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h i:
AT-
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
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TABLE DES MATIÈRES
^ i
Aconitnm. — Péritonite puerpérale,
176, 178. — Indispositions
cholériformes, 194. — Con¬
jonctivite vernaie, 284. —
Pneumonie catarrhale chez
les enfants, 287.
Actea. — Troubles dentaires, 152.
Agartcus. — Pertes séminales, 87.
Allopathie (Les larcins de 1*), 31, 62,
127,158, 351.
Ammonium mur.. — Gastrite chro¬
nique, 44.
Angine diphthéritique (Deux cas d’), 8.
Angine glanduleuse, 168.
Angine herpétique, 304.
Angine pultacée, 304.
(ntânontum crud.. — Gastrite chro¬
nique, 18.
Antipyrèse dans les maladies infec¬
tieuses (L f ), 259.
Antithermiquei (Encore les), 1.
Apis mcU.. — Angine diphthéritique,
9,10. — Troubles dentaires,
123. — Erythème de l'oreille,
286. — Angine pultacée, 304.
— Paralysie, 317.— Rhuma¬
tisme, 351.
Argentum nitr.. —Gastrite chronique,
18. — Gastralgie, 172. —
Conjonctivite vernaie, 284.
Arnica . —Troubles dentaires, 152.
Arnulphy (D* 1 ), 113.
Arsenicum. — Gastrite chronique, 19.
— Eczéma, 83. — Néphrite
parenchymateuse, 108, 109,
110, 112. — Sciatique, 114,
115. — Angine glanduleuse,
169. - (Esophagite, 170. —
Gastralgie, 172. — Indiges¬
tion, 173. — Sciatique, 197.
— Psoriasis, 218. — Con¬
jonctivite vernaie, 285. —
Rougeole, 304. — Vomisse¬
ments nerveux, 365.
Association centrale des homœopathes
belges, 5, 97,193, 298.
Aurum fol.. —Angine diphthéritique,
12. — Maladie de Basedow,
365.
Aurum mur.. — Néphrite parenchy¬
mateuse, 109, 110,112.
Babcock (D r ), 287.
Bacille (De la propagation du bacille
delà tuberculose), 58.
Badiaga. — Maladie de Basedow,
364.
Baryta carb ..— Maladie de Basedow,
364.
Baryta mur..—Maladie de Basedow,
364.
Basedow (La maladie de), 362.
Bclladona. — Gastrite chronique, 20.
— Néphrite parenchyma¬
teuse, 111. — Troubles den¬
taires, 123. — Angine glan¬
duleuse, 168. — Gastralgie,
172. — Migraine, 188. —
Epilepsie, 198. — Paralysie,
315. — Maladie de Basedow,
364.
Bibliographie. — Traité des maladies
de l'enfance, par le D* Marc
Jousset, 63. — Assainisse¬
ment de la ville de Cannes,
par le D r Gruzu, 219. —
Description et emploi théra¬
peutique des douze médica¬
ments biochimiques du D r
Schüssler, par le professeur
Orth, 256.
Bismuthum nitr. , — Gastrite chro¬
nique, 20.
Blackley(Dr), 155.
Blake Edw., (D* 1 ), 116,150,157,158.
Boccock (D*y, 315.
Boericke(D r ), 22, 145.
Bord de la mer (Le), 33, 65,225, 295,
321, 353.
Bromum. — Maladie de Basedow,
364.
Browne (D 1 *), 288.
Bryonia. — Gastrite chronique, 2Q.—
Sciatique, 114. — Troubles
dentaires, 152.— Pneumonie
catarrhale chez les enfante.,
287. — Rougeole, 304. --
Lumbago, 368»
201845
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Cactus grandi/. . — Maladie de Base-
dow, 364.
Calcarea carb .. — Gastrite chronique,
21. — Eczéma, 84, 285.—
Coliques hépatiques, 143. —
Malad.e de Basedow, 364.
Calcareaphorph.s 22. — Ec.éma, 84.
Calcarea sulph , 145.
Calendula .— Troubles dentaires, 152.
Calomel. — Troubles dentaires, 121.
< ’amphora . — Indispositions choléri¬
formes, 194.
Cannes (Assainissement de la ville de),
219.
Canthari8. —Néphrite parenchyma¬
teuse, 110. — lEsophagite,
170. — Œsophagisme, 171.
— Indispositions cholérifor¬
mes, 195.
Carbo vegetabilis. — Gastrite chro¬
nique, 21. — Troubles den¬
taires, 152. — Angine glan¬
duleuse, 169. — Indigestion,
173.
Cardans inar.. — Gastrite chronique,
Cataracte (La), 252.
Causticnm. — Para’ysie, 317. —
Lumbago, 368.
Cedron. — Paralysie, 316.
Centenaires (I^es centenaires de 1886),
128.
Céphalalgie, 287.
Chamoinilla. — Troubles dentaires,
121. — Gastralgie, 172.
Changement de remède (Le;, 97.
Chauvet (D r ;, 362.
Chelidonium maj.. —Gastrite chro¬
nique, 38.
Chevalier (1)«% 13, 38, 77, 174,212,
246.
China. — Gastrite chronique, 39. —
Troubles dentaires. 152.
Chirurgie (Ledossier de la), 342.
Chlorure de sodium. — Collapsus
cardiaque, 127.
Cina. — Gastrite chronique, 44.
(.innaber .— Troubles dentaires, 152.
Cocculus. —Gastrite chronique, 44.
Troubles dentaires, 120. —
Œsophagite, 171.
Cœur ( Glonoine dans les affections
du), 182. * *
CoJocynthis. - Sciatique, 116.
Congrès international d’homœopathie,
375.
Conjunctiviti8 vernalis, 28l.
('onium mue.. — Eczéma, 84.
Cooper (D r ), 154, 156.
Critiques (L’homœopathie et ses), 137»
Criquelion (1)»*), 97, 108, 276.
Cronin (Dr), 155.
('rotai a s horr.. — Hémophilie, 90.
Cumul de la médecine et de la phar-
cie (Du), 97.
Cuprum. — Epilepsie, 198.
Cuprum açet.. — Néphrite parenchy¬
mateuse, 111.
Cure de mer (La), 33, 65, 225, 295 1
321,353.
Découverte (Une découverte allopa¬
thique), 190.
de H... (D r ;, 45.
De Mulder (D r ), 289.
Dents (Troubles dentaires directs et
réflexes), 116,150.
De Ridder (D r ), 193.
DeweyfD**), 22, 145.
Diphthérie, 288.
Dobbelaere (Dr), 220.
Dosimétrie (L’honueopathie n’est pas
la), 45.
Dossier de la chirurgie (Le), 342.
Dudgeon (D r ), 155.
Duncan (D r ), 198.
Dyspepsies (Du régime dans les), 367.
Eczéma, 82,285.
Enfance (Traitement des maladies de 1’)
63.
Enfants (Comment il faut examiner
les), 198.
Epithéliome du larynx, 158.
Erythème de l’oreille, 285.
Euphrasia. — Conjonctivite vernale,
285.
Farrington (D p ), 188.
Ferrum .— Troubles dentaires, 119.
— Maladie de Basedow, 364.
— Vomissements nerveux,
367.
Ferrum acet.. — Gastrite chroni¬
que, 44.
Freschi (Dr), 174.
Gaddes(D r ), 156.
Gastralgie, 171.
Gastrite chronique, 13, 38.
Gaudy (Dr), 98. 197, 290,304.
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Gelseminton. — Angine diphthéri-
tique, 12. — Sciatique, 114.
— Troub’es dentaires, 119,
156. — Diplopie, 277.— In¬
continence d’urine, 277.
Gisevius (D r ), 13, 38.
Glonoine , 31. — Aftèctious du cœur,
182.
Goldabrough (D p ), 155.
Gramm (D r ), 285.
Graphites.— Eczéma, 84. — Pso¬
riasis, 217. — Maladie de
Basedow, 364. — Vomisse¬
ments nerveux, 365.
Gregory(D r ), 90.
Gmzu (D r ), 219.
Haie (DO. 162, 278.
Hamamelis virg.. — Hémorrhagies,
127. — Hémorrhoïdes, 127.
Hémophilie (Un casd’), 90.
Hepar suif..— Angine diphthéritique,
9, 10, 12. — Eczéma, 84,
285. — Troubles dentaires,
153. — Augine glanduleuse,
169. — Psoriasis. 218.
Hughes (D r ), 156.
Ifydrastis eau .. — Gastrite chronique,
44. —• Myomes utérins, 62.
Hygiène (Conseil d’hygiène et de salu¬
brité de la Seine , 95.
fjyosciamus . — Tremblements ner¬
veux, 278.
Ignatia . — Gastrite chronique, 44.
— Troubles dentaires, 152.
— Œsophagisrae, 171. —
Gastralgie, 172.
Indigestion, 173.
Indispositions cholériformes, 193.
lodium. — Angine glanduleuse, 169.
— Phtisie pulmonaire, 288
— Maladie de Basedow, 361.
— Vomissements nerveux,
365.
Ipecacuanha. — Gastrite chronique,
44. — Indigestion, 173. —
Vomissements nerveux. 364.
I is versicolor. — Migraine, 189.
Irrégularités de la cure de mer (Les),
295.
Jousset M. rD r ), 63.
Jousset P. (DO, 53, 137, 168, 170,
171, 173,364,367.
'Kali bichr. . — Angine diphthéritique,
12. — Néphrite parenchyma¬
teuse, 108. — Troubles den¬
taires, 152.
K ali carb.. — Gastrite chronique, 45.
Kreosot. — Paralysie, 318. — Vomis¬
sements n 2 rveux, 366.
Liaccan.. —Diphthérie, 288.
Lachesis. — (Esophagisnie, 171. —
Paralysie, 316.
Lambreghts, fils (D0, 22, 85,143,182,
281,299, 315,337.
Larcins (Les larcins de l’allopathie),
31,62, 127, 153, 361.
Leake(D0, 143.
Li.*ue homéopathique belge, 98.
Lilienthal (D p ), 362.
Lycopodium. — Gastrite chronique,
39. — Eczéma, 83 — Mala¬
die de Basedow, 3(34.
L y copus virg.. — Maladie de Base¬
dow, 364.
Lumbago (Traitement du), 368.
Machlan (D0, 288,
Maguétisme animal, 5.
Malaxa, 337.
Martiny (D0, 1, 5, 31,33, 58, 61, 62,
64, 65, 97, 93, 127, 158, 195,
198, 220, 225, 252, 257,295,
299, 304 , 321, 342, 351,353.
Médecins ( Les médec ns refroid is-
seurs), 1.
Melitotus. — Migraine, 189.
Mer eu vins .— Eczéma, 82, 83. —
Système nerveux, 85. — Cho¬
rée, 88. — Néphrite paren¬
chymateuse, 109..— Angine
glanduleuse, 169. — Pso¬
riasis, 218. — Conjonctivite
vernale, 285.
Mercurius ant. suif.. — Eczéma, 82.
Mercurius biiod.. — Eczéma, 82.
Mercurius corr..— Eczéma, 82. —
Pertes séminales, 87. —
Tioubles dentaires, 118, 152.
Mercurius cyan.. — Angine diphthé-
ritique, 9,10, 12. — Angine
pultacée, 304.
Mercurius tlulc.. — Troubles dentai¬
res, 152.
Mercurius iod.. — Eczéma, 82.
Mercurius oxyd. rubtr. — Eczéma,
82,84.
Mercurius vie.. — Chorée, 90.
Mezereum > Eczéma, 84.
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Migraine (quelques médicaments de
la), 188.
Millefolium . — Phtisie pulmonaire,
288.
Morrhuol , 278.
Mnriaie ci ammoniaque. — Pneumo¬
nie catarrhale chez les en¬
fants, 287.
Myomes utérins, 62.
Naja. - (Esophagite, 171.— (Eso-
phagisme, 171.
'Satrum mur.. —Gastrite chronique,
40. — Maladie de Basedow,
3o4.
Nécrologie, 220, 289.
Néphrite parenchymateuse, 108.
Citrate a ample. — Maladie de Base¬
dow, 304.
Norton 'D r ), 281.
Notes cliniques, 113, 285.
Nouvelles et variétés, 91,128,160,190.
Nux vomica. — Gastrite chronique,
40. — Troubles dentaires,
152. — Angine glanduleuse,
168.— Gastralgie, 171. —
Indispositions cholériformes,
194, 195.— Conjontivite ver-
uale, 284. — Paralysie, 315,
316, 318. — Vomissements
nerveux, 365. — Lumbago,
368.
Observations de médecine pratique,
276.
(Esophagisme, 170.
Œsopbagite, 170.
Olcum crot.. — Eczéma, 84.
Opium .— Gastralgie, 172. — Indi¬
gestion, 174. — Vomisse¬
ments nerveux, 366.
Oreillons, 304.
Orth (Prof r ), 250
Pain de Soya (Le), 160.
Paralysies (Traitement des), 315.
Parole (Des troubles de la), 246.
Péritonite puerpérale, 174.
Pliosphoi'us. — Gastrite chronique,
4L — Eczéma, 84. — Né¬
phrite parenchymateuse, 108,
109, 110, 112. — (Esopha-
gite, 170. — Conjonctivite
vernale, 284. — Pneumonie
catarrhale chez les enfants,
287. — Oreillons, 304. —
Maladie de Basedow, 364.
Phtisie pulmonaire, 288.
Plathia. — Gastralgie, 173.
Plumbum. — Gastralgie, 172. —
Vomissements nerveux, 366.
Pneumonie catarrhale chez les enfants,
287.
Psoriasis, 216.
Pulmtilla. — Gastrite chronique, 42.
— Troubles dentaires, 120.
— Indigestion, 173. — Péri¬
tonite puerpérale, 177. —
Vomissements nerveux, 366.
Purpura, 286.
Répétiiion des doses (La), 97.
Revue des journaux homéopathiques
anglais, 116,150. — d'Amé¬
rique, 22, 85, 143, 182,281,
315. — de France, 137, 168.
362.
Rhumatisme, 351.
Rhus to.v.. — Eczéma, 83. — Sciati¬
que, 116. — Conjonctivite
vernale,
286. —
304.—
Roth (D r ), 154.
Rougeole, 304.
Buta. — Purpura, 286.
Saccharine (La), 61.
Salubrité (Conseil d’hygiène et de salu¬
brité de la Seine), 95.
Sanguinaria. — Migraine, 188.
Schepens (D r ), 8, 98, 137, 168, 304,
362.
Schüssler (Les remèdes de), 22, 145,
256.
Schwartz (D r ), 100.
Sciatique (La), 113.
Scorbut (Le), 225.
Scrofulose (La), 77, 212.
Sepia. — Gastrite chronique, 42. —
Angine glanduleuse, 169 —
Psoriasis, 217. — Conjonc¬
tivite vernale, 284.—Maladie
de Basedow, 364. — Vomis¬
sements nerveux, 366.
Seutin L. (D**), 69, 100, 129, 161, 197,
204, 239,266, 305, 327, 369.
Seutin (Ph"), 69, 100, 129, 161, 204,
239, 266, 305, 327, 369.
Sherman (D r ), 287.
S il i ce a* — Eczéma, 84. — Maladie
de Basedow, 364.
zoo. — rurpura,
Angine herpétique,
Lumbago, 368.
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Smith (Dr), 318.
Salantes. — (Esop h âgisme, 171.
Soya(Le pain de), 160.
S pige lia. — Migraine, 189.
Spongia. — Maladie de Basedow,
364.
Stannum. — Céphalalgie, 287.
Stictapuhn.., 318.
Stramon ium. — Pertes séminales, 87.
—Tremblement nerveux,278.
Strychnine . — Troubles dentaires.
154, 156.
Sublimé con \.— Angine diphthéri-
tûjue, 9, 13. -Troubles den¬
taires, 121
Sulfate de quinine. — Bourdonne¬
ments d’oreilles, 278.
Sulfnr. — Gastrite chronique, 43. —
Eczéma, 83. — Néphrite pa¬
renchymateuse, 108. — Trou¬
bles dentaires, 152, 153. —
Angine glanduleuse, 168. —
Psoriasis, 216. - Conjoncti¬
vite vernale, 285. — Maladie
de Basedow, 364. — Lum¬
bago* 368.
Surmenage physique (Le), 91.
Tabac (Le)» 69, 100, 129, 161, 204,
239, 266, 305, 327, 369. —
Vomissements nerveux, 366.
TarenUda .— Tremblement nerveux,
278.
Tartai'ue emet.. — Néphrite pareil
chymateuse, 108. — Indi*
gestion, 174. — Pneumonie
catarrhale chez les enfants,
287, — Lumbago, 368.
Theridion. — Migraine, 189.
Thuya. — Epitheliomedu larynx, 158.
Triturées (Les), 159.
Troubles de la parole (Des), 246.
Troubles dentaires directs et réflexes»
116,150.
Tuberculose (De la propagation du
bacille de la), 58.
Vau Blaeren (D r ), 304.
Van Ooteghem (D r ), 8.
Variétés et nouvelles, 91, 128, 160,
190.
Venins. — (Esophagite, 171. — (Eso-
phagisme, 171.
Veratrmn. — Gastralgie, 173. — Vo
missements nerveux, 366.
Vérité (La vérité sur l’homœopathie),
53.
Verres cassés (Les), 195.
Vésicatoire (Les victimes du), 299.
Victimes (Les victimes du vésicatoire),
Vomissements nerveux, 366.
Wanstall(D r ), 85.
Windelband (D r ), 77, 212.
Wossa (D r ), 246.
Wuillot (D*-), 45,'278.
FIN.
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REVUE H0MŒ0PATH1QUE BELGE
15 e Année. AVRIL 1888. N°l.
ENCORE LES ANTITKERMIQUES,
Les médecins refroidissears,
par le D r Martin y .
Nous avons publié un premier article (1), au sujet des
antithermiques ; nous y avons montré clairement l’illu¬
sion des médecins croyant guérir un malade en le
refroidissant, soit par des moyens directs, tels que la
glace, l’eau froide et les bains froids, soit par des médi¬
caments internes ayant la propriété d’abaisser la tem¬
pérature du corps. Nous avons répété à satiété que ce
refroidissement artificiel devait être un moyen cruel, par¬
fois inutile et souvent dangereux.
Le professeur allopathe Peter, dans ses cliniques, s’était
déjà élevé contre cette méthode ; il avait justement fait
remarquer que le patient n'est pas malade parce qu’il a
trop chaud, mais que c’est parce qu’il est malade que sa
température est forte. C’était le cri du bon sens. Refroidir
un malade c’est empêcher la nature de réagir franche¬
ment contre l’infection de l’organisme.
Aujourd’hui, à propos du traitement des typhisés, le
même professeur fait une nouvelle et dure leçon à ses
confrères qui continuent toujours à refroidir leurs ma¬
lades, et à les refroidir jusqu’à la mort*. Nous avons la
conviction que presque tous les malades de notre pays
sont aujourd’hui soumis à l'emploi des moyens refroidis¬
sants ; or, voyez ce que Pèter dit de cette pratique :
(I) Voir dernier volume, p. 321.
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Nos devanciers voulaient au moins traiter la fièvre; nos contemporains
combattent la chaleur : ils veulent « refroidir le fiévreux ».
De nos jours, en effet, en Allemagne, un médecin systématique, Brand,
a proposé de refroidir le malade pour empêcher les fermentations, causes
de chaleur. Il compare le dothiénentérique à un tonneau contenant du
moût de bière en fermentation et où celle-ci s’arrête dès que la tempéra¬
ture est abaissée à 14° centigrades. Il propose en conséquence de plonger
le dothiénentérique dans un bain froid à 18°, et cela pour arrêter la fer¬
mentation morbide.
Il n'y a là, évidemment, qu'une apparence spécieuse, car si l'on peut
réaliser 14° cent, dans le moût de la bière, on ne le peut dans le corps
humain (ce serait la mort); par conséquent, les bains froids ne peuvent
physiquement arrêter la fermentation dothiénentérique. S’ils agissent —
et le fait est incontestable — c’est dynamiquement qu'ils le font. Nous le
verrons bientôt.
Quoi qu’il en soit, Brand fait plonger toutes les trois heures les dothié-
nentériques dans un bain froid, du début à la terminaison de la dothié-
nentérie.
La médication réfrigérante , qui a eu un précurseur il y a cent ans,
Currie, est appliquée militairement en Prusse, mais il s'en faut bien
qu'elle soit adoptée généralement en Allemagne, car à Hambourg même,
et tout récemment, on en a démontré le mal fondé et l'impuissance. Le
docteur Glaeser vient de publier, en 1887, une « Etude sur la température
dans 200 cas mortels de fièvre typhoïde avec quelques réflexions qui
s'éloignent de Vopinion commune » D'après ses observations, ce médecin
est persuadé, contrairement à une opinion qui tendrait à se généraliser,
que la température dans les cas de fièvre typhoïde qui se sont terminés
par la mort est inférieure, en moyenne, à la température des cas qui ont
abouti à la guérison. Il a eu la patience d’examiner le tracé de 3.000 cas
de fièvre typhoïde dont 200 furent mortels, de 1877 à 1887, à l'hôpital de
Hambourg. Il a comparé ces tracés à celui que donne Wunderlich comme
exemple d’une fièvre typhoïde d'intensité moyenne, se terminant par la
guérison; la courbe atteint 40° le soir du 4 e jour, se maintient aux envi¬
rons de 40° jusqu’au 15 e jour et revient à la normale le 22 e jour. Sur 200
cas mortels, 15 seulement ont eu une température dont la moyenne se
soit élevée au-dessus de celle donnée dans le tracé de Wunderlich.
L'auteur proteste, d'ailleurs, en terminant, contre “ le fanatisme de
çertains médecins pour Vantipyrèse. 11 condamne la méthode des bains
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— 3 —
froids qui lui paraît cruelle et inutile. L’élévation de la température lui
paraît, non pas la cause, mais seulement l’indice du danger. Rien ne
prouve qu’il faille quand même abaisser la température. »
Ce sont là des conclusions auxquelles je m’associe formellement, d’au¬
tant plus volontiers que je les ai, dès 1877, publiquement soutenues dans
une discussion soulevée par moi à la Société médicale des hôpitaux de
Paris, c’est-à-dire dix ans avant le médecin de Hambourg Dans cette
discussion, je n’avais pas seulement dit que la médication par les bains
roids était cruelle et inutile; j’avais ajouté, en le prouvant, qu’elle était
“ périlleuse ».
Je vou$ donnerai plus tard les chiffres détaillés de la statistique mor¬
tuaire à l’hôpital Rodolphe (de Vienne) et à l’hôpital Béthanie (de Berlin),
à la suite du traitement de la fièvre typhoïde par l’eau froide ; à l’hôpital
Rodolphe, la mortalité a oscillé entre 15 % et 27 °/ 0 (atteignant même en
1876 la mortalité excessive 30%); à l’hôpital Béthanie (de Berlin), la
mortalité a oscillé entre 10 °/ 0 et 18 °/ 0 . On voit que ces chiffres ne sont
rien moins que favorables à la médication réfrigérante par l’eau froide.
Les médications systématiques que je vous ai signalées tout à l’heure,
avaient au moins comme excuse un prétexte rationnel, mais la médication
réfrigérante n’a pas même ce prétexte; elle est éminemment irrationnelle.
L’hyperthermie, que visent les médecins réfrigérateurs, n’est pas la cause
des accidents observés, elle n’est pas plus la cause des accidents nerveux
(délire ou contracture) qu'elle n’est la cause des troubles digestifs, des
phlegmasies ou des hémorrhagies qui peuvent survenir dans le cours de la
dothiénentérie. Il est donc inutile de la combattre.
Nous avons vu ensemble des faits nombreux où il y a eu 40° sans délire
ni accidents graves, non seulement dans la dothiénentérie, mais dans la
pneumonie, la péritonite, le rhumatisme.
J’ajoute qu’il est, d’ailleurs, difficile de l’atteindre, cette hyperthermie,
et de réaliser brusquement l’hypothermie.
La chose est surtout difficile avec les bains froids, après chacun des¬
quels on observe un abaissement de quelques dixièmes de degré, puis un
retour rapide à l’hyperthermie primitive; d’où la nécessité de renouveler
le bain froid de trois en trois heures, du début à la terminaison de la
maladie.
La chose est moins difficile — je veux dire le refroidissement du
malade — par les médications réfrigérantes internes. Ainsi, par l’admi¬
nistration du sulfate de quinine à doses massives, l'antipyrine, de l’anti-
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— 4 —
fébrine, de la thaï line, de la kairine, on a brusquement abaissé la
température'de deux à trois degrés; le malade est empoisonné ; mais ce
n’est pas là, à proprement parler, notre mission professionnelle.
D’alllèurS, la mort subite a été parfois la suite et la conséquence de
cette brusque hypothermisation : le malade avait été trop refroidi
Ainsi, mort subite, après l’administration de 4 à 5 gr. de sulfttte de
quinine à dose massive et mort subite à la suite de l’administration de
I à 2 gr. d’antifébrine ou dethaliine : c’est-à-dire refroidissement jusqu’à
là mort.
Ce sont là des faits sur lesquels je reviendrai et que je me contente
(^indiquer ici dans cette vue d’ensemble des médications systématiques
qui visèntsoit une unité morbide (la dothiônentérie), soit une fraction de
cette unité (la lésion), soit l’élément pathogénique (le bacille), soit un des
effets de son action morbifique (la chaleur fébrile) — et n’oublient que le
malade.
N’allez pas croire que la voix du professeur de Paris
sera écoutée ; on continuera, pendant longtemps encore,
à rôfroidir les malades ; l’emploi du thermomètre est au¬
jourd’hui complètement introduit dans laclientèle civile ;
dans presque toutes les familles on possède un thermo¬
mètre médical et on en connaît l’emploi ; on l’applique à
propos de la moindre indisposition sans l’ordonnance du
médecin ; lorsque le thermomètre marque 38° ou 39 0 , on
demande au médecin d’intervenir, ôt celui-ci est tout fier
de pouvoir administrer des remèdes qui font tomber la
fièvre et il donne à l’un du sulfate de quinine, à l’autre
dé l’antipyrine, à un troisième de Tantifébrine, etc. ; natu¬
rellement le thermomètre baisse et le malade ou son
entourage croit que c’est un signe d’amélioration. Je me
demande même si les trois quarts du temps le médecin
ne le pense pas aussi, tellement cette méthode de l’anti-
thermie a été préconisée ; le médecin est tout fier de
posséder des remèdes qui font ainsi « tomber la fièvre ».
II entretient par conséquent les malades dans cette illusion
qu’il partage peut-être lui-même et continue l’emploi des
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. — 5 —
médicaments refroidissants ; or, qu’est-ce en réalité ce
refroidissement artificiel ?
M. le professeur Peter viçnt de nous le dire, c’est un
véritable « empoisonnement », et il ajoute avec une ironie
plus ou moins sarcastique : « Ce n’est pas là, à propre¬
ment parler, notre mission professionnelle ».
Non, la mission du médecin est de guérir, mais l’emploi
des moyens allopathiques, surtout ceux qui sont connus
sous la rubrique de «médications énergiques», sont, le plus
souvent, des moyens d’empoisonnement, qu’il s’agisse de
médications antithermiques, de médications altérantes, de
médications évacuantes, de médications révulsives, etc.
C’est le cas de répéter le cri d’alarme d’un vieux médecin :
Pauvre médecine, pauvres médecins, pauvres malades !
D r Martiny.
ASSOCIATION CENTRALE DES HOMEOPATHES BELGES.
. -t-
. Président , Secrétaire ,
D r Schepens. D r Schwartz.
Séance du 10 avril 1888.
Le procès-verbal de la précédente séance est adopté.
Plusieurs membres s’excusent de ne pouvoir assister à la
réunion.
A l’article travaux manuscrits, le 0 e Martiny entretient ses
confrères de la question du magnétisme animal. Les homœo-
pathes ne peuvent se désintéresser des travaux publiés
journellement au sujet du magnétisme ; l’histoire même de cette
science qui occupe tant les savants, les moralistes et les philo¬
sophes de notre époque, est remplie d’enseignements à l’adresse
de nos confrères,les allopathes officiels,qui nous jettent journel¬
lement & la tête les mots de charlatanisme, duperie, etc. N’en
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— 6 — /
ont-ils pas fait tout autant pour les médecins magnétiseurs, et
cela pendant plus de cent cinquante ans ? « Dupeurs et dup駻,
clamaient à l’envi toutes les voix officielles en parlant des ma¬
gnétiseurs et de leurs adeptes.
Aujourd’hui tout est changé et sous peu les corps savants
tresseront des couronnes à tous les magnétiseurs célèbres qu’ils
vilipendaient hier encore.
Quand j étais étudiant en médecine,les professeurs mettaient
sur le même rang les médecins masseurs, les magnétiseurs, les
homœopathes : tous de§ charlatans j il y a quinze ans déjà que
le massage est adopté; le magnétisme vient de l’être ; l’homœo-
pathie n’attendra plus longtemps. Comment nos confrères allo¬
pathes n’y prennent-ils pas garde? Notre avis est que plusieurs
d’entre eux y ont déjà réfléchi, mais si du jour au lendemain on
peut devenir masseur ou magnétiseur, il n’en est pas ainsi s’il
s’agit de devenir homœopathe. Ici il faut étudier plusieurs
années, il faut faire et surtout voir faire par des homœopathes
expérimentés l’application de nos remèdes au lit des malades
et cela pendant un temps assez long. Si tel ou tel professeur de
médecine s’apercevait que l’homœopathie est la vraie médecine,
pourrait-il du jour au lendemain administrer des globules à
ses malades ? Il faudrait qu’il commençât à étudier nos patho-
génésies, à lire nos ouvrages de thérapeutique, etc., etc.; à
moins qu’il ne dise à ses malades: vous.avez une bronchite,
une pleurésie, une fièvre catarrhale avec tels ou tels sym¬
ptômes prédominants ; comme je n’ai pas encore eu le temps de
faire une étude suffisante de l’homœopathie, je me vois forcé de
retourner chez moi et d’étudier votre cas, de consulter les
répertoires, etc. ; une fois ce travail fini je vous enverrai une
prescription ; et c’est ainsi qu’il devrait pourtant agir pendant
des mois et des mois s’il voulait pratiquer consciencieusement
la médecine homœopathique.
Voilà une des principales raisons qui fera reculer quelque
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temps encore la plupart des médecins ; mais qu’ils le veuillent
ou non, il faudra bien qu’ils y arrivent : les homœopathes
américains, qui sont aujourd’hui plus de dix mille, mettent l’épée
dans les reins de nos savants officiels de l’Europe ; ceux-ci
feraient moins de résistance s’ils pouvaient du jour au lende¬
main pratiquer l’homœopathie comme ils pourraient faire, du
massage et du magnétisme ; ils n’ont eu aucune peine de se décla¬
rer partisans du magnétisme et pourtant les faits que celui-ci
dévoile sont bien autrement étonnants, stupéfiants !
Le magnétisme, messieurs, n’est pas du nouveau pour nous ;
il y a plus de douze ans que nous avons fait des expériences à
cet égard ; nous avons alors reproduit devant plusieurs savants
et médecins la plupart des faits extraordinaires que vous con¬
naissez tous : sommeil magnétique, insensibilité, catalepsie,
etc., etc. Nous avons même fait un jour ces expériences devant
un médecin, aujourd’hui membre de l’Académie, qui est partisan
ardent du magnétisme, depuis que celui-ci est devenu science
officielle seulement, car il a eu la franchise ou la naïveté, pour
ne pas dire autre chose, de nous déclarer, il n’y a pas bien
longtemps, qu’il avait^ une sorte de réparation à nous faire, en
ajoutant : « Quand j’ai vu vos expériences magnétiques il y a
« une douzaine d’années, j’avoue que je n’y ai pas cru, mais
«c aujourd’hui je reconnais que tout ce que vous m’avez montré
< était vrai et exact ».
Nous faisions alors cette expérience qui nous paraissait con¬
vaincante : nous magnétisions une pièce de monnaie et nous
la posions sur un tapis, puis nous quittions le salon en priant
une personne de la société de placer autour ou à côté de cette
pièce magnétisée, cinq au six autres pièces semblables ; nous
rentrions ensuite dans le salon accompagné de la personne que
nous magnétisions habituellement ; celle-ci prenait une des
pièces de monnaie en main; au bout d’une minute environ elle
la rejetait en disant :
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— 8 —
«Cen’estpas celle-là ». Avait-elle pris au contraire la pièce
réellement magnétisée, que ni moi ni elle ne connaissions, elle
8*endormait^moins dune minute après l’avoir prise. Pour que
cette expérience réussît parfaitement il était nécessaire que le
sujet eût ëté magnétisé huit ou dix jours de suite. Les magnéti¬
seurs savent que plus un sujet a ôté magnétisé régulièrement,
plus il est sensible à l’influence du magnétiseur.
Nous avons la conviction que tout n est pas dit ni découvert
au sujet du magnétisme et que l’avenir réserve encore bien des
surprises; beaucoup de maladies seront heureusement influencées
par les passes magnétiques ; nous venons tout récemment
encore d'appliquer la méthode de la suggestion chez une
personne qui souffrait de douleurs violentes et de vomissements
nerveux : les douleurs et les vomissements cessèrent comme par
enchantement.
Le D r Van Ooteghem,qui,lui aussi,s'est occupé de magnétisme
autrefois, confirme ce que leD r Martiny vient de dire; il rappelle
les singulières pratiques des fakirs de l’Inde, qui,au fond,ne sont
que des manifestations du magnétisme animal.
La séance est levée à 5 heures.
Deux cas d’angine diphthé rl tique,
par le D r Schkpens, de Gand.
1* cas. — Le 12 février de l’année dernière je fus appelé
chez M u * K. ; elle était âgée de 22 ans, d’une taille en-dessous
" de la moyenne, blonde et jouissant habituellement d une bonne
santé. Depuis trois jours elle se sentait lasse, fatiguée, brisée,
ayant des frissons, de temps en temps des agitations nocturnes
et un peu de douleur à la gorge, surtout par la déglutition.
En entrant dans la chambre cependant bien aérée où se tenait
la malade, je fus frappé par une odeur nauséabonde, gangré-
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— 9 —
neuse, sui gmeris, qui me fit croire immédiatement à une
affection diphthéritique. Je trouvai la malade fort affaissée, le
teint rouge, les yeux brillants, la peau sèche et brûlante ; les
glandes du cou étaient très engorgées et excessivement doulou¬
reuses au toucher; les amygdales, la luette et le tiers postérieur
du voile du palais étaient tuméfiés et recouverts d'une épaisse
membrane d’un jaune sale exhalant à un très haut degré l'odeur
gangréneuse propre à la diphthérie, car c’était bien à cette
maladie que j'avais affaire. Le,thermomètre marquant 39 6 5.
Malgré cette fièvre assez intense, je profitai de ce que la
déglutition était encore possible, pour permettre à la malade
de prendre cinq ou six fois dans la journée du bouillon de veau.
Je fis enlever de la chambre les tapis, les rideaux, tant du lit
que des fenêtres, et ordonnai de chauffer la chambre par un feu
de bois entretenu jour et nuit.
Comme traitement je prescrivis :
Cyanure de mercure , 3 ê trituration, dix centigrammes,
Hepar sulfur., 3 e trituration décimale, dix centigrammes,
Apismelif ., 3 e dilution, deux gouttes ;
je fis dissoudre chaque remède dans dix cuillerées d'eau que
je fis prendre à la malade par cuillerée de demie en demie
heure alternativement de chacun des trois remèdes et je donnai
comme gargarisme du sublimé corrosif au 1/10.000 e .
Ce traitement fut continué jour et nuit.
13 fév., t. m. 38°5; t. s. 39°4, même traitement.
14 » t. m. 38°5; t. s. 39° ,même régime et même traitement.
15 » t. m. 38° ; t. s. 38°5, » » » »
16 » t. m. 37°3; t. 8. 37°8, » » » » .
17 » t. m. 37°3; t. s. 37°3, » . » » »
Le 18 février la température était normale, la malade déclara
se trouver très bien et avoir très faim et cependant la gorge
restait tapissée de fausses membranes ; je permets du bouillon
-en plus grande quantité, du lait et des œufs.
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10 —
A dater du 19 février les fausses membranes se détachent
laissant une surface rouge, irritée, qui rend la déglutition plus
douloureuse qu’elle ne l’était au commencement de la maladie.
Jusqu'au 20 février j’ai fait continuer l'administration des
remèdes jour et nuit de demie en demie heure, de même que le
gargarisme ; puis, pendant quatre jours je l’ai donné jour et
nuit d’heure en heure,et enfin jusqu’au 1 mars le jour seulement
et de deux en deux heures. A ce moment, sauf un peu de fai¬
blesse, la malade était complètement guérie.
2 e cas. — Une petit fille de huit ans, blonde, très élancée,
jouissant habituellement d'une bonne santé et n’ayant eu
aucune maladie d enfant, fut prise tout à coup dans la matinée
du 14 mars de l’année dernière de céphalalgie intense, de fris¬
sons violents, d’abattement considérable et d'une prostration
/
complète des forces. A mon arrivée, vers midi, je trouvai,
l’enfant au lit, les yeux détournés de la lumière et dans une
indifférence complète pour tout ce qui l’entourait. La peau
était chaude, brûlante ; les glandes du cou étaient engorgées
et excessivement douloureuses au moindre contact ; la déglu¬
tition était peu douloureuse et cependant les amygdales étaient
très rouges, très gonflées et couvertes en partie d’un dépôt de
matières grisâtres qui exhalait l’odeur fétide caractéristique de
la diphthérie. Le thermomètre marquait 40°2. De l'ensemble de
ces symptômes je conclus que j’avais affaire à une angine
diphthéritique grave et j’instituai immédiatement le traitement
suivant :
Cyanure de mercure , 3 e trituration, dix centigrammes.
Heparsulf 3* trituration décimale, dix centigrammes.
4/ws melif., 3 e dilution, deux gouttes ;
je fis dissoudre chaque remède dans six cuillerées d’eau et j’en
fis administrer jour et nuit par cuillerée de demie en demie
heure, alternativement de chaque remède.
Le 15 mars les deux amygdales,la luette, la paroi postérieure
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du pharynx et le voile du palais surtout à gauche étaient recou¬
verts d*une épaisse couche d’une fausse membrane grisâtre
exhalant une odeur putride très prononcée.
T. m. 39° ; t. s. 39°,5; même traitement,bouillon de veau et
lait comme régime.
Le 16 mars, outre les symptômes précédents, je trouvai la
face œdématiée, les fosses nasales étaient tapissées de fausses
membranes qui empêchaient la respiration par le nez et obli¬
geaient la malade à tenir constamment la bouche ouverte ; la
voix ét ât très faible et nasillarde ; les urines contenaient une
grande quantité d’albumine.
T.m.38%5; t.8. 39°. Mêmes remèdes auxquels j’ajoute kali-
bichrom. 3 e trituration, dix centigrammes.
17 mars, f. m. 38°,5 ; t. s. 38°,8. Aucune modification dans
l’état local ; même régime et même traitement.
18 mars, t. m. 38° ; t. s. 38°,5. Même traitement.
19 mars, t. m. 38°; t. 8. 38°,3. Une grande portion de fausse
membrane s’est détachée à gauche laissant à nu une surface
ulcérée qui rend la déglutition très pénible.
20 mars, t. m. 38° ; t. s. 38°, 5. Pas de changement ; même
régime et même traitement.
21 mars, t. m. 38° ; t. «. 38°,5. Je constate le matin que la
face est fort œdématiée, ilÿ a une somnolence très prononcée et
une soif intense ; les urines sont fort albumineuses.
Même régime et même traitement.
22 mars, t. m. 37°, 5 ; t. s. 37°, 5 ; la somnolence a disparu
et l'oedème de la face a diminué
23 mars, t. m. 37°,5 ; t. s. 38°. La malade se trouve bien ;
elle demande' à manger mais se plaint d’une vive douleur en
avalant ; les fausses membranes ont en très grande partie
disparu mais la gorge reste très rouge et très irritée. Même
traitement. Comme régime, du bouillon de veau, du lait et trois
œufs crus dans la journée.
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— 12 —
Je fais continuer l’administration des remèdes jour et nuit
toutes les demies heures jusqu’au 27 mars. A cette date, il n’y
a plus apparence de fièvre, la gorge est complètement dégagée
mais reste encore rouge et la déglutition provoque encore des
douleurs assez vives. Les fosses nasales commencent à se
dégager de leurs fausses membranes et la respiration n est plus
tout à fait impossible par le nez.
Je fais continuer mais le jour seulement et d’heure en heure :
cyanure de mercure , 3 e trituration ; hepar , 3 e trituration décim.
et hali bichrom ., 3 e trituration.
Le 30 mars les fosses nasales sont libres et la respiration se
fait facilement; la déglutition se fait sans douleur mais les
liquides retournent quelques fois par le nez à cause d’un certain
degré de paralysie des muscles de la déglutition et la voix reste
faible et nasillarde. Elle mange avec plaisir de la viande deux
fois par jour.
Le 2 avril, au moment où je croyais pouvoir cesser toute
médication, je constate une paralysie du membre supérieur
droit limité surtout au muscle deltoïde. Comme il y avait encore
un écoulement purulent par le nez, je donne :
Aur. fol., 3* trituration, dix centigrammes dans trois cuille¬
rées d’eau ; gelsemin . 3 ê dilution décim.,trois gouttes dans trois
cuillerées d’eau,à alterner par cuillerée de deux en deux heures.
Je conseille une alimentation substantielle, le séjour au grand
air (par autant que le temps le permet) et des frictions sèches
sur la colonne vertébrale deux fois par jour pendant cinq
minutes, et après quinze jours de ce traitement la petite malade
était complètement guérie.
J’ai relaté ces deux cas parce que dans leur traitement je me
suis servi des basses triturations, que j’ai très fréquemment
répété les doses et que j'ai continué cette répétition fréquente
jusqu’à la fin de la maladie, c’est-à-dire pendant quinze jours à
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- 13
trois semaines et que je n’y ai pas vu le moindre inconvénient,
au contraire.
Depuis quelque temps un certain nombre de médecins homœo-
patfaes appliquent localement, chaque fois que l’occasion s’en
présente, le ou les remèdes qu’ils administrent à l'intérieur ; ils
agissent ainsi notamment dans le traitement de certaines
tumeurs^de certains ulcères et même dans les affections de la
peau comme l’exzéma, etc.C’esten vertu de ce même principe que
dans le premier cas nous avons administré le sublimé corrosif en
gargarisme ; ce médicament, outre ses propriétés antiseptiques
puissantes, ne peut dans l’espèce qu'activer l’action de nos
médicaments internes, parce que le sublimé est homœopathique-
ment indiqué dans l’angine diphthéritique. Dans tous les cas,
chaque fois que nous avons employé ce moyen adjuvant il nous
a paru que nous en avons retiré de sérieux avantages.
Nous y avons renoncé dans le 2 d cas à cause de l’âge de la
malade.
D r SCHEPENS.
GASTRITE CHRONIQUE,
d’après le rapport et les discussions du Congrès médical de Berlin, par
le D r Gisevius, de Berlin. Traduction du D r Chevalier, de Charleroi.
Quoique en publiant ce travail, je n’aie qu’un désir, celui de
classer, avec leurs symptômes caractéristiques, les médica¬
ments employés dans la gast rite chronique, tels que nous les
avons observés au lit des malades, il est cependant urgent de
donner une idée générale de cette affection, en récapitulant
son étiologie, sa symptomatologie, etc. (Voir l’ouvrage de
P. Niemeyer).
La gastrite chronique s’établit d’emblée comme entité mor¬
bide, ou succède à la gastrite aiguë, ou bien encore survient
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— 14 —
à la longue, précédée de dérangements dans les fonctions
de l’estomac, qui caractérisent les différentes dyspepsies.
C’est ainsi qu’elle se déclare chez les personnes esclaves de la
bonne chère, ou chez celles qui abusent des médicaments,
surtout des narcotiques, qui font un usage immodéré du café
ou du tabac fort. Elle survient également chez les buveurs
de spiritueux, et il est à remarquer que l’alcool est d’autant
plus nocif dans ses résultats qu'il est plus concentré ; c’est
ainsi quelle se montre le plus vite et d’une façon très intense
chez les buveurs d’eau-de-vie.
Il n'est pas raré non plus qu’elle soit la suite de débauches,
de vie sédentaire, d'études fatigantes ou de dépression morale
de longue durée.
La gastrite chronique survient secondairement comme
complication d’affections d’autres organes entraînant chez
ceux-ci un ralentissement dans la circulation du sang, et par
là des congestions sanguines dans la muqueuse stomachale :
ainsi dans toutes les affections du foie, avec gêne dans la cir¬
culation par compression de la veine-porte.
Plus souvent encore dans les maladies du cœur, des pou¬
mons, de la plèvre, telles que les affections valvulaires,
l’emphysème, la cirrhose pulmonaire, dans lesquelles la
surabondance sanguine du cœur droit empêche l'écoulement
du sang et congestionne par contre-coup le foie et l’estomac.
Elle accompagne également les maladies qui reconnaissent
pour cause un affaiblissement du sang, comme l’anémie, la
chlorose, les hémorrhoï les, la goutte, le marasme, etc., puis
l’ulcère rond de l’estomac, le cancer et autres dégénérescences
de cel organe.
Parmi les symptômes les plus essentiels, il en est un qui
est surtout constant, c'est le poids, pas toujours très fort, mais
très gênant,existant au creux épigastrique, avec ia sensation
de plénitude, et qui augmente surtout après le repas.
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Puis un boursouflement, même une voussure de l'estomac,
produite par une sécrétion anormale de gaz et un séjour trop
prolongé des ingesta.
Enfin, plus la muqueuse stomachaie, infiltrée de sérosité,
fonctionne lentement, plus longtemps dure l’action défec¬
tueuse du suc gastrique, qui devient alcalin et par là donne
lieu à une décomposition anormale et à une grande quantité
de gâz. Ceux-ci cherchent à s’échapper et il en résulte un
second symptôme qui manque rarement, les renvois, qui
tantôt sont inodores, tantôt rappellent les aliments mangés
antérieurement, et sont en général âcres et acides par la
fermentation des substances amylacées et leur décomposition
en beurre et acide lactique. Quelquefois, ils ramènent égale¬
ment des parcelles d’aliments sentant le rance, qui remontent
dans l’oesophage et le gosier ; de là la sensation de brûlant
(pyrosis), qui est un symptôme très important. Dans la gas¬
trite chronique simple il est rare de rencontrer les vomisse¬
ments de matières alimentaires, mélangées de glaires, ayant
une odeur et un goût particuliers, comme aussi les sarcines
ventriculi. De temps en temps, les personnes qui ne boivent
pas rendent avec beaucoup d’efforts et de renvois, une matière
glaireuse, s’étirant en longs filaments et ressemblant à une
solution concentrée de gomme. Chez les alcooliques, au con¬
traire, se montre la vomit us matutinus qui consiste en une
certaine quantité de pituite, dont ils jse débarrassent le matin
sans grands efforts ; cette matière provient en grande partie
des glandes salivaires, sécrétée en quantité pendant la nuit ;
elle se dépose dans l’estomac. Parfois, il y a également un
endroit douloureux à la région épigastrique, et dans le dos ;
mais cette douleur n’est pas constante, et elle augmente par
la pression extérieure.
La nutrition est défectueuse, souvent il y a perte complète
de l’appétit, le patient mange à contre-cœur et se trouve de
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suite rassasié, aussitôt qu’il a pris quelques bouchées ; il y a
du reste, sous ce rapport, de grandes différences chez les
malades : les uns supportent beaucoup mieux les aliments
lourds que les légers, chez d’autres, c’est le contraire ; on
peut dire cependant que sans exception, les aliments flatueux
ou préparés dans la graisse, ne sont pas du tout supportés.
Souvent il survient après une diète prolongée, une espèce de
faim canine avec sentiment de défaillance, qui, une fois as¬
souvie, donne lieu aux symptômes mentionnés plus haut. Les
buveurs recherchent surtout les aliments fortement épicés,mais
il n’en supportent pas 'de grandes quantités. La soif est
rarement augmentée.
Les selles sont en général paresseuses, arrivent parfois
très tôt au sortir du lit et sont liquides ; d’autres fois, mais
plus rarement, elles sont fréquentes. L’abdomen est souvent
gonflé de gaz, et l’évacuation de vents produit un certain
soulagement, mais dans ces cas, nous avons le plus souvent
affaire à une entérite chronique, qui vient compliquer la
première affection. Les urines, presque toujours chargées,
déposent de forts sédiments.
Souvent la gastrite chronique est accompagnée d’une inflam¬
mation de la bouche et du pharynx avec grande salivation ;
chez les alcooliques cette complication est constante, et do là
ces quantités de glaires qu’ils sont obligés d’expectorer chaque
matin.
La langue est habituellement couverte d’un enduit jaune
épais, limité quelquefois à la racine de cet organe ; le goût
est fade, pâteux, aigre, amer, rance surtout le matin, et
l’haleine, quand le malade est à jeun, est très mauvaise.
L’inflammation se propageant aux voies biliaires, les mala¬
des ont un teint pâle, jaune, et en suite du défaut de nutrition,
la peau devient terne, sèche et il y a amaigrissement. Parfois
se présente une douleur sourde au front ou à la tête, avec
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engourdissement des facultés mentales, plus souvent des alté¬
rations psychiques, caractérisées par de la dépression, un
découragement complet, une grande excitabilité, de l’hypo-
chondrie ; chez les femmes une grande disposition aux pleurs ;
chez beaucoup de ces malades, le sommeil est très léger
pendant la nuit.et pendant le jour il y a une tendance insur¬
montable à dormir.
Sous l'influence d’une médication et d'une diététique bien
entendues, la gastrite chronique se termine la plupart du
temps par la guérison ; dans des conditions contraires, le
pronostic serait très défavorable.
Par suite d’altérations profondes dans la muqueuse, il peut
se développer des lésions organiques dans l'estomac allant
jusqu’à l’ulcération ; d’un autre côté, par suite de l’hypertro¬
phie de la muqueuse, il peut se produire un rétrécissement
(sténose) du pylore, qui retienne encore plus longtemps les
ingesta dans l'estomac et donne lieu à une décomposition
dont j’ai mentionné les différents symptômes. Enfin par là
également se produisent ces dilatations considérables de l'es¬
tomac, ces sténoses organiques, et ces coarctations cicatricielles
qui persistent après la guérison de l'ulcère de l'estomac. La
gastrite chronique, qui accompagne les affections d'autres
organes, constitue une complication très grave et d'un pro¬
nostic défavorable. Du reste, abstraction faite des suites plus
haut mentionnées de la gastrite, auxquelles il faut ajouter la
sténose du pylore, les cas qui se terminent par la mort sont
rares, et sont précédés de dépérissement et d'hydropisie.
Il est presque impossible de donner des règles générales de
* diététique pour le traitement de la gastrite chronique, attendu
que ce qui convient à l’un, n'est pas toléré par l'autre, et
réciproquement. En tous cas il faut éviter : le café fort, le
spiritueux, le pain lourd, les fromages, les légumineuses, les
aliments salés et épicés ou flatulents, les corps gras ou cuits
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dans la graisse. On prescrira le pain de gruau de froment,
surtout dans les cas de constipation ; l’usage exclusif de lait,
frais ou bouilli, écrémé ou sous forme de lait battu, d’après
l'idiosyncrasie des malades ; des soupes de lait au sagou ou
au gruau de froment. Dans beaucoup de cas, il faut prescrire
une diète substantielle: des sardines à l’eau, du bouillon bien
dégraissé,des rôtis froids, du jambon cru, de petites quantités
d’un vin généreux, etc. Le beefteak est très recommandable.
Aucun malade ne supporte une grande quantité d’aliments
à la fois, mieux vaut donner souvent et peu à la fois, toutes
les 3 ou 4 heures ; les aliments ne seront ni trop chauds ni trop
froids, toujours mastiqués avec soin ; on se reposera après
chaque grand repas et on évitera de se comprimer l’estomac.
Passons maintenant à l’indic tlion des principaux remèdes :
Antimonium crudum. — Très important dans la gastrite
chronique, succédant à une surcharge de Vestomac par
excès d'alimentation ; renvois avec goût des aliments et
haleine mauvaise , langue chargée et jaune ; anorexie com¬
plète et de longue durée, dégoût même de la nourriture,
avec sensation de faim, nausées, soif, pesanteur à l’estomac,
même des douleurs ; céphalalgie, vertiges, herpès labialis.
Selles avec gaz très odorants et coliques, diarrhée renfermant
des aliments non digérés.
Argentum nitricurn. — Remède e;xcellentdans les cas chro¬
niques, caractérisés par une grande accumulation de glaires,
nausées et vomissements glaireux , anxiété , palpitations
et vertiges ; la plupart du temps il y a de la sensibilité au
toucher des dernières vertèbres dorsales {spinal irritation)
avec irradiation dans tout le dos ; on prescrira Varg . nitric. %
aussi dans ces cas souvent désespérés, où l’on pourrait croire
n’avoir affaire qu’à une cardialgie nerveuse, et caractérisés
par un réveil en sursaut la nuit, occasionné par des crampes
à l’estomac, une sensation de plénitude jusqu’à menace d'écla-
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ter, renvois bruyants et nombreux, pyrosis, douleurs très
ibrtes, etc., symptômes qui doivent faire penser à une inflam¬
mation ou une ulcération de la muqueuse stomacale. ~
Arsenicum. — Exerce son action dans les catarrhes chroni¬
ques très développés et très graves, accompagnés d'un état de
faiblesse générale accentuée, surtout avec lésions du côté du
cœur et accompagnée d’une soif insatiable, d'un désir très
prononcé pour (es boissons froides, que les malades ne peuvent
cependant pas supporter, même en faible quantité. Après avoir
apaisé la soif, ou la boulimie , qui se montre également chez
ces malades, au moyen de petites quantités de boissons ou
d’aliments, ou bien même quelquefois sans rien avoir pris, il
se déclare tout d'un coup une sensation excessivement forte
de feu dans l'estomac et le ventre , comme si ces parties et
l’oesophage étaient corrodés par une substance fortement
caustique ; il y a en outre de 1anxiété , de fortes palpitations
et une tendance à la lipothymie ; des rapports , des nausées
et des vomissements aigres . Ces accès se reproduisent
plusieurs fois par jour , durent 1/4 d'heure à 1 heure y puis
calment; parfois ils reviennent à intervalles régulier *.
Grande douleur au creux épigastrique , en même temps
froid aux extrémités , sueur froide à la tête , pâleur de la
face et des lèvres, vertiges, voix faible à peine distincte,
enrouement ; les intestins se signalent par des selles fortes,
brûlantes, putrides, renfermant des aliments non digérés, et
parfois du sang noir, avec de fréquentes coliques. Dans des
cas plus légers, notamment ceux liés à une cardialgie ner¬
veuse, la boulimie et les douleurs quelle entraîne à sa suite,
cèlent ordinairement à de petites quantités d’aliments. L'^r-
senie doit être prescrit également de préférence à tout autre
remède dans les catarrhes chroniques chez les personnes chlo¬
rotiques avec lésion de l'estomac, dans l’ulcère rongeant de
cet organe chez les vieux buveurs ; dans les cas de cachexie
cancéreuse il apporte également un soulagement.
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Belladona . — Des douleurs très fortes à Vestomac , qui
parfois éclatent subitement, parfois sont continuelles, brûlan¬
tes, en même temps qu’un gonflement avec grande sensibilité
de Vépigastre au toucher, demandent au début et dans les
commencements de Vaffection l’emploi de la belladone \
les malades cherchent à calmer ces douleurs en se penchant
en arrière, et trouvent dans ce moyen un soulagement momen¬
tané ; elles s'irradient jusque dans le dos, limitant (par
irritation spinale) son action dans les ganglions sympa¬
thiques de la partie supérieure de la région dorsale de la
moelle (pour la partie inférieure voir argent, nitric.) ; sym¬
ptômes de congestion vers la tête , tels que rougeur de la
face, bouffées de chaleur à la tête et h la figure ; si, en outre,
il s’y déclare des pulsations et des battements pendant le som¬
meil, c’est une indication de plus pour belladone , surtout
quand la cause de l’affection consiste en un refroidissement,
et qu’il existe une hypérémie de la muqueuse stomacale ; si
cependant à la suite de ce refroidissement il y a plutôt hyper¬
esthésie gastrique, il faut lui préférer Yatropine.
Bismuthum nitricum . — Quand les douleurs se montrent
sous forme de crampes à l'estomac, comprimant fortement
cet organe, avec exaspération constante après le manger,
surtout de substances acides ou de pain ; ces douleurs ner¬
veuses s’irradient jusque dans les épaules ; il peut se montrer
une faiblesse d'estomac avec pyrosis et forte salivation,
accompagnée de tranchées, de gargouillements, borbo-
rygmes et du besoin d'aller à la garde-robe sans résultat ;
lourdeur de tête et de l’intelligence, qui sont en relation
directe avec les affections de l’estomac.
Br y onia. — Après des irrégularités dans le régime comme
après avoir bu trop froid , avoir mangé trop de fruits , de
choucroute, de choux , il se déclare des douleurs à l’estomac
ou un poids, comme si c était une pierre, ordinairement à un
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degré modéré, mais augmentant après chaque repas, comme
après un mouvement et surtout un faux pas. Points de
côté et gêae de la respiration ; langue blanche ou jaune très
chargée, présentant des granulations, une sécheresse de la
bouche continue ou arrivant peu après le repas, sans soif
extraordinaire, désir d'aliments froids; renvois pas trop
incommodes* mais des éructations accompagnées d’aliments
et de salivation; appétit pas tout à fait éteint, le goût mau¬
vais. On vante encore l’usage de la bryone dans les catarrhes
chroniques caractérisés par un désordre dans les mouvements
péristaltiques, comme cela arrive chez ceux qui mènent une
vie sédentaire ou qui présentent une forte constipation ; dans
ces cas on alterne nux vomica avec bryone et on fera dispa-
raître plus sûrement les complications de ces obstip. alvi :
douleurs de tête, gonflement du ventre. On prescrit encoro
la bryone dans les cas de gastrite chronique avec accès de
fièvre, provoqués par un refroidissement ou un chagrin, et
compliqués des symptômes caractéristiques de l’irritation
biliaire.
Car carea carbonica. —Dans les gastrites chroniques chez
les enfants scrofuleux ou rachitiques au teint terne, aux
tissus bouffis; dans les cas de renvois simples, avec arrière-
goût des aliments; pour le pyrosis, le calcarea se place à
côté du nux vomica.
Carbovegetabilis. —lise prescrit dans les gastrites chro¬
niques anciennes, négligées, ou mal traitées, chez des per¬
sonnes affaiblies ou cachectiques, sans le moindre appétit
excepté pour les choses aigres et piquantes, surtout chez les
buveurs d’eau-de-vie; chez ceux qui souffrent après avoir
mangé de la graisse et surtout des aliments acides ou flatu-
lents, des pâtisseries (après pulsatillé), etc., qui gonflent
l’estomac et les intestins et que les renvois soulagent ;
bouche acide, pyrosis, faiblesse, nausées, beaucoup de vents ;
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lourdeur, douleur à l’estomac arec sensation de plaie, et
nécessité de se coucher; selles paresseuses, dures, marron-
nées, rarement liquides, crampes à l'estomac avec grande
sensibilité à la région épigastrique (après nux vomica).
Carduusmarianus. — Excellent remède dans les gastrites
de longue durée par suite d’engorgement du foie et de pléthore
du ventre; les douleurs dans la région hépatique sont carac¬
téristiques,coliques hépatiques avec parfois des calculs biliaires,
affection contre laquelle Rademacher emploie toujours ce
médicament, et qui s’est montré très souvent efficace.
Le D r Windelband le recommande aussi, il a fait avec ce .
remède des expériences personnelles.
Traduction du D r Chevalier.
(A continuer .)
MM DSS JOURNAUX BOKKOPATHIQUES D’AIÉBIQUE
par le D** Lambreqhts, fils, d’Anvers. •
Les remèdes de SchUssler,
par les D rt Bobrickk et Dewey.
Calcarea phosphorica.
Synonymes. Calci phosphas precipitata. Calcis phosphas.
Phosphate de calcium précipité. Phosphate de calcium.
Nom vulgaire. — Phosphate de chaux.
Propriétés chimiques. — Formule Ca 3 (PHO 4 ) 2 .
Le D r Hering le prépare en versant lentement de l’acide phos-
phorique dilué sur de l’eau de chaux, jusqu’à ce qu’il se forme
un précipite blanc. Ce précipité est ensuite lavé et seche au bain-
marie.
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Le phosphate de chaux est insoluble dans l’eau et dans
l’alcool; il est soluble dans l’acide nitrique dilué et les autres
acides, et jusqu’à un certain point dans l’eau gazeuse.
Préparation .—Pour l’usage homœopathique, le phosphate
de chaux est préparé par trituration, d’après les indications de
la pharmacopée américaine.
Données physiologiques et chimiques . — Cale . phosph.
est un élément indispensable à la croissance et à la nutrition
du corps. On le rencontre dans le plasma et les corpuscules du
sang, dans la salive, le suc gastrique, les os, le tissu conjonctif,
etc. D donne aux os leur solidité. Il a une affiuité chimique
spéciale pour l’albumine qui constitue pour lui une base orga¬
nique dans les cellules des tissus, et doit se trouver nécessaire¬
ment dans toutes les sécrétions qui renferment de l’albumine
ou des matières albuminoïdes. U contribue à la formation des
globules du sang; aussi est-il le remède principal de l’anémie et
de la chlorose. Il joue un grand rôle dans le développement de
tous les tissus mous, car il favorise l’activité cellulaire en four¬
nissant la première base aux nouvelles cellules. C’est donc le
grand médicament de la croissance.
Action générale . — Cale . phosph . exerce une action cu¬
rative sur toutes les maladies dépendant d’un trouble des molé¬
cules do chaux dans le corps,tel qu’il s’en produit,par exemple,
dans la formation tardive du cal aux extrémités des os fractu¬
rés, dans la croissance anormale et la nutrition défectueuse des
os : rachitisme et affections semblables. La sphère d’action de
ce remède comprend donc toutes les maladies des os provenant
d’un état morbide du sang.
Il constitue, en outre, un aliment pour les tissus mous, dans
les cas de mauvaise nutrition ou d’un arrêt dans la croissance
des cellules ; de là son emploi pendant la dentition, dans les
convulsions et spasmes survenant chez les enfants faibles ou
scrofuleux.
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Un autre point important, c’est son action régénératrice après
les maladies aiguës. 11 agit alors soit directement soit indirec¬
tement en préparant la voie pour d’autres remèdes et en stimulant
le système à leur action; il constitue donc un précieux remède
intercurrent. Schüssler admet que le phosphate de chaux
favorise d’une manière indirecte la formation des globules rou¬
ges du sang, par son action nutritive et stimulante sur les glo*
bules blancs qui donnent naissance aux globules rouges.
Au point de vue pratique, ce remède possède des propriétés
toniques remarquables ; de là son emploi dans les maladies de
langueur, les fièvres hectiques, lorsque les phosphates se trou¬
vent en excès dans l’urine, dans l’anémie des personnes jeunes
croissant trop rapidement, dans les affections accompagnées de
pertès épuisantes, telles que leucorrhée, bronchite chronique,
diarrhée des tuberculeux, sueurs nocturnes, abcès, ulcères scro¬
fuleux, etc.
Symptômes et indications caractéristiques. — Moral.
Défaut de mémoire. Oubli, anxiété. Mauvaise humeur, irritabi¬
lité chez les enfants. Indiqué après les* chagrins, la colère, le
désappointement.
Tête et cuir chevelu. Vertige des personnes âgées. Cépha¬
lalgie avec sensation de froid dans la tête. La tète est froide ail
toucher. Maux de tête avant et pendant la seconde dentition,
plus prononcés aux régions des sutures, aggravés par les fatigues
intellectuelles, et par l’humidité et les variations de tempéra¬
ture. Céphalalgie des jeunes écolières d’un tempérament ner¬
veux, surtout lorsqu’il existe de l’agitation et de la diarrhée
produite par l’ingestion d’aliments acides,tels que les confitures.
Les fontanelles tardent à se former ; la boîte crânienne est
molle et mince. Ulcères scrofuleux au sommet de la tête. Hy¬
drocéphale aiguë ou chronique. Indiqué aussi pour provenir
cette maladie.
Yeux. Affections spasmodiques des paupières, lorsque tnu-
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gnes.phosph. ne réussit pas. Amaurose et cataracte. Inflammation
sèche des yeux pendant la dentition (ferr.phosph.). Photophobie.
Le malade ne peut lire à la lumière du gaz. Ulcères de la cor¬
née. Opacités consécutives aux ophthalmies.
Oreilles. Sensation de froid dans l’oreille externe. Douleurs
dans les os autour des oreilles. Otalgie avec douleurs rhuma¬
tismales chez les enfants scrofuleux atteints d’engorgements
ganglionnaires.
Nez. Bout du nez froid. Nez gonflé et ulcéré chez les enfants
scrofuleux. Rhume de cerveau avec sécrétion nasale albumi-
neuse.Catarrhe chronique des fosses nasales chez les anémiques
et les scrofuleux. Polypes nasaux étendus et pédonculés. Ozène
(alterné avec cale., fluor.).
Face. Névralgies rhumatismales débutant ou s’aggravant
pendant la nuit. Face couverte de boutons. Teinte jaunâtre,
terreuse. Sueurs froides. Douleurs dans les os de la mâchoire
supérieure. Tuméfaction des glandes parotides et sous-maxillai¬
res avec otalgie. Lupus. Taches de rousseur.
Bouche. Mauvais goût dans la bouche, le matin. Le malade
ne veut pas ouvrir la bouche par suite de la douleur que provo¬
quent les amygdales engorgées.
Langue. Langue gonflée,engourdie, raide, couverte de papu¬
les. Enduit blanchâtre.
Dents. Les dents se développent trop lentement Douleurs
pendant la dentition. Chute précoce des dents. Convulsions
pendant la dentition (après magnes, phosph.) Maux de dents
avec douleurs aigues, déchirantes, aggravées pendant la nuit.
Gencives douloureuses et enflammées, ou gencives pâles.
Gorge. Douleurs dans la gorge, surtout en avalant. Amygdalite
chronique et diphthorie. Engorgement chronique des amygda¬
les. Maux de gorge par l’exercice prolongé de la parole chez
les professeurs, les prêtres, etc.
Symptômes gastriques. Fièvre gastrique. Ardeur de l’es-
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tomac. Douleur après le manger avec sensibilité à la pression.
Les souffrances de l'estomac sont aggravées par l’ingestion de la
plus petite quantité de nourriture. Les nouveaux-nés vomissent
fréquemment et facilement. Douleurs d’estomac avec débilité
générale. Vomissements après l’ingestion de boissons froides et
glacées. Céphalalgie et diarrhées aggravées en mangeant. Goût
prononcé pour le lard, le jambon, les viandes salées et fumées.
Abdomen affaissé et flasque, ganglions mésentériques engorgés.
Coliques chaque fois quon essaie de manger.
Abdomen et selles . Coliques. Diarrhée de matières vertes
muqueuses, indigérées, avec gaz fétides. Selles liquides, irritan¬
tes, fétides et abondantes. Il rend de grands services dans les
diarrhées causées parles chaleurs de l’été,dans les diarrhées chez
les sujets atteints de marasme, et chez les enfants pendant la
dentition. Douleurs autour de l’ombilic provoquant des cris chez
les nouveaux-nés. Il est indiqué également pour enlever la pré¬
disposition aux vers chez les malades faibles et anémiques. Cal¬
culs biliaires. Il prévient leur formation.
Hernies abdominales. Suintement chronique d’hémorrhoïdes.
Fissures à l’anus. Fistule à l’anus alternant avec des symptômes
du côté de la poitrine, ou chez les sujets qui ont des douleurs
dans toutes les articulations à chaque changement de tempéra¬
ture. Constipation avec selles sanguinolentes, surtout chez les
vieillards,lorsqu’il existe en même temps une grande dépression
mentale, des vertiges, de la céphalalgie et une toux chronique.
Hernies chez les anémiques. Fièvre typhoïde et entérique.
Tabès mésentérique. Pus fétide dans les selles. Douleurs à
l’anus. Douleurs violentes à la partie inférieure du sacrum, se
produisant après la défécation et durant toute la journée.
Organes génito-urinaires. Incontinence d’urine la nuit avec -
débilité générale. Envies fréquentes d’uriner. Douleur aiguë
dans l’urèthre. Enurésie des vieillards et des petits enfants.
Diabète sucré avec symptômes pulmonaires. Albuminurie (alterné
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— 27 —
avec kali phosph.) Gonorrhée chronique chez les anémiques,
avec démangeaisons et sensibilité du canal. Gonflement des
testicules et du scrotum. Gravelle, calculs et dépôts phospha-
tiques. Augmentation de la sécrétion urinaire avec sédiment
floconneux.
Indiqué comme préventif de la gravelle. Hydrocèle.
Chez la femme . Faiblesse et souffrances dans la région uté¬
rine. Déplacements utérins avec douleurs rhumatismales. Pro¬
lapsus de la matrice avec sensation d’affaissement, surtout après
la défécation. Battements dans les parties génitales avec sen¬
sations voluptueuses. Indiqué contre la tendance à la mastur¬
bation chez les enfants scrofuleux. Douleurs violentes dans le
dos, en même temps que douleurs à la matrice. Sensibilité aux
régions sacro-iliaques. Leucorrhée, écoulement d’une matière
semblable au blanc d’œuf, plus prononcé le matin, avec excita¬
tion sexuelle et répugnance pour tout mouvement. Règles trop
hâtives chez les jeunes filles. Menstruation pendant la lactation.
Chez les adultes, règles tardives, de couleur foncée, surtout
chez les rhumatisées, précédées d’excitation sexuelle et accom¬
pagnées ou suivies d’une grande faiblesse et de douleurs rhu¬
matismales. Douleurs semblables à celles de la parturition pen¬
dant les règles.
Grossesse . Douleurs brillantes et sensibilité dans les seins
qui semblent tuméfiés. Lait altéré, bleuâtre et d’un goût salé,
que l’enfant refuse de prendre. Consomption après ou pendant
la grossesse. Prolapsus de la matrice chez les femmes débilitées.
Organes respiratoires . Toux avec expectoration de matiè¬
res jaunâtres, albumineuses, plus abondantes le matin, avec
gorge sensible et sèche. Douleurs de poitrine à la pression.
Douleurs au sternum et à la clavicule avec contraction du tho¬
rax et respiration difficile. Crachotements fréquents pour rendre
la voix plus claire. '
Symptômes pulmonaires associés avec fistules à l’anus. Toux
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chronique des phtisiques qui souffrent de froid aux extrémités.
Phtisie débutante chez les anémiques. Transpiration abondante
surtout à la tête et au cou.Coqueluche dans les cas opiniâtres ou
chez les enfants pendant la dentition, surtout lorsqu’ils sont de
constitution chétive. Catarrhes chez les scrofuleux et les gout¬
teux anémiques.
Organes circulatoires . Palpitations du cœur avec, anxiété,
suivies de faiblesse et de tremblement surtout dans les mollets.
Persistance du trou de Botal.
Dos et extrémités . Spina bifida. Lumbago. Incurvations
de la colonne vertébrale. Irritation spinale. Sensation de four¬
millement et d’engourdissement dans les membres. Rhumatisme
aggravé par la chaleur, mais surtout par le froid et les chan¬
gements de température disparaissant au printemps et reve¬
nant en automne. Rhumatisme dans les articulations avec froid
et engourdissements. Engourdissement des membres avec froid
ou sensation comme si des fourmis grimpaient sur les parties
affectées. Goutte rhumatismale aggravée la nuit et par le
temps froid. Douleurs dans tous les membres avec grande fai¬
blesse. Engourdissement des mains. Douleurs d’ulcération à la
racine des ongles des doigts. Coxarthrocace à la 3 # période.
Hygroma. Inflammation des bourses séreuses. Douleurs dans le
tibia. Incurvation des jambes chez les enfants rachitiques. Gon¬
flement des épiphyse». Hydarthrose. Les enfants apprennent
difficilement à marcher par suite de la faiblesse des chevilles.
Ulcères fistuleux aux articulations des pieds et aux malléoles.
Périostites et ulcères syphilitiques. Rhumatisme articulaire
aigu.
Symptômes nerveux . Convulsions pendant la dentition,
sans fièvre. Crampes,spasmes de tout genre là où magnes.phospk
échoue.Convulsions pendant la croissance et chez les vieillards,et
aussi chez les sujets où les sels de chaux sont en quantité insuf¬
fisante, comme chez les anémiques et les scrofuleux. Névralgies
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commençant la nuit et revenant à périodes fixes, surtout lorsque
les douleurs sont profondes et semblent venir des os. Paralysie
rhumatismale. Langueur et fatigue en montant les escaliers.
Douleurs déchirantes aggravées la nuit et par le mauvais temps.
Douleurs avec sensation de .fourmillement, d’engourdissement et
de froid ou semblables à des chocs électriques et ne durant que
quelques minutes.
Sommeil . Somnolence surtout chez les vieillards, associée à
des idées sombres. Difficulté de s’éveiller le matin. Cris des
enfants pendant la nuit.
Symptômes fébriles . Sueurs nocturnes abondantes des
phtisiques. Sueur froide à la face avec froid dans toutle corps.
Fièvre intermittente chronique chez les enfants scrofuleux.
Peau. Peau sèche, froide et parcheminée. Teinte cuivrée de
la peau aveep apules. Excoriations. Démangeaisons à la peau
chez les vieillards. Eczéma avec croûtes jaunes blanchâtres ou
vésicules chez les personnes anémiques. Eruptions chez les
anémiques, scrofuleux et goutteux. Taches de rousseur. Herpès
aigu ou chronique avec démangeaisons. Lupus. Prurigo. Prurit
chez les vieillards. Prurit vaginal chez les femmes âgées. Exsu¬
dations albumineuses de la peau. Tubercules à la face. Ulcéra¬
tions scrofuleuses de la peau avec suppuration des os. Furoncles.
Acné rosacé.
Tissus. Cale, phosph. est indiqué dans Panémie et la chlorose,
car il fournit un élément essentiel aux jeunes corpuscules du
sang, surtout chez les personnes à face jaunâtre, terreuse, dans
les exostoses, les ostéo^hytes, les maladies des os, le rachitisme,
le défaut d’union dés os fracturés, le spina bifida, les polypes,
le tabès, la diathèse phosphatique, les affections hydropiques,
Pémaeiation, la leucémie, le bronchocèle, le goitre, les kystes,
la tumeur blanche, les affections du pancréas, l'inflammation des
bourses séreuses, et les douleurs dans les tendons et les articu¬
lations.
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— 30 —
Modalités . — Les symptômes du cale, phosph. sont géné¬
ralement aggravés par le froid, l'humidité et les variations de
température. Beaucoup de symptômes sont améliorés parle
repos au lit.
Administration. —Les basses triturations telles que la 3 e et
la 6 e sont les plus employées, quoique les 30 e et 200 e puissances
aient donné également de magnifiques résultats. Schüssler
prescrit généralement la 6*. Les doses massives sont inutiles
et même nuisibles.
Relations. — Cale, phosph. ressemble beaucoup à cale,
carb.; mais dans cale, phosph. le malade est généralement
émacié et présente un teint blanc ou jaunâtre. Cale, phosph. cor¬
respond mieux aux affections aiguës des poumons. Il occupe une
place intermédiaire entre cale. carb. et phosph. et remplace
ce dernier avec grand avantage.
Cale, phosph. et berberis sont deux médicaments qui ren¬
dent de précieux services dans les fistules à l’anus. Tous deux
présentent des symptômes pulmonaires analogues, surtout ceux
qui sont consécutifs à des opérations chirurgicales. Dana les
céphalalgies anémiques des jeunes écolières, il produit d’aussi
bons effets que magnes, phosph. Dans la carie dentaire, il res¬
semble à fluor, acid., magnes., phosph. et silicea. Dans
l’épilepsie à ferrum phosph., kali muriat., haliphosph.
et silicea. Dans le diabète, h kali phosph., natr. phosph .
Dans les affections vermineuses, à natr. phosph. Dans l’hydro¬
céphale et l’anémie, à china. Dans la neurasthénie, cale,
hypophosph . lui est préférable. Dans le3 sueurs abondantes,
après les maladies épuisantes, il est comparable à la psorine.
Dans le rhumatisme articulaire aigu, il doit être administré
après natr. muriat. et kali phosph., s’il existe encore des
traces de la maladie. Dans le lupus, il est comparable à kali
muriat.. Le lait battu et le koumiss sont des aliments d’une
grande importance chez les vieillards, car l’acide lactique
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— 31 —
qu’ils contiennent dissout le phosphate de chaux, et empêche
ainsi l’ossification des tendons,^ des parois artérielles, etc.
Dans l’anémie et la chlorose, il ressemble à natr. muriat .,
lorsqu’il y a constipation, palpitation dans la position couchée,
couleur terreuse de la face ; à helonias , lorsqu’il y a dépression
mentale, débilité et urine phosphatique; à silicea dans l’anémie
des nouveaux-nés maigres et chétifs, avec tendance au rachi¬
tisme ; à ferrum, cuprum et arsenicum , etc.
D r Làmbreghts, fils.
Les larcins de l’&llop&thie,
par le Dr Martiny.
On sait que la nitro-glycérine est depuis longtemps employée
par les homœopathes sous le nom de glonoïne. Elle a été
magistralement étudiée par le D r Hering. Voici que les
allopathes ont « découvert » quelle guérit les névralgies et les
migraines.
Nous lisons dans le Bulletin médical :
M. Troussiévitch obtient d'exoellents résultats de l’emploi de la nitro¬
glycérine, non seulement dans le mal de mer (voir Bulletin Médical ,
n° 29, p. 496), mais aussi dans les différentes formes de céphalalgie et de
migraine, notamment dans celles qui proviennent d’une névrose vaso-
constrictive pure et où l’action vaso-dilatatrice du médicament en expli¬
que facilement l’effet analgésique et souvent curatif. 11 ne faut pas oublier
que l'ischémie cérébrale peut, à part les influences purement nerveuses,
dépendre encore d’un vice dans la composition et la répartition du sang.
Aussi en prescrivant la nitro-glycérine, faut-il y associer un régime
tonique et l’usage du fer, de l’arsenic, du quinquina.
On peut s’attendre à un bon résultat de ce traitement dans les cas où
les symptômes indiquent avec évidence l’origine vaso-constrictive du
mal, c’est-à-dire quand les douleurs sont paroxystiques, augmentent sous
l'influence de la compression des carotides et diminuent dans la position
déclive de la tête et quand la face est pâle pendant l'accès. «
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-32 —
Dans les céphalalgies d'origine névro-hypérémique, la nitro-glycérine
soulage beaucoup plus rarement et n'agit que d'une façon indirecte en
amenant une dérivation du sang vèrs les autres régions où les vaisseaux
ont été artificiellement dilatés par la nitro-glycérine.
Dans les céphalalgies qui dépendent d'une hypérèmie passive du cerveau
(par suite d’affections des poumons, du cœur et du foie), la nitro-glycérine
est contre-indiquée.
La céphalalgie rhumatismale peut aussi être favorablement influencée
par elle.
A tous les modes d'emploi de la nitro-glycérine, M. Troussiévitch
préfère l'instillation, sur la langue, d'une goutte de la solution alcoolique
au 1 /100* du médicament.
Avec ce mode d'emploi,l’absorption est plus rapide,l’effet thérapeutique
plus intense que lorsqu'on administre la nitro-glycérine par l'estomac.
Pour tâter l'effet du médi cament et la susceptibilité du malade, on
commence par verser sur la langue une seule goutte de la solution au
1/100*. Puis on répète et on augmente les doses. On fait prendre, par
exemple, trois gouttes par jour, et on augmente d'une goutte tous les
trois jours.
D 1 * Martiny
SOMMAIRE.
ENCORE LES ANTITHERMIQUES. — Les médecins
refroidisseurs, par le D r Martiny .. 1
Association centrale des homœopathes belges. Séance
du 10 avril 1888 5
Doux cas d’angine diphlhéritique, par le D r Schepens, de
Gand. 8
Gastrite chronique. Traduction du D r Chevalier, de
Charleroi .13
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers. 22
Les larcins de l’allopathie, par le D r Martiny .... 31
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
15* Année. MAI 1888 . N° 2.
LE BORD DE LA MER,™
par le D r Martiny .
La cure de mer (suite).
En tenant compte de ce que nous venons de dire, on
peut facilement s’expliquer un fait que bon nombre de
personnes ont pu constater comme nous. Quand on -
prolonge trop longtemps son séjour au bord de la mer et
qu’on y vit réellement de la vie de la plage, respirant
presque constamment l’air réellement marin, il n’est pas
rare de voir suryenir chez un certain nombre de sujets,
des signes de malaise dans les diverses fonctions ; on
perd rapidement ce qu’on avait gagné le premier mois,
la mer « fatigue », le sommeil n’est plus réparateur,
l’excellent appétit disparaît, il survient des souffrances
variées. D’aucuns s’imaginent volontiers que puisqu'un
mois de séjour à la plage leur, a été utile, ils doivent s'ar¬
ranger de façon à y séjourner deux ou môme trois mois :
mais ils s’aperçoivent bientôt des inconvénients d’un
séjour prolongé. On ne peut raisonner au sujet de l’air
marin comme à propos de l’air de la campagne ; celui-ci
est un air pur, un vrai aliment tout à fait dépourvu de
substances médicamenteuses, tandis que l’air marin con¬
tient des remèdes, sous une forme finement divisée, par
conséquent très actifs ; l’air de la campagne et, jusqu’à
(1) Voir les deux volumes précédents.
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— 34 —
un certain point, l’air qui circule à une distance de quel¬
ques centaines de mètres de la côte est un air pur qu’on
peut absorber impunément, tandis que l’air marin, l’air
de la plage et de la digue, renferme des remèdes. Cer¬
taines organisations s’y habituent comme d’autres s’habi¬
tuent, sans en ressentir des effets nuisibles, au tabac, au
café fort, aux liqueurs ; d’autres au contraire ne peuvent
en continuer l’usage sans que l’organisme se révolte.
Quoique nous reviendrons encore sur ce fait, disons dès
maintenant qu’il y a pourtant une catégorie assez nom¬
breuse de sujets qui peuvent séjourner fort longtemps à
la mer et en éprouver des effets de plus en plus bienfai¬
sants ; ce sont les sujets atteints d’un de ces vices consti¬
tutionnels contre lesquels les médicaments marins sont
efficaces, par exemple certaines manifestations de la
scrofulose et même de la tuberculose; de pareils sujets
peuvent rester avantageusement des mois et des mois
sur la plage; ils absorbent journellement le remède
qui leur convient et tant qu’ils ne sont pas guéris le
séjour de la plage leur est salutaire ; pourtant la satu¬
ration arrive plus tôt qu’on ne le croit communément.
C’est précisément chez ces personnes qui ont séjourné
troplongtempssurla plage ou qui ont pris tropde bains, ou
des bains dans de mauvaises conditions, que nous avons
constaté à leur retour des effets, plus ou moins
nuisibles, de vrais symptômes d’intoxication maritime.
On prend, nous le répétons encore, trop peu de précau¬
tions, on se laisse trop aller à cette espèce d’excitation
agréable, mais souvent trompeuse, du bord de la mer ; on
y va pour s’amuser plutôt que dans un but d’hygiène et de
santé ; bon nombre de personnes y vont troubler leurs
fonctions et n’en retirent aucun bon effet ; qu’on ne le
perde pas de vue, le séjour à la mer est une cure, une
cure sérieuse, que l’on fait sans s’en douter, même en
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— 35 —
s’abstenant de bains; bien dirigée, bien comprise, cette
cure peut être un véritable exercice hygiénique, qui
retrempe les personnes bien portantes et double leurs
forces; un grand nombre de malades, de presque toutes
les catégories, même ceux qui souffrent du cœur et du
foie, peuvent y retrouver la santé ; la médication mari¬
time offre de précieuses ressources ; les moyens qu’elle
met à la disposition du médecin et du malade sont très
variés : tantôt puissants et complexes, tantôt doux et sim¬
ples. Elle résume en elle l’action de la plupart des eaux
minérales, elle a l’air pur et vif comme celui des monta¬
gnes, elle offre les ressources de l’hydrothérapie,
elle est toujours accompagnée de distractions faisant
oublier les soucis et les petites misères de la vie; celles-
ci paraissent des bagatelles quand l’homme se trouve
devant le grandiose spectacle de l’océan, si beau, si varié
dans son aspect, dans son mouvement. Que de fois n’avons-
nous pas entendu des personnes nous dire sur la digue :
* Ici je ne pense plus à mes affaires, je ne lis même plus
les journaux »; cette cure se fait dans l’air le plus salubre,
exempt de miasmes et de microbes, on n’est entouré que
de personnes gaies : à la mer on ne trouve que des
visages souriants.
L’air ozonifié et dense de la mer favorise les combus¬
tions organiques, le foyer de la vie est plus ardent et
demande par conséquent plus d’aliments, plusde combus¬
tibles ; des matériaux mal élaborés qui encombraient les
organes y sont mis en mouvement, brûlés et chassés de
l’économie par les divers émonctoires, la peau d’abord,
que la vie de la plage fouette constamment, les urines
qui sont plus chargées des débris de cette vive combus¬
tion, etc. ; ainsi s’explique ce grand bien-être que tant
de monde éprouve à la digue, de là cette espèce d’at¬
traction que la mer exerce pour ceux qui la connais-
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— 36 —
sent, de là cette vogue croissante des villes de nos côtes,
vogue qui s’accentuerait bien plus encore si l’on savait
mieux se comporter, si l’on prenait plus de précautions,
au début surtout, pour habituer peu à peu l’organisme
à tous les chocs bienfaisants que le traitement marin va
lui donner.
Nous ne connaissons pas de malades, ni de maladies
qui ne puissent être favorablement influencés par la médi¬
cation marine bien dirigée.
Aussi comprenons-nous cette espèce d’enthousiasme
lyrique de certains médecins lorsqu’ils parlent de la mer
et de ses guérisons miraculeuses ; écoutez le professeur
Burgraeve (1) :
« On doit considérer la mer comme la source de la
vie.
« Si vous voulez retremper vos forces allez au bord de
la mer.
« Tendres mères, si vous voulez que vos enfants rede¬
viennent vigoureux, de malingres qu’ils deviennent dans
nos villes encombrées,faites leur respirer le plus souvent
possible l’air salubre de la côte.
« Aux poitrinaires donnons l’air de la mer qui seul
peut encore les sauver tandis que l’air des plateaux élevés
les tuerait infailliblement (2).
« Que ceux dont les travaux de l’esprit ont épuisé
l’énergie physique et morale aillent demander à la mer
une énergie nouvelle.
« Oui, allons à la mer le plus souvent que nous pour¬
rons et restons-y le plus longtemps possible, car la
SANTÉ n’est QUE LA. »
(1) A la mer, ou conseils pour la santé, par le professeur Burgraeve.
Paris 1877.
(2) Aujourd'hui, pourtant, la plupart des médecins disent que c'est
dans les stations élevées qu'il faut envoyer les poitrinaires.
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— 37 —
Tous les auteurs qui ont traité le sujet ne sont pas
précisément aussi enthousiastes ; néanmoinsla même note
domine dans presque tous les articles qui traitent de la
cure maritime; les études sur le traitement marin ont été
faites pour la plupart par des médecins habitant les plages
elles-mêmes ; ils ont tenu des notes, rédigé des observa¬
tions, dressé des statistiques et ils ne constatent pour
ainsi dire que des guérisons ou au moins des améliora¬
tions; malheureusement les malades, une fois partis du
bord de la mer, sont perdus de vue et les effets consécutifs,
les seuls qui sont réels et durables ne sont pas connus;
c’est aux médecins praticiens des villes de l’intériei^r
qu'incombe le devoir de compléter ceÿ observations, et
d’interroger leurs clients quelque temps après leur retour
du bord de la mer, et ils seront, comme nous, loin de par¬
tager l’optimisme absolu de presque tous les auteurs ; à
côté des cures quasi miraculeuses, des améliorations,
nous avons constaté parfois des aggravations dans l’état
de santé de nos clients : c’est une mère de famille qui
nous avoue qu’un de ses enfants y est devenu plus ner¬
veux, qu’un autre en est maigri; c’est un goutteux qui
voit ses accès devenir plus violents, plus longs, plus
irréguliers, c’est un rhumatisé qui souffre beaucoup plus
qu’auparavant, c’est un autre qui y a gagné des névral¬
gies, des migraines, un catarrhe de l’estomac, un engor¬
gement du foie, mais, hâtons-nous de le dire, presque
toujours ces sortes d’aggravations sont dues à une
mauvaise façon de vivre, à un manque de précautions et
surtout un manque de direction médicale pendant la cure.
Que de fois n’avons-nous pas envoyé à la mer des per¬
sonnes qui ne suivaient notre conseil qu’avec une arrière-
pensée parce qu’une première cure faite l’année précédente
leur avait peu réussi. Mais nous avions soin de leur
tracer une ligne de conduite; et presque toujours, giâce
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— 38 —
à nos indications, la seconde cure donnait des résultats
très satisfaisants ; nous avons souvenir notamment d’un
cardiaque que nous avons presque forcé d’aller à Blan-
kenberghe, seulement au lieu de lui permettre de se loger
sur la digue, nous lui avons recommandé de s’établir dans
l’intérieur de la ville, de ne séjourner que deux heures par
jour sur la plage, d’aller se promener à la campagne lors
des grands vents; son régime avait été scrupuleusement
détaillé; dès lors sa nutrition qui était souffrante et déla¬
brée s’est notablement améliorée et le séjour à la mer,qui
lui avait été quasi funeste l’année auparavant, lui a
donné un regain de vie et de santé.
Nous ne saurions trop le répéter, la médication marine
est la plus puissante, la plus variée de toutes les médica¬
tions balnéaires ; elle peut non seulement fortifier les
affaiblis, mais améliorer, sinon guérir, presque toutes les
maladies et tous les malades, mais elle doit être bien
appliquée et elle exige une direction sage faite par un
médecin expérimenté.
(A continuer.) * D r Martiny.
GASTRITE CHRONIQUE, 11 ’
d'après le rapport et les discussions du Congrès médical de Berlin, par
le D r Gisevius, de Berlin. Traduction du D r Chevalier, de Charleroi.
Chelidonium majus. —Dans le cas de goutte et de dyscra-
sies qui se montrent sous forme d’exanthèmes chroniques, de
tumeurs hémorrhoïdales, de rhumatismes chroniques, et sont
liés avec une gastrite chronique ou en sont la cause, nous
recommandons ce remède ; il s’est encore montré très salu¬
taire dans les gastrites liées à la malaria ou aux affections du
foie, caractérisées par une abondante sécrétion de bile ; le
(i) Suite, voir vol. précédent, p. 13.
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plus souvent il y a en même temps uns diarrhée blanchâtre
blanc-jaunâtre, couleur d’argile, au lieu de selles bilieuses : le
goût est amer, bilieux et il y a des vomissements de bile.
China. — La gastrite existe depuis longtemps, mats les
douleurs ne sont pas très fortes, s'irradient jusque dans le dos
et se calment par la compression sur le dos ou l'épigastre.
Faiblesse d’estomac avec sensation de plénitude, surtout chez
les femmes qui allaitent, perte d’énergie, faiblesse ; après des
pertes de sang, dans la convalescence de maladies graves où
rassimilalion ne se fait pas et où les malades ne peuvent se
relever. Chez les personnes soumises à des émanations atmos¬
phériques ou telluriques de mauvaise nature, chez celles qui
par leurs travaux doivent respirer des odeurs malsaines, et peu
d'air frais, qui sont frileuses et très sensibles aux courants-
d'air, il se développe souvent une gastrite, curable par china
et caractérisée par un goût fade, aigre ou amer des aliments ;
langue fortement chargée ; anorexie, ou très faible appétit;
après le repas, renvois sans goût ou amers, pyrosis, même
vomissements alimentaires ; beaucoup de gaz avec constipa¬
tion, on bien borborygmes avec une selle très liquide et ren¬
fermant des aliments non digérés; mélancolie ou caractère
emporté; penchant à se coucher, peutse reposer étant couché,
mais sans sommeil, ou un sommeil interrompu.
Enfin china se donne aux buveurs qui ont le teint ictérique.
Lycopodium .— Dans les gastrites chroniques tenaces,sur¬
tout quand elles compliquent des maladies de la rate, du foie
ou des reins, qui ont altéré beaucoup la nutrition, ont occa¬
sionné un grand amaigrissement, avec un teint pâle ou ver¬
dâtre, dégoût pour la viande, grande avidité des douceurs;
saveur amère en bouche, sensation de compression de l'esto¬
mac jusqu'au gosier et dans le dos, douleur au creux épigas¬
trique provoquée par la compression, les hypochondres sont
serrés comme dans un cerceau, au point que les malades
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— 40 —
doivent desserrer leurs habillements; état flatulent, constipa¬
tion opiniâtre.
Natrummuriaticum .—Le goût est salé, fade ou bien nul,
ainsi que l’odorat qui est affaibli; les glaires sont sécrétées
en grande quantité et sont d'un aspect vitreux ; les ali¬
ments acides, le pain, la graisse, le lait occasionnent ou
aggravent la maladie; dégoût des aliments qu’on a cependant
toujours aimés; parfois faim canine avec sentiment de satiété
après la première bouchée; grande soif, incommode; envie de
vomir, renvois inodores, pyrosis, nausées, poids à l’estomac,
gonflement de la région épigastrique avec battements, cons¬
tipation. Grande nonchalance des malades ; tendance au
sommeil pendant le jour et insomnie la nuit .
Nux vomica . — Sensation sourde de poids à Testomac,
douleurs crampoïdes, qui rayonnent jusque dans le dos et se
calment en se penchant en avant , en se pelotonnant ou en
appliquant quelque chose de chaud sur la région stoma¬
cale ; langue belle et très peu chargée, avec irritation de la
bouche, anorexie, goût amer ou aigre; grande acidification
produite par la digestion difficile des substances amylacées
leur transformation en beurre et acide lactique, ainsi que d j >
spiritueux en acide acétique; de là, sentiment de feu dans
l'estomac, renvois aigres,pyrosis, nausées et vomisisements ;
ces derniers arrivent ordinairement le matin (vomitus matu-
tinus), tympanite de restomac, gonflement du ventre, de là
ructus et flatus, soulagés par les selles. Grande difficulté de
digestion, obstruction, ou selles douloureuses, petites, mar-
ronnées; même dans les cas où l’on a abusé des purgatifs très
énergiques, le nux vomica produit son action, alors que déjà
des modifications sont survenues dans la texture des parois de
restomac; les douleurs augmentent le matin et en plein air.
Céphalalgie frontale et lourdeur de tête, avec vertiges ,
humeur colérique, surtout pendant la digestion; la vie séden-
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— 41 —
taire, le surmenage intellectuel, les grands chagrins, l’abus
du café, du tabac, l'existence des hémorrhoïdes soqt autant
d’indications pour le nux vomica.
Phosphorus .—Gasiritede longue durée, langue blanche et
sèche, goût dominant amer ou aigre, soif très intense ; ano¬
rexie, ou faim canine , sentiment de satiété après avoir
mangé une petite quantité; sentiment de vide dans l'estomac
avec de fréquents renvois qui soulagent; brûlant à l'estomac,
douleurs, qui, comme la faim, sont soulagées par un peu d’ali¬
ments mais pour peu de temps ; ordinairement les douleurs
sont très fortes, accompagnées de renvois, de nausées, même
déjà pendant le repas.
Le gonflement et la plénitude de l’estomac à l’épi- et à
l'hypcgastre durent des heures, jusqu’à la fin de le diges¬
tion, et obligent les malades à desserrer leurs vêtements.
Epigastre très sensible à la pression, les douleurs s'irradient
jusque dans le dos ; battements au creux épigastrique, tyrn-
panite de l’abd< mon, borborygmes, selles nombreuses et
indolores, suivies parfois de défaillances, ainsi que de fai¬
blesse. On prescrit le phosphore, chez les personnes, qui,
par suite d'une nourriture peu convenable ou trop faible (1),
(où le pain ranci joue le plus grand rôle) sont atteintes
d'anémie, de maigreur et de caducité ; ou encore chez
(1) Notre collègue, Windelband, publie ce qui suit à propos du
phosphore : Depuis plusieurs années, il m'a été donné de trouver un
grand nombre d'applications de ce remède dans les environs de Berlin,
chez des paysans, la plupart pauvres, des journaliers, des forains ou
petits fermiers, qui, exposés aux intempéries, accablés de lourds travaux,
et n’ayant pour toute nourriture que du mauvais pain noir et des pommes
de terre, sont atteints de cachexie avec tous les symptômes de gastrite
chronique, où le phosphore a remporté d’éclatants succès. Je pourrais
citer des centaines de cas de guérisons inscrites dans mes carnets, et
même de nombreuses observations, où on avait soupçonné une phtisie
commençante à cause du catarrhe bronchique qui se montre chronique¬
ment chez ces cachectiques.
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— 42 -
celles qui, par suite de l'onanisme, de pollutions ou d’excès
vénériens, présentent un abattement du corps et de l’esprit,
des vertiges, des taches noires devant les yeux avec une
grande faiblesse de l’estomac. Le phosphore est égale¬
ment indiqué dans les gastrites très anciennes, où la phy¬
sionomie n’indique rien, mais où la durée de la maladie, la
décomposition toujours anormale des aliments, qui se signale
par des renvois continuels, et l’expuition des pituites, par
un pyrosis des plus brûlants, etc., jusqu’à amener une
hypertrophie de la muqueuse stomacale, un rétrécissement
de l’estomac avec érosions et ulcérations des parois.
Pulsatilla. — Langue glaireuse , la bouche remplie de
glaires , evpuition de grosses glaires , goût pâteux, fade,
rance, comme de la viande pourrie, ou du suif, etc. ; parfois
absence de goût et perte de Vodorat ; anorexie , nausées
fréquentes f dégoût des aliments chauds , surtout de la
viande et des choses grasses ; comme ces substances, ainsi
que les gâteaux , les fruits , les glaces , provoquent souvent
la maladie, elles irritent chaque fois qu’on les prend.
Désir des choses aigres ; Vabdomen est tympaniqux, il
y a du gargouillement et des borborygmes, qui ne se
calment pas par l’émission de vents ; parfois, il y a compli¬
cation d’entérite chronique avec de nombreuses selles
liquides , glaireuses , arrivant surtout la nuit ; sentiment
de vide dans la tête, avec vertiges et hémicranie , tendance
aux pleurs (hystérie), pâleur de la face , grande lassi¬
tude , grands frissoyis ; il faut prescrire la pulsatille , de
même dans la gastrite chronique des femmes chlorotiques ,
ainsi que dans les gastrites chroniques, dépendant de con¬
gestion veineuse y suite d’affections d’autres organes, tels
que le cœur , les poumons , surtout avec palpitations car¬
diaques ; mais dans ces cas, c’est comme remède intercurrent.
Sepia. — Langue blanche, goût doux, aigre ou pâteux,
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- 43 —
haleine forte ; expectoration le matin de glaires visqueuses,
qui collent au palais, et occasionnent des vomissements,
elles s’étirent comme de la colle et demandent beaucoup
d efforts pour être évacuées. — Peu d’appétit, la nourriture
goûte cependant assez; d’autres fois boulimie .même voracité
pour des aliments particuliers ou épicés \ soif légère, quel¬
quefois très forte, sensation de poids ou de gonflement à
l’estomac, porté au point de combler le creux du scrobi -
cule cordis ; pyrosis très accentué remontant le long de
Fœsaphage\YQXwo\$ pénibles; aigres, nidoreux, spasmes de
la gorge, étranglements et vomissements aigres ; gonflement
du bas-ventre , ténesme anal , constipation, selles dures ;
exacerbation de ces symptômes après le repas, pendant la
digestion , avec sentiment de grande faiblesse. Parfois de
l’anxiété, avec de courts vertiges, en marchant ou en s’éle¬
vant de chaise, douleurs et abasourdissement de la tête.
Sul/ur Mêmes symptômes que pour nux vomica , mais
plus accentués, dans les gastrites de longue durée, avec
digestion laborieuse, et stase dans le système de la veine-
porte, chez les hémorrhoïdaires et les hypochondriaques,
avec douleur à l’estomac par suite de congestion de cet or¬
gane, et la gêne de la circulation sanguine dans l’abdomen
pendant la digestion ; douleurs de reins et ténesme à cause
de la constipation habituelle ; chez ceux qui ont abusé des
purgatifs et des mercuriaux, qui sont atteints de dartres ou
d’autres affections scrofuleuses. Le sul/ur est recommandé
contre les vomissements chroniques, contre les aigreurs, les
glaires, contre lepaississement des parois stomacales; contre
la perte d’appétit dans la convalescence avec constipation
opiniâtre (1).
(I) Le D r Tràger fait la remarque que l'on trouve souvent des sarcines
dans les vomissements chroniques ; il engage ses confrères à examiner
ce» derniers au microscope, et leur assure une guérison certaine de ces
v omi s se ments par sul/ur. si l'on y a découvert des traces de sarcines.
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— 44 —
Parmi les autres médicaments, on prescrira :
Ammonium muriaticum. — Quand il y a aversion pour
les aliments, en même temps que sensation de vide, de faim
et de plénitude à l’estomac, avec grande quantité de gaz
dans l’abdomen, qui disparaissent par les selles.
Cina. — Chez les enfants très anémiques, perte d'appétit,
alternant avec une faim canine, selles dures avec ou sans
vers ; les enfants changent souvent de couleur dans la
figure et cela sam came connue.
%
Cocculus . — Dégoût formel des aliments et des bois¬
sons, nausées jusqu’à la défaillance, surtout en voiture ;
douleurs crampoïdes à l’estomac, immédiatement après le
repas, grande quantité de gaz , renvois, gonflement du
ventre et torture produite par les flatuosités (coliques).
Ferrum aceticum. — Goût dominant de terre ou de
pourriture, vomissements sans pesanteur à l’estomac, après
avoir pris peu de nourriture, selles diarrhéiques, nausées ;
surtout chez les personnes anémiques.
Hydrastis canadensis. — Catarrhe durant depuis long¬
temps, avec douleur sourde à l’estomac, sensation de défail¬
lance, vomissements acides, qui émoussent les dents, consti¬
pation; soupçon de carcinome.
Ipecacuanha — Médicament supérieur dans les cas de
langue chargée, blanche ou jaune, goût pâteux, dégoût des
aliments et des boissons, même du tabac, dont on usait tous
les jours, malaise provenant dun froid ou de surcharge de
Vestomac, vomissements d'aliments non iigèrès, ainsi que
diarrhée., avec coliques dans le bas-ventre, surtout quand ces
symptômes reviennent tous les jours ou tous les deux jours
à heure fixe. L’ ipéca s'emploie souvent dans les cas de gas¬
trite aiguë.
lgnatia. — Gastrite chronique chez des personnes hysté -
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- 45 —
riques , et surtout quand des inquiétude * ou des affections
tristes en sont la cause.
Kali carbonicum . — Surtout dans le cas de pyrosis, avec
douleurs réflexes dans le pleocus thoracicus sive pectoralis,
— plaintes continuelles de douleurs à la poitrine avec
catarrhe chronique à l’estomac ; — il est également indiqué
quand il y a grande acidification des urines.
Traduction du D<* Chevalier.
L’HOMŒOPATHIE N EST PIS U DOSIMETRIE,
par le D r L. de H. — Traduction du D r Wuillot, de Malines.
Un article de la Revista de Medicina Dosimetrica , du n° 108 de
mars dernier, ayant pour titre : Homœopathie, Dosimétrie et
Allopathie, et signé Louis Marco, nous inspire les réflexions
suivantes :
Nous nous serions occupé plus tôt de ce sujet si labondance
des matières ne nous en eût empêché, mais comme dit le pro¬
verbe : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire. » Nous en
sommes même d’autant plus heureux que les numéros 108 et
101) de la susdite Revue , nous fournissent l’occasion de démon¬
trer, à laide des faits cliniques qu’ils rapportent, l’exactitude
des principes fondamentaux de l’école homœopathique.
Le D r Marco cherche à démontrer, dans l’article en question,
que l’homœopathie et la dosimétrie sont deux choses complè¬
tement différentes, d’autant plus que la dosimétrie et l’allopa¬
thie sont de la même famille et que celle-là peut être appelée
l’allopathie de l’avenir (comme si nous disions musique de
Wagner).
Nous sommes parfaitement d’accord avec ces appréciations
générales de l’article susdit, et non seulement nous appuyons
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— 46 —
l’idée que l’homœopathie est l’antithèse de la dosimétrie, mais
nous regretterions qu’il pût y avoir confusion entre elles.
Il est bien entendu que nous mettons toute personnalité à
part, car nous sommes convaincu que nos collègues qui ont
recours à la dosimétrie pour traiter leurs malades sont de très
bonne foi, mais nous pensons qu’ils sont dans l'erreur, comme
ceux qui, du premier au dernier, patronnent la doctrine et la
pratique allopathique. Cependant, en combattant la dosimétrie
nous devons aussi signaler les idées qu’elle a empruntées direc¬
tement aux principes philosophiques et pratiques de notre
école.
Il est certain que des différences très grandes nous séparent
de cette école, et non moins évident qu’elle n’est point l’allopa¬
thie de l’avenir mais la transition des erreurs allopathiques aux
vérités scientifiques homœopathiques. Comme cette proposition
peut sembler prétentieuse et inspirée par un amour exagéré
pour nos idées, nous croyons de notre devoir de signaler les
points de contact qui, le temps aidant, finiront par fondre toutes
les opinions dissidentes et former la seule doctrine de la véri¬
table science médicale.
Faisons abstraction des formes externes que revêt la dosimé¬
trie sur le terrain delà pratique, car si elle a emprunté la forme
globulaire avec ses granules, l’allopathie l’a imitée avec beau¬
coup de préparations distraites de la médecine homœopathi-
que ; cela ne signifie rien et ne saurait atteindre les bases
fondamentales qui dirigent l’une ou l’autre pratique.
Le globule homœopathique représente, comme le granule ,
l’unité posologique, car chaque globule en homœopathie est
l’expression indubitable d’un seul et unique médicament, aussi
pondérable que peut l’être un granule, car on sait la quantité de
médicament qu’il contient, et cela se déduit du calcul mathé¬
matique. En effet, la proportion de substance active qui entre
dans la composition de la teinture-mère étant connue, il est
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certain que nous connaissons celle qui entre dans une dilution
plus élevée, préparée conformément aux préceptes de la poso¬
logie homœopathique.
Nous ne connaissons pas seulement de cette manière, l’exis¬
tence de la substance active dans le globule homœopathique,
mais on l’apprécie encore par la vue, au moyen d’appareils
sensibles comme le spectrographe qui la décèle jusqu’à la
30® dilution, ce qui prouve que l’impondérabilité d’une sub¬
stance ne signifie pas qu’elle manque absolument du poids. Cela
résulte de ce que la science physique n’est pas suffisamment per¬
fectionnée pour nous permettre de fixer les corps très divisés,
et nous sommes moins coupable qu’elle.
Le principe de l’unité du médicament est si important en
homœopathie qu’il contribue à édifier ses principes fondamen¬
taux. Elle a été la première à signaler ce mode de pratique,
fondé sur l’expérimentation pure, le seul qui puisse servir de
base fixe pour connaître les actions médicinales dans l’état
physiologique. À qui, sinon à l’iiomœopathie, doit-on l’étude et
la connaissance détaillée des actions physiologiques des médi¬
caments? Avant elle, avait-on pensé à autre chose qu’à recueillir
les actions thérapeutiques par les effets des remèdes empiri¬
quement employés chez l’homme malade ? Et si, plus tard, on fit
l'étude physiologique de ces actions au point de vue allopathi¬
que, elle fut si incomplète et si variable que le plus grand nom¬
bre des effets médicamenteux passèrent inaperçus ou ne reçurent
point le rang d’importance auquel ils avaient droit. En consé¬
quence l’unité de médication est un principe qui, par le fait et
par droit de priorité, appartient de toute propriété à l’homœo-
pathie, et il est à remarquer qu’aujourd’hui cette façon d’em¬
ployer les agents curatifs entre comme base des opinions
dosimétriques, et s’est même étendue aux procédés allopathiques.
Qui n’a remarqué l’immense différence qui existe entre les pres¬
criptions allopathiques modernes, si simples dans leurs for-
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— 48 —
mules, qui comprennent seulement un médicament, et les
anciennes recettes, qui, sous une même rubrique, réunissaient
huit, dix et plus de substances actives sous prétexte d’aider, de
corriger ou de dissoudre le médicament principal ; mais ces
prétextes n’empêchaient pas ces substances de produire cha¬
cune, à l’intérieur de l’organisme, ses effets propres et spéciaux,
physiologiques et thérapeutiques, forts différents entre eux.
Que le globule homœopathique soit homogène, de saveur
lactée, pure et incolore, comme le dit dans son article le
Dr Marco pour le différencier du granule dosimétrique qui est
hétérogène, constitué d’un noyau de sucre, d’une couche de
substance active et d’un revêtement de sucre, c’est exact ; nous
n’aurions rien à objecter au sujet de la différence qu’il établit,
si elle ne renfermait l'idée de présenter le globule homœopa¬
thique comme dépourvu de toute substance active dans sa
masse.
Le globule homœopathique contient évidemment une sub¬
stance médicinale en quantité plus ou moins grande, puisque
depuis l’imbibition du globule avec la teinture-mère d’une sub¬
stance, jusqu’à une dilution au-dessus de la 30 e , il est possible
de prouver sa présence au moyen des yeux ou d’appareils très
sensibles suivant le degré des doses.
Jamais l’homœopathie ne détermine à priori la quantité du
globule nécessaire à un cas donné, de même que la dosimétrie
fixe la dose de ses granules à postmori. Nous sommes dans les
mêmes conditions, seulement la dosimétrie emploie des sub-
stancesqui sont des épées-à deux tranchants qui peu vent aggraver
ou soulager suivant la somme d’action qu’ils développent et qui
exigent beaucoup de prudence et de vigilance pour ne pas pro¬
voquer une intoxication grave ou mortelle. Si l’homœopathie
détermine à posteriori la dose du médicament (et nous enten¬
dons par dose non le nombre de globules, mais la dilution
de la substance), ce n’est pas qu’elle craigne l’intoxication qui
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— 49 —
pourrait se produire avec les granules dosimétriques, mais parce
que la réceptivité et la susceptibilité individuelles étant variables,
chacune aura besoin d’une dilution déterminée d’un médica¬
ment donné pour en être impressionné au même degré.
Il résulte de ceci que la différence ne réside pas dans la déter¬
mination à priori du nombre de globules, puisque celle-ci se
fait à posteriori toujours et dans chaque cas, l’essentiel est
la dilution appropriée, qui, pour cette raison, s’appelle dose
appropriée. La différence capitale entre la dosimétrie et l’ho-
mœopathie tient à la manière dont s’établit le choix des remè¬
des et qui, heureusement pour nous, est entièrement dissembla¬
ble de celle de la dosimétrie, puisqu’elle repose sur le similia
similibus et l’autre, comme lallopathie, sur la contraria con -
trariis .
Malgré cette différence essentielle il en est de la dosimétrie
comme de l’allopathie, chose bien naturelle puisqu’elles appar¬
tiennent à la même famille, elles empruntent à l’hoihœopathie
des médicaments actifs, mais tandis que celle-ci possède pour
chacun d eux une échelle graduée impressionnabilité, indi -
viduelle pour ainsi dire, qui permet d’approprier la dose à
chaque cas sans produire d’accident, la dosimétrie et l’allopa*
thie sont confondues l’une et l’autre dans la funeste préoccupa¬
tion de chercher à fixer des limites à la nature, comme s’il était
donné à l’homme, dans l’état actuel de nos connaissances, de
pouvoir dire : tu iras jusqu'ici dans tes phénomènes, sans
dépasser d'une ligne . Vaine prétention que l’expérience con¬
tredit chaque jour !
La dosimétrie loue excessivement les grands, les magnifiques
résultats que la colchicine a donnés dans le traitement de la
goutte et du rhumatisme, comme le démontrent les observations
publiées récemment dans son journal ; mais dans ces cas, comme
dans beaucoup d’autres, ce n’est point la loi du contraria con -
trariis qui a déterminé le choix du remède et il serait difficile
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- 50 —
de donner une explication satisfaisante des effets curatifs.
La dosimétrie se torture l’esprit et regarde dans toutes les
directions pour tâcher de découvrir l’origine de ces effets sur¬
prenants de la colchicine dans l’organisme rhumatismal ou gout¬
teux, et l’explication lui convient, quelle quelle soit, du moment
où elle ne conduit pas directement à la démonstration de la loi
des semblables. Il doit résulter de cela qu’après avoir cherché,
examiné minutieusement, imaginé et forgé une explication qui
satisfasse son entendement, elle reste dans l’incertitude et finit
par dire je ne sais pourquoi elle produit ces effets. Le résultat est
si favorable à la colchicine qu'il nous semble y avoir en elle
quelque propriété spéciale qui lui confère les vertus que nous lui
reconnaissons comme agent antirhumatismal. (Page 114 de la
Revue dosimétrique , n° 109.)
En somme, il ressort de cette explication que la colchicine
agit dans le rhumatisme, en dosimétrie, par des propriétés que
cette école même lui reconnaît.
En d’autres termes plus clairs et plus précis nous pouvons
dire, avec l’assurance que donne la science positive aux faits
qu’elle instruit,que l’indication que le colchique couvre en dosi¬
métrie est, inconsciemment pour elle, de Phomœopathie pure.
Quiconque parcourra le manuel le plus élémentaire de matière
médicale homœopathique à l’article des effets purs du colchicum
sur l’organisme sain, ne manquera pas de remarquer les carac¬
tères de certaines formes rhumatismales contre lesquelles ce
médicament est d’une incontestable utilité.
Que l’on compare les cas cliniques que cite le journal dosi¬
métrique, comme preuves des succès obtenus par la colchicine ,
avec la pathogénésie du colchicum d’où on retire cet alcaloïde,
et on pourra acquérir de cette façon une explication naturelle
et expérimentale de ses effets. L’intelligence sera ainsi abritée
sous le pavillon scientifique et positif, toujours dressé, de la loi
des semblables.
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- 51 —
Que dit la clinique dosimétrique par rapport aux cas dt,
goutte et de rhumatisme guéris avec cet agent médicinal ? Elle
cite les observations suivantes :
1° Un homme de 30 ans, d’une constitution régulière, d’un
tempérament mixte, éprouvait depuis 15 ans à l’épaule gauche
une douleur supportable quand le membre était immobile, mais
extrêmement violente quand il voulait le mouvoir ; il la ressen¬
tait également la nuit quand il restait quelque temps sur le côté
gauche, ou cherchait à changer de côté.
2° Un autre de 45 ans souffrait annuellement d’une attaque
de goutte, dans l’un ou les deux pieds, qui durait de 10 à
15 jours.
3° Un sujet affecté de diverses souffrances qui devaient être
plus ou moins liées au rhumatisme ; il ressentait depuis l’âge
de huit ans de violentes douleurs dans les deux pieds avec
inflammation en différents endroits, surtout à la région plan¬
taire des gros orteils. Inappétence, constipation et nuits insup¬
portables. Pas de fièvre, mais pouls débile, comme résultat de
l’hyposthénie des souffrances antérieures, de la diète et des
douleurs des derniers jours ;
4° Une dame de 54 ans, de bonne constitution, souffrant
depuis neuf ans tous les hivers d’attaques de rhumatisme qui
la tenaient au lit trois à quatre mois et se manifestaient par la
tuméfaction des extrémités thoraciques et abdominales, des
douleurs aiguës qui rendaient les mouvements impossibles, ano¬
rexie, langue saburrale, urines rares, foncées et à sédiment
briqueté, insomnie opiniâtre.
Que dit la matière médicale homœopathique pure relative¬
ment aux symptômes que produit le colchicum chez l’homme
sain ? Elle dit en résumé ce qui suit :
1° Symptômes généraux: Douleur déchirante, rhumatismale
et arthritique dans les membres et d’autres parties du corps,
surtout par un temps chaud. Elancements dans les articula-
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lions. Douleurs accompagnées de débilité paralytique et de
paralysie réelle. Exacerbation des symptômes depuis la chute
du jour jusqu’à son lever. Faiblesse générale, et, comme consé¬
quence, sensibilité douloureuse de tout le corps, au point de ne
pouvoir se remuer sans éprouver une douleur à faire crier.
2° Fièvre .—Fièvre rhumatismale avec courbature doulou¬
reuse des articulations des mains et des pieds, douleurs dans les
épaules, les hanches et les reins.
3° Sommeil . — Insomnie par surexcitation nerveuse,
4° Estomac . — Nausées. Vomissements alimentaires. Estomac
très sensible au toucher.
5° Ventre. — Pression extérieure à la partie supérieure du
ventre. Coliques avec douleurs déchirantes.
6° Evacuations . — Diarrhée dysentérique de mucosités
blanchâtres.
7° Urines. — Emission peu abondante d’urine foncée, avec
ténesme et sentiment d'ardeur. Sédiment blanchâtre dans
Purine.
6° Tronc. — Tension lancinante entre les omoplates. Dou¬
leurs d’excoriation dans les reins durant le mouvement.
9° Bras. — Dilacération dans les bras, les mains et les
doigts. Contraction crampoïde dans les doigts.Engourdissement
à la pointe des doigts.
10° Jambes. — Dilacération dans les jambes, les pieds et les
phalanges des orteils. Tuméfaction des jambes. Fourmillement
dans les phalanges des orteils comme lorsqu’ils se gèlent.
Il suffira de ces quelques indications pour comprendre que les
cas cliniques que la dosimétrie nous renseigne comme guéris
par la colchicine , présentent la plus grande analogie avec l'action
de colchicum sur l’homme sain, et que cette école a dû se laisser
guider par nos propres principes pour recourir à ce remède
dans certaines formes de goutte et de rhumatisme.
Les faits donneraient lieu à bien d’autres considérations si
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nous ne craignions de nous étendre trop, telles que les classes
et les formes de rhumatismes dans lesquelles convient ce médi¬
cament ; mais nous dirons pourtant que la colchicine , pas plus
que le colchique ne réussira toujours dans toutes les souf¬
frances rhumatismales et arthritiques. Sa sphère d’action se
trouve limitée par ses effets généraux, qui, à notre avis,
se rapportent spécialement aux rhumatismes et arthrites de
forme aiguë, se développant surtout chez les personnes de
tempérament quelque peu lymphatique, à la suite de l’im¬
pression du froid humide, et caractérisés par des douleurs déchi¬
rantes, tensives et fourmillantes qui provoquent des secousses
violentes et déterminent un certain état de lassitude, analogue
à de la faiblesse paralytique, qui s’étend de bas en haut ; ou
bien des douleurs articulaires lancinantes qui s’aggravent le
soir et surtout par le mouvement.
Il résulte de ce que vient d’être dit, que Thomceopathie
est l’école médicale la plus positive et la mieux fondée sur la
raison et l’expérience; que la dosimétrie y a puisé la base de sa
doctrine, quant à l'unité de médication ; que là où elle obtient
ses succès les plus brillants et ne trouve pas les raisons qui les
expliquent, il y a lieu de les rapporter à riiomœopathie ;
qu’enfin la pratique dosimétrique deviendra, malgré elle, le
passage obligé de l’école traditionelle vers la rationnelle et
moderne bomœop'athie. (El crilerio medico.)
Traduction du D r Wüillot.
Nous reproduisons avec plaisir l’article suivant paru dans
VHomœopathie populaire :
LA VÉRITÉ SUR L’HOMŒOPATHIE.
Appel aux médecins de bonne volonté,
parle D 1 * P. Joussbt, professeur de Clini pie à l’Hôpital St-Jacques.
Dans deux ans,nous célébrerons le Centenaire de THomœo-
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— 54 —
pathie, et cette doctrine, qui a résisté aux attaques d’ennemis
acharnés et, il faut le dire, aux défaillances d’amis mala¬
droits, cette doctrine, qui reste debout depuis un siècle quand
tant d’autres systèmes s’écroulent autour d’elle, est encore
fort mal connue de la plupart des médecins.
Il y a trois choses qui font la gloire de Hahnemann et la
puissance de l’homœopathie. C’est l’étude expérimentale des
médicaments sur Y homme sain, la loi d’indication dont la
formule est : Similia , Similibus Curantur , c’est, enfin,
l’emploi habituel des doses non perturbatrices. En dehors de
ces trois choses, tout n’est que système, hypothèse ou erreur
dans la réforme de Hahnemann.
Or, sur quoi porte toujours la critique de nos adver¬
saires ? Sur le dynamisme et les raisons plus ou moins fantai¬
sistes qui ont été données pour expliquer l’action des doses
infinitésimales.
Comment ! on a devant soi un homme qui a assis sur l’ex¬
périmentation des médicaments et sur les indications positives
la thérapeutique moderne, et on voudrait réduire toute l’ho-
mœopathie à une simple question de globules ou de dyna¬
misme !
Hahnemann, parla réforme delà matière médicale, est le
grand initiateur de la thérapeutique moderne : il en est véri¬
tablement ]e maître et le guide.
Qui donc, avant lui, se préoccupait de l’action physiolo¬
gique des médicaments ? Ei qui, depuis lui, omet ce chapitre
dans ses études thérapeutiques ?
Non seulement Hahnemann a jeté la base d'une matière
médicale positive, mais, en prenant pour règle d’indication le
similia similibus , il a créé, pour la première fois en méde¬
cine, une thérapeutique exempte d’hypothèse. En effet, qu’en¬
seigne la réforme de Hahnemann ? Opposer à l’ensemble des
symptômes ou des lésions qui constituent une maladie, un
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— 55 —
ensemble de phénomènes produit par une substance médica¬
menteuse sur Thomme sain, sans s’occuper de la cause pro¬
chaine , toujours hypothétique, de la maladie. Par exemple,
opposer au choléra caractérisé par des évacuations par le
haut et par le bas, les crampes, le refoidissement et le
collapsus, le vérati^um qui, à doses toxiques, produit des
vomissements, des diarrhées, des crampes,du refroidissement
et le collapsus, sans se préoccuper de savoir si le choléra est
une gastro-entérite, un empoisonnement ou le produit d’un
microbe. Les symptômes et les lésions d’une maladie sont des
faits d’observation, les phénomènes produits chez l’homme
sain par des médicaments sont des phénomènes d’expé¬
rimentation ; il m’y a donc point place à l’hypothèse dans
cette thérapeutique, et nous avons eu raison de dire bien
des fois que l’homœopathie était la thérapeutique positive.
Eh bien, je dis que, devant cette grande figure de Hahne-
mann, tout médecin doit s’incliner avec respect et que cher¬
cher la petite bête devant d’aussi grandes choses, c’est se
faire tort à soi-méme.
La thérapeutique positive a été fondée par Hahnemann, et
J.-P. Tessier a fourni, sur cette doctrine, une vérification
clinique officielle que seul il était en situation de donner,
puisque seul il était médecin des hôpitaux de Paris.
La démonstration clinique faite à l’hôpital Sainte-Margue¬
rite (1) réunit toutes les conditions de certitude : démonstra¬
tion publique, faite par un homme compétent ; surveillance
d’une administration défiante ; continuation de l’expérience,
pendant trois ans, sur des centaines de malades ; expériences
- comparatives avec le traitement allopathique, appliqué par
t des médecins distingués, dans le même temps et dans le même
(1) Aujourd'hui transformé en hôpital d'enfants, sous le nom d’Hôpital Trous¬
seau.
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hôpital.Peut-on rêver une réunion de conditions plus com¬
plètes pour juger une doctrine thérapeutique?
Aussi, nous ne nous lasserons pas de reproduire cet inté¬
ressant historique.
En 1847,J.*P. Tessier,médecin de l’hôpital Sainte-Margue¬
rite, résolut de vérifier publiquement rhomœopathie ; il en
prévint ses deux collègues du même hôpital, Valleix et
Marotte. Il fut résolu, d’un commun accord, que cette véri¬
fication serait faite sur la pneumonie, et il fut convenu que
toutes les pneumonies seraient dirigées dans le service de
Tessier.
Le premier malade entra le 19 novembre 1847 et fut cou¬
ché au n° 16 de la salle Saint-Benjamin. Décrire l’anxiété de
Tessier pendant les six jours qui furent nécessaires pour ar¬
river à la convalescence serait difficile. Il revenait à l’hôpital
jusqu’à trois fois par jour; énfin, le malade guérit. Un second,
puis un troisième malade se succédèrent ; tous guérirent et
le premier cas de mort arriva le 27 mars 1848. Les observa¬
tions, au nombre de 41, furent recueillies par les internes
du service et publiées en 1850. Il y avait 38 guérisons et
3 morts.
Et pendant ce temps quelle était l’attitude des deux collè¬
gues de Tessier, Valleix et Marotte ?
Après avoir encouragé l’expérience de leur collègue, ils se
retirèrent devant le sucés inattendu de l’homœopathie et
quelques mois après, ils dénonçaient à M. Davaine, alors
directeur de l’Assistance publique, les agissements scanda¬
leux-d’un médecin qui avait eu le mérite et le courage de
croire que l’observation était la règle suprême de la théra¬
peutique. Honteuse dénonciation de la part de ses auteurs,
recours odieux au bras séculier dans une question qui ne
relevait que de la conscience médicale; mais heureuse dénon¬
ciation par ses résultats. M.Davaine, en effet, fit une enquête
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qui dura trois ans et, de cette enquête, ressortit la supério¬
rité incontestable du traitement homœopathique sur le traite¬
ment allopathique. Voici les chiffres :
Service allopathique: 3,724 entrées : 412 morts,moyenne
11,30 pour cent.
Service homœopathique : 4,663 entrées : 339 morts,
moyenne 8,55 pour cent.
En plus la durée du séjour fut beaucoup moindre dans le
service homœopathique, puisqu’il a reçu pour le même nom¬
bre de lits 939 malades déplus en trois ans.
Rien ne manque à cette démonstration.
Que lui a-t-on objecté ?
Le silence et l’espérance de la voir disparaître dans
l’oubli.
Si l’homœopathie était une question purement scientifique,
une semblable expérience l’aurait depuis longtemps résolue.
Mais les problèmes de thérapeutique se compliquent de ques¬
tions d’amour-propre et d’intérêts qui les passionnent et les
obscurcissent.
Nos adversaires ne nous pardonneront jamais nos succès de
clientèle et si Valleix et Marotte se sont abaissés jusqu’à
dénoncer J.-P. Tessier au directeur de l’Assistance publique,
je connais des médecins, à Paris, qui nous feraient traîner,
pied nus, en grève, s’ils en avaient le pouvoir.
Nous devons ajouter que l’homœopathie a beaucoup pro¬
gressé depuis cent ans. Non seulement la matière médicale a
été perfectionnée, mais la doctrine a été dégagée de ses exa¬
gérations et de ses orreurs.
Il a été établi que l'homœ )pathie n’était ni toute la méde¬
cine, ni toute la thérapeutique.
On a fait une large part aux médications accessoires :
hydrothérapie, électricité, eaux minérales, etc...
Les indications de la médication palliative, si précieuse
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— 58 -
dans le traitement des maladies incurables et dans celui du
symptôme douleur ont été fixées. La plupart des médecins
homœopathes ont déclaré bien haut que les doses infinitési¬
males ne devaient pas être exclusivement employées, que la
posologie variait avec les maladies et les médicaments et que
la clinique était la seule règle de la dose.
Nous déclarons, en outre, que l’homœopathie n’a rien d’une
secte ni d’une petite église ; qu’elle repousse avec horreur,
je ne dis pas seulement les remèdes secrets, mais même les
préparations secrètes des médicaments comme ceux de Jeni-
chen autrefois, et ceux de Mattéi aujourd’hui.
Hahnemann nous a honorés en plaçant la thérapeutique
sur des bases vraiment scientifiques, et nous considérons
comme des félons les médecins qui, par excès de naïveté, ou
pour des raisons moins avouables encore, compromettent
cette grande doctrine dans une pharmacopée mystérieuse.
De la propagation du bacille de la tuberculose,
par le D r Martiny.
Sous ce titre, nous lisons dans la Semaine médicale :
M. Cornet (de Rcichenhall). — C’est le résultat de recherches faites
pendant deux ans, dans le laboratoire de M. Koch, à Berlin, que j’ai
l’honneur de vous soumettre. Les animaux ayant servi à, ces recherches
ont été au nombre de mille environ.
La question posée était celle-ci : Où existe le bacille de la tuberculose,
en dehors des organismes ? Existe-t-il, par exemple, dans la poussière
aérienne des chambres habitées par des phtisiques, à des endroits qui ne
sont jamais souillés par les crachats ou les mains des phtisiques, qui n'ar¬
rivent jamais en contact immédiat avec les provenances de l'organisme
malade ?
Je ne puis expliquer ici tout au long la méthode à laquelle je me suis
finalement arrêté, ni indiquer toutes les précautions indispensables dont
je me suis entouré pour avoir des résultats absolument irréprochables. Ce
point de technique fera l'objet d’une prochaine publication. Mais je peux
dire que toutes ces précautions ont été rigoureusement prises.
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— 59 —
Les expériences ont été faites dans des locaux différents ; en voici les
résultats mis en regard de chaque genre d'établissements.
Vingt et une salles'(Vhôpital remplies de phtisiques: L'inoculation de la
poussière aérienne a produit la tuberculose chez la moitié des animaux.
Trois asiles d'aliénés (ces malades meurent souvent de phtisie) : La
poussière de l'un de ces asiles a été trouvée infectieuse.
Deux prisons cellulaires: Pas d'infection ; mais ce résultat est dû peut-
être à un changement de méthode.
Cinquante-trois chambres particulières habitées par des phtisiques :
Résultat positif pour la moitié.
Plusieurs salles d'hôpital habitées par divers malades ; salle de clinique
chirurgicale; auditoires de Vuniversitè , etc. : Résultat négatif, aucune
infection.
Poussière recueillie sur les murs extérieurs des maiso?ts dans treize mies
des différents quartiers de Berlin : Aucune infection.
Ma place de travail dam le laboratoire flà ouf ai disséqué des ce?itaines
de cadavres tuberculeux , pendant deux ans : Même résultat absolument
négatif. (Ce résultat prouve l'importance des moyens à notre portée pour
noua protéger contre l'infection.)
En somme: 311 poussières provenant d'endroits habités par des
phtisiques mais soustraits à l'attouchement direct, m'ont donné 59 infec¬
tions; 77 poussières d'endroits sans phtisiques n'ont donné lieu à aucune
infection.
Il est intéressant de noter que la poussière provenant de chambres
habitées par des phtisiques se servant constamment et exclusivement de
crachoirs ne m'a donné aucune infection ; la poussière infectieuse prove¬
nait toujours de chambres habitées par des phtisiques qui crachaient sur
le plancher ou dans le mouchoir. Ce fait était tellement constant que je
ûnissàis par savoir d’avance le résultat futur et que je pouvais diagno
stiquer la virulence possible ou l'innocuité certaine de la poussière d'après
les habitudes du malade. On peut tirer de cette constatation des conclusions
importantes sur la relation qui existe entre la propreté hygiénique et le
danger de la propagation du virus.
A l’occasion de ces recherches j'ai pu étudier encore deux autres points :
1° la voie prise par le bacille pour entrer dans l'organisme. Toutes mes
autopsies ont confirmé la manière de voir de M. Koch à cet égard ; n'im¬
porte le point où javais inoculé la poussière virulente, c’étaient toujours
les ganglions lymphatiques les plus voisins du point d'inoculation qui
étaient les plus ou les seuls malades ; 2° la transmission par hérédité.
Tandis que l'utérus, le placenta et tous les organes de la mère étaient viru-
lents, l'embryon ne l'était pas
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A la fin de mes recherches, j'ai fait quelques essais thérapeutiquesj'ai
cherché à procurer l'immunité aux tissus vivants, en les saturant pour
ainsi dire avec des solutions médicamentcus3s ; dans ce but, j'administrai
aux aniiqaux le maximum absolu inapplicable à l'homme. J’ai essayé de
cette manière le tanin, l'acétate de plomb, l'infusion d'ail (par le rectum),
la pinquine, l'hydrate de soufre, le menthol, le sublimé (par voie hypoder¬
mique, avant l'infection par inhalation ; — plusieurs animaux mouraient
intoxiqués par le sublimé, mais tous étaient tuberculeux), la créoline, la
créosote (avant et après l'infection), — tous sans aucun résultat. Il est
vrai que l'on ne peut pas directement appliquer ces résultats à l'homme ;
mais l'impossibilité de conférer de cette manière l'immunité aux tissus
organiques me paraît démontrée.
Avouez que ces essais thérapeutiques sont peu consolants ;
malgré les doses énormes administrées, il n’y a pas eu de résul¬
tats; tous les médicaments préconisés par l’école allopathique
dans la phtisie n’ont rien produit. À quoi aura servi aux nom¬
breux tuberculeux la découverte du bacille de la tuberculose ?
Pour guérir la tuberculose il faut,l’expérience l’a prouvé, mettre
l’organisme dans les meilleures conditions de nutrition ; c est le
résultat qu’on obtient habituellement par un traitement homœo-
pathique bien approprié avec des doses atténuées, mais ce n’est
pas, comme le prouvent d’une façon péremption ces expérien¬
ces, en saturant les malheureux malades, de créosote, de tanin,
d’acétate de plomb, etc., qu’on parvient à les guérir. Les remè¬
des homœopathiques qui sont si finement divisés vont peut-être
agir, eux, directement sur les bacilles ; grâce à cette extrême
division ils arrivent peut-être à pénétrer la trame la plus fine
des tissus et modifier la vitalité des bacilles.
L’on voit que ce n’est pas en saturant les malades de remè¬
des violents qu’on les guérit.
D r Mautiny.
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- 61
La saccharine,
par le Dr Martiny,
Tout le monde connaît aujourd’hui ce nouveau produit,
doué d’un pouvoir édulcorant de beaucoup supérieur au sucre
ordinaire ; la saccharine est appelée aussi sucre de houille .
À peine était-il connu que les médecins s’empressèrent de
le recommander pour les diabétiques.
Or, il paraîtrait que ce produit n’est pas aussi inoffensif
qu’on le disait, chez les diabétiques.
.Vous lisons dans le Patriote :
Le sucre de houille ou saccharine .— M. Worms a fait une intéressante
commumication k l'Académie de médecine de Paris sur la saccharine, ce
nouveau produit d'extraction de la houille dont la découverte date de
quelques années à peine. La saccharine communique aux liquides où elle
se trouve mélangée une saveur identique à celle du sucre de canne; mais
son pouvoir édulcorant est 280 fois plus considérable.
Ce pouvoir est tel qu'un gramme de saccharine donne un goût sucré
nettement appréciable à 70 litres d’eau distillée. Chose étrange, les four¬
mis, les abeilles, les guêpes ont une aversion très marquée pour les pro¬
duits sucrés avec cette substance. L’homme, au contraire, ne peut faire
la différence entre deux liquides édulcorés, l'un avec 14 grammes de
sucre, l'autre avec 3 centigrammes de saccharine.
Cette substance est-elle inoffensive? Comme elle donne seulement
l’illusion du sucre, on s’est empressé de la prescrire aux diabétiques, aux¬
quels l’usage du sucre de canne est interdit. M. Worms, que ses travaux
sur le diabète conduisaient naturellement à étudier la question, a recher¬
ché si la saccharine pouvait être administrée sans inconvénients aux gly-
cosuriques.
Les résultats de ses expériences ne sont pas encourageants et il conclut
qu'il y a certainement un risque à introduire la saccharine dans l’alimen¬
tation des diabétiques ; elle provoque des troubles digestifs plus ou moins
sérieux et il est nécessaire d’en surveiller avec soin l’emploi.
M. Worms appelle, en terminant, l’attention sur un point qui intéresse
à la fois l'hygiène publique et une de nos industries nationales. En Amé¬
rique, on trouve déjà dans le commerce une substance sucrée, mélange de
glucose et de saccharine, qui fait concurrence au sucre de canne. Sur les
frontières de l’est de la France, on vend, sous le nom de sucre de Cologne,
une substance jaunâtre qui est sans doute une préparation analogue, et ce
sucre de Cologne ne coûte que 25 centimes la livre.
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— 62 —
Le sucre de canne et le sucre de betterave sont évidemment menacés
Le prix de la saccharine, 130 fr. le kilo, est le seul obstacle qui s'oppose à
l'invasion de ce nouveau produit allemand. Le jour où le prix de fabrica¬
tion sera abaissé, l'industrie sucrière recevra une atteinte sérieuse.
M. Dujardin-Beaumetz appuie les observations présentées par M-
Worms. La question de la saccharine a un double intérêt, au point de
vue thérapeutique et au point de vue de l'hygiène. La siccharine arrête
le pouvoir digestif du suc gastrique et du suc pancréatique ; elle peut
donc troubler les fonctions de l'estomac.
Il est certain, d'autre part, que les industriels ont déjà commencé à
substituer le sucre de bouille au sucre de canne ou de betterave, surtout
dans la fabrication des confitures.
D«* MARTIN Y.
LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE,
par le D r Martin y .
Nous lisons dans la Gazelle thérapeutique du mois de janvier :
Traitement des myomis utérins pur Chydraslis canadtnsis .
L'observation rapportée par le D r Vinc. Schmidt est relative à une
femme âgée de 46 ans, qui avait été mariée deux fois. Depuis l'âge de
14 ans la menstruation avait toujours été régulière. It va 15 ans, la
malade fit une fausse couche de trois mois. Dans le courant de 1804 un
léger gonflement occupa la partie inférieure de l'abdomen, la tumeur
augmenta de volume et la menstruation devint irrégulière, il y eut des
mètrorrhagies et des douleurs siégeant dans l’abdomen, les reins et les
aines. Lorsque Schmid examina la malade, celle-ci était pâle et affaiblie
par les hémorrhagies, et une tumeur volumineuse se sentait immédiate—
au-dessous de l'ombilic Aucun signe de grossesse Circonférence abdo¬
minale à 10 centimètres au-dessous, 1 mètre 2 centimètres ; enfin l'om¬
bilic était à 19 centimètres du pubis et à 44 centimètres de l’appendice
xyphoïde. La tumeur avait le volume d'une tête d'adulte, elle était dure
et occupait la ligne médiane ; une autre plus petite était située à droite
et au-dessous de la précédente. Le toucher vaginal permit de sentir la
tumeur, et les mouvements communiqués par le doigt à l'utérus 83
transmettaient au néoplasme.
Malgré l’aflàiblissement provoqué par les hémorrhagies, la malade ne
voulut pas consentir à une opération et le D r Schmidt prescrivit des sti¬
mulants, le tamponnement du vagin avec le perchlorurc, et donna par
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63 —
jour une demi-cuillerée à thé de teinture d'hydrastis canadensis. Leg
hémorrhagies s’arrêtèrent et, après 15 jours, la tumeur s’était affaissée
légèrement. Après un traitement prolongé, la menstruation devint régu¬
lière ; quatre m.ns après, la tumeur avait considérablement diminué de
volume et l’état général était aussi satisfaisant que possible. L’hydrastis
cauadensis a été recommandé par nombre d’auteurs dans le traitement
désaffections utérines et, d’après l’observation rapportée, son usage paraît
sérieusement indiqué dans le traitement des fibro-myomes puisque d'après
Valent. Schmidt il a supprimé dans son cas la nécessité d’une intervention.
Depuis plus de vingt-cinq ans, les homœopathes emploient
thydrastis canadensis dans les engorgements de diverses natures
et avec succès. Il y a peu de temps que ce remède a été signalé
comme une nouveauté par les journaux de l’ancienne école et
voici un cas heureusement guéri qui confirme pleinement tout
ce que les homœopathes ont dit au sujet de thydrastis cana¬
densis ; mais quand un homœopathe avançait un fait du genre
de celui-ci, nos confrères allopathes souriaient ou prétendaient
carrément que Thomœopathe se trompait ; aujourd’hui c’est
un médecin de grand nom qui parle ; il a guéri au moyen de
thydrastis une tumeur dure, du volume de la tête d’un adulte ;
il aurait obtenu le même résultat si au lieu de donner une demi-
cuillerée & thé de la teinture, il s’était borné à en administrer
une seule goutte et n’aurait pas risqué de voir le tube digestif se
révolter contre la dose qu’il a administrée.
Autre réflexion : la malheureuse patiente a eu bien raison de
ne pas consentir à une opération puisqu’elle a guéri sous l’in¬
fluence d'hydrastis canadensis ; que serait-il advenu si elle avait
voulu se soumettre au bistouri du chirurgien ?
D r Martin y.
BIBLIOGRAPHIE.
TRAITÉ DES MALADIES DE L’ENFANCE, par le Marc
Joüsset. — Paris, librairie J.-B. Baillière et fils, 1888 .
Le D* Marc Jousset marche sur les traces de son père ; il vient
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— 64 —
de publier l’excellent volume dont nous donnons le titre ; la
description des maladies de l’enfance y est faite avec cette pré¬
cision et cette clarté qui caractérisent l’ouvrage du D r Jousset
père: Eléments de médecine pratique. Ce volume est tout à
fait au courant de la science et, comme le dit l’auteur, il a mis
à contribution, dans ses descriptions, les ouvrages classiques les
plus récents ainsi qu’un grand nombre de thèses et de mémoires.
La partie thérapeutique qui accompagne chaque description
contient, dit l’auteur, les indications des principaux médica¬
ments homœopathiques qui peuvent être prescrits chez les
enfants, sans oublier toutefois, dans un exclusivisme étroit, les
moyens utiles qui proviennent de l’empirisme et de la pratique
de l’école officielle, ni ceux qui découlent des médications colla¬
térales; hydrothérapie, eaux minérales, électricité, etc. Certai¬
nes opérations, comme la trachéotomie, l’ouverture des adénite^
suppurées du cou, etc., qui sont autant du domaine de la méde¬
cine que de la chirurgie, sont décrites avec soin.
Nos sincères félicitations au D r Marc Jousset.
D r Martiny.
SOMMAIRE
LE BORD DE LA MER, par le D p Martiny. ... 33
Gastrite chronique [suite ).Traduction du D r Chevalier,
de Charleroi.38
L’homœopathie n’est pas la dosimétrie. Traduction du
D r Wuillot, de Malines. 45
La vérité sur l’homœopathie.53
De la propagation du bacille de la tuberculose, par le
D r Martiny .58
La saccharine, par le Dr Martiny .61
Les larcins de l’allopathie, par le D r Martiny . . 62
Bibliographie.63
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
15* Année. JUIN 1888. N® 3.
LE BORD DE LA MER™,
par le D r Martiny .
La cure de mer {suite).
Tous les auteurs qui se sont occupés de la cure de
mer se sont naturellement enquis de l’état de santé des
habitants des côtes' et le résultat le plus général de leurys
recherches est que les populations voisines du bord de
la mer sont robustes et bien portantes ; mais ces obser¬
vations se rapportent non seulement aux sujets qui habi¬
tent tout contre la digue ou sur la digue même,mais aussi
à ceux des localités situées plus loin, parfois même à plus
d’un kilomètre de la mer ; on n’a pas fait la distinction
non plus au sujet des habitants des falaises et des hau¬
teurs, assez élevées au-dessus du niveau de la mer pour
-que les poussières marines qui, comme nous l’avons vu,ne
s’élèvent jamais très haut dans l’atmosphère, ne parvien¬
nent que rarement jusqu’à leurs demeures ; enfin on n’a
pas tenu compte de l’état habituel de telle ou telle mer et
de la prédominance de certains vents ; il est certain, par
exemple, que la Méditerranée, qui n’a pas de marée, ne
dégage pas autant de poussières salines que les mers
mouvementées ; enfin les localités dont les vents domi •
nants sont des vents de terre sont aussi moins fréquem¬
ment exposées aux émanations marines ; en un mot, les
(l) Suite. Voir vol. précédents et vol. cour* p. 33.
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observateurs n’ont pas fait de différence entre les per¬
sonnes qui sont presque constamment exposées, aux
poussières microscopiques de la mer, vivant presque
toujours dans un air réellement marin,et les autres sujets
qui, par suite de la situation de leurs demeures, ne res¬
pirent que de temps en temps l’air de la mer et trouvent,
pendant de longs intervalles de temps, un air pur, salubre,
dégagé de poussières salines; c’est pour avoir négligé
d’établir .cette distinction que les. conclusions des diffé¬
rents auteurs ne sont pas probantes. 11 y a une différence
énorme, comme nous venons de le voir, entre l’air qui
plane au-dessus de la mer et celui qui se trouve habi¬
tuellement au-delà, à quelques centaines de mètres de la
digue, entre l’air du pied d’une falaise, et celui que
l’on respire au haut de cette falaise, etc. Les statistiques
ne tiennent pas compte de ces différences, aussi ne sont-
elles pas concluantes ; prenons, par exemple, la scrofule:
y a-t-il beaucoup de scrofuleux parmi les habitants des
côtes? Les statistiques et presque tous les auteurs répon¬
dent qu’elle y est relativement rare ; nous sommes de
leur avis s’il s’agit des habitants des côtes, pris dans leur
ensemble, mais nous sommes d’une opinion contraire
s’il est question des personnes qui habitent réellement,
la digue et respirent presque constamment un air marin
complet, c’est-à-dire qui sont exposées presque conti¬
nuellement aux émanations marines ; il est bon de rappe¬
ler encore ici que la plupart des habitations du bord de
la mer sont presque partout assez éloignées de la mer
même ou assez élevées au-dessus de son niveau, et ce
n’est que de temps en temps, lors des vents violents, que
les. poussières salines y arrivent ; la plupart du temps
l’air qu’on y respire est un air déjà complètement dé¬
pouillé de ces poussières, c’est-à-dire un air terrestre pur,
exempt de microbes et ozonifié; rien d’étonnant dès lors
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— 67 —
que les personnes vivant dans un air si bienfaisant soient
bien portantes et ne présentent pas de manifestations
strumeuses ; comme nous l’avons constaté, il en est tout
autrement dans les demeures où domine l’air réellement
marin, chargé des émanations marines ; là on trouve un
nombre assez marqué de personnes chétives, entachées de
scrofule' ; si toute la famille n’est pas atteinte c’est que
certaines organisations finissent par s'habituer à cet air,
comme certains sujets s’habituent à des émanations plus
ou moins toxiques ; mais chez ces proches voisins de
la digue, le chiffre des scrofuleux dépasse la moyenne
générale ; c’est ainsi que doit s’expliquer pourquoi le
nombre des scrofuleux est si grand dans les ports de
mer , car, comme l’avoue à son grand étonnement le
D r Van Merris (1), « il existe cependant une exception à
la règle générale, et qui semblerait mettre en doute
l’action constamment bienfaisante du voisinage de la
mer... tous les grands ports sont des entrepôts où se
fabrique sans interruption la scrofule ». Ce fait ressort
de toutes les statistiques et non seulement pour la
scrofule mais pour un grand nombre d’autres affec¬
tions chroniques ; le I) r Van Merris a soin d’ajouter, il
est vrai, que si la scrofule y est plus fréquente, c’est
« indépendamment et en dehors pour ainsi dire de l'air
marin, c’est par suite de l’accumulation et de la con¬
centration de toutes les causes réunies de la déchéance
organique ». Notre conclusion est toute différente, c’est
l’air marin que nous accusons, mais c’est l’air marin
complet avec ses poussières médicamenteuses tel qu’on
le respire sur la digue et sur la plage. Dans les ports de
mer, la mer arrive réellement dans le cœur de la ville, les
grands bassins sont entourés d’habitations, et quelle que
(1) Z/t scrofule et les bains de mer , p. 146.
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— 68 —
soit la direction du vent, les poussières marines rencon¬
trent toujours des poitrines humaines qui les respirent et
les absorbent pour ainsi dire continuellement ; et bien !
les organisations qui ne parviennent pas à la tolérance
absolue doivent y dégénérer. Si l'air marin ne devait pas
être ici mis en cause, pourquoi la scrofule serait-elle plus
fréquente dans les ports de mer que dans d’autres villes
tout aussi malsaines? pourquoi y trouverait-on, comme
au Havre, la scrofule chez 25 pour cent des enfants en
bas-âge, comme le rappelle le D r Van Merris ?
Nous l’avons dit, c’est la grande loi des semblables qui
s’affirme, une fois de plus. Puisque l’air marin guérit
souvent la scrofule, il doit, quand il est respiré d’une
façon continue, la donner à un certain nombre de sujets et
surtout à l’enfance qui est d’une si grande réceptivité.
C’est on vertu de la loi des semblables que les scrofu¬
leux de l’intérieur des terres viennent se guérir au bord
de la mer et ils peuvent y séjourner tant qu’ils ne sont
pas complètement, guéris et qu’ils ont besoin de prendre
journellement des remèdes sous forme de poussières
marines; cet air les transforme à vue d’œil et ils le tolèrent
admirablement et longtemps jusqu’à guérison complète.
L’enfance étant presque toujours un peu entachée de
lymphatisme on comprend aisément pourquoi presque
tous les enfants sont si heureusement influencés par la
mer, tandis qu’un certain nombre d’adultes la suppor¬
tent difficilement ; pourtant il n’est pas rare de trouver
même des enfants (ceux qui étaient peu lymphatiques)
dont la santé se trouve bien d’un premier mois de séjour
sur la plage, mais qui tolèrent difficilement une cure plus
longue, parce qu’un premier mois a suffi pour guérir les
légères manifestations lymphatiques dont ils étaient
atteints.
Rappelons à nos confrères de l’ancienne école un fait
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— 69 —
analogue connu depuis longtemps sous le nom de « tolé¬
rance médicamenteuse»: plus un remède est bien indi¬
qué, mieux il est supporté, toléré par l’organisme, le
tartre émétique chez certains pneumoniques, par exem¬
ple, etc. (i).
Mais il existe une autre série de faits qui viennent
apporter une preuve nouvelle de l’influence parfois nui¬
sible de l’air marin complet, sur certaines organisations
quand elles le respirent d'une façon plus ou moins per¬
manente : nous voulons parler des lésions scorbutiques.
L’historique du scorbut est plein d’enseignements pré¬
cieux à cet égard.
continuer'.) D r Martiny.
Le tabac.
Nicotiane, pelun , herbe à la reine , herbe du grand-prieur , herbe de
Ste-CrotXy herbe à tous les meux, nicoliana tabacum (solanées),
par Em. Seutin, pharmacien, et L. Skut in, docteur en médecine, à Bruxelles.
Tabac ou nicotiane , nicoliana tabacum . L .
Caractères généraux. — Calice en tube à 5 divisions,
5 étamines ; corolle infandibuliforme, à 5 lobes, et à 5 plis ;
5 étamines égales renfermées dans le tube ; ovaires à 2 loges
multi-ovulées ; stigmate entête; capsule entourée par le calice
persistant, biloculaire.
La nicotiana tabacum est une plante forte, glutineuse, .
recouverte dans toutes ses parties d’un duvet très court, ses
é!) Le tartre émétique était jadis administré à presque tous les pneu¬
moniques indistinctement à une dose très forte ; or il suffit le plus
souvent de cinq centigrammes pour produire des vomissements, tandis
que certains pneumoniques supportent quarante et même cinquante
centigrammes sans la moindre nausée; cette tolérance se présente lorsque
le tartre émétique est le vrai médicament du mal ; aussi les médecins
avaient-ils constaté, sans se rendre compte de la cause, que l’émétique
guérissait lorqu’il était bien toléré.
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tiges sont droites, hautes de 1 m. 00 c. environ, rameuses,
chargées de feuilles alternes, sessiles, demi-anoplexicanles, fort
grandes,d’un vert pâle, ovales-oblongues,très entières; ses fleurs
sont roses, ses semences ridées et très petites,et de couleur bru¬
nâtre.
Tabac rustique , nxcotiana miUca.
Cette plante est velue et glutineuse comme la précédente;
mais elle ne s'élève qu’à Ici hauteur de six décimètres à un
mètre; ses feuilles sont pétioléos, épaisses et4’un vert foncé; ses
fleurs sont petites, pairculécs, d’une couleur vert-jaunâtre.
Historique. — Ces deux plantes sont originaires d’Amérique;
la première espèce a été importée en France en 1500, par Jean
Nicot., ambassadeur près de la cour de Lisbonne ; de là lui est
venu le nom de nicotiane et aussi celui d’herbe à la reine, à
cause de Catherine de Médicis, à qui Nicot fit présent des
semences; quant au nom de tabaco, qui a prévalu chez presque
tous les peuples du monde, il est tiré de celui de l’ile Tabago,
où la plante croissait en grande abondance et où les Espagnols
l’ont trouvée d’abord : le nicotiana rustica a été connu un peu
plus tard ; toutes deux jouissent des mêmes propriétés et sont
employées à la fabrication du tabac. Les feuilles du tabac sont
âcres, émétiques et drastiques à l’intérieur; mais elles sont aussi
stupéfiantes, et causent le délire, des convulsions et la mort,
lorsque leur principe délétère se trouve introduit dans la circu¬
lation.
Composition chimique. — Malgré les nombreux travaux
entrepris par beaucoup de chimistes distingués, nos connais¬
sances sur la composition chimique de cette plante offrent de
nombreux desiderata.
Les feuilles fraîches de tabac renferment: gomme, mucilage,
acide tannique et gallique, chlorophylle, matière pulvérulente
verte, huile jaune ayant l’odeur, le goût et les propriétés de la
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— 71 —
plante, résine jaune-pâle, nicotine qui est oléagineuse, incolore
quand elle est pure, mais passant au brun au contact de l’air.
Formule C*° H u Az 2 .
Vauquelin a été le premier chimiste qui a signalé la nicotine
en 1809, six ans après la découverte de la morphine (1803), le
premier alcaloïde connu ; plus tard, Posselt et Ueiman ont
étudié la nicotine, qui a été ensuite l’objet des travaux de
MM. Boutran, Ortigosa, Henry Barrai, Schlœsing, et nos com¬
patriotes Melséns et Stas.
L’odeur de la nicotine est assez faible à froid, à une tempéra¬
ture peu élevée, elle devient âcre et vireuse. Soluble dans Peau,
l’alcool et l’éther et les huiles grasses, elle bout Vers 250°, mais
en subissant déjà un commencement de décomposition.Ala tem¬
pérature ordinaire, une baguette imprégnée dacide hydrochlo-
rique que Ton en approche se couvre de fumées blanches. Ses
vapeurs sont tellement irritantes qu’on respire avec peine dans
une salle où l’on en a vaporisé quelques gouttes. C’est une base
puissante neutralisant les acides pour former des sels ; d’autre
part elle précipite les sels métalliques. La nicotine est déplacée
de ses combinaisons salines par l’ammoniaque, la potasse, la
soude, la chaux, la baryte et les principaux réactifs des alca¬
loïdes.
Les tabacs du Lot-et-Garonne sont les plus riches en nico¬
tine: 7,9Get7,24, puis viennent les tabacs du Nord, Ile-et-
Vilaine 6,58 et 6,29, Virginie, 6,87, Maryland, Havane, 2,29
et 2. Il est des tabacs du Levant, de la Grèce, de la Russie, de
Hongrie qui en contiennent moins encore (1).
Modifications que la fermentation fait subir au tabac. — La
(1) Les doses indiquées ici sont celles mentionnées par les auteurs, mais il
arrive que cette quantité de nicotine est bien plus élevée, car on a vu dans cer¬
taines années, les tabacs du Lot fournir jusqu’à 10 et 11 p. c. de nicotine, ceux
du Nord, Ile-ot-Vilaine 8 et 9 •>. c. et ceux des autres localités suivre une aug¬
mentation proportionnelle.
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— 72 —
fermentation à laquelle on soumet le tabac donne naissance à
l’ammoniaque; une partie de cet alcali sature les divers acides
du tabac,et se substitue à la nicotine qui, devenue partiellement
libre, se volatilise.
Malgré l’odeur très forte du tabac préparé, il contient moins
de nicotine que les feuilles sèches. (Tardieu.)
Le tabac à priser subit une double fermentation et renferme
moins de nicotine encore que les autres. Le tabac à priser ne
renferme guère que 2 p. c. de nicotine.
La nicotine se trouve dans la fumée du tabac. M. Melsens
évalue à 1 décigratnme la quantité de nicotine que peuvent four¬
nir 16 grammes de tabac.
Nota. — D’après certains chimistes, le tabac produirait son
action toxique, au moyen de trois produits : 1° une huile vola¬
tile (la nicotianine); 2° un alcaloïde volatil (la nicotine) ; 3° une
huile empyreumatique qui se formerait pendant la combustion.
D après ces données,la façon la moins dangereuse de fumer sera
celle qui arrête une certaine partie de ces trois produits. Les
narguillés, les pipes indiennes, dans lesquels le tabac brûle
lentement, dont la fumée passe à travers de l’eau aromatisée,
présenteraient donc le maximum d’innocuité (1).
Puis viendraient les pipes russes, à longs tuyaux, et les pipes
allemandes à réservoir qui retiendraient une partie des sub¬
stances nocives (2); les pipes en terre dure arrêtent moins bien
ces produits.
Mais de toutes les^ façons de brûler le tabac, les plus mau¬
vaises sont le cigare et la cigarette: par ces deux modes, les
produits toxiques arrivent immédiatement dans la bouche, et
peuvent être absorbés en partie; dans la cigarette, dont
(1) Malheureusement ces pipes ne sont pas portatives.
(2) Produit résineux, demi-liquide, qui se condeuse dans l’intérieur des pipes
et qu'on désigne vulgairement sous le uom de jus; contient une proportion consi¬
dérable denicotine;il foudroie rapidement les animaux qu'on expose à son action.
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l'enveloppe est en papier, la combustion de ce dernier vient
ajouter de nouveaux produits dé’étères à ceux énumérés plus
haut.
Nicotine . — La nicotine est un poison violent, qui, par la
rapidité et l'intensité de son action, ne peut être comparé qu’aux
plus redoutables agents toxiques, l’acide prussique,l’aconitine et
l'atropine Une à deux gouttes suffisent pour foudroyer des ani¬
maux, tels que lapins, chats, chiens; une goutte versée sur la
langue d’un chien de taille ordinaire amena la mort en moins
de 3 minutes (Herzelius). A dose plus faible la nicotine déter¬
mine chez les animaux des mouvements convulsifs et des trem¬
blements effrayants (Blatin). Quelques gouttes instillées dans la
bouche donnent immédiatement la mort à l’homme. C’est donc
sur le cadavre qu‘il faut chercher les signes de l'empoisonne¬
ment, la peau qui entoure la bouche est quelquefois brûlée et
les lèvres blanches, racornies, couvertes de croûtes, la langue
ta tôt grisâtre, volumineuse et dénudée, la membrane rnu-
queuséde labouche,xlu pharynx et l’œsophage peuvent présenter
les mêmes altérations. Si le poison a été donné à dose assez
forte, la face interne de l’estomac est rouge, injectée, parsemée
de plaques noirâtres, sans ulcération ; tous les tissus exalent
une odeur particulière, qui rappelle celle du tabac (l).
Réactifs de là nicotine. — Le chlore gazeux réagit :
1° A froid sur la nicotine,et lui donne une couleur rouge de
sang;
2° En mélangeant des solutions assez étendues d’iode et de
nicotine dans l’éther, il se dépose au bout de quelque temps de
belles aiguilles d’un rouge de rubis, formées par la combinaison
directe de l’iode et de la nicotine, formule C î0 H 14 Az 3 l 3 ,
appelé iodo-nicotina;
3° La nicotine précipite en blanc les sels de mercure, de
(I) Tardieu et Roussin. Et h de sur l'empoisonnement, pages 027 à 953.
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plomb, d’étain, de zinc, et en bleu les sels de cuivre; en jaune
le bichlorure de platine; le chlorure d’or donne un précipité
jannc-roageâtre; Fiodure de potassium ioduré,un précipité brun
de ko mes, qui se résout en gouttelettes huileuses rouges et pe¬
santes.qui se «transforment spontanément sous forme cristalline.
Nota . — Bien des travaux remarquables ont été publiés sur
le tabac et surtout sur son alcaloïde, par plusieurs chimistes
émineuts; ils furent entrepris surtout à partir de ce drame
lugubre et célèbre qui a eu tant de retentissement, non seule¬
ment en Belgique,mais dans le monde entier ! L’habile chimiste,
M. le professeur Stas, fut chargé de l’analyse. Le poison fut
découvert et reconnu.
Les procédés analytiques suivis par ce savant si distingué, et
dont notre pays a le droit d’être fier, sont et resteront encore,
d’après les témoignages les plus élogieux des plus célèbres chi¬
mistes étrangers, des modèles à suivre dans des recherches
toxicologiques similaires.
Les trois modes de consommer le tabac s’appellent priser,
chiquer et fumer. Nous avons déjà parlé de ce dernier ; nous
ajouterons à ce que nous avons dit que l’on ne doit jamais
fumer à jeûn, ni avant les repas, ne jamais fumer dans sa
chambre à coucher, ne pas consommer plus de deux à trois
cigares par jour, un cigare après chaque repas, interposer
entre le cigare ou la cigarette et les lèvres, des tubes en
ambre ou en bois. La nicotine, qui ne se vaporise qu’à 250
degrés, se redépose vite dès qu’elle a franchi le fourneau
incandescent ; aussi la cigarette ou le cigare seront jetés dès
qu’ils auront été fumés aux trois quarts ; ils ne seront jamais
rallumés si ce n’est au moment où ils viennent de s’é¬
teindre. Presque tous les fumeurs dépassent sans préjudice
apparent les limites ici imposées, mais il en est d’autres qui
verront se dérouler une série d’accidents sérieux ou même mor¬
tels,épée de Damoclès suspendue sur la tète clés malheureux qui.
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décuplant les dangers du tabac, par ceux de l'alcool ou d autres
boissons, bière,vins, etc., ne sont bien qu’assis devantun verre,
la pipe à la bouche, soit chez eux, soit dans un café, ou au
cercle dont l'atmosphère est empoisonnée par la fumée de tous.
Accidents qui menacent les fumeurs à outrance* — Irritation
des lèvres, des dents, de la langue, du pharynx, de l’œsophage •
et de l'estomac. Le ptyalisme s’observe as ez souvent chez ceux
qui abusent du tabac. La pharyngite granuleuse, la surdité,
des ophthalmies nombreuses, aiguës et chroniques, il fait engen¬
drer encore d'autres affections plus terribles, qui sont désignées
sous les noms de cancer et d’amaurose ; mais n'oublions pas la
toux laryngée, incessante, qui se rencontre si fréquemment ;
nous avons actuellement sous les yeux un exemple saisissant
de cette dcrniè’ e, chez une personne à laquelle nous portons le
plus vif intérêt, et que nous n’avons pu faire renoncer à de
grands excès de cigares. Puisse cette affection ne pas se trans¬
former en une grave maladie de poitrine.
Des priseurs. — C'est, sans doute, une douce satisfaction que
colle de pri:.er, mais derrière le plaisir n’y a-t-il pas un réel
danger? Lorsqu'on commence à priser, on le fait avec modéra¬
tion, mais on oublie trop tôt les conseils de la prudence, et
voilà les doigts qui présentaient jadis timidement devant le
nez quelques atomes du parfum tabagique, y engloutissant
des quantités considérables de la poudre noire. La sensibi¬
lité émoussée de la muqueuse réclame des quantités toujours
croissante®, l’odorat se perd, la muqueuse nasale s’épaissit,
devient le siège d’ulcération, de dartres et parfois même de
polypes; par continuité de tissus, la peau du nez rougit, les
voies lacrymales, la trompe d’Eustache s’irritent, la poudre
franchissant les fosses nasales postérieures, enflamme le pha¬
rynx, le larynx et jusqu’à l’œsophage et l'estomac (1).
(1 , L'analyse chimiqu ,a a pu retirer do la nicotine des organes dos grands pri¬
eurs.
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Aussi, à celui qui est sur le point de glisser sur cette pente
fatalè, voici le conseil amical que donne M. le docteur Pecholier,
l’auteur de l’article sur le tabac dans le Dictionnaire encyclopé¬
dique des sciences médicales : « Puisez, dit-il, sans trop d’appré¬
hension, de temps à autre dans la tabatière d’un ami, mais
gardez-vous bien d’en avoir une à vous-même. »
Nota. — On a remarqué depuis longtemps que le tabac à
priser contient de très notables proportions de plomb (1), lors¬
qu’il a été conservé dans des vases ou des feuilles de ce métal.
En 1859, M. Laitner a reconnu qu’une feuille de plomb enfer¬
mée pendant un mois.au milieu de tabac à priser avait perdu
5 °/ 0 de son poids et se trouvait perforée d’une multitude de
petits trous. La quantité de plomb enlevée de la sorte peut
déterminer de véritables empoisonnements. Une feuille de papier
interposée entre la feuille de plomb et le tabac n’empêche pas
le transport du plomb dans le tabac, et l’on a remarqué que la
feuille de papier, voisine de celle du plomb, devient en peu de
temps assez plombifère pour noircir complètement par l'hydro¬
gène sulfuré.
Chiquer . — C’est le 3 e mode de consommer le tabac ; il est
aussi dangereux qu’il est répugnant ; outre le terrible danger
d’avaler tout entier son terrible collutoire, le chiqueur court
tout au moins celui d’avaler sa salive empestée ; s’il ne l’avale
pas, ilia crache en abondance extrême, cause de dépérissement
et de dyspepsie. La bouche et l'haleine deviennent puantes ;
les dents jaunissent et se rongent peu à peu, les lèvres, les joues,
les gencives peuvent devenir le siège d’une inflammation chro¬
nique ; et que d’alcool il faut pour éteindre ce feu-là! Les
chiqueurs sont relativement peu nombreux et ne se recrutent
(1) On a trouvé jusqu’à 2 grammes de plomb par kilog. de tabac. Un malade
qui depuis 10 ans consommait uue livre de ce tabac par mois, avait pris pendant
oe laps de temps 180 grammes de plomb. Il portait, d’aiUeurs, tous les signes
d’iutoxication saturnine.
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que dans la lie de la population (1), et cependant, on trouve
encore des hommes appartenant à la bonne société qui se sont
donné la triste passion de la chique! Mallebranche, l’un des
plus grands philosophes français, avait contracté cette fatale
habitude ; il mourut d’un cancer de l’estomac. Le professeur
Petit Pradel, attaché à la marine militaire, avait aussi cette
manie et il mourut d’un cancer du pylore.
(.4 continuer). Seutin Ph n et D r L. Seutin.
son traitement homœopathique comparé au traitement
allopathique,
par le B** Wixdelband, de Berlin. —Traduction du D * Chevalier,
de Charleroi.
De toutes les maladies de l’enfance, ce sont ces altérations
profondes du sang, que l’on désigne sous le nom général de
scrofulose, qui sont les plus répandues et les plus graves. Il est
donc ~du plus grand intérêt de discuter publiquement ces affec¬
tions, non pas tant pour le médecin qui a à traiter ces diffé¬
rentes lésions et avant tout à les prévenir, mais afin que tout
père de famille, qui s’intéresse au bien-être de ses enfants,
puisse chercher, par des moyens appropriés, à éviter l’éclosion
et le développement de ces maladies, qui causent tant de ra¬
vages au sein de cette pauvre humanité, ou qu’uue fois quelles
existent, il les fasse traiter par des moyens médicamenteux qui
puissent les arrêter dans leur course désastreuse.
Pour bien préciser le sens du mot scrofule, disons d’abord
que nous entendons par là un trouble de nutrition et de déve-
(1) Pechoiier. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales , pp. 233
à 285.
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loppement du corps chez l’enfant, caractérisé par des symp¬
tômes du côté de la peau, des muqueuses, des articulations des
os, des organes des sens et surtout du système lymphatique,
amenant un grand dérangement dans la nutrition générale, qui
imprime à l’individu le cachet d’un état maladif, que tout le
monde reconnaît facilement.
La division de la scrofulose en forme torpide et aiguë nous
semble de peu d’importance pour la discussion présente, et n’a
qu’une influence miuiine au point de vue de la thérapeutique,
attendu qu’il ne s'agit daus c;s conditions que d'un cas indivi¬
duel et qu'il nous importe peu de savoir si tel enfant a la peau
tendre et fine, s’il estmaigre et délicat, très ou très peu irritable,
s’il est bouffi avec une tendance à l’obésité, s'il a le nez, le ventre
gros, ou s’il est d’uue complexion élégante et transparente.
Dans les deux formes, le caractère essentiel de la maladie ré¬
side dans la grande excitabilité du sys ème lymphatique avec
prédisposition de la peau aux éruptions, et prédisposition des
os à l’inflammation. Quant au traitement, chaque cas particu¬
lier demande une médication spéciale. Les deux formes de scro¬
fule sont héréditaires ou acquises. Et si la médecine moderne,
dans son interprétation étroite et matérialiste, ne considère pas
la scrofule comme une dyscrasie, comme un certain vice du
sang, qui renferme un principe scrofuleux, si elle n’a pas en¬
core découvert la bacille ou microbe de cette affection, si, dis-je,
elle ne considère pus la scrofulose comme un empoisonne¬
ment du sang, l’hérédité par la transmission évidente de la ma¬
ladie des parents aux enfants prouve qu’il y a cependaut dans le
sang et dans les liquides du corps un quelque chose que nos sens
mal exercés ne sont pas eucore parvenus à découvrir ou que
nous ne déc mvriions peut-être jamais, comme c’est le cas pour
beaucoup de maladies. Nous connaissons du reste les diverses
conditions, les différentes formes sous lesquelles cette maladie
peut se développer et nous pouvons la combattre avec plus ou
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moins de bons résultats, comme nous pouvons, dans les jcas où
elle n’est pas acquise, mais héréditaire, amoindrir le plus pos¬
sible les causes auxquelles elle doit son origine.
Nous savons que les parents qui ont été scrofuleux dans leur
jeunesse, que ceux qui sont atteints, ou l’ont été, d’affections
cancéreuses, syphilitiques ou tuberculeuses, ont la plupart du
temps des enfants scrofuleux ; nous savons également que les
unions qui se font entre consanguins produisent presque tou¬
jours les mêmes résultats avec, en outre, une grande faiblesse de
l’intellect ; de là, par analogie, nous pouvons dire que beaucoup
d’autres vices corporels et de défauts intellectuels passent des
parents aux enfants. Pouvons-nous du reste renier l’hérédité,
quand nous voyons certaines autres affections, telles que la
phtisie et les maladies nerveuses, se transmettre des parents aux
enfants, quelquefois des grands-parents aux petits-enfants, en
sautant une génération ? Nous croyons peu, en présence des
formes si variées de la phtisie, que le bacille soit la cause essen¬
tielle de cette maladie et qu’il soit nécessaire d’en trouver un
peut-être semblable pour l'édification de la scrofule. Il y a du
reste des choses que la nature ne dévoile pas et qu’elle tient
comme, par exemple : le principe de la vie, l’action intime des
médicaments, l’influence de l’atmosphère, du climat, etc., dans
un profond et insondable secret.
Nous devons, dans ces cas, nous en tenir aux manifestations
extérieures, étudier les formes sous lesquelles les maladies
héréditaires peuvent se montrer et préparer ensuite nos moyens
pour les combattre. -Nous pouvons du reste les analyser et les
traiter, comme beaucoup d’autres maladies, d’après leurs sym¬
ptômes et suivant les principes de la similitude. Nous approfon¬
dirons ce point quand nous parlerons du traitement de la scro-
fulose.
Si nous considérons maintenant les modes de traitement des
deux écoles, l’allopathique et l’homœopathique, nous voyons que
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les mesures générales à prendre pour l’amélioration des qualités
du sang, et pour un traitement médical convenable, se rencon¬
trent des deux côtés.
I! est facile à comprendre que l’on ne peut pas nourrir un en¬
fant en bas-âge au moyen de féculents ; qu'il lui sera d’une
grande utilité d’être transporté d’un endroit malsain, dans un
site propre, ensoleillé, où il pourra respirer un bon air; qu’il
convient de donner à un enfant une nourriture tonique et con¬
forme à son âge. Mais alors même qu’on observe exactement
toutes les prescriptions hygiéniques, que le genre de vie et la
nourriture sont parfaits, il arrive que des cas de scrofule ne se
guérissent pas, cela se rencontre aussi bien dans les rangs les
plus élevés de la société, où cette maladie est assez répandue,
4 que dans la c lasse la moins opulente, où l’on trouve les formes
les plus graves de la maladie.
La-diététique, l’hygiène, le fonctionnement de la peau, etc.,
sont des prescriptions de traitement identiques pour tous les
médecins.
Comment maintenant l’allopathie traite-t-elle ces viciations
du sang? En premier lieu et surtout il y a le traitement local.
Les affections externe -, tellos que l’eczéma, l’impétigo, le pso¬
riasis, l’ecthyma, seront traitées tout naturellement par une
médication externe. Ce seront des pommades à l’oxyde de zinc,
au précipité blanc, des lotions au sublimé, du goudron sous,
toutes les formes, du savon vert, même des caustiques, tels que
la potasse dans les cas d’eczéma, d’impétigo, des pommades au
calomel, le nitrate acide de mercure, le nitrate d’argent; con¬
jointement avec le traitement externe, on institue dans beau¬
coup de cas dyscrasiques une médication externe, des dériva¬
tif*, de l’iode, etc. Le psoriasis est traité par le savon vert, le
goudron, l’eau froide selon la méthode de Priessnitz, les solu¬
tions de sublimé et enfin l’acide chrysophanique. Pour le
traitement de ces exanthèmes, on fait un grand étalage de
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remèdes qui ne profitent guère au patient, et qui souvent ne lui
sont d’aucune utilité. Quant au traitement interne, nous n'avons
qu'à citer l’huile de foie de morue, le café de glands de chêne,
le calomel et la rhubarbe, ou de la rhubarbe mélangée à de la
magnésie, etc., l'iode et ses composés, l’iodure de potassium et
l'iodure de fer*
Dans la classe aisée de la société, les bains salés sont em¬
ployés en première ligne. Cette méthode curative, qui ne peut
être employée que par un petit nombre de personnes, est sans
contredit la meilleure et elle sera prescrite par tout médecin
instruit. Mais, malheureusement, on abuse de l’emploi des bains
salés, et pour ce motif on ne recueille pas tous les effets qu’on
en attend. Les ablutions salées dans les maisons de bains sont
employées pour les enfants faibles ou délicats, seulement on les
fait parfois avec une fréquence irréfléchie. Des femmes sont
souvent venues me consulter pour leurs enfants atteints de
scrofule, et m’affirmaient n’avoir obtenu aucun succès malgré
un bain donné tous les jours pendant 3 mois, 6 mois et même
un an, comme si un bain chaud était une bagatelle et ne devait
pas finir par affaiblir le corps le plus solide. Il n’est pas plus
logique, d'autre part, d'attendre les vacances pour faire faire
aux enfants une cure de 28 à 30 bains ! Sous cette forme trop
précipitée, les bains salés ne produisent que des désordres.
J’ai vu des enfants revenir de leur cure considérablement
amaigris. Pour que ces bains soient profitables, et ils le sont
sans aucun doute quand l'application en est logique, il faut
qu’ils soient pris dans un temps plus long et en moindre quan¬
tité.
Pour clore l'exposé du traitement allopathique dans les
affections strumeuses, il nous reste encore à parler des localisa¬
tions de ces maladies aux yeux, dont le traitement consiste en
applications de pommades au précipité rouge, de collyres astrin¬
gents et corrosifs, traitement qui force les enfants à venir tous
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les jou 1*8 à la clinique pendant des 3 et des 6 mois ! Et enfin
viennent des désordres les plus profonds, la suppuration des
glandes, la carie des os, affections dans lesquelles l’intervention
chirurgicale, douteuse et temporaire, ne doit pas être méprisée,
mais considérée comme un pis-aller, alors que nous savons tous
qu’il n’y a que la médication interne bien appropriée qui puisse
prévenir ces complications si fâcheuses. Le défaut capital du
traitement allopathique, c’est le manque de remèdes spécifiques
pour les différentes formes de cette diathèse, et l’impossibilité
de pouvoir individualiser les rares médicaments qu’il possède ;
de l’iode et toujours de l’iode, voilà le seul spécifique qui doit
guérir toutes les différentes manifestations de la scrofule et qui,
malheureusement, réussit dans si peu de cas.
L’homœopathie, en revanche, dispose d’une série de médica¬
ments appropriés à chaque forme spéciale de la scrofulose.
Nous exposerons d’abord ceux employés pour les manifesta¬
tions externes de la scrofule.
Eczéma. — Le principal médicament dans ces cas est le mer¬
cure dans ses différentes préparations : merc. solubis h'ihne -
manni (hydrarg. amidato-nitricum oxydulatum), mercur. antû
moniat. sulforntus . mercurius corrossivus,oxydatu$ ruber, iodatus
flavus et biiodatus. L)e tous ces composés, celui auquel nous
donnons la préférence est lesolubilù. Il convient pour ainsidireà
toutes les formes et aux différents stades de l’ezcéma scrofuleux.
Nous avons fréquemment l’occasion, dans notre polyclinique,
de traiter des enfants scrofuleux porteurs d’eczémas très éten¬
dus, localisés à la face ou à la tête et qui se guérissent en 2 ou
4 semaines, sans le moindre traitement externe. Seuls de grands
soins de propreté de tout le corps et la chute des croûtes par
l’huile d’olive suffisent extérieurement.
Le mercure est spécialement indiqué dans les formes sordides,
avec engorgement glandulaire et tendance à la suppuration.
Par l’administration de ce remède, nous voyons également
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disparaître ces gonflements inflammatoires de la peau, suite
d’eczémas. Quand l’éruption eczémateuse a disparu, ce qui par¬
fois demande assez de temps, à cause de sa fréquence à récidiver,
nous donnons pendant un assez long temps du sulfur et surtout
les premières atténuations du spiritue sulfuris, qui en même
temps sert de reconstituant de l'économie.
Si l’eczéma est humide, nous prescrivons souvent le rhus
toadcodendron , et après la disparition des vésicules, nous don¬
nons, comme après le mercure , le suifur . Dans les cas d’impétigo
opiniâtre, le mercure ou le rhus sont également indiqués.
D'autres médicaments, tels que lycopodium et arsenic , ont
aussi leurs indications dans les cas chroniques. Le premier se
donne à des triturations élevées, jamais en dessous de la 6*, et
cela parce que le lycopodium se laisse difficilement broyer et qtie
souvent à l’examen par la loupe on le trouve intact. On peut
également employer la teinture en basses dilutions, mais nous
lui préférons toujours les triturations. L’indication spéciale pour
le lycopodium , que nous n’employons du reste que quand le
mercure ne produit pas d’effet, consiste dans l’état de faiblesse
des malades, avec constipation opiniâtre, et un grand prurit,
reconnaissable chez les enfants assez âgés par des grattements
continuels (et chez les petits par une agitation très grande) sur
les plaques eczémateuses en suppuration.
L 'arsenic, que nous prescrivons de la 4 e à la 6 e trituration,
convient aux enfants cachectiques, atteints en même temps de
diarrhée avec selles puantes et lien tériques, fortes transpirations
pendant la nuit avec beaucoup d’agitation, insomnie occasion¬
née parles démangeaisons brûlantes, qui les forcent à se gratter
jusqu’au sang, grande soif, œdème des paupières, du scrotum,
du pénis, ou autre hydropisie.
Dans les cas de grosses croûtes avec engorgement inflamma¬
toire des glandes du cou et de la nuque, nous avons, sur le
conseil de Kafka, retiré de grands avantages de l’administration
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de hepar sulfuris cxlcareum 3 e et de conium maculatum 2 e ou 3 e .
Ou intercalera dans le traitement également le calcarea
phosphorica ou carbon ica, ou bien le phosphore, dans le cas de
rachitisme concomitant ; le calcarea quand aucun symptôme
spécial n’existe, à part l’éréthisme de l’enfant, et le phosphore,
quand il y a catarrhe de l’estomac, de l’intestin ou des bronches.
Si parfois une affection osseuse, par exemple la carie, se montre f
ou une otorrhée chronique, un gonflement des épiphyses, on
peut prescrire silicea 3* à 5 e . Pour les cas d’eczémas rebelles,
humides, croûteux, on donne graphites 3 e à G 0 .
Les autres composés de mercure, tels que mercurius oxydatus
luber et mercur. sulfuratus antimonialus , sont employés dans
les affections scrofuleuses des yeux: conjonctivite, kératite,
blépharo-adénite; ce dernier çemède surtout, d’après le conseil
de Goullon, dans les cas de kératite. Quand il s’agit d’une blé-
pharo-adénite, nous nous servons, d’après l’exemple de Kafka,
d’une pommade au précipité rouge, 0.05 pour 8 â 10 grammes
d’onguent simple. Nous pourrions, je crois, parfaitement nous
en passeret arriver à un bon résultat, d’autant plus que, malgré
que ce soit le même médicament que nous donnons intus et
extra, beaucoup de confrères trouveront peut-être que ce n’est
pas homœopathique que d’agir ainsi.
Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’employer Yolwm
crotonis recommandé par Kafka, qui, d’après sa pathogénésie,
doit trouver son application dans les cas de rash eczémateux
humides et chauds. Il en est de même du mezereum , qui s’em¬
ploie dans les formes sèches, lichennoïdes.
Nous avons, je crois, épuisé toute la série des remèdes contre
l’eczéma scrofuleux et nous pourrons en toute confiance attendre
la concurrence de l’allopathie, ainsi que le démontrent journel¬
lement notre pratique privée et notre polyclinique.
(A continuer.) Traduction du D r Chevalier.
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85 ~
/
\
REVUE DES JOURNAUX HOWEOPATR1QUES D’AMÉRIQUE,
par le D r Lambreghts, fils, d’Aovers.
De l'action du mercure sur le système nerveux,
par le D r Wanstall, de Baltimore.
Il n’existe probablement aucun remède qui soit susceptible
d’applications thérapeutiques aussi étendues que le mercure ,
Les effets qu'il produit sur le système nerveux sont très mar¬
qués et méritent & ce titre d’attirer toute notre attention. S’ils
ont été peu ou point mis à profit dans la pratique jusqu’à ce
jour, c’est que nous avons tellement l’habitude de prescrire ce
médicament pour combattre les lésions inflammatoires et les
altérations du sang, que nous perdons de vue son efficacité dans
les affections purement fonctionnelles.
D’après Richard Hughes, les effets névrotiques du mercure
se manifestent spécialement sur le système musculo-moteur et
sur la sphère de la pensée et de l’impressionnabilité : Le trem¬
blement mercuriel, dit-il, est aussi caractéristique que la sali¬
vation. On le rencontre surtout chez les ouvriers qui travaillent
dans les mines de mercure et dans les usines où l’on emploie ce
métal.
D’après Béart, les phénomènes de la mercurialisation peu*
vent éclater soudainement, mais le plus souvent ils se déve¬
loppent d’une manière lente et continue.
Le premier symptôme appréciable est une faiblesse dans les
bras, puis survient le tremblement. II est d'abord peu pro¬
noncé; mais il devient bientôt très intense et envahit tous les
muscles de façon à simuler de véritables convulsions et à rendre
impossibles pour le malade la marcho, la parole et la mastica¬
tion.
Tous les mouvements volontaires, tels que par exemple l’action
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de porter la nourriture à la bouche, sont accompagnés de vio¬
lents soubresauts. On a comparé ce tremblement à celui de la
chorée, du delirium tremens et de la paralysie agitante.
Quant aux effets du mercure sur la sphère de la pensée et
de l’impressionnabilité, voici comment s’exprime le D r Wood :
Le phénomène nerveux le plus marqué de la mercurialisa¬
tion est une augmentation de la susceptibilité aux impressions.
Des causes légères troublent l’égalité de l’esprit et les influences
désagréables de toute nature produisent plus que leurs effets
ordinaires. Il n’est pas rare de rencontrer un état chagrin et
acariâtre de l’emportement, un caractère irritable et à ces
souffrances s’ajoutent souvent de l’agitation, de l’insomnie et
un malaise général.
L 'éréthisme mercuriel a été très bien décrit également par
Naumyn : Tout événement inattendu, dit cet auteur, excite le
malade à un haut degré. La visite et la conversation du méde¬
cin le jettent dans un état de trouble qui peut aller jusqu’à la
syncope. Il devient pâle et bégaie en répondant aux questions
les plus simples. Tour accomplir un travail*ordinaire, il doit
faire les plus grands efforts, et il lui est impossible d’en venir à
bout s’il voit ou s’il pense qu’il est surveillé. Il éprouve de
l’inquiétude et de l’anxiété sans le moindre motif. Il est
sujet à des insomnies pénibles ou son sommeil est inter¬
rompu par des rêves effrayants, des maux de tête ou des palpi¬
tations de cœur. Dans les formes plus graves il existe souvent
des hallucinations.
Voici un cas où le mercure réussit à faire disparaître des
troubles nerveux de ce genre :
Monsieur W., étudiaut, vint me consulter le 17 mars 1883.
Il avait le tempérament nerveux très prononcé, et était
atteint, depuis quelque temps, de pertes séminales fréquentes
non accompagnées d’érections.
Ces symptômes disparurent rapidement sous l’influence de
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bains de siège froids. Il était affecté en outre d’un tic convulsif
spécial dont il n avait pu se défaire. Ainsi lorsqu’il lisait à haute
voix en classe, et qu’il se sentait écouté par ses condisciples, il
éprouvait aussitôt un tremblement des lèvres et de la langue
qui nuisait beaucoup à l’articulation des sons.
De temps en temps, sous l'influence d’une émotion plus vio¬
lente que d'habitude, pendant un examen par exemple, ces sym¬
ptômes devenaient beaucoup plus marqués,et il se produisait une
véritable raideur spasmodique de la langue et des mâchoires,
qui lui interdisait complètement l'usage de la parole. Je pres¬
crivis d’abord agaricus 3/100, une dose trois fois par jour, et
je continuai ce traitement pendant 20 jours, mais sans obtenir
la moindre amélioration.
J'essayai alors stramonium 3 x ; au bout de 24 jours, le
malade m’annonça qu’il allait beaucoup mieux, et me pria de
lui prescrire le même remède.
Le 2 juillet il vint me consulter de nouveau ; le tremblement
de la langue et des lèvres avait reparu, et était aussi prononcé
qu’auparavant. Je répétai stramonium .
Le 21 août le mal avait empiré ; le tremblement des lèvres
et de la langue était beaucoup plus visible, et sous l’influence
de la moindre émotion, il était incapable de prononcer une
parole. Après avoir étudié minutieusement la pathogénésie du
mercurius corrosivus, j’administrai ce remède à la 3° tritu¬
ration décimale, 5 grains par jour.
Le 6 septembre aucune amélioration sensible ne s’était
encore produite. Le malade se plaignait d’une aggravation des
symptômes chaque fois qu’il prenait la poudre. Les mâchoires
se contractaient alors, et la douleur s’étendait jusque dans la
bouche. Je prescrivis merc. corros. 30 e .
Le 4 octobre, l'état du malade s’était notablement amélioré;
cependant il éprouvait encore une légère aggravation à chaque
prise du médicament.
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— 88 —
J’ordonnai alors merc. corros. 200 e .
Le 8 novembre, le malade m'annonça qu’il était complète¬
ment guéri, et depuis cette époque il n’éprouve plus le moindre
ressentiment de son mal.
Pour le choix du mercure dans le traitement .de ce cas, je
me suis basé sur les symptômes suivants que* je trouvai dans
l’encyclopédie d* Allen: Tremblement des commissures de la
bouche, surtout en parlant. Tremblement de langue, parole
difficile par suite du tremblement des lèvres et de la langue,
contraction des masséters, rendant difficile et impossible l'arti¬
culation des sons. Bégayement. Le malade peut à peine parler
d’une façon intelligible par suite de l’agitation dans laquelle il
se met quand on lui adresse la parole.
Voici un cas de chorée traité avantageusement par le mer¬
cure .
Tillie M. est âgée de 11 ans et pensionnaire de l’asile des
orphelins. Elle est forte et bien développée, mais non encore
réglée. Les antécédents de la famille sont incertains. Avant la
maladie dont elle souffre actuellement, elle a toujours été bien
portante, et n'a jamais été plus nerveuse que les autres filles
de son âge : Elle a dans le même établissement une sœur plus
âgée qu’elle, et qui, à l’exception dune fracture du bras
qu’elle s’est faite en tombant, a toujours joui d’une excellente
santé. Tillie n’a jamais eu de rhumatisme; le cœur est intact,
et il est impossible de découvrir la moindre cause morale qui
ait pu engendrer la chorée.
Depuis quelques semaines ses compagnes avaient remarqué
que lorsqu’elle causait, elle tenait l’aiguille et l’ouvrage d’une
façon tout à fait anormale, et qu’à table elle laissait fréquem¬
ment tomber son couteau et sa fourchette.
Bientôt des symptômes plus sérieux se produirent pendant
une promenade qu’elle faisait au parc avec d’autres enfants. En
marchant elle avait des mouvements brusques des bras et des
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jambes, qui augmentèrent à tel point, qu’on fut forcé de la
reconduire en voiture.
Lorsque je la vis pour la première fois, elle était incapable dô
marcher. Les mouvements choréiques étaient surtout prononcés
au bras droit qui était devenu pour elle hors d’usage. C’est avec
de grandes difficultés qu’elle parvenait à saisir des objc ts volu¬
mineux et elle ne pouvait les garder longtemps dans la main. Le
bras gauche était atteint également mais à un moindre degré.
La jambe droite était le siège de soubresauts violents qui ren¬
daient la marche difficile.
Je prescrivis tarentula 12 e .
En dépii de ce traitement, le mal fit de rapides progrès, sur¬
tout du côté droit; tous les muscles volontaires étaient envahis
Le 23 août, la malade fut obligée de garder le lit, n’étant
plus capable de se tenir debout. La nuit, elle dormait relati¬
vement bien, mais ses membres s’agitaient constamment ou
restaient contracturés sur le corps. La parole était altérée;
c’est à peine si elle pouvait articuler quelques sons. Elle avait
un appétit féroce, et dévorait littéralement sa nourriture. Les
selles étaient régulières.
Je cessai la tarentule et j’administrai agaricus 30®. Je
conseillai en même temps des lotions froides à l’éponge.
Le 30 août, la maladie s’était encore aggravée. Les mouve¬
ments choréiques étaient incessants et universels, sauf pendant
la nuit, et encore le sommeil était interrompu par de fréquents
soubresauts. La parole était absolument inintelligible et la
déglutition difficile. Il n’existait aucun trouble psychique bien
marqué, aucune impatience ni aucune irritabilité de caractère.
L’appétit était resté le même. On était obligé de la surveiller
constamment au lit, afin de prévenir les chutes et les blessures,
età certains moments on devait lui lier les mains pour empêcher
qu’elle ne déchire ses vêtements ou les couvertures de son
lit.
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— 90 —
Les remèdes précédents ayant échoué, j’essayai merc . viv.
6/10, 5 grains par jour.
Au bout de 48 heures, une amélioration sensible se déclara,
et, quelques jours après, la malade put être transportée de son
lit dans un feuteuil. Je continuai le même médicament. La con¬
valescence fut rapide. Le 4 septembre, l’enfant put se lever et
parler d'une façon distincte. Le 1 er octobre, la guérison fut
complète. Jusqu’ici il ne s’est pas encore produit de récidive.
(Hahnemannian Monthly.)
Un cas d'hémophilie,
par le D r Gregory, Connecticut.
Le 12 avril 1887, je fus appelé à donner mes soins à un
enfant nouveau-né, qui présentait un suintement de sang par le
nombril. L’enfant était sombre et somnolent, il avait la cornée
jaunâtre et la peau terreuse. Je lui donnai pendant cinq jours
phosph. 200 e , arnica 200 e , et lachesis 200 e ; en outre je fis
une application locale d’extrait de Pond (composé d 'hamamelis,
fcrrum persulphicric.et argent . nitric.). Ces moyens ne par¬
vinrent pas à arrêter l’hémorrhagie.Àu contraire, après quelques
jours il se produisit des épistaxis fréquentes, composées d’un
sang noir et fluide. Un médecin allopathe, appelé en consul¬
tation, déclara que la maladie était constitutionnelle et que
rien ne pouvait sauver l’enfant. Et en effet, le mal empirait
chaque jour. Des hémorrhagies se produisaient par le nez et par
la bouche, et des ecchymoses se montraient aux genoux, aux
coudes et au scrotum. Le 23 avril l’enfant était très mal ; tout
sou corps était recouvert d’ecchymoses. Je prescrivis sulphur.
acid. 200 e .
Les symptômes s’aggravèrent encore; Purine et la salive
devinrent sanguinolentes. J’essayai alors ars . 200 e , mais je n’en
obtins aucun effet. La peau devenait Jroide, et la poitrine se
remplissait de râles.
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— 91 —
J’eus secours à rhus et à phosph. et je fis appeler le
I> Wells, de Brooklyn.
Après avoir examiné l’enfant, le D r Wells déclara qu*il
n’avait jamais vu que deux cas semblables; il les avait guéris
par le crotalus. Il prescrivit donc crotalus horrid. 200®, une
poudre dans de l’eau, à prendre une cuillerée toutes les demi-
heures. Un mieux sensible se déclara aussitôt et le petit malade
fut complètement rétabli au bout de quelques semaines.
Depuis cette époque, j’ai eu quelquefois l’occasion d’essayer
crotalus horrid . dans cette affection grave. Il m’a toujours
donné de beaux résultats. ( American homœopathist.)
D r Lamhreghts, Fils.
VARIÉTÉS.
Le surmenage physique. — Depuis longtemps l’étiologie générale
avait accordé une influence plus ou moins pernicieuse à la fatigue dans la
genèse des maladies. Mais son rôle n’a pu être bien défini que lorsque
les progrès de la chimie physiologique et de la physiologie pathologique
ont permis d’en comprendre le mécanisme.
Jusque-là, à part quelques exemples qui frappaient par leurs accidents
brusques, on n’avait guère supposé que le surmenage physique pût être
une cause exclusive de maladie.
Les travaux d’Arloing, de Bouley, de Revilliod et surtout les leçons
professées par M. le professeur Peter ont bien montré toute la place qui
revient aux excès de travail physique dans la pathologie humaine. La
thèse récente de M. Rendon (1) résume enfin heureusement l'enseigne¬
ment de M. Peter sur lautotyphisation.
Le surmenage physique, en effet, n'a pas simplement pour consé¬
quence de mettre l’individu en état de réceptivité morbide, comme on l’a
dit, mais il développe par lui-même de nombreux accidents dont la
physiologie pathologique en relève directement. Un grand nombre de
(1) Victor Rendon. Fièvres de surmenage , 1880.
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phénomènes, qui avaient d'abord paru étrangers aux excès de fatigue ou
développés seulement à leur occasion, leur appartiennent réellement,
c'est là ce qu'a démontré l'observation clinique.
On sait que le travail musculaire, en dehors de la consommation plus
abondante d'oxygène, entraîne la formation de produits de désassimila¬
tion qui doivent être éliminés surtout par l'urine.
Ces produits, dont quelques-uns sont particulièrement toxiques et
que le professeur Gauthier a décrits sous le nom de leucomaïnes, peuvent
devenir une source de dangers pour l'organisme s'ils se produisent en
trop grande quantité ou si les émonctoires, reins et foie, cessent de rem¬
plir leurs fonctions ou deviennent seulement insuffisants. Cette anto-
intoxication n'est pas simplement une vue de l’esprit. Elle est démontrée
à la fois par les caractères chimiques et physiologiques que prend l'urine
au moment de la crise qui signale la disparition des symptômes.
L'urine qui, jusqu'alors, était rare et albumineuse, cesse de l'être, elle
devient abondante et il se produit souvent une véritable débâcle d'urée.
Cette augmentation excessive de.l'urée et probablement des matières
extractives paraît dépendre du surmenage,car un travail modéré augmente
surtout la consommation de l’oxygène sans élever la production dans de
notables proportions.
Mais ce sont surtout les travaux de M. le professeur Bouchard sur la
toxicité des urines qui prêtent un appui solide à la théorie de l'auto—
intoxication. A l’état ordinaire, les urines de la veille possèdent un pou¬
voir beaucoup plus toxique que les urines de la nuit. 11 est vrai de dire
qu on n'a pas expérimenté d'une façon spèciale sur l'urine des surmenés.
Ce que l'on sait d'après les expériences de MM. les professeurs Bouchard
et Lépine, c'est que les urines fébriles ou môme les urines émises seule¬
ment dans l'état de courbature sans fièvre sont plus toxiques que les
urines normales et contiendraient, en outre, d’après MM. Feltz et
Bhrmann, des poisons anormaux.
Enfin la rétention des produits toxiques dans le sang et dans les
tissus se manifeste surtout du côté du système musculaire après la mort
par la rigidité cadavérique, d'autant plus prompte à survenir que l’ifidi-
vidu est plus fortement surmené, et cette rigidité paraît due surtout à la
présence de l'acide sarcolactique. La rapidité de la putréfaction est encore
un des caractères post mortem du surmenage, quelles que soient les tenta¬
tives de théories proposées pour expliquer le phénomène. C'est au surme¬
nage que sont encor^ dus parfois les accidents d’intoxication qui suivent
l’ingestion de la viande fournie par des animaux surmenés ou forcés. Il ne
faut pas oublier, et ceci est un point capital pour la physiologique
pathologique des accidents, que le cœur est altéré au même titre que les
muscles de la vie de relation. On constate de la myocardite, des lésions
dégénératives de la fibre musculaire et la dilatation aiguë du ventri¬
cule droit ou môme des deux ventricules.
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— 93
Les manifestations symptômatiques du surmenage physique sont
nombreuses, mais un caractère les domine toutes, c’est l’état typhoïde,
l'adynamie qui peut être accompagnée ou non de fièvre. L’aspect extérieur
peut en imposer pour une fièvre typoïde : le malade est hébété, apathique,
plus ou moins prostré, sa démarche est chancelante, une lassitude ex¬
trême, une courbature violente qui va jusqu’à la douleur force le malade
au repos. Parfois, cette douleur est plus intense et particulièrement
localisée chez les enfants aux zones épiphysaires et aux articulations,
ailleurs c’est une véritable rachialgie qui peut faire songer au début
d’une variole. La céphalalgie n’est cependant jamais aussi vive que dans
la fièvre typoïde, elle appartient surtout aux cerveaux surmenés.
Les troubles digestifs complètent l’analogie de l’état typhoïde : la lan¬
gue est blanche ou sale, les fièvres sont tremblantes, fuligineuses, l’haleino
est mauvaise ; la diarrhée existe et donne lieu au gargouillement iléo-
caecal. Les matières sont très fétides.
Il est commun d’observer de l’incoordination des mouvements et des
idées. Les sourbresauts de tendons et le délire n'apparaissent d’ailleurs
que dans les cas les plus rares et les plus graves. Le phénomène de la
corde ou du nœud musculaire, qui se produit lorsqu’on ? pince vivement
le corps d’un muscle, du biceps par exemple, se montre aussi souvent
dans les fièvres de surmenage que dans la fièvre typhoïde.
L’élévation thermique n'est pas constante, mais elle peut s’élever à 39°
ou 40> et s’y maintenir quelques jours ; en général, elle cède brusquement
au bout de deux ou trois jours de repos absolu, et cette défervescence est
marquée par des sueurs abondantes, l’émission d’une urine copieuse,
haute en couleur, et chargée d’urée. La rate peut être hypertrophiée, le fait
est rare ; on peut aussi constater l'apparition de taches rosées différentes
de celles de l’éruption typhique par leur transformation en taches purpu¬
riques ou ecchymotiques. Cette tendance aux hémorrhagies se manifeste
encore par les épistaxis.
L’absence de phénomènes broncho-pulmonaires rompt l’analogie qui
rapproche le surmené du typhique ; si l'on observe quelques accidents
de ce côté, ils sont généralement dus à l’influence concomitante du
froid.
Il n’en est plus de môme du cœur, qui ressent très profondément l’in¬
fluence de la fatigue ; son tissu perd de son élasticité et de sa consistance
et se laisse distendre. Les contractions cardiaques perdent de leur énergie
et c’est moins le choc net de la pointe qu'une ondulation de toute la région
qu'on sent par l’application de la main. Le malade accuse des palpita¬
tions, de la dyspnée ; la pression sur la région précordiale est douloureuse,
signe indiqué par M. Peter. La matité est très étendue et l'auscultation
fait entendre un souffle systolique. Enfin, le pouls trahit l’état du cœur
par sa petitesse et ses inégalités.
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s
— 94 —
Les choses peuvent aller plus loin, si la fatigue a été poussée à l'extrême.
Le cœur se laisse dilater, les vaisseaux perdent leur tonicité et l'on voit
survenir l'œdème des extrémités inférieures, la bouffissure de la face
comme dans les affections non compensées du cœur. Le fait n'avait pas
échappé à Beau qui rapporte un cas de ce genre chez une jeune fille surme¬
née par un véritable excès de danse. Les désordres graves que produit le
surmenage du côté du cœur peuvent être la cause d'une mort subite en
préparant une syncope cardiaque.
En cet état, la situation est pleine de périls et l'on peut voir survenir
des accidents de la plus haute gravité. La thrombose, la gangrène
spontanée ont été observées par M. Révilliod et par M. le professeur
Le Fort ; elles peuvent être la conséquence à la fois de la dyscrasie créée
par l’auto-intoxication et des troubles trophiques dus à l'épuisement
nerveux.
L'albuminurie, qui est observée surtout dans les cas graves, peut recon¬
naître pour cause des infractus des reins ; l'albumine, qui se montre
parfois en très grande quantité dans l'urine, disparaît spontanément par
le repos au bout de quçlques jours. D'autres causes d'ailleurs peuvent
provoquer cet accident, les troubles de la circulation par exemple et
l'action nocive des lcucomaïnes sur le rein.
La myosite suppurce, qui se développe quelquefois dans les muscles
plus particulièrement en action dans la marche, montre ainsi ses rapports
avec la fatigue excessive.
Enfin les suffusions sanguines, les hémorrhagies multiples oui survien¬
nent du côté de la peau et des muqueuses et qui colorent parfois les sécré¬
tions. témoignent de l'altération profonde que subit le sang dans les cas
graves de surmenage. C'est dans ces conditions que peut survenir un état
comateux rapidement mortel.
La variété et gravité des accidents imposent le diagnostic de leur véri¬
table cause. Les phénomènes peuvent se montrer sous les apparences
d'une grippe, d'un embarras gastrique, du début d'une maladie grave,
comme la variole, mais surtout sous celles d'une fièvre typhoïde à son
début.
Plus rarement, les accidents font croire à une affection cardiaque, une
myocardite, l'étendue de la matité, le caractère des bruits plus sourds et
affaiblis donnent l'idée de l'existence d'une péricardite, l'albuminurie en
impose pour une néphrite ; dans tous ces cas, la connaissance de la
notion étiologique, qu'il faut toujours rechercher, est de la première
importance.
Il est enfin, chez l'enfant, des affections qui se rattachent au surme¬
nage par la cause, c'est l’ostéo-myélite au premier degré et la fièvre dite
décroissance. Les symptômes généraux sont les mêmes dans tous les cas,
mvis le travail excessif qui se produit dans les zones épiphysaires provo¬
que des douleurs localisées à leur niveau. Le travail de croissance qui a
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- 95 —
lieu dans ces points rend donc l'enfant très accessible aux effets de la
fatigue prolongée, d’où cette conclusion pratique que si l'exercice modéré
est une nécessité dans l'hygiène de l'enfance, il faut éviter d'un autre côté
tout ce qui devient un surmenage, les marches forcées et les excercices
violents. Ce rapide aperçu pourra peut-être montrer la place qui revient
dans l'étiologie générale et la pathologie au surmenage physique parfois
associé au surmenage intellectuel chez les jeunes gens. Nous n'avons pu
qu’indiquer les points importants de ce chapitre de pathologie dont
le lecteur lira avec intérêt les développements dans la thèse de M. Rendon.
(France médicale.)
• •
Conseil d’hygiène et de salubrité de la Seine.
Dans la dernière séance du conseil d'hygiène et de salubrité de la
Seine, M. Lépine, secrétaire général de la préfecture de police, a
fait connaître qu'il avait reçu du chef du laboratoire municipal une
communication sur laquelle il a appelé toute l'attention du conseil.
11 s'agit de l’apparition dans les matières alimentaires du nouveau
produit, la saccharine, dont nous avons parlé à plusieurs reprises, et
notamment dans notre dernière causerie scientifique. Voici la subs¬
tance de cette communication :
Le 11 mai courant il a été déposé au laboratoire un échantillon de
vin de Champagné, de saveur très sucrée, mais avec un arrière-goût
désagréable. L'analyse y a décélé une proportion d’extrait très faible
(16 gr. 6 de litre), très peu de sucre réducteur (2 gr. 4), l'absence
complète de saccharose et la présence de saccharine. Le déposant n'a
pu encore nous indiquer l'origine de ce vin.
Les inventeurs de la saccharine ont fabriqué d'abord ce produit
pour l'usage médical, comme un adoucissant au régime des diabéti¬
ques; mais ils no cachaient pas leur intention, aussitôt que le prix de
revient le permettrait, de le lancer dans l'industrie pour augmenter
le pouvoir édulcorant des glucoses, dont le cours est peu élevé, et de
créer ainsi une confiserie à bon marché en faisant une concurrence
sérieuse au sucre de canne ou de betterave.
Iis sont arrivés aujourd'hui à leur but et livrent à l'industrie des
sirops de glucose et glucose massés, additionnés de saccharine par
kilogramme équivalent à leur poids de sucre de betteraves et se ven¬
dent 33 marks ou 41 fr. 25 c. les 100 kilos; ceux à 2 grammes de
Saccharine par kilogramme sucrent autant que le double de leur poids
de sucre de betterave et se vendent 43 marks ou 53 francs 75 c , les
100 kilos.
M. Lépine a fait observer que l'usage et la mise en vente do ce
nouveau produit pouvaient mettre en péril les intérêts du Trésor, de
l'agriculture et de l'industrie sucrière. 11 y a lieu, en tout cas, pour
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le conseil, de rechercher s'il n'offre pas de danger pour la santé
publique, et, même dans le cas où il serait inoffensif, il paraît évi¬
dent que la saccharine ne possède pas les qualités nutritives et ali¬
mentaires du sucre.
En conséquence, il a prié le conseil de vouloir bien examiner
cette question.
Celle-ci a été renvoyée à une commission composée de MM, Peli-
got, Jungflcisch, Riche, Armand Gautier, Proust et Dujardin-Beau -
metz.
Dans la même séance, M. Armand Gautier a fait connaître au con¬
seil que l’on vendait aujourd'hui à Paris, particulièrement dans les
environs des Halles centrales, un liquide destiné, d'après les indus¬
triels qui le débitent, à étamer les ustensiles de cuisine, et au besoin
à transformer le cuivre en argent. Il a examiné ce liquide, qui n’est
autre que du nitrate de mercure concentré, sel aussi dangereux que
le sublimé corrosif. Grâce à ce liquide, les acquéreurs, et particu¬
lièrement les gens de cuisine, amalgament inconsciemment leurs
ustensiles sous prétexte de récurage, puis la préparation culinaire
entraîne ce mercure dans les aliments au grand détriment de la po¬
pulation parisienne qui n'est pas prévenue.
M. Armand Gautier a donc cru devoir faire cette communication
au conseil, désireux qu'il est, d'une part, que l'administration arrête
le débit d'une substance aussi dangereuse (et il croit savoir qu'à cet
égard elle a déjà pris quelques mesures), d'autre part, afin que,
grâce à la publication du proces-verbal de cette séance, ces faits
arrivent à la connaissance du public qui, prévenu, saura sans doute
se défendre contre cette dangereuse pratique, qui donnerait lieu à
une poursuite devant le tribunal correctionnel par application de
l'ordonnance du 20 octobre. (France Medicale.)
SOMMAIRE.
LE BORD DE LA MER (suit/:), par le D r Martiny . 65
Le tabac, par MM. Em. Seutin, Ph° et leD r Léon Seutin,
de Bruxelles.69
La scrofulose. Traduction du D r Chevalier, de
Charleroi.77
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D' Lambreghts, fils, d’Anvers. 85
Variétés. . 91
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
15» Année. JUILLET 1888. N® 4.
ASSOCIATION CENTRALE DES HOMEOPATHES BEIGES.
Président , Secrétaire ,
D r Schepens. D p Schwartz.
Séance du 3 juillet 1888.
Le procès-verbal de la séance précédente est adopté.
Le Dr Martiny présente quelques considérations au sujet du
cumul de la médecine et de la pharmacie et il demande aux con¬
frères présents s’ils sont d avis, comme lui, d’exposer cette ques¬
tion à la Chambre des représentants.
Différentes opinions sont émises à ce sujet, mais la question
ayant été introduite un peu ex abrupto, on demande d’en re¬
mettre la discussion à la prochaine séance.
On reprend ensuite la discussion sur la répétition des doses et
le changement de remède.
Le D r Criquelion est d’avis qu’il faut répéter la dose d’autant
plus fréquemment que les affections auxquelles on oppose le
médicament sont plus aiguës et plus virulentes, r*omme c’est
également une raison d’en abaisser les atténuations. Les affec¬
tions torpides et chroniques, dont les modifications s’opèrent len¬
tement, ne réclament que des doses éloignées et des atténua¬
tions élevées. Il ne croit pas pourtant que le rapprochement
des doses puisse troubler l’évolution curative de la maladie.
Quant au changement des remèdes, il ne peut en être ques¬
tion que si ceux-ci n’ont pas été primitivement absolument
homœopathiques, ou s’ils ne le sont plus. Une étude très atten¬
tive peut nous en instruire, comme aussi un arrêt dans l’amélio¬
ration progressive du mal. Il faut bien voir pourtant si un
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— 98 —
changement clans l’atténuation ne conviendrait pas, ce qu’une
conviction bien motivée de la parfaite homœopathicité de notre
médication peut nous engager à faire.
Les D” Schepens et Gaudy pensent qu’il faut se guider sur la
rapidité et le mode d’évolution de la maladie, répétant les doses
dans les cas aigus, les éloignant dans les cas chroniques.
Le D r Gaudy rappelle qu’il lui est arrivé à différentes repri¬
ses, dans des cas aigus, d’observer une aggravation chaque
fois qu’il éloignait les doses.
Le D r Martiny ajoute que dans des cas de diphthérie, il a pour
principe de faire même réveiller les malades la nuit pour leur
administrer le remède à dose fréquente; il est convaincu que
c’est cette manière de faire qui lui a valu des succès dans
plusieurs cas considérés comme désespérés.
L’heure étant trop avancée pour aborder les $ 5 et 6 de
l’ordre du jour, le D r Martiny fait part aux confrères d’un projet
d’établissement d'une Ligue homœopathique belge, à l’ins¬
tar de celles qui existent depuis des années en Allemagne et de
celle qui a été créée l’année dernière en Angleterre. Il propose
de nommer une commission pour élaborer un règlement qui sera
présenté à l’Association, dans sa réunion d’octobre.
La séance est levée à 5 1/2 heures.
Gomme suite à la proposition du docteur Martiny, de for¬
mer une ligne homœopathique et pour répondre à des con¬
frères ayant émis des doutes sur l'efficacité d’une ligne ho¬
mœopathique, dans laquelle, selon l’idée du docteur Martiny,
on admettrait non seulement des praticiens, mais encore toutes
les personnes manifestant des sympathies pour Hiomœopatliie,
je me permettrai de citer deux faits qui viennent de se produire
en Allemagne.
D’abord l’ouverture, à la date du 1 er juillet dernier, dans la
ville de Leipzig, d’un hôpital homœopathique de 60 lits, hôpi*
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— 99 —
tal complètement indépendant de toute intervention officielle,
dont les fonds ont été réunis peu à peu et grâce à la générosité
de nombreux- bienfaiteurs non praticiens, membres de diffé¬
rentes sociétés homœopathiques, quineso sont pas contentés
d’apporter à cette œuvre leur obole en argent, mais dont diffé¬
rents comités de dames ont contribué à l’installation en s'occu¬
pant de la confection du linge, des literies, etc., nécessaires à
l’établissement. A différentes reprises déjà, le monde médical
avait essayé d’établir en Allemagne pareille œuvre, mais ses
efforts avaient toujours échoué. On peut donc dire que c’est
grâce à l’intervention de l’élément, je dirais presque laïque,
qu’on a pu cette fois la mener à bonne fin.
Le second fait consiste dans la circulaire du ministre de l’in¬
térieur du royaume de Wurtemberg,circulaire du 20 avril 1888,
complétant les instructions du 17 juillet 187G et laquelle établit
qu’à l’avenir rhomœopathie (principes et base de la méthode)
fera partie de l’examen imposé aux médecins qui demandent
une fonction dans l’Etat ainsi que l’examen des médecins légistes
(3° section,examen oral).—Voilà donc un pays où l’homoeopathie
est reconnue officiellement ; peu à peu les autres pays de
l’Allemagne suivront. Mais ce serait une étrange illusion que
d’attribuer ce résultat aux seuls efforts du monde médical. Ce
qui commence à lui donner cette force, c’est que non seulement
elle est très répandue dans le peuple et à la campagne où les
instituteurs et les prêtres la recommandent et la pratiquent,
mais que de plus elle a trouvé de nombreux protecteurs dans
les classes supérieures et officielles, exerçant une autorité dans
le gouvernement; nombre de fonctionnaires et des plus hauts
placés sont affiliés aux sociétés homœopathiques, s'y intéressent
et leur prêtent leur appui. Et il faut bien reconnaître que c'est
cet appui qui pèse surtout quand il s’agit d’obtenir une faveur
officielle. Ce qu’il peut en Allemagne, il le peut aussi dans notre
pays, et c’est une raison pour l’intéresser directement à la cause
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— 100 —
en attirant dans la ligue projetée tous ceux, partisans de
l’homoeopathie, qui peuvent lui apporter cet appui.
Dr Schwartz.
Le tabac (1),
par MM. Em. Skutin, Th 11 , et le D r L. Seltin, à Bruxelles.
Ce que nous venons de dire prouve combien le tabac est un
poison redoutable ; en effet, quand on songe qu’avec du tabac
qui contient 6 p.c. de nicotine,on peut retirer de 4 kilogrammes
de cette plante desséchée 240 grammes de ce terrible alca¬
loïde, et comme deux à trois gouttes suffisent pour foudroyer
un homme, prenons ce dernier chiffre (3 gouttes) ; l’on a donc
à sa disposition de quoi faire mourir 1,600 personnes ! Et
voilà la plante, qui contient un toxique aussi énergique, qui a
su soumettre à sa puissance, à sa domination, plus de 800 mil¬
lions d’hommes!... C’est-à-dire la plus grande partie de l’uni-
vers !... Serait-elle douée, à l'égard de notre pauvre humanité,
d’un pouvoir magnétique et vraiment fascinateur ? Ou bien
serait-elle douée des parfums les plus suaves et quon aime à
respirer toujours? Ou bien encore, sa saveur serait-elle déli¬
cieuse, et laisserait-elle après elle le plus doux et le plus agréable
souvenir? Mais il n’en est pas ainsi, loin de là, car elle n’exhale
qu’une odeur méphitique, délétère et repoussante, qui donne
des vertiges et des nausées, etc. ! Quant à sa saveur, elle
est d’une âcreté vraiment insupportable, et puis, qu’on ne
’oublie pas, c’est que prise intérieurement à la dose de quelques
grammes, la nicotiana peut donner la mort!... Doit-on s’en
étonner quand on‘ sait qu’un cigare préparé avec du tabac du
nord de la France, ou du tabac d’Obourg, de notre pays, et
pesant 7 grammes, contient 42 centigrammes de nicotine (six-
(1) Suite. Voir volume courant p. 09.
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centigrammes par gramme de tabac) ? Et voilà pourtant la ter¬
rible plante qui a su s’imposer à la société toute entière, aux
savants comme aux ignorants, aux grands comme aux petits,
aux riches comme aux pauvres; et pour comble, c’est de voir des
enfants, en très bas âge encore,contracter cette triste et funeste
habitude, et qui peut avoir pour eux les plus fatales consé,
quences ! Le tabac est déjà si souvent pernicieux ux adolescents
même aux adultes, et combien ne doit il pas l’être davantage,
quand il s’agit d’enfants de 8, 10 à 12 ans ! Autrefois, deux
nobles professions avaient su se soustraire courageusement à sa
tjranie, c’était le sacerdoce, c’était la médecine ; mais aujour¬
d’hui, prêtres et médecins fument sur toute la ligne ; en le
faisant, n’ont-ils pas porté quelque atteinte à leur dignité, à
leur considération? Et puis, quant à ceux qui exercent la
belle profession médicale, n’auraient-ils pas dû tous s’unir
pour combattre ce véritable ennemi de l’humanité? Mais, nous
l’avons déjà dit, le corps médical presque tout entier a eu le
grand tort de s’enrôler sous sa triste bannière; aussi, presque
tous les médecins fument, il en est même qui le font avec pas¬
sion, et de la manière la plus abusive, et qui seraient bien plus
disposés à le défendre qu’à lui faire la guerre. C’est une chose
regrettable à undouble point de vue ; d’abord, c’est que l’abus (1 )
constitue pour eux-mêmes un danger réel, semblable à celui
qu’encourent tous les autres fumeurs (2). Nous savons que
parmi les fumeurs, il en est un certain nombre chez lesquels la
tolérance s’établit d’une manière complète et qui pourront fumer
toute leur vie, sans avoir jamais à se plaindre de la nicotiana ;
on peut appeler ces hommes de vrais privilégiés; mais on ne doit
pas pourtant trop les bercer d’illusions à cet égard, car pour
(1) Nous ne combattons ici que l'abus.
(2) Les docteurs Teste, Joly, Leroy de Méricourt, et d’autres que nous pour¬
rions citer, en out été les tristes victimes et ne sont parvenus à se guérir qu’en y
renonçant tout à fait.
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notre part nous avons connu bien des hommes qui ont pu fumer
impunément pendant 20, 25, 30 ans, et qui sc sont vus après
cela atteints d’affections tristes et pénibles, et dont la plupart
étaient complètement méconnues et qui faisaient le désespoir
de la médecine!... Et pourquoi? C’est que la vraie cause
était restée ignorée ; un faux diagnostic avait été porté, qui ne
pouvait produire qu’un néfajste traitement! De telles erreurs
sont commises le plus souvent par des médecins qui sont eux-
mêmes de grands fumeurs, et qui s’adonnent avec d’autant
plus de volupté au tabac qu’ils croient qu’ils n’auront jamais
à compter avec le tabac. Dans de pareilles conditions, les
hommes qui pratiquent l’art de guérir, même les plus émi¬
nents, ne sont-ils pas exposés à porter d’erronés diagnostics
sur les maladies si nombreuses, si variées, si insidieuses, si
graves, que le tabac peut produire? Cette considération si
importante ne devrait-elle pas engager tous les jeunes gens
qui veulent étudier et arriver à la noble profession médicale,
à ne jamais contracter une aussi déplorable habitude!... La
prudence et la sagesse conseillent de ne pas la prendre, cette
malheureuse habitude, car, quand on se l’est donnée et qu’on
l’aime avec passion, il est non seulement difficile d’y renoncer,
mais parfois impossible. J’ai connu des jeunes gens qui l’ont
tenté, le tabac étant nuisible à leur santé ; mais après neuf à, dix
jours de renonciation, ils ont été obligés de le reprendre, tant ils
craignaient de devenir fous, par une abstention plus prolongée!
Disons-le sans détour, il y a aujourd’hui un tel engouement
pour le tabac qu’il serait incompréhensible, si l’on ne savait aussi
combien parfois est grande et puissante la contagion de
l’exemple, si l’on ne savait aussi combien parfois les hommes
se laissent facilement entraîner aux plus tristes comme aux
plus déplorables abus. Il faut réagir, il en est temps ; le
flot monte tous les jours davantage!... Depuis le jour où Jean
Nicot fit cadeau à Catherine de Médicis d’un peu de cette graine
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recueillie chez les sauvages, quel espace franchi ! quelle pro¬
gression (l)î progression telle qu’en France, où le tabac se trouve
sous le régime de la régie, on trouve par des chiffres les preu¬
ves péremptoires de la consommation de plus en plus grande
de tabac.
En 1832, l’impôt fiscal du tabac rapportait 28 millions ;
En 1842, le tabac donnait déjà 80. millions ;
En 1852, le tabac produisait 120 millions;
En 18G3, le tabac produisait 216 millions ;
Enfin, en 1888, on parle de 300 millions.
Dans notre pays, ou le commerce du tabac est libre, il est
bien difficile d’apprécier la quantité qui y est consommée,
mais ce que nous pouvons assurer avec certitude, c’est que,
toute proportion gardée, on fume beaucoup plus en Belgique
qu’on ne le fait en France. En 1871, dans les conférences que
nous avons données alors, nous estimions déjà que notre pays
consommait au moins en une année pour 50 millions de francs
de tabac!... Cinquante millions consacrés à l’achat d’une
plante fétide, délétère, et qui ne peut être pour un très grand
nombre d’hommes qu’une cause d’affections et de tristes misères!
Ce n’est pas seulement de l’aberration, mais aussi de la folie!
Pour tout homme qui envisage d’une manière sérieuse et avec
tout le calme de la raison cette palpitante question du tabac, il
ne peut que s’en affliger et en gémir, et avec l’illustre Montain,
n’est-on pas tenté de se demander si cette plante, fatale par
l’abus qui en estfait, n’a pas été envoyée par le Nouveau-Monde
pour se venger de l’ancien?
Nousavonsdoncle droit de dire que parcette énorme consom¬
mation du tabac,.toujours progressive, la société se trouve
sérieusement lésée dans sa fortune présente, mais plus atteinte
encore dans sa fortune d’avenir !
(1) Pecholier. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales.
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Quelle est cette fortune, dit le professeur Imbert, que nous
citons ici textuellement , sinon toute cette jeunesse dans laquelle
la société se recrute incessamment, dépôt de ses plus chères es¬
pérances! Or, toute la jeunesse, il ne faut pas se le dissimuler,
fume,et,à cette heure, cette funeste habitude est générale parmi
les jeunes gens comme parmi les adolescents, et même assez
fréquente chez les enfants.
Nous l’avons déjà dit et nous le répétons, le jeune homme, et
à plus forte raison l’enfant,sont exposés à de plus grands dangers
que l’homme adulte; pour eux l’immunité est beaucoup plus rare;
de là péril et dommage pour leur santé, leur intelligence, leur mo¬
ralité. Si Thomme fait peut supporter sans danger une certaine
dose de poison, il n’en est pas de môme pour l’homme qui est à
faire. Les jeunes fumeurs, sans parler d’autres accidents dont
ils peuvent être la victime, se donnent gratuitement des maux
d’estomac, perdent parfois l’appétit, la nutrition se fait mal, et
h cette heure où la croissance rapide exige une nourritur o
abondante et réparatrice, ils maigrissent, s’étiolent et prennent
des teints cachectiques.
Le tabac,dit encore le professeur Imbert,qui éloigne du tra¬
vail, rend la jeunesse inactive et oisive; faut-il après cela, dit-
il. s’étonner de trouver chez les jeunes fumeurs tant d’incapacité
et de médiocrité, faut-il s’étonner encore de l’abaissement du
niveau des études, niveau qui s’abaisse de plus en plus, à me¬
sure que s’élève davantage la fumée de nos jeunes gens !...
Ce serait ici le moment de demander avec l’éminent D r Joly,
d’où peut venir le vide,qui s’opère dans la population masculine,
pendant la période la plus florissante de la vie, et ce qui a pu
en emporter les éléments les plus virils ! La statistique de la
mortalité peut seule nous l’apprendre,en permettant de constater*
chez les hommes de 30 à 50 ans, un plus grand nombre de
décès, dus aux maladies des centres nerveux, à toutes les formes
des maladies mentales, aux ramollissements du cerveau et de la
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• 105
moelle épinière, en un mot à cette longue série d’affections qui
viennent accuser tous les genres d’ivresse, physique, morale, in¬
tellectuelle, mais où l’on peut toujours voir figurer en première
ligne les effets de l’abus du tabac.
Ab ! il est triste et pénible d'arrêter sa pensée sur tout ce que
les hommes, mais surtout les jeunes gens, perdent en santé, en
intelligence par les malheureux cigares et les tristes tuyaux ^le
la pipe ! Quant au capital immense dissipé en méchantes fumées,
nous l’avons déjà dit, il constitue un chiffre énorme et désolant.
Maintenant qu’est-ce qui pousse l’homme à user tous les jours
de poisons, ou de substances nuisibles à sa santé physique et mo¬
rale et pernicieuses à sa vie même ? Y a-t-il là un besoin ins¬
tinctif ? Cela n’est pas probable, car personne n’a fumé le tabac
ou l'opium pour la première fois, sans en éprouver de l’aversion
et parfois aussi des souffrances bien pénibles !...Un auteur a dit
qu’il y avait dans notre nature un besoin d’éprouver des sensa¬
tions et d’occuper nos sens. Pour le fumeur le plaisir des yeux
entre pour une grande part dans la somme des sensations qu’il
éprouve ; au moins assure-t-on que l’on n'a jamais vu fumer un
aveuglede naissance; on prétend, dit encore le professeur Imbert,
que les fumeurs qui deviennent aveugles, cessent de fumer, pour
prendre l’habitude de la prise; le plaisir des yeux est si réel,
ajoute le même auteur, que le véritable fumeur ne veut pas
fumer dans les ténèbres. S’il s’éveille pendant la nuit, et qu’il
veuille satisfaire sa passion habituelle, il allume sa lampe ou sa
bougie, il veut jouir par les yeux et voir tournoyer dans l’air,
cette bienheureuse fumée qu’il lance de sa bouche en magnifi¬
ques et agréables spirales,et qui procurent aux fumeurs de dou¬
ces et si charmantes rêveries !...
Mais abandonnons toutes ces considérations, et envisageons
pour un instant l’abus qui est fait du tabac, au point de vue du
tort considérable qu’il fait à la fortune de la société en général.
Pour l’ouvrier, dit le professeur Imbert, qui dépense chaque
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jour 15 à 20 centimes pour son tabac, n’est-ce pas parfois
une gêne réelle, une source de misères; c’est souvent un morceau
de pain enlevé à ses enfants. Quant à l’homme riche qui fume
beaucoup, la dépense de son tabac est toujours sérieuse, c’est
parfois de la prodigalité, et par conséquent une faute, une
insulte à la misère. Oui, la dépense du tabac est parfois si
grande, qu’elle suffirait souvent à nourrir toute une pauvre
famille, et l’on peut soutenir qu’à tous les degrés de la société,
le grand fumeur, surtout le fumeur de cigares, arrivé à l’âge de
50 ans, à déjà mangé sous cette forme, une partie de la dot de
sa fille, s’il ne l’a mangée toute entière.
Abdel-Kader, ce barbare qui a résisté 15 ans aux armes de la
France, nous a laissé sur le tabac une leçon digne d’être rappor¬
tée. Dans sa captivité, il racontait ainsi les détails de son admi¬
nistration: dans mon armée, disait-il, le jeu, les liqueurs, le vin,
le tabac étaient sévèrement proscrits. Ce dernier cependant
n’était pas défendu par notre religion, mais mes soldats étaient
pauvres et je ne voulais pas qu’ils contractassent une habitude
qui devient parfois si forte que l’on a souvent vu des iudividus
laisser leurs femmes et leurs enfants dans le plus complet
dénuement, et vendre jusqu’à leurs propres vêtements pour
satisfaire leur passion !...
Un tel récit ne vient-il pas mettre en relief le grand tact, la
rare sagacité, l’admirable prévoyance d’Abdel-Kader ! C’était
pourtant un barbare, mais un barbare de génie. Cette défense,
il la justifiait par les motifs les plus sérieux et les plus
péremptoires. En présence de mesures aussi sages que pré¬
voyantes, prises par ce barbare, mettons en regard celles qui
sont adoptées par un grand nombre de maisons vouées à
l’instruction de la jeunesse et nous aurons lieu de nous deman¬
der de quel côté se trouve la barbarie ?Oui, dans ces maisons,
l’on permet de fumer, une ou deux fois dans le courant de la
semaine ; funeste condescendance s’il en fût jamais et qui ne peut
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donner qu’une habitude funeste et précoce à des jeunes gens, à
des adolescents ; habitude qui ne peut avoir que la plus perni¬
cieuse influence tant sous le rapport physique qu’intellectuel; et
si maintenant l’on demande à ces chefs d’institution quel est le
grand mobile d’une pareille concession, ils ne pourront vous
répondre, car cette concession ne constitue qu’une triste
réclame, un perfide attrait lancé à la jeunesse ; c’est une con¬
duite inqualifiable qu’on ne saurait trop stigmatiser et flétrir!
Nous savons très bien qu’il y a en France, à Paris surtout,
des maisons d’instruction, se trouvant sous la dépendance du
gouvernement, où l’on fume chaque jour d’une manière régle¬
mentaire ; nous le savons, mais ce que nous savons aussi, c’est
que ces maisons ne brillent pas par les succès de leurs élèves, et
cependant dans ces maisons, nous apprend encore M. le D r Joly,
on fait tout pour favoriser le goût du tabac, et pour y
arriver plus sûrement, on a soin de placer dans les quartiers
respectifs des élèves, tout ce qu’il faut pour le satisfaire ; comme
s’il fallait, ajoute le même .auteur, absolument débuter par le
cigare dans des études sérieuses, et comme si un pareil novi¬
ciat était bien nécessaire à la carrière des sciences, des armes.
et des belles-lettres. L’expérience ne paraît pas l’avoir prouvé
jusqu’à ce jour, car dans ces écoles bien connues, l’ont peut
compter chaque année autant de fruits secs que d’élèves qu 1
se sont distingués dans les exercices de la pipe et du cigare.
D’après ce que nous venons de dire du tabac, nous croyons avoir
le droit d'avancer que l’usage de cette plante tel qu’il est prati¬
qué, n’a pas de raison d’être, et qu’il serait impossible même
de trouver une raison tant soit peu sérieuse qui le justifiât. La
gourmandise, l’ivrognerie, la débauche sont des vices odieux et
abjects, mais ils ont au moins une origine organique et ce se-
r ait leur excuse, si on pouvait excuser de pareilles dégradations!
Quant au tabac, nous le répétons, malgré que certains poètes
l’ont chanté, il n’exiBte aucun motif tantsoit peuplausible quon
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puisse faire valoir en sa faveur. Bien loin de là, on a le droit de
lui imputer les plus tristes, les plus douloureux griefs; on a le
droit encore de lui lancer de nombreuses et lamentables accu¬
sations b..
Les quelques faits, que nous allons citer, prouveront d’une
manière péremptoire la justesse de nos appréciations.
(A continuer.)
Seutin, Ph n , et D r L. Seutin.
Trois cas de néphrite parenchymateuse chez des
cardiaques,
par le D r Criquclion, de Mous.
M. le chevalier de C., âgé de 73 ans, est d’une consti¬
tution très robuste. En 1885 il a présenté des accidents bron¬
chiques avec de l’oppression facile, de l’arythmie, un peu de
bruit de galop et de l’oubli de respirer.
En 1886 je constate un souffle un peu rude au l r temps et
de l'oedème aux jambes ; la taux avait reparu ; il y avait de
lœdèmeaux bases des poumons, surtout à gauche, et crachats
gras, quelquefois un pou spumeux ; les symptômes dispa¬
raissent sous l’influence de ars. 6 e et phosphorus 6 e , aidés
intercurremment de tartarus erncticus et de kali bichromi -
cum ; j’eus aussi à combattre de l'épanchement pleurétique
qui céda à ars. 6 e et sulphur 6 e .
En 1887 les mêmes phénomènes cardiaques et pulmonaires
se représentent : toux, oppression, engorgement et œdème
des bases, arythmie, bruit de galop, souffle au premiër temps
et à la base. Ils résistent à la même médication. Je trouve de
l'albumine dans les urines; l’œdème des jambes augmente;
elles sont eczémateuses ; la langue est rouge, luisante, sèche ;
les urines sont courtes, brunes ; les bourses sont gonflées : je
donne rhus, apis , arsenic , rien n’y fait. Il y a beaucoup
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d’agitation, impossibilité de rester au lit, unegrande oppression
qui rend même la mastication difficile.
Je prescris ars.6 e , phosphorus 6 e , aur. muriatic. et mer-
cv.rius.
Au bout de quinze jours une amélioration remarquable
survient; l’oedème commence à disparaître; les urines
quoique colorées deviennent plus abondantes ; la circulation
plus régulière. Le pouls reste toujours faible, mais il devient
régulier, sans arythmie, présentant à peine une petite inter¬
mittence ; il n’y a plus de bruit de galop. Le malade dort
bien, mange facilement, n’est plus oppressé et se trouve très
heureux. Cette amélioration progressive se continue et l'albu¬
mine disparaît des urines. A peine celles-ci présentent-elles
par la chaleur et par l’acide nitrique un petit nuage laiteux
qui persisté encore, quoique le malade soit on ne peut mieux.
Il y a un an quo cette amélioration se maintient, sous
l’influence du traitement qui est continue.
Madame S., de Bavay, a 50 ans. Elle est très vive et
même très colérique ; s’occupant beaucoup d'affaires, elle a
eu beaucoup de contrariétés et de chagrins. Ses premières
souffrances remontent à 4 ans. Elle s’aperçut alors pour la
première fois qu’elle était oppressée en gravissant une côte ;
depuis elle a toujours eu des oppressions faciles, augmentant
au moindre mouvement; les palpitations étaient fréquentes.
Cet état a fait des progrès constants jusqu’au moment où je
fus appelé. A mon arrivée je trouve la malade toute délacée,
étendue dans un fauteuil, en proie à une agitation extrême,
manquant d'air, parlant difficilement, les yeux anxieux,
implorant des secours et repoussant tout le monde : elle
tombait de sommeil et se réveillait en sursaut ; les jugulaires
battaient fortement; la respiration étaittrès difficile, sifflante;
on distinguait très bien à la base, surtout à droite, les
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nombreux râles de l’œdème pulmonaire; il y avait un peu de
toux sèche et peu de crachats. Le cœur était en détresse; les
bruits étaient mous, sourds, sans éclat ; la pointe se montrait
un peu au-dessous de la normale.
Le pouls était un peu large, mais sans tension. Les parois
du ventre étaient œdématiées, sans qu’il y eût d’ascite ; les
jambes très grosses ne diminuaient pas le matin. Les urines
étaient courtes, troubles, fréquentes et occasionnaient un
ténesme presque continuel et extrêmement douloureux. Elles
donnaient lieu à un dépôt très abondant de phosphates amrao-
niaco-magnésiens qui se dissolvait dans un excès d acide. Les
urines décantées et traitées par l’acide nitrique présentaient
un précipité très abondant d’albumine. La pauvre femme était
soumise à un traitement énergique ayant pour base la digitale,
le bromure de potasse et les piqûres de morphine; elle prenait
12 à 15 œufs par jour, y compris le blanc, et le jus d’une
livre do viande.
Le 22juillet 1887,je lui prescrivis ars.,pho$phoru$ y aurum
muriaticum et rantharis alternés de deux heures en deux
heures et la soumis au régime du lait et des crèmes.
. Le 25 juillet je la revis ; il y avait une légère détente ; la
circulation s’était améliorée; la respiration était plus facile,
les battements plus réguliers; je distinguai un bruit présys¬
tolique ; le ténesme vésical avait considérablement diminué ;
il y avait toujours de fréquents réveils en sursaut, quoi¬
qu’elle dormit quelquefois trois quarts d’heure. Et les urines
contenaient beaucoup de sels d’ammoniac et de magnésie. Je
fis continuer la médication.
30 juillet. A ma visite suivante le mieux s’accentue : les
fonctions circulatoires, respiratoires et urinaires se font
mieux ; le ténesme a disparu ; les bruits du cœur sont moins
sourds ; le sommeil est plus prolongé.
Le 2 août, je trouve la malade dans une situation meilleure
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encore ; l’anasarque diminue, Pœdème pulmonaire tend à
disparaître, la respiration se fait bien ; la malade dort quel¬
quefois deux heures; les urines sont faciles et plus abondantes,
un peu plus claires et ne contiennent presque plus d’albumine.
La malade est heureuse.
Cependant le 4 août elle présente vers le soir les signes
d’une grande agitation; il y avait un besoin de locomotion
irrésistible ; M mo S. était méchante, impérieuse et extrê¬
mement difficile, le regard brillant; cet état se continue; le
lendemain l’on me fait venir immédiatement : je la trouve
alors présentant un peu de stupeur avec les pupilles dilatées
et de la résolution dans les membres: je lui prescris belladona
et cuprum aceticum .
L’albumine avait complètement disparu et les urines étaient
redevenues tout à fait claires, sansdéfôt. A ma visite sui¬
vante, le 8 août, je trouvai heureusement la malade rentrée
dans un calme complet, ayant retrouvé l’intégrité de son
intelligence et des mouvements. L’œdème disparaissait presque
complètement, les bruits du cœur restaient sourds mais
normaux, la respiration ôtait facile, l’œdème pulmonaire
avait disparu, les urines étaient claires, sans plus de traces
d’albumine. A peu de temps de là la guérison pouvait être
considérée comme complète ou à peu près, car M mo S.
pouvait vaquer tranquillement à ses affaires, pourvu qu'elle
ne voulût pas y mettre trop d’activité et faire une trop
grande dépense de mouvements. Il aurait fallu continuer
encore pendant quelques mois le traitement de l’affection du
cœur, qui se caractérisait par de l’asthénie, bien qu’il y eût,
je crois, un peu d’hypertrophie excentrique.
M me de B..., d’Ath, a soixante ans. Elle porte une tumeur
squirrheuse du sein pour laquelle elle était allée consulter
^e professeur de Roubaix, qui reconnut chez elle l’existence
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d’une albuminurie et qui pour ce motif refusa de l’opérer.
Cette dame me fît appeler le 5 avril. Elle était oppressée,
et cette anhélation ne lui permettait pas le moindre effort.
Les jambes étaient gonflées jusqu’aux cuisses, la face était
bouffie et les paupières présentaient l’œdème pathognomo¬
nique, les battements du cœur étaient faibles, sans irrégularité
ni souffle.
Je prescrivis ars.6 e ,phosph. 6 e ,anr. mur. 6 e et je continuai
ce traitement sans désemparer jusqu’en février 1888.
L’amélioration se déalara au b>ut de quelques semaines ;
l’anhélation était moins facile, les battements du cœur plus
forts, la respiration meilleure, les urines assez abondantes et
assez claires. L’œdème rétrograda peu à peu et disparut
complètement ; les urines devinrent tout à fait belles, mais
elles conservent encore un peu d’opalescence sous l’action de
l’acide nitrique. Cette dame perdit son teint pâle et blafard ;
ses chairs devinrent colorées et aujourd’hui elle se porte tout
à fait bien. — J’ai dû plusieurs fois pendant le traitement
intercaler le soir une dose de aux vomica à cause d’un
embarras gastrique qui se représentait souvent.
J’administrais les médicaments en les alternant de jour en
jour.
J’ai cru devoir relater ces trois observations parmi toutes
les autres, parce qu’elles étaient toutes trois consécutives à
une affection du cœur avec ou sans lésion des valvules, mais
présentant toutes trois des caractères asthéniques.
Commentont agi ces trois médicaments ars .&, phosphorus
6 e et a arum nmriaticum 6 e ? Ils sont en même temps homœo-
pathiques à l’aff ction rénale et à l’affection cardiaque: et c’est
peut-être là tout le secret de leur vertu. Mais ont-ils eu une
action primitive sur lo cœur et la néphrite albumineuse n’a-
t-olle guéri que secondairement ?
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Je ne le crois pas, surtout en présence du deuxième cas
que je rapporte, où, malgré la violence et la gravité de la
lésion, l’affection rénale a guéri très vite, plus vite même que
le cœur, qui n’a pas retrouvé toute son intégrité organique
et fonctionnelle.
D r Criquelion.
NOTES CLINIQUES
du D r Victor Arnulphy, fils, de Nice. 1
La sciatique.
La sciatique est une de ces affections qui prouvent incontes¬
tablement la supériorité des moyens thérapeutiques de
l’homoeopathie sur ceux employés par l’école officielle.
Il est peu de maladies, en effet, qui lassent aussi souvent
la patience de nos confrères allopathes, car elle résiste d’une
façon désespérante à tous leurs efforts, même les plus éner¬
giques (c’est le mot consacré).
Voilà pourquoi dès le début de ma pratique,j’eus à soigner un
certain nombre de malades qui, après avoir vainement subi
« toute la lyre » du traitement allopathique, invoquèrent les
secours de la méthode hahneraannienne. Bien leur en prit car
leurs espérances ne furent point déçues.
Je vais raconter brièvement l’histoire des cas les plus remar¬
quables :
Observation I. — G... menuisier, âgé de 35 ans, tempéra¬
ment sanguin, constitution athlétique, me fit appeler le 18
février 1886. Cet homme souffrait depuis plus de six mois
d’une sciatique à la jambe gauche, suite d’un refroidissement.
Au début, la douleur était tolérable et le patient pouvait
marcher un peu en s’appuyant sur un bâton ; mais, depuis
environ trois mois, il gardait le lit et le moindre mouvement
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lui arrachait des cris déchirants. Le médecin-major du régi¬
ment lui avait fait prendre du salycilate de soude, lui avait
appliqué des ventouses et des vésicatoires; rien ne lui avait
apporté le moindre soulagement. Enfin, après avoir pris des
bains électriques qui aggravèrent beaucoup son état, C... se
décida à essayer de l’homœopathie.
Je le trouvais couché sur le dos s’efforçant de garder
l’immobilité la plus absolue et souffrant en outre depuis deux
jours d’une céphalalgie tellement violente que, disait-il, les
douleurs de sa jambeen étaient presque effacées.La face était
rouge, congestionnée, les yeux à demi fermés, la peau moite,
les urines rares et chargées, insomnie. P. 90. T. 38°, 5.
Voulant d’abord faire cesser la céphalalgie, je prescrivis
gelsemin . 1 x, 20 gouttes dans 200 grammes d’eau, une
cuillerée chaque demi-heure.
Le 17, céphalalgie diminuée, le malade a pu prendre un peu
de repos pendant la nuit et dit ressentir plus fortement sa
douleur sciatique depuis la fesse jusqu’au talon. Gclsem. tou¬
tes les heures.
Le 20. La tête est dégagée mais la sciatique est dans toute
sa force, lu aggravation par le mo uvement est tellement
caractérisée que j’ordonne brgonia 3 e , une goutte toutes les
deux heures.
Le 22. Amélioration,le malade peut so retourner doucement
dans son lit; il est content et plein d’espoir. Brgonia 6 e ,
une goutte toutes les quatre heures.
Le 24. Même état. La douleur ne s’exaspère plus par le
mouvement. J’ordonne arsen. alb . 6'trit., dix centigr. dans
150 grammes d eau, une cuillerée toutes les 3 heures.
Le 28. L’amélioration n’a cessé de faire des progrès. C. .
a pu mettre le pied à terre et faire quelques pas dans sa
chambre, bien soutenu par deux personnes. Prescription :
arsen . 30°, 3 glob. matin et soir, pendant 8 jours.
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— 115 —
Le 8 mars il marche à l’aide de son bâton. Etat général
excellent. Sacch. lact. pendant 8 jours puis reprendre arsen.
30 e , comme dessus.
Le 23 mars, C... venait à mon cabinet me remercier avec
effusion pour l’avoir en si peu de temps arraché à ce qu’il
appelait « son enfer ».
Vingt jours plus tard, cet homme pouvait reprendre son
travail et depuis plus de deux ans la guérison ne s’est pas
démentie.
Observation II. —M. B...,capitaine de cavalerie en retraite,
âgé de 58 ans, célibataire, vint me voir le 28 juin 1886. Il
sortait de l’hôpital militaire où une violente poussée eczéma¬
teuse l’avait forcé d’entrer, n’ayant personne auprès de lui
pour le soigner.
Pendant sa convalescence il restait longtemps à lire ou à
causer assis sous une galerie ouverte et attrapa une sciatique
à la jambe gauche.
Le traitement consista en applications journalières de dix
ventouses sur la cuisse.Chaque ventouse produisait sur la peau
une immense bulle pleine de sérosité qu’il fallait ouvrir immé¬
diatement. Le médecin mis au courant de ce fait déclara que
la sciatique sortirait par là et qu’il fallait continuer l’appli¬
cation des ventouses.
On la continua tant et si bien qu’au bout de 12 jours, 120
ventouses avaient été appliquées sur toute l'étendue de la
cuisse et il ne restait plus de place pour en faire d’autres,
l’épiderme étant soulevé partout. Et pourtant la sciatique
n’avait pas voulu profiter de ces nombreuses portes qu’on lui
ouvrait pour s’en aller. Ce fut le patient qui, fatigué de cette
médication aussi barbare qu'inefficace, sortit de l’hôpital pour
se faire soigner homœopathiquement. *
Il boitait passablement mais souffrait moins en marchant
qu’au repos.
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116 —
Il lui était impossible (signe caractéristique certain de la
sciatique) de relever la jambe gauche maintenue dans Vexten¬
sion complète sans ressentir une violente douleur au point
sciatique fessier. Tenant compte de ce symptôme : améliora¬
tion par le mouvement, j’ordonnai rhus 3 e , trois granules
toutes les trois heures à sec sur la langue’.
Le 30 juin le capitaine vint me voir ; il se plaignit de ce
que le rhus avait déterminé l’éruption sur tout le corps de
quelques vésicules assez grosses remplies de sérosité et ayant
causé une vive démangeaison, tandis que la douleur sciatique
n’avait pas cédé.
(J’ai eu maintes fois l'occasion de remarquer que chez ce
malade, très sensible à l’action des médicaments, les remèdes
administrés même à la 6 e dilution produisent quelquefois des
effets physiologiques.)
Je prescrivis colocynthis 6 e , deux granules toutes les 4 heu¬
res,pendant trois jours.
Le 5 juillet, le capitaine était beaucoup plus ingambe; il ne
boitait presque plus, la douleur avait disparu, ne laissant
qu’un peu de raideur. Colocynthis 6°, deux fois par jour seu¬
lement.
Le 12 juillet la guérison était complète, sans retour jusqu'à
ce jour. Dr V. àrnulphy, fils.
BEVUE DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES ANGLAIS.
Troublés dentaires directs et réflexes,
Travail lu à la a British homœopathic society # par le D r Edward T. Blake.
Pour la facilité, j’emploierai le mot « cacodontique » quand
je voudrai désigner des dents malades, le mot « anodontique >
quand il s'agira de désordres dus à l'absence de dents, qu'elle
soit congénitale ou résulte de leur destruction.
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Les maladies de l’appareil dentaire produisent des effets
variables sur l’organisme. Ces effets peuvent être très apparents
ou bien, au contraire, fort éloignés de la cause qui les produit,
à telle enseigne que la relation, qui existe entre ces deux fac¬
teurs, peut nous échapper très facilement.
Nous ne nous occuperons guère des troubles locaux pour
lesquels nous nous référons au dentiste. Mais il existe toute
une classe de troubles généraux,qui sont dus à la présence de
mauvaises dents et que, à tort, l’on peut attribuer à une autre
cause. Ce sont ces cas qui, au lieu d’échouer chez le terrible
dentiste, feraient mieux de tomber dans les mains moins
cruelles du médecin.
Ces deux branches de l’art de guérir, la médecine et la
thérapeutique dentaire, s’appuient souvent l’une sur l’autre, et
si l’on ne se départait point du rapport qui existe entre elles,
bien des sources d erreur seraient évitées.
L’influence des troubles dentaires sur l’organisme peut se
manifester de trois façons différentes :
1° par des troubles nutritifs.
2° » » > nerveux.
3° » » » d’ordre septique.
A la dernière catégorie appartiennent les cas de septiémie
et de pyémie. Ces cas sont plus fréquents qu’on ne serait
porté à la croire. Nous parlerons aussi du parallélisme qui
existe entre les phénomènes produits par l’absorption du pus
dentaire et du pus blennorrhagique.
. I.— Troubles nutritifs.
Les premiers ..d’entre eux concernent l’estomac.
Dyspepsie dentaire .
Elle a 4 causes ordinaires :
La première résulte d’une action réflexe.
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— 118 —
La deuxième, du défaut de trituration et d’insalivation des
aliments.
La troisième, du fait que la muqueuse gastrique est irritée
directement par les matières septiques provenant de gencives
ou de dents malades.
La quatième, d’une viciation de l’air inspiré, par suite de la
présence de mauvaises dents dans la bouche.
Action sur le système lymphatique .
Les ganglions lymphatiques péribuccaux sont souvent
hypertrophiés; cela résulte presque toujours de l’irritation
locale. Des parcelles de matières purulentes arrivent directe¬
ment en contact avec la glande, et il se produit là une altéra¬
tion, que l’on ne peut faire disparaître qu’en détruisant la
cause qui la produit : la dent cariée.
Ces nodosités péribuccales sont bien des ganglions lympha¬
tiques hypertrophiés et non des adénomes avec lesquels on les
confond souvent en les croyant d’origine scrofuleuse. La
preuve que ces hypertrophies ganglionnaires peuvent résulter
d’une infection de voisinage, est fort bien mise en évidence par
le cas suivant :
Cas I. — Lymphomes cervicaux, périostite alvéolo -
dentaire et anémie profonde. — M 110 Edith L., âgée de 28
ans, petite, de constitution faible, a eu, il y a quelque, temps,
deux adénites indurées à l’angle de la mâchoire, du côté
gauche.
L’anatomie nous enseigne que l’induration intéressait les
ganglions profonds, car ceux-ci revinrent à leur état normal
après l’extraction d’une molaire inférieure du côté gauche.
Avant que cette personne se fût présentée chez moi, le 13
juillet 1887, un grand nombrede médicaments lui avaient été
administrés. Je donnai mercur . corr. 30 e , indiqué par la rou¬
geur inflammatoire qui existait aux gencives, la pharyngite
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granuleuse, la constipation d’origine hépatique, la suspen¬
sion des fonctions hématopoiétiques du foie, une miction
fréquente et abondante, la transpiration des pieds, la présence
de ganglions dans l'aisselle droite et d’un rash vésiculeux
entre les doigts. v
J’exerçai la compression sur les ganglions et les enduisis
d’oléate de mercure. Les préparations ferrugineuses étaient
indiquées, car ferrum. produit une douleur localisée au niveau
des espaces intercostaux supérieurs. La santé devint meil¬
leure sous l’influence du traitement mercuriel, mais les glan¬
des ne changèrent point de volume.
La malade se plaignait d’une forte douleur, presque conti¬
nue, au niveau des nerfs occipitaux, surtout à gauche. Le nerf
occipital est la branche interne de la division postérieure du
2 e nerf cervical. Cette douleur fut calmée par gelsemium 1 x.
Les glandes restèrent de même, de sorte que le 26 septem¬
bre, j’essayai de les faire disparaître par l’électrolyse. Me
rappelant que derrière ces ganglions se trouvent la carotide,
la jugulaire interne, l’hypoglosse, etc., j’attirai les glandes en
avant et fis pénétrer les aiguilles loin des vaisseaux et des
nerfs.
Ce moyen ne fut, pas plus que les autres, suivi de succès et
ce n’est qu’à la suite de l’extraction de la dent cariée que les
glandes commencèrent à diminuer. Et, sans aucun médica¬
ment, l’amélioration poursuivant son cours, finit par aboutir
à la guérison parfaite.
Diarrhée . — Constipation .
Quelques cas embarrassants de « selles irrégulières » peu¬
vent être dus à la présence de mauvaises dents. Certains
sujets sont constipés parce que la mastication ne s’opère pas
convenablement chez eux, que ce défaut soit dû à l'absence de
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— 120 —
dents ou à l'insouciance du malade. Chez d'autres, la même
cause peut provoquer la diarrhée Enfin, il en est chez qui ces
phénomènes morbides alternent.
11 est bon de défendre l usage de la viande chez ceux dont
les dents sont en mauvais état ; la mise en pratique _de ce con¬
seil est souvent suivie d’une grande amélioration. Les servan¬
tes surtout (qui d'habitude mangent trop et trop vite) sont
atteintes d'entérite due à un travail incomplet de la part de
l’appareil masticateur. Un cas type de l’espèce nous est fourni
par l’exemple suivant :
Cas II.— Colique anodontique avec anémie .— A. H.ser¬
vante, âgée de 20 ans, n’ayant plus été réglée depuis 3 mois,
fut prise, pendant la nuit, de douleurs intenses au niveau du
colon transverse. La douleur céda bientôt à cocculus I e au
100° et la chaleur appliquée sur l'abdomen.
On ne put, à priori , apprécier la cause de cette douleur,
car la malade ne se rappelait pas avoir pris froid ni avoir eu
une indigestion.
Du reste, la langue était propre, et rien n’indiquait qu’il
existât une lésion organique. Mais, en examinant la bouche, le
mystère fut éclairci : non seulement la personne en question
n'avait pas de molaires, mais encore, les incisives et les cani¬
nes se trouvaient dans un fort mauvais état.
Le jour suivant elle prit puisât il la 3 x,ce qui fit reparaître
les menstrues en 24 heures.
Plus tard, cette jeune fille eut un phlegmon de la main et
finalement elle dut entrer à Phôpital pour se guérir d'une
ostéite intéressant l’os iliaque
Il est probable que ces conditions morbides successives
furent dues à l’altération des dents.
II. — Troubles nerveux.
La plus fréquente des névralgies est la trifaciale. Jamais le
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— 121 —
médecin ne doit vouloir préciser la cause d'une telle névralgie
sans user du miroir buccal ni de fins stylets. Nous savons
tous combien nous pouvons rendroheureux les malades qui
sont atteints d'une névralgie d’origine dentaire, en leur met¬
tant un tampon d'ouate phéniquée dans la det malade et en
leur faisant prendre chamomilla .
La douleur peut cependant reparaître, quoiqu'il ne soit
pas absolument nécessaire qu’une dent cariée produise tou¬
jours de la douleur.
S’il y a périostite, le calomel ou le sublimé corrosif sont
indiqués de la 3 e décimale à la 6 e au 100 e ; de plus il est bon
de défendre le café, le thé et les boissons acidulées.
Cas III. — Névralgie occipitale et dents de sagesse coif¬
fées. — M lle Emmeline D., âgée de 27 ans, vint me voir- en
septembre 1884 ; depuis l’âge de 14 ans elle souffrait de dys¬
ménorrhée et d’une douleur continue intéressant le cuir
chevelu.
Je trouvai une légère déviation, à droite, de la colonne ver¬
tébrale, au niveau de la région’ dorso-lombaire. La dysmé¬
norrhée, elle, pouvait être attribuée à de l’endométrite et à de
la rétroflexion utérine.
Le trajet de la douleur que ressentait la malade correspon¬
dait très exactement à celui des deux nerfs sus-orbitaires et
des deux grands occipitaux.
Le sus-orbitaire est,vous le savez,une branche de l’ophthal-
mique,première branche de trifurcation du trijumeau. Le grand
occipital, une des branches du deuxième nerf cervical, est sou¬
vent douloureux lorsque le foie ou le cœur.étant pathologique¬
ment atteints, agissent l’un sur l’autre d'une manière réflexe.
Je trouvai que cette malade avait les deux dents de sagesse
supérieures complètement recouvertes par les gencives. J'ai
débridé le chapeau et enlevé une dent cariée.
Je viens d'apprendre que cette opération a été suivie d’une
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amélioration persistante et, contrairement à ce que j’atten¬
dais, beaucoup plus marquée pour les nerfs occipitaux que
pour le trijumeau.
Troubles visuels.
Beaucoup de maladies des yeux ont une origine dentaire.
Mon ami Morton Smale, le doyen de l’hôpital dentaire, m'a
rapporté des cas d’iritis, de conjonctivite et de photophobie
comme ayant le même point de départ.
Et entre tous, voici un cas intéressant, où il est question
d’un malade qui déclarait être aveugle quoiqu’il ne le fût
point. Après qu’on lui eût enlevé quelques dents malades
il affirma avoir recouvré la vue.
Cas IV. —■ Ambliopieréflexe dépendant d'une irritation
dentaire. — M 11 ® Florence S., âgée de 15 ans, n’a jamais été
malade et ne semble pas être hystérique.
Les deux yeux furent bons jusqu’au 8 avril 1887, époque à
laquelle la vue commença à faiblir graduellement, pour abou¬
tir à la cécité qui fut complète le 15 du même mois. Nous ne
pouvons guère recueillir de renseignements anamnestiques.
Les parenls sont fort bien portants. Ils déclarent que leur
enfant n’a plus été fort bien depuis l’époque à laquelle on
l’a vaccinée. Elle a eu la coqueluche, la rougeole et la scar¬
latine,mais aucune de ces maladies n’a été suivie de complica¬
tions.
Elle était bien réglée depuis un an ; toutes les sécrétions
étaient normales. L’analyse de l’urine n’a rien dévoilé de par¬
ticulier.
J’ai examiné attentivement tous les organes et n’ai noté
qu’un peu de faiblesse de l’appareil respiratoire. Depuis quel¬
que temps la malade se plaignait de ses dents. Les pupilles
étaient dilatées et insensibles. L’accommodation, tant pour
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— 123 —
l’intensité lumineuse que pour la distance, était imparfaite.
Regardant une fenêtre elle ne pouvait voir que difficilement
les traverses qui séparent les carreaux de vitre et ne pouvait
absolument pas se rendre compte des dessins figurés sur le
carreau inférieur. -,
Cette jeune fille était pâle et apathique, la vitalité semblait
faible, la nutrition mauvaise. Je conseillai de donner à la vue
le plus de repos possible et prescrivis bellad. 30', un globule
le soir.
Ayant envoyé la malade chez mon ami, le D r Robert Cooper,
celui-ci me confirma, quoique le tympan gauche de la malade
fût perforé, qu’il n’y avait rien à l’appareil auditif qui pût
suggérer l’idée d’un rapport pathologique existant entre l’oeil
et l’oreille. Le D r Cooper croyait plutôt que l’affection oculaire
était due â l’enclavement des dents.
Je demandai aussi au D r Knox Shaw de faire un examen
ophthalmoscopique, il m’envoya le rapport suivant le 29 avril
1887 :
« J’ai vu Florence S. chez laquelle je n’ai guère trouvé
< d’altération au fond de l’œil. Il n’y a certainement
« pas de rétinite, dans le moment, et il serait difficile de
« croire que cette affection ait pu exister. Les nerfs optiques
« sont hyperémiés et légèrement gonflés, mais nettement
« limités. Je serais porté à croire qu’il y a eu de l’œdème de
« cesnerfs, résultant d’une irritation réflexe. Je crois, comme
« le D r Cooper, que l’affection oculaire a pour origine une
< altération des dents. La malade est hypermétrope. Je con-
« seillerais bellad. ou apis et l’usage de verres en rapport
« avec le degré de sa vue ».
Ensuite, j’envoyai ma malade à l’hôpital dentaire. M. Morton
Smale,qui conseilla l’extraction de quatre dents enclavées et le
plombage de deux dents cariées, m’écrivit ceci le 12 mai :
« Je crois que tous les phénomènes morbides que pré-
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— 124 —
« sente votre malade sont d’ordre hystérique. Je l’ai envoyée
« à Jules, médecin ophtalmologiste à l'hôpital Saint-Marys,
« le priant d’examiner ses yeux, voici ce qu’il m'a coramu-
« niqué :
« — La jeune fille que vous m’avez envoyée aujourd’hui
« est atteinte d'ambliopie hystérique. La réfraction est nor-
« male, et la vue bonne. Au moment de son arrivée elle ne
« put lire que difficilement, mais au moment de me quitter,
« sa vue était redevenue fort bonne, ce qui prouve que la
« cécité dont elle semble être atteinte n'est que le produit de
« son imagination ».
La femme du pasteur du village où habite la jeune fille
m'écrivit le 20 mai 1887 :
« Florence S. s’est fait extraire deux dents. En arrivant chez
« elle, elle a lu un journal, ce quelle n’avait pu faire depuis
« 3 semaines. Elle m’a dit avoir recouvré la vue en revenant
« de l'hôpital ».
Elle s’est encore fait extraire deux autres dents et plomber
quelques autres. Cinq jours plus tard, j’ai reçu une lettre
écrite de sa main.
Cas V. — Conjonctivite phiycténulairc et dents malades.
— M. Henry Power m’a cité le cas suivant : Un enfant lui
fut apporté, atteint de conjonctivite phlycténulaire. Sans
examiner la bouche, M. Power affirma l’existence de dents
cariées. Le fait était exact et 10 jours après l'enlèvement des
dents malades, les yeux furent ramenés à leur état normal.
Cas VI. — Strabisme et dents malades, —GwendolineG.,
âgée de 5 ans, a la peau blanche, les cheveux noirs et la
denture mauvaise; elle présente un strabisme convergent de
l'œil gauche.
Le droit externe comme les péroniers latéraux, du reste,
sontdes muscles qu'unrien atteint dans leur puissance d’action.
Ce sont des organes qui travaillent tôt et ne se développent
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—* 125 —'
que tard ; voilà pourquoi, dans les affections musculaires de
l’œil comme dans les difformités de la jambe, ce sont ces
muscles qui sont le plus souvent atteints, ce qui explique
pourquoi le strabisme convergent est si fréquent, et pourquoi
aussi il est inconséquent de pratiquer la ténotomie des muscles
internes.
On a considéré, pendant longtemps, le strabisme convergent
comme étant dû à une contraction spasmodique du droit
interne, mais maintenant, il est admis généralement que c’est
la parésie du droit externe qui, seule, en est la cause, que
cette parésie soit due à la dégénérescence du muscle ou à
l’action innervatrice trop faible de la 6 e paire.
Je diagnostiquai une paralysie réflexe du droit externe
gauche, due à la carie dentaire. J’ai appris deux ans plus tard
qu après s’être fait enlever et plomber les dents malades, la
patiente vit se produire une grande amélioration dans l’état
de son œil gauche.
M Henry Power a recueilli des cas d’ulcération de la cornée,
pouvant être attribués à une action réflexe dorigine dentaire.
Ces cas peuvent être rapprochés, dans leur essence patholo¬
gique, des ulcères profonds des extrémités.
On peut encore accuser l’état défectueux des dents d’être
la cause de bien des maladies nerveuses telles que l’épilepsie,
le trismus, le tétanos généralisé, les convulsions infantiles,
les monoplégies des membres supérieurs, l’amaurose et la sur¬
dité.
Lorsque les dents supérieures sont malades, c’est surtout
à des névralgies de nerfs sus ou sous-orbitaires que l’on aura
aflaire. Les névralgies des nerfs auditifs, auriculo-temporal,
maxillaire inférieur, au contraire, répondent plutôt à l’état
défectueux des dents inférieures. Quant à la corde du tympan,
on comprend que, par sa situation intermédiaire et ses con¬
nexions multiples, elle doive pouvoir donner lieu à des actes
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réflexes, tels que ceux qui intéressent les ganglions de Meckel,
le ganglion otique, le sympathique, le glosso-pharyngien, le
pneumogastrique, le plexus carotidien, le nerf auriculaire et
les deux branches supérieures du trijumeau.
Nous avons déjà pu constater des réflexes cérébraux d’ori¬
gine dentaire, et, parmi ces cas, l’un d’eux est célèbre, c’est
celui de l’hôpital Saint-Léonard :
Un homme, Agé do 46 ans, souffrait de violents maux de
tête, de fatigues de l’esprit et d’autres sensations analogues.
Des étincelles de feu semblaient traverser son cerveau. En un
mot, il souffrait tant, qu’il fut obligé de changer de profession.
Eh bien, après enlèvement des dents desagesse supérieures,
ce qui fut fait d’après les conseils du D r Cooper, cet homme
fut débarrassé complètement de l’effrayant cortège de sym¬
ptômes qui le martyrisait.
N
Appareil urinaire .
Il est rare que l’on établisse un rapport entre les appareils
dentaire et urinaire. Cependant John Hunter relate un cas
d’urétlirite purulente due à l’irruption d’une nouvelle dent,
et, ce qui plus est, il affirme que son malade souffrait d’uno
attaque de gonorrhée, chaque fois qu’une nouvelle dent faisait
son apparition.
Nous connaissons déjà le rapport qu’il y a entre les mala¬
dies de l’appareil dentaire et le rhumatisme, rapport identique
à celui qui existe entre cette dernière affection et la blennor-
rhée.
Voici maintenant, pour finir, quelques cas intéressants de
rhumatisme symptomatique .(The Monlhly homœopathic review.)
'(A continuer.)
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— 227 —
LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE,
par le D r Martin y.
Depuis longtemps le médicament hamamclis virginica est
employé par l’école homœopathique contre les hémorrhagies
et les hémorrhoïdes ; or, nous lisons ceci dans les journaux
allopathiques :
De l’action de l’hamamklis virginica (Shoemaker. Jirilish medical
Jour. 1376 . 87). — L’auteur a pu constater l’efficacité de ce médicament
contre les hémorrhagies et dans d’autres affections, par exemple dans
les diarrhées subaiguës et chroniques indolores. Son action est plus
certaine encore si on lui associe de petites doses d'opium et de noix
vomique, comme dans la formule suivante, qu’il préconise :
Teinture d’opium .... XX gouttes.
Teinture de noix vomique. . 2 grammes.
Extrait fluide d’hamamelis . 30 —
Une demi-cuillerée à thé à prendre toutes les trois heures.
L’hamamelis réussit très bien à l’intérieur et à l’extérieur sous forme
de frictions (20 0/0) dans le cas d’hémorrhoïdes douloureuses et
saignantes.
*
* *
Le sel de cuisine recommandé par le allopathes . — Les
adversaires de Hahnemann se sont moqués à différentes
reprises du Maître lorsqu’il recommandait ce remède dans
différentes maladies. Or, voici qu’ils reconnaissent à leur tour
une action médicale a p sel marin :
Dü CHLORURE DE SODIUM CONTRE LE COLLAPSUS CARDIAQUE, par
M. Rosenbusch. — La solution contient 6 p. c. de sel marin et une
goutte de potasse caustique. Ce liquide doit être filtré et bouilli.
L’auteur injecte 10 à 40 grammes de cette solution et observe, quelques
minutes après, une augmentation des battements du cœur. Les indications
de cette méthode sont les suivantes : S’agit-il de collapsus rapide, il
administre 20 à 30 grammes de cette solution dans les vingt-quatre
heures. La faiblesse cardiaque est-elle consécutive à des efforts de vomis¬
sements ou bien à la diarrhée, il fait usage de 500 à 1.500 grammes de
la solution de chlorure de sodium de Cantani, qui renferme 3 grammes
de carbonate de soude et 4 grammes de chlorure de sodium. Pour com¬
battre lecollapsus consécutif des hémorrhagies stomacales ou pulmonaires,
il administre 20 à 40 grammes de la solution, quotidiennement, et
diminue la dose de moitié quand le collapsus cardiaque a pour cause une
affection chronique ou la cachexie. ( Berlin . ftlin. Wochens . et Courrier
médical .)
D r Martiny.
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— 128 —
VARIÉTÉS.
X»es centenaires en 1886 . — Les centenaires sont rares, plus rares
même que l'opinion populaire le ferait supposer, car les vieillards ont
parfois la vanité de se vieillir comme les jeunes femmes ont celle de sc
rajeunir.
En 1871, le recensement de la population de la Bavière portait 37
centenaires. Après vérification faite sur les registres de l'état civil, il se
trouva qu’il n'y avait qu'une femme qui eût passé cent ans.
Au Canada, sur 82 personnes qui passaient pour être mortes cente¬
naires, l'administration, curieuse de chercher la vérité sur ce sujet,
trouva que 9 centenaires seulement étaient mortes à plus de cent ans.
Pareille enquête vient d'être faite en France. Au dernier recensement
184 personnes étaient inscrites comme centenaires. Or, il s'est trouvé
que 101 l'avaient été indûment.
Sur les 83 personnes admises comme centenaires, 67 l’ont été sur la
déclaration de leurs proches sans qu'on ait pu fournir de pièces authen¬
tiques à l'appui. Le ministère n'a reçu les pièces justificatives que pour
16 centenaires. Parmi eux était un vieillard, né en Espagne, baptisé en
1770, ayant par conséquent plus de 116 ans en mai 1886 : il vivait encore
au commencement de juin 1888.
Parmi les centenaires les femmes sont en majorité (52 femmes et 31
hommes); les veufs et surtout les veuves prédominent.
(i’est dans le sud-ouest de la France, et principalement au pied des
Pyrénées, qu'on rencontre le plus de centenaires.
Je pense, en résumé, que défalcation faite des exagérations, il doit y
avoir au moins une cinquantaine de centenaires en France; d'où, en
calculant sur les naissances de 1771 à 1779, la génération qui a traversé
Je dix-neuvième siècle aurait eu 1 chance sur 18,000 d'arriver à l'age
de cent ans. {Bulletin médical.)
SOMMAIRE.
Association centrale des homéopathes belges. —
Séance du 3 juillet 1888 .07
Le tabac (suite), par le MM. Km. Seutin, Ph n et le D r
Léon Seutin, de Bruxelles.100
Trois cas de néphrite parenchymateuse chez des car¬
diaques, par le D r Criquelion, de Mons .... 108
Notes cliniques du D r Y. Arnulphy, de Nice . . . 113
Revue des journaux homœopathiques anglais . . . 116
Les larcins de l’allopathie, par le D r Màrtiny . . . 127
Variétés. *.* ... 128
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
15* Année. AOUT 1888. N° 5.
Le tabac (1>,
par MM. Em. Seutin, Ph", et le D r L. Seutin, à Bruxelles.
1. — Le docteur Joly, dans sa remarquable brochure sur le
tabac, nous rapporte la triste fin d’un jeune homme de 18 ans.
Il était venu voir un de ses oncles, intendant dans une ferme non
loin de Paris. L’oncle était absent ; fatigué de la route, fatigué
d’attendre, et puis le jour était à son déclin, il crut quil n’avait
rieu do mieux à faire que de se coucher et de se reposer dans
le lit de son oncle. Il s’endormit bientôt comme on s’endort à
cet âge. Sur ces entrefaites l’oncle revint accompagné de deux
amis, passionnés fumeurs comme lui. Tous les trois sc mirent à
fumer pendant assez longtemps ; enfin les deux compagnons se
retirèrent ; l’oncle à son tour se disposa à aller se reposer
auprès de son neveu, mais en approchant la lumière, il remar¬
qua la pâleur livide de son visage ; au toucher il était glacial,
plus de pouls, plus de respiration ; épouvanté, il appelle ; on
accourt, mais, soins inutiles, le pauvre jeune homme avait suc¬
combé à tous les accidents de l’asphyxie et de la congestion
cérébrale.
2. — Le docteur Hastings dit n’avoir jamais vu d’épilepsie plus
grave que celle d’un enfant, qui avait pris l’habitude de fumer
outre mesure depuis deux ans environ ; cette terrible affection,
dont la cause avait été méconnue, fut traitée inutilement par
tous les moyens dont la médecine dispose. M. le D r Hastings, qui
avait fait des études sérieuses sur le tabac, reconnut la vraie
cause de cette redoutable affection ^l’enfant fut mis dans l’impos¬
sibilité de satisfaire sa passion, et il fut bientôt guéri.
1) Suite. Voir volume courant, pp. 09 et 100.
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— 130 —
3. —Le D r S&muelWriglitl[l)racon te qu’on l'appela pourvoir an
homme qui était, disait-on, à toute extrémité;il était entièrement
glacé, pâle et couvert d’une sueur froide et visqueuse; les pulsa¬
tions des artères temporales étaient imperceptibles; on n’enten¬
dait plus les bruits du cœur, et la seule preuve de l'existence de
la vie était un profond soupir que le malade poussait toutes les
quiuze ou vingt secondes. Il apprit que le pauvre homme, vou¬
lant obtenir quelque soulagement de ses hêmorrhoïdes, s’était
avisé de s'asseoir sur un vase contenant 15 à IG grammes de
tabac mélangés avec des charbons ardents. 11 y était resté pen¬
dant quelques minutes et avait fini par tomber dans l’état de
colapsus le plus complet. Sinapismes sur les extrémités infé¬
rieures, frictions sur la région précordiale, l’eau-de-vie est
administrée. La réaction se fit, et la guérison fut prompte.
4. — Le D r Collas rapporte trois observations où il a vu, sous
l’influence d’applications externes de tabac (deux fois les feuilles
fraîches, sur le scrotum, une fois une lotion dans les aisselles),
les malades tomber dans un état des plus graves, pouls petit,
intermittent, d’une fréquence extrême, vomissements, diarrhée,
sueurs froides, pouvaient faire croire à une attaque de choléra.
' 5.— Unhommeavait fait bouillir 48 grammes de tabacen pou¬
dre dans 200 grammes d’eau,et prit cette décoction en lavement;
à l’instant même, des douleurs violentes abdominales se firent
sentir, brûlure intérieure qui lui arrachait des cris. Quoiqu’il
eût rejeté en partie ce lavement,les douleurs continuèrent accom¬
pagnées de nausées, de vomissements et de fortes contractions
des muscles abdominaux; il eut ensuite des contractions
violentes et involontaires générales ; la face devint pourpre et
contractée; yeux fixes et dilatés, pouls petit, concentré, inter¬
mittent, à 45 pulsations, respiration lente, extrémités froides.
Il tomba dans la torpeur, se réveillait pour vomir, puis retom-
(1) London médical gazette, 1846»
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— 131 —
baitde suite dans un profond sommeil. Ce6 accidents se termi¬
nèrent par la guérison. (Archiv. gèn. de méd ., T. XXXVIII.)
(>. — Un médecin légiste anglais rapporto qu’un malheureux
aliéné, qui voulait en finir avec la vie, se borna à mâcher et à
avaler quelques feuilles de tabac: 24 heures après, il succombait
au milieu des plus terribles souffrances.
7. —Un soldat fort,vigoureux,eut l’imprudence de parier avec
des camarades, qu’il saurait avaler une cuillerée à café de suc
résidu de tabac fumé; il gagna son pari, mais ce fut au détri¬
ment de sa vie, car sa mort fut aussi rapide que foudroyante.
8. —Le poète Santeuil fut aussi une triste victime du tabac!...
II avait été invité à un dîner chez le prince de Coudé ; là se
trouvaient quelques jeunes gens qui voulurent lui jouer un tour
de leur façon,et n’hésitèrent pas à projeter dans sa tasse de café,
un certaine quantité de tabac en poudre ; le poète but sa tasse
de café en toute confiance: sa mort fut aussi prompte que celle
du malheureux soldat dont il vient d’être parlé.
9. — L’absorption de la fumée du tabac a pu produire quelque¬
fois les accidents les plus graves. On a vu des enfants présenter
des symptômes graves d’empoisonnement pour avoir aspiré au
tuyau de pipes vides mais déjà culottées, c’est-à-dire imprégnées
du jus de tabac.
10. —Un vigneron, pour gagner un pari, fuma vingt-cinq pipes
de tabac dans un jour; il avait à peine terminé cette prouesse,
qu’il fut pris de vertiges, d’étourdissements, de vomissements
violents et continuels et il perdit connaissance; il conserva dix-
huit mois des maux de tête et des vertiges (1).
11. — Au mois de décembre 1865, à Decley, chef-lieu du
département de la Manche, un jeune homme de quatorze ans,
voulant apaiser un mal de dent dont il souffrait beaucoup,
s’avisa de fumer. Un paquet de tabac de 15 centimes suffit
(l) Uhion médicale , 1885.
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- 132 —
pour le faire tomber sans connaissance et il expira dans la
soirée (1).
12. —M. le docteur Blatin, dans ses recherches expérimen¬
tales sur la nicotine, a institué sur les animaux des expériences
p.our pouvoir bien observer les effets produits sur eux par l’in¬
toxication chronique. Pour cela, il administra 15 à 30 centi¬
grammes de tabac, deux ou trois fois par jour, pendant plus de
deux mois, à deux chiens. La substance toxique était soigneuse¬
ment mélangée avec leurs aliments; au bout de peu de jours de
traitement, on put déjà observer des désordres du côté du
cœur; quoique l’intermittence des battements soit normale dans
la race canine, celle que Ton constatait était caractéristique.
Les mouvements du pouls étaient désordonnés ; des repos d’une
effrayante longueur précédaient ou suivaient des oscillations
tellement rapides qu'il était presque imposible d’en compter le
nombre; peu à peu, la durée des repos augnlenta, celle des
oscillations suivit une marche inverse, les contractions car¬
diaques diminuèrent d’énergie et tout le système circulatoire
fut chaque jour en s’affaiblissant; les mouvements respiratoires,
également faibles et lents,s'amoindrirent encore chaque jour.
Les vomissements qui se déclarèrent dès le début ne persis¬
tèrent pas longtemps, les digestions devinrent pénibles, l’appétjt
diminua d’une façon considérable et il y eut, pendant quelque
temps, des alternatives de constipation et de diarrhée, des
coliques douloureuses semblaient parfois frapper ces animaux >
de stupeur, les urines s’échappaient à chaque instant, presque
involontairement, la sécheresse des muqueuses de la bouche et
du pharynx était telle,dans le principe,que la déglutition deve¬
nait fort pénible,les gencives se gonflèrent et saignèrent de bonne
heure, les dents ne tardèrent pas à s’ébranler, quelques-unes
même se détachèrent sur la fin, la muqueuse do la bouche, des
(1) Blatin. Recherches sur la nicotine et le tabac , pp. 74 et 75.
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— 133 —
fosses nasales, du pharynx, de la trachée, se ramollit et se
tuméfia, les poils devinrent rudes, hérissés, puis tombèrent; un
éloignement absolu pour les approches sexuelles suivit bientôt
le ramolissement et l’atrophie des testiciiles, les muscles volon¬
taires subirent aussi la même altération et enfin arriva la para¬
lysie des extrémités postérieures, les pupilles, dilatées presque
dès le début, ne présentaient aucune sensibilité aux impressions
lumineuses les plus vives, la vision s’affaiblit de plus en plus et
une cécité complète se montra dans les derniers temps de la vie; les
yeux, larmoyants, se baignèrent finalement d’un pus ichoreux,
et les paupières se couvrirent d’ulcérations gangréneuses; une
surdité presque complète survint; peu à peu, ces pauvres ani¬
maux tombèrent dans l’affaissement, le marasme et, les uns
après les autres, finirent par périr épuisés.
Leur autopsie montra un cœur pâle, mou, légèrement atro¬
phié ; un sang pauvre en globules rouges, fluide et dépourvu de
fibrine, la putréfaction marcha avec rapidité, sans être précé¬
dée de roideur cadavérique.
13. — Le 7 février 1S64, le docteur Lebriertfut appelé au
village de Kerdreiu, arrondissement de Brest, pour donner des
soius à Brigitte V..., meunière, âgée de 46 ans, encore réglée.
D’une maigreur extrême, la constitution de cette femme avkit
été très bonne; mariée deux fois, elle avait eu cinq enfants. In¬
consolable de la perte d’un de ses enfants, elle chercha tous les
moyens de s’étourdir, et par une singulière dépravation du
goût, se mit à manger du tabac de toutes espèces : tabac à
fumer, à priser, à chiquer, elle >n prenait environ pour deux
francs par semaine; quand le docteur arriva près de la malade,
elle était, pour ainsi dire, aphone ; de sa voix enrouée, elle
articulait péniblement quelques sons confus, la respiration était
difficile, suspirieuse; le pouls faible, lent, intermittent. Le cœur
battait à peine, la pupille dilatée était insensible à la lumière ;
l’œil hagard ne pouvait plus bien diriger la main vers les ob-
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— 134 —
jets présentés ; la cécité était presque absolue, une surdité com¬
plète n’existait pas, mais l'oreille était devenue très paresseuse,
le faciès était pâle, amaigri, hébété ; la langue tremblottante,
rouge, sèche, effilée; il y avait une dysphagie très pénible, tant
les spasmes du gosier étaient prononcés; le ventre était rétracté*
les selles ovillées ne s’effectuaient dejniis longtemps qu’au moyen
de lavements ou de purgatifs ; au début, au contraire, il y
avait eu de fortes évacuations alvines et des vomissements :
c’était la période d’excitation; mais bientôt survint de l’inap¬
pétence, les parois intestinales ne tardèrent pas à être frappées
de stupeur, comme tout le reste du corps et la période de pros¬
tration arriva; l’émission de l’urine était involontaire, il y avait
des faiblesses, des sueurs froides et des insomnies, le médecin
ne put rien faire en présence* d’un tel état. Quand il revit la
malade, le surlendemain, la voix était éteinte comme celle d’uu
cholérique ; la déglutition était impossible ; la poitrine se soule¬
vait à peine ; le murmure respiratoire et les mouvements du
cœur étaient presque insensibles, tous les organes s’étaient en^
quelque sorte endormis sous l’influence du tabac; la mort arriva
quelques heures plus tard (1).
Nota. — En comparant l’empoisonnement progressif par le
tabac de cette pauvre femme, suivi de mort, avec les expér
riences faites par le D r Blatin sur les animaux, on peut voir
combien les symptômes sont les mêmes chez les hommes et chez
les animaux.
14. — M. le D r Bouisson, professeur à la faculté de médecine
de Montpellier, a fait le sujet d’un travail des plus intéressants
où il a rapporté des faits nombreux; d’apès lui l’épithélioma ou
cancer des lèvres, autrefois très rpre, s’est répandu proportion¬
nellement au développement qu’a pris en France la consomma¬
tion du tabac.
(1) Journal de chimie médicale , 1864.
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— 135 —
L’habitude de fumer n’a pas pénétré heureusement encore,
parmi les jemmes; aussi sur soixante et un cas d’épithélioma de
la lèvre inférieure, six seulement appartenaient à des femmes.
On a pensé que le contact prolongé d'un corps chaud, comme le
tuyau de ces pipes courtes, quon appelle bfûle-gueules, pou¬
vait être une cause déterminante du cancer des lèvres; pourtant,
l’affection débute quelquefois sur des parties de la lèvre qui
n ont pas eu de contact avec la pipe.
Voici un cas publié par M. Merat : dans une herborisa¬
tion à Fontainebleau, il vit un homme couché par terre et en
état de mort apparente ; cependant cet homme lui demanda
d’une voix faible, s’il avait du tabac, et sur sa réponse négative,
il retomba de suite sans connaissance; cet état ne cessa qu’a-
près qu’on lui eût procuré quelques prises du tabac, il put alors
raconter que parti le matin sans sa tabatière, il avait marché
jusqu’à ce qu’il se trouvât dans l’impossibilité de continuer sa
route, par suite de la privation qu’il ressentait (1).
15. — Je n’oublierai jamais, dit le docteur Gorgel (2), ce ma¬
telot de l’Antigone, qui vint me trouver pour un mal de gorge.
Voyant à la saillie de la joue qu’il mâchait quelque chose :
Comment, lui dis-je, vous avez mal à la gorge, et vous chiquez!
Major, répondit-il, depuis trois jours je n’ai plus de tabac ! et
en même temps, il tira de sa bouche un peloton d’étoupe gou¬
dronnée; j’eus pitié de cet homme et je partageai avec lui un
peu de tabac.
En 1831, près de St-Etienne, une mine fut submergée ; sept
ouvriers mineurs purent échapper en se réfugiant dans uu étage
supérieur sans issue. Ils restèrent sept jours dans cet affreux
réduit, n’ayant pour toute nourriture que le cuir de leurs sou¬
liers. On peut juger avec quel empressement ils acceptèrent les
aliments qu’on leur offrait lorsqu’ils furent sortis de là; mais
(\) Union médicale, 1862.
(2) Dictionnaire de médecine et de chirurgie. T. XV.
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— 136 —
I’un d’eux repoussa la tasse de bouillon qu’on lui présentait,
déclarant que ce dont il avait le plus pressant besoin, c’était de
fumer une pipe de tabac.
Lusage du tabac, sous quelque forme que l’on en fasse
usage, dégénère en un besoin plus impérieux que la faim; aussi,
pour ces gens-là, la perte du goût du tabac est, ainsi que la
perte de l’appétit, un des premiers symptômes de maladie; le
retour de ce goût, comme celui de la faim, annonce la convales¬
cence (1).
16. — Tremblement des mains. — Le Docteur Selwyn Mar¬
rie raconte que, faisant un jour une opération chirurgicale, il
fut saisi d’un tremblement tellement intense, que l’instrument
lui échappa des doigts. M. Marrie rattache ce phénomène au
tabac dont il abusait; ausj>i, lorsqu’il en usait avec modération,
ce symptôme ne se reproduisait pas.
Un médecin de Paris, fort distingué et très connu, qui prise
beaucoup, a dans les mains un tremblement assez fort pour
l’empêcher d’écrire; chaque fois que le tremblement disparaît,
s’il prise de nouveau, le tremblement revieut. Nous avons ob¬
servé souvent des tremblements de cette nature, et dans plu¬
sieurs cas, il nous a été donné de les voir guérir par la simple
cessation de l’usage du tabac.
17. — Vertiges.—Les fumeurs habituels y sont extrêmement
sujets. Un médecin, âgé de 52 ans, fumeur passionné, éprouva
de la pesanteur de tête, grand abattement; tout tourne autour
de lui, et il est obligé de se fixer à un objet ou mieux encore de
se coucher sur le dos; on ne remarque aucun trouble ni dans les
sens, ni dans rintelligence. Après l’accès, il reste un sentiment
de faiblesse, surtout dans les jambes, et la démarche devient
tellement incertaine que le malade est obligé de donner le bras
à quelqu’un ou de se tenir aux maisons. Un de ses confrères lui
(1) Blatin. Recherches physiologiques sur la nicotine et le tabac, p. 144*
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- 137 —
conseilla de s'abstenir de fumer; il y consentit, et dès ce mo*
ment, il retrouva dans la marche une sûreté inusitée et ses
accès cessèrent.
18. — Intermittences dans les battements du cœur dues aux
troubles apportés par la nicotine dans l’i.iervation cardiaque.—
Beaucoup de personnes y sont sujettes sans l'avoir remarqué ;
quelques autres, au contraire, en éprouvent un sentiment très
pénible et très inquiétant; quoi qu’il en soit, c’est un phénomène
fréquent et peu de gens y échappent.
Voici ce que dit M. le docteur Decaisne de ces intermittences :
J’ai pu constater en moins de trois ans, dans quelques
communes du département de l’Oise, 21 cas d’intermittence du
pouls, chez de grands fumeurs, indépendants de toute lésion
organique du cœur ; sur ces fumeurs, sept virent disparaître
complètement les désordres du cœur, par l’abstention absolue ou
presque absolue, de la pipe ou du cigare, en moins d’un mois.
M. le docteur Blatin en tire les conclusions suivantes ;
1° L’abus du tabac à fumer peut produire sur certains sujets
un état que j’appellerai nicotine du cœur, et qui se tra¬
duit par des intermittences dans les battements de cet organe,
et dans les pulsations de l’artère radiale;
2° Il suffit, dans certains cas, de suspendre ou du moins de
réduire l’usage du tabac à fumer pour voir disparaître entière¬
ment ou diminuer l’irrégularité dans les fonctions du cœur.
{A continuer .) Seutin, Ph n , et I) r L. Seutin.
HVU8 DES JOURNAUX HONŒOPATHIQUES DE EIASCE,
par le D r Schepens, de Qand.
L’homœop&thie et ses critiques,
par le D r P. Jousset.
Il serait difficile de résumer l’article paru sous ce titre dans
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— 138 —
le n° d'avril 1888 de 1 9 Art médical ; nous le reproduisons
en entier:
L'exposition critique de rhomœopathie publiée par M. Ro-
chard, dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences
médicales , constitue une mauvaise action autant qu'un mau¬
vais article.
Cet exposé est une mauvaise action parce qu’il continue la
série des critiques sciemment incomplètes et par conséquent
mensongères en usage contre rhomœopathie. Quand donc nos
adversaires retrouveront-ils le cangfroid nécessaire aux luttes
scientifiques et quand renonceront-iis à se battre contre les
moulins à vent créés par leur imagination?
Pendant ce temps rhomœopathie continue contre la routine
et l’erreur une guerre dont le centenaire pourra être célébré
en 1890.
Au lieu d’exposer loyalement ce qui constitue la grande
réforme de Hahnemann : Fétu le expérimentale des médica¬
ments sur l’homme sain et la loi d'indication tirée du Si milia
Similibus , M. Rochard choisit la partie systématique de la
doctrine, ccst-à-dire la pathologie et le dynamisme médica¬
menteux et il pmrfond les erreurs que J. P. Tessier réfutait
déjà il y a trente-huit ans avec uue autorité et daus un autre
style que lecritiquedu Dictionnaire encyclopédique. Est-ce
faire preuve d une intelligence médicale bien grande et d'un
sens critique élevé que de s’amuser à épiloguer sur la défini¬
tion de la mala lie et sur les expli ations fantaisistes de Faction
des doses inîinit ^imalo< «pnnd on a levant <o\ l'homme qui a
fon lé la matière môdicile expérimentale et a rendu possible
Papplieation du Si t/ *Hia $i„ti/ihus par la création de cette
matière médieali* oxpémnemaler Jusqu'à Hahnomann, nul, pas
mémo Stork, n’a expert ni» nté les médicaments sur l'homme
sain dans le but de connaître toutes les actions des médica¬
ments sur l'organisme vivant. Hahnemann et ses élèves ont
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— 139 —
étudié par cette méthode des centaines de médicaments et la
Grande Encyclopédie d’Allen, qui résume la matière médi¬
cale homoeopathique,comprend l’histoire des actions physiolo¬
giques de toutes les substances médicamenteuses : action sur
l’homme sain, toxicologie et expérimentation sur les ani¬
maux.
Hahnemann, par sa réforme de la matière médicale, est le
grand initiateur de la thérapeutique moderne ; qui donc avant
lui se préoccupait de Yaction physiologique des médicaments
et qui donc depuis lui omit ce chapitre dans ses études théra¬
peutiques ?
Non seulement Hahnemann a jeté la base dune matière
médicale positive, mais, en prenant pour règle d’indication le
Similia Similihus , il a créé une thérapeutique exempte
d’hypothèse. En effet, qu'enseigne la réforme de Hahnemann :
opposer à l’ensemble des symptômes ou des lésions qui con¬
stituent une maladie, un ensemble de phénomènes produit par
une substance médicamenteuse sur l’homme sain. Opposer au
choléra caractérisé par des évacuations par le haut et par le
bas, les crampes, le refroidissement et le collapsus, le vera-
tnm qui, à doses toxiques, produit des vomissements, des
diarrhées, des crampes, du refroidissement et le collapsus.
les symptômes et les lésions d’une maladie sont des faits
d’observation, les phénomènes produits chez l’homme sain par
des médicaments sont des phénomènes d’expérimentation. 11
D’y a donc point place à l’hypothèse dans cette thérapeutique
et nous avons eu raison de dire bien des fois que rhoraœopa-
thie était la thérapeutique positive.
Eh bien, je dis que, devant cotte grande figure de Hahne-
toann, tout médecin doit s’incliner avec respect et que cher¬
cher la petite bête devant d’aussi grandes choses, c’est se
foire tort à soi-même.
Mais, Hahnemann est, même en pathologie, un homme
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autrement puissant que ses critiques. Voyons sa définition de
la maladie qui a exercé la verve railleuse de M. Rochard.
Hahnemann définit les maladies : des changements invi¬
sibles qui ne sont révélés que par des symptômes.
M. Rochard s’imagine avoir pulvérisé Hahnemann quand
il a objecté qu’il n’y a pas que des symptômes; que les sym¬
ptômes reposent sur des lésions organiques et que le dyna¬
misme pathologique de Hahnemann n'est qu’un vitalisme
exagéré.
M. Rochard, qui est si compétent en pathologie spéciale, ne
semble pas se douter des problèmes de la pathologie générale;
il ignore jusqii’à la langue de cette science. Son argumentation
démontre qu’il n’a même pas compris la question qu’il traite
avec tant do désinvolture.
Sans cela, il saurait que les lésions sont, des phénomènes
de même ordre que les symptômes, dans ce sens que les lésions
sont, comme les symptômes, une expression de la maladie ;
que la maladie est un état du corps vivant caractérisé par
un ensemble de lésions et de symptômes ; que les lésions et
les symptômes reçoivent cet état du corps vivant, delà mala¬
die, un cachet particulier, cachet qui permet de transformer
la lésion et le symptôme en signe et de remonter ainsi au
diagnostic de la maladie ; il saurait que la cause vraie (la
cause prochaine des anciens) est un état particulier de l’orga¬
nisme dénommé prédisposition, que cette prédisposition
repousse ou accepte l’action des causes externes, infectieuses
ou non, de la malade» ; que cette prédisposition, quand elle
permet à la cause externe d’exercer son action, fait évoluer
la maladie d’une manière bénigne ou maligne.
Eh bien, M.Rochard a-t-il vu, avec ou sans microscope, l’état
de l’organisme appelé prédisposition ? A-t-il vu l'état du
corps qui constitue la maladie et gouverne les symptômes et
les lésions ? Non, sans doute, il n’a vu, comme Hahnemann.
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— 141 —
que ce qui est visible, des symptômes et des lésions présen¬
tant certains caractères qui permettent de nommer des mala¬
dies déterminées : variole, pneumonie, érysipèle, choléra,
etc., etc. Mais il n’a jamais vu ni la variole, ni la pneumonie,
ni le choléra. Hahnemann avait donc raison de dire que la
maladie est constituée par un changement invisible du corps
vivant caractérisé par des phénomènes visibles, symptômes
et lésions. Car, encore une fois, le mot symptôme est une
expression générique qui pomprend tout ce qui apparaît de la
maladie, troubles fonctionnels et lésions organiques.
La définition de la maladie donnée par Hahnemann n’a
donc rien d’absurde. Elle prouve chez son auteur une compé¬
tence absolue dans les questions de pathologie générale.
Pourrait-on en dire autant de la critique do M. Itochard ?
M. Rochard, arrivé à la démonstration clinique, a bien le
courage de rapporter les expériences ridicules d’Andral à la
Charité et les tentatives, entachées de fraudes, de Bailly à
l’Hôtel-Dieu, et il ne dit pas un mot des quatorze ans de pra¬
tique homoeopathique de J. P. Tessier dans les hôpitaux de
Paris, Sainte-Marguerite, Beaujon et l’hôpital des enfants.
L’Assistance publique possède les éléments delà statistique du
traitement homoeopathique dans les hôpitaûx pendant qua¬
torze ans ; on passe cette démonstration capitale sous silence
et on vient nous parler des cinq malades traités à la Charité
par Andral, et des cinq mois de pratique de l’homoeopathie dans
le service de Bailly à l’Hôtel-Dieu. Comment qualifier un tel
procédé de polémique ?
Du reste la lumière a été faite sur ce point par l'adminis¬
tration des hôpitaux et l’histoire de l’homceopathie à Sainte-
Marguerite est pleine d’enseignements qu’il ne faut pas se
lasser de mettre en lumière.
En 1847, J. P. Tessier, médecin de l’hôpital Sainte-Mar¬
guerite, résolut de vérifier publiquement l’homceopathie ; il en
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— 142 -
prévint ses deux collègues du même hôpital, Valleix et
Marotte. Il fut résolu, d’un commun accord , que cette véri¬
fication serait faite sur la pneumonie ot il fut convenu que
toutes les pneumonies seraient dirigées daus le service de
Tessier.
Le premier malade entra le 19 novembre 1847 et fut couché
au n° 16 de la salle Saint-Benjamin. Décrire l’anxiété de
Tessier pendant les six jours qui furent nécessaires pour arri¬
ver à la convalescence serait difficile. Il revenait à l’hôpital
jusqu’à trois fois par jour ; enfin le malade guérit. Un second,
puis un troisième malade se succédèrent, tous guérirent et le
premier cas de mort arriva le 27 mars 1848.
Les observations, au nombre de 41, furent recueillies par
les internes du service et publiées en 1850. Il y avait 38 gué¬
risons et 3 morts.
»
Et pendant ce temps quelle était l’attitude des deux collègues
de Tdssier, Valleix et Marotte 1 Après avoir encouragé l’expé
riencede leurcollègue,ils se retirèrent devant le succès inatten¬
du de Thomœopathie, et, quelques mois après, ils dénonçaient à
M. Davaine, alors directeur de l’Assistance publique, les
agissements scandaleux d’un médecin qui avait eu le courage
de croire que l’observation était la règle suprême de la thé¬
rapeutique. Honteuse dénonciation de la part de ses auteurs,
recours odieux au bras séculier dans une question qui ne
relevait que de la conscience médicale, mais heureuse dénon¬
ciation par ses résultats. M. Davaine, en effet, fit une enquête
qui dura trois ans et de cette enquête ressortit la supériorité
incontestable du traitement homœopathique sur le traitement
allopathique. Voici l$s chiffres :
Service allopathique : 3724 entrées : 412 morts, moyenne 11,30 p. c.
Serviej Jtoiiueopathique : 4663 entrées : 339 morts, moyenne 8,55 p. c.
En plus, la durée du séjour fut beaucoup moindre dans le
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143 —
service homœopathique puisqu’il a reçu pour le même nombre
de lits 939 malades de plus en trois ans. Qu’objecter à cette
expérience ? Elle a été conduite par M. Davaine, homme
éclairé et supérieur aux passions médicales ; elle a duré trois
ans ; elle a porté sur un chiffre considérable de malades ; elle
a été publique ; elle a été faite par un médecin de valeur ;
elle a eu pour matière des malades traités dans le même
temps et dans le même hôpital. Rien ne manque à cette expé¬
rience. Que lui a-t-on objecté ? Rien que le silence et l’espé¬
rance de la voir disparaîtrp dans l’oubli, et aujourd’hui, quand
il s’agit de la démonstration clinique de la thérapeutique
homœopathique, on ne nous parie pas des quatorze années de
la pratique homœopathique de M J. P. Tessier dans les hôpi¬
taux de Paris et de la statistique de M. Davaine. Est-ce loyal ?
Il nous semble inutile de suivre M. Rochard dans les détails
d’une argumentation qui frappe continuellement dans le vide.
Nous ne pouvons que regretter qu’un homme du talent et
de l’honorabilité de M. Rochard se soit compromis dans une
semblable polémique. D r Sohepens.
REVUE DIS JOURNAUX HOMEOPATHIQUES D'AMÉRIQUE,
par le D r Lambreghts, fils, d’Anvèrs.
Galcarea carbonica. dans les coliques hépatiques,
par le Leake.
Il y a trois ans, je fus appelé à donner mes soins à M mfl B.,
âgée de 61 ans. C’était une femme d’une constitution lympha¬
tique et d’un embonpoint assez prononcé: elle pesait environ
200 livres. Depuis vingt ans elle souffrait de coliques hépati¬
ques, et les médicaments de l’ancienne école ne lui avaient
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- 144 —
jamais apporté d’amélioration bien sérieuse. Aussi depuis
quelque temps déjà avait-elle cessé toute médication, car,
disait-elle, les médecins ne savaient lui donner que des anes¬
thésiques, et, si elle devait mourir, elle préférait mourir à sa
manière. Cependant comme son mal empirait chaque jour,
sur les conseils d’un parent, elle se décida à essayer l’homœo-
pathie.
Les attaques débutaient brusquement sans symptôme pré¬
curseur, par une douleur déchirante sous l’omoplate droite,
s'étendant de là vers l’épigastre et l’hypocondre droit. Ses dou¬
leurs étaient parfois si violentes et si intolérantes que la malade
so roulait par terre en poussant des cris terribles, déchirait
ses vêtements et s'arrachait les cheveux. Les crises duraient
environ 15 minutes et se terminaient généralement par des
vomissements de matières bilieuses liquides renfermant quel¬
ques masses compactes. Ces masses étaient formées par une
agglomération de petits cristaux légèrement jaunâtres qu’on
pouvait isoler facilement par le lavage. A la fin d’une crise
dont je fus témoin, la malade avait vomi une grande quan¬
tité de ces petits calculs de la grosseur d’un pois et de formes
très variées.
Me rappelant combien le professeur Allen, de New-York,
préconise l’emploi de cale. carh. dans les coliques hépatiques,
je dissolvai 10 grammes de ce médicament à la 12* dans un
verre d’eau dont je fis prendre une cuillerée toutes les cinq
minutes. Après la 3* doso, la malade fut considérablement
soulagée. Se figurant qu’elle avait pris un opiacé, elle me
déclara quelle n’avait jamais pris un remède de ce genre dont
faction eût été aussi rapide. Elle continua l’usage du cale,
carh. pendant un mois, 3 doses par jour. Les crises diminuè¬
rent de fréquence et d’insensité, et finirent par disparaître
complètement. Jusqu’ici il n’y a pas encore eu de récidive.
{Hahncmannian munthly.)
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— 145 —
Les remèdes de Schüssler,
par les IX 4 Boericke et Dbwey.
Catcarea sulphurica .
Synonymes. — Calcii sulphas, calcium sulphate.
Nom lyulgaire. — Gypse, plâtre.
Propriétés chimiques . — Formule Ca So 4 . Il se rencontre
à l’état anhydre dans la nature sous la forme de gypse,
d’albàtre et de sélénite; on le trouve aussi dans beaucoup
d'eaux minérales ; il leur communique une dureté spéciale.
Il cristallise en prismes volumineux lamellaires (sélinite) ou il
forme des masses terreuses compactes (gypse). Chimiquement
il constitue une poudre fine blanche, cristalline, soluble dans
400 parties d’eau, insoluble dans l'alcool, l’acide nitrique et
les acides hydrochloriques.
On peut l’obtenir en précipitant une solution de chlorure
de chaux par l’acide sulfurique.
Préparation. — On le prépare par trituration d’après les
indications de la pharmacopée américaine.
Données physiologico-chimiques. — Calcar.sulph.exerce
une action très marquée sur la suppuration. Il guérit les sup¬
purations des membranes muqueuses et des cavités séreuses,
de même que les ulcères tuberculeux ouïes abcès de l’intestin,
les ulcères de la cornée, etc. Il so rencontre surtout dans le
tissu conjonctif.
Action générale. —Il est surtout indiqué lorsque les tissus
malades, après s’être débarrassés de leur contenu purulent
primitif, continuent à sécréter du pus; en un mot, lorsque la
suppuration tend à devenir chronique. Il est indiqué dans
toutes les affections où la suppuration dure trop longtemps,
même quand elle a son siège dans le tissu épithélial. Il agit
principalement sur le tissu conjonctif; l’absence de ce sel
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* 146 . —
dans une partie quelconque du tissu conjonctif entraîne la
suppuration.
Symptômes et indications caractéristiques.
Moral . — Humeur variable.
Tête et cuir chevelu. — Croûte de lait chez les enfants,
lorsqu’il existe une sécrétion purulente ou des croûtes jaunâ¬
tres. Abcès du cuir chevelu. Céphalalgie avec nausée et sensa¬
tion comme si les yeux étaient enfoncés. Craniotabes, vertiges
avec nausées excessives.
Yeux. —Abcès profonds de la cornée (silicea) Inflammation
des yeux avec sécrétion d’un pus épais et jaunâtre. Hypopyon
pour déterminer l’absorption du pus (après silicea). Rétinite.
Ulcérations profondes de la cornée. Cornée trouble avec pus
dans la chambre antérieure et sensation d’un corps étranger,
dans l’œil. Besoin de bander les yeux. Blessure de l’œil par
un éclat.Kératite et conjonctivite phlycténulaire,surtout quand
elles sont accompagnées de Tengorgement des ganglions cervi¬
caux. Héraiopie. Contractions des paupières.
Oreilles. — Surdité avec sécrétion purulente, parfois mêlée
de sang, provenant de l’oreille moyenne (après silicea). Papules
autour de l’oreille.
Nez. — Rhume de cerveau avec sécrétion d’un pus épais,
jaunâtre, souvent mêlé de sang. Epistaxis. Ecoulement d’une
seule narine. Irritation des bords du nez. Sécrétion jaunâtre
des narines postérieures.
Face. — Papules et pustules sur la face. Tuméfaction des
joues avec menace de suppuration. Papules douloureuses
dans la barbe. Eruptions herpétiques sur la face.
Bouche. — Irritation de la surface interne des lèvres.
Langue. — Langue flasque, goût acide, savonneux, âcre.
Enduit jaunâtre à la base.Inflammation avec suppuration de la
langue. Enduit grisâtre ressemblant à de l'argile.
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— 147 —
Dents. — Maux de dents d’origine rhumatismale. Maux de
de dents avec gencives gonflées et douloureuses ; joues tumé-
Gorge. — Suppuration dans la gorge. Ulcérations de la
gorge avec sécrétion jaunâtre. Amygdalite à la période de
suppuration. Diphthério du voile du palais ; gonflement des
piliers du pharynx. Esquinancie avec sécrétion purulente.
Symptômes.gastriques. — Désir pour les fruits, le thé et
le bordeaux, soif vive, appétit augmenté. Nausées.
Abdomen et selles. — Diarrhée purulente mêlée de sang.
Dysenterie avec selles purulentes sanieuses. Ulcérations intes¬
tinales dans la fièvre typhoïde. Abcès douloureux à la marge
de l'anus. Douleur dans la région du foie, dans le côté droit
du pelvis, suivie de faiblesse et de nauséo. Diarrhée par varia¬
tions de température. Prolapsus de l’anus. Constipation avec
fièvre hectique et respiration difficile. Evacuations intestina¬
les muqueuses ressemblant à du pus.
Organes urinaires et sexuels. — Pour hâter la cicatrisa¬
tion dans les cas de bubons (alterné avec silicea). Gonorrhée
avec écoulement puruleut, sanieux. Abcès de la prostate.
Suppurations chroniques de la syphilis. Ulcérations des gan¬
glions. Spermatorrhée. Cystite dans la forme chronique,
lorsqu’il y a sécrétion de pus. Règles tardives, de trop longue
durée, avec céphalalgie, contractions, grande faiblesse. Zwin-
genberg a guéri une néphrite scarlatineuse à l’aide de ce
médicament.
Système respiratoire. — Toux avec expectoration puru¬
lente sanieuse et fièvre hectique. Empyème.Collection de pus
dans le tissu pulmonaire et les cavités pleurales. Douleur dans
toute la poitrine. Pneumonie au 3 e degré. Raucité opiniâtre.
Bronchite à la période de sécrétion. Consomption, catarrhe
avee expectoration épaisse jaunâtre en grumeaux. Croup
(après kali muriat.). Chez les enfants toux violente avec
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— 148 -
douleurs de poitrine, selles verdâtres et éruptions herpétiques.
Grossesse. — Mastite, engorgement des seins,abcès (après
silicea ).
Organes circulatoires. — Péricardite à la période de
suppuration.
Dos et extrémités. — Douleurs dans le dos et le coccyx.
Raideur des doigts. Anthrax dans le dos. Dernier degré de
panaris quand la suppuration persiste. Rhumatisme aigu et
chronique. Coxarthrocace avec suppuration. Ce remède alterné
avec ferr. phosph. suffit à guérir cette affection. Plaies en
suppuration. Sensation de brûlant et démangeaison à la plante
des pieds. Névralgie chez les personnes âgées.
Symptômes nerveux. — Contractions. Faiblesse et lan¬
gueur.
Sommeil. — Somnolence pendant le jour. Insomnie pen¬
dant la nuit. Rêves.
Symptômes fébriles. — Typhus lorsque la diarrhée s’éta¬
blit. Fièvre hectique produite par la formation de pus, avec
toux et brûlant à la plante des pieds, éruptions herpétiques
sur la face, les oreilles, la poitrine et les mains.
Peau. — Furoncles, pour diminuer la suppuration. Bles¬
sures, plaies, contusions avec sécrétion d’un pus fétide, lors¬
que la cicatrisation est trop lente â se faire. Brûlures au 2 d
degré. Engelures à la période de suppuration. Croûte de lait
chez les enfants. Exsudations purulentes de la peau. Ulcères,
furoncles, papules, pustules. Variole au stade de suppuration.
Ulcères des membres inférieurs avec sécrétion purulente co¬
pieuse.Papules dans le cuir chevelu laissant suinter une gout¬
telette de sang quand on les gratte.
Tissus .—Abcès dans la profondeurdestissus. Après silicea,
il active leur cicatrisation. Sécrétions muqueuses par la toux,
leucorrhée, gonorrhée, etc. Suppuration des ganglions lym¬
phatiques. Ulcérations des ganglions. Suppuration dans les
articulations.
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— 119 —
Variations , — Aggravation et retour des symptômes après
le travail et le lavage dans l’eau froide.
Administration .— Cale, sulph. peut être employé égale¬
ment à l'extérieur dans certaines affections, telles que le
panaris, les ulcères, les abcès, etc. Pour l’usage interne on se
sert généralement de ô x ou 12 x dilution ou trituration.
Dans les maladies des yeux, les basses triturations sont
préférables.
Relations. — Cale . sulph. ressemble à hep . sulph., mais
possède une action plus profonde et plus intense. Il rend de
grands services surtout lorsque Faction de hepare st épuisée.
Il est utile également après kali muriat . quand celui-ci n'a
pas produit un effet suffisant.
Parmi les médicaments homœopathiques, apoeynum ren¬
ferme une grande proportion de cale, sulph .
Le sulpliate de chaux peut être comparé à calendula
dans les suppurations; à kali muriat . dans la croûte de lait
et autres affections cutanées, dans la tuméfaction des joues, le
croup et la dysenterie; à na.tr . sulph. dans l'hydropisie à la
suite de la scarlatine; à silicea dans l’induration et la suppu-*
tion des ganglions, les ulcères de la cornée, l'amygdalite, la
mastite et les engelures.
Daos les névralgies il occupe une place intermédiaire entre
les douleurs très aiguës de magnes, phosph. et les douleurs
avec paralysie de kali phosph. A\ est surtout indiqué chez les
personnes âgées.
Dans le 3 e stade de l’inflammation (la résolution) il est indi¬
qué après kali muriat. si la sécrétion est sanguinolente et
épaisse; si elle est jaunâtre et muqueuse, kali sulph. vaut
mieux. Dans l'anthrax, anthracine est préférable. Cale.sulph.
est également très utile après l’emploi des remèdes aigus tels
que kali muriat. y hellad , lorsque la guérison n'est pas com¬
plète. D r Lambreghts, fils.
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— 150 —
REVUE DES JOURNAUX HOMIEOPATIOUES ANGLAIS.
Troubles dentaires directs et réflexes (1).
Travail lu à la « British homœopathic society i par le D r Edward, T. Blake.
III. — Troubles d’ordre septique.
Cas VII. — Rhumatisme goutteux ctmauvaises dents . —
Henri V., habitant dans des conditions telles, que l'humidité
ne peut pas être accusée comme cause du rhumatisme dont
il est atteint, vient me trouver après avoir été chez plusieurs
de mes confrères. Comme eux, je ne pus parvenir à
soulager ce malade. Cependant, l'examinant à nouveau avec
beaucoup de minutie, je remarquai l'état particulièrement
défectueux de ses dents.
Eh bien, encore une fois, de suite après avoir mis en bon
état les mâchoires de cet homme, les symptômes qui le gênaient
disparurent complètement. Quatre ans se sont passés depuis
et ce malade est toujours bien portant.
Cas VIII. — Gingivite et douleurs musculaires géné¬
ralisées. — M Ue Clémentine S., âgée de vingt-sept ans, rési¬
dant à Lyon, vint me consulter le 27 mars 1886. Quoique se
nourrissant parfaitement bien, cette demoiselle est faible,
émaciée.
Cet état de choses me semblait étrange, lorsque, frappé par
l’odeur de son haleine, j’examinai la bouche de cette malade.
Je trouvai les gencives enflammées, spongieuses, couvertes
de granulations, suppurant facilement, les dents n’étant,
d’ailleurs, pas indemnes non plus.
Elle portait un râtelier fort bien conditionné, mais qui avait
l’inconvénient detre appliqué sur des racines. Entre paren-
(1; Suite. Voir vol. courant j>. 110.
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— 151 —
thèses, c'est là une chose qui ne devrait jamais se faire. Cotte
malade, hystérique du reste, avait l’esprit irritable, éprouvait
de la somnolence avant le repas, de la douleur dans les muscles
des extrémités, elle s’éveillait on sursaut pendant la nuit
(anémie spinale) et, naturellement, ne se trouvait pas reposée
le matin.
Pour un rien elle se couvrait de sueur, l'action de se baisser,
seule, lui donnait le vertige. Elle avait la tête lourde et se
plaignait d’être incommodée par des battements dans les
tempes; elle perdait les cheveux et éprouvait des chatouille¬
ments au cuir chevelu.
Les ganglions cervicaux étaient gonflés et douloureux, les
yeux proéminents (la glande thyroïde n était pas hypertro¬
phiée). Il y avait une sensation de coupure derrière les yeux,
l’accommodation était difficile, par suite de la parésie de l'iris,
la pupille mesurait un demi-centimètre.
La malade ne pouvait pas lire pendant plus de cinq minu¬
tes sans avoir la vue fatiguée. Les larmes coulaient abon¬
damment quand elle ouvrait les yeux à la liynière du jour. Il
existait du catarrhe rétro-nasal, de la pharyngite granuleuse.
L’appétit était faible, la soif grande. Elle avait souvent des
rapports et des nausées, ainsi que des défaillances. Il y a six
mois, elle avait eu une douleur dans le côté gauche de l’ab¬
domen et, il y a un an, du prurit anal. Quelquefois elle per¬
dait du sang par l’anus et elle ressentait du prurit vulvaire
qui la gênait beaucoup. Pendant tout l’hiver elle s'est plainte
de douleurs dans la poitrine,,au sommet droit, et à la partie
antérieure du même côté. L'auscultation cependant ne révéla
aucun symptôme. Dans le décubitus dorsal la malade avait
des palpitations. Le pouls était à 90.
Elle avait toujours ou trop chaud, ou trop froid. Pendant
'hiver elle avait constamment éprouvé de la douleur a la
région rénale droite et, cependant, l’analyse de i'urme lue
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152
prouva qu’il n’y avait rien d’anormal à l’appareil urinaire ;
cette douleur semblait être une myalgie du carré lombaire. Il
existait un herpès à l’index gauche et de la douleur au talon
droit. Les deux pieds étaient gonflés et douloureux.
Cette malade se trouva mieux après avoir pris mercur .
corros . .‘I e , puis ignatia I e , carbo vegetabis 6% brgone I e ,
gummi guttea 6 e , china 1 e , arnica \ Q y actea 3x, sulph . 3x,
nux vomica I e , mercur. dulcis 6e, cinnabar 6 e et kali
bichromicum 3x.
Après chaque repas, j’avais conseillé d’enduire les gencives
de phénol iodisé, et de se rincer la bouche avec une solution
chaude de calendula. J’ordonnai de manger des oranges et
de la salade.
L’amélioration se fit surtout sentir après l’emploi des chlo¬
rures mercureux et mqrcurique et du cinabre.
L’eau de Flitwickx (1) rendit'aussi beaucoup de services,
mais cependant la malade ne fut complètement remise qu’après
l’enlèvement des dents malades. Avant cela, elle empoison¬
nait complètement son organisme en respirant un air littéra¬
lement vicié et en avalant de la salive viciée par des matières
septiques.
Cas IX. — Psoi'iasis . Rhumatisme goutteux . Absence
complète de dents molaires .—Le 27 février 1887, arrive chez
moi un Écossais, Alexandre R., âgé de trente ans. Il y avait
dix ans qu’il ne se trouvait pas bien, mais c’est surtout depuis
son arrivée à Londres, il y a quinze mois, que son état a em¬
piré. 11 n’existe pas de maladies diathésiques dans sa famille.
Il a été vacciné deux fois; d’abord, étant enfant, ensuite, h
l’àge de quinze ans. Il est couvert de taches psorlasiques qui
n’ont pas de teinte cuivreuse. Il éprouve beaucoup de chatouil¬
lement au niveau des parties malades, chaque fois qu’il trans-
(1) Une eau minérale naturel le. riche en principes ferrugineux et en acides
organiques provenant d'uo terrain tourbeux situé dans le comté de Bedford.
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pire, ce qui arrive facilement chez lui, après le moindre
exercice. Il rêve pendant la nuit, reste fatigué à son réveil.
11 y a quelque temps son état mental s’en est ressenti ; il a
été poursuivi par une sensation de (terreur indéfinissable et,
après cela, il a éprouvé de la céphalalgie. Il éprouve encore
des chatouillements au cuir chevelu. Les oreilles sont sèches ,
et furfuracées.
Le teint, au lieu d’être rose et clair, comme il l’était, est
devenu pâle et terreux. Au réveil, la langue est couverte
d’un enduit jaunâtre épais. La gorge est sèche et granuleuse.
L’ingestion de viande produit, chez lui, de la flatulence. Les
selles sont régulières mais dures et divisées en Scyballes.
Quelquefois il existe du prurit anal. La miction est fréquente.
Le malade éprouve des palpitations après la moindre émotion
ou l’exercice le plus faible. Il a des douleurs rhumatismales
dans le dos et les épaules et a vite froid aux genoux.
Sulphur changea beaucoup cette condition morbide mais
le malade ne fut complètement guéri qu’après la croissance de
nouvelles dents.
Ce cas est très instructif et voici un détail qui, certes, vous
intéressera :
Ce malade avait été traité par l’arsenic et l'antimoine à forte
dose; il en est résulté, pour lui, la perte des dents et de la
santé, tout en n’ayant pas été débarrassé de l’affection cutanée
contre laquelle ces médicaments avaient été administrés.
J’ajoute qu’avant de donner sulphur , j’ai voulu débarras¬
ser cet organisme de toute influence médicamenteuse, et,
comme antidote dft ces médicaments, j’ai prescrit hepar sut-
phuris 30*.
Et maintenant. Messieurs, abordons la question do l’hygiène
des dents :
Les dents peuvent être nettoyées le matin et doivent l’être
le soir. Il est bon d’employer, à cet effet, une brosse douce,
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de la pmdre désinfectante et, surtout, de Peau chaude .
Si les dents sont entretenues de cette façon, il semble im¬
possible que le tartre puisse s’y accumuler ; or, la présence
de dépôts de cotte matière constitue la cause invariable de la
perte des incisives inférieures. Il faut surtout vérifier l’état de
la partie postérieure des dents inférieures de devant.
En finissant, je vous dirai qu’il n’y a pas de règle sans
exceptions et que, do même que la plupart des vieillards et
des jeunes enfants se portent parfaitement bien, quoiqu’ils
n’aient pas de dents du tout, il y a aussi des adultes qui, se
trouvant constamment en plein air, peuvent digérer ce qu’ils
mangent et se porter comme tout le monde, malgré la pré¬
sence, dans la bouche, de nombreuses dents cariées.
Discussion.
Le Dr Roth dit qu’il a peu d’expérience concernant le
sujet qui vient d’être traité par le Dr Blake. 11 estime que ce
dernier aurait dù plus s’appesantir sur l’hygiène de la bouche.
Il rapporte aussi un cas où la suggestion, qui fut opérée par
le Dr Liébault, de Nancy, sur une de ses malades, empêcha
celle-ci do ressentir de la douleur pendant qu’on lui arracha
plusieurs dents.
Le D r Cooper a été frappé de voir combien sont fréquents
les cas où la surdité peut êire attribuée à l’irritation des dents
de sagesse. Entre autres, il rapporte lu cas d’un jeune homme
ayant un abcès au cou ; à l’hôpital Saint-Thomas on voulut
percer l’abcès, mais, après avoir examiné attentivement la
denture du patient, il vit qu’il existait une dent de sagesse
malvenue. Il fait ensuite mention d’un autre cas où la surdité,
due ù la pression exercée par une dent de sagesse ; s’établit
lentement ; le seul médicament qui fit du bien à ce malade fut
strychnine 12 x. L’extraction de la dent ne rétabliras tou-
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— 155 —
jours complètement l’ouïe, et c’est la dont de sagesse qui con¬
stitue l'un des facteurs les plus fréquents do la surdité. Les
secondes molaires sont plus souvent cause des éruptions cuta¬
nées et des convulsions ; celles qui produisirent ces accidents
étaient ordinairement mamelonnées.
Quand de telles dents sont causes de convulsions, il faut les
enlever ; seulement ici se présente une difficulté : C’est celle de
savoir quelle est la dent qui est qause du mal. Enfin, il men¬
tionne un cas où une dent de sagesse, restée enclavée dans
la mâchoire, produisit beaucoup d’irritation.
Le D* Cronin cite le cas d’une jeune femme chez laquelle
il y eut des poussées de phlyctène qui ne cessèrent leur appari»
tien qu’après l’enlèvement d’une dont cariée.
Le D r Dudgeon invoque, à l’appui de ce qui précède,
l’opinion populaire exprimée par les termes « dent de l’œil ».
Il trouve très intéressant la connexion que le D r Cooper a
établie entre la surdité et l’état de la dent de sagesse. Ainsi,
pour ne citer que lui-même, il affirme qu’il est atteint d’un
peu de surdité et privé de dents de sagesse.
Pour ce qui regarde l’hygiène dentaire, il dit que l’on croit
généralement que si les Ecossais ont de meilleures dents que
les Anglais ç’est parce qu’ils se nourrissent de gruau d’avoine.
Le D r Goldsbrough dit, à l’appui de ce qu’a avancé le
le LP Cooper, que jamais les racines des dents ne se fusionnent
avec l’os maxillaire, et il croit, ayant examiné beaucoup de
crânes, étant étudiant, que les dents peuvent se fusionner par
leurs extrémités, après avoir produit l’absorption de l’os, et
rendre ainsi leur extraction impossible.
Le D r Blackley remercie le D r Blake pour le rapport qu’il
vient de faire et il regrette de ne pas avoir entendu citor plus
de cas d’essence nerveuse. Il a un malade qui a eu des con¬
vulsions lors de l’irruption des secondes molaires et de la
première dent de sagesse. 11 prenait comme calmant. 90
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— 156 —
grains de bromure d'ammonium par jour, puis il a pris du
bromure de sodium. Enfin, ce malade vint se faire soigner
chez lui, il lui fit cesser cetto médication et prendre strychnia.
Son patient put acquérir les trois dernières dents de sagesse sans
être aussi péniblement atteint que précédemment ; il n'eut, à
l'occasion de cette nouvelle irruption dentaire, que de légers
prodromes d'accès convulsifs. Cet homme était d'une constitu-
» tion très forte, quoique membre d’une famille névropathique.
M. Gaddes qui, comme deutiste, a beaucoup d’expérience
au sujet de ce qui précède, affirme que très souvent il a eu
l’occasion de constater combien sont vrais les faits avancés
par leD r Blakley. Ainsi, un homme à qui l’on vient d'arracher
une dent crie : « Oh ma tête \ {T'éprouve une douleur sembla¬
ble à celle dont je souffrais constamment ».
Un autre jeune homme avait, en même temps qu’une
dent cariée, une éruption au menton qui ne put guérir
qu'après l’extraction de la dent malade.
Une foule de symptômes nerveux sont dus à un état défec¬
tueux des dents.
Le D r Hughes demande au I) r Cooper ce qu’il appelle
« une dent mamelonnée »; veut-il signifier par ce terme, des
élevures de l'émail ?
Le D r Coopqr répond que oui ; il a souvent trouvé de telles
dents lorsque la mâchoire est peu développée.
Dans le cas qu'il a cité, ce fut la présence de celte dent, à
forme particulière, qui produisit les symptôme, mais la cause
efficiente était un vice constitutionnel.
LeD r Hughes croit que le cas d’ainbiiopie pourrait être quali¬
fié d'hystérique, car ce mot explique mieux l’origine de Paffec-
tion. Le D r Blake l'a fort intéressé en parlant des droits interne
et externe. La paralysie produite par gelsemium influence
d'abord le droit externe.
Pour finir, il cite deux cas où il a vu le scorbut se mani-
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fester chez dos individus qui excluaient toute substance végé¬
tale de leur alimentation.
Le D r Edouard Blake répond au D r Roth, qu’il a oublié
de signaler l'importance qu'il y a à limer les dents tous les six
mois.
Depuis 20 ans il recommande à ses malades de se servir
d’une poudre dentifrice dont voici la formule :
R. Acidi. carbolic. (glacial) gr. x.
Pulv. Cinnamomi 3 j.
Sodæ Bicarbonat 3 i i.
Cretæ Précipit 3j.
à bien triturer, puis tamiser en poudre fine.
En réponse au Dr Gooper, le Dr Blake dit que les molaires
mamelonnées résultent d ? un arrêt de développement pendant
la période embryonnaire des dents. La dent est trop grosse,
proportionnellement ; en réalité, elle ne l'est pas. Cela tient
à ce que, chez les enfants rachitiques, la tête exerçant une
pression trop considérable, empêche la mâchoire inferieure de
se développer. Au reste, ces dents mamelonnées se rencon*-
trent très souvent, en même temps que les côtes en chapelet,
chez les enfants rachitiques.
Quant à la cause de l'ostéo-arthrite dans la pyémie passive:
le pus est-il absorbé et transporté vers les centres nerveux ?
ou est-ce un phénomène trophique d'ordre réflexe ? C'est
probablement à la deuxième manière d'envisager les choses -
qu’il vaut mieux se rapporter, l'amélioration ayant succédé
trop vite à l’enlèvement de la partie malade.
Il ne partage pas l’opinion du D r Dudgeon pour ce qui
regarde le fait que les enfants écossais auraient le système
osseux plus solide, par suite de l'usage qu’ils font, comme
aliment, du gruau d’avoine. D’après le Dr Blake, cette supério¬
rité constitutionnelle serait due plutôt à ce que la mère se
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— 158 —
nourrit de cette substance pendant la gestation. Beaucoup de
cas do carie dentaire survenant pendant la grossesse sont
dus à une salivation incoercible ; d’autres, plus nombreux, à
la déperdition constante de substances minérales que fait la
mère en faveur des os du fœtus.
S'adressant au président, le Dr Blake refuse de qualifier
d'hystérique, le cas d’ambliopie dont il a fait mention, car ce
terme n’explique rien. En réalité, l’image produite sur !a
rétine était nette, mais la perception était fausse.
Il existe quelquefois des cas extraordinaires dans la patholo¬
gie dentaire : Il n’y a pas longtemps, ayant enlevé une dent à
un jeune garçon, je ne fus pas peu surpris de voir, appendu
au sommet de la racine, un morceau de gomme élastique. Ce
malade avait mâché un élastique de son soulier et un morceau
de cette substance avait pénétré dans la cavité de sa dent
malade. La pression exercée journellement par la mastication
fît que le morceau d’élastique s’enforça graduellement, jusqu’à
traverser en partie le trou nourricier de la dent.
Le D r Blake estime que le cas de gingivite était une mani¬
festation scorbutique due, en partie, à l’absence d’alimentation
végétale. (The monthly hoiuœopathic rcincw.)
US URCINS DE L’ALLOPAIHIE.
par le D r Martin y.
Nous trouvons dans le Bulletin médical :
Traitement palliatif de Vépithéliome du larynx par la
teinture de thuya,
M. Baratoux.— La teinture «le thuya occidentalis ayant été employée avec
succès dans le traitement des végétations des organes génitaux et même
de l’épithéliome du coi ultérin, j’ai fait usage de cette teinture dans uue
série de tumeurs du nez, de la gorge et du larynx. Dans ces derniers orga¬
nes, la teinture du thuya a produit rapidement, chez douze malades, une
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159 —-
•Jiiiparition complète de la fétidité de l'haleine, une diminution des sécré-
tionsetmême un affaissement très notable de la masse épithéliomateuse
au point d’obtenir une survie de deux ans p,u moins sans aucune interven¬
tion chirurgicale dans des cas ou l'extirpation du larynx était contre-
indiquée.
M. Dujardin-Beaumetz.— La teinture de thuya, prise à l'intérieur à la
dose de vingt gouttes, agit efficacement contre toutes les végétations der¬
moïdes et particulièrement Contre les verrues.
M. Rbliol et. — J'ai employé la teinture de thuya contre les papillomes
delà vessie chez deux malades que je suis depuis quatre ans.L'un, méde-
cin, m'avait demandé de faire.la taille pour racler la v«ssie. L'opération
faite, il se rétablit, et bien que j'aie dû intervenir encore deux ans après
par l'urètre, il n'y en eut pas moins une amélioration considérable dans
l'état local et général. Chez l'autre malade, également opéré et que je vois
souvent, la teinture de thuya a excercé une action non moins favorable
tant sur les urines que sur l'état général.
M. Buuloumié. — Lorsque les hémorrhagies sont faibles la teinture de
thuya à la dose de vingt à trente gouttes rend des services signalés dans
lescas de tumeurs vésicales. Lorsque les hémorrhagies sont abondantes je
commence le traitement par la teinture d’hamamelis virginica.
M. Bakatoux. — La teinture de thuya à l’intérieur est un remède popu¬
laire en Bretagne contre les verrues.
M. Duchesne. — La magnésie donnerait dans les mêmes conditions de
bons résultats au bout de quinze jours à trois semaines.
Les triturées ,
On vient d'introduire en Angleterre un genre de préparations pharma¬
ceutiques très appréciées aux 1 Etats-Unis, et que l’on désigne sous le nom
triturées ou de triturâtes. Les triturâtes contiennent un médicament fi minent
tritnré avec le sucre de lait. Il en résulte une poudre très fine, facile à
doser et agréable qui rend de grands services lorsqu’il sagit d’adminis¬
trer des médicaments de mauvais goût et alors surtout que ces médica¬
ments s’adressent à des malades difficiles ou à des enfants.
Conmeon le voit, non seulement on nous prend nos médi¬
caments, mais aussi on adopte notre façon de préparer les
remèdes, seulement en n’ose pas, pour ne pas paraître homœo-
pathe, employer exactement le nom donné par Hahnemann
et l'on dit triturées ou triturâtes , au lieu de trituration .
Nous ne nous en plaignons pas, chers confrères, mais au
moins ayez le courage de dire que vous adoptez peu à peu
l’homoeopathie.Les temps nous paraissent proches; il arrivera
sous peu, pour, rhomœopathie, ce qui est arrivé pour le
magnétisme; après lavoir vilipendée pendant quatre-vingt-dix
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— 160 —
ans, on lui ouvrira les portes officielles comme on les pilvre
aujourd’hui au magnétisme.
Pour terminer nous conseillons vivement à nos confrères *
allopathes d’employer le thuya dans les épithélioma, n’im¬
porte quel organe ils ont envahi, et nous pourrions citer un
certain nombre de cas graves condamnés par les médecins
officiels que nous avons guéris par le thuya ; disons en passant
à nos confrères de l’ancienne Ecole que le thuya n’est pas le
éeul remède que nous employions contre les végétations; il y a
aussi le teucrium mare , la chaux , le nitri acidum , le guaco ,
le galium , etc., etc.
Dr Martiny.
NOUVELLE.
Le pain de soya. — Le soya est une légumineuse originaire de
l’Asie et que l’on cultive aujourd’hui en Autriche-Hongrie. Il donne une
farine très azotée, supérieure même à la viande par le chiffre de matière
protéique. Ce pain, d'un goût assez agréable, ne contient qu’une propor¬
tion très minime de substance amylacée et sucrée, ce qui permettra de
l'employer chez les diabétiques. [France médicale.)
SOMMAIRE.
Le tabac (suite), par MM. Em. Seutin, Phn, et le D«*
LéonSEUTiN, de Bruxelles.129
Revue des journaux homéopathiques de France, par le
D r Schepens, de Gand.137
Revue des journaux homéopathiques d’Amérique, par
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers 143
Revue des journaux homéopathiques anglais . . .150
Les larcins de l’allopathie, par le D r Martiny . . . 159
Nouvelle.. . 160
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
iô® Année. SEPTEMBRE 1888. N® 6.
Le tabac (IJ, ,
par MM. Em. Skutin, Ph n , et le D r L. Sr*;TiN, à Bruxelles.
19. — Au mois de septembre 1861, M. le D*’ Decaisue ren¬
contra à Florence un journaliste parisien, paraissant jouir d'une
bonne santé, et le vit trois ou quatre fois s’arrêter et se tâter
le pouls avec anxiété.
Interrogé, il répondit que deux ans auparavant, ayant
éprouvé des palpitations qui le fatiguaient beaucoup,il lui arriva
un jour, qu'il se tâtait le pouls, de s’apercevoir que les mouve¬
ments de son cœur n’étaient pas réguliers et qu’un battement,
ainsi qu’une pulsation de l’artère radiale, manquaient de temps
en temps; il demeura convaincu qu'il était atteint d’une maladie
du cœur.
Il se fit soigner par un médecin qui lui imposa un régime
sévère, deux mois de repos, quelques saignées et des piaules
de digitale; il éprouva des syncopes, des étourdissements, une
grande prostration des forces et (le l’insomnie, sans pour cela
v °ir disparaître l’intermittence des battements du cœur, qui
parut au contraire devenir plus fréquente.
D renonça alors à tous les remèdes, et s’observa avec atten-
tlon ; il s’aperçut bien vite que ces intermittences devinrent
plus fréquentes quand il fumait plus que de coutume.
Au lieu de douze à quatorze cigares qu'il fumait par jour, il
ne ufuma que sept ou huit, et avait remarqué que son pouls
devenait plus régulier.
^I- le docteur Decaisne observa qu’après le douzième et le
(i) Suite. Voir volume courant, pp. 69, 100 et 129
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— 162 —
seizième battements, il y avait un repos complet égalant en
longueur le temps que mettent deux battements pour se produire.
La même interruption se manifesta dans les pulsations de l'artère
radiale.
M. le docteur Decaisne u’hésita pas à rattacher ce phéno¬
mène au tabac, et fit promettre à son malade de s’abstenir de
fumer. En effet deux mois après il put constater par l’auscul¬
tation et l’examen du pouls, répétés à plusieurs reprises, que
tout était rentré dans l’ordre et qu'il ne restait plus de trace
de ces singuliers accidents; depuis cette epoque les intermit •
tences n’ont jamais reparu. On pourrait multiplier les observa¬
tions d’intermittence des battements du cœur par suite de
l’usage du tabac; quiconque voudra observer soigneusement les
fumeurs qui l’entourent pourra constater cet accident à des
degrés d’intensité divers. Nous connaissons, dit M. le docteur
Blatin, un grand nombre de personnes qui les éprouvent chaque
fois qu’elles usent du tabac avec excès ; beaucoup même, sur
notre conseil, ont diminué les doses ou supprimé entièrement
l’usage et ont vu disparaîtra leurs malaises.
20. — M. le docteur Blatin fait observer que des intermit¬
tences dans les battements du cœur à l’angine de poitrine, la
distance est courte et peut être facilement franchie.
Un médecin, âgé d’une cinquantaine d’années, paraît jouir
d’une bonne santé, bien qu’il ait un appétit assez faible,
ef des digestions laborieuses, conséquence d’un goût très
prononcé qu’il a pour les cigarettes, — il vient en 1859
parler au docteur Beau de palpitations pénibles dont il est
pris tout à coup, soit le jour, soit la nuit, avec angoisse
profonde et irrégularité du pouls. Il a remarqué du reste lui-
même qu’il est affecté de ces attaques, surtout quand il a fumé
plus que d’habitude. Il se résigne à se priver pour toujours du
tabac et, à partir de ce moment, n’a plus de suffocations;
seulement, se trouvant un jour dans une réunion de fumeurs,
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— 103 —
il eut la nuit suivante une attaque d’angine; ce fut pour lui une
dernière preuve.
21. — Le mois d’août 1861, un médecin âgé de 35 ans $
fumant une cigarette à jeun, fut pris tout à coup d’un sentiment
profond et insupportable d’angoisse à la région du cœur, avec
constriction transversale dans la partie supérieure de la poi¬
trine; il lui était impossible de marcher et même de parler; son
pouls était à peu près nul, et ses mains se refroidirent complè¬
tement. Des personnes qui étaient près de lui, le voyant
s’arrêter tout à coup et fléchir furent obligés de l’emporter chez
lui. Il fut consulter le docteur Beau et lui apprit que depuis
longtemps il mangeait fort peu et sans appétit et qu'il fumait,
à la lettre, depuis le matin jusqu’au soir. Sur le conseil du
docteur Beau, il se résigna à ne plus fumer, et n'eut pas de
nouvelle attaque.
22. — M. le docteur Beau raconte le fait d’un médecin de
province qui fumait avec excès, et auquel il arrivait souvent,
pendant la nuit, d’être réveillé par une sensation de constriction
du thorax, avec palpitations et irradiations névralgiques dans
le cou. Ces phénomènes duraient un quart d’heure environ et
le laissaient assez longtemps ému et fatigué ; après quoi il
pouvait se rendormir. Dès que l’habitude de fumer n exista
plus, les malaises ne tardèrent pas à cesser.
23. — M. le docteur Beau donne le narré del’affection d’un
nommé St-Marc, âgé de 29 ans, entré le 18 juillet 1869 àla Cha¬
rité, salle St-Louis, n° 11, et dont il était le médecin en chef.
Cet homme a été pris brusquement, il y a environ deux ans,
d’une attaque qui s’est répétée un très grand nombre de fois
depuis cette époque.
Cette attaque est caractérisée par une douleur vive à la
région précordiale, qui s’irradie dans l’épaule gauche. Cette
douleur s’accompagne d'une oppression, avec tendance à la
défaillance; il y a en même temps, pâleur de la face, petitesse
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do et \z > la n-. le malade dh ressentir dxms les
jam r- n\~ tc.l-: . /:! e^: obligé de -‘asseoir poor w
[r**, tomber. Cette at^s pie dure environ cx j à dix minutes &a
bout devjaebes tout rentre dans l’ordre.
Outre cette angine de poitrine, car c’en était une bien
caractérisée, le malade était aussi affecté de dyspepsie datant
d une époque antérieure au débat de ses attaques. Il est atteint
aussi cTune phan ngo-laryngite granuleuse. Ce malade ne fume
pas, mais prise pour deux s jus de tabac par jour.
On lui fait alors comprendre tout le danger qu'il y a pour lui
de continuer une habitude qui est la cause probable de ses
souffrances ; il ce^se de priser ; au !>oui de deux jours amélio¬
ration notable ; au bout d’un mois il va très bien, la dyspepsie
et la pharyngite granuleuse sont améliorées de beaucoup.
M. le docteur Beau n’hésite pas à considérer l’habitude de
priser, comme la cause de l’angine de poitrine; aussi il a suffi
au malade de ne plus priser pour voir sa maladie angineuse se
dissiper, comme tous les autres cas d’angine dus au tabac.
Nota. — Dans la production de cette affection, le sexe à une
influence considérable. Sur >8 cas, le docteur sir John Corbes
a compté 80 hommes et 8 femmes ; M. le docteur Lartigue, sur
07 cas, 00 hommes et 7 femmes, or on sait combien l’usage du
tabac est peu répandu dans la partie féminine de la population.
24. — L ’Abeille médicale cite le cas d’un jeune officier
atteint d’asthme essentiel, par l’habitude qu’il avait contractée
de fumer beaucoup; après trois semaines d’un traitement appro¬
prié et de l’abandon définitif du tabac on put constater une com¬
plète guérison maintenue depuis cette époque.
25. — Une personne de 45 ans affectée depuis deux ans envi¬
ron d’asthme essentiel.Scs accès,éloignés dans le début,s’étaient
rapprochés peu a peu au point de revenir au moins toutes les
semaines; elle fumait beaucoup et avait remarqué que, chaque
fois quelle faisait un excès de tabac, l’accès survenait dans la
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— 165 —
nuit; le séjour prolongé dans un café lui produisait le même
phénomène. Le tabac fut supprimé et, dès ce jour, les atteintes
du mal furent en s'éloignant de plus en plus et en diminuant
d'intensité, jusqu’à leur disparition complète (1).
Action physiologique du tabac et de la nicotine sur
l'estomac .
Lorsqu’on tient un animal sous lmtiuence de petites doses
de nicotine, l’activité de la sécrétion du suc gastrique se trouve
augmentée et les mouvements des parois de l’estomac sont plus
accusés; avec de fortes doses,au contraire, ou par l’usage long¬
temps continué du* poison,le suc gastrique diminue de quantité
dans des proportions considérables et l’estomac n'offre plus que
de faibles et insuffisantes contractions : l’animal peut à peine
digérer et les plus petites portions d’aliments ne peuvent passer
que lentement et après un travail laborieux.
Le tabac dans l’estomac agit surle pneumogastrique et l’excite
ou le paralyse suivant les doses. Il n’est pas de moment pour
celui qui fait usage du tabac, où sa funeste habitude devienne
plus impérieuse qu’après le repas. C’est qu’en ce moment la
nicotine devient un auxiliaire de la digestion, mais ce n’est
jamais impunément qu’un élément étranger à l'organisme inter¬
vient d’une façon habituelle dans le jeu régulier d’une fonction
et le tabac ne tarde pas à produire les phénomènes qu’il était
d’abord destiné à combattre ; quotidiennement excité, le pneumo¬
gastrique se fatigue, s'affaiblit, les digestions deviennent plus
lourdes, plus pénibles, il faut des doses plus élevées de nicotine
pour stimuler l’activité de l’estomac. A chaque stimulation suc¬
cède un affaissement proportionnel ; l’anorexie survient ; l’ap-
(1) Blatin. ïlecherohcs physiologique£ et cliniques sur la nicotine et le
tabac, pp. 150 et 160»
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— 166 —
pétit disparaissant, l'alimentation est insuffisante ; le dépérisse¬
ment commence et le sujet se trouve emprisonné dans un cercle
vicieux qui va se rétrécissant de jour en jour et dont il ne
pourra sortir qu'au prix des plus grands efforts. Là se trouve
la véritable origine d'un grand nombre de dyspepsies (1).
Quel que soit du reste le nombre relatif des gastralgies d’ori¬
gine nicotiquc, on ne peut les nier, et voici un exemple où l'action
du tabac ne saurait être mise en doute.
26. — Un militaire retiré du service, âgé de 37 ans, était
tombé insensiblement dans la consomption, sans autre affection
antécédente et concomitante que de l'anorexie et de la dyspepsie.
Soumis a des traitements divers sans le moindre succès, le doc¬
teur Roque apprit qu’il faisait grand usage du tabac et qu’il en
éprouvait une salivation abondante. Cet usage avait* en effet,
déterminé une sorte de fluxion habituelle vers les glandes sali¬
vaires, d’où dépendaient le ptyalisme, l'abolition presque totale
des fonctions digestives et, conséquemment, la faiblesse et le
marasme auquel il était réduit; le médecin exigea de son malade
la réduction graduelle des doses de tabac et enfin arriva à le
supprimer complètement. Le malade fut docile, et aidé d’une
bonne alimentation, la guérison fut achevée au bout de 3 mois (2).
Action de la nicotine et du tabac sur Vorgane de
la vision.
Il fait momentanément contracter l’iris, et ne tarde pas
à provoquer sa dilatation et produit ainsi une mydriasc
nicotiquc . Beaucoup de fumeurs habituels présentent des dila¬
tations plus ou moins appréciables de la pupille.
Tous les médecins spéciaux ont affirmé que la cécité est un
(1) ReiUe Macdonald, d’Edimbourg. The Lancet, 1861.
(2) Mémo&c de médecine et de chirurgie pratiques . Tome Y.
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— 167 —
symptôme qui se manifeste souvent, sous l'influence de la nico¬
tine. Mackensie, le premier, annonça que la majorité des
amaurotiques par qui il était consulté, avaient l'habitude de
chiquer, ou plus souvent de fumer de grandes quantités de
tabac (l). Sichel et Desmarres vinrent ensuite apporter des
observations tellement concluantes d’amblyopies causées par
l’abus du tabac, que de ce jour l’amaurose nicotique fut acquise
à la science. Ces illustres praticiens rapportent des cas où des
amauroses complètes et rebelles à tons les traitements furent
guéries, sous leur direction, par la seule cessation de l’usage
du tabac. Ils prétendent avoir acquis la conviction que peu de
personnes peuvent consommer pendant longtemps plus de
20 grammes de tabac à fumer par jour, sans que leur vision
et souvent meme leur mémoire s’affaiblissent (2).
27. — Sur 27 cas de double amaurose idiopathique, le D r Hut-
chinson a trouvé 23 fumeurs avérés (3). i
Un employé du chemin de fer fumait toute la journée. Il
ne tarda pas à remarquer que sa vue baissait et bientôt
il devint incapable de remplir ses devoirs.
Congestion cérébrale .
Les médecins les plus autorisés reconnaissent que la fré¬
quence de otte affection est trois fois plus considérable chez
l’homme que chez la femme qui fait si rarement usage de tabac.
Voici ce que dit M. le docteur Legrand du Soulle dans un
mémoire présenté à l’Académie des sciences, sur le dévelop¬
pement de la congestion cérébrale sous l’influence du séjour
dans les cafés.
[A continuer .) Seutin, Ph n et D r L. Seutin.
(1) Mackeusie. Maladies de, l'œil, t. II. p. 830.
(2) Sichel. Union médicale , 1860. Annales d'occ 1865.
(3; Hutchinsou. Annales d'occ . 1864.
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I
— 168 —
REVUE DES JOURNAUX ROKEOPATBIQUES DE FIANCE,
t par le D r Schepkns, de Gand.
L'angine glanduleuse et son traitement,
par le D f P.Jousset.
L’angine glanduleuse est toujours une affection diathésique
survenant surtout chez les hémorrhoïdaires, les goutteux et
les dartreux ; elle est commune chez les prédicateurs, les
avocats et les professeurs ; elle sévit dans l’àge adulte, de 25
à 35 ans.
Cette affection est constituée par un enrouement variable,
par le besoin fréquent de faire une expiration brusque et
bruyante ; c’est le hume des Anglais. Elle est produite par
une inflammation chronique de la muqueuse pharyngo-laryn-
gée avec hypertrophie des glandules de la muqueuse et parfois
développement vasculaire par places.
Les principaux médicaments sont :
1° Belladona, 12 e et sulfur, 30 e dilutions, alternés cha¬
cun pendant quatre jours, avec un repos de quatre jours entre
les deux médicaments. Belladone répend à la sécheresse de
l’arrière-gorge, à la rougeur de la membrane muqueuse, à la
toux, à un certain degré de surdité, à l’enrouement et à
l’aphonie. Suif tir répond aussi à la sécheresse de la gorge
avec enrouement ou aphonie et tussiculation incessante.
2° Nux V07nica, 12 e dilution est surtout indiqué chez les
hémorrhoïdaires quand il y a une petite toux Sèche avec senti¬
ment de brûlure douloureuse ,détachant avec peine une toute
petite quantité de mucus du larynx, l’enrouement et l’aphonie
complète.
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3° Carbo vegetabilis, 12* et 30* dilutions, convient quand
il y a : enrouement allant jusqu’à l’aphonie; petite toux sèche
par chatouillement dans le larynx avec sensation de sécheresse.
4° Scpia, 6® dilution, et aussi la première trituration, est
indiqué par un sentiment de cuisson et de grattement dans le
pharynx avec excrétion plus ou moins fréquente de mucosité
tenace, dure et semblable à un grain de millet ou à une
grosse perle grisâtre ; parfois l’expectoration est grasse, ver¬
dâtre, épaisse, rappelant une pointe d’asperge ; avec cela
enrouement, aphonie et râclements continuels.
5° Indium, premières triturations, est surtout recommandé
dans cette affection quand il y a un certain degré de surdité.
Un sentiment d’excoriation, des mucosités difficiles à déta¬
cher, la tussiculation et l’enrouement précisent l’indication
de Y iode.
6° Mercurius. Richard Hughes considère le mercure et
Yiode comme les deux médicaments principaux de l’angine
glanduleuse.
7° Hepar sulfuris, de la première jusqu’à la 6® dilution.est
le médicament classique de l’angine glanduleuse ; ses princi¬
pales indications sont : sécheresse et grattement dans la gorge
avec crachottements continuels, enrouement, douleur dans
le larynx par la toux et même par la respiration.
8° Arsenicum, basses dilutions. C'est le principe actif des
eaux du Mont-Dore qui sont souvent indiquées dans le traite¬
ment de l'angine glanduleuse. Il est indiqué par un enroue¬
ment allant jusqu’à l’aphonie.
Aurum, tartanes emeticus et kali bichromicum ont
été préconisés dans le traitement de l’angine granduleuse,mais
leurs indications n’ont pas été nettement fixées jusqu’ici.
(Art médical, avril 1888.)
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Traitement de l’œsophagite et de l’œsophagisme,
par le D r P. Joussbt.
I.— Œsophagite. — On distingue rœsophagite érythéma¬
teuse et l'abcès de l’œsophage. L'œsophagite essentielle est une
maladie très rare ; elle se caractérise par une douleur intense
siégeant derrière le sternum, s'étendant du bas du pharynx
jusqu'à l’œsophage, quelques fois très marquée en arrière le
long de la colonne vertébrale,s’aggravant par la déglutition et
amenant alors une régurgitation convulsive des aliments et
des boissons s’accompagnant d'une expuition fréquente de
mucosités. Il y a un mouvement fébrile variable p une soif
vive que les malades ne peuvent satisfaire et beaucoup de
malaise et d’anxiété ; cette maladie se termine par la guéri¬
son du T au 14 e jour.
L 'abcès de Vœsophage est une affection plus grave accom¬
pagnée de fièvre, parfois même de délire et de convulsion ; la
douleur est plus limitée que dans la forme précédente et la
dysphagie est considérable. Cette maladie peut déterminer
Yœdème de la glotte et la perforation de Vœsophage ;
elle se termine habituellement par la guérison dans le cours
de la troisième semaine.
Traitement . Les alcalins, les acides, la cantharide , le
phosphore et Y arsenic produisent à haute dose une œsopha¬
gite qui devient parfois gangréneuse ; tous ces médicaments
déterminent la douleur sur le trajet de l’œsophage, la dys¬
phagie, les régurgitations, la soif avec impossibilité de la
satisfaire et un degré de fièvre variable ; mais la clinique est
très pauvre sur les indications thérapeutiques.
1° Phosphorus répond à une douleur brûlante au cardia
et dans l’oesophage, dysphagie, régurgitations amères et san¬
guinolentes, expuition continuelle de salive. Richard Hughes
l'apporte un cas de guérison par phosphorus après l’échec d’ar-
senicum .
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— 171 —
2° Cocculus. Ce médicament produit la dysphagie et
une douleur brûlante le long de l’œsophage.
3* Les venins et en particulier le naja ont été indiqués
dans le traitement de l’œsophagite.
II. — Œsophagisme. — Cette affection est caractérisée
par l’impossibilité plus ou moins complète d’avaler, avec
spasme des muscles de la déglutition et de l’œsophage. Ordi¬
nairement ce spasme survient tout à coup ; il est surtout pro¬
noncé pour les aliments solides et il s’accompagne quelques
fois de spasme des muscles de la glotte et de symptômes
d’étranglement.
Les principaux médicaments de l’œsophagisme sont :
1* Les solünées qui conviennent surtout quand la dyspha¬
gie s’accompagne de l’horreur des liquides ;
2® Les venins , lachesis, cantharis et surtout naja quand
la déglutition forcée fait disparaître les accidents ; Richard
Hughes recommande beaucoup naja et lui attribue un grand
nombre de guérisons ; qnand l’état nerveux, la tristesse et
les pleurs sont très prononcés chez le malade, il faut accorder
la préférence à ignatia. Doses : sixième dilution et au-dessus.
Le cathétérisme de l’œsophage et le massage du pharynx
ont donné quelques succès. (Art médical , mai 1888.)
Traitement de la gastralgie,
par le D r P. Jousset.
La gastralgie s’observe principalement chez les hystériques,
les chlorotiques, les hypochondriaques, les goutteux et les
dartreux.
Les principaux médicaments de la gastralgie sont :
1° Nux vomica indiqué par une douleur excessive, con¬
strictive comme par une griffe d’oiseau ; alternatives de ser¬
rement et de constriction; quelquefois seulement de brûlure.
La douleur survient le matin, vers la fin de la nuit et après
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— m —
les repas; elle s’aggrave par le toucher. Doses : de la 12* à
la 30 e dilution.
2° Ignatia produit des douleurs analogues ; le sentiment de
distension est plus marqué que pour nux vomica.
La clinique a démontré que nux vomica convient même
pour le traitement de fond de la maladie tandis qu 'ignatia est
plus approprié au traitement de l’accès douloureux. Doses *
12« et 30 e dilutions.
3° et 4° Chamomilla et belladona sont deux médicaments
d’accès. Chamomilla est indiquée par une douleur de crampe
excessive qui semble écraser le cœur; meurs ènoi'mes et
cris d’anxiété.
Belladona répond à une douleur de crampe au creux de
l’estomac, douleur atroce, lancinante, forçant à renverser le
tronc en arrière ; aggravation par le moindre attouchement.
Doses et mode d’administration : 3° dilution; on alterne
les deux remèdes plus ou moins fréquemment selon l’inten¬
sité de la douleur.
6° Arsenicum est indiqué par une douleur brûlante énorme,
pressive, comme si le cœur allait être écrasé, soif, anxiété,
tendance à la syncope ; douleurs nocturnes et diarrhée.
Doses : le plus souvent la 6 e et la 12° (dilutions, mais
toutes les doses ont donné des succès.
6° Argentum nitricum conseillé par Hartmann dans les
gastralgies liées à des règles trop fortes. Douleur pressive,
plus forte la nuit et s’accompagnant quelquefois de diarrhée
survenant pendant les repas) Doses : I e trituration.
7° et 8°. Plumbum et opium . Le premier est indiqué dans
la gastralgie rebelle simulant une affection chronique et
accompagnée d’amaigrissement et de teinte jaune de la peau ;
douleurs excessives s’étendant à l’abdomen et diminuant par
la pression ; amélioration ou cessation des douleurs après le
vomissement d’une matière glaireuse, transparente, analogue
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— 173 —
à du bl&oc d’œuf. La constipation est considérable. Doses et
modes d’administration : Dilutions élevées : 12 e et 30e.
La clinique a démontré que l’alternance d 'opium avec
plumbum était une combinaison très efficace.
9° Platina est indiqué chez les hystériques, de préférence
à la 30 e dilution.
10° Veratrum, aux premières dilutions, est utile dans les
accès violents avec sueurs froides.
Le D r Jousset a souvent observé que l’usage du café, même
du café au lait, entretenait et ramenait les accès de crampes
d’estomac. ( Art médical, juin 1888.)
Traitement de l'indigestion.
par le D r P. Jousskt.
Les principaux médicaments de l’indigestion sont :
1° Ipéca,àe la 3 e à la 6 e dilution, une dose toutes les demi-
heures. L’ ipéca est indiqué par un état nauséeux avec malaise,
vomissements alimentaires, diarrhée, anxiété avec sueurs et
sentiment d’une grande faiblesse.
2® Pulsatilla aux mêmes doses est indiqué par des nausées
avec éructations putrides, refroidissement, petits frissons,
b&illement, eau à la bouche. Indiqué surtout quand l’indiges¬
tion est causée par des aliments gras, la charcuterie et la
pâtisserie.
3° Carbo vegetabilis,k la 12« ou la 30 dilution,est indiqué
quand l’indigestion est causée par des aliments en putréfac¬
tion, viandes faisandées, poisson gâté, fromages forts.
4® Arsenicum, à la 3 e dilution, convient dans les indiges¬
tions par les fruits et les glaces; les indications spéciales
i’arsenicum sont : une anxiété excessive avec crainte de la
mort, refroidissement, lipothymie, peau froide et état cholé¬
riforme.
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5 0 Tartarus, aux premières triturations,est indiqué par les
mêmes symptômes qu 'ipéca avec état comateux, face rouge
et somnolence.
\
6° Opium, aux premières triturations, est le médicament
de la forme grave avec symptômes apoplectiques, contraction
des pupilles et absence complète d’évacuations.
Les vomissements provoqués soit mécaniquement soit par
Yipéca sont utiles dans les cas graves; les infusions de thé et
de camomille agissent souvent comme vomitifs. (Art mé¬
dical, juin 1888.)
D r Schkpens.
DEUX CAS DE PÉRITONITE PUERPÉRALE O,
par le comte Ghkrard Freschi. — Traduction du D r Chevalier, de Charleroi.
I. — Le 7 mars 1888, vers le soir, on vint m’annoncer que
Catherine Stéphani, la femme d’un de mes fermiers, qui huit
jours avant s’était accouchée, et dont l’enfant était mort
quasi subitement, était elle-même à la mort.
Frappé de cette nouvelle inattendue, et ne pouvant quitter
la chambre pour cause de maladie, je priais M rae M., la sœur
de Charité de mes fermiers, de bien vouloir s’enquérir dans
cette brave famille de la maladie et de vouloir me préciser
l’état de la patiente. En voici les renseignements exacts :
La femme n’avait accusé aucun malaise sérieux jusque la
veille 8 mars au soir ; mais un peu avant minuit, elle fut
tout d’un coup saisie de frissons, suivis de grande chaleur et
de .soif; le ventre était gonflé et le siège de douleurs qu’aug¬
mentaient le moindre mouvement ou le plus petit attouche-
(1) Traduit de la Rivista omcopalica, juillet 1888.
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/
— 175 —
ment: insomnie, gémissements, peur de mourir ; et cet état
était allé en s’aggravant toute la nuit et la journée du 7 mars.
Mais le mari,espérant que cette complication naturelle que
Dieu avait envoyée, allait s’en aller comme elle était venue,
ne se dépêcha guère d’appeler son médecin. Du reste celui-ci
habite assez loin, et on connaît les heures habituelles aux¬
quelles il fait sa tournée dans le village. Aussi ne fit-on rien
pour la malade et, prenant le sommeil léthargique de la
patiente pour un bon repos et une accalmie de la douleur,
tout le monde s’en fut à ses travaux, laissant Catherine aux
soins de la belle-mère, et un gamin en vedette pour surveiller /
le passage du docteur. Celui-ci arriva dans la soirée, plus
tard que d’habitude; l’affection avait marché à pas de géant,
de sorte que quand il se fut approché du lit de la parturiante
et l’eut examinée, il hocha la tête, déclara le cas perdu et
fit de suite appeler le prêtre. Il prescrivit néanmoins, par
acquit de conscience, de la morphine et du sulfate de qui¬
nine, que M m * M. jugea inutiles d’envoyer chercher, enga¬
geant fortement la famille de tenter les ressources de la
divine homœopathie.
Voici maintenant les symptômes subjectifs et objectifs
qu’elle put retenir et qu’elle vint me narrer, non sans espoir,
de pouvoir, s’il en était encore temps, conjurer le fatal
pronostic du médecin allopathe :
Fièvre très intense {le thermomètre du docteur avait
marqué 42°), soif insatiable d'eau froide, assoupissement
interrompu par le délire et les gémissements, respiration
très courte , face rouge , ventre météorisé, ballonné, très •
douloureux au moindre contact’, décubitus dorsal et
immobile’, arrêt complet des lochies depuis le jour de
raccouchement , les seins flasques.
J’avais donc affaire ici à une péritonite puerpérale, et
c’était la première fois de ma vie, circonstance qui m’aurait
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— 176 —
enlevé le couragô d’assumer une si grande responsabilité, si
d’une part l’impuissance avouée de l’allopathie n’avait justifié
mon intervention et d’autre part mon ancienne pratique de
Thomoeopathie ne m’avait imposé un devoir sacré.
Les symptômes ci-dessus mentionnés appelèrent mon atten¬
tion sur acon. y be/l. et puisât .; mais l’urgence du cas ne
me laissant pas le temps d’apprécier les symptômes différen¬
tiels de ces médicaments, je donnai la préférence à acon. y
suivant en ceci la pratique du Maître.
J’envoyai donc de suite 5 globules d 'aconit 30 e ,à faire fon¬
dre dans 8 cuillerées d’eau, à prendre une cuillerée toutes les
heures, jusqu’à ce que fussent calmées l’ardeur de la fièvre et
la soif ; puis éloigner les intervalles jusqu’au lendemain ; avec
la recommandation de venir de suite me prévenir, si aucune
amélioration ne s’était montrée après 5 heures de traitement.
Je ne reçus aucune nouvelle, je me mis au lit, attendant tran¬
quillement et avec confiance le lendemain. Et le lendemain
m’apporta de bonnes nouvelles.
Déjà de grand matin le docteur était ailé voir la malade,
accompagné dun confrère de San Vito al Tagliamento ; à sa
grande surprise, le thermomètre marquait 39° et la figure,
dont les traits étaient si altérés la veille au soir, était très
calme. Néanmoins ils ne se dissimulèrent pas la gravité du
cas, et furent très réservés envers la famille quant au pro¬
nostic, afin de ne pas faire naître un espoir qu’ils ne parta¬
geaient pas ; il répétèrent la recette de la veille, qui s’était mon¬
trée si efficace .
Tout ceci me fut rapporté par le mari de*la malade. Cet
homme assez intelligent pour interpréter directement le
maintien et les paroles des deux consultants, sans être trop
alarmé, s’était empressé de venir me rendre un compte exact
de l’état de sa femme. Elle avait passé assez bien la moitié de
la nuit, et semblait ressuscitée, grâce au remède fourni, qui
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I
— 177 — '
bientôt avait fait tomber la fièvre et cessé la soif, calmé l’agi¬
tation nerveuse et les souffrances abdominales. Elle avait
maintenant une diarrhée de matières bilieuses, fétides et brû¬
lantes ; mais pas le moindre signe de lochies.
D’après ces paroles, il était évident que Y aconit avait donné
tout ce qui était en son pouvoir, mais qu’il devait céder le
pas maintenant à un autre remède mieux indiqué par les
nouveaux symptômes, à puisât . qui répondait au symptôme
diarrhée, à l’absence des lochies, et au caractère doux de la
patiente. Je lui administrai donc le 8 mars, une dose de 5 glob.
puis. 200* dans de l’eau, à prendre une cuillerée toutes les 2,
puis toutes les 3, puis toutes les 4 heures jusqu’à cessation
complète de la fièvre et des symptômes concomittants. Le 9,
la diarrhée cessa ainsi que la fièvre et les symptômes du
côté du ventre, et le 10 apparurent les lochies qui décidèrent
complètement de la guérison.
II. — Peut-être 15 jours de là, un second cas de fièvre
puerpérale s’offrit à ma pratique. Thérèse Marzin, la femme
d’un autre fermier, était en train de donner le sein à son
nouveau-né, et n’était probablement pas assez couverte, quand
elle fut subitement prise de frissons, suivis d’une fièvre ar¬
dente qui la tint agitée et sans sommeil toute la nuit. Le
lendemain, à l’heure de^a tournée, le médecin fut appelé, et
après un soigneux examen, qui lui fit froncer les sourcils et
hocher la tête, et quelques questions, il écrivit une recette
qu’il conseilla au mari de faire prendre le plus vite possible
chez le pharmacien. Le mari, tout effrayé, vint en hâte me v
trouver, en me suppliant de lui donner le même remède que
celui qui avait guéri la Catherine ; il me remit en même temps
la prescription du médecin, afin que je pusse juger de la
maladie. Or, d’après celle-ci et les explications de Marzin, il
n’y avait pas de doute, c’était une péritonite puerpérale.
Mais il me manquait les symptômes observésjsurtout par le
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— 178 —
médecin ou accusés par la malade : la fièvre, la soif, l’ex¬
pression et la couleur du visage, la respiration. Pétât de la
langue, du ventre, des seins, les sensations, les excreta, etc.
Ma pauvre femme, me répondit-il, est inquiète et harassée
comme si elle avait fait une grande course ; elle gémit, se
plaint, a peur de mourir ; la soif est vive, la langue sèche et
blanche, le ventre développé comme si elle devait encore
s’accoucher, et très sensible au plus petit attouchement,
Técoulement de sang est faible et très fétide. Elle a donné le
sein à l’enfant, mais celui-ci a mal à la bouche et aux lèvres
et ne veut plus ou ne sait plus téter.
Comme on le voit, la fièvre puerpérale ne pouvait pas être
mieux caractérisée et le pouvoir absolu d 'aconit était encore
irréfutable. Aussi j’administrai comme dans le cas précédent
acon. 30 e , et comme il avait été donné plus à temps, ses effets
furent plus prompts et la victoire plus facile sans aucun autre
remède.
Avis et considération. — Afin de convaincre les allopa¬
thes de la vérité de l’homœopathie, j*ai l’habitude de leur faire
savoir, chaque fois qu’il m’arrive de m’ingérer dans leur clien¬
tèle sur la demande expresse des malades; j'ai donc demandé
aux deux maris des malades en question,d’a vouer loyalement
au médecin traitant et à son collègue, que leurs recettes
n’avaient pas été préparées, que ce n’était pas aux doses mas¬
sives de leurs médicaments, employés empiriquement, ou
d'après des données pseudo-scientifiques, mais bien aux atté¬
nuations extrêmes, aux dynamisations infinitésimales d’un
seul remède à la fois, expérimenté au préalable sur une per¬
sonne saine et administré ensuite selon la loi des semblables,
qu'étaient dues les deux splendides victoires obtenues dans
une maladie où, d’après les statistiques allopathiques, la mor¬
talité est de 30 p. c., alors que par le traitement homœopathi-
que pur et simple elle tombe à J£ p. c.
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— 179 -*
La supériorité incontestable que montre l’homœopathie dans
chaque cas de maladie, et la remarque que les affections qui
ont été traitées cito , tuto et jucunde n’ont presque pas de
convalescence, déviaient intéresser au plus haut point tout
médecin consciencieux et rengager à essayer cette méthode
de traitement ; et si l'amour de son semblable est pour quel¬
que chose dans sa vocation de médecin, il devrait étudier cet
art divin et se faire l’apôtre de l’homœopathie. A moins qu’il
ne lui en coûte de répudier l’aucienne médecine et de recom¬
mencer de nouvelles études, après tant d’années de travail et
tant de sacrifices ? Mais il n'en e3t rien. Il lui faudrait moins
de temps et de fatigues pour se familiariser avec la doctrine
homœopathique,qu’il lui en faut pour s’assimiler tout ce fatras
de théories, d’hypothèses et de connaissances plus ou moins
baroques, dont on bourre le cerveau dçs pauvres jeunes allo¬
pathes, et qui leur sont indispensables pour l'exercice de leur
art ; d'un autre côté le système de Hahnemann est si simple, «
et par conséquent vrai, que celui qui n’est pas complètement
dépourvu de quelques notions scientifiques, comprend à la
première lecture YOeganon, et qu'une fois le principe fonda-,
mental bien connu, il n’est pas nécessaire de connaître les
pathogénésies des médicaments, pour trouver à l’aide d’un
bon Manuel, le remède le plus approprié aux symptômes
offerts par le malade.
Nous ne sommes plus, Dieu merci, au temps peu éloigné
encore cependant, où un médecin communal risquait de perdre
sa place en traitant par la méthode homœopathique les malades
qui le demandaient, et qui étaient persuadés de sa supériorité
par les résultats observés ; ce qui précisément arriva, il y a
déjà quelque temps dans deux communes successives, à Ginto
(Treviso) et Mirano (Vénétie) par suite de la méchanceté du
médecin provincial, à feu le D r Angelo Pasi, que j’avais con¬
verti à f homœopathie et qui ne trouva asile et tranquillité,
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* __ 180 —
qu’à Assisi d’abord, puis à Piperno où il mourut quelques
années après, regretté et pleuré par toute la population. Non,
aujourd’hui un médecin convaincu de la vérité de la loi des
semblables et de la puissance des doses infinitésimales, n’a
plus aucune excuse pour ne pas prendre à cœur une chose
qui intéresse tant l’humanité ; et en ne le faisant pas, il
abaisse sa profession, qui est un sacerdoce, au vil métier de
charlatan.
Mais il est moralement impossible qu’un véritable prêtre
d’Hygie, qui a passé dans les études médicales les plus belles
années de sa jeunesse afin de pouvoir dignement exercer une
profession, si hérissée de difficultés, si peu large en satisfac¬
tions morales et en rendement matériel, ne se fasse pas un
devoir de conscience de faire part de ses convictions sur la
valeur de l’homœopathie, et dans son enthousiasme n’engage
ses collègues et ses clients à expérimenter les effets curatifs
produits par elle ; chose d’autant plus facile, qu’il est . plus
estimé dans le pays par son savoir, sa prudence et l’amour
de sa profession.
N’est-ce pas peut-être ainsi, que des dispensaires homœo-
pathiques ont pu s’introduire dans quelques villes d’Italie,
alors que tout était encore sous l’empire de l’allopathie. Des
exemples louables de sollicitude ont été donnés par les admi¬
nistrations et les statistiques médicales de ces contrées, qui ne
sont pas plus favorisées quant au climat, ont démontré toute
l’étendue des bienfaits qui en ont résulté. Je ne saurais rien
souhaiter de mieux à l’Italie, que d'avoir dans chaque com¬
mune un médeciQ homœopathe, ange gardien de la santé et
de la vie.
Maistee souhait, de nos jours, est plus facile à faire qu’à
accomplir. Il nous faudrait 8259 médecins homœopathes de
pure marque, et nous en avons à peine 69, de quoi en donner
un à chaque province.
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— 181 —
Il faut donc penser à en former et, par conséquent, à trou¬
ver et employer les moyens nécessaires pour poursuivre ce
noble but. %
Nous avons dit que le premier moyen, la condition sine
qua non d’augmenter le nombre des disciples d’Hahnemann
ici, c’est la conviction de la vérité de l’bomœopathie, et l’im¬
portance absolue de l’observation rigoureuse des préceptes et
des règles du maître immortel :
Il faut préciser le diagnostic de l’espèce et de l’individua¬
lité morbide (Organon 84-99), l’indication thérapeutique,
le choix du remède (§§ 146-148), la dilution et le mode
d’administration ; ce sont ces préceptes et ces règles qui for¬
ment la base de l’homoeopathie et qui peuvent donner lieu,
quand elles ne sont pas observées, à toutes ces détractions
delà part de l’allopathie.
Le meilleur moyen de convaincre tout le monde des bontés
de l’homoeopathie, c’est de vulgariser les cas de maladies
sporadiques, endémiques, épidémiques, contagieuses, aiguës
ou chroniques, qui ont été guéries complètement et facilement
par les remèdes homœopathiques ; et ces cas on ne peut les
offrir au public qu’au moyen d’une clinique, ou plutôt d’un
hôpital, où la loi des semblables soit appliquée franchement
et exactement,où aucune autre médicamentation que l’homœo-
pathie ne soit permise ; et où l’on se conforme en tous points
au système èt à la thérapeutique de Hahnemann.
Si dans cet hôpital, il y eût une salle où le chef de clinique
ou un de ses assistants, donnât de temps en temps une confé¬
rence soit sur TOrganon, soit sur des cas importants de
clinique, ou bien sur les résultats obtenus par l’expérience
do nouveaux remèdes, et cela en présence de jeunes médecins
désireux de connaître loyalement la vérité en médecine, si
d’un autre côté il y eût une publication périodique de tout ce
qui s’y fait, je crois que notre société aurait le droit de se
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glorifier, à juste titre, d’avoir fondé une institution, qui ne
pourrait manquer de faire le triomphe de la divine homœo-
pathie.
Espérons que cela arrivera, et qu’un généreux ami de la
vraie médecine dotera la société d’un établissement semblable.
Quod est in votis.
Traduction du D r Chevalier.
EEÏDI DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES D'AMÉRIQUE.
par le Dr Lambreghts, fils, d’Anvers.
Glonoïne dans les affections du cœur,
par le D r Hale, de Chicago.
Dans un de nos précédents articles j’ai déjà attiré l'atten¬
tion sur l’efficacité de gloniïine dans les cas de défaillance du
cœur et de collapse soudain,
Glonoïne agit plus promptement que les stimulants conte¬
nant de l’ammoniaque ou de l’alcool. Il est plus sûr que le
nitrite d’amyle quoique moins rapide dans son action.
Dans le collapse qui accompagne les fièvres pernicieuses,
dans la syncope de la fièvre typhoïde à un stade avancé, dans
la faiblesse menaçante du cœur au cours d’une pneumonie, et
même dans la prostration'extrême du choléra, il constitue un
médicament d’une valeur inestimable qui peut sauver le mori¬
bond lorsque la digitale et le strophantus n’ont plus le
temps d’agir.
Dans tous ces cas il excite la vitalité défaillante des gan¬
glions cardiaques et prépare la voie pour d’autres remèdes à
administrer ultérieurement ; il prolonge la vie pendant des
heures, lorsque la terminaison fatale est inévitable.
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— 183 —
Lorsqu’on le donne à la dose de 1/100 ou 1/50 de goutte,
le cœur répond à son action au bout de 15 minutes.
Glonoïne, ainsi appelé par Hering, n’est que de la nitro¬
glycérine pure. Ce fut l’Ecole homœopathique qui l’employa
en premier lieu comme médicament.
Plus tard l’Ecole allopathique commença à étudier égale¬
ment ses effets physiologiques et à l’administrer d'après la loi
des contraires. Les deux Ecoles ont obtenu à l'aide de ce
remède des résultats inespérés dans certaines affections
graves et mortelles ; aussi constitue-t-il un bel exemple des
effets curatifs que peut produire un médicament administré
dans des conditions opposées. Ceux qui ont étudié ce remède
dans la pathogénésie de Hering ont une idée générale de son
action sur l’économie.
Mais cette pathogénésie ne peut être comprise parfaitement
si on ne l’étudie à la lumière de la pathologie moderne ; sans
cela les symptômes de glonoïne paraissent ressembler à ceux
de tous les stimulants vasculaires.
Le cœur semble être excité d’une façon extraordinaire par
ce médicament, et lance le sang dans tous les organes du
corps mais surtout dans le cerveau avec une intensité assez
rive pour produire de véritables congestiqns.
Le point important à considérer dans ce phénomène, c’est
qu e glonoïne ne stimule pas primitivement le cœur en agissant
directement sur cet organe ; mais il agit directement et en
premier lieu sur les centres vaso-moteurs du cerveau; il pro¬
duit la paralysie des nerfs vaso-constricteurs, et comme
conséquence la paralysie de la tunique musculaire des vais¬
seaux sanguins. Les vaisseaux se dilatent et le champ circu¬
latoire s’élargit considérablement. Il en résulte une demande
plus grande de sang dans les vaisseaux,-une diminution de la
résistance des parois vasculaires, et par conséquent une
augmentation de l’action et de la foree du cœur.
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Cette théorie explique très bien la congestion apparente,
l’accroissement de l’énergie du cœur et la turgescence vascu¬
laire qu’on observe dans la pathogénésie de glonoïne.
Ce point fixé, voici quelques affections cardiaques où glo¬
noïne peut être employé avec succès comme remède antipathi¬
que et homœopathique :
Angine de poitrine .— Les recherches de Potain, Huchard,
Herard,etc,, semblent démontrer que l’angine de poitrine est
due à Fischémie des vaisseaux sanguins du cœur lui-même,
ischémie produite par la diminution de calibre de ces vais¬
seaux. Cette diminution de calibre est le résultat d’un spasme
des nerfs vaso-constricteurs du myocarde, ou de l’ossification
des parois vasculaires. Dans ce dernier cas, les remèdes restent
souvent inefficaces.
Dans le cas de spasme, glonoïne ou sa congénère amyl-
nitrite agissent souvent d’une manière remarquable et peu¬
vent sauver le malade d’une mort prochaine; glonoïne possède
en effet la propriété de dilater presque instantanément les arté¬
rioles en paralysant ses nerfs constricteurs ; il permet ainsi
au sang d'affluer dans les vaisseaux du cœur, et fait cesser
cette horrible anxiété précordiale qui caractérise les attaques
d’angine de poitrine.
Pour des raisons semblables glonoïne constitue un excellent
remède dans les cas d’anémie cérébrale due à l’insuffisance de
valvules aortiques.
L’anémie cérébrale provoque souvent des accès de syncope
qui mettent la vie du malade en danger, si on n'y remédie
promptement.
La dyspnée cardiaque est soulagée d’une manière rapide
par glonoïne.
Cette forme de dyspnée est généralement produite par une
constriction des artères dans les poumons. Le cœur est
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impuissant à vaincre cet obstacle, et le malade est en danger
de suffocation.Une dose appropriée de glonoïne fait disparaî¬
tre en quelques minutes cet état inquiétant en dilatant les
vaisseaux sanguins.
Palpitations de cœur. — Ce trouble du cœur est souvent
causé par une constriction due aux nerfs vaso-moteurs. Dans
ces cas, la face, les mains et les autres surfaces du corps
deviennent froides ei sont baignées d’une sueur glacée ; les
battements du cœur se précipitent et deviennent irréguliers,
car cet organe s’épuise à lancer le sang dans les capillaires
contractés; si cet état se prolonge, le cœur se paralyse et
meurt en diastole.
Dans ce cas une dose de glonoïne dilate les capillaires fer¬
més; le cœur se calme et le danger est écarté.
Mais l’emploi de glonoïne n’est pas restreint à la classe des
affections mentionnées ci-dessus ; on l’administre encore avec
succès dans des conditions diamétralement opposées, c’est-
à-dire dans la paralysie des vaso-constricteurs. Il constitue
alors un remède véritablement homœopathique.
La vieille Ecole n’ayant pas foi dans la loi des semblables
considère ce médicament comme contre-indiqué et même
dangereux dans ces cas; ceci est exact pour les doses massives,
mais non pour les petites doses, comme notre expérience
clinique nous l*a suffisamment prouvé.
Plusieurs formes de congestion cérébrale sont dues à la
parésie des nerfs vaso-constricteurs des vaisseaux cérébraux,
qui reçoivent alors une plus grande quantité de sang. Cet état
n’est pas sans danger pour les vieillards qui ont les artères
fragiles, car souvent il est le point de départ d’une extrava¬
sation apoplectique. Dans ces cas la 3 e dilution centésimale de
glonoïne constitue un précieux remède.
La dilatation du cœur avec amincissement des parois est
encore une affection où glonoïne est parfaitement homœopa-
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thique. En même temps que cette dilatation, il existe souvent
un relâchement des tuniques artérielles, car le cœur esttrdp
fail e pour remplir complètement les vaisseaux de sang.'
Glonoïne joue alors le rôle d’un véritable tonique et aide le
cœur à récupérer sa puissance.
Enfin dans l’irritabilité cardiaque produite par une fatigue
mentale ou par l’abus de l’alcool et du tabac, glonoïne est un
des médicaments qui m’adonné les meilleurs résultats.
Voici quelques cas cliniques :
I. — Irritabilité du cœur due à l’abus du tabac.
M. T. B., âgé de 71 ans, vint me consulter le 21 septembre
1886. Le malade a toujours été un grand chiqueur et un
grand fumeur. Il y a 10 ans, il a été atteint de palpitations
et de douleurs vives à la pointe du sternum; sur la recom¬
mandation d’un médecin, il cessa le tabac; mais les sym¬
ptômes s’étant améliorés, il reprit bien vite ses anciennes
habitudes. A présent il se plaint de violentes palpitations et
de ouleurs atroces à la poitrine. A l’examen je constatai
que le cœur avait son volume normal, mais les battements
étaient irréguliers et accélérés, environ 120 à la minute.
Je proscrivis l’usage du tabac, et j’administrai une goutte
de la 100 e dilut.de glonoïne ,trois fois par jour. Le 28 décem*
bre le malade vint m’annoncer qu’il lui avait été impossible
d’abandonner complètement le tabac, mais qu’il avait pris
exactement mes remèdes. Il en avait éprouvé un grand soula¬
gement, car depuis quelques semaines il pouvait dormir sur
le côté gauche sans éprouver le moindre trouble. Je trouvai
le cœur beaucoup plus calme ; les battements étaient régu¬
liers.
L’amélioration continua jusqu’en janvier 1887 ; les sym¬
ptômes cardiaques avaient alors complètement disparu, malgré
que le malade se fût constamment refusé à s’abstenir de
tabac.
\
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II. — Double lésion aortique compliquée d’angine de poi¬
trine.
J. M., âgé de 40 ans, était atteint de sténose et d’insuffi¬
sance des valvules aortiques, avec hypertrophie et dilatation
du cœur. Il y avait en outre complication d’accès d’angine
de poitrine» qui survenaient deux ou trois fois par jour, et plus
fréquemment pendant la nuit; aussi le malade craignait de
se mettre au lit et le sommeil lui était impossible. /
L’affection étant trop avancée pour être curable, la prin¬
cipale indication consistait ici à faire cesser les accès d’angine
de poitrine. Ungrand nombre de médicaments tels que Y opium,
le bromure de potasse, la valériane,Yassa fœtida , avaient
déjà été employés mais sans produire le moindre résultat. Je
prescrivis une goutte de la première dilution de glonoïne,trois
fois par jour, et une goutte toutes les 15 minutes à l’approche
des accès.
L’effet fut remarquable ; les attaques diminuèrent de fré¬
quence et d’intensité.
Le malade mourut quelques temps après, mais ses souf¬
frances furent considérablement soulagées par l’emploi de
glonoïne.
III. — Palpitations cardiaques d’origine nerveuse.
J. S.,âgé de 25 ans, vint recourir à mes soins en mai 1887.
Il présentait une grande irritabilité du cœur due à un état
nerveux et à une disposition hypochondriaque. A l’examen,
les battements du cœur étaient accélérés, brefs et renforcés,
mais il n’y avait pas la moindre trace d’affection orga¬
nique.
Il avait pris plusieurs médicaments qui restèrent sans
effet. Sous l'influence de glonoïne,\es palpitations disparurent
et le malade se trouva complètement guéri. ( Hahnemannian
mnthly.)
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y
— 188 —
Quelques médicaments de la migraine,
par le D r Farrington.
Sanguinaria. — Ce médicament est un des plus efficaces
que nous possédions. 11 produit une véritable céphalalgie.
Les douleurs débutent ordinairement le matin à l’occiput
et sont très intenses ; le malade enfonce la tête dans l’oreiller,
car la pression lui procure du soulagement. Les douleurs
gagnent ensuite le sommet de la tête et viennent se fixer
sur l’œil droit.
Lorsque la migraine est à son maximum d’intensité, le
malade ne peut supporter le bruit ni la lumière ; il vomit la
bile ou les aliments contenus dans l’estomac ; les vomisse¬
ments sont jaunâtres ou jaune-verdâtres. Si le malade peut
dormir il est soulagé.
La douleur est parfois si vive qu’elle peut amener le délire.
Sanguinaria n’est pas seulement un remède palliatif,il guérit
radicalement la migraine.
Belladona. — La migraine de belladona présente à peu
près les mêmes caractères ; mais l’intolérance pour la lumière
est plus prononcée. Le moindre bruit semble augmenter la
douleur; le malade ne peut supporter qu’on marche dans sa
chambre; il pousse des gémissements lorsqu'on touche à
son lit.
Ces deux médicaments ont donc beaucoup de ressemblance;
en pratique sanguinaria est plus utile dans la forme gas¬
trique de la migraine.
En outre dans belladona les pieds sont froids et la tête est
presque toujours chaude, ce qui n’existe pas dans la sangui¬
naria.
Dans belladona le malade se trouve mieux lorsque la tète
est soutenue par des oreillers ; dans sanguinaria il préfère le
decubitus dorsal.
Enfin ce symptôme important: douleur venant de l’occiput
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et s’étendant sur la tête et les yeux, n’est pas si prononcé
dans belladona que dans sanguinaria.
Iris versicolor est un excellent remède contre les mi¬
graines périodiques telles qu’on les rencontre, par exemple,
chez les professeurs. Les accès de céphalalgie surviennent
ordinairement tous les six ou sept jours, et sont accompagnés
de vomissements, de battements dans la tête, de douleurs sus-
orbitaires ; les douleurs se jettent souvent sur les yeux et
produisent une cécité passagère.
Melilotus produit une céphalalgie assez violente pour pro¬
voquer le délire, et des douleurs pulsatives dans toute la
tête aussi intenses que celles de glonoïne; il peut même déve¬
lopper des symptômes simulant la manie.
Il semble au malade que son cerveau va éclater. Dans une
expérimentation qu’on institua chez une dame, il se produisit
en même temps qu’une violente migraine, un prolapsus de
l’utérus et des palpitations de cœur.
Théridion. — Ce remède est indiqué dans les migraines
des femmes hystériques.
Il ressemble beaucoup à la belladona , et contient égale¬
ment dans sa pathogénésie l’intolérance pour le bruit et le
mouvement. La grande sensibilité au moindre bruit est un
phénomène caractéristique de théridion.
Il y a en outre de l’hyperesthésie, des nausées, de l’aggra¬
vation par les mouvements.
Spigelia produit des douleurs névralgiques sur l’œil
gauche ; ces douleurs commencent ordinairement au cou ;
elles sont peu accusées le matin, arrivent à leur maximum
vers midi, et décroissent le soir. Le malade éprouve une sen¬
sation étrange, comme si la tête était ouverte en arrière.
(California homœopath.)
D r Lambreghts, fils.
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VARIETES.
Une découverte allopathique. — La Gazette des Hôpitaux consacre
un article sur : l'Usage de Vacide phènique dans les maladies de la
jieau. — C’est à M. le D r Augagneur, médecin lyonnais, que l’humanité»
est redevable de cette découverte ; mais laissons parler la Gazette ;
< M. le D r Augagneur vient, dans les derniers numéros de la Province
« médicale , de faire connaître le résultat d’un traitement qu’il ejgploie
« depuis quelque temps pour obtenir la guérison de certaines affections
« cutanées. 11 s'agit de l’usage interne de l'acide phènique. Cet agent
« thérapeutique ne paraît pas agir ici comme antiseptique et antiparasi¬
te taire, et son mode d'action reste encore inconnu et complètement
« inexplicable. »
Ce qui paraît étonner si fort la Gazette des Hôpitaux est loin de pro¬
duire le môme effet chez les médecins homœopathes qui ne voient dans
ces faits que la consécration de leur doctrine : si milia, similibus
curantur , et la loi de similitude suffit à le leur expliquer.
La Gazette continue :
«c Von sait, en effet, combien l'application exter?ie d'acide phènique
« donne souvent lieu à l'apparition d'eczéma , d'abord local , puis bientô
* généralisé . C’est au point que certains chirurgiens, et des meilleurs, ont
« dû renoncer complètement à l’emploi de cet agent si merveilleux. Par
« quel mécanisme Vabsorption d'acide phènique par la voie digestive pro -
< duit-elle un résultat absolument opposé ! »
Cet aveu, dénué d’artifice, est bon à retenir. Voilà donc un médicament
qui, de leur propre aveu, produit l’eczéma et qui guérit cette même
affection, et cela ne fait que les étonner ; ils se garderaient bien de réflé¬
chir. Cela ne leur ouvre pas les yeux ; car il n’est de pires aveugles que
ceux qui ne veulent point voir. M. Augagneur lui-même n’en donne
pas une explication suffisante, il se borne à enregistrer les faits :
<c Le succès est constant dans le prurigo des enfants et dans les pru-
i rigos en général ; l’eczéma est amélioré dans les formes sèches et lichen-
« oïdes, etc. »
Le chirurgien lyonnais engage vivement les praticiens à employer
l’aoide phènique, à l’intérieur, dans les affections cutanées, et, il faut
avouer que les observations qu’il rapporte sont fort convaincantes :
« Plusieurs de nos malades, dit-il, avaient été traités auparavant par
« d’autres médications, et aucune n'avait don né des résultats aussi prompts
« et aussi nets, nous pouvons ajouter aussi durables. »
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— 191 —
L'habileté et la compétence reconnues de M. Augagneur, nous font un
devoir de signaler cette nouvelle méthode.
Loin de nous la pensée de vouloir contester la compétence deM. Auga¬
gneur, et encore moins son habileté ; mais la découverte qu'il vient de
faire n’est pas nouvelle. Depuis longtemps les médecins homœopathes,
guidés par les effets que produit l'acide phénique sur la peau, ont em¬
ployé ce médicament dans certaines affections cutanées, correspondant
à son action pathogènétique. Noüs pourrions ajouter aux observations
deM. Augagneurdes observations non moins concluantes de l’effet cura¬
tif de l'acide phénique.
Déjà, vers la fin de 1886, dans le service d'oculistique du D r Parente&u, •
à l'hôpital Saint-Jacques, nous eûmes à traiter une femme atteinte
d’eczéma lichenoïde généralisé, qui se présentait à la consultation des
yeux pour un ectropion. Ce renversement des paupières reconnaissant
pour cause unique l'eczéma, nous nous abstînmes de toute opération et
nous contentâmes de soigner la malade au moyen d'acide phénique
(6 e dilution). Le résultat fut qu'en moins de trois semaines la malade fUt
entièrement guérie.
Qu'il nous soit permis de lui demander si c'est le hasard seul qui
l'a guidé dans le choix de ce médicament pour l’eczéma (?) 11 nous est
permis d'en douter; car il s'est passé à Lyon, en 1886, un fait qui a eu
un assez grand retentissement dans le public médical. Le 23 juillet
1886, M. le D r Imbert de la Touche, médecin à Lyon, envoyait au Bulle¬
tin itomœopcuhique , le relevé semestriel d’un dispensaire ouvert à Lyon.
Le succès de notre consultation, écrit-il, a été la cure d'un eczéma
généralisé occupant toute la surface du corps chez une femme de 63 ans.
Cette affection datait de 12 années. Cette malade* qui Avait fréquenté
divers services hospitaliers spéciaux et qui avait été considérée comme
incurable, s’est donné le malicieux plaisir de faire constater sa guérison,
en pleine rue, à deux de nos confrères allopathes qui furent forcés de
convenir qu'il y avail là une action thérapeutique évidente. Cette femme
fut radicalement débarrassée de cette affection dans ^'espace de quatre
semaines, par l’acide phénique à l'intérieur.
A propos de l'action de l'acide phénique sur la peau, M. le D r Noack
vient de confirmer ses effets dans un eczéma hypertrophique avec retrous¬
sement de la lèvre inférieure, ce qui donnait ad visage du patient un
aspect des plus difformes. L’acide phénique (3 e trit.) fit disparaître
complètement cette véritable infirmité au grand étonnement du malade
qui avait abandonné presque tout espoir de guérison.
Voilà donc les médecins lyonnais obligés de reconnaître la guérison,
par le traitement homœopathique, d'une femme qu’ils regardaient comme
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— 192 —
irablc. Indè ira dans tout le camp Efllopathique du Rhône, colère
ugle qui n'a pas su s’arrêter devant le ridicule.
,'association des médecins du Rhône, dont «faisait partie M. le
mbert, ne trouva rien de mieux, pour se venger, que d'expulser de son
i, ce médecin qui se permettait de guérir des malades avec d'autre*
édes « que ceux, seulement Doctœ facultatis ». L'assemblée générale
membres de l'Association, ne reculant pas devant une ridicule mon-
osité, adopta un article additionnel à ses statuts, qui était ainsi
ju : « Tout docteur en médecine qui reconnaîtra des doctrines oon-
res à celles qui sont officiellement professées dans la Faculté de
ait, et les appliquera dans sa pratique, ne pourra être admis dans le
dicat de l'Association, ou cessera d'en faire partie s’il y avait été
îédeinment accueilli. »
On n'est pas bête comme ça », s’écrie M. Francisque Sareey, dans
chronique humoristique à ce sujet, parue dans le numéro du 10 août
7 (journal La France ). A la suite de cette chronique, une polémique
gagea entre M. Sareey etM. Victor Augagneau? rédacteur en chef de
¥ovince médicale , — journal qui vante aujourd'hui les effets de
ide phénique dans les maladies de la peau. *
uel est ce M. Victor Augagneau? Y a-t-il là une simple similitude
oms, en ce cas bien curieuse?
uoi qu’il en soit, étant donné le retentissement qu'a eu le scandale
mais, nous ne serions pas loin de croire que cette fameuse découverte
3 faite après coup, et que l’habile D r Augagneur ne se soit donné le
e mérite d’enfoncer une porte déjà ouverte. (Homœopathie populaire.)
SOMMAIRE.
*
Labac (Suite), par MM.Em. Seütin, Ph. et le Dr Léon
>eutin, de Bruxelles.161
/ne des journaux homœopathiques de France, par
3 D r Schepens, de Gand.168
ix cas de péritonite puerpérale, traduction du
)*• Chevalier, de Charleroi.174
^uedes journaux homœopathiques d’Amérique, par
3 D r Lambreghts, fils, d’Anvers.182
•iétés. 190
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
15* Année. OCTOBRE 1888 . N° 7.
ASSOCIATION CENTRALE DES HOMŒOPATRES BELGES.
Président, Secrétaire,
Dr SCHEPENS. Dr SCHWARTZ.
Séance du 9 octobre 1888.
La séance est ouverte à 3 heures.
Le procès-verbal de la réunion précédente ne donne lieu à
aucune observation.
Le D r De Ridder relate le cas ci-après d’
Indispositions cholériformes,
par le D r De Ridder, de Meirelbeke.
Le lundi de la kermesse de Meirelbeke,en septembre 1888,
je fus appelé de bon matin chez Y. atteint, ainsi que sa femme
et deux de ses enfants, de vomissements bilieux, de selles fré¬
quentes, de vives douleurs abdominales avec soif intense et
céphalalgie. En prévision d'unempoisonnement dont la cause
m’échappait, je prescrivis de l’eau albumineuse, de la ma¬
gnésie blanche et de l’eau à satiété. Le résultat fut loin d’être
satisfaisant. Pendant la journée les deux autres enfants de
V. demeurant avec lui s’alitèrent ainsi qu’une petite fille du
voisinage. L’analogie des symptômes présentés par cette
malade fit découvrir facilement la cause de l’empoisonnement.
Cette enfant était arrivée chez Y. le dimanche à la fin du
dîner et y avait mangé un peu de riz au lait.
Le riz qui avait servi à la préparation de ce mets fut trouvé
mélangé à une forte proportion de carbonate de soude.
L’analyse chimique, faite ultérieurement, y démontra la pré¬
sence d’au moins dix pour cent de sel de soude du commerce.
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Ce mélange s’était fait fortuitement pendant le transport de
ces marchandises, par la rupture des sacs en papier qui les
contenaient et, quoiqu’elle le sût, la ménagère avait négligé
de laver le riz. A ma visite du soir tous les symptômes con¬
statés persistaient et avec plus d’intensité. V. présentait de
la réaction fébrile avec céphalalgie atroce qui disparaissait en
étendant la tète sur le tronc. Je lui administrai aconit . La
mère avait moins de fièvre, mais était plus affaissée et accu-
sai f surtout de fortes douleurs stomacales. Je lui donnai nux
vomica. La fille V., Henriette, âgée de neuf ans, était consi¬
dérée par l’entourage commo irrémédiablement perdue; elle
était dans un état de prostration extrême, ne reconnaissait
plus personne, vomissait machinalement, perdait des selles
vertes, fétides, avec pouls fréquent, peau refroidie et pupilles
dilatées. Je lui administrai de cinq en cinq minutes une goutte
de teinture de camphre avec ordre de continuer scrupuleu¬
sement le même remède jusqu’à amélioration évidente et d’en
ralentir ensuite l’emploi graduellement.
Les autres malades présentaient des symptômes moins
alarmants ; chez eux la douleur à l’estomac et à l’abdomen
prédominait ; ils prirent nux vomica. Le mardi matin il y
avait une amélioration générale, peu sensible chez les
parents, très appréciable chez ceux qui étaient le moins
atteints. Henriette, qui la veille était à toute extrémité, me
reconnaissait maintenant: elle présentait un peu de fièvre,
des vomissements verdâtres, des selles très liquides,bilieuses,
légèrement sanguinolentes, une soif intense avec de fortes
douleurs stomacales. Je lui donnai aconit et nux vomica
alternés.
Tous les malades gardaient encore le lit : tous accusaient
une grande pesanteur dans les membres inférieurs. Vers le
soir un enfant de sept ans put se lever ; le mercredi deux
autres, qui avaient ressenti le plus tardivement l'influence des
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matières absorbées, ainsi que la petite fille du voisinage. Le
jeudi le père put se lever et la mère put en faire autant pen¬
dant quelques heures. Henriette se leva le vendredi : elle
présentait depuis deux jours une éruption vésiculeuse autour
des narines et quelques aphtes sur la muqueuse de la lèvre
inférieure. Dès lors mes visites devinrent inutiles: la guérison
s’opérait chez tous très rapidement après la première amélio¬
ration.
Le samedi je fus rappelé pour le fils aîné de Y. qu’on venait
de ramener de Ledeberg ou il était tombé malade ainsi que sa
tante et sa cousine qui, avec lui, avaient dîné chez Y.
le dimanche de la kermesse. Ces deux dernières s’étaient
améliorées au bout de peu de jours. Mais le fils V. vomissait
encore, avait des selles fréquentes avec des douleurs vives à
la région vésicale, accompagnées de mal en urinant avec
désir fréquent d’uriner. Il prit cantharis et nux vomica al¬
ternés ; le lendemain il était un peu mieux et le surlendemain
je le trouvvai levé: dès lors il guérit rapidement et put
retourner à sa besogne quelques jours plus tard.
D r De Ridder.
Le D* Martiny fait part à l’assemblée de l’observation
suivante :
Les verres cassés,
par le D r Martiny.
Pendant longtemps j’ai hésité à entretenir mes confrères
d’un singulier phénomène, que j’ai pourtant observé à plu¬
sieurs reprises, quoiqu’il paraisse extraordinaire et surpre¬
nant. Quand on fait dissoudre les remèdes homœopathiques
dans un verre d’eau, il arrive assez fréquemment qu’une
fissure se produit dans le verre et que le liquide s’écoule par
cette fissure. Les premières fois que des malades traités par
moi m’ont parlé de ce phénomène, j’ai naturellement attribué
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le fait au hasard : le verre était fêlé d’avance, il avait reçu
un choc, l’eau était très froide et le verre plus chaud, etc.,
etc. ; mais tant de malades m’ont raconté successivement
l’histoire de verres cassés, que je me suis, en fin de compte,
demandé si le fait devait réellement être attribué au hasard;
les uns m’écrivaient que « nos remèdes devaient être bien
violents puisqu’ils faisaient éclater les verres», d’autres ma¬
lades me demandaient si je leur avais prescrit du « fulminate
de mercure», etc. Je m’enhardis donc à en parler en particu¬
lier à quelques-uns de nos confrères et pour ne pas influencer
leur réponse, je leur adressai ma question dans ces termes :
N’avez-vous jamais rien observé quand les remèdes homœo-
pathiques sont dissous dans un verre d’eau? Et la réponse a
presque toujours été celle-ci : Gomment, vous l’avez donc
observé aussi, des verres qui cassent. Et le confrère ajoutait :
Je n’osais pas le dire, tant cela me semblait étonnant... Et
chacun avait un certain nombre de faits semblables à me
raconter.
Nous ne saurions trop le répéter, nous n’affirmons pas que
le fait soit réellement dû au remède, mais nous affirmons, et
plusieurs de nos confrères l’affirment comme nous, qu’un
assez grand nombre de fois des verres contenant des remèdes
homœopathiques en solution aqueuse ont été trouvés brisés
sans qu’aucun choc, aucune violence extérieure aient eu
lieu ; un de nos malades a même entendu le verre se briser
jet a nettement perçu un craquement qui se produisait dans le
verre.
- Le fait que nous avons si fréquemment observé et que tous
nos confrères, à peu d’exceptions près, ont constaté comme
nous, est-il le simple effet du hasard ou bien est-il réellement
dû à la présence du remède dans l’eau,lorsque certaines con¬
ditions secondaires se trouvent réunies? Nous ne pouvons
résoudre la question, mais nous avons crû utile d’attirer
— 197 —
Tattention du monde médical homœopathique sur le fait.
Une foule de questions se présentent immédiatement à l’esprit:
Si ce phénomène est vrai, dans quelles circonstances se pro¬
duira-t-il : tous les remèdes le déterminent-ils ? La dilution
est-elle indifférente,,la qualité du verre, la quantité plus ou
moins forte d*eau, etc., etc.?
Nous ne voudrions pas émettre d’avis à cet égard, il fau¬
drait avant tout que le fait fut bien avéré.
C’est donc une enquête que nous proposons à tous ceux qui
se servent des remèdes homœopathiques et nous les convions
tous à donner une réponse. Nous insistons auprès des direc¬
teurs de tous les journaux homœopathiques du monde pour
qu’ils mettent leurs lecteurs au courant de la question et
bientôt nous saurons ainsi si nous avons été, mes confrères
et moi, la dupe d’une illusion, ou si les faits, que nous avons
observés un grand nombre de fois, sont uniquement dus à un
singulier hasard.
Plusieurs des confrères présents, notamment le D r Gaudy,
rapportent quelques cas de verres qu’on a trouvés cassés dans
les conditions rapportées par le D r Martiny.
Tous les membres présents à la réunion s’engagent à faire
une sorte d’enquête à ce propos.
Le D r Gaudy cite trois cas de sciatique avec douleur
la nuit, sécheresse de la bouche, soif, cercle noir autour des
yeux, un peu de diarrhée, tendance à changer de position
alors même que ce changement déterminait une augmen¬
tation de la-douleur. At'senic 1000 6 donna une guérison
radicale. Un autre cas de sciatique double guérit par le
même remède après avoir présenté une heure d’aggravation
médicamenteuse.
LeD r Seutin cite un cas d’épilepsie existant chez une
jeune personne depuis 10 ans avec accès toutes les semaines,
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accompagnée de gastralgie et crampes dans les jambes.
Cuprum 3 e et belladone 3 e ont donné une guérison com¬
plète.
Le D r Martiny a également eu un cas de guérison do
cette affection par les mômes médicaments.
La séance est levée à 5 1/2 heures.
COUVENT IL FAUT EXAMINES LES ENFANTS,
par le D r T. C. Düncan,
professeur de clinique des maladies des enfants au Collège médical
homœopathique de Chicago.
Traduit de l’anglais par le D r Martiny.
Au simple examen d'un os, le naturaliste sait reconstituer
Tanimal primitif; les médecins chinois diagnostiquent les
maladies uniquement par le pouls. Ceci prouve simplement
qu’on peut obtenir beaucoup par une étude sérieuse et une
observation rigoureuse des faits. Agassiz, le naturaliste,
tenait ses élèves des journées entières à l’étude d’un poisson.
Le médecin doit procéder ainsi pour examiner les enfants
malades.
Un observateur attentif est à même de formuler de vrais
principes pour reconnaître leurs maladies et en relever les
traits caractéristiques. Nous sommes généralement trop habi¬
tués à étudier l’enfant malade et nous nous préoccupons fort
peu de Tentant sain. IL faut une longue observation et une
comparaison attentive des faits pour établir des rapports
réels entre Tentant malade et l’enfant à l’état physiologique.
La connaissance de Tenfant à l’état physiologique doit servir
de point de départ pour reconnaître ses maladies.
Comme d’habitude nous ne voyons à découvert que la
face", la tête et les mains, nous devons souvent nous en tenir
là pour en tirer des indications précises.
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A Taide des notions que nous avons sur son développement
normal, sur ses maladies congénitales et sa croissance, nous
sommes en état d’établir un jugement sur l’état actuel de la
santé de l’enfant. Kst-i! malade ? Est-il insuffisamment nourri?
Fst-il nourri à l’excès ? Ce dernier cas n’est pas le plus facile.
Quand je vois un enfant pour la première fois, je me place
de manière à pouvoir l’embrasser du regard, et pour cela
je l’examine d’aussi loin que possible. S’il dort, j’en profite
pour me faire donner des renseignements, soit par la mère,
soit par la nourrice.
S’agit-il d’une maladie aiguë? Je m’enquiers des fautes
de régime ou des maladies qui auraient pu la motiver. Je
m’informe de son âge, de son poids lors de sa naissance ;
a-t-il été nourri artificiellement ou bien a-t-il été élevé au
sein. Je m'informe, dans ce dernier cas, de l’état de santé
de la mère ou de l i nourrice. Dort-elle bien ? A-t-elle bon
appétit? Est-elle bien menstruée ? Ses selles sont-elles régu¬
lières? Ces questions nous fixeront sur la vigueur de la nutri¬
tion de l’enfant. Je vérifie également la quantité et la qualité
du luit. L’enfant paraît-il satisfait après avoir pris le soin?
Demande-t-il le sein toute la nuit? Dans l’affirmative, je
m’attends à trouver des troubles fonctionnels dans les organes
digestifs, une complexion chétive et une mère faible. L’enfant
a-t-il le sommeil tranquille ? Ses garde-robes sont-elles régu¬
lières et normales? Urine-t-il souvent? ou bien ses urines
sont-elles rares? Comme la seule occupation de l’enfant, dans
les premiers temps de la vie, consiste à manger et à dormir,
s’il s’en départit, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Le
nombre, par 24 heures, des selles d’un enfant, est de une à
trois; s’il y en a plus, c’est l’indication d’une faiblesse de la
membrare muqueuse du tube digestif et nous devons nous
appliquer à en découvrir la cause. Si les urines sont rares, on
doit se souvenir que cet état peut être héréditaire. Sont-elles
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— 200 —
abondante.» P Dans ce cas, ou bien il y a un état catarrhal, ou
bien la nourriture de l’enfant est trop aqueuse ou trop douce.
Ces points soigneusement établis, il faut toujours avoir
présents à l’esprit : 1° l’état normal, physiologique ; 2° les
antécédents ; 3° la maladie probable ou les maladies qui s'en
rapprochent. Une erreur qui se commet le plus généralement,
c’est de poser d’abord le diagnostic qui ne doit être établi
qu’en dernier lieu. Il va sans dire que si l’enfant est sous le
coup d’une impression morale, il faudrait attendre qu’elle ait
disparu pour fixer le diagnostic.
La face ovale est la forme de face normale chez l’homme
formé; elle se rencontre quelquefois de bonne heure dans
l’enfance. La face ronde est la forme habituelle de l’enfant. La
forme ovoïde en est une variante due au développement. La
forme ovoïde, qui persiste ou qui s’accentue, indique une acti¬
vité par trop grande des organes digestifs ; dans ce cas je
m’attends à trouver chez l’enfant des selles fréquentes, des
excrétions abondantes, peu de sommeil et des éruptions. C’est
le type de l’enfant lymphatique. Il y a ici urgence de sur¬
veiller si la quantité de lait est suffisante, car, si l’enfant est
élevé au seiD, le lait qui est très riche, n’est pas souvent abon¬
dant.Quand l’enfant engraisse, parce qu’il mange trop ou prend
trop souvent le sein, il est anxieux et méchant, somnolent ;
c’est que la nourriture en excès semble suppléer aux besoins
du sommeil ; il se forme des éruptions parce que les capillaires
lymphatiques superficiels n’arrivent pas à absorber la trop
grande quantité de sucs qui se déversent dans les tissus, et
dépérissent.
Si la forme ovoïde est accentuée plutôt àla partie supérieure
de la face qu’à la partie inférieure, elle dénote une suractivité
du système nerveux ; de là, une longue série de phénomènes
nerveux : l’enfant a peu de sommeil, il se trémousse, crie,
demande à manger sans cesse, pousse des vagissements en
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201 —
allant à selle, urine fréquemment, etc. Cet état peut être
héréditaire ou acquis. Les antécédents renseigneront à cet
égard. S’il est héréditaire, cela provient de la mère par suite
d'une prédisposition constitutionnelle ou acquise pondant la
grossesse ; je soumets l’enfant, aussitôt que possible, sinon
complètement, à une alimentation artificielle, du moins en
partie, pour peu qu’on ne puisse remédier promptement à cet
état nerveux en guérissant la mère elle-même. Si l’enfant est
bien venu à sa naissance, il y aurait lieu alors d’en accuser
son alimentation, ce dont il faudra s'assurer en demandant
comment l’enfant est nourri. C’est ainsi qu’on arrive à
trouver la cause qui a provoqué cet état nerveux chez l’enfant.
Pour y remédier, il faudra apporter un soin tout spécial &
sa nourriture. La plupart du temps ce sont les appareils qui
servent à la nutrition, biberon, etc., qui en sont les vrais cou¬
pables (défaut de construction, malpropreté, etc.), c’est pour¬
quoi je les vérifie moi-même. Les évacuations alvines nous
fixeront sur la quantité de nourriture qu’il prend. Toutes les
fois que cela peut se faire, j’examine les langes, particulière-
menten été; la quanti té des garde-robes, leur consistance,
aussi bien que leur couleur, aident au diagnostic.
Si l’enfant est constipé, j’examine toujours le rectum, sur¬
tout si le petit malade pousse des cris en allant à selle et si
les selles sont épaisses.
Les voies urinaires peuvent venir aussi en aide au diagnos¬
tic. Je m’assure à cet effet si les langes sont souvent changés,
je m’enquiers de leur humidité, de leur couleur et de leur
odeur. Les maladies de ces organes sont très fréquentes chez
les enfants. Si l’enfant se raidit, nous devons observer l’état
de ces organes aussi bien que celui du cerveau. S’il rétracte
les cuisses vers le ventre, nous devons, sauf chez un enfant
tout jeune, suspecter un trouble entérique ; voyez aussi alors
8 H n’y a pas rétention d’urine ou bien hernie.
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202 —
Pour examiner la langue, je place le doigt sur la lèvre
inférieure ou la gencive de la mâchoire inférieure,en appuyant
légèrement. La langue se présente toute seule. Il suffit d’en
voir le premier tiers.
Pour constater la dentition, je touche les gencives des deux
côtés. Rappelez-vous l’influence exercée sur ce travail de la
nature par les diathèses acide ou alcaline. Dans la diathèse
acide, ce sont habituellement les dents supérieures qui per¬
cent les premières.
Pour les affections de la gorge, je fais un examen exté¬
rieur. Si la gorge fait mal à l'enfant, il recule quand on appro¬
che la main de sa gorge et, s’il y a de l’enflure,on le constate
par le toucher. Ce n’est qu en cas d’uue forte tuméfaction
que j’applique une cuiller, ne fût-ce que pour donner satis¬
faction aux parents et pour ma plus grande sécurité. La lan¬
gue de l’enfant n’est p^s facilement dépressible, mais quand
il crie, on peut facilement voirie fond de sa gorge. Si non,
je presse la langue au moyen du manche d’une cuiller à café.
Un simple coup d'œil suffit d’habitude.
Dans les affections pulmonaires et bronchiques, j’ausculte
simplement l’enfant en plaçant les deux mains sous ses bras et
me plaçant derrière lui; c’est plus que suffisant dans la plu¬
part des maladies de ces organes. L’application de l’oreille
ennuie l'enfant et ne donne pas de meilleurs résultats. C’est
seulement chez les enfants d’un certain âge que j’ausculte la
poitrine. La toux est le meilleur guide dans ces affections.
Prenez pour type un spécimen de toux et comparez-le avec
la toux de l’enfant en notant les diverses intonations ou les
différences caractéristiques, et vous saurez à quoi vous en
tenir. Je surveille attentivement la toux rauque et une toux
avec fièvre m’inquiète (broncho-pneumonie, bronchite et
pneumonie croupale). La nature de la toux et la position que
prend l’enfant en toussant me font diagnostiquer la maladie
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— 203 —
et m'indiquent le remède. Ce n'est que rarement que je tâte le
pouls chez les enfants, et c’est aussi rarement que je prends
la température. Le seul toucher de la peau me guide quant
à la fièvre et à l’activité du système circulatoire. J’observe
attentivement la respiration. J’en note l’irrégularité et je
tiens compte de sa force et de sa fréquence.
Sous prétexte d’examiner le nombril ou l’état des entrailles,
jobserve l’effet que le desserrement des vêtements produit sur
l’enfant. On peut ainsi examiner soigneusement le côté anté¬
rieur et le côté postérieur de tout son corps. Les points à
examiner principalement sont : le scrotum, le pénis ou la
vulve, la vessie, l’ombilic, les intestins, le foie, l’estomac, les
poumons, les épaules, la colonne vertébrale, les reins et
l’anus, sans omettre le cœur qu’on peut facilement ausculter.
Je note soigneusement l’effet que produisent sur l’enfant les
diverses positions qu’il prend lors de cet examen. On doit
observer aussi la conformation générale de son corps ; dif¬
fère-t-elle du type normal ?
L’état chaud ou froid des pieds, des mains, des oreilles et
du nez, aide au diagnostic et au choix du médicament. L’état
du sommeil de l’enfant est un facteur important et un guide
précieux. L’état des organes digestifs, le sommeil et les selles
doivent former le trépied sur lequel nous devons baser notre
diagnostic.
Souvenez-vous que chez l’enfant au-dessous de deux ans, les
organes qui sont physiologiquement moins développés, sont
ceux qui souffrent les premiers, tandis que chez ceux qui ont
dépassé cet âge, c’est le contraire qui arrive d’habitude. Ces
données en tête, un coup d’œil suffit souvent pour poser le
diagnostic ; autrement, la prédisposition maladive, les sym¬
ptômes subjectifs et objectifs et la comparaison qu’ils suggè¬
rent trancheront la question. Il en est de même du choix du
remède. Le médecin qui s’en rapporte à l’interprétation des
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symptômes, telle qu’elle est présentée par la mère, ne connaît
rien des maladies des enfants. Dans les affections de ces petits
êtres, le grand secret consiste à savoir voir et comparer.
Chez les enfants plus âgés, le mode d’examen ne diffère pas
beaucoup de celui des enfants très jeunes. L’âge, la taille,
le poids, les prédispositions constitutionnelles et de croissance
des viscères céphaliques, thoraciques et abdominaux, font
prévoir les lésions anatomiques qui nous serviront au
diagnostic. Les goûts de l’enfant, ses dispositions natu¬
relles et l’état de son sommeil, nous révèlent sa vigueur
physiologique. Ses souffrances et le point d’où elles partent
nous donnent la solution du problème,et ceci exige un examen
aussi attentif que celui que nous avons décrit pour l’enfant
en bas-âge.
Traduction du D r Martint.
Le tabac (1),
par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles.
Dans un grand nombre de cas, les individus chez lesquels
la fréquentation des cafés est dégénérée en habitude invétérée,
finissent, après un temps très variable, par subir & des degrés
différents, une sorte d’empoisonnement dont le principal carac¬
tère est un afflux du sang vers le cerveau qui finit par amener
une congestion vers cet organe. Cet empoisonnement & forme
congestive, se distingue, d’une façon très nette, de tous les phé¬
nomènes observés sous l’influence des boissons alcooliques. Eu
effet, il ne s’agit point du tout ici des lésions spéciales qu’en¬
traînent les habitudes de l’ivrognerie. La variété d’intoxication
dont nous parlons se remarque chez un grand nombre d’hommes
très sobres, ne faisant jamais d’excès, mais qui, après avoir pris
leur tasse de café, souvent sans addition d’eau-de-vie, séjournent
(1) Suite. Voir volume courant, pp. 69, 100, 129 et 161.
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— 205 -
tous les jours une ou plusieurs heures dans l’estaminet ; ils
s'étiolent, se congestionnent et s’asphyxient, tout simplement
en demeurant dans un air malsain et en respirant un air irres¬
pirable et trop chaud.
Maintenant, combien faut-il de temps pour voir apparaître
quelques-uns des symptômes caractéristiques de cette intoxica¬
tion? Cela est bien difficile à apprécier, mais on peut dire, que
pour les uns il faudra deux à trois années de fréquentation
assidue des estaminets, pour d’autres cinq à six et huit années
pour présenter les signes prémonitoires appartenant à la pre •
mière période ; mais une fois que la pâleur de la face, la dys¬
pepsie et la céphalalgie passagère se déclarent, l'intoxication
est éîidente, et si les mêmes causes persistent, les mêmes effets
persistent aussi et vont en s’aggravant.
Lorsqu’on songe à la fréquence de la paralysie générale chez
les hommes, à sa rareté chez les femmes, quand on songe que
cette maladie débute fréquemment par une congestion ; quand
on considère enfin la puissante influence qu'exerce l’atmosphère
des cafés, des cercles, sur le développement des congestions, on
est porté à expliquer la différence si notable qui existe, sous ce
rapport, entre les deux sexes, par cette circonstance que les
hommes seuls, en dehors de toute cause d’alcoolisme, se soumet¬
tent à l’influence congestive que nous avons signalée (1).
Un des effets les plus ordinaires du tabac sur le cerveau est
la diminution de certaines facultés intellectuelles auxquelles
parfois il devient même nécessaire, pour fonctionner, de l’exci¬
tation temporaire que leur porte le poison qui les détruit. La
pâleur livide du teint, l'irrésolution du caractère, la passive
quiétude empreinte sur la physionomie, le manque absolu
d’énergie, la perte plus ou moins complète de la mémoire, sont
les traits caractéristiques de la plupart de ces fumeurs acharnés
(1) Bl&tin. Recherches physiologique* et cliniques sur la nicotine et le tabac,
PP. 160 à 175.
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— 206 —
qui ne sont heureux que lorsqu’ils ont le cigare ou la pipe entre
les lèvres, à moins Qu’ils ne joignent encore à cette passion (ce
qui est fréquent) celle des boissons alcooliques.
Un des résultats les plus communs de l’action prolongée du
tabac sur le cerveau est la diminution plus ou moins complète de
la mémoire (1).
Il nous suffira de rapporter le cas remarquable de M. l'abbé
Moiguo, l’éminent rédacteur des Mondes . On y verra l’influence
pernicieuse qu’avait le tabac sur les facultés de ce savant. Nous
laissons du reste la parole à M. l’abbé Moigno :
Plusieurs fois dans notre vie, dit-il, dans la jeunesse et dans
l’âge mûr, nous avons pris et quitté la tabatière ; nous finissions
toujours par nous apercevoir que la poudre excitante nous
était nuisible et nous prenions la forte résolution d’y renoncer
pour toujours; en 1861, alors qu'il nous futdonnéde reprendre
l’impression de nos Traités de mathématiques , pendant que
nous composions le Traité des variations et que nous com¬
mencions la rédaction de nos Leçons de mécanique analyti¬
que % nous abusions vraiment du tabac en poudre ; nous en pre¬
nions de 20 à 25 grammes par jour, nous nous surprenions sans
cesse puisant dans la fatale boîte, et ingurgitant par le nez le
fatal stimulant, dont l’effet était, d’une part, d’engourdir, de
contracter le cerveau, de placer le système nerveux dans un
certain état de raideur que nous ne saurions pas définir ; de
l'autre, d’éteindre rapidement la mémoire non seulement du pré¬
sent, mais du passé. Comme nous avons appris plusieurs lan¬
gues, par leurs mots racines, au nombre de 12 ou 1500 pour
chacune,il était facile de savoir ou de sentir que chaque jour un
grand nombre de ces radicaux s’échappaient du trésor où ils atten¬
daient à l’état latent,qu’on leur fîtappelpour sedéclarerpréseuts;
et le recours au dictionnaire devenait chaque jour plus impérieux ;
(1) Blatin. Recherches physiologiques et chimiques sur la nicotine et le
tabac , p. 177.
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— 207 —
effrayé de cet amoindrissement considérable, nous prîmes, le
1 er septembre 1861, à dix heures du matin, la résolution éner¬
gique de renoncer au tabac, même au cigare, que nous fumions
deux ou trois fois par jour, en secret, pour donner à notre
esprit, sans cesse en excercice, le temps de se détendre. Près de
six années se sont écoulées sans quune pincée de l’odieuse pou¬
dre ait effleuré nos narines, sans qu’une bouffée de fumée de tabac
soit sortie de nos lèvres et nous pouvons affirmer que nous res¬
terons fidèles jusqu'à la mort à la résolution que nous avons
prise. Elle a été pour nous le point de départ d’une véritable
résurrection de la santé, de l’esprit et de la mémoire ; nos idées
sont devenues plus lucides, l’imagination plus vive, le travail
plus facile, la plume plus agile, et nous avons vu revenir peu à
peu cette armée de mots de toutes les langues qui avait pris la
clef des champs. Notre mémoire, en un mot, a recouvré toute
sa richesse, toute sa sensibilité, elle est même si docile,nous ose¬
rions dire si accablée, qu’elle nous effraie quelquefois, parce
qu’en atteignant les limites du possible, elle semble nous menacer
d’une névrose; que le tabac et surtout le tabac à priser soit
l’ennemi personnel de la mémoire, qu’il la détruise peu à peu,
quelquefois même très promptement, on ne saurait pas en dou¬
ter. Plusieurs des personnes avec lesquelles nous sommes en
relation, M. Dubrun par exemple, le chimiste célèbre, ont
couru les mêmes dangers que nous et les ont conjurés de la
même façon, en renonçant au tabac, qui, nous ne craignons pas
de l’affirmer, fait mal au plus grand nombre de ceux qui en ont
l’habitude,parce que pour un priseur ou un fumeur qui en use il*
est quatre-vingt-dix-neuf fumeurs ou priseurs qui en abusent
Nota . — Sous l’influence de ce redoutable poison on a pu
voir se développer des hallucinations des sens, préludes, souvent
redoutables, d’affections mentales beaucoup plus graves.
28. — Observation d’hallucination que nous empruntons à
la thèse inaugurale du Dr Ehrhart :
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208 —
M. X.., âgé de 46 ans, d’un tempérament nervoso-sanguin
et d’une bonne santé apparente, était depuis assez longtemps
adonné à l’usage fréquent du tabac; il avait déjà éprouvé, après
avoir trop fumé, de l’embarras dans la parole et dans les mou¬
vements des lèvres, lorsque fumant un jour d’été par un ciel
serein, un temps calme et un éclatant soleil, il fut très surpris
de voir tomber une pluie abondante ; cette pluie tombait incli¬
née comme par un vent violent.
Inquiet M. X... prêta une plus grande attention, et étendit la
maiu ; il ne tombait pas d’eau, ses vêtements étaient secs et
l’hallucination durait toujours; à ce moment il fut pris de palpi¬
tations du cœur extrêmement violentes, il jeta son cigare et au
bout d’un instant les palpitations cessèrent et la vision s’éva-
nouit.
A plusieurs reprises, ces phénomènes se produisirent, son
caractère devint morose, irascible, enfin il abondonna le tabac
et quelque temps après tous les accidents avaient disparu. Se
croyant guéri, il reprit le cigare de nouveau, les palpitations,
les éblouissements, les hallucinations reparurent; enfin.il aban¬
donna tout à fait le tabac, et depuis sa santé a toujours été
excellente.
Aussi donc, il n'est pas douteux — l'expérience et l’observa¬
tion le démontrent—que le tabac n’agisse, et n’agisse avec énergie
sur les centres nerveux ; lorsque l’on considère un certain nom¬
bre d’affections, dont l’étiologie est loin d’être faite encore, et qui
frappant spécialement les hommes, semblent, jusqu’à un cer¬
tain point, respecter les femmes, on est en droit de se demander
si la nicotine n’y intervient pas pour une part beaucoup plus
grande qu’on pourrait le croire tout d’abord (1).
L’ataxie locomotrice atteint dans des proportions remarqua¬
blement plus grandes les hommes que les femmes (2) !
(1) Blatin. Recherches physiologiques et cliniques sur lanicotine et le tabac f
p. 177.
(2) Trousseau et Duchenne.
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— 209 —
L’atrophie cérébrale des adultes, sur cent sujets affectés, on
ne trouve que deux femmes (1).
L’atrophie musculaire a été jusqu’ici le lot spécial des
hommes adultes (2).
L'hypocondrie atteint trois fois plus d’hommes que de
femmes (3).
» La paralysie progressive des aliénés frappe quinze fois plus
d’hommes que de femmes (4).
Que les hommes soient plus souvent atteints des affections
diverses qui naissent sous l'influence des agents extérieurs, cela
se conçoit aisément, leur genre de vie, dilféreut de celui des
femmes, les y expose sans cesse. Mais pour les maladies des
centres nerveux, parmi les causes qui influent puissamment
sur leur production et qui, pour la plupart, sont communes aux
deux sexes, le tabac n’en est-il pas une dont l’homme ait à peu
près jusqu’ici Te monopole ? (Blatin).
M. le I) r Joly, membre de l’Académie de médecine, et qui a
tant étudié cette grande question du tabac, n’hésite pas adiré
que cette funeste plante a contribué largement et contribue tous
les jours encore, conjointement avec les liqueurs alcooliques,au
développement progressif des maladies mentales, et plus parti¬
culièrement de cette forme d’aliénation si vaguement dénommée
sous le titre de paralysie générale ou progressive, et qui compte
aujourd’hui pour plus de 60 pour cent dans le chiffre total des
aliénés.
Chose bien remarquable, cette forme de paralysie, que l’on ne
rencontrait que bien rarement,et dans des proportions presque
invariables, il y a 70 ans, alors que la consommation du tabac
était elle-même restée à peu près invariable, la paralysie géné-
(1) Erlenmeyer.
(2) Trousseau et Duchenne.
(3) Michea, Dubois, Damier.
(4) Calmtil.
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— 210 —
a suivi presque régulièrement, dans son développement,
!<* mouvement ascendant du produit fiscal du tabac, comme lui
tant subordonné et pour ainsi dire nécessaire. Chaque année,
I *puis 1830, a vu s’accroître en même temps et dans des rap¬
ports constants le chiffre de consommation du tabac et celui
maladies mentales, comme deux faits connexes et insépa¬
rables.
tais l’on dira peut-être que ce n’est qu’une simple coïnci¬
dence ; et ny aurait-il donc entre les deux faits aucune relation
cause à effet ? Etrange coïncidence, il faut le dire, et qui
itérait d’être constatée pour la singularité du fait.
\Iais, comme les faits s’imposent et ne se discutent pas, don-
nous ici des chiffres relevés dans les statistiques officielles, et
l’on pourra alors apprécier ét juger en toute connaissance de
c se.
)n France, de 1818 à 1830, on comptait 8,000 aliénés.
Le produit du tabac était alors de 28,000,000
En 1842, on comptait 15,000 aliénés.
Le produit du tabac était de 80,000,000
l in 1862, il y avait 44,000 aliénés.
Le produit du tabac était de 180,000,000
m 1876 le chiffre des aliénés, propor-
tioi gardé;', aurait atteint le chiffre de 64,300 aliénés.
Le produit du tabac aurait été de 240.000,000
En 1887, onze années après, le nombre
aliénés se serait élevé à plus de 80,250 aliénés.
Le produit fiscal atteindrait 300,000,000
Nota. — Les chiffres que nous donnons ici ne supputent que
nombre des aliénés séquestrés. Si l’on y ajoute celui des
nés traités à domicile, on arrivera pour toute la France à
chiffre qui équivaudrait à 100,000 individus !... Si ce ne
sont là encore que de simples coïncidences,, on se demandera
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G< ogle
— 211 —
pourquoi la maladie fait si spécialement acception des indivi¬
dus qui subissent l’influence du tabac, et d’un tabac plus ou
moins saturé de nicotine ; pourquoi les militaires, les marins,
qui surpassent le reste de la population dans les excès de la
pipe et du cigare, figurent toujours aussi en première ligne dans
le chiffre des aliénés paralytiques (Girard de Cailleux);pourquoi
les personnes qui, au contraire, s’abstiennent de fumer, les fem¬
mes par exemple, sont rarement atteintes de paralysie générale;
pourquoi, enfin, toutes les populations qui ne fument pas ou
qui ne fument qu’un tabac sans nicotine ou même d’autres
substances encore plus inertes, telles que le houblon, le thé,
l’auis, etc., sont encore si généralement exemptes de paralysie
générale.
Nous le savons, depuis un certain temps, une réaction favora¬
ble s'est opérée en faveur du tabac parmi d’assez nombreux méde.
cins (la plupart il est vrai appartenant & la France). La régie
est riche et puissante, et se montre généreuse, à l’égard de ceux
qui la servent et qui la défendent. Il est triste de constater
que ses défenseurs se trouvent presque tous dans le corps
médical ! Ils ne peuvent cependant ignorer que cette plante
est bien réellement une des plus cruelles ennemies de l’huma¬
nité toute entière ! Des faits innombrables et qui ne peuvent
être contestés en constituent bien les preuves les plus
péremptoires ! Ah ! ils ont des yeux, mais ils ne veulent
pas voir, ils ont des oreilles et ne veulent pas entendre !...
Ils mettent une telle ardeur à la défendre qu’ils voudraient la
revêtir de la robe d’innocence, et la faire passer pour un tendre
agueau, incapable de faire le moindre mal ! Aussi, aux yeux de
ces apologistes intéressés, on doit faire fi de tous les travaux les
plus remarquables, s’appuyant sur les faits les plus authenti¬
ques et émanant des hommes les plus distinguée, tels que les
Melier, les Joly, les Imbert-Gourbeyre, les Blatin, les Depierris,
les Moreau de Tours, les Merat, les Beau et de tant d’autres dont
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l'énumération serait trop longue, À leurs yeux encore, il n’y a
plus qu’un seul coupable, c'est l’alcool qui est l’auteur de toutes
les misères humaines, mais spécialement des maladies mentales.
Nous sommes loin de nier l'influence malheureuse des spi¬
ritueux sur le chiffre actuel de ces lamentables affections,
influence qu’il ne faut pas moins déplorer pour la santé publi¬
que que pour la morale privée. (Joly)
Malgré ces considérations, toutes les autorités citées plus
haut n’hésitent pas à reconnaître que l’abus du tabac doit être
placé au premier rang des causes de la paralysie générale des
aliénés. Voici les raisons péremptoires qu’ils donnent à l’appui:
Nous avons vu, disent-elles, des paralytiques ne buvant que
de l’eau, mais fumant au delà de toute mesure ; elles ont pu ob¬
server des cas nombreux de paralysie chez des fumeurs qui
savaient s’abstenir de tous spiritueux.
M. le D l Grisolles cite un malade qui, avec des habitudes de
sobriété sous d’autres rapports, fumait une partie du jour et
de la nuit et avait fini par tomber graduellement dans un état
voisin de la démence paralytique, lorsque sagement averti de la
cause de sa maladie et de tous les dangers qu’il devait en
attendre, s’il n’y mettait un terme immédiat, il sut s’exécuter
résolument et guérit bien vite.
(A continuer.) Secjtin, P», et D r L. Seütix.
U SCROFULOSB, "
son traitement homœopathique comparé au traitement
allopathique,
par 1»* D r Windf.i.baM). «le* Berlin. — Traduction du D r Ciïkvauer.
do Charleroi.
Avant de c «nlinuer la description des maladies scrofuleuses
I) Suite Voir vol. rnurnnt p. 77.
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— >13 —
et de leur traitement homœopathi iuo, qu’il me soit permis do
répondre à une objection, qui m’a été faite par mes collègues
tant allopathes qu’homo3opathes, concernant mon opinion sur
l’origine et l’essence de la scrofulose. Cette objection est
d’autant plus sérieuse, que la plupart des médecins actuels,
avec les idées microbiennes qui ont cours, croient que, comme
la tuberculose, la scrofule a son bacille et que même ces deux
affections, qui ont certaines analogies entre elles, sont dans
certains cas deux processus identiques. Et puis il sera
peut-être intéressant de connaître l’opinion d’un médecin, qui,
comme moi, est entré dans la pratique avec les connaissances
de son temps, c’est-à-dire alors qu’on ne parlait pas encore de
bactéries, et qui avec son petit bagage de connaissantes en
pathologie et en thérapeutique, s’est lancé dans la puissante et
efficace homœopathie. Pour tout un chacun, celui qui n’ac¬
cepte pas la théorie des microbes'et qui no croit pas que la
médecine doit être ! aséo sur cos micro-organismes, est un
ignorant. Loin de moi la pensée de nier les résultats obte¬
nus par les savantes recherches du I> Koch et d’autres: j’ad¬
mets même que,par les cultures des bacilles de la tuberculose,
on puisse engendrer de nouveaux cas de tuberculose, bien que
jusqu’à ce jour on n’ait expérimenté que sur des animaux et
qu’on n’ait pas encore d une manière certaine inoculé arbi¬
trairement des bacilles tuberculeux à personne. L’inocu¬
lation du reste d’une affection par un bacille, ne démontre pas
encore suffisamment que cette affection ait été produite uni¬
quement par le bacille.D’autres causes pmvent y contribuer
et l’observation ne varietvr d’un transfert par un microbe
d’une maladie dans la masse sanguine d’un homme b ; en
portant est encore à faire. Jusqu’ici le mode do tran fert est
encore plongé dans une obscurité complète, et on peut so
demander si les bacilles déposés sur une muqueuse saine ou
mis en contact avec celle-ci par aspiration et amenés éven-
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— 214 —
tuellement dans l’appareil de digestion, sont en état de
procréer la tuberculose. Iis doivent s’accrocher bien fort,
car que feraient sans cela les pauvres médecins qui ne rêvent
que bacilles ! Il y a de quoi frémir, quand on pense au
nombre incalculable de coccus, de bactéries, de bacilles et
d’autres microzoaires qui fourmillent autour de nous ;
comment peut-on encore avoir le courage de vivre, de courir,
do respirer, de faire de la gymnastique, de monter à cheval,
de mettre l’une ou l’autre fonction en plus graude activité,
alors que pour la plus petite irrégularité, une faute dans la
nutrition, un refroidissement, une petite plaie à la peau, etc.,
il y a un coccus aux aguets, prêt à se précipiter sur l’organe
lésé pour produire un typhus, une pneumonie, etc. P Et
comme les notions exactes des microbes manquent, le seul
renseignement qu’on donne à propos de ces derniers, la seule
planche do salut qui doive remplacer l’explication qui fait
défaut, c’est le nom du liquide nourricier propre à chique
microbe, où celui-ci pourra se développer et se perpétuer.
C’est une notion que l’on peut considérer d’une manière géné¬
rale comme très juste, mais qui manque de précision et de
preuve matérielle. C’est là le défaut de la cuirasse. Comme
beaucoup de personnes, je dirai même la plupart, ne pré¬
sentent pas le vrai terrain de culture, il se fait que les micro¬
bes, avec leurs innombrables qualités nocives,p issent sans les
atteindre. Quant à moi, si Dieu me prête vie, j'attendrai
patiemment les progrès de la théorie microbienne, et j’utiliserai
plus tard comme médecin et thérapeute, les remèdes bacil¬
laires d’après la loi de similitude, comme je le fais actuelle¬
ment pour les autres remèdes. Naturellement, il faudra que
nous prenions la précaution de désinfecter ces micro-orga¬
nismes afin de ne pas administrer avec certitude une maladie
au lieu d’un remède.
Toutefois, je ne crois pas encore que le bacille de la tuber-
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— 215 —
culose, qui, du reste disparaît probablement dans les cas de
guérison (1), soit la seule cause de cette maladie, de même
qu’il n’y a pas à nier i’existence de ce microbe dans le plus
grand nombre de cas de tuberculose bien établis. Du teste, la
tuberculose n’occupe, comparée aux maladies pulmonaires, à
la phtisie par exemple, qu’une place secondaire, car si nous
envisageons le nombre immense de phtisies pulmonaires, nous
voyons que le nombre de tuberculoses est relativement
restreint, affirmation qui ne s’appuie sur aucun examen micros¬
copique, mais qui n en sera pas moins acceptée par tous les
praticiens qui ont une grande clientèle, surtout s’ils réflé¬
chissent au nombre considérable de phtisies pulmonaires qui
se guérissent très bien. J’ai pris depuis quelque temps pour
principe, chaque fois que j’ai à traiter une maladie des pou¬
mons, même la plus légère, d’examiner les crachats au point
de vue des bacilles, et je veux essayer ainsi d’établir une sta¬
tistique des phtisies pulmonaires et de la tuberculose.
De ce que beaucoup de scrofuleux deviennent tôt ou tard
phtisiques, ou donnent un fort contingent de tuberculeux dans
leurs descendants, cela n’a absolument pas à entrer en ligne
de compte, et rien ne prouve par là non plus la proche parenté
ou l’identité des deux processus. On peut parfaitement expli¬
quer que les scrofuleux soient plus aptes à gagner la tuber¬
culose par leur mauvais état de santé, leur peu de résistance
vitale, alors que les gens sains, solides, donnent très peu de
prise à cette affection. Le grand argument jusqu’à présent
manque, on n’a pas encore trouvé le microbe de la scrofu-
lose. Il se peut qu’il existe et qu’il se propage seulement par
ses spores, que l’on n’a pas non plus encore découverts, tout
aussi bien que l’on ne trouve pas de bacilles dans le pus
d’abcès tuberculeux appelés abcès froids, et que néanmoins ce
(1) Consulter les publications très intéressantes du D r Dettweiler de Falken-
fitein (Taunus) sur les cures de la tuberculose dans son établissement.
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— 216 —
même pus inoculé a reproduit la tuberculose. Que l’on trouve
ou que Ton ne trouve pas le bacille de la scrofule, une preuve
qui met hors de doute la différence entre la scrofulose et la
tuberculose se tire de l’action extraordinairement curative
du mercure dans la scrofulose, alors qu’il se montre complè¬
tement contraire dans la tuberculose et pousse la maladie
vers une terminaison néfaste. Jusqu’à présent toute la théorie
microbienne a très peu fait au point de vue thérapeutique ;
toute sa puissance s’exerce dans la prophylaxie des maladies,et
c’est probablement dans cette partie qu’elle se développera
dans l’avenir. En dépit des recherches ingénieuses et malgré
que presque toutes les maladies aient un microbe comme prin¬
cipe étiologique, nous continuerons à administrer nos'médi¬
caments et à augmenter, avant tout, nos connaissances
physiologiques et l'action toxicologique des remèdes, par des
expérimentations sur des personnes saines. Sous ce rapport
n ms devons mentionner tout spécialement les travaux du
professeur Hugo Schulz,de GreifswaM, qui est un remarquable
pionnier du progrès, et lui souhaiter parmi les professeurs
beaucoup de successeurs aussi zélés que lui. Après cette di¬
gression, qui nous a cependant paru nécessaire, revenons-en
à nos exercices pratiques, et avant tout aux maladies de la
peau, qui ressortissent de la scrofule:
Celle qu’il est du plus grand intérêt de connaître c’est le
psoriasis scrofuleux. J'ai déjà dans le 1 er volume de
notre journal, à l'article « recherches policliniques» appelé
l’attention sur l’action éminemment curative du sulfur dans
les cis de psoriasis, et j’ai cité un grand nombre de malades
qui ont été traités et guéris par ce médicament. Dans le
courant des années subséquentes, les preuves de l’action du
sulfur sur ces maladies ont encore augmentât si je ne puis
fournir aujourd'hui une statistique exacte, il est hors de doute
que le souf re agit d’une manière spéciale sur cette affection,
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— 217 —
si difficile h déraciner par d’autres remèdes internes. J’appuie
particulièrement sur ce point, c’est le soufre seul qui jouit
d’une action curative particulière dans les cas de psoriasis
scrofulosa. Dans les autres formes il agit peu ou pas. Si le
lecteur voulait lire quelques-uns des cas relatés plus haut, il
aurait lieu de s’en féliciter. A propos d’une de* ces observa¬
tions, celle do Richard K..., le n° 228, je dois ajouter qu’il y a
eu récidive après 3 ans de guérison, mais qu’il a suffi de
quelques semaines d’administration de su,lfur pour le guérir
de nouveau. Des cas semblables se sont montrés depuis la
publication de notre premier volume en 1882 en grand nom¬
bre, sans aucune autre thérapeutique externe ; bien entendu
les bains furent prescrits avec lotions savonnées et grands
propreté de la peau ; il serait difficile de préciser combien de
cos bains et lotions ont été donnes, car cela ne peut être
contrôlé à la polyclinique. Et s’il est difficile de faire prendre
à notre clientèle régulièrement des bains, cela se rencontre
aussi dans la société et dépend des habitations. La plupart
des gens n’ont pas de chambre de baia, il y en a peut-être
dix mille dans les classes supérieures, et pas encore tous
songent à se payer ce luxe ; silence alors pour les classes
inférieures où se recrute la polyclinique.
Donc de tous les remèdes du psoriasis scrofuleux, c’est le
soufre qui occupe le premier rang. Parmi les autres se trouve
lo graphites, qui jouit de la propriété de pouvoir être alterné
avec le sulfur, afin de rappeler l'action de ce dernier médi¬
cament, quand elle paraît se ralentir.
Nous avons obtenu nombre de cures de psoriasis au moyen
de graphites. Le plus souvent nous nous sommes servis de la
3* trituration et n’avons rien observé d’atténuations plus
élevées.
Après le soufre , le meilleur remède c’est le sepia, que
nous prescrivons en général à la 3 e trituration comme pour
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— 218 —
le graphites et dont nous administrons 3 à 4 doses par jour.
Nous pouvons certifier que nous n’avons pas obtenu de bons
effets des dilutions de sept a faites, soit avec do b is>es tritura¬
tions, soit avec la teinture, mais que nous avons bien réussi
avec les triturations. Dans les cas opiniâtres, d’après le con¬
seil (le Kafka, nous nous sommes bien trouvés de descendre
alternativement des hautes triturations (Kafka dit dilutions)
aux plus basses, pour remonter ensuite.
L arsenic a été naturellement employé dans quelques cas
de psoriasis scrofulosa récalcitrants, et nous a rendu service.
C’était principalement quand il y avait grande déchéance
vitale, caractérisée par de la maigreur, un teint malheureux,
nutrition défectueuse, suractivité cardiaque, et puis la soif
pathognomonique de Y arsenic, avec catarrhe chronique de
l’estomac et diarrhée. Dans ces cas, avec la disparition du
psoriasis, on voyait un mieux sensible se montrer dans toutes
les fonctions et dans l’état général.
Parmi les autres médicaments, nous devons citer hepctr
sulfuris calcanéum, qui nous a donné plusieurs beaux
résultats. Nous lavons employé quand le psoriasis n’éxait pas
très étendu, mais formait quelques vastes plaques avec
grand engorgement des glandes lymphatiques, qui avaient
une tendance à l’abcédation. Il y avait en même temps catar¬
rhe des premières voies, de la muqueuse laryngo-bronchique,
enfin les symptômes d'hepar. Malgré la recommandation de
Kafka pour le phosphore , ce remède que nous prisions tant
dans la scrofule, nous n’avons obtenu aucun effet dans le trai¬
tement du psoriasis.
Nous avons peu obtenu également du mercure , cette
panacée de la scrofulose. L 'iodiire de mercure , que nous
donnions de préférence dans une solution à'iodure de ka¬
lium, était la meilleure préparation Les frictions mercuriel¬
les nous ont donné peu de résultafs, c’était principalement
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— 219 —
dans les formes qui avaient une certaine relation héréditaire
arec la syphilis.Dans ces cas mêmes, le mercurius biiodatus ,
qui est le remède par excellence de la syphilis, ne réussissait
pas. Du reste, c’est pour nons une énigme insondable de voir
le mercure nous faire défaut dans le traitement du psoriasis
scrofuleux, alors que dans les autres formes de scrofule : la
conjonctivite, le rachitisme, h s engorgements ganglionnaires,
les douleurs articulaires, synovitis, eczéma, herpès, lichen,
etc., il produit des effets si merveilleux.
Tels sont les remèdes qui nous ont le plus réussi dans le
traitement du psoriasis scrofuleux. Quant aux autres :
mezereum, iode , fer iodé, ledum palustre , cale . phosph .,
silicèa, rubia tinctorum i rhus y etc., nous ne pouvons rien
eu dire quant à leur valeur.
(A continuer). Traduction du D r Chbvàlier.
BIBLIOGRAPHIE.
assainissement de la ville de cannes. —
Rapport présenté au conseil communal par le D r Grüzi\
roértecin homœopathe à Cannes.
Gomme toutes le \ villes qui voient affluer chez elles un
grand nombre d'étrangers et de malades, la ville de Cannes
so préoccupe naturellement d’éloigner d'elle toutes les causes
^insalubrité et, à ce titre, la question des égouts joue un
premier rôle; non seulement il faut une bonne canalisation
des égouts, mais il faut aussi choisir la place où les matières
des égouts doivent être déversées : c’est le déversement à la
mer qui, paraît-il, est la solution la plus convenable au point
de vue de la santé publique ; certainement d’autres solutions
Pavaient intervenir, notamment celles do 1 épuration par le
sel et de l’utilisation agricole des produits, mais il paraît que
les terrains des environs de Cannes ne se prêtent nulleihent
au traitement des eaux d’égout : ce serait créer de gaieté de
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— 220 —
cœur, dit le rapport, à nos portes même, un vaste dépotoir
capable « de développer les germes les plus infeclueux ».
Bref c’est le déversement à la mer qui offre le plus d’avan¬
tages : dans la mer, les matières, a i lieu de séjourner près
de la jetée, sont entraînées au large par Faction combinée des
courants et de la vague. Les consi lérations d’utilité des
matières s’effacent naturellement devant celles do la salu¬
brité, surtout p iur une ville comme Cannes où les étrangers
viennent chercher avec la chaleur lin air pur et exempt de
tous miasmes.
(Test aussi la solution qui, d’après ce qu’on nous apprend,
a été adoptée par le conseil communal.
D r Martiny.
NÉCROLOGIE.
Le D p Dobbelaere, qui vient de mourir à Bruges, était
un des rares survivants de ce que l’on pourrait appeler la
deuxième génération des médecins hom éopathes belges à la
tète desquels brillait Moeremans ; c’est à oelui-ci que Dobbe¬
laere dut sa conversion à l’homæopathie ; il a puissamment
contribué à la propagation de l’homieopathie dans les Flan¬
dres ; le Cercle homœopathique des Flandres l’avait
nommé président et plus tard président d’honneur.
Nous reproduisons ci-après une note lue par le D r Eugène
De Keghel au Cerc'e médical hnniœop•dhique des Flan¬
dres :
A la mémoire du D r A. Dobbelaere, de Bruges,
Président d'honneur du Cercle Médical homœopathiqae des Flandres.
« 11 y a environ trois mois, lors de notre dernier banquet
commémoratif de la naissance d’Hahncmann, nous expri¬
mions le regret de ne plus voir à la place d’honneur cette
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— 221
noble tête de vieillard à la physionomie radieuse, inspirant
à la fois le respect et la sympathie. Nous formions en ce mo¬
ment des vœux pour son prochain rétablissement, mais nous
étions loin de nous douter que bientôt il serait allé rejoindre
dans la tombe ses devanciers, les premiers présidents de notre
Cercle, les D râ Dumont et Stockman.
« Avant de laisser le voile de l’oubli s'étendre sur sa vie,
remémorons en quelques mots les divers titres du défunt à
la reconnaissance de ses concitoyens.
«Reçu docteur en Médecine en 1846,il alla s’ét ablir d’abord
à Waarschoot. Il y pratiqua la médecine allopathique jus¬
qu’en 1854, époque de sa conversion à rhomœopathie. Une
fuis en possession des principes de la doctrine hahneman-
nienne, il se sentit trop à l’étroit dans la commune de
Waarschoot. En 1855 il vint se fixer à Bruges. Son renom
s’étendit promptement dans les villes et les communes envi¬
ronnantes et notamment dans les villes de bains d’Ostende
c t de Blankenberghe, mises connaissances médicales étaient
appréciées par la colonie étrangère.
« Dobbelaere ne borna pas sa sphère d’action à sa seule
sollicitude bien connue pour les malades. Il nous a laissé
plusieurs écrits, fruits de ses méditations et de ses observa¬
tions cliniques. En 186'^, il publia son Avis aux mères ou
Préceptes cfor pour l'éducation physique et morale des
enfants. C’est, un recueil d’aphorismes renfermant de
^ines notions sur l’hygiène, l’instruction et l’éducation des
enfants. Citons-en ce passage où l’auteur s'élève contre
I usage des narcotiques chez l’enfant :
« Il en succombe des milliers par les substances opiacées
« employées par des mères ou des nourrices insouciantes qui
« *e précautionnent contre les cris de leur nourrisson qu’elles
« narcotisent pour s’assurer une nuit tranquille et un sommeil
« sans trouble. Le sirop de pavot, celui d’anis si fréquemment
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— 22 2 —
« employés par l’ignorance et l’indolence, deviennent à cer—
« taines doses de véritables poisons : ils étouffent les cris,
« mais stupéfient, abrutissent et tuent l’enfant. Rudoyez cet
« innocent, grondez-le, battez-le, soyez injustes et méchants,
« mais ne l’empoisonnez pas!»
« En 1862, Dobbelaere publia un opuscule intitulé :
Tlomowpathie . Samenspraak tusschcn een apotheker
van het oude en een doktor van het nieuwe stelsel , dia¬
logue entre un pharmacien de la vieille école et un médecin
adepte do la nouvelle. En se servant de la langue connue de
la grande majorité de ses concitoyens, en ayant recours à la
forme de dialogue, Dobbelaere agissait en homme pratique.
11 parvenait ainsi à faire pénétrer dans les masses et notam¬
ment dans les campagnes flamandes, les vérités scientifiques
dépouillées de toute allure transcendante. Cette modeste
publication peut nouss3rvir d’exemple. Sachons suivre la voie
tracée par notre défunt confrère. Par des espèces de tracts
à la portée du vulgaire, répandons la bonne nouvelle jusque
dans les plus humbles demeures. Nous répondrons ainsi aux
exigences de l’esprit sceptique et scrutateur de notre époque,
(pie des cures en apparence miraculeuses savent éblouir, mais
ne parviennent pas toujours à convaincre.
«Dans son opuscule sur Y Air de la mer, les bains de mer
et leur influence sur la santé , publié en 1876, Dobbelaere
fait ressortir le danger de l’abus des bains de mer et l’action
bienfaisante du séjour le long de la côte, par la seule inspi¬
ration de l’air de la mer imprégné de particules salines,
d’atomes de brome et d’iode.
« Dobbelaere fut un collaborateur actif des revues homœo-
pathiques.
« Dés l’année 1859, nous trouvons sous sa signature dan
YHomœopathe belge , la relation d’un cas de paralysie
générale , celle d’un cas remarquable (Yambfyopie amauro -
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— 223 —
tique ; d’un cas de surdité complète guéri par la faradisation
aillée de l’administration de mercure suivi de hepar; d’un cas
de cécité subite guéri par aconit, et bell. ; d’un cas de
lypémanie guéri par ignat., bell. et mercur.
< En mai 1800, il publia dans la mémo revue une guérison
de catarrhe de la vessie par nux vom., dulc., et merc. et
■s taphys. , conjointement à la faradisation localisée. La même
année, en septembre, deux guérisons de gastralgie et la
relation d’une douleur paralytique du bras droit avec
gonflement arthritique du poignet et des doigts p&vrhus
aidé de la faradisation localisée. Encore la même année on
décembre, la relation d’un cas d 'oppression avec surdité
existant depuis trente ans, guéri par hepar, ainsi que la
relation d’un cas de dysphagie. En mars 1862, nous trouvons
encore de lui la relation d’un cas de céphalalgie guéri par
bell...
« Comme le démontre l'énumération de ses écrits, Dobbe-
UEREne se bornait pas à l’emploi exclusif de la thérapeutique
bahnemannienne, il savait au besoin mettre à contribution la
puissance de l’électricité. S’il préconisait le séjour dans les
localités balnéaires, il savait aussi largement user des
ressources de l’hydrothérapie en' général. Depuis bien des
années il avait à cet effet établi de vastes installations hydro¬
thérapiques dans l’hôtel spacieux qu’il occupait à Bruges.
Enfin, last not least, un des tout premiers dans notre pays,
>1 opéra des cures par le magnétisme animal, cette science si
longtemps répudiée par le monde médical officiel, mais qui
xient enfin de franchir le seuil de nos Académies.
* La création de notre Cercle Médical homéopathique
des Flandres fut saluée avec bonheur par le vieil athlète de
l’homœopathie. Comme membre, il prit une- part active à
nos discussions. Il fit entre autres la relation d’une guérison
d’un ulcère gangréneux par ars. et lachesis.
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- 224 —
« Après la mort du D r Stockman, nos suffrages l'appe¬
lèrent h la présidence du Cercle, fonctions qu'il remplit jus¬
qu'à la fin de l'année dernière.
« Depuis tout un temps, cassé par l’àge et les infirmités,
Dobbelaere avait renoncé à la pratique de lamélecine. Son
état maladif le tenait éloigné de nos réunions. Aussi avait-il,
au commencement de cette année, exprimé le désir de ne
plus voir renouveler son manlat de président. Ce fut alors
que lo Cercle, voulant lui donner un témoignage de recon¬
naissance pour ses services rendus tant à l'homéopathie en
général qu’à notre Société en particulier, lui décerna le titre
de Président O' honneur.
« Il ne lui était pas réservé de garder longtemps ce titre.
Les suites d'une goutte invétérée l'enlevèrent à l'affection
de sa famille.
« (Jue cet aperçu d’une existence dignement remplie soit
un dernier hommage à la mémoire de notre Président
d’honneur par ses confrères, par ses collaborateurs en
Hahnemann et tout spécialement par les membres du Cercle
Médical homœopathique des Flandres ».
SOAIMAIUE.
Association centrale des homéopathes belges.—Séance 103
du 9 octobre 1888 ..
Comment il faut examiner les enfants. Traduction
du D r Marttxy.198
Le tabac (Siitc), par MM. Em. Seutix, Pli. et le D r Léon
Seutix, de Bruxcli .204
La scrofulose (Suite). Traduction du D r Chevalier, de
Charleroi.212
Bibliographie.249
Nécrologie.220
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
15* Année. NOVEMBRE 1888. N° 8.
LE BORD DE LA MER,
par le D r Martiny.
La cure de mer (Suite).
Le scorbut. — Tous ceux qui ont lu l’histoire de la
navigation et les relations des grandes expéditions mari¬
times des siècles précédents savent que les braves marins
eurent à lutter, non seulement contre les flots et les tem¬
pêtes, mais aussi contre un ennemi en face duquel le cou¬
rage et le génie étaient impuissants. Cet ennemi, appelé
alors le fléau des navires, c’était le scorbut : dès qu’un
vaisseau s’aventurait au loin et surtout pendant un
certain temps sans toucher terre, il recevait presque tou¬
jours la visite de cet hôte si justement redouté; générale¬
ment, quelques hommes de l’équipage, sans en excepter
les plus robustes, sentaient leurs forces décliner; ils
pâlissaient,prenaient une teinte bleue,puis leurs gencives
devenaient douloureuses et s'ulcéraient, en laissant suin¬
ter un sang pâle, presque corrompu ; des hémorrhagies
plus ou moins abondantes partaient de divers organes :
selles sanguinolentes, urines de sang, crachements de
sang et, au bout d’un certain temps, parfois même après
quelques jours seulement, les hommes les plus forts, doués
des organes les plus sains, étaient méconnaissables ; un
grand nombre succombaient, parfois môme presque tout
l’équipage était malade, et on citait des navires sur
lesquels il n’était plus resté assez d’hommes valides pour
les ramener au port. Les malheureux marins aspiraient,
ü) Suite. Voir vol. précédents et vol. cour* pp. 33 et 65,
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- 226 —
comme par un instinct irrésistible, au moment d’atterrir
et, de fait, l’expérience avait appris qu'il suffisait de tou¬
cher terre pour voir le mal enrayé. Et, règle générale, à
ceux qui n’étaient pas malades depuis longtemps, quel¬
ques journées passées sur terre, en pleine atmosphère
terrestre, suffisaient à leur guérison.
D’où provenait cette terrible maladie? Naturellement,
on accusa l’atmosphère marine d’être la cause première
du scorbut, et des esprits éclairés, des savants de grande
valeur, déclarèrent qu’il serait toujours défendu à l’homme
de quitter la terre pour trop longtemps et de s’avancer au
loin dans l’étendue des mers. De hardis capitaines ne
tinrent pourtant pas compte de ces conseils et, réellement,
plusieurs équipages revinrent après de longues traversées,
sans avoir eu un seul scorbutique à bord ; mais pendant
le voyage on avait observé les règles les plus sévères de
l’hygiène et de la propreté; on avait bien nourri les mate¬
lots, on leur avait donné des vins généreux, etc., etc.; peu
à peu,on acquit ainsi la conviction que le noir fléau de la
navigation pouvait être évité,ou du moins considérablement
atténué dans ses ravages, par une hygiène bien comprise
et par une alimentation très réparatrice, voire même un peu
stimulante; de là à conclure que l'air marin ne joue aucun
rôle dans le scorbut, il n’y avait qu’un pas ; il fut rapi¬
dement franchi, d’autant plus qu’on s’apercevait qu’à bord
de la plupart des navires, l’hygiène avait précédemment
toujours été mal comprise; très souvent les plus vulgaires
règles de lapropreté n’y étaient même pas suivies.Pourtant,
malgré l’observance la plus stricte des lois de l’hygiène,
malgré la distribution aux hommes d’aliments réconfor¬
tants, de vins toniques, certains navires étaient encore
arrêtés en route par l’apparition du scorbut. Dès lors, que
fallait-il incriminer ? On crut trouver la cause du mal dans
le froid humide, puis dans certaines conditions défec-
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— 227 —
tueuses des aliments, les salaisons, la mauvaise conser¬
vation des viandes, le manque de légumes frais, de
viande fraîche, etc. ; mais on trouva de nombreux exem¬
ples de navires qui avaient eu des légumes et des viandes
fraîches en abondance et qui n’avaient pourtant pas été
à l’abri du scorbut; de là nouvelles discussions et disser¬
tations entre les médecins. Aucune des causes invo¬
quées, prise isolément, ne suffisait pourtant pour expliquer
l’origine du mal; aussi, pour se mettre d’accord, on les
accepta toutes : le scorbut, disait-on, est la consé¬
quence de la réunion à bord des navires de plusieurs mau¬
vaises conditions d’hygiène : agglomération d’un grand
nombre de personnes sur un espace relativement res¬
treint, froid humide, manque d’une bonne eau potable, de
légumes frais et de viandes fraîches,etc., etc. On prit des
précautions très nombreuses pour obvier à tous ces incon¬
vénients et, de fait, le nombre des navires contaminés
devint.de moins en moins important ; personne ne pensa
plus, dès lors, à accuser l’air de la mer; et puis on
avait cru constater que ce n’était pas seulement sur la mer
qoe se déclarait le scorbut. Il existait aussi une maladie
plus ou moins pareille, appelée le « scorbut de terre » ;
celui-ci se montrait précisément lorsqu’un certain nombre
de personnes se trouvaient réunies dans de mauvaises
conditions hygiéniques, dans les camps, dans les prisons,
dans les hôpitaux encombrés, lors des temps de disette, etc.
On n’accusa donc plus l’air de la mer et, aujourd’huiencore,
presque tous les médecins sont convaincus que le scorbut
es t la conséquence des mauvaises conditions hygiéniques
des navires et qu’il est tout à fait indépendant de l’air
•ûarin ; en Angleterre, le service de santé de la marine,
tout fier du succès des règles hygiéniques qu’il avait
Prescrites, déclara même solennellement que le scorbut
était dompté, et dans les tableaux de la mortalité des ma-
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— 228 —
rins la colonne « scorbut» fut supprimée : le scorbut était
rayé officiellement des cadres nécrologiques de la marine
anglaise. Depuis quelques années pourtant, de bons obser¬
vateurs firent remarquer que,pour les navires à long cours,
le scorbut n’est pas aussi éteint qu’on le croyait ; ils
firent même observer que si l’on avait supprimé le scorbut
dans les statistiques, on y avait ajouté d’autres rubriques,
telles que purpura hérnorrhagica, diathèses hémorrha¬
giques,aie. On était donc loin d’avoir supprimé le scorbut
comme on s’en était vanté (1).
(1) Nous empruntons quelques observations sur le scorbut h l'excellent
article publié par le Dictiontiaire des Sciences médicales du D r Dechambre.
C'est à la fois un résumé historique du scorbut et une dissertation impar¬
tiale sur ses causes, sa nature, sa pathogénie et son traitement. Voici
entre autres une des conclusions de l'auteur de cet article : En résumé,
dit l'auteur, il résulte de ce long historique, et c'est peut-être sa
meilleure justification, que le scorbut, loin d'être une maladie éteinte ou
près de s'éteindre, est encore parfaitement vivace. Il apparaît toujours
comme l'odieux compagnon de l'homme, toutes les fois que celui-ci veut
essayer de se soustraire à certaines conditions d’hygiène et d’existence
dans la limite desquelles la nature l’a décidément emprisonné. Braver
le froid et l'humidité extrêmes, affronter les plus cuisantes injures des
climats polaires, on le pourra certainement pendant quelques instan ts
mais jamais sans courir le risque d'être frappé du scorbut.
En fait, le scorbut existe de nos jours, soit dans l'ombre, soit parfois
en plein soleil, comme aux seizième, dix-septième et dix-huitième siècles;
il est atténué, amoindri, il est plus rare, soit : mais c'est toujours le
scorbut, c’cst-à dire cette altération encore inconnue, mais intime et pro -
ionde de l’organisme, qui casse les forces de la vie quaud elle n'éteint pas
celle-ci. Cette déchéance fatale n’a pas de patrie, pas de station géogra¬
phique distincte. Le scorbut s'abat sur le navigateur sous l'équateur
comme aux pôles ; il surgit surtout dans les parages où la navigation
est rude, périlleuse et pleine de fatigues, aux pôles, près des grands caps
du monde, partout où l'homme entre en lutte avec les privations et les
labeurs à outrance.
Sans doute, le scorbut n’est plus le cauchemar du marin sur les
océans, ce n'est plus le désespoir du médecin navigateur, ce n'est plus le
fléau si redouté des armées. Cependant, il demeure encore, comme on 1 a
vu récemment, le frein que la fatalité, qui domine toujours nos œuvres,
a placé devant notre audace, comme une borne d'Hercule vers les régions
les plus reculées des pôles.
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— 229 —
Pour notre part, après avoir lu l’histoire du scorbut
et les nombreux travaux qui ont été publiés à ce sujet,
nous avons acquis la conviction que ce qu’on appelait
justement le « scorbut de mer » est réellement la
conséquence de l’absorption plus ou moins prolongée
de l’air marin, et la maladie est d’autant plus prompte
à se déclarer et plus intense que l’équipage se trouve
dans de plus mauvaises conditions hygiéniques et
par conséquent moins apte à résister aux influences
nocives.
Nous avons dit précédemment que la loi des semblables
et l'action des petites doses, ces deux grands principes
de l’homoeopathie, sont comme deux phares lumineux
projetant une brillante clarté sur l’action de la mer chez
l’homme ; à son tour ce que l’observateur attentif constate
au bord de la mer devient une démonstration complète,
irréfutable et grandiose de nos principes.
Lorsque dans le cours de mes recherches et de mes
études sur la cure marine j’ai vu se soulever, grâce à la
connaissance des lois de l’homœopathie et do l'action des
petites doses, le voile épais de ténèbres qui recouvre
aujourd’hui encore pour l’immense majorité des savants,
l’histoire, l’étiologie, la pathogénie et la thérapeutique
du scorbut, j’ai été pris d’un élan d’admiration et d’en¬
thousiasme pour le grand génie de Hahnemann qui, pré¬
cédant son siècle de plus de cent ans, a découvert la loi
des semblables et l’action des doses infinitésimales.
Quand on connaît ces deux grands faits, qui finiront tôt
ou tard par dominer toute la médecine, les prétendues
contradictions qu’on retrouve chez les savants au
sujet du fléau des navigateurs s’évanouissent, l’histoire
du scorbut devient claire : C’est une véritable intoxication
de l’organisme lorsque celui-ci absorbe pendant un temps
plus ou moins long et d’une façon continue les médica-
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— 230 —
inents infinitésimaux tenus en suspension dans l’atmo¬
sphère marine.
Quand on eut constaté que le scorbut se déclarait non
seulement en mer mais aussi sur terre, personne n’osa
plus attribuer le scorbut à l’air de la mer, cet air reconnu
comme si pur, si salubre et si bienfaisant ( 1), et la question
, arut définitivement tranchée ; dans la genèse du scorbut
on ne devait incriminer que les mauvaises conditions
hygiéniques, puisque des circonstances semblables se
trouvant réunies sur terre, loin de la mer, le scorbut
apparaissait aussi. Mais s’est-on suffisamment enquis si le
scorbut de terre » est bien la môme maladie que le scorbut
de mer? Cette question est loin d’être résolue et certes les
probabilités sont pour la négative ; il suffit de parcourir
i histoire des épidémies de scorbut de terre pour s’en con¬
vaincre et pour s’assurer qu'on a donné le nom de scorbut à
des maladies parfois très différentes, affectant les camps,
les prisons, les hôpitaux, etc. Du reste pour un grand
nombre d’observateurs tant anciens que modernes le scor¬
but de terre n’est pas semblable au scorbut des navires :
ce scorbut de terre s’appelle aussi/mrpwm hémorrhagica
ou maladie de Werlhoff ; il indique aussi une déchéance
profonde de l’organisme : mais il est assez rare, si l’on ne
tient pas compte des cas de scorbut qui se développaient
jadis le long des côtes et qui pourraient fort bien être attri¬
buables à l’influence de l’air marin et n’avoir été au fond
autre chose que le vrai scorbut de mer, comme, par exem¬
ple, lors des sièges des ports de mer ; d’un autre côté
on ne doit pas perdre de vue que le scorbut était jadis
(1) Lind, l'auteur d'une étude remarquable sur le scorbut, repousse
( paiement l'influence nocive de ces vapeurs particulières a l'Océan et qui
demanderaient à être neutralisées par les qualités de l'atmosphère terres¬
tre; il rejette ces qualités occultes et malsaines de l'Océan. (Dechambre.
l)>ctionnaire des Sciences médicales . Article : Scorbut .)
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— 231 —
endémique dans certaines contrées du littoral où il n’en
est plus question aujourd’hui, précisément parce qu’au-
jourd’hui la mer est mieux endiguée dans tous les pays et
qu’il n’existe plus comme jadis de nombreuses régions où
elle pénétrait très profondément dans les terres à marée
haute, de sorte que l’atmosphère de ces régions était au
fond une vraie atmosphère marine (1). En lisant l’histoire
et ce que l’on appelle aujourd’hui la « géographie » du
scorbut, on reste convaincu que lorsque le vrai scorbut
se montre, la mer n’est pas loin ; et si l’on peut citer des
exemples de scorbut se déclarant loin de l’air marin, ils
sont très rares et alors l’on est en droit de demander si au
lieu d’avoir été le ..vrai scorbut ce n’était pas plutôt le
purpura héraorrhagica ou même le typhus exanthéma¬
tique (2).
Aussi la symptomatologie du vrai scorbut est loin d’être
bien établie; elle est très confuse, ce qui est bien étonnant
pour une maladie qui fut si fréquente et si meurtrière à
une époque qui pourtant n’est pas loin de nous. C'est pré¬
cisément parce que l’on n’a pas assez fait la distinction
entre les deux scorbuts; et nous avons la conviction
que sous le nom du scorbut de terre on a décrit les ma¬
ladies les plus diverses.
Et quand bien même les deux affections, scorbut de
terre et scorbut de mer, seraient semblables, supposons-
(1) On a même prétendu que les habitants des Pays-Bas n'ont pu
s'affranchir du scorbut qu'en élevant leurs fameuses digues dans le but
de consolider et de dessécher le sol marécageux de leurs pays. (Dechambre.
Dictionnaire des Sciences médicales . Article : Scorbut.)
(2) Il y a un autre fait qui vient singulièrement battre en brèche l'opi¬
nion de ceux qui croient que le scorbut de mer est identique au scorbut de
terre; c'est l'analyse chimique du sang : les expériences faites avec du
sani; de vrais scorbutiques de terre ont prouvé que le sang était défibriné
tandis que le sang des scorbutiques (?) delà Salpêtrière, par conséquent
des scorbutiques de terre, présentait au contraire une augmentation de
la fibrine.
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— 232 —
le un instant, cela indiquerait uniquement que l’économie
humaine, placée dans de mauvaises conditions hygiéni¬
ques, entre plus ou moins promptement dans un état de
misère physiologique profonde, mais il reste prouvé
aujourd’hui que sur mer, de mauvaises conditions hygié¬
niques ne sont pas nécessaires pour que le mal se
déclare ; le scorbut a, en effet, très fréquemment atteint
des navires munis de vivres et de boissons de première
ualité, de viandes fraîches, de légumes, des navires où
les lois de l’hygiène étaient ponctuellement observées, où
il n’y avait ni encombrement, ni aucune cause nocive,
autre que celle de l’air marin ; il reste donc historique¬
ment avéré que le scorbut peut atteindre sur mer des
hommes vivant dans les meilleures conditions d’hygiène,
tandis que pareille chose ne se présente jamais sur
terre ; lorsque l’homme se trouve dans de bonnes con¬
ditions d’hygiène et qu’il respire un air terrestre, c’est-
à-dire non chargé des poussières marines, il ne gagne
amais le scorbut ; il en est tout autrement quand il
s’aventure sur mer. Là, au milieu des meilleures con¬
ditions d’hygiène et de régime, malgré l’air vif, ozonifié,
exempt de microbes, le scorbut fait très souvent son
apparition. C’est donc bien la mer et la mer seule qui,
dans ces circonstances, donne le scorbut. Voilà l’ensei¬
gnement des faits, voilà la seule conclusion logique qui
vient à l’esprit de tout homme qui, sans idées préconçues,
a lu l’histoire du scorbut.
Quand on attribue le scorbut à l’absorption plus ou
moins continue des nombreuses particules infinitési¬
males flottant dans les basses couches de l’atmosphère
marine, tout s’explique, toutes les prétendues obscurités
qui enveloppent la pathogénie du scorbut s’évanouissent.
On comprend alors pourquoi l’air terrestre est si sou¬
verain pour guérir le scorbut au début, pourquoi l’instinct
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— 233 —
de la conservation pousse les malheureux scorbutiques
vers la terre (1).
On comprend pourquoi l’expérience a prouvé que le
scorbut est plus à craindre lors des mauvaises traversées,
lorsque la mer est très agitée, c’est-à-dire lorsque les
particules salines qui flottent à sa surface sont plus nom¬
breuses (2). Toutes les expériences ont prouvé que c’est
(1) Mais les savants de nos jours se moquent plus ou moins spirituelle¬
ment de tout cela, ils traitent du haut de leur grandeur cette aspiration
instinctive des malheureux scorbutiques ; lisez plutôt :
D’autres assertions, mais encore bien moins consistantes que les pre¬
mières, voudraient faire du scorbut une affection particulière, naissant
dans des foyers spéciaux dont les conditions essentielles sont le manque et
l'insuffisance du milieu atmosphérique habituel ; c’est l’absence de l’air
natal, de l’air de la terre, de l’atmosphère continentale, de la verdure,
-c’est le séjour prolongé dans l’air marin, la situation contre nature de
l’homme entre les flots et les cieux, qu’il faudrait incriminer en premier
lieu (Hubault). Cette prétendue nocivité de l'air éminemment salubre et
vivifiant, au contraire, qui développe et suractive la respiration de
l’homme de mer, ne pourrait, en tout cas, en aucune façon, s'appliquer
au scorbut de terre. Et puis enfin, comme l’a spirituellement dit Le Roy
de Mericourt, le traitement et la prophylaxie de ce singulier scorbut
seraient des plus faciles, et ressembleraient fort à cette plaisanterie d’un
genre douteux qui consisterait à faire faire par le mousse du navire une
provision de sacs de terre avant le départ pour la campagne de mer.
Etrange et cruelle illusion, en vérité, que cette fantaisie de l’imagina¬
tion qui pousse les infortunés scorbutiques à soupirer après l’air de la
terre comme après un remède à leurs souffrances, mais que ne peut
partager le médecin dont l'expérience et le savoir peuvent apprécier à
leur juste valeur les senteurs embaumées et l’atmosphère terrestre, par¬
fois si remplie de dangereuses émanations, en face de la pureté et des
qualités éminemment salubres de ces souffles vierges des océans que n'ont
depuis longtemps ternis ni l'haleine des hommes ni les miasmes telluri¬
ques. (Dechambre. Dictionnaire des sciences médicales . Article: Scorbut.)
Notons en passant cette prétention peu rare parmi certains médecins
de pouvoir tout expliquer. Comme si l’expérience ne démontrait pas, à
chaque instant, que des explications qui paraissaient vraies au jour ne le
sont plus du tout le lendemain : toujours l'orgeuil scientifique des
académiciens
(2) Mais ce qu’on ne saurait dénier, c’est la constatation de ce fait
dont fourmille l'histoire de l'étiologie du scorbut» à savoir : que, toutes
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— 234 —
par les grands vents, et dans les mers mouvementées que
les particules salines infinitésimales sont plus abondantes
dans l’air marin.
Il ne sera plus nécessaire de dénaturer les faits pour
vouloir prouver que le scorbut est dû à l’humidité parce
que, dans les localités situées au bord de la mer, le scor¬
but est plus fréquent (1 ).
On s’explique aussi pourquoi le meilleur des antiscor¬
butiques est de faire de fréquentes relâches (2).
On ne sera plus surpris pourquoi toutes les autres rai¬
sons invoquées jusqu’ici pour expliquer l’apparition du
scorbut sur les navires n’ont pas résisté à l’examen des
faits :
« Il ressortira suffisamment de cet aperçu sur la patho¬
génie du scorbut, dit l’auteur de l’article Scorbut dans le
Dictionnaire des Sciences médicales, que les recherches
du passé sont impuissantes à en déceler la nature ; qu’au
lieu de s’épuiser en efforts stériles de raisonnements et
d’hypothèses en tournant dans le cercle étroit des ancien-
choses égales d’ailleurs, celui-ci s'est soudain montré à l'occasion d'un
gros temps, d'une tempête, de vents contraires, d'accidents de mer.
(Dech ambre. Dictionnaire des Sciences médicales. Article ; Scorbut.)
(1) Lind, dont l'autorité n'est jamais inutilement consultée sur la
matière, va jusqu'à admettre que c'est à l'humidité relative du sol et de
l'air qu'est due la plus grande fréquence du scorbut, tant à Amsterdam
qu'à Dordrecht (Ronssæus).
Que n'a-t-on pas dit de la nocuité générale et de la prédisposition
spéciale au scorbut, des maisons flottantes et imprégnées d'une éternelle
humidité qui se nomment les navires? Sans doute il est permis de ne
voir fréquemment dans ces accusations banales qu'un lieu commun pour
la genèse de la maladie qui nous occupe. ( Loco cit.)
(2) En général, pour ce qui est de l’étiologie spéciale du scorbut qui a
fait de si fréquentes et parfois de si sévères apparitions parmi les passa¬
gers, on a accusé les chefs suivants : l'encombrement, la longueur des
traversées et la rareté des relâches, le besoin de renouveler celles-ci* de
les échelonner, de les réglementer pour ainsi dire, comme étant le meil¬
leur de tous les antiscorbutiques. (Loco cit.)
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— 235 —
nés méthodes, il faudra tenter des voies nouvelles. Les
conditions générales extérieures du scorbut nous sont
trop connues pour ne pas laisser la conviction que l’inévita¬
ble fatalité des événements humains entretiendra pour
longtemps encore la réapparition du fléau. Maladie
navale, carcéraire, obsidionale, fruit amer de la misère et
de la privation d’un genre particulier, mais inhérent à
des circonstances souvent inférieures à la puissance de
l’hygiène, nul procès morbide n’est plus fait pour exer¬
cer la pénétration du médecin que cet ensemble surpre¬
nant de phénomènes dont l’évolution lente et mesurée
semble procéder de la nature des phénomènes que crée
parfois l’expérimentation sur les animaux ».
Eb bien, que l’auteur de ces lignes étudie l’action des
médicaments à dose infinitésimale et il verra que la voie
nouvelle dont il parle est toute tracée depuis plus de
cent ans : Hahmemann l’a indiquée aux savants et aux
médecins ; c’est à lui, le père de l’expérimentation pure, le
plus grand observateur des temps modernes, que revient
l’honneur de l’avoir trouvée.
Mais, dit-on, si c’étaient les émanations du chlorure de
sodium,comment se fait-ilqueles populations qui ne vivent
que de salaisons et que les ouvriers des mines de sel ne
souffrent pas de scorbut ; la réponse sera facile à faire ;
d’abord il n'y a pas que du chlorure de sodium dans l’at¬
mosphère de la mer, mais un grand nombre d’autres
corps qui jouent peut-être le premier rôle dans la produc¬
tion du scorbut; et enfin, dans les mines de sel, celui-ci n’y
est pas répandu sous forme de poussières impondérables
dans l’air que les ouvriers y respirent. Sur mer, au con¬
traire, le mouvement des eaux, les vagues, les marées,
etc. pulvérisent à l’état de particules microscopiques les
substances que la mer tient en suspension et en dis¬
solution ; elles peuvent ainsi, grâce à leur extrême divi-
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• 236 —
sion, pénétrer dans les profondeurs les plus reculées de
l’organisme (1)
Il y a une énorme différence, pour celui qui est au cou¬
rant de l’action des petites doses, entre le chlorure de
sodium brut ou même en solution et le sel réduit à l’état
de poussières tellement ténues que le microscope même ne
parvient pas à les révéler, mais dont l’analyse spectrale
peut aujourd’hui démontrer la présence.
Enfin,dira-t-on encore, comment se fait-il que tous les
marins ne deviennent pas scorbutiques,eux qui sont jour¬
nellement aux prises avec l’air marin? La plupart sont
au contraire robustes et bien portants. Avant d’aller
plus loin on peut se demander si cette dernière proposi¬
tion est bien vraie; les marins sont-ils en général bien
portants? A lire les statistiques on se persuade facilement
du contraire; le chiffre des malades dans le service de la
marine est plus élevé que dans les armées de terre; puis
a-t-on tenu compte des déchets, non seulement pour la
marine militaire, mais aussi pour la marine marchande ?
Sait-on combien de jeunes gens ayant embrassé la pro-
(1) Quand il s'agit du scorbut sur mer, certes il serait par trop banal
d'accuser les principes salins, car non-seulement les marins vivent, et
surtout il y a deux siècles, vivaient principalement de viande et de pois¬
son salés, mais aussi ils sont comme plongés au milieu d’une atmosphère
saturée d’efflorescences salines, l’air qu’ils respirent, les vêtements qu’ils
portent, les objets qu’ils touchent étant perpétuellement imprégnés de
chlorure de sodium.
Quant à la vraie théorie du chlorure ou des sels de sodium accumulés
dans le sang, par suite de l'abus des vivres salés, ou de la respiration des
atmosphères salées, elle a été battue en brèche, d'abord par les expérien¬
ces de Lind, aussi par la rareté des accidents scorbutiques, dit-on, chez
les populations du pôle Nord, qui ne vivent que de viande et de poisson
salés durant une grande partie de l'année, et enfin par l'absence du scor¬
but parmi les ouvriers employés aux travaux des mines de sel gemme et
ces peuplades nombreuses qui vivent au milieu des déserts et au bord des
grands lacs salés des continents asiatique, africain et américain. (De-
chambre. Dictionnaire des Sciences médicales. Article: Scorbut.)
Y
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— 237
fession de marin ont du l’abandonner pour cause de santé,
de même qu’un grand nombre d’apprentis sont obligés
de renoncer à, la profession de peintre en bâtiments
parce qu’ils gagnent la colique de plomb après un essai
plus ou moins long? Et puis, nous l’avons déjà dit, un assez
grand nombre d'hommes finissent par s’accoutumer à
l’absorption des poussières marines, à les supporter,à les
tolérer; c’est à la condition, il est vrai, d’avoir une bonne
hygiène, une bonne alimentation, etc. ; c’est avant tout à la
condition de respirer de temps en temps de l’air terrestre,
de n’ètre pas exposés uniquement à l’air marin pendant
très longtemps,comme c’était souvent le cas dans les pre¬
mières époques de la grande navigation ; les voyages
étaient alors beaucoup plus longs et les ports et les relâ¬
ches étaient rares.Tout est bien changé aujourd’hui, et si
le scorbut est devenu beaucoup moins fréquent, c’est que
les marins sont bien nourris et qu’ils ont plus souvent
que jadis l’occasion de respirer l’air de la terre; néanmoins
si certains marins sont absolument réfractaires, d’autres
peuvent, tout en étant du reste dans les meilleures condi¬
tions d’hygiène,être atteints de scorbut ou de symptômes
analogues, et. il ne se passe pas d’année que plusieurs
navires rentrent au port ayant des scorbutiques à bord,
ou du moins des malades qui jadis eussent été considérés
comme des scorbutiques, car il ne faut pas perdre de vue
que jadis on appelait scorbut presque toutes les maladies
contractées pendant les traversées, du moins toutes celles
qui étaient accompagnées d’un dépérissement profond
d’une chute rapide des forces, d’hémorrhagies, etc.; c’est
même une des raisons pour lesquelles la symptomatologie
d’une maladie si importante est encore embrouillée au¬
jourd’hui.
Résumons-nous. Quand un certain nombre d’hommes
restent exposés nuit et jour, sans interruption et pendant
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— 238 —
un temps plus ou moins long, aux émanations de la mer,
il en est qui n’éprouvent absolument rien d’anormal; ils
résistent et sont réfractaires; d’autres deviennent plus ou
moins souffrants mais finissent par s’habituer à ces éma¬
nations, à les tolérer, surtout lorsqu’ils sont soumis à un
régime tonique, même un peu stimulant ; enfin d’autres
deviennent réellement malades, gagnent des malaises
variés qui finissent par amener un dépérissement, une alté¬
ration plus ou moins profonde du sang, en un mot des
symptômes plus ou moins graves mais variés auxquels
jadis on donnait le nom de scorbut, tandis que de nos
jours plusieurs de ces cas sont classés sous une autre
rubrique dans le cadre nosologique. Ces affections plus
ou moins variables mais ayant comme caractère commun
d'améner finalement une chute considérable des forces, une
déchéance profonde de l’organisme, sont la conséquence de
l’absorption permanente et de plus ou moins longuedurée
des particules infinitésimales qui flottent sur la surface
de la mer. Aucune des autres raisons qui ont été avan¬
cées pour expliquer l’apparition du scorbut n’est restée
debout. Voilà l’enseignement des faits, voilà ce qui ressort
à toute évidence pour tout esprit impartial lorsqu’on
s’est mis au courant de l’histoire du scorbut.
Quelle est, dès lors, au point de vue thérapeutique, la
conclusion logique decette observation? La voici. Puisque
la mer, ou plutôt l’absorption plus ou moins continue
des particules médicamenteuses qui flottent dans l’air de
la mer, amène en fin de compte un dépérissement pro¬
fond de l’organisme, la plupart de ceux qui, pour d’autres
motifs,sont arrivés à une semblable déchéance organique,
trouveront dans l’absorption de l’air marin et dans le
séjour au bord de la mer le remède de leur état maladif :
c’est ce que nous voyons se vérifier tous les ans. C’est
pourquoi tous les affaiblis et les épuisés viennent à la mer
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— 239 —
reprendre force et santé, pourvu que certains de leurs
organes ne soient pas trop malades pour pouvoir réagir
favorablement ; voilà la vraie, la seule explication pour
les homœopathes des miracles que la cure de mer opère
tous les ans, pour le plus grand bienfait des malheureux
malades qui sont atteints pour des causes diverses de
symptômes plus ou moins semblables à ceux qui ont été
décrits sous le nom de scorbut de mer : ainsi s’explique
la vogue croissante des villes du littoral, vogue qui
grandira encore au fur età mesure que l’on étudiera mieux
les indications de la cure de mer ; semblable étude sera
singulièrement facilitée par l'analyse des symptômes du
scorbut de mer, que la science doit considérer en dernière
analysecomme une énorme expérimentation sur l’homme
sain de l’atmosphère marine. La grande loi des sem¬
blables, l’action profonde des petites doses et l’œuvre
géniale du père de la vraie médecine expérimentale ne
peuvent pas avoir de preuve plus complète et plus gran¬
diose. D r Martiny.
(A continuer.)
Le tabac (1),
par MM. Em. Seutin, Ph D , et le D r L. Seuti.s, à Bruxelles.
M. le D r Maillot, l’honorable président du conseil de santé
de l'armée, en France, a consigné ce fait important que, dans le
cltiffre progressif des cas de paralysie générale qui s’offrent
chaque année à l’inspection, il s’en trouve uu certain nombre,
plus qu’on ne l’avait pensé, qui étaient autant d’exemples de
sobriété, à l’endroit des spiritueux, mais qui avaient fait de
grands abus de la pipe ou du cigare. Les soldats qui, comme
on le sait, changent quelquefois volontiers leur ration de vivres
pour des provisions de tabac, ont fourni de nombreux exemples
(1) Suite. Voir volume courant, pp. 69, 100, 129, 161 et 204.
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240 —
de paralysie, sans que Ton ait pu accuser en eux aucun abus de
spiritueux.
Nous avons pu, dit encore M. le Dr Joly, constater un autre
fait plus général encore, et non moins probant, c’est que dans
certaines provinces de la France, dans leSaintonge, le Limou¬
sin, la Bretagne, où l’on ne fume que peu encore, mais où l’on
consomme énormémeut d’eau-de-vie, la paralysie générale est
à peu près inconnue. -
D’après ce concours de faits et de témoignages, il nous paraît
suffisamment prouvé, que si l’abus des spiritueux doit être pris
en sérieuse considération dans la question de développement
des maladies mentales, il y a lieu d’attribuer plus spécialement
à l’abus du tabac la cause essentielle de la paralysie générale
des aliénés, et qui compte aujourd’hui un nombre si considérable
dans le chiffre total des aliénés (1).
Les faits assez nombreux que nous avons cités et que nous
avons puisés à des sources authentiques,prouvent d’une manière
péremptoire combien sont nombreuses les maladies produites
par le tabac; à ces faits nous aurions pu en joindre des milliers
d’autres,mais ne suffisent ils pas déjà, pour prouver à l’évidence
combien la nicotiane est un toxique éminemment délétère au
point de vue de l’homme ? Mais nous pouvons ajouter qu’il ne
l’est pas moins au point de vue des animaux, et aussi des végé¬
taux ; nous allons citer deux faits qui ne laisseront pas le moin¬
dre doute à cet égard. Le premier se rapporte à un fermier des
Flandres, qui cultivait le tabac sur une assez grande échelle ;
pour le sécher, il se servait de paille qu’il avait l’habitude de
convertir de suite en fumier; mais, dans un but d’économie, il
crut qu’il pouvait donner cette paille en litière à ses animaux ;
c’est ce qu’il fit, mais le lendemain il trouva deux de ses
animaux, étendus sans vie, et tous les autres plus ou moins
(1) Joly. Etudes hygiéniques et médicales sur le tabac, pp. 44 et 45.
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— 241 —
malades ; que s’était-il donc passé? Les animaux,faute de mieux,
mangèrent leur litière ; les uns en avaient pris plus, les autres
moins. Un médecin-vétérinaire, mandé en toute hâte, reconnut
bien vite la-véritable cause, et de la mort et de la maladie des
animaux. Il fit conduire immédiatement en prairie les animaux
sùrvivants, fit enlever cette paille empoisonnée, bien laver et
aérer l’étable, et remplacer cette paille délétère par de la
nouvelle, et quelques jours suffirent pour rétablir tous les
animaux malades (1).
Ce fait ne démontre-t-il pas à toute évidence que le tabac
est une substance excessivement vénéneuse puisqu’il a pu, par
son seul contact, communiquer ses propriétés toxiques à une
substance inerte comme de la paille, et la rendre tellement délé¬
tère qu elle a su donner la mort à des animaux aussi grands,
aussi forts, aussi lymphatiques que des bœufs !
L’éminent D* Meliier, qui a aussi tant étudié cette grande
question du tabac, a fait des expériences pour connaître quelle
serait son influence sur les végétaux. Il a donc soumis à l’in¬
fluence de sa fumée différents arbustes, tels que des orangers,
des chrysanthèmes, etc., et, après un certain laps de temps,il a
vu leurs feuilles passer du pâle au jaune, puis se dessécher,
tomber, et les arbustes mourir.
Nous avons parlé déjà de la nicotine, mais nous avons oublié
de mentionner la propriété qu’elle possède de se déposer en se
condensant, sur les parois froides du verre ; réparons cette
omission et disons que cette propriété est exploitée en Amérique,
dans certaines manœuvres criminelles, pour enlever à un
homme sa conscience et sa liberté,et commettre ainsi les atten¬
tats les plus graves.
Là où la vie est facile à gagner pour tout le monde, le rude
(1) Le tabac constitue pour tous les animaux sans distinction, un
poison redoutable.
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- 242 —
métier de la navigation trouve peu d’hommes disposés à le
faire,malgré les salaires élevés qui y sont attachés —et pour¬
tant la marine a besoin de matelots. Les navires sont parfois
si nombreux dans les ports,qu’à défaut de marins volontaires
pour les équiper, ou s’en procure par la surprise et la force.
Des bandes de vauriens, qu’on appelle des embaucheurs,
traitent avec les capitaines (les navires pour leur livrer à
bord, au moment où ils lèvent l’ancre, le nombre d’hommes
qu’ils désirent ; ces trafiqueurs de chair humaine, dès qu’ils
voient sur les quais un homme qui leur convient, le séduisent
par toutes sortes de politesses et finissent par l’entraîner dans
quelque cabaret où ils ont des complices.
On demande à l’invité ce qu’il veut boire,et on le sert dans
un verre qu’il voit prendre sur le comptoir. Ce verre est ren¬
versé ; il parait propre, et rien ne pourrait faire supposer
que le malheureux qui va s’y désaltérer, y laissera toutes ses
facultés de sentir, et approchera aussi prés qu’on peut le famé
de la mort, sans mourir.
Qu’a-t-il fallu pour donner à ce verre des propriétés si
mystérieuses et si terribles ? une chose des plus simples :
lâcher dans son intérieur, avant de s’en servir,quelques bouf¬
fées de fumée de tabac, tirées d’un cigare ou d’une pipe : et
le verre est empoisonné ! il contient sur ses parois une pel¬
licule invisible qui est de la nicotine, qui se dissout dans le
liquide, quel qu’il soit, qu’aura demandé la victime.
Le pauvre diable boit sans la moindre suspicion, sans
trouver la saveur du tabac au milieu de l'épaisse fumée dont
ses ravisseurs ont soin de l’inonder.
Sitôt qu’il a pris ce breuvage diabolique, on emmène
l’homme hors de la taverne. L’ivresse narcotique le saisit,
obscurcit sa vue, engourdit sa raison; il perd tout sentiment
de lui-même. Un canot attend sur le quai ; on l’embarque
comme on ferait d’un, ivrogne ordinaire et c’est un homme
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— 243 —
empoisonné, presqu’un cadavre, que l’on hisse à bord au bout
d’une corde, et qui ne sortira de sa léthargie nicotique que
lorsqu'il se trouvera en pleine mer, sur le pont d’un navire,
pour y faire le service, sans pouvoir se rendre compte
comment fl est arrivé là ?
C’est ce que l’on appelle, sur la terre de la libre Amérique
sanffhayer un matelot.
Combien, de par le monde, de morts subites qui déroptent
la science et la justice, ne doivent-elles pas avoir pour cause
ce moyen si facile de commettre des crimes (1) ?
Quand nous avons parlé des dangers attachés à la pipe et au
cigare, nous avons omis de parler de cette catégorie d’hom¬
mes à conviction robuste, et qui se piquent d’amour-propre
de ne pas cracher en fumant. Ils posent comme une excep¬
tion dans la grande famille des consommateurs ; et quand on
leur dit que fumer épuise, ils vous répondent avec un ton de
satisfaction d’eux-mêmes : mais moi, je n’expectore pas ; que
font-ils alors de la salive, que la nicotiane appelle dans leur
bouche ? Ils l’avalent où ils la gardent jusqu’à ce qu’elle
soit absorbée par la membrane muqueuse de la bouche.
Eh bien,par leur procédé qu’ils croient une perfection dans
l’art de fumer, ils remplacent un mal par un autre plus grave,
ils ne perdent pas la salive, il est vrai, mais ils absorbent
one quantité beaucoup plus grande du principe toxique en
dissolution , ils ne font donc que perdre au change : en
résumé, la santé du fumeur ou du chiqueur qui crache est
beaucoup moins exposée que s’il ne crachait pas (2).
Nous avons omis de parler du foie, réparons encore cette
(1) Depierris. Physiologie sociale. Le tabac qui contient le plus violent
des poisons, abrège-t-il l'existence ? Est-il cause de la dégénérescence
physique et morale des sociétés modernes? pp. 144 à 146.
(2) Loco cil., pp. 174 et 175.
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omission, car il constitue un des organes de l’appareil diges¬
tif qui a le plus constamment à souffrir des effets du tabac;
le narcotisme, passager si l’on veut, mais plusieurs fois
répété dans la journée, que produit l’absorption delà nicotine,
amène dans le travail de cette énorme glande une perturba¬
tion telle, que la double sécrétion dont elle est chargée, la
bile et le sucre, ne peut plus s’accomplir dans un ordre nor¬
mal ; il y a alors obstruction, et de cette obstruction naît
l’hépatite chronique.
Ce foie augmente de volume et de poids, la bile séjournant
trop longtemps dans les canaux qui la sécrètent, s’y épaissit,
y forme des grumeaux, puis des calculs, qui donnent avant
d’arriver dans le canal digestif, de ces douleurs hépatiques si
désespérantes (1).
Disons un mot encore d’une maladie nouvelle,mystérieuse
dans son apparition, qui semble coïncider avec les progrès
de l’envahissement du tabac: la pellagre (maladie de la peau).
Vers la fin du xvm e siècle, des médecins d’Italie signalaient,
dans la vallée duPô, une maladie nouvelle, et dont les symp¬
tômes les plus apparents étaient une éruption de matière
séro-albumineuse se desséchant en forme d’écailles sur la
face, le cou, la poitrine et les mains.
L’éruption n’est qu’un sjunptôme, le vrai caractère de la
maladie réside dans une cachexie générale où dominent ces
symptômes morbides du système nerveux cérébro-spinal.
Symptômes généraux : lassitude et douleur profonde dans
le dos et les lombes, faiblesse, tremblement des membres,
apathie,tristesse profonde,tendance au suicide,penchant pour
le meurtre ; lorsque la maladie est plus avancée apparaît la
manie appelée folie pellagreuse ; puis la démence paralytique
et la mort qui n’arrive souvent qu’aprés de longues années.
(1) Depierris. Physiologie sociale . Le tabac, pp. 174 et 175.
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— 245 —
\
Cette maladie a sévi en Lombardie, en Espagne, en
France (dans la Champagne).
Jusqu’ici on ne connaît pas la cause intime de la pellagre,
qui crée en notre espèce une dégradation qu’ignoraient nos
ancêtres. On a cependant observé deux faits aujourd’hui
incontestables :
1° Que la pellagre, dans les populations où elle sévit,
débute par leruption écailleuse de la peau ;
2° Que dans les maisons d’aliénés, les fous deviennent
pellagreux ; c’est-à-dire que tantôt la folie devance la pel¬
lagre, et tantôt la pellagre devance la folie.
Et comme on ne peut plus douter aujourd’hui que c’est
l’abus du tabac qui jette dans les misères de la folie tant de
malheureuses créatures* c’est aussi le tabac qui engendre
parmi nous cette lèpre moderne qu’on appelle la pellagre. Si
nous sommes, dit M. le docteur Depierris, si affirmatif dans
notre opinion suc la cause de la pellagre, c’est que dans notre
pratique médicale, nous avons eu l’occasion bien des fois de
l'observer sur des marins, grands consommateurs de tabac.
Mais assez sur une maladie qui n’a pas fait encore irrup¬
tion dans notre pays, que nous sachions du moins, mais
comme on fait en Belgique le plus déplorable abus du tabac,
il est prudent que l’on soit sur ses gardes.
Si le tabac est réellement la cause principale de cette hor¬
rible maladie, c’est une affection nouvelle à ajouter à toutes
celles qu’il sait si bien produire. M. le docteur hollandais
Van Hasselt a publié un excellent traité de toxicologie
dans lequel il énuméré plus de vingt maladies différentes
causées par le tabac; il a soin du reste de citer à l’appui les
noms d’un grand nombre de médecins qui les ont observées.
Nous le savons, il y a des médecins qui s’amusent à
nier et atténuer les faits ; ils feraient beaucoup mieux d’étu¬
dier la question que de la trancher sans examen préalable.
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— 246 —
Ah ! pourquoi une enquête sérieuse n’est-elle pas ordonnée,
sur cette grande question du tabac ?
Non seulement les faits connus seraient amplement
confirmés, mais ils formeraient avec les idées nouvelles un
des tableaux les plus tristes et les plus effrayants!... Mais
on ne manquera pas de nous objecter que la moyenne de la
vie humaine s’est élevée,chez presque tous les pays civilisés,
par des causes multiples, ce qui n’empoche pas le tabac
d’avoir contribué pour sa part à la mortalité ; et puis peut-on
nier qu’il empoisonne l’existence de beaucoup d’individus en
les frappant d’une foule d’infirmités trop réelles ?
Et il est, a priori, de toute impossibilité que des organis¬
mes qui absorbent tous les jours des quantités de nicotine,
n’en soient pas morbidement impressionnés.
Nous reconnaissons néanmoins qu’il existe ùne immunité
relative pour bon nombre d’individus ; et voilà pourquoi le
fumeur, qui jouit momentanément de cet avantage, ne peut
croire qu’il en est de même de tous ses coreligionnaires.
D’aucuns soutiennent que la violence du tabac s’émousse
par l’habitude, c’est vrai pour beaucoup, c’est faux pour un
plus grand nombre encore. S’il y a une habitude qui préserve
il y a aussi par contre une habitude qui nuit et qui tue, et
c’est là le grand danger pour les fumeurs, chiqueurs et pri-
seurs de profession ; l’habitude devient tyrannique et c’est
alors que le poison fait ses plus grands ravages.
(A continuer.) Em. Seütin, Ph n , et D r L. Seutin.
DES TROUBLES DE LA PAROLE
et de leur traitement homœopathique,
par le D* Wossa. — Traduction du D*“ Chevalier, de Charleroi.
. Hahnemann a un mérite qui jusqu’à ce jour n’a pas été
assez apprécié, c’est que d’un côté il a étudié et annoté les
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différents états physiologiques et pathologiques du cerveau
et de ses fonctions et les a réunis dans un cadre symptoma¬
tologique exact, et que d’un autre côté, par ses expériences
physiologiques des médicaments, il a vérifié ceux qui,par leur
action, répondaient à ces différents symptômes.
C’est de cette façon que les changements et les troubles
provoqués dans l’émission de la parole par certaines maladies
comme par certains remèdes, ne lui ont pas échappé et que
l’on trouve dans l’homœopathie des indications précieuses
pour cette classe si difficile de maladies sur lesquelles les
physiologistes, les pathologistes, les psychologistes et les
linguistes ont attiré tout récemment l’attention du corps
médical.
Déjà en 1854,Rückert, dans le 1 er tome de son volumineux
Répertoire , a publié un chapitre court mais très intéressant
sur les troubles de la parole . Dans sa préface p. 67, il dit :
« d’après les phrénologues, la parole qui, comme l’àme, a le
pouvoir de faire comprendre aux autres ses sentiments et ses
pensées au moyen de mots, a son siège dans un point spécial
du cerveau et son instrument qui est la langue : de façon que
la faculté de parier peut cesser par suite de la paralysie de
cet organe, sans que pour cela le cerveau soit lésé, et vice-
versa. Plus souvent cependant il arrive que le cerveau et la
langue sont atteints simultanément et il est parfois difficile de
savoir lequel de ces deux organes a été le premier atteint ».
Plus on s’éloigne du rivage, dit le proverbe, plus la mer
est profonde ; plus on cherche à pénétrer ce mystère de la
parole, plus les chemins sont tortueux. Il faudrait d’abord
être fixé sur la cause première de la parole chez l’homme en
général, puis sur la formation et le développement de celle-ci
chez chacun. Il conviendrait ensuite de rechercher comment
les sensations de l’ouïe et de la vue s’établissent et comment
elles se transforment en sons et ceux-ci en paroles ; il fau-
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drait enfin expliquer comment ces paroles prennent une forme
articulée, grammaticale et logique.
Quelques dates nous aideront dans cette étude : le phré-
nologueGall a eu le premier l’idée de localiser la parole dans un
point spécial et limité du cerveau. Il sépara l’idéation des
mots de celle des paroles et en plaça le siège dans le lobe
frontal du cerveau , derrière et au-dessus de Vorbite.
L’idéation des mots, d’après Gall, consiste dans une mémoire
spéciale des mots et ne dépend nullement de l’intelligence.
Déjà sur les bancs de l’école, il avait remarqué chez ses
condisciples une grande différence à ce sujet : la mémoire et
la facilité d’apprendre par cœur coïncidaient avec de grands
yeux (yeux de bœuf) ; les yeux petits et se dirigeant vers la
terre caractérisaient au contraire une grande facilité d’ élo¬
cution .
Dax, un médecin français, remarqua que les troubles de la
parole coïncident avec les lésions du lobe frontal gauche. Il
avait constaté dans un grand nombre de cas d 'hémiplégie
avec troubles de la parole , la paralysie du corps a droite
et la lésion cérébrale à gauche .
En 1861, Broca a trouvé le point anatomo-pathologique
de l’aphasie : l’intégrité de la 3 e , peut-être aussi de la 2 e cir¬
convolution gauche est essentiellement nécessaire pour
l’articulation de la parole (centre d’élocution de Broca).
Un médecin américain, sur 260 cas d’hémiplégie avec
aphasie , constata 243 fois que la lésion cérébrale était à
gauche et 17 fois seulement à droite , donc une proportion de
243 : 17 ou de 14,3 : 1. Les lésions de l’hémisphère gauche
accompagnées d’aphasie consistaient surtout en ramollisse¬
ments produits par embolie ou trombose de l’artère de la fosse
de Sylvius ; les épanchements sanguins, les abcès, tout gon¬
flement quelconque de cette partie du cerveau donnaient le
même résultat. Il n’est pas douteux que les affections cardia-
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ques jouent un grand rôle dans les lésions par embolie.
Un cas qui se présente rarement, c’est une lésion de la
3* circonvolution gauche n'amenant pas d'aphasie . On
peut l’expliquer par la loi des compensations, c’est-à-dire
que dans ce cas l’hémisphère droit, qui est sain, entre en
action pour remplacer l’autre.
Pour démontrer la localisation de l’élocution dans l’hémi¬
sphère gauche, Broca a rattaché ce fait à ce que la plupart
des gens sont droitiers. Chez eux, l'hémisphère cérébral
gauche est plus cultivé (il devrait même précéder le dévelop¬
pement de l’hémisphère droit) et surtout exercé chez ceux
qui font des travaux de mains.
Si cette partie du cerveau vient à être lésée, la partie
droite peut la suppléer et la personne devient gauchère pour
ce qui concerne l’élocution. L’autopsie d’une femme de
47 ans, épileptique depuis son enfance, démontra l’absence
complète de la circonvolution cérébrale gauche qui entoure
la fosse de Sylvius; malgré cette anomalie la femme avait
appris à lire et à écrire, elle savait aussi coudre, mais de la
main gauche.
La localisation de la parole, selon Broca, est-elle d’une
grande utilité? Il n’existe pas dans le cerveau de centre ou
de siège de la parole, pas plus qu’il n’existe de siège de l’âme
dans un centre quelconque.
L’organe central de la parole consiste plutôt en un grand
nombre d’appareils ganglionnaires distincts, reliés entre eux
par d’innombrables liens, qui remplissent une série de fonc¬
tions immatérielles, sensorielles et motrices, dont la résul¬
tante constitue seulement alors la parole. On peut même se
demander si ces appareils ne servent qu’à la parole.
Doit-on aussi considérer le cerveau (la substance cérébrale)
comme le siège de l’intelligence ? La parole est un miroir
fidèle de l’esprit, et tous les troubles survenant dans l’état de
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l'esprit (et T anatomie aurait de la peine à les localiser dans
le cerveau) auront leur retentissement sur la parole. De là
quelle source considérable de désordres dans la parole! Tantôt
un malade perd la mémoire des mots et des intonations de
façon qu'il ne trouve pas les mots pour exprimer ses pensées
(aphasie amnétique), tantôt il n’est pas en état de donner aux
mots leur réelle signification, il se méprend, il dit des choses
contraires et parfois incompréhensibles. Il commet des fautes
contre les règles de grammaire, de syntaxe, contre la struc¬
ture des phrases.
Une autre série de troubles de la parole dépend du défaut
d’articulation des sons. C’est toute une affaire que la compo¬
sition des mots, l’arrangement des lettres pour une articula¬
tion sonore ; pour cela il faut une suite de contractions bien
ordonnées, bien harmonisées des organes de la poitrine, du
larynx, et d’autres organes externes qui produisent des sons
pour les voyelles et pour les consonnes.
L’étude plus approfondie des progrès de la physiologie et
des changements anatomiques du système nerveux dans les
cas de paralysie progressive du bulbe, de la dégénérescence
de la moelle allongée, de celle des cordons gris de la moelle
épinière, a démontré à levidence que l’articulation normale
et la prononciation des lettres dépendent de l’intégrité des
noyaux moteurs de la moelle allongée, surtout de ceux des
nerfs hypoglosse, vague, accessoire et facial. Si le processus
pathologique fait des progrès dans le cas de paralysie du
bulbe, s’il passe d’un système ganglionnaire à un autre, d’un
noyau à un autre ; l’articulation des sons devient de plus en
plus faible : l’une consonne après l’autre, l’une voyelle après
l’autre devient confuse, les mots simples sont de plus en plus
embrouillés, il en résulte un bredouillement qui finit par un
bégayement incompréhensible.
Et par la succession des faits, les muscles des organes qui
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servent à l’articulation, tels que ceux des lèvres, de la langue
et du palais se paralysent, et empêchent l’élocutionides mois
simples ou articulés. Dans tous ces cas l'intelligencepeut être
parfaitement intacte.
L’étude de la dissémination de Iêl sclérose dans des foyers
du cerveau et de la moelle, a démontré plusieurs faits intéres¬
sants et qui trouvent ici leur place.
Dans la forme cérébro-spinale, les troubles de la parole
(anomalies de l’articulation) ou du moins ceux de la voix ne
manquent jamais. Les paralysies du glosso-pharyngien les
compliquent fréquemment et donnent lieu à des tremblements,
puis enfin au bégayement. Quelquefois la voix n’est que
monotone, elle perd sa modulation, parfois elle est nasillarde.
L’élocution se fait lentement, malgré les efforts les plus
grands ; elle devient scandée , c’est-à-dire que les syllabes
sont séparées l’une de l’autre par des pauses.
Il faut cependant distinguer cette manière scandée, entre¬
coupée de parler, de celle due à la paralysie des aliénés.Ceux-
ci entremêlent sans ordre les syllabes et les lettres des mots,
ils diront par exemple au lieud ^palladium—padacUium ou
pladdalium, c’est ce qu’on pourrait appeler le bronchement
des syllabes. Le malade atteint de sclérose disséminée dira
Pal—la—di—um.
On n’a pas jusqu’ici séparé assez le bégayement àubalbu-
tiement et cependant cette différence a son poids.Le bégaye¬
ment se produit quand la contraction des muscles de la
phonation et leur action pour la prononciation des voyelles
et des consonnes sont empêchées ou arrêtées par une cause
quelconque. Cette cause dans le bégayement est la paralysie
bulbaire, comme aussi la sclérose centrale ; celle-ci peut
cependant être également périphérique, par exemple se trou¬
ver dans les nerfs moteurs de la langue; ou bien encore,
mais dans ce cas la cause est plutôt mécanique, dans un
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défaut de la mâchoire, de la langue, des dents ou du palais.
Le balbutiement , au contraire, se produit chaque fois que
la liaison des consonnes et des voyelles (la vocalisation des
consonnes) ne peut se faire par suite d’un état spasmodique
des muscles de la phonation. Le point de départ de cette con¬
traction est central, c’est une excitation qui agit sur les nerfs
des muscles de la phonation et qui parfois est très faible,
comme par exemple une fluxion dentaire, une certaine timi¬
dité d’esprit ; l’irritation produite par les vers se porte de la
périphérie au centre.
De même que la parole peut être modifiée par la maladie,
de même l’écriture peut l’être ; si, dans le premier cas il y a
paraphasie, dans le second l’écriture et la lecture sont trou¬
blées, et ainsi qu'on peut perdre la mémoire dun mot ,
on peut perdre celle d'un caractère d'écriture , dè sorte
qu’on est dans l'impossibilité d’écrire ou de lire ce qui est
écrit ou imprimé.
Les centres nerveux qui commandent à la parole et à
l’écriture sont probablement distincts, mais se trouvent dans
une relation étroite. On connaît la perte de la mémoire des
noms chez les personnes d’àge qui jouissent cependant encore
de toutes leurs facultés ; plus tard cela devient une vraie
infirmité (amnesia senilis), elles perdent la mémoire non seu¬
lement des noms des objets usuels, mais celle des choses
abstraites et même de faits tout récents.
{A continuer .) Traduction du D r Chevalier.
LA CATARACTE,
par le D r Màrtiny.
Nous croyons être utile en mettant sous les yeux de nos
lecteurs Tarticle suivant, qui résume un point de diagnostic
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opératoire très controversé, et nous nous empressons de dire
que si les règles de l'opportunité de l'opération sont telles
que les donne M. Trousseau, nous avons fréquemment eu
l'occasion de constater qu’on ne les observe pas toujours.
Ceci dit, voici l'article :
Cataracte.
A quel moment faut-il opérer ?
par M. le D*“ Trousseau, de la clinique nationale des Quinze-Vingt.
Telle est la question que peuvent se poser les praticiens éloignés des
grands centres ophtalmologiques, qui ont à conseiller un voyage long et
coûteux aux patients atteints de cette affection de l'œil ; n'arrive-t-il pas
encore que le médecin soit interrogé sur l'opportunité d'une opération ?
J'espère, par cette courte étude, éviter quelque embarras à mes con¬
frères non spécialistes ; je vais tâcher de fixer les points les plus inté¬
ressants et de répondre aux questions capitales.
Comment reconnaît-on la présence d'une cataracte ? — Quand l'affec¬
tion est ancienne, le diagnostic est des plus faciles ; le champ pupillaire
est occupé par le cristallin dont la couleur blanche, grisâtre ou jaunâtre
tranche sur le bleu ou le brun de l'iris.
Si la cataracte n'est pas encore complète ou si sa teinte n’est pas affir¬
mative,on aura recours à l'éclairage oblique, c’est-à-dire qu’à l'aide d’une
lentille tenue obliquement entre l’œil et un foyer de lumière, on concen¬
trera, sur la pupille, un faisceau lumineux qui rendra visible le trouble
du cristallin.
On emploiera encore le simple miroir ophtalmoscopique sans loupe et
on ne tardera pas à constater que l'opacification du cristallin empêche
d'éclairer le fond de l’œil dont la coloration rougeâtre n’apparaît plus.
La cataracte bien reconnue est-elle opérable ? — Règle générale, une
cataracte est opérable lorsque l’œil est sain (en dehors de la lésion du
cristallin) et lorsque la santé du patient est suffisamment bonne. Parmi
les circonstances propres à influencer la décision, il y a donc :
P Celles qui tiennent au globe oculaire ;
Celles qui dépendent du reste de l’organisme ;
3° Une opération de cataracte ne peut donner de résultat satisfaisant
qo autant que le fond de l'œil est bon. On interrogera le malade sur ses
antécédents oculaires, les affections locales qu'il a pu avoir, l'état de sa
vue avant l’apparition de la cataracte. Etait-il myope, hypermétrope?
Ainsi on pourra être mis Bur la trace d’une ancienne atropie papil-
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laire, d'une vieille choroïditc qui diminueraient singulièrement les effets
heureux de l'opération L'examen de l'autre œil, s'il n'est pas couvert,
peut rendre un grand service, car souvent les affections profondes sont
symétriques.Certaines cataractes sont symptomatiques de maladies telles
que le décollement de la rétine, le glaucome.
C'est alors que l'étude de la perception lumineuse est à recommander.
On projettera sur l'oeil un faisceau de lumière en priant le malade d’an¬
noncer rapidement l'apparition de la lueur ; cm promènera dans toute
l'étendue du champ visuel une bougie allumée.
Lorsque la perception sera imparfaite, trop localisée ou nulle, mieux
vaudra déconseiller l'opération.
On instillera avec avantage l'atropine pour vérifier si la pupille est
dilatable ; des synéchies trop considérables restreindraient les chances de
succès.
On fera le palper de l'œil pour rechercher la tension à l'aide de deux
doigts placés sur la partie la plus élevée de la paupière supérieure fer¬
mée. Un œil trop dur révélerait le présence d’un glaucome, un œil trop
mou, un décollement rétinien ou une liquéfaction dû corps vitré ; l'ab¬
stention serait donc indiquée.
On n'opérera pas en cas d’altération des annexes de l'œil : une blé¬
pharite, une conjonctivite chronique, un larmoiement,à plus forte raison
une dacryocyslite, rendraient indispensable un traitement préparatoire
pour éviter la suppuration de la plaie corséenne 'susceptible d’être
infectée par les microbes pathogènes de la conjonctive ou des voies
lacrymales.
2° Un examen attentif de l'état général des patients est indiqué. Il est
rare qu’à l’âge où le cristallin s'opacifie, l'ensemble de l’organisme soit
indemne de toute altération. Tel présentera les signes d'une artério¬
sclérose, tel autre sera un brightique, tel autre un diabétique confirmé.
Celui-ci aura de la bronchite et de l'emphysème, celui-là une affection du
cœur ou du foie.
Je ne crois pas que ces divers états pathologiques soient une contre-
indication formelle à l'opération, mais on devra les prendre en sérieuse
considération et ne tenter l'extraction qu'après avoir pris les précautions
nécessaire* pour éviter un accident irrémédiable. Une hémorrhagie grave
dans le corps vitré ou dans la chambre antérieure est-elle à craindre chez
un scléreux par exemple ? On pourra prévenir la complication par un
traitement médical préparatoire et par des préparations d'ergotine don¬
nées à l'intérieur ou en injections sous-cutanées quelques jours avant
l’opération.
Chez le bronchitique, on cherchera par la morphine et les opiacés à
calmer les quintes de toux qui provoqueraient l'issue du corps vitré ou
gênerait la coaptation du lambeau.
La cataracte diabétique peut-elle être opérée ?
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Sans hésiter, je réponds oui, mais à condition de prescrire un régime
rigoureux et de n’opérer que pendant un abaissement marqué de la quan¬
tité de sucre. Une saison préalable à Vichy peut être une garantie de
succès.
Chez les diabétiques, on ne peut le nier, on observe assez souvent des
complications post-opératoires : mais il faut proclamer hautement que,
grâce à l’antisepsie, elles sont de plus en plus rares. Le grand facteur
des désastres réside dans l'infection de la plaie. Si nous supprimons
cette cause par une antisepsie rigoureuse, les germes n’existant pas sur
les lèvres de la section, il nous importera peu que le milieu soit plus ou
moins favorable à leur développement. C'est là une grosse question sur
laquelle je regrette de ne pouvoir insister.
Je citerai pourtant une statistique :
J'ai tenu un compte précis de vingt opérations que j’ai fàite* sur des
diabétiques. J’ai eu 17 succès, 1 hernie de l’iris qu’on ne peut attribuer
à la diathèse et 2 iritU dont une suppurative; en somme pas un œil
perdu puisque, dans ces deux derniers cas, j’ai plus tard pratiqué
2 iridectomies dont une a donné un brillant résultat et l’autre uu résultat
médiocre.
Doit-on opérer avant la maturité de la cataracte ? — Autant que
possible, on attendra que la cataracte soit bien mûre, c’est-à-dire que le
champ pupillaire ne laisse plus passer de rayons lumineux ; qu’on ne
paisse plus, avec le miroir, éclairer le fond de l’œil et que le malade en
distingue plus que le jour et la nuit.
L’opération faite à la période de maturité offre bien plus de chances de
succès. En effet, il est plus aisé d’enlever les masses corticales qui ont
ose à grande tendance à former des cataractes secondaires.
Si le sujet ne peut voir a*sez pour gagner sa vie, on est autorisé à
devancer l’heure de l’opération ; il est alors très avantageux de faire pré¬
céder l’extraction d’une iridectomie faite un mois ou deux avant la ten¬
tative finale.
L’iridectomie favorise la maturation,rend plus aisée l’issue des masses,
assure un meilleur nettoyage de l’œil.
Doit-O7i opérer un œil quand l'autre est sam ? — L'opération ne doit
«tre tenféeque si l’œil opposé est déjà atteint de la cataracte ; en effet,
après l’extraction, l’œil opéré est devenu hypermétrope de 10 à 12 diop¬
tries et a besoin pour voir, d’un fort convexe. Le malade préférera tou¬
jours se servir de l’œil normal et par suite,ne verra toujours que d'un œil.
On ne peut déroger à cette règle, que quand le patient insiste lui-même
pour être opéré ; on se trouve dans certaines conditions qui rendent difficile
an nouveau déplacement.
Doit-on opérer les deux, yeux en même temps ? — Non, car des
conditions défavorables peuvent agir sur les deux organes au même
fcoment, conditions qui peuvent, pour l’un des yeux, ne plus exister plus
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tard. Si un échec survient lor« de la première opération, le second œil
reste comme une précieuse ressource.
En résumé : On doit opérer quand l'œil et ses annexes sont sains,
quand le sujet est bien portant, quand la cataracte est mûre, quand les
deux yeux sont atteints et quand on est sûr de l’antisepsie. — On
n’opèrera qu’un œil à la fois. {Revue gén. de Clin, et de T/térap.)
Le bon vouloir, l’inspirateur du moment (?), les exigences
du médecin et du malade font souvent mettre ces règles à
l’arrière-plan.N’est-ce pas l’avis de nos confrères ?
D r Martiny.
BIBLIOGRAPHIE.
DESCRIPTION ET EMPLOI THÉRAPEUTIQUE DES
DOUZE MÉDICAMENTS BIOCHIMIQUES DU DOCTEUR
SCHÜSSLER. — Par F. J. Orth, professeur.Toulouse 1889.
M. Orth, directeur du Journal populaire de médecine
homœopathique, vient de faire paraître en un petit volume la
description et l’emploi thérapeutique des médicaments du D r
Schüssler.
Ces remèdes sont très connus des lecteurs de la Revue ho¬
mœopathique belge qui en a donné à plusieurs reprises déjà
les indications. Le livre de M. Orth résume très bien les
indications de ces remèdes dans la plupart des maladies.
D Martiny.
SOMMAIRE.
LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny. . 225
Le tabac (Suite), par MM. Em. Sedtin, Ph. et le D r Léon
Seutin, de Bruxelles.239
Des troubles de la parole et de leur traitement homceo-
pathique. Traduction du D r Chevalier, deCharleroi. 246
La cataracte, par le D r Martiny.252
Bibliographie.256
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REVUE HOMŒO PATHIQUE BELGE
15 e Année. DÉCEMBRE 1888. N° 9.
LES ANTITHERMIQUES,
par le D r Martiny . **
Revenons encore une fois sur ce sujet et examinons si les
moyens que la thérapeutique allopathique met h la disposition
du médecin pour abaisser la température des malades sont
utiles ou nuisibles. Nous nous sommes déjà prononcé à ce
sujet (1) depuis longtemps : « En voulant refroidir le malade
n empêchons-nous pas,disait le l) r Peter,une réaction utile de
la maladie?» Cette haute température n’est-elle pas nécessaire
pour que l’organisme lutte avantageusement contre l'infec¬
tion de l’économie ? C’était le crï du bon sens, mais les sa¬
vants n''écoutèrent pas cette voix, ils instituèrent des expé-
riencesplus ou moins séduisantes dans lesquelles les microbes
étaient soumis pendant un temps plu* ou moins long à des
températures fébriles élevées, et les microbes ne s’en portaient
pas plus mal ; dés lors la cause des antithermiques était
triomphante; « à quoi bon, disait-on, laisser subsister une tem¬
pérature élevée chez-les malades, puisque cette température
reste, d’après nos expériences (sous le microscope bien enten¬
du), sans influence sur les microbes ; or, cette température,
personne ne le conteste,aflaiblit rapidement les malades; nous
avons des moyens héroïques qui font rapidement tomber cette
température au niveau do la normale, employons-les donc et
nous évitons ainsi une grande cause d’épuisement pour l’or¬
ganisme ï; et de nouveau ce fut le bon temps pour les bains
(1) Voir Revue homœopathiçue belge. Février 1889 et avril 1888.
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froids, pour le sulfate de quinine, l'antipyrine, l’antifébrine,
la phénacétine ; la clinique s'était pourtant prononcée de
son côté, les antithermiques ne donnaient pas de résultats
favorables, les malades mouraient comme auparavant, plus
qu’auparavant disaient les statistiques ; — peu importe, le
microscope, les cultures, microbiennes les expériences de
laboratoire disaient oui, la clinique disait non,et jusque main¬
tenant ce furent néanmoins les expériences de laboratoire
qui dictèrent aux médecins allopathes leur ligne de conduite.
On prescrivit des antithermiques à presque tous les fébrici¬
tants : les malades mouraient plus fréquemment qu’aupar-
avant, peu importe, ils mouraient avec la température abais¬
sée : ils mouraient selon les règles de l’art ; il n’y a pas
encore trois mois que nous nous entendions reprocher par
un de nos confrères de ne pas vouloir employer les antither¬
miques: « On peut être homœopathe, nous disait-on, mais il
faut pourtant user d’un moyen qui est un vrai progrès». —
Singulier progrès en réalité que l’expérience au lit des
malades ne confirmait nullement. Et puis, voyez comme la
thérapeutique était simplifiée : il suffisait d’appliquer le ther¬
momètre et quand il s’élevait au-dessus de la moyenne on
administrait les merveilleux antithermiques ; telle était la
loi et les prophètes de la thérapeutique — et les malades
mouraient toujours, mais ils pouvaient mourir contents, les
ingrats. ils mouraient sans fièvre.
Aujourd’hui que de nombreuses victimes de l’antithermie
reposent en paix,voici venir la réaction,la réaction salutaire
du bon sens, et les microscopistes eux-mêmes ont trouvé une
explication nouvelle; ils prouvent que si la chaleur n’est pas
nuisible aux microbes,elle favorise le travail «des phagocytes»
dont le rôle est de manger et de digérer, par conséquent
de détruire, les produits pathogènes, les microbes et autres
corps étrangers & l’organisme : or les phagocytes se trouvent
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bien d’une grande chaleur, plus ils ont chaud mieux ils tra¬
vaillent, mieux et plus ils digèrent ; dès lors il ne faut pas
abaisser la température des malades !
Mais citons plutôt en entier le travail qui nous a inspiré
les réflexions qui précèdent et que nous trouvons da ns F Union
médicale y du 11 décembre :
L’antipyrèse dans les maladies infectieuses.
La question de l’antipyrèse dans les maladies infectieuses est une des
plus importantes qui puissent so poser actuellement en thérapeutique
générale; nous n'avons pas l'intention de la traiter complètement et vou¬
lons seulement présenter quelques considérations sur l’état actuoi de la
question en exposant les idées que vient de développer avec talent le
professeur Richard Pott (de Halle-sur-Saale).
Ainsi qu'il le fait d'abord remarquer, le traitement de la fièvre parut
longtemps une chose fort simple. La température étant regardée comme
donnant la mesure de l'altér.ition du sang, tous les symptômes secondaires
de la fièvre : modifications des échanges organiques, troubles de la circu¬
lation et de la respiration, symptômes nerveux, furent rattachés à l'hy-
perthermie. En fait, le trouble des centres régulateurs de la chaleur était
regardé comme la cause primitive essentielle de tous les symptômes
fébriles.
C'est seulement dans ces dix dernières années que l'on s'est convaincu
qu’il fallait, dans la fièvre des maladies infectieuses, admettre une cause
commune à l'hy per thermie et aux troubles divers qui l'accompagnent. Il
est reconnu actuellement par tous que ces maladies sont occasionnées par
la présence, dans le corps humain, de micro-organismes qui troublent le
cours normal des échanges nutritifs. Quand l’infection se produit, l’orga¬
nisme réagit contre elle par les centres caloriques, qui entrent aussitôt en
action quand il se produit une influence nocive quelconque. Le trouble de
la régulation de la chaleur est donc le premier et le plus sûr des signes de
toute fièvre infectieuse.
Il taut faire remarquer immédiatement que l’action de la cause varie
selon l'organisme atteint, et que, pour la même maladie infectieuse, deux
malades pourront présenter des élévations de température très différentes.
C’est ainsi que, tandis que, chez, des enfants, le thermomètre montera à
an degré élevé, il s'élèvera peu ou même restera à la normale chez le
vieillard et le cachectique. La marche de la fièvre est encore très varia-
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ble, selon l'espèce de la maladie infectieuse, cyclique ou non, et il nous
suffira d'indiquer ce fait.
L'augmentation, ou plutôt la mesure de la température, est le seul
symptôme qui nous permette, dans les maladies infectieuses, d'établir
avec une approximation grossière la gravité de l’infection.
Au Congres de Wiesbaden de 1885, Liebermeister avait posé les con¬
clusions suivantes devenues célèbres :
1° Dans un grand nombre des cas de maladies fébriles, l'élévation de
la température constitue un danger.
2° Dans ces cas, le médecin doit combattre l'hyperthcrmie.
Ces conclusions furent alors acceptées sms opposition.
Cependant, dans ces dernières années, il se produisit un certain nom¬
bre de faits tendant à faire rejeter ces propositions qui paraissaient d'abord
si bien établies.
Les adversaires les plus absolus de toute antipyrèse sont Unverricht (1)
. et Naunyn <2).
On a d'abord insisté sur ce point que. expérimentalement, on n'avait
pas encore fourni la preuve de la nécessité qu'il y avait à éviter réchauffe¬
ment du sang. D’après les expériences de Naunyn, le surchauffement du
corps paraît d'une importance absolument secondaire pour la santé
générale. Des lapins enfermés dans des chambres chaudes purent être
conservés int »cts pendant des semaines avec une température moyenne
de 4R5. Ils purent même supporter des élévations au-dessus de 42° et 43°.
Dans ce cas, la température doit être atteinte graduellement et il faut
donner de l'eau en abondance. Dès que la température atteint 44 à 45°,
et souvent plus tôt, les animaux succombent. La mort surviendrait alors
par rigidité du cœur et des muscles fCl. Bernard).
Des hommes même (3) ont pu supporter de hautes élévations passa¬
gères sans troubles essentiels.
Quand la température du milieu extérieur atteint un certain degré,
celle du sang s'élève, l'appareil de régulation ne pouvant plus remplir
son service. La quantité de vapeur d'eau que contient l'air ambiant a une
grande importance. L'évaporation, qui est un facteur capital de la régu-
(1; Ueber Ficber (Deutsche mcd. Woch. 1883). — Fortsch. d. Med. 1883,
p. 448. — Ueber moderne Fieberbehandlung . — Corr. Bl. ail. artzl.
Vercins v. Thuringeu , 1888. 8.
(2) Arch. f. expr. Pa?h„ Bd. 18, p. 49.— Menschen, Mang, D. HaUe, 1885.
(3) Simakowski : Zeitschr. fur Berl , XXI, p. 1. — Koch, ibid. p. 447.
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— 261 —
ation, est forte ou aible, suivant l'état hygrométrique de l'atmosphère.
C'est ainsi que, comme Weber l'a montré chez des néphrétiques, la
chaleur du corps s’élève, dans un bain,à 37°5. L’évaporation de la sueur
manquant, le sang s'échauffe fatalement. Le vêtement qui recouvre la
la peau est encore un facteur très important. La température s'élève
rapidement quand un homme est placé dans une chambre où il y a un
air très chaud et très humide. Souvent alors apparaît la dyspnée de
chaleur. Contrairement à Hartwich, Naunn ne croit pas que, dans ces
cas, les centres d'innervation du cœur et des vaisseaux soient influencés*
La destruction de l'albumine augmente peu.
Cependant, si intéressantes que soient les expériences de Naunn»
elles ne démontrent pas complètement l'innocuité de l'élévation de la
température dans les maladies infectieuses (1).
En effet, le fébricitant se trouve dans des conditions tout autres que
celles d'un sujet sain dont la température est élevée artificiellement Tous
les appareils de régulation de ce dernier étant intacts, il n'est pas
ctonnant qu'il puisse lutter. Les parties externes sont souvent plus
chaudes que l'intérieur du corps ; le pouls et la respiration ne sont pas
accélérés chez les animaux lentement surchauffés. Le fébricitant ne se
trouve pas en ► i favorable position. Chez lui, non seulement la tempé¬
rature s'élève, mais la régulation de la chaleur est troublée par l'infec¬
tion causale ; de plus, enfin, les parties périphériques sont souvent plus
fraîches que les centrales.
Mais Naunn a fourni d'autres arguments plus cliniques eh faveur de
l’innocuité de l’élévation de température. La mortalité de chaque maladie
infectieuse ne correspond pas toujours à la hauteur de la température.
Quand même dans les typhus exanthématique et abdominal, quand
même dans la pneumonie, la hauteur de la température donnerait la
mesure de la gravité de l'affection et de la grandeur du danger, il y a,
dans- la fièvre récurrente, des jours où le patient ne court pas plus de
risques et, où le thermomètre monte à 40 et 42°. D'autre part, dans la
fièvre typhoïde, la mort survient souvent avec des phénomènes cérébraux
très menaçants, bien que la température soit basse ; tandis que, dans
d’autres cas à températures élevées, le sensorium reste libre et la
maladie se termine favorablement. De même la pneumonie, habituelle¬
ment si fébrile, évolue chez les vieillards et les cachectiques en élevant
(1) Voir Hoffmann : Vorler . ueber allgemeine Thrrapic, 1885, p. 441.
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— 262 —
en général très peu la température ; néanmoins, dans ces cas, le pro¬
nostic est presque absolument défavorable.
Enfin, dans certaines fièvres typhoïdes, chacun sait que parfois les
malades supportent des températures de 40-41° pendant des semaines
sans que, pour cela,la mort soit fatale.
Après avoir affirmé l'innocuité de la température fébrile, les adver¬
saires de l'antipyrèse font un pas de plus. Ils disent : l'évolution de la
température dans les maladies infectieuses n'est pas seulement sans dan¬
ger, mais elle est une réaction nécessaire, directement curative de l'orga¬
nisme contre les microbes qui l'ont envahi. Voici donc l'ancienne, la
vieille notion de l'utilité de la fièvre, de son action curative, purifiante,
qui reprendrait du crédit.
On doit être frappé de la régularité avec laquelle l'organisme réagit
lors de la pénétration de micro-organismes pathogènes par l'élévation de
la température du sang. Il faut presque, dit R. Pott, reconnaître dans
ce fait inexpliqué une loi de la nature.
Récemment, V. Hosslin (1) et Fiukler (2) ont développé les raisons
qui donnent à penser que la fièvre est un « appareil utile de la nature »,
une arme de l'organisme contre lesferments et les micro-organismes qui
l'infectent. Une forme de réaction si largement répandue, paraissant
commune à tous les animaux à sang chaud, comme Zuntz (3) le remar¬
que, ne se comprendrait pas si elle ne s'était pas montrée utile pour l'or¬
ganisme dans la lutte pour l'existence. Mais, poursuit Zuntz, si le
parasite, cause de la maladie fébrile, sort vainqueur de cette lutte, ce
qui est souvent le cas, on doit penser que l'organisme étranger a pris le
dessus, éveillant chez l’individu atteint les réactions qui sont néces¬
saires à son développement. Ainsi, dans toute maladie infectieuse, on
doit chercher d’abord si la fièvre est une réaction curative de l'organisme,
ou si, inversement, elle favorise le développement des parasites infec¬
tieux.
Il est certain que la virulence des nombreux micro-organismes est,sinon
annihilée, au moins affaiblie notablement par de hautes températures.
Mais les températures actives ou bien sont plus hautes que celles que
l'on observe dans les maladies infectieuses, ou bien doivent agir pendant
des semaines. Ainsi, par exemple, la virulence des bacilles du charbon
(1) Vire hoir s Arch ., 1888, p, 95.
(2) Pflugcrs Arch., Bd. 29, p. 98.
(3) F&rtsch. d. Med,, 81, p. 217.
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ne s affaiblit qu'après environ trente jours d'une température constante de
40° C. (Pasteur, Koch, Chauveau). Les pneumocoques de Friedlandler,
maintenus pendant sept jours à une température de 38 5 à 41°5, con¬
servent leurs propriétés nuisibles. Les spirochètes de la fièvre récurrente
c ontinuent encore leurs mouvements à des températures (60° d'après Lit-
ten, — 41°, d'après Kofsky) qui dépassent de beaucoup les plus hautes
chaleurs fébriles. Les bacilles tuberculeux eux-mêmes, qui sont très sen- v
sibles à la température, supportent la fièvre la plus accentuée, bien que,
d après Koch, leur développement soit entravé par une température de
42* continuée pendant trois semaiues. Les poules, dont la chaleur nor¬
male est 42°, sont très exposées à la tuberculose.
11 résulterait de cet exposé que, pour la plupart des micro-organismes
pathogènes, la meilleure température, c’est-à-dire celle à laquelle ils se
développent et s'accroissent le mieux, se trouve exactement dans les limi¬
tes delà température du sang augmenté par la fièvre. Les faits existants
plaident donc contre l'opinion que la chaleur du sang, même élevée,puisse
annihiler ou au moins atténuer les produits pathogènes.
Beaucoup plus plausible, quoique encore un peu hypothétique, paraît
l'explication que Metschnikoff (l)a donnée, en s'appuyant sur ses obser¬
vations, sur l'action des phagocytes. Il appelle ainsi toutes les cellules
amyboïdes du tissu conjonctif et du sang à qui échoit un rôle actif dans
tous les processus inflammatoires et dans toutes les maladies fébriles.
Getauteur admet, comme un fait certain, qu'il se produit dans les cel¬
lules amyboïdes une espèce de digestion des produits pathogènes et
autres corps étrangers qui seraient mangés. Les cellules amyboïdes sont
très sensibles vis-à-vis des températures. « Il y a une lésion intime entre
leur activité et les variations du thermomètre. Les globules blancs du
sang chauffés à 45-46° sont rendus plus actifs, d'où il résulte que des
températures fébriles doivent exagérer l'activité des phagocytes.
« La même chose est démontrée par l’immigration de ces cellules, lors
des maladies fébriles, dans les muscles et dans les cerveau où sont man¬
gées les parties affaiblies. En outre, il est démonté que, dans beaucoup
de ces maladies, il y a augmentation de la quantité des cellules qui
reuferment des globules rouges du sang. Tout cela conduit à penser que
les températures fébriles.dans les maladies infectieuses,facilitent la lutte
des phagocytes contre les parasites pathogènes». La chaleur fébrile ne
(1) ForUchritte d. Med ., 1884.
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— 264 —
tuerait donc pas lçs bactéries directement, mais l'élévation de la tem¬
pérature exercerait une action indirecte dirigée Sur l'activité des phago¬
cytes.
En transportant les idées de MetschnikofF dans la pratique,il en résulte
ceci : comme pendant la fièvre l'activité des phagocytes est augmentée et
ceux-ci ont une action curative dans la lutte contre les produits pa¬
thogènes, la suppression de l'état fébrile doit être considérée comme une
erreur thérapeutique grave.
Le rôle phagocytaire a été étendu par MetschnikofF aux cellules géan¬
tes des tubercules. Cette opinion a été combattue par Weigert(l), qui
regarde les phénomènes comme pouvant être interprétés dans le seus
d'une dégénérescence du protoplasma entourant les bacilles; il admet de
plus que la dégénérescence des bacilles, quand elle est certaine, n'a lieu
que sur des bacilles morts sous l’action de facteurs étrangers aux cellules.
Nous croyons devoir renvoyer ceux que cette question intéresse à la ré¬
ponse de Metschnikofi, parue dans les Annales de l'Institut Pasteur
(25 novembre 1888).
Quel que soit le résultat de cette dernière discussion, il convient de se
demander comment ce qui était autrefois considéré comme dangereux, à
savoir les hautes températures, est devenu non seulement innocent,mais
curatif. C'est dans nos connaissances récentes sur l’étiologie des fièvres,
qu'il faut chercher l'explication de cette contradiction.
La fièvre est sans conteste la suite de l'infection. Mais cette infection
est causée par l'action spécifique de micro-organismes bien déterminés.
Il ne reste qu'à établir leur mode d'action.Ou bien les micro-organismes
pathogènes sont directement excitateurs de la maladie et de la fièvre, ou
bien il faut accorder une certaine importance à leurs propriétés chimi¬
ques. Il est de plus vraisemblable qu'ils agissent comme ferments.
Mais on doit, dit Pott, encore invoquer une autre cause. Le motif prin¬
cipal pour modifier nos opinions sur les dangers de la température fébrile
réside, si paradoxal que cela puisse paraître, dans l'action prompte et
sûre de nos médicaments antipyrétiques modernes. Pott regarde, en effet,
et nous faisons sur ce point toutes nos réserves, l'antipyrine, l'antifé-
brine, la phénacétine, comme pouvant donner des résultats qui n'ont
jamais été obtenus avec les bains froids.
Cependant ces résultats se bornent à abaisser à la normale la tempé-
(1) Fortschritte d. Mcd. t n° 21, 1 e ** novembre 1888.
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rature fébrile et à la maintenir presque conslarrment dans, la limite
physiologique. On a ainsi obtenu le triomphe de ne pas voir se déve-
opperle deuxième accès de fièvre dans la récurrente. Serait-ce là l’idéal
de l'antipyrèse ? t
Malheureusement, des phénomènes toxiques peuvent survenir après
l'administration de ces médicaments et prendre parfois un caractère
menaçant. Ils sont trop connus pour que nous y insistions.
Si ces accidents, ce qui n’est pas, pouvaient être évités en surveillant
et en dôsant le médicament, l’action de ce dernier devrait-elle être
recherchée ? Eh bien, non î
En effet, en écartant les températures fébriles, on n'attaque en aucune
façon la maladie elle-même qui continue à évoluer. Cet abaissement de
température est si inutile, qu’Alexander (1) a constaté que le nombre des
spirochètes augmentait dans la récurrente, après l'abaissement de la
température avec l’antipyrine. En fait, les nouveaux antipyrétiques ne
sont nullemônt des spécifiques et ne s'adressent qu’à des symptômes de
la maladie.
Nous l’avons dit ici même et ailleurs (2), et nous croyons devoir le
répéter: il n'y a qu'une seule médication qui réponde à la fois et à l'élé¬
vation de la température et aux autres symptômes graves des maladies
infectieuses, c'est l’eau froide appliquée selon la méthode de Brand.
L'école de Lyon, en tête de laquelle on doit placer Glénard, Tripier et
Bouvcret, a montré tout le parti que l’on pourrait tirer de l’emploi judi¬
cieux des bains dans le typhus abdominal ; nous sommes h eureux de
voir l'Ecole de Paris, représentée par ses plus jeunes membres (3), se
préparer à marcher sur ses traees.
Paul Chéron.
On le voit, si Ton semble abandonner les antithermiques
médicamenteux, on conserve encore l’eau froide : nous ne
croyons pas être grand prophète en prédisant que nous ne
sommes plus éloignés de l’époque où l’eau froide elle-même
sera abandonnée ; car comment admettre qu’il puisse être
salutaire de plonger plusieurs fois par jour un typhoïde
(1) Brest. Zeitschr 1884, n° 11.
(2) I nion médicale , 1888- Gazette des hôpitaux , 1888, n 0s 60 et 66.
(3; Juhel-Renoy, Richard, Du Cazal, Josias.
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dans une baignoire d’eau froide? Et du reste l’expérience au
lit du malade est loin de confirmer les beaux succès que
es prôneurs de la méthode de l'eau froide lui attribuent.
D r Màrtiny.
Le tabac (1),
par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D' L. Seutiw, à Bruxelles.
Maintenant, est-il possible de fixer la dose prudente au-
dessous des doses évidemment toxiques ? Nous ne le pensons
pas, c'est là une question d’individualité. Tel fumeur pourra
impunément fumer plusieurs pipes ou cigares par jour, tan¬
dis que son voisin s’intoxiquera avec la meme dose ; il est
toutefois évident que c’est surtout chez les grands fumeurs
que l’on constate les accidents les plus sérieux et les plus fré¬
quents. En principe, l’abus du tabac commence le jour où l’on
fume pour la première fois, et ce serait perdre son temps que
de vouloir déterminer pour chacun avec précision où finit
l’usage prudent de cette substance (2).
Si Ton demande maintenant, pour tous ceux qui usent du
tabac d’une manière quelconque, combien il en est qui ne
ressentent aucun effet fâcheux de cet agent toxique, il sera
bien difficile de répondre; toutefois, nous croyons être encore
au-dessous de la vérité, en soutenant que la moitié au moins
doit être atteinte plus ou moins gravement par le poison du
tabac. On a contesté les effets désastreux du tabac sur l’in¬
telligence, et l’on a parlé des écrivains, des hommes
célèbres qui fument beaucoup et impunément, mais on a eu
soin d’oublier dans cette nomenclature tous ceux qui en
avaient souffert.
(1) Suite. Voir volume courant, pp. 09, 100, 129,161,204 et 239.
(2) imbert-Gourbeyre. Leçons sur le tabac , p. 54.
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Il y a des médecins qui ont prétendu que sous l’influence
de la fumée du tabac, le travail est plus facile et l’esprit plus
lucide. C’e^d l’opinion, entre autres, du savant D r Becquerel,
mais cette étrange manière de voir est contredite par la
grande généralité de leurs confrères allopathes, et à plus
forte raison par les travaux consciencieux des disciples de
Hahnemann, qui,à l’exemple de leur Maîtré, font de l’action
pathogénétique des médicaments une étude exacte et appro¬
fondie.
Que nous dit, en effet, l’école homœopathique, d’accord en
cela avec tous les faits signalés par l’école rivale ? Elle nous
enseigne que le tabac produit une forte envie de dormir après
les repas, de l’insomnie nocturne, une mélancolie sombre,
parfois de l’angoisse, de l’inquiétude, de l’agitation, de l’éloi¬
gnement pour le travail et la conversation, de l’affluence
d’idées confuses, du vertige et de la pesanteur excessive de
la tête. Y a-t-il dans ces effets primitifs du tabac, des symp¬
tômes qui soient de nature à rendre l'esprit plus lucide,
l’intelligence plus ouverte et le travail plus facile (t)?
N’insistons pas davantage sur ces détails scientifiques,
mais qu’il nous soit permis de faire appel à notre bon sens
pratique, à l’observation personnelle, et qu’on veuille bien
nous dire si l’on a jamais vu que les culotteurs de pipes fussent
habituellement des gens d’intelligence et d’esprit ?
Oui, l’on peut être intelligent, quoiqu’on fume ; mais com¬
bien de belles intelligences, d’un autre côté, ont été amoin¬
dries et ont péri par le tabac ? Nous en avons cité plusieurs
exemples péremptoires, et qui ne laissent aucun doute à cet
égard.
On a donc le droit de dire que le tabac est un ennem
invisible qui fait, sans qu’on s’en doute, les plus grands rava-
(1) Imbert-Gourbeyre. Leçons sur le tabac.
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— 268 —
ges :-en effet, ne le voit-on pas tous les jours et de tous les
côtés pénétrer dans la place sans rencontrer aucun obstacle,
et pourquoi ? C’est qu'il n’v a pas suffisamment de médecins
qui l’étudient et en signalent les effets désastreux ; il a ses
entrées d’autant plus libres, qu’il est d’accord, la plupart du
temps, avec les mêmes sentinelles médicales qui souvent en
usent pour leur compte, le tolèrent pour les autres, le recom¬
mandent quelquefois, et même en nient le danger, au moins
quant à la fréquence et à la gravité.
On dit encore pour la défense du tabac qu’il est employé
comme médicament, et qu'on peut bien en user puisque les
médecins l’utilisent (1). C‘est là précisément ce qui le con¬
damne, et ce qui nous fait conclure logiquement à sa suppres¬
sion absolue, en dehors de la pratique médicale.
Dés le commencement de son apparition en France, le
tabac avait surtout été employé comme un médicament.
Il existe un règlement de police du temps de Louis XIII et
du cardinal de Richelieu (1635) qui défendait la vente de
cette plante à tout autre qu’aux pharmaciens, sous peine
d’une amende de quatre-vingts livres, et interdisait son
usage sous peine de la prison et du fouet : les rares pharma¬
ciens d’autrefois sont remplacés aujourd’hui par les quarante
mille débitants, qui reçoivent une prime d’encouragement à
l’effet de vendre le plus de tabac possible Que les temps sont
changés! En principe, le tabac devrait être réservé, exclusi¬
vement réservé, à l’exercice de la médecine et n’être
employé que comme médicament, mais on ne doit pas espérer
de revenir jamais à cette destination primitive, en présence
des habitudes prises, et des intérêts majeurs qui s’y ratta¬
chent (2).
Le tabac est aujourd’hui bien rarement employé en
(1) Imbert-Gourbeyre. Leçons sur le tabac.
(2) Imbert-Gourbeyre. (Ibidem.)
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médecine : Trousseau et bien d’autres auraient voulu l’expul¬
ser de la matière médicale, tant ils considéraient son usage
comme excessivement dangereux.
Mais si les doses auxquelles on le prescrivait offraient un
danger réel, pourquoi ne pas les diminuer et les rendre tout
à fait inoffensives, tout en conservant leurs propriétés cura¬
tives ? Et puis, qu’on le sache bien, c’est que tout vrai
médicament ne puise sa puissance thérapeutique que dans
son pouvoir morbifique; qu’il ne peut faire du bien, que parce
qu’il fait essentiellement le mal ; c’est bien là la grande loi
des semblables ; c’est donc à l’école de Hahnemann, l’illustre
fondateur de l’homœopathie, qu’il faut aller pour étudier à
fond cette plante célèbre, et en comprendre toutes les appli¬
cations possibles ; mais pour connaître toutes ces appli¬
cations, il faut que l’homœopathie soit en possession
d’une pathogénésie complète de cet important médicament ;
il faut, enfin, que des médecins dévoués à l’homœopathie
fassent pour lui ce que le fondateur et ses élèves ont fait
pour nos précieux polychrestes, aconit , arsenic, belladone,
noix vomique, opium , etc., etc. Les docteurs Harthreb et
Trinks ont ébauché cette pathogénésie, mais lorsqu’elle
sera parfaitement édifiée, le tabac occupera une place
d’élite dans notre matière médicale homœopathique, et à
l’instar de nos plus puissants médicaments, il sera appelé à
soulager et à guérir de nombreuses et redoutables affections.
Nous pensons avoir prouvé surabondamment combien le
tabac est doué de propriétés délétères, et malgré cette cer¬
titude, un médecin a osé proposer à l’Académie des sciences
d’introduire d’office dans les maisons d’éducation l’usage de
fumer, comme mesure salutaire et conservatrice des mœurs
de la jeunesse française. L’Académie, bien inspirée, pour toute
réponse, passa à l’ordre du jour.
Eh quoi, fait observer le professeur Imbert-Gourbeyre,
— 170 —
pour conserver les mœurs de la jeunesse, on serait obligé
d’infiltrer quotidiennement dans ses veines un poison lente¬
ment homicide, poison de l’intelligence, poison du cœur et de
la vie animale et végétative! Quelle est donc, ajoute-t-il
encore, cette médecine grossièrement matérialiste qui n’a
d’autre moyeu moralisateur qu’un procédé d’énervation?
Ce sont là les tristes résultats d’un enseignement médical
sceptique et hostile h toute philosophie spiritualiste.
Nous ne citerons pas le nom de ce médecin, autant par
respect pour son titre que par égard pour la science : si c’est
une simple plaisanterie qu’il a voulu faire, la question était
infiniment trop grave pour se permettre de l’adresser à un
aréopage aussi haut placé, aussi éminent que l’Académie des
sciences ; en soumettant sa proposition à cette dernière,
plutôt qu’a l’Académie de médecine, il avait l’espérance
qu’elle y serait plus favorablement accueillie; son espoir fut
déçu, car l’Académie ne le jugea pas digne de la moindre
discussion, et comme nous l’avons déjà dit plus haut, passa à
son ordre du jour!..
Sévère appréciation, mais justement méritée, car une
proposition aussi triste qu’elle était malheureuse, ne pouvait
émaner que d’un cerveau malade, ayant subi peut-être les
funestes influences de la nicotine. Ah ! d’autres fanatiques du
tabac pourront surgir encore (ils sont bien nombreux) et qui
ne manqueront pas de faire de nouvelles tentatives pour qu’il
soit conseillé et adopté, comme le plus excellent modérateur
aux passions de la jeunesse.
En présence d’une semblable éventualité, nous croyons
sage encore de mettre en regard quelques observations
péremptoires et de nature à faire réfléchir les plus incrédules.
Ces observations, nous les puiserons dans l’ouvrage de
M. le docteur H. A. Depierris, intitulé Physiologie sociale
Le Tabac .
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— 271 —
Ce travail est certainement l’un des plus remarquables
qui aient paru sur cette plante célèbre, et déjà nous lui
avons emprunté quelques pages importantes, sur certaines
propriétés de la nicotine ; nous tenons à dire ici en passant
que nous avons lu et relu ce livre si intéressant, avec le plus
vif intérêt.
Aussi, nous le recommandons à ceux qui font abus du tabac,
sous quelque forme qu’ils l’emploient; plusieurs, en le lisant et
le relisant attentivement ont su se donner la force et le courage
de rompre en visière avec leur funeste passion (il en faut énor¬
mément pour vaincre une habitude contractée depuis un
grand nombre d’années) ; si cet ancien adage latin, habitus
est secunda natura (l’habitude est une seconde nature) est
toujours vrai, on peut dire quil l’est surtout quand il s’agit
du tabac : on a vu de grands fumeurs amenés à la prison de
Mazas à Paris, où les prisonniers ne peuvent pas fumer,
tomber malades, se paralyser même par suite de cette pri¬
vation ; le tabac leur est rendu par prescription du docteur
et l’on voit sous son influence leurs affections se guérir
avec une promptitude remarquable.
En revoyant notre travail, nous nous apercevons que nous
avons omis une observation intéressante et douloureuse tout
à la fois ; réparons encore cette omission ; elle ne sera pas à
la place qu’elle devrait occuper, mais n’importe, pourvu
quelle soit un utile avertissement, c’est l’essentiel.
Il s’agit ici d’une dame irlandaise, mère d’une nombreuse
famille ; ses enfants étaient atteints de vers ascarides contre
lesquels elle avait employé plusieurs traitements infructueux ;
elle avait entendu dire que le tabac, en lavements, était un
moyen infaillible pour faire périr ces petits vers, qui se
tiennent surtout dans le bas-intestin des enfants.
Elle partagea, entre deux de ses fils, un de douze et l’autre
de dix ans, le contenu d’une seringue en étain d’un demi-
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— 272 —
litre environ. Un troisième enfant, âgé de sept ans, s’était
enfui quand sa mère préparait la part qui lui revenait dans
le lavement ; elle courut après lui, et le ramena bientôt à la
maison. Quelle fut la terreur de cette malheureuse mère,
quand elle vit ses deux enfants se tordre sur le plancher
dans les convulsions atroces d’une douleur muette ! Elle
court effarée chez ses voisins, pour chercher du secours. On
appelle le docteui* Depierris qui arrive à la hâte. Les deux
enfants étaient morts ! Dix minutes s’étaient à peine écoulées
entre l’administration des lavements et le dernier signe de
vie.
Le tabac était encore dans le vase ou^la malheureuse
femme avait fait l’infusion de tabac. C’était le même tabac
que son mari fumait.
Le docteur a évalué qu’elle avait mis à peu près 15 grammes
de tabac dans six cents grammes d’eau. Il’n’a jamais vu,dit-il,
de scène plus déchirante. Pauvre femme qui, dans la pensée
de bien faire, venait de donner la mort aux deux aînés de ses
enfants ! Voilà pourtant où conduit l’ignorance des choses
qui semblent les plus usuelles. On fume le tabac par la
bouche, on le chique, on le prise en poudre par les narines ;
pourquoi ne le prendrait-on pas en lavement?
On s’en garderait bien, d’abord, si l’on savait que c'est un
poison ; et si l’on savait, de plus, que l’activité des poisons
est en rapport avec la rapidité de leur absorption, et que
l’intestin est la partie la plus absorbante de l’organisme (1).
Nous avons été aussi témoin de quelques faits identiques
à celui rapporté par M. le docteur Depierris, mais dont les
conséquences ne furent pas aussi terribles. La dose du toxique
n’avait pas dépassé un gramme et demi, pour deux enfants,
de sept à huit ans ; mais elle était trop forte encore, car
(1) D r Depierris. Physiologie sociale , pages 89 et 90.
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— 273 —
pendant plusieurs heures, le docteur qui les soignait crut
qu’il ne pourrait les guérir ; mais peu à peu les symptômes
s’amendèrent, et, après quelques jours, on pouvait les consi¬
dérer comme guéris.
Les deux faits que nous venons de rapporter, et que nous
aurions pu joindre à beaucoup d’autres, sont douloureux; ils
le sont d’autant plus que les pauvres mères ont agi ici tout
à fait inconsciemment ; ah ! si elles avaient connu les pro¬
priétés délétères de cette plante redoutable, jamais elles ne
l’auraient employée ; jamais elle ne serait devenue dans
leurs mains un terrible instrument de mort qui devait en
quelques minutes précipiter deux enfants dans la tombe, et
rendre les deux autres tellement malades qu’on désespéra de
les sauver ! Ce sont là des accidents d’autant plus tristes
que très souvent ils sont irréparables !
Nous devons encore parler des cas d’empoisonnement qui
S3 produisent malheureusement trop souvent, et cela encore
par négligence des parents, ou plutôt parce qu’ils ne
connaissent pas assez combien ce tabac est redoutable ;
s’ils le connaissaient, laisseraient-ils suspendues à la muraille,
à la portée de leurs enfants, leurs pipes culottées et dont ils
sont si fiers (1) ; mais si des enfants viennent à aspirer dans
ces pipes saturées de nicotine, il ne faudra que quelques
minutes pour voir les enfants complètement empoisonnés,
tomber subitement comme s’ils étaient frappés du haut mal ;
nous avons été témoin de ce triste spectacle.
C’était chez un pauvre ménage, où il y avait 3 garçons,
lun de 13, l’autre de 11 et le troisième de 9 ans; ils étaient
armés chacun d’une pipe culottée, qu’ils étaient parvenus à
enleverde la muraille; et les voilà s’évertuant à aspirer le mieux
et au plus vite à ces tuyaux qui ne pouvaient que leur amener
(1) Pour bon nombre de fumeurs, savoir amener une pipe à ce point voulu
qa’elle mérite de recevoir le nom de culottée, est un honneur très apprécié.
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dans la bouche le plus terrible des poisons : la nicotine ! Ils
en sont bientôt les tristes victimes,car peu après ils sont pris de
vertiges, de malaises,de nausées; ils sont là étendus tous les
trois, comme frappés de la foudre ; leurs yeux sont fixes,
leurs visages rouges, livides; les deux plus jeunes ont
l’écume à la bouche et sont atteints de mouvements convul¬
sifs qui se répètent; leur respiration est gênée, stertueuse;
tous leurs membres (surtout du plus jeune) sont agités de
mouvements convulsifs; chez le plus jeune, encore, les déjec¬
tions sont involontaires. La perte de connaissance est com¬
plète chez tous les trois.
On frictionna et on réchauffa les trois malades, en leur
faisant également respirer de l’éther, des sels ammoniacaux.
L’aîné revint à lui au bout de 6 minutes, le second reprit con¬
naissance après 12 minutes, le troisième,que l’on crut perdu,
ne la récupéra qu’au bout de 20 minutes. Pour ce dernier, ce
fut une résurrection, car pour lui la mort l’avait presque tou¬
ché: il semblait qu’elle avait bien saisi sa proie, et que le
pauvre enfant dut fatalement mourir ! Mais comme ses frères,
il sut triompher de cette cruelle épreuve! Après ce terrible
accès, il y eut chez eux stupeur et assoupissement, pesanteur
de tète, accablement général, et ne conservèrent aucun
souvenir de ce qui s’était passé. Ils revinrent donc à la vie
mais en gardant sur leurs traits une expression de lan¬
gueur hébétée, et dans tout leur corps une prostration
extrême.
Nota. — Quand on se trouve en présence des symptômes
effrayants que présentent les enfants et toutes les personnes
empoisonnées par le tabac, on est frappé de la similitude
d’action de la nicotine sur le système nerveux, avec le haut
mal, l’épilepsie. Aussi, pour nous, qui sommes convaincus de
la vérité de la loi des semblables, nous ne pouvons nous
empêcher de nous demander si l’on ne trouvera pas dans
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- 275 -
cette nicotine un puissant et héroïque médicament pour com¬
battre efficacement cette triste et lamentable affection, qui a
nom d’épilepsie ?
Lorsque sa pathogénésie sera bien établie, et nous dési¬
rons vivement qu’elle le soit au plus tôt, elle constituera
certainement un des principaux médicaments à opposer à
une affection déclarée incurable par l’ancienne médecine ;
l’homœopathie la guérit assez souvent et elle la guérira plus
fréquemment encore, quand elle aura à sa disposition un
agent doué de si grandes, de si admirables propriétés médici¬
nales qui, si nous ne nous trompons pas dans nos apprécia¬
tions, seront parfaitement appropriées à l’affection du haut
mal, véritable malheur pour les familles sur lesquelles elle
vient s’abattre.
Réflexions .— Dans les cas que nous venons de rapporter,
comme dans tant d’autres similaires, l’ignorance a seule été
la cause des nombreux accidents qui se sont trop souvent
produits; cette ignorance, ne peut-on pas la faire disparaître?
Le gouvernement ne peut-il obliger toutes les maisons vouées
à l’instruction de la jeunesse, à tous les degrés, qui sont
sous sa dépendance, à donner un cours de botanique élémen-
tame, dans lequel on s’attacherait surtout à faire connaî¬
tre aux enfants les propriétés délétères du tabac qui se
trouve aujourd’hui dans toutes les mains. Qu’on fasse devant
eux quelques expériences sur les animaux, et qui ne leur
permettraient pas de douter des propriétés vénéneuses de ce
végétal. Qu’on les prémunisse et qu’on les mette en garde
contre les dangers attachés au tabac ; qu’on les avertisse
à combien de maladies tristes et pénibles ils sont exposés,
s’ils se laissent entraîner à d’aussi déplorables habitudes ;
qu’on ne cesse enfin de leur dire que le tabac est
réellement le poison le plus violent qui existe dans le règne
végétai ; qu’on les prévienne également que consommer le
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— 276 —
tabac d’une manière journalière, c’est s’imposer une rente,
qui peut atteindre parfois un chiffre bien élevé qui pourrait
être employé à un bien plus noble usage.
La jeunesse entière, prévenue ainsi des dangers nombreux
et des inconvénients qui s’attachent à sa consommation, ré¬
fléchira avant de contracter des habitudes néfastes, causes
bien souvent de misères et de douloureuses affections ! Aver¬
tie des dangers attachés à sa consommation habituelle, elle
saura à son tour donner d’utiles avertissements aux pères
et mères et qui suffiraient déjà à les empêcher d’y recourir
s’ils en avaient la pensée. Il y a ici une lacune dans les
règlements qui régissent les maisons vouées à l’instruction
de la jeunesse, et il serait vraiment à désirer qu’elle fût
comblée au plus tôt.
EM. SEÜTIN, PH n et D r L. Seütin.
{A continuer .)
Observations de médecine pratique,
par le D«* Cmqurlion, de Mons.
Une dame de soixante-huit ans reçoit sur l’œil droit un
coup de baguette donné par un enfant de trois ans. Il n’en
résulte aucune ecchymose ; trois ou quatre jours après, elle
s’aperçoit que sa vue change, devient moins distincte et quelle
lit beaucoup plus difficilement. Quelques semaines plus tard,
fermant par hasard un œil, puis l’autre, elle reconnaît que la
vue est différente pour les deux yeux, l’une plus nette, l’autre
plus confuse. Plus tard encore se montrent des phénomènes
de diplopie non équidistante, c’est-à-dire que regardant au
loin un arbre, elle en voit deux sur une ligne d’horizon et
une ligne visuelle différentes.
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— 277 —
Il existait en même temps un peu de céphalalgie périorbi-
taire. Je dois ajouter que cette dame lisait beaucoup avec de
très mauvaises lunettes ; pour y mieux voir, elle plaçait sur
sa table une lampe à pétrole et, se posant elle devant, son
journal derrière et la lampe au milieu, elle entourait celle-ci
de ses bras. Elle lisait de cette façon plusieurs heures du¬
rant. Je m’abstiens de noter quelle influence fâcheuse un
pareil procédé devait avoir sur l’œil et sur le cerveau.
Cette diplopie et cette céphalalgie périorbitaire avec de
la constipation duraient depuis trois mois lorsque je vis cette
dame. Je lui prescrivis gelseminmn semperv. 6 e , et huit
jours après elle était complètement guérie.
Ce cas me rappelle celui d’une petite fille de dix ans atteinte
d’incontinence d’urine depuis plusieurs années. Le jour, elle
ne pouvait pas retenir ses urines et elle pissait dans ses
jupes; la nuit, elle urinait sans s’éveiller ; ses besoins étaient
fréquents et non douloureux. Je l’eus en traitement pendant
dix mois. Elle prit nux vomica 6°, cina 6®, equisetum 6®,
belladona 6°, causticum 6 e , ferrum 6 e , pulsatilla 6®; rien
n’y fit ; puis je lui donnai gelseminum 6°, deux gouttes dans
200 grammes d’eau simple. Dix jours après, la miction était
moins fréquente ; elle retenait mieux ses urines, et trois
semaines plus tard la guérison était complète.
César M., de La Longueville, âgé de G3 ans, est atteint
depuis deux ans d’un tremblement de tout le corps avec
grande faiblesse des membres inférieurs et fatigue très
rapide. Il ne peut que difficilement faire usage de ses mains
et c’est à peine s’il peut manger seul. Il se plaint en même
temps de céphalalgie prédominant à droite et de bourdonne¬
ments d’oreilles. Cet homme est grand, de complexion forte
et de charpente osseuse. C’est un campagnard aisé.
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— 278 —
14 janvier 1885. — Il prend agaricus 3 e et solubilis 6%
pendant trois mois sans amélioration.
17 avril 1885. — Même état sauf une fatigue plus grande.
h juin 1885.— Peu de changement : Tarcntula 30
monium 30 e .
19 juillet 1886.— Légère amélioration du tremblement et
delà céphalalgie; le bourdonnement persiste: Tarentula 30 e ,
stramonium 30 e .
4 septembre 1886. — Le tremblement diminue sensible¬
ment ; les forces reviennent ; la céphalalgie s’améliore. Le
bourdonnement d’oreilles persiste au lit : Tarentula 30 e ,
hyosciamus 30*.
12 novembre 1886. — L’affection continue à s'améliorer.
Persistance du bourdonnement d’oreilles : Tarcntula 30 e ,
sulfat quinin. 6 e .
2 janvier 1887. — Le tremblement a considérablement
diminué: la céphalalgie a disparu.Le bourdonnement d’oreilles
ne se montre plus que la nuit au lit : Tarentula 30 e ,
hyosciamus 30 e , sulfat quinin. 6 ’.
4 mars 1887.—La guérison s’affermit, les bourdonnements
disparaissent. A peine y a-t-il quelquefois un peu de trem¬
blement sous l’influence de causes émotionnelles.
Cet homme est revenu cet été 1888 me consulter pour sa
femme. Pour lui, il est parfaitement guéri et cette guérison
se maintient depuis plus d’un an et demi.
D r Criquelion.
MORRHUOL,
par le D r Hàle. — Traduction du D r Wuillot, de Malices
Cette substance contient les principes médicinaux qui se
rencontrent dans l’huile de foie de morue et qu’on en extrait
au moyen de l’alcool à 90°. L’alcool se colore et laisse à l’éva-
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— 279 —
poration un résidu liquide de couleur sombre, très amer et
aromatique, cristallisant partiellement à la température
ordinaire : il contient des combinaisons d'iode, de brome, de
phosphore, d’acide phosphorique, des sels de chaux et de
magnésie, du soufre, des acides biliaires et autres.
L’huile ainsi traitée devient inodore et insipide et ressem¬
ble à une huile animale quelconque. C’est pourquoi l’action
curative de l’huile de foie de morue se trouve dans le mor-
rhuol. L’huile administrée sans cet extrait pourra faire
engraisser , à la façon du beurre, de la crème, du saindoux,
ou des autre_s huiles grasses. Si le lecteur se rappelle l’article
« Huile de morue » de ma Therapeutic of New Retnedies,
publié il y a environ dix ans, il remarquera qu’alors déjà
j’exprimais l’opinion que dans les principes constituants
de celte huile nous trouverions ses véritables propriétés
curatives. J’écrivis alors :
« Le fait de rencontrer dans l’huile de foie de morue quel¬
ques-uns des antipsoriques en faibles quantités, lui donne une
réelle valeur dans certaines maladies à forme chronique.
Elle guérit la même classe de maladies que celles pour les¬
quelles nous prescrivons iodium , phosphorus , calcarea et
sulphur . Quantité d’expérimentations vérifiées avec grand
soin font voir qu’aucune autre huile ne possède la même
action curative. Avec elle on pourra augmenter l’embon¬
point, mais la maladie ne sera pas enrayée, etc. ».
Venait ensuite une liste des maladies qui avaient été trai¬
tées avec succès par l’huile de foie de morue. Toutes ces
maladies étaient le résultat d’une diathèse scrofuleuse ou
rachitique.
On a observé que les huiles brunes, les plus riches en
morrhuol , étaient les plus efficaces. Que les huiles claires,
celles qui ont été purifiées, engraissaient, mais n'effectuaient
pas la guérison.
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— 280 —
En 1884 M. Chaputeaud entreprit des recherches, et en
déduisit l’idée capitale suivante déjà prévue par moi dès
1878 : Il serait possible de remplacer l’huile de foie de morue
ou de la modifier de telle façon qu’elle perdît ses inconvé¬
nients en conservant ses propriétés.
L’huile est un aliment eu égard à sa propriété de déve¬
lopper l’embonpoint, et un agent curatif spécifique relative¬
ment à son principe actif. On a trouvé que le morrhuol
représente vingt-cinq fois son poids d’huile de foie de morue.
En d’autres termes qu’un drachme de morrhuol représente
vingt-cinq drachmes d’huile. Je crois que l’on pourrait encore
réduire ce poids. Actuellement on fabrique des capsules de mor¬
rhuol renfermant chacune quatre grains de ce principe.C’est
une matière brunâtre, épaisse et visqueuse rappelant par sa
saveur celles de ses éléments constituants.
Je pense que cette substance pourrait se préparer par tri¬
turation jusqu’à la sixième et plus, et que sous eetle forme elle
manifesterait ses effets curatifs spécifiques aussi bien,
sinon mieux, qu’à dose massive. C’est une chose à expéri¬
menter en pratique, ce qui, j’ose l’espérer, se fera bientôt.
Dans un opuscule publié récemment on relate un grand
nombre de cas typiques dans lesquels l’usage de ces capsules
donna les résultats les plus satisfaisants.
J’y ajoute une énumération des maladies et des états dans
lesquels le morrhuol s’est, montré plus efficace : tuberculose
au début, catarrhe chronique des bronches, scrofulose des
enfants, phtisie dans les deux premières périodes, tumé¬
faction et suppuration des glandes, etc.
Même à de hautes doses il n’altère jamais l'estomac et ne
produit ni nausées ni vomissements ; au contraire il augmente
l’appétit, rend la digestion plus^facile et régularise les fonc¬
tions intestinales, quand il y a constipation rebelle.Ses effets
se manifestent promptement avec l’amélioration de l’état
;
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— 281 —
général. En somme, nous possédons dans le morrhuol un
agent donnant les mêmes succès que ceux résultant de l’ad¬
ministration de l’huile de foie de morue.
Le professeur Germain Sée résume ses observations de la
manière suivante :
1° Amelioration de l’appétit et régularité des fonctions
digestives ;
2° Augmentation de poids et dureté plus grande des
chairs ;
3° Proportion plus élevée d’urée dans l’urine ;
4° Diminution de la toux.
Je conseillerais son usage dans tous les cas d’anémie chez
les enfants ou les adultes scrofuleux, dans les cas de rhuma¬
tisme et de goutte chroniques, et même dans l’intoxication
paludéenne invétérée. Si l’administration du morrhuol , tout
en améliorant la digestion et l’assimilation, ne fait pas
engraisser, nous pouvons aider son action en prescrivant
de* aliments comme la crème, le beurre, le saindoux ou
d’autres matières grasses exemptes de toute odeur ou saveur
désagréables. (El consultor homœopatico f octobre 1888.)
Traduction du D r Wuillot.
IÏVU1 DIS JOURNAUX H0IŒ0PATB1QDIS D’AIÉRIQI'B,
par le D r Lambreghts, fils.
Conjuactlvltls vernalis,
par le D* Norton, de New- York.
Le D r Norton, de New-York, publie dans le Hahncman-
nian monthly , un excellent article sur une forme de con¬
jonctivite encore peu connue, la conjonctivite vernale.
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— 282 —
Beaucoup d’auteurs la classent parmi les variétés rares de
conjonctivite ; d’autres n’en font pas même mention.
D’après le D r Norton, l’affection commence au printemps
de là son nom) par les symptômes ordinaires d’un simple
catarrhe de la conjonctive, injection modérée, photophobie,
larmoiement, sensation de cuisson dans les yeux. Ces symp¬
tômes persistent pendant quelques semaines et sont plus ou
moins prononcés d’après la température ; ils s’améliorent par
le froid et s’aggravent par la chaleur.
Au bout d’un certain temps, on voit apparaître sur le bord
de la cornée une petite élévation jaune-rougâtre bien limitée,
ou parfois irrégulière ; d’autres fois il se forme une série de
ces papules, et alors on pourrait croire à l’existence d’une
conjonctivite phlvcténulaire. Mais un examen plus attentif
permet de reconnaître que ces petites élévations sont épaisses,
massives et vascularisées ; elles empiètent d’ordinaire sur le
limbe cornéon et n’ont aucune tendance à l'ulcération. Toute
la conjonctive oculaire est plus ou moins injectée, mais elle
présente cette couleur rouge pâle des conjonctivites chroni¬
ques et non le rouge vif des conjonctivites aiguës.
La conjonctive palpébrale présente des changements bien
marqués. Au début il n’y a qu’une simple injection catarrhale;
plus tard les culs-de-sac supérieurs et inférieurs se tuméfient,
prennent une couleur grise-jaunàtre ou jaunc-rougeàtre et
sécrètent de petits flocons muqueux,ou sont recouvertes d’une
couche de mucus très peu dense. La portion de la muqueuse
qui tapisse le cartilage tarse est envahie en dernier lieu ; ses
pupilles se développent et s’amassent ; aussi à cette époque
l’on croit souvent à la présencede granulations,et l’on institue
un traitement intempestif.
Lorsque la conjonctive palpébrale est ainsi envahie, la
sécrétion muco-purulente devient plus abondante, les pau¬
pières s’agglutinent le matin, et il se produit du larmoiement.
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— 283 —
de la photophobie et un sentiment de chaleur et de cuisson
dans les yeux.
Les symptômes les plus importants et les plus caractéris¬
tiques de la conjonctivite vernale sont l'époque de son appa¬
rition, sa marche et ses récidives périodiques. Elle commence
toujours au printemps, vers le mois de mars ou d’avril, dès
que la température s’élève. Le temps pluvieux et humide ne
semble exercer aucune influence sur sa marche, mais la cha¬
leur l’aggrave et le froid l’améliore d’une manière très sen ¬
sible. La maladie progresse graduellement jusque vers le
milieu de l’été ; alors elle diminue insensiblement et disparaît
tout à fait vers les mois d’octobre et de novembre.
Pendant l’hiver les yeux sont dans leur état normal, mais
dès que le printemps s’annonce, les premiers symptômes
apparaissent.
Cette affection peut persister pendant de longues années,
avec des intervalles d’aggravation et* d’amélioration. Le
D r Norton cite un cas où elle a récidivé 20 années successives.
La conjonctivite vernale affecte invariablement les deux
yeux, quoique à un degré différent. On la rencontre presque
toujours chez les enfants et chez les adultes, et elle ne pa¬
rait dépendre ni d’un trouble constitutionnel,ni d’une affection
locale de l’œil.
Le pronostic est en général favorable, car il est rare
qu’elle laisse après elle des lésions permanentes de la cornée,
de la conjonctive ou des paupières.
Traitement . — L’emploi des astringents et des caustiques
n’a pour effet que d’augmenter l’inflammation. Aussi il est
d’une importance capitale que cette conjonctivite soit bien
reconnue, et qu’elle ne soit pas traitée comme une conjoncti¬
vite catarrhale phlycténulaire ou granuleuse. Il faut éviter
toute application locale, si ce n’est peut-être dans la période
d’acuité, l’eau froide ou l’eau chaude, selon que le malade le
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désire, et encore les résultats qu’on en obtient sont très sujets
à caution.
La glace ou les compresses glacées peuvent rendre quelque
service, surtout lorsque l’inflammation est très vive et qu’il
y a beaucoup de rougeur et de chaleur dans les yeux.
Le biborate de soude et l’eau camphrée procurent parfois
du soulagement ; ils peuvent aider à la guérison, lorsque les
symptômes aigus s’étant dissipés, l’injection pâlit et la sécré¬
tion diminue.
La meilleure médication consiste dans l’emploi des médica¬
ments homœopathiques suivants :
Sepia. — En étudiant la pathogénésie de ce remède, l’on
voit qu’il comprend à peu près tous les symptômes de la mala¬
die : rougeur de la conjonctive, larmoiement, sécrétion
agglutinant les paupières le matin, sensation de chaleur, de
cuisson, de pression dans les yeux. L’époque de l’aggravation,
le matin et le soir, constitue une indication caractéristique
pour ce médicament. L’amélioration pendant le jour doit faire
songer à sepia .
Une autre indication, c’est l’aggravation des symptômes
oculaires par la chaleur et la présence des symptômes géné¬
raux et gastriques de sepia.
Nux vomica . — Les phénomènes objectifs de nux vomica
ne diffèrent pas beaucoup de ceux de sepia. Le malade est
plus mal le soir, mais il se sent mieux pendant le jour et le soir.
La photophobie est aussi plus marquée le matin. On le don¬
nera de préférence lorsque les symptômes gastriques corres¬
pondent à ce médicament.
Aconitum peut être indiqué dans la période aiguë de
l’affection, lorsqu’il existe de la fièvre, et beaucoup dé rou¬
geur, de chaleur et de sécheresse dans les yeux.
Argentum nitr. ou puisât ., lorsque la sécrétion est abon¬
dante et non irritante.
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— 285 —
Arsen., euphras., merc ., lorsqu’elle devient irritante.
Rhtis tox., lorsque le larmoiement est considérable.
Sulph., à la dernière période, lorsque le malade se plaint
encore de douleurs dans l’œil.
Notes cliniques,
par le D r Gramm, de Philadelphie.
Eczéma — Le 26 avril dernier j’eus k soigner une petite
fille âgée de 5 mois.
Quelques jours après sa naissance la peau des régions géni¬
tales et anales devint le siège d’une inflammation et d’une
sécrétion aqueuse. Ces phénomènes persistèrent pendant quel¬
ques semaines sans changement bien marqué ; mais alors le
mal fit de rapides progrès et envahit les cuisses, les jambes et
les grandes lèvres. Une éruption de même nature se forma
également à la partie antérieure du cou et à la nuque.
L’exâmen des parties malades me permit de constater une
infiltration considérable de la peau avec tendance au déve¬
loppement de petites vésicules, qui, en se rompant et en sé
desséchant, donnaient naissance à des cro'.tes jaunâtres. La
sécrétion était assez abondante ; sur le reste du corps, il exis¬
tait quelques papules isolées.
J’administrai calcar . carb. et hepar. sulph . Je revis la
petite malade le 4 mai suivant, et je pus constater une amélio¬
ration considérable. Les parties malades étaient moins infil¬
trées, et la sécrétion avait diminué beaucoup. Je continuai la
. même médication. Deux semaines après il ne restait plus de
la maladie qu’une légère rougeur.
Erythème de Voreille. — Madame P., âgée de 70 ans,
8 était aperçue depuis quelques jours que la peau de l’oreille
droite et des régions avoisinantes était devenue d’un rouge
vif; elle y éprouvait en même temps une sensation de raideur
at quelques démangeaisons.
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— 286 —
J’administrai apis 6 e . Deux jours après elle vint m'annon¬
cer que les démangeaisons avaient cessé ; je constatai aussi
que la rougeur de la peau avait beaucoup diminué.
Elle prit encore apis 30 e pendant une semaine, apres quoi
la guérison fut complète.
Purpura . — Madame X.. âgée de 13 ans, portait sur la
face externe de la jambe droite un eczéma qui datait de
trois ou quatre ans.
Outre cela, il s’était produit depuis quelques semaines sur
les deux jambes une éruption présentant un groupement,
symétrique. Son apparition avait été précédée d’une attaque
de rhumatisme caractérisée par un malaise général et par des
douleurs dans les chevilles, les genoux et les poignets.
L’éruption consistait en petites taches rouges, arrondies, bien
circonscrites, non proéminentes et ne disparaissant pas par
la pression.
Un examen attentif me permit de constater que j’avais
affaire à de petites hémorrhagies interstitielles, et je portai
le diagnostic de purpura d’origine rhumatismale.
Je prescrivis ruta 3 e et le repos dans la position hori¬
zontale.
Après cinq jours de ce traitement, les douleurs rhumatis¬
males avaient beaucoup diminué et il ne s’était plus produit
de nouvelles taches ; les anciennes étaient devenues bleuâtres
et verdâtres comme dans les ecchymoses.
Je continuai la même médication.
Au bout de 21 jours, les taches hémorrhagiques avaient
complètement disparu et les symptômes généraux s’étaient
considérablement amendés. Mais alors, à la suite d’un refroi¬
dissement, la malade fut atteinte d’un nouvel accès de rhu¬
matisme sans complication de purpura. Les symptômes de
cette affection réclamant plutôt rhus tox. % je prescrivis ce
médicament et discontinuai ruta . Six semaines de cette
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— 287 —
médication suffirent pour dissiper toutes les douleurs rhuma¬
tismales et diminuer considérablement les démangeaisons
violentes provenant de l’eczéma. (Hahnemannian monthly.)
Stannum dans la céphalalgie,
par le D r Babcock.
Le D r Babcock rapporte un cas intéressant de céphalalgie
de longue durée, guéri en 3 jours par stannum 3 e tritura¬
tion.
Le malade était atteint 4 ou 5 fois par an d’une douleur
intense au-dessus de l’œil droit, qui persistait pendant plu¬
sieurs jours. Cette douleur était parfois si vive qu’elle empê¬
chait tout travail, et lui causait des insomnies pénibles. Elle
présentait en outre ce caractère important de crescendo et
de decréscendo de stannum . Le sulfate de morphine admi¬
nistré par les allopathes ne procurait qu’un faible soula¬
gement.
Stannum enleva le mal en quelques jours; jusqu’ici, il
n’y a pas eu la moindre récidive.
Pneumonie catarrhale chez les enfants,
par le Dr Sherman.
Le D r Sherman emploie Xaconit 2 e ou 3 e aussi longtemps
que la température est au-dessus de la normale. Dans la pre¬
mière période, il l’alterne parfois avec phosphore ; mais il
préfère bryone lorsque la toux est sèche, brève, saccadée et
accompagnée de douleurs vives à la poitrine.
Dans la seconde période, lorsqu’il existe de gros râles, il
considère le tartre émétique comme le meilleur remède.
Il recommande de ne pas le prescrire à une trop basse
atténuation, car il affaiblit le cœur. Si l’expectoration est
tenace et difficile, il conseille le muriate d'ammoniaque
I e dilution.
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— 288 —
Phtisie pulmonaire,
par le D r Machlan.
Un homme âgé de 27 ans, de parents tuberculeux, présen¬
tant un souffle et des râles caverneux ainsi qu’une sonorité
tympanique aux second et troisième espaces intercostaux du
côté droit, a été guéri par iodiurn 6 e , continué pendant
3 mois. Le D r Machlan, qui rapporte le cas, ajoute que
millefolium T. M. avait arrêté instantanément les hémor¬
rhagies pulmonaires qui s’étaient produites plusieurs fois
dans le cours du traitement.
Lac caninum dans la diphthérie,
par le 1> Browne.
Le D r Browne publie un cas de guérison par le lac cani¬
num d’une diphthérie qui avait résisté à lachesis , kali bichr.
et merc . iod. L’enfant avait des hémorrhagies par le nez et
par la bouche.
Une sécrétion purulente et sanguinolente s’échappait des
narines et excoriait les lèvres. Il existait une grande agita¬
tion, une touxcroupale ; la respiration était embarrassée, les
amygdales très gonflées et recouvertes de fausses membranes
épaisses.
D r Lambreghts, fils.
SOMMAIRE.
Les antithermiques, par le L) r Màrtiny .257
Le tabac (Suite), par MM. Em. Seütin, Ph. et le D r Léon
Seutin, de Bruxelles.266
Observations de médecine pratique, par M. le D r Cri-
qüelion, de Mons. 276
Morrhuol. Traduction du D r Wüillot, de Malines . . 278
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lxmbreghts, fils.281
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
i5» Année. JANVIER 1889. N° 10.
NÉCROLOGIE.
Mort du docteur De Mulder.
Notre excellent confrère, le docteur Marc De
Mulder, vient de mourir à la fleur de l’àge, des suites
dun refroidissement gagné en allant soigner ses ma¬
lades. L’énorme affluence de personnes qui ont voulu
assister à ses funérailles prouve combien notre con¬
frère était apprécié et estimé. De Mulder, on peut le
dire, n’avait que des amis, et, malgré sa franchise
parfois un peu rude, chacun' rendait justice à son
caractère droit, loyal et bienveillant ; déjà sur les
bancs des écoles il avait conquis Tamilié de ses con¬
disciples et il a su la conserver même parmi ceux qui
sont restés fidèles aux enseignements de l’ancienne
Ecole. D’un autre côté. De Mulder était affectionné
de ses malades ; il leur était si dévoué, il savait si
bien compatir à leurs souffrances et à leurs misères
qu’ils voyaient en lui non seulement un médecin, mais
un homme de cœur prenant part à leurs souffrances.
Lorsque le docteur Yan Yreckom, un des anciens
médecins homœopathes de Bruxelles, vint à mourir,
De Mulder lui succéda non seulement dans la clientèle
civile, mais aussi au dispensaire Hahnemann ; il avait
su apprécier la valeur de M. Van Vreckom et il le prit
pour modèle; les malades de la ville ne s’aperçurent
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— 290 —
guère du changement, car le remplaçant était aussi
simple, aussi dévoué, aussi complaisant que le prédé-.
cesseur. Au dispensaire, les pauvres ne s'aperçurent
pas non plus queM. Van Vreckom les avaient quittés,
car De Mulder leur prodigua ses soins désintéressés
jusqu’au jour où il s’alita pour ne plus se relever.
De Mulder avait tout à fait pris à cœur l’œuvre du
dispensaire Hahnemann. C’est lui qui l’a en grande
partie soutenu après là mort du docteur Mouremans
et du docteur Jahr. Il fut, comme les homœopathes
avaient l’habitude de dire, le pilier du dispensaire
Hahnemann. Trois discours ont été prononcés à la
maison mortuaire : un par le commandant de la garde
civique dont M. De Mulder était le médecin, un par
son collègue médecin de la garde civique et un par
le docteur Jules Gaudy, son ami particulier qui l’a
soigné dans sa maladie avec un dévouement et une
assiduité admirables. Nous nous empressons de repro¬
duire in extenso le discours du docteur Jules Gaudy,
qui a parfaitement rappelé ce que fut De Mulder
comme époux, ami et médecin homœopathe.
D r Martin y.
Discours du docteur J. Gaudy.
La mort frappe à coups redoublés dans les rangs
des homœopathes belges. Il y a quelques années à
peine les Gauthier, les Carlier, les Mouremans, les
John Brixhe nous étaient enlevés ; vétérans de nos
luttes, ils avaient fourni leur carrière glorieuse, et
nous léguaient, avec leur exemple, leur expérience
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— 291 —
et leurs conquêtes ; quelques années plus tard elle
nous enlevait Geens et Yan Vreckom dans la force
de 1 âge et la maturité du talent ; il y a un an à
peine s’éteignait à Bruxelles une des lumières de
Fhomœopathie ; aujourd’hui ce sont Dobbelaere et
De Mulder qui succombent, deux soldais moins glo¬
rieux, mais non moins vaillants. Que de morts en
peu d’années, que de yides dans la phalange hahne-
mannienne ! Quel regret pour ces courageux lutteurs
de devoir abandonner le combat alors qu’ils entre¬
voient la victoire, à ce moment suprême où le soleil
de l’homœopathie se lève à l’horizon d’une science
nouvelle, où toutes les découvertes delà science con¬
vergent vers nous, où les travaux admirables de ses
adversaires lui préparent inconsciemment un triomphe
éclatant et prochain !
Vous tous qui avez embrassé la cause de la nou¬
velle doctrine, et qui la propagez par vos cures, votre
foi, vos écrits ou vos discours, serrez-vous autour de
ce cercueil, promettez-vous dans une commune étreinte
le concours de toutes vos forces pour sa défense et sa
py'opagation .
Marc De Mulder est né en Flandre ; il marqua de
bonne heure sa prédilection pour l’étude. Après sa
rhétorique il entra à l’Université de Gand et acheva
ses études à Bruxelles. Dans sa première année d’hô¬
pital il contracta un épouvantable typhus, résultat
d’un empoisonnement miasmatique auquel beaucoup
d’entre nous ont payé leur tribut; ses deux camara¬
des atteints en même temps que lui succombèrent ; la
forte organisation de De Mulder le sauva, mais la vie
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— 292 —
avait été atteinte dans ses sources vives, il s’en res¬
sentit toujours.
Après avoir conquis ses diplômes, DeMulder s’établit
d’abord à Damme; la santé de sa jeune femme souffrant
de ce séjour,il fut obligé d’abandonner ce poste et vint
s’établir dans un des faubourgs de Bruxelles. Une
épreuve cruelle l’y attendait, elle décida de sa carrière.
M me De Mulder fut atteinte d’un mal cruel contre
lequel vinrent échouer tous les efforts de l’ancienne
médecine desservie par ses plus nobles représentants.
Désespéré de n’y pouvoir rien, et voyant cette pau¬
vre victime n’ètre plus que l’ombre d’elle-même, dans
un effort suprême et faisant violence à ses convic¬
tions et ses sentiments, il vint me demander de lui
déclarer sur l'honneur si je croyais pouvoir, par la
nouvelle méthode, sauver sa femme. Je lui promis de
la guérir en huit jours et je tins mes engagements :
elle fut sauvée. Je ne saurais vous dépeindre la joie
de ce brave garçon venant m’annoncer tout en lar¬
mes ce bonheur inespéré. Il fit serment d’étudier
l’homœopathie, et, contrairement au grand nombre,
il tint sa promesse. Depuis lors il ne cessa, non plus
que sa femme, de me témoigner son amitié et sa
vive reconnaissance, et leur cœur leur en inspirait
constamment de nouvelles expressions.
Sous la direction du savant Van Yreckom il s’adonna
avec ardeur à l’étude de cette science nouvelle ; il
dut à son professeur ainsi qu’à un travail opiniâtre
une parfaite connaissance des actions médicamenteu¬
ses, qui constituait chez De Mulder une incontestable
supériorité.
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Doué d’un sens droit, d’un jugement sain, d’un
esprit d’observation remarquable, il fut toujours un
hahnemannien pur, et ne composa jamais avec ses
anciennes croyances.
Il était franc jusque la rudesse, et dans l’étreinte
de sa main on sentait passer tout son cœur ; ses
malades vous diront qu’en partageant notre deuil ils
ne savent ce qu’ils doivent pleurer le plus en De Mul-
der, ou le médecin ou l’ami, tant les deux sentiments
se confondaient facilement dans son cœur.
Sa loyauté se refusait à toute intrigue et jamais il
ne sut la plier à ce que l’on est convenu d’appeler le
savoir-faire, cette source principale de bien des suc¬
cès dans la carrière de quelques médecins. DeMulder
ne pouvait se prêter aux complaisances coupables,
aux capitulations de principes, aux basses intrigues,
aux indélicatesses professionnelles qu’il exige.
Il est surtout un des côtés de son caractère que je
ne puis passer sous silence et que je réserve pour
la fin comme le complément naturel de sa grande
bonté: je veux parler de son inépuisable charité. Quel
dommage que la discrétion m’impose le silence sur
bien des traits d’une charité toute chrétienne et que
sa modestie cachait avec un soin jaloux. C’était bien
de lui que l’on pouvait dire que sa main gauche igno¬
rait ce que donnait sa main droite. C’est sous l’em¬
pire de ce sentiment qu’il se dévoua avec un zèle
sans pareil à une œuvre de bienfaisance. Il fut le
membre le plu> actif et le plus dévoué du dispen¬
saire Hahnemann ; il soutint longtemps presque seul
tout le poids de cette écrasante besogne. Son opinià-
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— 294 —
tre insistance et l’exemple de son dévouement y ame¬
nèrent d’autres confrères et l’on peut dire que sans
lui cette institution de bienfaisance aurait cessé
d’exister depuis longtemps. C’est là, parmi ses pau¬
vres, qu’il fallait voir Marc De Mulder pour connaître
son cœur et l’aimer comme il méritait de l’être ; avec
quelle bonté il savait d’un mot parti du cœur relever
leur courage et leur force, leur faire partager sa
confiance en la guérison, avec quelle conscience il
étudiait leur maladie. Que ne peut-il entendre le con¬
cert de bénédictions de tous ces malheureux qu’il a
guéris, soulagés ou consolés, être témoin de leurs
regrets ! Quelle couronne pourrait lui faire autant
d’honneur, et quel témoignage pourrait lui être aussi
doux?
Adieu, cher De Mulder, nous te garderons toute la
vie le souvenir du meilleur des amis, du plus loyal des
hommes, du plus dévoué des confrères ; les pauvres te
garderont le regret de leur bienfaiteur et de leur pro¬
vidence.
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— 295 —
LE BORD DE LA MER,“>
par le D r Martiny.
La cure de mer (Suite).
Les irrégularités de la cure de mer. — Quand un
malade arrive à une station minérale quelconque, telle
que Vichy, Carlsbad, Ems, Royat, etc., le médecin
des eaux, parfois même le médecin de sa localité, lui
indique exactement et jour par jour le traitement à
suivre: autant d’eau minérale à boire au début, autant
vers le milieu, autant à la fin de la cure; un bain de telle
ou telle température, un séjour de tant de minutes dans
les salles de pulvérisation et d’inhalation, une douche de
telle ou telle force, etc., etc. Ce qui est ordonné par
le médecin peut être ponctuellement exécuté par le
malade: semblable précision est impossible à obtenir
pour le traitement marin. Ici la température varie, le
mouvement de la mer varie, la direction du vent varie, etc.
Si le vent pousse directement à la mer, le promeneur
n’éprouve même aucune influence marine, il respire l’air
terrestre que le vent qui vient des terres lui amène.
Si la ville du littoral qu’il a choisie est douée d’un air
pur et sain, c’est heureux ; si au contraire l’air qui plane
au-dessus de cette ville est infecté par des émanations
plus ou moins nuisibles, le vent apporte sur la digue ces
émanations,et au lieu de l’air pur et salubre de la mer, le
promeneur respire par les vents de terre un air vicié; par¬
fois même,par un beau temps, devant une mer splendide,
le vent de terre apporte sur la digue un air malsain,
méphitique,qui s’élève de la ville où pendant les temps de
vogue il y a encombrement par suite de l’exiguité des
logements ; d’autres fois ce sont des émanations provenant
(1) Suite. Voir vol. précédents et vol. cour* pp. 33, 65 et 225.
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— 296 —
de marais voisins ou de canaux, de ports où l’eau est
stagnante, qui corrompent l’air de la digue et de la
plage. Nous reviendrons sur ce sujet quand nous traite¬
rons du choix d’une station balnéaire marine.
Pour le moment nous voulions seulement montrer com¬
bien à la mer les différentes influences peuvent varier, au
point que dans certaines circonstances celui qui quitte sa
maison, sa campagne, ses habitudes, ses affaires pour
venir respirer l’air salubre et stimulant de la mer, est au
contraire entouré, même sur la digue, de l’air malsain,
méphitique de la ville, des rivières ou des canaux qui cou¬
lent lentement et péniblement leurs eaux croupissantes à
la mer ; souvent même le lit des fleuves ou des rivières
s’élargit considérablement en arrivant à la mer et devient
ainsi très peu profond;de sorte qu’il se découvre sur une
grande surface à marée basse ; en se retirant les eaux
abandonnent du limon et des détritus de toute nature qui
répandent des émanations et des odeurs malsaines.
Une cure de mer faite dans de semblables conditions
peut avoir des conséquences plus ou moins fâcheuses,
cela va de soi ; c’est pourquoi il est si important que le
public des bains de mer se rende bien compte de tout ce
qui peut avoir de l’influence sur la cure. Les conditions
atmosphériques jouent aussi un rôle important et peuvent
modifier complément l’action d’un séjour sur la plage ; la
cure d’une année peut être tout différente dans ses effets
de la cure de l'année suivante. C’est surtout la direction
du vent qui doit être observée; il est rare que celle-ci soif
exactement perpendiculaire à la digue; lorsqu’elle a une
direction plus ou moins oblique, il est presque toujours
possible au promeneur de se diriger de façon à recevoir
de l’air marin,soit en se rapprochant très près des vagues,
soit en s’avançant sur les jetées, les brise-lames et les
estacades, etc. En un mot quand le vent est plus ou moins
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— 297 —
contraire, il est presque toujours possible de trouver dans
un grand nombre de plages des endroits où arrive l’air
marin, et celui qui'fait une cure doit faire en sorte que
chaque jour il absorbe pendant quelque temps de l’air
marin, sans quoi la journée est perdue et la cure inter¬
rompue,ce qui peut avoir des conséquences plus ou moins
sérieuses. Les personnes qui prennent des bains ont sous
ce rapport un certain avantage, car même par un vent
absolument contraire, elles respirent l’air marin pendant
toute la durée de leur bain (1).
Les îles, surtout les îles peu étendues, ont, sous ce rap¬
port, un avantage complet, car il est toujours possible d’y
trouver de l’air marin, n’importe la direction du vent.
Les considérations précédentes paraîtront de peu de
valeur à ceux qui ne sont pas au courant de l’action des
doses infinitésimales, à ceux qui ont conclu que l’air ma¬
rin ne diffère en somme guère de l’air des champs ou
des montagnes, mais tous les observateurs sérieux savent
que l’air marin est autre chose et que c’est à cet air que
reviennent la plupart des effets de la cure de mer (2).
Les temps pluvieux sont détestables quand on vit à la
campagne, ils le sont moins sur nos plages sablonneuses
(1) Par ce qui précède, on peut voir combien il est utile que non seu¬
lement les médecins, mais même les personnes du monde, puissent se
rendre un compte plus ou moins exact de la cure marine, la manière
dont on doit se comporter à la mer pouvant varier d'un jour à l'autre par
les temps plus ou moins troublés ; l'essentiel est de respirer journelle¬
ment pendant-un temps plus ou moins long l'atmosphère marine ; par les
grands vents venant directement de la mer, une promenade dans les dunes
suffit à la cure. Le vent est-il moins fort ? Il faut aller sur la digue et
même se rapprocher plus près des vagues si le vent est peu prononcé.
La direction du vent est-elle oblique vers la terre ? Il est préférable de
s'avancer tout près de la mer et quand le vent est contraire, c'est-à-dire
lorsqu’il vient directement de la terre, il serait bon de s'avancor sur les
estocades ou sur les brise-lames ou même de suivre de très près la mer
qui se retire à marée basse.
(2) Voir entre autres le livre de Gaudet, déjà cité.
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— 298 —
de Ja mer du Nord. En effet, dès que la pluie cesse de
tomber, le sable est sec et permet de se promener' ; à la
mer la pluie ne laisse pas de longues traces, un court
rayon de soleil efface tout et fait oublier sur le champ
l’ondée qui vient de tomber; sur nos magnifiques plages
belges, quand la pluie arrive en dehors des heures habi¬
tuelles des promenades, on ne s’en aperçoit guère et dès
qu’elle cesse, on se promène sur le sable sans ris¬
quer de se mouiller les pieds.
On peut faire une bonne cure marine par un temps plu¬
vieux, et c’est à la mer qu’on est le moins incommodé
par la pluie : les personnes qui sont loin du littoral l’ou¬
blient trop facilement, elles retardent leur arrivée dans
nos villes balnéaires et un grand nombre s’abstiennent
même d’y venir par les temps pluvieux, perdant ainsi les
bienfaits d'une cure utile que la pluie n’aurait guère con¬
trariée (1).
(A continuer.) D 1 ' Martiny.
ASSOCIATION CENTRALE DES HOMŒOPATHBS BELGES
Président , Secrétaire,
D' SCHEPENS. D r SCHWARTZ.
Séance du 15 janvier 1889.
La séance est ouverte à 3 heures.
Le procès-verbal de la réunion d’octobre est lu et adopté
sans observations.
(I) Ainsi,en 1888, la saison a été pluvieuse et le nombre des baigneurs
a été beaucoup moins considérable, parce qu'on ne se rappelle pas que
c'est à la mer que les temps pluvieux sont le moins désagréables.
Nous étions à la mer pendant les mois de juillet et d'août; nous pouvons
assurer que personne ne s'est beaucoup inquiété de la pluie : dès que
celle-ci cessait de tomber, tout le monde courait sur la plage, les enfants
y élevaient leurs montagnes et leurs forteresses de sable, et quand arri¬
vait un rayon de soleil, la plage prenait ses airs de fête et la mer réflétant
les gros nuages en même temps que la lumière du soleil n'en était que plus
brillante dans ses teintes et plus grandiose dans son aspect.
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Le D r Lambrechts s’excuse de ne pouvoir assister à la
réunion, se trouvant en ce moment à Malaga, où il s’est
rendu à la prière d’une personne amie de l’homœopathie,
pour y mettre en pratique et répandre cette méthode de
traitement. 11 promet de tenir les membres de la Société au
courant des particularités qu’il observera pendant son séjour
en Espagne.
Le D r Martiny donne ensuite lecture du petit travail
suivant :
Les victimes du vésicatoire,
par le Dr Martiny.
Nous avons jadis publié un article intitulé: Les martyrs du
vésicatoire (1). Dans cet article nous avons prouvé suffisam¬
ment qu’un grand nombre de malades se laissent inutilement
tourmenter par les vésicatoires,c’est-à-dire sans profit aucun
pour la guérison de leur maladie. Nous avons choisi, pour
prouver notre dire,une des maladies dans lesquelles a priori
le vésicatoire semblerait devoir être utile : la pleurésie aiguë
ou chronique. En ce qui concerne la pleurésie aiguë les chefs
de l’école allopathique se divisent en deux camps nettement
distincts. Dans le premier on soutient que pour être utile
l’emplâtre de cantharides doit être appliquée tout au début, parce
qu’alors seulement la plèvre pariétale est encore assez per¬
méable pour que le liquide puisse la traverser pour être attiré
dans l’ampoule du vésicatoire ; lorsque la pleurésie est plus
avancée, c’est-à-dire au bout d’un jour ou deux, la plèvre
est devenue imperméable par suite des dépôts fibrineux qui,
non seulement tapissent sa surface, mais infiltrent son tissu ;
par conséquent mettre un vésicatoire,lorsque la pleurésie est
confirmée, est une manœuvre inutilement douloureuse.
(1) Voir Revue homœopathique belge , année 1882-83, p. 102.
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— 300 —
Dans le second camp on prétend, au contraire, qu’appliquer
tout au début le vésicatoire gêne les mouvements thoraciques
et paralyse les muscles intercostaux,favorisant ainsi le dépôt
du liquide dans la plèvre.
La conclusion est facile à tirer : mieux vaut, dans la pleu¬
résie aiguë, ne pas employer de vésicatoire puisque dans le
début il peut favoriser l’arrivée de l’épanchement, et qu’une
fois celui-ci bien établira plèvre est devenue tellement impé¬
nétrable que le vésicatoire ne peut plus avoir d’action ; mais
les médecins l’ordonnent quand même, pour « occuper » le
malade, et puis, comme l’avoue avec une ironie légèrement
cynique M.Germain Sée, parce que «le bon public continue à
« croire que l’eau de l’ampoule vésicatoriale vient de la
« plèvre ».
Le procès du vésicatoire nous paraît donc complètement
plaidé dans la pleurésie: on ne l’emploie plus que pour
occuper, pour amuser le malheureux malade qui croit que
l’eau qui vient dans le vésicatoire est sortie de la plèvre.
Ceci n’aurait guère d’inconvénient si le vésicatoire n’avait
d’autre effet que de tourmenter le patient, mais outre la dou¬
leur qu’il cause, il offre parfois de graves mécomptes, il
donne toujours un peu de fièvre et enfin il affaiblit, comme
l’avoue M. le professeur Germain Sée. A propos de la pleu¬
résie la cause est donc entendue: le vésicatoire est pour le
moins inutile.
Mais il y a une autre maladie où le vésicatoire sem¬
blait devoir conserver la vogue: c’est dans l’endocardite,
et surtout l’endocardite qui se déclare dans le cours du rhuma¬
tisme articulaire; celle-là semblait devoir être tout à fait justi¬
ciable du vésicatoire ; lorsque l’endocarde paraissait s’entre¬
prendre lors du rhumatisme articulaire" vite Ton couvrait la
région précordiale d’un immense vésicatoire après avoir au
préalable pratiqué une ou deux saignées, appliqué de nom-
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— 301 —
breuses ventouses scarifiées ; le vésicatoire était de rigueur,
personne ne pensait, n’osait même s’y opposer, et nous con¬
naissons des homœopathes qui ne s’y refusaient pas, sous
prétexte qu’alors il fallait agir localement d’une façon éner¬
gique, ajoutant que l’action de nos remèdes était peut-être
trop lente dans cette occurrence ; au lieu d’un vésicatoire on
en aurait mis deux l’un sur l’autre si c’était possible; or voilà
qu’aujourd’hui un des grands chefs de l’école allopathique
vient déclarer ex cathedra à ses élèves que le vésicatoire et
les sangsues étaient non seulement inutiles mais nuisibles et
que, en affaiblissant les malades,ils permettent aux microbes
qui sont en réalité au fond de ces endocardites de se déve¬
lopper et de poursuivre leur travail de destruction. Or, ce
travail est d’autant plus actif que le terrain sur lequel ils
opèrent est plus affaibli.
Mais citons les paroles de M. Germain Sée :
Or, nous avons, comme vous l'avez vu, remanié complètement l'his¬
toire pathogènique de l’endocardite. Dans tout ce bouleversement,
qu’est devenue l’endocardite rhumatismale, celle que l’on considérait
comme toujours verruqueuse et jamais ulcéreuse ni infectieuse ?
Eh bien ! elle aussi est microbienne. Pour soutenir cette opinion, je
pourrais vous dire que le rhumatisme lui-même est une maladie infec¬
tieuse et que l’endocardite rhumatismale est due à l’organisme encore
iucoonu de l’affection, ce qui nous dispense d’avoir à le montrer.
Cette hypothèse, que je ne puis encore vous confirmer, ne vous satis¬
ferait pas. Mais à chaque instant vous avez vu que, dans les
endocardites rhumatismales,on avait trouvé des microbes tout comme dans
les formes ulcéreuses. Je reconnais que la constatation des microbes a
été moins fréquente dans les cas d’endocardite verruqueuse, mais cela
peut s’expliquer facilement. L’endocardite verruqueuse moins grave ne
tue les malades que très tardivement, par asystolie, à un moment où
l'endocardite n’existe plus, où il ne reste plus que les cicatrices valvu¬
laires, qu’elle a déterminées. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que, sur
ces valvules où l'endocardite n'est plus en activité, on ne retrouve plus
le microbe qui l'a causée.
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— 302 —
Néanmoins, vous avez vu que Fraenkel et Saenger ont vu des micro¬
bes dans certaines endocardites verruqueuses.
Comme les microbes paraissaient moins abondants, on crut que - la
nature des parasites avait une importance et que leur forme bénigne
correspondait à une invasion microbienne moins abondante. Peut-être
aussi faut-il tenir compte de l'activité différente des divers microbes qui
peuvent produire l’endocardite, cela est très Vrais3inblable ; mais nous
ne sommes pas encore assez avancés pour rien affirmer à cet égard.
Mais il y a encore un facteur dont l'importance est au moins aussi
grande, c'est le malade lui-même.Suivant qu'il sera robuste ou débilité,
il résistera ou succombera. Il s'établit, en effet, une lutte dont l’issue
dépend autant de la vigueur de l'attaque que de celle de la défense.
Vous le voyez, les notions actuelles transforment complètement tout ce
que nous savions jusqu'ici sur l’endocardite. Cette maladie n'est plus
une inflammation, comme on le croyait jadis, c’est une infection micro¬
bienne, et cette constatation n'a pas seulement un intérêt théorique, elle
a des conséquences thérapeutiques de la plus grande importance.
En effet, jusqu'à présent, on traitait l’affection par des antiphlogisti¬
ques, on appliquait au devant du cœur des vésicatoires, des pointes
de feu, des ventouses scarifiées pour lutter contre une préten¬
due inflammation. Actuellement que nous savons qu'il ne s’agit pas
d'inflammation, nous devons nous dispenser de tous ces moyens qui sont
forcément inefficaces et qui ont le grave tort de débiliter le malade et de
le rendre par suite bien moins en état de résister à l'infection microbienne
dont Y endocardite est la manifestation. {Bulletin médical ,5 décembre 1888.)
Conclusion. — Il y a plus de cinquante ans que ce système
est appliqué aux malheureux souffrant d’endocardites; com¬
bien y en a-t-il qui n’eussent pas succombé s’ls n’avaient pa9
été traités par les antiphlogistiques et les vésicatoires?
Cet aveu de M. Germain Sée est plus gros de conséquences
qu’on ne pourrait le croire a priori; non seulement le vésica¬
toire doit être proscrit dans l’endocardite qui est une maladie
microbienne, mais on doit le rejeter pour las mêmes motifs
dans toutes les autres maladies microbiennes, et elles sont
nombreuses aujourd’hui ; plus la science avance et plus on
trouve de maladies à microbas ; c’est au point qu’on pourra
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— 303 —
bientôt se demander si parmi les maladies aiguës il y en a qui
ne soient pas microbiennes.Dés lors plus de vésicatoires dans
les maladies aiguës, puisque le vésicatoire en affaiblissant le
malade affaiblit sa résistance au développement des microbes;
par conséquent, pour être logiques et conséquents, nos con¬
frères allopathes ne doivent plus prescrire de vésicatoires ni
dans la pneumonie, ni dans la phtisie, ni dans un grand
nombre de maladies aiguës. Mais nous sommes bien persuadé
que pendant de longues années ils continueront encore à
ordonner « de bons et larges vésicatoires » à leurs malades
pneumoniques et phtisiques, etc.,par la raison que le vésica¬
toire est un remède à effet certain — sur l'imagination des
pauvres malades et des assistants —; et s'il est destiné à dis¬
paraître de la pratique des hôpitaux il fera encore longtemps
florès dans la clientèle civile, le bon vésicatoire.
Et la saignée ! Elle avait fini par perdre du terrain chez les
successeurs immédiats de Broussais, mais depuis une quin¬
zaine d’années elle a repris un regain de faveur; si on ne fait
plus tant la saignée du bras, les sangsues et les ventouse s
scarifiées sont largement mises à contribution ; et pourtant
voilà tout cet appareil antiphlogistique condamné par la
science actuelle.
Quand on réfléchit à tout ce que nous venons de dire, ne
doit-on pas donner raison à la grande masse du public qui ne
considère pas toujours les médecins comme des guérisseurs et
n’avons-nous pas raison de répéter ce que nous avons déjà
dit plusieurs fois : tous les malades qui meurent ne succombent
pas tons au progrès normal de leur maladie; la médecine fait
souvent pencher la balance du mauvais côté. Ceci nous rap¬
pelle l’aveu sarcastique d’un vieux professeur de l'époque de
la méthode des saignées coup sur coup. Arrivé au lit d'un
malade il s’avise de demander à l'interne combien de saignées
le malade avait subies : soixante-deux, répond l’éléve ahuri.
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— 304 —
Et le professeur de répondre sans se déconcerter : «Ceci
vous apprendra, Messieurs, que les malades sont plus résis¬
tants qu’on le croit communément ».
D r Maütlny.
A propos de ce travail le D r Schepens introduit une petite
digression concernant les remèdes externes et palliatifs et
exprime le vœu de voir mettre à l’ordre du jour d’une pro¬
chaine réunion la Question de « savoir jusqu’à quel point et
dans quelles conditions il convient au médecin homœopathe
de recourir aux moyens palliatifs ».
Le D r Van Blaeren se rallie à ce vœu et cite un cas de
douleur dentaire dans lequel la guérison complète ne fut
obtenue qu’en mettant en usage en même temps des remèdes
internes et externes.
A propos des Maladies épidémiques et des médicaments
de la saison , le D r Martiny cite quelques cas d’oreillons, guéris
par puisâtille ; des cas de rougeole nombreux,contre laquelle
bryone lui parait plutôt le spécifique que pulsatille .
Le D r Gaudy rappelle les bons effets d 'arsenicum contre
les suites de la rougeole, même dans des cas désespérés.
Le D p Schepens cite trois cas d’angine observés dans la même
maison; l’un, un enfant, angine herpétique suivie de zona,
guéri par rhus ; le deuxième, également un enfant, angine
pultacée, guérie par cyanure de mercure et apis; le troi¬
sième, le père, angine paraissant d’abord phlegmoneuse, suivie
d’éruption scarlatiniforme très forte. Les deux enfants avaient
eu la scarlatine l’année précédente. Le D r Schepens se demande
si le virus ne s’est pas conservé dans cette maison pour se ma¬
nifester de nouveau,les conditions étant favorables, à une année
d’intervalle. Et à ce propos il relate, de concert avec le
V Martiny, un cas bien remarquable de contagion, dans une
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— 305
famille où, un enfant étant tombé malade de la scarlatine,
tous les autres enfants ayant été éloignés immédiatement,
étaient restés indemnes pendant tout le temps de leur éloi¬
gnement ; rentrés dans la maison après deux mois dans une
partie isolée de celle dans laquelle s’était trouvé le malade,
ils avaient tous contracté la maladie. Après leur guérison on
les avait conduits à la campagne où ils séjournèrent quelque
temps; la campagne resta vide après leur départ pendant
quelques semaines. Une autre famille vint alors s’y installer
et ses enfants furent atteints à leur tour de la même affection.
Rien n’avait été négligé pour faire disparaître toute trace du
virus.
Conclusion à tirer de là: Ne jamais se prononcer trop
légèrement sur la non-transmissibilité quand il s’agit d’affec¬
tions contagieuses.
A la suite de cette petite relation on procède au renouvel¬
lement du bureau pour l’année 1889. Sont nommés: Président,
le docteur Criquelion; Secrétaire, M. Carez, pharmacien.
Ces messieurs promettent de faire tous leurs efforts pour
faire prospérer la société.
La séance est levée à 5 1/2 heures.
Le tabac (1),
par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Sbutin, à Bruxelles.
Maintenant, disons deux mots encore du péril qu’on
encourt à séjourner dans une atmosphère plus ou moins
chargée de vapeurs de tabac ; nous en avons dit deux mots
dêji, mais il est bon d’y revenir et de démontrer d’une
(1) Suite. Voir volume courant, pp. 69, 100, 129, 161, 204, 239
et 266.
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manière péremptoire combien est vicié cet air qu’on res¬
pire dans les estaminets, les cafés, les cercles, les fumoirs
publics et privés, et meme dans les compartiments spéciaux
des chemins de fer, réservés à messieurs les fumeurs. Pour
le comprendre, il suffirait de savoir (nous l’avons déjà dit,
répétons-le encore) que la fumée de tabac tîent elle-même en
suspension, dans de* propartions nécessairement variables
suivant la provenance des tabacs, en moyenne 7 p. c.
de nicotine.
Qui ne sait qu’un grand nombre de personnes, mais surtout
des femmes et des enfants, ne peuvent séjourner quelque
temps dans un milieu nicotisé, sans éprouver des maux de
tête, des nausées, des étourdissements, des défaillances et
même des syncopes? Beaucoup de fumeurs qui s’éloignent
volontiers du foyer domestique pour aller se délecter plus à
l’aise dans los fumoirs publics, y trouvent plus encore des
effets d’intoxication nicotique.
Voici un fait, rapporté par M. le docteur Ségalas, et que
devraient bien méditer tant de nos pauvres jeunes gens qui
n’hésitent pas à passer une partie de leur existence dans les
milieux rappelés plus haut. Voici ce fait : il se rapporte à un
jeune homme, qui passait une partie de sa vie dans un cercle
où, tout en respirant un air saturé de vapour de tabac, il
consommait plus de vingt cigares dans les vingt-quatre
heures du jour et de la nuit. Il n’en fallait pas tant pour porter
atteinte à sa santé, et bientôt, en effet, il vit ses fonctions
digestives s’altérer, sa mémoire et son intelligence s’affaiblir,
toutes ses forces musculaires défaillir au point de tomber
dans l’impuissance anaphrodisiaque. Il avait des projets de
mariage, et justement préoccupé du cas d’empêchement qu’il
n’avait pas prévu, il alla prudemment consulter l’éminent
docteur Ségalas, qui sut facilement l‘éclairer sur la véritable
cause de tous les désordres survenus dans sa santé et sur les
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moyéos tout simples d’y remédier. Il se borna en effet à lui
conseiller, pour tout traitement, d’occuper autrement ses
loisirs,de changer ses habitudes de vie et de régime,de quitter
le cigare et de fuir les lieux ni cotisés.
Cés conseils furent aussi docilement écoutés que fidèlement
observés, et quelques semaines après, le jeune homme était
rendu à tous les attributs de la santé, à toutes les conditions
d aptitude au mariage.
Nous avons suffisamment démontré,par des faits nombreux,
combien la santé, le bien le plus précieux qui puisse être
donné à l’homme, reçoit du tabac, surtout par l’abus qui en
est fait, les atteintes les plus tristes et les plus lamenta¬
bles !... Ce terrible alcaloïde qui les produit et dont nous
avons déjà parlé s’appelle nicotine ; elle produit la mort par
effet foudroyant, sitôt qu’on l’introduit dans l’organisme par
quelque voie que ce soit. Ce phénomène instantané s’explique
par l’action de cette substance sur le système nerveux qui
est la source de la vie.
Que se passe-t-il dans cette œuvre de destruction si terrible?
A l’autopsie des cadavres qu’a tués la nicotine, l’œil ne décou¬
vre rien qui ait pu causer la mort. Tout ce que l’on peut
constater, c’est que la vie est éteinte, telle quelle le serait
par l’électricité, la foudre. Il y a encore cette différence, que
la foudre a une force matérielle ; elle enflamme le ciel, fait
trembler les mont ignés, creuse la terre, renverse les arbres,
les édifices, fond les métaux. La nicotine, elle, quand elle
foudroie, ne présente qu'une goutte, un atome, un rien. Dans
l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons expliquer
que par deux mots : poison, empoisonnement, la redoutable
puissance que la nicotine a sur l’organisme. Gomment expli¬
quer qu une infime partie d’une substance végétale, déposée
sous l’épiderme, à l’un des points les plus éloignés de notre
corps,envahisse instantanément tout notre organisme en pleine
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vie, et y détruise cette vie avec plus de rapidité que ne le
feraient la blessure, la mutilation les plus graves, un boulet
qui couperait notre corps en deux, un train de chemin de fer
qui broierait nos chairs et nos os. On peut constater un fait,
mais on ne peut en approfondir les causes intimes; mais ce
que nous sayons, c’est que le tabac produit le ramollissement
de la substance cérébrale et rachidienne.
Le ramolli, qûoique plus récent que le petit crevé, n’en
n’est pas moins une réalité! Le petit crevé, c’est l’enfant qui
cherche à se faire homme avant terme : c’est le fruit sec de
T humanité, destiné à périr avant d’être mûr. Mais pendant
son existence éphémère, ça vit, ça use tout le présent, comme
par pressentiment que ça n’a pas d’avenir et que ça ne vivra
pas 30 ans; ça passe comme le bruit et la fumée, que ça fait
sans rien laisser après soi.
Le ramolli, au contraire, a vu s’épanouir en toute vigueur
la fleur de sa jeunesse; il a eu son printemps, son été ; sa vie
a été pleine de labeurs et de fruits pour la société. Il a servi
son pays dans les emplois publics, la magistrature, l’armée ;
il a par son génie élargi les limites de la science et des arts.
D’une constitution, primitivement forte et vigoureuse, si
rien n’était venu fatalement l’altérer, il aurait pu franchir
avec aisance et bonheur les deux dernières étapes de la vie,
la maturité et la vieillesse, ces âges d’or où l’homme recueille
en félicité, en considération, en dignité, tout ce qu’il a semé
de travail et de bien dans son existence active.
Mais quelle organisation si puissante pourrait résister à
l’action délétère du tabac ? De même que la goutte d’eau qui
tombe use avec le temps le roc, de même l’atome du poison
qui s’infiltre journellement en nous sous forme de fumée,
qu’il s’appelle opium, arsenic ou nicotine, use notre orga-_
nisme et détruit une à une toutes ses énergies (1).
(1) Depierris. Physiologie sociale. Le ta> ac, pp. 272 et 274.
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Et c’est ainsi que sombrent, en pleine force de vie, de 40 à
50 ans, ces natures à constitution physique taillée en hercule,
aux facultés brillantes, aux conceptions profondes ; un jour
on s’aperçoit que leur caractère change, qu’ils sont moins
gais, moins causeurs.
Il faut leur répéter les mots qu’ils semblent ne pas claire¬
ment entendre, leur rappeler les faits récents qu’ils semblent
avoir oubliés. Leur vue s’affaiblit; ils prennent avant le temps
des lunettes pour la rendre meilleure; leur marche chancelle,
ils prennent un bâton pour la soutenir. Quand on a été quel¬
que temps sans les voir, on dit d’eux, avec une expression
d’étonnement et de tristesse: oh! comme il a vieilli!
C’est qu’en effet, ils marchent rapidement à la caducité.
Une fois leur vigueur entamée, cette constitution robuste,
qui avait été pendant 20, 30 ans réfractaire à l’action du
tabac, se brise, comme la digue d’un fleuve que l’eau a long¬
temps respectée et qu’elle entraîne sitôt qu’elle a pu ébrécher
un point de sa surface.
Alors, on les voit décliner tous les jours, l’idée les aban¬
donne, la parole leur fait défaut, le mouvement se refuse à
suivre leur volonté : ils sont ramollis ! comme on les appelle
vulgairement dans le monde. Cette dénomination est vraie,
car leur décadence rapide coïncide toujours avec un ramollis¬
sement du cerveau et de la moelle épinière.
Y a-t-il un spectacle plus affligeant que de voir (1) dans la
saison des beaux jours, dans les rues, sur les promenades
publiques, ces quantités d’infirmes, en apparence jeunes
encore, mais brisés avant le temps, dans leurs facultés de
sentir :t de se mouvoir? Ils se pendent au bras d’un domes¬
tique, d’un parent, d’une épouse, d’une infirmière, même sur
deux béquilles ; les malheureux essayent en tremblant des
(1) Depierrii. Physiologie sociale . Le tabac, p. 275.
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— 310 —
pas incertains, comme des enfants auxquels on apprend à
marcher.
D’autres, plus engourdis dans leurs mouvements, se font
promener dans de petites voitures et s’agitent encore au milieu
de ce monde dont ils ont aimé l’entrain et la vie. Un pied
dans la tombe, ils luttent ainsi, par un reste d’énergie, contre
la sombre infirmité qui les voue sans espoir à la mort.
C’est dans cet état, dit M. le docteur Depierris, qu’il ren¬
contra un jour à Paris un homme qu’il avait beaucoup connu
dans ses relations de médecin de marine.
Il se promenait dans le petit square de la chapelle
expiatoire de Louis XVI, quand sa vue s’arrêta, comme saisie
par l'ombre de quelqu’un qu’il lui semblait connaître ; c’était
un impotent qu’on promenait dans les allées du jardin. Il con¬
naissait cet homme, mais il ne pouvait se rendre compte, ni
qui il était, ni où il l’avait vu, tant il était changé.
Alors, dans un effort de souvenir, il se dit à lui-même :
mais c’est E. P... ! C’est l’amiral ! Il prononça son nom en lui
tendant la main, comme on fait à un vieil ami, que l’on ren¬
contre et que l’on n’a pas vu depuis 20 ans. L’amiral leva
vers lui de grands yeux égarés et qui semblaientluidire : Je ne
vous connais pas.
L’amiral parle difficilement, lui dit alors la dame qui l’ac¬
compagnait ; il a perdu toutes ses facultés, il est paralysé.
Cette rencontre si inattendue avait tellement impressionné
le docteur, qu’il quitta le pauvre infirme en lui serrant les
mains, dans un mouvement d’expression et de tristesse aussi
muettes que l’était son indifférence pour lui qu’il ne connais¬
sait plus.
Le docteur Depierris apprit par un de ses collègues de la
marine,qu’il y avait déjà bien longtemps que le pauvre amiral
se. trouvait dans cet état, contre lequel il n’y a plus rien à
faire — ramolli! Ah! mon cher ami, ajoutait-il,si vous saviez
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combien j’en ai vu finir ainsi parmi ceux qui faisaient leurs
premières armes dans la marine! Rappelez-vous un.tel.
un tel.un tel (il ne finissait pas de citer des noms), ces
jeunes et beaux officiers, alors si pleins de vie, d’espérance
et d’avenir? Eh bien, tout ça est mort !...
C’est le service actif de la marine qui les afait périr. — Non,
mon ami, ce n’est pas ça! Ce qui les tue sans qu’ils paraissent
s’en douter^ bien que je ne me suis jamais lassé de leleur crier
bien fort, c’est le tabac.
Si vous saviez, ajoutait le docteur Depierris, toute la peine que
j’ai eue à en tenir à flot un grand nombre qui se sont abimé la
constitution en culottant des pipes, vous en seriez étonné. Il
en est qui ne vivent plus qu’à l’aide de la sonde, qui doit vider
plusieurs fois par jour lour vessie, que la nicotine a para¬
lysée; mais c’est l’histoire de la cruche, à force d’aller à
l’eau, elle se brise; la vessie, elle, à force d’être sondée se
perce par des iausses routes où s’égare la sonde ; ou bien
elle s’enflamme, et c’est la cystite chronique ou le cancer qui
terminent lo plus souvent au milieu des angoisses les plus
cruelles, leur malheureuse existence (1).
Tenez, continua-t-il, il y en a un qui va prendre le com¬
mandement de l’escadre de la Méditerranée, X..., vous le rap¬
pelez-vous? Quel brillant officierai était! 11 asu, parsonmérite,
se pousser jusqu'à l'amirauté; mais c’est fini deluiîS'il n'avait
pas usé par le tabac tout ce qu'il y avait en lui d'énergie,
d’intelligence, de force de caractère, quels services il pour¬
rait rendre à la marine, à la France, jeune comme il est
encore et dans un sihaut grade! Mais qu'attendre d'une orga¬
nisation dont la nicotine a détraqué tous les ressorts ? Il ne
(1) C’est aiosi que s’est éteint le 12 octobre 1875, à 17 ans, un des plus grands
maîtres de la statuaire contemporaine, le si regretté Carpeaux. Le nicolisme
qui.avant l’age mûr, avait stérilisé déjà son génie,usa dans une agonie de 5 ans,
cette existence trop tôt ravie aux gloires de la France et à la légende des art*.
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312 —
tient plus que par un souffle, et au premier coup de cape à la
mer, il sombrera.
Le docteur ne se trompait pas dans ses prévisions. L'ami¬
ral n'attendit pas d'être en mer pour mourir; à peine avait-il
pris le commandement de son escadre qu’il succomba de lan¬
gueur par consomption nicotineuse, à bord de son vaisseau,
en rade de Toulon.
En 1850,M. le docteur Depierris fît la connaissance^ San-
Francisco, d’un homme jeune encore, que quelque ouragan
semblait avoir jeté, comme tant d’autres, sur cette terre
d'épreuves et d'espérances. Il était médecin, ce qui les avait
rapprochés par confraternité professionnelle ; ils demeuraient
l’un à côté de l’autre, mais cet homme vivait inactif, au milieu
de cette population ardente aux affaires. Il passait une partie
de ses jours étendu dans un hamac, d’où pendait une longue
pipe dont il ne cessait d’aspirer avidement la fumée.
Le docteur Depierris, croyant que son inertie venait du
manque de confiance en lui-même, lui disait un jour ; vous
connaissez la médecine, pourquoi ne la pratiquez-vous pas ?
Il y a ici place pour tout le monde. — Oui, la médecine, j’en
ai su un peu autrefois, mais j’ai tout oublié dans les prisons
et dans l’exil.
A ces mots qu’il prononçait avec une émotion profonde, sa
figure s’anima ; ses yeux brillèrent aussi ardents que le feu de
sa pipe,dont il tirait la fumée par des aspirations convulsives,
un sentiment d’indignation et de colère sembla le dominer.
Oh ! les misérables, reprit-il, .à présent qu’ils sont au pina¬
cle, ils oublient ceux qui les y ont poussés ! Il raconta
alors qu'il avait quitté sa carrière de médecin militaire pour
s’attacher au parti de Louis-Napoléon ; qu’il avait partagé sa
mauvaise fortune, et qu’aux jours de succès on l’avait envoyé
en Californie, où devait le suivre bientôt sa nomination à un
consulat.
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— 313
Mais cette nomination ne venait pas ; et, de même que
sous les verroux du château de Ham, quand il expiait son
crime de haute trahison contre le gouvernement de Louis-
Philippe, il cherchait, dans le narcotisme du tabac, un soula¬
gement à sa captivité par l’oubli de la vie, de même,dans son
isolement à San-Francisco, il demandait à sa grosse pipe
danoise de la résignation et de la patience jusquà des jours
meilleurs; et il attendait. Il y avait dans cette nature d’homme
quelque chose d’original et d’excentrique qui tenait presque
de Thallucination qui domine souvent les nicotinés, dont il
était un type déjà bien avancé. Aussi, le docteur doutait
parfois de la réalité de tout ce qu’il lui disait sur ses anté¬
cédents aventureux et ses espérances.
Un jour qu’il était bien disposé, le docteur lui dit: Pourquoi
alors ne restiez-vous pas en France? Le prince vous aurait
moins perdu de vue, et si vous avez été l’un de ses compa¬
gnons de hasards et d’infortunes, l’occasion ne lui eût pas
manqué de vous en être reconnaissant, aujourd’hui qu’il peut
tout.
— Quand j’ai quitté la France,le Président ne pouvait rien
pour moi, et puis je ne pouvais avoir en France aucune posi¬
tion politique. Lors de notre arrivée à Boulogne, sur le stea¬
mer anglais City of Paris, j’étais le fauconnier de l’expédition ;
c’est moi qui portais l’aigle que j’avais dressé à aller s’abattre
sur la tête du neveu de l’Empereur. Si tout avait réussi, nous
enlevions la France à Boulogne, comme Napoléon la recon¬
quit & Fréjus, après sa fuite de Pile d’Elbe ; mais la France
fut indifférente ; elle y reviendra ; Louis a le pied dans l’étrier,
son règne arrivera, vous le verrez.
En effet, le Président se fit empereur et lui devint consul.
H eut, dans la carrière diplomatique, un avancement très
rapide. En 1870, je le retrouvais à Paris consul général en
retraite pour infirmités. Mais quelles infirmités, grand Dieu !
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— 314 —
Elles étaient si affligeantes qu’on les cachait à tout le monde.
Je ne fus admis à le voir qu’en ma qualité d’ancien ami, et
surtout à mon titre de médecin. Il ne vivait plus, il végétait.
C’était un cadavre dont la mort n’avait pas désagrégé les
éléments pour les rendre à la terre. Il n’avait plus ni voix, ni
regard, ni intelligence, ni mouvement ; tout était éteint, et
pourtant il vivait, il était assis, à demi-étendu, sur un fauteoil
en forme de lieu d’aisance, pour deux fonctions qui s'accom¬
plissaient en lui sans qu’il en eût conscience.
A ses côtés vivait une sainte femme, qui avait épousé cet
idiot par le plus généreux dévouement, pour lui donner les
soins que réclamait cette triste situation, car c’était lente¬
ment qu’il s’était affaissé jusqu’à la dégradation profonde où
il se voyait tombé. Ce pauvre ami, lui dit-elle, s’il avait suivi
mes conseils, s’il avait pu avoir assez d’ascendant sur lui-
même, assez de volonté, il ne serait pas arrivé au misérable
état où il est aujourd’hui; mais il était sur une pente dange¬
reuse où il est bien difficile de s’arrêter, car j’en ai vu beau¬
coup comme lui.
Le docteur lui demanda s’il était déréglé dans ses habi¬
tudes, s’il faisait abus d’absinthe, de whisky ou d’autres
liqueurs alcooliques.
Non, jamais, monsieur; s’il prenait quelquefois des liqueurs,
ce n’était que très sobrement, mais ce dont il usait beaucoup,
et dont je n’ai jamais pu réussir à le déshabituer, c’est de
tabac. C’est le tabac, rien autre que le tabac, je puis vous
l’assurer, qui a tué, une à une, toutes ses facultés qui étaient
pourtant bien actives. Depuis dix ans, j’assiste à cette lente
agonie de son intelligence et de son corps. Enfin,si Dieu m’en
donne la force, car j’en ai le courage, j’accomplirai mon œuvre
jusqu’au bout ; je 11 e me séparerai jamais de mon cher
malade pour le confier à une maison de santé, où i! mourrait
peut-être, du jour où mes soins lui manqueraient. Il me
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— S15 —
quittera avant que je ne le quitte.— Pauvre femme ! c’était
elle qui devait le quitter la première. Un de ce» misérables
aux instincts meurtriers l’assassina dans la chambre,aux pieds
mêmes de son mari, sans que la parole ou le mouvement
aient pu revenir au malheureux infirme qui demeura impas¬
sible et inconscient devant cet horrible crime.
(A continuer.) Em. Seutin, ph" et u r L. Seutin.
IIVDI DUS JOURNAUX HOKEOPATHIQUES VAIÉRIQD8,
par le D r Lambreghtb, fils.
Traitement des paralysies,
par le D r Boocock .
Le D r Boocock publie dans XAmerican homœopathist
divers cas intéressants de paralysies qui ont cédé prompte¬
ment à la médication homœopathique.
I. — Isaac B., âgé de 72 ans, fut atteint subitement d’hé¬
miplégie de tout le-côté droit. Le médecin de la famille étant
absent, je fus appelé à donner mes soins au malade. Je le
trouvai en pleine connaissance,mais incapable d’articuler une
parole. La bouche était déviée du côté gauche et les muscles
buccaux étaient le siège de contractions cloniques très pro¬
noncées. Les mouvements et la sensibilité avaient complète¬
ment disparu dans la jambe et le bras droits.
Je prescrivis nux vom . 3 e et bellad, 3 e alternés, une
cuillerée toutes les cinq minutes. Au début, le malade fut
dans l’impossibilité d’avaler sa potion.
Lorsqu’on lui donnait à boire, c’était comme si on versait
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— 31« —
le liquide dans un tube rigide ; on l’entendait tomber dans
l’estomac. Après la seconde dose, j’eus la satisfaction d’aper¬
cevoir déjà quelques mouvements de déglutition.
Je résolus alors de continuer les mêmes remèdes, une
cuillerée toutes les dix minutes. Après quelques heures, la
déglutition put se faire parfaitement et le malade réussit
même à expectorer une glaire qui obstruait les voies
aériennes. Je couvris alors la tête d’une flanelle imbibée d’eau
très chaude, et, au bout de quelque temps,je constatai que les
mouvements commençaient à revenir dans les membres para¬
lysés ; le malade pouvait déjà remuer le bras droit, et pro¬
noncer quelques paroles d’une manière assez distincte.
Lorsque je le vis le jour suivant, l’amélioration avait fait de
grands progrès, la paralysie avait presque complètement
disparu. Sur ces entrefaites, le médecin de la famille, qui
était venu lui rendre visite, lui fît quelques injections de
morphine dans le but de combattre les insomnies dont il se
plaignait surtout. Ce traitement fut fatal.
Le lendemain, on trouva le malheureux Isaac B. mort
dans son lit.
IL — Madame B., âgée de 60 ans, accusait depuis quelque
temps déjà un certain trouble dans les idées et une perte
presque complète de la mémoire, lorsque soudainement elle
perdit l’usage de la parole, en même temps que se produisait
une paralysie de la sensibilité dans les extrémités supérieures
et inférieures. Je fus appelé peu de temps après cet acci¬
dent, et je prescrivis lachesis 6 e contre la perte de la mémoire
et de la parole, et cedron 6 e contre ^insensibilité des extré¬
mités.
Le lendemain, je trouvai la malade beaucoup mieux. La
parole lui était revenue ; elle parvint à m’expliquer qu’elle
éprouvait comme des piqûres d’aiguille dans les mains et les
pieds, et une sensation de pesanteur dans les bras et les
jambes. J’administrai alors nux et cedron ,
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L'amélioration fut rapide; au bout de quelques semaines, la
malade se trouva complètement guérie. Depuis cette,époque,
elle ne cesse d’avoir les trois médicaments indiqués à côté
d’elle, et aussitôt qu’elle ressent le moindre vertige ou la
moindre sensation de pesanteur dans les membres, elle s’em¬
presse d’en prendre une dose et s*en trouve toujours bien.
III. — Mademoiselle Fawning, âgée de 15 ans, avait été
récemment atteinte de scarlatine. Quatre semaines après la
guérison, ses parents me firent mander. Je constatai chez
la malade une déviation assez prononcée de la bouche à
droite, et une certaine difficulté de la parole.
Un médecin allopathe l’avait traitée pendant quelque temps,
mais le mal avait résisté à tous ses efforts. Convaincu que
j’étais en présence d’un cas d’hydropisie du cerveau avec
compression, je me décidai à prescrire apis 3 6 . J'avais tou¬
ché juste; au bout de 15 jours,il ne restait plus aucune trace
de paralysie.
IV. —Paralysie des cordes vocales. — M me C. était aphone
depuis une dizaine d’années. Elle avait consulté les meilleurs
spécialistes des États-Unis, mais sans obtenir la moindre
amélioration. On lui avait dit que son cas était incurable.
Sur les conseils d’un membre de sa famille, elle se décida à
essayer rhomœopathie. A l’examen de la gorge, je constatai
une paralysie complète des cordes vocales. La malade ne
pouvait parler qu’à voix basse. Je lui donnai causticum 1«
à prendre 4 globules toutes les 4 heures. Après une semaine
de ce traitement, jV)servai un mieux manifeste ; la voix
était plus claire et les cordes vocales se mouvaient d’une
manière sensible. Je continuai le même médicament à la
3 e , puis à la 6 e . Au bout d’un mois la guérison fut complète.
V. —M®* H. souffrait de trismus à la suite d’un froid qu’elle
avait pris. Il lui était presque impossible d’ouvrir la bouche ;
les muscles du côté gauche surtout étaient fortement contrac-
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— 318 —
tés. Le médecin de la famille n’ayant pu la débarrasser
cette affection, elle eut recours à l'homœopathie; kmosot
réussit & la guérir au bout de quelque temps.
VI. — M"° P. était atteinte d’une paralysie du bras droit.
Elle en attribuait la cause à une excursion à cheval qu’elle
avait faite par un vent froid. Tous les moyens externes
avaient échoué. Je lui conseillai de prendre nuæ 3* et kreo-
sot 3«; sous l’influence de ces deux remèdes, la paralysie
disparut au bout d’une semaine.
Sttcta palmonaria,
par le D r Cjuu^ston Smith, de Philadelphie.
Sticta pulmonaria est un médicament dont les médecins
homœopathes se servent peu, et qui cependant exerce une
action très marquée sur les muqueuses nasale et bronchique.
Administré à basse comme à haute dilution, il guérite souvent
d’une manière rapide les rhumes de cerveau et de poitrine,de
même que le catarrhe chronique dos fosses nasales.
Voici les symptômes quil produit sur l’homme sain :
Moral. — Confusion dans les idées.
Tête. — Sensation comme si ld tête était trop étroite,
comme si le cerveau était comprimé. Douleurs lancinantes
dans le côté droit de la tête. Céphalalgie catarrhale, accom¬
pagnée parfois de nausées et de vomissements.
Yeux. — Sensation de brûlant dans les conjonctives, dou¬
leurs dans le globe oculaire, surtout lorsqu’on ferme les yeux
ou qu’on dirige le regard d’un point à un autre.
Nez. — Le malade éprouve le besoin de se moucher con¬
stamment,mais la sécrétion est nulle. La muqueuse des fosses
nasales est sèche et douloureuse; elle est recouverte de
croûtes qui se détachent difficilement.
Gorge. — Le voile dû palais présente une telle sécheresse
que le malade éprouve de la douleur en avalant.
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tf'8*
— 319 —
La toux, est toujours sèche et s'aggrave constamment
pendant la nuit, empêchant le malade de dormir. Elle est
violente, douloureuse, s’accompagnant de céphalalgie dans
la région frontale. Elle est produite par un chatouillement
dans le larynx et ensuite sous le sternum ; parfois elle est
croupale. Enfin elle fatigue beaucoup le malade et l’empêche
de se coucher et de dormir.
Quelques symptômes propres à ce médicament méritent
encore d’attirer l’attention. Ainsi il semble au malade que ses
jambes flottent librement dans l’air ; il éprouve une douleur
allant du sternum à l’épine dorsale, et une sensation comme
s’il se produisait une fermentation dans l’abdomen. Enfin il
ressent une pulsation au côté droit du sternum s’étendant
jusque dans l’abdomen.
Plusieurs remèdes ont des points de ressemblance avec
sticta pulmonaria : ainsi la sensation de pression à la
racine du nez se rencontre également dans nux vom.; mais
dans ce dernier il se produit une sécrétion liquide pendant le
jour, et les symptômes s’aggravent le matin, ce qui n’existe
pas dans sticta.
La sécheresse des fosses nasales est aussi un symptôme
important de arum triphyl . Dans sticta le malade éprouve
le besoin constant de se moucher, mais, malgré ses efforts
répétés, il ne peut obtenir la moindre sécrétion. Dans arum
triphyl. les fosses nasales sont obstruées et sèches, mais
il se produit cependant une sécrétion continuelle qui pro¬
voque l'excoriation des narines et de la lèvre supérieure.
Beaucoup de personnes croient qu’il est impossible do gué¬
rir un catarrhe nasal aigu ou chronique. Pour ma part
je suis persuadé que si l’on choisit avec soin le médicament
lo plus conforme aux symptômes observés, il est peu d’affec¬
tions de ce genre qui résistent à la médication homœopa-
thique.
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— 320 —
Voici deux cas de guérison obtenus à l’aide de sticta
pulmonaria :
I. — Une dame était atteinte d’un accès d’influenza qui la
faisait beaucoup souffrir. Elle ne voulait suivre aucun traite¬
ment, car le médecin allopathe qui l’avait soignée dans ses
attaques antérieures n’avait pu lui procurer le moindre
soulagement.
Sur les instances d’un membre de sa famille elle se décida
néanmoins à essayer l’homœopathie. Je lui prescrivis une ou
deux gouttes de teinture-mère de sticta dans un demi-verre
d’eau, à prendre une cuillerée à thé toutes les deux heures.
Quelques jours après tous les symptômes avaient disparu
à son grand étonnement.
II. — Un monsieur vint me consulter pour un catarrhe
chronique du nez qui datait d’uno quinzaine d’années. Il me
dit qu’il devait constamment se moucher, mais qu'il ne par¬
venait pas à obtenir la moindre sécrétion.
A l’examm, je constatai que là muqueuse des fosses
nasales était recouverte de croates sèches et très adhérentes.
La respiration par le nez était impossible. Je prescrivis
sticta puhn. 0 e . La guérison fut complète au bout de
quelques mois. (Homœopathic physician.)
D r Lambreohts, fils.
SOMMAIRE.
Nécrologie.289
LE BORD DE LA MER {Suite), par le D r Martiny . 295
Association centrale des homœopathes belges, séance
du 15 janvier 1889. 298
Les victimes du vésicatoire, par le D 1 * Martiny . . . 299
Le tabac {Suite), par MM. Em. Seütin, Ph“ et le D r Léon
Seutin, à Bruxelles . . 305
Revue des journaux homœopathiques d'Amérique, par
le D r Lambreghts, fils.315
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
15* Année. FÉVRIER 1889. N® 11.
LE BORD DE LA MER, “>
par le D* Martiny.
La cure de mer {Suite).
La cure de mer considérée au point de vue hydrothé¬
rapique. — Les personnes qui ne se contentent pas de
respirer l’air de la mer et qui prennent des bains ont tout
intérêt à connaître l’influence du bain de mer considéré
au point de vue hydrothérapique ; nous l’avons dit plus
haut, le bain de mer est une opération compliquée, c’est une
manœuvre hydrothérapique à laquelle le baigneur est
soumis, manœuvre très complexe en elle-même, très
variée comme le mouvement de la mer et de l’air qui
plane à la surface ; le bain du lendemain peut être sous
le rapport hydrothérapique absolument différent de celui
de la veille : cela dépend du mouvement plus ou moins
violent des vagues, de la force du vent, etc., etc. ; cela
dépend aussi de la température de l’eau et de la tempé¬
rature de l’air; il est important dès lors que chaque
malade sache un peu par lui-même comment il doit se
comporter dans les différentes circonstances. Aussi
croyons-nous utile d’entrer dans quelques détails au sujet
de l’hydrothérapie et de son mode d’action sur l’orga¬
nisme humain, afin que chacun puisse mieux se rendre
compte de l’importance et de la valeur des conseils que
nous donnons à propos du bain de mer.
(1) Suite. Voir vol. précédent et vol. courant pp. 33, 65, 225 et 295.
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— 322 —
Comme toutes les grandes découvertes médicales,comme
la circulation du sang, comme l’auscultation et le magné¬
tisme, comme l’homœopathie, l’hydrothérapie a été au
début fort mal reçue par les Académies et les médecins
officiels; ils traitaient du haut de leur grandeur les
médecins à l'eau froide ; aujourd’hui l’hydrothérapie est
toutà fait en honneur; Prisnitz, son véritable inventeur et
promoteur, qualifié jadis d’ « affreux charlatan », est
appelé maintenant « paysan de génie » ; les établisse¬
ments d’eau froide, très clairsemés autrefois, sont au¬
jourd’hui très nombreux et éparpillés partout, surtout en
Allemagne et en Suisse; tous, ils ont beaucoup de pen¬
sionnaires ; l’hydrothérapie est recommandée dans
presque toutes les maladies qui affligent l'espèce humaine;
des études nombreuses, des recherches expérimentales
minutieuses ont été faites depuis une vingtaine d’années;
les appareils hydrothérapiques ont été modifiés et perfec¬
tionnés ; un grand nombre de médecins sont « fanatiques »
de l’eau froide et font de l’hydrothérapie le pivot de leur
thérapeutique, surtout dans les affections chroniques (1).
(1) Comme médecin homœopathe nous ne pouvons qu'applaudir à cette
tendance, voici pourquoi : quand nos confrères de l'ancienne Ecole
prescrivent à leurs malades des doses énormes de remèdes, la plupart
dtt temps insuffisamment étudiés, nous ne pouvons nous défendre «Tua
certain sentiment de crainte; l'Ecole allopathique a, il est vrai, prt*
pour habitude d’expérimenter au préalable les substances médicamen¬
teuses sur les animaux, mais malheureusement l'expérimentation se fait
presque toujours à doses toxiques, et fréquemment sur des animaux mutilés
auparavant, ou curarisés; les lapins et les cobayes sont les victimes expia¬
toires de ces recherches ; mais on se berne à constater la plupart du temps
la manière dont les remèdes font mourir et l’on cherchera dose maxima.
Les études de l'action physiologique (?) des remèdes, faites par nos con*
feéres de Pancicnne Ecole, ne sont eu dernière analyse que l'étude de
l’action toxicologique des substances médicamenteuses ; la vraie action
physiologique profonde, intime, souvent de très longue durée, u"y est
guère mentionnée et est pour ainsi dire passée sous silence. Chez nos
confrères, pour qu'un remède ait une réelle valeur, il faut qu’il possède
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L'hydrothérapie ne devient nuisible qu’entre des mains
absolument inexpérimentées ; pourtant il ne faut jamais
perdre de vue que c’est une arme puissante et ne pas en
abuser ; c’est une médication de grande valeur que nous
employons souvent nous-même et que nous plaçons sur
la même ligne que les eaux minérales et les remèdes
homoeopathiques : elle remue profondément l’organisme,
fait fonctionner activement l’enveloppe cutanée et déter-
une action toxicologique puissante ; il faut qu'il tue rapidement un cobaye
ou un lapin pour ne pas être relégué dans la classe des remèdes inertes ,
infidèles ou inusités; ils sont nombreux aujourd'hui ces remèdes déclarés
iftéftéa ; et la matière médicale des Ecoles officielles ne comporte plus
guère que des poisons ; un grand nombre d'excellents remèdes du règne
végétal sont aujourd'hui éliminés des traités de thérapeutique sous pré¬
texte qu'ils ne sont pas assez actifs. Aussi le nombre des remèdes usités
chez nos Confrères se restreint-il de jotfr en jour : ils n'emploient plus guère
que les substances dites « énergiques », e’est-k-iHre toxiques, et qui ôtrt
souvent de tristes conséquences. C'est une des raisons pour laquelle nous
applaudissons aux grands progrès de l'hydrothérapie. C'est pour des rai¬
sons semblables qüe, parmi les médications dé l'ancienne thérapeutique,
celle qui noos répugne le moins, qui nous paraît 1& plus inoffehéive éôt fà
AèdÜéàtk)* antiphlogistique, c'est-à-dire les saignée» générales et locale»
(sangsues, ventouses) ; la raison en est facile à saisir : quand on soutire à
un sujet trois ou quatre onces de sang, on sait exactement ce qu'on a fait,
et l'organisme humain est si admirablement aménagé qu’il a vite réparé
cette petite perte de sang ; dahs certaines circonstances des saignées
locales et générales peuvent même avoir leur utilité ! Quand, au contraire,
nos confrères emploient des remèdes, leurs doses sont si fortes que, dans
uü grand nombre de cas, des effets nuisibles doivent survenir, d’autant
plus que les actions de ces remèdes sont fort peu connues. Qu'on n’aillé
pas extofre que nous exagérons à plaisir et qüe les actions des femèdés
•ont bien connues ; il nous suffira de dire que, le désaccord le plus com¬
plet règne encore aujourd'hui dans l’Ecole allopathique au sujet de
médicaments anciens comme le monde, tel que l'opium, par exemple ; les
tarants igûoreiit encofe si, sous l'influence du sommeil morphinique,
lu tête est Congestionnée ou anémiée. D'après certains auteurs, l'opium
est un excitant tandis qu'il est un calmant pour le» autres, etc., etc.;
S ntité de remèdes sont ddns le môme cas; nous applaudissons donc,
» nnférSt des malades, aux progrès de l'hydrothérapie, qui, au
moins, lorsqu'elle ne guérit pas, n'empoisonne pas.
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— 324 —
mine souvent des crises plus ou moins aiguës, des pous¬
sées à la peau, etc. Comme les cures minérales, comme
la cure maritime, l’hydrothérapie produit parfois des
résultats remarquables, dans les affections chroniques et
diathésiques. Les brôs de mer, surtout ceux de la mer
du Nord, sont de vrais bains hydrothérapiques compliqués
de douches variées ; il faut, si l’on veut se rendre compte
de leurs effets, être au courant de l’influence de l’hydrothé¬
rapie et de l’eau froide sur l’organisme humain ; voilà
pourquoi nous voulons donner quelques détails à ce sujet.
Plongez un homme subitement dans l’eau plus ou moins
froide, ou donnez-lui une douche, il éprouvera une série
de phénomènes qui varient d’intensité seulement, suivant
les sujets, le degré du froid et la durée de son application :
« Le sujet est vivement ému par la surprise désagréa¬
ble du froid; il lui semble que son corps tout entier se
serre, revient sur lui-même. Ses membres s’étendent, se
raidissent, tressaillent, sont secoués par un tremblement
plus ou moins violent. Il ressent une vive oppression, il a
de la peine à soulever sa poitrine qui lui parait être
comme serrée dans un étau ; il doit se livrer à un effort
pour faire pénétrer l’air dans ses poumons. Pour vaincre
cette résistance, il se fait une première inspiration cram-
peuse, comme sanglotante, pendant laquelle le dia¬
phragme se contracte convulsivement, devient horizontal
et refoule en bas les viscères abdominaux ; les parois du
ventre proéminent. A cette inspiration saccadée, convul¬
sive, souvent entrecoupée d’un grand cri involontaire, il
en succède d’autres plus profondes, plus tranquilles et
plus efficaces.
« La peau pâlit, devient exsangue, elle prend un
aspect chagriné dû à la saillie des glandes sébacées et
des bulbes pileux qui sont poussés au dehors par la
contraction des fibres musculaires lisses du derme qui
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— 325 —
s y insèrent. Elle se couvre de chair de poule. Sa sensi¬
bilité est légèrement émoussée ; elle n’a plus sa finesse
tactile ordinaire, le contact avec les objets qui la frôlent
n’est pas senti avec autant de netteté. La tète est un peu
alourdie, l’esprit moins agile, la pensée moins libre.
« Ces effets primaires ne sont pas, de longue durée.
Ils cessent en même temps que l’application froide, sou¬
vent même ils se dissipent, pendant que le froid agit
encore, pour faire place à des phénomènes diamétrale¬
ment opposés. L’impression si antipathique du froid est
remplacée par une sensation toute contraire de chaleur
et de bien-être, qui parcourt tout le corps comme une
effluve bienfaisante. La tête se dégage, l’idéation devient
plus facile, l’esprit est plus frais et plus reposé, l’humeur
plus riante, le courage relevé, l’entrain augmenté ainsi
que la force de volonté. Le monde extérieur apparaît
sous des couleurs moins sombres ; les sens ont gagné
plus d’acuité.
« La peau a récupéré toute la délicatesse de son
organisation. On dirait qu’elle est gonflée, plus souple;
elle est parcourue par des picotements agréables aux¬
quels certaines personnes trouvent plus ou moins d’ana¬
logie avec ceux que produisent des courants galvaniques.
Elle a pris un coloris qui va d'un imperceptible piqueté
rose jusqu’à une teinte uniformément rouge ou purpurine.
Elle est fraîche au toucher quoique le sujet y ressente
une chaleur plus ou moins vive, souvent mordicante.
« Le poids qui surchargeait le thorax a disparu comme
par enchantement, la respiration est aisée, l’air pénètre
sans difficulté dans les poumons, on l’aspire à larges
traits et avec volupté. La poitrine fait l’effet comme si
elle avait plus d’ampleur.
« Les muscles ont repris leur souplesse, ils donnent
la sensation d’un surcroît de vigueur ; aussi est-on mieux
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— 326 —
disposé à la marche et comme entraîné à se livrer à
l’exercice. C’est en quelque sorte un rajeunissement du
corps aussi bien que de l’esprit.
« Le sujet qui a été soumis à l’action générale du froid
n’a pas la conscience d’autres phénomènes développés
dans son organisme que ceux que nous venons de décrire.
Cependant, l’excitation thermique est loin de se limiter
à ces effets (1). *
Le froid produit en outre toute une série d’éffets inti¬
mes, de changements plus ou moins profonds dans l’éco¬
nomie qui ont été fort bien étudiés depuis quelques
années. Lorsque la cure hydrothérapique est bien dirigée
et bien faite, elle stimule l’activité des fonctions du sys¬
tème nerveux, réveille l’appétit et rend la digestion plus
facile, régularise la circulation, rétablit les fonctions de
la peau et augmente la combustion intime des tissus ;
« La matière vivante est brûlée plus à fond, dit le
D r Scheuer, jusqu’à ses résidus extrêmes, eau, acide car¬
bonique, urée, et autres substances excrémentitielles. Les
produits de la nutrition retardante ne s’entassent pas
dans le corps. »
Une cure hydrothérapique simple étant déjà une cure
puissante, on comprendra aisément qu’elle aura une
valeur plus grande encore au bord de la mer ; le bain, en
effet, est pris dans une eau fortement chargée de prin¬
cipes médicamenteux, électrisée et toujours en mouve¬
ment, dans une atmosphère presque complètement
dépourvue de miasmes, chargée de poussières médica-
(1) Scheuer. Essai sur Vaction physiologique et thérapeutique de Iky*
drothèmpie % pp, 19 et suivantes. Dans ce remarquable travail, notre
confrère a clairement expliqué, d'après les dernières découvertes et expé¬
rimentations, les diverses actions de l'hydrothérapie, et quoiqu'il ait en
principalement pour objectif l'hydrothérapie appliquée aux états ohtoro-
anémiques, son livre n'en est pas moins une étude remarquable de
l'hydrothérapie en général.
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— 327 —
menteuses, électrisée et agitée par le vent qui produit de
vraies douches d’air sur les parties du corps restant à
découvert pendant le bain. On comprend ainsi de mieux
en mieux quelle réunion de circonstances favorables,
quels facteurs puissants et complexes, quelle variété de
ressources la mer offre au médecin et au malade ; on
comprend les miracles que la mer fait chaque année et,
malgré les énormes imprudences qui s’y commettent, il
y a en somme fort peu de personnes qui s’en trouvent
mal; en effet, à côté de ses effets perturbateurs puissants,
la mer donne son air pur, ozonifié, n’ayant que fort peu
d’acide carbonique et les remèdes charriés par son atmo¬
sphère sont au fond les remèdes modificateurs des princi¬
pales diathèses, le lymphatisme, la scrofulose, etc., et
ces remèdes n’ont en dernière analyse un effet défavo¬
rable que lorsqu’ils sont absorbés en excès et pendant
absolument trop longtemps.
(A continuer.) D r Martint.
Le tabac (1),
par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles.
Si tous les nicotinés, arrivés à cet état incurable, pou¬
vaient mourir, ce serait au moins un soulagement pour la
société et les familles, pour lesquelles ils sont un bien lourd
fardeau ; ils n’affiigeraient pas si longtemps qu’ils le font, les
regards et le cœur, par le spectacle navrant de leurs infirmités
et de leur décrépitude. Mais il en est beaucoup chez qui
l’existence se maintient quand même, lorsque les sens, l’in¬
telligence. les facultés affectives, le mouvement n’existent
(1) Sotte. Voir volume courant, pp. 69, 100, 129, 161, 204, 239,
266 et 305.
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— 328 —
plus. Ils n’ont plus rien de l’humanité que la forme et la
chair : ils ne vivent plus, ils végètent.
Ah ! qu’il est douleureux de voir s’étioler ainsi, dans la
stérilité du narcotisme,et s’éteindre dans la mort prématurée
tant de ces intelligences primitives, bien cultivées, pleines de
vie, bondissant d’enthousiasme vers les hauteurs des connais¬
sances humaines !
Combien de ces organisations d’élite, pleines d’espérance
et d’avenir, se fanent et disparaissent, laissant leur oeuvre
inachevée, au milieu de la route ; et pourtant, cette œuvre
ils, auraient pu la terminer si belle, si brillante, si splendide!
Mais la plante fatale est venue arrêter leur élan, leur essort!
Elle leur a ravi d’abord ce bien si précieux qui a nom
de santé, et sans laquelle l’homme le mieux doué ne peut
rien. Et quant à leur génie il s’est voilé et endormi dans les
vapeurs stupéfiantes de la nicotine.
Oui, la nicotine stérilise nos facultés intellectuelles, mais
elle exerce aussi une action dépressive sur les aptitudes mé¬
caniques, industrielles et commerciales par lesquelles l'homme
manifeste ses hautes prérogatives et progresse dans la civi¬
lisation et le bien-être. L’homme ne doit pas seulement à son
intelligence sa supériorité dans la création, il la doit aussi à
sa main. Aussi la main est le plus prévilégié de tous nos
organes dans la répartition du fluide nerveux ou du principe
de vie. Elle est le siège d’un de nos sens les plus importants,
le sens du toucher, ce qui la met en communication avec le
cerveau, à qui elle rapporte toutes les sensations (1), et dont
elle reçoit tous ses commandements et toutes les facultés
d’agir.
Aussi, dans le nicotisme, qui affecte surtout l’encéphale,
la main perd-elle, comme l’intellect, ses qualités les plus pré¬
cieuses.
(1) Depierris. Physiologie sociale, pp* 306 et 307 4
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— 329 —
Et si roQ.suit les jeunes fumeurs, dans leur apprentissage,
on verra comme ils sont lents à apprendre. Tout ce qui sort
de leur main manque de propreté et du fini auxquels on
reconnaît le parfait artisan. Voilà pourquoi les bons ouvriers
deviennent si rares dans toutes les manufactures. Ah ! si Ton
pouvait compter tous ces pauvres artisans dont la nicotine
engourdit et fait trembler la main, le nombre en serait sans
limite.
Si l’on passe des ouvriers aux commerçants, et qu’on
observe ceux qui sont adonnés à l’abus du tabac, on remar¬
quera bientôt que pour réussir il leur manque deux acti¬
vités importantes : celle du corps et celle de l’esprit. Or, la
nicotine les engourdit toutes les deux. De là, défaut d’ordre,
de jugement, d’esprit spéculatif. Delà, les faillites si fréquen¬
tes de nos jours et qui ruinent le crédit et les intérêts du
commerce (1).
De l 9 action perversive de la nicotine sur le sens moral .
Le sens moral, qui est le couronnement de toutes les per¬
fections humaines, la manifestation par excellence de l’àme,
n’est pas exempt, lui non plus, des atteintes perversives du
tabac.
Le sens moral, c’est cette faculté qu’a l’homme de distin¬
guer le bien du mal ; elle le porte à aimer l’un et à détester
l’autre.
C’est du sens moral que découlent toutes ces belles qualités
appelées justice, clémence, douceur, charité, etc. Il a pour
maxime : No fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on
te fasse.
Si le sens moral existait chez tous les hommes,l’ordre et la
paix régneraient sur toute la terre. Mais le sens moral, qui
est une de nos perfections, n’est-il pas lui-méme bien fragile,
(1) Depierris. Physiologie sociale , pp. 308 et 309.
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— 330 —
bien changeant, et se laissant malheureusement modifier,
avec une bien grande facilité, par tout agent modificateur
du cerveau.
En effet, la colère qui ne résulte que d’une impression pas¬
sagère de l’âme, n’étouffe-t-elle pas quand elle éclate, toutes
les inspirations du sens moral ? Ne fait-elle pas, en un instant,
de l’homme le plus honnête, le plus sage, le plus patient, un
insensé, un insulteur, un meurtrier ?
Si nous passons à l’ivresse alcoolique et que nous exami¬
nons l’effet qu’elle produit sur le sens moral, ne voyons-nous
pas qu’elle le paralyse et l’enchaîne à tel point que l’homme
n’ayant plus conscience de lui-même, de sa dignité, de son
honneur, de ses devoirs, s’abaisse jusqu’aux dernières limites
de la dégradation et du crime ?
Quant au narcotisme du tabac, il constitue l’ivresse lente,
chronique qui, agissant sur tous les centres nerveux à la fois,
produit des perturbations inévitables dans le sens moral,
comme elle en produit dans toutes nos autres facultés sen¬
sitives.
L’ivresse narcotique est moins tapageuse dans ses effets
que l’ivresse alcoolique ; ce que l’une fait par accès, l’autre le
fait par lenteur et continuité. L’ivresse nicotineuse assombrit
le caractère de l’homme, elle fane la fraîcheur de sa jeunesse,
en intervertissant toutes les inspirations du sens moral.
Elle substitue l’égoïsme à la générosité, la rancune à la
clémence, la haine à l’amitié ; elle égare la raison, dans le
, discernement du bien et du mal. Toutes ces anomalies, incon¬
nues autrefois, sont désignées par les noms de névrosisme,
état nerveux, névropathie pratriforme.
Dans le névrosisme, on constate l’inquiétude, l’impatience
morale, la fatigue de tout, l’indifférence à tout ; ce sont les
étouffements, les palpitations, les hoquets, la toux nerveuse,
les hallucinations, les insomnies. De là naissent les bizarreries
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331 — '
de caractère, les monomanies, les folies lucides, dont on
trouve les types les plus originaux parmi les fumeurs (1).
C’est par altération du sens moral, sous la triste in¬
fluence du tabac, que l’homme sent s’éteindre en lui les aspi¬
rations à la vie, si impérieuses chez tous les êtres, et qui
constituent l’instinct de la conservation personnelle.
Aimer la vie,se cramponner à toutes ses aspérités, à toutes
ses amertumes, plutôt que mourir, c’est la loi naturelle.
Les suicides étaient rares autrefois, mais sous l’àge du
tabac, l’homme est engourdi, tout lui pèse, tout l’ennuie, il
ne tient plus à rien, pas même à la seule chose au monde qu’il
aimait avec passion; son tabac le dégoûte, et, un beau jour,
sans raison aucune, il se tue ! Lès statistiques nous montrent
que le nombre des suicides, depuis 1830 jusqu’à nos jours,
a suivi la progression toujours ascendante de la consommation
du tabac. Pour ceux qui pourraient douter, il serait facile
d’entasser ici bien des exemples, mais c’est inutile, car les
journaux ont soin de les publier. A Paris, on a pu constater
dans une seule journée cinq suicides et trois tentatives du
même genre, dont les motifs réels n’ont pu être découverts.
N’arrive-t-il pas souvent que l’on ne peut ouvrir son journal
le matin, quel qu’il soit, sans être frappé de ces trois mots :
encore un suicide (épidémie de suicide).
Les statistiques nous enseignent que la moyenne annuelle
des suicides, qui pour la France était, de 1825 à 1830, de
1,729, arrivait graduellement en 1872 à 5,275. Daps ce
chiffre effrayant des suicides, on n’a tenu compte que de ceux
qui ont eu la mort pour résultat. Il n’est pas fait mention des
tentatives infructueuses de se détruire, qui sont au moins
aussi fréquentes que les suicides réels. Le suicide est quatre
lois plus fréquent chez l’homme que chez la femme, pai*ce que
(1) Depierris. Physiologie sociale , pp. 311 et 312.
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— 332 —
la femme ne s’adonne pas comme l’homme à l'ivresse nar¬
cotique qui pousse au dégoût de la vie.
Cette manie du suicide tend surtout à envahir l’armée (1),
à qui on accorde le privilège d’acheter à prix réduit, à la
la régie, les tabacs inférieurs, parce qu’ils sont plus grossiers
et contiennent en grande proportion les nervures ou côtes
de la feuille. Cette partie de la plante est la plus dangereuse,
car elle contient des quantités beaucoup plus considérables
de nicotine que les parties lisses de la feuille.
Pauvre conscrit ! Sa nouvelle position le rend rêveur et
mélancolique : un vieux s’en aperçoit et l’accoste. Eh bien,
jeune incorporé, qu’est-ce qui se passe là dedans (en lui
touchant amicablement la tête) ? On songe à papa, à maman
et peut-être bien aussi à la petite payse. Tiens, fais comme
moi, mon brave, bourre une pipe, et les chagrins s’envole¬
ront avec la fumée du tabac.
Ce conscrit fume peut-être sa première pipe, il en devient
naturellement malade. Ces premières atteintes lui 'donnent
des appréhensions et des angoisses. Il craint de devenir
sérieusement malade loin de sa famille, l’idée de l’hôpital
surtout lui fait peur. Sous l’empire de ces causes morales,
autant que par le narcotisme du tabac, ses forces nerveuses
s’affaissent. Il tombe dans les langueurs qui mènent rapide¬
ment aux affections typhoïdes, auxquelles succombent tant
de jeunes soldats, dans la première année de leur arrivée
au corps.
Si la force physique résiste, la force morale souvent suc¬
combera ; car, loin de dissiper la mélancolie, les vapeurs
narcotiques du tabac poussent à la tristesse, à l’hypocondrie.
Le jeune conscrit cherche alors la distraction dans la
fumée du tabac, s’ennuie partout, se dégoûte de tout. Il n’v
(1) Depierris. Physiologie sociale.
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» 1 -
— 333 —
a plus pour lui ni présent, ni avenir. Rien, non rien ne saurait
le faire sortir de sa mélancolie, et comme tous les rêveurs
que la perversion du sens moral, sous l’influence du tabac,
pousse au suicide, il se donne la mort (1).
Ces actes blâmables de faiblesse sont causés bien souvent
par l’inconduite, mais ils sont accomplis quelquefois sous
l’influence de quelques souffrances physiques ou morales,pour
lesquelles on ne saurait se défendre d’un sentiment de dou¬
loureuse pitié. Ce qu’il y a de plus grave, c’est que le suicide
tend à se propager par l’exemple.
Nous admettons toutes les causes qui peuvent porter
l’homme à commettre cette insigne folie, mais il en est une,
dont on ne se préoccupe guère et qui devrait surtout attirer
l’attention; c’est que si l’on se suicide autant dans l’armée,
n’est-ce pas, parce qu’on y consomme d’immenses quantités
de tabac?
M. le docteur Depierris intitule le 19 e chapitre de son
. volume sur la nicotiane : Le tabac pousse au crime .
C’est là une bien grave accusation, et qui a soulevé les plus
chaleureuses protestations de la part de ses partisans les plus
passionnés. A leurs yeux, la nicotiane est aussi innocente que
le petit enfant qui vient de naître, c’est-à-dire, incapable de ;
faire le moindre mal.
Une semblable accusation est donc injuste et imméritée;
elle a droit au contraire à tous leurs éloges puisqu’elle sait
leur procurer de douces, agréables et délicieuses jouissances.
Ah! pour eux il est innocent de tout le mal dont on l’accuse,
et l’on voudrait après cela, qu’il fût capable de pousser los
hommes à commettre les faits les plus tristes, les plus crimi¬
nels, les plus lamentables !
Sans vouloir nous immiscer dans un semblable débat, nous
(1) Depierris, Physiologie sociale .
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— 334 —
devons cependant constater qu’à côté de ce type d’hallucinés
qui se donnent la mort, sans faire de mal à personne, il ^st
un autre ordre de dégénérés plus répandus et plus redou¬
tables que la même aberration pousse à tuer les autres.
Ce sont ces misérables qui impriment au front du
xix* siècle la honte d’avouer, que le flot de la criminalité
monte, monte toujours, et dépasse par ses crimes mon¬
strueux, les temps les plus mauvais du moyen âge (1).
Le 15 juin 1844, Donan Gadol, banquier, fut assassiné
par son fils, dans la petite ville de Pontoise (Seine-et-Oise).
Ce fut dans ce procès célébré qu’un magistrat vint faire cette
épouvantable révélation: la France,en dix ans, a vu commettre
quatre-vingt-quinze parricides ! 44 ans se sont écoulés depuis
cette époque, et il serait curieux de connaître la statistique
des parricides commis pendant cet intervalle.
Qu’est donc devenu l’esprit de famille dans une société sem¬
blable, et quelles sinistres causes peuvent donc multiplier à
ce point les exemples d’un crime presque inconnu autrefois ?
La société antique le considérait comme un crime inouï, le
parricide n’était pas même prévu par les législations de la
Grèce et de Rome, qui ne voulaient pas croire à sa possibi¬
lité. Et aujourd’hui, que l’on fait tout pour l’instruction de la
jeunesse, et que rien n’est négligé pour la propagation des
sentiments de devoir et d’honneur, qui sont les vrais garants
de la moralité, aujourd’hui encore qu’il est fait appel à la
religion, à la vulgarisation des bons exemples, par l’abné*
galion, l’amour, le dévouement, enfin par tout ce qui con-
stitue la vertu,comment de tels crimes peuvent-ils se produira
encore? Ah ! oui, ils se produisent sans relâche, et l’on peut
dire que les hommes qui s’en rendent coupables obéissent
aux mêmes penchants que la bête fauve, qui tue pour le
(1) Depierria. Physiologie sociale .
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plaisir de tuer. Ces hommes s’abatteot de toute la cruauté
de leurs instincts sur la société, comme sur une proie, et
repus de meurtres, viennent cyniquement dire à la justice :
oui, nous avons tué... tuez-nous à notre tour.
Mais ces crimes, d’ou peuvent-ils surgir ? Ils ne viennent
pas du manque d’éducation ou de l’ignorance, car on les voit
sûrgir de toutes les classes de la société. Ce n’est donc pas
dans l’ordre moral qu’il faut en rechercher les causes, mais
bien dans l’ordre physiologique.
Et cependant on veille sur l’enfance; les crèches, les salles
d’asile, les orphelinats que l’on élève pour elle, n’en sont-Us
pas des preuves péremptoires ? A l’égard des adultes une loi
qui punit l'ivresse n’a-t-elle pas été décrétée par les Cham¬
bres? En France une ordonnance de police défend aux cafe¬
tiers de recevoir des jeunes gens au-dessous de 18 ans. Des
mesures de police ferment, à certaines heures du soir, les
débits de liqueurs; tout cela est très moralisateur, mais
malgré tout, le niveau moral ne monte pas.
Pourquoi ? C’est qu’il y a là un cruel ennemi contre lequel
la jeunesse et l’enfance ne sont pas suffisamment préservées.
. Cet ennemi c’est le tabac. Quand les cabarets, les tavernes,
les cafés sont fermés, lui ne cesse d’attirer les passants, aux
faux presque sinistres de sa lanterne rouge. Il est toujours ou¬
vert, à toutes les heures et à la clientèle de tous les âges. C’est
là que trop souvent l’enfant vient apporter au débit de tabac,
en échange du plus violent de tous les poisons, le sou que la
charité lui a donné pour acheter du pain (1).
Autrefois, de rares enfants se cachaient pour fumer, il
semblait qu’ils avaient la conscience qu’ils faisaient une
action honteuse. Aujourd’hui on les voit par groupes dans les
carrefours, dans les rues, dans les établissements publics.
(1) D r Depierris. Physiologie sociale , pp. 332 et 333*
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Ils ont de 8 à 12 ans, et les voilà luttant, à qui suppor¬
tera le mieux la fumée narcotique du tabac. A 16 ans, ils
sont passés maîtres ; ils fument dans la compagnie des
hommes ét affichent prétentieusement leur brevet de virilité
par l’élégance avec laquelle ils manient indistinctement la
cigarette, le cigare, la pipe, et l’on en voit qui ne reculent
pas devant la chique.
Ah ! dit encore M. le docteur Depierris, que nous citons
ici textuellement, quels beaux hommes, quels robustes
gaillards ça fera! A l’âge où les forces digestives ont besoin
de toute leur énergie pour fournir au corps, par l’aliment, les
éléments de sa croissance, le tabac apporte sa perturbation
narcotique dans l’organisme.
C’est là le sinistre inconnu que les législateurs et les mora¬
listes recherchent pour expliquer tant d’anomalies sociales
qui nous débordent. Alors, en effet, commencent les désordres
physiologiques qui sont le prélude et la cause la plus pro¬
chaine des désordres moraux. Généralement les jeunes
fumeurs perdent l’appétit, par conséquent ils s’alimentent
moins. Quand il a mangé, soit par l’engourdissement de
l’estomac, soit par l’absence de sucs salivaires que les expec¬
torations ont enlevés aux aliments, il tombe dans un état de
dyspepsie, et sa nutrition devenant insuffisante et imparfaite,
il éprouve un temps d’arret dans sa croissance ; il est donc
déjà dégénéré, et n’est-ce pas là une des causes les plus
puissantes de l’abaissement de la taille des hommes dans
notre société moderne?
Mais l’action du tabac, qui a une si funeste influence sur
la croissance du corps, a une influence bien plus rapide sur le
système nerveux. Dans ces jeunes organisations si impres¬
sionnables, le narcotisme engourdit les facultés de l'intelli¬
gence, et toute la vie, corps et esprit tombent en langueur.
Les malheureux enfants le sentent bien, ils sont sans forces
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et sans énergie ; la fièvre d’intoxication les abat et les altère,
et, pour étancher leur soif et remonter leur vigueur, ils
courent à la buvette, qu’elle s’appelle estaminet, caveau,
cabaret, taverne, café, peu importe, et là, on boit la bière à
grands traits ; mais les consommations qu’ils préfèrent sont
les breuvages alcooliques; ils sont en eflet l’antidote, le
contre-poison du tabac, et dés qu’ils se sont désaltérés dans
ces boissons ardentes, ils sentent qu’elles les fortifient. C’est
ainsi que l’habitude de fumer mène au besoin de boire, qui
devient bientôt un plaisir.
(4 continuer.) Em. Seutin, ph d , et D r L. Seütin.
MALAGA, W
par le D* Lambreghts, file.
Malaga est unedes villes les plus importantes de l’Andalousie,
par l'activité de son commerce et de son industrie, et par le
chiffre de sa population qui devient chaque jour plus consi¬
dérable. On y compte actuellement environ 120,000 âmes.
Située au bord de la Méditerranée dansline pleine délicieuse
entourée de toutes parts de hautes montagnes appartenant
aux Sierras Nevada, Ronda et Antequera, elle occupe, grâce
h la douceur de son climat, le premier rang parmi les stations
hivernales de l’Europe. Malheureusement les montagnes qui
l’environnent laissent d’un côté une ouverture donnant passage
au vent du Nord-Ouest appelé communément terrai qui,
lorsqu’il souffle sur la ville en hiver, produit gun refroidis¬
sement notable de la température ; en été il est sec, brûlant
et chargé de fines particules de sable qui exercent une action
(1) Cette intéressante communication a été adressée à Y Association
ventrale des Homœopathes belges par notre excellent confrère, le docteur
hambrqghts, fils, qui a été appelé à diriger pendant quelques mois le
^■peniaire homœopathique de M&laga.
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fîmes te sur les muqueuses, surtout sur les bronches et les
conjonctives. Aussi il n’est pas rare de voir se développer, à
certaines époques, une véritable épidémie dè bronchites, de
conjonctivites et de pneumonies.
Depuis quelques années, les conditions hygiéniques de
Malaga se sont beaucoup améliorées : de larges artères ont
été tracées au milieu des quartiers pauvres, et les rues prin¬
cipales sont munies d’égouts collecteurs. L’eau y est fraîche et
excellente; elle est amenée au moyen d’un long aqueluc des
montagnes de Torremolinos, village situé à environ 10 kilom.
de la ville'. L’état sanitaire est très satisfaisant. On n’y ren¬
contre aucune maladie endémique, si ce n’est quelques fièvres
intermittentes surtout dans les quartiers voisins du Gualda-
medina, espèce de torrent qui reste desséché pendant la plus
grande partie de l’année. J’ai pu observer quelques cas de
ces fièvres qui ont cédé rapidement à arsenic 3° et 6«. Malgré
les progrès sensibles réalisés dans ces derniers temps, il reste
encore bien des choses à faire si Malaga veut attirer dans
ses murs un grand nombre d’étrangers, et rivaliser avec les
stations hivernales du midi de la France.
En général le climat de Malaga est sec et chaud. Voici les
moyennes de température observées pendant les douze mois
de l’année 1887, le thermomètre centigrade étant placé à
'ombre et exposé au Nord :
Janvier . . .
. . 12°
Juillet. . . .
. . 25o7
Février . .
. . 11°2
Août ....
. . 25o9
Mars . . .
. . 14o«
Septembre . .'
. . 22°7
Avril . . .
. . 15°
Octobre . . .
. . 17°2
Mai. . . .
. . . 18°1
Novembre. . .
. . 15<>4
Juin . . .
. . . 22°7
Décembre. . .
. . 12°
Gomme on peut le voir à l’inspection de ce tableau, Malaga
jouit d’un climat privilégié. Sauf lorsque le terrai souffle,
les journées d'hiver sont agréables et délicieuses ; je ne
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puis mieux les comparer qu’à nos plus belles journées du
mois de mai en Belgique, Le soleil est très chaud vers le
milieu du jour ; de là une différence de température souvent
assez notable le matin et à l’ombre.
En été la chaleur est tempérée par la brise de la mer.
Aussi la plage de Malaga est-elle fréquentée à cette saison
par les habitants de Grenade, de Séville* et de Gordoue qui
y viennent chercher un refuge contre les chaleurs tropicales
de l’intérieur de l’Andalousie.
Le climat de Malaga est sec par excellence. D’après les
observations qui y ont été faites pendant 10 années successives,
le nombre de jours pluvieux ne s’élève qu’à 29 annuellement,
soit donc 44 de moins qu’à Madère, 41 de moins qu’à Alger
et 45 de moins qu’à Nice. Le ciel est constamment pur et
serein; lorsque la pluie survient, elle tombe à larges gouttes
et à torrents comme dans les contrées tropicales, mais elle
dure rarement plus d’un jour. Le sol étant composé surtout
de sable et de graviers, l’eau s’infiltre rapidement dans les
interstices ; aussi quelques heures après les plus fortes
averses, les rues et les chemins n’en présentent plus de
traces.
Les vents prédominants à Malaga sont par ordre de
fréquence :
Le vent de l’Est ou levante, qui est froid et humide en
hiver et très frais en été.
Puis vient le terrai ou vent du Nord-Ouest, très froid et
très violent en hiver, sec et brûlant en été.
Lovent du Nord n’existe pas grâce aux montagnes élevées
lui protègent la ville de ce côté.
Lés vents du Sud sont chauds et agréables en hiver ; en été
ils sont parfois torrides.
La neige et la gelée sont inconnues. Il est rare que le ther¬
momètre descende plus bas que 10° au-dassus de zéro.
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Yoici les maladies qui, d’après un grand nombre d’obser¬
vations, sont le plus favorablement influencées par le climat
de Malaga :
La phtisie pulmonaire à son début. Malaga jouit
d’une immunité singulière contre la phtisie ; la mortalité est
de 34 pour 1000, tandis qu’elle s’élève à 100 et même 125
pour 1000 dans les contrées du nord et du centre de l’Europe.
La plupart des malades succombant à la tuberculose sont des
étrangers qui y viennent chercher une guérison chimérique
à une période trop avancée de la maladie.
L’atmosphère sèche, tonique et modérément chaude de
Malaga, semble produire un arrêt dans la marche des tuber¬
cules. Cette action est surtout marquée dans les phtisies
caractérisées par des sueurs nocturnes profuses, une expec¬
toration abondante et un état de faiblesse et d’aflaissement
considérable.
L’asthme catarrhal et la bronchite chronique des vieillards
s’améliorent également d’une manière sensible sous l’influence
de ce climat, pourvu que les malades prennent la précaution
d’éviter les vents froids et violents.
Le climat de Malaga exerce une action très marquée sur
la scrofule. Toutes les manifestations de cette diathèse, telles
que engorgements ganglionnaires, mésentérites, suppurations
chroniques, etc., sont rapidement modifiées sous l’influence
de l’air vif de la mer et des montagnes.
Malaga convient également aux dyspeptiques. Autrefois les
médecins craignaient d’y envoyer leurs malades atteints de
celte affection, parce que l’alimentation y était défectueuse,
et la viande dure et indigeste.
Mais, depuis quelques années, des progrès sérieux ont été
réalisés sous ce rapport et on peut trouver actuellement dans
les bons hôtels de la ville, une nourriture convenable et
appropriée à tous les estomacs.
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Les hypocondriaques et les mélancoliques retireront de
grands avantages d’un séjour à Malaga. La beauté du ciel et
de la mer, l’aspect riant des campagnes ornées d’une végéta¬
tion luxuriante, ne peuvent qu’opérer une heureuse diversion
à leurs idées noires.
Enfin l’atmosphère sèche et chaude de Malaga est très utile
aux malades atteints de rhumatisme et de goutte, surtout à
ceux dont les souffrances sont aggravées par le froid humide ;
mais ils devront s’abstenir du vin de Malaga qui exerce une
action funeste sur la diathèse. On y consomme deux espèces
de vin : le malaga seca, vin de table fort et alcoolisé, et le
malaga dulce ou lagrima, qui est destiné surtout à l’exporta¬
tion. Les médecins indigènes conseillent généralement aux
rhumatisants et aux goutteux l’usage du vin de Montilla.
Dans les environs de Malaga, à Carratraca, il existe une
source d’eau minérale sulfureuse et arsenicale qui jouit d’une
grande vogue pour la cure des affections de la peau, du rhu¬
matisme et du catarrhe chronique des bronches, de la vessie
et des voies digestives.
Malaga possède une centaine de médecins allopathes.
L’homœopathie n’y a fait son apparition qu’en 1885, grâce au
zèle et au dévouement d’une dame charitable anglaise, Miss
Browne, qui y fonda ün dispensaire afin de mettre les pau-.
vres à même de recevoir les soins gratuits d’un médecin
homœopathe. Sous son influence* il se forma en outre une
junta ou société composée de 5 membres effectifs choisis parmi
les personnes influentes de la ville, et d’un grand nombre de
membres honoraires ou socios. Cette junta a pour objet de
soutenir le dispensaire, et de travailler en même temps à la
propagation de la nouvelle méthode dans toutes les classes de
la société. Le dispensaire homœopathique ou Centro consul -
tivo homœopatico , est situé au centre de la ville, Galle de
Comedias, 43.
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Il so compose d’un cabinet de consultation, d’une salle
d'opération et d’une salle d’attente. Un lit est mis à la dispo¬
sition d’un malade pauvre qui préfère le traitement homœo-
pathique au traitement allopathique des hôpitaux de Malaga.
Plus tard, lorsque la junta sera en possession des fonds
nécessaires, elle établira un plus grand nombre de lits, et
créera ainsi insensiblement un petit hôpital homœopathique.
Sous la direction du D r Rubio, ce dispensaire ne tarda pas à
conquérir une grande vogue ; en 1886, il fut fréquenté par
plus de 2500 malades.
L’homœopathie possède un avenir brillant à Malaga. Comp¬
tant un grand nombre de partisans parmi la colonie étrangère
et les principales familles espagnoles de la ville, avantageu¬
sement connue et appréciée par la classe pauvre, elle ne peut
manquer de se développer et de se propager d’une manière
rapide, surtout lorsqu’elle possède des défenseurs aussi zélés
et aussi dévoués que Miss Browne et les membres de la junta.
D r Lambreghts, fils.
LE DOSSIER DE LA CHIRURGIE.
par le D r Martiny.
Pour démontrer l’inutilité relative des opérations sanglantes
et terribles qu’on fait subir aux malheureuses f .mmes atteintes
d’affections de l’utérus et du sein, il nous suffira de publier
tout au long le résumé de la séance du 7 novembre de la
Société de chirurgie , de Paris :
M. PolaiUon. — En 1882, j’ai annoncé que le cancer limité au eol
pourrait être curable par une amputation partielle, et, en outre, que
l’ablation totale de l’uitérus par le vagin, d’après les statistiques con¬
nues, était une opération encore trop incertaine, au point de vue de la
récidive, pour devoir être recommandée.
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— 343 -
Depuis lors, je n’ai pas changé d’opinion. J'ai pratiqué six hystérecto¬
mies vaginales, qui m’ont donné deux morts et quatre succès opératoires.
Sur ces quatre succès opératoires, la première femme a eu une récidive
en moins d’une année.
La seconde, opérée en avril, a une récidive à l’heure actuelle.
La troisième, opérée en avril, a une récidive depuis quelques mois.
La quatrième, opérée en août dernier, a une récidive constatée le
mois dernier (1).
Ainsi, une mortalité de 33 pour 100 et une récidive rapide dans le cas
de succès opératoire , tel est le bilan de mes hystérectomies vaginales. (2)
Tout en espérant que la mortalité diminuera dans l’avenir, je ne crois
pas que l’hystérectomie vaginale puisse jamais égaler, en bénignité, l’am¬
putation du col.
Au point de vue des récidives, j’ai eu de bien meilleurs résultats avec
les amputations partielles,que j’ai pratiquées au nombre de vingt. Neuf
fois les opérées ont paru radicalement guéries ; neuf fois elles ont été très
améliorées, bien qu'il restât une induration suspecte ; dans un dix-neu¬
vième cas, la marche de la maladie n’a pas été enrayée, et, dans un
vingtième, la malade a succombé par le chloroforme.
Des neuf femmes qui m’ont semblé guéries, trois sont revenues avec une
récidive, deux ans et quatre mois pour l’une, douze et quatorze mois pour
les deux autres, après l’opération ; quant aux six autres, je ne les ai pas
revues. '
J’ajouterai deux faits de guérison, obtenus en ville, après l’amputation
du col, l'un depuis 1881 et l’autre depuis 1883 ; le diagnostic de cancer
fbt confirmé par le microscope.
Dans l’amputation du col, le procédé opératoire que je préfère, est la sec¬
tion avec le serre-nœud galvanique, en me réservant de détruire ulté¬
rieurement, si cela est nécessaire, tout point suspect du moignon avec des
flèches au chlorure de zinc.
Dans ces conditions je m’hésite donc pas à regarder l’ablation partielle
comme préférable ; mais elle ne pourra être curative qu'à la condition
d'intervenir de bonne heure.
L’hystérectomie vaginale,au contraire, sera indiquée toutes les fois que
le cancer est très étendu; c’est la seule opération rationnelle en pareil cas.
(1) Peu de jours après l’opération, peut-être même pendant l’opération.
iN.D. L. R.)
(2) En réalité six insuccès sur six opérations. (N. D, L. R.)
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— 344 -r
M. Tillattx. — Tout en reconnaissant que Thystéréotomie vaginale
totale mérite la plus grande considération, je ne crois pas qu'elle doive
constituer la méthode générale de traitement pour le cancer de la matrice.
Contre cette affection on peut appliquer trois genres d'opérations. L'une,
qui sera purement palliative et qui consiste dans une exérèse partielle,
s’adresse au cancer trop étendu pour être opéré radicalement et qui pro¬
voque des hémorrhagies ou des écoulements abondants. En agissant ainsi,
on rend encore quelques services aux malades.
Dans les autres cas on a le choix entre la résection cunéiforme du col
et l'hystérectomie totale. A la première période du cancer,i’hystèrectomic
partielle doit avoir la préférence. Plus tard l’hystérectomie totale est seule
applicable.
En effet, de nombreux exemples nous démontrent que la récidive n’est
pas plus rapide après l'extirpation cunéiforme du col qu’après l’extirpation
totale, et, si je voulais rappeler les statistiques lues ici par M. Pozzi, j'y
trouverais ce résultat singulier que l’ablation partielle a fourni une
guérison de plus longue durée que l'extirpation totale.
M. Bouilly s'est élevé contre les opérations parcimonieuses appliquées
à la cure du cancer de l'utérus, qu'il a, à ce point de vue, comparé aux
cancers du sein et de la langue. Ce sont là des terrains pathologiques
absolument différents, qui ne peuvent être mis en regard les uns des
autres ; d’ailleurs, enlever toute une langue pour un noyau cancéreux de
la pointe, ou une verge entière pour un épithelioma du gland, me paraît
une méthode par trop radicale.
Quant à la gravité de l'opération totale, j'estime,ce qui me semble peu
discutable, qu'elle fera toujours, malgré ses perfectionnements, courir à la
malade plus de dangers de mort que l’hystérectomie partielle.
En tous les cas, je ne considère ni comme juste ni comme logique de
comparer les résultats de deux opérations pratiquées dans les circon¬
stances les plus dissemblables ; aussi, si l'on voulait établir une compa¬
raison au point de vue des résultats, je ne la verrais possible qu'entre
l'abstention pure et simple et l'hystérectomie totale, qui n'intervient que
par suite d’impuissance de toute autre opération.
M. Marchand . — Bien que le nombre des cas que je possède soit
restreint, iis démontrent pourtant l’innocuité relative des excisions
partielles et leur efficacité, concordant en cela avec les statistiques de
MM. Verneuil et Hofmeier.
Depuis 1878, j’ai pratiqué dix-huit amputations partielles du ool pour
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cancer (1), quatre fois avec Pécraseur linéaire, huit fois avec l'anse
galvano-caustique,et depuis 1884, j’ai fait six fois au bistouri l*amputatio r
supra-vaginale ; je n’ai eu que deux décès, Tun par péritonite et l’autre
par ouverture de la cavité de Douglas.
Des quatre premières malades, l’une est guérie depuis sept ans, sans
récidive actuelle, la deuxième a succombé au bout de quinze mois avec
récidive dans le bassin, la troisième au bout de quatorze mois avec réci¬
dive locale ; quant à la quatrième, je ne l’ai pas revue.
L’anse galvanique m’a donné un décès signalé plus haut et sept succès
opératoires, malgré deux accidents sans suites fâcheuses, une fistule
vésico-vaginale et une péritonite pelvienne suppurée.
En somme, les résultats de ces 12 opérations sont les suivants :
Un décès par ouverture de la cavité de Douglas ;
Une malade perdue de vue ;
2 malades guéries encore, après 7 ans et 5 ans ;
2 malades suivies, sans récidives pendant 18 mois et 12 mois ;
3 mortes de récidives, après 18, 15 et 14 mois ;
3 mortes après 12,8 et 4 mois.
Quant à mes 6 opérées par le bistouri, l’une est morte rapidement de
péritonite généralisée, une deuxième est morte de récidive dans les liga¬
ments larges après 11 mois, et une troisième de généralisation, après 30
mois ; une quatrième ne présente pas de récidive depuis 3 ans ; quant aux
deux autres, elles n’ont pas été revues.
D’autre part, j’ai pratiqué 7 fois Phystéreotomie vaginale pour des
cancers très avancés : 4 décès, imputables au choc opératoire, à la périto¬
nite et à la pelvi-cellulite, et 3 guérisons opératoires, tels sont mes
résultats. De mes 3 opérées guéries, l’une est morte de récidive après
17 mois, une deuxième d’étranglement interne tardif; quant à la troisième,
elle est en bon état.
Ces sept extirpations totales ont donné lieu à trois accidents opératoires,
une ouverture de la vessie*, une fisoule recto-vaginale et une hémorrhagie
abondante.
Je ne prétends pas juger de la valeur de l’hystérectomie vaginale sur
ces quatre cas malheureux, mais je rappellerai que les meilleures statis-
(1) 11 ne faut pas perdre de vue que le diagnostic du cancer de l’utérus n’est
pas facile et que bon nombre de femmes qui ont refusé l’opération pour le
prétendu earcinéme ont parfaitement guéri par la suite. (N. D. L. R.)
(- , ,
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tiques actuelles établissent que la mortalité opératoire est supérieure de
moitié à celle des hystérectomies partielles.
L'ablation totale oe pourra être exclusivement choisie que le jour où
Ton aura démontré la supériorité des résultats éloignés. Actuellement, le
nombre des récidives vient répondre assez défavorablement. Cette facilité
de la récidive s'explique facilement, si l'on songe qu’elle a lieu de préfé¬
rence dans la zone celluleuse péri-urétine, c’est-à-dire dans un tissu
contre lequel aucun procédé opératoire n'a d'action.
L'anatomie pathologique nous a encore appris que les lésions organi¬
ques de l’utérus se systématisent volontiers, et qu'à ce point de vue col et
corps restent souvent indépendants ; aussi, je suis convaincu que si
l'ablation est assez profonde, la récidive ne se fait que rarement dans le
reste de l'organe.
M. Richelot. — Si plusieurs d'entre nous préfèrent l’hystérectomie à
l'amputation partielle de l'utérus, c’est parce qu’ils espèrent en obtenir,
pour un certain nombre de cas, la guérison définitive. C'est pour cela
que je pense qu’il était moins intéressant de calculer la survie moyenne
des opérées, que de eompter le nombre des récidives.
M. Verneuil a protesté, et M Kirmisson a déclaré qu’aucun chirurgien
ne pouvait penser sérieusement à la cure radicale du cancer de l'utérus (l).
Cependant, depuis qu'il y a des cancers, tous les chirurgiens me parais¬
sent agir comme s'ils croyaient à la guérison possible. Je crois même que
presque tous les chirurgiens (Tune expérience un peu longue ont par devers
eux un ou plusieurs faits qui la démontrent, pour le sein en particulier .
Sans doute, il n'est pas absolument légitime de comparer le cancer de
l'utérus au cancer du sein, puisque dans oe dernier cas, ayant sous la
main la glande mammaire, le trajet lymphatique et.les ganglions de l'ais¬
selle, nous pouvons tout enlever. L'hystéreotomie, au contraire, ne
supprime que l'utérus ; les lymphatiques du ligament large et les gan¬
glions pelviens lui échappent.
Mais ce qui est possible, et ce que nous espérons, c'est que, dans un cas
donné, l'ablation totale enlève tous les germes de récidive non encore
propagés aux annexes, tandis qu’une amputation partielle en aurait laissé
quelques-uns ; en d'autres termes, que la première donne une guérison
radicale là où la seconde n'aurait donné qu’un résultat palliatif.
(1) A la boane heure ! Aucun chirurgien, au moins celui-ci l'avoue, ne peut
penser sérieusement à la cure radicale du cancer 1 !î Voilà la vérité, mais 1»
chirurgiens opèrent quand même ; pourquoi, on est en droit de se le demander.
(M.D.L.E.)
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— 347 —
Voilà comment la survie, après l'ablation totale de l’utérus, ne peut être
plus longue que si elle est illimitée ; et voilà comment la seule raison
d’être de l'hystérectomie est la recherche d’une guérison complète.
S’il m'est démoutré que cette recherche est une illusion, je n'abandon¬
nerai pas l'hystérectomie vaginale, mais je la réserverai aux cancers qui
envahissent notoirement la muqueuse utérine et à ceux qui débutent par
elle. Pour les cancers limités au col, je ferai la sus-vaginale; en ne laissant
que le fond de l'utérus et en faisant une large résection des culs-de-sac
vaginaux, j’éviterai les repullulations immédiates, et j'aurai des survies
aussi longues qu’après l'hystérectomie. ,
Et maintenant, quand pourrons-nous dire si nos malades sont guéries?
La réponse n’est paé facile aujourd’hui, et voilà ce qui donne à M. Ver-
neuil la partie belle. Mais il en sera tout autrement d'ici une ou deux
années, lorsque nous connaîtrons les statistiques portant sur un grand
nombre d’années.
En ce qui me concerne, j’ai sept malades guéries actuellement qui
avaient des cancers peu développés (1 J. Celles-là* sont dans de bonnes
conditions, en apparence. Si, dans deux ans, je les* ai perdues ou si je
n'en conserve qu'une ou deui.par hasard, il faudra bien modifier mon
opinion dans le sens que j'indiquais tout à l'heure. Si, au contraire, je
les conserve toutes ou si je n’en perds qu’une; si, en outre, quelques
nouvelles opérées dans les mêmes conditions favorables s'ajoutent à la
série ; si j'ai par suite, 6 ou 7 malades ayant passé 2 ans, 3 ans et 4 ans,
j'aurai alors le droit, non de porter sur ces malades un jugement absolu,
— car on voit quelques survies plus longues aboutir à la récidive —
mais de déclarer que les opérations partielles n'ont jamais donné d'aussi
bons résultats, et que nous pouvons encore, avec les indications précises
dès maintenant connues, pratiquer l'hystérectomie vaginale.
M. Reynier. — A l'heure actuelle, la question de savoir si l'hystérec-
tomie partielle doit être préférée à l’hystérectomie totale ne peut être
résolue, parce que l’opération n’ayant encore que trois ans de date, nous
n’avons pas de statistiques suffisantes.
En tout état de cause, ce qui doit dès aujourd'hui engager à préférer
(1)Ces cancers «peu développés» me paraissent très sujets à caution; n'étaient-
oe pas de simples engorgements qu’un traitement interne bien entendu aurait
facilement guéris, tandis que l’opération a mis les jours des malades en danger?
(N. D. L. R.)
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l’hygtérectomie totale, c’est que, faite dans les cas où l'on serait tenté de
faire une résection partielle, elle est seule capable de docner, non seule¬
ment une survie, mais une véritable guérison.
Pour mon compte, j'ai fait deux amputations du col, et j’ai eu deux
récidives avant la cicatrisation. Par contre, j'ai fait deux hystérectomies
totales : je ne sais si la récidive sera proche, mais j'ai eu au moins le
plaisir de voir mes malades s'en aller guéries (1).
M. Routier. — Dans un travail que j’ai lu au Congrès de chirurgie de
1888 (voir Bulletin Médical , n° 22 , p. 361 ', je mentionnais trois hysté¬
rectomies vaginales, que j’avais pratiquées pour des cancers utérins.
Depuis cette époque, j'en ai fait quatre autres. Dans ces différents cas,
j'ai noté une facilité relative de l'ablation totale, bien que chez plusieurs
de mes dernières opérées, j'aie éprouvé une certaine difficulté à abaisser
l'utérus; c'est là une circonstance fâcheuse, qui peut devenir une
contre-indication à l'opération. Les résultats de mes quatre dernières
opérations ont été les suivants : Une malade est morte quelques mois
après l’opération de carcinOme ? généralisé ( 2 ). Une deuxième, âgée de
cinquante-sept ans, "qui avait déjà subi plusieurs curetages utérins, vit
aujourd’hui sans trace de récidive, elle présente une survie de treize mois.
Ma troisième opérée, âgée de cinquante-six ans, malade depuis
quatorze mois, a été hystérectomisée au commencement de 1888, il n'y a
pas de récidive actuelle. Quant à la quatrième, chez laquelle la maladie
remontait à quatorze mois, elle a été opérée cette année et offre aujourd'hui
une survie de sept mois et demi.
L'histoire de ces malades peut être divisée en deux périodes. Une pre¬
mière, præ-opératoire,pour laquelle je trouve une moyenne de vingt mois;
et une deuxième, post-opératoire, qui est en oours d'évolution et qui
semble, pour trois d'entre elles, devoir être favorable.
M. Terriüon montre un malade auquel il a fait une double résection de
maxillaire inférieur pour dés sarcômes. (Le Bulletin médical.)
Quelques réflexions : « J’ai, dit M. Polaillon, pratiqué six
hystérectomies vaginales qui m’ont donné deux morts et
(1) S'en aller guéries , entendons-nous, c'est-à-dire qu’elles ont quitté les
salles peu de temps après l’opération; mais que sont-elles devenues par la suite f
(N. D. L. R.)
(2) Le carcinôme se serait-il généralisé si la malade n’avait pas été opérée I
(N. D. L. R,)
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quatre succès opératoires . » Ces deux morts ont , donc
succombé rapidement aux suites de l’opération; on est en droit
de se demander, vu les difficultés que présente le diagnostic du
cancer de l’utérus : 1° si elles étaient réellement atteintes de
cancer; 2° dans l’affirmative, combien de temps elles auraient
vécu si elles ne s’étaient pas soumises à l’opération?
Que dites-vous de l’euphémisme : succès opératoire , pour
des malheureuses qui ont eu des récidives, peu de temps
après l’opération ? Ces récidives sont naturellement plus graves
que la maladie primitive et laissent une chance moindre de
survie. Il est bon à noter que pour un chirurgien « succès
opératoire * veut dire que le patient n’est pas mort pendant
l’opération ni quelques jours après celle-ci.
Tout est à retenir dans ce compte rendu, mais notons en
passant ce que dit incidemment M. Richelot à propos du
cancer du sein : « Il croit que presque tous les chirurgiens
« d’une expérience un peu longue ont, par devers eux, un
« ou plusieurs faits qui démontrent la guérison du cancer,
« pour le sein en particulier. » Quel triste aveu ! Il croit , il
n’en est donc pas bien sûr, que presque tous les chirurgiens
d’une expérience un peu longue (il y en a donc, parmi ces
vieux chirurgiens, qui n’ont jamais constaté de guérison
après l’ablation d’un sein cancéreux !), ont par devers eux
un ou plusieurs faits probants, — ceux qui ont pu constater
une seule guérison, méritent déjà d’être cités — et pourtant
l’opération du sein est une des plus simples et des plus fré¬
quentes, que les plus humbles chirurgiens pratiquent pour
ainsi dire journellement et cela pour arriver, après une
longue expérience, à avoir pour la plupart d’entre eux, pas
même tous, un ou deux faits seulement pouvant démontrer
que la guérison du cancer du sein est possible par l’opération.
Faut-il encore s’étonner de voir de vieux chirurgiens être
désillusionnés sur leur art et jeter la trousse aux orties?
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350 —
Quand les gens du monde et même les médecins qui ne
s’occupent pas de chirurgie entrent pourtant en conversation
avec tel ou tel chirurgien à propos des affections cancéreuses,
il a toujours de nombreux succès à proclamer : il a guéri par
l'opération M me X, M r Y et M Ue Z., etc. Quand vous lui
demandez timidement : était-ce bien un cancer ? Il répond
affirmativement avec la plus grande assurance ; cela se con¬
çoit, car enfin s’il déclarait que l’affection n’était pas cancé¬
reuse, on pourrait lui répondre : Pourquoi n’avez-vous pas
auparavant essayé, pendant un temps moral, le traitement
interne? Toutes les tumeurs que le dit chirurgien a opérées
étaient, proclame-t-il, de vrais cancers; on sait néanmoins
combien le diagnostic du cancer est difficile et de nom¬
breux cas déclarés comme étant de la pire espèce, ont
guéri naturellement parce que le patient n’a pas voulu se
laisser opérer. — Mais pour les chirurgiens, toutes ou presque
toutes les tumeurs qu’ils ont opérées étaient des cancers.—
Tel est leur langage quand ils causent avec des profanes en
chirurgie ; toute autre est, comme on vient de le voir, leur
manière de parler quand ils sont réunis et dissertent entre
eux : alors ils mettent en doute les succès les uns des autres
et finissent par se demander si jamais l’opération a guéri un
seul cancéreux ; tout au plus osent-ils dire que les vieux
chirurgiens ont peut-être vu un ou deux cas de guérison
de cancer du sein par l’opération ; on est donc en droit de
se demander si, dans la grande majorité des cas, il n’eût pas
été préférable d’attendre la guérison d’un traitement interne
bien appliqué, surtout lorsqu’il s’agit du cancer du sein,
lequel permet une longue survie, car l’expérience a appris
que le cancer opéré se répercute facilement et fréquemment
sur un organe interne et alors son évolution est beaucoup
plus rapide et plus promptement fatale.
D r Martiny.
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— 351 —
LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE,
par le D p Martiny.
On lit dans V Union Médicale :
Piqûres d'abeilles contre le rhumatisme. — M. Terc indique, dan»
la Wiener medidnische Presse , un moyen singulier d'immunité contre le
rhumatisme. Il consiste à saturer l'économie du venin d'abeilles. M. Terc
aurait remarqué que chez les rhumatisants, la tuméfaction, qui résulte
habituellement des piqûres d'abeilles, ne se produit pas d’emblée et qu'à
la longue elle ne se produit même plus du tout. A ce moment le rhumati¬
sant serait guéri et provisoirement à l'abri des récidives.
M. Terc a appliqué son procédé dans 173 cas qui ont nécessité
39,000 piqûres ! Il dit avoir obtenu des succès dans des cas aigus, mais
surtout dans des cas chroniques désespérés.
Je me rappelle avoir, il y a peut-être quinze ans, parlé à
un professeur de médecine, des succès que les homœopathes
obtenaiont par l’emploi du venin de l'abeille dans un grand
nombre de maladies ; il se mit à sourire en disant : comment
l’idée est-elle venue à l’esprit des homœopathes d’employer
le venin de l’abeille? C’est tout simple, répondis-je: plusieurs
personnes avaient observé qu’à la suite d’une piqûre toute
forluite de l’abeille, certains malades, notamment certains
ophthalmiques, se trouvèrent les uns guéris, les autres amélio¬
rés de leurs souffrances ; un des plus illustres médecins de la
première génération des homœopathes procéda alors & l’ex¬
périmentation physiologique du venin de l’abeille ; il suivit les
préceptes de Hahnemann pour cette expérimentation et il
édifia la pathogénésie d 'apis mellifera , une des plus belles
pathogénésies qui avait été faites depuis Hahnemann. Grâce
aux travaux de Hering nous connaissons aujourd’hui les indi¬
cations de ce remède dans beaucoup de maladies.
Hering a, suivant les principes posés par Hahnemann,
administré des doses plus ou moins petites & différentes per-
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362 —
sonnes qui ont annoté scrupuleusement ce qu’elles ont
éprouvé, sans omettre aucun symptôme et en réunissant les
diverses observations il a édifié la pathogénésie d'apis melli-
fera.
Maintenant que le venin de l’abeille s’introduit dans la
thérapeutique allopathique, voici, selon toute vraisemblance,
ce qui va se passer : un ou plusieurs professeurs de l’école
allopathique administreront à un certain nombre de lapins,
de chiens, de cobayes, à des doses énormes, le venin de
l’abeille jusqu'à ce que les animaux en meurent, et ils
examineront si ces pauvres bêtes meurent avec le cœur en
systole ou en diastole, si tel ou tel organe, foie, poumons,
reins sont anémiés ou congestionnés, si les muscjes sont con¬
tractés ou relâchés, etc., et ce qu'on appelle aujourd'hui chez
nos adversaires « l’expérimentation physiologique » d'apis
sera faite; on en tirera des indications plus ou moins hasardées
sur l’emploi d’apts dans les diverses maladies ! Gomment
voulez-vous qu’une pareille façon de faire soit suivie de suc¬
cès thérapeutiques ! Et pourtant c’est ainsi que cela se passe
pour la plupart des remèdes employés en allopathie,parce que
nos confrères ne veulent pas essayer les remèdes à dose
légère, et qu’ils s’imaginent que pour connaître l’action d’un
médicament il faut l’expérimenter à dose toxique.
D r Màrtiny.
SOMMAIRE.
LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Màrtiny . 321
Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph n et le D r Léon
Seutin, à Bruxelles. 327
Malaga, par le D r Làmbrbchts, fils.337
Le dossier de la chirurgie, par le D r Màrtiny . . . 342
Les larcins de l'allopathie, par le D r Màrtiny . . . 351
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
IV AmitE. MARS 1889. N" 12.
y LE BORD DE LA MER,
par le D p Martiny.
La cure de mer {Suite).
La cure de mer et la physiologie. — Peut-on, dans
l’état actuel de la science, donner une explication physio¬
logique suffisante des modifications intimes que produit la
mer sur l’économie humaine ? Nous sommes obligés de
répondre par la négative. Tandis que d’autres méthodes
curatives, d’autres moyens thérapeutiques ont été soigneu¬
sement étudiés et expérimentés, la cure marine n’a jus¬
qu’ici tenté aucun physiologiste de valeur ; personne
ne s’en est sérieusement occupé, et la cure de mer, si
répandue aujourd’hui, semble avoir été oubliée par les
savants.
On ne trouve dans les annales de la science que de
rares expérimentations sommaires, sans ensemble et
sans suite ; une des principales raisons qui, selon nous,
a éloigné les physiologistes de cette étude, c’est que dans
les écoles officielles on s’obstine à vouloir ne pas tenir
compte de l’action des doses infinitésimales sur l’orga¬
nisme. Quand on nie l’influence de ces particules infini¬
tésimales répandues dans l’atmosphère de la mer, la
cure maritime n’est plus, nous l’avouons, qu’une cure
d’air simple, agrémentée d’hydrothérapie pour les per¬
sonnes qui prennent des bains ; l’expérience de chaque
année — les savants ne l’ignorent pas — dit le contraire :
0) Suite. Voir vol. précédent et vol..courant, pp. 33, 65, 225, 295
*321.
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— 354 —
un séjour à la mer produit d’autres effets qu’un
séjour à la campagne, même chez les personnes qui
s’abstiennent de bains ; pour faire une pareille étude de
physiologie expérimentale, il faudrait au préalable ad¬
mettre l’action des infiniment petits sur l’organisme
humain, puis on devrait rechercher au moyen d’analyses,
que la découverte de l’analyse spectrale rendrait aujour¬
d'hui plus faciles, quelles sont les substances qui flottent
ainsi dans l’air marin, quelles sont les conditions qui
favorisent leur présence en quantité plus ou moins grande,
etc.; une fois ces données acquises, il faudrait établir des
expériences sur l’homme sain en prenant pour guide les
règles que Hahnemann et ses successeurs ont établies
pour l’expérimentation pure des remèdes; puis il faudrait
consulter, comme nous l’avons indiqué déjà, l’histoire du
scorbut, dont les symptômes sont en réalité des symp¬
tômes toxiques des remèdes de la mer ; on arriverait
ainsi à connaître dans son ensemble l’influence que la mer
et les remèdes de son atmosphère exercent sur l’homme
bien portant; enfin, comme conséquence, on pourrait pré¬
ciser les maladies, les prédispositions morbides, les états
constitutionnels et diathésiques, les cachexies que la mer
peut guérir ou modifier avantageusement. Quand pareille
étude aura été instituée, alors seulement l’action de la
mer sera réellement connue, mais tant que les phy¬
siologistes des écoles s’obstineront à ne pas tenir compte
de l’influence des remèdes à petite dose mais finement
divisés, l’étude de l’action de la cure marine n’avancera
pas : on dirait, en effet, en présence de la pénurie de
travaux sur le sujet, que les physiologistes eux-mêmes
sentent que la science n’est pas dans la bonne voie ; du
reste tous les bons observateurs déclarent, l’un après
l’autre, que la cure marine, même sans les bains, a un
cachet tout spécial, quelle produit des guérisons que
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— 355 —
l’on attendrait en vain de l’air pur des champs ou des
montagnes ; qu’on constate au bord de la mer des symp¬
tômes particuliers chez les malades et les personnes
bien portantes ; qu’on y observe des aggravations qui sur¬
prennent, etc.; peu importe, les savants officiels ne
veulent pas en convenir, dans la crainte de paraître faire
cause commune avec les homœopathes ; ils ne veulent
pas admettre que ces petites poussières marines,
quantités négligeables par leur masse, mais très puis¬
santes par leur extrême division, puissent avoir un rôle
sur l’organisme ; voilà la vraie raison pour laquelle la
science officielle est si pauvre quand il s’agit d’expliquer
le mécanisme de l’action de la cure de mer. Diverses théo¬
ries ont pourtant été ébauchées plutôt qu’approfondies
sur le sujet ; elles se résument toutes dans cette idée : les
circonstances variées qu’on trouve réunies au bord de la
mer convergent toutes vers un seul but : amener une
combustion organique plus vive, plus complète, un
mouvement chimique plus intense dans les tissus ;
des observateurs ont analysé les urines de différents
sujets pendant la cure et ont cru pouvoir conclure de
ces analyses qu’en réalité les urines étaient plus riches
en urates et en urée qu’à l’état normal.Ce qui est certain,
c’est qu’au bord de la mer, surtout pendant une série de
bains, elles sont plus riches en chlorures, mais ces ana¬
lyses ne sont pas encore assez nombreuses ni assez com¬
plètes pour qu’on puisse en>tirer une conclusion précise,
d’autant plus que les résultats des différents observateurs
sont loin d’être concordants. Disons en passant qu’il faut
en général être sobre d’interprétations physiologiques sur
le mécanisme des guérisons, surtout lorsqu’il s’agit de
.phénomènes intéressant ce qui se passe dans la profon¬
deur des tissus, quand on veut expliquer leur nutrition,
leur réparation, la manière dont sont éliminées les sub-
►K'.
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— 356 -
stances dont le rôle est terminé, etc. Nous avons déjà
vu sombrer bien des théories paraissant solidement éta¬
blies sur un grand nombre de faits ; à peine une théorie
est-elle émise, que d’autres surgissent; quiconque a suivi
les progrès de 4a physiologie depuis vingt ans a pu se
convaincre combien rapidement les théories passent! Les
laits seuls restent et c’est à ceux-là seuls qu’il faut s'atta¬
cher. Qu’on fasse quelques efforts pour les coordonner,
qu’on tâche de découvrir ainsi les lois qui les régissent,
soit ; mais qu’on veuille les expliquer dans leur essence
même, nous croyons qu’on fera souvent fausse route.
Bien des livres, à l’époque où ils ont paru, étaient par¬
faits, toutes les objections y étaient prévues, discutées et
réfutées, et aujourd’hui bon nombre sont tombés dans
l’oubli ; un seul fait vrai et bien observé vaut mieux pour
la science que les plus belles théories. Bornons-nous
donc, en ce qui concerne la médication marine en par¬
ticulier, à constater que, bien dirigée, elle finit chez un
grand nombre de sujets par activer la nutrition, que
beaucoup do personnes y retrouvent de la vigueur et de
l’appétit, qu’un grand nombre de maladies y sont heu¬
reusement modifiées et guéries, grâce aux différents fac¬
teurs que nous avons successivement étudiés et parmi
lesquels nous accordons une large part aux particules
médicamenteuses de l’atmosphère marine ; mais tenons
note aussi de l’expérience clinique dans les maladies ;
quand bien même les raisonnements les mieux établis,
les plus scientifiques en apparence, tendraient à prouver
que telle ou telle affection doit être guérie ou améliorée
par la cure marine, si les faits viennent contredire les
données et les spéculations de la science, rangeons-nous
du côté des faits, du moment qu’ils sont bien observés ;
si l’expérience prouve que tel genre d’affection est défa¬
vorablement influencée par la cure marine, croyons
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— 357 —
l’expérience plutôt que les beaux raisonnements; c’est ce
que nous n’avons pas perdu do vue dans le chapitre que
nous consacrons aux indications et contre-indications du
traitement marin.
Le célèbre professeur allemand Virchow, notamment, a
publié quelques recherches au sujet de la cure de mer ; à
l’occasion de plusieurs séjours faits sur les côtes de la
Poméranie, il s’est occupé, lui aussi , de la cure de mer; na¬
turellement lui, le savant officiel, n’a tenu aucun compte
des poussières de l’atmosphère marine ; il semble même
ne guère se préoccuper des substances que l’eau de la mer
tient en dissolution, et s’il tient quelque compte des sub¬
stances qui s’y trouvent en quantité plus ou moinsnotable,
il n’ajoute aucune importance h celles qui, dans les analy¬
ses de l’eau de mer, ne figurent qu’à l’état de traces : pour
l’école officielle une substance ne peut avoir d’action sur
l’organisation que si elle en a sur la balance ; dès qu'une
question touche de près ou de loin au domaine des petites
doses de l’homœopathie, vite les savants officiels rentrent
sous la tente, malgré l’évidence des faits, de peur de «pa¬
raître donner raison aux merveilles de l’homœopathic» (1)
Or Virchow, n’admettant ni l’action des poussières ma¬
rines ni même l’action de certaines substances que l'eau
de mer ne contient qu’à l’état de traces, conclut en der¬
nière analyse que l’action des bains de mer doit être
attribuée à la température relativement froide de la mer
et au mouvement des eaux, lequel produit sur le corps du
baigneur l’effet de douches froides (2) ; il admet, il est vrai,
l’influence d'un air pur, ozonifié, pas trop sec, comme l’air
marin, mais il n’est pas question dans son étude de l’im-
(1) Ainsi s’exprimait un de nos adversaires dans une discussion à pro¬
pos des eaux minérales. *
(2) Arclriv fur pathologische Anatomie und Physiologie , années 1854
et 1858.
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— 358 —
portance que pourraient avoir les nombreuses substances
que l’eau de la mer tient en dissolution, ni surtout des
poussières que l’air marin charrie et dont la présence dans
cet air est si manifeste;le professeur allemand s’est borné,
dans les expérimentations du bord de la mer, à constater
l’influence que le bain produisait sur la température du
corps ; son travail est plutôt une étude d’hydrothérapie
qu’une étude de la cure marine. Il en devait être ainsi;
c’est la seule conséquence logique que peut admettre celui
qui regarde l’eau de la mer comme une eau plus ou moins
saléeet qui fait abstraction des autres principes qu’elle con¬
tient,à petites doses c’est vrai,de même que l’air de la mer.
L’observation générale s’élève contre une pareille con¬
clusion : la cure marine est une cure hydrothérapique,
c’est vrai, mais elle est encore autre chose,et l’expérience
est là pour démontrer que les bains de mer ont une autre
action que les douches froides.
Tout ce qui a été écrit récemment au sujet de la cure
marine se résume en dernière analyse à considérer son
action comme la résultante de bains et de douches froides
avec une eau fortement salée; quand les auteurs ont ajouté
que cette cure se fait dans une atmosphère habituellement
mouvementée ( 1 ), exempte de miasmes, contenant très peu
d’acide carbonique et plus d’ozone que l'air terrestre, ils
paraissent avoir tout dit et n’attachent guère d’importance
(l) Le D r Benecke, pas plus que le professeur Virchow, ne fait la
part des remèdes infinitésimaux de l’air marin, mais il accorde une grande
importance au mouvement de l’air de la plage ; il a fait une série d’expé¬
riences pour prouver que le refroidissement 8 y produit plus rapidement
que dans les plaines et les montagnes : le corps perdant plus rapidement
son calorique au bord de la mer, les efforts de l’économie pour lutter
contre ce refroidissement progressif, amènent une combustion plus active,
et une oxydation plus complète des tissus ; ainsi s’expliquerait, d’après
Benecke, pourquoi certaines constitutions chétives supportent l’air des
montagnes, qui exige moins de réaction, mais n’ont pas assez de force
pour lutter contre le refroidissement plus rapide du bord de la mer.
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— 359 —
aux substances médicamenteuses qui flottent dans l’air
marin.
Néanmoins les médecins des plages, les bons observa¬
teurs, qui sont aux prises avec la réalité des faits, les
médecins praticiens sont d’accord pour déclarer que la cure
marine est autre chose qu’une cure d’air de campagne,
qu’une cure d’hydrothérapie; et les nombreux malades qui
vont à la mer chaque année sont de leur avis : la cure
marine, même le simple séjour sur la plage, sans bains, a
une action spéciale, différente d’un séjour de campagne,
différente d’une cure hydrothérapique; prétendre le con¬
traire, c’est soutenir une opinion qui est en contradiction
avec ce qui s'observe chaque année sur le bord de la mer.
Du reste cette opinion ne date pas d’hier; le D r Gaudet,
de Dieppe (1), attribuait déjà, eu 1844, une grande partie
de la cure à l’influence de l’air marin.
Et enfin, en 1865, le D r Martinencq, chirurgien de la
marine, établissait une série d’expériences pour étudier la
composition de l'air marin dans diverses conditions
atmosphériques (2).
(1) Quoique datant de 1844, c'est un des ouvrages les plus conscien¬
cieux qui aient été publiés sur le sujet. On y trouve consignés les résul¬
tats d'une grande expérience, d'autant plus précieux pour nous qu'ils
ont été observés à Dieppe. Gaudet était trop sagace observateur pour ne
pas faire une large parta l'influence de l'air marin : « Dans l'estimation,
dit-il, de tous les effets hygiéniques et thérapeutiques des bains de mer,
la part de ceux qui sont propres à l'air de la mer, doit toujours être faite,
souvent même dans une importante mesure ».
Le livre du D* Gaudet est l'œuvre d'un scrupuleux observateur, et
comme ou l'â dit, la plupart des médecins qui ont écrit des travaux sur la
cure marine ont puisé à pleines mains dans l'ouvrage du D r Gaudet.
(Recherches sur les effets hygiéniques et thérapeutiques des bains de mer.
— Paris 1844.)
(2) M. le Dr Martinencq, chirurgien de la marine, se posait déjà en 1865
cette question :
« L'air marin contient-il quelques parties des matériaux dont est com¬
posée l'eau de la mer »? Et il demandait déjà alors une analyse exacte de
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Dans ces derniers temps, comme nous l’avons vu au
l'air de la mer. Cette analyse n'étant pas encore faite il arrivait à la suite
de plusieurs expériences aux conclusions suivantes :
1° Que l’air marin, pendant le calme ou les brises modérées, n'agit que
par ses qualités propres et indépendantes des matériaux composant l'eau
de mer ;
2° Que les qualités salines qu'il acquiert quelquefois, ne lui sont ajou-
èes que par des vents assez forts jjour pulvériser la superficie de la mer,
et mêler cette poussière d'eau salée à la partie voisine de l'air agité et
déplacé par le vent régnant ;
3° Que ce mélange n'a lieu, sur les bords de la mer surtout, qu'avec les
portions les plus basses de cet air ;
4° Que, très exceptionnellement, ce mélange atteint la hauteur d'un
premier étage ; qu'il ne s'étend guère aussi qu'exceptionnellement à plus
de 50 à 60 mètres ;
5° Que, par^conséqucnt, les maisons des stations maritimes, qui sont
pour la plupart bâties à des distances plus grandes des bords de la mer,
ne permettent qu'cxceptionnellement à leurs habitants de respirer nn air
doué des qualités de l’eau de mer ;
6° Et,que si l'on veut remplir cette indication,il faut,ou habiter des mai¬
sons très peu éloignées du bord de l'eau pendant les grands vents battant
en côte, ou parcourir les mers à bord d’un navire, qui tôt ou tard sera
soumis à l’influence d’un grand vent ou d'une tempête même, et pourra,
étant enveloppé plus ou moins souvent d'un air mêlé à une dose plus ou
moins considérable de poussière d'eau salée, faire ainsi subir au navire et
à ses habitants l’action des parties salines contenues dans l'eau de mer,
et la constituant ;
7° Enfin, qu'il n’est rien enlevé de plus à l’eau de mer que de l’eau sim¬
ple à l'état de vapeurs par l’action du calorique solaire ; et que, par con¬
séquent, l'évaporation incessante et énorme des mers ne fournit à
l'atmosphère que des vapeurs du composé d'hydrogène et d’oxygène
appelé eau. (fl ne faut pas ignorer que les expériences du D r Marti ne ncq
ont été établies sur le bord de la Méditerranée, mer beaucoup moins mou¬
vementée que la mer du Nord. )
Ce que nous venons de dire est vrai de la quantité des matières conte¬
nues dans l’eau de mer appréciable par nos moyens ordinaires d'analyse,
mais un nouvel instrument est venu au secours de l’insuffisance de nas
organes, et de ceux connus jusqu’à présent. C'est le spectroscope. VoyeE
dans la revue des cours scientifiques n° 45, 1864 (Cours de M. Lueea,
chimiste napolitain), ce passage remarquable, page 643: « Ce procédé pour
reconnaître les métaux est d'une extrême sensibilité ; et pour s'en con¬
vaincre il suffit de rappeler l'expérience de Bunsen et Kirehoff. Trois
milligrammes de chlorate de soude mêlés à un peu de sucre de lait furent
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— 361 —
chapitre de l’air de la mer, la question n’a guère fait de
brûlés dans une chambre de la capacité de soixante mètres cubes ; or, le
spectroseope situé à une grande distance de l’endroit où se produisait la
combustion, indiquait la ligne jaune caractéristique du sodium.
« Par un calcul très simple on constate que l'air a dû porter, par secon¬
de, 1/3 de bîllionième de gramme de sel de soude ; et que par conséquent
on en doit conclure, qu'avec un pareil instrument, on peut reconnaître une
fraction de matière que ne pourraient pas révéler tous les autres moyens
dont la scienco dispose. »
< L'excessive sensibilité de cette réaction explique pourquoi l’air des
laboratoires et des lieux voisins de la mer présente presque constam¬
ment la réaction du sodium.
H suffit, en effet, d'agiter un objet ou d'épousseter un livre pour que la
réaction du sodium se produise subitement, et cela grâce à la grande
diffusion dans la nature du chlorure de sodium si abondant dans les eaux
marines. »
Nous n'avions donc pas tort de ne pas admettre l'absence absolue des
matières qui composent J'eau de mer, dans l’air qui pèse sur elle. Si la
plupart de ces matières ont paru jusqu'à présent non susceptibles de vola¬
tilisation, c'est, sans doute, que nous n'avions pas encore trouvé le moyen
pouvant indiquer le.? proportions extrêmement minimes par lequelles cer¬
taines de ces matières, sinon toutes, peuvent se volatiliser.
L'ignorance affirme carrément, la vraie science doit toujours laisser
prudemment une porte ouverte pour l'imprévu, et l'inconnu surtout, qui
est encore bien plus considérable que le connu.
Ainsi donc, si par le moyen du spectroseope on venait à découvrir que
des doses de ces mêmes matières, inappréciables par les moyens ordi¬
naires, sont cependant contenues en plus grande quantité dans l’air des
stations maritimes que partout ailleurs, il faudrait en conclure définitive¬
ment que cet air agit toujours, en quelque lieu des plages maritimes qu'on
se trouve, autrement que par toutes ses autres qualités seules.
À l'œuvre donc ! intelligences d'élite qui savez assez bien manier ces
instruments d'analyse, pour dérober à la nature ses secrets les plus intr
mes. Douez la science d'une analyse plus profonde et définitive de l'air
marin, et la seule base d’une discussion vraiment scientifique et fruc¬
tueuse sera trouvée ; et des conclusions positives et sûres sur la valeur
thérapeutique de cet agent si puissant et si répandu, pourront enfin être
prises et rallier tous les bons esprits.
Quant à nous, après avoir noté les points essentiels à éclaircir, nous
demandons la permission de nous effacer par sentiment de notre incom¬
pétence expérimentale. A chacun sa tâche, il y en a bien suffisamment
pour tous !... (De l'air marin et de son influence sur l'organisme en gène -
rai et en particulier sur celui des phtisiques pulmonaires .—Paris, 1865).
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— 363 —
progrès, l’étude de l’air de la mer, sa composition, ses
variations, ses rapports avec l’air terrestre, demande
encore à être faite et ce n’est que lorsque cette première
étude sera terminée que l’action physiologique de la cure
marine pourra être sérieusement entreprise.
En attendant nous devons nous contenter de ce qu’on
peut appeler l’expérience clinique, c’est-à-dire de l'ob¬
servation des faits qui se passent chaque année sur les
plages.
En d’autres termes, dans l’état actuel de la science il
est impossible, sans consulter l’expérience clinique, de
savoir si la cure de mer est certainement utile dans telle
ou telle classe d’affections. Les indications générales
que nous possédons actuellement sont plutôt le résultat
d’observations plus ou moins empiriques que des déduc¬
tions rigoureuses tirées d’expérimentations instituées
d’après une méthode scientifique proprement dite.
(i4 continuer). D r Martiny.
REVUE DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES DE FRANCE,
par le D r Schbpens, de Gand.
Maladie de Basedow,
par le D r Lilibnthal. — Traduction du D r Chauvet.
D'après Rosenthal la première manifestation pathognomo¬
nique de cette affection est une irritation du cœur qui se
montre toujours après quelque cause excitante ; puis, même
au repos, accélération du pouls (120 à 160 pulsations par
minute), action arythmique du cœur et pulsations et murmures
dans les carotides, dans les vaisseaux de la glande thy¬
roïde, etc.
Après des semaines ou des mois la glande thyroïde se
tuméfie , surtout sur lin dfe ses lobes ; en même teinps, quel-
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363 —
qnefois plus tôt ou plus tard, un ou les deux yeux présen¬
tent une saillie marquée, les paupières sont très ouvertes
et elles ne se ferment plus qu’imparfaitement. Stilhvag a
observé l’absence des mouvements de latéralité des deux
bulbes avec conservation du pouvoir do convergence des
yeux. Dans beaucoup de cas la cornée perd sa sensibilité, sa
surface se desséche, se ternit, et Graefa, en a vu 14 lois
l'ulcération. _
Les manifestations concomitantes du goitre exophtalmique
sont la parésie de la paupière supérieure, la paralysie faciale
partielle et la paralysie bilatérale des abducteurs ; les troubles
de l’appareil sensatif et vaso-moteur ; l’anesthésie partielle ou
des sensations névralgiques sur le trajet du trijumeau; la
tuméfaction œdémateuse des paupières, de la conjonctive et
l’augmentation de la température avec sensation de chaleur
et de sueur, etc., etc. Eulenburg ajoute encore aux symp¬
tômes précédents qui peuvent d'ailleurs manquer en partie :
la dépression d’esprit, les céphalalgies, les vertiges, la perte
de la mémoire, l'insomnie, la boulimie, l’anorexie, etc ; il y a
aussi souvent des troubles menstruels.
Le pronostic est généralement défavorable à cause des
altérations cardiaques consécutives ; quelquefois la gros¬
sesse est avantageuse.
Traitement. — La diététique est ici de la plus grande
importance ; éviter toutes les excitations physiques ou
morales ; avoir une alimentation légère, nourrissante (lait et
végétaux) à l’exclusion absolue de toutes les boissons exci¬
tantes (café, thé, liqueurs); rechercher le séjour continu à l’air
frais, surtout à la campagne. Les eaux ferrugineuses ont été
reconubandée* ; la galvanisation du sympathique cervical agit
avantageusement sur le goitre et l'exophtalmie, non sur le
cœur; elle parait améliorer l’état général. Beaucoup de
pathologie, peu de thérapeutique.même en homœopathie.
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— 364 —
Les remèdes les plus utiles dans cette affection ^ont :
1° Nitrate d'amyle. — L’olfaction de ce remède a guéri
quelquescas; il a dans sa pathogénie: lesyeux saillants, fixes
et les vaisseaux de la conjonctive injectés ; il convient surtout
quand y il a de fréquentes bouffées de chaleur à la face et à
la tête; oppression, etc. Malheureusement son action est très
fugitive.
2° Cactus grandiflor . — On l’a avantageusement pres¬
crit pour combattre les symptômes du cœur.
3° Ferrum. — L’iodure et l’acétate ont produit des résul¬
tats favorables quand l’affection s’est montrée après une
suppression des règles et qu’il y avait saillie des yeux, hyper¬
trophie de la thyroïde, palpitations du cœur et nervosisme
extrême.
4° Lycopus virg . doit, d’après les expérimentations, être
un remède utile; mais les quelques bons résultats obtenus ne
sont pas aussi marquants qu’on pourrait le supposer.
5° Spongia a dans sa pathogéniè : exophtalmie, dilatation
de la thyroïde et palpitations de cœur; beaucoup de malaises
et de frayeurs faciles spécialement la nuit ; élancements dans
le globe de l’œil et brûlement autour avec larmoiement à la
lumière.
On a encore employé : noir, muriat . ; baryta carbon.;
belloft. : brom. ; indium; phosph.; silicea: sut fur.; badia-
ga\ baryta muriat ; ealcar . carbon . ; aurum ; sep. ,* gra¬
phites et lycop.
Dans tous les cas avec beaucoup de patience et de persé¬
vérance nous pouvons espérer ramener l’état normal de la
santé. (Bibliothèque homœopathique, octobre 1888.)
Traitement des vomissements neftreox,
par le D r P. Joüsset.
Cette affection est caractérisée par des vomissements fré-
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365 —
quents de nature muqueuse, bilieuse ou alimentaire ; par des
douleurs parfois excessives ; par une marche irrégulièrement
périodique d’une durée toujours assez longue. A l’autopsie on
ne constate aucune lésion.
En dehors des vomissements des hystériques et des vomis¬
sements incoercibles de la grossesse, on doit rattacher les
vomissements nerveux à la gastrite chronique toxique ou non
ou à une dyspepsie avec ou sans dilatation de l’estomac.
Les principaux médicaments de cette affection sont :
1° Ipéca. — Très utile même dans l’état fie grossesse quand
il y a : état nauséeux continuel ; sialorrhée, vomissements
muqueux, vomissements alimentaires aussitôt après le repas ;
vomissements fréquents, diarrhée: ce dernier symptôme n’est
pas nécessaire. Doses : Premières triturations décimales à
la 6 e dilution.
2° Nux vomica . — Indiqué par des vomissements violents
survenant surtout le matin et accompagnés d’une constipation
opiniâtre. Les vomissements se composent de mucus stomacal
ou de bile ; ils sont généralement acides et douloureux, aug¬
mentent par le mouvement et diminuent par la position
couchée. Doses : 6 e et 12° dilutions.
3° Graphites. — Il donne dans sa pathogénie : nausées
prolongées le matin avec anxiété, refroidissements, lipothy¬
mie ; vomissements aqueux avec salivation abondante et
crachement continu. Les vomissements sont souvent alimen¬
taires et surtout composés de boissons. La conservation de
l’appétit malgré les vomissements est une indication du
fjraphites. Doses : 6 e et 12 e dilutions.
4° Arsenicum. — L 'arsenic est surtout indiqué quand les
vomissements existent déjà depuis longtemps, qu’il y a fai¬
blesse, amaigrissement, refroidissement, petitesse et fré¬
quence du pouls, lipothymie, délire et hallucinations, douleurs
brûlantes à l’estomac, anxiété et agitations. Doses : de la 3 e
à la 30 e dilution.
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1
— 366 —
5° Veratrum . — Indiqué quand les vomissements sont
violents et nombreux, accompagnés de sueurs froides et de
lipothymie. Les vomissements sont alimentaires, muqueux ou
bilieux. Doses : Teinture-mère à la 6 ê dilution.
6 f Pulsatilla. — L’indication de \r pulsatilleest caracté¬
risée par le froid, le dégoût pour les aliments gras, la répul¬
sion pour les boissons et la sialorrhée. Doses : 3 e et 6 e dilu¬
tions.
7° Tabacum. — Convient quand le vertige intervient dans
la production des vomissements et que ceux-ci sont accom-
gnés de sueurs froides ; il a été souvent utile dans le- mat
de mer. Dose : première trituration décimale.
8° et 9° Plumbum. Opium. — La caractéristique de cette
alternance est le vomissement glaireux déterminé par des
douleurs de ventre et de la constipation. Doses : plumbum
12® à 30°, opium 12«.
10° Ferrum. — Le fer produit des vomissements muqueux
abondants le matin avec spasmes du pharynx et pyrosis ;
des vomissements alimentaires aussitôt après le repas et la
nuit. Doses : 6 e à 12 e dilution.
11° Iodium est indiqué quand il y a des vomissements
opiniâtres, violents, incessants, de matière alimentaire ou
bilieuse. Ces vomissements sont compatibles avec un certain
degré d’appétit quoiqu’ils soient souvent précédés de nausées;
il y a aussi amaigrissement considérable. Doses : quelques
gouttes de teinture à la 6 e dilution.
12° Kreosotum est indiqué par les nausées, la salivation
avec froid et frisson par tout le corps, les vomituritions sur¬
tout le matin à jeun et les vomissements d’eau et de mucosités.
Dose : première dilution.
13° Sepia est indiqué quand les vomissements sont accom¬
pagnés d'efforts considérables qui finissent par faire reje*
ter du sang. Doses : La clinique est encore trop pauvre
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— 287 —
sur ce point pour qu’il soit possible de fixer les doses.
(Art médical, octobre 1888.)
Xta régime dans les dyspepsies,
par le D*“ P. Joussrr.
Le régime a une importance considérable dans les dys¬
pepsies et beaucoup de dyspeptiques guérissent sans autre
traitement qu’un régime approprié. En règle générale il faut
nourrir le malade sans fatiguer l’estomac.
Le D r Leven, qui guérit ses malades par le régime seul, a
institué plusieurs catégories de régime selon la gravité de la
maladie.
Dans les états graves le déjeuner se compose de café ou de
thé au lait ; le deuxième repas : potage au lait, tapioca ou
vermicelle, œuf à la coque, sur le plat ou brouillé avec très
peu de beurre ; fruits cuits ou fromage de Gruyère pour
dessert. Le dîner se composera des mêmes aliments. Ni pain,
ni vin ; le pain sera remplacé par des gâteaux secs, biscuits
ou des pommes de terre bouillies. Gomme boisson de l’eau ou
du thé au lait et dans l’intervalle des repas du lait à discré¬
tion. Dans des cas moins graves il permet un peu de viande
tous les deux ou trois jours à un repas seulement et toujours
" sans pain. Il donne de préférence du mouton ou du poulet
rôtis, de la langue fumée, du jambon maigre, etc. Il permet
parfois le ris de veau, la cervelle ou même un poisson, mer¬
lan ou sole.
Dans des cas encore moins graves il permet un peu de
pain; de la viande tous les jours à un repas d’abord, puis aux
deux toujours des viandes rôties. Comme légumes il permet :
la chicorée, la laitue cuite, les épinards, les haricots verts,
les carottes, les arlichauts, etc.
En résumé, il évite le pain, le vin rouge* les alimentsgras,
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J
— 368 —
l’huile et le beurre et il ne donne qu’exceptionnellement le
bœuf et le veau.
Le D r Jousset fait remarquer que le D r Leven est trop sys¬
tématique et qu’il ne tient pas assez compte des dispositions
et des répugnances individuelles. {AH médical, novembre
1888.)
Traitement du lumbago,
par le D r P. Joisset.
Les principaux médicaments du lumbago sont :
lo Bryonia est indiqué quand la douleur lombaire est très
vive et quelle est aggravée par le mouvement et par la pres¬
sion ; cependant une pression large comme lorsqu’on est
couché sur le dos soulage un peu la douleur. Les basses tri¬
turations et même la teinture-mère conviennent le mieux.
2° Nux vomica a aussi dans sa pathogénie des douleurs
lombaires 'aggravées par le mouvement et le toucher ; mais
ses douleurs sont constrictives avec irradiation dans les
flancs et engourdissements dans les jambes et les cuisses.
Les basses atténuations conviennent le mieux.
3 j Rhus toxicodendï'um est indiqué par des douleurs de
brisement et de contusion dans les lombes avec aggravation
par le repos au lit et soulagement par la marche. Richard
Hughes l’indique aussi quand le lumbago est la suite d’un
effort. Jou&set croit que sa réputation est usurpée.
4° Sulfur s’emploie dans le lumbago chronique quand les
douleurs sont moins vives et diminuent en marchant.
5° Causticum convient quand la douleur est très forte au
point de couper la respiration, augmentée par le mouvement
et surtout quand le malade veut s’asseoir.
6° Tartarus éméticus est beaucoup préconisé par Bürh.
{Art médical , novembre 1888.)
D r Schepeiss.
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— 369 —
Le tabac (1),
par MM. Em. Seutin; Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles.
Voilà ces adolescents dominés par deux passions, dont
l’ime pousse nécessairement à l’autre. Aussi, c’est presque pn
axiome : tout fumeur est buveur. Il y a cependant des excep- .
tions, mais n’importe, ce sont bien là les deux poisons qui
portent les plus cruelles atteintes à l’organisme ; et lorsque
les adolescents sont devenus hommes, si toutefois ils y arri¬
vent, car la mortalité est grande dans cette transition sous
un pareil régime, à quelque classe sociale qu’appartiennent
ces jeunes sujets voués à l’habitude du tabac, déchus dans
leurs qualités physiques comme dans leurs facultés intellec¬
tuelles et morales, ils perdent successivement toutes leur
énergie : ardeur au travail, amour pour l’étude s’évanouis¬
sent en eux. Ce'qu’ils recherchent c’est le repos et la rêverie
vague, sans but, qui sont les deux manifestations du narco-
tisme.
S’ils ont de la fortune, ils la dissipent ou la gèrent mal, et
s’ils n’en ont pas, ils sont incapables de trouver en eux-mêmes
les moyens de pourvoir honorablement à leur existence.
C’est alors que ces frelons de la ruche humaine, qui se
sont toujours tenus à l’écart du travail, réveillés par le
sentiment du besoin, yeulent avoir eux aussi parmi les heu¬
reux de ce monde, un rang qu’ils n’ont pas su conquérir en
se rendant utiles ; ils se posent en déclassés, en incompris,
en déshérités par l’injustice ou le mauvais fonctionnement
des institutions sociales ; et de parasites de la société qu’ils
étaient, ils en deviennent les ennemis.
(1) Suite . Voir vol. cour 1 pp. 69, 100, 129, 161, 204, 239,266, 305
et 327.
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— 370 —
C’est dans ces cerveaux fermés aux idées justes que
prennent naissance toutes les théories subversives de Tordre
social dans ses bases matérielles et morales. Beaucoup
d’entre ces rêveurs excentriques attendent, du triomphe de
leurs idées, une position meilleure ; d’autres, moins platoni¬
ques, sont tourmentés du démon de la convoitise : tout ce
qu’ils voient aux autres leur fait envie; ils veulent, par tous
les moyens, se l’approprier et en jouir.
C’est de cette catégorie de dégénérés que sortent les
vagabonds, les escrocs, les voleurs, les faussaires, les assas¬
sins, qui, de nos jours, viennent si largement apporter leur
tribut à ce que Ton appelle « le flot toujours montant de la
criminalité *. Dans ces natures, il n’a fallu souvent que quel¬
ques années de l’effet dégradant du tabac sur leur organisme
pour stérilisér et détruire tout ce que la civilisation, l’éduca¬
tion de famille, la morale de Téglise, avaient jeté de germes
des plus belles et aimables qualités, dans des âmes primiti¬
vement pures, pour les abaisser, par dégénérescence, aux
plus mauvais instincts des âges de barbarie : la rapine, te
vol et l’assassinat.
Combien ne pourrait-on pas citer de ces misérables qui ont
commis les crimos les plus nombreux et les plus épouvan¬
tables, condamnés par la justice des hommes à subir le dernier
supplice ; ne les voit on pas marcher à la mort en narguant
cette ipême justice et en jetant à sa face les bouffées de loar
tabac ? La pipe à la bouche, ils demandent à la bouffarde
qu’elle leur donne une contenance devant l’échafaud, comme
ils y puisaient dans le passé, l’entraînement et la férocité
pour commettre leurs crimes.
Citons un seul fait, que nous puiserons encore dans le
volume si remarquable de M. le docteur Depierris, sur le tabac.
11 se rapporte à Tun de ces nicotinés féroces qui tuenf pour
les motifs les plus frivoles, pour les intérêts les plus insjgoi -
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- 371 -
flants. Nous en laissons le récit tout entier à M. le docteur
Depierris.
C’était vers 1812. J’avais, dit-ii, pour voisin de campagne,
dans la banlieue de Toulon, au quartier de Malbourquet, une
famille de pauvres gens, du nom de Ferrandin, gagnant leur
vie par le travail des champs. Je remarquai un jour leur jeune
fils, de 16 à 18 Uns, fumant avec tout le chic d’un vieux
matelot une belle pipe en terre rouge, montée sur uii long
tuyau élastique, roulé autour de son bras, en forme de ser¬
pent.
Tu dois, mon garçon, consommer en tabac tout ce que tu
gagnes, lui dis-je en plaisantant, car tu fumes souvent, et ta
pipe est large.
Du tabac, répliqua-t-il; j’en ai tant que j’en veux, pour
moi et les amis encore, et ce n’est pas du caporal, c’est
de l’officier. Quand j’en veux, je vais le matin sur le quai.
Quand l’aspirant est à jeun, il allume son cigare pour faqui-
ner, mais ça n’a pas assez d’estomac pour le fumer ; le cœur
lui soulève, il le jette. Moi je le ramasse et, en deux
heures, je fais ma provision pour huit jours et je ne fume^que
du bon.
L’enfant devint homme, usant de plus en plus du procédé
qu’il avait trouvé pour se dispenser de son impôt à la régie*
Mais à mesure que la passion du tabac le gagnait, elle le
détachait de l’habitude du travail. Elle pervertit en lui toutes
les qualités humaines ; il devint bête fauve.
Il Vint un temps qu’on ne parlait plus, aux environs de
Toulon, que dé vols et de meurtres. On assassinait dans les
maisods de campagne, on assassinait sur les grandes routes.
La police était aux abois ; la terreur était partout; on n’osait
plus sortir lorsque tombait la nuit.
Un matin, cette sinistre nouvelle courut comme un glas de
mort dans les populations consternées : on a assassiné, cette
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— 372 —
nuit, toute la famille X.. dans sa maison de campagne, entre
Ollioules et la Seyne !
Une jeune fille de 18 ans, l'unique enfant de la famille,
avait échappé à ce carnage, comme par une volonté de la
Providence, pour apporter la lumière dans ces grands.crimes
où les auteurs se cachent et se dérobent aux châtiments.
Toute la famille avait été, la veille, passer la soirée chez
des voisins, à quelques centaines de pas de distance. La jeune
fille y avait une amie de son âge, et quand l’heure de se reti¬
rer arriva, elle dit à sa mère : laissez-moi coucher cette nuit
avec Marie ; je rentrerai demain de grand matin. Et la pauvre
enfant qui, dans quelques heures, allait être orpheline, don¬
nait à sa mère un dernier baiser en lui disant : à demain.
En effet, la jeune fille fut, le matin, la première éveillée
du quartier, et rentrait toute joyeuse à la maison paternelle.
Elle en était tout prés et le chien qu’elle appelait ne venait
pas à sa rencontre ; sa vieille grand’mére, toujours si mati¬
nale, n’avait pas encore ouvert la croisée de sa chambre.
Devant ce silence inaccoutumé, la pauvre enfant se sent
tout à coup saisie d’un pressentiment sinistre. Elle appelle
son père, sa mère, sa grand’mère ; aucune voix ne répond.
Elle frappe à la porte, qui cède à la moindre pression qu’elle
lui donne. Un nuage de fumée sort de l’appartement et
l’aveugle.
Une odeur de chair bràlée la suffoque. Elle court, affolée
de terreur, à la maison voisine : le quartier s’éveille, on
accourt ; la justice arrive, elle trouve trois cadavres jetés sur
un monceau de meubles, le tout à demi consumé; le feu qu’on
y avait mis s’étant éteint de lui-même, dans sa propre fumée.
Sur ces cadavres est un bâton souillé de sang et des cer¬
velles des crânes qu’il a brisés ; le feu l’a respecté. C’est par
lui qu’a été commis ce grand crime ; c’est liii qui va dénoncer
l’assassin.
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— 373 —
Je connais ce bâton, dit la jeune fille, dont un rayon de
joie vint illuminer, un instant, le front assombri dans la plus
profonde des douleurs. C’est mon père qui l*a donné à Fer-
randin, l’autre soir. Ferrandin parlait à mon père de Pierre,
le charretier, qu’on avait assassiné sur la route de Seyne ; il
disait : on tue partout, maintenant, et j’ai peur de passer, le
soir, par ces chemins si déserts.
Venez, lui dit mon père, je vais vous donner un bâton pour
vous rassurer et, au besoin, pour vous défendre si Ton vous
attaque.
Mon père prit sa serpe et coupa le bâton dans cette touffe
de chênes, là-bas... J’étais avec eux; c’est la même branche
d'arbre ; je la reconnais. On va dans les chênes verts, que
montre la jeune fille; on y trouve la branche fraîchement
coupée qui ressort de la terre, on porte sur ce tronc le bâton
ensanglanté... C’était bien la tige qui en avait été détachée.
Ce jour-là, j’étais dans ma résidence qui dominait les
jardins de Castigneau, où vivait, dans une petite maison
isolée, la famille Ferrandin.. Je voyais des gendarmes à
cheval, galoper dans la plaine et prenant position, comme
pour une arrestation importante. Je descendis pour m’informer
de ce que c’était; et je vis défiler devant moi la force armée
de la justice, conduisant Ferrandin.
Qu’a-t-il fait? demandai-je.
Il a assassiné toute une famille !... cria la foule qui l’ac¬
compagnait au liéu du crime où on allait faire sa confronta¬
tion avec les Victimes.
La justice avait mis la main sur un grand criminel ; la
société allait enfin être vengée de tous les crimes commis par
uu pareil monstre ; et chacun se remettait des terreurs que
tant de crimes impunis avaient causés, quand tout à coup, la
nuit, on entend partout dire en ville : Ferrandin s’est
échappé...
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— 374 —
Et c'était bien vrai ; Ferrandin avait repris sa liberté.
Quatre ou cinq jours après ün çhassenr vint annoncer en
tremblant au parquet de Toulon qu’à deux lieues de la ville,
il venait d’être désarmé de son fusil et de ses munitions, par
ün individu qui l’avait menacé de mort, s’il faisait des révé¬
lations. A ce trait d’audace, on reconnut Ferrandin. Plus de
six mille hommes, soldats, citoyens armés furent mis à sa
poursuite.
On organisa une battue en grand, comme pour une chasse
à la bête fauve. 11 se vit cerné par une ligne de baïonnettes,
au travers desquelles il ne pouvait espérer se frayer un
pâssâge. Un officier de police l’approcha et lui dit avec dou¬
ceur :
Ferrandin, rends-toi.
Si tu avances, répond le criminel, tu es mort.
L’officier fait un pas, et Ferrandin, d’un coup de son fusil,
le tue. Il allait tuer un autre officier de police, quand un
paysan lui lâcha en pleine figure un coup de feu qui l’aveugla.
Il mourut, ce misérable, quelques jours après des suites dé
sa blessure, les pièces de conviction trouvées chez lui l’ont
fait reconnaître coupable d’un très grand nombre d'assas¬
sinats.
Voilà où ont conduit cet homme les bouts de cigares des
officiers, qu’il ramassait quand il était enfant... Il com¬
mença à 12 ans sa vie de fuineur et de désœuvré ; à 24 ans,
le tabac, pervertissant en lui tous les sentiments d’huma¬
nité, l’avait abaissé par dégénérescence morale, jusqu’à l’état
de monstre.
(4 continuer.) Èm. SeütIn, ph°, et D 1, L. Seutin.
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— 375 —
CONGRES INTERNATIONAL D'HOMŒOPATHIE.
Nous avons reçu la circulaire suivante, que noup jioqs
empressons de reproduire en engageant yivement nos con¬
frères à se rendre au Congrès d’homœopathie ?
Monsieur et très honoré confrère ^
Ainsi que nous l'avons tait savoir dernièrement, les sociétés hoipœo-
pathiques de Paris ont décidé de provoquer une réunion des médecins
homœopathes pendant l'Exposition qui va s’ouvçir.'
Depuis lors, le Gouvernement de la République française a bien voulu
nous accorder, comme en 1878, de placer notre Congrès parmi les Con¬
grès officiels de l'Exposition. Nous venons donc vous inviter à participer
aux travaux du Congrè&homœopathique international qui se réunira à
Paris, les 21, • 22 et 23 août prochain, dans les salles de conférences du
Tromdëro.
Nous espérons que vous répondrez à notre appel et que vous voudrez
contribuer à propager avec nous la vérité thérapeutique. Les médecins
qui pratiquent suivant la doctr ine deHAHXBMANN dans des pays si éloignés,
ont besoin de se rapprocher de temps à autre, de réunir dans un fond
commun les résultats de leur expérience personnelle pour faire progresser
Hiomoeopathie ; ils contribueront ainsi à démontrer que cette doctrine
repose sur des bases véritablement scientifiques ; ils établiront qu'elle
donne des résultats favorables dans ses applications à la cure des
maladies.
Nous prions nos confrères étrangers de faire connaître autour d’eux,
de communiquer & leurs sociétés scientifiques, de publier dans leurs jour¬
naux l'appel que nous leur adressons, parce que plus notre Congrès sera
nombreux, plus il pourra porter de fruits.
Les médecins, pharmaciens et vétérinaires seront membres titulaires;
ils pourront envoyer des mémoires, et prendre part aux discussions du
Congrès.
Le Congrès comprendra, en outre, comme membres adhérents, les
amis de l'homoeopathie qui voudront bien apporter ainsi à notre doctrine
un témoignage de sympathie; ils pourront assister aux séances du Congres,
mais simplement comme auditeurs.
Les cotisations ont été fixées, comme en 1878* à 20 francs pour les
membres titulaires et à 5 francs pour les membres adhérents.
Pour que les travaux du Congrès soient intéressants et fructueux, il est
nécessaire que les sujets de discussion spiept connus à l'avance de tous
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les membres du Congrès, nui pourront ainsi préparer leurs arguments.
Les auteurs de mémoires ou de communications devront donc nous en
envoyer, avant le 15 juin, le résumé et les conclusions ; la Commission
d'organisation pourra faire un classement de ces travaux pour réunir
dans une même discussion ou dans une même séance ceux qui présen¬
teraient des relations; la Commission fera en outre imprimer ces résumés
et les adressera à tous-les membres du Congrès qui auront envoyé leur
adhésion avant le 15 juin.
Les mémoires qui nous parviendront après cette date ne pourront être
discutés au Congrès que si cette Assemblée le décide par son vote.
Les séances auront lieu à 4 heures de l'après-dînèc. Le bureau du
Congrès sera élu dans une première séance, qui aura lieu par exception,
à 10 heures du matin, le mercredi 21 août, dans la salle du Trocadéro.
Veuille/, agréer, etc.
Le Président^ Le Secrétaire ,
1)' Léon SIMON. D r MARC JOUSSET.
Les mémoires et les communications rentreront dans une
des catégories suivantes :
1° Matière médicale et thérapeutique générale ;
2° Thérapeutique appliquée ;
3° Propagation de rhomœopathie: enseignement, hôpitaux.
Comité d’organisation : M. le D r Simon (Léon), D r Chàn-
cerel, D r Compagnon, D r Gonnard, D r Jousset, P., D r Love,
D r Marc Jousset.
Les adhésions, mémoires, communications, doivent être
adressés avant le 15 juin, au secrétaire M, le D r Marc
Jousset, Boulevard St-Germain, 241, Paris.
SOMMAIRE.
LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny . 353
Revue des journaux homœopathiques de France, par
le D r Schepens, de Gand. ........ 362
Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph n et le D r Léon
Seütin, à Bruxelles .369
Le congrès d’homœopathie.375
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Revue Homceopathipe
BELGE
publiée par M. le D r MARTINT
Faisant suite au Journal du dispensaire llahnemann du docteur U0DB8HAM8
BRUXELLES
BUREAU DE LA REVUE
69, RUE D’ARLON, 69
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TABLE DES MATIÈRES
A cidum carb. — Néphrite post-acar¬
ia tineuse, 153.
Aconititm. — Parturition, 91. —
Urticaire, 252. — Goutte
noueuse, 322, 323. — Né¬
vralgies, 343. — Typhus
exanthématique, 371.
A ctca roc . — Partu rition ,93.—Goutte
noueuse, 321. — Névralgies,
344.
Allen (Dr), 372.
Alternance des médicaments (L*),225.
Amblyopie nicotinique, 57.
Ambra. — Incontinence d’urine, 158.
Anacardium. — Troubles de la pa¬
role, 89.
Antimonium crud. — Dyspepsie, 151.
Antithermiques (Les). 193.
Apis meU. — Néphrite post-ecarlati-
neuse, 154. — Kystes de l'o¬
vaire, 157. — Maladies de la
peau, 222.
Arnica .— Phtisie pulmonaire, 323. —
Névralgies, 343.
Arsenicum. — Néphrite post-scarla¬
tineuse, 156. — Asthme,
178. — Fièvre iutermitteute,
178. — Variole, 207. — Rou¬
geole, 208. — Maladies de la
peau, 222. — Herpès, 248.
— Urticaire, 251, 252. —
Induenza, 291. — Choléra,
295. — Névralgies, 343. —
Typhus exanthématique, 372.
Arsenicum iod . — Tuberculose pul¬
monaire, 263, 322, 323.
Artério-sclérose (De T), 121.
Association centrale des homœopathes
belges, 102,129,193,239.
Atropine . — Troubles de la parole,
20 .
Aurum. — Syphilis, 122. — Chute
des cheveux,218.
Badia (D r ), 370.
Baptisia . — Induenza, 292,
Baryta. — Inflammation des amyg¬
dales, 208.
Belladona. — Troubles de la parole,
19. — Cystite chronique du
col, 63. — Parturition, 92.—
Variole, 207. — Elephan-
tiasis, 216. — Maladies de la
peau, 222. — Urticaire, 251.
— Induenza, 295. — Névral¬
gies, 343. — Typhus exan¬
thématique, 371.
Bibliographie. — New catalogue of
Standard homœopathic pu¬
blications. The Hahnemann
publisbing house, 921, Arch
Street, Philadelphia, 309. —
372.
Bismuthum. — Névralgies, 343.
Bord de la mer (Le), 1,33, 65, 97.
Bryonia. — Néphrite post-scarlati¬
neuse, 154. — Broncho-pneu¬
monie, 178.— Urticaire,250,
252. — Induenza, 291. —
Névralgies, 343.
Burkhard(D r ), 143, 215, 246, 275.
Cactus grand. — Névralgies, 343.
Caféine. — Hydropisie, 184.
Cahis (D r ), 252.
Calcarea. — Urticaire, 252.
Calcarea carb. — Parturition, 93. —
Névralgies, 343.
Calcarea phosph. — Tuberculose pul¬
monaire, 263,322.— Névral¬
gies, 344.
Calmants (Les), 193.
Camphora. — Choléra, 295.
Cannabis ind. — Troubles de la pa¬
role, 89.
Cannabis sat. — Troubles de la pa¬
role, 89.
Cantharis. — Névralgies, 344.
Capsictim. — Névralgies, 344.
Cardans. — Elephantiasis, 216.
Çaulophyllum. — Parturition, 93- —
Névralgies, 344-
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Gausticum. — Troubles de la parole,
27. — Affection glandulaire,
208. — Inflammation des
amygdales, 208. — Herpès,
248.
Ccdron. — Névralgies, 344.
Chamomilla. — Parturition, 92. —
Maladies de la peau, 222. —
Folie des femmes enceintes,
282. — Névralgies, 344.
Chelidonium. — Névralgies, 344. —
Hydrocèle, 365, 366. — Or¬
chite, 366.
Chevalier (D**), 19, 81, 143, 180, 215,
246, 275, 338, 362.
China. — Erysipèle, 179. — Dyspep¬
sie, 179. — Folie des femmes
enceintes, 283.
Chininum ars. — Herpès, 248. — Né¬
vralgies, 344.
Chininum sulph. — Fièvre intermit¬
tente, 178.— Névralgies, 344.
Chirurgie (Le dossier de la), 127. —
Chirurgie et homœopathie,
338, 362.
Cicuta vir. —Troubles de la parole,89.
Cina. — Névralgies, 345.
Clematis. — Cystite blennorrhagique,
325.
Cocculus. — Névralgies, 345.
Coffea crud. — Névralgies, 345.
Colchioum. — Affection glandulaire,
208.
Coliques hépatiques, 324.
Cdocynthis. — Iléus, 103. — Né¬
vralgies, 345.
Congrès international d’homœopathie,
225.
Conium. — Polype intra-utérin, 30.—
Cystite blennorrhagique, 325.
Copaiva. — Urticaire, 252.
Criquelion (D r ), 30,107,149,205,206,
290.
Crocus sai. —Troubles de la parole, 90.
Ci'oton tig. — Névralgies, 345.
Cuprum. — Choléra, 295. — Névral¬
gies, 345.
C uprum ac. — Folie des femm?s en¬
ceintes, 283.
Cystite blennorrhagique, 325.
Cystite chronique du col, 61.
Déontologie médicale, 51.
Devoirs du médecin auprès des mou¬
rants (Les), 51.
Diététique contemporaine (Coup-d’œil
sur la), 149.
Digitalis purp. — Néphrite post¬
scarlatineuse, 155. — Asys-
tolie, 178. — Migraine, 178.
Hydropisie, 180.
Dioscoi'ea vil. — Entéralgie, 325.
Dossier de la chirurgie (Le), 127.
Di'osera. — Phtisie, 178, 322.
Dulcamara. — Urticaire, 250, 252. —
Cystite blennorrhagique, 325.
Dyspepsie (Nouveaux remèdes améri¬
cains contre la), 285.
Eczéma, 275.
Electro-homœopathie (L*), 227.
Elephantiasis, 215.
Engorgement de la prostate, 61.
Eupntorium pcrf. — Influenza, 292.
Euphrasia. — Troubles de la parole,
89.
'Fcrrum met. — Chlorose, 178. —
Névralgies, 345.
Ferintm perchl. —Maladie de Bright,
326.
Fcrrum phosph . — Névralgies, 345.
Folie (Traitement de la folie des fem¬
mes enceintes), 282.
Gaudy (D r ), 206, 207.
Gelsemium. — Parturition, 94. —
Névralgies, 346.
Glonoin. — Syncope par défaillance
cardiaque, 326.
Gnaphalium . — Sciatique, 327.
Goutte noueuse (De la), 321.
Graphites. — Ichthyosis, 149. —
Elephantiasis, 216. — Chute
des cheveux, 218. — Herpès,
248.
Graves (Maladie de), 127.
Gregg (DO, 372.
Guaco. — Polype intra utérin, 30.
H amamelis. — Elephantiasis, 216.
— Névralgies, 346.
Hellvborm niger. — Néphrite post¬
scarlatineuse, 155.
Hepur S. G. — Dyspepsie, 151. —
Urticaire, 252. — Herpès,
248. — Influeuza, 295. —
Pleurésie, 325.
Hôpital homéopathique en Italie (Un),
123.
Hôpital St-Jacques (Clinique théra¬
peutique à P). 175.
Hydrastis. — Pharyngite chronique,
327.
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Hydropisie (De la thérapeutique de
l’hydropisie, suite d’affections
organiques du cœur), 180.
Hyoscyamus. — Troubles de la pa¬
role, 22. — Paralysie agi¬
tante, 60. — Parturition, 91.
—Folie des femmes enceintes,
283. — Phtisie pulmonaire.
323.
Hypericum perf. — Tétauos, 94.
Hypnotiques (Les), 193.
Hystérie, 350.
Ichthyosis, 148.
Ignatia. — Folie des femmes encein¬
tes, 283. — Névralgies, 346.
Iléus (Un cas d’), 102 .
Incontinence d’uriue, 158.
Influenza, 289.
Iodure de potassium (Encore 1*), 257.
Iodure de sodium. —Asthme, 178.
Ipéca. — Asthme. 177. — Broncho-
pneumooie, 178. — Urticaire.
252. — Phtisie pulmonaire,
323.
Iris versicolor. — Dyspepsie, 285.—
Névralgies, 346.
Journal homo?opathique (Uu nou¬
veau), 369.
Jousset (Dr P.), 121, 175,305,321,322.
K ali bichr. — Néphrite post-scàrlati-
neuse, 155. — Névralgies,
346.
Kali brom.— Troubles de la parole. 88.
Kali carb. — Bronchite, 350.
Kali chlor. — Elephantiasis, 216.
Kali hydr. — Asthme, 259.
Kali iod. — Syphilis. 122. — Hydre
l'isie, 185.
Kali phosph. — Névralgies, 316.
Kali suif. —Maladies de la peau, 222.
Kalmia . — Insuffisance des valvules
mitrales du cœur, 309.
Kystes deTovaire, 157.
Ltachesis. — Troubles de la parole,
87. — Névralgies, 346.
Lactose. — Hydropisie, 181.
Lambreghts(D r ). 57,91, 102,153,186,
207, 282, 312.
Lapis. — Polype intra-utérin, 30.
Larcins de l’allopathie (Les), 63, 222.
Latrodectus mactans , 186.
Ledum. — Tétanos, 96.
Leeser (Dr), 338, 362.
Lilium tigr. — Prolapsus utérin,
159. — Folie des femmes
enceintes, 283.
Lithium carb. — Affection glandu¬
laire, 208. — Dyspepsie, 286.
Lobelia infl. — Dyspepsie, 286.
Loi des semblables (Encore une preuve
de la), 255.
Lycopodium. — Troubles delà parole,
83. — Parturition, 93. —
Maladies de la peau, 222. —
Urticaire, 252. — Névral¬
gies, 347.
"NLagncsia carb. — Névralgies, 347.
Magnesia phosph .— Névralgies,347.
Martiny (D r ), 1, 33. 63, 65, 97, 105,
107, 127, 161, 193, 206, 222,
242, 255, 257, 259, 289, 353,
372.
Médecine palliative et la toux (La) ,259.
Médecine pratique (Observations de),
30.
Médeciue vétérinaire, 351.
Médicaments complexes, 227.
Médicaments externes (Les), 105.
Mer et les personnes malades (La),
353.
Mcrcurius. — Syphilis, 121, 178. —
Dysenterie, 179. — Elephan¬
tiasis, 216. — Maladies delà
peau, 222. — Herpès, 248.—
Influenza, 296. — Névral¬
gies, 347.
Mcrcurius biiod, — Syphilis, 122.
Mcrcurius corr. — Syphilis, 123. —-
Néphrite post-scarlatineuse,
156. — Typhus exanthéma¬
tique, 371.
Mei'curius (Onguent).— Syphilis,122.
Mercurin s proto-iod.— Syphilis, 122.
Merçurius s"bl.eorr .— Syphilis, 122.
Mczcreum. — Herpès, 248. — Névral¬
gies, 347.
MiUefolium. — Hémorrhagies, 177.
— Phtisie pulmonaire, 323.
Myrica ccr. — Dyspepsie, 287.
Natrum mur. — Urticaire, 252. —
Névralgies, 347.
Néphrite post-scarlatineuse (Traite¬
ment de la), 153.
Névralgies (De l’opportunisme dans le
traitement des), 129.
Nitriac. — Syphilis, 123.— Herpès,
248. — Coliques hépatiques,
324.
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— VII -
Nouvelles, 64, Ï89, 351, 374.
Nux vom. — Amblyopie nicotinique,
58. — Paralysie agitante, 60.
— Parturition, 93. — Iléus,
103. — Névralgie sus-orbi¬
taire, 178. — Asthme, 178.—
Fièvre intermittente, 178. —
Herpès, 248. — Urticaire,
251, 252. — Névralgies, 347,
369.
Observations cliniques, 57.
Oenotherabiennis. — Dyspepsie,287.
Oleum caj. — Dyspepsie, 287.
Opium.— Folie des femmes enceintes,
284.
Owens (Dr), 153.
Palliatifs (Les médicaments externes
et les), 105.
Paralysie agitante, 59.
Parole (Des troubles de la), 19, 81.
Parturition (Indication des remèdes
homœopathiques dans la), 91.
Peau (Maladie de la), 143,215,246,275.
Petite vérole (La), 107.
Phcnicum ac. — Variole, 208.
Phosphore. —Amblyopie nicotinique,
58. — Paralysie agiiante,60.
— Troubles de la parole, 86.
— Phtisie, 178. —Variole,
207. —* Infiuenza* 295. —
Elephantiasis, 216. — Chute
des cheveux, 218. — Urti¬
caire, 252.— Névralgies, 347.
Phosphore ac. — Urticaire, 252. —
Phtisie pulmonaire, 323.
Phtisie pulmonaire (Considérations sur
le traitement de la), 322.
Platina. — Polype intra-utérin, 30.
— Troubles de la parole, 85.
— Folie des femmes encein¬
tes, 284. — Névralgies, 348.
Pleurésie, 324.
Plumbum. — Iléus, 104. — Goutte
noueuse, 322.
Plumbum ac. — Coliques des che¬
vaux, 351.
Pneumonie (À propos de la congestion
de la), 305.
Podophyllum. — Dyspepsie, 288.
Populus trem. — Dyspepsie, 288.
Proëll (D r ), 308.
Prolapsus utérin, 159.
Pulsatilla. — Cystite chronique du
col, 61. — Affections utéri-
* nés, 63.— Parturition, 92.—
Chlorose, 178. — Herpès» v
248. —* Urticaire, 250, 25£.
— Folie des femmes.encein¬
tes, 284. — Névralgies, 348.
Pulsatilla nuit. — Dyspepsie, 288.
Purgatifs (Les), 193.
Hanunculus bulb. — Coliques hépa¬
tiques, 324, 325. — Zona,
325.
Régime en homœopathie (Le), 252.
Règne végétal (Quelques considéra¬
tions à propos des remèdes
tirés du), 161.
Remèdes nouveaux récemment intro¬
duits dans la thérapeutique
allopathique (A propos de
quelques), 242.
Revue des journaux homœopathiques
d’Amérique, 91, 153, 186,
282, 342,— De France, 121,
175, 305, 321.
Rhododendron . — Névralgies, 348.
Rhus tox . — Variole, 207. — Rhu¬
matisme chronique, 222. —
Herpès, 248. — Urticaire,
250, 251, 252 — Névral¬
gies, 348.
Roca (D r Nogué), 369.
S abina. — Sycose, 147.
Sanguinaria. — Névralgies, 348.
San'acenia purp . — Petite vérolfe,
107, 207.
Schadler (D r ), 180.
Schepens (D r ), 102, 105, 106, 121,
175, 205, 305, 321.
Scilla marit. — Néphrite post-scar¬
latineuse, 156.
Secale com. — Parturition, 93. —
Urticaire, 252.
Semple (D**), 186.
Sénéya. — Néphrite post-scarlati¬
neuse, 154.
Sepia. — Polype intra-utérin, 31. —
Elephantiasis, 216. — Her¬
pès, 248.— Urticaire, 252.
— Folie des femmes enceintes,
283. — Névralgies, 348.
Seutin (D0, 9, 40, 73, 109, 136, 169,
208, 209, 232, 269, 299, 327.
Seutin (Ph“),9, 40, 73, 109, 136, 169,
209,232, 269,299, 327.
Silicea. — Affection glandulaire, 208.
— Elephantiasis, 216. —
Phtisie pulm., 323. — Né¬
vralgies, 348.
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— VIII —
Sizygium jamb. — Diabète sucré, 32.
Spigelia. — Troubles de la parole, 81.
— Névralgies, 348.
Stannum . — Névralgies, 349.
Staphysagria . — Névralgies, 349.
Stratnoni um. — Troubles de la parole,
24. — Folie des femmes en¬
ceintes, 285.
Sulfur. — lchthyosis, 149. — Phtisie,
178. — Variole, 207. —
Maladies de la peau, 222.
— Herpès, 248. — Urticaire,
252. — Folie des femmes
enceintes, 285. — Pleurésie,
325. — Névralgies, 349. —
Hvdrocèle, 365. — Orchite,
367.
Sycose, 147.
Tabac (Le), 9, 40, 73, 109, 136, 169,
209, 232, 269, 299, 327.
Tarent ula hisp . — Névralgies, 349.
Terebenthina. — Néphrite post-scar¬
latineuse, 154. — Névral¬
gies, 349.
Tessier (Dr), 324, 325.
Tétanos, 94.
Théridion. — Hystérie, 350.
Thuya. — Cystite chronique du col,61.
— Sycose, 147. — Variole,
207. — Névralgies,^149.
Tlaspi. — Hémorrhagies, 1*4.
Toux (La médication palliative et la),
259.
Typhus exanthématique avec compli¬
cation pulmonaire, 370.
U rtica erem. — Urticaire, 250, 251,
252.
Urticaire, 249.
Van Blaeren, 129.
Variétés. 64,189, 374.
Veratrum alb. — Choléra, 177, 295.
— Urticaire, 252. — Folie
des femmes enceintes, 285.
— Névralgies, 349.
Veratrum rtr. — Folie des femmes
enceintes, 285.
Verbascum. — Névralgies, 349.
Wossa (D r ), 19, 81.
Wuillot(Dr), 252.
Zincum . — Troubles de la porole, 86
— Névralgies, 350.
FIN.
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REVUE HOMŒQPATHIQUE BELGE
10® Année. AVRIL 1889. N®1.
LE BORD DE LA MER
par le-D r Martiny.
Indications et contre-indications
Nous venons de le voir, l’expérimentation physiolo¬
gique de l’action de la mer sur l’homme sain n’est pas
assez avancée pour qu’on puisse dire, a priori, si la cure
marine sera utile dans telle ou telle circonstance : c’est
l’expérience qui est le souverain juge de la question, et
malgré les statistiques et les travaux qui ont été publiés
au sujet des indications et contre-indications de la mer,
le problème est loin d’étre résolu. En parcourant ces
travaux, on est frappé du peu de précision qu’on y ren¬
contre au sujet de ces indications ; franchement on
croirait que la mer doit guérir tous les maux, que c’est
la panacée universelle ; feuilletons, par exemple, le Traité
pratique des bains de met' du D r Verhaeghe, d’Ostende,
et nous y trouverons les indications suivantes :
1° Affections qui ont pour origine une faiblesse
générale ou locale :
a) Digestions mauvaises, lentes et pénibles, flatulences,
diarrhées habituelles.
b) Croissance trop rapide ou précoce.
c) Pollutions ; impotence virile.
d) Transpirations excessives habituelles.
2” Maladies nerveuses :
Hypochondrie. Hystérie ou attaques de nerfs, spas¬
mes. Vertiges. Migraine et autres maux de tête nerveuxi
i Suite* Voir volumes précédents.
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— 2 —
Grande irritabilité nerveuse des organes des sens. Ex¬
tinction de la voix par cause nerveuse. Toux nerveuse.
Coqueluche. Asthme. Palpitations nerveuses et angine
de poitrine (j?). Gastralgie et crampes d’estomac. Vomis¬
sements nerveux. Entéralgie. Névralgie en général.
Attaques épileptiformes (?). Chorée ou danse de St-Guy.
Tremblements nerveux. Crampes dans les extrémités.
Faiblesses nerveuses et paralysies. Ambliopie ou faiblesse
de la vue. Douleurs dans les vieilles cicatrices. Ataxie
locomotrice progressive.
3° Affections rhumatismales et goutteuses.
4° Affections catarrhales chroniques :
Dispositions particulières à s’enrhumer. — Coryzas
chroniques. — Angines chroniques; — Engorgement
chronique des amygdales. — Enrouement chronique et
habituel. — Bronchites ou rhumes de poitrine. — Toux
chronique. — Coqueluche.— Affections asthmatiques. —
Etat muqueux avec abondance de glaires.
5° Disposition à la phtisie.
6° Pléthore abdominale :
Affections hémorrhoïdales ; engorgements chroniques
de quelques organes abdominaux. — Gastrite chronique. —
Catarrhe intestinal.
7° Disposition aux hémorrhagies.
8“ Affections du système lymphatique ou tempéra¬
ment lymphatique exagéré.
9‘’ Affections scrofuleuses.
10° Quelques maladies de la peau :
I/urticaire chronique, la lepra vulgaris, le psoriasis,
le lichen chronique, le pithiriasis et même l'eczéma
chronique; l’impétigo et l’ethyma.
11° Affections syphilitiques tertiaires.
12° Fièvres intermittentes rebelles et chroniques.
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13° Maladies propres aux personnes du sexe :
Dysménorrhées, ménorrhagies, leucorrhées.— Prédis¬
positions aux fausses couches. — Prolapsus ou descente
de l’utérus et autres déplacements. — Engorgement chro¬
nique du col utérin. — Granulations et ulcérations du
col. — Engorgement dos ovaires. — Stérilité. —
Engorgement dos seins.
Toutes les maladies de l’espèce humaine figurent, à peu
d’exceptions près, dans ce tableau ; il se présente pour la
mer ce qui se passe, du reste, pour d’autres cures miné¬
rales ; elle peut guérir presque toutes les maladies indis¬
tinctement, cela dépend de la cause, du sujet, des circon¬
stances, etc. En dressant ce tableau le D r Verhaeghe
est jusqu’à un certain point dans le vrai. Dans le cours
de sa longue expérience il avait vu des personnes
atteintes des diverses maladies qu’il énumère, trouver
la guérison au bord de la mer ; il avait vu des asthma¬
tiques, par exemple, s’améliorer et même guérir, mais
d'autres aussi auxquels la mer faisait mal; des personnes
prédisposées à la phtisie qui s’en trouvaient bien, mais
d’autres dont 1 état s’aggravait, etc., etc. Toutes les eaux
minérales sont dans le même cas, elles ont à leur actif
des guérisons remarquables de presque toutes les mala¬
dies ; il y a peu d’eaux minérales qui ne puissent reven¬
diquer de vraies cures de goutte par exemple, mais c’est
parce que la goutte a différentes formes, différentes varié¬
tés, qu’elle se modifie par la durée, par les habitudes et
les maladies concomitantes, en résumé parce qu’à côté de
la goutte il y a le goutteux ; de ce qu’un traitement aura
guéri un malade il ne s’ensuit pas nécessairementqu’il gué¬
rira un autre malade paraissant atteint de la même affec¬
tion nominale ; chacun est malade à sa manière, chacun a
aussi sa manière d’être guéri, ce qui guérit l’un n’est pas
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— 4 —
forcément efficace chez l’autre.Les classifications actuelles
des maladies peuvent servir pour les étudier avec suite
et méthode, mais sont beancoup moins utiles pour trouver
leur traitement ; c’est pourquoi le vrai médecin doit non
seulement rechercher de quelle maladie le sujet est
atteint, mais il doit s’efforcer de trouver comment il en est
atteint, c’est-à-dire comment son organisme réagit contre
cette maladie, comment il la supporte, quels résultats,
quelles lésions elle a déterminées; voilà les raisons pour
lesquelles on ne peut dresser une liste simplemenLnomi-
nale des maladies dans lesquelles la cure de mer est utile;
mais en revanche on peut, en se basant plutôt sur l’expé¬
rience clinique que sur les théories proprement dites,
déterminer les formes de telle ou telle affection dans les •
quelles la cure de mer peut rendre des services ; c’est ce
que nous nous efforcerons d’indiquer le plus clairement
possible. On pourra s'expliquer ainsi la prétendue contra¬
diction qu’on trouve chez un grand nombre d’observa¬
teurs consciencieux qui prétendent les uns que telle
maladie est heureusement influencée par le séjour de la
plage tandis que d’autres avouent qu’elle s’y aggrave.
Ici c’est avant tout l’expérience clinique qui devra nous
servir de guide, mais l’expérience clinique complète, c’est-
à-dire ne se bornant pas seulement à constater l’état du
malade pendant qu’il est encore sur la plage, mais l’ob¬
servant aussi après la cure, quand il a quitté la mer,
quand il est rentré dans ses foyers depuis quelque temps
déjà : car on se tromperait étrangement si l’on croyait que
ceux qui paraissent se mieux porter sur la digue conti¬
nueront à éprouver par la suite des effets salutaires de
leur cure, une fois qu’elle sera terminée ; il faut en un mot
tenir compte avant tout des effets définitifs. Nous avons
effleuré la question lorsque nous avons dit un mot au sujet
des effets primitifs, des effets secondaires et des effets
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5
consécutifs ou tardifs des cures minérales en général.
Or, ce sont les effets consécutifs, les seuls qui soient
durables et réellement curatifs, que le médecin doit scru¬
puleusement enregistrer, et ces effets, quand il s’agit de
la cure de mer, sont parfois tout différents des effets pri¬
mitifs ou secondaires, c’est-à-dire des symptômes et des
sensations que le malade accuse quand il est encore sur la
plage. Que de fois n’avons-nous pas vu des personnes qui,
tant quelles séjournaient sur la plage, ne tarissaient pas
d’éloges à propos de leur cure, mais qui, après celle-ci,
s'apercevaient que leurs souffrances s’étaient plutôt ac¬
centuées et que leur maladie s’était aggravée l A la mer,
surtout pendant les premiers temps et quand la durée du
séjour n’est pas longue, un grand nombre de personnes
sont excitées par l’air vif, stimulant de la plage, par les
distractions et les plaisirs; elles prennent cette excitation
pour une réelle amélioration, tandis que plus tard elles
s’aperçoivent que la somme de leurs misères est plus
grande après la cure. Le médecin des plages doit se
métier de cette sorte d’excitation que produit au début le
séjour de la plage chez un grand nombre de sujets, il doit
scrupuleusement observer son malade, ne jamais négliger
surtout de porter ses investigations sur l’appareil de la
circulation qui est si vivement influencée par la mer, afin
de ne pas prendre, lui aussi, pour une amélioration réelle,
celle qui n’est que factice et finit en dernier lieu par être
préjudiciable. L’état du pouls, l’état du cœur, la colora¬
tion de la face, les qualités du sommeil, rien ne doit être
perdu de vue ; souvent aussi ce qui trompe le malade et
même le médecin au début, c’est l’appétit. Grand nombre
de personnes sentent d’abcrd leur appétit s’accentuer,
et leur digestion se faire plus régulièrement, et cela ne
contribue pas peu à leur faire croire, parfois bien à tort,
que le séjour de la plage leur sera salutaire ; heureuse-
L.
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— 6 —
ment cette excitation de l’appétit n’est pas en général de
longue durée, et ce symptôme est suffisamment connu par
les habitués des plages qui s'empressent de dire aux nou¬
veaux arrivés que ce bel appétit ne dure qu’un temps.
Quand il s’agit de la cure de mer ce sont donc les effets
consécutifs que le médecin doit annoter et l’on a trop
perdu de vue ces effets consécutifs et tardifs pour ne tenir
en note que les effets primitifs ou secondaires qui se pas¬
sent pendant la cure même. Car il faut noter aussi que
souvent l’excitation du début est de très courte durée ; au
bout de quelques jours seulement surviennent des symp-
tômeé pénibles qui durent parfois pendant toute la cure et
feraient ainsi croire quelle sera nuisible au malade tandis
que celui-ci, vers la fin de la cure, ou même quelque
temps après, se sent mieux, et voit, une fois rentré chez
lui, disparaître les maux qui le tourmentaient. Que de
fois n’avons-nous pas entendu certains rhumatisés, par
exemple, nous dire plusieurs semaines après la cure, qu’ils
avaient laissé leur rhumatisme à la mer, après y avoir eu
des crises douloureuses ; des goutteux, après avoir été
tant soit peu tourmentés pendant la cure, sentent leurs ar¬
ticulations plus souples, leurs membres plus robustes, etc.
Ce sont ces effets consécutifs et tardifs qu’il faut donc
annoter scrupuleusement, et, pour les constater, certains
médecins sont parfois mieux placés que les médecins des
plages eux-mêmes (1).
(1) A propos de ces effets tardifs des cures minérales ci de la cure
de mer en particulier, nous devons déclarer encore que le médecin
homœopathe aura son observation mise facilement en éveil par la
raison que Hahnemann avait depuis longtemps attiré l'attention des
observateurs sur la longue durée d'action des remèdes, dont plusieurs
font sentir leurs effets plus longtemps qu'on le croyait avant lui : il avait
vu des remèdes agir encore plusieurs semaines après leur administration,
et, naturellement, il l’avait déclaré et avait même désigné approximative¬
ment la duréç d'action de ohaque médicament, Ses adversaires s'étaient
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En présence de cette apparition parfois fort tardive des
effets consécutifs de la cure marine, nous ne saurions
trop engager nos confrères à surveiller leurs malades
quelque temps après leur retour ; cette observation est
utile et féconde en enseignements : elle est nécessaire
pour pouvoir arriver à bien définir dans l’avenir quelles
sont les maladies, les variétés et les formes des maladies
auxquelles la cure marine est utile ; mais pour atteindre
moqués de lui sous ce rapport comme de tant d'autres de ses opinions
dont on ne rit pourtant plus aujourd'hui, ils avaient qualifié de rêveries
cette idée de la longue durée des remèdes ; cela se comprend de la part de
médecins qui donnent journellement et même plusieurs fois par jour des
doses énormes de médicaments et croient que vingt-quatre ou tout au
plus quarante-huit heures après son administration l'action d'un remède
est épuisée ; mais les eaux minérales qui ont tant de ressemblance avec
nos médicaments sous le rapport de leur constitution et de leur composi¬
tion ont prouvé combien Hahnemann est dans le vrai : tous les médecins
des stations minérales déclarent que l'action de leurs eaux dure long¬
temps, des semaines et parfois des mois après la cure.
Cette manière d'administrer ainsi les remèdes à dose forte et de répéter
le lendemain la même dose que la veille sans tenir compte de la durée
de l'action du médicament a donné lieu parfois à de graves accidents ;
il y a eu, pat* exemple, des cas mortels avec la digitale et la noix vomique
et d'autres remèdes encore : un malade supporte bien un jour une forte
dose de ces médicaments mais,lorsque l'on renouvelle la dose le lendemain,
l'action de celle-ci s'ajoute à la précédente et des symptômes graves sur¬
viennent; aujourd'hui dans l'ancienne école on tient jusqu'à un certain
point compte de cette accumulation des doses lorsqu'il s'agit de substances
toxiques violentes, mais on n’y prend guère garde pour la plupart des
remèdes.Eh bien, nous devons le déclarer, le nombre des médicaments dont
l'action s'accumule ainsi est plus grand qu'on ne le croit, et si cette accu¬
mulation ne produit pas toujours des effets promptement graves, elle en
détermine parfois de très sérieux dont les médecins ni les malades ne se
doutent même pas.
Parmi ces remèdes nous pourrions citer un grand nombre de ces sirops
toniques, de ces vins fortifiants, de ces prétendus réparateurs de forces
quisout aujourd'hui dans toutes les familles ; on en prend régulièrement
une dose par jour sans se douter que peu à peu ces remèdes amènent des
modifications profondes, des irritations permanentes et des altérations
pluq ou moins graves c|e la santé.
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— 8 —
ce but et faire cette sorte d’enquête, chaque médecin doit
apporter son contingent d’observations ; il doit surtout ne
pas omettre d’enregistrer les effets consécutifs et tardifs
qui sont les plus importants ; mais citons un exemple et
prenons-le parmi les phtisiques au sujet desquels on a
tant discuté la cure de mer : nous donnions depuis nombre
d’années des soins à une jeune fille atteinte de tubercu¬
lose pulmonaire ; sous l’influence du traitement, du
régi me, etc., la maladie avait pris une tournure favorable,
la fièvre avait cessé, ainsi que les sueurs nocturnes, le
poids avait augmenté, les crachats étaient devenus pres¬
que uniquement muqueux, la caverne paraissait en voie
de guérison, pas de symptômes stéthoscopiques pouvant
faire appréhender une infiltration nouvelle ; sans nous
demander avis la malade va passer un mois à la mer; -à
son retour elle vient se soumettre à notre examen, chan¬
tant les louanges de la mer qui lui a donné des forces, un
appétit de maçon, etc. Il ne nous fallut pas un long exa¬
men pour constater que ces prétendues forces étaient en
fin de compte dues à une excitation quasi-fébrile de la
circulation ; à l’auscultation la respiration était devenue
saccadée dans les environs de la caverne ; peu de temps
après, survint un crachement de sang, puis une forme
aiguë de la phtisie pulmonaire. Sans aucun doute les
effets primitifs de la cure avaient trompé la malade, et les
effets consécutifs de cette excitation du séjour de la plage
furent déplorables. Nous avons déjà observé des exemples
tout différents pour la même maladié:des phtisies à forme
plus ou moins lente détruisant lentement mais complète¬
ment les forces, par suite de l’abondance des sueurs et des
crachats ; arrivés au bord de la mer les malades semblent
aller moins bien, ils toussent plus, gagnent même mo¬
mentanément de la fièvre, sont plus abattus, etc., mais,
une fois rentrés chez eux, ils s’aperçoivent que les sueurs
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— y —
et les crachats sont moins abondants, la toux moins fré¬
quente ; cette espèce d’excitation fébrile produite par la
-mer est le point de départ d’une amélioration réelle.
On se tromperait donc étrangement si l’on ne tenait pas
scrupuleusement compte des effets consécutifs et tardifs et
Ion ferait complètement fausse route : que chaque méde¬
cin praticien observe donc bien ses malades après la cure,
même longtemps après, et les indications et contre-indica¬
tions du traitement marin seront plus précises et plus
vraies,
(A continuer.) D 1 ' Maktiny.
Le tabac (1)
par MM. Km. Seutin Ph» et le D r L. Skutin, à firuxel'es.
Nous avons déjà dit que le tabac était une des principales
causes de la folie. En effet, avant le règne du tabac, la folie
était une maladie très rare dans rhumanité. Nous savons
très bien que dans notre Belgique, et dans tous les pays de
l’Europe, on met volontiers tout le mal qu’il produit sur le
compte de l’absinthe (en France), du gin (en Angleterre),
du genièvre (en Belgique), etc.
Cest là une grande erreur qui ressort des faits péremp¬
toires que nous avons signalés, mais qui ressort surtout de ce
qu’aux Etats-Unis, où l’on boit relativement peu de liqueurs
alcooliques, on compte plus d’aliénés que dans nos pays
d’Europe, par la seule raison que l’on y fume autant et que
l’on y chique davantage.
Si l’alcoolisme était la cause de la folie chez l’homme, la
France, qui est un des pays où l’on compte le plus d’aliénés,
serait celui où l’on devrait en rencontrer le moins, car elle
serait la plus sobre des nations si l’on s’en rapporte à une
(l) Suite. Voir volume précédent.
I
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— 10 —
statistique de la Tribune médicale . D’après cjtte statisti¬
que il meurt annuellement d’ivrognerie: en Angleterre 50,000
individus; en Allemagne 40,000; en Russie 10,000 ; en Bel¬
gique 4,000 ; en France 1,500; aux Etats-Unis, 38,000.
Il est un fait très important à noter, c’est l’état réfractaire
à l’action des médicaments chez les alcoolisés et les nicotinés,
et que l’on observe surtout dans le traitement des maladies
spécifiques et contagieuses; quand la syphilis ou les affections
cutanées les atteignent, il est bien rare qu’on puisse les guérir
complètement, tant la force curative,qui est une loi naturelle
chez tous les êtres organisés, se trouve affaiblie chez eux par
l’effet déprimant de la nicotine et de l’alcoolisme, et c’est ainsi
que s’explique l’erreur profonde des consommateurs de tabac,
quand ils croient, par son usage persévérant, se mettre à l’abri
des invasions des épidémies régnantes ; ce sont eux, au con¬
traire, qui en sont les plus sérieusement frappés.
Trois grands faits contemporains d’épidémies vienneut à
l’appui de cette assertion.
En 1832, le choléra parut pour la première fois en France.
Il sévit sur les populations consternées sous les formes les
plus destructives, et n’enleva à la France que 79,585 habi¬
tants, pendant plus de trois ans qu’il pàrcourut le pays. Alors
l’usage du tabac était encore très restreint chez les Fran¬
çais; il ne faisait que commencer son essor.
En 1849, la régie rapportait déjà bien des millions à la
France, car la consommation du tabac s’était grandement
accrue. Le choléra survenait assez bénin dans ses sym¬
ptômes^ pourtant,à celte seconde visitil emporta 110,100
existences dans une année.
En 1884,il reparut encore. La consommation du tabac mon¬
tait, montait toujours, le choléra coucha cette année 160,000
créatures dans les sépultures !
Çes ravages de l’épidémie ont doqc toqjqups été çrQissàïd s
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proportionnellement à la consommation du tabac, et s’il en
est ainsi, le tabac mérite-t-il de figurer parmi les remèdes
réellement préventifs de cette redoutable affection ?
M. le docteur Depierris, dans son chapitre XXII, traite des
dégénérescences héréditaires causées par le tabac.
Nous devons nous demander d’abord, si le tabac est apte à
produire des dégénérescences. A cette demande on ne peut
répondre que par l’affirmative la plus absolue : des milliers
de faits n*en constituent-ils pas les preuves les plus péremp¬
toires ? Nous savions déjà combien est effrayante la morta¬
lité des enfants dans la 1° année de leur existence, nous
savons encore qu’ils payent à la mort, un lamentable tribut,
avant d’avoir atteint leur 7 e année.
Ceux qui survivent donnent, avant d’arriver à la puberté,
leur contingent aux chiffres des statistiques de 1869, qui
constatent qu’alors il existait en France : 39,933 idiots et
crétins, 58,808 goitreux, 21,214 sourds-muets, 4,726 aveu¬
gles de naissance, sans compter les pieds-bots, et ces
malheureux, presque tous victimes des erreurs de leurs pères,
étalent au milieu des splendeurs du dix-neuvième siècle, les
tristes résultats de la dégénérescence humaine. Ces signes
de dégénérescences se constatent : l°dans l’abaissement de
la taille ; 2° dans les difformations osseuses ; 3° dans l’écart
plus ou moins grand des formes de la tète ; 4° dans l’alté¬
ration et la chute précoce des dents ; 5° dans l’apparition
tardive des phénomènes de la puberté. Une des causes de
dépérissement d’un individu, c’est d’avoir un appareil dentaire
défectueux, surtout dès son enfance ; il ne peut dès lors don¬
ner à sa digestion que des matériaux mal élaborés. Mau¬
vaises dents font toujours un mauvais estomac.
Les dents sont rares chez les fumeurs et surtout chez les
chiqueurs, et les quelques chicots cariés qui leur restent trem-
Wwtfs dans leurs alvéoles, ont uqe teinte roqsse carac^é?
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— 12 —
ristique. Il s’exhale de leur bouche des odeurs nauséeuses
de carie, qui vous arrivent avec l’empyreume tabagique ;
mais on se consolerait de tout cela en disant : ils l'ont voulu,
ça leur convient d’avoir une bouche comme ça, en échange
des suavités que leur donne la nicotine.
Mais ce qui attriste, c’est de voir les descendants do ces
édentés volontaires apporter, en naissant, les germes de
mutilation dont ont souffert leurs pères. Combien ne voit-on
pas d’enfants dont les premières dents sont détruites par la
névrose avant le terme de leur chute naturelle? Combien de
belles jeunes filles, tourmentées par des douleurs sans fin, ne
parviennent à faire durer un peu leurs dents que par les
soins du chirurgien-dentiste,qui, chaque année, tasse de nou¬
velles feuilles d’or, d’argent ou d’étain, dans les vides que la
carie ne cesse d i v creuser, jusqu’à ce qu’elles tombent ?
Combien de jeunes femmes, dévastées avant l’àge mur,
corrigent par des râteliers d’emprunt» ces ravages d’une
vieillesse prématurée ? Que de souffrances tous ces pauvres
êtres auront à endurer dans la vie, parce qu’il a convenu à
leurs pères de jouer avec le tabac, et de leur léguer ce cachet
disgracieux et parfois repoussant de dégénérescence imprimé
sur leurs dents.
Ces conséquences funestes de l’hérédité ne se bornent pas
à faire passer chez les enfants les désordres organiques des
parents ; ils héritent aussi, pour ainsi dire, des manies et
des inslincts de leurs pères.
N’est-ce pas réellement un instinct, que ce besoin de téter
une pipe ou de màchotter du tabac? Ces enfants naissent avec
ce môme instinct. C’est lui qui, plus peut-être [que l’instinct
d’imitation, les a poussés si jeunes vers une habitude qui
empoisonnera toute leur vie.
C’est tellement vrai, qu’en Amérique, cette terre classique
de la chique, le besoin de chiquer est si impérieux chez les
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— 13 —
petits enfants, garçons et tilles, que le commerce fabrique et
vend, pour la satisfaction de ces instincts, de petits tronçons
de caoutchouc, que les boys (garçons) et les g iris (fillettes)
mâchottent des jours entiers.
Quand le boy (garçon) devient un peu plus grand, il quitte
le caoutchouc pour le tabac, pour se poser en homme, et la
girl (fillette), devenue madame, passe de longues heures de
sa vie à se dessécher l’estomac et la poitrine en pétrissant
entre ses dents * son insipide et inusable caoutchouc ;
comme si par dégénérescence, autant que par imitation, elle
était toujours condamnée à mâcher comme faisaient ses pères.
Disons un mot seulement de la stérilité, qui peut frapper
également les deux sexes, par dégénérescence héréditaire.
Cet état est caractérisé par une faiblesse de complexion, et
qui tend de plus en plus à restreindre le nombre des hommes
valides pour les cadres des armées.
Quant aux femmes douées d’aussi fragiles constitutions, si
elles parviennent parfois à devenir mères, elles seront cer¬
tainement dans l’impossibilité d’allaiter leurs enfants ; la
dégénérescence nicotineuse a tellement tari la mamelle des
femmes, tant chez les nourrices à gages que chez les mères,
qu’on ne sait plus souvent ou aller les chercher, et ce n’est
pas une des moindres causes de la mortalité des enfants. Et
qu’on le sache bien, si le lait de la femme manque à la
première année de l’enfanoe, aucun lait de nos animaux
domestiques ne saurait le remplacer dans ses qualités essen¬
tielles. Quant à toutes ces fécules, inventées par la cupidité
commerciale, que patronne la mode, elles sont loin de valoir
la simplicité du pain cuit à l’eau et assaisonné d’un peu de sel.
Un des caractères les plus essentiels des dégénérescences
est celui de la transmission héréditaire, mais dans des condi¬
tions bien autrement graves que celles qui règlent les lois
ordinaires de l’hérédité ; l’observation démontre que les pro-
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C ogle
— 14 —
cédés des êtres dégénérés offrent des types de dégradation
progressive. D’après cette loi naturelle de la dégénéres¬
cence, qui fait qu’un être dégradé dans un type normal,
engendre toujours des êtres plus dégradés que lui, on doit
comprendre avec quelle rapidité baisserait le niveau d’une
société dans laquelle la cause efficiente de la dégradation
agirait également et sans relâche sur les pères et sur les fils,
dans la série descendante de leur génération. Citons ici l’exem¬
ple que donne le docteur Depierris, dans son travail sur le
tabac. Supposons, dit-il, une tribu de race éthiopienne venant
s’implanter en France, dans un climat bien tempéré, sous le
ciél de la France, beaucoup moins chaud que le ciel de Séné-
gambie : cette tribu dégénérera. Sa mortalité y sera d’abord
plus grande que dans son climat naturel, sa fécondité y dimi¬
nuera, les enfants s’y élèveront difficilement, au point qu’on
pourrait affirmer qu’à la quatrième ou cinquième génération,
toute cette tribu, eût-elle été de cent mille habitants, aura
disparu, passant de père en fils, par des degrés plus marqués
de dégradation, pour arriver à la stérilité.
C’est ce qui fait qu'en Franco, où la race noire jouit de
toutes les prérogatives de la race blanche, où elle pourrait
prospérer en liberté par le travail, on ne voit pas une seule
famille de couleur se perpétuer.
En cette circonstance, qu’a-t-il fallu pour abâtardir d’abord
et pour éteindre ensuite toute cette race pleine de vitalité et
d’énergie ? Un peu de chaleur en moins, comme un peu de
chaleur en plus fait dégénérer la race blanche sous les climats
tropicaux.
Ce qu’un peu de chaleur, en plus ou en moins, par une
action continue, accomplira toujours sur l’organisation
humaine la mieux trempée, comment à plus forte raison, un
poison violent comme le tabac, qui agit avec la même persé¬
vérance, ne saurait-il le faire ?
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C’est là, dit le docteur Depierris, qu’est le secret tant
cherché de notre dégénérescence.
Et en supposant qu’une inspiration providentielle vienne à
écarter le tabac de la bouche de tous les hommes, le mouve¬
ment de dégénérescence est tellement prononcé que, long¬
temps encore, les générations à venir verront ce qui afflige
en ce moment la nôtre.
Ce qui persistera, surtout, c’est la dépression intellectuelle
et morale dont la jeunesse donne aujourd’hui l’exemple.
Si le tabac ne faisait que déformer l’homme dans sa consti¬
tution physique, la Société en souffrirait relativement peu. Le
type humain perdrait dans sa beauté, l’on aurait des poitri¬
naires, des scrofuleux, des bossus, des boiteux, des rabou¬
gris, des nains, des crétins. Tous ces disgraciés ne sont pas
dangereux pour une société : ils s’y confondent et s’y
éteignent sans bruit, sans scandale.
Mais ce qui est un sujet de troubles et de dangers dans une
grande civilisation, ce sont ces retours vers la barbarie, où
sont poussés, par la dégénérescence, les fils de ceux dont le
tabac a ébranlé le système nerveux jusque dans les profon¬
deurs les plus mystérieuses.
Les descendants de nicotinés, s’ils continuent dans l’usage
du tabac les erreurs de leurs pères, sont pervertis dans leurs
facultés. Ils perdent dans quelques générations tout ce que
la culture des siècles avait apporté de civilisation et de pro¬
grès à leurs ancêtres. Ils reculent, d’un seul bond, aux temps
primitifs de l'humanité; ils en ont toutes les faiblesses, toutes
les défectuosités, tous les vices. Aujourd’hui, l’on fait tout
ce qu’il est possible de faire pour instruire et moraliser la
jeunesse. Pourtant, à côté des élèves qui travaillent avec
succès, il en est un nombre considérable qui ont de l’aversion
pour l’étude. Ils sont épais, bornés, apprennent avec lenteur
et oublient vite. Tout ce qui est règlement, discipline, travail.
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1
-la¬
ies irrite ; leurs nerfs sont détraqués, incapables d’applica¬
tion. Ils ne recherchent que la liberté, l’indépendance, et,
incapables de se créer honnêtement des moyens d’existence,
ils se jettent par bandes dans le vagabondage, la mendicité,
le vol; et dès que leurs bras commencent à sentir la force, ne
reculant plus devant aucun crime, ils demandent à la Société,
à main armée, pour satisfaire leurs besoins et leurs vices, ce
qu’ils ne savent pas ou ne veulent pas gagner par le travail.
C’est ce que l’on voit aux Etats-Unis, ce pays qui est, lui
aussi, ravagé par le nicotisme.
Dans ce pays, si la jeunesse est prématurément vicieuse,
ce n’est certainement pas par manque d’instruction. CTest le
pays du monde où l’instruction se donne avec le plus de libé¬
ralité. Là, tout s’enseigne sous une forme purement gratuite;
mais dans ce pays, pourquoi tant d’écoliers, tant d’étudiants
qui fréquentent les classes, y en a-t-il un aussi grand nombre,
qui n’y apprennent rien, ou bien peu de chose ? La raison,
c’est que leur nature est frappée de dégénérescence, et qu’elle
est désormais incapable de toute application et de toute
culture.
Là où le travail est bien rémunéré et honoré, on est frappé
de voir des bandes d’enfants oisifs et vagabonds de 12 à
18 ans, conspirant sur la voie publique contre la propriété et
les personnes.
Ce sont ces bandes qui constituent la pépinière des malfai¬
teurs qui déshonorent l’univers. Ils s’appellent voleurs,
assassins, incendiaires !....
Ce débordement de criminalité aux Etats-Unis, dit encore
le doctour Depierris, est une anomalie toute moderne, qui
a frappé l'attention de ces républicains austères, habitués
à voir l’homme grandir par la liborté, dans la moralité et
la science.
Ce n’est donc pas les institutions politiques et so-
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— 17
diales tpii ont amélioré lesr hommes au lieu de les dégrader,
que l'on doit accuser, mais où trouver la vraie cause du
mal! Et s’il y a de grands coupables, où sont-ils? Le
docteur Depierris en accuse deux qu’il envisage et il a bien
raison, comme les deux plus grands ennemis de l'humanité
tout entière: le tabac d’abord, et, en second lieu, l’alcool,
qui est le complice naturel, inévitable de l’œuvre de dégra¬
dation que le poison tabagique devra produire sur les hom¬
mes, partout où ils auront été assez faibles pour se laisser
séduire par sa trompeuse ivresse.
Si de l'Amérique nous passons en Europe, et si nous sui¬
vons les effets du tabac sur les populations énergiques de la
Corse, de la Sicile, de la Sardaigne et de l’Espagne, nous
nous trouvons en présence de toutes les mauvaises passions
humaines s’agitant dans le crime.
En Sicile, où les hommes passent la plus grande partie de
leur vie dans l’indolence et la paresse, à fumer le tabac, c’est
la Maffia qui désole ce malheureux pays, qu’elle tient & la
merci de toutes ses cupidités, par la terreur de la menace et
l’exécution du couteau.
Les maffiosi sont des individus qui veulent vivre et s’enri¬
chir par le crime. Cette ténébreuse société a une justice qui
lui est propre. Ses verdicts sont inexorables. Un témoin
condamné par la Maffia est tué dans les 24 heures. A
Palerme, la Maffia est invisible. Il y a la haute et la basse
Maffia, dans lesquelles s’enrôlent les malfaiteurs de toutes
les classes sociales. Les maffiosi des villes volent, assassi¬
nent dans les villes ; les maffiosi des campagnes sont les
brigands qui vont par bandes de dix ou de vingt individus,
semant l’épouvante et la terreur partout où ils passent.
En France et en Belgique, le niveau de la criminalité suit,
plus que jamais, une progression ascendante. On en attribue
la cause k tous ces jeunes dégénérés qu’aucune éducation n’a
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— 18 —
pu corriger. Ils naissent avec les plus mauvaises disposition^
de l’esprit, ils sont sans affection pour la famille, sans atta¬
chement pour le foyer, sans patriotisme, sans amour-propre,
se vautrant sans dignité dans les excès de toute sorte où les
poussent leurs mauvais instincts et leurs passions pré¬
coces.
Ce sont, dit Marel {Traité des maladies mentales ), des
natures dégénérées et perverties. Le vagabondage, le crime,
les propensions à la débauche, forment le triste bilan de leur
existence morale.
Tous ces jeunes vauriens se constituent en bandes diverses,
et désignées sous différents noms : bande gélinier, ou des
chevaliers de la casquette noire; après eux viennent les
bandes non moins criminelles des cravates vertes, d’Argen-
teuil, des bonnets de coton, des habits noirs ; et l’on voit des
femmes assez dégradées pour s’affilier à toutes ces légions
de vauriens.
Toutes les femmes et les filles accusées de complicité dans
les crimes commis par les diverses bandes qui ont infesté
Paris, sont enfermées à St-Lazare, dans le quartier des
prévenues.
La plus grande privation pour elles est la privation du
tabac. Il leur est défendu de fumer sous des peines quelque
fois sévères. Elles parviennent cependant à se procurer du
tabac, par les moyens les plus bizarres ; mais lorsque ces
trucs sont découverts, ces malheureuses, pour satisfaire à ce
goût devenu une passion, enlèvent des brins de paille à leurs
paillasses, les mélangent avec du tabac à priser et roulent
leurs cigarettes dans du papier à lettres; où fument-elles?
On peut le deviner. La plus grande surveillance est exercée
dans les ateliers, les chambres, la pistole et les cours : elles
font donc comme les collégiens...
Le prix du tabac monte ainsi à des hauteurs insensées.
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— 19 —
Le prix du paquet se paie jusqu’à six francs, qui vaut eu
ville vingt-cinq sous.
Quand le tabac fait défaut, elles se mettent à deux ou trois
pour fumer des débris sans nom, qu’elles retrouvent dans
leurs poches,
St-Lazare compte 1,500 femmes prévenues ou condamnées
à des peines ne dépassant pas 18 mois (1).
(.1 continuer.) Seütin, Ph", et D* L. Seutin.
DES TROUBLES DE LA PAROLE
et de leur traitement bomœopathique (3)
par le D r Wossa. — Traduction du D r Chevalier, de Charleroi.
Après cette courte exposition des symptômes et de la
théorie des trouble» <W la parole, voyons ce que la pharma¬
codynamie et la clinique homéopathiques nous enseignent à
ce sujet.
En première ligue viennent les médicaments appartenant
à la classe des narcotiques, tels que belladone, jusquiame,
' stramonium , cannabis indica et saliva, kalium broma -
tum, etc.
Belladone. — Si nous considérons que ce médicament
porte surtout son action sur le côté droit du corps, et par
conséquent sur l’hémisphère gauche du cerveau, nous pou¬
vons, d’après la théorie de Broca, présumer qu’il doit avoir
une influence très grande sur la parole. Les expérience»
nous montrent que belladone a une action très étendue sur
le lobe frontal, que l’on considère comme le centre de
l’activité cérébrale; mais malgré tous les essais, on n’a pas
encore pu découvrir de quelle manière belladone et son
(1) Depierris. Physiologie sociale. Le tabac, pp. 308 à 412,
(2) Suite. Voir volume précédent.
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— 20 —
alcaloïde l 'atropine agissent sur le cerveau et sur la moelle
épinière. Nous devons donc nous en tenir aux symptômes
donnés par les expériences. Ce sont diaprés Hahnemann :
Mémoire très faible : il oublie ce qu’il vient de dire et ne
se rappelle plus de rien: il ne. pense pas comme il faut, il
oublie de suite ce qu’il vient de voir ou de lire. Faiblesse des
organes de phonation, bégayement, pupilles dilatées (2 à
3 heures après l’administration du remède). Parole ditiicile
avec respiration difficile, et grande lassitude (après de
l’anxiété).
La parole lui devient de plus en plus difficile, sa voix est
silllante.
Voix très basse, avec céphalalgie, comme si le cerveau
allait éclater, surtout au-dessus des orbites, de manière ii ne
pouvoir ouvrir les yeux, et à devoir les tenir fermés, avec
grande mydriase des pupilles.
Tremblement, bégayement de la langue. Il balbutie comme
un ivrogne.
Tendance à la perte de la parole. Il ne fait plus entendre
de son. Mutisme.
Atropine. — Par rapport h cet alcaloïde, nous trouvons
dans les Nouveaux remèdes américains,te llale,les signes
suivants :
Divagations et incohérence de langage, avec grimaces et
fréquents accès d’un rire sauvage et nullement justifié. Dans
la conversation, il doit s'arrêter au milieu d’un sujet et
demander de quoi il parlait. Embarras de la parole. Il ne
sait pas faire mouvoir la langue dans la bouche et avec peine
la faire sortir; symptômes de paralysie de la laugue.
Observations cliniques . — I. — l T n homme de Pians
gagna subitement, pendant la nuit, à la suite d’une céphalal¬
gie très forte, une attaque d'apoplexie avec perte de la
sensibilité et de la motilité de la moitié droite du corps.
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Tous les organes des sens sont affaiblis,' la voix est éteinte,
la bouche tiraillée. Par moments, des mouvements convulsifs
agitent les muscles du côté sain (gauche). La salive coule
continuellement de la bouche, dysphagie. Pouls plein et fort,
les yeux sont injectés et proéminents, la figure est tuméfiée;
soif vive, depuis quelques jours constipation. L’intelligence
et l'esprit sont intacts; le patient se rend très bien compte
de son état présent et futur, il témoigne par signes son
inquiétude. *
Après avoir pris une dose de belladone 30 e , il se déclara
pendant un quart d‘heure mie recrudescence de céphalalgie
et de rougeur de la face, ainsi que des contractions dans les
muscles du visage ; puis survint un assoupissement avec
sueurs profiises qui dura 2 heures. A son réveil il pouvait par¬
ler, le mouvement et le sentiment des parties paralysées de
la moitié droite de corps revinrent au bout de 24 heures.
IL — Une femme de 52 ans, d’une complexion assez forte,
d’un caractère doux, à la suite d’un refroidissement, perdit
subitement la parole, pouvant à peine bredouiller comme les
petits enfants : Tintelligence était intacte ; avec cela des
contractions de la face, déglutition difficile et tremblement
continuel. Avant cette affection, elle avait une grande anxiété
et des palpitations du cœur. Après avoir pris belladone 30 e
elle s’endormit de suite et à son réveil elle parlait de nouveau
bien. * •
III. — Un jeune homme de 15 ans avait été atteint de
chorée, qui fut guérie par cocculus. Mais il persista un bal¬
butiement, que belladone 30 e guérit complètement en huit
jours de temps.
L’aphasie après une attaque d’apoplexie n’est pas rare et
belladone est souvent indiquée également pendant l’hyperémie
cérébrale. Ce qui nous a frappé dans la I e observation, c’est
surtout cette circonstance, que l’activité psychique est restée
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saine, alors que les organes des sens étaient affaiblis et que
la parole était perdue avec des signes non équivoques d’hé¬
miplégie à droite. Il y avait ici paralysie du glosso-pha-
ryngien en même temps que dysphagie. La même chose
dans la deuxième observation pii le nerf glosso-pharyn-
gien et le facial étaient seuils atteints. Dans le 3® cas, le
trouble de la parole consistant en balbutiement était un
symptôme de chorée. Faisons remarquer aussi que dans les
observations 1 et 2, le sommeil a suivi l’administration de la
belladone. Ce sommeil, qui est d’une si grande importance
pour le rétablissement de l’activité cérébrale, doit être con¬
sidéré comme un symptôme favorable, comme une preuve
que le remède dans ces cas était bien le véritable simile.
Belladone s'est montrée cliniquement efficace dans les
psychopathies, non seulement dans les cas d’exaltation, mais
aussi de dépression. Elle exerce son action bienfaisante, aussi
bien dans les cas de loquacité excessive, allant jusqu’aux
injures, aux jurons, que chez ceux qui ont une aversion de
parler, qui sont indolents et apathiques vis-à-vis du monde
extérieur. Belladone est indiquée dans les cas d’hyperémie
cérébrale (qui peut exister également avec une face pâle)
quand les pupilles sont dilatées, qu’il y a des mouvements
convulsifs dépendant surtout des nerfs glosso-pharyngien et
facial.
Jusquiame . — I. — Une fille de 21 ans, forte et bien por¬
tante, perdit la voix à la suite d'une frayeur ; elle fut com¬
plètement muette; les mouvements de la langue étaient
difficiles avec un sentiment d’engourdissement, de paralysie
de cet organe; les mouvements de mastication et de dégluti¬
tion se faisaient parfaitement, céphalalgie assez forte,
régies régulières.
Belladone 12 e fut donnée pendant 8 jours sans résultat.
Alors prescrivit ju&quidm 12 fl ,en solution, upe cuillerée
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à soupe par joui*. Après la 5 e prise, il y eut, pendant la
nuit, un mouvement convulsif de tout le corps et réapparition
de la voix.
II. — Dans les expérimentations de mercurius solubilis
par Hahnemann, nous trouvons la relation suivante, con¬
cernant une femme : Perte do la voix et de la parole. Elle en¬
tend tout très bien, mais ne peut répondre que par signes, et
malgré toutes ses tentatives à vouloir parler, elle ne parvient
pas à articuler une syllabe ni à faire entendre un son ; figure
tirée, elle pleure sur son état. Gela durait depuis 3 jours.
Cet état d’aphasie et d’aphonie remarqué par Hahnemann,
comme produit par merc. solub ., fut guéri complètement
par jusquiame, de manière que cette femme put de nouveau
parler parfaitement bien et d’une voix claire.
III. — Une jeune fille de 12 ans, à la suite d’une fièvre
nerveuse, fut atteinte d’une espèce de chorée : vacillement
constant de la tête d’un coté et de l’autre, parole confuse ,
embrouillée , réponses sottes et pas convenables ; les mains
veulent toujours saisir quelque chose ; tout ce qu’on lui dit
excite le rire; sommeil peu calme; pendant la nuit , elle
a une toux sèche , les lèvres sèches , de la soif, boulimie .—
Jusquiame 9 e , une goutte. Après une heure de sommeil agité,
la peau devint moite; le lendemain, son état s’était tout à fait
amélioré. Plus tard,la guérison fut complétée par belladone .
IV. — Chorée chez une fille de 12 ans ; tous les muscles
sont animés de mouvements désordonnés, m ime la langue,
qui est toujours en mouvement. Elle a l'air de comprendre ,
cependant il y a 0 mois qu'elle n'a dit un mot. Nuits
tranquilles. Sulfur 30 e fut donné pendant 9 jours sans résul¬
tat. Jusquiame 12 e fut administrée pendant une semaine,
une dose trois fois par jour. Après 8 jours, guérison. Elle
put marcher, tous les muscles s étaient câlinés et la parole
Itii était revenue.
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— 24 —
Chez trois autres malades de 6,‘ 9 et 12 ans, la chorée fut
guérie également par la jusquiame ; seulement, chez eux, au
lieu de la perte de la parole, il y avait un bégayement incom¬
préhensible. ^
Nous n’avons pas traité ici de l’action physiologique du
remède sur l’acte de la parole : elle n’est pas en effet assez
claire.
Hahnemann tire des observations d’autres auteurs les
symptômes : mutisme, parole impossible, folle, elle perd
la voix, elle dit des bêtises, elle raconte des choses
qu’un homme n’oserait pas dire, bavarde, il marmole toutes
sortes de choses en lui-même, et quand il lit, il mélange des
mots inconvenants, phrases inintelligibles.
Stapf a annoté (probablement avec des doses plus faibles
«lu médicament) les symptômes suivants : il parle davantage,
et plus vite et d’une manière plus animée. Comme avec bella¬
done on remarque, par l’administration do \& jusquiame, de
la dysphagie, de l’enrouement jusqu’à l’aphonie. Elle a, en
outre, une action très puissante sur la coordination des mou¬
vements, qui peut, comme dans la chorea major > arriver à
une licence complète.
Les guérisons citées plus haut et obtenues par la jus-
quiame sont d’autant plus sérieuses que les troubles
de la parole dont il est question, ne sont pas la conséquence
d’une hémorrhagie cérébrale. L’aphasie de ce dernier
genre peut en effet, quand l’extravasat est résorbé, dispa¬
raître spontanément.
Stramonium. — II parle peu et ne bégaie que sur cer¬
tains mots , qu'il divise sur un ton élevé. Sa manière de
parler s’éloigne complètement de fa modulation habituelle ,
le ton en est beaucoup plus élevé et plus fin , et toujours le
même ; il ne petit pas prononcer entièrement un mot , il
Ve'nlend lui-même et il s'en chagrine.
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Il doit s’évertuer longtemps avant de pouvoir prononcer un
mot ; il bégaie et balbutie seulement. Marmottement continue
ou bien cris jusqu’à l’enrouement. La plupart du temps il est
muet, il montre du doigt ce qu’il désire.
La langue est quasi paralysée, elle tremble quand on la
fait sortir de la' bouche. L’incoordination des mots est très
prononcée avec stramonium .
Une petite fille de 4 ans était atteinte depuis quelques se¬
maines de secousses périodiques, courtes, de la moitié droite
delafucj, qui bientôt s’étendirent aux mains et aux pieds de
ce coté. ÂpVès, il y eut des vomissements alimentaires. Les
accès se montrèrent toutes les 5 à 10 minutes, débutant par
des cris, perte de la parole . Urines et selles involontaires.
Belladone et jusquiame furent sans résultat. Le zincum
Met\ calma les crampes et fit cesser les cris ainsi que les
vomissements. L’enfant est sans connaissance, tient les mains
sur les parties génitales ; pupille* dilatées, mais pas d’insen¬
sibilité. Jusquiame 30 e , en solution, soulagea partielle¬
ment; la nuit, rires convulsifs, le jour, envie de pleurer. —
Aphonie complète . Stramonium 30% en solution, deux fois
par jour. Amélioration rapide ; après 14 jours, guérison
complète.
Cette affection cérébrale est remarquable sous tous les
rapports et, chose étonnanto, il n’y eut pas de fièvre. — Les
mouvements convulsifs du côté droit de la face et les crampes
des membres, prouvent le siège de l’affection dans le lobe
gauche du cerveau et nous expliquent l’existence de l’apho¬
nie.
Stramçn. s’est montré d’un très grand pouvoir curatif dans
les cas les plus difficiles de chorée et a fait très souvent dis»
paraître le bégayement. Plus le cerveau était atteint, plus
' notre préférence pour ce remède était grande. Le cas suivant
est très intéressant, parce que le diagnostic entre une psy-
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— 26 —
chopathie et la danse de Saint-Guy a été si difficile à porter,
qu’on était prêt à interner l’enfant malade dans une maison
de santé.
Un garçon de 11 ans était depuis 15 semaines dans l’état
suivant : il chancelle comme s’il avait des vertiges, sa marche
est vacillante, il lui est impossible de marcher droit devant
lui, il doit être conduit. La tète est tirée en arrière, tremble¬
ment des bras et des jambes, grande motilité de tous les
muscles, les muscles volontaires n’obéissent plus. Il porte
souvent les mains à la région des reins,se courbe en arrière,
la figure indique la souffrance ; tire la bouche de côté. L’ex¬
pression de la face est idiote et troublée, insensible à toute
excitation. L'œil est hagard et pleure ; les pupilles sont dila¬
tées et peu mobiles. Perte du soutenir , il ne sait plus les
fables qu’il avait apprises dans le temps et oublie ce qui est
arrivé quelques jours avant. Quand il veut parler, ce qui
n’arrive après plusieurs demandes , il bégaye, témoigne
d’une grande fatigue avec convulsions des muscles de la face.
La bouche est tiraillée tantôt à droite, tantôt à gauche. Appé¬
tit plutôt augmenté, grande soif, le ventre est dur et gonflé.
Diarrhée après une constipation de plusieurs jours. Urines
rares, fréquents renvois, comme suite de contractions spas¬
modiques de la gorge, tendance au vomissement. Respiration
faible, courte; pouls petit et dicrote, grand froid aux mains
et aux pieds avec rougeur de la face, figure boursouflée.
Sommeil agité, il remue les bras, ronfle et prononce souvent
des mots inarticulés. Le matin au lever, il heurte table et
chaises, bien qu’il voie ces objets. Auparavant docile, il est
maintenant égoïste, très anxieux, et très craintif cependant
en présence d’étrangers. Jusqu’ici le traitement n’Svait rien
produit. Stramon . 9 e fut donné à la dose d’une goutte le
matin. Le lendemain il parle déjà sans qu'on l'y force et '
ÿbabille tout seul, Le 3 e jour il s’assied èi table, sçs weurer
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•T." "
— 27 —
méats sont assez calmes, sa marche plus certaine, quoique en¬
core vacillante. Caractère comme auparavant. Stramon. fut
repris. Après 3 jours, tous les mouvements convulsifs avaient
disparu. (Quelques symptômes réclamèrent china 12 e ). Il fut
et resta guéri.
Ensuite d’un soleil ardent,céphalalgie et chaleur. Mal à la
nuque surtout en se baissant en avant,la malade doit soutenir
la tête, aussi bien en se penchant qu’en se levant. Avec cela
faiblesse dans les idées et les souvenirs, elle ne trouve pas
les expressions justes; très sensible aux contradictions.
Stramon . la guérit.
Nous avons vu comment belladone , jusquiame et stra¬
monium concourent dans les cas de troubles de la parole (et
sans trouble également) dans leur action curative; mais on
n’est pas encore fixé si stramon . agit surtout sur la moelle
allongée, si belU et jusq. portent leur action sur le nerf
vague et accessoire.
Causticum . — Ce précieux remèle, qui, par son action
psychopathique, ressemble d’une part aux narcotiques,d’autre
part aux antipsoriques et surtout à calcarea , a pour sym¬
ptôme principal : il prononce souvent des mots de travers et
confond les syllabes et les lettres, ainsi, par exemple, il dira
au lieu de se moucher en courant , se mourant en coucher.
Ce trouble qui consiste dans le bronchement des syllabes , fut
constaté plusieurs fois par Rummel dans ses expérimentations
de causticum. Notre littérature nous montre de quelle valeur
peut être un seul symptôme, quand il est caracléristique ;
causticum a encore d’autres symptômes, par exemple l’in¬
coordination des mouvements volontaires, paralysie des mus¬
cles et d’abord de la langue.
I. — Un homme d’âge moyen fut traité au printemps pou r
syphilis par mercurius ; tout d'un coup, après une promenade
à la campagne, ij perdit la parole, au point de ne pouvoip
articuler que les mots ; $a, N*i
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Il n'y avait pas de paralysie de la langue, mais une grande
faiblesse et un tremblement de tout le corps avec céphalalgie
frontale qui l’obligeait à froncer les sourcils.
Acidum nili'ic. ne produisit aucun résultat. Caustic. con¬
tinué à différentes dilutions (80 e , 0 e ) pendant plusieurs
semaines, le guérit à part une petite hésitation dans les mots
renfermant beaucoup de consonnes.
II. — Une femme, bien portante du reste, après un coryza
Huent de 3 semaines, eut une céphalalgie sourde avec perte
de la mémoire. Oubli du sens des mots, elle confond /es
mots (paraphasie). Une seule dose de candie, la guérit com¬
plètement.
III. — Une femme bien en chairs, cholérique, âgée de
30 ans, souffrant depuis toujours de rhumatismes, de consti¬
pation et de pléthore, se trouva après rétrocession d’un
catarrho dans l’état suivant : elle ne pouvait qu’à grande
peine en bégayant ou chuchotant, et en tiraillant la bouche
à droite avec des douleurs de langue, prononcer quelques
mots d’une manière incompréhensible, après quoi elle tom¬
bait en défaillance. Outre cela, elle présentait une faiblesse
paralytique du bras droit, au point de ne rien pouvoir saisir,
lever ou tenir en main. Caustic. 30 e . Après 6 jours, nouvelle
répétition, guérison en 14 jours.
IV. — Un jeune homme de 17 ans bégayait depuis son
enfance, meme en parlant très lentement, avec une sensation
de paralysie de la langue, qu’il pouvait à grande peine re¬
muer dans la bouche. Une dose caustic . 30 e le guérit radica¬
lement.
V. — Une femme de 00 ans, faible, après un refroidisse¬
ment, fut paralysée du côté droit. Xux vornico et coccul.
furent sans effet. Le pied et la main sont œdématiés. Le mou¬
vement est parfois complètement aboli dans ces parties, pas
d’insensibilité. La parole est hésitante, elfe ne sait pas arti-
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— 2o -
culerle mot qu’on lui fait prononcer. Caractère triste,déses¬
péré. Anorexie, constipation, insomnie, sensation de quelque
chose de velu dans la figure. Huit doses de miisticum ,
données successivement, améliorèrent l’élocution et les mou¬
vements des membres et la guérirent complètement.
VI.- — Une femme, âgée de 70 ans, fut frappée soudaine¬
ment d’une glossoplégie et d’une paralysie du bras droit; elle
ne savait plus articuler un mot, la langue était gonflée, la
déglutition impossible ; la plupart des aliments lui ressortent
par la bouche, ils doivent lui être introduits jusqu’au fond de
la gorge pour qu’ils descendent dans l’œsophage. Caustir. 30"
fut donné toutes les 2 heures. Maintenant elle parle bien,
mange beaucoup mieux et sait filer de la main paralysée ;
quelques doses de causticum la remirent complètement.
Vil. — Unè fille de 12 ans, bien portante jusqu’à il y a
2 ans, fut atteinte d’une éruption maligne, combattue très
vite par des moyens externes. Peu après elle devint pâle et
maigre; la marche était incertaine, elle perdit la mémoire.
Depuis un an elle a des mouvements irréguliers de la bouche,
des yeux, de la tête, des mains et des pieds. Peu à péii elle
désapprit à lire, à écrire, à tricoter, à coudre ; la parole
devint embarrassée et finit par un bégayement inintelligible.
Le coté droit du corps était paralysé. Le^ désordres muscu¬
laires continuèrent jour et nuit au point qu’elle n’avait plus
de repos. On lui avait frotté de l’onguent stibié sur les che¬
villes et donné du zim à fortes doses sans résultat.
Le 4 elle prit caustic. 30 e . D’heure en heure les convulsions
s’amendèrent; cette nuit elle put dormir 3 heures tranquille¬
ment. Le 8 caustic. fut répété: de jour en jour elle alla
mieux et récupéra l’usage de la parole etput,le G e jour, s’asseoir
et se promener seule dans la chambre. Le 8 e jour, après une
indigestion, il y eut une rechute. En 21 heures 2 doses
d 'ignatia 30° et puis caustic . pendant 8 jours et pendant
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— 30 —
quelques semaines encore les 2 remèdes furent alternés. La
3* semaine elle put aller se promener, elle savait coudre,
tricoter, et fin septembre elle retourna en classe (1).
(.4 continuer.) Traduction du D r Chevalier.
Observations de «m»»— pratique
par le D r Cttigt Bi.ioN, de Mo».
1. —En mars 1885, Joséphine D., d’Irchonwelz, pré»
Ath, vient me trouver à Mons ; elle est âgée de 48 ans ; tonte
sa famille m’est très attachée, car 22 ans auparavant, j’avais
soigné sa sœur Jenny, plus âgée qu elle ; celle-ci était affectée
d’un polype intra-utérin qui l’avait rendue exsangue et
mourante. Un vieux praticien des environs l’avait traitée
pour son retour d’âge, et, ne l’ayant jamais visitée, avait
méconnu l’existence de ce polype ; j’informai la famille que
cette fille était vouée à une mort certaine, et que s’il restait
une lueur d’espoir, c’était dans l’opération. Celle-ci fut
acceptée quoique je n’eusse rien promis; j’extirpai la tumeur
in extremis , et bien que j’eusse dû au préalable dilater le
col de la matrice, l’opération eut un plein succès à la grande
surprise et à la grande joie de tout l’entourage.
Joséphine portait, elle, une énorme tumeur dans la fosse
iliaque droite : elle était très dure, non rénitente, mobile,
indolore, occupant tout le flanc droit jusque près des fausses
côtes et dépassant l’ombilic en haut et à gauche. Ses règles
étaient fort irrégulières et le plus souvent hémorrhagiques.
Je lui prescrivis platina 6 e , conium 6 e , guaco 6 e et lapis
alhas 6% alternés de semaine en semaine.
Cette femme suivit son traitement avec une persévérance
exemplaire, ne l’interrompant que rarement et pendant peu
de temps. Elle venait tous les 5 mois se soumettre à mon
examen.
Au bout de six mois je constatai un mouvement de régres¬
sion assez sensible, qui subit quelquefois un temps d’arrêt,
(1) Lire vol. précédent p. 317 un cas de paralysie des cordes vocales
guérie par camticum .
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— 31 —
autant que je pouvais m’en rendre compte dans une affection
dont la marche était si lente.
En septembre 1886, sur son observation qu’à l’époque de
ses règles, il lui semblait que la tumeur augmentait de
volume, ce qui pouvait bien n’être qu’une sensation subjec¬
tive ou tout au moins une impression liée à une congestion
utérine, je modifiai ma prescription en substituant sepia à
platina : sepia 6 e , conium 6*, guaco 6®, lapis albus 6 e .
Un an après, en \ 887,1a tumeur avait continué à décroître;
elle n’allait plus qu’à trois travers de doigt des fausses côtes
et ne dépassait plus rombilie ni la ligne médiane; mais comme
la malade était toujours sujette à des métrorrhagies fré¬
quentes, j’en revins à ma première prescription et lui donnai
de nouveau : platina 6 e , conium 6 e , r/uaco lapis albm 6 e .
Cette médication je nè la modifiai plus et cette femme suivit
son traitement jusque dans les premiers jours de février der¬
nier sans accident et avec un sentiment d’aise toujours plus
marqué ; elle ne vint que trois fois me consulter pendant
l’année 1888. La tumeur diminuait toujours.
Elle vint me revoir le 12 avril 1889. Grand fut mon éton¬
nement ; il me fut impossible de retrouver la plus petite
trace de cette énorme tumeur qui avait, quatre ans aupara¬
vant, le volume d’une tête d’enfant à terme et qui devait être
un fibrome, en raison de son siège, de sa grande dureté, de
l’absence de fluctuation et de toute apparence cloisonnée.
Celte femme était radicalement guérie.
Je produis cette observation parce qu’elle est assez remar¬
quable et aussi parce qu’elle porte en elle un grand enseigne¬
ment pratique; nous devons nous garder de modifier trop rapi¬
dement et trop souvent nos prescriptions, quand nous croyons
nos indications bien établies; le peu de persévérance que beau-
coupde médecins apportentdans l’application de leur traitement
— surtout dans ces affections à marche très lente — soit
qu’ils manquent de conviction, soit qu’ils se laissent influen¬
cer par les impatiences du malade, sont souvent cause, dans
les affections de l’espèce, d’insuccès qui auraient pu ou dû se
transformer en guérisons complètes ; j’en ai eu maintes fois la
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— 32 —
preuve. Le docteur Martiny élève cette règle de conduiteà la
hauteur d’un principe. C’est du reste une idée hahnemannienne.
IL — M. Ernest G., de Fresnes,. près Vieux-Condé,
est cardiaque et hémorrhoïdaire. Je le soigne depuis plu¬
sieurs années. 11 va très bien, monte les côtes, chasse, fait de
longues courses sans en être incommodé. II a 42 ans, son
teint est fleuri, la peau fraîche: il mange bien et est d’une
sobriété très grande.
Il vient me trouver le 7 décembre 1888, se plaignant de
lassitude, d’accablement, do soif vive et d’urines abondantes.
Il mange bien et digère bien. 11 a des hémorrhoïdes brûlantes.
Je trouve du sucre en assez grande quantité dam ses
urines. Il a maigri et pâli. Sizygium jambolanum l f ,
une goutte tous les jours dans quatre cuillerées deau; régime
des diabétiques peu sévère. Je ne lui défends que les férules,
les sucreries et la bière. Je lui permets la croûte de pain.
o. 1.89, — La soif a disparu, il y a moins de lassitude, la
quantité de sucre a diminué; meme prescription.
26. 1. 89. — Le sucre a entièrement disparu ; même
prescription.
23. 2. 89. — La guérison se maintient ; je permets le pain,
la bière et un peu de pommes de terre ; même prescription.
20. 3. 89. — Il n’y a pas de traces de sucre ; le teint est
redevenu fleuri et les forces sont complètes ; je cesse la
médication.
20.4. 89. — Sujet reste guéri. Je lui recommande une
certaine modération dans l’usage des féculents et l’engage à
surveiller ses urines. D r Criquelion.
SOMMAIRE.
LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny . 1
Le tabac (Suite), par MM. Em. Sectin, Ph n et le D r Léon
Seutin, à Bruxelles. 9
Des troubles de la parole et de leur traitement homœo-
pathique. (Suite). — Traduction du D r Chevalier,
de Charleroi.19
Observations de médecine pratique, par le D r Criqüe-
mon, de Mons. 30
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
16 e Année. MAI 1880. N° 2.
LE BORD DE LA MER (l)
par le D r Martiny
Les personnes bien portantes au bord de la mer
Comme nous l’avons déjà dit, un très grand nombre
de personnes se rendent à la mer, non pas précisément
dans le but de se guérir de telle ou telle affection déter¬
minée, mais pour y rencontrer des amusements, des plai-
, sirs, et même pour y faire bonne chère ; enfin, il y en a
d’autres qui, sans être souffrantes, disent quelles vont
« s’y fortifier » ; elles croient que la vie de la plage leur
« donne des forces*. Sont-elles dans le vrai? Le séjour
du bord de la mer, les bains sont-ils réellement utiles,
augmentent-ils les forces de l’organisme et les personnes
bien portantes peuvent-elles toujours sans inconvénient
séjourner au bord de la mer? Pour notre part, nous
croyons que presque tous les sujets retireront un notable
avantage pour leur santé d'une saison plus ou moins
longue passée sur la digue : l'organisme s‘y fortifie, gagne
plus de résistance aux fatigues et une certaine immunité
contre les maladies ét les épidémies. La santé, chacun le
sait, est chose relative ; on peut être plus ou moins bien
portant: telle personne dont les fonctions s’exécutent
- régulièrement est plus résistante aux influences nocives,
est capable d’une plus grande somme de travail que telle
autre qui pourtant n’est pas malade. C’est surtout à
des^sujets pareils, à des organismes minoris resistantiœ
comme on les appelait jadis, que la mer sera utile ! Elle
(1) Suite. Voir volumes précédents et volume courant, p. 1.
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les rendra plus robustes, elle leur donnera des forces,
comme on dit vulgairement. Que se passe-t-il donc? La
vie du bord de la mer, nous l’avons vu, stimule la nutri¬
tion : la combustion organique y est plus vive, le foyer de
la vie est plus ardent, l'oxydation des tissus est plus
complète, les organes ne s'encombrent pas des matériaux
de ce qu’on nomme aujourd’hui les matériaux de la nutri¬
tion retardante, les fonctions s’exécutent plus vivement,
les tissus ne s’encrassent pas. Joignez en outre les effets
des bains qui agissent comme une vraie cure hydrothé¬
rapique et vous vous ferez une idée de l’influence heu¬
reuse que la mer exerce sur les personnes considérées
comme étant bien portantes. A première vue on serait
tenté de croire que tous ceux qui se portent bien doivent
absolument être heureusement influencés par la mer; dans
la pratique il n’en est pas toujours ainsi et l’expérience qui,
ici comme en toutes choses, doit être le souverain juge,
nous apprend que si la plupart des gens bien portants se
trouvent bien d’un séjour plus ou moins prolongé à la
plage, il y en a un certain nombre à qui la mer est plutôt
nuisible, mais pour peu qu’on réfléchisse à ce que nous
avons exposé précédemment, on trouvera facilement la
raison pour laquelle il doit en être ainsi. En effet, et
malgré qu’on pourrait nous reprocher de le rappeler trop
souvent, l’air de la mer n’est pas seulement un air pur,
vivifiant, électrisé, exempt de microbes, mais c’est'aussi
un air contenant des principes médicamenteux variés
que toutes les organisations ne peuvent pas impunément
absorber. Ainsi s’explique ce phénomène extraordinaire,
cette espèce de contradiction apparente qui a frappé tous
les observateurs ; tandis que des organisations chétives,
maladives, supportent admirablement la vie complète de
a plage, séjour continu à la digue, respiration constante
de l’air réellement marin, des organismes robustes, des
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— 35 —
hommes en pleine force deviennent souffrants ! Encore
une fois il n’y a que ceux qui sont au courant de la mer¬
veilleuse action des petites doses qui pourront s’expliquer
complètement ce phénomène en apparence contradictoire :
d’un, côté un enfant frôle, malingre, chétif, qui semble
renaître à la vie en respirant continuellement à pleins
poumons'l’air marin, de l’autre un homme robuste, plein
de santé, que la mer agace, et qui ne supporte la vie de •
la plage qu’à la condition de s’en éloigner de temps en
temps et de quitter pendant quelques heures par jour la
zone vraiment maritime pour respirer l’air terrestre pro¬
prement dit. Le nombre de ceux que la mer agace, au
début surtout, est relativement plus grand qu’on le croit
communément, et il serait plus grand encore sans cette
circonstance que l’air du bord de la mer n’est pas toujours
de l’air réellement marin. En effet, chaque fois que lo
vent vient de terre, l’air de la plage n’a plus les qualités
de l’air marin, et si le vent de mer est faible ou si sa
direction est oblique, son influence ne se fait pas sentir
bien loin de la digue.
Ne perdons jamais de vue l’action médicamenteuse de
l’air de la mer : ce n’est pas seulement un air stimulant
et tonique, c’est aussi un air chargé de remèdes ; pour le
supporter parfaitement il faut une certaine accoutumance
ou il faut que le sujet soit malade et que ces remèdes
soient précisément ceux qui sont indiqués {Uns sa ma¬
ladie ; mais chez beaucoup de personnes l’organisme
s’habitue vite à ces remèdes après quelques légères in¬
commodités au début, et puis les remèdes de l’air marin
sont, comme nou6 l’avons dit, des remèdes indiqués dans
les grandes diathèses de l’espèce humaine, et chacun
sait que l’on peut être en puissance de diathèse et être
relativement bien portant ; de là vient que certaines per¬
sonnes soi-disant bien portantes supportent si facilement
A
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— 36 —
d’emblée l’air marin, parce qu’en réalité il y a peu de
personnes qui ne soient un peu sous l’influence d’une
diathèse quelconque, et puis du reste grand nombre de
personnes, sans aucune espèce de tare diathésique,
finissent, après quelques légères incommodités au début,
par supporter sans inconvénient les poussières marines,
parce que la tolérance s’établit, et alors pour elles l’air
marin n’est en dernière analyse qu’un air pur, électrisé,
vivifiant. Voilà pourquoi le nombre des personnes que le
séjour de la digue agace est si restreint, pourquoi le bord
de la mer est utile à tant de monde pour ne pas dire à
tout le monde.
Allez donc à la mer, gens bien portants, prenez au
début quelques précautions pour tâter votre susceptibilité
aux influences des médicaments de la mer ; si c’est
nécessaire, n’en respirez pas trop les premiers temps de
votre séjour et presque tous vous en retirerez forces et
profit pour votre santé.
La mer n’agit pas d’une façon uniforme sur tous les
sujets : une première catégorie, et c’est ja plus nombreuse
parmi ceux qui sont réellement robustes, n’y ressentent
pas grand chose : une fois l’excitation des premiers jours
passée, ils sont tout satisfaits de voir leur appétit plus
prononcé, leur marche, leurs mouvements plus faciles,
les médicaments de l'air marin ne paraissent guère les
atteindre; au bout de quelques semaines ils sont complè¬
tement acclimatés et ils jouissent ainsi de toutes les heu¬
reuses influences du séjour de la plage : air pur, exempt
de miasmes, ozonifié, nutrition plus active, etc. Ils peu¬
vent ainsi passer toute une saison et, rentrés chez eux,
ils ont une provision de vie et de santé : ils étaient
habitués aux médicaments de l’atmosphère maritime,
leur organisme les éliminait d’une façon ou l’autre sans
trouble pathologique ; ils pourraient sans inconvénient
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— 37 —
prolonger leur séjour ou même habiter définitivement le
bord de la mer. C’est ainsi du reste que l'organisation
humaine s'habitue fréquemment à certaines influences
médicamenteuses et même toxiques. Voyez, par exemple,
ce qui se .passe à propos du tabac : l’un peut fumer impu¬
nément pour ainsi dire toute la journée, un autre doit se
modérer, enfin un troisième ne parvient pas à faire usage
du tabac. Tel peintre en bâtiment n’a jamais présenté de
symptômes plombiques, tel autre en ressent de légers, et
enfin certains apprentis sont de bonne heure obligés de
renoncer au métier. Il est inutile de multiplier les exem¬
ples, ils sont nombreux et chacun les connaît.
Toutes les personnes qui s’acclimatent ainsi facilement
à la mer peuvent en retirer les plus heureux résultats pour
leur santé. L’exercice, les promenades sur la plage dans
un air pur et stimulant donnent une impulsion heureuse
à tous les ressorts de l’organisme, toutes les fonctions
s’exécutent avec plus de force, de régularité et beaucoup
de sujets trouvent à la mer de quoi réparer en un mois de
temps les effets des fatigues de la vie pendant le restant
de l’année. Nous ne connaissons pour ces organisations
fortes pas de meilleur moyen de se remonter et c’est pro¬
bablement ces personnes qui font de la mer un éloge
parfois exagéré, jugeant tout le monde à leur aune.
De semblables organisations pourraient résister sans
secousses, à la condition d’être bien nourries d’aliments
réparateurs, à la dure vie du marin et du pêcheur. Une
seconde catégorie de sujets ne peuvent supporter la mer
que pendant un temps plus ou moins limité : pendant un
mois ou deux leur santé générale se fortifie sur la plage,
ils gagnent en force et en vigueur, mais au bout d’un
temps plus ou moins long la tolérance cesse, on dirait
que la glace est rompue, des malaises variés surviennent :
névralgies, coliques, inappétence, insomnies; ils doivent
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j
— 38 —
quitter la mer sans trop tarder, s'ils veulent retirer encore
de bons effets de leur cure après leur départ. Enfin il est
une troisième catégorie de personnes bien portantes qui
ne peuvent supporter la mer : elle leur fait mal, elle les
agacé ; ce sont surtout certaines personnes nerveuses et
impressionnables. Nous en connaissons chez qui la vue de
la plage détermine de l’excitation quasi maladive, de l’in¬
somnie, qui maigrissent considérablement et qui doivent
s'éloigner de la plage.
Le plus grand nombre des personnes bien portantes
peuvent donc aller passer une vacance à la plage, toutes
ou presque toutes y gagneront de la force, de l’énergie;
c’est à notre avis le meilleur moyen pour donner à l’orga¬
nisme humain, surtout à celui des jeunes gens, mais avant
tout des enfants, une sorte de coup de fouet hygiénique
qui, dans bien des circonstances, peut enrayer, dès son
origine, les maladies les plus graves et effacer les traces
de certaines prédispositions constitutionnelles. Mais,même
les personnes les mieux portantes ne doivent jamais
perdre de vue que la vie de la plage est autre chose que
la vie de la campagne, qu'à la mer on absorbe continuel¬
lement de vrais remèdes répandus dans l’atmosphère, cer¬
taines organisations peuvent tolérer ces remèdes pendant
longtemps, d’autres en éprouvent plus ou moins vite des
malaises qui sont autant de cris d’alarme qu’il faut par¬
fois écouter.
Les personnes bien portantes peuvent-elles et doivent-
elles prendre des bains de mer ?
Nous croyons que presque toutes les personnes bien
portantes peuvent le faire, à l’exception pourtant des
personnes âgées et de la plupart des jeunes enfants. Le
bain de mer froid, nous l’avons vu, est une manœuvre
hydrothérapique, une succession de vraies douches toni¬
ques, très utiles aux jeunes gens et aux personnes ro-
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— 39 —
bustes ; il vient singulièrement seconder mais aussi com¬
pliquer Faction de la mer et exige, de la part de celui qui
le prend, du tact et de l’observation : il ne doit jamais
perdre de tue les recommandations que nous avons
faites, car on peut prendre une vingtaine de bains qui
tous auront été suivis d'un effet bienfaisant ; au vibgt et
unième, par suite d’une imprudence, ou d'un concours
extraordinaire de circonstances plus ou moins fortuites, la
réaction ne se fait pas convenablement et des symptômes
graves peuvent survenir ; toujours il faut se rappeler que
le bain de mer est une opération compliquée, une secousse
puissante de l’organisme et surtout ne pas oublier qu'une
fois hors de l’eau son action persiste encore ; se demander
aussi chaque fois avant d’y entrer, si l’on est dans les
conditions que l’expérience a démontré être les plus favo¬
rables ; et alors c’est un exercice à la fois hygiénique,
hydrothérapique et gymnastique.
Il ' existe pourtant toute une catégorie de personnes
bien portantes, du reste, chez lesquelles la- réaction se
fait mal t qui ne se « réchauffent pas ». Après quelques
tentatives timides, si le même manquede réaction persiste,
elles ne doivent pas insister. Nous en connaissons aussi
chez lesquelles la réaction est franche et rapide, mais
le système nerveux paraît trop impressionné, elles con¬
servent des secousses,des tremblements,la mer les effraie,
lés agace douloureusement ; inutile d’insister longtemps
chei de pareils sujets.
Le bain de iner est donc souvent un heureux complé¬
ment de la vie de la plage,il ajoute son action bienfaisante
et tonique aux autres influences saldtaires du bord de la
toer.
(4 continuer.) D r Màrtint.
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— 40 —
' Le tabac (1)
par MM. Em. Seütin Ph n , et le D r L. Seutin, à Broxel'es.
Maintenant, voyons quels sont les changements apportés
par le tabac dans,les rapports sociaux. Disons-le sans détour,
ils sont loin d’être favorables à la civilisation, et pour peu
que le tabac continue à progresser encore, ne doit-on pas
redouter de voir disparaître de la société toutes ces belles
et aimables qualités qui ont noms de bienveillance, de poli¬
tesse, d’urbanité et d’aimable délicatesse? On ne manquera
pas de taxer nos craintes de puériles et d’exagérées; nous le
désirons vivement, maison ne pourra pas contester que déjà
elles ont reçu les plus cruelles atteintes; en pourrait-il être
autrement ? Ne savons-nous pas que l’homme qui a la passion
d’une chose, mais surtout la passion du tabac, devient à son
insu, un froid et triste égoïste ; quand le besoin du cigare ou
de la pipe se fait sentir, il devra le satisfaire à tout prix, peu
lui importe les souffrances qu’il va peut-être occasionner;
pour lui, l'essentiel, c’est de satisfaire sa passion ; quant au
reste, il ne s’en inquiète guère, et ce sera le moindre de ses
soucis!... Nous n’avons pas l’habitude de voyager, notre pro¬
fession ne le comporte pas, et néanmoins, dans nos rares
voyages, nous avons été parfois le triste témoin d’actes
inqualifiables, commis par des fumeurs, et qui refusaient
obstinément d’accéder aux demandes polies d’abstention qui
leur étaient adressées, soit par des dames, soit par d’autres
personnes que le tabac semblait indisposer fortement.
Conduite indélicate s’il en fût jamais, et qui mérite d’être
stigmatisée et flétrie ! L’abus du tabac, envisagé à ce seul
point de vue, serait déjà bien déplorable, s’il est vrai qu’il
peut pousser les hommes à méconnaître et à fouler aux pieds
les devoirs imposés par les plus simples convenances.
(1) Suite. Voir volume précédent et vol. courant, p. 9.
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Maintenant, si nous nous reportons au commencement de
ce siècle, on se rappelle qu’il y avait alors un foyer de famille,
dont les femmes constituaient la principale attraction dans
toutes les classes de la société; on se réunissait, on se fré¬
quentait, c’était la vie sociale dans tout son naturel, son
charme et son entrain. Les jeunes gens se trouvaient heu¬
reux d’être admis dans la société des jeunes filles, il était
beau de les voir se disputer les regards, les attentions, les
préférences des dames de famille, des riches héritières, des
belles, des gracieuses, de toutes celles, en effet, "qui pou¬
vaient apporter le plus d’attraits à l’union que l’on rêvait;
car alors on finissait toujours par se marier. Si l’on compare
le temps passé au temps présent, quel changement ne s’est-il
pas produit dans les relations sociales? Ne «emblerait-il pas
que les hommes veulent vivre éloignés de la femme : cet
éloignement, il semblerait vraiment incompréhensible, si l’on
ne savait qu’ils y sont poussés par un triste sentiment
d’égoïsme qui les domine. L’égoïsme, en effet, sépare les
êtres autant que l’amour les rapproche.
L’homme fiiit la compagnie de la femme; il se montre
indifférent à l’attraction de ses charmes (1).
Aujourd’hui les estaminets, les cafés, les clubs, les cercles,
les tabagies font la concurrence aux salons de famille et,
tandis que ces établissements publics regorgent de clientèle,
le foyer domestique est solitaire. Le père l’a quitté, les fils
l’ont quitté pour aller, chacun de son côté, chercher dans la
compagnie des hommes, des distractions qu’ils ne peuvent plus
trouver auprès de l’épouse et des filles, de la mère et des sœurs.
Ces pauvres délaissées s’ennuient d’être seules; pour
ramener à elles ces indifférents et ces fugitifs, elles emploient
tout ce que leur inspire les attentions les plus délicates. Dans
(1) DepierrLs. Physiologie sociale , pp, 226 à 228.
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— 42 —
beaucoup de maisons on organise des réceptions d’apparat et
de cérémonie, et quelque soin que l’on mette à inviter ua
grand nombre de messieurs, le nombre des dames est toujours
supérieur à celui des cavaliers.
Quand l’orchestre invite à la danse, les maîtres de maison
courent dans les appartements, aux tables de jeu, auxfumoir*,
pour stimuler d’indifférents jeunes gens, qu’attendent de
belles et jeunes femmes, fatiguées de posor s ir leurs fauteuils.
Autrefois quand on disait d’une dame : elle a remporté son
tabouret du bal, c’est-à-dire qu’on ne l’y avait pas fait danser,
il fallait que son âge, ou quelque disgrâce physique l’eùt ren¬
due bien respectable. Aujourd’hui, c’est chose fort commune
que de voir sortir du bal bien des toilettes séduisantes qui
n’ont pas été défraîchies par la main des danseurs*
Actuellement des jeunes gens se mêlent à la vie des salons,
bien plus par convenance et par devoir que par attrait; pour
s’en éloigner, longtemps ils ont eu un prétexte ; on les enten¬
dait dire entre eux : les soirées de Madame X sont « sciantes
on n’y fume pas.
En effet, il faut rendre cette justice aux dames \ elles ont
lutté tant qu’elles ont pu contre l’envahissement contagieux
de la mauvaise habitude du tabac. Elles ont longtemps boudé
contre des adorateurs qui venaient mêler aux parfums de
leurs salons, les émanations nauséeuses de leurs chiques, de
leurs cigares ou de leurs pipes. Ce fut alors une véritable
conspiration de la puissance de l’homme contre la faiblesse
de la femme. Les dames ont cédé, par ennui de l’existence
sans la société des hommes. Les hommes, au contraire, en
compagnie d'une cigarette, d’une pipe ou d’un cigare, savent
très bien se passer de la société des femmes (1), Voilà comment
le tabac entra forcément dans le bon ton.
(1) Depierris. Physiologie sociale, pp. 229 et 230.
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— 43 —
% les jeux, la danse avaient leur salon dan» le mondé élé¬
gant, le dieu des peaux-rouges d’Amérique voulut aussi y
avoir le sien ; et pour lui on créa les fumoirs. Le ftimoir est
aujoord’hui le complément obligé d’un appartement réputé
convenable, et il exige même une place d’bonneur dans le
voisinage de la salle à manger et du premier 9&lon. Dans les
ménages, qui n’ont pas un local spécial à fumer, le fumoir s
-est par toute la maison.
Les dames ont lait la concession du fumoir, et ont pu par
& en retirer quelques-ons du café et du cercle, pour les
ramener au salon de compagnie. Mais le fumoir est un vrai
lieu enchanteur, pour tous los jeunes gens aimant le tabac ;
ils s’y trouvent si bien qu’ils ne savent pas le quitter ; ils
sont heureux d’y être, heureux encore de rivaliser, entre
eux, de grâce, à fumer le cigare, la cigarette, la pipe bien
eulotiée, ou bien un gros Havane, maintenu par un bout
d’ambre. Lâ, chacun étale sa petite coquetterie dans le genre.
Là, l’élégance est muette, inutile de se mettre en frais d’ama¬
bilité, comme dans la société des dames, où l’on pourrait
s'exposer, sans cela, à passer pour un jeune homme insigni¬
fiant ou nul.
Dans une société ainsi composée, tout est étiquette, tout
est guindé, tout est froid. Les rôles paraissent avoir changé.
Ce ne sont plus les hommes qui font la cour aux femmes, ce
sont les jeunes filles qui luttent d’amabilité et de grâces, pour
leur plaire et les charmer ! Et si parfois, elles croient avoir
remporté une victoire sur un indifférent, bientôt elles s’aper¬
çoivent de leur erreur, et reconnaissent que ceux qu’elles
avaient distingués et qu’elles auraient aimés, ne répondront
java» à leur douce et gracieuse affection ! Trompeuse illu¬
sion, décevante espérance ?
A quoi donc attribuer une telle indifférence de l’homme
pour la femme ? Les hommes se marient aujourd’hui bien
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— 44 .
moins qu’ils ne le faisaient autrefois. Seraient-ils effrayés des
dépenses du ménage ? Effrayés encore de l’entretien élevé
de la toilette d’une femme, et puis, craignant encore peut-
être le coût onéreux de l’entretien des enfants ?
Mais ce sont là de fausses allégations ; les charges de la
famille ne sont pas plus grandes aujourd’hui qu elles n’étaient
jadis. On dépense plu , il est vrai, mais on gagne davantage,
il y a compjn-ation.
Si les difficultés étaient réelles, elles pèseraient plus
sur les classes pauvres de la Société, et c’est néanmoins dans
ces classes que les mariages sont le plus nombreux.
Les mariages sont plus rares dans les classes riches, et là,
la fortune ne manquerait pas pour faire le bonheur matériel
d’un ménage.
Nous ne pensons donc pas que ce soit un calcul de .pré¬
voyance qui empêche malheureusement tant d’hommes de se
marier (1) ; non, ce n’est pas l'intérêt qui l’empêche de se
donner une famille, des enfants, qui doivent être la joie de
l'avenir. Ah ! il y a une cause cependant qui pousse tant
d’individus à rester célibataires, et en la cherchant bien, ne
la trouverions-nous pas encore dans les vapeurs stupéfiantes
du tabac, sur les sentiments les plus expansifs de l’homme !
Et n’avons-nous pas le droit de conclure que c’est le désir
éteint et l’abaissement de l’homme par la nicotine, qui le
rend si indifférent pour la femme ?
L’indifférence dos jeunes gens et des hommes mûrs pour,
les réunions que pare et qu’anime la société des femmes est si
grande, les salons de compagnie sont si déserts, que les mères
de famille, qui aiment à voir la jeunesse s’agiter autour
d’elles, ont créé les bals d’enfants ; on S3 serait bien gardé
autrefois d’initier aux folies légères de la danse des enfants
(1) Dopierris. Physiologie sociale , p. 222.
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— 45 —
de six à douze ans; il a bien fallu en venir là, pour empêcher
la vieille tradition de la danse de disparaître de nos habi¬
tudes (1)^.
Et vous, pauvres jeunes gens, qui sacrifiez tous les senti¬
ments les plus généreux, les plus élevés, les plus nobles, à
cette triste plante de Jean Nicot, de Catherine de Médicis,
et qui a nom de tabac! C’est pourtant l’ennemi cruel du genre
humain, et vous n’hésitez pas, néanmoins, à en faire votre
compagnon inséparable ! Compagnon néfaste, compagnon de
malheur ! Compagnon maudit, car il s’impose aujourd’hui, je
dirai à tous les âges ; ne voyons-nous pas souvent des
enfants de huit à douze ans, armés de la pipe ou du cigare,
se promener dans nos rues, et faisant fièrement jaillir de
leurs lèvres des bouffées de fumée de tabac, et qui semblent
dire aux passants : admirez-nous, ne sommes-nous pas déjà
des hommes ? Oui, des hommes, mais à vingt-cinq ans, vous
en aurez plus de cinquante, si le tabac ne vous a pas fait
descendre dans la tombe, mais s’il vous a laissé la vie, il
aura desséché vos organismes par ses vapeurs stupéfiantes,
et sous sa triste influence, tous les appareils organiques de
vos économies seront frappés de langueur, de faiblesse et
de prostration. 11 faudra alors continuellement les stimuler
par des boissons alcooliques, lutte incessante de la nicotine
et de l’alcool, ces deux poisons de l’existence humaine, qui
se recherchent toujours pour s’atténuer, sans jamais se dé¬
truire.
Toutes les énergies les plus vives de vos âges, vous les
aurez perdues, et l’on pourra vous dire : vous êtes des blasés,
voulant vous donner un air de philosophe, vous aurez soin
de le proclamer vous-même.Blasés, c’est-à-dire, que tout
ce qui rappelle le plus doux sentiment : l’amour, la femme,
(1) Depierris. Physiologie sociale , pp. 233 et 234.
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— 46 —
les enfants, fatiguent l’homme. S’il est marié, le foyer con¬
jugal lui pèse ; aussi, il s’en éloigne le plus qu’il-peut; pour
chercher des distractions en compagnie de tout ce qü'il aime,
son tabac. S’il s’agit des ressources du ménage, il est d'un
égoïsme révoltant; aussi, a-t-il soin de prendre la plus grands
part pour lui. S’il n’est pas riche, que de privations la
dépense de son tabae ne va-t-il pas imposer à la malheu¬
reuse femme et aux pauvres enfants, mais qu’importe à ce
père indifférent que sa famille souffre des plus pressants
besoins, pourvu qu'il trouve le bonheur dans sa pipe ! Ce ne
sont pas les seules misères qu’ils auront à supporter de cet
homme méchant et brutal. lia auront à endurer encore sa
mauvaise humeur et ses mauvais traitements.
C’est aux Etats-Unis, ce pays oh l’on consomme peut-être
le plus de tabac, que l’on voit s’étaler sous les yeax de la
justice, toutes les scènes de violences domestiques, qui dissol¬
vent dans le divorce des unions mal assorties. Les causes
invoquées par les femmes, pour être délivrées de leurs maris,
reposent presque toutes sur deux motifs : cruauté, délais¬
sement.
Cette, aversion, ce dégoût pour la femme et la famille ne
mènent pas seulement h la violence, ils poussent aussi parfois
aux crimes.
Les annales de la justice nous montrent très souvent
des hommes, tuant des femmes, des enfants, froidement, par
le seul motif, qu’ils en étaient dégoûtés, qu’ils ne les aimaient
plus et ne pouvaient plus les sentir.
Un des portraits qui resgort le plus dans ce type d'hommes
dégradés est celui d’Elicabide.
Un jour, tout Paris s’émut d’un grand crime.
Aux premières lueurs du matin, des voituriers trouvèrent
sur les bords du canal de la Villette un enfant dont le crâne
avait été fracassé par un meurtrier.
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— 47 —
Son extérieur et ses vêtements démontraient qu’il appar¬
tenait à une classe élevée de la société.
Qui avait tué cet enfant ? Quel mobile avait pu pousser à
ee crime ? La justice informa, fit les plus nombreuses recher¬
ches, mais en vain.
C’était au moment où Canal venait de découvrir son pro¬
cédé de conservation des corps, par injection de substances
métalliques corrosives dans les vaisseaux de la circulation; le
petit cadavre hit soigneusement embaumé ; ses traits par¬
faitement conservés, il resta exposé en public pendant plus
d’une année et l’on causait toujours du petit massacré de la
Yillette, sans que jamais aucune indication vînt jeter le moin¬
dre jour sur ce crime si couvert de mystère. Bien long¬
temps après, des promeneurs trouvèrent dans un bois aux
environs de Bordeaux, un monceau de cadavres ; une jeune
femme et trois enfants assassinés étaient enfouis peu profon¬
dément sous terre. Le meurtrier de toute cette famille fut
bientôt découvert : c’était Elicabide.
Elicabide était utf homme de trente et quelques années, il
avait reçu une éducation soignée, il fit la connaissance d'une
jeune fille, qu'il détourna de ses devoirs, pour vivre avec elle
en dehors du mariage. 11 la rendit quatre fois mère. Il vivait
dans la dissipation de l’estaminet, et le tabac pervertit bien¬
tôt sa nature affectueuse et aimante.
Il aurait pu donner à cette femme, à ses enfants, une posi¬
tion régulière ; mais l’amour venant à manquer, ce qui était
attraction devint fardeau, ce qui était plaisir devint dégoût.
Un jour rentrant dans son égoïsme de blasé, ils se dit à
lui-même : que fais-je de cette femme et de ces enfants ?
Je n’ai pour eux aucune affection, ils me fatiguent... Si je
m’en débarrassais.
Et Q mit près de deux ans à exécuter son crime.
Dés qu’Elicabide eût senti le besoin de se débarrasser de
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— 48
sa famille, il voulut d’abord faire disparaître son fils ; il dit à
la mère : Je veux donner à notre aîné une éducation qui
sera pour lui et nos autres cufants tout un avenir. Je vais le
confier à des amis de Paris, qui me le demandent ; ils veille¬
ront sur lui comme nous le ferions nous-mêmes. La mère
se consola de la séparation de son enfant, dans la pensée
que c’était un sacrifice à faire à son bonheur. Pauvre femme!
elle ne devait plus le revoir.
Le père l’amena et l’assassina dans un faubourg de Paris,
la nuit, sur la voie publique, et repartit pour Bordeaux sans
avoir communiqué avec personne ; quelle investigation
humaine aurait pu découvrir un si profond criminel, s'il ne
s’était révélé lui-même à la justice ?
Pourquoi Elicabide attendit-il plus d’une année pour
accomplir le second et le plus terrible épisode de son crime ?
Que se passa-t-il dans cette nature dépravée qui fit ajourner
si longtemps la promenade au bois, qui devait couvrir, dans
la profondeur silencieuse de ses ombrages, les dernières tra¬
ces de sa brutalité monstrueuse ?
Ce n’est point le remords du premier crime, ce n’est point
le spectre sanglant de cet enfant qu’il assassina froidement
au milieu des quartiers solitaires de Paris, qui demandèrent
grâce pour les autres victimes qui restaient encore à
immoler.
Le paroxisme des désordres morbides qui bouleversaient
cet organisme détraqué et le poussaient au meurtre, avait
tout simplement cessé, pour se manifester encore, mais plus
tard.
11 est à remarquer qu’à l’instar de toutes les maladies
nerveuses, les troubles produits dans l’organisation par
l’abus des poisons, alcool ou tabac, ont une tendance à se
manifester sous la forme d’accès plus ou moins réguliers, plus
ou moins éloignés.
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— 43 —
C^ost ce qui caractérise le delirium tremens, l’état aigu
de l’intoxication alcoolique et nicotineuse unissant leur dou¬
ble puissance pour abrutir les hommes.
Sous l’intiuence de ces perturbateurs du système nerveux,
des crises se déclarent presque soudainement sans symptômes
qui annoncent leur venue, comme l’épilepsie, l’hystérie. Les
malades entrent dans des états d’excitation terribles ; ils
briseraient, tueraient, sans conscience de ce qu’ils font.C’est
l’état aigu de cette infirmité honteuse ; l’état chronique a
moins d’exaltation, mais il n’en n’est pas pour cela moins
dangereux; il a aussi ses accès,et c’est dans ces moments de
crise intermittente et passagère que ces mono-maniaques
exécutent, en plein discernement, tout ce que leur imagina¬
tion délirante a longtemps médité en mal.
Voilà comment Elicabide, dégradé dans toutes ses facultés
d’aimer, tua toute sa famille, femme et enfants, dans deux
accès d’antipathie et de dégoût, sans jalousie, sans colère,
cesdeux grands conseillers ducrime.dl marcha tranquillement
dans l’exécution complète de son plan sans qu’aucun retour à
la raison, aucun sentiment d’humanité, aucun remords aient pu
l’arrêter, même après l’accomplissement de son premier crime
de la Villette, dont il aurait certainement compris l’horreur,
s’il avait pu conserver pour les siens un peu d’affection. Mais
la triste nicotine dont il avait fait un si déplorable abus,
avait fait déborder sa coupe de glace sur toutes ses facultés
physiques et morales; depuis longtemps déjà, non seulement
il n’aimait plus, mais n’éprouvait plus pour sa famille que la
plus triste indifférence et le plus profond dégoût (1).
Citons un second fait, et qui semblerait confirmer que le
tabac pousse réellement au crime (2) :
Thomas Carr, demeurant dans l’Ohio (Amérique), avait
(1) Depierris. Physiologie sociale. Le tabac, pp. 242 à 244
(2) Ibidem.
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— 50 —
demandé la main d’une de ses voisines, Louise Fox, âgée de
13 ans. Les parents lui répondirent que leur fille était trop
jeune pour se marier, mais que dans deux ans, s’il persistait
dans son intention, et qu’il eût alors trouvé un moyen
honorable de gagner sa vie, ils ne feraient pas d’objection
à leur union.
Mécontent de ce consentement conditionnel et à longue
échéance, Garr s’éloigna en proférant d’horribles menaces.
Gomme il avait la plus mauvaise réputation, les époux Fox,
craignant qu’il ne se portât à quelque extrémité contre leur
fille Louise qui était servante dans une maison du voisinage,
chargèrent leur jeune fils d’aller la chercher et de la rame¬
ner à la maison. Le frère et la sœur revenant ensemble,
rencontrèrent Garr qui les suivit quelque temps à distance de
40 à 50 pas, puis se précipitant subitement sur Louise, la
renversa dans un fossé et tira un rasoir de sa poche.
A cette vue, le jeune Fox, saisi d’épouvante, se mit à
courir en appelant au secours, vers la résidence de ses parents
dont il était tout proche, et revint bientôt avec sou père.
Mais l’infortuné ne trouva plus que le cadavre de sa fille.
Quelques minutes avaient suffi à Garr pour l’égorger.
Outre une énorme entaille qui s’étendait d’une oreille à
l’autre, séparant presque la tête du tronc, la pauvre enfant
avait le corps labouré de coups de rasoir; enfin, détail
incroyable, l’assassin avait trépigné sur le corps palpitant de
son innocente victime.
Traduit devant la cour, en juin 1869, il fut condamné à
être pendu. La veille de l’exécution, des ministres de la reli¬
gion sont allés le visiter, et ont tout fait pour tâcher d’amener
au repentir ce grand coupable ; mais leurs exhortations les
plus touchantes devaient rester stériles ; après les avoir
écoutés un instant en ricanant, il les a interrompus par ces
mots : «Je ne vous demande pas tout ça; ce que je veux,
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— 51 —
c’est qu’on me pende de grand matin, afin d’arriver en enfer
à temps.pour le déjeuner. »
Le lendemain, revenu à de meilleurs sentiments, il pro¬
nonça avant de mourir, quelques bonnes paroles, et engagea
vivement tous ceux qui l’écoutaient à s’abstenir toujours de
tabac et d’alcool ; car c’était ce qui l’avait rendu méchant,
c’était ce qui l’avait perdu.
Ce jeune homme n’avait que 24 ans, et, de son propre
aveu, avait commis 16 homicides.
(A continuer .) Seütin, Ph n , et D r L. Seütin.
DÉONTOLOGIE MÉDICALE
Les devoirs du médecin auprès des mourants
Une fois le danger de mort reconnu et le pronostic bien et
dûment établi, que faut-il dire? A qui faut-il parler, et à quel
moment ? Telles sont les questions que le médecin doit néces¬
sairement ae poser et résoudre pour chaque malade, et que
je vais successivement passer en revue.
. I
Que faut-il dire? Et d’abord est-il toujours nécessaire de
parler? Le médecin est-il obligé, en conscience, d’avertir le
malade ou sa famille, toutes les fois qu’il y a péril certain ou
probable de mort? La réponse ne saurait être, ce me semble,
qu'affirmative.
L’ordre social, le bien de la société impose au médecin,
quelles que soient ses opinions religieuses ou celles de ses
clients, l'obligation de parler et de parler à temps. La famille,
ainsi prévenue, est à même défaire venir les parents absents
et surtout de mettre ordre à ses affaires.
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— 52 —
Pourquoi le médecin est-il appelé dans une famille? Sans
doute c’est pour soigner le malade, mais c’est aussi pour faire
connaître la terminaison probable de la maladie. Après le
traitement, ce qui intéresse surtout la famille, c’est le pro¬
nostic. Le malade va-t-il guérir ou non? N’est-ce pas l*une
des questions qu’on nous fait le plus fréquemment ? Pourquoi
le médecin, qui parle toujours dans la première alternative,
garderait-il le silence dans la seconde? Ne serait-ce pas -
tromper la famille et manquer à l’engagement implicite qu’il
a pris vis-à-vis d’elle en acceptant de soiguer le malade ?
Gela est si vrai qu’il n'est pas rare d’entendre certaines
personnes se plaindre d’un médecin, non parce que leur
parent est mort, mais parce qu’il est mort sans que ce méde¬
cin les aie prévenues à l’avance de cette terminaison fatale.
Le devoir strict du médecin, en n’importe quelle circon¬
stance, me parait donc être d’avertir le malade ou sa famille
que le cas est grave et qu’il peut se terminer par la mort.
Mais là s’arrête l’obligation qui relève directement de la pro¬
fession médicale. C’est à la famille à tirer les conséquences
civiles et religieuses de cet avertissement.
Cependant le médecin chrétien n’a pas le droit de se désin¬
téresser complètement à cet égard. Ce que la justice ne lui
impose pas, la charité le lui demande.
Il est plus à même que personne pour juger de l’opportu¬
nité de faire administrer les derniers sacrements, et il a ses
entrées libres auprès du malade et de sa famille. Cette
situation exceptionnelle rend plus pressant le devoir de cha¬
rité qui s’impose à lui, comme à tout chrétien mis en présence
d’un mourant.
Innocent III et saint Fie V ont promulgué des décrets qui
ordonnent au médecin, sous peine de péché grave, de préve¬
nir les malades de se confesser, et qui lui commandent même
de ne plus visiter ceux qui, au bout de trois jours, ne
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l’auraient pas encore fait. Ces décrets ne sont pas en vigueur
en France, mais, s'ils ne nous obligent pas en conscience, ils
nous montrent du moins l’importance que l'Eglise attache à
ce devoir de charité, puisqu’elle l’avait transformé en devoir
de justice.
Le médecin chrétien doit donc penser à l’àme de son client.
Connaissant par expérience combien les familles chrétiennes
se font illusion sur l’état de leur parent malade, il ne doit pas
se contenter d’annoncer l’imminence d9 la mqrt, il doit
encore avertir qu’il est temps d’appeler le prêtre.
Toutefois, — il importe de le remarquer, — ce faisant, il
ne. fait pas acte de médecin, mais acte de chrétien, acte de
charité, et la charité oblige plus ou moins suivant les circon¬
stances. S’il doit désirer faire venir le prêtre auprès de tous
ses malades en danger de mort, il doit être aussi, surtout à
notre époque, très prudent dans la réalisation de ce désir.
Lorsqu’il ne connaît pas les opinions religieuses de ses
clients, la prudence peut demander qu’il se contenle de dire,
par exemple : « Le cas est grave et peut se' terminer par la
mort ; si donc vous avez des précautions à prendre, soit ppur
les affaires d’intérêt, soit pour la conscience, il est temps d’y
penser. »
Utile pour les cas si nombreux à Paris où le médecin ignore
la religion de son malade et où nul emblème religieux (cru¬
cifix, chapelet, images, etc.) ne vient le renseigner à cet
égard, cette formule me paraît encore suffire pour l’accom¬
plissement des deux obligations de justice et de charité,
lorsque le malade est notoirement connu comme protestant,
juif ou libre-penseur.
Pour les jeunes enfants, il est souvent utile, surtout à
notre époque et à Paris, de demander s’ils sont baptisés et de
les baptiser, lorsqu’il y a urgence. Quant aux enfants plus
âgés, mais qui n’ont pas encore fait leur première communion.
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— 54 —
la charité oblige à leur égard tout comme pour les adultes.
Mais, en raison de l’ignorance ordinaire des parents, il est
bon, en certainces circonstances, de leur dire : « Vous savez
que même à cet âge vous pouvez faire venir un prêtre auprès
de votre petit malade. »
II
Une autre question se présente maintenant. A qui faut-il
parler ? Au malade ou à sa famille ?
En général, il ne faut jamais parler au mourant. La pru¬
dence le demande : un malade qui reçoit un tel avertissement
de la bouche même de son médecin, le considère presque
toujours comme un arrêt de mort et se laisse parfois aller au
désespoir et au suicide. Il en est des exemples.
Cependant ce n’est pas une raison pour lui dire : « Mais
certainement vous guérirez. » A ces interrogations parfois
bien pressantes du malade, il convient de répondre par une
de ces phrases banales qui, sans rien dire de précis, lui
donnent néanmoins un peu de consolation, par exemple :
« C’est une affaire sérieuse, mais on en a vu revenir de plus
loin ; nous allons faire tout notre possible. »
Ainsi le médecin n’est pas toujours obligé de parler lui-
même au mourant ; il suffît bien souvent qu’il engage les
parents à l’avertir. Mais si les parents répondent : € Je n'ose¬
rai pas, je n’oserai jamais lui en parler. » S’ils refusent de le
prévenir, que doit faire alors le médecin ? Chercher à réali¬
ser indirectement ses désirs, par exemple, en prévenant le
curé de la paroisse, une sœur de Charité, ou encore une
personne pieuse amie de la famille.
Enfin, dans le cas où personne ne peut ou ne veut prévenir
le mourant, le médecin est-il toujours obligé de lui parler
lui-même ?
Si la distinction que j’ai posée tout à l’heure est juste, si
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faire venir le prêtre est un devoir de charité et non pas un
devoir de justice, il est évident que le médecin, même dans
le cas supposé, n’est pas toujours obligé de parler lui-même
ou malade. La conduite à tenir dépend des circonstances et
ne saurait être partout identique.
Le principe qui doit l’inspirer, c’est que, dans le cas où
personne ne veut prévenir le mourant, la charité oblige le
médecin à lui parler lui-même, mais dans la mesure seulement
où il croit que son intervention sera efficace.
Gomment apprécier cette mesure ? En quels termes préve¬
nir le malade? Ce sont là des questions fort délicates, dont
la solution dépend d’une saine appréciation des faits particu¬
liers et qu’il est impossible de trancher en théorie. Tout ce
que l’on peut dire, c’est qu’il vaut mieux avoir plus que moins
de charité et qu’il est toujours bon de laisser au malade
quelque espoir de guérison. La prière et la confiance en
Dieu, voilà les deux moyens de se tirer d’affaires en pareil
cas.
En résumé, la prudence demande au médecin qu’il ne
parle lui-même au malade; la justice ne lui en fait jamais un
devoir; la charité seule peut le lui demander, mais en
certaines circonstances seulement.
III
Il reste encore un troisième point à étudier, à quel
moment faut-il parler ?
Le médecin doit parlêr, dés qu'il y a péril certain ou pro¬
bable de mort, et il importe qu’il ne parle pas trop tard. Ce
serait exposer le malade à ne pas recevoir convenablement
les derniers sacrements et sa famille à ne plus pouvoir mettre
ordre à ses affaires.
L’obligation n’est remplie qu’autant que le médecin parle
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— 50 —
à un moment où le malade a et aura probablement encore
quelque temps sa connaissance.
Il arrive parfois qu’on est appelé seulement au dernier
moment et qu’on voit pour la première fois une personne à
l’agonie. L’état du patient indique alors suffisamment qu'il est
en danger de mort, mais les parents se font si facilement
illusion qu’il me semble nécessaire, môme on pareille circon*
stance, de parler et d’exprimer, s’il y a lieu, la nécessité de
faire venir le prêtre.
Il n’est jamais trop tard pour parler : tant qa’il y a vie,
l'obligation du médecin subsiste, ainsi que la possibilité pour
le malade de bien recevoir les derniers sacrements : il entend
souvent, alors qu’il ne donne plus aucun signe de connaissance.
Bien plus, il faut parler, même lorsqu’il s’agit d'un malade
aliéné depuis longtemps. Il n’est pas rare, en effet, d’observer
le retour de la raison aux approches de la mort.
Certaines maladies, comme l'angine de poitrine, l’insuffi¬
sance aortique, la paralysie labio-glosso-laryngée, etc.,
exposent à une mort subite. Que doit faire alors le médecin?
Il doit, ce me semble, prévenir la famille de cette éventualité,
disant par exemple : « Je ne suis pas inquiet pour le moment;
le malade peut vivre longtemps encore, mais il peut aussi
mourir subitement; il est donc bon de prendre d’avance ses
précautions. »
Les devoirs du médecin chrétien auprès des mourants sont,
on le voit, bien pénibles en certaines circonstances, mais
aussi quoi de plus capable, dirai-je en empruntant & notre
confrère, le D r J. Roger, cette belle pensée de Hecquet,
« quoi de plus capable de nourrir la foi d’un médecin que cette
considération continuelle de la mort, et la présence non
interrompue de la dernière fin de l’homme. »
En résumé, les devoirs du médecin chrétien auprès des
mourants peuvent se ramener à deux principes : la justice
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— ST —
et la oharité. Prévenir qu’il y a danger de mort eat un devoir
de justice qui relève directement de la profession médicale et
qui oblige toujours et partout le médecin. Faire venir le
prêtre auprès du mourant est un devoir de chanté, qui
l’oblige plue ou moins, suivant les circonstances de temps,
de lieu, de personnes.
Cette distinction n’est pas purement spéculative ; elle seule,
à mon avis, peut guider le médecin daus les situations si
délicates qu'il rencontre parfois dans l’exercice de sa profes¬
sion. (Bulletin médical.)
OBSERVATIONS CLINIQUES (1 >
par te Dr Lambrbohts, file,
Amblyopie nlcotinlque.
Carlos Segovia, âgé de 44 ans, ouvrier, vint me consulter
au dispensaire homœopathique le 22 janvier 1889.
Le malade me dit que depuis plusieurs mois sa vue baissait
considérablement, à tel point qu’il avait dû renoncer à ses
occupations journalières. Il était grand fumeur; il avait
constamment la cigarette à la bouche, et fumait même au lit
et pendant ses repas. Il ne faisait aucun excès en boissons
alcooliques.
Ce qui me frappa surtout en examinant le malade, ce fut
le myosis considérable que présentaient les deux yeux. Les
pupilles avaient à peine la dimension d’une tête d’épingle
et restaient immobiles aux changements de lumière. L’acuité
visuelle avait notablement diminué ; elle était réduite à 1/6
dans les deux yeux, c’est-à-dire que le malade ne pouvait lire
qu’à 5 mètres de distance les caractères de l’échelle métrique
de De Wecker qui doivent pouvoir se lire normalement à
30 mètres. Les verres convexes ou ooncaves n’amenaient
(1) Os observations ont été faites par notre confrère le D r Lambreghts, fils,
att dispensaire homœopathique de Malaga. (N. D. L. R.)
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aucune amélioration de la vision. La perception des couleurs
était quelque peu pervertie. Ainsi le rouge et le vert lui
paraissaient gris, et il avait beaucoup de peine à distinguer
une pièce d’argent d’une pièce de cuivre. Pour l’examen
ophthalmoscopique je fus obligé de dilater la pupille à l’aide
d’une solution assez concentrée d’atropine. Cet examen
d’ailleurs ne révéla rien de particulier ; les pupilles étaient
dans leur état normal.
Le malade n’éprouvait aucune douleur dans les yeux ; il
n’avait jamais été atteint de syphilis et ne présentait aucun
symptôme de tabes dorsalis.
Les urines ne contenaient ni sucre ni albumine. L’appétit
était faible, la langue chargée d’un enduit blanc jaunâtre, il
existait de l'insomnie et un certain degré de constipation.
Je me trouvais donc en présence d’un cas d’amblyopie nico-
tinique bien caractérisée.
Je recommandai au malade de s’abstenir de tabac et d’al¬
cool, et lui donnai 4 globules de nuæ vom. 3 e à prendre le
matin, et 4 globules de phosph . 6 e à prendre le soir.
Le malade vint me voir quinze jours après en me disant
qu’il n’avait pu résister à la tentation de fumer quelques
cigarettes. Le myosis et l’acuité visuelle ne présentaient pas
de changement appréciable, mais l’appétit était meilleur, les
selles plus régulières et le sommeil beaucoup moins agité.
J’insistai sur l'abstinence du tabac, et prescrivis le même
traitement à suivre pendant un mois.
Le 5 mars je pus constater une amélioration considérable
des symptômes oculaires. Les pupilles étaient plus larges et
se mouvaient, quoique faiblement encore, sous l’influence des
changements de lumière, l’acuité visuelle était de 1/3 pour
l’œil gauche et de 1/4 pour l’œil droit. Le malade ne fumait
plus qu’une cigarette après chaque repas, et avait pu repren¬
dre son travail.
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— 59 —
Même traitement.
Le 28 mars, le malade vint m’annoncer qu’il était guéri.
Les pupilles étaient normales, l’acuité visuelle 1/2 pour les
deux yeux, et la confusion des couleurs avait disparu.
La cure radicale de l’amblyopie nicotinique peut s’obtenir,
il est vrai, sans le secours d’aucune médication et uniquement
par l’abtinence complète du tabac ; mais alors, d’après là plu¬
part des auteurs, elle ne survient qu’au bout de 4 à 5 mois.
Il est évident que dans le cas que je viens de décrire, nux et
phosphore ont puissamment contribué à dissiper les phéno¬
mènes amblyopiques, puisqu’on moins de 9 semaines l’acuité
visuelle a progressé de 1/6 à 1/2.
Paralysie agitante
Dolorès Monsolla, blanchisseuse, âgée de 55 ans, vint ré¬
clamer mes soins au dispensaire le 18 janvier 1889.
Le mal dont elle souffrait datait de l’année 1884. Pendant
l’épouvantable tremblement de terre qui occasionna à cette
époque tant de désastres à Malaga, elle voulut fuir de sa
demeure, mais elle resta clouée au sol, incapable de faire un
mouvement, et le corps agité d’un tremblement nerveux très
intense. Quelques mois après, elle se remit insensiblement de
sa frayeur, sans pouvoir néanmoins se débarrasser d’un trem¬
blement des mains qui survenait à la moindre émotion et à la
moindre fatigue. Il y a environ une année, à la suite d’un vio¬
lent chagrin provoqué par la mort subite de son mari, elle fut
reprise desmêmes symptômes nerveux et, voyant que son mal
faisait des progrès et envahissait les membres inférieurs, elle
alla consulter un médecin allopathe de Malaga qui lui prescri¬
vit du bromure de potassium. Elle suivit ce traitement pen¬
dant des mois, sans en éprouver d’amélioration. Au contraire,
depuis ce temps, elle commença à ressentir des symptômes
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inconnus jusqu’alors, consistant surtout en céphalalgie, ver¬
tiges , nausées et douleurs à l’estomac.
La malade est une personne maigre, d’un tempérament
bilioso-nerveux, ayant toujours joui d'une santé excellente,
avant l'apparition de son mal. Les mouvements sont très
prononcés dans le membre supérieur gauche. Lorsqu’on lui
prend la main, celle-ci est agitée de secousses rythmiques
qui se succèdent à de courts intervalles ; de plus, elle a de
la tendance à prendre l’aspect caractéristique de la paralysie
agitante, c’est-à-dire l’attitude d’une main qui tient une
plume à écrire, les doigts étant rapprochés du pouce et un
peu fléchis. Aussi la malade éprouve de grandes difficultés à
saisir un objet. La jambe gauche est également le siège
d’oscillations rapides qui lui rendent la marche difficile et
incertaine. Ces symptômes existent aussi du côté droit, mais
à un degré beaucoup moins prononcé.
Un autre phénomène important, c’est la diminution de la
force musculaire très accusée dans la main gauche. La malade,
à qui je dis de me comprimer le poignet de toutes ses forces,
ne peut exercer qu’une pression à peine sensible. L’appétit
était faible, les selles irrégulières et difficiles, Turine abon¬
dante et très claire. Les règles ont cessé depuis environ 8 ans
sans donner lieu à des troubles appréciables. La malade est
très nerveuse. Elle ne peut rester un instant à la même place;
la nuit, elle éprouve parfois une sensation de chaleur intense
qui l’empêche de dormir, et, de temps en temps, elle ressent
des maux de tête et des douleurs rhumatoïdes dans les
membres.
Je prescrivis les trois médicaments suivants ‘qui me
paraissaient contenir dans leur pathogénésie la plupart des
symptômes mentionnés : nux 3% phosphore 3® et hyoscia •
mus 3 e , une goutte de chaque remède par jour, dan» une
cuillerée d’eau.
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— 61 —
Un mois plus tard, la malade vint me voir et m’exprima sa
satisfaction et en même temps son étonnement de ce que mes
remèdes avaient eu Une action si rapide et si énergique. En
effet, une amélioration sensible s’était produite dans son état:
L’appétit était meilleur, les selles plus régulières et la cépha¬
lalgie avait disparu. Quant au tremblement, je le trouvai aussi
prononcé qu’au premier jour. Cependant, la malade me dit
que les oscillations étaient moins fortes, mais que le seul fait
de se trouver en présence d’un médecin la faisait trembler
davantage. Elle m’assura que lorsqu’elle était seule, bien à
son aise, elle marchait plus aisément, et pouvait saisir les
objets avec beaucoup plus de facilité.
Je lui donnai les mêmes médicaments à prendre pendant
six semaines, et lui recommandai les mouvements métho¬
diques des bras, des mains et des doigts.
Le 4 avril, je revis la malade. Son état s’était amélioré à
tel point qu’elle avait pu reprendre ses occupations. Le trem¬
blement n’avait pofnt cessé complètement, mais il était beau¬
coup moindre. Il y avait des jours, me disait-elle, où elle ne
tremblait plus du tout. Sous l’influence de la fatigue ou d’une
émotion morale, les mouvements devenaient plus prononcés
mais n’atteignaient jamais la violence d’autrefois. Les doigts
étaient plus libres et la force musculaire avait considérable¬
ment augmenté. J’engageai la malade à suivre la même mé¬
dication quelque temps encore. Depuis cette époque, je ne l’ai
plus revue; il est probable qu’elle juge son état assez satis¬
faisant pour se passer des soins du médecin.
Cystite chronique du col. — Engorgement
de la prostate
Claudio Lopez, âgé de 52 ans, employé, se présenta à la
consultation le 9 avril 1889. L’affection dont ils ouffrait avait
débuté, il y a environ 3 mois, par une blennorrhagie aiguë
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— 02 —
qui, peu de temps après son apparition, s’était propagée au col
de la vessie. Il consulta un médecin allopathe qui lui prescri¬
vit des capsules au copahu, et lui fit faire des injections dans
le canal de l’urèthre au moyen d’une seringue en verre. (Les
injections au moyen d’une seringue sont absolument ineffi¬
caces dans les cystitesdu col, car le liquide injecté ne pénètre
nullement dans la vessie.jt
Ce traitement ne fut suivi d’&ncnne amélioration, et le
mal avait passé à l’état chronique, avec quelques recrudes¬
cences aiguës.
Le malade se plaignait surtout d’envies fréquentes (Fari¬
ner ; depuis 3 mois, il urinait au moins 30 fois par nuit, ce
qui lui rendait le sommeil tout à fait impossible. Pendant le
jour, la miction était moins fréquente. L’urine s’écoulait gé¬
néralement goutte à goutte et en très petite quantité ; elle
était claire et normale, excepté à la fin de la miction ; elle
devenait alors trouble et contenait du pus et du sang coa¬
gulé. Les contractions du sphincter de la vessie étaient
accompagnées d’une douleur brûlante qui s’étendait jusque
dans le rectum. Le cathétérisme de la partie antérieure du
canal de l’urèthre ne présentait rien d’anormal ; mais dès que
la sonde pénétrait dans la partie prostatique, elle éprouvait
une certaine résistance et une déviation assez sensible avant
d’arriver dans la vessie. Il existait donc un engorgement
considérable de la prostate, qu’il était aisé de constater éga¬
lement parle toucher rectal.
Le malade avait beaucoup maigri et paraissait épuisé par
ses longues insomnies dont il était atteint depuis le début de
son affection. Il éprouvait une soif violente et souffrait de
constipation et de ténesme anal. Je lui recommandai instam¬
ment l'abstinence de café, vins, liqueurs et tabac, et lui
prescrivis pulsatilla 3 e et thuya 3«, 2 gouttes de chaque
médicament par jour dans 2 cuillerées d’eau. Je lui fis éga-
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■TF*'
— 63 —
lement chaque jour dans la vessie, au moyen d’une sonde,
une injection composée d’uno solution d’acide phénique, d’alun
et de sulfate de zinc, dans la proportion de 1 pour 100.
Après 15 jours de ce traitement, je pus constater une
amélioration considérable; la prostate avait diminué sensible¬
ment de volume, la sonde pénétrait beaucoup plus facilement
dans la vessie, et le malade n’urinait plus que 8 à 10 fois par
nuit; aussi pouvait-il déjà dormir quelques heures Comme il
se plaignait encore de douleurs à la miction, de soif et de
sécheresse dans la bouche, je remplaçai la puisât ilia par
belladona 3 e . Ce médicament, aidé de thuya , acheva la
guérison qui &f complète le 3 mai, c’est-à-dire 3 semaines
environ après la première visite du malade.
D r Lambreghts, fils
LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE
par M. D r Martiny
L'anémone pulsatille dans les affections utérines .
Tel est le titre d’un petit travail lu par M. le l) r Bovet à
la Société de médecine pratique de Paris, séance du 22 mars
dernier. Le Bulletin 'médical résume ainsi ce travail:
M. Bovet lit une note sur l'action de l'anémone pulsatille et de son
glucoside l’anémonine contre les douleurs qui ont pour siège l'utérus ou
ses annexes. Comparant leurs effets à ceux de l'aconitine dans les diverses
névralgies, il accorde une action élective particulière à cette variété
d'anémone, qui serait un analgésique des plus fidèles dans les cas de
règles douloureuses, dysménorrhée, aménorrhée, métrite, ovarite, sal¬
pingite, etc. L'alooolature, faite avec la plante fraîche, jouirait de pro-
v priétés plus fixes que la teinture préparée avec la plante sèche.
Voilà donc nos confrères allopathes qui viennent de décou¬
vrir que la pulsatille a une action favorable sur les malaises
provenant de l’utérus et de ses annexes. Voilà par exemple
une découverte bien facile à faire ; il n’y a pas une seule
personne connaissant un tant soit peu l’homœopathie qui ne
sache, combien la pulsatille réussit souvent dans ces cas :
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retard de règles, irrégularités, douleurs utérines, etc. La
puisâtilie est notre premier remède dans les aSections de
matrice.
Continuez vos découvertes, confrères, en pillant notre
matière médicale, mais au moins ayez le courage de le dire.
Non contents de prendre nos médicaments, ils nous pren¬
nent la manière de les préparer, car Hahnemann a eu soin de
dire que pour la préparation de la teinture-mére depulsatille
il fallait, comme pour toutes nos plantes indigènes, employer
la plante fraiche, c'est-à-dire l’alcoolature comme le recom¬
mande le Dr Bovet, — mais un médecin qui se respecte n’ose
pas parler de Hahnemann ni de l’homceopathie, il serait mis
au rancart. D r Martiny.
NOUVELLE
Le gouvernement du Wurtemberg, à la suite d'un pétitionnemcnt dirigé
par la Société Hahnemann , a pris une décision en faveur de 1‘homœopa-
thie. Le ministre Schmidt a déclaré que cette méthode thérapeutique était
digne d'avoir sa place comme médecine officielle et à TUniversité.
En outre il a annoncé que les candidats pour les places de médecins
du gouvernement, seraient interrogés sur l'homœopathie lors de leurs
examens.
La Société allopathique du Wurtemberg a naturellement adressé une péti¬
tion demandant que le gouvernement ne sanctionne pas la décision minis¬
térielle sous prétexte que l’homœopathie n'était pas une médecine
scientifique. Le gouvernement n'a pas agréé cette protestation et a con¬
firmé sa première décision ; elle a aujourd'hui force de loi. Voilà donc
l'homœopathie officiellement reconnue dans le Wurtemberg comme elle
l'est déjà par un grand nombre d'autres gouvernements.
A quand le tour de la Belgique ?
SOMMAIRE
LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny . 33
Le tabac (Suite), par MM. Eh. Seutin, Ph“ et le D r Léon
Seutin, à Bruxelles.40
Déontologie médicale.51
Observations cliniques, par le D r Lambreohts, fils. . 57
Les larcins de l’allopathie, par le D r Martiny . . . 63
Nouvelle. 64
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
16* Annêb. jon» 1889. N* 3.
LE BORD DE LA MER ,,)
par le D r Martiny
La mer et les enfants bien portants
Nous avons vu que le séjour de la mer et les bains de
mer peuvent être profitables à presque toutes les person¬
nes bien portantes ; examinons maintenant si tous les
enfants qui se portent bien en retireront quelque avantage
pour leur santé. La mer, dit-on aujourd’hui,est le « paradis
dbs enfants». C’est on ne peut plus vrai pour le plus
grand nombre (les enfants qui trouvent à la mer joie et
santé : il y a peu d’exceptions, mais il y en a, et il importe
de les connaître et d’être prévenu. A côté des merveil¬
leuses transformations de la santé que ces petits êtres vont
chercher au bord de la mer en jouant, en courant, en folâ¬
trant, on constate parfois que la santé de certains d’entre
eux s’altère plus ou moins profondément : ils y deviennent
très nerveux, très excitables ; ces cas sont heureusement
peu fréquents et sont presque toujours la conséquence
d’une mauvaise direction. Néanmoins, certaines prédispo¬
sitions morbides peuvent s’y développer et s’y accentuer;
c'est le médecin seul qui doit être juge s’il se trouve en
présence d’un de ces nombreux symptômes passagers que
la vie de la plage détermine fréquemment chez les enfants
ou si réellement l’air marin produit un effet nuisible ;
presque toujours on trouve la cause de ces malaises dans
certaines habitudes des enfants, dans leur nourriture,
(1) Suite, Voir volumes précédents et volume courant, pp. 1 et 33.
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66 —
dans leur logement, etc. La mer a une action si puissante
sur la nutrition dans les premières années de la vie qu’il
est fort rare quelle ne soit j>as admirablement tolérée
malgré les imprudences que l’on voit commettre. Per¬
sonne ne le conteste plus aujourd’hui, la mer est le grand
correctif du lymphatisme qui se caractérise par une abon¬
dance des liquides blancs.de «la lymphe*, dans l’économie.
La lymphe est un liquide semblable au sang, à la couleur
près ; nous avons, à côté des vaisseaux sanguins, une
quantité de vaisseaux parcourus par la lymphe, ces vais¬
seaux lymphatiques aboutissent à des ganglions plus ou
moins nombreux et plus ou moins volumineux qui parais¬
sent jouer un rôle important à l’époque do la croissance ;
le système lymphatique est très actif dans l’enfance, aussi
a-t-on dit avec raison que tous les enfants sont plus ou
moins lymphatiques, mais il ne faut paé prendre ici le
mot lymphatisme dans un sens forcé et tant soit peu sy¬
nonyme de scrofulose.La scrofule est une maladie et nous
nous en occuperons plus loin, tandis que le lymphatisme,
qui pourtant dégénère facilement en scrofulose, est plutôt
un tempérament : tous les enfants, surtout les enfants des
villes, sont donc un peu lymphatiques, c’est-à-dire qu’ils
ont les chairs bouffies, pâles, blanchâtres,la peau fine,etc.
Eh bien, la mer corrige presque toujours cette tendance,
en activantles fonctions du sang, en stimulant le système
nerveux et la digestion. Voyez un enfant, après un séjour
d’un mois sur la plage; il était gros et bouffi: il est dégonflé;
il avait le teint rose mais pâle: il est rose et bruni; il
était nerveux, irritable, maussade : il est devenu gai et
enjoué ; il était paresseux le malin, engourdi dans son
lit : il est aujourd’hui tout dispos dès qu’il ouvre les yeux,
parce que son sommeil a été vraiment réparateur, etc.,
en un mot, il est transformé, la mer a corrigé son lym¬
phatisme. Ni médecin, ni médecine, ni même l’air de la
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campagne et des montagnes ne peuvent donner en si peu
de temps un pareil résultat; ici la cure marine n’a pas de
rivale ; elle agit vite et bien : une pareille transformation
ne se fait naturellement pas sans secousses ; toutes les
les mères expérimentées savent que les premiers temps
de leur séjour à la mer les enfants ont les uns un peu de
fièvre avec douleurs de tête, d’autres deviennent d’une
pétulance exagérée, le système circulatoire, le système
nerveux sont le siège d’une surexcitation plus ou moins
vive ; cette excitation peut devenir le point de départ
d’une maladie et contre-indiquer formellement le séjour
de la plage chez certains enfants : quand elle ne dure que
quelques jours, quand l’enfant « prend vite le dessus »,
tout se passe comme nous l’avons dit. Quand au contraire
elle dure trop longtemps ou que l’enfant a le système
nerveux originellement trop excitable, alors il peut y
avoir danger, surtout si par une hygiène bien entendue,
par une ligne de conduite bien précise, on ne modère pas
cette trop grande excitation.
Nous connaissons un certain nombre de familles qui
ont pris la louable habitude de passer une partie de la
bonne saison à la mer ; dans plusieurs d’entre elles il y
avait des prédispositions héréditaires fâcheuses et les
enfants étaient peu robustes : la mer les a transformés, ils
ont dépassé la taille de leurs parents, leurs membres sont
plus musclés, plus vigoureux, et au lieu d’une adolescence
pleine d’écueils et de dangers, ils ont une santé florissante;
ils ressentiront toute leur vie les bons effets de cette
cure annuelle du bord de la mer.
La vie que les enfants mènent sur la plage, en courant,
en jouant, produit des modifications profondes dans tout
leur organisme ; ils s’y transforment avec une rapidité
surprenante : à peine arrivé l’enfant est déjà sous cette
salutaire influence, il sent sa poitrine se dilater, il devient
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— 68 —
gai, enjoué, expansif, il est comme sous le charme de
l’atmosphère de la mer :
« Plus pure, plus dense, plus lumineuse, dit le D r Bro-
chard, d’une température plus constante que l’atmosphère
terrestre, incessamment renouvelée par la brise et par les
vents qui régnent sur les côtes, l’atmosphère maritime
agit sur tous les organes et modifie profondément toutes
les fonctions de l’économie. Elle fortifie la peau et les
muqueuses, fournit à la respiration des éléments plus
réparateurs et rend l’hématose plus complète. L’intensité
de la lumière sur le bord de la mèr joue un rôle immense
dans cette stimulation générale. Sous toutes ces influences
vivifiantes, la peau se colore, se vascularisé ; les fonc¬
tions respiratoires se font plus facilement, les organes
profonds se dégorgent, le système musculaire lui-même
acquiert une énergie inaccoutumée. L’appétit continuel¬
lement excité par l’air salé que les enfants respirent sans
cesse devient beaucoup plus vif, les fonctions digestives
prennent de l’activité et régularisent les fonctions si
importantes et si souvent viciées chez les enfants, de
l’assimilation et de la nutrition. Les qualités physiques
que possède l’atmosphère maritime,les phénomènes météo¬
rologiques dont elle est le siège, lui donnent une action
toute spéciale sur l'organisme ; elle est éminemment
propre à modifier les fonctions de la peau et de la
muqueuse bronchique chez les enfants qu’ont étiolés l’air
impur des grandes cités et l’atmosphère trop concentrée
des appartements modernes. »
Qu’on n’aille pas conclure pourtant que nous conseil¬
lons pour tous les enfants le séjour continu du bord de la
mer, ni penser que si un ou deux mois passés à la mer
sont salutaires, un séjour beaucoup plus prolongé ou
même continu sera plus utile encore. Nous ne sommes
pas de cet avis ; le séjour de la plage, l'habitation et la
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— 69 —
vie de la digue forment une vraie cure pendant laquelle
l’organisme absorbe de vrais médicaments, et lorsque
l’enfant n’est pas atteint d’une maladie proprement dite
dont l’air marin est le médicament, quand il n’a pas un
vice constitutionnel dont les remèdes marins sont le cor¬
rectif, le, séjour de la plage, en plein air marin, ne peut
être indéfiniment prolongé ; qu’un enfant atteint d’acci¬
dents scrofuleux,par exemple, puisse avec avantage pas¬
ser six mois, un an et môme plus tout contre la mer et y
respirer constamment l’air marin, cela se conçoit, mais il
n’en serait pas de même si, sous prétexte de donner des
forces, on exposait journellement pendant aussi longtemps
à l’air marin proprement dit, un enfant qui n’est ni
malade, ni atteint d’accidents morbides constitutionnels.
Règle générale, un séjour d'un à trois mois est suffisant
pour un enfant non malade : aussi nous avons fréquem¬
ment observé des enfants qui devenaient plus surexcités et
plus maigres quand on s’obstinait à prolonger outre mesure
leur séjour à la plage : ils étaient saturés d’air marin.
Si la mer est une précieuse ressource pour les enfants,
si elle produit des résultats remarquablement rapides
chez eux, c’est qu’elle corrige certaines tendances défec¬
tueuses de leur santé, inhérentes à leur manière de vivre
antérieure; voilà pourquoi c’est surtout chez les enfants
des villes quelle produit les effets les plus surprenants
et les plus salutaires, parce que la vie des villes, où man¬
quent l’air et la lumière, amène toujours des troubles plus
ou moins accentués de la nutrition, un état de langueur,
une pâleur et même une certaine bouffissure de la face.
En un mot si la mer agit souvent mieux et plus vite que
la campagne pour remédier aux inconvénients d’un séjour
trop prolongé dans les villes, c’est qu’à côté d’un air pur
et stimulant elle fournit aussi des remèdes qui sont fort
utiles pendant un certain temps, jusqu’à guérison, mais
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— 70 —
peuvent devenir nuisibles quand ils sont pris pendant
très longtemps.
Nous ne saurions trop recommander aux parents de pren¬
dre l’habitude de conduire chaque année leurs enfants à la
mer, c’est le complément d’une bonne éducation physique;
ce coup de fouet donné chaque année à l’organisme sera
un bienfait dont la santé se ressentira pendant toute leur
vie ; c’est un moyen bien supérieur au séjour de la cam¬
pagne, lequel, pour être réellement utile, doit malheureu¬
sement être assez prolongé, tandis qu’un mois de séjour à
la plage est ordinairement suffisant pour imprimer à la
croissance et au développement du corps une impulsion
nouvelle, pour faire parfois disparaître de fâcheuses ten¬
dances de la nutrition. Chacun le comprend aujourd’hui,
aussi les établissements de santé pour les enfants devien¬
nent de plus en plus nombreux au bord de la mer, parce
que chaque année apporte une nouvelle preuve de l’heu¬
reuse influence que la vie de la plage exerce sur la santé
de presque tous les enfants.
Le début de la cure doit être spécialement surveillé, il
f mt procéder graduellement ; par exemple, il ne faut pas,
comme nous l’avons trop souvent constaté, laisser les
jeunes enfants dès les premiers jours continuellement
patauger les pieds nus dans l’eau de la mer; la durée du
séjour sur la plage elle-même doit être graduée ; l’enfant
ne doit pas passer au début tout son temps sur la digue ;
il faut aussi tenir compte de l’état de l’atmosphère ; par
une journée calme, quand le soleil n’est pas trop ardent,
un enfant nerveux pourra, dès son arrivée, séjourner
à la mer plus longtemps que si le vent de mer est violent,
amenant de nombreuses poussières marines ; si le soleil
est très ardent, il faut non seulement se méfier de
l’action directe des rayons solaires, mais aussi de la
réverbération ; venant de bas en haut elle frappe directe-
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— 71 —
ment la figure qui n’est plus dans ces conditions protégée
par le chapeau ; aussi les insolations ne sont pas rares,
et nous avons souvent constaté de vraies brûlures à la
figure et au cou de certains enfants qui n’avaient pas ôté
leur chapeau un seul instant. Il ne faut donc pas laisser
trop longtemps ces enfants sur la plage les premiers jours
et surtout alors il ne faut pas les plonger dans l’eau et
leur faire prendre des bains dès leur arrivée, comme nous
l’avons vu faire souvent. C’est ici le moment de dire
quelques mots au sujet du bain de mer chez les enfants :
faut-il le leur permettre, faut-il le recommander ? Avant
de résoudre cette question, rappelons que le bain de mer
est une manoeuvre importante au point de vue de la santé,
que c’est une manoeuvre hydrothérapique complexe,
qu’elle met en action tous les organes de l’économie et
exige un effort violent de réaction ; or les organes de
l’enfant, surtout de l’enfant très jeune, sont pleins de
vitalité il est vrai, mais n’ont pas encore acquis tout leur
développement ; il faut donc être très réservé et très pru¬
dent, même pour l’enfant réellement robuste; la première
impression du froid risque d’être trop forte et la réaction
trop violente pour des organes incomplètement formés ;
chez l’enfant, surtout chez l’enfant de trois à cinq ans, il
faut aussi tenir compte de l’impression morale que pro¬
duisent les premiers bains : instinctivement l’enfant a
peur quand on le plonge dans l’eau, et cette impression
morale peut jouer un rôle important pour la réaction.Que
de fois n’avons-nous pas vu des parents qui, dès leurs
premiers bains, prennent avec eux leurs jeunes enfants et
s’empressent de les plonger dans l’eau : le plus souvent
la figure de l’enfant exprime la terreur, il jette des cris
d’épouvante; peu importe, on le plonge brusquement dans
l’eau et on le remet aux mains de la bonne qui attend dans
la cabine ; c'est là que le pauvre petit fait sa réaction ou
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— « —
plutôt grelotte pendant que les parents achèvent de pren¬
dre leur bain ; ils le retrouvent transi de froid, pleurant,
à moitié essuyé. Y a-t-il lieu de s’étonner dès lors si l’en¬
fant gagne une affection catarrhale, de la céphalalgie et
si la nuit il a des cauchemars, s'il se réveille en sursaut,
le pauvre petit, dont l’organisme a été si rudement secoué
non seulement par les influences multiples de la plage où
tout est nouveau pour lui, mais aussi par ce malheureux
bain dont ce souvenir seul le glace d’épouvante. Il faut
être très prudent dans l’administration des bains de mer
chez l’enfant et ne pas perdre de vue l’impression morale
que le bain produit si souvent chez lui ! On dit ordinaire¬
ment qu’il ne faut pas permettre le bain avant l’âge de
sept ans ! Nous ne voyons pas pourquoi l’on priverait cer¬
tains enfants moins âgés de cet adjuvant si utile de la cure
de mer; bien des enfants, même de très jeunes enfants, se
trouveront très bien du bain de mer, du moment qu’il est
pris dans de bonnes conditions ; en général quand on
s’est assuré que l’enfant n’a plus peur on doit choisir
pour le premier bain, une journée chaude, sans grand
vent ; la durée du bain doit être très courte, une simple
immersion les premières fois pour arriver peu à peu à 2
ou 5 minutes de durée au plus ; il faut surtout s’assurer
de la réaction, observer si l’enfant se réchauffe vite et
bien, et au besoin aider à cette réaction par des frictions
et même des boissons chaudes. Si la réaction est franche,
si l’enfant aime de se plonger dans l’eau, on peut lui per¬
mettre une série de bains qui ne feront qu’accroître la
somme des bienfaits que la cure de mer procure à la santé
de presque tous les enfants.
(A continuer.) D r Martïny.
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Le tabac (1)
par MM. Em. Sbutin, Ph", et le D r L. Siotin, à Bruxelles.
Quelques-uns de ces misérables savent mettre la férocité
de leurs instincts à l’usage des conceptions diaboliques, dont
le but est toujours la vie large, aisée, dans l’ivresse et sans
travail, en s’appropriant le bien d’autrui par le meurtre.
Dans cette catégorie de dégénérés, se trouve le fameux
Tropmann qui, à 20 ans, rêvait la vie libre de l’Amérique,
loin des gendarmes, en y emportant une fortune et un nom
qu’il volait à toute une famille, le père, la mère et six enfants
qu’il assassina en trois fois, à plusieurs jours d’intervalle.
C’est une des conceptions criminelles les plus larges et les
plus monstrueuses que jamais dégradation humaine aie pu
tramer.
Quand on analyse en détail ces grands crimes, on s’apeiv
çoit bien vite que tous ces meurtriers sont dépossédés du sens
humain, et qu’ils agissent par une impulsion qu’on ne peut
qualifier que de folio. Ils ne se contentent pas de tuer,
comme les bêtes fauves, ils assouvissent encore sur leurs
victimes une horrible rage. Ils déchirent, mutilent sans
nécessité par instinct féroce. Ces monstruosités, qui sont
l’efiet du narcotisme chez les individus dont il a perverti le
sens moral, ne sont pourtant qu’une exception restreinte
dans la grande loi de la dégénération de l’homme sous l’in¬
fluence du tabac. Ces maniaques du suicide ou du meurtre
n’ont été dégradés que dans une partie de leurs qualités
effectives. Chez eux, l’intelligence a peu souffert, et tant que
ces meurtriers ont pu cachor leurs crimes, rien dans leurs
rapports avec le monde n’aurait pu faire croire à leur per¬
versité (2).
(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, pp. 9 et 40.
(2) Depierrifl. Physiologie sociale . Le tabac, pp. 348 et 349.
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— 74 —
Mais l'intoxication tabagique ne fait pas seulement des
monomanes, des excentriques, des monstres, mais quand elle
est plus profonde, plus continue sur le système nerveux,
suivant l'impressionnabilité des sujets, elle fait des fous.
La folie dont nous avons déjà parlé, est une des plus
granles plaies que l'abus du tabac ait ouverte dans nos
sociétés modernes. Ces mille infirmités qu’il cause dans notre
organisme, n’atteignent que l’individu sur lequel elles se sont
développées. Quel que soit l’organe qui ait été ruiné par le
nicotisme, l’estomac, le poumon, le cœur, etc., le malade,
à bout de résistance, meurt et tout est fini, car il est resté
seul à endurer des maux qu’il s’est volontairement attirés.
Mais l’aliéné est inconscient de son abaissement et de ses
misères. Il ne s’appartient plus ; ce n’est pas lui qui souffre,
il est devenu la douleur des siens, le fardeau de la société,
dont il affecte péniblement le regard par l’exhibition de tant
de dégradation humaine, et dont il compromet la sûreté par
le déchaînement de toutes les mauvaises passion*, que l’intel¬
ligence et la raison ne dominent plus chez cos malheureux
dégénérés (1).
Avant le règne du tabac, la folie était uno maladie très
rare dans l’humanité, mais depuis que cette plante fatale a
envahi le monde entier, elle s’est développée partout dans des
proportions vraiment effrayantes. La France seule aujourd hui
compte au moins cent mille aliénés, et a besoin, pour contenir
tous ces malheureux, de 100 établissements, qu’on désign3
sous les noms de maisons d’aliénés ou de maisons de santé.
Dans notre pays on comptait, je crois, avant 1830, pour
toute la Belgique, 800 aliénés. Aujourd’hui, il y en a peut-
être plus de 8000! Ce chiffre représente le nombre d’aliénés
qui se trouvaient alors en France à la même époque. Quelle
(1) Depierris. Physiologie sociale . Le tabac, pp. 348 et 349.
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— 75 —
progression effrayante et lamentable dans cette terrible
maladie ! Ses progrès, du reste, ont toujours été de pair avec
la marche ascendante du tabac. Ce que nous disons ici, nous
pouvons l’appliquer à toutes les contrées de l’Europe, en y
comprenant l’Amérique, qui est peut-être le pays du monde
où se manifestent sur la plus vaste échelle, les aliénations
mentales. C’est aussi le pays où se fait le plus grand abus de
cette fatale plante à Nicot : chose étnnge, c’est par la chique
que les Américains font cette énorme consommation de tabac.
En présence de tant de misères humaines, n’a-t-on pas bien
des motifs de s’attrister, quand on porte ses regards sur les
vastes et nombreux établissements consacrés à la folie,
entourés de murs élevés et grilles de fer, comme s’ils conte¬
naient des criminels ou des bêtes fauves ! N’est-on pas aussi
tenté de se demander d’où peut venir un accroissement si
rapide et si régulier de la folie? De quelque côté qu’on en
cherche la cause, dit encore M. le docteur Depierris, on ne
pourra la trouver que dans la consommation da tabac, qui
grandit, nous venons de le dire encore, avec la même régu¬
larité et dans les mêmes proportions que le nombre des fous.
Aussi, pour nous, cette cause fatale et mystérieuse est toute
entière dans le tabac, dont la fumée narcotique nous sature,
car nous vivons au milieu d’elle, comme dans une atmosphère
empoisonnée. Ne monle-t-elle pas à notre cerveau avec ses
vapeurs d’ivresse, comme l’arsenic, le mercure, le plomb,
dans les industries malsaines, et produit sur le cerveau deux
actions bien marquées : l’une qui le ruine par la congestion,
l’émaciation, le ramollissement, et l’autre qui le détruit dans
ses fonctions psycho-physiologiques jusqu’à la folie (1).
C.et air empoisonné dont nous venons de parler n’est-
ce pas celui que tant d’hommes égoïstes imposent à leurs
(1) Depierris. Physiologie sociale, p. 357.
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— 76 —
femmes, à leurs enfants, à leur famille toute entière ? Ah !
messieurs les fumeurs, si tous ignorez les dangers auxquels
tous exposez les personnes qui doivent tous être les plus
chères, Totre faute en est amoindrie, mais si tous les connais¬
sez, tous deTenez alors de bien grands coupables qu’on a
le droit de juger très sévèrement. A ces hommes on peut
appliquer le langage que tenait l’illustre Michelet en parlant
de l’homme qui a la passion du tabac : L’homme qui fume,
disait-il, n’a que faire dô sa femme ; son amour, c’est cette
fumée légère dont la spirale monte au hasard.
Nous citerons ici seulement deux exemples, qui viendront
démontrer d’une manière péremptoire toute la véracité des
paroles de l’éminent écrivain.
Le premier, nous le puiserons dans la remarquable brochure
intitulée le Tabac, par M. le docteur Galopin (1).
Un de ses amis et confrère, le D r G., un grand fumeur,
contracte un mariage longtemps désiré. Madame est très
incommodée de l’odeur du tabac et se plaint. M. le docteur
Galopin est appelé pour arbitre dans ce singulier et intime
débat : il fait consentir son ami à s'enfermer plusieurs fois
par jour dans un pavillon isolé pour satisfaire sou besoin
de fumer.
Qu’arriva-t-il? On a pu supposer que madame ne put s’habi¬
tuer à la nauséabonde odeur qui imprègne le fumeur, qu’elle
se plaignit oncoro. Finalement le docteur C. n’eut
pas la force de renoncer au tabac et lui sacrifia une femme
charmante ; il y eut une séparation mutuellement consentie,
et ils s’aimèrent toujours.à distance.
Voici le second fait, et dans lequel on me pria de remplir
le rôle d’arbitre. Il se rapporte à deux jeunes gens mariés
depuis sept ou huit mois à peine, et cependant dans ce jeune
(1) Brochure qui a été courouuée par la Société fondée h Paris contre l’abus
du tabac.
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ménage, il y avait bien souvent déjà de pénibles récrimina¬
tions, et le tabac en était seul la cause. Le mari était un
fumeur passionné ; quant à la jeune femme, elle assurait que
la fumée du tabac, à laquelle elle était exposée sans cesse,
l’incommodait énormément. Avant notre union, ajoutait-elle,
je jouissais d’une excellente santé, et depuis cette époque, je
suis toujours souffrante ; j’éprouve presque toujours des
douleurs de tête, avec chaleur et rougeur du visage, batte¬
ments aux tempes ; ces douleurs sont accompagnées de
nausées et de vertiges ; elle avait aussi des palpitations de
cœur avec angoisses et oppression de poitrine. Elle était
certaine que c’était le tabac qui la rendait malade, car chaque
fois que son mari faisait une absence un pêu prolongée, elle
se trouvait infiniment mieux, et lorsque cette absence durait
trois ou quatre semaines, son mari la retrouvait tout à fait
guérie; mais soumise à nouveau à la fumée délétère, elle voyait
bientôt reparaître toutes ses misères. L’épreuve était con¬
cluante, et aurait dû convaincre le mari que son triste tabac
était bien la cause de tout le mal, mais il ne voulait passe ren¬
dre à l'évidence; tant d’hommes, disait-il, fument en présence
de leurs dames et qui ne se plaignent pas. Il avait raison, car
elles sont nombreuses celles qui souffrent en silence et
évitent d’adresser des reproches, pour ne pas éloigner ceux
qu'elles désirent conserver prés d’elles. Et puis il ajoutait: les
indispositions dont ma femme se plaint ne sont peut être que
de simples coïncidences, et en admettant que le tabac y
soit pour quelque chose, ne pourrait-elle pas s’y acclimater,
de telle sorte que le tabac n’aurait plus sur elle la moindre
influence fâcheuse ; et dès lors, pourquoi se priverait-il d’une
chose qu’il aimait, qui lui était chère et à laquelle il tenait
énormément.
J’eus beau lui représenter qu’il y allait de la santé, de la
vie peut-être de celle qui lui avait confié sa vie, sa destinée,
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— 78 —
et cette confiance qu’elle avait eue en lui, allait-il la trahir?
Aurait-il enfin le triste courage de la rendre malheureuse,
alors qu’il lui avait promis et juré qu’il ferait son bonheur !
Mais mes conseils et mes représentations devaient rester
complètement stériles ; c’était un parti-pris chez lui ; aussi,
avant de me quitter il me dit qu’il ferait toujours tout pour
être agréable à sa compagne, mais quant à son tabac, sa
pipe et ses cigares, les abandonner, jamais, car le sacrifice
serait au-dessus de ses forces et de son courage ! Triste et
douloureux langage, et auquel on ne croirait pas si on ne
l’avait entendu, entendu même bien des fois ! Et quelle en est
la signification ? Ne vient-il pas prouver que les hommes qui
ont la passion du tabac ne s’appartiennent plus, qu’ils ne sont
mus que par une seule et unique préoccupation, celle de se
montrer les serviles esclaves du tyran despotique qu’ils ont
eu le malheur de se donner et c’est sans doute pour rendre
hommage et obéir à ce méchant dieu des Peaux-Rouges, qui
s’appelait Petun (tabac) que l’on voit tant d’hommes qui
méconnaissent le respect d’eux-mômes, et le respect qu’ils
doivent aux autres ; et cela ne doit pas nous étonner, car
aujourd’hui, tout est licence, et vraiment ne croirait-on pas
que tout est permis, oui, tout permis, car que de fois
n'avons-nous pas vu des hommes et des jeunes gens appar¬
tenant à la meilleure société, lancer leur fumée de tabac, en
plein visage des dames avec lesquelles ils se trouvaient, soit
en chemin de fer, soit en tramway, soit en les accompagnant
dans leurs promenades ?
Messieurs les fumeurs, permettez-nous de vous le dire, en
abusant du tabac, vous soumettez à un grand danger le bien
le plus précieux qui vous ait été donné en partage, la santé,
mais vous nuisez aussi à la santé d’autrui. Libre à vous de
porter un grave préjudice à vos facultés physiques, intellec¬
tuelles et morales, mais sachez du moins respecter celles des
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— 79 —
autres. En agissant comme vous faites, vous commettez un
acte tyrannique et parfois bien cruel.
Et voilà cependant le triste milieu dans lequel vivent
aujourd'hui des milliers de familles. Nous savons que les
dames des grandes maisons qui ont la fortune en partage y
ont fait édifier de luxueuses tabagies, où les fumeurs se com¬
plaisent. En leur faisant cette concession elles ont ramené au
logis, des pères, des époux, des fils qui l’avaient déserté
parce que le tabac n’y était pas admis. Mais les fumo’rs font
généralement défaut dans les demeures occupées par toutes
les autres classes de la société, et s’ils n’y sont pas, c’est que
la place manquait pour les construire, ou bien encore qu’on a
dû y renoncer, par suite de la dépense assez élevée qu’ils
devaient occasionner, mais que font alors messieurs les
fumeurs P Ils convertissent en tabagie toute la maison, le
cabinet de réception, la chambre à manger, le salon, les
chambres à coucher ne sont pas même respectées! Heureux
encore quand la pauvre femme ne doit pas se lever la nuit,
pour allumer la bougie de m m rieur qui éprouve le besoin de
filmer un cigare. Il n’aime pas de fumer dans l’obscurité ; car
il veut voir ses boudées de tabac s’élever dans l’air. C’est son
plaisir à lui, sa joie, presque du bonheur ! Le sommeil de sa
compagne a été interrompu, et la fumée dont l’alcove est
remplie, l’indispose peut-être -, elle cherche à se rendormir,
elle n’y parvient pas, mais lui a satisfait sa passion, et dans
son froid égoïsme, cela lui suffit et s’inquiète peu des misères
qu’il impose à celle qui les souffre et les endure avec une
patience angélique I
On ne manquera pas de nous dire que ce sont là des faits
exceptionnels et tellement rares qu’on ne devrait pas en
faire la moindre mention. Nous ne partageons pas cette
manière de voir et nous avons pour cela d'excellentes raisons
et ces raisons, nous les trouvons dans les confidences et les
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— #0 —
aveux assez nombreux qui nous ont été faits à ce sujet; citons
un seul exemple qui suffira pour apprécier et juger tous
les autres :
Il y a quelques années déjà, une dame qui paraissait appar¬
tenir à une classe élévée de la Société vint nous demander
un remède pour la guérir de son enrouement, ou plutôt de
son extinction de voix, car c’est avec peine que l’on pouvait
la comprendre ; elle avait gagné un fâcheux refroidissement,
en se levant la nuit, très légèrement vêtue, pour aller cher¬
cher des allumettes oubliées, et qui devaient servir à allumer
les cigares de son cher époux : toutes les nuits, monsieur
s’éveillait vers une heure du matin, demandait à sa femme
quelle allumât sa bougie, pour pouvoir allumer sa pipe ou
son cigare. Il éprouvait un invincible besoin de fumer, et
lorsque sa passion était satisfaite et qu’il était bien enve¬
loppé de la fumée tabagique, il se rendormait, portant au
visage une expression de joie et de bonheur! Et vous, tendre
et trop soumise épouse, vous vous êtes fatalement refroidie ;
votre enrouement n’était que le prélude d’une affection plus
sérieuse, puisque vous fûtes attaquée d’une affection grave de
poitrine : la pleuropneumonie. Vos jours forent en danger, car
la mort vous a presque touchée ! La santé vous a été rendue,
puissiez-vous la conserver longtemps encore, puissiez-vous,
à l’avenir, n’être plus en butte aux exigences odieuses et
révoltantes de l’homme à qui incombait cependant la mission
de vous protéger et de vous défendre. Oui, vous aviez droit,
en votre double qualité de bonne mère et d’épouse, à tous ses
respects et à toute sa vénération. Mais qu’attendre, qu’es¬
pérer d’un homme qui s’est lâchement laissé dégrader par le
tabac? Les nobles, les généreux sentiments il ne les connaît
plus, il les dédaigne et les foule aux pieds ; et voilà com¬
ment ce triste dégradé par le tabac n’a plus pour celle qu’il
devrait aimer et chérir, que des procédés entachés de la
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plus noire et de la plus affreuse indélicatesse. Quant à cette
fatale plante, qui est son idole, son Dieu, comme elle était celui
des Peaux-Rouges, il saura tout lui sacrifier, mais quand il
s’agira des siens, qu’il devrait aimer par dessus tout, il 'ne
sera plus qu’un indifférent, un froid égoïste, heureux encore
s’ils ne sont pas l’objet de ses injures furibondes, et s'ils ne
deviennent pas encore les tristes victimes de ses monstrueu¬
ses brutalités.
(A continuer.) Sbutin, Ph", et D r L. Sbutin.
DES TROUBLES DE LA PAROLE
et de leur traitement homœopatbique (1)
par le D r Wossa. — Traduction du D r Chevalier, de Charleroi.
Spigelia. — Un enfant de 5 ans répète depuis 15 jours en
parlant la première syllabe du premier mot 3 ou 4 fois ; après
avoir vaincu cet obstacle, il continue à parler assez couram¬
ment. Si, après une pause, il recommence à parler, il bégaie
de nouveau ; état vermineux. Spigelia 6*, donné matin et
soir, le guérit en quelques jours.
Dans ce cas, le défaut de prononciation dépend d’une irri¬
tation périphérique provenant de la présence de vers dans les
intestins. Il n’existe pas encore de preuves de l’action directe
de spigelia sur l’organe de la parole.
Lachesis. — Si nous considérons l’action intense de ce
médicament sur le cerveau (et la moelle épinière, surtout la
medulla oblongata), sur l’organe de la parole ainsi que sur le
cœur, nous comprendrons son action curative dans beaucoup
de lésions de la parole. Elle se rapproche du reste de celle des
narcotiques et tandis que "belladone affecte surtout le côté
droit, lachesis dans les paralysies, suites d’apoplexie, agit
principalement sur le côté gauche. Son action s’exerce aussi
(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, p. 19.
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— 82 —
bien dans les cas de dépression avec mélancolie et diminution
de l’activité psychique, que dans les cas d’exaltation avec
loquacité maladive, perte d’idées ; cependant elle est plus
forte dans le premier cas, surtout après un surmenage de
l’esprit par l’étude, avec une faiblesse de conception, facilité
à l’oubli ; le maladç fait en écrivant beaucoup de fautes
d'orthographe, se trompe facilement , surtout sur la durée
du temps. Après cela, vient une difficulté dans la parole ;
il y a des mots qu'il ne sait pas prononcer , langage
nasillard , incompréhensible, avec sensation de grosseur
dans le cou. La langue est raide, et les mouvements de
déglutition difficiles comme dans le cas de paralysie par
apoplexie.
Une petite fille de 4 ans bégayait depuis 2 mois, sans cause
connue. En bégayant elle tournait le visage dans tous les
sens, fermait les yeux, ouvrait et contractait spasmodique¬
ment la bouche selon le son qu’elle voulait émettre. Le
bégaiement était irrégulier et commençait au second, quelque¬
fois au 3 e mot d’une phrase, parfois cependant elle prononçait
bien toute la phrase. C’est comme si c’étaient surtout les
lettres p 9 z et a qui fussent causes du bégaiement. Une dose
de lachesis 18 e tous les 2 jours améliora en une semaine et
guérit complètement l’affection en 5 semaines.
Observation personnelle. — Un prêtre d’une commune
catholique, âgé de 50 ans, atteint d’une affection cardiaque,
avait beaucoup à étudier et à prêcher; il était très sujet aux
refroidissements et souffrait souvent de maux de gorge.
Un soir qu’il rentrait d’une promenade par un temps très
froid, il fut subitement atteint d’une apoplexie : le membre
supérieur gauche fut paralysé et il se déclara une très grande
gêne dans la prononciation. Il avait son intelligence bonne,
avait l’air de bien réfléchir, mais ne trouvait plus les mots.
Les noms propres lui avaient complètement échappé, ainsi
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que les termes des choses concrètes ; il cherchait à les expli¬
quer par gestes et descriptions. En écrivant, il ne trouvait
pas non plus les expressions propres, il faisait d’horribles
fautes d’orthographe, construisait ses phrases d’une façon
inintelligible, doublait les lettres, surtout à la fin des mots.
Quand il relisait ce qu’il avait écrit, il hochait lui-même la
tête, n’y comprenant rien. Dans un livre il parvenait à lire la
moitié d’une ligne, et ne voyait ni ne comprenait rien d’autre;
Je lui prescrivis lachesis 30 e . La paralysie diminua et la mé¬
moire revint insensiblement. Lorsque l’amélioration se fut
arrêtée, je lui donnai lycopod. 30% une dose tous les huit
jours. Peu à peu l’intelligence redevint normale ; il parvint,
quoique encore difficilement, à s’exprimer, à lire et à écrire. Je
n’ose pas me prononcer sur la manière d’agir du remède, je
ne sais s’il y a eu résorption d’une embolie lancée du cœur
vers le cerveau, mais Hahnemann à propos de :
Lycopodium, dit-il, ne sait plus lire* il n ü reconnaît plus
les lettres et les confond ; il les voit et sait les imiter, mais
ne sait se rendre compte de leur signification ; il sait que
•z est la dernière lettre de Valphabet, mais il a oublié com¬
ment elle se nomme; il sait écrire ce qu’il veut, et emploie
très bien les lettres , mais ne sait pim lire ce qu'il a écrit .
11 parle parfaitement de choses élevées, même abstraites,
mais se trompe à propos de choses journalières ; ainsi il
dira prunes où il devrait dire poires .
Jahr à propos de lycopod . ajoute : il se méprend sur les
mots et les syllabes (bégaiement), trouve difficilement la véri¬
table prononciation.
Où Hahnemann a-t-il puisé cette très intéressante obser¬
vation? Je crois l’a voir trouvé ; elle se trouve dans les cas
cités au 3 e cahier du 7 e volume des Archives , p. 12, par le
D f G. W. Gross, et mérite d’être rapportée ici :
. Un prêtre d’uue cinquantaine d’années portait depuis
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longtemps sur la tête une loupe de la grosseur d’un œuf de
pigeon. Un beau jour il se la fit enlever. Depuis ce moment
il ne se porta plus bien. Il avait souvent des douleurs rhuma¬
tismales et se refroidissait facilement,malgré ses promenades
journalières au grand air et sa résistance au changement de
saisons.
Très souvent il était enchiffrené et souffrait encore davan¬
tage quand le rhume de cerveau ne se déclarait pas. Il devint
également sourd à droite.
Un peu plus tard, il lui survint quelque chose de tout par¬
ticulier. Il ne savait plus faire les plus petits calculs, ne
voyait plus distinctement et ne savait plus lire. Il voyait bien
chaque lettre mais il les confondait; il savait, par exemple,
que z était la dernière lettre de l’alphabet, mais il avait
complètement oublié sa prononciation ; il écrivait comme il
faut, mais il ne savait pas lire ce qu’il avait écrit. Il avait
oublié le nom des objets qui lui étaient familiers, alors qu’il
discutait très bien de choses abstraites. Grâce aux remèdes
antipsoriques (parmi lesquels se trouvait certainement lyco-
pod.) son état de santé s’améliora rapidement; il sut de nou¬
veau bien voir, se rappeler du nom des différents objets ; mais
la lecture lui fut longtemps difficile, et il dut apprendre comme
un commençant & épeler mot par mot. Le D r Gross attribua
cette affection à une ancienne psore.
Beaucoup plus fréquemment que cette affection diathésique,
la syphilis petit être considérée comme la cause do troubles
delà parole, par suite de lésions profondes du cerveau, et de
différentes psychopathies. La syphilis peut donner lieu à l’apha¬
sie, c’est-à-dire à l'incapacité de prononciation par suite
d’un tremblement non interrompu de la langue, ou d’une
paralysie des muscles de la langue et du nerf hypoglosse.
La paralysie progressive des aliénés, qui est également
parfois la suite de la syphilis, atteint aussi la faculté de pro-
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7*?
y
— 85 —
nonciation. On ne sait pas encore an juste la part qu’il faut
attribuer à l’abus du mercure ; il y a en effet des cas où le
processus syphilitique exerce de prime abord son action sur
le cerveau, alors que le mercure n’a pas encore été prescrit.
Et en considérant la pharmacodynamie homœopathique, on
ne prescrira pas mercure dans ces cas. Nous avons déjà, en
traitant do la jusquiame montré l’action considérable du
mercure sur l’organe de la parole, il y a cependant encore
d’autres signes très importants du mercurius solubilis Hah-
nemannii tels que : la parole devient difficile, il ne sait
pas lire, il perd la lucidité de l’intelligence, il n’entend pas
ce qu’on lui demande, ne retient pas ce qu’il a lu et se mé¬
prend facilement. Perte de connaissance ou perte de la pa¬
role : elle semblait dormir, presque pas de pouls, température
du corps normale, aspect cadavéreux. Après une heure elle
revint à elle, et fit entendre quelques sons-, elle voulait
parler et ne savait pas; la parole ne lui revint qu'après 12
heures.
Dans le cas de tremblement mercuriel, qui provient des
vapeurs de mercure plutôt que de l’usage interne de ce
médicament, la langue est aussi entreprise, do sorte que la
voix est tremblotante, ce qui apparait surtout sous l’influence
d’une émotion.
Platine. — Une jeune fille de 3 ans, scrofuleuse, se mit
tout d’un -coup à bégayer, surtout au commencement d’une
phrase, et principalement pour les sons formés par la gorge,
le palais et la langue. La parole résonnait comme si l’enfant
avait quelque chose en bouche, et les organes de la parole
paraissaient comme paralysés et roides. Après avoir donné
plusieurs ntédicaments inutilement, on put la guérir par 3
doses de platine 30*.
Cette observation jusqu’ici est unique : la connexion exis¬
tant entre les organes génitaux, sur lesquels platine a une
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— 80 ' —
influence si marquée chez la femme, et les organes laryngés
de la voix,faisait entrevoir une action de ce médicament, dans
les troubles hystériques do la parole. L’expérience ne nous
donne pas plus d’indications. !
Zincum. — Un enfant de quatre ans, après un typhus ab¬
dominal. présenta cette particularité ; chaque question qu’on
lui faisait, il la répétait sur un même ton, jusqu’à ce qu’on lui
en fît une seconde, qu’il répétait également et ainsi de suite.
Zinc . 30 e , en un jour et demi, enleva, selon Goullon, cette fai¬
blesse d’une partie du cerveau.
Déjà Romberg dans son Traité des maladies nerveuses
avait attiré l’attention sur ce qu’il appelle Y écho de laparole\
les malades répètent sur un seul ton les mots prononcés par
quelqu’un qui les approche, sans faire grande attention, et
surtout sans discernement aucun.
Zincum est un médicament qui a une action déterminée sur
le cerveau, aussi bien au point de vue intellectuel que psychi¬
que, surtout pour : grand oubli et faiblesse d’intelligence, inad¬
vertance, comme si l’esprit était endormi — puis, faiblesse
des organes de la parole en lisant tout haut. — On trouve sou¬
vent chez ces malades l’écho de la parole, comme aussi cette
particularité de répéter toujours le même mot usque ad inr
finitum, c’est-à-dire aussi longtemps qu’ils peuvent crier.
J’ai eu l’occasion, en 1864, de faire une observation très
intéressante, pendant la guerre du Danemarck, chez un soldat
qui fut blessé fortement à la tête par un éclat d’obus qui avait
pénétré dans le cerveau.
Cet homme, tout à fait sans connaissance, cria pendant
des heures entières jusqu’à sa mort le seul mot scheissc !
Phosphorns. — Un garçon de 5 ans ne savait plus parler,
malgré qu’il entendît assez bien. Ses paroles inarticulées ne
pouvaient être comprises que par scs parents. Manque de
développement des organes de la parole, probablement de
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cause cérébrale. Phosph. 12 e , une dose tous les 2 jours,
améliora en une. semaine et guérit complètement en 5 mois,
malgré son état précaire de santé.
Une fille de 19 ans, délicate, règles irrégulières, aménor¬
rhée depuis 5 mois, chlorotique, vivant dans de mauvaises
conditions hygiéniques et travaillant beaucoup. Depuis 14
jours elle se traîne misérablement, est très pâle, a souvent des
vertiges et le sommeil agité. Sans force, elle est oublieuse et
répond lentement aux questions qu’on lui pose. Il y a 4 se¬
maines elle tomba de sa chaise, resta un quart d’heure sans
connaissance, et eut quelques mouvements convulsifs. Le soir
elle perdit connaissance, la respiration devint stertoreuse,
les membres gauches furent pris de contractions cloniques,
les droits contracturés. Pulsatille 3 e , donné pendant 2 jours,
lui fit reprendre connaissance, mais elle resta paralysée du
côté droit, ainsi que de la langue. Phosphor. 3 # , 10 gouttes,
4 fois par jour.
Après 4 semaines de ce traitement, la paralysie disparut
complètement. Le mois suivant elle eut ses menstrues ; elle
ne trouve pas encore le véritable mot en parlant. Par suite
de maux de tête on supprima phosph. pendant 3 semaines
puis il fut repris journellement à la dose de 4 fois 5 gouttes ;
guérison.
Les expérimentations de phosphore ne prouvent pas une
action directe de ce médicament sur la prononciation ; nous
trouvons cependant que ce magnum remedium ,comme l’ap¬
pelle le D r Sorge avec raison, excite d’abord le système ner¬
veux jusqu’à l’exaltation et puis le déprime jusqu’à complète
apathie.
Arnold, dans un cas de ramollissement cérébral, a prescrit
phosph. parce que d’après ses recherches ce remède donné
à des animaux a produit la même lésion. Nous trouvons
également dans un cas d’empoisonnement lent par le phos -
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— 88 —
phore , rapporté par Huss, avec l’intégrité du cerveau et des
organes des sens, une douleur très forte signalée dans la
moelle épinière, probablement une sclérose avec hésitation
dans la parole et bégaiement, ce qui n’existait pas auparavant.
Ce médicament pouvait être essayé également comme le
nitrate d’argent dans les cas de paralysie des muscles de la
langue par suite de paralysie bulbaire. Plumbum , que j’ai
employé dans un cas, n’a pas répondu à mon attente.
Kalium bromatum . — Dans les nouveaux médicaments
américains de Haies, nous trouvons sur ce produit les remar¬
ques suivantes : 30 à 40 grammes donnés 2 ou 3 fois par jour
ont produit au bout de 10 à 15 jours, une céphalalgie lourde,
apathie, faiblesse de l’entendement, embrouillement dans les
idées, intelligence paresseuse ; il faut poser plusieurs fois la
question, avant qu’elle soit comprise et qu’il y réponde ; et
cet état par la continuation du remède va jusqu’à la stupeur.
Pour le cas présent, les symptômes qui nous intéressent sont:
lenteur excessive de prononciation ; difficulté à rassem¬
bler ses idées et à les exprimer ; perte de la mémoire , il
oublie ce quil voulait dire et ne sait pas répondre ; il
ne sait pas réfléchir aux choses les plus simples, et oublie
même le nom des objets. Aphasie : il ne savait pas parler ,
il savait à peine répéter les mots prononcés devant lui .
Faiblesse subite : il laisse tomber les objets qu’il a en main,
on dirait que les muscles ne sont plus sous le contrôle de la
volonté. Marche incertaine. Impossibilité de se tenir debout
ou de marcher — paralysie des nerfs rachidiens — perte de
l’irritabilité réflexe, surtout au larynx, à la gorge et dans la
bouche., On rapporte la guérison d’un cas d’aphasie produite
par embolie dans l’artère cérébrale moyenne (fosse de Sylvius)
sans plus amples renseignements. Les symptômes cités plus
haut prouvent que ce médicament peut être de grande utilité
dans les troubles delà parole,provenant de lésions du cerveau
ou de la moelle allongée et épinière.
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— 89 —
Euphrasia a pour symptôme pathognomonique : il ajoute
le mot ainsi à chaque instant en parlant, aussi bien au com¬
mencement qu’au milieu d’une phrase (une variété de bégaie¬
ment), de manière & avoir une construction de mots différente,
alors qu’avant ses phrases étaient liées.
Cicuta virosa. — Il ne sait pas prononcer couramment
les 5 ou 6 premiers mots ; pour les autres cela va mieux mais
il lait, en les énonçant, un petit mouvement de tête en arriére,
avec un haussement d’épaules, comme s'il avait le hoquet.
Cannabis sativa. — Il parle difficilement — parle sur un
seul ton (clangor) et non pas comme tout le monde — il ne
sait pas parler correctement, tantôt ce sont les mots, tantôt
c'est le timbre de la voix qui fait défaut (pendant 4 heures
parfois) ; vers le soir cela recommence, il parle tantôt avec
éloquence, très vite, puis il se ralentit et répète parfois
10 fois le même mot sans respirer, il se fâche, quand il ne
peut pas répéter le même mot. Les paroles sortent avec diffi¬
culté et douleur dans le dos. En outre il se trompe en écri¬
vant, oublie des mots.
Cannabis indica, dont l’action sur le cerveau est réelle, se
recommande encore dans d’autres troubles de la parole : il
oublie ses dernières paroles et idées ; il parle à voix de basse
dans un ton très bas.
Il commence une phrase, sans pouvoir l’achever, ayant
oublié ce qu’il voulait dire. Loquacité, avec bredouillement et
bégaiement.
Anacardium orientale. — Il prononce difficilement cer¬
tains mots, comme si la langue était plus lourde : grande
faiblesse d’idées; il ne sait pas exprimer ce qu’il veut
dire. Le matin, la mémoire est nulle, surtout pour certains
mots.
Quand une amélioration produite par ce médicament s’an-
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— 00 ,—
nonce, il se rappelle d’une foule de futilités passées depuis
longtemps, et cela sans le moindre à propos.
Crocus sativus. — Ce médicament a une influence très
grande sur la mémoire. Ainsi une personne, qu’il connaît
parfaitement bien, lui semble inconnue, il se rappelle bien
l’avoir déjà vue, mais il ne sait plus son nom, il la confond
avec une autre et ne la reconnaît que longtemps après. Il se
trompe quant à la durée du temps et sur les objets qui sont
devant lui.
Il y a une observation très remarquable de ce médicament
par rapport à la mémoire musicale : tout d’un coup son ima¬
gination est frappée du souvenir d’un concert auquel elle a
assisté il y a déjà quelque temps, elle croit l’entendre et dis¬
tingue parfaitement chaque instrument. Ce souvenir vivant
faiblit après un temps très court, et elle n’est plus en état de
se rappeler d’un air. Du reste, la mémoire de sons musicaux
n’est pas la même que celle de la voie parlée, comme le pou¬
voir d’exprimer musicalement ses sentiments et surtout de
chanter, est indépendant de la manière de parler. C’est ainsi
qu’on conseille au bégayeur de chanter ce qu’il veut dire et
qu’il s’en acquitte fort bien.
Nous terminons ici notre travail sur les troubles de la
parole. L’école officielle avait déjà traité de la pathologie
des affections de la parole (je mentionnerai surtout l’ouvrage
du professeur Kussmaul, édité en 1877 sur « les troubles de
la parole » auquel j’ai fait plus d'un emprunt), mais elle n’avait
jamais traité de la thérapeutique de ces maladies.
Et voyez ! l’homœopathio, considérée comme une cendrillon,
possède dans sa pharmacodynamie naturelle et expérimentale
un grand nombre de cas de troubles de la parole, qu’elle a
provoqués chez i’homme.sain et dont par conséquent elle peut
obtenir la guérison par ses remèdes, comme nous l’avons
prouvé cliniquement dans les pages qui précèdent.
Digitized by
Google
— or —
Certes, notre connaissance spéciale des remèdes comme
notre thérapeutique renferment des trésors inestimables, pour
l’appréciation desquels je fais tous mes efforts.
Puisque nous acceptons avec joie les idées théoriques que
les chercheurs de l’ancienne école nous ont transmises sur ce
chapitre, il ne serait que juste qu’ils acceptassent les maté¬
riaux que notre pharmacodynamie a rassemblés pour la gué¬
rison de ces mêmes affections. v
Mais comme les Pharisiens ils posent la question : « que
peut-il sortir de bon de Nazareth? » et passent à l’ordre du
jour en méprisant les savantes recherches de l’homœopathie.
Ce qui prouve que nous ne formons pas une secte de fanati¬
ques, comme Ta prétendu dernièrement un rigoriste privât
docent , c’est que nous profitons des études de nos adver¬
saires ; le fanatisme régne plutôt de leur côté.
FIN
Traduction du D r Chevalier.
BEVUE DES JOURNAUX HOMEOPATHIQUES D'AMÉRIQUE
par le D r Lambreqhts, fils, d’Anvers.
Indications des remèdes homoeop&thlques dans la
parturltion
Le D r Baylies, de Brooklyn, expose comme suit les indica¬
tions des. principaux remèdes homœopathiques dans la par-
turition :
La femme est inquiète, agitée; elle craint la mort et en
prédit même l’époque ; la face est rouge, congestionnée et
exprime la terreur ; il existe de la fièvre avec pouls plein,
fort et dur; les douleurs de l'enfantement sont excessives; le
vagin est sec et chaud.Dans ces cas, une seule dose d'aconit
suffit pour calmer l’agitation et régulariser le travail.
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— 92 —
Lorsque les contractions utérines sont faibles et irrégu¬
lières à la suite d’une grande fatigue; lorsque tout le corps
est sensible et douloureux au toucher, lorsqu'enfin la pression
de la tête de- l'enfant sur le col de la matrice occasionne
de vives soufirances, arnica est le meilleur remède à admi¬
nistrer.
Les indications de belladona sont : Pression violente
aux organos génitaux comme si tout voulait sortir.Les con¬
tractions utérines font défaut ou cessent; press ion violente
au sacrum; le liquide amniotique s’est écoulé et cependant
le col de l’utérus reste contracté spasmodiquement.
Le D r Baylies cite deux cas où la tête de l’enfant étant
engagée dans le détroit inférieur, les douleurs ont cessé sou¬
dainement : une dose de bellad. a provoqué immédiatement le
travail avec une telle intensité qu’il eut beaucoup de peine à
éviter la déchirure du périnée.
Chamomilla. — Tiraillements et points douloureux dans
le dos. Sensation comme si la région lombaire allait se briser.
Douleurs s’étendant de la région du foie dans tout l’abdomen
et dans le bassin, surtout lorsque la femme est couchée. Ti¬
raillements dans la région sacrée. Crampes dans l’utérus
suivies d’un écoulement de sang coagulé (Placenta prœcia.)
Face congestionnée, tempérament irascible, convul.ions et
raideur comme dans le tétanos (éclampsie). Douleurs déchi¬
rantes dans les membres inférieurs, menace d’avortement.
Pulsatilla. — Douleurs vives dans la région utérine. Con¬
tractions dans la partie gauche de l’utérus obligeant la femme
à se courber. Douleurs violentes dans la partie inférieure de
l’abdomen avec besoin d’aller à selle; elles s’étendent vers
les reins et peuvent provoquer des sy ncopes. Pu/sa Lest em¬
ployé surtout dans l’avortement,lorsque l’écoulement sanguin
s’arrête puis revient avec plus de force amenant l’expulsion
de môles. Il est indiqué également lorsque les contractions
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utérines sont faibles et irrégulières. Enfin, dans certains cas,
i 1 a réussi à corriger des présentations défectueuses.
Nuxvomica. —Douleurs constrictives empêchant au début
la dilatation du col, et plus tard l'expulsion du placenta.
Crampes avec flatulence dans l’abdomen,envies fréquentes
d’uriner et d’aller à selle. Les douleurs de l’enfantement sont
accompagnées de crampes dans les jambes et les mollets et
de refroidissement des extrémités.
Actea racemosa. —Spasmes des ligaments larges; douleurs
dans les ovaires, l’utérus et les lombes; douleurs transvérsales
dans l’abdomen; accès de crampes dans l’utérus; névralgie
cardiaque, rigidité du col, points douloureux et crampes dans
les membres; les membres sont pesants et engourdis. Actea
se distingue surtout de caulophyllum, par les douleurs
transversales de l’abdomen et l’engourdissement et la pesan¬
teur des membres.
Caulophyllum. — Congestion de l’utérus avec sensation de
plénitude et de pression à l’hypogastre. Picotements comme
par des épingles dans la région du col. Rigidité spasmodique
du col, travail lent. Douleurs violentes dans les lombes; con¬
tractions utérines courtes, irrégulières et spasmodiques.
Lycopodium. — Douleurs s’étendant des régions iliaques
vers les régions inguinales ; envies fréquentes d’uriner, mic¬
tion difficile, rétention d'urine.
Calcarea carhonica. — Douleurs déchirantes dans les par¬
ties latérales de l’abdomen; crampes dans l’hypogastre; chaleur
dans les organes génitaux. Héring le recommande dans tous
les cas où l’on craint un avortement chez les femmes qui ont
ordinairement les menstrues très abondantes et qui sont su¬
jettes à des hémorrhagies.
Secale cornutum. — Pendant le travail, les contractions
utérines sont faibles, irrégulières ou font défaut. Tout semble
relâché. Rétention du placenta. Les arrière-douleurs sont
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94 —
faibles et de longue durée. Sensation du froid et horripilation
dans l’abdomen, le dos et les membres; diarrhée, écoulement
par le vagin d’un liquide noir et très fétide. Métrite puerpérale;
avortement suivi de douleurs déchirantes dans les extrémités.
Rigidité tétanique. Convulsions épileptiformes. Il est surtout
employé dans la métrite avec septicémie.
Hyosciamus .—Spasmes pendant le travail, avec irritabilité
nerveuse très prononcée. Tous les 10 ou 15 minutes, accès
de convulsions dans les muscles des membres et de la face.
Syncope,anxiété, oppression. Après l’avortement, écoulement
persistant d’un sang rouge débutant par un spasme. Fièvre
puerpérale, rétention d’urine, diarrhée indolore; suppression
du lait et des lochies.
Gelseminum .— Grande lassitude, relâchement musculaire
complet avec paralysie motrice. Douleurs aiguës dans la ré¬
gion utérine s’étendant vers le dos et les hanches. Travail
arrêté, col largement dilaté, atonie complète. Somnolence,
albuminurie, sensation comme si l’utérus s’élevait ou comme si
une vague montait do l'utérus à la gorge. (Homœopat. Physic.)
Hypericum perforatum dans le tétanos
Le Homœopathic Recorder rapporte doux cas de guérison
du tétanos par hypericum perforatum :
I. — Un enfant de 4 ans fut mordu légèrement à la main
par un chien.
On lui fit un pansement à Y arnica afin de prévenir le déve¬
loppement du tétanos traumatique, et on lui administra le
même remède à l’intérieur.
Malgré ce traitement, le soir du neuvième jour après la
morsure, les parents s’aperçurent-que l’enfant avait quelque
difficulté à mouvoir la mâchoire intérieure. Le D r Heuser
mandé en toute hâte ne put venir que le lendemain, lorsque
la maladie s’était complètement développée. Il prescrivit im-
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— 95
médiatement%perj'eum perforât, lx, deux gouttes toutes
les heures.
L’enfant passa une mauvaise nuit, en proie à de violentes
convulsions tétaniques qui survenaient de demi-heure en demi-
heure; le matin il parut plus calme et dormit quelques heures.
Pendant le jour, les convulsions ne se produisirent que trois
fois, et furent beaucoup moins violentes et moins longues.
Le même traitement fut continué. La seconde nuit se passa
assez bien. Le malade n’eut qu’une seule attaque qui dura
environ 20 minutes. Ce fut la dernière. Le lendemain matin,
l’amélioration fut plus manifeste encore, et l’enfant put en¬
tre ouvrir les mâchoires. Après le quatrième jour de traite¬
ment, il mâchait déjà des aliments solides, et il no lui restait
plus qu’un peu de raideur des maxillaires qui disparut rapide-
-ment.
IL— Le l ar septembre 1888, une jeune fille de 19 ans eut
l'index et le doigt médian de la main droite pris dans l’engre¬
nage d’une machine. L’index ne fut que légèrement blessé au
sommet; mais le doigt médian fut tellement mutilé qu’on dut
en faire l’amputation. Après l’opération on appliqua un panse¬
ment à l'huile phéniquée. Le 16 septembre apparut le trimus
suivi de convulsions de plus en plus violentes. Pendant les
accès, la malade devenait complètement rigide des pieds à la
tête, à l’exception des bras qu’elle pouvait mouvoir quelque
peu. Immédiatement après survenaient des convulsions d'une
telle intensité que trois hommes avaient de la peine à la tenir.
Elle ne voulait pas garder le lit,, parce que, disait-elle, elle y
suffoquait. Pendant les accès, l’intelligence avait toute sa
lucidité, et elle se plaignait de violentes douleurs. Le médecin
allopathe qui l’avait soignée antérieurement, lui administra
l'opium et la morphine. Ces remèdes procurèrent un peu de
sommeil à la malade, mais à son réveil, les convulsions redou¬
blaient d'intensité. Elle ne pouvait aller à selle qu’à l’aide de
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— 96 —
lavements et, pendant les accès, les urines s’échappaient
involontairement. L’appétit était assez bon, mais elle ne pou¬
vait prendre que du liquide, et cela par une ouverture qu’on
lui avait pratiquée dans la denture, car les mâchoires étaient
fortement contractées. Parfois elle ressentait une chaleur
intense; elle devenait fiéyreuse, et la face se couvrait de
sueurs. La blessure avait pris une teinte rosée, et paraissait
en voie de cicatrisation.
Gomme le traitement allopathique n’avait produit aucune
amélioration, la famille consulta un médecin homœopathe, le
D r Heuser, qui prescrivit hypericum per for. 1 x et ledum
palus. 1 x, une dose de chaque médicament toutes les heures
en alternant. Dés les premières doses, les convulsions devin¬
rent moins fréquentes et moins violentes, et au bout du
troisième jour, elles cessèrent pour ainsi dire complètement.
De temps en temps, il se produisait encore de petits soubre¬
sauts dans les muscles des bras et des jambes. La malade
dormait bien pendant toute la nuit; elle pouvait déjà entre ou¬
vrir suffisamment les mâchoires pour permettre l’introduction
d’un biscuit qu’elle parvenait à mâcher et à avaler assez faci¬
lement.
D' Lambreghts, fils.
SOMMAIRE
LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martint . 65
Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph" et le D r Léon
Seütin, à Bruxelles.73
Des troubles de la parole et de leur traitement homœo-
pathique (Suite et fin).— Traduction du D r Chevalier,
de Charleroi.81
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers.91
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1
REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
16* Année. JUILLET 1889. N° 4.
LE BORD DE LA MER
par le D r Martiny.
Les personnes âgées au bord de la mer
Et d’abord peut-on fixer l’époque où commence la
vieillesse? On s’accorde généralement pour considérer
l’âge de soixante ans comme le point de départ de l’âge
avanoé. C’est alors, en effet, que l’on observe habituelle¬
ment un afiàissement sensible des forces, surtout des for¬
ces physiques ; les facultés intellectuelles se conservent
intégralement plus longtemps dans la majorité des cas ;
mais ce point de départ est très variable : on voit, en
effet, des personnes conserver toute l’intégrité de leur
esprit et même de leurs fonctions pendant fort longtemps,
tandis que chez d’autres, la vieillesse est très précoce ;
certains individus, soit par l’effet de maladies, ou par dé¬
bilité originelle, offrent l’apparence de la caducité avant
d’avoir atteint l’âge de soixante ans.
La vieillesse se reconnaît à un certain nombre de con¬
ditions anatomiques et physiologiques ; un «aspect tout
particulier du visage, des traits, de l’expression de la
figure, difficile à analyser, mais que tout le monde saisit.
Le médecin, lui, doit surtout s’enquérir de l’état des
vaisseaux sanguins. La vieillesse est l’âge des varices et
des indurations artérielles. Bichat a résumé cette idée en
(ij Suite. Voir valûmes précédents et volume courant, pp. 1, 33 et 6ô«
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disant : « L’homme a l’âge de ses artères. * Quand les
veines ne sont pas très variqueuses, quand les artères
sont souples et peu tortueuses, qu’elles ne présentent pas
de nodosités, ni d’indurations prononcées, la vieillesse
proprement dite n’est pas arrivée, le sujet peut lutter
avantageusement contre les influences morbides. Mais la
vieillesse imprime aussi à d’autres organes des traces plus
ou moins profondes : les os sont plus fragiles, parce
que l’élément gélatineux y est plus rare, les fonctions
de la respiration s’exécutent plus difficilement pour
plusieurs raisons : certains vieillards ont les poumons
emphysémateux, c’est-à-dire que les vésicules pulmonai¬
res sont distendues outre mesure ; chez d’autres, la poi¬
trine paraît rétrécie, il se produit une sorte d’atrophie ;
enfin, chez d’autres encore, les bronches sont encombrées
de matières noirâtres, d’une sorte de dépôt charbonneux.
Ces diverses conditions apportent une gêne plus ou moins
grande dans la respiration et exigent de la part de l’or¬
ganisme des efforts respiratoires plus ou moins prononcés
pour arriver à inspirer la quantité d’air nécessaire.
La peau subit aussi dans la vieillesse des altérations
plus ou moins caractérisées chez les divers sujets, elle
se ride, se dessèche, se parcheminé, transpire moins
facilement ; chacun sait combien les fonctions de la peau
sont importantes ; elles sont ralenties chez le vieillard.
Les organes digestifs sont plus paresseux, et pourtant,
tandis que 4es autres sens s’émoussent, le sens du goût
persiste très longtemps ; il n’est pas rare de le trouver
même plus exquis que précédemment ; aussi la gourman¬
dise est parfois le péché mignon de l’homme âgé, et les
plaisirs de la table sont un grave écueil pour lui parce que
les indigestions sont fréquentes et que l’estomac est plus
lent à reprendre ses forces.
- Qui le croirait, le nombre des maladies auxquelles la
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vieillesse est sujette est beaucoup plus restreint qu’aux
autres époques de l’existence ; les sympathies des organes
entre eux sont pour ainsi dire éteintes, les émotions sont
moins vives, les influences d’un grand nombre de causes
morbides ne se font guère sentir ; beaucoup d’affections
graves, les fièvres éruptives, la fièvre typhoïde, etc.,
n’atteignent presque jamais le vieillard; si des causes
relativement bénignes peuvent abattre ses forces, d’autres
ne le touchent pas, on dirait que son organisme n’est
plus assez fort pour engager la lutte et qu’il l’évite.
En général aussi, les maladies des vieillards ne sont
pas des maladies très aiguës, leur réaction est peu pro¬
noncée, ils ne gagnent pas facilement des frissons ni de
la fièvre, il se forme plutôt chez eux, des stases, des
encombrements, des congestions passives contre lesquelles
l’économie plus ou moins affaiblie ne réagit que très faible¬
ment. Ils meurent souvent sans lutte, sans que l’économie
affaiblie ait pu réagir.
Qu’on nous pardonne d’entrer dans ces détails à propos
de la vieillesse,ils ont pour but de faire comprendre notre
manière de voir au sujet de l’indication de la cure de mer
chez les personnes âgées, d’autant plus qu’à cet égard
nous avons une opinion un peu différente de celle qui a
cours habituellement. On croit généralement et grand
nombre de médecins déclarent que la mer ne convient
guère aux personnes âgées ; nous ne sommes pas com¬
plètement de cet avis : jusqu’à un certain âge, parfois
même jusque septante ans et au-delà, la mer peut rendre
les plus grands services pour la santé des personnes
âgées, lorsqu’elles ne sont pas atteintes d’une de ces
affections qui contre-indiquent formellement le séjour
de la plage, et dont nous nous occuperons plus tard, mais
il ne faut pas que l’économie soit trop affaiblie pour pou¬
voir réagir contre les influences de la mer. Bien qu’en
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— 100 —
général il ne soit pas toujours prudent de soustraire le
vieillard à ses habitudes, à sa manière de vivre ordinaire,
beaucoup de personnes âgées ont le tort de ne pas pro¬
fiter de la précieuse ressource de la mer ; nous en connais¬
sons un certain nombre qui y vont chaque année depuis
longtemps, et quand ils en reviennent, ils paraissent
rcyeunis ; ils y trouvent, en effet, un air pur, plus pur
que dans n’importe quelle autre région, un air plus dense,
ce qui exige de la part de leur poitrine moins d’efforts
pour absorber la quantité d’oxygène nécessaire à l’oxy¬
dation du sang.
Leur appétit est stimulé au bord de la mer comme
celui des personnes plus jeunes, mais ici se présente un
écueil dont les personnes âgées doivent être averties.
Nous venons de voir que la gourmandise est le péché le
plus habituel de cet âge, mais si le goût est parfois plus
exquis, l’estomac est plus paresseux ; aussi gare aux
indigestions, se méfier de l’excitation de l’appétit lors des
premiers temps du séjour à la plage.
La peau, comme on le sait, est vivement fouettée par
l’air de la mer, elle récupère une certaine vitalité ; cette
stimulation est très favorable chez le vieillard qui doit
tout mettre en œuvre pour conserver l’intégrité de ses
fonctions cutanées ; malheureusement le bain de mer, si
utile pour atteindre ce but, offre des dangers multiples
pour l’homme âgé, et il faut le lui interdire presque
toujours, mais le bain de mer chaud, pris dans des condi¬
tions convenables, avec toutes les précautions usitées,
peut le remplacer plus ou moins avantageusement ; il est
donc peu de personnes âgées qui puissent se hasarder
à prendre des bains à la lame et à celles qui se sen¬
tent assez robustes pour le risquer ou qui ont une
réelle habitude du bain de mer, conservée d’année en
année, nous conseillons vivement de bien choisir leur
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temps et de ne pas séjourner, trop longtemps dans l’eau ;
elles doivent prendre ces bains par une journée chaude
et calme, ne jamais dépasser trois ou quatre minutes,
faire suivre le bain d’une friction très énergique et
prendre un peu de vin généreux ; avec ces précautirns
certains vieillards, habitués à la mer, peuvent essayer avec
avantage le bain à la lame, mais, nous le répétons, c’est
le bain de mer plus ou moins chaud qui leur convient le
mieux ; son action est souvent singulièrement fortifiée
par des douches chaudes, qui activent fortement la
réaction. Nous conseillons donc la mer à un certain
nombre de personnes âgées de notre clientèle, elles vont
chaque année y passer un certain temps, leur santé s’y
fortifie visiblement, elles y éprouvent un sentiment de
bien-être. Nous pensons donc que les personnes âgées, en
. se surveillant un peu, en s’éloignant de la digue par les
vents un peu forts, en évitant les excès de table, peuvent
profiter jusqu a un âge très avancé, tant quelles n’out pas
d’affection organique grave, des bienfaits d’un séjour à la
plage ; elles y respirent souvent plus facilement, leur
activité cutanée y gagne de l’énergie, toutes leurs fonc¬
tions s’y exécutent mieux : mais nous considérons le bain
de mer chaud et parfois la douche chaude comme des
adjuvants utiles sinon indispensables, tandis que le bain à
la lame doit être pour ainsi dire complètement défendu :
par suite du refroidissement subit qu’il produit, il amène
trop facilement des congestions vers la poitrine et les
centres nerveux dont les vaisseaux sont toujours plus ou
moins indurés et friables chez les personnes avancées
en âge.
D r Martiny.
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— 102 —
ASSOCIATION CENTRALE DES HOHŒOPATBES BELGES
Séance du 2 avril 1889.
Président , Secrétaire ,
D r Criquelion. Ch. Gares, Ph°.
La séance est ouverte à trois heures.
Le procès-verbal de la réunion précédente est adopté.
Le D r Lambreghts, fils, qui est allé fonder un dispensaire
homœopathique à Malaga, envoie à l’association un travail
sur le climat de ce pays et sur les progrès de l’homœopatbie
en Espagne (1).
Les membres de l’Association lui votent des remercîmenls
pour sa communication et espèrent bien que le D r Lambreghts
profitera de son séjour en Espagne pour leur communiquer
d’autres travaux aussi intéressants.
A propos de l 'emploi des médicaments externes et des
palliatifs dans la thérapeutique homœopathique, le D'Schepens
donne lecture de l’observation suivante :
Un cas d’ileus
par le D r Schepens, de G&nd.
Le 30 janvier dernier, vers quatre heures du matin, je fus
appelé chez Madame N., atteinte d’une indisposition subite.
C’est une personne de 45 ans, arthritique, régulièrement
réglée et jouissant habituellement d’une bonne santé ; elle a
eu trois enfants dont le plus jeune a onze ans. Rentrée vers
minuit, très bien portante,elle a été prise tout à coup, à deux
heures, de crampes violentes du ventre accompagnées de
vomissements de matières muqueuses et bilieuses ; la douleur
était continue, s’aggravant par accès et provoquant alors des
vomissements.
(1) Ce travail a été publié dans le numéro de février de la Revue .
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— 103 —
Je trouve la malade se tordant dans son lit ; le pouls petit
et accéléré, une soif ardente, les extrémités froides, le ventre
balonné et dans la fosse iliaque droite une tumeur deux fois
grande comme un œuf de poule, très sensible à la pression,
laquelle provoque d’ailleurs inévitablement des vomisse¬
ments. Elle éprouve un besoin continuel d’aller à selle, mais
sans résultat ; il n’y a pas de fièvre. Avant môn arrivée on
avait, mais sans succès, appliqué des cataplasmes chauds loço
dolenti.
L’invasion pour ainsi dire foudroyante du mal sans le moin¬
dre effort, pendant le repos au lit, l’absence de toute fièvre »
quand tous les symptômes se montraient avec une extrême
violence, me firent diagnostiquer une occlusion intestinale.
Je conseillai le traitement suivant :
Repos absolu, diète, glace par petits morceaux pour étan¬
cher la soif, lavements émollients de demi-heure en demi-
heure et comme remèdes colocynthis 6 e et nux vomica 6°
alternés, une dose de cinq en cinq minutes.
* Le premier lavement vida la portion inférieure de l'intestin
et les suivants produisirent chaque fois une diminution dans
les douleurs pendant cinq à dix minutes. Après deux heures
de ce traitement, la situation n’avait guère changé : les dou¬
leurs étaient intolérables et les vomissements presque conti¬
nuels contenaient des glaires, de la bile et des matières intes¬
tinales fécaloïdes. Yu la persistance de ces douleurs et en
l’absence de tout état inflammatoire, du moins pour le moment,
je me décidai à faire une injection sous-cutanée d’une demi-
seringue de Pravas d’une solution de quinze centigrammes de
chlorhydrate de morphine sur dix grammes d’eau en conti¬
nuant toutefois l’administration des médicaments homœopa-
thiques. Dix minutes après une somnolence assez prononcée
s’empara de la malade qui continua pourtant à se plaindre
même pendant son sommeil.
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— 104 —
Quand je revis la malade vers midi, elle souffrait peu ; le
pouls, était plus plein et moins accéléré et les extrémités
moins froides ; mais le ventre restait balonné et la tumeur de
la région cœcale persistait douloureuse à la pression ; les
vomissements étaient moins fréquents, mais présentaient tou¬
jours le même caractère ; la constipation persistait éga¬
lement.
Je prescris plumbum 3 e tritura Won.colocynthis 6 e et rnœ
vomica 6* à alterner de quart d’heure en quart d’heure eu
respectant le sommeil de la malade. La situation l'esta sensi¬
blement la même jusqu’au lendemain matin à six heures ; à ce
moment les douleurs crampoïdes revinrent au dire de la
malade plus violentes que la veille, mais je ne lui trouvai plus
les extrémités aussi froides ni le pouls aussi petit et les vomis¬
sements avaient cessé depuis minuit. En présence de ces dou¬
leurs intolérables et cédant aux supplications de la malade et
de son entourage, je fis une nouvelle injection de chlor¬
hydrate de morphine tout on continuant le même traitement
homœopathique. La morphine produisit naturellement un
nouvel état de somnolence et une nouvelle diminution dans
T acuité des douleurs.
A ma visite du soir vers six heures la malade se déclara
guérie; elle avait eu une selle abondante et la région cœcale
n’était plus douloureuse ; j’y sentais à peine encore un peu
d’engorgement. La soif avait disparu et je permis du bouillon
que la malade prit avec plaisir. Je lui continuai les médica¬
ments homœopathiques et deux jours après elle reprenait son
train de vie ordinaire.
Si j’ai relaté ce cas assez peu intéressant en lui-même, c’est
que la discussion de l’emploi des palliatifs en homœopathie
me fournit l’occasion de soumettre à votre appréciation l’em¬
ploi que j’ai fait de la morphine pour combattre lelément
douleur.
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— 105 —
J’attpibue positivement la guérison aux médicaments
homœopathiques et surtout à plumburn\ en effet,la première
injection endort la douleur, mais les vomissements persistent
encore pendant dix-huit heures, c’est-à-dire jusque vers la fin
de l'action de la morphino et elles cessent douze heures après
que la malade a commencé à prendre plumbum alterné, avec
nux vomica et colocynthis .La seconde injection enlève toute
douleur parce qu’entretemps l'action persistante et progres¬
sive des médicaments homœopathiques avait eu raison de
l’occlusion intestinale et déterminé une évacuation salutaire.
D’un autre côté l'emploi du chlorhydrate de morphine n’a pas
contrarié l’action des médicaments homœopathiques tout en
enlevant à la malade d’intolérables souffrances.
D r Schbpens.
Le D r Martiny dit qu'à son avis il faut employer le moins
souvent possible la morphine en injections hypodermiques,
surtout dans le câs d’occlusion intestinale. Il s’est toujours
très bien trouvé de colocynthis dans ce cas.
Le D r Schepens estime qu’il ne faut employer les moyens
palliatifs que lorsqu’on a déjà donné tous les médicaments qui
conviennent à la maladie.
Le D r Martiny donne lecture de la note ci-après :
Les médicaments externes et les palliatifs
par le D r Martiny
Je suis fort satisfait de voir figurer à l’ordre du jour de
l’Association là question de l’emploi des moyens externes et
des remèdes palliatifs dans la pratique homœopathique, quoi¬
que ce ne soit pas la première fois que cette question soit posée
dans les réunions de médecins homœopathes et qu'elle ait été
discutée dans les ouvrages et les journaux de notre Ecole.
Le médecin homœopathe peut-il et doit-il faire usage de
médicaments palliatifs ?
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— 106 —
Je vois avec plaisir que tous les confrères comprennent
l’importance de cette question,parce que chaque fois que nous
employons des palliatifs et des calmants on nous reproche
de retourner à l’allopathie,et pourtant rien n’est moins vrai.
Qu’est-ce en dernière analyse qu’un médicament calmant ?
C’est une substance narcotique, anesthésique, stupéfiante,
donnée à une dose telle que la sensibilité physiologique natu¬
relle est annihilée au point que l’organisme ne réagit plus
contre les influences nocives. Le chloroforme est le type de
ces palliatifs ; il permet de couper, de lacérer, de détruire
certains organes sans que le malade s’en aperçoive. Quand
un pareil anéantissement du sensorium dure quelque temps,
il est évident que les autres remèdes ne peuvent plus agir; on
ne peut donc faire usage des calmants rigoureusement que
dans deux circonstances :
1 o Lorsque cet anéantissement de la sensibilité ne doit pas
durer trop longtemps pour pouvoir permettre aux remèdes
curatifs d’agir ;
2° Lorsque le medécin a tout à fait perdu l’espoir de guérir
son malade et qu’il croit de son devoir de le laisser mourir
en paix.
C’est à la sagacité, au sens clinique du médecin qu’il ap¬
partient de savoir quand il peut avoir recours aux pallia^*
CecLonpeut le voir, n’a rien de commun avec la thérapeu¬
tique rationnelle ; il ne s’agit pas de savoir si l’on g'uerwa
son malade, mais de décider si l’on peut se permettre l' in ~
sensibiliser pendant un certain temps de manière à c& V 1 ^
ne sente plus ses souffrances,ou de se décider à lui allég erse8
souffrances lorsqu’on a acquis la conviction que le mul
incurable. D r Martin*
Le D r Schepens pense que dans les affections incurabl es on
peut recourir aux palliatifs car alors c’est pour soulagé ^
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mieux possible les malades, ce qui n’empêche pas de conti¬
nuer les remèdes spéciaux.
Le D r Criquelion croit que Ton ne doit se servir des pallia¬
tifs qu’à la dernière extrémité, quand on ne peut faire autre¬
ment.
Il éprouve toujours de la répugnance à les employer et
n’en fait presque jamais usage.
Il est décidé de continuer la discussion du § 4 de l’ordre du
jour concernant l’emploi des remèdes externes et des pallia¬
tifs dans la thérapeutique homœopathique.
Maladies épidémiques . — Le D r Martiny lit le travail
suivant :
La petite vérole
par le D p Martiny
Il existe quelques localités, heureusement peu nombreuses
dans notre pays, où la petite vérole sévit avec intensité. La
rumeur publique grossit probablement les choses,-mais on
cite une petite ville où il y a eu depuis peu, quinze à vingt
décès par jour ; nous croyons le moment favorable de rappeler
à nos confrères que feu le D* Mouremans vantait beaucoup la
sarracenia purpurea comme remède préventif; il a publié à
ce propos un article dans la Revue homœopathique belge
en 1875 ; il y relate les succès remarquables obtenus par ce
médicament employé non seulement comme préventif, mais
aussi comme curatif. Depuis lors nous avons eu l’occasion
d’essayer une seule fois ce médicament à titre préventif et les
résultats sont venus confirmer de point en point la manière
de voir de Mouremans. Dans un village de la province d’An¬
vers où la petite vérole faisait des ravages, la sarracenia
donnée par un de nos clients à un grand nombre de per¬
sonnes les a préservées, sinon toutes, du moins un grand
nombre, de la maladie, et celles qui, après avoir fait usage
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— 108 —
du préventif, ont été atteintes, ne l’ont été que d’une ma¬
nière très bénigne et, chose curieuse, la maladie avait chez
elles l’air d’être enrayée dans sa marche, les pustules ne sup¬
puraient pas, elles paraissaient comme avortées. Or c’est pré¬
cisément ce qu’affirme le D r Mouremans ; et les médecins qui
voyaient les malades soumis à leur insu à la srrrracenia
employaient précisément les mêmes termes que le D r Moure¬
mans : « la maladie leur paraissait arrêtée dans son évolution,
avortée.» Dernièrement nous avons encore rapporté un extrait
d’un récent article du Tour du monde qui racontait à ses
lecteurs que certaines peuplades sauvages employaient avec
succès la Sfirracenio dans la petite vérole.Nous croyons donc
bien faire en rappelant ceci à nos confrères en les priant de
bien vouloir essayer à l’occasion la sarraccnia.CQ serait un
bien grand bienfait si les propriétés de ce remède étaient con¬
firmées par la pratique de nos confrères.
Comme préservatif on donne deux globules ou plus tous les
matins et tous les soirs pendant toute la durée de l’épidémie ;
il paraît, d’après Mouremans, que le café est un puissant
antidote de la sarrneenia; il ne faudrait donc pas l’autoriser;
nous ne pensons pourtant pas que cette action du café soit bien
vraie, car nous ne l’avons pas supprimé chez nos sujets lors
de l’épidémie du petit village des environs d’Anvers.
Comme traitement curatif Mouremans donnait sarraccnia
en alternant avec un autre remède indiqué, tel que sut fur,
thuya, rhus, bryone , etc.
L’histoire de la sarracenia purpurea et son emploi sécu¬
laire chez les peuples primitifs où la vaccine n’est pas connue
doivent engager les médecins à l’essayer à l’occasion et de
rendre compte des résultats qu’ils auront obtenus.
D r Martin y.
La séance est levée à six heures.
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— 109 —
Le tabac (1)
par MM. Em. Seutin, Ph°, et le D r L. Beutin, à Bruxelles.
Ces faits, que nous venons de rapporter, et qui sont plus
nombreux que Ton ne croit, justifient amplement l’appel qui
est adressé par l’éminent docteur Galopin aux mères de
famille qui ont des jeunes filles.Voici cet appel,qui se trouve
dans son remarquable travail sur le tabac, page 57 :
« Oh ! mères do familles qui avez des filles, prévenez ces
anges de candeur et d’innocence du contact nauséabond de
ces légions d’inutiles et de sans cœur qui transformeraient les
chambres et les salons de leurs femmes en tabagies malsaines
et le berceau de leurs enfants en un lit d'insomnie, où des
désordres nerveux multiples: les convulsions, les danses de
St-Guy (chorée), l’épilepsie et les méningites se disputeraient
leurs pauvres petites victimes.
« Est-ce qu’il aime votre enfant, ce beau prétendant qui
préfère son cigare ? est-ce que c’est un hommo de caractère,
l’hommo de vingt-cinq ou 30 ans qui dit ne pouvoir renoncer
au tabac ? est-ce que c’est un homme de cœur, ce père de
famille qui énerve et tue lentement sa femme et ses enfants,
avec l’indifférence d’un homme qui jette son allumette en feu
sur la robe d’une dame qui passe ?
« Je ne conclus pas, mesdames, vos cœurs de mères et vos
esprits sagaces s’acquitteront de cette tâche mieux que nous
ne saurions le faire nous-mêmes. »
Un certain nombre de jeunes filles anglaises ont déjà pris
la résolution d’écrire à leurs prétendants fumeurs :
« Je suis effrayée de penser que notre amour devra s’arrêter
où commencera la fumée du tabac; je n’épouserai jamais un
homnqe qui préférera la société de sa pipe et le parfum qu’elle
(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, pp. 9, 40 et 73.
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exhale à la compagnie de sa femme et à l’atmosphère d'un
salon composé de gens bien élèves, quoique ne fumant pas. »
Espérons que nos jeunes Belges, Françaises et les jeunes
filles de toutes les autres nations, ne seront pas moins exi¬
geantes que les nobles et courageuses filles de la fiére
Albion (1).
L? jour ou la ligue des femmes contre le tabae sera formée,
les fumeurs seront convertis, le tabac sera vaincu. Jamais
ligues humaines n’auront été, à la fois, et plus saines et plus
saintes que celle-là ! Ce sera le beau, le bon, l’heureux temps
revenu. Avec son retour, on verra disparaître les maladies
les plus complexes, les plus tristes, les plus redoutables, et
parfois aussi les plus douloureuses, car le tabac s'attaque tout
spécialement au système nerveux.
Une fois le tabac vaincu, on ne verrait plus reparaître ces
atroces névralgies qu’il sait si bien produire. Que de femmes
nerveuses, agacées, agaçantes qui jouiraient du caractère le
plus égal, si on n’empoisonnait pas l’atmosphère dans laquelle
on les condamne à vivre jour et nuit.... Alors, on ne verra
plus des maris assez malades pour fumer dans leur lit le soir
pour s’endormir, et fumer encore la nuit (2) quand ils s’éveil¬
lent. Nous en avons donné un triste exemple.
Quant aux accidents causés par les allumettes, les bri¬
quets de fumeurs, les pipes, les cigares et les cigarettes,
ils sont si nombreux qu’il serait bien difficile d’en faire ici
l’énumération. En effet que d’habits, de rideaux, de voi¬
tures, de maisons, de meules de grain et de foin n’ont pas été
incendiés accidentellement par le tabac ?
On a vu plusieurs fois dans les mines se produire de terri*
blés explosions dues uniquement à l’imprudence de fumeurs,
qui avaient eu la malencontreuse idée d’allumer leurs pipes à
(1) Galopin. Ouvrage sur le tabac , p. 60.
(2) Ibidem , p. 61.
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la flamme de leurs lampes de David. Gela nous rappelle
l'effroyable explosion de feu grisou, qui a eu lieu dans les
charbonnages d’Abervilly, pays de Galles. Trente mineurs y
ont été tués.
On a retrouvé un père et ses trois flls carbonisés. Que de
scènes déchirantes chaque fois que Ton remonte les cadavres.
Une jeune fille, fiancée d’un mineur, est parvenue à la faveur
de l’obscurité à se faufiler parmi les explorateurs, et ce n’est
qu'en arrivant au fond du souterrain qu’elle a été reconnue :
cinq minutes après elle retrouvait son fiancé. Il était noir et
défiguré; elle s’est jetée sur cette forme inanimée, et lorsque
ses camarades ont voulu dégager le cadavre de son étreinte,
elle était morte.
Nous citerons un second fait, et qui se rapporte à un jeune
homme plein de santé et d’avenir. Il quittait Paris pour aller
visiter à Lyon sa famille qu’il n'avait pas vue depuis long¬
temps. Grande était sa joie à la gare, au moment de monter
en voiture, il voulut fumer une cigarette, et selon la
mauvaise habitude qu’il avait contractée, il alluma une
allumette en grattant le phosphore avec l’ongle du pouce.
Un brin de phophore incandescent lui pénétra sous l’ongle,
produisant une brûlure à laquelle il ne fit pas attention ; mais
au bout d’une heure de voyage, la douleur devint intolérable;
le doigt, puis la main, puis l’avant-bras enflèrent démesu¬
rément.
En proie à une fièvre ardente, il se vit forcé de descendre ;
il fit appeler un médecin, lequel déclara que l’amputation de
l’avant-bras était absolument nécessaire, et qu’il fallait se
hâter. Le malade voulut attendre quelques heures ! Son père,
à qui il avait fait connaître son état par dépêche télégraphi¬
que, ne pouvait tarder d’arriver ; il arriva trop tard. La
résorption purulente avait gagné le bras, puis l’épaule ;
aucune opération n’était plus possible.
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- 112 -
Il mourut, après 27 heures d’horribles souffrances.
M. le docteur Galopin, à qui nous empruntons ce récit,
ajoute: Voilà encore une pauvre victime du tabac!
Mais donnons encore un troisième et dernier exemple des
malheurs occasionnés par la nicotiane ; donnons-le, ne fût-ce
que pour engager messieurs les fumeurs à être bien prudents
quand ils jettent non seulement leurs allumettes mal éteintes,
mais aussi les petits bouts restant des cigares, qu’ils ont
fumés, encore tout en feu. Qu’ils s’en débarrassent, nous le
comprenons, mais qu’ils les projettent du moins là où ils sa¬
vent qu’aucun accident ne pourra en résulter. Si nous avions
un conseil à donner à messieurs les fumeurs, nous leur dirions:
projetez prés de vous ces petits corps incendiaires, et étei¬
gnez—les en posant immédiatement le pied dessus ; en usant
de cette sage précaution, tout péril serait sûrement écarté.
Voici le fait que nous tenions à communiquer et qui s'est
passé à Paris en 1876 :
M m# Félicie B.,demeurant avenue de Clichy, n° 153,s’était
mariée le matin même ; après la cérémonie, suivant la tradi¬
tion, la noce était allée au bois de Boulogne ; après plusieurs
heures de promenade, on se disposait à rentrer, lorsque tout
à coup M ,n * B. s’écria : au secours, ma robe est en feu ! Elle
disait vrai : un invité avait jeté accidentellement en allumant
un cigare, une allumette mal éteinte ; la mousseline s’était
aussitôt enflammée; on s’empressa autour de la jeune femme,
mais ses invités furent grièvement brûlés au mains. Quand
on parvint à étouffer les flammes, M me B. était gravement
brûlée aux jambes.
Le désespoir de M r B. est navrant, on craint qu’un tel
coup ne lui fasse perdre la raison.
J’ai cherché, comme médecin et tumeur, dit spirituellement
le docteur Munaret, dans une lettre adressée à M. Decroix,
l’infatigable président de la Société contre le tabac, et je
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n’ai pas encore trouvé le pourquoi de cette habitude bête et
malsaine qui oblige tant d’hommes à brûler, aspirer, mâcher
et se fourrer dans le nez des millions de kilogrammes de tabac
par année. Habitude bête, dit-il, j’ai la franchise d’en con¬
venir. Habitude malsaine, nous en avons donné ici plusieurs
exemples.
Parmi ceux cités par l’éminent docteur Munaret, je n’en
rapporterai qu’un seul.
Le comte de B., client d’une couche sociale élevée, mais qui
n’était pas sage, se livra de bonne heure au passe-temps de la
cigarette ; à la fin, il fume la nuit comme le jour ; il s’en suit
une soif inextinguible ; il absorbe un à deux litres d’eau-de-vie
dans les 24 heures. Tous les symptômes réunis de l’intoxica¬
tion et de l’alcoolisme précipitèrent rapidement un dénoue¬
ment fatal... Le comte de B. était robuste et en pleine
jeunesse, n’ayant pas atteint la quarantaine.
Sur son lit de mort et n’ayant plus la force de fumer, il
avait prié sa vieille garde qui prisait, de lui mettre un peu de
tabac dans les narines, et sa carphologie consistait à. rouler
une dernière cigarette imaginaire, qu’il devait fumer dans
l’autre monde.
Réflexion : Combien la mort du comte de B. fut triste et
lamentable 1 Ne vient-elle pas prouver une fois de plus, et
d’une manière péremptoire, que le tabac et l’alcool sont
réellement les deux plus méchants et les deux plus cruels
ennemis de notre pauvre humanité !
Oui, on a dit avec raison, que le tabac et l'alcool ont tué
plus d'hommes que le canon.
Nous disons le tabac et l’alcool, car la pipe appelle...; On
fume, donc on boira, et avant deux ans, l’on fumera pour
boire, et l’on boira pour fumer. Il y a des exceptions à cette
règle,mais elles sont rares (1); déjà nous avons parlé des acci-
(1) D* Galopin. Ouvrage sur le tabac , pp. 65 et suivante*.
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114 —
dents fâcheux occasionnés par le tabac, mais il en est un du
aux cigares seuls, et dont nous devons parler encore, pour
mettre en garde les fumeurs, el les prévenir contre les con¬
séquences fâcheuses qui peuvent en résulter.
En effet, on voit assez souvent, plus souvent même qu’on ne
le croit,des fumeurs ôter pour un motif quelconque, le cigare
de la bouche, et puis distraits, ils introduisent par une fatale
erreur, dans la cavité buccale, le côté du cigare allumé. La
brûlure qui en résulte peut avoir les conséquences les plus
graves. Nous-même, nous avons connu à Bruxelles plusieurs
fumeurs qui en ont été les malheureuses victimes... Malgré
tous les soins dont ils furent entourés, les gencives et la
langue furent envahies par d’horribles cancers, qui empor¬
tèrent les malheureux dans la tombe après qu’ils ourent
enduré pendant trop longtemps les plus tristes comme les plus
horribles souffrances !
N’avons-nous pas vu encore d’imprudents fumeurs fourrer
dans leurs poches des pipes insuffisamment éteintes, et assez
allumées encore pour mettre le feu à leurs vêtements, et par¬
fois produire des brûlures profondes qui ont occasionné plu¬
sieurs fois la mort ? 11 n’y a pas longtemps qu’un fait de ce
genre a été rapporté par presque tous les journaux : le
malheureux qui en a été la triste victime, est mort 24 heures
après, au milieu des plus cruelles souffrances.
Mais on n’en finirait pas si on voulait énumérer toutes les
misères provoquées par ce méchant ennemi de notre pauvre
humanité.
En 1866, un médecin des plus renommés de Paris constata
que sur 24 enfants fumeurs soumis à son examen, vingt-trois
d’entre eux avaient contracté diverses affections plus ou moins
graves, le seul sur lequel il ne reconnut aucune lésion ne
fumait que depuis très peu de temps.
La société contre l’abus du tabac, à Paris, a aussi constaté
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que sur 38 jeunes fumeurs de neuf à 15 ans, 26 ont res¬
senti de pénibles malaises, 12 furent sérieusement atteints
et avaient contracté le germe de graves maladies.
Aussi la société contre l’abus du tabac à Paris, vient de
prendre l’initiative de démarches tendant à obtenir une loi
pour empêcher les enfants de fumer. Elle s’appuie, du reste,
sur une série d’observations qui ont été faites et qui sont
venues confirmer entièrement celles qui avaient été instituées
déjà en 1866, par un illustre docteur.
Maintenant quel accueil le gouvernement français va-t-il
faire à une demande aussi juste, aussi bienfaisante ? Ah! s’il
ne consultait que le bien-être et la santé de cette jeune géné¬
ration sur laquelle repose tout l’avenir de la France, il
s’empresserait de l’accueillir avec la plus grande faveur. Nous
ne doutons pas de ses bonnes intentions, mais aura-t-il la
force, le courage et l’énergie nécessaires à leur, réalisation ?
N’ira-t-il pas prendre conseil chez une puissante dame, qui
s’appelle la régie ? Elle jouit, cette dame, au beau pays de
France, non seulement d’un grand crédit, mais aussi de la
plus vaste influence : consentira-t-elle à ce qu’on porte une
atteinte quelconque à ses immenses revenus ? Défendre le
tabac à des enfants, à des adolescents de neuf à 15 ans, ce
serait également le proscrire de toutes les maisons vouées à
l’instruction delà jeunesse, et qui se trouvent sous la dépen¬
dance de l’Etat : dans ces établissements appelés officiels,
non seulement on ne défend pas le tabac, mais on paraît
plutôt stimuler, encourager, en mettant à la disposition des
élèves, tout ce qu’il faut pour se donner cette déplorable
habitude.
Quant à la régie, elle n’a pas à s’en inguiéter, et c’est là
le moindre de ses soucis.
Sa principale préoccupation, c’est de pousser à la consom¬
mation ; rien n’est négligé pour atteindre ce résultat, et
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elle doit être contente, car les succès obtenus ont peut-être
dépassé toutes ses espérances.En effet, eu 1830, les recettes
de la régie ne s’élevaient qu’à 30,000,000 de francs ; cin¬
quante-huit ans plus tard, elles s’étaient accrues de deux
cent soixante dix millions ! de sorte qu’au moment où nous
écrivons ces lignes elles ont atteint le chiffre extraordinaire
de plus de trois cents millions de francs. Cette progression
ne paraît pas vouloir s’arrêter, et la régie peut espérer la
voir s’accroître encore dans de vastes proportions ; et avec
de telles espérances neva-t-elle pas user de toute son autorité
et de toute son influence pour décider le ministère à ne pas
présenter aux Chambres la loi demandée par la société
antitabagique, c’est-à-dire qui défendrait aux enfants et aux
adolescents de fumer? Elle aura soin de démontrer que si
cette loi est votée, elle portera une atteinte assez prononcée
à la vente des tabacs ; en un mot, elle ne voudra pas voir
diminuer ses millions, elle qui n’aspire qu à les voir
s’augmenter et s’augmenter sans cesse ; et puis, le gouverne¬
ment de la France, dont la dette effrayante s’accumule et
grandit chaque année, se croira-t-il autorisé à diminuer par
une loi de défense, le montant des sommes énormes que lui
rapporte la régie ? Nous exprimons ici nos craintes et nos
appréhensions, relativement aux motifs qui les ont fait naître ;
espérons et faisons des vœux ardents pour qu’elles ne se
réalisent pas ; espérons encore que la question d’argent n’en¬
trera pour rien dans la balance, et que le gouvernement et
les Chambres sauront rendre une loi juste,protectrice et vrai¬
ment tutélaire de la jeune génération de ce beau et magnifique
pays.Cette loi, nous la demandons aussi et avec instance dans
notre pays ; elle y est plus nécessaire encore que chez nos
voisins, parce que les enfants qui fument y sont plus nombreux
encore. Aussi il n’est pas rare de rencontrer dans nos rues,
non seulement des adolescents, mais aussi bien souvent des
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— 117 —
enfants à peine âgés de septà huit ans,armés déjà du cigare ou
de la cigarette. Ils aspirent la fumée qu'ils font jaillir deleurs
lèvres, et qu’ils semblent contempler avec ravissement ; et
lorsqu’il passent près de vous,fierscomme des petits potentats,
ils semblent vous dire : Ne sommes-nous pas des hommes ?
Admirez-nous donc.
Pauvres enfants, si jeunesses voilà déjà poussés par un sen¬
timent de sot amour-propre et de triste vanité.
Nous le savons, trop souvent déjà le tabac est fatal aux
adultes, mais quels ravages funestes ne doit-il pas produire
sur les enfants et les adolescents ? Que de tristes et de nom¬
breux exemples peuvent être donnés à l’appui ! Nous en avons
rapporté plusieurs dans le cours de ce travail.
M. le docteur Galopin, qui a visité un grand nombre d’éco¬
les de Paris, des départements, de Suisse et de Belgique,
Rapporte que partout il a vu les enfants qui vivaient en fa r
mille, dans une atmosphère de tabac.Beaucoup d'enfants sont
pris d’indispositions multiples dont on les guérit en les pré¬
servant de l’odeur du tabac.
A Bruges,où M.le docteur Galopin est allé donner des confé¬
rences, il eut l’avantage do faire la connaissance du directeur
de l’école professionnelle de cette ville. M. Mouson, dit-il,
homme aussi distingué par son savoir que par son tact, et sa
vive sollicitude pour ses élèves, a remarqué un très grand
nombre de cas morbides chez les jeunes Belges ainsi que chez
les adultes et les vieillards de son pays.
Un enfant travaille bien jusqu’à un certain âge, jusqu’à
9,10, 12 ou 15 ans ; il a une mémoire normale, un caractère
égal ; tout à coup il s’opère un changement considérable
dans son caractère, il devient paresseux, maussade, taquin,
querelleur, irritable à l’excès. Il y a là un avertissement pour
les parents et les maîtres.
Lorsque les palpitations dominent, il faut visiter les poches
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de l’enfant, on y trouvera peut-être des allumettes et du
tabac. Si Penfant ne fume pas, il est probablement exposé
aux émanations de la fumée du tabac. Il faut l’y soustraire
au plus vite, afin d’éviter l’anémie qui ruinerait bientôt sa
santé. Nous avons connu, dit M. le docteur Galopin, que nous
citons ici textuellement, un grand nombre d'enfants des deux
sexes, qui n’avaient été poussés à frauder les lois de la
morale que sous l’influence désastreuse de la fumée du tabac
qu’ils aspiraient dans la maison paternelle. Que d’enfants tués
par des méningites consécutives à l'abus du tabac ! Ces dan¬
gers sont surtout communs dans les familles où l’on a fumé
avec excès de père en fils.
L’empoisonnement est souvent très lent chez l’enfant
soumis ou soumise aux vapeurs délétères répandues dans sa
chambrette. Mais lorsque l’enfant fume lui-même, les sym¬
ptômes morbides peuvent prendre des dimensions colossales.
Aux symptômes déjà énumérés, on peut y joindre : démarche
mal assurée, chancelante, avec prédisposition à se diriger à
reculons. Ce dernier symptôme, d’après les expériences de
l’illustre physiologiste Claude Bernard, impliquerait des
troubles du cervelet.
Que de maladies de cœur chez les jeunes personnes, chez
les femmes, les enfants, et même chez les hommes, qui n’ont
d’autres causes que la fumée du tabac! Que d’anévrismes
effrayants qui disparaissent de la famille le jour où le mari a
pris la résolution de ne plus fumer et de ne plus permettre de
fumer dans ses appartements, ni dans ceux de sa femme et
de ses enfants !
Nous avons déjà fait voir combien les plus jeunes intelli¬
gences sont tristement atteintes par ce méchant poison.
Ajoutons ici encore qu’il occasionne les plus grands désas¬
tres intellectuels chez presque tous nos étudiants qui ont le
malheur de se laisser entraîner à cette passion tabagique, et
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l’on observe qu’il s’attaque spécialement aux plus intelligents,
aux plus sensibles. Nous Tarons déjà dit, nous tenons à le
répéter encore, combien de jeunes gens que nous avons vus
sortir brillamment dos collèges, et qui ne sont plus à 25 ans
que des fruits secs. A 40 ans, peut-être à 30 déjà, ils
deviennent des hommes inutiles ou nuisibles à leurs sembla¬
bles. Que d’intelligence, que de jeunesse, que de vie follement
détruites par la pipe!
Si messieurs les étudiants voulaient en convenir, ils avoue¬
raient bien qu’ils ont toujours éprouvé un sentiment de
paresse accentué à l’étude du matin, qui a succédé à une
soirée passée dans la tabagie. Après un abus de tabac, que
d’efforts ne doit-on pas faire pour apprendre quelques vers et,
lorsque ces accidents se reproduisent, le courage s’émousse,
la nonchalance remplace l’amour du travail, et la paresse,
avec son hideux cortège, vient s’imposer à ces malheureux
jeunes gens.
Ce jour-là, cherchez le vaillant élève de rhétorique et de
philosophie; il a disparu. Si vous le retrouvez un jour, ce
ne sera qu’à travers un nuage de fumée noire et puante,
dont les couches charbonneuses superposées auront effacé
toutes les nobles qualités qui étaient en relief dans son
cerveau.
Pauvres jeunes gens ! Pour s’empoisonner plus vite ils ne
se contentent pas de fumer comme tout le monde, ils s’habi¬
tuent douloureusement à fumer par le nez, à avaler la fumée
de leurs cigarettes; j’en connais victimes de leur ignorance
et de la jactance de 20 ans, qui aspirent cette fumée nicoti-
sante et la forcent à s’introduire jusque dans les ramifications
les plus intimes des bronches. Si vous en doutiez, prenez,
lorsque vous fumerez, votre mouchoir blanc, et soufflez sur
un coin de ce mouchoir une bonne bouffée de tabac : le
passage de la fumée à travers le tissu du mouchoir sera
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marqué par une teinte jaune foncée caractéristique; sur un
autre coin du dit mouchoir, soufflez par le nez une autre
bouffée de tabac et comparez la couleur des deux teintes du
mouchoir. Il est facile de constater que la première est beau¬
coup plus teintée que la deuxième. Pourquoi? C'est qu’une
partie de la suie du tabac, du charbon divisé, de la fumée est
restée attachée aux parois des fosses nasales ou des bronches,
en traversant les conduits aériens.
On retrouve, dans les bronches des vieux fumeurs, une
quantité considérable de suie de tabac qu’on peut racler, à
l’autopsie, avec une spatule, comme on racle la suie d # un
canon de fusil (1).
Nous l’avons déjà dit et nous le répétons encore, le tabac
est certainement l’un des plus dangereux ennemis de notre
pauvre humanité. Nous ne demandons pas pour le combattre
une loi répressive (2), elle constituerait, si elle existait, une
véritable absurdité. Il y a en France, et aussi dans notre
pays, des lois qui punissent l’ivresse : elles sont inutiles. En
les promulguant on s’est trompé. Ce que l’on peut faire, c’est
de tâcher de prévenir, car ce n’est pas une affaire de police
correctionnelle, mais bien une affaire d’école. Moraliser les
hommes, ep remplaçant l’instituteur par des agents de ville
ou des gendarmes, c’est tourner dans un cercle vicieux, et
nos malades resteront incurables (3).
Seutin Ph n et D r L. Skutin.
(A continuer.)
(1) Galopin. Le tabac , pp. 79 à 84,
(2) Mous la réclamons néanmoins, pour les eufants et lee adolescent*,
qui sont inconscients et ignorent tout à fait les dangers auxquels il*
s'exposent. Une loi de défense peut être ici très utile.
(3) Galopin. Le tabac , pp. 84 à 86.
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— 121 —
me DES JOURNAUX MOPATBIIPS DE F1AJICE
par le D r Schkpens, de Gand
De l’artério-sclérose
par le D r Jousset
Dans la septième leçon de la clinique thérapeutique à l’hô- •
pital St-Jacques, le D r Jousset dit en parlant de Y artério¬
sclérose : h'artériosclérose, n’est pas une maladie ; c’est
une affection qui se rencontre chez les goutteux, les alcoo¬
liques, les syphilitiques et les saturnins.
Elle est caractérisée par une endartérite plus ou moins
généralisée. C’est cette affection qui dans le rein produit la
néphrite, dans le foie la cirrhose , dans le cerveau des
ruptures vasculaires, de la thrombose et du ramollissement.
Au cœur elle produit l’inflammation des artères du cœur
avec ses suites : oblitérations des artères coronaires et
angine de poitrine, sclérose plus ou moins étendue du muscle
cardiaque et symptômes particuliers d’affection cardiaque
avec asystolie prématurée. Dans le poumon, l’artério-sclé-
rose produit l’emphysème habituel. (Art médical, novembre
1888.)
Du traitement homœopathique de la syphilis
par le D r P. Jousset.
De même, dit le D r Jousset, qu’il faut employer le sulfate
de quinine à fortes doses dans la fièvre intermittente, de
même il faut donner le mercure à dose massive dans la
syphilis.
En 1780, Hahnemann disait qu’il fallait donner le mercure
à doses pondérables en ayant soin d’éviter la salivation ;
mais en 1835 il a dit qu’on pouvait guérir la syphilis avec
des doses infinitésimales. A sa suite, ses élèves ont encore
exagéré ; Jahr, entre autres, dit qu’on peut obtenir la gué-
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— 122
rison en quinze ou vingt jours sans jamais voir se produire
les accidents secondaires.
Voici les règles que nous suivons dans l’administration du
mercure contre la syphilis où il est d’ailleurs tout à fait ho-
mœopathique : le mercure doit être administré sitôt que la
syphilis est reconnue et continué jusqu’à la cessation des
accidents secondaires. On se repose alors pendant un certain
temps pour recommencer ensuite et cela à des intervalles de
plus en plus éloignés pendant deux ans ; dans le courant de
la deuxième année on peut alterner Yiodure de potassium
avec le mercure et pendant la troisième et la quatrième
année on donne Yiodure de potassium seul pendant trois se¬
maines qu'on fait suivre d’un repos de trois semaines, puis on
fait reposer le malade pendant six semaines, trois mois et
après chaque période de traitement de trois semaines.Ce trai¬
tement doit être continué pendant quatre ans si on veut qu’il
soit complet.
Les préparations mercurielles le plus souvent employées
sont: Le sublime corrosif , le proto et le bi-iodure de mer¬
cure et enfin Yonguent mercuriel .
Si on a recours au sublimé on prescrit un gramme de la
première trituration décimale, soit dix centigrammes de la
substance dans 400 grammes d’eau et on en fait prendre
deux cuillerées par jour dans une tasse de lait, ce qui fait un
peu moins d’un centigramme par jour ; cette dose peut êtro
augmentée progressivement si elle ne détermine pas de
diarrhée.
Le proto-iodurc se donne à la dose de deux à cinq centi¬
grammes et le bi-iodure à la dose de cinq milligrammes à un
centigramme.
L 'onguent mer'curiel s’emploie en frictions à la dose de
cinq grammes appliqué aux aines et aux aisselles pendant
cinq à six jours le soir en se couchant. Cette médication est
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WF
— 123 —
très énergique et demande à être surveillée de près. On a
encore préconisé les injections sous-cutanées avec une pré¬
paration mercurielle ; ce procédé réussit avec de très petites
doses ; mais il y a parfois des inconvénients.
L 'iotture de potassium se donne à la dose de un à deux
grammes par jour et quelques fois plus pour obtenir un résultat .
Aurum correspond plutôt aux accidents tertiaires,au lupus,
à la carie des os. On le prescrit à la première trituration.
Nitri acidum convient dans les affections buccales, les
plaques muqueuses.
Corrosimts , troisième dilution, combat habituellement la
diarrhée.
Quant au régime, il faut aux syphilitiques une très bonne
nourriture et une bonne hygiène. (Art médical , décembre
1888.) D r Schepens.
UN HOPITAL HOMEOPATHIQUE EN ITALIE
Nous‘sommes excessivement heureux de pouvoir annoncer
à nos lecteurs que l’Italie va être dotée d’un hôpital, quelque
petit qu’il soit, mais d’un hôpital homœopathique. Et nous
nous réjouissons d’apprendre que la direction en sera donnée
à notre excellent collègue et ami le D r G. Pompili. Le bien¬
faiteur et généreux citoyen qui a songé à ériger en Italie un
établissement aussi utile que désiré, est Joseph Gamploy, de
Vérone, mort à Venise le 12 février dernier, à l’Age respec-
table de 95 ans. Il passa la majeure partie de sa vie à Venise :
c’était un homme modeste, doué d’une grande activité, qui
réussit par son commerce à se procurer honnêtement une
modeste fortune. Profondément enthousiaste des belles cures
obtenues par l’bomœopathie, et reconnaissant peur la santé
et la longévité qu’il lui devait, il légua tout son avoir à sa
ville natale, dans le but noble et charitable d’élever à Vérone
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un hôpital homœopathique. Et mieux que nous ne pourrions
le faire, les paroles du donateur feront connaître la géné¬
reuse institution. Nous reproduisons textuellement les
dispositions testamentaires, espérant faire plaisir à nos
lecteurs amis de l’homœopathie :
Venise, 19 février 1885.
Je soussigné, Joseph Camploy, dispose de ma fortune, après ma mort.
Je nomme et j'institue mon héritier universel la ville de Vérone, ma
patrie, et les legs que je fais, devront être acquittés par elle.
Tous mes biens devront être réalisés par la commune pour l'érection
d’un hôpital homœopathique, dans la ville de Vérone, à l'usage des
malades pauvres.
La commune pourvoira à ce que l’hôpital soit reconnu légalement
et ait un but moral ; elle se conformera dans scs statuts aux bases
suivantes :
a) Il s'appellera hôpital Hahnemanuien-Carapioy ;
b) On n’y traitera que par la méthode d’Hahnemann ;
c) On n’y recevra que les malades atteints de maladies aiguës ; il y
aura au moins 10 lits, la moitié pour les hommes, et la moitié pour
les femmes ;
d) La direction en sera donnée à un médecin qui devra soigner,
d'une manière assidue, les malades, et recevra comme honoraires au
moins 150 francs par mois. Il devra, de plus, fournir tous les médi¬
caments nécessaires, sans indemnité ultérieure ;
e) Je désire que pour les soins à donner aux malades, et l'entretien
de l'hospice, }e directeur soit aidé par des sœurs de charité ;
f) 11 y aura un chapelain dont la rétribution sera en rapport avec
les conditions économiques de l’hôpital ;
g) Je désire que M. le D r Pompili, de Rome (place des Clefs d'or),
soit nommé médecin-directeur ;
Il désignera lui-même son successeur, et celui-ci également le sien,
et ainsi de suite. Ces médecins seront toujours et véritablement hahne-
manniens. *Si, pour un motif quelconque, un médecin n’avait pas
désigné son successeur, le Conseil municipal de Vérone en élira un qui
sera notoirement connu pour pratique^ la médecine de Hahnemann;
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zr ey T
— 125 —
h) L'administration de l'hospice sera faite par le directeur et deux
conseillers communaux, choisis par lé Conseil municipal parmi ceux
qui sont dévoués à la médecine homoeopathique; et s'il n'y en a pas,
le Conseil choisira les deux administrateurs parmi les habitants de la
ville, partisans de Thomœopathie ;
0 Ces trois administrateurs délibéreront à la majorité des voix. Ils
détermineront le nombre, la qualité etles émoluments du personnel de
service.
Comme il existe des hôpitaux homœopathiques en Allemagne, en
France, en Espagne, etc., la ville de Vérone pourra se procurer tous
les renseignements nécessaires pour l'organisation de l'hôpital et pour
rétablissement de ses statuts.
Je prie le D r G. Pompili de bien vouloir aider la commune de ses
lumières, afin que l’institut réussisse, selon mes intentions par lui
connues.
Mes livres d'homœopathie seront conservés pour l'usage de l’hôpital
et, si possible, augmentés.
(Signé) Giuseppe Camploy pu Nicola.
En établissant à Vérone, un institut unique en Italie, je me flatte
que non seulement le Conseil communal, mais toute la ville, pourra se
convaincre que l'homœopathie est la seule, la vraie médecine, qui
guérit vite, bien et sûrement, par les bons résultats obtenus et que
ceux-ci seront publiés par le Conseil communal afin que les habitants
puissent suivre le vrai progrès pour le bien de l'humanité.
Si la réalisation de mes biens rapporte plus qu'il faut pour l'érection
d'un hôpital de 10 lits, on tiendra le surplus, dûment attesté, afin de
donner insensiblement plus d’extension à l’immeuble. — On cherchera
à faire fructifier cet argent par un placement convenable, et là rente
sera affectée à agrandir l'hôpital.
Aux dispositions testamentaires rapportées plus haut, il est
joint un codicille, dont la teneur est très importante, et qui
donne la base fondamentale, le caractère dominant de l'insti¬
tution, afin qu’elle réussisse à produire le plus de guérisons
possible pour augmenter les adeptes et les amis de l’homœo-
pathie.
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J
— 126 —
Yeniie, ce 5 juillet 1887.
Comme appendice à mon testament, déposé dans les actes du notaire
Cervelini, que je confirme entièrement, je déclare que ma volonté est
que dans l'hôpital homœopathique à élever par mon héritier, le traite¬
ment des malades soit toujours selon la méthode hahnemannienne ; et
je désire que la Municipalité de Vérone, dans le choix du médecin qui
succédera à celui que j’ai nommé, défère au vœu de la Société hahne—
mannienne italienne résidente à Rome ; et de même je désire aussi que
la Société veille à ce que le médecm-directeur dans l'exercice de ses
fonctions, ne dévie jamais du système Hahneinann, qu'autrement il
soit de suite remplacé ; je mets toute ma confiance dans mon héritier
pour l'exécution de ma volonté, et le prie de rendre possible à cette
Société l'exercice de sa vigilance.
(Signe) Guiseppe Càmploy fu Nicola.
De tout ceci, il conste que le généreux Camploy, outre
ses convictions et son amour pour l’homœopathie, avait d’elle
une idée juste, puisqu’il était désireux qu’elle fut hahneman¬
nienne, ne déviant en aucune façon de la doctrine du maître,
n’oubliant aucun de ses conseils, ne transigeant avec aucune
des pratiques de l’allopathie, quelle ne fut nullement impure
ni abâtardie.
Et c’est pour ce motif qu’il met son hôpital sous la surveil¬
lance de notre Société, et que, dès le principe,il le place sous
la sage direction du D r Pompili.
Nous souhaitons à notre confrère, quand il aura à choisir
un représentant ou successeur pour la direction de l’hôpital
homœopathique de Vérone, de pouvoir trouver un jeune
médecin véritablement hahnemannien, qui sache dignement
occuper sa position et faire honneur à l’homœopathie ainsi
qu’au généreux fondateur de l’hôpital.
En meme temps faisons des vœux pour que la sage munici¬
palité delà ville de Vérone, comprenant son noble devoir,
fasse son possible pour que cet institut hospitalier, qui le
premier voit le jour dans notre patrie, au service de la vraie
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— 127 —
médecine, reste digne de la vérité qu’il représente et de
ritalie. (Rivista omiopatica , avril 1889.)
Traduction du D r Chevalier.
LE DOSSIER DE LA CHIRURGIE
par le D r Maktiny.
Maladie de Graves survenue après l'extirpation de
polypes du nez
MM. Hopmann, de Cologne, Hack, de Fribourg, et Fraenkel, de Berlin,
ont rapporté des cas de maladie de Graves brusquement améliorés ou
guéris après l'enlèvement de polypes du nez. M. Stoker, de Londres, a fait
connaître deux cas de ce genre : il a expliqué cette amélioration par des
modifications produites dans le domaine du sympathique après l'enlève¬
ment des polypes.
M. Semon lit aujourd'hui l'observation d'un homme chez lequel est sur¬
venue de l'exophthalmie après l'enlèvement de nombreux polypes muqueux.
L'hypertrophie du corps thyroïde et les palpitations de cœur font défaut,
mais l'existence des symptômes de üraefe et de Stellwag (rétraction de la
paupière supérieure, qui se produit quand le malade regarde en bas) per¬
met de porter le diagnostic de maladie de Graves ou de Basedow.
M. Semon explique l'exophthalmie par la dilatation réflexe des vaisseaux
de l’orbite avec turgescence du tissu graisseux rétrobulbaire, ou bien
encore par la contraction tonique des muscles de l’œil, due à une irrita¬
tion réflexe.
11 demande si, en cas de récidive des polypes, il devra conseiller une
nouvelle opération.
M. Carter a examiné le malade de M. Semon. Pour lui, l'exophthalmie
survenue après l’enlèvement de polypes du nez n’est qu'une coïncidence.
D'ailleurs, cette exophthalmic est unilatérale et très peu prononcée.
M. de Haciland Hall pense que puisqu'il semble y avoir une relation
entre l’exophthalmie et la lésion nasale, il ne faudra pas hésiter à opérer
les polypes s'ils récidivent, parce qu'on peut espérer — en se rappelant
les faits déjà publiés — faire disparaître cette exophthalmic.
M. Semon possède cinq observations d'exophthalmie survenue après
des opérations sur le nez ; il ne pense pas qu'on puisse invoquer la simple
coïncidence dans tous les cas. (.Bulletin médical.)
Nous sommes parfaitement de l’avis du D r Semon ; il est
impossible d’invoquer la simple coïncidence dans des cas sem¬
blables; du reste ce n’est pas de la première fois qu’on observe
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de singulières coïncidences après certaines opérations chirur¬
gicales, et nous citerons pour mémoire les cas nombreux
d’idiotisme survenus après l’opération du goitre ; des cas
d’exophthalniie succèdent parfois à l’avulsion des canines
supérieures appelées autrefois les dents oeillères, et nous nous
rappelons avoir lu un mémoire écrit il y a bien longtemps
par feu le D r Dequesne, ancien inspecteur général du service
de santé de l’armée belge : il rappelait dans ce mémoire les
nombreux accidents et notamment des exophthalmies sur¬
venues après l’extraction de certaines dents de la mâchoire
supérieure ; nous connaissons nous-même un fait fort extra¬
ordinaire qui s’est présenté après une petite opération faite
sur le voile du palais ; le sujet ne savait plus prononcer une
phrase complète ; au bout de quelques mots il ne savait plus
articuler. La physiologie des rapports des organes entre eux
est loin d’être établie ; aussi faut-il être très réservé quand on
doit se prononcer sur les suites probables des opérations qui
se pratiquent dans le voisinage des fosses nasales.
D* Martin?•
SOMMAIRE
LE BORD DE LA MER (Suite), par le D r Martiny .
Association centrale des homœopathes belges. — Séance
du 2 avril 1889 .
Un cas d’ileus, par le Dr Schepens, de Gand .
Les médicaments externes et les palliatifs, par
le D r Martiny..
La petite vérole, par le D r Martiny. . . .
Le tabac (Suite), par MM. Em. Seotin, Ph“ et le D' Léo»
Seütin, à Bruxelles.
Revue des journaux homoeopathiques de France, par 1®
D r Schepens, de Gand.< . . .
Un hôpital homœopathique en Italie. — Traduction du
D r Chevalier, de Charleroi.
Le dossier de la chirurgie, parle D r Martiny . . •
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
16» Année. AOÛT 1889. N* 5.
ASSOCIATION CENTRALE DES HOMOPATBES BELGES
Séance du 2 juillet 1889
Président, Secrétaire,
D r CRIQUELION GH. CARBZ, Ph"
La lecture du procès-verbal de la séance précédente ne
donne lieu à aucune observation.
MM. les docteurs Martiny et Gaudy expriment leurs regrets
de ne pouvoir assister à la réunion.
La parole est donnée au docteur Van Biaaren, qui expose la
première partie de son travail sur Y Opportunisme dans le
traitement des névralgies. Voici ce travail :
De l'opportunisme dans le traitement des névralgies
par le D r Van Blakren
L 'Association centrale des homœopathes belges avait,
dans une de ses dernières séances, mis à l'ordre du jour l’étude
des moyens palliatifs auxquels il peut convenir à un médecin
homœopathe d’avoir recours (fans le traitement des maladies,
et elle nous avait prié de nous charger de ce soin en ce qui
regarde les névralgies. Dans ces conditions, l’emploi de l’ex
pression opportunisme* que nous choisissons comme en-tête,
nous semble devoir refléter assez exactement la physionomie
générale du présent travail : en oe sens que cette appellation
n’implique précisément aucune idée doctrinale ou exclusive.
Dans les lignes qui vont suivre, en effet, nous n’avons, commo
praticien, qu’à nous placer à un seul point de vue : l’améliora¬
tion de l’état morbide du patient. Nous disons à dessein : amé¬
lioration* cardans l’étude d’applications palliatives il ne peut
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être question de « cure » dans le sens absolu du mot. A la
vérité la guérison peut se produire rien que paru ne médica¬
tion calmante ; mais alors nous avons le droit de croire que la
maladie n’avait pas la spécificité ou le degré d’acuité qui
devait la rendre comptable d’un traitement à fond.
La distinction que nous nous occupons à établir et qui peut
paraître subtile à première vue, a, dans l’étude dos pallia¬
tifs anti-névralgiques, une importance considérable ; car dans
l’espèce, le symptôme est souvent tellement prédominant que
le médecin se voit dans la nécossitéd’y remédier tout d’abord;
et c’est ainsi que, suivant les différents degrés et les différents
caractères de la manifestation douloureuse, le traitement
subit des amendements tout de circonstance, et qui peuvent
n’avoir plus avec la cure radicale que des rapports plus ou
moins éloignés. Tout en cherchant, comme il le faut fairo
toujours, la ligne diagnostique exacte pour opposer au mal
une médication spécifique, il arrivera des cas — et ils sont,
hélas ! d’une déplorable fréquence — où une intervention
immédiate et soulageante sera indispensable, en raison de
l'état où le malade se trouve placé par la souffrance.
Dès le début donc, dans ce travail, nous nous voyons
amené, tout au moins à légitimer l’emploi des moyens pallia¬
tifs ; mais nous ne pouvons nous borner à une conclusion
aussi vague, et il convient de procéder à un examen des faits
qui, sans infirmer l’opportunité de la méthode calmante, nous
indiquera la voie qu’il faut suivre dans le traitement des
névralgies.
La névralgie, que les anciens rangeaient non sans quelque
apparence de raison dans les maladies dynamiques, consiste
dans une affection dont la cause, le plus souvent inconnue, réside
dans une modification quelconque du tissu nerveux amenant
comme manifestation extérieure le symptôme douleur.
Le tissu nerveux dans son ensemble peut être figuré par
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— 131 —
une série de globules ou amas de cellules (stations nerveuses),
reliés entro eux ou avec des éléments d'une autre nature :
muscles, organes des sens, etc. par dos ponts ou commissures,
constituant les filets nerveux, ces derniers no vivant de la
vie propre du système nerveux qu’en raison de leur point
d’attachs aux globules et subissant une dégénérescence
régressive quand ils en sont séparés.
Les phénomènes de nutrition produisent dans le tissu ner¬
veux des courants électriques propres. Dans un nerf & Tétât
de repos, il y a une reconstitution sans cesse renouvelée
delectricité, allant de l’extérieur à l’intérieur,, le centre
étant considéré comme électrisé négativement. Ce phénomène
qui a été qualifié assez improprement du nom de force électro¬
motrice du nerf (cette force est bien plus consécutive que
motrice), diminue à mesure que le nerf travaille. Sans nous
arrêter aux considérations nombreuses émises à ce sujet et
qui seraient oiseuses en ce moment, il nous suffira do dire que
cet antagonisme entre le travail trophique du nerf et son
activité fonctionnelle finit, s’il est prolongé, par amener un
ralentissement de plus en plus marqué dans la vie propre du
nerf, à tel point que celle-ci peut, à un moment donné, être
arrêtée complètement. Les conséquences do cet état de
choses sont, successivement : de la gêne, do la lassitude et
finalement de la souffrance jusqu’au degré le plus intense.
Un phénomène analogue et dont nous sommes à même de
nous rendre compte à toute heure se produit, du reste, dans
le tissu musculaire et les filets nerveux locaux y collaborent
activement.
Nous ne devons pas oublior d’ajouter que cet antagonisme
a été constaté dans les fibres nerveuses et dans les globulos ; il
peut donc affecter à la fois les centres nerveux et leurs
organes de transmission.
Il suit de là que la douleur est d’indice de la diminution du
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travail trophique dans le tissu nerveux et qu’elle est sûre¬
ment provoquée par l'excès du travail « professionnel » de ce
même tissu. Elle n’est donc pas essentielle et les causes capa¬
bles de la produire peuvent résider non seulement dans la
substance nerveuse elle-même, mais lui être absolument
étrangères, en raison de l’énorme variété d’impressions que
cette substance peut subir et de la multiplicité des attaches
qui la relient avec les organes si nombreux et si complexes
de l’économie.
Le traitement curatif de la névralgie ne peut donc, en
aucune façon, se borner h attaquer le symptôme principal,
si terrible et si menaçant qu’il soit ; il doit être institué en
suite d’une recherche diagnostique d’autant plus conscien¬
cieuse qu’elle est plus obscure et plus compliquée, et consti¬
tuer un traitement à fond.
S'il est acquis que les palliatifs ne peuvent amener la guéri¬
son d’une névralgie, il importe d’établir, par contre, que la
cure essentielle peut être longue et pénible, même dans les
cas où le diagnostic est bien établi et la guérison certaine.
Dans ces conditions la tentative de soulagement temporaire
est opportune. Elle devient d’une utilité incontestable quand
le médecin ne peut arriver à se former, dès le début, une con¬
viction sur l’entité morbide qu’il a à traiter, et elle constitue
an devoir professionnel auquel nul ne peut se soustraire»
dans les cas où la douleur, de symptôme qu’elle était, peut de¬
venir. par son intensité et sa permanence, un élément patho¬
génique gfave, en amenant des complications ; par exemple
chez les enfants.
Dans le traitement des névralgies donc, posons en principe
que l’emploi des palliatifs est souvent justifié et qu’il est quel¬
quefois indispensable ; mais est-il toujours en concordance
avec les nécessités thérapeutiques d> la cure et même, ne
peut-il y apporter parfois de véritables entraves ?
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— 133 —
Cette question est des plus importantes et il ne nous semble
pas qu’on puisse la résoudre d’une manière générale. Elle
trouvera sa solution dans l’étude des applications particulières
et, dès lors, il convient dépasser en revue les différentes
formes do. la névralgie. Procédant ensuite à une revue paral¬
lèle des principales médications palliatives, nous nous effor¬
cerons d’en noter 'les indications et les contre-indications
et d’appuyer notre manière de voir par quelques faits cli¬
niques.
Tous les auteurs, à côté des névralgies essentielles que
nous avons définies plus haut, rangent une série de pseudo¬
névralgies dont la causalité n’est pas la môme et qui, au point
de vue doctrinal, peuvent constituer des classes à part ; mais,
en ce qui regarde nos recherches, nous pouvons les considérer
comme des névralgies essentielles.
Nous aurons à parler ainsi de la névralgie qui se développe
d’elle-môme, spontanément et sans être accompagnée ou pré¬
cédée d’aucun symptôme morbide apparent et qui n’est reliée
à aucune altération anatomo-pathologique.
Nous aurons ensuite la névralgie directement consécutive
ou symptomatique, que l’on peut rattacher à une lésion ou
à un état morbide préexistant ou concomittant et bien
connu.
Nous aurons enfin une série de névralgies qui ne peuvent
être classiquement encadrées dans les définitions précédentes
et qui ressortent de la nature de ces maladies mystérieuses
nommées « sympathiques » par les anciens.
Nous divisons la première catégorie en :
1° Névralgies crâniennes (centres et nerfs), ex: les névral¬
gies si nombreuses du trijumeau, les névralgies du facial ;
2® Les névralgies spinales, ex : sciatique, pleurodynie.
3® Les névralgies du grand sympathique dont les plus fré¬
quentes sont : la cardialgie et la gastralgie.
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Dans la seconde catégorie nous trouvons d’abord : .
1° Les névralgies dépendant d’un état morbide général qui
a sa raison d’être dans l’organisme; ex : les névralgies arthri¬
tiques, rhumatismales, goutteuses, hystériques, diabétiques,
syphilitiques ; et les névralgies dépendant d’un état morbide
général ayant sa raison d’être en dehors de l’organisme, poi¬
son, miasme, etc. ; ex : les névralgies saturnines, mercu¬
rielles et paludéennes.
2° Les névralgies dépendant d’un état morbide particulier
ou local : traumatisme, carie, présence d’une tumeur, com¬
pression ; ex : névralgies dentaires, douleurs anèvrismale?,
fourmillements, névralgie à frigore.
Enfin nous rencontrons les névralgies à origine éloignée ou
sympathiques, ex : les névralgies dentairesdes femmes grosses,
les frissonnements ressentis dans le faciès chez les personnes
infestées de ténias.
Nous attachons à cette classification une certaine impor¬
tance. Seule, elle nous permettra de procéder avec ordre et
d’appliquer à chaquo cas la série de remèdes qui lui convient.
Nous avouons bien Volontiers qu’elle n’est .point professorale ot
qu’on trouvera très certainement des cas prêtant à la confu¬
sion ; ex : les douleurs dentaires reliées à une hérédité syphi¬
litique, les névralgies métastatiques ; mais il importe, au
milieu de cette forêt touffue de remèdes inventés pour guérir
les névralgies, de ne procéder que par coupes bien réglées au
risque de rencontrer deux fois les mêmes applications.
(A continuer.) D r Van Bi.aeren.
Cette intéressante communication a donné lieu h une cau¬
serie très instructive entre plusieurs membres présents et
notamment MM. les docteurs Van Campenhout, Schepens.
Seutin et Van Blaeren, au sujet de la nature des névralgies,
de leurs formes, de leurs variétés : on a vivement remercié le
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— 135 , —
confrère Van Blaeren d'avoir introduit cette question si
délicate de la pratique médicale et l’on a insisté pour qu’il
continue à poursuivre son étude. Cette communication de
notre confrère Van Blaeren qui, comme chacun le sait,
s'est fait une spécialité du traitement des afiections de la
bonche et des dents, si fréquemment le siège de douleurs
névralgiques diverses.promet de donner lieu à des dissertations
nombreuses et variées, car tous les médecins sont journelle¬
ment aux prises avec les névralgies ; d’un autre côté
l'bomœopathie, grâce à la loi de l'individualisation, donne
à ses partisans des succès que nos confrères de l’ancienne
école ne peuvent obtenir ; nous guérissons, parfois avec quel¬
ques globules seulement, des névralgies ayant résisté aux
remèdes allopathiques les plus violents; et nos guérisons dans
les névralgies amènent à nos principes de nombreux adeptes.
En présence de l’importance de la question l’avis général fut
do remettre la discussion après la lecture complète du travail
du docteur Van Blaeren : on lui adresse de chaleureux re-
mercîments en insistant pour qu’il ne manque pas de donner,
dés la prochaine séance, la continuation de son travail; la
discussion sur YEmploi des remèdes palliatifs et calmants
continuera donc à figurer à l’ordre du jour, et spécialement la
uestion du Traitement palliatif et curatif des névralgies.
Concernant les maladies épidémiques et les médicaments
de la saison, le docteur Criquelion signale quelques cas de
diarrhée sans gravité.
Le docteur Seutin rapporte que beaucoup de personnes se
font revacciner, ce qui indiquerait une recrudescence do la
variole.
La séance est levéo à six heures.
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— 136 —
Le tabac (1)
par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles.
Voici ce qu’écrivait un jour M. le docteur Galopin dans 1»
Gazette de Lausanne : « A-t-on le droit de s’étonner, dit-il,
de lire chez les liquoristes qui ne sont, comme les cabaretiers,
que des empoisonneurs honnêtes et patentés, de lire, dis-je,
« liqueur digestive, élixir de santé, absinthe digestive, toni¬
que, inoffensive », etc. quand on lit chez les marchands de
tabac : pipes hygiéniques, papier, cigares et cigarettes hy¬
giéniques ? »
Ce même docteur se demande, si Von n’aurait pas le droit
de s’enquérir si l’on est bien dans un pays civilisé, ou si l’on
n’est pas la dupe de tous ces spéculateurs de la santé indi¬
viduelle et commune, dont la conscience élastique ne sait plus
respecter ni ménager les moindres convenances sociales
pouvant encore sauver les apparences de la dignité hu¬
maine (2).
Il faut que messieurs les spéculateurs nous respectent bien
peu, tout en ayant une triste opinion de notre jugement,
pour user de pareils procédés à notre égard. Ne voit-on pas
souvent de sots petits bonshommes qui se rendent malades,
pour paraître ce qu’ils ne sont pas. S’ils étaient oertains que
personne ne les vît, ils ne fumeraient pas. Ils reviennent souvent
malades chez eux, mais l'honneur est satisfait! Oh ! orgueil,
si tu n’as pas perdu Troie,tu perds bien des hommes (3).
Disons un mot maintenant du traitement curatif des
fumeurs et des priseurs. On a remarqué que les fumeurs se
guérissaient plus vite que les priseurs, les fumeurs de cigares
d’abord, les fumeurs de pipes ensuite, et enfin, les fumeurs de
(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, pp. 9, 40,73 et 109.
(2) Galopin Le tabac, pp. 84 à 86.
(3) Galopin. Le tabac , p. 87.
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cigarettes. M. le docteur Galopin rapporte que sur plus de
cinquante cas de guérison radicale qu’il a obtenus ce sont
toujours les fumeurs de cigarettes qui ont apporté le plus de
résistance au-traitement, jusqu’au jour, dit-il, où il a eu l’idée
de flatter leur manie comme il flattait déjà celle des priseurs.
Voyant toujours les fumeurs de cigares triompher de leur
mauvaise •habitude, et les fumeurs de pipes et de cigarettes
succomber presque toujours à la tentation, voici le procédé
ingénieux auquel il a eu recours et qui lui a donné de nom¬
breux succès. Au lieu de dire aux fumeurs : Jetez vos papiers
et vos pipes à la mer, il leur a dit : Gonsorvez votre cahier
de papier, seulement au lieu de fumer du tabac pur,fumez du
tabac mélangé à des têtes de trèfle blanc d’abord, dans les
proportions d’un vingtième de trèfle blanc sur 20 de tabac,
le premier jour; diminuez le tabac et augmentez le trèfle d’un
vingtième tous les jours encore; en vingt jours vous ne fumerez
plus que du trèfle. Continuez à fumer cette herbe pure pen¬
dant dix jours encore, ensuite, remplacez le trèfle par du
coton imprégné de camphre. Changez de pipe, prenez-en une
très petite,bourrez cette pipe de coton camphré, que vous fu¬
mez sans l’allumer, quand le besoin de bourrer une pipe nou¬
velle se fait sentir, bourrez-la, ne résistez pas douloureuse¬
ment à la tentation.
Aux fumeurs de cigarettes, il a prescrit tout à fait le même
traitement.
Après 30 à 40 jours de cette médication salutaire, tous ses
malades persévérants ont abandonné la cigarette et la pipe.
Aux priseurs il leur a dit: Conservez vos tabatières, ne les
changez même pas comme grandeur, mettez seulement un
gramme de café le premier jour, dans votre quantité de tabac
ordinaire, deux grammes le deuxième jour, et trois grammes
le troisième jour et augmentez ainsi le café de un gramme par
jour dans la tabatière qui contient vingt grammes de tabac,
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— 138 —
le vingtième jour, il n y a plus de tabac, dans la tabatière, qui
est remplie de café... Gardez votre tabatière ; remplacez
seulement le café par du sucre en poudre absolument de la
même manière que vous avez remplacé le tabac par le café.
Après vingt autres jours vous ne priserez plus que du sucre ;
consultez votre miroir, et vos moustaches et votre barbe
cristallisées achèveront votre conversion salutaire.
C'est, en effet, ce qui arrive à tous ses malades qui ont la
fermeté de ne pas braconner dans le chicotin ou la tabatière
d’autrui... Malheur à celui qui ne sait pas résister à la tenta¬
tion!... Une seule désobéissance à ses prescriptions suffit
pour le replonger dans les ténébreuses jouissances de l’inapé-
nitence finale.
Disons maintenant un mot de la consommation progressive
du tabac.
Voici les chiffres officiels par période décennale : pour la
France
En 1826 . 11,395,084 kitogr.
1836. 13,545,107 >
1846. 18,636,234 »
1856. 25,434,041 >
1866 . 30,384,394 >
1876. ........ 31,373,244 »
Ainsi donc, au dix-neuvième siècle, la consommation double
par période de trente ans environ (1).
Il résulte de la statistique de 1877 que l’on a vendu sur le
territoire do l’empire allemand :
Tabac à fumer. . .
» à priser. • .
» à chiquer . .
Total
Plus : Cigares . • .
Cigarettes . . . .
Total.
. 36,580,700 kilog.
. 6,312,350 »
. 3,070,600 »
. 45,963,050 kilog.
. 4,782,096 >
200,000 s
7 49,945,146 kilog.
(1) Galopin. Le tabac , pp. 133 à 137
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L’Allemagne consomme donc en poids quaranterneuf mil¬
lions neuf cent quarante-cinq mille cent quarante-six kilo¬
grammes. On sait que le tabac contient ordinairement cinq
pour cent de nicotine. On sait aussi qu'il suffit de quelques
gouttes de cet alcaloïde pour tuer un homme d’uno manière
instantanée. Or, nous trouvons deux milliards et cinq cents
millions de grammes do nicotine dans le tabac consommé dans
ce pays en uns année. La population de la terre n'étant que
d’un milliard et deux centsmillions,le peuple allemand savoure,
avec ou sans bière, le poison qui, étant distribué à chaque
tête et avalé dans un même instant, tuerait d’un seul coup
l’humanité toute entière.
Lorsque la nicotine est prise à petites doses, ses effets sont
moins violents, mais les conséquences restent funestes : le
progrès est constant et graduel; l’aggravation continue sa
marche, attaquant d’une manière inquiétante le système
nerveux, cérébral, intellectuel : la finesse et la vivacité de
l’esprit font place aux idées vagues, à la brusquerie, à la
rudesse du caractère ; le fumeur étant alors anémique, il est
empoisonné.
Nul doute que le tabac a une influence marquée dans la
marche des mœurs et de la civilisation. L’enquête n’a pu éta¬
blir le nombre exact des fumeurs, on l’a approximativement
évalué à 10 millions de têtes ; presque la moitié de la popu¬
lation mâle use du tabac dans une proportion do 30 marcs par
au et par personne. L’armée coûte environ trois cents mil¬
lions de marcs. En y joignant les trois cents millions de
fumeurs, l’armée de la gloire et l’armée de Nicot coûtent au
peuple allemand six cents millions de marcs (1).
Parlons maintenant de la régie, qui est, après la guerre et
la marine, l’administration la plus importante de France, par
(1) Galopin. Le tabac , pp. 133 à 137.
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le matériel et le personnel sur lesquels elle agit. Elle a dans
ses attributions le tabac et par extension les poudres explo¬
sives. Elle ressort du ministère des finances.
L’administration des tabacs a pour chef un directeur spé¬
cial. Ses bureaux forment trois divisions, ayant chacune un
directeur général et quatre sous-directeurs.
Elle a neuf manufactures, situées à Paris, Lyon, Mar¬
seille, Bordeaux, le Havre, Toulouse, Tonneins, Lille,
Morlaix, et sept autres encore et employant dans leur en¬
semble 12,200 ouvriers.
La statistique officielle porte le nombre des débits de
tabacs, pour toute la France, à plus de 30,000. C’est plus que
la moitié du nombre des boulangers, qui n’est que de 50,711.
Un marchand de tabac pour deux mai'chands de pain ! N’est-
ce pas un fait aussi humiliant qu’étrange pour la civilisation
du dix-neuviéme siècle?
La culture du tabac absorbe en France plus de trente mille
hectares de bonne terre. La France est presque la seule, en
Europe, qui sacrifie son territoire à la production d’une plante
délétère exotique au détriment de ses cultures naturelles et
presque nationales.
Quand, dans une belle soirée d’été, on quitte le départe¬
ment de la Gironde, tout embaumé des parfums de la vigne eu
fleur, pour traverser le département du, Lot, du Lot-et-Ga¬
ronne, envahis par le tabac, à l’aspect sombre, on est pris
d’un sentiment de tristesse qu’on ne peut définir. Ce sont les
vapeurs narcotiques de la nicotine en sève qui vous montent
au cerveau comme un miasme, et sous l’impression de ce
contraste, entre les deux cultures, on se demande si ce n’est
pas profaner de riches contrées que de les priver de produire
des vins généreux, pour les contraindre à donner une plante
dont tous les pores distillent le poison et dont l’usage est si
énervant, si démoralisateur, si funeste, en un mot, à la nature
des hommes.
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'■yr ' -,
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La régie verse annuellement, en France, plus de 100 mil¬
lions de kilogrammes de tabac de toutes les qualités, de toutes
les provenances, qu’elle manipule et qu’elle mélange, pour
flatter du mieux qu’il est possible l’œil, le goût et l’odorat de
ses nombreux clients (1).
Donnons maintenant quelques détails suc les procédés (2)
par lesquels passe le tabac avant d'arriver à la consom¬
mation :
Cette fabrication a pour but de transformer les feuilles
sèches du tabac en scaferlati, ou tabac à fumer, en cigares,
en rôles, ou tabac à mâcher, en carottes et en poudre ou
tabac à priser.
On fait subir au tabac en feuilles plusieurs opérat ions qu’on
appelle époulardage, mouillage, écôtage. La fabrication sc
fait avec les feuilles qui proviennent des six départements où
la culture est autorisée, et d’un très grand nombre de crus
étrangers : la Hongrie, la Hollande, la Syrie, l’Argolide,
l’Algérie, Cuba, la Virginie, le Maryland, la Colombie, la
Chine, Java, Porto-Rico, le Brésil, etc. On en fait alors deux
choix : le plus beau est affecté au tabac à fumer et l’inférieur
destiné pour le tabac à priser.
On époularde le tabac, c’est-à-dire qu’un ouvrier le délie,
le secoue pour en faire tomber les impuretés, le trie dans des
mannes placées autour de lui et dispose les qualités pour
répondre aux différents usages : robes ou enveloppes de
cigares, etc.
Cette opération est une des plus pénibles pour les ouvriers,
& cause de l’épaisse poussière qu’elle soulève.
La mouillure rend aux feuilles sèches leur souplesse néces¬
saire pour se prêter à la fabrication. On la fait à l’eau salée;
^1) Depierris. Physiologie sociale. Le tabac, pp, 458 à 404.
(2) Encyclopédie moderne ; tome XX VJ. Article : tabac.
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10 kilogrammes de sel pour 100 litres d’eau ; ce sel empêche
1* fermentation de devenir putride et détruit les insectes
qu’elle pourrait engendrer. C’estlesel qui le rend très hygro¬
métrique. La régie emploie annuellement 6 à 700,000 kilo¬
grammes de sel, qu’elle vend par conséquent au prix du
tabac et dans les proportions d’un dixiéme pour le poids.
L’écôtage consiste à arracher la côte do la feuille dans
toute sa longueur. Après lecôtage, les feuilles passent
dans les divers ateliers où s’exécutent les différentes branches
de la fabrication.
La fabrication du scaferlati, ou tabac à fumer, se compose
de quatre opérations : le hachage, la torréfaction, l^séchage
et la mise en paquets. Elle produit en France trois espèces de
scaferlati : 1° le tabac ordinaire, ou caporal, qui se compose
d’un mélange de feuilles indigènes et de feuilles étrangères,
de Maryland, de Hongrie, etc.; 2° le tabac de Caroline, pour
lequel ou n’emploie que les feuilles indigènes de qualité infé¬
rieure qu’on mélange avec les déchets provenant de l’écôtage
des tabacs étrangers ; 3° enfin, le tabac supérieur ou étran.
ger, où il n’entre que des feuilles étrangères, sans mélange
aucun. Tels sont le Maryland, le Porto-Rico, le Varinas, le
tabac du Levant, etc.
Le hachage se fait par l’eau ou par la vapeur, ou avec des •
couteaux dans le genre de hache-paille.
Après le hachage, le tabac passe à la torréfaction que l’on
fait sur des plaques fortement chauffées. Cette opération a
pour objet de rendre impossible la fermentation. Le séchoir
se fait dans des appartements à l’aido d’air chaud, on le met
sur des claies où on le retourne souvent pour hâter sa dessic¬
cation. On le met ensuite en paquets du poids de 500 ou 1000
grammes pour le tabac ordinaire, de 500, 200, 125 grammes
pour le tabac étranger. Les cigares se font parles femmes,
qui roulent entre bs doigts les feuilles petites, en volume
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voulu pour chaque espèce de cigares ; elles revêtent le tout
d’une robe, c’est-à-dire d'une feuille plus grander et conve¬
nablement taillée, et ne présentant aucune déchirure. Elles
la fixent avec un peu de eolle de pâte et le cigare est ter¬
miné. On le met ensuite au séchoir, à une température do
30 degrés au plus.
On ne fabrique en France que des cigares des deux der¬
nières qualitéset seulement dans les manufactures de Toulouse,
Bordeaux, Paris ; particuliérement dans celle de Marseille qui
ne fabrique que des cigares et du tabac en poudre. Ceux à
cinq centimes sont faits avec du tabac de France. Ceux de la
qualité immédiatement supérieure sont composés de feuilles de
Maryland et de la Havane. Ceux dits étrangers, et du prix de
15 centimes, et tous les autres arrivent tout faits de la
Havane, de Manille, de la Colombie, Nouvelle-Grenade, do
Bahia.
La fabrication des rôles ressemble beaucoup à celle des
cigares, elle offre du reste peu d’intérêt, leur emploi
devenant de plus en plus rare. Celle dos rôles pour tabac à
chiquer se compose de cinq opérations, le félage, la mise en
rôle, le passage à la presse, le ficelage et la mise à l’étuve.
(/I continuer.) ’ Seutin, Ph" et D r L. Seutjn.
MALADIES DE LA PÉAU
par le D r Burkhard, de Berlin. — Traductiondu D r Chevalier, de Cbarleroi.
Avant de traiter des maladies cutanées, nous devons élimi¬
ner toutes celles qui sont le résultat d’une infection générale,
telles que la scarlatine, la rougeole, la roséole, la variole, le
typhus, la syphilis. De même l’érysipèle, qui a toujours été
classé parmi les affections cutanées, et dont la cause pre¬
mière, comme pour les maladies citées plus haut, est un
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bacille, qui jouit de la propriété de sécréter un venin capable
de provoquer des exanthèmes sur tout le corps. Je voudrais
pouvoir m'appesantir sur la propriété des bacilles connus de
procréer des maladies générales. Mais qui sait si par la suite
on ne découvrira pas également un microbe pour chacune des
affections de la peau, et où sera dans ce cas la limite entre
ces maladies et celles d’infection générale ? Pour ma part, je
crois que la délimitation entre ces deux groupes de maladies
sera la participation ou la non participation de toute l’éco¬
nomie dans la symptomatologie de ces affections cutanées.
Il ne sera pas toujours facile non plus de distinguer les
affections cutanées des affections scrofuleuses de la peau,
attendu que souvent elles se ressemblent entièrement et que
nous ne sommespas toujours en état de'diagnostiquer sûrement,
dans- un cas donné, si une éruption est de nature scrofuleuse
ou non ; de plus nous admettons que toutes les affections de
la peau sont l’expression d’un vice général, d’une psore,
comme l’appelait Hahnemann, qui a une grande ressemblance
avec la scrofulose.
Ce n’est pas ici le cas non plus de faire une pathologie et
une anathomie pathologique étendues des maladies cutanées.
Nous les supposons connues et nous nous bornerons à ne con¬
signer que ce qu’il y a do plus essentiel.
Notre but est de faire connaître le résultat de notre expé¬
rience et de nos études pour le traitement et la guérison de
ces affections, de façon à apprendre aux uns quelque chose de
nouveau, un remède à expérimenter,et de stimuler les autres
à faire de nouvelles recherches.
Dans la division des maladies delà peau en différents grou¬
pes, nous prendrons pour base l’anatomie de ces affections.
Si nous considérons en premier lieu Yhypertrophie (le
la peau, il est évident que celle-ci peut avoir toutes ses cou-
Ghes hypertrophiée^ ou seulement quelques-unes.
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L’hypertrophie totale est une maladie de naissance, et
qui ne se montre que sur certaines parties du corps.
A cette classe appartiennent les excroissances verruqueuses
et les nœvi ma ter ni. Ils sont la plupart du temps recouverts
de poils et très pigmentés. Une expoliation diffuse de l’épi
derme et du derme constitue l’ ichthyose. Si les tissus sous
cutanés participent à l’hypertrophie, on a l'elephantiasis.
Nous traiterons plus loin de ces deux maladies.
La pigmentation peut parfois aussi être très considérable
dans la couche de nmlpighi ; on trouve de naissance de grandes
taches pigmentées,'ainsi que dos taches de rousseur., A ces
endroits il y a également souvent un développement considé¬
rable de poils. A cette catégorie d’affections appartiennent
également les chloasmata uterina.
L’hypertrophie du derme se rencontre dans l’ichthyose,
dans les verrues, les fies, et commence par une prolifération
de papilles, qui se recouvrent d’un épiderme très épais.
Souvent ces tumeurs présentent des crevasses, produites par
l’interposition de l’épiderme dans le corps papillaire.
Les mêmes modifications {anatomiques se rencontrent autant
dans les fies que dans les verrues, seulement chez les premiers
les papilles se flétrissent vite et sont recouvertes d’une mince
couche d’épiderme. On distingue les condylomes en pointus et
plats. Ces derniers, de même structure que les autres, sont
toujours de nature syphilitique, et nous n’en parlerons pas.
Les végétations pointues peuvent se montrer partout où
une sécrétion corrosive irrite une muqueuse.On les rencontre
surtout dans le cas de gonorrhée sir la muqueuse du pénis,
ou du vagin. Ils peuvent également se développer sur la peau
par contact de la sécrétion blennorrhagique.
Mentionnons encore une hypertrophie circonscrite du lissi»
sous-cutané, qui forme 1 emolluscum simplex, petite tumeur
dure et sphérique.
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Outre le simplex, il y a encore le molluscum contagio-
snm, qui est formé par l’hypertrophie du cuir chevelu, qui
est rempli de petits grains arrondis et durs. Ces petites
tumeurs so développent vite, puis il en vient de nouvelles et
c’est ainsi qu’on en compte un grand nombre occupant une
grande superficie de la peau.Des observations concluantes de
contagiosité lui ont fait donner son nom.
Enfin citons encore l’hypertrophie circonscrite des capil¬
laires de la peau, qui constituent les télangiectasie*. Tout
monde sait que quand elles ont acquis un certain développe¬
ment, elles s’arrêtent, mais que parfois elles grandissent
fort.
Avant de passer à la description de Fichlhyosis et de l’ele-
phanliasis, qu’il me soit permis de donner mon avis à propos
du traitement de ces anomalies de la peau dont il a été fait
mention plus haut. Je considère qu’un traitement interne pour
ces affections ne donnera aucun résultat. Je ne prétends pas
que par un traitement interne d’une affection de l’utérus on
ne puisse faire disparaître les chloasmata uterina, mais dans
ce cas, ce n’est pas cette dernière affection qui a été traitée,
mais l’affection utérine qui en est la cause.
Vouloir guérir par uns médication interne des taches do
rousseur, des taches hépatiques, des cors, est pour moi un
non sens.
Je dois cependant mentionner ici une affection d’une façon
spéciale, à cause des nombreux travaux qui ont été écrits sur
son traitement homœopathiquc et puis parce que Hahnemann
a basé sur elle sa théorie de la psore.Vous m’avez compris, je
veux parler des végétations, surtout des spécifiques et de leur
remé le le thuya. Que le thuya ait uno action spécifique sur
la prolifération papillaire, personne ne conteste la chose. S
nous touchons les condylomes avec la teinture de thuya ou de
son congénère la saôme,ilsdisparaîront complètement et cela
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— 147 —
sans avoir été corrodés par le médicament. La teinture ou la
poudre de thuya n’est pas corrosive, mais a une action spéci¬
fique.
Chez les personnes atteintes de végétations suite de
gonorrhée, l’expérience prouve que le thuya par son action
spécifique les fait disparaître. Je crois que l’observation
attentive de ces faits a été l’origine de la Sycose pour Hahne-
mann.
J’ai traité un patient, qui avait souffert d’une gonorrhée
pendant plusieurs mois et l’avait fait disparaître par des
injections, pour différents maux qui lui étaient survenus.
Après avoir vainement prescrit des traitements indiqués
homéopathiquement par les symptômes, le thuya fit revenir
la gonorrhée et tous les maux disparurent. Et mon patient
était un homme digne de foi, qui eût pu évidemment contrac¬
ter une nouvelle gonorrhée, mais qui sur son honneur ne
s était pas exposé. Si jo ne puis pas nier la possibilité théo¬
rique pour thuya administré à l’intérieur de détruire les
végétations, je dois convenir franchement que je ne l’ai
jamais vu. J’ai fait souvent l’expérience^ mais jamais je n’ai
réussi à faire disparaître les condylomes de cette manière. Jq
me sers toujours du thuya ou plus souvent de son congénère
la sabine localement.
Je considère que si après plusieurs tentatives infructueuses
le thuya réussit une fois, ce moyen ne doit pas être préco¬
nisé. Ce serait un résultat très intéressant au point de vue
théorique, mais nullement utile pour la pratique. Si sur 30
ou 40 essais, je réussis une fois, par l’administration interne
Aq thuya, je ne puis pas recommander ce remède, alors que
j en ai d’autres plus efficaces ; les malades du reste n’ont
pas le temps d’attendre.
Quant au traitement des télangiectasics proposé tout récem¬
ment par le collègue Sulzer au moyen du ferrum phosph..
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je n’ai pu que peu l’employer; dans un cas je n’ai pas réussi,
dans un autre j’ai eu un succès éclatant.
Ichthyosis
Elle consiste en une hypertrophie du derme et de l’épiderme.
Cette affection recouvre la plus grande partie du corps,
excepté la figure, la paume des mains, la plante des pieds,
les jointures et les parties génitales, et apparaît dés la nais¬
sance. On la rencontre chez plusieurs membres d’une même
famille et cela dés les premières années de la vie. Si l’ichthyo-
sis ne se remarque pas au moment de la naissance ou dans les
premiers mois, c’est que, selon Hebra, l’enfant, pendant la
gestation, se trouve dans un bain chaud, et que ceux qu'il
prend après la naissance enlèvent les petites écailles épider¬
miques.
Ces écailles sont assez grandes et grosses, et dans quelques
cas simulent des plaques. On peut les confondre avec les
squammes d’une dermatite superficielle comme pour les
pellicules de la tête. La caractéristique de l'ichthyose c’est
la permanence de la desquammation sans la moindre irritation
inflammatoire de la peau, sans exsudât, sans sécrétion de la
peau ni des glandes sébacées.
Quant au traitement, Niemeyer prétend qu’il est nul. Los
préparations internes ou externes d 'arsenic, d’ antimoine ,
degoudron sont inefficaces, parce qu’il est impossible d’attein¬
dre les papilles des parties hypertrophiées. Il préconise des
bains chauds, avec ou sans addition d’alcalins, des frictions
afin d’empêcher l’accumulation des squammes épidermiques.
Est-il question pour nous, homœopathes, de ne rien faire
non plus et de nous croiser les bras comme nos collègues les
allopathes? D'après les travaux de Katka, et pour autant que
je connaisse la littérature homœopathiquo, il n’y a pas de cas
de guérison d’ichthyosis. Kafka prescrit intérieurement ot
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extérieurement le phosphore, comme dans l’acne indurata,
parce que ce médicament possède le plus d’aptitude pour
guérir los indurations et l’hypertrophie de la peau ; puis il
donne aurum et iode. Le point do départ théorique qui guide
Kafka à prescrire le phosphore, ne me satisfait pas. L’acné
est une inflammation d’une glande sébacée enkystée, dont le
produit se durcit : Acné indurata. Cette affection n’a aucun
rapport avec les papilles de la peau. Toutefois, on peut essayer -
le phosphore. L 'iode et l'or m’inspirent plus de confiance. Je
recommande cependant plutôt sulphure t graphites, nos deux
grands remèdes pour la peau.
Il n’y a pas longtemps, j’ai traité un cas avec ces deux
médicaments et j’ai obtenu d’excellents résultats. Si la guéri¬
son n’a pas été complète, l’amélioration a été considérable (1).
{A continuer.) Traduction du D r Chevalier.
Coup d'œil sur la diététique contemporaine
par le D* Criquelion, de Mons.
La diététique est la science de l’alimentation appropriée
aux différents états de la vie, que nous soyons en santé ou en
cours de maladie.
Elle a une extrême importance ; elle doit nous tracer les
lois de notre existence journalière et elle indique les règles
à suivre dans l’alimentation des malades.
Celle-ci a souvent été l’objet de l’étude des médecins ; il est
pourtant bien des chapitres qui seraient à reviser. Certaine
école, dans notre pays, qui puise surtout ses enseignements à
(1) Avant le traitement tout le corps était couvert d’écailles. Le pro¬
cessus,comme toujours, avait débuté à la naissanoell était surtout répandu
sur les bras, le cou, les jambes; la poitrine et le dos en avaient moins.
J'ai revu ma malade, une jeune dame de 17 ans, 8 mois après ma dernière
visite; la guérison, à ma plus grande satisfaction, s'était maintenue.
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l’Université de Bruxelles, montre une tendance exagérée
à soumettre la généralité de ses malades (qu’ils soient fié¬
vreux ou non) à une alimentation fortement animalisée, addi¬
tionnée de vins généreux et en grande quantité, surtout de
vins de champagne, qu’il est devenu de bon ton de prescrire
aujourd’hui.
J’assiste souvent à une véritable débauche de champagne
et de beefstoacks saignants, ordonnés à des malades en état
de fièvre, oubliant que chez eux les muqueuses digestives sont
souvent altérées, que leurs glandes séerétoiros sont troublées
dans leurs fonctions, que l’appareil gastro-intestinal est
devenu incapable de remplir son travail de digestion et d’as¬
similation, et C3la sous le prétexte spécieux que le malade est
faible et qu’il faut partant lui donner des forces, travail de
Titan que le malade ne peut accomplir, rocher de Sisyphe
sous lequel il succombe, labeur impossible qui ne lui a jamais
donné de forces, mais qui a bien souvent rallumé sa fièvre ou
ramené ses irritations.
Mais c'est de la médecine qu’ils appellent pompeusement
médecine rationnelle , titre trop lourd pour une science qui
n’a pas de principes sur lesquels s’appuyer, et dont l’expéri¬
mentation, dépourvue de boussole, n’a fait faire aucun pas
utile à la thérapeutique curative : ils sont incapables de
spécialiser.
Je voyais, il y a peu de temps, un bel exemple de cette
belle médecine. Un pauvre patient, parmi d’autres symptômes
que son médecin n’avait pas pris la peine de relever pour
poser un diagnostic réel, présentait de la constipation : vite
un purgatif. Deux jours après, l’Esculape fameux revoit son
malade et le trouve en diarrhée : vite une potion opiacée.
Il repasse 48 heures après; la constipation avait reprisses
droits : aussitôt de donner une nouvelle potion purgative,
suivie encore une fois d’une potion astringente.
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- 151 —
V*
Dieu sait combien do temps cette médication aurait duré;
si le malheureux malade n'avait changé de médecin. Il avait
une dyspepsie qui disparut bien vite avec quelques globules
d 'hepar sulph. d ’antimonium crudum, aidés d’une diète
relative. Ce fait, je l’ai observé plusieurs fois.
Nous mangeons et buvons souvent trop. Emportés par le
mouvoment fébrile qui anime notre siècle, nous vivons à la
vapeur; notre cerveau, continuellement surexcité, a Lesoin
d’être fouetté pour être maintenu sous sa haute pression ;
nous vivons vite et nous mourons tôt, et si les tables de mor¬
talité ont vu s’augmenter la durée de la vie humaine, co n’est
pas chez les adultes qu’il faut on chercher la cause, mais
chez les enfants que l'hygiène moderne est parvenue à sous¬
traire à un très grand nombre de causes de mortalité ; les
enfants meurent beaucoup moins et c’est ce qui augmente
la moyenne do la longévité humaine; quant aux adultes ils
meurent plus vite. Combien plus nombreuses qu’autrefois
sonft les maladies du cerveau chez l’adulte, les maladies du
cœur, les maladies du foie et de l’estomac, des intestins et des
reins, la goutte et les maladies de la moelle épinière ? Com¬
bien de celles-là no relèvent pas de cette cause primordiale :
excès de travail chez quelques-uns, excès de table chez beau¬
coup, surtout chez les habitants des villes, les hommes d’af¬
faires qui bâclent celles-ci on sablant le champagne ou qui
couronnent leurs transactions par un diner à discrétion.
Quelles constitutions ne sombreraient pas dans une pareille
tourmente ! Quels chênes ne seraient pas chenus et dépouillés
avant l’âge !
Notre hygiène est détestable. Nous mangeons trop de
viande, surtout de viandes crues, nous buvons trop de vin
et surtout trop de bières fortes et adultérées.
Si nous examinons avec un peu de soin l’organisme humain,
si nous considérons notre appareil dentaire et notre long
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tube digestif, nous découvrons de suite que nous sommes
avant tout des frugivores. Nous n’avons pas ces canines puis¬
santes qui servent à dilacérer les chairs palpitantes, comme
le lion et le tigre ; nous avons vingt superbes molaires, des¬
tinées à broyer les graines et les fruits ; nous avons le
système dentaire du singe ; or celui-ci ne mange pas de
viande. Nous sommes omnivores, c’est vrai ; mais l’alimenta¬
tion animalisée est celle qui nous convient le moins. Le
régime végétal est mieux approprié à notre nature et c’est
celui qui doit le mieux nous conserver en santé et nous ren¬
dre le plus forts.
Si d’autre part nous jetons un coup d’œil sur l’échelle ani¬
male, si nous voyons ce qu’étaient autrefois les peuples du
centre de l’Europe, nous reconnaîtrons bien vite la vérité de
ce que je dis.
Quel est l’animal le plus fort de la création î C’est le singe.
Un singe qui nous vient aux épaules nous broie dans ses
bras ; il se livre habituellement, et en se jouant, à une gym¬
nastique effrénée : il saute d’arbre en arbre avec la plus
grande facilité. Le singe fait fuir devant lui le lion dans le
désert ; il casse des arbres gros comme le bras quand il a
besoin de se faire une arme ; c’est le roi de la forêt. Et que
mange-t-il? Des fruits. — Voyez le cheval et le bœuf; quels
travaux longs et pénibles n’accomplissent-il pas ? Et que
mangent-ils ? Un peu d’herbe ou de paille sèche. Il ne faut
donc pas nécessairement manger de la viande et boire du vin
pour être fort. Il suffit que notre alimentation soit appropriée
à notre organisation : c’est le meilleur moyen d’acquérir la
plus grande somme de forces et de conserver l’intégrité de
nos organes et de nos appareils.
Si nous consultons l’histoire des peuples, nous trouvons, sans
•remonter bien haut, des populations qui ont habité le centre
de l’Europe, qui se livraient aux plus rudes travaux dans les
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— 153 —
forêts, remontant les fleuves en remorquant les plus lourdes
charges, ou les traînant dans des chemins mal frayés ; ils
n’avaiént d’autre nourriture que le pain et les légumes et Us
étaient d’une haute stature et d’une musculature puissante.
Ceux qui ont connu la génération d'il y n quarante ans,
n’ont pas oublié les anciens travailleurs de la campagne, si
sains, si vigoureux, si probes et si vaillants. Ils ne man¬
geaient de la viande que quatre fois l’an aux grandes fêtes, et
une fois encore à la kermesse ; ils travaillaient sans relâche,
sans avoir besoin d’être surveillés et ils n’étaient jamais
malades.
Si nous voyons aujourd’hui des porte-faix faire des choses
extraordinaires sons l'empire des boissons fermentées qu’ils
prennent, nous ne devons pas omettre que cet effort n’est pas
durable : c’est un feu de pétrole qui s’éteint vite faute d’ali¬
ment et qui use très vite la machine soumise à pareil exercice.
Aussi ces gens éprouvent-ils toujours le besoin de se
remonter en prenant de l’alcool et en mangeant des viandes
crues ; ils doivent toujours être sous pression ; quel organisme
résisterait à de semblables excès ?
Mangeons donc moins do viande et buvons moins de vin,
dans l’état de santé comme dans l’état de maladie, et nous
nous en trouverons mieux.
D r Criquelion.
BEVUE DES JOURNAUX DOIEOPATHIOUES D’AIÉRIQUE
par le D* Lambrbghts, fila, d’Anvers
Traitement de la néphrite post-scarlatineuse
par le D r Owens, de Cincinnati
Acidum carbolicum. — L 'acide carbolique est un des
remèdes les plus efficaces de la néphrite post-scarlatineuse
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— 154 —
•Sur l’homme sain il produit une augmentation de la sécré¬
tion urinaire, suivie bientôt d'une diminution do cetto sécré¬
tion et même d’une anurie complète. Ces phénomènes s’obser¬
vent très fréquemment au début de la néphrite consécutive
à la scarlatine. L’acide carbolique donne en outre une urine
foncée presque noire, ou bien encore une urine d’un rouge
vif, qui peut être acide ou alcaline. Comme sj r mptômes géné¬
raux, il y a de la céphalalgie frontale avec sensation comme
si les tempes étaient fortement comprimées par un bandeau,
do la répugnance pour les travaux intellectuels, de la pâleur
de la'face, une transpiration'froida et visquoqse, de i’inappé-
tance avec un désir immodéré pour les stimulants.
L’acide carbolique convient surtout dans la période initiale
de la néphrite post-scarlatineuse.
' Apis melli/ica est considéré par un grand nombre d’autours
comme le remède le plus important de cette forme de
néphrite à un stade plus avancé. Ses indications sont :
Douleurs brûlantes au méat urinaire, envie .fréquente
d’uriner; l’urine est peu abondante, colorée^ albumineuse ;
anasarque et épanchement dans les cavités séreuses. Le symp¬
tôme caractéristique de ce médicament est l’absence de soif.
Bryonia alba est indiqué également dans une périodo
avancée de la maladie, surtout lorsque l’épanchement dans
les cavités séreuses existe déjà depuis quelque temps.
Scnega possède aussi quelques indications : urine albumi¬
neuse spumeuse, chargée de mucus, se séparaut en plusieurs
couches par le refroidissement, épanchement dans les cavités
séreuses.
Terébenthina est un des remèdes les plus efficace?. Voici
ses indications :
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T"”" '
— 455 —
Pesanteur et-pression dans la tête, vertiges, perte d’ap¬
pétit,-nausées, yeux enfoncés et entourés d’un cercle bleuâtre,
points noirs devant les yeux, sensation de pesanteur dans les
reins, douleurs violentes dans les régions rénales, émission
fréquente et abondante d’une urine claire et aqueuse, suivie
d’une diminution et parfois même d’une suppression complète
do la sécrétion urinaire. Souvent l’urine est sanguinolente et
.laisse un dépôt semblablo au marc de café.
Un symptôme caractéristique de ce médicament, c’est
l’odeur de violette que dégage l’urine.
Digitalis purpurea convient surtout lorsque des hydro-
pisies se sont produites dans diverses parties du corps. Les
jymptômes suivants suggéreront l'emploi de ce remède :
Confusion dans la tête qui retombe en arrière lorsque le
malade s’assied ; vertige et syncope lorsqu’il se lève, pupilles
dilatées et insensibles, perte d’appétit, nausées, vomissements,
désir de boissons froides, augmentation do la quantité d’urine,
puis diminution et môme suppression de la sécrétion urinaire ;
urine trouble et contenant une grande quantité de sédiments.
Pouls lent et intermittent.
Helleborus niger est employé lorsqu’il existe de l’hydro¬
céphalie avec symptômes suivants : tête lourde, vertiges,
nansées, vomissements, hypochondrie, mélancolie ; urine
aqueuse et profuso devenant ensuite rare et jaune foncée.
L’urine est chargée de cellules épithéliales et d’albumine et se
décompose très vite.
Helleborus est aussi indiqué lorsque les hydropisies sur¬
viennent rapidement.
Kali bichromicum. — Le malade est sombre et mélanco¬
lique ou bien il est jovial et de bonne humeur ; il existe des
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— 156 —
nausées et des vertiges. L’urine est foncée, brünàlre ou rou¬
geâtre ; elle contient une grande quantité d'albumine, de
mucus et de cylindres épithéliaux. Ce remède est employé
dans le premier stade de la néphrite post-scarlatineuse.
Mercurnis corrosivus est un de nos remèdes les plus effi¬
caces dans l’affection qui nous occupe. Il convient dans le pre¬
mier et le second stade de la néphrito et peut être employé
après l’acide carbolique ouïe kali bichrom.\ lorsque l’urine
devient rare, trouble et sanguinolente et qu’elle contient une
grande quantité d’albumine, de mucus, de débris épithéliaux
et de cylindres hyalins.
Arsenicum correspond à un grand nombre de symptômes
de la néphrite post-scarlatineuse. Dans sa pathogénésie, l’al¬
buminurie est un phénomène constant. L’urine contient des
sédiments de diverses natures, mais surtout des cylindres fibri¬
neux, des cellules épithéliales, du sang et du mucus. Ce
médicament est indiqué en outre dans les hydropisies consé¬
cutives à la scarlatine, que l’épanchement se soit produit dans
les cavités séreuses ou dans le tissu cellulaire. On l’emploiera
de préférence lorsqu’il existe une grande agitation, le malade
changeant continuellement de place pour chercher du soula¬
gement, de l’anxiété, une crainte exagérée de la solitude et
de la mort, de l’émaciation et une grande prostration.
Scilla maritima est indiqué lorsqu’après la scarlatine, il
y a une grande tendance aux hydropisies.
Parmi les médicaments qui peuvent encore être employés
dans la néphrite post-scarlatineuse, nous citerons : Hep.
sulph., asclep.,eupator., apocyn.,aur. sulph ., kalicarb.,
kaliphos., kali hydr., spong .. tartar. emet., zinc.
Comme moyens accessoires, il est utile de recommander
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les bains d’air chaud à la température de 120° (Fahrenheit)*
une alimentation légère composée surtout de 1 liquides, une
chambre chaude et bien ventilée, un exercice modéré à l’in-
lérieur de la chambre, dos vêtements épais, enfin tout ce qui
peut favoriser la transpiration. (American homœopathist .)
, /
Apis melliflca dans les kystes de l’ovaire
par le Dr Percy Wilde
Le D r Percy Wilde rapporte dans VAmerican komceopa-
thist deux cas intéressants de kystes ovariques guéris radn
calement par apis mellifica.
Le premier cas, dit-il, se présenta chez une malade que je
traitai à l’hôpital pour une toute autre affection. Elle appela
un jour mon attention sur un gonflement quelle avait remar¬
qué dans la région ovarique droite ; ce gonflement ne lui cau¬
sait aucune douleur. Les parois abdominales étant très,
épaisses, le diagnostic était assez difficile à établir; je pensai
néanmoins à la possibilité d'une tumeur de l’ovaire, mais je
me bornai à tenir le cas en observation.
Le malade sortit de l’hôpital peu de temps après, et je n’eus
plus l’occasion de l’examiner que huit mois plus tard, lors¬
qu’elle se présenta de nouveau dans mon service, en se plai¬
gnant que la tumeur du ventre avait considérablement
augmenté et qu’elle lui causait une gêne insupportable. L’état
du cœur s’opposait à toute intervention chirurgicale, et, à mon
avis, si le traitement interne ne parvenait pas à la soulager,
elle était vouée à une mort certaine.
Je prescrivis apis 3 x, 5 gouttes 3 fois par jour. A la fin de
la première semaine, la tumeur avait déjà diminué de volume,
et un mois après, l’examen le plus minutieux ne pouvait
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I
— 158 —
déceler la moudre trace de tumeur. Ge fait s’est passé il y a
quatre ans, et jLtâqn’mjeerdluu ü ne s’est pas encore produit
de récidive. Il s’agissait ici (fane kyste emtoculaire ; la rapi¬
dité de sa disparition sous l’influence (F apés a été très
remarquable.
Le second cas se présenta chez une femme mariée, jeune
encore, et jouissant d’une excellente santé. Elle avait l’aspect
d’une femme arrivée au 6 e mois do la grossesse. À l’examen
du ventre je découvris une tumeur bien limitée, située à
droite de la ligne médiane et présentant une fluctuation très
distincte. Les parois abdominales étaient assez minces ; aussi
je n’eus pas de peine à établir le diagnostic d’un kyste ovarique »
uniloculaire. La malade me dit qu’ellq avait remarqué la
tumeur pour la première fois il y a six irçois, et que, depuis
lors, le ventre avait toujours augmenté de volume. Elle avait
consulté un chirurgien qui lui avait conseillé l’opération; puis
elle était venue chez moi pour voir s’il n’était pas possible de
faire disparaître la tumeur sans intervention chirurgicale.
Gomme dans le premier cas, je proscrivis qpis 3 x. La
semaine suivante la malade revint me voir, et iqo dit que le
ventre avait diminué de volume. Je la revis encore 15 jours
après, et j’eus la satisfaction de constater que la tumeur
avait presque complètement disparu. La malade ne se pré¬
senta plus à ma consultation, mais deux mois plus tard elle
vint me consulter pour une légère indisposition; j’eus alors
l’occasion d'examiner soigneusement le ventre, mais je n’y
pus découvrir la moindre trace de tumeur.
Ambra dars l'incontinence d'urine chez les enfants
M llc G., âgée de 8 ans, était dans l'impossibilité do retenir
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— 150 —
ses urines lorsqu’elle jouait à la corde, lorsqu’elle çoaraif en
revenant de l’école, ou qu’elle se livrait à, tout autre exercice
phyaiqu» i mr peu violent. L’énurésie existait déjà depuis
trois ans; pour le reste elle jouissait d’une excellente santé.
Ayant lu dans la pathogénésie d 'ambra ce symptôme carac¬
téristique : «Impossibilité de retenir les urines après exercice
violent», je me décidaiit essayer ce médicament que je pres¬
crivis à la 30 6 , une dose par jour. Au bout d’une semaine
j’obtins une guérison complète.
M lîe B., âgée d&6 ans, souffrait d'une incontinence d’urine
nocturne à la suite d’une coqueluche qu’elle avait eue trois
ans auparavant. Il n’exislait aucun autre symptôme si ce
n’est une grande acidité de l’urine. Quelques doses d 'ambra
30 e amenèrent rapidement la guérison. (Homœopathic re¬
corder.)
Lilium tigrinum dans le prolapsus utérin
par le D r Roberts
Il y a quelques années, Mademoiselle G., âgée de 23 ans,
vint me consulter pour un prolapsus de la matrice dont elle
était alteipte depuis plusieurs années. Elle avait suivi pendant
très longtemps un traitement allopathique consistant surtout
dans l’emplo; de.pessaires, d’jnjectiQns, de médicaments toni¬
ques, etc., mais sans en obtenir le moindre soulagement.
Elle était tré$ découragée, car elle avait la conviction que
sa maladie était incurable ; mais comme elle n’avait jamais
essayé l’homœopatbie, elle voulait voir si ce système ne pro¬
duirait pas de meilleurs résultats. Elle était si affectée qu’elle
ne pouvaij; s’empêcher de pleurer ; en outre elle était très
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agitée et très nerveuse, et d’une humeur excessivement
variable.
Elle se plaignait surtout d’une sensation de pression allant
des épaules et de la poitrine aux parties génitales ; cette sen¬
sation était si intense qu’il lui semblait que tous ses viscères
allaient sortir par le vagin ; pour obtenir du soulagement ell}
exerçait avec les deux mains une forte pression sur la vulve.
Tous ces symptômes étant caractéristiques de lilium tigt'i-
num, je prescrivis ce remède à la 30 e , une dose matin et soir.
La gérison fut complète au bout de 3 mois. Quelque temps
après, elle se maria et devint mère de trois enfants, sans
jamais éprouver le moindre ressentiment de son ancien
mal. (Homœopathic physician.)
D r Lambreohts, fils.
SOMMAIRE
Association centrale des homœopathes belges. — Séance
du 2 juillet 1889 . ... . 129
De l’opportunisme dans le traitement des névral¬
gies, par le D r YAN Blabren, de Bruxelles . . 129
Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph“ et le D' Léon
Seutin, à Bruxelles.. . . 136
Maladies de la peau. — Traduction du D 1 Chevalier,
de Charleroi. ... 143
Coup d’œil sur la diététique contemporaine, par le
D r Criqoelh>n, de Mons . . . ' .119
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lambreohts. fils, d’Anvers ..... 1®3
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
16* ÀNMÊB. SEPTEMBRE 1889. N° 6.
Quelques considérations à propos des remèdes tirés
du régne végétal
par le D r Martiny
Nous nous empressons de mettre sous les yeux de nos
lecteurs un article que nous venons de lire dans la France
médicale , n°du 24 septembre ;
Depuis un petit nombre d’années, la matière médicale s'est enrichie de
quelques substances végétales qui jouissent de propriétés remarquables
dans les maladies des voies urinaires. Très souvent, il s'agit de plantes
exotiques dont les propriétés sont populaires dans les pays d'origine,
mais ce n'est souvent qu'après l'importation de ces plantes que leurs
vertus sont soumises à un contrôle scientifique. Le nombre de ces diuré¬
tiques végétaux pourra d'ailleurs s'accroître lorsqu'on aura expérimenté
les espèces voisines indigènes qu'on peut présumer posséder des pro¬
priétés analogues.
La plus connue de ces plantes est le Pichi ou Fiché (Fabiana imbri-
cata ) qui croît dans l'Amérique du Sud, au Chili, au Pérou et dans la
République Argentine. C'est un petit arbrisseau dont les rameaux sont
couverts d'écailles imbriquées en guise de feuilles, ce qni lui donne
l'aspect d'un conifère; le Pichi appartient oependant à la famille des
8olanées. Nous renvoyons pour la description du végétal à l'étude qu'en
a faite M. Egasse dans le BuUetin de Thérapeutique et qui est complétée
par d'excellents dessins.
Nous nous contenterons de résumer ses propriétés thérapeutiques.
C’est au Chili surtout que le Pichi était employé comme remède popu¬
laire pour combattre les inflamn^ations des voies urinaires ; il passait
encore pour dissoudre les calculs de la vessie. Les journaux américains
ont rapporté un grand nombre d'exemples où le remède parut produire
des résultats surprenants.
Le D r Ramires, de Valparaiso, cite le cas d'un individu, qui, atteint de
gravelle, ne recouvra complètement la santé qu'après avoir fait usage du
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— 162 —
Pichi qui provoqua une diurèse abondante et prolongée. On reconnut
bien vite que cette plante est particulièrement utile dans la cystite calcu-
leuse en modifiant les urines et en calmant les douleurs. Toutes les cys¬
tites en général sont rapidement améliorées par ce médicament. Ses
propriétés diurétiques et sédatives se font sentir dans la cystite calcu-
leuse, la gravelle urique, les cystites consécutives aux traumatismes, à
la rétention d’urine, dans les coliques hépatiques.
C’est le D r Lucien Boyer qui a introduit en France des échantillons
rapportés du Chili. 11 cite l'observation d'un vieux général péruvien qui
évita l’opération de la taille pour cause d’un calcul volumineux en em¬
ployant la tisane de Pichi. Une autre observation a trait à un malade
atteint depuis plus de deux ans d’accidents douloureux des voies uri¬
naires ; ce remède fit disparaître les douleurs et le dépôt purulent des
urines.
Une observation qui mentionne l'action remarquable de la plante a été
relatée par leD r Le Menant des Chesnais. Un enfant de quatorze ans était
atteint de coliques néphrétiques avec dépôt d’acide urique dans l’urine.
Un traitement de plusieurs semaines par le carbonate de lithine, l’eau de
Contrcxéville, l'eau de Vittel, les stigmates de maïs n’amena aucun
résultat. On eut alors recours au Pichi. Les coliques hépatiques se mon¬
trèrent trois fois en dix jours et ne reparurent plus, l’enfant rendit le
troisième jour une grande quantité d’acide urique et peut être considéré
comme guéri.
Quelques observations donnent à penser que le Pichi peut être utile en
raison de ses propriétés diurétiques dans certaines maladies du foie,
dans l’ictère, dans les coliques hépatiques, dans les hydropisies. En
résumé le Pichi, d’après les premières données, semble devoir rendre de
grands services comme diurétique, dans la diathèse urique, contre les
calculs rénaux et vésicaux, lorsqu’il y a excès de phosphates ; dans la
cystite calculeuse il calme l’irritation de la vessie et favorise l’expulsion
des calculs en raison de la diurèse qu'il provoque. Toutes les observa¬
tions signalent le retour de la limpidité des urines et la cessation des dou¬
leurs. L’action de la plante dans les cystites, suite de blennorrhagie, ou
dans les prostatites est plus incertaine.
On a cherché à quels principes le Pichi devait ses propriétés. L’ana¬
lyse chimique a été faite par Henry Rusby et par À. B. Lyons en Amé¬
rique, par Limousin, Nivière et Liotard en France. On trouve dans le
Pichi :
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— 163 —
l a Une résine amère, vert foncé, très abondante, non fluorescente,
soluble dans les alcalis, l'éther, le chloroforme ;
2° Une huile volatile, en petites quantités, dont l'odeur rappelle celle
de la plante ;
3° Des substances fluorescentes analogues à l'esculine, peu solubles
dans l’eau froide, assez solubles dans l'eau bouillante. Ces substances
sont des glucosides et caractériseraient le Pichi, d'après Limousin ;
4° Une substance, neutre qui cristallise en aiguilles minces, insipides,
insolubles dans l'eau, solubles dans le chloroforme, l’alcool chaud, inat¬
taquable par les acides et les alcalis. On la considère comme inerte.
5° Un alcaloïde signalé par Lyonset par Limousin, cristallisable, très
amer. On le désigne sous le nom de Fabianine , mais il est encore peu
probable qu’il représente le principe actif de la plante, car celle-ci en ren¬
ferme à peine 1/1000. Toutefois on n'a pas encore fait d’expérience pour
déterminer auquel des principes signalés reviennent les propriétés diuré¬
tiques de la plante. Ces principes actifs résident dans l'écorce de la tige
et dans les jeunes rameaux feuillés. On emploie le plus souvent la décoc¬
tion qu'on obtient en faisant bouillir pendant une demi-heure dans un
litre d'eau 30 grammes de jeunes rameaux et qu'on prend à la dose de un
à deux litres par jour en plusieurs fois, à jeun. La décoction est fluores¬
cente. On prescrit encore aux Etats-Unis l'extrait fluide, seul ou associé
âu nitrate de soude.
Une plante qui paraît jouir de propriétés analogues à celles du Pichi est
la fève des marais (faba vulgaris). C'est, comme on sait, une plante delà
famille des légumineuses papillonacées, qui est cultivée dans les pays
tempérés pour ses graines alimentaires. Les fleurs seules sont usitées en
thérapeutique. Mais si l'emploi est récent dans nos pays, il est très
ancien dans certaines contrées à en juger par une note insérée dans le
Bulletin de thérapeutique (10, 89.) Les fleurs de fève constituent, paraît-il,
un remède populaire en Calabre et en Sicile pour combattre les coliques
néphrétiques, la goutte et favoriser l'expulsion des calculs. On emploie
dans les accès de goutte sous forme d'une décoction de 12 grammes de
fleurs sèches dans un litre d'eau que l'on réduit à moitié par l'ébullition.
Le correspondant du Bulletin , qui n'est pas médecin, a sommairement
communiqué des résultats d'une expérience qui date de trente ans. Des
déformations articulaires, les concrétions tophacées ont disparu en même
temps que ces douleurs k la suite de l'emploi un peu prolongé du remède.
Les coliques néphrétiques, la gravelle, céderaient à ce traitement sous
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— 164,—
l'influence duquel les calculs s'éliminent spontanément La connaissance
de ces propriétés singulières restait limitée à un cercle très restreint,
lorsque le D r P. Bouloumié (de Vittel) publia les résultats de ses premiers
essais. Dans deux cas de colique néphrétique, les crises se calmèrent
rapidement pour laisser la place à une sensation de bien-être et an
sommeil ; dans un autre cas, la douleur ne disparut pas complète¬
ment.
Les fleurs de fève produisirent une diminution très notable des douleurs
de la dysurie dans un cas de douleurs uréthrales liées à une cystite
chronique. Les fleurs étaient prescrites sous forme d'infusion à la dose
d'une pincée pour une tasse d'eau bouillante. M. Bouloumier pense que les
fleurs de fève agissent en faisant cesser le spasme de l'uretère et en cal¬
mant les douleurs ; le spasme cessant, l'anurie réflexe disparaît, ainsi
s'expliqueraient les propriétés diurétiques indirectes de la plante. Cepen¬
dant quelques exemples permettent d'attribuer aux fleurs de fève une
action diurétique réelle et même considérable. Sans quoi on n'explique¬
rait pas l'expulsion des calculs, la disparition des tophus sous leur
influence. Mais des expériences sont nécessaires pour déterminer le méca¬
nisme de leur action diurétique et jusque-là toute tentative d'explication
serait prématurée. De la composition des fleurs de fève nous savons peu
de chose : M. Adrian a fait l'analyse de la cendre provenant de la calci¬
nation de ces fleurs én vase clos. Sur 72 grammes de cendre que donnent
1 kilogr. de fleurs, le chimiste a trouvé 28 grammes de silice, 11 g. de
chaux, 10 g. 7 de potasse.
Comme on peut facilement se procurer ce remède nous ne tarderons
pas sans doute à être fixés sur sa valeur thérapeutique. Dans tous les cas
les premiers résultats publiés justifient et exigent de nouvelles expériences
cliniques plus étendues et plus complètes.
Les médecins des Etats-Unis emploient comme diurétique une plante
de la famille des Ericacées, la chimaphiîa umbeUata que les colons fran¬
çais appellent herbe à pisser . Elle croît dans l'Amérique du Nord, en
Russie, en Sibérie, dans l'Europe centrale et le nord de l'Asie. C'est une
plante herbacée, vivace, toujours verte, qui exhale une odeur particulière
lorsqu'on l'écrase. Les feuilles qui ont une saveur douceâtre, puis amère
et astringente, sont seules employées. Le Dr Abet a récemment donné
dans le Bulletin de thérapeutique n° 28, les caractères botaniques de
cette plante et en a fait une étude chimique et pharmacologique. Au point
de vue thérapeuthique on sait seulement que oette plante est un remède
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populaire contre les maladies des voies urinaires en Amérique ; elle est
employée également dansl'hydropisie.
Dans ses expériences le D r Abet s'est servi de l'extrait mou hydroalcoo¬
lique, 300 grammes de plante fournissant environ 100 grammes d'extrait.
Cette préparation n'est pas toxique et peut être prise à dose considérable,
sans aucun danger, ainsi que notre auteur s'en est assuré sur lui-même.
Les essais ont été faits sur onze malades cardiaques oliguriques présen¬
tant de la dyspnée et de l'oedème. Un seul a été rebelle au médicament
et n'urinait que par la digitale. Mais la quantité des urines a été aug¬
mentée pour tous les autres et pour quelques-uns dépassait cinq litres.
La dose quotidienne a été de 10 à 15 grammes d'extrait monhydro-
alcoolique dans une potion renfermant du sirop d'écorce d'oranges amères
et du rhum. L'accumulation ne s'eat produite dans aucun cas ; chez tous
les malades la diurèse se montre progressivement dès le second jour et se
maintient à son maximum, jusqu’à complète disparition de l'œdème,puis
la quantité d'urine retombe ensuite à son taux normal.
La composition du chimaphila umbeUata n'est pas encore suffisamment
connue; elle a été étudiée par Fairbank et par Beshore qui sont arrivés
à des résultats quelque peu différents. Le premier a trouvé dans les feuilles
de la plante, de la gomme, de l'amidon, du sucre, des acides pectique,
tannique, de la résine, des matières grasses et une matière cristalline
jaune qu'il appelle chimaphiüne , enfin des sels minéraux. La chimaphi-
line obtenue aussi par Beshore est instable dans l'eau, soluble dans
l'alcool, l'éther, le chloroforme, les huiles fixes et volatiles, sa réaction
est neutre ; l'acide sulfurique la colore en rouge sang, le bichromate de
potasse ajouté à l'acide fait passer la couleur au jaune ou au vert. Beshore
de son côté a obtenu en traitant les feuilles par l’éther de pétrole
bouillant une matière cristalline qu'il a purifiée par l'alcool et le chlo-
rofonhe. Ces cristaux analogues à l'ursone retirée de la busserole
(arctostaphylos uva-ur$i) en diffèrent cependant par plusieurs réactions.
Nous ne savons rien des propriétés physiologiques de ces principes
cristallisés.
Enfin, le Dr Mascarel a attiré dernièrement encore l’attention sur les
propriétés diurétiques d'une plante déjà connue par ses effets, appelée
vulgairement la Verge d'or (solidago Virga aurea, famille des composées,
tribu des astéroïdées). On emploie les feuilles et les fleurs; la plante a
une saveur amère, astringente et on lui a attribué anciennement la
propriété d’atténuer la pierre du rein et de la vessie et d'arrêter les
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— 166 —
hémorrhagies et le flux du ventre. Dans les maladies du cœur, cette
plante a produit des effets diurétiques très marqués alors que d'autres
diurétiques avaient échoué; M. Mascarel avait employé la poudre
mélangée à un jaune d'œuf. Le D r Duché a noté ses bons effets à titre de
diurétique dans les diverses affections chroniques de la vessie et a prescrit
jusqu'à 25 grammes des feuilles de la plante en infusion dans les vingt-
quatre heures; l'effet diurétique se produit quarante-huit heures après.
Le même auteur a obtenu de bons effets dans l'ascite de la cirrhose
du foie. En Amérique, le solidago est employé comme succédané
du thé.
Il y a évidemment une tendance générale à revenir à
certains remèdes jadis fréquemment employés et tombés
aujourd’hui en désuétude — c’est le terme consacré. La
plupart dos remèdes usités autrefois par les médecins étaient
tirés du règne végétal ; ils avaient presque tous disparu des
pharmacies, tellement ils étaient peu employés.
Broussais les avait remplacés par la saignée et les anti¬
phlogistiques, puis ses successeurs les avaient négligés pour
ne plus avoir recours qu’aux médicaments minéraux et aux
alcaloïdes, plus facilement dosables, disait-on. Aujourd’hui
on prescrit surtout des remèdes fabriqués de toutes pièces par
la chimie et les nombreuses ressources qu’offre le règne
végétal, et qui étaient jadis presque exclusivement employées
par les médecins, semblaient ne plus avoir de valeur.
Voilà que maintenant les journaux de médecine recom¬
mandent des remèdes oubliés depuis longtemps, et pourtant à
notre époque d’antipyrine, de salycilate de soude, d’antifé-
brine, de thalline, de pyridine et d’une foule d autres médica¬
ments semblables, un certain nombre de médecins semblent
vouloir en revenir aux décoctions, aux infusions et aux
breuvages d’herbes de jadis.
Ne serait-on plus aussi satisfait de tous ces remèdes en
ine qui paraissaient devoir guérir tous les maux et que beau¬
coup de médecins emploient encore avec tant d’ardeur, quoi
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qu’ils soient & peine connus et à peine expérimentés? Il suffit
qu’un professeur d'une Faculté quelconque, après un examen
sommaire fait sur des lapins ou des cobayes, au moyen de
doses toxiques, vienne déclarer que tel ou tel remède en ine
ou en ol est un puissant calmant de la fièvre ou de la douleur,
pour qu’immédiatement tous les médecins le prescrivent à
leurs malades : le remède fait fureur pendant un ou deux
mois, puis il est remplacé par un autre plus surprenant encore
par ses effets curatifs ; aucun de ces nouveaux remèdes ne
tient la corde pendant plus de deux ou trois mois.
Qu’on n’aille pas croire que nous exagérons, il nous serait
facile de prouver ce que nous avançons en citant des noms
et des chiffres.
L’expérience clinique d’un médicament, pour laquelle il
fallait autrefois des observations mûres et contrôlées pën-
dant longtemps, se fait aujourd’hui en quelques jours sur un
nombre très restreint de malades; puis le remède est lancé
dans la pratique courante de tous les médecins.
Si le public non médical était au courant de tous ces détails,
il aurait, au sujet de la thérapeutique, une bien piètre estime
et il se méfierait plus do ces nouveautés.
Certes, il est permis et il est même du devoir du médecin
d’expérimenter les nouvelles substances que les progrès dé la
chimie lui apportent, mais il faudrait, avant de les recomman¬
der dans les journaux périodiques, que des expérimentations
moins sommaires et surtout une expérimentation clinique
suffisante dans les hôpitaux, faite sous les yeux des maîtres
et de leurs internes, aient bien précisé la valeur et l’action
complète de ces nouveaux médicaments.
Une pareille épreuve ne peut se faire ni en quelques jours
ni en quelques mois ; aussi Tes mécomptes sont fréquents et les
accidents ne sont pas rares.
C’est donc avec un vrai plaisir que nous voyons revenir
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sur Peau d’anciens médicaments provenant du règne végétal.
Pour ceux-là, l’expérience clinique est faite en partie, et
les progrès dé la science permettent de mieux préciser aujour¬
d'hui leurs indications, parce que l’art du diagnostic est en
progrès.
L’homœopathie n’a qu’à se louer de cette tendance. Les
tisanes, les infusions, les décoctions d’autrefois sont en réa¬
lité des remèdes homœopathiques semblables à nos dilutions.
Nous pouvons revendiquer, pour ainsi dire comme notre
patrimoine, certains médicaments rentrés aujourd’hui dans
l’arsenal thérapeutique : grâce à l’homœopathie, Xaconit, par
exemple, a repria la place qu’il occupait jadis ; la bryone, la
drosera, la pulsatille, Yarnica, etc., presque tombés dans
l’oubli, sont maintenant journellement employés par nos
oonfrères.
Nous soumettons donc à l’examen de nos confrères les remè¬
des dont il est question dans cet article et nous convions les
pharmaciens homœopathes à se les procurer et à les préparer
aux diverses dilutions. D’un autre côté, il s’agit ici de remèdes
diurétiques; or il y a des circonstances où la médication diuré¬
tique, même à dose massive, est formellement indiquée pour
pouvoir permettre aux remèdes réellement curatifs de pro¬
duire leur action; très souvent, lorsqu’on est appelé près d’un
malade hydropique, il faut, avant de pouvoir commencer à
traiter le fond de sa maladie et la cause de son hydropisie, le
débarrasser de la sérosité qui trouble ses fonctions. 11 faut,
avant de pouvoir espérer de le guérir, faire ce qu’on pour¬
rait appeler de la médecine mécanique et évacuer la sérosité
qui menace son existence. Jusque dans ces derniers temps,
c’était presque toujours à la digitale qu’on avait recours, et
l’on oubliait les nombreux diurétiques d’autrefois. Or, si la
digitale produit quelquefois des merveilles comme diurétique,
il y a bien des circonstances où son emploi peut être suivi
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d’accidents graves; nous sommes donic heureux de voir qü’on
revient un peu à l’emploi des anciens diurétiqués, tels que là
scille, par exemple, qui vient d’être recommandée tout récem¬
ment; la reine des prés reprend aussi quelque faveur.
C’est au médecin homœopathe à bien étudier i’actioh de
oes nouveaux remèdes et à tâcher d’en préciser l’indication,
en se guidant sur la loi dès semblables.
D r Maktiny.
1 Le tabac (1)
par MM. Em, Seotin, Ph», et le Dr L. Skutin, à Bruxelle».
La fabrication du tabac en poudre diffère de celle des
autres tabacs par la fermentation qui est indispensable;
Cest à cette particularité que le tabac en poudre français
doit sa supériorité sur ceux qui viennent tout préparés de
l’étranger.
La poudre ordinaire de tabac se compose ordinairement de
soixante-quinze pour cent de tabac indigène, et de vingt-cinq
pour cent de tabacs étrangers; on y mêle de plus toutes les
feuilles qui ont subi un commencement de fermentation et
qui ont été rebutées de la fabrication du scaferlati, des
cigares et des rôles, et de plus tous les tabacs qui pro¬
viennent des saisies faites sur contrebande.
Tous ces tabacs bien mélangés sont exposés pendant un
temps assez long, en tas de vingt à quarante mille kilog., dans
de grandes salles construites à cet usage. Là se produit une
fermentation qu’on accéléré en plaçant au milieu une certaine
quantité de feuilles déjà fermentées. On abrège ainsi un peu
le temps de la fabrication de la poudre qui demande de 15 à
16 mois.
(1) Suite . Voir volume précédent et volume courant, pages 9, 40, 73, 109
et 136.
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‘Au centré de chaque tas on place un tube enbeis qui permet
d’en vérifier la température, par l’introduction d'un thermo¬
mètre.
Au bout de six à quinze semaines la température atteint 70 à
80 degrés, et elle pourrait devenir assez forte, pour carboniser
le tabac et l’amener à l’état d’humus, ce que l’on empêche en
pratiquant des tranchées dans les tas, pour les refroidir; les
salles sont presque entièrement pleines et constamment fer-
mées.
Le tabac est ensuite porté dans des moulins où il est
réduit en poudre. A sa sortie du moulin, la poudre passe
au tamisage d’où sortent trois numéros, le fin, le demi-gros,
le gros: Ce qui ne passe pas au tamis est repassé au mouli¬
nage.
Ce tabac ainsi tamisé est livré à nouveau à la fermentation
en case qui sert à développer l’arome. C’est l’opération la plus
longue puisqu’elle demaude sept à huit mois pour, être com¬
plète.
Les cases sont des cellules de 20 à 30 mètres cubes
fermées de tous côtés, où on case la poudre qui sÿ entasse,
en masses de vingt à trente-cinq mille kilogrammes. La tem¬
pérature s’y élève, comme pendant la 1” fermentation, succes¬
sivement, mais avec lenteur, jusqu’à la limite de 40 degrés,
où le but de l’opération est obtenu; on défait la case, on met le
tabac en tonneaux ou en paquets, suivant qu’il doit être gardé
en magasin ou livré aux entrepusitaires, qui fixent toujours
eux-mêmes le poids des paquets qu’ils demandent. Là se font
des mélanges pour satisfaire le goût de certains consom¬
mateurs.
Les bénéfices de la régie sont énormes.
Les quelques chiffres que nous allons citer, et que non ;
avons pris dans le tableau publié dans l 'Encyclopédie moderne,
en constitueront la preuve fe plus péremptoire.
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PRIX •
de rerient
par kilog.
PRIX
de débit
Piiix
du conaom-
mate or
Bénéfice
Tabac supérieur à priser .
2
U »
12 >
9 >
id. id. à fumer .
2.50
11.10
12 >
8.65
id. id. à chiquer.
2.63
9.80
11 >
7.17
id. id. cigares à 10 c.
7.42
22 >
25 >
14.50
id. id. cigares à 5 c.
3.45
11 »
12.50
7.55
id. ordinaire à priser •
7.41 1
7.25
8 >
5.85
id. id. à fumer .
1.98 1
7.25
8 >
5.27
id. id. à chiquer.
>92
7,25
8 >
6.3Ô
id. cigares de la Havane,
à 20 c.
32.47
41 >
Vente
11.53
Il y a peu de nations où l’Etat se soit, comme en France,
emparé du monopole de la fabrication du tabac.
Il y a des Etats où la culture, la fabrication, la rente, sont
entièrement libres et même encouragées ; tels sont les divers
Etats d’Amérique, où l'on cultive en grand le tabac non seule¬
ment pour la consommation intérieure, mais principalement
pour l’exporter dans le monde entier.
Il y a un assez grand nombre des Etats de l’Europe où la
culture, la fabrication, la vente du tabac ordinaire et l'intro¬
duction des tabacs étrangers sont abandonnés à l’industrie
particulière, qui paye seulement un impôt plus ou moins élevé,
comme pour les autres industries et les autres commerces ;
tels sont le Danemark, la Suède, la' Russie, la Belgique, la
Hollande et Zollverein qui réunit, comme on sait, tous les
états germaniques.
En Angleterre, la fabrication et la vente sont abandonnées
à l’industrie particulière; seulement la culture y est absolu¬
ment interdite et les tabacs étrangers payent, à l’entrée,
des droits très élevés. C’est le pays qui prélève sur les tabacs
l’impôt le plus considérable relativement à sa population.
(Charles Regnier.)
On voit que tous les gouvernements semblent être d’accord
pour imposer rigoureusement le tabac. Par cet impôt, qui fait
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payer aq public cinq francs, ce que le commerce lui donnerait
pour 5 sous, ont-ils voulu mettre une entrave à la consom¬
mation d’une drogue dangereuse ? ou bien ont-ils voulu laisser
au temps et à l’expérience,le soin d’éclairer les hommes sur les
cruelles atteintes que leur passion nicotique ne cesse de porter
à leur santé ? ou bien encore ces mêmes gouvernements ne
voient-ils qu’un prétexte à impôt dans cet engouement géné¬
ral pour la nicotiane, qui ne peut être qu’une aberration pas¬
sagère de l’humanité, et qu'ils s’empressent de mettre à profit
tant qu’elle dure ?
Cette dernière supposition est la plus probable, pour la
France surtont, où la régie fait tous ses efforts pour pousser à
la consommation de ses produits, par le luxe de leur apprêt,
par la coquetterie des séductions dont elle les entoure.
Ce qu’elle ne dédaigne pas surtout, derrière ses comptoirs,
ce sont de gracieuses et jeunes débitantes, dont l’amabilité
tout affable invite bien des timides jeunes gens à faire leur
premier pas dans les sensations narcotiques, où l’on débute
toujours par la nausée et le dégoût, et l’on finit, le plus sou¬
vent dans la mollesse de l’habitude, ou dans les ravages delà
passion.
Parmi les divers produits du tabac, les poudres seules
paraissent susceptibles d’altérations, par la facilité d’y mêler
des substances étrangères, que le sens de l’odorat, toujours
perverti ou émoussé chez le priseur, ne saurait y découvrir.
Les substances les plus ordinaires avec lesquelles on fraude le
tabac sont : le terreau des jardins, le marc de café épuisé, les
croûtes de pain torréfiées, la sciure de bois colorée dans une
forte décoction d’écorce de chêne, de feuilles de noyer ou
d’autres teintures. Si l’on en croit des révélations plus ou
moins indiscrète^ certains tabacs n’auraient dû la célébrité
dont ils jouissaient dans le monde des priseurs, qu’à des
mélanges beaucoup moins innocents.
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Le tan ayant servi à la macération des cuirs, dans les,
fosses des corroyeurs, donne à la poudre ce montant de pierre
à fusil, que l'on aime à savourer dans les vins de Sauterne,
les excréments de ruminants, vaches, brebis, chèvres,
donnent au mélange un bouquet de benjoin qui rappelle le
macouba ; on va même jusqu’à nommer la poudrette, dont
l’odeur ammoniacale et urineuse impressionne les cousomma-
^ tenrs raffinés comme par un arôme de civette.
Le guano,excrément et débris des oiseaux de mer du Pérou,
joue dans le mélange le même rêle que la poudrette. D’autres
prétendent que ces qualités s’acquièrent en exposant la pou¬
dre de tabac aux émanations des fosses d’aisance, dont les
vapeurs humides lui donnent en même temps du piquant et du
poids, à la satisfaction du client et surtout du vendeur.
A côté de ces mélanges qu’on peut qualifier de frauduleux,
car ils donnent pour du tabac ce qui n’en est pas tout à fait,
il est un autre moyen moins illégal de multiplier la marchan¬
dise. Sans l’altérer, il consiste tout simplement à la foire ser¬
vir plusieurs fois au même usage. C’est ce qu’on appelle la
« renaissance du tabac ».
Aux beaux jours de la tabatière, avant qu’elle eût cédé le
pas & la pipe, au cigare et à la chique, les ménagères, les gar¬
çons de café, les clercs de procureurs et d’huissiers, les gar¬
diens de bibliothèques, de tribunaux, les bedeaux d’églises,
etc., ramassaient soigneusement sur les parquets, tout ce que
ne pouvaient retenir les narines des priseurs, et qu’elles lais¬
saient tomber en pluie noire et épaisse autour de leurs sièges,
il n’est pas jusqu’aux mouchoirs de poche de couleur à qui
l’on faisait restituer la poudre humide dont ils se chargeaient
chaque jour, et toutes ces poudres après de simples prooédés
d’épuration et de dessiccation revenaient -h la tabatière -et
repassaient par le nez.
La renaissance, ainsi .pratiquée, n’àtait qu'un g%gne-petit.
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elle prit les proportions d’une industrie lucrative quand elle
s’étendit aux bouts de cigares et aux chiques.
Je me trouvais un jour, dit M. le D r Depierris, aux abords
de la Bourse à Paris, quand je vis un individu bien mis enlever
lesteinént de terre à l’aide d’une canne qu’il tenait à la main,
un cigare à moitié brûlé, qu’il logea dans sa poche. En un
instant je le vis ramasser ainsi les bouts de cigare par dou¬
zaine. Parmi les bouts il y avait des cigares tout entiers que
les àmateurs venaient à peine d’allumer, en échangeant des
politesses, et qu’ils jetaient aussitôt.
Le D r Depierris s’approchant lui dit: j'admire votre adresse,
Vous n’en manquez pas un.
• Ne vous étonnez pas,reprit-il alors, si j’enlève lestement un
bout de cigare, c’est un exercice que je fais depuis dix ans,
et à part la distinction dans la profession.ee métier-là en vaut
bien d'autres, il me fait vivre au moins ! Avant d’être piqueur
de bouts de cigares, j’étais écrivain public. Et, dans notre
siècle de lumières, on trouve peu à faire la correspondance
des autres; la profession se perd, je ne gagnais pas à faire
ce métier-là l’argent du tabac que je dépensais pour me dis¬
traire de l’absence des clients qui ne m’arrivaient pas.
Un jour, j’avais un besoin de fumer diabolique et pas d’ar¬
gent pour acheter du tabac ; j’allai vers la Bourse, pour voir
si je ne trouverais pas une connaissance qui m’offrirait un
cigare ou une pipe; personne ; tout le monde fumait autour de
moi ; les cigares que l’on jetait par satiété tout allumés sur
les dalles me bondissaient sur les jambes; moi, j’étais trop
pauvre pour me payer aussi le mien, pas de respect humain,
pas de fausse honte devant le besoin! et je ramassai par terre
un beau cigare encore allumé ; j’en essuyai le bout humide à
ma culotte et le fumai tout d’un trait, en me pavanant sous la
colonnade, comme le plus heureux des boursiers.
« Cette première hardiesse me révéla toute une nouvelle
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existence, et je compris que j’étais plus né pour la spéculation
que pour les lettres,et je me fis marchand de tabac d’occasion.
Les petites industries de la rue comptaient un travailleur de
plus.
Nous sommes à Paris, plus de deux cents spéculateurs du
môme genre, vivant largement de notre spécialité, sans
compter les chiffonniers, les balayeurs, les. garçons de ca&v
ramassant le tabac, cbiques, culots de pipes et cigares à me*
sure qu’on les jette sur la voie publique.
Chacun tire le mieux qu’il peut parti de sa marchandise,
les balayeurs et les chiffonniers ne la travaillent pas ; ils la
vendent brute aux apprêteurs, les apprêteurs la lavent, car
elle n’est pas toujours propre, surtout quand on la ramasse
aux petits monuments des boulevards ou dans les égouts,puis
on la séché, et suivant les qualités, on en fait du tabac à fumer
ou à priser. Quand la marchandise est belle, bien parée, elle
trouve toujours son placement dans les débits qui la mélangent
avec du neuf et la font passer.
Moi, je ne fais que ces affaires-là, dans ce quartier,le seul
où je travaille, je ne pique que du beau et du propre qui me
servent pour le dédoublement.
{A continuer.) Em. Sbutin, ph d , et D r L. Seütin.
IIÏUE DES JOURNAUX HOKEOPATHIQUES DE SEANCE
par le D r Schbpbns, de Gand.
Clinique thérapeutique à rhôpital St-Jacques
par le Dr P, Jousskt.
L’homœopathie a beaucoup changé depuis Hahnemann ; je
vous parlerai donc la thérapeutique telle quo nous la compre¬
nons.
La thérapeutique se divisé en deux parties : 1° la théra¬
peutique curative et 2o la thérapeutique palliative.
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— 130 —
La thérapeutique curqtive comprend au premier rang
l’homœopàthie, puis les médications empiriques et enfin les
médications adjuvantes telles que l’hydrothérapie, l’hygiène
alimentaire, la climatologie, la gymnastique, le massage,
l’électricité et la métallothérapie.
La thérapeutique homœopathique repose sur trois prin¬
cipes: la matière, médicale expérimentale, la loi de similitude
et les doses non perturbatrices.
La matière médicale expérimentale est ainsi nommée parce
qu'elle repose sur la connaissance de l’action des médica¬
ments sur l'homme sain ; c’est Hahnemann, le premier, qui a
expérimenté les médicaments de manière à connaître toutes
les modifications qu’ils peuvent produire sur un organisme
sain.
La loi de similitude formulée d’abord par Hippocrate,
reprise par quelques grands médecins du 16 e , 17® et 18* siè¬
cles, ne pouvait trouver son application que quand on connais¬
sait l’action des médicaments sur l’organisme sain. Une
substance médicamenteuse produit dans l’organisme sain un
état défini caractérisé par une série detroubles, de symptômes
et de lésions déterminées soumis à unç évolution déterminée ;
c’est ce qu’on peut appeler la maladie médicamenteuse.
La maladie naturelle est un état défini analogue à celui que
produit le médicament.
Il est évident que dans une maladie il n’y a aucune raison
pour administrer un médicament dont l’action sur le corps
humain n’a aucun rapport avec la maladie à traiter.
D’un autre côté il-n’y a pas d’état produit par un médica¬
ment et qui soit contraire à la maladie; le Contraire d’une
maladie c'est la santé mais ce n’est pas une maladie médica¬
menteuse. On trouve des phénomènes médicamenteux con¬
traires à un symptôme mais, la thérapeutique du symptôme est
la pire de toutes à moins qu’on ne la réserve pour la médecine
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— 177 —
palliative ; alors elle empêche le malade de souffrir mais ne le
guérit pas.
La loi de similitude a été établie en ces termes par Hunter :
« Il est hors de doute pour moi que deux actions ne peuvent
avoir lieu simultanément dans la même constitution ou dans
la même partie. Deux fièvres différentes ne peuvent exister
dans la même constitution ni deux maladies locales dans 1
même partie en même temps. . La guérison de quelques ma¬
ladies ne repose-t-elle pas sur le même principe? > La meilleure
preuve de la vérité de la loi de similitude c’est la clinique.
La clinique démontre que la maladie médicamenteuse guérit
la maladie naturelle : le verati'um produit les symptômes du
choléra et guérit cette maladie ; la diarrhée chronique guérit
parfois par les purgatifs; la millefeuille produit des hémorrha¬
gies et elle en guérit, l'ipéca guérit certains accès d’asthme
et parfois il en produit, etc., etc. La loi de similitude, qui
consiste à appliquer au traitement d’une maladie un médica¬
ment produisant un effet analogue au sien, est une loi d’indi¬
cation positive ; en effet elle n’a besoin pour son application
que de la connaissance expérimentale de l’action des médica¬
ments sur l’homme sain et de la connaissance de l'ensemble
des symptômes et des lésions qui constituent la maladie.
Le docteur Jousset ne parle pas des doses infinitésimales
mais il appelle les doses homœopathiques des doses non
perturbatrices.
Si la dose est perturbatrice elle produit un grand trouble
dans l’organisme et ne produit pas toutes les modifications,
tous les symptômes qui constituent la maladie médicamen¬
teuse ; puis, si la dose est trop forte vous risquez d’augmenter
l’état de la maladie : de fortes doses de cuivre ont empoisonné
les cholériques.
Cependant entre les doses non perturbatrices et les doses
infinitésimales commo la 30 dilution il y a une très grande
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— 178 —
chelle. Les actions des médicaments sont différentes et môme
» pposées suivant les doses, et il y aurait peut-être dans ces
actions opposées la base d une règle à suivre pour le choix de
la dose. Mais il y a une autre base plus sûre, c’est l'expé¬
rience clinique qui a déjà été faite pour certains remèdes et
certaines maladies et qu’il faut faire encore. Il y a une foule
de maladies où nous sommes certains du succès en donnant la
30 e ou la 12 e dilution : ainsi dans la névralgie sus-orbitaire
nous donnons nux vomica à la 30 e ou 12 e dilut ion ; dans la
broncho-pneumonie nous réussissons presque toujours avec
ipéca et bryone à la 6* et à la 12 e dilution, tandis que
dans la syphilis nous n’hésitons pas à donner des doses
très palpables de mercure en évitant la diarrhée et la
salivation. Nous constatons cependant deux catégories de
faits : tantôt dans la même maladie les doses varient suivant
le médicament et tantôt le médicament restant le même les
doses varient avec la maladie.
Nous traitons l’asthme tantôt par des dilutions à 1 arsenic
et de nux vomica , tantôt par ïiodure de sodium à la dose
de cinq à vingt-cinq centigrammes.
Dans la phtisie nous donnons phosphot'us et sulfur à la
30 e dilution tandis que nous donnons drosera vingt gouttes
de teinture-mère.
Dans la fièvre intermittente nous donnons souvent le sulfate
de quininek très forte dose, tandis que quand la noix vomique
ou 1 *arsenic sontindiqués nous les administrons à la30 # dilution.
Dans la chlorose nous administrons le fer à des doses appré¬
ciables, mais si nous trouvons qu’il y a lieu de donner la
pulsatille nous la prescrivons à la 6® ou à la 12® dilution.
Dans une autre catégorie de faits :
Nous employons la digitale à doses fortes dans Tasystolie
et à doses faibles dans la migraine ; le mercure à raison de
plusieurs centigrammes dans la syphilis “et à la 6 e dilution
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— 179 —
dans la dysenterie ; le china à la dose de dix grammes dans
l’érysipèle et à la 12 e dilution dans la dyspepsie.
La grande loi pou? l’emploi des doses, c’est l’expérience
clinique: je trouve absurde l’homœopatho qui s’obstine à trai¬
ter la fièvre intermittente par les globules au lieu de fortes
doses de sulfate de quinine, mais je trouve également absurde
l’allopathe qui s’obstine à ne pas vouloir regarder une théra¬
peutique qui, avec ses garanties scientifiques, s’impose et qui
dérive d’une loi transmise par la tradition depuis Hippocrate.
La médication empirique n’est pas celle des infirmiers ni
des anciens mais elle repose sur la connaissance complète du
médicament et sur l’observation clinique. Il y a des médica¬
ments qui sont employés empiriquement même en homœopa-
thie, par exemple le thlaspi, médicament héroïque dans les
hémorrhagies, ou encore la pivoine qui produit un effet admi¬
rable dans les hémorrhoïdes douloureuses. Presque toutes les
eaux minérales sont aussi des exemples de la médecine empi¬
rique scientifique. Il faut remarquer cependant que le domaine
de l’empirisme diminue à mesure que les expérimentations sur
les médicaments sont plus parfaites.
, Les médications adjuvantes sont nombreuses : l’hygiène,
l’influence des climats et de l’altitude, l’hydrothérapie, le
. massage, la gymnastique, la métallothérapie, etc. Le médecin
ne peut rien ignorer de ce qui peut contribuer à guérir ou à
soulager les malades.
La médecine palliative repose sur cet adage : « Quand on
ne peut guérir, il faut soulager ». Elle répond à un accident
qui menace la vie du malade ou lui cause des douleurs intolé¬
rables ; elle s’appuie sur la loi des contraires. Ainsi l’opium,
le chloral, l’antipyrine sont les contraires du symptôme dou¬
leur.
Il ne faut pas employer la médecine palliative sans une
indication rigoureuse et les indications sont ou bien un acci-
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— 180 —
dent passager mais très violent, tel qu’une colique néphrétique
ou hépatique, ou bien des douleurs intolérables chez un incu¬
rable. Mais, habituer à la morphine, par exemple, un malade
qui peut s’en passer, c’est le rendre lui-même incurable.
Parlant de l’infection microbienne et de l’antisepsie le doc¬
teur Jousset dit que c’est là un traitement prophylactique et non
un traitement curatif ; c’est pour ce motif, dit-il, qu’on en
obtient des effets merveilleux en chirurgie et des effets nuis
dans le traitement des affections internes. {Art médical ,
Février et mars 1888.)
D' Schkpens.
DE U THÉRAPEUTIQUE DE LHYDROPISIE
suite d’affections organiques du cœur
par le D r SchXdlkr, de Berne. — Traduction du D r Cbbvalibr, de Char le roi.
Tout médecin doit avoir rencontré dans sa pratique des cas
d’affections du cœur, compliquées d’hydropisie, dans lesquels
les médicaments les plus recommandés, tels arsenic, lache-
sis, cactus grandi fl., digitalis, spigelia, kalmia, etc., ne
lui ont pas réussi. La circulation compensatrice n’est plus à
rétablir, l’affection est arrivée à l’état d'asystolie.
La gêne de la respiration augmente de jour en jour, la
diurèse diminue et l’hydropisie s’accentue. Le médecin
homoeopathe en est réduit à prescrire à doses massives, allo¬
pathiques (qui souvent dans ces cas ^ont les seules efficaces)
la digitale , afin d’obtenir une diminution de l’hydropisie, et
après quelque temps une accalmie pour le malade. Très
souvent en effet, par une infusion d'herbe de digitale
(1 gramme pour 150 d’eau, qui est la dose à laquelle ce
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— 181 —
médicament sera le mieux supporté) (1), on voit survenir
au bout de 10 à 18 jours un dégonflement général qui procure
au malade un sentiment de grand bien-être. Malheureusement \
cette euphorie ne dure qu’un certain nombre de semaines ou
de mois et puis apparaissent de nouveau l’asystolie et tout son
cortège de symptômes d’hydropisies. Dans le cas de récidive,
la digitale tarde déjà plus longtemps avant de produire son
action bienfaisante ; ceci s’accentue avec chaque rechute et à
la fin elle ne parvient pas plus à sauver le malade que beau¬
coup de remèdes prisés dans ces derniers temps, tels que ado¬
nis vemalis, convallaria majalis, strophantus, caféine ,
calomel , etc. Gomme dans ma longue pratique, j’ai souvent
dû faire de semblables remarques, j’ai été très heureux de lire,
dans le numéro du 11 juin dernierde la Semaine médicale, que
le professeur Germain Sée, clinicien renommé del’Hôtel-Dieu,
avait découvert une substance dont l’action sur l’hydropisie
d’origine cardiaque était beaucoup plus efficace que celle de
la digitale et de ses congénères, quoique ce ne fût pas un
médicament proprement dit (?*pn**cv) mais un moyen diuré¬
tique : la lactose, qu’on obtient en chauffant une solution de
sucre de lait, additionnée d’un acide minéral, opération qui
modifie le sucre de lait et le rend plus soluble.
Il ne sera pas superflu pour un médecin, ot surtout pour un
homœopathe, de connaître le résumé du mémoire lu par le pro¬
fesseur Sée à l’Académie do médecine, et publié dans le n® 24
de la Semaine médicale :
(1) Dans l'ouvrage très intéressant Lehrhuch des homoopatischen Thé -
rapie, Leipzig, du D r Schwabe, cet auteur recommande (p. 508) dans ces
cas, la digitale à la dose de 2 grammes pour 100 gr. d'infusion ; cette
quantité est trop forte et dangereuse, à cause de l'action cumulative du
médicament qui se produit avant que l'action diurétique et par là la dimi¬
nution de l’hydropisie ait pu avoir lieu, ce qui empêche de continuer le
médicament assez longtemps.
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— 182 —
€ La lactose constitue le plus puissant diurétique et en
même temps le plus inoffensif de tous. Cest elle seule qui
donne au lait des propriétés de ce genre, les autres principes
du lait, l’eau et les sels, n’ont pas d’action manifeste ou utile.
Le lait pris à haute dose produit bien la diurèse, mais il déter¬
mine en même temps une glycosurie très évidente, un diabète
passager qui entraîne le sucre normal au dehors ; il pro¬
voque en outre une perte considérable d’urée, ce qui fait que,
finalement, la cure de lait constitue un régime à double dénu¬
trition par le sucre normal qui se perd et par les albuminates
qui se détruisent ; c’est une inanition qui se prépare par une
glycosurie et une azoturie.
« Le sucre de lait permet d’éluder tous ces inconvénients
et ces dangers; on effet une action diurétique énorme s’obtient
à l’aide de 100 grammes de lactose , c’est-à-dire la quantité
contenue dans 2 litres de lait, tandis qu’on n’est pas sûr
d’atteindre ce but avec 4 ou 5 litres de lait. Avec la lactose ,
pas de glycosurie, car le sucre reste dans le sang, pas d’azo-
turie, car les albuminates no quittent pas l’organisme. Si
2 litres de tisane lactoséo équivalent à 4 litres de lait, c’est
qu’ici la lactose n’est pas isolée, elle est combinée et entravée
dans son action par la caséine et la graisse.
« La polyurie résultant de l’usage interne de 100 grammes
de lactose dissoute, dépasse toutes les polyuries médicamen¬
teuses; elle atteint rapidement le chiffre de 2 1/2 litres
d’urine par jour, s’élève presque constamment à 3 1/2 litres
et même 4 1/2 litres vers le troisième jour. A partir de ce
moment, elle reste stationnaire ou s’abaisse à 2 litres et demi
pendant quelques jours. Pendant ce temps, les hydropisies
disparaissent presque à coup sûr, le sang se trouve déshy¬
draté; c’est pourquoi la diurèse n’est plus aussi intense, aussi
complète qu’au début du traitement. Mais, après quelques
jours de répit, on peut, par le même moyen, obtenir à nou-
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— 183 —
veau la déshydratation du sang et la résorption des liquides
de l’hydropisie.
« Quels sont les effets comparés de la lactose sur les
hydropisies d’origine cardiaque et rénale? On peut dire
qu’elle agit d’une manière sûre dans les hydropisies d’ori¬
gine cardiaque, mais d’une manière douteuse ou même nulle
dans les hydropisies d’origine rénale. Dans les affections du
cœur, ce médicament n’échoue que chez les cardiaques dont
le rein est devenu brightique, et quand l’albuminurie atteint
60 à 90 centigrammes par litre d’urine. Tant que la quantité
d’albumine est minime, ce résultat reste favorable, ce qui
fait supposer qu’il n’existe qu’une stase veineuse dans les
reins. On peut, pour ainsi dire, mesurer par la diurèse lac-
tosique le degré de la lésion rénale et son avancement vers
les lésions brightiques.
« Le médicament est, en général, parfaitement supporté.
On doit le prescrire pendant 8 ou 10 jours, cela suffit pour
déterminer une véritable déshydratation et une sorte de
dessèchement des tissus ; on en interrompt alors l’usage pen¬
dant quelques jours pour le prescrire à nouveau.
« S’il est mal toléré, ce qui est exceptionnel, on peut cor¬
riger la fadeur de la tisane lactosique par l’addition d’un peu
d’eau-de-vie ou de menthe. Dans tous les cas, il importe de
diminuer ou même de supprimer toutes les autres boissons,
y compris le bouillon et surtout le lait qui devient inutile et
souvent même nuisible, en ce sens qu’il encombre l’estomac
et empêche toute autre alimentation. Or, à cet égard, la
lactose présente un avantage immense ; elle permet au
malade, à sa grande satisfaction, de prendre toute espèce
d’aliments ; elle permet au médecin de prescrire le régime
carné, bien autrement nutritif et souvent indispensable poru
soutenir les forces défaillantes du cardiaque, arrivé à révo¬
lution complète de sa maladie.
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— 184 —
« Maintenant que les faits sont acquis, il s’agit d’inter¬
préter le mode d’action de ce nouveau diurétique, qu’on peut
appeler physiologique. On sait que les diurétiques agissent
souvent par suite de la haute pression du sang : ici, le pouls
et la pression restent à l’état normal. On sait aussi que cer¬
tains diurétiques, comme les sels alcalins, ont été considérés
comme traversant facilement les membranes et les cellules
épithéliales, en vertu de leur pouvoir de diffusion, facile à
constater sur les membranes mortes; les sels de potasse joui¬
raient surtout de ce privilège; or, en ajoutant 2 grammes de
potasse à chaque litre de tisane lactosique on n’obtient rien de
plus que par la lactose seule qui d’ailleurs ne franchit pas le
rein. Il ne reste donc à prendre en considération qu’une
action élective et sélective de la lactose sur les éléments
sécréteurs du rein; c’est un diurétique physiologique
rénal .
« Si nous la comparons aux autres diurétiques, voici
ce que nous trouvons : ceux qui augmentent la pression, les
cardiovasculaires, à savoir la digitaline , la convallamarine ,
le strophantus , agissent bien plus faiblement,moins sûrement,
moins efficacement sur les hydropisies que no le fait la lactose .
« Un deuxième groupe de diurétiques, le seul bien établi
aujourd’hui, comprend les diurétiques rénaux proprement
dits, où il faut placer surtout la caféine . Elle fait partie d’une
série chimique des plus curieuses, qui commence à la
œanthine , comprend la théobromine et finit par la caféine, le
plus méthylé de ces composés. Or nous savons d’ores et déjà
trois choses, à savoir: 1°c’est que la caféine et la théobro¬
mine sont toutes deux des diurétiques néphrét iques comme la
lactose ; 2° qu’elles sont toutes deux indépendantes de la
pression vasculaire, car on peut sectionner les centres vaso¬
moteurs et détruire les nerfs qui vont aux vaisseaux sans
enrayer en quoi que ce soit la diurèse caféique, laquelle est
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— 185
infaillible ; 3° elles n’onl pas d’action tonique sur le cœur,
comme on l’a prétendu récemment et en cela encore elles
ressemblent à la lactose, mais la caféine produit des troubles
nerveux et cérébraux dont la lactose ne saurait être coupable.
« Nous avons donc, dans la lactose, le remède diurétique
des affections du cœur arrivées à la période troublée ou
asystolique, le vrai moyen curatif des hydropisies cardiaques,
toujours graves, souvent irrémédiables, même de celles qui
ont résisté aux autres moyens polyuriques. Gomme l’asystolie
comprend constamment un autre élément des plus compro¬
mettant pour la vie, c’est-à-dire la dyspnée, la lactose , qui
est comme Ja plupart des autres diurétiques, impuissante
contre le trouble profond de la respiration, devra être secon¬
dée par Yiodure de potassium.
« Par Y iode et la potasse , cette substance constitue le vrai
médicament du cœur et de la circulation ; lo pouvoir diuré¬
tique lui manque seul. Mais si on l'associe à la lactose , on
possède -alors un traitement merveilleux des affections
cardiaques. »
L’intéressant mémoire du professeur Sée renferme des
notions très instructives sur l’action physiologique non seule¬
ment de la lactose , mais d’autres médicaments diurétiques.
Quoi qu’il n’indique pas d’une manière certaine la dose, je
crois qu’on peut induire de son travail que la dose est de
100 grammes sur 2 litres de tisane, pro die . Du reste, je ne
crois pas qu’il faille que la dose soit mathématiquement juste.
Je n’ai pas encore eu l’occasion d’essayer ce remède, mais
je l’emploierai aussitôt que je pourrai.
Quant à Yiodure kali que Sée préconise conjointement
avec la lactose dans les cas de dyspnée excessive, il le prescrit
dans toutes les maladies où la respiration est gênée, comme
dans l’asthme, l’angine de poitrine, etc., et à forte dose
(plusieurs grammes pro die). Pour nous, homœopathes, point
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— 186 —
n’est nécessaire d’avoir recours à ces médicaments, nous
avons Y arsenic, le lachesis, le carbo veget., etc. qui sont
bien plus efficaces et que l’on peut donner conjointement
avec la lactose. (Allgemeine homœopathische Zeitung,
juillet 1889.)
Traduction du D' Chevalier.
REVUE DES JOURNAUX HOIŒOPATH1QUES D’AMÉRIQUE
par le D r Lambreghts, fils, d’Anvers.
Latrodectus mactans
par le D r William Sbmple.
Le D r William Semple, de Hampton, rapporte dans YHo-
mœopathic Recorder , cinq cas d’empoisonnement produit par
la morsure d’une espèce d’araignée appelée latrodectus mac¬
tans .
Cette araignée se rencontre surtout dans l’Amérique du Sud
et dans la Nouvelle-Zélande ; elle produit sur l’homme sain,
comme on le verra ci-dessous, des symptômes parfaitement
semblables à une attaque d’angine de poitrine. Aussi le doc¬
teur Semple propose-t-il l’emploi de ce médicament dans les
accès d’angine de poitrine.
1 er cas. — Le 1 er septembre je fus appelé chez M. D.,
qui avait été mordu au prépuce par une petite araignée
noire, pendant qu’il se trouvait au cabinet vers 12.30 h. La
morsure ne provoqua d’abord qu’un léger chatouillement et
un peu de rougeur du prépuce ; mais une demi-heure plus
tard,il se produisit des nausées suivies de douleurs abdomina¬
les intenses. Lorsque je vis le malade vers 2.30 h. il se plai¬
gnit d’une douleur* atroce à la région précordiale s’étendant
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vers l'aisselle, le long du bras, de l’avant-bras et des doigts
du côté droit, s’accompagnant d’engourdissement des extré¬
mités et d’une apnée considérable. Le médecin qui avait été
mandé avant moi, lui prescrivit du laudanum et du whiskey,
et lui fit appliquer 4 ventouses scarifiées sur la région du
coeur. Le sang ainsi obtenu était fluide et ne se coagulait pas
par le refroidissement.
Cependant le malade n’allait pas mieux ; les douleurs à la
région précordiale étaient affreuses et lui arrachaient des
cris. Le pouls était à 130 et très faible, la peau froide comme
le marbre, et le visage exprimait une vive anxiété. Je suppri¬
mai le laudanum et les ventouses, et lui prescrivit quelques
gouttes d’ammoniaque ; comme boisson, du whiskey dans de
l’eau.
Le lendemain matin aucune amélioration ne s'était produite
dans les symptômes. Le pouls était devenu si fréquent et si
faible qu’on avait de la peine à le découvrir et à le compter.
Cet état alarmant dura jusque vers 2.30 h. de l’après-midi.
Alors survint un vomissement de sang noir qui amena un
changement rapide et considérable. Le pouls devint plus fort,
les douleurs diminuèrent, et la respiration se fit plus aisément.
Le malade dormit quelque temps ; à son réveil il était couvert
de sueurs ; il eut plusieurs selles abondantes et noires, et se
trouva alors complètement guéri.
2° cas. —• Un homme avait été mordu à l’aine par la meme
araignée ; il n’y fit pas grande attention tout d’abord, car il
n’éprouvait dans la région atteinte qu’une légère sensation de
chaleur et de picotement. Mais bientôt il ressentit une violente
douleur à l’abdomen, accompagnée de nausées et une vive
anxiété au cœur. Le pouls était petit et filiforme, la peau
glacée. Le malade guérit rapidement sous l’influence de l’am¬
moniaque et du whiskey.
3 e cas. — Un garçon de 18 ans fut mordu à la face dorsale
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— 188 —
de la main gauche. La morsure n'était pas douleureuse, mais
présentait un peu de rougeur. Quelque temps après, elle devint
le siège d’une douleur violente s’étendant au bras, à l’avant-
bras, à l’épaule et à la région précordiale.
4* cas. — Il s’agissait d’une femme âgée de 22 ans et mère
de deux enfants. Je la trouvai presque moribonde, la peau
froide comme le marbre ; elle était en proie à des douleurs
atroces,s’étendant de la morsure qui était située sur le poignet,
au bras et à l’épaule, puis de là à la nuque et au membre su¬
périeur du côté opposé.
Mais les douleurs les plus violentes avaient leur siège à la
région précordiale, et s’irradiaient vers l’aisselle et le bras
gauche jusqu’aux doigts qui étaient engourdis et presque com¬
plètement paralysés.
11 existait en môme temps de l’apnée ; le pouls était imper¬
ceptible ; le visage exprimait la souffrance et l’anxiété.
Je âs une injection intra-veineuse de quelques gouttes d’eau
ammoniacale, ce qui amena une détente rapide.
5 e cas. — Une jeune fille de 13 ans avait été atteinte
d’une morsure d’araignée au poignet droit. Au début elle n’y
ressentait qu’un léger chatouillement ; après une demi-heure
elle commença à éprouver des tiraillements dans tout le
membre, et une vive douleur à la région du cœur.
Le mal augmentant, etla respiration devenant difficile, je
fus mandé en toute hâte. Lorsque j’arrivai, la malade poussait
des gémissements affreux et s'écriait qu’elle allait mourir. Le
pouls était petit et la peau froide. Je réussis à la soulager par
le même traitement.
• t •
L’analyse de ces différents cas démontre d’une façon évi¬
dente que le virus du latrodectus mactans exerce une action
bien marquée sur la région précordiale. Les symptômes qu’il
produit ressemblent d’une manière frappante aux accès d’an¬
gine de poitrine ; nous trouvons en effet dans les cinq cas tous
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— 189 —
les phénomènes caractéristiques de la maladie, & savoir : nau¬
sées, douleurs abdominales, douleurs s’étendant au bras, à
l’épaule et à la nuque ; douleurs à la région précordiale s’ir¬
radiant vers l’aisselle, le bras et la main gauche, engourdis¬
sement du bras gauche et des doigts, apnéo, pouls faible,
filiforme, peau froide, anxiété, sentiment d’une mort pro¬
chaine.
D r Lambreghts, fils.
VARIÉTÉS
Les quelques lignes qu’on va lire ont été extraites d’un
livre que M. Alfred de Ridder vient de faire paraître sur la
Cour de Charles-Quint. On verra que si les médecins n’ont
guère varié depuis lors, les malades n’ont pas modifié leur
manière de faire.
Les médecins de Gbarles-Quint. — Les médecins et chirur¬
giens jouèrent un grand rôle dans la vie de Charles-Quint, rôle souvent
burlesque et digne d'inspirer à Molière le sujet de maintes comédies. Dans
la conduite des Diafoirus d'alors, dans celle de l'empereur vis-à-vis des
ordonnances de la Faculté, il eût trouvé matière inépuisable à exercer sa
verve satirique.
L'empereur avait une santé presque toujours chancelante, qui souvent
mit obstacle à ses desseins, bien qu'il s'attachât à la dompter sous l'effort
de sa puissante volonté. A peine âgé de vingt-huit ans, il ressentit les
premières attaques de la goutte qui, depuis lors, presque chaque année,
le coucha sur un lit de douleur. Dans ses commentaires, il énumère
soigneusement chaque atteinte et nous voyons que, de 1528 à 1548, il
en fut frappé quatorze fois, et pendant des mois entiers.
Ce n'était pas des pieds seuls qu'il souffrait ; la maladie le torturait
aussi au cou et aux mains, à tel point que, vers la fin de son règne,
celles-ci se trouvaient complètement roidies. D'autres infirmités accom¬
pagnaient la goutte : Charles-Quint souffrait presque continuellement do
l'asthme et des hémorrhoïdes sans compter d'autres indispositions plus
accidentelles.
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— ÎÔÛ —
.. Pour se guérir de ces maladies il employait beaucoup la salsepareille,
le bois des Indes et de Chine, le vin de séné, se purgeait tous les huit
jours (’l), et, au besoin, recourait au charlatanisme; dans l'inventaire des
meubles qu'il laissa à Juste, on trouve mentionnés à la pharmacie des
bèzoards orientaux, une pierre philosophale, deux pierres pour arrêter le
sang, neuf bagues d'Angleterre contre la crampe, deux bracelets et deux
bagues en or et en os pour le soulagement des hémorrhoïdes, une pierre
bleue enchâssée dans des griffes d'or contre la goutte (2).
Charles-Quint se médicamentait lui-même comme il l'entendait, ce qui
ne lui réussissait pas toujours, suivait les avis des médecins quand cela
lui paraissait bon, et faisait fi de leurs drogues quand elles lui déplai¬
saient, chose qui arrivait fréquemment.
On peut se demander à quoi servaient les médecins ? Ils se querellaient
entre eux, discutaient avec leur malade et finalement lui permettaient
tout ce qu'il voulait.
Que l’on ne croie pas que j'exagère, je ne suis que l'écho des dires des
plus intimes serviteurs de Chârles-Quint.
L'empereur doit-il prendre une potion, aussitôt surgit une grande dis¬
putes entre deux Escuiapcs qui ne s'entendent pas ; et les arguments de
l’un d’eux lui valent de certaine personne qui les écoutait cette aimable
apostrophe : « Le grand âne ! O magnum onagrum ! » r laquelle per¬
sonne ajoute : « Ce que Sénèque écrit des philosophes, je crois pouvoir le
dire plus exactement encore des médecins : difficilius inter eos quant
inter horologia convenire . Magnum onagrum ! le mot n'est pas exa¬
géré.
Un des serviteurs favoris de Charles-Quint tomba malade ; le prince
(1) Sommaire de l’ambassade, etc. Op. et loc. cit- Inventaire des Archives
du .Vord,lV,380. Lettre de Martin de Qaztelu à Juan Vazquez.Gachard, retraite.
Lettre de Luis Quijada à Vazquez. Idem , I, 259. Charles-Quint envoyait
lui-même à son secrétaire d’Etat en Espagne une recette de vin de séné^ qu'il le
chargeait de faire préparer pour lui. Lettre de Charles-Quint à Vazquez. Idem,
II, 70.
(2) Mignet. Charles-Quint, sa retraite, son séjour et sa mort. Journal des
savants , 1853, 143. A cette époque on avait, en matière de médecine, d’étranges
idées comme le prouve le passage suivant d’une lettre de Marguerite d’Autriche
à l’empereur Maximilien (correspondance, II, 261): «Monseigneur, je vous
escripviz dernièrement de la maladie de monsieur mon nebveu, que m’est
chose bien desplaisante et vous cuydoie subséquemment avertir brief de sa santé;
mais la lune s’est sur ce trouvé au deffault, qui a causé, comme disent les méde¬
cins, la longueur de ladite maladie. »
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— 191 —
lui envoya ses quatre meilleurs médecins qui tous donnèrent leur avis
sur la nature du mal : Caballus soutint que c’était une colique, André
Vésale opina pour un abcès dans les reins, un troisième reconnut a ne
phtisie, et le dernier, Corneille Barsdorp, crut remarquer les symptômes
de toutes ces maladies réunies.
Ce qu'il y a de plus étrange, c'est qu'après une si savante consultation
le patient parvint à guérir.
La principale source des maladies de l’empereur résidait dans son
grand appétit, d'aucuns diraient dans sa gourmandise ; pour le choix de
ses aliments, il se gouvernait absolument d’après ses fantaisies.
An temps de Charles le Téméraire, deux médecins assistaient à tous
les repas, indiquant les mets que pouvait manger le prince, faisant enlever
les autres ; Charles-Quint supprima cette partie du cérémonial qu'il
trouvait incommode. Dans ses maladies les plus graves, dans ses souf¬
frances les plus pénibles, il ne voulait jamais se priver de l’usage d'au¬
cuns mets, d'aucune boisson nuisible, ce qui d'ailleurs, était régulière¬
ment approuvé par ses médecins. « Cela est passé à l'état de fable, écrit
Van Mâle. César est-il fatigué de la viande, qu'on l'enlève! Désire-t-il du
poissori, qu’on en cherche ! Il veut de la bière, on ne lui en refuse pas !
Le vin lui déplaît, qu'on l'emporte! Le médecin remplit le rôle d'un
parasite. Ce que dit César, il le dit; ce qu'il refuse, il le refuse».
Dans ses commentaires, Charles-Quint avoue ne s’être soumis qu'à sa
onzième attaque de goutte. Mais lorsqu’à la suite de cet hygiénique
système la douleur revenait avec une force nouvelle, il s'emportait, criait,
s’indignait tantôt contre sa propre gourmandise, tantôt contre la trop
grande faiblesse de ses médecins.
Les avis ne lui firent pas toujours défaut pourtant. Il est à croire
qu’André Vésale sut lui dire parfois la vérité; d'autres médecins l'aver¬
tirent que le sort de sa santé dépendait de sa propre volonté. Son
confesseur aussi lui donnait des conseils, l'engageait, entre autres choses,
à ne pas jouer à la paume immédiatement après son dîner, ce qui trou¬
blait sa digestion, et à s'abstenir, autant que possible, de boire entre ses
repas. Mais tout cela ne servait pas à grand chose, et, jusqu'à son
son dernier jour, Charles-Quint sembla croire, comme le dit Luis Quijada,
que sa constitution et son estomac différaient de ceux des autres
hommes.
Un sentiment, qui peut sembler étrange, mais où l'on reconnaît l’éter¬
nel égoïsme humain, c'est l'affection particulière que l’empereur montrait
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- 192 —
pour ceux de ses gentilshommes et serviteurs qui souffraient des mêmes
maladies que lui. Il proportionnait sa bienveillance au degré de leurs
douleurs. « Quo crudelius ego discrucior , co suavius videt me Caesar.
Vide quae voluptas » écrit l'un deux. Les courtisans trouvaient là un
moyen nouveau de lui être agréable en lui montrant qu'il y avait à sa
cour des personnes non moins impotentes que lui (1). Après avoir donné à
l'empereur leurs soins de chaque jour, les médecins sortaient de la
chambre.
(1) Ce trait est à rapprocher d'un trait analogue attribué à Louis XIV et
rapporté par le Roy dans les curiosités historiques sur Louis XIV, 73. On sait
que le Grand Roi souffrait d’une fistule à l'anus; ùn certain nombre de cour¬
tisans étaient parvenus à simuler une fistule, et ceux-là étaient les préférés de
Louis XIV qui s'informait régulièrement de leur santé.
SOMMAIRE
Quelques considérations à propos dos remèdes tirés du
règne végétal, par le D r Martiny. 161
Le tabac {Suite), par MM. En. Seutin, Ph“ et le D r Léon
Seutin, à Bruxelles.169
Revue des journaux homœopathiques de France, par
le D r Schepbns, de Gand. 175
De la thérapeutique de l’hydropisie, suite d’affections
organiques du cœur. Traduction du D r Chevalier,
de Charleroi.180
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lambregiits, fils, d’Anvers. 186
Variétés. 189
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
16 e Année. OCTOBRE 1889. N° 7.
ASSOCIATION CENTRALE DES HOMŒOPATIIES CELEES
Séance du 8 octobre 1889
Président, Secr.'tnre^
D r GRIQUELION. Ch. GAREZ, Ph".
Le procès-verbal do la séance précédente est adopté.
M. le D r Van Campenhout prévient M. le Président que ses
occupations ne lui permettront pas d’assister à la réunion do
ce jour.
M. le D r Martiny demande la parole et donne lecture de ce
qui suit :
Les calmants, les hypnotiques, les purgatifs
et les antithermiques
par le D r Màrtixy
À propos de calmants, de palliatifs, nous avons déjà causé
familièrement de ce qu’on appelle aujourd’hui le « progrès en
thérapeutique », chez nos confrères de l’ancienne école ; c'est
là-dessus que je désire aujourd’hui encore m’entretenir un peu
avec vous. Et d’abord nous devons nous demander si réelle¬
ment il y a un progrès ou si, en allant au fond des choses, on
n’est pas en droit de dire que depuis longtemps il a cessé de
se produire : guérit-on mieux aujourd’hui chez nos adversaires
que dans le temps jadis? Là est la question! Notre réponse
sera catégorique: on soulage peut-être plus facilement et plus
rapidement, mais on ne guérit pas mieux.
La médecine palliative a fait des progrès, c’est incontes¬
table, ello a dans son arsenal des médicaments, des moyens
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— 194 -
qui lui faisaient défaut jadis : la méthode hypodermique par
exemple. Bien des malheureux qui souffraient jadis de cruel¬
les douleurs en sont rapidement délivrés par une simple injec¬
tion de morphine, mais disons-le tout de suite, cette injection,
si usitée de nos jours, n’est pas toujours exempte de dangers ;
on en fait trop, et malheureusement dans presque toutes les
maladies douloureuses ; il n’est pourtant pas indifférent pour
la guérison et la marche d’une affection, quelque pénible
qu’elle soit, que le patient ait tout son organisme mis sous
l’influence d une dose quasi toxique de morphine ; ce remède
n’est pas seulement qu’un analgésique, il a une action pro¬
fonde sur la circulation, sur la digestion, sur l’innervation,
etc., et Dieu sait si celte action, qu’on semble trop oublier,
n’est pas souvent assez puissante pour enrayer une guérison,
pour être la cause occasionnelle de congestions plus ou moins
graves, etc.; un pleurétique, par exemple, sentira de l’amen¬
dement dans sa douleur de côté, mais sa pleurésie ne sera-
t-elle pas aggravée par l’action stupéfiante de l’opium ? Et,
pour avoir soulagé son point de côté, on aura peut-être dimi¬
nué ses chances de guérison ; telle affection douloureuse peut
au début être prise pour une simple névralgie, tandis qu’elle
était amenée par un état congestif, elle pourrait devenir une
maladie rapidement grave parce que la morphine a accentué
cet état congestif, etc., etc. Malheureusement les malades
sont aujourd’hui au courant de cette méthode des injections de
morphine, ils les demandent au moindre sentiment de douleur,
et il est bien rare que le médecin les refuse, même lorsque
le diagnostic est difficile ou impossible ; elle est réclamée par
le malade et presque toujours le médecin la pratique sans
arrière-pensée ! Le malade souffre un peu moins, mais la réac¬
tion salutaire do la nature peut-être contrariée : beaucoup de
malheureux malades auraient peut-être guéri si l’on en était
resté aux tisanes émollientes et édulcorées, aux cataplasmes
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w * ;
- 195 —
adoucissants et détersifs de Molière, et si Ton ne s’élait pas
tant pressé de recourir à la petite seringue.
Mais on n'emploie pas que la morphine en injections hypo¬
dermiques pour calmer la douleur : la plupart des alcaloïdes
les plus violents sont usités, des alcaloïdes à action toxique
puissante, l’atropine, la conicine, l’hyosciamine, etc. Ici la
médecine palliative^ vogue en plein dans l’inconnu et cef
inconnu est rempli d’écueils et de dangers: tous ces alcaloïdes
puissants donnent parfois lieu à de graves accidents ; les
annales de la médecine moderne fourmillent de terribles
exemples à ce sujet. Vraiment on est en droit do se demander
si réellement l’humanité souffrante a tiré bénéfice de l’emploi
de la seringue hypodermique.
Mais envisageons la question d’un autre point de vue :
notre tissu cellulaire sous-cutané n est pas destiné à absorber
des solutions de morphine, de conicine, de strychnine, d’an¬
tipyrine et, à la suite de certaines de ces injections, il s’en¬
flamme parfois, devient le siégo de furoncles, d’indurations
variées, d’abcès plus ou moins volumineux pouvant parfois
devenir sérieu^. Enfin, et ceci ne doit pas être oublié, quand
le médicament est injecté sous la peau, il pénétre d’une façon
toute spéciale dans le système circulatoire, il arrive direc¬
tement sans subir de modifications dans la grande circulation
et peut produire des actions différentes, plus graves que lors¬
qu’il est introduit par la voie stomacale ou intestinale. Dans
l’estomac le remède est d’abord soumis à l’action des liquides
gastriques toujours un peu acides ; il peut recevoir ainsi une
modification plus ou moins profonde ; lorsqu’il est absorbé par
le tube digestif,il pénètre là dans la petite circulation et,avant
d’arriver aux centres nerveux, il traverse au préalable le
réseau capillaire du foie. Des expériences positives ont prouvé
que bon nombre de substances toxiques sont modifiées par le
foie et que cet organe en retient même quelques-unes au pas-
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a
— 196 —
sage ; le sang qui pénétre dans le foie étant chargé de cer*-
taines substances toxiques, en sort contenant les mêmes
substances en moindre quantité, le foie en a retonu, en a
emmagasiné une certaine partie, soit pour les modifier, soit
pour ne les livrer que petit à petit à la grande circulation et
de là au système nerveux. C’est probablement la raison pour
laquelle les observateurs ont constaté que l'habitude de la
morphine est devenue plus funeste depuis l’emploi de la petite
seringue (1). Le foie ne peut plus exercer son action bien¬
faisante et modératrice sur la morphine! Celle-ci, poussée
dans la grande circulation, vient frapper directement les cen¬
tres nerveux. Aussi sommes-nous tentés de dire à nos con¬
frères et adversaires : au lieu de vos injections, rendez plutôt
à vos malades les pilules calmantes, les bons juleps opiacés
d’autrefois ; ils, s'en trouveront mieux et le morphinisme,
celte nouvelle plaie de la société dont vous ôtes évidemment
la première cause, diminuera considérablement.
Arrivons maintenant aux nombreux remèdes plus ou moins
calmanls récemment introduits dans la thérapeutique : le
sali/cilaie de soude , le « roi des analgésiques » dans les
douleurs rhumatismales ; certes il produit parfois des effets
surprenants ; en quelques heures le malade est soulagé et
paraît guéri. Aussi quel concert de louanges au début de son
introduction !
Un professeur d’une de nos universités disait alors à ses
élèves : « Nous jouons avec le rhumatisme articulaire ; grâce
au salycilale, il est jugulé et guéri en quelques heures. »UIela
paraissait parfaitement exact alors; des rhumatisés entrés
la veille tout perclus à l’hôpital, étaient hors de leur lit le
(1) L'usage et l'abus de l'opium existent depuis un temps immémorial
chez les orientaux et s'il n’a pas produit les ravages du morphinisme
médical moderne c'est que dans les pays do l'Orient il est absorbé par la
voie stomacale.
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lendemain matin, ils remuaient aisément tel ou tel membre,
et la veille un simple attouchement de ce membre aurait
arraché au malade des cris de douleur; malgré ces beaux
succès, la vogue ne fut pas bien longue, et. pas un an après
Boucliardat disait : « Depuis qu'on emploie le salycilate dans
le rhumatisme articulaire on souffre moins mais on meurt
plus. > La mortalité dans le rhumatisme articulaire était plus
forte que jadis ; aujourd’hui bon nombre de médecins qui
ont eu ce que par euphémisme on appelle des « mécomptes »
ne veulent plus l’employer; ils ont cent fois raison, car quel
est le malade qui ne préférerait souffrir un peu plus que de
voir ses jours mis en danger par un remède qui calme ses
souffrances ; méditez, pauvres rhumatisés, cos paroles de
Bouchardat : « Depuis l’emploi du salycilate on souffre moins,
mais on meurt plus ! »
Que dire des antithermiques, l’antipyrine, la thalliue, la
pyridine, l’antifébrine, etc.? Il n’y a pas encore longtemps
l’antithermie était une méthode générale de traitement;
quand un malade avait do la fièvre, les bienheureux antither¬
miques la diminuaient; il avait chaud, on le refroidissait!
Mais les statistiques et les résultats ont prouvé que ce refroi¬
dissement thérapeutique allait plus souvent qu’on ne le croyait
jusqu’au refroidissement final! Les malheureux avaient moins
de fièvre, mais étaient plus en danger; aujourd’hui le régne
de l’antithermie comme méthodo thérapeutique n’est pas près
de finir, quoi quelle ait été, surtout dans ces derniers temps,
fortement battue en brèche meme parmi nos confrères allo¬
pathes; malgré les statistiques, malgré les insuccès, malgré
les revers, un grand nombre de nos adversaires continuent à
administrer à leurs malades ces remèdes qui diminuent la
fièvre sans amoindrir la gravité du mal. Ici encore le public
demande lui-même ce palliatif d’un nouveau genre : il veut
que sa fièvre tombe, sans se rendre compte si cette fièvre n’est
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— 108 —
pas nécessaire, si, en la contrariant, on ne donné pas h h
maladie une tournure plus fâcheuse.
Le public non médical a souvent, cela se conçoit aisément,
le désir de comprendre quels sont les moyens que les méde¬
cins emploient pour combattre les effets des maladies; le
premier intéressé est évidemment le malade lui-même, et
lorsque celui-ci est trop souffrant pour pouvoir s’occuper de
la question, ses parents, ses amis, les assistants désirent
savoir quels moyens le médecin va employer pour résister à
l’envahissement du mal.
Depuis que le thermomètre est devenu d'un emploi habituel
dans les maladies, les personnes étrangères aux choses delà
médecine ont pris l’habitude de juger la gravité de la maladie
d’après les indications fournies par le thermomètre : quand le
thermomètre accuse 39 ou 40 degrés de température à
l’aisselle, le malade croit naturellement que sa maladie est
d’autant plus grave que la température est plus élevée; en
cela il est jusqu’à un certain point dans le vrai; quand la
température s’élève cela indique que la lutte de l’économie
est ardente et que le danger est grand ; mais le danger réside
non pas dans cette lutte même, mais bien dans la violence de
l’intoxication morbide; ce danger peut-il dépendre de la tem¬
pérature seule? Là est la question que se sont, dès le début,
posée tous les praticiens réfléchis. Si là était la vérité, la
découverte des médicaments antithermiques eût réalisé un
progrès immense, et un grand nombre de maladies auraient été
guéries comme par enchantement, la pratique médicale sim¬
plifiée d’une façon admirable ; dans les maladies aiguës, le
thermomètre seul eût remplacé toutes les investigations et les
recherches diagnostiques ; quelques antithermiques auraient
suffi pour guérir rapidement. Hélas! il n'a pas fallu longtemps
pour détruire cette illusion ! Malgré la diminution artificielle
de la chaleur, malgré le refroidissement des malades, ils n’en
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—r,T
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mouraient pas moins, ils mouraient môme plus si Ton s’obsti¬
nait à vouloir les refroidir à force de remèdes et d’eau froido
(commo au beau temps de SanGrado). « N’oublions pas, s’écria
alors un académicien, que c’est parce qu’il est souffrant que le
patient a chaud et que ce n’est pas parce qu’il a chaud qu’il
est malade. » C’était le cri du bon sens, mais aujourd’hui encore
on ne l’écoute pas toujours, et bon nombre de nos adversaires
s’obstinent à vouloir diminuer la température dans les maladies
aiguës et nous craignons beaucoup que cette méthode anti¬
thermique continuera à être mise en pratique pendant long¬
temps encore, car aujourd’hui, les malades au courant des
indications du thermomètre ne crient plus : « Docteur guéris¬
sez-moi », mais ils disent : «Docteur calmez ma fièvre, dimi¬
nuez ma température ! » et le médecin continue à prescrire
des antithermiques; la fièvre s’apaise, mais la maladie ne va
pas mieux, au contraire. Nous disions dernièrement au fils
d’une de nos clientes, lequel en présence d’une fièvre de 40
degrés réclamait à cor et a cri de la quinine ou de l’antipy¬
rine : « Préférez-vous que votre mère guérisse après avoir eu
pendant quelques jours 40 degrés de fièvre, ou voudriez-vous
quelle meure en n’ayant plus que 38 degrés?» Il n’a plus insisté,
heureusement; aujourd’hui sa mère, atteinte d’une néphrite
aiguë, est convalescente. En eût-il été de même si j’avais
donné les antithermiques tant réclamés?
En présence de tout ce qui précède, n’avions-nous pas
raison de dire au début que l’on est en droit de se demander
si réellement les malades retirent un bénéfice réel do la
découverte de la plupart des palliatifs et des calmants? On
adoucit la douleur, on la supprime même parfois, mais est-ce
toujours un bien? Nous ne le pensons pas, et s’il arrive réelle¬
ment des circonstances où l’élément douloureux paraît être
le symptôme dominant, où les malaises de la fièvre peuvent
devenir les symptômes prépondérants, ces cas sont plus
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l
— 200 —
rares qu’on no le croit ; nous pensons en outre que dans bien
des cas l’administration dun médicament assez puissant pour
rendre obtuse la sensibilité ou pour arrêter le mouvement
fébrile doit imprimer à la maladie une tournure plus grave
qu’elle n’aurait prise; contrarier ainsi la lutte que l’organisme
soutient contre la maladie doit avoir des conséquences graves
pour les malheureux malades ; nous pensons que c’est souvent
le cas de dire comme Bouchardat ; « On souffre moins mais
on meurt plus. »
Nous sommes, en principe, grand ennemi de la médecine
palliative et calmante, et en pratique nous tachons do l’em¬
ployer le moins possible ; presque toujours on arrive à faire
prendre patience au malade et aux assistants si l’on a soin
de prévenir que souvent la fièvre est nécessaire, qu’elle
est la conséquence naturelle de l’inflammation; si vous aver¬
tissez que calmer la douleur c’est en définitive engourdir forte¬
ment le malade, annihiler sa sensibilité, que les remèdes pour
amener un tel résultat doivent être donnés à une dose se
rapprochant de la dose qui empoisonne, on souffrira plus
patiemment, et la tournure de la maladie sera plus favorable;
presque toujours un malade ainsi prévenu cesse de réclamer
des calmants ; il sait que c’est dans son intérêt qu’on les lui
refuse.
La médecine palliative et calmante forme malheureusement
la base de la thérapeutique habituelle de nos confrères de
l’ancienne école ; les traités de thérapeutique, je le sais, ne la
recommandent guère, ils ont soin de déclarer qu’il ne faut
y recourir que lorsque c’est absolument nécessaire, mais
dans la pratique la médecine calmante est pourtant le pivot
de la thérapeutique de nos adversaires; interrogeons les
pharmaciens, ils nous avoueront que dan* presque toutes
les recettes allopathiques il entre do l’opium sous une forme
quelconque, ou bien un autre calmant ; le médecin allopathe
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doit forcément en arriver là, et voici comment: au début de sa
carrière, en suivant scrupuleusement }es prescriptions clas¬
siques, il court d’insuccès en insuccès; aussi s’habitue-t-il de
bonne heure à donner pour ainsi dire exclusivement des médica¬
ments qui soulagent promptement la douleur, calment les ma¬
laises. Voyez la vogue des remèdes calmants: l’opium, sans
lequel un illustre médecin disait que la médecine est impossible;
le bromure de potassium, qu’on a administré par tombereaux
aux malheureux névropathiques sans se préoccuper que la po¬
tasse est un poison violent qui calme en émoussant la sensibilité
du système nerveux ; l’antipyrine : depuis la découverte de son
action dans les maladies douloureuses, il n’y a pas un malade
auquel on n’en prescrive! Et pourtant c’est à peine si l’on
s’est rendu compte de son action interne ; elle doit être pour¬
tant énergique et très profonde pour faire disparaître ainsi le
sentiment de la douleur; Dieu sait combien on en prescrit
aujourd’hui, quoique depuis quelque temps déjà on rapporte
de nombreux cas où son usage a été suivi d’accidents plus ou
moins sérieux; calmer la douleur d’abord, entretenir la liberté
du ventre ensuite et enfin faire dormir, voilà les grands prin¬
cipes de la thérapeûtiquo de nos adversaires au lit du malade.
À propos des remèdes soporifiques, que de tort ne font-ils
pas chaque jour ; en effet, il ne peut être indifférent, cela se
conçoit, de prescrire à un malade un remède qui, donné à un
homme bien portant, détermine une sorte d’anéantissement
no ressemblant en rien au sommeil réparateur et physiolo¬
gique, le patient est engourdi parce qu’on lui a donné un
remède qui a pour effet toxique d'arrêter l’action du système
nerveux au point que celui-ci ne ressent plus les malaises
et les douleurs ; les ressorts de l’économie ne réagissent
plus : somnum est mortis imago ; aussi quel sommeil, rempli
do cauchemars, de visions, mais aussi quel réveil ; combien
de fois le malade lui-même refuse-t-il le soporifique, après en
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avoir tâté. Le devoir du médecin, quand il y a de l'insomnie,
63t d’en rechercher la cause et d’administrer un remède en
conséquence. Il est plus commode, j’en conviens, de lui donner
un médicament qui engourdit à coup sûr ; pour procurer du
sommeil nous avons, nous, homœopathes, une quantité de
remèdes bien différents les uns des autres; aconit et tous les
remèdes cardiaques quand c’est la circulation qui est en
souffrance ; ignatia et les remèdes nervins, quand c’est la
sensibilité nerveuse qui est surexcitée ; antimonium , nuw
et les remèdes du tube digestif quand c’est celui-ci qui
souffre, etc., etc. Voilà les vrais remèdes du sommeil, parce
qu’ils s’adressent au fond meme de la maladie et quand ils
sont bien choisis, ils font dormir, mais d’un bon et vrai
sommeil ; j’ai souvenance, entre autres, d’une personne dont
les insomnies troublaient l’existence; elle avait, au grand
détriment de son tube digestif, essayé tous les soporifiques de
l’allopathie y compris le sulfonal, tant vanté il y a quelque
temps et dont je pense qu’il faut se méfier; l’ayant examinée
nous avons constaté que son pouls était habituellement très
rapide, et nous avons prescrit Yaconit, ce roi des remèdes;
le sommeil est revenu; chaque fois qu’ellè en prenait la nuit
était calme, même lorsqu’elle faisait usage de la 200'* dilution;
quand nous racontons aujourd’hui un fait de ce genre à nos
confrères de l’ancienne école, ils s’empressent de dire que
nous agissons par suggestion ! car c’est aujourd’hui par la
suggestion qu’ils veulent expliquer nos guérisons qu’ils ne
peuvent nier !
Commençons par leur observer que nous n’avons pas le mo¬
nopole de la suggestion, qu’eux aussi peuvent agir comme
nous, par suggestion, si suggestion il y a, et du reste nous ne
faisons pas autrement qu’eux qui, lorsqu'ils font une prescrip¬
tion, assurent naturellement à leur malade qu’elle aura l’effet
désiré. Mais est-ce aussi par suggestion que nous faisons
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dormir un grand nombre d’enfants en leur donnant quelques
globules de chamomil/e 30 e , cet opium des enfants, connu de
la plupart des bonnes pour l’avoir souvent expérimenté avec
succès. Est-ce aussi par suggestion que nos vétérinaires gué¬
rissent leurs malades ?
C’est peut-être ici le moment de dire aussi un mot des pur¬
gatifs, si usités par nos confrères allopathes comme moyen
transitoire, comme palliatif de la constipation: la selle a-t-elle
manqué un jour chez un malade, quelle que soit la gravité et
l’acuité de l’affection, vite ils administrent un purgatif toute
autre médication cessant^ : ils font purger banalement, aveu¬
glément, sans s’enquérir de la cause de la constipation et
sans s’assurer au préalable si cette secousse de la purgation
n’aura pas d’effet nuisible. Ils savent pourtant que le purgatif
ne guérit pas la constipation, car depùis longtemps Trausseau
enseignait qu’au lieu de guérir la constipation « les purgalifs
la rendent très souvent invincible » ; on leur a pourtant appris
que la constipation tient à des causes très nombreuses et
variées, mais comme il est souvent fort difficile de les préciser,
c’est alors au purgatif qu’ils ont recours à tout hasard;
nous, au contraire, après nous être enquis de tous les autres
symptômes présentés par le malade, nous trouvons souvent,
même lorsque la cause de la constipation nous échappe, le
remède approprié, grâce à nos pathogénésies, parce que nos
remèdes y sont admirablement étudiés dans leur ensemble et
dans tous leurs détails, tandis que chez nos confrères on se
contente pour l’étude physiologique des médicaments de quel¬
ques grossières indications plus ou moins certaines. Aussi
la constipation habituelle ost-elle toujours difficile à guérir
pour les allopathes et sont-ils presque toujours forcés à recou¬
rir aux palliatifs, c’est-à-dire aux purgatifs qui « la rendent
souvent invincible » — au risque d’amener des troubles
sérieux du côté du tube digestif, — et d’affaiblir les malades,
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car rien n’affaiblit comme les selles des purgatifs ; Jaccoud
l’avoue : la sérosité de ces selles est formée « aux dépens
des matériaux albuminoïdes de l'économie », c'est-à-dire
qu'elles contiennent un liquide précieux qui doit servir à la
nutrition et à l'entretien de nos organes.
Tâchons donc d'employer le moins souvent possible les
purgatifs, ne nous préoccupons pas trop d’une constipation de
quelquesjours, étudions bien les symptômes accusés par notre
malado et presque toujours nous ne devrons pas recourir aux
purges. Ne sacrifions pas comme nos confrères, nos malheu¬
reux malades sur l’autel de la liberté du ventre. Il faut « que le
ventre soit libre », n’est-ce pas un des plus grands principes
de la thérapeutique allopathique ?
Nous venons de parcourir ensemble les principales circon¬
stances oii les palliatifs sont habituellement mis en usage par
nos confrères allopathes. Devons-nous parfois les imiter et
tâcher de soulager le malade, de lui épargner des souf¬
frances? Là est la question et d’après tout ce qui précède,
voici notre manière de voir que nous soumettons à l’appré¬
ciation de nos confrères :
Le médecin homœopatho ne doit avoir recours à la médi¬
cation calmante que dans les circonstances suivantes :
1° Lorsqu’il se trouve en présence d’un cas absolument
désespéré ; mais ces cas sont fort rares, on a vu souvent des
malades paraissant irrémédiablement perdus reprendre une
santé relative : ainsi en est-il des phtisiques chez lesquels la
médication calmante est presque toujours néfaste ;
2° Lorsque la douleur est tellement vive qu'elle pourrait
par elle-même amener des symptômes plus ou moins graves.
Ceci est encore fort rare, beaucoup plus qu'on le croit; très
souvent en palliant le mal présent on en prolonge la durée;
3° Enfin lorsqu’après avoir consciencieusement essayé à un
grand nombre de reprises les médicaments homœopathiques
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la douleur ne cède pas : il y a alors lieu de craindre qu’elle
soit la manifestation d’une lésion profonde qui n’est pas encore
assez manifeste pour pouvoir être diagnostiquée. Ainsi, par
exemple, certaines douleurs abdominales reconnaissent pour
cause une tumeur profonde de petit volume encore et peuvent
par conséquent passer inaperçue ;
4° Le médecin homœopathe ne doit presqoe jamais recourir
aux hypnotiques pour de l'insomnie pure, les hypnotiques étant
presque tous des remèdes violents qui, pour amener le som¬
meil, doivent être donnés à dose quasi toxique;
5° Quant aux purgatifs leur emploi doit être très restreint ;
ils doivent être réservés pour certains cas d’occlusion par amas
stercoraux ; c’est parfois le cas dans certaines paraplégies,
surtout chez les vieillards.
Nous croyons avoir ainsi résumé les circonstances dans
lesquelles le médecin homœopathe peut se croire autorisé à
faire usage des calmants, mais il doit toujours se rappeler que
calmer n’est pas guérir et que très souvent le remède employé
pour calmer exerce une fâcheuse action sur l’économie en
empêchant la nature de réagir favorablement.
Nous n’avons, dans ce qui précède, examiné qu’un des côtés
de la question étudiée actuellement par Y Association cen¬
trale des homœopathes belges , c’est-à-dire les circonstances
où il peut être nécessaire de calmer la douleur par certains
moyens usités dans l’ancienne école, c’est-à-dire par des mé¬
dicaments qui annihilent la sensibilité, l’émoussent au point
que le patient ne ressent plus son mal. Il nous reste encore
à examiner la médecine palliative à d’autres points de vue :
nous aurons notamment à parler de l’emploi des évacuations
sanguines, de la saignée et, enfin, de Tusage des révulsifs
et des moyens externes.
D r Martlny.
MM. les D 1 * Schepens et Criquelion partagent l’opinion du
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D r Martiny qui n’admet l’emploi des palliatifs que dans les cas
où l’on ne possède pas d’autres ressources, lorsque la situation
du malade exige un soulagement immédiat,quand il y a danger
imminent à no pas enlever une douleur ou un obstacle et
lorsque le moyen n’est pas de nature à enrayer une réaction
vitale et salutaire.
Toutefois le D r Criquelkm pense que ce n’est qu’à titre d’ex¬
pédient momentané que l’on peut recourir à un remède cal¬
mant externe, ces moyens étant souvent illusoires et ne
donnant pas toujours ce qu’on doit attendre d’eux. L1 estime
même que c’est presque toujours une condamnation à mort.
Dans bien des cas, dit le D r Martiny, si on calme la douleur,
on risque d’aggraver la maladie et de lui donner une impulsion
fâcheuse. On ne doit, suivant lui, employer ces moyens qu’à la
dernière extrémité.
Le 0 e Gaudy n’est pas non plus partisan de ces remèdes pal¬
liatifs externes, notamment l’opium ou ses dérivés. On ne peut
se permettre, dit-il, de s’en servir que lorsque le malade
n’offre plus aucune ressource.
Sur l’observation du docteur de Ridder à propos de l’emploi
de la saignée dans l'apoplexie bs docteurs Martiny et Criqoeüon
la croient dangereuse et nuisible dans bien des cas, de l’avis
même de beaucoup de médecins allopathes : l’un d’eux n’a-t-il
pas dit : « Dans l’apoplexie la saignée est toujours inutile, et
souvent dangereuse. »
Mais le D r Martiny fait observer que dans la congestion pul¬
monaire véritable il n’hésiterait pas à l’employer, car là le
danger de mort est immédiat.
Le péril n’est pas aussi immédiat dans la congestion céré¬
brale ; on peut attendre l’effet des remèdes homœopathiques.
Le D 1 * Gaudy, amené à parler des nouveaux médicaments
sédatifs de la douleur, cite un cas d’affection rhumatismale
dans lequel il a donné l’antipyrine à la 0 e trituration et dont
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l’effet a été très bon malgré les hautes doses données au
malade avant sa visite. Il émet des regrets que la pathogénésie
de ce médicament ne soit pas encore complète.
Le V Gaudy rapporte le fait d’une guérison admirable d’un
cas de variole confluente hémorrhagique, d’une gravité
exceptionnels tant en raison de son caractère que des
conditions défavorables de la malade, épuisée par des priva¬
tions causées par le fait de gastralgie pénible, d’un surcroît
de fatigue et de peines morales des plus douloureuses. Les
hémorrhagies cutanées, anales et utérines greffent sur cet
état de choses déjà grave, l’affaiblissement qu’elles amènent
nécessairement, avaient rendu la position de la malade appa¬
remment désespérée.
Cependant grâce à l’administration continue à des inter¬
valles très rapprochés de teinture de sarracénia et de thuya
occidentalisé ml fur contre les chatouillements et le retard
de l’éruption, d 'arsenic contre les diarrhées, la soif et l’ady¬
namie, de phosphore contre les complications pulmonaires,
la maladie a suivi un cours régulier, et les symptômes de
fièvre ont été relativement des plus modérés. La malade n’a
guère présenté de délire et la sqppuration d’une abondance
tout à fait anormale n’a pas occasionné les réactions qu’éveil¬
lent habituellement les maladies d’intensité moyenne. Chose
remarquable, après la desquammation, l’administration de
ml fur a ramené une éruption de vésicules purulentes d’une
confluence égale à celle de la maladie elle-même, une des
plus confluentes qu’il lui ait été donné de rencontrer.
Le CK Gaudy croit devoir signaler l’influence heureuse do
belladone qu’il a toujours constatée contre les maux de tête
si pénibles de cette maladie et l’action instantanée et radicale
contre les douleurs lombaires du début du rhus toxicoden -
dron à la 6 e dilution.
Le D f Lambreghts rapporte qu’en Espagne où il y avait une
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épidémie de variole, il a observé un grand nombre de cas de
variole confluente. Phenicttm acid . 1° au 10 e (3 e décimale
pour les enfants) lui a donné de très bons résultats. Il engage
ses confrères à l’essayer à l’occasion. Il n’avait pas alors sous
la main le sarracénia .
Le D r Gaudy cite encore le cas de deux personnes soignant
la malade atteinte de la variole et auxquelles il a fait prendre
quelques doses de thuya et sarracénia. Ces personnes ont
évité de contracter la maladie immédiatement, malgré cer¬
taines douleurs faisant prévoir l’invasion du mal. Elles n’ont
eu qu’une varioloïde simple quelque temps après.
Thuya et sarracénia ont aussi préservé de la variole des
personnes qui venaient voir le malade et qui passaient même
des parties de journée auprès de lui.
Le D r Martiny entretient l’assemblée d’un cas d’affection
glandulaire d’origine rhumatismale. Il n’est pas rare de voir
le rhumatisme produire des engorgements glandulaires rebelles
aux médicaments habituels et aux eaux do Greuznach et de
Salins, etc. Il cite le cas d’une dame atteinte d’un vrai cha¬
pelet de glandes cervicales depuis sept ans : tous les moyens
usités en pareil cas avaient échoué, mais les remèdes anti¬
rhumatismaux ont admirablement réussi : silicea, causti-
cum , lithium carh . et colchicum.
Le D r Seutin dit qu’il s’est bien trouvé de l’emploi de baryta
et de causticum dans l’inflammation des amygdales avec
induration.
Le D r Gaudy a constaté l’action préventive d'arsenicum
dans la rougeole; c’est ainsi que certains enfants ayant pris
préventivement 3 doses d'arsenicum par jour, ont eu la rou¬
geole d’une façon bien plus bénigne que d’autres enfants qui
n’avaient pas été soumis à l’action do ce médicament.
La séance est levée à six heures.
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Le tabac (1)
par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seutin, à Bruxelles.
Tous les fumeurs vous disent qu’une fin de cigare et de pipe
ne sont pas si agréables à fumer que leur commencement,cela
s’explique, l’empyreume du tabac se distille à la chaleur ; il
est attiré par l’inspiration de la bouche, et se condense do
plus en plus dans les couches qui sont les dernières à brûler
et qui en sont ainsi saturées ; alors, ce qui arrive à la bouche
a un montant si fort que les petits estomacs s'en soulèvent,et
ou jette le cigare. Ce bout de cigare que l’on dédaigne con¬
tient assez de montant pour reproduire plus d’un cigare entier.
On le fait macérer dans très peu d’eau salée, avec deux ou
trois fois son poids de feuilles sèches quelconques : des épi¬
nards, des betteraves, ou de la laitue romaine. Ces feuilles ab¬
sorbent le montant ou la nicotine, qui est en excès dans les
bouts de cigares, et sont ainsi changées artificiellement en
feuilles de tabac, dont elles ont toutes les qualités.
C’est ce qui constitue le dédoublement, on verse sur le
mélange, à mesure qu’il sèche, le reste de l’eau qui a servi à
la macération, et rien de la force du tabac n’est perdu.
Ce mélange haché fin fait les excellentes cigarettes que
fument les petits gommeux et les cocottes; la cigarette devient
tant à la mode, que nous n’avons jamais assez de cet article
pour satisfaire les clients ; ça vaut mieux que tous les tabacs
de la régie, c’est plus moelleux à la bouche, puis voyez-vous,
on fume tant aujourd’hui, sans savoir pourquoi l’on fume,
qu’on fumerait des chiffons, du papier, du bois pourri, aussi
bien que de* feuilles de roses; on fumerait n’importe quoi,
tant l’habitude et l’exemple sont plus forts que la raison.
(1) Suite . Voir volume précèdent et volume courant, pages 9, 40, 73, 109,
13C et 169.
2
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— 210 —
Si vous allez à la descente (les chiffonniers, au Temple,sur
les berges de la Seine, devant le parvis Saint-Gervais,derrière
THôtel de Ville, et surtout sous le pont de la Concorde, vous
verrez les débitants de tabac en plein vent ; ils ont. pour
bureau une planchette et pour matériel un couteau à lame fine
et une pierre à aiguiser ; ils coupent les bouts de cigares sur
commande pour ne pas paraître des contrebandiers, ils débi¬
tent à 2 ou 3 francs la livre leur tabac renaissance. Ils
donnent pour un sou ce que l’on payerait trois à la régie: ils
ont pour clients ordinaires les lanciers de M. le Préfet, les
balayeurs municipaux, les petits bimbelotiers des rues, les
camolots, les ouvriers des berges, les débardeurs, les tireurs
de sable, les mariniers, les pêcheurs à la ligne, et tout ce
petit monde, sans que ça paraisse, alimente un commerce qui
se chiffre pour Paris par plus de 300,000 francs par an.
Si l’on résumait le nombre des individus trafiquant et vivant
de l’industrie des tabacs, on arriverait pour la France seule,
peut-être à des centaines de mille. Et le nombre de travail¬
leurs à l’empoisonnement chronique de toute une nation, sera
bien plus grand encore, si l’on va rechercher tous les ouvriers
qu’emploient les industries accessoires et nécessaires pour
la consommation du tabac. Parmi ces industries figurent,
comme produits importants : la tabatière, la pipe, le porte-
cigare, la blague h tabaç, l’allumette.
Nous ne dirons rien do la tabatière, dont nous avons déjà
parlé, elle a eu ses beaux jours aux premiers âges du tabac,
elle est aujourd’hui délaissée, la pipe l’a tout à fait détrônée,
et on no la trouve plus guère qu’entre les mains de quelques
vieux docteurs, ou de graves doyens de la magistrature ou
du clergé, quo scandalisent encore le cigare et la pipe. On
peut dire que, sous Louis-Philippe, la boîte à priser fut à
l’apogée du bon goût et du bon ton ; il la vulgarisa par ses
faveurs royales,aussi la tabatière était, pour le roi citoyen, le
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- 211 —
souvenir qu'il aimait le plus à donner à ceux à qui il devait
un dévouement ou un service.
Nous avons peu de chose à ajouter à ce que nous avons
déjà dit de la pipe. Cependant nous devons dire que bien des
artistes trouvent à utiliser leur talent, en taillant'sur le corps
d’une pipe, comihe sur des camées, les sujets les plus variés
et parfois les plus gracieux. Beaucoup de personnages contem¬
porains à sensation: Garibaldi, Napoléon III, Victor-Emma¬
nuel, Bismark, Guillaume de Prusse, passeront à la postérité
la plus reculée, par la reproduction de leur tête ou de leur
buste, burinés d’après nature sur le réchaud d’une pipe
d’ambre, d’écume de mer, ou de racine de bruyère.
L’Allemagne surtout semble mettre tout son art à décorer
des brûloirs à tabac. On voit à toutes les expositions univer¬
selles de ces échantillons du goût tudesque, évalués à des
prix fabuleux. Toutes ces futilités se rendent aujourd’hui, et
les pipes ont leurs collectionneurs,comme les vieilles médailles,
les vieilles poteries, les vieux livres. Elles seront des monu¬
ments durables des mœurs de leur temps, dont elles rappelle¬
ront les folies et les erreurs aux générations à venir.
Une des plus originales de toutes ces collections est celle
que laissa le maréchal Oudinot. C’est un musée historique
au plus complet de la pipe.
Pour le maréchal, la plus précieuse de toutes ces reliques
était une pipe de Sobirski, dont le conseil municipal de
Vienne lui avait fait hommage, en remerciement do sa
sage administration comme gouverneur de la capitale de
l’Autriche, pendant son occupation par l’armée française.
Au commencement du xn° siècle, on pipait dans le monde
élégant de la cour de Prusse.
On lit dans le dictionnaire do la conversation, à l’article
pipe : sous le nom d’Académie de la pipe, on désignait un
cercle d’intimes qui se réunissaient presque tous les soirs à
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M
— 212 —
partir de cinq heures de l’après-midi, autour de Frédéric 1 er ,
roi de Prusse. Il se composait de ses ministres, des officiers,
de grands seigneurs ou d3 savants en passant par Berlin, etc.
Chacun y était tenu do fumer pendant toute la durée des
séances, ou tout au moins de tenir une pipe à la bouche par
contenance. Chaque membre avait devant lui une cannette de
de bière ; de ternp* en temps circulaient des tartines de pain
et de beurre, et, vers la fin delà séance, on offrait à diverses
reprises du vin, dont chacun se servait à sa guise ; le tout
assaisonné de quelques cancans sur la ville et la cour. On
s, y permettait d'ailleurs une foule de plaisanteries que le roi
lui-même acceptait de la meilleure façon du monde.
L’Académie de la pipe jouait un grand rôle dans l’histoire
de la Prusse. Aussi les envoyés étrangers ne manquaient-ils
pas de renseigner exactement leurs cours respectives surtout
ce qui s’y disait. L’Académie de la pipe finit comme elle avait
commencé ; une fantaisie du roi l’avait créée, un caprice
du roi en prononça la dissolution.
Tous les peuples du Nord fument de préférence la pipe.
Cinq grammes de tabac fumés dans une pipe grisent bien plus
puissamment que la même quantité fumée flans un cigare. C’est
que la chaleur du fourneau distille l’cmpyreume avant de brûler
le tabac, et la succion l’apporte tout entier à la bouche, dont
la température, moins élevée que celle du foyer d’oix il
émane, le condense sur les muqueuses qui aussitôt l’absorbent.
Ainsi s’explique comment tels individus qui fument un cigare
sans être trop incommodés, ont l’estomac et la tète boulever¬
sés quand ils fument quelques instants une pipe de même
qualité de tabac (1).
Pour être juste envers le tabac, après l’avoir convaincu
de tant de méfaits envers l’humanité, il faut bien dire que
(l) D r Depierris. Physiologie sociale. Le tabac, pages 485 à 487.
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— 213 —
c’est à lui que l’on est redevable de l’allumette chimique ful¬
minante, qui, dans sa simplicité, est un des progrès les plus
marquants du xix® siècle. Avec l’allumette fulminante, le
fumeur peut allumer en tout temps et en tout lieu sa pipe ou
son cigare ; il n’est plus obligé d’avoir dans sa poche l’ama¬
dou, la pierre à feu et le briquet primitif.
Il a donc bien mérité des fumeurs, celui qui, le premier, a
eu l’idée de placer un peu de fulminate au bout d’un petit
morceau de bois, d’une petite bougie de cire, ou d’une
bandelette d’amadou, pour les enflammer par le simple frot¬
tement.
La consommation des allumettes on France est si grande,
surtout par les quantités fabuleuses qu’en usent les fumeurs,
que le pays a frappé cette industrie d’un impôt très productif,
quand il lui a fallu battre monnaie pour payer cette énorme
indemnité dë guerre imposée par l’Allemagne.
En récapitulant ce que coûte à la France, dit M. le docteur
Depierris, la tabacomanie, on arriverait à démontrer qu’un
milliard de francs disparaît annuellement pour amuser quelques
millions d’hommes et d’enfants avec un peu de fumée.
Pour satisfaire, ajoute le même docteur, un vrai caprice,
une folle ivresse, pour se distraire par un jouet, une pipe et
du tabac, voilà les nations européennes marchant avec
toutesMes dégradations avec une rapidité et un engouement
que n’ont jamais connu les peuples primitifs, qui se sont éga¬
lement suicidés par le narcotisrae.
L’opium a mis des siècles à faire descendre à un état voi¬
sin do la léthargie les peuples do l’Orient, la nicotine ne.
sera pas si longtemps à faire de l’Europe et sa succursale
l’Amérique, une seconde Asie; car une livre de tabac est
capable de tuer bien plus d’hommes que ne le feraient 20 li¬
vres de pavots. Deux siècles se sont à peine écoulés depuis la
connaissance du tabac, et déjà il a séduit la moitié do ces
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classes faibles qui aiment à s’engourdir dans des sensations
factices, au milieu d’un peu de fumée, plutôt que s’épanouir
dans l’activité salutaire de la vie au milieu d’un air pur (1).
Au moment où nous transcrivons cas lignes, nous recevons
d’un de nos bons et éminents docteurs de l’armée belge,
M. le D r Chevalier, une lettre dont voici le contenu :
« A vous,et à M.le D r Seutin,votre fils,qui publiez actuellement
un travail si important sur le tabac, je me permets d’adresser
quelques lignes très significatives que j’extrais de la Semaine
médicale , de Paris :
ÉTATS-UNIS
Le nombre toujours croissant des fumeurs préoccupe vive¬
ment l’opinion publique dans quelques États et l’on commence
à prendre des mesures législatives pour préserver la santé
des désastreux effets du tabac.
Dans ce but l’État de Connecticut vient de voter définiti¬
vement une loi interdisant l’usage du tabac aux enfants de
moins de 16 ans. La nouvelle loi est très sévère : elle déclare
que toute personne qui vendra, donnera ou délivrera des ci¬
gares, cigarettes ou du tabac à un mineur de 16 ans, sera
passible, pour chaque fait de ce genre, d’uno amende pouvant
s’élever à 250 francs.
D’autre part, tout enfant âgé de moins de 16 ans et qui
sera surpris fumant dans la rue ou dans un endroit public, sera
puni d’une amende, dont le maximum est de 35 francs (2). »
C’est là une excellente initiative, et qui devait nous venir
encore de l’Amérique. Il n’y a pas à douter que cet utile
exemple ne soit bientôt non seulement suivi par tous les
(1) Depierris. Physiologie sociale. Le labac, page 493.
(2) Nous remercions bien sincèrement M. le docteur Chevalier de son
intéressante communication, et lui en exprimons ici toute notre recon¬
naissance.
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autres États qui consiituentla grande République américaine,
mais encore par tous les peuples qui constituent le nou¬
veau et l’ancien monde.
(A continuer.) Em. Seütin, PH n , et D r L. Seutin.
MALADIES DE LA PEAU
par lo D r Burkhard, de Berlin. — Traduction du D r Ciirvauer, de Cbarleroi.
Elephantiasis
Elle consiste en une hypergénèse du tissu conjonctif de la
peau et du derme, allant parfois jusqu’au périoste des os
sous-jacents.
La cause consiste dans l’inflammation chronique des vais¬
seaux lymphatiques, qui succède ordinairement à des atteintes
aiguës. Il en résulte toujours une oblitération des lymphatiques,
et une prolifération du tis.u conjonctif.
On ne sait pas encore pourquoi cette maladie se montre
surtout dans les zones torrides. Elle s’attaque surtout aux
jambes, mais aussi aux bras, aux mains et aux parties géni¬
tales des deux sexes. Los membres deviennent difformémeni
gros, co qui a donné son nom à la maladie. Dans les cas
d’elephantiasis observés par nous, la maladie était compliquée
d’ulcérations aux membres inférieurs. C’est ce qui produit
probablement l’oblitération d’un vaisseau lymphatique et
l’origine de l'inflammation.
La peau, qui, dans le cas où le corps papillaire prend part
à l’inflammation du tissu conjonctif, se recouvre d’écailles
épidermiques, ne se laisse pas entamer dans ses couches infé¬
rieures. Par une coupe, on voit le tissu conjonctif développé
(1) Suite . Voir vol. courant, page 143.
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d’une manière colossale, surtout au détriment des muscles,
qui apparaissent atrophiés, graisseux, ce qui, ajouté au poids
et à la difformité du membre, ajoute un second ennui, celui
de ne pouvoir s’en servir.
Le traitement doit consister dans le début de la maladie à
combattre la lymphangite. Belladone au commencement,
puis, après ou conjointement avec ce médicament, le mercure
m’ont rendu de très grands services. L’emploi du froid et les
frictions d’onguent gris mo paraissent inefficaces. La position
élevée du membre est indiquée. Après la cessation de la lym¬
phangite, il faut évidemment employer une autre médication,
pour faire diminuer le gonflement qui persiste au pied ou à la
main.
La compression avec des bandes do flanelle est très recom¬
mandable. Quant aux remèdes internes, Kafka préconise :
phosphore , silicea , sepia et graphites . J’ai grande confiance
en silicea. Maylânder recommande kal . chlorat. à l’intérieur
et à l’extérieur. Je n’ai aucune expérience pour le traitement
de cette affection, mais en revanche, je dois dire quelques
mots de Y éléphant iasis nostras . Cette maladie, dont le pro¬
cessus est le même que celui de Y éléphant iasis, ce qui sou¬
vent les a fait confondre, a son germe non dans les lympha¬
tiques mais dans des périphlébites répétées, avec des tumeurs
variqueuses aux jambes, avec ou sans ulcérations. Il y a éga¬
lement d énormes gonflements du tissu conjonctif, qui
déforment complètement les membres. Pour le traitement de
ces affections, je pars de ce point qu’il faut faire cesser
le plus vite possible la stase veineuse qui en est la cause pre¬
mière. Dans ce but j’ai administré carduus et hamamelis
et avec des résultats très satisfaisants ; j'ai vu des jambes
énormes reprendre leur forme naturelle. J’employai égale¬
ment toujours la compression avec les bandes de flanelle.
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— 217
J’en arrive maintenant à Y atrophie de la peau .
Un exemple d’atrophie de toute la peau, c’est l’atrophie
sénile, et celle qui se montre dans les maladies graves.
Une atrophie partielle peut se produire par la compression
extérieure ou intérieure. Par une compression extérieure le
corps papillaire souffre, et l’épiderme s’amincit ; par la com¬
pression interne, dans le cas, par exemple, de grossesse ou de
tumeurs, les parties intérieures de la peau sont comprimées,
surtout les glandes, et l’épiderme, sans se détruire, change de
place. Dans ces cas,- comme dans l’atrophie sénile, on trouve
souvent un pityriasis, qui provient non seulement de l’épi¬
derme, mais de l’atrophie des glandes, et de la sécheresse de
la peau entraînant après elle la desquamation.
La pigmentation de la peau peut également faire défaut
eu totalité ou en partie, de sorte que ces individus ont l’air
tachetés. On ne connaît pas la cause de cette anomalie.
L 'atrophie des follicules pileux , qui se montre dans la
vieillesse, produit les calvities, et comme un organe atrophié
ne peut plus se reproduire, ces calvities sont incurables.
11 n’en est pas de même dans les cas de defluvium capil-
lorum survenant à la suite de maladies graves. Dans ces cas
il n’y a pas d’atrophie, mais seulement un arrêt dans la faculté
de reproduire, de sorte qu’une fois que la maladie est guérie,
les cheveux repoussent.
Je dois encore citer Yalopecia circurnscripta qui dépend
également d’une lésion des follicules pileux. Sur certaines
places de la tête, plus rarement de la barbe, les cheveux
tombent, après setre quelquefois fendillés, et cela sans que
l’on puisse rien remarquer d’anormal à la peau. Il y a des
plaques chauves au milieu d’une chevelure exubérante. Après
quelque temps, les cheveux repoussent. La cause de cette
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affection est obscure; jusqu’à présent on n’a pas découvert
de parasites végétaux.
La chute des cheveux, donnant lieu au favus et à Yherpes
tondcnSy n’appartient pas à cette maladie, elle est causée par
des parasitos.
J’ai dit tantôt que les calvities étaient incurables ; il n’en
e^t pas de même du defluvium capillorum et de l’alopecia cir¬
curnscripta, qui, à côté du traitement de la maladie causale,
ont leur traitement propre. Les lavages alcalins si connu*
ont un certain renom pour les suites de ces affections.
Pour la chute des cheveux dépendant d’un abus de mer¬
cure , on prescrit aurum . Quoique cette affection souvent
reconnaisse pour cause la syphilis, Y aurum est donné coramo
médicament de fond, c’est-à-dire contre l’empoisonnement
par le mercure .
Jahr prescrit le phosphore dans le cas de plaques isolées.
Ces indications ne sont pas à imiter.
Il n’y a rien qui prouve que ce médicament porte son action
sur l’area celsi, sur le favus ou l’herpés tondens. A une autre
page je trouve que graphites convient pour les places chau¬
ves, qui sont très lisses, et phosphore quand la peau est
recouverte de squames. Le premier remède conviendrait à
l’area celsi, le second serait pour les processus inflamma¬
toires do la peau avec chute des cheveux ou pour l’herpès
tondens. D’après moi le traitement interne contre le favus et
l’herpès tondens est sans résultat. Il est loin d’être démontré
également que Y acide phosphorique ait une action contre le
grisonnement des cheveux chez de jeunes personnes.
(Dans un cas d’alopécie circonscrite do la barbe existant
depuis des années et qui gran lissait, au point d’avoir la dimen¬
sion d’un thaler, j’avais employé tous mes remèdes externes,
mais sans résultat. La peau à cette place paraissait normale
et unie, était très douce et molle, peut être par suite de la
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chute des follicules. On conseilla de frictionner la place avec
de l’alcool pur et fort. Après quelque temps, de petits poils
repoussèrent, et aujourd’hui toute la place jadis chauve est
recouverte comme le restant de barbe. Il est vrai que der¬
nièrement je découvris à peu près à un centimètre de l’an¬
cienne plaque, une petite place chauve, qui est traitée comme
l’autre. D r Siilzer.)
Nous arrivons maintenant aux processus inflammatoires
de la peau , c’est-à-dire aux maladies comprises sous le nom
générique à'éruptions cutanées et qui ont ce caractère com¬
mun de présenter un exsudât du derme ou de l'épiderme ou
des deux réunis.
Selon le siège de cette exsudation et son degré d’intensité,
les éruptions prennent différents noms : érythème, vésicules,
bulles, pustules, papules et squames.
L 'érythème constitue le degré le plus léger de l’inflam¬
mation sans formation de vésicules.
Anatomiquement elle est constituée par une hypérémie du
corps papillaire et surtout du tissu conjonctif sous-jacent avec
infiltration séreuse. Après la disparition de l’érythème, l’épi¬
derme tombe habituelbment, preuve qu’il a été séparé de son
terrain nourricier par une exsudation du derme qui toute¬
fois n’était pas assez intense pour soulever l'épiderme sous
forme de vésicules.
Les causes de l’érythème sont les mêmes que celles qui,
dans des cas légers, produisent l’hypérémie : la chaleur, les
irritations mécaniques ou chimiques. A cette classe appar¬
tiennent Yintertrigo, le décubitus ; Yérythema laeve , qui
se développe dans les cas d’hydropisie avec tension très fortî
de la peau. L’érythème se montre également par l’action
irritante de certains liquides sur la peau : l’érythèmo de la
lèvre supérieure dans le cas de coryza, celui des joues suite
de blennorrhée de la conjonctive, celui du prépuce et des
bourses dans l’incontinence d’urines.
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Enfin, il y a encore un érythème qui se montre sans cause
connue, sporadique, à évolution cyclique, avec grande ten¬
dance aux récidives périodiques. Dans d’autres lieux, par
exemple à Constantinople et à Paris, on a souvent remarqué
de vraies épidémies de cette affection.
Si Térythème est du à une cause locale, on voit survenir
une rougeur superficielle, qui devient douloureuse par la
pression et prend une teinte jaunâtre. Aussitôt que la com¬
pression cesse, la couleur rouge reparaît.
Si la cause disparaît, l’inflammation cesse de suite ; si elle
persiste, au contraire, d’autres complications peuvent surgir.
L 'erythema solare devient un eczéma solare ; si l’inflam¬
mation est plus forte encore, il y a production de vésicules,
le décubitus peut amener la gangrène.
Vérythème spontané se montre toujours sur la face dor¬
sale des mains et des pieds. Il peut exister également sur
d’autres points des extrémités, même du corps, mais jamais
sans coexistence sur les parties précitées. Il y a en même
temps que la rougeur un léger gonflement . Sur cette base se
montrent parfois de petites taches d’un rouge foncé ou bleuâ¬
tres. Sensation de chaleur et douleur avec quelques s} r mp-
tômes fébriles. A cet érythème on a donné le nom d epapu-
losum ou tuberctUosum ; il dure de huit à quinze jours.
Mais l’évolution n’en est pas toujours aussi rapide ; souvent
elle dure des semaines. Il arrive aussi que l’affection se
guérit au centre et que sur la périphérie il se développe de
nouvelles indurations. De là les divisions de Xérythème en
circinatum , iris ou numulatum , gyratum , qualificatifs qui
s’ajoutent à différentes espèces d’affections cutanées et
désignent non pas des affections spéciales, mais seulement des
manières d’être d’une même affection.
L 'erythema nodosum se différencie complètement des
variétés citées plus haut et secaractérise par des infiltrations
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— 221 —
circonscrites dans le derme avec extravasation sanguine, qui
laissent sentir sous la peau des nœuds arrondis et plus ou
moins gros, douloureux au toucher et légèrement rouges à la
superficie.
Successivement le rouge passe au violet, au bleu ; au vert
et au jaune comme lors de toute suggillation. Il y a aussi
desquamation de l’épiderme quand l’affection est guérie.
Elle dure de 8 à 15 jours, est toujours accompagnée d’un
grand malaise avec fièvre qui force les malades à garder le
lit.
Elle siège habituellement aux membres inférieurs et aux
parties génitales, plus chez la femme que chez l’homme.
Dans ce dernier cas la durée de la maladie n’est pas limitée,
surtout quand il se développe de nouvelles indurations.
Quant au traitement de cette maladie, il est évident qu’il
faut d’abord faire disparaître la cause productrice autant que
possible. Extérieurement quand les douleurs sont cuisantes
on peut appliquer de l’eau de Goulard, ou simplement de l’eau
froide ; dans l’intertrigo on saupoudre les parties atteintes au
moyen d un corps isolant tel que lycopod. avec ou sans
addition de fleurs .de zinc. On peut également interposer entre
les parties atteintes des coussinets d’ouate enduite de pom¬
made de zinc; dans le décubitus on emploie des coussins de
caoutchouc ou une peau de chevreuil (je recommande 1 les
coussins en balle de millet ainsi que l’application de la lano¬
line dans le décubitus. D* S.). Quant aux régions qui sont
mouillées par des sécrétions irritantes, on les protège au
moyen d’un corps gras, qui, malheureusement, n’est souvent
pas d’une grande utilité.
Dans le cas d’intertrigo intense, ce qui m’a le mieux
réussi, ce sont de très minces bandes phéniquées à 1/2 pour
cent. Dans Yerythema papulosum et nodosum des com¬
presses trempées dans l'eau froide.
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Ici se pose la question de savoir ce que Ton peut obtenir
par un traitement interne ; y a-t-il tnoyen de guérir par
des médicaments internes un érythèmeproduit par une exc : -
tation permanente, dont la cause ne peut être enlevée com¬
plètement, parexemple flans l’interlrigooù lesremèdes externes
no peuveut empêcher le frottement que partiellement. Cela
peut paraître invraisemblable, mais je me demande pourquoi,
quand on peut guérir un érythème par des moyens externes,
par exemple l’eau blancho, alors que la cause irritante persiste,
ne le pourrait-on par des médicaments internes ayant pour ac¬
tion défaire cesserTinflammation cutanée. Eten première ligne
vient le mercure et la bellad . Si les douleurs sont brûlantes,
on prescrit Y arsenic et dans le cas d’intertrigo chez les en¬
fants chamom. et sulfar .
N’oublions pas non plus lycopodium , qui a une action
spéciale sur la peau, et que les empiriques prescrivent non
sans raison. Je l’ai souvent donné dans l’intertrigo des enfants
et cela avec succès. Apis est également recommanlé dans le
cas d’érythème. (Kali sulfur m’a Jo pluà souvent réussi,
I) r S.) (Sulphur m'a surtout donné do beaux résultats
!)«• W.).
(A continuer .) Traduction du D r Chevalier.
LES LARCINS DE L’ALLOPATHIE
par le D r Martiny.
Teinture alcoolique de rhus toxicodendron dans le traitement du
rhumatisme chronique. — Le docteur John Auldc, professeur de clinique
au Collège médico-chirurgical de Philadelphie, a étudié depuis quelques
années les propriétés thérapeutiques du r/iùs toxicodendron, variété de
sumac très vénéneuse, avec le concours de plusieurs autres médecins. Il
en a retiré de bons effets dans le traitement des affections rhumatismales
chroniques. Dans son intéressant article, il a réuni un assez grand
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— m —
nombre de faits qui viennent à l'appui de sa manière de voir ; les deux
suivants suffiront pour permettre de se faire une idée de ee qu'on peut
obtenir du médicament en qnestion. 11 s'agit de deux malades traités par
l'auteur, le mari et la femme, âgés de 65 à 70 ans. Le mari avait souffert,
quarante ans avant le traitement nouveau, d'un rhumatisme inflamma¬
toire, qui était devenu chronique, et depuis longtemps il ne pouvait plus
marcher qu’avec une canne ; il était d’ailleurs tellement raide d’une ma¬
nière générale, que, pour descendre par son escalier, il était obligé de se
laisser glisser sur le dos. La femme était tourmentée par des souffrances de
rhumatisme, raideur des articulations, douleurs dans les genoux, sensa¬
tions douloureuses fugitives dans les coups-de-pied, dans les pieds et dans
les épaules. Le mari, sous l'influence du nouveau mèdicaident, a vu sa
santé s'améliorer comme il ne l’avait pas éprouvé depuis plus de cinq
ans et a pu reprendre la direction de ses affaires ; chez la femme, les dou¬
leurs ont cessé rapidement.
Les faits nombreux que les confrères du docteur Aulde lui ont adres¬
sés, avec leurs commentaires, semblent démontrer que cet agent théra¬
peutique est précieux contre le rhumatisme chronique ; il est bien entendu
qu il s'agissait de cas où tous les autres moyens connus avaient échoué, ce
qui lui donne une valeur particulière. L'auteur ajoute qu’il est contre-in¬
diqué dans les cas aigus. U a été employé aveo des résultats fréquemment
heureux, à part quelques insuccès, contre toutes les formes de rhuma¬
tisme chronique, la sciatique, certaines névralgies à teinte rhumatismale,
la cystite, etc.
Comme le rhus toxicodendron est très vénéneux, il importe d'adminis¬
trer ses préparations avec précaution. L’auteur l’emploie sous forme de
teinture alcoolique, préparée d’après les prescriptions de la pharmacopée
pour la confection des teintures des végétaux frais,soit 50 parties de feuil¬
les fraîches pour 100 parties d’alcool. La dose de cette teinture administrée
en une fois ne doit pas dépasser une demi-goutte. Pour l'administration,
on associe la teinture avec l'alcool dilué, dans la proportion de 1 partie
de la teinture pour 9 parties d'alcool dilué ; de sorte que la dose à faire
prendre est de cinq gouttes du mélauge, trois fois par jour. Il appartient
au praticien d'augmenter ou de diminuer le nombre des doses suivant les
ctfets produits. L’auteur pense, d'après ses expériences, que la plante
perd par la dessiccation ses vertus thérapeutiques.
Ce qui recommande cette médication et engage à la soumettre à l'expé¬
rience, ce sont ses effets signalés dans des cas rebelles à tous les autres
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— 224 —
agents thérapeutiques et l'action favorable que plusieurs praticiens lui
accordent contre des raideurs articulaires très pénibles considérées comme
incurables. (The therap. Gaz., 15 octobre 1889.)
Ceci se passe de commentaires. Encore quelques décou¬
vertes pareilles et des doses semblables (1/2 goutte de
teinture diluée) et nous serons d’accord. Il n’y aura plus
d’allopathes — tous homœopathes, comme il n’y a plus
aujourd’hui que des magnétiseurs, et voilà dix ans le magné¬
tisme était, d’après les médecins officiels, une duperie indigne
d’un homme de science.
Dr MaRTINY.
SOMMAIRE
Association centrale des homœopathes belges. Séance
du 8 octobre 1889.. . 193
Les calmants, les hypnotiques, les purgatifs et les
antithermiques, par le Dr Martiny .... 193
Le tabac (Suite), par MM. Em. Seutin, Ph” et le D r Léon
Seutin, à Bruxelles.209
Les maladies de la peau (Suite). Traduction du D r Che¬
valier, de Charleroi.215
Les larcins de l’allopathie, par le Dr Martiny . . . 222
Le bureau de la Revue homéopathique belge est transféré
de la rue Belliard, 61, à la rue d'Aelon, 69, coin de la rue
Belliard.
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REVUE HQMŒOPATHIQUE BELGE
16* Année. NOVEMBRE 1889. N° 8.
CONGRÈS INTERNATIONAL D’HOMŒOPATHIE
Nous ûe pouvons donner dans ce journal un compte rendu
in extenso du Congrès tenu à Paris, auTrocadèro, les 21, 22
et 23 août. D’ailleurs le rapport complet sera publié, et nous
nous bornerons à en esquisser les lignes principales. La pre¬
mière séance a eu lieu le mercredi 21 août, à 10 heures du
matin, et était présidée par le D r Léon Simon père, président
de la Commission préparatoire, lequel, après avoir souhaité
la bienvenue aux membres présents, a, dans son discours,
donné un aperçu des mémoires adressés à la Commission. Le
Secrétaire de cette Commission, le D r Marc Jousset, a rendu
compte ensuite des travaux préparatoires auxquels s’est
livrée cette commission, et a soumis à l’approbation de
l’Assemblée le plan d’après lequel seront examinés et discutés
les divers travaux.
A la séance de l’après-midi, le même jour, M. le D' P.
Jousset, nommé président à la fin de la séance du matin, a,
dans une courte allocution, remercié les membres du Congrès
de l’honneur qu’ils lui ont fait, et dit qu’il regardait cet
honneur comme une récompense accordée & une existence
consacrée à la défense de la vérité thérapeutique. Il fait re¬
marquer, entre autres choses, que ce Congrès montrera que*
fidèle au caractère qui lui a été imprimé par son fondateur,
l’Homœopathie repousse énergiquement tous les systèmes
antiscientifiques qui cachent, sous son nom, des procédés de
thérapeutique secrète et mystérieuse...
La fin de cette séance a été surtout employée à la discus-
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sion de la loi des doses , une des questions les plus ardues
de l’homœopathie, et qui, du reste, est loin d’être fixée. La
majorité des membres présents semble cependant se rallier
au principe de remploi des médicaments omni dosi , suivant
les indications.
MM. les D rs P. Jousset et J. P. Tessier ont ensuite lu des
travaux contradictoires sur hs rapports de la doctrine mi¬
crobienne avec la thérapeutique homœopathique.
La séance du jeudi 22 août a été consacrée a la discussion
d’un mémoire du D r Yillers, do Dresde, sur l 'ataxie loco¬
motrice; d’un travail du D r Parenteau sur Yiritis et Yirido-
choro'idite; d’une communication du D r Daniel Serrand sur
un cas de diphthérie guéri par le cyanure de mercure à la
2 f trituration. À propos de ce travail, une importante discus¬
sion s’ouvre sur la diphthérie , à laquelle prennent part le
D r Beck, lequel raconte dans des ternies très émouvants, la
guérison obtenue par lui à Laide de la G c dilution de cyanure ,
sur le D r Villers alors enfant, et présent au Congrès, le D r de
Brasol, de Saint-Pétersbourg, le D r Love fils, le D* Marc
Jousset, le D r Royer, etc...
Enfin, dans la séance du vendredi 23 août, le Congrès, à
propos d’un travail de notre confrère, M. le D r Gaillard, de
Bruxelles, sur la monopharmacie,ouvre une discussion impor¬
tante sur Y alternance des médicaments . Nous sommes heu¬
reux de constater que l’alternance, que nous considérons depuis
longtemps comme un progrès dans la thérapeutique, a trouvé
d’ardents défenseurs parmi les membres présents. Dans le
travail que mon ami le regretté D r Bernard, de Mons, et moi
avons envoyé au Congrès do Londres, la question de l’alter¬
nance a été examinée à tous les points do vue ; toutes les
objections y ont été prévues et discutées. C’est en réalité à
l’expérience clinique seule à décider et à résoudre les questions
suivantes: l°Guérit-onmieux en employant deux ou plusieurs
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— 227 —
remèdes alternés à intervalles relativement courts, qu’en
administrant les mêmes remèdes les uns après les autres,
lorsquel’un d’eux paraît avoir épuisé son action ou que l’indica¬
tion de l’un d’eux a cessé d’exister ; 2° L'alternance de deux
ou plusieurs médicaments n’a-t-e’le pas pour effet de stimuler
l’action spéciale de ces remèdes au point que l’on obtient par
leur alternance seule une action curative qui ne surviendrait
pas si l’on administrait ces remèdes selon l’ancienne méthode ?
On le voit, c’est aux faits, et aux faits seuls, à résoudre la
question de l’alternance ; eb bien, les faits semblent donner
raison à ses partisans : d’abord il y a peu de médecins prati¬
ciens qui n’emploient pas l’alternance, et même parmi ceux-ci
il y en a qui, opposés en principe à l’emploi alternatif de plu¬
sieurs remèdes, ont été obligés d’avouer que l’alternance
réussissait là où l’ancienne manière de faire paraissait échouer;
nous avons rappelé ces aveux probants dans notre mémoire
du Congrès do Londres. Nous employons personnellement
l’alternance depuis longtemps et nous croyons pouvoir assu¬
rer, après de nombreux essais dans un sens et dans l’autre,
que l’alternance des médicaments développe singulièrement
leur action ; en stimulant l’organisme, tantôt dans un sens,
tantôt dans l’autre, elle semble réveiller la force de réaction
de l’organisme malade, à la façon des douches alternative¬
ment froides et chaudes; nous sommes donc, expérimenta¬
lement parlant, autorisé à confirmer les conclusions de notre
mémoire, à savoir que dans l’immense majorité des cas l’al¬
ternance des médicaments réalise d’une façon plu3 complète
le grand desideratum de la thérapeutique : cito, tuto,
jucunde.
Après celte discussion sur l’alternance, l’Assemblée en vint
peu à peu à examiner la question des médicaments com¬
plexes et de Yélectro-homœopathie. M. le D r Léon Simon,
père, résume cette question dans un discours éloquent, et
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— 228 —
déclare, dans sa péroraison, que l’homœopathie complexe
n’existe pas, attendu que l’on ne connaît nullement Yaction
pure de médicaments ainsi mélangés, par la raison qu’ils
n’ont pas été auparavant expérimentés sur l’homme sain.
Employer de tels médicaments est faire de l’empirisme pur.
En fin de compte, sur la proposition du Président, on vote
à l’uhanimité la proposition suivante :
« Les membres du Congrès international d'Homœopa-
thie, considérant que l’Electro-Homœopathie consiste
dans l’administration de médicaments complexes, qui
n’ont pas été expérimentés sur l’homme sain sous cette
forme, et dont la composition et le mode de préparation
ne sont pas exactement connus, condamnent cette doc¬
trine et déclarent qu'elle n'a aucun rapport avec l’Ho-
mœopathie. »
On le voit, le Congrès a été très carré dans son jugement
sur l’électro-homœopathie et il a eu raison ; pour que celle-ci
puisse avoir sa place marquée dans la science il faudrait au
préalable qu’elle dévoilât complètement la composition et la
préparation de ses remèdes ot que ceux-ci aient été expéri¬
mentés sur l’homme sain, pour connaître leurs véritables
pathogénésies ; tant que ces conditions ne seront pas rem¬
plies, on ne peut faire autrement que de rejeter l'homœopa-
thie complexe, quoique ses remèdes soient donnés & petite
dose et que leur préparation, du moins d’après le peu que nous
en connaissons, serapproche'des manipulations recommandées
par Hahnemann ! Les èlectro-homoeopathes prétendent avoir
découvert un procédé spécial de préparation des remèdes,
ils attribuent à la macération plus ou moins prolongée et
aux conditions spéciales dans lesquelles celte macération a lieu
une grande influence ; ils prétendent qu’ils arrivent ainsi à
mieux mettre en évidence le principe curatif des remèdes; ils
citent à l’appui do leur dire une série de faits connus. Mais ils
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— 229 —
ont le très grand tort de ne pas décrire complètement les mani¬
pulations qu’ils déclarent faire subir à leurs médicaments, de
manière à ce que tous les médecins et tous les pharmaciens
puissent préparer leurs remèdes. Cette manière de faire, sans
permettre le contrôle scientifique, doit faire rejeter leur
méthode des sociétés scientifiques.
Et quand bien même les faits tendraient à démontrer que
les remèdes complexe3-homœopathiques guérissent parfois,
lorsque les autres échouent, ils resteront toujours dans la
catégorie des remèdes plus ou moins secrets.
Il n’en serait pas tout à fait de même, nous venons de le
dire, si le médecin qui recommanderait des remèdes composés
avait soin d’indiquer la composition et la préparation exactes
de ses médicaments, de manière à ce que ceux-ci puissent
être préparés par tous les médecins ; il ne manquerait alors
& ces remèdes que l’expérimentation sur l’homme sain, car
l’expérience ab usu in morbis n’est pas suffisante ; c’est donc
une véritable lacune à combler, mais qui n’empêcherait peut-
être pas précisément un véritable homœopathe de se servir de
ces remèdes si leur composition était parfaitement connue,
et si l’expérience prouve qu’ils réussissent parfois lorsque les
autres remèdes ont échoué. En effet, parmi nos remèdes, n’en
est-il pas plusieurs qui pourraient à la rigueur être considérés
comme des remèdes composés ? D’abord les médicaments for¬
més de deux corps simples, tels que le sulfure de chaux ,
1 ’iodure d’arsenic, etc. ; ensuite les teintures des plantes
lesquelles contiennent tous les principes de ces plantes; enfin
citons aussi les eaux minérales qui sont de vrais remèdes
complexes et qui produisent tant de guérisons.
Nous pensons donc que les remèdes homœopathiques com¬
posés, pourvu que leur composition et leur mode de préparation
soient connus, ne devraient pas être absolument rejetés, si
t’expérience prouvait qu’ils ont une action plus prononcée le
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230 —
/
plus précise que les autres ; il serait même alors désirable
que Ton s’entendit pour étudier complètement leur action sur
l'homme sain afin d’avoir un guide pour Iss employer avec
plus ou moins de précision chez l’homms malade.
La tradition clinique a pourtant une certaine valeur dont
on ne doit pas toujours faire fi, et lorsque la pathogénésie
d’un médicament n’est pas bienfaite, cequi se présente parfois,
il faut bien alors se borner à l’expérience dans les maladies.
Malheureusement ces remèdes complexes sont pour la plu¬
part créés tout d’une pièce par ceux qui les recommandent,
un peu au hasard, sans ordre ni méthode, et souvent ils
contiennent un trop grand nombre de remèdes pour qu’on
puisse se former une idée, même approximative, de leur action
possible.
Néanmoins, nous venons de le dire, l’expérience clinique
a une valeur réelle et les eaux minérales, par exemple, dont
l’action merveilleuse est incontestable et incontestée, sont
en réalité des remèdes complexes que nous employons, nous
homœopathes, d’après la tradition clinique, plutôt que comme
conséquence d'une expérimentation pure proprement dite.
Quand nous envoyons à Carlsbad, par exemple, un malade
atteint d’engorgement du foie, c’est bien plus parce que l’ex¬
périence clinique a appris que Carlsbad est très utile dans ces
engorgements que parce que l’expérimentation pure a prouvé
que l’emploi de l’eau de Carlsbad produit des engorgements du
foie chez l'homme sain.
L’hydrothérapie, si fréquemment appliquée par les homœo¬
pathes, est plutôt conseillée à la suite de l’expérimentation
clinique que d’après l’expérimentation faite sur l'homme sain.
Il en est de même du massage, de l’électricité, do la gym¬
nastique, etc., etc. En un mot s’il faut, scientifiquement
parlant, se garder d’employer des remèdes complexes dont
la composition et la préparation sont plus ou moins secrétes,
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on peut parfois, lorsque les autres moyens échouent, essayer
des remèdes autres que ceux qu’employaient les homœopathes
de la première heure, pourvu toutefois que leur composition
et leur préparation aient été dévoilées et soient bien
connues. »
Voici, du reste, l’opinion de notre confrère le D r Schepens,
de Gand au sujet de la question ; il répond à quelques obser¬
vations que nous lui avions communiquées au sujet de l’ho-
mœopathie complexe :
« Je suis heureux d’apprendre que tu portes ton attention
sur l’homœopathie complexe qu’on a positivement « exécutée »
au Congrès homœopathique de Paris.
« Il est évident que quand Hahncmann proclamait le principe
de l’unité du médicament en faco de la polypharmacie qui
régnait à cette époque, il a bien mérité du progrès des sciences
médicales, parce que l’unité du médicament avait commo
corollaire l’étude consciencieuse du même médicament et son
application avec une exactitude quasi mathématique.
« Mais quant à la question de savoir si un médicament unique
aurait suffi toujours à tous les besoins, c’était là une affirma¬
tion théorique que l’observation clinique pouvait seule con¬
firmer ou infirmer. Un siècle s’est bientôt écoulé depuis cette
époque et,pour un observateur impartial,la question n’est pas
résolue : une partie des médecins homœopathes, fidèles aux
principes comme aux erreurs du Maître, n’emploient que des
dilutions élevées (30*) et un seul médicament à la fois ; ils se
prétendent seuls de véritables homœopathes. Une autre frac¬
tion, que je crois la plus nombreuse, emploient toutes lesdilu-
tions depuis les plus basses jusqu’aux plus élevées et alter¬
nent deux ou plusieurs médicaments et se disent tout aussi
homœopathes que les premiers, se basant même sur certaines
prescriptions du Maître. Enfin il existe une troisième série
de médecins qu’à tort, selon moi, on voudrait exclure de
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— 233 —
l’école homœopathique qui, non content d’alterner les médi?
caments, les mélangent et prétendent encore en cela avoir
été approuvés par Hahnemann.
< L’observation clinique seule dira où est la vérité et où est
l’erreur ; on prétend — co qui est vrai — qu’il faudrait
étudier chaque mélange sur l'homme sain ; mais avons-nous
donc étudié chaque alternance ? Et cependant je ne crois pas,
qu’à part quelques purs peut-être, on ait lancé contre nous
l’excommunication majeure. Suivons donc avec intérêt toutes
163 expériences cliniques, même celles des homœopathes
complexes qui dévoilent la composition de leurs, remèdes et
essayons nous-mêmes au besoin le mélange de plusieurs
médicaments dans certains cas absolument rebelles au trai¬
tement ordinaire : la vérité sortira de ces expériences bien
plus sûrement que des délibérations d’un Congrès.
« Il est évident que dans les lignes qui précèdent, je n'en¬
tends nullemont justifier l’emploi des remèdes secrets de.
Mattéi et de l’électro-homœopathie, et que je fais seulement
mes réserves quant à l’utilité possible du mélange des médi¬
caments homœopathiques. »
Le tabac (1)
par MM. Em. Seutix, Ph n et le D r L. Seütin, à Bruxelles.
Le mal que lo tabac fait partout est grand, d’autant plus
grand qu’il s’attaque à des populations plus sensibles, plus
impressionnables : ah! il est temps, si l’on ne veut pas que
le mal soit incurable, qu’il se produise une grande et éner¬
gique action contre le tabac.
11 fautde toute nécessité qu'il soit arrêté dans sa marche pro¬
gressive et toujours envahissante. On peut le dire, et on doit
(1) Suite. Voir volume précédent et volume courant, pp. 9,40,73,109,136,
169 et 209.
f
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— 233 —
lô déplorer, c’est qu’il a successivement soumis à sa puissance
et à sa domination toutes les classes de la Société. L’enfance
elle-même, qu.’il paraissait jadis vouloir respecter, est elle-
même envahie puisquo l’on voit aujourd’hui beaucoup d’en-
fants fumer, et ils ne peuvent le faire sans porter non seule-:
ment les plus cruelles atteintes à leur santé, mais aussi à
leurs facultés morales et intellectuelles. Il en est même un
certain nombre d’entre eux qui en deviennent les tristes vic¬
times. On lit dans la Revue des journaux un cas de mort,
par la fumée du tabac.
Un enfant de 13 ans avait quitté la maison de bonne heure,
étant bien portant, et après avoir fait un bon repas. Ce fut
après le repas qu’il se mit à fumer quelques cigarettes. Il
devint peu à peu très pâle et indisposé, des selles abondantes
et des vomissements se produisirent et puis surgirent des
convulsions, des spasmes toxiques et choréiques ; la peau de
tout le corps était pâle et froide,conjonctive insensible au tou¬
cher, la pupille contractée faiblement; la respiration était
faible et stertoreuse, le pouls petit, intermittent et irrégulier,
puis il eut une syncope. Un médecin fut appelé, qui pratiqua
une injection d’éther. Une légère amélioration se produisit,
mais qui ne persista pas, malgré de nouvelles injections l’en-:
fant mourut six heures après le début de l’empoisonnement.
Voilà donc un enfant de 13 ans, et qui jouissait d’une excel¬
lente santé ; le voilà précipité dans la tombe, pour ayoir
aspiré la fumée délétère du tabac. Ah ! qu’ils sont nombreux
les faits identiques qui se produisent trop souvent et qui vien¬
nent jeter la douleur et le désespoir dans les pauvres familles!
Nous le demandons, de tels faits ne soht-ils pas de na¬
ture à décider tous les gouvernements à prendre des arrêtés
qui défendraient aux enfants de fumer avant l’âge do lô à
• 17 ans révolus?
Ce serait là une Ipi protectrice, et vraiment tutélaire à
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— 234 —
l’égard de3 enfants et dos adolescents. Comme nous l’avons
dit déjà, l’Etat de Connecticut (Etats-Unis, Amérique) vient
de la prornulg'er cetts loi ; en posant un acte aussi utile que
bienfaisant, il a donné un noble et précieux exemple qui sera
t
suivi universellement par tous les Etats tant soit peu soucieux
do l’avenir do la jeunesse, de cette jeunesse si intéressante,
puisque c’ost sur elle que reposent les destinées futures! Nous
avons parlé déjà de la Société antitabagique de France,
dont le conseil d’administration est composé non seulement
d’hommes d’élite, mais d’hommes animés des plus nobles et
des plus généreux sentiments de philanthropie et d’humanité.
Cette société a pour Président l’éminent M. Decroix et
c’est sous son habile direction, qu’elle fait aujourd’hui les dé¬
marches les plus sérieuses, les plus actives pour obtenir du
gouvernement français une loi qui défende de fumor aux en¬
fants et aux adolescents. Leurs efforts seront-ils couronnés
par le succès ? Déjà nous avons exprimé nos craintes à ce
sujet, surtout à cause de la régie, mais les motifs qui récla¬
ment une loi répressivo ont une telle importance, ils sont
si justifiés, puisqu’il s’agit de soustraire la jeunesse aux
effets désastreux de cette plante néfaste. Elle la subit .depuis
trop longtemps déjà et il est bien temps qu’on y apporte un
remède efficace: le remède, c’est la loi prohibitive.de défense,
qui est réclamée par la Société antitabagique. Le gouverne¬
ment fera-t-il bon accueil à sa demande si légitime et si jus¬
tifiée? Espérons-le, espérons encore que sa décision ne sera
dictée que par le3 sentiments du plus pur patriotisme. Ah!
ces nobles, ces généreux sentiments, que demandent-ils si ce
n’est le relèvement de la France? Mais ce relèvement sera-
t-il possible de l’obtenir, si on continue à la laisser assujettir,
dominer, engourdir, énerver par cette fatale plante? N’y a-
t-ilpas d’ailleurs une considération péremptoire, qui ne permet
plus au gouvernement de la France la moindre hésitation ?
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— 235 —
Cette considération, elle so repose toute entière snr la certi-
tudo où il se trouve, que lo tabac est trop souvent déjà nuisiblo,
pernicieux aux jeunes gens faits et aux hommes adultes,
combien dès lors, ne doit-il pas l’être davantage, quand il
s'attaque aux adolescents et surtout aux enfants? Ils doivent
on être les malheureuses victimes, car comment de tendres,
de jeunes et de fragiles organisations pourraient-elles résister
à ce cruel ennemi ?
Puisque nous parlons de la triste influence du tabac sur
les enfants, rapportons ici encore un fait que nous puisons
au milieu de beaucoup d’autres. Que messieurs les fumeurs
sachent bien tous les dangers qu’ils font courir aux personnes
de leur famille, mais surtout aux enfants quand ils n’hésitent
pas à transformer leur demeure en une fétide et nausèouse
tabagie. Voici ce fait : La famille de M. X... avait eu le mal¬
heur de perdre déjà deux enfants, les deux aînés, une petite
fille_de six ans et demi et un petit garçon do cinq ans : ces
pauvres enfants n’avaient jamais joui d’une bonne santé;
tous les deux étaient d’une grande pâleur, et, loin de se for¬
tifier, ils s’étaient étiolés, atrophiés et après de trop longues
souffrances, ils avaient succombé, d'après le diagnostic du
médecin qui les soignait, à une fièvre de consomption. Deux
enfants plus jeunes leur restaient, l’un de trois ans et demi,
un petit garçon,et une autre petite fille d’un an et demi. Déjà
ils portaient sur leurs visages décolorés les symptômes et les
stigmates qui étaient de nature à faire présager qu’ils succom¬
beraient à la même affection qui avait emporté les deux
aînés.
Dans cette triste occurrence, on eut recours à un autre mé¬
decin. La première fois qu’il pénétra dans cette demeure, il fut
frappé de l’odeur tabagique et nauséeuse qui s’en exhalait de
partout. En effet, le maître de la maison était un fumeur pas¬
sionné ; il n’y avait pas de tabagie dans cette demeure, mais
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— 236 —
toute la maison en tenait lieu, et jusqu’à la chambre de ses
petits enfants n’était pas même respectée !
Le médecin habituel de cette malheureuse famille aimait
aussi beaucoup trop le tabac, et le vif amour qu'il lui portait
ne lui permit pas d’apprécier et de reconnaître la vraie cause-
de la maladie des pauvres enfants. Le nouveau médecin ne
s’y trompa pas, car lui-même avait failli en être une triste
victime (l),et il en connaissait donc toutes les propriétés délé¬
tères; aussi il n’hésita pas à déclarer qu’il considérait la fumée
nicotique comme l’unique et vraie cause de la maladie des
enfants ! Que c’était elle encore qui avait précipité dans la
tombe les deux aînés, et que les deux autres partageraient le
même sort, si l’on ne s'empressait pas de les soustraire à un
air aussi méphitique, aussi empoisonné. Il conseilla de partir
immédiatement pour la campagne, de nourrir les enfants
presque exclusivement de bon lait, et de leur prescrire les
médicaments antinicotiques les mieux appropriés, et de ce
nombre aconit, belladona, nux vornica, hyoscyamus, put-
satilla, veratrumMtis surtout l’éloignement des émanations
nicotiques.
Ces conseils furent ponctuellement suivis, et, après neuf à
dix jours déjà, on pouvait constater chez les deux pauvres pe¬
tits malades une amélioration sensible,et, après un mois ou six
semaines de séjour à la campagne, ils étaient tout à fait bien
et finiront par devenir de forts et robustes enfants !
La pauvre mère, qui avait été si cruellement éprouvée, et
qui souffrait elle-même trop souvent de névralgies très dou¬
loureuses, les vit disparaître dès qu’elle fût soustraite à
celte atmosphère empoisonnée, et dans laquelle elle avait
vécu pendant tant d’années.
Quant au père, en voyant ses chers enfants revenir à la
(1) Qu'ils sont nombreux les médecins qui fument, et qui fument même en en
faisant le plus triste abus 1
f
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— 237 —
vie, presque ressuscités, en voyant son épouse délivrée de ses
pénibles souffrances, en se voyant lui-même tout à fait guéri,
par l'abstention du tabac, d’une affection du coeur qu’il portait
depuis longtemps déjà et qui n’avait fait que s’aggraver sous
l’influence des médicaments prescrits, oh! alors, il ne douta
plus que le tabac fût bien la cause unique de toutes les misè¬
res qui étaient venues fondre sur sa malheureuse famille.
Aussi, dès cet instant, il jura de ne plus fumer et resta fîJèlo
à son serment. Depuis lors, plusieurs années se sont écou¬
lées, et plus jamais ni pipe, ni cigare, ni cigarette* n’ont
effleuré ses lèvres. Il avait cependant une collection de pipes
superbement. culottées dont il était fier et dont il faisait
étalage. En oxpiation il les brisa ! Ses belles blagues à tabac,
ses porte-cigares, ses magnifiques étuis, et tout le pompeux
attirail du vrai fumeur, ne furent pas plus épargnés, car ils
furent découpés, lacérés et leurs débris furent jetés dans le
panier de rebut. Pour ne pas être exposé aux plus vives ten¬
tations, il cessa désormais de fréquenter les tavernes, les
tabagies, les cafés, les cercles, en un mot tous lés lieux nico-
tisés. Tout le temps qu’il leur consacrait autrefois, il le passe
aujourd’hui au sein de sa famille, où il serait entièrement
heureux Si un amer souvenir ne venait trop souvent l’assail¬
lir et lui rappeler la mort de ses deux chers enfants ! Il avait
cependant une certaine consolation, c’est qu’il pouvait se
dire qu’il avait agi inconsciemment, puisqu’il ignorait tout à
fait que le tabac fût capable de produire des effets aussi désas¬
treux, aussi lamentables !
L’exemple que nous rapportons ici n’est-il pas de nature
à faire réfléchir messieurs les fumeurs? Qu’ils le sachent bien,
en se laissant aller & leur triste passion, ils nuisent non seu¬
lement très souvent à leur propre santé, mais nuisent encore
à leurs facultés morales et intellectuelles: Que d’hommes
éminents, que d’hommes remarquables à peine arrivés au
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— 238 —
milieu de leurs carrières qui paraissaient devoir être si belles,
qui sont précipités dans la tombe, victimes de leur passion
nic^tique ! Rien n’a pu le 3 arrêter, ni les conseils, ni les
avertissements réitérés. Le tabac était leur dieu, leur idole !
Ils lui ont tout sacrifié, ils l’ont voulu, et ne peuvent accuser
personne du malheur qui les frappa ; les jnsensés ! ils ont eu
des yeux pour ne pas voir, dos oreilles pour ne pas entendre!
Àh ! nous nous trompons, ils ont entendu une seule et uni¬
que voix, celle du dieu Petun, du dieu des Peaux-Rouges : le
tabac.. Ils ont eu la faiblesse do se laisser séduire par ses
nauséeux et délétères parfums, et ils devaient en être les tris¬
tes victimes ! Coupables, ils ont été punis; mais vous, bonnes
mères, vous,tendres épouses, vous, faibles et intéressants en¬
fants, quel crime avez-vous commis pour mériter la triste
existence qui vous est faite ? N’aviez-vous pas rempli tous les
devoirs sacrés qui vous incombaient ? N’avioz-vous pas dés
lors le droit de compter sur la reconnaissance du chef de la
famille ? Ne devait-il pas à son tour vous entourer de toutes
les sollicitudes, de toutes les affections ?
Ah ! tous ces noble3, ces généreux sentiments qu’éprouve
un vrai pore, il ne les connaît plus, ils sont pour lui comme
s’ils n’existaient pas. Il les dédaigne et les foule aux pieds !
Le fumeur passionné n’a plus qu’une pensée,c’est- celle du ta¬
bac, du tabac qui n’a jamais su inspirer aux hommes que le
plus révoltant égoïsme ; c’est cet égoïsme qui les pousse à
transformer leurs demeures en de fétides et nauséeuses taba¬
gies,et c’est ainsi encore qu’ils obligent toute leur malheu-
roaso famille, etjusqu’à leurs pauvres petits enfants, à vivre
au milieu d’une atmosphère continuellement saturée des
vapeurs de nicotine, qui est certainement l’un des poisons
les plus redoutables qui ait été mis au pouvoir de l'homme, et
qui se trouve dans la fumée du tabac, nous l’avons déjà dit
et nous le répétons encore, dans les proportions de 7 p. c. Et
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voilà le milieu empoisonné dans lequel messieurs les fumeurs
placent et obligent à vivre toutes les personnes qui devraient
leur être les plus chères au monde ! N’est-ce pas là une con¬
duite insensée et contre laquelle viennent protester, et la
prudence et, les sages prescriptions de l’hygiène ? Que nous
dit, que nous recommande-t-elle cette hygiène ? De vivre et
de respirer un air pur, et vous,messieurs les fumeurs, par un
contraste étrange,inexplicable, vous imposez non seulement à '
tous les vôtres, maü aussi aux amis,aux connaissances,à tous
ceux qui vous entourent, un air malsain, fétide et empoisonné!
Les faits que nous avons cités et auxquels nous aurions pu en
joindre des milliers d’autres, viennent prouver d’une manière
évidente combien une atmosphère ainsi viciée peut avoir à
la longue, sur toutes les personnes adultes, mais surtout chez
les adolescents et les enfants,les conséquences les plus tristes
et les plus lamentables !
$lais arrêtons-nous, car notre travail paraît prendre une
étendue plus considérable que cellequo nousavionsl’intenlion
de lui donner. Qu’il nous soit cependant permis d'ajouter
qu'il est triste, bien triste, d’arrêter sa pensée sur tout ce que
les hommes, et surtout les jeunes gens, perdent en santé, en
morale, en intelligence par le 3 malheureux cigares et les
tristes tuyaux do Ja pipe (1).
Quant au capital immense dissipe en méchantes fumées,
nous l’avons déjà dit, il constitue un chiffre énorme et désolant.
Et pour peu que le tabac continue à progresser, n est-il pas
à craindre de voir son usage se transformer en une habitude
générale, universelle? Et qu’adviendra-t-il alors de toute
cette société? Y trouvera-t-elle encore les hommes d’élite,
d’intelligence, d’initiative dont elle a si grand besoin? Elle
cherchera et demandera des hommes forts et valides, elle ne
(1) lmb 'rt Gourbcyrc. Notice sur le tabac.
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— 240 —
les trouvera peut-être plus. Il ne faut pas se faire d’illusions,
le tabac est la cause d’une véritable dégénérescence physique
et intellectuelle. C’est du reste l'opinion d’un très grand
nombre de médecins distingués.
Oui, il y a là un danger réel, mais il serait bien plus grand
si les femmes, mieux inspirées que les hommes, n’avaient eu
le courage de résister à la fatale contagion de l’exemple.
Mais ce qu’elles ont su faire dans le passé, sauront-elles
le faire dans le présent, sauront-elles le faire encore dans
l’avenir? Nous l’espérons et notre espérance ne sera pas trom¬
pée, car elles ne peuvent ignorer qu’elles n’ont pas d’ennemi
plus cruel que le tabac, puisqu’il les menace dans leur fortune,
dans leurs affections, dans leur dignité et jusque dans leurs
devoirs ! Il faut donc, dans l’intérêt de l’humanité toute en¬
tière, que la femme reste à jamais l’ennemie irréconciliable
du tabac (l).
Nous savons qu’on peut nous répondre qu’il y a déjà des
femmes d’un certain monde qui fument; nous le savons, mais
qu’elles le sachent bien, ce n’est pas le tabac qui les réhabili¬
tera, ni qui pourra leur rendre estime, considération, hon¬
neur, qu’elles ont à jamais perdus. Il viendra seulement ajou¬
ter un sot ridicule de plus à toutes les excentricités qui les
caractérisent. Mais nous n’avons pas à nous occuper de ces
pauvres créatures. Les femmes, à qui nous nous adressons ici,
sont celles vraiment dignes de ce nom, ce sont celles enfin qui,
bien jeunes encore, brillent déjà par les plus belles qualités du
cœur qui ont noms de modestie, de bienveillance, de dou¬
ceur, de générosité ; et plus tard, si elles deviennent épouses
et mères, elles comprendront et rempliront tous les devoirs
sacrés qui leur incombent. Voilà, les nobles et charitables
femmes, voilà les dignes et charmantes jeunes filles à qui
(1) Imbert Gourbeyre. Notice sut le tabac;
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? ;
— 241 —
nous nous adressons,à qui nous venons demander de ne jamais
se laisser séduire par ce nouveau serpent qui a nom de tabac.
Ah! oui, nous le savons, il voudrait aussi les asservir et les
soumettre à sa puissance et à sa tyrannie, mais il n’en sera
pas ainsi, et si nous ne nous trompons pas, un jour viendra,
et il est proche, où les femmes de toutes les nations se ligue¬
ront entre elles et uniront leurs efforts pour renverser et
détruire, les deux plus implacables ennemis de l’humanité: le
tabac et l’alcool. Déjà les femmes américaines en ont pris la
courageuse initiative. Ah ! nous les félicitons de leur courage,
car il en faut beaucoup pour se lancer dans une entreprise
aussi ardue, aussi difficile.
Elles n’ignorent pas cependant qu’elles vont s’attaquer à
deux ennemis puissants et redoutables.
Mais la femme américaine a grande confiance dans cet
ancien axiome qui dit: Ce que femme veut, Dieu le veut. Et puis
quelle force ne trouvent-elles pas dans la bonté, la justice
et la grandeur de leur cause? Qu’on le sache bien, les
femmes américaines ont réellement une supériorité morale
sur les hommes, par la supériorité de leur éducation. Dans
aucun pays du monde, l’instruction de la femme n’est aussi
généralement soignée, sans distinction de classe ou de
religion.
Et à ce degré de culture qui lui révéle toute sa dignité, son
amour-propre s’est froissé de se trouver très souvent associée
à des êtres vils,dégradés par tous les excès et dont l’abaisse¬
ment l'atteint et l’humilie.
C’est là l’origine du grand mouvement national à la tête
duquel se mettent les femmes dans toute l’étendue des Etats-
Unis.
Elles demandent pour leur intérieur autant que pour leur
pays, les réformes nécessaires à amener les hommes à la tem¬
pérance, c’est-à-dire à l’abandon de ce qui les dégrade. C’est
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surtout contre l’alcool que cette croisade de tempérance
semble avoir été entreprise, parce qu'il est souvent le plus
apparent, le plus en scène dan ï tous les désordres qui trou¬
blent l’harmonie sociale; mais après l’alcool à proscrire vien¬
dra le tabac, et nous dirons môme que si les dames améri¬
caines avaient été bien inspirées, elles auraient commencé
l’attaque par la nicoliane.
Ces Dames ne doivent pas se faire d’illusions, jamais elles
ne réussiront à extirper des mœurs de leur pays l’alcoolisme,
qu’à la condition quelles en auront d’abord banni le nicotisme
dout il n’est que la conséquence forcée.
Quoi qu’il en soit, cet effort collectif pour relever la mora¬
lité du siècle ne sera pas stérile. La voix des femmes deman¬
dant aux hommes dans un concert d’union qui fait leur force, de
rompre, dans l’intérêt de leur dignité et pour le bien de leurs
familles et de leur pays, avec de mauvaises habitudes, aura
plus d’écho et sera d’un effet plus pratique que tous les ensei¬
gnements de la science, et les exhortations des moralistes (1).
Quant aux femmes américaines, elles n’agissent que pous¬
sées par le plus noble et le plus glorieux mobile, elles agissent
du reste en parfaite connaissance de cause. Elles savent très
bien qu’elles se trouvent en présence de deux ennemis diffi¬
ciles à vaincre.
(4 continuer.) , Em. Skutin, piid, et D r L. Seutix.
A propos de quelques remèdes nouveaux récemment
introduits dans la thérapeutique allopathique
par le D r Martin y .
Dans un article publié récemment par la France médicale
sous le lilre de Recherches cliniques sur le sulfontd chez
les aliénés , M. le D r Marandou de Montycl s’occupe de la
(i) Depierri-i. Physiologie soci de.
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toxicité de ce remède ; il écrit la relation de vingt-neuf cas où
des phénomènes d’empoisonnement plus ou moins grave se sont
présentés, et fait suivre ses ' observations des lignes sui¬
vantes :
Par ordre de fréquence nous avons, dan3 cos vingt-neuf cas, le relevé
suivant des manifestations graves qui ont nécessité la suspension de la
médication : du côté de l'encéphale, vingt-six fois ; du côté de la moelle,
vingt-cinq fois ; du côté,dc l'estomac, douze fois; du côté de l’intestin,
sept fois et enfin dans neuf cas la sensation de froid intense aveo
frissons.
Chez ces malades l'intoxication se montre à des moments variables.
Parfois elle apparaît avant toute atténuation de l’insomnie ; le plus sou¬
vent l’aetion toxique est parallèle à l’action hypnotique ; toutefois, le
sulfonal est, relativement à ses effets toxiques, le médicament peut-être
le plus traître que je connaisse; tandis que les uns l’absorbent impuné¬
ment, même en assez grande quantité, d’autres sont profondément touchés
par des doses minimes et rien, du moins à ma connaissance, ne permet de
distinguer les organismes qui seront tolérants de ceux qui ne le seront
pas. Ce n'est pas tout, ceux-là mêmes qui semblent réfractaires àseseffets
toxiques et feront profit do ses propriétés hypnotiques sont exposés du
jour au lendemain , sans aucun symptôme préalable d’avertissement, à
être gravement atteints dans leur intellect et dans leur motilité. La tolé¬
rance cesse brusquement et, d’emblée, le patient se réveille abruti au
psychique, paralysé au physique avec vomissements, diarrhée avec vio¬
lents frissons, tandis que chez d’autres au contraire l'intoxication sera
graduelle. Il y a plus encore, certains sujets n’ont rien tant qu'ils prennent
du sulfonal et un jour ou deux après la suppression tous les acoidents font
explosion. Enfin alors même que les accidents toxiques se sont montrés
dans le cours môme de la médication, il n’est pas très rare do les voir
s’accentuer encore davantage après la cessation de celle-ci. Dans tous les
cas ils persistent plusieurs jours, ne disparaissant que lentement et par
gradation. J’ajouterai que l’hydrothérapie semble en retarder l’apparition
et en accélérer la disparition. J'ai cru remarquer que ceux de mes sujets
qui prenaient des douches résistaient plus longtemps. En tous cas plu¬
sieurs m’ont assure qu’ils se trouvaient soulagés de leur ivresse et de leurs
vertiges par «les ablutions fraîches du visage et de la tête.
Relativement à la résistance de l’organisme, l’intoxication s'est mon¬
trée avec 4 grammes : au bout d'un jour quatre fois, au bout de deux jours
six fois, au bout de trois jours et de quatre jours une fois. Avec 3 grammes
nous avons constaté l'action toxique nécessitant la suppression au deu¬
xième jour une fois, au troisième jour deux fois, au quatrième jour quatre
fois, au cinquième jour deux fois, deux fois également au sixième jour et
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— 244 —
enfin une fois au neuvième et au dixième. Un malade n'a été intoxiqué
que le lendemain de la suppression du remède.
A en juger par les recherches du professeur Mairet, la congestion serait
l’élément anatomique générateur de cette intoxication. En effet, chez les
animaux empoisonnés jusqu'à ce que mort s'en suive, il a trouvé tous les
organes fortement congestionnés. Nous avons rapporté déjà qu'un de nos
sujets, très âgé il est vrai, avait succombé à une congestion cérébrale;
nous rapporterons plus loin l'histoire d'un autre qui fut frappé d’une conges¬
tion pulmonaire double assez intense pour mettre durant plusieurs jours
sa vie en danger. N'est-it pas logique d'attribuer au sulfonal ces conges-*
fions pulmonaire et cérébrale? De même, je crois que ce médicamenta,
sinon occasionné, du moins hâté la mort de notre alcoolique déjà très
souffrant d'une phtisie pulmonaire. La médication sulfonalique expose¬
rait donc aux plus grands dangers .
Puisque le sulfonal congestionne, il doit être surfont pernicieux aux
paralytiques. Je l'avais pensé. Eh bien ! les sujets qui ont le mieux résisté
se sont trouvés être précisément des paralytiques généraux. Peut-être
est-ce là simple coïncidence, la paralysie générale frappant souvent des
hommes robustes. Le fait a néanmoins son intérêt.
Avant toute autre considération relevons en passant ce que
vient de dire en dernier lieu le D r Marandon. Le sulfonal con¬
gestionne et il se trouve que ce sont précisément les conges¬
tionnés qui ont le mieux résisté à l’action du remède. Encore
un fait d’observation à l’actif de notre grande loi des sert l-
blables . Non, honoré confrère, ce n’est pas une simple coïn¬
cidence, mais ne voulant pas citer la loi des semblables, dont
on no parle plus, par ordre, dans la médecine classique, il
faut que vous expliquiez le fait par une « simple coïnci¬
dence
Mais passons.
Voilà donc un médicament toxique au premier chef, pouvant
donner des phénomènes graves,même à petite dose, dont l’ac-
tîondure plusieurs jours et par conséquent s'accumule, dont les
effets pernicieux éclatent du jour au lendemain sans aucun
symptôme préalable d’avertissement et peuvent éclater même
après la suppression du remède. Eh bien, qui le croirait, ce
remède est employé depuis quelque temps déjà pour ainsi
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dire journellement dans la pratique de nos confrères allopa¬
thes. Nous connaissons des malades qui, munis de la recette
du médecin, prenaient ce médicament suivant leurs caprices
quant le sommeil venait à leur manquer.
Il en est malheureusement de ce remède comme de beau¬
coup d'autres parmi les nouveaux venus ; & peine sont-ils
préconisés dans les journaux de médecine, après des expé¬
rimentations évidemment insuffisantes, que presque tous les
médecins le prescrivent à leurs malades.
Quand on lit le travail du D r Marandon on est en droit ‘
de se demander combien de malheureux patients n’ont
pas vu leur état s’aggraver sans se douter un instant d’où
provenait le mal. Dieu sait s’il n’y en a pas qui sont morts
avant leur temps, grâce à cet hypnotique. Nous ne sau¬
rions trop le répéter : les expérimentations faites avec les
nouveaux médicaments sont insuffisantes et nous ne serions
pas étonné d’apprendre que ce que vient de dire du sulfonal
le D r Marandon pourrait être établi pour un grand nombre
d’autres remèdes nouvellement introduits dans la thérapeu¬
tique.
C’est la conséquonce des doses énormes que l’on donne
et de l’erreur dans laquelle verse l’école allopathique qui
semble croire que, pour qu’un médicament produise un
effet bienfaisant, il faut qu’il soit administré à une dose voisine
do la dose toxique. Lorsque dans le cours de certaines affec¬
tions fortement douloureuses ou dans certaines insomnies
exigeant un prompt soulagement (ces cas sont heureuse¬
ment fort rares quand on sait bien appliquer les remèdes
homœopathiques) un médecin croit devoir recourir à ce qu’on
appelle des calmants proprement dits, nous lui conseillons
vivement de faire usage de médicaments connus depuis long¬
temps, ayant fait leurs preuves, et dont l’expérimentation
physiologique est bien établie, tels que l’opium et ses dérivés.
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— 246 —
Mais méfions-nous de tous ces remèdes nouveaux qui font
merveille pendant quolques mois, avaht que l’on ne se soit
aperçu de leurs inconvénients, lesquels sont parfois très
sérieux.
D r Martin y.
MALADIES DE LA PEAU
par le D p Burkhard, de Berlin. — Traduction du D r Chevalier, deCharleroi.
Suivant notre division, nous arrivons maintenant à l’inflam¬
mation érysipélateuse, à Y érysipèle, caractérisée par une
hyperémie plus forte avec grande exsudation, non seulement
sur le derme, mais dans le tissu cellulaire, sous-cutané, entre
le derme et l’épiderme, et par voisinage avec engorgement
des vaisseaux lymphatiques et des ganglions. J’ai dit plus
haut, qu’à mon avis l’érysipèle ne devait pas être considéré
comme une affection cutanée, attendu qu’il provient d’une
infection aiguë de tout l’organisme qui se localise seulement
sur la peau, et dont la cause est un bacille.
Vient ensuite Yhcrpès constitué par une éruption aiguë
de vésicules réunies en groupes à base enflammée. Alors que
l’érythème occupe tout le derme, que l’érysipèle pénètre plus
profondément, l’herpôs occupe les couches superficielles du
derme, ses foyers inflammatoires sont séparés les uns des
autres et se développent à certaines places, déposent leur
exsudât sous forme de gouttelettes sous la peau.de sorte que
cellos-ci la soulèvent et forment de petits groupes de vésicules
qui ont toutes à peu près la même grandeur. Ces vésicules ne
durent que peu de temps et puis se dessèchent, et comme ces
groupes ne se montrent pas tous en même temps, il y en a à
tous les degrés. On rencontre surtout l’herpès dans le cours
d’autres maladies, la pneumonie, la fièvre intermittente, la
(1) Suite • Voir vol. court, pp. 143 et 215.
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méningite cérébro-spinale épidémique, l’embarras gastrique
fébrile, etc. ; dans la typhus on no le trouve pas et parfois
cependant il se montre aussitôt que quelque chose du volume
d’un échinocoque pénétre dans la cavité abdominale (Moy-
laender). En outre l’herpès se montre chez des gens très bien
portants.
La cause de cette affection est inconnue. Il n’y a que dans
l'herpès zoster que nous pouvons dire qu’il y a maladie des
fibres trophiques des nerfs cutanés, attendu que l’herpès suit
Je trajet du nerf. Mais nous ne sommes pas endroit de conclure
qu’il en soit de meme dans les différentes espèces d’herpès.
L 'herpès zoster ou zona est souvent l’objet d’un traitement
médical parce que ses douleurs sont parfois très fortes et que
l’état général en souffre.
Le siège le plus ordinaire du zona est le thorax où il suit
le trajet des nerfs intercostaux et l'abdomen où il longe les
nerfs lombaires au sortir des vertèbres. Le zona commence
par plus ou moins de douleurs, par .'ois elles sont très intenses,
dans la direction du nerf affecté. Après un temps très court,
se montrent des taches rouges isolées sur lesquelles se grou¬
pent un grand nombre de vésicules. Leur contenu est d'abord
aqueux, puis il se troublo, au bout de 2 jours à peu près
devient caséeux et se fonce en couleur par son mélange avec
le sang. Peu après elles se sèchent et disparaissent après
huit jours. Pendant quelque temps il reste une tache jaunâtre.
Les doulours ont souvent disparu au préalable.
Mais le zoster ne se termine pas toujours si facilement ; je
l’ai vu persister pendant des semaines, parfois il est accom¬
pagné de douleurs atroces, brûlantes et piquantes qui enlèvent
tout sommeil. Il arrive que les vésicules tarissent, que
l'éruption disparaisse, mais que les douleurs continuent pen¬
dant un temps très long, puis s’en vont ou bien persistent
pendant des années.
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— 248 —
L’herpès zoster est ordinairement accompagné d’embarras
gastrique et de fièvre qui, dans certains cas, précède l’érup¬
tion.
Les autres herpès se passent sans flèvro, on tant qu’il ne
se montre aucune complication.
Le traitement allopathique consiste dans l’expectation C On
recouvre les petites vésicules et les croûtes d’ouate, surtout
dans le zona, pour empêcher le frottement, qui, vu le siège de
l’affection, est fréquent par les habillements. Quand les dou¬
leurs sont faibles, il n'est pas besoin d'une autre thérapeutique..
Mais j’ai vu les douleurs être tellement fortes qu’elles arra-
ohaienl des larmes aux malades et que l’on désirait absolu¬
ment avoir un moyen de les faire cesser. Quel est-il? Quand
nous examinons notre arsenal médical, nous trouvons d’abord
comme remède le plus connu, le rhus. Hirschel préconise le
mercure comme plus efficace. Jahr vante l'arsenic qui em¬
pêche les névralgies de persister.
Contre celles-ci on prescrit avec avantage mezereum. Je
dois aussi recommander le chinin. arsenic. ; je crois que
dans le cas de névralgie intercostale, c’est & lui qu’il faut
s’adresser en premier lieu.
Contre les fréquentes récidives on donne graphites. Je
n’ai pas l’expérience de caustic., puis., hcpar, nux,
sepia, que Kafka recommande. Je ne suis pas de l’avis de
Jarh qu 'arsen. est seul en état de couper un accès d’herpès,
ou comme il dit, do le guérir en 10 jours, alors qu’il en faut
habituellement 25.
Le zoster n’a pas d’évolution déterminée, pas plus 25 jours
que moins ou plus. D’un autre côté je crois qu’arsenic est en
état do calmer les douleurs, spécialement celles des nerfs.
Contre Yherpès préputial on prescrit sulfur, sepia, acid,
hilr.
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Urticaire
h'urticaire consiste en une inflammation aiguë de la peau
avec formation de plaques blanches ou rouges. Ces plaques
proviennent de l’inflammation séreuse du corps papillaire et
aussi de la coucbe de Malpighi à certaines places, qui produit
un soulèvement de la peau, moins élevé que large cependant
de façon & ne produire que des plaques. L'urticaire se diffé¬
rencie des autres affections cutanées, par son apparition et
son départ brusques et puis par une grande tendance à réci¬
diver. Elle peut être produite par des irritants externes, tels
qu’ortie ou rhus toxicod., une piqûre de puce ou de mouche;
par une chenille ; chez certaines personnes également en se
grattant avec les ongles ou par l’action du froid ou des rayons
solaires. Elle est parfois consécutive à l’ingestion de certains
mets tels que les fraises, les écrevisses, les moules, les
champignons. L’explication en est très difficile.
On accuse l’âcreté de certaines substances qui, passant par
le sang, portent leur action sur la peau, mais comment se
fait-il quêtant de gens mangent ces substances sans éprouver
le moindre dérangement ? Les médicaments qui produisent
l’urticaire sont le rhus toxicod le copahu, Y arsenic et le
dulcamara.
.En troisième lieu l’urticaire peut naitre sans cause connue,
accompagné de fièvre et de malaiso général aveo symptômes
gastriques, vomissement, diarrhée, etc.
On parle en quatrième lieu d’une urticaire chronique, qui
présente des accès aigus d’éruption se succédant rapidement.
Enfin, l’urticaire peut dépendre de certains états de l’appa¬
reil génital chez les femmes, tels que la grossesse, la men¬
struation, les affections utérines, etc. ; je n’en ai pas encore
rencontré de cette espèce-là. Elle peut aussi être causée par
les vers intestinaux.
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Les plaques do l'urticaire reposent sur une base rouge,
elles sont rouges elles-mêmes, mais parfois blanches, ce qui
s’explique par la compression des capillaires dans le corps pa¬
pillaire par l’exsudât. La forme des plaques peut varier,elles
sont plus ou moins proéminentes et dures, quelquefois c’est le
contraire, de là la distinction de l’urticaire en tubéreuse et
papuleuse. Il arrive également que l’exsudât séreux soulève
l’épiderme, de là l’urticaire vésiculeux.
Constamment cette éruption est accompagnée d’une vive
démangeaison. Les autres affections delà peau ne présentent
pas ce symptôme, excepté l'urticaire fébrile, qui, comme il a
été dit plus haut, s’accompagne d’un grand malaise : forte fiè¬
vre, vomissements, diarrhée, langue chargée, sèche et même
cornée, grand accablement jusqu’à ce que l’éruption caracté¬
ristique se fasse jour et dissipe tout souci.
L’urticaire chronique peut durer longtemps, même des
années.
* Des intervalles plus ou moins longs séparent les éruptions,
de telle sorte que cette affection peut devenir des plus désa¬
gréables.
La thérapeutique n’a pas grand effet, attendu que souvent
la maladie disparaît spontanément en quelques jours, même
en quelques heures. Au point de vue prophylactique, il faut
éviter les causes productrices, ainsi certains aliments, la cha¬
leur trop forte du soleil, etc.; une fois l’éruption sortie, il est
à peine nécessaire d’instituer un traitement.
Jahr recommande : dulcam . quand l’affection est la suite
d’un refroidissement et que les plaques augmentent par la cha¬
leur ; rhus et puis, si on a été mouillé et refroidi ; puis.
après un dérangement gasfriquo ; urtica urens quand on a
mangé des écrevisses ; bryone si on a pris des fraises.
Mais il est facile de se tromper, d’abord à cause de la prompte
disparition de l’exanthème et puisque Jahr donne comme
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causes le refroidissement et l'humidité, qui jusqu’à ce jour
n'avaient jamais été cités comme pouvant provoquorl’urticaire*
J’en pourrais dire autant do Hirschel, qui dicte encore ces
indications-ci : après l'abus de spiritueux : nux vom. ; quand
on a remué des plantes irritantes : bell.,rhus, urtica ; si on a
touché des animaux vénimeux : ars. Il serait nécessaire de se
mettre une fois bien d’accord, pour savoir exactement le mé¬
dicament à prescrire dans un cas donné : ainsi pour les causes
externes par exemple. Elle peuvent être passagères ou conti¬
nues ; si la cause disparaît et que l'affection persiste, pour¬
quoi n’y aurait-il pis moyen de la traiter ? Je parle ici au
point de vue purement théorique, car, en pratique, l’urticaire
disparaît spontanément et très vite, comme par exemple quand
on a été piqué par un insecte ou par des orties. L 'acide for¬
mique,, qui, dans les deux cas, a produit l’exanthème, doit être
nécessairement absorbé par les lymphatiques et lancé dans
la circulation plus vite que le temps nécessaire aux plaques
qui sont le produit de cette irritation, pour disparaître. Il y a
dans ces cas à songer à un remède interne. Tout autre chose
est quand la cause est continue, par exemple dans l’urticaire
produit par les poils des chenilles qui ont rampé sur la peau,
surtout de la chenille processionnaire. Ici ce n’est pas l’acide
formique qui a irrité la peau, mais les petits poils, pourvus do
crochets qui se sént fixés dans la peau.
Ceux-ci ne peuvent pas être charriés par les vaisseaux
sanguins, ils restent accrochés jusqu’à ce que le temps fasse
tomber l’épiderme.
De quelle utilité serait dans ce cas une thérapeutique interne?
Je pense qu’il faut être clair avant tout ; et c’est ce que je
ne trouve pas dans Hirschel, quand il prescrit Y ars. contre
l’urticaire provenant d’avoir touché des animaux vénimeux.
Il en est autrement quand il s’agit de l’urticaire fébrile et
de l’urticaire chronique. Dans le premier cas, c’est plutôt
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— 252
l'état général que l'éruption qui indiquera la médication et
d'autant plus que ces symptômes devancent de beaucoup
l'exanthème.
Au début on prescrira Y aconit, et puis, selon les symptômes
gastriques, ipéca, veratr. suivant que les vomissements pré¬
dominent ou la diarrhée. S'il n’y a pas de vomissements mais
uniquement une diarrhée glaireuse, on choisira entre dulc.
puis., ars., rhus, phosph. et acidephosph. Si la langue est
chargée, s’il y a céphalalgie, constipation, douleurs dans les
membres, on donne bryone ; si en même temps il y a de la
diarrhée, on prescrit rhus ou acid, phosph. Dans les cas
d’embarras gastrique avec constipation, sans forte fièvre :
nuæ vom .; si le catarrhe stomacal est chronique Kafka admi¬
nistre sepia ou natr. muriat.
L’urticaire chronique demande une étude précise des mala¬
dies générales telles que les affections utérines, l’existence
de vers intestinaux, etc. Quand l'urticaire ne peut pas être
attribué à une de ces causes, qu'il faut tout d’abord faire
disparaître, on prescrit avant tous autres remèdes arsen. et
calcar. Hirschel préconisé aussi Vurtica, tandis que Kafka
prétend ne jamais en avoir obtenu d’effet. Rhus ne produit
rien dans les cas chroniques. On recommande encore : suif.,
copaioa, hepar, sepia, lycop., natr. muriat.', le collègue
Windelband a donné secale avec beaucoup de succès, et cela
sous forme d’une teinture selon sa prescription, qui ne contient
pas d’huile éthérée, mais simplement l’ergotine.
(A continuer.') Traduction du D r Chevalier.
LE RÉGIME EN HOMŒOPATHIE
par M. Cahis. — Traduction du D r Wuir.LOT, de Malinee.
Celui qui s’en tient à la longue série d’aliments, de condi¬
ments et de fruits interdits, par certains auteurs, durant le
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— 253 —
traitement homœopathique, qui respecte cette opinion enra¬
cinée chez le peuple, surtout en Espagne, qu’il faut s’abstenir
de ceci ou de cela avec l’homœopathie, celui-là, dis-je, doit
confesser avec moi tout ce qu’il y a de conventionnel et de
routinier dans pareille manière de faire.
Je désirerais beaucoup posséder assez d’autorité etde talent
pour élucider ce point délicat, mais je m’en tiendrai à quel¬
ques brèves considérations critiques concernant le régime.Je
n’ai point l’intention d’arrêter des conclusions formelles, ni
encore moins d’épuiser ce vaste programme, je désire simple¬
ment attirer l’attention de nos penseurs (et ils sont nombreux
en Catalogne) sur cet important objet.
Il saute aux yeux, pour ce qui sa rapporté à ces prohibi¬
tions, que, si elles sont observées d'une manière absolue et
générale, elles doivent ennuyer et fatiguer quelques malades
qui ont besoin de toute la tempérance d’un cénobite pour so
cantonner, pendant des semaines et des mois, dans une sem¬
blable monotonie de régime. D’autre part, l’exagération avec
laquelle certains praticiens défendent les condiments, fait pen¬
ser que la médecine homœopathique est quelque chose de si
délicat et de si périlleux, que la moindre négligence peut avoir
les conséquences les plus graves.
Comme il importe d’éviter ces extrêmes, abstenons-nous
des prescriptions rigoureuses lorsque nous les jugeons inutiles.
Mais chacun doit,par l’étude de cette question,par une exacte
observation pratique, chercher à déterminer les cas dans
lesquels le régime ordinaire convient, et ceux auxquels sont
applicables les prohibitions de certains aliments et condiments.
Pour ce qui se rapporte à mon expérience personnelle, je
ferai remarquer que si dans beaucoup d’observations couron¬
nées de succès brillant j’ai été sévère dans le régime, il en
est de bien nombreuses aussi où le résultat heureux a été
obtenu avec l’alimentation ordinaire. De sorte que si, en me
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— 254 —
basant exclusivement sur ma pratique, j’étais appelé à émettre
mon avis dans cette question, je dirais que dans le traitement
homœopathique de3 malades le choix du remède et de sa dilu¬
tion doit passer avant, le régime après.
Au surplus, il y a d’autres considérations d’un ordre plus
spéculatif qui accréditent cette thèse. Nous voyons tous jour¬
nellement des malades saturés de digitale, d’arsenic, de mer¬
cure, d’argent, etc., remèdes qui s’accumulent, pour la
plupart, pendant de longs jours, des semaines, des mois et
même des années dans les tissus (1). Ces malades charrient
dans le sang des particules de ces poisons qui développent des
symptômes et compliquent leur état. Dans beaucoup de cas le
remède indiqué, et que nous administrons à dose infinitési¬
male, est précisément celui dont l’organisme est infecté, et
pourtant il n’y a aucun homœopathe qui hésiterait à se char¬
ger du malade à cause de la complication médicamenteuse
dont il souffre. Souvent nous enregistrons de brillants succès
avec les remèdes dynamisés qui vont se répandre dans un
sang surchargé d’alcaloïdes et de métaux les plus actifs.
Qu’importe-t-il d’empôcher l’accès à pareil sang, déjà infecté
de toxiques, de l’assaisonnement d’une salade, de l’acide ma-
lique d’un fruit ou de la saumure d’un hareng ?
11 est certain qu’il vaut toujours mieux éviter toutes les
causes susceptibles d3 troubler l’action de nos remèdes, mais
je n’en persiste pas moins à penser que malgré ces mauvaises
conditions, malgré l’atmosphère imprégnée de fumée de tabac,
malgré les excès de régime que commettent les malades,mal¬
gré les minéraux toxiques, les lcucomaïnes et l’alcool qu’ils
portent dans leurs tissus, quand le remède homœopathique
est bien choisi, contre tout et malgré tout, il triomphe.
(1) Je 1b dans un auteur allopathe l’obsarvation d'un ulcère de la main pro¬
duit par l’or, qui tarda plus d’uu an à se guérir malgré la suspension de lViupîoi
de ce métal.
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J- 255 —
C’est ce que les faits nous enseignent ; mais comme la
saine raison nous dit que les particules excitantes qui arrivent
à nos tissus détournent une partie de l'excitabilité organique,
que les anciens appelaient força médicatrice, il est logiquequo
le médecin cherche à simplifier l'action pharmacodynamique
et évite tout ce qui excite ou déprime la vitalité des tissus.
Ceci eç thèse générale. Dans les cas particuliers il y a
beaucoup de choses à étudier et que nos savants collègues
pourront éclaircir en s’appuyant sur le témoignage de leur
précieuse expérience. (El consultov homœàpathico .)
Traduction du D r Wuillot, de Malines.
Encore une preuve de la loi de3 semblables
par le I> Martin y
Nous lisons dans la chronique scientifique de Y Indépen¬
dance :
Une nouvelle voie ouverte pour le traitement de la rage.
Le dçcteur Peyraud, do Libourne, a remarqué que l'essence d’une
plante appelée Tanaisie, injectée dans les veines d'un chien, donne nais¬
sance à une variété de rage qu'il appelle rage tanacetique et qui offre de
grands points de ressemblance avec la rage* vraie.
Il est parti de lit pour faire des expériences, qui paraissent fort sérieuses,
sur l'emploi de cette essence de Tanaisie comme moyen préventif de la
rago chez les ipdivjdu§ inprdtyi ppr <}cs çhieps gnrages. On arriverait
ainsi, suivant l'auteur, il uno véritable vaccination de la rago.
L'Académie de médecine, do Paris, s'est beaucoup préoccupée de ces
expériences, et elle a confie à M. Trasbot, professeur à l'Ecole vétérinaire
d'Alfort, le soin de les contrôler. Los résultats obtenus par M. Trasbot ne
sont pas absolument ooncluanls, mais ils démontrent l'exactitude de
plusieurs des faits avancés par M. Peyraud. Ainsi, l'essenco de Tanaisie
injectée ^sous la^peau autour du point où une inoculation rabique a été
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— 256 —
pratiquée, a empéohé le développement de la rage chez 4 chiens sur 6
inoculés.
Ces recherches sont fort sérieuses et méritent d’ôtre reprises et contrô¬
lées. On sait que la méthode Pasteur pour le traitement de la rage après
morsure a donné de merveilleux succès, mais qu*elle n'est pas infaillible,
comme le prétendait jadis le professeur Vulpian; il y aurait donc un grand
intérêt à expérimenter dans la voie ouverte par'M. Peyraud, c'est-à-dire à
rechercher si des substances végétales peu nocives pour l'organisme
humain n'exerceraient pas une action neutralisante sur le virus de la rage.
Voilà certes une nouvelle preuve de la loi des semblables.
L’essence de tanaisie produit chez les chiens des sym¬
ptômes qui offrent avec la rage vraie de grands points de
ressemblance, et cette même essence, injectée sous la peau
de six chiens autour du point où une inoculation rabique
avait été pratiquée, en a empêché quatre de devenir enragés.
C’est bien là une nouvelle preuve de la loi des semblables. Pas
n’est besoin d’insister pour le démontrer.
D r Martiny.
SOMMAIRE
Congrès international d’homœopathie.» 225
Le tabac (Suite), par MM. Em. Sbdtin, Ph" et le D f Léon
Seutin, à Bruxelles ..232
A propos de quelques remèdes nouveaux récemment
introduits dans la thérapeutique allopathique, par le
D r Martiny. 242
Maladies de la peau (Suite), Traduction du D f Cheva¬
lier, de Gharleroi,.240
Le régime en homœopathie. Traduction du D r Wuil-
lot, de Malines.* . 253
Encore une preuve de la loi des semblables, par le
D r Martiny * . . . i . ; ..255
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
i 6* Année. DÉCEMBRE 1889. N°9.
ENCORE L’IODURE DE POTASSIUM
par le D r Martwy
Nous avons jadis écrit quelques mots au sujet de l’em¬
ploi de l’iodure de potassium eu thérapeutique (i). Nous
avons alors suffisamment démontré, nous semble-t-il, que
l’emploi de l’iodure de potassium pris à dose plus ou moins
forte présentait de graves inconvénients : nous avons
appuyé notre dire sur l’opinion des médecins allopathes
eux-mêmes qui reconnaissaient que les sels dépotasse
étaient très toxiques ; nous remarquions que l’iodure de
potassium était un des médicaments dont la vogue avait
été très étendue et très durable; il y a plus de cinquante
ans qu’on le prescrit à presqu^ tous les malades et dans
presque toutes les maladies ; les médecins allopathes ont
eux-mêmes si bien reconnu l’action néfaste des sels de
potasse qu’ils ont dans les derniers temps vivement
recommandé d’avoir plutôt recours à l’iodure de sodium
chaque fois que l’on croyait devoir prescrire l’iodure de
potassium, et, de fait, grand nombre de médecins pres¬
crivent aujourd’hui les sels à base de soude au lieu
d’avoir recours aux sels potassiques.
Malheureusement l’iodure de potassium est < plus effi¬
cace » que l’iodure de sodium dans la plupart des maladies
pour lesquelles il a été préconisé, malgré la toxicité des
sels potassiques, M. Germain Sée vient encore de re¬
commander très chaudement l’iodure de potassium chez
les asthmatiques, et il donne à cet égard une série d'ex-
(i) Voir Revue hom. belge , 14» anuéo, p. 225.
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plications plus ou moins ingénieuses ; il est possible que
l’iodure potassique ait amélioré l’asthme chez un certain
nombre de malades, et ceux qui ne sont pas au courant
des effets profonds produits sur l’organisme par les sels
potassiques pourront se demander S’il y à dés incon¬
vénients à les essayer à dose forte dans l’asthme, cette
terrible infirmité qui fait le tourment de tant de personnes
lorsqu'elle ne finit pas par les monèr peu à peu au Ibra-
beau. Il ne noiis serait pas difficile de prouver que mieux
vaudrait conserver de l’asthme que de prendre de fortes
doses de ce remède et en voici la raison : quand on prend
de l’iodure de potassium à dose suffisante pour calmer
rapidement l’oppression asthmatique, cette dose est une
dose quasi toxique ; personne n’ignore que l’iodure potas¬
sique pris à dose forte amène l’atrophie des orgànes glan¬
dulaires et des glandes de l’économie; quand une femme;
par exemple, prend de l’iodure potassique pendant quel¬
que temps* à dose un peu forte, sa poitrine, quelque opu«
lente qu’elle ait pu être, disparaît complètement, tout le
système glandulaire de l’organisme s’atrophie progressi¬
vement, et c’est probablement l’atrophie qui explique son
action dans l’asthme. Nous l’avons maintes et maintes
fois constaté. Nous avons souvent vu tenir dans notre
cabinet des asthmatiques qui avaient été traitées par
l’iodùre de potassium ; leur situation était loin d'êtrs
brillante : on aurait dit qu’elles relevaient d’une gravé
maladie, et nous en connaissons qui pendant toute leur
vie conserveront les traces de ce traitement ioduré.
Quand l’iodure potassique peut réellement êtrô utile
dans l’asthme, c’est qu’il est indiqué par la loi des
semblables ; pas n’est besoin alors qu’il soit administré à
doso perturbatrice, une dose peu élevés suffit et celle-là
ne détruit pas les glandes et les tissus. Ceci est d’autant
plus précieux à connaître que la sensibilité à l’acliofi de
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iiode.pst très variable; quelques centigrammes seulement
donnent.parfois de l’iodisiiie (coryza îodiquc, etc.)’à cer¬
tains sujets.
Nous avons administré, plusieurs fois à ccHaiils àsiJi-
înaiiques kaii hydroiod .,cinq ccntigr. uâris 15Ü cl’ëau,
une cuillerée matih et soir, et une amélioration marquée
S’éët produite sous l’irtfltienfce de celte dose minime, éqiii:-
tftiedlë à nOs premières dilutions. D r JlAftTixf.
. La médication palliative et la toux (1)
par le D r Martiny
Dans notre précédent entretien au sujet dé la médication
ealmante et palliative» nous nous sommes borné à traiter dos
remèdes qui calment la douleur, qrfi font dormir ou qui'lè vent
la constipation ; mais la médication palliative s’adresse à un
grand nombre d’autres symptômes quelle a l’ambition dé*
.faire disparaître, sans pour ce motif atteindre là Cause mêtho
du mal. Ainsi, par exemple, la méthode palliative emploie
fréquemment des remèdes pour calmer la toux, Est-il- tou¬
jours prudent de calmer la toux? Tous ceux qui toussent; qui
sont si désagréablement seepués par les quintes, n’bésiteront
.pas à réclamer des calmants, en prétendant que cette secousse
de la poitrine doit considérablement nuire à celle-ci, que la
toux épuise, qu’elle empêche de dormir, qu’elle augmente
l’inflammation, etc:; etc. ; aussi quand un malade s’adresse
pour la première fois à un médecin allopathe en déclarant
une toux plus ou moins fréquente, presque toujours celui-ci se
borne à administrer un remède narcotique & dose suffisante
pour émousser la susceptibilité des nerfs du larynx et de la
poitrine, sans chercher à trouver la cause réelle de .latent;
sous l’influence de cette dose quasi toxique la toux disparaît
(1) COJnmünicatiou faite à- l'Astocktlïon cc/itt' ilc ’âcS ilôhloiupalhcs
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— 260 —
ou diminue,. le malade croit à une amélioration y souvent
môme, voyant la toux reparaître après la cessation du
remède calmant, il fait renouveler celui-ci un certain nombre
de fois, sans demander avis. \
Des remèdes palliatifs semblables peuvent être donnés sans
inconvénients lorsqu’il s’agit d’un simple catarrhe bronchique
des premières voies respiratoires, appelé vulgairement «rhume
de poitrine», mais il peut en être tout autrement pour certaines
affections pulmonaires dont le rhume masque parfois le début :
calmer ou arrêter la toux peut, dans certaines circonstances,
être très nuisible ; en effet, quelle est le plus souvent la cause
de la toux P Elle apparaît habituellement quand il y a une
gêne dans la fonction de la respiration, que cette gêne soit
provoquée par un afflux de sang vers les poumons et les
bronches, qu’elle résulte d’un encombrement des bronches
par des mucosités catarrhales ou autres, e!c., etc., nous ne
pouvons pas passer ici en revue toutes les causes de la toux ;
elles sont nombreuses et variées, mais, dans l’immense majo¬
rité des cas» elle éclate par suite d’une gêne dans la fonction
de la respiration pour une des deux raisons que nous venons
de citer. Or, dans ces circonstances, la toux est un effort
spasmodique de l’organisme pour se débarrasser de ce qui
gêne la respiration, la toux imprime à la poitrine une secousse
qui doit, lorsqu’il y a stase sanguine, s’opposer à ce que cette
stase persiste ou s’accentue ; d'un autre côté, les efforts de
toux, par suite des contractions bronchiques -qui les accom¬
pagnent, contribuent à faire suinter de la muqueuse bron¬
chique une certaine quantité de sérosité plus ou moins vis¬
queuse, ce qui contribue évidemment au dégonflement de cette
muqueuse et rend aux bronches leur calibre plus ou moins
normal.
Quelque paradoxale que puisse paraître, à première vue»
notre opinion, nous n'hésitons pas à proclamer que la toux
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— 261 —
/
est souvent utile et nécessaire; la supprimer par des narcoti¬
ques assez puissants pour émousser la sensibilité de l’économie
peut avoir des inconvénients parfois fort graves : le malade
ne tousse plus, c'est vrai, mais, pendant ce temps, la poitrine
insensibilisée se congestionne de plus en plus, on a supprimé
une secousse bienfaisante, quoique fort pénible, et pour peu
que le malade ait de mauvaises prédispositions à la conges¬
tion, celle-ci s’accentue parce qu’on empêche l'économie de
réagir ; au lieu de donner des remèdes qui favoriseraient la
sécrétion bronchique et hâteraient ainsi l’évolution du ca¬
tarrhe, on administre donc le plus souvent des narcotiques
qui ont pour effet d’enrayer cette sécrétion et de maintenir
ainsi un état congestif qui gagne de proche en proche les plus
fines ramifications des bronches ; chacun sait que les narco¬
tiques diminuent les sécrétions.
Y a-t-il lieu de s’étonner dés lors pourquoi on dit dans le
monde non médical avec une pointe d'ironie à l’endroit de la
médecine et des médecins : « ne soignez pas un rhume il du¬
rera huit jours, soignez-le et il en durera quinze. » Y a-t-il
lieu de s’étonner aussi pourquoi tant de rhumes simples dégé¬
nèrent si facilement, lorsque le malade prend des remèdes
calmants, en bronchites et en pneumonies catarrhales ? Notez
bieU que ce ne sont pas les médecins homosopathes seuls qui
ont fait cette observation ; les traités de thérapeutique allopa¬
thique recommandent de ne pas trop facilement faire usage
des narcotiques dans les bronchites et surtout dans la phtisie
pulmonaire. Nous pourrions citer de nombreux cliniciens qui
recommandent de ne pas recourir aux narcotiques ; et pour¬
tant quand on les administre pour la première fois aux mal¬
heureux phtisiques, ceux-ci ne tarissent pas d’éloges au sujet
du bienheureux remède qui leur a permis de dormir et qui a
arrêté leur toux.Hélas ! Ce résultat n’est pas utile et du reste
U n’est guère durable ; pour continuer à calmer la toux il faut
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— 202 —
bientôt augmenter les doses, sinon la potion et les pilule? pe
font plus 4'effet, rpais l’appétit est diminué, la sécrétion bron¬
chique moindre et l’oppression augmentée. Comme on a sup¬
primé (a secousse de la toux qui évidemment imprime une
certaine activité à la circulation pulmonaire et favorise U
sortie des expeçtorations, la congestion et l'encombrement
bronchique se sont accentués. Observez quelqu’un qui tousse
et vqus constaterez facilement que la toux est entrecoupée
par des inspirations très profondos qui font pénétper 1’aip jus¬
qu'aux plu? profondes ramification? bronchiques ; il se pro¬
duit ainsi une puissante gymnastique pulmonaire, qui amène
qpe hématose plus complète et favorise la circulation de, la
pqitrine tout en débarrassant les bronches des mucosités qui
[es obstruent ; depuis longtemps déjà on s’est aperçu des bons
effets des inspirations profondes dnpsles affections de poitrine»
pt la gymnastique pylmonyirp rend des services incontestés
aujourd’hui ; c’est même ain?i que l’op explique le succès du
séjour au* altitudes élevées chez les poitripairea. En calmant
la (pu* on supprime ces profondes inspirations qui l'accompa*
gnept toujours et l’on empêche ainsi la pénétration complète»
de l’air ; on arrête une secousse de la poitrine, secousse
qui évidemment empêche )a stagnation du sang, favorise f’ipr
trodyçtion de l’air et le cheminement des mucosités, qui
obstruent les petites bronchés; enfin, pour parler le langage à
la mode aujourd’hui, oes mucosités et ces crachats qu’on epa*
pêche la toux d’expulser contiennent d'énormes quantités de
microbes auxquels la suppression de la tous, permet de conti¬
nuer plus facilement leur œuvre de destruction ; n’étant plps
dérangé? ijs s'y multiplient avec une plqs grande rapidité
qt envahissent-de plus en plus ; ils ne sont plus gênés
par l’arrivée de Tair, fie l’oxygène -surtout,, leur ennemi
mortel. ; ,
Que dirait’on d’un méfieein quj, en gpéfjenepd’un coryza^
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— 2Ô3 —
s’empresserait de tamponner les narines en qnnQpçant que
cette pratique bâte la guérison.
Nous déclarons que, nous avons très fréquemment vu des
malades guérir de la phtisie en continuant à tousser, et pro¬
bablement parce que nous ne cherchions pas à arrêter leur
toux par des calmants; malgré la toux les cavernes se sèchent
puis se rétrécissent et les hémoptisies sont très rares. Oui,
l'expérience me l’a prouvé cent fois,les hémoptisies sont très
rares, même chez certains sujets atteints de ce qu’on appelle
la forme hémorrhagique de la maladie. Quapd, il y a quelque
dix ans encore, je cédais au déàir des malades et que je leur
dpnqqis des narcotiques, la dyspnée reprenait, les gros râles
caverneux réapparaissaient et l’appétit diminuait, le sang
revenait dans les crachats. Les beaux succès que j’ai obtenus
ces dernières années dans la tuberculose pulmonaire, je les
dols non seulement aux admirables remèdes arsenicum ioda-
tum alterné avec ccdcareçi phosphori'ca et quelqües autres
médicaments au sujet desquels je mo propose d’écrire sous
peu un article nouveau, mais j’attribue également une part de
ma réussite à la répulsion que j’ai depuis assez longtemps
déjà pour les calmants de la toux. Bien que les malades tous¬
sent, et cela se conçoit aisément parce qu'ils ont de sérieuses
lésions et celles-ci ne peuvent disparaître du jour au lende¬
main, les cavernes deviennent plus ou moins sèches, l'apipétit
se conserve, les malades engraissent et la cicatrisation des
cavernes s’opère plus facilement et plus promptement.
Quand on consulte les médecins de Davos au sujet de la
tuberculose pulmonaire, ils déclarent qu'on a soin de ne pas
employer de remèdes et surtout pas de remèdes calmants.
TJn malade porteur d’une lésion pulmonaire, caverne ou infil¬
tration doit forcément tousser, et empêeher sa toux c’est con¬
trecarrer les efforts bienfaisants de la nature, c’est aussi nuire
aux voies digestives qui sont si utiles, pour que le malade
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— 264 —
gagne de l’embonpoint, car le proverbe ne dit pas, un phti¬
sique qui tousse va plu3 mal, mais le dicton clinique admis
par tout le monde est celui-ci : « un phtisique qui engraisse
est un phtisique qui guérit. »
Les idées que nous défendons ici sont, nous le savons mieux
que personne, en opposition avec l’opinion généralement
reçue par les médecins et surtout par les malades ; mais que
les médecins réfléchissent un pou à ce que nous disons plus
haut ; la toux a pour conséquence, par suite des profondes
inspirations qu’elle provoque, de produire une vraie gymnas¬
tique pulmonaire dont ils reconnaissent volontiers l’efficacité;
la cessation de cette , toux ne peut être obtenue qu’à l’aide de
narcotiques assez puissants pour émousser la sensibilité des
nerfs présidant aux fonctions de la respiration qui sont, comme
on l'a observé, les plus rebelles à s’émousser, témoin la chlo¬
roformisation qui abolit le sensorium général bien longtemps
avant d’influencer les nerfs des fonctions respiratoires; des
doses qui doivent être si fortes sont dangereuses ; elles atta¬
quent l’organisme dans ses profondeurs et impriment à
l'économie des modifications graves et des désordres ; pour
empêcher un symptôme pénible il faut des doses fortes qui
évidemment ne se bornent pas à émousser la sensibilité mais
doivent amener des troubles sérieux. Les malades de leur
côté seront moins enclins encore à croire à la plus ou moins
grande innocuité de la toux qui les fatigue, les épuise, les em-
pêche de dormir I D'autant plus que le plus souvent c’est la
toux seule qui forme pour eux l’unique moyen de reconnaitre
comment va leur affection ; plus la toux est fréquente et plus
ils croient qu'ils vont mal ; pour eux un remède qui calme la
toux est un remède qui guérit : que de fois n’avons-nous pas
vu des malades, porteurs de cavernes et. très dyspnéiques,
nous aborder en déclarant « qu’ils ne soutiraient plus que de
l'estomac, que leur poitrine était guérie depuis qu'ils prenaient
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— 285 —
t
telles ou telles pilules, telles ou telles potions contenant
dos narcotiques puissants sous l’influence desquels la tuber-
% ' 9
culose continuait sa marche envahissante sans que l’organisme
intoxiqué èût encore la force de réagir s'ils ne toussaient plus
parce que la force de réaction était anéantie. Allez dire à'de'
pareils malades de laisser leurs pilules ou leurs potions, ils
vous répondront : « Impossible, j'ai essayé, dés que je cesse
la'toux me reprend. » Pour la plupart dés malades, cet argu¬
ment est sans réplique b leurs yeux, et l’on perdrait son
temps à vouloir leur persuader que la toux est utile et néces¬
saire ; un malade qui a essayé des calmants, surtout de là
morphine, ne veut plus les cesser ; aussi comprenons-nous
plus que jainais pourquoi les homœopathes de la première
génération recommandaient tant de ne pas entreprendre un
phtisique qui avait déjà usé des calmants ; malgré les plus
instantes recommandations, il continuera à en prendre et lés
meilleurs traitements ne réussiront plus. La toux est donc sou¬
vent nécessaire èt il faut reculer autant que possible l’emploi
des calmants' et des palliatifs dans la tuberculose des pou¬
mons.
Pourtant, quand la partie est inévitablement perdue (ces
cas sont plus rares qu’on le pense), le médecin peut se per-,
mettre d’engourdir peu & peu son malade pour lecalmer, mais
en réalité il hâte sa fin prochaine. Aussi conseillons-nous,
même vivement, à notre tour, à nos jeunes confrères en
homœopathie, de ne pas entreprendre facilement un tuber¬
culeux qui a déjà pris beaucoup de morphine et de narcotiques;
il continuera à eu prendre en cachette, et si l’on peut parfois
arrêter la marche d’une phtisie pulmonaire même très avancée,
on doit se méfier de commencer le traitement d’un sujet habitué
déjà aux narcotiques : il est fort rare d’abord que le malade
obéisse scrupuleusement au’ médecin. Quand le malade a
quelques quintes de toux, il â recours aux narcotiques qui
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arrêtent, les mouvements de l'estomac et des intestins et con¬
gestionnent la poitrine.
de déclare donc carrément que là toux est loin d’être dé(a-
vorable aux phtisiques et aux bronchiteux ; dans la msgeure
partie des cas, calmer cette toux au moyen do narcotiques
yiplents, ç’est accentuer la congestion de la poitrine et des
bronches, empêcher celles-ci de se débarrasser non seulement
des mucosités, mais aussi de réagir contre la congestion qui
accompagne toute bronchite qu’elle soit tuberculeuse ou non.
J’gi une telle certitude clinique à ce sujet que je déclare
péremptoirement aux malades qui no sont pas encore assez
avancés dans la maladio pour pouvoir espérer une guérison,
qu’ils continueront b tousser comme par le passé, quo la toqx
nat nécessaire, qu’ils doivent s’y résigner s'ils veulent guérir,
pt c’est depuis lors que j’ai obtenu des guérisons que je n'au¬
rais osé espérer auparavant, Malheureusement, il est difficile
d'obtenir l'obéissance sous ce rapport de la papt des malades
pt surtout des assistants, par la raison, que' les uns et les
autres croient qup la plus ou moins grande fréquence de la
toux est le critérium par excellence du progrès de la maladie;
quand bieq môme le malade prendrait de l’embonpoint et des
forces, il irait moins bien aux yeux des profanes s'il oontinue
jt tousser; ceci, nous en sommes certain, g été la pause de
bien des malheurs qui auraient pu être évités.
Np nous hâtpps donc pas de prescrire dps calmants à ceux
qui (pussent, quelle que soit l’instance qu’on mette à les
réclamer, nous pourrions être nuisibles en pmpêchant les
efforts bienfaisants de la nature. Encore une fois, je sais que
ceçi fera jeter les hauts cris aux gens du monde et aux méde¬
cins ; aux gens du monde n'ayant guère d'autre indication
que celle de Ig toux pour se pendre compte des progrès do
mal ; aux médecins, qui ne manqueront pas de dire : mal 8
cette seçousse de la toux fatigue considérablement, épuTse
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- 3G7 -
4
même le malade, elle l’oblige | faire fie videos qffortfi d'in¬
spiration, empêche le sommeil, etç., etc. Il pouç serait facile
de répopdpe à tontes çes objections en disant par exemple que
ces efforts d’inspiration survenant naiuréUemeot après Ig Iqu$
forment une vraie gymnastique pujmoooiro, laquelle a été
tant recommandée dans celle terrible maladie etqqp je sojnr
ipeil, acheté au pria de remèdes calmants, est qn mauvais
sommeil non réparateur, etc., etc... liais nous ne vaqlpng
pas entrer dans cette dissertation qui trouvera sa place, plus
tard à propos du traitement de la tpberçujpse pulmonaire.
Nons .pouvons déclarer que qotre expérience personnelle a
confirmé pleinement notre manière de .voir. Depuis de longues
années, nous ne. permettons plus les calmants dans la tuber*
çuIqsb pulmonaire et nous croyons que ç’est grâce à ceWo
façon d'agfr que nous avons obtenu de beaux succès.
Quand'jedisun malheureux phtisique réclamait nos soies,
noua étions tout dépités de le voir s’adresser à nous plutôt
qu’à un autre ; c’est le . contraire aujourd’hui, nous sommes
plein d’espoir pour lui lorsqu’il vient réclamer nos soins, cap
nous ayons guéri bon nombre de cas graves tyen.diagnostiqués
et chez lesquels l’examen microscopique a T aU fait reconnaître
la présence des bacilles.
Ils ont guéri en toussant, et, telle est notre conviction, MR
peu parce que nous ne les avons pas empêché de tousser- Pu
peste, la guérison de la phtisie pujmonaire n’est pas, aussi
rare qu’on le cpoit généralement. Nous n’en voulons poqp
preuve que le résultat des autopsies qui se pratiquent dans
les hôpitaux et les hospices de vieillards. Combien de fois ne
trouye-t-on pas chez dos personnes mortes à ut) âge ayancé,
des tubercules et des traces de cavernes cicatrisées î Nons
pensons même, quelque paradoxal que puisse être notre dire,
qup {es malheureux poitrinaires n’oqt guère profité des pro¬
grès ..du, diagnostic du.s à l’eusguHatiop et à.la pepqussipn#
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*
Comme jadis on confondait facilement la bronchite chronique
et la dilatation des bronches avec la tuberculose pulmonaire,
les médecins ne sachant pas précisément quelles affections ils
avaient à traiter, soumettaient tous leurs bronchiteux indis¬
tinctement aux mêmes médicaments, dont plusieurs étaient
tirés du règne végétal de notre pays, et nous ne doutons pas
qu’un grand nombre do poitrinaires devaient leur guérison
à certaines tisanes et à certains sirops d’herbe qui, après
avoir joui d’une grande vogue, sont tombés en désuétude ;
aujourd’hui la plupart des médecins allopathes, lorsqu'ils ont
diagnostiqué la présence de tubercules en voie de ramollisse¬
ment chez un malade (3* période), se bornent à lui administrer
dés calmants de la toux et par-ci par-là quelques substances
médicamenteuses plus ou moins à la mode suivant les idées
du jour (c’est la créosote qui a la faveur aujourd’hui); de sorte
qu’au fond les pauvres poitrinaires sont avant tout gorgés de
calmants, dont nous venons de dire toute la nocuité. Mais
nous en avons dit assez maintenant sur la toux, et surtout sur
la toux des phtisiques ; nous.y reviendrons plus tard.
Si les médecins allopathes devaient éviter d’employer les
calmants dans ces circonstances, le médecin homœopathe
doit plus encore s’en abstenir, si ce n’est lorsque la partie est
irrémédiablement perdue.
C’est pour réagir, nous n’en doutons pas, contre cette fâ¬
cheuse manière de traiter les phtisiques que le D* Jaccoud
de Paris a écrit, il y a quelques années, son livre intitulé
De la curabilité de la phtisie. Et heureusement aujourd’hui
les poitrinaires ne sont plus tout à fait considérés comme les
anciens lépreux jpour lesquels on n’a pas de remèdes. On fait
au moins des efforts pour les guérir et l’on ne se borne plus
4 adoucir leur souffrance et leur malaise.
Tout en rendant hommage aux savantes recherches et aux
belles découvertes de ces dernièrés années, grâce auxqeHes
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le diagnostic de la maladie est rendu pour ainsi dire d'tmo
certitude mathématique, nous croyons que c'est sur la tradi¬
tion clinique des anciens observateurs qu’ilfaudra s'appuyer
pour la thérapeutique de cette terrible affection. Un grand
nombre déplantés de notre pays, qui ont jadis.joui d'une
grande vogue sous forme de tisanes et de sirops,sont tombées
dans un injuste oubli. Au lieu de gorger les malheureux mala¬
des de narcotiques et de doses énormes de créosote, de nitrate
d’argent, etc., etc., mieux vaudrait qu’on leur rende les
tisanes de jadis. Ces tisanes, sont-elles autre chose en vérité
que des remèdes homœopathiques & la 1* ou & la 2* dilution ?
Notre but actuelest.de réagir contre cette manie de vouloir
calmer forcément la toux, quand l’auscultation prouve, qu’il y
a des raisons matérielles pour que l’organisme tousse et fasse
un effort pour se débarrasser de la gêne qui existe dans les
fonctions de la respiration. Guérissons ta cause de la toux et
ne cherchons pas à faire disparaître celle-ci puisqu’au fond
c’est un des moyens que la nature emploie pour se débarras¬
ser de ce qui encombre les bronches ou réduit leur calibre.
D 1, Martiny.
Le tabac (1)
par MM. Km, Ssotin, Ph®, et le D r L. Sbctin, à Bruxe’lee»
Le tabac et l'alcool sont les deux plus terribles despotes
qui se soient jamais imposés au monde entier. Attaqués, ils
ne manqueront pas de défenseurs ardents et intrépides ;
n’auraient-ils pas d’ailleurs de précieux auxiliaires, d’abord,
dans la puissance dè l’habitude, la tyrannie de la mode et
les mœurs des peuples ?
On le voit, les dames américaines auront:à vaincre h»
* * * • ; ' ^ ! 4 * %
(1) Suite. Voir Tolqme précédant cttolome courant, pages 9, 40,78,109
130,169,209 et 232.
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— 270 —
'difficultés W plus sériêüsés, Idfiis nTtfipoi’fe, elles ortl Çon-
‘ flattée, et dbmptéot Sur lé sûfccéèdëlëtir fféfd en t^ëprisé. ' '
' -MT Si jâtiiaiiS éttes p&ttvenl béinp&rtor ünè.dùssi belle
tîfcttSrô. dte îtoH» bieh plus gîdilêàse gué lés victoires rem¬
portées par lés plus illttslrés<Jottquèraàt*: iiiMl*s VicUrfrés, i
ëdi, àoüt sàtjgiahtes puisqu’elles précipitent défis tdtomfeb
dëS centdboS ël dcâ céhtainés dé milli hommes t Nous--
h'extlgêroliS rien, car aujourd’hui, ce Sont dès nations en-
ilèrés tjtii se précipitent les unes sur lés âùtrëS, et, armées
tottime elles 16 sont, àveddes éfmëâ touchàht à là pcrîectiolf,
quel ttiàssaere, quelle déSlriictibri ! Àh ! quel tabléan âflretfx
çd'üü de ces champs dé bataille I
Céiii qui ont pü voir et contempler les champs de bataille
dé Relchslioffen, GraVelOtte et Sedàh, sont restés anéantis,
brisés et saisis de lâ plus profonde horreur 1 Ët dire qtie
l’horrible spectacle d'aussi lamentables exterminations né
soit pas suffisant pour rendre à l'avenir toute guerre impos¬
sible !
depéndàüt, si l'on envisagé leà conséquences dè céS guerres
cruélléS et fratricides, combien elles 3ont navrantes et dou¬
loureuses ! Nous ne parlerons pas ici de tous les m&lheurs
qui viennent fondre siit* 1@S cdtitftfes envahies; presque tou¬
jours elles sont condamnées h la dévastation, au pillage et à
l’incendie ! Mais négligeons toutes ces horreurs, pour ne
parier ici , que des attréuses misères qui viennent assaillir les
faniilleâ d'une grande partie de ceux qui sont appelés sous les
dràpeftux.
1 C’est â vous, bonnes mèreS, à vous tendres épousas, à vous
charmantes fiancées, k vous, belles et aimables jeufies fiiies,
à vous aussi innocents et chers entants, que nous venons
cfemànder, qu’allez-vou.3 devenir? Tous Vous avez dit un
Wprliné âdieu à ceux qui' panaient , ét vt« vœfli ct tos Sou¬
haits ardents les ont accompagnés pour leur heureux retour;
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et cependant, parmi tous ces hommes, cpmbién de milfrèrs
resteront ensevelis et couéhêsen terre étrangère t Ah ! qu’ils
sont nombreux ceux qui ne rever font plus ni letnr pairie, ni
leur foyer, ni tous les êtres cher» qu’ils avaient quittés dit
départ! . , , '
paorfés femmes,vous né reveftrëz plus lès époux que vôiis
aimiez, triste» et désolées fiancées, vous êtes S tout jafflâil
séparées de eeut à qui vous aviez, engagé Vos vies ët voâ
destinées, et vous, enfants chéris f vous étés devenus de pâil-
vre? et malheureux orphelins (1)!
Voilà les tristes bienfaits de la guerre! Pourquoi lëé
femmes qui en sont toujours les premières et ies trlsteë Vic¬
times ne se coaliseraient-elles pas ericoré, poiir empêcher cë
fléau, cause de tant de ruines* de misères et do deuil.
Maintenant, espérons que les femmes américaines saufdtié
sortir victorieuses de la lutte qu’elles ont si côürdgeusëinèiif
entreprise contré leurs deux cruels ennemis, l’alcool ët lé
tabac.
Si par leurs efforts réunis elles parviennent fi lës terrasser
et à les anéantir, que d'hommes elles soustrairont àtifi nom¬
breuses maladies i Que d'hommes enfin elles arracheront à lfi
ibort !
de serait là dn tridmpho aussi magniôqiië qiié gtoriëiii,
car 11 constituerait pour le mondé ëntier, un gage dë paix* dë
prospérité et de bonheur.
Ab! si ies dames àméricainés peuvent un jour proclamé?
uhè radieuse victoire, elles auront mérité qu'on leüf* élêvfi défi
statues, sur les ‘socles desquelles on inscrira ëü grandes
lèltres d'or : Àut femmes, la patrie i'econnaissântë.
Un tel succès no sera-t-il, pour les femmes dé toutes lô§
41) Si cette digression è%àt glissée dans ndtfrë travail ■ ë’èst qiiè doué attfas'
l'espoir encore, què ce «crû) par la généreuse intervention «le la femme» que le
monde sera délivré du fié&u de ia guerre.
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— 272 —
autres nations, un. noble et glorieux stimulant ? Ne s'empres¬
seront-elles pas à leur tour de suivre les généreux .exemples
.de leurs sœurs de là-bas? Comme elles encore animées d'un
ardent courage, elles sauront se liguer et former contre les
ennemis communs une' sainte croisade. Mais n’anticipons pas
sur les événements. Jusqu’à Ce jour, les dames américaines^
toujours sur la brèche, n’ont pu atteindre encore le but si
noble, si utile qu’elles poursuivent et si ardemment désiré. II
faut dono savoir attendre, mais ayons confiance, car elles
sont dans la voie qui conduit au succès. Ngiw faisons des sou¬
haits et des vœux ardents, pour qu’il no s& .fesse. pas trop
longtemps attendre : il y va de la paix. et ' du bonheur de
l'humanité toute entière.
Mais si contre toute attente, elles devaient voir tous leurs
.efforts réunis rester impuissants et stériles, nous ferions
nôtres les propositions de M. le docteur Joly qui se trou¬
vent à la fin de sa brochure si remarquable intitulée: Etudes
hygiéniques et médicales sur le tabac.
Voici ces propositions :
1. Substituer dans le commerce, dût-on les payer bien
chers, les tabacs du Levant, de Grèce, des Arabes, du Brésil
et autres,ne contenant que de faibles proportions de nicotine,
aux tabacs plus ou moins saturés de ce principe toxique. Une
telle mesure serait un véritable bienfait puisqu’elle rendrait
immédiatement à l’agriculture des milliers d’hectares d’excel¬
lentes terres (pour, la France seule plus de vingt mille
hectares) que l'on consacre à Ma culture d’une plante véné¬
neuse et qui ne sert qu’à empoisonner les populations I
En France, c'est le gouvernement qui s’en constitue le
triste distributeur.
2. Ou bien on pourrait encore facilement enlever aux
tabacs la presque totalité de leur nicotine; s’ils doivent
rester dans le commerce, on pourrait facilement encore
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— 273 —
remplacer le principe toxique par des parfums qui ne man¬
queraient pas pour répondre à tous les goû:s individuels et
qui ne seraient pas seulement plus hygiéniques mais plus
agréables aux sens que les odeurs âcx*e, empyreumatique et
ammoniacale des tabacs nicotisés.
3. Eclairer le public sur les dangers de fumer des tabacs’
très nicotisés et le prémunir contre les effets nuisibles qu’ils
peuvent avoir sur la santé.
4. Proscrire sévèrement l’usage du tabac dans tous les
établissements d’instruction publiquo comme pouvant être
funeste à la santé, à lit morale, à l'intelligence.
5. Interdire sévèrement la vente du tabac ou des spiritueux
aux personnes âgées de moins de 16 ans.
6. L’interdiction doit être sanctionnée par une loi; elle
n’existe ni en France, ni en Belgiquo, ni dans aucun gouver¬
nement européen. Un Etat de l’Amérique, le Connecticut
(Etats-Unis), vient de la promulguer.
7. Elle constituera une loi protectrice et vraiment tutélaire
à l’égard des adolescents et surtout des enfants. Espérons
que nous verrons bientôt tous les gouvernements européens
et l’Amérique toute entière suivre le noble et généreux
exemple qui leur est donné par l’un des Etats de la grande
République américaine. '
8. Nous espérons encore que notre chère patrie ne restera
pas en arriére et que bientôt la Belgiquo sera dotée d’une loi
préservatrice, puisqu’elle aura pour but de soustraire la
jeunesse aux effets délétères de cette plante néfaste qui
s’appelle le tabac.
9. Il appartient à un gouvernement sage, éclairé et pru¬
dent que la promulgation de cette loi se fasse dans le- plus
bref délai. Le mal que cette méchante plante fait aux jeunes
gens est bien plus grand qu'on ne peut le. supposer. C’est un
©ruel ennemi de l’humanité, mais surtout delà jeunesse. 11
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- 274 —
faut donc la soustraire au plus tôt & sa triste et à sa funeste
influence.
Maintenant donnons ici les principaux désordres que le
tabac peut produire dans l’économie :
1. Il peut occasionnel dans l'appareil olfactif et visuel les
lésions les plus graves, perte de l’odorat et perte de la vue
(amaurose).
2. Il peut impressionner l’estomac et l’intestin do la manière
la plus fâcheuse. '
3. 11 produit le terrible cancer. Celui-ci était rare chez
l’homme avant la venue du tabac, mais depuis le triste abns
qui en est fait, il est devenu une maladie assez fréquente.
4. Le foie peut être tristement impressionné par le tabac et
donner lieu à de fâcheuses hépatites. Un teint jaune et
blafard est presque toujours le fait de l’abus du tabac.
5. Le tabac détermine la soif et pousse à la boisson. Il
affecte le larynx, les bronches et les poumons, de là les laryn¬
gites, bronchites et affections pulmonaires.
6. Il flétrit le poumon et cause l’asthme.
7. La nicotine produit l’hépatisation du poumon.
8. La nicotine peut amener la maigreur des fumeurs ; d’un
autre côté, en entravant la calorification, elle peut amener
et être causo de l'obésité et du diabète.
9. L’usage du tabac produit les palpitations nerveuses, le
ramollissement et l’anévrisme du cœur.
10. Il peut produire l’incontinence, comme il peut être
cause de la rétention d’urine et du catarrhe de la vessie;
11. Il produit une action déprimante sur la fonction de la
génération, engourdit et détruit le zoosperme. Il est une cause
de la stérilité, de décroissance de la population et de la
mortalité des enfants.
12. Le tabac ou la nicotine agit d’une manière toute
spéciale sur le système nerveux; il produit le ramollissement
du cerveau et de la moelle épinière.
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Noua avons donné plusieurs exemples de ramollis par la
nicotine.
13. Il exerce les plus tristes ravages sur les facultés intel¬
lectuelles. Que de faits multiples ne pourrions-nous pas citer
à l’appui?
14. Le tabac a une action perverse sur le sens moral.
15. Il pousse au suicide.
16. Le suicide est fréquent dans les armées, le tabac n’en
serait-il pas la principale cause ?
17. Le tabac est l’écueil où l'enfance et la jeunesse sepor-
dent, il pousse aux idées subversives de l’ordre social.
18. Le tabac est une grande cause de la folie.
19. L’alcool ne peut être la cause de toutes les misères
de*t on l’accuse.
29. Les statistiques nous démontrent une mortalité
effrayant» dans les armées, le tabac qu’on y fume avec le
plus triste abus, n’en serait-il pas la cause principale ?
21. D’après bien des médecins distingués, les descendants
des nicotinés sont frappés de déchéance intellectuelle et mo¬
rale.
(A continuer). Em. Seütin, ph“ et D r L. Seutin.
MALADIES DE LA PEAU (1)
par lo D r Burkhard, de Berlin. — Traduction du Dr Cukvauek, de Charloroi
Eczéma
Anatomiquement X eczéma se range à côté de l’herpès ot
occupe comme lui les couches superficielles du derme, qu’il
recouvre d’un exsudât, lien diffère cependant par sa tendance
à s’étendre et par sa durée qui n’a rien de défini. De plus,
alors que l’herpès, comme nous l’avons vu précédemment,
(1) Suite. Voir vol. courant, pages 143, 215 et 248,
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- 376 —
présente toujours une éruption vésiculeuse, l'eczéma peut
mais ne doit pas l’avoir, eu égard à l’abondance de son exsu¬
dation.
Et d’abord, pour parler de l’eczéma qui ressemble lé plus à'
l’herpès, l’exsudât peut être juste suffisant pour soulorer l’épi¬
derme en petites vésicules, ce qui donne Y eczéma simplex ou
vesiculare.
Ces véhicules peuvent se remplir d’un liquide trouble qui
devient jaune et purulent, eczéma impetig inodes, ciu bien
l’exsudât n’est pas suffisant pour donner lieu à des vésicules,
l’épiderme est simploment soulevé et se desquamme, en lais¬
sant un fond rouge, ce qui constitue Y eczéma squamosum
ou pityriasis rubra . Ou enfin l'exsudât fait tomber l’épiderme
et recouvre le derme rouge mis à nu, eczéma mzbrum.
Souvent cet exsudât se dessèche et forme des croûtes et des
écailles appelées tineœ ou crustœ, auxquelles on a donné
dans le temps les différents noms de mucosœ, granulatcè,
lacteœ , serpiginosœ, etc.
Les causes de l’eczéma peuvent être diversos. Elles peuvent
être locales, par exemple Y eczéma caloricum produit par
l’exposition au feu, surtout dans les pays tropicaux ; Y eczéma
solare suite d’insolation ; celui qui so contracte par l’usage
des bains chauds dans les eaux minérales. Ici se range égale¬
ment la miliaria rubra provenant de transpirations abon¬
dantes. Seulement les vésicules ne renferment pas, comme
dans la miliaria alba , de l'eau de la transpiration, mais un
exsudât inflammatoire.
Viennent ensuite les eczémas produits par certaines médi¬
cations et dont Y eczéma mercuriale est le plus connu.
Une cause plus éloignée d’eczéma consiste dans les stases
veineuses. Et comme ces dernières so rencontrent surtout
aux extrémités inférieures, c’est aussi à ces parties que l’on
trouve l'eczéma.
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- 2Ÿ7 —
Ehfin il y a beaucoup d’eczémas auxquels on ne saurait
assigner de cause et que nous faisons dépendre d’une diathèse
herpétique, parce que nous n'en connaissons pas la véritable
étiologie.
Du reste ee qui prouve la diathèse, c'est d’un côté la grande
tendance aux- récidives et en second lieu l’irréAitable fait de
la transmission par hérédité. Une prédisposition innée à
l’eczéma se rencontre chez les scrofuleux, surtout à Y eczéma
impetiginosum, toi que la croûte de lait, etc.
Les symptômes qui accompagnent l’eczéma sont d'abord
une démangeaison qui peut devenir insupportable ; puis dés
taches rouges, souvent recouvertes de vésiculës et do' pus»
tules, ou desquames blunches, de croûtes ou enfin d’un suin¬
tement. D’après cela nous avons divisé l’eczéma en différentes
variétés. Une autre division de l’eczéma est celle oh aigu et
chronique, mais elle a peu de valeur, attendu que Y eczéma
chronique peut reconnaître une des formes citées plus haut. En
outre je dois foire remarquer que l’état chronique peut suc¬
céder h l’état aigu, et qu’il n’est pas nécessaire pour cela
qu’il y ait une hypertrophie inflammatoire du chorion.
Enfin on peut diviser les eczémas d’après leur siège : il y a
Y eczéma universale qui recouvre une grande partie du corps ;
il peut être subaigu ou chronique, dans le premior cas, il sera
simplex ou squamosum, rarement rubrum. Dans le second il
Sera rubrum, de sorte qu’on trouvera sur le corps des taches
rouges et humides et des croûtes squameuses. Du reste cette
atfbction n’est pas mortelle comme on pourrait le croire, les
malades, & part leur affection, jouissent d'une bonne santé et
sont bien en chair.
L’eczéma partiel peut avoir son siège sur la tête. Il est
impetiginosum, rubrum ou squamosum. Dans les deux
premiers cas, il y a des croûtes sèches agglutinées aux che-
veux simulant une calotte.
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— 278 —
Souvent, les ganglions cervicaux s’engorgent et passent
même parfois à la suppuration. >
Quand l’eczéma de la tête est squamosum, comme la sécré¬
tion est minime et justement suffisante pour détacher l’épi¬
derme par petites parties, on ne trouve pas d’écailles ni de
croûtes, seulement une surface rouge, sèche, recouverte,
comme les cheveux et le collet des habillements, de pellicules
innombrables, qu’on appelait dans le temps tinea furfu -
racea.
Chez les enfants, on trouve souvent sur la figure Y eczéma
impetiginodes et le rubrum. Surtout sur les joues et le menton
se montrent des places où,, sur une base enflammée, il
y a quelques vésicules, ou des croûtes, ou de véritables
plaques.
Si on fait tomber ces croûtes, on trouve le derme à nu,
rouge, qui, continuant de sécréter, refait de nouvelles
croûtes.
Cet état était appelé anciennement porrigo larvatus ou
tinea farrei, crusta lactea, crusta serpiginosa, etc. Cet
exanthème, qui est essentiellement scrofuleux, s’accompagne
souvent de l’inflammation des ganglions, des yeux, des
oreilles, etc.
Souvent les oreilles, les sourcils, les paupières sont seuls
atteints d'eczéma, surtout de la forme squamosum.
L’eczéma rubrum se montre souvent tout autour sur les
seins et près du nombril.
L ’eczéma pudendorum est très incommode, aussi bien
chez l’homme que chez la femme, il est ordinairement de la
variété simplex ou rubrum quand il est chronique. Par suite
des démangeaisons on ne peut plus vives, les parties pouvait
être déchirées. Il en est de même do Y eczéma ani. Les cuisses
des deux côtés du scrotum sont souvent couvertes d’une érup¬
tion eczémateuse qui, à cause de sa forme circulaire, est en-
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— 279 —
core appelé eczéma marginatum. On trouve aussi aux jam¬
bes de nombreuses plaques d *eczéma rubrum.
Dans les jointures par suite du mouvement de la peau,
l’eczéma peut donner lieu à des crevasses et à des plaies. Les
pieds et les mains sont presque toujours entrepris en même
temps.
Sur la face dorsale on trouve la forme d’eczéma simplex ;
dans la paume des mains et la plante des pieds il n’y a pas de
grand exsudât, seulement l’épiderme s’enlève sous forme de
grosses écailles, ce qui dépend de la texture de cette partie,
et ce qui pourrait en imposer pour un psoriasis.
Nous sommes arrivés au traitement de l'eczéma. Vous
savez que dans l’ancienne école on a considéré pendant long¬
temps comme une faute de chercher à guérir les maladies
cutanées par des remèdes externes, parce qu’on considérait
ces exanthèmes comme des exutoires d’affections internes, et
parce que l’on croyait, qu’après la disparition de ces éruptions,
les maladies étaient refoulées à l'intérieur du corps et que
l’éruption ennuyeuse mais nullement dangereuse préservait
de maladies très graves. Cette manière do voir fut complète¬
ment renversée par Hebra qui regarda chaque exanthème
comme un mal local et devant être traité localement. Il alla
jusqu’à traiter par une médication uniquement externe les
éruptions qui étaient sans aucun doute l’expression de mala¬
dies internes. On tomba d'un extrême dans l’autre. Il reste à
savoir si la théorie de Hebra a fait du bien ou du mal dans la
question du traitement ? Je puis affirmer qu’elle lui a fait du
bien. Elle a d'abord eu l’avantage de tirer la thérapeutique
des affections cutanées de ce marasme dans lequel elle était
plongée et de faire faire des observations. Et si l’on compare
les résultats obtenus par Hebra avec ceux de l’ancienne école,
on est étonné. Hebra a prouvé que beaucoup d’exanthèmes
sont curables par une médication externe—s’il l’affirmaitpour
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— 280 —
tons, nous ne partagerions pas son avis — et ses résultats
obtenus sont brillants.
Mais comment la thérapeutique de Hebra explique-t-elle
l’assertion que, par une médication externe, ou peut pro¬
voquer do graves maladies internes ? La réponse ne peut
être donnée qu’en jetant un coup d’œil sur les observations
d'alors. Si nous sommes convaincus dans les deux camps,
allopathique et homœopathique, que l’ancienne école avait
un fond de vrai et que, par suite de la thêoriede Hebra, il est
survenu plusieurs accidents-, nous devons cependant convenir
que ce spécialiste a fait des cures merveilleuses et que le trai¬
tement interne d’autrefois a fait autant de mal que celui de
Hebra avec cet avantage en moins, qu’il n’a jamais été Utile.
La médication interne consistait simplement en purgatifs et
encore des purgatifs et quand le pauvre patient s’était telle¬
ment purgé qu’il était à moitié mort, et cela sans que l’érup¬
tion eut disparu, on prescrivait des doses énormes de mercure,
d’arsenic ou d’antimoine. Si ces médicaments ne donnaient
pas de bon résultat, le médecin était à bout de ressources et
le malade allait en consulter un autre qui recommençait les
purgatifs, etc. Comparée à cette médication, celle de Hebra
a dû apparaître comme une bénédiction, comme une nouvelle
area dans le traitement des maladies cutanées. Mais comme
par le temps tout s’explique et se juge, il en advint de même
de cette nouvelle théorie. Insensiblement on connut de plus
en plus de cas d’affections très sérieuses et qui s'étaient ter¬
minées par la mort, provenant de la disparition dé ces
éruptions ; c’étaient surtout chez les enfants des cas d'hydfé-
céphalie aiguë, de croup, de bronchites, qui donnaient lieu à
ces dures réflexions. D’un autre côté on cita également de
nombreuses cures qui s’étaient opérées sans préjudice aucun
pour la santé des malades. On se mit à réfléchir sur ces résul¬
tats si divers et on trouva, comme jé l'ai dit plus haut, que
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— 201 —
Hebra avait eu le grand mérite d’appeler l’attention sur ces
maladies. Non pas que la question pût être tranchée d’une
façon défloitire, mais les praticiens se mirent enfin à étudier
sérieusement les affections cutanées, ce qu’ils n’avaient pas
fait jusqu’alors. Il en résulta cette conviction que certaines
maladies doivent être traitées intérieurement, même quand
on emploie un traitement externe et cela à cause des méta¬
stases et qu’il y en a d’autres oit ce danger n’est pas &
craindre.
Ceci une fois compris, il fallut évidemment déterminer ce
qui devait se traiter par médication interne, et ce qui pouvait
l'être par traitement externe, car personne ne conteste qu’il
y a des cas où la médication doit être interne, dans la suppo¬
sition bien entendue que le médecin prescrive un médicament
qui puisse guérir l’affection cutanée sans faire de tort & tout
l’organisme. Je précise expressément ce point, parce que
c’est d’après lui que je régie mon traitement èt que je reven¬
dique également pour moi, homœopathe, le droit de prescrire
dans certains cas une médication externe. Ainsi, chaque
éruption doit être traitée intérieurement, quand elle est-le
résultat d’une affection interne. D’autres peuvent l’être
exclusivement par traitement externe. Quelles sont les pre¬
mières ? Pour les autres, le médecin agira d’après ses convic¬
tions. Ici se présentent de suite de grandes difficultés, qui
peuvent à peine être surmontées dans certains cas et qui
dans d’autres ne le peuvent pas.
Théoriquement parlant, la chose parait très simple. D'abord
nous avons certaines affections des yeux où il serait impru¬
dent d’employer un traitement externe, attendu qu’elles sont
le résultat de maladies internes. Il est évident que dans ces
cas, la relation entre la maladie interne et l’éruption consé¬
cutive est si claire, que cela suffit pour proscrire un traite¬
ment externe.
A
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— 2*2 —
En second lieu, vient le groupe important des éruptions
scrofuleuses. Abstraction faite des cas ou l’éruption est la
suite d'autres maladies, et qui pourraient être comprises dans
pelles dont nous venons de parler, nous savons que la scro-
fulose se montre sous tant de formes différentes et peut s'at¬
taquer à tant d’organes importants, qu’il serait imprudent de
les faire rentrer par un traitement mal approprié, et d’occa¬
sionner ainsi une métastase sur les yeux, le cerveau ou autre
part. Ceci est surtout vrai pour lc3 eczémas humides de la
tête et de la face.
Niemeyer à ce propos s'exprime ainsi : « Il est possible que
dans la suite, on reconnaisse pour non fondée, la crainte de
traiter les maladies cutanées par un traitement local ; mais
dans l'état actuel de nos connaissances, elle est juste et je
J'appuie de mon expérience personnelle.»
Traduction du D r Chevalier.
.. (A continuer.)
REVUS DE* JOURNAUX HOIŒOPATBIQUES D’AMÉRIQUE
par le D r Lambreghtb, fils, d'Anvers.
Traitement de la folie des femmes enceintes
Le D r Crippen publie dans l ’Hahnemannian monthly un
mémoire intéressant sur les indications des principaux re¬
mèdes homœopathiques usités dans les diverses formes d’alié¬
nation mentale qu’on observe pendant la grossesse. En
voici quelques extraits :
Chamomilla. — Eréthisme mental, colère et mauvaise
humeur, irritabilité excessive allant jusqu’à l’inconvenance :
la malade ne peut supporter qu’on lui parle ou qu’on l’inter¬
rompe ; elle cherche un motif de querelle, et la moindre irri¬
tation provoque un violent chagrin et une angoisse profonde.
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— 283 —
China. — Manie consécutive à une hémorrhagie ou à une
lactation prolongée.
Hyperesthésie de tout le système nerveux avec débilité,
épuisement, intolérance pour les bruits, anxiété et appréhen¬
sions eitrêmes ; lorsqu'elle ferme les yeux elle voit des per¬
sonnes et des objets qui disparaissent aussitôt qu’elle les
ouvre.
Cuprum acetic .— Manie survenant par paroxysmes; dans
les intervalles la malade parait être en pleine possession de
ses facultés; les crises de hurlements se produisent d’une ma¬
nière subite et imprévue.
Hyosciamus. — Manie aiguë, exaltation extrême sans
inflammation. Elle craint d’être empoisonnée ; aussi refuse-
t-elle avec colère des médicaments qu’on lui donne. Elle s’ima¬
gine qu’elle est poursuivie par des démons, que quelqu'un
veut attenter à sa vie. Elle saute de sou lit pour échapper à
un ennemi imaginaire. Les objets lui paraissent trop grands
et indistincts ou parfois colorés en rouge de sang; sa conver¬
sation est bizarre; elle passe fréquemment d’un sujet à up
autre sans la moindre transition. La face est pâle ou faible¬
ment congestionnée, les pupilles sont dilatées. Elle reste
éveillée pendant des heures entières. Pendant le délire elle a
l’air d’une personne idiote; elle rit d’un rire bête,et son visage
présente uno expression d’imbécilité bien marquée. Parfois
elle devient lascive, rejette ses couvertures et cherche, à se
découvrir.
Jgnatia. — Mélancolie : Elle désespère de son salut ; elle
s’imagine qu’elle a été infidèle à son époux et pleure amère¬
ment. L’abdomen est tendu, les mains et les pieds sont froids;
elle désire rester seule avec son chagrin.
Lilium tigrinum et sepia. — Ces deux médicaments sont
d’une importance capitale chez les femmes irritables et mé¬
lancoliques. Tous deux ont pour caractère principal une
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— 284 -
crainte exagérée et une sollicitude excessive pour là santé.
Mais dans sépia il existe dans l’utérus des lésions organiques
beaucoup plus prononcées et plus sérieuses, tandis que dans
lilium on ne trouve que des désordres fonctionnels, ou tout
au plus une lésion organique récente ou relativement de peu
d'importance.
Lilium est plus approprié aux cas aigus de mélancolie
lorsque l’utérus et les ovaires sont le siège d’une inflammation
modérée et subaiguë et lorsque la malade appréhende l’exis¬
tence d’une maladie mortelle qui,en réalité,n'existe pas. Dans
lilium la malade est très sensible, hyperesthésique avec
tendance marquée & l’hystérie; elle se rétablit très rapidement
à sa grande surprise et à celle de son entourage à qui elle a
fait accroire que son cas était désespéré. Dans sepia la ma¬
lade est très désespérée; elle a des idées de suicide et une
grande aversion pour tout travail. Cette grande dépression a
d’ailleurs sa raison d’être, car très souvent il existe de pro¬
fondes lésions organiques qui ne peuvent se guérir que par
de longs et constants efforts.
Opium. — Manie furieuse avec contorsion des traits,
bouffissure et rougeur de la face, cyanose et gonflement des
lèvres, imagination exaltée, visions effrayantes de spectres,
de démons et de monstres.
Platina. — Excitation sexuelle prononcée avec fourmille*
ments aux organes génitaux, nymphomanie, mélancolie.
La malade croit qu’elle n’est pas faite pour ce monde; elle est
fatiguée de la vie mais craint beaucoup la mort. Elle est flère
et hautaine et possède une grande idée de sa supériorité; elle
regarde toutes les personnes comme inférieures et insigni¬
fiantes; tout lui semble trop étroit ; lés objets paraissent plus
petits qu’ils ne le sont naturellement.
Pulsatilla. — Grande dépression, tristesse et disposition
aux pleurs ; sollicitude exagérée pour son salut ; idées de
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- 285 —
suicide maiscrainte de la mort; frissons, bouffées de chaleur,
mains froides et face pâle,
Stramonium. — Manie sauvage ou gaie ; délire avec
face colorée, regard étrange; hallucinations terrifiantes ; la
malade voit des animaux surgir de tous les coins ; délire
loquace empreint de gaieté, puis de terreur; ainsi elle rit,
chante et fait des grimaces, et un moment après elle crie au
secours. Elle désire vivement la compagnie et la lumière ut
craint l'obscurité.
Sulphur. — Désespoir, mélancolie religieuse avec crainte
pour son salut ; irritabilité et taciturnité ; lenteur du corps et
de l’esprit pendant le jour ; ayersion pour tout travail, manie;
elle détruit tout ce qui lui appartient pensant qu’elle a tout en
abondance ; elle s’imagine qu’elle porte de beaux vêtements
et prend de vieux chiffons pour des vêtements magnifiques.
Veratrum album. — Manie furieuse, cris sauvages, pro¬
trusion des yeux, face bouffie et bleuâtre, anxiété, frayeur
pour des objets imaginaires; lascivité, sans gêne dans la
conversation ; envie d’embrasser tout le monde ; froid à la
surface du corps avec sueur froide au front.
Veratrum viride. — Manie avec excitation artérielle ;
pouls petit, mais très fréquent; yeux rouges.
Nouveaux remèdes américaine contre la dyspepsie
Iris versicolor. — Ce médicament possède une action
bien marquée sur tout le tube digestif, et spécialement sur sa
partie supérieure, sur les glandes salivaires et le pancréas.
Dans les affections de l’estomac, on peut l’employer de préfé¬
rence à nux et à puisât ilia, lorsque les symptômes suivants
existent : Douleurs violentes à la région épigastrique qui
surviennent par intervalles ; vomissements de matières
alimentaires une heure après les repas; vomissements bilieux;
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— 286 —
Acidité des matières contenues dans l’estomac avec ou sans
douleur ; inflammation de l'estomac et du duodénum.
Lithium carb. — On peut l’employer avec succès dans
l’acidité de l’estomac.
Lobelia inflata. — À basses dilutions, ce remède est
efficace dans la cardûdgie spasmodique, dans la gastralgie
bilieuse et les souffrances atroces occasionnées per le
passage de calculs biliaires. A toutes les dilations, il est
homœopathique à cette forme de vomissements accompagnés
de grande prostration, de sueurs froides et de faiblesse da
pouls. Il est d’une grande utilité également dans les vomisse¬
ments produits par de violentes émotions.
Le D r Jeans emploie ce remède avec d’excellents résultats
pour combattre un grand nombre de symptômes dyspepsiques.
Il considère comme la principale indication, la sensation de
faiblesse à l'épigastre avec oppression de la poitrine. Dans
beaucoup de cas, même où l’oppression est insignifiante,
remploi de lobelia est souvent très efficace, comme le
prouve d’ailleurs le cas clinique suivant : Un homme de
constitution robuste, âgé de 45 ans, était atteint d’un flux
hémorrhoïdal assez abondant et d'un sentiment de faiblesse et
de pression à l’épigastre avec acidité de l’estomac. Il avait
pris nux et d’autres remèdes sans çn éprouver le moindre
soulagement ; comme il ressentait en même temps une légère
oppression à la poitrine, lobelia lui fqt administré. Le médi¬
cament amena une guérison rapide. Les symptômes gastri¬
ques, les hémorrhoïdes et l’oppression disparurent comme par
enchantement.
Parmi les botanistes, cette plante a d’ailleurs la réputation
de constituer un excellent antidyspeptique ; prise à la dose de
3 ou 4 gouttes avant le repas, la teinture de lobelia agit
comme apéritif et favorise la digestion; son abus débilite
l’estomac.
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287 —
Lubelia convient également dans les dyspepsies provoquées
par l’abus du thé vert, du tabac et des liqueurs fortes. Voici
ses symptômes caractéristiques : Dyspepsie constante aggra¬
vée par le moindre exercice et le refroidiaremeiitv asthme
chronique à paroxysmes aigus, sensation de faiblesse et de
pression à l'épigastre, s'étendant jusqu’à la région du cœur,
avec pyrosis et acidité ; sensation d’un corps étranger ou d’un
bouchon de mucus dans le larynx avec oppression ; cépha¬
lalgie passant d’une tempo à l’autre ; douleurs dans ' les
épaule» et dans le côté gauche ; urines foncées.
Myrica cerifera. — Ce remède est de la pins haute
importance dans les désordres gastro-intestinaux. Ses princi¬
pales indications sont :
Faim factice suivie d’indigestion et d’ictére amenant une
coloration jauhe de la peau. Sensation de plénitude & la région
du foie et à l’abdomen. •
Rétention d’urine. L’urine est jaune et écumeusè ; èlle
devient chaque jour plus foncée et tache le linge. Grande fâH
blesse et somnolence pouvant aller jusqu’à la stupeur.
Oleum cajeputi. —Ce médicament a guéri un grand nombre 1
de cas de vomissements nerveux avec dysphagie et constric-
tion spasmodique de l’œsophage.
Oenothera biennis. — Les deux cas suivants démontrent
l’action probable de ce remède :
Un homme âgé de 26 ans, très actif, souffrait de dyspepsie;
en même temps il éprouvait de grandes douleurs dans la
vessie avec fréquentes envies d’uriner. Il avait été traité par
diverses méthodes, mais son mal ne faisait qu’empiror. Oe¬
nothera et china amenèrent une rapide amélioration.
Un autre dyspeptique était atteint surtout de vomissements
de matières alimentaires après lès repas, d’insomnie et
d’évacuations fréquentes d’urine.
Oenothera administré avant les repas Ht disparaître
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— 288 -
promptement les vomissements et l'irritabilité de la vessie* et
lui procura un sommeil réparateur.
Podophyllwn.— L’action de ce remède 9ur le tube digestif
est très étendue et très énergique ; mais ses symptômes sont
surtout prononcés au foie et dans les intestius. Il est très
utile chez les dyspeptiques qui présentent des lésions du côté
de ces organes; il convient également aux dyspeptiques qui
ont abusé des mercuriaux.
Puisât ilia nuttalliana. — Sensation de plaie à l’entrée do
l’estomac ; douleurs poignantes à l'estomac avec distension
de l’abdomen et céphalalgie ; éructations acides ; mélancolies ;
nausées sans vomissemonts; douleurs à l’épigastre; douleurs
aiguës à l’estomac s’étendant à l’épine dorsale; vomissements
des femmes enceintes.
Populus tremuloïdes. — Le D r Loe reoommande oe médi¬
cament dans les cas suivants : Indigestion, flatulence et acidité.
C’est un excellent remède dans la dyspepsie des femmes en-
«intes. (Homœopathic recorder.)
D r Lambreohts.
SOMMAIRE
ENCORE L’IODURE DE POTASSIUM, par le D'
I
Martiny ..257
La médication palliative et la toux, par le D r Martiht . 259
Le tabac (Suite) par MM. Eu. Seutin, Ph n et le D r Léon
Seutin, à Bruxelles. 269
Maladies de la peau (Suite). Traduction du D' Chevalier,
de Charleroi.. 275
Revue des journaux homœopathiques d’Amérique, par
le D r Lambrkqhts, fils, d’Anvers. 282
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— 290 -
Jo commencerai ma communication par rappeler en quel¬
ques mots la discussion qui vient d’avoir lieu à Paris à
propos de l’épidémie actuelle. MM. les Académiciens ont
commencé par so disputer entre eux pour savoir à quelle affec¬
tion on avait affaire; est-ce la fièvre dengue, est-ce la grippe ou
1 ’influenza, est-ce une autre maladie inconnue jusqu’à cejour ?
«Hippocrate ditoui,Galien ditnan;» ce ne fut peut-être jamais
e cas de mieux appliquer ce dicton plus ou moins ironique à
l'adressa des médecins. Hippocrate dit que c’est la fièvre
dengue et non la grippe ; Galien prétend que c’est la grippe
et pas la fièvre dengue ; mêmes tergiversations à propos du
traitement; l’un dit qu’il faut do l’antipyrine, l’autre que l’an¬
tipyrine fait tout le mal, bref le public a encore pu* rire des
médecins à son aise ; ils ont prêté le flanc aux vieilles plai¬
santeries, toujours les mêmes, mais toujours vraies. Pour¬
tant, si l'on peut rire des Académiciens, nous ne pensons pas
que, quant au traitement du moins, on puisse avec raison
se moquer des médecins homœopathes, ou plutôt de l’bomœo-
pathie, dans cette circonstance; parce que, si les principes do
l'allopathie doivent laisser un doute quant aux moyens et aux
remèdes à employer, en choisissant dans l’arsenal de l’an¬
cienne école, si l’un peut défendre la méthode purgative que
l’autre condamne, si le premier peut prétendre, les meilleurs
auteurs en main, que la quinine doit guérir tandis que le deu¬
xième s’obstine à faire de la médecine expectante, l’homceopa-
thie, au contraire, enseigne à ses adeptes un traitement parfai¬
tement adapté à l’épidémie actuelle et voici comment :
le médecin homœopathe, en suivant les principes de notre
thérapeutique, doit d’abord faire un examen complet des
symptômes, et une fois ceux-ci bien annotés, il doit re¬
chercher quels sont les remèdes qui couvrent le mieux la
totalité des symptômes ; c’est ce que nous avons fait au début
de l’affection; elle se présente dans notre pays sous trois formes
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— 291 —
qui ont été très bien distinguées par notre confrère le D'Cri-
quelion dans une lettre qu’il nous écrivait il y a quelques jours
et dont voici un extrait : ,
« Nous avons ici une épidémie de grippe très, étendue et
elle présente des caractères divers.
« Il y a une forme catarrhale, la plus rare, la moins bien
caractérisée et la plus opiniâtre ; je prescris bryonia et
arsenic. ,
« Il y a ensuite une forme avec une céphalalgie plus intense
et très pénible, un sentiment de brisement et d’accablement
excessifs. La fièvre est moins marquée. Cette forme pourrait
être appelée la forme névropathique.
« Enfin nous avons d’autres cas où la fièvre est plus intense,
avec beaucoup d’accablement aussi, mais où il y a une hébé¬
tude bien marquée avec grande tendance au sommeil : c’est
une sorte d’état typhique, en apparence, où il y a quelque
chose de septique; c’est, à notre avis, la forme typhique do
l’affection. Ces cas se résolvent assez vite, généralement au
bout de 48 heures, sauf ceux à forme catarrhale qui sont plus
opiniâtres et qui n’ont pas le caractère de la vraie grippo.
« L’épidémie actuelle présente donc uno allure bien nette,
bien franche, bien caractérisée, mais avec dos formes diverses
cependant, où les traits distinctifs de la grippe sont bien
accusés. Après quelques heures de lassitude et de frissons,
l’on est pris d’un brisement général et de céphalalgie qui vous
forcent à vous mettre au lit ; la fièvre monte, l’on ne peut
rester debout, la face devient rouge et tuméfiée, mais sans
fash; le mouvement et le travail intellectuel deviennent
excessivement pénibles : l’on est comme immobilisé, ne
demandant que le repos, le demi-jour et le silence.
. « Après 24 heures de cetétat, sous l’influence d’un traite¬
ment approprié, une sueur abondante s’établit et amène la
résolution de toute la maladie ; c’est la forme la plus commune
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— 292 —
et que j’ai observée surtout au début de l’épidémie ; elle est
la plus courte et ne présente presque pas de convalescence.
« La lorme catarrhale est moins intense, elle affecte, je
crois, les sujets prédisposés aux affections bronchiques ou déjà
en puissance de catarrhe ; son début est moins brusque et sa
terminaison moins rapide; les symptômes de prostration ne
durent pas plus longtemps que dans la première forme, mais
la toux résiste et dure plusieurs jours.
« J’ai obsqrvé aussi une forme bilieuse, moins fréquente
que les deux autres, avec vomissements jaunâtres, filants,
huileux; céphalalgie, brisement, courbature,* fièvre avec
grand sentiment de faiblesse et besoin de rester couché ; elle
ressemble beaucoup à la forme soporeuse.
« Les récidives sont fréquentes ; il en est qui se sont pro¬
duites jusque trois fois en dix jours : ces malades n’avaient
été soumis à aucun traitement. J’ai observé des sujets pré¬
sentant des douleurs de ligature aux quatre articulations des
poignets et des malléoles. J'en ai vu chez qui la douleur du
brisement d’os était telle que j’ai dû prescrire eupatorium
perfoliatum.
« J’ai habituellement donné bryonia et arsenic; j’y ai
joint quelquefois eupatorium, et aussi baptisia dans des
cas rares où lës phénomènes gastro-hépatiques, avec de la
stupeur bien marquée, me semblaient l’indiquer. Dans bon
nombre de cas, il était facile de reconnaître un élémont infec¬
tieux qui donnait à la maladie un véritable caractère de
septicémie. »
J’ai peu de choses à ajouter à cotte symptomatologie, si
précise de notre confrère; je dois seulement dire que j’ai vu
quelques cas, assez rares il est vrai, où les symptômes du tube
digestif paraissaient prédominants, mais toujours plutôt sous
forme de névralgie : crampes d’estomac, entéralgie, névral¬
gie lombo-abdominale, etc. Lorsque le tube digestif n’a pas
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— 293 -
été troublé par l’un ou l’autre de ces remèdes conseillés par
les feuilles politiques, purgatifs, quinine, antipyrine, on peut
dire que les symptômes gastro-abdominaux sont très rares
dans cotte épidémie. Enfin il y a quelques cas où d’autres
muqueuses que la muqueuse des voies respiratoires sont
atteintes ; ainsi, par exemplo, il y a eu des symptômes du côté
de l'oreille, un catarrhe de l’oreille externe ou bien do la
muqueuse buccale avec salivation abondante et épaisse.
C’est surtout dans les symptômes spéciaux, caractéristi¬
ques qu’il faut chercher le choix du remède, et ce qui nous a
frappé dans les plaintes des malades, c’est le sentiment de
froid qu’ils sont unanimes à accuser :
« Docteur j’ai toujours froid, dès que je me bouge je sens
que le froid m’envahit; — on dirait qu’on me verse de l’eau
froide sur le dos ; — dés que je me bouge on dirait que je
prends froid; — quand je soulève les couvertures du lit il me.
semble que le froid pénètre sous ces couvertures, etc., etc. »
Ainsi s’expriment des malades qui ont souvent, si pas toujours,
39 1/2 à 40> centigrades; du froid, toujours du froid, sans
frissons proprement dit, c’est-à-dire sans secoussos froides
accentuées, sans claquements de dents, sans sentiment do
chaleur gênante après la sensation de froid ; c’ost celui-ci qui
prédomine. Ce symptôme du froid prédominant est accusé par
tous les malades, quelle que soit la forme de la maladie; c’est
la vraie caractéristique des symptômes. Or quels sont les
remèdes antifébriles ayant dans leurs symptômos un senti¬
ment de froid si prédominant? On pourrait en trouver plu¬
sieurs, tels que : aconit, arnica, dulcamara, baptisia ,
veratrum viridc, colocynthis, etc., mais aucun d’eux
ne présente ce symptôme de froid constant au même point que
la bryone. Dans les généralités que Hahnemann a placées à la
tête de quelques-unes de ses admirables pathogénésies, il
caractérise parfois en quelques mots la physionomie spéciale
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f
294
d'un médicament. Il en résume en quelque sorte le caractère ;
or voici ce qu’il dit de la bryone : « la fièvre de la bryone
est toujours accompagnée de fy'oid » et plus loin : « dans
la fièvre de la bryone, le froid prédomine , » C’est le
coup de griffe de l’observateur de génie ; il ajoute aussi
que la plupart des symptômes de la 1 bryone sont aggravés par
le mouvement, c’est la raison pour laquelle le mouvement
dans l’influenza redouble la sensation do froid ; le moindre
mouvement ravive les douleurs, la moindre secousse de latête
redouble la céphalalgie ; la toux redouble quand le malade se
bouge ou veut parler. La bryone , d’après la loi des sem¬
blables, doit donc être un excellent remède dans l’épidémio
actuelle, et, en réalité, la bryone fait merveille chez les
taalades ; dès qu’ils en ont pris pendant quelques heures, le
Soulagement est considérable, le mouvement fébrile diminue,
èt souvent, cesse complètement au bout de 24 heures.
Mais un grand nombre de malades accusaient aussi une
faiblesse énorme, un abattement considérable et une soif
inextinguible ; tous les médecins homœopathes savent que ces
deux symptômes sont du ressort de Y arsenic ; aussi fallait-il
souvent alterner bryone et arsenic ; on peut dire que ces
deux médicaments sont les remèdes cardinaux do l’épidémie ;
à eux seuls, ils guérissent presque tous les cas, sans qu’on
voie de complications (1), Comme on peut le lire dans la lettre
de notre confrère, le D r Criquelion, ce sont ces deux remèdes
(1) Nous avons donné des soins et des conseils à plus d’un millier
de malades, et nous n’avons eu qu'un seul décès à enregistrer, tout au
début de l’épidémie : un vieillard épuisé par une maladie antérieure a été
atteint d’une pneumonie double qui l'a emporté ; quant aux complications
de bronchite, etc., nous n’en avons presque pas rencontrées. Règle géné¬
rale, nous n’avons dû rendre qu’une seule visite à chaque malade et nous
en avons soigné un grand nombre uniquement par correspondance :
bryone , arsenic , phosphore , mercure , sont pour ainsi dire les seuls
remèdes que nous ayons employés.
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r
i
— 295 —
qu’il a choisis pour guérir ses malades ; nous avons reçu à
propos de l’épidémie dés lettres de plusieurs de nos confrères,
et tous nous apprenaient que c’était à bryone alterné avec
arsenic qu’ils avaient recours ; nous ne doutons pas que ces
deux remèdes ont formé le fonds du traitement de la plupart
des homœopathes du monde entier, et que c’est grâce à eux
qu’un grand nombre de malades ont été guéris.
Quelle différence avec nos confrères de l’ancienne école :
autant de médecins, autant de traitements. Ceci rappelle un
peu ce qui s’est passé lors do l’invasion du choléra ; interrogé
par ses disciples, au sujet de cetto maladie inconnue alors,
Hahnemann leur répondit simplement : adressez-moi une des¬
cription exacte des symptômes présentés par les ma’ades je
consulterai les pathogénésies, et je trouverai los remèdes. On
envoya au Maître une description oxacto du choléra et de ses
différentes formos et il désigna sans hésitation veratrum,
arsenic, cuprnm et camphora, qui sont, aujourd’hui encore,
les principaux remèdes du choléra ; c’est grâce à eux que les
médecins homœopathes obtinrent de si brillants succès dans
le traitement do cette terrible maladie.
Dans l’épidémie actuelle, les remèdes cardinaux sont donc
bryone ot arsenic alternés. Dans certaines complications,
telles que la toux et le catarrhe bronchique, il faut y adjoindre
parfois phosphore, belladone ou hepar\ c’est en agissant ainsi
que nous avons eu la chance de guérir les nombreux mala¬
des qui ont réclamé nos soins ; au bout de peu de jours, ils
étaient sur pied; souvent nous n’avons rendu qu’une seule
visite à la plupart d’entre eux, tellement le résultat fut
prompt. Chez ceux qui avaient tardé quelque peu à réclamer
nos soins, ou qui avaient cru bien faire en employant, qui des
purgatifs, qui de l’antipyrine ou de la quinino, l’affection
traîna en longueur et présenta des complications plus ou
moins variables; chez un grand nombre do ceux qui avaient
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296 —
eu recours à ces remèdes à dose massive, nous avons con¬
staté un développement du foie et de la rate comme dans
l'empoisonnement paludéen, il y avait souvent un petit mou¬
vement fébrile quotidien et un frissonnement presque con¬
stant; chez ceux-lè nous ajoutions mercure aux deux autres
remèdes, bryone et arsenic , et presque toujours la convales¬
cence arrivait rapidement.
D r Martin y.
Cette communication donne lieu à une nouvelle dissertation
entre les confrères présents, puis Ton passe au dernier objet
à l'ordre du jour, le Renouvellement du bureau .
Sont élus à Tunanimité :
Président. — M. le D r Soutin.
Secrétaire. — M. le D r Van Blaeren.
Le D r Criquelion, qui vient d’avoir l’immense douleur de
perdre sa mère, n’assistait pas à la séance et avait adressé
les quelques lignes suivantes, résumant les travaux de la société
pendant l’année do sa présidence:
Avant de céder la basane de la présidence à l’excellent
confrère que vous allez désigner, permettez-moi de jeter un
coup-d’œil sur l'année sociale écoulée, et de vous rappeler
les principaux travaux qui nous ont occupés pendant nos
séances.
Mais, avant toute chose, rendons un hommage mérité à la
mémoire du regretté docteur De Mulder, que nous avons vu
s’éteindre pendant cette année, malgré les soins dévoués do
nos plus savants confrères ; mais la Parque avait marqué sa
victime et coupé trop tôt la trame de ses jours. C’était un
grand cœur, un excellent confrère, le vir probus ac humd -
nus. Son tact médical et son sens pratique étaient appréciés
de ses confrères et de ses malades.
Parmi les mémoires qui nous ont été soumis, signalons
tout d’abord le traité : Le bord de la mer , do notre distiu-
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- 297 —
gué confrère, le docteur Martiny. C’est le travail le mieux
pensé et le plus-pratique qui ait été écrit sur la matière. Une
exposition claire, méthodique et complète des lois qui régissent
le séjour au bord de la mer pour toutes les catégories de
personnes: les enfants, les adultes, les vieillards, comme
aussi les personnes malades et les gens bien portants, s’allie
à un style clair, simple, concis, d’une lecture attachante,
d’une compréhension facile et dont toutes les idées se fixent
facilement dans la mémoire, tant elles sont naturelles et
logiques, au point qu’il somble qu’on en aurait bien dit autant.
Ce travail est à lire et à méditer par les médecins, les
malades et les gens du monde; ils y trouveront des règles
précieuses pour arranger leur séjour sur nos plages, dans
nos stations maritimes ; vous y trouverez dés aperçus ingé¬
nieux, notamment ceux qui concernent le scorbut.
Je rappellerai ensuite le compendium si complot de
MM. Seutin, père et fils, sur le tabac\ ce travail de longue
haleine est un véritable réquisitoire contre l’abus d’une sub¬
stance nocive au premier chef, dont les effets nuisibles sont
exposés fort en détail avec un grand nombre de faits à
l’appui, démontrant à l’évidence l’action délétère de ce poison
sur nos organes, nos appareils et nos fonctions. Nous y
voyons les troubles funestes d’ordre matériel, d’ordre moral
et intellectuel que la plante de Nicot produit sur beaucoup
d’organismes, et s’il en est quelques-uns qui paraissent pré¬
senter une certaine immunité contre l’usage de ce poison, et
ceci tient à une loi très importante de réceptivité et de prédis¬
position définie, il n’en est pas moins vrai que le plus grand
nombre en éprouvent les influences fâcheuses d’une façon
plus ou moins prononcée. Les auteurs y voient presque un
danger social ; ils y trouvent une cause puissante de la déca¬
dence physique et morale qui marque notre époque. Si cette
conclusion parait un peu forcée, il est néanmoins certain que
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le nicotinisme a, pour une bonne part, enrichi les annales de
la criminalité en faisant naître des hallucinations, des idées
délirantes et des impulsions maladives. Ce travail devrait être
lu et retenu par tous les fumeurs.
Signalons aussi l’intéressant travail do notre confrère
Lambreghts sur Malnga, son climat, son endémiologie et
l’établissement, dans cette ville, d’un dispensaire homœopa-*
thique qu’il organisa et qui acquit bien vite une grande vogue.
Un point que j’ai signalé et qui mérite une plus longuo
étude, est celui de la diététique contemporaine et l’oxcès
d’une nourriture trop animalisée et trop alcoolisée ; j’ai
appelé aussi l’attention sur l'emploi de syzygium jambola-
num dans le diabète sucré, d’une guérison rapide et complète
sans le secours d’un régime trop sévère.
Notons encore les lectures si pleines d’humour et de bon
sens pratique du docteur Martiny sur les étrangetés, pour ne
rien dire d’injurieux, de la pratique allopathique; il nous
fait toucher du doigt ses contradictions et ses défaillances,
ses audaces et son manque de principes ; il nous montre Peter
et Germain Sée démolissant les vieux fondements de la méde¬
cine officielle et n'édiflant rien de nouveau; il nous fait passer
sous les yeux les victimes et les martyrs des vieilles pra¬
tiques humorales et organiciennes, et nous fait regretter que
l’immortel Molière ne revienne pour flageller, avec sa mor¬
dante verve, les ridicules do la médecine d’aujourd'hui.
Rappelons aussi la discussion sur l 'emploi des moyens
externes et des palliatif s qui n’a pas été longue, car tout le
monde s’est trouvé d’accord pour n’accepter ceux-ci que
comme un pis-aller; la question de l’emploi d’agents homœo-
pathiques par les voies externes a été réservée.
Je terminerai ce rapide exposé en rappelant le travail à
peino commencé du docteur Van Blaeren, sur l'opportunisme
dans le traitement des névralgies, travail qui parait devoir
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— 899
être très original, et qui provoquera sans doute d’intéres¬
santes discussions.
Le D r Seutin remercie l’Assemblée de l’honneur quelle lui
fait en le nommant Président et s’engage à faire tout ce qu’il
pourra pour contribuer au développement et au progrès de
l’Association.
La séance est levée à 5 heures.
Le tabac (1) ,
par MM. Em. Sbutin, Ph n , et le D f L. Seutin, à, Bruxelles.
Nous avons dit plus haut que le tabac produit la folie ; des
recherches faites récemment en France viennent confirmer
entièrement cette vérité.
Dans les cinq départements où l’on fume le plus, Nord,
Pas de-Calais, Meurtheet Moselle, Bouches-du-Rhône, Alpes-
Maritimes, eu égard au chiffre de la population, la moyenne
de la consommation du tabac par habitant est d’un kilo¬
gramme 762 grammes et le chiffre des aliénés s’élève à 769
par département.
Dans cinq départements où l’on fume le moins : Aveyron,
Lozère, Dordogne, Haute-Loire, Charente, on relève
408 grammes par tête et 288 aliénés seulement par départe¬
ment. Si l’on soustrait ces deux nombres, on trouvera que le
chiffre des aliénés, dans le département où l’on fume le plus,
est presque trois fois plus considérable que dans les dépar¬
tements où l’on fume le moins.
Cette différence pour chaque départotnent répond à
481 aliénés.
Ce résultat est conforme du reste aux investigations qui
(1) Suite . Voir volume précédent et volume courant, pages 9, 40, 73,10d
136, 169,209,232 et 269.
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ont été faites antérieurement par Messieurs les docteurs Joly,
Moreau de Tours, Docroix et bien d’autres encore.
Qu’on veuille bien maintenant nous permettre d’adresser
ici quelques sages conseils à cette belle jeunesse, d’autant plus
intéressante que c’est sur elle que reposeront désormais
toutes les espérances de l’avenir.
Nous lui dirons donc : Ne contractez jamais de fâcheuses
habitudes, cellç du tabac moins que toute autre, car, quand
on se l’est donnée, on n’en, devient que trop souvent le vil
esclave, ce qui peut être la cause des plus vives souffrances,
si l’on se trouve dans des conditions spéciales qui ne permet¬
traient pas de la satisfaire. A ces jeunes gens, nous leur
dirons encore : Aimez la bonne est saine morale ; pratiquez
surtout toutes les belles vertus qu’elle nous enseigne, bonté,
bienveillance, charité, délicatesse, tempérance, chasteté,
amour du travail ; ces bonnes et aimables qualités qu’elles
soient toujours vos précieuses et bienfaisantes compagnes ; elles
seules pourront vous donner la force et l’énergie nécessaires
pour surmonter bien des obstacles, et triompher de bien des
périls ! Ah ! n’en doutez pas, elles constitueront pour vous de
précieux palladiums, qui sauront vous protéger et vous dé¬
fendre ; avec elles encore, vous deviendrez des jeunes gens
d’élite, privilégiés, et sur vos traits on lira je ne sais quoi
do viril, de noble et d’élevé, qui n’échappe pas à un œil
exercé.
Quant aux malheureux jeunes gens pour qui la morale n’est
qu’un vain mot, et qui se laissent entraîner k tous les excès
et du tabac et de la boisson et do la volupté, qu’ils le sachent
bien, ils ne tarderont pas à en payer les tristes conséquences.
Bientôt, leurs visages blêmes, pâles, amaigris et leurs teints
cachectiques viendront les avertir que déjà ils se sont ino¬
culé les germes des maladies les plus tristes et parfois les
plus rodoudables !
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_ 301 —
Ah ! qu’il abandonnent au plus vite la triste ornière qu’ils
ont suivie jusqu’à ce jour : elle ne peut que leur être fatale,
car elle les conduit sûrement à l’abîme.
Jeunes gens, no l’oubliez jamais, et soyez constamment sur
vos gardes, car vous vous trouvez en présence de trois mé¬
chants ennemis, tabac, alcool, libertinage ! Que d’innom¬
brables victimes n’ont-ils pas déjà précipitées dans la tombe!
Rappelez-vous encore que ces mauvais génies ne s’unissent
entre eux que pour mieux vous atteindre dans ce que vous
avez de plus cher au monde ; d’abord, dans vos santés si pré¬
cieuses, et puis encore dans vos plus nobles facultés morales
et intellectuelles !
S’il eu est parmi vous qui ont eu le malheur de se laisser
entraîner à leurs fallacieuses séductions, qu’ils aient du
moins la force et le courage d’y renoncer, et qu’ils se
hâtent pendant qu’il en est temps encore, à s’engager dans
la voie qui leur est tracée par le devoir.
C’est la seule vraie, la seule qui conduise au but, la seule
encore qui puisse donner la paix et le bonheur ! Mais tenir ce
langage, n’est-ce pas nous écarter de notre sujet? Non, il s’y
rattache d’une manière complète, mais en admettant qu’il y
ait digression, si nous l’avons faite, c’est à cause du grand
attachement et de tout l’intérêt que nous portons à la jeu¬
nesse, à cette jeunesse que nous voudrions voir grande,
noble et digne; mais cette triple auréole elle ne se la donnera
qu’à une.seule condition, c’est qu’elle soit morale. Il le faut
dans son propre intérêt, il le faut dans l'intérêt de l’humanité
toute entière, il le faut encore dans l’intérêt des destinées
futures, il le faut encore dans l’intérêt de la chère et bien
aimée patrie.
Maintenant, terminons ce travail en rappelant ici l’opinion
d’un grand nombre d’hommes illustres sur le tabac.
Napoléon le Grand disait que l’habitude de fumer est un
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plaisir, qui n’était bon qu’à désennuyer lès fainéants. Mais
Napoléon prisait, non pas dans sa tabatière, il n’qn portaitpas,
mais bien dans colle d’autrui.
■ Chaque siècle, a dit l’immortel auteur de Y Esprit des lois, a
sa folie aussi bien que ses mœurs dont aucun peuple n'a pu
encore s’affranchir, et comme triste exemple do< cette vérité
qui se passe sous nos yeux,n’est-ce pas une véritable folie que
cette aberration de mœurs où l’on voit des populations en¬
tières, puis la famillo et la société, déserter le foyer domesti¬
que, pour courir au plus délétère, au plus perfide des poisons,
à un poison qui s’attaque à la fois à la santé, à l’intelligence,
à la fortune, au sort physique et moral de l’homme, à tou»
les intérêts sociaux, même à l’existence politique d’une na¬
tion ; et n'est-ce pas la pire de toutes les folies quo cello
qui a pu entraîner ainsi tout un peuple à se suicider par le
poison !
N’est-il pas douloureux, en effet, de voir toutes les force»
vives d’un pays annihilées jusque dans les rangs des élites
mêmes de la population ?
Que de soldats qui contractent des névralgies,que d'officiers
de tout grade qui perdent insensiblement la mémoire, les
qualités brillantes de4’esprit, l’habitude et l’amour du tra¬
vail par l'abus de la pipe, des cigares et de la cigarette ! La
majorité des officiers d’élite ne saurait se recruter dans les
tabagies si chères et si agréables à messieurs les fumeurs.
Quant à la bravoure militaire, il y a des hommes éminents
qui aiment à croire et à penser qa’elle est à l’abri des
atteintes de la nicotine ; nous le désirons bien vivement,
mais nous sommes convaincus qu’ils se laissent entraîner
à de décevantes illusions. L’audace, la force, le courage,
l'héroïsme, ne sont pas ordinairement les compagnons des
tristes nicotinés; mais n’insistons pas à ce sujet, et bornons-
nous à affirmer que les hommes éminents qui constituent les
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— 303 —
corps sayants des armées de terre et de mer sont Irop sou¬
vent les victimes du tabac... Les quelques déplorables exem¬
ples que nous avons cités dans le cours do ce travail, n’en
sont-ils pas des preuves tout à fait péremptoires ?
Nous avons dit plus haut l’opinion de Napoléon I er et de
Montesquieu sur le tabac. Donnons ici actuellement celles des
grands Maîtres de la littérature moderne ; presque tous
l’avaient en horreur. Citons-en seulement quelques-uns, car
toute la liste en serait trop longue : Dumas père, Michelet,
Victor Hugo, Balzac. Ce dernier n’hésitait pas à déclarer
que le tabac détruit le corps, attaque l'intelligence et hébète
les nations.
Parmi les auteurs contemporains, on peut dire que si
l’usage du tabac est presque universel, on peut ajouter égale¬
ment que la liste de ses victimes est déjà bien longue. Sur
cette liste figurent Augier, Dumas fils, Coppée, Zola, Octave
Feuillet, etc., etc.
M. Decroix, le président si dévoué, si généreux, de la
Société contre l’abus du tabac, qui a son siège à Paris,
rue Jacobs, 38, avait écrit à chacun de ces illustres littéra¬
teurs pour leur demander leur avis sur l’usage du tabac.
M. Augier fit une courte réponse, mais catégorique : Tout
ce que je puis vous dire, c’est qu'après avoir fumé pendant
quarante ans, j’ai renoncé à cette douce intoxication qui me
conduisait trop vite au bout du fossé.
M. Dumas fils, pour conserver la santé, a dû également
renoncer au tabac. Il n’hésite pas à dire que l’alcool et le
tabac sont les plus cruels ennemis de l’intelligence.
M. Zola ne peut supposer qu’il puisse avoir une influence
fâcheuse sur la littérature; il a même connu de grands écri¬
vains qui fumaient beaucoup et leur intelligence ne s’en por¬
tait pas plus mal; et puis, si le génie n’est qu’une névrose,
pourquoi vouloir la supprimer ? Il ajoute encore d’un
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ton badin, que la perfection est une chose si ennuyeuse,
que souvent il regrette de s’être corrigé du tabac.
Gomme on le voit, M. Zola se constitue ici le défenseur du
tabac. Ce rôle paraît étrange, bizarre, car depuis douze ans
M. Zola ne fume plus; cette abstention lui a été imposée
par son médecin pour le guérir d’une affection de cœur. Cette
affection n’a plus sans doute reparu. Aussi, depuis lors, il
est resté fidèle à la défense du docteur : il aimait le tabac,
mais il lui était prejudiciable, et il l’a courageusement aban¬
donné. Aussi, malgré ses prétendus regrets, il n’y reviendra
pas, car le tabac était son ennemi.
Mais n’importe, M. Zola a le cœur généreux, voilà sans
doute pourquoi non seulement il pardonne, mais va même
jusqu’à lui adresser un magnifique éloge.
Quant à M. François Coppée, il déclare qu’il est un grand
fumeur depuis l’âge de dix-huit à dix-neuf ans. J’en aurai
\ tout à l’heure quarante-sept. Je grille toute la journée des
cigarettes. Je me porte assez mal, c’est vrai, mais je n’ai
aucune raison d’attribuer ma médiocre santé au tabac, que
je considère jusqu'à preuve du contraire comme un excitant
au travail et au rêve, et pour h poète ces deux mots sont
synonymes.
Nous ne ferons aucune réflexion sur la réponse de l’illustre
poète, mais comme il avoue qu’il se porte assez mal, il vou¬
dra bien nous permettre de lui donner un tout petit conseil :
c’est de ne plus griller autant de cigarettes, et s’il pouvait
ne plus en griller du tout, ce serait bien mieux encore.
Par l’abstention complète, ne pourrait-il pas, comme tant
d’autres, récupérer peut-être le bien le plus précieux, la
santé, qui vaut bien qu’on lui sacrifie quelques tristes et
perfides cigarettes, qui trop souvent sont la cause de pénibles,
fâcheuses et parfois des plus redoutables maladies ?
(A continuer .) Em. Seutin, ph® et D r L. Seütin.
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REVUE DES JOURNAUX IIOHŒOPATSIQUES DE FRANCE
par le D p Schepens de Garni
A propos de la contagion de la pneumonie
par le D r P. Jousset
Autrefois, sous l’empire de la doctrine de l’irritation, il n’y
avait plus de maladies contagieuses ; aujourd’hui, sous le
régime de la doctrine microbienne, toutes le sont.
Aujourd’hui, les maladies reconnaissent pôur cause un
microbe spécial, pathogène, inoculable et reproduisant sur
les animaux une maladie semblable à celle qui lui a donné
naissance; on n’admet donc plus de maladies spontanées :
toutes sont contagieuses.
Au temps de Broussais, quand on niait absolument toute
contagion, les cliniciens réclamaient timidement contre cette
opinion trop radicale et ils citaient notamment les fièvres
éruptives si évidemment contagieuses ; mais ils étaient fort
mal reçus parles Maîtres du jour qui leur donnaient quelques
explications fort mauvaises ; mais dans ces temps-là, il fallait
bien s’en contenter.
Aujourd’hui, nous autres cliniciens, nous protestons aussi
contre cette étiologie de laboratoire qui confond l’inocu¬
lation de la contagion et veut faire plier tous les faits cliniques
sous les régies invariables d’un système. Nous ne croyons
pas que nos protestations seront mieux accueillies, mais nous
nous en consolons.
L’effondrement si complet de la doctrine de Broussais nous
montre ce qui reste après quelques années de ces systèmes
si savamment édifiés. A travers ces systèmes contradictoires,
la médecine clinique progresse chaque jour ; elle prend aux
systèmes les plus opposés ce qui est bon et repousse ce qui
est faux.
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— 300 —
Cos réflexions nous sont inspirées par la lecture du mémoire
do M. Netter sur la contagion do la pneumonie.
Cette idée, acceptée aujourd’hui par quelques Maîtres de la
science contemporaine, repose uniquement sur ce fait que la
pneumococcus est un microbe constant dans l’hépatisation
pulmonaire ; que co microbe est pathogène, c’est-à-dire qu’il
peut être cultivé et reproduire la pneumonie chez certains
animaux. Voilà les faits expérimentaux incontestés sur
lesquels l’école microbienne appuie son opinion de la conta¬
gion de la pneumonie ; examinons maintenant son argumen¬
tation.
Il n’y a pas de pneumonie sans microcaque dans lo poumon
hépatisé ; le microcoquo injecté dans les poumons des souris
et des lapins, produit la pneumonie ; donc, d’après l'école
microbienne, la pneumonie est une maladie infectieuse pro¬
duite par un microbe venu du dehors et jamais la pneumonie
n’est spontanée, mais se développe toujours par contagion.
Remarquons d’abord que le pneumocoque inoculé dans la
plèvre produit la pleurésie, dans le péritoine, la péritonite,
dans les fosses nasales, la méningite, etc., enfin qu’il existe
sans rien produire du tout dans la salive d’un grand nombre
de sujets ; d’oü l’on peut concluro que le pneumocoque est
une cause qui produit des effets différents et qui même parfois
n’en produit aucun ; que, par conséquent, ce n’est pas une
cause dans le sens rigoureux du mot, mais un instrument
propre à pro luire la pneumonie dans des conditions déter¬
minées. Il résulte de ces faits que le pneumocoque inoculé
est la cause instrumentale de la pneumonie, mais on n’a pas
fourni la preuve expérimentale que le pneumocoque puisse
être un agent de contagion et encore moins que la pneumonie
ne puisse naîtro spontanément. Il ne suffit pas de dire : il y a
des pneumocoques dans l’hépatisation, donc l’hépatisation
est causée par les pneumocoques, Si les pneumocoques
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— 307 —
viennent de l'atmosphère, ne peuvent-ils pas se fixer sur le
poumon malade comme sur un bouillon de culture favorable,
de môme que les moisissures apparaissent dans des conditions
déterminées? Et s’ils naissent dans l'organisme, ne peuvent-ils
être produits de toutes pièces dans ^hépatisation?
Je sais que ces propositions paraissent scandaleuses et très
hétérodoxes, mais je ne trouve scandaleuses et hétérodoxes
que les conclusions précipitées et les convictions passionnées
et systématiques.
Examinons maintenant les démonstrations cliniques de
la contagion de la pneumonie.
Un malade atteint de diphthérie est transporté dans un
village, et soudain la diphthérie éclate dans ce village,
jusque-là indemne ; le clinicien conclut do ces faits souvent
répétés que la diphthérie est contagieuse.
Un navire arrive aux îles Feroë avec un mousse atteint de
la rougeole et dans cette île, où la rougeole n’avait pas été
observée depuis plus d’un demi-siècle, la rougeole éclate et *
atteint la presque totalité des habitants. Les cliniciens con¬
cluent que la rougeole est une maladie contagieuse.
C’est ainsi que l’observation de la propagation des mala¬
dies dans les centres isolés à démontré la contagion des fiè¬
vres éruptives, de la fièvre typhoïde, du choléra, etc.
Jamais malade atteint de fièvre intermittente transporté
dans un village où cette maladie n’est pas endémique n’a
détermine l’éclosion d’autres fièvres intermittentes comme le
font toujours la rougeole ou la scarlatine, et pourtant la fiè¬
vre intermittente est, elle aussi, une maladie infectieuse !
Pendant les sept ans que le Dr Jousset a exercé la médecine
à la campagne il n’a jamais observé un cas de contagion de
• pneumonie ; il exerçait dans un pays où les villages sont
éloignés les uns des autres de deux à trois kilomètres et qui
ne contenaient souvent que cinq ou six feux; il ne se souvient
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pas d’avoir jamais observé plus d'une pneumonie à la fois
dans un même village tandis que lorsque la fièvre typhoïde,
les fièvres éruptives, la diphthérie ou le choléra envahis¬
saient ces petits centres de population, un grand nombre, et
pour les fièvres éruptives tous les habitants qui n’étaient pas
préservés par une attaque précédente, étaient atteints.
Pendantles huit années de son externat et de son internat
dans les hôpitaux de Paris, le D r Jousset a vu très peu de cas
intérieurs de pneumonie et pendant l’année qu’il a passée
chez Martin Solon à l’Hôtel-Dieu il a recueilli et publié
40 observations de pneumonie dont aucune n’était intérieure.
A l’hôpital St-Jacques depuis dix-huit ans on n’a jamais eu de
cas de pneumonie par contagion. L’argumentation clinique
qui précède ne sera renversée ni par quelques observations
empruntées à la pratique Scandinave ou allemande, ni par des
exemples de contagion médiate dans les hôpitaux quand les
malades étaient des diabétiques, des phtisiques avancés ou
des typhoïdes,c’est-à-dire des malades prédisposés à la pneu¬
monie. On no peut pas non plus admettre avec M. Netter que
la contagion serait encore possible cinq ans après la pneu¬
monie ou encore par le contact avec une personne indemne
qui aurait été en communication avec quelqu’un ayant eu une
pneumonie depuis moins de cinq ans. Dans ces conditions on
ne comprendrait pas qu’on appelât un médecin dans une fa¬
mille car il porterait dans les poussières de son paletot
les microbes de la plupart des maladies. (Art médical,
avril 1889.) D r Schepens.
Un cas extraordinaire
par le D r Prokll, de Méran
L’hiver passé un banquier m’amena son fils, âgé de 13 ans, qui
souffrait tellement de mal de tête, et de faiblesse de mémoire,
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qu'il ne pouvait plus continuer ses études. Son médecin, un des
premiers allopathes d'ici, célèbre spécialiste dans les mala¬
dies de la poitrine et auteur d’articles scientifiques appréciés,
m'avait adressé ce garçon , avouant sincèrement qu’il ne
pouvait guérir ce mal de tête avec lourdeur, provenant d’une
insuffisance des valvules mitrales du cœur. Mon diagnostic fut
le même que le sien et je donnai 3 fois par jour kalmia lati-
folia l re dilut. cent. Après 3 jours, légère amélioration;
après 7 jours grande amélioration . Pendant 3 jours pas de
remèdes. Ensuite répétition de kalmia 2 e dilut., matin et soir.
Le mal de tête revient rarement. Kalmia 3 e , seulement
matin, pendant 7 jours. Guérison complète malgré la per¬
sistance de la lésion organique du cœur.
Cessation du remède après deux mois.
Maintenant (après 7 mois) le jeune homme continue ses
études sans le moindre obstacle. Mon confrère allopathe, qui
apprit cette guérison avec le plus vif intérêt, et auquel j’ai
montré la pathogénésie de kalmia , m’a promis de faire des
essais. D r Proëll.
BIBLIOGRAPHIE
Gomme nos confrères pourraient ne pas être au courant
des ouvrages sur l’homœopathie parus en Amérique, nous
croyons utile de publier ici le catalogue de la maison
F.-E. Boericke, de Philadelphie,
1890. — New catalogue of standard Homœpathic Publications.
— The Hahnemann Publishing House, 921, Arch Street, Phila¬
delphia.
Allen, Dr. Timothy F. A Handbooh of Materia Mediea and
Homœopathic Therapeutics. By Timothy Field Allen, À.M.,
M.D., LL.D., Professor of Materia Mediea and Therapeutics
in the New.York Homœopathic Medical College and Hospital.
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- 310 —
Pp.l ,165. Royal quarto. Sheep or half morocco, Doll. 15.00.
Allen, Dr. Timothy F. Thi Encyclopédie of Pure Materia
Medica; a Record of the Positive Effccts of Drugs upon the
Healthy Human Organism . With contributions frOm Dr. Richard
Hughes, of Englan 1 ; Dr. G. Hering, of Philadelphia ; Dr. Car-
roll Dunham, of New York; Dr. Adolpli Lippe, of Philadel¬
phia, and others. Ten volumes. Half morocco or sheep,
Doll. 70.00. Gloth, Doll. 60.00.
Allen, Dr. Timothy F. A General Symptom Register of the
Homœopathic Materia Medica . Pp. 1,331. Large 8vo. Half mo¬
rocco or sheep, Doll. 14.00. Gloth, Doll. 12.00.
Allen and Norton. Ophthalmic Therapeutics . See Norton’s
Ophthalmic Therapeutics.
Allen, Dr. William A. Reportory of the Symptoms of
Intermittent Fevsr. Arrangod by William A. Allen. Pp. 107.
12mo. Cloth, Doll. 1.00.
Allen, Dr. H. C. The Therapeutics of Intermittent Fever . By
H. G. Allen, M. D., of the University of Michigan. Second
édition, revise 1 and enlarged. Pp. 342. 8vo. Cloth, Doll. 2.75.
Arndt, Dr. H. R. A System ofMedieine, hased upon the Law
of Homœopathy. In three volumes, royal octavo. Yol. I, 960
pages; vol. II, 900 pages; vol. III, 900 pages. Price per
volume, bound in half morocco or sheep, Doll. 8.50; the com¬
plote work, Doll. 25.50. Price per volume, bound in cloth,
Doll. 7.50 ; the complote work, Doll. 22.50.
Baehr, Dr. B. The Science of Therapeutics according to the
Principles of Homœopathy. Translated and enriched with nume-
rous additions from Kafka and olher sources. By G. J.Hem-
pel, M. D. Two volumos. Pp. 1,387. Half morocco, Doll. 9.00.
Bell, Dr. James B. The Homœopathic Therapeutics of Dior -
rkea,Dysentery, Choiera, Choiera Morbus, Choiera Infantiim,
and ail other Loose Evacuations of the Bowels. By James B.
Bell, M. D. Third édition. Pp. 191. 8vo. Cloth, Doll. 1.50.
Berjeau, Dr. J. Ph. The Homœopathic Treatment of Syphilis ,
Gonorrhœa y Spermatorrhœa , and Urinary Diseases. Revised, with
numerous additions. By J. H. P. Frost, M. D. Pp. 256. 12mo.
Gloth, Doll. 1.50.
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Google
— 311 —
Boericke and Dewey, Drs. Wm. A. and W. A. The
Tioelve Tissue Remedies of Schüssler, comprising the Theory,
Therapeutical Application, Maleria Medica, and a Complote
Repertory of these Remedies. Arranged and compiled by
William Boericke, M. D., and W. A. Dewoy, M.D. Second
revised édition ready before spring. Pp. —. 8vo, Cloth,
Doll. 2.50.
Brigham, Dr. Gersham N. Phthisie Pulmonalis, or Tube r-
eülar Consumption. Pp. 224. 8vo. Cloth, Doll. 2.00.
This interesting work on a subject which has been the
« Opprobium Medicorum * for générations past, ha9 met with
a favorable réception at the bands of the profession. It is a
scholarly work and treats its subject frorn the standpoint of
pure Homœopathy.
Bryant, Dr. J. A Poehet Marnai, or Repertory of Homœopalhic
Medieine, Alphabetically and Nosologically arranged, which
may be used as the Physiciens’ Vade-mecum, The Traveler’s
Medical Companion, or the Family Physioian. Containing
the Principal Remedies for the most important Diseaaes ;
Symptoms, Sensations, Characteristios of Diseases, etc.; with
the Principal Pathogenetic Effects of the Medioinea on the
moçt important Organs and Functions of the Body, together
with DiagnosU, Explanation ofTechnical Terni, Directions
for the Sélection and Exhibition of Remedies, Rules of Diet,
etc. Compiled from the best Homœopathic authorities. Thlrd
édition. Pp. 352. 18mo. Clth, Doll. 1.50.
Burnett, Dr. J. Corapton. Essaye : Ecce Medicus; Natrum
Muriaticum; Gold; The Causes of Cataract; Curability of
Cataract; Diseases of the Veins; Suporsalinity of theBlood.
Pp. 296. 8vo. Cloth, Doll. 2.50.
Butler, Dr. John. Eleetricity in Surgery. Pp. 111. 12mo.
Cloth, Doll. 1.00.
Butler, Dr. John. A Text-Book of Eleetro^Therapeutios and
Eleetro-Surgery. For the Use of Students and General PractU
tioners. By JohnButler.M. D., L.R.C.P.E., L.R.C.S.I., etc.,
otc. Second édition, revised and enlarged. Pp. 350. 8vo.
Cloth, Doll. 3.00.
Digitized by kjOOQle
Cleveland, Dr. C. L. Salient Matériel Mcdiea and Therapeu-
ties. By G. L. Cleveland, M. D., Leelurer on Materia Melica
in the Homœopathic Medical College,Cleveland,Ohio. Pp. 160.
Small 8vo. Cloth, Doll. 1.25.
Dunham, Carroll, A. M., M. D. Homœopathy the Science
of Therapeutics. A collection of papers elucidaling and illustra-
ting the principles of Homœopathy. Pp. 529. 8vo. Half mo-
rocco, Doll. 4.00; Cloth, Doll. 3.00.
Dunham, Carroll, A. M., M. D. Lectures on Materia Medica ,
Pp. 858. 8vo. Half morocco, Doll. 0.00; Cloth, Doll. 5.00.
Edmonds, Dr. W. A. A Treatise on Diseuses PecuUar to
Infants and Children. By W. A. Edmonds, M. D., Professor
of Pædology in lhe St. Louis Homœopathic Collegoof Physi-
cians an l Surgeons, etc. etc. Pp. 300. 8vo. Cloth, Doll. 2.50.
Eggert, Dr. W. The Homœopathic Therapeutics of Uterine and
Vaginal Discharges. Pp. 543. Svo. Half morocco, Doll. 3.50.
•Farrington, Dr. E. A. A Clinieal Materia Medica. By
E. A. Farrington, M. D., Lato Professor of Materia Medica
in the Hahnemann Medical College of Philadelphia. Editerl
by Clarence Bartlett, M.D. Pp. 752. Cloth, Doll. 6.00. Half
morocco, Doll. 7.00.
Guernsey, Dr. H. N. The Application of the Principles and
Practice of Homœopathy to Obstetrics and the Disorders Pecidiar to
Women and Young Children. By Henry N. Guernsey, M.D
Professor of Obstetrics and Disçases of Women and Children
in the Homœopathic Medical College of Pennsylvania, etc.,
etc. With numerous Illustrations. Third édition, revised,
enlarged, and greatly improvod. Pp. 1004. 8vo. Half mo¬
rocco, Doll. 8.00. '
Guernsey, Dr. H. N. Key-Notes to the Materia Medica. As
taught by Henry N. Guernsey, M.D. Edited by Jos. C. Guern¬
sey, A.M., M.D. Pp. 267. Small 8vo. Cloth, Doll. 2.25.
Guernsey, Dr. E. Homœopathic Domestic Practice. With full
Descriptions of the Dose to each single Case. Containiug also
Chapters on Anatomy, Physiology, Hygiene, and abriged
Materia Medica. Tenth enlarged, revised, and improvod édi¬
tion. Pp. 653. Hali leather, Price, Doll. 2.50.
Digitized by AjOOQle
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Hagen, Dr. R. A Guide to the Cliniccd Examination of Pa¬
tients and the Dlagnosis of Diseuse. By Richard Hagen, MD.,
Privât docent to the University of Leipzig. Translaled from
the second revised and enlarged e iition, by G. E. Gramm,
M.D. Pp. 223. 12mo. Cloth, Doll. 1.25.
Hahnemann. Dr. S. Organon of the Art of Healing. By
Samuel Hahnemann, M.D. Aude Sapere. Fifth American édi¬
tion. Translated from the fifth German édition, by G. Wcs-
selhoeft. M.D. Pp. 244. 8vo. Cloth, Doll. 1.75.
Haie, Dr. E. M. Lectures on Diseuses of the Heurt. In three
parts. Part I. Functional Disorders of the Heart. Part II.
Inflammatory Affections ofthe Heart. Part III. Organic DiS-
eases of the Heart. Part IV. Materia Medica of Heart Remé¬
dies. Part V. Repcrtory of Heart Symptoms. Part VI. Mis-
cellaneous Papers on Disorders of the Heart. Third édition,
enlarged and improved, with a complété Repertory by Dr.
E. R. Snader. Pp. 478. 8vo. Cloth, Doll, 3.25.
Haie, Dr. E. M. Materia Medica and Spécial Therapsuties of
the New Remedies. By Edwin M. Haie. M. D., Professor of
Materia Medica and Therapeutics of the New Remedies in
Hahnemann, Medical College, Chicago, etc.. etc. Fifth édition,
revised and enlarged. In two volumes—Vol I. Spécial Sym-
ptomatology.With new Botanical and Pharmacological Notes.
Pp. 770. 8vo. Half morocco, Doll. 6.00; Cloth, Doll. 5.00.
Haie, Dr. E. M. Materia Medica and Spécial Therapeutics of
the New Remedies. By Edwin M. Haie, M. D. Vol. II. Spécial
Therapeutics. With idustralive cases. Pp. 901. 8vo. Half
morocco, Doll. 6.00 ; Cloth, Doll. 5.00.
Haie, Dr. E. M. Medical andSurgicçd Treatment of the Diseuses
ofWomen, especially those causing Sterility. Second édition.
Pp. 378. 8vo. Cloth, Doll. 2.50.
Hart, Dr. C. P. Diseases of the Nervous System. Being a
Treatise on Spasmodic, Paralytic, Neuralgic, and Mental
Affections For the use of Students and Practitioners of Medi-
cine. By Chas. Porter Hart, M.D. Pp. 409. 8vo. Cloth,
Doll. 3.00.
Hart, Dr. C. P. A Treatise on Intracranial Diseases. By
Digitized by AjOOQle
— 314 —
Chas. Porter Hart, M.D., Honorary Member of the College
of Physicians and Surgeons of Michigan, etc. Pp. 312. Svo.
Cloth, Doll. 2 00 ; The Author’s Neruous System, with above as
Supplément, bnund in one. Price, Doll. 4.00.
Hart. Dr. C. P. Therapeut'.cs of Nervous Diseases. By Chas.
Porter Hart. Pp. 268. Svo. Cloth, Doll. 2.00.
Helmuth, Dr. W. T. A System of Surgery. By Win. Tod
Helmuth, M.D. Fifth édition. Enlarged, ro-arrangod, revised;
many parts re-written, and much new rnatter addeJ. Illus-
trated with 718 woodculs. Bound in fail leatlier. Pp. 1111.
Royal 8vo. Doll. 9.00.
Helmuth, Dr. W. T. Supra-Pub'o Lithotomy. The High
Operation for St one—Epicystotomy—Hypogastric Lithoto¬
my—«The High Apparat us. * By Wm Tod Helmuth, M.D.,
Professor of Surgery in the X. Y. Hom. Med. College; Sur¬
geon to the Hahnemann Hospital and to Ward’s Island Ho-
mœopatliic Hospital, N. Y. 98 quarto pp-—8 lithographie
plates. Cloth. Doll. 4.00.
Heinigke, Dr. Cari. Pathogonatie Outlines of Homonpathic
Drugs. By Dr. Cari Heinigke, of Leipzig. Translated from
the German, by Emil Tiotzo, M.D , of Philadelphia. Pp. 570.
8vo. Cloth, Doll. 3.50.
Hering, Dr. Constantine. Condensed Materia Med'ca. Third
édition, more Condensed, Revised, Enlarged, and improved.
Editod by Dr. E. A. Farrington, Professor of Malcria Medica.
Pp. 960. Large Svo. Half morocco, Doll. 7.00.
Hering, Dr. Constantine. Domestie Physician. By Constan¬
tine Hering, M.D. Saventh American édition. Pp.464. Prioo,
Doll. 2.50.
Holcombe, Dr. W. H. How I beeamo a Homœopath An
interesting pamphlet of 28 pages. 8vo. Paper covor. Price,
Doll. 0.15; Per doz., Doll. 1.25.
Homoeopathic Poultry Physician (Poultry Veterinarian) ; or
Plain Directions for the Homoeopathic Treatment of tho most
Common Ailments of Fowls, Ducks, Geese, Turkeys, and
Pigeons, based on the autor’s large expérience, and compiled
from the most reliable sources, by Dr. Fr. SchrOter. Trans-
Digitized by LjOOQle
— 315 —
lated from the Germau. Pp. 83. 12rao. Cloth, Poil. 0.50.
Homœopathic Cookery. Second édition. Witk additions
bv the wifo of an American Homœopathic Physician. Dasi-
gned chiefly for the Usa of such Persons as are under Ho-
mœopathic Treatment. Pp. 176. Price, Doll. 0.50.
Hull’s Jahr. A New Manual of Homœopathic' Practice. Edited
wilh Annotations and Additions, by F. G. Snelling,M.D. Sixth
American édition. With an Appendix of the New Rertiodies,
by G. J. Hempel. M.D. In t\yo ' volumes. Vol. I, price,
Doll. 5.00. Yol. II, price, Doll. 4.00. the complété work,
2.076 pages, Doll. 0.00.
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verified Curative Indications in aclual cases of disease.
Translatod, with Notes and New Remédias, by G. J. Hempel,
M.D. Pp. 516, Doll. 3.00.
Jahr, Dr. G. H. G. The Homœopathic Treatment of Diseases
of Females and Infants at the Breast. Translated from tho
French, by C. J. Hempel, M.D. Pp. 422. Half leathor,
Doll. 2.00.
Jones, Dr. Samuel, A. The Grounis of a Homœopaih’s Faith.
Three lectures, delivered at lhe request of Matriculates of
the Department of Medicine and Surgery (Old School) of the
University of Michigan. By Samuel A. Jones, M.D., Professor
of Materia Medica, Therapeutics, and Experimental Patho-
gensy in the Homœopathic Medical College of the University
of Michigan, etc., etc. Pp. 92. 12mo. Cloth (per dozon,
Doll. 3), Doll. 0.30.
Johnson, Dr. I. D. Therapeutie Key. Sixteenth édition,
Pp. 400. Bound in flexible leather cover, Doll. 2.25, Bound
in cloth, 1.75.
Johnson, Dr. I. D. A Guide toHomœopathicPractice. Designod
for the Use ofFamilies and Private individuals. Pp. 494.
Cloth, Doll. 2,00.
Johnson, Dr. I. D. A Guide to Homœopathic Practice. Desi-
Digitized by UjOOQle
— 316 —
gned for (ho Use of Families and Priva te Jndividuals.
Translated into German. Pp. 463. Price, Doll. 2.OC.
Laurie and McClatchey. The Homœopath'c Domestic Méde¬
cine. By Joseph Laurie, M. D., Ninth American, from tho
Twenty-first English édition. Edited and rovised, with nume-
rous and important additions, and the introduction of the new
remedies. By R. J. McClatchey, M.D. Pp. 1044. 8vo. Hait
morocco, Doll. 5.00.
Lilienthal, Dr. S. Homœopathic TherapeuVcs. ByS. Lilien-
thal, M.D., formerly Professor of Clinical Medicine and Psy-
chology in the New York Homœopathic Medical College.
Third édition, revised, enlarged and improved. To be issued
before spring.
Lutze, Dr . A. Marnai of Homœopath'c Theory and Practice.
Designed for the use of Physicians and Families. Translated
from the German, with auditions by C. J. Hempel, M.D., From
the sixtieth thousand of the German édition. Pp. 750. 8vo.
Half leather, Doll. 2.Ô0.
Malan, H. Family Guide te the Adm’n'-.stratlon of Homœopathic
Pemedies. Pp. 112. 32mo. Cloth, Doll. 0.30.
Manual of Homœopathic Veterinary practice Designed
for ail kinds of Domestic Animais and Fpwls, prescribing
their proper treatment whon injured or diseased, and their
particular caro and general management in health. Second
and enlarged édition. Pp.684. 8vo. Half morocco, Doll.5.00.
Marsden, Dr. J. H. Handbooh of Practlcal Midw'fery, with
full Instructions for the Homœopathic Treatment of the Dis¬
cases of Pregnancy, and the Accidents and Diseases incident
to Labor and the Puerpéral State. J. H. Marsden, A.M..M.D.
Pp. 315. Cloth, Doll. 2.25.
Morgan, Dr. W. The Text-Booh for Domestic Practiee-, being
plain and concise directions for the Administration of Ho¬
mœopathic Medicines in Simple Ailments. Pp. 191. 32mo.
Cloth, Doll. 0.50.
Neidhard, Dr. C. Pathogenetlc and Clinical Repertory of the
most Prominent Symptoms of the Head, with their concomitants
and conditions. By Dr. C. Neidhard, formerly Professor of
Digitized by
Google
I
— 317 —
Clinical Medicino in the Homœopathic Medical College of
Pennsylvania. Pp. 188. 8vo. Clolli, Dell. 1.50.
Norton, Dr. Geo. S. Ophthalm'c I'herapeut'cs. B y Geo. S.
Nortop, M. D., Professoi’of Ophthalmology in the College of
the New York Ophthalmic Hospital, Senior Surgeon to the
New York Ophthalmic Hospital, etc.With an introduction by
Prof. T. F. Allen, M.D. Second édition. Re-written and re-
Y vised, with copious additions.Pp. 342.8vo.Cloth, Doll. 2.50.
Perkins, Dr. D. C. Th: Homéopathie Therapeut'es of Rheu-
matism and Kindred Diseases, with Notes, Suggestions, an 1 a
Complété Rcpertory. By D. C. Perkins, M.D. Pp. 180 8vo.
Cloth, Doll. 1.50.
Peters, Dr. J. C. A Treat's: on the Principal Diseases of the
Eyes. Based on The J. Rückert’s Clinical Expériences in
Homœopathy. Pp. 291. 8vo. Cloth, Doll. 1.50.
Raue, Dr. C. G. Spécial Pathology and Diagnostics, w'th The-
rapeutic Hints. By Dr. C. G. Raue. Third édition, i*e-written '
and enlarged. Pp. 1,094. Large 8vo. Half morocco or sheep,
Doll. 8.00.
Ruddock’s Stepping-Stones to Homœopathy and Health. New
American Edition, improved and enlarged by the addition of
the Tissue Remedies. By Wm. Boericke, M.D. Iii Press.
Reil, Dr. A. Monograph on Aconlte. Its Therapeutic and
Physiological Effects, together with its Uses, and Accurate
Statements derived from the various Sources of Medical Lite-
rature. By A. Reil, M.D. Translated from the German by
H. B. Millard, M.D. Prize essay. Pp. 168, Doll. 0.60.
Rush, Dr. John. Veterinary Surgeon. The Handbook to
Veterinary Homœopathy ; or, the Homœopathic Treatment of
Horses, Caltle, Sheep, Dogs, and Swine. From the London
édition. With numerous additions from the Seventh German
édition of Dr. F. E. Gunther’s « Homœopathic Veterinary ».
Translated by J. F. Sheek, M. D. Pp. 150. 18mo. Cloth,
Doll. 0,50.
Schæfer, Dr. J. C. New Marnai of Homœopathic Veterinary
Medicine. An easy and comprehensive arrangement of Dis¬
eases, adapted to the use of every owner of Domestic Animais,
Digitized by VjOOQle
— 318 -
and especially designed for the farmer living out of the reach
of medical advice, and showing him the way of treating his
sick Horsos, Cattle, Sheep, Swine, and Dogs in the most
simple, expéditions, safe,and cheap manner. Translated from
the German, witli numerous additions from other veterinary
manuals, by C. J. Hempel, M. I). Pp. 321. 8vo. Cloth,
Doll. 2.00.
Schiissler, Dr. Med. An Abbreviated Therapy; The Biochem : cal
Treatment of Diseuse. By Dr. Med. Schiissler, of Oldonburg.
Translated from tho Twelfth German édition by Dr. J. T.
O'Connor. Pp. 94. 12mo. Gloth, Doll. 0.90.
Sharp’s Tracts on Homœopathy, each, 5 cents ; per
hundred, Doll. 3.00.
N° 1. Wat is Homœopathy ?
N° 2. Tho defense of Homœopathy.
N° 3. Tho Truth of »
N° 4. The Sraall Dose of »
N° 5. The Difficulties of »
N° 6. Advantagos of »
N° 7. Tho principles of *
N° 8. Gontroversy on *
N° 9. Remédiés of »
10. Provings of »
N° 11. Single Medicines of *
N° 12. Gommon Sense of »
Sharp’s Tracts, complété set of 12 numbers, Doll. 0.50 ;
Bound, Doll. 0.75.
Small, Dr. A. E. Matinal of Uomœopathic Pratt'ce, for the
use of Families an 1 Private Individuels. Fifteenth enlarged
édition. Pp. 831. 8vo. Halfleathor, Doll. 2.50.
Small, Dr. A. E. Manuel of Homéopathie Practice. Tx*anslated
into German by G. J. Hempel, M.D. Eleventh édition. Pp.
643. 8ro. Gloth, Doll. 2,50.
Stapf, Dr. E. Additions to the Matsria Medica Para. Trans¬
lated by G. J. Hempel, M.D. Pp. 292. 8vo. Gloth, Doll. 1.50
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— 319
Taschenbuch der Homœopathie zumFam'V.on-Gcbrauch. Pp. 233.
12mo. Cloth, Doll. 0.73.
Tessier, Dr. J. P. Clinical Remarks conc.rning the Homœopa-
thie Treatment ofPneumonia, preceded by a Relyospectivo View
of the Allopathie Materia Medica and an explanation of the
HomœopaMiic Law of Cure. Translatcd by G. J. Hempel,
M.D. Pp. 131. 8vo. Cloth, Doll. 0.75.
Teste. A Homœopathic Treatise on the Diseases o/Children. By
Alph. Teste, M.D. Translated frora the French by Emma H.
Cote. Fourth édition. Pp. 345. 12mo. Cloth, Doll. 1.50.
Verdi,Dr. T. S. Maternity,a Popular Treatise for Young Wives
andttothsrs. By Tullio Suzzara Verdi, A. M.,M.D., of Washing¬
ton, D. C. Pp. 450. 12mo. Cloth, Doll. 2.00.
Verdi, Dr. T. S. Mothers and Daughters; Practical Studies
for the Conservation of tho Health of Girls. By Tullio Suzzara
Verdi, A.M., M.D. Pp. 287. 12mo. Cloth, Doll. 1.50.
Verdi, Ciro de Suzzara, M. D. Progressive Medielne: A
Scientific and Practical Treatise on diseases of the digestive
Organs and the complications arising therefrom. By Ciro do
Suzzara Verdi, M.D., lato Acting Assistant Surgeon at Bal-
four Hospital, Professor of Physiolog\ r and Pathology in the
Gleveland Homœopathic College for Women. Pp. 349. 12mo.
Cloth, Doll. 2.00.
Von Ta.gen.Biliary Calcul’,Perineorrhaphy,Hospital Gangrené,
and its Kindred Diseases. Pp. 154. 8vo. Cloth, Doll. 1.25.
Williamson, Dr. W. Diseases of Females and Children, and
their Homœopathic Treatment. Third enlarged édition. Pp. 256.
Cloth, Doll. 1.00.
Wilson, Dr. T. P. Speeial Indications for iwenty-five Remé¬
dies in Intermittent Fever. By T. P. Wilson, M.D., Professor
ofTheoryand Practice, Ophthalmic and Aurai Surgery, Uni-
vorsitÿ of Michigan. Pp. 53. 18mo. Cloth, Doll. 0.40.
Winslow, Dr. W. H. The Human Ear and its Diseases. A
Practical Treatise upon the Examinâtion, Récognition, and
Treatment of Affections of the Ear and Associate Parts, Pre-
pared for thé Instruction of Students and the Guidance of
, Physicians. By W. H. Winslow, M.D., Ph. D., Oculist and
Digitized by AjOOQle
— 320 —
Aurist to the Pittsburgh Homœopathic Hospital, etc., etc.,
with one hundred and thirly-eight illustrations. Pp. 526.
8vo. Cloth, Doll. 4.50.
Winterburn, Dr. Geo. W. The Value of Vaccination : A
Non-Partisan Review of its Hislory and Results. By George
William Winterburn, Ph. D., M.L). Pp. 182. Price, bound
in paper, Doll. 0.50; bound in cloth, Doll. 0.75.
Worcester, Dr. S. Reperlory to thé Modalities. In thoir Rela¬
tions to Température, Air, Witter, Winds, Weather, and
Seasons. Based mainly upon Hering’s Condensed Materia
Medica, with additions from Allen, Lippe, and Haie. Compiled
and arranged by Samuel Worcester, M.D., Salem, Mass.,
Lecturer on Insanity and its Jurisprudence at Boston Uni-
versity Schoolof Medicine, etc., etc. Pp. 160. 12mo. Cloth,
Doll. Ï.25.
Worcester, Dr. S. Insanity and its Treatment. Lectures on
theTreament ot Insanity and Kindred Nervous Diseases. By
Samuel Worcester, M.D. Pp. 262. 8vo. Cloth, Doll. 3.50.
On peut se procurer ces ouvrages dans les librairies et pharmacies
anglaises et américaines, et chez l’éditeur F. E. 80ERICKE,
P. 0. Box 709, à Philadelphie.
SOMMAIRE
Association centrale des homœopathes belges. —
Séance du 14 janvier 1890. 289
L’influenza et l’homœopathie, par le D r Martiny . . 289
Le tabac (Suite) par MM. Em. Seutin, Ph n et le D r Léon
Seütin, à Bruxelles ..299
Revue des journaux homœopathiques do France, par
le D r Schepens, de Gand.305
Un cas extraordinaire, par le D r Proéll, de Méran . 308
Bibliographie. 309
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
46* Année. FÉVRIER 1890. N°ll.
«MUE DES «AUX flOKEOPATHIQUES DE FRANCE
par le D r ScnerENS de Oand
De la goutte noueuse
par le D r P. Jousset
Malgré l’avis Contraire de Jaccoud et de quelqùes autres
auteurs, le D r Jousset considère l’arthrite noueuse oumaladie
d’Heberden comme une affection goutteuse.
Une femme de 50 ans atteinte de cette affection avait
passé par tous les hôpitaux de Paris sans y trouver le moin*
dre soulagement. La maladie, qui durait depuis plusieurs
années, avait amené la déformation des doigts et des genoux;
les douleurs étaient très vives, surtout la nuit.
Le china, la bryone, le colchique, l 'aconit et Viodurs
de potassium ont absolument échoué. ■ ■
L 'actea racemosa, l re trituration, a produit pendant plu¬
sieurs semaines une amélioration incontestable, mais bientôt
4
les douleurs ont reparu aussi fortes que jamais.
Plumbum, 6° dilution, a produit un résultat plus durable}
les premiors jours son action paraissait nulle, mais après une
semaine la malade accusa un peu de mieux et ce mieux s'ao
contua, mais non d’une manière continue. On était obligé
de suspendre le traitement pendant deux ou trois jours après
chaque dizaine et alors plumbum reprenait son action
favorable.
Quoique plumbum représente dans sa pathogénésie une
image assez exacte de la goutte noueuse, le succès a très
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— 322 —
souvent fuit défaut dans des cas analogues. Cela dépend-il
des doses, dos individus ?
Ici on a persévéré dans l’emploi du médicament plus qu’on
ne le fait d'ordinaire en ville ; n’est-co pas là le motif du
succès obtenu?
Dans deux autres cas de rhumatisme articulaire aigu que
le D r Jousset rapporte, il a employé la teinture d 'aconit à la
dose de trente gouttes et il en a obtenu une action très favo¬
rable. Il considère comme indications de Y aconit : la haute
thermalité, l’agitation et les sueurs profondes.
Considérations sur le traitement de la phtisie
pulmonaire
par le D r P. Joussbt
Parmi les médicaments dont l'efficacité a été bien établie
par des observations récontes, nous trouvons :
1° Le droscra qui, choz les animaux, provoque une tôux
chronique avec amaigrissement et même la tuberculisation ;
comme agent thérapeutique il calme la toux, relève les
forces du malade et amène une amélioration continue dans
l’état général.
' Il faut employer des doses assez fortes, soit l’extrait de la
plante, soit la teinture & la dose de vingt gouttes.
Alors que le drosera ne guérit pas, il a une action pallia¬
tive très sûre, surtout quand la toux est quinteuse et qu’ello
s’accompagne d’un chatouillement à la gorge et do vomisse¬
ments. Il a une action évidente : 97 fois sur 100 la toux perd
ses caractères spasmodiques et le chatouillement disparaît.
2° Le traitement par Yiodurc d'arsenic et le phosphate
de chaux, préconisé parle D r Martiny, a aussi donné de bons
résultats ; on donne la 6 f dilution des deux médiçaments, un
Jour l’un, un jour l’autre, et deux doses dans les vingt-quatro
heures.
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Le D r Jouàset soumet tous les phtisiques non cachectiques
au régime maigre parce que le régime maigre est engraissant
et que tout phtisique qui engraisse est un phtisique qui
guérit. Le régime maigre produit très souvent une diminution
de la fièvre.
Il signale aussi l'heureuse influence des pays d'altitude
élevée et les guérisons obtenues par le séjour au Sanatorium
de Davos.
" Pour le traitement de quelques accidents fréquents dans le
"cours de la phtisie :
L’hémoptysie cède souvent à des doses fortes d 'arnica et
à!aconit et aussi au millefolium et à Y ipéca.
La toux nocturne accompagnée de chatouillement dans
la gorge est favorablement influencée par hyosciamus
niger.
La diarrhée débilitante cède souvent à Y acide phospho-
rique.
La fièvre hectique, toujours à type essentiellement rémit¬
tent, résiste à peu près à toute espèce de médicatioh;
Le sulfate de quinine ne produit rien et empêche les
malades do manger.
L’antipyrine, à la dose de 2 grammes par jour, réussit tout
de suite, mais son action ne dure que six à huit jours, après
quoi la fièvre reparaît, malgré la continuation de l’emploi du
remède.
Les Américains ont préconisé Yiodure d'arsenic â la
3* trituration décimale, mais dans les essais que le D r Jousset
en a faits, il a trouvé ce médicament inefficace.
La silice à haute dilution est le remède qui a donné les
meilleurs résultats sans que ceux-ci soient tout à fait satis¬
faisants. De nouvelles études sur cette question sont encore
nécessaires.
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Coliques hépatiques avec congestion do foie
* par le D r Tessier
Une personno de 52 ans souffrant depuis quatre ans de
digestions difficiles eut, au mois d’avril, une première crise
violente de coliques hépatiques avec fièvre, ictère intense et
vomissements répélés ; depuis cette époque jusqu’au 1 er juin,
les crises se sont renouvelées très fréquemment et, à cette
date, le malade, sensiblement amaigri, a là peau et les sclé¬
rotiques jaunes, une douleur spontanée notablement aug¬
mentée par la pression au niveau du foie et surtout à
l’épigastre et dans le dos. Le foie dépasse notablement les
fausses côtes et présente une matité d’environ 14 centimètres
& la lignemamelonnaire. Selles décolorées,inappétence, vomis¬
sements et crises quotidiennes accompagnées de saignements
de nez. Le thermomètre marque 88 le soir.
Nitri acidum, l re dilution, produit, en quinze jours, une
amélioration très notable, et ranurxc. bulb. 6 e achève la
K 7
guérison.
Pleurésie
par le D r Tessier
Un homme, jouissant habituellement d'une bonne santé, a
Commencé, il y a deux mois, à se sentir fatigué, l’appétit a
diminué, il a maigri et n’a plus d’entrain pour son travail.
Il ne tousse pas, mais se plaint d’un peu de gêne dans le côté
droit, de faiblesse et d’inappétence; il a un peu de fièvre
(38°5 le soir), matité complète du milieu de l’omoplate à la
base de la poitrine et s’étendant vers l'aisselle. Résonnance
exagérée dans la région sous-claviculaire. Los vibrations
thoraciques sont abolies, et à la mensuration on trouve
l’hémithorax droit augmenté de 3 centimètres. A l’ausculta¬
tion on entend un souffle bronchique aux deux terèps de la
respiration ; enfin, le malade présente le phénomène de la
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pectoriloquîe aphone. Il y a donc pleurésie avec épanche¬
ment moyen datant de plusieurs semaines.
Hepar sulfur., 3® trituration, fait rapidement tomber la
fièvre et diminuer Fépanchement déjà dés le 4 e jour.
Dés le 12* jour les signes stéthoscopiques ne sont plus guère
appréciables, mais l'appétit ne revient pas et l'amaigrissement
a encore augmenté. Sulfur 3* lui rend son appétit et son
embonpoint.
Un point de pleurodynie s’étant montré quelques semaines
après chez je même malade, est rapidement enlevé par ramm-
culus bulbosus 6*.
Cystite blennorrhagique
par le D r Tessier
Un cas de cystite blennorrhagique avec douleurs dans la
région hypogastrique, besoins incessants d’uriner, miction 1
très douloureuse, hématurie, adénopathie inguinale doulou¬
reuse, a été beaucoup amélioré en 7 jours par dulcamara
7 e ; puis conium l™, suivi de clematis erecta 3", activèrent la
guérison en 20 jour3.
Indications diverses
La dioscorine (extrait de la dioscorea villosa) réussit
dans certains cas de coliques hépatiques. Dioscorea villosa
est un des meilleurs médicaments de l’entéralgie. D’après le
D r E. M. Haie, la douleur est localisée d’abord au centre,
mais se répand graduellement dans tout l'abdomen et s’ac¬
compagne de vomissements, de vomituritions, de borbo-
rygmes et d’abondante émission de gaz. La douleur ombi¬
licale a fait comparer la dioscorea à colocynthis.
— Le D r Gonnard a rapidement guéri deux cas de zona par
ranunculus bulbosus. •
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— 328 —
. — D’après un médeciii russe, le gui est un remède populaire
en Russie contre l’hémorrhagie utérine; il possède une action
élective sur le fend do l'utérus et est, dès lors, un remède
infaillible pour l’expulsion du placenta adhérent.
— D’après Sir Peppèr Lad, M. D., les clous ou furoncles
seraient éminemment contagieux. On peut les faire avorter
en les baignant fréquemment avec une solution d’acide
salicylique.
— L’extraitfluido de quebracho, enduitcommele collodion
sur les blessures, est un cicatrisant énergique et qui les gué¬
rit par première intention. Il forme, en une demi-heure, une
sorte de croûte commo du sang desséché que l’on peut enlever
plus tard à l’aide de l’eau chaude. Ce pansement rend tous
bandages inutiles.
— Avec une solution de resorcine (4 pour cent), appliquée
fréquemment sur une ulcération douloureuse de la langue,
on a pu éviter une opération.
— La Thérapeutic Gazette affîrmeque l/60à 1/BOdegrain
de picrotoxine pris le soir empêche lès sueurs nocturnes de la
consomption plusieurs nuits de suite.
— Dans la syncope par défaillance cardiaque on emploie uti¬
lement toutes les vingt minutes une injection souscutanée de
deux gouttes d’une solution de glonoïn de 1 p. c.
— Selon le D r E, M. Halo, de Chicago, la teinture de saltxr
niger possède des vertus anaphrodisiaques remarquables et
peut être utilisée dans la névralgie ovarique, la prostator -
rhée, la spermatorrhée, etc.
. — Le D r Wiss, de Genève, dit avoir traité depuisdeux ans do
nombreux cas de maladie do Bright avec cinq à dix gouttes de
teinture éthéyée de perchlorure do fer dans un verre d’eau,
trois fois par jour, et avoir obtenu la guérison dans plus de la
moitié des cas.
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— Le géranium, maculatum (extrait fluide) est une sorte
de panacée américaine contre les hémorrhagies.
— Dans l’armée prussienne on guérit la sueur excessive des
pieds à l’aide des lotions faites toutes les 3'à 4 semaines gvec
une solution de 1 p. c. d’acide chromique. , ,
— Des badigeonnages trois ou quatre fois par jour avecl’ex-
trait fluide d 'hydrastis donnent d’excellents résultats dans la
pharyngite chronique avec hypertrophie des amygdales.
— Le chlorure de calcium donne d’excellents résultats dans
le traitement de l’adénite scrofuleuse du cou à la dose de
2 à 4 grains par jour.
— Le^îiap/ia/iMjn(l’immortelle) est utile dans le traitement
de la sciatique. ( Bulletin de la Société médicale hortiœo -
pathique de France, décembre 1889 et janvier 1890.)
D r Schepens.
Le tabac (1)
par MM. Em. Seutin, Ph n , et le D r L. Seütin, a Bruxelles,
Voici la réponse de M. Octave Feuillet :
J’étais un grand fumeur, dit-il, et j’ai eu beaucoup de
peine à renoncer au tabac; mais, il y a quelques -années* j’y
ai été absolument contraint, par l’aggravation des accidents
nerveux que j’avais longtemps refusé d’attribuer à la nicotine
et qui, en réalité, n’avait pas d’autre cause. J’ai été bien obligé
de me rendre à la vérité, quand les accidents nerveux, parmi
lesquels les vertiges stomacaux, sont devenus plus fréquents
et plus intolérables. En général, il me semble que le tabac
est très nuisible, surtout aux personnes nerveuses. Il produit
d’abord un effet de légère excitation.de légère ivresse qui se
termine en somnolence et émousse les facultés de l’esprit.
(1) Suite et /fw. Voir volume préeédent et volume courant, pages Ù f 40,
38, 109,136, 169, 209, 232,269 et 299,
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- On est forcé de lutter contre son action, par une réaction
qui fatigue et use la volonté.
D’après ce grand écrivain, le tabac est très pernicieux; il
•n a fait lui-même la triste expérience, et, pour conserver
la vie, il a dû y renoncer complètement.
Lies quelques faits que nous avons ici cités et que nous
aurions pu joindre à beaucoup d'autres, viennent prouver k
l’évidence que les littérateurs contemporains, et même parmi
tes plus éminents, n’ont pas su suivre les nobles exemples qui
leur avaient été donnés par leurs illustres devanciers, qui
avaient su parfaitement s'abstenir du tabac.
Ignoreraient-ils les dangers qu’ils font courir à leur santé,
si précieuse pour eux-mêmes, mais précieuse également à la
gloire de leur pays ?
Voici quelle fut la réponse de M. Pasteur :
Je suis l’ami dî votre Société depuis vingt-quatre ans et
deux mois, par conséquent bien avant qu’elle fût créée. Pen¬
dant deux ans, j’ai essayé de perdre l’habitude de fumer en
fumant de moins eu moins. Je n’y suis pas parvenu. Je n’ai
triomphé de l’usage du tabac que lorsque j’eus renoncé entiè¬
rement et une fois pour toutes à la fumerie. Je n’ai eu, depuis
tant d'années, qu’à m’applaudir de ma résolution et je sou¬
haite que beaucoup en fassent autant ; leur sauté s’en trou*
vera bien et ils donneront ainsi à la jeunesse un exemple
salutaire dont elle a si besoin.
Si nous avons cité ici l’exemple de ce remarquable savaut
c’est pour prouver une fois de plus combien l’engouement du
tabac 63t universel, pour prouver encore, nous l’avons je crois
déjà dit, comme il a su s'imposer à toutes les classes de la
société, aux riches comme aux pauvres, aux ignorants comme
aux hommes les plus illustres dans la science.
N’en n'avons-nous pas ici une preuve péremptoire dans la
missive de M. Pasteur? N’avoue-t-il pas que.pendant deux
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— 329 —
ans il a cherché par tous les moyens à se guérir de la passion
du tabac, sans pouvoir y parvenir? Et il déclare, en toute
franchise, qu’il n’est parvenu à triompher dé son cruel adver¬
saire, qu’en rompant tout à fait en visière avec lui.
Hé flexions. — Quand on voit un homme aussi bien doué
ijue M. Pasteur, s’être vu obligé de lutter aussi longtemps
avec son ennemi, avant de l’avoir terrassé complètement,
n’avons-nous pas le droit de nous demander si l’on trouvera
cette énergie, cette ferme volonté, ce mâle courage, chez
tous nos fumeurs passionnés qui voudraient renoncer à cetté
pernicieuse habitude? Désirons-lo, espérons qu’ils sauront
suivre le noble exemple qui leur est donné par l’illustre savant
et par bien d’autres,mais comme il y a des difficultés sérieuseà
à surmonter, beaucoup ne vont-il pas renoncer peut-être à la
lutte? Venons donc à leur aide en leur indiquant, d’après
M. le D r Goyard, un véritable antidote du tabac: c’est la nux
vomica, ou son alcaloïde la strychnine.
Le chapitre que nous allons reproduire est puisé dans la
clinique de l’éminent D r Goyard, et intitulé: De l'abus du
tabac et de sa guérison (1).
• User, ne pas abuser, disait Hippocrate, ce fut la méthbde
du bon vieillard de Gos, pour se garder jeune jusqu’à sa
centième année.
Où finit l’usage, où commence l'abus? Voilà le premiet*
•problème. .
Il est important de connaître que le propre de l’abus du
tabac est de s’ignorer lui-même.
Il est un critérium qui ne trompe jamais, et que chacun
peut facilement prendre pour guide, c'est celui-ci : il y a
abus quand il y a habitude impérieuse, quand cette habitude
(1) Tiré du Journal de la Société contre Vabus du tabac , n» vu,
juillet 1888 . r .
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— 330 —
est devenue un- véritable besoin, enfin, quand on ne saurait se
passer de tabac sans souffrir.
M. le D r Goyprd est d’avis que l’abus du tabac doit être
considéré comme une maladie et traité comme tel; il croit que
c’est par l'administration de la strychnine que le médecin
pourra réussir ; il croit encore que le succès dépend beaucoup
du mode d’application des médicaments. Voici celui qu'il
emploie, et nous ne pouvons mieux le décrire qu’en rappor¬
tant l’observation suivante, où l’abus du tabac a été guéri,
de même qu’aurait pu l’ètre une intoxication paludéenne avec
accès intermittents :
M. Paulin, jardinier, est âgé de 42 ans. Laborieux, rangé
et d’un naturel doux,il est tyrannisé par une passionnelle du
tabac; il en prit l’habitude au régiment, et, depuis quelques
années, il est arrivé à en consommer beaucoup ; il en fiime
pour près de cinquante centimes par jour; en outre il chique
presque constamment.
L’abus existe là à un triple point du vue : social, moral et
hygiénique.
Le premier effet a été ressenti dans le ménage, par la
dépense exagérée dont le budget ouvrier s’est trouvé grevé.
Plus tard le caractère de Paulin est devenu irascible,
mécontent de lui ; fumant par besoin, il ne réussissait qu’à
calmer momentanément son système nerveux ; l’humeur deve¬
nait de plus en plus irritable; les pensées prenaient une cou¬
leur sombre, avec tendance à la solitude et à l’égoïsme. Voilà
bien la perversion des sentiments telle qu’on l’observe si sou¬
vent, perversion qui, d’une vie riante, fait une vie lugubre, et
qui est un fléau non seulement pour l’intoxiqué, mais pour
tout son entourage.
Depuis quelques mois des troubles physiques étaient venus
s’ajouter aux troubles nerveux, la vue était affaiblie, trou¬
blée par des mouches, gênée par des douleurs sus «orbitaires.
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C'est ainsi que commence l’amaurose nicotique. En outre le
matin les bronches étaient un peu grasses, et il y avait on
caractère périodique du nez, sorte de rhume de cerveau sans
fièvre; cet écoulement nasal revenait plusieurs fois par semaine
et durait tantôt quelques instants, tantôt un jour entier.
Chose rare, Paulin était parfaitement convaincu qu’il
devait rapporter au tabac le changement de son humeur,
Uexemple d’un ami ayant eu do. graves accidents cérébraux,
dans des conditions analogues, lui avait ouvert les yeux ; aussi,
depuis plus d’iin an, avait-il fait les plus louables efforts pour
quitter l’habitude prise, mais inutilement. Il avait tour à tour
essayé dè diminuer le tabac ou de le supprimer ; il l’avait
même remplacé pendant quelque temps par du bouillon blanc
dont il fumait les feuilles, tout avait été vain. Paulin restait
complètement esclave de sa passion, il avait augmenté encore
depuis ses essais infructueux la consommation du narcotique ;
malgré cela, il avait un vif désir de se corriger, mais la
volonté était impuissante. Dans ces conditions, M. le D r
Goyard pense qu’on pourrait tenter la suppression brusque,
du tabac, procédé qui est toujours le meilleur, le plus rapide
et le plus sûr quan dil est applicable.
Il lui prescrivit chaque jour dix granules de sulfate de
strychnine au demi-milligramme, un toutes les heures à par¬
tir du lever comme chiffre minimum ; en outre, il absorberait
un granule supplémentaire de quart d’heure en quart d’heure
pendant tout le temps où il craindrait de céder à la tentation
du tabac.
Le premier jour fut relativement facile à passer; Paulin ne
prit que 15 granules en tout, dix régulièrement d’heure en
heure, et cinq supplémentaires.
Le second fut très laborieux, 29 granules en tout furent
absorbés; le désir du tabac fut très violent, mais tout se borna
k la souffrance d’un besoin articiel non satisfait.
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' Le troisième jour était un dimanche, Paulin en passa une
partie avec des fumeurs et dut prendre environ 40 granules,
c’est-à-dire presque constamment un tous les quarts d’heure.
La tentation était incessante ; il sentait de temps en temps
des éblouissements, et la tète lui tournait ; puis, il eut
môme de petites hallucinations ; il chassait de sa bouche
une fumée imaginaire, ou bien il roulait de l'une à l’autre
joue une carotte insaisissable, qui ne servait qu’à sa mystifi¬
cation.-
Dés le lendemain, il était beaucoup moins éprouvé ; il se
livrait à son travail avec ardeur et pensait moins à son tabac ;
quinze granules lui suffirent le surlendemain, et les jours sui¬
vants il put se contonter des dix granules réglementaires; mais
l’intoxication chronique a toujours des racines profondes, et
il en pousse de temps on temps comme des rejets, aussi pen¬
dant des semaines et des mois Paulin eut à se défendre encore
contre le besoin plus ou moins violemment ressenti do consu¬
mer du tabac. C’était comme les accès d’un mal qui revenait
périodiquement à des intervalles divers.
C’est là ce qui rend le succès final si difficile, car il y a
comme des surprises des sens, qui peuvent remettre la volonté
sous le joug. Dans ces occasions, les doses de strychnine
répétées de quart d’heure en quart d’heure autant qu’il est
nécessaire, sont du plus grand secours ; Paulin déclare haute¬
ment leur être redevable de sa victoire définitive.
Il prit de la strychnine environ pendant six mois consécutifs:
pendant un mois, dix granules par jour; puis huit, puis six
par jour, et de temps à temps quelques granules supplémen¬
taires, suivant le cas.
Il se trouvait bien de croquer les granules de strychnine,
surtout au début ; le goût fort et amer de l’alcaloïde rempla¬
çait, disait-il, utilement le goût du tabac. Il lui avait conseillé
encore de mâcher des grains de café brûlé, d’autant plus qu’il'
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- 333 ^
devait également faire diversion au besoin de mastiquer, ce
moyen nécessaire lui fut souvent très précieux.
La santé physique de Paulin s’était raffermie, la vue était
redevenue Claire, et le catarrho nasal avait disparu ; les
forces générales augmentées prouvaient aussi que la médica¬
tion avait été bienfaisante à tous les points de vue. Mais c’est
surtout du coté moral que le bénéfice a été considérable : l’hu¬
meur du chef de famille redevenue é&ale, l’ardeur au
travail accrue, une satisfaction intérieure remplaçant la
tristesse et le découragement, voilà des résultats positifs, tels
que la thérapeutique n’a pas souvent l’occasion d’en compter
à son actif.
Depuis plus d’un an les résultats acquis se sont confirmés
et Paulin a parfaitement résumé lui-même par un mot toute
cotte cure ; j’ai été guéri, écrivait-il à son docteur, d’une
passion que je croyais impossible à détruire.
Réflexions. — M. le Docteur Goyard a été heureusement
inspiré en donnant à son malade des granules de strychnine ;
la strychnine est certainement un des plus grands antidotes
du tabac, mais nous pensons que l'éminent docteur se trompe
quand il croit que la. strychnine pourrait être donnée à tous
les nicotinés; le tabac a d’autres antidotes : aconit , arsenic,
belladona, cina, cocculus, ipecacuanha, opium, vera-
trum, etc., chaque cas doit être individualisé, en tenant
grand compte des idiosyncrasies.
L'individualisation est ici d’autant plus indispensable, que
tous les nicotinés sont loin de présenter les mêmes symp¬
tômes physiologiques. Quant au choix du médicament, il est
subordonné à l’ensemble des symptômes observés chez le
malade : le remède qui le3 couvrira le mieux par sa patho-
génésie, sera certainement le médicament le plus approprié ;
et lorsque sa similitude sera aussi parfaite que possible, on
arrivera certainement aux guérisons les plus rapides et les
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plus remarquables. On. pourra appliquer à ce moyen le tiUô,
le cito et le jucundè (guérison sûre, prompte et agréable).
Quant aux doses données de sulfate de strychnine nous les
trouvons aussi un peu fortes. Le troisième jour il a dû prendre
.40 granules à un demi-milligramme, c’est à dire 20 milli¬
grammes qui répondent à deux centigrammes en moins de
.12 heures. Les auteurs classiques donnent justement cette
dose comme dose maxima, mais à prendre dans les 24 heures.
Quarante granules à un demi-milligramme donnés dans un
espace de temps à court, à des personnes afiaiblies, ne pré¬
sentant que peu de résistance, ne pourraient-ils déterminer
de graves symptômes d’intoxication ? ,
• Puisque nous sommes occupés de parler des meilleurs
moyens de guérir les tristes victimes du tabac, disons un mot
de l’hypnotisme et de la suggestion. ~
Les faits excessivement remarquables qui. ont été* rapportés
par M. Decroix, ot les faits pfus nombreux relatés par M. le
D r Voisin nous donnent la certitude que, pour les nicotines
hypnotisables, il y a là un moyen facile, prompt, héroïque de
guérir des malheureux qui ont quelquefois tout tenté, pour
se débarrasser de cette fatale habitude, mais sans pouvoir y
parvenir. Nous ne rapporterons qu’un seul fait; on pourra
ainsi juger et apprécier tous les autres :
M. Desanne, âgé de 26 ans, bien constitué, ancien artilleur,
a commencé à faire usage de la cigarette vers l’âge de 15 ans;
il a fini par fumer pour 50 centimes de tabac par jour.
Il a reconnu lui-même que c’était un abus qui portait atteinte
à sa santé et à sa bourse. Il est un peu maigre et son teint est
pâle, jaunâtre ; il a le matin des aigreurs et des crampes
d’estomac ; il a peu d’appétit et ses digestions sont languis¬
santes ; il voudrait bien renoncer au tabac, mais comme il
arrive ordinairement dans les luttes contre les passions, la
volonté est plus faible que la bonne intention. M. Desanne
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— 335 —
ne pouvait fumer pendant qu’il était au magasin où il était
employé, mais dès qu’il était libre, les cigarettes succédaient
aux cigarettes avec persistance. M. Decroix lui fit observer
qu’il serait tôt ou tard victime de sa passion. Il lui répondait :
je sais que vous avez raison, mais c’est plus fort que moi ;
je ne puis renoncer au tabac! C’est alors que M. Decroix lui
dit : si réellement vous désirez vous corriger je pourrai vous
guérir, sans effort, sans douleur, sans médicament; et sans
rien modifier à votre service. Desanne accepta cette propo¬
sition ; à 3 heures et demie il fut soumis à l'hypnotisme,
20 minutes après il était endormi. M. Decroix fit alors la
suggestion, qui consiste à dire, sur un ton affectueux et impé¬
rieux tout à la fois : le tabac est coûteux.,, le tabac est dan¬
gereux pour la santé... vous trouvez le tabac mauvais... vous
ne fumez plus.
L’hypnotiseur répéta ces paroles deux fois, à trois ou quatre
minutes d’intervalle, puis il provoqua le réveil.
M. Decroix l’ayant interrogé il constata que Desanne avait
un vague souvenir de ce qu’il lui avait dit.
Le soir, il n’eut plus envie de fumer : toutefois, par habitude
sans doute, il fit machinalement une cigarette et l’alluma ; U
lui trouva un goût désagréable : il jeta cette cigarette après
én avoir fumé la moitié environ, tandis qu’il était habitué à
en consumer dix à quinze dans la soirée.
Le 3 décembre au matin il ne fuma pas du tout. Dans la
journée il essaya de fumer, mais le tabac lui parut encore
mauvais; il ne put finir aucune des trois cigarettes qu’il avait
allumées.
Ce qui est à noter, c'est que les aigreurs et les crampes
d’estomac ont disparu, et que L’appétit est revenu.
Le 4, il no fume pas du tout dans la matinée. A midi, après
son déjeuner; nouvelle hypnotisation, qui s’obtient en 16 mi¬
nutes ; nouvelle suggestion, en procédant comme la l re fois ;
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depuis lors Desaime n’a plus essayé une seule fois de fumer
et il ne pense même plus au tabac.
Afin de bien confirmer cette guérison, M. Decroix lui pro¬
pose de renouveler une dernière fois la suggestion. Il s’en
rapporte complètement à lui. En conséquence, le 8 décembre,
à 1 b. 25, il fut soumis fie nouveau à l’hypnotisation. A 1 h. 38
les yeux se ferment spontanément. A 1 h. 43 la suggestion est
faite, on lui répété les paroles ci-dessus rapportées.
. Le 22 décembre, Desanne était complètement guéri de la
tabacomanie, ainsi que.de ses aigreurs et de ses douloureuses
crampes d’estomac ; l’appétit était bon et le teint altéré rede¬
venait vermeil.
. Réflexions. —, Voilà certainement une guérison bien
remarquable et qui prouve combien l’hypnotisme, quand il
est applicable, constitue una médication vraiment héroïque.
Telle est, nous pensons, l’opinion de l'honorable président,
M. Decroix. Toujours guidé par les plus nobles sentiments de
philanthropie et de générosité, il n’a pas hésité à instituer un
prix de trois cents francs, do ses propres deniers, à décerner
au travail qui sera jugé le plus méritant sur l’hypnotisme et
la suggestion ; le concours est ouvert et on doit en attendre
les résultats.
S’ils sont favorablos, et que de brillantes cures viennent
confirmer celles déjà obtenues, on pourra assurer que la mé¬
decine aura désormais un nouveau et précieux moyen à sa
disposition, mais dès cet instant une loi devra intervenir quî
déclarera l’hypnotisme un agent médical officiel, et dont les
médecins seuls pourront faire usage.
Cette loi est indispensable, car l’hypnotisme dans les mains
des misérables constituerait un vrai danger pour la Société.
Maintenant que nous sommes arrivés au terme de ce tra¬
vail, qu’il nous soit permis, avant de finir, de répondre à
quelques reproches qui nous ont été adressés, d'abord par
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— 337 —
M. Van Gauterem, directeur dujournal Le Fumeur. M. Van
Cauterem trouve que nous nous sommes montrés tout à tait
injustes à l’égard du tabac, puisque nous n’avons pas eu un seul
mot d’éloge à lui adresser ; mais ce monsieur se trompe complè¬
tement ou plutôt il a donné une fausse interprétation à notre
langage. Qu’avons-nous dit sur ce puissant agent médical ?
C’est qu’il était infiniment regrettable que sa pathogénésie,
au lieu d’être ébauchée, n’eût pas été parfaitement édifiée ; si
elle l’avait été, elle serait venue révéler ses admirables pro¬
priétés médicinales; le tabac, apprécié à sa juste valeur,
aurait conquis une place d’élite dans la matière médicale, et
serait venu se ranger à côté de nos plus puissants et de nos
plus héroïques médicaments. En tenant ce langage ne fai¬
sions-nous pas l’éloge de l’herbe à Nicot? Mais ce désidérata
exprimé par nous, fut interprété par notre adversaire, comme
une preuve de la pauvreté de nos connaissances tabagiques,
Plusieurs de nos amis nous ont aussi reproché d’avoir man¬
qué d’égard, de modération et de bienveillance à l’égard de
Messieurs les fumeurs. Si nous avions à nous reprocher de
pareils griefs, nous le regretterions vivement, et n’hésiterions
pas à faire amende honorable; mais ce que nous pouvons
dire et ce serait notre excuse si nous en avions besoin, c’est
que dans tout ce travail jamais nous n’avons eu la pensée de
blesser qui que ce soit; notre seul et unique mobile a été d’être
utile à tous, utile surtout à ceux qui fument avec passion,
et qui en font le plus triste abus. Puissent les tristes faits que
nous avons accumulés les faire réfléchir et leur donner la
force et le courage do rompre en visière avec leur ennemi...
Malgré ces considérations, nous no demandons cependant
pas aux hommes do ne plus fumer, mais de le faire avec modé¬
ration et sans abus. De plus, ce que nous demandons et avec
instances, aux pères et aux mères de famille, à tous les chefs '
d’institution, à tous ceux enfin qui ont la mission d’instruire-
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la jeunots*, c’est de défendre aux enfants de fumer. Ce que
nous demandons encore c’est de voir tous lès gouvernement»
des pays oh l’on fume le tabac, se hâter de promulguer un®
loi qui défendrait, sous des peines sévères, de fumer avant
l’ège de 16 à 17 ans révolus.
Qu’on ne l’oublie pas, le tabac est bien plus nuisible h la
jeunesse qu’on ne peut le supposer ; il faut donc la soustraire
au plus vite à sa triste influence. Il le faut à tout prix dans
l’intérêt de la génération présente, mais aussi dans l’intérêt
des générations futures.
Sbctin Ph“ et D r L. Seutin.
FIN.
CHIRURGIE ET HOMŒOPATHIE
par le D* I. Leeser*, de Rhbydt. — Traduction du D r Chevalier, de Charleroi.
On dit souvent et à tort que la différence qu’il y a entre
l’homœopathie et l’allopathie, c’est que la première ne s’oc¬
cupe que du traitement médicamenteux interne des maladies
et se soucie peu des grandes inventions modernes de la chi¬
rurgie, qui intéressent cependant les deux écoles. Ceci est
complètement faux, attendu quo la limite entre la chirurgie et
la médecine interne est actuellement très peu tranchée et que
c’est sur ce faux principe que repose le traitement tout
entier de l’école moderne. La chirurgie avec ses annexes, ses
nombreuses spécialités, l’ophthalmologie, l’otiatrie, la gyné¬
cologie, la laryngologie, la rhinologie, et beaucoup d’autres
so terminant en te, procède comme la médecine interne des
données anatomo-pathologiques et base son traitement uni¬
quement sur le diagnostic anatomo-pathologique. Et comme
le traitement chirurgical, ainsi quo celui de toutes ces spé*
cialités,est essentiellement opératoire, cette méthode s’insinue
de plus en plus dans le traitement des maladies internes, sur-
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tout depuis que fiiliroth a étonné le monde par sa fameuse
phrase : la médecine doit toujours être chirurgicale. Ces
paroles malheureuses du grand chirurgien ont fait presque'
autant de mal que, dans le temps, le système Broussais avec
ses saignées, de triste mémoire.
Je ne veux pas parler des innombrables opérations, pour le
moins superflues, que fait la chirurgie, telles quad’extirpatioa
dos cancers et autres tumeurs malignes, du goitre, les ampu¬
tations des bras et jambes, les résections articulaires, les
ponctions de l’ascite, des plèvres, du péricarde, etc., qui
depuis longtemps déjà ont envoyé ad patres un grand nom¬
bre de malades ; mais aujourd’hui, encouragé par Billroth et
sous l’ailo tutélaire de la fameuse antisepsie, on fait des
« cures » qui font dresser les cheveux sur la tête, et on fouille'-
avec les couteaux et les cautères des régions du corps, qui
étaient jadis essentiellement du domaine de la médecine
interne.
C’est ainsi que la chirurgie s’est emparée du traitement des
affections rénales et génitales, comme de celles de l’estomac :
lavage et résection de cet organe, etc. Si un malade souffre
d’une névralgie intraorbitaire, vite on lui dénude la mâchoire
supérieure et on lui résèque le nerf, qui naturellement
repousse et redevient doulouroux comme avant. Dans le
cas de névralgie sciatique, on met le nerf à nu et on le sec- ■
tionne ; pour une péritonite on fait la laparalomie ; pour un
myome de la matrice, on enlève la matrice tout entière ;
s’agit-il d’une névralgie ovariquo, on enlève l’ovaire sans
trop do façon, comme si la matrice et l’ovaire étaient des
organes de luxe dont une femme peut se passer. De même
on fait la castration pour une orchite chronique ou toute
autre affection du testicule. L’ablation du larynx a été à-
l’ordre du jour dans ces derniers temps et constitue le traite¬
ment unique de toutes los affections de cet organe. Si un
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malade présente un engorgement chronique de la rate, qui
n’a pas cédé aux doses massives de sulfate de quinine, ou sim¬
plement la rate mobile, qui lui occasionne des douleurs, on ne
fait pas beaucoup de cérémonies pour la lui enlever.
Bien que les fonctions de cet organe ne soient pas encore
entièrement connues, l’homme saura bien s’on passer. De
même on extrait les reins pour des calculs ou d’autres affec¬
tions, l’homme au besoin peut se contenter d’un seul rein.
Contré les coliques hépatiques, on enlève la vésicule biliaire,
qui n’a non plus d'autre utilité que celle de former des calculs
et de martyriser le pauvre patient et ainsi de suite d’une foule
de cures dignes d’un D r Isenbart.
Mais ce qui constitue le nec plus ultra de toutes ces opéra¬
tions de saltimbanques (comme les appelle avec bonté un chi¬
rurgien en renom, qui a l’occasion les pratique cependant
lui-même), c’est le traitement chirurgical des affections tuber¬
culeuses du poumon, la résection pulmonaire ! Oui, oui, la
médecine déviant do plus on plus chirurgicale, la démence fait
des progrès. Et si par hasard un malade survit quelque
temps aux suites d’une opération violente, le cas est cité dans
l’univers entier et on ne parle plus que des progrès étonnants
de la médecine, au lieu d’y voir uniquement combien l’orga-
jrisme humain peut résister aux violencos et aux traitements
contre nature avant de succomber.
On ne songe pas évidemment le moins du monde à rétablir
la fonction d’un organe malade, et à quoi du reste cela servi¬
rait-il ? La « cure radicale » qui enlève l'organe n’enlève-
t-elle pas également la fonction? Le corps n’a qu’à s'arranger
après cela comme il veut ! On ne cherche qu’à jeter de la pou¬
dre aux yeux, et on ne considère que le résultat du mode
opératoire,cela suffit aux chirurgiens et cela doit suffire .liélast
aux pauvres malades. — Que signifierait autrement le nom
de « patient »! — Et si le malheureux estropié gagne l’une
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ou l’auti’d cômp'.ication, vite on constate une nouvelle affec¬
tion et si possible on cherche une nouvelle partie de-son corps
à offrir en holocauste sur l'autel de la toute-puissante chi¬
rurgie, et cela dure aussi longtemps que le pauvre malade se
laisse faire et refuse de mourir de mort naturelle. Tant
que le public so laissera mener do la sorte, et permettra
qu’on découpo des lanières dans sa peau, ces sacrifices
humains no cesseront pas, car de même que chaque peuple a
le gouvernement qu’il veut et qu’il mérite, chaque homme a
le traitement médical qu’il veut et qu’il mérite.
Cette funeste façon d’agir de l’école moderne a sa base
dans la fausse interprétation des résultats de l’anatomie
pathologique ; comme en somme la logique des écoles modernes
est perdue, il n’y a rien d’étonnant que les connaissances
scientifiques soient mal interprétées, qu’on en tire de fausses
déductions et qu’enfin on confonde l’effet avec la cause.
Au lieu de voir dans les lésions anatomo-pathologiques, le
résultat d’une activité vitale lésée, on considère au con¬
traire le substratum anatomo-pathologique comme la cause
des symptômes de la maladie , et ainsi on croit enlever la
maladie en enlevant l’organe, alors que la connaissance
exacte du processus pathologique indiquo un trouble dans
l'activité vitale physiologique, et qu’en dernière analyse,
il faudrait chercher la cause de la maladie dans les régulateurs
de cette activité, c’est-à-dire dans les nerfs du système gan¬
glionnaire, qu’il s’agisse d’une surexcitation ou d’une para¬
lysie. Puis après on cherche le traitement qui, lui, doit se
baser sur les symptômes que présente le malade et sur la
part que prend dans la maladie, le système du grand-sympa¬
thique et enfin le médicament apte à ramener l’organisme
malade à son état normal au point de vue de ses fonctions et
de sa nutrition. Dans le traitement il faut toujours avoir
en vue, non seulement l’organe affecté, mais l’organisme
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entier, car la moindre altération d’une fonction, la plus petite
lésion qui ne donne même qu’une irritation locale, sans réac¬
tion immédiatement appréciable, réagit sur l’organisme
entier.
Si on voulait considérer toute maladie, comme résultant
d’un trouble dans l'activité de l’organisme, on parviendrait
& connaître l’essence des maladies. Et c’est à cela que nos
ëfforts doivent tendre, afin d’avoir une pathologie nouvelle
qtfi serait une physiologie pathologique, sur laquelle notre
thérapeutique pourrait s'appuyer scientifiquement et qui
nous servirait pour développer et agrandir nos connais¬
sances. Alors nous, homœopathes, nous n'aurions plus
besoin de nous étayer sur la pseudo-science des écoles de
médecine et l’enseignement de Hahnemann seraitcomplet au
point de vue scientifique, comme depuis longtemps, il l’est
au point de vue pratique. (Allgemeinc homôopatische Zei-
tung, janvier 1890.)
(A continuer.) Traduction du D r Chevalier.
REVUE DES MAUX H0HŒ0PATB1QUES D'AMÉRIQUE
par le D‘‘ Lambreghts, fils, d’Anvers
Traitement des névralgies
Le California homœopath publie, dans son numéro de
décembre dernier, une excellente étude sur le traitement des
névralgies. Les indications caractéristiques des principaux
remèdes y sont établies d’une façon brève et concise, de sorte
que le médecin homœopathe, én présence d’un cas donné,
n’aura qu’à parcourir rapidement le tableau que nous repro*
duisons ci-dessous, pour être fixé aussitôt sur le choix dû
médicament.
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Aconit. — Douleurs intolérables, plus vives pendant la
nuit, limitées souvent à des espaces peu étendus; sensation do
brûlure, grande agitation, aggravation par le mouvement,
hyperesthésie.
Arnica. — Névralgie intercostale simulant la pleurésie,
aggravée par la toux et la respiration, sensation do meur¬
trissure ; grande agitation.
Arsenicum. — Anxiété et agitation pendant la souffrance
suivie d'une prostration excessive, douleurs brûlantes, aiguës,
lancinantes, comme par des aiguilles rougies au feu ; amé¬
lioration par la chaleur, la partie malade est froide,
Belladona. — Névralgie avec excitation vasculaire ; les
accès atteignent graduellement un haut degré d’acuité, puis
cessent soudainement. Le côté droit est surtout affecté.
Tiraillements et spasmes dans les muscles, dilatation de 1»
pupille.
Bismuth. — Douleurs atroces améliorées par la marche
continue et par l’eau froide tenue quelque temps dans la
bouche ; aggravation par la mastication et le contact de la
nourriture chaude; douleurs lancinantes et brûlantes comme
si la face était labourée par des tenailles; la solitude est insup¬
portable.
Bryonia. — Névralgie soulagée par une pression forte et
par des applications froides; aggravation par la marche et le
mouvement ; l’eau a un goût amer ; convient aux personnes
sèches, nerveuses ou très bilieuses.
Cactus grandi/l. — Accès quotidiens survenant à heure
fixe ; douleurs pulsatives, battements, sensation de constrio-
tion à droite, et aggravation par le moindre mouvement.
Calcarea carb. — Migraine par suite d'astigmatisme avec
brouillard continuel devant les yeux, aversion pour la pro¬
menade en plein air, tempérament lymphatique, névroses du
cœur.
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Calcarea phosph. — Douleur avec sensation de quelque
chose rampant sous la peau, engourdissement et froid ; aggra¬
vation la nuit et aux changements de temps, affections
utérines.
Cantharis. — Névralgie rhumatismale du côté droit avec
paroxysmes disparaissant aussi rapidement qu’ils surviennent,
douleurs brûlantes et crampes dans les parties affectées ; dila¬
tation de la pupille ; sujets irritables.
Capsicum. — Névralgie aggravée parla pression exté¬
rieure, la douleur s’étend sur une ligne le long du nerf ; dou¬
leurs bridantes aggravées par le moindre courant d’air froid
ou chaud, otalgie.
Caulophyllum. —Douleurs névralgiques fugaces survenant
tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre ; convient aux
femmes ou aux personnes rhumatisées.
Chamomille. — Irritabilité et mauvaise humour ; douleurs
lancinantes, pulsatives et déchirantes.
Chelidonium. — Névralgie après blessures lorsque arnica
n’est pas bien supporté, larmoiement excessif dans la névralgie
orbitaire, contraction des pupilles,amélioration le matin et par
la transpiration.
Chininum arsen. — Douleurs névralgiques violentes,dans
la région mammaire gauche, comme si elle était labourée par
des pointes de feu ; aggravation par le mouvement ; névralgies
temporale et sus-orbitaire.
Chininum sulph. — Névralgies à périodicités très régu¬
lières, souvent d’origine paludéenne.
Ccdron. — Névralgie sus-orbitraire quotidienne reve¬
nant à heure fixe ; douleurs névralgiques après le coït ; sujet
nerveux excitable ; extrémités froides et chaleur à la tête.
Cimicifuga. —Névralgie réflexe d’origine utérine; grandé
faiblesse entre les règles ; sensibilité aux courants d’air, en-
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— 345 —
gourdissement de tout le corps, surtout des bras, aggravé par
le mouvement.
Cina. — Douleurs spasmodiques périodiques allant d’un
endroit du corps à un autre; aggravation par la pression exté¬
rieure.
Cocculus. — Irritabilité extrême de tout de système ner¬
veux; sensation de meurtrissure et d’engourdissement; névral¬
gie provenant d’une irritation de la matrice ou de l’ovaire ;
spasmes dans la face et la gorge ; hystérie ; hyperesthésie.
Colocynthis. — Névralgie, par suite de chagrins, d’indi¬
gestion, de surmenage intellectuel ; douleurs de natare cram-
poïde, soulagées par la pression, mais revenant aussitôt que
la pression cesse; névralgie sous-orbitaire affectant les petits
rameaux de ce nerf; coxalgie, comme si la cuisse était com¬
primée dans un cercle de fer; névralgie de l’ovaire.
Coffea a'uda. — Les douleurs semblent insupportables,
le malade doit se promener, amélioration par une vive pres¬
sion et par l'eau froide tenue dans la bouche; névralgie
faciale, insomnie, besoin de mouvement.
Croton tigl. — Douleurs lancinantes s’étendant des pupilles
à l’occiput ; douleurs dans les bras s’étendant tout le long du
membre, aggravées la nuit, améliorées après le sommeil.
Cuprum. — Goût métallique très prononcé dans la bouche ;
spasmes dans les extrémités supérieures et inférieures ; vio¬
lentes douleurs apparaissant le soir et durant toute la nuit,
aggravées par la menstruation, améliorées par l’hypnotisme.
Ferrum métal. — Douleurs pulsatives avec pouls plein,
dépressible ; aggravation la nuit, amélioration par la marche
lente, névralgie après lotions froides ou transpiration abon¬
dante, douleurs s’étendant de haut en bas, chlorose.
Ferrum phosph. — Douleurs lahcinantes et pulsatives
aggravées par les secousses de la tête ou tout autre mouve¬
ment et accompagnées de bouffées de chaleur à la face avec
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- 346 —
vomissement* alimentaires ; pondant les intervalles la face est
pâle, et .terreuse.
Oelaemium. — Incoordination des muscles ; dilatation des
pupilles, diplopie ; spasmes du larynx et du pharynx, douleurs
à l’ovaire avec migraine et névralgie du trijumeau, surtout
lorsque la douleur envahit à la fois une branche de ce nerf ;
amélioration temporaire par les stimulants, névrose cardiaque,
névralgie par surmenage.
Hamamelis. — Névralgie des testicules avec nausées pen¬
dant la nuit.
Ignatia. — Névralgie sus-orbitaire, spasmes des musclos
de la face, amélioration par le repos sur le côté malade ; carac¬
tère doux et compatissant.
Iris vers. — Migraine précédée par un nuage devant les
yeux et améliorée par les vomissements ; elle commence géné¬
ralement par une violente céphalalgie le matin après le
déjeuner ; dérangement d'estomac et prostration.
Kali bichr. — Sensibilité des os au toucher, douleurs brû¬
lantes intenses allant de la racine du nez le long de l'arcade
orbitaire gauche à l’angle externe de l’œil, commençant le
matin, s’aggravant dans l’aprés-midi et s'améliorant le soir.
Kali phosph.— Névralgie chezles personnes très affaiblies
avec paralysie, douleurs dans le côté droit de la face, prove¬
nant de dents cariées et s’améliorant par les applications
froides.
Kalmia lat. — Affecte le côté droit ; douleurs survenant à
époque indéterminée et continuant pendant un certain temps ;
elles se produisent soudainement ou graduellement et dispa¬
raissent de la même façon ; les douleurs de la face sont brû¬
lantes et très intenses, elles ont leur siùge dans le périoste,
s’aggravent par la chalour et la position courbée et s’amé¬
liorent par le froid et la station debout ; albuminurie.
Lachesis. — Névralgie orbitaire gauche ou névralgie
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— 347 —
faciale droite ; douleurs dans la mâchoire inférieure, bouffies
de chaleur à la face et sensation de faiblesse à l’abdomen
après les accès.
Lycopodium. — Névralgie s’améliorant par le décubitus
sur le côté affeoté, douleurs aiguës, lancinantes, dans les
extrémités supérieures et inférieures avec fatigue et faiblesse ;
spasmes involontaires ; sensation comme si -les parties affec¬
tées étaient endormies, tiraillement du haut en bas.
Magnesia carb. — Névralgie sous-orbitaire gauche ; vio¬
lentes douleurs pendant la nuit dans l’os zygomotique, for¬
çant le malade à sortir de son lit et à se promener; sentiment
de tension de la peau de la face, frissons et froid.
Magnesia phosph. — Névralgie faciale ou abdominale sur¬
venant pendant la nuit, améliorée par la chaleur et aggravée
par le froid, le malade se sent très bien pendant lè jour ; les
douleurs sont aiguës, lancinantes, intermittentes et changent
souvent de place.
' Mercurius. — Nodosités syphilitiques, rhumatisme, dou¬
leurs déchirantes et lancinantes avec sensation dé froid dans
les parties affectées et grande faiblesse, aggravation la nuit
au lit.
Mezereutn. — Douleurs avec engourdissement dans les os
molaires et temporaux surtout du côté droit ; cavités dans les
dents cariées avec spasmes des muscles ; névralgie consécu*
tive à l’herpès zoster.
Natrum mur. — Douleurs périodiques quotidiennes avec
écoulement abondant de larmes irritantes, surtout après la
suppression d’une fièvre intermittente ; teint pâle, jaunâtre ;
aggravation au bord de U mer.
Nux vomica. — Névralgie sus-orbitaire d’une grande
intensité survenant quotidiennement le matin ; tendance à la
syncope avec hyperesthésie de tous les séns.
J Phosphorm. — Névralgie utérine chez les femmes sen-
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— 348
sibles par suitè de lactation prolongée ou par anémie, surtout
pendant la convalescence ; névralgie intercostale.
Platina. — Douleurs commençant doucement, augmentant
et décroissant graduellement ; névralgie de l'ovaire et de
l’utérus avec douleurs et engourdissement comme si les par¬
ties malades étaient comprimées.
Pulsàtilla.. — Douleurs errantes, déchirantes et lanci¬
nantes, s'aggravant avant minuit par la chaleur et la position
coùchée.
Rhododendron. — Névralgie ilîo-scrotale ; névralgie à la
suite d'un temps humide, d’un orage.
Rhus tox. — Névralgie sus-orbitaire gauche, survenant
de minuit au matin ; douleurs brûlantes avec agitation conti¬
nuelle.
Sanguinaria. — Migraine ; le malade doit s’agenouiller
et tenir la tôte contre le sol; douleurs brûlantes s’étendant de
l’œil gauche ou du cou vers le sommet de la tête ; elles com¬
mencent le matiu, s’aggravent pendant le jour et durent
jusqu’au soir ; elles reviennent tous les sept jours.
Sepia. — Congestion passive de la veine-porte ; grande
agitation de tout le corps ; le malade ne peut se tenir tran¬
quille; aversion pour le travail; névralgie intermittente,
s’aggravant le matin, disparaissant pendant le jour, et reve¬
nant la nuit ; névralgie pendant la grossesse ; spasmes.
Silicea. — Mauvaise nutrition; douleur dans la tête avec
apparition de petits module! sur le cuir chevelu ; douleurs né¬
vralgiques dans la tête avec sensation de déchirement ; trans¬
piration supprimée ; douleurs dans les nerfs dentaires.
Spigelia. — Les battements de cœur précèdent la proso-
palgie qui se produit ou s’aggrave par le manger ; la névral¬
gie survient et disparaît avec le soleil; elle est très intense
vers midi ; la peau de la face est gonflée et luisante ; névral¬
gie des yeux ; les douleurs sont plus prononcées à droite, et
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— 34 » —
laissent après elles une sensation de meurtrissure ; douleurs
lancinantes de dedans en dehors.
Stannum. — Névralgie opiniâtre débutant doucement,
augmentant et diminuant d'une manière graduelle; névralgie
ciliaire et orbitaire, améliorée par une vive pression.
Staphysagria. — Névralgie dans les joues, les épaules et
les bras ; névralgie crurale ; douleurs aiguës par le mouve¬
ment ou le contact des parties affectées; nodosités arthri¬
tiques.
Sulphur. — Névralgie intermittente périodique, s’aggra¬
vant chaque jour dans l’après-midi ou vers minuit, puis dimi¬
nuant graduellement; pression douloureuse sur les globes
des yeux ; boudées do chaleur fréquentes et soudaines par tout
le corps ; affections de la peau supprimées.
Tarentula hisp. Hyperesthésie excessive s’aggravant
au moindre contact; aucune amélioration ni par le chaud ni
par le froid.
Thuya. — Douleurs commençant dans les os molaires et
dans les yeux et s’étendant en arrière ; douleurs poignantes
et intolérables aggravées par la position assise ; les endroits.
douloureux brûlent comme du feu et sont très sensibles au
soleil; sycose.
Terebenthina. — Névralgie du bras, de l’épaule et de la
partie supérieure de l’orbite, s’aggravant la nuit ; névralgies
fugaces comme des chocs électriques, plus prononcés par le
mouvement.
Veratrum alb. — L’intensité de la douleur produit chez le
malade du délire, des syncopes avec transpiration froide,
surtout chez les personnes anémiques ; amélioration par le
mouvement.
Verbascum. — Douleurs violentes et spasmodiques causées
par un courant d’air subit, ou par le passage de l’air froid.
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dans ane ohambre chaude ; accès quotidiens réguliers avec
coryza intense et larmoiement.
Zincum. — Vitalité affaiblie; insomnie par suite de la
violence des douleurs ou de l’abus du mercure ou de la qui •
nine; aggravation par le mouvement, la fatigue et le moindre
contact; hyperesthésie avec épuisement.
Thèrldlon dans l'hystérie
Thêridion n’est pas encore très connu comme remède de
l’hystérie ; cependant, dans ces dernières années, un grand
nombre de guérisons ont été obtenues à l’aide de ce médica¬
ment, surtout dans l’hystérie liée à l’irritation spinale. Le
sujet justiciable de thêridion est très sensible à la lumière;
il s’évanouit à la moindre fatigue, et présente une grande
faiblesse, un tremblement assez prononcé, des frissons et de
l’anxiété. Il est très agité et doit s'occuper de tout, quoique
rien ne lui plaise. Le caractère distinct consiste surtout dans
la grande sensibilité au bruit et l'hyperesthésie considérable
de la colonne vertébrale. Getto hyperesthésie est tellement
vive que le malade s’assied do côté sur sa chaise, afin d’évi¬
ter la pression du dossier contro l’épine dorsale.
Kali carbonlcum dans la bronchite
M. S., âgé de 50 ans, est un homme fort et vigoureux
qui souffre chaque hiver d’une bronchite très opiniâtre.
Getto année il tousse déjà depuis quatre semaines et est obligé'
de rester chez lui. Pondant le jour il éternue et éprouve
quelques accès de toux; mais c’est surtout le soir vers 6 heu¬
res que les symptômes s’aggravent à tel point qu’il lui est
impossible de se tenir couché dans sou lit. Une sensation de
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corps étranger dans le larynx produit alors des accès de suf¬
focation et des paroxysmes d’une toux violente, se terminant
par l'expectoration de mucosités épaisses, grisâtres et vis¬
queuses. Ces mucosités, une fois détachées, ne sont pas diffi¬
ciles à expectorer; au contraire souvent elles s’échappent
inopinément de la bouche après un accès de toux. C’est là un
symptôme très caractéristique de kali carb.
Une toux violente s’aggravant le soir et la nuit, s’aggra¬
vant également dans la position couchée, et ayant son point
de départ au larynx indique kali carb . et un grand nombre
d’autres remèdes.
Mais lorsque cette toux est accompagnée de l’expectoration
de mucosités visqueuses, difficiles à détacher d’abord, mais
s’échappant à l’improviste de la bouche parce qu’elles n’ont
aucune tendance à adhérer pendant leur passage à travers
les voies respiratoires, alors kali carb. constitue le médica¬
ment homœopathique par excellence.
Le malade prit kali carb. 30* le soir vers 7 heures, lors¬
que l’aggravation avait déjà commencé ; la nuit fut beaucoup
meilleure que les précédentes, et après quelques jours la
guérison fut complète. {American homœopathist.)
D r Lambrbghts, pILS.
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
Du plumbum aceticum Contre les coliques des chevaux
J’appelle l’attention des médecins vétérinaires et des agri¬
culteurs sur un remède nouveau contre les coliques des
chevaux. Cette affection qui, dans la plupart des cas, constitue
un mal opiniâtre et qui peut se déclarer soudainement, cède
va plumbum aceticum, première trituration.
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— 352 —
Un fermier des environs, qui possède un grand nombre de
chevaux, en eut en très peu de temps six atteints de coliques
violentes. Il leur administra tous les quarts d’heure une dose
du médicament précité et les rétablit tous en très peu de
temps. C'est avec joie qu’il est venu nous narrer la chose,
tout en nous demandant une grande quantité de ce sel, afin
de ne jamais en manquer.
Nous ne saurions assez recommander ce médicament à tous
les intéressés. (Leipziger Populâre Zeitschrift fur HomÔo-
pathie, décembre 1889.)
NOUVELLE
Société française d'homœopathle. — A la suite du Congrès
homœopathique tenu à Paris au mois d’août 1889, quelques médecins
émirent l’idée de concentrer les forces éparpillées de l'homoeopathie en un
seul faisceau. Dans ce but les deux sociétés existantes : la Société
homœopathique de France et la Sociité liahnemannienne fédérative se
fusionnèrent en une société unique qui prit le nom de Société française
d’homœopathie. Cette société a pour organe une nouvelle revue : la
Revue homœopathique française, publication mensuelle dont le premier
numéro a paru le 31 janvier dernier.
SOMMAIRE
Revue des journaux homoeopathiques de France, par
le D r Schepens, de Gand.321
Le tabac (Suite et fin) par MM. Em. Seütin, Ph n etle
D r Léon* Seütin, à Bruxelles.327
Chirurgie et homœopalhie. — Traduction du D' Cheva¬
lier, de Charleroi.338
Revue des journaux homoeopathiques d’Amérique, par
le D r Lambreghts, fils, d’Anvers.342
Médecine vétérinaire.351
Nouvelle. 352
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REVUE HOMŒOPATHIQUE BELGE
16* Année. MARS 1890. N* 12
LA MER ET LES PERSONNES MALADES
par le D r Martiny
Indications et contre-indications
Généralités. — L’influence que le séjour au bord de
la mer exerce sur les personnes bien portantes est pres¬
que toujours salutaire ; il n’en est pas absolument de
même chez les personnes malades ; parmi celles-ci les unes
peuvent y trouver la guérison, chez d’autres au contraire
les souffrances augmenteront, la maladie s’aggravera
et pourra même prendre une tournure funeste. Quels sont
les malades qui doivent aller au bord de la mer, quels
sont ceux qui doivent l’éviter, en résumé quelles sont les
indications et les contre-indications de la cure maritime?
C’est ce que nous allons examiner.
La mer offre aux malades et aux médecins de précieu¬
ses ressources, des moyens curatifs puissants, qui, bien
appliqués, procurent les résultats les plus heureux, tandis
que, mal dirigés, ils peuvent aboutir à des troubles pro¬
fonds, graves, parfois irrémédiables ; qu’un sujet bien
portant fasse à la mer une cure inopportune, mal com¬
prise, le préjudice sera vite réparé. Au contraire, si un
vrai malade s’expose, sans indications bien établies, aux
influences multiples de la vie que l’on mène habituelle¬
ment à là plage, sa maladie peut s’aggraver, parfois très
rapidement, et même devenir mortelle, de bénigne qu’elle
était antérieurieurement. Pour conseiller un essai, même
timide, du bord de la mer à un malade, il faut auparavant
avoir bien diagnostiqué son mal, s’être rendu un compte
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bien exact de ses organes, lesquels peuvent ne plus être
assez robustes pour résister aux chocs si variés de la
plage; ces organes, quand ils sont trop affaiblis, ne peu¬
vent plus réagir favorablement ; aussi n’esl-il pas rare de
rencontrer des personnes qui quittent la mer plus souf¬
frantes qu’auparavant, il en est môme auxquelles elle est*
absolument fatale ; heureusement ces cas sont fort peu
fréquents ; l’on peut même dire que, dans les quelques
rares circonstances où les puissantes ressources de la
mer ont pu donner lieu à des mécomptes, ceux-ci auraient
pu être évités avec un peu de tact etau moyen de quelques
précautions ; un homme malade ne devrait donc jamais
tenter une cure maritime, sans s’enquérir de l’avis d’un
médecin compétent et sans prendre ses conseils pendant
la cure même : la mer produit chaque année des cures
merveilleuses dans presque toutes les maladies, des cures
parfois inespérées qui étonnent le médecin lui-même,
sans qu’il puisse se reudre compte du mécanisme de la
guérison.Nous avons vu revenir do nos villes d’eaux, pour
ainsi dire guéris, des malades chez lesquels, d'après tout
ce qui paraît expérimentalement établi, la mer aurait dû
exercer des effets nuisibles ; ils étaient partis sans
demander l’avis de leur médecin ou même malgré sa
défense! Il n’y a pas lieu pourtant de s’étonner outre
mesure d’un pareil résultat; d’abord les indications et
contre-indications de la cure de mer ne sont pas
encore bien précisées et, il faut bien l’avouer, celles
qui paraissent l’être 11 e sont pas assez connues; et puis,
d’un autre côté, n’oublions pas qu’à la mer le malade
trouve l'air le plus pur. de l’oxygène électrisé, et que s’il
prend quelques précautions banales pour éviter une
secousse trop brusque de ses organes par les influences
si vives mais si bienfaisantes de nos plages, il peut en
retirer les plus sérieux avantages : enfin nous ne pouvons
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mesurer à l’aune la vitalité de nos malades ; tel sujet,
paraissant chétif et débile est parfois d’une résistance
étonnante; les chocs du bord de la mer réveillent sa vita¬
lité qui paraissait engourdie ; cette cure faite en plein air
pur, au début de laquelle l’appétit augmente, les distrac¬
tions si nombreuses, si variées de nos plages, où tout le
monde se coudoie, où tout le monde paraît gai et animé,
le grand spectacle de la mer qui absorbe presque com¬
plètement la pensée et repose l’esprit, tout contribue
à donner au malheureux malade une stimulation de bon
aloi qui met en mouvement les ressorts les plus profonds
de l’économie et déjoue parfois les craintes les mieux
motivées du médecin. Celui-ci ne doit pas vite défendre
à un malade de partir pour la mer; là est peut-être le
salut ! Permettons donc facilement aux malades un essai,
mais soyons prudents, très prudents dans notre tenta¬
tive; ne donnons pas de suite une dose forte de cet
admirable traitement, de ce remède énergique ; tâtons la
susceptibilité de l’organisme du sujet et surtout ne le
mettons pas dès le premier jour en plein dans cette
atmosphère marine, remplie de médicaments finement
divisés, ozonifiée, où régnent continuellement des cou¬
rants d’air nombreux et variés; réglons bien le temps de
la journée : un séjour très court sur la digue les premiers
jours; choisissons avec circonspection le moment de la
journée le plus convenable pour faire entrer le malade
dans cette grandiose salle d’inhalation ; limitons soi¬
gneusement la durée de ces séances, pour l’augmenter
si la réaction est franche et se fait sans troubles. C’est au
bord de la mer surtout que le malade a besoin d’un méde¬
cin observateur; de celui-ci dépend souvent la réussite de
la cure. Malheureusement on consulte peu les médecins au
bord de la mer, et bon nombre de malades, sérieusement
menacés, s’en tiennent aux conseils de la routine; c’est à
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peine s’ils s’observent eux-mêmes, s’ils cherchent à se
rendre compte de ce qu’ils éprouvent, et s’ils pensent à
en faire part à leur médecin. En vérité, quand on voit
comment les choses se passent, on est étonné que la cure
de mer ne donne pas plus de mécomptes. Cet air électrisé,
exempt de microbes, répare bien des imprudences. L.3
mer, nous pouvons l'assurer, est utile à presque tous les
malades ; elle serait plus favorable encore si les médecins
et les malades savaient mieux s’en servir, s’ils prenaient
soin de bien régler la dose de cet incomparable moyen
thérapeutique. Ils sont bien rares les malades auxquels la
mer doit être absolument interdite et auxquels elle ne
peut faire quelque bien. Il en existe pourtant, et nous
tâcherons de donner des indications suffisantes pour les
faire reconnaître, mais avant tout nous nous efforcerons
de donner des recommandations pour la direction de la
cure et la progression qu’il faut suivre. Mais ce n’est
pas sans de sérieuses appréhensions d’étre au-dessous
de la tâche entreprise que nous commençons cette étude
des indications et contre-indications de la mer, de la direc¬
tion de la cure, de la manière de l’entreprendre et de
la continuer; mais encore une fois, nous nous baserons
surtout sur ce que nous avons vu, sur ce que nous avons
observé depuis l’époque où nous avons compris qu’une
large part des effets de la cure maritime est attribuable
aux médicaments que l’atmosphère de la mer tient en
suspension, depuis que, grâce à l’immortelle découverte
deHahnemann concernant l’action si profonde des remèdes
infiniment divisés, nous avons pu mieux nous rendre
• compte de ce qui se passe sur la plage. Non pas que nous
pensions un seul instant à faire fi de l’expérience des
autres,loin de nous pareille pensée : nous avons eu soin de
colliger toutes les observations bien faites,de rechercher
tous les documents et de demander l’avis de la plupart de
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nos confrères qui, par suite de leur position ou de leurs
études spéciales, pouvaient nous fournir des renseigne- .
ments; la question est encore trop obscure, et ce qui
complique encore pareille étude, c’est que l’action de la
mer n’est pas la môme sur toutes les plages ; ce qui est
observé sur les plages du Nord peut être différent de ce
qui se passe dans les régions de l’Ouest et du Midi; ce
qui est vrai pour une plage largement ouverte n’a plus
sa raisôn d’être pour un littoral abrité, quand les côtes
ne sont guère que de quelques mètres plus élevées que le
niveau delà mer ou quand le littoral est bordé de falaises,
etc., etc. Ceux qui se rappelleront les considérations que
nous avons émises dans la première partie de notre étude
sur l’action de la mer comprendront combien toutes les
conditions d’altitude, de climat, de température, de direc¬
tion des vents habituels,etc.,peuvent avoir d’importance,
combien ils peuvent modifier l’influence delà mer. Ce
n’est donc que prudemment que nous nous aventurons
dans cette question extraordinairement vaste, d’autant
plus que pour une solution complète, il faudrait l’éten¬
dre aussi à l’action de la mer sur d'autres côtes que
les nôtres ; néanmoins, bien que nos recherches et nos
investigations se rapportent plus spécialement à nos côtes
belges et à celles de nos voisins, nous ne négligerons pas
de parler à l’occasion des cures qui se font sur d’autres
plages beaucoup plus éloignées de nous et qui sont
parfois tout différentes dans leurs'effets; tel malade
qu’il serait imprudent d’envoyer sur nos côtes de la mer
du Nord serait très avantageusement influencé par une
cure faite sur les bords de l’Océan ou de la Méditer¬
ranée.
D’une façon générale le séjour au bord de la mer peut
être utile à presque tous les malades, à presque toutes
les constitutions. Toutes les prédispositions morbides, à
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peu d’exceptions près, peuvent y être avantageusement
modifiées; la cure maritime, avec ses ressources variées
et multiples, peut rendre des services à presque toutes les
personnes souffrantes. On trouve à la mer des moyens
de répondre à toutes les indications thérapeutiques : A
quelques centaines de mètres de la digue, on respire un
air pur, vif, électrisé comme celui des montagnes, pré¬
cieuse ressource pour certains malades; en approchant de
la digue cet air tient encore en suspension assez de ces
particules salines bromo-ioJurées pour quelles jouent
déjà un rôle mitigé sur l’organisme qui les absorbe,
rôle naturellement moins profond, moins actif que chez
celui qui se promène sur la digue elle-même, où il reçoit
l’air de la mer dans toute sa vivacité et complètement
chargé de ces poussières médicamenteuses. Quiconque
aura son habitation sur la digue même sera soumis pen¬
dant la cure à une influence différente de celle éprouvée
par celui qui ny passe que quelques heures par jour; l’un
absorbe presque continuellement les médicaments véhi¬
culés par l’air marin, l’autre les prend à dose plus frac¬
tionnée; chez le premier les effets médicamenteux secon¬
daires, consécutifs, qui sont parfois les plus utiles, ne
peuvent se produire de la même façon que chez le second.
Enfin le malade et le médecin ont encore d’autres moyens
curatifs à leur disposition : les bains de mer à action déjà
si complexe et qui varie encore suivant l’heure du jour,
la durée, etc. ; précieux adjuvants qui offrent toutes les
puissantes ressources de l’hydrothérapie, — puis les
bains de mer chauds et enfin l’usage interne de l’eau de
mer qu’on n’emploie pas assez souvent et qui peut riva¬
liser avec les eaux minérales les plus célèbres! Eh réflé¬
chissant quelque peu à toutes ces circonstances, à toutes
ces conditions si variées, on comprend facilement quelles
ressources multiples elles peuvent offrir et quels succès
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— 35» —
elles peuvent procurer à un médecin qui les connaît et
qui sait les manier après avoir bien étudié son malade.
Dès lors n’est-il pas triste de voir presque tout le monde
vivre de la même façon au bord de la mer, y passer le
même nombre d’heures sur la digue, prendre indistincte¬
ment des bains, etc. Voilà où il faut chercher la cause
des nombreux mécomptes, des insuccès, des mauvais effets
de la cure marine.
Il ressort clairement de tout ce qui précède qu’on ne
peut donner des indications très précises, chaque malade
doit pour ainsi dire avoir un règlement différent et mal-
heùreusement la question est peu étudiée, et puis elle est
difficile ! — L’expérience des malades eux-mêmes doit
toujours être mise en ligne décompté ; aussi, chaque fois
qu’une personne souffrante me pose cette question :
« Docteur, la mer me convient-elle ?» Je réponds inva¬
riablement : « Y avez-vous déjà séjourné ? Comment vous
y êtes-vous comportée, quels effets en avez-vous ressen¬
tis ? » Et dans mes conseils je tiens toujours compte de la
réponse des malades. Lorsque le malade n’a pas séjourné
antérieurement à la mer,ou que la réponse n’est pas caté¬
gorique, je propose d’en faire un prudent essai, pour
s’assurer si la mer sera salutaire. Voici ce que j’entends
par un essai ; ceci peut même servir de guide à tous les
malades qui veulent tâter de la cure marine: Ne pas
rester trop longtemps sur la digue au début, n’y séjourner
que quelques heures, les premiers jours, en augmentant
graduellement la durée, ne prendre des bains, lorsqu’ils
paraissent indiqués, qu’au bout de quatre ou cinq jours
et des bains de fort courte durée (pas même cinq minutes).
Bien observer tous les symptômes qui se produisent et
noter surtout la fréquence du pouls matin et soir. On ne
se doute pas généralement de l’influence que la mer exerce
sur la circulation du plus grand nombre ; très fréquem-
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ment le pouls gagne de la fréquence, les premiers jours ;
c’est un signe que l’influence est vive et les malades peu-
ventfacilement eux-mêmes le constater(fréquemment pour
ce motif nous conseillons quelques globules A'aconit
matin et soir). Lorsque la circulation s’accélère forte¬
ment, le malade doit être prudent. Le médecin qui donne
des conseils pendant la cure maritime doit toujours scru¬
puleusement examiner l’appareil de la circulation, c’est
lui qui est influencé en premier lieu, c’est lui qui donne les
premières et les plus précieuses indications.
La question des indications et contre-indications de la
mer dans les divers états morbides est à peine ébauchée
non seulement parce qu’elle est peu étudiée et que les
diverses informations ne peuvent concorder par la raison
que les effets d’une plage ne sont pas les mêmes que ceux
d’une autre plage souvent même peu éloignées l’une de
l’autre, mais aussi parce que la science de la pathologie
est loin d’être elle-même très précise, que l’on s’entend
fort peu au sujet de l’origine, de la genèse et de la symp¬
tomatologie des diverses maladies qui affligent l’espèce
humaine. Sont-elles nombreuses et variées les infirmités
de l’organisme humain ! S’il fallait les passer toutes
en revue, on n’en finirait pas et l’on ne saurait par où
commencer, ni comment les classer, précisément parce
que toutes les classifications présentent des défectuosités
et des lacunes, que les classifications de la veille ne
peuvent plus servir le lendemain ; aussi nous contente¬
rons-nous d'une simple nomenclature en nous bornant
à établir des catégories paraissant confirmées par l’ex¬
périence médicale, sans vouloir marquer entre elles
des liens ou des rapports sur la nature des divers états
morbides ; encore une fois nous ne voudrions pas ici
abuser des termes et des expressions scientifiques, nous
rappelant que nous n’écrivons pas exclusivement pour
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— 361 —
des médecins; plutôt que de suivre un ordre absolument
en accord avec les idées actuelles de la science, nous
préférons, pour être mieux compris, nous en tenir aux
expressions et aux noms consacrés par l’usage,et chaque
personne souffrante pourra aisément trouver le chapitre
qui l’intéresse plus particulièrement; l’ordre dans lequel
nous traiterons des diverses maladies sera ainsi rendu
plus pratique, et chacun pourra facilement trouver ce
que nous pensons de la cure de mer à propos de telle
ou telle infirmité.
Enfin l’on ne doit pas perdre de vue que les classifica¬
tions des maladies n’ont rien d’absolu et que, lorsqu’il
s’agit de la cure de mèr, ce n’est pas la maladie en elle-
même qu’il faut considérer, mais bien le porteur de cette
maladie, le malade, qu’il faut avoir en vue ; tel malade
atteint d’une affection plus ou moins bien définie ne
supportera pas la mer ; tel autre, atteint de la même ma¬
ladie nominale, v trouvera la guérison, tandis que chez le
premier les organes étaient originellement ou acciden¬
tellement trop faibles pour réagir favorablement, les
secousses de la mer serout trop violentes, elles amène¬
ront chez le second une réaction bienfaisante : les forces
digestives se relèveront, l’appétit reparaîtra, demandant
de nouveaux matériaux pour entretenir les forces, etc.,
etc. C’est à la mer surtout que le médecin doit se rappe¬
ler que c’est, le malade qu’il doit traiter, et non pas telle
ou telle maladie. Ceci est tellement vrai que nous ne
connaissons presque pas de maladies dans lesquelles la
cure de mer soit toujours positivement contre-indiquée ;
même les cardiaques, même certains cancéreux peuvent
en retirer des avantages.
(A continuer.) D r Martiny.
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• — 362 _
CHIRURGIE ET HOMŒOPATHIE (1)
parle D r I. Leeser, de Rheydt.— Traduction du D r Chevalier, de Ch&rleroi
Les médecins qui, comme les homœopathes, cherchent à
pénétrer la nature des maladies, sont les défenseurs des
méthodes de traitements naturels, qui dépassent de cent
coudées celles des soi-disant médecins scientifiques. Outre
leur antagonisme contre les écoles modernes, ils ont ceci de
commun avec les homœopathes qu’ils ne font pas reposer
leur thérapeutique sur une base anatomo-pathologique, mais
que, sans s’inquiéter du diagnostic théorique, ils cherchent
dans chaque affection à reconnaître le dérangement fonc¬
tionnel et se hâtent de rétablir l’activité normale. Et tandis
que ces premiers médecins avec leurs médicaments travaillent
sur une plus ou moins grande partie du corps et cherchent
indirectement à remettre à flot la partie lésée, l’homœopa-
thio agit directement par ses remèdes sur les fonctions de te
sphère malade jusque dans ses moindres replis, pour les
ramener à la normale. L’individualisation de la médecine
homœopathique est plus grande et plus fine que celle des
autres médecines; elle étudie les moindres petits détails,
tandis que les autres ne font que des observations grossières;
elle recherche les différentes manières d’être des maladies,
ce qui échappe complètement aux autres. Il est inutile de
prouver que la médecine moderne est très loin de la vraie
connaissance des maladies, et comme l’observation journalière
nous l’appren 1 et surtout comme les paroles de Billroth le
prouvent, elle s’en écarte de plus en plus. Sur ce terrain,
tous les soi-disant progrès de la médecine moderne ne nous
intéressent guère, car un progrès sur un sujet faux éloigne
davantage de la vérité et est plutôt un pas en arrière. Les
(1) Suite. Voir volume courant p. 338.
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363 —
nombreuses inventions et découvertes de l’école officielle
n’ont pour nous quun intérêt théorique ; nous ne devons pas
les ignorer, mais elles ne peuvent nous intéresser que comme
nouveauté à enregistrer, sans nous approprier les fausses
conséquences qui en résultent au point de vue médical. Ceci
est surtout vrai pour la bactériologie (1), qui, dans ces
derniers temps, s’est développée avec exubérance, et qui n’a
pour nous aucune valeur pratique, alors que l’école moderne
a déjà édifié sur elle tout un système thérapeutique naturel¬
lement faux. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se
brise. Chaque réaction scientifique a au moins ce bon côté,
qu’elle provoque une contre-réaction, d’autant plus vite
qu’elle est plus sérieuse. Il est à espérer que ces tristes inven¬
tions qu’a fait éclore la médecine moderne par l’envahissement
des spécialités opératoires, précisément à cause de ces
nombreuses et absurdes méthodes de traitement, finiront par
disparaître, quand enfin le public, plus soucieux de ses intérêts
et assez appris, aura le courage de dire aux médecins :
« Jusqu’ici, mais pas plus loin. » On objectera peut-être que
le public n’est pas en état de discuter une question scientifique,
mais cette question a aussi son côté éminemment pratique; il
s’agit de la vie et de la santé de ce public qui, dans tous les
cas, doit supporter les frais, et par conséquent doit aussi avoir
son mot à dire. C’est pour ce motif que notre grand Maître
s’est adressé au public, à l’opinion générale qui, aujourd’hui,
constitue une force de premier rang, et les médecins homœo-
pathes, en Angleterre, font de même pour leurs réunions, et
cela avec fruit. Si l’homœopathie, on Allemagne, ne fait pas
(1) Nous ne pourrons admettre la bactériologie m >derne que quand, après
taut de découvertes riches en conséquences, comme celle du baciUe du cancer,
de celui de la calvitie, etc., elle aura trouvé enfin celui de l'allopathie avec son
remède. Il doit, selon toutes probabilités, avoir sou siège dans le cerveau,proba¬
blement dans le centre de la logique.
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— 364 —
\
autant de progrès que dans d’autres pays, cela ne dépend pas
du petit nombre de médecins adhérents, mais de ce que l’on
na pas donné à l’opinion publique assez l’occasion de connaître
la différence essentielle qui existe entre le traitement des
semblables et celui des contraires, et qu’on n’a pas assez fait
connaître les beaux résultats du premier. Qu'on mette devant
les yeux du public les belles guérisons de l’homœopathie et
qu’on le laisse choisir entre la maxime de Billroth « la méde¬
cine doit devenir chirurgicale » et celle opposée qui peut être
considérée comme l’apanage do l’homœopathie « la chirurgie
doit devenir médicinale » : le choix ne sera pas douteux.
Oui, la chirurgie doit devenir médicinale, c'est-à-dire non
dans le sens donné par les écoles modernes, mais dans le sens
de la seule méthode rationnelle,de l'homœopathie.Si l'homœo-
pathie est une méthode de traitement efficace, elle doit être
à même de supprimer les nombreuses opérations qui détrui¬
sent la santé et la vie.
Cette méthode de traitement serait sans contredit la meil¬
leure, qui ferait disparaître la chirurgie en tant que médecine
opératoire et qui donnerait une guérison facile et durable par
un traitement interne, ce que jamais les opérations les mieux
faites pourront procurer.
L’homœopathie, sous ce rapport, a déjà fait ses preuves, et
les nombreuses observations qui l’attestent à l’évidence, ne
manquent pas.
Puissent celles qui vont suivre apporter encore plus do
poids à cette démonstration :
I. — Rudolf A., fabricant, âgé de 50 ans, d’une forte consti¬
tution, d'un bon tempérament, à la suite d’un traumatisme sur¬
venu il y a 30 ans, a perdu le testicule droit. Depuis 10 ans
il remarqua un gonflement insensible du gauche qui actuelle¬
ment a acquis la grosseur d’un œuf d'oie.
Comme il ne veut pas se laisser opérer, il vient me con-
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— 365 —
sulter le 10 octobre 1887. Le scrotum est fortement tendu et
translucide, on sent le testicule dur et gonflé. Diagnostic:
hydrocèle. Le patient ne se plaint que de faiblesse des organes
génitaux qui, surtout depuis six semaines, sont impuissants,
d’insomnie nerveuse et de prurit à la peau, tant le jour que
la nuit; tout le reste va bien.
Je prescris sulphur 200°, une poudre tous les 8 jours.
26 octobre 1887. — Status idem. Saccli. lactis.
10 novembre. — Le prurit a diminué, même état; sulphur
200«, une poudre.
24 novembre. — Le prurit a disparu complètement.
Le gonflement du testicule semble diminuer. Sacch.
lactis.
9 décembre. — Status idem, en revanche il y a pour la
première fois deux points douloureux dans le cou ; je pres¬
crivis pour ce motif 7 poudres de chelidonium 30*, une
poudre tous les deux jours le soir avant de se coucher.
29 décembre. — Le sommeil considérablement amélioré,
le prurit disparu ; le scrotum moins tendu et plus ramolli.
Chelidon. 30 e , 7 poudres.
18 janvier 1888. — Diminution nouvelle du scrotum. Le
testicule n’est plus si dur. Les désirs vénériens reviennent.
Sommeil bon. Chelidon.
2 février. — L’amélioration continue. Sommeil bon.
18 février. — L’hydrocèle n’a plus que la grosseur d’un
œuf, le testicule plus mou. Chelidon. est continué et améliore
la situation.
24 avril 1888. — Testicule normal. Impuissance disparue.
Le patient est guéri et n’a plus rien présenté d’anormal jus¬
qu’à ce jour. (Novembre 1889.)
II. —Robert V. E., restaurateur, 45ans, souffre depuis 8 ans
d’un hydrocèle du côté gauche, qui, à plusieurs reprises, a déjà
été ponctionné. 11 me consulte le 3 août 1887 pour subir une
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— 366 —
nouvelle ponction. Comme il ne veut pas suivre un traitement
interne, je lui fais la ponction.
Le 9 juillet 1888, il me fait appeler. Depuis 8 jours l'hydro¬
cèle qui, lentement, s'était reformé, présente des symptômes
d’inflammation. Le scrotum est rouge et chaud, le testicule et
surtout l’épididyme sont très douloureux, état fébrile.
11 veut encore être ponctionné, ce que je refuse.
Je prescris des cataplasmes chauds sur les bourses, le rep03
au lit, et une potion de chelidonium 30 e , une demi-cuillerée
à soupe toutes les 2 heures.
11 juillet 1888. — Après une forte transpiration, les dou¬
leurs ont disparu, ainsi que le gonflement et la fièvre. Même
traitement, demi-cuillerée toutes les 3 heures.
13 juillet. — Le malade est levé, pas de fièvre ni de dou¬
leurs.
17 juillet. — Etat comme avant l’inflammation. Hydrocèle
de la grosseur d’un œuf d’oie, pa^ de douleur à la pression. Il
finit par consentir à se faire traiter intérieurement. Chelidon .
30 e , 7 poudres, une tous les 2 jours au soir.
31 juillet. — Grande diminution du gonflement. Chelidon .
25 août 1888. — Guérison complète, qui ne s’est pas
démentie jusqu’à ce jour.
III. — Auguste S., cordonnier, âgé de quarante ans, me
fait mander le 19 octobre 1887. Il a été atteint, il y a huit
ans, d’une gonorrhée, qui depuis quelque temps est revenue.
Depuis quatre jours, l’écoulement a cessé et il s’est déclaré
une orchite à gauche. Je prescris des cataplasmes sur le
testicule enflammé et chelidonium 30 e à l’intérieur, une
demi-cuillerée à soupe toutes les deux heures.
21 octobre. — Le testicule a beaucoup diminué, à peine
douloureux, la gonorrhée a reparu. Rep.
24 octobre. — Testicule normal, écoulement diminué,
dysurie et ténesme vésical. Contin.
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— 367 —
. 26 octobre. — La dysurie a disparu, le testicule est guéri,
plus d’écoulement, mais émission fréquente d’urine goutte
à goutte. Le jet de l’urine est faible et souvent interrompu.
L’examen me fit découvrir un rétrécissement dans la région
prostatique, que je ne puis franchir avec la plus fine bougie.
Au lieu de dilater mécaniquement cette stricture, je lui pres¬
crivis, eu égard à une gale qu’il avait eue pendant sa jeunesse,
sulphur 200", une poudre à prendre en une fois. Là-dessus
de l’esprit de vin.
31 octobre. — La miction se fait mieux, plus goutte à
goutte ; le patient doit uriner assez souvent et se dépêcher.
Je continue l’esprit de vin.
7 novembre. — Nouvelle amélioration. Le jet est assez
gros. Ténesme moindre. Spirit. vini.
14 décembre. — La miction se fait normalement, sans dou¬
leur, rarement dysurie. La bougie n° 18 passe facilement
par le canal. Spirit. vini.
2 janvier 1888. — Le jet est encore un peu faible; sul¬
phur 200 e , dans 150 grammes d’eau, deux cuillerées par
jour pendant quatre jours et puis cesser.
21 janvier. — Etat très bon. Je passe sans difficulté la
bougie n° 21. Plus de traces de rétrécissement. Le malade
prend encore une dose de sulphur 200 e .
25 février 1888. — Le patient est complètement guéri.
La femme K., tailleuse, quarante-deux ans, vint à ma
consultation le 20 août 1888. Depuis à peu près six mois,
elle a remarqué une petite tumeur dans le sein gauche, pour
laquelle elle a déjà consulté deux allopathes qui, la considé¬
rant comme cancéreuse, conseillèrent l’ablation. Comme elle
a peur de l’opération, elle vient prendre mon avis. L’examen
me fit découvrir une tumeur dure, de la grosseur d’une noix,
dans la partie supérieure du sein gauche avec engorgement
ganglionnaire de l’aisselle du même côté. A part cela, rien
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, — 368 —
d’anormal à noter. Diagnostic: Carcinome du sein. Eu égard*
aux points douloureux, je prescris chelidonium 30°, sept
poudres, une le soir tous les deux jours.
3 septembre. — Status idem, chelid. rep.
20 septembre. —La tumeur paraît s’amollir un peu. Aucun
autre changement. Rep.
4 octobre. — La malade trouve la tumeur diminuée, je
n’oserais cependant affirmer qu’il en est ainsi. Rep.
2 novembre. — Diminution notable de la tumeur et du
ganglion. Le médicament fut continué; le 8 janvier, la tumeur
avait diminué de moitié et le ganglion avait quasi disparu.
15 mai 1889.— La tumeur a complètement fondu, l’aisselle
ne contient plus de ganglion engorgé.
29 juin. — J’ai revu la patiente, elle se porte très bien.
Jusqu’à ce jour, elle a continué ainsi.
Je rapporterai, après guérison complète, un cas de cancer du sein que je
traite par silicca. La patiente est en traitement depuis un an ; elle présentait
alors uue tumeur do la grosseur d'un œuf d*oie, qui a déjà diminué de moitié,
et s'est ramolli. L’état général s'est l>eaucoup amélioré.
Me basant sur les exemples ci-dessus, je puis affirmer que
le traitement interne donnera des résultats toujours supé¬
rieurs à ceux de la chirurgie, et cela parce que son action
n’est pas seulement anatomique, mais fonctionnelle. Je con¬
vie tous mes collègues à rapporter les nombreux cas qu’ils
ont eu l’occasion de traiter, afin de prouver que la chirurgie
pour les hom éopathes est dans bien des cas superflue. En
terminant, je dirai que, pour moi, le chirurgien le plus habile
est celui qui fera le plus rarement possible une opération, et
que celui qui recourra souvent au baume d’acier sera un
très mauvais homœopathe.
FIN.
Traduction du D r Chevalier.
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— 369 —
UN NÔUVEAU JOURNAL HOMŒOPATHIQUE
Nous sommes heureux de pouvoir constater une fois de
plus l’ardeur toujours croissante de nos confrères espagnols
qui se font remarquer,non seulement par leur grand nombre,
mais encore, et surtout, par la multiplicité de leurs tra¬
vaux.
Voici qu’un nouveau journal, du format de la Revue
homœopathique belge , est encore venu s’ajouter aux précé¬
dents ; il a pour titre : Revista homœopatica ; il est publié
mensuellement à Barcelone par un comité de rédaction choisi
et nombreux ayant pour directeur le D r Juan Sanllehy. Dans
un article de fond qui a pour titre : Erreurs fatales, le D r J.
Nogué Roca défend d'une façon brillante lacausedel’homœo-
pathie ; à l’appui de ses attestations, il cite plusieurs faits
remarquables dont en voici un que nos lecteurs liront avec
plaisir :
«Une damesoufïrait beaucoup d’une névralgie infra-ôrbitaire
contre laquelle les traitements les plus divers et les plus
énergiques avaient été employés sans résultat favorable. Le
D r Joaquin Hysern, de passage à Paris, où il est fort connu
maintenant comme chirurgien distingué, fut consulté par
cette dame; il trouva qu’il n’y avait rien de mieux à faire
que la section du nerf malade. Heureusement pour la pauvre
malade, qu’avant le jour où devait se faire l’opération, quel¬
qu’un qui lui parla élogieusement de l’homœopathie, lui fit
faire connaissance du D r Moulin père, qui, fort simplement,
fit disparaître la névralgie en question à l'aide de quelques
doses de nux vomica . »
Dans le cours de son article fort bien écrit le D r Roca cite
encore d’autres faits analogues, tout aussi remarquables,dont
nos lecteurs pourront se rendre compte en lisant la Revista
homœopatica .
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— 370 —
Dans cette même Revue, nous avons lu une histoire cli¬
nique des plus instructives qu’a publiée le D r Salvador Badia.
Nous croyons bien faire en donnant la traduction résumée
de cet article.
Typhus exanthématique avec complication pulmonaire
notable. — Ouérlson
par le D r Salvador Badia
Il s’agit d’un homme âgé de 22 ; ans, de tempérament san¬
guin, de bonne constitution et sans antécédents morbides,qui
s’est senti malade subitement dans la soirée du 15 férrier.
Une sensation de froid intense et de fortes nausées» suivies de
vomissements bilieux, l’obligèrent à se mettre au lit. Le soir
même il prit une infusion de chamomille et s’administra un
purgatif.
Le lendemain, comme les symptômes primitifs avaient per¬
sisté, qu’un délire inquiétant ainsi qu’une toux intense suivie
d’expectoration sanguinolente avaient encore aggravé l’état
du malade, sa famille fit appeler un médecin qui, sans doute
afin de combattre la phlogose pulmonaire, formula une potion
contenant de l’oxyde d’antimoine.
Le jour suivant, le 3 e de la maladie, une consultation fut
nécessaire ; l’un des médecins avisa de continuer le traite¬
ment, l’autre préconisa la quinine. Une seconde consultation
qui eut lieu le 17, fut suivie de l’application d’un grand vési¬
catoire sur la poitrine du malade qui fut soumis en outre à
l’action du même traitement médicamenteux et de grandes
doses de vin vieux.
Malgré tout cela, l’état du malade s’aggrava de plus en
plus,l’excitation cérébrale surtout devint des plus intenses, à
tel point que les médecins traitants eux-mêmes perdirent tout
espoir de guérison.
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— 371 —
C’est alors que je fus appelé; je vis le malade pour la pre¬
mière fois à 9 heures du soir, le 5 e jour de sa maladie. Voici
ce que j’observai: Angoisse profonde, face vultueuso, yeux
injectés, dyspnée, toux rude, expectoration de crachats rouil-
lés, ventre ballonné et gargouillement dans la fosse iliaque
gauche, température 40°, pouls 130, langue sèche et brune,
quelques selles involontaires et de couleur verdâtre : à la per¬
cussion, matité étendue du côté droit de la poitrine,à l’auscul¬
tation, signes d’hépatisation pulmonaire.
Avais-je affaire à une pneumonie ou bien à une affection
typhique avec complication pulmonaire ? Le nom de la mala¬
die ne m’inquiétait guère, à ce moment-là ; l’état du malade
seul attirait toute mon attention ; il fallait avant tout calmer
cet état général d’excitation et de fièvre exagérée, ce que
j’espérais faire en donnant aconit , quitte à m’occuper plus
tard de couvrir,à l’aide d’autres médicaments tels que bellad .,
bryon. elphosphor., les symptômes céphaliques, abdominaux
et thoraciques. Je supprimai le vin et toute alimentation.
J’enlevai le vésicatoire qui, du reste, et cela sans doute à
cause de l’agitation incessante du malade, n’avait provoqué
aucune vésication. 11 n’avait eu pour efiet que de faire souffrir
inutilement le malade.
Deux doses successives d 'aconit à la 2° décimale produi¬
sirent une diaphorèse régulière qui soulagea le malade. Peu
de temps après, je fis prendre les trois autres médicaments.
La nuit le malade fut encore assez agité, mais le jour suivant
il devint plus calme et l’expectoration de crachats rouillés
fut supprimée, la température tomba à 38 et le pouls à 100.
Le 7 e jour de la maladie, apparut un exanthème généralisé
qui me fit changer, en partie, le traitement. Je prescrivis
alors merc. cort'os . à la 3 e décimale et bellad . L’état géné¬
ral du malade s’améliora de plus en plus en meme temps que
s’effectuait la disparition progressive des symptômes. Je
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— 372 —
permis en conséquence de donner du bouillon et du lait coupé
d’eau.
La toux rauque des premiers jours ^disparut complètement,
mais elle fit place à une petite toux insidieuse qui troublait
assez le repos du malade que pour m’en inquiéter; je donnai
tour à tour pulsatilla , ipéca , gelsemiura , mais sans résultat
bien marqué; ce ne fut que Y arsenic qui réussit à faire
disparaître cette toux fatigante.
Le 20 e jour le malade fut en pleine convalescence.
Cette histoire clinique du D r Salvador Badia fait grand
honneur à la Revue dans laquelle il écrit. Il en est de
même des autres articles que nous y avons lus ; aussi nous
souhaitons beaucoup de succès à la Revista Homœopatica
qui, sans nul doute, fera son chemin dans le monde
homœopathique.
BIBLIOGRAPHIE
La question de la tuberculose pulmonaire est si importante
que nous croj'ons du devoir du médecin do ne rien négliger
au sujet des recherches intéressant cette terrible affection qui
fournit plus du sixième des décès de l’espèce humaine.
Nous lisons dans le Homœopathic World , uu article
bibliographique, que nous croyons utile de reproduire dans
la Revue, à propos d’un livre que vient de faire paraître le
D r Allen :
« Le docteur Rollin R. Gregg est mort avant d’avoir pu
achever l’œuvre pour laquelle il avait dépensé une si grande
somme de travail; mais, heureusement, il a pu finir la partie
de son ouvrage dans laquelle sont développées ses idées per¬
sonnelles au sujet de l’éliologie et de la pathologie de la
phtisie. Nous ne saurions dire si sa manière de voir, qui
regardait plus le traitement préventif que le traitement
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— 373 —
curatif de la tuberculose eût modifié sa thérapeutique maïs
nous pensons cependant qu’un homœopathe aussi pur que le
docteur Gregg aurait su difficilement s’écarter beaucoup de sa
ligne de conduite habituelle pour ce qui concerne le traitement
des malades. Le docteur H. C. Allen, voulant élever un monu¬
ment à la mémoire de son ami décédé, a entrepris d’achever
la partie de l’ouvrage qui concerne la thérapeutique, ce
qui fait, qu’en réalité, nous avons deux livres, l’un écrit par
le docteur Gregg sur l’étiologie et la pathologie de la tuber¬
culose pulmonaire, l’autre, par le D r H. C. Allen sur le
traitement de cette maladie.
En résumé, la théorie du D r Gregg est celle-ci :
La tuberculose est duc à une perte d'albumine du sang
s'eft'ectuant au travers de membranes muqueuses enflam¬
mées et érodées .
Il considère le tubercule comme étant une aggrégation de
globules rouges désorganisés par suite de la désalbumination
du sang. Quoique nous ne partagions pas tout à fait l’avis
du D r Gregg, nous avouons que l’auteur s’est basé sur des
arguments très sérieux et qu’il a accumulé un grand nombre
de faits que l’on perd de vue trop souvent, et auxquels il a
donné un genre d’importance tout nouveau. Il est dommage
que le D r Gregg ait rejeté le bacille de Koch dont on ne peut
plus maintenant nier la présence dans le tubercule, quelle
que soit son influence dans la symptomatologie du mal en
question. Nous le répétons, nous n’acceptons pas, jusqu’ici,
la théorie du D r Gregg, mais nous le remercions pour avoir
coordonné certains faits importants de façon à leur donner
une signification différente de celle qu’on leur donne d’habi¬
tude. Avant que nous changions d’avis au sujet de la patho¬
logie de la tuberculose, il faudra que l’ouvrage du D l% Gregg
ait reçu une sanction clinique plus importante qu'il n’a eu
jusqu’ici. Quoi qu’il en soit, nous ne saurions assez engager
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Dos lecteurs à foire l’étude critique du livre du D r Gregg.
Dans notre numéro suivant nous rendrons compte de la
partie de l’ouvrage écrite part le D r AJien. »
Nous sommes de l’avis de YHomœopathic World : la
découverte du bacille de Koch a fait foire un grand pas à la
pathogénie de la tuberculose pulmonaire ; elle a précisé d’une
façon pour ainsi dire exacte le diagnostic de cette affection,
mais la question n’est pas élucidée ; pourquoi certains sujets
sont-ils favorables au développement et à la pullulation de ces
bacilles, pourquoi d’autres sont-ils réfractaires? Si les obser¬
vations du D r Greigg peuvent répondre catégoriquement à
cette question et donner l’explication de ce fait il aura fait
faire un pas de plus à la pathogénie de la tuberculose
pulmonaire.
VARIÉTÉS
Le lait, le café et les microbes. — Le café au lait
Le lait, — je parle du lait naturel tel qu’il sort du pis de la vache, et
non du liquide inavouable, mélange de cervelles de moutons, de plâtre,
d'acide salicylique et d'eau, qu’on débite sous ce nom dans certaines cré¬
meries de Paris, — le lait est un des plus précieux aliments de l'homme.
Mais c'est aussi une nourriture chère aux microbes, qui y trouvent un
milieu merveilleusement favorable à leur multiplication.
Pour s'en faire une idée, il suffit de quelques chiffres empruntés à un
récent travail deM. Miquel. Dans une série d’expériences, M. Miquel a
fait le compte du nombre des germes qu’on trouve dans un centimètre
cube de lait.
Deux heures après la traite, le lait contenait par centimètre cube :
A l'arrivée au laboratoire
1 heure plus tard
2 heures plus tard
3 —
7 — —
9 —
25 -
9.000 bactéries
31 750 —
36.250
40.000
60.000
120.000 —
. 5.600.000
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— 375 —
A l'origine, au moment de la traite, le lait est absolument pur de ger¬
mes. Les microbes qui s'y développent si rapidement proviennent des
nombreuses manipulations qu'il subit dans des vases non stérilisés et
des chances variées d'infection auxquelles il est exposé pendant la traite
même : les mains de la personne qui trait, les poils de la bête, l'air de la
vacherie, etc.
La multiplication ultérieure de ces germes dépend surtout de la tem¬
pérature. A 15 degrés, cette multiplication est relativement faible pen¬
dant les premières heures En quatre ou cinq heures le nombre des
microbes à quadruplé seulement. Mais, dans la suite, l'augmentation est
bien plus rapide. Au bout de quinze heures, on peut en trouver un mil¬
lion par centimètre cube, et au bout de vingt-quatre heures, plusieurs
millions 1 .
Si le lait est exposé à une température plus élevée,25 degrés par exem¬
ple, le nombre des germes est colossal. Après quinze heures M. Miquel en
a compté 72 millions. A 35 degrés, pendant le même laps de temps, le
chiffre s'élève à 165 millions.
De ces microbes, heureusement, la plupart ne sont pas nuisibles. Beau¬
coup même, probablement, aident à la digestion du lait. Car il y a des
microbes utiles, comme il y a des microbes malfaisants.
Mais on comprend que des germes morbides puissent se trouver mélan¬
gés aux autres, et, dès lors, le lait peut devenir la cause de maladies et
servir à leur propagation.
De fait, et c'est surtout en Angleterre que pareille chose a été observée,
on reconnaît un certain nombre d’épidémies limitées de scarlatine et de
fièvre typhoïde qui paraissent avoir été propagées par le lait provenant
de fermes où se trouvaient des individus atteints de l’une ou l'autre de
ces maladies.
Il est une autre maladie beaucoup plus terrible, la phtisie pulmonaire*
qui peut aussi se propager par le lait. Les vaches sont parfois atteintes
d'une affection qu'on appelle la pommelière , et qui est produite par le
même microbe que la phtisie humaine; elles deviennent phtisiques comme
l'homme, et leur lait, quand la maladie gagne les mamelles,péut contenir
le bacille de la tuberculose.
Le lait de ces vaches inoculé à des lapins rend ces animaux tuberculeux
et il est logique de penser qu'ingéré par l'homme il introduit dans son
tube digestif des bacilles qui peuvent devenir l'origine d'ntie phfisié
intestinale et pulmonaire. Le suc acide de notre estomac est un obrft&clè
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naturel qui arrête au passage les bailles ; mais il n’est pas démontré que
cet obstacle soit toujours infranchissable.
Aussi l'Académie de médecine a-t-elle eu raison de conseiller d'une
manière générale de ne faire usage du lait qu'après l'avoir fait bouillir.
L'ébullition tue le bacille tuberculeux.
On a objecté que le lait bouilli est indigeste ou du moins d'une diges¬
tion moins facile que le lait cru. J'estime qu'entre un inconvénient et
un danger il n'y a pas à hésiter. Mieux vaut digérer avec un peu plus
de peine que de digérer facilement un lait cru qui peut vous rendre phti¬
sique.
Mais voici un autre correctif aussi inattendu. Un savant allemand
vient de montrer que l'infusion de café possède des propriétés antisepti¬
ques très nettes, c'est-à-dire qu’elle retarde ou empêche le développe¬
ment des microbes.
Ainsi le bacille de la fièvre typhoïde meurt en un ou deux jours dans
une infusiop de café à 5 pour 100. Le microbe de l'érysipèle meurt en
vingt-quatre heures dans une infusion à 10 pour 100.
Mais les effets les plus remarquables et les plus rapides ont été obtenus
sur le microbe du choléra, le fameux bacille-virgule. L'infusion de café
à l p. c. tue le bacille du choléra en sept ou huit heures ; il ne résiste pas
une demi-heure à une infusion à 30 p. c.
Cette action énergique du café sur le microbe cholérique justifie scien¬
tifiquement le mode de traitement usité en Perse contre le choléra. Ce
traitement consiste à faire boire au malade en grande quantité du café
noir très fort, en le forçant à faire de l'exercice.
Malheureusement, l’action du café n'a pas été expérimentée sur le ba¬
cille de la tuberculose. Mais il est permis de croire qu’il ne doit pas se
trouver plus à l'aise que ses confrères dans une infusion de café noir.
{Petit Journal.)
SOMMAIRE
LA MER ET LES PERSONNES MALADES, par le
D r Martiny. 353
Chirurgie et homœopathie (Suite). — Traduction du
D r Chevalier, de Charleroi.362
Un nouveau journal homœopathique.369
Bibliographie.372
Variétés.374
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UNIVtHSm Of MICHICAN
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