fois une personne à 
l’agonie. L’état du patient indique alors suffisamment qu'il est 
en danger de mort, mais les parents se font si facilement 
illusion qu’il me semble nécessaire, môme on pareille circon* 
stance, de parler et d’exprimer, s’il y a lieu, la nécessité de 
faire venir le prêtre. 

Il n’est jamais trop tard pour parler : tant qa’il y a vie, 
l'obligation du médecin subsiste, ainsi que la possibilité pour 
le malade de bien recevoir les derniers sacrements : il entend 
souvent, alors qu’il ne donne plus aucun signe de connaissance. 

Bien plus, il faut parler, même lorsqu’il s’agit d'un malade 
aliéné depuis longtemps. Il n’est pas rare, en effet, d’observer 
le retour de la raison aux approches de la mort. 

Certaines maladies, comme l'angine de poitrine, l’insuffi¬ 
sance aortique, la paralysie labio-glosso-laryngée, etc., 
exposent à une mort subite. Que doit faire alors le médecin? 
Il doit, ce me semble, prévenir la famille de cette éventualité, 
disant par exemple : « Je ne suis pas inquiet pour le moment; 
le malade peut vivre longtemps encore, mais il peut aussi 
mourir subitement; il est donc bon de prendre d’avance ses 
précautions. » 

Les devoirs du médecin chrétien auprès des mourants sont, 
on le voit, bien pénibles en certaines circonstances, mais 
aussi quoi de plus capable, dirai-je en empruntant & notre 
confrère, le D r J. Roger, cette belle pensée de Hecquet, 
« quoi de plus capable de nourrir la foi d’un médecin que cette 
considération continuelle de la mort, et la présence non 
interrompue de la dernière fin de l’homme. » 

En résumé, les devoirs du médecin chrétien auprès des 
mourants peuvent se ramener à deux principes : la justice 


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— ST — 


et la oharité. Prévenir qu’il y a danger de mort eat un devoir 
de justice qui relève directement de la profession médicale et 
qui oblige toujours et partout le médecin. Faire venir le 
prêtre auprès du mourant est un devoir de chanté, qui 
l’oblige plue ou moins, suivant les circonstances de temps, 
de lieu, de personnes. 

Cette distinction n’est pas purement spéculative ; elle seule, 
à mon avis, peut guider le médecin daus les situations si 
délicates qu'il rencontre parfois dans l’exercice de sa profes¬ 
sion. (Bulletin médical.) 

OBSERVATIONS CLINIQUES (1 > 

par te Dr Lambrbohts, file, 

Amblyopie nlcotinlque. 

Carlos Segovia, âgé de 44 ans, ouvrier, vint me consulter 
au dispensaire homœopathique le 22 janvier 1889. 

Le malade me dit que depuis plusieurs mois sa vue baissait 
considérablement, à tel point qu’il avait dû renoncer à ses 
occupations journalières. Il était grand fumeur; il avait 
constamment la cigarette à la bouche, et fumait même au lit 
et pendant ses repas. Il ne faisait aucun excès en boissons 
alcooliques. 

Ce qui me frappa surtout en examinant le malade, ce fut 
le myosis considérable que présentaient les deux yeux. Les 
pupilles avaient à peine la dimension d’une tête d’épingle 
et restaient immobiles aux changements de lumière. L’acuité 
visuelle avait notablement diminué ; elle était réduite à 1/6 
dans les deux yeux, c’est-à-dire que le malade ne pouvait lire 
qu’à 5 mètres de distance les caractères de l’échelle métrique 
de De Wecker qui doivent pouvoir se lire normalement à 
30 mètres. Les verres convexes ou ooncaves n’amenaient 

(1) Os observations ont été faites par notre confrère le D r Lambreghts, fils, 
att dispensaire homœopathique de Malaga. (N. D. L. R.) 


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aucune amélioration de la vision. La perception des couleurs 
était quelque peu pervertie. Ainsi le rouge et le vert lui 
paraissaient gris, et il avait beaucoup de peine à distinguer 
une pièce d’argent d’une pièce de cuivre. Pour l’examen 
ophthalmoscopique je fus obligé de dilater la pupille à l’aide 
d’une solution assez concentrée d’atropine. Cet examen 
d’ailleurs ne révéla rien de particulier ; les pupilles étaient 
dans leur état normal. 

Le malade n’éprouvait aucune douleur dans les yeux ; il 
n’avait jamais été atteint de syphilis et ne présentait aucun 
symptôme de tabes dorsalis. 

Les urines ne contenaient ni sucre ni albumine. L’appétit 
était faible, la langue chargée d’un enduit blanc jaunâtre, il 
existait de l'insomnie et un certain degré de constipation. 

Je me trouvais donc en présence d’un cas d’amblyopie nico- 
tinique bien caractérisée. 

Je recommandai au malade de s’abstenir de tabac et d’al¬ 
cool, et lui donnai 4 globules de nuæ vom. 3 e à prendre le 
matin, et 4 globules de phosph . 6 e à prendre le soir. 

Le malade vint me voir quinze jours après en me disant 
qu’il n’avait pu résister à la tentation de fumer quelques 
cigarettes. Le myosis et l’acuité visuelle ne présentaient pas 
de changement appréciable, mais l’appétit était meilleur, les 
selles plus régulières et le sommeil beaucoup moins agité. 

J’insistai sur l'abstinence du tabac, et prescrivis le même 
traitement à suivre pendant un mois. 

Le 5 mars je pus constater une amélioration considérable 
des symptômes oculaires. Les pupilles étaient plus larges et 
se mouvaient, quoique faiblement encore, sous l’influence des 
changements de lumière, l’acuité visuelle était de 1/3 pour 
l’œil gauche et de 1/4 pour l’œil droit. Le malade ne fumait 
plus qu’une cigarette après chaque repas, et avait pu repren¬ 
dre son travail. 


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— 59 — 


Même traitement. 

Le 28 mars, le malade vint m’annoncer qu’il était guéri. 
Les pupilles étaient normales, l’acuité visuelle 1/2 pour les 
deux yeux, et la confusion des couleurs avait disparu. 

La cure radicale de l’amblyopie nicotinique peut s’obtenir, 
il est vrai, sans le secours d’aucune médication et uniquement 
par l’abtinence complète du tabac ; mais alors, d’après là plu¬ 
part des auteurs, elle ne survient qu’au bout de 4 à 5 mois. 
Il est évident que dans le cas que je viens de décrire, nux et 
phosphore ont puissamment contribué à dissiper les phéno¬ 
mènes amblyopiques, puisqu’on moins de 9 semaines l’acuité 
visuelle a progressé de 1/6 à 1/2. 

Paralysie agitante 

Dolorès Monsolla, blanchisseuse, âgée de 55 ans, vint ré¬ 
clamer mes soins au dispensaire le 18 janvier 1889. 

Le mal dont elle souffrait datait de l’année 1884. Pendant 
l’épouvantable tremblement de terre qui occasionna à cette 
époque tant de désastres à Malaga, elle voulut fuir de sa 
demeure, mais elle resta clouée au sol, incapable de faire un 
mouvement, et le corps agité d’un tremblement nerveux très 
intense. Quelques mois après, elle se remit insensiblement de 
sa frayeur, sans pouvoir néanmoins se débarrasser d’un trem¬ 
blement des mains qui survenait à la moindre émotion et à la 
moindre fatigue. Il y a environ une année, à la suite d’un vio¬ 
lent chagrin provoqué par la mort subite de son mari, elle fut 
reprise desmêmes symptômes nerveux et, voyant que son mal 
faisait des progrès et envahissait les membres inférieurs, elle 
alla consulter un médecin allopathe de Malaga qui lui prescri¬ 
vit du bromure de potassium. Elle suivit ce traitement pen¬ 
dant des mois, sans en éprouver d’amélioration. Au contraire, 
depuis ce temps, elle commença à ressentir des symptômes 


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inconnus jusqu’alors, consistant surtout en céphalalgie, ver¬ 
tiges , nausées et douleurs à l’estomac. 

La malade est une personne maigre, d’un tempérament 
bilioso-nerveux, ayant toujours joui d'une santé excellente, 
avant l'apparition de son mal. Les mouvements sont très 
prononcés dans le membre supérieur gauche. Lorsqu’on lui 
prend la main, celle-ci est agitée de secousses rythmiques 
qui se succèdent à de courts intervalles ; de plus, elle a de 
la tendance à prendre l’aspect caractéristique de la paralysie 
agitante, c’est-à-dire l’attitude d’une main qui tient une 
plume à écrire, les doigts étant rapprochés du pouce et un 
peu fléchis. Aussi la malade éprouve de grandes difficultés à 
saisir un objet. La jambe gauche est également le siège 
d’oscillations rapides qui lui rendent la marche difficile et 
incertaine. Ces symptômes existent aussi du côté droit, mais 
à un degré beaucoup moins prononcé. 

Un autre phénomène important, c’est la diminution de la 
force musculaire très accusée dans la main gauche. La malade, 
à qui je dis de me comprimer le poignet de toutes ses forces, 
ne peut exercer qu’une pression à peine sensible. L’appétit 
était faible, les selles irrégulières et difficiles, Turine abon¬ 
dante et très claire. Les règles ont cessé depuis environ 8 ans 
sans donner lieu à des troubles appréciables. La malade est 
très nerveuse. Elle ne peut rester un instant à la même place; 
la nuit, elle éprouve parfois une sensation de chaleur intense 
qui l’empêche de dormir, et, de temps en temps, elle ressent 
des maux de tête et des douleurs rhumatoïdes dans les 
membres. 

Je prescrivis les trois médicaments suivants ‘qui me 
paraissaient contenir dans leur pathogénésie la plupart des 
symptômes mentionnés : nux 3% phosphore 3® et hyoscia • 
mus 3 e , une goutte de chaque remède par jour, dan» une 
cuillerée d’eau. 


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— 61 — 


Un mois plus tard, la malade vint me voir et m’exprima sa 
satisfaction et en même temps son étonnement de ce que mes 
remèdes avaient eu Une action si rapide et si énergique. En 
effet, une amélioration sensible s’était produite dans son état: 
L’appétit était meilleur, les selles plus régulières et la cépha¬ 
lalgie avait disparu. Quant au tremblement, je le trouvai aussi 
prononcé qu’au premier jour. Cependant, la malade me dit 
que les oscillations étaient moins fortes, mais que le seul fait 
de se trouver en présence d’un médecin la faisait trembler 
davantage. Elle m’assura que lorsqu’elle était seule, bien à 
son aise, elle marchait plus aisément, et pouvait saisir les 
objets avec beaucoup plus de facilité. 

Je lui donnai les mêmes médicaments à prendre pendant 
six semaines, et lui recommandai les mouvements métho¬ 
diques des bras, des mains et des doigts. 

Le 4 avril, je revis la malade. Son état s’était amélioré à 
tel point qu’elle avait pu reprendre ses occupations. Le trem¬ 
blement n’avait pofnt cessé complètement, mais il était beau¬ 
coup moindre. Il y avait des jours, me disait-elle, où elle ne 
tremblait plus du tout. Sous l’influence de la fatigue ou d’une 
émotion morale, les mouvements devenaient plus prononcés 
mais n’atteignaient jamais la violence d’autrefois. Les doigts 
étaient plus libres et la force musculaire avait considérable¬ 
ment augmenté. J’engageai la malade à suivre la même mé¬ 
dication quelque temps encore. Depuis cette époque, je ne l’ai 
plus revue; il est probable qu’elle juge son état assez satis¬ 
faisant pour se passer des soins du médecin. 

Cystite chronique du col. — Engorgement 
de la prostate 

Claudio Lopez, âgé de 52 ans, employé, se présenta à la 
consultation le 9 avril 1889. L’affection dont ils ouffrait avait 
débuté, il y a environ 3 mois, par une blennorrhagie aiguë 


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— 02 — 


qui, peu de temps après son apparition, s’était propagée au col 
de la vessie. Il consulta un médecin allopathe qui lui prescri¬ 
vit des capsules au copahu, et lui fit faire des injections dans 
le canal de l’urèthre au moyen d’une seringue en verre. (Les 
injections au moyen d’une seringue sont absolument ineffi¬ 
caces dans les cystitesdu col, car le liquide injecté ne pénètre 
nullement dans la vessie.jt 

Ce traitement ne fut suivi d’&ncnne amélioration, et le 
mal avait passé à l’état chronique, avec quelques recrudes¬ 
cences aiguës. 

Le malade se plaignait surtout d’envies fréquentes (Fari¬ 
ner ; depuis 3 mois, il urinait au moins 30 fois par nuit, ce 
qui lui rendait le sommeil tout à fait impossible. Pendant le 
jour, la miction était moins fréquente. L’urine s’écoulait gé¬ 
néralement goutte à goutte et en très petite quantité ; elle 
était claire et normale, excepté à la fin de la miction ; elle 
devenait alors trouble et contenait du pus et du sang coa¬ 
gulé. Les contractions du sphincter de la vessie étaient 
accompagnées d’une douleur brûlante qui s’étendait jusque 
dans le rectum. Le cathétérisme de la partie antérieure du 
canal de l’urèthre ne présentait rien d’anormal ; mais dès que 
la sonde pénétrait dans la partie prostatique, elle éprouvait 
une certaine résistance et une déviation assez sensible avant 
d’arriver dans la vessie. Il existait donc un engorgement 
considérable de la prostate, qu’il était aisé de constater éga¬ 
lement parle toucher rectal. 

Le malade avait beaucoup maigri et paraissait épuisé par 
ses longues insomnies dont il était atteint depuis le début de 
son affection. Il éprouvait une soif violente et souffrait de 
constipation et de ténesme anal. Je lui recommandai instam¬ 
ment l'abstinence de café, vins, liqueurs et tabac, et lui 
prescrivis pulsatilla 3 e et thuya 3«, 2 gouttes de chaque 
médicament par jour dans 2 cuillerées d’eau. Je lui fis éga- 


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■TF*' 


— 63 — 

lement chaque jour dans la vessie, au moyen d’une sonde, 
une injection composée d’uno solution d’acide phénique, d’alun 
et de sulfate de zinc, dans la proportion de 1 pour 100. 

Après 15 jours de ce traitement, je pus constater une 
amélioration considérable; la prostate avait diminué sensible¬ 
ment de volume, la sonde pénétrait beaucoup plus facilement 
dans la vessie, et le malade n’urinait plus que 8 à 10 fois par 
nuit; aussi pouvait-il déjà dormir quelques heures Comme il 
se plaignait encore de douleurs à la miction, de soif et de 
sécheresse dans la bouche, je remplaçai la puisât ilia par 
belladona 3 e . Ce médicament, aidé de thuya , acheva la 
guérison qui &f complète le 3 mai, c’est-à-dire 3 semaines 
environ après la première visite du malade. 

D r Lambreghts, fils 


LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE 

par M. D r Martiny 

L'anémone pulsatille dans les affections utérines . 

Tel est le titre d’un petit travail lu par M. le l) r Bovet à 
la Société de médecine pratique de Paris, séance du 22 mars 
dernier. Le Bulletin 'médical résume ainsi ce travail: 

M. Bovet lit une note sur l'action de l'anémone pulsatille et de son 
glucoside l’anémonine contre les douleurs qui ont pour siège l'utérus ou 
ses annexes. Comparant leurs effets à ceux de l'aconitine dans les diverses 
névralgies, il accorde une action élective particulière à cette variété 
d'anémone, qui serait un analgésique des plus fidèles dans les cas de 
règles douloureuses, dysménorrhée, aménorrhée, métrite, ovarite, sal¬ 
pingite, etc. L'alooolature, faite avec la plante fraîche, jouirait de pro- 
v priétés plus fixes que la teinture préparée avec la plante sèche. 

Voilà donc nos confrères allopathes qui viennent de décou¬ 
vrir que la pulsatille a une action favorable sur les malaises 
provenant de l’utérus et de ses annexes. Voilà par exemple 
une découverte bien facile à faire ; il n’y a pas une seule 
personne connaissant un tant soit peu l’homœopathie qui ne 
sache, combien la pulsatille réussit souvent dans ces cas : 


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retard de règles, irrégularités, douleurs utérines, etc. La 
puisâtilie est notre premier remède dans les aSections de 
matrice. 

Continuez vos découvertes, confrères, en pillant notre 
matière médicale, mais au moins ayez le courage de le dire. 

Non contents de prendre nos médicaments, ils nous pren¬ 
nent la manière de les préparer, car Hahnemann a eu soin de 
dire que pour la préparation de la teinture-mére depulsatille 
il fallait, comme pour toutes nos plantes indigènes, employer 
la plante fraiche, c'est-à-dire l’alcoolature comme le recom¬ 
mande le Dr Bovet, — mais un médecin qui se respecte n’ose 
pas parler de Hahnemann ni de l’homceopathie, il serait mis 
au rancart. D r Martiny. 


NOUVELLE 

Le gouvernement du Wurtemberg, à la suite d'un pétitionnemcnt dirigé 
par la Société Hahnemann , a pris une décision en faveur de 1‘homœopa- 
thie. Le ministre Schmidt a déclaré que cette méthode thérapeutique était 
digne d'avoir sa place comme médecine officielle et à TUniversité. 

En outre il a annoncé que les candidats pour les places de médecins 
du gouvernement, seraient interrogés sur l'homœopathie lors de leurs 
examens. 

La Société allopathique du Wurtemberg a naturellement adressé une péti¬ 
tion demandant que le gouvernement ne sanctionne pas la décision minis¬ 
térielle sous prétexte que l’homœopathie n'était pas une médecine 
scientifique. Le gouvernement n'a pas agréé cette protestation et a con¬ 
firmé sa première décision ; elle a aujourd'hui force de loi. Voilà donc 
l'homœopathie officiellement reconnue dans le Wurtemberg comme elle 
l'est déjà par un grand nombre d'autres gouvernements. 

A quand le tour de la Belgique ? 


SOMMAIRE 

LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny . 33 

Le tabac (Suite), par MM. Eh. Seutin, Ph“ et le D r Léon 


Seutin, à Bruxelles.40 

Déontologie médicale.51 

Observations cliniques, par le D r Lambreohts, fils. . 57 
Les larcins de l’allopathie, par le D r Martiny . . . 63 
Nouvelle. 64 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


16* Annêb. jon» 1889. N* 3. 


LE BORD DE LA MER ,,) 

par le D r Martiny 


La mer et les enfants bien portants 

Nous avons vu que le séjour de la mer et les bains de 
mer peuvent être profitables à presque toutes les person¬ 
nes bien portantes ; examinons maintenant si tous les 
enfants qui se portent bien en retireront quelque avantage 
pour leur santé. La mer, dit-on aujourd’hui,est le « paradis 
dbs enfants». C’est on ne peut plus vrai pour le plus 
grand nombre (les enfants qui trouvent à la mer joie et 
santé : il y a peu d’exceptions, mais il y en a, et il importe 
de les connaître et d’être prévenu. A côté des merveil¬ 
leuses transformations de la santé que ces petits êtres vont 
chercher au bord de la mer en jouant, en courant, en fol⬠
trant, on constate parfois que la santé de certains d’entre 
eux s’altère plus ou moins profondément : ils y deviennent 
très nerveux, très excitables ; ces cas sont heureusement 
peu fréquents et sont presque toujours la conséquence 
d’une mauvaise direction. Néanmoins, certaines prédispo¬ 
sitions morbides peuvent s’y développer et s’y accentuer; 
c'est le médecin seul qui doit être juge s’il se trouve en 
présence d’un de ces nombreux symptômes passagers que 
la vie de la plage détermine fréquemment chez les enfants 
ou si réellement l’air marin produit un effet nuisible ; 
presque toujours on trouve la cause de ces malaises dans 
certaines habitudes des enfants, dans leur nourriture, 

(1) Suite, Voir volumes précédents et volume courant, pp. 1 et 33. 


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66 — 


dans leur logement, etc. La mer a une action si puissante 
sur la nutrition dans les premières années de la vie qu’il 
est fort rare quelle ne soit j>as admirablement tolérée 
malgré les imprudences que l’on voit commettre. Per¬ 
sonne ne le conteste plus aujourd’hui, la mer est le grand 
correctif du lymphatisme qui se caractérise par une abon¬ 
dance des liquides blancs.de «la lymphe*, dans l’économie. 
La lymphe est un liquide semblable au sang, à la couleur 
près ; nous avons, à côté des vaisseaux sanguins, une 
quantité de vaisseaux parcourus par la lymphe, ces vais¬ 
seaux lymphatiques aboutissent à des ganglions plus ou 
moins nombreux et plus ou moins volumineux qui parais¬ 
sent jouer un rôle important à l’époque do la croissance ; 
le système lymphatique est très actif dans l’enfance, aussi 
a-t-on dit avec raison que tous les enfants sont plus ou 
moins lymphatiques, mais il ne faut paé prendre ici le 
mot lymphatisme dans un sens forcé et tant soit peu sy¬ 
nonyme de scrofulose.La scrofule est une maladie et nous 
nous en occuperons plus loin, tandis que le lymphatisme, 
qui pourtant dégénère facilement en scrofulose, est plutôt 
un tempérament : tous les enfants, surtout les enfants des 
villes, sont donc un peu lymphatiques, c’est-à-dire qu’ils 
ont les chairs bouffies, pâles, blanchâtres,la peau fine,etc. 
Eh bien, la mer corrige presque toujours cette tendance, 
en activantles fonctions du sang, en stimulant le système 
nerveux et la digestion. Voyez un enfant, après un séjour 
d’un mois sur la plage; il était gros et bouffi: il est dégonflé; 
il avait le teint rose mais pâle: il est rose et bruni; il 
était nerveux, irritable, maussade : il est devenu gai et 
enjoué ; il était paresseux le malin, engourdi dans son 
lit : il est aujourd’hui tout dispos dès qu’il ouvre les yeux, 
parce que son sommeil a été vraiment réparateur, etc., 
en un mot, il est transformé, la mer a corrigé son lym¬ 
phatisme. Ni médecin, ni médecine, ni même l’air de la 


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campagne et des montagnes ne peuvent donner en si peu 
de temps un pareil résultat; ici la cure marine n’a pas de 
rivale ; elle agit vite et bien : une pareille transformation 
ne se fait naturellement pas sans secousses ; toutes les 
les mères expérimentées savent que les premiers temps 
de leur séjour à la mer les enfants ont les uns un peu de 
fièvre avec douleurs de tête, d’autres deviennent d’une 
pétulance exagérée, le système circulatoire, le système 
nerveux sont le siège d’une surexcitation plus ou moins 
vive ; cette excitation peut devenir le point de départ 
d’une maladie et contre-indiquer formellement le séjour 
de la plage chez certains enfants : quand elle ne dure que 
quelques jours, quand l’enfant « prend vite le dessus », 
tout se passe comme nous l’avons dit. Quand au contraire 
elle dure trop longtemps ou que l’enfant a le système 
nerveux originellement trop excitable, alors il peut y 
avoir danger, surtout si par une hygiène bien entendue, 
par une ligne de conduite bien précise, on ne modère pas 
cette trop grande excitation. 

Nous connaissons un certain nombre de familles qui 
ont pris la louable habitude de passer une partie de la 
bonne saison à la mer ; dans plusieurs d’entre elles il y 
avait des prédispositions héréditaires fâcheuses et les 
enfants étaient peu robustes : la mer les a transformés, ils 
ont dépassé la taille de leurs parents, leurs membres sont 
plus musclés, plus vigoureux, et au lieu d’une adolescence 
pleine d’écueils et de dangers, ils ont une santé florissante; 
ils ressentiront toute leur vie les bons effets de cette 
cure annuelle du bord de la mer. 

La vie que les enfants mènent sur la plage, en courant, 
en jouant, produit des modifications profondes dans tout 
leur organisme ; ils s’y transforment avec une rapidité 
surprenante : à peine arrivé l’enfant est déjà sous cette 
salutaire influence, il sent sa poitrine se dilater, il devient 


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— 68 — 


gai, enjoué, expansif, il est comme sous le charme de 
l’atmosphère de la mer : 

« Plus pure, plus dense, plus lumineuse, dit le D r Bro- 
chard, d’une température plus constante que l’atmosphère 
terrestre, incessamment renouvelée par la brise et par les 
vents qui régnent sur les côtes, l’atmosphère maritime 
agit sur tous les organes et modifie profondément toutes 
les fonctions de l’économie. Elle fortifie la peau et les 
muqueuses, fournit à la respiration des éléments plus 
réparateurs et rend l’hématose plus complète. L’intensité 
de la lumière sur le bord de la mèr joue un rôle immense 
dans cette stimulation générale. Sous toutes ces influences 
vivifiantes, la peau se colore, se vascularisé ; les fonc¬ 
tions respiratoires se font plus facilement, les organes 
profonds se dégorgent, le système musculaire lui-même 
acquiert une énergie inaccoutumée. L’appétit continuel¬ 
lement excité par l’air salé que les enfants respirent sans 
cesse devient beaucoup plus vif, les fonctions digestives 
prennent de l’activité et régularisent les fonctions si 
importantes et si souvent viciées chez les enfants, de 
l’assimilation et de la nutrition. Les qualités physiques 
que possède l’atmosphère maritime,les phénomènes météo¬ 
rologiques dont elle est le siège, lui donnent une action 
toute spéciale sur l'organisme ; elle est éminemment 
propre à modifier les fonctions de la peau et de la 
muqueuse bronchique chez les enfants qu’ont étiolés l’air 
impur des grandes cités et l’atmosphère trop concentrée 
des appartements modernes. » 

Qu’on n’aille pas conclure pourtant que nous conseil¬ 
lons pour tous les enfants le séjour continu du bord de la 
mer, ni penser que si un ou deux mois passés à la mer 
sont salutaires, un séjour beaucoup plus prolongé ou 
même continu sera plus utile encore. Nous ne sommes 
pas de cet avis ; le séjour de la plage, l'habitation et la 


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— 69 — 


vie de la digue forment une vraie cure pendant laquelle 
l’organisme absorbe de vrais médicaments, et lorsque 
l’enfant n’est pas atteint d’une maladie proprement dite 
dont l’air marin est le médicament, quand il n’a pas un 
vice constitutionnel dont les remèdes marins sont le cor¬ 
rectif, le, séjour de la plage, en plein air marin, ne peut 
être indéfiniment prolongé ; qu’un enfant atteint d’acci¬ 
dents scrofuleux,par exemple, puisse avec avantage pas¬ 
ser six mois, un an et môme plus tout contre la mer et y 
respirer constamment l’air marin, cela se conçoit, mais il 
n’en serait pas de même si, sous prétexte de donner des 
forces, on exposait journellement pendant aussi longtemps 
à l’air marin proprement dit, un enfant qui n’est ni 
malade, ni atteint d’accidents morbides constitutionnels. 

Règle générale, un séjour d'un à trois mois est suffisant 
pour un enfant non malade : aussi nous avons fréquem¬ 
ment observé des enfants qui devenaient plus surexcités et 
plus maigres quand on s’obstinait à prolonger outre mesure 
leur séjour à la plage : ils étaient saturés d’air marin. 

Si la mer est une précieuse ressource pour les enfants, 
si elle produit des résultats remarquablement rapides 
chez eux, c’est qu’elle corrige certaines tendances défec¬ 
tueuses de leur santé, inhérentes à leur manière de vivre 
antérieure; voilà pourquoi c’est surtout chez les enfants 
des villes quelle produit les effets les plus surprenants 
et les plus salutaires, parce que la vie des villes, où man¬ 
quent l’air et la lumière, amène toujours des troubles plus 
ou moins accentués de la nutrition, un état de langueur, 
une pâleur et même une certaine bouffissure de la face. 

En un mot si la mer agit souvent mieux et plus vite que 
la campagne pour remédier aux inconvénients d’un séjour 
trop prolongé dans les villes, c’est qu’à côté d’un air pur 
et stimulant elle fournit aussi des remèdes qui sont fort 
utiles pendant un certain temps, jusqu’à guérison, mais 


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— 70 — 


peuvent devenir nuisibles quand ils sont pris pendant 
très longtemps. 

Nous ne saurions trop recommander aux parents de pren¬ 
dre l’habitude de conduire chaque année leurs enfants à la 
mer, c’est le complément d’une bonne éducation physique; 
ce coup de fouet donné chaque année à l’organisme sera 
un bienfait dont la santé se ressentira pendant toute leur 
vie ; c’est un moyen bien supérieur au séjour de la cam¬ 
pagne, lequel, pour être réellement utile, doit malheureu¬ 
sement être assez prolongé, tandis qu’un mois de séjour à 
la plage est ordinairement suffisant pour imprimer à la 
croissance et au développement du corps une impulsion 
nouvelle, pour faire parfois disparaître de fâcheuses ten¬ 
dances de la nutrition. Chacun le comprend aujourd’hui, 
aussi les établissements de santé pour les enfants devien¬ 
nent de plus en plus nombreux au bord de la mer, parce 
que chaque année apporte une nouvelle preuve de l’heu¬ 
reuse influence que la vie de la plage exerce sur la santé 
de presque tous les enfants. 

Le début de la cure doit être spécialement surveillé, il 
f mt procéder graduellement ; par exemple, il ne faut pas, 
comme nous l’avons trop souvent constaté, laisser les 
jeunes enfants dès les premiers jours continuellement 
patauger les pieds nus dans l’eau de la mer; la durée du 
séjour sur la plage elle-même doit être graduée ; l’enfant 
ne doit pas passer au début tout son temps sur la digue ; 
il faut aussi tenir compte de l’état de l’atmosphère ; par 
une journée calme, quand le soleil n’est pas trop ardent, 
un enfant nerveux pourra, dès son arrivée, séjourner 
à la mer plus longtemps que si le vent de mer est violent, 
amenant de nombreuses poussières marines ; si le soleil 
est très ardent, il faut non seulement se méfier de 
l’action directe des rayons solaires, mais aussi de la 
réverbération ; venant de bas en haut elle frappe directe- 


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— 71 — 


ment la figure qui n’est plus dans ces conditions protégée 
par le chapeau ; aussi les insolations ne sont pas rares, 
et nous avons souvent constaté de vraies brûlures à la 
figure et au cou de certains enfants qui n’avaient pas ôté 
leur chapeau un seul instant. Il ne faut donc pas laisser 
trop longtemps ces enfants sur la plage les premiers jours 
et surtout alors il ne faut pas les plonger dans l’eau et 
leur faire prendre des bains dès leur arrivée, comme nous 
l’avons vu faire souvent. C’est ici le moment de dire 
quelques mots au sujet du bain de mer chez les enfants : 
faut-il le leur permettre, faut-il le recommander ? Avant 
de résoudre cette question, rappelons que le bain de mer 
est une manoeuvre importante au point de vue de la santé, 
que c’est une manoeuvre hydrothérapique complexe, 
qu’elle met en action tous les organes de l’économie et 
exige un effort violent de réaction ; or les organes de 
l’enfant, surtout de l’enfant très jeune, sont pleins de 
vitalité il est vrai, mais n’ont pas encore acquis tout leur 
développement ; il faut donc être très réservé et très pru¬ 
dent, même pour l’enfant réellement robuste; la première 
impression du froid risque d’être trop forte et la réaction 
trop violente pour des organes incomplètement formés ; 
chez l’enfant, surtout chez l’enfant de trois à cinq ans, il 
faut aussi tenir compte de l’impression morale que pro¬ 
duisent les premiers bains : instinctivement l’enfant a 
peur quand on le plonge dans l’eau, et cette impression 
morale peut jouer un rôle important pour la réaction.Que 
de fois n’avons-nous pas vu des parents qui, dès leurs 
premiers bains, prennent avec eux leurs jeunes enfants et 
s’empressent de les plonger dans l’eau : le plus souvent 
la figure de l’enfant exprime la terreur, il jette des cris 
d’épouvante; peu importe, on le plonge brusquement dans 
l’eau et on le remet aux mains de la bonne qui attend dans 
la cabine ; c'est là que le pauvre petit fait sa réaction ou 


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— « — 

plutôt grelotte pendant que les parents achèvent de pren¬ 
dre leur bain ; ils le retrouvent transi de froid, pleurant, 
à moitié essuyé. Y a-t-il lieu de s’étonner dès lors si l’en¬ 
fant gagne une affection catarrhale, de la céphalalgie et 
si la nuit il a des cauchemars, s'il se réveille en sursaut, 
le pauvre petit, dont l’organisme a été si rudement secoué 
non seulement par les influences multiples de la plage où 
tout est nouveau pour lui, mais aussi par ce malheureux 
bain dont ce souvenir seul le glace d’épouvante. Il faut 
être très prudent dans l’administration des bains de mer 
chez l’enfant et ne pas perdre de vue l’impression morale 
que le bain produit si souvent chez lui ! On dit ordinaire¬ 
ment qu’il ne faut pas permettre le bain avant l’âge de 
sept ans ! Nous ne voyons pas pourquoi l’on priverait cer¬ 
tains enfants moins âgés de cet adjuvant si utile de la cure 
de mer; bien des enfants, même de très jeunes enfants, se 
trouveront très bien du bain de mer, du moment qu’il est 
pris dans de bonnes conditions ; en général quand on 
s’est assuré que l’enfant n’a plus peur on doit choisir 
pour le premier bain, une journée chaude, sans grand 
vent ; la durée du bain doit être très courte, une simple 
immersion les premières fois pour arriver peu à peu à 2 
ou 5 minutes de durée au plus ; il faut surtout s’assurer 
de la réaction, observer si l’enfant se réchauffe vite et 
bien, et au besoin aider à cette réaction par des frictions 
et même des boissons chaudes. Si la réaction est franche, 
si l’enfant aime de se plonger dans l’eau, on peut lui per¬ 
mettre une série de bains qui ne feront qu’accroître la 
somme des bienfaits que la cure de mer procure à la santé 
de presque tous les enfants. 

(A continuer.) D r Martïny. 


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Le tabac (1) 

par MM. Em. Sbutin, Ph", et le D r L. Siotin, à Bruxelles. 

Quelques-uns de ces misérables savent mettre la férocité 
de leurs instincts à l’usage des conceptions diaboliques, dont 
le but est toujours la vie large, aisée, dans l’ivresse et sans 
travail, en s’appropriant le bien d’autrui par le meurtre. 

Dans cette catégorie de dégénérés, se trouve le fameux 
Tropmann qui, à 20 ans, rêvait la vie libre de l’Amérique, 
loin des gendarmes, en y emportant une fortune et un nom 
qu’il volait à toute une famille, le père, la mère et six enfants 
qu’il assassina en trois fois, à plusieurs jours d’intervalle. 

C’est une des conceptions criminelles les plus larges et les 
plus monstrueuses que jamais dégradation humaine aie pu 
tramer. 

Quand on analyse en détail ces grands crimes, on s’apeiv 
çoit bien vite que tous ces meurtriers sont dépossédés du sens 
humain, et qu’ils agissent par une impulsion qu’on ne peut 
qualifier que de folio. Ils ne se contentent pas de tuer, 
comme les bêtes fauves, ils assouvissent encore sur leurs 
victimes une horrible rage. Ils déchirent, mutilent sans 
nécessité par instinct féroce. Ces monstruosités, qui sont 
l’efiet du narcotisme chez les individus dont il a perverti le 
sens moral, ne sont pourtant qu’une exception restreinte 
dans la grande loi de la dégénération de l’homme sous l’in¬ 
fluence du tabac. Ces maniaques du suicide ou du meurtre 
n’ont été dégradés que dans une partie de leurs qualités 
effectives. Chez eux, l’intelligence a peu souffert, et tant que 
ces meurtriers ont pu cachor leurs crimes, rien dans leurs 
rapports avec le monde n’aurait pu faire croire à leur per¬ 
versité (2). 

(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, pp. 9 et 40. 

(2) Depierrifl. Physiologie sociale . Le tabac, pp. 348 et 349. 


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Mais l'intoxication tabagique ne fait pas seulement des 
monomanes, des excentriques, des monstres, mais quand elle 
est plus profonde, plus continue sur le système nerveux, 
suivant l'impressionnabilité des sujets, elle fait des fous. 

La folie dont nous avons déjà parlé, est une des plus 
granles plaies que l'abus du tabac ait ouverte dans nos 
sociétés modernes. Ces mille infirmités qu’il cause dans notre 
organisme, n’atteignent que l’individu sur lequel elles se sont 
développées. Quel que soit l’organe qui ait été ruiné par le 
nicotisme, l’estomac, le poumon, le cœur, etc., le malade, 
à bout de résistance, meurt et tout est fini, car il est resté 
seul à endurer des maux qu’il s’est volontairement attirés. 

Mais l’aliéné est inconscient de son abaissement et de ses 
misères. Il ne s’appartient plus ; ce n’est pas lui qui souffre, 
il est devenu la douleur des siens, le fardeau de la société, 
dont il affecte péniblement le regard par l’exhibition de tant 
de dégradation humaine, et dont il compromet la sûreté par 
le déchaînement de toutes les mauvaises passion*, que l’intel¬ 
ligence et la raison ne dominent plus chez cos malheureux 
dégénérés (1). 

Avant le règne du tabac, la folie était uno maladie très 
rare dans l’humanité, mais depuis que cette plante fatale a 
envahi le monde entier, elle s’est développée partout dans des 
proportions vraiment effrayantes. La France seule aujourd hui 
compte au moins cent mille aliénés, et a besoin, pour contenir 
tous ces malheureux, de 100 établissements, qu’on désign3 
sous les noms de maisons d’aliénés ou de maisons de santé. 

Dans notre pays on comptait, je crois, avant 1830, pour 
toute la Belgique, 800 aliénés. Aujourd’hui, il y en a peut- 
être plus de 8000! Ce chiffre représente le nombre d’aliénés 
qui se trouvaient alors en France à la même époque. Quelle 

(1) Depierris. Physiologie sociale . Le tabac, pp. 348 et 349. 


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— 75 — 


progression effrayante et lamentable dans cette terrible 
maladie ! Ses progrès, du reste, ont toujours été de pair avec 
la marche ascendante du tabac. Ce que nous disons ici, nous 
pouvons l’appliquer à toutes les contrées de l’Europe, en y 
comprenant l’Amérique, qui est peut-être le pays du monde 
où se manifestent sur la plus vaste échelle, les aliénations 
mentales. C’est aussi le pays où se fait le plus grand abus de 
cette fatale plante à Nicot : chose étnnge, c’est par la chique 
que les Américains font cette énorme consommation de tabac. 
En présence de tant de misères humaines, n’a-t-on pas bien 
des motifs de s’attrister, quand on porte ses regards sur les 
vastes et nombreux établissements consacrés à la folie, 
entourés de murs élevés et grilles de fer, comme s’ils conte¬ 
naient des criminels ou des bêtes fauves ! N’est-on pas aussi 
tenté de se demander d’où peut venir un accroissement si 
rapide et si régulier de la folie? De quelque côté qu’on en 
cherche la cause, dit encore M. le docteur Depierris, on ne 
pourra la trouver que dans la consommation da tabac, qui 
grandit, nous venons de le dire encore, avec la même régu¬ 
larité et dans les mêmes proportions que le nombre des fous. 
Aussi, pour nous, cette cause fatale et mystérieuse est toute 
entière dans le tabac, dont la fumée narcotique nous sature, 
car nous vivons au milieu d’elle, comme dans une atmosphère 
empoisonnée. Ne monle-t-elle pas à notre cerveau avec ses 
vapeurs d’ivresse, comme l’arsenic, le mercure, le plomb, 
dans les industries malsaines, et produit sur le cerveau deux 
actions bien marquées : l’une qui le ruine par la congestion, 
l’émaciation, le ramollissement, et l’autre qui le détruit dans 
ses fonctions psycho-physiologiques jusqu’à la folie (1). 

C.et air empoisonné dont nous venons de parler n’est- 
ce pas celui que tant d’hommes égoïstes imposent à leurs 


(1) Depierris. Physiologie sociale, p. 357. 


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— 76 — 

femmes, à leurs enfants, à leur famille toute entière ? Ah ! 
messieurs les fumeurs, si tous ignorez les dangers auxquels 
tous exposez les personnes qui doivent tous être les plus 
chères, Totre faute en est amoindrie, mais si tous les connais¬ 
sez, tous deTenez alors de bien grands coupables qu’on a 
le droit de juger très sévèrement. A ces hommes on peut 
appliquer le langage que tenait l’illustre Michelet en parlant 
de l’homme qui a la passion du tabac : L’homme qui fume, 
disait-il, n’a que faire dô sa femme ; son amour, c’est cette 
fumée légère dont la spirale monte au hasard. 

Nous citerons ici seulement deux exemples, qui viendront 
démontrer d’une manière péremptoire toute la véracité des 
paroles de l’éminent écrivain. 

Le premier, nous le puiserons dans la remarquable brochure 
intitulée le Tabac, par M. le docteur Galopin (1). 

Un de ses amis et confrère, le D r G., un grand fumeur, 
contracte un mariage longtemps désiré. Madame est très 
incommodée de l’odeur du tabac et se plaint. M. le docteur 
Galopin est appelé pour arbitre dans ce singulier et intime 
débat : il fait consentir son ami à s'enfermer plusieurs fois 
par jour dans un pavillon isolé pour satisfaire sou besoin 
de fumer. 

Qu’arriva-t-il? On a pu supposer que madame ne put s’habi¬ 
tuer à la nauséabonde odeur qui imprègne le fumeur, qu’elle 

se plaignit oncoro. Finalement le docteur C. n’eut 

pas la force de renoncer au tabac et lui sacrifia une femme 
charmante ; il y eut une séparation mutuellement consentie, 
et ils s’aimèrent toujours.à distance. 

Voici le second fait, et dans lequel on me pria de remplir 
le rôle d’arbitre. Il se rapporte à deux jeunes gens mariés 
depuis sept ou huit mois à peine, et cependant dans ce jeune 

(1) Brochure qui a été courouuée par la Société fondée h Paris contre l’abus 
du tabac. 


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ménage, il y avait bien souvent déjà de pénibles récrimina¬ 
tions, et le tabac en était seul la cause. Le mari était un 
fumeur passionné ; quant à la jeune femme, elle assurait que 
la fumée du tabac, à laquelle elle était exposée sans cesse, 
l’incommodait énormément. Avant notre union, ajoutait-elle, 
je jouissais d’une excellente santé, et depuis cette époque, je 
suis toujours souffrante ; j’éprouve presque toujours des 
douleurs de tête, avec chaleur et rougeur du visage, batte¬ 
ments aux tempes ; ces douleurs sont accompagnées de 
nausées et de vertiges ; elle avait aussi des palpitations de 
cœur avec angoisses et oppression de poitrine. Elle était 
certaine que c’était le tabac qui la rendait malade, car chaque 
fois que son mari faisait une absence un pêu prolongée, elle 
se trouvait infiniment mieux, et lorsque cette absence durait 
trois ou quatre semaines, son mari la retrouvait tout à fait 
guérie; mais soumise à nouveau à la fumée délétère, elle voyait 
bientôt reparaître toutes ses misères. L’épreuve était con¬ 
cluante, et aurait dû convaincre le mari que son triste tabac 
était bien la cause de tout le mal, mais il ne voulait passe ren¬ 
dre à l'évidence; tant d’hommes, disait-il, fument en présence 
de leurs dames et qui ne se plaignent pas. Il avait raison, car 
elles sont nombreuses celles qui souffrent en silence et 
évitent d’adresser des reproches, pour ne pas éloigner ceux 
qu'elles désirent conserver prés d’elles. Et puis il ajoutait: les 
indispositions dont ma femme se plaint ne sont peut être que 
de simples coïncidences, et en admettant que le tabac y 
soit pour quelque chose, ne pourrait-elle pas s’y acclimater, 
de telle sorte que le tabac n’aurait plus sur elle la moindre 
influence fâcheuse ; et dès lors, pourquoi se priverait-il d’une 
chose qu’il aimait, qui lui était chère et à laquelle il tenait 
énormément. 

J’eus beau lui représenter qu’il y allait de la santé, de la 
vie peut-être de celle qui lui avait confié sa vie, sa destinée, 


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— 78 — 


et cette confiance qu’elle avait eue en lui, allait-il la trahir? 
Aurait-il enfin le triste courage de la rendre malheureuse, 
alors qu’il lui avait promis et juré qu’il ferait son bonheur ! 
Mais mes conseils et mes représentations devaient rester 
complètement stériles ; c’était un parti-pris chez lui ; aussi, 
avant de me quitter il me dit qu’il ferait toujours tout pour 
être agréable à sa compagne, mais quant à son tabac, sa 
pipe et ses cigares, les abandonner, jamais, car le sacrifice 
serait au-dessus de ses forces et de son courage ! Triste et 
douloureux langage, et auquel on ne croirait pas si on ne 
l’avait entendu, entendu même bien des fois ! Et quelle en est 
la signification ? Ne vient-il pas prouver que les hommes qui 
ont la passion du tabac ne s’appartiennent plus, qu’ils ne sont 
mus que par une seule et unique préoccupation, celle de se 
montrer les serviles esclaves du tyran despotique qu’ils ont 
eu le malheur de se donner et c’est sans doute pour rendre 
hommage et obéir à ce méchant dieu des Peaux-Rouges, qui 
s’appelait Petun (tabac) que l’on voit tant d’hommes qui 
méconnaissent le respect d’eux-mômes, et le respect qu’ils 
doivent aux autres ; et cela ne doit pas nous étonner, car 
aujourd’hui, tout est licence, et vraiment ne croirait-on pas 
que tout est permis, oui, tout permis, car que de fois 
n'avons-nous pas vu des hommes et des jeunes gens appar¬ 
tenant à la meilleure société, lancer leur fumée de tabac, en 
plein visage des dames avec lesquelles ils se trouvaient, soit 
en chemin de fer, soit en tramway, soit en les accompagnant 
dans leurs promenades ? 

Messieurs les fumeurs, permettez-nous de vous le dire, en 
abusant du tabac, vous soumettez à un grand danger le bien 
le plus précieux qui vous ait été donné en partage, la santé, 
mais vous nuisez aussi à la santé d’autrui. Libre à vous de 
porter un grave préjudice à vos facultés physiques, intellec¬ 
tuelles et morales, mais sachez du moins respecter celles des 


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— 79 — 


autres. En agissant comme vous faites, vous commettez un 
acte tyrannique et parfois bien cruel. 

Et voilà cependant le triste milieu dans lequel vivent 
aujourd'hui des milliers de familles. Nous savons que les 
dames des grandes maisons qui ont la fortune en partage y 
ont fait édifier de luxueuses tabagies, où les fumeurs se com¬ 
plaisent. En leur faisant cette concession elles ont ramené au 
logis, des pères, des époux, des fils qui l’avaient déserté 
parce que le tabac n’y était pas admis. Mais les fumo’rs font 
généralement défaut dans les demeures occupées par toutes 
les autres classes de la société, et s’ils n’y sont pas, c’est que 
la place manquait pour les construire, ou bien encore qu’on a 
dû y renoncer, par suite de la dépense assez élevée qu’ils 
devaient occasionner, mais que font alors messieurs les 
fumeurs P Ils convertissent en tabagie toute la maison, le 
cabinet de réception, la chambre à manger, le salon, les 
chambres à coucher ne sont pas même respectées! Heureux 
encore quand la pauvre femme ne doit pas se lever la nuit, 
pour allumer la bougie de m m rieur qui éprouve le besoin de 
filmer un cigare. Il n’aime pas de fumer dans l’obscurité ; car 
il veut voir ses boudées de tabac s’élever dans l’air. C’est son 
plaisir à lui, sa joie, presque du bonheur ! Le sommeil de sa 
compagne a été interrompu, et la fumée dont l’alcove est 
remplie, l’indispose peut-être -, elle cherche à se rendormir, 
elle n’y parvient pas, mais lui a satisfait sa passion, et dans 
son froid égoïsme, cela lui suffit et s’inquiète peu des misères 
qu’il impose à celle qui les souffre et les endure avec une 
patience angélique I 

On ne manquera pas de nous dire que ce sont là des faits 
exceptionnels et tellement rares qu’on ne devrait pas en 
faire la moindre mention. Nous ne partageons pas cette 
manière de voir et nous avons pour cela d'excellentes raisons 
et ces raisons, nous les trouvons dans les confidences et les 


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— #0 — 


aveux assez nombreux qui nous ont été faits à ce sujet; citons 
un seul exemple qui suffira pour apprécier et juger tous 
les autres : 

Il y a quelques années déjà, une dame qui paraissait appar¬ 
tenir à une classe élévée de la Société vint nous demander 
un remède pour la guérir de son enrouement, ou plutôt de 
son extinction de voix, car c’est avec peine que l’on pouvait 
la comprendre ; elle avait gagné un fâcheux refroidissement, 
en se levant la nuit, très légèrement vêtue, pour aller cher¬ 
cher des allumettes oubliées, et qui devaient servir à allumer 
les cigares de son cher époux : toutes les nuits, monsieur 
s’éveillait vers une heure du matin, demandait à sa femme 
quelle allumât sa bougie, pour pouvoir allumer sa pipe ou 
son cigare. Il éprouvait un invincible besoin de fumer, et 
lorsque sa passion était satisfaite et qu’il était bien enve¬ 
loppé de la fumée tabagique, il se rendormait, portant au 
visage une expression de joie et de bonheur! Et vous, tendre 
et trop soumise épouse, vous vous êtes fatalement refroidie ; 
votre enrouement n’était que le prélude d’une affection plus 
sérieuse, puisque vous fûtes attaquée d’une affection grave de 
poitrine : la pleuropneumonie. Vos jours forent en danger, car 
la mort vous a presque touchée ! La santé vous a été rendue, 
puissiez-vous la conserver longtemps encore, puissiez-vous, 
à l’avenir, n’être plus en butte aux exigences odieuses et 
révoltantes de l’homme à qui incombait cependant la mission 
de vous protéger et de vous défendre. Oui, vous aviez droit, 
en votre double qualité de bonne mère et d’épouse, à tous ses 
respects et à toute sa vénération. Mais qu’attendre, qu’es¬ 
pérer d’un homme qui s’est lâchement laissé dégrader par le 
tabac? Les nobles, les généreux sentiments il ne les connaît 
plus, il les dédaigne et les foule aux pieds ; et voilà com¬ 
ment ce triste dégradé par le tabac n’a plus pour celle qu’il 
devrait aimer et chérir, que des procédés entachés de la 


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plus noire et de la plus affreuse indélicatesse. Quant à cette 
fatale plante, qui est son idole, son Dieu, comme elle était celui 
des Peaux-Rouges, il saura tout lui sacrifier, mais quand il 
s’agira des siens, qu’il devrait aimer par dessus tout, il 'ne 
sera plus qu’un indifférent, un froid égoïste, heureux encore 
s’ils ne sont pas l’objet de ses injures furibondes, et s'ils ne 
deviennent pas encore les tristes victimes de ses monstrueu¬ 
ses brutalités. 

(A continuer.) Sbutin, Ph", et D r L. Sbutin. 


DES TROUBLES DE LA PAROLE 

et de leur traitement homœopatbique (1) 

par le D r Wossa. — Traduction du D r Chevalier, de Charleroi. 

Spigelia. — Un enfant de 5 ans répète depuis 15 jours en 
parlant la première syllabe du premier mot 3 ou 4 fois ; après 
avoir vaincu cet obstacle, il continue à parler assez couram¬ 
ment. Si, après une pause, il recommence à parler, il bégaie 
de nouveau ; état vermineux. Spigelia 6*, donné matin et 
soir, le guérit en quelques jours. 

Dans ce cas, le défaut de prononciation dépend d’une irri¬ 
tation périphérique provenant de la présence de vers dans les 
intestins. Il n’existe pas encore de preuves de l’action directe 
de spigelia sur l’organe de la parole. 

Lachesis. — Si nous considérons l’action intense de ce 
médicament sur le cerveau (et la moelle épinière, surtout la 
medulla oblongata), sur l’organe de la parole ainsi que sur le 
cœur, nous comprendrons son action curative dans beaucoup 
de lésions de la parole. Elle se rapproche du reste de celle des 
narcotiques et tandis que "belladone affecte surtout le côté 
droit, lachesis dans les paralysies, suites d’apoplexie, agit 
principalement sur le côté gauche. Son action s’exerce aussi 

(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, p. 19. 


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— 82 — 


bien dans les cas de dépression avec mélancolie et diminution 
de l’activité psychique, que dans les cas d’exaltation avec 
loquacité maladive, perte d’idées ; cependant elle est plus 
forte dans le premier cas, surtout après un surmenage de 
l’esprit par l’étude, avec une faiblesse de conception, facilité 
à l’oubli ; le maladç fait en écrivant beaucoup de fautes 
d'orthographe, se trompe facilement , surtout sur la durée 
du temps. Après cela, vient une difficulté dans la parole ; 
il y a des mots qu'il ne sait pas prononcer , langage 
nasillard , incompréhensible, avec sensation de grosseur 
dans le cou. La langue est raide, et les mouvements de 
déglutition difficiles comme dans le cas de paralysie par 
apoplexie. 

Une petite fille de 4 ans bégayait depuis 2 mois, sans cause 
connue. En bégayant elle tournait le visage dans tous les 
sens, fermait les yeux, ouvrait et contractait spasmodique¬ 
ment la bouche selon le son qu’elle voulait émettre. Le 
bégaiement était irrégulier et commençait au second, quelque¬ 
fois au 3 e mot d’une phrase, parfois cependant elle prononçait 
bien toute la phrase. C’est comme si c’étaient surtout les 
lettres p 9 z et a qui fussent causes du bégaiement. Une dose 
de lachesis 18 e tous les 2 jours améliora en une semaine et 
guérit complètement l’affection en 5 semaines. 

Observation personnelle. — Un prêtre d’une commune 
catholique, âgé de 50 ans, atteint d’une affection cardiaque, 
avait beaucoup à étudier et à prêcher; il était très sujet aux 
refroidissements et souffrait souvent de maux de gorge. 

Un soir qu’il rentrait d’une promenade par un temps très 
froid, il fut subitement atteint d’une apoplexie : le membre 
supérieur gauche fut paralysé et il se déclara une très grande 
gêne dans la prononciation. Il avait son intelligence bonne, 
avait l’air de bien réfléchir, mais ne trouvait plus les mots. 
Les noms propres lui avaient complètement échappé, ainsi 


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que les termes des choses concrètes ; il cherchait à les expli¬ 
quer par gestes et descriptions. En écrivant, il ne trouvait 
pas non plus les expressions propres, il faisait d’horribles 
fautes d’orthographe, construisait ses phrases d’une façon 
inintelligible, doublait les lettres, surtout à la fin des mots. 
Quand il relisait ce qu’il avait écrit, il hochait lui-même la 
tête, n’y comprenant rien. Dans un livre il parvenait à lire la 
moitié d’une ligne, et ne voyait ni ne comprenait rien d’autre; 
Je lui prescrivis lachesis 30 e . La paralysie diminua et la mé¬ 
moire revint insensiblement. Lorsque l’amélioration se fut 
arrêtée, je lui donnai lycopod. 30% une dose tous les huit 
jours. Peu à peu l’intelligence redevint normale ; il parvint, 
quoique encore difficilement, à s’exprimer, à lire et à écrire. Je 
n’ose pas me prononcer sur la manière d’agir du remède, je 
ne sais s’il y a eu résorption d’une embolie lancée du cœur 
vers le cerveau, mais Hahnemann à propos de : 

Lycopodium, dit-il, ne sait plus lire* il n ü reconnaît plus 
les lettres et les confond ; il les voit et sait les imiter, mais 
ne sait se rendre compte de leur signification ; il sait que 
•z est la dernière lettre de Valphabet, mais il a oublié com¬ 
ment elle se nomme; il sait écrire ce qu’il veut, et emploie 
très bien les lettres , mais ne sait pim lire ce qu'il a écrit . 
11 parle parfaitement de choses élevées, même abstraites, 
mais se trompe à propos de choses journalières ; ainsi il 
dira prunes où il devrait dire poires . 

Jahr à propos de lycopod . ajoute : il se méprend sur les 
mots et les syllabes (bégaiement), trouve difficilement la véri¬ 
table prononciation. 

Où Hahnemann a-t-il puisé cette très intéressante obser¬ 
vation? Je crois l’a voir trouvé ; elle se trouve dans les cas 
cités au 3 e cahier du 7 e volume des Archives , p. 12, par le 
D f G. W. Gross, et mérite d’être rapportée ici : 

. Un prêtre d’uue cinquantaine d’années portait depuis 


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— 84 — 


longtemps sur la tête une loupe de la grosseur d’un œuf de 
pigeon. Un beau jour il se la fit enlever. Depuis ce moment 
il ne se porta plus bien. Il avait souvent des douleurs rhuma¬ 
tismales et se refroidissait facilement,malgré ses promenades 
journalières au grand air et sa résistance au changement de 
saisons. 

Très souvent il était enchiffrené et souffrait encore davan¬ 
tage quand le rhume de cerveau ne se déclarait pas. Il devint 
également sourd à droite. 

Un peu plus tard, il lui survint quelque chose de tout par¬ 
ticulier. Il ne savait plus faire les plus petits calculs, ne 
voyait plus distinctement et ne savait plus lire. Il voyait bien 
chaque lettre mais il les confondait; il savait, par exemple, 
que z était la dernière lettre de l’alphabet, mais il avait 
complètement oublié sa prononciation ; il écrivait comme il 
faut, mais il ne savait pas lire ce qu’il avait écrit. Il avait 
oublié le nom des objets qui lui étaient familiers, alors qu’il 
discutait très bien de choses abstraites. Grâce aux remèdes 
antipsoriques (parmi lesquels se trouvait certainement lyco- 
pod.) son état de santé s’améliora rapidement; il sut de nou¬ 
veau bien voir, se rappeler du nom des différents objets ; mais 
la lecture lui fut longtemps difficile, et il dut apprendre comme 
un commençant & épeler mot par mot. Le D r Gross attribua 
cette affection à une ancienne psore. 

Beaucoup plus fréquemment que cette affection diathésique, 
la syphilis petit être considérée comme la cause do troubles 
delà parole, par suite de lésions profondes du cerveau, et de 
différentes psychopathies. La syphilis peut donner lieu à l’apha¬ 
sie, c’est-à-dire à l'incapacité de prononciation par suite 
d’un tremblement non interrompu de la langue, ou d’une 
paralysie des muscles de la langue et du nerf hypoglosse. 

La paralysie progressive des aliénés, qui est également 
parfois la suite de la syphilis, atteint aussi la faculté de pro- 


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7*? 


y 


— 85 — 

nonciation. On ne sait pas encore an juste la part qu’il faut 
attribuer à l’abus du mercure ; il y a en effet des cas où le 
processus syphilitique exerce de prime abord son action sur 
le cerveau, alors que le mercure n’a pas encore été prescrit. 
Et en considérant la pharmacodynamie homœopathique, on 
ne prescrira pas mercure dans ces cas. Nous avons déjà, en 
traitant do la jusquiame montré l’action considérable du 
mercure sur l’organe de la parole, il y a cependant encore 
d’autres signes très importants du mercurius solubilis Hah- 
nemannii tels que : la parole devient difficile, il ne sait 
pas lire, il perd la lucidité de l’intelligence, il n’entend pas 
ce qu’on lui demande, ne retient pas ce qu’il a lu et se mé¬ 
prend facilement. Perte de connaissance ou perte de la pa¬ 
role : elle semblait dormir, presque pas de pouls, température 
du corps normale, aspect cadavéreux. Après une heure elle 
revint à elle, et fit entendre quelques sons-, elle voulait 
parler et ne savait pas; la parole ne lui revint qu'après 12 
heures. 

Dans le cas de tremblement mercuriel, qui provient des 
vapeurs de mercure plutôt que de l’usage interne de ce 
médicament, la langue est aussi entreprise, do sorte que la 
voix est tremblotante, ce qui apparait surtout sous l’influence 
d’une émotion. 

Platine. — Une jeune fille de 3 ans, scrofuleuse, se mit 
tout d’un -coup à bégayer, surtout au commencement d’une 
phrase, et principalement pour les sons formés par la gorge, 
le palais et la langue. La parole résonnait comme si l’enfant 
avait quelque chose en bouche, et les organes de la parole 
paraissaient comme paralysés et roides. Après avoir donné 
plusieurs ntédicaments inutilement, on put la guérir par 3 
doses de platine 30*. 

Cette observation jusqu’ici est unique : la connexion exis¬ 
tant entre les organes génitaux, sur lesquels platine a une 


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— 80 ' — 


influence si marquée chez la femme, et les organes laryngés 
de la voix,faisait entrevoir une action de ce médicament, dans 
les troubles hystériques do la parole. L’expérience ne nous 
donne pas plus d’indications. ! 

Zincum. — Un enfant de quatre ans, après un typhus ab¬ 
dominal. présenta cette particularité ; chaque question qu’on 
lui faisait, il la répétait sur un même ton, jusqu’à ce qu’on lui 
en fît une seconde, qu’il répétait également et ainsi de suite. 
Zinc . 30 e , en un jour et demi, enleva, selon Goullon, cette fai¬ 
blesse d’une partie du cerveau. 

Déjà Romberg dans son Traité des maladies nerveuses 
avait attiré l’attention sur ce qu’il appelle Y écho de laparole\ 
les malades répètent sur un seul ton les mots prononcés par 
quelqu’un qui les approche, sans faire grande attention, et 
surtout sans discernement aucun. 

Zincum est un médicament qui a une action déterminée sur 
le cerveau, aussi bien au point de vue intellectuel que psychi¬ 
que, surtout pour : grand oubli et faiblesse d’intelligence, inad¬ 
vertance, comme si l’esprit était endormi — puis, faiblesse 
des organes de la parole en lisant tout haut. — On trouve sou¬ 
vent chez ces malades l’écho de la parole, comme aussi cette 
particularité de répéter toujours le même mot usque ad inr 
finitum, c’est-à-dire aussi longtemps qu’ils peuvent crier. 

J’ai eu l’occasion, en 1864, de faire une observation très 
intéressante, pendant la guerre du Danemarck, chez un soldat 
qui fut blessé fortement à la tête par un éclat d’obus qui avait 
pénétré dans le cerveau. 

Cet homme, tout à fait sans connaissance, cria pendant 
des heures entières jusqu’à sa mort le seul mot scheissc ! 

Phosphorns. — Un garçon de 5 ans ne savait plus parler, 
malgré qu’il entendît assez bien. Ses paroles inarticulées ne 
pouvaient être comprises que par scs parents. Manque de 
développement des organes de la parole, probablement de 


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cause cérébrale. Phosph. 12 e , une dose tous les 2 jours, 
améliora en une. semaine et guérit complètement en 5 mois, 
malgré son état précaire de santé. 

Une fille de 19 ans, délicate, règles irrégulières, aménor¬ 
rhée depuis 5 mois, chlorotique, vivant dans de mauvaises 
conditions hygiéniques et travaillant beaucoup. Depuis 14 
jours elle se traîne misérablement, est très pâle, a souvent des 
vertiges et le sommeil agité. Sans force, elle est oublieuse et 
répond lentement aux questions qu’on lui pose. Il y a 4 se¬ 
maines elle tomba de sa chaise, resta un quart d’heure sans 
connaissance, et eut quelques mouvements convulsifs. Le soir 
elle perdit connaissance, la respiration devint stertoreuse, 
les membres gauches furent pris de contractions cloniques, 
les droits contracturés. Pulsatille 3 e , donné pendant 2 jours, 
lui fit reprendre connaissance, mais elle resta paralysée du 
côté droit, ainsi que de la langue. Phosphor. 3 # , 10 gouttes, 
4 fois par jour. 

Après 4 semaines de ce traitement, la paralysie disparut 
complètement. Le mois suivant elle eut ses menstrues ; elle 
ne trouve pas encore le véritable mot en parlant. Par suite 
de maux de tête on supprima phosph. pendant 3 semaines 
puis il fut repris journellement à la dose de 4 fois 5 gouttes ; 
guérison. 

Les expérimentations de phosphore ne prouvent pas une 
action directe de ce médicament sur la prononciation ; nous 
trouvons cependant que ce magnum remedium ,comme l’ap¬ 
pelle le D r Sorge avec raison, excite d’abord le système ner¬ 
veux jusqu’à l’exaltation et puis le déprime jusqu’à complète 
apathie. 

Arnold, dans un cas de ramollissement cérébral, a prescrit 
phosph. parce que d’après ses recherches ce remède donné 
à des animaux a produit la même lésion. Nous trouvons 
également dans un cas d’empoisonnement lent par le phos - 


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— 88 — 

phore , rapporté par Huss, avec l’intégrité du cerveau et des 
organes des sens, une douleur très forte signalée dans la 
moelle épinière, probablement une sclérose avec hésitation 
dans la parole et bégaiement, ce qui n’existait pas auparavant. 

Ce médicament pouvait être essayé également comme le 
nitrate d’argent dans les cas de paralysie des muscles de la 
langue par suite de paralysie bulbaire. Plumbum , que j’ai 
employé dans un cas, n’a pas répondu à mon attente. 

Kalium bromatum . — Dans les nouveaux médicaments 
américains de Haies, nous trouvons sur ce produit les remar¬ 
ques suivantes : 30 à 40 grammes donnés 2 ou 3 fois par jour 
ont produit au bout de 10 à 15 jours, une céphalalgie lourde, 
apathie, faiblesse de l’entendement, embrouillement dans les 
idées, intelligence paresseuse ; il faut poser plusieurs fois la 
question, avant qu’elle soit comprise et qu’il y réponde ; et 
cet état par la continuation du remède va jusqu’à la stupeur. 
Pour le cas présent, les symptômes qui nous intéressent sont: 
lenteur excessive de prononciation ; difficulté à rassem¬ 
bler ses idées et à les exprimer ; perte de la mémoire , il 
oublie ce quil voulait dire et ne sait pas répondre ; il 
ne sait pas réfléchir aux choses les plus simples, et oublie 
même le nom des objets. Aphasie : il ne savait pas parler , 
il savait à peine répéter les mots prononcés devant lui . 

Faiblesse subite : il laisse tomber les objets qu’il a en main, 
on dirait que les muscles ne sont plus sous le contrôle de la 
volonté. Marche incertaine. Impossibilité de se tenir debout 
ou de marcher — paralysie des nerfs rachidiens — perte de 
l’irritabilité réflexe, surtout au larynx, à la gorge et dans la 
bouche., On rapporte la guérison d’un cas d’aphasie produite 
par embolie dans l’artère cérébrale moyenne (fosse de Sylvius) 
sans plus amples renseignements. Les symptômes cités plus 
haut prouvent que ce médicament peut être de grande utilité 
dans les troubles delà parole,provenant de lésions du cerveau 
ou de la moelle allongée et épinière. 


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— 89 — 


Euphrasia a pour symptôme pathognomonique : il ajoute 
le mot ainsi à chaque instant en parlant, aussi bien au com¬ 
mencement qu’au milieu d’une phrase (une variété de bégaie¬ 
ment), de manière & avoir une construction de mots différente, 
alors qu’avant ses phrases étaient liées. 

Cicuta virosa. — Il ne sait pas prononcer couramment 
les 5 ou 6 premiers mots ; pour les autres cela va mieux mais 
il lait, en les énonçant, un petit mouvement de tête en arriére, 
avec un haussement d’épaules, comme s'il avait le hoquet. 

Cannabis sativa. — Il parle difficilement — parle sur un 
seul ton (clangor) et non pas comme tout le monde — il ne 
sait pas parler correctement, tantôt ce sont les mots, tantôt 
c'est le timbre de la voix qui fait défaut (pendant 4 heures 
parfois) ; vers le soir cela recommence, il parle tantôt avec 
éloquence, très vite, puis il se ralentit et répète parfois 
10 fois le même mot sans respirer, il se fâche, quand il ne 
peut pas répéter le même mot. Les paroles sortent avec diffi¬ 
culté et douleur dans le dos. En outre il se trompe en écri¬ 
vant, oublie des mots. 

Cannabis indica, dont l’action sur le cerveau est réelle, se 
recommande encore dans d’autres troubles de la parole : il 
oublie ses dernières paroles et idées ; il parle à voix de basse 
dans un ton très bas. 

Il commence une phrase, sans pouvoir l’achever, ayant 
oublié ce qu’il voulait dire. Loquacité, avec bredouillement et 
bégaiement. 

Anacardium orientale. — Il prononce difficilement cer¬ 
tains mots, comme si la langue était plus lourde : grande 
faiblesse d’idées; il ne sait pas exprimer ce qu’il veut 
dire. Le matin, la mémoire est nulle, surtout pour certains 
mots. 

Quand une amélioration produite par ce médicament s’an- 


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— 00 ,— 


nonce, il se rappelle d’une foule de futilités passées depuis 
longtemps, et cela sans le moindre à propos. 

Crocus sativus. — Ce médicament a une influence très 
grande sur la mémoire. Ainsi une personne, qu’il connaît 
parfaitement bien, lui semble inconnue, il se rappelle bien 
l’avoir déjà vue, mais il ne sait plus son nom, il la confond 
avec une autre et ne la reconnaît que longtemps après. Il se 
trompe quant à la durée du temps et sur les objets qui sont 
devant lui. 

Il y a une observation très remarquable de ce médicament 
par rapport à la mémoire musicale : tout d’un coup son ima¬ 
gination est frappée du souvenir d’un concert auquel elle a 
assisté il y a déjà quelque temps, elle croit l’entendre et dis¬ 
tingue parfaitement chaque instrument. Ce souvenir vivant 
faiblit après un temps très court, et elle n’est plus en état de 
se rappeler d’un air. Du reste, la mémoire de sons musicaux 
n’est pas la même que celle de la voie parlée, comme le pou¬ 
voir d’exprimer musicalement ses sentiments et surtout de 
chanter, est indépendant de la manière de parler. C’est ainsi 
qu’on conseille au bégayeur de chanter ce qu’il veut dire et 
qu’il s’en acquitte fort bien. 

Nous terminons ici notre travail sur les troubles de la 
parole. L’école officielle avait déjà traité de la pathologie 
des affections de la parole (je mentionnerai surtout l’ouvrage 
du professeur Kussmaul, édité en 1877 sur « les troubles de 
la parole » auquel j’ai fait plus d'un emprunt), mais elle n’avait 
jamais traité de la thérapeutique de ces maladies. 

Et voyez ! l’homœopathio, considérée comme une cendrillon, 
possède dans sa pharmacodynamie naturelle et expérimentale 
un grand nombre de cas de troubles de la parole, qu’elle a 
provoqués chez i’homme.sain et dont par conséquent elle peut 
obtenir la guérison par ses remèdes, comme nous l’avons 
prouvé cliniquement dans les pages qui précèdent. 


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— or — 


Certes, notre connaissance spéciale des remèdes comme 
notre thérapeutique renferment des trésors inestimables, pour 
l’appréciation desquels je fais tous mes efforts. 

Puisque nous acceptons avec joie les idées théoriques que 
les chercheurs de l’ancienne école nous ont transmises sur ce 
chapitre, il ne serait que juste qu’ils acceptassent les maté¬ 
riaux que notre pharmacodynamie a rassemblés pour la gué¬ 
rison de ces mêmes affections. v 

Mais comme les Pharisiens ils posent la question : « que 
peut-il sortir de bon de Nazareth? » et passent à l’ordre du 
jour en méprisant les savantes recherches de l’homœopathie. 
Ce qui prouve que nous ne formons pas une secte de fanati¬ 
ques, comme Ta prétendu dernièrement un rigoriste privât 
docent , c’est que nous profitons des études de nos adver¬ 
saires ; le fanatisme régne plutôt de leur côté. 

FIN 

Traduction du D r Chevalier. 

BEVUE DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES D'AMÉRIQUE 

par le D r Lambreqhts, fils, d’Anvers. 

Indications des remèdes homoeop&thlques dans la 
parturltion 

Le D r Baylies, de Brooklyn, expose comme suit les indica¬ 
tions des. principaux remèdes homœopathiques dans la par- 
turition : 

La femme est inquiète, agitée; elle craint la mort et en 
prédit même l’époque ; la face est rouge, congestionnée et 
exprime la terreur ; il existe de la fièvre avec pouls plein, 
fort et dur; les douleurs de l'enfantement sont excessives; le 
vagin est sec et chaud.Dans ces cas, une seule dose d'aconit 
suffit pour calmer l’agitation et régulariser le travail. 


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— 92 — 


Lorsque les contractions utérines sont faibles et irrégu¬ 
lières à la suite d’une grande fatigue; lorsque tout le corps 
est sensible et douloureux au toucher, lorsqu'enfin la pression 
de la tête de- l'enfant sur le col de la matrice occasionne 
de vives soufirances, arnica est le meilleur remède à admi¬ 
nistrer. 

Les indications de belladona sont : Pression violente 
aux organos génitaux comme si tout voulait sortir.Les con¬ 
tractions utérines font défaut ou cessent; press ion violente 
au sacrum; le liquide amniotique s’est écoulé et cependant 
le col de l’utérus reste contracté spasmodiquement. 

Le D r Baylies cite deux cas où la tête de l’enfant étant 
engagée dans le détroit inférieur, les douleurs ont cessé sou¬ 
dainement : une dose de bellad. a provoqué immédiatement le 
travail avec une telle intensité qu’il eut beaucoup de peine à 
éviter la déchirure du périnée. 

Chamomilla. — Tiraillements et points douloureux dans 
le dos. Sensation comme si la région lombaire allait se briser. 
Douleurs s’étendant de la région du foie dans tout l’abdomen 
et dans le bassin, surtout lorsque la femme est couchée. Ti¬ 
raillements dans la région sacrée. Crampes dans l’utérus 
suivies d’un écoulement de sang coagulé (Placenta prœcia.) 
Face congestionnée, tempérament irascible, convul.ions et 
raideur comme dans le tétanos (éclampsie). Douleurs déchi¬ 
rantes dans les membres inférieurs, menace d’avortement. 

Pulsatilla. — Douleurs vives dans la région utérine. Con¬ 
tractions dans la partie gauche de l’utérus obligeant la femme 
à se courber. Douleurs violentes dans la partie inférieure de 
l’abdomen avec besoin d’aller à selle; elles s’étendent vers 
les reins et peuvent provoquer des sy ncopes. Pu/sa Lest em¬ 
ployé surtout dans l’avortement,lorsque l’écoulement sanguin 
s’arrête puis revient avec plus de force amenant l’expulsion 
de môles. Il est indiqué également lorsque les contractions 


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utérines sont faibles et irrégulières. Enfin, dans certains cas, 
i 1 a réussi à corriger des présentations défectueuses. 

Nuxvomica. —Douleurs constrictives empêchant au début 
la dilatation du col, et plus tard l'expulsion du placenta. 

Crampes avec flatulence dans l’abdomen,envies fréquentes 
d’uriner et d’aller à selle. Les douleurs de l’enfantement sont 
accompagnées de crampes dans les jambes et les mollets et 
de refroidissement des extrémités. 

Actea racemosa. —Spasmes des ligaments larges; douleurs 
dans les ovaires, l’utérus et les lombes; douleurs transvérsales 
dans l’abdomen; accès de crampes dans l’utérus; névralgie 
cardiaque, rigidité du col, points douloureux et crampes dans 
les membres; les membres sont pesants et engourdis. Actea 
se distingue surtout de caulophyllum, par les douleurs 
transversales de l’abdomen et l’engourdissement et la pesan¬ 
teur des membres. 

Caulophyllum. — Congestion de l’utérus avec sensation de 
plénitude et de pression à l’hypogastre. Picotements comme 
par des épingles dans la région du col. Rigidité spasmodique 
du col, travail lent. Douleurs violentes dans les lombes; con¬ 
tractions utérines courtes, irrégulières et spasmodiques. 

Lycopodium. — Douleurs s’étendant des régions iliaques 
vers les régions inguinales ; envies fréquentes d’uriner, mic¬ 
tion difficile, rétention d'urine. 

Calcarea carhonica. — Douleurs déchirantes dans les par¬ 
ties latérales de l’abdomen; crampes dans l’hypogastre; chaleur 
dans les organes génitaux. Héring le recommande dans tous 
les cas où l’on craint un avortement chez les femmes qui ont 
ordinairement les menstrues très abondantes et qui sont su¬ 
jettes à des hémorrhagies. 

Secale cornutum. — Pendant le travail, les contractions 
utérines sont faibles, irrégulières ou font défaut. Tout semble 
relâché. Rétention du placenta. Les arrière-douleurs sont 


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94 — 


faibles et de longue durée. Sensation du froid et horripilation 
dans l’abdomen, le dos et les membres; diarrhée, écoulement 
par le vagin d’un liquide noir et très fétide. Métrite puerpérale; 
avortement suivi de douleurs déchirantes dans les extrémités. 
Rigidité tétanique. Convulsions épileptiformes. Il est surtout 
employé dans la métrite avec septicémie. 

Hyosciamus .—Spasmes pendant le travail, avec irritabilité 
nerveuse très prononcée. Tous les 10 ou 15 minutes, accès 
de convulsions dans les muscles des membres et de la face. 
Syncope,anxiété, oppression. Après l’avortement, écoulement 
persistant d’un sang rouge débutant par un spasme. Fièvre 
puerpérale, rétention d’urine, diarrhée indolore; suppression 
du lait et des lochies. 

Gelseminum .— Grande lassitude, relâchement musculaire 
complet avec paralysie motrice. Douleurs aiguës dans la ré¬ 
gion utérine s’étendant vers le dos et les hanches. Travail 
arrêté, col largement dilaté, atonie complète. Somnolence, 
albuminurie, sensation comme si l’utérus s’élevait ou comme si 
une vague montait do l'utérus à la gorge. (Homœopat. Physic.) 

Hypericum perforatum dans le tétanos 

Le Homœopathic Recorder rapporte doux cas de guérison 
du tétanos par hypericum perforatum : 

I. — Un enfant de 4 ans fut mordu légèrement à la main 
par un chien. 

On lui fit un pansement à Y arnica afin de prévenir le déve¬ 
loppement du tétanos traumatique, et on lui administra le 
même remède à l’intérieur. 

Malgré ce traitement, le soir du neuvième jour après la 
morsure, les parents s’aperçurent-que l’enfant avait quelque 
difficulté à mouvoir la mâchoire intérieure. Le D r Heuser 
mandé en toute hâte ne put venir que le lendemain, lorsque 
la maladie s’était complètement développée. Il prescrivit im- 


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— 95 


médiatement%perj'eum perforât, lx, deux gouttes toutes 
les heures. 

L’enfant passa une mauvaise nuit, en proie à de violentes 
convulsions tétaniques qui survenaient de demi-heure en demi- 
heure; le matin il parut plus calme et dormit quelques heures. 
Pendant le jour, les convulsions ne se produisirent que trois 
fois, et furent beaucoup moins violentes et moins longues. 

Le même traitement fut continué. La seconde nuit se passa 
assez bien. Le malade n’eut qu’une seule attaque qui dura 
environ 20 minutes. Ce fut la dernière. Le lendemain matin, 
l’amélioration fut plus manifeste encore, et l’enfant put en¬ 
tre ouvrir les mâchoires. Après le quatrième jour de traite¬ 
ment, il mâchait déjà des aliments solides, et il no lui restait 
plus qu’un peu de raideur des maxillaires qui disparut rapide- 
-ment. 

IL— Le l ar septembre 1888, une jeune fille de 19 ans eut 
l'index et le doigt médian de la main droite pris dans l’engre¬ 
nage d’une machine. L’index ne fut que légèrement blessé au 
sommet; mais le doigt médian fut tellement mutilé qu’on dut 
en faire l’amputation. Après l’opération on appliqua un panse¬ 
ment à l'huile phéniquée. Le 16 septembre apparut le trimus 
suivi de convulsions de plus en plus violentes. Pendant les 
accès, la malade devenait complètement rigide des pieds à la 
tête, à l’exception des bras qu’elle pouvait mouvoir quelque 
peu. Immédiatement après survenaient des convulsions d'une 
telle intensité que trois hommes avaient de la peine à la tenir. 
Elle ne voulait pas garder le lit,, parce que, disait-elle, elle y 
suffoquait. Pendant les accès, l’intelligence avait toute sa 
lucidité, et elle se plaignait de violentes douleurs. Le médecin 
allopathe qui l’avait soignée antérieurement, lui administra 
l'opium et la morphine. Ces remèdes procurèrent un peu de 
sommeil à la malade, mais à son réveil, les convulsions redou¬ 
blaient d'intensité. Elle ne pouvait aller à selle qu’à l’aide de 


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— 96 — 


lavements et, pendant les accès, les urines s’échappaient 
involontairement. L’appétit était assez bon, mais elle ne pou¬ 
vait prendre que du liquide, et cela par une ouverture qu’on 
lui avait pratiquée dans la denture, car les mâchoires étaient 
fortement contractées. Parfois elle ressentait une chaleur 
intense; elle devenait fiéyreuse, et la face se couvrait de 
sueurs. La blessure avait pris une teinte rosée, et paraissait 
en voie de cicatrisation. 

Gomme le traitement allopathique n’avait produit aucune 
amélioration, la famille consulta un médecin homœopathe, le 
D r Heuser, qui prescrivit hypericum per for. 1 x et ledum 
palus. 1 x, une dose de chaque médicament toutes les heures 
en alternant. Dés les premières doses, les convulsions devin¬ 
rent moins fréquentes et moins violentes, et au bout du 
troisième jour, elles cessèrent pour ainsi dire complètement. 
De temps en temps, il se produisait encore de petits soubre¬ 
sauts dans les muscles des bras et des jambes. La malade 
dormait bien pendant toute la nuit; elle pouvait déjà entre ou¬ 
vrir suffisamment les mâchoires pour permettre l’introduction 
d’un biscuit qu’elle parvenait à mâcher et à avaler assez faci¬ 
lement. 

D' Lambreghts, fils. 


SOMMAIRE 

LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martint . 65 

Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph" et le D r Léon 

Seütin, à Bruxelles.73 

Des troubles de la parole et de leur traitement homœo- 
pathique (Suite et fin).— Traduction du D r Chevalier, 

de Charleroi.81 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers.91 


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1 


REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

16* Année. JUILLET 1889. N° 4. 


LE BORD DE LA MER 

par le D r Martiny. 


Les personnes âgées au bord de la mer 

Et d’abord peut-on fixer l’époque où commence la 
vieillesse? On s’accorde généralement pour considérer 
l’âge de soixante ans comme le point de départ de l’âge 
avanoé. C’est alors, en effet, que l’on observe habituelle¬ 
ment un afiàissement sensible des forces, surtout des for¬ 
ces physiques ; les facultés intellectuelles se conservent 
intégralement plus longtemps dans la majorité des cas ; 
mais ce point de départ est très variable : on voit, en 
effet, des personnes conserver toute l’intégrité de leur 
esprit et même de leurs fonctions pendant fort longtemps, 
tandis que chez d’autres, la vieillesse est très précoce ; 
certains individus, soit par l’effet de maladies, ou par dé¬ 
bilité originelle, offrent l’apparence de la caducité avant 
d’avoir atteint l’âge de soixante ans. 

La vieillesse se reconnaît à un certain nombre de con¬ 
ditions anatomiques et physiologiques ; un «aspect tout 
particulier du visage, des traits, de l’expression de la 
figure, difficile à analyser, mais que tout le monde saisit. 
Le médecin, lui, doit surtout s’enquérir de l’état des 
vaisseaux sanguins. La vieillesse est l’âge des varices et 
des indurations artérielles. Bichat a résumé cette idée en 

(ij Suite. Voir valûmes précédents et volume courant, pp. 1, 33 et 6ô« 


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— 98 


disant : « L’homme a l’âge de ses artères. * Quand les 
veines ne sont pas très variqueuses, quand les artères 
sont souples et peu tortueuses, qu’elles ne présentent pas 
de nodosités, ni d’indurations prononcées, la vieillesse 
proprement dite n’est pas arrivée, le sujet peut lutter 
avantageusement contre les influences morbides. Mais la 
vieillesse imprime aussi à d’autres organes des traces plus 
ou moins profondes : les os sont plus fragiles, parce 
que l’élément gélatineux y est plus rare, les fonctions 
de la respiration s’exécutent plus difficilement pour 
plusieurs raisons : certains vieillards ont les poumons 
emphysémateux, c’est-à-dire que les vésicules pulmonai¬ 
res sont distendues outre mesure ; chez d’autres, la poi¬ 
trine paraît rétrécie, il se produit une sorte d’atrophie ; 
enfin, chez d’autres encore, les bronches sont encombrées 
de matières noirâtres, d’une sorte de dépôt charbonneux. 
Ces diverses conditions apportent une gêne plus ou moins 
grande dans la respiration et exigent de la part de l’or¬ 
ganisme des efforts respiratoires plus ou moins prononcés 
pour arriver à inspirer la quantité d’air nécessaire. 

La peau subit aussi dans la vieillesse des altérations 
plus ou moins caractérisées chez les divers sujets, elle 
se ride, se dessèche, se parcheminé, transpire moins 
facilement ; chacun sait combien les fonctions de la peau 
sont importantes ; elles sont ralenties chez le vieillard. 
Les organes digestifs sont plus paresseux, et pourtant, 
tandis que 4es autres sens s’émoussent, le sens du goût 
persiste très longtemps ; il n’est pas rare de le trouver 
même plus exquis que précédemment ; aussi la gourman¬ 
dise est parfois le péché mignon de l’homme âgé, et les 
plaisirs de la table sont un grave écueil pour lui parce que 
les indigestions sont fréquentes et que l’estomac est plus 
lent à reprendre ses forces. 

- Qui le croirait, le nombre des maladies auxquelles la 


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vieillesse est sujette est beaucoup plus restreint qu’aux 
autres époques de l’existence ; les sympathies des organes 
entre eux sont pour ainsi dire éteintes, les émotions sont 
moins vives, les influences d’un grand nombre de causes 
morbides ne se font guère sentir ; beaucoup d’affections 
graves, les fièvres éruptives, la fièvre typhoïde, etc., 
n’atteignent presque jamais le vieillard; si des causes 
relativement bénignes peuvent abattre ses forces, d’autres 
ne le touchent pas, on dirait que son organisme n’est 
plus assez fort pour engager la lutte et qu’il l’évite. 

En général aussi, les maladies des vieillards ne sont 
pas des maladies très aiguës, leur réaction est peu pro¬ 
noncée, ils ne gagnent pas facilement des frissons ni de 
la fièvre, il se forme plutôt chez eux, des stases, des 
encombrements, des congestions passives contre lesquelles 
l’économie plus ou moins affaiblie ne réagit que très faible¬ 
ment. Ils meurent souvent sans lutte, sans que l’économie 
affaiblie ait pu réagir. 

Qu’on nous pardonne d’entrer dans ces détails à propos 
de la vieillesse,ils ont pour but de faire comprendre notre 
manière de voir au sujet de l’indication de la cure de mer 
chez les personnes âgées, d’autant plus qu’à cet égard 
nous avons une opinion un peu différente de celle qui a 
cours habituellement. On croit généralement et grand 
nombre de médecins déclarent que la mer ne convient 
guère aux personnes âgées ; nous ne sommes pas com¬ 
plètement de cet avis : jusqu’à un certain âge, parfois 
même jusque septante ans et au-delà, la mer peut rendre 
les plus grands services pour la santé des personnes 
âgées, lorsqu’elles ne sont pas atteintes d’une de ces 
affections qui contre-indiquent formellement le séjour 
de la plage, et dont nous nous occuperons plus tard, mais 
il ne faut pas que l’économie soit trop affaiblie pour pou¬ 
voir réagir contre les influences de la mer. Bien qu’en 


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— 100 — 


général il ne soit pas toujours prudent de soustraire le 
vieillard à ses habitudes, à sa manière de vivre ordinaire, 
beaucoup de personnes âgées ont le tort de ne pas pro¬ 
fiter de la précieuse ressource de la mer ; nous en connais¬ 
sons un certain nombre qui y vont chaque année depuis 
longtemps, et quand ils en reviennent, ils paraissent 
rcyeunis ; ils y trouvent, en effet, un air pur, plus pur 
que dans n’importe quelle autre région, un air plus dense, 
ce qui exige de la part de leur poitrine moins d’efforts 
pour absorber la quantité d’oxygène nécessaire à l’oxy¬ 
dation du sang. 

Leur appétit est stimulé au bord de la mer comme 
celui des personnes plus jeunes, mais ici se présente un 
écueil dont les personnes âgées doivent être averties. 
Nous venons de voir que la gourmandise est le péché le 
plus habituel de cet âge, mais si le goût est parfois plus 
exquis, l’estomac est plus paresseux ; aussi gare aux 
indigestions, se méfier de l’excitation de l’appétit lors des 
premiers temps du séjour à la plage. 

La peau, comme on le sait, est vivement fouettée par 
l’air de la mer, elle récupère une certaine vitalité ; cette 
stimulation est très favorable chez le vieillard qui doit 
tout mettre en œuvre pour conserver l’intégrité de ses 
fonctions cutanées ; malheureusement le bain de mer, si 
utile pour atteindre ce but, offre des dangers multiples 
pour l’homme âgé, et il faut le lui interdire presque 
toujours, mais le bain de mer chaud, pris dans des condi¬ 
tions convenables, avec toutes les précautions usitées, 
peut le remplacer plus ou moins avantageusement ; il est 
donc peu de personnes âgées qui puissent se hasarder 
à prendre des bains à la lame et à celles qui se sen¬ 
tent assez robustes pour le risquer ou qui ont une 
réelle habitude du bain de mer, conservée d’année en 
année, nous conseillons vivement de bien choisir leur 


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temps et de ne pas séjourner, trop longtemps dans l’eau ; 
elles doivent prendre ces bains par une journée chaude 
et calme, ne jamais dépasser trois ou quatre minutes, 
faire suivre le bain d’une friction très énergique et 
prendre un peu de vin généreux ; avec ces précautirns 
certains vieillards, habitués à la mer, peuvent essayer avec 
avantage le bain à la lame, mais, nous le répétons, c’est 
le bain de mer plus ou moins chaud qui leur convient le 
mieux ; son action est souvent singulièrement fortifiée 
par des douches chaudes, qui activent fortement la 
réaction. Nous conseillons donc la mer à un certain 
nombre de personnes âgées de notre clientèle, elles vont 
chaque année y passer un certain temps, leur santé s’y 
fortifie visiblement, elles y éprouvent un sentiment de 
bien-être. Nous pensons donc que les personnes âgées, en 
. se surveillant un peu, en s’éloignant de la digue par les 
vents un peu forts, en évitant les excès de table, peuvent 
profiter jusqu a un âge très avancé, tant quelles n’out pas 
d’affection organique grave, des bienfaits d’un séjour à la 
plage ; elles y respirent souvent plus facilement, leur 
activité cutanée y gagne de l’énergie, toutes leurs fonc¬ 
tions s’y exécutent mieux : mais nous considérons le bain 
de mer chaud et parfois la douche chaude comme des 
adjuvants utiles sinon indispensables, tandis que le bain à 
la lame doit être pour ainsi dire complètement défendu : 
par suite du refroidissement subit qu’il produit, il amène 
trop facilement des congestions vers la poitrine et les 
centres nerveux dont les vaisseaux sont toujours plus ou 
moins indurés et friables chez les personnes avancées 
en âge. 

D r Martiny. 


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— 102 — 


ASSOCIATION CENTRALE DES HOHŒOPATBES BELGES 

Séance du 2 avril 1889. 

Président , Secrétaire , 

D r Criquelion. Ch. Gares, Ph°. 

La séance est ouverte à trois heures. 

Le procès-verbal de la réunion précédente est adopté. 

Le D r Lambreghts, fils, qui est allé fonder un dispensaire 
homœopathique à Malaga, envoie à l’association un travail 
sur le climat de ce pays et sur les progrès de l’homœopatbie 
en Espagne (1). 

Les membres de l’Association lui votent des remercîmenls 
pour sa communication et espèrent bien que le D r Lambreghts 
profitera de son séjour en Espagne pour leur communiquer 
d’autres travaux aussi intéressants. 

A propos de l 'emploi des médicaments externes et des 
palliatifs dans la thérapeutique homœopathique, le D'Schepens 
donne lecture de l’observation suivante : 

Un cas d’ileus 

par le D r Schepens, de G&nd. 

Le 30 janvier dernier, vers quatre heures du matin, je fus 
appelé chez Madame N., atteinte d’une indisposition subite. 
C’est une personne de 45 ans, arthritique, régulièrement 
réglée et jouissant habituellement d’une bonne santé ; elle a 
eu trois enfants dont le plus jeune a onze ans. Rentrée vers 
minuit, très bien portante,elle a été prise tout à coup, à deux 
heures, de crampes violentes du ventre accompagnées de 
vomissements de matières muqueuses et bilieuses ; la douleur 
était continue, s’aggravant par accès et provoquant alors des 
vomissements. 

(1) Ce travail a été publié dans le numéro de février de la Revue . 


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— 103 — 


Je trouve la malade se tordant dans son lit ; le pouls petit 
et accéléré, une soif ardente, les extrémités froides, le ventre 
balonné et dans la fosse iliaque droite une tumeur deux fois 
grande comme un œuf de poule, très sensible à la pression, 
laquelle provoque d’ailleurs inévitablement des vomisse¬ 
ments. Elle éprouve un besoin continuel d’aller à selle, mais 
sans résultat ; il n’y a pas de fièvre. Avant môn arrivée on 
avait, mais sans succès, appliqué des cataplasmes chauds loço 
dolenti. 

L’invasion pour ainsi dire foudroyante du mal sans le moin¬ 
dre effort, pendant le repos au lit, l’absence de toute fièvre » 
quand tous les symptômes se montraient avec une extrême 
violence, me firent diagnostiquer une occlusion intestinale. 

Je conseillai le traitement suivant : 

Repos absolu, diète, glace par petits morceaux pour étan¬ 
cher la soif, lavements émollients de demi-heure en demi- 
heure et comme remèdes colocynthis 6 e et nux vomica 6° 
alternés, une dose de cinq en cinq minutes. 

* Le premier lavement vida la portion inférieure de l'intestin 
et les suivants produisirent chaque fois une diminution dans 
les douleurs pendant cinq à dix minutes. Après deux heures 
de ce traitement, la situation n’avait guère changé : les dou¬ 
leurs étaient intolérables et les vomissements presque conti¬ 
nuels contenaient des glaires, de la bile et des matières intes¬ 
tinales fécaloïdes. Yu la persistance de ces douleurs et en 
l’absence de tout état inflammatoire, du moins pour le moment, 
je me décidai à faire une injection sous-cutanée d’une demi- 
seringue de Pravas d’une solution de quinze centigrammes de 
chlorhydrate de morphine sur dix grammes d’eau en conti¬ 
nuant toutefois l’administration des médicaments homœopa- 
thiques. Dix minutes après une somnolence assez prononcée 
s’empara de la malade qui continua pourtant à se plaindre 
même pendant son sommeil. 


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— 104 — 


Quand je revis la malade vers midi, elle souffrait peu ; le 
pouls, était plus plein et moins accéléré et les extrémités 
moins froides ; mais le ventre restait balonné et la tumeur de 
la région cœcale persistait douloureuse à la pression ; les 
vomissements étaient moins fréquents, mais présentaient tou¬ 
jours le même caractère ; la constipation persistait éga¬ 
lement. 

Je prescris plumbum 3 e tritura Won.colocynthis 6 e et rnœ 
vomica 6* à alterner de quart d’heure en quart d’heure eu 
respectant le sommeil de la malade. La situation l'esta sensi¬ 
blement la même jusqu’au lendemain matin à six heures ; à ce 
moment les douleurs crampoïdes revinrent au dire de la 
malade plus violentes que la veille, mais je ne lui trouvai plus 
les extrémités aussi froides ni le pouls aussi petit et les vomis¬ 
sements avaient cessé depuis minuit. En présence de ces dou¬ 
leurs intolérables et cédant aux supplications de la malade et 
de son entourage, je fis une nouvelle injection de chlor¬ 
hydrate de morphine tout on continuant le même traitement 
homœopathique. La morphine produisit naturellement un 
nouvel état de somnolence et une nouvelle diminution dans 
T acuité des douleurs. 

A ma visite du soir vers six heures la malade se déclara 
guérie; elle avait eu une selle abondante et la région cœcale 
n’était plus douloureuse ; j’y sentais à peine encore un peu 
d’engorgement. La soif avait disparu et je permis du bouillon 
que la malade prit avec plaisir. Je lui continuai les médica¬ 
ments homœopathiques et deux jours après elle reprenait son 
train de vie ordinaire. 

Si j’ai relaté ce cas assez peu intéressant en lui-même, c’est 
que la discussion de l’emploi des palliatifs en homœopathie 
me fournit l’occasion de soumettre à votre appréciation l’em¬ 
ploi que j’ai fait de la morphine pour combattre lelément 
douleur. 


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— 105 — 



J’attpibue positivement la guérison aux médicaments 
homœopathiques et surtout à plumburn\ en effet,la première 
injection endort la douleur, mais les vomissements persistent 
encore pendant dix-huit heures, c’est-à-dire jusque vers la fin 
de l'action de la morphino et elles cessent douze heures après 
que la malade a commencé à prendre plumbum alterné, avec 
nux vomica et colocynthis .La seconde injection enlève toute 
douleur parce qu’entretemps l'action persistante et progres¬ 
sive des médicaments homœopathiques avait eu raison de 
l’occlusion intestinale et déterminé une évacuation salutaire. 
D’un autre côté l'emploi du chlorhydrate de morphine n’a pas 
contrarié l’action des médicaments homœopathiques tout en 
enlevant à la malade d’intolérables souffrances. 

D r Schbpens. 

Le D r Martiny dit qu'à son avis il faut employer le moins 
souvent possible la morphine en injections hypodermiques, 
surtout dans le câs d’occlusion intestinale. Il s’est toujours 
très bien trouvé de colocynthis dans ce cas. 

Le D r Schepens estime qu’il ne faut employer les moyens 
palliatifs que lorsqu’on a déjà donné tous les médicaments qui 
conviennent à la maladie. 

Le D r Martiny donne lecture de la note ci-après : 

Les médicaments externes et les palliatifs 

par le D r Martiny 

Je suis fort satisfait de voir figurer à l’ordre du jour de 
l’Association là question de l’emploi des moyens externes et 
des remèdes palliatifs dans la pratique homœopathique, quoi¬ 
que ce ne soit pas la première fois que cette question soit posée 
dans les réunions de médecins homœopathes et qu'elle ait été 
discutée dans les ouvrages et les journaux de notre Ecole. 

Le médecin homœopathe peut-il et doit-il faire usage de 
médicaments palliatifs ? 


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— 106 — 


Je vois avec plaisir que tous les confrères comprennent 
l’importance de cette question,parce que chaque fois que nous 
employons des palliatifs et des calmants on nous reproche 
de retourner à l’allopathie,et pourtant rien n’est moins vrai. 

Qu’est-ce en dernière analyse qu’un médicament calmant ? 
C’est une substance narcotique, anesthésique, stupéfiante, 
donnée à une dose telle que la sensibilité physiologique natu¬ 
relle est annihilée au point que l’organisme ne réagit plus 
contre les influences nocives. Le chloroforme est le type de 
ces palliatifs ; il permet de couper, de lacérer, de détruire 
certains organes sans que le malade s’en aperçoive. Quand 
un pareil anéantissement du sensorium dure quelque temps, 
il est évident que les autres remèdes ne peuvent plus agir; on 
ne peut donc faire usage des calmants rigoureusement que 
dans deux circonstances : 

1 o Lorsque cet anéantissement de la sensibilité ne doit pas 
durer trop longtemps pour pouvoir permettre aux remèdes 
curatifs d’agir ; 

2° Lorsque le medécin a tout à fait perdu l’espoir de guérir 
son malade et qu’il croit de son devoir de le laisser mourir 
en paix. 

C’est à la sagacité, au sens clinique du médecin qu’il ap¬ 
partient de savoir quand il peut avoir recours aux pallia^* 

CecLonpeut le voir, n’a rien de commun avec la thérapeu¬ 
tique rationnelle ; il ne s’agit pas de savoir si l’on g'uerwa 
son malade, mais de décider si l’on peut se permettre l' in ~ 
sensibiliser pendant un certain temps de manière à c& V 1 ^ 
ne sente plus ses souffrances,ou de se décider à lui allég erse8 
souffrances lorsqu’on a acquis la conviction que le mul 
incurable. D r Martin* 

Le D r Schepens pense que dans les affections incurabl es on 
peut recourir aux palliatifs car alors c’est pour soulagé ^ 


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mieux possible les malades, ce qui n’empêche pas de conti¬ 
nuer les remèdes spéciaux. 

Le D r Criquelion croit que Ton ne doit se servir des pallia¬ 
tifs qu’à la dernière extrémité, quand on ne peut faire autre¬ 
ment. 

Il éprouve toujours de la répugnance à les employer et 
n’en fait presque jamais usage. 

Il est décidé de continuer la discussion du § 4 de l’ordre du 
jour concernant l’emploi des remèdes externes et des pallia¬ 
tifs dans la thérapeutique homœopathique. 

Maladies épidémiques . — Le D r Martiny lit le travail 
suivant : 

La petite vérole 

par le D p Martiny 

Il existe quelques localités, heureusement peu nombreuses 
dans notre pays, où la petite vérole sévit avec intensité. La 
rumeur publique grossit probablement les choses,-mais on 
cite une petite ville où il y a eu depuis peu, quinze à vingt 
décès par jour ; nous croyons le moment favorable de rappeler 
à nos confrères que feu le D* Mouremans vantait beaucoup la 
sarracenia purpurea comme remède préventif; il a publié à 
ce propos un article dans la Revue homœopathique belge 
en 1875 ; il y relate les succès remarquables obtenus par ce 
médicament employé non seulement comme préventif, mais 
aussi comme curatif. Depuis lors nous avons eu l’occasion 
d’essayer une seule fois ce médicament à titre préventif et les 
résultats sont venus confirmer de point en point la manière 
de voir de Mouremans. Dans un village de la province d’An¬ 
vers où la petite vérole faisait des ravages, la sarracenia 
donnée par un de nos clients à un grand nombre de per¬ 
sonnes les a préservées, sinon toutes, du moins un grand 
nombre, de la maladie, et celles qui, après avoir fait usage 


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— 108 — 


du préventif, ont été atteintes, ne l’ont été que d’une ma¬ 
nière très bénigne et, chose curieuse, la maladie avait chez 
elles l’air d’être enrayée dans sa marche, les pustules ne sup¬ 
puraient pas, elles paraissaient comme avortées. Or c’est pré¬ 
cisément ce qu’affirme le D r Mouremans ; et les médecins qui 
voyaient les malades soumis à leur insu à la srrrracenia 
employaient précisément les mêmes termes que le D r Moure¬ 
mans : « la maladie leur paraissait arrêtée dans son évolution, 
avortée.» Dernièrement nous avons encore rapporté un extrait 
d’un récent article du Tour du monde qui racontait à ses 
lecteurs que certaines peuplades sauvages employaient avec 
succès la Sfirracenio dans la petite vérole.Nous croyons donc 
bien faire en rappelant ceci à nos confrères en les priant de 
bien vouloir essayer à l’occasion la sarraccnia.CQ serait un 
bien grand bienfait si les propriétés de ce remède étaient con¬ 
firmées par la pratique de nos confrères. 

Comme préservatif on donne deux globules ou plus tous les 
matins et tous les soirs pendant toute la durée de l’épidémie ; 
il paraît, d’après Mouremans, que le café est un puissant 
antidote de la sarrneenia; il ne faudrait donc pas l’autoriser; 
nous ne pensons pourtant pas que cette action du café soit bien 
vraie, car nous ne l’avons pas supprimé chez nos sujets lors 
de l’épidémie du petit village des environs d’Anvers. 

Comme traitement curatif Mouremans donnait sarraccnia 
en alternant avec un autre remède indiqué, tel que sut fur, 
thuya, rhus, bryone , etc. 

L’histoire de la sarracenia purpurea et son emploi sécu¬ 
laire chez les peuples primitifs où la vaccine n’est pas connue 
doivent engager les médecins à l’essayer à l’occasion et de 
rendre compte des résultats qu’ils auront obtenus. 

D r Martin y. 

La séance est levée à six heures. 


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— 109 — 


Le tabac (1) 

par MM. Em. Seutin, Ph°, et le D r L. Beutin, à Bruxelles. 

Ces faits, que nous venons de rapporter, et qui sont plus 
nombreux que Ton ne croit, justifient amplement l’appel qui 
est adressé par l’éminent docteur Galopin aux mères de 
famille qui ont des jeunes filles.Voici cet appel,qui se trouve 
dans son remarquable travail sur le tabac, page 57 : 

« Oh ! mères do familles qui avez des filles, prévenez ces 
anges de candeur et d’innocence du contact nauséabond de 
ces légions d’inutiles et de sans cœur qui transformeraient les 
chambres et les salons de leurs femmes en tabagies malsaines 
et le berceau de leurs enfants en un lit d'insomnie, où des 
désordres nerveux multiples: les convulsions, les danses de 
St-Guy (chorée), l’épilepsie et les méningites se disputeraient 
leurs pauvres petites victimes. 

« Est-ce qu’il aime votre enfant, ce beau prétendant qui 
préfère son cigare ? est-ce que c’est un hommo de caractère, 
l’hommo de vingt-cinq ou 30 ans qui dit ne pouvoir renoncer 
au tabac ? est-ce que c’est un homme de cœur, ce père de 
famille qui énerve et tue lentement sa femme et ses enfants, 
avec l’indifférence d’un homme qui jette son allumette en feu 
sur la robe d’une dame qui passe ? 

« Je ne conclus pas, mesdames, vos cœurs de mères et vos 
esprits sagaces s’acquitteront de cette tâche mieux que nous 
ne saurions le faire nous-mêmes. » 

Un certain nombre de jeunes filles anglaises ont déjà pris 
la résolution d’écrire à leurs prétendants fumeurs : 

« Je suis effrayée de penser que notre amour devra s’arrêter 
où commencera la fumée du tabac; je n’épouserai jamais un 
homnqe qui préférera la société de sa pipe et le parfum qu’elle 


(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, pp. 9, 40 et 73. 


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exhale à la compagnie de sa femme et à l’atmosphère d'un 
salon composé de gens bien élèves, quoique ne fumant pas. » 

Espérons que nos jeunes Belges, Françaises et les jeunes 
filles de toutes les autres nations, ne seront pas moins exi¬ 
geantes que les nobles et courageuses filles de la fiére 
Albion (1). 

L? jour ou la ligue des femmes contre le tabae sera formée, 
les fumeurs seront convertis, le tabac sera vaincu. Jamais 
ligues humaines n’auront été, à la fois, et plus saines et plus 
saintes que celle-là ! Ce sera le beau, le bon, l’heureux temps 
revenu. Avec son retour, on verra disparaître les maladies 
les plus complexes, les plus tristes, les plus redoutables, et 
parfois aussi les plus douloureuses, car le tabac s'attaque tout 
spécialement au système nerveux. 

Une fois le tabac vaincu, on ne verrait plus reparaître ces 
atroces névralgies qu’il sait si bien produire. Que de femmes 
nerveuses, agacées, agaçantes qui jouiraient du caractère le 
plus égal, si on n’empoisonnait pas l’atmosphère dans laquelle 
on les condamne à vivre jour et nuit.... Alors, on ne verra 
plus des maris assez malades pour fumer dans leur lit le soir 
pour s’endormir, et fumer encore la nuit (2) quand ils s’éveil¬ 
lent. Nous en avons donné un triste exemple. 

Quant aux accidents causés par les allumettes, les bri¬ 
quets de fumeurs, les pipes, les cigares et les cigarettes, 
ils sont si nombreux qu’il serait bien difficile d’en faire ici 
l’énumération. En effet que d’habits, de rideaux, de voi¬ 
tures, de maisons, de meules de grain et de foin n’ont pas été 
incendiés accidentellement par le tabac ? 

On a vu plusieurs fois dans les mines se produire de terri* 
blés explosions dues uniquement à l’imprudence de fumeurs, 
qui avaient eu la malencontreuse idée d’allumer leurs pipes à 

(1) Galopin. Ouvrage sur le tabac , p. 60. 

(2) Ibidem , p. 61. 


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la flamme de leurs lampes de David. Gela nous rappelle 
l'effroyable explosion de feu grisou, qui a eu lieu dans les 
charbonnages d’Abervilly, pays de Galles. Trente mineurs y 
ont été tués. 

On a retrouvé un père et ses trois flls carbonisés. Que de 
scènes déchirantes chaque fois que Ton remonte les cadavres. 
Une jeune fille, fiancée d’un mineur, est parvenue à la faveur 
de l’obscurité à se faufiler parmi les explorateurs, et ce n’est 
qu'en arrivant au fond du souterrain qu’elle a été reconnue : 
cinq minutes après elle retrouvait son fiancé. Il était noir et 
défiguré; elle s’est jetée sur cette forme inanimée, et lorsque 
ses camarades ont voulu dégager le cadavre de son étreinte, 
elle était morte. 

Nous citerons un second fait, et qui se rapporte à un jeune 
homme plein de santé et d’avenir. Il quittait Paris pour aller 
visiter à Lyon sa famille qu’il n'avait pas vue depuis long¬ 
temps. Grande était sa joie à la gare, au moment de monter 
en voiture, il voulut fumer une cigarette, et selon la 
mauvaise habitude qu’il avait contractée, il alluma une 
allumette en grattant le phosphore avec l’ongle du pouce. 

Un brin de phophore incandescent lui pénétra sous l’ongle, 
produisant une brûlure à laquelle il ne fit pas attention ; mais 
au bout d’une heure de voyage, la douleur devint intolérable; 
le doigt, puis la main, puis l’avant-bras enflèrent démesu¬ 
rément. 

En proie à une fièvre ardente, il se vit forcé de descendre ; 
il fit appeler un médecin, lequel déclara que l’amputation de 
l’avant-bras était absolument nécessaire, et qu’il fallait se 
hâter. Le malade voulut attendre quelques heures ! Son père, 
à qui il avait fait connaître son état par dépêche télégraphi¬ 
que, ne pouvait tarder d’arriver ; il arriva trop tard. La 
résorption purulente avait gagné le bras, puis l’épaule ; 
aucune opération n’était plus possible. 


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/ 


- 112 - 

Il mourut, après 27 heures d’horribles souffrances. 

M. le docteur Galopin, à qui nous empruntons ce récit, 
ajoute: Voilà encore une pauvre victime du tabac! 

Mais donnons encore un troisième et dernier exemple des 
malheurs occasionnés par la nicotiane ; donnons-le, ne fût-ce 
que pour engager messieurs les fumeurs à être bien prudents 
quand ils jettent non seulement leurs allumettes mal éteintes, 
mais aussi les petits bouts restant des cigares, qu’ils ont 
fumés, encore tout en feu. Qu’ils s’en débarrassent, nous le 
comprenons, mais qu’ils les projettent du moins là où ils sa¬ 
vent qu’aucun accident ne pourra en résulter. Si nous avions 
un conseil à donner à messieurs les fumeurs, nous leur dirions: 
projetez prés de vous ces petits corps incendiaires, et étei¬ 
gnez—les en posant immédiatement le pied dessus ; en usant 
de cette sage précaution, tout péril serait sûrement écarté. 

Voici le fait que nous tenions à communiquer et qui s'est 
passé à Paris en 1876 : 

M m# Félicie B.,demeurant avenue de Clichy, n° 153,s’était 
mariée le matin même ; après la cérémonie, suivant la tradi¬ 
tion, la noce était allée au bois de Boulogne ; après plusieurs 
heures de promenade, on se disposait à rentrer, lorsque tout 
à coup M ,n * B. s’écria : au secours, ma robe est en feu ! Elle 
disait vrai : un invité avait jeté accidentellement en allumant 
un cigare, une allumette mal éteinte ; la mousseline s’était 
aussitôt enflammée; on s’empressa autour de la jeune femme, 
mais ses invités furent grièvement brûlés au mains. Quand 
on parvint à étouffer les flammes, M me B. était gravement 
brûlée aux jambes. 

Le désespoir de M r B. est navrant, on craint qu’un tel 
coup ne lui fasse perdre la raison. 

J’ai cherché, comme médecin et tumeur, dit spirituellement 
le docteur Munaret, dans une lettre adressée à M. Decroix, 
l’infatigable président de la Société contre le tabac, et je 


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— 113 — 


n’ai pas encore trouvé le pourquoi de cette habitude bête et 
malsaine qui oblige tant d’hommes à brûler, aspirer, mâcher 
et se fourrer dans le nez des millions de kilogrammes de tabac 
par année. Habitude bête, dit-il, j’ai la franchise d’en con¬ 
venir. Habitude malsaine, nous en avons donné ici plusieurs 
exemples. 

Parmi ceux cités par l’éminent docteur Munaret, je n’en 
rapporterai qu’un seul. 

Le comte de B., client d’une couche sociale élevée, mais qui 
n’était pas sage, se livra de bonne heure au passe-temps de la 
cigarette ; à la fin, il fume la nuit comme le jour ; il s’en suit 
une soif inextinguible ; il absorbe un à deux litres d’eau-de-vie 
dans les 24 heures. Tous les symptômes réunis de l’intoxica¬ 
tion et de l’alcoolisme précipitèrent rapidement un dénoue¬ 
ment fatal... Le comte de B. était robuste et en pleine 
jeunesse, n’ayant pas atteint la quarantaine. 

Sur son lit de mort et n’ayant plus la force de fumer, il 
avait prié sa vieille garde qui prisait, de lui mettre un peu de 
tabac dans les narines, et sa carphologie consistait à. rouler 
une dernière cigarette imaginaire, qu’il devait fumer dans 
l’autre monde. 

Réflexion : Combien la mort du comte de B. fut triste et 
lamentable 1 Ne vient-elle pas prouver une fois de plus, et 
d’une manière péremptoire, que le tabac et l’alcool sont 
réellement les deux plus méchants et les deux plus cruels 
ennemis de notre pauvre humanité ! 

Oui, on a dit avec raison, que le tabac et l'alcool ont tué 
plus d'hommes que le canon. 

Nous disons le tabac et l’alcool, car la pipe appelle...; On 
fume, donc on boira, et avant deux ans, l’on fumera pour 
boire, et l’on boira pour fumer. Il y a des exceptions à cette 
règle,mais elles sont rares (1); déjà nous avons parlé des acci- 

(1) D* Galopin. Ouvrage sur le tabac , pp. 65 et suivante*. 


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114 — 


dents fâcheux occasionnés par le tabac, mais il en est un du 
aux cigares seuls, et dont nous devons parler encore, pour 
mettre en garde les fumeurs, el les prévenir contre les con¬ 
séquences fâcheuses qui peuvent en résulter. 

En effet, on voit assez souvent, plus souvent même qu’on ne 
le croit,des fumeurs ôter pour un motif quelconque, le cigare 
de la bouche, et puis distraits, ils introduisent par une fatale 
erreur, dans la cavité buccale, le côté du cigare allumé. La 
brûlure qui en résulte peut avoir les conséquences les plus 
graves. Nous-même, nous avons connu à Bruxelles plusieurs 
fumeurs qui en ont été les malheureuses victimes... Malgré 
tous les soins dont ils furent entourés, les gencives et la 
langue furent envahies par d’horribles cancers, qui empor¬ 
tèrent les malheureux dans la tombe après qu’ils ourent 
enduré pendant trop longtemps les plus tristes comme les plus 
horribles souffrances ! 

N’avons-nous pas vu encore d’imprudents fumeurs fourrer 
dans leurs poches des pipes insuffisamment éteintes, et assez 
allumées encore pour mettre le feu à leurs vêtements, et par¬ 
fois produire des brûlures profondes qui ont occasionné plu¬ 
sieurs fois la mort ? 11 n’y a pas longtemps qu’un fait de ce 
genre a été rapporté par presque tous les journaux : le 
malheureux qui en a été la triste victime, est mort 24 heures 
après, au milieu des plus cruelles souffrances. 

Mais on n’en finirait pas si on voulait énumérer toutes les 
misères provoquées par ce méchant ennemi de notre pauvre 
humanité. 

En 1866, un médecin des plus renommés de Paris constata 
que sur 24 enfants fumeurs soumis à son examen, vingt-trois 
d’entre eux avaient contracté diverses affections plus ou moins 
graves, le seul sur lequel il ne reconnut aucune lésion ne 
fumait que depuis très peu de temps. 

La société contre l’abus du tabac, à Paris, a aussi constaté 


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que sur 38 jeunes fumeurs de neuf à 15 ans, 26 ont res¬ 
senti de pénibles malaises, 12 furent sérieusement atteints 
et avaient contracté le germe de graves maladies. 

Aussi la société contre l’abus du tabac à Paris, vient de 
prendre l’initiative de démarches tendant à obtenir une loi 
pour empêcher les enfants de fumer. Elle s’appuie, du reste, 
sur une série d’observations qui ont été faites et qui sont 
venues confirmer entièrement celles qui avaient été instituées 
déjà en 1866, par un illustre docteur. 

Maintenant quel accueil le gouvernement français va-t-il 
faire à une demande aussi juste, aussi bienfaisante ? Ah! s’il 
ne consultait que le bien-être et la santé de cette jeune géné¬ 
ration sur laquelle repose tout l’avenir de la France, il 
s’empresserait de l’accueillir avec la plus grande faveur. Nous 
ne doutons pas de ses bonnes intentions, mais aura-t-il la 
force, le courage et l’énergie nécessaires à leur, réalisation ? 
N’ira-t-il pas prendre conseil chez une puissante dame, qui 
s’appelle la régie ? Elle jouit, cette dame, au beau pays de 
France, non seulement d’un grand crédit, mais aussi de la 
plus vaste influence : consentira-t-elle à ce qu’on porte une 
atteinte quelconque à ses immenses revenus ? Défendre le 
tabac à des enfants, à des adolescents de neuf à 15 ans, ce 
serait également le proscrire de toutes les maisons vouées à 
l’instruction delà jeunesse, et qui se trouvent sous la dépen¬ 
dance de l’Etat : dans ces établissements appelés officiels, 
non seulement on ne défend pas le tabac, mais on paraît 
plutôt stimuler, encourager, en mettant à la disposition des 
élèves, tout ce qu’il faut pour se donner cette déplorable 
habitude. 

Quant à la régie, elle n’a pas à s’en inguiéter, et c’est là 
le moindre de ses soucis. 

Sa principale préoccupation, c’est de pousser à la consom¬ 
mation ; rien n’est négligé pour atteindre ce résultat, et 


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elle doit être contente, car les succès obtenus ont peut-être 
dépassé toutes ses espérances.En effet, eu 1830, les recettes 
de la régie ne s’élevaient qu’à 30,000,000 de francs ; cin¬ 
quante-huit ans plus tard, elles s’étaient accrues de deux 
cent soixante dix millions ! de sorte qu’au moment où nous 
écrivons ces lignes elles ont atteint le chiffre extraordinaire 
de plus de trois cents millions de francs. Cette progression 
ne paraît pas vouloir s’arrêter, et la régie peut espérer la 
voir s’accroître encore dans de vastes proportions ; et avec 
de telles espérances neva-t-elle pas user de toute son autorité 
et de toute son influence pour décider le ministère à ne pas 
présenter aux Chambres la loi demandée par la société 
antitabagique, c’est-à-dire qui défendrait aux enfants et aux 
adolescents de fumer? Elle aura soin de démontrer que si 
cette loi est votée, elle portera une atteinte assez prononcée 
à la vente des tabacs ; en un mot, elle ne voudra pas voir 
diminuer ses millions, elle qui n’aspire qu à les voir 
s’augmenter et s’augmenter sans cesse ; et puis, le gouverne¬ 
ment de la France, dont la dette effrayante s’accumule et 
grandit chaque année, se croira-t-il autorisé à diminuer par 
une loi de défense, le montant des sommes énormes que lui 
rapporte la régie ? Nous exprimons ici nos craintes et nos 
appréhensions, relativement aux motifs qui les ont fait naître ; 
espérons et faisons des vœux ardents pour qu’elles ne se 
réalisent pas ; espérons encore que la question d’argent n’en¬ 
trera pour rien dans la balance, et que le gouvernement et 
les Chambres sauront rendre une loi juste,protectrice et vrai¬ 
ment tutélaire de la jeune génération de ce beau et magnifique 
pays.Cette loi, nous la demandons aussi et avec instance dans 
notre pays ; elle y est plus nécessaire encore que chez nos 
voisins, parce que les enfants qui fument y sont plus nombreux 
encore. Aussi il n’est pas rare de rencontrer dans nos rues, 
non seulement des adolescents, mais aussi bien souvent des 


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enfants à peine âgés de septà huit ans,armés déjà du cigare ou 
de la cigarette. Ils aspirent la fumée qu'ils font jaillir deleurs 
lèvres, et qu’ils semblent contempler avec ravissement ; et 
lorsqu’il passent près de vous,fierscomme des petits potentats, 
ils semblent vous dire : Ne sommes-nous pas des hommes ? 
Admirez-nous donc. 

Pauvres enfants, si jeunesses voilà déjà poussés par un sen¬ 
timent de sot amour-propre et de triste vanité. 

Nous le savons, trop souvent déjà le tabac est fatal aux 
adultes, mais quels ravages funestes ne doit-il pas produire 
sur les enfants et les adolescents ? Que de tristes et de nom¬ 
breux exemples peuvent être donnés à l’appui ! Nous en avons 
rapporté plusieurs dans le cours de ce travail. 

M. le docteur Galopin, qui a visité un grand nombre d’éco¬ 
les de Paris, des départements, de Suisse et de Belgique, 
Rapporte que partout il a vu les enfants qui vivaient en fa r 
mille, dans une atmosphère de tabac.Beaucoup d'enfants sont 
pris d’indispositions multiples dont on les guérit en les pré¬ 
servant de l’odeur du tabac. 

A Bruges,où M.le docteur Galopin est allé donner des confé¬ 
rences, il eut l’avantage do faire la connaissance du directeur 
de l’école professionnelle de cette ville. M. Mouson, dit-il, 
homme aussi distingué par son savoir que par son tact, et sa 
vive sollicitude pour ses élèves, a remarqué un très grand 
nombre de cas morbides chez les jeunes Belges ainsi que chez 
les adultes et les vieillards de son pays. 

Un enfant travaille bien jusqu’à un certain âge, jusqu’à 
9,10, 12 ou 15 ans ; il a une mémoire normale, un caractère 
égal ; tout à coup il s’opère un changement considérable 
dans son caractère, il devient paresseux, maussade, taquin, 
querelleur, irritable à l’excès. Il y a là un avertissement pour 
les parents et les maîtres. 

Lorsque les palpitations dominent, il faut visiter les poches 


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— 118 


de l’enfant, on y trouvera peut-être des allumettes et du 
tabac. Si Penfant ne fume pas, il est probablement exposé 
aux émanations de la fumée du tabac. Il faut l’y soustraire 
au plus vite, afin d’éviter l’anémie qui ruinerait bientôt sa 
santé. Nous avons connu, dit M. le docteur Galopin, que nous 
citons ici textuellement, un grand nombre d'enfants des deux 
sexes, qui n’avaient été poussés à frauder les lois de la 
morale que sous l’influence désastreuse de la fumée du tabac 
qu’ils aspiraient dans la maison paternelle. Que d’enfants tués 
par des méningites consécutives à l'abus du tabac ! Ces dan¬ 
gers sont surtout communs dans les familles où l’on a fumé 
avec excès de père en fils. 

L’empoisonnement est souvent très lent chez l’enfant 
soumis ou soumise aux vapeurs délétères répandues dans sa 
chambrette. Mais lorsque l’enfant fume lui-même, les sym¬ 
ptômes morbides peuvent prendre des dimensions colossales. 
Aux symptômes déjà énumérés, on peut y joindre : démarche 
mal assurée, chancelante, avec prédisposition à se diriger à 
reculons. Ce dernier symptôme, d’après les expériences de 
l’illustre physiologiste Claude Bernard, impliquerait des 
troubles du cervelet. 

Que de maladies de cœur chez les jeunes personnes, chez 
les femmes, les enfants, et même chez les hommes, qui n’ont 
d’autres causes que la fumée du tabac! Que d’anévrismes 
effrayants qui disparaissent de la famille le jour où le mari a 
pris la résolution de ne plus fumer et de ne plus permettre de 
fumer dans ses appartements, ni dans ceux de sa femme et 
de ses enfants ! 

Nous avons déjà fait voir combien les plus jeunes intelli¬ 
gences sont tristement atteintes par ce méchant poison. 
Ajoutons ici encore qu’il occasionne les plus grands désas¬ 
tres intellectuels chez presque tous nos étudiants qui ont le 
malheur de se laisser entraîner à cette passion tabagique, et 


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l’on observe qu’il s’attaque spécialement aux plus intelligents, 
aux plus sensibles. Nous Tarons déjà dit, nous tenons à le 
répéter encore, combien de jeunes gens que nous avons vus 
sortir brillamment dos collèges, et qui ne sont plus à 25 ans 
que des fruits secs. A 40 ans, peut-être à 30 déjà, ils 
deviennent des hommes inutiles ou nuisibles à leurs sembla¬ 
bles. Que d’intelligence, que de jeunesse, que de vie follement 
détruites par la pipe! 

Si messieurs les étudiants voulaient en convenir, ils avoue¬ 
raient bien qu’ils ont toujours éprouvé un sentiment de 
paresse accentué à l’étude du matin, qui a succédé à une 
soirée passée dans la tabagie. Après un abus de tabac, que 
d’efforts ne doit-on pas faire pour apprendre quelques vers et, 
lorsque ces accidents se reproduisent, le courage s’émousse, 
la nonchalance remplace l’amour du travail, et la paresse, 
avec son hideux cortège, vient s’imposer à ces malheureux 
jeunes gens. 

Ce jour-là, cherchez le vaillant élève de rhétorique et de 
philosophie; il a disparu. Si vous le retrouvez un jour, ce 
ne sera qu’à travers un nuage de fumée noire et puante, 
dont les couches charbonneuses superposées auront effacé 
toutes les nobles qualités qui étaient en relief dans son 
cerveau. 

Pauvres jeunes gens ! Pour s’empoisonner plus vite ils ne 
se contentent pas de fumer comme tout le monde, ils s’habi¬ 
tuent douloureusement à fumer par le nez, à avaler la fumée 
de leurs cigarettes; j’en connais victimes de leur ignorance 
et de la jactance de 20 ans, qui aspirent cette fumée nicoti- 
sante et la forcent à s’introduire jusque dans les ramifications 
les plus intimes des bronches. Si vous en doutiez, prenez, 
lorsque vous fumerez, votre mouchoir blanc, et soufflez sur 
un coin de ce mouchoir une bonne bouffée de tabac : le 
passage de la fumée à travers le tissu du mouchoir sera 


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marqué par une teinte jaune foncée caractéristique; sur un 
autre coin du dit mouchoir, soufflez par le nez une autre 
bouffée de tabac et comparez la couleur des deux teintes du 
mouchoir. Il est facile de constater que la première est beau¬ 
coup plus teintée que la deuxième. Pourquoi? C'est qu’une 
partie de la suie du tabac, du charbon divisé, de la fumée est 
restée attachée aux parois des fosses nasales ou des bronches, 
en traversant les conduits aériens. 

On retrouve, dans les bronches des vieux fumeurs, une 
quantité considérable de suie de tabac qu’on peut racler, à 
l’autopsie, avec une spatule, comme on racle la suie d # un 
canon de fusil (1). 

Nous l’avons déjà dit et nous le répétons encore, le tabac 
est certainement l’un des plus dangereux ennemis de notre 
pauvre humanité. Nous ne demandons pas pour le combattre 
une loi répressive (2), elle constituerait, si elle existait, une 
véritable absurdité. Il y a en France, et aussi dans notre 
pays, des lois qui punissent l’ivresse : elles sont inutiles. En 
les promulguant on s’est trompé. Ce que l’on peut faire, c’est 
de tâcher de prévenir, car ce n’est pas une affaire de police 
correctionnelle, mais bien une affaire d’école. Moraliser les 
hommes, ep remplaçant l’instituteur par des agents de ville 
ou des gendarmes, c’est tourner dans un cercle vicieux, et 
nos malades resteront incurables (3). 

Seutin Ph n et D r L. Skutin. 

(A continuer.) 


(1) Galopin. Le tabac , pp. 79 à 84, 

(2) Mous la réclamons néanmoins, pour les eufants et lee adolescent*, 
qui sont inconscients et ignorent tout à fait les dangers auxquels il* 
s'exposent. Une loi de défense peut être ici très utile. 

(3) Galopin. Le tabac , pp. 84 à 86. 


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me DES JOURNAUX MOPATBIIPS DE F1AJICE 

par le D r Schkpens, de Gand 

De l’artério-sclérose 

par le D r Jousset 

Dans la septième leçon de la clinique thérapeutique à l’hô- • 
pital St-Jacques, le D r Jousset dit en parlant de Y artério¬ 
sclérose : h'artériosclérose, n’est pas une maladie ; c’est 
une affection qui se rencontre chez les goutteux, les alcoo¬ 
liques, les syphilitiques et les saturnins. 

Elle est caractérisée par une endartérite plus ou moins 
généralisée. C’est cette affection qui dans le rein produit la 
néphrite, dans le foie la cirrhose , dans le cerveau des 
ruptures vasculaires, de la thrombose et du ramollissement. 
Au cœur elle produit l’inflammation des artères du cœur 
avec ses suites : oblitérations des artères coronaires et 
angine de poitrine, sclérose plus ou moins étendue du muscle 
cardiaque et symptômes particuliers d’affection cardiaque 
avec asystolie prématurée. Dans le poumon, l’artério-sclé- 
rose produit l’emphysème habituel. (Art médical, novembre 
1888.) 

Du traitement homœopathique de la syphilis 

par le D r P. Jousset. 

De même, dit le D r Jousset, qu’il faut employer le sulfate 
de quinine à fortes doses dans la fièvre intermittente, de 
même il faut donner le mercure à dose massive dans la 
syphilis. 

En 1780, Hahnemann disait qu’il fallait donner le mercure 
à doses pondérables en ayant soin d’éviter la salivation ; 
mais en 1835 il a dit qu’on pouvait guérir la syphilis avec 
des doses infinitésimales. A sa suite, ses élèves ont encore 
exagéré ; Jahr, entre autres, dit qu’on peut obtenir la gué- 


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rison en quinze ou vingt jours sans jamais voir se produire 
les accidents secondaires. 

Voici les règles que nous suivons dans l’administration du 
mercure contre la syphilis où il est d’ailleurs tout à fait ho- 
mœopathique : le mercure doit être administré sitôt que la 
syphilis est reconnue et continué jusqu’à la cessation des 
accidents secondaires. On se repose alors pendant un certain 
temps pour recommencer ensuite et cela à des intervalles de 
plus en plus éloignés pendant deux ans ; dans le courant de 
la deuxième année on peut alterner Yiodure de potassium 
avec le mercure et pendant la troisième et la quatrième 
année on donne Yiodure de potassium seul pendant trois se¬ 
maines qu'on fait suivre d’un repos de trois semaines, puis on 
fait reposer le malade pendant six semaines, trois mois et 
après chaque période de traitement de trois semaines.Ce trai¬ 
tement doit être continué pendant quatre ans si on veut qu’il 
soit complet. 

Les préparations mercurielles le plus souvent employées 
sont: Le sublime corrosif , le proto et le bi-iodure de mer¬ 
cure et enfin Yonguent mercuriel . 

Si on a recours au sublimé on prescrit un gramme de la 
première trituration décimale, soit dix centigrammes de la 
substance dans 400 grammes d’eau et on en fait prendre 
deux cuillerées par jour dans une tasse de lait, ce qui fait un 
peu moins d’un centigramme par jour ; cette dose peut êtro 
augmentée progressivement si elle ne détermine pas de 
diarrhée. 

Le proto-iodurc se donne à la dose de deux à cinq centi¬ 
grammes et le bi-iodure à la dose de cinq milligrammes à un 
centigramme. 

L 'onguent mer'curiel s’emploie en frictions à la dose de 
cinq grammes appliqué aux aines et aux aisselles pendant 
cinq à six jours le soir en se couchant. Cette médication est 


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très énergique et demande à être surveillée de près. On a 
encore préconisé les injections sous-cutanées avec une pré¬ 
paration mercurielle ; ce procédé réussit avec de très petites 
doses ; mais il y a parfois des inconvénients. 

L 'iotture de potassium se donne à la dose de un à deux 
grammes par jour et quelques fois plus pour obtenir un résultat . 

Aurum correspond plutôt aux accidents tertiaires,au lupus, 
à la carie des os. On le prescrit à la première trituration. 

Nitri acidum convient dans les affections buccales, les 
plaques muqueuses. 

Corrosimts , troisième dilution, combat habituellement la 
diarrhée. 

Quant au régime, il faut aux syphilitiques une très bonne 
nourriture et une bonne hygiène. (Art médical , décembre 
1888.) D r Schepens. 


UN HOPITAL HOMEOPATHIQUE EN ITALIE 

Nous‘sommes excessivement heureux de pouvoir annoncer 
à nos lecteurs que l’Italie va être dotée d’un hôpital, quelque 
petit qu’il soit, mais d’un hôpital homœopathique. Et nous 
nous réjouissons d’apprendre que la direction en sera donnée 
à notre excellent collègue et ami le D r G. Pompili. Le bien¬ 
faiteur et généreux citoyen qui a songé à ériger en Italie un 
établissement aussi utile que désiré, est Joseph Gamploy, de 
Vérone, mort à Venise le 12 février dernier, à l’Age respec- 
table de 95 ans. Il passa la majeure partie de sa vie à Venise : 
c’était un homme modeste, doué d’une grande activité, qui 
réussit par son commerce à se procurer honnêtement une 
modeste fortune. Profondément enthousiaste des belles cures 
obtenues par l’bomœopathie, et reconnaissant peur la santé 
et la longévité qu’il lui devait, il légua tout son avoir à sa 
ville natale, dans le but noble et charitable d’élever à Vérone 


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un hôpital homœopathique. Et mieux que nous ne pourrions 
le faire, les paroles du donateur feront connaître la géné¬ 
reuse institution. Nous reproduisons textuellement les 
dispositions testamentaires, espérant faire plaisir à nos 
lecteurs amis de l’homœopathie : 

Venise, 19 février 1885. 

Je soussigné, Joseph Camploy, dispose de ma fortune, après ma mort. 


Je nomme et j'institue mon héritier universel la ville de Vérone, ma 
patrie, et les legs que je fais, devront être acquittés par elle. 

Tous mes biens devront être réalisés par la commune pour l'érection 
d’un hôpital homœopathique, dans la ville de Vérone, à l'usage des 
malades pauvres. 

La commune pourvoira à ce que l’hôpital soit reconnu légalement 
et ait un but moral ; elle se conformera dans scs statuts aux bases 
suivantes : 

a) Il s'appellera hôpital Hahnemanuien-Carapioy ; 

b) On n’y traitera que par la méthode d’Hahnemann ; 

c) On n’y recevra que les malades atteints de maladies aiguës ; il y 
aura au moins 10 lits, la moitié pour les hommes, et la moitié pour 
les femmes ; 

d) La direction en sera donnée à un médecin qui devra soigner, 
d'une manière assidue, les malades, et recevra comme honoraires au 
moins 150 francs par mois. Il devra, de plus, fournir tous les médi¬ 
caments nécessaires, sans indemnité ultérieure ; 

e) Je désire que pour les soins à donner aux malades, et l'entretien 
de l'hospice, }e directeur soit aidé par des sœurs de charité ; 

f) 11 y aura un chapelain dont la rétribution sera en rapport avec 
les conditions économiques de l’hôpital ; 

g) Je désire que M. le D r Pompili, de Rome (place des Clefs d'or), 
soit nommé médecin-directeur ; 

Il désignera lui-même son successeur, et celui-ci également le sien, 
et ainsi de suite. Ces médecins seront toujours et véritablement hahne- 
manniens. *Si, pour un motif quelconque, un médecin n’avait pas 
désigné son successeur, le Conseil municipal de Vérone en élira un qui 
sera notoirement connu pour pratique^ la médecine de Hahnemann; 


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h) L'administration de l'hospice sera faite par le directeur et deux 
conseillers communaux, choisis par lé Conseil municipal parmi ceux 
qui sont dévoués à la médecine homoeopathique; et s'il n'y en a pas, 
le Conseil choisira les deux administrateurs parmi les habitants de la 
ville, partisans de Thomœopathie ; 

0 Ces trois administrateurs délibéreront à la majorité des voix. Ils 
détermineront le nombre, la qualité etles émoluments du personnel de 
service. 

Comme il existe des hôpitaux homœopathiques en Allemagne, en 
France, en Espagne, etc., la ville de Vérone pourra se procurer tous 
les renseignements nécessaires pour l'organisation de l'hôpital et pour 
rétablissement de ses statuts. 

Je prie le D r G. Pompili de bien vouloir aider la commune de ses 
lumières, afin que l’institut réussisse, selon mes intentions par lui 
connues. 

Mes livres d'homœopathie seront conservés pour l'usage de l’hôpital 
et, si possible, augmentés. 


(Signé) Giuseppe Camploy pu Nicola. 

En établissant à Vérone, un institut unique en Italie, je me flatte 
que non seulement le Conseil communal, mais toute la ville, pourra se 
convaincre que l'homœopathie est la seule, la vraie médecine, qui 
guérit vite, bien et sûrement, par les bons résultats obtenus et que 
ceux-ci seront publiés par le Conseil communal afin que les habitants 
puissent suivre le vrai progrès pour le bien de l'humanité. 

Si la réalisation de mes biens rapporte plus qu'il faut pour l'érection 
d'un hôpital de 10 lits, on tiendra le surplus, dûment attesté, afin de 
donner insensiblement plus d’extension à l’immeuble. — On cherchera 
à faire fructifier cet argent par un placement convenable, et là rente 
sera affectée à agrandir l'hôpital. 

Aux dispositions testamentaires rapportées plus haut, il est 
joint un codicille, dont la teneur est très importante, et qui 
donne la base fondamentale, le caractère dominant de l'insti¬ 
tution, afin qu’elle réussisse à produire le plus de guérisons 
possible pour augmenter les adeptes et les amis de l’homœo- 
pathie. 


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Yeniie, ce 5 juillet 1887. 

Comme appendice à mon testament, déposé dans les actes du notaire 
Cervelini, que je confirme entièrement, je déclare que ma volonté est 
que dans l'hôpital homœopathique à élever par mon héritier, le traite¬ 
ment des malades soit toujours selon la méthode hahnemannienne ; et 
je désire que la Municipalité de Vérone, dans le choix du médecin qui 
succédera à celui que j’ai nommé, défère au vœu de la Société hahne— 
mannienne italienne résidente à Rome ; et de même je désire aussi que 
la Société veille à ce que le médecm-directeur dans l'exercice de ses 
fonctions, ne dévie jamais du système Hahneinann, qu'autrement il 
soit de suite remplacé ; je mets toute ma confiance dans mon héritier 
pour l'exécution de ma volonté, et le prie de rendre possible à cette 
Société l'exercice de sa vigilance. 

(Signe) Guiseppe Càmploy fu Nicola. 

De tout ceci, il conste que le généreux Camploy, outre 
ses convictions et son amour pour l’homœopathie, avait d’elle 
une idée juste, puisqu’il était désireux qu’elle fut hahneman¬ 
nienne, ne déviant en aucune façon de la doctrine du maître, 
n’oubliant aucun de ses conseils, ne transigeant avec aucune 
des pratiques de l’allopathie, quelle ne fut nullement impure 
ni abâtardie. 

Et c’est pour ce motif qu’il met son hôpital sous la surveil¬ 
lance de notre Société, et que, dès le principe,il le place sous 
la sage direction du D r Pompili. 

Nous souhaitons à notre confrère, quand il aura à choisir 
un représentant ou successeur pour la direction de l’hôpital 
homœopathique de Vérone, de pouvoir trouver un jeune 
médecin véritablement hahnemannien, qui sache dignement 
occuper sa position et faire honneur à l’homœopathie ainsi 
qu’au généreux fondateur de l’hôpital. 

En meme temps faisons des vœux pour que la sage munici¬ 
palité delà ville de Vérone, comprenant son noble devoir, 
fasse son possible pour que cet institut hospitalier, qui le 
premier voit le jour dans notre patrie, au service de la vraie 


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médecine, reste digne de la vérité qu’il représente et de 
ritalie. (Rivista omiopatica , avril 1889.) 

Traduction du D r Chevalier. 


LE DOSSIER DE LA CHIRURGIE 

par le D r Maktiny. 


Maladie de Graves survenue après l'extirpation de 
polypes du nez 

MM. Hopmann, de Cologne, Hack, de Fribourg, et Fraenkel, de Berlin, 
ont rapporté des cas de maladie de Graves brusquement améliorés ou 
guéris après l'enlèvement de polypes du nez. M. Stoker, de Londres, a fait 
connaître deux cas de ce genre : il a expliqué cette amélioration par des 
modifications produites dans le domaine du sympathique après l'enlève¬ 
ment des polypes. 

M. Semon lit aujourd'hui l'observation d'un homme chez lequel est sur¬ 
venue de l'exophthalmie après l'enlèvement de nombreux polypes muqueux. 
L'hypertrophie du corps thyroïde et les palpitations de cœur font défaut, 
mais l'existence des symptômes de üraefe et de Stellwag (rétraction de la 
paupière supérieure, qui se produit quand le malade regarde en bas) per¬ 
met de porter le diagnostic de maladie de Graves ou de Basedow. 

M. Semon explique l'exophthalmie par la dilatation réflexe des vaisseaux 
de l’orbite avec turgescence du tissu graisseux rétrobulbaire, ou bien 
encore par la contraction tonique des muscles de l’œil, due à une irrita¬ 
tion réflexe. 

11 demande si, en cas de récidive des polypes, il devra conseiller une 
nouvelle opération. 

M. Carter a examiné le malade de M. Semon. Pour lui, l'exophthalmie 
survenue après l’enlèvement de polypes du nez n’est qu'une coïncidence. 
D'ailleurs, cette exophthalmic est unilatérale et très peu prononcée. 

M. de Haciland Hall pense que puisqu'il semble y avoir une relation 
entre l’exophthalmie et la lésion nasale, il ne faudra pas hésiter à opérer 
les polypes s'ils récidivent, parce qu'on peut espérer — en se rappelant 
les faits déjà publiés — faire disparaître cette exophthalmic. 

M. Semon possède cinq observations d'exophthalmie survenue après 
des opérations sur le nez ; il ne pense pas qu'on puisse invoquer la simple 
coïncidence dans tous les cas. (.Bulletin médical.) 

Nous sommes parfaitement de l’avis du D r Semon ; il est 
impossible d’invoquer la simple coïncidence dans des cas sem¬ 
blables; du reste ce n’est pas de la première fois qu’on observe 


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de singulières coïncidences après certaines opérations chirur¬ 
gicales, et nous citerons pour mémoire les cas nombreux 
d’idiotisme survenus après l’opération du goitre ; des cas 
d’exophthalniie succèdent parfois à l’avulsion des canines 
supérieures appelées autrefois les dents oeillères, et nous nous 
rappelons avoir lu un mémoire écrit il y a bien longtemps 
par feu le D r Dequesne, ancien inspecteur général du service 
de santé de l’armée belge : il rappelait dans ce mémoire les 
nombreux accidents et notamment des exophthalmies sur¬ 
venues après l’extraction de certaines dents de la mâchoire 
supérieure ; nous connaissons nous-même un fait fort extra¬ 
ordinaire qui s’est présenté après une petite opération faite 
sur le voile du palais ; le sujet ne savait plus prononcer une 
phrase complète ; au bout de quelques mots il ne savait plus 
articuler. La physiologie des rapports des organes entre eux 
est loin d’être établie ; aussi faut-il être très réservé quand on 
doit se prononcer sur les suites probables des opérations qui 
se pratiquent dans le voisinage des fosses nasales. 

D* Martin?• 


SOMMAIRE 

LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny . 
Association centrale des homœopathes belges. — Séance 

du 2 avril 1889 . 

Un cas d’ileus, par le Dr Schepens, de Gand . 

Les médicaments externes et les palliatifs, par 

le D r Martiny.. 

La petite vérole, par le D r Martiny. . . . 

Le tabac (Suite), par MM. Em. Seotin, Ph“ et le D' Léo» 

Seütin, à Bruxelles. 

Revue des journaux homoeopathiques de France, par 1® 

D r Schepens, de Gand.< . . . 

Un hôpital homœopathique en Italie. — Traduction du 

D r Chevalier, de Charleroi. 

Le dossier de la chirurgie, parle D r Martiny . . • 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


16» Année. AOÛT 1889. N* 5. 

ASSOCIATION CENTRALE DES HOMOPATBES BELGES 


Séance du 2 juillet 1889 

Président, Secrétaire, 

D r CRIQUELION GH. CARBZ, Ph" 

La lecture du procès-verbal de la séance précédente ne 
donne lieu à aucune observation. 

MM. les docteurs Martiny et Gaudy expriment leurs regrets 
de ne pouvoir assister à la réunion. 

La parole est donnée au docteur Van Biaaren, qui expose la 
première partie de son travail sur Y Opportunisme dans le 
traitement des névralgies. Voici ce travail : 

De l'opportunisme dans le traitement des névralgies 

par le D r Van Blakren 

L 'Association centrale des homœopathes belges avait, 
dans une de ses dernières séances, mis à l'ordre du jour l’étude 
des moyens palliatifs auxquels il peut convenir à un médecin 
homœopathe d’avoir recours (fans le traitement des maladies, 
et elle nous avait prié de nous charger de ce soin en ce qui 
regarde les névralgies. Dans ces conditions, l’emploi de l’ex 
pression opportunisme* que nous choisissons comme en-tête, 
nous semble devoir refléter assez exactement la physionomie 
générale du présent travail : en oe sens que cette appellation 
n’implique précisément aucune idée doctrinale ou exclusive. 
Dans les lignes qui vont suivre, en effet, nous n’avons, commo 
praticien, qu’à nous placer à un seul point de vue : l’améliora¬ 
tion de l’état morbide du patient. Nous disons à dessein : amé¬ 
lioration* cardans l’étude d’applications palliatives il ne peut 


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être question de « cure » dans le sens absolu du mot. A la 
vérité la guérison peut se produire rien que paru ne médica¬ 
tion calmante ; mais alors nous avons le droit de croire que la 
maladie n’avait pas la spécificité ou le degré d’acuité qui 
devait la rendre comptable d’un traitement à fond. 

La distinction que nous nous occupons à établir et qui peut 
paraître subtile à première vue, a, dans l’étude dos pallia¬ 
tifs anti-névralgiques, une importance considérable ; car dans 
l’espèce, le symptôme est souvent tellement prédominant que 
le médecin se voit dans la nécossitéd’y remédier tout d’abord; 
et c’est ainsi que, suivant les différents degrés et les différents 
caractères de la manifestation douloureuse, le traitement 
subit des amendements tout de circonstance, et qui peuvent 
n’avoir plus avec la cure radicale que des rapports plus ou 
moins éloignés. Tout en cherchant, comme il le faut fairo 
toujours, la ligne diagnostique exacte pour opposer au mal 
une médication spécifique, il arrivera des cas — et ils sont, 
hélas ! d’une déplorable fréquence — où une intervention 
immédiate et soulageante sera indispensable, en raison de 
l'état où le malade se trouve placé par la souffrance. 

Dès le début donc, dans ce travail, nous nous voyons 
amené, tout au moins à légitimer l’emploi des moyens pallia¬ 
tifs ; mais nous ne pouvons nous borner à une conclusion 
aussi vague, et il convient de procéder à un examen des faits 
qui, sans infirmer l’opportunité de la méthode calmante, nous 
indiquera la voie qu’il faut suivre dans le traitement des 
névralgies. 

La névralgie, que les anciens rangeaient non sans quelque 
apparence de raison dans les maladies dynamiques, consiste 
dans une affection dont la cause, le plus souvent inconnue, réside 
dans une modification quelconque du tissu nerveux amenant 
comme manifestation extérieure le symptôme douleur. 

Le tissu nerveux dans son ensemble peut être figuré par 


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une série de globules ou amas de cellules (stations nerveuses), 
reliés entro eux ou avec des éléments d'une autre nature : 
muscles, organes des sens, etc. par dos ponts ou commissures, 
constituant les filets nerveux, ces derniers no vivant de la 
vie propre du système nerveux qu’en raison de leur point 
d’attachs aux globules et subissant une dégénérescence 
régressive quand ils en sont séparés. 

Les phénomènes de nutrition produisent dans le tissu ner¬ 
veux des courants électriques propres. Dans un nerf & Tétât 
de repos, il y a une reconstitution sans cesse renouvelée 
delectricité, allant de l’extérieur à l’intérieur,, le centre 
étant considéré comme électrisé négativement. Ce phénomène 
qui a été qualifié assez improprement du nom de force électro¬ 
motrice du nerf (cette force est bien plus consécutive que 
motrice), diminue à mesure que le nerf travaille. Sans nous 
arrêter aux considérations nombreuses émises à ce sujet et 
qui seraient oiseuses en ce moment, il nous suffira do dire que 
cet antagonisme entre le travail trophique du nerf et son 
activité fonctionnelle finit, s’il est prolongé, par amener un 
ralentissement de plus en plus marqué dans la vie propre du 
nerf, à tel point que celle-ci peut, à un moment donné, être 
arrêtée complètement. Les conséquences do cet état de 
choses sont, successivement : de la gêne, do la lassitude et 
finalement de la souffrance jusqu’au degré le plus intense. 

Un phénomène analogue et dont nous sommes à même de 
nous rendre compte à toute heure se produit, du reste, dans 
le tissu musculaire et les filets nerveux locaux y collaborent 
activement. 

Nous ne devons pas oublior d’ajouter que cet antagonisme 
a été constaté dans les fibres nerveuses et dans les globulos ; il 
peut donc affecter à la fois les centres nerveux et leurs 
organes de transmission. 

Il suit de là que la douleur est d’indice de la diminution du 


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travail trophique dans le tissu nerveux et qu’elle est sûre¬ 
ment provoquée par l'excès du travail « professionnel » de ce 
même tissu. Elle n’est donc pas essentielle et les causes capa¬ 
bles de la produire peuvent résider non seulement dans la 
substance nerveuse elle-même, mais lui être absolument 
étrangères, en raison de l’énorme variété d’impressions que 
cette substance peut subir et de la multiplicité des attaches 
qui la relient avec les organes si nombreux et si complexes 
de l’économie. 

Le traitement curatif de la névralgie ne peut donc, en 
aucune façon, se borner h attaquer le symptôme principal, 
si terrible et si menaçant qu’il soit ; il doit être institué en 
suite d’une recherche diagnostique d’autant plus conscien¬ 
cieuse qu’elle est plus obscure et plus compliquée, et consti¬ 
tuer un traitement à fond. 

S'il est acquis que les palliatifs ne peuvent amener la guéri¬ 
son d’une névralgie, il importe d’établir, par contre, que la 
cure essentielle peut être longue et pénible, même dans les 
cas où le diagnostic est bien établi et la guérison certaine. 
Dans ces conditions la tentative de soulagement temporaire 
est opportune. Elle devient d’une utilité incontestable quand 
le médecin ne peut arriver à se former, dès le début, une con¬ 
viction sur l’entité morbide qu’il a à traiter, et elle constitue 
an devoir professionnel auquel nul ne peut se soustraire» 
dans les cas où la douleur, de symptôme qu’elle était, peut de¬ 
venir. par son intensité et sa permanence, un élément patho¬ 
génique gfave, en amenant des complications ; par exemple 
chez les enfants. 

Dans le traitement des névralgies donc, posons en principe 
que l’emploi des palliatifs est souvent justifié et qu’il est quel¬ 
quefois indispensable ; mais est-il toujours en concordance 
avec les nécessités thérapeutiques d> la cure et même, ne 
peut-il y apporter parfois de véritables entraves ? 


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Cette question est des plus importantes et il ne nous semble 
pas qu’on puisse la résoudre d’une manière générale. Elle 
trouvera sa solution dans l’étude des applications particulières 
et, dès lors, il convient dépasser en revue les différentes 
formes do. la névralgie. Procédant ensuite à une revue paral¬ 
lèle des principales médications palliatives, nous nous effor¬ 
cerons d’en noter 'les indications et les contre-indications 
et d’appuyer notre manière de voir par quelques faits cli¬ 
niques. 

Tous les auteurs, à côté des névralgies essentielles que 
nous avons définies plus haut, rangent une série de pseudo¬ 
névralgies dont la causalité n’est pas la môme et qui, au point 
de vue doctrinal, peuvent constituer des classes à part ; mais, 
en ce qui regarde nos recherches, nous pouvons les considérer 
comme des névralgies essentielles. 

Nous aurons à parler ainsi de la névralgie qui se développe 
d’elle-môme, spontanément et sans être accompagnée ou pré¬ 
cédée d’aucun symptôme morbide apparent et qui n’est reliée 
à aucune altération anatomo-pathologique. 

Nous aurons ensuite la névralgie directement consécutive 
ou symptomatique, que l’on peut rattacher à une lésion ou 
à un état morbide préexistant ou concomittant et bien 
connu. 

Nous aurons enfin une série de névralgies qui ne peuvent 
être classiquement encadrées dans les définitions précédentes 
et qui ressortent de la nature de ces maladies mystérieuses 
nommées « sympathiques » par les anciens. 

Nous divisons la première catégorie en : 

1° Névralgies crâniennes (centres et nerfs), ex: les névral¬ 
gies si nombreuses du trijumeau, les névralgies du facial ; 

2® Les névralgies spinales, ex : sciatique, pleurodynie. 

3® Les névralgies du grand sympathique dont les plus fré¬ 
quentes sont : la cardialgie et la gastralgie. 


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Dans la seconde catégorie nous trouvons d’abord : . 

1° Les névralgies dépendant d’un état morbide général qui 
a sa raison d’être dans l’organisme; ex : les névralgies arthri¬ 
tiques, rhumatismales, goutteuses, hystériques, diabétiques, 
syphilitiques ; et les névralgies dépendant d’un état morbide 
général ayant sa raison d’être en dehors de l’organisme, poi¬ 
son, miasme, etc. ; ex : les névralgies saturnines, mercu¬ 
rielles et paludéennes. 

2° Les névralgies dépendant d’un état morbide particulier 
ou local : traumatisme, carie, présence d’une tumeur, com¬ 
pression ; ex : névralgies dentaires, douleurs anèvrismale?, 
fourmillements, névralgie à frigore. 

Enfin nous rencontrons les névralgies à origine éloignée ou 
sympathiques, ex : les névralgies dentairesdes femmes grosses, 
les frissonnements ressentis dans le faciès chez les personnes 
infestées de ténias. 

Nous attachons à cette classification une certaine impor¬ 
tance. Seule, elle nous permettra de procéder avec ordre et 
d’appliquer à chaquo cas la série de remèdes qui lui convient. 
Nous avouons bien Volontiers qu’elle n’est .point professorale ot 
qu’on trouvera très certainement des cas prêtant à la confu¬ 
sion ; ex : les douleurs dentaires reliées à une hérédité syphi¬ 
litique, les névralgies métastatiques ; mais il importe, au 
milieu de cette forêt touffue de remèdes inventés pour guérir 
les névralgies, de ne procéder que par coupes bien réglées au 
risque de rencontrer deux fois les mêmes applications. 

(A continuer.) D r Van Bi.aeren. 

Cette intéressante communication a donné lieu h une cau¬ 
serie très instructive entre plusieurs membres présents et 
notamment MM. les docteurs Van Campenhout, Schepens. 
Seutin et Van Blaeren, au sujet de la nature des névralgies, 
de leurs formes, de leurs variétés : on a vivement remercié le 


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— 135 , — 


confrère Van Blaeren d'avoir introduit cette question si 
délicate de la pratique médicale et l’on a insisté pour qu’il 
continue à poursuivre son étude. Cette communication de 
notre confrère Van Blaeren qui, comme chacun le sait, 
s'est fait une spécialité du traitement des afiections de la 
bonche et des dents, si fréquemment le siège de douleurs 
névralgiques diverses.promet de donner lieu à des dissertations 
nombreuses et variées, car tous les médecins sont journelle¬ 
ment aux prises avec les névralgies ; d’un autre côté 
l'bomœopathie, grâce à la loi de l'individualisation, donne 
à ses partisans des succès que nos confrères de l’ancienne 
école ne peuvent obtenir ; nous guérissons, parfois avec quel¬ 
ques globules seulement, des névralgies ayant résisté aux 
remèdes allopathiques les plus violents; et nos guérisons dans 
les névralgies amènent à nos principes de nombreux adeptes. 
En présence de l’importance de la question l’avis général fut 
do remettre la discussion après la lecture complète du travail 
du docteur Van Blaeren : on lui adresse de chaleureux re- 
mercîments en insistant pour qu’il ne manque pas de donner, 
dés la prochaine séance, la continuation de son travail; la 
discussion sur YEmploi des remèdes palliatifs et calmants 
continuera donc à figurer à l’ordre du jour, et spécialement la 
uestion du Traitement palliatif et curatif des névralgies. 

Concernant les maladies épidémiques et les médicaments 
de la saison, le docteur Criquelion signale quelques cas de 
diarrhée sans gravité. 

Le docteur Seutin rapporte que beaucoup de personnes se 
font revacciner, ce qui indiquerait une recrudescence do la 
variole. 

La séance est levéo à six heures. 


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— 136 — 


Le tabac (1) 

par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles. 

Voici ce qu’écrivait un jour M. le docteur Galopin dans 1» 
Gazette de Lausanne : « A-t-on le droit de s’étonner, dit-il, 
de lire chez les liquoristes qui ne sont, comme les cabaretiers, 
que des empoisonneurs honnêtes et patentés, de lire, dis-je, 
« liqueur digestive, élixir de santé, absinthe digestive, toni¬ 
que, inoffensive », etc. quand on lit chez les marchands de 
tabac : pipes hygiéniques, papier, cigares et cigarettes hy¬ 
giéniques ? » 

Ce même docteur se demande, si Von n’aurait pas le droit 
de s’enquérir si l’on est bien dans un pays civilisé, ou si l’on 
n’est pas la dupe de tous ces spéculateurs de la santé indi¬ 
viduelle et commune, dont la conscience élastique ne sait plus 
respecter ni ménager les moindres convenances sociales 
pouvant encore sauver les apparences de la dignité hu¬ 
maine (2). 

Il faut que messieurs les spéculateurs nous respectent bien 
peu, tout en ayant une triste opinion de notre jugement, 
pour user de pareils procédés à notre égard. Ne voit-on pas 
souvent de sots petits bonshommes qui se rendent malades, 
pour paraître ce qu’ils ne sont pas. S’ils étaient oertains que 
personne ne les vît, ils ne fumeraient pas. Ils reviennent souvent 
malades chez eux, mais l'honneur est satisfait! Oh ! orgueil, 
si tu n’as pas perdu Troie,tu perds bien des hommes (3). 

Disons un mot maintenant du traitement curatif des 
fumeurs et des priseurs. On a remarqué que les fumeurs se 
guérissaient plus vite que les priseurs, les fumeurs de cigares 
d’abord, les fumeurs de pipes ensuite, et enfin, les fumeurs de 

(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, pp. 9, 40,73 et 109. 

(2) Galopin Le tabac, pp. 84 à 86. 

(3) Galopin. Le tabac , p. 87. 


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cigarettes. M. le docteur Galopin rapporte que sur plus de 
cinquante cas de guérison radicale qu’il a obtenus ce sont 
toujours les fumeurs de cigarettes qui ont apporté le plus de 
résistance au-traitement, jusqu’au jour, dit-il, où il a eu l’idée 
de flatter leur manie comme il flattait déjà celle des priseurs. 

Voyant toujours les fumeurs de cigares triompher de leur 
mauvaise •habitude, et les fumeurs de pipes et de cigarettes 
succomber presque toujours à la tentation, voici le procédé 
ingénieux auquel il a eu recours et qui lui a donné de nom¬ 
breux succès. Au lieu de dire aux fumeurs : Jetez vos papiers 
et vos pipes à la mer, il leur a dit : Gonsorvez votre cahier 
de papier, seulement au lieu de fumer du tabac pur,fumez du 
tabac mélangé à des têtes de trèfle blanc d’abord, dans les 
proportions d’un vingtième de trèfle blanc sur 20 de tabac, 
le premier jour; diminuez le tabac et augmentez le trèfle d’un 
vingtième tous les jours encore; en vingt jours vous ne fumerez 
plus que du trèfle. Continuez à fumer cette herbe pure pen¬ 
dant dix jours encore, ensuite, remplacez le trèfle par du 
coton imprégné de camphre. Changez de pipe, prenez-en une 
très petite,bourrez cette pipe de coton camphré, que vous fu¬ 
mez sans l’allumer, quand le besoin de bourrer une pipe nou¬ 
velle se fait sentir, bourrez-la, ne résistez pas douloureuse¬ 
ment à la tentation. 

Aux fumeurs de cigarettes, il a prescrit tout à fait le même 
traitement. 

Après 30 à 40 jours de cette médication salutaire, tous ses 
malades persévérants ont abandonné la cigarette et la pipe. 

Aux priseurs il leur a dit: Conservez vos tabatières, ne les 
changez même pas comme grandeur, mettez seulement un 
gramme de café le premier jour, dans votre quantité de tabac 
ordinaire, deux grammes le deuxième jour, et trois grammes 
le troisième jour et augmentez ainsi le café de un gramme par 
jour dans la tabatière qui contient vingt grammes de tabac, 


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— 138 — 


le vingtième jour, il n y a plus de tabac, dans la tabatière, qui 
est remplie de café... Gardez votre tabatière ; remplacez 
seulement le café par du sucre en poudre absolument de la 
même manière que vous avez remplacé le tabac par le café. 
Après vingt autres jours vous ne priserez plus que du sucre ; 
consultez votre miroir, et vos moustaches et votre barbe 
cristallisées achèveront votre conversion salutaire. 

C'est, en effet, ce qui arrive à tous ses malades qui ont la 
fermeté de ne pas braconner dans le chicotin ou la tabatière 
d’autrui... Malheur à celui qui ne sait pas résister à la tenta¬ 
tion!... Une seule désobéissance à ses prescriptions suffit 
pour le replonger dans les ténébreuses jouissances de l’inapé- 
nitence finale. 

Disons maintenant un mot de la consommation progressive 
du tabac. 

Voici les chiffres officiels par période décennale : pour la 


France 

En 1826 . 11,395,084 kitogr. 

1836. 13,545,107 > 

1846. 18,636,234 » 

1856. 25,434,041 > 

1866 . 30,384,394 > 

1876. ........ 31,373,244 » 


Ainsi donc, au dix-neuvième siècle, la consommation double 
par période de trente ans environ (1). 

Il résulte de la statistique de 1877 que l’on a vendu sur le 
territoire do l’empire allemand : 


Tabac à fumer. . . 

» à priser. • . 

» à chiquer . . 

Total 

Plus : Cigares . • . 

Cigarettes . . . . 

Total. 


. 36,580,700 kilog. 
. 6,312,350 » 

. 3,070,600 » 

. 45,963,050 kilog. 
. 4,782,096 > 

200,000 s 

7 49,945,146 kilog. 


(1) Galopin. Le tabac , pp. 133 à 137 


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L’Allemagne consomme donc en poids quaranterneuf mil¬ 
lions neuf cent quarante-cinq mille cent quarante-six kilo¬ 
grammes. On sait que le tabac contient ordinairement cinq 
pour cent de nicotine. On sait aussi qu'il suffit de quelques 
gouttes de cet alcaloïde pour tuer un homme d’uno manière 
instantanée. Or, nous trouvons deux milliards et cinq cents 
millions de grammes do nicotine dans le tabac consommé dans 
ce pays en uns année. La population de la terre n'étant que 
d’un milliard et deux centsmillions,le peuple allemand savoure, 
avec ou sans bière, le poison qui, étant distribué à chaque 
tête et avalé dans un même instant, tuerait d’un seul coup 
l’humanité toute entière. 

Lorsque la nicotine est prise à petites doses, ses effets sont 
moins violents, mais les conséquences restent funestes : le 
progrès est constant et graduel; l’aggravation continue sa 
marche, attaquant d’une manière inquiétante le système 
nerveux, cérébral, intellectuel : la finesse et la vivacité de 
l’esprit font place aux idées vagues, à la brusquerie, à la 
rudesse du caractère ; le fumeur étant alors anémique, il est 
empoisonné. 

Nul doute que le tabac a une influence marquée dans la 
marche des mœurs et de la civilisation. L’enquête n’a pu éta¬ 
blir le nombre exact des fumeurs, on l’a approximativement 
évalué à 10 millions de têtes ; presque la moitié de la popu¬ 
lation mâle use du tabac dans une proportion do 30 marcs par 
au et par personne. L’armée coûte environ trois cents mil¬ 
lions de marcs. En y joignant les trois cents millions de 
fumeurs, l’armée de la gloire et l’armée de Nicot coûtent au 
peuple allemand six cents millions de marcs (1). 

Parlons maintenant de la régie, qui est, après la guerre et 
la marine, l’administration la plus importante de France, par 


(1) Galopin. Le tabac , pp. 133 à 137. 


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— 140 — 

le matériel et le personnel sur lesquels elle agit. Elle a dans 
ses attributions le tabac et par extension les poudres explo¬ 
sives. Elle ressort du ministère des finances. 

L’administration des tabacs a pour chef un directeur spé¬ 
cial. Ses bureaux forment trois divisions, ayant chacune un 
directeur général et quatre sous-directeurs. 

Elle a neuf manufactures, situées à Paris, Lyon, Mar¬ 
seille, Bordeaux, le Havre, Toulouse, Tonneins, Lille, 
Morlaix, et sept autres encore et employant dans leur en¬ 
semble 12,200 ouvriers. 

La statistique officielle porte le nombre des débits de 
tabacs, pour toute la France, à plus de 30,000. C’est plus que 
la moitié du nombre des boulangers, qui n’est que de 50,711. 
Un marchand de tabac pour deux mai'chands de pain ! N’est- 
ce pas un fait aussi humiliant qu’étrange pour la civilisation 
du dix-neuviéme siècle? 

La culture du tabac absorbe en France plus de trente mille 
hectares de bonne terre. La France est presque la seule, en 
Europe, qui sacrifie son territoire à la production d’une plante 
délétère exotique au détriment de ses cultures naturelles et 
presque nationales. 

Quand, dans une belle soirée d’été, on quitte le départe¬ 
ment de la Gironde, tout embaumé des parfums de la vigne eu 
fleur, pour traverser le département du, Lot, du Lot-et-Ga¬ 
ronne, envahis par le tabac, à l’aspect sombre, on est pris 
d’un sentiment de tristesse qu’on ne peut définir. Ce sont les 
vapeurs narcotiques de la nicotine en sève qui vous montent 
au cerveau comme un miasme, et sous l’impression de ce 
contraste, entre les deux cultures, on se demande si ce n’est 
pas profaner de riches contrées que de les priver de produire 
des vins généreux, pour les contraindre à donner une plante 
dont tous les pores distillent le poison et dont l’usage est si 
énervant, si démoralisateur, si funeste, en un mot, à la nature 
des hommes. 


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'■yr ' -, 


— 141 — 

La régie verse annuellement, en France, plus de 100 mil¬ 
lions de kilogrammes de tabac de toutes les qualités, de toutes 
les provenances, qu’elle manipule et qu’elle mélange, pour 
flatter du mieux qu’il est possible l’œil, le goût et l’odorat de 
ses nombreux clients (1). 

Donnons maintenant quelques détails suc les procédés (2) 
par lesquels passe le tabac avant d'arriver à la consom¬ 
mation : 

Cette fabrication a pour but de transformer les feuilles 
sèches du tabac en scaferlati, ou tabac à fumer, en cigares, 
en rôles, ou tabac à mâcher, en carottes et en poudre ou 
tabac à priser. 

On fait subir au tabac en feuilles plusieurs opérat ions qu’on 
appelle époulardage, mouillage, écôtage. La fabrication sc 
fait avec les feuilles qui proviennent des six départements où 
la culture est autorisée, et d’un très grand nombre de crus 
étrangers : la Hongrie, la Hollande, la Syrie, l’Argolide, 
l’Algérie, Cuba, la Virginie, le Maryland, la Colombie, la 
Chine, Java, Porto-Rico, le Brésil, etc. On en fait alors deux 
choix : le plus beau est affecté au tabac à fumer et l’inférieur 
destiné pour le tabac à priser. 

On époularde le tabac, c’est-à-dire qu’un ouvrier le délie, 
le secoue pour en faire tomber les impuretés, le trie dans des 
mannes placées autour de lui et dispose les qualités pour 
répondre aux différents usages : robes ou enveloppes de 
cigares, etc. 

Cette opération est une des plus pénibles pour les ouvriers, 
& cause de l’épaisse poussière qu’elle soulève. 

La mouillure rend aux feuilles sèches leur souplesse néces¬ 
saire pour se prêter à la fabrication. On la fait à l’eau salée; 


^1) Depierris. Physiologie sociale. Le tabac, pp, 458 à 404. 
(2) Encyclopédie moderne ; tome XX VJ. Article : tabac. 


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— 142 


10 kilogrammes de sel pour 100 litres d’eau ; ce sel empêche 
1* fermentation de devenir putride et détruit les insectes 
qu’elle pourrait engendrer. C’estlesel qui le rend très hygro¬ 
métrique. La régie emploie annuellement 6 à 700,000 kilo¬ 
grammes de sel, qu’elle vend par conséquent au prix du 
tabac et dans les proportions d’un dixiéme pour le poids. 

L’écôtage consiste à arracher la côte do la feuille dans 
toute sa longueur. Après lecôtage, les feuilles passent 
dans les divers ateliers où s’exécutent les différentes branches 
de la fabrication. 

La fabrication du scaferlati, ou tabac à fumer, se compose 
de quatre opérations : le hachage, la torréfaction, l^séchage 
et la mise en paquets. Elle produit en France trois espèces de 
scaferlati : 1° le tabac ordinaire, ou caporal, qui se compose 
d’un mélange de feuilles indigènes et de feuilles étrangères, 
de Maryland, de Hongrie, etc.; 2° le tabac de Caroline, pour 
lequel ou n’emploie que les feuilles indigènes de qualité infé¬ 
rieure qu’on mélange avec les déchets provenant de l’écôtage 
des tabacs étrangers ; 3° enfin, le tabac supérieur ou étran. 
ger, où il n’entre que des feuilles étrangères, sans mélange 
aucun. Tels sont le Maryland, le Porto-Rico, le Varinas, le 
tabac du Levant, etc. 

Le hachage se fait par l’eau ou par la vapeur, ou avec des • 
couteaux dans le genre de hache-paille. 

Après le hachage, le tabac passe à la torréfaction que l’on 
fait sur des plaques fortement chauffées. Cette opération a 
pour objet de rendre impossible la fermentation. Le séchoir 
se fait dans des appartements à l’aido d’air chaud, on le met 
sur des claies où on le retourne souvent pour hâter sa dessic¬ 
cation. On le met ensuite en paquets du poids de 500 ou 1000 
grammes pour le tabac ordinaire, de 500, 200, 125 grammes 
pour le tabac étranger. Les cigares se font parles femmes, 
qui roulent entre bs doigts les feuilles petites, en volume 


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— 143 - 


voulu pour chaque espèce de cigares ; elles revêtent le tout 
d’une robe, c’est-à-dire d'une feuille plus grander et conve¬ 
nablement taillée, et ne présentant aucune déchirure. Elles 
la fixent avec un peu de eolle de pâte et le cigare est ter¬ 
miné. On le met ensuite au séchoir, à une température do 
30 degrés au plus. 

On ne fabrique en France que des cigares des deux der¬ 
nières qualitéset seulement dans les manufactures de Toulouse, 
Bordeaux, Paris ; particuliérement dans celle de Marseille qui 
ne fabrique que des cigares et du tabac en poudre. Ceux à 
cinq centimes sont faits avec du tabac de France. Ceux de la 
qualité immédiatement supérieure sont composés de feuilles de 
Maryland et de la Havane. Ceux dits étrangers, et du prix de 
15 centimes, et tous les autres arrivent tout faits de la 
Havane, de Manille, de la Colombie, Nouvelle-Grenade, do 
Bahia. 

La fabrication des rôles ressemble beaucoup à celle des 
cigares, elle offre du reste peu d’intérêt, leur emploi 
devenant de plus en plus rare. Celle dos rôles pour tabac à 
chiquer se compose de cinq opérations, le félage, la mise en 
rôle, le passage à la presse, le ficelage et la mise à l’étuve. 

(/I continuer.) ’ Seutin, Ph" et D r L. Seutjn. 


MALADIES DE LA PÉAU 


par le D r Burkhard, de Berlin. — Traductiondu D r Chevalier, de Cbarleroi. 

Avant de traiter des maladies cutanées, nous devons élimi¬ 
ner toutes celles qui sont le résultat d’une infection générale, 
telles que la scarlatine, la rougeole, la roséole, la variole, le 
typhus, la syphilis. De même l’érysipèle, qui a toujours été 
classé parmi les affections cutanées, et dont la cause pre¬ 
mière, comme pour les maladies citées plus haut, est un 


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— 144 — 


bacille, qui jouit de la propriété de sécréter un venin capable 
de provoquer des exanthèmes sur tout le corps. Je voudrais 
pouvoir m'appesantir sur la propriété des bacilles connus de 
procréer des maladies générales. Mais qui sait si par la suite 
on ne découvrira pas également un microbe pour chacune des 
affections de la peau, et où sera dans ce cas la limite entre 
ces maladies et celles d’infection générale ? Pour ma part, je 
crois que la délimitation entre ces deux groupes de maladies 
sera la participation ou la non participation de toute l’éco¬ 
nomie dans la symptomatologie de ces affections cutanées. 

Il ne sera pas toujours facile non plus de distinguer les 
affections cutanées des affections scrofuleuses de la peau, 
attendu que souvent elles se ressemblent entièrement et que 
nous ne sommespas toujours en état de'diagnostiquer sûrement, 
dans- un cas donné, si une éruption est de nature scrofuleuse 
ou non ; de plus nous admettons que toutes les affections de 
la peau sont l’expression d’un vice général, d’une psore, 
comme l’appelait Hahnemann, qui a une grande ressemblance 
avec la scrofulose. 

Ce n’est pas ici le cas non plus de faire une pathologie et 
une anathomie pathologique étendues des maladies cutanées. 
Nous les supposons connues et nous nous bornerons à ne con¬ 
signer que ce qu’il y a do plus essentiel. 

Notre but est de faire connaître le résultat de notre expé¬ 
rience et de nos études pour le traitement et la guérison de 
ces affections, de façon à apprendre aux uns quelque chose de 
nouveau, un remède à expérimenter,et de stimuler les autres 
à faire de nouvelles recherches. 

Dans la division des maladies delà peau en différents grou¬ 
pes, nous prendrons pour base l’anatomie de ces affections. 

Si nous considérons en premier lieu Yhypertrophie (le 
la peau, il est évident que celle-ci peut avoir toutes ses cou- 
Ghes hypertrophiée^ ou seulement quelques-unes. 


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— 145 


L’hypertrophie totale est une maladie de naissance, et 
qui ne se montre que sur certaines parties du corps. 

A cette classe appartiennent les excroissances verruqueuses 
et les nœvi ma ter ni. Ils sont la plupart du temps recouverts 
de poils et très pigmentés. Une expoliation diffuse de l’épi 
derme et du derme constitue l’ ichthyose. Si les tissus sous 
cutanés participent à l’hypertrophie, on a l'elephantiasis. 
Nous traiterons plus loin de ces deux maladies. 

La pigmentation peut parfois aussi être très considérable 
dans la couche de nmlpighi ; on trouve de naissance de grandes 
taches pigmentées,'ainsi que dos taches de rousseur., A ces 
endroits il y a également souvent un développement considé¬ 
rable de poils. A cette catégorie d’affections appartiennent 
également les chloasmata uterina. 

L’hypertrophie du derme se rencontre dans l’ichthyose, 
dans les verrues, les fies, et commence par une prolifération 
de papilles, qui se recouvrent d’un épiderme très épais. 
Souvent ces tumeurs présentent des crevasses, produites par 
l’interposition de l’épiderme dans le corps papillaire. 

Les mêmes modifications {anatomiques se rencontrent autant 
dans les fies que dans les verrues, seulement chez les premiers 
les papilles se flétrissent vite et sont recouvertes d’une mince 
couche d’épiderme. On distingue les condylomes en pointus et 
plats. Ces derniers, de même structure que les autres, sont 
toujours de nature syphilitique, et nous n’en parlerons pas. 

Les végétations pointues peuvent se montrer partout où 
une sécrétion corrosive irrite une muqueuse.On les rencontre 
surtout dans le cas de gonorrhée sir la muqueuse du pénis, 
ou du vagin. Ils peuvent également se développer sur la peau 
par contact de la sécrétion blennorrhagique. 

Mentionnons encore une hypertrophie circonscrite du lissi» 
sous-cutané, qui forme 1 emolluscum simplex, petite tumeur 
dure et sphérique. 


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— 146 — 


Outre le simplex, il y a encore le molluscum contagio- 
snm, qui est formé par l’hypertrophie du cuir chevelu, qui 
est rempli de petits grains arrondis et durs. Ces petites 
tumeurs so développent vite, puis il en vient de nouvelles et 
c’est ainsi qu’on en compte un grand nombre occupant une 
grande superficie de la peau.Des observations concluantes de 
contagiosité lui ont fait donner son nom. 

Enfin citons encore l’hypertrophie circonscrite des capil¬ 
laires de la peau, qui constituent les télangiectasie*. Tout 
monde sait que quand elles ont acquis un certain développe¬ 
ment, elles s’arrêtent, mais que parfois elles grandissent 
fort. 

Avant de passer à la description de Fichlhyosis et de l’ele- 
phanliasis, qu’il me soit permis de donner mon avis à propos 
du traitement de ces anomalies de la peau dont il a été fait 
mention plus haut. Je considère qu’un traitement interne pour 
ces affections ne donnera aucun résultat. Je ne prétends pas 
que par un traitement interne d’une affection de l’utérus on 
ne puisse faire disparaître les chloasmata uterina, mais dans 
ce cas, ce n’est pas cette dernière affection qui a été traitée, 
mais l’affection utérine qui en est la cause. 

Vouloir guérir par uns médication interne des taches do 
rousseur, des taches hépatiques, des cors, est pour moi un 
non sens. 

Je dois cependant mentionner ici une affection d’une façon 
spéciale, à cause des nombreux travaux qui ont été écrits sur 
son traitement homœopathiquc et puis parce que Hahnemann 
a basé sur elle sa théorie de la psore.Vous m’avez compris, je 
veux parler des végétations, surtout des spécifiques et de leur 
remé le le thuya. Que le thuya ait uno action spécifique sur 
la prolifération papillaire, personne ne conteste la chose. S 
nous touchons les condylomes avec la teinture de thuya ou de 
son congénère la saôme,ilsdisparaîront complètement et cela 


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— 147 — 


sans avoir été corrodés par le médicament. La teinture ou la 
poudre de thuya n’est pas corrosive, mais a une action spéci¬ 
fique. 

Chez les personnes atteintes de végétations suite de 
gonorrhée, l’expérience prouve que le thuya par son action 
spécifique les fait disparaître. Je crois que l’observation 
attentive de ces faits a été l’origine de la Sycose pour Hahne- 
mann. 

J’ai traité un patient, qui avait souffert d’une gonorrhée 
pendant plusieurs mois et l’avait fait disparaître par des 
injections, pour différents maux qui lui étaient survenus. 
Après avoir vainement prescrit des traitements indiqués 
homéopathiquement par les symptômes, le thuya fit revenir 
la gonorrhée et tous les maux disparurent. Et mon patient 
était un homme digne de foi, qui eût pu évidemment contrac¬ 
ter une nouvelle gonorrhée, mais qui sur son honneur ne 
s était pas exposé. Si jo ne puis pas nier la possibilité théo¬ 
rique pour thuya administré à l’intérieur de détruire les 
végétations, je dois convenir franchement que je ne l’ai 
jamais vu. J’ai fait souvent l’expérience^ mais jamais je n’ai 
réussi à faire disparaître les condylomes de cette manière. Jq 
me sers toujours du thuya ou plus souvent de son congénère 
la sabine localement. 

Je considère que si après plusieurs tentatives infructueuses 
le thuya réussit une fois, ce moyen ne doit pas être préco¬ 
nisé. Ce serait un résultat très intéressant au point de vue 
théorique, mais nullement utile pour la pratique. Si sur 30 
ou 40 essais, je réussis une fois, par l’administration interne 
Aq thuya, je ne puis pas recommander ce remède, alors que 
j en ai d’autres plus efficaces ; les malades du reste n’ont 
pas le temps d’attendre. 

Quant au traitement des télangiectasics proposé tout récem¬ 
ment par le collègue Sulzer au moyen du ferrum phosph.. 


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— 148 — 


je n’ai pu que peu l’employer; dans un cas je n’ai pas réussi, 
dans un autre j’ai eu un succès éclatant. 

Ichthyosis 

Elle consiste en une hypertrophie du derme et de l’épiderme. 
Cette affection recouvre la plus grande partie du corps, 
excepté la figure, la paume des mains, la plante des pieds, 
les jointures et les parties génitales, et apparaît dés la nais¬ 
sance. On la rencontre chez plusieurs membres d’une même 
famille et cela dés les premières années de la vie. Si l’ichthyo- 
sis ne se remarque pas au moment de la naissance ou dans les 
premiers mois, c’est que, selon Hebra, l’enfant, pendant la 
gestation, se trouve dans un bain chaud, et que ceux qu'il 
prend après la naissance enlèvent les petites écailles épider¬ 
miques. 

Ces écailles sont assez grandes et grosses, et dans quelques 
cas simulent des plaques. On peut les confondre avec les 
squammes d’une dermatite superficielle comme pour les 
pellicules de la tête. La caractéristique de l'ichthyose c’est 
la permanence de la desquammation sans la moindre irritation 
inflammatoire de la peau, sans exsudât, sans sécrétion de la 
peau ni des glandes sébacées. 

Quant au traitement, Niemeyer prétend qu’il est nul. Los 
préparations internes ou externes d 'arsenic, d’ antimoine , 
degoudron sont inefficaces, parce qu’il est impossible d’attein¬ 
dre les papilles des parties hypertrophiées. Il préconise des 
bains chauds, avec ou sans addition d’alcalins, des frictions 
afin d’empêcher l’accumulation des squammes épidermiques. 
Est-il question pour nous, homœopathes, de ne rien faire 
non plus et de nous croiser les bras comme nos collègues les 
allopathes? D'après les travaux de Katka, et pour autant que 
je connaisse la littérature homœopathiquo, il n’y a pas de cas 
de guérison d’ichthyosis. Kafka prescrit intérieurement ot 


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— 149 — 


extérieurement le phosphore, comme dans l’acne indurata, 
parce que ce médicament possède le plus d’aptitude pour 
guérir los indurations et l’hypertrophie de la peau ; puis il 
donne aurum et iode. Le point do départ théorique qui guide 
Kafka à prescrire le phosphore, ne me satisfait pas. L’acné 
est une inflammation d’une glande sébacée enkystée, dont le 
produit se durcit : Acné indurata. Cette affection n’a aucun 
rapport avec les papilles de la peau. Toutefois, on peut essayer - 
le phosphore. L 'iode et l'or m’inspirent plus de confiance. Je 
recommande cependant plutôt sulphure t graphites, nos deux 
grands remèdes pour la peau. 

Il n’y a pas longtemps, j’ai traité un cas avec ces deux 
médicaments et j’ai obtenu d’excellents résultats. Si la guéri¬ 
son n’a pas été complète, l’amélioration a été considérable (1). 

{A continuer.) Traduction du D r Chevalier. 


Coup d'œil sur la diététique contemporaine 

par le D* Criquelion, de Mons. 

La diététique est la science de l’alimentation appropriée 
aux différents états de la vie, que nous soyons en santé ou en 
cours de maladie. 

Elle a une extrême importance ; elle doit nous tracer les 
lois de notre existence journalière et elle indique les règles 
à suivre dans l’alimentation des malades. 

Celle-ci a souvent été l’objet de l’étude des médecins ; il est 
pourtant bien des chapitres qui seraient à reviser. Certaine 
école, dans notre pays, qui puise surtout ses enseignements à 

(1) Avant le traitement tout le corps était couvert d’écailles. Le pro¬ 
cessus,comme toujours, avait débuté à la naissanoell était surtout répandu 
sur les bras, le cou, les jambes; la poitrine et le dos en avaient moins. 
J'ai revu ma malade, une jeune dame de 17 ans, 8 mois après ma dernière 
visite; la guérison, à ma plus grande satisfaction, s'était maintenue. 


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— 150 — 


l’Université de Bruxelles, montre une tendance exagérée 
à soumettre la généralité de ses malades (qu’ils soient fié¬ 
vreux ou non) à une alimentation fortement animalisée, addi¬ 
tionnée de vins généreux et en grande quantité, surtout de 
vins de champagne, qu’il est devenu de bon ton de prescrire 
aujourd’hui. 

J’assiste souvent à une véritable débauche de champagne 
et de beefstoacks saignants, ordonnés à des malades en état 
de fièvre, oubliant que chez eux les muqueuses digestives sont 
souvent altérées, que leurs glandes séerétoiros sont troublées 
dans leurs fonctions, que l’appareil gastro-intestinal est 
devenu incapable de remplir son travail de digestion et d’as¬ 
similation, et C3la sous le prétexte spécieux que le malade est 
faible et qu’il faut partant lui donner des forces, travail de 
Titan que le malade ne peut accomplir, rocher de Sisyphe 
sous lequel il succombe, labeur impossible qui ne lui a jamais 
donné de forces, mais qui a bien souvent rallumé sa fièvre ou 
ramené ses irritations. 

Mais c'est de la médecine qu’ils appellent pompeusement 
médecine rationnelle , titre trop lourd pour une science qui 
n’a pas de principes sur lesquels s’appuyer, et dont l’expéri¬ 
mentation, dépourvue de boussole, n’a fait faire aucun pas 
utile à la thérapeutique curative : ils sont incapables de 
spécialiser. 

Je voyais, il y a peu de temps, un bel exemple de cette 
belle médecine. Un pauvre patient, parmi d’autres symptômes 
que son médecin n’avait pas pris la peine de relever pour 
poser un diagnostic réel, présentait de la constipation : vite 
un purgatif. Deux jours après, l’Esculape fameux revoit son 
malade et le trouve en diarrhée : vite une potion opiacée. 
Il repasse 48 heures après; la constipation avait reprisses 
droits : aussitôt de donner une nouvelle potion purgative, 
suivie encore une fois d’une potion astringente. 


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- 151 — 


V* 


Dieu sait combien do temps cette médication aurait duré; 
si le malheureux malade n'avait changé de médecin. Il avait 
une dyspepsie qui disparut bien vite avec quelques globules 
d 'hepar sulph. d ’antimonium crudum, aidés d’une diète 
relative. Ce fait, je l’ai observé plusieurs fois. 

Nous mangeons et buvons souvent trop. Emportés par le 
mouvoment fébrile qui anime notre siècle, nous vivons à la 
vapeur; notre cerveau, continuellement surexcité, a Lesoin 
d’être fouetté pour être maintenu sous sa haute pression ; 
nous vivons vite et nous mourons tôt, et si les tables de mor¬ 
talité ont vu s’augmenter la durée de la vie humaine, co n’est 
pas chez les adultes qu’il faut on chercher la cause, mais 
chez les enfants que l'hygiène moderne est parvenue à sous¬ 
traire à un très grand nombre de causes de mortalité ; les 
enfants meurent beaucoup moins et c’est ce qui augmente 
la moyenne do la longévité humaine; quant aux adultes ils 
meurent plus vite. Combien plus nombreuses qu’autrefois 
sonft les maladies du cerveau chez l’adulte, les maladies du 
cœur, les maladies du foie et de l’estomac, des intestins et des 
reins, la goutte et les maladies de la moelle épinière ? Com¬ 
bien de celles-là no relèvent pas de cette cause primordiale : 
excès de travail chez quelques-uns, excès de table chez beau¬ 
coup, surtout chez les habitants des villes, les hommes d’af¬ 
faires qui bâclent celles-ci on sablant le champagne ou qui 
couronnent leurs transactions par un diner à discrétion. 
Quelles constitutions ne sombreraient pas dans une pareille 
tourmente ! Quels chênes ne seraient pas chenus et dépouillés 
avant l’âge ! 

Notre hygiène est détestable. Nous mangeons trop de 
viande, surtout de viandes crues, nous buvons trop de vin 
et surtout trop de bières fortes et adultérées. 

Si nous examinons avec un peu de soin l’organisme humain, 
si nous considérons notre appareil dentaire et notre long 


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1 



— 152 — 


tube digestif, nous découvrons de suite que nous sommes 
avant tout des frugivores. Nous n’avons pas ces canines puis¬ 
santes qui servent à dilacérer les chairs palpitantes, comme 
le lion et le tigre ; nous avons vingt superbes molaires, des¬ 
tinées à broyer les graines et les fruits ; nous avons le 
système dentaire du singe ; or celui-ci ne mange pas de 
viande. Nous sommes omnivores, c’est vrai ; mais l’alimenta¬ 
tion animalisée est celle qui nous convient le moins. Le 
régime végétal est mieux approprié à notre nature et c’est 
celui qui doit le mieux nous conserver en santé et nous ren¬ 
dre le plus forts. 

Si d’autre part nous jetons un coup d’œil sur l’échelle ani¬ 
male, si nous voyons ce qu’étaient autrefois les peuples du 
centre de l’Europe, nous reconnaîtrons bien vite la vérité de 
ce que je dis. 

Quel est l’animal le plus fort de la création î C’est le singe. 
Un singe qui nous vient aux épaules nous broie dans ses 
bras ; il se livre habituellement, et en se jouant, à une gym¬ 
nastique effrénée : il saute d’arbre en arbre avec la plus 
grande facilité. Le singe fait fuir devant lui le lion dans le 
désert ; il casse des arbres gros comme le bras quand il a 
besoin de se faire une arme ; c’est le roi de la forêt. Et que 
mange-t-il? Des fruits. — Voyez le cheval et le bœuf; quels 
travaux longs et pénibles n’accomplissent-il pas ? Et que 
mangent-ils ? Un peu d’herbe ou de paille sèche. Il ne faut 
donc pas nécessairement manger de la viande et boire du vin 
pour être fort. Il suffit que notre alimentation soit appropriée 
à notre organisation : c’est le meilleur moyen d’acquérir la 
plus grande somme de forces et de conserver l’intégrité de 
nos organes et de nos appareils. 

Si nous consultons l’histoire des peuples, nous trouvons, sans 
•remonter bien haut, des populations qui ont habité le centre 
de l’Europe, qui se livraient aux plus rudes travaux dans les 


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— 153 — 

forêts, remontant les fleuves en remorquant les plus lourdes 
charges, ou les traînant dans des chemins mal frayés ; ils 
n’avaiént d’autre nourriture que le pain et les légumes et Us 
étaient d’une haute stature et d’une musculature puissante. 

Ceux qui ont connu la génération d'il y n quarante ans, 
n’ont pas oublié les anciens travailleurs de la campagne, si 
sains, si vigoureux, si probes et si vaillants. Ils ne man¬ 
geaient de la viande que quatre fois l’an aux grandes fêtes, et 
une fois encore à la kermesse ; ils travaillaient sans relâche, 
sans avoir besoin d’être surveillés et ils n’étaient jamais 
malades. 

Si nous voyons aujourd’hui des porte-faix faire des choses 
extraordinaires sons l'empire des boissons fermentées qu’ils 
prennent, nous ne devons pas omettre que cet effort n’est pas 
durable : c’est un feu de pétrole qui s’éteint vite faute d’ali¬ 
ment et qui use très vite la machine soumise à pareil exercice. 

Aussi ces gens éprouvent-ils toujours le besoin de se 
remonter en prenant de l’alcool et en mangeant des viandes 
crues ; ils doivent toujours être sous pression ; quel organisme 
résisterait à de semblables excès ? 

Mangeons donc moins do viande et buvons moins de vin, 
dans l’état de santé comme dans l’état de maladie, et nous 
nous en trouverons mieux. 

D r Criquelion. 


BEVUE DES JOURNAUX DOIEOPATHIOUES D’AIÉRIQUE 

par le D* Lambrbghts, fila, d’Anvers 


Traitement de la néphrite post-scarlatineuse 

par le D r Owens, de Cincinnati 

Acidum carbolicum. — L 'acide carbolique est un des 
remèdes les plus efficaces de la néphrite post-scarlatineuse 


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— 154 — 


•Sur l’homme sain il produit une augmentation de la sécré¬ 
tion urinaire, suivie bientôt d'une diminution do cetto sécré¬ 
tion et même d’une anurie complète. Ces phénomènes s’obser¬ 
vent très fréquemment au début de la néphrite consécutive 
à la scarlatine. L’acide carbolique donne en outre une urine 
foncée presque noire, ou bien encore une urine d’un rouge 
vif, qui peut être acide ou alcaline. Comme sj r mptômes géné¬ 
raux, il y a de la céphalalgie frontale avec sensation comme 
si les tempes étaient fortement comprimées par un bandeau, 
do la répugnance pour les travaux intellectuels, de la pâleur 
de la'face, une transpiration'froida et visquoqse, de i’inappé- 
tance avec un désir immodéré pour les stimulants. 

L’acide carbolique convient surtout dans la période initiale 
de la néphrite post-scarlatineuse. 

' Apis melli/ica est considéré par un grand nombre d’autours 
comme le remède le plus important de cette forme de 
néphrite à un stade plus avancé. Ses indications sont : 

Douleurs brûlantes au méat urinaire, envie .fréquente 
d’uriner; l’urine est peu abondante, colorée^ albumineuse ; 
anasarque et épanchement dans les cavités séreuses. Le symp¬ 
tôme caractéristique de ce médicament est l’absence de soif. 

Bryonia alba est indiqué également dans une périodo 
avancée de la maladie, surtout lorsque l’épanchement dans 
les cavités séreuses existe déjà depuis quelque temps. 

Scnega possède aussi quelques indications : urine albumi¬ 
neuse spumeuse, chargée de mucus, se séparaut en plusieurs 
couches par le refroidissement, épanchement dans les cavités 
séreuses. 

Terébenthina est un des remèdes les plus efficace?. Voici 
ses indications : 


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T"”" ' 


— 455 — 

Pesanteur et-pression dans la tête, vertiges, perte d’ap¬ 
pétit,-nausées, yeux enfoncés et entourés d’un cercle bleuâtre, 
points noirs devant les yeux, sensation de pesanteur dans les 
reins, douleurs violentes dans les régions rénales, émission 
fréquente et abondante d’une urine claire et aqueuse, suivie 
d’une diminution et parfois même d’une suppression complète 
do la sécrétion urinaire. Souvent l’urine est sanguinolente et 
.laisse un dépôt semblablo au marc de café. 

Un symptôme caractéristique de ce médicament, c’est 
l’odeur de violette que dégage l’urine. 

Digitalis purpurea convient surtout lorsque des hydro- 
pisies se sont produites dans diverses parties du corps. Les 
jymptômes suivants suggéreront l'emploi de ce remède : 
Confusion dans la tête qui retombe en arrière lorsque le 
malade s’assied ; vertige et syncope lorsqu’il se lève, pupilles 
dilatées et insensibles, perte d’appétit, nausées, vomissements, 
désir de boissons froides, augmentation do la quantité d’urine, 
puis diminution et môme suppression de la sécrétion urinaire ; 
urine trouble et contenant une grande quantité de sédiments. 
Pouls lent et intermittent. 

Helleborus niger est employé lorsqu’il existe de l’hydro¬ 
céphalie avec symptômes suivants : tête lourde, vertiges, 
nansées, vomissements, hypochondrie, mélancolie ; urine 
aqueuse et profuso devenant ensuite rare et jaune foncée. 
L’urine est chargée de cellules épithéliales et d’albumine et se 
décompose très vite. 

Helleborus est aussi indiqué lorsque les hydropisies sur¬ 
viennent rapidement. 

Kali bichromicum. — Le malade est sombre et mélanco¬ 
lique ou bien il est jovial et de bonne humeur ; il existe des 


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nausées et des vertiges. L’urine est foncée, brünàlre ou rou¬ 
geâtre ; elle contient une grande quantité d'albumine, de 
mucus et de cylindres épithéliaux. Ce remède est employé 
dans le premier stade de la néphrite post-scarlatineuse. 

Mercurnis corrosivus est un de nos remèdes les plus effi¬ 
caces dans l’affection qui nous occupe. Il convient dans le pre¬ 
mier et le second stade de la néphrito et peut être employé 
après l’acide carbolique ouïe kali bichrom.\ lorsque l’urine 
devient rare, trouble et sanguinolente et qu’elle contient une 
grande quantité d’albumine, de mucus, de débris épithéliaux 
et de cylindres hyalins. 

Arsenicum correspond à un grand nombre de symptômes 
de la néphrite post-scarlatineuse. Dans sa pathogénésie, l’al¬ 
buminurie est un phénomène constant. L’urine contient des 
sédiments de diverses natures, mais surtout des cylindres fibri¬ 
neux, des cellules épithéliales, du sang et du mucus. Ce 
médicament est indiqué en outre dans les hydropisies consé¬ 
cutives à la scarlatine, que l’épanchement se soit produit dans 
les cavités séreuses ou dans le tissu cellulaire. On l’emploiera 
de préférence lorsqu’il existe une grande agitation, le malade 
changeant continuellement de place pour chercher du soula¬ 
gement, de l’anxiété, une crainte exagérée de la solitude et 
de la mort, de l’émaciation et une grande prostration. 

Scilla maritima est indiqué lorsqu’après la scarlatine, il 
y a une grande tendance aux hydropisies. 

Parmi les médicaments qui peuvent encore être employés 
dans la néphrite post-scarlatineuse, nous citerons : Hep. 
sulph., asclep.,eupator., apocyn.,aur. sulph ., kalicarb., 
kaliphos., kali hydr., spong .. tartar. emet., zinc. 

Comme moyens accessoires, il est utile de recommander 


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les bains d’air chaud à la température de 120° (Fahrenheit)* 
une alimentation légère composée surtout de 1 liquides, une 
chambre chaude et bien ventilée, un exercice modéré à l’in- 
lérieur de la chambre, dos vêtements épais, enfin tout ce qui 

peut favoriser la transpiration. (American homœopathist .) 

, / 

Apis melliflca dans les kystes de l’ovaire 

par le Dr Percy Wilde 

Le D r Percy Wilde rapporte dans VAmerican komceopa- 
thist deux cas intéressants de kystes ovariques guéris radn 
calement par apis mellifica. 

Le premier cas, dit-il, se présenta chez une malade que je 
traitai à l’hôpital pour une toute autre affection. Elle appela 
un jour mon attention sur un gonflement quelle avait remar¬ 
qué dans la région ovarique droite ; ce gonflement ne lui cau¬ 
sait aucune douleur. Les parois abdominales étant très, 
épaisses, le diagnostic était assez difficile à établir; je pensai 
néanmoins à la possibilité d'une tumeur de l’ovaire, mais je 
me bornai à tenir le cas en observation. 

Le malade sortit de l’hôpital peu de temps après, et je n’eus 
plus l’occasion de l’examiner que huit mois plus tard, lors¬ 
qu’elle se présenta de nouveau dans mon service, en se plai¬ 
gnant que la tumeur du ventre avait considérablement 
augmenté et qu’elle lui causait une gêne insupportable. L’état 
du cœur s’opposait à toute intervention chirurgicale, et, à mon 
avis, si le traitement interne ne parvenait pas à la soulager, 
elle était vouée à une mort certaine. 

Je prescrivis apis 3 x, 5 gouttes 3 fois par jour. A la fin de 
la première semaine, la tumeur avait déjà diminué de volume, 
et un mois après, l’examen le plus minutieux ne pouvait 


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I 


— 158 — 

déceler la moudre trace de tumeur. Ge fait s’est passé il y a 
quatre ans, et jLtâqn’mjeerdluu ü ne s’est pas encore produit 
de récidive. Il s’agissait ici (fane kyste emtoculaire ; la rapi¬ 
dité de sa disparition sous l’influence (F apés a été très 
remarquable. 

Le second cas se présenta chez une femme mariée, jeune 
encore, et jouissant d’une excellente santé. Elle avait l’aspect 
d’une femme arrivée au 6 e mois do la grossesse. À l’examen 
du ventre je découvris une tumeur bien limitée, située à 
droite de la ligne médiane et présentant une fluctuation très 
distincte. Les parois abdominales étaient assez minces ; aussi 
je n’eus pas de peine à établir le diagnostic d’un kyste ovarique » 
uniloculaire. La malade me dit qu’ellq avait remarqué la 
tumeur pour la première fois il y a six irçois, et que, depuis 
lors, le ventre avait toujours augmenté de volume. Elle avait 
consulté un chirurgien qui lui avait conseillé l’opération; puis 
elle était venue chez moi pour voir s’il n’était pas possible de 
faire disparaître la tumeur sans intervention chirurgicale. 

Gomme dans le premier cas, je proscrivis qpis 3 x. La 
semaine suivante la malade revint me voir, et iqo dit que le 
ventre avait diminué de volume. Je la revis encore 15 jours 
après, et j’eus la satisfaction de constater que la tumeur 
avait presque complètement disparu. La malade ne se pré¬ 
senta plus à ma consultation, mais deux mois plus tard elle 
vint me consulter pour une légère indisposition; j’eus alors 
l’occasion d'examiner soigneusement le ventre, mais je n’y 
pus découvrir la moindre trace de tumeur. 

Ambra dars l'incontinence d'urine chez les enfants 

M llc G., âgée de 8 ans, était dans l'impossibilité do retenir 


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ses urines lorsqu’elle jouait à la corde, lorsqu’elle çoaraif en 
revenant de l’école, ou qu’elle se livrait à, tout autre exercice 
phyaiqu» i mr peu violent. L’énurésie existait déjà depuis 
trois ans; pour le reste elle jouissait d’une excellente santé. 
Ayant lu dans la pathogénésie d 'ambra ce symptôme carac¬ 
téristique : «Impossibilité de retenir les urines après exercice 
violent», je me décidaiit essayer ce médicament que je pres¬ 
crivis à la 30 6 , une dose par jour. Au bout d’une semaine 
j’obtins une guérison complète. 

M lîe B., âgée d&6 ans, souffrait d'une incontinence d’urine 
nocturne à la suite d’une coqueluche qu’elle avait eue trois 
ans auparavant. Il n’exislait aucun autre symptôme si ce 
n’est une grande acidité de l’urine. Quelques doses d 'ambra 
30 e amenèrent rapidement la guérison. (Homœopathic re¬ 
corder.) 


Lilium tigrinum dans le prolapsus utérin 

par le D r Roberts 

Il y a quelques années, Mademoiselle G., âgée de 23 ans, 
vint me consulter pour un prolapsus de la matrice dont elle 
était alteipte depuis plusieurs années. Elle avait suivi pendant 
très longtemps un traitement allopathique consistant surtout 
dans l’emplo; de.pessaires, d’jnjectiQns, de médicaments toni¬ 
ques, etc., mais sans en obtenir le moindre soulagement. 

Elle était tré$ découragée, car elle avait la conviction que 
sa maladie était incurable ; mais comme elle n’avait jamais 
essayé l’homœopatbie, elle voulait voir si ce système ne pro¬ 
duirait pas de meilleurs résultats. Elle était si affectée qu’elle 
ne pouvaij; s’empêcher de pleurer ; en outre elle était très 


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agitée et très nerveuse, et d’une humeur excessivement 
variable. 

Elle se plaignait surtout d’une sensation de pression allant 
des épaules et de la poitrine aux parties génitales ; cette sen¬ 
sation était si intense qu’il lui semblait que tous ses viscères 
allaient sortir par le vagin ; pour obtenir du soulagement ell} 
exerçait avec les deux mains une forte pression sur la vulve. 
Tous ces symptômes étant caractéristiques de lilium tigt'i- 
num, je prescrivis ce remède à la 30 e , une dose matin et soir. 
La gérison fut complète au bout de 3 mois. Quelque temps 
après, elle se maria et devint mère de trois enfants, sans 
jamais éprouver le moindre ressentiment de son ancien 
mal. (Homœopathic physician.) 

D r Lambreohts, fils. 


SOMMAIRE 

Association centrale des homœopathes belges. — Séance 

du 2 juillet 1889 . ... . 129 

De l’opportunisme dans le traitement des névral¬ 
gies, par le D r YAN Blabren, de Bruxelles . . 129 

Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph“ et le D' Léon 

Seutin, à Bruxelles.. . . 136 

Maladies de la peau. — Traduction du D 1 Chevalier, 

de Charleroi. ... 143 

Coup d’œil sur la diététique contemporaine, par le 

D r Criqoelh>n, de Mons . . . ' .119 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 
le D r Lambreohts. fils, d’Anvers ..... 1®3 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


16* ÀNMÊB. SEPTEMBRE 1889. N° 6. 


Quelques considérations à propos des remèdes tirés 
du régne végétal 

par le D r Martiny 

Nous nous empressons de mettre sous les yeux de nos 
lecteurs un article que nous venons de lire dans la France 
médicale , n°du 24 septembre ; 

Depuis un petit nombre d’années, la matière médicale s'est enrichie de 
quelques substances végétales qui jouissent de propriétés remarquables 
dans les maladies des voies urinaires. Très souvent, il s'agit de plantes 
exotiques dont les propriétés sont populaires dans les pays d'origine, 
mais ce n'est souvent qu'après l'importation de ces plantes que leurs 
vertus sont soumises à un contrôle scientifique. Le nombre de ces diuré¬ 
tiques végétaux pourra d'ailleurs s'accroître lorsqu'on aura expérimenté 
les espèces voisines indigènes qu'on peut présumer posséder des pro¬ 
priétés analogues. 

La plus connue de ces plantes est le Pichi ou Fiché (Fabiana imbri- 
cata ) qui croît dans l'Amérique du Sud, au Chili, au Pérou et dans la 
République Argentine. C'est un petit arbrisseau dont les rameaux sont 
couverts d'écailles imbriquées en guise de feuilles, ce qni lui donne 
l'aspect d'un conifère; le Pichi appartient oependant à la famille des 
8olanées. Nous renvoyons pour la description du végétal à l'étude qu'en 
a faite M. Egasse dans le BuUetin de Thérapeutique et qui est complétée 
par d'excellents dessins. 

Nous nous contenterons de résumer ses propriétés thérapeutiques. 

C’est au Chili surtout que le Pichi était employé comme remède popu¬ 
laire pour combattre les inflamn^ations des voies urinaires ; il passait 
encore pour dissoudre les calculs de la vessie. Les journaux américains 
ont rapporté un grand nombre d'exemples où le remède parut produire 
des résultats surprenants. 

Le D r Ramires, de Valparaiso, cite le cas d'un individu, qui, atteint de 
gravelle, ne recouvra complètement la santé qu'après avoir fait usage du 


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— 162 — 


Pichi qui provoqua une diurèse abondante et prolongée. On reconnut 
bien vite que cette plante est particulièrement utile dans la cystite calcu- 
leuse en modifiant les urines et en calmant les douleurs. Toutes les cys¬ 
tites en général sont rapidement améliorées par ce médicament. Ses 
propriétés diurétiques et sédatives se font sentir dans la cystite calcu- 
leuse, la gravelle urique, les cystites consécutives aux traumatismes, à 
la rétention d’urine, dans les coliques hépatiques. 

C’est le D r Lucien Boyer qui a introduit en France des échantillons 
rapportés du Chili. 11 cite l'observation d'un vieux général péruvien qui 
évita l’opération de la taille pour cause d’un calcul volumineux en em¬ 
ployant la tisane de Pichi. Une autre observation a trait à un malade 
atteint depuis plus de deux ans d’accidents douloureux des voies uri¬ 
naires ; ce remède fit disparaître les douleurs et le dépôt purulent des 
urines. 

Une observation qui mentionne l'action remarquable de la plante a été 
relatée par leD r Le Menant des Chesnais. Un enfant de quatorze ans était 
atteint de coliques néphrétiques avec dépôt d’acide urique dans l’urine. 
Un traitement de plusieurs semaines par le carbonate de lithine, l’eau de 
Contrcxéville, l'eau de Vittel, les stigmates de maïs n’amena aucun 
résultat. On eut alors recours au Pichi. Les coliques hépatiques se mon¬ 
trèrent trois fois en dix jours et ne reparurent plus, l’enfant rendit le 
troisième jour une grande quantité d’acide urique et peut être considéré 
comme guéri. 

Quelques observations donnent à penser que le Pichi peut être utile en 
raison de ses propriétés diurétiques dans certaines maladies du foie, 
dans l’ictère, dans les coliques hépatiques, dans les hydropisies. En 
résumé le Pichi, d’après les premières données, semble devoir rendre de 
grands services comme diurétique, dans la diathèse urique, contre les 
calculs rénaux et vésicaux, lorsqu’il y a excès de phosphates ; dans la 
cystite calculeuse il calme l’irritation de la vessie et favorise l’expulsion 
des calculs en raison de la diurèse qu'il provoque. Toutes les observa¬ 
tions signalent le retour de la limpidité des urines et la cessation des dou¬ 
leurs. L’action de la plante dans les cystites, suite de blennorrhagie, ou 
dans les prostatites est plus incertaine. 

On a cherché à quels principes le Pichi devait ses propriétés. L’ana¬ 
lyse chimique a été faite par Henry Rusby et par À. B. Lyons en Amé¬ 
rique, par Limousin, Nivière et Liotard en France. On trouve dans le 
Pichi : 


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— 163 — 


l a Une résine amère, vert foncé, très abondante, non fluorescente, 
soluble dans les alcalis, l'éther, le chloroforme ; 

2° Une huile volatile, en petites quantités, dont l'odeur rappelle celle 
de la plante ; 

3° Des substances fluorescentes analogues à l'esculine, peu solubles 
dans l’eau froide, assez solubles dans l'eau bouillante. Ces substances 
sont des glucosides et caractériseraient le Pichi, d'après Limousin ; 

4° Une substance, neutre qui cristallise en aiguilles minces, insipides, 
insolubles dans l'eau, solubles dans le chloroforme, l’alcool chaud, inat¬ 
taquable par les acides et les alcalis. On la considère comme inerte. 

5° Un alcaloïde signalé par Lyonset par Limousin, cristallisable, très 
amer. On le désigne sous le nom de Fabianine , mais il est encore peu 
probable qu’il représente le principe actif de la plante, car celle-ci en ren¬ 
ferme à peine 1/1000. Toutefois on n'a pas encore fait d’expérience pour 
déterminer auquel des principes signalés reviennent les propriétés diuré¬ 
tiques de la plante. Ces principes actifs résident dans l'écorce de la tige 
et dans les jeunes rameaux feuillés. On emploie le plus souvent la décoc¬ 
tion qu'on obtient en faisant bouillir pendant une demi-heure dans un 
litre d'eau 30 grammes de jeunes rameaux et qu'on prend à la dose de un 
à deux litres par jour en plusieurs fois, à jeun. La décoction est fluores¬ 
cente. On prescrit encore aux Etats-Unis l'extrait fluide, seul ou associé 
âu nitrate de soude. 

Une plante qui paraît jouir de propriétés analogues à celles du Pichi est 
la fève des marais (faba vulgaris). C'est, comme on sait, une plante delà 
famille des légumineuses papillonacées, qui est cultivée dans les pays 
tempérés pour ses graines alimentaires. Les fleurs seules sont usitées en 
thérapeutique. Mais si l'emploi est récent dans nos pays, il est très 
ancien dans certaines contrées à en juger par une note insérée dans le 
Bulletin de thérapeutique (10, 89.) Les fleurs de fève constituent, paraît-il, 
un remède populaire en Calabre et en Sicile pour combattre les coliques 
néphrétiques, la goutte et favoriser l'expulsion des calculs. On emploie 
dans les accès de goutte sous forme d'une décoction de 12 grammes de 
fleurs sèches dans un litre d'eau que l'on réduit à moitié par l'ébullition. 

Le correspondant du Bulletin , qui n'est pas médecin, a sommairement 
communiqué des résultats d'une expérience qui date de trente ans. Des 
déformations articulaires, les concrétions tophacées ont disparu en même 
temps que ces douleurs k la suite de l'emploi un peu prolongé du remède. 
Les coliques néphrétiques, la gravelle, céderaient à ce traitement sous 


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— 164,— 


l'influence duquel les calculs s'éliminent spontanément La connaissance 
de ces propriétés singulières restait limitée à un cercle très restreint, 
lorsque le D r P. Bouloumié (de Vittel) publia les résultats de ses premiers 
essais. Dans deux cas de colique néphrétique, les crises se calmèrent 
rapidement pour laisser la place à une sensation de bien-être et an 
sommeil ; dans un autre cas, la douleur ne disparut pas complète¬ 
ment. 

Les fleurs de fève produisirent une diminution très notable des douleurs 
de la dysurie dans un cas de douleurs uréthrales liées à une cystite 
chronique. Les fleurs étaient prescrites sous forme d'infusion à la dose 
d'une pincée pour une tasse d'eau bouillante. M. Bouloumier pense que les 
fleurs de fève agissent en faisant cesser le spasme de l'uretère et en cal¬ 
mant les douleurs ; le spasme cessant, l'anurie réflexe disparaît, ainsi 
s'expliqueraient les propriétés diurétiques indirectes de la plante. Cepen¬ 
dant quelques exemples permettent d'attribuer aux fleurs de fève une 
action diurétique réelle et même considérable. Sans quoi on n'explique¬ 
rait pas l'expulsion des calculs, la disparition des tophus sous leur 
influence. Mais des expériences sont nécessaires pour déterminer le méca¬ 
nisme de leur action diurétique et jusque-là toute tentative d'explication 
serait prématurée. De la composition des fleurs de fève nous savons peu 
de chose : M. Adrian a fait l'analyse de la cendre provenant de la calci¬ 
nation de ces fleurs én vase clos. Sur 72 grammes de cendre que donnent 
1 kilogr. de fleurs, le chimiste a trouvé 28 grammes de silice, 11 g. de 
chaux, 10 g. 7 de potasse. 

Comme on peut facilement se procurer ce remède nous ne tarderons 
pas sans doute à être fixés sur sa valeur thérapeutique. Dans tous les cas 
les premiers résultats publiés justifient et exigent de nouvelles expériences 
cliniques plus étendues et plus complètes. 

Les médecins des Etats-Unis emploient comme diurétique une plante 
de la famille des Ericacées, la chimaphiîa umbeUata que les colons fran¬ 
çais appellent herbe à pisser . Elle croît dans l'Amérique du Nord, en 
Russie, en Sibérie, dans l'Europe centrale et le nord de l'Asie. C'est une 
plante herbacée, vivace, toujours verte, qui exhale une odeur particulière 
lorsqu'on l'écrase. Les feuilles qui ont une saveur douceâtre, puis amère 
et astringente, sont seules employées. Le Dr Abet a récemment donné 
dans le Bulletin de thérapeutique n° 28, les caractères botaniques de 
cette plante et en a fait une étude chimique et pharmacologique. Au point 
de vue thérapeuthique on sait seulement que oette plante est un remède 


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populaire contre les maladies des voies urinaires en Amérique ; elle est 
employée également dansl'hydropisie. 

Dans ses expériences le D r Abet s'est servi de l'extrait mou hydroalcoo¬ 
lique, 300 grammes de plante fournissant environ 100 grammes d'extrait. 
Cette préparation n'est pas toxique et peut être prise à dose considérable, 
sans aucun danger, ainsi que notre auteur s'en est assuré sur lui-même. 
Les essais ont été faits sur onze malades cardiaques oliguriques présen¬ 
tant de la dyspnée et de l'oedème. Un seul a été rebelle au médicament 
et n'urinait que par la digitale. Mais la quantité des urines a été aug¬ 
mentée pour tous les autres et pour quelques-uns dépassait cinq litres. 

La dose quotidienne a été de 10 à 15 grammes d'extrait monhydro- 
alcoolique dans une potion renfermant du sirop d'écorce d'oranges amères 
et du rhum. L'accumulation ne s'eat produite dans aucun cas ; chez tous 
les malades la diurèse se montre progressivement dès le second jour et se 
maintient à son maximum, jusqu’à complète disparition de l'œdème,puis 
la quantité d'urine retombe ensuite à son taux normal. 

La composition du chimaphila umbeUata n'est pas encore suffisamment 
connue; elle a été étudiée par Fairbank et par Beshore qui sont arrivés 
à des résultats quelque peu différents. Le premier a trouvé dans les feuilles 
de la plante, de la gomme, de l'amidon, du sucre, des acides pectique, 
tannique, de la résine, des matières grasses et une matière cristalline 
jaune qu'il appelle chimaphiüne , enfin des sels minéraux. La chimaphi- 
line obtenue aussi par Beshore est instable dans l'eau, soluble dans 
l'alcool, l'éther, le chloroforme, les huiles fixes et volatiles, sa réaction 
est neutre ; l'acide sulfurique la colore en rouge sang, le bichromate de 
potasse ajouté à l'acide fait passer la couleur au jaune ou au vert. Beshore 
de son côté a obtenu en traitant les feuilles par l’éther de pétrole 
bouillant une matière cristalline qu'il a purifiée par l'alcool et le chlo- 
rofonhe. Ces cristaux analogues à l'ursone retirée de la busserole 
(arctostaphylos uva-ur$i) en diffèrent cependant par plusieurs réactions. 
Nous ne savons rien des propriétés physiologiques de ces principes 
cristallisés. 

Enfin, le Dr Mascarel a attiré dernièrement encore l’attention sur les 
propriétés diurétiques d'une plante déjà connue par ses effets, appelée 
vulgairement la Verge d'or (solidago Virga aurea, famille des composées, 
tribu des astéroïdées). On emploie les feuilles et les fleurs; la plante a 
une saveur amère, astringente et on lui a attribué anciennement la 
propriété d’atténuer la pierre du rein et de la vessie et d'arrêter les 


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— 166 — 


hémorrhagies et le flux du ventre. Dans les maladies du cœur, cette 
plante a produit des effets diurétiques très marqués alors que d'autres 
diurétiques avaient échoué; M. Mascarel avait employé la poudre 
mélangée à un jaune d'œuf. Le D r Duché a noté ses bons effets à titre de 
diurétique dans les diverses affections chroniques de la vessie et a prescrit 
jusqu'à 25 grammes des feuilles de la plante en infusion dans les vingt- 
quatre heures; l'effet diurétique se produit quarante-huit heures après. 
Le même auteur a obtenu de bons effets dans l'ascite de la cirrhose 
du foie. En Amérique, le solidago est employé comme succédané 
du thé. 

Il y a évidemment une tendance générale à revenir à 
certains remèdes jadis fréquemment employés et tombés 
aujourd’hui en désuétude — c’est le terme consacré. La 
plupart dos remèdes usités autrefois par les médecins étaient 
tirés du règne végétal ; ils avaient presque tous disparu des 
pharmacies, tellement ils étaient peu employés. 

Broussais les avait remplacés par la saignée et les anti¬ 
phlogistiques, puis ses successeurs les avaient négligés pour 
ne plus avoir recours qu’aux médicaments minéraux et aux 
alcaloïdes, plus facilement dosables, disait-on. Aujourd’hui 
on prescrit surtout des remèdes fabriqués de toutes pièces par 
la chimie et les nombreuses ressources qu’offre le règne 
végétal, et qui étaient jadis presque exclusivement employées 
par les médecins, semblaient ne plus avoir de valeur. 

Voilà que maintenant les journaux de médecine recom¬ 
mandent des remèdes oubliés depuis longtemps, et pourtant à 
notre époque d’antipyrine, de salycilate de soude, d’antifé- 
brine, de thalline, de pyridine et d’une foule d autres médica¬ 
ments semblables, un certain nombre de médecins semblent 
vouloir en revenir aux décoctions, aux infusions et aux 
breuvages d’herbes de jadis. 

Ne serait-on plus aussi satisfait de tous ces remèdes en 
ine qui paraissaient devoir guérir tous les maux et que beau¬ 
coup de médecins emploient encore avec tant d’ardeur, quoi 


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qu’ils soient & peine connus et à peine expérimentés? Il suffit 
qu’un professeur d'une Faculté quelconque, après un examen 
sommaire fait sur des lapins ou des cobayes, au moyen de 
doses toxiques, vienne déclarer que tel ou tel remède en ine 
ou en ol est un puissant calmant de la fièvre ou de la douleur, 
pour qu’immédiatement tous les médecins le prescrivent à 
leurs malades : le remède fait fureur pendant un ou deux 
mois, puis il est remplacé par un autre plus surprenant encore 
par ses effets curatifs ; aucun de ces nouveaux remèdes ne 
tient la corde pendant plus de deux ou trois mois. 

Qu’on n’aille pas croire que nous exagérons, il nous serait 
facile de prouver ce que nous avançons en citant des noms 
et des chiffres. 

L’expérience clinique d’un médicament, pour laquelle il 
fallait autrefois des observations mûres et contrôlées pën- 
dant longtemps, se fait aujourd’hui en quelques jours sur un 
nombre très restreint de malades; puis le remède est lancé 
dans la pratique courante de tous les médecins. 

Si le public non médical était au courant de tous ces détails, 
il aurait, au sujet de la thérapeutique, une bien piètre estime 
et il se méfierait plus do ces nouveautés. 

Certes, il est permis et il est même du devoir du médecin 
d’expérimenter les nouvelles substances que les progrès dé la 
chimie lui apportent, mais il faudrait, avant de les recomman¬ 
der dans les journaux périodiques, que des expérimentations 
moins sommaires et surtout une expérimentation clinique 
suffisante dans les hôpitaux, faite sous les yeux des maîtres 
et de leurs internes, aient bien précisé la valeur et l’action 
complète de ces nouveaux médicaments. 

Une pareille épreuve ne peut se faire ni en quelques jours 
ni en quelques mois ; aussi Tes mécomptes sont fréquents et les 
accidents ne sont pas rares. 

C’est donc avec un vrai plaisir que nous voyons revenir 


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sur Peau d’anciens médicaments provenant du règne végétal. 
Pour ceux-là, l’expérience clinique est faite en partie, et 
les progrès dé la science permettent de mieux préciser aujour¬ 
d'hui leurs indications, parce que l’art du diagnostic est en 
progrès. 

L’homœopathie n’a qu’à se louer de cette tendance. Les 
tisanes, les infusions, les décoctions d’autrefois sont en réa¬ 
lité des remèdes homœopathiques semblables à nos dilutions. 

Nous pouvons revendiquer, pour ainsi dire comme notre 
patrimoine, certains médicaments rentrés aujourd’hui dans 
l’arsenal thérapeutique : grâce à l’homœopathie, Xaconit, par 
exemple, a repria la place qu’il occupait jadis ; la bryone, la 
drosera, la pulsatille, Yarnica, etc., presque tombés dans 
l’oubli, sont maintenant journellement employés par nos 
oonfrères. 

Nous soumettons donc à l’examen de nos confrères les remè¬ 
des dont il est question dans cet article et nous convions les 
pharmaciens homœopathes à se les procurer et à les préparer 
aux diverses dilutions. D’un autre côté, il s’agit ici de remèdes 
diurétiques; or il y a des circonstances où la médication diuré¬ 
tique, même à dose massive, est formellement indiquée pour 
pouvoir permettre aux remèdes réellement curatifs de pro¬ 
duire leur action; très souvent, lorsqu’on est appelé près d’un 
malade hydropique, il faut, avant de pouvoir commencer à 
traiter le fond de sa maladie et la cause de son hydropisie, le 
débarrasser de la sérosité qui trouble ses fonctions. 11 faut, 
avant de pouvoir espérer de le guérir, faire ce qu’on pour¬ 
rait appeler de la médecine mécanique et évacuer la sérosité 
qui menace son existence. Jusque dans ces derniers temps, 
c’était presque toujours à la digitale qu’on avait recours, et 
l’on oubliait les nombreux diurétiques d’autrefois. Or, si la 
digitale produit quelquefois des merveilles comme diurétique, 
il y a bien des circonstances où son emploi peut être suivi 


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d’accidents graves; nous sommes donic heureux de voir qü’on 
revient un peu à l’emploi des anciens diurétiqués, tels que là 
scille, par exemple, qui vient d’être recommandée tout récem¬ 
ment; la reine des prés reprend aussi quelque faveur. 

C’est au médecin homœopathe à bien étudier i’actioh de 
oes nouveaux remèdes et à tâcher d’en préciser l’indication, 
en se guidant sur la loi dès semblables. 

D r Maktiny. 


1 Le tabac (1) 

par MM. Em, Seotin, Ph», et le Dr L. Skutin, à Bruxelle». 

La fabrication du tabac en poudre diffère de celle des 
autres tabacs par la fermentation qui est indispensable; 
Cest à cette particularité que le tabac en poudre français 
doit sa supériorité sur ceux qui viennent tout préparés de 
l’étranger. 

La poudre ordinaire de tabac se compose ordinairement de 
soixante-quinze pour cent de tabac indigène, et de vingt-cinq 
pour cent de tabacs étrangers; on y mêle de plus toutes les 
feuilles qui ont subi un commencement de fermentation et 
qui ont été rebutées de la fabrication du scaferlati, des 
cigares et des rôles, et de plus tous les tabacs qui pro¬ 
viennent des saisies faites sur contrebande. 

Tous ces tabacs bien mélangés sont exposés pendant un 
temps assez long, en tas de vingt à quarante mille kilog., dans 
de grandes salles construites à cet usage. Là se produit une 
fermentation qu’on accéléré en plaçant au milieu une certaine 
quantité de feuilles déjà fermentées. On abrège ainsi un peu 
le temps de la fabrication de la poudre qui demande de 15 à 
16 mois. 

(1) Suite . Voir volume précédent et volume courant, pages 9, 40, 73, 109 
et 136. 


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‘Au centré de chaque tas on place un tube enbeis qui permet 
d’en vérifier la température, par l’introduction d'un thermo¬ 
mètre. 

Au bout de six à quinze semaines la température atteint 70 à 
80 degrés, et elle pourrait devenir assez forte, pour carboniser 
le tabac et l’amener à l’état d’humus, ce que l’on empêche en 
pratiquant des tranchées dans les tas, pour les refroidir; les 
salles sont presque entièrement pleines et constamment fer- 
mées. 

Le tabac est ensuite porté dans des moulins où il est 
réduit en poudre. A sa sortie du moulin, la poudre passe 
au tamisage d’où sortent trois numéros, le fin, le demi-gros, 
le gros: Ce qui ne passe pas au tamis est repassé au mouli¬ 
nage. 

Ce tabac ainsi tamisé est livré à nouveau à la fermentation 
en case qui sert à développer l’arome. C’est l’opération la plus 
longue puisqu’elle demaude sept à huit mois pour, être com¬ 
plète. 

Les cases sont des cellules de 20 à 30 mètres cubes 
fermées de tous côtés, où on case la poudre qui sÿ entasse, 
en masses de vingt à trente-cinq mille kilogrammes. La tem¬ 
pérature s’y élève, comme pendant la 1” fermentation, succes¬ 
sivement, mais avec lenteur, jusqu’à la limite de 40 degrés, 
où le but de l’opération est obtenu; on défait la case, on met le 
tabac en tonneaux ou en paquets, suivant qu’il doit être gardé 
en magasin ou livré aux entrepusitaires, qui fixent toujours 
eux-mêmes le poids des paquets qu’ils demandent. Là se font 
des mélanges pour satisfaire le goût de certains consom¬ 
mateurs. 

Les bénéfices de la régie sont énormes. 

Les quelques chiffres que nous allons citer, et que non ; 
avons pris dans le tableau publié dans l 'Encyclopédie moderne, 
en constitueront la preuve fe plus péremptoire. 


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PRIX • 
de rerient 
par kilog. 

PRIX 
de débit 

Piiix 

du conaom- 
mate or 

Bénéfice 

Tabac supérieur à priser . 

2 

U » 

12 > 

9 > 

id. id. à fumer . 

2.50 

11.10 

12 > 

8.65 

id. id. à chiquer. 

2.63 

9.80 

11 > 

7.17 

id. id. cigares à 10 c. 

7.42 

22 > 

25 > 

14.50 

id. id. cigares à 5 c. 

3.45 

11 » 

12.50 

7.55 

id. ordinaire à priser • 

7.41 1 

7.25 

8 > 

5.85 

id. id. à fumer . 

1.98 1 

7.25 

8 > 

5.27 

id. id. à chiquer. 

>92 

7,25 

8 > 

6.3Ô 

id. cigares de la Havane, 
à 20 c. 

32.47 

41 > 

Vente 

11.53 


Il y a peu de nations où l’Etat se soit, comme en France, 
emparé du monopole de la fabrication du tabac. 

Il y a des Etats où la culture, la fabrication, la rente, sont 
entièrement libres et même encouragées ; tels sont les divers 
Etats d’Amérique, où l'on cultive en grand le tabac non seule¬ 
ment pour la consommation intérieure, mais principalement 
pour l’exporter dans le monde entier. 

Il y a un assez grand nombre des Etats de l’Europe où la 
culture, la fabrication, la vente du tabac ordinaire et l'intro¬ 
duction des tabacs étrangers sont abandonnés à l’industrie 
particulière, qui paye seulement un impôt plus ou moins élevé, 
comme pour les autres industries et les autres commerces ; 
tels sont le Danemark, la Suède, la' Russie, la Belgique, la 
Hollande et Zollverein qui réunit, comme on sait, tous les 
états germaniques. 

En Angleterre, la fabrication et la vente sont abandonnées 
à l’industrie particulière; seulement la culture y est absolu¬ 
ment interdite et les tabacs étrangers payent, à l’entrée, 
des droits très élevés. C’est le pays qui prélève sur les tabacs 
l’impôt le plus considérable relativement à sa population. 
(Charles Regnier.) 

On voit que tous les gouvernements semblent être d’accord 
pour imposer rigoureusement le tabac. Par cet impôt, qui fait 


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payer aq public cinq francs, ce que le commerce lui donnerait 
pour 5 sous, ont-ils voulu mettre une entrave à la consom¬ 
mation d’une drogue dangereuse ? ou bien ont-ils voulu laisser 
au temps et à l’expérience,le soin d’éclairer les hommes sur les 
cruelles atteintes que leur passion nicotique ne cesse de porter 
à leur santé ? ou bien encore ces mêmes gouvernements ne 
voient-ils qu’un prétexte à impôt dans cet engouement géné¬ 
ral pour la nicotiane, qui ne peut être qu’une aberration pas¬ 
sagère de l’humanité, et qu'ils s’empressent de mettre à profit 
tant qu’elle dure ? 

Cette dernière supposition est la plus probable, pour la 
France surtont, où la régie fait tous ses efforts pour pousser à 
la consommation de ses produits, par le luxe de leur apprêt, 
par la coquetterie des séductions dont elle les entoure. 

Ce qu’elle ne dédaigne pas surtout, derrière ses comptoirs, 
ce sont de gracieuses et jeunes débitantes, dont l’amabilité 
tout affable invite bien des timides jeunes gens à faire leur 
premier pas dans les sensations narcotiques, où l’on débute 
toujours par la nausée et le dégoût, et l’on finit, le plus sou¬ 
vent dans la mollesse de l’habitude, ou dans les ravages delà 
passion. 

Parmi les divers produits du tabac, les poudres seules 
paraissent susceptibles d’altérations, par la facilité d’y mêler 
des substances étrangères, que le sens de l’odorat, toujours 
perverti ou émoussé chez le priseur, ne saurait y découvrir. 
Les substances les plus ordinaires avec lesquelles on fraude le 
tabac sont : le terreau des jardins, le marc de café épuisé, les 
croûtes de pain torréfiées, la sciure de bois colorée dans une 
forte décoction d’écorce de chêne, de feuilles de noyer ou 
d’autres teintures. Si l’on en croit des révélations plus ou 
moins indiscrète^ certains tabacs n’auraient dû la célébrité 
dont ils jouissaient dans le monde des priseurs, qu’à des 
mélanges beaucoup moins innocents. 


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Le tan ayant servi à la macération des cuirs, dans les, 
fosses des corroyeurs, donne à la poudre ce montant de pierre 
à fusil, que l'on aime à savourer dans les vins de Sauterne, 
les excréments de ruminants, vaches, brebis, chèvres, 
donnent au mélange un bouquet de benjoin qui rappelle le 
macouba ; on va même jusqu’à nommer la poudrette, dont 
l’odeur ammoniacale et urineuse impressionne les cousomma- 
^ tenrs raffinés comme par un arôme de civette. 

Le guano,excrément et débris des oiseaux de mer du Pérou, 
joue dans le mélange le même rêle que la poudrette. D’autres 
prétendent que ces qualités s’acquièrent en exposant la pou¬ 
dre de tabac aux émanations des fosses d’aisance, dont les 
vapeurs humides lui donnent en même temps du piquant et du 
poids, à la satisfaction du client et surtout du vendeur. 

A côté de ces mélanges qu’on peut qualifier de frauduleux, 
car ils donnent pour du tabac ce qui n’en est pas tout à fait, 
il est un autre moyen moins illégal de multiplier la marchan¬ 
dise. Sans l’altérer, il consiste tout simplement à la foire ser¬ 
vir plusieurs fois au même usage. C’est ce qu’on appelle la 
« renaissance du tabac ». 

Aux beaux jours de la tabatière, avant qu’elle eût cédé le 
pas & la pipe, au cigare et à la chique, les ménagères, les gar¬ 
çons de café, les clercs de procureurs et d’huissiers, les gar¬ 
diens de bibliothèques, de tribunaux, les bedeaux d’églises, 
etc., ramassaient soigneusement sur les parquets, tout ce que 
ne pouvaient retenir les narines des priseurs, et qu’elles lais¬ 
saient tomber en pluie noire et épaisse autour de leurs sièges, 
il n’est pas jusqu’aux mouchoirs de poche de couleur à qui 
l’on faisait restituer la poudre humide dont ils se chargeaient 
chaque jour, et toutes ces poudres après de simples prooédés 
d’épuration et de dessiccation revenaient -h la tabatière -et 
repassaient par le nez. 

La renaissance, ainsi .pratiquée, n’àtait qu'un g%gne-petit. 


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elle prit les proportions d’une industrie lucrative quand elle 
s’étendit aux bouts de cigares et aux chiques. 

Je me trouvais un jour, dit M. le D r Depierris, aux abords 
de la Bourse à Paris, quand je vis un individu bien mis enlever 
lesteinént de terre à l’aide d’une canne qu’il tenait à la main, 
un cigare à moitié brûlé, qu’il logea dans sa poche. En un 
instant je le vis ramasser ainsi les bouts de cigare par dou¬ 
zaine. Parmi les bouts il y avait des cigares tout entiers que 
les àmateurs venaient à peine d’allumer, en échangeant des 
politesses, et qu’ils jetaient aussitôt. 

Le D r Depierris s’approchant lui dit: j'admire votre adresse, 
Vous n’en manquez pas un. 

• Ne vous étonnez pas,reprit-il alors, si j’enlève lestement un 
bout de cigare, c’est un exercice que je fais depuis dix ans, 
et à part la distinction dans la profession.ee métier-là en vaut 
bien d'autres, il me fait vivre au moins ! Avant d’être piqueur 
de bouts de cigares, j’étais écrivain public. Et, dans notre 
siècle de lumières, on trouve peu à faire la correspondance 
des autres; la profession se perd, je ne gagnais pas à faire 
ce métier-là l’argent du tabac que je dépensais pour me dis¬ 
traire de l’absence des clients qui ne m’arrivaient pas. 

Un jour, j’avais un besoin de fumer diabolique et pas d’ar¬ 
gent pour acheter du tabac ; j’allai vers la Bourse, pour voir 
si je ne trouverais pas une connaissance qui m’offrirait un 
cigare ou une pipe; personne ; tout le monde fumait autour de 
moi ; les cigares que l’on jetait par satiété tout allumés sur 
les dalles me bondissaient sur les jambes; moi, j’étais trop 
pauvre pour me payer aussi le mien, pas de respect humain, 
pas de fausse honte devant le besoin! et je ramassai par terre 
un beau cigare encore allumé ; j’en essuyai le bout humide à 
ma culotte et le fumai tout d’un trait, en me pavanant sous la 
colonnade, comme le plus heureux des boursiers. 

« Cette première hardiesse me révéla toute une nouvelle 


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existence, et je compris que j’étais plus né pour la spéculation 
que pour les lettres,et je me fis marchand de tabac d’occasion. 
Les petites industries de la rue comptaient un travailleur de 
plus. 

Nous sommes à Paris, plus de deux cents spéculateurs du 
môme genre, vivant largement de notre spécialité, sans 
compter les chiffonniers, les balayeurs, les. garçons de ca&v 
ramassant le tabac, cbiques, culots de pipes et cigares à me* 
sure qu’on les jette sur la voie publique. 

Chacun tire le mieux qu’il peut parti de sa marchandise, 
les balayeurs et les chiffonniers ne la travaillent pas ; ils la 
vendent brute aux apprêteurs, les apprêteurs la lavent, car 
elle n’est pas toujours propre, surtout quand on la ramasse 
aux petits monuments des boulevards ou dans les égouts,puis 
on la séché, et suivant les qualités, on en fait du tabac à fumer 
ou à priser. Quand la marchandise est belle, bien parée, elle 
trouve toujours son placement dans les débits qui la mélangent 
avec du neuf et la font passer. 

Moi, je ne fais que ces affaires-là, dans ce quartier,le seul 
où je travaille, je ne pique que du beau et du propre qui me 
servent pour le dédoublement. 

{A continuer.) Em. Sbutin, ph d , et D r L. Seütin. 


IIÏUE DES JOURNAUX HOKEOPATHIQUES DE SEANCE 

par le D r Schbpbns, de Gand. 

Clinique thérapeutique à rhôpital St-Jacques 

par le Dr P, Jousskt. 

L’homœopathie a beaucoup changé depuis Hahnemann ; je 
vous parlerai donc la thérapeutique telle quo nous la compre¬ 
nons. 

La thérapeutique se divisé en deux parties : 1° la théra¬ 
peutique curative et 2o la thérapeutique palliative. 


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— 130 — 


La thérapeutique curqtive comprend au premier rang 
l’homœopàthie, puis les médications empiriques et enfin les 
médications adjuvantes telles que l’hydrothérapie, l’hygiène 
alimentaire, la climatologie, la gymnastique, le massage, 
l’électricité et la métallothérapie. 

La thérapeutique homœopathique repose sur trois prin¬ 
cipes: la matière, médicale expérimentale, la loi de similitude 
et les doses non perturbatrices. 

La matière médicale expérimentale est ainsi nommée parce 
qu'elle repose sur la connaissance de l’action des médica¬ 
ments sur l'homme sain ; c’est Hahnemann, le premier, qui a 
expérimenté les médicaments de manière à connaître toutes 
les modifications qu’ils peuvent produire sur un organisme 
sain. 

La loi de similitude formulée d’abord par Hippocrate, 
reprise par quelques grands médecins du 16 e , 17® et 18* siè¬ 
cles, ne pouvait trouver son application que quand on connais¬ 
sait l’action des médicaments sur l’organisme sain. Une 
substance médicamenteuse produit dans l’organisme sain un 
état défini caractérisé par une série detroubles, de symptômes 
et de lésions déterminées soumis à unç évolution déterminée ; 
c’est ce qu’on peut appeler la maladie médicamenteuse. 

La maladie naturelle est un état défini analogue à celui que 
produit le médicament. 

Il est évident que dans une maladie il n’y a aucune raison 
pour administrer un médicament dont l’action sur le corps 
humain n’a aucun rapport avec la maladie à traiter. 

D’un autre côté il-n’y a pas d’état produit par un médica¬ 
ment et qui soit contraire à la maladie; le Contraire d’une 
maladie c'est la santé mais ce n’est pas une maladie médica¬ 
menteuse. On trouve des phénomènes médicamenteux con¬ 
traires à un symptôme mais, la thérapeutique du symptôme est 
la pire de toutes à moins qu’on ne la réserve pour la médecine 


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palliative ; alors elle empêche le malade de souffrir mais ne le 
guérit pas. 

La loi de similitude a été établie en ces termes par Hunter : 

« Il est hors de doute pour moi que deux actions ne peuvent 
avoir lieu simultanément dans la même constitution ou dans 
la même partie. Deux fièvres différentes ne peuvent exister 
dans la même constitution ni deux maladies locales dans 1 
même partie en même temps. . La guérison de quelques ma¬ 
ladies ne repose-t-elle pas sur le même principe? > La meilleure 
preuve de la vérité de la loi de similitude c’est la clinique. 

La clinique démontre que la maladie médicamenteuse guérit 
la maladie naturelle : le verati'um produit les symptômes du 
choléra et guérit cette maladie ; la diarrhée chronique guérit 
parfois par les purgatifs; la millefeuille produit des hémorrha¬ 
gies et elle en guérit, l'ipéca guérit certains accès d’asthme 
et parfois il en produit, etc., etc. La loi de similitude, qui 
consiste à appliquer au traitement d’une maladie un médica¬ 
ment produisant un effet analogue au sien, est une loi d’indi¬ 
cation positive ; en effet elle n’a besoin pour son application 
que de la connaissance expérimentale de l’action des médica¬ 
ments sur l’homme sain et de la connaissance de l'ensemble 
des symptômes et des lésions qui constituent la maladie. 

Le docteur Jousset ne parle pas des doses infinitésimales 
mais il appelle les doses homœopathiques des doses non 
perturbatrices. 

Si la dose est perturbatrice elle produit un grand trouble 
dans l’organisme et ne produit pas toutes les modifications, 
tous les symptômes qui constituent la maladie médicamen¬ 
teuse ; puis, si la dose est trop forte vous risquez d’augmenter 
l’état de la maladie : de fortes doses de cuivre ont empoisonné 
les cholériques. 

Cependant entre les doses non perturbatrices et les doses 
infinitésimales commo la 30 dilution il y a une très grande 


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— 178 — 

chelle. Les actions des médicaments sont différentes et môme 
» pposées suivant les doses, et il y aurait peut-être dans ces 
actions opposées la base d une règle à suivre pour le choix de 
la dose. Mais il y a une autre base plus sûre, c’est l'expé¬ 
rience clinique qui a déjà été faite pour certains remèdes et 
certaines maladies et qu’il faut faire encore. Il y a une foule 
de maladies où nous sommes certains du succès en donnant la 
30 e ou la 12 e dilution : ainsi dans la névralgie sus-orbitaire 
nous donnons nux vomica à la 30 e ou 12 e dilut ion ; dans la 
broncho-pneumonie nous réussissons presque toujours avec 
ipéca et bryone à la 6* et à la 12 e dilution, tandis que 
dans la syphilis nous n’hésitons pas à donner des doses 
très palpables de mercure en évitant la diarrhée et la 
salivation. Nous constatons cependant deux catégories de 
faits : tantôt dans la même maladie les doses varient suivant 
le médicament et tantôt le médicament restant le même les 
doses varient avec la maladie. 

Nous traitons l’asthme tantôt par des dilutions à 1 arsenic 
et de nux vomica , tantôt par ïiodure de sodium à la dose 
de cinq à vingt-cinq centigrammes. 

Dans la phtisie nous donnons phosphot'us et sulfur à la 
30 e dilution tandis que nous donnons drosera vingt gouttes 
de teinture-mère. 

Dans la fièvre intermittente nous donnons souvent le sulfate 
de quininek très forte dose, tandis que quand la noix vomique 
ou 1 *arsenic sontindiqués nous les administrons à la30 # dilution. 

Dans la chlorose nous administrons le fer à des doses appré¬ 
ciables, mais si nous trouvons qu’il y a lieu de donner la 
pulsatille nous la prescrivons à la 6® ou à la 12® dilution. 

Dans une autre catégorie de faits : 

Nous employons la digitale à doses fortes dans Tasystolie 
et à doses faibles dans la migraine ; le mercure à raison de 
plusieurs centigrammes dans la syphilis “et à la 6 e dilution 


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dans la dysenterie ; le china à la dose de dix grammes dans 
l’érysipèle et à la 12 e dilution dans la dyspepsie. 

La grande loi pou? l’emploi des doses, c’est l’expérience 
clinique: je trouve absurde l’homœopatho qui s’obstine à trai¬ 
ter la fièvre intermittente par les globules au lieu de fortes 
doses de sulfate de quinine, mais je trouve également absurde 
l’allopathe qui s’obstine à ne pas vouloir regarder une théra¬ 
peutique qui, avec ses garanties scientifiques, s’impose et qui 
dérive d’une loi transmise par la tradition depuis Hippocrate. 

La médication empirique n’est pas celle des infirmiers ni 
des anciens mais elle repose sur la connaissance complète du 
médicament et sur l’observation clinique. Il y a des médica¬ 
ments qui sont employés empiriquement même en homœopa- 
thie, par exemple le thlaspi, médicament héroïque dans les 
hémorrhagies, ou encore la pivoine qui produit un effet admi¬ 
rable dans les hémorrhoïdes douloureuses. Presque toutes les 
eaux minérales sont aussi des exemples de la médecine empi¬ 
rique scientifique. Il faut remarquer cependant que le domaine 
de l’empirisme diminue à mesure que les expérimentations sur 
les médicaments sont plus parfaites. 

, Les médications adjuvantes sont nombreuses : l’hygiène, 
l’influence des climats et de l’altitude, l’hydrothérapie, le 
. massage, la gymnastique, la métallothérapie, etc. Le médecin 
ne peut rien ignorer de ce qui peut contribuer à guérir ou à 
soulager les malades. 

La médecine palliative repose sur cet adage : « Quand on 
ne peut guérir, il faut soulager ». Elle répond à un accident 
qui menace la vie du malade ou lui cause des douleurs intolé¬ 
rables ; elle s’appuie sur la loi des contraires. Ainsi l’opium, 
le chloral, l’antipyrine sont les contraires du symptôme dou¬ 
leur. 

Il ne faut pas employer la médecine palliative sans une 
indication rigoureuse et les indications sont ou bien un acci- 


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— 180 — 


dent passager mais très violent, tel qu’une colique néphrétique 
ou hépatique, ou bien des douleurs intolérables chez un incu¬ 
rable. Mais, habituer à la morphine, par exemple, un malade 
qui peut s’en passer, c’est le rendre lui-même incurable. 

Parlant de l’infection microbienne et de l’antisepsie le doc¬ 
teur Jousset dit que c’est là un traitement prophylactique et non 
un traitement curatif ; c’est pour ce motif, dit-il, qu’on en 
obtient des effets merveilleux en chirurgie et des effets nuis 
dans le traitement des affections internes. {Art médical , 
Février et mars 1888.) 

D' Schkpens. 


DE U THÉRAPEUTIQUE DE LHYDROPISIE 

suite d’affections organiques du cœur 

par le D r SchXdlkr, de Berne. — Traduction du D r Cbbvalibr, de Char le roi. 


Tout médecin doit avoir rencontré dans sa pratique des cas 
d’affections du cœur, compliquées d’hydropisie, dans lesquels 
les médicaments les plus recommandés, tels arsenic, lache- 
sis, cactus grandi fl., digitalis, spigelia, kalmia, etc., ne 
lui ont pas réussi. La circulation compensatrice n’est plus à 
rétablir, l’affection est arrivée à l’état d'asystolie. 

La gêne de la respiration augmente de jour en jour, la 
diurèse diminue et l’hydropisie s’accentue. Le médecin 
homoeopathe en est réduit à prescrire à doses massives, allo¬ 
pathiques (qui souvent dans ces cas ^ont les seules efficaces) 
la digitale , afin d’obtenir une diminution de l’hydropisie, et 
après quelque temps une accalmie pour le malade. Très 
souvent en effet, par une infusion d'herbe de digitale 
(1 gramme pour 150 d’eau, qui est la dose à laquelle ce 


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médicament sera le mieux supporté) (1), on voit survenir 
au bout de 10 à 18 jours un dégonflement général qui procure 
au malade un sentiment de grand bien-être. Malheureusement \ 
cette euphorie ne dure qu’un certain nombre de semaines ou 
de mois et puis apparaissent de nouveau l’asystolie et tout son 
cortège de symptômes d’hydropisies. Dans le cas de récidive, 
la digitale tarde déjà plus longtemps avant de produire son 
action bienfaisante ; ceci s’accentue avec chaque rechute et à 
la fin elle ne parvient pas plus à sauver le malade que beau¬ 
coup de remèdes prisés dans ces derniers temps, tels que ado¬ 
nis vemalis, convallaria majalis, strophantus, caféine , 
calomel , etc. Gomme dans ma longue pratique, j’ai souvent 
dû faire de semblables remarques, j’ai été très heureux de lire, 
dans le numéro du 11 juin dernierde la Semaine médicale, que 
le professeur Germain Sée, clinicien renommé del’Hôtel-Dieu, 
avait découvert une substance dont l’action sur l’hydropisie 
d’origine cardiaque était beaucoup plus efficace que celle de 
la digitale et de ses congénères, quoique ce ne fût pas un 
médicament proprement dit (?*pn**cv) mais un moyen diuré¬ 
tique : la lactose, qu’on obtient en chauffant une solution de 
sucre de lait, additionnée d’un acide minéral, opération qui 
modifie le sucre de lait et le rend plus soluble. 

Il ne sera pas superflu pour un médecin, ot surtout pour un 
homœopathe, de connaître le résumé du mémoire lu par le pro¬ 
fesseur Sée à l’Académie do médecine, et publié dans le n® 24 
de la Semaine médicale : 


(1) Dans l'ouvrage très intéressant Lehrhuch des homoopatischen Thé - 
rapie, Leipzig, du D r Schwabe, cet auteur recommande (p. 508) dans ces 
cas, la digitale à la dose de 2 grammes pour 100 gr. d'infusion ; cette 
quantité est trop forte et dangereuse, à cause de l'action cumulative du 
médicament qui se produit avant que l'action diurétique et par là la dimi¬ 
nution de l’hydropisie ait pu avoir lieu, ce qui empêche de continuer le 
médicament assez longtemps. 


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— 182 — 


€ La lactose constitue le plus puissant diurétique et en 
même temps le plus inoffensif de tous. Cest elle seule qui 
donne au lait des propriétés de ce genre, les autres principes 
du lait, l’eau et les sels, n’ont pas d’action manifeste ou utile. 
Le lait pris à haute dose produit bien la diurèse, mais il déter¬ 
mine en même temps une glycosurie très évidente, un diabète 
passager qui entraîne le sucre normal au dehors ; il pro¬ 
voque en outre une perte considérable d’urée, ce qui fait que, 
finalement, la cure de lait constitue un régime à double dénu¬ 
trition par le sucre normal qui se perd et par les albuminates 
qui se détruisent ; c’est une inanition qui se prépare par une 
glycosurie et une azoturie. 

« Le sucre de lait permet d’éluder tous ces inconvénients 
et ces dangers; on effet une action diurétique énorme s’obtient 
à l’aide de 100 grammes de lactose , c’est-à-dire la quantité 
contenue dans 2 litres de lait, tandis qu’on n’est pas sûr 
d’atteindre ce but avec 4 ou 5 litres de lait. Avec la lactose , 
pas de glycosurie, car le sucre reste dans le sang, pas d’azo- 
turie, car les albuminates no quittent pas l’organisme. Si 
2 litres de tisane lactoséo équivalent à 4 litres de lait, c’est 
qu’ici la lactose n’est pas isolée, elle est combinée et entravée 
dans son action par la caséine et la graisse. 

« La polyurie résultant de l’usage interne de 100 grammes 
de lactose dissoute, dépasse toutes les polyuries médicamen¬ 
teuses; elle atteint rapidement le chiffre de 2 1/2 litres 
d’urine par jour, s’élève presque constamment à 3 1/2 litres 
et même 4 1/2 litres vers le troisième jour. A partir de ce 
moment, elle reste stationnaire ou s’abaisse à 2 litres et demi 
pendant quelques jours. Pendant ce temps, les hydropisies 
disparaissent presque à coup sûr, le sang se trouve déshy¬ 
draté; c’est pourquoi la diurèse n’est plus aussi intense, aussi 
complète qu’au début du traitement. Mais, après quelques 
jours de répit, on peut, par le même moyen, obtenir à nou- 


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veau la déshydratation du sang et la résorption des liquides 
de l’hydropisie. 

« Quels sont les effets comparés de la lactose sur les 
hydropisies d’origine cardiaque et rénale? On peut dire 
qu’elle agit d’une manière sûre dans les hydropisies d’ori¬ 
gine cardiaque, mais d’une manière douteuse ou même nulle 
dans les hydropisies d’origine rénale. Dans les affections du 
cœur, ce médicament n’échoue que chez les cardiaques dont 
le rein est devenu brightique, et quand l’albuminurie atteint 
60 à 90 centigrammes par litre d’urine. Tant que la quantité 
d’albumine est minime, ce résultat reste favorable, ce qui 
fait supposer qu’il n’existe qu’une stase veineuse dans les 
reins. On peut, pour ainsi dire, mesurer par la diurèse lac- 
tosique le degré de la lésion rénale et son avancement vers 
les lésions brightiques. 

« Le médicament est, en général, parfaitement supporté. 
On doit le prescrire pendant 8 ou 10 jours, cela suffit pour 
déterminer une véritable déshydratation et une sorte de 
dessèchement des tissus ; on en interrompt alors l’usage pen¬ 
dant quelques jours pour le prescrire à nouveau. 

« S’il est mal toléré, ce qui est exceptionnel, on peut cor¬ 
riger la fadeur de la tisane lactosique par l’addition d’un peu 
d’eau-de-vie ou de menthe. Dans tous les cas, il importe de 
diminuer ou même de supprimer toutes les autres boissons, 
y compris le bouillon et surtout le lait qui devient inutile et 
souvent même nuisible, en ce sens qu’il encombre l’estomac 
et empêche toute autre alimentation. Or, à cet égard, la 
lactose présente un avantage immense ; elle permet au 
malade, à sa grande satisfaction, de prendre toute espèce 
d’aliments ; elle permet au médecin de prescrire le régime 
carné, bien autrement nutritif et souvent indispensable poru 
soutenir les forces défaillantes du cardiaque, arrivé à révo¬ 
lution complète de sa maladie. 


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« Maintenant que les faits sont acquis, il s’agit d’inter¬ 
préter le mode d’action de ce nouveau diurétique, qu’on peut 
appeler physiologique. On sait que les diurétiques agissent 
souvent par suite de la haute pression du sang : ici, le pouls 
et la pression restent à l’état normal. On sait aussi que cer¬ 
tains diurétiques, comme les sels alcalins, ont été considérés 
comme traversant facilement les membranes et les cellules 
épithéliales, en vertu de leur pouvoir de diffusion, facile à 
constater sur les membranes mortes; les sels de potasse joui¬ 
raient surtout de ce privilège; or, en ajoutant 2 grammes de 
potasse à chaque litre de tisane lactosique on n’obtient rien de 
plus que par la lactose seule qui d’ailleurs ne franchit pas le 
rein. Il ne reste donc à prendre en considération qu’une 
action élective et sélective de la lactose sur les éléments 
sécréteurs du rein; c’est un diurétique physiologique 
rénal . 

« Si nous la comparons aux autres diurétiques, voici 
ce que nous trouvons : ceux qui augmentent la pression, les 
cardiovasculaires, à savoir la digitaline , la convallamarine , 
le strophantus , agissent bien plus faiblement,moins sûrement, 
moins efficacement sur les hydropisies que no le fait la lactose . 

« Un deuxième groupe de diurétiques, le seul bien établi 
aujourd’hui, comprend les diurétiques rénaux proprement 
dits, où il faut placer surtout la caféine . Elle fait partie d’une 
série chimique des plus curieuses, qui commence à la 
œanthine , comprend la théobromine et finit par la caféine, le 
plus méthylé de ces composés. Or nous savons d’ores et déjà 
trois choses, à savoir: 1°c’est que la caféine et la théobro¬ 
mine sont toutes deux des diurétiques néphrét iques comme la 
lactose ; 2° qu’elles sont toutes deux indépendantes de la 
pression vasculaire, car on peut sectionner les centres vaso¬ 
moteurs et détruire les nerfs qui vont aux vaisseaux sans 
enrayer en quoi que ce soit la diurèse caféique, laquelle est 


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— 185 


infaillible ; 3° elles n’onl pas d’action tonique sur le cœur, 
comme on l’a prétendu récemment et en cela encore elles 
ressemblent à la lactose, mais la caféine produit des troubles 
nerveux et cérébraux dont la lactose ne saurait être coupable. 

« Nous avons donc, dans la lactose, le remède diurétique 
des affections du cœur arrivées à la période troublée ou 
asystolique, le vrai moyen curatif des hydropisies cardiaques, 
toujours graves, souvent irrémédiables, même de celles qui 
ont résisté aux autres moyens polyuriques. Gomme l’asystolie 
comprend constamment un autre élément des plus compro¬ 
mettant pour la vie, c’est-à-dire la dyspnée, la lactose , qui 
est comme Ja plupart des autres diurétiques, impuissante 
contre le trouble profond de la respiration, devra être secon¬ 
dée par Yiodure de potassium. 

« Par Y iode et la potasse , cette substance constitue le vrai 
médicament du cœur et de la circulation ; lo pouvoir diuré¬ 
tique lui manque seul. Mais si on l'associe à la lactose , on 
possède -alors un traitement merveilleux des affections 
cardiaques. » 

L’intéressant mémoire du professeur Sée renferme des 
notions très instructives sur l’action physiologique non seule¬ 
ment de la lactose , mais d’autres médicaments diurétiques. 
Quoi qu’il n’indique pas d’une manière certaine la dose, je 
crois qu’on peut induire de son travail que la dose est de 
100 grammes sur 2 litres de tisane, pro die . Du reste, je ne 
crois pas qu’il faille que la dose soit mathématiquement juste. 
Je n’ai pas encore eu l’occasion d’essayer ce remède, mais 
je l’emploierai aussitôt que je pourrai. 

Quant à Yiodure kali que Sée préconise conjointement 
avec la lactose dans les cas de dyspnée excessive, il le prescrit 
dans toutes les maladies où la respiration est gênée, comme 
dans l’asthme, l’angine de poitrine, etc., et à forte dose 
(plusieurs grammes pro die). Pour nous, homœopathes, point 


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n’est nécessaire d’avoir recours à ces médicaments, nous 
avons Y arsenic, le lachesis, le carbo veget., etc. qui sont 
bien plus efficaces et que l’on peut donner conjointement 
avec la lactose. (Allgemeine homœopathische Zeitung, 
juillet 1889.) 

Traduction du D' Chevalier. 


REVUE DES JOURNAUX HOIŒOPATH1QUES D’AMÉRIQUE 

par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers. 


Latrodectus mactans 

par le D r William Sbmple. 

Le D r William Semple, de Hampton, rapporte dans YHo- 
mœopathic Recorder , cinq cas d’empoisonnement produit par 
la morsure d’une espèce d’araignée appelée latrodectus mac¬ 
tans . 

Cette araignée se rencontre surtout dans l’Amérique du Sud 
et dans la Nouvelle-Zélande ; elle produit sur l’homme sain, 
comme on le verra ci-dessous, des symptômes parfaitement 
semblables à une attaque d’angine de poitrine. Aussi le doc¬ 
teur Semple propose-t-il l’emploi de ce médicament dans les 
accès d’angine de poitrine. 

1 er cas. — Le 1 er septembre je fus appelé chez M. D., 
qui avait été mordu au prépuce par une petite araignée 
noire, pendant qu’il se trouvait au cabinet vers 12.30 h. La 
morsure ne provoqua d’abord qu’un léger chatouillement et 
un peu de rougeur du prépuce ; mais une demi-heure plus 
tard,il se produisit des nausées suivies de douleurs abdomina¬ 
les intenses. Lorsque je vis le malade vers 2.30 h. il se plai¬ 
gnit d’une douleur* atroce à la région précordiale s’étendant 


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vers l'aisselle, le long du bras, de l’avant-bras et des doigts 
du côté droit, s’accompagnant d’engourdissement des extré¬ 
mités et d’une apnée considérable. Le médecin qui avait été 
mandé avant moi, lui prescrivit du laudanum et du whiskey, 
et lui fit appliquer 4 ventouses scarifiées sur la région du 
coeur. Le sang ainsi obtenu était fluide et ne se coagulait pas 
par le refroidissement. 

Cependant le malade n’allait pas mieux ; les douleurs à la 
région précordiale étaient affreuses et lui arrachaient des 
cris. Le pouls était à 130 et très faible, la peau froide comme 
le marbre, et le visage exprimait une vive anxiété. Je suppri¬ 
mai le laudanum et les ventouses, et lui prescrivit quelques 
gouttes d’ammoniaque ; comme boisson, du whiskey dans de 
l’eau. 

Le lendemain matin aucune amélioration ne s'était produite 
dans les symptômes. Le pouls était devenu si fréquent et si 
faible qu’on avait de la peine à le découvrir et à le compter. 

Cet état alarmant dura jusque vers 2.30 h. de l’après-midi. 
Alors survint un vomissement de sang noir qui amena un 
changement rapide et considérable. Le pouls devint plus fort, 
les douleurs diminuèrent, et la respiration se fit plus aisément. 
Le malade dormit quelque temps ; à son réveil il était couvert 
de sueurs ; il eut plusieurs selles abondantes et noires, et se 
trouva alors complètement guéri. 

2° cas. —• Un homme avait été mordu à l’aine par la meme 
araignée ; il n’y fit pas grande attention tout d’abord, car il 
n’éprouvait dans la région atteinte qu’une légère sensation de 
chaleur et de picotement. Mais bientôt il ressentit une violente 
douleur à l’abdomen, accompagnée de nausées et une vive 
anxiété au cœur. Le pouls était petit et filiforme, la peau 
glacée. Le malade guérit rapidement sous l’influence de l’am¬ 
moniaque et du whiskey. 

3 e cas. — Un garçon de 18 ans fut mordu à la face dorsale 


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— 188 — 


de la main gauche. La morsure n'était pas douleureuse, mais 
présentait un peu de rougeur. Quelque temps après, elle devint 
le siège d’une douleur violente s’étendant au bras, à l’avant- 
bras, à l’épaule et à la région précordiale. 

4* cas. — Il s’agissait d’une femme âgée de 22 ans et mère 
de deux enfants. Je la trouvai presque moribonde, la peau 
froide comme le marbre ; elle était en proie à des douleurs 
atroces,s’étendant de la morsure qui était située sur le poignet, 
au bras et à l’épaule, puis de là à la nuque et au membre su¬ 
périeur du côté opposé. 

Mais les douleurs les plus violentes avaient leur siège à la 
région précordiale, et s’irradiaient vers l’aisselle et le bras 
gauche jusqu’aux doigts qui étaient engourdis et presque com¬ 
plètement paralysés. 

11 existait en môme temps de l’apnée ; le pouls était imper¬ 
ceptible ; le visage exprimait la souffrance et l’anxiété. 

Je âs une injection intra-veineuse de quelques gouttes d’eau 
ammoniacale, ce qui amena une détente rapide. 

5 e cas. — Une jeune fille de 13 ans avait été atteinte 
d’une morsure d’araignée au poignet droit. Au début elle n’y 
ressentait qu’un léger chatouillement ; après une demi-heure 
elle commença à éprouver des tiraillements dans tout le 
membre, et une vive douleur à la région du cœur. 

Le mal augmentant, etla respiration devenant difficile, je 
fus mandé en toute hâte. Lorsque j’arrivai, la malade poussait 
des gémissements affreux et s'écriait qu’elle allait mourir. Le 
pouls était petit et la peau froide. Je réussis à la soulager par 
le même traitement. 

• t • 

L’analyse de ces différents cas démontre d’une façon évi¬ 
dente que le virus du latrodectus mactans exerce une action 
bien marquée sur la région précordiale. Les symptômes qu’il 
produit ressemblent d’une manière frappante aux accès d’an¬ 
gine de poitrine ; nous trouvons en effet dans les cinq cas tous 


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— 189 — 


les phénomènes caractéristiques de la maladie, & savoir : nau¬ 
sées, douleurs abdominales, douleurs s’étendant au bras, à 
l’épaule et à la nuque ; douleurs à la région précordiale s’ir¬ 
radiant vers l’aisselle, le bras et la main gauche, engourdis¬ 
sement du bras gauche et des doigts, apnéo, pouls faible, 
filiforme, peau froide, anxiété, sentiment d’une mort pro¬ 
chaine. 

D r Lambreghts, fils. 


VARIÉTÉS 

Les quelques lignes qu’on va lire ont été extraites d’un 
livre que M. Alfred de Ridder vient de faire paraître sur la 
Cour de Charles-Quint. On verra que si les médecins n’ont 
guère varié depuis lors, les malades n’ont pas modifié leur 
manière de faire. 

Les médecins de Gbarles-Quint. — Les médecins et chirur¬ 
giens jouèrent un grand rôle dans la vie de Charles-Quint, rôle souvent 
burlesque et digne d'inspirer à Molière le sujet de maintes comédies. Dans 
la conduite des Diafoirus d'alors, dans celle de l'empereur vis-à-vis des 
ordonnances de la Faculté, il eût trouvé matière inépuisable à exercer sa 
verve satirique. 

L'empereur avait une santé presque toujours chancelante, qui souvent 
mit obstacle à ses desseins, bien qu'il s'attachât à la dompter sous l'effort 
de sa puissante volonté. A peine âgé de vingt-huit ans, il ressentit les 
premières attaques de la goutte qui, depuis lors, presque chaque année, 
le coucha sur un lit de douleur. Dans ses commentaires, il énumère 
soigneusement chaque atteinte et nous voyons que, de 1528 à 1548, il 
en fut frappé quatorze fois, et pendant des mois entiers. 

Ce n'était pas des pieds seuls qu'il souffrait ; la maladie le torturait 
aussi au cou et aux mains, à tel point que, vers la fin de son règne, 
celles-ci se trouvaient complètement roidies. D'autres infirmités accom¬ 
pagnaient la goutte : Charles-Quint souffrait presque continuellement do 
l'asthme et des hémorrhoïdes sans compter d'autres indispositions plus 
accidentelles. 


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— ÎÔÛ — 


.. Pour se guérir de ces maladies il employait beaucoup la salsepareille, 
le bois des Indes et de Chine, le vin de séné, se purgeait tous les huit 
jours (’l), et, au besoin, recourait au charlatanisme; dans l'inventaire des 
meubles qu'il laissa à Juste, on trouve mentionnés à la pharmacie des 
bèzoards orientaux, une pierre philosophale, deux pierres pour arrêter le 
sang, neuf bagues d'Angleterre contre la crampe, deux bracelets et deux 
bagues en or et en os pour le soulagement des hémorrhoïdes, une pierre 
bleue enchâssée dans des griffes d'or contre la goutte (2). 

Charles-Quint se médicamentait lui-même comme il l'entendait, ce qui 
ne lui réussissait pas toujours, suivait les avis des médecins quand cela 
lui paraissait bon, et faisait fi de leurs drogues quand elles lui déplai¬ 
saient, chose qui arrivait fréquemment. 

On peut se demander à quoi servaient les médecins ? Ils se querellaient 
entre eux, discutaient avec leur malade et finalement lui permettaient 
tout ce qu'il voulait. 

Que l’on ne croie pas que j'exagère, je ne suis que l'écho des dires des 
plus intimes serviteurs de Chârles-Quint. 

L'empereur doit-il prendre une potion, aussitôt surgit une grande dis¬ 
putes entre deux Escuiapcs qui ne s'entendent pas ; et les arguments de 
l’un d’eux lui valent de certaine personne qui les écoutait cette aimable 
apostrophe : « Le grand âne ! O magnum onagrum ! » r laquelle per¬ 
sonne ajoute : « Ce que Sénèque écrit des philosophes, je crois pouvoir le 
dire plus exactement encore des médecins : difficilius inter eos quant 
inter horologia convenire . Magnum onagrum ! le mot n'est pas exa¬ 
géré. 

Un des serviteurs favoris de Charles-Quint tomba malade ; le prince 


(1) Sommaire de l’ambassade, etc. Op. et loc. cit- Inventaire des Archives 
du .Vord,lV,380. Lettre de Martin de Qaztelu à Juan Vazquez.Gachard, retraite. 
Lettre de Luis Quijada à Vazquez. Idem , I, 259. Charles-Quint envoyait 
lui-même à son secrétaire d’Etat en Espagne une recette de vin de séné^ qu'il le 
chargeait de faire préparer pour lui. Lettre de Charles-Quint à Vazquez. Idem, 
II, 70. 

(2) Mignet. Charles-Quint, sa retraite, son séjour et sa mort. Journal des 
savants , 1853, 143. A cette époque on avait, en matière de médecine, d’étranges 
idées comme le prouve le passage suivant d’une lettre de Marguerite d’Autriche 
à l’empereur Maximilien (correspondance, II, 261): «Monseigneur, je vous 
escripviz dernièrement de la maladie de monsieur mon nebveu, que m’est 
chose bien desplaisante et vous cuydoie subséquemment avertir brief de sa santé; 
mais la lune s’est sur ce trouvé au deffault, qui a causé, comme disent les méde¬ 
cins, la longueur de ladite maladie. » 


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— 191 — 


lui envoya ses quatre meilleurs médecins qui tous donnèrent leur avis 
sur la nature du mal : Caballus soutint que c’était une colique, André 
Vésale opina pour un abcès dans les reins, un troisième reconnut a ne 
phtisie, et le dernier, Corneille Barsdorp, crut remarquer les symptômes 
de toutes ces maladies réunies. 

Ce qu'il y a de plus étrange, c'est qu'après une si savante consultation 
le patient parvint à guérir. 

La principale source des maladies de l’empereur résidait dans son 
grand appétit, d'aucuns diraient dans sa gourmandise ; pour le choix de 
ses aliments, il se gouvernait absolument d’après ses fantaisies. 

An temps de Charles le Téméraire, deux médecins assistaient à tous 
les repas, indiquant les mets que pouvait manger le prince, faisant enlever 
les autres ; Charles-Quint supprima cette partie du cérémonial qu'il 
trouvait incommode. Dans ses maladies les plus graves, dans ses souf¬ 
frances les plus pénibles, il ne voulait jamais se priver de l’usage d'au¬ 
cuns mets, d'aucune boisson nuisible, ce qui d'ailleurs, était régulière¬ 
ment approuvé par ses médecins. « Cela est passé à l'état de fable, écrit 
Van Mâle. César est-il fatigué de la viande, qu'on l'enlève! Désire-t-il du 
poissori, qu’on en cherche ! Il veut de la bière, on ne lui en refuse pas ! 
Le vin lui déplaît, qu'on l'emporte! Le médecin remplit le rôle d'un 
parasite. Ce que dit César, il le dit; ce qu'il refuse, il le refuse». 
Dans ses commentaires, Charles-Quint avoue ne s’être soumis qu'à sa 
onzième attaque de goutte. Mais lorsqu’à la suite de cet hygiénique 
système la douleur revenait avec une force nouvelle, il s'emportait, criait, 
s’indignait tantôt contre sa propre gourmandise, tantôt contre la trop 
grande faiblesse de ses médecins. 

Les avis ne lui firent pas toujours défaut pourtant. Il est à croire 
qu’André Vésale sut lui dire parfois la vérité; d'autres médecins l'aver¬ 
tirent que le sort de sa santé dépendait de sa propre volonté. Son 
confesseur aussi lui donnait des conseils, l'engageait, entre autres choses, 
à ne pas jouer à la paume immédiatement après son dîner, ce qui trou¬ 
blait sa digestion, et à s'abstenir, autant que possible, de boire entre ses 
repas. Mais tout cela ne servait pas à grand chose, et, jusqu'à son 
son dernier jour, Charles-Quint sembla croire, comme le dit Luis Quijada, 
que sa constitution et son estomac différaient de ceux des autres 
hommes. 

Un sentiment, qui peut sembler étrange, mais où l'on reconnaît l’éter¬ 
nel égoïsme humain, c'est l'affection particulière que l’empereur montrait 


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- 192 — 


pour ceux de ses gentilshommes et serviteurs qui souffraient des mêmes 
maladies que lui. Il proportionnait sa bienveillance au degré de leurs 
douleurs. « Quo crudelius ego discrucior , co suavius videt me Caesar. 
Vide quae voluptas » écrit l'un deux. Les courtisans trouvaient là un 
moyen nouveau de lui être agréable en lui montrant qu'il y avait à sa 
cour des personnes non moins impotentes que lui (1). Après avoir donné à 
l'empereur leurs soins de chaque jour, les médecins sortaient de la 
chambre. 

(1) Ce trait est à rapprocher d'un trait analogue attribué à Louis XIV et 
rapporté par le Roy dans les curiosités historiques sur Louis XIV, 73. On sait 
que le Grand Roi souffrait d’une fistule à l'anus; ùn certain nombre de cour¬ 
tisans étaient parvenus à simuler une fistule, et ceux-là étaient les préférés de 
Louis XIV qui s'informait régulièrement de leur santé. 


SOMMAIRE 


Quelques considérations à propos dos remèdes tirés du 
règne végétal, par le D r Martiny. 161 

Le tabac {Suite), par MM. En. Seutin, Ph“ et le D r Léon 
Seutin, à Bruxelles.169 

Revue des journaux homœopathiques de France, par 
le D r Schepbns, de Gand. 175 

De la thérapeutique de l’hydropisie, suite d’affections 
organiques du cœur. Traduction du D r Chevalier, 
de Charleroi.180 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 
le D r Lambregiits, fils, d’Anvers. 186 

Variétés. 189 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


16 e Année. OCTOBRE 1889. N° 7. 


ASSOCIATION CENTRALE DES HOMŒOPATIIES CELEES 

Séance du 8 octobre 1889 

Président, Secr.'tnre^ 

D r GRIQUELION. Ch. GAREZ, Ph". 

Le procès-verbal do la séance précédente est adopté. 

M. le D r Van Campenhout prévient M. le Président que ses 
occupations ne lui permettront pas d’assister à la réunion do 
ce jour. 

M. le D r Martiny demande la parole et donne lecture de ce 
qui suit : 

Les calmants, les hypnotiques, les purgatifs 
et les antithermiques 

par le D r Màrtixy 

À propos de calmants, de palliatifs, nous avons déjà causé 
familièrement de ce qu’on appelle aujourd’hui le « progrès en 
thérapeutique », chez nos confrères de l’ancienne école ; c'est 
là-dessus que je désire aujourd’hui encore m’entretenir un peu 
avec vous. Et d’abord nous devons nous demander si réelle¬ 
ment il y a un progrès ou si, en allant au fond des choses, on 
n’est pas en droit de dire que depuis longtemps il a cessé de 
se produire : guérit-on mieux aujourd’hui chez nos adversaires 
que dans le temps jadis? Là est la question! Notre réponse 
sera catégorique: on soulage peut-être plus facilement et plus 
rapidement, mais on ne guérit pas mieux. 

La médecine palliative a fait des progrès, c’est incontes¬ 
table, ello a dans son arsenal des médicaments, des moyens 


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— 194 - 


qui lui faisaient défaut jadis : la méthode hypodermique par 
exemple. Bien des malheureux qui souffraient jadis de cruel¬ 
les douleurs en sont rapidement délivrés par une simple injec¬ 
tion de morphine, mais disons-le tout de suite, cette injection, 
si usitée de nos jours, n’est pas toujours exempte de dangers ; 
on en fait trop, et malheureusement dans presque toutes les 
maladies douloureuses ; il n’est pourtant pas indifférent pour 
la guérison et la marche d’une affection, quelque pénible 
qu’elle soit, que le patient ait tout son organisme mis sous 
l’influence d une dose quasi toxique de morphine ; ce remède 
n’est pas seulement qu’un analgésique, il a une action pro¬ 
fonde sur la circulation, sur la digestion, sur l’innervation, 
etc., et Dieu sait si celte action, qu’on semble trop oublier, 
n’est pas souvent assez puissante pour enrayer une guérison, 
pour être la cause occasionnelle de congestions plus ou moins 
graves, etc.; un pleurétique, par exemple, sentira de l’amen¬ 
dement dans sa douleur de côté, mais sa pleurésie ne sera- 
t-elle pas aggravée par l’action stupéfiante de l’opium ? Et, 
pour avoir soulagé son point de côté, on aura peut-être dimi¬ 
nué ses chances de guérison ; telle affection douloureuse peut 
au début être prise pour une simple névralgie, tandis qu’elle 
était amenée par un état congestif, elle pourrait devenir une 
maladie rapidement grave parce que la morphine a accentué 
cet état congestif, etc., etc. Malheureusement les malades 
sont aujourd’hui au courant de cette méthode des injections de 
morphine, ils les demandent au moindre sentiment de douleur, 
et il est bien rare que le médecin les refuse, même lorsque 
le diagnostic est difficile ou impossible ; elle est réclamée par 
le malade et presque toujours le médecin la pratique sans 
arrière-pensée ! Le malade souffre un peu moins, mais la réac¬ 
tion salutaire do la nature peut-être contrariée : beaucoup de 
malheureux malades auraient peut-être guéri si l’on en était 
resté aux tisanes émollientes et édulcorées, aux cataplasmes 


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w * ; 


- 195 — 

adoucissants et détersifs de Molière, et si Ton ne s’élait pas 
tant pressé de recourir à la petite seringue. 

Mais on n'emploie pas que la morphine en injections hypo¬ 
dermiques pour calmer la douleur : la plupart des alcaloïdes 
les plus violents sont usités, des alcaloïdes à action toxique 
puissante, l’atropine, la conicine, l’hyosciamine, etc. Ici la 
médecine palliative^ vogue en plein dans l’inconnu et cef 
inconnu est rempli d’écueils et de dangers: tous ces alcaloïdes 
puissants donnent parfois lieu à de graves accidents ; les 
annales de la médecine moderne fourmillent de terribles 
exemples à ce sujet. Vraiment on est en droit do se demander 
si réellement l’humanité souffrante a tiré bénéfice de l’emploi 
de la seringue hypodermique. 

Mais envisageons la question d’un autre point de vue : 
notre tissu cellulaire sous-cutané n est pas destiné à absorber 
des solutions de morphine, de conicine, de strychnine, d’an¬ 
tipyrine et, à la suite de certaines de ces injections, il s’en¬ 
flamme parfois, devient le siégo de furoncles, d’indurations 
variées, d’abcès plus ou moins volumineux pouvant parfois 
devenir sérieu^. Enfin, et ceci ne doit pas être oublié, quand 
le médicament est injecté sous la peau, il pénétre d’une façon 
toute spéciale dans le système circulatoire, il arrive direc¬ 
tement sans subir de modifications dans la grande circulation 
et peut produire des actions différentes, plus graves que lors¬ 
qu’il est introduit par la voie stomacale ou intestinale. Dans 
l’estomac le remède est d’abord soumis à l’action des liquides 
gastriques toujours un peu acides ; il peut recevoir ainsi une 
modification plus ou moins profonde ; lorsqu’il est absorbé par 
le tube digestif,il pénètre là dans la petite circulation et,avant 
d’arriver aux centres nerveux, il traverse au préalable le 
réseau capillaire du foie. Des expériences positives ont prouvé 
que bon nombre de substances toxiques sont modifiées par le 
foie et que cet organe en retient même quelques-unes au pas- 


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a 



— 196 — 


sage ; le sang qui pénétre dans le foie étant chargé de cer*- 
taines substances toxiques, en sort contenant les mêmes 
substances en moindre quantité, le foie en a retonu, en a 
emmagasiné une certaine partie, soit pour les modifier, soit 
pour ne les livrer que petit à petit à la grande circulation et 
de là au système nerveux. C’est probablement la raison pour 
laquelle les observateurs ont constaté que l'habitude de la 
morphine est devenue plus funeste depuis l’emploi de la petite 
seringue (1). Le foie ne peut plus exercer son action bien¬ 
faisante et modératrice sur la morphine! Celle-ci, poussée 
dans la grande circulation, vient frapper directement les cen¬ 
tres nerveux. Aussi sommes-nous tentés de dire à nos con¬ 
frères et adversaires : au lieu de vos injections, rendez plutôt 
à vos malades les pilules calmantes, les bons juleps opiacés 
d’autrefois ; ils, s'en trouveront mieux et le morphinisme, 
celte nouvelle plaie de la société dont vous ôtes évidemment 
la première cause, diminuera considérablement. 

Arrivons maintenant aux nombreux remèdes plus ou moins 
calmanls récemment introduits dans la thérapeutique : le 
sali/cilaie de soude , le « roi des analgésiques » dans les 
douleurs rhumatismales ; certes il produit parfois des effets 
surprenants ; en quelques heures le malade est soulagé et 
paraît guéri. Aussi quel concert de louanges au début de son 
introduction ! 

Un professeur d’une de nos universités disait alors à ses 
élèves : « Nous jouons avec le rhumatisme articulaire ; grâce 
au salycilale, il est jugulé et guéri en quelques heures. »UIela 
paraissait parfaitement exact alors; des rhumatisés entrés 
la veille tout perclus à l’hôpital, étaient hors de leur lit le 

(1) L'usage et l'abus de l'opium existent depuis un temps immémorial 
chez les orientaux et s'il n’a pas produit les ravages du morphinisme 
médical moderne c'est que dans les pays do l'Orient il est absorbé par la 
voie stomacale. 


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lendemain matin, ils remuaient aisément tel ou tel membre, 
et la veille un simple attouchement de ce membre aurait 
arraché au malade des cris de douleur; malgré ces beaux 
succès, la vogue ne fut pas bien longue, et. pas un an après 
Boucliardat disait : « Depuis qu'on emploie le salycilate dans 
le rhumatisme articulaire on souffre moins mais on meurt 
plus. > La mortalité dans le rhumatisme articulaire était plus 
forte que jadis ; aujourd’hui bon nombre de médecins qui 
ont eu ce que par euphémisme on appelle des « mécomptes » 
ne veulent plus l’employer; ils ont cent fois raison, car quel 
est le malade qui ne préférerait souffrir un peu plus que de 
voir ses jours mis en danger par un remède qui calme ses 
souffrances ; méditez, pauvres rhumatisés, cos paroles de 
Bouchardat : « Depuis l’emploi du salycilate on souffre moins, 
mais on meurt plus ! » 

Que dire des antithermiques, l’antipyrine, la thalliue, la 
pyridine, l’antifébrine, etc.? Il n’y a pas encore longtemps 
l’antithermie était une méthode générale de traitement; 
quand un malade avait do la fièvre, les bienheureux antither¬ 
miques la diminuaient; il avait chaud, on le refroidissait! 
Mais les statistiques et les résultats ont prouvé que ce refroi¬ 
dissement thérapeutique allait plus souvent qu’on ne le croyait 
jusqu’au refroidissement final! Les malheureux avaient moins 
de fièvre, mais étaient plus en danger; aujourd’hui le régne 
de l’antithermie comme méthodo thérapeutique n’est pas près 
de finir, quoi quelle ait été, surtout dans ces derniers temps, 
fortement battue en brèche meme parmi nos confrères allo¬ 
pathes; malgré les statistiques, malgré les insuccès, malgré 
les revers, un grand nombre de nos adversaires continuent à 
administrer à leurs malades ces remèdes qui diminuent la 
fièvre sans amoindrir la gravité du mal. Ici encore le public 
demande lui-même ce palliatif d’un nouveau genre : il veut 
que sa fièvre tombe, sans se rendre compte si cette fièvre n’est 


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— 108 — 


pas nécessaire, si, en la contrariant, on ne donné pas h h 
maladie une tournure plus fâcheuse. 

Le public non médical a souvent, cela se conçoit aisément, 
le désir de comprendre quels sont les moyens que les méde¬ 
cins emploient pour combattre les effets des maladies; le 
premier intéressé est évidemment le malade lui-même, et 
lorsque celui-ci est trop souffrant pour pouvoir s’occuper de 
la question, ses parents, ses amis, les assistants désirent 
savoir quels moyens le médecin va employer pour résister à 
l’envahissement du mal. 

Depuis que le thermomètre est devenu d'un emploi habituel 
dans les maladies, les personnes étrangères aux choses delà 
médecine ont pris l’habitude de juger la gravité de la maladie 
d’après les indications fournies par le thermomètre : quand le 
thermomètre accuse 39 ou 40 degrés de température à 
l’aisselle, le malade croit naturellement que sa maladie est 
d’autant plus grave que la température est plus élevée; en 
cela il est jusqu’à un certain point dans le vrai; quand la 
température s’élève cela indique que la lutte de l’économie 
est ardente et que le danger est grand ; mais le danger réside 
non pas dans cette lutte même, mais bien dans la violence de 
l’intoxication morbide; ce danger peut-il dépendre de la tem¬ 
pérature seule? Là est la question que se sont, dès le début, 
posée tous les praticiens réfléchis. Si là était la vérité, la 
découverte des médicaments antithermiques eût réalisé un 
progrès immense, et un grand nombre de maladies auraient été 
guéries comme par enchantement, la pratique médicale sim¬ 
plifiée d’une façon admirable ; dans les maladies aiguës, le 
thermomètre seul eût remplacé toutes les investigations et les 
recherches diagnostiques ; quelques antithermiques auraient 
suffi pour guérir rapidement. Hélas! il n'a pas fallu longtemps 
pour détruire cette illusion ! Malgré la diminution artificielle 
de la chaleur, malgré le refroidissement des malades, ils n’en 


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—r,T 


— 199 — 

mouraient pas moins, ils mouraient môme plus si Ton s’obsti¬ 
nait à vouloir les refroidir à force de remèdes et d’eau froido 
(commo au beau temps de SanGrado). « N’oublions pas, s’écria 
alors un académicien, que c’est parce qu’il est souffrant que le 
patient a chaud et que ce n’est pas parce qu’il a chaud qu’il 
est malade. » C’était le cri du bon sens, mais aujourd’hui encore 
on ne l’écoute pas toujours, et bon nombre de nos adversaires 
s’obstinent à vouloir diminuer la température dans les maladies 
aiguës et nous craignons beaucoup que cette méthode anti¬ 
thermique continuera à être mise en pratique pendant long¬ 
temps encore, car aujourd’hui, les malades au courant des 
indications du thermomètre ne crient plus : « Docteur guéris¬ 
sez-moi », mais ils disent : «Docteur calmez ma fièvre, dimi¬ 
nuez ma température ! » et le médecin continue à prescrire 
des antithermiques; la fièvre s’apaise, mais la maladie ne va 
pas mieux, au contraire. Nous disions dernièrement au fils 
d’une de nos clientes, lequel en présence d’une fièvre de 40 
degrés réclamait à cor et a cri de la quinine ou de l’antipy¬ 
rine : « Préférez-vous que votre mère guérisse après avoir eu 
pendant quelques jours 40 degrés de fièvre, ou voudriez-vous 
quelle meure en n’ayant plus que 38 degrés?» Il n’a plus insisté, 
heureusement; aujourd’hui sa mère, atteinte d’une néphrite 
aiguë, est convalescente. En eût-il été de même si j’avais 
donné les antithermiques tant réclamés? 

En présence de tout ce qui précède, n’avions-nous pas 
raison de dire au début que l’on est en droit de se demander 
si réellement les malades retirent un bénéfice réel do la 
découverte de la plupart des palliatifs et des calmants? On 
adoucit la douleur, on la supprime même parfois, mais est-ce 
toujours un bien? Nous ne le pensons pas, et s’il arrive réelle¬ 
ment des circonstances où l’élément douloureux paraît être 
le symptôme dominant, où les malaises de la fièvre peuvent 
devenir les symptômes prépondérants, ces cas sont plus 


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l 



— 200 — 




rares qu’on no le croit ; nous pensons en outre que dans bien 
des cas l’administration dun médicament assez puissant pour 
rendre obtuse la sensibilité ou pour arrêter le mouvement 
fébrile doit imprimer à la maladie une tournure plus grave 
qu’elle n’aurait prise; contrarier ainsi la lutte que l’organisme 
soutient contre la maladie doit avoir des conséquences graves 
pour les malheureux malades ; nous pensons que c’est souvent 
le cas de dire comme Bouchardat ; « On souffre moins mais 
on meurt plus. » 

Nous sommes, en principe, grand ennemi de la médecine 
palliative et calmante, et en pratique nous tachons do l’em¬ 
ployer le moins possible ; presque toujours on arrive à faire 
prendre patience au malade et aux assistants si l’on a soin 
de prévenir que souvent la fièvre est nécessaire, qu’elle 
est la conséquence naturelle de l’inflammation; si vous aver¬ 
tissez que calmer la douleur c’est en définitive engourdir forte¬ 
ment le malade, annihiler sa sensibilité, que les remèdes pour 
amener un tel résultat doivent être donnés à une dose se 
rapprochant de la dose qui empoisonne, on souffrira plus 
patiemment, et la tournure de la maladie sera plus favorable; 
presque toujours un malade ainsi prévenu cesse de réclamer 
des calmants ; il sait que c’est dans son intérêt qu’on les lui 
refuse. 

La médecine palliative et calmante forme malheureusement 
la base de la thérapeutique habituelle de nos confrères de 
l’ancienne école ; les traités de thérapeutique, je le sais, ne la 
recommandent guère, ils ont soin de déclarer qu’il ne faut 
y recourir que lorsque c’est absolument nécessaire, mais 
dans la pratique la médecine calmante est pourtant le pivot 
de la thérapeutique de nos adversaires; interrogeons les 
pharmaciens, ils nous avoueront que dan* presque toutes 
les recettes allopathiques il entre do l’opium sous une forme 
quelconque, ou bien un autre calmant ; le médecin allopathe 


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doit forcément en arriver là, et voici comment: au début de sa 
carrière, en suivant scrupuleusement }es prescriptions clas¬ 
siques, il court d’insuccès en insuccès; aussi s’habitue-t-il de 
bonne heure à donner pour ainsi dire exclusivement des médica¬ 
ments qui soulagent promptement la douleur, calment les ma¬ 
laises. Voyez la vogue des remèdes calmants: l’opium, sans 
lequel un illustre médecin disait que la médecine est impossible; 
le bromure de potassium, qu’on a administré par tombereaux 
aux malheureux névropathiques sans se préoccuper que la po¬ 
tasse est un poison violent qui calme en émoussant la sensibilité 
du système nerveux ; l’antipyrine : depuis la découverte de son 
action dans les maladies douloureuses, il n’y a pas un malade 
auquel on n’en prescrive! Et pourtant c’est à peine si l’on 
s’est rendu compte de son action interne ; elle doit être pour¬ 
tant énergique et très profonde pour faire disparaître ainsi le 
sentiment de la douleur; Dieu sait combien on en prescrit 
aujourd’hui, quoique depuis quelque temps déjà on rapporte 
de nombreux cas où son usage a été suivi d’accidents plus ou 
moins sérieux; calmer la douleur d’abord, entretenir la liberté 
du ventre ensuite et enfin faire dormir, voilà les grands prin¬ 
cipes de la thérapeûtiquo de nos adversaires au lit du malade. 

À propos des remèdes soporifiques, que de tort ne font-ils 
pas chaque jour ; en effet, il ne peut être indifférent, cela se 
conçoit, de prescrire à un malade un remède qui, donné à un 
homme bien portant, détermine une sorte d’anéantissement 
no ressemblant en rien au sommeil réparateur et physiolo¬ 
gique, le patient est engourdi parce qu’on lui a donné un 
remède qui a pour effet toxique d'arrêter l’action du système 
nerveux au point que celui-ci ne ressent plus les malaises 
et les douleurs ; les ressorts de l’économie ne réagissent 
plus : somnum est mortis imago ; aussi quel sommeil, rempli 
do cauchemars, de visions, mais aussi quel réveil ; combien 
de fois le malade lui-même refuse-t-il le soporifique, après en 


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— 202 — 


avoir tâté. Le devoir du médecin, quand il y a de l'insomnie, 
63t d’en rechercher la cause et d’administrer un remède en 
conséquence. Il est plus commode, j’en conviens, de lui donner 
un médicament qui engourdit à coup sûr ; pour procurer du 
sommeil nous avons, nous, homœopathes, une quantité de 
remèdes bien différents les uns des autres; aconit et tous les 
remèdes cardiaques quand c’est la circulation qui est en 
souffrance ; ignatia et les remèdes nervins, quand c’est la 
sensibilité nerveuse qui est surexcitée ; antimonium , nuw 
et les remèdes du tube digestif quand c’est celui-ci qui 
souffre, etc., etc. Voilà les vrais remèdes du sommeil, parce 
qu’ils s’adressent au fond meme de la maladie et quand ils 
sont bien choisis, ils font dormir, mais d’un bon et vrai 
sommeil ; j’ai souvenance, entre autres, d’une personne dont 
les insomnies troublaient l’existence; elle avait, au grand 
détriment de son tube digestif, essayé tous les soporifiques de 
l’allopathie y compris le sulfonal, tant vanté il y a quelque 
temps et dont je pense qu’il faut se méfier; l’ayant examinée 
nous avons constaté que son pouls était habituellement très 
rapide, et nous avons prescrit Yaconit, ce roi des remèdes; 
le sommeil est revenu; chaque fois qu’ellè en prenait la nuit 
était calme, même lorsqu’elle faisait usage de la 200'* dilution; 
quand nous racontons aujourd’hui un fait de ce genre à nos 
confrères de l’ancienne école, ils s’empressent de dire que 
nous agissons par suggestion ! car c’est aujourd’hui par la 
suggestion qu’ils veulent expliquer nos guérisons qu’ils ne 
peuvent nier ! 

Commençons par leur observer que nous n’avons pas le mo¬ 
nopole de la suggestion, qu’eux aussi peuvent agir comme 
nous, par suggestion, si suggestion il y a, et du reste nous ne 
faisons pas autrement qu’eux qui, lorsqu'ils font une prescrip¬ 
tion, assurent naturellement à leur malade qu’elle aura l’effet 
désiré. Mais est-ce aussi par suggestion que nous faisons 


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— 208 — 


dormir un grand nombre d’enfants en leur donnant quelques 
globules de chamomil/e 30 e , cet opium des enfants, connu de 
la plupart des bonnes pour l’avoir souvent expérimenté avec 
succès. Est-ce aussi par suggestion que nos vétérinaires gué¬ 
rissent leurs malades ? 

C’est peut-être ici le moment de dire aussi un mot des pur¬ 
gatifs, si usités par nos confrères allopathes comme moyen 
transitoire, comme palliatif de la constipation: la selle a-t-elle 
manqué un jour chez un malade, quelle que soit la gravité et 
l’acuité de l’affection, vite ils administrent un purgatif toute 
autre médication cessant^ : ils font purger banalement, aveu¬ 
glément, sans s’enquérir de la cause de la constipation et 
sans s’assurer au préalable si cette secousse de la purgation 
n’aura pas d’effet nuisible. Ils savent pourtant que le purgatif 
ne guérit pas la constipation, car depùis longtemps Trausseau 
enseignait qu’au lieu de guérir la constipation « les purgalifs 
la rendent très souvent invincible » ; on leur a pourtant appris 
que la constipation tient à des causes très nombreuses et 
variées, mais comme il est souvent fort difficile de les préciser, 
c’est alors au purgatif qu’ils ont recours à tout hasard; 
nous, au contraire, après nous être enquis de tous les autres 
symptômes présentés par le malade, nous trouvons souvent, 
même lorsque la cause de la constipation nous échappe, le 
remède approprié, grâce à nos pathogénésies, parce que nos 
remèdes y sont admirablement étudiés dans leur ensemble et 
dans tous leurs détails, tandis que chez nos confrères on se 
contente pour l’étude physiologique des médicaments de quel¬ 
ques grossières indications plus ou moins certaines. Aussi 
la constipation habituelle ost-elle toujours difficile à guérir 
pour les allopathes et sont-ils presque toujours forcés à recou¬ 
rir aux palliatifs, c’est-à-dire aux purgatifs qui « la rendent 
souvent invincible » — au risque d’amener des troubles 
sérieux du côté du tube digestif, — et d’affaiblir les malades, 


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car rien n’affaiblit comme les selles des purgatifs ; Jaccoud 
l’avoue : la sérosité de ces selles est formée « aux dépens 
des matériaux albuminoïdes de l'économie », c'est-à-dire 
qu'elles contiennent un liquide précieux qui doit servir à la 
nutrition et à l'entretien de nos organes. 

Tâchons donc d'employer le moins souvent possible les 
purgatifs, ne nous préoccupons pas trop d’une constipation de 
quelquesjours, étudions bien les symptômes accusés par notre 
malado et presque toujours nous ne devrons pas recourir aux 
purges. Ne sacrifions pas comme nos confrères, nos malheu¬ 
reux malades sur l’autel de la liberté du ventre. Il faut « que le 
ventre soit libre », n’est-ce pas un des plus grands principes 
de la thérapeutique allopathique ? 

Nous venons de parcourir ensemble les principales circon¬ 
stances oii les palliatifs sont habituellement mis en usage par 
nos confrères allopathes. Devons-nous parfois les imiter et 
tâcher de soulager le malade, de lui épargner des souf¬ 
frances? Là est la question et d’après tout ce qui précède, 
voici notre manière de voir que nous soumettons à l’appré¬ 
ciation de nos confrères : 

Le médecin homœopatho ne doit avoir recours à la médi¬ 
cation calmante que dans les circonstances suivantes : 

1° Lorsqu’il se trouve en présence d’un cas absolument 
désespéré ; mais ces cas sont fort rares, on a vu souvent des 
malades paraissant irrémédiablement perdus reprendre une 
santé relative : ainsi en est-il des phtisiques chez lesquels la 
médication calmante est presque toujours néfaste ; 

2° Lorsque la douleur est tellement vive qu'elle pourrait 
par elle-même amener des symptômes plus ou moins graves. 
Ceci est encore fort rare, beaucoup plus qu'on le croit; très 
souvent en palliant le mal présent on en prolonge la durée; 

3° Enfin lorsqu’après avoir consciencieusement essayé à un 
grand nombre de reprises les médicaments homœopathiques 


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la douleur ne cède pas : il y a alors lieu de craindre qu’elle 
soit la manifestation d’une lésion profonde qui n’est pas encore 
assez manifeste pour pouvoir être diagnostiquée. Ainsi, par 
exemple, certaines douleurs abdominales reconnaissent pour 
cause une tumeur profonde de petit volume encore et peuvent 
par conséquent passer inaperçue ; 

4° Le médecin homœopathe ne doit presqoe jamais recourir 
aux hypnotiques pour de l'insomnie pure, les hypnotiques étant 
presque tous des remèdes violents qui, pour amener le som¬ 
meil, doivent être donnés à dose quasi toxique; 

5° Quant aux purgatifs leur emploi doit être très restreint ; 
ils doivent être réservés pour certains cas d’occlusion par amas 
stercoraux ; c’est parfois le cas dans certaines paraplégies, 
surtout chez les vieillards. 

Nous croyons avoir ainsi résumé les circonstances dans 
lesquelles le médecin homœopathe peut se croire autorisé à 
faire usage des calmants, mais il doit toujours se rappeler que 
calmer n’est pas guérir et que très souvent le remède employé 
pour calmer exerce une fâcheuse action sur l’économie en 
empêchant la nature de réagir favorablement. 

Nous n’avons, dans ce qui précède, examiné qu’un des côtés 
de la question étudiée actuellement par Y Association cen¬ 
trale des homœopathes belges , c’est-à-dire les circonstances 
où il peut être nécessaire de calmer la douleur par certains 
moyens usités dans l’ancienne école, c’est-à-dire par des mé¬ 
dicaments qui annihilent la sensibilité, l’émoussent au point 
que le patient ne ressent plus son mal. Il nous reste encore 
à examiner la médecine palliative à d’autres points de vue : 
nous aurons notamment à parler de l’emploi des évacuations 
sanguines, de la saignée et, enfin, de Tusage des révulsifs 
et des moyens externes. 

D r Martlny. 

MM. les D 1 * Schepens et Criquelion partagent l’opinion du 


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D r Martiny qui n’admet l’emploi des palliatifs que dans les cas 
où l’on ne possède pas d’autres ressources, lorsque la situation 
du malade exige un soulagement immédiat,quand il y a danger 
imminent à no pas enlever une douleur ou un obstacle et 
lorsque le moyen n’est pas de nature à enrayer une réaction 
vitale et salutaire. 

Toutefois le D r Criquelkm pense que ce n’est qu’à titre d’ex¬ 
pédient momentané que l’on peut recourir à un remède cal¬ 
mant externe, ces moyens étant souvent illusoires et ne 
donnant pas toujours ce qu’on doit attendre d’eux. L1 estime 
même que c’est presque toujours une condamnation à mort. 

Dans bien des cas, dit le D r Martiny, si on calme la douleur, 
on risque d’aggraver la maladie et de lui donner une impulsion 
fâcheuse. On ne doit, suivant lui, employer ces moyens qu’à la 
dernière extrémité. 

Le 0 e Gaudy n’est pas non plus partisan de ces remèdes pal¬ 
liatifs externes, notamment l’opium ou ses dérivés. On ne peut 
se permettre, dit-il, de s’en servir que lorsque le malade 
n’offre plus aucune ressource. 

Sur l’observation du docteur de Ridder à propos de l’emploi 
de la saignée dans l'apoplexie bs docteurs Martiny et Criqoeüon 
la croient dangereuse et nuisible dans bien des cas, de l’avis 
même de beaucoup de médecins allopathes : l’un d’eux n’a-t-il 
pas dit : « Dans l’apoplexie la saignée est toujours inutile, et 
souvent dangereuse. » 

Mais le D r Martiny fait observer que dans la congestion pul¬ 
monaire véritable il n’hésiterait pas à l’employer, car là le 
danger de mort est immédiat. 

Le péril n’est pas aussi immédiat dans la congestion céré¬ 
brale ; on peut attendre l’effet des remèdes homœopathiques. 

Le D 1 * Gaudy, amené à parler des nouveaux médicaments 
sédatifs de la douleur, cite un cas d’affection rhumatismale 
dans lequel il a donné l’antipyrine à la 0 e trituration et dont 


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l’effet a été très bon malgré les hautes doses données au 
malade avant sa visite. Il émet des regrets que la pathogénésie 
de ce médicament ne soit pas encore complète. 

Le V Gaudy rapporte le fait d’une guérison admirable d’un 
cas de variole confluente hémorrhagique, d’une gravité 
exceptionnels tant en raison de son caractère que des 
conditions défavorables de la malade, épuisée par des priva¬ 
tions causées par le fait de gastralgie pénible, d’un surcroît 
de fatigue et de peines morales des plus douloureuses. Les 
hémorrhagies cutanées, anales et utérines greffent sur cet 
état de choses déjà grave, l’affaiblissement qu’elles amènent 
nécessairement, avaient rendu la position de la malade appa¬ 
remment désespérée. 

Cependant grâce à l’administration continue à des inter¬ 
valles très rapprochés de teinture de sarracénia et de thuya 
occidentalisé ml fur contre les chatouillements et le retard 
de l’éruption, d 'arsenic contre les diarrhées, la soif et l’ady¬ 
namie, de phosphore contre les complications pulmonaires, 
la maladie a suivi un cours régulier, et les symptômes de 
fièvre ont été relativement des plus modérés. La malade n’a 
guère présenté de délire et la sqppuration d’une abondance 
tout à fait anormale n’a pas occasionné les réactions qu’éveil¬ 
lent habituellement les maladies d’intensité moyenne. Chose 
remarquable, après la desquammation, l’administration de 
ml fur a ramené une éruption de vésicules purulentes d’une 
confluence égale à celle de la maladie elle-même, une des 
plus confluentes qu’il lui ait été donné de rencontrer. 

Le CK Gaudy croit devoir signaler l’influence heureuse do 
belladone qu’il a toujours constatée contre les maux de tête 
si pénibles de cette maladie et l’action instantanée et radicale 
contre les douleurs lombaires du début du rhus toxicoden - 
dron à la 6 e dilution. 

Le D f Lambreghts rapporte qu’en Espagne où il y avait une 


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épidémie de variole, il a observé un grand nombre de cas de 
variole confluente. Phenicttm acid . 1° au 10 e (3 e décimale 
pour les enfants) lui a donné de très bons résultats. Il engage 
ses confrères à l’essayer à l’occasion. Il n’avait pas alors sous 
la main le sarracénia . 

Le D r Gaudy cite encore le cas de deux personnes soignant 
la malade atteinte de la variole et auxquelles il a fait prendre 
quelques doses de thuya et sarracénia. Ces personnes ont 
évité de contracter la maladie immédiatement, malgré cer¬ 
taines douleurs faisant prévoir l’invasion du mal. Elles n’ont 
eu qu’une varioloïde simple quelque temps après. 

Thuya et sarracénia ont aussi préservé de la variole des 
personnes qui venaient voir le malade et qui passaient même 
des parties de journée auprès de lui. 

Le D r Martiny entretient l’assemblée d’un cas d’affection 
glandulaire d’origine rhumatismale. Il n’est pas rare de voir 
le rhumatisme produire des engorgements glandulaires rebelles 
aux médicaments habituels et aux eaux do Greuznach et de 
Salins, etc. Il cite le cas d’une dame atteinte d’un vrai cha¬ 
pelet de glandes cervicales depuis sept ans : tous les moyens 
usités en pareil cas avaient échoué, mais les remèdes anti¬ 
rhumatismaux ont admirablement réussi : silicea, causti- 
cum , lithium carh . et colchicum. 

Le D r Seutin dit qu’il s’est bien trouvé de l’emploi de baryta 
et de causticum dans l’inflammation des amygdales avec 
induration. 

Le D r Gaudy a constaté l’action préventive d'arsenicum 
dans la rougeole; c’est ainsi que certains enfants ayant pris 
préventivement 3 doses d'arsenicum par jour, ont eu la rou¬ 
geole d’une façon bien plus bénigne que d’autres enfants qui 
n’avaient pas été soumis à l’action do ce médicament. 

La séance est levée à six heures. 


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Le tabac (1) 

par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles. 

Tous les fumeurs vous disent qu’une fin de cigare et de pipe 
ne sont pas si agréables à fumer que leur commencement,cela 
s’explique, l’empyreume du tabac se distille à la chaleur ; il 
est attiré par l’inspiration de la bouche, et se condense do 
plus en plus dans les couches qui sont les dernières à brûler 
et qui en sont ainsi saturées ; alors, ce qui arrive à la bouche 
a un montant si fort que les petits estomacs s'en soulèvent,et 
ou jette le cigare. Ce bout de cigare que l’on dédaigne con¬ 
tient assez de montant pour reproduire plus d’un cigare entier. 
On le fait macérer dans très peu d’eau salée, avec deux ou 
trois fois son poids de feuilles sèches quelconques : des épi¬ 
nards, des betteraves, ou de la laitue romaine. Ces feuilles ab¬ 
sorbent le montant ou la nicotine, qui est en excès dans les 
bouts de cigares, et sont ainsi changées artificiellement en 
feuilles de tabac, dont elles ont toutes les qualités. 

C’est ce qui constitue le dédoublement, on verse sur le 
mélange, à mesure qu’il sèche, le reste de l’eau qui a servi à 
la macération, et rien de la force du tabac n’est perdu. 

Ce mélange haché fin fait les excellentes cigarettes que 
fument les petits gommeux et les cocottes; la cigarette devient 
tant à la mode, que nous n’avons jamais assez de cet article 
pour satisfaire les clients ; ça vaut mieux que tous les tabacs 
de la régie, c’est plus moelleux à la bouche, puis voyez-vous, 
on fume tant aujourd’hui, sans savoir pourquoi l’on fume, 
qu’on fumerait des chiffons, du papier, du bois pourri, aussi 
bien que de* feuilles de roses; on fumerait n’importe quoi, 
tant l’habitude et l’exemple sont plus forts que la raison. 

(1) Suite . Voir volume précèdent et volume courant, pages 9, 40, 73, 109, 
13C et 169. 

2 


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Si vous allez à la descente (les chiffonniers, au Temple,sur 
les berges de la Seine, devant le parvis Saint-Gervais,derrière 
THôtel de Ville, et surtout sous le pont de la Concorde, vous 
verrez les débitants de tabac en plein vent ; ils ont. pour 
bureau une planchette et pour matériel un couteau à lame fine 
et une pierre à aiguiser ; ils coupent les bouts de cigares sur 
commande pour ne pas paraître des contrebandiers, ils débi¬ 
tent à 2 ou 3 francs la livre leur tabac renaissance. Ils 
donnent pour un sou ce que l’on payerait trois à la régie: ils 
ont pour clients ordinaires les lanciers de M. le Préfet, les 
balayeurs municipaux, les petits bimbelotiers des rues, les 
camolots, les ouvriers des berges, les débardeurs, les tireurs 
de sable, les mariniers, les pêcheurs à la ligne, et tout ce 
petit monde, sans que ça paraisse, alimente un commerce qui 
se chiffre pour Paris par plus de 300,000 francs par an. 

Si l’on résumait le nombre des individus trafiquant et vivant 
de l’industrie des tabacs, on arriverait pour la France seule, 
peut-être à des centaines de mille. Et le nombre de travail¬ 
leurs à l’empoisonnement chronique de toute une nation, sera 
bien plus grand encore, si l’on va rechercher tous les ouvriers 
qu’emploient les industries accessoires et nécessaires pour 
la consommation du tabac. Parmi ces industries figurent, 
comme produits importants : la tabatière, la pipe, le porte- 
cigare, la blague h tabaç, l’allumette. 

Nous ne dirons rien do la tabatière, dont nous avons déjà 
parlé, elle a eu ses beaux jours aux premiers âges du tabac, 
elle est aujourd’hui délaissée, la pipe l’a tout à fait détrônée, 
et on no la trouve plus guère qu’entre les mains de quelques 
vieux docteurs, ou de graves doyens de la magistrature ou 
du clergé, quo scandalisent encore le cigare et la pipe. On 
peut dire que, sous Louis-Philippe, la boîte à priser fut à 
l’apogée du bon goût et du bon ton ; il la vulgarisa par ses 
faveurs royales,aussi la tabatière était, pour le roi citoyen, le 


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- 211 — 

souvenir qu'il aimait le plus à donner à ceux à qui il devait 
un dévouement ou un service. 

Nous avons peu de chose à ajouter à ce que nous avons 
déjà dit de la pipe. Cependant nous devons dire que bien des 
artistes trouvent à utiliser leur talent, en taillant'sur le corps 
d’une pipe, comihe sur des camées, les sujets les plus variés 
et parfois les plus gracieux. Beaucoup de personnages contem¬ 
porains à sensation: Garibaldi, Napoléon III, Victor-Emma¬ 
nuel, Bismark, Guillaume de Prusse, passeront à la postérité 
la plus reculée, par la reproduction de leur tête ou de leur 
buste, burinés d’après nature sur le réchaud d’une pipe 
d’ambre, d’écume de mer, ou de racine de bruyère. 

L’Allemagne surtout semble mettre tout son art à décorer 
des brûloirs à tabac. On voit à toutes les expositions univer¬ 
selles de ces échantillons du goût tudesque, évalués à des 
prix fabuleux. Toutes ces futilités se rendent aujourd’hui, et 
les pipes ont leurs collectionneurs,comme les vieilles médailles, 
les vieilles poteries, les vieux livres. Elles seront des monu¬ 
ments durables des mœurs de leur temps, dont elles rappelle¬ 
ront les folies et les erreurs aux générations à venir. 

Une des plus originales de toutes ces collections est celle 
que laissa le maréchal Oudinot. C’est un musée historique 
au plus complet de la pipe. 

Pour le maréchal, la plus précieuse de toutes ces reliques 
était une pipe de Sobirski, dont le conseil municipal de 
Vienne lui avait fait hommage, en remerciement do sa 
sage administration comme gouverneur de la capitale de 
l’Autriche, pendant son occupation par l’armée française. 

Au commencement du xn° siècle, on pipait dans le monde 
élégant de la cour de Prusse. 

On lit dans le dictionnaire do la conversation, à l’article 
pipe : sous le nom d’Académie de la pipe, on désignait un 
cercle d’intimes qui se réunissaient presque tous les soirs à 


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M 



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partir de cinq heures de l’après-midi, autour de Frédéric 1 er , 
roi de Prusse. Il se composait de ses ministres, des officiers, 
de grands seigneurs ou d3 savants en passant par Berlin, etc. 
Chacun y était tenu do fumer pendant toute la durée des 
séances, ou tout au moins de tenir une pipe à la bouche par 
contenance. Chaque membre avait devant lui une cannette de 
de bière ; de ternp* en temps circulaient des tartines de pain 
et de beurre, et, vers la fin delà séance, on offrait à diverses 
reprises du vin, dont chacun se servait à sa guise ; le tout 
assaisonné de quelques cancans sur la ville et la cour. On 
s, y permettait d'ailleurs une foule de plaisanteries que le roi 
lui-même acceptait de la meilleure façon du monde. 

L’Académie de la pipe jouait un grand rôle dans l’histoire 
de la Prusse. Aussi les envoyés étrangers ne manquaient-ils 
pas de renseigner exactement leurs cours respectives surtout 
ce qui s’y disait. L’Académie de la pipe finit comme elle avait 
commencé ; une fantaisie du roi l’avait créée, un caprice 
du roi en prononça la dissolution. 

Tous les peuples du Nord fument de préférence la pipe. 
Cinq grammes de tabac fumés dans une pipe grisent bien plus 
puissamment que la même quantité fumée flans un cigare. C’est 
que la chaleur du fourneau distille l’cmpyreume avant de brûler 
le tabac, et la succion l’apporte tout entier à la bouche, dont 
la température, moins élevée que celle du foyer d’oix il 
émane, le condense sur les muqueuses qui aussitôt l’absorbent. 
Ainsi s’explique comment tels individus qui fument un cigare 
sans être trop incommodés, ont l’estomac et la tète boulever¬ 
sés quand ils fument quelques instants une pipe de même 
qualité de tabac (1). 

Pour être juste envers le tabac, après l’avoir convaincu 
de tant de méfaits envers l’humanité, il faut bien dire que 


(l) D r Depierris. Physiologie sociale. Le tabac, pages 485 à 487. 


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c’est à lui que l’on est redevable de l’allumette chimique ful¬ 
minante, qui, dans sa simplicité, est un des progrès les plus 
marquants du xix® siècle. Avec l’allumette fulminante, le 
fumeur peut allumer en tout temps et en tout lieu sa pipe ou 
son cigare ; il n’est plus obligé d’avoir dans sa poche l’ama¬ 
dou, la pierre à feu et le briquet primitif. 

Il a donc bien mérité des fumeurs, celui qui, le premier, a 
eu l’idée de placer un peu de fulminate au bout d’un petit 
morceau de bois, d’une petite bougie de cire, ou d’une 
bandelette d’amadou, pour les enflammer par le simple frot¬ 
tement. 

La consommation des allumettes on France est si grande, 
surtout par les quantités fabuleuses qu’en usent les fumeurs, 
que le pays a frappé cette industrie d’un impôt très productif, 
quand il lui a fallu battre monnaie pour payer cette énorme 
indemnité dë guerre imposée par l’Allemagne. 

En récapitulant ce que coûte à la France, dit M. le docteur 
Depierris, la tabacomanie, on arriverait à démontrer qu’un 
milliard de francs disparaît annuellement pour amuser quelques 
millions d’hommes et d’enfants avec un peu de fumée. 

Pour satisfaire, ajoute le même docteur, un vrai caprice, 
une folle ivresse, pour se distraire par un jouet, une pipe et 
du tabac, voilà les nations européennes marchant avec 
toutesMes dégradations avec une rapidité et un engouement 
que n’ont jamais connu les peuples primitifs, qui se sont éga¬ 
lement suicidés par le narcotisrae. 

L’opium a mis des siècles à faire descendre à un état voi¬ 
sin do la léthargie les peuples do l’Orient, la nicotine ne. 
sera pas si longtemps à faire de l’Europe et sa succursale 
l’Amérique, une seconde Asie; car une livre de tabac est 
capable de tuer bien plus d’hommes que ne le feraient 20 li¬ 
vres de pavots. Deux siècles se sont à peine écoulés depuis la 
connaissance du tabac, et déjà il a séduit la moitié do ces 


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classes faibles qui aiment à s’engourdir dans des sensations 
factices, au milieu d’un peu de fumée, plutôt que s’épanouir 
dans l’activité salutaire de la vie au milieu d’un air pur (1). 

Au moment où nous transcrivons cas lignes, nous recevons 
d’un de nos bons et éminents docteurs de l’armée belge, 
M. le D r Chevalier, une lettre dont voici le contenu : 
« A vous,et à M.le D r Seutin,votre fils,qui publiez actuellement 
un travail si important sur le tabac, je me permets d’adresser 
quelques lignes très significatives que j’extrais de la Semaine 
médicale , de Paris : 

ÉTATS-UNIS 

Le nombre toujours croissant des fumeurs préoccupe vive¬ 
ment l’opinion publique dans quelques États et l’on commence 
à prendre des mesures législatives pour préserver la santé 
des désastreux effets du tabac. 

Dans ce but l’État de Connecticut vient de voter définiti¬ 
vement une loi interdisant l’usage du tabac aux enfants de 
moins de 16 ans. La nouvelle loi est très sévère : elle déclare 
que toute personne qui vendra, donnera ou délivrera des ci¬ 
gares, cigarettes ou du tabac à un mineur de 16 ans, sera 
passible, pour chaque fait de ce genre, d’uno amende pouvant 
s’élever à 250 francs. 

D’autre part, tout enfant âgé de moins de 16 ans et qui 
sera surpris fumant dans la rue ou dans un endroit public, sera 
puni d’une amende, dont le maximum est de 35 francs (2). » 
C’est là une excellente initiative, et qui devait nous venir 
encore de l’Amérique. Il n’y a pas à douter que cet utile 
exemple ne soit bientôt non seulement suivi par tous les 

(1) Depierris. Physiologie sociale. Le labac, page 493. 

(2) Nous remercions bien sincèrement M. le docteur Chevalier de son 
intéressante communication, et lui en exprimons ici toute notre recon¬ 
naissance. 


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autres États qui consiituentla grande République américaine, 
mais encore par tous les peuples qui constituent le nou¬ 
veau et l’ancien monde. 

(A continuer.) Em. Seütin, PH n , et D r L. Seutin. 


MALADIES DE LA PEAU 

par lo D r Burkhard, de Berlin. — Traduction du D r Ciirvauer, de Cbarleroi. 


Elephantiasis 

Elle consiste en une hypergénèse du tissu conjonctif de la 
peau et du derme, allant parfois jusqu’au périoste des os 
sous-jacents. 

La cause consiste dans l’inflammation chronique des vais¬ 
seaux lymphatiques, qui succède ordinairement à des atteintes 
aiguës. Il en résulte toujours une oblitération des lymphatiques, 
et une prolifération du tis.u conjonctif. 

On ne sait pas encore pourquoi cette maladie se montre 
surtout dans les zones torrides. Elle s’attaque surtout aux 
jambes, mais aussi aux bras, aux mains et aux parties géni¬ 
tales des deux sexes. Los membres deviennent difformémeni 
gros, co qui a donné son nom à la maladie. Dans les cas 
d’elephantiasis observés par nous, la maladie était compliquée 
d’ulcérations aux membres inférieurs. C’est ce qui produit 
probablement l’oblitération d’un vaisseau lymphatique et 
l’origine de l'inflammation. 

La peau, qui, dans le cas où le corps papillaire prend part 
à l’inflammation du tissu conjonctif, se recouvre d’écailles 
épidermiques, ne se laisse pas entamer dans ses couches infé¬ 
rieures. Par une coupe, on voit le tissu conjonctif développé 

(1) Suite . Voir vol. courant, page 143. 


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— 216 — 


d’une manière colossale, surtout au détriment des muscles, 
qui apparaissent atrophiés, graisseux, ce qui, ajouté au poids 
et à la difformité du membre, ajoute un second ennui, celui 
de ne pouvoir s’en servir. 

Le traitement doit consister dans le début de la maladie à 
combattre la lymphangite. Belladone au commencement, 
puis, après ou conjointement avec ce médicament, le mercure 
m’ont rendu de très grands services. L’emploi du froid et les 
frictions d’onguent gris mo paraissent inefficaces. La position 
élevée du membre est indiquée. Après la cessation de la lym¬ 
phangite, il faut évidemment employer une autre médication, 
pour faire diminuer le gonflement qui persiste au pied ou à la 
main. 

La compression avec des bandes do flanelle est très recom¬ 
mandable. Quant aux remèdes internes, Kafka préconise : 
phosphore , silicea , sepia et graphites . J’ai grande confiance 
en silicea. Maylânder recommande kal . chlorat. à l’intérieur 
et à l’extérieur. Je n’ai aucune expérience pour le traitement 
de cette affection, mais en revanche, je dois dire quelques 
mots de Y éléphant iasis nostras . Cette maladie, dont le pro¬ 
cessus est le même que celui de Y éléphant iasis, ce qui sou¬ 
vent les a fait confondre, a son germe non dans les lympha¬ 
tiques mais dans des périphlébites répétées, avec des tumeurs 
variqueuses aux jambes, avec ou sans ulcérations. Il y a éga¬ 
lement d énormes gonflements du tissu conjonctif, qui 
déforment complètement les membres. Pour le traitement de 
ces affections, je pars de ce point qu’il faut faire cesser 
le plus vite possible la stase veineuse qui en est la cause pre¬ 
mière. Dans ce but j’ai administré carduus et hamamelis 
et avec des résultats très satisfaisants ; j'ai vu des jambes 
énormes reprendre leur forme naturelle. J’employai égale¬ 
ment toujours la compression avec les bandes de flanelle. 


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— 217 


J’en arrive maintenant à Y atrophie de la peau . 

Un exemple d’atrophie de toute la peau, c’est l’atrophie 
sénile, et celle qui se montre dans les maladies graves. 

Une atrophie partielle peut se produire par la compression 
extérieure ou intérieure. Par une compression extérieure le 
corps papillaire souffre, et l’épiderme s’amincit ; par la com¬ 
pression interne, dans le cas, par exemple, de grossesse ou de 
tumeurs, les parties intérieures de la peau sont comprimées, 
surtout les glandes, et l’épiderme, sans se détruire, change de 
place. Dans ces cas,- comme dans l’atrophie sénile, on trouve 
souvent un pityriasis, qui provient non seulement de l’épi¬ 
derme, mais de l’atrophie des glandes, et de la sécheresse de 
la peau entraînant après elle la desquamation. 

La pigmentation de la peau peut également faire défaut 
eu totalité ou en partie, de sorte que ces individus ont l’air 
tachetés. On ne connaît pas la cause de cette anomalie. 

L 'atrophie des follicules pileux , qui se montre dans la 
vieillesse, produit les calvities, et comme un organe atrophié 
ne peut plus se reproduire, ces calvities sont incurables. 

11 n’en est pas de même dans les cas de defluvium capil- 
lorum survenant à la suite de maladies graves. Dans ces cas 
il n’y a pas d’atrophie, mais seulement un arrêt dans la faculté 
de reproduire, de sorte qu’une fois que la maladie est guérie, 
les cheveux repoussent. 

Je dois encore citer Yalopecia circurnscripta qui dépend 
également d’une lésion des follicules pileux. Sur certaines 
places de la tête, plus rarement de la barbe, les cheveux 
tombent, après setre quelquefois fendillés, et cela sans que 
l’on puisse rien remarquer d’anormal à la peau. Il y a des 
plaques chauves au milieu d’une chevelure exubérante. Après 
quelque temps, les cheveux repoussent. La cause de cette 


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— 218 — 


affection est obscure; jusqu’à présent on n’a pas découvert 
de parasites végétaux. 

La chute des cheveux, donnant lieu au favus et à Yherpes 
tondcnSy n’appartient pas à cette maladie, elle est causée par 
des parasitos. 

J’ai dit tantôt que les calvities étaient incurables ; il n’en 
e^t pas de même du defluvium capillorum et de l’alopecia cir¬ 
curnscripta, qui, à côté du traitement de la maladie causale, 
ont leur traitement propre. Les lavages alcalins si connu* 
ont un certain renom pour les suites de ces affections. 

Pour la chute des cheveux dépendant d’un abus de mer¬ 
cure , on prescrit aurum . Quoique cette affection souvent 
reconnaisse pour cause la syphilis, Y aurum est donné coramo 
médicament de fond, c’est-à-dire contre l’empoisonnement 
par le mercure . 

Jahr prescrit le phosphore dans le cas de plaques isolées. 
Ces indications ne sont pas à imiter. 

Il n’y a rien qui prouve que ce médicament porte son action 
sur l’area celsi, sur le favus ou l’herpés tondens. A une autre 
page je trouve que graphites convient pour les places chau¬ 
ves, qui sont très lisses, et phosphore quand la peau est 
recouverte de squames. Le premier remède conviendrait à 
l’area celsi, le second serait pour les processus inflamma¬ 
toires do la peau avec chute des cheveux ou pour l’herpès 
tondens. D’après moi le traitement interne contre le favus et 
l’herpès tondens est sans résultat. Il est loin d’être démontré 
également que Y acide phosphorique ait une action contre le 
grisonnement des cheveux chez de jeunes personnes. 

(Dans un cas d’alopécie circonscrite do la barbe existant 
depuis des années et qui gran lissait, au point d’avoir la dimen¬ 
sion d’un thaler, j’avais employé tous mes remèdes externes, 
mais sans résultat. La peau à cette place paraissait normale 
et unie, était très douce et molle, peut être par suite de la 


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chute des follicules. On conseilla de frictionner la place avec 
de l’alcool pur et fort. Après quelque temps, de petits poils 
repoussèrent, et aujourd’hui toute la place jadis chauve est 
recouverte comme le restant de barbe. Il est vrai que der¬ 
nièrement je découvris à peu près à un centimètre de l’an¬ 
cienne plaque, une petite place chauve, qui est traitée comme 
l’autre. D r Siilzer.) 

Nous arrivons maintenant aux processus inflammatoires 
de la peau , c’est-à-dire aux maladies comprises sous le nom 
générique à'éruptions cutanées et qui ont ce caractère com¬ 
mun de présenter un exsudât du derme ou de l'épiderme ou 
des deux réunis. 

Selon le siège de cette exsudation et son degré d’intensité, 
les éruptions prennent différents noms : érythème, vésicules, 
bulles, pustules, papules et squames. 

L 'érythème constitue le degré le plus léger de l’inflam¬ 
mation sans formation de vésicules. 

Anatomiquement elle est constituée par une hypérémie du 
corps papillaire et surtout du tissu conjonctif sous-jacent avec 
infiltration séreuse. Après la disparition de l’érythème, l’épi¬ 
derme tombe habituelbment, preuve qu’il a été séparé de son 
terrain nourricier par une exsudation du derme qui toute¬ 
fois n’était pas assez intense pour soulever l'épiderme sous 
forme de vésicules. 

Les causes de l’érythème sont les mêmes que celles qui, 
dans des cas légers, produisent l’hypérémie : la chaleur, les 
irritations mécaniques ou chimiques. A cette classe appar¬ 
tiennent Yintertrigo, le décubitus ; Yérythema laeve , qui 
se développe dans les cas d’hydropisie avec tension très fortî 
de la peau. L’érythème se montre également par l’action 
irritante de certains liquides sur la peau : l’érythèmo de la 
lèvre supérieure dans le cas de coryza, celui des joues suite 
de blennorrhée de la conjonctive, celui du prépuce et des 
bourses dans l’incontinence d’urines. 


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— 220 — 


Enfin, il y a encore un érythème qui se montre sans cause 
connue, sporadique, à évolution cyclique, avec grande ten¬ 
dance aux récidives périodiques. Dans d’autres lieux, par 
exemple à Constantinople et à Paris, on a souvent remarqué 
de vraies épidémies de cette affection. 

Si Térythème est du à une cause locale, on voit survenir 
une rougeur superficielle, qui devient douloureuse par la 
pression et prend une teinte jaunâtre. Aussitôt que la com¬ 
pression cesse, la couleur rouge reparaît. 

Si la cause disparaît, l’inflammation cesse de suite ; si elle 
persiste, au contraire, d’autres complications peuvent surgir. 
L 'erythema solare devient un eczéma solare ; si l’inflam¬ 
mation est plus forte encore, il y a production de vésicules, 
le décubitus peut amener la gangrène. 

Vérythème spontané se montre toujours sur la face dor¬ 
sale des mains et des pieds. Il peut exister également sur 
d’autres points des extrémités, même du corps, mais jamais 
sans coexistence sur les parties précitées. Il y a en même 
temps que la rougeur un léger gonflement . Sur cette base se 
montrent parfois de petites taches d’un rouge foncé ou bleu⬠
tres. Sensation de chaleur et douleur avec quelques s} r mp- 
tômes fébriles. A cet érythème on a donné le nom d epapu- 
losum ou tuberctUosum ; il dure de huit à quinze jours. 

Mais l’évolution n’en est pas toujours aussi rapide ; souvent 
elle dure des semaines. Il arrive aussi que l’affection se 
guérit au centre et que sur la périphérie il se développe de 
nouvelles indurations. De là les divisions de Xérythème en 
circinatum , iris ou numulatum , gyratum , qualificatifs qui 
s’ajoutent à différentes espèces d’affections cutanées et 
désignent non pas des affections spéciales, mais seulement des 
manières d’être d’une même affection. 

L 'erythema nodosum se différencie complètement des 
variétés citées plus haut et secaractérise par des infiltrations 


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— 221 — 


circonscrites dans le derme avec extravasation sanguine, qui 
laissent sentir sous la peau des nœuds arrondis et plus ou 
moins gros, douloureux au toucher et légèrement rouges à la 
superficie. 

Successivement le rouge passe au violet, au bleu ; au vert 
et au jaune comme lors de toute suggillation. Il y a aussi 
desquamation de l’épiderme quand l’affection est guérie. 
Elle dure de 8 à 15 jours, est toujours accompagnée d’un 
grand malaise avec fièvre qui force les malades à garder le 
lit. 

Elle siège habituellement aux membres inférieurs et aux 
parties génitales, plus chez la femme que chez l’homme. 
Dans ce dernier cas la durée de la maladie n’est pas limitée, 
surtout quand il se développe de nouvelles indurations. 

Quant au traitement de cette maladie, il est évident qu’il 
faut d’abord faire disparaître la cause productrice autant que 
possible. Extérieurement quand les douleurs sont cuisantes 
on peut appliquer de l’eau de Goulard, ou simplement de l’eau 
froide ; dans l’intertrigo on saupoudre les parties atteintes au 
moyen d un corps isolant tel que lycopod. avec ou sans 
addition de fleurs .de zinc. On peut également interposer entre 
les parties atteintes des coussinets d’ouate enduite de pom¬ 
made de zinc; dans le décubitus on emploie des coussins de 
caoutchouc ou une peau de chevreuil (je recommande 1 les 
coussins en balle de millet ainsi que l’application de la lano¬ 
line dans le décubitus. D* S.). Quant aux régions qui sont 
mouillées par des sécrétions irritantes, on les protège au 
moyen d’un corps gras, qui, malheureusement, n’est souvent 
pas d’une grande utilité. 

Dans le cas d’intertrigo intense, ce qui m’a le mieux 
réussi, ce sont de très minces bandes phéniquées à 1/2 pour 
cent. Dans Yerythema papulosum et nodosum des com¬ 
presses trempées dans l'eau froide. 


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— 222 — 


Ici se pose la question de savoir ce que Ton peut obtenir 
par un traitement interne ; y a-t-il tnoyen de guérir par 
des médicaments internes un érythèmeproduit par une exc : - 
tation permanente, dont la cause ne peut être enlevée com¬ 
plètement, parexemple flans l’interlrigooù lesremèdes externes 
no peuveut empêcher le frottement que partiellement. Cela 
peut paraître invraisemblable, mais je me demande pourquoi, 
quand on peut guérir un érythème par des moyens externes, 
par exemple l’eau blancho, alors que la cause irritante persiste, 
ne le pourrait-on par des médicaments internes ayant pour ac¬ 
tion défaire cesserTinflammation cutanée. Eten première ligne 
vient le mercure et la bellad . Si les douleurs sont brûlantes, 
on prescrit Y arsenic et dans le cas d’intertrigo chez les en¬ 
fants chamom. et sulfar . 

N’oublions pas non plus lycopodium , qui a une action 
spéciale sur la peau, et que les empiriques prescrivent non 
sans raison. Je l’ai souvent donné dans l’intertrigo des enfants 
et cela avec succès. Apis est également recommanlé dans le 
cas d’érythème. (Kali sulfur m’a Jo pluà souvent réussi, 
I) r S.) (Sulphur m'a surtout donné do beaux résultats 
!)«• W.). 

(A continuer .) Traduction du D r Chevalier. 


LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE 


par le D r Martiny. 

Teinture alcoolique de rhus toxicodendron dans le traitement du 
rhumatisme chronique. — Le docteur John Auldc, professeur de clinique 
au Collège médico-chirurgical de Philadelphie, a étudié depuis quelques 
années les propriétés thérapeutiques du r/iùs toxicodendron, variété de 
sumac très vénéneuse, avec le concours de plusieurs autres médecins. Il 
en a retiré de bons effets dans le traitement des affections rhumatismales 
chroniques. Dans son intéressant article, il a réuni un assez grand 


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— m — 


nombre de faits qui viennent à l'appui de sa manière de voir ; les deux 
suivants suffiront pour permettre de se faire une idée de ee qu'on peut 
obtenir du médicament en qnestion. 11 s'agit de deux malades traités par 
l'auteur, le mari et la femme, âgés de 65 à 70 ans. Le mari avait souffert, 
quarante ans avant le traitement nouveau, d'un rhumatisme inflamma¬ 
toire, qui était devenu chronique, et depuis longtemps il ne pouvait plus 
marcher qu’avec une canne ; il était d’ailleurs tellement raide d’une ma¬ 
nière générale, que, pour descendre par son escalier, il était obligé de se 
laisser glisser sur le dos. La femme était tourmentée par des souffrances de 
rhumatisme, raideur des articulations, douleurs dans les genoux, sensa¬ 
tions douloureuses fugitives dans les coups-de-pied, dans les pieds et dans 
les épaules. Le mari, sous l'influence du nouveau mèdicaident, a vu sa 
santé s'améliorer comme il ne l’avait pas éprouvé depuis plus de cinq 
ans et a pu reprendre la direction de ses affaires ; chez la femme, les dou¬ 
leurs ont cessé rapidement. 

Les faits nombreux que les confrères du docteur Aulde lui ont adres¬ 
sés, avec leurs commentaires, semblent démontrer que cet agent théra¬ 
peutique est précieux contre le rhumatisme chronique ; il est bien entendu 
qu il s'agissait de cas où tous les autres moyens connus avaient échoué, ce 
qui lui donne une valeur particulière. L'auteur ajoute qu’il est contre-in¬ 
diqué dans les cas aigus. U a été employé aveo des résultats fréquemment 
heureux, à part quelques insuccès, contre toutes les formes de rhuma¬ 
tisme chronique, la sciatique, certaines névralgies à teinte rhumatismale, 
la cystite, etc. 

Comme le rhus toxicodendron est très vénéneux, il importe d'adminis¬ 
trer ses préparations avec précaution. L’auteur l’emploie sous forme de 
teinture alcoolique, préparée d’après les prescriptions de la pharmacopée 
pour la confection des teintures des végétaux frais,soit 50 parties de feuil¬ 
les fraîches pour 100 parties d’alcool. La dose de cette teinture administrée 
en une fois ne doit pas dépasser une demi-goutte. Pour l'administration, 
on associe la teinture avec l'alcool dilué, dans la proportion de 1 partie 
de la teinture pour 9 parties d'alcool dilué ; de sorte que la dose à faire 
prendre est de cinq gouttes du mélauge, trois fois par jour. Il appartient 
au praticien d'augmenter ou de diminuer le nombre des doses suivant les 
ctfets produits. L’auteur pense, d'après ses expériences, que la plante 
perd par la dessiccation ses vertus thérapeutiques. 

Ce qui recommande cette médication et engage à la soumettre à l'expé¬ 
rience, ce sont ses effets signalés dans des cas rebelles à tous les autres 


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— 224 — 


agents thérapeutiques et l'action favorable que plusieurs praticiens lui 
accordent contre des raideurs articulaires très pénibles considérées comme 
incurables. (The therap. Gaz., 15 octobre 1889.) 

Ceci se passe de commentaires. Encore quelques décou¬ 
vertes pareilles et des doses semblables (1/2 goutte de 
teinture diluée) et nous serons d’accord. Il n’y aura plus 
d’allopathes — tous homœopathes, comme il n’y a plus 
aujourd’hui que des magnétiseurs, et voilà dix ans le magné¬ 
tisme était, d’après les médecins officiels, une duperie indigne 
d’un homme de science. 

Dr MaRTINY. 


SOMMAIRE 

Association centrale des homœopathes belges. Séance 

du 8 octobre 1889.. . 193 

Les calmants, les hypnotiques, les purgatifs et les 
antithermiques, par le Dr Martiny .... 193 

Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph” et le D r Léon 


Seutin, à Bruxelles.209 

Les maladies de la peau (Suite). Traduction du D r Che¬ 
valier, de Charleroi.215 

Les larcins de l’allopathie, par le Dr Martiny . . . 222 


Le bureau de la Revue homéopathique belge est transféré 
de la rue Belliard, 61, à la rue d'Aelon, 69, coin de la rue 
Belliard. 


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REVUE HQMŒOPATHIQUE BELGE 

16* Année. NOVEMBRE 1889. N° 8. 


CONGRÈS INTERNATIONAL D’HOMŒOPATHIE 

Nous ûe pouvons donner dans ce journal un compte rendu 
in extenso du Congrès tenu à Paris, auTrocadèro, les 21, 22 
et 23 août. D’ailleurs le rapport complet sera publié, et nous 
nous bornerons à en esquisser les lignes principales. La pre¬ 
mière séance a eu lieu le mercredi 21 août, à 10 heures du 
matin, et était présidée par le D r Léon Simon père, président 
de la Commission préparatoire, lequel, après avoir souhaité 
la bienvenue aux membres présents, a, dans son discours, 
donné un aperçu des mémoires adressés à la Commission. Le 
Secrétaire de cette Commission, le D r Marc Jousset, a rendu 
compte ensuite des travaux préparatoires auxquels s’est 
livrée cette commission, et a soumis à l’approbation de 
l’Assemblée le plan d’après lequel seront examinés et discutés 
les divers travaux. 

A la séance de l’après-midi, le même jour, M. le D' P. 
Jousset, nommé président à la fin de la séance du matin, a, 
dans une courte allocution, remercié les membres du Congrès 
de l’honneur qu’ils lui ont fait, et dit qu’il regardait cet 
honneur comme une récompense accordée & une existence 
consacrée à la défense de la vérité thérapeutique. Il fait re¬ 
marquer, entre autres choses, que ce Congrès montrera que* 
fidèle au caractère qui lui a été imprimé par son fondateur, 
l’Homœopathie repousse énergiquement tous les systèmes 
antiscientifiques qui cachent, sous son nom, des procédés de 
thérapeutique secrète et mystérieuse... 

La fin de cette séance a été surtout employée à la discus- 


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sion de la loi des doses , une des questions les plus ardues 
de l’homœopathie, et qui, du reste, est loin d’être fixée. La 
majorité des membres présents semble cependant se rallier 
au principe de remploi des médicaments omni dosi , suivant 
les indications. 

MM. les D rs P. Jousset et J. P. Tessier ont ensuite lu des 
travaux contradictoires sur hs rapports de la doctrine mi¬ 
crobienne avec la thérapeutique homœopathique. 

La séance du jeudi 22 août a été consacrée a la discussion 
d’un mémoire du D r Yillers, do Dresde, sur l 'ataxie loco¬ 
motrice; d’un travail du D r Parenteau sur Yiritis et Yirido- 
choro'idite; d’une communication du D r Daniel Serrand sur 
un cas de diphthérie guéri par le cyanure de mercure à la 
2 f trituration. À propos de ce travail, une importante discus¬ 
sion s’ouvre sur la diphthérie , à laquelle prennent part le 
D r Beck, lequel raconte dans des ternies très émouvants, la 
guérison obtenue par lui à Laide de la G c dilution de cyanure , 
sur le D r Villers alors enfant, et présent au Congrès, le D r de 
Brasol, de Saint-Pétersbourg, le D r Love fils, le D* Marc 
Jousset, le D r Royer, etc... 

Enfin, dans la séance du vendredi 23 août, le Congrès, à 
propos d’un travail de notre confrère, M. le D r Gaillard, de 
Bruxelles, sur la monopharmacie,ouvre une discussion impor¬ 
tante sur Y alternance des médicaments . Nous sommes heu¬ 
reux de constater que l’alternance, que nous considérons depuis 
longtemps comme un progrès dans la thérapeutique, a trouvé 
d’ardents défenseurs parmi les membres présents. Dans le 
travail que mon ami le regretté D r Bernard, de Mons, et moi 
avons envoyé au Congrès do Londres, la question de l’alter¬ 
nance a été examinée à tous les points do vue ; toutes les 
objections y ont été prévues et discutées. C’est en réalité à 
l’expérience clinique seule à décider et à résoudre les questions 
suivantes: l°Guérit-onmieux en employant deux ou plusieurs 


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— 227 — 


remèdes alternés à intervalles relativement courts, qu’en 
administrant les mêmes remèdes les uns après les autres, 
lorsquel’un d’eux paraît avoir épuisé son action ou que l’indica¬ 
tion de l’un d’eux a cessé d’exister ; 2° L'alternance de deux 
ou plusieurs médicaments n’a-t-e’le pas pour effet de stimuler 
l’action spéciale de ces remèdes au point que l’on obtient par 
leur alternance seule une action curative qui ne surviendrait 
pas si l’on administrait ces remèdes selon l’ancienne méthode ? 

On le voit, c’est aux faits, et aux faits seuls, à résoudre la 
question de l’alternance ; eb bien, les faits semblent donner 
raison à ses partisans : d’abord il y a peu de médecins prati¬ 
ciens qui n’emploient pas l’alternance, et même parmi ceux-ci 
il y en a qui, opposés en principe à l’emploi alternatif de plu¬ 
sieurs remèdes, ont été obligés d’avouer que l’alternance 
réussissait là où l’ancienne manière de faire paraissait échouer; 
nous avons rappelé ces aveux probants dans notre mémoire 
du Congrès do Londres. Nous employons personnellement 
l’alternance depuis longtemps et nous croyons pouvoir assu¬ 
rer, après de nombreux essais dans un sens et dans l’autre, 
que l’alternance des médicaments développe singulièrement 
leur action ; en stimulant l’organisme, tantôt dans un sens, 
tantôt dans l’autre, elle semble réveiller la force de réaction 
de l’organisme malade, à la façon des douches alternative¬ 
ment froides et chaudes; nous sommes donc, expérimenta¬ 
lement parlant, autorisé à confirmer les conclusions de notre 
mémoire, à savoir que dans l’immense majorité des cas l’al¬ 
ternance des médicaments réalise d’une façon plu3 complète 
le grand desideratum de la thérapeutique : cito, tuto, 
jucunde. 

Après celte discussion sur l’alternance, l’Assemblée en vint 
peu à peu à examiner la question des médicaments com¬ 
plexes et de Yélectro-homœopathie. M. le D r Léon Simon, 
père, résume cette question dans un discours éloquent, et 


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— 228 — 


déclare, dans sa péroraison, que l’homœopathie complexe 
n’existe pas, attendu que l’on ne connaît nullement Yaction 
pure de médicaments ainsi mélangés, par la raison qu’ils 
n’ont pas été auparavant expérimentés sur l’homme sain. 
Employer de tels médicaments est faire de l’empirisme pur. 
En fin de compte, sur la proposition du Président, on vote 
à l’uhanimité la proposition suivante : 

« Les membres du Congrès international d'Homœopa- 
thie, considérant que l’Electro-Homœopathie consiste 
dans l’administration de médicaments complexes, qui 
n’ont pas été expérimentés sur l’homme sain sous cette 
forme, et dont la composition et le mode de préparation 
ne sont pas exactement connus, condamnent cette doc¬ 
trine et déclarent qu'elle n'a aucun rapport avec l’Ho- 
mœopathie. » 

On le voit, le Congrès a été très carré dans son jugement 
sur l’électro-homœopathie et il a eu raison ; pour que celle-ci 
puisse avoir sa place marquée dans la science il faudrait au 
préalable qu’elle dévoilât complètement la composition et la 
préparation de ses remèdes ot que ceux-ci aient été expéri¬ 
mentés sur l’homme sain, pour connaître leurs véritables 
pathogénésies ; tant que ces conditions ne seront pas rem¬ 
plies, on ne peut faire autrement que de rejeter l'homœopa- 
thie complexe, quoique ses remèdes soient donnés & petite 
dose et que leur préparation, du moins d’après le peu que nous 
en connaissons, serapproche'des manipulations recommandées 
par Hahnemann ! Les èlectro-homoeopathes prétendent avoir 
découvert un procédé spécial de préparation des remèdes, 
ils attribuent à la macération plus ou moins prolongée et 
aux conditions spéciales dans lesquelles celte macération a lieu 
une grande influence ; ils prétendent qu’ils arrivent ainsi à 
mieux mettre en évidence le principe curatif des remèdes; ils 
citent à l’appui do leur dire une série de faits connus. Mais ils 


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— 229 — 


ont le très grand tort de ne pas décrire complètement les mani¬ 
pulations qu’ils déclarent faire subir à leurs médicaments, de 
manière à ce que tous les médecins et tous les pharmaciens 
puissent préparer leurs remèdes. Cette manière de faire, sans 
permettre le contrôle scientifique, doit faire rejeter leur 
méthode des sociétés scientifiques. 

Et quand bien même les faits tendraient à démontrer que 
les remèdes complexe3-homœopathiques guérissent parfois, 
lorsque les autres échouent, ils resteront toujours dans la 
catégorie des remèdes plus ou moins secrets. 

Il n’en serait pas tout à fait de même, nous venons de le 
dire, si le médecin qui recommanderait des remèdes composés 
avait soin d’indiquer la composition et la préparation exactes 
de ses médicaments, de manière à ce que ceux-ci puissent 
être préparés par tous les médecins ; il ne manquerait alors 
& ces remèdes que l’expérimentation sur l’homme sain, car 
l’expérience ab usu in morbis n’est pas suffisante ; c’est donc 
une véritable lacune à combler, mais qui n’empêcherait peut- 
être pas précisément un véritable homœopathe de se servir de 
ces remèdes si leur composition était parfaitement connue, 
et si l’expérience prouve qu’ils réussissent parfois lorsque les 
autres remèdes ont échoué. En effet, parmi nos remèdes, n’en 
est-il pas plusieurs qui pourraient à la rigueur être considérés 
comme des remèdes composés ? D’abord les médicaments for¬ 
més de deux corps simples, tels que le sulfure de chaux , 
1 ’iodure d’arsenic, etc. ; ensuite les teintures des plantes 
lesquelles contiennent tous les principes de ces plantes; enfin 
citons aussi les eaux minérales qui sont de vrais remèdes 
complexes et qui produisent tant de guérisons. 

Nous pensons donc que les remèdes homœopathiques com¬ 
posés, pourvu que leur composition et leur mode de préparation 
soient connus, ne devraient pas être absolument rejetés, si 
t’expérience prouvait qu’ils ont une action plus prononcée le 


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230 — 


/ 


plus précise que les autres ; il serait même alors désirable 
que Ton s’entendit pour étudier complètement leur action sur 
l'homme sain afin d’avoir un guide pour Iss employer avec 
plus ou moins de précision chez l’homms malade. 

La tradition clinique a pourtant une certaine valeur dont 
on ne doit pas toujours faire fi, et lorsque la pathogénésie 
d’un médicament n’est pas bienfaite, cequi se présente parfois, 
il faut bien alors se borner à l’expérience dans les maladies. 

Malheureusement ces remèdes complexes sont pour la plu¬ 
part créés tout d’une pièce par ceux qui les recommandent, 
un peu au hasard, sans ordre ni méthode, et souvent ils 
contiennent un trop grand nombre de remèdes pour qu’on 
puisse se former une idée, même approximative, de leur action 
possible. 

Néanmoins, nous venons de le dire, l’expérience clinique 
a une valeur réelle et les eaux minérales, par exemple, dont 
l’action merveilleuse est incontestable et incontestée, sont 
en réalité des remèdes complexes que nous employons, nous 
homœopathes, d’après la tradition clinique, plutôt que comme 
conséquence d'une expérimentation pure proprement dite. 

Quand nous envoyons à Carlsbad, par exemple, un malade 
atteint d’engorgement du foie, c’est bien plus parce que l’ex¬ 
périence clinique a appris que Carlsbad est très utile dans ces 
engorgements que parce que l’expérimentation pure a prouvé 
que l’emploi de l’eau de Carlsbad produit des engorgements du 
foie chez l'homme sain. 

L’hydrothérapie, si fréquemment appliquée par les homœo¬ 
pathes, est plutôt conseillée à la suite de l’expérimentation 
clinique que d’après l’expérimentation faite sur l'homme sain. 

Il en est de même du massage, de l’électricité, do la gym¬ 
nastique, etc., etc. En un mot s’il faut, scientifiquement 
parlant, se garder d’employer des remèdes complexes dont 
la composition et la préparation sont plus ou moins secrétes, 


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on peut parfois, lorsque les autres moyens échouent, essayer 
des remèdes autres que ceux qu’employaient les homœopathes 
de la première heure, pourvu toutefois que leur composition 
et leur préparation aient été dévoilées et soient bien 
connues. » 

Voici, du reste, l’opinion de notre confrère le D r Schepens, 
de Gand au sujet de la question ; il répond à quelques obser¬ 
vations que nous lui avions communiquées au sujet de l’ho- 
mœopathie complexe : 

« Je suis heureux d’apprendre que tu portes ton attention 
sur l’homœopathie complexe qu’on a positivement « exécutée » 
au Congrès homœopathique de Paris. 

« Il est évident que quand Hahncmann proclamait le principe 
de l’unité du médicament en faco de la polypharmacie qui 
régnait à cette époque, il a bien mérité du progrès des sciences 
médicales, parce que l’unité du médicament avait commo 
corollaire l’étude consciencieuse du même médicament et son 
application avec une exactitude quasi mathématique. 

« Mais quant à la question de savoir si un médicament unique 
aurait suffi toujours à tous les besoins, c’était là une affirma¬ 
tion théorique que l’observation clinique pouvait seule con¬ 
firmer ou infirmer. Un siècle s’est bientôt écoulé depuis cette 
époque et,pour un observateur impartial,la question n’est pas 
résolue : une partie des médecins homœopathes, fidèles aux 
principes comme aux erreurs du Maître, n’emploient que des 
dilutions élevées (30*) et un seul médicament à la fois ; ils se 
prétendent seuls de véritables homœopathes. Une autre frac¬ 
tion, que je crois la plus nombreuse, emploient toutes lesdilu- 
tions depuis les plus basses jusqu’aux plus élevées et alter¬ 
nent deux ou plusieurs médicaments et se disent tout aussi 
homœopathes que les premiers, se basant même sur certaines 
prescriptions du Maître. Enfin il existe une troisième série 
de médecins qu’à tort, selon moi, on voudrait exclure de 


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— 233 — 


l’école homœopathique qui, non content d’alterner les médi? 
caments, les mélangent et prétendent encore en cela avoir 
été approuvés par Hahnemann. 

< L’observation clinique seule dira où est la vérité et où est 
l’erreur ; on prétend — co qui est vrai — qu’il faudrait 
étudier chaque mélange sur l'homme sain ; mais avons-nous 
donc étudié chaque alternance ? Et cependant je ne crois pas, 
qu’à part quelques purs peut-être, on ait lancé contre nous 
l’excommunication majeure. Suivons donc avec intérêt toutes 
163 expériences cliniques, même celles des homœopathes 
complexes qui dévoilent la composition de leurs, remèdes et 
essayons nous-mêmes au besoin le mélange de plusieurs 
médicaments dans certains cas absolument rebelles au trai¬ 
tement ordinaire : la vérité sortira de ces expériences bien 
plus sûrement que des délibérations d’un Congrès. 

« Il est évident que dans les lignes qui précèdent, je n'en¬ 
tends nullemont justifier l’emploi des remèdes secrets de. 
Mattéi et de l’électro-homœopathie, et que je fais seulement 
mes réserves quant à l’utilité possible du mélange des médi¬ 
caments homœopathiques. » 


Le tabac (1) 

par MM. Em. Seutix, Ph n et le D r L. Seütin, à Bruxelles. 

Le mal que lo tabac fait partout est grand, d’autant plus 
grand qu’il s’attaque à des populations plus sensibles, plus 
impressionnables : ah! il est temps, si l’on ne veut pas que 
le mal soit incurable, qu’il se produise une grande et éner¬ 
gique action contre le tabac. 

11 fautde toute nécessité qu'il soit arrêté dans sa marche pro¬ 
gressive et toujours envahissante. On peut le dire, et on doit 

(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, pp. 9,40,73,109,136, 
169 et 209. 


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— 233 — 


lô déplorer, c’est qu’il a successivement soumis à sa puissance 
et à sa domination toutes les classes de la Société. L’enfance 
elle-même, qu.’il paraissait jadis vouloir respecter, est elle- 
même envahie puisquo l’on voit aujourd’hui beaucoup d’en- 
fants fumer, et ils ne peuvent le faire sans porter non seule-: 
ment les plus cruelles atteintes à leur santé, mais aussi à 
leurs facultés morales et intellectuelles. Il en est même un 
certain nombre d’entre eux qui en deviennent les tristes vic¬ 
times. On lit dans la Revue des journaux un cas de mort, 
par la fumée du tabac. 

Un enfant de 13 ans avait quitté la maison de bonne heure, 
étant bien portant, et après avoir fait un bon repas. Ce fut 
après le repas qu’il se mit à fumer quelques cigarettes. Il 
devint peu à peu très pâle et indisposé, des selles abondantes 
et des vomissements se produisirent et puis surgirent des 
convulsions, des spasmes toxiques et choréiques ; la peau de 
tout le corps était pâle et froide,conjonctive insensible au tou¬ 
cher, la pupille contractée faiblement; la respiration était 
faible et stertoreuse, le pouls petit, intermittent et irrégulier, 
puis il eut une syncope. Un médecin fut appelé, qui pratiqua 
une injection d’éther. Une légère amélioration se produisit, 
mais qui ne persista pas, malgré de nouvelles injections l’en-: 
fant mourut six heures après le début de l’empoisonnement. 

Voilà donc un enfant de 13 ans, et qui jouissait d’une excel¬ 
lente santé ; le voilà précipité dans la tombe, pour ayoir 
aspiré la fumée délétère du tabac. Ah ! qu’ils sont nombreux 
les faits identiques qui se produisent trop souvent et qui vien¬ 
nent jeter la douleur et le désespoir dans les pauvres familles! 
Nous le demandons, de tels faits ne soht-ils pas de na¬ 
ture à décider tous les gouvernements à prendre des arrêtés 
qui défendraient aux enfants de fumer avant l’âge do lô à 
• 17 ans révolus? 

Ce serait là une Ipi protectrice, et vraiment tutélaire à 


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— 234 — 


l’égard de3 enfants et dos adolescents. Comme nous l’avons 
dit déjà, l’Etat de Connecticut (Etats-Unis, Amérique) vient 
de la prornulg'er cetts loi ; en posant un acte aussi utile que 
bienfaisant, il a donné un noble et précieux exemple qui sera 

t 

suivi universellement par tous les Etats tant soit peu soucieux 
do l’avenir do la jeunesse, de cette jeunesse si intéressante, 
puisque c’ost sur elle que reposent les destinées futures! Nous 
avons parlé déjà de la Société antitabagique de France, 
dont le conseil d’administration est composé non seulement 
d’hommes d’élite, mais d’hommes animés des plus nobles et 
des plus généreux sentiments de philanthropie et d’humanité. 
Cette société a pour Président l’éminent M. Decroix et 
c’est sous son habile direction, qu’elle fait aujourd’hui les dé¬ 
marches les plus sérieuses, les plus actives pour obtenir du 
gouvernement français une loi qui défende de fumor aux en¬ 
fants et aux adolescents. Leurs efforts seront-ils couronnés 
par le succès ? Déjà nous avons exprimé nos craintes à ce 
sujet, surtout à cause de la régie, mais les motifs qui récla¬ 
ment une loi répressivo ont une telle importance, ils sont 
si justifiés, puisqu’il s’agit de soustraire la jeunesse aux 
effets désastreux de cette plante néfaste. Elle la subit .depuis 
trop longtemps déjà et il est bien temps qu’on y apporte un 
remède efficace: le remède, c’est la loi prohibitive.de défense, 
qui est réclamée par la Société antitabagique. Le gouverne¬ 
ment fera-t-il bon accueil à sa demande si légitime et si jus¬ 
tifiée? Espérons-le, espérons encore que sa décision ne sera 
dictée que par le3 sentiments du plus pur patriotisme. Ah! 
ces nobles, ces généreux sentiments, que demandent-ils si ce 
n’est le relèvement de la France? Mais ce relèvement sera- 
t-il possible de l’obtenir, si on continue à la laisser assujettir, 
dominer, engourdir, énerver par cette fatale plante? N’y a- 
t-ilpas d’ailleurs une considération péremptoire, qui ne permet 
plus au gouvernement de la France la moindre hésitation ? 


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— 235 — 


Cette considération, elle so repose toute entière snr la certi- 
tudo où il se trouve, que lo tabac est trop souvent déjà nuisiblo, 
pernicieux aux jeunes gens faits et aux hommes adultes, 
combien dès lors, ne doit-il pas l’être davantage, quand il 
s'attaque aux adolescents et surtout aux enfants? Ils doivent 
on être les malheureuses victimes, car comment de tendres, 
de jeunes et de fragiles organisations pourraient-elles résister 
à ce cruel ennemi ? 

Puisque nous parlons de la triste influence du tabac sur 
les enfants, rapportons ici encore un fait que nous puisons 
au milieu de beaucoup d’autres. Que messieurs les fumeurs 
sachent bien tous les dangers qu’ils font courir aux personnes 
de leur famille, mais surtout aux enfants quand ils n’hésitent 
pas à transformer leur demeure en une fétide et nausèouse 
tabagie. Voici ce fait : La famille de M. X... avait eu le mal¬ 
heur de perdre déjà deux enfants, les deux aînés, une petite 
fille_de six ans et demi et un petit garçon do cinq ans : ces 
pauvres enfants n’avaient jamais joui d’une bonne santé; 
tous les deux étaient d’une grande pâleur, et, loin de se for¬ 
tifier, ils s’étaient étiolés, atrophiés et après de trop longues 
souffrances, ils avaient succombé, d'après le diagnostic du 
médecin qui les soignait, à une fièvre de consomption. Deux 
enfants plus jeunes leur restaient, l’un de trois ans et demi, 
un petit garçon,et une autre petite fille d’un an et demi. Déjà 
ils portaient sur leurs visages décolorés les symptômes et les 
stigmates qui étaient de nature à faire présager qu’ils succom¬ 
beraient à la même affection qui avait emporté les deux 
aînés. 

Dans cette triste occurrence, on eut recours à un autre mé¬ 
decin. La première fois qu’il pénétra dans cette demeure, il fut 
frappé de l’odeur tabagique et nauséeuse qui s’en exhalait de 
partout. En effet, le maître de la maison était un fumeur pas¬ 
sionné ; il n’y avait pas de tabagie dans cette demeure, mais 


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— 236 — 


toute la maison en tenait lieu, et jusqu’à la chambre de ses 
petits enfants n’était pas même respectée ! 

Le médecin habituel de cette malheureuse famille aimait 
aussi beaucoup trop le tabac, et le vif amour qu'il lui portait 
ne lui permit pas d’apprécier et de reconnaître la vraie cause- 
de la maladie des pauvres enfants. Le nouveau médecin ne 
s’y trompa pas, car lui-même avait failli en être une triste 
victime (l),et il en connaissait donc toutes les propriétés délé¬ 
tères; aussi il n’hésita pas à déclarer qu’il considérait la fumée 
nicotique comme l’unique et vraie cause de la maladie des 
enfants ! Que c’était elle encore qui avait précipité dans la 
tombe les deux aînés, et que les deux autres partageraient le 
même sort, si l’on ne s'empressait pas de les soustraire à un 
air aussi méphitique, aussi empoisonné. Il conseilla de partir 
immédiatement pour la campagne, de nourrir les enfants 
presque exclusivement de bon lait, et de leur prescrire les 
médicaments antinicotiques les mieux appropriés, et de ce 
nombre aconit, belladona, nux vornica, hyoscyamus, put- 
satilla, veratrumMtis surtout l’éloignement des émanations 
nicotiques. 

Ces conseils furent ponctuellement suivis, et, après neuf à 
dix jours déjà, on pouvait constater chez les deux pauvres pe¬ 
tits malades une amélioration sensible,et, après un mois ou six 
semaines de séjour à la campagne, ils étaient tout à fait bien 
et finiront par devenir de forts et robustes enfants ! 

La pauvre mère, qui avait été si cruellement éprouvée, et 
qui souffrait elle-même trop souvent de névralgies très dou¬ 
loureuses, les vit disparaître dès qu’elle fût soustraite à 
celte atmosphère empoisonnée, et dans laquelle elle avait 
vécu pendant tant d’années. 

Quant au père, en voyant ses chers enfants revenir à la 

(1) Qu'ils sont nombreux les médecins qui fument, et qui fument même en en 
faisant le plus triste abus 1 


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— 237 — 


vie, presque ressuscités, en voyant son épouse délivrée de ses 
pénibles souffrances, en se voyant lui-même tout à fait guéri, 
par l'abstention du tabac, d’une affection du coeur qu’il portait 
depuis longtemps déjà et qui n’avait fait que s’aggraver sous 
l’influence des médicaments prescrits, oh! alors, il ne douta 
plus que le tabac fût bien la cause unique de toutes les misè¬ 
res qui étaient venues fondre sur sa malheureuse famille. 
Aussi, dès cet instant, il jura de ne plus fumer et resta fîJèlo 
à son serment. Depuis lors, plusieurs années se sont écou¬ 
lées, et plus jamais ni pipe, ni cigare, ni cigarette* n’ont 
effleuré ses lèvres. Il avait cependant une collection de pipes 
superbement. culottées dont il était fier et dont il faisait 
étalage. En oxpiation il les brisa ! Ses belles blagues à tabac, 
ses porte-cigares, ses magnifiques étuis, et tout le pompeux 
attirail du vrai fumeur, ne furent pas plus épargnés, car ils 
furent découpés, lacérés et leurs débris furent jetés dans le 
panier de rebut. Pour ne pas être exposé aux plus vives ten¬ 
tations, il cessa désormais de fréquenter les tavernes, les 
tabagies, les cafés, les cercles, en un mot tous lés lieux nico- 
tisés. Tout le temps qu’il leur consacrait autrefois, il le passe 
aujourd’hui au sein de sa famille, où il serait entièrement 
heureux Si un amer souvenir ne venait trop souvent l’assail¬ 
lir et lui rappeler la mort de ses deux chers enfants ! Il avait 
cependant une certaine consolation, c’est qu’il pouvait se 
dire qu’il avait agi inconsciemment, puisqu’il ignorait tout à 
fait que le tabac fût capable de produire des effets aussi désas¬ 
treux, aussi lamentables ! 

L’exemple que nous rapportons ici n’est-il pas de nature 
à faire réfléchir messieurs les fumeurs? Qu’ils le sachent bien, 
en se laissant aller & leur triste passion, ils nuisent non seu¬ 
lement très souvent à leur propre santé, mais nuisent encore 
à leurs facultés morales et intellectuelles: Que d’hommes 
éminents, que d’hommes remarquables à peine arrivés au 


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— 238 — 


milieu de leurs carrières qui paraissaient devoir être si belles, 
qui sont précipités dans la tombe, victimes de leur passion 
nic^tique ! Rien n’a pu le 3 arrêter, ni les conseils, ni les 
avertissements réitérés. Le tabac était leur dieu, leur idole ! 
Ils lui ont tout sacrifié, ils l’ont voulu, et ne peuvent accuser 
personne du malheur qui les frappa ; les jnsensés ! ils ont eu 
des yeux pour ne pas voir, dos oreilles pour ne pas entendre! 

Àh ! nous nous trompons, ils ont entendu une seule et uni¬ 
que voix, celle du dieu Petun, du dieu des Peaux-Rouges : le 
tabac.. Ils ont eu la faiblesse do se laisser séduire par ses 
nauséeux et délétères parfums, et ils devaient en être les tris¬ 
tes victimes ! Coupables, ils ont été punis; mais vous, bonnes 
mères, vous,tendres épouses, vous, faibles et intéressants en¬ 
fants, quel crime avez-vous commis pour mériter la triste 
existence qui vous est faite ? N’aviez-vous pas rempli tous les 
devoirs sacrés qui vous incombaient ? N’avioz-vous pas dés 
lors le droit de compter sur la reconnaissance du chef de la 
famille ? Ne devait-il pas à son tour vous entourer de toutes 
les sollicitudes, de toutes les affections ? 

Ah ! tous ces noble3, ces généreux sentiments qu’éprouve 
un vrai pore, il ne les connaît plus, ils sont pour lui comme 
s’ils n’existaient pas. Il les dédaigne et les foule aux pieds ! 
Le fumeur passionné n’a plus qu’une pensée,c’est- celle du ta¬ 
bac, du tabac qui n’a jamais su inspirer aux hommes que le 
plus révoltant égoïsme ; c’est cet égoïsme qui les pousse à 
transformer leurs demeures en de fétides et nauséeuses taba¬ 
gies,et c’est ainsi encore qu’ils obligent toute leur malheu- 
roaso famille, etjusqu’à leurs pauvres petits enfants, à vivre 
au milieu d’une atmosphère continuellement saturée des 
vapeurs de nicotine, qui est certainement l’un des poisons 
les plus redoutables qui ait été mis au pouvoir de l'homme, et 
qui se trouve dans la fumée du tabac, nous l’avons déjà dit 
et nous le répétons encore, dans les proportions de 7 p. c. Et 


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— 239 — 


voilà le milieu empoisonné dans lequel messieurs les fumeurs 
placent et obligent à vivre toutes les personnes qui devraient 
leur être les plus chères au monde ! N’est-ce pas là une con¬ 
duite insensée et contre laquelle viennent protester, et la 
prudence et, les sages prescriptions de l’hygiène ? Que nous 
dit, que nous recommande-t-elle cette hygiène ? De vivre et 
de respirer un air pur, et vous,messieurs les fumeurs, par un 
contraste étrange,inexplicable, vous imposez non seulement à ' 
tous les vôtres, maü aussi aux amis,aux connaissances,à tous 
ceux qui vous entourent, un air malsain, fétide et empoisonné! 
Les faits que nous avons cités et auxquels nous aurions pu en 
joindre des milliers d’autres, viennent prouver d’une manière 
évidente combien une atmosphère ainsi viciée peut avoir à 
la longue, sur toutes les personnes adultes, mais surtout chez 
les adolescents et les enfants,les conséquences les plus tristes 
et les plus lamentables ! 

$lais arrêtons-nous, car notre travail paraît prendre une 
étendue plus considérable que cellequo nousavionsl’intenlion 
de lui donner. Qu’il nous soit cependant permis d'ajouter 
qu'il est triste, bien triste, d’arrêter sa pensée sur tout ce que 
les hommes, et surtout les jeunes gens, perdent en santé, en 
morale, en intelligence par le 3 malheureux cigares et les 
tristes tuyaux do Ja pipe (1). 

Quant au capital immense dissipe en méchantes fumées, 
nous l’avons déjà dit, il constitue un chiffre énorme et désolant. 

Et pour peu que le tabac continue à progresser, n est-il pas 
à craindre de voir son usage se transformer en une habitude 
générale, universelle? Et qu’adviendra-t-il alors de toute 
cette société? Y trouvera-t-elle encore les hommes d’élite, 
d’intelligence, d’initiative dont elle a si grand besoin? Elle 
cherchera et demandera des hommes forts et valides, elle ne 

(1) lmb 'rt Gourbcyrc. Notice sur le tabac. 


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— 240 — 


les trouvera peut-être plus. Il ne faut pas se faire d’illusions, 
le tabac est la cause d’une véritable dégénérescence physique 
et intellectuelle. C’est du reste l'opinion d’un très grand 
nombre de médecins distingués. 

Oui, il y a là un danger réel, mais il serait bien plus grand 
si les femmes, mieux inspirées que les hommes, n’avaient eu 
le courage de résister à la fatale contagion de l’exemple. 

Mais ce qu’elles ont su faire dans le passé, sauront-elles 
le faire dans le présent, sauront-elles le faire encore dans 
l’avenir? Nous l’espérons et notre espérance ne sera pas trom¬ 
pée, car elles ne peuvent ignorer qu’elles n’ont pas d’ennemi 
plus cruel que le tabac, puisqu’il les menace dans leur fortune, 
dans leurs affections, dans leur dignité et jusque dans leurs 
devoirs ! Il faut donc, dans l’intérêt de l’humanité toute en¬ 
tière, que la femme reste à jamais l’ennemie irréconciliable 
du tabac (l). 

Nous savons qu’on peut nous répondre qu’il y a déjà des 
femmes d’un certain monde qui fument; nous le savons, mais 
qu’elles le sachent bien, ce n’est pas le tabac qui les réhabili¬ 
tera, ni qui pourra leur rendre estime, considération, hon¬ 
neur, qu’elles ont à jamais perdus. Il viendra seulement ajou¬ 
ter un sot ridicule de plus à toutes les excentricités qui les 
caractérisent. Mais nous n’avons pas à nous occuper de ces 
pauvres créatures. Les femmes, à qui nous nous adressons ici, 
sont celles vraiment dignes de ce nom, ce sont celles enfin qui, 
bien jeunes encore, brillent déjà par les plus belles qualités du 
cœur qui ont noms de modestie, de bienveillance, de dou¬ 
ceur, de générosité ; et plus tard, si elles deviennent épouses 
et mères, elles comprendront et rempliront tous les devoirs 
sacrés qui leur incombent. Voilà, les nobles et charitables 
femmes, voilà les dignes et charmantes jeunes filles à qui 

(1) Imbert Gourbeyre. Notice sut le tabac; 


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? ; 


— 241 — 

nous nous adressons,à qui nous venons demander de ne jamais 
se laisser séduire par ce nouveau serpent qui a nom de tabac. 
Ah! oui, nous le savons, il voudrait aussi les asservir et les 
soumettre à sa puissance et à sa tyrannie, mais il n’en sera 
pas ainsi, et si nous ne nous trompons pas, un jour viendra, 
et il est proche, où les femmes de toutes les nations se ligue¬ 
ront entre elles et uniront leurs efforts pour renverser et 
détruire, les deux plus implacables ennemis de l’humanité: le 
tabac et l’alcool. Déjà les femmes américaines en ont pris la 
courageuse initiative. Ah ! nous les félicitons de leur courage, 
car il en faut beaucoup pour se lancer dans une entreprise 
aussi ardue, aussi difficile. 

Elles n’ignorent pas cependant qu’elles vont s’attaquer à 
deux ennemis puissants et redoutables. 

Mais la femme américaine a grande confiance dans cet 
ancien axiome qui dit: Ce que femme veut, Dieu le veut. Et puis 
quelle force ne trouvent-elles pas dans la bonté, la justice 
et la grandeur de leur cause? Qu’on le sache bien, les 
femmes américaines ont réellement une supériorité morale 
sur les hommes, par la supériorité de leur éducation. Dans 
aucun pays du monde, l’instruction de la femme n’est aussi 
généralement soignée, sans distinction de classe ou de 
religion. 

Et à ce degré de culture qui lui révéle toute sa dignité, son 
amour-propre s’est froissé de se trouver très souvent associée 
à des êtres vils,dégradés par tous les excès et dont l’abaisse¬ 
ment l'atteint et l’humilie. 

C’est là l’origine du grand mouvement national à la tête 
duquel se mettent les femmes dans toute l’étendue des Etats- 
Unis. 

Elles demandent pour leur intérieur autant que pour leur 
pays, les réformes nécessaires à amener les hommes à la tem¬ 
pérance, c’est-à-dire à l’abandon de ce qui les dégrade. C’est 


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surtout contre l’alcool que cette croisade de tempérance 
semble avoir été entreprise, parce qu'il est souvent le plus 
apparent, le plus en scène dan ï tous les désordres qui trou¬ 
blent l’harmonie sociale; mais après l’alcool à proscrire vien¬ 
dra le tabac, et nous dirons môme que si les dames améri¬ 
caines avaient été bien inspirées, elles auraient commencé 
l’attaque par la nicoliane. 

Ces Dames ne doivent pas se faire d’illusions, jamais elles 
ne réussiront à extirper des mœurs de leur pays l’alcoolisme, 
qu’à la condition quelles en auront d’abord banni le nicotisme 
dout il n’est que la conséquence forcée. 

Quoi qu’il en soit, cet effort collectif pour relever la mora¬ 
lité du siècle ne sera pas stérile. La voix des femmes deman¬ 
dant aux hommes dans un concert d’union qui fait leur force, de 
rompre, dans l’intérêt de leur dignité et pour le bien de leurs 
familles et de leur pays, avec de mauvaises habitudes, aura 
plus d’écho et sera d’un effet plus pratique que tous les ensei¬ 
gnements de la science, et les exhortations des moralistes (1). 

Quant aux femmes américaines, elles n’agissent que pous¬ 
sées par le plus noble et le plus glorieux mobile, elles agissent 
du reste en parfaite connaissance de cause. Elles savent très 
bien qu’elles se trouvent en présence de deux ennemis diffi¬ 
ciles à vaincre. 

(4 continuer.) , Em. Skutin, piid, et D r L. Seutix. 

A propos de quelques remèdes nouveaux récemment 
introduits dans la thérapeutique allopathique 

par le D r Martin y . 

Dans un article publié récemment par la France médicale 
sous le lilre de Recherches cliniques sur le sulfontd chez 
les aliénés , M. le D r Marandou de Montycl s’occupe de la 

(i) Depierri-i. Physiologie soci de. 


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toxicité de ce remède ; il écrit la relation de vingt-neuf cas où 
des phénomènes d’empoisonnement plus ou moins grave se sont 
présentés, et fait suivre ses ' observations des lignes sui¬ 
vantes : 

Par ordre de fréquence nous avons, dan3 cos vingt-neuf cas, le relevé 
suivant des manifestations graves qui ont nécessité la suspension de la 
médication : du côté de l'encéphale, vingt-six fois ; du côté de la moelle, 
vingt-cinq fois ; du côté,dc l'estomac, douze fois; du côté de l’intestin, 
sept fois et enfin dans neuf cas la sensation de froid intense aveo 
frissons. 

Chez ces malades l'intoxication se montre à des moments variables. 
Parfois elle apparaît avant toute atténuation de l’insomnie ; le plus sou¬ 
vent l’aetion toxique est parallèle à l’action hypnotique ; toutefois, le 
sulfonal est, relativement à ses effets toxiques, le médicament peut-être 
le plus traître que je connaisse; tandis que les uns l’absorbent impuné¬ 
ment, même en assez grande quantité, d’autres sont profondément touchés 
par des doses minimes et rien, du moins à ma connaissance, ne permet de 
distinguer les organismes qui seront tolérants de ceux qui ne le seront 
pas. Ce n'est pas tout, ceux-là mêmes qui semblent réfractaires àseseffets 
toxiques et feront profit do ses propriétés hypnotiques sont exposés du 
jour au lendemain , sans aucun symptôme préalable d’avertissement, à 
être gravement atteints dans leur intellect et dans leur motilité. La tolé¬ 
rance cesse brusquement et, d’emblée, le patient se réveille abruti au 
psychique, paralysé au physique avec vomissements, diarrhée avec vio¬ 
lents frissons, tandis que chez d’autres au contraire l'intoxication sera 
graduelle. Il y a plus encore, certains sujets n’ont rien tant qu'ils prennent 
du sulfonal et un jour ou deux après la suppression tous les acoidents font 
explosion. Enfin alors même que les accidents toxiques se sont montrés 
dans le cours môme de la médication, il n’est pas très rare do les voir 
s’accentuer encore davantage après la cessation de celle-ci. Dans tous les 
cas ils persistent plusieurs jours, ne disparaissant que lentement et par 
gradation. J’ajouterai que l’hydrothérapie semble en retarder l’apparition 
et en accélérer la disparition. J'ai cru remarquer que ceux de mes sujets 
qui prenaient des douches résistaient plus longtemps. En tous cas plu¬ 
sieurs m’ont assure qu’ils se trouvaient soulagés de leur ivresse et de leurs 
vertiges par «les ablutions fraîches du visage et de la tête. 

Relativement à la résistance de l’organisme, l’intoxication s'est mon¬ 
trée avec 4 grammes : au bout d'un jour quatre fois, au bout de deux jours 
six fois, au bout de trois jours et de quatre jours une fois. Avec 3 grammes 
nous avons constaté l'action toxique nécessitant la suppression au deu¬ 
xième jour une fois, au troisième jour deux fois, au quatrième jour quatre 
fois, au cinquième jour deux fois, deux fois également au sixième jour et 


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— 244 — 


enfin une fois au neuvième et au dixième. Un malade n'a été intoxiqué 
que le lendemain de la suppression du remède. 

A en juger par les recherches du professeur Mairet, la congestion serait 
l’élément anatomique générateur de cette intoxication. En effet, chez les 
animaux empoisonnés jusqu'à ce que mort s'en suive, il a trouvé tous les 
organes fortement congestionnés. Nous avons rapporté déjà qu'un de nos 
sujets, très âgé il est vrai, avait succombé à une congestion cérébrale; 
nous rapporterons plus loin l'histoire d'un autre qui fut frappé d’une conges¬ 
tion pulmonaire double assez intense pour mettre durant plusieurs jours 
sa vie en danger. N'est-it pas logique d'attribuer au sulfonal ces conges-* 
fions pulmonaire et cérébrale? De même, je crois que ce médicamenta, 
sinon occasionné, du moins hâté la mort de notre alcoolique déjà très 
souffrant d'une phtisie pulmonaire. La médication sulfonalique expose¬ 
rait donc aux plus grands dangers . 

Puisque le sulfonal congestionne, il doit être surfont pernicieux aux 
paralytiques. Je l'avais pensé. Eh bien ! les sujets qui ont le mieux résisté 
se sont trouvés être précisément des paralytiques généraux. Peut-être 
est-ce là simple coïncidence, la paralysie générale frappant souvent des 
hommes robustes. Le fait a néanmoins son intérêt. 

Avant toute autre considération relevons en passant ce que 
vient de dire en dernier lieu le D r Marandon. Le sulfonal con¬ 
gestionne et il se trouve que ce sont précisément les conges¬ 
tionnés qui ont le mieux résisté à l’action du remède. Encore 
un fait d’observation à l’actif de notre grande loi des sert l- 
blables . Non, honoré confrère, ce n’est pas une simple coïn¬ 
cidence, mais ne voulant pas citer la loi des semblables, dont 
on no parle plus, par ordre, dans la médecine classique, il 
faut que vous expliquiez le fait par une « simple coïnci¬ 
dence 

Mais passons. 

Voilà donc un médicament toxique au premier chef, pouvant 
donner des phénomènes graves,même à petite dose, dont l’ac- 
tîondure plusieurs jours et par conséquent s'accumule, dont les 
effets pernicieux éclatent du jour au lendemain sans aucun 
symptôme préalable d’avertissement et peuvent éclater même 
après la suppression du remède. Eh bien, qui le croirait, ce 
remède est employé depuis quelque temps déjà pour ainsi 


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dire journellement dans la pratique de nos confrères allopa¬ 
thes. Nous connaissons des malades qui, munis de la recette 
du médecin, prenaient ce médicament suivant leurs caprices 
quant le sommeil venait à leur manquer. 

Il en est malheureusement de ce remède comme de beau¬ 
coup d'autres parmi les nouveaux venus ; & peine sont-ils 
préconisés dans les journaux de médecine, après des expé¬ 
rimentations évidemment insuffisantes, que presque tous les 
médecins le prescrivent à leurs malades. 

Quand on lit le travail du D r Marandon on est en droit ‘ 
de se demander combien de malheureux patients n’ont 
pas vu leur état s’aggraver sans se douter un instant d’où 
provenait le mal. Dieu sait s’il n’y en a pas qui sont morts 
avant leur temps, grâce à cet hypnotique. Nous ne sau¬ 
rions trop le répéter : les expérimentations faites avec les 
nouveaux médicaments sont insuffisantes et nous ne serions 
pas étonné d’apprendre que ce que vient de dire du sulfonal 
le D r Marandon pourrait être établi pour un grand nombre 
d’autres remèdes nouvellement introduits dans la thérapeu¬ 
tique. 

C’est la conséquonce des doses énormes que l’on donne 
et de l’erreur dans laquelle verse l’école allopathique qui 
semble croire que, pour qu’un médicament produise un 
effet bienfaisant, il faut qu’il soit administré à une dose voisine 
do la dose toxique. Lorsque dans le cours de certaines affec¬ 
tions fortement douloureuses ou dans certaines insomnies 
exigeant un prompt soulagement (ces cas sont heureuse¬ 
ment fort rares quand on sait bien appliquer les remèdes 
homœopathiques) un médecin croit devoir recourir à ce qu’on 
appelle des calmants proprement dits, nous lui conseillons 
vivement de faire usage de médicaments connus depuis long¬ 
temps, ayant fait leurs preuves, et dont l’expérimentation 
physiologique est bien établie, tels que l’opium et ses dérivés. 


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— 246 — 

Mais méfions-nous de tous ces remèdes nouveaux qui font 
merveille pendant quolques mois, avaht que l’on ne se soit 
aperçu de leurs inconvénients, lesquels sont parfois très 
sérieux. 

D r Martin y. 


MALADIES DE LA PEAU 

par le D p Burkhard, de Berlin. — Traduction du D r Chevalier, deCharleroi. 

Suivant notre division, nous arrivons maintenant à l’inflam¬ 
mation érysipélateuse, à Y érysipèle, caractérisée par une 
hyperémie plus forte avec grande exsudation, non seulement 
sur le derme, mais dans le tissu cellulaire, sous-cutané, entre 
le derme et l’épiderme, et par voisinage avec engorgement 
des vaisseaux lymphatiques et des ganglions. J’ai dit plus 
haut, qu’à mon avis l’érysipèle ne devait pas être considéré 
comme une affection cutanée, attendu qu’il provient d’une 
infection aiguë de tout l’organisme qui se localise seulement 
sur la peau, et dont la cause est un bacille. 

Vient ensuite Yhcrpès constitué par une éruption aiguë 
de vésicules réunies en groupes à base enflammée. Alors que 
l’érythème occupe tout le derme, que l’érysipèle pénètre plus 
profondément, l’herpôs occupe les couches superficielles du 
derme, ses foyers inflammatoires sont séparés les uns des 
autres et se développent à certaines places, déposent leur 
exsudât sous forme de gouttelettes sous la peau.de sorte que 
cellos-ci la soulèvent et forment de petits groupes de vésicules 
qui ont toutes à peu près la même grandeur. Ces vésicules ne 
durent que peu de temps et puis se dessèchent, et comme ces 
groupes ne se montrent pas tous en même temps, il y en a à 
tous les degrés. On rencontre surtout l’herpès dans le cours 
d’autres maladies, la pneumonie, la fièvre intermittente, la 

(1) Suite • Voir vol. court, pp. 143 et 215. 


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méningite cérébro-spinale épidémique, l’embarras gastrique 
fébrile, etc. ; dans la typhus on no le trouve pas et parfois 
cependant il se montre aussitôt que quelque chose du volume 
d’un échinocoque pénétre dans la cavité abdominale (Moy- 
laender). En outre l’herpès se montre chez des gens très bien 
portants. 

La cause de cette affection est inconnue. Il n’y a que dans 
l'herpès zoster que nous pouvons dire qu’il y a maladie des 
fibres trophiques des nerfs cutanés, attendu que l’herpès suit 
Je trajet du nerf. Mais nous ne sommes pas endroit de conclure 
qu’il en soit de meme dans les différentes espèces d’herpès. 
L 'herpès zoster ou zona est souvent l’objet d’un traitement 
médical parce que ses douleurs sont parfois très fortes et que 
l’état général en souffre. 

Le siège le plus ordinaire du zona est le thorax où il suit 
le trajet des nerfs intercostaux et l'abdomen où il longe les 
nerfs lombaires au sortir des vertèbres. Le zona commence 
par plus ou moins de douleurs, par .'ois elles sont très intenses, 
dans la direction du nerf affecté. Après un temps très court, 
se montrent des taches rouges isolées sur lesquelles se grou¬ 
pent un grand nombre de vésicules. Leur contenu est d'abord 
aqueux, puis il se troublo, au bout de 2 jours à peu près 
devient caséeux et se fonce en couleur par son mélange avec 
le sang. Peu après elles se sèchent et disparaissent après 
huit jours. Pendant quelque temps il reste une tache jaunâtre. 
Les doulours ont souvent disparu au préalable. 

Mais le zoster ne se termine pas toujours si facilement ; je 
l’ai vu persister pendant des semaines, parfois il est accom¬ 
pagné de douleurs atroces, brûlantes et piquantes qui enlèvent 
tout sommeil. Il arrive que les vésicules tarissent, que 
l'éruption disparaisse, mais que les douleurs continuent pen¬ 
dant un temps très long, puis s’en vont ou bien persistent 
pendant des années. 


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— 248 — 


L’herpès zoster est ordinairement accompagné d’embarras 
gastrique et de fièvre qui, dans certains cas, précède l’érup¬ 
tion. 

Les autres herpès se passent sans flèvro, on tant qu’il ne 
se montre aucune complication. 

Le traitement allopathique consiste dans l’expectation C On 
recouvre les petites vésicules et les croûtes d’ouate, surtout 
dans le zona, pour empêcher le frottement, qui, vu le siège de 
l’affection, est fréquent par les habillements. Quand les dou¬ 
leurs sont faibles, il n'est pas besoin d'une autre thérapeutique.. 
Mais j’ai vu les douleurs être tellement fortes qu’elles arra- 
ohaienl des larmes aux malades et que l’on désirait absolu¬ 
ment avoir un moyen de les faire cesser. Quel est-il? Quand 
nous examinons notre arsenal médical, nous trouvons d’abord 
comme remède le plus connu, le rhus. Hirschel préconise le 
mercure comme plus efficace. Jahr vante l'arsenic qui em¬ 
pêche les névralgies de persister. 

Contre celles-ci on prescrit avec avantage mezereum. Je 
dois aussi recommander le chinin. arsenic. ; je crois que 
dans le cas de névralgie intercostale, c’est & lui qu’il faut 
s’adresser en premier lieu. 

Contre les fréquentes récidives on donne graphites. Je 
n’ai pas l’expérience de caustic., puis., hcpar, nux, 
sepia, que Kafka recommande. Je ne suis pas de l’avis de 
Jarh qu 'arsen. est seul en état de couper un accès d’herpès, 
ou comme il dit, do le guérir en 10 jours, alors qu’il en faut 
habituellement 25. 

Le zoster n’a pas d’évolution déterminée, pas plus 25 jours 
que moins ou plus. D’un autre côté je crois qu’arsenic est en 
état do calmer les douleurs, spécialement celles des nerfs. 
Contre Yherpès préputial on prescrit sulfur, sepia, acid, 
hilr. 


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Urticaire 


h'urticaire consiste en une inflammation aiguë de la peau 
avec formation de plaques blanches ou rouges. Ces plaques 
proviennent de l’inflammation séreuse du corps papillaire et 
aussi de la coucbe de Malpighi à certaines places, qui produit 
un soulèvement de la peau, moins élevé que large cependant 
de façon & ne produire que des plaques. L'urticaire se diffé¬ 
rencie des autres affections cutanées, par son apparition et 
son départ brusques et puis par une grande tendance à réci¬ 
diver. Elle peut être produite par des irritants externes, tels 
qu’ortie ou rhus toxicod., une piqûre de puce ou de mouche; 
par une chenille ; chez certaines personnes également en se 
grattant avec les ongles ou par l’action du froid ou des rayons 
solaires. Elle est parfois consécutive à l’ingestion de certains 
mets tels que les fraises, les écrevisses, les moules, les 
champignons. L’explication en est très difficile. 

On accuse l’âcreté de certaines substances qui, passant par 
le sang, portent leur action sur la peau, mais comment se 
fait-il quêtant de gens mangent ces substances sans éprouver 
le moindre dérangement ? Les médicaments qui produisent 
l’urticaire sont le rhus toxicod le copahu, Y arsenic et le 
dulcamara. 

.En troisième lieu l’urticaire peut naitre sans cause connue, 
accompagné de fièvre et de malaiso général aveo symptômes 
gastriques, vomissement, diarrhée, etc. 

On parle en quatrième lieu d’une urticaire chronique, qui 
présente des accès aigus d’éruption se succédant rapidement. 

Enfin, l’urticaire peut dépendre de certains états de l’appa¬ 
reil génital chez les femmes, tels que la grossesse, la men¬ 
struation, les affections utérines, etc. ; je n’en ai pas encore 
rencontré de cette espèce-là. Elle peut aussi être causée par 
les vers intestinaux. 


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Les plaques do l'urticaire reposent sur une base rouge, 
elles sont rouges elles-mêmes, mais parfois blanches, ce qui 
s’explique par la compression des capillaires dans le corps pa¬ 
pillaire par l’exsudât. La forme des plaques peut varier,elles 
sont plus ou moins proéminentes et dures, quelquefois c’est le 
contraire, de là la distinction de l’urticaire en tubéreuse et 
papuleuse. Il arrive également que l’exsudât séreux soulève 
l’épiderme, de là l’urticaire vésiculeux. 

Constamment cette éruption est accompagnée d’une vive 
démangeaison. Les autres affections delà peau ne présentent 
pas ce symptôme, excepté l'urticaire fébrile, qui, comme il a 
été dit plus haut, s’accompagne d’un grand malaise : forte fiè¬ 
vre, vomissements, diarrhée, langue chargée, sèche et même 
cornée, grand accablement jusqu’à ce que l’éruption caracté¬ 
ristique se fasse jour et dissipe tout souci. 

L’urticaire chronique peut durer longtemps, même des 
années. 

* Des intervalles plus ou moins longs séparent les éruptions, 
de telle sorte que cette affection peut devenir des plus désa¬ 
gréables. 

La thérapeutique n’a pas grand effet, attendu que souvent 
la maladie disparaît spontanément en quelques jours, même 
en quelques heures. Au point de vue prophylactique, il faut 
éviter les causes productrices, ainsi certains aliments, la cha¬ 
leur trop forte du soleil, etc.; une fois l’éruption sortie, il est 
à peine nécessaire d’instituer un traitement. 

Jahr recommande : dulcam . quand l’affection est la suite 
d’un refroidissement et que les plaques augmentent par la cha¬ 
leur ; rhus et puis, si on a été mouillé et refroidi ; puis. 
après un dérangement gasfriquo ; urtica urens quand on a 
mangé des écrevisses ; bryone si on a pris des fraises. 

Mais il est facile de se tromper, d’abord à cause de la prompte 
disparition de l’exanthème et puisque Jahr donne comme 


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causes le refroidissement et l'humidité, qui jusqu’à ce jour 
n'avaient jamais été cités comme pouvant provoquorl’urticaire* 
J’en pourrais dire autant do Hirschel, qui dicte encore ces 
indications-ci : après l'abus de spiritueux : nux vom. ; quand 
on a remué des plantes irritantes : bell.,rhus, urtica ; si on a 
touché des animaux vénimeux : ars. Il serait nécessaire de se 
mettre une fois bien d’accord, pour savoir exactement le mé¬ 
dicament à prescrire dans un cas donné : ainsi pour les causes 
externes par exemple. Elle peuvent être passagères ou conti¬ 
nues ; si la cause disparaît et que l'affection persiste, pour¬ 
quoi n’y aurait-il pis moyen de la traiter ? Je parle ici au 
point de vue purement théorique, car, en pratique, l’urticaire 
disparaît spontanément et très vite, comme par exemple quand 
on a été piqué par un insecte ou par des orties. L 'acide for¬ 
mique,, qui, dans les deux cas, a produit l’exanthème, doit être 
nécessairement absorbé par les lymphatiques et lancé dans 
la circulation plus vite que le temps nécessaire aux plaques 
qui sont le produit de cette irritation, pour disparaître. Il y a 
dans ces cas à songer à un remède interne. Tout autre chose 
est quand la cause est continue, par exemple dans l’urticaire 
produit par les poils des chenilles qui ont rampé sur la peau, 
surtout de la chenille processionnaire. Ici ce n’est pas l’acide 
formique qui a irrité la peau, mais les petits poils, pourvus do 
crochets qui se sént fixés dans la peau. 

Ceux-ci ne peuvent pas être charriés par les vaisseaux 
sanguins, ils restent accrochés jusqu’à ce que le temps fasse 
tomber l’épiderme. 

De quelle utilité serait dans ce cas une thérapeutique interne? 
Je pense qu’il faut être clair avant tout ; et c’est ce que je 
ne trouve pas dans Hirschel, quand il prescrit Y ars. contre 
l’urticaire provenant d’avoir touché des animaux vénimeux. 

Il en est autrement quand il s’agit de l’urticaire fébrile et 
de l’urticaire chronique. Dans le premier cas, c’est plutôt 


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— 252 


l'état général que l'éruption qui indiquera la médication et 
d'autant plus que ces symptômes devancent de beaucoup 
l'exanthème. 

Au début on prescrira Y aconit, et puis, selon les symptômes 
gastriques, ipéca, veratr. suivant que les vomissements pré¬ 
dominent ou la diarrhée. S'il n’y a pas de vomissements mais 
uniquement une diarrhée glaireuse, on choisira entre dulc. 
puis., ars., rhus, phosph. et acidephosph. Si la langue est 
chargée, s’il y a céphalalgie, constipation, douleurs dans les 
membres, on donne bryone ; si en même temps il y a de la 
diarrhée, on prescrit rhus ou acid, phosph. Dans les cas 
d’embarras gastrique avec constipation, sans forte fièvre : 
nuæ vom .; si le catarrhe stomacal est chronique Kafka admi¬ 
nistre sepia ou natr. muriat. 

L’urticaire chronique demande une étude précise des mala¬ 
dies générales telles que les affections utérines, l’existence 
de vers intestinaux, etc. Quand l'urticaire ne peut pas être 
attribué à une de ces causes, qu'il faut tout d’abord faire 
disparaître, on prescrit avant tous autres remèdes arsen. et 
calcar. Hirschel préconisé aussi Vurtica, tandis que Kafka 
prétend ne jamais en avoir obtenu d’effet. Rhus ne produit 
rien dans les cas chroniques. On recommande encore : suif., 
copaioa, hepar, sepia, lycop., natr. muriat.', le collègue 
Windelband a donné secale avec beaucoup de succès, et cela 
sous forme d’une teinture selon sa prescription, qui ne contient 
pas d’huile éthérée, mais simplement l’ergotine. 

(A continuer.') Traduction du D r Chevalier. 


LE RÉGIME EN HOMŒOPATHIE 

par M. Cahis. — Traduction du D r Wuir.LOT, de Malinee. 

Celui qui s’en tient à la longue série d’aliments, de condi¬ 
ments et de fruits interdits, par certains auteurs, durant le 


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— 253 — 


traitement homœopathique, qui respecte cette opinion enra¬ 
cinée chez le peuple, surtout en Espagne, qu’il faut s’abstenir 
de ceci ou de cela avec l’homœopathie, celui-là, dis-je, doit 
confesser avec moi tout ce qu’il y a de conventionnel et de 
routinier dans pareille manière de faire. 

Je désirerais beaucoup posséder assez d’autorité etde talent 
pour élucider ce point délicat, mais je m’en tiendrai à quel¬ 
ques brèves considérations critiques concernant le régime.Je 
n’ai point l’intention d’arrêter des conclusions formelles, ni 
encore moins d’épuiser ce vaste programme, je désire simple¬ 
ment attirer l’attention de nos penseurs (et ils sont nombreux 
en Catalogne) sur cet important objet. 

Il saute aux yeux, pour ce qui sa rapporté à ces prohibi¬ 
tions, que, si elles sont observées d'une manière absolue et 
générale, elles doivent ennuyer et fatiguer quelques malades 
qui ont besoin de toute la tempérance d’un cénobite pour so 
cantonner, pendant des semaines et des mois, dans une sem¬ 
blable monotonie de régime. D’autre part, l’exagération avec 
laquelle certains praticiens défendent les condiments, fait pen¬ 
ser que la médecine homœopathique est quelque chose de si 
délicat et de si périlleux, que la moindre négligence peut avoir 
les conséquences les plus graves. 

Comme il importe d’éviter ces extrêmes, abstenons-nous 
des prescriptions rigoureuses lorsque nous les jugeons inutiles. 
Mais chacun doit,par l’étude de cette question,par une exacte 
observation pratique, chercher à déterminer les cas dans 
lesquels le régime ordinaire convient, et ceux auxquels sont 
applicables les prohibitions de certains aliments et condiments. 

Pour ce qui se rapporte à mon expérience personnelle, je 
ferai remarquer que si dans beaucoup d’observations couron¬ 
nées de succès brillant j’ai été sévère dans le régime, il en 
est de bien nombreuses aussi où le résultat heureux a été 
obtenu avec l’alimentation ordinaire. De sorte que si, en me 


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— 254 — 


basant exclusivement sur ma pratique, j’étais appelé à émettre 
mon avis dans cette question, je dirais que dans le traitement 
homœopathique de3 malades le choix du remède et de sa dilu¬ 
tion doit passer avant, le régime après. 

Au surplus, il y a d’autres considérations d’un ordre plus 
spéculatif qui accréditent cette thèse. Nous voyons tous jour¬ 
nellement des malades saturés de digitale, d’arsenic, de mer¬ 
cure, d’argent, etc., remèdes qui s’accumulent, pour la 
plupart, pendant de longs jours, des semaines, des mois et 
même des années dans les tissus (1). Ces malades charrient 
dans le sang des particules de ces poisons qui développent des 
symptômes et compliquent leur état. Dans beaucoup de cas le 
remède indiqué, et que nous administrons à dose infinitési¬ 
male, est précisément celui dont l’organisme est infecté, et 
pourtant il n’y a aucun homœopathe qui hésiterait à se char¬ 
ger du malade à cause de la complication médicamenteuse 
dont il souffre. Souvent nous enregistrons de brillants succès 
avec les remèdes dynamisés qui vont se répandre dans un 
sang surchargé d’alcaloïdes et de métaux les plus actifs. 
Qu’importe-t-il d’empôcher l’accès à pareil sang, déjà infecté 
de toxiques, de l’assaisonnement d’une salade, de l’acide ma- 
lique d’un fruit ou de la saumure d’un hareng ? 

11 est certain qu’il vaut toujours mieux éviter toutes les 
causes susceptibles d3 troubler l’action de nos remèdes, mais 
je n’en persiste pas moins à penser que malgré ces mauvaises 
conditions, malgré l’atmosphère imprégnée de fumée de tabac, 
malgré les excès de régime que commettent les malades,mal¬ 
gré les minéraux toxiques, les lcucomaïnes et l’alcool qu’ils 
portent dans leurs tissus, quand le remède homœopathique 
est bien choisi, contre tout et malgré tout, il triomphe. 

(1) Je 1b dans un auteur allopathe l’obsarvation d'un ulcère de la main pro¬ 
duit par l’or, qui tarda plus d’uu an à se guérir malgré la suspension de lViupîoi 
de ce métal. 


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J- 255 — 


C’est ce que les faits nous enseignent ; mais comme la 
saine raison nous dit que les particules excitantes qui arrivent 
à nos tissus détournent une partie de l'excitabilité organique, 
que les anciens appelaient força médicatrice, il est logiquequo 
le médecin cherche à simplifier l'action pharmacodynamique 
et évite tout ce qui excite ou déprime la vitalité des tissus. 

Ceci eç thèse générale. Dans les cas particuliers il y a 
beaucoup de choses à étudier et que nos savants collègues 
pourront éclaircir en s’appuyant sur le témoignage de leur 
précieuse expérience. (El consultov homœàpathico .) 

Traduction du D r Wuillot, de Malines. 


Encore une preuve de la loi de3 semblables 

par le I> Martin y 

Nous lisons dans la chronique scientifique de Y Indépen¬ 
dance : 

Une nouvelle voie ouverte pour le traitement de la rage. 

Le dçcteur Peyraud, do Libourne, a remarqué que l'essence d’une 
plante appelée Tanaisie, injectée dans les veines d'un chien, donne nais¬ 
sance à une variété de rage qu'il appelle rage tanacetique et qui offre de 
grands points de ressemblance avec la rage* vraie. 

Il est parti de lit pour faire des expériences, qui paraissent fort sérieuses, 
sur l'emploi de cette essence de Tanaisie comme moyen préventif de la 
rago chez les ipdivjdu§ inprdtyi ppr <}cs çhieps gnrages. On arriverait 
ainsi, suivant l'auteur, il uno véritable vaccination de la rago. 

L'Académie de médecine, do Paris, s'est beaucoup préoccupée de ces 
expériences, et elle a confie à M. Trasbot, professeur à l'Ecole vétérinaire 
d'Alfort, le soin de les contrôler. Los résultats obtenus par M. Trasbot ne 
sont pas absolument ooncluanls, mais ils démontrent l'exactitude de 
plusieurs des faits avancés par M. Peyraud. Ainsi, l'essenco de Tanaisie 
injectée ^sous la^peau autour du point où une inoculation rabique a été 


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— 256 — 


pratiquée, a empéohé le développement de la rage chez 4 chiens sur 6 
inoculés. 

Ces recherches sont fort sérieuses et méritent d’ôtre reprises et contrô¬ 
lées. On sait que la méthode Pasteur pour le traitement de la rage après 
morsure a donné de merveilleux succès, mais qu*elle n'est pas infaillible, 
comme le prétendait jadis le professeur Vulpian; il y aurait donc un grand 
intérêt à expérimenter dans la voie ouverte par'M. Peyraud, c'est-à-dire à 
rechercher si des substances végétales peu nocives pour l'organisme 
humain n'exerceraient pas une action neutralisante sur le virus de la rage. 

Voilà certes une nouvelle preuve de la loi des semblables. 

L’essence de tanaisie produit chez les chiens des sym¬ 
ptômes qui offrent avec la rage vraie de grands points de 
ressemblance, et cette même essence, injectée sous la peau 
de six chiens autour du point où une inoculation rabique 
avait été pratiquée, en a empêché quatre de devenir enragés. 
C’est bien là une nouvelle preuve de la loi des semblables. Pas 
n’est besoin d’insister pour le démontrer. 

D r Martiny. 


SOMMAIRE 

Congrès international d’homœopathie.» 225 

Le tabac (Suite), par MM. Em. Sbdtin, Ph" et le D f Léon 

Seutin, à Bruxelles ..232 

A propos de quelques remèdes nouveaux récemment 
introduits dans la thérapeutique allopathique, par le 

D r Martiny. 242 

Maladies de la peau (Suite), Traduction du D f Cheva¬ 
lier, de Gharleroi,.240 

Le régime en homœopathie. Traduction du D r Wuil- 

lot, de Malines.* . 253 

Encore une preuve de la loi des semblables, par le 
D r Martiny * . . . i . ; ..255 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

i 6* Année. DÉCEMBRE 1889. N°9. 


ENCORE L’IODURE DE POTASSIUM 

par le D r Martwy 

Nous avons jadis écrit quelques mots au sujet de l’em¬ 
ploi de l’iodure de potassium eu thérapeutique (i). Nous 
avons alors suffisamment démontré, nous semble-t-il, que 
l’emploi de l’iodure de potassium pris à dose plus ou moins 
forte présentait de graves inconvénients : nous avons 
appuyé notre dire sur l’opinion des médecins allopathes 
eux-mêmes qui reconnaissaient que les sels dépotasse 
étaient très toxiques ; nous remarquions que l’iodure de 
potassium était un des médicaments dont la vogue avait 
été très étendue et très durable; il y a plus de cinquante 
ans qu’on le prescrit à presqu^ tous les malades et dans 
presque toutes les maladies ; les médecins allopathes ont 
eux-mêmes si bien reconnu l’action néfaste des sels de 
potasse qu’ils ont dans les derniers temps vivement 
recommandé d’avoir plutôt recours à l’iodure de sodium 
chaque fois que l’on croyait devoir prescrire l’iodure de 
potassium, et, de fait, grand nombre de médecins pres¬ 
crivent aujourd’hui les sels à base de soude au lieu 
d’avoir recours aux sels potassiques. 

Malheureusement l’iodure de potassium est < plus effi¬ 
cace » que l’iodure de sodium dans la plupart des maladies 
pour lesquelles il a été préconisé, malgré la toxicité des 
sels potassiques, M. Germain Sée vient encore de re¬ 
commander très chaudement l’iodure de potassium chez 
les asthmatiques, et il donne à cet égard une série d'ex- 

(i) Voir Revue hom. belge , 14» anuéo, p. 225. 


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plications plus ou moins ingénieuses ; il est possible que 
l’iodure potassique ait amélioré l’asthme chez un certain 
nombre de malades, et ceux qui ne sont pas au courant 
des effets profonds produits sur l’organisme par les sels 
potassiques pourront se demander S’il y à dés incon¬ 
vénients à les essayer à dose forte dans l’asthme, cette 
terrible infirmité qui fait le tourment de tant de personnes 
lorsqu'elle ne finit pas par les monèr peu à peu au Ibra- 
beau. Il ne noiis serait pas difficile de prouver que mieux 
vaudrait conserver de l’asthme que de prendre de fortes 
doses de ce remède et en voici la raison : quand on prend 
de l’iodure de potassium à dose suffisante pour calmer 
rapidement l’oppression asthmatique, cette dose est une 
dose quasi toxique ; personne n’ignore que l’iodure potas¬ 
sique pris à dose forte amène l’atrophie des orgànes glan¬ 
dulaires et des glandes de l’économie; quand une femme; 
par exemple, prend de l’iodure potassique pendant quel¬ 
que temps* à dose un peu forte, sa poitrine, quelque opu« 
lente qu’elle ait pu être, disparaît complètement, tout le 
système glandulaire de l’organisme s’atrophie progressi¬ 
vement, et c’est probablement l’atrophie qui explique son 
action dans l’asthme. Nous l’avons maintes et maintes 
fois constaté. Nous avons souvent vu tenir dans notre 
cabinet des asthmatiques qui avaient été traitées par 
l’iodùre de potassium ; leur situation était loin d'êtrs 
brillante : on aurait dit qu’elles relevaient d’une gravé 
maladie, et nous en connaissons qui pendant toute leur 
vie conserveront les traces de ce traitement ioduré. 

Quand l’iodure potassique peut réellement êtrô utile 
dans l’asthme, c’est qu’il est indiqué par la loi des 
semblables ; pas n’est besoin alors qu’il soit administré à 
doso perturbatrice, une dose peu élevés suffit et celle-là 
ne détruit pas les glandes et les tissus. Ceci est d’autant 
plus précieux à connaître que la sensibilité à l’acliofi de 


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iiode.pst très variable; quelques centigrammes seulement 
donnent.parfois de l’iodisiiie (coryza îodiquc, etc.)’à cer¬ 
tains sujets. 

Nous avons administré, plusieurs fois à ccHaiils àsiJi- 
înaiiques kaii hydroiod .,cinq ccntigr. uâris 15Ü cl’ëau, 
une cuillerée matih et soir, et une amélioration marquée 
S’éët produite sous l’irtfltienfce de celte dose minime, éqiii:- 
tftiedlë à nOs premières dilutions. D r JlAftTixf. 


. La médication palliative et la toux (1) 

par le D r Martiny 

Dans notre précédent entretien au sujet dé la médication 
ealmante et palliative» nous nous sommes borné à traiter dos 
remèdes qui calment la douleur, qrfi font dormir ou qui'lè vent 
la constipation ; mais la médication palliative s’adresse à un 
grand nombre d’autres symptômes quelle a l’ambition dé* 
.faire disparaître, sans pour ce motif atteindre là Cause mêtho 
du mal. Ainsi, par exemple, la méthode palliative emploie 
fréquemment des remèdes pour calmer la toux, Est-il- tou¬ 
jours prudent de calmer la toux? Tous ceux qui toussent; qui 
sont si désagréablement seepués par les quintes, n’bésiteront 
.pas à réclamer des calmants, en prétendant que cette secousse 
de la poitrine doit considérablement nuire à celle-ci, que la 
toux épuise, qu’elle empêche de dormir, qu’elle augmente 
l’inflammation, etc:; etc. ; aussi quand un malade s’adresse 
pour la première fois à un médecin allopathe en déclarant 
une toux plus ou moins fréquente, presque toujours celui-ci se 
borne à administrer un remède narcotique & dose suffisante 
pour émousser la susceptibilité des nerfs du larynx et de la 
poitrine, sans chercher à trouver la cause réelle de .latent; 
sous l’influence de cette dose quasi toxique la toux disparaît 

(1) COJnmünicatiou faite à- l'Astocktlïon cc/itt' ilc ’âcS ilôhloiupalhcs 


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— 260 — 

ou diminue,. le malade croit à une amélioration y souvent 
môme, voyant la toux reparaître après la cessation du 
remède calmant, il fait renouveler celui-ci un certain nombre 
de fois, sans demander avis. \ 

Des remèdes palliatifs semblables peuvent être donnés sans 
inconvénients lorsqu’il s’agit d’un simple catarrhe bronchique 
des premières voies respiratoires, appelé vulgairement «rhume 
de poitrine», mais il peut en être tout autrement pour certaines 
affections pulmonaires dont le rhume masque parfois le début : 
calmer ou arrêter la toux peut, dans certaines circonstances, 
être très nuisible ; en effet, quelle est le plus souvent la cause 
de la toux P Elle apparaît habituellement quand il y a une 
gêne dans la fonction de la respiration, que cette gêne soit 
provoquée par un afflux de sang vers les poumons et les 
bronches, qu’elle résulte d’un encombrement des bronches 
par des mucosités catarrhales ou autres, e!c., etc., nous ne 
pouvons pas passer ici en revue toutes les causes de la toux ; 
elles sont nombreuses et variées, mais, dans l’immense majo¬ 
rité des cas» elle éclate par suite d’une gêne dans la fonction 
de la respiration pour une des deux raisons que nous venons 
de citer. Or, dans ces circonstances, la toux est un effort 
spasmodique de l’organisme pour se débarrasser de ce qui 
gêne la respiration, la toux imprime à la poitrine une secousse 
qui doit, lorsqu’il y a stase sanguine, s’opposer à ce que cette 
stase persiste ou s’accentue ; d'un autre côté, les efforts de 
toux, par suite des contractions bronchiques -qui les accom¬ 
pagnent, contribuent à faire suinter de la muqueuse bron¬ 
chique une certaine quantité de sérosité plus ou moins vis¬ 
queuse, ce qui contribue évidemment au dégonflement de cette 
muqueuse et rend aux bronches leur calibre plus ou moins 
normal. 

Quelque paradoxale que puisse paraître, à première vue» 
notre opinion, nous n'hésitons pas à proclamer que la toux 


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— 261 — 

/ 

est souvent utile et nécessaire; la supprimer par des narcoti¬ 
ques assez puissants pour émousser la sensibilité de l’économie 
peut avoir des inconvénients parfois fort graves : le malade 
ne tousse plus, c'est vrai, mais, pendant ce temps, la poitrine 
insensibilisée se congestionne de plus en plus, on a supprimé 
une secousse bienfaisante, quoique fort pénible, et pour peu 
que le malade ait de mauvaises prédispositions à la conges¬ 
tion, celle-ci s’accentue parce qu’on empêche l'économie de 
réagir ; au lieu de donner des remèdes qui favoriseraient la 
sécrétion bronchique et hâteraient ainsi l’évolution du ca¬ 
tarrhe, on administre donc le plus souvent des narcotiques 
qui ont pour effet d’enrayer cette sécrétion et de maintenir 
ainsi un état congestif qui gagne de proche en proche les plus 
fines ramifications des bronches ; chacun sait que les narco¬ 
tiques diminuent les sécrétions. 

Y a-t-il lieu de s’étonner dés lors pourquoi on dit dans le 
monde non médical avec une pointe d'ironie à l’endroit de la 
médecine et des médecins : « ne soignez pas un rhume il du¬ 
rera huit jours, soignez-le et il en durera quinze. » Y a-t-il 
lieu de s’étonner aussi pourquoi tant de rhumes simples dégé¬ 
nèrent si facilement, lorsque le malade prend des remèdes 
calmants, en bronchites et en pneumonies catarrhales ? Notez 
bieU que ce ne sont pas les médecins homosopathes seuls qui 
ont fait cette observation ; les traités de thérapeutique allopa¬ 
thique recommandent de ne pas trop facilement faire usage 
des narcotiques dans les bronchites et surtout dans la phtisie 
pulmonaire. Nous pourrions citer de nombreux cliniciens qui 
recommandent de ne pas recourir aux narcotiques ; et pour¬ 
tant quand on les administre pour la première fois aux mal¬ 
heureux phtisiques, ceux-ci ne tarissent pas d’éloges au sujet 
du bienheureux remède qui leur a permis de dormir et qui a 
arrêté leur toux.Hélas ! Ce résultat n’est pas utile et du reste 
U n’est guère durable ; pour continuer à calmer la toux il faut 


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— 202 — 


bientôt augmenter les doses, sinon la potion et les pilule? pe 
font plus 4'effet, rpais l’appétit est diminué, la sécrétion bron¬ 
chique moindre et l’oppression augmentée. Comme on a sup¬ 
primé (a secousse de la toux qui évidemment imprime une 
certaine activité à la circulation pulmonaire et favorise U 
sortie des expeçtorations, la congestion et l'encombrement 
bronchique se sont accentués. Observez quelqu’un qui tousse 
et vqus constaterez facilement que la toux est entrecoupée 
par des inspirations très profondos qui font pénétper 1’aip jus¬ 
qu'aux plu? profondes ramification? bronchiques ; il se pro¬ 
duit ainsi une puissante gymnastique pulmonaire, qui amène 
qpe hématose plus complète et favorise la circulation de, la 
pqitrine tout en débarrassant les bronches des mucosités qui 
[es obstruent ; depuis longtemps déjà on s’est aperçu des bons 
effets des inspirations profondes dnpsles affections de poitrine» 
pt la gymnastique pylmonyirp rend des services incontestés 
aujourd’hui ; c’est même ain?i que l’op explique le succès du 
séjour au* altitudes élevées chez les poitripairea. En calmant 
la (pu* on supprime ces profondes inspirations qui l'accompa* 
gnept toujours et l’on empêche ainsi la pénétration complète» 
de l’air ; on arrête une secousse de la poitrine, secousse 
qui évidemment empêche )a stagnation du sang, favorise f’ipr 
trodyçtion de l’air et le cheminement des mucosités, qui 
obstruent les petites bronchés; enfin, pour parler le langage à 
la mode aujourd’hui, oes mucosités et ces crachats qu’on epa* 
pêche la toux d’expulser contiennent d'énormes quantités de 
microbes auxquels la suppression de la tous, permet de conti¬ 
nuer plus facilement leur œuvre de destruction ; n’étant plps 
dérangé? ijs s'y multiplient avec une plqs grande rapidité 
qt envahissent-de plus en plus ; ils ne sont plus gênés 
par l’arrivée de Tair, fie l’oxygène -surtout,, leur ennemi 
mortel. ; , 

Que dirait’on d’un méfieein quj, en gpéfjenepd’un coryza^ 


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— 2Ô3 — 

s’empresserait de tamponner les narines en qnnQpçant que 
cette pratique bâte la guérison. 

Nous déclarons que, nous avons très fréquemment vu des 
malades guérir de la phtisie en continuant à tousser, et pro¬ 
bablement parce que nous ne cherchions pas à arrêter leur 
toux par des calmants; malgré la toux les cavernes se sèchent 
puis se rétrécissent et les hémoptisies sont très rares. Oui, 
l'expérience me l’a prouvé cent fois,les hémoptisies sont très 
rares, même chez certains sujets atteints de ce qu’on appelle 
la forme hémorrhagique de la maladie. Quapd, il y a quelque 
dix ans encore, je cédais au déàir des malades et que je leur 
dpnqqis des narcotiques, la dyspnée reprenait, les gros râles 
caverneux réapparaissaient et l’appétit diminuait, le sang 
revenait dans les crachats. Les beaux succès que j’ai obtenus 
ces dernières années dans la tuberculose pulmonaire, je les 
dols non seulement aux admirables remèdes arsenicum ioda- 
tum alterné avec ccdcareçi phosphori'ca et quelqües autres 
médicaments au sujet desquels je mo propose d’écrire sous 
peu un article nouveau, mais j’attribue également une part de 
ma réussite à la répulsion que j’ai depuis assez longtemps 
déjà pour les calmants de la toux. Bien que les malades tous¬ 
sent, et cela se conçoit aisément parce qu'ils ont de sérieuses 
lésions et celles-ci ne peuvent disparaître du jour au lende¬ 
main, les cavernes deviennent plus ou moins sèches, l'apipétit 
se conserve, les malades engraissent et la cicatrisation des 
cavernes s’opère plus facilement et plus promptement. 

Quand on consulte les médecins de Davos au sujet de la 
tuberculose pulmonaire, ils déclarent qu'on a soin de ne pas 
employer de remèdes et surtout pas de remèdes calmants. 
TJn malade porteur d’une lésion pulmonaire, caverne ou infil¬ 
tration doit forcément tousser, et empêeher sa toux c’est con¬ 
trecarrer les efforts bienfaisants de la nature, c’est aussi nuire 
aux voies digestives qui sont si utiles, pour que le malade 


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— 264 — 


gagne de l’embonpoint, car le proverbe ne dit pas, un phti¬ 
sique qui tousse va plu3 mal, mais le dicton clinique admis 
par tout le monde est celui-ci : « un phtisique qui engraisse 
est un phtisique qui guérit. » 

Les idées que nous défendons ici sont, nous le savons mieux 
que personne, en opposition avec l’opinion généralement 
reçue par les médecins et surtout par les malades ; mais que 
les médecins réfléchissent un pou à ce que nous disons plus 
haut ; la toux a pour conséquence, par suite des profondes 
inspirations qu’elle provoque, de produire une vraie gymnas¬ 
tique pulmonaire dont ils reconnaissent volontiers l’efficacité; 
la cessation de cette , toux ne peut être obtenue qu’à l’aide de 
narcotiques assez puissants pour émousser la sensibilité des 
nerfs présidant aux fonctions de la respiration qui sont, comme 
on l'a observé, les plus rebelles à s’émousser, témoin la chlo¬ 
roformisation qui abolit le sensorium général bien longtemps 
avant d’influencer les nerfs des fonctions respiratoires; des 
doses qui doivent être si fortes sont dangereuses ; elles atta¬ 
quent l’organisme dans ses profondeurs et impriment à 
l'économie des modifications graves et des désordres ; pour 
empêcher un symptôme pénible il faut des doses fortes qui 
évidemment ne se bornent pas à émousser la sensibilité mais 
doivent amener des troubles sérieux. Les malades de leur 
côté seront moins enclins encore à croire à la plus ou moins 
grande innocuité de la toux qui les fatigue, les épuise, les em- 
pêche de dormir I D'autant plus que le plus souvent c’est la 
toux seule qui forme pour eux l’unique moyen de reconnaitre 
comment va leur affection ; plus la toux est fréquente et plus 
ils croient qu'ils vont mal ; pour eux un remède qui calme la 
toux est un remède qui guérit : que de fois n’avons-nous pas 
vu des malades, porteurs de cavernes et. très dyspnéiques, 
nous aborder en déclarant « qu’ils ne soutiraient plus que de 
l'estomac, que leur poitrine était guérie depuis qu'ils prenaient 


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— 285 — 


t 


telles ou telles pilules, telles ou telles potions contenant 

dos narcotiques puissants sous l’influence desquels la tuber- 

% ' 9 

culose continuait sa marche envahissante sans que l’organisme 
intoxiqué èût encore la force de réagir s'ils ne toussaient plus 
parce que la force de réaction était anéantie. Allez dire à'de' 
pareils malades de laisser leurs pilules ou leurs potions, ils 
vous répondront : « Impossible, j'ai essayé, dés que je cesse 
la'toux me reprend. » Pour la plupart dés malades, cet argu¬ 
ment est sans réplique b leurs yeux, et l’on perdrait son 
temps à vouloir leur persuader que la toux est utile et néces¬ 
saire ; un malade qui a essayé des calmants, surtout de là 
morphine, ne veut plus les cesser ; aussi comprenons-nous 
plus que jainais pourquoi les homœopathes de la première 
génération recommandaient tant de ne pas entreprendre un 
phtisique qui avait déjà usé des calmants ; malgré les plus 
instantes recommandations, il continuera à en prendre et lés 
meilleurs traitements ne réussiront plus. La toux est donc sou¬ 
vent nécessaire èt il faut reculer autant que possible l’emploi 
des calmants' et des palliatifs dans la tuberculose des pou¬ 
mons. 

Pourtant, quand la partie est inévitablement perdue (ces 
cas sont plus rares qu’on le pense), le médecin peut se per-, 
mettre d’engourdir peu & peu son malade pour lecalmer, mais 
en réalité il hâte sa fin prochaine. Aussi conseillons-nous, 
même vivement, à notre tour, à nos jeunes confrères en 
homœopathie, de ne pas entreprendre facilement un tuber¬ 
culeux qui a déjà pris beaucoup de morphine et de narcotiques; 
il continuera à eu prendre en cachette, et si l’on peut parfois 
arrêter la marche d’une phtisie pulmonaire même très avancée, 
on doit se méfier de commencer le traitement d’un sujet habitué 
déjà aux narcotiques : il est fort rare d’abord que le malade 
obéisse scrupuleusement au’ médecin. Quand le malade a 
quelques quintes de toux, il â recours aux narcotiques qui 


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arrêtent, les mouvements de l'estomac et des intestins et con¬ 
gestionnent la poitrine. 

de déclare donc carrément que là toux est loin d’être dé(a- 
vorable aux phtisiques et aux bronchiteux ; dans la msgeure 
partie des cas, calmer cette toux au moyen do narcotiques 
yiplents, ç’est accentuer la congestion de la poitrine et des 
bronches, empêcher celles-ci de se débarrasser non seulement 
des mucosités, mais aussi de réagir contre la congestion qui 
accompagne toute bronchite qu’elle soit tuberculeuse ou non. 
J’gi une telle certitude clinique à ce sujet que je déclare 
péremptoirement aux malades qui no sont pas encore assez 
avancés dans la maladio pour pouvoir espérer une guérison, 
qu’ils continueront b tousser comme par le passé, quo la toqx 
nat nécessaire, qu’ils doivent s’y résigner s'ils veulent guérir, 
pt c’est depuis lors que j’ai obtenu des guérisons que je n'au¬ 
rais osé espérer auparavant, Malheureusement, il est difficile 
d'obtenir l'obéissance sous ce rapport de la papt des malades 
pt surtout des assistants, par la raison, que' les uns et les 
autres croient qup la plus ou moins grande fréquence de la 
toux est le critérium par excellence du progrès de la maladie; 
quand bieq môme le malade prendrait de l’embonpoint et des 
forces, il irait moins bien aux yeux des profanes s'il oontinue 
jt tousser; ceci, nous en sommes certain, g été la pause de 
bien des malheurs qui auraient pu être évités. 

Np nous hâtpps donc pas de prescrire dps calmants à ceux 
qui (pussent, quelle que soit l’instance qu’on mette à les 
réclamer, nous pourrions être nuisibles en pmpêchant les 
efforts bienfaisants de la nature. Encore une fois, je sais que 
ceçi fera jeter les hauts cris aux gens du monde et aux méde¬ 
cins ; aux gens du monde n'ayant guère d'autre indication 
que celle de Ig toux pour se pendre compte des progrès do 
mal ; aux médecins, qui ne manqueront pas de dire : mal 8 
cette seçousse de la toux fatigue considérablement, épuTse 


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- 3G7 - 

4 

même le malade, elle l’oblige | faire fie videos qffortfi d'in¬ 
spiration, empêche le sommeil, etç., etc. Il pouç serait facile 
de répopdpe à tontes çes objections en disant par exemple que 
ces efforts d’inspiration survenant naiuréUemeot après Ig Iqu$ 
forment une vraie gymnastique pujmoooiro, laquelle a été 
tant recommandée dans celle terrible maladie etqqp je sojnr 
ipeil, acheté au pria de remèdes calmants, est qn mauvais 
sommeil non réparateur, etc., etc... liais nous ne vaqlpng 
pas entrer dans cette dissertation qui trouvera sa place, plus 
tard à propos du traitement de la tpberçujpse pulmonaire. 
Nons .pouvons déclarer que qotre expérience personnelle a 
confirmé pleinement notre manière de .voir. Depuis de longues 
années, nous ne. permettons plus les calmants dans la tuber* 
çuIqsb pulmonaire et nous croyons que ç’est grâce à ceWo 
façon d'agfr que nous avons obtenu de beaux succès. 

Quand'jedisun malheureux phtisique réclamait nos soies, 
noua étions tout dépités de le voir s’adresser à nous plutôt 
qu’à un autre ; c’est le . contraire aujourd’hui, nous sommes 
plein d’espoir pour lui lorsqu’il vient réclamer nos soins, cap 
nous ayons guéri bon nombre de cas graves tyen.diagnostiqués 
et chez lesquels l’examen microscopique a T aU fait reconnaître 
la présence des bacilles. 

Ils ont guéri en toussant, et, telle est notre conviction, MR 
peu parce que nous ne les avons pas empêché de tousser- Pu 
peste, la guérison de la phtisie pujmonaire n’est pas, aussi 
rare qu’on le cpoit généralement. Nous n’en voulons poqp 
preuve que le résultat des autopsies qui se pratiquent dans 
les hôpitaux et les hospices de vieillards. Combien de fois ne 
trouye-t-on pas chez dos personnes mortes à ut) âge ayancé, 
des tubercules et des traces de cavernes cicatrisées î Nons 
pensons même, quelque paradoxal que puisse être notre dire, 
qup {es malheureux poitrinaires n’oqt guère profité des pro¬ 
grès ..du, diagnostic du.s à l’eusguHatiop et à.la pepqussipn# 


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— 268 — 

* 

Comme jadis on confondait facilement la bronchite chronique 
et la dilatation des bronches avec la tuberculose pulmonaire, 
les médecins ne sachant pas précisément quelles affections ils 
avaient à traiter, soumettaient tous leurs bronchiteux indis¬ 
tinctement aux mêmes médicaments, dont plusieurs étaient 
tirés du règne végétal de notre pays, et nous ne doutons pas 
qu’un grand nombre do poitrinaires devaient leur guérison 
à certaines tisanes et à certains sirops d’herbe qui, après 
avoir joui d’une grande vogue, sont tombés en désuétude ; 
aujourd’hui la plupart des médecins allopathes, lorsqu'ils ont 
diagnostiqué la présence de tubercules en voie de ramollisse¬ 
ment chez un malade (3* période), se bornent à lui administrer 
dés calmants de la toux et par-ci par-là quelques substances 
médicamenteuses plus ou moins à la mode suivant les idées 
du jour (c’est la créosote qui a la faveur aujourd’hui); de sorte 
qu’au fond les pauvres poitrinaires sont avant tout gorgés de 
calmants, dont nous venons de dire toute la nocuité. Mais 
nous en avons dit assez maintenant sur la toux, et surtout sur 
la toux des phtisiques ; nous.y reviendrons plus tard. 

Si les médecins allopathes devaient éviter d’employer les 
calmants dans ces circonstances, le médecin homœopathe 
doit plus encore s’en abstenir, si ce n’est lorsque la partie est 
irrémédiablement perdue. 

C’est pour réagir, nous n’en doutons pas, contre cette f⬠
cheuse manière de traiter les phtisiques que le D* Jaccoud 
de Paris a écrit, il y a quelques années, son livre intitulé 
De la curabilité de la phtisie. Et heureusement aujourd’hui 
les poitrinaires ne sont plus tout à fait considérés comme les 
anciens lépreux jpour lesquels on n’a pas de remèdes. On fait 
au moins des efforts pour les guérir et l’on ne se borne plus 
4 adoucir leur souffrance et leur malaise. 

Tout en rendant hommage aux savantes recherches et aux 
belles découvertes de ces dernièrés années, grâce auxqeHes 


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— 269 — 


le diagnostic de la maladie est rendu pour ainsi dire d'tmo 
certitude mathématique, nous croyons que c'est sur la tradi¬ 
tion clinique des anciens observateurs qu’ilfaudra s'appuyer 
pour la thérapeutique de cette terrible affection. Un grand 
nombre déplantés de notre pays, qui ont jadis.joui d'une 
grande vogue sous forme de tisanes et de sirops,sont tombées 
dans un injuste oubli. Au lieu de gorger les malheureux mala¬ 
des de narcotiques et de doses énormes de créosote, de nitrate 
d’argent, etc., etc., mieux vaudrait qu’on leur rende les 
tisanes de jadis. Ces tisanes, sont-elles autre chose en vérité 
que des remèdes homœopathiques & la 1* ou & la 2* dilution ? 

Notre but actuelest.de réagir contre cette manie de vouloir 
calmer forcément la toux, quand l’auscultation prouve, qu’il y 
a des raisons matérielles pour que l’organisme tousse et fasse 
un effort pour se débarrasser de la gêne qui existe dans les 
fonctions de la respiration. Guérissons ta cause de la toux et 
ne cherchons pas à faire disparaître celle-ci puisqu’au fond 
c’est un des moyens que la nature emploie pour se débarras¬ 
ser de ce qui encombre les bronches ou réduit leur calibre. 

D 1, Martiny. 


Le tabac (1) 

par MM. Km, Ssotin, Ph®, et le D r L. Sbctin, à Bruxe’lee» 

Le tabac et l'alcool sont les deux plus terribles despotes 
qui se soient jamais imposés au monde entier. Attaqués, ils 
ne manqueront pas de défenseurs ardents et intrépides ; 
n’auraient-ils pas d’ailleurs de précieux auxiliaires, d’abord, 
dans la puissance dè l’habitude, la tyrannie de la mode et 
les mœurs des peuples ? 

On le voit, les dames américaines auront:à vaincre h» 

* * * • ; ' ^ ! 4 * % 

(1) Suite. Voir Tolqme précédant cttolome courant, pages 9, 40,78,109 
130,169,209 et 232. 


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— 270 — 

'difficultés W plus sériêüsés, Idfiis nTtfipoi’fe, elles ortl Çon- 
‘ flattée, et dbmptéot Sur lé sûfccéèdëlëtir fféfd en t^ëprisé. ' ' 

' -MT Si jâtiiaiiS éttes p&ttvenl béinp&rtor ünè.dùssi belle 
tîfcttSrô. dte îtoH» bieh plus gîdilêàse gué lés victoires rem¬ 
portées par lés plus illttslrés<Jottquèraàt*: iiiMl*s VicUrfrés, i 
ëdi, àoüt sàtjgiahtes puisqu’elles précipitent défis tdtomfeb 
dëS centdboS ël dcâ céhtainés dé milli hommes t Nous-- 
h'extlgêroliS rien, car aujourd’hui, ce Sont dès nations en- 
ilèrés tjtii se précipitent les unes sur lés âùtrëS, et, armées 
tottime elles 16 sont, àveddes éfmëâ touchàht à là pcrîectiolf, 
quel ttiàssaere, quelle déSlriictibri ! Àh ! quel tabléan âflretfx 
çd'üü de ces champs dé bataille I 

Céiii qui ont pü voir et contempler les champs de bataille 
dé Relchslioffen, GraVelOtte et Sedàh, sont restés anéantis, 
brisés et saisis de lâ plus profonde horreur 1 Ët dire qtie 
l’horrible spectacle d'aussi lamentables exterminations né 
soit pas suffisant pour rendre à l'avenir toute guerre impos¬ 
sible ! 

depéndàüt, si l'on envisagé leà conséquences dè céS guerres 
cruélléS et fratricides, combien elles 3ont navrantes et dou¬ 
loureuses ! Nous ne parlerons pas ici de tous les m&lheurs 
qui viennent fondre siit* 1@S cdtitftfes envahies; presque tou¬ 
jours elles sont condamnées h la dévastation, au pillage et à 
l’incendie ! Mais négligeons toutes ces horreurs, pour ne 
parier ici , que des attréuses misères qui viennent assaillir les 
faniilleâ d'une grande partie de ceux qui sont appelés sous les 
dràpeftux. 

1 C’est â vous, bonnes mèreS, à vous tendres épousas, à vous 
charmantes fiancées, k vous, belles et aimables jeufies fiiies, 
à vous aussi innocents et chers entants, que nous venons 
cfemànder, qu’allez-vou.3 devenir? Tous Vous avez dit un 
Wprliné âdieu à ceux qui' panaient , ét vt« vœfli ct tos Sou¬ 
haits ardents les ont accompagnés pour leur heureux retour; 


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et cependant, parmi tous ces hommes, cpmbién de milfrèrs 
resteront ensevelis et couéhêsen terre étrangère t Ah ! qu’ils 
sont nombreux ceux qui ne rever font plus ni letnr pairie, ni 
leur foyer, ni tous les êtres cher» qu’ils avaient quittés dit 
départ! . , , ' 

paorfés femmes,vous né reveftrëz plus lès époux que vôiis 
aimiez, triste» et désolées fiancées, vous êtes S tout jafflâil 
séparées de eeut à qui vous aviez, engagé Vos vies ët voâ 
destinées, et vous, enfants chéris f vous étés devenus de pâil- 
vre? et malheureux orphelins (1)! 

Voilà les tristes bienfaits de la guerre! Pourquoi lëé 
femmes qui en sont toujours les premières et ies trlsteë Vic¬ 
times ne se coaliseraient-elles pas ericoré, poiir empêcher cë 
fléau, cause de tant de ruines* de misères et do deuil. 

Maintenant, espérons que les femmes américaines saufdtié 
sortir victorieuses de la lutte qu’elles ont si côürdgeusëinèiif 
entreprise contré leurs deux cruels ennemis, l’alcool ët lé 
tabac. 

Si par leurs efforts réunis elles parviennent fi lës terrasser 
et à les anéantir, que d'hommes elles soustrairont àtifi nom¬ 
breuses maladies i Que d'hommes enfin elles arracheront à lfi 
ibort ! 

de serait là dn tridmpho aussi magniôqiië qiié gtoriëiii, 
car 11 constituerait pour le mondé ëntier, un gage dë paix* dë 
prospérité et de bonheur. 

Ab! si ies dames àméricainés peuvent un jour proclamé? 
uhè radieuse victoire, elles auront mérité qu'on leüf* élêvfi défi 
statues, sur les ‘socles desquelles on inscrira ëü grandes 
lèltres d'or : Àut femmes, la patrie i'econnaissântë. 

Un tel succès no sera-t-il, pour les femmes dé toutes lô§ 

41) Si cette digression è%àt glissée dans ndtfrë travail ■ ë’èst qiiè doué attfas' 
l'espoir encore, què ce «crû) par la généreuse intervention «le la femme» que le 
monde sera délivré du fié&u de ia guerre. 


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— 272 — 


autres nations, un. noble et glorieux stimulant ? Ne s'empres¬ 
seront-elles pas à leur tour de suivre les généreux .exemples 
.de leurs sœurs de là-bas? Comme elles encore animées d'un 
ardent courage, elles sauront se liguer et former contre les 
ennemis communs une' sainte croisade. Mais n’anticipons pas 
sur les événements. Jusqu’à Ce jour, les dames américaines^ 
toujours sur la brèche, n’ont pu atteindre encore le but si 
noble, si utile qu’elles poursuivent et si ardemment désiré. II 
faut dono savoir attendre, mais ayons confiance, car elles 
sont dans la voie qui conduit au succès. Ngiw faisons des sou¬ 
haits et des vœux ardents, pour qu’il no s& .fesse. pas trop 
longtemps attendre : il y va de la paix. et ' du bonheur de 
l'humanité toute entière. 

Mais si contre toute attente, elles devaient voir tous leurs 
.efforts réunis rester impuissants et stériles, nous ferions 
nôtres les propositions de M. le docteur Joly qui se trou¬ 
vent à la fin de sa brochure si remarquable intitulée: Etudes 
hygiéniques et médicales sur le tabac. 

Voici ces propositions : 

1. Substituer dans le commerce, dût-on les payer bien 
chers, les tabacs du Levant, de Grèce, des Arabes, du Brésil 
et autres,ne contenant que de faibles proportions de nicotine, 
aux tabacs plus ou moins saturés de ce principe toxique. Une 
telle mesure serait un véritable bienfait puisqu’elle rendrait 
immédiatement à l’agriculture des milliers d’hectares d’excel¬ 
lentes terres (pour, la France seule plus de vingt mille 
hectares) que l'on consacre à Ma culture d’une plante véné¬ 
neuse et qui ne sert qu’à empoisonner les populations I 

En France, c'est le gouvernement qui s’en constitue le 
triste distributeur. 

2. Ou bien on pourrait encore facilement enlever aux 
tabacs la presque totalité de leur nicotine; s’ils doivent 
rester dans le commerce, on pourrait facilement encore 


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— 273 — 


remplacer le principe toxique par des parfums qui ne man¬ 
queraient pas pour répondre à tous les goû:s individuels et 
qui ne seraient pas seulement plus hygiéniques mais plus 
agréables aux sens que les odeurs âcx*e, empyreumatique et 
ammoniacale des tabacs nicotisés. 

3. Eclairer le public sur les dangers de fumer des tabacs’ 
très nicotisés et le prémunir contre les effets nuisibles qu’ils 
peuvent avoir sur la santé. 

4. Proscrire sévèrement l’usage du tabac dans tous les 
établissements d’instruction publiquo comme pouvant être 
funeste à la santé, à lit morale, à l'intelligence. 

5. Interdire sévèrement la vente du tabac ou des spiritueux 
aux personnes âgées de moins de 16 ans. 

6. L’interdiction doit être sanctionnée par une loi; elle 
n’existe ni en France, ni en Belgiquo, ni dans aucun gouver¬ 
nement européen. Un Etat de l’Amérique, le Connecticut 
(Etats-Unis), vient de la promulguer. 

7. Elle constituera une loi protectrice et vraiment tutélaire 
à l’égard des adolescents et surtout des enfants. Espérons 
que nous verrons bientôt tous les gouvernements européens 
et l’Amérique toute entière suivre le noble et généreux 
exemple qui leur est donné par l’un des Etats de la grande 
République américaine. ' 

8. Nous espérons encore que notre chère patrie ne restera 
pas en arriére et que bientôt la Belgiquo sera dotée d’une loi 
préservatrice, puisqu’elle aura pour but de soustraire la 
jeunesse aux effets délétères de cette plante néfaste qui 
s’appelle le tabac. 

9. Il appartient à un gouvernement sage, éclairé et pru¬ 
dent que la promulgation de cette loi se fasse dans le- plus 
bref délai. Le mal que cette méchante plante fait aux jeunes 
gens est bien plus grand qu'on ne peut le. supposer. C’est un 
©ruel ennemi de l’humanité, mais surtout delà jeunesse. 11 


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- 274 — 

faut donc la soustraire au plus tôt & sa triste et à sa funeste 
influence. 

Maintenant donnons ici les principaux désordres que le 
tabac peut produire dans l’économie : 

1. Il peut occasionnel dans l'appareil olfactif et visuel les 
lésions les plus graves, perte de l’odorat et perte de la vue 
(amaurose). 

2. Il peut impressionner l’estomac et l’intestin do la manière 

la plus fâcheuse. ' 

3. 11 produit le terrible cancer. Celui-ci était rare chez 
l’homme avant la venue du tabac, mais depuis le triste abns 
qui en est fait, il est devenu une maladie assez fréquente. 

4. Le foie peut être tristement impressionné par le tabac et 
donner lieu à de fâcheuses hépatites. Un teint jaune et 
blafard est presque toujours le fait de l’abus du tabac. 

5. Le tabac détermine la soif et pousse à la boisson. Il 
affecte le larynx, les bronches et les poumons, de là les laryn¬ 
gites, bronchites et affections pulmonaires. 

6. Il flétrit le poumon et cause l’asthme. 

7. La nicotine produit l’hépatisation du poumon. 

8. La nicotine peut amener la maigreur des fumeurs ; d’un 
autre côté, en entravant la calorification, elle peut amener 
et être causo de l'obésité et du diabète. 

9. L’usage du tabac produit les palpitations nerveuses, le 
ramollissement et l’anévrisme du cœur. 

10. Il peut produire l’incontinence, comme il peut être 
cause de la rétention d’urine et du catarrhe de la vessie; 

11. Il produit une action déprimante sur la fonction de la 
génération, engourdit et détruit le zoosperme. Il est une cause 
de la stérilité, de décroissance de la population et de la 
mortalité des enfants. 

12. Le tabac ou la nicotine agit d’une manière toute 
spéciale sur le système nerveux; il produit le ramollissement 
du cerveau et de la moelle épinière. 


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Noua avons donné plusieurs exemples de ramollis par la 
nicotine. 

13. Il exerce les plus tristes ravages sur les facultés intel¬ 
lectuelles. Que de faits multiples ne pourrions-nous pas citer 
à l’appui? 

14. Le tabac a une action perverse sur le sens moral. 

15. Il pousse au suicide. 

16. Le suicide est fréquent dans les armées, le tabac n’en 
serait-il pas la principale cause ? 

17. Le tabac est l’écueil où l'enfance et la jeunesse sepor- 
dent, il pousse aux idées subversives de l’ordre social. 

18. Le tabac est une grande cause de la folie. 

19. L’alcool ne peut être la cause de toutes les misères 
de*t on l’accuse. 

29. Les statistiques nous démontrent une mortalité 
effrayant» dans les armées, le tabac qu’on y fume avec le 
plus triste abus, n’en serait-il pas la cause principale ? 

21. D’après bien des médecins distingués, les descendants 
des nicotinés sont frappés de déchéance intellectuelle et mo¬ 
rale. 

(A continuer). Em. Seütin, ph“ et D r L. Seutin. 


MALADIES DE LA PEAU (1) 

par lo D r Burkhard, de Berlin. — Traduction du Dr Cukvauek, de Charloroi 

Eczéma 

Anatomiquement X eczéma se range à côté de l’herpès ot 
occupe comme lui les couches superficielles du derme, qu’il 
recouvre d’un exsudât, lien diffère cependant par sa tendance 
à s’étendre et par sa durée qui n’a rien de défini. De plus, 
alors que l’herpès, comme nous l’avons vu précédemment, 

(1) Suite. Voir vol. courant, pages 143, 215 et 248, 


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- 376 — 


présente toujours une éruption vésiculeuse, l'eczéma peut 
mais ne doit pas l’avoir, eu égard à l’abondance de son exsu¬ 
dation. 

Et d’abord, pour parler de l’eczéma qui ressemble lé plus à' 
l’herpès, l’exsudât peut être juste suffisant pour soulorer l’épi¬ 
derme en petites vésicules, ce qui donne Y eczéma simplex ou 
vesiculare. 

Ces véhicules peuvent se remplir d’un liquide trouble qui 
devient jaune et purulent, eczéma impetig inodes, ciu bien 
l’exsudât n’est pas suffisant pour donner lieu à des vésicules, 
l’épiderme est simploment soulevé et se desquamme, en lais¬ 
sant un fond rouge, ce qui constitue Y eczéma squamosum 
ou pityriasis rubra . Ou enfin l'exsudât fait tomber l’épiderme 
et recouvre le derme rouge mis à nu, eczéma mzbrum. 

Souvent cet exsudât se dessèche et forme des croûtes et des 
écailles appelées tineœ ou crustœ, auxquelles on a donné 
dans le temps les différents noms de mucosœ, granulatcè, 
lacteœ , serpiginosœ, etc. 

Les causes de l’eczéma peuvent être diversos. Elles peuvent 
être locales, par exemple Y eczéma caloricum produit par 
l’exposition au feu, surtout dans les pays tropicaux ; Y eczéma 
solare suite d’insolation ; celui qui so contracte par l’usage 
des bains chauds dans les eaux minérales. Ici se range égale¬ 
ment la miliaria rubra provenant de transpirations abon¬ 
dantes. Seulement les vésicules ne renferment pas, comme 
dans la miliaria alba , de l'eau de la transpiration, mais un 
exsudât inflammatoire. 

Viennent ensuite les eczémas produits par certaines médi¬ 
cations et dont Y eczéma mercuriale est le plus connu. 

Une cause plus éloignée d’eczéma consiste dans les stases 
veineuses. Et comme ces dernières so rencontrent surtout 
aux extrémités inférieures, c’est aussi à ces parties que l’on 
trouve l'eczéma. 


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- 2Ÿ7 — 


Ehfin il y a beaucoup d’eczémas auxquels on ne saurait 
assigner de cause et que nous faisons dépendre d’une diathèse 
herpétique, parce que nous n'en connaissons pas la véritable 
étiologie. 

Du reste ee qui prouve la diathèse, c'est d’un côté la grande 
tendance aux- récidives et en second lieu l’irréAitable fait de 
la transmission par hérédité. Une prédisposition innée à 
l’eczéma se rencontre chez les scrofuleux, surtout à Y eczéma 
impetiginosum, toi que la croûte de lait, etc. 

Les symptômes qui accompagnent l’eczéma sont d'abord 
une démangeaison qui peut devenir insupportable ; puis dés 
taches rouges, souvent recouvertes de vésiculës et do' pus» 
tules, ou desquames blunches, de croûtes ou enfin d’un suin¬ 
tement. D’après cela nous avons divisé l’eczéma en différentes 
variétés. Une autre division de l’eczéma est celle oh aigu et 
chronique, mais elle a peu de valeur, attendu que Y eczéma 
chronique peut reconnaître une des formes citées plus haut. En 
outre je dois foire remarquer que l’état chronique peut suc¬ 
céder h l’état aigu, et qu’il n’est pas nécessaire pour cela 
qu’il y ait une hypertrophie inflammatoire du chorion. 

Enfin on peut diviser les eczémas d’après leur siège : il y a 
Y eczéma universale qui recouvre une grande partie du corps ; 
il peut être subaigu ou chronique, dans le premior cas, il sera 
simplex ou squamosum, rarement rubrum. Dans le second il 
Sera rubrum, de sorte qu’on trouvera sur le corps des taches 
rouges et humides et des croûtes squameuses. Du reste cette 
atfbction n’est pas mortelle comme on pourrait le croire, les 
malades, & part leur affection, jouissent d'une bonne santé et 
sont bien en chair. 

L’eczéma partiel peut avoir son siège sur la tête. Il est 
impetiginosum, rubrum ou squamosum. Dans les deux 
premiers cas, il y a des croûtes sèches agglutinées aux che- 
veux simulant une calotte. 


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— 278 — 


Souvent, les ganglions cervicaux s’engorgent et passent 
même parfois à la suppuration. > 

Quand l’eczéma de la tête est squamosum, comme la sécré¬ 
tion est minime et justement suffisante pour détacher l’épi¬ 
derme par petites parties, on ne trouve pas d’écailles ni de 
croûtes, seulement une surface rouge, sèche, recouverte, 
comme les cheveux et le collet des habillements, de pellicules 
innombrables, qu’on appelait dans le temps tinea furfu - 
racea. 

Chez les enfants, on trouve souvent sur la figure Y eczéma 
impetiginodes et le rubrum. Surtout sur les joues et le menton 
se montrent des places où,, sur une base enflammée, il 
y a quelques vésicules, ou des croûtes, ou de véritables 
plaques. 

Si on fait tomber ces croûtes, on trouve le derme à nu, 
rouge, qui, continuant de sécréter, refait de nouvelles 
croûtes. 

Cet état était appelé anciennement porrigo larvatus ou 
tinea farrei, crusta lactea, crusta serpiginosa, etc. Cet 
exanthème, qui est essentiellement scrofuleux, s’accompagne 
souvent de l’inflammation des ganglions, des yeux, des 
oreilles, etc. 

Souvent les oreilles, les sourcils, les paupières sont seuls 
atteints d'eczéma, surtout de la forme squamosum. 

L’eczéma rubrum se montre souvent tout autour sur les 
seins et près du nombril. 

L ’eczéma pudendorum est très incommode, aussi bien 
chez l’homme que chez la femme, il est ordinairement de la 
variété simplex ou rubrum quand il est chronique. Par suite 
des démangeaisons on ne peut plus vives, les parties pouvait 
être déchirées. Il en est de même do Y eczéma ani. Les cuisses 
des deux côtés du scrotum sont souvent couvertes d’une érup¬ 
tion eczémateuse qui, à cause de sa forme circulaire, est en- 


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— 279 — 

core appelé eczéma marginatum. On trouve aussi aux jam¬ 
bes de nombreuses plaques d *eczéma rubrum. 

Dans les jointures par suite du mouvement de la peau, 
l’eczéma peut donner lieu à des crevasses et à des plaies. Les 
pieds et les mains sont presque toujours entrepris en même 
temps. 

Sur la face dorsale on trouve la forme d’eczéma simplex ; 
dans la paume des mains et la plante des pieds il n’y a pas de 
grand exsudât, seulement l’épiderme s’enlève sous forme de 
grosses écailles, ce qui dépend de la texture de cette partie, 
et ce qui pourrait en imposer pour un psoriasis. 

Nous sommes arrivés au traitement de l'eczéma. Vous 
savez que dans l’ancienne école on a considéré pendant long¬ 
temps comme une faute de chercher à guérir les maladies 
cutanées par des remèdes externes, parce qu’on considérait 
ces exanthèmes comme des exutoires d’affections internes, et 
parce que l’on croyait, qu’après la disparition de ces éruptions, 
les maladies étaient refoulées à l'intérieur du corps et que 
l’éruption ennuyeuse mais nullement dangereuse préservait 
de maladies très graves. Cette manière do voir fut complète¬ 
ment renversée par Hebra qui regarda chaque exanthème 
comme un mal local et devant être traité localement. Il alla 
jusqu’à traiter par une médication uniquement externe les 
éruptions qui étaient sans aucun doute l’expression de mala¬ 
dies internes. On tomba d'un extrême dans l’autre. Il reste à 
savoir si la théorie de Hebra a fait du bien ou du mal dans la 
question du traitement ? Je puis affirmer qu’elle lui a fait du 
bien. Elle a d'abord eu l’avantage de tirer la thérapeutique 
des affections cutanées de ce marasme dans lequel elle était 
plongée et de faire faire des observations. Et si l’on compare 
les résultats obtenus par Hebra avec ceux de l’ancienne école, 
on est étonné. Hebra a prouvé que beaucoup d’exanthèmes 
sont curables par une médication externe—s’il l’affirmaitpour 


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— 280 — 


tons, nous ne partagerions pas son avis — et ses résultats 
obtenus sont brillants. 

Mais comment la thérapeutique de Hebra explique-t-elle 
l’assertion que, par une médication externe, ou peut pro¬ 
voquer do graves maladies internes ? La réponse ne peut 
être donnée qu’en jetant un coup d’œil sur les observations 
d'alors. Si nous sommes convaincus dans les deux camps, 
allopathique et homœopathique, que l’ancienne école avait 
un fond de vrai et que, par suite de la thêoriede Hebra, il est 
survenu plusieurs accidents-, nous devons cependant convenir 
que ce spécialiste a fait des cures merveilleuses et que le trai¬ 
tement interne d’autrefois a fait autant de mal que celui de 
Hebra avec cet avantage en moins, qu’il n’a jamais été Utile. 
La médication interne consistait simplement en purgatifs et 
encore des purgatifs et quand le pauvre patient s’était telle¬ 
ment purgé qu’il était à moitié mort, et cela sans que l’érup¬ 
tion eut disparu, on prescrivait des doses énormes de mercure, 
d’arsenic ou d’antimoine. Si ces médicaments ne donnaient 
pas de bon résultat, le médecin était à bout de ressources et 
le malade allait en consulter un autre qui recommençait les 
purgatifs, etc. Comparée à cette médication, celle de Hebra 
a dû apparaître comme une bénédiction, comme une nouvelle 
area dans le traitement des maladies cutanées. Mais comme 
par le temps tout s’explique et se juge, il en advint de même 
de cette nouvelle théorie. Insensiblement on connut de plus 
en plus de cas d’affections très sérieuses et qui s'étaient ter¬ 
minées par la mort, provenant de la disparition dé ces 
éruptions ; c’étaient surtout chez les enfants des cas d'hydfé- 
céphalie aiguë, de croup, de bronchites, qui donnaient lieu à 
ces dures réflexions. D’un autre côté on cita également de 
nombreuses cures qui s’étaient opérées sans préjudice aucun 
pour la santé des malades. On se mit à réfléchir sur ces résul¬ 
tats si divers et on trouva, comme jé l'ai dit plus haut, que 


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— 201 — 


Hebra avait eu le grand mérite d’appeler l’attention sur ces 
maladies. Non pas que la question pût être tranchée d’une 
façon défloitire, mais les praticiens se mirent enfin à étudier 
sérieusement les affections cutanées, ce qu’ils n’avaient pas 
fait jusqu’alors. Il en résulta cette conviction que certaines 
maladies doivent être traitées intérieurement, même quand 
on emploie un traitement externe et cela à cause des méta¬ 
stases et qu’il y en a d’autres oit ce danger n’est pas & 
craindre. 

Ceci une fois compris, il fallut évidemment déterminer ce 
qui devait se traiter par médication interne, et ce qui pouvait 
l'être par traitement externe, car personne ne conteste qu’il 
y a des cas où la médication doit être interne, dans la suppo¬ 
sition bien entendue que le médecin prescrive un médicament 
qui puisse guérir l’affection cutanée sans faire de tort & tout 
l’organisme. Je précise expressément ce point, parce que 
c’est d’après lui que je régie mon traitement èt que je reven¬ 
dique également pour moi, homœopathe, le droit de prescrire 
dans certains cas une médication externe. Ainsi, chaque 
éruption doit être traitée intérieurement, quand elle est-le 
résultat d’une affection interne. D’autres peuvent l’être 
exclusivement par traitement externe. Quelles sont les pre¬ 
mières ? Pour les autres, le médecin agira d’après ses convic¬ 
tions. Ici se présentent de suite de grandes difficultés, qui 
peuvent à peine être surmontées dans certains cas et qui 
dans d’autres ne le peuvent pas. 

Théoriquement parlant, la chose parait très simple. D'abord 
nous avons certaines affections des yeux où il serait impru¬ 
dent d’employer un traitement externe, attendu qu’elles sont 
le résultat de maladies internes. Il est évident que dans ces 
cas, la relation entre la maladie interne et l’éruption consé¬ 
cutive est si claire, que cela suffit pour proscrire un traite¬ 
ment externe. 


A 


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— 2*2 — 


En second lieu, vient le groupe important des éruptions 
scrofuleuses. Abstraction faite des cas ou l’éruption est la 
suite d'autres maladies, et qui pourraient être comprises dans 
pelles dont nous venons de parler, nous savons que la scro- 
fulose se montre sous tant de formes différentes et peut s'at¬ 
taquer à tant d’organes importants, qu’il serait imprudent de 
les faire rentrer par un traitement mal approprié, et d’occa¬ 
sionner ainsi une métastase sur les yeux, le cerveau ou autre 
part. Ceci est surtout vrai pour lc3 eczémas humides de la 
tête et de la face. 

Niemeyer à ce propos s'exprime ainsi : « Il est possible que 
dans la suite, on reconnaisse pour non fondée, la crainte de 
traiter les maladies cutanées par un traitement local ; mais 
dans l'état actuel de nos connaissances, elle est juste et je 
J'appuie de mon expérience personnelle.» 

Traduction du D r Chevalier. 

.. (A continuer.) 

REVUS DE* JOURNAUX HOIŒOPATBIQUES D’AMÉRIQUE 

par le D r Lambreghtb, fils, d'Anvers. 


Traitement de la folie des femmes enceintes 

Le D r Crippen publie dans l ’Hahnemannian monthly un 
mémoire intéressant sur les indications des principaux re¬ 
mèdes homœopathiques usités dans les diverses formes d’alié¬ 
nation mentale qu’on observe pendant la grossesse. En 
voici quelques extraits : 

Chamomilla. — Eréthisme mental, colère et mauvaise 
humeur, irritabilité excessive allant jusqu’à l’inconvenance : 
la malade ne peut supporter qu’on lui parle ou qu’on l’inter¬ 
rompe ; elle cherche un motif de querelle, et la moindre irri¬ 
tation provoque un violent chagrin et une angoisse profonde. 


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— 283 — 


China. — Manie consécutive à une hémorrhagie ou à une 
lactation prolongée. 

Hyperesthésie de tout le système nerveux avec débilité, 
épuisement, intolérance pour les bruits, anxiété et appréhen¬ 
sions eitrêmes ; lorsqu'elle ferme les yeux elle voit des per¬ 
sonnes et des objets qui disparaissent aussitôt qu’elle les 
ouvre. 

Cuprum acetic .— Manie survenant par paroxysmes; dans 
les intervalles la malade parait être en pleine possession de 
ses facultés; les crises de hurlements se produisent d’une ma¬ 
nière subite et imprévue. 

Hyosciamus. — Manie aiguë, exaltation extrême sans 
inflammation. Elle craint d’être empoisonnée ; aussi refuse- 
t-elle avec colère des médicaments qu’on lui donne. Elle s’ima¬ 
gine qu’elle est poursuivie par des démons, que quelqu'un 
veut attenter à sa vie. Elle saute de sou lit pour échapper à 
un ennemi imaginaire. Les objets lui paraissent trop grands 
et indistincts ou parfois colorés en rouge de sang; sa conver¬ 
sation est bizarre; elle passe fréquemment d’un sujet à up 
autre sans la moindre transition. La face est pâle ou faible¬ 
ment congestionnée, les pupilles sont dilatées. Elle reste 
éveillée pendant des heures entières. Pendant le délire elle a 
l’air d’une personne idiote; elle rit d’un rire bête,et son visage 
présente uno expression d’imbécilité bien marquée. Parfois 
elle devient lascive, rejette ses couvertures et cherche, à se 
découvrir. 

Jgnatia. — Mélancolie : Elle désespère de son salut ; elle 
s’imagine qu’elle a été infidèle à son époux et pleure amère¬ 
ment. L’abdomen est tendu, les mains et les pieds sont froids; 
elle désire rester seule avec son chagrin. 

Lilium tigrinum et sepia. — Ces deux médicaments sont 
d’une importance capitale chez les femmes irritables et mé¬ 
lancoliques. Tous deux ont pour caractère principal une 


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— 284 - 


crainte exagérée et une sollicitude excessive pour là santé. 
Mais dans sépia il existe dans l’utérus des lésions organiques 
beaucoup plus prononcées et plus sérieuses, tandis que dans 
lilium on ne trouve que des désordres fonctionnels, ou tout 
au plus une lésion organique récente ou relativement de peu 
d'importance. 

Lilium est plus approprié aux cas aigus de mélancolie 
lorsque l’utérus et les ovaires sont le siège d’une inflammation 
modérée et subaiguë et lorsque la malade appréhende l’exis¬ 
tence d’une maladie mortelle qui,en réalité,n'existe pas. Dans 
lilium la malade est très sensible, hyperesthésique avec 
tendance marquée & l’hystérie; elle se rétablit très rapidement 
à sa grande surprise et à celle de son entourage à qui elle a 
fait accroire que son cas était désespéré. Dans sepia la ma¬ 
lade est très désespérée; elle a des idées de suicide et une 
grande aversion pour tout travail. Cette grande dépression a 
d’ailleurs sa raison d’être, car très souvent il existe de pro¬ 
fondes lésions organiques qui ne peuvent se guérir que par 
de longs et constants efforts. 

Opium. — Manie furieuse avec contorsion des traits, 
bouffissure et rougeur de la face, cyanose et gonflement des 
lèvres, imagination exaltée, visions effrayantes de spectres, 
de démons et de monstres. 

Platina. — Excitation sexuelle prononcée avec fourmille* 
ments aux organes génitaux, nymphomanie, mélancolie. 
La malade croit qu’elle n’est pas faite pour ce monde; elle est 
fatiguée de la vie mais craint beaucoup la mort. Elle est flère 
et hautaine et possède une grande idée de sa supériorité; elle 
regarde toutes les personnes comme inférieures et insigni¬ 
fiantes; tout lui semble trop étroit ; lés objets paraissent plus 
petits qu’ils ne le sont naturellement. 

Pulsatilla. — Grande dépression, tristesse et disposition 
aux pleurs ; sollicitude exagérée pour son salut ; idées de 


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- 285 — 


suicide maiscrainte de la mort; frissons, bouffées de chaleur, 
mains froides et face pâle, 

Stramonium. — Manie sauvage ou gaie ; délire avec 
face colorée, regard étrange; hallucinations terrifiantes ; la 
malade voit des animaux surgir de tous les coins ; délire 
loquace empreint de gaieté, puis de terreur; ainsi elle rit, 
chante et fait des grimaces, et un moment après elle crie au 
secours. Elle désire vivement la compagnie et la lumière ut 
craint l'obscurité. 

Sulphur. — Désespoir, mélancolie religieuse avec crainte 
pour son salut ; irritabilité et taciturnité ; lenteur du corps et 
de l’esprit pendant le jour ; ayersion pour tout travail, manie; 
elle détruit tout ce qui lui appartient pensant qu’elle a tout en 
abondance ; elle s’imagine qu’elle porte de beaux vêtements 
et prend de vieux chiffons pour des vêtements magnifiques. 

Veratrum album. — Manie furieuse, cris sauvages, pro¬ 
trusion des yeux, face bouffie et bleuâtre, anxiété, frayeur 
pour des objets imaginaires; lascivité, sans gêne dans la 
conversation ; envie d’embrasser tout le monde ; froid à la 
surface du corps avec sueur froide au front. 

Veratrum viride. — Manie avec excitation artérielle ; 
pouls petit, mais très fréquent; yeux rouges. 

Nouveaux remèdes américaine contre la dyspepsie 

Iris versicolor. — Ce médicament possède une action 
bien marquée sur tout le tube digestif, et spécialement sur sa 
partie supérieure, sur les glandes salivaires et le pancréas. 
Dans les affections de l’estomac, on peut l’employer de préfé¬ 
rence à nux et à puisât ilia, lorsque les symptômes suivants 
existent : Douleurs violentes à la région épigastrique qui 
surviennent par intervalles ; vomissements de matières 
alimentaires une heure après les repas; vomissements bilieux; 


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— 286 — 


Acidité des matières contenues dans l’estomac avec ou sans 
douleur ; inflammation de l'estomac et du duodénum. 

Lithium carb. — On peut l’employer avec succès dans 
l’acidité de l’estomac. 

Lobelia inflata. — À basses dilutions, ce remède est 
efficace dans la cardûdgie spasmodique, dans la gastralgie 
bilieuse et les souffrances atroces occasionnées per le 
passage de calculs biliaires. A toutes les dilations, il est 
homœopathique à cette forme de vomissements accompagnés 
de grande prostration, de sueurs froides et de faiblesse da 
pouls. Il est d’une grande utilité également dans les vomisse¬ 
ments produits par de violentes émotions. 

Le D r Jeans emploie ce remède avec d’excellents résultats 
pour combattre un grand nombre de symptômes dyspepsiques. 

Il considère comme la principale indication, la sensation de 
faiblesse à l'épigastre avec oppression de la poitrine. Dans 
beaucoup de cas, même où l’oppression est insignifiante, 
remploi de lobelia est souvent très efficace, comme le 
prouve d’ailleurs le cas clinique suivant : Un homme de 
constitution robuste, âgé de 45 ans, était atteint d’un flux 
hémorrhoïdal assez abondant et d'un sentiment de faiblesse et 
de pression à l’épigastre avec acidité de l’estomac. Il avait 
pris nux et d’autres remèdes sans çn éprouver le moindre 
soulagement ; comme il ressentait en même temps une légère 
oppression à la poitrine, lobelia lui fqt administré. Le médi¬ 
cament amena une guérison rapide. Les symptômes gastri¬ 
ques, les hémorrhoïdes et l’oppression disparurent comme par 
enchantement. 

Parmi les botanistes, cette plante a d’ailleurs la réputation 
de constituer un excellent antidyspeptique ; prise à la dose de 
3 ou 4 gouttes avant le repas, la teinture de lobelia agit 
comme apéritif et favorise la digestion; son abus débilite 
l’estomac. 


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287 — 


Lubelia convient également dans les dyspepsies provoquées 
par l’abus du thé vert, du tabac et des liqueurs fortes. Voici 
ses symptômes caractéristiques : Dyspepsie constante aggra¬ 
vée par le moindre exercice et le refroidiaremeiitv asthme 
chronique à paroxysmes aigus, sensation de faiblesse et de 
pression à l'épigastre, s'étendant jusqu’à la région du cœur, 
avec pyrosis et acidité ; sensation d’un corps étranger ou d’un 
bouchon de mucus dans le larynx avec oppression ; cépha¬ 
lalgie passant d’une tempo à l’autre ; douleurs dans ' les 
épaule» et dans le côté gauche ; urines foncées. 

Myrica cerifera. — Ce remède est de la pins haute 
importance dans les désordres gastro-intestinaux. Ses princi¬ 
pales indications sont : 

Faim factice suivie d’indigestion et d’ictére amenant une 
coloration jauhe de la peau. Sensation de plénitude & la région 
du foie et à l’abdomen. • 

Rétention d’urine. L’urine est jaune et écumeusè ; èlle 
devient chaque jour plus foncée et tache le linge. Grande fâH 
blesse et somnolence pouvant aller jusqu’à la stupeur. 

Oleum cajeputi. —Ce médicament a guéri un grand nombre 1 
de cas de vomissements nerveux avec dysphagie et constric- 
tion spasmodique de l’œsophage. 

Oenothera biennis. — Les deux cas suivants démontrent 
l’action probable de ce remède : 

Un homme âgé de 26 ans, très actif, souffrait de dyspepsie; 
en même temps il éprouvait de grandes douleurs dans la 
vessie avec fréquentes envies d’uriner. Il avait été traité par 
diverses méthodes, mais son mal ne faisait qu’empiror. Oe¬ 
nothera et china amenèrent une rapide amélioration. 

Un autre dyspeptique était atteint surtout de vomissements 
de matières alimentaires après lès repas, d’insomnie et 
d’évacuations fréquentes d’urine. 

Oenothera administré avant les repas Ht disparaître 


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— 288 - 


promptement les vomissements et l'irritabilité de la vessie* et 
lui procura un sommeil réparateur. 

Podophyllwn.— L’action de ce remède 9ur le tube digestif 
est très étendue et très énergique ; mais ses symptômes sont 
surtout prononcés au foie et dans les intestius. Il est très 
utile chez les dyspeptiques qui présentent des lésions du côté 
de ces organes; il convient également aux dyspeptiques qui 
ont abusé des mercuriaux. 

Puisât ilia nuttalliana. — Sensation de plaie à l’entrée do 
l’estomac ; douleurs poignantes à l'estomac avec distension 
de l’abdomen et céphalalgie ; éructations acides ; mélancolies ; 
nausées sans vomissemonts; douleurs à l’épigastre; douleurs 
aiguës à l’estomac s’étendant à l’épine dorsale; vomissements 
des femmes enceintes. 

Populus tremuloïdes. — Le D r Loe reoommande oe médi¬ 
cament dans les cas suivants : Indigestion, flatulence et acidité. 
C’est un excellent remède dans la dyspepsie des femmes en- 
«intes. (Homœopathic recorder.) 

D r Lambreohts. 


SOMMAIRE 

ENCORE L’IODURE DE POTASSIUM, par le D' 


I 

Martiny ..257 

La médication palliative et la toux, par le D r Martiht . 259 
Le tabac (Suite) par MM. Eu. Seutin, Ph n et le D r Léon 

Seutin, à Bruxelles. 269 

Maladies de la peau (Suite). Traduction du D' Chevalier, 

de Charleroi.. 275 

Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par 
le D r Lambrkqhts, fils, d’Anvers. 282 


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— 290 - 


Jo commencerai ma communication par rappeler en quel¬ 
ques mots la discussion qui vient d’avoir lieu à Paris à 
propos de l’épidémie actuelle. MM. les Académiciens ont 
commencé par so disputer entre eux pour savoir à quelle affec¬ 
tion on avait affaire; est-ce la fièvre dengue, est-ce la grippe ou 
1 ’influenza, est-ce une autre maladie inconnue jusqu’à cejour ? 
«Hippocrate ditoui,Galien ditnan;» ce ne fut peut-être jamais 
e cas de mieux appliquer ce dicton plus ou moins ironique à 
l'adressa des médecins. Hippocrate dit que c’est la fièvre 
dengue et non la grippe ; Galien prétend que c’est la grippe 
et pas la fièvre dengue ; mêmes tergiversations à propos du 
traitement; l’un dit qu’il faut do l’antipyrine, l’autre que l’an¬ 
tipyrine fait tout le mal, bref le public a encore pu* rire des 
médecins à son aise ; ils ont prêté le flanc aux vieilles plai¬ 
santeries, toujours les mêmes, mais toujours vraies. Pour¬ 
tant, si l'on peut rire des Académiciens, nous ne pensons pas 
que, quant au traitement du moins, on puisse avec raison 
se moquer des médecins homœopathes, ou plutôt de l’bomœo- 
pathie, dans cette circonstance; parce que, si les principes do 
l'allopathie doivent laisser un doute quant aux moyens et aux 
remèdes à employer, en choisissant dans l’arsenal de l’an¬ 
cienne école, si l’un peut défendre la méthode purgative que 
l’autre condamne, si le premier peut prétendre, les meilleurs 
auteurs en main, que la quinine doit guérir tandis que le deu¬ 
xième s’obstine à faire de la médecine expectante, l’homceopa- 
thie, au contraire, enseigne à ses adeptes un traitement parfai¬ 
tement adapté à l’épidémie actuelle et voici comment : 
le médecin homœopathe, en suivant les principes de notre 
thérapeutique, doit d’abord faire un examen complet des 
symptômes, et une fois ceux-ci bien annotés, il doit re¬ 
chercher quels sont les remèdes qui couvrent le mieux la 
totalité des symptômes ; c’est ce que nous avons fait au début 
de l’affection; elle se présente dans notre pays sous trois formes 


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— 291 — 


qui ont été très bien distinguées par notre confrère le D'Cri- 
quelion dans une lettre qu’il nous écrivait il y a quelques jours 
et dont voici un extrait : , 

« Nous avons ici une épidémie de grippe très, étendue et 
elle présente des caractères divers. 

« Il y a une forme catarrhale, la plus rare, la moins bien 
caractérisée et la plus opiniâtre ; je prescris bryonia et 
arsenic. , 

« Il y a ensuite une forme avec une céphalalgie plus intense 
et très pénible, un sentiment de brisement et d’accablement 
excessifs. La fièvre est moins marquée. Cette forme pourrait 
être appelée la forme névropathique. 

« Enfin nous avons d’autres cas où la fièvre est plus intense, 
avec beaucoup d’accablement aussi, mais où il y a une hébé¬ 
tude bien marquée avec grande tendance au sommeil : c’est 
une sorte d’état typhique, en apparence, où il y a quelque 
chose de septique; c’est, à notre avis, la forme typhique do 
l’affection. Ces cas se résolvent assez vite, généralement au 
bout de 48 heures, sauf ceux à forme catarrhale qui sont plus 
opiniâtres et qui n’ont pas le caractère de la vraie grippo. 

« L’épidémie actuelle présente donc uno allure bien nette, 
bien franche, bien caractérisée, mais avec dos formes diverses 
cependant, où les traits distinctifs de la grippe sont bien 
accusés. Après quelques heures de lassitude et de frissons, 
l’on est pris d’un brisement général et de céphalalgie qui vous 
forcent à vous mettre au lit ; la fièvre monte, l’on ne peut 
rester debout, la face devient rouge et tuméfiée, mais sans 
fash; le mouvement et le travail intellectuel deviennent 
excessivement pénibles : l’on est comme immobilisé, ne 
demandant que le repos, le demi-jour et le silence. 

. « Après 24 heures de cetétat, sous l’influence d’un traite¬ 
ment approprié, une sueur abondante s’établit et amène la 
résolution de toute la maladie ; c’est la forme la plus commune 


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— 292 — 


et que j’ai observée surtout au début de l’épidémie ; elle est 
la plus courte et ne présente presque pas de convalescence. 

« La lorme catarrhale est moins intense, elle affecte, je 
crois, les sujets prédisposés aux affections bronchiques ou déjà 
en puissance de catarrhe ; son début est moins brusque et sa 
terminaison moins rapide; les symptômes de prostration ne 
durent pas plus longtemps que dans la première forme, mais 
la toux résiste et dure plusieurs jours. 

« J’ai obsqrvé aussi une forme bilieuse, moins fréquente 
que les deux autres, avec vomissements jaunâtres, filants, 
huileux; céphalalgie, brisement, courbature,* fièvre avec 
grand sentiment de faiblesse et besoin de rester couché ; elle 
ressemble beaucoup à la forme soporeuse. 

« Les récidives sont fréquentes ; il en est qui se sont pro¬ 
duites jusque trois fois en dix jours : ces malades n’avaient 
été soumis à aucun traitement. J’ai observé des sujets pré¬ 
sentant des douleurs de ligature aux quatre articulations des 
poignets et des malléoles. J'en ai vu chez qui la douleur du 
brisement d’os était telle que j’ai dû prescrire eupatorium 
perfoliatum. 

« J’ai habituellement donné bryonia et arsenic; j’y ai 
joint quelquefois eupatorium, et aussi baptisia dans des 
cas rares où lës phénomènes gastro-hépatiques, avec de la 
stupeur bien marquée, me semblaient l’indiquer. Dans bon 
nombre de cas, il était facile de reconnaître un élémont infec¬ 
tieux qui donnait à la maladie un véritable caractère de 
septicémie. » 

J’ai peu de choses à ajouter à cotte symptomatologie, si 
précise de notre confrère; je dois seulement dire que j’ai vu 
quelques cas, assez rares il est vrai, où les symptômes du tube 
digestif paraissaient prédominants, mais toujours plutôt sous 
forme de névralgie : crampes d’estomac, entéralgie, névral¬ 
gie lombo-abdominale, etc. Lorsque le tube digestif n’a pas 


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— 293 - 


été troublé par l’un ou l’autre de ces remèdes conseillés par 
les feuilles politiques, purgatifs, quinine, antipyrine, on peut 
dire que les symptômes gastro-abdominaux sont très rares 
dans cotte épidémie. Enfin il y a quelques cas où d’autres 
muqueuses que la muqueuse des voies respiratoires sont 
atteintes ; ainsi, par exemplo, il y a eu des symptômes du côté 
de l'oreille, un catarrhe de l’oreille externe ou bien do la 
muqueuse buccale avec salivation abondante et épaisse. 

C’est surtout dans les symptômes spéciaux, caractéristi¬ 
ques qu’il faut chercher le choix du remède, et ce qui nous a 
frappé dans les plaintes des malades, c’est le sentiment de 
froid qu’ils sont unanimes à accuser : 

« Docteur j’ai toujours froid, dès que je me bouge je sens 
que le froid m’envahit; — on dirait qu’on me verse de l’eau 
froide sur le dos ; — dés que je me bouge on dirait que je 
prends froid; — quand je soulève les couvertures du lit il me. 
semble que le froid pénètre sous ces couvertures, etc., etc. » 
Ainsi s’expriment des malades qui ont souvent, si pas toujours, 
39 1/2 à 40> centigrades; du froid, toujours du froid, sans 
frissons proprement dit, c’est-à-dire sans secoussos froides 
accentuées, sans claquements de dents, sans sentiment do 
chaleur gênante après la sensation de froid ; c’ost celui-ci qui 
prédomine. Ce symptôme du froid prédominant est accusé par 
tous les malades, quelle que soit la forme de la maladie; c’est 
la vraie caractéristique des symptômes. Or quels sont les 
remèdes antifébriles ayant dans leurs symptômos un senti¬ 
ment de froid si prédominant? On pourrait en trouver plu¬ 
sieurs, tels que : aconit, arnica, dulcamara, baptisia , 
veratrum viridc, colocynthis, etc., mais aucun d’eux 
ne présente ce symptôme de froid constant au même point que 
la bryone. Dans les généralités que Hahnemann a placées à la 
tête de quelques-unes de ses admirables pathogénésies, il 
caractérise parfois en quelques mots la physionomie spéciale 


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294 


d'un médicament. Il en résume en quelque sorte le caractère ; 
or voici ce qu’il dit de la bryone : « la fièvre de la bryone 
est toujours accompagnée de fy'oid » et plus loin : « dans 
la fièvre de la bryone, le froid prédomine , » C’est le 
coup de griffe de l’observateur de génie ; il ajoute aussi 
que la plupart des symptômes de la 1 bryone sont aggravés par 
le mouvement, c’est la raison pour laquelle le mouvement 
dans l’influenza redouble la sensation do froid ; le moindre 
mouvement ravive les douleurs, la moindre secousse de latête 
redouble la céphalalgie ; la toux redouble quand le malade se 
bouge ou veut parler. La bryone , d’après la loi des sem¬ 
blables, doit donc être un excellent remède dans l’épidémio 
actuelle, et, en réalité, la bryone fait merveille chez les 
taalades ; dès qu’ils en ont pris pendant quelques heures, le 
Soulagement est considérable, le mouvement fébrile diminue, 
èt souvent, cesse complètement au bout de 24 heures. 

Mais un grand nombre de malades accusaient aussi une 
faiblesse énorme, un abattement considérable et une soif 
inextinguible ; tous les médecins homœopathes savent que ces 
deux symptômes sont du ressort de Y arsenic ; aussi fallait-il 
souvent alterner bryone et arsenic ; on peut dire que ces 
deux médicaments sont les remèdes cardinaux do l’épidémie ; 
à eux seuls, ils guérissent presque tous les cas, sans qu’on 
voie de complications (1), Comme on peut le lire dans la lettre 
de notre confrère, le D r Criquelion, ce sont ces deux remèdes 

(1) Nous avons donné des soins et des conseils à plus d’un millier 
de malades, et nous n’avons eu qu'un seul décès à enregistrer, tout au 
début de l’épidémie : un vieillard épuisé par une maladie antérieure a été 
atteint d’une pneumonie double qui l'a emporté ; quant aux complications 
de bronchite, etc., nous n’en avons presque pas rencontrées. Règle géné¬ 
rale, nous n’avons dû rendre qu’une seule visite à chaque malade et nous 
en avons soigné un grand nombre uniquement par correspondance : 
bryone , arsenic , phosphore , mercure , sont pour ainsi dire les seuls 
remèdes que nous ayons employés. 


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— 295 — 

qu’il a choisis pour guérir ses malades ; nous avons reçu à 
propos de l’épidémie dés lettres de plusieurs de nos confrères, 
et tous nous apprenaient que c’était à bryone alterné avec 
arsenic qu’ils avaient recours ; nous ne doutons pas que ces 
deux remèdes ont formé le fonds du traitement de la plupart 
des homœopathes du monde entier, et que c’est grâce à eux 
qu’un grand nombre de malades ont été guéris. 

Quelle différence avec nos confrères de l’ancienne école : 
autant de médecins, autant de traitements. Ceci rappelle un 
peu ce qui s’est passé lors do l’invasion du choléra ; interrogé 
par ses disciples, au sujet de cetto maladie inconnue alors, 
Hahnemann leur répondit simplement : adressez-moi une des¬ 
cription exacte des symptômes présentés par les ma’ades je 
consulterai les pathogénésies, et je trouverai los remèdes. On 
envoya au Maître une description oxacto du choléra et de ses 
différentes formos et il désigna sans hésitation veratrum, 
arsenic, cuprnm et camphora, qui sont, aujourd’hui encore, 
les principaux remèdes du choléra ; c’est grâce à eux que les 
médecins homœopathes obtinrent de si brillants succès dans 
le traitement do cette terrible maladie. 

Dans l’épidémie actuelle, les remèdes cardinaux sont donc 
bryone ot arsenic alternés. Dans certaines complications, 
telles que la toux et le catarrhe bronchique, il faut y adjoindre 
parfois phosphore, belladone ou hepar\ c’est en agissant ainsi 
que nous avons eu la chance de guérir les nombreux mala¬ 
des qui ont réclamé nos soins ; au bout de peu de jours, ils 
étaient sur pied; souvent nous n’avons rendu qu’une seule 
visite à la plupart d’entre eux, tellement le résultat fut 
prompt. Chez ceux qui avaient tardé quelque peu à réclamer 
nos soins, ou qui avaient cru bien faire en employant, qui des 
purgatifs, qui de l’antipyrine ou de la quinino, l’affection 
traîna en longueur et présenta des complications plus ou 
moins variables; chez un grand nombre do ceux qui avaient 


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eu recours à ces remèdes à dose massive, nous avons con¬ 
staté un développement du foie et de la rate comme dans 
l'empoisonnement paludéen, il y avait souvent un petit mou¬ 
vement fébrile quotidien et un frissonnement presque con¬ 
stant; chez ceux-lè nous ajoutions mercure aux deux autres 
remèdes, bryone et arsenic , et presque toujours la convales¬ 
cence arrivait rapidement. 

D r Martin y. 

Cette communication donne lieu à une nouvelle dissertation 
entre les confrères présents, puis Ton passe au dernier objet 
à l'ordre du jour, le Renouvellement du bureau . 

Sont élus à Tunanimité : 

Président. — M. le D r Soutin. 

Secrétaire. — M. le D r Van Blaeren. 

Le D r Criquelion, qui vient d’avoir l’immense douleur de 
perdre sa mère, n’assistait pas à la séance et avait adressé 
les quelques lignes suivantes, résumant les travaux de la société 
pendant l’année do sa présidence: 

Avant de céder la basane de la présidence à l’excellent 
confrère que vous allez désigner, permettez-moi de jeter un 
coup-d’œil sur l'année sociale écoulée, et de vous rappeler 
les principaux travaux qui nous ont occupés pendant nos 
séances. 

Mais, avant toute chose, rendons un hommage mérité à la 
mémoire du regretté docteur De Mulder, que nous avons vu 
s’éteindre pendant cette année, malgré les soins dévoués do 
nos plus savants confrères ; mais la Parque avait marqué sa 
victime et coupé trop tôt la trame de ses jours. C’était un 
grand cœur, un excellent confrère, le vir probus ac humd - 
nus. Son tact médical et son sens pratique étaient appréciés 
de ses confrères et de ses malades. 

Parmi les mémoires qui nous ont été soumis, signalons 
tout d’abord le traité : Le bord de la mer , do notre distiu- 


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- 297 — 


gué confrère, le docteur Martiny. C’est le travail le mieux 
pensé et le plus-pratique qui ait été écrit sur la matière. Une 
exposition claire, méthodique et complète des lois qui régissent 
le séjour au bord de la mer pour toutes les catégories de 
personnes: les enfants, les adultes, les vieillards, comme 
aussi les personnes malades et les gens bien portants, s’allie 
à un style clair, simple, concis, d’une lecture attachante, 
d’une compréhension facile et dont toutes les idées se fixent 
facilement dans la mémoire, tant elles sont naturelles et 
logiques, au point qu’il somble qu’on en aurait bien dit autant. 

Ce travail est à lire et à méditer par les médecins, les 
malades et les gens du monde; ils y trouveront des règles 
précieuses pour arranger leur séjour sur nos plages, dans 
nos stations maritimes ; vous y trouverez dés aperçus ingé¬ 
nieux, notamment ceux qui concernent le scorbut. 

Je rappellerai ensuite le compendium si complot de 
MM. Seutin, père et fils, sur le tabac\ ce travail de longue 
haleine est un véritable réquisitoire contre l’abus d’une sub¬ 
stance nocive au premier chef, dont les effets nuisibles sont 
exposés fort en détail avec un grand nombre de faits à 
l’appui, démontrant à l’évidence l’action délétère de ce poison 
sur nos organes, nos appareils et nos fonctions. Nous y 
voyons les troubles funestes d’ordre matériel, d’ordre moral 
et intellectuel que la plante de Nicot produit sur beaucoup 
d’organismes, et s’il en est quelques-uns qui paraissent pré¬ 
senter une certaine immunité contre l’usage de ce poison, et 
ceci tient à une loi très importante de réceptivité et de prédis¬ 
position définie, il n’en est pas moins vrai que le plus grand 
nombre en éprouvent les influences fâcheuses d’une façon 
plus ou moins prononcée. Les auteurs y voient presque un 
danger social ; ils y trouvent une cause puissante de la déca¬ 
dence physique et morale qui marque notre époque. Si cette 
conclusion parait un peu forcée, il est néanmoins certain que 


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— 298 — 


le nicotinisme a, pour une bonne part, enrichi les annales de 
la criminalité en faisant naître des hallucinations, des idées 
délirantes et des impulsions maladives. Ce travail devrait être 
lu et retenu par tous les fumeurs. 

Signalons aussi l’intéressant travail do notre confrère 
Lambreghts sur Malnga, son climat, son endémiologie et 
l’établissement, dans cette ville, d’un dispensaire homœopa-* 
thique qu’il organisa et qui acquit bien vite une grande vogue. 

Un point que j’ai signalé et qui mérite une plus longuo 
étude, est celui de la diététique contemporaine et l’oxcès 
d’une nourriture trop animalisée et trop alcoolisée ; j’ai 
appelé aussi l’attention sur l'emploi de syzygium jambola- 
num dans le diabète sucré, d’une guérison rapide et complète 
sans le secours d’un régime trop sévère. 

Notons encore les lectures si pleines d’humour et de bon 
sens pratique du docteur Martiny sur les étrangetés, pour ne 
rien dire d’injurieux, de la pratique allopathique; il nous 
fait toucher du doigt ses contradictions et ses défaillances, 
ses audaces et son manque de principes ; il nous montre Peter 
et Germain Sée démolissant les vieux fondements de la méde¬ 
cine officielle et n'édiflant rien de nouveau; il nous fait passer 
sous les yeux les victimes et les martyrs des vieilles pra¬ 
tiques humorales et organiciennes, et nous fait regretter que 
l’immortel Molière ne revienne pour flageller, avec sa mor¬ 
dante verve, les ridicules do la médecine d’aujourd'hui. 

Rappelons aussi la discussion sur l 'emploi des moyens 
externes et des palliatif s qui n’a pas été longue, car tout le 
monde s’est trouvé d’accord pour n’accepter ceux-ci que 
comme un pis-aller; la question de l’emploi d’agents homœo- 
pathiques par les voies externes a été réservée. 

Je terminerai ce rapide exposé en rappelant le travail à 
peino commencé du docteur Van Blaeren, sur l'opportunisme 
dans le traitement des névralgies, travail qui parait devoir 


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— 899 


être très original, et qui provoquera sans doute d’intéres¬ 
santes discussions. 

Le D r Seutin remercie l’Assemblée de l’honneur quelle lui 
fait en le nommant Président et s’engage à faire tout ce qu’il 
pourra pour contribuer au développement et au progrès de 
l’Association. 

La séance est levée à 5 heures. 


Le tabac (1) , 

par MM. Em. Sbutin, Ph n , et le D f L. Seutin, à, Bruxelles. 

Nous avons dit plus haut que le tabac produit la folie ; des 
recherches faites récemment en France viennent confirmer 
entièrement cette vérité. 

Dans les cinq départements où l’on fume le plus, Nord, 
Pas de-Calais, Meurtheet Moselle, Bouches-du-Rhône, Alpes- 
Maritimes, eu égard au chiffre de la population, la moyenne 
de la consommation du tabac par habitant est d’un kilo¬ 
gramme 762 grammes et le chiffre des aliénés s’élève à 769 
par département. 

Dans cinq départements où l’on fume le moins : Aveyron, 
Lozère, Dordogne, Haute-Loire, Charente, on relève 
408 grammes par tête et 288 aliénés seulement par départe¬ 
ment. Si l’on soustrait ces deux nombres, on trouvera que le 
chiffre des aliénés, dans le département où l’on fume le plus, 
est presque trois fois plus considérable que dans les dépar¬ 
tements où l’on fume le moins. 

Cette différence pour chaque départotnent répond à 
481 aliénés. 

Ce résultat est conforme du reste aux investigations qui 


(1) Suite . Voir volume précédent et volume courant, pages 9, 40, 73,10d 
136, 169,209,232 et 269. 


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ont été faites antérieurement par Messieurs les docteurs Joly, 
Moreau de Tours, Docroix et bien d’autres encore. 

Qu’on veuille bien maintenant nous permettre d’adresser 
ici quelques sages conseils à cette belle jeunesse, d’autant plus 
intéressante que c’est sur elle que reposeront désormais 
toutes les espérances de l’avenir. 

Nous lui dirons donc : Ne contractez jamais de fâcheuses 
habitudes, cellç du tabac moins que toute autre, car, quand 
on se l’est donnée, on n’en, devient que trop souvent le vil 
esclave, ce qui peut être la cause des plus vives souffrances, 
si l’on se trouve dans des conditions spéciales qui ne permet¬ 
traient pas de la satisfaire. A ces jeunes gens, nous leur 
dirons encore : Aimez la bonne est saine morale ; pratiquez 
surtout toutes les belles vertus qu’elle nous enseigne, bonté, 
bienveillance, charité, délicatesse, tempérance, chasteté, 
amour du travail ; ces bonnes et aimables qualités qu’elles 
soient toujours vos précieuses et bienfaisantes compagnes ; elles 
seules pourront vous donner la force et l’énergie nécessaires 
pour surmonter bien des obstacles, et triompher de bien des 
périls ! Ah ! n’en doutez pas, elles constitueront pour vous de 
précieux palladiums, qui sauront vous protéger et vous dé¬ 
fendre ; avec elles encore, vous deviendrez des jeunes gens 
d’élite, privilégiés, et sur vos traits on lira je ne sais quoi 
do viril, de noble et d’élevé, qui n’échappe pas à un œil 
exercé. 

Quant aux malheureux jeunes gens pour qui la morale n’est 
qu’un vain mot, et qui se laissent entraîner k tous les excès 
et du tabac et de la boisson et do la volupté, qu’ils le sachent 
bien, ils ne tarderont pas à en payer les tristes conséquences. 
Bientôt, leurs visages blêmes, pâles, amaigris et leurs teints 
cachectiques viendront les avertir que déjà ils se sont ino¬ 
culé les germes des maladies les plus tristes et parfois les 
plus rodoudables ! 


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_ 301 — 

Ah ! qu’il abandonnent au plus vite la triste ornière qu’ils 
ont suivie jusqu’à ce jour : elle ne peut que leur être fatale, 
car elle les conduit sûrement à l’abîme. 

Jeunes gens, no l’oubliez jamais, et soyez constamment sur 
vos gardes, car vous vous trouvez en présence de trois mé¬ 
chants ennemis, tabac, alcool, libertinage ! Que d’innom¬ 
brables victimes n’ont-ils pas déjà précipitées dans la tombe! 
Rappelez-vous encore que ces mauvais génies ne s’unissent 
entre eux que pour mieux vous atteindre dans ce que vous 
avez de plus cher au monde ; d’abord, dans vos santés si pré¬ 
cieuses, et puis encore dans vos plus nobles facultés morales 
et intellectuelles ! 

S’il eu est parmi vous qui ont eu le malheur de se laisser 
entraîner à leurs fallacieuses séductions, qu’ils aient du 
moins la force et le courage d’y renoncer, et qu’ils se 
hâtent pendant qu’il en est temps encore, à s’engager dans 
la voie qui leur est tracée par le devoir. 

C’est la seule vraie, la seule qui conduise au but, la seule 
encore qui puisse donner la paix et le bonheur ! Mais tenir ce 
langage, n’est-ce pas nous écarter de notre sujet? Non, il s’y 
rattache d’une manière complète, mais en admettant qu’il y 
ait digression, si nous l’avons faite, c’est à cause du grand 
attachement et de tout l’intérêt que nous portons à la jeu¬ 
nesse, à cette jeunesse que nous voudrions voir grande, 
noble et digne; mais cette triple auréole elle ne se la donnera 
qu’à une.seule condition, c’est qu’elle soit morale. Il le faut 
dans son propre intérêt, il le faut dans l'intérêt de l’humanité 
toute entière, il le faut encore dans l’intérêt des destinées 
futures, il le faut encore dans l’intérêt de la chère et bien 
aimée patrie. 

Maintenant, terminons ce travail en rappelant ici l’opinion 
d’un grand nombre d’hommes illustres sur le tabac. 

Napoléon le Grand disait que l’habitude de fumer est un 


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— 308 — 

plaisir, qui n’était bon qu’à désennuyer lès fainéants. Mais 
Napoléon prisait, non pas dans sa tabatière, il n’qn portaitpas, 
mais bien dans colle d’autrui. 

■ Chaque siècle, a dit l’immortel auteur de Y Esprit des lois, a 
sa folie aussi bien que ses mœurs dont aucun peuple n'a pu 
encore s’affranchir, et comme triste exemple do< cette vérité 
qui se passe sous nos yeux,n’est-ce pas une véritable folie que 
cette aberration de mœurs où l’on voit des populations en¬ 
tières, puis la famillo et la société, déserter le foyer domesti¬ 
que, pour courir au plus délétère, au plus perfide des poisons, 
à un poison qui s’attaque à la fois à la santé, à l’intelligence, 
à la fortune, au sort physique et moral de l’homme, à tou» 
les intérêts sociaux, même à l’existence politique d’une na¬ 
tion ; et n'est-ce pas la pire de toutes les folies quo cello 
qui a pu entraîner ainsi tout un peuple à se suicider par le 
poison ! 

N’est-il pas douloureux, en effet, de voir toutes les force» 
vives d’un pays annihilées jusque dans les rangs des élites 
mêmes de la population ? 

Que de soldats qui contractent des névralgies,que d'officiers 
de tout grade qui perdent insensiblement la mémoire, les 
qualités brillantes de4’esprit, l’habitude et l’amour du tra¬ 
vail par l'abus de la pipe, des cigares et de la cigarette ! La 
majorité des officiers d’élite ne saurait se recruter dans les 
tabagies si chères et si agréables à messieurs les fumeurs. 
Quant à la bravoure militaire, il y a des hommes éminents 
qui aiment à croire et à penser qa’elle est à l’abri des 
atteintes de la nicotine ; nous le désirons bien vivement, 
mais nous sommes convaincus qu’ils se laissent entraîner 
à de décevantes illusions. L’audace, la force, le courage, 
l'héroïsme, ne sont pas ordinairement les compagnons des 
tristes nicotinés; mais n’insistons pas à ce sujet, et bornons- 
nous à affirmer que les hommes éminents qui constituent les 


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— 303 — 


corps sayants des armées de terre et de mer sont Irop sou¬ 
vent les victimes du tabac... Les quelques déplorables exem¬ 
ples que nous avons cités dans le cours do ce travail, n’en 
sont-ils pas des preuves tout à fait péremptoires ? 

Nous avons dit plus haut l’opinion de Napoléon I er et de 
Montesquieu sur le tabac. Donnons ici actuellement celles des 
grands Maîtres de la littérature moderne ; presque tous 
l’avaient en horreur. Citons-en seulement quelques-uns, car 
toute la liste en serait trop longue : Dumas père, Michelet, 
Victor Hugo, Balzac. Ce dernier n’hésitait pas à déclarer 
que le tabac détruit le corps, attaque l'intelligence et hébète 
les nations. 

Parmi les auteurs contemporains, on peut dire que si 
l’usage du tabac est presque universel, on peut ajouter égale¬ 
ment que la liste de ses victimes est déjà bien longue. Sur 
cette liste figurent Augier, Dumas fils, Coppée, Zola, Octave 
Feuillet, etc., etc. 

M. Decroix, le président si dévoué, si généreux, de la 
Société contre l’abus du tabac, qui a son siège à Paris, 
rue Jacobs, 38, avait écrit à chacun de ces illustres littéra¬ 
teurs pour leur demander leur avis sur l’usage du tabac. 

M. Augier fit une courte réponse, mais catégorique : Tout 
ce que je puis vous dire, c’est qu'après avoir fumé pendant 
quarante ans, j’ai renoncé à cette douce intoxication qui me 
conduisait trop vite au bout du fossé. 

M. Dumas fils, pour conserver la santé, a dû également 
renoncer au tabac. Il n’hésite pas à dire que l’alcool et le 
tabac sont les plus cruels ennemis de l’intelligence. 

M. Zola ne peut supposer qu’il puisse avoir une influence 
fâcheuse sur la littérature; il a même connu de grands écri¬ 
vains qui fumaient beaucoup et leur intelligence ne s’en por¬ 
tait pas plus mal; et puis, si le génie n’est qu’une névrose, 
pourquoi vouloir la supprimer ? Il ajoute encore d’un 


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— 304 — 

ton badin, que la perfection est une chose si ennuyeuse, 
que souvent il regrette de s’être corrigé du tabac. 

Gomme on le voit, M. Zola se constitue ici le défenseur du 
tabac. Ce rôle paraît étrange, bizarre, car depuis douze ans 
M. Zola ne fume plus; cette abstention lui a été imposée 
par son médecin pour le guérir d’une affection de cœur. Cette 
affection n’a plus sans doute reparu. Aussi, depuis lors, il 
est resté fidèle à la défense du docteur : il aimait le tabac, 
mais il lui était prejudiciable, et il l’a courageusement aban¬ 
donné. Aussi, malgré ses prétendus regrets, il n’y reviendra 
pas, car le tabac était son ennemi. 

Mais n’importe, M. Zola a le cœur généreux, voilà sans 
doute pourquoi non seulement il pardonne, mais va même 
jusqu’à lui adresser un magnifique éloge. 

Quant à M. François Coppée, il déclare qu’il est un grand 
fumeur depuis l’âge de dix-huit à dix-neuf ans. J’en aurai 
\ tout à l’heure quarante-sept. Je grille toute la journée des 
cigarettes. Je me porte assez mal, c’est vrai, mais je n’ai 
aucune raison d’attribuer ma médiocre santé au tabac, que 
je considère jusqu'à preuve du contraire comme un excitant 
au travail et au rêve, et pour h poète ces deux mots sont 
synonymes. 

Nous ne ferons aucune réflexion sur la réponse de l’illustre 
poète, mais comme il avoue qu’il se porte assez mal, il vou¬ 
dra bien nous permettre de lui donner un tout petit conseil : 
c’est de ne plus griller autant de cigarettes, et s’il pouvait 
ne plus en griller du tout, ce serait bien mieux encore. 
Par l’abstention complète, ne pourrait-il pas, comme tant 
d’autres, récupérer peut-être le bien le plus précieux, la 
santé, qui vaut bien qu’on lui sacrifie quelques tristes et 
perfides cigarettes, qui trop souvent sont la cause de pénibles, 
fâcheuses et parfois des plus redoutables maladies ? 

(A continuer .) Em. Seutin, ph® et D r L. Seütin. 


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— 305 — 


REVUE DES JOURNAUX IIOHŒOPATSIQUES DE FRANCE 

par le D p Schepens de Garni 

A propos de la contagion de la pneumonie 

par le D r P. Jousset 

Autrefois, sous l’empire de la doctrine de l’irritation, il n’y 
avait plus de maladies contagieuses ; aujourd’hui, sous le 
régime de la doctrine microbienne, toutes le sont. 

Aujourd’hui, les maladies reconnaissent pôur cause un 
microbe spécial, pathogène, inoculable et reproduisant sur 
les animaux une maladie semblable à celle qui lui a donné 
naissance; on n’admet donc plus de maladies spontanées : 
toutes sont contagieuses. 

Au temps de Broussais, quand on niait absolument toute 
contagion, les cliniciens réclamaient timidement contre cette 
opinion trop radicale et ils citaient notamment les fièvres 
éruptives si évidemment contagieuses ; mais ils étaient fort 
mal reçus parles Maîtres du jour qui leur donnaient quelques 
explications fort mauvaises ; mais dans ces temps-là, il fallait 
bien s’en contenter. 

Aujourd’hui, nous autres cliniciens, nous protestons aussi 
contre cette étiologie de laboratoire qui confond l’inocu¬ 
lation de la contagion et veut faire plier tous les faits cliniques 
sous les régies invariables d’un système. Nous ne croyons 
pas que nos protestations seront mieux accueillies, mais nous 
nous en consolons. 

L’effondrement si complet de la doctrine de Broussais nous 
montre ce qui reste après quelques années de ces systèmes 
si savamment édifiés. A travers ces systèmes contradictoires, 
la médecine clinique progresse chaque jour ; elle prend aux 
systèmes les plus opposés ce qui est bon et repousse ce qui 
est faux. 


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— 300 — 


Cos réflexions nous sont inspirées par la lecture du mémoire 
do M. Netter sur la contagion do la pneumonie. 

Cette idée, acceptée aujourd’hui par quelques Maîtres de la 
science contemporaine, repose uniquement sur ce fait que la 
pneumococcus est un microbe constant dans l’hépatisation 
pulmonaire ; que co microbe est pathogène, c’est-à-dire qu’il 
peut être cultivé et reproduire la pneumonie chez certains 
animaux. Voilà les faits expérimentaux incontestés sur 
lesquels l’école microbienne appuie son opinion de la conta¬ 
gion de la pneumonie ; examinons maintenant son argumen¬ 
tation. 

Il n’y a pas de pneumonie sans microcaque dans lo poumon 
hépatisé ; le microcoquo injecté dans les poumons des souris 
et des lapins, produit la pneumonie ; donc, d’après l'école 
microbienne, la pneumonie est une maladie infectieuse pro¬ 
duite par un microbe venu du dehors et jamais la pneumonie 
n’est spontanée, mais se développe toujours par contagion. 

Remarquons d’abord que le pneumocoque inoculé dans la 
plèvre produit la pleurésie, dans le péritoine, la péritonite, 
dans les fosses nasales, la méningite, etc., enfin qu’il existe 
sans rien produire du tout dans la salive d’un grand nombre 
de sujets ; d’oü l’on peut concluro que le pneumocoque est 
une cause qui produit des effets différents et qui même parfois 
n’en produit aucun ; que, par conséquent, ce n’est pas une 
cause dans le sens rigoureux du mot, mais un instrument 
propre à pro luire la pneumonie dans des conditions déter¬ 
minées. Il résulte de ces faits que le pneumocoque inoculé 
est la cause instrumentale de la pneumonie, mais on n’a pas 
fourni la preuve expérimentale que le pneumocoque puisse 
être un agent de contagion et encore moins que la pneumonie 
ne puisse naîtro spontanément. Il ne suffit pas de dire : il y a 
des pneumocoques dans l’hépatisation, donc l’hépatisation 
est causée par les pneumocoques, Si les pneumocoques 


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— 307 — 


viennent de l'atmosphère, ne peuvent-ils pas se fixer sur le 
poumon malade comme sur un bouillon de culture favorable, 
de môme que les moisissures apparaissent dans des conditions 
déterminées? Et s’ils naissent dans l'organisme, ne peuvent-ils 
être produits de toutes pièces dans ^hépatisation? 

Je sais que ces propositions paraissent scandaleuses et très 
hétérodoxes, mais je ne trouve scandaleuses et hétérodoxes 
que les conclusions précipitées et les convictions passionnées 
et systématiques. 

Examinons maintenant les démonstrations cliniques de 
la contagion de la pneumonie. 

Un malade atteint de diphthérie est transporté dans un 
village, et soudain la diphthérie éclate dans ce village, 
jusque-là indemne ; le clinicien conclut do ces faits souvent 
répétés que la diphthérie est contagieuse. 

Un navire arrive aux îles Feroë avec un mousse atteint de 
la rougeole et dans cette île, où la rougeole n’avait pas été 
observée depuis plus d’un demi-siècle, la rougeole éclate et * 
atteint la presque totalité des habitants. Les cliniciens con¬ 
cluent que la rougeole est une maladie contagieuse. 

C’est ainsi que l’observation de la propagation des mala¬ 
dies dans les centres isolés à démontré la contagion des fiè¬ 
vres éruptives, de la fièvre typhoïde, du choléra, etc. 

Jamais malade atteint de fièvre intermittente transporté 
dans un village où cette maladie n’est pas endémique n’a 
détermine l’éclosion d’autres fièvres intermittentes comme le 
font toujours la rougeole ou la scarlatine, et pourtant la fiè¬ 
vre intermittente est, elle aussi, une maladie infectieuse ! 

Pendant les sept ans que le Dr Jousset a exercé la médecine 
à la campagne il n’a jamais observé un cas de contagion de 
• pneumonie ; il exerçait dans un pays où les villages sont 
éloignés les uns des autres de deux à trois kilomètres et qui 
ne contenaient souvent que cinq ou six feux; il ne se souvient 


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— 308 — 


pas d’avoir jamais observé plus d'une pneumonie à la fois 
dans un même village tandis que lorsque la fièvre typhoïde, 
les fièvres éruptives, la diphthérie ou le choléra envahis¬ 
saient ces petits centres de population, un grand nombre, et 
pour les fièvres éruptives tous les habitants qui n’étaient pas 
préservés par une attaque précédente, étaient atteints. 

Pendantles huit années de son externat et de son internat 
dans les hôpitaux de Paris, le D r Jousset a vu très peu de cas 
intérieurs de pneumonie et pendant l’année qu’il a passée 
chez Martin Solon à l’Hôtel-Dieu il a recueilli et publié 
40 observations de pneumonie dont aucune n’était intérieure. 
A l’hôpital St-Jacques depuis dix-huit ans on n’a jamais eu de 
cas de pneumonie par contagion. L’argumentation clinique 
qui précède ne sera renversée ni par quelques observations 
empruntées à la pratique Scandinave ou allemande, ni par des 
exemples de contagion médiate dans les hôpitaux quand les 
malades étaient des diabétiques, des phtisiques avancés ou 
des typhoïdes,c’est-à-dire des malades prédisposés à la pneu¬ 
monie. On no peut pas non plus admettre avec M. Netter que 
la contagion serait encore possible cinq ans après la pneu¬ 
monie ou encore par le contact avec une personne indemne 
qui aurait été en communication avec quelqu’un ayant eu une 
pneumonie depuis moins de cinq ans. Dans ces conditions on 
ne comprendrait pas qu’on appelât un médecin dans une fa¬ 
mille car il porterait dans les poussières de son paletot 
les microbes de la plupart des maladies. (Art médical, 
avril 1889.) D r Schepens. 


Un cas extraordinaire 

par le D r Prokll, de Méran 

L’hiver passé un banquier m’amena son fils, âgé de 13 ans, qui 
souffrait tellement de mal de tête, et de faiblesse de mémoire, 


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qu'il ne pouvait plus continuer ses études. Son médecin, un des 
premiers allopathes d'ici, célèbre spécialiste dans les mala¬ 
dies de la poitrine et auteur d’articles scientifiques appréciés, 
m'avait adressé ce garçon , avouant sincèrement qu’il ne 
pouvait guérir ce mal de tête avec lourdeur, provenant d’une 
insuffisance des valvules mitrales du cœur. Mon diagnostic fut 
le même que le sien et je donnai 3 fois par jour kalmia lati- 
folia l re dilut. cent. Après 3 jours, légère amélioration; 
après 7 jours grande amélioration . Pendant 3 jours pas de 
remèdes. Ensuite répétition de kalmia 2 e dilut., matin et soir. 
Le mal de tête revient rarement. Kalmia 3 e , seulement 
matin, pendant 7 jours. Guérison complète malgré la per¬ 
sistance de la lésion organique du cœur. 

Cessation du remède après deux mois. 

Maintenant (après 7 mois) le jeune homme continue ses 
études sans le moindre obstacle. Mon confrère allopathe, qui 
apprit cette guérison avec le plus vif intérêt, et auquel j’ai 
montré la pathogénésie de kalmia , m’a promis de faire des 
essais. D r Proëll. 


BIBLIOGRAPHIE 

Gomme nos confrères pourraient ne pas être au courant 
des ouvrages sur l’homœopathie parus en Amérique, nous 
croyons utile de publier ici le catalogue de la maison 
F.-E. Boericke, de Philadelphie, 

1890. — New catalogue of standard Homœpathic Publications. 
— The Hahnemann Publishing House, 921, Arch Street, Phila¬ 
delphia. 

Allen, Dr. Timothy F. A Handbooh of Materia Mediea and 
Homœopathic Therapeutics. By Timothy Field Allen, À.M., 
M.D., LL.D., Professor of Materia Mediea and Therapeutics 
in the New.York Homœopathic Medical College and Hospital. 


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- 310 — 


Pp.l ,165. Royal quarto. Sheep or half morocco, Doll. 15.00. 

Allen, Dr. Timothy F. Thi Encyclopédie of Pure Materia 
Medica; a Record of the Positive Effccts of Drugs upon the 
Healthy Human Organism . With contributions frOm Dr. Richard 
Hughes, of Englan 1 ; Dr. G. Hering, of Philadelphia ; Dr. Car- 
roll Dunham, of New York; Dr. Adolpli Lippe, of Philadel¬ 
phia, and others. Ten volumes. Half morocco or sheep, 
Doll. 70.00. Gloth, Doll. 60.00. 

Allen, Dr. Timothy F. A General Symptom Register of the 
Homœopathic Materia Medica . Pp. 1,331. Large 8vo. Half mo¬ 
rocco or sheep, Doll. 14.00. Gloth, Doll. 12.00. 

Allen and Norton. Ophthalmic Therapeutics . See Norton’s 
Ophthalmic Therapeutics. 

Allen, Dr. William A. Reportory of the Symptoms of 
Intermittent Fevsr. Arrangod by William A. Allen. Pp. 107. 
12mo. Cloth, Doll. 1.00. 

Allen, Dr. H. C. The Therapeutics of Intermittent Fever . By 
H. G. Allen, M. D., of the University of Michigan. Second 
édition, revise 1 and enlarged. Pp. 342. 8vo. Cloth, Doll. 2.75. 

Arndt, Dr. H. R. A System ofMedieine, hased upon the Law 
of Homœopathy. In three volumes, royal octavo. Yol. I, 960 
pages; vol. II, 900 pages; vol. III, 900 pages. Price per 
volume, bound in half morocco or sheep, Doll. 8.50; the com¬ 
plote work, Doll. 25.50. Price per volume, bound in cloth, 
Doll. 7.50 ; the complote work, Doll. 22.50. 

Baehr, Dr. B. The Science of Therapeutics according to the 
Principles of Homœopathy. Translated and enriched with nume- 
rous additions from Kafka and olher sources. By G. J.Hem- 
pel, M. D. Two volumos. Pp. 1,387. Half morocco, Doll. 9.00. 

Bell, Dr. James B. The Homœopathic Therapeutics of Dior - 
rkea,Dysentery, Choiera, Choiera Morbus, Choiera Infantiim, 
and ail other Loose Evacuations of the Bowels. By James B. 
Bell, M. D. Third édition. Pp. 191. 8vo. Cloth, Doll. 1.50. 

Berjeau, Dr. J. Ph. The Homœopathic Treatment of Syphilis , 
Gonorrhœa y Spermatorrhœa , and Urinary Diseases. Revised, with 
numerous additions. By J. H. P. Frost, M. D. Pp. 256. 12mo. 
Gloth, Doll. 1.50. 


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— 311 — 

Boericke and Dewey, Drs. Wm. A. and W. A. The 

Tioelve Tissue Remedies of Schüssler, comprising the Theory, 
Therapeutical Application, Maleria Medica, and a Complote 
Repertory of these Remedies. Arranged and compiled by 
William Boericke, M. D., and W. A. Dewoy, M.D. Second 
revised édition ready before spring. Pp. —. 8vo, Cloth, 
Doll. 2.50. 

Brigham, Dr. Gersham N. Phthisie Pulmonalis, or Tube r- 
eülar Consumption. Pp. 224. 8vo. Cloth, Doll. 2.00. 

This interesting work on a subject which has been the 
« Opprobium Medicorum * for générations past, ha9 met with 
a favorable réception at the bands of the profession. It is a 
scholarly work and treats its subject frorn the standpoint of 
pure Homœopathy. 

Bryant, Dr. J. A Poehet Marnai, or Repertory of Homœopalhic 
Medieine, Alphabetically and Nosologically arranged, which 
may be used as the Physiciens’ Vade-mecum, The Traveler’s 
Medical Companion, or the Family Physioian. Containing 
the Principal Remedies for the most important Diseaaes ; 
Symptoms, Sensations, Characteristios of Diseases, etc.; with 
the Principal Pathogenetic Effects of the Medioinea on the 
moçt important Organs and Functions of the Body, together 
with DiagnosU, Explanation ofTechnical Terni, Directions 
for the Sélection and Exhibition of Remedies, Rules of Diet, 
etc. Compiled from the best Homœopathic authorities. Thlrd 
édition. Pp. 352. 18mo. Clth, Doll. 1.50. 

Burnett, Dr. J. Corapton. Essaye : Ecce Medicus; Natrum 
Muriaticum; Gold; The Causes of Cataract; Curability of 
Cataract; Diseases of the Veins; Suporsalinity of theBlood. 
Pp. 296. 8vo. Cloth, Doll. 2.50. 

Butler, Dr. John. Eleetricity in Surgery. Pp. 111. 12mo. 
Cloth, Doll. 1.00. 

Butler, Dr. John. A Text-Book of Eleetro^Therapeutios and 
Eleetro-Surgery. For the Use of Students and General PractU 
tioners. By JohnButler.M. D., L.R.C.P.E., L.R.C.S.I., etc., 
otc. Second édition, revised and enlarged. Pp. 350. 8vo. 
Cloth, Doll. 3.00. 


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Cleveland, Dr. C. L. Salient Matériel Mcdiea and Therapeu- 
ties. By G. L. Cleveland, M. D., Leelurer on Materia Melica 
in the Homœopathic Medical College,Cleveland,Ohio. Pp. 160. 
Small 8vo. Cloth, Doll. 1.25. 

Dunham, Carroll, A. M., M. D. Homœopathy the Science 
of Therapeutics. A collection of papers elucidaling and illustra- 
ting the principles of Homœopathy. Pp. 529. 8vo. Half mo- 
rocco, Doll. 4.00; Cloth, Doll. 3.00. 

Dunham, Carroll, A. M., M. D. Lectures on Materia Medica , 
Pp. 858. 8vo. Half morocco, Doll. 0.00; Cloth, Doll. 5.00. 

Edmonds, Dr. W. A. A Treatise on Diseuses PecuUar to 
Infants and Children. By W. A. Edmonds, M. D., Professor 
of Pædology in lhe St. Louis Homœopathic Collegoof Physi- 
cians an l Surgeons, etc. etc. Pp. 300. 8vo. Cloth, Doll. 2.50. 

Eggert, Dr. W. The Homœopathic Therapeutics of Uterine and 
Vaginal Discharges. Pp. 543. Svo. Half morocco, Doll. 3.50. 

•Farrington, Dr. E. A. A Clinieal Materia Medica. By 
E. A. Farrington, M. D., Lato Professor of Materia Medica 
in the Hahnemann Medical College of Philadelphia. Editerl 
by Clarence Bartlett, M.D. Pp. 752. Cloth, Doll. 6.00. Half 
morocco, Doll. 7.00. 

Guernsey, Dr. H. N. The Application of the Principles and 
Practice of Homœopathy to Obstetrics and the Disorders Pecidiar to 
Women and Young Children. By Henry N. Guernsey, M.D 
Professor of Obstetrics and Disçases of Women and Children 
in the Homœopathic Medical College of Pennsylvania, etc., 
etc. With numerous Illustrations. Third édition, revised, 
enlarged, and greatly improvod. Pp. 1004. 8vo. Half mo¬ 
rocco, Doll. 8.00. ' 

Guernsey, Dr. H. N. Key-Notes to the Materia Medica. As 
taught by Henry N. Guernsey, M.D. Edited by Jos. C. Guern¬ 
sey, A.M., M.D. Pp. 267. Small 8vo. Cloth, Doll. 2.25. 

Guernsey, Dr. E. Homœopathic Domestic Practice. With full 
Descriptions of the Dose to each single Case. Containiug also 
Chapters on Anatomy, Physiology, Hygiene, and abriged 
Materia Medica. Tenth enlarged, revised, and improvod édi¬ 
tion. Pp. 653. Hali leather, Price, Doll. 2.50. 


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— 313 — 

Hagen, Dr. R. A Guide to the Cliniccd Examination of Pa¬ 
tients and the Dlagnosis of Diseuse. By Richard Hagen, MD., 
Privât docent to the University of Leipzig. Translaled from 
the second revised and enlarged e iition, by G. E. Gramm, 
M.D. Pp. 223. 12mo. Cloth, Doll. 1.25. 

Hahnemann. Dr. S. Organon of the Art of Healing. By 
Samuel Hahnemann, M.D. Aude Sapere. Fifth American édi¬ 
tion. Translated from the fifth German édition, by G. Wcs- 
selhoeft. M.D. Pp. 244. 8vo. Cloth, Doll. 1.75. 

Haie, Dr. E. M. Lectures on Diseuses of the Heurt. In three 
parts. Part I. Functional Disorders of the Heart. Part II. 
Inflammatory Affections ofthe Heart. Part III. Organic DiS- 
eases of the Heart. Part IV. Materia Medica of Heart Remé¬ 
dies. Part V. Repcrtory of Heart Symptoms. Part VI. Mis- 
cellaneous Papers on Disorders of the Heart. Third édition, 
enlarged and improved, with a complété Repertory by Dr. 
E. R. Snader. Pp. 478. 8vo. Cloth, Doll, 3.25. 

Haie, Dr. E. M. Materia Medica and Spécial Therapsuties of 
the New Remedies. By Edwin M. Haie. M. D., Professor of 
Materia Medica and Therapeutics of the New Remedies in 
Hahnemann, Medical College, Chicago, etc.. etc. Fifth édition, 
revised and enlarged. In two volumes—Vol I. Spécial Sym- 
ptomatology.With new Botanical and Pharmacological Notes. 
Pp. 770. 8vo. Half morocco, Doll. 6.00; Cloth, Doll. 5.00. 

Haie, Dr. E. M. Materia Medica and Spécial Therapeutics of 
the New Remedies. By Edwin M. Haie, M. D. Vol. II. Spécial 
Therapeutics. With idustralive cases. Pp. 901. 8vo. Half 
morocco, Doll. 6.00 ; Cloth, Doll. 5.00. 

Haie, Dr. E. M. Medical andSurgicçd Treatment of the Diseuses 
ofWomen, especially those causing Sterility. Second édition. 
Pp. 378. 8vo. Cloth, Doll. 2.50. 

Hart, Dr. C. P. Diseases of the Nervous System. Being a 
Treatise on Spasmodic, Paralytic, Neuralgic, and Mental 
Affections For the use of Students and Practitioners of Medi- 
cine. By Chas. Porter Hart, M.D. Pp. 409. 8vo. Cloth, 
Doll. 3.00. 

Hart, Dr. C. P. A Treatise on Intracranial Diseases. By 


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— 314 — 


Chas. Porter Hart, M.D., Honorary Member of the College 
of Physicians and Surgeons of Michigan, etc. Pp. 312. Svo. 
Cloth, Doll. 2 00 ; The Author’s Neruous System, with above as 
Supplément, bnund in one. Price, Doll. 4.00. 

Hart. Dr. C. P. Therapeut'.cs of Nervous Diseases. By Chas. 
Porter Hart. Pp. 268. Svo. Cloth, Doll. 2.00. 

Helmuth, Dr. W. T. A System of Surgery. By Win. Tod 
Helmuth, M.D. Fifth édition. Enlarged, ro-arrangod, revised; 
many parts re-written, and much new rnatter addeJ. Illus- 
trated with 718 woodculs. Bound in fail leatlier. Pp. 1111. 
Royal 8vo. Doll. 9.00. 

Helmuth, Dr. W. T. Supra-Pub'o Lithotomy. The High 
Operation for St one—Epicystotomy—Hypogastric Lithoto¬ 
my—«The High Apparat us. * By Wm Tod Helmuth, M.D., 
Professor of Surgery in the X. Y. Hom. Med. College; Sur¬ 
geon to the Hahnemann Hospital and to Ward’s Island Ho- 
mœopatliic Hospital, N. Y. 98 quarto pp-—8 lithographie 
plates. Cloth. Doll. 4.00. 

Heinigke, Dr. Cari. Pathogonatie Outlines of Homonpathic 
Drugs. By Dr. Cari Heinigke, of Leipzig. Translated from 
the German, by Emil Tiotzo, M.D , of Philadelphia. Pp. 570. 
8vo. Cloth, Doll. 3.50. 

Hering, Dr. Constantine. Condensed Materia Med'ca. Third 
édition, more Condensed, Revised, Enlarged, and improved. 
Editod by Dr. E. A. Farrington, Professor of Malcria Medica. 
Pp. 960. Large Svo. Half morocco, Doll. 7.00. 

Hering, Dr. Constantine. Domestie Physician. By Constan¬ 
tine Hering, M.D. Saventh American édition. Pp.464. Prioo, 
Doll. 2.50. 

Holcombe, Dr. W. H. How I beeamo a Homœopath An 
interesting pamphlet of 28 pages. 8vo. Paper covor. Price, 
Doll. 0.15; Per doz., Doll. 1.25. 

Homoeopathic Poultry Physician (Poultry Veterinarian) ; or 
Plain Directions for the Homoeopathic Treatment of tho most 
Common Ailments of Fowls, Ducks, Geese, Turkeys, and 
Pigeons, based on the autor’s large expérience, and compiled 
from the most reliable sources, by Dr. Fr. SchrOter. Trans- 


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— 315 — 


lated from the Germau. Pp. 83. 12rao. Cloth, Poil. 0.50. 

Homœopathic Cookery. Second édition. Witk additions 
bv the wifo of an American Homœopathic Physician. Dasi- 
gned chiefly for the Usa of such Persons as are under Ho- 
mœopathic Treatment. Pp. 176. Price, Doll. 0.50. 

Hull’s Jahr. A New Manual of Homœopathic' Practice. Edited 
wilh Annotations and Additions, by F. G. Snelling,M.D. Sixth 
American édition. With an Appendix of the New Rertiodies, 
by G. J. Hempel. M.D. In t\yo ' volumes. Vol. I, price, 
Doll. 5.00. Yol. II, price, Doll. 4.00. the complété work, 
2.076 pages, Doll. 0.00. 

Jahr, Dr. G. H. G. Therapeutie Guide-, the most important 
results of more than Forty Years’ Practice. With parsonal. 
Observations regarding the truly reliable and practically 
verified Curative Indications in aclual cases of disease. 
Translatod, with Notes and New Remédias, by G. J. Hempel, 
M.D. Pp. 516, Doll. 3.00. 

Jahr, Dr. G. H. G. The Homœopathic Treatment of Diseases 
of Females and Infants at the Breast. Translated from tho 
French, by C. J. Hempel, M.D. Pp. 422. Half leathor, 
Doll. 2.00. 

Jones, Dr. Samuel, A. The Grounis of a Homœopaih’s Faith. 
Three lectures, delivered at lhe request of Matriculates of 
the Department of Medicine and Surgery (Old School) of the 
University of Michigan. By Samuel A. Jones, M.D., Professor 
of Materia Medica, Therapeutics, and Experimental Patho- 
gensy in the Homœopathic Medical College of the University 
of Michigan, etc., etc. Pp. 92. 12mo. Cloth (per dozon, 
Doll. 3), Doll. 0.30. 

Johnson, Dr. I. D. Therapeutie Key. Sixteenth édition, 
Pp. 400. Bound in flexible leather cover, Doll. 2.25, Bound 
in cloth, 1.75. 

Johnson, Dr. I. D. A Guide toHomœopathicPractice. Designod 
for the Use ofFamilies and Private individuals. Pp. 494. 
Cloth, Doll. 2,00. 

Johnson, Dr. I. D. A Guide to Homœopathic Practice. Desi- 


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— 316 — 


gned for (ho Use of Families and Priva te Jndividuals. 
Translated into German. Pp. 463. Price, Doll. 2.OC. 

Laurie and McClatchey. The Homœopath'c Domestic Méde¬ 
cine. By Joseph Laurie, M. D., Ninth American, from tho 
Twenty-first English édition. Edited and rovised, with nume- 
rous and important additions, and the introduction of the new 
remedies. By R. J. McClatchey, M.D. Pp. 1044. 8vo. Hait 
morocco, Doll. 5.00. 

Lilienthal, Dr. S. Homœopathic TherapeuVcs. ByS. Lilien- 
thal, M.D., formerly Professor of Clinical Medicine and Psy- 
chology in the New York Homœopathic Medical College. 
Third édition, revised, enlarged and improved. To be issued 
before spring. 

Lutze, Dr . A. Marnai of Homœopath'c Theory and Practice. 
Designed for the use of Physicians and Families. Translated 
from the German, with auditions by C. J. Hempel, M.D., From 
the sixtieth thousand of the German édition. Pp. 750. 8vo. 
Half leather, Doll. 2.Ô0. 

Malan, H. Family Guide te the Adm’n'-.stratlon of Homœopathic 
Pemedies. Pp. 112. 32mo. Cloth, Doll. 0.30. 

Manual of Homœopathic Veterinary practice Designed 
for ail kinds of Domestic Animais and Fpwls, prescribing 
their proper treatment whon injured or diseased, and their 
particular caro and general management in health. Second 
and enlarged édition. Pp.684. 8vo. Half morocco, Doll.5.00. 

Marsden, Dr. J. H. Handbooh of Practlcal Midw'fery, with 
full Instructions for the Homœopathic Treatment of the Dis¬ 
cases of Pregnancy, and the Accidents and Diseases incident 
to Labor and the Puerpéral State. J. H. Marsden, A.M..M.D. 
Pp. 315. Cloth, Doll. 2.25. 

Morgan, Dr. W. The Text-Booh for Domestic Practiee-, being 
plain and concise directions for the Administration of Ho¬ 
mœopathic Medicines in Simple Ailments. Pp. 191. 32mo. 
Cloth, Doll. 0.50. 

Neidhard, Dr. C. Pathogenetlc and Clinical Repertory of the 
most Prominent Symptoms of the Head, with their concomitants 
and conditions. By Dr. C. Neidhard, formerly Professor of 


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I 


— 317 — 

Clinical Medicino in the Homœopathic Medical College of 
Pennsylvania. Pp. 188. 8vo. Clolli, Dell. 1.50. 

Norton, Dr. Geo. S. Ophthalm'c I'herapeut'cs. B y Geo. S. 
Nortop, M. D., Professoi’of Ophthalmology in the College of 
the New York Ophthalmic Hospital, Senior Surgeon to the 
New York Ophthalmic Hospital, etc.With an introduction by 
Prof. T. F. Allen, M.D. Second édition. Re-written and re- 
Y vised, with copious additions.Pp. 342.8vo.Cloth, Doll. 2.50. 

Perkins, Dr. D. C. Th: Homéopathie Therapeut'es of Rheu- 
matism and Kindred Diseases, with Notes, Suggestions, an 1 a 
Complété Rcpertory. By D. C. Perkins, M.D. Pp. 180 8vo. 
Cloth, Doll. 1.50. 

Peters, Dr. J. C. A Treat's: on the Principal Diseases of the 
Eyes. Based on The J. Rückert’s Clinical Expériences in 
Homœopathy. Pp. 291. 8vo. Cloth, Doll. 1.50. 

Raue, Dr. C. G. Spécial Pathology and Diagnostics, w'th The- 
rapeutic Hints. By Dr. C. G. Raue. Third édition, i*e-written ' 
and enlarged. Pp. 1,094. Large 8vo. Half morocco or sheep, 
Doll. 8.00. 

Ruddock’s Stepping-Stones to Homœopathy and Health. New 
American Edition, improved and enlarged by the addition of 
the Tissue Remedies. By Wm. Boericke, M.D. Iii Press. 

Reil, Dr. A. Monograph on Aconlte. Its Therapeutic and 
Physiological Effects, together with its Uses, and Accurate 
Statements derived from the various Sources of Medical Lite- 
rature. By A. Reil, M.D. Translated from the German by 
H. B. Millard, M.D. Prize essay. Pp. 168, Doll. 0.60. 

Rush, Dr. John. Veterinary Surgeon. The Handbook to 
Veterinary Homœopathy ; or, the Homœopathic Treatment of 
Horses, Caltle, Sheep, Dogs, and Swine. From the London 
édition. With numerous additions from the Seventh German 
édition of Dr. F. E. Gunther’s « Homœopathic Veterinary ». 
Translated by J. F. Sheek, M. D. Pp. 150. 18mo. Cloth, 
Doll. 0,50. 

Schæfer, Dr. J. C. New Marnai of Homœopathic Veterinary 
Medicine. An easy and comprehensive arrangement of Dis¬ 
eases, adapted to the use of every owner of Domestic Animais, 


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— 318 - 


and especially designed for the farmer living out of the reach 
of medical advice, and showing him the way of treating his 
sick Horsos, Cattle, Sheep, Swine, and Dogs in the most 
simple, expéditions, safe,and cheap manner. Translated from 
the German, witli numerous additions from other veterinary 
manuals, by C. J. Hempel, M. I). Pp. 321. 8vo. Cloth, 
Doll. 2.00. 

Schiissler, Dr. Med. An Abbreviated Therapy; The Biochem : cal 
Treatment of Diseuse. By Dr. Med. Schiissler, of Oldonburg. 
Translated from tho Twelfth German édition by Dr. J. T. 
O'Connor. Pp. 94. 12mo. Gloth, Doll. 0.90. 

Sharp’s Tracts on Homœopathy, each, 5 cents ; per 
hundred, Doll. 3.00. 

N° 1. Wat is Homœopathy ? 

N° 2. Tho defense of Homœopathy. 

N° 3. Tho Truth of » 

N° 4. The Sraall Dose of » 


N° 5. The Difficulties of » 

N° 6. Advantagos of » 

N° 7. Tho principles of * 

N° 8. Gontroversy on * 

N° 9. Remédiés of » 

10. Provings of » 


N° 11. Single Medicines of * 

N° 12. Gommon Sense of » 

Sharp’s Tracts, complété set of 12 numbers, Doll. 0.50 ; 
Bound, Doll. 0.75. 

Small, Dr. A. E. Matinal of Uomœopathic Pratt'ce, for the 
use of Families an 1 Private Individuels. Fifteenth enlarged 
édition. Pp. 831. 8vo. Halfleathor, Doll. 2.50. 

Small, Dr. A. E. Manuel of Homéopathie Practice. Tx*anslated 
into German by G. J. Hempel, M.D. Eleventh édition. Pp. 
643. 8ro. Gloth, Doll. 2,50. 

Stapf, Dr. E. Additions to the Matsria Medica Para. Trans¬ 
lated by G. J. Hempel, M.D. Pp. 292. 8vo. Gloth, Doll. 1.50 


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— 319 


Taschenbuch der Homœopathie zumFam'V.on-Gcbrauch. Pp. 233. 
12mo. Cloth, Doll. 0.73. 

Tessier, Dr. J. P. Clinical Remarks conc.rning the Homœopa- 
thie Treatment ofPneumonia, preceded by a Relyospectivo View 
of the Allopathie Materia Medica and an explanation of the 
HomœopaMiic Law of Cure. Translatcd by G. J. Hempel, 
M.D. Pp. 131. 8vo. Cloth, Doll. 0.75. 

Teste. A Homœopathic Treatise on the Diseases o/Children. By 
Alph. Teste, M.D. Translated frora the French by Emma H. 
Cote. Fourth édition. Pp. 345. 12mo. Cloth, Doll. 1.50. 

Verdi,Dr. T. S. Maternity,a Popular Treatise for Young Wives 
andttothsrs. By Tullio Suzzara Verdi, A. M.,M.D., of Washing¬ 
ton, D. C. Pp. 450. 12mo. Cloth, Doll. 2.00. 

Verdi, Dr. T. S. Mothers and Daughters; Practical Studies 
for the Conservation of tho Health of Girls. By Tullio Suzzara 
Verdi, A.M., M.D. Pp. 287. 12mo. Cloth, Doll. 1.50. 

Verdi, Ciro de Suzzara, M. D. Progressive Medielne: A 
Scientific and Practical Treatise on diseases of the digestive 
Organs and the complications arising therefrom. By Ciro do 
Suzzara Verdi, M.D., lato Acting Assistant Surgeon at Bal- 
four Hospital, Professor of Physiolog\ r and Pathology in the 
Gleveland Homœopathic College for Women. Pp. 349. 12mo. 
Cloth, Doll. 2.00. 

Von Ta.gen.Biliary Calcul’,Perineorrhaphy,Hospital Gangrené, 
and its Kindred Diseases. Pp. 154. 8vo. Cloth, Doll. 1.25. 

Williamson, Dr. W. Diseases of Females and Children, and 
their Homœopathic Treatment. Third enlarged édition. Pp. 256. 
Cloth, Doll. 1.00. 

Wilson, Dr. T. P. Speeial Indications for iwenty-five Remé¬ 
dies in Intermittent Fever. By T. P. Wilson, M.D., Professor 
ofTheoryand Practice, Ophthalmic and Aurai Surgery, Uni- 
vorsitÿ of Michigan. Pp. 53. 18mo. Cloth, Doll. 0.40. 

Winslow, Dr. W. H. The Human Ear and its Diseases. A 
Practical Treatise upon the Examinâtion, Récognition, and 
Treatment of Affections of the Ear and Associate Parts, Pre- 
pared for thé Instruction of Students and the Guidance of 
, Physicians. By W. H. Winslow, M.D., Ph. D., Oculist and 


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— 320 — 


Aurist to the Pittsburgh Homœopathic Hospital, etc., etc., 
with one hundred and thirly-eight illustrations. Pp. 526. 
8vo. Cloth, Doll. 4.50. 

Winterburn, Dr. Geo. W. The Value of Vaccination : A 
Non-Partisan Review of its Hislory and Results. By George 
William Winterburn, Ph. D., M.L). Pp. 182. Price, bound 
in paper, Doll. 0.50; bound in cloth, Doll. 0.75. 

Worcester, Dr. S. Reperlory to thé Modalities. In thoir Rela¬ 
tions to Température, Air, Witter, Winds, Weather, and 
Seasons. Based mainly upon Hering’s Condensed Materia 
Medica, with additions from Allen, Lippe, and Haie. Compiled 
and arranged by Samuel Worcester, M.D., Salem, Mass., 
Lecturer on Insanity and its Jurisprudence at Boston Uni- 
versity Schoolof Medicine, etc., etc. Pp. 160. 12mo. Cloth, 
Doll. Ï.25. 

Worcester, Dr. S. Insanity and its Treatment. Lectures on 
theTreament ot Insanity and Kindred Nervous Diseases. By 
Samuel Worcester, M.D. Pp. 262. 8vo. Cloth, Doll. 3.50. 

On peut se procurer ces ouvrages dans les librairies et pharmacies 
anglaises et américaines, et chez l’éditeur F. E. 80ERICKE, 
P. 0. Box 709, à Philadelphie. 


SOMMAIRE 


Association centrale des homœopathes belges. — 

Séance du 14 janvier 1890. 289 

L’influenza et l’homœopathie, par le D r Martiny . . 289 

Le tabac (Suite) par MM. Em. Seutin, Ph n et le D r Léon 

Seütin, à Bruxelles ..299 

Revue des journaux homœopathiques do France, par 

le D r Schepens, de Gand.305 

Un cas extraordinaire, par le D r Proéll, de Méran . 308 

Bibliographie. 309 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 

46* Année. FÉVRIER 1890. N°ll. 


«MUE DES «AUX flOKEOPATHIQUES DE FRANCE 

par le D r ScnerENS de Oand 

De la goutte noueuse 

par le D r P. Jousset 

Malgré l’avis Contraire de Jaccoud et de quelqùes autres 
auteurs, le D r Jousset considère l’arthrite noueuse oumaladie 
d’Heberden comme une affection goutteuse. 

Une femme de 50 ans atteinte de cette affection avait 
passé par tous les hôpitaux de Paris sans y trouver le moin* 
dre soulagement. La maladie, qui durait depuis plusieurs 
années, avait amené la déformation des doigts et des genoux; 
les douleurs étaient très vives, surtout la nuit. 

Le china, la bryone, le colchique, l 'aconit et Viodurs 
de potassium ont absolument échoué. ■ ■ 

L 'actea racemosa, l re trituration, a produit pendant plu¬ 
sieurs semaines une amélioration incontestable, mais bientôt 

4 

les douleurs ont reparu aussi fortes que jamais. 

Plumbum, 6° dilution, a produit un résultat plus durable} 
les premiors jours son action paraissait nulle, mais après une 
semaine la malade accusa un peu de mieux et ce mieux s'ao 
contua, mais non d’une manière continue. On était obligé 
de suspendre le traitement pendant deux ou trois jours après 
chaque dizaine et alors plumbum reprenait son action 
favorable. 

Quoique plumbum représente dans sa pathogénésie une 
image assez exacte de la goutte noueuse, le succès a très 


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— 322 — 


souvent fuit défaut dans des cas analogues. Cela dépend-il 
des doses, dos individus ? 

Ici on a persévéré dans l’emploi du médicament plus qu’on 
ne le fait d'ordinaire en ville ; n’est-co pas là le motif du 
succès obtenu? 

Dans deux autres cas de rhumatisme articulaire aigu que 
le D r Jousset rapporte, il a employé la teinture d 'aconit à la 
dose de trente gouttes et il en a obtenu une action très favo¬ 
rable. Il considère comme indications de Y aconit : la haute 
thermalité, l’agitation et les sueurs profondes. 

Considérations sur le traitement de la phtisie 
pulmonaire 

par le D r P. Joussbt 

Parmi les médicaments dont l'efficacité a été bien établie 
par des observations récontes, nous trouvons : 

1° Le droscra qui, choz les animaux, provoque une tôux 
chronique avec amaigrissement et même la tuberculisation ; 
comme agent thérapeutique il calme la toux, relève les 
forces du malade et amène une amélioration continue dans 
l’état général. 

' Il faut employer des doses assez fortes, soit l’extrait de la 
plante, soit la teinture & la dose de vingt gouttes. 

Alors que le drosera ne guérit pas, il a une action pallia¬ 
tive très sûre, surtout quand la toux est quinteuse et qu’ello 
s’accompagne d’un chatouillement à la gorge et do vomisse¬ 
ments. Il a une action évidente : 97 fois sur 100 la toux perd 
ses caractères spasmodiques et le chatouillement disparaît. 

2° Le traitement par Yiodurc d'arsenic et le phosphate 
de chaux, préconisé parle D r Martiny, a aussi donné de bons 
résultats ; on donne la 6 f dilution des deux médiçaments, un 
Jour l’un, un jour l’autre, et deux doses dans les vingt-quatro 
heures. 


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Le D r Jouàset soumet tous les phtisiques non cachectiques 
au régime maigre parce que le régime maigre est engraissant 
et que tout phtisique qui engraisse est un phtisique qui 
guérit. Le régime maigre produit très souvent une diminution 
de la fièvre. 

Il signale aussi l'heureuse influence des pays d'altitude 
élevée et les guérisons obtenues par le séjour au Sanatorium 
de Davos. 

" Pour le traitement de quelques accidents fréquents dans le 
"cours de la phtisie : 

L’hémoptysie cède souvent à des doses fortes d 'arnica et 
à!aconit et aussi au millefolium et à Y ipéca. 

La toux nocturne accompagnée de chatouillement dans 
la gorge est favorablement influencée par hyosciamus 
niger. 

La diarrhée débilitante cède souvent à Y acide phospho- 
rique. 

La fièvre hectique, toujours à type essentiellement rémit¬ 
tent, résiste à peu près à toute espèce de médicatioh; 

Le sulfate de quinine ne produit rien et empêche les 
malades do manger. 

L’antipyrine, à la dose de 2 grammes par jour, réussit tout 
de suite, mais son action ne dure que six à huit jours, après 
quoi la fièvre reparaît, malgré la continuation de l’emploi du 
remède. 

Les Américains ont préconisé Yiodure d'arsenic â la 
3* trituration décimale, mais dans les essais que le D r Jousset 
en a faits, il a trouvé ce médicament inefficace. 

La silice à haute dilution est le remède qui a donné les 
meilleurs résultats sans que ceux-ci soient tout à fait satis¬ 
faisants. De nouvelles études sur cette question sont encore 
nécessaires. 


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Coliques hépatiques avec congestion do foie 

* par le D r Tessier 

Une personno de 52 ans souffrant depuis quatre ans de 
digestions difficiles eut, au mois d’avril, une première crise 
violente de coliques hépatiques avec fièvre, ictère intense et 
vomissements répélés ; depuis cette époque jusqu’au 1 er juin, 
les crises se sont renouvelées très fréquemment et, à cette 
date, le malade, sensiblement amaigri, a là peau et les sclé¬ 
rotiques jaunes, une douleur spontanée notablement aug¬ 
mentée par la pression au niveau du foie et surtout à 
l’épigastre et dans le dos. Le foie dépasse notablement les 
fausses côtes et présente une matité d’environ 14 centimètres 
& la lignemamelonnaire. Selles décolorées,inappétence, vomis¬ 
sements et crises quotidiennes accompagnées de saignements 
de nez. Le thermomètre marque 88 le soir. 

Nitri acidum, l re dilution, produit, en quinze jours, une 
amélioration très notable, et ranurxc. bulb. 6 e achève la 

K 7 

guérison. 

Pleurésie 

par le D r Tessier 

Un homme, jouissant habituellement d'une bonne santé, a 
Commencé, il y a deux mois, à se sentir fatigué, l’appétit a 
diminué, il a maigri et n’a plus d’entrain pour son travail. 
Il ne tousse pas, mais se plaint d’un peu de gêne dans le côté 
droit, de faiblesse et d’inappétence; il a un peu de fièvre 
(38°5 le soir), matité complète du milieu de l’omoplate à la 
base de la poitrine et s’étendant vers l'aisselle. Résonnance 
exagérée dans la région sous-claviculaire. Los vibrations 
thoraciques sont abolies, et à la mensuration on trouve 
l’hémithorax droit augmenté de 3 centimètres. A l’ausculta¬ 
tion on entend un souffle bronchique aux deux terèps de la 
respiration ; enfin, le malade présente le phénomène de la 


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pectoriloquîe aphone. Il y a donc pleurésie avec épanche¬ 
ment moyen datant de plusieurs semaines. 

Hepar sulfur., 3® trituration, fait rapidement tomber la 
fièvre et diminuer Fépanchement déjà dés le 4 e jour. 

Dés le 12* jour les signes stéthoscopiques ne sont plus guère 
appréciables, mais l'appétit ne revient pas et l'amaigrissement 
a encore augmenté. Sulfur 3* lui rend son appétit et son 
embonpoint. 

Un point de pleurodynie s’étant montré quelques semaines 
après chez je même malade, est rapidement enlevé par ramm- 
culus bulbosus 6*. 

Cystite blennorrhagique 

par le D r Tessier 

Un cas de cystite blennorrhagique avec douleurs dans la 
région hypogastrique, besoins incessants d’uriner, miction 1 
très douloureuse, hématurie, adénopathie inguinale doulou¬ 
reuse, a été beaucoup amélioré en 7 jours par dulcamara 
7 e ; puis conium l™, suivi de clematis erecta 3", activèrent la 
guérison en 20 jour3. 

Indications diverses 

La dioscorine (extrait de la dioscorea villosa) réussit 
dans certains cas de coliques hépatiques. Dioscorea villosa 
est un des meilleurs médicaments de l’entéralgie. D’après le 
D r E. M. Haie, la douleur est localisée d’abord au centre, 
mais se répand graduellement dans tout l'abdomen et s’ac¬ 
compagne de vomissements, de vomituritions, de borbo- 
rygmes et d’abondante émission de gaz. La douleur ombi¬ 
licale a fait comparer la dioscorea à colocynthis. 

— Le D r Gonnard a rapidement guéri deux cas de zona par 
ranunculus bulbosus. • 


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— 328 — 


. — D’après un médeciii russe, le gui est un remède populaire 
en Russie contre l’hémorrhagie utérine; il possède une action 
élective sur le fend do l'utérus et est, dès lors, un remède 
infaillible pour l’expulsion du placenta adhérent. 

— D’après Sir Peppèr Lad, M. D., les clous ou furoncles 
seraient éminemment contagieux. On peut les faire avorter 
en les baignant fréquemment avec une solution d’acide 
salicylique. 

— L’extraitfluido de quebracho, enduitcommele collodion 
sur les blessures, est un cicatrisant énergique et qui les gué¬ 
rit par première intention. Il forme, en une demi-heure, une 
sorte de croûte commo du sang desséché que l’on peut enlever 
plus tard à l’aide de l’eau chaude. Ce pansement rend tous 
bandages inutiles. 

— Avec une solution de resorcine (4 pour cent), appliquée 
fréquemment sur une ulcération douloureuse de la langue, 
on a pu éviter une opération. 

— La Thérapeutic Gazette affîrmeque l/60à 1/BOdegrain 
de picrotoxine pris le soir empêche lès sueurs nocturnes de la 
consomption plusieurs nuits de suite. 

— Dans la syncope par défaillance cardiaque on emploie uti¬ 
lement toutes les vingt minutes une injection souscutanée de 
deux gouttes d’une solution de glonoïn de 1 p. c. 

— Selon le D r E, M. Halo, de Chicago, la teinture de saltxr 
niger possède des vertus anaphrodisiaques remarquables et 
peut être utilisée dans la névralgie ovarique, la prostator - 
rhée, la spermatorrhée, etc. 

. — Le D r Wiss, de Genève, dit avoir traité depuisdeux ans do 
nombreux cas de maladie do Bright avec cinq à dix gouttes de 
teinture éthéyée de perchlorure do fer dans un verre d’eau, 
trois fois par jour, et avoir obtenu la guérison dans plus de la 
moitié des cas. 


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— Le géranium, maculatum (extrait fluide) est une sorte 
de panacée américaine contre les hémorrhagies. 

— Dans l’armée prussienne on guérit la sueur excessive des 

pieds à l’aide des lotions faites toutes les 3'à 4 semaines gvec 
une solution de 1 p. c. d’acide chromique. , , 

— Des badigeonnages trois ou quatre fois par jour avecl’ex- 
trait fluide d 'hydrastis donnent d’excellents résultats dans la 
pharyngite chronique avec hypertrophie des amygdales. 

— Le chlorure de calcium donne d’excellents résultats dans 
le traitement de l’adénite scrofuleuse du cou à la dose de 
2 à 4 grains par jour. 

— Le^îiap/ia/iMjn(l’immortelle) est utile dans le traitement 
de la sciatique. ( Bulletin de la Société médicale hortiœo - 
pathique de France, décembre 1889 et janvier 1890.) 

D r Schepens. 


Le tabac (1) 

par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seütin, a Bruxelles, 

Voici la réponse de M. Octave Feuillet : 

J’étais un grand fumeur, dit-il, et j’ai eu beaucoup de 
peine à renoncer au tabac; mais, il y a quelques -années* j’y 
ai été absolument contraint, par l’aggravation des accidents 
nerveux que j’avais longtemps refusé d’attribuer à la nicotine 
et qui, en réalité, n’avait pas d’autre cause. J’ai été bien obligé 
de me rendre à la vérité, quand les accidents nerveux, parmi 
lesquels les vertiges stomacaux, sont devenus plus fréquents 
et plus intolérables. En général, il me semble que le tabac 
est très nuisible, surtout aux personnes nerveuses. Il produit 
d’abord un effet de légère excitation.de légère ivresse qui se 
termine en somnolence et émousse les facultés de l’esprit. 

(1) Suite et /fw. Voir volume préeédent et volume courant, pages Ù f 40, 
38, 109,136, 169, 209, 232,269 et 299, 


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- On est forcé de lutter contre son action, par une réaction 
qui fatigue et use la volonté. 

D’après ce grand écrivain, le tabac est très pernicieux; il 
•n a fait lui-même la triste expérience, et, pour conserver 
la vie, il a dû y renoncer complètement. 

Lies quelques faits que nous avons ici cités et que nous 
aurions pu joindre à beaucoup d'autres, viennent prouver k 
l’évidence que les littérateurs contemporains, et même parmi 
tes plus éminents, n’ont pas su suivre les nobles exemples qui 
leur avaient été donnés par leurs illustres devanciers, qui 
avaient su parfaitement s'abstenir du tabac. 

Ignoreraient-ils les dangers qu’ils font courir à leur santé, 
si précieuse pour eux-mêmes, mais précieuse également à la 
gloire de leur pays ? 

Voici quelle fut la réponse de M. Pasteur : 

Je suis l’ami dî votre Société depuis vingt-quatre ans et 
deux mois, par conséquent bien avant qu’elle fût créée. Pen¬ 
dant deux ans, j’ai essayé de perdre l’habitude de fumer en 
fumant de moins eu moins. Je n’y suis pas parvenu. Je n’ai 
triomphé de l’usage du tabac que lorsque j’eus renoncé entiè¬ 
rement et une fois pour toutes à la fumerie. Je n’ai eu, depuis 
tant d'années, qu’à m’applaudir de ma résolution et je sou¬ 
haite que beaucoup en fassent autant ; leur sauté s’en trou* 
vera bien et ils donneront ainsi à la jeunesse un exemple 
salutaire dont elle a si besoin. 

Si nous avons cité ici l’exemple de ce remarquable savaut 
c’est pour prouver une fois de plus combien l’engouement du 
tabac 63t universel, pour prouver encore, nous l’avons je crois 
déjà dit, comme il a su s'imposer à toutes les classes de la 
société, aux riches comme aux pauvres, aux ignorants comme 
aux hommes les plus illustres dans la science. 

N’en n'avons-nous pas ici une preuve péremptoire dans la 
missive de M. Pasteur? N’avoue-t-il pas que.pendant deux 


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— 329 — 

ans il a cherché par tous les moyens à se guérir de la passion 
du tabac, sans pouvoir y parvenir? Et il déclare, en toute 
franchise, qu’il n’est parvenu à triompher dé son cruel adver¬ 
saire, qu’en rompant tout à fait en visière avec lui. 

Hé flexions. — Quand on voit un homme aussi bien doué 
ijue M. Pasteur, s’être vu obligé de lutter aussi longtemps 
avec son ennemi, avant de l’avoir terrassé complètement, 
n’avons-nous pas le droit de nous demander si l’on trouvera 
cette énergie, cette ferme volonté, ce mâle courage, chez 
tous nos fumeurs passionnés qui voudraient renoncer à cetté 
pernicieuse habitude? Désirons-lo, espérons qu’ils sauront 
suivre le noble exemple qui leur est donné par l’illustre savant 
et par bien d’autres,mais comme il y a des difficultés sérieuseà 
à surmonter, beaucoup ne vont-il pas renoncer peut-être à la 
lutte? Venons donc à leur aide en leur indiquant, d’après 
M. le D r Goyard, un véritable antidote du tabac: c’est la nux 
vomica, ou son alcaloïde la strychnine. 

Le chapitre que nous allons reproduire est puisé dans la 
clinique de l’éminent D r Goyard, et intitulé: De l'abus du 
tabac et de sa guérison (1). 

• User, ne pas abuser, disait Hippocrate, ce fut la méthbde 
du bon vieillard de Gos, pour se garder jeune jusqu’à sa 
centième année. 

Où finit l’usage, où commence l'abus? Voilà le premiet* 
•problème. . 

Il est important de connaître que le propre de l’abus du 
tabac est de s’ignorer lui-même. 

Il est un critérium qui ne trompe jamais, et que chacun 
peut facilement prendre pour guide, c'est celui-ci : il y a 
abus quand il y a habitude impérieuse, quand cette habitude 

(1) Tiré du Journal de la Société contre Vabus du tabac , n» vu, 

juillet 1888 . r . 


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9 


— 330 — 

est devenue un- véritable besoin, enfin, quand on ne saurait se 
passer de tabac sans souffrir. 

M. le D r Goyprd est d’avis que l’abus du tabac doit être 
considéré comme une maladie et traité comme tel; il croit que 
c’est par l'administration de la strychnine que le médecin 
pourra réussir ; il croit encore que le succès dépend beaucoup 
du mode d’application des médicaments. Voici celui qu'il 
emploie, et nous ne pouvons mieux le décrire qu’en rappor¬ 
tant l’observation suivante, où l’abus du tabac a été guéri, 
de même qu’aurait pu l’ètre une intoxication paludéenne avec 
accès intermittents : 

M. Paulin, jardinier, est âgé de 42 ans. Laborieux, rangé 
et d’un naturel doux,il est tyrannisé par une passionnelle du 
tabac; il en prit l’habitude au régiment, et, depuis quelques 
années, il est arrivé à en consommer beaucoup ; il en fiime 
pour près de cinquante centimes par jour; en outre il chique 
presque constamment. 

L’abus existe là à un triple point du vue : social, moral et 
hygiénique. 

Le premier effet a été ressenti dans le ménage, par la 
dépense exagérée dont le budget ouvrier s’est trouvé grevé. 

Plus tard le caractère de Paulin est devenu irascible, 
mécontent de lui ; fumant par besoin, il ne réussissait qu’à 
calmer momentanément son système nerveux ; l’humeur deve¬ 
nait de plus en plus irritable; les pensées prenaient une cou¬ 
leur sombre, avec tendance à la solitude et à l’égoïsme. Voilà 
bien la perversion des sentiments telle qu’on l’observe si sou¬ 
vent, perversion qui, d’une vie riante, fait une vie lugubre, et 
qui est un fléau non seulement pour l’intoxiqué, mais pour 
tout son entourage. 

Depuis quelques mois des troubles physiques étaient venus 
s’ajouter aux troubles nerveux, la vue était affaiblie, trou¬ 
blée par des mouches, gênée par des douleurs sus «orbitaires. 


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— 331 — 


C'est ainsi que commence l’amaurose nicotique. En outre le 
matin les bronches étaient un peu grasses, et il y avait on 
caractère périodique du nez, sorte de rhume de cerveau sans 
fièvre; cet écoulement nasal revenait plusieurs fois par semaine 
et durait tantôt quelques instants, tantôt un jour entier. 

Chose rare, Paulin était parfaitement convaincu qu’il 
devait rapporter au tabac le changement de son humeur, 
Uexemple d’un ami ayant eu do. graves accidents cérébraux, 
dans des conditions analogues, lui avait ouvert les yeux ; aussi, 
depuis plus d’iin an, avait-il fait les plus louables efforts pour 
quitter l’habitude prise, mais inutilement. Il avait tour à tour 
essayé dè diminuer le tabac ou de le supprimer ; il l’avait 
même remplacé pendant quelque temps par du bouillon blanc 
dont il fumait les feuilles, tout avait été vain. Paulin restait 
complètement esclave de sa passion, il avait augmenté encore 
depuis ses essais infructueux la consommation du narcotique ; 
malgré cela, il avait un vif désir de se corriger, mais la 
volonté était impuissante. Dans ces conditions, M. le D r 
Goyard pense qu’on pourrait tenter la suppression brusque, 
du tabac, procédé qui est toujours le meilleur, le plus rapide 
et le plus sûr quan dil est applicable. 

Il lui prescrivit chaque jour dix granules de sulfate de 
strychnine au demi-milligramme, un toutes les heures à par¬ 
tir du lever comme chiffre minimum ; en outre, il absorberait 
un granule supplémentaire de quart d’heure en quart d’heure 
pendant tout le temps où il craindrait de céder à la tentation 
du tabac. 

Le premier jour fut relativement facile à passer; Paulin ne 
prit que 15 granules en tout, dix régulièrement d’heure en 
heure, et cinq supplémentaires. 

Le second fut très laborieux, 29 granules en tout furent 
absorbés; le désir du tabac fut très violent, mais tout se borna 
k la souffrance d’un besoin articiel non satisfait. 


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— 332 — 


' Le troisième jour était un dimanche, Paulin en passa une 
partie avec des fumeurs et dut prendre environ 40 granules, 
c’est-à-dire presque constamment un tous les quarts d’heure. 
La tentation était incessante ; il sentait de temps en temps 
des éblouissements, et la tète lui tournait ; puis, il eut 
môme de petites hallucinations ; il chassait de sa bouche 
une fumée imaginaire, ou bien il roulait de l'une à l’autre 
joue une carotte insaisissable, qui ne servait qu’à sa mystifi¬ 
cation.- 

Dés le lendemain, il était beaucoup moins éprouvé ; il se 
livrait à son travail avec ardeur et pensait moins à son tabac ; 
quinze granules lui suffirent le surlendemain, et les jours sui¬ 
vants il put se contonter des dix granules réglementaires; mais 
l’intoxication chronique a toujours des racines profondes, et 
il en pousse de temps on temps comme des rejets, aussi pen¬ 
dant des semaines et des mois Paulin eut à se défendre encore 
contre le besoin plus ou moins violemment ressenti do consu¬ 
mer du tabac. C’était comme les accès d’un mal qui revenait 
périodiquement à des intervalles divers. 

C’est là ce qui rend le succès final si difficile, car il y a 
comme des surprises des sens, qui peuvent remettre la volonté 
sous le joug. Dans ces occasions, les doses de strychnine 
répétées de quart d’heure en quart d’heure autant qu’il est 
nécessaire, sont du plus grand secours ; Paulin déclare haute¬ 
ment leur être redevable de sa victoire définitive. 

Il prit de la strychnine environ pendant six mois consécutifs: 
pendant un mois, dix granules par jour; puis huit, puis six 
par jour, et de temps à temps quelques granules supplémen¬ 
taires, suivant le cas. 

Il se trouvait bien de croquer les granules de strychnine, 
surtout au début ; le goût fort et amer de l’alcaloïde rempla¬ 
çait, disait-il, utilement le goût du tabac. Il lui avait conseillé 
encore de mâcher des grains de café brûlé, d’autant plus qu’il' 


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- 333 ^ 

devait également faire diversion au besoin de mastiquer, ce 
moyen nécessaire lui fut souvent très précieux. 

La santé physique de Paulin s’était raffermie, la vue était 
redevenue Claire, et le catarrho nasal avait disparu ; les 
forces générales augmentées prouvaient aussi que la médica¬ 
tion avait été bienfaisante à tous les points de vue. Mais c’est 
surtout du coté moral que le bénéfice a été considérable : l’hu¬ 
meur du chef de famille redevenue é&ale, l’ardeur au 
travail accrue, une satisfaction intérieure remplaçant la 
tristesse et le découragement, voilà des résultats positifs, tels 
que la thérapeutique n’a pas souvent l’occasion d’en compter 
à son actif. 

Depuis plus d’un an les résultats acquis se sont confirmés 
et Paulin a parfaitement résumé lui-même par un mot toute 
cotte cure ; j’ai été guéri, écrivait-il à son docteur, d’une 
passion que je croyais impossible à détruire. 

Réflexions. — M. le Docteur Goyard a été heureusement 
inspiré en donnant à son malade des granules de strychnine ; 
la strychnine est certainement un des plus grands antidotes 
du tabac, mais nous pensons que l'éminent docteur se trompe 
quand il croit que la. strychnine pourrait être donnée à tous 
les nicotinés; le tabac a d’autres antidotes : aconit , arsenic, 
belladona, cina, cocculus, ipecacuanha, opium, vera- 
trum, etc., chaque cas doit être individualisé, en tenant 
grand compte des idiosyncrasies. 

L'individualisation est ici d’autant plus indispensable, que 
tous les nicotinés sont loin de présenter les mêmes symp¬ 
tômes physiologiques. Quant au choix du médicament, il est 
subordonné à l’ensemble des symptômes observés chez le 
malade : le remède qui le3 couvrira le mieux par sa patho- 
génésie, sera certainement le médicament le plus approprié ; 
et lorsque sa similitude sera aussi parfaite que possible, on 
arrivera certainement aux guérisons les plus rapides et les 


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— 334 — 


plus remarquables. On. pourra appliquer à ce moyen le tiUô, 
le cito et le jucundè (guérison sûre, prompte et agréable). 

Quant aux doses données de sulfate de strychnine nous les 
trouvons aussi un peu fortes. Le troisième jour il a dû prendre 
.40 granules à un demi-milligramme, c’est à dire 20 milli¬ 
grammes qui répondent à deux centigrammes en moins de 
.12 heures. Les auteurs classiques donnent justement cette 
dose comme dose maxima, mais à prendre dans les 24 heures. 
Quarante granules à un demi-milligramme donnés dans un 
espace de temps à court, à des personnes afiaiblies, ne pré¬ 
sentant que peu de résistance, ne pourraient-ils déterminer 
de graves symptômes d’intoxication ? , 

• Puisque nous sommes occupés de parler des meilleurs 
moyens de guérir les tristes victimes du tabac, disons un mot 
de l’hypnotisme et de la suggestion. ~ 

Les faits excessivement remarquables qui. ont été* rapportés 
par M. Decroix, ot les faits pfus nombreux relatés par M. le 
D r Voisin nous donnent la certitude que, pour les nicotines 
hypnotisables, il y a là un moyen facile, prompt, héroïque de 
guérir des malheureux qui ont quelquefois tout tenté, pour 
se débarrasser de cette fatale habitude, mais sans pouvoir y 
parvenir. Nous ne rapporterons qu’un seul fait; on pourra 
ainsi juger et apprécier tous les autres : 

M. Desanne, âgé de 26 ans, bien constitué, ancien artilleur, 
a commencé à faire usage de la cigarette vers l’âge de 15 ans; 
il a fini par fumer pour 50 centimes de tabac par jour. 

Il a reconnu lui-même que c’était un abus qui portait atteinte 
à sa santé et à sa bourse. Il est un peu maigre et son teint est 
pâle, jaunâtre ; il a le matin des aigreurs et des crampes 
d’estomac ; il a peu d’appétit et ses digestions sont languis¬ 
santes ; il voudrait bien renoncer au tabac, mais comme il 
arrive ordinairement dans les luttes contre les passions, la 
volonté est plus faible que la bonne intention. M. Desanne 


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— 335 — 


ne pouvait fumer pendant qu’il était au magasin où il était 
employé, mais dès qu’il était libre, les cigarettes succédaient 
aux cigarettes avec persistance. M. Decroix lui fit observer 
qu’il serait tôt ou tard victime de sa passion. Il lui répondait : 
je sais que vous avez raison, mais c’est plus fort que moi ; 
je ne puis renoncer au tabac! C’est alors que M. Decroix lui 
dit : si réellement vous désirez vous corriger je pourrai vous 
guérir, sans effort, sans douleur, sans médicament; et sans 
rien modifier à votre service. Desanne accepta cette propo¬ 
sition ; à 3 heures et demie il fut soumis à l'hypnotisme, 
20 minutes après il était endormi. M. Decroix fit alors la 
suggestion, qui consiste à dire, sur un ton affectueux et impé¬ 
rieux tout à la fois : le tabac est coûteux.,, le tabac est dan¬ 
gereux pour la santé... vous trouvez le tabac mauvais... vous 
ne fumez plus. 

L’hypnotiseur répéta ces paroles deux fois, à trois ou quatre 
minutes d’intervalle, puis il provoqua le réveil. 

M. Decroix l’ayant interrogé il constata que Desanne avait 
un vague souvenir de ce qu’il lui avait dit. 

Le soir, il n’eut plus envie de fumer : toutefois, par habitude 
sans doute, il fit machinalement une cigarette et l’alluma ; U 
lui trouva un goût désagréable : il jeta cette cigarette après 
én avoir fumé la moitié environ, tandis qu’il était habitué à 
en consumer dix à quinze dans la soirée. 

Le 3 décembre au matin il ne fuma pas du tout. Dans la 
journée il essaya de fumer, mais le tabac lui parut encore 
mauvais; il ne put finir aucune des trois cigarettes qu’il avait 
allumées. 

Ce qui est à noter, c'est que les aigreurs et les crampes 
d’estomac ont disparu, et que L’appétit est revenu. 

Le 4, il no fume pas du tout dans la matinée. A midi, après 
son déjeuner; nouvelle hypnotisation, qui s’obtient en 16 mi¬ 
nutes ; nouvelle suggestion, en procédant comme la l re fois ; 


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depuis lors Desaime n’a plus essayé une seule fois de fumer 
et il ne pense même plus au tabac. 

Afin de bien confirmer cette guérison, M. Decroix lui pro¬ 
pose de renouveler une dernière fois la suggestion. Il s’en 
rapporte complètement à lui. En conséquence, le 8 décembre, 
à 1 b. 25, il fut soumis fie nouveau à l’hypnotisation. A 1 h. 38 
les yeux se ferment spontanément. A 1 h. 43 la suggestion est 
faite, on lui répété les paroles ci-dessus rapportées. 

. Le 22 décembre, Desanne était complètement guéri de la 
tabacomanie, ainsi que.de ses aigreurs et de ses douloureuses 
crampes d’estomac ; l’appétit était bon et le teint altéré rede¬ 
venait vermeil. 

. Réflexions. —, Voilà certainement une guérison bien 
remarquable et qui prouve combien l’hypnotisme, quand il 
est applicable, constitue una médication vraiment héroïque. 
Telle est, nous pensons, l’opinion de l'honorable président, 
M. Decroix. Toujours guidé par les plus nobles sentiments de 
philanthropie et de générosité, il n’a pas hésité à instituer un 
prix de trois cents francs, do ses propres deniers, à décerner 
au travail qui sera jugé le plus méritant sur l’hypnotisme et 
la suggestion ; le concours est ouvert et on doit en attendre 
les résultats. 

S’ils sont favorablos, et que de brillantes cures viennent 
confirmer celles déjà obtenues, on pourra assurer que la mé¬ 
decine aura désormais un nouveau et précieux moyen à sa 
disposition, mais dès cet instant une loi devra intervenir quî 
déclarera l’hypnotisme un agent médical officiel, et dont les 
médecins seuls pourront faire usage. 

Cette loi est indispensable, car l’hypnotisme dans les mains 
des misérables constituerait un vrai danger pour la Société. 

Maintenant que nous sommes arrivés au terme de ce tra¬ 
vail, qu’il nous soit permis, avant de finir, de répondre à 
quelques reproches qui nous ont été adressés, d'abord par 


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— 337 — 


M. Van Gauterem, directeur dujournal Le Fumeur. M. Van 
Cauterem trouve que nous nous sommes montrés tout à tait 
injustes à l’égard du tabac, puisque nous n’avons pas eu un seul 
mot d’éloge à lui adresser ; mais ce monsieur se trompe complè¬ 
tement ou plutôt il a donné une fausse interprétation à notre 
langage. Qu’avons-nous dit sur ce puissant agent médical ? 
C’est qu’il était infiniment regrettable que sa pathogénésie, 
au lieu d’être ébauchée, n’eût pas été parfaitement édifiée ; si 
elle l’avait été, elle serait venue révéler ses admirables pro¬ 
priétés médicinales; le tabac, apprécié à sa juste valeur, 
aurait conquis une place d’élite dans la matière médicale, et 
serait venu se ranger à côté de nos plus puissants et de nos 
plus héroïques médicaments. En tenant ce langage ne fai¬ 
sions-nous pas l’éloge de l’herbe à Nicot? Mais ce désidérata 
exprimé par nous, fut interprété par notre adversaire, comme 
une preuve de la pauvreté de nos connaissances tabagiques, 
Plusieurs de nos amis nous ont aussi reproché d’avoir man¬ 
qué d’égard, de modération et de bienveillance à l’égard de 
Messieurs les fumeurs. Si nous avions à nous reprocher de 
pareils griefs, nous le regretterions vivement, et n’hésiterions 
pas à faire amende honorable; mais ce que nous pouvons 
dire et ce serait notre excuse si nous en avions besoin, c’est 
que dans tout ce travail jamais nous n’avons eu la pensée de 
blesser qui que ce soit; notre seul et unique mobile a été d’être 
utile à tous, utile surtout à ceux qui fument avec passion, 
et qui en font le plus triste abus. Puissent les tristes faits que 
nous avons accumulés les faire réfléchir et leur donner la 
force et le courage do rompre en visière avec leur ennemi... 
Malgré ces considérations, nous no demandons cependant 
pas aux hommes do ne plus fumer, mais de le faire avec modé¬ 
ration et sans abus. De plus, ce que nous demandons et avec 
instances, aux pères et aux mères de famille, à tous les chefs ' 
d’institution, à tous ceux enfin qui ont la mission d’instruire- 


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la jeunots*, c’est de défendre aux enfants de fumer. Ce que 
nous demandons encore c’est de voir tous lès gouvernement» 
des pays oh l’on fume le tabac, se hâter de promulguer un® 
loi qui défendrait, sous des peines sévères, de fumer avant 
l’ège de 16 à 17 ans révolus. 

Qu’on ne l’oublie pas, le tabac est bien plus nuisible h la 
jeunesse qu’on ne peut le supposer ; il faut donc la soustraire 
au plus vite à sa triste influence. Il le faut à tout prix dans 
l’intérêt de la génération présente, mais aussi dans l’intérêt 
des générations futures. 

Sbctin Ph“ et D r L. Seutin. 
FIN. 

CHIRURGIE ET HOMŒOPATHIE 

par le D* I. Leeser*, de Rhbydt. — Traduction du D r Chevalier, de Charleroi. 

On dit souvent et à tort que la différence qu’il y a entre 
l’homœopathie et l’allopathie, c’est que la première ne s’oc¬ 
cupe que du traitement médicamenteux interne des maladies 
et se soucie peu des grandes inventions modernes de la chi¬ 
rurgie, qui intéressent cependant les deux écoles. Ceci est 
complètement faux, attendu quo la limite entre la chirurgie et 
la médecine interne est actuellement très peu tranchée et que 
c’est sur ce faux principe que repose le traitement tout 
entier de l’école moderne. La chirurgie avec ses annexes, ses 
nombreuses spécialités, l’ophthalmologie, l’otiatrie, la gyné¬ 
cologie, la laryngologie, la rhinologie, et beaucoup d’autres 
so terminant en te, procède comme la médecine interne des 
données anatomo-pathologiques et base son traitement uni¬ 
quement sur le diagnostic anatomo-pathologique. Et comme 
le traitement chirurgical, ainsi quo celui de toutes ces spé* 
cialités,est essentiellement opératoire, cette méthode s’insinue 
de plus en plus dans le traitement des maladies internes, sur- 


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tout depuis que fiiliroth a étonné le monde par sa fameuse 
phrase : la médecine doit toujours être chirurgicale. Ces 
paroles malheureuses du grand chirurgien ont fait presque' 
autant de mal que, dans le temps, le système Broussais avec 
ses saignées, de triste mémoire. 

Je ne veux pas parler des innombrables opérations, pour le 
moins superflues, que fait la chirurgie, telles quad’extirpatioa 
dos cancers et autres tumeurs malignes, du goitre, les ampu¬ 
tations des bras et jambes, les résections articulaires, les 
ponctions de l’ascite, des plèvres, du péricarde, etc., qui 
depuis longtemps déjà ont envoyé ad patres un grand nom¬ 
bre de malades ; mais aujourd’hui, encouragé par Billroth et 
sous l’ailo tutélaire de la fameuse antisepsie, on fait des 
« cures » qui font dresser les cheveux sur la tête, et on fouille'- 
avec les couteaux et les cautères des régions du corps, qui 
étaient jadis essentiellement du domaine de la médecine 
interne. 

C’est ainsi que la chirurgie s’est emparée du traitement des 
affections rénales et génitales, comme de celles de l’estomac : 
lavage et résection de cet organe, etc. Si un malade souffre 
d’une névralgie intraorbitaire, vite on lui dénude la mâchoire 
supérieure et on lui résèque le nerf, qui naturellement 
repousse et redevient doulouroux comme avant. Dans le 
cas de névralgie sciatique, on met le nerf à nu et on le sec- ■ 
tionne ; pour une péritonite on fait la laparalomie ; pour un 
myome de la matrice, on enlève la matrice tout entière ; 
s’agit-il d’une névralgie ovariquo, on enlève l’ovaire sans 
trop do façon, comme si la matrice et l’ovaire étaient des 
organes de luxe dont une femme peut se passer. De même 
on fait la castration pour une orchite chronique ou toute 
autre affection du testicule. L’ablation du larynx a été à- 
l’ordre du jour dans ces derniers temps et constitue le traite¬ 
ment unique de toutes los affections de cet organe. Si un 


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— 340 — 


malade présente un engorgement chronique de la rate, qui 
n’a pas cédé aux doses massives de sulfate de quinine, ou sim¬ 
plement la rate mobile, qui lui occasionne des douleurs, on ne 
fait pas beaucoup de cérémonies pour la lui enlever. 

Bien que les fonctions de cet organe ne soient pas encore 
entièrement connues, l’homme saura bien s’on passer. De 
même on extrait les reins pour des calculs ou d’autres affec¬ 
tions, l’homme au besoin peut se contenter d’un seul rein. 
Contré les coliques hépatiques, on enlève la vésicule biliaire, 
qui n’a non plus d'autre utilité que celle de former des calculs 
et de martyriser le pauvre patient et ainsi de suite d’une foule 
de cures dignes d’un D r Isenbart. 

Mais ce qui constitue le nec plus ultra de toutes ces opéra¬ 
tions de saltimbanques (comme les appelle avec bonté un chi¬ 
rurgien en renom, qui a l’occasion les pratique cependant 
lui-même), c’est le traitement chirurgical des affections tuber¬ 
culeuses du poumon, la résection pulmonaire ! Oui, oui, la 
médecine déviant do plus on plus chirurgicale, la démence fait 
des progrès. Et si par hasard un malade survit quelque 
temps aux suites d’une opération violente, le cas est cité dans 
l’univers entier et on ne parle plus que des progrès étonnants 
de la médecine, au lieu d’y voir uniquement combien l’orga- 
jrisme humain peut résister aux violencos et aux traitements 
contre nature avant de succomber. 

On ne songe pas évidemment le moins du monde à rétablir 
la fonction d’un organe malade, et à quoi du reste cela servi¬ 
rait-il ? La « cure radicale » qui enlève l'organe n’enlève- 
t-elle pas également la fonction? Le corps n’a qu’à s'arranger 
après cela comme il veut ! On ne cherche qu’à jeter de la pou¬ 
dre aux yeux, et on ne considère que le résultat du mode 
opératoire,cela suffit aux chirurgiens et cela doit suffire .liélast 
aux pauvres malades. — Que signifierait autrement le nom 
de « patient »! — Et si le malheureux estropié gagne l’une 


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— 341 — 


ou l’auti’d cômp'.ication, vite on constate une nouvelle affec¬ 
tion et si possible on cherche une nouvelle partie de-son corps 
à offrir en holocauste sur l'autel de la toute-puissante chi¬ 
rurgie, et cela dure aussi longtemps que le pauvre malade se 
laisse faire et refuse de mourir de mort naturelle. Tant 
que le public so laissera mener do la sorte, et permettra 
qu’on découpo des lanières dans sa peau, ces sacrifices 
humains no cesseront pas, car de même que chaque peuple a 
le gouvernement qu’il veut et qu’il mérite, chaque homme a 
le traitement médical qu’il veut et qu’il mérite. 

Cette funeste façon d’agir de l’école moderne a sa base 
dans la fausse interprétation des résultats de l’anatomie 
pathologique ; comme en somme la logique des écoles modernes 
est perdue, il n’y a rien d’étonnant que les connaissances 
scientifiques soient mal interprétées, qu’on en tire de fausses 
déductions et qu’enfin on confonde l’effet avec la cause. 

Au lieu de voir dans les lésions anatomo-pathologiques, le 
résultat d’une activité vitale lésée, on considère au con¬ 
traire le substratum anatomo-pathologique comme la cause 
des symptômes de la maladie , et ainsi on croit enlever la 
maladie en enlevant l’organe, alors que la connaissance 
exacte du processus pathologique indiquo un trouble dans 
l'activité vitale physiologique, et qu’en dernière analyse, 
il faudrait chercher la cause de la maladie dans les régulateurs 
de cette activité, c’est-à-dire dans les nerfs du système gan¬ 
glionnaire, qu’il s’agisse d’une surexcitation ou d’une para¬ 
lysie. Puis après on cherche le traitement qui, lui, doit se 
baser sur les symptômes que présente le malade et sur la 
part que prend dans la maladie, le système du grand-sympa¬ 
thique et enfin le médicament apte à ramener l’organisme 
malade à son état normal au point de vue de ses fonctions et 
de sa nutrition. Dans le traitement il faut toujours avoir 
en vue, non seulement l’organe affecté, mais l’organisme 


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- 342 — 

entier, car la moindre altération d’une fonction, la plus petite 
lésion qui ne donne même qu’une irritation locale, sans réac¬ 
tion immédiatement appréciable, réagit sur l’organisme 
entier. 

Si on voulait considérer toute maladie, comme résultant 
d’un trouble dans l'activité de l’organisme, on parviendrait 
& connaître l’essence des maladies. Et c’est à cela que nos 
ëfforts doivent tendre, afin d’avoir une pathologie nouvelle 
qtfi serait une physiologie pathologique, sur laquelle notre 
thérapeutique pourrait s'appuyer scientifiquement et qui 
nous servirait pour développer et agrandir nos connais¬ 
sances. Alors nous, homœopathes, nous n'aurions plus 
besoin de nous étayer sur la pseudo-science des écoles de 
médecine et l’enseignement de Hahnemann seraitcomplet au 
point de vue scientifique, comme depuis longtemps, il l’est 
au point de vue pratique. (Allgemeinc homôopatische Zei- 
tung, janvier 1890.) 

(A continuer.) Traduction du D r Chevalier. 


REVUE DES MAUX H0HŒ0PATB1QUES D'AMÉRIQUE 

par le D‘‘ Lambreghts, fils, d’Anvers 

Traitement des névralgies 

Le California homœopath publie, dans son numéro de 
décembre dernier, une excellente étude sur le traitement des 
névralgies. Les indications caractéristiques des principaux 
remèdes y sont établies d’une façon brève et concise, de sorte 
que le médecin homœopathe, én présence d’un cas donné, 
n’aura qu’à parcourir rapidement le tableau que nous repro* 
duisons ci-dessous, pour être fixé aussitôt sur le choix dû 
médicament. 


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Aconit. — Douleurs intolérables, plus vives pendant la 
nuit, limitées souvent à des espaces peu étendus; sensation do 
brûlure, grande agitation, aggravation par le mouvement, 
hyperesthésie. 

Arnica. — Névralgie intercostale simulant la pleurésie, 
aggravée par la toux et la respiration, sensation do meur¬ 
trissure ; grande agitation. 

Arsenicum. — Anxiété et agitation pendant la souffrance 
suivie d'une prostration excessive, douleurs brûlantes, aiguës, 
lancinantes, comme par des aiguilles rougies au feu ; amé¬ 
lioration par la chaleur, la partie malade est froide, 

Belladona. — Névralgie avec excitation vasculaire ; les 
accès atteignent graduellement un haut degré d’acuité, puis 
cessent soudainement. Le côté droit est surtout affecté. 
Tiraillements et spasmes dans les muscles, dilatation de 1» 
pupille. 

Bismuth. — Douleurs atroces améliorées par la marche 
continue et par l’eau froide tenue quelque temps dans la 
bouche ; aggravation par la mastication et le contact de la 
nourriture chaude; douleurs lancinantes et brûlantes comme 
si la face était labourée par des tenailles; la solitude est insup¬ 
portable. 

Bryonia. — Névralgie soulagée par une pression forte et 
par des applications froides; aggravation par la marche et le 
mouvement ; l’eau a un goût amer ; convient aux personnes 
sèches, nerveuses ou très bilieuses. 

Cactus grandi/l. — Accès quotidiens survenant à heure 
fixe ; douleurs pulsatives, battements, sensation de constrio- 
tion à droite, et aggravation par le moindre mouvement. 

Calcarea carb. — Migraine par suite d'astigmatisme avec 
brouillard continuel devant les yeux, aversion pour la pro¬ 
menade en plein air, tempérament lymphatique, névroses du 
cœur. 


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— 3-14 — 

Calcarea phosph. — Douleur avec sensation de quelque 
chose rampant sous la peau, engourdissement et froid ; aggra¬ 
vation la nuit et aux changements de temps, affections 
utérines. 

Cantharis. — Névralgie rhumatismale du côté droit avec 
paroxysmes disparaissant aussi rapidement qu’ils surviennent, 
douleurs brûlantes et crampes dans les parties affectées ; dila¬ 
tation de la pupille ; sujets irritables. 

Capsicum. — Névralgie aggravée parla pression exté¬ 
rieure, la douleur s’étend sur une ligne le long du nerf ; dou¬ 
leurs bridantes aggravées par le moindre courant d’air froid 
ou chaud, otalgie. 

Caulophyllum. —Douleurs névralgiques fugaces survenant 
tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre ; convient aux 
femmes ou aux personnes rhumatisées. 

Chamomille. — Irritabilité et mauvaise humour ; douleurs 
lancinantes, pulsatives et déchirantes. 

Chelidonium. — Névralgie après blessures lorsque arnica 
n’est pas bien supporté, larmoiement excessif dans la névralgie 
orbitaire, contraction des pupilles,amélioration le matin et par 
la transpiration. 

Chininum arsen. — Douleurs névralgiques violentes,dans 
la région mammaire gauche, comme si elle était labourée par 
des pointes de feu ; aggravation par le mouvement ; névralgies 
temporale et sus-orbitaire. 

Chininum sulph. — Névralgies à périodicités très régu¬ 
lières, souvent d’origine paludéenne. 

Ccdron. — Névralgie sus-orbitraire quotidienne reve¬ 
nant à heure fixe ; douleurs névralgiques après le coït ; sujet 
nerveux excitable ; extrémités froides et chaleur à la tête. 

Cimicifuga. —Névralgie réflexe d’origine utérine; grandé 
faiblesse entre les règles ; sensibilité aux courants d’air, en- 


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— 345 — 


gourdissement de tout le corps, surtout des bras, aggravé par 
le mouvement. 

Cina. — Douleurs spasmodiques périodiques allant d’un 
endroit du corps à un autre; aggravation par la pression exté¬ 
rieure. 

Cocculus. — Irritabilité extrême de tout de système ner¬ 
veux; sensation de meurtrissure et d’engourdissement; névral¬ 
gie provenant d’une irritation de la matrice ou de l’ovaire ; 
spasmes dans la face et la gorge ; hystérie ; hyperesthésie. 

Colocynthis. — Névralgie, par suite de chagrins, d’indi¬ 
gestion, de surmenage intellectuel ; douleurs de natare cram- 
poïde, soulagées par la pression, mais revenant aussitôt que 
la pression cesse; névralgie sous-orbitaire affectant les petits 
rameaux de ce nerf; coxalgie, comme si la cuisse était com¬ 
primée dans un cercle de fer; névralgie de l’ovaire. 

Coffea a'uda. — Les douleurs semblent insupportables, 
le malade doit se promener, amélioration par une vive pres¬ 
sion et par l'eau froide tenue dans la bouche; névralgie 
faciale, insomnie, besoin de mouvement. 

Croton tigl. — Douleurs lancinantes s’étendant des pupilles 
à l’occiput ; douleurs dans les bras s’étendant tout le long du 
membre, aggravées la nuit, améliorées après le sommeil. 

Cuprum. — Goût métallique très prononcé dans la bouche ; 
spasmes dans les extrémités supérieures et inférieures ; vio¬ 
lentes douleurs apparaissant le soir et durant toute la nuit, 
aggravées par la menstruation, améliorées par l’hypnotisme. 

Ferrum métal. — Douleurs pulsatives avec pouls plein, 
dépressible ; aggravation la nuit, amélioration par la marche 
lente, névralgie après lotions froides ou transpiration abon¬ 
dante, douleurs s’étendant de haut en bas, chlorose. 

Ferrum phosph. — Douleurs lahcinantes et pulsatives 
aggravées par les secousses de la tête ou tout autre mouve¬ 
ment et accompagnées de bouffées de chaleur à la face avec 


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- 346 — 


vomissement* alimentaires ; pondant les intervalles la face est 
pâle, et .terreuse. 

Oelaemium. — Incoordination des muscles ; dilatation des 
pupilles, diplopie ; spasmes du larynx et du pharynx, douleurs 
à l’ovaire avec migraine et névralgie du trijumeau, surtout 
lorsque la douleur envahit à la fois une branche de ce nerf ; 
amélioration temporaire par les stimulants, névrose cardiaque, 
névralgie par surmenage. 

Hamamelis. — Névralgie des testicules avec nausées pen¬ 
dant la nuit. 

Ignatia. — Névralgie sus-orbitaire, spasmes des musclos 
de la face, amélioration par le repos sur le côté malade ; carac¬ 
tère doux et compatissant. 

Iris vers. — Migraine précédée par un nuage devant les 
yeux et améliorée par les vomissements ; elle commence géné¬ 
ralement par une violente céphalalgie le matin après le 
déjeuner ; dérangement d'estomac et prostration. 

Kali bichr. — Sensibilité des os au toucher, douleurs brû¬ 
lantes intenses allant de la racine du nez le long de l'arcade 
orbitaire gauche à l’angle externe de l’œil, commençant le 
matin, s’aggravant dans l’aprés-midi et s'améliorant le soir. 

Kali phosph.— Névralgie chezles personnes très affaiblies 
avec paralysie, douleurs dans le côté droit de la face, prove¬ 
nant de dents cariées et s’améliorant par les applications 
froides. 

Kalmia lat. — Affecte le côté droit ; douleurs survenant à 
époque indéterminée et continuant pendant un certain temps ; 
elles se produisent soudainement ou graduellement et dispa¬ 
raissent de la même façon ; les douleurs de la face sont brû¬ 
lantes et très intenses, elles ont leur siùge dans le périoste, 
s’aggravent par la chalour et la position courbée et s’amé¬ 
liorent par le froid et la station debout ; albuminurie. 

Lachesis. — Névralgie orbitaire gauche ou névralgie 


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— 347 — 


faciale droite ; douleurs dans la mâchoire inférieure, bouffies 
de chaleur à la face et sensation de faiblesse à l’abdomen 
après les accès. 

Lycopodium. — Névralgie s’améliorant par le décubitus 
sur le côté affeoté, douleurs aiguës, lancinantes, dans les 
extrémités supérieures et inférieures avec fatigue et faiblesse ; 
spasmes involontaires ; sensation comme si -les parties affec¬ 
tées étaient endormies, tiraillement du haut en bas. 

Magnesia carb. — Névralgie sous-orbitaire gauche ; vio¬ 
lentes douleurs pendant la nuit dans l’os zygomotique, for¬ 
çant le malade à sortir de son lit et à se promener; sentiment 
de tension de la peau de la face, frissons et froid. 

Magnesia phosph. — Névralgie faciale ou abdominale sur¬ 
venant pendant la nuit, améliorée par la chaleur et aggravée 
par le froid, le malade se sent très bien pendant lè jour ; les 
douleurs sont aiguës, lancinantes, intermittentes et changent 
souvent de place. 

' Mercurius. — Nodosités syphilitiques, rhumatisme, dou¬ 
leurs déchirantes et lancinantes avec sensation dé froid dans 
les parties affectées et grande faiblesse, aggravation la nuit 
au lit. 

Mezereutn. — Douleurs avec engourdissement dans les os 
molaires et temporaux surtout du côté droit ; cavités dans les 
dents cariées avec spasmes des muscles ; névralgie consécu* 
tive à l’herpès zoster. 

Natrum mur. — Douleurs périodiques quotidiennes avec 
écoulement abondant de larmes irritantes, surtout après la 
suppression d’une fièvre intermittente ; teint pâle, jaunâtre ; 
aggravation au bord de U mer. 

Nux vomica. — Névralgie sus-orbitaire d’une grande 
intensité survenant quotidiennement le matin ; tendance à la 
syncope avec hyperesthésie de tous les séns. 

J Phosphorm. — Névralgie utérine chez les femmes sen- 


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— 348 


sibles par suitè de lactation prolongée ou par anémie, surtout 
pendant la convalescence ; névralgie intercostale. 

Platina. — Douleurs commençant doucement, augmentant 
et décroissant graduellement ; névralgie de l'ovaire et de 
l’utérus avec douleurs et engourdissement comme si les par¬ 
ties malades étaient comprimées. 

Pulsàtilla.. — Douleurs errantes, déchirantes et lanci¬ 
nantes, s'aggravant avant minuit par la chaleur et la position 
coùchée. 

Rhododendron. — Névralgie ilîo-scrotale ; névralgie à la 
suite d'un temps humide, d’un orage. 

Rhus tox. — Névralgie sus-orbitaire gauche, survenant 
de minuit au matin ; douleurs brûlantes avec agitation conti¬ 
nuelle. 

Sanguinaria. — Migraine ; le malade doit s’agenouiller 
et tenir la tôte contre le sol; douleurs brûlantes s’étendant de 
l’œil gauche ou du cou vers le sommet de la tête ; elles com¬ 
mencent le matiu, s’aggravent pendant le jour et durent 
jusqu’au soir ; elles reviennent tous les sept jours. 

Sepia. — Congestion passive de la veine-porte ; grande 
agitation de tout le corps ; le malade ne peut se tenir tran¬ 
quille; aversion pour le travail; névralgie intermittente, 
s’aggravant le matin, disparaissant pendant le jour, et reve¬ 
nant la nuit ; névralgie pendant la grossesse ; spasmes. 

Silicea. — Mauvaise nutrition; douleur dans la tête avec 
apparition de petits module! sur le cuir chevelu ; douleurs né¬ 
vralgiques dans la tête avec sensation de déchirement ; trans¬ 
piration supprimée ; douleurs dans les nerfs dentaires. 

Spigelia. — Les battements de cœur précèdent la proso- 
palgie qui se produit ou s’aggrave par le manger ; la névral¬ 
gie survient et disparaît avec le soleil; elle est très intense 
vers midi ; la peau de la face est gonflée et luisante ; névral¬ 
gie des yeux ; les douleurs sont plus prononcées à droite, et 


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— 34 » — 

laissent après elles une sensation de meurtrissure ; douleurs 
lancinantes de dedans en dehors. 

Stannum. — Névralgie opiniâtre débutant doucement, 
augmentant et diminuant d'une manière graduelle; névralgie 
ciliaire et orbitaire, améliorée par une vive pression. 

Staphysagria. — Névralgie dans les joues, les épaules et 
les bras ; névralgie crurale ; douleurs aiguës par le mouve¬ 
ment ou le contact des parties affectées; nodosités arthri¬ 
tiques. 

Sulphur. — Névralgie intermittente périodique, s’aggra¬ 
vant chaque jour dans l’après-midi ou vers minuit, puis dimi¬ 
nuant graduellement; pression douloureuse sur les globes 
des yeux ; boudées do chaleur fréquentes et soudaines par tout 
le corps ; affections de la peau supprimées. 

Tarentula hisp. Hyperesthésie excessive s’aggravant 
au moindre contact; aucune amélioration ni par le chaud ni 
par le froid. 

Thuya. — Douleurs commençant dans les os molaires et 
dans les yeux et s’étendant en arrière ; douleurs poignantes 
et intolérables aggravées par la position assise ; les endroits. 
douloureux brûlent comme du feu et sont très sensibles au 
soleil; sycose. 

Terebenthina. — Névralgie du bras, de l’épaule et de la 
partie supérieure de l’orbite, s’aggravant la nuit ; névralgies 
fugaces comme des chocs électriques, plus prononcés par le 
mouvement. 

Veratrum alb. — L’intensité de la douleur produit chez le 
malade du délire, des syncopes avec transpiration froide, 
surtout chez les personnes anémiques ; amélioration par le 
mouvement. 

Verbascum. — Douleurs violentes et spasmodiques causées 
par un courant d’air subit, ou par le passage de l’air froid. 


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— 880 — 


dans ane ohambre chaude ; accès quotidiens réguliers avec 
coryza intense et larmoiement. 

Zincum. — Vitalité affaiblie; insomnie par suite de la 
violence des douleurs ou de l’abus du mercure ou de la qui • 
nine; aggravation par le mouvement, la fatigue et le moindre 
contact; hyperesthésie avec épuisement. 


Thèrldlon dans l'hystérie 

Thêridion n’est pas encore très connu comme remède de 
l’hystérie ; cependant, dans ces dernières années, un grand 
nombre de guérisons ont été obtenues à l’aide de ce médica¬ 
ment, surtout dans l’hystérie liée à l’irritation spinale. Le 
sujet justiciable de thêridion est très sensible à la lumière; 
il s’évanouit à la moindre fatigue, et présente une grande 
faiblesse, un tremblement assez prononcé, des frissons et de 
l’anxiété. Il est très agité et doit s'occuper de tout, quoique 
rien ne lui plaise. Le caractère distinct consiste surtout dans 
la grande sensibilité au bruit et l'hyperesthésie considérable 
de la colonne vertébrale. Getto hyperesthésie est tellement 
vive que le malade s’assied do côté sur sa chaise, afin d’évi¬ 
ter la pression du dossier contro l’épine dorsale. 


Kali carbonlcum dans la bronchite 

M. S., âgé de 50 ans, est un homme fort et vigoureux 
qui souffre chaque hiver d’une bronchite très opiniâtre. 
Getto année il tousse déjà depuis quatre semaines et est obligé' 
de rester chez lui. Pondant le jour il éternue et éprouve 
quelques accès de toux; mais c’est surtout le soir vers 6 heu¬ 
res que les symptômes s’aggravent à tel point qu’il lui est 
impossible de se tenir couché dans sou lit. Une sensation de 


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corps étranger dans le larynx produit alors des accès de suf¬ 
focation et des paroxysmes d’une toux violente, se terminant 
par l'expectoration de mucosités épaisses, grisâtres et vis¬ 
queuses. Ces mucosités, une fois détachées, ne sont pas diffi¬ 
ciles à expectorer; au contraire souvent elles s’échappent 
inopinément de la bouche après un accès de toux. C’est là un 
symptôme très caractéristique de kali carb. 

Une toux violente s’aggravant le soir et la nuit, s’aggra¬ 
vant également dans la position couchée, et ayant son point 
de départ au larynx indique kali carb . et un grand nombre 
d’autres remèdes. 

Mais lorsque cette toux est accompagnée de l’expectoration 
de mucosités visqueuses, difficiles à détacher d’abord, mais 
s’échappant à l’improviste de la bouche parce qu’elles n’ont 
aucune tendance à adhérer pendant leur passage à travers 
les voies respiratoires, alors kali carb. constitue le médica¬ 
ment homœopathique par excellence. 

Le malade prit kali carb. 30* le soir vers 7 heures, lors¬ 
que l’aggravation avait déjà commencé ; la nuit fut beaucoup 
meilleure que les précédentes, et après quelques jours la 
guérison fut complète. {American homœopathist.) 

D r Lambrbghts, pILS. 


MÉDECINE VÉTÉRINAIRE 

Du plumbum aceticum Contre les coliques des chevaux 

J’appelle l’attention des médecins vétérinaires et des agri¬ 
culteurs sur un remède nouveau contre les coliques des 
chevaux. Cette affection qui, dans la plupart des cas, constitue 
un mal opiniâtre et qui peut se déclarer soudainement, cède 
va plumbum aceticum, première trituration. 


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— 352 — 


Un fermier des environs, qui possède un grand nombre de 
chevaux, en eut en très peu de temps six atteints de coliques 
violentes. Il leur administra tous les quarts d’heure une dose 
du médicament précité et les rétablit tous en très peu de 
temps. C'est avec joie qu’il est venu nous narrer la chose, 
tout en nous demandant une grande quantité de ce sel, afin 
de ne jamais en manquer. 

Nous ne saurions assez recommander ce médicament à tous 
les intéressés. (Leipziger Populâre Zeitschrift fur HomÔo- 
pathie, décembre 1889.) 


NOUVELLE 

Société française d'homœopathle. — A la suite du Congrès 
homœopathique tenu à Paris au mois d’août 1889, quelques médecins 
émirent l’idée de concentrer les forces éparpillées de l'homoeopathie en un 
seul faisceau. Dans ce but les deux sociétés existantes : la Société 
homœopathique de France et la Sociité liahnemannienne fédérative se 
fusionnèrent en une société unique qui prit le nom de Société française 
d’homœopathie. Cette société a pour organe une nouvelle revue : la 
Revue homœopathique française, publication mensuelle dont le premier 
numéro a paru le 31 janvier dernier. 


SOMMAIRE 

Revue des journaux homoeopathiques de France, par 

le D r Schepens, de Gand.321 

Le tabac (Suite et fin) par MM. Em. Seütin, Ph n etle 

D r Léon* Seütin, à Bruxelles.327 

Chirurgie et homœopalhie. — Traduction du D' Cheva¬ 
lier, de Charleroi.338 

Revue des journaux homoeopathiques d’Amérique, par 

le D r Lambreghts, fils, d’Anvers.342 

Médecine vétérinaire.351 

Nouvelle. 352 


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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE 


16* Année. MARS 1890. N* 12 


LA MER ET LES PERSONNES MALADES 

par le D r Martiny 

Indications et contre-indications 

Généralités. — L’influence que le séjour au bord de 
la mer exerce sur les personnes bien portantes est pres¬ 
que toujours salutaire ; il n’en est pas absolument de 
même chez les personnes malades ; parmi celles-ci les unes 
peuvent y trouver la guérison, chez d’autres au contraire 
les souffrances augmenteront, la maladie s’aggravera 
et pourra même prendre une tournure funeste. Quels sont 
les malades qui doivent aller au bord de la mer, quels 
sont ceux qui doivent l’éviter, en résumé quelles sont les 
indications et les contre-indications de la cure maritime? 
C’est ce que nous allons examiner. 

La mer offre aux malades et aux médecins de précieu¬ 
ses ressources, des moyens curatifs puissants, qui, bien 
appliqués, procurent les résultats les plus heureux, tandis 
que, mal dirigés, ils peuvent aboutir à des troubles pro¬ 
fonds, graves, parfois irrémédiables ; qu’un sujet bien 
portant fasse à la mer une cure inopportune, mal com¬ 
prise, le préjudice sera vite réparé. Au contraire, si un 
vrai malade s’expose, sans indications bien établies, aux 
influences multiples de la vie que l’on mène habituelle¬ 
ment à là plage, sa maladie peut s’aggraver, parfois très 
rapidement, et même devenir mortelle, de bénigne qu’elle 
était antérieurieurement. Pour conseiller un essai, même 
timide, du bord de la mer à un malade, il faut auparavant 
avoir bien diagnostiqué son mal, s’être rendu un compte 


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— 354 — 


bien exact de ses organes, lesquels peuvent ne plus être 
assez robustes pour résister aux chocs si variés de la 
plage; ces organes, quand ils sont trop affaiblis, ne peu¬ 
vent plus réagir favorablement ; aussi n’esl-il pas rare de 
rencontrer des personnes qui quittent la mer plus souf¬ 
frantes qu’auparavant, il en est môme auxquelles elle est* 
absolument fatale ; heureusement ces cas sont fort peu 
fréquents ; l’on peut même dire que, dans les quelques 
rares circonstances où les puissantes ressources de la 
mer ont pu donner lieu à des mécomptes, ceux-ci auraient 
pu être évités avec un peu de tact etau moyen de quelques 
précautions ; un homme malade ne devrait donc jamais 
tenter une cure maritime, sans s’enquérir de l’avis d’un 
médecin compétent et sans prendre ses conseils pendant 
la cure même : la mer produit chaque année des cures 
merveilleuses dans presque toutes les maladies, des cures 
parfois inespérées qui étonnent le médecin lui-même, 
sans qu’il puisse se reudre compte du mécanisme de la 
guérison.Nous avons vu revenir do nos villes d’eaux, pour 
ainsi dire guéris, des malades chez lesquels, d'après tout 
ce qui paraît expérimentalement établi, la mer aurait dû 
exercer des effets nuisibles ; ils étaient partis sans 
demander l’avis de leur médecin ou même malgré sa 
défense! Il n’y a pas lieu pourtant de s’étonner outre 
mesure d’un pareil résultat; d’abord les indications et 
contre-indications de la cure de mer ne sont pas 
encore bien précisées et, il faut bien l’avouer, celles 
qui paraissent l’être 11 e sont pas assez connues; et puis, 
d’un autre côté, n’oublions pas qu’à la mer le malade 
trouve l'air le plus pur. de l’oxygène électrisé, et que s’il 
prend quelques précautions banales pour éviter une 
secousse trop brusque de ses organes par les influences 
si vives mais si bienfaisantes de nos plages, il peut en 
retirer les plus sérieux avantages : enfin nous ne pouvons 


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— 355 — 


mesurer à l’aune la vitalité de nos malades ; tel sujet, 
paraissant chétif et débile est parfois d’une résistance 
étonnante; les chocs du bord de la mer réveillent sa vita¬ 
lité qui paraissait engourdie ; cette cure faite en plein air 
pur, au début de laquelle l’appétit augmente, les distrac¬ 
tions si nombreuses, si variées de nos plages, où tout le 
monde se coudoie, où tout le monde paraît gai et animé, 
le grand spectacle de la mer qui absorbe presque com¬ 
plètement la pensée et repose l’esprit, tout contribue 
à donner au malheureux malade une stimulation de bon 
aloi qui met en mouvement les ressorts les plus profonds 
de l’économie et déjoue parfois les craintes les mieux 
motivées du médecin. Celui-ci ne doit pas vite défendre 
à un malade de partir pour la mer; là est peut-être le 
salut ! Permettons donc facilement aux malades un essai, 
mais soyons prudents, très prudents dans notre tenta¬ 
tive; ne donnons pas de suite une dose forte de cet 
admirable traitement, de ce remède énergique ; tâtons la 
susceptibilité de l’organisme du sujet et surtout ne le 
mettons pas dès le premier jour en plein dans cette 
atmosphère marine, remplie de médicaments finement 
divisés, ozonifiée, où régnent continuellement des cou¬ 
rants d’air nombreux et variés; réglons bien le temps de 
la journée : un séjour très court sur la digue les premiers 
jours; choisissons avec circonspection le moment de la 
journée le plus convenable pour faire entrer le malade 
dans cette grandiose salle d’inhalation ; limitons soi¬ 
gneusement la durée de ces séances, pour l’augmenter 
si la réaction est franche et se fait sans troubles. C’est au 
bord de la mer surtout que le malade a besoin d’un méde¬ 
cin observateur; de celui-ci dépend souvent la réussite de 
la cure. Malheureusement on consulte peu les médecins au 
bord de la mer, et bon nombre de malades, sérieusement 
menacés, s’en tiennent aux conseils de la routine; c’est à 


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— 356 — 


peine s’ils s’observent eux-mêmes, s’ils cherchent à se 
rendre compte de ce qu’ils éprouvent, et s’ils pensent à 
en faire part à leur médecin. En vérité, quand on voit 
comment les choses se passent, on est étonné que la cure 
de mer ne donne pas plus de mécomptes. Cet air électrisé, 
exempt de microbes, répare bien des imprudences. L.3 
mer, nous pouvons l'assurer, est utile à presque tous les 
malades ; elle serait plus favorable encore si les médecins 
et les malades savaient mieux s’en servir, s’ils prenaient 
soin de bien régler la dose de cet incomparable moyen 
thérapeutique. Ils sont bien rares les malades auxquels la 
mer doit être absolument interdite et auxquels elle ne 
peut faire quelque bien. Il en existe pourtant, et nous 
tâcherons de donner des indications suffisantes pour les 
faire reconnaître, mais avant tout nous nous efforcerons 
de donner des recommandations pour la direction de la 
cure et la progression qu’il faut suivre. Mais ce n’est 
pas sans de sérieuses appréhensions d’étre au-dessous 
de la tâche entreprise que nous commençons cette étude 
des indications et contre-indications de la mer, de la direc¬ 
tion de la cure, de la manière de l’entreprendre et de 
la continuer; mais encore une fois, nous nous baserons 
surtout sur ce que nous avons vu, sur ce que nous avons 
observé depuis l’époque où nous avons compris qu’une 
large part des effets de la cure maritime est attribuable 
aux médicaments que l’atmosphère de la mer tient en 
suspension, depuis que, grâce à l’immortelle découverte 
deHahnemann concernant l’action si profonde des remèdes 
infiniment divisés, nous avons pu mieux nous rendre 
• compte de ce qui se passe sur la plage. Non pas que nous 
pensions un seul instant à faire fi de l’expérience des 
autres,loin de nous pareille pensée : nous avons eu soin de 
colliger toutes les observations bien faites,de rechercher 
tous les documents et de demander l’avis de la plupart de 


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— 357 — 


nos confrères qui, par suite de leur position ou de leurs 
études spéciales, pouvaient nous fournir des renseigne- . 
ments; la question est encore trop obscure, et ce qui 
complique encore pareille étude, c’est que l’action de la 
mer n’est pas la môme sur toutes les plages ; ce qui est 
observé sur les plages du Nord peut être différent de ce 
qui se passe dans les régions de l’Ouest et du Midi; ce 
qui est vrai pour une plage largement ouverte n’a plus 
sa raisôn d’être pour un littoral abrité, quand les côtes 
ne sont guère que de quelques mètres plus élevées que le 
niveau delà mer ou quand le littoral est bordé de falaises, 
etc., etc. Ceux qui se rappelleront les considérations que 
nous avons émises dans la première partie de notre étude 
sur l’action de la mer comprendront combien toutes les 
conditions d’altitude, de climat, de température, de direc¬ 
tion des vents habituels,etc.,peuvent avoir d’importance, 
combien ils peuvent modifier l’influence delà mer. Ce 
n’est donc que prudemment que nous nous aventurons 
dans cette question extraordinairement vaste, d’autant 
plus que pour une solution complète, il faudrait l’éten¬ 
dre aussi à l’action de la mer sur d'autres côtes que 
les nôtres ; néanmoins, bien que nos recherches et nos 
investigations se rapportent plus spécialement à nos côtes 
belges et à celles de nos voisins, nous ne négligerons pas 
de parler à l’occasion des cures qui se font sur d’autres 
plages beaucoup plus éloignées de nous et qui sont 
parfois tout différentes dans leurs'effets; tel malade 
qu’il serait imprudent d’envoyer sur nos côtes de la mer 
du Nord serait très avantageusement influencé par une 
cure faite sur les bords de l’Océan ou de la Méditer¬ 
ranée. 

D’une façon générale le séjour au bord de la mer peut 
être utile à presque tous les malades, à presque toutes 
les constitutions. Toutes les prédispositions morbides, à 


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— 358 — 


peu d’exceptions près, peuvent y être avantageusement 
modifiées; la cure maritime, avec ses ressources variées 
et multiples, peut rendre des services à presque toutes les 
personnes souffrantes. On trouve à la mer des moyens 
de répondre à toutes les indications thérapeutiques : A 
quelques centaines de mètres de la digue, on respire un 
air pur, vif, électrisé comme celui des montagnes, pré¬ 
cieuse ressource pour certains malades; en approchant de 
la digue cet air tient encore en suspension assez de ces 
particules salines bromo-ioJurées pour quelles jouent 
déjà un rôle mitigé sur l’organisme qui les absorbe, 
rôle naturellement moins profond, moins actif que chez 
celui qui se promène sur la digue elle-même, où il reçoit 
l’air de la mer dans toute sa vivacité et complètement 
chargé de ces poussières médicamenteuses. Quiconque 
aura son habitation sur la digue même sera soumis pen¬ 
dant la cure à une influence différente de celle éprouvée 
par celui qui ny passe que quelques heures par jour; l’un 
absorbe presque continuellement les médicaments véhi¬ 
culés par l’air marin, l’autre les prend à dose plus frac¬ 
tionnée; chez le premier les effets médicamenteux secon¬ 
daires, consécutifs, qui sont parfois les plus utiles, ne 
peuvent se produire de la même façon que chez le second. 
Enfin le malade et le médecin ont encore d’autres moyens 
curatifs à leur disposition : les bains de mer à action déjà 
si complexe et qui varie encore suivant l’heure du jour, 
la durée, etc. ; précieux adjuvants qui offrent toutes les 
puissantes ressources de l’hydrothérapie, — puis les 
bains de mer chauds et enfin l’usage interne de l’eau de 
mer qu’on n’emploie pas assez souvent et qui peut riva¬ 
liser avec les eaux minérales les plus célèbres! Eh réflé¬ 
chissant quelque peu à toutes ces circonstances, à toutes 
ces conditions si variées, on comprend facilement quelles 
ressources multiples elles peuvent offrir et quels succès 


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— 35» — 


elles peuvent procurer à un médecin qui les connaît et 
qui sait les manier après avoir bien étudié son malade. 
Dès lors n’est-il pas triste de voir presque tout le monde 
vivre de la même façon au bord de la mer, y passer le 
même nombre d’heures sur la digue, prendre indistincte¬ 
ment des bains, etc. Voilà où il faut chercher la cause 
des nombreux mécomptes, des insuccès, des mauvais effets 
de la cure marine. 

Il ressort clairement de tout ce qui précède qu’on ne 
peut donner des indications très précises, chaque malade 
doit pour ainsi dire avoir un règlement différent et mal- 
heùreusement la question est peu étudiée, et puis elle est 
difficile ! — L’expérience des malades eux-mêmes doit 
toujours être mise en ligne décompté ; aussi, chaque fois 
qu’une personne souffrante me pose cette question : 
« Docteur, la mer me convient-elle ?» Je réponds inva¬ 
riablement : « Y avez-vous déjà séjourné ? Comment vous 
y êtes-vous comportée, quels effets en avez-vous ressen¬ 
tis ? » Et dans mes conseils je tiens toujours compte de la 
réponse des malades. Lorsque le malade n’a pas séjourné 
antérieurement à la mer,ou que la réponse n’est pas caté¬ 
gorique, je propose d’en faire un prudent essai, pour 
s’assurer si la mer sera salutaire. Voici ce que j’entends 
par un essai ; ceci peut même servir de guide à tous les 
malades qui veulent tâter de la cure marine: Ne pas 
rester trop longtemps sur la digue au début, n’y séjourner 
que quelques heures, les premiers jours, en augmentant 
graduellement la durée, ne prendre des bains, lorsqu’ils 
paraissent indiqués, qu’au bout de quatre ou cinq jours 
et des bains de fort courte durée (pas même cinq minutes). 
Bien observer tous les symptômes qui se produisent et 
noter surtout la fréquence du pouls matin et soir. On ne 
se doute pas généralement de l’influence que la mer exerce 
sur la circulation du plus grand nombre ; très fréquem- 


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— 360 — 


ment le pouls gagne de la fréquence, les premiers jours ; 
c’est un signe que l’influence est vive et les malades peu- 
ventfacilement eux-mêmes le constater(fréquemment pour 
ce motif nous conseillons quelques globules A'aconit 
matin et soir). Lorsque la circulation s’accélère forte¬ 
ment, le malade doit être prudent. Le médecin qui donne 
des conseils pendant la cure maritime doit toujours scru¬ 
puleusement examiner l’appareil de la circulation, c’est 
lui qui est influencé en premier lieu, c’est lui qui donne les 
premières et les plus précieuses indications. 

La question des indications et contre-indications de la 
mer dans les divers états morbides est à peine ébauchée 
non seulement parce qu’elle est peu étudiée et que les 
diverses informations ne peuvent concorder par la raison 
que les effets d’une plage ne sont pas les mêmes que ceux 
d’une autre plage souvent même peu éloignées l’une de 
l’autre, mais aussi parce que la science de la pathologie 
est loin d’être elle-même très précise, que l’on s’entend 
fort peu au sujet de l’origine, de la genèse et de la symp¬ 
tomatologie des diverses maladies qui affligent l’espèce 
humaine. Sont-elles nombreuses et variées les infirmités 
de l’organisme humain ! S’il fallait les passer toutes 
en revue, on n’en finirait pas et l’on ne saurait par où 
commencer, ni comment les classer, précisément parce 
que toutes les classifications présentent des défectuosités 
et des lacunes, que les classifications de la veille ne 
peuvent plus servir le lendemain ; aussi nous contente¬ 
rons-nous d'une simple nomenclature en nous bornant 
à établir des catégories paraissant confirmées par l’ex¬ 
périence médicale, sans vouloir marquer entre elles 
des liens ou des rapports sur la nature des divers états 
morbides ; encore une fois nous ne voudrions pas ici 
abuser des termes et des expressions scientifiques, nous 
rappelant que nous n’écrivons pas exclusivement pour 


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— 361 — 


des médecins; plutôt que de suivre un ordre absolument 
en accord avec les idées actuelles de la science, nous 
préférons, pour être mieux compris, nous en tenir aux 
expressions et aux noms consacrés par l’usage,et chaque 
personne souffrante pourra aisément trouver le chapitre 
qui l’intéresse plus particulièrement; l’ordre dans lequel 
nous traiterons des diverses maladies sera ainsi rendu 
plus pratique, et chacun pourra facilement trouver ce 
que nous pensons de la cure de mer à propos de telle 
ou telle infirmité. 

Enfin l’on ne doit pas perdre de vue que les classifica¬ 
tions des maladies n’ont rien d’absolu et que, lorsqu’il 
s’agit de la cure de mèr, ce n’est pas la maladie en elle- 
même qu’il faut considérer, mais bien le porteur de cette 
maladie, le malade, qu’il faut avoir en vue ; tel malade 
atteint d’une affection plus ou moins bien définie ne 
supportera pas la mer ; tel autre, atteint de la même ma¬ 
ladie nominale, v trouvera la guérison, tandis que chez le 
premier les organes étaient originellement ou acciden¬ 
tellement trop faibles pour réagir favorablement, les 
secousses de la mer serout trop violentes, elles amène¬ 
ront chez le second une réaction bienfaisante : les forces 
digestives se relèveront, l’appétit reparaîtra, demandant 
de nouveaux matériaux pour entretenir les forces, etc., 
etc. C’est à la mer surtout que le médecin doit se rappe¬ 
ler que c’est, le malade qu’il doit traiter, et non pas telle 
ou telle maladie. Ceci est tellement vrai que nous ne 
connaissons presque pas de maladies dans lesquelles la 
cure de mer soit toujours positivement contre-indiquée ; 
même les cardiaques, même certains cancéreux peuvent 
en retirer des avantages. 

(A continuer.) D r Martiny. 


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• — 362 _ 


CHIRURGIE ET HOMŒOPATHIE (1) 

parle D r I. Leeser, de Rheydt.— Traduction du D r Chevalier, de Ch&rleroi 

Les médecins qui, comme les homœopathes, cherchent à 
pénétrer la nature des maladies, sont les défenseurs des 
méthodes de traitements naturels, qui dépassent de cent 
coudées celles des soi-disant médecins scientifiques. Outre 
leur antagonisme contre les écoles modernes, ils ont ceci de 
commun avec les homœopathes qu’ils ne font pas reposer 
leur thérapeutique sur une base anatomo-pathologique, mais 
que, sans s’inquiéter du diagnostic théorique, ils cherchent 
dans chaque affection à reconnaître le dérangement fonc¬ 
tionnel et se hâtent de rétablir l’activité normale. Et tandis 
que ces premiers médecins avec leurs médicaments travaillent 
sur une plus ou moins grande partie du corps et cherchent 
indirectement à remettre à flot la partie lésée, l’homœopa- 
thio agit directement par ses remèdes sur les fonctions de te 
sphère malade jusque dans ses moindres replis, pour les 
ramener à la normale. L’individualisation de la médecine 
homœopathique est plus grande et plus fine que celle des 
autres médecines; elle étudie les moindres petits détails, 
tandis que les autres ne font que des observations grossières; 
elle recherche les différentes manières d’être des maladies, 
ce qui échappe complètement aux autres. Il est inutile de 
prouver que la médecine moderne est très loin de la vraie 
connaissance des maladies, et comme l’observation journalière 
nous l’appren 1 et surtout comme les paroles de Billroth le 
prouvent, elle s’en écarte de plus en plus. Sur ce terrain, 
tous les soi-disant progrès de la médecine moderne ne nous 
intéressent guère, car un progrès sur un sujet faux éloigne 
davantage de la vérité et est plutôt un pas en arrière. Les 


(1) Suite. Voir volume courant p. 338. 


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363 — 


nombreuses inventions et découvertes de l’école officielle 
n’ont pour nous quun intérêt théorique ; nous ne devons pas 
les ignorer, mais elles ne peuvent nous intéresser que comme 
nouveauté à enregistrer, sans nous approprier les fausses 
conséquences qui en résultent au point de vue médical. Ceci 
est surtout vrai pour la bactériologie (1), qui, dans ces 
derniers temps, s’est développée avec exubérance, et qui n’a 
pour nous aucune valeur pratique, alors que l’école moderne 
a déjà édifié sur elle tout un système thérapeutique naturel¬ 
lement faux. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se 
brise. Chaque réaction scientifique a au moins ce bon côté, 
qu’elle provoque une contre-réaction, d’autant plus vite 
qu’elle est plus sérieuse. Il est à espérer que ces tristes inven¬ 
tions qu’a fait éclore la médecine moderne par l’envahissement 
des spécialités opératoires, précisément à cause de ces 
nombreuses et absurdes méthodes de traitement, finiront par 
disparaître, quand enfin le public, plus soucieux de ses intérêts 
et assez appris, aura le courage de dire aux médecins : 
« Jusqu’ici, mais pas plus loin. » On objectera peut-être que 
le public n’est pas en état de discuter une question scientifique, 
mais cette question a aussi son côté éminemment pratique; il 
s’agit de la vie et de la santé de ce public qui, dans tous les 
cas, doit supporter les frais, et par conséquent doit aussi avoir 
son mot à dire. C’est pour ce motif que notre grand Maître 
s’est adressé au public, à l’opinion générale qui, aujourd’hui, 
constitue une force de premier rang, et les médecins homœo- 
pathes, en Angleterre, font de même pour leurs réunions, et 
cela avec fruit. Si l’homœopathie, on Allemagne, ne fait pas 


(1) Nous ne pourrons admettre la bactériologie m >derne que quand, après 
taut de découvertes riches en conséquences, comme celle du baciUe du cancer, 
de celui de la calvitie, etc., elle aura trouvé enfin celui de l'allopathie avec son 
remède. Il doit, selon toutes probabilités, avoir sou siège dans le cerveau,proba¬ 
blement dans le centre de la logique. 


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— 364 — 


\ 


autant de progrès que dans d’autres pays, cela ne dépend pas 
du petit nombre de médecins adhérents, mais de ce que l’on 
na pas donné à l’opinion publique assez l’occasion de connaître 
la différence essentielle qui existe entre le traitement des 
semblables et celui des contraires, et qu’on n’a pas assez fait 
connaître les beaux résultats du premier. Qu'on mette devant 
les yeux du public les belles guérisons de l’homœopathie et 
qu’on le laisse choisir entre la maxime de Billroth « la méde¬ 
cine doit devenir chirurgicale » et celle opposée qui peut être 
considérée comme l’apanage do l’homœopathie « la chirurgie 
doit devenir médicinale » : le choix ne sera pas douteux. 

Oui, la chirurgie doit devenir médicinale, c'est-à-dire non 
dans le sens donné par les écoles modernes, mais dans le sens 
de la seule méthode rationnelle,de l'homœopathie.Si l'homœo- 
pathie est une méthode de traitement efficace, elle doit être 
à même de supprimer les nombreuses opérations qui détrui¬ 
sent la santé et la vie. 

Cette méthode de traitement serait sans contredit la meil¬ 
leure, qui ferait disparaître la chirurgie en tant que médecine 
opératoire et qui donnerait une guérison facile et durable par 
un traitement interne, ce que jamais les opérations les mieux 
faites pourront procurer. 

L’homœopathie, sous ce rapport, a déjà fait ses preuves, et 
les nombreuses observations qui l’attestent à l’évidence, ne 
manquent pas. 

Puissent celles qui vont suivre apporter encore plus do 
poids à cette démonstration : 

I. — Rudolf A., fabricant, âgé de 50 ans, d’une forte consti¬ 
tution, d'un bon tempérament, à la suite d’un traumatisme sur¬ 
venu il y a 30 ans, a perdu le testicule droit. Depuis 10 ans 
il remarqua un gonflement insensible du gauche qui actuelle¬ 
ment a acquis la grosseur d’un œuf d'oie. 

Comme il ne veut pas se laisser opérer, il vient me con- 


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sulter le 10 octobre 1887. Le scrotum est fortement tendu et 
translucide, on sent le testicule dur et gonflé. Diagnostic: 
hydrocèle. Le patient ne se plaint que de faiblesse des organes 
génitaux qui, surtout depuis six semaines, sont impuissants, 
d’insomnie nerveuse et de prurit à la peau, tant le jour que 
la nuit; tout le reste va bien. 

Je prescris sulphur 200°, une poudre tous les 8 jours. 

26 octobre 1887. — Status idem. Saccli. lactis. 

10 novembre. — Le prurit a diminué, même état; sulphur 
200«, une poudre. 

24 novembre. — Le prurit a disparu complètement. 

Le gonflement du testicule semble diminuer. Sacch. 
lactis. 

9 décembre. — Status idem, en revanche il y a pour la 
première fois deux points douloureux dans le cou ; je pres¬ 
crivis pour ce motif 7 poudres de chelidonium 30*, une 
poudre tous les deux jours le soir avant de se coucher. 

29 décembre. — Le sommeil considérablement amélioré, 
le prurit disparu ; le scrotum moins tendu et plus ramolli. 
Chelidon. 30 e , 7 poudres. 

18 janvier 1888. — Diminution nouvelle du scrotum. Le 
testicule n’est plus si dur. Les désirs vénériens reviennent. 
Sommeil bon. Chelidon. 

2 février. — L’amélioration continue. Sommeil bon. 

18 février. — L’hydrocèle n’a plus que la grosseur d’un 
œuf, le testicule plus mou. Chelidon. est continué et améliore 
la situation. 

24 avril 1888. — Testicule normal. Impuissance disparue. 
Le patient est guéri et n’a plus rien présenté d’anormal jus¬ 
qu’à ce jour. (Novembre 1889.) 

II. —Robert V. E., restaurateur, 45ans, souffre depuis 8 ans 
d’un hydrocèle du côté gauche, qui, à plusieurs reprises, a déjà 
été ponctionné. 11 me consulte le 3 août 1887 pour subir une 


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— 366 — 

nouvelle ponction. Comme il ne veut pas suivre un traitement 
interne, je lui fais la ponction. 

Le 9 juillet 1888, il me fait appeler. Depuis 8 jours l'hydro¬ 
cèle qui, lentement, s'était reformé, présente des symptômes 
d’inflammation. Le scrotum est rouge et chaud, le testicule et 
surtout l’épididyme sont très douloureux, état fébrile. 

11 veut encore être ponctionné, ce que je refuse. 

Je prescris des cataplasmes chauds sur les bourses, le rep03 
au lit, et une potion de chelidonium 30 e , une demi-cuillerée 
à soupe toutes les 2 heures. 

11 juillet 1888. — Après une forte transpiration, les dou¬ 
leurs ont disparu, ainsi que le gonflement et la fièvre. Même 
traitement, demi-cuillerée toutes les 3 heures. 

13 juillet. — Le malade est levé, pas de fièvre ni de dou¬ 
leurs. 

17 juillet. — Etat comme avant l’inflammation. Hydrocèle 
de la grosseur d’un œuf d’oie, pa^ de douleur à la pression. Il 
finit par consentir à se faire traiter intérieurement. Chelidon . 
30 e , 7 poudres, une tous les 2 jours au soir. 

31 juillet. — Grande diminution du gonflement. Chelidon . 

25 août 1888. — Guérison complète, qui ne s’est pas 
démentie jusqu’à ce jour. 

III. — Auguste S., cordonnier, âgé de quarante ans, me 
fait mander le 19 octobre 1887. Il a été atteint, il y a huit 
ans, d’une gonorrhée, qui depuis quelque temps est revenue. 
Depuis quatre jours, l’écoulement a cessé et il s’est déclaré 
une orchite à gauche. Je prescris des cataplasmes sur le 
testicule enflammé et chelidonium 30 e à l’intérieur, une 
demi-cuillerée à soupe toutes les deux heures. 

21 octobre. — Le testicule a beaucoup diminué, à peine 
douloureux, la gonorrhée a reparu. Rep. 

24 octobre. — Testicule normal, écoulement diminué, 
dysurie et ténesme vésical. Contin. 


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— 367 — 


. 26 octobre. — La dysurie a disparu, le testicule est guéri, 

plus d’écoulement, mais émission fréquente d’urine goutte 
à goutte. Le jet de l’urine est faible et souvent interrompu. 
L’examen me fit découvrir un rétrécissement dans la région 
prostatique, que je ne puis franchir avec la plus fine bougie. 
Au lieu de dilater mécaniquement cette stricture, je lui pres¬ 
crivis, eu égard à une gale qu’il avait eue pendant sa jeunesse, 
sulphur 200", une poudre à prendre en une fois. Là-dessus 
de l’esprit de vin. 

31 octobre. — La miction se fait mieux, plus goutte à 
goutte ; le patient doit uriner assez souvent et se dépêcher. 
Je continue l’esprit de vin. 

7 novembre. — Nouvelle amélioration. Le jet est assez 
gros. Ténesme moindre. Spirit. vini. 

14 décembre. — La miction se fait normalement, sans dou¬ 
leur, rarement dysurie. La bougie n° 18 passe facilement 
par le canal. Spirit. vini. 

2 janvier 1888. — Le jet est encore un peu faible; sul¬ 
phur 200 e , dans 150 grammes d’eau, deux cuillerées par 
jour pendant quatre jours et puis cesser. 

21 janvier. — Etat très bon. Je passe sans difficulté la 
bougie n° 21. Plus de traces de rétrécissement. Le malade 
prend encore une dose de sulphur 200 e . 

25 février 1888. — Le patient est complètement guéri. 

La femme K., tailleuse, quarante-deux ans, vint à ma 
consultation le 20 août 1888. Depuis à peu près six mois, 
elle a remarqué une petite tumeur dans le sein gauche, pour 
laquelle elle a déjà consulté deux allopathes qui, la considé¬ 
rant comme cancéreuse, conseillèrent l’ablation. Comme elle 
a peur de l’opération, elle vient prendre mon avis. L’examen 
me fit découvrir une tumeur dure, de la grosseur d’une noix, 
dans la partie supérieure du sein gauche avec engorgement 
ganglionnaire de l’aisselle du même côté. A part cela, rien 


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, — 368 — 


d’anormal à noter. Diagnostic: Carcinome du sein. Eu égard* 
aux points douloureux, je prescris chelidonium 30°, sept 
poudres, une le soir tous les deux jours. 

3 septembre. — Status idem, chelid. rep. 

20 septembre. —La tumeur paraît s’amollir un peu. Aucun 
autre changement. Rep. 

4 octobre. — La malade trouve la tumeur diminuée, je 
n’oserais cependant affirmer qu’il en est ainsi. Rep. 

2 novembre. — Diminution notable de la tumeur et du 
ganglion. Le médicament fut continué; le 8 janvier, la tumeur 
avait diminué de moitié et le ganglion avait quasi disparu. 

15 mai 1889.— La tumeur a complètement fondu, l’aisselle 
ne contient plus de ganglion engorgé. 

29 juin. — J’ai revu la patiente, elle se porte très bien. 
Jusqu’à ce jour, elle a continué ainsi. 

Je rapporterai, après guérison complète, un cas de cancer du sein que je 
traite par silicca. La patiente est en traitement depuis un an ; elle présentait 
alors uue tumeur do la grosseur d'un œuf d*oie, qui a déjà diminué de moitié, 
et s'est ramolli. L’état général s'est l>eaucoup amélioré. 

Me basant sur les exemples ci-dessus, je puis affirmer que 
le traitement interne donnera des résultats toujours supé¬ 
rieurs à ceux de la chirurgie, et cela parce que son action 
n’est pas seulement anatomique, mais fonctionnelle. Je con¬ 
vie tous mes collègues à rapporter les nombreux cas qu’ils 
ont eu l’occasion de traiter, afin de prouver que la chirurgie 
pour les hom éopathes est dans bien des cas superflue. En 
terminant, je dirai que, pour moi, le chirurgien le plus habile 
est celui qui fera le plus rarement possible une opération, et 
que celui qui recourra souvent au baume d’acier sera un 
très mauvais homœopathe. 

FIN. 

Traduction du D r Chevalier. 


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— 369 — 

UN NÔUVEAU JOURNAL HOMŒOPATHIQUE 

Nous sommes heureux de pouvoir constater une fois de 
plus l’ardeur toujours croissante de nos confrères espagnols 
qui se font remarquer,non seulement par leur grand nombre, 
mais encore, et surtout, par la multiplicité de leurs tra¬ 
vaux. 

Voici qu’un nouveau journal, du format de la Revue 
homœopathique belge , est encore venu s’ajouter aux précé¬ 
dents ; il a pour titre : Revista homœopatica ; il est publié 
mensuellement à Barcelone par un comité de rédaction choisi 
et nombreux ayant pour directeur le D r Juan Sanllehy. Dans 
un article de fond qui a pour titre : Erreurs fatales, le D r J. 
Nogué Roca défend d'une façon brillante lacausedel’homœo- 
pathie ; à l’appui de ses attestations, il cite plusieurs faits 
remarquables dont en voici un que nos lecteurs liront avec 
plaisir : 

«Une damesoufïrait beaucoup d’une névralgie infra-ôrbitaire 
contre laquelle les traitements les plus divers et les plus 
énergiques avaient été employés sans résultat favorable. Le 
D r Joaquin Hysern, de passage à Paris, où il est fort connu 
maintenant comme chirurgien distingué, fut consulté par 
cette dame; il trouva qu’il n’y avait rien de mieux à faire 
que la section du nerf malade. Heureusement pour la pauvre 
malade, qu’avant le jour où devait se faire l’opération, quel¬ 
qu’un qui lui parla élogieusement de l’homœopathie, lui fit 
faire connaissance du D r Moulin père, qui, fort simplement, 
fit disparaître la névralgie en question à l'aide de quelques 
doses de nux vomica . » 

Dans le cours de son article fort bien écrit le D r Roca cite 
encore d’autres faits analogues, tout aussi remarquables,dont 
nos lecteurs pourront se rendre compte en lisant la Revista 
homœopatica . 


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Dans cette même Revue, nous avons lu une histoire cli¬ 
nique des plus instructives qu’a publiée le D r Salvador Badia. 
Nous croyons bien faire en donnant la traduction résumée 
de cet article. 

Typhus exanthématique avec complication pulmonaire 
notable. — Ouérlson 

par le D r Salvador Badia 

Il s’agit d’un homme âgé de 22 ; ans, de tempérament san¬ 
guin, de bonne constitution et sans antécédents morbides,qui 
s’est senti malade subitement dans la soirée du 15 férrier. 
Une sensation de froid intense et de fortes nausées» suivies de 
vomissements bilieux, l’obligèrent à se mettre au lit. Le soir 
même il prit une infusion de chamomille et s’administra un 
purgatif. 

Le lendemain, comme les symptômes primitifs avaient per¬ 
sisté, qu’un délire inquiétant ainsi qu’une toux intense suivie 
d’expectoration sanguinolente avaient encore aggravé l’état 
du malade, sa famille fit appeler un médecin qui, sans doute 
afin de combattre la phlogose pulmonaire, formula une potion 
contenant de l’oxyde d’antimoine. 

Le jour suivant, le 3 e de la maladie, une consultation fut 
nécessaire ; l’un des médecins avisa de continuer le traite¬ 
ment, l’autre préconisa la quinine. Une seconde consultation 
qui eut lieu le 17, fut suivie de l’application d’un grand vési¬ 
catoire sur la poitrine du malade qui fut soumis en outre à 
l’action du même traitement médicamenteux et de grandes 
doses de vin vieux. 

Malgré tout cela, l’état du malade s’aggrava de plus en 
plus,l’excitation cérébrale surtout devint des plus intenses, à 
tel point que les médecins traitants eux-mêmes perdirent tout 
espoir de guérison. 


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C’est alors que je fus appelé; je vis le malade pour la pre¬ 
mière fois à 9 heures du soir, le 5 e jour de sa maladie. Voici 
ce que j’observai: Angoisse profonde, face vultueuso, yeux 
injectés, dyspnée, toux rude, expectoration de crachats rouil- 
lés, ventre ballonné et gargouillement dans la fosse iliaque 
gauche, température 40°, pouls 130, langue sèche et brune, 
quelques selles involontaires et de couleur verdâtre : à la per¬ 
cussion, matité étendue du côté droit de la poitrine,à l’auscul¬ 
tation, signes d’hépatisation pulmonaire. 

Avais-je affaire à une pneumonie ou bien à une affection 
typhique avec complication pulmonaire ? Le nom de la mala¬ 
die ne m’inquiétait guère, à ce moment-là ; l’état du malade 
seul attirait toute mon attention ; il fallait avant tout calmer 
cet état général d’excitation et de fièvre exagérée, ce que 
j’espérais faire en donnant aconit , quitte à m’occuper plus 
tard de couvrir,à l’aide d’autres médicaments tels que bellad ., 
bryon. elphosphor., les symptômes céphaliques, abdominaux 
et thoraciques. Je supprimai le vin et toute alimentation. 
J’enlevai le vésicatoire qui, du reste, et cela sans doute à 
cause de l’agitation incessante du malade, n’avait provoqué 
aucune vésication. 11 n’avait eu pour efiet que de faire souffrir 
inutilement le malade. 

Deux doses successives d 'aconit à la 2° décimale produi¬ 
sirent une diaphorèse régulière qui soulagea le malade. Peu 
de temps après, je fis prendre les trois autres médicaments. 
La nuit le malade fut encore assez agité, mais le jour suivant 
il devint plus calme et l’expectoration de crachats rouillés 
fut supprimée, la température tomba à 38 et le pouls à 100. 

Le 7 e jour de la maladie, apparut un exanthème généralisé 
qui me fit changer, en partie, le traitement. Je prescrivis 
alors merc. cort'os . à la 3 e décimale et bellad . L’état géné¬ 
ral du malade s’améliora de plus en plus en meme temps que 
s’effectuait la disparition progressive des symptômes. Je 


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permis en conséquence de donner du bouillon et du lait coupé 
d’eau. 

La toux rauque des premiers jours ^disparut complètement, 
mais elle fit place à une petite toux insidieuse qui troublait 
assez le repos du malade que pour m’en inquiéter; je donnai 
tour à tour pulsatilla , ipéca , gelsemiura , mais sans résultat 
bien marqué; ce ne fut que Y arsenic qui réussit à faire 
disparaître cette toux fatigante. 

Le 20 e jour le malade fut en pleine convalescence. 

Cette histoire clinique du D r Salvador Badia fait grand 
honneur à la Revue dans laquelle il écrit. Il en est de 
même des autres articles que nous y avons lus ; aussi nous 
souhaitons beaucoup de succès à la Revista Homœopatica 
qui, sans nul doute, fera son chemin dans le monde 
homœopathique. 

BIBLIOGRAPHIE 

La question de la tuberculose pulmonaire est si importante 
que nous croj'ons du devoir du médecin do ne rien négliger 
au sujet des recherches intéressant cette terrible affection qui 
fournit plus du sixième des décès de l’espèce humaine. 

Nous lisons dans le Homœopathic World , uu article 
bibliographique, que nous croyons utile de reproduire dans 
la Revue, à propos d’un livre que vient de faire paraître le 
D r Allen : 

« Le docteur Rollin R. Gregg est mort avant d’avoir pu 
achever l’œuvre pour laquelle il avait dépensé une si grande 
somme de travail; mais, heureusement, il a pu finir la partie 
de son ouvrage dans laquelle sont développées ses idées per¬ 
sonnelles au sujet de l’éliologie et de la pathologie de la 
phtisie. Nous ne saurions dire si sa manière de voir, qui 
regardait plus le traitement préventif que le traitement 


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curatif de la tuberculose eût modifié sa thérapeutique maïs 
nous pensons cependant qu’un homœopathe aussi pur que le 
docteur Gregg aurait su difficilement s’écarter beaucoup de sa 
ligne de conduite habituelle pour ce qui concerne le traitement 
des malades. Le docteur H. C. Allen, voulant élever un monu¬ 
ment à la mémoire de son ami décédé, a entrepris d’achever 
la partie de l’ouvrage qui concerne la thérapeutique, ce 
qui fait, qu’en réalité, nous avons deux livres, l’un écrit par 
le docteur Gregg sur l’étiologie et la pathologie de la tuber¬ 
culose pulmonaire, l’autre, par le D r H. C. Allen sur le 
traitement de cette maladie. 

En résumé, la théorie du D r Gregg est celle-ci : 

La tuberculose est duc à une perte d'albumine du sang 
s'eft'ectuant au travers de membranes muqueuses enflam¬ 
mées et érodées . 

Il considère le tubercule comme étant une aggrégation de 
globules rouges désorganisés par suite de la désalbumination 
du sang. Quoique nous ne partagions pas tout à fait l’avis 
du D r Gregg, nous avouons que l’auteur s’est basé sur des 
arguments très sérieux et qu’il a accumulé un grand nombre 
de faits que l’on perd de vue trop souvent, et auxquels il a 
donné un genre d’importance tout nouveau. Il est dommage 
que le D r Gregg ait rejeté le bacille de Koch dont on ne peut 
plus maintenant nier la présence dans le tubercule, quelle 
que soit son influence dans la symptomatologie du mal en 
question. Nous le répétons, nous n’acceptons pas, jusqu’ici, 
la théorie du D r Gregg, mais nous le remercions pour avoir 
coordonné certains faits importants de façon à leur donner 
une signification différente de celle qu’on leur donne d’habi¬ 
tude. Avant que nous changions d’avis au sujet de la patho¬ 
logie de la tuberculose, il faudra que l’ouvrage du D l% Gregg 
ait reçu une sanction clinique plus importante qu'il n’a eu 
jusqu’ici. Quoi qu’il en soit, nous ne saurions assez engager 


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Dos lecteurs à foire l’étude critique du livre du D r Gregg. 

Dans notre numéro suivant nous rendrons compte de la 
partie de l’ouvrage écrite part le D r AJien. » 

Nous sommes de l’avis de YHomœopathic World : la 
découverte du bacille de Koch a fait foire un grand pas à la 
pathogénie de la tuberculose pulmonaire ; elle a précisé d’une 
façon pour ainsi dire exacte le diagnostic de cette affection, 
mais la question n’est pas élucidée ; pourquoi certains sujets 
sont-ils favorables au développement et à la pullulation de ces 
bacilles, pourquoi d’autres sont-ils réfractaires? Si les obser¬ 
vations du D r Greigg peuvent répondre catégoriquement à 
cette question et donner l’explication de ce fait il aura fait 
faire un pas de plus à la pathogénie de la tuberculose 
pulmonaire. 

VARIÉTÉS 


Le lait, le café et les microbes. — Le café au lait 


Le lait, — je parle du lait naturel tel qu’il sort du pis de la vache, et 
non du liquide inavouable, mélange de cervelles de moutons, de plâtre, 
d'acide salicylique et d'eau, qu’on débite sous ce nom dans certaines cré¬ 
meries de Paris, — le lait est un des plus précieux aliments de l'homme. 
Mais c'est aussi une nourriture chère aux microbes, qui y trouvent un 
milieu merveilleusement favorable à leur multiplication. 

Pour s'en faire une idée, il suffit de quelques chiffres empruntés à un 
récent travail deM. Miquel. Dans une série d’expériences, M. Miquel a 
fait le compte du nombre des germes qu’on trouve dans un centimètre 
cube de lait. 

Deux heures après la traite, le lait contenait par centimètre cube : 


A l'arrivée au laboratoire 

1 heure plus tard 

2 heures plus tard 

3 — 

7 — — 

9 — 

25 - 


9.000 bactéries 
31 750 — 

36.250 
40.000 
60.000 

120.000 — 

. 5.600.000 


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A l'origine, au moment de la traite, le lait est absolument pur de ger¬ 
mes. Les microbes qui s'y développent si rapidement proviennent des 
nombreuses manipulations qu'il subit dans des vases non stérilisés et 
des chances variées d'infection auxquelles il est exposé pendant la traite 
même : les mains de la personne qui trait, les poils de la bête, l'air de la 
vacherie, etc. 

La multiplication ultérieure de ces germes dépend surtout de la tem¬ 
pérature. A 15 degrés, cette multiplication est relativement faible pen¬ 
dant les premières heures En quatre ou cinq heures le nombre des 
microbes à quadruplé seulement. Mais, dans la suite, l'augmentation est 
bien plus rapide. Au bout de quinze heures, on peut en trouver un mil¬ 
lion par centimètre cube, et au bout de vingt-quatre heures, plusieurs 
millions 1 . 

Si le lait est exposé à une température plus élevée,25 degrés par exem¬ 
ple, le nombre des germes est colossal. Après quinze heures M. Miquel en 
a compté 72 millions. A 35 degrés, pendant le même laps de temps, le 
chiffre s'élève à 165 millions. 

De ces microbes, heureusement, la plupart ne sont pas nuisibles. Beau¬ 
coup même, probablement, aident à la digestion du lait. Car il y a des 
microbes utiles, comme il y a des microbes malfaisants. 

Mais on comprend que des germes morbides puissent se trouver mélan¬ 
gés aux autres, et, dès lors, le lait peut devenir la cause de maladies et 
servir à leur propagation. 

De fait, et c'est surtout en Angleterre que pareille chose a été observée, 
on reconnaît un certain nombre d’épidémies limitées de scarlatine et de 
fièvre typhoïde qui paraissent avoir été propagées par le lait provenant 
de fermes où se trouvaient des individus atteints de l’une ou l'autre de 
ces maladies. 

Il est une autre maladie beaucoup plus terrible, la phtisie pulmonaire* 
qui peut aussi se propager par le lait. Les vaches sont parfois atteintes 
d'une affection qu'on appelle la pommelière , et qui est produite par le 
même microbe que la phtisie humaine; elles deviennent phtisiques comme 
l'homme, et leur lait, quand la maladie gagne les mamelles,péut contenir 
le bacille de la tuberculose. 

Le lait de ces vaches inoculé à des lapins rend ces animaux tuberculeux 
et il est logique de penser qu'ingéré par l'homme il introduit dans son 
tube digestif des bacilles qui peuvent devenir l'origine d'ntie phfisié 
intestinale et pulmonaire. Le suc acide de notre estomac est un obrft&clè 


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naturel qui arrête au passage les bailles ; mais il n’est pas démontré que 
cet obstacle soit toujours infranchissable. 

Aussi l'Académie de médecine a-t-elle eu raison de conseiller d'une 
manière générale de ne faire usage du lait qu'après l'avoir fait bouillir. 
L'ébullition tue le bacille tuberculeux. 

On a objecté que le lait bouilli est indigeste ou du moins d'une diges¬ 
tion moins facile que le lait cru. J'estime qu'entre un inconvénient et 
un danger il n'y a pas à hésiter. Mieux vaut digérer avec un peu plus 
de peine que de digérer facilement un lait cru qui peut vous rendre phti¬ 
sique. 

Mais voici un autre correctif aussi inattendu. Un savant allemand 
vient de montrer que l'infusion de café possède des propriétés antisepti¬ 
ques très nettes, c'est-à-dire qu’elle retarde ou empêche le développe¬ 
ment des microbes. 

Ainsi le bacille de la fièvre typhoïde meurt en un ou deux jours dans 
une infusiop de café à 5 pour 100. Le microbe de l'érysipèle meurt en 
vingt-quatre heures dans une infusion à 10 pour 100. 

Mais les effets les plus remarquables et les plus rapides ont été obtenus 
sur le microbe du choléra, le fameux bacille-virgule. L'infusion de café 
à l p. c. tue le bacille du choléra en sept ou huit heures ; il ne résiste pas 
une demi-heure à une infusion à 30 p. c. 

Cette action énergique du café sur le microbe cholérique justifie scien¬ 
tifiquement le mode de traitement usité en Perse contre le choléra. Ce 
traitement consiste à faire boire au malade en grande quantité du café 
noir très fort, en le forçant à faire de l'exercice. 

Malheureusement, l’action du café n'a pas été expérimentée sur le ba¬ 
cille de la tuberculose. Mais il est permis de croire qu’il ne doit pas se 
trouver plus à l'aise que ses confrères dans une infusion de café noir. 

{Petit Journal.) 


SOMMAIRE 

LA MER ET LES PERSONNES MALADES, par le 


D r Martiny. 353 

Chirurgie et homœopathie (Suite). — Traduction du 

D r Chevalier, de Charleroi.362 

Un nouveau journal homœopathique.369 

Bibliographie.372 

Variétés.374 


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UNIVtHSm Of MICHICAN 











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